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Full text of "Mondes"

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HARVARD  COLLEGE  LIBRARY 


BOUGHT   FROM   THE   INCOME   OF  THE   FUND 

BEQUEATHED  BY 

PETER  PAUL  FRANCIS  DEGRAND 

(17K7-1S5S) 
OF  BOSTON 

}R    FRENCH     WORKS    AND    PBRIODICALS    ON    THE     EXACT    SCIENCE 


A 


LES  MONDES 


HEVVE     HEBDOMADAIRE  '   DES      SCIENCES 


DE  LEURS  APPLICATIONS  AUX  ARTS  ET  A  L'INDUSTRIE 


M.  L'ABBE  MOIGNO 


DIXIÈME  ANNEE.  —  JANVIER-AVRIL  187Î. 


TOUS  VIflCT-SEPTIfilU 


PARIS 


BUREAUX     DES    MONDE» 
If,  BUE  BERNAJUÏ-PAL1SST 


cSei'COw 


NOVi  21.1922^ 


'.;  » 


V  I.  1872 


LES  MONDES 


;v«*  vriTi 


CHRONIQUE  SCIENTIFIQUE  DE  LA  SEMAINE 


Étreinte*.  —  J'offre  à  mes  chers  lecteurs  mes  vœux  les  plus  sin- 
cères de  bonne  année,  et  je  les  prie  d'accepter  pour  étrennes  l'engage- 
ment que  je  prends  de  remplir  en  1871  avec  une  ardeur  toute  nou- 
velle ma  mission  de  vulgarisateur,  de  les  tenir  aussi  parfaitement 
qu'il  sera  possible  au  courant  du  mouvement  scientifique  et  industriel, 
de  ne  leur  laisser  rien  ignorer  de  ce  qui  peut  les  instruire  et  les  inté- 
resser. J'ai  même  l'espoir  que  les  Mondes  prendront  un  essor  nouveau, 
parce  que  je  me  trouverai  très-prochainement  plus  encore  au  centre 
du  mouvement,  et  mieux  entouré  de  collaborateurs  aussi  zélés  et  moins 
suchargés  que  moi.  < 

1  A  ceux  de  mes  lecteurs  que  la  grande  et  grave  question  des  rapports 
de  la  révélation  et  de  la  science,  delà  raison  et  de  la  foi,  intéresse  et 
préoccupe,  qui  attendent  avec  impatience  la  solution  complète  des  dif- 
ficultés que  les  progrès  et  l'audace  de  la  science  moderne  ont  soule- 
vées, je  promets  de  hâter  autant  qu'il  sera  en  mon  pouvoir  la  publica- 
tion de  mes  Splendeurs  de  la  Foi,  dont  l'impression  déjà  très-avancée 
a  été  forcément  arrêtée  et  retardée  par  le  travail  excessif  que  m'a  inf- 
posé  la  nécesssité  de  regagner  le  temps  que  la  Prusse  et  la  Commune 
nous  avaient  fait  perdre.  Aujourd'hui  le  vide  est  comblé,  et  nous  n'a- 
vons plus  qu'à  marcher  en  avant. 

À  mes  chers  lecteurs  de  Paris  et  tous  les  amis  du  vrai  savoir  dans 
la  grande  capitale,  je  pourrai,  je  l'espère,  annoncer  dans  quelques 
jours  l'ouverture  prochaine  des  salles  du  Progrés,  l'inauguration  de 
mes  soirées  de  science  illustrée  où  ils  pourront  venir  chercher  à  la  fois 
un  enseignement  substantiel  et  une  récréation  honnête.  Un  écrivain 
qu'on  n'accusera  pas  d'être  trop  favorablt  aux  saines  doctrines  et  à  la 
bonne  cause,  M.  Jules  Claretie,  exprimait  lundi  dernier,  dans  le  Soir, 
un  regret  qui  doit  être  pour  les  hommes  de  bien  un  remords  et  une 
honte.  Paris  va  multipliant  sans  cesse  sous  les  pas  de  sa  population 
déjà  si  lancée  des  moyens  de  dépenser  en  dehors  du  foyer  domestique, 
dans  les  cafés  concerts,  une  somme  de  I  Fr.  50  à  2  fr.,  le  pain  sacré  de 

H»  I,  t.  XXVII,  4  janvier  1872.  1 


2  LES  MONDES 

la  famille,  au  seia  d'une  atmosphère  nauséabonde  et  agitée  par  les 
vents  de  toutes  les  passions,  sans  qu'il  lui  soit  possible,  même  en  payant 
plus  cher  encore,  de  rencontrer  sur  toute  la  surface  de  l'immense  ca- 
pitale un  seul|asile  où  elle  puisse,  en  se  reposant  de  ses  fatigues  du  jour, 
s'initier  au  progrès  bienfaisant.  C'est  ce  vide  homicide  que  je  veux 
combler,  c'est  à  ce  fatal  abandon  que  je  veux  suppléer,  en  faisant  tous 
mes  efforts  pour  que,  à  la  fin  de  l'année  qui  commence  Paris  compte  au 
moins  six  ou  sept  de  ces  bienheureux  oasis. 

Je  n'oublie  pas  la  province  :  je  prépare  tout,  au  contraire,  pour  un 
ardent  apostolat  ;  aidé  d'un  personnel  et  d'un  matériel  considérable, 
les  grandes  villes  de  France  auront  bientôt  à  leur  tour  les  cours  vivi- 
fiants de  sciences  illustrée. 

Le*  grande*  nouveauté* .  —  Passant  des  promesses  à  l'exé- 
cution, j'ai  voulu  que  cette  livraison  présentât  un  attrait  tout  particu- 
lier, et  je  suis  heureux  de  pouvoir  signaler  à  l'attention  de  mes  lec- 
teurs plusieurs  inventions  très-originales  et  très-riches  d'avenir. 

Le  relais  automatique  de  M.  d'Arlincourt,  véritable  trait  de  génie, 
qui  résout  de  la  manière  la  plus  imprévue  et  la  plus  complète  un  des 
plus  redoutables  problèmes  de  la  télégraphie,  la  transmission  directe 
et  d'un  bond  à  toutes  les  distances,  fera  le  tour  du  monde.  Il  a  déjà 
permis  de  correspondre  sans  intermédiaire  entre  Londres  et  Marseille. 
Ce  sera  bientôt  un  des  plus  jolis  fleurons  de  la  couronne  du  génie 
inventif  de  la  France. 

Le  télégraphe  automatique  de  MM.  Meyer  et  Hardy,  que  la  néces- 
sité, aujourd'hui  satisfaite,  d'un  relais  plus  parfait,  avait  seule  arrêté 
dans  son  emploi  sur  toutes  les  grandes  lignes,  est  un  appareil  incompa- 
rable, un  chef-d'œuvre  de  conception  et  d'exécution  qui  dépasse  tout  ce 
qu'on  peut  imaginer,  opère  avec  une  perfection  incroyable,  et  cependant 
il  n'est  que  le  précurseur  du  télégraphe  à  transmissions  multiples  des 
mêmes  auteurs,  qui  atteindra  presque  les  limites  du  possible,  en  permet, 
tantd'expédier  et  de  recevoir  avec  un  seul  couple  d'expéditeur  et  récep- 
teur Morse,  jusqu'à  six  et  huit  cents  dépêches  par  heure.  Ce  n'est 
aujourd'hui  qu'une  simple  annonce,  mais  nous  décrirons  dans  quel- 
ques semaines  un  premier  modèle  capable  de  transmettre  de  Paris  à 
Marseille  ou  même  de  Londres  à  Hong-Kong,  i  travers  les  relais 
d'Arlincourt,  quatre  cents  dépèches  de  vingt  mots  à  l'heure. 

Généreux  coopérateur*.  —  M.  Henry  Morton,  directeur  de 
l'Institut  de  technologie  Stevens,  un  des  promoteurs  les  plus  ardents  du 
progrès,  nous  a  envoyé  et  nous  enverra  régulièrement  à  l'avenir  les 
descriptions  et  les  clichés  des  principales  nouveautés  de  la  science  et 


LES  MONDES.  3 

de  l'industrie  américaines  ;  nous  commencerons  cette  publication  in- 
téressante dans  la'prochaine  livraison  des  Mondes,  pour  ne  plus  la 
discontinuer,  nous  l'espérons  du  moins. 

Au  reste,  le  moment  est  venu  où,  sans  nous  ruiner,  nous  pourrons 
multiplier  les  illustrations  ou  les  gravures.  MM*  Dujardin  frères,  56, 
rue  Notre-Dame-des-Champs,  MM.  Yves  et  Barret,  rue  Sainte-Apol- 
line, n*  9,  ont  tellement  perfectionné  l'art,  disons  mieux,  l'industrie 
de  la  photogravure  ;  ils  transportent  si  rapidement  et  si  économique* 
ment  sur  pierre  ou  plaque  pour  l'impression  lithographique  ou  en 
taille-douce,  ils  transforment  si  rapidement  et  si  économiquement  en 
clichés  sur  zinc  pour  l'impression  typographique  les  dessins  les  plus 
compliqués  et  les  plus  délicats,  que  nous  pouvons  |nous  accorder  au- 
jourd'hui, ce  qui  était  autrefois  une  dépense  |énorme,  au-dessus 
des  ressources  d'une  revue  scientifique. 

La  bonne  volonté  et  l'activité  de  MM.  Yves  et  Barrett  nous  confondent; 
nous  leurs  avions  envoyé  samedi  les  dessins  de  la  planche  de  M.  d'Ar- 
lincourt,  et  lundi  dans  l'apres-midi  nous  avions  le  cliché  entre  les 
mains.  Ce  succès  est  si  complet  que  nous  n'hésiterons  plus  désormais 
à  supporter  nous-mêmes  ou  [à  demander  aux  auteurs  qu'ils  sup- 
portent les  frais  des  clichés  des  appareils  auxquels  nous  accorderons 
la  publicité  des  Mondes. 

Le  progrès  marche,  et  marche  surtout,  quoi  qu'on  en  veuille,  dans 
notre  chère  France,  qui  est  par  excellence  la  terre  féconde  de  l'inven- 
tion. Voici,  par  exemple,  qu'un  français,  un  de  nos  plus  fidèles 
abonnés  et  amis,  M.  E.  Dubois,  professeur  d'astronomie  à  l'Ecole 
normale  de  Brest,  tirant  admirablement  parti  d'une  première  décou- 
verte française,  la  plus  brillante  peut-être  du  XIXe  wiècle,  le  gyroscope 
de  Léon  Foucault,  vient  de  résoudre  de  la  manière  la  plus  complète 
un  problème  excessivemeni  complexe  auquel  se  rattache  la  conserva- 
tion d'une  multitude  de  vies  humaines. 

Solution  Inattendue  et  française  d'an  problème 
capital.  —  M.  E.  Dubois,  professeur  à  l'École  navale  de  Brest, 
nous  communique  une  nouvelle  très-digne  d'attention. 

a  Vous  savez  que  depuis  longtemps  je  m'occupe  de  déviations  de 
compas  et  du  moyen  d'affranchir  les  navires  de  ces  causes  d'orreurs 
qui  peuvent  être  si  funestes  aux  bâtiments. 

J'ai  eu  l'idée  d'appliquer  le  gyroscope  de  Foucault  à  la  conduite  du 
navire,  et  grâce  à  l'obligeance  de  mes  amis,  les  ingénieurs  de  la  ma- 
rine, à  la  bienveillance  du  commandant  de  l'École  navale,  à  l'esprit 
inventif  du  mécanicien  du  Bougainville  (annexe  du  Borda)  j'ai  réussi. 
Le  gyroscope*boussole,  qui  dorme  8  000  tours  à  la  minute,  suspendu 


4  LES  MONDES.  • 

par  une  triple  supension  à  la  Cardan,  et  qui  porte  un  aiguille  parcou- 
rant un  cadran,  me  donne  un  plan  invariable  m'infliquant  le  nombre 
exact  de  degrés  dont  le  navire  vient  sur  tribord  où  sur  bâbord,  et  par 
conséquent  me  permet  de  connaître  Y  azimut  h  vrai  de  l'axe  du  bâti- 
ment quand  je  l'ai  eu  une  fois  à  un  cap.  Cet  instrument  me  permet 
donc  d'obtenir  toutes  les  déviations  des  aiguilles  aimantées  à  bord. 
J'en  «onnais  une,  et  combinée  avec  mon  compas  de  déviation  (modi- 
fie d'une  manière  très-heureu6e),  j'obtiens  toutes  les  dérications  sans 
connaître  la  première.  Les  expériences  faites  en  rade  de  Brest  sur  la 
corvette  le  Bougainville  ont  été  extrêmement  satisfaisantes.  » 

Lumière  oxhydrique»  —  L'essai  ou  l'expérience,  sur  échelle 
réelle,  d'éclairage  à  la  lumière  oxhydrique,  résolu  depuis  longtemps, 
sur  le  boulevard  de  Gand,  a  commencé  samedi  dernier,  30  décembre, 
dans  les  conditions  les  plus  satisfaisantes  et  qui  font  grand  honneur 
aux  directeurs  de  la  compagnie.  H  a  été  organisé  en  l'absence  de  M. 
Tessié  du  Motay,  l'inventeur  du  système,  par  son  jeune  et  habile  colla- 
borateur, M.  Georges  Delaporte.  sur  (rois  points  :  les  deux  refuges  en 
avant  de  la  place  du  nouvel  Opéra,  la  devanture  et  le  magasin  du 
grand  tailleur,  M.  Laurent  Richard,  2,  eue  Lafilte,  le  vestibule  de  la 
maison  de  notre  Cosmos,  boulevard  des  Italiens,  n*  8,  la  salle  d'expo- 
sition des  photographies  de  M.  Disderi,  l'entrée  de  la  salle  où  nous 
voulions  inaugurer,  il  y  a  vingt  ans,  nos  cours  de  science  illustrée! 

La  lumière  des  nouveaux  becs  est  trè6-pure,  très-brillante,  très- 
blanche;  elle  n'altère  en  rien  les  couleurs  des  objets;  le  parisien- 
papillon  qui  la  fixe,  au  lieu  de  regarder  le  sol  et  les  objets  qu'elle 
éclaire,  lui  fera  un  crime  de  sa  vivacité,  c'est-à-dire  d'une  qualité 
essentielle  qu'elle  partage  avec  le  soleil,  quoique,  dans  un  degré  infi- 
niment moindre;  mais  le  fait  incontestable  est  que  la  lumière  oxhy- 
drique résultant  de  la  simple  combustion,  sans  crayons  de  chaux,  de 
magnésie  ou  de  zircone,  du  gaz  d'éclairage  riche  par  l'oxygène  pur  est 
une  brillante  conquête  et  le  véritable  agent  de  l'éclairage  public.  On  le 
verra  mieux  encore,  quand,  dans  quelques  jours,  les  réverbères  seront, 
installés  et  allumés  le  long  des  boulevards  des  Italiens  et  des  Capu- 
cines. La  routine  régnera  encore  pendant  quelques  années  peut-être, 
la  lutte  sera  sans  doute  acharnée,  mais  le  progrès  dont  le  plus  grand 
malheur,  disait  le  spirituel  père  Guénard,  est  de  ne  pas  être  vieux  en 
naissant,  s'imposera  forcément  un  jour.  11  est  possible,  fort  pro- 
bable que  la  Presse  parisienne  grande  et  petite,  aigle  hélas,  aigle 
qui  vit  de  mouches,  ne  dira  pas  un  mot  de  ce  magnifique  essai. 
—  F.  Moigko. 


LES  MONDES.  5 

INDUSTRIE  SUCRIÈRE 

JLem  Jet*  de  ràperie.  —  Moa  confrère,  M.  Dureau,  répèle  plu- 
sieurs fois  qu'il  ne  cherche  pas  et  qu'il  n'aime  pas  la  polémique;  je 
la  cherche  et  je  l'aime  certainement  moins  que  lui. 

Quand  j'écrivais  les  quelques  lignes  que  je  lui  ai  signalées 
moi-même  comme  une  boutade,  j'étais  bien  loin  de  penser  qu'il  lan- 
cerait contre  moi  toutes  ses  foudres.  C'est  dans  ma  réplique,  et  comme 
exemple  des  exagérations  assez  communes  au  Journal  des  Fabricants 
de  sucre,  que  j'ai  critiqué  les  usines  centrales  et  les  râperies,  sans  être 
absolument  leur  adversaire,  mais  avec  la  certitude  de  ne  répéter  que 
ce  que  j'entends  dire  autour  de  moi  par  dc6  hommes  très- compétents 
et  très-indépendants.  La  discussion  que  j'ai  ainsi  soulevée  ne  sera 
certainement  pas  inutile  :  elle  a  déjà  éclairé  quelques  esprits.  A  cette 
occasion  deux  fabricants,  éminemment  honorables  et  dont  personne 
ne  contestera  l'autorité,  apportent  en  faveur  des  râperies  des  faits 
non-seulement  curieux,  mais  incroyables,  que  j'ose  interpréter  sans  au- 
cune volonté  de  pousser  plus,  loin  la  discussion  sur  une  question 
délicate  et  pour  moi  nécessairement  secondaire. 

M.  le  baron  de  La  Fontaine  écrit  de  Waremme  (Belgique),  10  dé- 
cembre 1871  : 

a  J'ai  travaillé  alternativement,  au  début  de  la  campagne>  les  jus 
de  la  ràperie  de  Viemme  et  ceux  de  l'usine  de  Waremme.  Ayant  re- 
connu la  supériorité  des  premiers  dans  toutes  les  phases  de  la  fabrica- 
tion, je  me  suis  décidé,  depuis  un  mois,  à  terminer  la  campagne  par 
ia  ràperie,  la  supériorité  évidente  de  ses  jus  me  donnant  la  conviction 
qu'ils  offriront  moins  de  difficultés  à  vaincre,  comme  fin  de  campagne, 
que  ceux  de  l'usine. 

La  quantité  de  betteraves  que  je  possède  m'obligeant  au  ràpage 
jusqu'à  la  fin  de  février,  je  procède,  en  attendant  cette  époque,  au  re- 
nouvellement, tous  les  huit  jours,  des  jus  laissés  dans  les  tuyaux,  en 
travaillant  vingt-quatre  heures  à  la  ràperie,  et,  chose  à  noter,  ils  sont, 
après  ce  long  séjour  dans  les  conduites,  aussi  parfaits  que  ceux  pro- 
venant d'une  pression  récente.  » 
Deux  jours  après,  M.  Jacotin  écrivait  de  Réthel  (Ardennes)  : 
«  Nous  avons  une  ràperie  placée  à  6  kilomètres  de  la  fabrique  prin- 
cipale ;  cette  ràperie  fonctionne  depuis  trois  ans,  elle  a  fonctionné  en 
même  temps  que  celle  de  la  fabrique,  elle  a  fonctionné  seule  :  c'est  un 
fait  acquis,  que  contre-maitres  et  surveillants  peuvent  certifier,  et  aussi 
les  simples  ouvriers  employés  au  travail  des  jus,  que  ceux  provenant 


6  LES  MONDES. 

de  la  ràperie,  travaillés  seuls,  non-seulement  n'ont  subi  aucune  alté- 
ration dans  le  parcours  des  tuyaux,  mais  donnent,  à  quantité  égale 
de  chaux  et  qualité  égale  de  betteraves,  un  travail  plus  beau  et  plus 
facile. 

«  J'ajouterai  que  Tannée  dernière,  manquant  de  charbon  à  chaque 
instant,  obligés  de  mettre  en  route  pour  travailler  trois  ou  quatre  jours 
et  arrêter  quelquefois  huit,  nous  ne  coulions  pas  à  fond,  c'est-à-dire 
que  quand  le  charbon  nous  manquait,  nous  chaulions  les  jus  à 
4  p.  100  environ  et  les  conservions  jusqu'à  ce  que  l'arrivée  d'un  peu 
de  charbon  nous  permit  de  remettre  en  route  :  pendant  que  ces  jus, 
quoique  fortement  chaulés,  avaient  subi  une  altération,  nous  n'en 
remarquions  pas  dans  les  jus  qui  se  trouvaient  dans  les  tuyaux  chaulés 
à  1  p.  100  seulement. 

«  Voilà,  monsieur  le  directeur,  les  faits  vrais,  dont  nous  garantis- 
sons la  parfaite  authenticité,  et  que  nos  confrères  qui  ont  des  râper ies, 
j'en  suis  convaincu,  confirmeront  au  besoin.  Je  ne  doute  nullement 
que  M.  l'abbé  Moigno  ne  reconnaisse  qu'il  a  été  induit  en  erreur  par 
des  renseignements  inexacts,  et  qu'il  ne  nous  explique  bientôt,  à  l'aide 
de  la  science  qu'il  possède  à  un  si  haut  degré,  le  pourquoi  de  tous  ces 
faits,  que  je  ne  puis  que  constater,  et  surtout  la  supériorité  des  jus 
venus  par  les  tuyaux  sur  ceux  produits  dans  l'usine  centrale.  » 

On  voit  que  M.  Jacotin  lui-même  est  étonné  des  faits  qu'il  nous 
oppose,  et  qu'il  nous  provoque  d'une  manière  très-bienveillante  à  en 
chercher  l'explication.  C'est  une  vérité  première  que  tout  argument 
qui  prouve  trop  est  un  mauvais  argument,  précisément  parce  qu'il  ne 
prouve  pas  ce  qu'il  était  appelé  à  prouver.  Donc,  ïa  supériorité  des  jus 
de  râperie  ne  prouve  pas  en  réalité  la  supériorité  des  ràperies  ;  elle 
prouve  une  toute  autre  chose,  ou  du  moins  elle  trouve  ailleurs  une 
explication  incomparablement  plus  naturelle  et  plus  satisfaisante.  Ad- 
mettons, en  effet,  que  la  betterave  des  ràperies  soit  de  qualité  très- 
supérieure  à  celle  de  l'usine  centrale,  que  ses  jus  par  conséquent  soient 
beaucoup  plus  riches  en  sucre,  et  admettons  aussi  que  chez  MM.  de 
La  Fontaine  et  Jacotin,  comme  ils  l'admettent  et  le  veulent,  l'écoule- 
ment par  les  tuyaux,  quelque  long  que  soit  leur  parcours,  n'altère  en 
rien  les  jus,  les  jus  plus  riches,  plus  sucrés  des  ràperies  apporteront  à 
l'usine  centrale  leur  supériorité  première  et  essentielle;  il  pourra,  il 
devra  donc  arriver  que  les  jus  de  la  ràperie,  travaillés  seuls,  à  quan- 
tité égale  de  chaux,  donnent  un  travail  plus  beau  et  plus  fa- 
cile. Si  même  la  supériorité  des  betteraves  des  ràperies  est  assez 
grande,  il  pourra  arriver  que  leurs  jus,  chaulés  simplement  à  1  p.  100, 
ne  subissent  aucune  altération,  alors  que  les  jus  très-fortement  chau- 


LES  MONDES  7 

lés  de  l'usine  centrale  subissent  une  certaine  altération.  Donc,  dans 
l'hypothèse  de  la  supériorité  des  betteraves  des  ràperies  tout  mystère 
s'évanouit.  Cette  hypothèse  es$-elle  improbable  ou  inadminissible  ? 
N'est-elle  pas,  au  contraire,  très-probable  ou  même  nécessaire? 

L'usine  centrale  est  normalement  située  dans  la  vallée;  les  ràperies, 
au  contraire,  sont  ordinairement  installées  sur  des  plateaux  ;  ou  du 
moins,  le  terrain  occupé  par  l'usine  centrale  et  les  fermes  qui  l'ali- 
mentent directement  de  betteraves,  est  en  général  plus  bas  et  plus 
humide  ;  tandis  que  le  sol  des  ràperies  et  de  ses  annexes  est  plus  élevé 
et  plus  sec.  Par  exemple ,  à  l'usine  de  Bresle,  tout  récemment  trans- 
formée en  usine  centrale,  j'ai  cru  comprendre,  en  lisant  la  descrip- 
tion si  satisfaisante  de  M.  Dureau,  que  le  niveau  des  ràperies  est 
plus  élevé  de  cent  mètres  que  le  niveau  de  la  fabrique.  Or,  tout  le 
monde  sait  que,  dans  une  même  région,  dans  un  même  centie  de  cul* 
ture,  la  betterave  des  plateaux  élevés  et  secs,  peut  donner  et  donne 
souvent  un  jus  deux  fois  plus  riche  en  sucre  que  le  jus  de  la  bette* 
rave  des  vallées  basses  et  humides.  G'e6t  ce  que  prouvaient  jusqu'à 
l'évidence  les]chiffres  des  analyses  de  M.  Feltz,  publiées  tout  récemment 
par  le  Journal  des  fabricants  de  sucre*,  et.ceproduites  dans  les  Mondes. 
J'y  lis,  par  exemple,  tome  XXVI  des  Mondes,  page  296  :  Betterave 
venue  sur  une  ancienne  prairie  très-humide  et  très-riche  en  engrais  ; 
rendement  en  sucre  4,06  pour  cent.  —  Betterave  venue  sur  un  terrain 
sec;  rendement  1,79  pour  cent. 

Il  est  vrai  que  M.  Jacotin,  dans  ses  comparaisons  des  jus  venus  des 
ràperies  et  des  jus  de  l'usine  centrale,  ajoute  à  betteraves  égales.  Mais 
s'agit-il  réellement  de  betteraves  de  même  poids,  ayant  donné  à  l'ana- 
lyse le  même  chiffre  de  rendement,  les  mêmes  proportions  de  sucre  et  de 
sels?  Ou  s'agit-il  simplement  de  betteraves  de  même  qualité,  de  même 
provenance ,  de  même  graine?  Tout  indique,  tout  prouve  que  cette 
dernière  signification  est  la  vraie.  Si  les  jus  de  l'usine  centrale  n'a- 
vaient pas  été  de  qualité  notablement  inférieure,  pourquoi  se  se- 
raient-ils altérés,  quoique  plus  fortement  chaulés.  Mieux  traités,  ils 
s'altèrent  plus  vite  et  plus  profondément;  donc  c'est  qu'ils  sont  plus 
mauvais  originairement,  que  les  jus  des  ràperies  sont  originairement 
et  essentiellement  meilleurs.  Si  cela  n'était  pas,  ce  qui  donnerait  à  ces 
seconds  jus  leur  supériorité,  ce  serait  leur  circulation  dans  les  tuyaux, 
leur  plus  long  séjour  au  contact  de  l'air,  leur  aération  en  un  mot,  qui 
produirait  une  sorte  de  défécation  avantageuse;  c'est  ce  que  me  disait 
hier  un  jeune  ingénieur  de  suererie,  M.  Jules  Hélot.  Mais  ces  as- 
sertions, tout  à  fait  gratuites,  puisque  le  fait  de  la  supériorité  des  jus 
des  ràperies  est  complètement  explique  par  les  meilleurs  conditions 


8  LES  MONDES. 

du  sol,  auraient  besoin  d'être  appuyées  de  preuves  directes  et  spéciales. 
En  outre,  s'il  suffisait  d'aérer  les  jus  pour  l?s  enrichir  et  les  rendre 
plus  faciles  à  traiter,  pourquoi  MM.  de  la  Fontaine  et  Jacotin  se  rési- 
gnent-ils si  bénévolement  à  subir  l'infériorité  marquée,  suivant  eux, 
des  jus  de  leur  usine  cer traie.  lis  seraient  bien  inconséquents  s'ils  ne 
recouraient  pas  à  des  moyens  faciles  de  produire  l'agitetion  et  l'aé- 
ration après  chaulage,  dans  le  but  d'obtenir  la  défécation  merveil- 
leuse à  laquelle  ils  attribuent  la  supériorité  des  jus  de  râperies.  Et 
comment  oser  parler  d'aération,  quand  le  plus  terrible  argument 
opposé  à  la  Diffusion,  est  qu'elle  fait  séjourner  les  jus  une  heure  de 
plus  dans  l'atelier  d'extraction.  Soyons  sérieux;  que  M.  Jacotin 
veuille  bien  faire  analyser  rigoureusement,  par  les  procédés  de 
Felz,  par  exemple ,  ou  autres,  des  betteraves  de  même  qualité ,  de 
même  poids,  prises  les  unes  à  la  ràperie,  les  autres  à  l'usine  centrale. 
Si  le  jus  des  premières  n'est  pas  reconnu  supérieur  au  jus  des  se- 
condes, alors  seulement,  il  pourra  être  question  du  mystère  de  la 
défécation  par  l'écoulement  dans  des  tuyaux  longs  de  six  kilomètres 
et  plus.  Gela  n'est  peut-être  pas  impossible  en  soi,  mais  il  nous  est 
impossible  de  l'admettre  sans  preuves.  Si  nous  avons  raison,  si  les 
betteraves  des  râperies  sont  plus  riches  en  sucre  que  celles  de  l'usine 
centrale,  nous  aurons  une  preuve  de  plus  d'une  vérité  malheureuse- 
ment trop  éclatante,  d'un  fait  par  trop  douloureux  :  l'incurie  qui  pré- 
side en  France  au  choix  de  l'emplacement  des  usinss  centrales  ou  des 
sucreries  en  général.  Nous  en  voyons  fonder  de  très-vastes  dans  des 
régions  nouvelles,  sans  que,  par  des  essais  de  culture  et  d'analyse  suf- 
fisants, on  se  soit  assuré  de  la  bonne  qualité  des  betteraves  qu'on  y 
récoltera  en  quantités  énormes.  La  richesse  des  jus,  personne  n'ose- 
rait le  nier,  peut  varier  du  simple  au  double  et  plus  encore,  suivant 
la  qualité  du  sol  !  Marcher  à  l'aveugle  c'est  donc  plus  qu'une  étour- 
derie,  c'est  un  crime,  surtout  en  raison  des  capitaux  énormes  engagés 
actuellement  dans  les  usines  centrales  avec  râperies.  Nous  savons  par 
des  témoins  irrécusables  qu'en  Russie,  où  la  raison  et  la  science, 
disons-le  tristement,  sont  plus  consciencieusement  écoutées,  il  existe  des 
sucreries  qui  ont  donné  jusqu'à  50  pour  cent  de  bénéfice  net,  de  ma- 
nière à  rembourser  leur  capital  en  trois  campagnes*  Nos  usines  cen- 
trales sont  à  mille  lieues  de  là.  Il  est  vrai  aussi  qu'en  Russie  on  ne 
pêche  pas  dans  l'eau  trouble,  que  l'on  filtre  au  contraire  surabondam- 
ment. Il  y  a  quelques  jours,  on  nous  montrait  un  échantillon  de  masse 
cuite  russe  qui  donne  82  pour  cent  de  sucre  presque  blanc.  Choisir 
scrupuleusement  le  sol ,  filtrer  avec  le  plus  grand  soin,  sulfurer,  sur- 
tout lorsqu'on  à  affaire  à  certains  jus  plus  rebelles,  voilà  les  vrais 


LES  MONDES.  g 

principes,  les  conditions  essentielles  d'un  succès  largement  rémuné- 
rateur. Nous  les  avons  énoncés  un  peu  trop  vivement  peut-être,  mais 
le  mal  était  sérieux  et  grand.  Consolons-nous,  nous  n'avons  pas  prêché 
dans  le  désert,  notre  voix  a  été  entendue,  et  Tannée  prochaine,  le  noir, 
détrôné  par  la  Participation  révolutionnaire,  recommencera  son  règne 
glorieux  et  heureux  dans  plusieurs  installations'  considérables.  Voici 
au  reste  que  M.  Dureau  lui-même,  dans  son  intéressant  article  sur 
la  transformation  en  usine  centrale  avec  ràperies  de  la  sucrerie, 
modèle  de  Bresles,  a  pris  plaisir  à  faire  ressortir  l'importance  capitale 
que  les  sages  directeurs  attachent  à  la  bonne  qualité  et  au  parfait 
fonctionnement  des  noirs. 

Relativement  à  la  sulfuration  ou  au  procédé  Seyfert,  notre  confrère 
nous  oppose  le  jugement  formulé  par  un  certain  M.  P.  Schulze,  dans 
le  Polytechnisches  Journal  de  Dingler  :  «  Les  'sucres  traités  par  la 
méthode  Seyfert,  avec  l'acide  sulfureux,  ne  présentent  pas  d'accroisse- 
ment d'acide  sulfurique  comme  on  l'a  supposé ,  mais  ils  contiennent 
tous  de  petites  quantités  d'acide  sulfureux.  L'influence  de  l'acide  sul- 
fureux n'est  évidemment  qu'un  blanchissement  superficiel  du  sucre.» 
Mais,  d'une  part,  j'avoue  ne  rien  comprendre  à  l'accroissement  d'acide 
sulfurique  dans  les  jus  ;  c'est  pour  moi  du  galimatias,  comme  le  mot 
évidemment  est  de  l'effronterie.  D'autre  part  :  i°  s'il  reste  de  l'acide 
sulfureux  dans  les  jus,  il  s'évaporera  facilement;  2°  nous  ne  savons 
pas  comment  et  avec  quels  appareils  M.  Schulze  a  opéré,  tandis  que 
nous  savons  certainement,  et  M.  Dureau  peut  apprendre  comme  nous, 
en  interrogeant  plusieurs  de  ses  abonnés  les  plus  expérimentés,  ou,  en 
allant  sur  les  lieux ,  de  directeurs  qui  ont  toute  sa  confiance,  qu'en 
opérant  comme  l'indique  M.  Uittorff,  et  avec  les  appareils  français  de 
la  compagnie  Fives-Lisle,  on  obtient  incomparablement  plus  qu'un 
blanchissement  superficiel •      * 

Allons,  cher  confrère,  n'embrouillons  pas  les  questions,  mais 
éclairons-les.  Ne  nous  disputons  pas,  mais  unissons-nous  dans 
l'intérêt  commun  de  nos  abonnés.  £n  fait  d'industrie  sucrière,  vous 
avez  presque  un  monopole;  je  n'ai  qu'un  tout  petit  privilège.  Vous  êtes 
le  loup,  je  suis  l'agneau.  S'il  m'arrive  de  donner  un  petit  coup  de 
langue,  croyez  que  c'est  innocemment,  et  ne  répondez  pas  par  un  gros 
coup  de  dent.  Vous  savez,  du  reste,  que  je  me  fais  l'écho  empressé 
de  toutes  les  découvertes,  de  tous  les  perfectionnements  que  vous 
signalez.  Faites  comme  moi.  Par  exemple,  accordez  une  place  hono- 
rable à  mon  appel  aux  chefs  de  l'industrie,  et  discutez  sévèrement  le 
projet  de  loi  sur  les  brevets  d'invention  de  M.  le  comte  de  Douhet. 
Puis,  quand  ma  salle  du  Progrès  sera  ouverte,  recommandez-moi,  en 
aussi  grand  nombre  que  vous  voudrez,  les  inventeurs  consciencieux  et 


10  LES  MONDES. 

les  inventions  sérieuses,  je  leur  ferai  le  plus  gracieux  accueil,  et  les 
patronerai  de  mon  mieux.  Procurez-moi  même  des  photographies  sur 
verre  d'une  usine  centrale  et  de  ses  râperies,  je  les  éclairerai  à  la  lu- 
mière électrique,  et  je  les  décrirai  consciencieusement,  sauf  peut-être 
à  dire  qu'elles  sont  l'exagération  du  progrès  et  du  bien  ;  c'est  mon 
droit  et  mon  devoir.  -*-  F.  Moigno. 


MÉCANIQUE  APPLIQUÉE 


I/intégr*tenr  de  m.  Marcel  Duprez.  —  Ce  petit  instru- 
ment, servant  à  calculer  mécaniquement  la  valeur  des  aires,  lies  coor- 
données des  centres  de  gravité  et  des  moments  d'inertie  des  figures 
planes,  est  un  trait  de  génie,  et  comptera  certainement  parmi  les  décou- 
vertes les  plus  curieuses  et  les  plus  utiles  de  l'année  1871.  En  le  voyant 
fonctionner,  en  constatant  que  des  résultats  si  difficiles  sont  obtenus 
par  des  moyens  si  simples  ;  que  des  opérations  si  délicates  et  si  lon- 
gues sont  faites  comme  par  enchantement,  nous  avons  été  saisi  d'ad- 
miration. Le  planimètre  tant  venté  de  Àmsler  n'est  qu'un  enfant  au 
berceau  comparé  à  l'intégrateur,  comme  l'indicateur  de  Watt  et  la 
coulisse  de  Stephenson  ou  de  Mayer,  placés  à  coté  de  l'indicateur  et  de 
la  coulisse  dynamométrique,  et  de  la  distribution  à  deux  tiroirs  de 
notre  jeune  mécanicien,  appelé  à  prendre  rang  dès  aujourd'hui 
parmi  les  inventeurs  les  mieux  inspirés  de  notre  France. 

L'intégrateur  a  pour  but  de  donner  par  une  simple  lecture  la  valeur 

de   l'intégrale  l  ydx,  f  t^dx  ou  en  général  la  valeur  de  l'intégrale 

/  yn  dx  pour  toute  l'étendue  comprise  dans  une  figure  plane  fermée. 

Il  se  compose  essentiellement  d'une  tige  portant  à  l'une  de  ses  extré- 
mités un  style,  avec  lequel  on  suit  le  contour  de  la  figure,  et  à  l'autre 
extrémité  une  roulette  dont  la  circonférence  s'appuie  constamment 
sur  le  papier.  L'axe  de  rotation  de  cette  roulette  (qui  est  toujours  dans 
un  plan  horizontal)  fait  avec  une  droite  fixe  prise  pour  axe  des  #,  un 
angle  variable  qui  est  en  chaque  point  de  la  courbe  fonction  de  l'or- 
donnée correspondante.  La  tige,  qui  porte  le  style  et  la  roulette,  es* 


\ 


LES  MONDES.  il 

guidée  en  l'un  de  ses  points  suivant  la  droite  servant  d'axe  des  abs- 
cisses, droite  dont  le  choix  est  d'ailleurs  arbitraire.  La  roulette  porte 
un  petit  tambour  dont  la  circonférence  est  divisée  en  100  parties 
égales  ;  un  vernier  de  M.  Marcel  Deprez  donne  les  dixièmes  de  divi- 
sion, et  un  petit  disque  relié  à  la  roulette  par  une  vis  sans  fin  permet 
de  totaliser  le  nombre  de  tours  de  la  roulette. 

Désignons  par  x  et  y  les  coordonnées  d'un  point  de  la  courbe,  par  / 
la  longueur  de  la  tige  comprise  entre  le  style  et  le  point  qui  est  guidé 
suivant  l'axe  des  x9  par  «  et  p  les  angles  que  font  respectivement 
avec  l'axe  des  x  la  tige  porte-style  et  l'axe  de  rotation  de  la  roulette, 
et  enfin  par  ?  l'arc  linéaire  dont  la  roulette  a  roulé  sur  le  papier.  On 
démontre  que  si  le  style,  partant  d'un  point  quelconque  de  la  courbe 
revient  à  son  point  de  départ  en  suivant  le  périmètre,  la  valeur  de 
l'arc  f  est  égale  à 


r  dx  sin  p, 


l'intégrale  étant  étendue  au  contour  entier. 

Or,  par  une  combinaison  fort  simple  d'engrenages,  on  peut  établir 
entre  (3  et  «  les  relations  suivantes  : 


lo    p  =  a;        2°    p  =  *a-H-;         P-3a. 


Si  l'on  a  suivi  la  description  de  l'instrument,  il  est  facile  de  voir  que 
l'on  a  toujours 

y 

8in<x=.-^; 
d'où  l'on  tire,  pour  chacun  des  trois  cas  énoncés  plus  haut, 
i°  sinp  =  j    et     f<tosinp  =  flLdx+c; 

2v2 

*•  sinp  =  cos2a=H  —  2sin'a  =  l ~; 

et        ftfxâinP  =  &-2   fy&c+c; 
3  sinP=  sln3  a  =  3  sina  —  4sin3« 


42  LES  MONDES. 

et      /<tasinp«   /  yd*  —  4  l  ~dx  +  c.) 

De  ces  trois  relations,  on  conclut  en  désignant  par  yi,  y2,  y>,  les 
lectures  faites  sur  la  roulette  dans  chacun  des  trois  cas, 

j  ydx  =  «p,  l, 


y'rfa?  =  —  (3<p,  —  93)- 

La  première  de  ces  intégrales  donne  Taire  de  la  figure  fermée  ;  la 
seconde  donne  la  coordonnée  du  centre  de  gravité  et  la  troisième  le 
moment  d'inertie. 

Il  est  facile  de  voir  que  Ton  obtiendrait  par  le  même  procédé 

les  intégrales  de  la  forme  /  ymdx. 

On  peut  appliquer  cet  appareil  à  la  résolution  graphique  des  équa- 
tions de  degrés  supérieurs.  Il  n'est  d'ailleurs  qu'une  application  d'une 
méthode  plus  générale  qui  permet  de  réaliser  matériellement,  par  de 
simples  combinaisons  d'engrenages  toutes  les  relations  entre  deux  va- 
riables qui  sont  de  la  forme 

y  =  A,    ar-*-Aa#*-hA3Xi  +  ...  +  A»  xm 

m  étant  entier  et  positif.  Il  est  facile  de  voir  que  cette  relation  ren- 
lerme  la  solution  d'un  très-grand  nombre  de  problèmes  de  cinéma* 
tique  pratique  tels  que  régulateur  isochrone,  ressort  compensateur 
exerçant  sur  un  point  un  effort  de  traction  indépendante  de  son  al- 
longement, etc. 
Les  appareils  actuellement  connus  sous  le  nom  de  planimetre  ne 

peuvent  donner  que  l'intégrale  j  ydx.  Le  plus  simple  de  tous  est  le 

planimetre  polaire  d'Amsler,  dont  la  théorie  donnée  par  M.  Combes 
aidera  grandement  à  comprendre  celle  de  l'intégrateur. 


LES  MONDES.  43 


CHIMIE  ORGANIQUE 


Note  lur  on  mémoire  de  1ML   Ueblg ,   relatif    «m 

fermentation»,  par  M.  Pasteur.  —  M.  Liebig  a  publié,  en  1870, 
un  grand  mémoire  sur  les  fermentations,  qui  vient  d'être  traduit  dans 
te  Annales  de  chimie  et  de  physique.  C'est  une  critique  très-approfondie, 
en  apparence,  de  quelques-unes  de  mes  études  sur  le  môme  sujet* 

Le  travail  du  savant  chimiste  de  Munich  est  très-soigné,  rempli  des 
discussions  les  plus  habiles,  et  l'auteur  nous  apprend  qu'avant  de  le 
produire,  il  y  a  songé  pendant  près  de  dix  années.  Si  je  voulais  en  faire 
à  mon  tour,  une  critique  détaillée,  il  me  faudrait  suivre  M.  Liebig,  pas 
à  pas,  et  écrire  un  mémoire  presque  aussi  long  que  le  sien.  Je  n'en  ai 
pas  le  loisir;  mais  si  j'entends  aujourd'hui  laisser  de  côté  tout  le  menu 
de  la  question,  je  m'empresse  d'ajouter  que  c'est  pour  aller  droit  aux 
deux  négations  dans  lesquelles  se  concentrent  toutes  les  objections  du 
chimiste  allemand,  et  qui  d'ailleurs  résument  le  fond  du  débat. 

Dans  la  première  de  ces  deux  négations,  M.  Liebig  conteste  formelle- 
ment que  j'aie  pu  produire  de  la  levure  de  bière  et  la  fermentation  al- 
coolique dans  un  milieu  minéral  sucré  où  j'avais  semé  une  quantité 
extrêmement  petite  de  levure.  Là,  en  effet,  est  la  pierre  de  touche  de  la 
vérité  ou  de  l'erreur.  Pour  M.  Liebig,  on  le  sait,  la  fermentation  est  un 
phénomène  corrélatif  de  la  mort,  si  je  puis  ainsi  parler.  Toute  substance, 
quelle  qu'elle  soit,  et  notamment  celles  que  l'on  désigne  sous  le  nom  de 
matières  albuminoïdes,  l'albumine,  la  fibrine,  la  caséine,  etc.,  ou  des  li- 
quides organiques  qui  les  renferment,  le  lait,  le  sang,  l'urine,  etc.,  ont 
la  propriété  de  commmniquer  le  mouvement  que  l'exposition  à  l'air  y 
détermine  aux  molécules  d'une  matière  fermentescible.  Celle-ci  se  résout 
alors  en  des  produits  nouveaux,  sans  rien  prendre  à  ces  substances  et 
sans  leur  rien  fournir  de  ses  propres  matériaux.  Selon  moi,  au  contraire, 
les  fermentations  proprement  dites  sout  toutes  corrélatives  de  la  vie  et 
je  crois  avoir  démontré  par  des  preuves  péremptoires  qu'une  matière 
fermentescible  n'éprouve  jamais  la  fermentation,  sans  qu'il  y  ait  un 
échange  incessant  entre  des  cellules  vivantes  qui  grandissent  ou  se  mul- 
tiplient,  en  ©'assimilant  une  partie  de  la  matière  fermentescible  elle- 
même. 

La  doctrine  de  M.  Liebig  était  en  pleine  faveur  lorsque  j'ai  démontré 
en  premier  lieu  que,  dans  toute  fermentation  proprement  dite,  on 
tromve,  d'une  manière  nécessaire,  des  organismes  spéciaux  et  que,  là  où 

2 


H  LES  MONDES. 

l'on  croyait  n'avoir  affaire  qu'à  des  matières  albuminoïdes  mort?g,  la 
vie  apparaît  corrélative  de  la  fermentation,  les  deux  phénomènes  com- 
mençant et  finissant  en  même  temps.  J'ai  démontré,  d'autre  part,  que 
toutes  ces  ermentations  deviennent  impossibles  au  libre  contact  de  l'air, 
à  la  seule  condition  que  l'air  ne  puisse  apporter,  dans  les  matières  en 
présence,  les  germes  organisés  que  cet  air  charrie  sans  cesse  au  voisinage 
de  la  surface  de  la  terre  (1).  Néanmoins,  et  c'est  encore  un  des  faits  que 
J'ai  établis  avec  rigueur,  ces  mélanges  fermentescibles  dont  la  fermen- 
tation est  rendue  impossible  par  l'absence  des  germes  en  suspension 
dans  Fair,  éprouvent  une  oxydation  et  une  altération  chimique  sen- 
sibles au  contact  de  cet  air  pur.  Ces  faits  si  probants  parurent  encore 
laisser  des  doutés  dans  quelques  esprits  prévenus  ;  car  rien  n'est  plus 
subtil  que  l'argumentation  d'une  théorie  qui  succombe. 

Je  constituai  alors  des  milieux  fermentescibles,  dans  lesquels  il 
n'existait  que  trois  sortes  de  substances  :  la  matière  pouvant  fermenter, 
des  sels  minéraux  convenablement  choisis,  en  troisième  lieu  des  germes 
du  ferment.  Par  exemple,  j'ai  reconnu  que  le  ferment  du  lactate  de 
chaux  était  un  vibrion.  Eh  bien!  dans  une  solution  de  lactate  de  chaux 
cristallisé  et  très-pur ,  j'ajoute  des  phosphates  d'ammoniaque ,  de 
magnésie  et  de  potasse,  de  petites  quantités  de  sulfate  d'ammoniaque, 
et  enfin  le  germe  de  ce  vibrion  ou  ce  vibrion  tout  formé.  Dans  l'inter- 
valle de  quelques  jours,  le  lacta'e  a  intégralement  disparu,  et  une  mul- 
titude infinie  de  vibrions  nouveaux  ont  pris  naissance.  Tant  qu'il  existe 
du  lactate  de  chaux,  les  vibrions  se  multiplient  et  s'agitent  dans  la  li- 
queur. Une  fois  que  tout  le  lactate  e3t  décomposé,  les  vibrions  tombent 
comme  des  cadavres  au  fond  du  vase.  Les  autres  fermentations  et  toutes 
les  levures  qui  1»  ur  sont  propres  donnent  lieu  au  môme  résultat,  notam- 
ment la  levure  de  bière,  par  laquelle  j'avais  débuté  dans  cet  ordre  d'é- 
tudes. Toutefois,  avec  celle-ci,  coreme  je  l'ai  expliqué  longuement  dans 
le  mémoire  original,  l'expérience  est  beaucoup  plus  délicate.  Il  faut 

(1)  L'Académie  ne  reverra  peut-être  pas  sans  intérêt  un  vase  ouvert 4ans  lequel  se 
trouve  de  Peau  de  foin  vert  depuis  le  24  juin  1864,  paraphé  sur  son  étiquette  par  un 
membre  de  cette  Académie  (M.  Balard),  et  qui  est  resté  limpide  sans  donner  trace 
de  fermentation  ni  de  putréfaction,  uniquement  parce  que  le  col  dn  vase  a  été  re- 
courbé et  que  l'ouverture  est  placée  de  telle  sorte  que  les  poussières  en  suspension 
dans  l'air  ne  peuvent  tomber  dans  le  liquide.  La  poussière  s'est  ammassée  sur  les 
parois  extérieures,  mais  elles  n'a  pu  arriver  jusqu'au  liquide.  Que  l'on  remplace 
l'eau  de  foin  par  tous  les  mélanges  fermentescibles,  et  le  résultat  est  le  même  ; 
mais  vient-on  à  déposer  dans  ces  liquides  une  parcelle  des  poussières  qui  re- 
couvrent les  parois  extérieures,  dans  l'intervalle  de  quelques  jours  altérations  ou 
fermentations  diverses  apparaissent  toujours  &  la  suite  de  cellules  vivantes  provenant 
de  germes  que  la  poussière  a  apportés  aveo  elle* 


LES  MONDES  S  S 

multiplier  les  essais,  parce  que  (Tautres  organismes  peuvent  intervenir 
et  géaer  le  développement  de  la  levure  que  l'on  a  semée.  Certains  infu- 
soires,  la  levure  lactique,  des  mucédinées  diverses,  trouvent  aussi  des 
aliments  appropriés  à  leur  vie  dans  le  milieu  minéral,  et  peuvent  em- 
pocher plus  ou  moins  la  multiplication  du  ferment  alcoolique.  Ce  sont 
ces  difficultés  qui  auront  arrêté  M.  Liebig  et  qu'il  n'aura  pas  su  lever. 
Mais  comment  M.  Liebig  n'a-t-il  pas  remarqué  que  ces  obstacles  mêmes 
sont  une  preuve  nouvelle  de  la  vérité  qu'il  conteste  ?  Est-ce  que  la 
naissance  de  la  levure  lactique  dans  le  milieu  minéral  sucré  n'a  pas,  au 
point  de  vue  général,  la  même  signification  que  celle  de  la  levure  de 
bière  ?  Sans  doute,  le  milieu  minéral  que  j'emploie  dans  cette  expé- 
rience ne  donne  pis  un  développement  de  levure  de  bière  comparable, 
à  beaucoup  près,  avec  ce  que  Ton  obtient  en  semant  de  la  levure  dans 
du  moût  de  bière,  ou  dans  l'eau  sucrée  à  laquelle  on  a  ajouté  des  ma- 
tières albuminoïies,  mais  je  n'ai  pas  eu  la  prétention,  comme  le  vou- 
drait H.  Liebig,  de  donner  à  l'industrie  un  moyen  pratique  de  fabriquer 
en  grand  la  levure  de  bière,  quoique  je  sois  loin  de  penser  que  j'échoue- 
rais dans  cette  entreprise  d'une  manière  nécessaire,  si  je  la  tentais,  sur- 
tout depuis  la  publication  du  beau  mémoire  de  M.  Raulin  sur  la  nutri- 
tion de3  Mucédinées.  Je  maintiens,  en  un  mot,  la  rigoureuse  exactitude 
de  mon  expérience. 

J'arrive  maintenant  à  la  seconde  négation  de  M.  Liebig.  Elle  est  rela  - 
tive  à  la  fermentation  acétique. 

L'Académie  se  rappelle,  sans  doute,  que  j'ai  établi  le  premier  la 
théorie  complète  de  l'acétification,  et  qu'il  est  résulté  de  mon  travail  un 
procédé  industriel  nouveau  de  fabrication  du  vinaigre,  appliqué  au- 
jourd'hui sur  la  plus  grande  échelle.  Ses  avantages  sont  considérables» 
sous  le  rapport  de  la  rapidité  et  de  l'économie,  et  la  Société  d'encoura- 
gement pour  l'industrie  nationale  a  décerné  récemment  un  de  ses  prix  à 
l'industriel  qui  a  monté  la  première  fabrique  de  vinaigre  par  ce  pro- 
cédé. 

Le  principe  en  est  très-simple  :  toutes  les  fois  que  du  vin  se  trans- 
forme en  vinaigre,  c'est  par  l'action  d'un  voile  de  mycodernia  aceti  déve- 
loppé à  sa  surface.  H  n'existe  pas,  félon  moi,  dans  un  pays  quelconque 
une  goutte  de  vin,  aigri  spontanément  au  contact  de  l'air,  sans  que  le 
mycoderma  aceti  n'ait  été  présent  au  préalable.  Ce  petit  végétal  mi- 
croscopique a  la  faculté  de  condenser  l'oxygène  de  l'air  à  la  manière  du 
noir  de  platine  ou  des  globules  du  sang,  et  de  porter  cet  oxygène  sur 
les  matières  sous -jacen tes.  Je  crois  avoir  établi,  d'autre  part,  que  dans 
le  procédé  de  fabricatioù  désigné  sous  le  nom  de  procédé  allemand,  les 
copeaux  de  bois  ou  les  morceaux  de  charbon  placés  dans  les  tonneaux 


iG  LES  MONDES. 

d'acétificiUion  ne  sont  qne  des  supports  pour  le  mycoderma  aceti,  et 
qu'ils  n'interviennent  pas  dans  le  phénomène  chimique  parleur  poro- 
sité, comme  on  le  croyait  avant  la  publication  de  mon  mémoire. 

M.  Liebig  nie  formellement  l'exactitude  de  ces  assertions  :  «  Avec 
l'alcool  dilué,  qui  sert  à  la  fabrication  rapide  du  vinaigre,  dit  M.  Liehig, 
les  éléments  de  nutrition  du  mycoderma  sent  exclus  et  le  vinaigre  se  fait 
sans  leur  intervention.  »  H.  Liebig  nous  apprend,  en  outre,  qu'il  a  con- 
sulté le  chef  d'une  des  plus  grandes  fabriques  d'acide  acétique  et  des 
mieux  conduites  qui  soient  en  Allemagne,  M.  Riemershmied  ;  que,  dans 
sa  fabrique,  l'alcool  dilué  ne  reçoit,  pendant  tout  le  cours  de  sa  trans- 
formation, aucune  addition  étrangère,  et  qu'en  dehors  de  l'air  et  des 
surfaces  de  bois  et  de  charbon,  rien  ne  peut  agir  sur  cet  alcool;  que 
M  .  Riemershmied  ne  croit  pas  à  la  présence  du  mycoderma  aceti  ;  enfin 
M.  Liebig  n'a  vu  aucune  trace  de  mycoderme  sur  des  copeaux  de  bois 
qui  servent  depuis  vingt-cinq  ans  dans  la  fabrique  dont  il  s'agit.  Certes, 
voilà  une  argumentation  qui  parait  bien  décisive  ;  on  ne  comprend  pas, 
en  effet,  la  naissance  d'une  plante  renfermant  nécessairement,  selon 
moi,  des  éléments  minéraux,  et  qui  serait  produite,  comme  l'affirme 
M.  Liebig,  avec  des  substances  qui  n'en  contiennent  pas.  Déjà,  dans  la 
discussion  relative  à  la  levure  de  bière,  dans  la  première  partie  de  son 
mémoire,  M.  Liebig  prétend  que  je  crois  faire  de  la  levure  de  bière,  qui 
renferme  du  soufre,  en  dehors  de  la  présence  d'une  combinaison  où  ce 
corps  simple  se  trouve  engagé.  Dans  l'un  et  l'autre  cas,  M.  Liebig  se 
trompe;  les  cendres  de  levure  qui  me  servent  comme  milieu  minéral, 
contiennent  des  sulfates,  et  quant  à  l'alcol  dilué  dont  parle  M.  Liebig, 
comment  n'a-t-il  pas  remarqué  que  cet  alcool  est  dilué  avec  de  l'eau 
ordinaire,  qui  renferme  tous  les  éléments  minéraux  nécessaires  à  la  vie 
du  mycoderma  aceti.  Je  maintiens  donc  encore  l'exactitude  rigoureuse 
de  mes  expériences  sur  la  fermentation  acétique. Mais  comment  éclairer 
le  public  ?  Comment  sortir  de  l'embarras  que  soulèvent  ces  affirmations 
contradictoires  également  honorables  ?  Voici  le  moyen  que  j'offre  à 
M.  Liebig.  Il  choisira  officieusement,  dans  le  sein  de  l'Académie,  un  ou 
plusieurs  de  ses  membres,  en  leur  demandant  de  se  prononcer  entre 
lui  et  moi.  En  leur  présence,  et  avec  des  substances  que  M.  Liebig 
pourra  fournir  lui-même,  e  reproduirai  les  deux  expériences  capitales 
dont  M.  Liebig  conteste  la  vérité.  Je  préparerai,  dans  un  milieu  minéral, 
autant  de  levure  de  bière  que  M.  Liebig  pourra  raisonnablement  en 
demander,  à  la  condition  toutefois  qu'il  veuille  bien  faire  la  dépense  des 
expériences.  S'il  le  désire  môme,  et  toujours  à  cette  condition,  je  pourrai 
préparer  quelques  kilogrammes  de  chair  de  vibrions,  dont  tout  le  car- 
bone, font  l'azote,  tout  le  soufre,  tout  le  phosphore,  toutes  les  matières 


LES  MONDES.  17 

grasses,  cellulosiques  et  autres,  sortiront  exclusivement  d'un  milieu  à 
principes  minéraux  cristallisables  et  de  la  matière  organique  fermen- 
tescible.  Quant  à  la  présence  du  mycoderma  aceti  sur  les  copeaux  de 
hêtre,  je  propose  à  M.  Liebig  de  prélever,  dans  la  fabrique  de  Munich 
précitée,  quelques  copeaux  de  bois,  de  les  faire  sécher  rapidement  dans 
une  étuve  et  de  les  envoyer  tels  quels  à  Paris,  à  la  Commission  dont  il 
s'agit.  Je  me  charge  de  montrer  à  ses  membres,  à  la  surface  de  ces  co- 
peaux, la  présence  du  mycoderme. 

11  y  aurait  encore  un  moyen  plus  simple  peut-être  de  convaincre 
M.  Liebig  de  la  vérité  sur  ce  dernier  point.  Pour  ma  part,  je  n'ai  ja- 
mais fait  l'expérience,  mais  c'est  le  propre  des  théories  vraies  de  donner 
lieu  à  des  déductions  logiques  dont  la  vérité  peut  être  affirmée  à  priori. 
Que  M.  Liebig  prie  M.  Riemershmied  de  vouloir  bien  remplir  un  de  ses 
tonneaux  en  activité  depuis  longtemps,  et  qui  donnent  lieu  chaque  jour, 
comme  il  nous  rapprend,  à  l'équivalent  en  acide  acétique  de  3  litres 
d'alcool  absolu,  de  vouloir  bien,  dis-je,  remplir  ce  tonneau  d*eau  bouil- 
lante pendant  une  demi  heure  au  plus;  puis,  après  avoir  fait  écouler 
cette  eau  au  dehors,  de  remettre  en  marche  le  tonneau. 

D'après  la  théorie  de  M.  Liebig,  le  tonneau  devra  fonctionner  tout 
comme  auparavant,  et  moi  j'affirme  qu'il  ne  fera  plus  du  tout  de  vi- 
naigre, au  moins  pendant  très-longtemps,  et  jusqu'à  ce  que  de  nouveaux 
mycodermes  aient  pris  naissance  à  la  sufrace  des  copeaux.  L'eau  bouil- 
lante aura  tué  l'ancien  champignon. 


TÉLÉGRAPHIE  ÉLECTRIQUE 


Appareil  autographlqae  Meyeis  —  L'emploi  en  télégra- 
phie d'appareils  autographiques,  c'est-à-dire  reproduisant  le  fac  simile 
exact  de  la  dépèche  manuscrite  et  signée  de  l'expéditeur,  présente  par 
la  suppression  des  erreurs  de  transmission  et  de  traduction,  des  avan- 
ages  si  incontestables  pour  la  sécurité  d  es  destinataires  et  de  l'admi- 
nistration elle-même,  qu'il  ne  faut  pas  s'étonner  de  voir  plusieurs 
hommes  habiles  s'être  efforcés  de  découv  rir  un  appareil  véritablement 
pratique  et  donnant  une  vitesse  de  transmission  comparable  aux  autres 
télégraphes. 

Description.  —  La  dépèche  écrite  ou  dessiuée  par  l'expéditeur  lui- 


18  LES  MONDES. 

même  sur  papier  métallique  avec  de  l'encre  isolante,  se  trouve  repro- 
duite aux  deux  appareils  de  transmission  et  de  réception,  sur  de  larges 
bandes  de  papier  ordinaire,  sans  aucune  préparation  chimique,  par 
une  impression  à  l'aide  d'encre  à  tampon  ordinaire. 

Dans  chaque  appareil,  un  mécanisme  d'horlogerie  mû  par  un  poids 
est  placé  entre  deux  cylindres  A  et  B,  auxquels  il  communique  une 
même  vitesse  angulaire  de  rotation.  Ces  rouages  du  poste  expéditeur 
et  du  poste  récepteur  doivent  marcher  en  accord  parfait.  Des  pendules 
coniques  d'une  construction  spéciale  à  boules  très- lourdes  K  servent 
à  établir  ce  synchronisme  au  début,  et  à  le  maintenir  pendant  toute  la 
durée  de  la  transmission. 

Le  cylindre  expéditeur  A  est  isolant,  et  sert  à  l'écoulement  de  la  dé- 
pèche écrite  à  l'avance  sur  papier  métallique.  A  côté,  se  trouve  une  vis 
sans  fin  H  mise  en  mouvement  par  le  rouage  ;  elle  entraîne  parallèle- 
ment à  l'axe  du  cylindre  A  un  chariot  armé  d'un  pinceau  de  fils  mé- 
talliques D  et  d'un  style  frotteur  C.  Ce  pinceau  et  ce  style  sont  isolés 
l'un  de  l'autre  et  frottent  constamment  contre  le  papier  métallique  de 
la  dépèche. 

Pour  chaque  tour  du  cylindre  A,  le  chariot  se  déplace  de  1/4  de 
millimètre,  de  sorte  que  tous  les  points  de  la  surface  du  cylindre  A 
viennent  successivement  en  contact  avec  la  pointe  C.  Cette  pointe  est 
en  communication  permanente  avec  la  terre. 

Au  poste  de  départ,  le  pôle  positif  de  la  pile  de  ligne  communique 
constamment,  d'une  part,  avec  le  pinceau  D  et  la  surface  métallique 
de  la  dépêche  ;  d'autre  part,  avec  le  til  de  ligne. 

Il  résulte  de  cette  disposition  que  la  pile  de  ligne  fonctionne  tou- 
jours, mais  que  la  distribution  de  son  courant  dépend  de  la  position 
du  style  C  par  rapport  aux  traits  isolants  de  la  dépèche  à  transmettre. 
Quand  la  pointe  du  style  C  appuie  sur  la  surface  métallique  du  papier, 
le  circuit  de  la  pile  de  ligne  est  fermé  par  le  pinceau  D,  le  style  C  et 
la  terre.  La  presque  totalité  du  courant  passe  par  ce  court  circuit,  et 
la  ligne  ne  reçoit  qu'un  courant  dérivé  négligeable.  Lopsque,  au  con- 
traire, la  pointe  C  du  style  rencontre  un  trait  isolant  de  la  dépèche,  le 
court  circuit  est  rompu,  et  le  courant  de  la  pile  passe  nécessairement 
en  entier  par  le  fil  de  ligne. 

Le  cylindre  récepteur  'B  porte  sur  sa  surface  une  nervure  hélicoï- 
dale ou  filet  de  vis  métallique  triangulaire  faisant  un  tour  entier  autour 
de  ce  cylindre.  Ce  filet  frotte  continuellement  contre  un  tampon  imbibé 
d'encre. 

En  avant  et  un  peu  au-dessous  de  l'hélice  B,  un  châssis  métallique 
G  est  disposé  de  manière  à  exécuter  des  mouvements  de  bascule  de 


LES  MONDES.  *9 

très- faible  étendue,  de  sorte  que  eod  arèle  Tient  au  contact  de  l'un  des 
pointe  de  l'hélice  ou  B'en  éloigne  d'une  petite  quantité. 

la  bande  de  papier  sur  ^laquelle  la  dépèche  doit  se  reproduire  est 
pliée  sur  l'arête  du  châssis  métallique,  et  entraînée  lentement  d'un 
mouvement  continu. 


D'après  ce  que  nous  venons  de  dire,  on  peut  amener  le  papier  à 
toucher  l'hélice  qui  y  marque  un  point. 

Si  l'on  prolonge  la  durée  du  contact  pendant  la  rotation  de  l'hélice, 
le  point  de  contact,  glissant  pour  ainsi  dire  le  long  de  l'arête  du  chas  - 


M  LES  MONDES. 

sis,  détermine  sur  le  papier  une  ligue  droite  transversale.  Au  bout  d'un 
tour  entier,  l'hélice  recommence  sur  le  papier  une  nouvelle  ligne  pa- 
rallèle à  la  première,  mais  distante  de  1/4  de  millimètre  par  suite  de 
l 'avancement  du  papier. 

A  la  face  inférieure  du  châssis  G,  est  fixé  un  petit  électro-aimant  E, 
dont  les  extrémités  du  barreau  de  fer  doux  font  saillie  sur  la  bobine  et 
sont  placées  en  face  des  pôles  d'un  aimant  permanent  en  fer  à  cheval  F. 

Lorsque  la  bobine  de  l 'électro-aimant  E  est  traversée  par  un  cou- 
rant, les  extrémités  du  barreau  de  fer  doux  prennent  des  polarités  de 
même  nom  que  les  pôles  en  regard  de  l'aimant  fixe  F  :  la  bobine  est 
repoussée,  le  châssis  exécute  un  mouvement  de  bascule  et  son  arête 
ne  touche  plus  le  lilet  de  l'hélice.  Mais  si  le  courant  vient  à  cesser 
pendant  un  temps  plus  ou  moins  court,  l'aimant  F  attire  de  suite  le 
barreau  de  fer  doux  revenu  à  l'état  neutre,  fait  basculer  tout  le  système 
en  sens  inverse,  et  le  papier,  se  trouvant  ainsi  plus  ou  moins  long- 
temps en  contact  avec  l'hélice,  reçoit  l'impression  d'un  point  ou  d'une 
hachure. 


"  Le  courant  qui  dans  chaque  appareil  produit  le  mouvement  de  bas- 
cule du  châssis,  et  par  suite  l'impression  des  hachures^sur  la  bande  de 
papier,  provient  d'une  pile  locale  commandée  par  un  relais.  Chaque 
relais  se  compose  d'un  aimant  permanent  fixe  et  d'un  électro-aimant 
faisant  fonction  de  palette  ;  il  est  lui-même  animé  par  le  courant  de 
ligne,  ainsi  que  nous  l'allons  voir. 


LES  MONDES.  31 

Fonctionnement  de  l'appareil.  —  Du  moment  où  le  synchronisme 
cet  établi,  l'hélice  reproductive  B  présente  dans  chaque  appareil  à 
l'arête  du  châssis  G  un  point  que  nous  nommerons  point  reproducteur, 
et  dont  la  position  correspond  exactement  à  celle  de  la  pointe  C  sur  la 
circonférence  du  cylindre  expéditeur,  c'est-à-dire  que  si  le  commen- 
cement d'une  ligne  de  la  dépêche  manuscrite  passe  sous  la  pointe  C, 
le  point  reproducteur  se  trouve  au  bord  delà  bande  de  papier.  Lorsque 
le  cylindre  A  a  tourné  de  1  millimètre,  par  exemple,  afin  que  la  pointe 
G  passe  du  premier  trai  t  de  la  dépêche  au  second,  le  point  reproduc- 
teur s'est  déplacé  lui-même  de  1  millimètre,  et  ainsi  de  suite. 
L'on  voit  que  tous  les  points  de  la  ligne  de  la  dépêche  manuscrite  qui 
passent  sous  la  pointe  C  correspondent  aux  mêmes  points  de  la  ligne 


du  fac-similé,  en  regard  du  point  reproducteur.  Lorsque  la  pointe  G 
appuie  sur  la  surface  métallique  du  papier  de  la  dépèche,  le  circuit 
court  de  la  pile  de  ligne  est  fermé,  la  ligne  ne  reçoit  qu'un  courant  de 
dérivation  insignifiant,  les  relais  maintiennent  fermés  les  circuits  des 
piles  locales,  les  bobines  E  sont  repoussées,  les  bandes  de  papier  sont 
éloignées  des  hélices  ;  il  n'y  a  pas  d'impression. 

La  pointe  C  passe  sur  un  trait  isolant  de  la  dépèche,  le  court  circuit 
de  la  pile  de  ligne  est  rompu,  le  courant  passe  en  entier  sur  la  ligne 
et  anime  les  deux  relais,  les  bobines  palettes  des  deux  relais  sont  - 
brusquement  repoussées  et  rompent  les  circuits  des  piles  locales.  Les 
bobines  E  sont  attirées,  les  papiers  sont  pressés  contre  les  filets  des 
hélices  B  qui  y  impriment  une  courte  hachure.  Au  bout  d'un  tour 
entier  du  cylindre  expéditeur  A,  nous  avons  vu  que  le  style  C  s'est 
déplacé  latéralement  de  1/4  de  millimètre,  la  bande  de  papier  a  été 
elle-même  tirée  de  la  même  quantité,  et  la  pointe  C,  venant  à  passer 


22  LES  MONDES. 

sur  le  prolongement  du  trait  isolant  que  nous  avons  déjà  considéré, 
détermine  une  nouvelle  émission  du  courant  de  la  pile  dans  la  ligpe* 
Or,  pendant  le  tour  entier  du  cylindre  A,  l'hélice  B  a  fait  aussi  un 
tour  entier,  et  le  point  reproducteur  est  revenu  au-dessous  de  la  posi- 
tion première  où  il  avait  fait  une  petite  hachure,  de  sorte  que  la  nou? 
velle  impression  produite  par  le  courant  de  ligne  se  trouve  être  le 
prolongement  du  trait  dans  le  fac-similé  de  la  dépèche. 

On  obtient  le  synchronisme  entre  les  appareils  au  départ,  et  on  le 
maintient  pendant  tout  le  temps  de  la  transmission  en  agissant  sur  les 
boules  des  pendules  à  l'aide  d'un  petit  treuil. 

Conclusions.  —  Sous  le  triple  point  de  la  régularité  du  synchro- 
nisme, de  la  sûreté  et  de  la  netteté  de  la  reproduction  de  la  dépèche 
el  de  la  vitesse  de  transmission,  l'appareil  de  M.  Meyer  est  très-supé- 
rieur aux  deux  autres. 

Enfin,  pour  terminer,  citons  textuellement  quelques  phrases  tirées 
d'un  rapport  fait  au  ministre  de  l'intérieur,  par  le  directeur  général 
des  lignes  télégraphiques,  en  date  du  2  octobre  1869.  Extrait  d'un 
rapport  du  perfectionnement  des  lignes  télégraphiques  françaises.  Tel 
que  nous  venons  de  le  décrire,  cet  admirable  appareil  a  très-bien  fonc- 
tionné de  Paris  à  Lyon,  pour  lui  faire  franchir  directement  la  distance 
de  Paris  à  Marseille,  ou  de  Londres  en  Chine,  il  fallait  un  relais  plus 
automatique  qu'il  a  été  donné  à  M.  d'Arlincourt  d'inventer  et  que 
nous  allons  décrire  pour  la  première  fois. 

Relais  fondé  sur  un  nouveau  principe  électro- 
magnétique par  M.  d'Arlinqourt.  —  Kn  télégraphie  électrique, 
le  relais  sert  à  introduire  dans  le  circuit  une  pile  supplémentaire  dans 
tous  les  cas  où  le  courant  envoyé  sur  la  ligne  par  le  poste  expéditeur 
n'a  pas  une  intensité  suffisante  pour  produire  l'effet  voulu. 

Placé  au  poste  de  réception,  le  relais  reçoit  le  courant  de  ligne  e 
ferme  le  circuit  d'une  pile  locale  dont  le  courant  met  en  jeu  l'apparei 
récepteur. 

Disposés  en  translation  sur  la  ligne,  les  relais  permettent  d'établir 
la  correspondance  électrique  entre  deux  postes  trop  éloignés  pour  que 
la  communication  directe  soit  possible. 

Dans  les  relais  généralement  employés,  une  palette  mobile  oscille 
sous  l'influence  d'un  électro-aimant  ;  ces  appareils  ont  des  inconvénients 
signalés  depuis  longtemps. 

Le  fer  de  la  palette  oscillante  et  des  noyaux  de  l'électro-aimant  con- 
serve toujours  un  peu  de  force  coercitive;  il  en  résulte  que  la  désai- 
mantation de  ces  pièces  n'est  pas  instantanée,  et  que  la  transmission 


LES  MONDES.  23 

est  nécessairement  ralentie.  D'ailleurs,  le  moindre  changement  sur- 
venu dans  la  longueur  ou  l'isolement  de  la  ligne,  et  même  dans  le 
mode  de  transmission,  exige  un  nouveau  réglage  de  l'appareil,  car  le 
magnétisme  rémanent  des  pièces  de  fer  doux  varie  nécessairement 
avec  l'intensité  et  la  durée  du  courant  de  ligne. 

Les  courants  de  retour  inévitables,  et  parfois  si  intenses  sur  les  lon- 
gues lignes,  sont  une  cause  de  perturbation  par  les  relais  disposés  en 
translation.  Quand  on  ne  parvient  pas  à  les  supprimer,  les  relais  sont 
transformés  en  trembleurs  et  toute  transmission  est  impossible. 

Le  relais  n'en  est  pas  moins  un  organe  dont  la  télégraphie  électri- 
que ne  saurait  se  passer;  il  y  aurait  donc  grand  avantage  à  construire 
un  appareil  de  ce  genre,  qui  permit  de  se  mettre  à  l'abri  de  l'action 
des  Courants  de  retour  et  de  l'influence  pertubatrice  des  variations  du 
magnétisme  rémanent.  Je  pense  avoir  complètement  résolu  ce 
problème  en  faisant  reposer  la  construction  de  mon  relais  sur  l'ap- 
plication d'un  principe  nouveau. 

Soit  G  (fig.  1)  un  barreau  d'acier  régulièrement  aimanté  ;  ses  pôles 
a,  h  (austral  et  boréal)  sont  pfacés  sur  un  axe  de  figure  x  7.  —  Soit  en 
outre  D  une  aiguille  aimantée  dont  le  pivot  est  sur  le  prolongement 
de  l'axe  xy;  cette  aiguille  est  nécessairement  dirigé  suivant  l'axe  x 7, 
sur  pôle  boréal  b  tourné  vers  le  pôle  austral  a  du  barreau  aimanté  G. 

Soit  E  (fig.  2),  un  électro-aimant,  dont  la  bobine  est  traversée  par 
un  courant  continu  et  dont  les  pôles  sont  disposés  comme  l'indique  la 
ligure.  • 

Cela  posé,  plaçons  l'électro-aimant  sur  l'extrémité  australe  du  bar- 
reau C  (fig.  3),  son  pôle  austral  a  à  droite,  et  son  pôle  boréal  b  à  gau- 
che de  }'axe  de  figure  xy  du  barreau.  —  Immédiatement  l'aiguille  ai- 
mantée D  est  déviée,  sur  pôle  boréal  i,  à  droite  de  Taxe  x  7,  vers  le 
pôle  austral  a  de  l'électro-aimant.  —  Si,  alors,  on  éloigne  l'électro- 
aimant,  l'aiguille  aimantée  (fig.  4)  obéit  à  un  mouvement  de  sens 
inverse  ;  son  pôle  boréal  b  passe  à  gauche  de  l'axe  x  7  et  persiste  dans 
cette  nouvelle  position  indiquant  un  déplacement  permanent  du  pôle 
austral  a  du  barreau  G,  à  gauche  de  son  axe  de  symétrie  x  7. 

Si  l'on  replace  l'électro-aimant  dans  la  position  de  la  figure  3, 
l'extrémité  boréale  de  l'aiguille  D  repasse  à  droite  de  l'axe  x 7;  eette 
extrémité  de  l'aiguille  repasse  et  se  fixe  à  gauche  de  l'axe  x  7,  quand 
l'électro-aimant  est  de  nouveau  éloigné. 

Il  suffit  de  changer  la  position  des  pôles  de  l'électro-aimant  par 
rapport  à  l'axe  de  figure  X7  du  barreau  aimanté  pour  que  l'extrémité 
boréale  de  l'aiguille  D  exécute  des  mouvements  de  même  nature,  mais 
de  sevs  inverse. 


24 


LES  MONDES. 


En  résumé,  tant  que  l'électro-aimant  reste  accolé  à  l'extrémité 
australe  du  barreau  G,  l'extrémité  boréale  b  de  l'aiguille  D  reste  dé- 
viée du  côté  de  l'axe  xy,  occupé  par  le  pôle  austral  de  l'électro-aimant. 


fig.i . 


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1 
• 

1 

1 
1 
1 

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1 

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1 

1 

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fié.3. 


fig.2. 


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*m  a, 


fi$.4 


Quand  au  contraire  l'électro-aimant  est  éloigné,  l'extrémité  boréale 
de  l'aiguille  est  B,  déviée  du  côté  opposé  de  Taxe  xy  et  se  fixe  dans  cette 
nouvelle  position. 


LES  MONDES.  25 

L'explication  de  ces  mouvements  de  l'aiguille  est  bien  simple.  — 
Lorsque  (Gg.  3)  l'électro-aimant  est  placé  sur  l'extrémité  australe  Ju 
barreau,  le  pôle  austral  de  ce  barreau,  repoussé  par  le  pôle  austral  et 
a  ttiré  par  le  pôle  boréal  de  l'électro-aimant,  est  déplacé  et  refoulé  à 
gauche  de  Taxe  de  figure  xy.  Au  moment  où  l'on  éloigne  l'électro- 
aimant,  ce  pôle  austral  a  du  barreau,  retenu  par  la  force  coercitive, 
reste  fixé  (fig.  4),  à  gauche  de  l'axe  xy. 

Mais  tant  que  l'électro-aimant  est  maintenu  dans  la  position  de  la 
figure  3,  malgré  le  déplacement  du  pôle  austral  du  barreau  à  gauche 
de  xy,  l'extrémité  boréale  b  de  l'aiguille  est  déviée  à  droite,  parce  que 
l'action  attractive  du  pôle  austral  de  l'électro-aimant  est  prédominante; 
au  contraire,  quand  l'électro-aimant  est  éloigné,  i* extrémité  boréal  b, 
de  l'aiguille,  n'étant  plus  soumise  (fig.  A)  qu'à  l'attraction  du  pôle 
austral  a  déplacé  du  barreau,  passe  instantanément  et  se  fixe  à  gauche 
de  Taxe  xy. 

Au  lieu  de  rapprocher  et  d'éloigner  successivement  les  pôles  de 
l'électro-aimant  de  l'extrémité  australe  du  barreau  aimanté  C,  on  peut 
procéder  autrement. 

L'électro-aimant  est  appliqué  d'une  manière  permanente  sur  l'ex- 
trémité australe  du  barreau  et  le  fil  des  bobines  est  traversé  par  des 
courants  interrompus..  —  A  chaque  passage  du  courant,  l'extrémité 
boréale  de  l'aiguille  est  déviée  vers  le  pôle  austral  de  l'électro-aimant; 
à  chaque  interruption  l'extrémité  boréale  de  l'aiguille  est  déviée  en  sens 
contraire.  On  peut  ainsi  imprimer  à  l'aiguille  des  oscillations  dont  la 
rapidité  dépend  uniquement  de  la  rapidité  des  interruptions  du  cou- 
rant. 

Cette  seconde  manière  d'opérer  est  même  plus  avantageuse  que  la 
première.  En  effet,  au  moment  de  l'interruption  du  courant,  le  fil  des 
bobines  est  traversé  par  un  extra-courant  direct  qui  exalte  l'aiman- 
tation des  pôles  de  l'électro-aimant  et  contribue  puissamment  au  dé- 
placement du  pôle  austral  du  barreau  aimanté. 

A  l'extrémité  australe  a  d'un  fort  barreau  aimanté,  recourbé  en  fer 
à  cheval  G  (fig.  5),  fixons  les  noyaux  de  fer  doux  d'un  électro- aimant. 
Soit  P,  une  palette  de  fer  doux  verticale,  placée  entre  les  branches  de 
l'électro-aimant  et  mobile  autour  d'une  charnière  de  fer  fixée  à  l'extré- 
mité boréale  b  du  barreau  aimanté.  Cette  palette  représente  nécessaire- 
ment un  pôle  boréal  permanent. 

Si  l'on  fait  passer  à  travers  les  bobines  de  l'électro-aimant  une  série 
de  courants  interrompus,  la  palette  P  exécutera  nécessairement  des 
oscillations  identiques  à  celles  de  l'aiguille  aimantée  dont  nous  avons 
parlé  plus  haut.  —  A  chaque  passage  du  courant,  la  palette  P  se  dé* 


i 

i 


20  LES  MONDES. 

placera  du  côté  du  pôle  austral  de  l'électro-aimant  ;  a  chaque  inter- 
ruption, elle  sera  repoussée  en  sens  contraire  et  se  fixera  dans  cette 
nouvelle  position.  —  Il  suffira  d'ailleurs  de  changer  le  sens  du  cou- 
rant pour  imprimer  à  la  palette  P  des  oscillations  de  même  nature  et 
de  sens  contraires. 

Des  vis  métalliques  placées  à  droite  et  à  gauche  de  l'extrémité  libre 
de  la  palette  P,  permettent  de  limiter  l'amplitude  de  ses  oscillations 
et  d'établir  les  contacts  nécessaires  au  fonctionnement  d'un  relais  télé- 
graphique. 

Le  relais  que  j'ai  construit  d'après  ces  principes  jouit  des  avantages 
suivants  : 

En  raison  de  l'aimantation  permanente  de  la  palette  et  de  la  nature 
des  forces  qui  commandent  ses  oscillations,  le  jeu  de  l'appareil  ne 
peut  être  ni  troublé  ni  ralenti  par  l'action  du  magnétisme  rémanant. 

Le  jeu  de  l'appareil  est  indépendant  du  sens  et  de  l'intensité  du 
courant  ;  il  marche  donc  sans  réglage  et  supporte  l'inversion  sans  dif- 
ficulté. On  peut  donc,  sans  ralentir  la  transmission,  multiplier  cet 
appareil  sur  le  trajet  des  mauvaises  lignes  et,  de  lait,  les  améliorer. 

Il  peut  être  disposé  en  translation  et  permet  de  supprimer  com- 
plètement les  courants  de  retour  des  longues  lignes. 

La  palette  oscille  avec  une  telle  rapidité  que  la  transmission  par 
l'intermédiaire  de  ce  relais  est  aussi  rapide  qu'en  communication 
directe. 

Déjà  l'expérience  a  permis  de  constater  la  supériorité  de  mon  relais 
sur  tous  les  appareils  connus  du  même  genre.  Dans  les  essais  faits 
à  l'administration  générale  : 

Ie  J'ai  pu  imprimer  directement  une  dépêche  de  Paris  à  Marseille 
avec  un  appareil  autographique.  La  vitesse  de  transmission  est,  dans 
ce  cas,  au  moins  aussi  considérable  qu'avec  l'appareil  Hughes. 

2°  Avec  ce  relais  disposé  en  translation  à  Paris,  j'ai  pu  transmettre 
des  dépêches  télégraphiques  de  Marseille  à  Londres,  à  travers  le  câble 
de  Dieppe.  La  correspondance,  dans  ce  cas,  s'opère  avec  la  plus  grande 
sûreté  et  avec  le  maximum  de  vitesse. 


PHYSIQUE 


Etude  de»  vibrations,  moléculaire»  du  mereure  et 
de*  liquide»  en  général,  par  M.  Barthélémy,  —  Si,  au  lieu 
de  produire  un  simple  ébranlement,  on  fait  vibrer  par  contact,  avec 


LES  .MONDES.  27 

un  diapason  suffisamment  lourd,  ut2l  par  exemple,  un  vase  de  verre 
rectangulaire  plein  de  mercure  ou  seulenlent  la  table  qui  le  supporte, 
on  voit,  même  à  l'œil  nu,  la  surface  du  mercure  se  rider  dans  les  deux 
sens  et  présenter  en  même  temps  des  parties  plus  ternes  parallèles  aux 
diagonales. 

On  peut,  avec  une  lunette,  observer  de  plus  près  les  lignes  nodales 
et  prendre  leur  largeur  ;  toutefois,  la  projection  du  phénomène  est  plus 
nette  et  constitue  une  des  plus  brillantes  expériences  d'optique  appli- 
quée à  l'étude  du  mouvement  vibratoire. 

Projection  du  phénomène.  —  On  renvoie  sur  la  surface  du  mer- 
cure, et  aussi  normalement  que  possible,  à  l'aide  d'un  miroir,  un 
large  faisceau  de  lumière  solaire  ou  électrique,  et  l'on  interpose  sur 
le  trajet  du  faisceau  réfléchi  une  lentille  qui  donne  sur  le  plafond,  ou 
sur  un  mur,  une  image  brillante  du  bain  de  mercure;  on  excite  ensuite 
le  diapason  ufr,*  et  on  le  place  soit  sur  la  table,  soit  sur  la  cuve.  On 


voit  alors  se  produire  une  magnifique  image,  où  l'on  reconnaît  les 
deux  systèmes  de  nodales  perpendiculaires  aux  deux  faces  du  rectan- 
gle. Les  lignes  nodales  seront  alternativement  renforcées  et  leurs 
sommets  très-brillants  formeront  des  rectangles  dont  les  centres  seront 
les  sommets  d'un  autre  système  de  carrés  moins  brillants,  formés  par 
les  lignes  nodales  obtenue  s  plus  faibles  ;  c'est  ce  que  montre  la  figure 
encontre,  qui  ne  peut  donner  qu'une  faible  idée  du  phénomène. 

Lorsque  les  vibrations  sont  assez  faibles  pour  ne  pas  produire  de 
trépidations,  l'image  est  as  sez  fixe  pour  pouvoir  être  photographiée. 

Peu  à  peu,  les  vibrations  devenant  plus  lentes,  l'un  des  deux  sys- 
tème s'éteint,  et  l'autre  systè  me  persiste,  ne  présenta  nt  que  des  ren- 
flements aux  sommets  des  carrés.  Elles  se  montrent  encore  longtemps 
après  que  toute  vibration  est  devenue  insensible  dans  le  diapason;  tou- 
tefois, en  soulevant  celui-ci ,  elles  s'éteignent  aussitôt. 

On  peut  compter  le  nombre  de  ces  raies,  et  en  divisant  la  longueur 
du  côté  par  ce  nombre,  on  a  la  largeur  des  bandes  de  vibrations.  J'ai 
trouvé  pour  uU  la  valeur  de  lmm,  3.  Avec  ut%9  la  largeur  devient  dou- 
ble ;  avec  tifs,  la  moitié.  D'où  0  le  nombre  des  lignes  nodales  est  en 
raison  directe  du  nombre  de  vibrations  du  diapason.  9 


28  LES    MONDES. 

Si,  en  même  temps  que  le  diapason  vibre,  on  imprime  une  secousse, 
on  voit  se  former  les  ondes  de  M.  Faye,  qui  n'ont  aucune  influence 
sur  les  vibrations  fixes.  Si  l'on  fait  vibrer  en  même  temps  u(,  et  ut„  on 
voit  se  former  les  deux  systèmes  d'images,  qui  se  superposent  de  deux 
en  deux  lignes  nodales,  comme  on  devait  s'y  attendre,  d'après  l'indé- 
pendance des  mouvements  simultanés.  11  en  est  de  même  lorsque  le 
diapason  rend  des  harmoniques;  mais  il  faut  que  les  vibrations  aient 
une  énergie  à  peu  près  égale,  sans  quoi  les  plus  faibles  sont  masguées 
par  les  plus  fortes. 

L'image  des  poussières  qui  sont  à  la  surface  du  mercure  ne  parait 
pas  influencée  par  le  mouvement  vibratoire  ;  on  les  voit  même, 
par  des  effets  calorifiques,  se  transporter  à  la  surface  de  l'image 
fixe. 

Vibrations  dans  des  voies  de  diverses  forme*.  —  En  faisant  varier  la 
forme  du  vase  on  obtiendra  des  phénomènes  très-différents  :  dans  un 
vase  triangulaire ,  composé  de  lames  de  verre  implantées  dans  un 
morceau  de  bois,  on  obtient  de  beaux  hexagones,  dont  les  côtés  sont 
parallèles,  deux  à  deux,  aux  hauteurs  du  triangle,  et  ont  pour  lon- 
gueur le  double  de  la  largeur  de  vibration. 

Les  sommets  de  ces  hexagones  sont  très-brillants,  et  leurs  centres 
disposés  naturellement  sur  des  parallèles  aux  cotés  servent  de  sommets 
à  un  second  système  d'hexagones  formés  par  les  parties  des  lignes 
nodales  qui  sont  plus  faibles.  La  figure  ci-dessous  donne  une  idée  de 
ce  phénomène  : 


En  prenant  des  vases  de  diverses  formes  on  obtien  dra  Jes  effets 
variés,  dans  lesquels  on  verra  toujours  une  combinaiso  n  des  lignes 
nodales  perpendiculaires  aux  cotés,  et  se  renforçant  suivant  une  loi 
déterminée. 

Dans  un  vase  circulaire,  on  a  deux  syst  èmes  de  nodales,  les  unes 
suivant  des  rayons,  les  autres  concentriques.  Ces  dernières  sont  des 
ondes  réfléchies,  car  tous  les  mouvements  vibratoires  se  rencontrant 
au  centre,  celui-ci  devient  l'origine  de  mouvements  circulaires.  On  a 
ainsi  des  trapèzes  à  bases  courbes.  Si  le  mouvement  est  assez  fort,  on 
voit  se  former  une  croix  fans  vibration ,  surtou  t  si  l'on  touche  le  vase, 


LtCS   MONDES.  â9 

et  le  mouvement  s'éteint  par  deux  secteurs  opposé*.  Une  croix  bril- 
lante part  du  centre  dans  les  quatre  parties  vibrantes.  On  peut  obtenir 
le  même  phénomène  en  attaquant  le  verre  à  l'archet  et  mettant  une 
légère  nappe  d'eau  sur  le  mercure.  Les  poussières  qui  se  déposent  sur 
la  surface  du  mercure  se  rassemblent  sous  l'influence  de  la  vibration 
en  cercles  parallèles  dans  quatre  secteurs  ;  les  sommets  sont  occupés 
par  quatre  petits  tas  de  poussières. 

Si  le  vase  n'est  pas  exactement  sphérique,  l'image  lumineuse  pré- 
sente deux  centres  voisins  et  deux  systèmes  de  nodales  circulaires  qui 
se  coupent. 


On  obtient  des  résultats  fort  intéressants  avec  des  cuves  elliptiques.. 
La  cuve  dont  je  me  sers  est  en  bois  de  noyer  et  est  creusée  en  ellip- 
soïde. Lorsqu'on  la  fait  vibrer,  on  voit  les  deux  foyers  occupés  par  une 
nodale  allongée,  d'où  partent  quatre  branches  curvigilignes  qui  for- 
ment un  losange  dont  les  sommets  sont  sur  le  petit  axe.  Ces  branches 
sont  formées  par  une  sinuosité  que  forment  les  nodales  parallèles  au 
grand  axe.  L'intérieur  de  ce  losange  est  occupé  par  des  carrés  formés 
par  deux  systèmes  de  nodales  parallèles  aux  deux  axes.  A  l'extérieur 
des  foyers ,  sont  des  courbes  de  réflexion  formant  des  ellipses.  Cela 
ressemble  un  peu,  en  somme,  aux  figures  obtenues  en  faisant  tomber 
du  mercure  &  l'un  des  foyers;  mais  il  faut  remarquer  qu'ici  le  mode 
de  production  est  très-différent. 

Pour  la  théorie  de  ces  phénomènes,  il  faut  d'abord  remarquer  que 
la  production  est  en  réalité  la  même  que  celle  des  ondes  des  frères 
Weber  et  de  M.  Paye,  puisque  les  vibrations  «lu  diapason  produisent 
dans  le  vase  des  secousses  verticales  successives,  produisant  des  ondes 
fixes  proportionnelles  par  leur  nombre  aux  vibrations  du  diapason. 
Les  vibrations  du  mercure  ont  lieu  perpendiculairement  aux  lignes 
nodales,  le  mercure  se  soulève  le  long  d'une  ligne  nodale  et  se 
creuse  au  milieu.  Les  deux  syBtèmeB  de  nodales  perpendiculaires  don- 
nent lieu  à  des  compensations  de  mouvements  rectangulaires  sem- 
blables à  celles  que  M.  Terquem  a,  d'après  Seebeck,  admises  pour  les 
vibrations  des  corps  solides,  dans  le  sens  longitudinal.  Ou  concevra 
facilement  le  renforcement  de  certaines  lignes  nodales,  l'affaissement 

i 


30  LES  MONDES. 

des  autres.  Enfin,  le  cas  des  vases  elliptiques  mérite  une  étude  parti- 
culière par  les  effets  qu'ils  produisent. 

Les  liquides  autres  que  le  mercure  produisent  des  effets  semblables, 
mais  naturellement  moins  brillants.  J'ai  constaté  que  la  largeur  des 
lignes  est  sensiblement  la  même  que  pour  le  mercure. 


REVUE  DE  L'INDUSTRIE 


BULLETIN   DE  LA   SOCIÉTÉ  DE   MULHOUSE 


Résumé  des  dernières  livraisons 

* 

•tir  l'emploi  de»  récltauflTeurs  en  tôle,  par  MM.  D. 

Scheurer-Kestner  et  Charles  Meunier-Dollfus.  —  Conclusions.  — 
Pour  remédier  autant  que  possible  aux  inconvénients  résultant  de 
l'emploi  d'une  eau  trop  froide  ou  du  refroidissement  exagéré  de  la 
fumée,  on  peut  recouvrir  les  surfaces  métalliques  intérieures  (les  der- 
niers réchauffeurs  d'une  couche  de  couleur  et  les  surfaces  extérieures 
d'une  couche  d'étain. 

S'il  s'agit  d'établir  des  réchaufîeurs  neufs,  il  convient  d'adopter  des 
systèmes  qui  permettent  de  remplacer  la  tôle  par  la  fonte.  En  effet, 
la  fonte  résiste  mieux  que  le  fer  à  l'action  des  gaz  acides.  Nous  avons 
remarqué  que  les  tètes  en  fonte  des  réchauffeurs,  dans  les  parties  qui 
n'étant  pas  noyées  dans  la  maçonnerie  sont  exposées  au  courant  ga- 
zeux, sont  infinimennt  moins  attaquées  que  la  tôle.  Cette  différence 
provient  de  deux  causes  :  la  première  réside  dans  la  nature  même  du 
métal;  la  seconde  dans  son  épaisseur  qui  permet  à  la  surface  extérieure 
de  rester  plus  chaude  et  rend  la  condensation  moins  facile.  D'ailleurs 
une  longue  expérience  confirme  cette  opinion.  En  effet,  des  appareils 
réchauffeurs  en  fonte,  installés  depuis  de  longues  années  en  Alsace, 
ont  résisté  aux  altérations  que  nous  venons  de  décrire.  Quoiqu'il  en 
Boit,  les  avantages  que  présentent  même  les  réchauffeurs  à  grand  dia- 
mètre en  tôle,  au  point  de  vue  de  la  consommation  du  combustible, 
l'emportent  de  beaucoup  sur  les  dépenses  qu'entraînent  leur  installa- 
tion et  leur  réparation.  Il  nous  suffira  de  citer  comme  exemple  les 
chaudières  dont  les  réchauffeurs  se  sont  trouvés  dans  les  conditions 


LfcS  MONDES.  31 

les  plus  favorables  à  leur  effet  utile,  par  suite  d'une  consommation  de 
combustible  quotidienne  très -faible. 

La  consommation  de  la  houille  ayant  été  de  647  tonnes  (moyenne 
de  trois  années),  et  sachant  que  l'économie  due  à  ces  rechauffeurs  est 
de  8  pour  100,  on  trouve  que  l'économie  annuelle  est  de  52  tonnes  de 
houille  ou  environ  1  040  francs  par  ans,  à  20  francs  la  tonne  de  com- 
bustible; le  prix  de  trois  rechauffeurs  pour  une  chaudière  étant  d'en- 
viron trois  mille  francs,  il  en  résulte  que  les  rechauffeurs  sont  payés 
en  moins  de  trois  années.  Comme  en  général  la  consommation  quoti- 
dienne de  la  houille  se  trouve  être  beaucoup  plus  considérable,  l'effet 
utile  du  rechauffeur  en  est  augmenté  et  la  dépense  de  cette  addition 
de  surface  de  chauffe  se  trouve  encore  plus  rapidement  couverte  par 

l'économie  de  combustible.  (Bulletin  de  la  Société  de  Mulhouse,  mû 
1871.) 

Note  «ur  quelque*  particularité*  observée*  dan* 
certaine»  oxydation*  produite»  par  l'acide  azotique, 

par  M.  Ernest  Schlumberger.  —  Conclusions.  —  Lorsque  l'on  met 
simultanément  en  présence  de  l'acide  azotique  deux  subsances  inéga- 
lement oxydables,  à  une  température  et  dans  des  conditions  telles  que, 
prises  séparément,  Tune  serait  oxydée  et  l'autre  ne  le  serait  pas,  il 
peut  s'établir  entre  ces  deux  substances  une  solidarité  telle  que  le  sens 
de  la  réaction  dépende  de  leurs  proportions  relatives,  et  que  si  c'est  la 
substance  la  plus  oxydable  qui  domine,  elle  entraîne  l'autre  dans  son 
oxydation;  si  au  contraire  c'est  cette  dernière  qui  l'emporte,  elle  em- 
pêche aussi  l'oxydation  de  la  première.  (Ibid.) 

Étude»  complémentaire*  *ur  la  formation  du  ronge 
d'aniline,  par  M.  Rosenstihel.  —  Des  coupons  de  diverses  étoffes 
de  coton  avaient  été  collés  les  uns  à  la  suite  des  autres,  puis  on  avait 
imprimé  une  couleur  pour  noir  d'aniline  au  rouleau,  et  on  les  avait 
exposés  dans  une  chambre  chaude  pour  développer  le  noir.  Plusieurs 
coupons,  dont  le  blanc  avait  été  parfait  avant  leur  entrée  dans  la 
chambre  chaude,  étaient  colorés  en  rose  plus   ou  moins  intense; 
d'autres  étaient  restés  blancs.  Les  coupons  blancs  alternaient  d'une 
manière  fort  irrégulière  avec  les  coupons  colorés.  Cette  distribution 
du  phénomène  conduit  à  cette  conclusion  que  le  tissu  lui-même  doit 
avoir,  joué  un  rôle  dans  la  formation  de  la  matière  rose,  et  le  double 
problème  s'est  imposé  immédiatement  à  l'esprit  :  1°  quelle  est  la  ma- 
tière rose  qui  se  forme  dans  les  parties  non  imprimées  en  noir? 
2°  quelle  est  la  matière  qui  existe  dans  le  tissu  et  qui  favorise  la  for* 
mation  de  la  substance  rose  ? 


32  LES  MONDES. 

Une  étude  expérimentale  approfondie  a  conduit  aux  conclusions 
suivantes  : 

1°  La  pseudotoluidine  seule,  chauffée  avec  l'acide  arsénique  à 
170°  C,  se  convertit  partiellement  en  pseudoaniline; 

2°  La  même  transformation  à  lieu  à  froid  quand  la  pseudotoluidine 
seule  et  ses  sels  sont  exposés  à  l'air  ; 

3°  Cette  réaction  est  la  plus  sensible  des  réactions  colorées  de  la 
pseudotoluidine,  elle  n'est  pas  entravée  par  la  présence  de  la  toluidine 
ni  par  celle  de  l'aniline  ; 

4°  La  formation  de  pseudotoluidine  sur  étoffe  est  fréquente  dans  la 
fabrication  des  noirs  d'aniline,  elle  constitue  un  accident  désagréable  ; 

5°  La  distillation  sèche  de  l'indigo  avec  un  alcali  produit  un  mé- 
lange d'aniline  et  de  pseudotoluidine.  (Ibid.) 

Procédé  économique  de  cliché  galvanique,  por  M.  Co- 
blence. —  L'économie  de  ce  procédé  réside  dans  la  faible  épaisseur 
du  dépôt  galvanique,  et  n'a  été  rendu  possible  que  depuis  que  le  mou- 
lage à  la  cire  a  pu  remplacer  le  moulage  à  la  guttapercha.  Voici  le 
mode  d'opérer  : 

Un  bois  gravé  ou  une  forme  typographique  étant  donnée,  on  prend 
un  châssis  de  grandeur  convenable,  on  le  pose  snr  un  marbre  de  ni- 
veau et  l'on  y  coule  une  solution  de  cire,  de  colophane  et  de  térében- 
thine :  en  se  refrodissant,  ce  mélange  forme  une  surface  unie  ;  on  y 
applique  le  bois  gravé  ou  la  forme  et  on  exerce  une  forte  pression  par 
dessus.  On  obtient  de  cette  manière  un  moule  qu'on  plombagine  et 
qu'on  plonge  ensuite  dans  un  bain  galvanique  de  cuivre.  La  feuille 
métallique  dont  il  se  recouvre  et  qui  est  la  reproduction  fidèle  du 
relief  de  la  gravure  originale  prend  le  nom  de  coquille  ;  son  épaisseur 
est  proportionnelle  à  la  durée  de  l'immersion,  qui  n'est  plus  guère 
que  de  12  heures  au  lieu  de  36.  En  raison  Je  ce  peu  d'épaisseur,  cette 
coquille  a  besoin  d'être  consolidée  pour  servir  à  l'imprimerie.  C'est 
pourquoi  on  la  double  avec  l'alliage  des  caractères  typographiques, 
c'est-à-dire  avec  l'alliage  de  plomb  et  d'antimoine.  Le  doublage  effec- 
tué, le  cliché  est  presque  prêt;  il  ne  reste  plus  qu'à  rogner  les  bavures 
du  métal  à  la  scie  et  au  rabot,  à  les  mettre  d'égale  épaisseur,  au  moyen 
d'une  machine  spéciale,  et  enfin  à  le  clouer  sur  une  planchette  qui  lui 
donne  la  hauteur  réglementaire  des  caractères  d'imprimerie. 

Ce  procédé  permet  à  M.  Coblence  de  donner  des  clichés  de  texte 
avec  gravure  au  prix  de  0  fr.  01  c.  par  centimètre  carré.  (M.  Bulletin 
de  la  Société  d'encouragement,  juillet  1871.) 


LES  MONDES,  33 

Sur  quelques  propriété*»  du  fer  déposé  par  vole 
électro-chimique,  par  M.  Lenz.  (Extrait.)  —  Conclusions.  — 
4°  Le  fer  et  le  cuivre  déposés  par  les  courants  électriques  retiennent 
des  gaz,  principalement  de  l'hydrogène; 

2tt  Le  volume  des  gaz  absorbés  par  le  fer  varie  entre  des  limites  fort 
étendues,  cependant  le  fer  peut  parfois  devenir  capable  d'absorber  de 
très-grandes  quantités  de  gaz,  jusqu'à  185  fois  son  volume; 

3°  L'absorption  des  gaz  a  lieu  principalement  dans  les  couches  qui 
6e  déposent  les  premières; 

4°  Quand  on  chauffe  le  fer  électrolytique,  le  dégagement  des  gaz 
absorbés  commence  au-dessous  de  100  degrés.  A  cette  température, 
c'est  surtout  l'hydrogène  qui  se  dégage. 

5°  Le  fer  réduit  galvaniquement,  puis  porté  au  rouge  s'oxyde  sous 
l'eau,  en  partie  au  moins  aux  dépens  de  l'oxygène  de  ce  liquide  dont 
il  absorbe  en  totalité  ou  en  partie  l'hydrogène  devenu  libre.  (Ibid.) 


ASTRONOMIE  PHYSIQUE 


Explosion  sur  le  «toleil,  communiqué  par  le  professeur  C.  A. 
Young  au  Journal  de  Chimie  de  Boston.  —  Le  7  septembre,  entre 
midi  et  demi  et  deux  heures,  il  se  produisit  une  explosion  de 
l'énergie  solaire  remarquable  par  sa  soudaineté  et  sa  violence. 
Tout  l'après-midi  l'auteur  avait  observé  avec  le  telespectroscope(i) 
une  énorme  protubérance,  ou  nuée  d'hydrogène,  sur  le  limbe 
oriental  du  soleil.  Elle  s'était  maintenue  avec  très-peu  de  change- 
ment depuis  le  midi  précédent,  comme  une  nuée  longue,  basse, 
tranquille,  ni  très-dense  ou  brillante,  ni  bien  remarquable,  excepté 
par  son  étendue.  Elle  était  principalement  formée  de  filaments,  la 
plupart  presque  horizontaux,  et  flottait  au-dessus  de  la  chromos- 
phère, sa  surface  inférieure  étant  à  une  hauteur  d'environ  15,000 
milles;  mais  elle  lui  était  rattachée,  comme  cela  a  lieu  ordinaire- 
ment, par  trois  ou  quatre  colonnes  verticales  plus  brillantes  et  plus 
actives  que  le  reste.  Elle  avait  3'  45"  de  longueur  et  environ  2'  de 

(1)  C'est  le  nom  donné  par  Shellea  à  la  combinaison  de  la  lunette  astronomique 
avec  le  spectroscope. 


31  LES  MONDES. 

hauteur  à  la  surface  supérieure,  c'est-à-dire,  puisque  à  la  distance 
du  soleil  1"  est  égale  à  près  de  456  milles,  c'était  environ  100,000 
milles  de  longueur  sur  54,000  milles  de  hauteur. 

A  12  h.  30  m,  ayant  été  appelé  au  dehors  pour  quelques  mi- 
nutes, il  n'y  avait  rien  qui  indiquât  ce  qui  était  sur  le  point  d'arri- 
ver, excepté  que  la  colonne  à  l'extrémité  méridionale  de  la  nuée 
était  devenue  beaucoup  plus  brillante  et  était  courbée  d'une  ma. 
nière  curieuse  d'un  coté,  et  que,  près  de  la  base  d'une  autre  colonne 
à  l'extrémité  nord,  s'était  développé  une  petite  masse  brillante, 
ressemblant  beaucoup  par  sa  forme  à  la  partie  supérieure  d'un 
nuage  orageux  de  l'été. 


'■'  Lafig.  1  représente  la  protubérance  à  cet  instant;  a  est  le  petit 
nuage  orageux. 

Quelle  fut  alors  ma  surprise,  en  revenant  moins  d'une  demi- 
heure  après  (à  12  h.  55  m.),  de  trouver  que  dans  cet  inlervalle 
tout  avait  été  littéralement  mis  en  pièces  par  quelque  explosion 
inconcevable  venue  d'en  bas.  Au  lieu  du  nuage  tranquille  que 
j'avais  laissé,  l'air,  si  je  puis  me  servir  de  celte  expression,  était 
rempli  de  débris  flattants,  d'une  masse  dt  filaments  verticaux  fu- 
siformes  et  séparés,  ayant  chacun  de  16"  à  30*  de  longueur  sur 
2"  ou  3"  de  largeur,  plus  brillants  et  plus  rapprochés  les  uns  des 
autres  là  où  se  trouvaient  d'abord  les  piliers,  et  s'élevant  rapide- 
ment. 

Lorsque  je  les  vis  d'abord,  quelques-uns  avaient  déjà  atteint  une 
hauteur  de  près  de  4'  (100,000  milles},  et  pendant  que  je  les  ob- 
servais, ils  s'élevaieut  avec  un  mouvement  presque  perceptible  a 
l'œil,  et  au  bout  de  dix  minutes  (à  1  h,  5  m.)  la  plupart  étaient  à 
plus  de  200,000  railles  au-dessus  de  la  surface  solaire.  Ceci  a  été 
constate  par  une  mesure  faite  avec  soin;  la  moyenne  de  trois  dé- 


LES  MONDES.  35 

terminations  très -concordantes  a  donné  T  49"  pour  l'altitude  ex- 
trême à  laquelle  ils  sont  arrivés,  et  j'insiste  particulièrement  sur 
ce  point  parce  que,  autant  que  je  puisse  savoir,  la  matière  de  la 
chnmospuère  (hydrogène  rouge  dans  ce  cas)  n'a  jamais  été  obser- 
vée à  une  altitude  supérieure  à  5'.  La  vitesse  de  l'ascension  (166 
milles  par  seconde)  est  considérablement  plus  grande  qu'aucune 
autre  qui  ait  été  encore  observée. 


Fig.  l. 
La  iig.  2  peut  donner  une  idée  générale  du  phénomène  au  mo- 
ment où  les  filaments  étaient  à  leur  plus  grande  hauteur.  A  mesure 
que   Us  filaments  s'élevaient  ils  s'affaiblissaient  graduellement 
comme  nn  nuage  qui  se  dissout,  et  a  1  h.  45  m.  il  ne  restait  pour 


36  LES  MONDES 

marquer  la  place  qu'un  petit  nombre  de  légers  flocons  nuageux, 

avec  quelques  flammes  basses  plus  brillantes  près  de  la  chromos- 

phère. 

Mais  en  même  temps  la  petite  masse  semblable  4  un  nuage  ora- 
geux avait  grandi  et  s'était  développéed'une  manière  étonnante  en 
une  masse  de  flammes  qui  se  roulaient  et  changeaient  sans  cesse, 
pour  parler  suivant  les  apparences.  D'abord  ces  flammes  se  près, 
saient  en  foule  comme  si  elles  se  fussent  allongées  le  long  de  la  sur- 
face solaire  ;  ensuite  elles  s'élevèrent  en  pyramide  aune  hauteur  de 
50,000  milles  ;  alors  leur  sommet  s'allongea  en  longs  filaments 
qui  étaient  enroulés  d'une  manière  curieuse  d'avant  en  arrière  et 
de  haut  en  bas,  comme  les  volutes  de  chapiteaux  ioniques;  enfin 
elles  s'affaiblirent  ;  et  à  2  h.  30  m.  elles  s'étaient  évanouies  comme 
le  reste.  Les  fig.  3  et  1  les  représentent  dans  leur  développement 
complet;  [a  première  a  été  dessinée  al  h.  40  m.  et  la  dernière  à 
1  h.  58  m. 


L'ensemble  du  phénomène  suggère  forcément  l'idée  d'une  explo- 
sion sous  la  grande  protubérance,  agissant  principalement  de  bas 
en  haut  ;  mais  aussi  dan?  toutes  les  directions  au  dehors,  et  ensuite 
après  un  certain  intervalle,  suivie  d'un  affaissement  correspondant; 
et  il  ne  parait  pas  impossible  que  les  flammes  mystérieuses  de  la 
couronne,  si  l'on  vient  à  reconnaître  qu'elles  viennent  réellement 
du  soleil,  comme  il  semble  maintenant  probable,  ne  puissent 
trouver  à  leur  origine  une  explication  dans  des  événements  sem- 


Dans  la  même  après-midi,  une  partie  de  la  chromosphère  du 
bord  opposé  (4  l'ouest)  du  soleil  a  été,  pendant  plusieurs  heures, 
dans  un  état  d'excitation  et  d'éclat  inaccoutumés,  et  fit  voir  dans 
le  spectre  plus  de  120  raies  brillantes,  dont  la  positiou  a  été  déter- 
minée et  cataloguée. 


LES  MONDES.  37 

Il  n'est  peut-être  pas  certain  que  la  belle  aurore  boréale  qui 
apparut  ensuite  le  soir  fût  réellement  une  réponse  à  cette  magni- 
fique explosion  du  soleil,  mais  la  coïncidence  en  suggère  au  moins 
l'idée  et  peut  devenir  facilement  quelque  chose  de  plus,  si,  comme 
j'espère  un  peu  l'apprendre,  les  enregistrions  magnétiques  de 
Greenwich  indiquent  une  perturbation  précisément  simultanée 
avec  l'explosion  solaire. 

(Scientific  American,  18  novembre  1871.) 


ACADEMIE  DES  SCIENCES. 


Séance  du  11  Décembre  1871. 

Sur  la  composition  de  la  chaux  phosphatée  récemment  exploitée 
dans  les  départements  de  Tarnet-Garonne  et  du  Lot,  par  M.  A. 
Bobiehre.  —  Le  résultat  de  l'analyse  est  que  la  chaux  phosphatée 
soumise  à  l'examen  est'un  phosphate  tribasique  avec  extrait  de 
chaux  combinée  à  l'acide  carbonique,  au  fluor  et  au  chlore. 

Le  mode  d'essai  trop  souvent  employé  pour  le  dosage  des  phos- 
phates destinés  à  l'agriculture,  et  qui  consiste  à  précipiter  par 
l'ammoniaque  leur  solution  acide,  fournit,  lorsqu'il  s'agit  de  la 
chaux  phosphatée  de  Caylux,  des  résultats  extrêmement  inexacts. 

Or,  les  32,94  d'acide  représenteraient  71,60  de  phosphate  triba- 
sique et  non  67,60.  C'est  donc  la  chaux  qui  fait  défaut  dans  le  pré- 
cipité. Or,  j'ai  démontré,  à  la  suite  de  nombreux  essais  sur  les 
nodules  de  l'Est,  que  c'est  ordinairement  la  chaux  qui  est  en  excès, 
et  dont  le  poids  s'ajoute  au  phosphate  tribasique. 

Sur  les  gisements  de  chaux  phosphatée  des  cantons  de  Saint- 
Antonin  et  de  Caylux  [Tarn-et-Garonne),  par  M.  Trutat.—  Si  l'on 
examine  attentivement  la  direction  des  divers  gisements,  l'on  re- 
connaît bientôt  que  tous  se  rangent  dans  les  deux  directions  signa- 
lées par  M.  DaubréP  :  les  uns  allant  de  l'est  à  l'ouest,  les  autres 
étant  sensiblement  perpendiculaires  aux  premiers.  Évidemment 
ces  deux  directions  constantes  ont  dû  être  produites  par  des  causes 
puissantes  et  qui  ont  étendu  leur  action  à  la  rontrée  toute  entière. 
Ces  causes  sont  des  failles,  qui  ont  donné  au  pays  son  relief  actuel. 
L'une,  la  faille  du  Varen,  est  dirigée  est-ouest  et  suit  plus  ou 
moins  la  rivière  de  l'Àveyron;  l'autre,  la  faille  de  la  Bonnette, 
marche  au  contraire  suivant  une  direction  nord  —  25  degrés  est. 


38  LES  MONDES. 

La  chaux  phosphatée  occupe  les  fentes  du  calcaire  dans  toute 
leur  étendue  ;  elle  est  commpacte,  à  texture  rubanée,  à  cassure 
vitreuse,  et  ce  n'est  qu'accidentellement  que  certaines  parties  de 
ces  gisements  contiennent  des  masses  géodiques. 

Dans  les  débris  fossiles  assez  nombreux,  les  deux  espèces  dq- 
minantes  sont  :  4°  des  Paleotherium,  très-voisins  du  Médium  de 
Cuvier  ;  2°  de  grands  Suilliens,  très-voisins  du  genre  Chœropota- 
mu$  et  qui  rentreront  probablement  dans  le  genre  Fntelodon.  Nous 
avons  aussi  trouvé  quelques  débris  que  nous  attribuons,  mais  avec 
doute,  à  un  Lophiodon,  toutes  espèces  éocènes.  A  côté,  nous  de- 
vons citer  un  Rhinocéros  de  très-petite  taille,  un  Cainotherium,  un 
Cynodon  et  une  Tortue  terrestre.  Nous  rappellerons  que,  dans  le 
midi  de  la  France,  les  Rhinocéros  ont  apparu  pendant  l'époque 
éocène.  M.  le  docteur  Ph.  Thomas  a  parfaitement  rattaché  à  ce 
terrain  le  Rhinocéros  de  Montans  (Tarn]. 

M.  Maunowski  adresse,  de  Cahors,  une  nouvelle  Note  relative  à 
l'origine  organique  qu'il  croit  devoir  attribuer  aux  phosphates  de 
chaux  naturels  exploités  dans  le  Quercy.  L'auteur  fait  remarquer 
que  cette  opinion  est  celle  qui  avait  été  émise,  dès  Tannée  4715, 
par  Réaumur,  dans  des  recherches  où  l'on  retrouve  le  soin  et  la  sa* 
gacité  qui  caractérisent  tous  les  travaux  de  l'illustre  académicien  : 
ces  recherches  sont  insérées  dans  l'Histoire  de  V Académie  des 
Sciences  pour  l'année  1715,  sous  le  litre  «  Observations  sur  les 
mines  de  turquoises  du  Royaume,  sur  la  matière  qu'on  y  trouve, 
et  sur  la  manière  dont  on  lui  donne  la  couleur.  »  M.  Malinowski 
fait  remarquer  la  ressemblance  qui  existe  entre  les  objets  figurés 
dans  les  planches  qui  accompagnent  le  Mémoire  de  Réaumur  et  les 
échantillons  qu'il  adresse  lui-même  à  l'Académie. 

M.  Resax  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  Mémoire  portant 
pour  titre  «  Relation  entre  la  pression  et  le  poids  spécifique  de  la 
vapeur  d'eau  saturée.  » 

M.  Tissot  adresse  une  Note  relative  aux  ravages  du  Phylloxéra 
vastatrix. 

M.  Fondet,  président  d»  Tribunal  civil  de  Chalons-sur-Saône, 
adresse  à  l'Académie,  à  propos  de  la  question  qui  a  été  récemment 
soulevée  devant  elle/Hes  titres  de  Nicéphore  Niepce  à  l'invention 
de  la  Photographie,  un  exemplaire  du  Rapport  fait  par  lui,  le  10  fé- 
vrier 1869,  au  conseil  municipal  de  cette  ville.  M.  Fondet  propose, 
en  outre,  à  l'Académie,  de  lui  adresser  les  copies  de  documents 
inédits  qui  ont  été  en  sa  possession,  et  qui  sont  de  nature  à  établir 
les  droits  du  véritable  inventeur  de  la  Photographie. 


LES  MONDES.  39 

L'Académie  a  reçu,  à  l'adresse  de  la  Rédaction  de  ses  Comptée 
rendus,  la  lettre  suivante  de  M.  Johann  -Ambhoslus  Barth,  à  Leip- 
sick  : 

o  J'ai  l'honneur  de  vous  adresser  ci-joint  une  suite  de  trois  bro- 
chures relatives  à  une  question  très-importante  de  l'histoire  de  la 
Chimie,  qui,  Tannée  dernière,  a  ému  les  savants  du  monde  entier, 
excepté  ceux  du  pays  le  plus  engagé,  de  la  France, 

a  Veuillez,s'il  vous  plalt,en  donner  une  critique  dans  votre  jour- 
nal estimé  (Comptes  rendus),  et  m'en  adresser  aussitôt  que  possible 
un  numéro  contenant  ladite  critique. 

a  Je  ne  manquerai  pas,  à  la  première  occasion,  de  vous  prou- 
ver ma  reconnaissance,  et  vous  salue,  Monsieur,  bien  sincère- 
ment, o 

Sans  rechercher  par  qui  et  dans  quel  but,  dit  M.  Damas,  cette 
lettre,  au  moins  étrange,  a  été  inspirée,  on  la  publie.  Lavoisier, 
dont  les  brochures  qu'elle  nous  annonce  dénigrent  les  travaux, 
appartient  à  l'bistoire,  et  ses  œuvres  sulfisent  à  sa  défense.  L'Aca- 
démie n'a  pas  à  s'engager  dans  une  polémique,  ouverte  avec  tant 
d'opportunité,  Vannée  dernière,  comme  le  remarque  M.  Barth, 
c'est-à-dire  pendant  le  siège  de  Paris. 

Sur  un  nouveau  propulseur,  par  M.  de  Tastes,  —  Chargé,  en 
qualité  de  Membre  de  la  Commission  scientifique  attachée  à  la  dé- 
légation de  Tours,  d'examiner  une  foule  de  projets,  venus  de  tous 
les  points  de  la  France  et  de  l'étranger,  ayant  pour  objet  la  pro- 
pulsion des  aérostats,  et  reposant  invariablement  sur  l'emploi  de 
l'hélice  et  d'un  système  particulier  de  roues  à  palettes,  je  fus  con- 
duit à  me  demander  si  la  solution  du  problème  (la  question  du 
moteur  étant  réservée)  ne  reposait  pas  sur  l'emploi  de  lames  vi- 
brantes élastiques.  Je  connaissais  les  résultats  remarquables  obte- 
nus par  M.  Marey,  et  sa  théorie  du  vol  de  l'insecte.  J'entrepris 
alors  une  série  d'essais  sur  le  même  sujet.  Je  construisis,  avec  des 
lames  minces  de  mica,  de  carton,  de  cuivre,  etc.,  des  espèces 
d'ailes  de  formes  variées,  mais  principalement  sur  le  modèle  oé  la 
queue  d'un  poisson;  je  les  fixai  par  une  de  leurs  extrémités  à  une 
tige  de  fer,  liée  elle-même  à  une  pièce  de  fer  doux  placée  entre  les 
deux  pôles  de  deux  petits  électro-aimants.  J'avais  ainsi  une  véri- 
table  trembleose  à  double  effet,  au  moyen  d'un  système  de  com- 
mutation que  j'ai  imaginé,  et  je  communiquais  à  mes  ailes  un 
mouvement  oscillatoire  assez  rapide  pour  produire  un  son.  Je  fus 
frappé  de  la  nature  du  mouvement  imprimé  à  l'air  ambiant,  par  la 
vibration  rapide  de  ces  lames  élastiques.  L'air,  de  chaque  côté  de 


40  LES  MONDES. 

la  lame,  éprouve  une  violente  aspiration  dans  une  direction  nor- 
male à  la  lame,  ce  qu'il  est  facile  de  constater  par  la  direction  que 
prend  la  flamme  d'une  bougie  placée  latéralement  à  une  petite 
distance.  L'air  altiré  vers  la  lame  se  précipite  avec  violence  dans 
la  direction  de  sa  partie  libre  :  c'est  ce  qu'on  peut  constater,  d'ail- 
leurs, facilement  au  moyen  d'un  éventail.  Laissant  de  côté  pour  le 
moment  l'explication  théorique  de  ce  mouvement,  je  me  borne  à 
le  constater  et  à  en  tirer  la  conséquence  à  laquelle  conduit  le 
principe  de  l'égalité  de  Faction  et  de  la  réaction.  Si  l'aile  en  vibra- 
tion est  portée  par  corps  libre  dans  l'air,  et  d'une  forme  telle  qu'il 
éprouve  de  la  part  de  l'air  une  faible  résistance,  la  réaction  du 
mouvement  imprimé  à  l'air  par  la  lame  vibrante  portera  le  corps 
en  sens  contraire.  La  lame  vibrante  est  donc  un  propulseur. 

Sur  le  rôle  de  l'espace  dans  les  phénomènes  de  dissolution }  par' 
M.Vàlson. 

Conclusions.  —  1°  Toutes  les  fois  qu'on  fait  dissoudre  un  sel 
anhydre  dans  l'eau  il  y  a  contraction  de  volume,  c'est-à-dire  que 
le  volume  total  est  moindre  que  la  somme  des  deux  volumes  par- 
tiels. Le  chlorure  d'ammonium  est,  parmi  les  sels  essayés,  le  seul 
pour  lequel  il  paraisse  exister  une  très-légère  dilatation. 

2°  Les  premières  proportions  de  sel  anhydre  correspondent  au 
maximum  de  contraction.  Celle-ci  va  ensuite  en  diminuant  assez 
rapidement,  à  mesure  que  le  titre  de  la  liqueur  augmente,  et  elle 
tend  à  devenir  insensible,  pour  les  sels  très-solubles,  lorsque  leurs 
solutions  approchent  du  maximum  de  concentration. 

3°  Considérées  au  point  de  vue  de  l'énergie  de  la  contraction, 
les  substances  observées  se  rangent  dans  l'ordre  suivant,  par  rap- 
port au  radical  métalloîdique  :  carbonates,  rulfates,  chlorures, 
azotates,  iodures;  et  par  rapport  au  radical  métallique  :  fer,  zinc, 
cuivre,  magnésium,  strontium,  baryum,  calcium,  sodium,  plomb, 
potassium,  ammonium. 

4°  Les  sels  hydratés  donnent  un  coefficient  de  contraction  beau- 
coup plus  faible  que  les  sels  anhydres  correspondants,  et,  en  gé- 
néral, la  contraction  est  d'autant  plus  faible  que  le  nombre  d'équi- 
valents d'eau  de  cristallisation  est  plus  considérable.  Il  semble 
donc  que  la  partie  principale  du  phénomène  <Je  contraction  soit 
déjà  réalisée,  dans  la  formation  même  du  cristal,  avec  les  premiers 
équivalents  d'eau  que  le  sel  anhydre  prend  pour  cristalliser. 

5°  Les  sels  qui  cristallisent  à  l'état  anhydre  sont  en  même  temps 
ceux  dont  le  coefficient  de  contraction  est  le  moindre.  Exemple  : 
carbonate  et  sulfate  de  soude;  sulfates  de  fer,  de  zinc,  de  cuivre 


LES  MONDES.  41 

et  de  magnésium.  La  propriété  de  cristalliser,  en  retenant  un 
nombre  plus  ou  moins  considérable  d'équivalents  d'eau,  paraît 
liée  avec  une  plus  forte   contraction,  quand  le  sel  est  anhydre,  » 

Sur  l action  du  chlore  sur  le  chlorure  d'isopropyle,  par  MM.  G. 
Friedel  et  R.-D.  Silva.  —  Le  chlorure  d'isopropyle  a  été  soumis 
à  l'action  du  chlore  au  soleil,  dans  un  mafras  refroidi  à  la  glace  et 
suivi  de  deux  vases  destinés  à  condenser  les  portions  de  chlorure 
entraînées  par  l'acide  chlorydrique,  en  condensant  cet  acide  lui- 
même  dans  l'eau  refroidie.  La  chloruration  a  été  faite  en  arrêtant 
l'opération,  et  fractionnant  le  prodnit,  pour  ne  continuer  l'action 
du  chlore  que  sur  les  parties  passant  avant  60  degrés.  Ayant  pré- 
paré ainsi  une  notable  portion  de  produits  bouillant  au-dessus  de 
60  degrés,  nous  les  avons  soumis  à  des  fractionnements  métho- 
diques. Après  une  dizaine  de  distillations  fractionnées,  nous  avons 
isolé  deux  produits  principaux  bouillant,  l'un  vers  70  degrés  et 
l'autre  vers  96  degrés;  le  produit  intermédiaire  entre  ces  deux  était 
beaucoup  moins  abondant,  et  grâce  aux  précautions  prise  pour 
éviter  une  chloruration  plus  avancée,  il  n:y  avait  aussi  qu'une 
faible  proportion  de  produit  supérieur. 

L'analyse  nous  a  montré  que  les  deux  liquides  bouillant  vers  70 
et  96  degrés  ont  la  même  composition  répondant  à  la  formule 
O  H«  Cl3.  Leurs  points  d'ébullition  et  toutes  leurs  autres  propriétés 
les  identifient  d'ailleurs,  le  premier  avec  le  mèthylchloracttol,  le 
deuxième  avec  le  chlorure  de  propylène. 

Il  résulte  de  ces  faits  et  des  analyses  que  l'action  ménagée  du 
chlore  au  soleil  sur  le  chlorure  d'isopropyle  fournit  en  même 
temps  deux  corps  isomériques,  le  chlorure  de  propylène  et  le  mé- 
thylchloracétol.  Ce  dernier  est  en  quantité  dominante,  quoique 
assez  variable. 

Il  nous  semble  que  la  production  simultanée  de  ces  deux  iso. 
mères  présente  quelque  intérêt. 

Dérivés  du  chlorure  detollylène}  par  M.  E.  Grimaux.  —  Lorsque, 
à  une  solution  très-concentrés  de  potasse  dans  L'alcool,  on  ajoute 
une  solution  alcoolique  de  chlorure  de  tollylène,  et  qu'on  chauffe 
le  mélange  pendant  une  heure,  au  bain-marie,  dans  une  fiole  en 
communication  avec  un  réfrigérant  ascendant,  il  se  forme  du  chlo- 
rure de  potassium  ;  on  évapore  le  tout  au  bain-marie  pour  chasser 
l'alcool,  on  ajoute  de  l'eau  au  résidu,  et  l'on  agite  avec  de  l'éther 
qui,  décanté,  séché  et  évaporé ,  abandonne  un  liquide  huileux 
qu'on  purifie  par  distillation,  en  recueillant  ce  qui  passe  entre 
250  et  252  degrés.  Ce  point  d'ébullition,  plus  élevé  que  celui  du 


42  LES  MONDES. 

chlorure  de  tollylène  (245  degrés),  indique  que  ce  corps  ne  peut 
être  le  tollylène  chloré  :  en  effet,  il  ne  renferme  pas  de  chlore,  et 
il  donne  à  l'analyse  des  nombres  qui  conduisent  à  la  formule, 
C'°  H,40 2,  de  la  monoéthyline  du  glycol  tollylénique. 

En  distillant  le  chlorure  de  tollylène  avec  de  la  potasse  aqueuse 
en  solution  concentrée,  on  observe  une  réaction  d'un  autre  ordre  ; 
il  se  produit  une  substance  jaune,  amorphe,  insoluble  dans  tous 
les  dissolvants,  ne  fondant  qu'au-dessus  de  275  degré3,  ayant 
l'aspect  et  les  propriétés  de  corps  que  j'ai  déjà  signalés,  et  qui  se 
produisent  dans  l'action  de  l'eau,  à  200  degrés,  sur  le  chlorure  de 
tollylène  :  ces  corps  paraissent  être  des  anhydrides  tollyléniques 
condensés  fiC'H'O;  l'analyse  conduit  à  des  chiffres  voisins  de 
ceux  qu'exige  la  formule  G8  H"  0. 

Sur  la  conformation  du  placenta  chez  le  Tammdua  (Tamandua 
tetradactyla),  par  M.  Alph.-Milne  Edwards.  —  Conclusions.  — 
Dans  l'ordre  des  Edentés,  les  caractères  des  enveloppes  fœtales 
n'ont  pas  l'importance  que  beaucoup  de  naturalistes  s'accordent 
aujourd'hui  à  leur  attribuer  dans  d'autres  groupes  de  la  classe  des 
mammifères  ?  Ou  bien,  l'on  doit  arriver  à  penser  que  les  différents 
types  zoologiques  réunis  par  les  zoologistes,  sous  le  nom  d'2?den- 
tiêy  ont  entre  eux  moins  d'affinités  qu'on  ne  le  suppose  générale- 
ment, et  devraient  être  représentés,  dans  nos  systèmes  de  classi- 
fication, par  des  divisions  d'un  rang  plus  élevé?  De  ces  deux 
opinions,  la  dernière  me  paraît  la  mieux  fondée. 

Recherches  sur  les  propriétés  physiologiques  de  divers  sels  du 
genre  chlorure.  Des  albuminuries  métalliques,  par  M,  Rabuteau.  — 

Mes  recherches  ont  porté  sur  les  chlorures  de  sodium,  de  po- 
tassium, d'ammonium,  de  magnésium,  de  fer,  d'or  et  de  pal- 
ladium. 

dorures  alcalins*  —  Ils  activent  tous  la  nutrition  ;  ils  aug- 
mentent, d'une  manière  notable,  l'élimination  de  Uurée  et  élèvent 
la  température  animale.  Le  chlorure  de  potassium  ralentit  la  cir- 
culation. Cette  action  sur  la  nutrition  s'explique  par  l'augmenta- 
tion de  la  sécrétion  et  de  l'acidité  du  suc  gastrique. 

Chlorure  de  magnésium.  —Il  purge  d'une  manière  très- douce 
et  très-efficace,  lors  même  qu'il  n'a  été  pris  qu'aux  doses  de  10  à 
15  grammes.  A  la  dose  de  25  grammes,  les  effets  sont  beaucoup 
plus  marqués. 

Chlorures  de  fer.  —  Le  perchlorure  se  réduit  au  contact  des 
matières  albuminoïdes  et  de  diverses  substances  organiques,  et 
cette  réduction  s'opère  dans  l'économie.  Le  protochlorure  de  fer 


LES  MONDES.  43 

est  absorbé  dans  l'estomac  avec  une  facilité  très-grande.  Des  ob- 
servations recueillies  dans  les  hôpitanx  ont  démontré  ses  heureux 
effets;  il  est  parfaitement  toléré,  lorsqu'il  est  pur  et  administré 
d'une  manière  convenable. 

Chlorures  dW,  de  palladium.  —  Ces  sels,  ayant  été  administrés 
A  des  rats,  ont  subi  des  phénomènes  de  réduction.  Leur  usage 
prolongé  a  déterminé  une  albuminurie  liée  à  des  lésions  rénales. 
Sur  l'existence  du  terrain  tertiaire  inférieur  à  Madagascar,  par 
M.  P.  Fischer.  —  L'existence  de  terrains  tertiaires  et  jurassiques 
dans  l'Ile  africaine  nous  permet  d'espérer  qu'avant  peu  de  temps 
on  pourra  recueillir  les  fossiles  des  étages  intermédiaires  et,  en 
particulier,  ceux  de  la  craie,  dont  nous  ne  possédons  aucun  re- 
présentant. 

Note  sur  différents  phénomènes  acoustiques  observés  pendant  les 
ascensions  en  ballon,  par  M.  W.  de  Fonvielle.  —  L'auteur  cherche 
à  expliquer  pourquoi  certains  sons  aigus,  émis  avec  une  intensité 
faible,  viennent  souvent  se  faire  entendre  au  milieu  du  silence  gé- 
néral qui  règne  à  des  hauteurs  assez  grandes  pour  que  tous  les 
autres  bruits  de  terre  soient  éteints  par  la  distance. 

Il  appelle  l'attention  de  l'Acacémie  sur  l'avantage  qu'il  y  aurait 
à  accompagner  les  ascensions  scientifiques  de  recherches  acous- 
tiques. 

Sur  la  combustibilité  du  carbone,  par  M.  Dubrunfaut.  —  Voici 
les  faits  principaux  observés  par  l'auteur.  En  répétant  les  expé- 
riences connues  sur  la  production  du  gaz  rutilant  par  un  courant 
d'air  atmosphérique,  en  présence  de  l'étincelle  d'induction,  nous 
avons  reconnu  que  ce  gaz  se  produit  en  petites  proportions  quand 
l'air  a  été  soumis  à  l'action  des  dessicants;  il  se  produit  au  con- 
traire en  grandes  proportions  quand  l'air  atmosphérique  est  saturé 
d'eau,  lien  est  de  même  de  la  production  de  l'ammoniaque,  quand 
on  utilise  dans  les  mêmes  conditions  un  mélange  d'hydrogène  et 
d'azote. 

...  Le  charbon  de  sucre,  qui,  mêlé  à  l'oxyde  de  cuivre  parfaite- 
ment sec,  refuse  de  brûler  dans  les  conditions  de  température  uti- 
lisées pour  l'analyse  organique,  brûle  au  contraire  facilement  et 
parfaitement  dans  les  mêmes  conditions,  sous  l'influence  d'un 
courant  de  vapeur  suréchauffée  ou  d'air  atmosphérique  saturé 
d'eau. 

...  Le  carbone  parait  ne  pouvoir  brûler  qne  sous  l'influence  de 
l'eau ,  qu'il  transforme  en  hydrogène  et  en  oxyde  de  carbone. 

M,  Dubrunfaut  se  croit  en  droit  de  conclure  de  là  que  si  le  car 


LES  MONDES. 

ione  brûle  avec  une  grande  facilité  et  une  grande  énergie  dans 
l'oxygène  pur  et  sec,  c'est  que  cet  oxygène  n'est  en  réalité  ni  pur 
ni  sec. 

Sur  le  dosage  du  glucose,  par  M.  F.  Jean.  —  1  décigramme  de 
sucre,  transformé  en  glucose,  a  été  ajouté  à  une  solution  de  far- 
trate  double  de  potasse  et  de  cuivre,  et  le  mélange  contenu  dans 
un  petit  ballon  de  verre  a  été  porté  à  l'ébullition.  Il  s'est  formé  un 
précipité  de  protoxyde  de  cuivre,  que  j'ai  dissous  dans  l'acide 
chlorhydrique;  la  solution,  rendue  ensuite  fortement  ammoniacale, 
a  été  versée  dans  un  vase  à  précipité,  contenant  du  nitrate  d'ar- 
gent dissous  dans  l'ammoniaque.  Le  poids  de  l'argent  métallique 
précipité  était  de  0,314;  dans  trois  autres  essais,  j'ai  obtenu  0,316 
0,315,  0,314.  La  tbéorie  indique  0,315  ;  le  procédé  est  donc  quan- 
titatif, et  1  équivalent  de  glucose  correspond  à  5  équivalents 
d'argent  métallique,  ou  100  de  glucose  à  300  d'argent,  et  100  de 
sucre  de  canne  à  316.  » 

SÉANCE  DU  MARDI  2  DÉCEMBRE. 


L'événement  de  la  séance  a  été  un  incident  vraiment  curieux  et  im- 
portant, relatif  à  la  température  du  soleil.  D'une  part,  le  R.  P.  Secchi 
maintient  et  s'efforce  de  prouver  contre  M.  Ericsson,  Zollner  et  Faye  son 
chiffre  de  dix  millions  de  degrés,  de  l'autre,  M.  Vualle,  professeur  à 
racole  des  Mines,  ancien  lauréat  du  prix  Laplace,  établit  par  une  théorie 
très-savante  et  très-neuve  le  chiffre  maximum  de  dix  mille  degrés. 
Puis  interviennent  d'abord  :  M.  Henry  Sainte-Claire  Deville,  annonçant 
qu'il  est  en  mesure  d'évaluer  la  température  et  la  pression  à  la  surface 
du  soleil  et  affirmant,  comme  résultat  de  ses  premiers  essais,  trois  ou 
quatre  fois  la  température  de  fusion  du  platine,  c'est-à-dire  six  ou  huit 
mille  degrés;  puis  M.  Fizeau,  qui  comparant  avec  M.  Léon  Foucault  la 
lumière  du  soleil  à  celle  des  charbons  enflammés  par  la  pile,  a  estimé 
qu'elle  était  environ  trois  fois  plus  intense,  et  qui,  concluant  du  rapport 
des  intensités  lumineuses  au  rapport  des  intensités  calorifiques,  arrive 
aussi  au  chiffre  de  huit  mille  degrés.  Donc,  de  par  la  science  française* 
la  chaleur  solaire  ne  dépasse  pas  dix  mille  degrés  ;  et,  en  effet,  elle  est 
émise  par  de  la  matière  terrestre  enflammée  et  dissociée  ! 


P*R»{  —  TTP.  WAUttft,  RUB  BONAJPAfcTE,  44. 


N*  3,  1872. 


CHRONIQUE  SCIENTIFIQUE  DE  Lk  SEMAINE 


Éclairage  oxltydrlqfie.  —  Aux  lieux  déjà  édpirée  i  la 
j ornière  oxhydrique,  Ips  deux  refuges  de  la  place  de  l'Opéra,  i'et- 
position  Disdéri,  boulevard  des  Italiens,  n°  9,  le  magasin  an  tail- 
leur Laurent  Bernard,  il  faut  ajouter  aujourd'hui  le  grand  restau* 
rant  de  la  Maison  dorée,  rue  Laûtte,  n°  i ,  illuminée  b^en  mieux 
qu'en  plein  jour  par  cent  bec*  d'une  lumière  limpide  k  l'ejcèe.  Le 
succès  est  complet,  et  il  préoccupe  sérieusement  dès  aujourd'hui 
les  chefs  de  l'opinion  publique.  A  la  MaUon  dorée,  on  brûle  à  l'oxy- 
gène, non  plus  le  gsp  portatif  riche,  mais  le  gaz  ordinaire,  le  gaz 
de  la  Compagnie  générale,  simplement  enrichi,  &  très-bon  marché, 
par  un  carburateur  installé  sur  son  passage,  à  côté  et  i  la  suite  du 
compteur.  On  a  fait  tomber  ainsi  une  des  principale*  objection?  des 
adversaires  du  progrès.  1/écxaibage  oxhydjiiqoe  est  splmdidk, 

HAIS  IL  EST  RUINEUX,  PUISQU'IL  EXIGE  COMICE  ÉLÉMENT  PRINCIPAL  W  0Afc 
R1CHK  COUTANT  A  PARIS,    4    FR.  25  C.  &E  HKTBE   CUBE,  et  OU  PEtî*  Ifc 

considérer  com^e  mor^-né.  Non,  mille  fois  nonl  D'abord  parce  que; 
comme  nous  venons  de  le  dire,  le  gaz  riche  n'est  nullement  indis- 
pensable, puis  qu'on  peut  y  suppléer,  sans  perte  sensible  de  lu- 
mière et  sans  augmentation  sensible  du  prix  de  revient,  par  le 
gaz  ordinaire  carburé,  et  que  le  problème  de  la  carburation  éco- 
nomique et  pratique  va  entrer  dans  une  phase  meilleure,  par  l'inven- 
tion d'un  carburateur  nouveau  aussi  simple  qu'effioace;  mafeeurtéut 
parce  qne  des  compagnies  nouvelles,  celle  par  exemple  de  M.  Fa- 
bius Boita),  77,  rue  d'Amsterdam,  offrent  à  la  Compagnie  de 
l'éclairage  oxhydrique  de  lui  fournir  telles  quantités  qu'elle  vou- 
dra de  gaz  quaire  fois  plus  riche  en  carbope  que  le  gaz  de  la  Com- 
pagnie générale,  dans  Paris,  au  prix  de  60  centimes  le  mètre  cube, 
même  aux  tarifs  actuels  de  l'octroi,  dans  la  banlieue,  au  prix  de 
30  centimes.  Mais  voici  une  réponse  plus  péremptirôre  encore  :  dans 
quelques  jours,  quand  }a  canalisation  de  l'oxygène,  admise  en 
principe  par  l'administration  municipale,  lui  aura  été  concédée 
M.  Lutcher,  banquier  de  la  Compagnie  de  l'éclairage  oxhydrique , 
offpra  dp  garanti^,  à  tous  ceux  qui  voudront  l'adopter,  61)  p.  100 
d'économie,  s'ils  font  eux-mêmes  les  frais  de  la  nouvelle  installa. 

M*  S,  U  XXVII,  11  janvier  1872.  4 


48  LES  MONDES. 

lion  intérieure,  canalisation,  carburateur,  becs,  etc.;  25  pour  400, si 
1  es  frais  d'installation  sont  laissés  à  la  charge  de  la  Compagnie.  H 
est  donc  vrai,  absolument  vrai,  que  l'opposition  au  progrès  n'aura 
plus  à  son  service  que  la  mauvaise  foi  ou  une  routine  honteuse. 
Est-ce  tout  ?  Non  !  Que  diriez-vous,  s'il  allait  arriver  que  l'oxy- 
gène, que  Ton  fabrique  déjà  dans  l'usine  de  Pantin  en  très-grande 
quantité  (cent  mètres  cubes  par  jour),  qui  ne  coûte  plus  déjà  que 
de  30  à  60  centimes,  était  un  de  ces  jours  produit  au  prix  de 
0  fr.  0  c,  parce  qu'il  serait  devenu  le  résidu  ou  produit  secondaire 
d'une  opération  courante,  payant  tous  ses  frais  par  elle-même  et 
par  son  produit  principal.  Que  diriez-vous  si  je  vous  annonçais 
qu'une  science  plus  avancée,  la  science  française,  prend  l'air  at- 
mosphérique, le  fait  passer  dans  une  première  cornue  où  il  laisse 
son  oxygène,  puis  par  une  seconde  cornue  où  il  laisse  son  azote  ; 
et  qu'il  suffit  alors  de  faire  passer  dans  la  première  cornue  un 
courant  de  vapeur  d'eau  pour  entrer  en  possession  de  l'oxygène  ab- 
sorbé, un  courant  d'hydrogène  dans  la  seconde  cornue  pour  obtenir 
l'azote  absorbé  transformé  en  ammoniaque;  en  même  temps  que 
les  deux  absorbants  de  l'oxygène  et  de  l'azote  sont  ramenés  avec 
une  perte  insignifiante  à  leur  état  primitif,  prêts  à  opérer  une 
seconde  absorption  T Que  diriez-vous,  je  le  répète,  si  ce  beau  rêve, 
le  rêve  doré  des  alchimistes  modernes,  l'avant-coureur  d'une  ère 
nouvelle  pour  l'industrie,  la  métallurgie,  l'agriculture,  allait  deve- 
nir une  immense  réalité  ?  Arrêtons-nous  pour  aujourd'hui,  mais 
non  sans  proclamer  bien  haut,  bien  haut,  que  déjà  à  l'heure  ac- 
tuelle le  siècle  de  l'oxygène  est  commencé,  siècle  plus  que  d'or  qui 
verra  la  transformation  des  industries  caractéristiques  de  la  grande 
civilisation. 

lMdaatrte  «uerlère,  —  Puisque  je  suis  en  train  de  soulever 
les  voiles  de  l'avenir,  d'un  avenir  prochain,  que  diraient  les  parti- 
sans de  la  routine  non  plus  lumineuse,  mais  sucrière,  si  je  leur 
disais  que  nous  sommes  à  la  veille,  à  1  aurore,  du  jour  où  le  jus  de 
betterave  traité  immédiatement  a*)rès  son  extraction,  d'abord  par 
la  chaux,  puis  par  un  réactif  mystérieux  et  souverainement  effi- 
cace, cédera  spontanément,  à  l'état  de  cristaux  très-purs,  le  sucre 
qu'il  cache  dans  son  sein?  Que  diriez-vous  si  déjà  un  de  vos  con- 
frères, entré  dans  une  usine  que  je  connais  avec  des  betteraves  de 
sa  récolte,  en  était  sorti,  quelques  minutes  après,  remportant  d'une 
main  la  pulpe,  de  l'autre  le  sucre  cristallisé  de  ses  betteraves  ? 

Ce  seraient,  vous  l'avoureez  des  progrès  immenses  !  Eh  bien 


LES  MONDES.  47 

osez  presque  les  regarder  comme  accomplis,  car  le  génie  inventif 
de  la  France  est  à  l'œuvre,  an  grand  œuvre. 

Conaervatloa  de  1»  viande.  —  Il  est  un  problème  peut- 
être  plus  urgent  encore  à  résoudre,  et  dont  nous  pouvons  annoncer 
la  solution  prochaine.  Faire  arriver  Sur  les  centres  populeux  de 
l'Europe  ultra-civilisée,  dans  des  conditions  pratiques  d'alimenta- 
tion, les  masses  de  viande  qui  se  perdent  dans  des  contrées  presque 
désertes.  Car,  tandis  que  les  hommes,  en  se  réunissant,  en  sa  grou- 
pant, en  s'agglomérant  sur  certains  points  du  globe,  arrivent  à 
rendre  le  sol  insuffisant  à  nourrir  ses  habitant?,  il  y  a  dans  des 
contrées  lointaines  plus  que  l'abondance,  il  y  a  le  superflu.  Eta- 
blir une  balance  entre  ces  situations  extrêmes  est  la  grande  né* 
cessitô  du  moment,  nécessité  effrayante  si  l'on  y  pensait  sérieu- 
sement. 

A  Paris  la  consommation  moyenne  de  la  viande  est  de  273 
grammes  par  individu  et  par  jour,  et  elle  est  presque  reconnue 
insuffisante.  Dans  le  reste  de  la  France,  cette  consommation  quoti- 
dienne et  individuelle  n'est  que  de.  57  grammes.  Cette  effroyable 
inégalité,  déjà  par  trop  sentie,  est  une  marée  montante  dont  il 
faut  conjurer  les  flots,  en  abaissant  sur  les  marchés  le  prix  de  la 
viande  dans  une  proportion  énorme.  Je  suis  heureux  de  pouvoir 
annoncer  le  premier  qu'un  Fraqçais,un  inventeur  encore  méeonuu, 
mais  qui  sera  forcément  immortel,  M.  Ch.  Tellier,  nous  fournit  la 
seule  digue  à  opposer  à  cette  inondation  :  l'afiffuence  sur  les  mar- 
chés européens,  dans  toutes  les  conditions  et  avec  toutes  les  qua- 
lités de  la  viande  fraîche,  des  viandes  perdues  de  la  Plata  et  de 
l'Australie.  Il  a  présenté  hier  à  l'Académie  des  sciences  le  premier 
fascicule  de  àsiConservation  des  viandes,  dans  lequel  il  expose,  avec 
tous  les  détails  nécessaires  de  description  et  de  figure,  ses  deux 
grands  moyens  de  conservation  des  viandes,  le  froid  sec  et  la 
dessiccation.  Ne  parlons  aujourd'hui  que  du  preqûer.  Le  froid  em- 
ployé n'est  pas  produit  par  le  contact  de  la  glace,  c'est  le  froid  sec 
engendré  au  sein  d'une  enceinte  fermée  par  des  courants  liquides 
extérieurs,  à  —  8  ou  —  40  degrés  au-dessous  de  zéro,  qui,  saisis* 
sant  l'atmosphère,  congèlent  l'humidité  qu'elle  renferme,  la  des- 
sèchent et  abaissent  rapidement  la  température.  Dans  cette  con- 
dition, non-seulement  l'atmosphère  est  constamment  purifiée  des 
miasmes  organiques,  mais  il  se  produit  une  dessiccation  légère  et 
lente  qui  vient  aussi  aider  à  la  conservation. 

La  boîte  ou  chambre  à  froid  sec  qui  prendra  place  bientôt  dans 


48  LES  MONDES. 

les  flancs  des  wagons  des  chemins  de  fer  et  des  bateaux  transa- 
ilfttitiqtiétf  est  déjà  iine  belle  et  bonne  réalité.  Chacun  peut  1^  yisi- 
ter,  y  pénétrer,  contempler  des  carafes  qui  se  frappent  dans  l'air 
sans  aucun  contact  avec  des  mélanges  réfrigérants  dans  l'usine 
frigorifique  d'Anteuil,  99,  route  de  Versailles.  M.  Charles  Tellier 
en  fait  les  htiiiiiëttrs  avec  une  grande  amabilité.  Que  ne  réalisera- 
t-ton  pas  dâtts  tes  enceintes  à  5  ou  6  degrés  au-dessous  de  zéro? 
N'y  feri-t-oii  pàà  bientôt  cristalliser  le  sucre?  etc.  —  F.  Moiçno. 

Cuivré  galvanique*  —    Nous    comprenons,   hélas!  qu'on 
Contrefasse  l'invention  française,  que  Yen  frustre  de  ses  droits  l'in- 
venteur fratiç&is,  mais  ne  pourrait-on  pas  se  dispenser  de  le  calom- 
nier eti  le  spoliant.  Une  feuille  belge,  le  Commerce,  Journal  d'éCQ- 
nomiè  politique,   organe   des   intérêts  financiers,  commerciaux  et 
tgrtooles,  avaitâ  lancer  l'industrie  du  cuivrage  galvanique  nouvellement 
introduite  à  Bruxelles,  et  qui  venait  de  se  manifester  par  l'érection 
de  dfeiix  beaux  candélabres.  11  ne  pouvait  ni  se  dissimuler  à  lui-même, 
iii  essayer  de  dissimuler  à  ses  lecteurs  qu'il  s'agissait  bien  de  l'indus- 
trie française  de  M.  Oudry,  que  la  ville  de  Paris  a  utilisée  avec  tant 
d'avantagé,  de  M.  Oudry,  qui,  a  bronzé  tous  les  candélabres  de  la 
feapitfcie,  les  fontaines  monumentales  de  la  place  de  la  Concorde»  les  fon- 
taines dés  Champs-Elysées  et  de  la  place  Louvois,  qui  a  fait  une  grande 
partie  dé  l'ornementation  extérieure  du  nouvel  opéra  de  Paris,  etc. 
Tous  ces  détails,  évidemment  à  l'adresse  de  la  municipalité  bruxelloise» 
pourront  grandement  servir  les  intérêts  du  copiste.  Mais  il  ajoute, 
ce  qui  est  faux  et  mauvais  :  «  Les  procédés  de  M.  Oudry  sont  restés 
secrets  et  peu  de  personnes  ont  eu  le  plaisir  de  visiter  ses  ateliers; 
ceux-ci  sont  pour  ainsi  dire  cachés  aux  yeux  du  public,  et  on  ne  peut 
y  entrer  sans  autorisation  spéciale  de  M.  Oudry,  autorisation  qu'il  est 
presque  impossible  d'obtenir.  C'est  donc  par  un  travail  incessant  et 
par  des  essais  sans  nombre  que  M.  Alker  a  fini  par  trouver  un  prp- 
Cédé  qui  réussit  admirablement,  et  qui,  tout  en  n'étant  pas  peut-être 
absolument  le  mftme  que  celui  employé  à  Paris,  doit  avoir  beaucoup 
d'analogie  avec  lui.  Il  donne  en  tout  cas  des  résultats  au  moins  aussi 
beaux,  d  Avouez  que  c'est  quelque  peu  perfide.  Pour  ce  qui  touche  au 
cuivrage  de  la  fonte  avec  épaisseur,  les  procédés  de  M.  Oudry  ont  été 
niïnùtièuseihent  décrits  dans  tous  ses  brevets;  ses  ateliers  sont  restés 
ouverte  &  tdutes  les  commissions  qui  ont  voulu  les  examiner,  par 
exemple  aux  commissions  du  prix  Volta,  de  la  Société  d'ençourage- 
metlt;  etc.,  comme  aussi  à  des  milliers  de  visiteurs.  Je  les  aj  çerçt  fois 
rappelés  dans  le  Cosmos  et  dans  les  Mondes,  etc.,  etc.  C'est  donc  bien  à 


% 
I 


LES  MONDES.  49 

tort  (jue  le  Commerce  entonne  en  l'honneur  de  M.  Alker9  F Hymne  des 
mystères  de  M.  Oudry, 

Rupture  d'an  b&tl*  de  machine  à  vapeur  par  le 
froid.  —  M.  Henry  Cock  a  fait  au  Bulletin  de  l'Association  scienti- 
fique de  France  cette  intéressante  communication  : 

«  Le  moteur  de  l'imprimerie  Renou  et  Maulde  (machine  horizontale 
de  la  force  de  12  chevaux)  est  installé,  comme  c'est  l'usage,  dans  une 
cage  Titrée.  Or,  dans  la  nuit  du  8  au  9  décembre,  le  travail  ayant 
cessé  vers  2  heures  du  matin,  il  eut  à  subir,  étant  aussi  mal  abrité,  le 
froid  terrible  que  nous  avons  tous  remarqué,  et  dont  l'intensité  ne  fût 
pas  moindre  de  21  degrés  C.  Vers  huit  heures  du  matin,  le  9,  le  mé- 
canicien, au  moment  de  mettre  la  machine  en  marche,  eut  la  précau- 
tion de  faire  faire  à  la  main  plus  d'un  tour  au  volant^  pour  s'assurer 
que  le  cylindre  (bien  protégé,  d'ailleurs,  par  une  enveloppe  de  chêne) 
ne  contenait  aucun  fragment  de  glace  (le  thermomètre  marquait  alors 
45  degrés  C.)  ;  tranquillisé  sur  ce  point,  il  crut  pouvoir  sans  danger  y 
amener  la  vapeur  ;  mais,  au  premier  coup  de  piston,  le  bâti,  construit 
en  fonte  de  très-bonne  qualité,  mais  contracté  outre  mesure,  ne  put 
supporter  la  pression  énorme  que  l'arbre  du  volant  exerçait  sur  lui  ; 
et,  ayant  en  même  temps  à  lutter  contre  la  déformation  moléculaire 
que  faisait  subir  à  certaines  de  ses  parties  l'élévation  brusque  de  tem- 
pérature produite  par  cette  pression,  il  éclata  ew  trois  endroits. 

Ce  fait,  dont  celui  qui  écrit  ces  lignes  a  été  témoin,  prouve  qu'on 
ne  saurait  apporter  trop  de  prudence  dans  la  conduite  et  l'entretien 
des  machines,  et  surtout  dans  leur  mise  en  marehe,  lorsque  leur  sur- 
face peut  être  exposée  momentanément  à  une  basse  température. 
Comme  moyen  préventif  contre  cet  accident,  M.  Cock  conseille  :  soit  de, 
continuer  à  marcher  pendant  la  :nuit  à  basse  pression,  soit  de  mettre 
en  marche  avec  précaution  coifime  il  suit;  on  amène  la  machine  au 
point  mort;  on  Ty  laisse  séjourner  quelque  temps;  puis,  suspendant 
la  communication  avec  le  générateur,  on  fait  faire  un  demi-tour  au 
volant,  et  on  recommence  l'opération  sur  l'autre  face. 

a 

Annuaire  météorologique  de  l'Observatoire  de 
Paris,  pour  l'an  1872.  Volume  in-18,  324  pages.  Para,  Gauthier- 
Villars,  prix  1  fr.  25  cent.  En  outre  du  Bulletin  international,  pa- 
raissant tous  les  jours,  de  l'atlas  des  mouvements  généraux  de  Vatmos- 
phhre,  qui  continuera  à  paraître  en  proportion  de  l'arrivée  des  docu- 
mente et  des  ressources  budgétaires;  deYattas  des  orages-,  deYatlas 
physique  et  statistique  de  la  France  ;  il  est  nécessaire  qu'une  publication 


50  LES  MONDES 

plus  maniable  et  plus  populaire  vienne  chaque  année  résumer  suc- 
cessivement les  travaux  accomplis  dans  Tannée  par  les  nombreux  col* 
laborateurs  de  l'Observatoire,  et  la  situation  générale  de  l'ensemble  des 
travaux.  Tel  est  le  but  de  Y  Annuaire  météorobgique  de  l'Observatoire. 
Nos  observations  météorologiques  y  trouveront  naturellement  place, 
mais  sous  une  forme  qui  permette  de  les  utiliser  sans  efforts.  (1  en 
sera  de  même  des  observations  météorologiques  recueillies  en  divers 
points  de  la  France,  et  résumées  en  tableaux  propres  à  faire  connaître 
le  climat  de  notre  pays.  Après  elles  viendront  des  notices  destinées  à 
vulgariser  les  travaux  des  commissions  départementales.  L'Annuaire 
est  rédigé,  en  entier,  par  M.  Marié  Davy.  Voici  les  titres  des  princi- 
paux chapitres:  Observations  météorologiques  anciennes,  observations 
météorologiques  de  Tannée  1870-1871 .  Rapport  sur  l'état  des  travaux 
de  météorologie  et  de  physique  du  globe  concentré  à  l'Observatoire 
de  Paris.  Des  pronostics  et  des  signes  des  temps;  instructions  pour  les 
observatoires  météorologiques  des  Ecoles  normales  ;  liste  des  commis- 
sions départementales  et  des  observateurs  français  en  correspondance 
avec  l'Observatoire  de  Paris.  Chaque  département  a  formé  sa  com- 
mission, composée  en  moyenne  de  cinq  membres  et  comprenant 
deux  observateurs.  Voici  donc  que  notre  Observatoire  central  est  en 
rapport  avec  plus  de  cinq  cents  correspondants.  Il  ne  peut  manquer 
d'être  bien  informé.  Ajoutez  à  ces  correspondants  ceux  de  l'observa- 
toire de  Montsouris  et  de  l'Association  scientifique  de  France,  vous 
vous  trouverez,  sans  vous  en  douter,  en  présence  d'une  armée  de 
météorologues  français,  armée  bien  mal  organisée,  hélas  !  et  dont  les 
campagnes  sont  loin  d'être  brillantes.  La  publication  de  l'Annuaire 
météorologique  a  soulevé  une  vive  protestation,  faite  au  nom  de  T As- 
sociation scientifique  de  France,  par  M.  Le  Verrier,  qui  va  jusqu'à 
dire  :  «Ledit  Annuaire  manque  de  la  garantie  du  conseil  de  l'Observa- 
toire, conseil  qui  depuis  bix-sept  longs  mois  n'a  pas  été  convoqué. 
Nous  osons  affirmer,  qu'en  sa  présence,  un  livre  aussi  insignifiant, 
aussi  inexact  que  Test  l'Annuaire  de  t Observatoire ,  n'aurait  pas  été 
publié.  a  C'est  la  guerre  intestine  au  sein  de  l'armée  météorolo- 
gique de  France. 

» 

€ta»n*dmllM  I<ol»+».  —  Une  commission  scientifique  pour 
les  intérêts  du  gouvernement  du  Pérou  a  fait  dernièrement  des 
reckerches  sur  les  dépôts  de  guano  des  lies  Lobos  ;  on  rapporte 
que  le  résultat  de  ces  recherches  a  écé  très-satisfaisant,  et  que  la 
commission  a  trouvé  d'immenses  quantités  de  guano  très-riche, 
égal,  ?inon  supérieur  à  celui  des  îles  Chincha.  On  dit  que  les  ana- 


LES  MONDES.  Si 

lyses  d'échantillons  fournissent  pins  de  13  ponr  400  d'ammoniaque. 
Si  le  fait  est  vrai,  Payta,  le  port  le  pins  voisin,  deviendra  proba- 
blement une  place  d'une  importance  considérable.  {Nature^ 
4  janvier  1872.) 

Otraerratolre  royal  d'Edimbourg.  —  Le  rapport  pré- 
senté et  lu  an  bureau  des  visiteurs  désignés  par  le  gouvernement 
pour  l'Observatoire  royal  d'Edimbourg,  après  avoir  résumé  les  tra* 
vaux  exécutés  pendant  Tannée  à  l'Observatoire,  appelle  l'attention 
sur  la  manière  très-insuffisante  dont  rétablissement  est  pourvu  de 
fonds  pour  le  travail  nécessaire  et  sur  les  maigres  honoraires  du 
directeur  et  des  assistants.  Le  bureau  des  visiteurs  estime  à 
1  050  livres,  dont  300  livres  pour  les  honoraires  de  l'astronome 
royal,  l'augmentation  nouvelle  des  frais  nécessaires,  pour  assurer 
le  travail  qui  doit  être  fait  dans  l'établissement.  Le  rapport  est  ac- 
compagné d'un  plan  colorié  de  l'Observatoire,  indiquant  la  position 
des  instruments,  et  des  tableaux  des  moyennes  trimestrielles  de  la 
température  terrestre,  depuis  1837  jusqu'à  1869;  des  températures 
annuelles  moyennes  des  roches  à  l'Observatoire,  pour  quatre 
époques  différentes  dans  les  mêmes  années  ;  des  moyennes  an- 
nuelles des  taches  du  soleil  de  Schwabe,  et  des  moyennes  des 
périodes  de  onze  ans,  de  1842  à  1864,  des  taches  du  soleil  de 
Schwabe,  ainsi  que  des  températures  terrestres  à  Èdimbonrg. 
{Ibid.) 

Enclume  monstre,  —  On  a  réussi  à  fondre  la  plus  grosse 
pièce  de  fer  qui  ait  jamais  été  essayée  aux  ateliers  d'artillerie 
d'Elswick,  à  Newcastle-sur-Tyne,  sous  la  direction  de  sir  William 
Armstrong  et  du  capitaine  Noble.  C'est  une  énorme  enclume,  du 
poids  de  125  tonnes,  qui  doit  être  employée  avec  un  marteau  de 
forge  à  double  action,  de  20  tonnes,  pour  forger  le  canon  Arm- 
strong de  35  tonnes.  (  The  Athenœum,  6  janvier  1872.) 

Lumière  électrique.  —  M.  V.  Serrin  a  inventé  une  disposi- 
tion de  la  lumière  électrique  fix.ee  au  foyer  d'un  miroir  parabo. 
lique  de  cuivre  argenté,  au  moyen  duquel  on  peut  diriger  un  fais- 
ceau de  lumière  à  rayons  parallèles  sur  un  point  quelconque  d'une 
fortification  ennemie.  Une  disposition  très-ingénieuse  maintient 
'es  pointes  de  charbon  toujours  à  la  même  distance,  et  rend  ainsi 
la  lumière  constante.  Cet  instrument  est  centre  les  mains  des  ingé- 
nieurs royaux  qui  font  des  essais  â  Chatham.  (fbid,) 


*2  LES  mondes; 

MucHViie  perforante  *  dlammfii.  —  Au  sujet  de  la  ma- 
chine à  forer  en  diamant  du  capitaine  Beaumont,  employée  daps 
le  district  du  Cleveland,  il  est  bon  de  rappeler  que  cette  applica- 
tion de  la  puissance  perforante  dn  diamant  est  due  à  un  ingénieur 
suisse,  H.  Leschot,  dont  la  machine  à  forer  est  en  usage  ^depuis 
plusieurs  années.  Dans  les  districts  à  mines  de  plomb  du  Missouri, 
Cette  machine  est  employée  régulièrement  pour  faire  des  forages 
dans  le  calcaire  silurien  en  vue  de  rechercher  le  plomb,  et  les 
résultats  obtenus  sont  semblables  à  ceux  que  nous  ayons  décrits* 
Une  autre  application  de  la  même  matière  a  été  faite  à  la  taille  des 
meules  de  moulin.  La  dureté  de  la  substance  employée,  qui  eit 
le  diamant  noir,  dur  et  qui  ne  se  clive  pas,  est  telle  qu'un  sçul 
diamant  a  servi  pendant  plus  d'une  année  pour  tailler  une  paire  de 
meules  de  France  par  jour,  sans  qu'il  ait  éprouvé  une  perte  sen- 
sible ou  une  diminution  de  ses  propriétés.  (Ibid.) 

Pierre*  météorique»  des  région»  polaire».  —  M.  le 

docteur  Eugène  Robert  nous  écrit»  en  date  du  20  décembre  :  «  Je  ne 
doute  nullement  de  l'origine  météorique  des  énormes  masses  métal- 
loïdes recueillies  sur  les  côtes  du  Groenland  ;  mais  je  ne  puis  retenir 
ma  surprise,  en  apprenant  que  ces  masses  de  fer  natif  se  sont  désa- 
grégées avec  une  rapidité  extraordinaire  (au  point  de  tomber  en 
poussière),  pendant  leur  transport  en  Suède,  alors  qu'elles  sem- 
blaient, avoir  opposé,  jusque-là,  une  grande  résistance  à  la  double 
action  destructive  de  l'air  et  de  l'eau  de  mer. 

Et  puis,  comment  concilier  la  composition  de  ces  masses  qui  ren- 
fermeraient, indépendamment  du  fer  natif,  du  nickel  et  du  carbone, 
et  celle  du  basalte  sur  lequel  elles  seraient  tombées,  lui,  basalte,  ren- 
fermant aussi  des  fragments  et  des  particules  du  même  fer  ?  Ajoutons 
que,  réciproquement,  le  fer  météorique  paraît  être  dans  les  mêmes 
conditions,  c'est-à-dire  qu'il  renfermerait  également  des  fragments 
de  basalte.  On  invoque,  il  est  vrai,  pour  expliquer  ces  pénétrations 
extraordinaires,  l'état  fluide  ou  pâteux  dans  lequel  se  serait  trouvé  le 
basalte  au  moment  de  la  chute  des  masses  métalliques  (quelle  singu- 
lière coïncidence  ;  cela  tient  du  merveilleux)  ! 

Toutes  ces  choses,  il  faut  en  convenir,  méritent  confirmation  ou 
tout  au  moins  de  plus  amples  explications. 

Je  suis  bien  loin,  je  le  répète,  de  vouloir  atténuer  cette  grande  dé- 
couverte ;  je  me  demande  seulement  si,  au  nickel  près,  qui  ne  laisse 
pas  que  d'être  embarrassant,  à  cause  du  titane  (le  basalte  est  comme 
on  sait,  très- riche  en  fer  titane),  dont  il  n'est  pas  fait  mention  dans 


LES  MCNDE8.  53 

l'atlalyie  de  ces  masses,  ob  n'aurait  pas,  dis-je,  pris  pour  des  plèbes 
météoriques,  des  rognons  plus  bu  moins  volumineux,  ainsi  qu'il  s'éh 
rencontre  fréquemment  sur  le  borde  dé  la  mer,  là  où  le  basalte  S'es* 
épaqebé  en  nappes  ou  a  rempli  des  dykes  (i).  Nous  avons  pour  ainsi 
dite  ifcf  t .  le  tour  de  l'Islande  en  visitant  près  de  \  380  lieues  de  séfc 
cptee,  etr  maintes  fois,  nous  avons  observé  sur  le  rivage  des  masses 
plus  ou  moins  arrondies  ou  fortement  émoussées  sur  les  angles,  ap- 
partenant aux  plus  anciennes  rocbes  d'éruption  de  cette  grande  île, 
4slles  que  basalte,  basanite,  mimosite,  etc<  Ces  blocs,  tant  qu'ils  sont 
baignés  par  laper,  paraissent  avoir  une  assez  grande  cohésion,  mais, 
du  moment  qu'on  veut  les  exploiter,  ils  tombent  en  poussière  ;  et  c'est 
pour  cela  que;  n'ayant  pu  en  détacher  des  éclats,  ils  ne  figurent  pas 
dans  les  collection*  que  nous  avons  rapportées  et  qui  sont  déposées  ail 
Muséum. 


QUESTION  ET  REPONSES 


M.  LeAovx,  à  Paris.  —  Deux  de  vos  correspondants  vous  font  au 
même  moinebt  Une  même  question  dans  des  termes  un  peti  différents, 
Je  vais  èsstyer  de  leur  répondre,  mais  je  ne  sais  si  je  les  persuaderai, 
quoique  je  sois  moi-même  bien  convaincu. 

Je  cominëttcé  jw  reproduire  les  questions  telles  qu'elles  ont  été 
posées. 

Le  premier  dit  :  «  Il  s'agit  de  l'illusion  qui  fait  juger,  lorsqu'on 
voyage  en  chemin  fer,  les  objets  plus  petits  qu'ils  ne  sont.  » 

Le  second  pose  ainsi  la  question  :  «  Pourquoi  les  enfants,  voyageant 
en  chemin  de  fer,  croient-ils  voir,  dans  les  champs  voisins,  les 
hommes  et  les  animaux  d'une  petitesse  pVodigieufcél  H 
.  Gommeriçons  par  répondre  que  cette  illusion  n'est  pas  spéciale  aux 
enfants  ;  ils  s'y  abandonnent  seulement  peut-être  a^ec  plus  (le  facilité 
que  les  adultes  habitués  à  rectifier  par  le  raisonnement  les  erreurs  de 
jugement  qu'ils  ont  pu  avoir  l'occasion  de  rectifier  ;  mais  l'illusion 
dont  il  s'agit  n'est  spéciale  à  aucun  âge. 

(1)  Las  géologues  Bavent  que  le  basalte  ne  se  divise  pas  toujours  en  colonnes  pris- 
matiques ;  il  affecte  souvent  la  forme  sphéroïde  à  couches  concentriques  :  les  prismes 
'basaltiques  connus  sous  le  nom  de  feux-d'Orgue  ont  quelquefois  en  entablement  ou 
pour  couronnement  du  basalte  arrondi  en  grosses  boules,  comme  nous  l'avons 
observé  en  Islande  dans  les  grottes  do  Stappi,  au  pied  du  Snœfells-Iôckul. 


M  LKS  MONDES. 

Elle  n'est  pas  particulière  non  plus  à  la  locomotion  par  voie  de  fer  ; 
on  observe  encore  un  effet  analogue  lorsqu'on  regarda  dans  la  cam» 
pagne  du  haut  d'une,  élévation  abrupte,  de  telle  façon  qu'on  ne  puisse 
voir  comment  le  lieu  où  l'on  se  trouve  se  raccorde  avec  l'espace  qu'on 
a  sous  les  jeux,  du  haut  d'une  fortification,  par  exemple.  Quanta 
l'état  de  mouvement,  son  influence  n'est  pas  nulle,  tant  s'en  faut,  je 
l'expliquerai  tout  l'heure. 

Une  première  circonstance,  tout  à  fait  générale,  c'est  qu'en  rase 
campagne  les  hommes  et  les  animaux  nous  paraissent,  à  nous  habi- 
tants des  villes,  beaucoup  plus  petits  que  d'habitude  ;  cela  tient  à  ce 
que  notrq  jugement  n'a  eu  le  plus  souvent  l'occasion  de  s'exercer  que 
sur  des  distances  beaucoup  moindres  que  celles  où  il  y  a  à  se  pronon* 
cer  dans  la  campagne.  Nous  nous  trompons  sur  l'appréciation  de  la 
distance,  et  les  objets  se  trouvant  sous  tendre  un  angle  plus  petit  que 
celui  que  notre  œil  se  trouve  porté  à  leur  attribuer,  nous  les  estimons 
plus  petits  que  d'habitude.  Le  plus  haut  degré  de  transparence  de  l'air 
aide  encore  à  nous  tromper.  Nous  ne  pouvons  imaginer  que  des  objets 
aux  contours  si  vifs  soient  aussi  loin  ;  c'est  une  erreur  du  genre  de  celle 
qui  nous  fait  paraître  les  objets  plus  grands  par  le  brouillard  (et  à  ce 
HUjet  je  serai  bien  étonné  si  quelqu'un  ne  me  pose  pas  la  question). 

Montons  maintenant  dans  le  wagon  :  une  fois  que  nous  y  sommes 
installés,  nous  commençons  par  faire  abstraction  de  là  plus  grande 
altitude  où  nous  sommes  placés,  laquelle  a  pour  effet  de  diminuer 
très- notablement  l'angle  soustendu  par  les  objets  verticaux  placés  à 
proximité  ;  pour  ceux-là  nous  ne  basons  pas  d'erreur  sur  l'estimation 
de  leur  distance  et  ils  nous  paraissent  plus  petits.  Mais  le  tableau 
change,  si  nous  sommes  quelque  peu  enfoncés  dans  notre  comparti- 
ment ;  nous  cessons  de  voir  les  premiers  plans,  mais  nous  continuons 
de  les  supposer  occupés  par  des  objets  situés  en  réalité  beaucoup  plus 
loin,  et  sous-tendant  par  conséquent  des  angles  plus  petits  que  les 
objets  similaires  qui  seraient  situés  dans  ces  premiers  plans. 

Quant  à  l'effet  de  la  grande  vitesse  de  translation,  il  consiste  à 
achever  de  dérouter  le  jugement  en  ne  nous  laissant  pas  le  temps 
d'étudier  le  tableau  qui  est  placé  sous  nos  yeux  et  de  nous  rendre 
compte  de  ses  dimensions  réelles. 

Cependant  la  grande  vitesse  de  translation  doit  aussi  intervenir  par 
un  effet  un  peu  plus  compliqué  à  analyser,  ce  que  je  vais  cependant 
essayer  de  faire. 

Supposons  un  observateur  décrivant  une  trajectoire  rectiligne  et 
dirigeant  ses  regards  normalement  à  cette  trajectoire,  ainsi  qu'on  est 
naturellement  conduit  à  le  faire  du  fond  d'un  compartiment.  Chaque 


LES  MONDES.  35 

élément  décrit  peut  être  considéré  comme  ayant  pour  centre  instan- 
tané de  rotation  un  point  quelconque  de  sa  normale.  Or,  dans  le  voi- 
sinage de  cette  direction,  l'œil  rencontrera  des  signaux  matériels  qui 
lui  serviront  de  points  de  repère,  et  autour  desquels  il  croira  voir  tour- 
ner les  objets  avec  des  vitesses  angulaires  variables,  suivant  la  dis- 
tance du  point  de  repère.  Or,  il  semblerait  que  toutes  les  vitesses  ne 
sont  pas  également  agréables  à  l'œil,  que  les  grandes  vitesses  lui  sont 
pénibles ,  de  telle  sorte  qu'on  est  amené  à  choisir  des  points  de  repère 
d'autant  plus  éloignés  que  la  vitesse  de  translation  est  plus  grande. 
Or,  si  Ton  suppose,  par  une  erreur  du  jugement,  que  ces  points  de 
repère  sont  toujours  aHssi  rapprochés,  on  est  amené  à  attribuer  une 
phis  petite  dimension  aux  objets  plus  voisins  par  rapport  i  ceux-là. 
En  résumé,  tout  se  borne  à  une  erreur  sur  l'estimation  des  dis- 
tances, mais  il  était  facile  de  s'y  attendre. 

IL  Phiuppb  Buton,  à  Grenoble.  —  Question  :  *  Comment  peut-on7 
s'y  prendre  pour  montrer  de  visu  aux  gens  de  la  campagne  que  les 
euves  en  fermentation  répandent,  pardessus  leur  bord,  un  air  mor-* 
tel,  plus  lourd  que  l'air  ordinaire. 

Réponse.  Il  ne  s'agit  pas  de  renvoyer  ces  gens  à  des  livres  qu'ils  ne 
lisent  pas,  et  auxquels  ils  n'ajouteraient  aucune  foi,  quand  même  ilsf 
les  liraient  par  hasard  :  la  difficulté  est  de  leur  montrer  à  l'instant  un 
effet  de  la  lourdeur  relative  du  gaz  acide  carbonique ,  et  qu'il  tue  la 
flamme  d'une  chandelle.  C'est  ce  qu'a  fait  cette  année  le  fils  d'un  de 
mes  amis,  M.  Fontenai,  ingénieur  civil;  ce  brave  garçon  s'était  aven-' 
turé  à  raconter  aux  hommes  qui  avaient  soin  de  la  cuve  en  fermenta-' 
•  tioo  chez  son  père,  qu'une  espèce  d'air  lourd  et  malsain  débordait  de  ' 
la  cuve  et  coulait  à  terre;  mais  son  auditoire  n'avait  garde  d'en  croire 
un  mot.  Alors  le  jeune  homme  prend  un  arrosoir,  puise  plein  ce  vase 
du  gaz  de  la  cuve,  et  le  verse,  comme  de  l'eau,  sur  une  bougie 
allumée  posée  à  terre.  Les  spectateurs,  émerveillés  en  voyant  la  bougie 
s'éteindre  comme  si  l'on  avait  versé  de  l'eau  dessus,  n'ont  voulu  en 
croire  leurs  yeux  qu'après  que  chacun,  à  son  tour,  a  répété  avec  succès 
cette  facile  expérience. 

On  tendrait  cette  expérience  plus  complète  et  plus  convaincante,  en 
opérant  au  soleil ,  et  en  recevant  sur  une  grande  feuille  de  papier 
blanc  l'ombre  portée  dé  l'arrosoir  et  de  la  bougie.  De  cette  manière, 
la  veine  gazeuse,  tombant  du  bec  de  l'arrosoir,  invisible  par  elle- 
même,  deviendra  très-vibible  par  son  ombre  portée.  Cette  ombre  grise 
présentera  un  contour  tracé  nettement  entre  deux  lignes  sombres  ; 
vers  le  milieu  de  sa  largeur,  on  verra  une  ligne  brillante,  due  à  la 


56  LES  MONDES. 

convergence  des  rayons  solaires  qui  auront  traversé  U  *eiûe  d'acide 
carbonique*  Ces  rayons  seront  même  tangents  à  an*  caustique  réelle* 
qui  deviftlflra  très-nette  et  très-brillante  en  plaçait  l'écran  de  papier 
i  la  qMstance  focale  ;  et  les  ondulations  descendantes  fendront  tout  à 
fait  visibles  lea  flots  de  gaz  lourd  pendant  leur  chute.  En  putre,  celui 
qui  tient  l'arrosoir,  voyant  où  tombe  son  jet'de>g*t>  pourra  le-firirë 
tomber  *  côté  et  très-près  de  la  bougie  sans  l'éteindre»  puis  opérer 
l'extinction  à  volonté  en  faisant  tomber  le  gag  sur  ia  flamme.  Il 
pQurra  même,  en  penchant  son  arrosoir  plus  ou  moine,  diminuer 
l'abondance  du  jet  descendant  jusqu'à  un  poiat  tel)  que  iee  tourbillons' 
d'^jr  brûié  qui  s'élèvent  au  dessus  de  la  flamme  emporteront  avpc 
eu*,  vers  le  haut,  ce  jet  affaibli  d'acide  carbonique,  moyennant  quoi 
la  flamme  résistera  à  ce  souffle  insuffisant  ;  puis,  en  pepobaat  l'art o- 
Boir  de  plus  en  plus  pour  augmenter  l'abondance  du  jet  descendant, 
il  finira  par  refouler  l'air  brûlé  jusqu'à  la  flamme,  qui  s'affaiblira, 
vacillera  et  s'éteindra.  On  voit  que  ce  simple  complément  d'eipériettce 
ne  manquerait  pas  d'une  certaine  richesse  en  conséquences  prévues  et 
rendues  visibles.  » 

Assurément,  cette  expérience  ainsi. complétée  par  l'ombre  portée  au 
soleil,  n'apprendra  presque  rien  aux  personnes  qui  on*  la  moindre 
teinture  de  chimie.  Mais  on  peut  se  reporter  en  imagination  à  une 
époque  un  pep  antérieure  aux  grandes  découvertes  de  la  chimie  pneu** 
matique»  Avant  que  les  chimistes  eussent  trouvé  les  gaz,  quel  étdnna~ 
mpnt  auwt  excité,  même  chez  les  personnes  les  plus  instruites 
du  xvnr  siècle,  la  vue  de  l'ombre  portée  m  soleil  par  Mne  bougie 
allujnée,  et  celle  d'un  air  lourd,  versé  comme  de  l'eau  d'un  arrosoir 
sur  je  pol,  et  éteignant  une  chandelle?  Or,  nos  paysans  sont  assuré* 
ment  fnpins  av^uccs  dans  l'ordre  scientifique  que  les  gens  instruits  du 
milieu  du  jnrm*  siècle.  11  y  a  donc  là  un  acte  de  vulgarisation,  fécond 
et  facile,  k  là  portée  de  tout  propriétaire  de  vignes ,  pourvu  qu'il  y  ait 
un  beau  jour  0e  soleil  pendant  que  la  vendange  bout  dans  fa  cuvé. 
La  conséquence  immédiate  de  cette  vulgarisation  sérail  de  préserver 
d'un  danger  mortel  quelques  hommes  qui,  chaque  année,  sont  as- 
phyxés  par  le  gaz  des  cuves,  sans  compter  un  effet  piquant  de  curiosité, 
dont  les  conséquences  ultérieures  auraient  aussi  quelque  valeur.      * 


—  Nous  sommes  heureux  de  pouvoir  annoncer  la  publication  dans 
notre  prochaine  livraison  de  la  description  avec  figures  de  deux  utiles 
nouveautés,  la  Couseuse  automate  de  Adam-Garcin  de  Colmar.  et  le 
Nouveau  Moteur  aérien^  très-simple  et  très-efficace  de  St.  bucop  de 
Hauron  d'Agen.  —  F.  Moigso. 


LES  MONDES;  $7 


PEDAGOGIE 


Ii'&taeatlon  maternelle  d'aprè*  le»  Indleatlén»  de 
la  nature,  par  M.  J.  Rambosson.  —  Brochure  grand  t'n-8°,  ww- 
primée  avec  le  plus  grand  soin,  sur  papier  de  luxe,  110  paje*.  Pam, 
Firrnin  fiidot,  1871.  —  Nous  recommandons  vivement  à  l'attention 
de  nos  lecteurs,  des  pères  et  des  mères  surtout,  ce  bel  opuscule  long- 
temps médité,  et  'j'oserais  dire  longtemps  pratiqué,  quoiqu'il  vienne 
à  peine  de  paraître;  par  un  maître  et  un  écrivain  chez  lequel  nous 
avons  depuis  longtemps  reconnu,  chez  lequel  tout  le  monde  recon- 
naîtra désormais  une  vocation  et  une  inspiration  caractéristiques, 
d'une  mission  véritable  ayant  pour  but  l'éducation  de  la  première  en- 
fance. M.  Rambosson  définit  d'abord  ce  qu'il  appelle  Y  éducation  pas- 
sive  dont  l'enfant  est  susceptible ,  même  avant  qu'il  sache  bégayer, 
alors  que  ses  regards  se  fixent  déjà  avec  attention  sur  tous  les  objets 
qui  l'entourent;  il  apprend  ensuite  comment,  par  Y  Education  métho- 
dique donnes  seuls  agens  sont,  chez  l'enfant,  la  vue  et  l'ouïe,  on>  peut 
hâter  considérablement  son  développement  intellectuel  et  moral,(dépo- 
ser  dans  son  âme,  sans  presque  qu'il  s'en  doute,  les  germes  de  toutes 
les  sciences ,  de  tous  les  arts ,  de  toutes  les  vertus.  J'accorderai 
volontiers  à  H.  Rambosson ,  mon  élève  et  mon  ami,  que  nulle  part 
l'éducation  de  la  première  enfance  n'a  été  mieux  comprise;  que 
son  système  d'enseignement  méthodique  fondé  sur  des  bases  d'au- 
tant plus  solides,  qu'elles  sont  celles  de  la  nature,  est  une  grande 
et  belle  nouveauté  qui  mérite  de  devenir  populaire.  Et  comme  son  point 
de  départ  est  le  même  que  celui  de  nos  cours  illustrés,  je  l'invi- 
terai à  rendre  ses  dessins  ou  tableaux  plus  saisissants  encore  en  les 
éclairant,  dans  mes  salles  du  progrès,  avec  la  lumière  oxhydrique 
ou  électrique  ,  devant  un  nombreux  et  charmant  auditoire.  En 
même  temps  qu'il  illuminera  l'esprit  des  petits  enfants,  il  initiera  la 
mère  à  ses  précieux  secrets.  Aujourd'hui  nous  nous  faisons  l'écho 
du  résumé  qu'il  donne  lui-même  de  son  enseignement  méthodique. 

1.  —  Aussitôt  que  les  yeux  du  jeune  enfant  se  fixent  sur  ce 
qui  l'entoure,  qu'il  commence  à  bégayer,  son  intelligence  commence 
également  à  s'épanouir,  il  veut  tout  connaître,  tout  savoir.  On  doit  se 
hâter  de  profiter  de  ces  premières  indications,  de  ces  premières 
avances  de  la  nature;  non-seulement,  on  lui  expliquera  ce  qu'il  de- 
mande, mais  on  lui  fournira,  on  lui  préparera  des  occasions  d'obser- 

5 


58  LES   MONDES. 

ver  des  choses  tout  à  la  fois  intéressantes  et  utiles.  Son  éducation  com- 
mencera donc  à  se  faire  sur  le  grand  livre  même  de  la  nature  par  les 
réalités,  par  leur  représentation  directe,  et  non  par  la  lecture  et  l'écri- 
ture, comme  on  le  fait  habituellement. 

Pour  mettre  de  l'ordre  dans  ses  idées,  et  étendre  le  champ  de  6es 
observations,  on  aura  des  ouvrages  classiques  non  plus  abstraits,  non 
plus  écrits,  mais  des  ouvrages  classiques  en  gravures  qui  offriront 
dans  un  ordre  logique  les  objets  et  les  scènes  même  de  la  nature;  ces 
ouvrages  de  gravures  aideront,  non-seulement  à  classer  ses  impres- 
sions, mais  aussi  à  les  féconder  et  à  les  développer  en  servant  de  base 
aux  leçons  maternelles. 

L'idée  de  cause,  l'idée  de  devoir  étant  si  naturelle  à  l'enfant,  on 
peut,  comme  nous  l'avons  vu,  faire  marcher  de  pair  et  simultané* 
ment,  l'éducation  physique  et  l'éducation  morale,  et  faire  servir  l'une  à 
-l'autre. 

IL  Les  grands  faits  et  les  grandes  scènes  historiques  pouvant  être 
représentés  par  des  gravures,  nous  en  profilerons  pour  enseigner  en 
même  temps  l'histoire  et  la  morale,  pour  entourer  notre  enfant  de 
tous  les  beaux  exemples  que  nous  ont  légués  les  siècles,  et  qui  peu- 
vent, lui  inspirer  la  justice,  la  bonté,  la  grandeur,  la  noblesse  de  ca- 
ractère, en  un  mot,  tous  les  sentiments  que  nous  voudrions  voir  s'in- 
carner en  lui. 

•  Nous  le  ferons  ainsi  vivre  et  respirer  au  milieu  de  tout  ce  que  l'hu- 
manité a  produit  de  grand,  de  sublime. 

L'enseignement  de  la  géographie  se  fait  d'une  manière  analogue  à 
celui  de  l'histoire  par  des  gravures  représentant  les  productions,  les 
usages,  les  coutumes  des  divers  pays.  —  Notre  enfant,  qui  a  préala- 
blement compris  que  l'on  peut  représenter  en  petit  les  grands  espaces 
par  des  traits  ou  des  dessins  figurant  la  maison  qu'il  habite,  le  jardin 
où  il  prend  ses  ébats,  les  promenades  qui  lui  sont  connues ,  saisira 
bien  vite  que  Ton  peut  de  même  représenter  tout  un  pays  sur  une 
carte  et  toute  la  terre  par  un  globe;  et  les  explications  qu'on  lui  don- 
nera sur  tes  gravures  dont  nous  venons  de  parler  serviront,  tout  en 
fécondant  son  âme,  à  graver  dans  sa  mémoire,  sans  fatigue  et  d'une 
manière  ineffaçable,  les  mots  techniques. 

III.  —  Le  sentiment  des  beaux-arts  se  développe  chez  lui  par  l'in- 
fluence de  tout  ce  qui  l'entoure,  sa  voix,  son  oreille,  sa  main,  son 
coup  d'oeil,  tout  se  forme  avec  justesse  et  rectitugp,  en  l'encourageant 
à  bien  faire,  ce  qu'il  fait,  en  lui  fournissant  l'occasion  de  développer 
régulièrement  ses  premières  tendance. 

Le  dessin,  l'écriture  et  la  lecture  s'apprennent  simultanément  à 


LES  MONDES.  59 

mesure  que  l'enfant  forme  sa  main  et  son  œil,  en  traçant  des  lignes, 
des  figures  sur  un  tableau  noir,  qu'il  les  partage  en  parties  égales  et 
proportionnelles.  On  porte  son  attention  sur  les  formes  élémentaires  et 
simples  qui  concourent  à  la  formation  de  toutes  les  lettres  ;  il  apprend 
à  les  nommer,  à  les  rassembler,  en  sorte  que  lorsque  sa  main  est  par- 
venue à  les  tracer  toutes,  il  sait  non-seulement  les  nommer,  mais 
aussi  les  lier  et  lire  les  mots. 

U  apprend  naturellement  à  bien  parler,  parce  qu'on  lui  parle  cor- 
rectement. Il  apprendra  également  l'orthographe  d'une  manière  toute 
pratique,  en  écrivant  sur  le  tableau  le  nom  des  objets  qui  l'entourent 
et  les  actions  qui  se  passeront  sous  ses  yeux;  en  mettant  de  l'ordre  dans 
ce  genre  d'exercice,  en  allant  progressivement,  l'enfant  parvient  en 
peu  de  temps  avec  la  plus  grande  facilité  à  écrire  et  même  à  composer 
seul  une  page  entière  presque  sans  faute  d'orthographe,  ni  de  syntaxe 
avant  d'avoir  ouvert  une  grammaire  de  phrases,  si  je  puis  m'exprimer 
ainsi,  une  grammaire  pratique,  en  transcrivant  ses  exercices  sur  un 
cahier  qu'il  conserve  et  qu'il  repasse.  Le  calcul  devient  pour  lui  un 
vrai  amusement;  il  saura  compter,  faire  les  quatre  règles  et  même  ré- 
soudre des  problèmes  avant  peut-être  d'avoir  formé  un.  chiffre,  et  tout 
cela  il  l'aura  appriB  sans  aucune  tension  d'esprit  en  jouant  au  mar- 
chand ou  à  la  ménagère. 

Après  .ces  premiers  exercices,  apprendre  à  disposer  les  chiffres  et 
continuer  à  développer  cette  étude,  il  n'y  a  plus  de  difficulté. 

IV.  —  On  le  voit,  une  penBée  unique  préside  à  cette  méthode  dans 
laquelle  tout  se  tient,  tout  s'unit,  tout  s'enchaîne  ;  elle  présente  dans 
ses  diverses  parties  une  unité  parfaite  de  vues  et  d'inspiration.  On 
prend  pour  point  de  départ  les  premières  indications  de  la  nature  elle- 
même*  On  les  suit  continuellement  dans  un  enseignement  tout  pra- 
tique, réposant  sur  les  réalités  et  non  sur  des  principes  abstraits  et 
conventionnels  ;  de  cette  manière  l'éducation  devient  une  satifaction 
nécessaire  donnée  aux  tendances  naturelles  de  toutes  les  facultés  ;  tout 
s'y  passe  sans  fatigue,  sans  froissement ,  sans  contrainte,  comme  chez 
la  plante  que  Ton  cultive  avec  intelligence  en  éloignant  ce  qui  peut 
nuire  à  son  développement  et  en  l'entourant  de  ce  qui  peut  lui  être 
favorable. 


60  LES  MONDES. 


ÉLECTRICITÉ 


Une  grande  bobine  d'induetlen ,  par  Wm  H.  Wahll, 
Ph.  D.  —  Une  bobine  d'induction,  que  nous  croyons  la  plus  puis- 
sante qui  existe,  a  été  construite  dernièrement  par  M,  É.  S.  Ritchie, 
de  Boston,  pour  le  professeur  Henry  Morton,  le  président  de  l'Institut 
technologique  de  Stevens. 

M.  Ritchie,  comme  l'on  sait,  est  le  premier  des  habiles  construc- 
teurs qui  ont  su  découvrir  dans  la  bobine,  par  d'importantes  innova- 
tions, une  source  abondante  et  sûre  d'électricité ,  et  il  semble  par  ses 
constants  efforts,  par  ses  recherches  judicieuses  et  multipliées  sur  ce 
sujet,  conserver  une  avance  décidée  sur  ses  concurrents;  car,  malgré 
la  grande  publicité  qu'il  a  donnée  à  tous  ses  perfectionnements  f  l'ac- 
cueil reconnaissant  et  empressé  qu'ils  recevaient  et  leur  reproduction 
immédiate,  on  ne  peut  contester  la  supériorioté ,  en  efficacité  et  en 
durée,  des  instruments  qui  sont  sortis  de  ses  mains.  C'est  ainsi  que 
tout  récemment  une  véritable  bobine  monstre,  construite  pour  le 
professeur  Pepper,  par  M.  App,  de  Londres,  ayant  2m,70  de  longueur, 
contenant  240  kilomètres  de  fil,  pesant  à  peu  près  une  tonne ,  avec 
une  pile  de  soixante  éléments,  donna  d'abord  des  étincelles  d'une  lon- 
gueur de  0m,74  ;  mais  elle  ne  tarda  pas  à  perdre  toute  sa  force,  et  nous 
apprenons  qu'on  s'est  déterminé  à  la  mettre  en  pièces.  Or  la  bobine 
que  nous  décrivons  aujourd'hui,  n'ayant  en  longueur  que  lm,20, 
contenant  71  kilomètres  de  fil,  et  pesant  seulement  112  kilog.,  avec 
une  simple  pile  de  trois  bocaux,  donne  des  étincelles  de  0m,63  ;  elle 
se  maintient  d'ailleurs  dans  d'excellentes  conditions,  au  bout  de 
plusieurs  mois  d'un  service  continuel  et  d'épreuves  sévères. 

La  gravure  sur  bois  ci-après,  qui  reproduit  une  photographie  de 
cette  bobine,  avec  quelques  objets  d'un  usage  familier  servant  de 
termes  de  comparaison  pou?  l'appréciation  de  ses  dimensions,  donnera 
une  idée  générale  de  sa  structure  et  de  ses  dispositions. 

L'appareil  se  compose  de  trois  parties,  dont  l'une  est  le  condenseur, 
renfermé  dans  une  caisse  en  acajou,  comme  le  montre  le  dessin,  por- 
tant sur  sa  face  supérieure  l'appareil  automatique  pour  la  rupture  des 
courants,  le  commutateur,  etc.  ;  les  deux  autres  formant  la  bobine 
elle-même.  Ces  dernières  sont  disposées  de  manière  à  pouvoir  être 
détachées  l'une  de  l'autre,  et  à  servir  ainsi  tantôt  séparément,  tantôt 
ensemble  pour  la  production  d'une  plus  grande  quantité  d'électricité. 


LES  MONDES.  61 

Les  coupes  des  pâles,  qui  unissent  les  deux  moitiés  de  la  bobine  et  du 
condenseur,  ne  sont  pas  représentées  dans  la  gravure,  parce  que  la 
perspective  de  l'appareil  s'y  opposait. 


Les  particularités  de  la  construction  peuvent  être  réduites  aux  sui- 
vantes :  Le  noyau  de  fer  se  compose  de  fils  de  1er,  épais  de  lma,4ô,  et 
pesant  environ  6  kilogr.  35.  Ces  fils  ne  sont  pas  isolés  l'un  de  l'au- 
tre, ils  sont  simplement  unis  en  faisceau  et  empaquetés  dans  des  pièces 
de  soie  et  de  drap  imprégnés  d'huile,  pour  les  préserver  de  toute  dé- 
térioration. 

Le  fil  primaire,  long  de  60  mètres,  épais  de  5™m,  pèse  7  kll,  720. 
Le  fil  secondaire  a  une  longueur  de  71  kilom.,200  mètres,  et  une  épais- 
seur de  0~",18;  son  poids  est  de  19  kil.,  700.  Il  est  fait  d'un  cuivre 
de  qualité  supérieure,  de  la  meilleure  conductibilité  électrique,  et  il  est 
couvert  de  soie  blanche.  Suivant  le  système  de  M.  Ritchie,  ce  fil  se 
divise  en  une  série  d'hélices  distinctes,  dont  l'épaisseur  comprend  le 
fil  et  son  enveloppe  isolante,  à  laquelle  on  ajoute  des  couches  de 
papier  imbibé  de  paraffine,  interposées  régulièrement. 

L'isolement  entre  les  Gis  primaire  et  secondaire  s'effectue  par  des 
cloches  de  verre  et  des  enveloppes  en  caoutchouc  vulcanisé,  appliquées 
de  manière  qu'elles  offrent  la  plus  grande  résistance  sur  les  points  de 
la  plus  grande  tension;  on  a  eu  soin  de  s'assurer  par  une  expérience 
positive  que  cette  résistance  surpasse  au  moins  de  50  p.  100  celle  qui 
serait  vaincue  par  des  étincelles  de  53  centimètres.  Le  condenseur 
contient  environ  30  décimètres  carrés  de  feuilles  d'étain,  isolées  avec 
de  la  soie  huilée,  dont  9*,30  sont  eu  connexion  permanente  avec  le 


62  LES  MONDES. 

circuit  primaire,  trois  boutons  font  entrer  respectivement  dans  le  cir- 
cuit des  superficies  de  9ae.30,  7^.00,  et  4dc.70,  selon  la  volonté  de 
l'opérateur. 

L'interrupteur  du  courant  est  le  mécanisme  combiné  automatique 
et  à  manivelle ,  attaché  par  Ak  Ritchie  à  tous  ses  grands  instruments  ; 
le  mouvement  automatique  s'effectue  par  une  pile  d'un  seul  bocal  ; 
on  rétablit  on  Ton  suspend  la  connexion  à  volonté ,  au  moyen  d'un 
bouton  placé  à  la  surface  de-la  caisse  du  condenseur. 

La  hauteur  totale  de  l'appareil,  jusqu'à  la  barre  au-dessus  de  la 
bobine,  est  de  47  centimètres  ;  la  longueur  totale  de  la  base,  de  bout 
en  bout,  est  de  1  mètre  ;  la  hauteur  de  la  base  est  de  12,7  centimètres  ; 
la  largeur  de  la  base,  33  centimètres:  la  longueur  de  chacune  des  deux 
sections  de  la  bdbine  secondaire,  33  centimètres  ;  diamètre  extérieur 
de  la  bobine  secondaire,  22,8  centimètres. 

Pour  la  commodité  du  transport  et  du  maniement ,  l'appareil  est 
divisé  au  centre  en  deux  moitiés  qui  se  séparent,  au  besoin,  pour  être 
placées  dans  leurs  gaines  respectives.  Leur  jonction  est  indiquée  par 
une  ligne  verticale  dans  la  gravure.  Le  condenseur  se  case  aussi 
dans  sa  boite,  et  le  poids  total,  après  l'emballage,  s'élève  à  137  kilo- 
grammes. 

La  pile  qui  excite  la  bobine  a  été  construite  par  MM.  Chester, 
frères,  de  New-Jersey,  sous  la  direction  de  M.  Morton,  et  se  compose 
de  trois  jarres  de  verre  d'un  diamètre  de  25  centimètres,  d'une  hau- 
teur de  30  centimètres,  que  l'on  baisse  ou  qu'on  lève  au  moyen  d'un 
cabestan,  de  plaques  de  charbon  et  de  zinc  de  20  x  25  centimètres. 
Le  liquide  employé  est  le  mélangé  de  solution  aqueuse  Je  bichromate 
de  potasse  et  d'acide  sulfurique  tel  qu'on  l'emploie  actuellement  dans 
plusieurs  espèces  de  piles.  Lorsque  ce  liquide  est  fraîchement  -pré- 
paré, une  immersion  de  sept  à  huit  centimètres  développe  toute  la 
puissance  de  la  bobine. 

Les  avantages  pratiques  de  celte  pile,  suivant  ce  que  nous  en  a  «lit 
le  professeur  Morton,  dans  son  laboratoire  aussi  bien  que  dan6  ses 
cours  publics  à  Baltimore  et  à  Washington,  dépassent  l'idée  qu'on  a 
pu  s'en  former.  Des  étincelles  de  53  centimètres  jaillissent  de  la  bo- 
bine si  facilement,  qu'il  est  hors  de  doute  qu'on  pourrait  en  obten  ir 
de  plus  longues  encore;  mais,  avant  le  terme  du  cours  qu'il  a  en- 
trepris pour  toute  la  durée  de  l'hiver  actuel,  M*  Morton  ne  veut  pas 
s'exposer  aux  risques  d'une  rupture  dans  l'enveloppe  de  verre  iso- 
lante, qui  aurait  pour  résultat  de  mettre  l'instrument  hors  de  service, 
dans  des  circonstances  où  il  en  a  le  plus  grand  besoin  ;  bien  que  le 
constructeur  ait  eu  spécialement  en  vue  de  rendre  facile  la  réparation- 


LES  MONDES.  63 

d'un  tel  accident,  H.  Ritchie  garantit  l'instrument  pour  des  longueurs 
d'étincelles  qui  n'excèdent  pas  53  centimètres,  et  une  pratique  de  plu- 
sieurs mois  lui  a  donné  raison.  * 

Mise  en  connexion  avec  une  bouteille  de  Leyde,  d'une  superficie 
de  3  décimètres  carrés,  la  bobine  donne  des  étincelles  de  68  centi- 
mètres, et  avec  un  des  condenseurs  secondaires  du  professeur  Horton, 


représenté  par  la  gravure  ci-contre,  contenant  20  éléments ,  les  étin- 
celles ont  une  longueur  de  35  à  36  centimètres,  avec  l'éclat  luannWK 
et  le  retentissement  d'une  décharge  d'une  bouteille  de  Leyde. 

Les  étincelles  pénètrent  des  blocs  de  verre  de  7 ,5  centimètres  d'é- 
paisseur, et  ces  blocs  semblent  ofirtr  assez  exactement  la  même  résis- 
tance que  53  centimètres  d'air;  car,  lorsque  les  pointes  sont  séparées 
par  53  centimètres  d'air,  et  que  d'une  autre  part,  des  fils  sont  mis  en 
communication  avec  les  colonnes  pour  percer  les  blocs  de  verre, 
quelques  étincelles  jarffissent  dans  l'air,  tandis  que  d'autres  traversent 
le  verre. 

On  constate  ce  fait  curieux,  qu'une  étincelle  qui  jaillit  dans  l'air  ou 
dans  le  verre  rend,  sur  son  passage,  le  corps  qu'elle  traverse  plus 
mauvais  conducteur  qu'il  ne  l'était,  car  il  arrive  rarement  que  deux 
étincelles  consécutives  suivent  une  même  route,  dans  dos  conditions 
d'ailleurs  parfaitement  identiques. 

L'appareil  employé  pour  percer  des  blocs  de  verre  est  construit  de 
la  manière  suivante  : 

Lorsqu'on  réunit  les  deux  moitiés,  en  vue  d'obtenir  la  quantité  plus 
que  la  tension  de  l'électricité,  la  longueur  des  étincelles  est  réduite  à 
30  centimètres,  et  la  quantité  est  considérablement  augmentée,  comme 
l'indiquent  le  son  et  l'auréole  qu'on  observe.  Quand  les  pôles  ont 
entre  eux  un  intervalle  d'environ  5  centimètres,  l'auréole  peut  se  con- 
vertir en  flamme. 

En  conneiion  avec  une  batterie  de  quatre  bouteilles  de  Leyde  de 


deux  litres,  les  étincelles  sont  assourdissantes  et  répandent  une  vive 
clarté. 

Dans  une  occasion  prochaine,  nous  donnerons  quelques  nouveaux 
détails  sur  les  expériences  auxquelles  on  a  soumis  ce  prodigieux  In- 
strument. 

Celte  bobine  est  vraiment  très-remarquable  et  fait  grand  honneur  à 
AI.  Ritchie  ;  il  ne  faut  pas  cependant  l'exalter  au-delà  de  toute  mesure 
et  s'en  faire  une  arme  pour  abaisser  M.  Ruhmkorff  qui,  aveu  des 
bobines  admirablement  construites  par  lui,  parfaitement  solides,  et 
dont  le  prix  était  trois  fois  moindre,  a  obtenu  des  étincelles  de  53  cen- 
timètres et  plus.  Nous  sommes  heureux,  à  cette  occasion,  de  publier  m 
note  suivante  de  notre  habile  et  modeste  artiste,  qui  rappelle  très-bien 
les  faits  principaux  de  l'histoire  des  bobines  d'induction,  et  rend  à 
chacun,  en  termes  bien  simples,  la  part  qui  lui  revient. —  F.  Moigno. 

Notice  inr    l'appareil    d'Induction  produisant    de 

l'électricité'  «tatlqae,  par  M.  RnumouFF.  —  En  1850,  j'ai 
construit  un  appareil  d'induction,  et  j'ai  eu  soin  de  prendre  du  fil 
de  ter  très-fin  pour  le  faisceau.  Je  n'ai  enroulé  dessus  que  deux  ou 
trois  rangées  de  gros  fil,  parc*  que  je  savais  par  .expérience  qu'en 
en  mettant  davantage  on  augmentait  bien  le  magnétisme,  mais  on 
détruisait  son  action  inductrice. 
Sur  ce  gros  fil,  j'ai  enroulé  très-régulièrement  du  fil  fin  et  sur 


LES  MONDES.  65 

chaque  rangée  de  spires,  j'ai  mis  du  papier  fortement  enduit  de 
gomme  laque.  Quand  la  bobine  fut  terminée,  je  la  laissai  pendant  une 
journée  dans  le  four  de  mon  poêle,  et  après  l'avoir jnontée,  je  recueil- 
lis  de  l'électricité  statique,  c'est-à-dire  des  étincelles.  J'avais  formé» 
alors  non  pas  une  simple  bobine,  mais  une  sorte  de  bouteille  de  Leyde 
se  chargeant  en  cascade. 


Fig.  t. 

Si  je  veux  construire  une  bobine  donnant  de  longues  étincelles,  je 
prends  du  fil  induit  très-fin  ;  si,  au  contraire,  les  étincelles  doivent 
être  épaisses,  j'emploie  du  fil  plus  gros,  selon  l'usage  auquel  on  des- 
tine l'appareil. 

J'ai  remarqué  aussi  que  le  résultat  dépend  des  couches  isolantes 
que  l'on  place  sur  chaque  rangée  de  spires  et  que  la  matière  qui 
s'électrise  le  mieux  produit  les  meilleurs  appareils.  Il  est  avantageux 
que  l'isolement  des  spires  ne  soit  pas  épais  pour  ne  point  affaiblir 
l'action  qu'elles  exercent  réciproquement  les  unes  sur  les  autres,  et 
pour  me  rendre  compte  que  les  matières  isolantes  aidaient  à  la  pro- 
duction de  l'électricité  statique,  je  fis  l'expérience  suivante  : 

Je  me  suis  servi  d'un  faisceau  de  fil  de  fer  de  1  mètre  de  longueur 
et  de  5  centimètres  de  diamètre  ;  je  l'ai  couvert  d'une  carte  et  j'ai 
enroulé  dessus  du  fil  de  cuivre  rouge,  nu  et  bien  décapé,  de  2  à 
3  millimètres  de  diamètre,  en  écartant  un  peu  chaque  spire  pour 
qu'elles  ne  soient  pas  en  contact,  et  faisant  passer  le  courant  d'une  pile 
de  12  éléments  Bunsen,  la  force  de  l'aimantation  était  telle  que  je 
pouvais  soulever  par  l'un  des  pôles  un  poids  de  iO  kilos.  JEn  rompant 
le  circuit,  l'étincelle  obtenue  était  brillante. 

J'ôtai  ce  fil  nu  et  je  le  remplaçai  par  un  autre  de  même  grosseur 
mais  fortement  couvert  de  soie  enduite  de  gomme  laque  et  bien  sécliée. 
Le  nombre  de  spires  étant  le  même,  l'aimantation  fut  égale  et  je  sou- 
levai le  même  poids,  mais  en  interrompant  le  courant,  l'étincelle  était 
beaucoup  plus  grosse  et  entourée  d'une  auréole. 


«6  LES  MONDES; 

Si  les  gavants  qui  ont  travaillé  sur  ce  sujet  il  y  a  20  ans,  pensaient 
que  le  courant  d'induction  n'influencerait  pas  la  matière  isolante  qui 
l'enveloppe,  c'est  que  l'on  ignorait  alors  que  cet  appareil  est  le  plus 
puissant  générateur  de  l'électricité  statique  dont  chaque  spire  pos- 
sède une  faible  partie  fqui  s'accumule  les  unes  sur  les  autres,  comme 
une  boule  de  neige  qui  en  roulant  devient  avalanche. 

Dans  l'analyse  de  la  bouteille  de  Leyde,  il  est  bien  prouvé  que  le 
verre  se  charge  par  l'influence  des  armures  métalliques.  L'expérience 
de  M.  Faraday  démontre  Faction  inductrice  de  l'âeetricité  statique 
sur  les  corps  isolants,  et  M.  Matteucci  a  rendu  évidente  la  péné- 
tration de  cette  action. 

Le  premier  appareil  que  j'ai  construit  fut  employé  de  suite  par 
MM.  Becquerel  et  Frémy  pour  produire  l'ozone  ;  par  M.  Masson,  pour 
les  spectres  des  métaux  et  les  spectres  des  différents  gaz  ;  par  moi, 
pour  démontrer  la  stratification  de  la  lumière  électrique  dans  les  va- 
peurs raréfiées,  ainsi  que  dans  plusieurs  applications  à  l'industrie,  et 
il  fut  promptement  répandu  dans  le  monde  savant. 

M.  Fizeau  ajouta  un  condensateur  publié  dans  le  Compte  fendu  de 
l'Académie  des  sciences  ;  mais,  par  cette  addition,  l'appareil  devenant 
beaucoup  plus  puissant,  il  se  perçait,  parce  que  la  tension  était  trop 
forte  à  l'extrémité  de  chaque  rangée  de  spires.  Pour  éviter  cet  incon- 
vénient, j'ai  mis  une  cloison  au  milieu,  et  il  existe  encore  à  Paris 
deux  appareils  de  cette  construction  ;  l'un  à  l'Ecole  centrale,  l'autre  i 
l'Ecole  normale  et  livrés  tous  les  deux  à  cette  époque. 


M.  Poggendoi ff  partagea  la  bobine  en  un  grand  nombre  de  cloisons 
(décrite  dans  ses  annales),  et  M.  Foucault  ajouta  un  interrupteur  à 
mercure  publié  dans  le  Compte  rendu  de  l'Académie  des  sciences,  et 
qui  contribue  à  rendre  l'appareil  plus  puissant. 


Ponr  la  solidité,  M .  Ritchie  augmenta  davantage  encore  te  nombre 
des  cloisons  (publié  dans  le  journal  de  Boston). 


J'ai  adopté,  pour  les  grands  appareils,  lejcloisonnement  des  bobines, 
et  j'ai  eu  soin  d'en  (prévenir  mes  clients  pour  qu'ils  n'aient  pae  de 
crainte  qu'ils  se  percent. 


PHYSIQUE  MOLÉCUUIRE 


8ur  les    mouvraient»  moléculaires  et  inr  les)  chfio-   ' 
gement*  magnétique»  qui  ont  lien  dans  le  fer  à  de» 
températures  différentes,   par    M.   G.  Gore. 

L'auteur  prend  un  barreau  parfaitement  droit  de  fer  doux,  long 
de  81,3  centimètres  sur  9,3  millimètres  de  diamètres.  L'une  des 
extrémités  de  ce  barreau1,  maintenue  horizontale  au  moyen  de 
deux  supports  en  bois,  est  introduite  dans  une  hélice  creuse  de 
(il   de  cuivre  mince,  isolé,  communiquant  aver   un   galvanomètre, 


68  LES  MONDES. 

tandis  que  l'autre  extrémité  se  trouve  placée  dans  l'intérieur  d'une 
hélice  en  fil  de  cuivre  beaucoup  plus  gros,  mise  en  rapport  avec  une 
forte  pile  composée  de  dix  couples  de  Staée.  Le  barreau  ainsi  disposé 
est  chauffé  au  rouge,  dans  la  partie  voisine  du  milieu,  au  moyen  de 
cinq  becs  de  Bunsen  ;  et  pour  augmenter  encore  la  chaleur,  cette  por- 
tion du  barreau  est  pourvue  d'un  revêtement  en  briques  réfractaires. 
Si,  avant  de  chauffer  le  barreau,  on  établit  [la  communication  entre 
l'hélice  en  gros  fil  de  cuivre  et  la  pile,  aussitôt  une  déviation  de  14  à 
16*  se  fait  remarquer  dans  les  aiguilles  du  galvanomètre;  mais,  dès 
que  le  milieu  du  barreau  a  été  chauffé  au  rouge,  cette  déviation  n'a 
plus  été  que  de  4\  Dans  une  seconde  expérience  avec  un  barreau  de 
61  centimètres  de  long  sur  12,7  millimètres  de  diamètre,  l'auteur  a 
obtenu  à  la  chaleur  rouge  une  déviation  de  20  à  2S°,  et,  lorsque  le 
barreau  avait  repris  sa  température  ordinaire,  une  déviation  violente 
et  instantanée  de  90°.  Des  résultats  analogues  mais  moins  frappants 
ont  été  obtenus  en  substituant  à  la  pile  et  à  l'hélice  un  simple  bar- 
reau aimanté.  L'auteur  croit  pouvoir  conclure  de  ces  premières  expé- 
riences qu'une  température  égale  à  la  chaleur  rouge  appliquée  à  la 
portion  moyenne  d'un  barreau  en  fer  forgé,  bien  qu'elle  diminue 
largement  la  transmission  du  [magnétisme  le  long  de  ce  barreau,  ne 
l'empêche  cependant  pas  complètement.  11  entoure  d'une  hélice  de  fil 
de  cuivre  mince,  isolé,  l'une  des  extrémités  d'un  barreau  de  fer  long 
de  81,3  centimètres  sur  9,5  millimètres  de  diamètre,  placé  dans  une 
position  horizontale  et  perpendiculairement,  par  rapport  au  méridien 
magnétique*  L'hélice  se  trouve  en  communication  avec  un  galvano- 
mètre placé  à  une  certaine  distance.  En  chauffant  graduellement  au 
rouge  vif  le  milieu  du  'barreau,  il  a  remarqué,  dès  que  celui-ci  avait 
atteint  le  rouge  mat,  une  déviation  subite  des  aiguilles  du  galvano- 
mètre. 

Un  refroidissement  graduel  a  provoqué  une  nouvelle  déviation 
subite,  mais  en  sens  contraire,  au  moment  où  le  barreau  chauffé  au 
rouge  vif  était  redescendu  au  rouge  mat.  Les  directions  du  courant 
induit  ont  été  conformes,  pendant  la  période  de  réchauffement,  à 
celles  qui  seraient  résultées  d'une  diminution  de  magnétisme  et,  pen- 
dant la  période  du  refroidissement,  à  celles  qui  auraient  été  produites 
par  un  accroissement  de  magnétisme.  Dans  une  seconde  expérience, 
l'une  des  extrémités  d'un  barreau  de  fer  de  61  centimètres  de  long 
sur  12,7  millimètres  d'épaisseur  a  été  mise  en  contact  avec  le  pôle  nord 
d'un  barreau  aimanté,  tandis  que  son  autre  extrémité,  enveloppée 
d'une  hélice  de  1 2,7  centimètres  de  long  sur  0,25  millimètres  de 
diamètre,  renfermant  20  couches  ou  2  674  tours  de  fil  de  cuivre  isolé, 


LES  MONDES.  «9 

se  trouvait  en  communication  avec  un  galvanomètre.  Le  milieu  du 
barreau  ayant  été  chauffé  au  rouge  comme  précédemment,  on  a  re- 
marqué pendant  le  réchauffement  une  faible  déviation  des  aiguilles 
et  pendant  le  refroidissement  une  déviation  de  3*  en  sens  invbrse*  Les 
directions  du  courant  étaient  d'ailleurs  les  mêmes  que  dans  le  cas  pré- 
cédent, montrant  que  la  capacité  magnétique  du  barreau  s'était  subite* 
ment  accrue,  au  commencement  de  la  période  de  refroidissement,  à  la 
température  de  la  chaleur  rouge  modérée,  la  même  probablement  que 
celle  à  laquelle  il  subit  la  diminution  anormale  de  cohésion  accompa- 
gnée d'allongement  déjà  remarquée. 

L'une  des  extrémités  du  même  barreau  ayant  été  enveloppée  d'une 
hélice  en  cuivre  mince,  on  a  introduit  l'extrémité  opposée  d?ns  une 
hélice  de  gros  fil  de  cuivre  de  13,3  centimètres  de  long  sur  4,5 
millimètre  d'épaisseur,  renfermant  8  couches  ou  464  tours  du  n*  46, 
et  mise  en  communication  avec  une  pile  de  dix  couples  de  Smée. 

En  chauffant  graduellement  ce  barreau  comme  précédemment,  l'au- 
teur a  remarqué,  au  moment  où  il  a  atteint  la  chaleur  rouge  mat, 
une  déviation  des  aiguilles  faible  et  irrégulière  de  4*  1/2;  elles  sont 
ensuite  revenues  à  zéro  et  y  sont  restées  pendant  qu'on  a  continué  à 
chauffer  le  barreau  jusqu'au  rouge  vif.  Les  becs  de  gaz  ayant  été  alors 
éteints  subitement,  en  moins  d'une  demi-minute  les  aiguilles  ont  été 
déviées  lentement  de  49  dans  la  direction  opposée,  et,  après  un  instant 
d'arrêt  de  8*  42',  pour  revenir  au  bout  de  quelques  instants  osciller 
autour  du  zéro,  point  auquel  elles  sont  restées  pendant  toute  la  durée 
du  refroidissement.  Les  directions  des  courants  étaient  les  mêmes  que 
précédemment. 


THERMIQUE  APP  LÏQUÉE 


Appareil  peur  la  combustion  des  feullee  de  pétrole* 
employées  comme  moyen  de  ehaufTage,  dane  le»  four- 
neaux d'usinée,  etc. ,  par  M.  H.  Sàinte-Cljjre  Dkviixe, par 
M.  Wdssnego.  — ■  Dans  notre  première  année  (pages  4  S  et  45),  nous 
avons  parlé  des  appareils  imaginés  par  M.  H.  Sainte-Claire  Deville,  pour 
l'emploi  [des  huiles  de  pétrole  destinées  au  chauffage  industriel  des 
fourneaux  d'usines  ;  nous  avons  même  donné  (page  45),  le  dessin  des 
dispositions  adoptées  aux  locomotives  des  chemins  de  fer  de  l'Est. 
Aujourd'hui,  nous  ferons  la  description  des  derniers  modèles  de  ce 
genre,  installés  par  M.  Wiesnegg  aux  laboratoires  de  l'école  normale. 


70  LES  MONDES. 

de  la  Serbonne,  etc.,  où  ce  mode  de  combustible  fonctionne  pour  ccr- 
aines  expériences.  Notre  ligure  30  en  donne  la  représentation  exacte. 
Comme  on  peut  le  voir,  un  grand  réservoir,  en  tôle,  monté  sur  trois 
pieds,  sert  à  contenir  l'huile  combustible  ;  ce  réservoir  porte  sur  l'un 
des  cotés  un  tube  indicateur  du  niveau  intérieur  de  l'huile,  puis,  à  la 
partie  supérieure,  un  robinet  de  sûreté  pour  permettre  lé  dégagement 
des  gaz  explosifs,  et  enfia  un  tube  entonnoir  pour  son  emplissage  et 
maintenir  des  émanations  volatiles  ;  à  la  partie  inférieure  du  réservoir, 
se  trouve  un  robinet  d'écoulement  relié  par  un  caoutchouc  à  l'appa- 
reil de  distribution  de  l'huile.  Cette  partie  est  directement  montée  sur 
le  fourneau.' A  l'intérieur,  il  se  compose  :  1°  d'un  conduit  relié  par  le 
caoutchouc  au  robinet  d'écoulement  ;  2°  de  robinets,  montés  sur  le 
conduit;  ces  robinets  se  règlent.,  comme  distribution,  par  un  bouton- 
clef,  placé  sur  le  haut  du  corps  du  robinet,  et  versent  le  liquide  par 
des  tuyaux  d'écoulement,  qui  descendent  à  une  certaine  distance; 
3°  d'entonnoirs  correspondant  à  chaque  robinet  et  qui  reçoivent  le 
liquide  qui  s'y  déverse  goutte  à  goutte  ;  4°  d'une  grille  creuse  à  rigole, 
où  coule  le  pétrole,  qui  arrive  par  les  entonnoirs  ;  à  cette  grille  se 
trouve  placée  une  porte  qui  permet  plus  ou  moins  l'entrée  de  l'air. 

Quand  on  veut  faire  marcher  ce  système  de  chauffage,  on  com- 
mence à  régler  l'écoulement  du  liquide  dans  le  réservoir,  de  manière 
à  alimenter  régulièrement  le  conduit  et  les  robinets  de  distribution  ; 
ces  derniers  doivent  être  ouverts  dans  le  seul  but  de  faire  tomber 
l'huile  goutte  à  goutte  dans  les  entonnoirs  de  déversement.  Ceux-ci, 
qui  se  trouvent  en  communication  et  en  même  nombre  que  les  bar- 
reaux de  la  grille,  doivent  le  répandre  au  fur  et  à  mesure  que  la  com- 
bustion s'accomplit.  La  grille  de  combustion  est  verticale  à  4  barreaux 
creusés  en  rigole,  c'est-à-dire  ayant  la  forme  d'une  gouttière  :  chaque 
barreau  est  reliée  et  en  communication  avec  le  tube  et  l'entonnoir  qui 
reçoit  l'huile.  L'air  passant  entre  chaque  barreau,  brûle,  par  son 
oxygène,  lés  produits  du  pétrole  vaporisé  par  la  chaleur  du  feu  qui  est 
entretenu.  Au  bas  de  la  grille  est  placée  une  forte  rigole  où  l'huile  qui 
goutte  et  qui  n'est  pas  brûlée  d'abore  se  réunit  et  se  voiatilise  peu  à 
peu  par  la  chaleur  du  foyer  et  se  brûle  ensuite.  On  règle  par  une  porte 
bascule  l'arrivée  de  l'air  pour  la  combustion.  Pour  allumer  ce  genre 
de  foyer  on  met  le  feu  à  de  la  paille  ou  à  du  papier  qui  prend,  quand 
l'huile  l'imbibe  et  peu  à  peu  échauffe  le  fourneau  de  manière  à  volati- 
liser le  liquide  qui  coule,  en  sorte  que  ce  sont,  au  bout  de  quelque 
temps,  des  gaz  ou  vapeurs  qui  brûlent.  La  flamme  est  très-longue  et 
très-intense  ;  nous  y  avons  vu  fondre  du  fer,  du  cuivre,  etc.,  et  pro- 
duire des  températures  que  Ton  obtient  difficilement  avec  le  charbon 


LES  MONDES.  71 

seuL  Cegcnre  de  fourneau  dispause  de  soufflet  :  il  n'y  a  pas  de  mâche- 
fers, ni  de  ringarages,  etcM  par  conséquent,  il  y  a  propreté  et  aisance 
pour  les  travaux  de  laboratoire.  Nous  ne  saurions  trop  le  recomman- 
der, aux  chimistes,  car  par  les  derniers  perfectionnements  apportés  à 
ces  appareils  par  M.  Wiesnegg,  le  maniement  en  est  très-facile  et 
tris-rapide  et  il  permet  d'obtenir  des  résultats  presque  impossibles 
jadis  par  les  autres  systèmes.  —  C.  Msjue.  [Revue  de  Chimie.) 


MÉCANIQUE 

■or  la  transformation  du  potentiel  par  rayon*  vee  - 
tenro  réciproque»,  par  M.  Haton  de  la  Goupillière.—  Je  me 
propose  ici  d'apprécier  les  résultats  de  la  transformation  par  rayons 
vecteurs  réciproques 

rr'  =  *a, 

appliquée  à  un  potentiel  quelconque.  J'envisagerai  pour  cela,  en  pre- 
mier lieu,  le  potentiel  cylindrique,  c'est-à-dire  celui  d'un  système  de 
droites  parallèles,  en  ne  considérant,  suivant  l'usage,  que  les  pieds  de 
oes  dernières  et  non  les  droites  elles-mêmes.  Le  résultat  est  encore 
un  pareil  potentiel,  et  le  nouveau  système  matériel  est  alors  formé  des 
masses  du  proposé,  transportées  sans  altération  aux  points  réciproques, 
et,  en  outre,  d'un  centre  additionnel  résultant  de  la  condensation  au 
pôle  de  toutes  ces  masses,  en  rendant  attractives  celles  qui  sont  répul- 
sives, et  réciproquement.  Le  potentiel  cylindrique  a,  en  effet,  pour 
expression  générale 

zm  log  <?, 

» 

si  £  représente  la  distance  du  point  attiré  au  centre  de  masse  m.  Dé- 
signons de  même  par  R  et  r,  les  distances  du  pôle  au  centre  d'action 
et  au  point  matériel.  Les  triangles  <?Rr,  <J'RV  seront  semblables  dans 
les  deux  figures,  et  donneront 

(i)  7-ïï>  *  —  K'7' 

En  substituant  cette  valeur  et  supprimant  les  termes  constants  qui 

sont  sans  influence  pour  les  usages  auxquels  est  employé  le  potentiel, 

il  vient 

SrologJ'  — log  r'zm, 

ce  qui  démontre  l'énoncé  ci-dessus*  , 


74  LES  MONDES. 

Il  convient  de  signaler,  en  particulier,  «  le  cas  où  le  système  pro- 
posé renfermerait  une  somme  égale  de  masses  attractives  et  répulsive», 
distribuées  du  reste  d'une  manière  quelconque  :  le  centre  additionnel 
s'évanouit  alors  de  lui-même,  et  Ton  n'a  plus  alors  qu'à  transformer 
par  rayons  réciproques  le  système  matériel  proposé,  sans  en  altérer 
les  masses.  »  C'est  ce  qui  arrivera,  notamment,  toutes  les  fois  qu'on 
redoublera  la  transformation  avec  un  nouveau  pôle  quelconque.  En 
se  servant  en  particulier  du  même  pôle,  on  reproduit  le  système  pro- 
posé, car  la  masse  additionnelle  de  la  première  transformation  se  trouve 
reportée  à  l'infini  par  la  seconde,  et  peut  être  supprimée,  puisqu'elle 
demeure  sans  action  dynamique  sur  le  point  matériel. 

J'indiquerai  deux  vériûcations  de  ces  principes,  en  remarquant  qu'il 
suffit  de  faire  cette  constatation  pour  les  trajectoires  orthogonales  des 
courbes  de  niveau,  et  non  pour  ces  dernières  directement.  En  effet,  ce 
genre  de  transformation  n'altérant  pas  les  angles,  si  les  trajectoires 
orthogonales  se  correspondent  dans  les  deux  figures,  il  en  sera  de 
même  des  courbes  de  niveau.  Si  l'on  envisage  d'abord  un  centre 
unique,  la  règle  précédente  en  déduit  un  système  de  deux  centres 
égara,  l'un  attractif,  l'autre  répulsif.  Et  en  effet,  les  trajectoires  du 
premier  système  étant  des  droites  divergentes,  leurs  transformées 
seront  des  cercles  passant  d'une  part  au  pôle  comme  conjuguées  de 
lignes  droites,  et  en  second  lieu,  par  le  transformé  de  l'ancien  centre 
où  se  croisent  les  proposées.  Et  tel  est,  par  le  fait,  le  système  des  tra- 
jectoires orthogonales  de  ce  potentiel  étudié  en  détail  par  Lamé. 

Considérons,  en  second  lieu,  ce  dernier  potentiel  avec  un  pôle  quel- 
conque de  transformation.  Il  rentre  dans  le  cas  où  le  centre  addition- 
nel s'évanouit  de  lui-même.  Le  transformé  aura  donc  une  constitution 
identique,  et,  par  suite,  le  réseau  peut  changer  de  place  et  de  dimen- 
sions, mais  non  de  forme,  par  l'opération.  En  effet,  les  cercles  passant 
aux  deux  points  fixes  se  changeront  en  d'autres  cercles,  qui  se  croise- 
ront encore  aux  transformés  des  anciens  centres. 

Envisageons  maintenant  le  potentiel  général  dans  l'espace  à  trois 
dimensions.  On  sait  qu'une  fonction  isotherme  perd  cette  propriété 
dans  la  transformation  par  rayons  réciproques,  mais  que,  d'un  autre 
côté,  le  produit  d'une  pareille  fonction  par  le  rayon  vecteur  devient 
isotherme  par  cette  opération.  J'ai  de  plus  montré  (Journal  d*  F  Ecole 
polytechnique,  t.  XXV,  p.  497),  que  cette  méthode  de  déformation,  à 
la  fois  géométrique  et  thermique,  est  seule  capable  d'un  tel  résultat. 
Tout  potentiel  étant  une  fonction  isotherme  dans  la  loi  de  gravitation, 
ne  saurait  donc  rester  un  potentiel  après  la  transformation.  Mais  son 
produit  par  le  rayon  vecteur  devenant  isotherme  par  cette  opération, 


LES  MONDES.  73 

il  y  a  lieu  de  se  poser  à  son  égard,  et  seulement  pour  cette  fonction, 
la  même  question  que  ci-dessus.  Je  formulerai  à  cet  égard  l'énoncé 
suivant  :  €  La  transformée  du  produit  d'un  potentiel  par  le  rayon  vec- 
teur est  le  potentiel  d'un  système  matériel,  que  l'on  obtient  en  modi- 
fiant les  masses  et  leurs  rayons,  en  raison  inverse  de  ces  mêmes  rqyons 
vecteurs.  »  En  effet,  le  potentiel  a  pour  expression  générale 

V2i. 

Zà  6  ' 

son  produit  par  le  rayon  vecteur  du  point  attiré 

V      r 

ou  d'après  la  formule  (1) 

Zà  ~  ~~  ô'  * 

On  reforme  ainsi  une  expression  analogue  avec  de6  masses  m',  qui 
sont  le  produit  des  anciennes  m  par  leurs  nouveaux  rayons  R',  ou  leur 
quotient  par  les  anciens  R.  On  retrouve  ainsi  inversement,  comme  seul 
possible,  le  mode  de  déformation  imaginé  directement  par  M.  Villié, 
dans  sa  thçse. 

Si  Ton  considère  enfin  un  potentiel  non  isotherme  relatif,  non  plus 
à  la  gravitation,  mais  à  une  loi  d'attraction  suivant  une  puissance 
quelconque  de  la  distance,  on  établira  de  même  le  théorème  suivant  : 
«  Si  Ton  divise  par  la  puissance  n  -+-  1  du  rayon  vecteur  le  potentiel 
relatif  à  une  loi  d'attraction  suivant  la  puissance  n  de  la  distance,  le 
résultat  transformé  par  rayons  vecteurs  réciproques  est  le  potentiel 
pour  la  même  loi  d'un  système  matériel  dérivé  du  précédent  en  trans- 
posant les  centres  suivant  la  règle  des  rayons  réciproques,  et  modi- 
fiant, en  outre,  les  masses  elles-mêmes  dans  le  rapport  de  l'unité  à  la 
(n+  i)e  puissance  de  leurs  anciennes  distances  au  pôle.  » 

Faisons  toutefois  une  exception  pour  la  loi  d'attraction  en  raison 
inverse  de  la  simple  distance.  Le  potentiel  cesse  alors  d'être  algé- 
brique. Il  devient  logarithmique,  et  l'on  doit  lui  appliquer  la  règle 
toute  différente  qui  a  été  donnée  en  commençant  pour  le  potentiel 
cylindrique  de  la  loi  de  gravitation. 


MMAvMMk 


0 


74  LES  MONDES. 

SCIENCE  EN  HOLLANDE 

SUITE  ET  FIN 

Sur  le*  forme*  caudale*  allongées  de*  oiseaux  de 
Paradl*.  —  Conclusions.  —  Les  faits  observés  par  l'auteur  se  lais- 
sent résumer  de  la  manière  suivantes  : 

1°  Le  développement  des  deux  plumes  caudales  allongées  des 
oiseaux  de  Paradis  mâles  de  la  première  année  nous  montre  comment 
a  agi  successivement  la  sélection  sexuelle,  puisque  ces  divers  états  on- 
togéniques  doivent  être  regardés  comme  récapitulant  en  quelque  sorte 
la  série  des  phénomènes  phylogéniques  ; 

2°  Il  est  digne  de  remarque  que  dans  les  robes  de  noces  suivantes 
les  plumes  n'ont  pas  à  parcourir  chaque  fois  de  nouveau  tous  ces  états 
ontogéniques  ;  la  marche  du  développement  est  simplifiée  :  les  jeunes 
mâles  de  la  première  année  sont  surpassés  par  les  vieux  en  élégance 
et  en  richesse  de  plumage ,  et  il  est,  par  conséquent,  probable  qu'ils 
n'arrivent  à  se  reproduire  que  dans  les  cas  exceptionnels.  Or,  comme 
les  vieux  mâles  sont  non-seulement  les  plus  beaux  mais  aussi  les  plus 
forts  et  les  plus  experts,  il  est  favorable  à  la  conservation  et  au  perfec- 
tionnement de  la  race  qu'ils  restent  chargés,  autant  que  possible,  ex- 
clusivement du  soin  de  la  reproduction. 

39  Les  oiseaux  de  Paradis  sont  au  nombre  des  oiseaux  dont  les 
mâles  perdent  leur  brillant  plumage  au  moment  où  cessent  les  in- 
fluences de  la  sélection  sexuelle  ;  mais  comme  au  retour  de  la  saison 
de  l'hjimen,  ils  ont  de  nouveau  à  soutenir  la  lutte  pour  le  prix  de 
l'amour,  ce  brillant  plumage  doit  aussi  se  régénérer  chaque  année. 

4°  Plusieurs  espèces  (papuana  apoda)  conservent  pendant  toute  leur 
vie  ou  ne  perdent  qu'accidentellement  certaines  parties  de  ce  plumage 
de  noces,  savoir  les  plumes  caudales  modifiées.  D'autres  espèces  (ru- 
bra)  ne  dépouillent  ces  mêmes  parties  qu'une  seule  fois  après  la  pre- 
mière robe  dç  noces;  d'autres  enQn  (regia  speciosa)  (Nelsoni  ??)  en 
changent  tous  les  ans. 

Quelque*  e**al*  eoneemant  le  titrage  de*  alcaloïde* 
du  quinquina,  par  M.  P.-J.  Van  Kerckhof*'.  —  Conclusions.  — 
1*  L'emploi  de  l'éther  comme  liquide  volumétro-analytique  (proposé 
par  MM.  Glénard  et  Guiilermond)  peut  être  entièrement  évité  ; 

2*  Le  dosage  proposé,  exécuté  avec  soin,  donne  des  résultats  très- 
satisfaisants  ; 


LES  MONDES.  75 

3°  En  faisant,  par  cette  méthode,  des  essais  comparatifs  sur  le 
même  quinquina,  on  obtient  des  chiffres  bien  concordants  ; 

4*  La  méthode  se  recommande  par  la  facilité  avec  laquelle  on  se 
débarrasse  des  autres  matières  contenues  dans  l'écorce,  et  Ton  obtient 
une  solution  incolore; 

5*  D'un  côté,  il  est  vrai,  elle  tend  à  donner  une  proportion  de  qui- 
nine un  peu  trop  forte,  parce  .que  la  quinidine  (si  celle-ci  existe  réel- 
lement dans  l'écorce)  et  la  chinchonine  ne  sont  pas  tout  à  fait  inso- 
lubles dans  l'éther;  mais  cette  erreur  est  contrebalancée  par  une  autre 
agissant  en  sens  contraire,  qui  provient  de  ce  que  la  quinine  n'est  pas 
absolument  insoluble  dans  l'eau  ; 

6°  La  méthode  ne  devient  propre  à  faire  connaître  la  proportion  de 
quinidine  et  de  chinchonine  que  si  la  partie  insoluble  dans  l'éther  est 
soumise  à  un  traitement  ultérieur,  traitement  auquel  la  méthode  de 
M.  De  Vrij  parait  pouvoir  s'appliquer  avec  succès.  Dans  les  essais 
dont  je  viens  de  rendre  compte,  je  n'ai  pas  effectué  cette  séparation. 

Bmr  la  durée  et  la  marche  de*  courant»  galvanique* 
d'Induction,  par  M.  A.  Nyland.  —  fiésumé  et  conclusions.  — 
1 .  Les  courants  dus  à  l'induction  voltalque  pure  sont  tris-faibles  (à 
peine  sensibles  physiologiquement)  et  durent  sur  papier  à»  fleurs 
0,002  secondes  à  la  fermeture  et  0,0043  secondes  à  l'ouverture.  Dans 
ces  expériences,  la  batterie  inductrice  se  composait  de  10  éléments  de 
Grove,  la  spirale  primaire  de  30  mètres  de  fil  de  cuivre,  épais  de 
2  1/4  mi lli m.  et  recouvert  de  soie;  la  spirale  secondaire  était  celle 
du  grand  inducteur  de  Ruhmkorff.  Ces  décharges  se  composent,  de 
même  que  toutes  les  suivantes,  d'étincelles  séparées  ;  le  retard  de  la 
décharge,  c'est-à-dire  le  temps  qui  s'écoule  entre  l'ouverture  ou  la 
fermeture  du  courant  primaire  et  la  première  étincelle  du  courant 
d'induction,  est  un  peu  moindre  à  l'ouverture  qu'à  la  fermeture.  Infé- 
rieure dans  les  deux  cas  à  1/20  (de  vibration  1/246  de  seconde). 

2.  Lorsqu'on  introduit  des  noyaux  de  fer  dans  cette  spirale  primaire, 
les  courants  induits  deviennent  beaucoup  plus  énergiques  et  dé  plus 
longue  durée.  Un  barreau  de  82  centim.  de  longueur  et  de  2,2  centim. 
d'épaisseur  donne,  avec  la  même  batterie  inductrice,  des  courants  qui, 
sur  papier  à  fleurs,  durent  10  vibrations  à  la  fermeture  et  10  1/2  vi- 
brations à  l'ouverture.  Le  retard  de  la  décharge  est  de  nouveau  plus 
court  lors  de  l'ouverture  que  lors  de  la  fermeture.  Les  courants  d'ou- 
verture peuvent  traverser  une  couche  d'air  de  14  millimètres,  ceux  de 
la  fermeture  une  couche  de  6  millimètres  seulemeut.  Si,  à  la  place  du 
barreau,  on  introduit  dans  la  spirale  primaire  un  faisceau  de  45  fils 


70  LES  MONDES. 

de  fer  long  de  53  \fè  centim.  et  épais  de  4  millimètre,  on  obtient  des 
courants  induits  de  plus  courte  durée  qu'avec  le  barreau,  mais  qui 
reproduisent  du  reste  les  mêmes  particularités. 

3.  Le  Ruhmkorff  complet  donne  les  courants  les  plus  énergiques  et 
nous  apprend  les  faits  suivants  : 

A.  Les  décharges  se  composent  de  centaines  d'étincelles  qui,  d'abord 
séparées  par  des  interruptions,  se  suivent  ensuite  régulièrement  en 
augmentant  en  nombre  et  diminuant  en  grandeur.  Dans  les  décharges 
d'ouverture,  c'est  la  première  étincelle  qui  est  la  plus  forte  ;  dans  les 
décharges  de  fermeture,  ce  sont  les  étincelles  de  la  2*  vibration. 

B.  La  durée  des  décharges  d'ouverture  et  de  fermeture  est  la  même, 
au  moins  quand  la  résistance  est  faible  ;  sur  papier  à  fleurs,  par  exem- 
ple, elles  durent  l'une  et  l'autre  17  à  48  vibrations. 

Une  plus  grande  rapidité  d'ouverture  ou  de  fermeture  n'a  pas  d'in- 
fluence appréciable  sur  la  durée.  La  durée  des  décharges  croit  avec  le 
nombre  des  éléments  de  la  batterie,  mais  non  dans  le  même  rapport. 

G.  Les  interruptions  entre  les  étincelles  sont  tantôt  plus  nombreuses 
dans  les  décharges  de  fermeture  et  tantôt  dans  les  décharges  d'ouver- 
ture, suivant  que  l'électrode  a  communiqué  avec  le  diapason  ou  le 
cylindre.  Toutefois,  quand  on  laisse  les  deux  électrodes  sur  le  cylindre, 
on  n'en  trouve  pas  moins  des  interruptions  dans  le  tracé  double  de 
chacune  des  décharges,  de  sorte  que  ces  interruptions  doivent  être 
une  conséquence  du  mouvement  de  l'électricité  dans  les  conducteurs. 
La  première  interruption  des  décharges  d'ouverture  croit  régulière- 
ment avec  la  force  de  la  batterie  ;  celle  des  décharges  de  fermeture 
croit  aussi,  mais  moins  régulièrement. 

D.  Le  retard  des  décharges  d'ouverture  est  de  4/20  de  vibration 
ou  moindre;  celui  des  décharges  de  fermeture  est  de  4i40  de  vibwftion 
ou  moindre;  celui  des  décharges  de  lermetureest  de  4 [4 9  de  vibra- 
tion ou  moindre. 

E.  Les  expériences  sans  résistance  (les  extrémités  de  la  spirale  se- 
condaire étant  en  contact  métallique)  apprennent  que,  dans  ce  cas, 
toutes  les  décharges  durent  beaucoup  plus  longtemps.  Réciproque- 
ment, une  grande  résistance,  par  exemple  celle  du  mica  raccourcit  la 
durée. 

F.  Lorsque  les  décharges  ont  à  vaincre  une  couche  d'air  entre  les 
pointes  d'un  micromètre  à  étincelles,  les  décharges  de  fermeture  dis* 
paraissent  déjà  entièrement,  même  avec  les  courants  les  plus  éner- 
giques, pour  une  distance  de  5  millimètres  entre  les  pointes.  A  mesure 
que  la  résistance  de  l'air  augmente,  la  décharge  d'ouverture  décroit 
régulièrement  en  durée,  et  montre  un  retard  croissant. 


LES  MONDES  77 

L'influence  du  condensateur  est  ici  très-appréciable  :  des  courants 
d'ouverture  qui,  pour  une  distance  des  pointes  égale  à  24  millimètres, 
sont  réduits  à  une  seule  étincelle  et  ont  un  retard  de  0,48  vibration, 
peuvent,  avec  le  secours  du  condensateur,  franchir  une  distance  de 
94  millimètres  entre  les  pointes,  en  n'accusant  qu'un  retard  de  0,1  vi- 
bration. 

G.  Une  bouteille  de  Leyde,  introduite  dans  le  circuit  secondaire, 
renforce  en  apparence  les  décharges  qui,  alors,  font  plus  de  bruit,  et 
impriment  leurs  étincelles  plus  fortement  sur  le  papier.  Mais  ces  dé- 
charges ne  peuvent  vaincre  une  aussi  grande  résistance  que  les  dé- 
charges ordinaires.  Les  étincelles  diminuent  en  nombre  vers  la  fin 
des  décharges  et  elles  se  succèdent  sans  interruption. 

H.  Si  la  succession  des  ouvertuies  et  des  fermetures  est  assez  ra- 
pide pour  que  les  courants  d'induction  n'aient  pas  le  temps  de  s'écou. 
1er  régulièrement,  on  obtient  une  destruction  totale  ou  partielle  de 
l'action  et  un  passage  brusque  (en  i{20  de  vibration),  d'une  des  dé- 
charges à  l'autre. 

I.  Les  décharges  unipolaires  sont  de  courte  durée  (1  \\%  vibration), 
se  composent  aussi  d'étincelles  séparées,  et  peuvent  vaincre  des  résis- 
tances presque  aussi  grandes  que  les  décharges  ordinaires.  Les  deux 
extrémités  de  la  spirale  secondaire  donnent  les  mêmes  décharges.  On 
peut  prolonger  la  durée  de  la  décharge  à  l'une  des  deux  extrémités  en 
faisant  communiquer  l'autre  avec  la  terre. 

K.  Les  images  des  décharges  qui  peuvent  être  regardées  comme 
une  analyse  ultérieure  des  étincelles  ne  nous  ont  appris  jusqu'ici, 
outre  les  choses  déjà  trouvées,  qu'un  seul  fait  nouveau  concernant  le 
mode  de  décharge,  à  savoir  que  ce  n'est  pas  l'étincelle  elle-même, 
mais  l'air  qu'elle  traverse,  qui  parait  exercer  l'action  mécanique, 

Étude»  sur  le   Pboleus  ©pllloncldes  Sehranlt,  par 

M.  A.-W.-M.VanHasselt. 

Sur  la  variation  diurne  de  l'inclinaison  magnétique 
à  Batavia,  par  M.  P.-A.  Bergsma.  —  Lés  observations  indiquent 
un  décroissement  de  l'amplitude  de  la  variation  diurne  de  l'inclinaison 
dans  les  moyennes  annuelles  à  mesure  que  la  latitude  s'élève. 

Notes  pour  servir  a  la  connaissance  dn  Presbytes 
alblcena,  par  W.  Marschall. 

Matériaux  pour  la   connaissance  du  basalte,  par 

M:  Seblhbim.  —  Conclusions.  —  On  peut  se  représenter  à  peu  près  de 
la  manière  suivante  la  formation  du  basalte  et  les  changements  suo- 


i 

* 


78  LES  MONDES. 

cessifs  qu'il  subit.  Dans  la  première  période,  on  a  une  masse  argileuse 
plus  ou  moins  plastique  dans  laquelle  l'eau  peut  se  diffuser  suivant 
toutes  les  directions.  Les  divers  éiéments  en  présence  commencent 
à  agir  les  uns  sur  les  autres.  Le  peroxyde  de  fer  est  réduit  par  les  ma- 
tières organiques.  Les  carbonates  de  fer,  de  chaux  et  de  magnésie,  les 
silicates  alcalins,  etc.,  réagissent  sur  l'acide  silicique  et  sur  l'argile* 
La  masse  commence  à  se  remplir  de  productions  cristallines  qui  se 
groupent  autour  de  centres  distincts  et  donnent  naissance  à  la  struc- 
ture grenue.  L'acide  carbonique,  mis  en  liberté,  peut  s'échapper  len- 
tement avec  l'eau,  entre  les  particules  argileuses  qui  ne  sont  pas 
encore  entièrement  décomposées.  La  matière  prenant  une  durtté 
cristalline,  tout  en  étant  encore  pénétrée  de  particules  argileuses  non 
attaquées,  il  s'établit  nécessairement  à  l'intérieur  un  état  de  cohé- 
rence très-inégale.  La  masse  montre,  au  moindre  changement  de 
température,  le  phénomène  de  la  décrépitation,  ou  est  sujette  à  éclater, 
sous  l'influence  d'un  pareil  changement,  en  grains  anguleux  marqués 
de  points  étoiles.  Si,  dans  ce  stade  de  durcissement  progressif ,  il  se 
fait  un  échange  d'acide  carbonique  contre  de  l'oxygène,  ou  une  forma- 
tion de  fer  oxyde  magnétique,  d'après  la  théorie  de  Mohr,  la  division 
prismatique  s'opère  dans  la  masse  parvenue  au  degré  extrême  de  fra- 
gilité. Enfin,  il  vient  un  moment  où  la  tranformation  étant  achevée, 
il  s'établit  un  état  de  stabilité  dans  lequel  la  masse  est  devenue  par- 
tout compacte  et  imperméable,  et  où  les  communications  entre  les 
éléments  ont  cessé.  C'est  la  seconde  période,  de  laquelle  le  basalte 
passe,  quand  les  circonstances  sont  favorables,  à  un  troisième  stade. 
Les  parties  de  fer  oxydé  magnétique  qui,  étant  rapprochées  de  la  sur- 
face des  prismes  sont  exposées  à  l'influence  de  l'air,  commencent  à 
s'oxyder.  L'oxyde  de  fer  qui  sert,  comme  on  le  sait,  de  véhicule  à 
l'oxygène  transmet  cet  élément  d'atome  en  atome  aux  parties  inté- 
rieures, et  les  prismes  s'entourent  de  dehors  en  dedans  d'une  couche 
colorée  en  rouge  qu'on  trouve  par  exemple  très-bien  caractérisée  dans 
les  prismes  de  Minderberg.  Comme  l'oxydation  dans  sa  marche  pro- 
gressive vers  l'intérieur  est  directement  proportionnelle  à  la  surface  de 
la  partie  attaquée  et  inversement  proportionnelle  à  son  volume,  elle 
avancera  plus  rapidement  à  partir  des  angles  où  le  quotient  de  la  sur- 
face par  le  volume  est  plus  grand,  et  la  limite  d'oxydation  se  rappro- 
chera de  la  forme  sphéroïdale  ou  ellipsoïdale.  Simultanément  la  mo- 
dification chimique  détermine  un  changement  de  structure  et,  par  suite 
une  tendance  à  la  formation  de  sphéroïdes,  ou  même  une  division 
formelle  des  prismes  ou  sphéroïdes.  Lorequ'enûn,  et  c'est  là  la  qua- 
trième et  dernière  période,  l'oxyde  de  fer  est  réduit  et  enlrainé  par  les 


LES  MONDES.  79 

agents  extérieurs,  la  roche  devient  poreuse  ;  Peau  s'y  filtre,  l'altération 
commence,  et  dans  la.  dernière  phase  de  cette  période  le  basalte  re- 
tombe à  l'état  d'argile  ;  d'autres  fois,  peut-être,  il  subit  une  transfor- 
mation en  trachyte. 

Matériaux  pour  la  eonualeeanee  de  l'Influencé  de  la 
température  sur  lea  plantée.  —  Four  la  majorité  des  espèces 
observées,  la  température  limite  de  la  vie  se  trouve,  dans  l'eau,  entre  45 
et  47  degrés  et  dans  l'air  (ou  dans  la  terre  sèche),  entre  50  et  52  de- 
grés; mais,  pour  certaines  espèces,  cette  limite  est  située  plus  haut 
et  pour  d'autres  plus  bas.  Si  Ton  tient  compte,  en  outre,  des  algues 
qui  végètent  dans  les  sources  thermales,  on  voit  qu'il  n'est  pas  encore 
possible  d'indiquer  une  température  limite  absolue  pour  la  vie  végétale 
en  général. 

Les  plantes  peuvent  sans  inconvénient  pour  leur  vie  être  refroidies 
pendant  peu  de  temps  jusqu'à  0  degré.  Les  changements  de  tempéra- 
ture, quelque  grands  et  rapides  qu'ils  soient,  pourvu  qu'ils  restent 
au-dessous  de  la  limite  supérieure  trouvée  pour  la  vie  et  au-dessus 
du  point  de  congélation  n'ont  directement  pas  d'influence  nuisible  sur 
la  vie  des  plantes.  Le  mouvement  du  protoplasme  éprouve  un  ralen- 
tissement d'autant  plus  considérable  que  la  variation  de  température 
comprend  un  plus  grand  nombre  de  degrés. 

La  vitesse  d'imbibition  est  d'autant  plus  grande  que  la  température 
est  plus  élevée. 

Les  parois  des  cellules  (vivantes)  renferment  à  l'état  de  saturation 
d'autant  plus  d'eau  que  la  saturation  a  eu  lieu  à  une  température  plus 
élevée.  Les  parois  des  cellules  absorbent  l'eau  et  les  dissolutions  sa- 
lines étendues  avec  d'autant  plus  de  rapidité  que  la  température  est 
plus  élevée. 

Les  parois  cèdent  leur  eau  d'imbibition  aux  agents  de  déshydrata- 
tion avec  d'autant  plus  de  rapidité  que  la  température  est  plus  élevée. 
Il  y  a  pour  chaque  espèce  un  point  d'élection  [optimum)  où  la  crois- 
sance se  fait  avec  plus  de  rapidité  qu'à  toute  autre  température.  Au- 
dessous  de  ce  point  la  longueur  atteinte  augmente  à  mesure  que  la 
température  s'élève,  tandis  qu'au-dessus  elle  diminue  à  mesure  que  la 
température  monte. 

Quelques  observation*  sur  la  aplanehnolo&ie  du 
RMuoeltsetea  juba  tu».  Ver.  et  Demi.,  par  M.  W.  Marschàu. 
—  Chez  cet  oiseau  le  système  viscéral  présente  des  particularités  qui  se 
rencontrent  en  partie  chez  les  échassiers,  en  partie  chez  les  cigognes  : 
c'est  ainsi,  par  exemple,  que  l'estomac,  organe  dont  la  forme  et  la 


80  LES  MONDES 

structure  dépendent  en  première  ligne  du  genre  de  vie,  a,  chez  le  Rhi- 
nochœtesjubatus,  la  forme  de  poche  et  la  consistance  membraneuse, 
comme  chez  les  ordéides,  tandis  que  chez  les  gruides  il  est  toujours 
très-musculeux.  D'un  autre  côté,  et  bien  qu'il  ne  faille  pas  attacher 
trop  d'importance  à  ce  fait,  il  est  remarquable  que  le  caractère  parti- 
culier du  foie  ne  se  trouve  que  chez  un  seul  oiseau  de  Tordre  des 
écha&siers,  chez  le  Caradrius. 

Sur  quelque*  monstruosités  observées  chez  des 
crustacés,  par  M.  J.-A.  Herlots. 

Sur  la  manière  de  vivre  de  l'Eury  tomis  longlpennls 
Wall*.,  par  M.  H.  Wetenbergu. 

La  preuve  directe  que  les  globules  du  sang  four- 
nissent de  la  fibrine,  par  M.  A.  Hkynsius.  —  On  prit  330  du 
plasma  étendu  et  limpide  dans  lequel  les  globules  s'étaient  déposés 
et,  après  y  avoir  ajouté  50  centimètres  cubes  dejsérum  de  vache,  on 
chauffa  à  40  degrés  :  on  obtint  ainsi  0,06?  gr.  de  [fibrine.  Les  globules 
avaient  été  mélangés  avec  4  064  gr.  de  liquide.  On  avait  donc  trouvé 
pour  la  quantité  totale  de  plasma  sanguin  0,114  gr.  ou  0,1  pour  100 
de  fibrine  ;  par  la  saturation  avec  Cl  Na,  on  en  précipita  0,65  p.  100 
de  matière  albuminoïde. 

Quand  du  sang  de  cheval  est  reçu  sous  des  conditions  favorables 
dans  une  solution  de  Cl  Na,  à  1  pour  100,  le  plasma  ne  renferme  que 
9  pour  100  de  la  quantité  de  fibrine  du  sang,  tandis  que  les  globules 
fournissent  le  reste,  c'est-à-dire  91  pour  100. 

La  proposition  que  les  globules  du  sang  sont  réellement  la  source 
principale  de  la  fibrine  de  ce  liquide  est  donc  ainsi  démontrée  directe- 
ment* 

Nouveaux  résultats  de  mesures  sur  le  planometre 
polaire  d'Ain»  1er,  par  M.  Màrtogh  Heys  Van  Zouteween. 

Sur  quelques  nouvelles  formules  de  réduction  dans 
la  théorie  des  intégrales  définies,  par  Rierens  de  Haàn. 


le  dosage  de  l'acide  pnosphorlque  en  présence 
de  l'oxyde  de  fer  et  de  l'alumine,  par  M.  A.  Adrïanse. 


LES  MONDES.  84 


ACCUSÉS  DE  RÉCEPTION 


Théorie  de  la  chaleur,  par  M.  Glerr  Maxwell.  -«Le  dessein 
de  cet  excellent  livre  est  d'exposer  la  connexion  entre  les  diffé- 
rentes phases  du  développement  de  nos  connaissances  sur  la  chaleur. 
Le  premier  degré  de  ce  développement  a  été  l'invention  du  therrao» 
mètre,  qui  donne  le  moyen  de  déterminer  et  de  comparer  les  tempé- 
ratures. Le  second  degré  est  la  mesure  des  quantités  de  chaleur,  ou  la 
calorimétrie.  Toute  la  science  de  la  chaleur  est  fondée  sur  la  thermo- 
métrie  et  la  calorimétrie,  et  lorsqu'on  a  compris  ces  opérations,  on 
peut  airiver  au  troisième  degré,  l'examen  des  rapports  entre  les  pro- 
priétés thermales  et  mécaniques  des  corps,  ce  qui  forme  le  sujet  de  la 
thermodynamique.  Toute  cette  partie  du  sujet  repose  sur  la  considé- 
ration de  l'énergie  intrinsèque  d'un  système  de  corps,  dépendant  de 
la  température  et  de  l'état  physique,  ainsi  que  de  la  forme,  du  mou- 
vement et  de  la  position  relative  de  ces  corps.  Mais  une  partie  seule- 
ment de  cette  énergie  peut  être  utilisée  pour  produire  un  travail 
mécanique,  et  la  partie  utilisable  est  sujette  à  être  diminuée  par  l'ac- 
tion de  certaines  causes  naturelles,  telles  que  la  conduction  et  le 
rayonnement  de  la  chaleur,  le  frottement  et  la  viscosité.  Ces  causes,  qui 
empêchent  d'utiliser  l'énergie  comme  source  de  travail,  sont  classées 
ensemble  sous  le  nom  de  dissipation  de  l'énergie,  et  forment  le  sujet 
delà  division  suivante  du  [livre.  Le  dernier  chapitre  est  consacré  à 
l'explication  des  différents  phénomènes  au  moyen  de  l'hypothèse  que 
les  corps  sont  composés  de  molécules  dont  le  mouvement  constitue  la 
chaleur  de  ces  corps. 

Pour  pouvoir  renfermer  la  discussion  de  ces  sujets  dans  les  limites 
de  ce  manuel,  on  a  reconnu  qu'il  fallait  laisser  de  côté  tout  ce  qui  ne 
forme  pas  une  partie  essentielle  des  moyens  par  lesquels  les  principes 
de  la  science  de  la  chaleur  ont  été  développés,  ou  qui  ne  peut  servir  à 
l'étudiant  pour  former  son  jugement  sur  cette  science. 

C'est  pourquoi  Ton  ne  donne  pas  le  détail  de  plusieurs  expériences 
très- importantes,  et  l'on  a  omis  plusieurs  démonstrations  delà  théorie 
de  la  chaleur  par  les  phénomènes  naturels.  Mais  l'étudiant  trouvera 
cette  partie  du  sujet  traitée  bien  plus  au  long  dans  plusieurs  ouvrages 
excellents  sur  le  même  sujet  qui  ont  été  publiés  récemment. 

On  trouvera  un  exposé  complet  des  expériences  les  plus  importantes 
sur  la  chaleur  dans  le  a  Traité  de  la  chaleur  »  de  Dixon  (Hogges  et 
Smith,  1849). 


*S  LES  MONDES. 

> 

Les  traités  du  professeur  Balfour  Stewart  contiennent  tout  ce  qu'il 
est  nécessaire  de  savoir  peur  faire  des  expériences  sur  la  chaleur. 
L'étudiant  peut  encore  consulter  la  o  Philosophie  naturelle  »  de  Du- 
hamel, deuxième  partie,  traduite  par  le  professeur  Everett,  qui  a 
ajouté  un  chapitre  sur  la  thermodynamique  ;  l'ouvrage  du  professeur 
Rankine  sur  la  machine  à  vapeur;  la  a  Thermodynamique»,  du  pro- 
fesseur tait,  qui  contient  une  esquisse  historique  de  la  question,  et 
des  recherches  mathématiques  ;  et  l'ouvrage  du  professeur  Tyndall, 
sur  a  La  chaleur  comme  mode  de  mouvement,  »  dans  lequel  les  prin- 
cipes de  la  science  sont  facilement  gravés  dans  l'esprit  par  des  expé- 
riences démonstratives  bien*choisies. 

Annuaire  pour  l'an  18**,  publié  pur  le  bureau  dea 
Longitude»,  volume  in-18  de  466  pages.  Paris,  Gauthier- Villars, 
Prix  :  1  fr.  35  cent.  —  C'est  la  volume  publié  annuellement  sans 
innovations  sensibles,  avec  une  notice  sur  les  comètes  périodiques, 
par  M.  Delaunay.  Le  but  de  ce  petit  travail  est  de  réunir  les  diverses 
données  historiques  ralatives  à  la  découverte  des  huit  comètes  pério- 
diques de  Halley,  de  Encke,  de  Biela,  de  Faye,  de  d'Arrest,  de  Tuttle, 
de  Winneck. 

Manuel  pratique  et  élémentaire  d'analyse  chimique 
dea  vin»,  par  Edouard  Robinet  fils  (d'Épernay),  in-18  jésus,  de 
111-265  pages,  avec  de  nombreuses  figures.  Prix  :  3  fr.  Auguste  Le- 
moine,  quai  Malaquais,  15.  —  L'auteur  de  cet  intéressant  ouvrage 
explique  ainsi  dans  sa  préface  le  but  qu'il  s'est  proposé  :  a  Le  vin 
qui  a  été  l'objet  des  études  profondes  de  nos  savants,  est  loin  d'être 
parfaitement  connu  dans  sa  composition.  Ce  n'est  pas  dans  l'espoir 
d'ajouter  des  connaissances  nouvelles  à  celles  qu'on  possède,  que  je 
me  suis  proposé  d'écrire  un  traité  d'analyse  du  vin,  mais  simplement 
pour  venir  en  aide  à  ceux  de  nos  compatriotes  peu  familiarisés  avec 
les  sciences  chimiques  et  physiques,  et  qui  cependant  voudraient  se 
livrer  à  des  études  chimiques  élémentaires  sur  ce  produit.  Parmi  les 
nombreux  ouvrages  qui  composent  ma  bibliothèque,  j'ai  toujours 
constaté  avec  regret  l'absence  d'un  manuel  élémentaire  donnant 
une  suite  de  formules  d'une  application  facile,  au  moyen  des- 
quelles les  industriels  et  les  viticulteurs  pourraient  faire  d'année  en 
année  des  analyses  qui  leur  permettraient  d'établir  des  comparaisons 
entre  les  produits  des  diverses  années,  etformeraient  plus  tard  des  séries 
d'observations  d'un  très-grand  intérêt.  »  Le  but  que  l'auteur  se  propo- 
sait a  été  atteint  et  même  dépassé;  car  son  ouvrage,  tout  en  étant  es- 
sentiellement pratique,  ne  laisse  pas  que  de  traiter  tous  les  points  de 
science  qui  se  rattachent  à  la  questions  des  vins. 


\^ 


LES  MONDES.  86 

ëtmdi   Mpra  fil  «tronratt  m«s»*titl,  par  le  R.  P. 

Ciubus  Bjuun.  —  Cet  études  ont  été  rédigées  par  le  P.  Braun  à  la 
suite  des  observations  qu'il  a  faite»,  pendant  plus  d'une  année,  avec 
l'excellente  boussole  d'inclinaison  de  l'observatoire  du  Collège  ro- 
main. Cet  instrument  est  d'une  telle  précision  que  Terreur  des  me- 
sures qu'il  donne  s'élève  à  peine  A  une  minute,  tandis  qu'ailleurs,  avec 
d'autres  boussole  d'inclinaison,  on  arrive  à  des  différences  de  mesures 
qui  s'élèvent  de  30  à  50  minutes,  et  même  plus,  le  même  jour  et  dans 
les  mêmes  circonstances. 

Le  P.  Braun  décrit  avec  une  grande  exactitude  la  manière  dont  il 
détermine  les  inclinaisons,  les  déclinaisons  et  les  intensités  magné- 
tiques. Le  même  instrument,  qui  est  d'une  si  grande  précision,  lui  sert 
à  faire  ces  trois  opérations.  Gomme  l'inclinaison  de  l'aiguille  varie 
suivant  les  différents  azimuts  du  plan  dans  lequel  l'aiguille  se  meut, 
il  est  clair  qu'après  avoir  mesuré  une  inclinaison,  l'on  pourra  calcu- 
ler, au  moyen  d'une  formule  convenable,  quel  était  l'azimut  magné- 
tique de  l'aiguille.  Le  P.  Braun  donne,  avec  tous  les  détails  nécessaires, 
les  formules  qui  servent  à  calculer  les  déclinaisons  ainsi  que  les  in- 
tensités. 


ACADÉMIE   DES   SCIENCES 

SÉANCE  DU  LUNDI  48  DÉCEMBRE  1871. 


Théorèmes  relatifs  aux  axes  harmoniques  des  courbes  géométri- 
ques, par  M.  Chasles. 

—  Sur  Us  froids  de  décembre  1871,  par  M.  Delaunay.  Les  quel- 
ques lignes  qui  suivent  offrent  un  certain  intérêt.  «  Le  premier  signe  de 
l'approche  d'une  bourrasque,  signe  quelquefois  très-fugitif  et  difficile 
à  saisir,  consiste  dans  une  hausse  du  baromètre  accompagnée  ou  sui- 
vie d'un  accroissement  dans  la  transparence  de  l'air. 

Les  brumes  apparaissent  toujours  sous  forme  de  brouillard  en 
hiver,  sous  forme  d'un  simple  défaut  de  transparence  de  l'air  en  été, 
dans  la  région  à  forte  pression  barométrique  entourée  par  le  circuit 
équatorial  de  l'atmosphère.  » 

—  De  l'influence  de  la  neige  sur  la  température  du  sol  à  diverses 
profondeurs,  selon  qu'il  est  gasonné  ou  dénudé;  par  MM.  Becquerel' 
et  Edm.  Becquerel.  «  Les  observations  ont  éié  faites  d'une  manière 
suivie  au  Jardin  des  Plantes,  dans  deux  terrains  semblables  contigus, 


84  LES  MONDES. 

dont  l'un  est  couvert  de  bas  végétaux  et  l'autre  est  dénudé ,  avec  le 
thermomètre  électrique,  à  des  profondeurs  au-dessous  du  sol  égales 
à  0*,0&  ;  0m,l  et  0m,3,  et  même  0m,6,  au-dessous  du  sol. 

La  neige  a  commencé  à  tomber  à  Paris,  vers  2  heures  de  l'après- 
midi,  le  7  décembre  dernier  ;  le  lendemain,  la  terre  en  était  couverte 
d'une  couche  épaisse  de  7  à  8  centimètres  en  moyenne.  La  tempéra- 
ture s'est  abaissée  rapidement  ;  le  9,  le  minimum  est  descendu  jus* 
qu'à  ~  20°,7  au  Jardin  des  Plantes,  et  à  l'Observatoire  à  —  2i°,5. 

Les  tableaux  d'observations  montrent  que  les  températures,  sous  le 
sol  couvert,  ont  été  constamment  au-dessus  de  zéro,  au  Jardin  comme 
à  l'Observatoire,  aux  profondeurs  de  0m,05  ;  0œ,l  et  0m,3.  Au  Jardin,  la 
température  à  0»,05,  à  partir  du  5,  a  été  d'environ  0%7,  et  la  varia- 
tion de  1  à  2  dixièmes  ;  à  Ô",10  et  O^O,  les  températures  ont  été  de 
I  et  2  degrés,  avec  des  variations  de  1  à  2  dixièmes  de  degré  ;  ce  qui 
indique  une  température  à  peu  près  constante  à  chaque  station.  A  ces 
profondeurs,  dans  les  terrains  de  même  nature,  les  racines,  les  graines 
et  autres  corps  organisés  sont  préservés  de  la  gelée  par  un  froid  de 
plus  de  20  degrés  au-dessous  de  zéro. 

Sous  le  sol  dénudé,  aux  mêmes  profondeurs,  il  en  a  été  autrement  : 
depuis  le  2  décembre  jusqu'au  6,  à  0m;05,  la  température  a  été  con- 
stamment au-dessous  de  zéro,  et,  le  15,  elle  était  à  zéro.  A  partir  du  7, 
où  la  température  était  de  —  1  degré,  elle  a  continué  à  baisser  jus- 
qu'au 10;  puis  elle  a  été  en  augmentant  jusqu'au  15  de  quelques 
dixièmes  chaque  jour,  où  elle  est  devenue  zéro. 

Les  tableaux  montrent  encore  que,  depuis  le  15,  où  le  dégel  a  com- 
mencé, à  0m,05,  les  températures  tendent  à  s'égaliser;  on  voit  donc, 
d'après  ce  qui  précède,  qu'une  couche  de  neige  de  7  à  8  centimètres 
d'épaisseur  préserve  efficacement  de  la  gelée  les  objets,  lors  même  que 
la  température  descend  au-dessous  de  20  degrés,  le  sol  couvert  de  bas 
végétaux  à  0n,05  et  au  delà,  pendant  un  certain  nombre  de  jours, 
tandis  que,  lorsqu'il  est  dénudé,  la  température,  à  la  même  profon- 
deur, est  de  plus  de  1°,5  au-dessou?  de  zéro.  On  peut  donc  conserver, 
dans  des  silos,  à  peu  de  profondeur  au-dessous  du  sol,  des  racines  et 
des  graines  quand  le  sol  est  gazonné,  tandis  que  les  mêmes  objets 
pourront  être  exposés  à  la  gelée,  si  le  6ol  est  dénudé  ou  a  reçu  un 
labour.  Si  la  neige  et  le  froid  étaient  persistants,  cette  distribution  de 
la  chaleur  éprouverait  peut-être  quelques  changements  ;  vu  le  dégel, 
on  n'a  pas  été  à  même  de  les  observer. 

— Note  sur  un  mémoire  de  M.  Liebig,  relatif  aux  fermentations, 

par  M.  Pasteur.  —  Nous  l'avons  reproduite  ailleurs. 


LES  MONDES.  85 

En  désaccord  avefc  M.  Pasteur  et  tidèle  à  ses  anciennes  théories, 
M.  Fréiny  demande  la  réponse  à  la  question  suivante  : 

a  M.  Pasteur  admet  dans  l'air  l'existence  des  germes  de  levure  et 
explique  ainsi  la  production  du  ferment  alcoolique  dans  un  suc  de  rai- 
sin exposé  à  l'air  :  quant  à  moi»  je  soutiens  que  l'air  n'apporte  pas  de 
germes  de  levure  dans  un  suc  végétal  fermentescible,  et  que  c'est  la 
matière  albumineuse  du  suc  végétal  qui,  au  contact  de  l'air,  se  trans- 
forme en  levure. 

Telle  est  la  question  que  nous  devons  discuter  d'abord  :  nous  Téten* 
drons  ensuite,  et  nous  l'appliquerons  à  d'autres  fermentations  lorsque 
le  premier  point  sera  bien  établi. 

11  faut  savoir  enfin  si,  comme  le  pense  M.  Pasteur,  l'air  atmosphé- 
rique contient  réellement  les  germes  de  tous  les  ferments,  et  si,  en  les 
semant  dans  les  liqueurs  fermentescibles,  il  devient  la  cause  des  fer-* 
mentations  :  quant  à  moi,  tout  en  admettant  dans  l'air  la  présence  des 
corps  solides  qu'un  rayon  de  soleil  m'y  fait  voir,  je  suis  loin  de  lui 
attribuer  la  fécondité  que  M.  Pasteur  lui  suppose.  » 

M.  Pasteur  répond  : 

«  M.  Frémy  demande  la  solution  d'un  problème  dont  j'ai  indiqué 
le  premier  la  difficulté  pratique,  et  qu'on  peut  énoncer  en  ces  termes  : 
t  Trouver  un  milieu  minéral  sucré  qui  soit  tout  aussi  propre  à  la 
c  naissance  et  au  développement  des  levures  alcooliques  que  le  moût 
c  naturel  du  raisin  lui-même.  » 

Ce  problème  n'est  pas  insoluble,  mais  il  exige  de  longues  recherches» 
En  effet,  M.  Frémy  ne  peut  ignorer  qu'avec  le  jus  naturel  de  la  bette- 
rave elle-même,  ce  qu'il  me  demande  serait  difficile  à  faire.  Ne  sait-il 
pas,  d'ailleurs,  qu'il  a  fallu  à  M.  Raulin  six  années  des  recherches  les 
plus  assidues  pour  arriver  à  constituer  un  milieu  minéral  sucré,  qu  j 
lût  autant  et  même  plus  fertile  pour  une  moisissure  que  les  milieux 
organiques  naturels? 

Quant  au  point  de  vue  général  de  notre  sujet,  cette  question  de 
H.  Frémy  est  absolument  sans  valeur.  Une  levure  en  vaut  une  autre 
à  l'égard  des  principes  de  la  théor/e.  Il  doit  lui  suffire  que  je  puisse 
faire  l'expérience  qu'il  réclame,  pour  la  fermentation  et  la  levure  lac- 
tique, pour  la  fermentation  et  la  levure  butyrique,  et  pour  diverses 
autres  levures  et  fermentations. 

En  tout  cas,  je  considère  comme  erronées,  autant  qu'il  esl  possible 
de  le  dire,  les  assertions  suivantes  de  M.  Frémy  : 

V  Le  caséum  produit  tantôt  du  ferment  alcoolique,  tantôt  du  fer- 
ment lactique,  tantôt  du  ferment  butyrique; 


M  LES  MONDES. 

2«  Dans  la  production  du  vin,  c'est  le  suc  du  fruH  qui,  au  contact 
de  l'air,  produit  les  grains  de  levure. 

Jamais  M.  Frémy  n'a  donné  la  moindre  preuve  de  ces  assertions,  et 
toutes  mes  expériences  protestent  contre  leur  exactitude.  » 

—  Disposition  remarquable  des  stomates  sur  divers  végétaux,  et  9 
en  particulier,  sur  le  pétiole  des  Fougères,  par  M.  Trécul. 

—  Des  conditions  de  résistance  d'un  volant,  par  M.  H.  Resal.  (Extrait 
par  l'auteur.)  —  Je  ne  connais,  sur  la  résistance  des  volants,  que 
l'aperçu  qu'a  donné  Poncelet  dans  son  Cours  lithographie  de  l Ecole 
d'application  du  génie  et  de  tartilkrie,  relativement  à  la  tendance  à  la 
rupture  des  bras  à  leur  naissance.  Cependant  le  problème  peut  se  ré- 
soudre complètement!  en  faisant  intervenir  simultanément  les  hypo- 
thèses qui  servent  de  base  à  la  résistance  des  matériaux  et  le  mode  de 
calcul  des  pressions  ou  tensions  élastiques  employé  dans  la  théorie 
mathématique  de  l'élasticité. 

Soient  : 

P  le  poids  de  l'anneau  ;• 

f>0  son  rayon  moyen  ; 

9  sa  tension  méridienne  ; 

as  son  épaisseur  ; 

«  le  rayon  du  moyeu  ; 

a  la  vitesse  angulaire  moyenne  ; 

—  l'écart  maximum  de  la  vitesse  angulaire  ; 

v  la  valeur  maximum  de  l'accélération  angulaire; 

v  le  nombre  des  bras  et  a  =  —  ; 

y 

cr'  leur  section  ; 

J  le  moment  d'inertie  de  cette  section  par  rapport  à  une  parallèle 
à  Taxe  passant  par  son  centre  de  gravité  ; 

â  la  largeur  des  bras  ; 

n  le  poids  spécifique  de  la  matière  ; 

r  la  plus  grande  puissance  élastique  qu'on  veut  lui  faire  sup- 
porter; 

g  l'accélération  de  la  pesanteur  ; 

F  la  force  de  la  machine  en  chevaux  ; 

N  le  nombre  de  tours  par  minute  ; 

/*  le  coefficient  donné  par  la  théorie  des  volants. 

Les  équations  dont  on  doit  se  servir  pour  déterminer  les  dimen- 
sions de  l'anneau  et  des  bras  sont  : 


LES  iM  ONDES.  87 

!i      tang«/i  «  \  . 
Po            tang«  _f  f  f#l 

«  i 

—  M.  J.  Carvallo  soumet  au  jugement  de  l'Académie  une  note  rela- 
tive à  la  duplication  du  tube.  L'auteur  s'est  proposé  de  trouver,  à 
l'aide  de  la  règle  et  du  compas,  deux  limites  ne  différant  l'une  de  l'autre 
que  d'une  quantité  plus  petite  que  toute  grandeur  donnée,  et  compre- 
nant entre  elles,  soit  le  côté  d'un  cube  double  d'un  cube  donné,  soit 
le  côté  d'un  cube  égal  à  la  somme  ou  la  différence  de  deux  cubes  don* 
nés,  soit  le  côté  d'un  cube  dont  le  rapport  à  un  cube  donné  soit  égal 
à  celui  de  deux  droites  données. 

—  M.  le  secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de 
la  correspondance  : 

4°  Un  volume  de  M.  St.  Meunier,  intitulé  o  Cours  élémentaire  de 
Géologie  appliquée;  lithologie  pratique  »; 

2°  Une  brochure  de  M.  G.  Govi  «  sur  l'invention  de  quelques  éta- 
lons naturels  de  mesure  »  ; 

3°  Une  note  du  P.  Denza,  imprimée  en  italien  et  portant  pour  titre 
«  Programme  des  observations  physiques  qui  doivent  être  exécutées 
dans  le  tunnel  de  Fréjus  par  MM.  Secchi,  Diamilla-Muller  et  Je 
P.  Denza  ». 

Le  P.  Denza  serait  bien  aimable  s'il  nous  adressait  copie  de  son 
Programme. 

—  M.  Résal  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  le  comprendre  parmi 
les  candidats  à  la  place  laissée  vacante,  dans  la  section  mécanique, 
par  le  décès  de  M.  Piobert. 

—  Sur  la  nature  complexe  de  la  cathartine,  par  M.  E.  Bourgoin.  — 
La  cathartine  ne  constitue  pas  un  principe  défini  :  c'est  un  mélange 
contenant  au  moins  trois  substances  distinctes,  dont  une  nouvelle,  qui 
sera  désignée  ici  sous  le  nom  de  chrysophanine.  Ces  trois  substances 
sont:  4°  l'acide  chrysophanique;  2°  un  glucose  dextrogyre;  3*  la 
chrysophanine. 

1.  Acide  chrysopkanique.  —  L'acide  chrysophanique  n'existe  qu'en 
petite  quantité  dans  la  plante,  ce  qui  explique  pourquoi  quelques  chi- 
mistes ont  échoué  dans  la  recherche  de  ce  principe  ;  rien  de  plus 
simple  cependant  que  de  le  mettre  en  évidence  ;  en  effet,  il  suffit  de 


88  LES  MONDES. 

faire  infuser  quelques  feuilles  dans  l'eau  :  le  liquide  peu  coloré  prend 
immédiatement  une  teinte  rouge  caractéristique  quand  on  l'additionne 
de  quelques  gouttes  d'ammoniaque. 

II.  Glucose  dextrogyre.  —  La  cathartine,  débarrassée  par  l'éther 
de  l'acide  chrysophanique  donne  avec  l'eau  une  solution  limpide, 
quoique  fortement  colorée  qui  possède  les  caractères  suivants  :  1°  elle 
fermente  sous  l'influence  de  la  levure  de  bière  en  donnant  naissance 
à  de  l'acide  carbonique  el  à  de  l'alcool  ;  2°  elle  réduit  abondamment 
la  liqueur  cupro-potassique  ;  3°  décolorée  et  privée  de  la  chrysopha- 
nine  qu'elle  contient,  elle  dévie  à  droite  le  plan  de  polarisation  dç  la. 
lumière  polarisée.  ( 

Pour  isoler  le  glucose  dextrogyre  de  la  cathartine  privée  d'acide 
chrysophanique!  on  ajoute  du  sous-acétate  de  plomb,  on  sépare  le. 
précipité  volumineux  qui  se  produit,  et  le  liquide,  privé  de  l'excès  de 
réactif  par  l'hydrogène  sulfuré,  est  évaporé  à  siccité.  Le  résidu  est  con- 
stitué par  du  glucose  ne  retenant  qu'une  petite  quantité  d'un  .principe 
amer,  qui  est  sans  doute  l'un  des  glucosides  générateurs. 

III.  Chrysophanine.  —  Pour  la  retirer  de  la  cathartine,  on  enlève 
l'acide  chrysophanique  par  l'éther,  puis  on  précipite  la  solution  par 
le  sous  acétate  de  plomb,  et  l'on  régénère  la  chrysophanine  en  dé- 
composant sa  combinaison  plombjque  par  l'hydrogène  sulfuré. 

Pure,  la  chrysophanine  est  sensiblement  blanche,  bien  qu'elle  con-r 
stitue,  avec  l'acide  chrysophanique,  le  principe  colorant  des  prépara 
tions  qui  ont  pour  base  le  séné. 

Faits  pour  servir  à  l'histoire  de  l'acide  azotlqae,  par 

M.  Edme  Boïïrgout;  ~  1°  L'acide  azoteux,  le  deutoxyde  d'azote, 
l'azote  et  l'ammoniaque  résultent  de  l'action  réductrice  exercée 
par  Thydrogène  sur  l'aqide  Az062H302.  On  a,  par  exemple,  pour 
l'acide  azoteux, 

Az  O6  2H'  O*  -t-  H'  =  Az  O3  +  3H'  0\ 

2«  L'hydrogène,  au  moment  où  il  prend  naissance,  jouit  de  pro- 
priétés réductrices  énergiques,  qui  n'appartiennent  pas  à  l'hydro? 
gène  libre  et  qui  ne  se  manifestent  que  dans  une  solution  suffisam- 
ment concentrée. 

Il  me  parait  probable  que  l'hydrogène,  au  moment  où  il  est  mis 
en  liberté,  se  trouve  dan*  un  grand  état  de  condensation,  peut-être 
à  l'état  liquide,  et  que  c'est  en  ce  sens  qu'il  convient  d'interpréter 
son  et  état  naissant  ». 


nm 


PàftIS.  —  TTP,  WAXDER,  RUE  BOHÀPÀRTK,  44. 


N#  3.  4872 


CHRONIQUE  SCIENTIFIQUE  DE  LA  SEMAINE 


T*igeJto»tc»A  d'iBquIrfâuited'DB  «Avant  illustre.— Le  | 

tome  XXXIX  des  mémoires  de  l'Académie,  actuellement  en  voie  5 

d'impression,  doit  contenir  les  principaux  titres  de  gloire  du  noble 
doyen  de  la  sçction  de  chimie  de  l'Institut  de  France  :  ses  recherches 
sur  Ici  laine  et  le  suint;  son  explication  célèbre  d'une  erreur  de  rai- 
sonnement trop  fréquente  dans  les  sciences  du  ressort  de  la  philoso- 
phie naturelle,  qui  concernent  le  concret;  la  détermination  de  la 
nature  de  l'acidité,  de  l'eau  dans  laquelle  on  a  abandonné  au  con- 
tact de  l'air  des  tendons  d'éléphant,  et  même  des  débris  humains 
de  laboratoires  d'anatomie;  l'altération  lente  des  matières  orga- 
niques sous  l'influence  des  agents  pondérables  de  l'atmosphère  et 
dfcla  lumière;  l'affinité  capillaire  en  vertu  de  laquelle  les  solides 
s'upissentà  des  liquides  qui  conservent  leur  liquidité,  et  absorbent 
les  corps  gazeux;  l'hygiène  des  villes;  la  production  agricole  en- 
visagée principalement  dans  ses  r. y  ports  avec  l'emploi  de  l'en- 
grais humain,  etc.,  etc.  Après  avoir  fait  lui-même  cette  glorieuse 
«numération  dans  la  séance  du  8  janvier  dernier,  le  vénérable 
M.  Chevreul  s'est  exprimé  ainsi  :  a  Depuis  l'essor  inespéré  qu'a  pris 
la  météorologie  dans  le  monde  entier,  d'ailleurs  bien  justifié  par 
les  avantages  qu'on  en  tire  déjà,  notamment  la  connaissance  de  la 
marche  des  orages,  des  tempêtes,  des  ouragans,  qui  permet  à 
l'homme  la  prévision  de  parer  aux  dangers  qui  jadis  l'auraient 
frappé  à  l'improviste,  je  me  suis  demandé  si,  dans  le  monde  social, 
il  n'y  avait  pas  quelque  avantage  à  considérer  l'horizon  où  nous 
vivopa  avec  l'intention  de  voir  si  tout  y  est  serein.  Je  puis  me 
tromper,  moi,  chétif,  car  on  se  trompe  même  en  météorologie  ; 
mais  il  me  semble  apercevoir  au  loin  quelques  points  noirs,  qui 
me  prescrivent  la  prévoyance.  S'il  n'y  a  pas  d'erreur  de  ma  part, 
ailes  points  noir*  grossissaient  et  devenaient  menaçants,  permettez* 
moi, messieurs  et  chers  confrères,  d'espérer  que  l'Académie  voudrait 
ïrien  alors  donner  sa  protection  à  celui  qui  se  dit  aujourd'hui  le 
doyen  des  étudiants  de  France,  et  dont  l'aspiration  unique  est  de 
terminer  le  XXXIX  volume  de  l'Académie  des   sciences.  »  Qu'on 
juge  de  l'impression  qu'ont  produite  ces  paroles  empreintes  d'une 

N«  Sv  U  XXVII,  18  janvier  1871.  7 


90  LES  MONDES. 

mystérieuse  tristesse.  Les  poinls  noirs  sont-ils  patriotiques  ou 
personnels?  M.  Chevreul  nous  a  dit  qu'ils  étaient  personnels.  L'il- 
lustre vieillard  a-t-il  voulu  faire  entendre  que  Ton  mettait  à  la  ter- 
minaison du  volume  auquel  il  tient  tant  des  entraves  et  des  retards 
qu'il  ne  serait  bientôt  plus  en  mesure  de  conjurer  ?  S'il  en  était 
ainsi,  nous  espérons  que  l'Académie  fera  auprès  du  ministre  de 
l'instruction  publique  toutes  les  démarches  nécessaires  pour  ame- 
ner le  prompt  achèvement  d'une  impression  par  trop  lente.  Le 
vœu  d'un  vieillard  de  85  ans,  vrai  potentat  de  l'humanité,  qui  a 
conquis  à  la  France  tant  de  gloire,  est  un  vœu  sacré. 

lie  nouvel  Hôtel-Dieu.  —  La  Société  des  médecins  et  chi- 
rurgiens des  hôpitaux  de  Paris,  sur  le  rapport  d'une  commission 
composée  de  MM.  les  docteurs  Broca,  Gir aidés,  Hardy,  Hérard, 
Marjolin,Trélat,  Vidal  et  Lorain,  rapporteur,  vient  de  voter  presque 
à  l'unanimité  la  condamnation  du  nouvel  Hôtel-Dieu.  L'arrêt  est 
formulé  à  peu  près  en  ces  termes  :  a  La  Société,  considérant  que 
l'Hôtel-Dieu  actuel,  tel  qu'il  se  comporte,  présente  des  conditions 
contraires  aux  règles  les  plus  élémentaires  de  l'hygiène  déclare 
qu'il  n'y  faut  point  loger  de  malades.  »  La  commission  chargée  par 
le  conseil  municipal  de  Paris  d'examiner  les  questions  hospitalières 
ratifiera-t-elle  le  jugement  de  la  Société  médicale.  C'est  probable, 
dans  l'état  actuel  des  esprits  très-exaltés,  très-excités,  très-irrités 
contre  tous  les  actes  du  gouvernement  impérial.  Au  reste,  nous 
n'avons  jamais  approuvé  le  genre  de  construction  monumentale 
adopté  pour  le  nouvel  Hôtel-Dieu.  Nous  avons  toujours  été  favora- 
ble, au  contraire,  au  système  de  constructions  temporaires,  seul 
admis  pour  les  hôpitaux  de  New- York,  auxquelles,  sans  perte  sen- 
sible, plutôt  même  avec  bénéfices,  car  les  coustructions  monu- 
mentales absorbent  des  capitaux  énormes  dont  les. intérêts  suffi- 
raient seuls  pour  les  constructions  temporaires,  lorsque  imprégnés 
cfe  miasmes  homicides,  ils  deviennent  en  quelque  sorte  des  foyers 
d'infection.  Qu'il  y  a  longtemps  qu'on  aurait  dû,  par  exemple,  ren- 
verser de  fond  en  comble  et  brûler  l'hôpital  des  Enfants-Malades, 
rue  de  Sèvres,  où  des  maladies  graves,  par  exemple,  rophthalmie 
purulente,  sévissent  endémiquement  et  épidémiqueinent.  Nous 
avons  été  souvent  tenté  depuis  six  mois  de  demander  que  les  bâti- 
ments du  nouvel  Hotel-Dieu  servent  à  la  concentration  de  tous  les 
services  municipaux.  Mais  nous  avons  craint  de  sortir  des  limites 
de  notre  compétence. 


LES  MONDES.  91 

Loi  nouvelle.  —  M*  Alph.  Valson,  professeur  de  physique  à  la 
faculté  de  Montpellier,  vient  d'ajouter  un  beau  fleuron  à  la  couronne 
scientifique  de  la  France,  en  découvrant  une  loi  nouvelle  de  même 
ordre  que  celles  deDulong,deGay-Lussac,  de  Berlhollet,  d'Ampère,  etc. 
Ce  qu'il  y  a  de  plus  méritoire,  c'est  qu'il  a  trouvé  ce  diamant  intellec- 
tuel sur  l'un  des  terrains  de  la  physique  les  plus  universellement  et 
les  plus  profondément  explorés.  Voici  la  loi  qui  rendra  son  nom  im- 
mortel :  «  Pour  toutes  les  solutions  normales,  c'est-à-dire  renfermant 
chacune  1  équivalent  du  sel  anhydre  évalué  en  grammes,  dissous  dans 
une  quantité  d'eau  fixe  et  égal»  à  1  litre,  le  produit  de  la  densité  par 

LA  HAUTEUR  CAPILLAIRE  RESTE  SENSIBLEMENT  CONSTANT. 

Eclipse  do  1 1  décembre.  —  M.  Janssen  écrit  à  M.  Faye, 
de  bholoor-Neelgherry,  12  décembre  1871,  10  h.  30  m.  du  matin: 
«  Vous  ave?  mille  fois  raison,  je  viens  de  voir  la  couronne,  comme  il 
m'avait  été  impossible  de  le  faire  en  1868,  où  j'étais  tout  entier  au  spec- 
tre des  protubérances.  Rien  de  plus  beau,  de  plus  lumineux,  avec  des 
formes  spéciales  qui  excluent  toute  possibilité  d'une  origine  atmos- 
phérique terrestre.  Le  spectre  contient  une  raie  verte  brillante,  très- 
remarquable,  déjà  signalée;  il  n'est  pas  continu  comme  on  Ta  avancé, 
et  j'y  ai  trouvé  des  indices  des  raies  obscures  du  spectre  solaire 
(D  notamment).  Je  t crois  terminée  la  question  de  savoir  si  la  cou- 
ronne est  due  à  l'atmosphère  terrestre,  et  nous  avons  devant  nous  la 
perspective  de  l'étude  des  régions  extra-solaires  qui  sera  bien  intéres- 
sante et  féconde. 

Nouvelle  comète.  —  Une  faible  comète  télescopique  a  été  dé- 
couverte à  Milan,  le  29  septembre  1871,  par  M.  Tempet,  astronome, 
hélas  !  si  peu  encouragé  en  France.  Sa  position  était  à  cette  date  : 

Ascension  droite,  297°  531. 

Distance  polaire,    60°    44.  • 

Chaire  de  paléontologie.  —  Nos  lecteurs  se  rappellent  qu'il 
y  a  deux  ans,  la  chaire  de  paléontologie  du  muséum  d'histoire  naturelle, 
vacante  par  la  mort  de  M.  d'Archiac,  fut  confiée  à  M.  Lartet,  paléontolo- 
gue certainement  très-exercé  et  très-célèbre,  mais  d'un  âge  trop  avancé, 
d'une  santé  trop  affaiblie,  pour  qu'il  put  songer  à  faire  même  une  seule 
leçon.  Il  s'agissait  cependant  non  pas  d'une  place  de  conservateur, 
mais  d'une  place  de  professeur.  Mais  hélas!  on  a  la  triste  et  mauvaise 
habitude  en  France  de  chercher  non  des  hommes  pour  remplir  les 


9*  LES  mondes; 

placée  vacantes,  mais  dés   places  $oér  les  protégés  on  tes  favoris  du 
moment.  M.  Lartetmort,  et  quoiqu'on  se  trouvât  en  présence  d'hommes 
aptes  à  le  remplacer,  à  le  remplacer  avantageusement  comme  profes- 
seur, par  exemple  M  .Albert  Gaudry,  l'aidé  préparateur  deM.d'Archiac, 
l'auteur  si  méritant  de  la  Géologie  et  de  la  Paléontologie  de  FAïttyuè  ; 
il  a  été  sérieusement  question  de  supprimer  ce  centre  unique  enFratiàtic 
d'un  enseignement  indispensable,  puisqu'il  touche  aux  progrès  lèbpfiik 
importants  de  la  science  moderne.  Le  croirait-on,  sa  cofcservàtiôïi 
n'est  due  qu'à  une  majorité  de  deux  voix  seulement  î  Sans  doute  parce 
qu'une  autre  chaire  aurait  mieux  convenu  et  aurait  été  plus  facilement 
accordée  au  moment  de  sa  création  à  un  jeune  professeur  bn  toèrbe 
dont  l'élévation,  comme  celle  de  quelques  cardinaux,  était  déjà  faite 
in  petto.  N'importe,  félicitons-nous  du  résultat  élu  scrutin,  et  espé- 
rons que  M.  Albert  Gaudry  snccédera  à  M.  Lartet,  comme  fl  attrait  dû 
succéder  à  M*  d'Archiao,  puisque  M.  Bayle,  ie  créateur  du  magnifique 
musée  paléontologique  de  l'École  des  miàes,  refusait  de  se  'mettre  sur 
*es  rangs. 

Ligne  contre  l'aba»  dit  tabae.  —  M.  le  ministre  de 
la  guerre  appris  l'arrêté  strivant  :  Il  devra  être  interdit  aux  soldats  de 
fumer  dans  les  corps  de  garde  pendant  la  nuit.  Rien  n'est  plus  perni- 
cieux que  de  respirer  pendant  le  sommeil  un  air  empesté  par  la  fumée 
du  tabac.  Combien,  hélas!  de  célibataires,  et  même  d'hommes  mariés, 
qui  fement  dans  leur  lit  ! 

—  M .  le  comte  de  Lautrec,  colonel  du  78°  régiment  de  marche,  écrit  : 
a  Plus  que  jamais  je  vois  que  les  suites  de  la  mauvaise  habitude  de 
fumer  sont  déplorables.  Bous  prétexte  de  se  procurer  du  tabac,  le  quart 
de  l'effectif  de  certains  corps  était  à  courir  data  les  bourgs  voisins  dû 
cantonnement.  Combien  ai -je  vu  d'ofliciers  qui,  en  arrivant  à  l'étape, 
sans  se  préoccuper  de  l'exécution  de  leur  service,  n'avaient  qu'un 
souci,  se  procurer  du  tabac  et  fumer  près  d'un  bon  feu. 
*  —  M.  Dubail,  maire  du  Xe  arrondissement,  défend  de  fumer  dans 
les  bureaux  de  la  mairie.  Quelle  heureuse  initiative  1  Nous  l'appelons 
de  tous  nos  vœux.  L'expérience  démontre  que  les  employés  habitués 
à  fumer  Sont  plus  négligents  que  les  autres  dans  leur  service.  Il  est 
temps,  grand  temps,  dans  l'intérêt  de  l'expédition  des  affaires,  qu'il 
soit  interdit  à  tous  les  employés  du  Gouvernement  de  fumer  dans 
l'exercice  de  leurs  fonctions. 

—L'impôt  sur  le  tabac  qui  en  1815  produisait  32  millions,  a  produit 
175  millions  en  1865.  Cette  progression  est  d'autant  plus  effrayante 
qu'il  est  certain  que  l'emploi  immodéré  du  tabac  occasionne  une  dé- 


LES  MONDES.  93 

bilité  dans  le  cerveau  et  dans  la  moelle  épinière,  d'où  résulte  la  folie 
(docteur  Jules  Guérin).  S'il  est  vrai  aussi  que  les  suicides  ont  triplé 
dans  les  départements  où  Ton  fume  le  moins,  il  est  non  moins  vrai 
qu'ils  ont  quadruplé  dans  les  départements  où  l'on  fuxpe  le  plu». 

—  M.  Decroix,  d'une  très-sérieuse  étude  des  inconvénients  dp  tabac 
au  point  de  vue  de  la  protection  des  animaux,  tire  les  conclusions 
suivantes  :  Par  les  emprisonnements  qu'il  détermine,  le  tabac  est  une 
cause  de  souffrances  pour  les  animaux.  Les  fumeurs  -sont  la  cause  di- 
recte ou  indirecte  d'un  grand  nombre  d'incendies,  détruisit  spuyent 
les  habitations  ou  les  aliments  des  animaux.  La  culture  insensée  du 
tabac  prive  les  animaux  d'une  quantité  considérable  d'aliments  :  en 
rendant  la  terre  à  sa  destination  providentielle,  on  pourrait  mieux  en- 
tretenir les  animaux  d'une  quantité  considérable  d'aliments. 

—  Le  tribunal  correctionnel  de  Paris  a  récemment  condamné  £ 
200  francs  d'amende  un  voyageur  obstiné,  qui  avait  refuaé  de  se 
rendre  à  l'invitation  qui  ]m  avait  été  faite  de  cesser  de  fumer  dans  un 
wagon  de  troisième  classe. 

— -  Mgr  le  cardinal  archevêque  de  Bordeaux;  terminait  ^insi  une 
allocution  paternelle  dont  le  sujet  était  l'abus  des  spiritueux  et  du 
tabac  :  a  Le  mal  est  grand,  il  est  profond.  Mais  je  serai  aidé  par  tous 
ceux  qui  travaillent  à  la  moralisation  et  au  développement  du  hienr 
être  général.  Je  fais  appel  pour  cette  croisade  à  tous  ceux,  qui  tiennent 
à  l'honneur  et  à  la  prospérité  du  pays  ;  qu'on  le  sache  bien, ,  cette 
question  du  tabac  et  des  alcooliques  intéresse  au  plus  haut  point 
notre  avenir  ;  il  est  temps  jde  s'en  préopcupf  r  sériqusQBiept  si  l'oa  ne 
veut  pas  que  la  France,  le  foyer  d'intelligence  et  d'aspirations  gêné* 
euses,  le  soldat  de  Dieu,  le  cœur  de  l'Europe  ne  descende  pas  du 
premier  rang  qu'elle  occupe,  »  .... 

—  Un  citoyen  de  Brighton,  conducteur  dç  voitures  publique»,  qui, 
par  sa  bonne  conduite,  sa sobriété^et  son  assiduité  au.travail,  a  con- 
quis une  petite  fortune,  disait;  on  n'aurait  plus  besoin  de  priions  ni 
de  Workhouses,  ai  tous  ceux  qui  doivent  gagner  leur  vie  .4  la  sueur  de 
leur  front  voulaient  faire  ce  que  j'ai  fait  moi-même  :  éviter  les  caba- 
rets et  s'abstenir  de  toute  habitude  de  fumer.  (Bulletin  de  V Associa- 
tion française  contre  V usage  du  tabac.)  Livraison  quatrième. 
18701871. 

lie  fameux  Eoxeoi»  Canadeane^  —  Qui  ne  se  rappelle  le 
bruit  que  l'on  fit  autour  du  berceau  d'un  nouvel  être  découvert  au 
Canada,  dans  les  terrains  Laurentiem,  inférieurs  et  bien  antérieure 
aux  terrains  siluriens  déjà  si  anciens.  L'eozoon  gànàdense  venait  très  à 


94  LES  MONDES. 

propos  reculer  au  delà  de  toutes  limites  l'apparition  de  la  vie  6ur  la 
terre.   En  elle-même  cette  antiquité  indéfinie  de  la  vie  terrestre  n'a 
rien  de  contraire  aux  affirmations  des  Livres  saints  qui  d'ailleurs 
n'ont  aucune  prétention  à  un  enseignement  scientifique,  puisque  les 
jours  de  la  Genèse  peuvent  être  considérés  comme  des  périodes  indé- 
finies de  temps.  Mais  la  géologie  si  empressée  de  franchir  à  tout  pro- 
pos, à  tort  et  à  travers,  les  limites  delà  science  des  faits,  fit  de  I'eozoon, 
je  ne  sais  pourquoi  un  argument  invincible  contre  la  cosmogonie 
mosaïque  qui  n'avait  rien  à  faire  avec  lui.  Or,  voici  que  l'éozoon  n'est 
plus  un  être  vivant.  Nous  lisons,  en  effet,  dans  le  compte- rendu  des 
séances  de  la  Société  américaine  pour  l'avancement  des  sciences 
réunie  à  Indianopolis,  en  1871,  publié  par  la  Bévue  scientifique,  cet 
arrêt  presque  définitif  :  a  L'Éozoon  Ganadense  tombe  de  plus  en  plus 
dans  le  discrédit...  Tous  les  faits  s'accordent  à  prouver  que  ce  pré- 
tendu être  vivant  n'est  qu'une  apparence  organique  due  à  une  dispo- 
sition demi- cristalline  particulière,  analogue  à  celle  qui  produit  les 
dendrites...  »  (Livraison  du  13  janvier  1872.)    Quand  donc  la  science 
se  renfermera- t-elle  dans  son  domaine  des  faits  et  des  lois?  Quand 
cessera-t-elle  de  donner  aux,  faits  qu'elle  met  en  lumière  une  portée 
antireligieuse  qu'ils  ne  peuvent  pas  avoir.  Ce  n'est  pas  à  elle  à  oppo- 
ser ses  progrès  à  la  révélation  et  à  la  foi.  Cette  opposition,  d'ailleurs, 
est  chimérique,  puisque  les  dogmes  chrétiens  sont  aussi  des  faits,  des 
faits  divins  qui  ne  peuvent  être  en  contradiction  avec  les  faits  de  la 
nature. 

Or  de  la  Guyane  f  ranç al«e«  —  Les  derniers  renseignements 
parvenus  au  ministère  de  la  marine  et  des  colonies,  au  sujet  de  l'ex- 
ploitation de  l'or  à  la  Guyane  française,  présentent  un  sérieux  intérêt. 
Cette  industrie  qui,  en  1856  ne  rendait  que  8  kil.  658  d'or,  représen- 
tant une  valeur  de  25,974  fr.,  est  arrivée,  par  un  développement  suc- 
cessif et  régulier,  à  produire  pendant  les  dix  premiers  mois  de  l'année 
1811,  561  kil.  881  de  ce  métal,  évalués  à  1,685,643  fr.  Dans  l'inter- 
valle de  1856  à  1869,  la  production  a  dépassé  3,400  kil.,  ayant  une 
valeur  de  plus  de  10  millions.  Il  est  à  remarquer  que  ces  chiffres  ne 
tiennent  compte  que  des  déclarations  faites  et  contrôlées  à  la  sortie  de 
l'or,  et,  par  conséquent,  qu'ils  sont  au-dessous  de  la  vérité  ;  car  les 
exportations  clandestines  sont  difficiles  à  prévenir  et  doivent  se  faire 
sur  une  assez  grande  échelle. 

La  recherche  et  la  production  de  l'or  à  la  Guyane  sont  soumises  en 
ce  moment  à  une  redevance  annuelle  de  50  centimes  par  hectare  de 
terrain  concédé  et  à  un  droit  de  4  p.  100,  à  la  sortie  de  la  colonie,  sur 


LES  MONDES.  95 

la  valeur  brute  de  l'or  déclaré  à  la  douane.  Pour  mieux  équilibrer  cette 
perception  et  la  faire  supporter  par  les  explorateurs,  moins  en  raison 
de  l'étendue  des  terrains  qui  leur  sont  concédés  qu'au  prorata  des  pro- 
duits qu'ils  auront  réalisés,  le  droit  fixe  par  hectare  doit  être  prochai- 
nement réduit  à  10  centimes,  et  l'administration  locale  sera  appelée, 
chaque  année,  lors  de  la  préparation  du  budjet  de  la  colonie,  à  fixer  le 
chiffre  du  droit  de  sortie,  qui  ne  pourra  jamais  excéder  5  p,  400  du 
produit  net  de  l'exploitation. 


DERNIÈRES  NOUVELLES  ÉTRANGÈRES. 

Méthode  pltononfmlque.  — -  Un  ami  del'enfauce,  un  homme 
dévoué  à  son  pays,  Auguste  Grosselin,  préoccupé  de  cette  pensée  que 
la  diffusion  de  l'instruction  dépendait  surtout  de  la  façon  dont  l'en- 
seignement élait  donné  au  début,  a  consacré  les  dernières  années 
de  sa  vie  à  la  propagation  d'une  méthode  appelée  phononimique  qui 
atteint  un  double  et  précieux  résultat  :  i*  Enseigner  avec  facilité  et  en 
quelques  mois  la  lecture  aux  enfants  de  A  à  6  ans  ;  leur  inculquer, 
sans  fatigue  pour  eux,  les  premiers  éléments  de  la  grammaire  et  de  la 
numération  ;  leur  donner  le  goût  du  travail  en  ne  le  présentant  que 
sous  un  aspect  agréable  et  intéressant,  développer  chez  eux  la  réflexion 
et  par  suite  le  jugement;  2°  Permettre  d'élever,  sans  les  séparer  de 
leur  famille,  dans  l'asile  ou  l'école  de  leur  localité,  les  enfants  sourds- 
muets  au  milieu  des  entendants  parlants,  sans  demandera  ces  derniers 
une  étude  spéciale  et  en  les  dotant  d'un  langage  gesticulé  qui  sert  à 
leur  aplanir  les  difficultés  de  la  lecture. 

Une  société  fondée  par  lui  continue  son  œuvre  sous  le  nom  de 
«  Société  pour  l'enseignement  simultané  des  sourds-muets  et  des  en- 
tendants parlants.  »  Elle  délivre  des  diplômes  aux  instituteurs  qui  se 
montrent  en  état  d'enseigner  au  moyen  de  la  méthode  qu'elle  patronne. 
Elle  décerne,  chaque  année,  dans  une  assemblée  générale,  aux  insti- 
tuteurs et  aux  institutrices  qui  en  sont  reconnus  dignes  pour  leur  zèle 
à  pratiquer  la  méthode,  des  récompenses  consistant  en  médailles  de 
vermeil,  d'argent,  de  bronze,  et  en  mentions  honorables.  Elle  accorde, 
dans  la  mesure  de  ses  ressources,  à  des  enfants  sourds-muets,  des 
subventions  pour  aider  à  leur  éducation  au  milieu  des  entendants 
parlants. 

La  méthode  phonomimique,  pratiquée  dans  un  certain  nombre  d'à- 


•6  LES  MONDES. 

siles  et  d'écoles,  soit  de  Paris,  soit  des  départements,  y  produit  les 
meilleurs  résultats* 

Tous  les  renseignements  sur  la  société  peuvent  être  demandés  à 
M.  E.  Grosselin,  vice-président,  44,  quai  de  la  Mégisserie. 

Fouille»  dans  le  lit  du  Tibre.  —  Une  société  vient  de  se 
former  à  Rome,  qui  a  pour  objet  de  draguer  le  lit  du  Tibre,  dans  l'es- 
poir d'y  faire  d'importantes  découvertes  archéologiques.  Le  comité  de 
la  société  se  compose  de  MM.  Alessandro  Castellani,  sénateur;  Pietro 
Rosa,  prince  Odescalchi,  marquis  Vitelleschi,  professeur  Liguana,  in- 
génieur Giordano,  M.  Story,  le  sculpteur  américain,  et  M.  Helbig,  se- 
crétaire de  l'Institut  archéologique  de  Prusse.  Le  comité  commencera 
par  des  opérations  d'essai  très-limitées,  afin  d'établir  que  l'entreprise 
e6t  tout  à  la  fois  praticable  et  profitable. 

Les  objets  d'art  et  d'antiquité  qui  proviendront  des  recherches  seront 
déposés  dans  un  musée  national  spécial.  La  société  est  absolument  in- 
dépendante du  Gouvernement.  Ses  membres  renoncent  à  tout  payement 
de  dividendes  et  à  tout  partage  des  objets  trouvés.  On  acceptera  le 
concours  des  archéologues  des  autres  pays,  mais  aussi  à  la  condition 
de  renoncer  à  tout  avantage  matériel.  Les  travaux  de  la  société  mar- 
cheront simultanément  avec  ceux  de  l'endiguement  du  Tibre,  qui  ont 
ï>our  objet  de  protéger  la  ville  contre  les  ravages  périodiques  du  fleuve. 

Créographte  et  topographie  en  France.  —  On  dit  que  le 

gouvernement  Français,  frappé  du  manque  total  d'instruction  en 
géographie,  a  mis  à  l'étude  le  plan  d'un  institut  géographique,  sur 
une  échelle  qui  n'a  jamais  été  essayée  jusqu'à  présent.  L'institut 
projeté  doit  comprendre  tous  les  moyens  et  les  accessoires  d'une 
instruction  géographique  —  livres,  mappemondes,  cartes,  çlobes, 
instruments,  collections  d'objets  naturels,  etc.,  et  un  groupe  de 
processeurs  et  d'instructeurs  des  degrés  les  plus  élevés.  Le  dépôt 
des  cartes  et  plans  de  la  marine  formera  une  des  branches  du  nou- 
vel institut,  qui  promet  de  rendre  des  services  éminents  non-seule- 
ment à  la  France,  maïs  à  toute  l'Europe,  car  on  ne  peut  guère  dou- 
ter qu'il  ne  doive  donner  une  grande  impulsion  à  l'étude  de  la 
géographie  dans  tout  le  monde  civilisé.  On  peut  citer  comme  se 
rattachant  à  cette  question  le  rétablissement  du  corps  des  ingé- 
nieurs géographes  par  le  ministre  de  la  guerre.  Ce  corps  sera  em- 
ployé,  conjointement  avec  Tétat-major,  à  des  travaux  topo£raphi: 
ques,  et  fournira  des  guides  en  temps  de  guerre.  Des  ordres  ont 
été  donnés  pour  compléter  la  révision  du  cadastre  qui  n'a  pas  été 
corrigé  depuis  I8l0,  et  pendant  soixante  ans  les  changements  qui 
se  sont  opérés  sur  la  surface  du  pays  sont  naturellement  considé- 


LfeS  MONDfcè  &7 

tbblës.  Le  travail  floït  commencer  le  15  du  présent  mois  de  janvier. 

—  [Jwtrnal  oflhe  Society  ro  farts,  12  janvier  1872.) 

■aaee  rentrai  allemand  d'etnnrèloglè.  —  La  célèbre 
collection  ethnologique  de  feu  le  docteur  Gustave  Klemm,  de 
Dresde,  qui  a  acquis  une  renommée  grande  comme  le  monde,  par 
sa  richesse  en  dessins  d'habits,  ornements,  ustensiles  de  ménage, 
-meubles,  armes  de  guerre,  instruments  de  pêche  et  de  chasse,  etc., 
"depuis  les  temps  les  phrs  Reculés  jusqu'à  nos  jours,  a  été  achetée 
par  sofaserijrtion,  et  transférée  à  Leipzig,  où  elle  forme  le  noyau 
du  nouveau  musée  central  allemand  d'ethnologie-,  et  Ton  groupera 
autour  d'elle  tout  ce  qui  pourra  servir  à  la  démonstration  du  plan 
général*  Un  appel  pressant  est  fait  par  les  officiers  et  autres  per- 
sonnes intéressées  dans  cette  entreprise  aux  Allemands  et  autres 
qui  habitent  les  Etats  Unis  pour  qu'ils  contribuent  à  l'agrandisse- 
ment du  musée.  Il  occupera  en  Allemagne  le  rang  du  grand  musée 
archéologique  de  Copenhague  ;  de  celui  de  M.  Blackmore  à  Salis- 
bury,  en  Angleterre  ;  du  musée  de  Saint-Germain,  près  de  Paris, 
sons  la  direction  de  SU  Mortïllet  ;  et  des  musées  Sfaithsonien  et  de 
Peabody  aux  tetats-tTnïs,  —  (Nature,  il  janvier  1872.) 

FfatauMice  d'an  Jeune  hippopotame  en  Angleterre. 

—  Samedi  dernier,  6,  de  grand  matin,  l'hippopotame  femelle  du 
jardin  de  la  Société  géologique  a  mis  bas  un  jeune  hippopotame; 
et  c'est  la  seconde  fois  que  cet  événement  intéressant  est  arrivé* 
Comme  la  première  fois,  on  a  jugé  nécessaire  de  fermer  entière* 
ment  le  bâtiment  où  la  femelle  est  placée,  et  les  gardiens  eux- 
mêmes  n'y  entrent  pas,  excepté  lorsque  cela  est  absolument  néces- 
saire, à  cause  de  la  sauvagerie  et  de  là  jalousie  extrêmes  que 
témoigne  la  mère  folle  de  son  petit.  Quelques  jours  doivent  donc 
s'écouler  avant  que  le  «  petit  étranger  »  puisse  être  préparé  à  subir 
l'épreuve  d'une  exposition  publique.  —  (Ibid.) 

m 

Université  d'Edimbourg.  — Le  conseil  de  l'Université  (T^- 
dimbourg,  dans  une  séance  tenue  le  mardi  2  janvier,  a  évité  de 
mettre  à  exécution  la  recommandation  faite  par  le  Sénat  d'annuler 
les  règlements  relatifs  à  l'instruction  médicale  des  femmes.  Le  con- 
seil n'a  pas  voulu  émettre  d'opinion  sur  la  prétention  des  femmes 
à  prendre  des  grades,  ou  sur  le  pouvoir  de  l'Université  de  conférer 
des  grades  aux  femmes  dans  la  faculté  de  médecine.  —  [Ibid.) 

Spécifique  contre  le  cancer,  —  La  racine  de  Condurango 


98  LES  MONDES. 

regardée  comme  un  spécifique  contre  le  cancer,  est  devenue  un 
objet  de  spéculation  à  l'Equateur  et  aux  Etats-Unis.  A  l'Equateur 
elle  a  atteint  le  prix  de  H  livres  la  tonne,  mais  à  New- York  elle 
s'est  vendue  à  des  prix  fabuleux,  quoique  ses  propriétés  soient 
contestées.  Le  gouvernement  de  l'Equateur  a  imposé  sur  elle  un 
droit  d'exportation.  On  annonce  maintenant  que  la  racine  de  Con- 
durango  a  été  découverte  par  M.  Simmons  dans  le  voisinage  de 
Santa-  Marta,  dans  la  Colombie  ou  Nouvelle-Grenade,  et  qu'un 
petit  chargement  en  a  été  fait  pour  les  Etats-Unis.  On  ne  dit  pas  si 
elle  a  été  essayée  contre  le  cancer  dahs  ce  pays.  —  (Ibid.) 

Anthracite  dans  l'Amérique  centrale.  —  On  a  décou- 
vert de  l'anthracite  dans  le  district  de  San  Miguel,  à  cinq  milles  de 
la  capitale  de  Costa-Rica  dans  l'Amérique  centrale.  Il  y  a  plusieurs 
filons  d'environ  40  milles  d'étendue,  et  le  combustible  a  été  reconnu 
de  bonne  qualité.  Un  chemin  de  fer  est  en  construction.  On  peut  se 
rappeler  qu'on  a  aussi  trouvé  de  la  houille  dans  Tétat  du  Panama. 
—  [Ibid,) 

Huîtres  »  perle*.  —  On  dit  que  les  huîtres  à  perles  ont  dis- 
paru pendant  cette  saison  des  côtes  de  Madras,  aussi  bien  que  de 
celles  de  Ceylan.  —  (Ibid.) 

Tatouage  au  Japon.  —  On  est  tellement  accoutumé  à  re- 
garder le  tatouage  comme  étant  pratiqué  seulement  par  les  natu- 
rels de  la  Nouvelle-Zélande  et  les  Indiens  de  l'Amérique  du  Nord 
que  c'est  presque  une  nouveauté  pour  nous  d'apprendre  par  un 
correspondant  du  Field  à  quel  degré  de  perfection  est  arrivé  l'art 
du  tatouage  chez  les  Japonais.  On  trouve  là  des  hommes  qui  font 
leur  métier  de  tatouer  les  autres,  et  ces  «  professeurs  de  tatouage» 
sont  çdes  artistes  qui  n'ont  pas  un  médiocre  talent,  <r  car  aucun 
caoutchouc,  aucune  matière  à  effacer  l'encre  ne  peut  enlever  un 
trait  faux  une  fois  qu'il  est  imprimé  ;  et  ils  ne  manquent  presque 
jamais  dans  les  impressions  des  dessins  qu'ils  ont  faits.  »  Les  bet 
toes  ou  valets  japonais  ont  souvent  peint  sur  leur  peau  non  seule, 
ment  des  dessins  très-bien  faits  d'oiseaux,  de  reptiles,  de  quadru- 
pèdes et  de  poissons,  mais  encore  des  représentations  de  scènes 
entières,  souvent  de  vieilles  légendes  ou  d'histoire.  Un  dessin  très- 
commun  est  celui  de  la  grue  à  tète  rouge,  l'oiseau  sacré  des  Japo- 
nais, représentée  debout  sur  le  dos  d'une  tortue,  et  c'est  un  em- 
blème de  la  beauté  de  la  femme  foulant  aux  pieds  la  force  de 
l'homme.  Ces  dessins  sont  traces  avec  des  aiguilles,  et  Ton  y  em- 
ploie deux  ou  trois  couleurs.  —  (Ibid.) 


LES  MONDES.  9 

Récréation  de  l'ouvrier.  —  On  lisait  dans  le  Times  du 
26  décembre  1871  :  Un  temps  viendra  —  n'est-ce  pas  un  crime  d'en 
douter?  —  un  temps  viendra  certainement  où  l'enfant  du  travail  et  du 
métier,  devenu  homme,  aura  régulièrement  ses  jours  et  ses  heures 
de  récréation.  Maintenant  on  peut  dire  avec  trop  de  vérité  que  l'ou- 
vrier n'a  pour  passer  ses  soirées  que  la  maison  publique  ou  l'échoppe 
du  marchand  de  gin.  Les  philanthropes  et  les  moralistes  parlent  beau- 
coup, mais  ne  font  rien.  C'est  une  sorte  de  donneurs  d'avis  négatifs; 
ils  ressemblent  à  ceux  qui  battent  toujours  leurs  enfants  et  leur  disent 
de  ne  pas  faire  ceci  ou  cela,  sans  trouver  autre  chose  à  faire  pour  eux. 
Pour  un  sou,  les  anciens  Romains  étaient  admis  dans  ces  magnifiques 
et  nombreux  établissements  appelés  les  bains;  l'artisan  ou  l'ouvrier 
anglais  ordinaire  n'a  pas  de  lieu  où,  pour  un  prix  modique  d'entrée, 
il  puisse  avoir  abri,  lumière,  chaleur,  compagnie  et  un  certain  choix 
de  récréations.  Au  point  où  en  sont  maintenant  les  choses,  son  ou- 
vrage terminé,  il  est  facilement  entraîné  dans  des  lieux  où  il  ne  peut 
entrer  sans  qu'il  lui  arrive  nécessairement  du  mai.  Personne  ne  des* 
cendra-t-il  des  nuages  de  la  déclamation  et  de  la  philanthropie  pour 
faire  en  faveur  des  pauvres  ce  qu'ils  ne  peuvent  réellement  pas  faire 
pour  eux-mêmes,  en  leur  procurant  les  moyens  de  passer  leurs  soirées 
d'une  manière  agréable  et  instructive»  On  l'a  fait,  ou  du  moins  on  Ta 
essayé  dans  quelques  villages,  quoique  le  salon  de  lecture  de  village 
ne  soit  encore  qu'une  institution  à  l'état  d'embryon.  Le  besoin  est 
encore  plus  grand  dans  les  villes,  parce  qu'il  y  a  dans  les  villes  des 
moyens  plus  grands  de  séduction.  Il  est  inutile  de  conseiller  toujours 
au  peuple  de  fuir  les  plaisirs  coupables  et  les  jouissances  dangereuses; 
on  ne  ferait  ainsi  que  lui  en  faire  venir  le  goût.  Ce  qu'il  y  a  à  faire, 
c'est  de  lui  offrir  quelque  chose  capable  de  faire  concurrence  à  ces 
plaisirs  séducteurs,  et  de  gagner  les  hommes  à  notre  cause  par  de 
beaux  divertissements.  —  (Journal  of  the  Society  of  arts,  5  jan» 
trier  1872.)  —  On  le  voit,  les  salles  du  Progrès  sont  une  grande  né-' 
cessité  universellement  senties  ;  voilà  pourquoi  nous  voulons  à  tout 
prix  les  ouvrir.  —  F.  Moigno. 

Grêle  salée.  —  Le  professeur  Rengott,  de  Zurich,  dit  que  dans 
une  grêle  qui  est  tombée  pendant  cinq  minutes,  le  20  août,  à 
11  heures  du  matin,  on  a  trouvé  que  les  grêlons  avaient  un  goût 
salé.  Quelques-uns  pesaient  douze  grains.  Ils  étaient  formés  essen- 
tiellement de  vrai  sel,  comme  on  en  trouve  dans  l'Amérique  du 
nord  à  la  surface  des  plaines,  principalement  en  cristaux  hexaé- 
driques  on  entiers  fragmentés,  de  couleur  blanche,  avec  des  grains 


100  LES  MONDES  ' 

partie  aigus,  partie  arrondis.  Aucun  <fà  ces  q^U^xu'^aft  com- 
plet, mais  ils  paraissaient  s'être  dével^ppéa  grossièrement  sur 
quelque  surface.  Ils  avaient  été  probablement  çrçleyés  et  emportée 
au-dessus  de  la  Méditerranée  de  quelque  partie^  de  l'Afrique» 
comme  le  sable  est  quelquefois  transporté  de  c#tp  contre  *pr  U 
continent  de  l'Europe  et  dans  les  Canarjeg  pv  ta  fo*c&  dep  oura- 
gans.  Un  phénomène  encore  plus  remarquable  a  ^té  armQuç^  <Jeiv 
nièrement  par  le  professeur  Evermann,  dç  Kasqn;  cjaps  une  grêle, 
chaque  grêlon  contenait  un  petit  cristal  de  sulfure  de  fer.  Ces  cris* 
taux  s'étaient  probablement  détachés  en  grande  quantité  de  quel*, 
ques  roches,  et  avaient  été  eulçvés  ensuite  de  la  sprfqcd  d9  spl  PV 
une  tempête,  et  lorsqu'ils  furent  entraînés  dans  une  nuée  où  se. 
formait  la  grêle,  ils  servirent  comme  de  noyaux  pour  la  formation 
4es  grêlons.  [Ibid.) 

Mine»  d'argent.  —  On  annonce  la  découverte  de.  riches  dé- 
pots  d'argent  dans  la  prpvince  méridionale  d»u  Nubie,  qui  forme* 
raient  un  prolongement  de  la  région  métallifère  du  Chili.  La  pUce, 
est  appelée  Cuesta  dçl  Paracol;  elle  est  situéeentre  les  rivières  de 
Lota  et  de  Nubie,  à  50  milles  environ  de  San-Carlos  vers  Test.  Oa 
estime»  d'après  l'analyse,  à  40Q  livres  d'argent  par  tonne  la  richesse 
du  minerai.  On  a  déjà  préparé  des  opérations  sur  une  grande, 
échelle.  Le  district  du  Lota  n'avait  été  connu  jusqu'à  présent  que. 
pour  son  grand  commerce  de  charbon  et  de  briques  réfra^tairofi, 
{Ibid.) 

Élf  phant  blunr.  —  Un  éléphant  blanc  ayant  été  découvert 
dans  nos  possessions  de  Tavoy,  sur  les  côtes  de  laMalaisie,  les  sou- 
verains bouddisteç  sont  extrêmement  désireux  d'acquérir  un  mi-* 
nistçe  aussi  important  de  la  religion.  Le  roi  Burmah  a  fait  une 
demapde  spéciale  pour  qu'on  lui  accordé  de  posséder  la  saisi 
animal.  [Ibid.) 


LES  MONDES  101 


CORRESPONDANCES  DES  MONDES 


M.  Tbrbt,  à  Louvain.  —  AtfjMréé  boréale»  observée»  à 
Louvain  en  ft$7ft.  —  Ces  phénomènes  ont  eu  lieu  aux  dates 
suivantes  :  les  12, 13, 14  et  16  janvier,  faibles  aurores  boréales. 

Le  12  février,  aurore  boréale  bien  marquée  de 9  h.  45  m.  à  mi' 
nuit.  Ces  deux  manifestations  d'aurores  boréales  ont  coïncidé  avec 
un  abaissement  assez  notable  de  la  températurp.  Le  11  janvier  un 
halo  solaire  a  été  observé  pendant  toute  l'après-midi. 

Le  1"  avril,  j'ai  observé  une  nouvelle  aurore  boréale  de  10  h.  30 
à  10  h.  48  m.,  et  le  2,  à  3  h.  30  m.  du  soir,  un  halo  solaire. 

Le  9  avril y  apparut  une  aurore  boréale  qui,  par  son  éclat,  rap- 
pelait le  beau  phénomène  du  25  octobre  1870.  Jusqu'à  11  h.  la 
lueur  rouge  est  faible  et  très-intermittente  ;  le  phénomène  consiste 
en  un  arc  blanc  surmontant  d'épais  nuages  sombres  et  s'élevant 
de  plus  en  plus  sur  l'horizon.  A  11  h.  la  teinte  rouge  apparaît  plus 
vive  et  s'étend  jusqu'au  zénith;  des  rayons  surgissent  à  l'O.-N.-O. 
et  toute  cette  région  du  ciel  se  colore  et  revêt  un  aspect  magni- 
fique. L'ensemble  des  rayons  se  meut  lentement  du  N.-O.  ver? 
l'ouest. 

Le  9  novembre,  à  7  h.  30  m. ,  deux  arcs  blancs  dont  le  plus  élevé 
s'étendait  jusqu'aux  étoiles  y  et  «  de  la  grande  Ourse  surmontaient 
un  segment  sombre  appuyé  sur  l'horison  N.  L'aurore  se  réduisit 
ensuite  à  l'apparition  de  zones  et  de  plaques  blanches. d'un  éclat 
intermittent,  mais  qui  accusaient  une  tendance  à  s'étendre  gra- 
duellement de  l'O.  à  TE.  Après  11  h.,  quand  les  nuages,  qni  vin- 
rent interrompre  les  observations,  se  furent  dissipés,  j'observai 
encore  plusieurs  rayons  rougeâtres  dans  le  Dragon. 

Le  10  novembre,  de  6  h.  22  m.  à  11  h.  22  minutes;  belle  aurore 
remarquable  par  le  nombre  considérable  de  rayons  qui  se  pro- 
duisirent entre  9  h»  33  m.  et  11  h.  10  m.  A  10  h.  3  m,,  deux 
rayons  atteignent  la  hauteur  de  la  polaire;  tous  les  autres  jets 
s'élèvent  moins  haut.  A  10  h.  20  m.,  l'arc  était  entièrement  net 
et  dentelé.  Il  faut  noter  que  pendant  ces  aurores  du  9  et  du  10  no- 
vembre des  éclairs  très-fugitifs  se  produisirent  dans  le  N.,  comme 
pendant  le  brillant  phénomène  du  25  octobre  1870. 

Etoiles  filantes  périodiques  d'août  1871,  observées  à  Louvain. 
•—  Ces  observations,  favorisées  par  uu  ciel  serein,  ont  fourni  cette 

8 


102  LES  MONDES. 

année  un  nombre  assez  considérable  de  météores.  J'étais  seul  pour 
prendre  note  des  phénomènes  .et  j'observai»  da  pCtfé  de  l'E.-S.-E. 
Le  9»  j'ai  observé  33  météores  ainsi  répariis  : 

De  10  h.  00  m,  à  10  h.  54  m.        6 
10      58     .à  41      55  20 

là        2      à  12      27  7 

La  40,  j'annotai  110  étoiles  : 


Dp  10  h.  3  m.  &  11  h. 

40 

11     4      à  12 

33 

12             à  13 

37 

Le  11,  le  nombre  des  étoiles  s'éleva  à  00  : 

>  De  10; h.  13  m.  à  11  h.  15  m.      25 

,11      17       à  12      15  30 

12      18       à  13  14 

Enfin,  le  .12,  j'en  observai  38  : 

Be   4h.  àlOh.  32 

40      à  11  16 

.Les météores  dn  10 août  1869  se  faisaient  remarquer  parla  ra- 
pidité de  leur  marche  et  par  fciiguîté  de  ledr  trajet;  en  caractère 
ne  s'est  pas  manifesté  d'une  manière  aussi  générale  enil87t  :  les 
trajectoires  étaient  plus  longues  et  la  vitesse  souvent  moins  consi- 
dérable. Ajoutons,  dn  reste,  que  les  météores  brillants  et  colorés 
étaient  rares*  ' 

Etoiles  filantes  de  novembre  1871  observées  à  Louvain.  —  L'état 
du  ciel  ne  permit  l'observation  que  le  13,  après  2  h.  De  14  h.  37 
à  17  h.  48  m.,  par  un  ciel  serein,  j'ai  annoté  34  météores  du  côté 
de  l'E.-Sf-E.  et  ainsi  répartis  : 

-De .14 h.  37m.  à  16  h.  17m.  .12 

45  47        à  16       .6  7 

46  12       A  46      27  3 
46      *0       à  47      48  12 

Les  étoiles  filàtftes  étaient  moins  nombreuses  qu'au  mois  d'août; 
rams/qnknt  >anr«^onnement  età  l'api^^Qudfa  traînées, *es  *a" 
raotôrêe  de  Hassaina  île  bovefnhre  iemblaiçftt  «toec  eaUiflr  ,dav*a*. 
tage  à  mesure  qu'approchait  le  moment  du  lever  du  soleil. 


LES  MONDES.  10S 


ÉLECTRICITÉ 


ftwlft  TltebM  de  proiMigatlen  de»  :  meiàomm  éleetr*- 
dyMml^mft,  par  M.  B*lmholtz.  (flfonatoAerwàte,etc*,'maii874, 
p.  802.)  —  La  question  4e  Bavoir  si  aes  actions  éleetodynamiqueBà 
distance  se  transmettent  avec  une  vitesse  finie,  ou  se  produisent  instan- 
tanément et  sans  têtard  appréciable,  est  encore  trèe-cqntroveraée. 
Dans  un  mémoire  fort  remarquable  publié  récemment,  M.  Biaisera* 
admettait  que  la  vitesse  inductrice  est  très-faible  et  de  même  ordre  que 
celle  du  son.  Il  l'évaluait,  dans  le  cas  du  courant  'induit  direct, 
à  550  m.*  à  travers  l'air,  et  à  830  m.  à  travers  la  gomme  laque. 
Dans  le  travail  dont  nous  rendons  compte  ici,  M.  fièlnihcltz  a  repris 
cet  important  sujet  et  est  arrivé  à  des  conclusions  entièrement  diffé- 
rentes. * 

L'interrupteur  dont  il  fe'est  servi  consistait  -en  un  >  pefadule  en  fer, 
parfaitement  rigMe,  dont  l'axe  de  suspension  était  fixé  dans  la  muraille 
et  que  l'on  faisait  tomber  toujours  d'une*  hauteur  détenaa itfée**  <C6  per^- 
dule  était  muni  de  deux  dents,  avec  lame  d'agathe,  qui,3i  Hinstan*  où 
le  pendule  passait  près  de.  sa  positwn  d'éfuMawé^Min aient  tfrappéDleux 
petits  leviers  légers,  dont  le  déplacement  produisait  une  interruption 
immédiate  dans  deux  circuits  différents  (le  circuit  inducteur  et  le  cir- 
cuit induit).  L'un  des  deux  -leviers  était  fixe,  Vautre  4tait  diBppsé«gnr 
un  charrrot  mu  à  l'aide  d'une1  vis  micrométrique.  L'intervalle  île  temps 
compris  entre  les  deux  interruptions  se  déduisait  exactement, de  4a  vi- 
tesse connue  du  pendule  et  de  la  lecture  de  la  via  mfereriiétsique.  Une 
division  de  cette  vis  correspondait  à  1/231170  4e  seèofede.  Lo  circuit 
inducteur  se  composait  d'un  fil  de  cuivre  de  1  mm.  de  diamètre  fai- 
sant 12  1/4  tours  sur  un  anneau  de  60  centimètres  de  diamètre  (spi- 
rale inductrice)  et  parcouru  par  le  courant  de  4  couple  de  Daniell.  La 
spirale  induite,  de  même  diamètre  que  l'Autre  et  formée  par  500  tours 
d'un  fil  de  cuivre  de  1/2  mm.,  était  reliée  aux  deux  plateaux  d'un 
condensateur  de  Rohïrausch.  La  charge  aecuihuMe'Stw  le  plateau 
mobile  de  ce  condensateur  était  mesurée  ensuite  avec  un  »élebtrotaètoe 
de  Thomson.  L'écartement  entre  les  deux  spitales  a  tafeiéde-Mà 
4  70  centimètres. 

On  peut,  à  l'aide  de  cet  appareil',  éfudiflr'ih  «érie-des  odciftlatronB 
électriques  qui,  fcprès  4a  rupture  du  circuit  Ihflueteur,  se  ptodu^ent 
dans  la  spirale  induite.  Gommé'  ces  éscftHatiofls'vëfti  ùVtfun  4e»^la- 


404  LES  MONDES.- 

team  du  condensateur  à  l'autre  en  passant  par  un  conducteur  non 
interrompu,  elles  se  produisent  avec  beaucoup  plus  de  régularité  et  en 
beaucoup  plus  grand  nombre  que  dans  Tare  de  fermeture  d'une  bou- 
teille de  Leyde.  M.  Helraholtz  a  compté  jusqu'à  35  oscillations  com- 
plètes (positive  et  négative)  lorsque  les  spirales  étaient  à  34  centimètres 
de  distance.  Leur  durée  était  de  i/2841  de  seconde.  1. 'expérience  con- 
siste à  déterminer  très-exactement  les  instants  où  le  courant  induit  est 
nul;  on  observe  entre  eux  des  intervalles  de  temps  égaux.  La  durée 
de  l'étincelle  qui  se  produit  lors  de  l'interruption  du  courant  primaire, 
se  mesure  par  la  différence  existant  entre  l'un  quelconque  de  ces  in- 
tervalles bt  celui  qui  sépare  le  premier  choc  du  pendule  du  premier 
instant  où  le  courant  induit  devient  nul  ;  elle  était  égale  dans  ef  s  expé- 
riences à  4/10  d'une  oscillation  totale. 

Or,  M.  Helmholtz  a  constaté  de  la  sorte  que  V écart ernmt  de  plus  en 
plus  grand  des  deux  spirales  (U  a  été  jusqu'à  136  cm.)  ne  modifiait  pas 
les  positions  correspondantes  aux  zéros  du  courant  induit  d'une  quan- 
titi  égale  à  une  division  de  lavis  micrométrique  représentant  1/231170 
de  seconde.  De  telle  sorte  que  si  réellement  les  actions  inductrices  se 
transmettent  avec  une  vitesse  appréciable,  celle-ci  doit  être  plus  grande 
que  314400  m.,  c'est-à-dire  environ  42,4  milles  géographiques  à  la 
seconde.  (E.  S.) 

Télégraphe  Mtesrapltlqiie  de  M.  d'Arltncoart.   — 

Cet  appareil  a  été  mis  à  l'étude  par  l'administration  vers  le  commen- 
cement de  novembre  1871.  La  dépêche  n'est  pas  reproduite  à  l'encre, 
mais  par  une  réaction  électro-chimique.  La  dépêche  à  expédier  et  le 
papier  sur  lequel  elle  doit  être  reproduite  sont  fixés  sur  deux  cylindres 
métalliques,  animés  d'un  mouvement  de  rotation  sur  leurs  axes. 

Les  dispositions  adoptées  pour  maintenir  en  synchronisme  ces  deux 
cylindres,  l'un  transmetteur,  l'autre  récepteur,  sont  très-ingénieuses  et 
impriment  à  cet  appareil  un  caractère  incontestable  d'originalité. 

La  rotation  de  chacun  des  deux  cylindres  est  commandée  par  un  mou- 
vement d'horlogerie  dont  la  marche  est  régularisée  par  un  diapason  ver- 
tical. A  cet  effet,  l'une  des  branches  du  diapason,  solidaire  du  mouve- 
ment d'horlogerie,  fonctionne  comme  un  pendule  conique,  tandis  que 
l'autre  branche  oscille  librement.  Nécessairement  les  deux  branches  vi- 
brent à  l'unisson;  les  vibrations  planes  de  la  branche  libre  et  les  vibra- 
tions circulaires  de  l'autre  branche  s'exécutent  dans  le  même  temps,  et 
la  vitesse  uniforme  du  mouvement  d'horlogerie  se  trouve  réglée  par  la 
durée  des  oscillations  du  diapason.  11  suffit  donc  de  mettre  d'accord  les 
fltupujAnft  de  l'appareil  transmetteur  et  du  récepteur  pour  que  les  rota- 
tions des  deux  cylindres  soient  synchrones. 


*...-.. 


LES  MONDES.  IOS 

Le  synchronisme  si  nécessaire  à  la  régularité  de  la  transmission ,  se 
trouve  assuré  par  une  autre  disposition  très-ingénieuse.  Le  cylindre  ex- 
péditeur, dont  la  vitesse  est  un  peu  supérieure  à  celle  du  récepteur,  s'ar- 
rête à  chaque  tour  de  rotation,  et  c'est  le  récepteur  qui  lui  restitue  son 
mouvement  quand  il  a  lui-même  aceompli  une  révolution  complète.  Cette 
correction,  automatiquement  opérée  à  chaque  révolution,  assure  la  per- 
sistance du  synchronisme  et  rend  la  marche  de  l'appareil  indépendante 
des  perturbations  que  les  variations  de  température  et  autres  circonstances 
accidentelles  peuvent  faire  subir  à  l'accord  des  deux  diapasons. 

L'expérience  démontre,  en  effet,  que,  pour  obtenir  une  transmission 
rès-bonne,  le  synchronisme  absolu  des  deux  appareils  correspondants 
n'est  pas  nécessaire  ;  il  suffit  que  l'accord  existe  à  deux  ou  trois  tours 
près  par  minute. 

Au  début  du  travail,  l'employé  du  poste  expéditeur  doit,  comme  tou- 
jours, prévenir  l'employé  du  poste  récepteur  par  un  signal.  Mais  à  partir 
de  ce  moment,  tout  déppnd  de  l'employé  récepteur;  c'est  lui,  en  effet, 
qui,  au  moyen  d'un  courant  instantané  envoyé  sur  la  ligne,  met  en 
mouvement  l'appareil  du  poste  expéditeur  en  même  temps  que  celui  du 
poste  récepteur.  Du  moment  donc  où  le  mouvement  de  transmission 
commence,  on  est  sûr  que  la  dépêche  est  reçue  ;  on  n'est  pas  exposé, 
comme  l'on  dit,  à  transmettre  dans  le  vide. 

La  marche  de  l'appareil  [expéditeur  étant  commandée  par  l'employé 
récepteur,  cet  employé  peut  au  besoin  couper  la  transmission.  La  possi- 
bilité de  cette  manœuvre,  si  fréquemment  employée  en  télégraphie  élec- 
trique, donne  à  l'appareil  de  M.  d'Arlincourt  un  avantage  incontestable 
sur  les  autres  systèmes  autographiques. 

Depuis  deux  mois,  l'appareil  de  M.  d'Arlincourt  est  en  service  sur  la 
ligne  de  Marseille  ;  il  n'a  pas  cessé  un  instant  de  donner  de  bons  résul- 
tats. La  dépêche  est  reproduite  avec  une  remarquable  netteté,  en  carac- 
tères très-distincts;  la  vitesse  de  transmission  est  la  même  que  celle  de 
l'appareil  Hughes,  quarante  dépêches  par  heure.  (Test  le  seul  appareil 
autographique  qui  ait  marché  avec  une  telle  régularité  à  neuf  cents  kilo* 
mètres  de  distance. 

Ajoutons  enfin  que  des  expériences  sur  les  lignes  mises  à  sa  disposi- 
tion par  l'administration  ont  permis  à  M.  d'Arlincourt  de  s'assurer  que 
son  appareil  peut  transmettre,  avec  la  même  régularité,  la  même  net- 
teté et  la  même  vitesse,  à  une  distance  de  douze  cents  kilomètres.  Tel 
qu'il  est,  ce  télégraphe,  d'origine  toute  française,  peut  servi*  à  mettre 
Paris  en  communication  avec  les  principales  villes  de  France,  de  toute 
la  Belgique  et  d'une  grande  partie  de  l'Allemagne.  11  suffirait  de  faire  un 
pas  de  plus  dans  cette  voie  pour  donner  la  solution  définitive,  si  ardem- 


m  LES:  MONDES. 

méat  cherchée  de  toutes  parts,  .d£  lu  généralisation  de  la  télfygçaphie 
^ulographique.  , 

t'admiiiistralion  m  saurait  trop  encourager  lea  recherches  de  .cette 
nature,  car  let  appareils  autographiqi*fis,c  par  cela  même  qu'ilatrj&itqat 
une  page  d'écriture. comme. un  dessin  et  ea fournissent  le  foc  $imilc,pnt 
(te  très-grands  avantages  :  .d'une  part,  ils.  suppriment  tputes  les  erreurs 
4e  manipulation,  de  lecture  et  de  traduction;  d'autre. part,  ils  trans- 
mettent les  4^p4che*,  avec  june  exactitude  complètement  indépendante 
de  la  langue,  et  des  caractères  employas  par  l'expéditeur.  Ils  sont  donc 
éjQpuiewûen*  {propres  à,  satisfaire  à  tous  les  besoins  et  à  toutes  les  exi- 
gences, de  la  téiégnaphie  internationale. 

Quelle  que  soit  la,  supériorité  des  combinaisons,  adoptées  par  M.  d'Ar- 
lincourt  dans  la  construction  de  son  appareil,  il  n'aurait  certainement 
p^s  obtenu  de  si  beaux,  résultats  s'il  n'avait  pas  eu  à  sa  disposition  un 
organe  de  transmission  de  son  invention,  un  nouveau  relais,  destiné  à 
rendre  les  plus  grands  services  sur  les  très-longues  lignes. 

• . .  *•  • 

,t  Électro-aimant'  monstre.  — -  Il  a  été  construit  par  M.  Wal- 

lace,  d'Antdnià,  pour  le  professeur  Morton,  du  Stevens  Institute.  Il  est 
construit  de  hait  bobines  métalliques,  de  21  i\Z  pouces  de  diamètre 
sur  0  1  [4  pouces  de  longueur,  environnées  de  fils  de  cuivre  isolés 
avec  de  la  cerite.  Il  y  a  272  tours  de  fil  autour  de  chaque  bobine,  en 
tout  .2)76.  Les  bobines  spnt  en  métal  et  naturellement  on  les  a 
faites  creuses  pour  qu'on  puisse  y  introduire  les  noyaux  de  fer  doux. 
Ceux-ci  sont  du  meilleur  ter  de  Norwége,  parfaitement  décarbonisé, 
au  nombre  de  deux,  de  trois  pieds  trois  pouces  de  longueur,  de  six 
pouces  de  diamètre,  et  du  poids 4e  183  livres  chacun.  Ils  sont  suspen- 
dus à  une  traverse  dont  la  section  transversale  est  celle  des  noyaux  de 
fer  doux;  la  longueur  de  2  pieds  4  pouces,  la  largeur  de  2  pouces, 
l'épaisseur,  de,  6  pouces  et  le  poids  de  180  livres.  On  peut  faire  glisser 
qjuatre  bobines  autour  de  chaque  barreau  de  fer  doux  et  les  maintenir 
solidement  en  place  avec  des  écroue  sur  le  côté  intérieur*. Le  fil  de 
cuivre  entoure  séparément  chaque  bobine  et  on  les  fait  communiquer 
entre  elles  avec  des  vis,  de  sorte  que  Ton  peut  faire  agir  chaque  bobine 
séparément  ou  par  séries.  L'armature  est  formée  d'un  barreau  de  fer 
doux  de  23  pouces  de  longueur,  de  3  pouces  de  largeur,  de  i  3[4  pouce 
d'épaisseur,  et  du  poids  de  54  livres.  Au  centre  de  l'armature. passe 
un  boulofe  auquel  peut  être  attaché  le  poids  qu'on  veut  lui  faire  por- 
ter. Le  poids  total  est  d'environ  600  livres.  Il  est  près  de  douze  fois 
plus  grand  que  celui  du  célèbre  aimant  construit  par  le  professeur 
Heury,  du  Swithsçi^an  Institute  à  Washington.  Le  professeur  Mayer 


LES  MONDES.  JOT 

a  estimé  que  cet  électro-aimant  pouvait  soulever  un  poids  de  30  à 
40  tonnes  !  ou  près  dé  cinq  fois  celui  qiié  pouvait  jforter  l'ffléctrd- 
airaant  dont  se  sont  servis  Faraday  et  Tyiïdall  dans  lettré  fàtaéùses  re- 
cherches  et  expériences. 

Locomotive  ëltfetfo-ttfrgaétlqàedtell:  Eiïitle  ^téëtout. 

—  Elle  marche  continuellement  sur  un  chemin  de  fer  cttôuhcire  étfini- 
niature  de  3  ou  4  pieds  de  dfamètre.  La  pile  commuhiqae  avésétëô  rails. 
Ce  n'est  rien  de  plus  qu'un  joujou  amusant,  mais  l'inveftteur'a  la 
prétention  chiméHque  de  pouvoir,  avec  un  mécatnîfeme  seïnbïàbïe, 
mais  plus  puissaM,  déveïopper  la  fbrcô  de  dfeutf  chfcVftux  avec  deux 
éléments  d'une  pile;  a&seMion  qui  dépasse  dé  beaùc,ott|/tetift'ec  qui  a 
été  avancé,  même  par  nos  amis  Paine,  Highton  et  Kfcid.  *  •' 


BRBVfiTS  ^INVENTION 


Confire -projet  de  lM.  Ctk.  Tellier.  -<■  Un  homme,  un  inven- 
teur dans  le  génie  duquel  j'ai  là  plus  grande  confiante,  M:  Chartes 
Tellier,  qui  a  sérieusement  étudie  et  discuté  lé  projet  de  M  de-Mf  le 
comte  de  Douhet,  m'adresse  une  note  très-sensée,  dont  Je  crois  devoir 
donner  ici  la  substance, dans  l'intérêt  de  la  grande  question  que  je'soutëVe. 
Je  le  fais  (Fautant  plus  qu'elle  touché  à  tout  ce  qiii,  dans  le  projet  prinei* 
pal,  peut  être  controversé,  et  qu'il  faudra  choisir  entre  M:  dé  Douhet 
et  M.  Tellier. 

M.  Tellier  croitimposélfile  en  principe  la  formation  -d'une  commission 
d'examen  assez  compétente  pour  pouvoir  étudier  et  apprécier  tentes  les 
demandes  de  brevets  cPinvention. 

r 

Les  conseils  dto  prud'hoitimes'SOtLt  excellents  pour  Juger  des  questions 
de  fait,  mais  il  Tes  croit 'incapables  de  statuer  sur  la  nouveauté  et  la  va- 
leur des  inventions  ou  perfectionnements. 

Le  point  de  départ  d'une  bonne  loi  des  brevets  d'invention  doit" être' 
l'égalité,  essentielle  et  entière,  quant  à  la  durée  et  1*  suppression  tié  tôttt 
droit,  dans  le  privilège  de  l'idée,  qu'elle  soit  littéraire,  artistique  ocr  in* 
dustrielle;  le  droit  reconnu  à  la  propriété  de  Fœutre  fotellëctqflte,  Con* 
damner  l'inventeur  seul"  à  la  perte  dé  tous  ses  droits,  quels  qde  soient  le 
labeur  accompli  et  les  privations  subies,  parce' que,  à  une  hérédité1, 
inexorable,  il  n'aura1  pâfc  vefsé  ce  quftfrfa  pas,  c'est  ittiqtae;  et  l'Etat  qui 


108  LES  MONDES. 

demanderait  une  partie  de  ses  revenus  à  un  semblable  moyen,  com- 
mettrait un  acte  de  barbarie. 

Ce  que  l'État  et  la  société  sont  en  droit  d'exiger  de  l'inventeur,  c'est 
qu'il  ne  trace  plus  dans  son  brevet  un  cercle  tellement  élastique  que 
le  connu  et  l'inconnu  s'y  mêlent  de  manière  à  dissimuler  l'invention  ; 
il  faut,  au  contraire,  qu'il  soit  contraint  de  préciser  d'une  manière 
absolue,  et  nette,  l'idée  ou  plutôt  le  fait  qu'il  entend  garantir.  Dans  ces 
conditions,  les  commissions  d'examen  ne  sont  plus  nécessaires;  et  en 
cas  de  litige,  le  corps  du  délit  devenant  plus  facilement  saisissable  et 
vériflable,  les  juges  ordinaires  peuvent  statuer  ou  faire  statuer  sans  peine. 

Gela  posé,  voici  comment  M.  Gh.  Tellier  formulerait  son  projet  .de  loi. 
Article  1er.  La  propriété  intellectuelle,  quelle  qu'elle  soit,  est  garantie 
pendant  trente  ans  sur  simple  dépôt  :  par  l'auteur,  de  deux  exemplaires 
de  son  ouvrage;  par  l'artiste*  de  deux  photographies  de  son  œuvre;  par 
rinventeur,  de  deux  descriptions  avee  figures  ou  modèles,  s'il  est  néces- 
saire, de  son  invention. 

Art.  2.  L'inventeur,  dans  un  paragraphe  spécial  et  final,  devra 
préciser  l'objet  ou  le  fait  de  son  invention  dont  il  se  réserve  la 
propriété.  Cet  énoncé  sera  imprimé  dans  un  journal  ou  recueil  officiel, 
dont  un  exemplaire  sera  mis  à  la  disposition  du  public  au  greffe  de 
chaque  tribunal  de  commerce  ou  même  de  chaque  mairie  de  canton. 

Art.  3.  Tous  différents  relatifs  à  la  propriété  intellectuelle  seront  jugés 
par  les  tribunaux  civils . 

Art.  4.  Toutes  personnes  tierces  pourront  prendre  des  additions  à 
l'invention;  mais  les  additions  ne  pourront  être  exploitées  qu'avec  au- 
torisation du  titulaire  du  brevet. 

Art.  5.  La  déchéance  d'un  brevet  ne  pourra  être  prononcée  que  dans 
le  cas  ou  le  breveté,  dûment  mis  en  demeure  et  en  mesure  d'appliquer  son 
invention,  s'y  sera  refusé. 

Art.  6.  L'expropriation  moyennant  indemnité  pourra  être  prononcée. 

M.  Tellier  ne  se  préoccupe  pas  des  intérêts  du  Trésor,  parce  qu'il  reste 
sur  le  terrain  seul  solide  de  l'impôt  unique,  et  que  ces  intérêts  seraient 
pleinement,  servis  par  le  timbre  proportionnel  annexé  à  chaque 
cession  de  brevet.  Telle  invention  dont  le  brevet  n'a  rapporté  à  l'Etat 
que  1  500  francs,  dans  la  législation  actuelle,  dans  la  législation  nou- 
velle et  avec  l'impôt  unique,  aurait  payé  à  l'Etat  plus  de  100  000  francs 
sans  gênqr  en  rien  l'inventeur. 

Ah!  si  l'impôt  unique  pouvait  enfin  être  compris,  combien  la  France 
serait  riche  et  prospère  ! 

En  échange  de  notre  courageuse  propagande,  de  notre  généreux  apos- 
tolat, ne  sommes-nous  pas  en  droit  de  demander  aux  intéressés  de  s'as- 


LLS  MONDES.  109 

socier  au  succès  de  notre  journal  Les  Mondes,  fidèle  écho  des  salles  du 
Progrès.  Par  cela  même  qu'il  enregistrera  avec  les  détails  nécessaires  et 
suffisants  toutes  les  découvertes  utiles,  il  est  impossible  qu'il  n'apporte 
pas  dans  l'année,  à  chaque  industriel,  la  connaissance  et  la  mise  en  pos- 
session d'un  procédé  ou  d'un  perfectionnement  de  nature  à  donner 
une  nouvelle  vie  à  son  industrie,  lui  remboursant  ainsi,  au  centuple, 
sa  modique  avance  de  25  francs  pour  Paria,  de  30  francs  pour  les 
départements,  de  32  francs  pour  l'étranger. 


CHIMIE  APPLIQUEE 


Pain  de  aantë,  par  M.  le  docteur  Sagg,  de  Neufchâtel.  —  Le 
pain  est  de  la  farine  dont  les  éléments,  gluten  et  amidon,  ont  été 
gonflés  et  rendus  en  parties  solubles  par  la  fermentation,  qui  détruit 
environ  40  OjO  de  l'amidon  de  la  farine  qu'elle  change  en  alcool  et  en 
acide  carbonique  qui,  en  se  dégageant,  gonflent  la  pâte  et  forment  les 
yeux  du  pain. 

La  fermentation  étant  difficile  à  régler,  parce  qu'elle  est  d'autant 
plus  forte  que  la  température  est  plus  élevée,  la  quantité  du  pain  varie 
sans  cesse,  la  perte  en  farine  est  considérable  et  le  pain  contient  un 
acide  nuisible  à  la  digestion  pour  beaucoup  d'estomacs  faibles,  l'acide 
lactique. 

Toutes  ces  considérations  réunies  ont  conduit  des  chimistes  à  essayer 
de  faire  du  pain  en  dégageant  de  l'acide  carbonique  dans  la  pâte  de 
farine,  et  à  la  faire  cuire  ensuite.  Ces  essais,  qui  datent  de  1817,  ont 
été  repris  depuis  2  ans  par  plusieurs  chimistes,  mais  ils  n'ont  pas 
réussi  à  supplanter  le  pain  fermenté. 

Il  n'y  a  dans  cet  insuccès  rien  qui  doive  étonner;  en  effet,  tous  ces 
procédés  ne  font  que  gonfler  la  pâte  sans  rien  changer  à  l'état  des  deux 
principes  de  la  farine,  en  sorte  qu'ils  donnent  un  pain  bon  marché  il 
est  vrai,  mais  difficile  à  digérer,  et  ayant  un  mauvais  goût. 

En  cherchant  parmi  les  nombreux  agents  chimiques  dont  on  dispose 
s'il  n'y  en  aurait  pas  qui  puissent  gonfler  la  pâte  et  rendre  le  gluten  et 
l'amidon  aisément  assimilables,  j'en  ai  trouvé  quelques-uns,  mais 
presque  tous  coloraient  le  pain  en  lui  donnant  un  goût  désagréable  ; 
un  seul  atteignait  en  plein  le  but,  c'est  celui  que  j'ai  employé. 

Pour  être  sûr  du  procédé,  j'ai  pendant  6  mois  fait  le  pain  nécessaire 
à  ma  famille.  Je  l'ai  fait  goûter  à  quelques  amis,  et  je  me  suis  décidé 


410  LES  MONDES. 

à  faire  un  essai  eu  grand.  Dans  ce  but  je  me  suis  rendu  à  Paris,  et 
j'aurais  complètement  réussi  si  le  boulanger  avait  mis  plus  d'eau  dans 
sa  pâte;  le  pain  était  excellent,  mais  pas  assez  levé;  les  yeux  en  étaient 
réguliers,  nombreux,  mais  trop  petits,  et  le  boulanger  ne  voulut  pas 
continuer  ses  essais. 

Cet  insuccès  partiel  ne  me  lassa  pas,  et  je  m'adressai  à  un  autre 
boulanger.  Cette  fois  la  réussite  fut  complète:  toutes  les  personnes  qui 
goûtèrent  de  ce  pain  furent  émerveillées  du  résultat.  Le  fait  arriva 
jusqu'à  l'Empereur;  le  maréchal  Lebœuf  allait  faire  appliquer  ce  pro- 
cédé à  toutes  les  manutentions  militaires  de  l'Est,  quand  la  guerre 
éclata,  arrêtant  toutes  ces  recherches.  Est-ce  le  moment  de  recom- 
mencer ces  essais?  Je  le  pense»  et  voici  pourquoi  mon  pain  est  meilleur 
que  celui  qu'on  obtient  par  le  procédé  de  la  fermentation,  il  est  plus 
vite  fait,  puisqu'il  n'exige  avant  l'enfournage  qu'un  simple  pétrissage 
de,  10  minutes,  il  livre  un.  produit  toujours  d'égale  quantit^  et  de 
7  centimes  meilleur  marché  par  kilogramme  de. farine  employée,  j>£r«* 
que  le  rendement  en  pain  est  de  10  à  15  0[0de  la  farine.  J'ignore 
combien  l'Etat  emploie  de  farine  chaque  jour  pour  l'alimentation  de 
l'armée  de  terre  et  de  mer  ;  mais  cette  quantité  doit  être  énorme,  et 
une  économie  de  5  centimes  par  kilogramme  de  farine,  produira  cer- 
tainement un  bénéQce  considérable,  sur. le  tout,  au  bout  de  l'année. 
A  cette  économie  il  faudra  ajouter  celle  de  la  préparation  des  leyains 
et  la  main  d'œuvre  qui  y  est  relative  ;  je  crois  que  le  tout  réuni 
amènera  à  des  chiffres  si  énormes,  que  je  ne  saurais  assez  engagetinos 
administrateurs  à  les  examiner,  et  à  mettre  en  pratique  ma  découverte. 

Ce  procédé  un  peu  modifié  est  applicable  aussi  à  la  fabrication: du 
biscuit  de  mer,  qui  devient  par  là  plus  savoureux,  plus,  nutritif  et 
d'un  meilleur  aspect,  sans  être  plus  cher.  —  Sagc. 


RffVOE  ÉTRANGÈRE*   PAR  M,  J.-B.   VIOLLET. 

Notes  sur  la  fabrication  de»  monnaies  en  ângle^ 
ferre.  —  Le  premier  rapport  annuel  du  directeur- adjoint  de  là 
Monnaie  de  Londres,  publié  dernièrement,  contient,  outre  les  in- 
formations ordinaires  sur  les  opérations  exécjfées  en  1870,  une 
notice  historique  sur  cet  établissement  et  sur  les  faits  qui  se  rapT 
portent  au  monnayage.  De  toutes  les  recherches  faites  sur  ce  sujet, 
dans  les  documents  les  plus  authentiques,  il  semble  résulter  que 
le  droit  de  battre  monnaie,  en  Angleterre,  comme  dans  d'autres 
pays,  a  toujours  été  le  privilège  du  souveraiu.  Dans  les  premiers 


LES  MONDES.  Ml 

temps,  la  Couronne,  outre  le  droit  de  fixer  les  dénominations,  les 

empreintes  et  le  cours  dès  monnaies,  exerçait  aussi  celui  de  dé- 
terminer le  titre,  et  il  est  remarquable  que  les  dispositions  légis- 
latives portées  de  temps  en  temps  par  le  Parlement,  sur  la  fabri- 
cation des  monnaies,  ne  paraissent  avoir  eu  pour  objet  que  de 
rectifier,  par  l'autorité  suprême  de  la  législature,  des  pratiques 
irrégulières,  tandis  que  les  opérations  normales  étaient  tracées 
par  des  contrats  passés  entre  la  Couronne  et  le  directeur  de  la 
Monnaie.  Le  privilège  de  battre  monnaie  a  plusieurs  fois  été  dé- 
légué à  des  particuliers  éminents,  tels  que  les  archevêques  d'York 
et  de  Cantorbéry,  Tévêque  deDuiham,  et  les  abbés  des  principaux 
monastères;  mais  le  droit  de  déterminer  le  titre,  la  dénomination 
ej l'empreinte  paraît  avoir  toujours  été  exclusivement  réservé  à  la 
Couronne,  qui  semble  même  avoir  exercé  en  tout  temps  celui  de 
donner  dans  le  pays  cours  aux  monnaies  étrangères  et  de  fixer  lé 
taux  pour  lequel  on  devait  les  accepter  en  paiement. 

Il  est  intéressant  de  faire  connaître  les  métaux  qui,  dans  diffé- 
rents temps,  ont  été  employés  pour  les  monnaies  et  les  variations 
subies  par  la  proportion  de  l'alliage  admis.  Sous  les  Saxons  et  les 
Danois,  on  ne  paraît  avoir  employé  que  l'argent  et  le  laiton,  mais 
ce  dernier  fut  plus  tard  rejeté  par  les  Normands,  qui  n'admirent 
que  la  monnaie  d'argent.  La  monnaie  d'or  ne  fut  frappée  que  sous 
le  règne  de  Henri  III  (1216  à  1272);  quant  à  celle  de  cuivre,  elle 
ne  parut  qu'à  partir  de  1672. 

Avant  d'entrer  dans  le  détail  des  changements  apportés  de 
temps  en  temps  dans  les  monnaies,  l'auteur  fait  connaître  les 
trois  méthodes  employées  pour  en  abaisser  la  valeur. 

D'abord,  on  a  diminué  le  poids  du  métal  contenu  dans  l'étalon  ; 
puis  on  a  élevé  la  valeur  nominale  d'une  pièce  d'un  poids  et  d'un 
titre  connus  et  précédemment  déterminés  ;  enfin,  on  a  modifié  U 
pureté  du  métal  dans  des  pièces  d'une  dénomination  et  d'un  poidfe 
connus. 

Sauf  une  courte  période  de  temps  sous  les  règnes  de  Henri  VIII 
et  d'Edouard  VI,  les  monnaies  d'argent  furent  toujours  abaissées 
par  le  premier  de  ces  moyens,  tandis  que  les  monnaies  d'or  ont 
plus  fréquemment  subi  des  surélévations  arbitraires  de  leur  valeur 
nominale.  On  se  proposait  par  là  de  maintenir  le  rapport  entre  la 
valeur  de  l'or  et  de  l'argent.  Les  inconvénients  d'un  système  sem- 
blable sont  évidents  ;  car,  afin  d'obtenir  un  avantage  momentané, 
on  apportait  dans  les  tratàaetions  des  bouleversements  violents 


112  LES  MONDES. 

dont  les  conséquences  paralysaient  tout  le  commerce  et  portaient 
la  confusion  dans  le  système  monétaire  du  pays. 

Avant  la  fabrication  des  pièces  d'or  anglaises,  sous  le  règne  de 
Henri  III,  on  trouvait  dans  le  pays  des  pièces  d'or  de  10  sh.  envi- 
ron, qui  étaient  frappées  à  Constantinople  et  qui  circulaient  libre- 
ment en  Angleterre,  sous  le  nom  de  besants.  Plus  tard,  on  vit 
aussi  des  florences,  ainsi  nommées  parce  qu'elles  venaient  de  Flo- 
rence, et  qui  n'étaient  pas  moins  connues  en  Angleterre  que  dans 
le  reste  de  l'Europe.  C'est  de  ces  monnaies  que  dérive  le  mot 
florin,  qui,  comme  pièce  d'argent,  sert  encore  de  monnaie  de 
compte  dans  l'Allemagne  du  Sud.  On  a  frappé,  à  différentes 
époques,  plusieurs  sortes  de  monnaies  d'or,  diversement  désignées. 
Sous  le  règne  d'Edouard  TU,  le  noble,  et  sous  celui  d'Edouard  IV, 
l'angelot  et  le  noble  à  la  rose  furent  suivis  du  double  réal  ou 
souverain  de  Henri  VII,  qui  eut  cours  pour  20  shillings.  Vint  en- 
suite le  lauriçr  de  Jacques  Ier,  dont  le  cours  devait  être  encore  de 
20  shillings.  Cette  dernière  monnaie  fut  aussi  adoptée  par 
Charles  II,  à  la  Restauration,  et  fut  ensuite  appelée  une  guinée. 
Le  souverain  actuel  fut  établi  par  une  proclamation  du  1er  juillet 
1817  et  répondit  par  la  quantité  de  fin  aux  20/21  de  la  guinée. 

Le  titre  adopté  aujourd'hui  en  Angleteterre  pour  la  monnaie 
d'or  est  de  22  parties  de  fin  et  de  2  parties  d'alliage.  Les  monnaies 
d'or  frappées  sous  Henri  III  étaient  à  24  carats  et,  par  conséquent, 
se  composaient  d'or  pur  ;  mais  ce  titre  fut  changé  par  Edouard  III 
et  réduit  à  23  carats  et  3  i  /2  grains  de  fin,  c'est-à-dire  à  4/2  grain 
seulement  d'alliage  (soit  à  95  1/2  de  fin  et  1/2  d'alliage).  Sous 
Henri  VIII,  il  fut  abaissé,  réduit  à  20  carats  d'or  et  4  d'alliage. 
Durant  ce  dernier  règne,  cependant,  on  a  frappé  aussi  des  cou- 
ronnes de  22  carats  d'or  et  de  2  d'alliage.  Après  plusieurs  modifi- 
cations, ce  titre,  sous  le  nom  d'or  de  couronne,  a  été  définitive- 
ment adopté,  pendant  le  régne  de  Charles  II,  par  un  acte  du 
Parlement,  pour  le  seul  titre  légal,  et  depuis  a  été  maintenu  jus- 
qu'à ce  jour. 

Pour  la  monnaie  d'argent,  le  titre  actuel,  savoir  11  onces 
2  pennyweights  de  fin  et  18  pennyweights  d'alliage  (ce  qui  revient 
à  222  parties  de  fin  et  18  d'alliage),  a  été  probablement  introduit 
d'abord  par  les  Saxons,  mais  il  a  subi  ensuite  plusieurs  variations. 

La  première  monnaie  de  cuivre  fut  frappée  en  1665  par 
Charles  II,  mais  on  ne  trouve,  avant  1672,  aucune  trace  de  l'émis- 
sion de  ces  pièces.  Des  jetons  de  cuivre  et  de  laiton  furent  mis  en 
circulation  sous  le  règne  de  Jacques  Ier;  cependant  leur  valeur  in- 


LES  MONDES.  113 

trinsèque  était  si  inférieure  à  leur  valeur  nominale  que  Ton  ne 
crut  pas  convenable  de  les  reconnaître  comme  monnaies.  Des 
pièces  de  cuivre  continuèrent  de  circuler  depuis  Je  règne  de 
Charles  II,  et  une  grande  émission  de  ce  métal  eut  lieu  en  1707. 

r 

Ou  n'a  plus  fait  de  changements  depuis  cette  époque  jusqu'à  l'in- 
troduction de  la  monnaie  de  bronze,  en  18G0. 

L'étain  a  aussi  été  employé  en  1680,  et  Ton  frappa  des  farthings 
de  ce  métal,  entourant  un  noyau  de  cuivre.  On  y  revint  encore 
sous  le  règne  de  Guillaume  et  de  Marie,  où  Ton  émit  une  grande 
quantité  de  demi-pences  et  de  farthings. 

La  monnaie,  après  la  conquête  des  Normands,  paraît  avoir  été, 
jusqu'à  un  certain  point,  sous  l'autorité  des  barons  de  l'Echiquier. 
Avant  cette  époque,  les  directeurs  des  monnaies,  dont  les  noms 
étaient  inscrits  sur  les  pièces,  et  qui,  en  qualité  de  fabricants, 
étaient  probablement  responsables  personnellement  de  l'exactitude 
du  poids  et  du  titre,  sont  les  seuls  officiers  des  monnaies  dont  les 
anciens  documents  fassent  mention.  Ces  personnes,  qui  étaient  em- 
ployées directement  par  le  roi,  ou  par  les  éminents  particuliers 
auxquels  était  délégué  le  privilège  de  battre  monnaie,  jouirent 
toujours  de  grandes  prérogatives,  mais  tout  écart  de  leur  devoir 
était  puni  avec  la  plus  grande  sévérité.  Dans  les  premiers  temps, 
il  existait  des  hôtels  des  monnaies  dans  les  principales  villes 
d'Angleterre  et  d'Irlande,  telles  que  Bristol,  Hull,  Dublin.  Il  y  en 
a  même  eu  un  à  Calais.  Il  est  curieux  aussi,  qu'outre  celui  delà 
Tour  de  Londres,  on  en  ait  aussi  établi  un  à  Southwark.  La 
Monnaie  de  Dublin  a  été  supprimée  en  1696;  celle  d'Edimbourg 
l'a  été  en  1817  et,  depuis  cette  époque,  la  fabrication  de  toutes  les 
monnaies  du  Royaume-Uni  est  concentrée  sous  la  direction  du 
maître  de  la  Monnaie  de  Londres.  (Journal  of  the  Society  of  Arts.) 

Danger  de  l'emploi  de  différent»  métaux  dans  les 
appareils  à  vapeur  et  les  distributions  d'eau.  (Observa- 
tions de  M.  Clinkskill.)  —  M.  Clinckskill  a  présenté  dernièrement 
à  l'Institution  des  ingénieurs  d'Ecosse  des  morceaux  coupés  dans 
des  chaudières  destinées  à  alimenter  d'eau  chaude  des  maisons 
particulières.  Ces  appareils,  détruits  dans  ce  travail,  étaient  ali- 
mentés avec  de  l'eau  de  Lpch-Katrine.  L'action  exercée  sur  la  tôle 
avait  évidemment  été  plus] active  que  dans  les  circonstances  ordi- 
naires, car  la  surface  avait  été  irrégulièrement  et  profondément 
creusée  comme  un  rayon  de  miel.  Dans  cette  circonstance,  la 
bâche  alimentaire  était  en  plomb,  et  comme  la  chaudière,  ainsi  que 


•14  LES  MONDES. 

les  tuyaux  de  communication,  étaient  en  fer,  il  résultait  de  cet 
assemblage  un  couple  galvanique  auquel  il  somlplajt  naturel  d'at- 
tribuer la  destruction  de  la  tôle.  D'après  cette  expérience,  il  pa- 
rait convenable  que,  dans  la  constructiop  de  semblables  appareils, 
on  ait  soin  d'employer  le  fer,  ou  du  moins  un  jnême  métal,  pour 
la  confection  de  toutes  les  pièces  mentionnées. 

Découverte  d'une  nouvelle  propriété  du  collodlon. 

—  Dans  une  séance  récente  de  la  Société  do  Berlin,  on  adonné 
quelques  détails  sur  une  propriété  singulière  du  collodion,  décou- 
verte par 9  M.  Kleffel  et  qui  peut  vraisemblablement  conduire  à 
quelques  applications  utiles.  L'auteur  a  trouvé  que  si  l'on  enduit 
de  collodion  une  lame  de  verre,  selon  la  méthode  ordinaire,  et 
que,  quand  le  liquide  s'est  solidifié,  on  presse  dessus  une  feuille 
,de  papier  imprimé,  en  appuyant  avec  la  paume  de  la  main,  oji 
trouve  sur  le  collodion,  après  l'enlèvement  du  papier,  une  repro- 
duction très-fidèle  des  caractères  qui  restent  parfaitement  visibles 
après  la  dessiccation  complète  de  l'enduit.  La  reproduction  e*t 
surtout  visible  lorsqu'on  regarde  la  lame  par  transparence,  ou 
bien  par  réflexion,  après  avoir  dirigé  dessus  son  haleine.  Les 
traces  de  l'impression  paraissent  enfoncées  et  claires,  tandis  que 
le  reste  de  la  couche  semble  terne  et  mat. 


MÉCANIQUE  APPLIQUÉE 


CouoeuM  automate  et  moteur  automatique  Carc  in- 
Adam. —  Rapport  lu  par  M.  Martial  Roussel,  le  1 4  avril  1871, 
dans  la  séance  de  la  Société  industrielle  d'Amiens.  (Extrait.) 
—  Notre  honorable  collègue,  M.  Vion,  m'a  ipvité  à  prendre  connais- 
fiancé  d'une  machine  à  coudre,  déposée  momentanément  chez  lui,  et 
avec  les  propriétaires  de  laquelle  il  est  en  relation  d'amitié. 

Cette  machine,  inventée  par  Mlles  Garcin  et  M.  Adam,  de  Colmar, 
«et  brevetée  dans  les  principaux  Biais  de  l'Europe  et  en  Amérique. 

Mlles  Garcin  ont  consacré  une  fortune  laborieusement  acquise  à  la 
promulgation  d'une  idée  heureuse,  celle  de  faire  de  la  Couseuse  mé- 
canique une  machine  automatique.  Elles  ont  été  meryeiUeijsemejit 
secondées  dans  le. développement  4p  cette  idée  par  jty,  A^a»m,  horjoggr 
à  Colmar,  artiste  distingué,  auquel  les  sciences  physiques  et  mathé- 


LES  MONDES.  H  5 

matiques  sont  redevables  d'un  grand  nombre  d'instruments  de  préci- 
sion. C'est  lui,  m'at-on  assuré,  qui  a  fourni  à  M.  Hirn,  l'illustre 
physicien  de  Colmar,  les  instruments  dont  il  s'est  servi  pour  l'étude 
des  phénomènes  si  savammept  expqsés  par  lui  dans  ses  nombreux  ou- 
vrages. 

Ces  quelques  mots  sur  les  inventeurs  de  la  nouvelle  machine  ,à 
coudre  suffiront,  je  l'espère,  pour  appeler  vos  sympathies  sur  leur 
découverte  et  arçrja  valeur  réelle  qui  .}a  caractérise.  ,M.  Vioa,  per- 
suadé, comme  noys  tousyique  Je»but , et  Je,  devoir  des  .sociétés  savantes 
est  de  travailler  à  la  propagation  des  idées  et  des  découvertes  <jui,peur 
vent  contribuer  au  progrès  4es  arts.ôt  des  sciences,  m'a  engagée  jous 
présenter,  sur  la  nouvelle  machine,  quelques  considérations  ^  propres 
à  vous  la  faire  connaître,  dans  la  pensée  que  vos  suffrages ,  si  aile  îles 
obtient,  aideraient  puissamment  à  sa  promulgation.  J'ai, cédé  d'autant 
plus  volontiers  à  cette  demande,  que  je  connais  mieux  que  personne 
votre  vif  désir  de  contribuer  au  développement  de  tout  ce  qui  peut 
améliorer  la  position  des  ouvriers  laborieux  et  faciliter  leurs  travaux. 
La  machine  à  coudre  de  Mlles  Garcin  et  de  M.  Adam  m'a  ,d'aiHeurs 
paru  digne  de  votre  attention,  par  l'intelligence  et  l'heureuse  ^posi- 
tion qu'ils  sont  parvenus  à  lui  donner  et  par  les  résultats  vraiment  re- 
niai quables  qu'ils  ont  obtenus. 

Avant  d'entrer  dans  l'examen  de  l'appareil  qui  nous  occupe,  per- 
mettez-moi, messieurs,  de  jeter  un  coup  d'oeil  sur  les  machines  à 
coudre  en  général,  et,  au  milieu  des  avantages  incontestables  qu'elles 
présentent,  de  vous  signaler  quelques  inconvénients  assez  graves  qu'a 
révélés  leur  usage  aujourd'hui  si  heureusement  et  si  généralement 
adopté.  Ces  inconvénients  consistent  principalement  dans  la  fatigue 
qui  résulte  pour  les  ouvrières  de  l'emploi  de  la  pédale  pour  mettre  ces 
machines  en  mouvement. 

Plusieurs  médecins  en  chef  des  hôpitaux  ont  signalé,  sous  ce  rap- 
port, de  très-grands  dangers.  Quelques-uns  même  ont  été  jusqu'à 
proscrire  entièrement  les  machines  à  coudre  animées  par  ce  moyen. 
Dans  une  notice,  insérée  dans  la  sixième  livraison  de  Y  Encyclopédie 
générale^  M.  Michel  Alcan  nous  apprend  que,  dans  certains  ateliers, 
on  a  été  obligé  d'établir  des  relais  pour  n'occuper  la  même  femme  que 
pendant  deux  heures  consécutives  ;  et  cela,  dit*il,  parce  que  l'action 
incessante  du  pied  fait  affluer  le  sang  à  la  partie  inférieure  du  coups 
et  surexcite  le  syetèjne  nerveux,  de  façon  à  altérer  gravement,  la  santé 
de  l'ouvrière. 

Un  horçype  distingué,  attaché  comme  médecin  en  chef  à  -un 
hôpital,  a  accueilli  la  nouvelle  Çouseuse  avec  un  véritable  enthou- 


116  LES  MONDES; 

siasme.  a  L'Académie  de  médecine,  disait-il  à  Mlles  Garcin,  constate 
journellement  les  maladies  de  toute  nature  qu'engendre  la  machine 
à  coudre  mise  en  mouvement  par  le  pied  de  l'ouvrière. 

Quelques-uns  de  ses  rapports  ont  été  publiés  dans  les  journaux,  mais 
l'Académie  n'a  pas  dit  tout  ce  qu'elle  sait,  tout  ce  qu'elle  pense  à  cet 
égard,  pour  ne  pas  décourager  l'ouvrière  qui  est  obligée  d'employer 
une  Couseuse  mécanique.  »... 

MM.  Armengaud  indiquent  plusieurs  autres  tentatives  faites  pour 
rendre  automatique  la  machine  à  coudre  ;  on  a  essayé  tour  à  tour  des 
moteurs  à  air  comprimé ,  des  moteurs  à  eau,  des  moteurs  électriques, 
mais  sans  succès  réel,  de  sorte  qu'il  ne  reste ,  comme  indépendante 
de  tout  moteur  fixe  et  étranger,  que  la  machine  automatique  de  Mlles 
Garcin  et  de  M.  Adam,  de  Colraar. 

La  Couseuse,  proprement  dite,  sauf  quelques  modifications  intelli- 
gentes dans  le  but  de  rendre  les  mouvements  plus  sûrs  et  plus  faciles, 
appartient  à  l'un  des  divers  systèmes  connus;  le  moteur,  d'ail- 
leurs, s'applique  également,  aux  machines  de  chacun  des  systèmes 
connus. 

Il  se  compose  d'un  rouage  d'horlogerie,  d'une  construction  solide, 
qu'il  suffit  de  remonter  toutes  les  deux  ou  trois  heures  pour  assurer 
le  mouvement  régulier  et  continu  de  la  Couseuse.  Dans  la  machine 
qui  m'a  été  montrée,  six  barillets  partent  des  roues  dentées  engrenant 
les  unes  dans  les  autres  et  conduisant  un  pignon  dont  Taxe  porte  une 
roue  engrenant  elle-même  dans  un  second  pignon.  L'axe  de  ce  pignon 
reçoit. la  poulie  sur  laquelle  vient  se  placer  la  corde  qui  transmet  à  la 
machine  à  coudre  le  mouvement  du  moteur,  et  une  roue  à  denture 
hélicoïdale  conduisant,  au  moyen  d'une  vis  sans  fin,  le  volant  régula- 
teur de  l'appareil.  Ce  volantr  dont  les  ailes  sont  mobiles  et  peuvent 
être  plus  ou  moins  inclinées  par  rapport  au  plan  de  son  mouvement, 
permet  d'accélérer  ou  de  diminuer  la  vitesse  suivant  les  besoins. 
L'arrêt  est  obtenu  de  la  manière  la  plus  facile  et  la  plus  sûre  par  une 
détente  placée  à  portée  de  la  main  de  l'duvrière. 
.  Tous  les  mobiles  composant  ce  rouage  sont  placés  dans  une  cage 
horizontale  comme  les  roues  d'une  horloge ,  et  l'appareil  tout  entier 
.est  renfermé  dans  une  caisse  en  bois  formant  la  table  même  sur  la- 
quelle est  placée  la  Couseuse  qu'il  met  en  mouvement.  Cette  table  est 
soutenue  par  quatre  pieds  auxquels,  selon  moi,  on  a  mal  à  propos 
ajouté  des  roulettes.  Ces  roulettes  nuisent  à  la  stabilité  de  la  table,  et 
doivent,  dans  certains  cas,  gêner  le  travail  de  l'ouvrière. 

En  résumé,  le  moteur  inventé  par  Mlles  Garcin  et  M.  Adam  se  com- 
pose d'un  rouage  d'horlogerie  mis  en  mouvement  par  douze  ressorts 


LES  MONDES.  111 

énergiques  de  pendule,  renfermés  dans  six  barillets.  C'est  sur  la  com- 
binaison très-remarquable  de  ces  ressorts  que  Je  désire  surtout  appeler 
votre  attention,  cette  combinaison  constituant  à  elle  seule  la  nouveauté 
et  tous  les  avantages  du  nouveau  système.  Le  problème  à  résoudre 
était  celui-ci  :  combiner  un  nombre  quelconque  de  ressorts,  de  manière 
a  ce  qu'ils  développent,  non  pas  simultanément,  mais  successivement, 
leur  force  pour  la  mise  en  mouvement  de  la  machine  à  coudre.  En 
d'autres  termes,  il  fallait  obtenir  de  la  réunion  de  plusieurs  ressorts, 
non  pas  une  plus  grande  somme  instantanée  de  force,  mais  une  plus 
longue  durée  dans  le  développement  de  cette  force.  Les  inventeurs,  je 
le  répète,  ont  atteint  ce  résultat  par  une  très-heureuse  combinaison  de 
ressorts  moteurs. 


Pour  vous  donner  une  idée  claire  et  précise  de  cette  combinaison, 
laissez-moi  vous  dire  un  mot  de  la  disposition  du  ressort  plié  en  spirale 
dans  les  machines  où  il  est  employé  comme  moteur.  Ce  ressort  est  une 

8 


4*8  LES  Â10NDES 

lame  d'acier  trempé  el  ramené  a  un  degré  de  dureté  tel  qu'on  puisse 
le  plier  et  le  rouler  autour  d'un  arbre.  Ainsi  enroulé,  le  ressort,  par 
son  élasticité,  fait  effort  pour  se  redresser  :  cet  effort  constitue  la  force 
motrice  du  ressort.  Pour  utiliser  cette  force,  on  renferme  le  ressort  dans 
un  barillet.  Le  barillet,  comme  on  le  sait,  est  un  cylindre  creux,  formé 
par  une  feuille  de  fer  ou  de  cuivre,  et  fermé  à  ses  deux  extrémités  pair 
deux  plaques  métalliques  percées  à  leur  centre  d'un  trou,  pour  laisser 
passer  Taxe  du  barillet.  Le  barillet  tourne  librement  sur  cet  axe.  Une 
des  deux  plaques  excède  le  plus  souvent  par  sa  circonférence  l'enve- 
loppe cylindrique  qui  forme  le  barillet  ;  sur  cette  partie  excédante  sont 
taillées  les  dents  d'une  roue  ordinaire. 

Cette  roue,  comme  on  le  voit,  fait  corps  avec  le  barillet  et  participe 
à  son  mouvement.  Le  ressort,  enroulé  sur  lui  même  comme  serait  une 
feuille  de  papier,  et  placé  dans  le  barillet,  s'attache  par  son  extrémité 
extérieure  à  la  circonférence  intérieure  du  barillet,  et  par  son  bout  in- 
térieur à  l'arbre  qui  le  traverse  et  en  forme  l'axe.  Le  ressort  ainsi  en- 
roulé sur  lui-même,  placé  dans  le  barillet  et  fixé  par  ses  deux  bouts, 
comme  je  viens  de  le  dire,  ne  remplit  pas  toute  la  capacité  du  cylindre. 
Il  reste  entre  l'arbre  et  les  spires  intérieures  du  ressort  un  vide  qui 
permet  de  le  tendre  en  le  forçant  à  s'enrouler  autour  de  l'arbre,  et  qui 
lui  laisse  la  faculté  de  reprendre  sa  première  position.  Forcer  ainsi  le 
ressort  à  s*enrouler  autour  de  l'arbre,  est  ce  que  l'on  appelle  en  horlo- 
gerie remonter  le  ressort.  Cet  effet  s'obtient  de  deux  manières  :  la  pre- 
mière en  maintenant  le  barillet  mobile  et  en  tournant  Taxe  sur  lui- 
même  au  moyen  d'une  clé  ;  la  seconde  en  arrêtant  l'axe  et  en  faisant 
tourner  le  barillet  dans  le  sens  convenable. 

Par  ce  qui  précède,  bien  entendu,  on  se  rendra  facilement  compte  de 
la  combinaison  des  ressorts  constituant  le  moteur  de  Mlles  Garcin  et 
Adam. 

J'ai  dit  déjà  que  ce  moteur  se  compose  de  six  barillets,  animant  un 
rouage  d'horlogerie  chargé  de  transmettre  le  mouvement  à  la  couseuse. 
Ces  six  barillets  sont  placés  deux  à  deux,  sur  le  même  axe,  et  portent 
chacun  une  roue  dentée,  de  même  diamètre  et  d'un  nombre  égal  de 
dents.  Ils  sont  disposés  paralèllement  dans  la  cage  horizontale  qui 
contient  tout  le  système,  et  à  distance  convenable  pour  que  la  roue 
d'un  barillet  puisse  engrener  avec  la  roue  du  barillet  placé  à  sa  droite. 
Chaque  barillet  renferme  deux  ressorts  disposés  à  côté  l'un  de  l'autre, 
et  attachés,  comme  je  l'ai  dit,  par  leurs  extrémités  intérieures  et  exté- 
rieures à  l'arbre  et  à  la  circonférence  intérieure  du  barillet,  et  agis- 
sait tous  deux  dans  le  même  sens  pour  faire  mouvoir  ce  dernier.  Ces 
ressorts  sont  très-énergiques,  et  leurs  lames  ont,  m'a-t-on  dit,  uàe 


Ll'.S  M  ON  Mit.  lié 

longueur  de  dix  mètres.  Chaque  barillet  est  donc  animé  par  la  force 
réunie  et  simultanée  de  deux  ressorts,  et  le  système  entier  par  là  force 
combinée  et  se  développant  successivement  et  deux  à  deux  de  douze 
ressorts.  Les  douze  ressorts  sont  ou  doivent  être,  autant  que  possible, 
d'égale  force.  Pour  nous  rendre  compte  de  l'action  successive  et  non 
simultanée  des  ressorts  sur  le  rouage  chargé  de  faire  marcher  la  cott- 
seuse,  voyons  d'abord  comment  deux  barillets  se  comportent  l'un  k 
l'égard  de  l'autre.  Je  prends  pour  exemple  les  deux  premiers  barillets 
placés  à  gauche  et  portés  par  le  mèms  axe.  On  se  rappelle  en  effet  que 
les  six  barillets  sont  portés  partroix  axes  seulement,  deux  sur  tè  même 


arbre;  Je  reviens  aux  deux  barillets  choisis  pour  notre  examen,  "fous 
deux  portent  la  roue  dentée  dont  il  a  été  question  plus  haut.  Lès  quatre 
ressorfe  s'ont  en  repos,  c'est-à-dire  toutes  les  spires  appuyées  les  unes 
sttr  lés  feutres,  et  finalement  sur  l'enveloppe  intérieure  du  barillet.  Le 
rjféffllB't  barillet  est  remonté  au  moyen  d'un  pignon  dont  l'extrémité"  de 
l'aie  feMlc'é  an  carré  reçoit  la  de  du  rémonteur.  Ce  pignon  engrène 
tfatis  ft  rotic 'du  premier  barillet,  et  imp'rînk  à  cet  organe  un  mouveA 


430  LES  MONDES. 

ment  de  rotation  sur  son  axe  qui  remonte  les  deux  ressorts  qu'il 
contient.  Ces  deux  ressorts  sont  donc  remontés  par  la  circonférence  du 
barillet,  mais,  à  mesure  qu'ils  sont  tendus  par  le  mouvement  de  ce 
dernier,  ils  réagissent  sur  l'axe  autour  duquel  il  s'enveloppent  et 
tendent  à  le  faire  tourner  dans  le  même  sens.  Sous  leur  influence,  oet 
axe  se  mettra  bientôt  en  mouvement;  il  tendra  par  leurs  bouts  intérieurs 
ces  deux  ressorts  enfermés  dans  le  second  barillet  placé  sur  le  prolon- 
gement de  cet  axe.  L'action  des  ressorts  du  premier  barillet  se 
transmettra  ainsi  à  ceux  du  second,  tant  que  la  main  de  l'opérateur 
agira  sur  le  pignon  du  remontoir,  et  jusqu'à  ce  que  la  tension  des 
deux  barillets  soit  en  équilibre  ;  en  d'autres  termes,  jusqu'à  ce  que  les 
quatre  ressorts  qu'ils  contiennent  soient  complètement  remontés,  si 
l'action  du  remontoir  est  assez  prolongée  pour  atteindre  ce  résultat. 
Si  l'on  cherche  maintenant  quelle  est  la  résistance  qu'a  dû  vaincre  le 
remontoir,  on  trouve  qu'en  intensité  il  n'a  rencontré  que  la  résistance 
d'un  seul  barillet,  et  qu'en  durée  il  a  dû  vaincre  successivement  celle 
des  deux  barillets. 

En  effet,  si  l'on  suppose  que  Taxe  est  retenu  dans  une  position  fixe 
pendant  qu'on  remonte  le  premier  barillet,  il  est  bien  clair  que  ce  ba- 
rillet complètement  remonté  n'i  opposé  à  la  main  de  l'opérateur  que 
la  résistance  de  ses  ressorts.  Arrivé  à  ce  point,  si  l'on  abandonne 
l'axe  à  lui-même,  la  tension  des  ressorts  remontés  se  partagera  entre 
les  deux  barillets,  le  premier  cédant  au  second  la  moitié  de  la  force  de 
tension  de  ses  ressorts.  Les  ressorts  du  second  barillet  se  trouveront 
donc  ainsi  remontés  à  moitié,  et  ceux  du  premier  diminués  d'une 
quantité  égale.  IL  faudra,  pour  les  ramener  au  point  de  tension  com- 
plète, donner  de  nouveau  le^  mouvement  au  remontoir,  et  ainsi  de 
suite,  jusqu'à  ce  que  les  deux  barillets  soient  complètement  remontés. 
Par  cet  exemple  on  voit  clairement  que  la  main  qui  remonte  le  sys- 
tème n'éprouve  que  la  résistance  du  premier  barillet,  la  tension  de  ces 
ressorts  se  chargeant  elle-même  de  remonter  les  ressorts  du  second. 

Ce  que  nous  disons  pour  deux  barillets,  on  peut  le  dire  de  même 
pour  les  six  barillets.  En  effet,  le  second  barillet,  remonté  comme  on 
vient  de  le  voir  par  le  premier;  remonte  le  troisième  par  la  circonfé- 
rence, la  roue  dentée  du  second  conduisant  celle  du  troisième.  Ce 
dernier  remonte  le  quatrième  par  l'arbre  comme  a  fait  le  premier  par 
le  second.  Le  quatrième  remonte  le  cinquième  par  la  circonférence  et 
celui-ci  le  sixième  par  l'axe.  C'est  la  roue  dentée  du  sixième  qui  con- 
duit le  rouage  chargé  de  transmettre  le  mouvement  à  la  couseuse. 
Tout  ce  que  Ton  vient  de  dire  pour  l'accumulation  successive  de  la 
force  des  ressorts  se  produit  en  sens  inverse,  et  successivement,  pour  la 


LES  MONDES.  121 

mise  en  mouvement  de  la  machine  à  coudre.  Les  inventeurs  ont  donc 
parfaitement  résolu  ce  problème  donné,  celui  d'obtenir  d'un  nombre 
quelconque  de  barillets  la  force  successive  et  non  simultanée  de  cha- 
cun d'eux,  je  dis  d'un  nombre  quelconque  de  ressorts.  Car,  ainsi  que 
vous  venez  de  le  voir,  la  force  du  moteur  ne  résuite  pas  d'un  nombre 
plus  ou  moins  grand  de  barillets,  mais  seulement  de  la  durée  de  son  ac- 
tion; la  force  réunie  et  simultanée  des  barillets  briserait  de  l'appareil. 
Dans  la  disposition  si  heureuse  et,  je  crois,  tout  à  fait  nouvelle, 
qu'ont  donnée  les  inventeurs  aux  barillets,  ils  ont  donc  atteint  le  but 
cherché,  et  enrichi  les  arts  mécaniques  d'un  moteur  nouveau,  non 
par  sa  nature  mais  par  son  application.  Ce  moteur,  comme  le  font  re- 
marquer les  inventeurs,  est  applicable,  non-seulement  aux  machines 
à  coudre,  mois  encore  aux  appareils  télégraphiques  et  autres,  qui  ont 
besoin  d'un  moteur  énergique  et  dont  le  développement  rapide  puisse 
se  prolonger  pendant  un  certain  temps. 

La  machine  à  coudre,  animée  par  le  moteur  nouveau  dont  je  viens, 
un  peu  trop  longuement  peut-être,  de  vous  donner  une  idée,  ren- 
ferme, selon  moi,  sur  celles  qui  sont  mues  par  le  pied  ou  la  main, 
des  avantages  qu'on  ne  peut  méconnaître.  Elle  fait  disparaître  la  fa- 
tigue si  nuisible  à  la  santé  de  l'ouvrière;  elle  lui  rend  la  liberté  de  ses 
deux  mains;  elle  la  débarrasse  de  l'attention  soutenue  et  importune 
dont  elle  a  besoin  pour  obtenir  et  conserver  le  mouvement  de  sa  ma- 
chine. Elle  hii  laisse  donc  la  facilité  d'appliquer  -toute  son  attention, 
toute  sa  dextérité  à  la  direction  de  son  travail. 


Nouvel  appareil  pour  utlllyer  la  farce  do  vent,  par 

M*  DuROâ  sb  Hauron.  —  L'appareil  se  compose  de  bras  horizontaux 
disposés  en  croix  sur  un  axe  ou  arbre  vertical  ;  à  chacun  de  ces  bras 
sont  adaptés,  d'une  manière  symétrique,  c'est-à-dire  soit  du  côté  droit 
de  tous  les  bras,  soit  du  côté  gauche  de  chacun  d'eux,  à  volonté,  des 
volets  verticaux  susceptibles  d'accomplir  une  demi-révolution  sur 
leurs  gonds,  et  constituant  par  conséquent  autant  de  girouettes  libres 
d'osciller  horizontalement  dans  une  demi-circonférence,  le  bras  qui 
les  porte  faisant  obstacle  à  une  course  pins  prolongée.  En  vertu  de 
cette  disposition,  il  y  aura  toujours,  par  rapport  au  point  d'où  vient 
le  vent,  un  côté  de  Y  appareil,  le  côté  droit,  par  exemple,  où  les  volets, 
étant  situés  en  deçà  de  leurs  supports,  s'abattront  sur  eux  en  formant 
une  voilure  et  entraîneront  dans  un  mouvement  giratoire  le  système 
tout  entier,  tandis  que  les  volets  du  côté  gauche  de  l'appareil  étant 
situés  au  delà  de  leurs  supports,  seront  tournés  par  le  vent  de  ma- 


LES  MOiiDJÏfr 


nière  a,  se  présenter  à  lui  par  la  tranche,  et,  des  tore,  ne  contrarieront 
en  rien  le  mouvement  imprimé  par  les  premiers. 

Ce  qui  distingue  ce  panémone  des  autres  panétnones  qui  paraissent 
avoir  été  tentés  jusqu'à  ce  jour,  c'est  que  le  *eat  Lui-môtue distribue 

les  Hurfaoes  courte   lesquelles  il  fexerce  sa  pression,  de  muniese  à  les 


LES  MONDES.  123 

créer  qn  quelque  sorte  du  côté  où  cette  pression  doit  s'exercer,  et  à  les 
éliminer  complètement  du  côté  où  elles  nuiraient  à  l'effet  des  pre- 
mières. 
ff  *  Principaux  avantages  de  cette  construction.  —  Cet  appareil,  dont  la 
simplicité  est  extrême,  est  de  lui-même  orienté  ;  il  tourne  toujours  et 
dans  le  même  sens  et  avec  la  même  facilité  pour  toutes  les  direction* 
du  vent;  l'intervention  de  l'homme  n'est  jamais  nécessaire.  —  La  dis- 
position horizontale  des  bras  permet  d'obtenir,  sans  augmentation 
notable  dans  les  frais  d'établissement,  une  force  pour  ainsi  dire  illi- 
mitée, en  allongeant  indéfiniment  les  bras  de  l'appareil  et  multipliant 
le  nombre  des  volets  ;  cet  allongement  s'opérera  sans  difficulté  ni  alté- 
ration de  la  solidité  de  l'appareil  si  Ton  a  soin  de  relier  par  des  tringles 
de  fer,  comme  dans  les  manèges  de  chevaux  de  ï>ois,  les  extrémités  des 
bras  au  sommet  de  Taxe  vertical,  et,  au  besoin,  de  relier  les  bras  entre 
eux  de  la  même  manière.  — On  augmentera  en  outre,  avec  non  moins 
de  facilité,  la  puissance  de  chacun  des  volets  par  la  longueur  qu'on 
peut  impunément  leur  donner,  dans  le  sens  vertical.  Quant  à  la  lar- 
geur de  ces  mêmes  volets,  il  importe  qu'elle  soit  très-modérée  pour 
que  le  vent  les  manœuvre  plus  aisément  ;  c'est  par  leur  nombre  et 
leur  rapprochement  qu'ils  doivent  former  une  vaste  surface.  L'expé- 
rience démontre  qu'il  les  faut  un  peu  plus  larges  que  l'intervalle  qui 
les  sépare  ;  c'est  ië  moyen  d'éviter  que  deux  voltfts  consécutifs  s'enche- 
vêtrent l'un  dapp  Vautre,  —  §i  l'oq  (d,ésjrç:(juç  l'appareil  ne  soit  pas 
surmené  par  les  grands  vents,  la  disposition  horizontale  du  système 
permet  d'employer  un  moyen  que  ne  comporterait  pas  un  moulin  à 
vent  ordinaire  :  les  volets  qu'on  emploira  seront  4*viëés  en  persiennes, 
étagées  les  unes  -sur  les  autres,  que  leur  poids  maintiendra  verticales 
en  temps  ordinaire,  mais,  qui  se  soulèveront  quand  la  pression  de 
l'air  deviendra  trop  forte,  et  proportionnellement  à  cette  pression.  — 
Le  Cyclone  est  dispensé  de  la  maçonnerie  ou  construction  élevée 
qu'exige  un  moulin  à  vent  vertical  ;  il  peut  se  mouvoir  presque  fi. 
fleur  de  terre,  pour  peu  que  le  terrain  60it  découvert  et  exposé  à  la 
libre  action  du  vent  :  de  là  une  économie  eapitale.  Exécuté  d'une 
manière  sommaire  et  rustique,  il  se  réduira  à  deux  poutres  "horizon- 
tales disposées  en  croix  sur  une  poutre  verticale,  et  munies  toutes  les 
deux  d'une  série  de  traverses,  également  verticales,  aux  extrémités  de 
chacune  desquelles  seront  adaptées,  au  moyen  de  pitons  ou  dé 
gonds,  etc.,  de6  girouettes  ou  volets  longs  et  étroits  ;  éhacun  de  ces 
volets  n'accomplissant  qu'un  faible  effort  et  n'éprouvant  que  peu 
d'usure,  on  pourra  y  employer  des  matière  communes  et  peu  coûteuses, 
c'est-à-dire  non-seulement  la  toile,  les  minces  feuilles  métalliques,  le 


L 


124  LES  MONDES. 

carton  bitumé,  mais  les  simples  tissus  de  paille,  d'osier,  de  lata» 
nier,  etc. 

Principales  applications.  —  Cet  appareil  rendra  des  services  inap- 
préciables pour  toutes  les  opérations  mécaniques  où  le  bon  marché, 
la  dispense  de  surveillance  et,  s'il  le  faut,  la  puissance  du  moteur  sont 
des  éléments  essentiels,  et  où  l'intermittence  du  travail  ne  tire  pas  à 
conséquence  :  telles  sont  les  irrigations  des  campagnes  au  moyen  de 
bassins  d'approvisionnement  où  cet  appareil  élèvera  l'eau  des  rivières 
ou  des  ruisseaux  ;  telle  est  encore  l'alimentation  hydraulique  des  châ- 
teaux, des  villes,  etc.  ;  tels  sont  les  dessèchements  des  marais.  L'inven- 
teur propose  en  outre  d'appliquer  ce  moteur  à  la  navigation  :  établi 
sur  un  navire  où  il  mettrait  en  mouvement  une  hélice  ou  des  roues 
à  palettes,  U  Cyclone  6e  substituerait  avantageusement  à  la  voilure 
ordinaire  pour  faire  marcher  ce  navire  dans  toutes  les  directions.  — 
Enfin,  la  même  construction,  immergée  dans  une  eau  courante,  con- 
stituera une  excellente  turbine,  dont  l'emploi  sera  surtout  indiqué 
lorsqu'il  s'agira  d'utiliser  un  cours  d'eau  peu  profond,  l'appareil  se 
développant  alors  uniquement  en  largeur. 


ACADÉMIE   DES  SCIENCES 

SÉANCE  DU  MARDI  26  DÉCEMBRE   1871. 

Recherches  sur  V origine  des  levures  lactique  et  alcoolique,pàT M.  A.Trécul. 
«  La  fermentation  de  la  levure  de  bière  m'est  apparue,  comme  à 
Cagniard-Latour  et  à  M.  Pasteur,  accompagnée  de  corps  organisés 
vivants. 

Ces  corps  sont  de  deux  sortes.  Les  premiers  visibles  sont  des  cor- 
puscules mobiles  dans  la  première  phase  de  l'expérience  ;  ce  sont  des 
Bactéries  simples  ou  à  deux,  trois  ou  plusieurs  articles,  qui  bientôt 
deviennent  immobiles.  Leurs  articles,  d'abord  globuleux  en  appa- 
rence, s'allongent  ensuite,  et  l'on  a  alors  des  cylindricules  simples  ou 
composés  de  deux  ou  plusieurs  cellules  oblongues. 

Ces  corpuscules  étant  toujours  accompagnés  de  la  saveur  lactique  du 
liquide,  j'ai  été  conduit  à  les  assimiler  à  la  levure  lactique  de 
M.  Pasteur,  dont  ils  ont  la  figure  et  les  dimensions. 

Quelques  jours  après  leur  apparition  se  montrent  des  cellules  d'un 
aspect  tout  différent.  D'abord  très-petites,  globuloldes  ou  elliptiques, 
elles  grandissent,  et  sont  bientôt  de  beaucoup  plus  volumineuses  que 
les  cyl  ifldricules  de  la  levure  lactique. 


LES  MONDES.  125 

Quand  elles  sont  arrivées  à  une  certaine  dimension,  elles  produi- 
sent à  l'un  des  bouts  une  autre  cellule,  par  le  mode  de  végétation  bien 
connu,  et  que  pour  cela  je  ne  décrirai  pas  ici,  l'ayant  d'ailleurs  fait 
antérieurement. 

Les  uns  croient,  comme  M.  Pasteur,  que  les  germes  de  ces  cellules 
sont  apportés  par  l'air,  par  les  liquides,  ou  à  la  surface  des  matières 
employées.  Les  autres  pensent,  comme  M.  Frémy,  que  ce  sont  les 
substances  albuminoldes  de  l'orge,  du  raisin,  de  la  pomme,  etc.,  qui 
engendrent  la  levure. 

M.  Trécul  conclut  de  ses  observations  que  toutes  les  probabilités 
sont  pour  la  formation  des  bactéries  et  de  la  levure  aux  dépens  des 
matières  albuminoldes  de  l'orge.  Il  croit  même  avoir  pris  la  nature 
sur  le  fait,  en  flagrant  délit  de  production  de  ces  petits  êtres  aux  dé- 
pens des  matières  organiques  en  dissolution. 

M.  Pasteur  répond  :  «  Je  suis  vraiment  surpris  de  voir  mon  savant 
confrère  aborder  la  question  des  générations  dites  spontanées,  en  n'ayant 
à  son  service  que  des  faits  aussi  douteux  et  des  observations  aussi 
incomplètes.  Mon  étonnement  n'a  pas  été  moindre  qu'à  la  dernière 
séance,  lorque  M.  Frémy  s'est  engagé  dans  le  même  débat,  n'ayant  à 
produire  que  des  opinions  surannées,  sans  le  moindre  fait  positif  nou- 
veau. 

M.  Fremy  confesserait-il  ses  erreurs,  si  je  pouvais  lui  démontrer 
que  le  suc  naturel  du  raisin,  exposé  au  contact  de  l'air,  privé  de  ses 
germes,  ne  peut  ni  fermenter,  ni  donner  naissance  à  des  levures  or  ■ 
ganiaées?» 

—  Tension  sensible  de  la  vapeur  de  mercure  à  basse  température , 
Extrait  d'une  lettre  de  H.  Regnault.  —  Dans  les  mémoires  de  l'Aca- 
démie, tome  XXX F,  p.  ?06,  j'ai  écrit  :  a  J'ai  admis,  dans  ces  recher- 
ches, que  la  tension  de  la  vapeur  mercurielle  était  nulle  à  la  tempéra- 
ture de  la  glace  fondante.  Cette  hypothèse  n'est  pas  absolument  exacte  ; 
le  mercure  se  volatilise  encore  sensiblement  à  cette  température,  car 
une  plaque  de  daguerréotype,  impressionnée  dans  une  chambre  noire, 
laisse  apparaître  son  image  lorsqu'on  l'expose  pendant  longtemps  dans  la 
boite  à  mercure,  même  quand  la  température  est  inférieure  à  zéro.  Mais 
la  force  élastique  de  la  vapeur  mercurielle  est  si  faible  à  zéro,  qu'elle 
est  difficilement  appréciable  par  nos  moyens  d'observation.  » 

c  Voici  l'expérience  concluante  que  je  trouve  dans  un  de  mes  an- 
ciens registres  : 

a  Le  18  janvier  1838,  je  pris,  d'une  fenêtre  de  l'appartement  que 
j'occupais  alors  à  l'Ecole  des  Mines,  une  vue  daguerrienne  du  Luxem- 
bourg. La  plaque  fut  conservée  dans  l'ob6Curité  'jusqu'à  7  heures  du 


m  les  mwvk 

«M.  KU*  p4  dtfpOAéç  Mor*  dartf  fo  bpîtp  à  wrçure,  qyi  .avait,  ^té 
pja^e  fcw?  heyrçiç  Rivant  eu  defoç^.  d$  1^,  fçpçtrç*  Up  tjherruom^tre 
p^cé  fope  1*  Vpttp  rpa^quait  -r  1?  fagpfy  L?  tp.uj  resta  ai^si  jusqu'à 
7  heures  du  matin  ;  le  thermomètre  marquait  alors  —  15  degrés.  La 
gUcf  portée  daqç  la  chambre  poire  p$se#tajt  l'image  développe, 
Biafc  faible,  CeJJe  ùnage  persista  aprèp  le  p#8?agç  du  liquide  fixateur, 
•M'oa  digtiqgjuaij  P^ittfneftt  tous  les  détails.  Cette  glpce  doit  être 

Wpore  *yeç  m  #iW^  feR8  *H*  <&*  WW^ÇS  4."  c^î^çt  du  Çp^ge 
de  France.    . 

Gtfto  Wpériffnçe,  que  j'ajurajp  d,û  jwbjjer,  prpuvç  que,  ptènie  à 
***  là  df*ï&,  1*  v«#ur  meppudpHç  qf  dévelçppa  sufÉUarpinent  pour 
faire  appajfrJJre  upe  ipi^ge  dagueïfieime  dan?  une  exposition  de  douze 
b^ur^s,  Qt  il  faut  jrpuiarquqc  que,  dans  la  boite  $  mercure,  il  n'y  a  pas 
de  courant  d'air  qui  fasse  yoyagfir  fo  vapeujç  pierçurielle.  ? 

t  ,£w  fo  c*w#k**fc*W<*  #«tfrrç^  <J*J  J&tyty*  >  sans  électrçlyse  ;  par 
tâ.P.rA.  Fakwe,  t-  «  Àfolgré  1$9  trayçiux  de  faraday  et  de  L.fou- 
oauAt,  M  miSVé  les  gjccellejtfs  arguments  de  ces  deux  grands  physi- 
ÙM»  en  iaveiy  de  )&  çppdufttibiUté  propre  des  liqui(ïç$,  cette  conduc- 
tibilité *Bt  fi»CQre  JIqâp  d'#re  gépérale^ept  admisq.  J'ai  pense  que 
qUQlqMW4twfc&.9<W,ve}le$  W  ce  ^iij^t  et  ^es  considérations  thermiques 
pourraient  élucider  la  question.  »  De  nombreuses  expériences  faites 
ta»  des  cqtfUiops  toutqsflouYflllç*,  &•  Fa^re  tire  cette  ppncljisi.qn  : 
*  il  fimtvfàpç  admettre  que  les  \iqviies  onf,KW  co/iduçff&t7i$  propr?.  » 

rp-  Qecherclt*  §ur  (état  d^s  corps  iar\s  lej  dissolutions  [sels  métalliques) , 
par  M.  Berthelot.  —  «  Les  doubles  décompositions  entre  sejs  dissous 
pftUXftnt  fttro  constatées,  pt,  jusqu'à  up  certain  jpoint,  mesurées^  toutes 
les  /ois  qq'upebape,  en  s'unissant  &  deux  acides  donnés,  en  présencp 
d  une  quantité  d'eau  déterminée,  dégage  des  quaçtitçs  de  chaleur 
telles,  que  l$ur  différence  ne  &ojJt  pas  la  mèmç  que  celle  des  quantités 
de  chaleur  dégagéçp  par  uup  aitfrg  base  unie  aux  deux  mêmes 
ttûde*  ; 

N  — Nf>N'-rNV 

Aujourd'hui,  M.  Ber&elot  w^que  Qe  ftéorèrçe  fc  l'éjude  des  sels 
métalliques  formé»  par  les  oxydes  de  zi^c ,  de  cuAyrp ,  de  plomb ,  de 
peroxyde  de  fer,  «te*  JLp  résultat  général  ù>  ^cto  étude  est  toujours  le 
même  :  le  sel  le  plus  stable,  prQj,uit  par  l!upio,n  dp  l'acide  fort  avec 
la  base,  se  forme  de  préférence.  » 

—  Sur  Vwigwt  4u  W$<W  fat  Mr  fa  végéfaux  à  chlotojfchylte,  par 
•M.  L.  CàiLi«w«  ^  Pour  étaler  Je  #fiq^e  d'asgipailation  de  Pacide 
carbonique  etilUfifluenoe  que  les  W^içreB  organiques  coptenfics  dans 


h  sol  fleuron  mrfty  m  i'awoiss^iU  4tt  rtgf&li  .)'«  cfcwW 
4'abopi  fj  wk  plante  £  fihtoro^b yU*  w  plai&e  y4g#at|Qg  peu}  $o«4if 
nuer  à  se  développer  lprqu*on  soustrait  ses  parties  vertes  «à  1'itQtkM  à& 
ÏW4&  wbwiqw  d#  r#wospbère.  J^  pla#Çft  ^wr  lesquelles  j'ai 
fiy^iWïrté  vjéflàftjtf  <fens  qn  graqd  va$£  oonteft^t  fiavirqa  25430 
titres  *fc  terre  de  howœ  qw>Wé;  J*  cbQJw  ua  syyet  de  fwœ  HwjieBne, 
4  j§  nxUrpdpiû&  d^ps  pja|cylimj*e  te  v$rra,#wte  debouteUle  r«#r 

wpsé*,  wupi^,  à  la  parte  jijjérieme;,  d'w  Qri&c#  lpijg  «t  étroit  ;  ita- 

pace  Qoovpri^  eotr*  #et  orifice  et  la  tige  de  la  pUnte  est  cerapti  d*  eatw 
cwtë,  ou  mjeu*  jd'amiaflte  légèrement  tiussée.  Comme  oq  le  voil,  la 
fjaote,  &iu*i  disposée,  ,co&^rv,e  se*  raci^s  gu  *e*re,  jtairàj*  «iea& 
|i^e|^  feuilteek  watowéflj  dans  un  vase 4*  verje  Wftoc,  p&«yeftt 
recevoir,  par  un  orifice  latéral,  uu  couwtf  d'air  prfjtabtatt&it  4$- 

Ayant  d'arriver  au  cwtfact  de  la  plante,  l'ajr  Japçé  fl»r  wgWN»#*e 
4e  500  JUtJ.es  traverse  mp  lessive  de  potage  joauattqiue,  guis  uue  dim- 
lution  de  chaux,  .qpi>  e#  &e  troublant,  décorait  les  dernière*  trapes 
d'acide  cvtow<H#  w  traites;  enfin,  cet  air  se  Aave  dans  ua  flacon 
d'eau  ifliftiUÀtt  pwv#p  4'aPidp  carbonique. 

Le  courant  d'air  qui  arrive  au  contact  de  la  plante  avec  une  pression 
légèrement  supérieure  à  celle  de  l'atmospjière  tqp4  à  s'éçbappçr  ^  tra- 
vers l'amiante  et  s'oppose  entièrement,  ainsi  que  je  l'ai  constaté,  à  la 
rentrée  de  l'acide  carbonique  de  l'air  extérieur. 

J'ai  expérimenté  sur  des  végétaux  d'espèces  très-différentes,  dfs 
Lentilles,  \u?e  Pafisiflçtrfo.vn  Colza;  dans  tous  les  cas,  les  résultats 
constatés  opt  été  absolument  les  mondes  :  dès  que  l'acide  carbonique 
cesse  d'arriver  au  contact  des  parties  de  la  plante ,  Bon  développement 
s'arrête,  ses  feuilles  inférieures  jaunissent  et  tombent,  la  vie  semble* 
se  retirer  à  la  partie  supérieure  de  la  tige,  qui  bientôt  se  dessèche  ^t 
meurt  à  son  tour. 

Lorsque  la  plante  va  périr,  si  l'on  substitue  à  l'eau  distillée  du  flacon 
laveur  une  faible  dissolution  d'acide  carbonique,  la  vie  presque 
éteinte  se  ranime,  et  la  plante,  après  avoir  développé  de  nouvelles 
feuilles,  peut  parcourir  dan?  mes  appaseUp  tpute  sa  période- végé- 
tative. 

k  Les  expériences  nombreuses  que  j'ai  entreprises,  et  qui  toutes  ont 
donné  des  résuljats  concordants,  m'autorfserçt  ji  conclure  qup  l'acide 
carbonique  dissous,  ainsi  que  les  produits  de  lu  décomposition  des 
engrais  mis  au  contact  des  racines,  soot  absolument  insuffisants  pour 
l'entretien  de  la  vie  des  plantes  à  chlorophylle;  je  dois  conclure  éga- 
lement que  tout  le  carbone  fixé  par  ces  Yégétow  .provient  fle  l'acide 


158  LES  MONDES. 

carbonique  de  l'atmosphère,  qui,  absorbé  par  les  organes  verts ,  se 
décompose  et  se  transforme  en  produits  organisés,  sous  l'influence  de 
la  lumière.  » 

—  Appareil  pouvant  servir  à  mesurer  les  températures  ^altération  et  de 
détonation  des  composés  explosifs,  par  MM.  L.  Leygue  et  Champion.  — 

«  L'appareil  est  fondé  sur  la  distribution  connue  de  la  température 
dans  une  barre  métallique  chauffée  à  Tune  de  ses  extrémités.  La 
barre  qui  a  servi  à  déterminer  les  chiffres  réunis  à  la  fin  de  cette  Note 
était  en  cuivre,  de  0m,025  de  diamètre  et  de  0",60  de  longueur.  Des 
cavités  creusées  à  des  distances  égales,  et  remplies  d'huile  ou  d'alliage 
de  Darcet,  indiquaient  les  températures  intérieures,  de  0n,40  en 
0*,J0,  à  partir  de  l'extrémité  froide;  une  construction  graphique  don- 
nait les  températures  des  autres  points. 

Dès  que  la  température  marquée  par  les  thermomètres  devenait 
stationnaire,  les  corps  à  étudier  étaient  disposés  sur  la  barre  et  ap- 
prochés progressivement  de  la  source,  jusqu'à  la  division  où  ils 
éprouvaient  la  modification  que  Ton  voulait  obtenu*. 

Nous  considérons  comme  indispensable  d'interposer  un  écran  entre 
l'appareil  et  la  source,  afin  d'éviter  l'influence  du  rayonnement. 

Températures  ^inflammation  et  de  détonation  de  quelques  composés 

explosifs  (1). 

Poudre  des  amorces  pour  Chassepot 191° 

Fulminante  de  mercure 200 

Poudreforméed'unmélangedejX^f013886^^!.    .    200 

Protoxyde  d'Abel  (pâte  à  papier).    ........    305 

Coton  poudre : 220 

Poudre  formée  d'un  mélange  de   «^J^  g  *]  j .    280 

Poudre  de  chasse.     .     ..?•••.•••••  288 

Poudre  à  canon 295 

Picrate  de  mercure  % 

Picrate  de  plomb     j  détonent.     .     ........  296 

Picrate  de  fer  ( 

Poudre  au  picrate ,  pour  torpilles  (Designolles) 315 

Poudre  à  mousquet ,  au  picrate 358 

Poudre  à  canon ,  au  picrate 380 

Safran  artificiel.     . 315 

Acide  picrique,  picrate  de  magnésie,  d'ammoniaque,  de  potasse.  336 

Nytroglycérine  détone 256-257 

Inflammation  du  soufre  à  l'air 246  » 

(1)  Ces  nombres  ont  été  déterminés  avec  le  concours  de  M.  H.  Pellet,  doat  nom 
avons  déjà,  à  plusieurs  reprises,  signalé  l'habileté. 


LES  MONDES.  129 

—  Analyse  de  tamblygonite  (Montebraeite)  de  Montebras,  (Creuse) 
par  M.  F.  Pisam.  —  Dans  la  séance  du  31  juillet  1871,  M.  Moissenet 
a  présenté  à  l'Académie  un  mémoire  *  sur  un  nouveau  fluophosphate, 
trouvé  dans  le  gite  d'étain  de  Montebras  (Creuse).  »  Ce  minéral,  quoique 
ayant  la  même  composition  qualitative  que  l'amblygonite,  la  même  den- 
sité et  le  même  angle  de  clivage,  constituerait  cependant  une  espèce 
nouvelle,  d'après  l'analyse  qui  en  a  été  faite  au  laboratoire  d'essai  de 
l'Ecole  des  mines.  Dans  une  note  présentée  dans  la  même  séance, 
M.  Des  Cloiseaux,  se  fondant  sur  cette  différence  de  composition,  ainsi 
que  sur  quelques  propriétés  optiques  autres  que  celles  de  l'amblygonite, 
a  proposé  de  désigner  le  nouveau  minéral  sous  le  nom  de  monte* 
brasite. 

Frappé  des  analogies  d'aspect  de  ce  minéral  avec  l'aniblygoiiite, 
dont  il  a  exactement  la  même  densité,  la  même  dureté,  le  même  angle 
de  clivage,  les  mêmes  propriétés  pyrognostiques,  ainsi  que  la  même 
composition  qualitative,  il  m'a  semblé  qu'il  serait  utile  de  reprendre 
l'analyse  du  fluophosphate  de  Montebras,  et  de  voir,  en  variant  les 
méthodes,  s'il  a  en  effet  la  composition  qu'on  lui  a  trouvée  et  s'il 
constitue  bien  une  espèce  nouvelle. 

...  Voici  quels  sont,  en  moyenne,  les  résultats  de  mes  analyses  : 

Fluor. 8,20 

Acide  phosphorique.    «    .    .  46,15 

Alumine 36,32 

Lithine 8,10 

Soude  .   .• 2,58 

Oxyde  de  manganèse    •    .    .  0,40 

Perte  au  feu    ......  1,10 

Ces  nombres,  qui  s'accordent  assez  bien  avec  ceux  qu'a  obtenus 
M.  Ramelsberg  pour  l'amblygonite  d'Arnsdorf,  démontrent  avec  évi- 
dence que  la  montebrasite  n'est  pas  une  espèce  nouvelle,  comme  on 
l'a  supposé,  mais  bien  une  véritable  amblygonite,  dont  elle  a  égale- 
ment tous  les  caractères  minéralogiques,  ainsi  que  je  l'ai  fait  remar- 
quer plus  haut.  La  seule  différence  qui  existe  entre  cette  amblygonite 
et  celle  de  Saxe,  c'est  que  la  première  contient  un  peu  moins  de  soude. 
Le  nom  de  montebraùte  ne  peut  donc  plus  être  conservé  pour  cette 
espèce,  à  laquelle  on  doit  restituer  son  véritable  nom  minéralogique. 
L'amblygonite  étant  jusqu'à  présent  un  minéral  fort  rare  et  trouvé 
seulement  en  très-petite  quantité  en  Saxe  et  aux  Etats-Unis,  il  est  fort 


intéressai*  «ftfoil  f'afll  flêfttnrtêe  eh  sï  grtUMfc  AboMttëè  fefc  gîte 
d'étain  de  Monfebrâs; 

—  Modifications  que  subit  ï aride  nitr&i±  au  ïûhfâél  dû  itf;  put 
M,  Cbabner.  —  Les  recherchés  âoht  je  vais  exposer  tes  résîiftafé  ôiil 
en  pour  point  de  départ  deux  sysfèriïës  d*fàp£rterfèes,  dans  le^atHés' 
des  solutions  de  nitrites  alfcâlifts  étalent  titiste*  èfti  Bôntact  avéb  le  feô! 
arable  dans  deux  conditions  différente^. 

Dans  te  premier  système,  le  côntttct  était  fhteVmttterrt  e(t  rfestretot, 
comme  oela  fie  produit  d'ordinaire  lorsque  fa  phiiètotetrè  sur  lé  soi. 

Dans  le  deuxième  système,  ad  contraire,  i'irAditt'sidii  'était  cOnTpïèlé 
et  continue,  comme  dans  irti  terrain  noyé,  Où  PééovtUitit'nt  dëà  éàui 
reste  au-dessous  de  leur  apport. 

lorsqu'on  volt,  dans  plufcieifrs  éxpérifetfctes  sltëcfefelvefc,  la  tèfrè  'ar- 
rosée dé  nitrite  d'tftomonitt^ue  itaïdfc  tfo*!4>eûlMtterit  die  l'àcldè  ■ni- 
trique, è»  quantité  équivalente  à'tine  positon  de  l'aitfde  toltrëirx  qÙ'elTé 
a  reçi»^  mafe  encore  céder  à  l'eau  des  ddêeé  d'âfcitié  hiWeûx  et  d'àcidë 
ultHqvtedoHtle  totstl  d&ptesedebêttueoupce  tjtiela  fJrUriïièfre  rhis&d'àèidè 
nttrèux  peut  fournir,  soit  en  acide  fiitrëux  non  surclxjdé',  soit  eh  atidfe 
nitrique  par  transformation;  lorsqu'on  obtient,  dis-je,  ûh  settibîabïé 
résultat,  on  est  autorisé  à  6upuoser  qu'au  contact  du  sol  d'autres  élé- 
ments entrent  en  jeu.  Il  est  permis  de  penser  que  les  actions  simulta- 
nées de  l'acide  nitreux,  de  l'ammoniaque  libre  ou  combinée,  des  ma- 
tières organiques  et  des  agents*  atmosphériques,  produisent  autre  chose 
que  la  suroxydkfioft  pure  *et  Simple  de  l'acide  nilreûx  existant  ou  ap- 
porté. C'est  ce  que  M.  Châbrfer  ê'est  proposé  'd'examiner,  avec  le  soin 
que  de  semblamés  ïecherches'exifcerft. 

2  750  centimètres  ciibeâ  dliné  sôlufion  'contenant  19  millimètres 
cubes  d'acide  nitreux  ont  été  versés  sur  500  grammes  de  terre  lavée; 
1  480  centimètres  tubes  ont  été  recueillis  à  la  suite  de  la  filtration. 
Ces  \  480  centimètres  cubes  contenaient  lmni,2-20  d'acide  niireux  et 
7mm,299  d'acide  nitrique.  Les  7œni,$99  d'acïde  nttrùjufc  prtfveHatent 
évidemment  de  la  stiroxydatroft  de6mm,88l  d'ricide  nitreim  Ofl&flbitt, 
en  somme,  retrouvé  dans  le  liquide  filtré  l'éditaient  de  7maa,40l 
d'acide  nitreux.  Le  complément  de  cette  expérience  c&nBist&it  ûéxk 
l'examen  ce  la  terre  égouttée,  laquelle  a  dû  retenir,  d'après  de*  dltèëK- 
vations  spéciales,  240  centimètres  cubes  de  liquide.  Le  reste ,  Mit 
,4  030  centimètres  cubes,  s'eët  évaporé  pendant  la  longue  d  triée  de 
l'opération.  Or  cette  terre  ne  renfermait  pas  d'acide  nitreux,  et  lé 
.<Jps4ge  de  l'acide  nitrique  a  donné  3WB\âO,  correspondant  à  2-*,580 
d'acide  nitreuxj 
On n!a doue  retrouvé,  «oit dtos jfe  liquide ûltré}  ieittfeiiè 1*  tofrrfe 


LEfe  m&m.  m 

égôàtfée,  que  f équivalent  dfc  9»*,6&i  d'àcfrfé  nifHM;  é'tM*4M  X 
peu  prèè  ïâ  uîoïtfé  de  la  quantité  versée  (!9mm,tW)  ;  fé  testé  afait 
disparu. 

En  définitive,  après  une  longue  filtration,  pendant  laquelle  Técoûle- 
inént  était  plus  lent  que  ïa  chute  cfu  liquidé,  là  totalité  des  produite 
nitres  contenus  soit  'dans  te  Ifqûidfè  fiftré,  soit  dans  la  Verre  ègoiitttee? 
ne  représente  pàk  là  moitié  dé  racide  nitreiïx  versé  sur' le  sot'.  î)ës 
faits  du  même  genre  ont  été  constatés  dans  les  expériences  mention- 
nées plus  tiJâlït.  » 

—  coexistence  'ae  deux  Types  uthotôoiques  dans  Ta  mime  cKuii  ife 
putéorittSy  par  îï.  8t.  Meunier,  'i  *En  résumé,  06  voit  que  les  cfiiffèti 
ae  éigena,  17  novembre  iïlil,  et  'dé  l*reiizanô,  l2  novembre  ttSSW, 
offrant  en  commun  là  triple  particularité  • 

1°  De  fournir  simultanément  deux  types  litfrôlogfq'ues  distincte,  k 
1  état  de  fragments  complètement  indépendants  i  es  uns  dés  aûtreé'; 

2°  De  présenter  deux  types  litWogïqùès  fr^s-r'ares  ; 

3°  Enfin  de  donner  des  roches  identiques  deux  a  ^eux'&'une'cfiuieà 
l'autre. 

U  en  résulte,  suivant  moi  : 

Que  lés  pierres  tombées  a  Trenzano  proviennent  <xù  même  gisement 
que  celles  qui  ont  été  recueillies  à  Sîgeria,  et  paV  cohsëqueht  que  fti 
Bustite  et  la  Parnallite  ont  été  en  relations  stràtigrapfïiques. 

Qu'il  me  soit  permis  défaire  remarquer  en  terminant  que  la  con- 
sidération qui  noiis  procure  aujourd'hui  cette  dernière  donnée  est 
toute  différente  de  celles  qui  ont  été  mises  précédemment  eh  usage, 
pour  obtenir  des  notions  analogues.  » 

—  Explication,  à  Vaidt  de  la  théorie  des  franges ,  de  l'apparition 
d'auréoles  lumineuses  observées  dans  les  ascensions  aérostaliques.  Note  de 

_  *  .  '  i .      i 

M.  W.  de  Fonvielle.  ce  Lorsqu'un  aérostat  plane  ati-dessus  d'un  océan 
de  nuages,  les  observateurs  placés  dans  la  nacelle  voient  apparaître  des 
franges  autour  de  l'ombre  du  ballon.  Ces  franges  peuvent  être  inté- 
rieures, si  l'aérostat  est  assez  rapproché  de  la  surface  réfléchissante, 
qui  est  celle  des  des  nuées  homogènes.  Lorsqu'il  plané  à  une  distance 
moindre,  on  peut  voir  apparaître  une  frange  intérieure,  sans  cesser 
d'apercevoir  une  frange  extérieure,  bans  le  voisinage  immédiat  cfe  la 
surface  réfléchissante,  on  voit  des  franges  autour  de  la  nacelle  et  deïa 
silhouette  des  voyageurs.  Alors  les  franges  extérieures  du  baflori  dis- 
paraissent, et  les  franges  compliquées  de  la  nacelle  se  combinent  en 
vertu  d  un  principe  connu.  On  voit  alors  apparaître  une  auréole  ana- 
logue à  un  cercle  d'Uiloa.  Ces  variations  d'aspect  s'expliquent  très- 
simplement  En  effet,  les  JxMges  intérieures  sont  limitées  par  l'ombre 


43t  LES  MONDES. 

qui  est  cylindrique  ;  au  contraire,  les  franges  extérieures  sont  abritées 
par  la  pénombre,  dont  le  diamètre  apparent  ne  varie  point  à  partir 
d'une  certaine  distance.  » 

—  Sur  une  épidémie  cTictère  essentiel  observée  à  Paris  et  dans  les  environs. 
Note  de  M.  E»  Decaisne.  a  Depuis  environ  trois  mois,  c'est-à-dire 
depuis  le  commencement  de  l'automne,  on  constate  à  Paris  et  dans  la 
banlieue  un  nombre  considérable  de  cas  d'ictère,  qui  constituent  une 
véritable  épidémie. 

C'est  au  milieu  de  la  meilleur  santé  et  sans  cause  apparente  que 
l'ictère  se  déclarait,  attaquant  d'abord  la  sclérotique,  puis  la  face  et  le 
reste  du  corps,  en  général,  dans  un  espace  de  temps  qui  variait  entre 
quatre  et  cinq  jours.  Il  y  avait  un  peu  de  courbature,  la  fièvre  était 
nulle,  le  pouls  était  en  général  au-dessous  du  type  habituel,  l'appétit 
restait  le  même,  la  noif  était  modérée,  il  y  avait  une  légère  constipa- 
tion, les  selles  étaient  grisâtres,  plus  pu  moins  décolorées,  les  urines 
précipitaient  en  bleu  et  en  vert  par  l'acide  nitrique.  La  palpation  et  la 
percussion  ne  révélaient  aucune  douleur  à  l'hypocondre  droit  et  sur 
tout  le  ventre.  Presque  toujours  le  voile  du  palais  présentait  une  colo- 
ration jaune  uniforme. 

La  durée  moyenne  du  traitement,  qui  a  consisté  en  deux  ou  trois 
purgations  au  plus,  a  été  de  dix  à  onze  jours.  Ces  cas  d'ictère  se  sont 
présentés  partout,  chez  les  individus  de  professions  différentes  et  placés 
dans  des  conditions  d'hygiène  diverses,  sans  qu'il  me  fût  possible  de 
les  rattacher  à  une  lésion  organique  quelconque. 

Le  traitement  à  consisté  en  une  ou  deux  purgations,  et,  au  bout  de 
cinq  à  six  jours,  la  coloration  jaune  des  téguments  disparaissait  gra- 
duellement. » 

—  M.  Bardou  écrit  à  l'Académie  pour  répondre  aux  assertions  con- 
tenues dans  divers  journaux,  sur  l'infériorité  des  instruments  empor- 
tés par  M.  Janssen  sur  la  côte  de  Malabar.  Malgré  le  peu  de  temps  qui 
lui  a  été  accordé  pour  la  construction  de  ces  instruments,  M.  Bardou 
croit  pouvoir  affirmer  qu'ils  ne  sont  nullement  inférieurs  à  ceux  dont 
ont  pu  disposer  les  autres  commissions  scientifiques.  M.  Janssen  en  a 
témoigné  sa  satisfaction  • 

Je  ne  sais  qui  a  fait  courir  ce  bruit  malveillant  que  les  instruments 
de  M.  Janssen  étaient  inférieurs  à  ceux  des  observateurs  anglais.  Cela 
est  faux  certainement  ;  et,  en  tout  cas,  l'habileté  dé  notre  compatriote 
a  largement  compensé  la  prétendue  infériorité  de  ses  instruments,  car 
la  victoire  est  à  lui.  —  F.  Moiono. 


Pirif.  —  Typ.  Waldflr,  rot  Bouparlt,  U. 


N°  4,  1872. 


CHRONIQUE  SCIENTIFIQUE  DE  U  SEMAINE 

fc»  Ittmté*©  tocftydrlqne.  (Vost  tenebras  lux.)  —  A  la  suite 
Cessais  faits  de  1809  t  1870  sur  la  place  de  l'Hôtel-de-Ville,  daas 
ta  coufc  des  Tuileries,  au  théâtre  de  la  Gaîté,  au  Bazar-Européen, 
au  café  des  Variétés,  etc.,  le  conseil  municipal  a  autorisé,  le  7  avril 
1870,  là  Société  Tessié  du  Motay  et  Ce  (44,  rue  Laffllte)  à  faire  un 
Nouvel  essai  sur  le  boulevard  des  Italiens,  à  l'appui  de  la  demande 
adressée  à  la  municipalité  pour  la  concession  de  la  canalisation  du 
gàz  oxygène  dans  Paris. 

Le  gaz  "hydrogène  d'éclairage  actuel  renferme  du  carbone,  et  sa 
combustion  ne  s'obtient  qu'au  moyen  de  l'oxygène  contenu  dans 
l'air,  dans  !a  proportion  de  21  pour  \ 00,  et,  par  conséquent,  en 
appauvrissant  d'oxygène  i'air  nécessaire  à  la  respiration  dans  les 
appartements.  Cette  combustion  du  carbone  n'est  jamais  complète; 
n  se  dépose  sur  les  plafonds,  sur  les  dorures  et  sur  les  meubles, 
des  particules  de  charbon  et,  ce  qui  est  beaucoup  plus  grave, 
H  se  forme,  outre  l'acide  carbonique,  une  petite  quantité  d'oxyde 
de  carbone  qui  est  nuisible  à  la  santé. 

Le  nouveau  procédé  obvie  à  ces  inconvénients  en  envoyant,  au 
moment  où  l'hydrogène  carboné  sort  du  bec,  de  l'oxygène  qui  le 
combure  entièrement.  La  combustion  des  particules  de  carbone 
devient  alors  complète  et  la  lumière,  de  rougeâtre  qu'elle  était, 
devient  blanche.  Cette  combustion  est  telle  qu'avec  un. bec  brûlant 
par  heure  seulement  32  litres  d'hydrogène  carburé  et  16  litres 
d'oxygène,  on  obtient,  avec  beaucoup  moins  de  chaleur  et  sans 
aucun  verre  de  lampe,  la  même  somme  de  lumière  que  fournit  le 
bec  type  de  la  ville  de  Paris  qui  brûle  140  litres.  L'économie  est 
considérable;  elle  permettra  à  la  Société  Tessié  du  Motay  et  Ce 
d'offrir  la  lumière  oxhydrique  aux  consommateurs  avec  20  p.  100 
^'économie  sur  l'éclairage  actuel,  en  prenant  à  sa  charge  tous  Ips 
frais  d'installation. 
'Paris  consommé  annuellement  environ  ; 
Pour  le  chauffage    .    .    .    .    #    .    20  000  000  m.  c.  hydrog. 
Tour  l'éclairage  municipal.     •    .    •    20  000  000      »        » 
TPour  féclairage  des  particuliers.     .  400  000  000      »        » 
qiïi,'â  30  c-  le  mètre  cube,  coûtent  aux  Parisiens  30  millions. 

N*  4,  U  XXVH,  21  janvier  1872.  10 


434  LES  MONDES. 

Lfr  nouveau  procédé  économisant  20  p.  400  per  an  aux  consom- 
mateurs, soit  une  somme  de  six  millions  de  francs,  apporterait  un 
allégement  considérable  aux  contribuables,  au  moment  où  de 
nouvelles  taxes  vont  peser  sur  eux. 

Pour  atteindre  ce  résultat,  la  Société  Tessié  du  Molay  et  G4 
adresse  au  conseil  municipal  la  demande  de  poser  des  conduites 
dans  Paris.  Elle  ne  réclame  ni  subvention,  ni  monopole  et  offre 
à  la  Ville  de  Paris  le  partage  des  bénéfices  au-dessus  de  40  p.  400, 
indépendamment  d'une  redevance  annuelle  fixe  de  deux  cent 
mille  francs  pour  la  location  du  sous-sol. 

Le  gaz  oxygène  n'est  pas  plus  explosible  que  l'air  atmosphé- 
rique, d'où  on  l'extrait;  c'est  le  gaz  comburant  par  excellenoe;  il 
ne  brûle  pas  seul,  mais  il  active  la  combustion  de  tous  les  corps. 

L'oxygène  peut  en  outre  servir  à  la  fusion  des  métaux,  à  la  fa- 
brication de  quelques  produits  chimiques,  à  l'assainissement  des 
hôpitaux  et  des  chambres  de  malades. 

Le  gaz  oxygène  coûtant  aujourd'hui  42  à  45  francs  le  mètre 
cube,  son  emploi  a  ùtè  nul  jusqu'ici,  soit  en  industrie,  soit  en 
médecine.  Fabriqué  en  grand  par  les  procédés  de  M.  Tessié  du 
Motay,  et  fourni  à  domicile  par  des  conduites,  ce  gaz  pourra  être 
livré  à  un  prix  extrêmement  réduit. 

L'opposition  au  progrès  évident  et  bienfaisant  de  la  lumière  oxhy- 
drique a  eu  recours  à  des  armes  ridicules.  Elle  annonce  avec 
esprit  l'apparition,  sur  le  boulevard  des  Italiens,  de  deux  nouvelles 
industries  ou  de  deux  nouveaux  commerces  :  le  commerce  des 
conserves  vertes  ou  bleues,  offertes  aux  pauvres  yeux  fatigués  de 
tant  d'éclat,  le  commerce  de  chiens  barbets  conducteurs  des 
aveugles  victimes  de  la  lumière  oxhydrique. 

Po*ittvl»Mie»  —  Dans  un  article  de  la  Bévue  des  deux  Mondes, 
M.  Auguste  Laugel  avait  cru  pouvoir  compter  H.  Herbert  Spencer, 
auteur  de  l'ouvrage  récemment  publié,  les  Premiers  Principes, 
parmi  les  disciples  d'Auguste  Comte.  Le  célèbre  écrivain  anglais 
n'a  pas  voulu  rester  sous  le  coup  de  cette  qualification,  et,  dans  un 
long  article  dont  la  Revue  scientifique  du  20  janvier  s'est  faite  l'écho, 
il  expose  au  long  les  raisons  qui  l'ont  forcé  de  se  séparer  d'Auguste 
Comte.  Le  point  capital  sur  lequel  M.  Herbert  Spencer  insiste 
est  l'idée  et  l'existence  de  Dieu.  «  M.  Comte,  dit-il,  n'admettant 
point  dans  la  philosophie  l'idée  et  le  sentiment  d'une  cause  qui  se 
manifeste  à  nous  dans  tous  les  phénomènes,  et  cependant  recon- 
naissant la  nécessité  d'une  religion  ayant  un  objet  propre,  donne 


LES  MONDES.  433 

pour  objet  à  cette  dernière  l'humanité.  Cette  vie  collective  (de  la 
Société)  est  dans  le  système  de  M.  Comte,  Y  Être  suprême,  le  seul 
être  que  nous  puissions  connaître  et  par  conséquent  le  seul  que 
nous  puissions  adorer...  Je  conçois,  au  contraire,  que  l'objet  du 
sentiment  religieux  continuera  d'être  ce  qu'il  a  toujours  été,  la 
source  inconnue  des  choses.  Tandis  que  les  formes  sous  lesquelles 
les  hommes  ont  conscience  de  la  cause  inconnue  des  choses  chan- 
gent et  disparaissent,  la  substance  qui  est  au  fond  de  ces  phéno- 
mènes de  conscience  reste  toujours  la  même.  Débutant  par  la  con- 
ception d'agents  imparfaitement  connus,  passant  ensuite  à  la 
conception  d'agents  de  moins  en  moins  connus  et  de  moins  en 
moins  susceptibles  d'être  connus,  et  arrivant  enfin  à  la  conception 
d'une  cause  universelle,  inconnue  et  incognoscible,  le  sentiment 
religieux  a  atteint  l'objet  dont  il  ne  doit  point  cesser  de  s'occuper. 
Parvenu,  à  la  fin  de  ses  évolutions,  à  l'infini  incognoscible,  comme 
objet  de  contemplation,  ce  sentiment  ne  peut  plus  (à  moins  de  ré- 
trograder)  reprendre  pour  objet  de  contemplation  un  fini  cognoS- 
cible,  comme  l'humanité.  »  M.  Herbert  Spencer  termine  par  ces 
paroles  sévères,  mais  essentiellement  vraies  :  a  Professant  des 
idées  absolument  opposées  à  celles  de  M.  Comte,  sur  toutes  les 
doctrines  fondamentales,  excepté  celles  que  nous  héritons  en  com- 
mun dupasse,  j'ai  cru  nécessaire  de  ne  pas  laisser  subsister  l'opi- 
nion que  je  suis  d'accord  avec  lui,  nécessaire  de  montrer  qu'une 
grande  partie  de  ce  qui  est  connu  généra'ement  sous  le  nom  de 
philosophie  positive  n'est  pas  la  Philosophie  Positive,  en  ce  sens 
qu'elle  soit  la  philosophie  particulière  de  M.  Comte,  nécessaire 
enfin  de  montrer  que  je  rejette  tout  ce  qui  est  en  dehors  de  cette 
partie  de  la  prétendue  philosophie  positive,  qui  ne  lui  appartient  pas 
en  propre.  »  Ce  qui  n'appartient  pas  à  M.  Comte  est  accepté,  ce 
qui  lui  appartient  est  désavoué!  L'arrêt  est  formidable,  c'est  l'exé- 
cution de  la  philosophie  positive. 


Conréqnenee»    de*    observations    de    l'éclipsé,    par 

M.  Jàhsser  —  La  magnifique  couronne  observée  à  Sboloor  s'est 
montrée  sous  un  aspect  tel  qu'il  me  paraissait  impossible  d'ad- 
mettre ici  une  cause  de  l'ordre  des  phénomènes  de  diffraction  ou 
de  réfraction  sur  le  globe  lunaire,  ou  encore  de  simple  illumina- 
nation  de  l'atmosphère  terrestre.  Mais  les  raisons  qui  militent  en 
faveur  d'une  cause  objective  et  circumsolaire  prennent  une  force 
invincible  quand  on  interroge  les  éléments  lumineux  du  phéno- 
mène. En  effet,  le  spectre  de  la  couronne  s'est  montré  dans  mon 


436  LES  MONDES. 

télescope,  non  pas  continu,  comme  on  l'avait  trouvé  jusqu'ici* 
mais  remarquablement  complexe,  j'y  ai  constaté  les  raies  al- 
lantes, quoique  bien  plus  faibles,  du  gaz  hydrogène  qui  forme  le 
principal  élément  des  protubérances  et  de  la  chromospbère  ;  la 
raie  verte  brillante  qui  a  déjà  été  signalée  pendant  les.  éclipses  de 
1869  et  1870, et  quelques  autres  plus  faibles;  des  raies  obscures, du 
spectre  solaire,  notamment  celles  du  sodium  (D)  ;  ces  raie?  sont  plus 
difficiles  à  apercevoir.  Ces  faits  prouvent  l'existence  de  matière 
dans  le  voisinage  du  soleil,  matière  qni  se  manifeste  dans  les 
éclipses  totales  par  des  phénomènes  d'émission,  d'absorption  et 
de  polarisation.  La  discussion  des  faits  nous  conduit  plus  loin  en- 
core. Outre  la  matière  cosmique  indépendante  du  soleil,  qui  <toit 
exister  dans  le  voisinage  de  cet  astre,  les  observations  démontrent 
l'existence  d'une  atmosphère  excessivement  rare,  à  bas*,  d'hydro- 
gène, s'étendant  beaucoup  au  delà  de  la  chromosphère' et  des  pro- 
tubérances, et  s'alimentant  de  la  matière  même  de  celle-ci,  ma- 
tière lancée  avec  tant  de  violence,  ainsique  nous  le  constatons  tous 
les  jours.  La  rareté  de  cette  atmosphère,  à  une  certaine  distance 
de  la  chromosphère,  doit  être  excessive;  son  existence  n'est  Aonv 
point  en  désaccord  avec  les  observations  de  quelques  passages  de 
comètes  près  du  soleil. 

Nécrologie.  —  Nous  apprenons  avec  tristesse  la  mort,  à  Nice,  de 
l'un  de  nos  plus  fidèles  abonnés  et  amis,  M.  le  docteur  Herpin, 
homme  de  bien  et  grand  promoteur  du  progrès  sous  toutes  les  formes. 
Dès  qu'il  eut  le  programme  de  nos  séances  de  science  illustrée,  il  en 
devint  enthousiaste,  et  voulut  faire  immédiatement  k  la  Société  pour 
l'instruction  élémentaire,  dont  il  fut  un  des  fondateurs,  un  rapport 
dans  lequel  il  lui  demandait  de  nous  prêter  son  concours. 

Vapeurs  de  mercure.  —  J'avais  prié  un  jeune  chimiste  trèa- 
zélé,  M.  Donato  Toraasi,  de  faire  pour  moi  une  expérience,  dont 
l'issue  nous  préoccupait  d'autant  plus  qu'elle  n'avait  pa&  été  faite  par 
M.  Merget.  Il  s'agissait  de  prendre  une  image  daguerrianne  sur  plaque 
argentée,  non  fixée  au  chlorure  d'or,  de  la  mercuriser  en  l'exposant 
aux  vapeurs  de  mercure,  puis  de  la  placer  au-dessus  et  très-près  d'une 
feuille  de  papier  sensibilisé  au  chlorure  d'oïdium  ou  au  nitrate' d'ar* 
gent  ammoniacal.  Dans  ma  pensée,  les  vapeurs  de  mercure  émises 
par  l'argent  amalgamé  qui  fait  les  noirs  de  l'image  devaient  seuls 
impressionner  ou  noircir  le  papier  sensibilisé,  de  sorte  que  le  résul* 
tat  de  l'opération  devait  être  une  épreuve  positive  de  l'image  primi- 


LES  MONDES.  137 

tivement  fixée  sur  la  plaque.  Il  y  avait  peut-être  là  un  moyen  facile, 
prompt  et  économique  de  production  des  positifs  sur  papier-  L'expé- 
rience a  été  faite,  et,  contre  toute  attente,  elle  n'a  rien  donné,  absolu- 
ment rien.  L'amalgame  d'argent  n'émet  plus  aucune  vapeur  de  mer- 
cure,et,  même  au  contact,  le  papier  sensibilisé  reste  blanc.  Ce  fait  curieux 
de  la  passivité  absolue  du  mercure  uni  à  l'argent  sous  forme  d'amal- 
game a  été  étudié  depuis  £ous  plusieurs  autres  faces,  et  il  a  conduit  à 
des  conséquences  très-dignes  d'intérêt,  dont  nous  nous  ferons  l'écho 
quand  la  note  de  notre  jeune  et  savant  ami  sera  complètement  rédigée. 
—  F.  Moigno. 

Bronze  et  fer  phosphores  pour  l'artillertç.  —  Der- 
nièrement deux  étrangers  habitant  la  Belgique,  MM.  Msntefiori  et 
Runzel,  communiquaient  à  notre  Académie  des  sciences.,  avec  uq 
certain  enthousiasme,  dont  M.  Dumas  s'était  fait  l'éloquent  inter- 
prète, les  résultats  vraiment  merveilleux  de  l'emploi  de  divers 
alliages  et  spécialement  du  bronze  phosphoreux  pour  la  coulée 
des  bouches  à  feq.  Or,  voici  que  deux  Français,  dont  les  noms  ont 
souvent  figuré  avec  honneur  dans  les  Monda,  MM.  de  Ruolz  et 
de  Foutenay,  démontrent  de  la  manière  la  plus  incontestable  leur 
droit  de  priorité  de  longue  date,  de  1854  à  1859  :  1°  pour  l'emploi 
du  phosphore  à  dose  déterminée  dans  le  bronze  d'artillerie  ; 
2*  pour  l'usage,  dans  le  même  but,  du  manganèse,  soit  seul,  soit 
associé  à  d'autres  métaux;  3°  pour  l'amélioration  de  la  fonte  de 
fer,  au  point  de  vue  de  la  résistance  des  pièce3,  au  moyen  du 
nickel  introduit  dans  la  fonte  à  l'aide  de  substances  que  des  motifs 
graves  empêchent  de  désigner.  De  sorte,  ajoutent  nos  généreux 
compatriotes,  que  si  l'an  admet  l'utilité  réelle  de  l'emploi  du 
bronze  phosphoreux  (même  avec  le  système  actuel  de  rayures)^ 
c'est  à  nous  que  doit  reveajr  le  faible  mérite  d'en  fivoir  eu  la  pre- 
mière idée  et  de  l'avoir  expérimenté  en  grand.  Nos  amis,  poussant 
peut-être  le  désintéressement  et  le  patriotisme  q  un  degré  par 
trop  héroïque,  font  cette  profession  de  foi  :  «  Nous  pensons,  sans 
prétendre  dicter  d,es  règles  de  conscience  à  qui  que  ce  soit,  qu'au- 
cune invention  se  rattachant  à  l'art  de  la  guerre  ne  doit,  quelque 
soit  sa  valeur,  être  publiée  par  son  auteur.  \\  en  doit,  selon  nous, 
le  don  gratuit,  et,  dans  toutes  les  lingites  du  possible,  le  secret  à 
la  patrie.  »  Ils  terminent  enfin  par  cette  réserve  très-digne  d'é- 
loges :  «  Quand  aux  épreuves  auxquelles  ces  procédés  ont  donn$ 
lieu,  leur  description  et  les  conséquences  qui  en  ont  été  déduites 
ont  et  restent  la  pçftpjiété  du  corps  dç  l'artillerie.  » 


43g  LES  MONDES. 

M«  Grove.  —  La  nomination  de  M.  Grovc  aux  fonctions  de  juge  à  la 
cour  des  Common  Pie  as,  a  été  saluée  par  une  véritable  acclamation  du 
barreau  et  de  toute  la  magistrature  judiciaire.  Mais  en  lui  nous  voyons 
principalement  un  des  rares  et  remarquables  exemples  de  la  supério- 
rité qu'un  esprit  vaste  et  puissant  peut  atteindre  dans  des  voies  qui 
semblent  diamétralement  opposées,  la  carrière  du  légiste  et  celle  du 
savant  ;  car  cette  double  supériorité  de  M.  Grove  est  consacrée,  non- 
seulement  par  l'opinion  populaire  (qui  admire  la  versatilité  parce 
qu'elle  est  versatile),  mais  aussi  par  l'estime  des  penseurs  les  plus  pro- 
fonds, les  plus  exacts,  les  plus  subtils,  et  des  pionniers  les  plus  infa- 
tigables dans  ces  deux  carrières.  Né  en  juin  4811,  il  fut  gradué  au 
collège  de  Bfasenose,  Oxford,  en  1833,  et  .admis  au  barreau  deux  ans 
plus  tard.  Mais  bientôt,  sa  mauvaise  santé  le  forçant  de  renoncer  à 
l'exercice  de  cette  profession,  il  se  livra  à  des  recherches  sur  les  sciences 
physiques,  et  en  1839  il  découvrit  le  système  de  pile  voltalque  qui 
porte  son  nom  :  la  combinaison  d'éléments  électriques  qui  donne  l'ac- 
tion voltaïque  la  plus  intense  qu'on  ait  obtenue  jusqu'à  ce  jour.  C'était 
débuter  par  un  coup  de  mattre,  et  la  sagacité  dont  le  jeune  physicien 
fit  preuve  dans  cette  recherche,  l'enchainemeut  de  déductions  ingé- 
nieuses et  délicates  qui  l'avait  conduit  au  résultat,  le  portèrent  d'em- 
blée à  un  rang  distingué  parmi  les  illustres  investigateurs  de  l'époque. 
De  1840  à  1847  M.  Grove  a  été  professeur  de  philosophie  à  l'Institu- 
tion royale  de  Londres.  En  janvier  1842,  dans  une  de  ses  leçons,  il 
émit  le  premier  la  théorie  de  la  convertibilité  mutuelle  de  la  chaleur, 
de  la  lumière  et  de  l'électricité,  en  les  considérant  comme  trois  modes 
de  mouvement  d'un  même  corps.  Il  reproduisit  ses  idées  sur  ce  sujet 
dans  les  leçons  suivantes,  dans  des  mémoires,  et  il  acheva  de  les  dé- 
velopper dans  son  remarquable  «  Essai  sur  la  corrélation  des  Forces.» 
Cet  ouvrage,  qui  est  arrivé  à  sa  cinquième  édition  en  Angleterre,  a  été 
réimprimé  en  Amérique,  et  traduit  en  France,  en  Belgique,  en  Alle- 
magne, et  même  en  Hollande. 

M.  Grove  a  été  l'ami  de  Faraday,  depuis  le  commencement  des  tra- 
vaux scientifiques  jusqu'à  la  mort  de  ce  grand  professeur.  Dans  ses 
cours  publics  de  science  ou  de  législation,  la  lucilité  de  ses  exposi- 
tions ne  peut  être  surpassée  ;  sous  le  charme  de  sa  parole  élégante,  on 
croirait  qu'il  possède  l'art  d'inspirer  à  ses  auditeurs  le  zèle  qui  l'anime, 
et  qu'il  a  le  pouvoir  de  leur  communiquer  une  partie  de  sa  puissante 
intelligence.  S'il  s'agit  de  la  théorie  d'une  expérience,  on  l'écoute  d'un 
bout  à  l'autre  avec  un  intérêt  croissant,  et  toujours  sans  fatigue  :  c'est 
un  plaisir  que  de  parcourir,  sur  les  pas  d'un  tel  guide,  une  série  de 
propositions  didactiques  dont  chacune  fait  prévoir  la  suivante,  jusqu'à 


V 


LES  MONDES.  139 

la  conclusion  finale  qui  a  force  de  loi.  Ses  principales  recherches  sont 
celles  qui  ont  eu  pour  objet  la  pile  à  gaz,  les  stries  de  la  décharge  élec- 
trique, l'électricité  de  la  flamme,  la  polarité  électro-chimique  des  gaz, 
de  nouvelles  combinaisons  d'objectifs  pour  les  télescopes,  les  impres- 
sions moléculaires  par  la  chaleur  et  l'électricité,  etc.  Ses  mémoires 
publiés  dans  les  Philosophical  Transactions,  le  Philosophical  Maga* 
zine,  etc.,  s'élèvent  au  nombre  de  53.  En  1847,  il  fut  honoré  de  la 
médaille  de  la  Société  royale  pour  ses  conférences  surl'ignition  vol- 
taïque,  et  sur  la  décomposition  de  l'eau  par  la  chaleur.  En  4 866,  il 
fut  élu  président  de  l'Association  Britannique,  et  prit  pour  sujet  de 
son  discours  d'installation  a  La  continuité  des  phénomènes  de  la  na- 
ture. »  On  annonce  qu'il  doit  prononcer  un  discours  sur  le  même 
sujet  à  la  prochaine  réunion  de  l'Association.  On  a  de  lui  encore  des 
ouvrages  sur  «  les  changements  à  introduire  dans  la  législation  des 
patentes,  »  sur  a  la  taxation  des  revenus  permanents  et  précaires,  » 
et  un  discours  sur  «  l'éducation  médicale  »  prononcé  à  l'hôpital  de 
Sainte-Marie.  En  1853,  M.  Grovefut  nommé  avocat  consultant  de 
la  reine.  (Méchantes*  Magazine.) 

Étrange  préoccupation  d'esprit.— »Un  jeune  savant  au  nom 
retentissant,  qui  s'est  égaré  un  jour  dans  le  monde  des  esprits  pour  se 
réveiller,  nous  le  croyons,  libre  penseur,  parmi  les  raisons  qui  lui  ren- 
daient la  foi  chrétienne  impossible,  alléguait  le  miracle  de  Josué  ! 
c  Prolonger  le  jour  pour  mieux  assurer  la  mort  des  pauvres  amalécites, 
c'est  une  cruauté  inouïe  dont  Bismark  lui-même  ne  serait  pas  ca- 
pable. Ou  le  Dieu  des  juifs  et  des  chrétiens  est  un  barbare,  ou  le  mi- 
racle de  Josué  est  une  fable  !  »  Cette  objection  n'a  pas  découragé  les 
grands  esprits  des  gloires  de  l'humanité;  et  si  elle  révolte  notre 
jeune  spirite,  n'est-ce  pas  parce  que  son  cerveau  est  par  trop  étroit?  Le 
plu»  étrange,  c'est  qu'il  était  officier  du  génie  avec  quatre  galons  pen- 
dant le  siège,  et  qu'il  a  vu,  d'une  part,  H.  de  Bismark  recommencer 
chaque  nuit  le  bombardement  avec  une  intensité  sans  cesse  croissante 
et  jeter  l'épouvante  dans  nos  murs  ;  d'autre  part ,  les  assiégés 
prolonger  le  jour  à  l'aide  de  flots  de  lumière  électrique  pour  mieux 
démonter  les  canons  et  les  artilleurs  prussiens.  Ne  pouvant  pas  compter 
sur  un  miracle  du  ciel  que  nous  ne  voulions  pas  invoquer.,  parce  que 
nous  ne  voulions  plus  être  le  peuple  de  Dieu,  nous  avons  eu  recours  au 
miracle  de  la  Science;  à  la  lumière  électrique!  C'était  notre  manière  de 
retarder  le  coucher  du  soleil.  Étions-nous  en  cela  barbares  et  odieu*  à 
l'excès? 


m  LES,  MONDES. 

QUESTIONS  ET  REPONSES 

ty.  Djesdoults,  à  Pacy-sur-Eure.  —  Je  saisis  encore  celte  occasion  pour 
vous  reparler  de  l'adoption  du  système  des  Questions  et  réponses,  qui 
jusqu'ici  n'a  point  répondu  à  son  but. 

Et  d'abord:  1°  Je  trou? e  dans  un  des  numéros  de  Tannée  dernière 
Une  page  copsacrée  à  des  questions  proposées  par  M.  l'abbé  Du  Marralft- 
Ityril*  Cet  ecclésiastique  aurait  donc  l'initiative  de  cette  idée.  Mais  aux 
questions  par  lui  adressées,  aucune  réponse  n'a  été  faite. 

2°  Après  le  bruit  qui  s'est  fait  autour  des  questions  que  je  vous  ai  pro 
posées,  j'en  suis  encore  à  attendre  des  réponses  que  vous,  savant  docteur, 
pouviez  nous  donner  en  3  lignes  savoir  :  quel  est  le  ba?oipètre  anéroïde 
qui  vous  parait  le  meilleur,  —  et  quel  est  le  sens  du  mot  rèdu,ction9 
dont  je  ne  trouve  la  définition  nulle  part.  Je  répète  que  les  réponses 
4  ce*  deux  questions  seraient  pour  vous,  pcrsonnelierçwnç  l'affaire  de  troU 
lignes. 

3°  Si  vous  croyez  qu'il  y  ait  lieu  de  vous  adresser  encore  des  questions 
propres  à  exercer  l'esprit  de*  malins  qui  ont  répondu  a#x  premières, 
Dieu  sait  comment  !  —  je  poserai  celle-ci  ; 

Etant  dopné  un  verre  d'eau,  on  y  verse,  une,  deux...  (ou  pîijs) cuilteréeq 
de  vin,  ou  d'un  autre  {liquide  coloré  quelconque,  la  masse  liquide  est 
içupédiatejnent  colorée  en  entier  (  fût-ce  par  un  mouvement  de  la  cuiller)  : 
comment  cela  se  fqit-il,  et  que  se  passe-t-ilî  Chaque  molécule  d'eau 
ft'tinitrelle  à  une  molécule  du  liquide  colorant,  auquel  cas  il  y  en  aurait 
une  infinité;  ou  bien  y  a-t-il  union  d'une  molécule  colorante  à  une*  deux, 
tjpw,..  Dftol^ules  d'eau*.,  et  alors  comment  s'opérerait,  par  un  petit 
chpc  donné  à  l'ensemble,  ce  système  de  combinaisons  régulières  T 

En  un  mot,  je  le  répète,  que  se  passe- 1 -il?  Si  cet  appel  réussit... 
j'aurai  bien  d'autres  question* à,  soumettre.  —  Eu.  Desdouits. 

ty.  Le  Roqx,  à  Paris.  —Je  vois  dans  le  numéro  des  Mondes  qui  yiqnt  de 
pagraitre  un  article  de  M.  Philippe  Breton  sur  les  moyens  de  rendre  vi- 
sible, au  ipoyen  d'un  éclairage  approprié,  un  flux  d'un  gaz  plus  pesant 
que  l'air;  tel  est  l'acide  carbonique  qui  s'échappe  des  cuve»  où  fengeute 
]&  vendange* 

J'y  trouve  ce  passage  :  «  Qn  peut  se  reporter  en  imagination  à  une 
époque  un  peu  antérieure  aux  grandes  découvertes  de  la  cbunie  pneu- 
matique. Avant  que  les  chimistes  eussent  trouvé  les  gaz,  quel  étounement 
aurait  excité,  même  chez  les  personnes  Us  plus  instruites  du  xvme  siècle, 


LES  MONDES  4fl- 

la  tue  <te  l'ombre  portée  au,  soleil  par  une  bougie  alliupée*  et  celle  d'un 
ajr  lourd,  veràé  comme  de  l'eau  d'un  arrosoir  sur  le  sol,  et  éteignant 
une  cbaadell«  f  » 

Or,  cet  étonnement  n'a  pas  dû  être  une  chose  inconnue  au  xyiii*  siècle, 
car  on  trouve  dans  une  peite  brochure  rarissime  (1)  1$  passage  que 
voici  ; 

a  Les  belles  découvertes  dont  M.  Marat  a  enrichi  la  physique,  à  l'aide 
de  sa  méthode  d'observer  dans  la  chambre  obscure,  m'ont  déterminé  à 
rappliquer  à  la  chimie,  persuadé  qu'elle  me  ferait  connaître  quantité  des 
phénomènes  qui  échappent  à  la  grossièreté  de  nos  sens  ;  après  avoir 
adapté  au  volet  d'un  appartement,  rendu. parfaitement  obscur,  un  cai- 
croscope  solaire,  garni  d'une  simple  lentille  de  6  à  7  pouces  de  foyer,  si 
Ton  place  à  huit  ou  dix  pouces  du  so  nraet  du  cône  de  lunîièrç  deu$ 
vaisseaux  contenant  fun  deux  gros  de  limaille  et  l'autre  autant  de  craie 
en  poudre;  qu'ensuite  on  verse  dans  chacun  trois  gros  d'acide  vitriolique 
ftible,  qu'on  ferme  exactement  les  ouvertures  aâ,  on  apercevra,  sur  le 
mur  blanchi,  ou  mjeux  encore  sur  un  châssis  de  toile  très-fine,  placé  à. 
15  ou  20  pieds,  l'ombre  que  projetteront  les  fluide*  dégagés  de  la  li- 
maUle  et  de  la  craie,  en  s' échappant  par  tes  ouvertures  bb. 

c  La  gaz  inflammable  ^'élèvera,  sous  la  forme  d'un  jet, ondoyant,  avec 
uae  rapidité  in<wunwensuiajble;  tandis  que  le  gaz  acide  méphitique 
descendra,  semb'abU  à*  l'eau  qui  jaillirait  d'une  fontaine. 

«  En  transvasant  ces  Ûuides,  les  mêmes  phénomènes  auront  lieu,  et 
d'une  manière  plus  agréable  encore,  en  ce  que  le  châtia  sera  couvert  de 
nuages  ascendante  et  descendants.  » 

Groyez  bien,  M.  l'abbé,  que  la  citation  qui  précède  n'a  pas  pour  ohjet, 
de  diminuer  le  mérite  d'ingéniosité  des  expériences  décrites  par  votre, 
correspondant  :  il  m'a  paru  intéressant  d'accorder  un.  souvenir  à  on 
martyr  de  la  scieace  dont  le  souvenir  ne  tardera  peut-être  pas  à  dispa- 
raître presque  complètement.  D'ailleurs  les  expériences  de  Pilaire  sur  les 
ga»  sa  rapportaient  à  un  travail  sur  L'asphyxie  produite  par  ks  émana- 
tions méphitiques  et  sur  les  moyens  de  la  prévenir.  Les  paroles  de  l'édi- 
teur anonyme  du  petit  livre  que  j'ai  sous  les  yeux  méritent  d'être  ra}« 
portée*;  car  elles  définissant  nettement  le  but  poursuivi  et  les  conclusions 
de  l'auteur. 

c  S'occuper  d'une  classe  d'hommes  utiles  et  presque  oubliés,  de  ces 
malheureux  qui,  sur  les  bords  des  cloaques  infects,  peuvent  à  chaque 
instant  y  rencontrer  la  mort  ;  chercher  les  moyens  de  les  en  préserver, 

(i)  U  vie  «{  les  mémoires  4e  Pilafre  it  ftozier  (dq  Boaster,  et  no»  det,  AoJtfft,  epmme 
on  dit  aon vent),  Paris,  1^6. 


"2  LES  MONDES. 

de  retirer  de  ces  fosses  dangereuses  ceux  que  le  malheur  y  précipite;  n'é- 
pargner ni  soins,  ni  peines  ;  faire  nombre  d'expériences,  de  longues  et 
pénibles  recherches,  exécuter  des  machines  dispendieuses,  échouer  vingt 
/ois,  ne  point  se  rebuter,  exposer  môme  sa  vie  ;  tels  ont  été  les  travaux 
estimables  et  les  louables  intentions  de  Pilatre  de  Rozier,  auteur  de  ce 
mémoire.  » 

Gomme  conclusion  pratique  de  ses  recherches,  Pilatre  de  Rozier  avait 
imaginé  un  «  Respirateur  ou  appareil  par  le  moyen  duquel  on  peut 
descendre  dans  les  lieux  infects.  » 

Cet  appareil,  dont  la  figure  est  jointe  au  mémoire,  se  composait  d'une 
boite  portée  à  dos  au  moyen  de  bretelles  et  communiquant  d'une  part 
avec  l'air  pur  au  moyen  d'un  tube  flexible,  de  l'autre  avec  les  narines 
du  porteur  au  moyen  d'un  second  tube,  «  Toute  l'attention  de  celui  qui 
se  revêt  de  l'appareil  doit  être  d'aspirer  par  le  nez  et  d'expirer  par  la 
bouche  en  laissant  échapper  l'air  au  milieu  des  gaz.  » 

Pilatre  ne  se  bornait  pas  à  la  description  de  ses  appareils,  il  parcourait 
Paris  en  cherchant  l'occasion  d'en  démontrer  l'efficacité,  mais  l'incré- 
dulité des  autorités  d'alors  entravait  souvent  son  zèle-  Son  biographe  ra- 
conte quelques  aventures  à  l'appui  ;  cependant  «  quelques  jours  après  il 
fut  plus  heureux  ;  il  se  présenta  un  puits  méphitisé,  sur  le  bord  duquel 
un  ouvrier  venait  d'être  suffoqué;  M.  de  Rozier  y  courut  avec  son  appa- 
reil, descendit  dans  le  puits  à  l'aide  d'une  corde  et  y  resta  environ  trois 
quarts  d'heure.  » 

Ces  citations  sont  dl'jà  bien  longues,  mais  je  ne  puis  résister  au  désir 
de  transcrire  ici  ce  que  ce  malheureux  inventeur,  mort  misérablement 
à  vingt-huit  ans,  disait  à  un  ami  avec  une  juste  amertume  :  «  j'ai  fait 
des  expériences  importantes  sur  les  gaz,  j'ai  inventé  un  masque  anti- 
méphitique; je  suis  resté  ignoré,  et  ma  découverte  a  été  négligée  :  main- 
tenant que  j'ai  navigué  dans  les  airs,  j'ai  des  honneurs  et  des.pensions, 
et  l'on  daignera  peut-être  profiter  de  mon  utile  invention.  » 

Que  le  jeune  Alcibiade  avait  donc  de  profondeur  d'esprit,  et  que 
d'hommes  de  mérite  à  qui  il  n'aura  manqué  qu'un  beau  chien  dont  ils 
puissent  couper  la  queue  ! 

Le  plus  simple,  pour  mettre  en  évidence  la  présence  de  l'acide  car- 
bonique dans  les  cuves  de  vendange,  ne  serait-il  pas  de  prendre  une 
vessie  pleine  d'air  et  de  la  placer  sur  l'ouverture ,  en  apparence 
vide,  de  la  cuve  ;  elle  y  resterait  suspendue,  portée  par  le  gaz  méphi- 
tique. —  F.  Moigno. 

M.  l'abbé  Charpentier,  à  Itis-Orungis.  —  !•  Quel  état  chimique 
ou  physique  des  éléments  d'un  point,  de  la  poire,  par  exemple,  consti- 
tue ce  qu'on  appelle  sa  maturité  ? 


LES  MONDES.  W3 

2°  Quel  genre  d'altération  subit  cet  état  quand  oefruit  devient  bkt 
♦comme  la  poire,  ou  se  pourrit  ? 

3°  Pourquoi  la  pourriture  se  produit-elle  beaucoup  moins  vite  dans 
les  fruits  cueillis  avant  complète  maturité  ? 

4°  Enfin,  quel  rôle  jouent  les  phénomènes  atmosphériques,  tels  que 
l'excès  de  pluie  ou  de  sécheresse,  sur  la  maturation  des  fruits?  Car 
on  s'en  prend  souvent  à  ces  sortes  d'excès,  pour  expliquer  empyrique- 
ment  pourquoi  les  fruits  se  conservent  moins  bien  une  année  qu'une 
autre. 


ACCUSÉS  DE  RÉCEPTIONS 


La  pnetographle  Appliquée  aux  études  géogra- 
phique»» pt?r  M.  Jules  Girard.  1871.  Brochure  in-12,  86  pages 
avec  20  gravures.  F.  Savy,  éditeur,  24,  rue  Hautefeuille.  —  Les 
besoins  de  la  géographie  réclament  des  moyens  d'investigation 
rapides  et  précis,  permettant  à  l'explorateur  de  peindre  les  scènes 
qu'il  trouve  sur  son  parcours,  au  topographe  de  représenter  le 
levé  du  terrain,  au  cartographe  de  publier  ses  travaux.  La  photo- 
graphie, dont  les  nombreuses  applications  s'étendent  à  bien  des 
études  scientifiques,  répond  à  la  solution  de  plusieurs  questions 
de  cette  nature. 

On  ne  saurait  avoir  la  prétention  de  résoudre  ainsi  tous  les  pro- 
blèmes qui  se  présentent  dans  les  études  diverses  ayant  trait  à  la 
géographie  proprement  dite;  elle  ne  tient  lieu  d'aucune  des 
connaissances  qui  s'y  rattachent,  ni  ne  se  substitue  à  aucune  opé- 
ration particulière;  mais  quand  on  sait  l'appliquer  avec  discerne- 
ment» prendre  dans  chacune  de  ses  acceptions  ce  qui  convient,  on 
trouve  dans  cet  art  merveilleux  un  auxiliaire  précieux,  un  coad- 
juteur  qui,  suivant  les  circonstances,  rend  des  services  éminents. 

L'exposé  n'oifre  pas  de  procédés  nouveaux,  ni  particuliers  ;  il  se 
borne  à  faire  comprendre  le  parti  qu'on  peut  tirer  de  la  photogra- 
phie. Après  avoir  décrit  les  opérations  photographiques  en  voyage, 
il  rappelle  l'usage  des  instrumems  photographiques  et  remploi  qui 
peut  se  faire  simultanément  du  théodolite  avec  la  chambre  noire. 
Un  chapitre  est  consacré  aux  projections  verticales  comprenant  : 
le  nivellement,  les  vues  orthogonales,  les  projections  brisées.  11 
ne  faut  pas  le  confondre  avec  les  panoramas,  qui  n'ont  d'avantage 


m  LES  MONDES 

tpiettatisîe  cas  duchtris:  fi^iie  station  av^rrtà'gélfte,  dM^n  plonge 
sur  une  grande  étendue  de  terrain.  D*atitre  part,  avec  ïeperféc> 
tfoftnemeht  dans  fa  pratique  eotfrafite  des  procédés  dliéKogra- 
vure,  la  cartographie  et  la  reproduction  dés  pbaûs-relîéfs  pourront 
se  faire  mèeânïquetnetot. 

Ce  petit  traité  est  le  puissant  auxiliaire  de  là  photographie  ftaris 
Tétnde  de  la  géographie  physique,  qu'il  est  nécessaire  de  mieux 
faire  comprendre  que  pat*  le  passé. 

Bibliographie  des  art»  textliea.  —  Nous  avons  entretenu 
déjà  nos  lecteurs  d'un  appareil  inventé  par  M.  Edouard  Gand,  pro- 
fesseur de  tissage  à  la  société  industrielle  d'Âjniens.  Cet  instrument, 
qu'il  nomme  TranspositeuY^  a  pour  but  de  fournir  spontanément  aijx 
manufacturiers,  aux  contre-maître»  de  fabrique,  aux  élèves  des  cours 
de  tissage,  aux  dessinateurs  industriels  et  même  aux  architectes,  un 
nombre  Infini  de  combinaisons  applicables  à  la  fabrication  des  étoffes 
et  au  carrelage.  L'inventeur,  voulant  doter  l'industrie  de  son  appareil 
improvisateur,  n'a  pas  pris  de  brevet  ;  et  pour  donner  aux  personnes 
intéreissées  la  possibilité  de  construire  elles-mêmes  le  Transpositeur, 
il  vient  de  publier  chez  M.  J.  Baudry,  éditeur,  15,  rue  des  Saints- 
Pères,  une  brochure  fort  curieuse  sur  la  théorie  mathématique  qui 
sert  de  hase  au  mode  de  fonctionnement  de  l'appareil.  L'ouvrage  con- 
tient :  1°  trois  planches,  dont  la  plupart  des  figures,  consacrées  à  la 
description  de  la  machine,  sont  gravées  d'après  des  photographiés  ; 
2°  dix-huit  figures  sur  bois,  intercalées  dans  le  texte,  et  des  tableaux 
synoptiques,  dont  l'un  fournit  les  diverses  raisons  arithmétiques  ser- 
vant à  la  construction  des  satins,  depuis  le  satin  de  5  jusqu'au  satin 
de  82.  Rien  de  plus  simple  que  le  mode  de  fonctionnement  du  Trans- 
positeur;  rien  de  plus  curieux  et  de  plus  inattendu  que  les  armures- 
tissu,  les  armures- dessin  et  les  mosaïques  qu'on  voit  apparaître. 

Ce  livre,  dont  les  journaux  de  Lyon,  de  Saint-Etienne,  de  Mulhouse, 
de  Vienne  et  d'autres  centres  manufacturiers,  français  et  belges,  ont 
parlé,  dans  les  termes  les  plus  encourageants,  est  appelé  à  dévenfr 
l'indispensable  vade-mecum  des  praticiens  et  des  artistes  (1). 

(1)  Pour  recevoir  la  broohure,  franco,  par  la  poste,  dans  toute  laJtfanoe,  envoyer 
à  l'éditeur,  à  Qaris,  3  fr.  25  cent,  en  timbre-pestes. 


LES  MONDES.  Uf> 


SCIENCE  EN  RUSSIE 


BULLETIN  IMPÉRIAL  DES  SCIENCES  DE  SAINT-PÉTERSBOURG.  1870-4871. 

Quelques  propriétés  du  fer  déposé  par  la  voie  galvanique,  par 
M.  Lenz.  —  Conclusion.  —  1.  Le  fer  et  le  cuivre,  réduits  par  le  couv- 
rant galvanique,  contiennent  des  gaz,  en  particulier  de  l'hydrogène. 

2.  Le  volume  de  gaz  absorbé  par  le  fer  est  compris  entre  des  limites 
assez  larges  ;  mais  le  fer  est  apte  quelquefois  à  absorber  des  quantités 
très-notables  de  gaz,  jusqu'à  185  fois  son  volume  dans  mes  expériences. 

3.  L'absorption  des  gaz  a  lieu  particulièrement  dans  les  premières 
couches  de  gaz  qui  se  déposent.  4.  Lorsqu'on  chauffe  le  fer  réduit,  le 
dégagement  de  gaz  commence  à  la  température  de  100  degrés;  mais, 
à  cette  température,  c'est  particulièrement  l'hydrogène  qui  se  dégage 
seul.  5.  Chauffé  au  rouge,  le  fer  galvanique  réduit  s'oxyde  dans  l'eau, 
en  partie  aux  dépens  de  l'oxygène  de  l'eau,  décomposant  l'eau,  et  ab- 
sorbant en  totalité  ou  en  partie  l'hydrogène  mis  en  liberté. 

Sur  le  poil  du  rhinocéros  mort  du  Nord  (Rhinocéros  tichorinus) 
par  M.  Brandt. 

Sur  les  congruences  binômes  exponentielles  à  base  3  et  sur  plu- 
sieurs nouveaux  théorèmes  relatifs  aux  résidus  et  aux  racines  pri- 
mitives, par  M.  Bounia&owsky.  —  Enonçons  quelques-uns  des  théo- 
rèmes réduits  des  formules  générales  de  l'auteur.  —  1.  Si  les  nombres 

v  —1 

p=20n+3  et  r        =10n-M,  sont  tous  deux  premiers,  5  sera 

éà 

une  racine  primitive  de  p.  2.  Si  les  nombres  p=20n-+-7  et 
r        =  10 n  -4-  3  sont  tous  deux  premiers,  5  sera  une  racine  primi- 

»  —  1 

tive  de  p.  3.  Les  nombres  p  =  40 n  + 1 3  et  z—r—  =  lOn  +  3  étant 

tous  deux  premiers,  et  n  supérieur  à  zéro,  5  sera  une  racine  primitive 

0  —  1 
de  p,  5.  Les  deux  nombres   p  =  40n-+-37  et  £ =  10n  +  9 

étant  premiers,  p  aura  5  pour  une  de  ses  racines  primitives. 

—  Note  relative  à  une  démonstration  donnée  par  Cauchy  des 
équations  générales  de  l'équilibre,  par  M.  Somoff.  —  Il  s'agit  de  la 
démonstration  directe  des  équations  générales  d'équilibre,  dont  j'ai 
dit  dans  mes  Leçons  de  mécanique  analytique  que  je  la  considérais 
comme  un  des  chefs-d'œuvre  du  grand  géomètre.  «  Reconnaissant, 

11 


\ 


146  LES  MONDES. 

dit  M.  Somoff,  la  juste  estime  due  aux  œuvres  de  Caucby ,  qui  ont  en- 
richi l'analyse  et  ses  diverses  applications  des  plus  grandes  décou- 
vertes, je  me  permets  d'être  d'une  opinion  contraire  à  celle  de  M.  Moi- 
gno,  par  rapport  à  sa  théorie  de  l'équilibre  dont  il  s'agit,  et  de  faire 
voir  que  cette  théorie  n'est  pas  satisfaisante. 

Le  principe  fondamental  que  Cauchy  se  propose  de  démontrer  peut 
être  énoncé  ainsi  :  Pour  qu'ily  ait  équilibre  entre  des  forces  appliquées 
à  un  système  de  points  matériels  et  les  résistances  qui  proviennent  des 
liaisons  auxquelles  ces  points  sont  assujettis,  dans  le  cas  où  une  seule 
fonction  des  coordonnées  doit  être  nulle  en  vertu  des  liaisons,  pour 
tous  les  déplacements  virtuels  du  système,  il  faut  1°  que  les  projections 
des  forces  sur  les  axes  des  coordonnées  rectangulaires  (auxquelles  on 
rapporte  les  points)  soient  proportionnelles  aux  dérivées  partielles  de 
cette  fonction  prises  relativement  aux  coordonnées  respectives,  et 
9*  que  le  rapport  de  chaque  projection  à  la  dérivée  respective  soit  le 
même  pour  toutes  les  forces.  Or,  la  démonstration  que  donne  Cauchy 
de  cette  seconde  proposition  est  en  défaut,  parce  que  l'équation  de  la- 
quelle il  tire  l'égalité  des  rapports  des  deux  forces  aux  dérivées  res- 
pectives devient,  dans  plusieurs  cas,  illusoire  ou  identique,  0=0.  » 
M*  Somoff  semble  avoir  raison,  et  sa  préférence  pour  les  démonstra- 
tions de  Lagrange,  de  Poisson,  d'Ampère  surtout,  qu'il  reproduit 
d'après  nous,  est  suffisamment  légitimée.  Il  modifie  comme  il  suit 
l'énoncé  du  principe  général  d'équilibre  :  «  Pour  que  des  forces  ap- 
pliquées à  un  système  de  points  assujettis  à  des  liaisons  qui  donnent  une 
seule  équation  entre  les  coordonnées  soient  en  équilibre  avec  les  résis- 
tances qui  proviennent  des  liaisons,  il  faut  que  ces  forces  soient  dirigées 
respectivement  suivant  les  paramètres  différentiels  du  premier  ordre  de 
la  fonction  L  relatifs  à  chaque  point  du  système,  toutes  dans  le  sens  de 
ces  paramètres  ou  toutes  en  sens  contraire,  et  que  les  valeurs  des  forces 
soient  proportionnelles  aux  grandeurs  de  ces  paramètres.  »  M.  Somoff, 
après  avoir  constaté  que  si  la  condition  des  déplacements  virtuels  était 
donnée  non  par  l'équation  seule  L  =  0,  mais  par  l'inégalité  L  >  0, 

réunie  avec  l'équation  L  —  0,  c'est-à-dire  par  L  ~  0,  les  forces  P,  F, 

P"...  devraient  être  opposées  aux  paramètres  respectifs,  ajoute  :  a  La 
nécessité  d'exprimer  les  conditions  des  déplacements  virtuels  par  des 
inégalités  a  été  signalée  en  1827  par  Cournot  [Bulle Un  de  Ferrussac, 
tome  VIII)  ;  ensuite  par  Ostrogradsky...  Mais  jusqu'à  présent  la  plu- 
part des  auteurs  des  cours  de  mécanique  se  contentent  d'exprimer  les 
conditions  par  des  équations,  ce  qu'on  doit  attribuer  au  non-vouloir 
ou  à  une  routine  commune  qui  retient  si  souvent  la  propagation  de 


LES  MONDES.  447 

nouvelles  idées.  *>  J'accepte  la  leçon  et  j'en  profiterai  s'il  m'est  donné 
de  publier  une  seconde  édition  de  la  Mécanique  analytique. 

—  Sur  un  théorème  relatif  à  la  théorie  des  résidus  et  de  son  ap- 
plication à  la  démonstration  de  la  loi  de  réciprocité  de  deux  nombres 
premiers,  par  M.  V.  Bouniakowsky. 

—  Remarques  et  rectifications  concernant  F  histoire  naturelle  des 
Alcidcs,  par  M.  E.  Brandt. 

—  Sur  le  symbole  de  Legendre  (^\ ,  par  Botoiakowsky. 

—  Sur  V embryogénie  du  Phthirius  pubis,  par  M.  Os.  Grimm. 

—  De  l'influence  de  la  chaleur  sur  l'élasticité  du  caoutchouc, 
par  M.  Scumuie  Wittsch.  —  Cette  note,  écrite  en  allemand,  est  in- 
téressante et  importante.  L'auteur  décrit  une  expérience  très-curieuse 
qui  montre  aux  yeux  le  passage  d'une  sorte  de  mouvement  en  un 
autre,  la  transformation  des  vibrations  calorifiques  en  vibrations  so- 
nores. J'espère  pouvoir  entreç  bientôt  dans  plus  de  détails. 

—  Notice  sur  Ak-tan  et  Kar a-tan  montagnes  dans  la  presqu'île 
de  Manijyschlak,  côte  orientale  de  la  mer  Caspienne,  par  M.  He&- 

UERSIN. 

—  Sur  les  dérivées  d'une  série  isocrapile,  par  M.  Borodin.  — 
Voici  eette  série  : 

(CliHll)HO=  (C>H10[CtHJ)HO 

Isooa-prin  Amylitre  amylalcool. 

alcool. 

CMH*0    =(C.H,[C,H„JO 

Iaocaprin-al-  Amylitre 

déhyde.  valéraldéhyde. 

(€„H„0)HO  =  (C1H,[ClH11]0)HO 

Isocaprin-acide.       Amylitre  valérianacide. 

—  Bétetmination  du  coefficient  de  la  précession  des  équinoxes 
au  moyen  d 'étoiles  de  faible  éclat,  par  M.  Nyrek.  —  La  conclusion 
est  que  pour  les  observations  comparées  il  n'y  a  aucune  différence 
sensible  entre  les  méthodes  d'observer  les  étoiles  de  différentes  gran- 
deurs. 

—  Sur  l'irritabilité  de  quelques  parties  de  la  moeile  épinièrer, 
pas  M.  Ai*\dof.  —  La  substance  grise  de  la  moelle  épinière  est  exci- 
table par  des  excitations  électriques  comme  par  des.  excitations  mésar 
niques,  mais  dans  un  moindre  degré  pour  les  dernières  que  pour  les 
premières. 


Il 


148  LES  MONDES. 

—Action  de  la  lumière  sur  le  tissu  de  quelques  plante*  monocotylé» 
dones  et  dicotylédones,  par  M.  Batalin.— Conclusions.  1°  Lalumièreg 
n'a  aucune  influence  sur  la  segmentation  des  cellules  épidermique 
[Lepidium  sativum)*  2°  La  lumière  diffuse  active  la  partage  des  cel- 
lules du  parenchyme  de  l'écorce  {Lepidium  sativum).  3°  La  lumière 
favorise  la  multiplication  dès  éléments  du  bois  G  innabis  sativa,  Zea 
May  s),  la  formation  nouvelle  des  cordons  fibrovasculaires  est  favorisée 
par  la  lumière  (Triticum  vulgare,  Zea  May  s).  4°  La  lumière  vive  (les 
rayons  immédiats  du  soleil)  nuit  de  la  même  manière  que  l'obscurité 
à  la  segmentation  des  cellules  du  parenchyme  de  l'écorce  (Lepidium 
sativum).  5°  L'absence  de  lumière  détermine  un  léger  épaississement 
du  chyme  des  cellules  (solunum  tuberosum).  7°  La  lumière  n'a  au- 
cun effet  sur  Tépaississement  des  cellules  de  l'écorce  et  du  bois. 

—  Sur  la  détermination  du  poids  d'un  décimètre  cube  d'eau 
distillée  à  4°  C,  par  M.  H.  Wilb.  —  Les  conclusions  sont  :  1°  dans 
l'état  actuel  de  la  science  et  de  l'art  technique,  la  détermination  du 
poids  absolu  d'un  décimètre  cube  d'eau  vers  4  degrés, à  un  dixième  de 
milligramme  près ,  n'est  point  possible,  mais  une  limite  d'erreur 
40  fois  plus  considérable  peut  être  obtenue  moyennant  des  opérations 
de  mesurage  nombreuses  et  minutieuses.  Si  donc  nous  pouvons  éta- 
blir ainsi,  à  un  milligramme  près,  le  vrai  kilogramme  conforme  à 
sa  définition,  nous  atteindrons  pourtant  une  exactitude  cent  fois  plus 
grande  dans  la  détermination  de  cette  grandeur  si  importante  en  pra- 
tique. 2°  L'unité  de  poids,  tout  comme  l'unité  de  mesure  des  lon- 
gueurs, doit  être  absolument  déterminée  par  le  représentant  matériel, 
le  kilogramme  prototype,  c'est-à-dire  par  le  poids  d'un  certain  volume 
d'eau,  par  la  raison  que  Ton  peut  comparer  deux  kilogrammes  entre 
eux  avec  beaucoup  plus  de  précision  que  l'on  ne  peut  en  déterminer  le 
poids  par  la  déûnition  théorique. 

—  Sur  la  méthode  de  distinguer  les  maxima  et  les  minima  des 
intégrales  définies  multiples ,  par  M.  Sabinine. 

—  Sur  les  espèces  d'ophiopogonies  dans  les  herbiers  de  Saint- 
Pétersbourg,  par  H.  Maximowicz. 

—  Sur  V apparition  d'un  lobe  surnuméraire  à  l'extrémité  du 
poumon  droit  de  Vhomme  et  sur  la  direction  de  l'arc  de  la  veine 
azigos  dans  la  fente  verticale  qui  en  est  la  cause,  par  M.  le  docteur 

WlNZEL-GlLUBER. 

—  Observations  concernant  le  développement  de  quelques  cœlcnté- 
rates,  par  M.  Metchnikof. 

—  Sur  les  gisements  de  lignite,  près  de  Sméla ,  au  gouvernement 


T<   *. 


~*\*i 


LES  MONDES.  149 

de  Kief  et  près  de  Elisavetgrad ,  au  gouvernement  de  Kherson, 
par  M.  Helmersen. 

—  Sur  la  compensation  complète,  pour  la  température  du  baro- 
mètre  à  balance,  par  M.  Wild.  —  L'auteur  complète  théoriquement 
et  expérimentalement  le  travail  de  M.  Ra<lau  ,  publié  dans  les 
Mondes,  à  l'occasion  du  mëtérographe  du  R.  P.  Secchi. 

—  Nouvelles  reeherches  sur  les  restes  de  mammifères  trouvés 
dans  des  cavernes  de  F  Altaï,  par  M.  Brandt.  —  Ces  restes  appar- 
tiennent pour  un  tiers  à  des  espèces  encore  existantes  dans  r  Altaï. 
Quoique  la  coexistence  de  l'homme  et  des  très-grandes  espèces  dans 
la  Sibérie  ne  soit  pas  encore  démontrée  paléontologiquement  et  ar- 
chéologiquement ,  il  est  grandement  probable  que  l'homme  y  vivait 
à  côté  du  mammouth,  du  rhinocéros  chevelu,  du  cerf  géant,  du  bison, 
de  l'aurochs,  etc. 

—  Les  éponges  de  la  mer  Blanche  et  de  V océan  Arctique,  par 
M.  Màclày. 

—  Sur  les  cristaux  de  chondrôdite  provenant  de  la  Finlande, 
par  M.  Kokcharof. 

—  Courtes  diagnoses  de  quelques  nouvelles  plantes  du  Japon  et 
de  la  Mandchourie.  septième  décade,  par  M.  Makimowicz. 

—  Déviation  du  fil  à  plomb  par  V attraction  des  monts  du  Cau- 
case, par  M.  Stebniski.  —  La  comparaison  entre  les  longitudes  dé- 
terminées géodésiquement  et  les  longitudes  déterminées  astronomi- 
quement  met  en  évidence,  pour  Petrowsk,  une  déviation  de  16",92, 
pour  Baka  une  déviation  de  11", 05.  Mais  la  masse  du  Caucase  exerce 
dans  le  premier  lieu  une  déviation  du  fil  à  plomb,  en  longitude  ouest, 
de  22",11  ;  dans  le  second,  une  déviation  de  9",74.  En  tenant  compte 
de  ces  déviations,  on  réduit  à  5", 49  la  différence  entre  les  longitudes 
géodésiques  et  astronomiques  de  Petrowsk,  à  -+- 4",69  la  différence 
pour  Baka. 

—  De  quelqaes  anomalies  ou  variétés  rares  des  artères,  par 
M.  Gruber. 

—  Remarques  concernant  l'histoire  naturelle  des  élans,  Cervus, 
Alces,  Linnée,  tendant  à  prouver  Videntité  des  espèces  vivantes  et 
fossiles,  suivies  de  recherches  sur  la  distribution  géographique  de 
l'Elan. 

—  Sur  la  rectification  approximative  des  courbes  quelconques, 
par  M.  Somoff.  Ce  procédé  de  rectification  est  tout  entier  dans  le 
théorème  suivant  :  la  longueur  d'un  arc  assez  petit  pour  que  sa  cin- 
quième puissance  puisse  être  négligée  est  égale  aux  quatre  tiers  de 
la  corde,  moins  le  sixième  de  la  somme  des  projections  de  cette  corde 


150  LES  MONDES* 

sur  les  tangentes  extrêmes.  Pour  un  arc  de  cercle  de  20  degrés,  l'er- 
reur n'est  que  d'un  cent  millième. 

—  Sur  le  nerf  dépresseur  du  cheval,  par  M.  Cyon. 

.  —  Quelques  remarques  sur  la  géographie  de   la  Perse ,  par 
M.  Dorn. 

—  Sur  quelques  tremblements  de  terre  observés  au  moyen  d'un 
niveau  tris  sensible,  par  M.  Argelander. 

—  Observations  des  planètes  à  Saint-Pétersbourg ,  par  M.  Sa- 
witsch.  —  Le  3  octobre  1869,  à  8  h.  20  m.  31  s.,  temps  moyen  de 
£aint-Pétersbourg,  la  position  de  Neptune  était  donnée  par  les  coor- 
données suivantes  :  Ascension  droite,  1  h.  10  m.  21  s.,  88;  déclinai- 
son +  5°  37'  41%  10. 

—  Rapport  sur  le  second  concours  du  pr  te  Baer.  —  L'Académie 
a  décerné  le  prix  entier  aux  trois  mémoires  suivants  :  1°  Sur  le  déve- 
loppement et  la  construction  du  labyrinthe  de  l'oreille,  d'après  des 
recherches  sur  les  mammifères,  par  M.  L.  A.  Bôttcher,  manuscrit 
avec  planches  ;  2°  Etudes  embryologiques  sur  les  vers  et  les  arthro- 
podes, par  M.  Rowalewsky,  manuscrit  avec  planches;  3°  un  ouvrage 
écrit  en  russe,  par  M.  Metschntroff,  sur  l'anatomie  et  les  métamor- 
phoses des  amphiarus  et  des  sepiolies. 

—  Sur  les  propriétés  physiques  et  le  pouvoir  calorique  de  quel- 
ques pétroles  de  l'empire  russe,  par  M.  Henri  Sainte-Claire  Deville. 
Nous  avons  analysé  ces  recherches  ailleurs. 

—  L'olivine  de  la  météorite  de  P }  allas,  par  M.  Kokcharof. 

—  Le  système  nerveux  des  étoiles  marines,  par  M.  Owsiannikof. 

—  Note  sur  l1  exécution  en  cuivre  galvanique  de  la  statue  de 
Notre- Dame -de-la- Garde,  par  M.  Christofle  de  Bouilhet. 

—  Etudes  sur  l'ozone,  Veau  oxygénée  et  le  nitraU  d'ammo- 
niaque, par  M.  R.Struye.  — Le  fait  capital  signalé  dans  cette  note  est 
la  formation  de  nitrate  d'ammoniaque  dans  l'acte  de  la  respiration, 
mise  très-facilement  en  évidence  par  l'expérience  suivante  :  on  respire 
pendant  quelques  instants  au  sein  d'un  grand  verre  dont  les  parois 
ont  été  mouillées  d'eau  ;  on  rince  ensuite  le  verre  et  Ton  verse  l'eau 
résultante  dans  un  tube  d'analyse;  et,  par  le  simple  recours  aux  réac- 
tifs ordinaires,  l'iodure  de  potassium  et  l'acide  sulfurique  dilué,  on 
constate  d'abord  la  présence  de  l'acide  nitrique;  on  constate  ensuite 
avec  autant  de  facilité  la  présence  de  l'ammoniaque  à  l'aide  de  la 
réaction  de  Neessler.  M.  Struve  croit  avoir  remarqué  que  cette  for- 
mation de  nitrate  d'ammoniaque  dans  l'acte  de  la  respiration  est 
beaucoup  plus  faible  le  matin  avant  le  repas,  que  l'après-midi  après 
le  repas.  Il  conclut  de  ce  fait  tout  nouveau  que  l'azote  de  l'air  atmos- 


LES  MONDES.  451 

phériqué  ûe  joiie  pas  un  rôle  entièrement  passif  daiife  le  procédé  de 
la  respiration,  ce  qui  est  évidemment  en  (Contradiction  avec  les  expé- 
riences de  MM.  Regnault  et  Heiset.  Ce  même  nitrate  d'ammoniaque, 
présent  dans  la  salive  et  dans  le  suc  gastrique ,  joue  certainement  un 
rôle  dans  la  digestion.  Déjà  l'on  avait  constaté  la  présence  de  l'ozone 
dans  le  sang  et  son  rôle  dans  la  circulation  et  la  nutrition. 

—  Le  système  nermux  du  Lepas  anatifera,  par  M.  Ed.  Brandt. 

—  Sur  quelques  dérivés  de  la  dhoxybenzdine,  par  M.  Sinin.  — 
La  désoxybenzoïne  dissoute  dans  l'alcool  contenant  de  la  potasse  caus- 
tique et  laissée  à  l'air  dépose  des  aiguilles  blanches,  fines,  qui,  rame- 
nées à  l'état  de  pureté  absolue,  sont  un  nouvel  acide,  l'acide  amsùrique 
C"  Hb6  0*  avec  C=£7,50,  H=5,83.  Cet  acide  et  'ses  sels  Ont  un  goût 
très  amer;  les  amarâtes  à  base  des  métaux  lourde  sont  très-élec- 
triques, de  sorte  qu'on  peut  à  peine  les  broyer. 

—  Quelque*  remarques  sur  le  poil  de  mammouth,  par  M.  J;-F. 
Brandt. 

—  Sur  la  polydadylîe,  par  M.  Gruber.  —  L'aùteùr  a  réuni  tourf 
les  cas  connus  de  potydaetylie  avec  de  7  à  40  doigts  à  la  main,  et  de 
7  à  10  doigts  aux  pieds.  11  décrit  en  outre  un  cas  nouveau  de  polydac- 
tylie  avec  six  d  doigts  à  la  main  droite,  six  doigts  à  la  main  gauche  et 
duplicité  de  la  dernière  phalange  du  pouce  à  la  main  gauche;  six 
doigts  au  pied  droit  et  six  doigts  au  pied  gauche. 

—  Note  sur  les  corps  correspondants  aux  produits  nitrés  de  la 
benzoïde-anilide,  par  M.  Làzorenco.  —  En  soumettant  la  benzolde- 
anilide  à  l'action  de  l'acide  nitrique  sous  différentes  conditions,  Fau- 
teur a  obtenu  outre  la  nitraniline,  des  composés  d'une  constitution 
bien  déterminée  cristallisant  bien  de  leurs  dissolutions  alcooliques. 

—  Courtes  didgnoses  déplantes  nouvelles  du  Japon  et  de  la  Mand- 
chourie,  par  M.  Maximowigz.  * 

—  Sur  les  jeunes  Idothea  entomon,  par  M.  Ed.  Brandt. 

—  Le  Gulf-Stream  à  l'est  du  cap  du  Nord,  par  M.  Middendoiwf. 

—  Remarque^  complémentaires  sur  Vostéologie  de  la  main  et  dtl 
pied,  par  M.  Wenzel  Gruber. 

—  Nouveaux  cas  de  polydactylie  avec  6  doigts  à  la  main  droite, 
6  doigts  à  la  main  gauche,  et  duplicité  du  pouce,  par.  M.  Wenzel- 
Grttber. 

—  Nouveaux  cas  d'un  neuvième  petit  os  du  carpe,  remplaçant 
l'apophyse  styloïde  de  l'os  III  du  métacarpe  de  l'homme.  —  Sur 
un  cas  d'ankylose  du  neuvième  petit  carpe  avec  Vos  III  du  méta- 
carpe chet  l'homme,  par  M.  Wênebl-Grthjbr. 

—  Rotation  du  plan  de  polarisation  par  l'effet  des  électro-aimdnts, 


152  LES  MONDES 

par  M.  Jegorow.  —  Voici  quelques  résultats  d'expériences.  1.  Le 
verre  de  Faraday  plongé  dans  l'eau  fait  moins  tourner  le  plan  d«  pola- 
risation que  lorsqu'il  est  plongé  dans  l'air.  2.  Une  solution  faible  de 
sulfate  de  fer  entourée  d'une  solution  forte  fait  plus  tourner  le  plan 
de  polarisation  que  lorsqu'elle  est  plongée  dans  l'air.  3.  La  solution 
forte  plongée  dans  la  solution  faible  exerce  une  action  rotatoire  plus 
forte  que  lorsqu'elle  est  plongée  dans  l'air.  4.  La  rotation  du  plan  de 
polarisation  diminue  avec  le  diamètre  du  tube.  5.  Il  semble  que  si 
l'on  soumet  une  substance  douée  du  pouvoir  rotatoire  à  l'action  du 
magnétisme  la  rotation  du  plan  de  polarisation  subit  une  avance  ou  un 
accroissement  permanent. 

—  Sur  V organisation  des  grégarine$,  par  M.  A.  Stuart. 

—  Sur  l'embryologie  des  animaux  inférieurs,  pur  M.  Metgh- 

JIIKOFF. 

—  Application  des  piles  secondaires  ou  de  polarisation  aux 
moteurs  électro-magnétiques,  par  M.  Jagomi. —  La  conclusion,  facile 
à  prévoir,  est  qu'avec  la  pile  secondaire  à  polarisation,  on  n'obtient  pas 
des  machines  magnéto-électriques  un  effet  utile  plus  grand  que  lors- 
qu'on employait  directement  la  pile  primitive. 

—  Etudes  micro  graphiques^  par  M.  A.  Stuart.-?-  L'auteur,  après 
avoir  étudié  l'influence  de  la  direction  de  l'éclairement,  apprend  à  le 
mesurer,  et  décrit  ce  qu'il  appelle  un  microscope  laboratoire,  ou  labo- 
ratoire microscopique. 

—  Etude  microscopique  sur  le  système  nerveux,  par  M.  Owsian- 
nikow.  —  L'auteur  étudie  tour  à  tour  les  cellules  nerveuses  et  les  filets 
nerveux.  11  avoue  ne  rien  savoir  des  rapports  de  l'état  et  de  la  forme 
des  cellules  avec  leur  efficacité  ou  leur  fonction. 

—  Sur  la  présence  de  deux  muscles  de  tension  supérieure  ou 
extrême  chez  V homme.— Ces  deux  muscles  sont  l'un  le  tensor  fusciae 
rurahs,  l'autre  le  tensor  capsule  genualis  posterior  superior. 

—  Extraits  de  deux  auteurs  de  rOrient,  se  rapportant  à  la  mer 
Caspienne  et  aux  provinces  qui  Vavoisinent.  —  Désignations  ad- 
mises par  les  Orientaux  pour  désigner  différents  navires  de  la  mer 
Caspienne,  par  M.  B.  Dorn. 

—  Sur  la  place  du  cerium  dans  la  série  des  éléments,  par 
M.  H.  Glyden.  —  Nous  croyons  utile  de  reproduire  ici  l'ordre  systé- 
matique dans  lequel  le  savant  chimiste  range  tous  les  éléments  con- 
nus :  quoique  le  point  de  départ  de  sa  classification  soit  le  poids  ato- 
mique, il  constate  avec  bonheur  qu'elle  est  conforme  à  ce  que  l'on 
connaît  des  analogies  naturelles  des  corps,  et  de  leurs  propriétés  dites 
électriques. 


LES  MONDES. 

183 

Groupe  I. 

i)H=i 
flLi-7 

Groupe  II, 

Groupe  III.  Groupe  IV. 

Groupe  V. 

Groupe  VI. 

Groupe VII.  Groupe VIU. 

Be=9,4 

B=ll           C=12 

N=14 

0=16 

F=19 

1         Na=28 

Mg=24 

Ai=27,8        Si=28 

P=3l 

S==32 

Cl=35,5 

%          K=39 

Ca=40 

—  =44           Ti=50? 

V=5f 

Cr=52 

Mn=55        Fe=56 

3          Cu=*3 

Zn=65 

—=68           —=72 

As=76 

Se=78 

Br=80 

4         fib=85 

Sr=87 

Yt?=92?       .Zr=90 

Nb=94 

Mo=96 

—=98        Ru=104 

5         Ag=108 

Cd=112 

In=113          Sn=rll8 

Sb=122 

Te=128? 

1=127 

6           Cs=133 

Ba=137 

Di?=143?     Ce=188 

i 

La?  Di?  Et? 

8 

— 

... 

W=184 

9         Au=197 
10 

Hg=200 

Tl=204        Pb=207 

Ta=i82 

Osm=199? 

Th=23i 

Bi=208 

Ur=240 

#""  Db  l'influence  que  les  déplacements  de  l'axe  de  rotation  dans 
l'intérieur  de  la  terre  peuvent  avoir  sur  le  niveau  des  mers,  par 
M.  LirKiN.  —  La  conclusion  est  que  les  changements  de  niveau  pro- 
duits par  un  déplacement  de  l'axe  de  rotation  de  la  terre,  et  dont  on 
évalue  la  quantité  dans  diverses  hypothèses  de  la  fluidité  ou  de  la 
solidité  intérieure  du  globe,  ne  peuvent  pas  être  les  soulèvements  ou 
les  dépressions  observées  en  divers  lieux. 

—  Dispositif  articulé  pour  la  transformation  rigoureuse  du 
mouvement  circulaire  en  mouvement  rectiligne,  par  M.  Lipkin. 


Nous  avons  reçu,  en  outre,  un  grand  nombre  de  volumes  publiés  par 
l'Observatoire  physique  central  de  Russie,  et  qui  témoignent  haute- 
ment de  la  capacité,  de  l'activité,  de  l'exactitude  du  directeur  actuel, 
M.  Henry  Wild. 

I.  Annales  de  VObservatoire  physique  central  de  Russie,  par 
M.  Henry  Wild.  Années  1866,  1867,  1868.  —Ces trois  volumes,  ré- 
digés dans  les  mêmes  principes  et  avec  les  mêmes  soins  que  ceux  des 
années  précédentes,  renferment  les  observations  réduites  de  36  stations, 
choisies  avec  soin  sur  la  surface  de  l'immense  empire  de  Russie. 

ÏJ.  Répertoire  de  météorologie,  publié  et  rédigé  par  V Académie 
des  sciences  de  Russie,  par  M.  Henry  Wild.  Volume  III.  — 
Instructions  pour  les  stations  météorologiques.  —  Tables  pour 
le.  calcul  des  observations  météorologiques,  par  M.  Wild.  — 
Tables  pour  le  calcul  ou  réduction  des  observations  météorolo- 
giques. —  Description  de  l'Observatoire  central  de  physique  au 
poipt  de  vue  des  instruments  météorologiques.  —  Les  rapports  du 
vent  et  de  la  pluie  de  la  Tauride,  par  M.  Kuppin.  —  Marche  diurne 
de  la  température  à  Barnaoul  et  à  Nortchensk,  par  M.  Rikatcheff.  — 


i&  LES  titôNtfÉS. 

Marche  annuelle  de  la  température  à  Saint-Pétersbourg,  par  M-  Kûmtz. 

—  Résultats  des  observations  magnétiques  et  astronomiques,  faites 
dans  un  Toyage  de  Saint-Pétersbourg  à  Pékin,  dans  les  années  4867  et 
4868,  par  M.  Fritsehe.  —  Sur  la  distribution  des  pluies  en  Russie, 
par  M.  Wojeikoff.  —  Mesures  de  l'inclinaison  prises  d'après  une  mé- 
thode perfectionnée  dans  un  voyage  en  Italie,  par  M.  Kaemtz.  —  Dé- 
termination des  éléments  du  magnétisme'  terrestre  dans  un  voyage  de 
Saint-Pétersbourg  à  Tiflis,  par  M.  Wiid.  —  Marche  des  éléments  mé- 
téorologiques à  Tiflis,  du  4er  décembre  4854  au  1er  décembre  4864, 
par  M.  Kiefer.  —  Complément  des  instructions  pour  les  observations 
météorologiques,  par  M.  Wild.  —  Tables  pour  la  réduction  des  ob- 
servations météorologiques.  —  Déterminations  magnétiques  et  hygro- 
métriques, faites  dans  22  stations  du  Mongol  et  de  la  Chine  du  Nord, 
par  M.  Fritsehe.  —  Sur  la  température  du  sol  à  Pékin,  par  M.  Fritsehe. 

—  Sur  un  moyen  de  suppléer  au  baromètre  à  mercure  pour  les  obser- 
vations à  faire  en  voyage  ou  dans  des  lieux  difficilement  accessibles, 
par  M.  Wild.  La  conclusion  de  l'auteur  est  qu'on  peut  parfaitement 
suppléer  au  baromètre  ordinaire,  au  double  point  de  vue  de  la  commo- 
dité et  de  l'exactitude,  par  l'observation  simultanée  du  baromètre 
anéroïde  vérifié  et  d'un  bon  thermo-baromètre.  —  Sur  la  détermina- 
tion des  températures  souterraines  au  moyen  des  piles  thermo-élec- 
triques, par  M.  Pernet.  —  Proposition  pour  l'enregistrement  de  l'ab- 
sorption par  l'atmosphère  de  la  chaleur  du  soleil  et  du  ciel,  par 
M.  Froellck.  —  Nouvelle  méthode  pour  remplir  les  tubes  baromé- 
triques, par  M.  Wild.  —  Observations  magnétiques  à  l'Observatoire 
physique  central,  pour  l'année  4858,  par  M.  Rikatcheff. 

III.  Rapport  annuel  de  l'Observatoire  centrât  4e  physique,  fait  à 
r Académie  des  sciences  de  Saint-Pétersbourg,  par  M.  H.  Wild,  di- 
recteur, dans  les  années  4870  et  4874.  —  Personnel.  —  Instruments. 

—  Bibliothèque.  —  Matériel.  —  Observations  normales  ou  régulières. 

—  Observations  et  recherches  extraordinaines.  —  Recueil  imprimé 
des  observations.  —  Réorganisation  du  système  d'observations  météo- 
rologiques. —  Publications  de  l'observatoire  et  des  stations  établies 
par  lui.  —  Archives  de  l'observatoire.  —  Voyages  de  science  ou  d'ins- 
pection. 

IV.  Études  relatives  à  la  théorie  des  perturbations^  —  Dévelop- 
pement de  quelques  relations  entre  les  fonctions  elliptiques,  par 
M.  ft.  Gylden. 

V.  Cotopté  ré*d*  annuel  /*4f,  le  4»  mai  4670,  au  comité  ée  l'Ob- 


LES  MONDES.  m 

servatoirc  central  de  Nicola$f  par  le  directeur.  —  Changement  du 
personnel.  —  Instruments  et  leur  installation.  —  Observations  astro- 
nomiques. —  Réduction  et  publication  des  observation».  —  Ouvrages 
des  membres»  manuscrits  ou  imprimés.  —  Enseignement. 


NOUVELLES  DE  L'INDUSTRIE 

Perfectionnement  am  cenirerture*  en  «rdoleee,  pat 

M.  Fourgeau.  —  M.  Fourgeau  remplace  par  une  agrafe  en  cuivre  ou 
en  fer  galvanisé  le  clou  ou  les  deux  clous  qui  ordinairement  fixent, 
par  le  haut  seulement,  chaque  ardoise;  et  son  système  d'agrafes  es* 
disposé  de  telle  sorte  que  chaque  ardoise  est  tenue  fortement  à  la  tête 
et  à  la  base  au  lieu  de  l'être  seulement  en  tète.  De  plus;  et  pour  plus 
de  solidité,  le  voligeage  sous  l'ardoise  est  remplacé  par  un  fort  lattis. 
Il  y  a  là  pour  la  couverture  en  ardoise,  et  sans  augmentation  de  dé* 
penses  bien  sensible ,  des  avantages  réels. 

Il  faut  dire  d'abord  que  l'ardoise  est,  par  le  procédé  en  usage,  mal 
fixée  au  moyen  de  clous  enfoncés  à  la  tète  seulement.  La  couverture 
ainsi  faite  n'est  pas  préservée  de  l'agitation  produite  par  les  vents.  La 
tète  du  clou  fortement  ébranlée  n'offre  qu'une  trop  faible  résistance 
pour  retenir  l'ardoise,  et  se  détache  ;  les  réparations  sont  fréquentes^ 
ne  peuvent  s'exécuter  qu'imparfaitement  et  sont  dispendieuses.  Les 
voliges  trop  minces  se  gauchissent,  elles  ne  permettent  pas  une  circu-» 
lation  d'air  suffisante  sous  l'ardoise  et  elles  n'ont  qu'une  durée  assez 
courte.  , 

L'emploi  du  système  d'agrafes  de  M.  Fourgeau  amène  une  véri- 
table transformation  de  la  couverture  en  ardoise.  Ces  agrafes,  beau- 
coup plus  solides  que  les  clous,  fixées  sur  un  lattis  solide  et  un  peu 
au-dessus  de  la  tète  de  chaque  ardoise,  maintiennent  les  ardoises  en 
tête,  les  appuient  fortement  sur  le  lattis  et  les  retiennent  à  leur  base 
par  un  crochet. 

Chaque  ardoise  est  ainsi  très-solidement  fixée,  et  le  vent  ne  peut 
avoir  de  prise  sur  une  couverture  semblable.  L'air  circule  faoilement 
sur  la  surface  intérieure  des  ardoises  ;  les  réparations  d'entretien 
sont  beaucoup  moins  fréquentes  et  peuvent  s'exécuter  parfaitement, 
avec  grande  facilité.  Enfin  l'augmentation  de  dépenses  est  peu  sen- 
sible àt  même,  dans  beaucoup  de  localités,  cette  couverture  peut  se 
faire  sans  augmentation  4e  dépenses. 


456  LES  MONDES. 

Pour  mieux  faire  apprécier  les  services  que  peut  rendre  rendre  rem- 
ploi de  ce  procédé,  il  est  bon  de  dire  que  la  couverture  en  ardoise  est 
depuis  bien  longtemps  et  sera  longtemps  encore,  dans  beaucoup  de  lo- 
calités, la  couverture  proférée  pour  les  habitations  bourgeoises. 

En  effet,  la  couverture  en  ardoise,  bien  moins  lourde  que  celle  en 
tuile,  et  ne  nécessitant  pas  une  pente  aussi  forte,  pçut  être  faite 
sur  une  charpente  moins  dispendieuse  et  avec  une  économie  sensible. 
Il  y  a  bien  les  nouvelles  tuiles  dites  Muller  et  d'autres  de  même 
genre,  qui,  depuis  quelques  années,  s'emploient  beaucoup;  mais  ce 
genre  de  couverture  convient  surtout  aux  constructions  légères,  aux 
hangards,  aux  bâtiments  d'exploitation  ;  il  convient  peu  aux  habita* 
tions  bourgeoises. 

Le  proposé  procédé  par  M.  Fourgeau  a  déjà  été  employé  pour  cou- 
vrir le  château  de  Pierrefonds,  la  Cour  de  cassation,  l'Eglise  de  la 
Trinité,  une  partie  des  bâtiments  du  Conservatoire  des  Arts-et- 
Métiers,  etc.  On  en  a  fait  également  des  applications  dans  divers  pays, 
notamment  en  Belgique.  Il  y  a  donc  une  expérience  faite  et  un  pro- 
cédé apprécié  par  les  constructeurs.  Enfin,  dans  les  pays  où  H  fait 
grand  vent,  au  bord  de  la  mer,  par  exemple,  la  couverture  en  ardoise 
peut  être  employée  par  ce  procédé  en  toute  sécurité. 

M.  Fourgeau  déclare  que,  à  Etampes  et  dans  les  pays  voisins,  il 
fait  sa  couverture  pour  le  même  prix  que  la  couverture  ordinaire 
clouée  sur  voligeage,  et  que  partout  elle  doit  pouvoir  se  faire  sans  aug- 
mentation sensible  de  dépense. 

A  Paris,  où  M.  Fourgeau  a  cédé  à  un  entrepreneur  le  droit  exclusif 
de  faire  sa  couverture,  l'augmentation  de  prix  est  un  peu  plus 
sensible.  (Annales  du  Génie  civil.) 

i 

Ventres  pour  toitures,  système  Anderson  and  son.  Dépôt  à 
Paris,  chez  MM.  Ducroquet  et  fils,  42,  rue  de  Cléry.  —  Le  feutre 
Anderson  est  d'un  maniement  facile;  il  peut  être  posé  par  un  ouvrier 
adroit  de  n'importe  quel  métier;  il  est  tout  à  fait  imperméable  et  mau- 
vais conducteur  de  la  chaleur. 

En  agriculture,  il  peut  rendre  de  grands  services,  car  il  laisse  aux 
fermiers  la  paille  employée  ordinairement  en  toiture  pour  la  consom- 
mation des  bestiaux. 

Son  prix  est  de  1  fr.  10  cent,  le  mètre  courant  sur  0m,80  de  large, 
environ  1  fr.  40  cent,  le  mètre  carré. 

Une  inclinaison  du  toit  de  0m,20  par  mètre  est  suffisante.  On  peut 
le  placer  soit  dans  Le  sens  transversal,  soit  dans  le  sens  longitudinal. 

Quand  il  est  cloué,  le  toit  entier  doit  recevoir  une  bonne  couche  de 


LES  MONDES.  157 

goudron  de  gaz  et  de  chaux,  moitié  en  volume  de  chacun,  bien  mé- 
langés ensemble.  Cette  couche  est  appliquée  à  chaud  avec  une  brosse, 
et  pendant  que  l'enduit  est  encore  chaud,  on  le  saupoudre  de  gros 
sable. 

M.  Anderson  prépare  également  une  toiture  toute  goudronnée 
qu'il  suffit  d'appliquer  sur  le  voligeage  avec  des  pointes  galvanisées, 
en  ayant  soin  de  garnir  les  jointures  avec  du  7ernis  d'asphalte  ou  toute 
autre  substance  résineuse. 

Le  prix  de  cette  toiture  est  de  1  fr.  75  cent,  le  mètre  carré. 

L'emploi  de  tous  les  produits  bitumés  exige  des  précautions  spé- 
ciales. Les  joints  doivent  particulièrement  être  soignés,  sans  cela  on 
courrait  le  risque  d'avoir  des  fuites  et  de  détériorer  rapidement  le  voli- 
geage, mais,  nous  le  répétons,  il  n'y  a  aucune  difficulté  sérieuse  à  faire 
ce  travail. 

M.  Anderson  prépare,  en  outre,  des  échantillons  de  feutre  blanc, 
pour  les  planchers  lambris  et  sous-garnitures  de  tapis,  tout  à  fait  so- 
lides et  bon  marché,  ainsi  que  du  feutre  en  poil  pour  chaudières  et 
conduits  de  vapeur  ;  bref,  la  matière  étant  donnée,  M.  Anderson  lui  a 
fait  subir  la  série  des  préparations  nécessaires  pour  être  utilisée  avec 
succès  dans  tous  les  cas  possibles. 

Terre  de  lampe  perfectionné ,  système  Lallemand , 
62,  faubourg  Poissonnière,  à  Paris.  —  C'est  un  verre  qui  laisse  arriver 
l'air  très-près  de  la  flamme  par  une  série  de  petits  trous  obtenus  à  la 
meule  et  qui  présente  un  avantage  réel  comme  blancheur  et  quantité 
de  lumière. 

Pour  l'huile,  le  verre  est  cylindrique  ;  pour  le  pétrole  et  le  schiste, 
il  est  bombé  à  la  partie  inférieure. 

La  quantité  d'air  qui  passe  par  les  petits  trous  ménagés  au  pourtour 
est  considérable  ;  la  combustion  est  très-complète,  et  le  verre  s'échauf- 
fant  moins  qu'avec  les  cheminées  ordinaires ,  il  n'est  pas  susceptible 
de  se  briser.  Ainsi  le  verre  Lallemand  jouit  de  cette  triple  propriété  : 
de  ne  pas  fumer,  de  ne  pas  éclater  et  de  donner  plus  de  lumière. 
Nous  le  recommandons  avec  plaisir,  certains  de  rendre  service  à  beau- 
coup de  monde. 

ftéeatenr  à  manche  de  bula  de  M.  Couvreux  de  Nogent- 
tur- Marne. — Le  sécateur  de  H.  Couvreux-Wichard,  représenté  de 
face  et  ouvert  par  la  figure  1,  et  de  profil  par  la  figure  2,  est  fait 
en  acier  de  Styrie,  qui  est  un  des  plus  résistanU  et  des  meilleurs 
parmi  les  aciers  connus. 


■ 


Kg.  1.  Fig.  1. 

Contrairement  à  ce  qui  a  lieu  dans  un  grand  nombre  de  modèles 
dont  la  lame  et  le  crochet  sont  hermétiquement  tollés  à  plat,  le 
jeu  de  ces  parties  est,  par  une  forme  particulière  de  la  lame,  et  par 
un  mode  de  montage  qui  en  amène  successivement  chaque  partie 
vis-à-vis  du  crochet,  disposée  de  telle  sorte  que  les  frottements 
soient  doux  et  bien  préparés  à  la  coupe.  Celle-ci  est  nette  et  ne  dé- 
chire pas  la  branche.  En  outre,  toujours  grâce  A  la  forme  recour- 
bée de  la  face  intérieure  de  la  lame,  on  n'est  pat  obligé  d'employer 
un  ressort  très-raid»,  qui  fatigue  extrêmement  la  main.  La  vis  qui 
unit  la  lame  au  crochet  est,  de  son  côté,  disposée  le  plus  solide- 
ment possible.  Avec  un  de  ces  sécateurs  ayant  20  centimètres  de 
longueur,  on  pent  couper  une  branche  d'épine  sèche  de  15  milli- 
mètres de  diamètre,  sans  que  les  lames  sébrèchent  ou  se  tordent. 
Enfin,  les  manches  sont  munis  d'une  garniture  en  bois  de  buis 
qui  remplit  bien  la  main  et  par  suite  donné  moins  de  psine  à  l'opé- 
rateur. 

Les  différents  modèles  de  sécateurs  construits  par  M.  Couvreux- 
Wiehard  ont  nne  longeur  de  17,  19,  22  et  25  centimètres;  lear 
prix  varie  de  3  fr.  à -4  fr.  25  pièce,  suivant  ces  dimensions,.  Les 
ressorts  n'ont  pus  b  :;oin  d'huile  ;  il  suffit  de  passer  le  doigt  dessus 
avant  de  se  servir  de  l'instrument .  Cet  excellent  outil  se  trouve 
aujourd'hui  chez  tous  les  quincailliers.  {Journal  d'Ayncul^tt) 


LES  RONDES.  i$? 


ACADÉMIE  DES  SCIENCES 


SÉANCE  ÎW  MARB*  *  MlftlBR  IffW* 

^Académie  procède,  par  ty  yow  4#.  s^Hfti  *  •*  uoçainalipja  d'rçrç 
vicqtBréçi^nt,  qui  doit  être  c^orç^  ççtte  apnée*,  dans  le»  sections  de* 
sçpppe*  physiques. 

Au  premier  tour  de  scutin,  le  nombre  de^  ypt^tç  étant  59,  M.  d,e 
Quafrefages  obtient  46  suffrages,  M.  B^ardt  ^4  ;  M*  Chevr^u},  1; 
M.  Milne  Edwards,  i. 

M.  de  Quatrefages,  ayant  réuni  la  majorité  abqçlug  des,  sv^fr^j, 
est  proclamé  vice-président  pour  l'année  1873. 

MM.  Chasleset  Decaisnesont  déclarés  élus  membres,  defr  (ftwwfr, 
sion  ceatrale  administrative. 

M.  Faye,  vice-président,  donne  lecture  de  la  lettre  suivante,  qu'il  a 
reçue  de  M.  Goste,  président  de  187 i.  a  Merci  de  vo&bpns  office*  e| 
de  votre  affectueuse  sympathie.  Ma  santé  générale  est  rétablie.;  mais  4 
me  reste  encore  quelques  retours  de  souffrances  de  mes  yeux,  qui  Vjojtf 
diminuant  de  jour  en  jour,  et  j'espère  bien  que  le  premier  mois  (ta 
Vannée  ne  se  passera  pas  sans  que  j'aille  .prendra  place  parmi  me* 
chers  confrères.  » 

—  Note  sur  les  mouvements  du  périgée  et  du  nœud  de  la  lune  ;par 
M.  Delaunay.  a  Le  mouvement  direct  du  périgée  de  la  Lune  et  le  mou* 
vement  rétrograde  du  nœud  ascendant  de  son  orbite  sont  dus  à  l'action 
du  soleil  sur  notre  satellite.  La  théorie  nous  permet  de  déterminer,  ces 
deux  mouvements.  On  sait  que  le  premier  calcul  qui  eji  a  été  fait  a 
conduit  à  un  résultat  singulier  :  les  vitesses  de  ces  dieux  mouvements 
ont  été  trouvées  exactement  les  mêmes,  tandis  que,  d'après  l'observa- 
tion, la  vitesse  du  premier  est  au  moins  double  de  celle  du  second.  On 
commençait  même,  en  raison  de  cette  circonstance,  à  concevoir  des 
doutes  sérieux  sur  la  complète  exactitude  de  la,  loi  d'a^tractip^  de 
Newton,  lorsque  des  calculs  ultérieurs  ont  montré  qu'il  n'y  avait  là 
qu'une  question  d'approximation.  L'égalité  de  vitesse  des  deux  mouve- 
ments, résultant  des,  preuûçr*  termes  calculés,  était  loin  de*  se  main- 
tenir lorsqu'on  poussait  l'approximation,  plus  loin  qu'on  ne  l'avait  fait 
tout  d'abord  ;  et  la  différence  qui  se  manifestait  ainsi,  après  tes  pre- 
miers calculs,  concordait  très-bien  avec  ceUe  que  les.  observations 
avaient  fjiit  connaître^ 

Le  grapd.  développement  quq  l'on  a  été  conduit  swçee&vem&tt à 


460  LES  MONDES. 

donner  au  calcul  des  inégalités  lunaires,  a  permis  de  compléter  ces 
premières  recherches  sur  les  mouvements  du  périgée  et  du  nœud  delà 
Lune.  Mais,  quoi  que  l'on  ait  pu  faire  jusqu'à  présent,  le  résultat  au- 
quel on  parvient  n'est  pas  d'une  exactitude  suffisante  pour  les  besoins 
de  la  construction  des  tables  de  la  Lune.  On  comprend,  en  effet,  que 
les  moyens  mouvements  du  périgée  et  du  nœud  devant  être  multipliés 
par  le  temps  pour  fournir  les  positions  de  ces  deux  points  de  l'orbite 
de  la  Lune  à  une  époque  quelconque,  l'erreur  commise  sur  la  valeur 
de  chacun  d'eux  se  trouve  aussi  multipliée  par  ce  facteur.  L'altération 
qui  en  résulte,  pour  la  position  du  périgée  et  du  nœud,  ne  pourrait 
donc  rester  dans  les  étroites  limites  que  comporte  l'exactitude  des 
observations,  qu'à  la  condition  que  les  moyens  mouvements  dont  il 
s'agit  fussent  connus  avec  une  précision  extrême,  de  beaucoup  supé- 
rieure à  celle  dont  on  a  besoin  pour  les  coefficients  des  diverses  inéga- 
lités périodiques.  Aussi,  taudis  que  la  théorie  nous  permet  de  déterminer 
toutes  les  inégalités  périodiques  de  la  Lune,  sans  aucune  exception, 
avec  tout  le  degré  de  précision  dont  on  a  besoin,  sommes  nous  encore 
forcés  de  recourir  à  la  discussion  des  observations  pour  obteùir  avec 
la  précision  requise  les  valeurs  des  moyens  mouvements  du  périgée  et 
du  nœud.  C'est  un  reste  d'empirisme  que  nous  sommes  obligés  de  con- 
server encore  dans  la  théorie  de  la  Lune,  jusqu'à  ce  que,  par  quelque 
nouveau  procédé*  spécialement  adapté  à  ce  point  particulier,  on  soit 
parvenu  à  y  porter  l'approximation  à  un  degré  suffisant. 

Quoi  qu'il  en  soit,  il  y  a  un  grand  intérêt  à  voir  comment  les  valeurs 
théoriques  des  moyens  mouvements  du  périgée  et  du  nœud  de  la  Lune 
concordent  de  plus  en  plus  avec  celles  que  fournissent  les  observa- 
tions, à  mesure  que  l'approximation  du  calcul  est  poussée  plus  loin. 
C'est  ce  qui  ressort  nettement  des  formules  auxquelles  jesuisparvenu. 

En  additionnant  les  valeurs  des  différents  termes,  on  trouve  : 

pour  le  moyen  mouvement  diurne  du  nœud.  .  .  —  190",7434 

du  périgée.  .  .  +  400",9425 

Ces  résultats  diffèrent  à  peine  des  nombres 

—  190'',633,  +  40i",058, 

que  fournissent,  pour  ces  deux  moyens  mouvements^  les  nombreuses 
observations  de  la  Lune  discutées  par  M.  Airy. 

—  Théorèmes  relatifs  aux  axes  harmoniques  des  courbes  géomé- 
trique* ;  par  M.  Chastes. 

—  Alote  relative  à  la  communication  de  M.  Tréculsur  F  origine  des 
levures  lactique  et  alcoolique  ;  par  M.  Pasteur.  «J'ai  pris  connaissance 


,'?k 


LES  MONDES. 


161 


du  travail  que  M.  Trécul  a  lu  à  l'Académie  lundi  dernier.  Je  dois  dé- 
clarer que  je  n'y  ai  rien  trouvé  qui  pût  atteindre  en  quoi  que  ce  soit 
l'exactitude  de  mes  expériences  antérieures,  non  plus  que  les  conclu- 
sions que  j'en  ai  déduites,  d 

—  Cellules  de  levure  de  bière  devenues  mobiles  comme  des  Monades  ; 
par  M.  A.  Trécul. 

—  Sur  la  température  solaire  (2e  Note)  ;  par  le  P.  Secchi.  Le  but  de 
cette  note  est  d'examiner  les  objections  faites  par  M.  Ericsson  au  chiffre 
de  dix  millions  de  degrés  donné  par  le  P.  Secchi  pour  la  température 
solaire.  Nous  regrettons  de  ne  pouvoir  pas  reproduire  intégralement 
cette  longue  discussion.  Mais  la  grave  question  de  la  température  à  la 
6iirface  du  soleil  vient  d'entrer  dans  une  phase  nouvelle  qui  enlève 
toute  probabilité  au  chiffre  du  R.  P.  Secchi.  » 

Nous  appellerons  cependant  l'attention  sur  ce  passage  :  «  L'effet  que 
nous  mesurons  est  la  somme  des  quantités  de  chaleur  qui  s'ajoutent, 
émanées  des  différentes  couches  tranparentes.  M.  Ericsson  met  encore 
en  question  ce  fait,  et  refuse  d'admettre  que  les  couches  des  différentes 
profondeurs  puissent  ajouter  leur  action  à  celles  des  couches  plus 
superficielles.  Une  expérience  bien  simple,  faite  à  ma  demande  par  le 
P.  Provenzali,  a  prouvé  que,  si  avec  une  flamme  on  obtient  un 
échauffement  de  2°,5,  avec  deux  flammes,  placés  Tune  derrière  l'autre, 
on  obtient  4°,5  ;  avec  trois,  on  a  5°,4.  Ce  résultat  était  du  reste  bien 
facile  à  prévoir,  car  tout  le  monde  sait  que  les  flammes  sont  transpa- 
rentes. Les  critiques  de  M.  Ericsson  ne  peuvent  donc  être  soutenues.  » 

—  Expression  du  rapport  de  la  circonférence  au  diamètre  et  nou- 
velle fonction,  par  M.  le  général  Didion.  M.  Didion  dit  en  terminant  : 
a  Pour  l'application  de  mes  formules,  je  me  suis  servi  avec  succès 
d'une  machine  à  calculer,  de  l'arithmomètre  de  M.  Thomas,  de  Gol- 
mar,  à  seize  chiffres  ;  elle  me  donnait  directement,  et  très-prompte- 
ment,  les  racines  avec  huit  chiffres  et  le  reste  exacts  ;  ce  dernier,  par 
la  division,  me  donnait  les  sept  chiffres  suivants  :  en  tout  quinze 
chiffres.  J'ai  ainsi  fftmvé,  pour  limite  inférieure,  3,14159224,  et,  pour 
limite  supérieure,  3,14159594.  Les  six  premiers  chiffres  étant  com- 
muns, 3,14159  représente  le  rapport  cherché  avec  six  chiffres.» 

— -  M .  Carvallo  adresse  une  note  intitulée  :  «  Intégrale  de  l'équation 
différentielle  de  la  courbe  décrite  par  une  mobile  sur  la  face  intérieure 
d'un  cylindre  droit  horizontal  à  base  circulaire.  » 

—  M.  Ghacornac  adresse  deux  notes  sur  le  mode  de  formation  des 
nébuleuses,  et  sur  les  causes  auxquelles  on  peut  attribuer  les  ressem- 
blances que  présentent  leurs  branches  spirales  avec  lés  spires  des 
centres  d'anneaux  qu'on  observe  dans  les  cristaux  à  deux  axes. 


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462  LES  MONDES. 

—  M.  Codron  soumet  au  jugement  de  l'Académie  la  description 
d'un  appareil  destiné  à  permettre  aux  aveugles  d'écrire  avec  les  carac- 
tères ordinaires. 

—  M.  le  Préfet  de  police  adresse  ses  remerclments  à  l'Académie, 
qui  a  mis  à  sa  disposition,  pour  la  reconstitution  de  la  bibliothèque  de 
la  préfecture,  détruite  par  l'incendie,  la  collection  de  ses  Mémoires 
et  de  ses  Comptes  rendus. 

—  M.  Haton  de  la  Goupillière  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  le 
comprendre  parmi  les  candidats  à  la  place  laissée  vacante,  dans  la  sec- 
tion de  mécanique,  par  le  décès  de  M.  le  général  Piobert. 

—  Sur  les  droites  qui  satisfont  à  des  conditions  données,  par 
M,  Halphen. 

—  Sur  les  courants  électriques  obtenus  par  la  flexion  des  mi- 
taux,  Note  de  M.  P.  Volpicelli.  «  La  moindre  flexion  produite  dans 
une  longueur  métallique  donne  lieu  à  un  courant  électrique,  quand 
cette  longueur  fait  partie  d'un  circuit  conducteur  fermé.  C'est  ce  qui 
fut  démontré  pour  la  première  fois  par  Peltier,  et  le  résultat  de  ses 
expériences  fut  confirmé  par  M.  A.  de  la  Rive.  Peltier  fit  un  grand 
cercle  avec  un  fil  de  cuivre,  qu'il  mit  en  communication  avec  le  galva- 
nomètre à  fil  court,  et  il  remarqua  que,  en  courbant  de  quelque  ma- 
nière que  ce  soit  le  même  fil,  il  se  produisait  un  courant  électrique, 
qui  ne  pouvait  être  attribué  à  l'influence  magnétique  de  la  terre;  nous 
verrons  cependant  que,  dans  quelques  cas,  ces  courants  sont  influencés 
par  le  magnétisme  terrestre.  Peltier  remarqua  encore  que,  en  frottant 
simplement  le  fil  de  cuivre  avec  les  doigts,  ou  avçc  un  morceau  de 
drap,  on  produisait  des  courants  électriques.  Mais  il  faut  observer  que, 
en  faisant  des  expériences  de  cette  manière,  l'action  calorifique  est  la 
cause  principale  du  courant,  car  il  suffit,  pour  le  produire,  de  serrer 
entre  les  doigts  le  fil  sans  aucun  frottement.  Quant  à  la  direction  des 
courants,  Peltier  ne  put  pas  s'en  rendre  compte.  » 

M.  Volpicelli  a  repris  ces  expériences  avec  un  galvanomètre  à 
réflexion,  et  il  ajoute  aux  faits  connus  un  assez  grand  nombre  de  faits 
nouveaux  ;  citons  en  quelques-uns  : 

1°  Les  courants  électriques  de  flexion  s'obtiennent  non-seulement 
avec  le  cuivre,  mais  avec  tous  les  métaux  ;  seulement  le  cuivre,  dans 
les  mêmes  circonstances,  produit  sur  l'aiguille  astatique  une  plus 
grande  déviation  que  les  autres  métaux.  Ces  courants  présentent  un 
cas  $gsez  remarquable,  celui  d'une  transformation  totale  de  la  force 
viye  en  électricité  ;  ce  cas  se  présente  pour  le  plomb,  métal  tout  à  fait 
dépourvu  d'élasticité. 


LES  MONDES.  463 

2°  Les  courants  de  flexion  ne  dépendent  pas  sensiblement  du  déve- 
loppement de  la  chaleur  produite  par  la  flexion. 

3°  Si  Ton1  opère  la  flexion  en  écartant  l'un  dç  l'autre  les  deux  bouts 
de  la  longueur  métallique,  on  obtient  un  courant  dirigé  en  sens  con- 
traire de  celui  que  Ton  obtient  en  rapprochant  les  deux  mêmes  bouts. 

4°  En  augmentant  ou  en  diminuant  la  vitesse  dans  la  production  des 
flexions,  on  augmente  ou  on  diminue  l'intensité  du  courant. 

5°  Une  longueur  formée  de  différents  métaux  soudés  entre  eux  pro- 
duit, toutes  choses  égales  d'ailleurs,  un  courant  de  flexion  moins  in- 
tense que  celui  qui  est  produit  par  une  même  longueur,  formée  avec 
un  seul  métal. 

—  Sur  Fétat  des  corps  dans  les  dissolutions  :  sels  de  peroxyde 
de  fer  ;  par  M.  Berthelot.  <  En  résumé,  l'oxyde  de  fer  et  les  acides  ne 
sont  unis  que  d'une  manière  incomplète  dans  les  dissolutions  des  sels 
ferriques  :  l'eau  intervient  dans  les  équilibres  qui  caractérisent  cet 
ordre  de  combinaisons.  Son  rôle  décomposant  est  surtout  manifeste 
pour  les  sels  formés  par  les  acides  faibles,  tels  que  l'acétate  ferrique; 
il  s'exerce  en  raison  des  proportions  relatives  ;  il  est  accru  par  l'éléva- 
tion de  la  température.  Ce  n'est  pas  tout  :  la  réaction  de  l'eau  sur  les 
sels  ferriques  n'est  pas  instantanée,  mais  progressive,  précisément 
comme  la  décomposition  des  éthers  par  l'eau,  soit  que  l'oxyde  de  fer 
change  d'état  moléculaire  en  se  séparant  des  acides,  soit  que  sa  fonc- 
tion chimique  véritable  soit  analogue  à  celle  d'un  alcool.  Enfin  les 
effets  ne  sont  pas  toujours  réversibles  par  le  seul  fait  d'un  changement 
réciproque  dans  les  conditions  de  température  ou  de  proportions  rela- 
tives, attendu  que  l'oxyde  de  fer,  une  fois  séparé  des  acides,  prend 
certains  états  moléculaires  nouveaux,  comparables  à  une  condensation 
polymérique,  et  qui  le  rendent  incapable  de  régénérer  les  combinai- 
sons primitives.  » 

—  Sur  la  décomposition  spontanée  de  divers  bisulfites,  par  M.  G. 
Saint-Pierre,  a  Le  bisulfite  de  potasse  en  solution  concentrée  ou 
étendue,  chauffé  en  vase  clos,  se  décompose  spontanément  et  dpnnp 
un  dépôt  de  soufre,  de  l'acide  sulfurique  et  un  ou  plusieurs  acides  de 
la  série  thionique.  Il  était  naturel  de  rechercher  comment  se  compor- 
tera l'acide  sulfureux  dans  des  conditions  analogues.  » 

Les  expériences  faites  démontrent  que  l'acide  sulfureux  chauffé 
en  vase  clos  résiste  dans  des  condition*  où  certains  bisulfites  se  décom- 
posent. Les  bisulfites  donnent  une  quantité  d'acide  sulfurique  supé- 
rieure à  celle  que  peut  saturer  la  base.  Cette  oxydation  ayant  lieu  en 
vase  clos  ne  peut  se  faire  sans  la  production  corrélative  d'un  corps 


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464  LES  MONDES, 

moins  oxydé  que  l'acide  sulfureux.  Nous  avons  obtenu  ainsi  des  acides 
de  la  série  thionique  et  même  un  dépôt  de  soufre. 

—  Sur  la  chaleur  absorbée  pendant  Vincubation^  par  M.  A.  Moites - 
sier.  t-  «  Un  œuf  fécondé  ne  donne  naissance  à-un  être  vivant  qu'à  la 
condition  d'être  maintenu,  pendant  un  certain  temps,  à  une  tempéra- 
ture déterminée.  Quel  est  le  rôle  de  la  chaleur  pendant  l'incubation? 
telle  est  la  question  que  je  me  suis  proposé  de  résoudre.  On  pouvait 
se  demander,  en  effet,  si  la  chaleur  nécessaire  à  l'œuf  pour  son  évolu- 
tion ne  disparaissait  pas  en  partie,  en  se  transformant;  je  crois  avoir 
démontré  que  cette  transformation  s'effectue  réellement;  c'est  du 
moins  ce  qui  me  parait  résulter  des  expériences  que  j'ai  faites.  » 

M.  Moitessier  a  mis  en  évidence  un  fait  curieux  et  important  :  le 
refroidissement  plus  rapide  des  œufs  fécondés  comparés  aux  œuû 
non  fécondés,  et  il  ajoute  :  «  Cette  expérience  ne  me  parait  comporter 
qu'une  seule  interprétation  :  le  refroidissement  plus  rapide  des  œufs 
fécondés  suppose  nécessairement  qu'une  partie  de  la  chaleur  qu'ils 
possédaient  à  l'origine  du  refroidissement  a  disparu,  comme  chaleur 
sensible,  et  cette  chaleur  ne  peut  disparaître  qu'en  se  transformant.  Il 
est  évident,  d'ailleurs,  que  cette  absorption  de  chaleur  par  des  œufs 
vivants  doit  se  faire  d'abord  aux  dépens  de  leur  chaleur  propre. 

—  Recherches  sur  les  propriétés  physiologiques  et  les  métamorphoses 
des  cyanates  dans  l'organisme,  par  MM.  Kambuteau  et  Massul. —  Il  ré- 
sulte de  ces  recherches  qu'administrer  des  cyanates  alcalins,  c'est  adminis 
trer  des  carbonates  alcalins,  comme  lorsqu'on  prescrit  des  acétates,  des 
lactates,  des  tartrates,  etc.,  de  potasse  ou  de  soude.  L'urée  ingérée  dans 
l'estomac,  ou  injectée  dans  le  sang,  se  retrouve  en  nature  dans  les 
urines.  Il  est  probable  que  le  cyanate  d'ammoniaque,  qui  est  isomère 
avec  l'urée,  ne  se  transformerait  pas  en  ce  principe,  mais  en  carbonate 
d'ammoniaque  dans  l'organisme. 

—  Matériaux  pour  servir  à  F histoire  du  Gymnètre  épée  (Gymnetrus 
gladius  C.  et  V.)f  par  M.  S.  Jourdain. 

—  Description  des  plantes  fossiles  de  Ronzon  [Haute-Loire\  par 
M.  A.-F.  Marion.  —  La  végétation  du  centre  de  la  France  à  l'époque 
tongrienne  n'est  représentée,  dans  les  calcaires  marneux  de  Ronzon, 
que  par  les  seize  espèces  suivantes  : 

Espèces  de  Ronam.  Espèoea  actuelles  analogues. 

Equisetum  ronsonense,  Mari;.  .  » 

Sparganium  stygium,  Heer ...  » 

Typha  latissima,  A.  Braun  ...  » 

Podostachys  Bureauana,  Mari*  .  » 


LES  MONDES.  165 

Espèoes  de  Ronion  •  Eapèoea  aotaellt»  analogues . 

Myrica  serratiformis,  Mari..  .  .  Myricaœthiopica;  Afrique  australe. 

Quercus  elœna,  Ung » 

Celtig  latior,  Mari Celtissp.;  Indes  orientales. 

Litsœa  microphylla,  Mari.  ,  •  .  Litsea  dealbata  ;  Australie. 

Laurus  primigenia,  Ung.  ....  Laurus  canariensis  ;  Canaries. 

Bumelia  minuta,  Mari d 

Myrsine  embeliaeformis,  Mari.  •  Embelia  micrantha;  Ile  de  France. 

Pistacia  (Lentiscus)  oligocenica,  Pistacia  Lentiscus;  littoral  de  la 

Mari *  Méditerranée. 

Mimosa  Aymardi,  Mari » 

Echitenium  comans,  Mari.  ...  • 

Ronzocarpon  hians,  Mari.   ...  * 

D'après  une  foule  d'indices,  cette  végétation  semble  avoir  été  géné- 
ralement pauvre  et  rabougrie,  mais  non  pas  monotone.  Des  mammi- 
fères de  cette  époque  confirment  du  reste  les  déductions  de  la  paléon- 
tologie végétale.  A  l'exception  du  Rhinocéros  (Ronzotkerium)  et  de 
YEntelodon,  ces  vertébrés  ne  devaient  pas  consommer  beaucoup  de 
plantes.  Les  rares  Paleotherium  et  Pabplotherium  se  nourrissaient 
sans  doute,  comme  les  Rhinocéros  et  les  Botryodons,  de  buissons  à 
feuilles  coriaces.  L'existence  des  Oelocus,  ruminants  presque  encore 
pachydermes,  parait  liée  à  la  présence  de  plantes  particulières, 
telles  que  les  Mimosa  et  les  Podostachys.  L'examen  des  diverses 
flores  de  cet  âge  permet  de  fixer  à  environ  23°  c.  la  température 
moyenne  de  la  France  au  début  de  la  période  miocène.  Le  faciès  de  la 
plupart  des  plantes  du  Ronzon  est  du  reste  franchement  africain  ou 
asiatique. 

—  Note  sur  la  découverte  de  la  Posidonia  minuta  dans  le  trias  du 
Gard)  et  sur  un  nouveau  gisement  de  schistes  à  Walchia,  dans  le  ter- 
rain permien  de  fAveyron,  par  M.  Bleicher. 

—  Sur  un  crâne  dEquidè  des  tourbières  de  la  Somme,  par  M.  A. 
Sanson. —  «  Le  crâne  dont  il  s'agit  porte  une  étiquette  écrite  de  la  main 
même  de  Boucher  de  Perthes  et  que  je  copie  textuellement  :  a  Cheval. 
—  2480.  —  Sépulture  celtique.  —  Os  des  tourbières  de  la  Somme  pla- 
cés avec  les  silex  taillés  et  les  poteries  à  5  ou  6  mètres  au-dessous  du 
niveau  de  la  rivière.  —  A  6  be  ville,  1833.  —  Niveau  pris  dans  la  plus 
grande  hauteur.  —  4  à  5  mitres  niveau  moyen.  »  —  L'étiquette  est 
fautive  en  ce  sens  que  ce  crâne  n'est  point  celui  d'un  cheval,  mais 
bien  celui  d'un  âne.  Son  indice  céphalique  force  à  conclure  que  son 
espèce  est  celle  de  l'âne  d'Afrique  [E,  A .  africanus).  Comme  il  y  a  ap- 


166  LES  MONDES. 

parence  que  cet  âne  d' Afrique  n'est  point  venu  tout  seul  de  sa  contrée 
natale,  c'est-à-dire  du  bassin  du  Nil,  jusqu'au  nord-ouest  de  l'Europe» 
dans  le  bassin  de  la  Somme,  il  parait  évident  qu'il  a  dû  7'  être  amené 
à  une  époque  antérieure  à  la  formation  des  tourbières  au  fond  desquelles 
il  a  été  trouvé.  »  C'est  là  non  plus  un  fait,  mais  une  assertion  gratuite, 
une  question  d'origine.  —  F.  M. 

—  Explication  de  V apparition  d'anneaux  n'offrant  point  la  décompo- 
sition chromatique^  pendant  les  ascensions  aérostatiques,  par  M.  W.  de 
Fonvielle. — «Surtout  lorsqu'ils  viennent  d'être  fraîchement  ternis,  les 
aérostats  jouissent  de  la  propriété  de  réfléchir  les  rayons  du  soleil,  de 
la  même  manière  que  le  ferait  un  miroir  sphérique  de  même  dimen- 
sion. Quoique  l'intensité  de  la  réflexion  soit  moindre,  elle  est  suffisante 
pour  que  ces  effets  deviennent  visibles  dans  plusieurs  circonstances. 
Si  le  soleil  est  au-dessus  du  plan  horizontal  dans  lequel  flottent  les 
voyageurs  aériens,  et  s'ils  ont  au-dessus  de  leur  tète  des  vapeurs  lé- 
gères discontinues,  qui  n'interceptent  point  la  lumière  solaire,  ils 
peuvent  voir  le  ballon  au  centre  d'un  anneau  blanchâtre,  qui  l'accom- 
pagne pendant  des  heures  entières,  et  qui  devient  de  plus  en  plus 
elliptique  à  mesure  que  le  soleil  s'approche  de  l'horizon.  Si  le  soleil 
est  au-dessous  du  plan  horizontal  dans  lequel  vogue  l'aérostat,  la  ré- 
flexion peut  avoir  lieu  sur  ThémispLère  inférieur,  et  l'anneau  vient  se 
peindre  sur  la  face  surpérieure  de  nuages  flottant  au  nadir,  cachant  la 
vue  de  la  Terre.  » 

SÉANCE  DU  LUNDI  8  JANVIER  4  872. 

Note  de  M.  Chevreul,  sur  l'objet  de  ceux  de  ses  mémoires  qui  doi- 
vent former  le  XXXIXe  volume  des  mémoires  de  l'Académie  des 
sciences.  Nous  l'avons  analysée  ailleurs. 

—  Mémoires  sur  les  effets  chimiques  résultant  de  Faction  calorifique 
des  décharges  électriques,  par  M.  Becquerel.—  a  Voici  le  mode  d'expé- 
rimentation que  nous  avons  adopté  :  les  deux  électrodes  de  l'appareil 
se  composent,  l'électrode  positive  d'une  petite  lame  de  platine  circu- 
laire, légèrement  concave,  ayant  une  surface  d'environ  1  centimètre  et 
destinée  à  recevoir  la  matière  soumise  à  l'expérience  ;  l'électrode  né- 
gative, d'un  fil  de  platine  de  \  à  2  millimètres  de  diamètre  et  terminé 
en  pointe,  laquelle  est  mise  en  contact  avec  la  matière.  C'est  à  l'ex- 
trémité de  cette  pointe  où  se  trouve  la  température  maximum  et  où 
s'opèrent  les  effets  de  fusion  et  de  réduction.  On  augmente  la  puissance 
calorifique  :  io  en  chauffant  au  rouge  avec  la  lampe  d'émailleur  la 
lame  de  platine  formant  capsule  ;  2°  en  ajoutant  à  la  matière  du  char- 


■s 


.*    ,<  ' 


Lfcfi  MONDES. 


167 


bon  en  poudre  très-fine,  qui,  en  brûlant,  fournit  également  de  la  cha- 
leur; telles  sont  les  trois  sources  de  chaleur  que  nous  avons  employées 
pour  produire  les  effets  de  fusion  et  de  réduction  les  plus  éner- 
giques. 

L'appareil  d'induction  nécessaire  pour  obtenir  les  effets  dont  il  vient 
d'être  question  doit  avoir  assez  de  force  pour  donner  des  étincelles  à 
2  ou  3  centimètres  de  distance  au  moins. 

La  réduction  des  oxydes  d'argent,  de  plomb,  d'étain,  de  cuivre, 
s'obtient  avec  le  tube  en  U,  en  les  mélangeant  avec  h  poussière  de 
charbon  ;  quant  à  la  réduction  des  oxydes  de  nickel,  de  cobalt,  de 
chrome,  de  fer,  etc.,  il  faut  employer  la  capsule  de  platine  et  les  trois 
sources  de  chaleur,  en  mélangeant  ces  oxydes  avec  de  la  poussière  de 
charbon  de  sucre. 

On  obtient  ainsi  la  fusion  de  la  silice,  de  l'alumine  et  d'autres  terres 
en  grains  arrondis,  d'apparence  nacrée,  dans  lesquels  on  trouve  quel- 
quefois des  cristaux  ou  des  fragments  de  cristaux  doués  de  la  double 
réfraction  •  On  réussit  également  à  fondre  l'alumine  sans  l'intermér 
diaire  du  charbon  lorsque  l'appareil  d'induction  a  une  grande  puis- 
sance. En  opérant  avec  un  mélange  d'alumine  et  de  chromate  de  la 
même  base,  les  parties  transparentes  sont  quelquefois  bleues,  rouges, 
vertes  ou  jaunes,  suivant  probablement  les  proportions  dans  lesquelles 
se  trouvent  ces  deux  substances  quand  des  particules  du  mélange  se 
trouvent  sous  la  pointe  du  fil  de  platine  au  moment  de  la  décharge.  » 

—  Sur  une  matière  sucrée  apparue  sur  les  feuilles  d'un  tilleul, 
par  M.  Boussingault.  (Extrait.)  —  Le  21  juillet  1869,  au  Liebfrauen- 
berg,  les  feuilles  d'un  tilleul  étaient  enduites  sur  leur  surface  supé- 
rieure d'une  matière  visqueuse  extrêmement  sucrée.  L'arbre  se  trouvait 
atteint  de  miellée  ou  miélat,  sorte  de  manne  que  l'on  observe  assez 
fréquemment;  non-seulement  sur  le  tilleul,  mais  encore  sur  l'aulne 
noir,  l'érable,  le  rosier;  je  l'ai  vue  sur  un  prunier,  et,  cas  fort  rare, 
sur  un  jeune  chêne. 

A  deux  époques  :  le  22  juillet  et  le  1"  août,  on  recueillit  de  la  miel- 
lée en  lavant  des  feuilles.  Les  dissolutions  que  l'on  traita  par  le  sous- 
acétate  de  plomb,  pour  en  éliminer  l'albumine,  le  mucilage,  etc., 
donnèrent  un  sirop,  dans  lequel  il  se  forma  des  cristaux  de  sucre. 

La  miellée  examinée  renfermait  du  sucre  analogue  au  sucre  de 
canne  et  du  sucre  réducteur.  Par  l'intervention  de  la  levure  de  bière, 
les  deux  sucres  disparaissaient  complètement.  Néanmoins,  dans  la 
liqueur  fermenlée,  il  restait  une  substance  douée  d'un  très-fort  pou- 
voir rotatoire  dextrogyre.  C'était  de  la  dextrine,  déjà  signalée  par 
M.  Berthelot  dans  les  mannes  du  Sinaï  et  du  Kurdistan,  et  depuis  par 


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468 


LES  MONDES. 


M.  Buignet  dans  une  manne  en  larmes.  Je  n'ai  pas  trouvé  de  mannite 
dans  la  miellée  du  tilleul. 

Les  observations  optiques  ont  donné  pour  la  composition  de  la 
miellée  : 


Sucre  de  canne  . 


Sucre  interverti. 
Dextrine  •    .    . 


Recueillie 

Reoaeillie 

le  22  juillet. 

le  1"  août. 

48,86 

5S,4* 

28,59 

24,75 

22,55 

49,81 

400,00 


400,00 


Un  fait  remarquable,  c'est  l'analogie  de  constitution  entre  la  miellée 
du  tilleul  et  la  manne  du  mont  Sinaï  analysée  par  M.  Berthelot  :  pour 
la  miellée  recueillie  le  4"  août,  il  y  a  identité  de  composition. 


Manne  du  Sinaï. 

Sucre  de  canne.  .  .  . 
Sucre  interverti.  .  •  • 
Dextrine 


55 
25 
20 

400 


En  cherchant,  par  l'analyse,  à  comparer  la  quantité  de  miellée  éten- 
due à  la  la  surface  des  feuilles  malades  du  tilleul,  à  la  quantité  de 
matières  sucrées  contenues  dans  les  feuilles  saines,  on  arrive  à  ce  ré- 
sultat : 


Snore       Sucre 
de  canne,  interverti.  Dextrine. 


Dans  4  mètre  carré  de  feuilles  saines. 

Dans  la  miellée  recueillie  sur  4  mètre 

carré  de  feuilles 

Différence.    .    • 


3,57 


0^6 


4,43 


0,00 
43,92      7,23      5,62    26,77 


40,35      6,37      5,02    22,34 


B*»t 


L'accumulation  de  la  manne  exsudée  par  les  feuilles  malades  est 
donc  considérable,  et  de  plus,  l'on  constate  dans  cette  exsudation  une 
substance,  la  dextrine,  qui  n'existe  pas  dans  les  feuilles  saines. 

C'est  à  la  piqûre  d'un  Cocus  sur  les  feuilles  du  Tamaris  mannifera 
que  MM.  Ehrenberg  et  Hemprich  attribuent  la  formation  de  la  manne 
que  l'on  trouve  encore  de  nos  jours  dans  les  montagnes  du  Sinaï. 

La  manne  recueillie,  en  4869,  au  Liebfrauenberg,  n'aurait  pas  alors 
la  même  origine  que  la  manne  du  Sinaï,  bien  qu'elle  ait  la  même 
composition.  Car  lors  de  son  apparition  sur  le  tilleul,  on  ne  remarqua 


LES  MONDES  16$ 

pas  d'insectes  ;  ce  fut  plus  tard  que  Ton  vit  quelques  pucerons  englués 
sur  un  certain  nombre  de  feuilles. 

—  Anus  anormal  à  l'aine  droite.  —  Entérotomie  iléo^cœcale  ;  par 
M.  S.  Laugier.  —  Le  caractère  de  l'opération  dont  j'offre  les  premiers 
résultats  à  l'Académie,  c'est  la  création  d'une  voie  nouvelle  au  cours  des 
matières  intestinales  dans  les  cas  d'oblitération  du  bout  inférieur  de 
l'anus  anormal,  quand  cette  oblitération  aura  lieu  au-dessus  de  la 
valvule  de  Bauhin.  C'est  la  reproduction  de  ce  bout  inférieur.  Elle  rend 
possible  la  guérison  d'une  maladie  incurable  par  tout  autre  moyen.  J'ai 
donné  l'exemple  de  son  application  sur  le  cœcum  parce  que  l'anus  anor- 
mal se  trouvait  à  droite  ;  mais  il  serait  très-probablement  aussi  facile  de 
la  pratiquer  sur  l'S  iliaque  du  colon,  si  l'anus  anormal  était  à  gauche,  et 
peut-être  avec  plus  d'avantages  sous  quelques  rapports. 

—  Note  accompagnant  la  présentation  des  derniers  numéros  du  bulletin 
de  V Observatoire  météorologique  central  de  Montsourte  :  par  M.  Ch.  Sainte- 
Claire  Deville.  —  a  J'ai  l'honneur  d'offrir  à  l'Académie  le  Bulletin  de 
l'Observatoire  météorologique  central  de  Montsouris  peur  le  mois  de  dé- 
cembre 1871,  et  pour  les  premiers  jours  de  janvier  1872,  y  compris  le 
Bulletin  d'aujourd'hui  8  janvier,  ainsi  que  le  Bulletin  d'Histoire  naturelle 
agricole  et  médicale  du  jeudi  4  janvier. 

«  En  inaugurant  cette  quatrième  année  d'observations,  l'Académie  me 
permettra  de  jeter  un  regard  en  arrière  et  de  me  féliciter  de  ce  que,  au 
milieu  des  traverses  qui  ont  embarrassé  notre  chemin  et  retardé  nos  pro- 
grès, nous  ayons  trouvé  autour  de  nous  tant  d'aide  et  de  bonne  volonté. 

*  Frappé  de  l'utilité  pratique  de  notre  œuvre,  l'Assemblée  nationale, 
malgré  les  besoins  financiers  du  moment,  a  confirmé  le  vote  du  Corps 
législatif,  et  nous  accorde  un  budjet  à  peu  près  suffisant  pour  pouvoir 
étudier,  tout  en  observant,  les  méthodes  d'observation,  et  pour  continuer 
et  développer  nospublications.  60,000  francs  ont  été  votés  successivement 
pour  1871,  par  le  Corps  législatif  eç  juin  1870,  et  en  octobre  1871  par 
l'Assemblée  nationale  :  cette  dernière  Assemblée  a  accordé,  pour  l'exer- 
cice 1872,  les  trois  premiers  douzièmes  provisoires  avec  le  reste  du  budget. 
Le  personnel  actuel,  tout  à  fait  insuffisant  pour  le  travail  courant,  y  fera 
face,  néanmoins,  jusqu'à  ce  que  l'Administration  Supérieure  ait  pu  cons- 
tituer définitivement  l'Observatoire  d'après  les  prévisions  du  budjet  et 
conformément  aux  propositions  qu'ellle  a  elle-même  récemment  de- 
mandées à  la  Commission  d'organisation. 

—  Sur  le  mouvement  des  projectiles  oblongs  dans  les  milieux  résistants; 
explication  des  blessures  produites  sur  les  corps  animés  par  les  balles 
oblongues  des  fusils  rayés,  par  M.  Martin  de  Brettes.  (Extrait  par  l'auteur.) 
— .  a  La  résistance  de  l'air,  qui  ne  passe  pas  par  le  centre  de  gravité  du 


>> 


E«  V 


470  LES  MONDES. 

projectile,  fait  décrire  par  l'axe  de  figure,  autour  de  ce  point,  un  cône 
relatif  dont  Taxe  est  horizontal  pendant  le  tir  de  plein  fouet.  C'est  ce 
mouvement  relatif  qui  engendre  une  force  dérivatrice,  cause  de  la  déri- 
vation latérale,  qui  caractérise  le  tir  des  projectiles  oblongs  dans  les 
armes  rayées.  (Test  aussi  ce  mouvement  relatif  qui  produit  les  circons- 
tances particulières  de  la  pénétration  des  projectiles  oblongs  dans  les  mi- 
lieux solides.  Après  avoir  montré  comment  ce  mouvement  se  modifie  eu 
raison  des  résistances  éprouvées  par  le  projectile,  je  donne,  de  la  manière 
suivante,  l'explication  des  formes  des  blessures  produites  par  les  balles 
oblongues  sur  les  corps  animés.  Si  la  balle  frappe  normalement  le  corps 
sur  une  partie  charnue,  les  résistances  seront  symétriques  à  Taxe  de  fi- 
gure, et  la  balle  fera  un  trou  cylindrique.  Le  cas  est  rare.  Si  la  balle  at- 
teint un  peu  obliquement  le  corps  et  rencontre  un  os,  après  avoir 
pénétré  d'une  partie  de  sa  longueur,  l'ouverture  du  cône  relatif  augmen- 
tera. La  blessure  aura  alors  la  forme  d'un  entonnoir  très-évasé,  dont  le 
diamètre  de  l'ouverture  pourra  atteindre  le  double  de  la  longueur  de  la 
balle.  Si  la  balle  pénètre  entièrement  dans  une  partie  charnue,  qu'elle  y 
reste  ou  en  sorte,  elle  conservera  son  mouvement  relatif,  mais  l'ouver- 
ture du  cône  ira  en  croissant.  La  blessure  formera  ainsi  un  canal  de  sec- 
tion croissante,  depuis  l'ertrée  de  la  balle  jusqu'à  sa  sortie.  Le  diamètre 
pourra  atteindre  la  longueur  de  la  balle.  Les  observations  faites  dans  les 
ambulances  par  les  médecins  civils  et  militaires  que  j'ai  consultés,  parmi 
lesquels  je  citerai  M.  le  docteur  Bérigny,  des  ambulances  internationales 
de  Versailles,  et  M.  le  docteur  Chenu,  médecin  principal  des  années,  en 
retraite,  et  médecin  des  ambulances  internationales  de  Paris,  confirment 
les  indications  de  la  théorie.  » 

—  Sur  les  effets  des  variations  du  travail  transmis  par  les  machines  et  sur 
les  moyens  de  les  régulariser,  par  M.  E.  Rolland.  —  «  Les  organes] divers, 
servant  à  la  réglementation,  se  réduisent  en  réalité  aux  trois  suivants  :  les 
distributeurs,  dont  le  but  est  de  maintenir,  le  plus  possible,  l'invariabi- 
lité des  forces  agissantes  ;  le  modérateur,  réservoir  de  force  vive,  formé 
par  toutes  les  pièces  mouvantes  de  la  machine  et  dont  le  rôle  est  de 
rendre  plus  lente  l'altération  de  la  vitesse;  enfin,  le  régulateur,  chargé 
de  modifier  la  grandeur  de  la  puissance,  dès  que  la  vitesse  tend  à  sortir 
des  limites  voulues.—  Après  ces  définitions  nécessaires,  je  pose,  dans  les 
termes  suivants,  le  problème  général  de  la  réglementation  :  une  machine 
pourvue  d'un  régulateur  étant  en  marche  régulière,  déterminer  les  varia- 
tions  de  la  vitesse  qui  se  produiront  à  la  suite  d'un  changement  brusque 
dans  la  quantité  du  travail  transmis.  La  solution  d'un  semblable  pro- 
blème est  à  peu  près  inabordable  par  les  moyens  dont  dispose  aujour- 
d'hui la  science.  Mais  on  peut  limiter  la  question,  en  faisant  abstraction 


V 

tft    f 


LÈS  MONM». 

de  h  période  pendant  laquelle  le  régulateur  est  en  mouvetaenf,  et  se  de- 
mander seulement  quelle  est  la  variation  permanente  qu'aura  subie  la 
vitesse,  quand  il  sera  arrivé  à  sa  position  finale  d'équilibre.  C'est  ainsi 
qu'ont  été  obtenues  les  formules  en  usajre,  sans  qu'on  ait  epéeifié  dans 
quelles  conditions  cela  était  admissible.  Ne  pouvant  aborder  ici  la  discus- 
sion à  laqueHe  je  me  livre  sur  ce  sujet,  je  me  borne  à  en  donner  les 
•principaux  résultats  : 

i<»  L'action  du  régulateur  est  en  relation  des  plus  intimes  avec  la 
puissance  du  modérateur.  L'étude  des  effets  propres  à  chacun  de  ces 
deux  organes  de  la  réglementation  ne  peut  donc  se  faire  isolément. 

2°  Le  bon  fonctionnement  du  régulateur  dépend  à  la  fois  de  sa  sen- 
sibilité et  delà  rapidité  avec  laquelle  s'altère  la  vitesse  de  la  machine, 
sous  Hnfluence  d'une  cause  perturbatrice  donnée.  Cette  rapidité  d'al- 
tération a  pour  mesure  une  fraction  dont  le  numérateur  est  la  variation 
de  travail  produite  en  une  seconde  par  la  perturbation,  et  dont  le  dé- 
nominateur est  la  somme  des  forces  vives  de  toutes  les  pièces  en 
mouvement. 

3°  Un  régulateur  spécial  étant  donné,  on  peut  déterminer  par  expé- 
rience la  valeur  de  la  fraction  définie  au  paragraphe  précédent,  pour 
laquelle  cesserait  son  bon  fonctionnement.  Cette  valeur  limite  peut 
ètte  considérée  comme  caractéristique  de  ce  régulateur,  et,  pour  faire 
avec  succès  l'application  de  celui-ci  sur  une  machine  quelconque,  il 
suffira  de  donner  à  la  force  perturbatrice  et  au  modérateur  des  propor- 
tions telles  que  cette  limite  ne  soit  pas  dépassée. 

4°  La  fraction  caractéristique  est  indépendante  de  la  puissance  de 
la  machine.  On  doit  donc  repousser  comme  inadmissible  le  mode 
d'appréciation  aujourd'hui  fort  usité,  en  vertu  duquel  le  degré  de  per- 
fection du  régulateur  dépendrait  de  la  fraction  dont  il  serait  possible, 
sans  troubler  son  bon  fonctionnement,  de  faire  varier  brusquement  le 
travail  total  de  la  machine. 

5°  Toutes  choses  égales  d'ailleurs,  le  modérateur  doit  être  d'autant 
plus  puissant  que  le  régulateur  est  plus  sensible.  L'inobservation  de 
cette  condition  nécessaire  est  la  cause  principale  des  mécomptes  aux- 
quels a  donné  lieu  l'emploi  des  régulateurs  isochrones.  Faute  d'un 
modérateur  de  puissance  suffisante,  ces  régulateurs  trop  sensibles  dé- 
terminent forcément  des  oscillations  périodiques  de  la  vitesse.  Les 
inconvénients  résultant  de  ces  oscillations  sont  du  reste  bien  connus, 
et  les  Constructeurs,  pour  s'en  rendre  maîtres,  en  sont  venus  à  intro- 
duire dans  le  mécanisme  de  véritables  freins,  à  l'aide  desquels  ils 
peuvent  réduire  la  sensibilité  suivant  les  besoins. 
La  théorie  précédente  eçt  établie  dans  l'hypothèse,  généralement 


3£*$ 


'■V 


172  LES  MONDES. 

admise  par  les  auteurs,  de  l'invariabilité  de  forme  des  organes  d'une 
machine  en  mouvement.  Dans  la  seconde  partie  de  mon  mémoire,  je 
montre  la  nécessité  de  tenir  compte  de  l'élasticité  de  ces  organes.  » 

—  M.  Boussinesq  adresse  une  note  «  Sur  les  lois  qui  régissent,  à 
une  première  approximation,  les  ondes  lumineuses  propagées  dans  un 
milieu  homogène  et  transparent,  d'une  contexture  quelconque.  t> 

Wi,'  —  M.  Croullebois  adresse  un  mémoire  sur  la  double  réfraction 

.«..  elliptique  du  quartz. 

i|i  —  Sur  une  relation  entre  les  actions  capillaires  et  les  densités, 

dans  les  solutions  salines  ;  par  M.  G.-Alph.  Valson.  «  Je  suppose  tou- 
jours, comme  dans  mes  communications  précédentes,  qu'on  ait  pré- 
paré une  série  de  solutions  salines  normales,  c'est-à-dire  renfermant 
chacune  un  équivalent  de  sel  anhydre,  évalué  en  grammes,  dissous 
dans  une  quantité  d'eau  fixe  et  égale  à  1  litre.  Je  suppose  en  outre 
que,  pour  chacune  de  ces  solutions,  on  ait  mesuré  :  1  °  la  densité  ; 
2°  la  hauteur  capillaire  du  liquide  dans  un  même  tube.  On  obtient 
ainsi  une  série  de  résultats  qui  conduisent  à  la  conséquence  suivante  : 
«  Pour  toutes  les  solutions  salines  normales  définies  ci-dessus,  le  pro- 
duit de  la  densité  par  la  hauteur  capillaire  reste  sensiblement  constant.» 
>  Ce  résultat  paraîtra  remarquable,  si  l'on  considère  qu'il  a  lieu  pour 

des  métaux  dont  le  poids  équivalent  varie  entre  7  [lithium)  et  108 
(argent). 

On  déduit  de  la  relation  précédente  que  le  poids  d'une  solution  saline 
normale  soulevé  dans  un  même*  tube  capillaire  peut  être  considéré 
comme  constant  ;  car,  si  l'on  désigne  par  S  la  section  du  tube,  ce  poids 
est  égal  à  S  x  H  x  D.  Si  l'on  suppose  le  diamètre  du  tube  égal  à 
1/2  millimètre,  on  trouve  que  l£ poids  de  chlorure  de  lithium  et  d'azo- 
tate d'argent  est  de  12  milligrammes  et  un  dixième. 

Cette  même  relation  est  encore  susceptible  d'une  autre  interpréta- 
tion. Si  l'on  prend  61,7  pour  valeur  moyenne  du  produit  DH,  l'équa- 
tion DH  =  61,7  est  représentée  géométriquement  par  un  branche 
d'hyperbole  dont  les  densités  D  sont  les  abscisses  et  les  hauteurs  H  les 
ordonnées,  Cela  posé,  il  est  facile  de  reconnaître  que  la  courbe  peut 
être  remplacée  par  sa  tangente,  ce  qui  donne,  entre  les  hauteurs  et  les 
densités,  la  nouvelle  relation 

H  =  118,5  —  56,8  xD. 

Cette  formule  représente  en  effet,  entre  des  limites  très-étendues, 
les  hauteurs  capillaires  déduites  des  densités  des  solutions  salines. 

Cette  dernière  relation  permet  d'énoncer  la  conséquence  suivante  : 
ce  Quand  on  passe  d'une  solution  saline  normale  à  une  autre,  l'accrois- 


LES  MONDES.  173 

sèment  de  la  hauteur  capillaire  est  proportionnel  à  la  diminution  de 
la  densité.  • 

—  M.  Blouin  adresse  une  nouvelle  note  concernant  un  procédé  des. 
tiné  à  rendre  le  pétrole  moins  inflammable. 

—  M.  Rouget  adresse  une  note  relative  aux  racines  imaginaires  des 
équations. 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées 
de  la  Correspondance,  le  volume  intitulé  «  l'Administration  militaire 
dans  l'antiquité,  »  par  M.  Gauldrée-Boileau ,  ancien  directeur  des 
subsistances  au  ministère  de  la  guerre.  Cet  ouvrage,  fruit  de  longues 
études,  auxquelles  la  compétence  particulière  de  l'auteur  et  sa  solide 
érudition  l'avaient  préparé,  met  en  lumière  les  procédés  de  l'admini- 
stration militaire  chez  les  Grecs,  depuis  la  guerre  de  Troie,  et  chez  les 
Romains  jusques  à  la  un  de  l'empire.  Le  choix  et  l'éducation  du  sol- 
dat, son  alimentation,  son  vêtement,  ses  armes,  son  campement,  ses 
moyens  de  transport  sont  l'objet  de  comparaisons  pleines  d'intérêt, 
montrant  ce  que  les  armées  modernes  ont  conservé  et  ce  qu'elles  ont 
changé,  tantôt  au  profit,  tantôt  au  détriment  de  leur  force. 

Les  leçons  que  donne  l'auteur,  en  s'appuyant  sur  l'expérience  de 
l'antiquité,  méritent  d'être  prises  en  considération  dans  l'intérêt  de  la 
Patrie  française  ;  elles  conviennent  à  tous  les  temps  et  à  toutes  les  na- 
tions ;  elles  montrent  que  nous  pouvons  emprunter  aux  anciens  des 
améliorations  consacrées  par  des  guerres  heureuses,  et  qu'il  serait  sage 
de  revenir  à  des  pratiques  dont  on  ne  s'est  pas  éloigné  sans  péril  pour 
le  pays. 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  donne  lecture  d'une  lettre  adressée  à 
l'Académie  par  M.  Janssen,  en  date  du  8  décembre.  —  Il  vient  lui 
rendre  compte  de  ses  voyages  préliminaires  dans  l'Inde,  en  vue  du 
choix  d'une  station  pour  l'observation  astronomique  dont  il  avait  eu 
l'honneur  d'être  chargé  par  elle. 

—  Action  de  la  chaleur  sur  les  oxychlorures  de  silicium.  Note  de 
MM.  L.  TrooBt  et  P.  Hautefeuille. 

a  Toutes  les  fois  qu'on  distille  à  feu  nu  les  oxychlorures  de  silicium, 
on  constate  que  vers  la  fin  de  l'opération  il  se  produit  des  fumées 
épaisbes  indiquant  un  commencement  d'altération  sous  l'influence  de 
la  chaleur.  Ces  fumées  apparaissent  déjà,  bien  qu'en  très-faible  quan- 
tité, à  une  température  peu  supérieure  à  440  degrés.  Elles  deviennent 
très-abondantes  au  rouge  sombre.  Pour  étudier  à  cette  température 
l'action  de  la  chaleur  sur  les  oxychlorures,  nous  faisons  passer  leur 
vapeur  dans  un  tube  de  verre  rempli  de  fragments  de  porcelaine  et 
chauffé  à  l'aide  d'une  grille  à  gaz.  L'expérience  donne  des  résultats 


474  LES  MONDES. 

analogues  quel  que  soit  roxychlorure  employé.  Nous  indiquerons 
seulement  ici  ce  qui  se  passe  avec  roxychlorure  Si4  O2  Cl\  qui  est 
celui  que  l'on  recueille  en  plus  grande  quantité  dans  les  expériences 
décrites  dans  notre  Mémoire. 

Les  vapeurs  qui  ont  traversé  le  tube  de  verre  chauffé  se  condensent 
à  l'extrémité  de  l'appareil  dans  un  mélange  réfrigérant  et  fournissent 
un  liquide  dont  le  poids  est  identique  à  celui  de  roxychlorure  employé; 
il  ne  s'est  dégagé  ni  oxygène  ni  chlore,  et  cependant  le  liquide  obtenu 
diffère  notablement  du  liquide  primitif.  En  effet,  ce  dernier  bouillait  de 
136  à  439  degrés,  tandis  que  le  liquide  nouveau  entre  en  ébullition  à 
59  degrés.  Le  premier  produit  que  l'on  recueille  est  du  bichlorure  de 
silicium  régénéré  dans  l'action  de  la  chaleur  sur  roxychlorure.  On  ob- 
tient ensuite  une  certaine  quantité  du  composé  primitif  qui  a  échappé 
à  l'action  de  la  chaleur.  Enfin,  le  tiers  environ  du  liquide  ne  distille 
qu'au-dessus  de  i  50  degrés,  il  est  formé  des  oxychlorures  Si4  0*  Ci% 
Si*  O8  Gl\  Si"  O10  Cl10,  etc.,  dont  nous  avons  fait  connaître  la  compo- 
sition et  les  formules.  L'oxychlorure  s'est  donc  décomposé  sous  l'in- 
fluence de  la  chaleur  en  donnant  des  oxychlorures  plus  oxygénés  et 
plus  condensés,  en  même  temps  qu'il  régénérait  du  bichlorure  de  si- 
licium. Les  nombres  suivants  représentent  la  moyenne  d'une  série 
d'opérations  effectuées  au  rouge  sombre  : 

«*• 
Bichlorure  régénéré 16,200 

Oxy chlorure  non  transformé 8,000 

»  Si4  0*01' 4,400 

»  Si808Cl8 7,000 

»  Si,80'°Clfa 0,800 

»  Si4n08nCl>n 1,000 

Perte  dans  les  distillations  fractionnées  •  1,1 00 

Oxychlorure  employé.  .    •    .      38,500 

Les  proportions  de  ces  diverses  matières  dans  le  produit  brut  de  Topé- 
ration  changent  suivant  la  température  et  la  rapidité  avec  laquelle  les 
vapeurs  traversent  l'espace  chauffé  ;  ainsi  dans  une  expérience  où  l'ac- 
tion de  la  chaleur  a  été  plus  prolongée,  nous  avons  pu  transformer 
presque  tout  roxychlorure  Si4  O2  Cl6  primitif  et  la  plus  grande  partie 
de  roxychlorure  Si*09CL*.  Ces  réactions  montrent  que  si,  en  faisant 
passer  de  l'oxygène  avec  du  bichlorure  de  silicium  dans  un  tube  de 
porcelaine  chauffé  à  1200  degrés  environ,  nous  avons  obtenu  toute  la 
série  des  oxychlorures,  cela  tient  à  ce  que,  indépendamment  de  l'ac- 
tion directe  de  l'oxygène  déplaçant  que  partie  du  chlore  du  bichlo- 


LES  MONDES.  173 

rare,  il  y  a  des  réactions  secondaires  résultant  de  lf  décomposition  des 
oxychlorucçs  gçw  l'influeQce  de  la  chaleur  clans  les  diverses  parties  du 
tube  chauffé. 

En  cherchant  i  comparer  les  résultats  de  nos  expériences  aux  faits 
déjà  connus  et  constaté»  dans  la  science,  nous  n'avons  rien  trouvé  de 
plus  analogue  à  ces  transformations  4e  nos  oxy chlorures  avec  conden- 
sation progressive,  que  la  série  des  phénomènes  remarquables  dans 
lesquels  M.  Berthelot,  partant  de  l'acétylène,  arrive  par  la  simple  ac- 
tion de  la  chaleur  à  produire  des  hydrogènes  carbonés  des  condensa- 
tions les  plus  variées.  » 

—  Note  sur  les  prétendues  transformations  des  bactéries  et  des  Mu* 
cédinées  en  levures  alcooliques;  par  M.  J.-C.  de  Seynes.  —  «  Depuis 
six  ans  je  cultive  des  bactéries  des  levures,  des  Mucor,  des  Pénicillium 
et  autres  Mucédinées,  sans  jamais  avoir  surpris  les  transformation» 
annoncées  par  M.  Hallier  (d'Iéna)  et  admises  en  partie  par  M.  Trécul.» 

—  Sur  le  développement  des  ferments  alcooliques  et  autres,  dans  des 
milieux  fermentesciôles,  sans  l'intervention  directe  des  substances  albu- 
minoïdes,  par  M.  F.  Béchamp.  —  M.  Liebig  conteste  qu'un  ferment 
alcoolique  puisse  naître  dans  un  milieu  sucré,  sans  l'addition  préa- 
lable d'une  substance  protéique.  Pourtant  rien  n'est  plus  certain. 

Dans  un  mémoire  publié  en  1858  (Annales  de  Chimie  et  de  Physique, 
3e  série,  t.  LIV,  p.  28),  j'ai  montré  que  les  moisissures  qui  se  déve- 
loppent dans  l'eau  sucrée  sont  la  cause  immédiatede  l'inversion  du  sucre 
de  canne;  que  sous  leur  influence  se  forme  un  acide  (acétique  ou  for- 
mique,  disais-je),  qui  n'a  pas  été  autrement  caractérisé  à  cette  époque 
Plus  tard  (Revue  des  Sociétés  savantes,  t.} VI,  p.  136),  sur  une  observa- 
tion de  M.  Payen,  que  ces  moisissures  ont  besoin  de  certaines  substance^ 
minérales  pour  se  développer,  j'ai£répondu  qu'elles  les  empruntaient  au 
yerre,  puisque  l'on  savait,  depuis  Lavoisier,  que  celui-ci  était  attaqué 
par  l'eau.  Les  liqueurs  sucrées  interverties  où  s'étaient  développées 
les  moisissures,  et  qui  dataient  de  1855  ou  de  4856,  ont  été  de  nou- 
veau examinées  en  1864.  J'ai  constaté  que,  dans  toutes,  il  s'était  formé 
de  l'acide  acétique  et  des  quantités  d'alcool  assez  notables  pour  le  ca- 
ractériser par  son  inflammation  et  par  sa  conversion  en  aldéhyde  et  en 
acide  acétique.  »  M.  Béchamp  énumère  ensuite  quelques  expériences 
répétées  par  lui  depuis  1863. 

11  conclut  ainsi  :  a  Des  ferments  organisés  peuvent  donc  se  dévelop- 
per dans  des  milieux  absolument  dépourvus  de  matières  albumiqoldest 
et  les  moisissures,  nées  des  micro^ymas  de  l'atmosphère,  fonctionnant 
d'abord  comme  appareils  de  synthèse,  comparables  aux  autres  végé- 
taux, forment  la  matière  organique  de  leurs  tissus  à  l'aide  des  arnté* 


476  LES  MONDES. 

riaux  ambiants  dont  ils  peuvent  disposer,  et  consomment  ensuite  la 
matière  fermentescible  qu'on  leur  offre,  s'ils  en  sont  capables.  L'ex- 
périence de  M.  Pasteur,  que  M.  Liebig  nie,  est  donc  essentiellement 
vraie.  » 

—  Action  de  Viodure  plombique  sur  quelques  acétates  métalliques, 
par  M.  D.  Tommasi.  —  L'iodure  plombique  en  réagissant  sur  les  acé- 
tates métalliques,  donne  lieu  à  diverses  réactions,  qui  varient  suivant  la 
nature  de  l'acétate  que  Ton  a  employé.  Ces  acétates  peuvent  être  divisés 
à  cet  égard  en  trois  groupes  : 

1er  groupe.  Acétates  qui  se  combinent  à  l'iodure  plombique.  Dans 
ce  groupe  il  n'y  a  qu'un  seul  acétate,  c'est  celui  de  potassium. 

2*  groupe.  Acétates  qui,  en  réagissant  sur  l'iodure  plombique,  don- 
nent lieu  à  des  phénomènes  de  double  décomposition.  Acétate  de 
cuivre,  acétate  de  mercure. 

3e  groupe.  Acétates  qui  n'agissent  vis-à-vis  de  l'iodure  plombique 
que  comme  de  simples  dissolvants.  Acétates  de  sodium,  d'ammonium, 
de  lithium,  de  calcium,  de  barium,  de  magnésium,  de  zinc,  de  man- 
ganèse, de  fer,  de  chrome,  de  cobalt,  d'aluminium,  d'uranium. 

—  Sur  l'acide  carbonique  considéré  comme  comburant  du  carbone  en 
présence  de  l'eau,  etc.,  par  M.  Dubrunfaut.  —  De  ce  qui  se  produit 
dans  les  conditions  de  l'analyse  organique,  c'est-à-dire  dans  un  tube 
de  verre  dur  chauffé  au  rouge  et  suivi  des  condenseurs  usuels,  qui 
permettent  de  doser  séparément  l'eau  et  l'acide  carbonique,  lorsqu'on 
y  fait  passer  d'abord  avec  un  courant  d'hydrogène  desséché  sur  du 
carbonate  de  chaux  pur  et  sec,  puis  sur  du  carbonate  de  chaux  mé- 
langé de  charbon  pur  et  sec,  M.  Dubrunfaut  croit  pouvoir  conclure 
qu'il  existerait  cinq  grammes  d'eau  par  mètre  cube  de  gaz  desséché 
par  les  moyens  énergiques  mis  en  usage  dans  les  recherches  les  plus 
récentes,  et  que  cette  eau,  qui  aurait  échappé  aux  observateurs,  s'y 
trouverait  dans  un  état  nouveau,  qne  la  science  serait  impuissante  à 
définir  ;  que  le  carbone  n'est  pas  brûlé  par  l'oxygène  de  l'acide  car- 
bonique pur  et  sec ,  qu'il  ne  l'est  pas  par  l'oxygène  pur  et  sec  pris  dans 
l'oxyde  de  cuivre,  etc. 

M.  Dumas  s'est  hâté  de  protester  contre  ces  assertions  gratuites 
qu'on  pourrait  appeler  des  hérésies  scientifiques;  et  il  a  renouvelé  sa 
protestation  avec  plus  d'énergie  dans  la  séance  du  lundi  15  janvier. 
Nous  y  reviendrons. 

(La  suite  au  prochain  numéro.) 


ParU,  —  Typ,  Waldar,  rot  Bonaparte,  44. 


,***' 


if 


N°  ».  1872, 


PREMIÈRE    SALLE   DU   PROGRÈS 

SOIKÉES  ET  MATINÉES  DE  SCIENCE  ILLUSTRÉE, 


...A.'' 


Las  soirées  et  mutinée»  de  sciencelillustrée,  accessibles  à  tous,  hommes, 
femmes  et  enfants,  commenceront  le  vendredi  i  •  mars,  dans  la  salle 
Sainte-Valère,  rue  de  Bourgogne,  24,  au  centre  du  faubourg  Saint- 
Germain,  entre  la  rue  de  Grenelle  et  la  rue  Saint-Dominique,  mise  gé-  :  ;| 
néreusement  à  ma  disposition  par  11.  le  Curé  de  Sainte-Clotilde. 


,H 


:  .» 


.;  ^ 


J'ai  donné  à  mes  salles  le  nom  de  Salies  du  Progrès,  parce  que  leurjbut 
principal  est  :  de  promouvoir,  sous  toutes  ses  formes,  le  progrès  réel  et  A 

bienfaisant;  de  donner  le  plus  grand  et  le  plus  prompt  essor  possible  aux  v  v" 

inventions  et  aux  découvertes  de  la  science  et  de  l'industrie,  expressions 
les  plus  vivantes  du  progrès;  de  combattre  énergiquement  les  deux  en-  ' 

nemies  inexorables  des  découvertes  et  de  l'invention,  l'ignorance  qui  les 
tue  dans  leur  germe  ou  le*  tient  plongées  dans  le  néant,  la  routine  que 
leur  oppose  le  cercle  infranchissable  de  l'inertie. 

Paris  et  les  grandes  villes  vont  multipliant  sans  cesse  sous  les  pas  4e 
leurs  habitants  les  moyens  de  dépenser,  en  d  eh  ors  du  foyer  domestique, 
dansleslGafés-GoncertSj  une  somme  de  I  fr.  50  à  2ir.,  le  pain  sacré. de  la 
famille,  au  sein  d'une  atmosphère  nauséabonde,  agitée  par  les  vents 
de  toutes  les  mauvaises  passions,  sans  qu'il  leur  soit  possible,  même  en 
payant  plus  cher  encore,  de  rencontrer  un  seul  asile  où  ils  puissent,  en  se 
reposant  des]  fatigues  du  jour^s'initier  au  progrès  bienfaisant,  se  ré- 
créer à  la  fois  et  s'instruire. 

(Test  ce  vide  homicide  que  je  veux  combler,  c'est  à  ce  fatal  abandon 
que  je  veux  suppléer,  en  faisant  tous  mes  efforts  pour  que,  à  lia  un  de 
l'année  qui  commence,  Paris  compte  au  moins  six  ou  sept  salles  du 
progrès. 

Instruire  et  récréer,  c'est  tout  le  programme  des  salles  du  progrès.  Le 
4euft  (moyen  efficace  d'instruction  est  la  mise  sous  les  yeux»  par  des 
.expériences  ou  par  des  tableaux  vivement  éclairés,  de  tous  les  faits  de 
la  nature,  de  la  science,  de  l'industrie  et  des  arts*  En  outre  des  expé- 
riences faites  avec  les  instruments  les  plus  perfectionnés,  l'illustraéon 

No  6.  t.  XXVII,  1"  février  1872.  18 


^m^k 


178  LES  MONDES. 

de  chacune  des  branches  des  Sciences  et  des  Arts  appellera  donc  à  son 
aide  une  série  de  tableaux  reproduits  par  la  photographie  sur  verres 
transparents  et  projetés  à  la  lumière  électrique  ou  oxhydrique  sur  un 
vaste  écran  visible  de  .toutes  les  partife*  de  la  âfile.Xe  rèlè  du  démons- 
trateur, exercé  et  spécial,  sera  d'animer,  de  décrire,  de  commenter  l'ex- 
périence ou  le  tableau  mis  sous  les  yeux  des  auditeurs  aussi  clairement 
et  aussi  succinctement  que  possible. 

Voici  rénumération  rapide  des  branches  des  sciences  pures  et  appli- 
quées qui  seront  tour  à  tour  illustréespar  expériences  ou  par  tableaux. 

SCIENCES  MATHÉMATIQUES  ET  PHYSICO-MATMÉMATIQUES.  Arithmétique, 

Géométrie.  Mécanique  Physique  :  Statique  ;  Cinématique  ;  Dynami- 
que; Balistique;  Hydrostatique.  Hydrodynamique;  Aérodynamique. 

ScieNCEs  physiques.  Acoustique.  Thermique,  Électricité.  Magné- 
tisme; Météorologie.  Chimie. 

Sœerces  cosmiques.  Astronomie.  Physique.  Cosmographie.  Géo- 
graphie. 

Sciences  naturelles.  Minéralogie.  Géologie.  Paléontologie.  Bota- 
nique. Zoologie.  Anatomie  générale  et  comparée.  Anthropologie, 
Ethnologie  et  Ethnographie'.  Zootechnie.  Hippologie,  etc. 

Sciences  médicales.  Hygiène.  Clinique  médicale.  Clinique  chirur- 
gicale. 

Sciences  de  la  forme  ou  Beaux-Arts.  Dessin,  Peinture,  Sculpta  r* , 
Architecture. 

Sciences  appliquées  ou  pratiques.  Arts  .  industriels 

Arts  naturels  :  Agriculture,  Horticulture.  —  Arts  mécaniques  : 
Filature,  Tissage,  etc.  —  Arts  physiques  :  Céramique,  Verrerie,  tW. 
—  Arts  chimiques  :  Teinture,  sucreries,  distilleries,  etc. 

Sciences  historiques.  Histoire  générale,  Histoires  particulières, 
Archéologie,  Biographie,  etc. 

Ces  sciences  illustrées  seront  passées  successivement  en  revue  chaque 
année;  et  l'avantage  incomparable  de  ce  mode  de  démonstration  est  que 
chaque  tableau  est  complet  par  lui-môme,  et  n'exige  en  aucune  ma- 
nière ceux  qui  ont  précédé  ou  qui  suivront  :  ce  seront  des  soirées  qui 
n'exigeront  pas  une  présence  de  tous  les  jours  et  non  des  leçons. 

(.'ignorance  en  France,  ij  faut,  bien  le  dire,  s'étend  à  tout,  à  la  musique 


LES  MONDES.  179 

et  à  la  littérature  comme  aux  sciences  et  aux  arts;  le  programme  des 
soirées,  dont  la  règle  générale  est  l'utile  et  l'agréable,  l'instruction  et  la 
récréation,  s'étendra  donc  à  la  musique  et  aux  belles-tel  très  dans  ce 
qu'elles  ont  d'essentiel,  ce  qu'il  n'est  permis  à  personne  d'ignorer.  En 
outre,  et  c'est  une  condition  essentielle  d'émulation,  tous  les  morceaux 
choisis  ou  joués,  seront  signalés  par  une  annonce  lumineuse  ou  orale. 

Voici  notre  programme,  monotone  dans  sa  forme,  varié  à  l'infini  dans 
le  fond  : 

Programme  des  Soirée»  fie  tens  le*  Jeu»». 

i°  Ouverture  musicale  jouée  sur  l'orgue,  l'harmonium  ou  le  piano  ; 
résumé  des  pièces,  opéras  au  opérettes,  qui  sont  considérées  universelle- 
ment comme  des  chefs-d'œuvre  ;  il  résultera  de  cette  audition  successive 
une  première  initiation  à  la  mélodie  et  à  l'harmonie  du  monde  entier. 

2*  Revue  des  nouveautés.  É numération  avec  modèles,  expériences  ou 
tableaux  projetés  à  la  lumière  électrique,  et  description  orale  des  décou- 
vertes ou  inventions  du  jour.  .    », 

3*  Démonstration  de  science  illustrée,  d'une  heure  environ. 

4*  Intermède  d'un  quart  d'heure  au  plus.  Chant  d'un  grand  air,  ou 
déclamation  d'un  morceau  de  prose  ou  de  poésie,  choisis  parmi  les 
chefc- d'oeuvre  de  la  musique  ou  de  la  littérature,  et  formant  des  recueils 
imprimés. 

5«  Revue  d'histoire  ou  de  géographie.  S'aidant  de  la  projection  d'un  cer- 
tain nombre  de  tableaux,  un  démonstrateur  ou  causeur  exercé  fera  passer 
sous  les  yeux  des  spectateurs,  avec  les  explications  nécessaires  et  suffi- 
santes, tantôt  les  lieux  mémorables  ou  les  beaux  sites  d'une  contrée  cé- 
lèbre ou  pittoresque,  d'une  station  d'eaux  ou  de  bains,  etc.;  tantôt  les 
portraits  des  hommes  illustres  ;  tantôt  enfin  les  plus  belles  œuvres  de  la 
peinture,  de  la  sculpture,  de  l'architecture. 

6*  Bouquet.  On  terminera  par  quelques  jeux  tfoptique,  fantascope, 
éhromatrope,  etc. 

.  7°  Sortie.  On  jouera,  un  des  airs  ou  chants  nationaux  des  divers 
peuples. 

Soirées  du  Mnmnehe. 

Le  dimanche,  la  démonstration  de  science  illustrée  aura  pour  sujet  les 
merveilles  de  la  création  ;  les  leçons,  les  beautés,  les  harmonies  de  la  na- 


180  LES  MONDES. 

tare;  l'accord,  constaté  par  las  faits,  de  la  révélation  et  de  la  science,  de 
la  foi  et  de  la  raison.  Elle  sera  suivie  d'un  concert  religieux  comprenant 
quelques-uns  des  chefs-d'œuvre  de  la  musique  sacrée,  ancienne  et  mo- 
derne. 

La  salle  du  Progrès  devra  pouvoir  contenir  de  500  à  1,000  personnes, 
pour  que  le  prix  des  places  soit  le  moins  élevé  possible,  et  qu'on  puisse 
mettre  chaque  Jour  un  certain  nombre  de  billets  à  la  disposition  des  So- 
ciétés de  secours  mutuels  ou  des  œuvres  paroissiales  et  communales.  On 
ferait  de  temps  en  temps  pour  les  classes  ouvrières  des  séances  entière- 
ment gratuites,  ou  dont  lès  Amis  seraient  supportés,  soit  par  l'adminis- 
tration de  la  salle,  soit  par  quelque  ami  généreux  du  progrès. 

Les  séries  de  tableaux,  de  50  à  100  pour  chaque  science  illustrée,  fe- 
ront réunies  dans  une' boite  spéciale,  accompagnée  d'un*,  livret  ou  album 
renfermant,  avec  [la  photographie  sur  papier  du  tableau,  sa  description, 
de  telle  sorte  qu'en  l'absence  d'un  professeur  exercé,  l'enseignement  il- 
lustré puisse  être  donné  par  un  préparateur  et  un  lecteur  intelligent. 
Les  boites  de  tableaux  et  les  livrets  seront  mis,  avec  un  léger  bénéfice 
au  profit  de  rétablissement-mère,  à  la  disposition  de  ceux  qui,  à  Paris, 
en  province,  ou  à  l'étranger,  voudront  suivre  mon  exemple  et  organiser 
des  cours  illustrés.        ^ 

La  salle  Sainte-Valère  comporte  quatre  sortes  déplaces  :  gratuites  ou  à 
50  centimes  dans  la  tribune  haute  ;  à  50  centimes  et  à  1  franc  dans  la 
tribune  basse;  à  i  fr.  et  à  2  fr.  dans  la  nef  ou  centre. 


Matinée»  ftcfentlfiqiie«. 

Consacrées  à  l'instruction  attrayante  de  classes  particulières  de  la  so- 
ciété: les  jeunes  filles  et  les  Jeunes  garçons,  séparément,  les  aspirantes  et 
les  aspirants  au  brevet  d'instituteurs  et  d'institutrices ,  les  élèves  d'un 
lycée,  d'un  collège,  d'une  institution,  ou  d'un  séminaire;  les  petits  en- 
fants, etc.,  auront  leur  programme  particulier. 

Pour  organiser  l'Institut  technologique  dont  nous  donnons  plus 
loin  la  description,  notre  ami,  M.  H.  Morton,  a  pu  disposer  des  3  mil" 
lions  de  M.  Stevens  !  Pour  organiser  l'œuvre  plus  gigantesque  des 
salles  du  progrès,  je  suis  livré  à  mes  faibles  ressources!  Mais  j'ai  une 
mission  à  remplir  :  j'obéis  à  la  volonté  de  Dieu;  et  j'ose  compter  sur 
le  concours  des  amis  sincères  de  la  Religion,  de  la  Patrie  et  en  Pro- 
grès. — .  F.  Moigno. 


1, 


fr 


LES  MONDES  1*1 


CORRESPONDANCES  DES  MONDES 


M.  Rtomkorff,  à  Paris.  —  Turbine  électrique.  —  Le  petit 
appareil  dont  la  figure  est  ci-jointe  se  compose  d'un  disque  de  mica 
au  centre  duquel  est  une  chape  d'agate  portant  sur  un  pivot  fixé  au 
milieu  d'un,  socle  de  caoutchouc  durci.  Sur  les  câtés  de  ce  soele  et 
parallèlement  au  pivot  s'élèvent  deux  pointes  ou  colonnes  en  cuivre 
qui  s'arrêtent  à  un  centimètre  environ  au-dessous  du  disque.  L'une 
de  ces' colonnes  est  en  communication  avec  une  tige,  de  cuivre  à  pointe 
très-effilée  poyr  aspirer  l'électricité;  à  l'autre  est  fixé  un  manche 
métallique  au  moyen  duquel  l'électricité  passe  par  la  main  de  la  per- 
sonne qui  le  tient  pour  s'écouler  dans  le  sol. 


» t 


Si  Ton  présente  cet  appareil  par  la  pointe  au  bout  du  conducteur 
qui  relie  les  deux  cylindres  d'une  machine  de  Ramsden  dans  le  temps 
qu'on  la  fait  fonctionner,  le  disque  de  mica  tourne  dans  le  sens  op- 
posé au  cylindre  qui  lui  est  proche  ;  si  on  le  présente  à  l'autre  bout, 
il  tourne  dans  le  sens  contraire. 

Ce  changement  de  direction  dans  la  rotation  fait  supposer  à  la  pre- 
mière impression  qu'il  y  a  une  électricité  différente  à  chaque  bout  du 
conducteur,  mais  cela  n'est  pas  ainsi. 

La  cause  de  ce  changement  de  rotation  vient  de  ce  que  la  partie  du 
conducteur  qui  est  éloignée  de  l'appareil  agit  sur  le  disque,  le  repousse 
et  produit  la  rotation. 

-  M.  Chaules  Tellier,  à  Àuteuil- Paris.  —  Production  luduo- 
trf elle,  économique  de  la  glace  et  du  froid.  —  Tant  que 
la  fabrication  de  la  glace  sera  limitée  à  des  quantités  de  50,  100,  200 


46*  LES  MONDES. v 

kilog.  à  l'heure  la  glace  artificielle  ne  pourra  servir  qu'aux  usages  do- 
mestiques ou  médicinaux;  on  ne  pourra  pas  songer  à  l'utiliser  dans 
les  grandes  industries  des' produits  chimiques,  de  l'extraction  du  sucre» 
etc.,  etc.,  où  elle  rendrait  de  si  grands  services. 

Avec  les  appareils  actuels,  1  kilog,  de  charbon,  donnait  moyen- 
nement: 

En  gla#e  (m  admettant  3  kti.  de  charbon,  par  force  de  cheval).  5  kil. 
En  vapeur • 7  » 

11  y  a  donc,  pour  le  froid,  infériorité  considérable  de  rendement* 

Mais  voici  que  M.  Charles  Tellier  renverse  la  situation  en  s'offrant  à 
produire,  non  plus  5  kilog.  de  glace  par  kilog.  de  charbon,  mais  bien 
de  25  à  30  kilog.,  soit  une  économie  considérable  sur  l'emploi  de  la  va- 
peur. Dans  ces  conditions,  en  effet,  avec  i  kilog.  de  charbon,  on  pourrai 
retirer  25  kilog.  d'eau  d'une  solution  aqueuse,  tandis  qu'avec  cette 
môme  quantité  de  combustible,  nous  n'aurions  pu  en  enlever  à  l'état 
de  vapeur  que  7  kilog. 

Voici  les  faits  qui  ont  servi  de  point  de  départ  à  cette  bienheureuse 
révolution. 

L'éther  vlnique,  communément  appelé  éther  sulfdrique,  à  10*  au- 
dessous  de  0°,  émet  des  vapeurs,  qui  ont  une  tension  de  1  i  centièmes  de 
mercure  i  /3,  c'est-à-dire  égale  à  celle  de  l'eau  à  55*  environ. 

Cet  éther  a  donc  une  grande  propension  à  lancer  constamment  dans 
l'air  des  vapeurs  et,  par  conséquent,  à  se  refroidir. 

Si  donc  on  dispose  de  très-vastes  surfaces,  que  l'on  pourra  modifier 
de  bien  des  manières,  sur  lesquelles  l'éther  circule  lentement,  et  qu'on 
le  fasse  sécher  incessamment  par  un  courant  d'air  convenable,  il  en  ré- 
sultera une  énorme  vaporisation,  et,  par  conséquent,  un  refroidissement 
considérable.  Ce  refroidissement  sera  utilisé  en  faisant  circuler  dans  des 
tubes  couverts  par  l'éther  un  liquide  incongelable,  qu'on  appliquera 
ensuite  à  tous  les  besoins. 

M.  Gh.  Tellier  fait  construire  en  ce  moment  un  appareil  produisant 
i  000  kilog.  de  glace  à  l'heure.  La  surface  évaporatrice  de  l'éther,  de 
20  mètres  carrés,  sera  séchée  par  un  courant  d'air  constant,  d'un  débit 
de  2  500  à  3  000  mètres  carrés  par  heure,  circulant  avec  une  vitesse  ni 
trop  rapide,  ni  trop  lente,  correspondant  au  maximum  d'évaporation, 
et  qui  ne  dépasse  pas  i  mètre. 

Rçate  un,  jpoint  important  à  envisager,  c'est  la  reprise  de  l'éther  à  l'air, 
de  manière  à  pouvoir  constamment  faire  servir  le  même  air  et  ramener 
aussi  constamment  le  même  éther.  Pour  ce  faire,  nous  profiterons  de  la 
faculté  quejpossède  l'acide  sulfovinique  de  fixer  l'éther. 


.+:% 


LKS  MONDES.  183 

Disposant  une  colonne  semblable  à  celles  d'épuration  du  gaz,  remplie 
de  coke  ou  de  ponce,  nous  y  ferons  arriver  par  la  partie  supérieure  un 
courant  constant  d'acide  sulfovinique,  tandis  que  l'air  lentement  re- 
montant à  travers  la  ponce  y  abandonnera  l'éther  qu'il  entraînait. 

Dans  ces  conditions,  nous  aurons,  d'une  part,  de  l'air  purifié  qui  re- 
tournera au  ventilateur  et,  par  suite,  reproduira  le  phénomène  de  va- 
porisation que  nous  connaissons;  de  l'autre,  de  l'acide  sulfovinique 
dont  il  faudra  séparer  l'éther. 

Cette  dernière  opération  sera  facile. 

En  effet,  en  ne  dépassant  pas  une  certaine  température,  soit  1 35  à  140% 
l'éther  distille  sans  décomposition,  comme  sans  produits  accessoires;  il 
ne  s'agit  donc  plus  que  de  procéder  aune  distillation  simple,  ce  qui  offre 
d'autant  moins  de  difficultés  que  les  vapeurs  qui  se  séparent  sont  abso- 
lument pures  et  n'ont  besoin  que  d'être  condensées. 

En  résumé,  non-seulement  avec  cet  ensemble  la  glace  peut  être  obte- 
tenue  à  un  prix  qui  dépasse  toutes  prévisions,  mais  encore  il  n'y  a  plus 
dans  les  appareils,  ni  piston,  ni  soupapes,  ni  pressions,  ni  air  à  chas- 
ser, etc,  etc,  l'appareil  produisant  à  la  pression  ordinaire,  et  l'agent  mé- 
canique employé  étant  un  simple  ventilateur. 

M.  l'abbé  Collet,  à  Plœmel  [Morbihan).  —  Archéologie 
préhistorique.  —  1°  Tumulus  de  Manê-Botgade.  La  petite  émi- 
nence  naturelle,  vulgairement  désignée  sous  le  nom  celtique  de 
Mané-Botgade  (montagne  au  buisson  de  lièvre),  est  située  à  300  mè- 
tres à  l'ouest  du  bourg  de  Ploemel,  du  côté  gauche  du  grand  chemin 
d'Àuray  à  Erdeven,  vis-à-vis  d'une  croix  de  pierre.  Le  sommet  de  cette 
butte  est  couronné  d'un  petit  tumulus  conique  de  1  mètre  de  hauteur 
sur  9  de  diamètre.  Comme  il  est  ruiné  et  amoindri  extérieurement, 
on  peut  distinguer  facilement  les  extrémités  d'un  cercle  de  pierres 
brutes,  apparaissant  à  la  surface  du  mamelon,  avec  les  restes  d'une 
galerie  intérieure  orientée  vers  le  sud,  mais  sans  aucune  pierre  de  re- 
couvrement. L'intérieur  du  monument  était  occupé  par  un  remplis- 
sage de  grosses  pierres,  de  terre  et  de  cailloux.  Le  sol  de  la  galerie,  du 
côté  est  du  cromlech,  était  pavé  de  petites  pierres  plates,  sur  lesquelles 
reposait  une  couche  de  terre  noire,  grasse  et  cendrée,  avec  traces  de 
charbons  de  bois.  C'est  au  milieu  de  ce  terreau,  vers  la  paroi  est  du 
cromlech,  et  surtout  à  l'entrée  de  la  galerie,  à  son  point  de  jonction 
avec  le  dolmen,  que  l'on  a  découvert  une  quarantaine  de  vases  en 
terre  cuite  ;  mais  tellement  petits  qu'il  y  en  a  qui  ne  dépassent  pas  la 
grosseur  d'une  pipe.  Leur  pâte  est  noire  et  grossière,  mal  cuite,  fa- 
çonnée au  tour  ou  à  la  main,  sans  ornementation,  et  ayant  la  forme 


••Si 


184  LES  MONDES. 

d'un  gobelet  ou  d'une  tasse  à  café.  Us  étaient  remplis  de  terre,  «ans 
traces  de  charbon,  et  placés  dans  toutes  les  positioos  :  les  wa  assis, 
les  autres  renversés.  Mais  cette  poterie  était  tellement  pourrie,  qu'elle 
tombait  en  décomposition,  et  c'est  à  peine  si  Ton  a  pu  en  conserver 
cinq  ou  six  intacts.  La  même  couche  renfermait  un  grand  nombre  d'é- 
clats de  silex  pyromaque,  parmi  lesquels  on  remarqua  une  belle  lame 
prismatique  éclatée  en  forme  de  feuille  de  saule.  Une  autre  trouvaille 
bien  plus  significative,  c'est  la  présence  du  fer  dans  cette  terre  à  pote- 
rie. On  y  a  trouvé,  en  effet,  une  extrémité  de  hache  en  ftry  tout  auprès 
d'un  petit  anneau  de  fer  actuellement  brisé.  C'est  une  preuve  de  plus 
à  ajouter  à  tant  d'autres  de  l'existence  du  fer  à  l'époque  des  dolmens. 
Cayot-Delandre,  dans  son  Annuaire  de  4827,  page  1%  signale  des 
haches  de  fer  semblables  trouvées  au  pied  d'un  menhir  dans  la  com- 
mune de  Crach. 

Mais  à  quelle  destination  aurait  pu  servir  cette  céramique  funéraice, 
sinon  à  contenir  quelque  parfum,  ou  quelque  nourriture  réservée  au 
mort  pour  son  voyage  d'outre  tombe.  De  nos  jours  encore,  au  repas 
funèbre  qu'ils  font  chez  eux  le  jour  de  l'enterrement  de  leurs  parents, 
nos  bons  Bretons  ont  l'habitude  d'offrir  à  un  pauvre  déterminé  l'é- 
cuellée  du  défunt  qu'ils  appellent  scuellad  en  inean  (l'écuelle  de 
l'âme). 

D'ailleurs  ne  voyons-nous  pas  les  peuples  anciens,  qui  avaient  un 
véritable  culte  pour  les  morts,  pratiquer  le  même  usage  ?  Il  suffit  de  citer 
les  Babyloniens,  les  Égyptiens  et  surtout  les  Chinois,  nos  contempo- 
rains, qui  observent  encore  scrupuleusement  cette  coutume.  Elle  exis- 
tait aussi  chez  les  Hébreux,  puisque  Tobie  recommande  à  son  Xils  de 
mettre  de  la  nourriture  sur  les  tombeaux  afin  que  les  pauvres  en  pas- 
sant pussent  en  faire  leur  repas.  Le  mode  de  sépulture  usité  ici  est 
l'incinération  sur  l'épaisse  couche  de  charbon. 

2°  Alignements.  On  entend  par  alignements  de  menhirs  des  rangées 
parallèles  plus  ou  moins  longues  et  nombreuses  de  monolithes  en 
pierre  brute  de  l'époque  mégalithique. 

A  Carnac,  il  y  a  deux  alignements  sur  une  longueur  de  3  kilo- 
mètres, et  orientés  de  l'est  à  l'ouest.  Celui  de  Ménec  a  douze  rangées; 
celui  de  Kerlescan  en  a  treize  ;  mais  l'intervalle  de  ces  deux  alligne- 
ments  est  à  peu  près  dégarni  de  menhirs.  A  Sainte-Barbe-en-Plou- 
harnel,  il  y  a  encore  trois  débris  de  rangées  subsistantes.  En  Erdeven, 
il  y  en  a  dans  trois  localités  :  au  Bourg,  à  Kerjean  et  à  Saint-Sauveur. 
Au  bourg,  ils  sont  au  nombre  de  treize,  à  Kerjean  douze,  à  Saint- 
Sauveur,  quatorze.  Il  y  a  presque  cent  systèmes  sur  l'interprétation  de 
ce  genre  de  monuments.  Le  peuple  de  Carn.io  les  appelle  les  soldats 


LiS  MONDES.  185 

de  Samt-Corneille,  patron  paroissial,  lequel,  poursuivi  par  eux  jus- 
qu'à la  mer,  les  transforma  en  pierxes.  Pour  moi,  rejetait  tous  les  sys- 
tème» préconçu*,  et  voulant  fonder  la  science  sur  des  faite  d'observa- 
tion, j'ai  fait  des  fouilles  en  règle,  et  j'ai  réussi  à  leur  ravir  le  secret  de 
leur  destination.  J'ai  découvert  à  leur  base  des  traces  de  charbon  dé 
bois,  des  éclats  de  silex  et  des  tessons  de  grossière  poterie,  objets  que 
Ton  rencontre  aussi  dans  les  dolmens.  En  poursuivant  mes  fouilles, 
je  suis  sûr  d'avanoe  de  trouver  partout  du  charbon,  et  quelquefois 
même  des  poteries  et  des  silex.  J'ai  trouvé  tous  ces  objets  à  Quiberon, 
et  M.  Fouquet  est  arrivé  au  même  résultat,  en  fouillant  un  monticule 
à  menhir  dans  la  lande  de  Lanvaux. 

Ainsi  donc,  il  est  démontré  que  les  alignements  sont  des  pienres  tom- 
bales, et  le  mode  de  sépulture  employé  est  l'incinération.  Le  cadavre  était 
brûlé  ailleurs,  et  les  cendres  déposées  ensuite  &»*  base  d'un  menhir  ; 
et  c'est  de  cette  manière  que  ces  alignements  ont  pris,  avec  le  temps, 
des  accroissements  successifs. 

L'incinération  des  cadavres  remonte  à  la  plus  haute  antiquité,  et 
probablement  même  au  berceau  des  peuples  aryens,  avant  leur  disper- 
sion dans  le  monde.  Il  en  est  de  même  de  l'usage  de  eenstaïke  des 
tumulus  et  de  l'épreuve  par  le  feu.  Les  Indiens  bouddhistes,  les  Grecs, 
les  Romains  et  las  Gaulois  construisaient  des  buttes  et  brûlaient  leurs 
morts.  Le  plus  ancien  monument  que  nous  ayons  sur  cette  coutume, 
c'est  Homère,  qui  vivait  au  ixe  siècle  avant  notre  ère.  Mais  les  aligna* 
ments  de  notre  Bretagne  doivent  être  moins  anciens,  et  je  suis  con- 
vaincu que  quelques-uns  d'entre  eux  et  des  tumulus  ne  remontent  pas 
au  delà  de  l'ère  gallo-romaine.  La  légende  de  Saint-Corneille  n'est 
donc  pas  si  fausse  comme  date  historique. 


mtm 


REVOE  ÉTRANGÈRE,  PAR  M.  J.-B.  VIOLLET. 

Um  AéraMtfce  à  Searmont..  —  M.  le  professeur  Stephard, 
du  collège  d'Àmherst,  Massachussets,  a  publié  quelques  détails  sur 
une  pierre  météorique  tombée  à  Searmont,  Maine  (États-Unis),  le 
31  mai  dernier.  Vers  huit  heures  du  matin,  on  entendit  une  explosion 
semblable  à  celle  d'une  forte  pièce  d'artillerie  et  suivie  d'un  bruitstrt- 
dent,  ressemblant  au  son  d'un  jet  de  vapeur.  L'aérolithe  tomba  dans 
un  espace  découvert,  et  une  dame  qui  se  trouvait  dans  une  maison 
voisine  vit  la  terre  projetée  dans  toutes  les  directions  autour  du  point 
frappé.  Le  trou  fut  aussitôt  examiné,  et,  en  le  creusant,  on  trouva  les 
fragments  encore  chauds  de  la  météorite,  dont  la  surface  montrait 


: 


186  LES  MONDES. 

évidemment  qu'elle  avait  été  fondue.  Le  plus  gros  fragment  pesait 
Okil.  90,  et,  réuni  à  tous  les  autres,  accusait  un  poids  de  S  kil.  44. 
Ces  fragments  exhalaient  une  odeur  de  cailloux  violemment  froissés 
les  uns  contre  les  autres.  Le  trou  fait  par  le  corps  tombé  avait  0",60 
de  profondeur,  quoique  le  sol  fût  un  gravier  gros  et  dur.  La  fracture 
de  la  pierre  avait  été  visiblement  causée  par  son  choc  contre  trois  gros 
cailloux,  dont  chacun  pesait  environ  4  kil.  80.  M.  le  professeur  Ste- 
phard  a  examiné  le  plus  gros  fragment  de  cet  aérolithe.  La  moitié  de 
sa  surface  était  complètement  couverte  de  la  croûte  formée  par  la  fu- 
sion et  sa  forme  semblait  indiquer  que  la  masse  entière  avait  été  d'une 
forme  ovale  et  sous-conoide,  aplatie  vers  sa  base,  Rapprochant  de  celle 
de  la  fameuse  pierre  de  Duralla  que  Ton  voit  maintenant  dans  le  Mu- 
séum britannique.  Parmi  les  principales  matières  qui  la  composaient, 
on  trouvait  du  fer  météorique,  du  peroxyde  de  fer,  de  la  chladnite,  de 
la  trollite,  mêlés  avec  une  masse  noirâtre  que  M.  le  professeur  Ste- 
phard  considère  comme  étant  très-probablement  un  aggrégat  de 
plombagine. 

Emploi  de  1*  otryelmlite  comme  antidote  du  chlorol 

par  M.  LtEBRBicH.  J'ai  eu  occasion,  dit  l'auteur,  après  avoir  employé 
l'hydrate  de  chloral,  devoir  se  produire  des  phénomène  spasmodiques, 
et,  comme  l'influence  de  la  strychnine  sur  les  hommes  et  sur  les  ani- 
maux se  manifeste  également  par  des  accidents  de  tétanos  et  de  tris- 
mus,  j'ai  essayé  de  combattre,  par  l'usage  de  l'hydrate  de  chloral,  les 
effets  vénéneux  de  la  strychnine  sur  des  animaux  auxquels  j'avais 
administré  des  doses  de  cet  alcaloïde.  En  effet,  on  réussit  de  cette  ma- 
nière à  en  détruire  l'effet,  même  lorsque  les  doses  absorbées  devraient 
être  mortelles.  Il  est  cependant  nécessaire  de  faire  prendre  l'hydrate 
de  chloral  aussitôt  après  l'ingestion  de  la  strychnine,  parce  que  l'ac- 
tion du  choral  n'a  pas  autant  de  rapidité.  L'emploi  de  la  strychnine, 
comme  antidote  du  chloral,  a  aussi  été  très-favorable.  Quoique  Ton 
ne  connaisse  heureusement  encore  aucun  emploi  de  cette  substance 
pour  produire  des  empoisonnements,  l'auteur  a  cependant  regardé 
comme  utile  de  signaler  cette  propriété  de  la  strychnine  dans  les  cas 
où  il  s'agit  d'abréger  ou  de  combattre  des  accidents  produits  par  le 
chloral. 

On  a  donné  à  deux  lapins  du  même  poids  des  doses  de  chloral  suf- 
fisantes pour  occasionner  la  mort.  Au  premier,  dont  le  cœur  ne  battait 
plus  que  faiblement,  on  a  fait  prendre  une  dose  maximum  de  strych- 
nine. Le  second  mourut,  mais  le  premier  revint  à  lui  dans  un  temps 
relativement  court,  sans  laisser  apercevoir  ensuite  aucune  trace  de 


LES  MONDES.  187 

l'influence  de  la  strychnine  ou  même  aucun  malaise.  Deux  jours  après, 
on  donna  de  nouveau  à  ce  même  lapin  une  dosé  exactement  sem- 
blable de  strychnine;  mais,  au  bout  de  10  minutes,  il  mourut  au  mi- 
lieu des  accidents  connus. 

L'auteur  exprime  le  désir  que  ses  expériences  soient  répétées  et 
étendues.  (Berichtederdeutschen  chemischen  GeseUchaft  zuBerlin,  etc., 
Dinghis  Polytechnisches  Journal.) 

Composé  «pontstnément  explosif.  —  On  a  fait  dernière- 
ment, à  l'École  des  hautes  études  de  Philadelphie,  des  expériences 
d'où  il  résulte  que  si  l'on  verse  sur  du  chlorate  de  potasse,  finement 
pulvérisé  et  étendu  sur  du  papier,  une  forte  solution  de  phosphore 
dans  du  bisulfure  de  carbone,  et  qu'on  laisse  le  *tout  exposé  à 
l'air,  le  sulfure,  en  s'évaporant,  abandonne  le  phosphore  dans  un  tel 
état  de  division  que,  par  suite  de  la  présence  du  chlorate  de  potasse, 
le  mélange  détone  brusquement  et  spontanément  avec  grand  bruit. 
L'explosion,  dans  ce  cas,  est  analogue  à  celle  qui  a  lieu  lorsque  Ton 
frappe  ou  que  Ton  frotte  un  mélange  de  phosphore  ou  de  chlorate  de 
potasse,  mais  le  mélange  des  deux  substances  est,  dans  le  cas  pré- 
sent, beaucoup  plus  parfait  que  Ton  ne  pourrait  l'obtenir  par  des  moyens 
mécaniques. 


Souscription  de*  trois  milliard*  pour  la  déli- 
vrance du  territoire  français*  —  Un  homme  actif  et  ingé- 
nieux, M.  Lacoin,  membre  de  la  Société  des  économistes  et  inventeur 
du  système  des  correspondances  privées  à  l'aide  des  pigeons  pendant 
le  siège  de  Paris,  nous  semble  avoir  trouvé  le  moyen  d'assurer  le  suc- 
cès de  la  souscription  pour  la  libération  du  territoire* 

L'idée  de  M.  Lacoin  dérive  de  sa  théorie  des  impôts,  laquelle  con- 
siste à  faire  répartir  le  budget  total  par  l'Assemblée  entre  les  départe- 
ments, par  les  départements  entre  les  communes,  par  les  communes 
entre  les  particuliers.  Il  veut  faire  de  la  souscription  un  impôt  volon- 
taire, proportionnel  à  la  fortune  de  chacun,  destiné  à  couvrir  notre 
dette  sans  obliger  le  gouvernement  à  nous  accabler  de  droits  et  de 
taxes,  dont  les  frais  de  perception  accroîtront  considérablement  la 
somme  effective  à  réaliser.  Une  économie,  en  ce  moment,  est  précieuse 
et  il  y  aurait  en  outre  un  grand  intérêt  à]  répandre  la  notion  de  la 
proportionnalité  des  charges  fiscales. 

M.  Lacoin  désire  qu'aux  souscriptions  pour  une  somme  fixe  soit 
jointe  une  souscription  conditionnelle  et  proportionnelle  au  total  effec- 
tif des  deux  souscriptions,  c'est-à-dire  que  la  somme  à  verser  sur  le 


488  LES  MONDES. 

montant  de»  souscriptions  proportionnelles  serait  à  jla  somme  souscrite, 
comme  le  total  des  souscriptions  fixes,  augmenté  du  total  de  la  somme 
à  payer  réellement  sur  les  souscriptions  proportionnelles,  serait  à 
trois  milliards  (1). 

De  cette  façon,  on  pourrait  souscrire  une  somme  élevée,  sans  au- 
cune crainte,  puisque,  si  la  souscription  échouait  et  obligeait  l'État  à 
recourir  à  la  voie  des  impôts  ordinaires,  la  somme  recueillie  par  sous- 
cription venant  en  déduction  de  celle  qu'il  faudra  demander  à 
l'impôt,  chacun  serait  sûr  de  ne  pas  payer  plus  que  sa  quote-part. 

En  résumé,  trois  hypothèses  :  4*  la  souscription  réussit  complète- 
ment, la  question  se  trouve  ainsi  réglée  à  notre  plus  grand  honneur  ; 
2*  la  souscription  produit  un  chiffre  important,  —  dans  ce  cas  les 
communes,  les  départements  et  l'État  lui-même  complètent  la  somme 
totale;  il  n'y  a  pas  de  réduction] des  souscriptions  proportionnelles  et 
pas  d'impôts  indirects  ;  3°  la  souscription  échoue  relativement,  — 
l'État  est  forcé  de  recourir  aux  impôts  indirects  ;  mais  la  souscription 
proportionnelle  est  réduite,  et  ceux  qui  avaient  souscrit  à  cette  combi- 
naison ne  donnent  proportionnellement  pas  plus  que  ceux  qui  ont 
envoyé  des  dons  à  la  souscription  fixe. 

Les  associations  et  personnes  civiles  de  toute  nature  souscriront  de 
leur  côté.  Les  communes  avanceront  les  fonds  pour  les  personnes  qui, 
par  gène  pécuniaire  ou  même  mauvais  vouloir,  ne  pourraient  en 
temps  utile  acquitter  leur  souscription,  et  se  rembourseront  à  l'aide 
des  cotes  mobilière  et  personnelle.  Les  départements  couvriront  les 
souscriptions  communales  de  leur  aval  de  garantie  et  les  transforme- 
ront ainsi  en  valeurs  immédiatement  exportables.  Telle  est  l'idée,  finan- 
cièrement et  économiquement  si  neuve  et  si  ingénieuse,  qui  nous  a 
semblé  devoir  intéresser  nos  lecteurs.  —  Charles  Boissat. 

(1)  Voici  la  formule  :  x  somme  proportionnelle  totale  à  verser  réellement; 

a  somme  proportionnelle  totale  lonsorite  $ 
6  montant  delà  souscription  fixe; 
e  somme  totale  h  payer  (=  8  000  000  000  de  francs.) 
s      à  *f*  x  àb 

a  """     c    *       "" *  c  —  a* 
La  proportion  en  centièmes  pour  chaque  souscription  à  verser  réellement  sera 

""=  7^*  •*  appelant  **  oe  taux  */•>  on  a  a*  se  —  et  en  remplaçant  x  par  sa 
a       îoo  a 

1006  1006 

valeur,  il  vient  **=     ■    ■  et  en  remplaçant  o  paria  valeur!  s9  se 


*  3000000  000— a. 


1 


VARIÉTÉS 

Cette  notice  prend  beaucoup  de  place,  maïs  elle  est  un  hommage 
rendu  à  une  noble  et  grande  création  ;  nous  avons  voulu  honorer  à  la 
fois  et  le  fondateur  Stevens  et  l'habile  exécuteur  de  ses  volontés , 
M.  Henry  Morton.  —  F.  Moigno. 

Notice  mur  l'Institut  technologique  Steven»,  à 
Hoboinem.  (Wew-JTeraey.)  -r-  (Extrait  par  M.  J.-B.  Viollet.)  — 
Aux  Etats-Unis  où  les  grandes  œuvres  scientifiques  trouvent  si  facile- 
ment le  plus  puissant  et  le  plus  libéral  appui,  il  vient  d'être  fondé,  en 
exécution  d'une  clause  du  testament  de  M.  Edwin  A.  Stevens,  Esq., 
un  établissement  très-important  d'enseignement,  dont  la  création  ne 
peut  manquer  d'exercer  une  influence  considérable  sur  l'avenir  et  le 
bien-être  de  cet  Etat.  L'application  des  sciences  à  la  pratique  des  arts 
sera,  en  effet,  désormais  un  des  principaux  éléments  de  la  puissance 
et  de  la  richesse  des  nations. 

La  description  que  nous  allons  donner  est  extraite  d'une  brochure 
récente,  publiée  par  M.  le  professeur  Henry  Morton,  président  de  la 
Faculté,  qui  dirige  la  belle  institution  de  M.  Stevens. 

Le  généreux  fondateur,  par  son  acte  de  dernière  volonté  du  15  avril 
1867,  a  chargé  ses  exécuteurs  testamentaires  de  consacrer  un  terrain 
de  129m,50  fftxr  60m,09,  et  une  somme  de  3  510  0Û0  fr.  à  la  fondation, 
à  Hoboken  (New-Jersey),  d'une  institution  destinée  à  étendre  l'in- 
struction parmi  les  jeunes  habitants  de  l'Etat  de  New-Jersey.  Cette 
instruction  ne  doit  être  ni  entièrement  gratuite  ni  totalement  à  la 
charge  dfes  élèves  auxquels  elle  sera  dispensée  ;  mais  la  proportion , 
pour  chaque  étudiant,  sera  déterminée  par  le  conseil  d'administration. 
Les  exécuteurs  testamentaires,  considérant  que  les  aspirations  de 
M.  Stevens  ont  toujours  été  dirigées  vers  le  développement  des  arts 
mécaniques,  se  sont  décidés  à  faire  de  l'établissement  scientifique 
projeté  une  grande  école  de  mécanique  appliquée,  et  ont  obtenu  de  la 
législature  de  l'État  de  New-Jersey  un  acte  qui  a  constitué  cette  insti- 
tution et  lui  a  conféré  le  pouvoir  de  délivrer  les  diplômes  des  degrés 
ordinaires  d'une  école  de  technologie. 

Plan  de  la  nouvelle  école.  —  En  mémoire  de  son  généreux  fon- 
dateur, on  a  donné  à  l'établissement  le  nom  d'Institut  technologique 
Stevens. 

On  se  propose  d'y  développer  le  plan  d'instruction  le  plus  propre  à 
rendre  des  jeunes  gens  intelligents  capables  d'occuper  les  positions  les 
plus  élevées  dans  le  génie  mécanique  et  dans  les  recherches  scienti- 
fiques, d'où  les  arts  pratiques  reçoivent  des  secours  inappréciables. 

On  a  dtac  résolu  : 

44 


490  LES  MONDES. 

4°  D'y  professer  un  cours  complet  de  mathématiques  assez  développé 
pour  servir  utilement  à  toutes  les  études  de  la  pratique,  mais  non  aux 
recherches  absolument  spéculatives  de  la  science  pure. 

2*  De  donner  un  cours  complet  de  physique  pratique,  au  moyen  de 
laboratoires  dans  lesquels  les  étudiants  pourront  faire  par  eux-mêmes 
des  recherches  expérimentales  sur  les  lois  de  la  naturç,  qui  se  rap- 
portent aux  sujets  de  leurs  études. 

3°  La  mécanique,  dans  ses  rapports  avec  la  théorie  et  la  pratiqua  de 
la  construction  des  machines,  formera  une  division  distincte,  confiée 
à  un  professeur  spécial. 

4°  Il  en  sera  de  même  du  dessin  des  machines  et  de  la  géométrie 
descriptive,  dont  l'étude  recevra  une  large  part  dans  la  distribution  du 
temps. 

5°  On  enseignera  complètement  aussi  la  chimie  et  la  métallurgie 
dans  des  laboratoires  complets,  possédant  tous  les  nouveaux  appareils 
de  recherches. 

L'extraction  et  le  travail  des  métaux  utiles  feront  partie  de  cette 
division,  et  seront  étudiés  pratiquement  dans  une  série  de  fourneaux 
métallurgiques,  construits  dans  cette  vue. 

6°  Les  langues  française  et  allemande  formeront  des  parties  essen- 
tielles de  l'instruction.  • 
V  On  y  comprendra  aussi  une  division  des  belles-lettres. 
Description  de  l'édifice.  —  La  planche  ï  représente  les  façades 
méridionale  et  occidentale  de  l'édifice,  et  la  planche  \l  en  fait  voir  le 
côté  du  nord-est.  La  longueur  entière  est  de  54m,86,  et  la  profondeur 
du  principal  corps  de  bâtiment  est  de  43m,44.  L'aile  occidentale  a 
48m,29  de  profondeur  et  9m,14  de  largeur.  La  grande  salle  des  séances 
a  24«,38  de  longueur  et  15m24  de  largeur. 

Le  principal  bâtiment  et  l'aile  occidentale  ont  un  rez-de-chaussée  et 
trois  étages,  tandis  que  la  grande  salle  n'a  qu'un  étage.  L'étendue  de  la 
surface  bâtie  occupe  37  ares  76  centiaresi 

Nous  ne  pouvons  mieux  faire  connaître  la  constitution  de  l'établis- 
sement et  de  son  enseignement  qu'en  décrivant  d'abord  la  distribution 
des  différents  étages. 

Rez-de-chaussée.  —  Le  rez-de-chaussée  contient  trois  pièces  em- 
ployées à  divers  usages  indiqués  dans  la  planche  III. 
.  Sous  le  principal  corps  de  bâtiment  sont  placées,  dans  une  vaste 
salle,  deux  chaudières  à  vapeur  B',  de  35  chevaux  chacune,  destinées 
à  chauffer  l'édifice  et  à  fournir  de  la  vapeur  pour  le  mouvement  des 
machines.  Dans  ce  local,  se  trouvent  aussi  les  divers  fourneaux  mé- 
tallurgiques. 


ILES  MONDES. 


LES  Ml  NDBS. 


il     4, 

iÎJlJlKï-LlJ 

"iâfflobuitvJiiiîLdx-ilia 


l>U  LLa 


T.-J. 


494  LÉS  MOÀDÊ& 

Deux  petites  pièces  servent  de  magasins  pour  le  combustible  ;  une 
autre  e*t  disposée  pour  le  travail  des  glaces  avec  l'émeri  ;  enfin  une 
quatrième  B  est  munie  de  batteries  galvaniques,  telles  que  celles  qui 
agissent  sur  les  cloches  des  portes,  sur  les  gongs,  indiquant  les  heures 
des  cours,  et  sur  un  télégraphe  local,  dont  les  fils  se  rendent  à  l'ap- 
partement du  président  en  passant  devant  l'édifice*.  Cette  pièce  ren- 
ferme aussi  une  très-puissante  batterie  dont  les  fils  conducteurs  sbnt 
disposés  à  demeure  dans  les  diverses  pièces  où  se  donnent  les  leçons. 

Dans  la  plus  grande  pièce,  on  trouve  d'abord  une  nftchine  à  va- 
peur E',  et  un  assortiment  de  machines-outils,  entre  autres  un  tour  à 
fileter  les  vis,  une  machine  à  planer  et  à  terminer  les  engrenages, 
ainsi  qu'un  dynamomètre  à  transmission. 

En  0  et  H  Bont  deux  gazomètres  remplis,  l'un  d'oxygène,  l'autre 
d'hydrogène,  contenant  chacun  2m%83  de  ces  gaz  sou*  la  pression  de 
0  kil.  052  au  centim.  carré.  Des  tuyaux  conduisent  ces  gaz  dans  la 
salle  des  séances.  En  6  se  trouve  un  petit  fourneau  pour  la  fabrica- 
tion de  l'oxygène,  et  en  W  sont  des  établis  pour  les  travaux  manuels. 

Voici  la  traduction  de  la  légende  anglaise  de  la  planche  III,  dont 
nous  devons  le  cliché,  ainsi  que  celui  des  autres  planches  de  cette 
description,  à  L'obligeance  de  M.  H.  Morton,  président  de  l'Institut 
Stevens. 

B',  chaudières  de  70  chevaux  de  puissance; 

B,  emplacement  de  la  batterie  voltaîque; 

C,  cabinets; 

C',  fourneau  pour  les  creusets; 

E,  E,  entrées; 

E',  machine  à  vapeur  de  25  chevaux  ; 

F,  forge; 

F',  établi  pour  les  limeurs  ; 

G',  fourneau  pour  la  préparation  du  gaz  oxygène  ; 

H,  gazomètre  pour  l'hydrogène; 

L,  élévateur; 

L',  tour  à  fileter  les  vis  ; 

M,  machine  à  moleter; 

M',  machine  magnéto-électrique  pour  l'éclairage  électrique; 

0,  gazomètre  pour  l'oxygène  ; 

P,  machine  à  planer; 

R,  fourneau  à  réverbère  ; 

S,  cuvette  avec  descente  d'eau 

V,  tuyaux  de  ventilation  ; 


LES  MONDES.  195 

W,  place  pour  les  lavages  ; 

W,  établis,  pour  les  travaux  de  charpenterie 

Assay  rooms,  laboratoires  des  essais  ; 

€aal,  magasins  de  charbon  ; 

Janitor's  roowi,  logement  du  concierge. 

Premier  étage* 

NM.  En  partant  du  côté  occidental  de  l'aile  de  l'édifice,  nous  trou- 
vons (planches  IV  et  V),  le  laboratoire  de  chimie,  muni  de  tables,  d'eau, 
.de  gaz,  de  bains  de  sable,  d'étuves  et  de  pompes  à  filtres,  comme  à 
l'ordinaire. 

N°  2.  Salle  des  pesées,  possédant  un  assortiment  de  belles  balances 
de  précision. 

N°  3.  Bibliothèque  et  salle  des  modèles,  divisées  en  dix  enfonce- 
ments contenant  des  cages  en  verre  pour  les^rands  modèles  et  pour  les 
instruments.  Au  milieu  se  trouvent  des  tables  pour  la  lecture. 

N°  4.  Bureau  du  président  de  l'Institut.    ' 

N°  5.  Salon  de  réception. 

N.  6.  Salle  des  séances  et  des  leçons,  contenant  une  estrade  (dé- 
signée par  le  mot  stage),  munie  d'eau,  de  gaz,  de  vapeur,  de  conduc- 
teurs des  batteries  galvaniques,  de  moyens  très- puissants  d'éclairage 
par  l'oxygène,  la  chaux,  l'électricité,  pouvant  servir  aux  démonstra- 
tions générales,  et  aux  diverses  exigences  des  expériences. 

N°  7.  Petite  pièce  d'attente,  communiquant  avec  la  salle  de  lecture. 

N*  8.  Magasin  pour  le  service  de  la  salle  des  séances  et  le  labora- 
toire de  physique. 

N.  9.  Laboratoire  de  physique,  divisé  en  dix  compartiments  affectés 
chacun  à  quelque  sujet  de  recherches  spéciales,  telles  que  :  1°  la  phy- 
sique moléculaire;  2°  les  lois  générales  de  la  statique  et  de  la  dyna- 
mique ;  3°  rhydrostaticjpe  et  l'hydrodynamique  ;  4°  la  pneumatique  ; 
5»  les  lois  générales  de  la  chaleur  ;  6°  les  relations  entre  la  chaleur  et 
la  vapeur  ;  7°  les  mesures  électriques;  8°  le  magnétisme  ;  9°  les  sources 
de  l'électricité  ;  40°  la  lumière.  Les  autres  parties  du  laboratoire  de 
physique  ont  été  placées  dans  des  pièces  différentes. 

Légende  complémentaire  de  la  planche  IV. 
C,  cabinet; 
L,  élévateur; 

0,  H,  becs  pour  l'oxygène  et  l'hydrogène  ; 
S,  cuvette  et  descente  d'eaux; 
Y,  tuyaux  de  ventilation  ; 
W,  bassins  pour  les  lavages. 


LES  MONDES. 


i$  LÉS  fiîotfDÊi 

Deuxième  étage. 

A  l'extrémité  occidentale  de  ce  deuxième  étage,  est  placé  l'amphi- 
théâtre^ dp  chimie,  n*  10,  pi.  V,  muni  d'une  table  pour  lés  démonstra- 
tions, d'une  cuve  pneutnkto-chimiquet,  d'une  auge  pour  les  lavages,  et 
d'un  compartiment  en  glace,  d'où  un  tuyau,  exerçant  un  tirage,  en- 
traîne en  bas  les  vapeurs  nuisibles.  Sur  cette  table  se,  trouve  aussi  un 
réservoir,  où  un  aspirateur  de  Bunsen,  au  moyen  de  la  tension  ré- 
sultant du  vide  formé,  appelle  de  l'oxygène,  de  l'hydrogène,  de  l'air  ou 
de  la  vapeur.  Il  y  a  aussi  une  pile  galvanique;  A  cjÔ4é  de>  cette  salle 
de  cours  se  trouve  une  petite  pièce  servant  de  magasin,  û*  |0*  accom- 
pagnée de  cabinets  pour  les  grands  appareils  nécessaires  dans  les  ex- 
périences de  chimie. 

Dans  le  principal  corps  de  bâtiment,  on  trouve  ensuite  le  tf.ll, 
consacré  aux  études  mathématiques  et  meublé  de  pupitres,  de  tableaux 
noirs,  etc< 

Le  n*  12,  consacré  à  la  mécanique  appliquée,  contient  des  tables  à 
dessiner,  des  boites  pour  les  modèles  et  des  tableaux  noirs. 
,  14  n*  13  est  le  cabinet  particulier  du  professeur  de  mécanique 
Appliquée.  ,  •  ; 

.  Le  n°  14  est  garni  d'armoires  qui  contiennent;^  instruments  d'opti- 
que, consistant  d'abord  en  une  collection  complète  de  beaux  appareils 
d'optique,'  construits  par  M.  Baqker,  de  Philadelphie,  collection  que 
M.  l'abbé  Moiggo  a  dit  être  la  plus  brillante  et  la  plus  nombreuse  qui 
existât  dans  le  monde  (voyez  le  Cosmos  de  1859,  p«  557)  ;  elle  a  encore 
été  augmentée  depuis  d'un  grand  nombre  de  nouveaux  instruments. 

N°  15.  Cabinet  particulier  d'éjUide  pour  le  professeur  de  physique. 

N°  16.  Salle  de  cours  po^r  la  division  de  la  physique.  On  y  voit  une 
table  â  expériences,  un  bassin,  une  cuve  pneumatique  et  les  appareils 
usités  pour  le  gaz  ordinaire,  l'oxygène,  l'hydrogène,  la  vapeur,  le 
vide,  la  pression,  l'air  comprimé.  II  s'y  trouve  aussi  une  batterie  galr 
vanique.  Dans  cette  pièce,  les  sièges  sont  disposés  en  amphithéâtre. 
Il  y  existe  aussi,  pour  les  expériences  d'optique  et  ppur  les  projec- 
tions, un  écran  qui  peut  être  disposé  derrière  la  table,  et  abaissé  en 
face  des  appareils  d'optique. 

Le  n°  17  est  une  pièce  adjacente,  garnie  de  vastes  eages  pour  les 
grands  appareils;  elle  communique,  au -moyen  d'un  élévateur  spé- 
cial, avec  le  laboratoire  de  physique,  situé  au-dessous,  au  n°  9  du 
premier  étage» 

Le  n9  18  est  encore  une  salle  de  cours,  disposée  comme  la  précé- 


LES  ifôtt&  19» 

dénie,  et  employée  par  le  président  de  l'Institut  pour  ses  leçons  dé 

mécanique  et  pour  ses  recherches  personnelles 

M-ar 4i^u»^^iec  annexé  à  la  salle  qui  précède;  ïï  con- 

tieft  un  tour  et  un  émbli  pour  la  lime. 

z-  k      ,■'■''. 
*,  Légenêe  complémentaire  (te  la  planche  V. 

Ç  anqpii^s  p<&&  $»<  appareils,  etc.; 
$,  étuve  Jjjour  les  évaporations  ; 

b,  éléWrtellWÇ 

d,  H,  bfecg  pour  rpxygène  et  lTrydrogène  ; 

F,  fr,  passages  et  {forte-manteau*  ; 

5,  cuvette^  descentes  d'eaux  ou  cuves  pneumatiques  ; 

%  faBç  ptiàir  lés  (Jéiponstfations  ; 

%  tuyaUxjie  ventUation; 

^,  Âgés  pour  les  Svage*. 

Troisième  étage. 

Nous  commençons  encore  pair  l'extrémité  de  l'aile  occidentale, 
plaôche  VI. 
fi*  20.  Laboratoire  à  l'usage  personnel  du  professeur  de  chimie. 

21.  Cabinet  d'étude  et  bibliothèque  de  ce  professeur. 

22.  Cabinet  de  minéralogie,  disposé  pour  l'examen  des  nouveaux 

spécimens. 

23.  Place  ppiir  le  lavage  des  appateils. 
Ï4-25-&.  S^llëô  pour  l'étude  du  dessin. 

|7.  Escalier  de  la  tour.  —  Salle  consacrée  aux  belles-lettres. 

28:  Pièce  des  mesures  électrique»,  munie  d'une  cojlectioû  com- 
plète des  appareils  les  plus  délicats,  construits  par 
MM.  Elliot  et  Bros,  de  Londres.  .  , 

29."  Etude  de  la  photographie,  avec  cabinet  noir,  appareils  à 
laver,  etc.  < 

3(K'  Photométrie  et  collection  complète  d'instruments,  parM.Sugq, 
de  Londres. 

31.  Etude  des  langues. 

32."  Atelier  de  MM.  Hawkinfc  et  Wale. 

La  pièce  de  la  tour  constitue  un  quatrième  étage  et  a  été  consacrée 
aux  expériences  sur  l'acoustique.  *    *  * 

Cours  d'instruction.  — ■  Le  cours  complet  doit  employer  quatre  an- 
nées, divisées  chacune  en  trois  sections  et  suivies  d'environ  trois  mois 
de  vacances. 


LES  MONDES  Ml 

Mathématique*.  —  Première  année.  Algèbre ,  commençant  aux 
équations  du  deuxième  degré,  et  comprenant  les  matières  traitées  dans 
les  ouvrages  élémentaires  ordinaires,  tels  que  l'édition  de  l'algèbre 
de  B  ou  ni  on,  publiée  par  M.  DavieSr-  —  Géométrie,  commençant  au 
quatrième  livre  de  la  Géométrie  de  Legendre,  publiée  ausBi  par 
M.  Davies,  et  comprenant  le  huitième  livre.  —  Trigonométrie  plane. 

Deuxième  année.  Trigonométrie  sphérique  ;  Géométrie  descriptive  ; 
Géométrie  analytique,  jusqu'à  la  discussion  de  la  ligne  droite  et  du 
plan. 

Troisième  année.  Fin  de  la  Géométrie  analytique;  calcul  différentiel. 

Quatrième  année.  Calcul  intégral.  Application  des  mathématiques  à 
la  mécanique  théorique.  On  y  traitera  notamment  les  applications 
idéales  des  forces,  au  point  de  vue  statique  et  au  point  de  vue  dynami- 
que, et  les  résultats  des  applications  des  forces,  sort  en  équilibre,  soit 
en  mouvement.  Des  ouvrages  tels  que  la  Mécanique  analytique  de 
Bartlett  peuvent  donner  l'idée  du  programme  suivi  pendant  celte 
année. 

Génie  mécanique.  —  A  la  fin  de  la  deuxième  année,  les  élèves  seront 
suffisamment  préparés  à  l'étude  du  Génie  mécanique,  qui  occupera 
deux  ans. 

Ce  cours  commencera  par  des  leçons  sur  la  nature  des  matériaux 
employés  pour  la  construction,  l'établissement  et  la  mise  en  activité 
des  machines,  sur  les  moyens  de  les  disposer  à  fonctionner,  mais  on 
réservera  pour  le  cours  de  Chimie  technique  les  détails  qui  concer- 
neront ce  dernier  cours.  On  fera  connaître  les  usages  spéciaux  de 
chaque  matière,  les  moyens  d'en  essayer  la  qualité  et  de  la  conserver, 
et  les  principes  de  l'application  des  outils.  Cette  dernière  partie  sera 
démontrée  dans  les  ateliers  de  l'Institution. 

On  professera  aussi  un  cours  sur  la  résistance  des  matériaux,  et  Ton 
en  fera  l'application  aux  problèmes  que  présentent  les  opérations 
journalières  de  la  pratique. 

On  discutera,  avec  une  attention  spéciale,  les  résultats  des  expé- 
riences faites  pour  le  gouvernement  des  Etats-Unis,  sur  le  fer  et  l'acier 
américains. 

Pour  les  démonstrations  de  cette  partie  du  cours,  on  mettra  sous  les 
yeux  des  élèves  des  échantillons  des  divers  matériaux  et  de  leurs  qua- 
lités ;  on  en  fera  connaître  la  préparation  et  les  formes  de  plus  grande 
résistance;  et  l'on  insistera  sur  tout  ce  qui  concerne  cette  importante 
partie  des  constructions  mécaniques,  en  recourant  à  des  échantillons, 
des  modèles  et  des  dessins.  :  >        < 


fttt  LES  MONDES, 

On  continuera  en  étudiant,  par  des  Uvre«é\ément^  *|  g^^pns, 
4a  théorie  des  machines,  ?  L'usas?  des  outils,  le  dfl*W  4ft  PtâÛNft  # 
des  mécanismes,  et  en  «gant  soin  d'appeler  l!|ttsptim  au*  fyi  cogi- 
tions introduites  dans  le»  .questions  par  les  d  inculte*  <^e  )*  fcflgfc  q>p 
modèles,  du  moulage,  de  l'ajustage  et  du  levage. 

Enfin,  une  série  de  leçwis  relatives  aux  premiers  moteurs  accom- 
pagnera L'étude  du  texte,  et  comprendra  celle  de  J&  JaflBM4v>*.des 
projets  et  des  devis  des  machinas  hydrauliques,  d'iipimt  Çt  4?  manu- 
factures. La  machine  à  vapeur  fait  aussi  l'objet  d'une  étude  particu- 
lière et  convenablement  étendue,  cpmprçnqLnt  ips  pe^ct^Mj^emenis 
les  meilleurs  et  les  plus  récents. 

Le  cours  se  terminera  par  uue  thèse  où  l^tudijml  fera  connaître,  sep 
pcogrès,  en  traçant  et  en  décrivant  la  construction  ci  la  iflise  çncçuvTf 
d'une  machine,  ou  en  faiçaqt  le  plan  et  le  devis  pVun  é^blissprçcn.t 
manufacturier. 

Les  minutes  de  ces  documents  seront  conserva  pv:  lty^iWWÇR1 
et  déposées  parmi  les  manuscrits  de  sa  bibliothèque. 

Cette  bibliothèque  facilitera  l'instruction  par  un  bon  choix  d'ouvra- 
ges techniques,  et  par  l'usage  d'un  grand.  nojDibx;^  cl^^s^  ^  de 

ipodfcles. 

Parmi  ces  derniers,  on  peut  signaler  une  collection  d'éléments,  t\ç 
machine?,  tels  que  de?  caipes,  (le»,  engrenages,  dçq  manivelle,  ei  des 
machines  simples,  comme  des  poropçs,  de$  treujls,  oty  pouiies,  de$ 
moulins  à  vent,  etc. 

On  a  L'intention  de  rendre  très-complète  la  collection  hisjpriquç  des 
modèles  relatifs  aux  machines  à  vapeur,  à  partir  dç  la, machine  4e 
péron  (250  aus  avant  l'ère  chrétienne)  jusqu'au*  dispppMion*  les  plus 
réceqtes,  et  d'y  comprendre  les  modèles  utiles  de  coupes. 

Un  atelier  muni  d'outils,  manuels  et  de  machines^outils  familiari- 
sera tes  élèves  avec  les  détails  du  travail  pratique. 

Dessin  des  machines.  —  Voici  les  divisions  générales  du  cours  : 

Première  année.  On  enseignera  l'usage,  des  instrumente  graphiques, 
du  lavis,  de  L'encre  de  Chine,  et  La  construction  soignée  des  d^ggarfupfô, 
relatifs  aux  problèmes  de  géométrie,  de  trigonométrtë  e.f  de  gftwétrie 
cjwrijptivp. 
qeuxiçme  année.  Projections  diverses,  ombrfia  et  perspective» 
Troisième  année.  Application  de  la  géométrie  descriptive  aux  tracés 
de*  ouvrages  de  maçonnerie,  de  duppentene,  aide  eenttractioa  dap 
machines.  Tracé  des  épures  d'exécution.  .  •.< 


LES  MONDES.  m 

«  1 1.» 

Quatrième  année,  pessip  de  machines,  de  plans  et  de  constructions 
telles  que  celles  des  moulins,  des  manufactures,  etc. 

Pour  faciliter  l'exécution  de  cette  partie  du  programme,  on  a  de- 
mandé une  collection  nombreuse  de  modèles  partiels  de  machines,  en- 
tre autres  la  collection  de  modèles  en  bois  de  M.  Schrë  1er,  àDarmstaçU, 
et  Ton  rassemble,  dès  â  présent,  beaucoup  de  plans  imprimés  ou  ma- 
nuscrits. 
i 

langues  étrangères.  —  Cette  division  comprendra  des  cours  com- 
plets de  français  et  d'allemand,  afin  que  les  élèves  puissent  profiter  des 
nombreux  documents  exprimés  en  ces  deux  langues. 

Physique.  —  Cette  division  sera  pourvue  de  toutes  les  ressources 
propres  à  instruire  les  élèves  des  propriétés  générales  de  la  matière  et 
des  lois  des  forces,  à  les  familiariser  avec  l'usage  des  divers  instru- 
ments,  et  avec  les  méthodes  dé  précision  dans  les  recherches,  ^ 

Pendant  la  première  et  la  deuxième  année,  les  étudiants  seront  ins- 
truits par  des  leçons  accompagnées  d'expériences,  par  des  interroga- 
tions et  par  des  livres  élémentaires,  sur  les  principes  fondamentaux  (le 
la  mécanique  moléculaire,  des  mouvements  vibratoires,  de  Vacousti- 
qrue,  de  la  chaleur,  de  la  lumière  et  de  l'électricité. 

Lorsqu'ils  seront  aipsji  suffisamment  préparés,  on  leu.r  fera  exécuter, 
sous  ^a  direction  de  leur  professeur,  dçs  expériences  variées  relatives  à 
la  direction  générale  de  leurs  études. 

Pendant  la  troisième  et  quatrième  année,  les  travaux  dans  le  labo- 
ratoire, ainsi  que  des  leçons  accidentelles  sur  les  déterminations  et  les 
méthodes  les  plus  exactes  et  les  plue  difficiles,  formeront  le  complé- 
ment du  'cours  de 'physique. 

Ces  travaux  du  laboratoire  de  physique  constitueront  une  des  parties 
les  plus  importantes  du  cours  complet  d'études  ;  d'abord,  en  impri- 
mant une  conaissance  précise  et  ineffaçable  des  lois  et  des  faitd  étudiés, 
puis  en  instruisant  les  mains  aussi  bien  que  l'esprit;  enfin,  en  familia- 
risant les  jeunes  gens  avec  les  méthodes  qui  peuvent  faire  déeoùVrir 
de  nouveaux  faits,  et  en  les  mettant  constamment  aux  prises  avec  éè 
nouveaux  problèmes. 

L'immense  collection  d'instruments  qui  a  été  acquise  par  l'établisse- 
ment çt  qui  s'augmente  continuellement  offre  aux  étudiants  des  res- 
sources qu'ils  ne  trouveraient  nulle  part  ailleurs. 

Pour  leur  faciliter  lçs  travaux  du  laboratoire,  le  professeur  indique 
à  gran/^p  traits  la  marche  à  suivre  dans  les  expériences  ejt  l'emploi  des 
instrumenta,  en  se  servant  de  figures  dont  les  renvois  correspondent  à 
d'autres  renvois  semblables  gravés  ou  collés  sur  les  instrumente!  Oa 


,*Y 


'* 


204  LES  MONBES. 

exposera  soigneusement  les  méthodes  propres  à  faire  déduire  des  ré- 
sultats des  expériences  des  valeurs  numériques  les  plus  exactes,  ou  à 
exprimer  graphiquement  les  résultats. 

Les  avantages  d'un  semblable  cours  d'instruction  ont  été  depuis 
longtemps  appréciés  par  les  plus  éminents  investigateurs,  et  nous  pou- 
vons nous  appuyer  sur  les  vues  exposées  avec  ce  style  clair  et  incisif 
qui  constitue  le  caractère  de  son  esprit,  par  M.  la  professeur  Tyndall, 
dans  ses  Fragments  of  Scieries,  (Londres,  1871).  Tout  en  acceptant, 
à  beaucoup  d'égards,  les  lumières  des  autres  hommes,  par  la  voie  de  la 
parole  ou  par  celle  des  livres,  celui  qui  étudie  la  nature  dans  une  di- 
rection quelconque  doit  toucher  réellement  les  objets  de  ses  recher- 
ches. Autrement,  il  pourra  bien  contribuer  à  la  diffusion  de  la  science, 
mais  il  ne  sera  'pas  créateur,  et  il  n'atteindra  pas  cette  vivacité  de 
pensée  et  cette  rectitude  de  jugement  que  donne  le  contact  direct  et 
habituel  des  vérités  de  la  nature. 

La  moitié  de  nos  auteurs  décrivent  des  expériences  qu'ils  n'ont  pas 
aites;  aussi  leurs  explications  manquent-elles  souvent  de  netteté  et 
d'exactitude.  Peu  importe  qu'ils  soient  habiles  ou  consciencieux,  parce 
que  leurs  paroles  écrites  ne  peuvent  tenir  lieu  d'observations  réelles. 

Il  est  à  propos  de  dire  que  les  facilités  présentées  par  les  labora- 
toires de  l'Institut  pourront  être  étendues  aux  étudiants  avancés  qui 
désireront  s'en  servir  pour  leurs  propres  recherches,  à  des  conditions 
qui  seront  fixées  dans  chaque  cas  spécial. 

Division  de  la  Chimie.  —  Première  année.  Leçons  sur  la  physique 
chimique  et  la  chimie  des  corps  non  métalliques. 

Deuxième  année.  Leçons  sur  la  chimie  des  métaux  et  des  substances 
organiques;  exercices  de  laboratoire,  usage  du  chalumeau  et  du  spec- 
troscope,  analyse  qualitative. 

Troisième  année.  Cristallographie,  minéralogie;  expériences  de 
laboratoire  sur  l'analyse  qualitative  et  détermination  des  minéraux. 

Quatrième  année.  Leçons  sur  la  métallurgie,  la  géologie,  l'extrac- 
tion du  minerais,  l'analyse  quantitative,  etc.;  exercices  de  laboratoire 
sur  la  métallurgie,  la  coupellation  et  l'essai  des  métaux. 

Division  des  Belles-Lettres.  —  Les  sujets  traités  dans  cette  division 
seront  compris  dans  les  chapitres  généraux  de  la  rhétorique;  langue 
anglaise,  littérature  anglaise  et  histoire. 

Pendant  la  première  année,  on  B'occupera  de  la  rhétorique. 

Durant  la  deuxième,  l'enseignement  portera  sur  la  langue  anglaise: 
on  en  fera  connaître  les  origines,  l'histoire,  le  vocabulaire  et  les  syno- 
nymes. 


LES  MONDES.  203 

La  troisième  sera  consacrée  à  la  littérature  anglaise. 
La  quatrième  le  sera  à  l'histoire  ;  d'abord  à  l'histoire  universelle  ; 
puis  à  celle  d'une  époque  déterminée,  et  enfin  à  la  philosophie  de 
l'histoire. 

Ces  sujets  seront  enseignés  au  moyen  d'ouvrages  élémentaires. 
Pendant  tout  le  cours,  on  exigera  des  résumés  qui  rassembleront  et 
éclairciront  les  différents  sujets  traités.  On  préparera  aussi  des  dis- 
cours publics,  originaux  ou  bien  choisis,  pour  servir  d'exercices  pra- 
tiques d'élocution  et  de  déclamation. 

Conditions  d'admission.  —  Les  candidats,  pour  être  admis  au  cours 
de  la  première  année,  devront  avoir  au  moins  seize  ans,  et  soutenir  un 
examen  satisfaisant  sur  l'arithmétique,  l'algèbre  jusqu'aux  équations 
du  deuxième  degré,  et  les  quatre  premiers  livres  de  la  géométrie  de 
Legendre,  publiés  par  Davies. 

Ils  devront  aussi  posséder  une  connaissance  suffisante  du  français  et 
de  l'allemand.  Ces  deux  langues  pourront  cependant  être  suppléés  par 
une  instruction  équivalente  en  latin  et  en  grec. 

Les  candidats  à  l'admission  dans  les  cours  des  années  suivantes  de-' 
vront  en  outre  soutenir  un  examen  satisfaisant  sur  toutes  les  études 
traitées  dans  les  années  antérieures  à  celle  où  ils  voudront  entrer. 

Les  étudiants  avancés  et  les  savants  qui  désireront  se  servir  des  ap- 
pareils et  des  autres  moyens  de  recherches  de  l'Institut  Stevens  pourront 
prendre  des  arrangements  avec  le  Président. 

Examens.  —  Les  examens,  pour  chaque  division,  devront  avoir 
lieu  en  public,  à  la  fin  de  chacune  des  périodes  d'études,  et  la  prise 
des  degrés  sera  précédée  d'un  autre  examen  spécial,  également  public. 
Il  en  sera  de  même  pour  le  passage  d'une  classe  inférieure  à  une  classe 
plus  élevée. 

L'Institut  confère  les  degrés  d'ingénieur-mécanicien  et  de  docteur  en 
philosophie,  mais  seulement  dans  le  cas  où  les  examens  ont  démontré 
l'instruction  complète  du  candidat. 

Cours  publics.  —  Outre  l'enseignement  donné  comme  il  vient 
d'être  dit,  l'Institut  fera  professer  dans  sa  grande  salle  une  série  de 
leçons  du  soir,  en  faveur  non-seulement  des  élèves,  mais  encore  du 
public  qui  y  sera  admis  sur  billets  payants.  Ces  leçons  constitueront 
plusieurs  cours  hebdomadaires,  et  occuperont  l'automne,  l'hiver  et  le 
printemps.  Elles  formeront  deux  classes,  la  première,  populaire, 
traitant  très-élémentairement  des  sujets  d'un  intérêt  général  pour  le 
public  ordinaire;  la  seconde,  professée  par  des  hommes  versés  dans 
les  questions  qui  peuvent  être  utiles  principalement  aux  ingénieurs  et 
aux  savants, 

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206 


LES  MONDES 


ACADÉMIE   DES  SCIENCES 


SÉÀ5CE  DU  LUNDI  8  JANVIER  1 872   (Fin.). 

—  Note  stsr  texùtenee  de  P  amidon  dans  les  testicules,  par  M.  0. 
Dareste.  —  a  Toutes  les  foib  que  j'ai  étudié  au  microscope,  et  en  me 
servant  de  la  lumière  polarisée,  les  cellules  qui  tapissent  la  paroi  in- 
terne des  canaux  séminifères,  en  dehors  de  l'époque  de  la  reproduc- 
tion, j'ai  toujours  constaté,  dans  l'intérieur  des  cellules,  la  présence 
d'une  quantité  considérable  de  granules  sphériques  ou  ovoïdes,  qui 
présentent  les  phénomènes  optiques  si  caractéristiques  de  l'amidon,  et 
qui  se  colorent  en  bleu,  quoique  très-lentement,  par  l'iode.  Ces  gra- 
nules amylacés  sont  extrêmement  petits.  Les  plus  gros  que  j'ai  ren- 
contrés dans  mes  études  mesuraient  seulement  0mm,005.  Ces  grains 
d'amidon  disparaissent  lorsque  les  spermatozoïdes  se  produisent  dans 
le*  testicules*  On  ne  les  retrouve  plus,  ou  du  moins  on  n'en  retrouve 
plus  qu'un  très-petit  nombre,  à  l'époque  de  la  reproduction.  Il  y  a  donc 
une  relation  manifeste  entre  la  disparition  de  la  matière  amylacée  et 
la  formation  des  spermatozoïdes.  J'ai  également  observé  la  présence 
de  l'amidon  animal  dans  les  testicules  d'animaux  appartenant  à  d'autres 
classes,  comme  il  existe  dans  les  grains  de  pollen,  et  dans  les  vésicules 
qui  accompagnent  les  anthérozoïdes  des  plantes  cryptogames,  et  dont 
on  doit  la  découverte  à  M.  Roze.  » 

—  Sur  Forme  épineux  des  Chinois  (Hemiptelea  Davidii  Planek.).f 
par  M.  J.-E.  Planchon.  —  «  Découvert  dans  la  Mongolie  orientale 
par  M.  l'abbé  Armand  David,  cet  arbre,  d'après  le  savant  missionnaire, 
est  appelé  par  les  Chinois  d'un  nom  qu'il  traduit  par  «Orme  épineux»; 
M.  Hance,  de  son  côté,  l'a  décrit,  d'après  les  échantillons  de  M.  Da- 
vid, sous  le  nom  de  Planera  Davidii,  auquel  M.  Planchan  croit  devoir 
substituer  le  nom  de  Hemiptelea  Davidii  (demi  orme).  » 

—  Observations  à  propos  de  deux  Notes  de  M.  Cayrol  sur  le  ter- 
rain inférieur  de  la  Clape  et  des  Corbière*,  par  M.  H.  Magnan.  — 
c  M.  Cayrol  a  cru  1°  que  les  couches  à  Orbitolines,  Phcatula  placunœa 
et  Ostrea  aquila  reposent  directement  sur  le  terrain  jurassique;  2°  que 
les  calcaires  à  Caprotines  n'apparaissent  qu'à  un  seul  niveau  (entre 
deux  zones  à  Orbitolines)  ;  3°  que  l'état  du  gault  (albien) ,  qui  est  très- 
développé  dans  les  Corbières,  ainsi  que  jo  l'ai  prouvé,  n'existe  pas  à 
la  Clape. 

En  réalité,  l'albieri,  contrairement  à  l'opinion  de  cet  observateur, 


LES  MONDES.  207 

est  représenté  dans  ce  massif  par  des  couches  de  grés  qui  contiennent 
\e  Belemnites  miîiimus'ei  des  fragments  d'une  lumachelle  caractéristique 
de  l'étage  en  question,  grés  dans  lesquels  ont  été  recueillis,  près  de 
Salles,  la  Trigonia  Filtoni  et  non  la  Trigonia  scabra,  ainsi  que  certaines 
Ammonites  voisines  des  A .  Milktianus  et  splendens*  » 

—  Sur  les  types  de  transition  parmi  les  météorites;  par  M.  Stan. 
Meunier.  —  Résumé.  —  «  Parmi  les  météorites,  comme  chez  les  roches 
terrestres,  il  est  très-difficile  de  définir  nettement  les  types  lithologi- 
ques, fondus,  pour  ainsi  dire,  les  uns  dans  les  autres  par  des  transi- 
tions insensibles.  La  conclusion  qu'on  en  tire,  d'une  communauté  de 
gisements  des  divers  types  ainsi  relevés  par  des  intermédiaires,  est 
d'ailleurs  fortement  itayée  par  les  expériences  qui  permettent  de  pas- 
ser artificiellement  d'un  type  à  un  autre,  en  reproduisant,  chemin 
faisant,  certaines  formes  de  passage  qui  viennent  d'être  citées.  C'est 
ainsi  qu'en  chauffant  soit  de  l'aumaLite,  soit  de  la  montréjite,  on  pro- 
duit, avant  la  tadjérite  ou  la  stawoopolite,  les  types  de  transition  dési- 
gnés sous  les  noms  de  butsurile  et  de  chantonniU*  » 

—  Recherches  chimiques  sur  un  alun  complexe,  obtenu  de  l'eau 
thermo-minérale  de  la  solfatare  de  Pouzzoles  par  M.  S.  de  Luca.  —  Il 
résulte  de  mes  précédentes  recherches,  communiquées  à  l'Académie  le 
24  février  1870,  que  dans  l'eau  thermo-minérale  de  la  solfatare  de 
Pouzzoles  il  existe  non-seulement  de  l'acide  sulfurique  libre,  mais 
aussi  plusieurs  bases,  lesquelles  étant  salifiées  par  l'acide  sulfurique 
peuvent  donner  origine  à  un  alun  complexe,  par  la  simple  concentra- 
tion de  ce  liquide  et  la  cristallisation  lente.  Dans  les  premiers  mois  de 
4870,  j'abandonnai  à  l'évaporation  spontanée,  dans  un  lieu  tranquille, 
l'eau  de  la  solfatare,  placée  dans  une  capsule  en  porcelaine,  après 
l'avoir  concentrée  au  dixième  de  son  volume  et  soigneusement  filtrée* 
La  capsule  fut  couverte  avec  du  papier  non  collé,  pour  éviter  l'intro- 
duction dans  l'eau  de  matières  étrangères,  ralentir  l'évaporation  et 
obtenir  ainsi  des  cristaux  nets  et  bien  définis  d'alun.  Dans  le  mois  de 
février  1871,  c'est-à-dire  après  un  an  environ,  on  a  trouvé  au  fond  du 
liquide  de  la  capsule  des  cristaux  très-nets,  dont  la  forme  est  celle  de 
l'alun  ordinaire,  d'après  M.  Seacchi,  professeur  de  minéralogie  à  l'U- 
niversité de  cette  ville. 

La  densité  de  ces  cristaux  d'alun,  prise  dans  l'alcool,  à  la  tempéra* 
ture  de  47  degrés  du  thermomètre  centigrade,  a  été  trouvée  de  4,774, 
celle  de  l'eau  étant  prise  pour  unité,  dans  les  mêmes  conditions  de 
température.  La  détermination  quantitative  de  ces  diverses  substances 
contenues  dans  les  cristaux  d'alun  sus-mentionnés  donnent  les  nom- 
bres suivants  ; 


&*"    '. 


208 


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LES  MONDES 

Acide  sulfurique  .    . 

Alumine 

Ammoniaque  (Az  H3  0) 
Peroxyde  de  fer    •    . 
Sesquioxyde  de  fer    . 
Chaux    .    .    .    •    . 
Magnésie    .    .    .    . 

Potasse 

Eau 

Soude,  manganèse  et  perte 


36,74 
6,70 

10,82 
0,97 

MO 
0,65 
0,30 
0,47 
40,98 
1,57 

400,00 


La  quantité  d'acide  sulfurique  est  suffisante  pour  saturer  les  bases 
à  l'état  de  protoxyde,  ainsi  que  les  sesquioxydes  d'aluminium  et  de  fer, 
constituant  ainsi  plusieurs  sulfates  qui  produisent,  par  leur  réunion, 
un  alun  complexe. 

—  Sur  Têlat  des  corps  dans  les  dissolutions  :  sels  de  peroxyde  de  fer, 
par  M.  Berthelot.  —  En  résumé,  l'acide  fort  prend  la  base  forte  de 
préférence,  précisément  comme  avec  les  sels  ammoniacaux,  les  sels  de 
zinc,  de  cuivre,  de  plomb,  etc.  La  force  relative  des  acides  est  ici  dé- 
finie par  leurs  déplacements  réciproques,  attestés  par  les  variations 
positives  ou  négatives  du  thermomètre. 


SÉANCE  DU  LUNDI   15  JANVIER  1872. 

,:«M,  le  Président  rappelle  à  l'Académie  la  perte  douloureuse  qu'elle 
vient  de  faire,  dans  la  personne  de  M.  Combes,  membre  de  la  Section 
de  mécanique,  décédé  à  Paris  le  il  janvier  1872.  Les  obsèques  ont  eu 
lieu  samedi  dernier,  13  janvier  :  M.  le  général  Morin  et  M.  Élie  de 
Beaumont  ont  pris  la  parole  au  nom  de  l'Académie  des  sciences  et  au 
nom  de  l'École  des  Mines.  » 

—  Sur  la  combustion  du  carbone  par  l'oxygène  ;  par  M.  Dumas, 
c  Dansdeux  mémoires  récemment  communiqués  à  l'Académie,  M.  Du- 
brunfaut,  à  qui  les  applications  de  la  chimie  doivent  trop  de  décou- 
vertes sérieuses  et  profitables  pour  qu'on  ne  puisse  laisser  ses  opinions 
inaperçues,  établit  les  quatre  propositions  suivantes  :  1°  l'acide  carbo- 
nique n'est  pas  décomposé  par  le  carbone  sans  le  concours  de  la 
vapeur  d'eau  ;  4°  le  carbone  n'est  pas  brûlé  par  l'oxygène  sans  l'inter- 
vention de  cette  même  vapeur  ;  3°  dans  i  mètre  cube  dé  gaz,  réputé 
pur  et  sec,  il  y  a  5  grammes  .d'eau,  c'est-à-dire  5  milligrammes  par 
litre  ;  4*  cette  eau  existe  dans  ces  gaz  supposés  secs,  sous  une  forme 


*;. 


LES  MONDES.  309 

que  la  science  est  impuissante  à  définir  ;  elle  n'a  pas  de  tension  appré- 
ciable. 

«Je  laisse  de  côté,  pour  le  moment,  la  première  de  ces  propositions. 
J'examinerai  plus  tard  ce  qu'il  faut  penser  de  cette  impossibilité,  attri- 
buée au  carbone,  de  décomposer  l'acide  carbonique  sec  à  une  haute 
température.  Je  veux  seulement  examiner  aujourd'hui  s'il  est  vrai  que 
le  charbon  ne  brûle  dans  l'oxygène,  supposé  sec,  qu'avec  le  concours 
de  l'eau.  » 

Après  avoir  énuméré  tous  les  détails  d'une  expérience  de  combus- 
tion du  graphite  par  l'oxygène  sec,  M.  Dumas  conclut  ainsi  : 

«En  tenant  compte  des  circonstances  de  température  et  de  pression, 
qui  avaient  varié  pendant  la  durée  de  l'expérience  de  9%6  à  6°,9  et  de 
0*,767  à0™,764,  on  peut  voir  qu'il  avait  été  produit,  en  nombres  ronds, 
13  litres  d'acide  carbonique,  représentant  un  volume  égal  d'oxygène, 
c'est-à-dire  13  litres. 

En  supposant,  ce  qui  ne  sera  admis  par  aucun  des  chimistes  ou  des 
physiciens  qui  ont  eu  l'occasion  d'effectuer  de  telles  manipulations, 
que  les  tubes  et  les  jointures  n'eussent  rien  fourni  au  témoin  B,  les 
0m,007  qu'il  avait  gagnés  en  poids  ne  pourraient  pas  représenter  du 
moins  l'eau  existant,  selon  M.  Dubrunfaut,  dans  ces  13  litres  de  gaz 
oxygène  convertis  en  acide  carbonique,  et  qu'il  estime  à  65  milli- 
grammes. 

Si  ce  n'est  pas  là  que  se  trouvent  ces  65  milligrammes  d'eau  cAan- 
geant  d'état,  ils  auraient  été  arrêtés  avec  l'acide  carbonique,  au  mo- 
ment de  la  condensation  de  ce  gaz  par  la  potasse.  Le  poids  de  celui-ci 
s'en  serait  trouvé  augmenté  de  65  milligrammes,  qu'il  faudrait  sous- 
traire en  conséquence  du  poids  apparent  de  l'acide  carbonique  obtenu. 

En  cherchant,  d'après  le  poids  du  graphite  brûlé  7",0635,  et  de 
l'oxygène  exigé  pour  sa  combustion  18*r,8095,  quel  est  le  poids  de 
l'équivalent  du  carbone,  on  trouve 

6«%008, 

c'est-à-dire  l'équivalent  qui  résulte  de  toutes  les  expériences  et  de 
toutes  les  vérifications  effectuées  depuis  trente  ans,  par  l'étude  des  rap- 
ports du  carbone  à  l'oxygène,  ou  par  ceux  du  carbone  avec  les  autres 
substances  élémentaires.  L'acide  carbonique  formé  était  donc  sec. 

Supposons,  en  effet,  que  les  65  milligrammes  d'eau  qui  auraient  été 
contenus  dans  les  13  litres  de  gaz  absorbés  aient  été  comptés  comme 
acide  carbonique,  et  qu'on  réduise  le  poids  de  celui-ci  d'une  quantité 
égale,  on  aura  obtenu  seulement  25*r,808  d'acide  carbonique,  consti- 
tués par  7«t,0635  de  graphite  et  18*r,7445  d'oxygène.  L'équivalent  du 


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'$:' 

••>. 


Ai 


210  LES  MONDES 

carbone  remontera  alors  à 

6,031 , 

chiffre  incompatible  avec  toutes  les  expériences  effectuées  en  vue  de 
déterminer  ce  nombre,  l'un  des  plus  nécessaires  à  connaître  exacte- 
ment parmi  les  données  fondamentales  de  la  chimie  de  précision.  » 

—  M.  Chevreuil,  après  la  lecture  du  mémoire  de  M.  Dumas,  de- 
mande la  parole  et  s'exprime  ainsi  : 

a  Quel  est  le  fondement  de  toute  science  du  domaine  de  la  philoso- 
phie naturelle?  c'est  la  démonstration  de  ses  propositions,  qui  seule 
donne  le  caractère  positif  propre  à  distinguer  la  science  de  l'hypothèse. 

Quelle  est  la  conséquence  de  la  méthode  ?  c'est  la  liberté  des  re- 
cherches. 

Mais  cette  liberté  n'est  point  absolue,  elle  impose  à  celui  qui  en 
profite  le  devoir  de  démontrer  ce  qu'il  croit  erroné,  et  ne  lui  permet 
pas  de  jeter  des  doutes,  sans  les  appuyer  d'aucune  preuve,  sur  ce  qu'on 
admet  généralement  comme  vrai. 

Le  doute  sur  un  sujet  du  ressort  de  la  science  expérimentale  ne  doit 
être  qu'un  état  passager  dans  l'esprit  du  savant  qui  l'a  conçu  ;  son  de- 
voir lui  impose  donc  la  tâche  de  rechercher  s'il  est  fondé  ou  non  ;  car 
le  doute  permanent  en  toutes  choses  est  la  négation  du  progrès. 

Avant  de  publier  quoi  que  ce  soit  sur  un  sujet  fondamental  dont 
l'exactitude  est  reconnue  du  monde  savant,  tout  homme  sérieux,  alliant 
le  respect  de  sa  personne  à  celui  du  public,  doit  avoir  la  certitude  de 
l'erreur  qu'il  croit  devoir  relever.  »— La  leçon  est  digne,  convenable, 
mais  sévère. 

—  Sur  la  mesure  des  températures  très-èlevies  et  sur  la  tempi- 
ture  du  Soleil;  par  M.  H.  Sainte-Claire  Deville.  «  En  résumé,  parler 
de  températures  excessives  et  de  leur  mesure,  c'est  admettre  que  les 
gaz  sont  indéfiniment  dilatables  ou  compressibles  par  la  chaleur,  ce  qui 
n'est  pas  démontré  ;  ou  bien,  ce  qui  l'est  encore  moins,  qu'il  n'y  a  pas 
de  limite  à  la  température  produite  par  les  combinaisons  chimiques. 
Dans  le  doute,  je  conserve  cette  opinion  fondée  sur  ma  longue  expé- 
rience des  températures  élevées,  que  les  températures  que  nous  pro- 
duisons et  mesurons  dans  nos  laboratoires  ne  sont  pas  beaucoup  dé- 
passées dans  la  nature. 

Parler  de  la  surface  du  Soleil  c'est  supposer  qu'il  ressemble  à  un 
boulet  rouge.  Parler  de  la  température  à  la  surface  de  l'atmosphère 
solaire,  c'est  supposer  qu'elle  se  termine  brusquement  par  une  couche 
incandescente.  Enfin,  calculer  la  température  d'un  point  quelconque  de 
la  masse  du  Soleil  avec  des  mesures  photoraétriques,  actinométriques 


LES  MONDES.  111 

et  autres,  c'est  négliger  absolument  l'influence  de  la  couche,  peut-être 
extrêmement  étendue,  de  la  matière  solaire  obscure  qui,  selon  toute 
apparence,  se  superpose  à  la  couche  incandescente,  et  dont  le  rayon- 
nement vers  la  terre  est  ainsi  négligé.  Dans  tous  ces  calculs,  il  ne  peut 
donc  être  question  que  de  quantités  de  chaleur  émanées  du  Soleil  tout 
entier  et  non  de  températures  prises  à  sa  surface. 

Voici  peut-être  un  moyen  d'aborder  la  question.  Les  raies  de  l'hydro- 
gène qu'émettent  certains  points  de  la  matière  incandescente  du  Soleil 
sont  déterminées  par  les  observations  astronomiques.  MM.  Franckland 
et  Lockyer  les  ont  retrouvées  dans  la  flamme  de  l'hydrogène  soumis 
à  une  certaine  pression.  On  pourrait,  par  la  méthode  que  j'ai  déjà  dé- 
crite, déterminer  la  température  de  combustion  de  l'hydrogène  à  cette 
même  pression,  et  par  suite  la  température  et  la  pression  des  gaz  dans 
les  points  de  l'atmosphère  solaire  où  les  raies  de  l'hydrogène  ont  été 
observées.  Je  crois,  d'après  mes  premières  appréciations,  que  cette 
température  ne  sera  pas  bien  éloignée  de  2500  ou  2800  degrés, 
nombres  qui  résultent  des  expériences  de  M.  Bunsen  et  de  celles  que 
M.  Debray  et  moi  nous  avons  publiées  depuis  longtemps.  » 

—  M.  Deville  décrit  en  note  un  procédé  d'expériences  employé  par 
lui  et  par  M.  Gernez,  dans  le  but  de  s'assurer  si  la  tension  de  la  vapeur 
d'eau  (complémentaire  de  la  tension  de  dissociation)  dans  la  flamme 
d'un  chalumeau  à  gaz  tonnant  peut  augmenter  avec  la  pression  exté- 
rieure, et  avec  elle  la  température  du  dard. 

Dans  une  chambre  cylindrique  en  fer,  de  40  mètres  cubes  de  capa- 
cité et  dont  les  parois  ont  été  essayées  à  1  i  atmosphères,  nous  avons 
établi  tout  un  laboratoire  d'expérimentation  spéciale.  Des  pompes 
mues  par  une  machine  à  vapeur  y  compriment  l'air,  après  que  nous  y 
avons  pénétré.  Là,  comme  nous  le  ferions  à  l'air  libre,  nous  détermi- 
nons, par  des  procédés  déjà  connus,  l'état  de  la  matière  au  moment 
où  elle  se  combine  dans  les  flammes  homogènes,  et  les  températures 
qui  s'y  produisent. 

Quand  on  prend  quelques  précautions  indiquées  par  la  pratique  des 
appareils  employés  dans  la  construction  des  piles  de  pont,  la  compres- 
sion que  l'on  subit  n'expose  à  aucun  danger  sérieux;  la  gène  de  la 
respiration  disparaît  elle-même  au  bout  de  quelque  temps  d'exercice, 
même  quand  on  pousse  la  pression  jusqu'à  2  7/10  atmosphères, 
comme  cela  m'est  arrivé  ;  mais  il  ne  faut  faire  les  expériences  que 
pendant  l'été,  à  cause  du  refroidissement  considérable  manifesté  pen- 
dant la  décompression,  qui  seule  impose  des  précautions  à  l'opérateur. 

Nos  expériences  portent  actuellement  sur  la  flamme  homogène 
d'oxyde  de  carbone  et  d'oxygène  ;  et  je  n'ai  besoin  de  citer,  pour  le 


tt*  LES  MONDES. 

sujet  que  j'étudie  aujourd'hui,  qu'un  seul  point  bien  acquis  :  c'est 
que,  à  1  7/40  atmosphère,  le  platine  fond  en  étincelant  avec  un  éclat 
et  une  facilité  extrêmes,  comme  il  ne  le  ferait  pas  dans  l'air,  et  fond 
dans  les  parties  élevées  du  dard,  où  il  rougirait  seulement  sous  la 
pression  ordinaire.  La  température  de  ces  flammes  augmente  donc 
avec  la  pression  qu'elles  supportent  ;  par  suite,  les  quantités  de  ma- 
tières qui  se  combinent  sont  plus  grandes  et  la  dissociation  est 
moindre.  M.  Deville  ajoute  : 

a  On  voit  d'après  cela  que  l'observation  très-judicieuse  faite  par 
M.  Vicaire,  au  siyet  du  nombre  2  800  degrés  déterminé  par  M.  Bun- 
sen, est  vérifiée  par  l'expérience.  M.  Vicaire  remarque  en  effet  que  la 
température  de  combustion  de  l'hydrogène  doit  être  plus  élevée  dans 
l'eudiomètre  de  M.  Bunsen  que  dans  le  four  en  chaux  où  M.  Debray 
et  moi  nous  avons  fondu  le  platine  destiné  à  nos  mesures  thermomé- 
triques sous  la  pression  ordinaire.  Celle  que  l'eudiomètre  de  M.  Bun- 
sen supporte  varie  de  1  à  10  atmosphères  :  par  conséquent,  la  tempé- 
rature 2  800  degrés  qu'il  obtient  doit  être  plus  élevée  que  celle  que 
nous  avons  fixée  à  2  500  degrés  environ.  On  sait  d'ailleurs,  par  les 
expériences  de  M.  Franckland,  que  l'éclat  de  la  flamme  de  l'hydro- 
gène augmente  considérablement  avec  la  pression,  de  sorte  que,  pour 
des  pressions  de  20  atmosphères,  cet  éclat  dépasse  la  lumière  d'une 
bougie.  Or  quand  on  fait  brûler  dans  un  eudiomètre  fermé  du  gaz  ton- 
nant, l'intérieur  de  l'eudiomètre  s'éclaire  vivement,  tandis  que  le  cha- 
lumeau à  gaz  oxygène  et  hydrogène  produit,  à  la  pression  ordinaire, 
une  flamme  presque  invisible.  Il  y  a  donc  dans  l'expérience  de 
M.  Bunsen  une  cause  de  perte  à  laquelle  il  est  difficile  d'attribuer  une 
valeur  exacte  :  c'est  le  rayonnement  calorifique.  Cette  perte  est  nulle 
dans  le  four  en  chaux,  presque  imperméable  à  la  chaleur,  où  nous 
fondons  et  surchauffons  du  platine  pour  en  déterminer  la  température 
par  des  mesures  calorimétriques.  Notre  four  est  en  outre  imperméable 
à  la  lumière  et  aux  rayons  chimiques,  et  je  ne  puis  pressentir  l'in- 
fluence que  ces  propriétés  exercent  sur  le  développement  de  la  tempé- 
rature. Je  crois  en  effet  que,  si  l'on  mesure  la  quantité  de  chaleur 
dégagée  par  une  matière  qui  brûle  avec  éclat,  on  ne  doit  pas  obtenir  le 
même  nombre  en  opérant  dans  un  calorimètre  opaque  et  athermane 
ou  dans  un  calorimètre  diathermane  et  transparent  pour  les  rayons 
lumineux  et  chimiques.  » 

—  Variations  séculaires  des  moyens  mouvements  du  périgée  et  du 
nœud  de  la  Lune  ;  par  M.  Delaunay.  «  J'ai  fait  connaître  à  l'Acadé- 
mie, en  avril  et  en  août  4839,  le  résultat  de  mes  calculs  sur  les  valeurs 
de  l'équation  séculaire  de  la  Lune  et  des  variations  séculaires  des 


■à. 


t 


LES  MONDES.  213 

moyens  mouvements  de  son  périgée  et  de  son  nœud.  Des  recherches 
supplémentaires,  que  j'ai  dû  entreprendre  depuis  sur  les  inégalités  de 
la  longitude  de  la  Lune,  m'ont  permis  de  pousser  l'approximation  plus 
loin  que  je  ne  l'avais  fait  d'abord  dans  le  calcul  de  l'équation  séculaire, 
et  aussi  dans  celui  de  la  variation  séculaire  du  mouvement  du 

périgée Je  trouve  définitivement  que  les  coefficients  de  /',  dans 

les  expressions  des  longitudes  moyennes  du  périgée  et  du  nœud  de 
la  Lune,  sont  respectivement  égaux  à 

—  39",986,         +  6»,778. 

— -  Réflexions  coneernant  l'hétérogénèse,  suggérées  par  les  expériences 
et  les  opinions  de  quelques  observateurs  contemporains,  par  M.  A.  Tré- 
cul.  —  Conclusions.  La  solution  de  l'important  problènte  débattu  de- 
vant l'Académie  est  bien  simplifiée,  comme  on  le  voit  par  ce  qui  pré- 
cède, puisqu'il  ne  s'agit  plus  que  de  décider  les  deux  points  essentiels 
qui  suivent  : 

1°  Que,  suivant  Mm»  Lûders,  partant  d'un  point  établi  par  Gay- 
Lussac  et  par  M.  Pasteur,  une  solution  organique  albuminolde  (du 
bouillon  de  bœuf,  par  exemple),  suffisamment  chauffée  à  460  degrés, 
est  envahie  par  des  bactéries,  quand  on  la  place  avec  une  matière  orga- 
nisée, non  chauffée,  dans  des  vases  pourvus  à  leur  embouchure  d'un 
tube  recourbé,  et  disposés  dans  un  bain  entretenu  à  30  ou  40  degrés, 
tandis  que  l'on  n'obtient  pas  de  bactéries  dans  les  vases  de  contrôle 
qui  ont  reçu  le  même  liquide  suffisamment  chauffé,  et  pas  de  matière 
organisée. 

Mm*  Lûders  admettant  l'existence  de  bactéries  ou  de  germes  bacté- 
riens tout  formés  dans  toutes  les  matières  organisées,  il  faut  con- 
stater : 

2°  Que,  suivant  moi,  il  est  facile  de  reconnaître  dans  maintes  cir- 
constances, à  l'aide  de  la  macération,  la  transformation  du  latex  ou 
des  granules  plasmatiques  en  Amylabacter  ou  Bactéries  amylacées 
dans  des  cellules  végétales  fermées  et  à  parois  souvent  fortement 
épaissies,  comme  celles  des  fibres  du  liber. 

—  M.  Balard  fait  la  remarque  suivante  :  a  Les  discussions  sur  la 
génération  spontanée,  qui  ont  été  renouvelées  dans  le  sein  de  l'Aca- 
démie par  deux  de  mes  savants  confrères,  M.  Fremy  d'abord,  et 
M.  Trécul  ensuite,  me  semblent  nous  reporter  en  arrière  de  plus  de 
huit  années,  et  sans  qu'il  soit  tenu  un  compte  suffisant,  à  mon  avis, 
des  faits  importants  qui  ont  été,  à  cette  époque,  mis  à  l'abri  de  toute 
contestation.  Il  faudrait  pourtant,  ce  me  semble,  se  mettre  d'abord 
d'accord  sur  ces  faits  avant  de  recommencer  des  débats,  toujours  utiles 


2U  LES  MONDES. 

d'ailleurs  quand  ils  apportent  pour  la  découverte  de  la  vérité  un  nou- 
veau contingent  de  faits  observés.  »  Puis  il  rappelle  les  principales  ex- 
périences de  M.  Pasteur  et  fait  ressortir  leur  portée. 

—  M.  Fremy  tient  à  préciser  nettement  les  points  principaux  qui  le 
réparent  de  M.  Pasteur. 

...  Il  repousse  complètement  les  théories  de  M.  Pasteur,  lorsque 
son  confrère  applique  aux  fermentations  ses  expériences  relatives  aux 
moisissures,  et  qu'il  veut  faire  dériver  les  fermentations  alcoolique, 
lactique,  butyrique,  etc.,  de  germes  de  ferments  qui  existeraient  dans 
l'air.  » 

«  Il  affirme  qu'il  n'existe  aucune  expérience  rigoureuse  démontrant 
d^ns  l'air  la  présence  de  ces  êtres  invisibles  et  insaisisables  que 
31.  Pasteur  appelle  les  germes  des  ferments;  et  qu'en  outre  rien  ne 
prouve  que  le6  fermentations  soient  en  rapport  avec  le  développement 
physiologique  de  leurs  ferments.  » 

a  II  soutient  que  les  ferments  sont  des  agents  que  l'organisme  crée 
selon  les  besoins,  tantôt  pour  modifier  des  corps  comme  l'amidon, 
tantôt  pour  détruire  des  sucs  ou  des  tissus  organiques,  et  rendre  leurs 
éléments  à  l'air;  seulement,  il  admet  que  les  ferments  organisés, 
comme  la  levure  de  bière,  sont  de  véritables  cellules  qui  se  produisent 
directement,  sous  l'influence  de  l'organisme  même,  comme  toutes  les 
cellules  organisées,  comme  le  pollen,  comme  les  grains  aleuriques,  etc., 
sans  dériver  de  germes  atmosphériques  :  et  cependant  leur  développe- 
ment exige,  comme  celui  de  la  levure,  le  concours  de  l'air. 

—  M.  É.  Blanchard  s'étonne  d'entendre  encore  aujourd'hui  contes- 
ter que  les  œufs  ou  les  germes  d'une  multitude  d'organismes  inférieurs 
soient  répandus  avec  les  poussières  dont  l'air  ne  cesse  d'être  chargé, 
surtout  pendant  la  saison  chaude.  Cette  dissémination,  qui  s'effectue 
d'une  manière  incessante,  est  facile  à  reconnaître  au  moyen  des  ob- 
servations et  des  expériences  les  plus  simples  ;  elle  a  été  reconnue  et 
vraiment  démontrée  il  y  a  deux  ans. 

—  Note  relative  aux  travaux  de  M.  Heis  sur  les  étoiles  filantes, 
par  M.  Faye.  —  M.  le  docteur  Heis  a  bien  voulu  confirmer  par  sa 
lettre  de  fin  décembre  dernier  ce  que  j'ai  dit  à  l'Académie  au  sujet 
des  divers  centres  de  radiation  qui  coexistent  avec  7  du  Lion,  vers  la  mi- 
novembre.  Le  savant  professeur  de  Munster  fait  remarquer  que  les 
centres  d'émanation  désignés  par  lui  sous  les  signes  A,  C,  D  et  R  se 
vérifient  chaque  année,  que  M.  Schmidt,  directeur  de  l'Observatoire 
d'Athènes,  en  a  pleinement  confirmé  l'existence  par  ses  observations. 
Il  est  curieux  de  retrouver,  dès  4837,  dans  nos  Comptes  rendus,  un 
indice  de  l'existence  du  centre  désigné  par  la  lettre  C(««»{50,  J=-f-62#), 


LES  MONDES, 


315 


dans  la  constellation  de  Gassiopée.  M.  Heis  y  a  noté,  en  effet  [Compte* 
rendus,  t.  Y.  p.  759),  une  observation  de  M.  Danse,  qui  a  compté, 
dans  la  nuit  du  15  novembre,  dix-sept  météores  divergeant  de  la  con- 
stellation de  Gassiopée  ou  des  environs,  dans  le  faible  intervalle  d'une 
minute  et  demie.  Ces  centres  d'émanation  de  la  mi-novembre  se 
manifestent  surtout  lorsqu'on  commence  à  observer  à  la  nuit  tom- 
bante. 

M.  le  docteur  Heis  annonce  en  même  temps  l'apparition  prochaine 
de  son  Uranométrie,  comprenant  les  étoiles  visibles  à  l'œil  nu,  dans  le 
ciel  boréal,  jusqu'à  la  6-7°  grandeur.  Ce  travail,  dont  l'apparition 
coïncidera  avec  V  Uranométrie  du  ciel  austral,  entreprise  par  M.  Gould 
dans  l'Amérique  du  sud,  parait  devoir  être  plus  complet  que  les  excel- 
lentes publications  antérieures  que  nous  possédons  déjà  sur  le  même 
sujet.  Le  même  auteur  doit  publier  très-prochainement  d'importantes 
recherches  sur  la  remarquable  simultanéité  des  aurores  boréales  et 
australes.    • 

—  M.  H.  Larrey  fait  hommage  à  l'Académie  d'un  exemplaire  du 
discours  qu'il  a  prononcé  aux  obsèques  de  M.  Longet,  le  7  décembre 
1871,  au  nom  de  l'Académie  de  médecine. 

—  Rapport  sur  différents  mémoires  de  M,  W*  de  FonvieUe,  con* 
cernant  des  projets  d'observations  à  effectuer  dans  des  ascensions  aéro- 
statiques. —  La  commission  ne  peut  donc  qu'engager  M.  W.  de  Fon- 
vielle  à  donner  suite  à  ses  projets,  en  lui  recommandant  de  s'attacher 
d'abord  à  l'étude  d'un  petit  nombre  de  questions  bien  définies,  telles 
que  la  pression  atmosphérique,  la  température  de  l'air,  l'élévation  de 
l'observateur,  et  à  l'emploi  de  méthodes  très-précises  qui  peuvent 
seules  donner  de  la  valeur  aux  résultats  obtenus. 

—  Équation  du  mouvement  vibratoire  d'une  lame  circulaire,  par 
M.  H.  Résal. 

—  M.  J.  Carvallo  soumet  au  jugement  de  l'Académie  trois  nouveaux 
mémoires  de  mécanique  rationnelle. 

1°  Démonstrations  nouvelles  du  principe  suivant:  La  répartition 
des  forces  élastiques  s'exerçant  entre  deux  surfaces  de  séparation, 
réelles  ou  idéales,  a  toujours  lieu  de  manière  que  la  somme  des.  mo- 
ments des  volumes  élémentaires  de  la  déformation  soit  un  minimum, 
ou  que  sa  variation  totale  soit  nulle. 

2°  Application  de  ce  principe  à  l'équilibre  d'une  table  qui  repose 
sur  quatre  pieds  et  en  général  sur  n  pieds. 

3°  Discussion  de  la  courbe  remarquable  parcourue  par  un  mobile 
sur  la  surface  intérieure  d'un  cône  de  révolution  dont  l'axe  est  verti- 
cal. Suivant  que  l'angle  polaire  d'uns  demi-révolution  est  avec  la 


316  LES  MONDES. 

demi-circonférence  dans  un  rapport  entier,  fractionnaire  ou  irration- 
nel, la  projection  de  la  courbe  sur  un  plan  horizontal  forme  un  seul 
rayon  à  double  courbure  symétrique,  ou  une  étoile  formée  de  rayons 
à  doubles  courbure  symétrique,  dont  le  nombre  dépend  du  dénomina- 
teur de  la  fraction,  ou  enfin  une  série  indéfinie  de  ces  rayons,  tour- 
nant sans  jamais  revenir  à  leur  position  primitive..  i 

—  M.  T.  Desmartis  adresse  une  nouvelle  note  sur  la  contagion  de 
la  fièvre  puerpérale,  et  sur  remploi  des  préparations  phéniquées  comme 
spécifique  contre  cette  maladie. 

—  M.  Nielsen  adresse,  de  Copenhague,  une  note  concernant  un 
procédé  industriel  de  conservation  du  sang  et  la  préparation  de  divers 
aliments,  tels  que  le  chocolat,  dans  lesquels  le  sang  peut  entrer  pour  les 
25  centièmes. 

-~-  Sur  une  propriété  des  focales  des  surfaces,  par  M.  Maurice 
Lévy.  —  Cette  propriété  est  celle-ci  :  Une  surface  quelconque  et  sa 
focale  se  coupent  à  angles  droits  en  tous  leurs  points  d'interne* 
tien. 

—  M.  Levy  énonce  cet  autre  théorème  :  Pour  que  des  surfaces 
quelconques  en  nombre  infini  puissent  faire  partie  d'un  système 
orthogonal,  il  eit  nécessaire  que  le  lieu  de  leurs  ombilics  les  coupe 
toutes  à  angles  droits. 

—  Sur  une  communication  récente  de  M.  le  général  Didion\  con- 
cernant une  expression  du  rapport  de  la  circonférence  au  diamètre, 
par  Catalan.  —  Cette  note  a  pour  but  de  prouver  que  les  formules  de 
M.  Didion  sont  loin  d'être  nouvelles. 

—  Sur  l'emploi  des  lames  élastigues  vibrantes  pour  la  réalisa- 
tion d'un  propulseur ,  à  propos  (Tune  communication  récente  de 
M*  de  Tastes,  par  M.  E.  Ciotti.  — a  M.  deTastes,  professeur  à  Tours, 
a  communiqué  à  l'Académie,  dans  la  séance  du  41  décembre  4871, 
une  note  relative  à  l'emploi  des  lames  élastiques  vibrantes  comme 
moyen  de  propulsion.  Mes  idées  sur  ce  sujet  sont  bien  anciennes,  et 
je  suis  en  mesure  de  démontrer  que,  depuis  longtemps  déjà,  je  suis 
parvenu  à  les  réaliser  pratiquement  par  des  expériences  nombreuses 
exécutées  à  Palerme,  à  Paris  et  à  Tours. 

Je  peux  d'ailleurs  produire  un  document  authentique  qui  ne  laisse 
subsister  aucun  doute  à  cet  égard,  un  brevet  pris  par  moi,  le  23  avril 
1769,  et  portant  le  n°  85386. 

«  Mon  système  de  propulsion  consiste  dans  l'emploi  d'une  ou  de  plu- 
sieurs lames  élastiques  ou  non  élastiques,  selon  les  cas,  auxquelles, 
au  moyen  d'un  moteur  quelconque  et  d'un  mécanisme  convenable, 


LES  MONDES.  217 

on  donne  un  mouvement  circulaire  alternatif  analogue  au  mouvement 
de  la  queue  d'un  poisson.  » 

— Électrisation  par  frottement  observée  dans  le  sulfure  de  carbone, 
et  décomposition  de  ce  corps  par  la  lumière.  Note  de  M.  Th.  Sidot. 

«  En  étudiant  l'action  que  certains  métaux  exercent  sur  le  sulfure 
de  carbone  pur  sous  l'influence  de  la  lumière  solaire,  j'ai  constaté  que 
ceux-ci  jouissaient  d'une  propriété  physique  très-remarquable,  celle 
de  s'électriser  par  le  frottement  avec  le  verre  dans  le  sulfure  de  carbone. 
Ainsi,  par  exemple,  le  fer,  l'argent,  l'aluminium  produisent  des  étin- 
celles électriques  quand  on  les  agite  assez  fortement  dans  un  matras 
avec  du  sulfure  de  carbone  pur.  De  ces  trois  métaux,  celui  qui 
s'électrise  le  mieux  c'est  l'argent;  puis  l'aluminium,  ensuite  le  fer. 
Quant  aux  autres  métaux,  tels  que  le  platine,  le  cuivre,  le  zinc,  etc., 
ils  ne  paraissent  point  s'électriser.  ou  du  moins  je  n'ai  pu  constater 
leur  électrisation  par  l'agitation. 

Pour  bien  faire  l'expérience,  on  prend  un  matras  d'essayeur  en 
verre  blanc  épais  et  bien  sec,  dans  lequel  on  met  15  à  20  grammes 
d'argent  grenaille,  et  30  à  40  grammes  de  sulfure  de  carbone  pur  :  on 
ferme  ensuite  le  matras  avec  un  bon  bouchon  ;  mieux  vaut  le  fermer  à 
la  lampe.  On  le  sèche  en  le  chauffant  légèrement,  puis  on  l'agite 
pendant  quelque  temps  dans  l'obscurité,  et  presque  aussitôt  on  voit 
jaillir  des  étincelles  au  sein  du  liquide.  Ces  étincelles  augmentent  en 
agitant  plus  longtemps  et  plus  fortement  le  matras,  au  point  de  le 
rendre  presque  entièrement  lumineux. 

Si  pendant  que  l'on  opère  cette  électrisation  du  verre  l'on  vient  à 
verser  de  l'eau  sur  le  matras,  immédiatement  on  voit  toute  lueur  dis- 
paraître, mais  pour  reparaître  si  l'on  continue  l'agitation  dans  l'air. 
L'électricité  dégagée  sur  le  verre  est  positive  ;  en  outre,  j'ai  observé 
que  les  étincelles  se  produisent  dans  la  masse  même  du  liquide.  J'ai 
vérifié  ce  fait  en  remplissant  un  matras  presque  complètement  de 
sulfure  de  carbone,  qu'il  m'a  suffi  de  fermer  avec  un  bouchon  ;  puis 
j'ai  agité  fortement  afin  de  pouvoir  vaincre  la  résistance  du  liquide 
qui  s'oppose  plus  que  l'air  au  mouvement  du  métal,  et  les  étincelles 
ont  été  également  très-abondantes. 

J'indiquerai  maintenant  les  résultats  que  j'ai  obtenus  relativement 
à  l'action  chimique  exercée  par  la  lumière  sur  le  sulfure  de  carbone* 

Il  est  déjà  montré  par  l'expérience  que  le  sulfure  de  carbone  par- 
faitement pur,  abandonné  dans  l'obscurité,  soit  seul,  soit  en  présence 
de  l'argent  ou  du  mercure  purs,  ne  s'altère  plus  ;  il  n'en  sera  plus  de 
même  si  ce  sulfure  est  exposé  aux  rayons  solaires  pendant  plusieurs 
mois. 


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218  LES  MONDES. 

En  effet,  je  puis  démontrer  dès  aujourd'hui,  par  une  expérience  de 
longue  durée,  que  le  sulfure  de  carbone  pur  et  isolé,  comme  en 
présence  d'un  métal  sulfurable,  l'argent  par  exemple,  se  décompose 
sous  l'influence  de  la  lumière  solaire,  en  donnant  naissance  à  un  gai 
particulier  et  à  une  matière  solide  rouge  et  floconneuse. 

Je  n'ai  pas  encore  pu  faire  l'analyse  de  ces  deux  produits,  l'expé* 
rience  n'étant  pas  achevée,  en  raison  de  la  saison  qui  ne  permet  pas 
d'avoir  une  intensité  lumineuse  suffisante  à  la  marche  des  expériences  ; 
mais  aussitôt  qu'elles  seront  terminées,  j'aurai  l'honneur  d'en  sou- 
mettre les  résultats  à  l'Académie,  ainsi  que  la  description  des  appareils 
dans  lesquels  s'opère  en  ce  moment  cette  décomposition.  » 

Sur  la  cause  de  la  fermentation  alcoolique  par  la  levure  de  bière, 
et  sur  la  formation  de  la  leucine  et  de  la  tyrosine  dans  celte  fer- 
mentation, par  M.  A.  Béchamp.—  a  A  mes  yeux,  la  levure  de  bière  et 
les  autres  ferments  organisés  sont  des  êtres  réduits  à  l'état  de  cellule, 
dans  lesquels  s'accomplissent  des  phénomènes  du  même  ordre  que 
ceux  qui  se  manifestent  dans  tin  animal  qui  digère  et  se  nourrit,  dans 
une  plante  qui  fleurit,  dans  un  fruit  qui  mûrit.  On  ne  peut  donc  pas 
dire  que  les  ferments  solubles  soient  des  produits  de  décomposition. 
Ce  sont  des  produits  chimiques,  doués  d'activité  chimique,  sans  doute, 
pv  mais  des  produits  de  l'activité  normale  de  ces  êtres  ou  de  ces  organes, 

ne  se  formant  qu'en  eux,  et  seulement  en  eux  pendant  qu'ils  sont 
vivants....  x> 

a  La  levure  produit  physiologiquement  la  leucine  et  la  tyrosine,  sans 
que  l'on  puisse  attribuer  leur  formation  à  aucun  phénomène  de  putré- 
faction ou  à  l'apparition  d'un  infusoire  quelconque  :  c'est  là  qu'est 
*  tout  l'intérêt  de  cette  observation.  Le  rendement  en  est  même  si  consi- 

dérable, que  c'est  là  un  bon  moyen  de  préparation  de  ces  beaux  com- 
posés. Ainsi,  avec  350  grammes  de  levure  en  pâte,  représentant  84 
grammes  de  matière  sèche,  j'ai  obtenu  plus  de  5  grammes  de  leucine 
très-pure,  et  plus  de  5  décigrammes  de  tyrosine  superbe.  Ces  produits 
ne  sont  capables,  ni  séparément,  ni  réunis,  de  faire  subir  la  fermenta- 
tion alcoolique  au  sucre  de  canne.  La  zymase  et  les  acides  seuls  sont 
capables  de  l'intervertir,  et  si  l'on  a  le  soin  de  se  mettre  à  l'abri  des 
mycrozymas  et  de  leur  évolution  par  une  filtration  soignée  et  par  une 
addition  de  créosote  ou  d'acide  phénique  à  dose  non  coagulante,  le 
sucre  n'éprouve  de  la  part  d'aucun  d'eux  une  transformation  diffé- 
rente. La  fermentation  alcoolique  n'est  donc  pas  fonction  des  pro- 
duits variés  que  la  levure  engendre,  mais,  comme  je  l'ai  dit  ailleurs, 
elle  est  fonction  de  son  organisation.  Tant  que  l'on  ne  tiendra  pas 
-^  "  compte  de  la  partie  organisée  de  la  levure  et  des  mycrozymas  qui  la. 


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LES  MONDES.  219 

constituent  et  qu'elle  contient,  on  ne  coitprendra  rien  à  la  formation 
de  tous  ces  produits.  L'organisation  de  la  levure  et  la  propriété  dé- 
pendant de  cette  organisation,  que  rien  n'empêche  de  considérer 
comme  étant  d'ordre  chimique,  quand  il  s'agit  des  phénomènes  de 
nutrition  ou  de  fermentation,  est  le  fait  capital,  ainsi  que  Cagniard- 
Latour  l'avait  vu,  que  Turpin  et  M.  Dumas  l'ont  su  si  bien  com- 
prendre :  a  Ce  vieux  sentier  i  n'est  pas  sans  but,  et  il  est  le  seul 
fécond....  » 

«J'ajoute,  en  finissant,  et  pour  prendre  date,  que,  dans  toute  fer- 
mentation alcoolique  par  la  levure  de  bière,  celle-ci  sécrète  de  l'acide 
phosphorique,  et  que  parmi  les  produits  fixes  de  cette  fermentation,  il 
m'est  arrivé,  quatre  fois  sur  cinq,  de  trouver  de  la  leucine  et  de  la 
tvrosine. 

Sur  la  transformation  du  phénol  en  alcaloïdes,  par  MM.  L.  Du- 
sart  et  Ch.  Bardy.  —  Dans  un  matras  de  verre  résistant,  nous  plaçons 
un  mélange  de  150  grammes  de  phénol,  50  grammes  de  chlorhydrate 
d'ammoniaque  et  25  d'acide  chlorhydrique  fumant  ;  après  la  ferme- 
ture à  la  lampe,  il  est  placé  dans  un  autoclave,  dont  le  fond  est  recou- 
vert d'une  couche  de  phénol  de  4  à  5  centimètres,  afin  que  sa  vapeur 
puisse  contrebalancer  en  partie  la  pression  intérieure  du  vase  de  verre. 
Le  tout  est  plongé  complètement  dans  un  bain  d'huile  dont  la  tempé- 
rature est  maintenue,  pendant  trente  heures,  de  310  à  320  degrés.  A 
l'ouverture  de  l'appareil,  on  constate  que  le  liquide  n'a  pas  changé 
sensiblement  de  couleur,  et  qu'il  ne  s'est  formé  aucun  gaz  ;  le  liquide 
est  jeté  sur  un  entonnoir  pour  séparer  le  sel  ammoniac,  puis  addi- 
tionné d'un  excès  de  potasse  caustique  en  solution  dans  l'eau  et  sou- 
mis à  la  distillation.  Le  produit  de  cette  opération,  agité  avec  de  l'a- 
cide chlorhydrique,  fournit  deux  couches  :  l'une,  huileuse,  est  formée 
de  chlorure  de  phényle  ;  l'autre,  aqueuse,  renferme  la  phénylamine. 
Le  résidu  de  la  cornue  est,  après  refroidissement,  jeté  sur  un  filtre  qui 
retient  une  substance  blanche,  cristalline,  c'est  de  la  diphénylamine 
presque  pure.  De  ces  trois  substances,  la  diphénylamine  est  la  plus 
abondante  ;  la  phénylamine  est,  au  contraire,  toujours  en  faible  quantité. 

Quant  au  mécanisme  de  cette  réaction,  la  composition  des  produits 
qu'elle  fournit  peut  nous  en  donner  la  clef  :  sous  l'influence  de  l'a- 
cide chlorhydrique  fumant,  le  phénol  produit  du  chlorure  de  phényle, 
et  c'est  ce  corps  qui,  en  réagissant  sur  le  chlorhydrate  d'ammoniaque, 
donne  la  phénylamine.  Aussitôt  après  sa  formation,  cet  alcaloïde  se 
décompose  sous  l'action  d'une  nouvelle  quantité  de  chlorure  de  phé- 
nyle en  donnant  la  diphénylamine.  Or,  nous  avons  montré  précédem- 
ment qu'à  250  degrés  cet  alcaloïde  prend  naissance  dans  les  même» 
conditions  ;  à  300  degrés  sa  production  doit  donc  être  instantanée, 


240  LES  MONDES.! 

Sur  la  fécondation  des  éfrevisses,  par  M.  S.  Chantran.  —  Quand 
vient  le  moment  de  la  ponte,  la  femelle  se  lève. sur  ses  pattes,-  et  alors 
ses  appendices  abdominaux  sécrètent  pendant  quelques  heures  un 
mucus  grisâtre  assez  visqueux,  puis  elle  se  couche  sur  le  dos,  recourbe, 
sa  queue  vers  l'ouverture  des  oviductes,  de  manière  à  former  une 
sorte  de  cuvette  ou  chambre,  déjà  signalée  par  Lereboullet,  dans  la- 
quelle, pendant  la  nuit  suivante,-les  œufs  sont  recueillis  au  :fur  et  à 
mesure  qu'ils  sont  expulsés  des  organes  génitaux.  D'une  femelle  à 
l'autre  cette  expulsion  dure  de  une  à  quelques  heures.  Ces  œufs,  qui 
sont  toujours  tournés  de  manière  à  présenter  leur  tache  blanchâtre  ou- 
cicatricule  en  haut,  comme  pour  recevoir  plus  facilement  l'influence  de 
la  fécondation,  se  trouvent  ainsi  plongés  dans  le  mucus  grisâtre  qui 
relie  en  quelque  sorte  les  fausses  pattes,  les  bords  et  l'extrémité  de  la. 
queue  au  thorax  et  qui  concourt  à  limiter  la  poche  pu  chambre. dont 
il  vient  d'être  question,  chambre  dans  laquelle  se  trouve  renfermée, 
avec  les  œufs  et  le  mucus,  une  certaine  quantité  d'eau.  Immédiate- 
ment après  la  ponte,  on  constate  dans  ce  mucus  et  dans  cette  eau  la . 
présence  de  spermatozoïdes  tout  à  fait  semblables  à  ceux  qui  sont  con- 
tenus dans  les  spermatophores  attachés  au  plastron  et  qui  en  pro- 
viennent. Ces  spermatozoïdes  sont  ainsi  en  contact  direct  avec  les  œufs 
et  au  sein  du  véhicule  qui  en  facilite  la  pénétration;  La  fécondation 
s'accomplit  donc  dans  cette  chambre,  c'est-à-dire  en  dehors  des  or- 
ganes génitaux  de  la  femelle. 

Les  spermatophores  attachés  au  thorax  sont  sous  forme  de  cellules 
aplaties  avec  cinq  à  sept  cils  rigides  immobiles  parlant  de  leur  con- 
tour et  avec  une  saillie  en  forme  de  baril  vers  leur  milieu.  Pendant  les 
deux  premiers  jours  qui  suivent  la  ponte,  ces  spermatozoïdes,  très- 
abondants  autour  des  œufs  et  dans  le  mucus,  deviennent  sphériques, 
pâles  et  restent  immobiles  ;  les  jours  suivants,  ils  se  flétrissent  et  de- 
viennent aussi  plus  petits,  plus  foncés  et  irréguliers.  Enfin,  quand 
après  la  fixation  des  œufs  l'excédant  de  mucus  a  complètement  disparu 
par  suite  de  la  pression  exercée  par  les  contractions  incessantes  de 
l'abdomen,  ce  qui  a  lieu  dans  une  période  variable  de  huit  à  dix  jours 
après  la  ponte,  ceux  des  spermatophores  qui  restent  encore  attachés  au 
plastron  sont  formés  de  petits  filaments  blancs,  coriaces,  isolés  ou 
dont  plusieurs  adhèrent  ensemble  ;  ils  ne  montrent  plus  qu'une  cavité  , 
centrale  dans  laquelle  le  microscope  ne  décèle  que  quelques  sperma- 
tozoïdes plus  ou  moins  flétris.  La  paroi  de  ces  spermatophores  con- 
serve son  épaisseur  et  reste  comme  auparavant  composée  d'un  mucus 
concret,  strié,  tenace. 


Mta 


P1RIS,  —  TTP.  WÀtftëRj  RUB  BOWAPARTJÎ,  44, 


!  N°  6,  4872. 


CHRONIQUE  SCIENTIFIQUE  DE  LA  SEMAINE 


Aar»retM»rtale  du  4  février,  par  M.  Vabbê  Lécot,  de  ftoyon. 
—  p  Ver»  6  heures,  le  ciel  était  en  feu  à  l'est-sud-est.  De  magniûques 
jets  de  couleur  rougeâtre  venaient  varier  par  instante  la  teinte  uniforme 
de  cette  partie  du  ciel.  A  ce  moment  précis,  toute  la  partie  nord  était 
d#myme complète  obicurité. 

A  six  heure»  et  demie,  même  teinte  rougeâtre  de  Restau  sud;  la 
partie  la  plus. éclatante  est  entre  le  Petit  Chien  et  Orion.  L'horizon  est 
obscur;  un  nuage  peu  épais,  mais  peu  éclairé,  occupe  tout  le  ciel  jijs- 
qtlft  une  hauteur  d'à  peu  près  20  degrés.  Castor  et  Pollux  restent  très- 
visiblea  ainsi  que  Sirius,  mais  Orion  est  voilé  par  un  nuage  blanc, 
extrêmement  variable,  qui  pourrait  n'être  qu'une  flamme  légère  se 
rattachant  ai}  phénomène  principal. 

A  7  h.  4/4,  Pawrore  boréale  occupé  tout  l'espace  compris' entre  Ju- 
piter et  Cassiopée,  la  partie  la  plus  lutnieuse  est  au  zépith,  un  peu 
au  nord  du  Cocher, 

Vers  1  h,  3/4,  le  ciel  est  rouge,  de  la  Grande  Ourse  (N.-N.-Ë.)  jusr 
qu'aux  Pléiades  (0).  La  Chèvre  est,  pendant  un  moment,  comme  le 
œntre  où  viennent  aboutir,  ensemble  ou  successivement,  de  tous  les 
points  de  [horizon^  de  long  rubans  blanchâtres,  semblables  à  des  traî- 
nées de  vapeur  éclairée  par  une  vive  lumière,  paraissant  et  disparaissant 
avec  une  surprenante  rapidité,  en  changeant  de  forme  4  Jpflt  û^t&Bt. 
Il  est  impossible  de  ne  pas  songer,  eh  considérant  cette  gloire  dont 
le  centre  est  presque  au  zénith,  un  peu  au  sud,  à  ces  flammes  légère^ 
que  produit  l'hydrogène  dans  l'éprouvette  au  moment  où  on  l'allume. 
A  8  heures,  c'est  l'aurore  dans  les  conditions  ordinaires.  De  belles 
gerbes  enflaipraées  partent  dii  pôle  magnétique  et  viennent  s'épanouir 
en  épis  lamineux  dans  la  partie  la  plus  élevée  du  ciel. 

A  8  h.  4/9,  deux  immenses  cônes  de  lumière  blanche,  revêtant 
complètement  l'aspect  de  la  lumière  zodiacale,  avec  une  plus  vive  in- 
tensité, partent,  l'un  de  l'horizon  oriental  et  l'autre  de  l'occident,  pour 
venir  se  joindre  par  leurs  sommets  à  un  point  du  ciel  situé  sur  le  mé- 
ridien magnétique  à  environ  43  degrés  au-dessus  du  zénith,  vers  le 
sud. 

A  9  hewres  4/4,  les  parties  est*  et  ouest  sont  encore  très-visiblement 

N»  6.  t .  XXVll,  8  février  1 872.  16 


222  LES  MONDES, 

éclairées  d'une  lumière  blanche  uniforme,  sur  laquelle  se  dessinent 
par  instants  des  rayons  plus  brillants  qui  disparaissent  après  quelques 
secondes;  il  est  facile  de  suivre,  en  plein  ouest,  de  ces  traînées  bril- 
lantes et  mobiles  qui  partent  de  l'horizon,  et  s'élèvent  jusqu'à  la  tète 
du  Taureau, 

A  9  h.  3j4,  même  rayonnement  au  nord-est  et  à  l'ouest,  vers  le 
même  point  du  ciel.  Le  phénomène  s'accentue  à  10  h.  4f4,  et  de  nou- 
velles gerbes  lumineuses  se  dirigent  de  l'est  et  de  l'ouest  vers  la  con- 
stellation du  PetiuChien  ;  Jupiter,  est  un  moment  le  centre  de  ce  vaste 
et  splendide  rayonnement,  qui  prend  vers  40  h.-li2  une  teinte rougeàtre 
violacée  du  plus  bel  effet. 

Je  suis  dans  une  maison  amie;  j'ai  le  regret  de  n'avoir  point  de 
boussole  à  ma. disposition.  Si  le  phénomène  persiste  encore  quelque 
temps,  je  serai  en  mesure  d'observer  l'effet  produit  sur  l'aiguille  rha- 
gnètique.  »  , 

Cette  magnifique  aurore  boréale  a  été  remarquée  partout.  M.  Prâz- 
mosky,  dont  on  connaît  l'habileté,  a  pu  observer  les  raies  du  spectre 
de  sa  lumière  avec  le  plus  grand  succès.  11  y  a  vu  quatre  raies  dis- 
tinctes dont  une  très-brillante,  et  dont  il  a  constaté  la  présence  sûr 
toute  l'étendue  et  sur  toutes  les  parties  du  phénomène.  M.  Coniu, 
professeur  de  physique  à  l'École  polytechnique,  n'a  vu  que  cette  raie, 
mais  il  a  pu  l'étudier  longtemps,  mesurer  sa  dispersion  et  sa  longueur 
d'onde,  constater  son  identité  avec  la  raie  déjà  signalée  par  M.  Ang- 
strftm,  comme  propre  des  aurores  boréales,  et  n'ayant  rien  de  com- 
mun avec  les  raies  des  autres  matières  terrestres  et  célestes  analysées 
jusqu'ici.  M.  Edouard  Gand  nous  a  adressé  d'Amiens  une  description 
aussi  complète  et  aussi  intéressante  que  celle  de  M.  l'abbé  Lecot.  ' 

-  Navigation  aërienne.  —  Après,  ou  même  avant  l'aurore  bo- 
réale, l'événement  de  la  séance  de  l'Académie  des  sciences  a  été  le 
récit  fait  par  M.  Dupuy  de  Lôme  du  voyage  d'essai  tenté  par  lui,  le 
vendredi  2  février,  avec  le  ballon  dirigeable,  dont  il  avait  commencé 
la  construction  pendant  le  siège  de  Paris.  Ce  ballon  a  rempli  parfaite- 
ment toutes  les  conditions  du  programme  formulé  par  l'éminedt  con- 
structeur, et  acceptées  par  la  commission  d'examen.  Sa  forme  est  un  el- 
lipsoïde allongé  jaugeant  environ  3  500  mètres  cubes;  H  est  en  taffetas 
blanc  revêtu  intérieurement  et  extérieurement  d'un  vernis  au  collodion 
et  à  la  glycérine  qui.  le  rend  aussi  imperméable  qu'on  puisse  l'espérer 
ou  le  désirer  au  gaz  hydrogène  pur.  Il  est  enveloppé  de  deux  filets  dont 
les  cordages  sont  calculés  et  distribués  de  manière  à  donner  à  la  nacelle 
une  stabilité  si  grande  que  les  oscillations  possiblesdu  ballon  la  lai*. 


V- 


J 


LES  MONDE*.  223 

sent  retativement  immobile:  pendant  toute  l'ascension  on  pouvait  aller 
et  venir  suria  nacelle  comme  sur  la  terre  ferme  ;  cette  stabilité  vrai- 
ment merveilleuse  ne  pourrait  pas  même  être  troublée  par  les  dégon- 
flements partiels  du  ballon.  Il  est  muni  de  deux  hélices  et  d'un  gou- 
vernail destinés  à  lui  imprimer  la  vitesse  et  la  direction  voulues. 
Gonflé  par  de  l'hydrogène  extrait  de  l'eau,  il  est  parti  monté  par  qua- 
torze personnes,  M.  Dupuy  de  Lôme  et  ses  aides,  M.  Zédé,  capitaine  de 
frégate,  et  huit  hommes  d'équipage  appliqués  aux  manœuvres.  Le  vent, 
au  moment  du  départ,  soufflait  assez  fort,  mais  en  imprimant  à  l'hélice 
une  rotation  d'environ  25  tours  par  minute,  on  pouvait  imprimer  au 
ballon  une  vitesse  propre  de  près  de  50  kilomètres  par  heure,  et  le 
faire  dévier  en  moyenne  dedO  à  42  degrés  de  la  direction  que  lui  aurait 
imprimée  le  vent,  ce  qui  suffit  et  au  delà  pour  lui  faire  suivre  une  route 
voulue.  A  l'aide  de  moyens  très-simples  et  très-efficaces,  on  pouvait 
déterminer  à  chaque  instant  la  vitesse  absolue  ou  relative  au  vent,  sa 
trace  ou  sa  projection  horizontale  sur  le  sol,  de  manière,  par  consé- 
quent, à  pouvoir  la  rapporter  sur  la  carte  de  Tétat-major,  le  lieu  où  l'on 
était,  etc.  Le  succès,  sous  ce  rapport,  a  été  si  grand  que,  lorsque  le  moment 
de  stopper  et  de  descendre  est  venu,  M.  Zédé,  qui  inscrivait  la  marche,  a 
pu  indiquer  Mondécour,  le  nom  du  village  au-dessus  duquel  on  se 
trouvait.  La  descente,  sans  choc,  sans  traînée  sur  le  sol,  s'est  faite 
dans  le»  meilleures  conditions  possibles  ;  elle  a  été  grandement  faci- 
litée par  la  manœuvre  du  ballonet,  ou  ballon  intérieur,  un  des  élé- 
ments essentiels  de  la  solution  de  M.  Dupuy  de  Lôme,  et  dans  lequel, 
à  l'aide  d'une  pompe,  on  injecte  de  l'air,  pour  compenser  les  dégonfle- 
ments causés  par  l'ouverture  des  soupapes.  En  somme,  l'essai  a  été 
pleinement  satisfaisant;  la  stabilité  de  la  nacelle,  condition  capitale, 
dépasse  toutes  les  espérances.  Les  études  ont  été  longues,  très-longues, 
très-dispendieuses  ;  M.  Dupuy  de  Lôme,  en  sus  des  quarante  mille 
francs  mis  à  sa  disposition,  est  en  avance  de  plus  de  vingt-cinq  mille 
francs.  Il  attendra,  avant  d'aller  plus  loin ,  la  décision  que  prendra 
M.  le  ministre  de  l'Instruction  publique  après  le  dépôt  du  rapport» 

Nous  félicitons  de  tout  notre  cœur  l'éminent  constructeur  naval  de 
l'énergie  avec  laquelle  il  a  poursuivi  son  but,  de  ne  s'être  pas 
échappé  par  la  tangente  comme  il  aurait  pu  le  faire,  d'avoir  voulu,  en 
vrai  et  brave  Breton,  se  venger  par  le  succès  des  attaques  de  tout 
genre  dont  il  avait  été  l'objet. 

Génération  apontonée  de*»  ferment».  — >  M.  Frémy  a 
repris  aujourd'hui  la  grande  discussion  commencée  par  lui  dans  la 
dernière  séance.    Il   prétend   prouver   que  l'origine  des  ferments 


224  LES  MONDES. 

n'a  rien  de  commun  avec  l'origine  des  moisissures  ;  que  les  fermetts 
naissent  ou  mieux  se  forment,  au  moment  voulu,  aux  dépens  dôs 
matières  qu'il  a  désignées  du  nom  de  hémiroganiques,  et  qu'il  con- 
fond, bien  à  tort  saqs  doute,  avec  les  protoplasmes  des  bofaûiôtôfc. 
Nous  n'avons  ni  mission  ni  autorité  pour  juger  les  expériences  dont  il 
a  communiqué  aujourd'hui  les  résultats,  contraires  Suivant  lui,  à  la 
théorie  de  M,  Pasteur,  qui  veut  que  les  ferments  soient  des  êtres 
vivants,  organisés,  étrangers  aux  matières  dont  ils  déterminent  la  fer- 
mentation. Qu'il  me  soit  permis  seulement,  pour  contribuer  à  abréger 
un  débat  que  l'on  croit  interminable,  de  mettre  M.  Frémy  sur  là  voie 
du  retour  ou  de  la  conversion.  Quoiqu'il  ne  voulût  pas  paHer  de 
moisissures-,  il  a  fait  appel,  en  finissant,  aux  moisissures  de  l'acide 
tar trique;  et,  sans  se  douter  de  la  portée  qu'avait  cet  aveu,  croyant 
conclure  simplement  à  la  possibilité,  que  personne  ne  nie,  de  la  trans- 
formation des  ferments  les  uns  dans  les  autres,  il  a  constaté  que  lèk 
moisissures  organisées  de  l'acide  tartrique  faisaient  naître  les  trois  fer- 
mentations   lactique   alcoolique,   butyrique.   Voilà   donc,   de  par 
M.  Frémy,  des  fermentations  et  des  ferments  ayant  la  même  origine, 
au  moins  médiate,  que  les  moisissures.  Et  comme  il  est  très-facile  de 
prouver  que  les  moisissures  de  l'acide  tartrique  ne  naissent  pas  spon- 
tanément au  contact  d'un  air  absolument  pur,  dépouillé  de  tout  germé 
étranger,  voilà  donc  que  les  ferments  et  les  fermentations  sont  ame- 
nés par  des  germes,  par  des  germes  vivants  1  —  F*  MoféNO. 

fabrication  de  la  «lace.  Observations  de  F.  Carré.  —  <c  Je  lis 
dans  les  Mondes  du  1er  février  que  les  appareils  construits  actuellement 
pour  la  production  de  la  glace  seraient  limités  à  un  chiffre  de  200  kil. 
à  l'heure,  et  qu'ils  ne  rendraient  que  5  kil.  de  glace  par  kll.  de  com- 
bustible; mais  qu'un  industriel  d'Auteuil  promet  de  construire  un  appa- 
reil qui  produira  1 000  kil.  déglace  à  l'heure,  en  remplaçant  les  moyens 
usités  par  la  circulation  de  l'air  mis  en  mouvement  par  un  ventilateur^ 
et  provoquant  l'évaporation  d'un  liquide  volatil,  avec  dépouillement 
dans  une  colonne  d'absorption,  etc.  A  cela,  je  dois  vous  adresser 
les  rectifications  suivantes  : 

Plusieurs  appareils  à  ammoniaque  produisent  iodustrifellement  1  MO 
et  \  500  kilog.  de  glace  par  heure,  ou  leur  équivalent  6a  froid. 
Leur  rendement  est  de  12  à  45  kil.  par  kil.  de  combustible. 
M.  F.  Carré,  mon  frère,  a  consigné  dans  un  brevet  eileôre  eu  vi- 
gueur un  moyen  de  produire  le  froid  en  provoquant  l'évaporation 
d'un  liquide  par  la  circulation  en  vase  clos  de  Fait  actionné  pat  un 
ventilateur  et  dépouillé  de  la  vapeur  dissoute  par  son  pàssa&e  ï 
travers  une  colonne  absorbante. 


LES  MONDES.  235 

Nous  avons  reçu  une  rectification  semblable  de  MM,  Mignon  et 
Rotiart.  Il  s'agit  d'une  coBûmonication  académique  dans  laquelle  ni 
M.  Carré  m  MM.  Mignon  et  Rouart  n'étaient  nommés.  Nous  sommes 
donc  en  droit  «le  nous  borner  à  cette  rectification. 

Science  nautique. — L'Athenœum  annonce  que  M.  E.-J.  Reed, 
C.  B.,  ancien  construct  ur  en  chef  de  la  marine,  va  fonder  un  nou- 
veau Journal  scientifique  trimestriel,  dont  le  premier  numéh)  paraî- 
tra au  mois  de  ma  s  prochain,  et  qu'il  sera  consacré  an  perfec- 
tionnement de  l'architecture  navale,  au  génie  maritime,  à  la  naviga- 
tion à  vapeur  et  généralement  aux  connaissances  nautiques.  11  aura 
pour  litre  Naval  science,  et  il  sera  rédigé  par  le  Rév.  docteur  Wolley, 
directeur  de  l'enseignement  à  l'amirauté,  conjointement  avec  M.  Reed. 
(Nature,  lw  février  1872.) 

Collection  d'tftotolre  »Mtt*ellç.  —  Dans  une  lettre  datée 
de  Barbadoes,  G  janvier  4872,  adressée  à  l'un  de  nos  collaborateurs, 
M.  Rawson  écrit  :  —  «M.  Agassiz,  le  comte  Pourtalès  et  plusieurs 
savants  viennent  de  partir  d'ici.  Le  vaisseau  d'observation  des  États- 
Uni$  sur  lequel  ils  vont  dans  le  Pacifique  a  dû  s'arrêter  pour  faire 
quelques  légèros  réparations.  Ils  ont  été. ici  deux  jours;  je  suis  monté 
à  bord  et  j'ai  parsé  un  -jour  avec  eux.  M.  Agassiz  a  déclaré  que  ma 
collection  de  coquillages  était  tout  à  fait  unique  par  ses  séries  de  spéci-* 
mens,  depuis  l'âge  le  plus  jeune  jusqu'à  l'âge  adulte.  Il  a  été  en  extase 
devant  Yflosapus,  qu'il  a  passé  des  heures  à  examiner,  et  j'ai  dû  lui 
permettre  de  l'emporter  pour  qu'il  pût  le  décrire  dans  tous  ses  détails. 
Il  avait  vu  et  étudié  l'if,  rangii,  de  d'Orbigny,  et  il  pense  que  le  mien  et 
de  la  même  espèce,  mais  qu'il  est  d'une  forme  normale,  tandis  que  celui 
décrit  par  d'Orbigny  était  tout  à  la  fois  incomplet  et  anormal  ;  j'en  ai 
le  dessin  fait  par  le  docteur  Gray,  et  certainement  sa  ressemblance 
avec  le  mien  est  très-grande.  Je  crois  pouvoir  le  regarder  comme  la 
perle  de  ma  collection,  mais  en  vous  en  parlant  je  ne  dois  pas  oublier 
de  vous  raconter  aussi  notre  draguage  de  la  journée.  Il  a  été  heureux 
au  delà  de  ce  que  nous  pouvions  espérer  ;  quatre  spécimens  vivants 
d'un  beau  ci'éuoïie  nouveau,  tel  qu'un  Apiocrinus  ,  que  M.  Agassiz 
a  pu  examiner  vivant  pendant  plusieurs  heures  ;  une  Pleurotomaria 
Quoyana,  dont  l'artiste  a  pu  extraire  l'animal  ;  une  nouvelle  espèce 
merveilleusement  belle  de  Latiaxis,  des  brachiopodes  de  toute  espèce, 
des  éponges  vitrées  en  masse,  quelques  nouveaux  échinides.  Vous 
pouvez  vous  imaginer  en  quel  état  était  Agas&iz  1   Le  temps  me  man- 
querait pour  vous  écrire  toutes  les  choses  intéressantes  qu'il  a  dites 
sur  les  différentes  formes  à  mesure  qu'il  les  reconnaissait.  Il  faut  que 


L 


226  LES  MONDES. 

je  tous  dise  que  tout  cela  m'a  déterminé  à  faire  un  effort  pour  draguer 
nos  côtes,  en  commençant  par  les  bas-fonds  et  en  continuant  jusqu'à 
la  profondeur  à  laquelle  ils  ont  dragué,  c'est-à-dire  à  cinquante  ou 
soixante  brasses  environ.  Nous  rencontrerons  sans  aucun  doute  des 
trésors  sur  les  doubles  desquels  vous  aurez  les  premiers  droits»  (Ibid.) 

Culture  Intenftlve  de  la  vigne  et  des  arbres  fruitiers. 

—  Nous  sommes  heureux  d'annoncer  que  M.  Duchesne-Thoureau 
commencera  très-prochainement,  dans  les  Mondes,  avec  preuves  et 
figures  à  l'appui,  l'exposé  de  la  méthode  inédite  de  Hooibrenk. 


ACCUSÉS  DE  RÉCEPTION. 


Ii'auuée  Mleutffloue,  quinzième  année,  1870-1871,  par  Louis 
Figuier;  un  vol.  in-8  de  472  pages.  Paris,  Hachette',  1872.  — 
V Année  scientifique  n'ayant  pas  paru  en  1871,  M.  Figuier  a  réuni, 
pour  la  première  fois,  les  nouvelles  scientifiques  de  deux  années  en  un 
seul  volume.  Ce  livre  est  rédigé  avec  la  même  clarté  et  la  même 
excellente  méthode  que  les  précédents. 

Tout  le  monde  a  déploré  la  destruction  des  arènes  de  la  rue  Monge, 
M.  Figuier  fait  comme  tout  le  monde;  or,  il  l'apprendra  sans  doute 
avec  plaisir,  les  arènes  existent  toujours.  La  compagnie  des  omnibus 
les  a  recouvertes  sans  en  déranger  une  seule  pierre  ;  l'architecte  de 
la  compagnie  les  a  intentionnellement  englobées  dans  les  caves,  et  il 
n'y  aurait  qu'à  enlever  les  constructions  superposées  pour  le6  remettre 
au  jour  ;  on  peut  donc  espérer  qu'elles  seront  dégagées  en  des  temps 
plus  heureux. 

Que  M.  Figuier  me  permette  une  autre  petite  rectification.  Il  dit 
qu'il  est  arrivé  pendant  le  siège  57  pigeons  à  Paris  ;  il  emprunte  le 
chiffre  à  M.  Tissandier,  qui  Ta  emprunté  à  M.  Nadié.  M.  Nadié  s'est 
trompé  ;  il  est  arrivé  73  pigeons. 

En  somme,  l'ouvrage  est  intéressant,  bien  fait,  et  sera  consulté  aussi 
fréquemment  que  ses  aînés.  —  Charles  Boissay. 

fetndes  d'arekeologle  celtique.  Notes  de  voyages  dans  les 
pays  celtiques  et  Scandinaves,  par  M*  Henri  Martin,  1  vol.  in-&°  de 


LES  MONDES.  227 

434  pages.  Paris,  Didier,  1872.  t-  Le  savant  historien  et  représen- 
tant du  gpuple  a  réuni  en  volume,  sous  ce  titre,  une  série  d'articles 
publiés  dans  le  Siècle  et  la  Bévue  archéologique  depuis  1861  •  Ce  volume 
devait  paraître  en  4870,  les  événements  ont  retardé  de  dix-huit  mois 
sa  publication. 

Sans  parler  de  son  ardent  amour  de  la  patrie,  de  sa  vaste  érudition, 
de  ses  vues  larges  et  libérales  sans  violence  ni  exagération,  de  l'iné- 
branlable fermeté  de  ses  convictions  spiritualistes,  de  la  dignité  avec 
laquelle  il  sait  rendre  justice  à  la  grandeur  passée  de  la  royauté,  de  la 
noblesse  et  du  clergé,  alors  que  tant  d'autres  républicains  se  laissent 
aller,  par  esprit  de  parti,  à  devenir  les  contempteurs  de  nos  vieilles 
gloires  nationales;  sans  parler  de  tout  cela,  le  célèbre  membre  de  l'In- 
stitut possède  une  qualité  rare  qui  nous  a  toujours  séduit,  c'est  l'hon- 
nêteté, la  simplicité,  la  parfaite  bonne  grâce  et  la  parfaite  bonne  foi 
avec  laquelle  il  sait  dire  ce  qui,  parait-il,  est  si  difficile  à  dire  :  «  Jx 
m'étais  trompé,  les  raisons  de  mon  contradicteur  valent  mieux  que 
les  miennes,  je  me  range  à  son  opinion.  » 

C'est  ce  qu'il  fait  maintes  fois  dans  le  livre  que  nous  venons  de  lire, 
et  c'est  pourquoi,  devant  tant  d'impartialité,  on  accepte  d'autant  mieux 
les  opinions  qu'il  maintient  avec  énergie. 

Il  démontre  avec  l'évidence  du  sens  commun  combien  sont  absurdes 
les  théories  qui  veulent  établir  des  périodes  de  milliers  d'années,— ou  de 
siècles,  suivant  le  goût  des  archéologues*-—  l'une  pour  l'âge  de  la  pierre 
éclatée  ou  des  alluvions  quaternaires,  une  autre  pour  l'âge  de  la  pierre 
taillée  ou  des  cavernes  ou  du  renne,  une  troisième  pour  l'âge  de  la  pierre 
polie  ou  des  monuments  mégalithiques,  une  nouvelle  pour  la  période 
lacustre,  la  suivante  pour  l'âge  du  cuivre,  l'avant-dernière  pour  l'âge  du 
bronze  et  la  dernière  pour  l'âge  du  fer. 

En  réalité,  tout  s'enchevêtre.  A  une  époque  où  les  échanges  et  les 
communications  entre  les  peuples  étaient  si  difficiles,  à  de  faibles  dis- 
tances, souvent  même  dans  le  même  lieu,  on  employait  simultané- 
ment le  fer,  le  bronze  et  la  pierre. 

En  résumé,  M.  Henri  Martin  parait  admettre  aujourd'hui  que  la 
Gaule  a  été  peuplée  d'abord,  à  l'époque  du  renne  et  du  mammouth, par 
les  races  finnoises,  habitantes  ordinaires  des  régions  froides,  comme  le 
mammouth  et  le  renne,  et  émigrées  aujourd'hui  dans  les  régions  bo- 
réales avec  ce  dernier  animal,  puis  par  les  Ibères  et  les  Ligures,  qui 
devinrent,  après  la  première  invasion  celtique,  les  habitants  des  cités  la- 
custres; puis  enfin  par  les  deux  grands  rameaux  celtiques  :  les  Gaêls 
ou  Celtes,  les  plus  anciens  ;  les  Cymris  ou  Cimbres  les  derniers  venus. 
—  Les  Finnois  sont  le  plus  ancien  peuple  dont  l'ethnographie  puisse 


248  Lks  UoNbbfe. 

retrouver  la  trace.  Avant  la  race- boréale  des  Finnois  qui  coexista 
avec  les  animaux  du  Nord  :  renne,  matiimouth,  rhinocéros  à  narines 
cloisonnées,  grand  élan,  bœif  urus,  ours  des  cavernes,  vivant  tous 
pendant  la  dernière  période  glaciaire,  une  race  plus  ancienne  absolu- 
ment disparue  et  peut-être  antérieure  au  déluge  coexista  sur  notre 
sol,  pendant  la  période  chaude  qui  précéda  là  dernière  période  gla- 
ciaire, avec  lès  aninlaux  du  Midi,  l'hippopotame  et  l'éléphant. 

Quant  aux  monuments  de  pierre  brute,  M.  Martin  attribue  leur  con- 
struction aux  divers  rameaux  de  la  race  celtique,  non-seulement  en 
Gaule,  mais  aussi  en  Scandinavie,  ei  même  en  Afrique.  —  Il  nous 
semble  que  M.  Henri  Martin  étend  peut-être  un  peu  loin  le  domaine 
des  Celtes,  quelque  extension  que  T6n  veuille  donner  à  ce  mot  géné- 
rique, mais  cependant  on  ne  peut  se  prononcer  catégoricjuement  à  cet 
égard. 

Il  établit,  par  exemple,  de  la  façon  la  plus  claire,  l'unité  de  la  race 
qui  a  élevé  les  dolmens  et  de  la  race  bretonne  actuelle,  par  la  succes- 
sion des  mêmes  systèmes  d'ornementation,  depuis  les  dessins  gros- 
siers tracés  sur  les  dolmens  et  les  poteries  qu'ils  renferment  jusqu'aux 
dessins  brodés  sur  les  costumes  des  Bretons-  d'aujourd'hui,  eh  passant 
par  les  figures  gravées  sur  les  médailles  gauloises,  les  tombes  gallo- 
romaines  et  les  églises  romanes. 

Quoiqu'il  en  soit,  nous  n'avons  parlé  que  de  la  partie  archéologique 
de  l'ouvrage,  et  nous  ne  voulons  pas  terminer  celte  bibliographie  sans 
dire  avec  quel  intérêt  nous  avons  lu  les  récits  de  voyages  dans  le  pays  de 
Galles,  en  Irlande,  en  Bretagne,  en  Suède  et  en  Danemark,  qui  forment 
comme  le  cadre  attrayant  de  ces  savantes  études.  —  Charles  koissay. 

De»  indication»  et  de»  contré-indication»  de»  eaux, 
de  Vichy,  par  lé  Dr  F.-àtjg.  Durand  (de  Lune),  in-12  de  V, 
926  pages,  prix       fr.  Editeur  Savy.  —  Le  but  de  cet  ouvrage  est 
indiqué  fcar  l'auteur  lui-même  dans  le  passage  que  nous  allons  repro- 
duire. «  Toutes  les  eaux  minérales  fortes,  telles  que  celles  de  Vichy, 
de  Barèges,  du  Montî)ore,  de  Wiesbaden,  deÇarlsbad,  deBourbonne- 
les-Bains,  de  Balaruc,  dé  Vais,  d'Aix  (eh  Savoie),  etc.,  ne  sont  d'hé- 
roïques ktoédicatnents  que  parce  qu'elles  sont  chargées  de  principes 
minérâllsateurs  énergiques,  de  ces  principes  qui  sont  susceptibles  de 
faire  beaucoup  de  bien  quand  ils  sont  sagement  dirigés,  et  beaucoup 
de  mal  s'ils  portent  â  faux.  Or,  à  notre  époque,  il  est  d'autant  plus 
nécessaire  de  régulariser  scientifiquement  leur  emploi  que,  depuis 
quelque*  années,  dès  tolérances  officielles  ont  porté  unfc  grave  atteinte 
à  ces  tïonditioTis  d'ordre  et  de  bonne  direction.  Que  dire,  en  effet, 


LES  MONDES.  229 

d'un  décret  du  ?8  janvier  1 860,  dont  un  des  artiôles  est  ainsi  oonçu  : 
«  L'usage  des  eaux  n'est  subordonné  à  aucune  prescription,  à  aucune 
ordonnance  de  médecin?  »  Ce  texte,  en  contra liction  formelle  avec 
l'esprit  de  la  loi  qui  prescrit  aux  pharmaciens  de  ne  débiter  aucune 
drogue  sans  une  prescription  médicale,  semble  émaner  d'une  in- 
fluence industrielle,  et  est  évidemment  de  nature  à  induire  le  public 
en  erreur.  Ne  lui  donne-t-il  pas  à  croire  ei  eifet  que  les  eaux  miné* 
raies  sont  des  composés  assez  inoffensifs  pour  ne  pas  devoir  être  assi- 
milés aux  drogues  pharmaceutiques?  Or,  cela  n'est  pas  exact.  L'usage 
de  toutes  les  eaux  fortes,  très-utile  dans  certain  cas,  est  très-nuisible 
dans  certains  autres,  et  ne  s'accompagne  que  trbfr  souvent,  par  suite 
de  l'ignorance  des  malades,  d'accidents  déplorables.  »  Ces  observa- 
lions,  d'une  justesse  incontestable,  suffisent  pour  se  faire  une  idée  de 
l'importance  de  l'ouvrage  qup  nous  venons  de  parcourir  avtc  d'riftant 
plus  de  plaisir  que,  si  le  but  en  est  excellent,  l'exécutioa  n'est  pas 
moins  digne  d'éloges. 

Annuaire  de  l'Observatoire  royal  de  B*mellee>  par 

M.  A.  Quételet,  directeur  de  cet  établissement.  39*  année,  4872. 
Un  vol.  in-32,  de  vi,  379  pages.  Bruxelles,  chez  F.  H  ayez.  —  Il 
serait  plus  que  superflu  de  vouloir  faire  ressortir  le  mérite  d'une  pu-, 
blication  qui  depuis  près  de  quarante  ans  s'est  fait  une  place  si  hono- 
rable, et  qui,  toujours  rédigée  par  le  même  savant,  d'est  pas  restée 
une  seule  fois  au-dessous  de  ce  qu'elle  fut  dès  son  début»  Nous  remar- 
quons dans  le  volume  de  cette  année  une  notice  sur  Frédéric*  William 
Herschel,  notice  d'autant  plus  intéressante  que  l'illustre  astronome 
anglais  était  lié  par  la  plus  étroite  amitié  avec  M.  Quételet,  qui  repro- 
duit des  lettres  de  lui  très- dignes  d'attention.  Signalons  encore  dans  le 
volume  qui  nous  occupe  une  étude  de  physique  sociale  sur  Y  Anthro- 
pométrie r  avec  des  articles  de  M.  Chastes  et  de  M.  Barrai,  relatifs  aux 
travaux  de  M.  Quételet  sur  cette  question.  Signalons  enfin  un  inté- 
ressant article  de  M.  Quételet  sur  l'électricité  atmosphérique. 

è. 
Mise  en  valeur  deo  solo  pauvres,  par  M.    ÀZMOttsû 

Fillon,  ex-sous-inspecteur  des  domaines  et,  fçrètfF  4e  Jbeeurornae. 
1  vol.  in-18  de  300  pages,  prix  ;  3  fr.  Editeur  J,.  ftôthfchkffiL  — 
L'auteur,  s'appùyant  sur  sa  longue  expérience,  établi!  que  le*  arbres 
résineux  sont  la  providence  des  terrains  complètement  paume,  c'est-à- 
dire  le  seul  moyen  d'en  tirer  quelque  parti ,  et  A  expfcpie  d'utae 
manière  très-claire,  bien  que  très-précise*  le»  différentes,  espèces  de 
résineux  entre  lesquelles  on  peut  choisir,  selon  la  nature  et  la  position 


230  LES  MONDES. 

des  terrains,  et  les  procédés  de  culture  qu'il  faut  employer  dans 
chaque  cas.  Ce  petit  volume  est  un  guide  sur,  destiné  à  rendre  les 
pltif  grands  services  aux  propriétaires  de  certains  terrains  dont  la 
culture,  si  elle  n'était  bien  entendue,  serait  ruineuse,  parce  que  ce 
qu'on  y  dépenserait  serait  presque  infailliblement  perdu  ;  ce  qui  fait 
dire  aux  paysans,  à  propos  de  ces  terrains,  que,  plus  on  en  possède, 
et  plus  on  est  pauvre. 


HISTOIRE  NATURELLE 


Qu'est-ce  que  l'aile  d'au  Insecte?  par  M.  Félix  Pla- 
teau. —  Qu'est-ce  que  l'aile  d'un  infecte?  faut-il  chercher  dans  ces* 
membranes  tendues  sur  de  délicates  nervures  l'homologue  des  organes 
qui  sehrent  à  soutenir  dans  les  airs  le  cheiroptère  et  l'oiseau;  en  d'autres 
termes,  y  a-frii  entre  les  ailes  des  insectes  et  les  membres  antérieurs  des 
vertébrés  doués  de  la  iaculté  de  voler  une  autre  ressemblance  que  celle 
tirée  de  l'aspect  général  et  de  l'usage? 

L'identité  qu'on  serait  tenté  d'admettre  entre  les  ailes  des  insectes  et 
celles  des  oiseaux  est  inacceptable;  la  ceinture  scapulaire  des  vertébrés 
porte  le  membre  antérieur  qui  sert  tantôt  au  vol  ou  à  la  natation,  tantôt 
à  la  marche,  et  jamais  elle  ne  constitue  à  la  fois  le  point  d'appui  d'une 
paire  de  pattes  et  d'une  paire  d'ailes  comme  dans  le  tronc  alifère  des  in- 
sectes. 

Dans  le  groupe  des  articulés,  chacun  des  trois  anneaux  du  thorax 
donne,  des  deux  côtés  du  sternum,  insertion  à  une  patte  qui  est  ainsi 
une  dépendance  de  l'arceau  inférieur  de  l'anneau  complet  et  qui  est  l'a- 
nalogue véritable  du  membre  locomoteur  ordinaire  des  vertébrés,  quel 
que  soit  son  rôle.  Je  ne  connais  rien  de  plus  convaincant,  à  cet  égard, 
que  la  comparaison  qu'on  peut  établir  entre  le  sternum,  l'épaule  et  le 
membre  antérieur  des  batraciens  anoures  et  le  méso-  ou  métathorax  des 
Coléoptères. 

Il  y  a  deux  vérités  dont  il  faut  bien  se  pénétrer  et  qui  sont  passées  au- 
jourd'hui à  l'état  de  faits  acquis  :  4*  Les  pattes  des  articulés,  les  membres 
locomoteurs  et  les  ailes  des  vertébrés  naissent  de  l'arceau  ventral;  2*  Les 
ailes  des  articulés  naissent  de  l'arceau  tergal. 

Les  ailes  des  insectes,  celles  des  oiseaux  et  des  chéiroptères  et  même  les 
nageoires  développées  des  poissons  volants  ne  sont  donc  pas  comparables. 

Dans  l'ouvrage  publié  par  M.  E.  Blanchard  sur  les  métamorphoses  des 


K 

L 


J 


LES  MONDES  231 

insectes  (1),  l'auteur  rappelle  l'hypothèse  suivante  dont  l'idée  première 
appartient  à  De  Blainville  :  «  Jamais  il  n'existe  d'orifices  respiratoires 
soit  au  mésothorax  soit  au  métathorax.  Dans  les  circonstances  où  l'on  a 
signalé  l'existence  de  stigmates  au  mésothorax,  on  parait  avoir  été  trompé 
par  un  chevauchement  du  prothorax;  lorsqu'elle  a  été  constatée  au  mé- 
tathorax, c'est  que  le  premier  anneau  de  l'abdomen  s'était  uni  au  dernier 
anneau  du  thorax.  Cette  absence  d'orifices  respiratoires  aux  deux  an- 
neaux qui  portent  ou  qui  doivent  porter  les  ailes,  donne  une  certaine 
consistance  à  l'idée,  depuis  longtemps  émise,  que  les  ailes  sont,  en  grande 
partie,  constituées  par  des  trachées  rejetées  au  dehors  et  emprisonnées 
entre  deux  lames  tégumentaires.  » 

Admettre  que  les  ailes  ne  sont  qu'une  dépendance  de  l'appareil  respi- 
ratoire est  quelque,  chose  de  si  simple  qu'il  n'est  pas  étonnant,  ainsi  que 
le  dit  H.  Blanchard,  que  cette  idée  ait  été  émise  dépuis  longtemps  (2)  ; 
mais  mes  observations  m'ont  conduit  vers  une  solution  un  peu  différente 
de  celle  dont  parle  le  savant  entomologiste  ;  je  vois  dans  l'aile,  avec  rai- 
son  je  le  pense,  non  pas  des  trachées  déjetées  au  dehors,  mais  des 
stigmates  profondément  modifiés.  Comme  cette  opinion  peut  paraître 
hasardée,  on  me  permettra  d'en  tenter  la  démonstration. 
'  Tous  les  anneaux  successifs  du  corps  des  articulés,  prenons  des  in-, 
sectes  pour  fixer  les  idées,  sont  semblables,  c'est-à-dire  formés  des  mêmes 
parties;  si  donc,  dans  l'arceau  supérieur,  les  ailes  n'existent  que  pour 
deux  anneaux  seulement,  il  faut  rechercher  quels  sont  les  organes  qui 
occupent  leur  place  dans  les  somites  postérieurs.  Or  ces  organes  sont 
les  stigmates. 

Les  stigmates  véritables,  comme  les  ailes,  sont  toujours  situés  dans.l'in- 
tervalle  qui  sépare  l'épimère  de  la  pièce  tergale  qui  la  surmonte,  quelle 
que  soit,  du  reste,  la  position  des  stigmates  par  rapport  à  l'ensemble  du 
corps  de  l'animal  (3).  J'aurais  pu  donner  à  l'appui  de  cette  proposition  de 
nombreuses  figures  plus  ou  moins  théoriques  ;  J'ai  préféré  me  borner  à 
deux  dessins  faits  d'après  nature  (fig.  1  et  2). 

Afin  d'éviter  qu'aucune  espèce  de  doute  puisse  rester  dans  l'esprit  du 
lecteur,  quant  à  mon  interprétation  des  pièces  du  squelette,  j'ai  choisi  à 
dessein  le  Dytiscm  marginalis;  car  on  se  rappellera  que  c'est  aussi  un 
Dytiscus  qui  a  servi  à  Audouin  de  type  pour  la  description  du  thorax  (0. 

(1)  Métamorphose!,  mœurs  et  instinot  des  insectes,  page  128,  Paris,  1868. 

(2)  Parmi  les  auteurs  qu'on  petit  citer  à  cet  égard,  je  signalerai  C.  G.  Cams. 

(3)  Audouin  considérait  iVptmsr*  comme  appartenant  su  ptetus,  à  l'arceau  ventral. 
M.  Milne  Edwards  et  les  auteurs  récents  y  voient,  non  sans  motifs,  une  pièce  de  Tare 
tergal  (ttfgum).  Yvjqz  l'article  Crustaeea  dans  la  Cyclopasdia  ofanatomy  de  Todd  p.  75H . 

(1)  Dytiscus  eircumflexus  Audouin  op  .  oit.  pi.  £• 


îîi  LES  MONDES. 

La  figure  1  représente  donc,  avec  toute  l'exactitude  qu§  j'ai  pi}  lui 
donner,  le  métathorax  du  Dytùcus  marginalis;  ou  y  voit  le  sternum  (A), 
l'épisternum  (B),  la  hanche  de  la  troisième  patte  gauche  (E),  l'épimère  (D) 
et,  enfin,  la  base  de  l'aile  gauche.  Rien  de  plus  facile  quç  de  constater 
qu'il  existe,  pour  le  métathorax  de  notre  coléoptcre,  un  espace  plus 
membraneux  que  le  reste,  circonscrit  par  répimère  presque  seul  vers  le 
bas,  et  par  l'ensemble  des  praescutum,  scutum,  scutelitim  et  poslscutellum 
vers  le  haut.  Les  extrémités  antérieures  et  postérieures  du  cadre  sont 
constituées  par  l'articulation  du  bout  extrême  du  praescutum  avec  la 
paraptfre  de  tépislernum  et  par  celle,  visible  dans  le  dessein  (G),  du  bout 
du  postscutellum  avec  la  pointe  de  répimère. 

D'ans  l'espèce  membraneux  dont  je  viens  de  décrire  lés  limites  se 
trouvent  pfacés  les  épidèmes  d'articulation  de  l'organe  du  vol  etc'qst  éga- 
lement de  cet  espace  que  procède  Ja  membrane  alaire. 

Passons  actuellement  à  la  figure  2,  elle  représenté  lp  deuxième  anp.eaij 
abdominal  du  même  insecte;  on  y  distingue  nettement  le  sternum  (A), 
fépisttntum  (B),  puis  une  pièce  allongée  qui  Défait  pas  partie  de  la  pré* 
cédènte,  maïs  qui  est  bien  réellement  articulée  avec  elle;  c'esf  4q  to'l1e 
évidence  Yépimère  (C);  ensuite  l'espace  membraneux  et,  enfin,  l'ensemble 
du  tergum  (E).  Au  centre  de  l'espace  membraneux  homologue  de  celui 
dotft  j'ai  parlé  plus  haut  se  voit  le  stigmate  (pj,  Qccijpant  exactement 
remplacement  de  l'aile,  c'est-à-dire  au-dessus  de  l'épimère» 

Je  rappel  erai  que  ce  n'est  pas  seulement  au  thorax  qije  lçs  opflces 
respiratoires  peuvent  manquer  et  sont  remplacés  par  des  expansions  alj: 
formes  à  deux  feuillets.  Six  des  anueaux  de  l'abiomen  de  la  larve  de 
YÊphemera  yulgata  portent  chacun  une  paire  de  branchies  bifides  et 
frangées  assez  semblables  aux  ailes  des  petits  lépidoptères  fissipennes  <ju 
genre  Pterophorus.  Sept  des  anneaux  abdominaux  de  fc  larve  â&VKphe- 
mera  biloculata  (2)  sont  garnis  de  larges  lamelles  elliptiques  trachéifères 
qui  ont  avec  des  ailes  une  analogie  incontestable. 

«  Chez  la  larve  de  VAgrion  puella,  dit  Carus,  ...Je  san$  coule  dans  les 
mdiments  des  ailes  absolument  de  la  même  manière  que  dans  les  lames 
branchiales,  et  il  serait  difficile  de  citer  un  autre  cas  plus  propre  à  dé- 
montrer que  l'aile  qui  pousse  est  une  branctiie  (i).  » 

Rien  n'est  si  facile  que  de  montrer  le  passage  du  stigmate  au  balancier 
des  diptères  et  celui  de  ce  balancier  à  l'aile  véritable  :  si  nous  examinons 
les  stigmate»  du  hanneton  commun,  si  bien  figurés  dans  leurs  moindres 
détails  par  Strauss'  Dûrkheitri  (2),  nous  constatons  déjà  que  la  portion 

(2)  G.  G..  Carat»  frbuta  «wtomiu»  omparativam  UUulrcmt$*pY,  Uh  fig.  VIfl. 
(1)  Traité  élémentaire  d'anatomie  comparée  «  Tr,  p.  396, 
(*)  Considérations,  etc.  pi.  VI.  fig    7t  8,  9,  10. 


LES  MONDES.  233 

qui  appartient  au  squelette  cutané  est  un  tube  membraneux  court,  à 
seciiôiï  riffl^tiquè,  soutenu  par  deux  cerceaux  chitineux,  l'un  à  l'entrée, 
l'autre  au  fond,  reliés  eux  mêmes  1  un  à  l'autre  par  une  série  de  ner- 
vtffes  latêrafés;  àù  fond  du  tuée  se  trouve  percée  la  fente  qui  livre  pas- 
sif Jfàif. 

St  èë  ttfbe,  qui  iTeéi  que  ïe  vestiWe  du  gros  tronc  trachéen  qui  naît 
oVsf/gmate,  s'allonge  considérablement  et  se  ferme  à  l'extrémité4,  on  a 
K  Aafaïïcief  des  diptères.  En  efïet  les  balanciers  de  la  Tipula  oïeracea, 
fét  &£tnpfê,  sont  de  simples  tdbes  portant  un  empâtement  ovoïde  (capi- 
Ciltafnj  i  leur  extrémité  libre;  ils  ne  renferment  même  pas  de  trachées. 
tjUtk  Se'  i&  Catliphofà  cœrulea,  très-anaîogues  aux  précédents  par  leur 
sTnifit^Sfé",  ont  téstfyle  â  section  elliptique  et  contiennent  un  rameau  tra- 
ctfSSûf  è^te'.  tes  mêmes  organes  chez  YÀsilus  crabroniformis  (ug.  4),  plus 
apfcttfe  encore,  sont  soutenus  par  trois  nervures  assimilables^  jusqu'à  un 
cefftiïïï fofat,  ltf  première,  à  l'ensemble  des  nervures  radiale  et  cubitale 
réunies*  (^j,  la  seconde,  à  la  médiane  (B),  la  troisième,  à  la  sousmédiane 
dû  *  finale' (£). 

Chez  la  tipule,  comme  chez  la  calïiphore  et  l'asile,  les  balanciers  sont 
couverts  dfes*  mêmes  poils  ou  écailles  que  les  ailes  antérieures,  et  la  forme 
ttftafë  des  nalancîetfs  dé  l'asile  y  fait  reconnaître,  malgré  leurs  dimen- 
sfons  ixigucs,  des  ailes  rtidimcntaires. 

Ri  se  présente  la  question  de  savoir  si,  malgré  cette  analogie  évident?, 
/es  balanéiers  cfes  diptères  tiennent  bien  réellement  la  place  de  la  paire 
<fa*ifé&  (Jii  méîa&oVax. 

OU  &ît  que  iàtfeille,  et  plus  récemment  M.  Macquart,  voient  dans 
les  balanciers  des  dépendances  du  premier  anneau  abdominal  ;  mais  Au- 
dWn  (font'  fopîhion  a  autant  de  poids  que  celle  des  auteurs  précités 
prétend,  au  contraire,  que' les1  balanciers  sont  insérés  sur  le  métathorax  ; 
malheureusement  Touvrage  où  le  résultat  de  ses  investigations  devajt 
être'  publié  n;à  pas  vu  le  jour.  Bien  d'autres  naturalistes  sont  du 
même  avis  qu'Audouïn;  je  citerai,  parmi  eux,  Fabricius,  Dugès, 
Jl.  Rymer  Jones  et,  comme  je  le  montrerai  plus  loin,  les  recherches  si 
minutieuses  et  si  exactes  de  M.  Aug.  Weismann  viennent  confirmer  en- 
tferemeit  cette  opinion. 

Pavoue  qu'il  m'a  été  impossible  de  découvrir  nettement  si  les  balan- 
ciers sont,  oui  ou  non,  métathoiaciques;  je  dirai  cependant,  d'une 
façon  générale,  qu'on  ne  peut  rien  déduire,  comme  a  voulu  le  faire  La- 
treille,'  de  la  situation  des  balanciers  dans  le  voisinage  de  la  première 
paire  de  stigmates.  Le  métathorax  des  diptères  est,  en  effet,  tellement 
réduit  dans  certaines  de  ses  parties,  et  son  mode  d'union  avec  le  premier 
anneau  abdominal  est  tellement  compliqué,  qu'il  esttiès-admissibleque 

17 


23*  LES  MONDES. 

les  balanciers  soient  portés  par  des  pièces  métathoraciques  plusoumotn* 
incluses  entre  des  saillies  de  l'arceau  abdominal  antérieur. 

Au  point  de  me  anatomique,  il  restait  une  dernière  ressource  :  «  Si, 
dit  M.  Lacordaire,  on  retrouvait,  à  la  base  des  balanciers,  des  épidèmes 
articulaires  et  des  muscles  analogues  à  ceux  des  ailes  inférieures  des  in- 
sectes, on  ne  pourrait  douter  de  leur  analogie  avec  ces  dernières  (i).  » 

J'ai  donc  examiné  la  base  de  balanciers  frais  et,  comme  Audouin  l'a- 
vait annoncé,  j'y  ai  observé  effectivement,  avec  la  plus  vive  satisfaction, 
une  série  de  pièces  articulaires  intermédiaires  entre  le  corps  et  les  ner- 
vures rudimentaires.  La  flg.  5,  dessinée  d'après  YEristalis  tenax,  montre 
bien  qu'il  s'agit  ici  de  véritables  épidèmes.  En  comparant  avec  la  base 
de  l'aile  du  hanneton  figuré  par  Strauss,  on  discernera  les  parties  sui- 
vantes :  (A)  première  nervure,  (B)  médiane,  (C)  anale,  (C')  tète  de  la  pre- 
mière nervure,  (E)  première  et  deuxième  axillaire  réunies,  (F)  quatrième 
axillaire,  et  l'on  remarquera  qu'elles  sont  bien  plus  nettes  que  dans  les 
ailes  rudimentaires  de  certains  coléoptères  (Carabus  auratus,  Promûtes 
coriaceus,  Meloe  prosearabaewt  p.  ex.)* 

Le  balancier  est  donc  une  aile  rudimentaire  ;  l'aile  elle-même  n'est 
qu'un  stigmate  énormément  développé;  le  tube  du  stigmate  est  à  section 
elliptique, présentant  un  grand  et  petit  axe;  le  petit  axe  de  l'ellipse  est 
devenu  à  peu  près  nul  et  le  grand  s'est  au  contraire  allongé;  il  en  résulte 
que  les  parois  droite  et  gauche  se  touchent  et  constituent  les  deux  feuillets 
membraneux  dont  toute  aile  est  composée;  ces  feuillets  emprisonnent  les 
nervures  qui  ne  sont  autre  chose  que  les  baguettes  qui  soutenaient  le 
tub*.  du  stigmate  et  qui  se  sont  hypertrophiées. 

L'embryogénie  devait  venir  au  secours  de  notre  explication  de  l'ori- 
gine de  Italie.  On  sait,  depuis  longtemps,  que,  chez  les  insectes  à  méta- 
morphose complète,  les  appendices  thoraciques  de  l'animal  parfait  appa- 
raissent dès  les  premiers  temps  de  la  vie  de  la  larve  ;  Swammerdam, 
Burmeister,  L.  Agassiz  s'en  sont  quelque  peu  occupés;  mais  M.  Weis- 
mann  seul  a  étudié  ce  phénomène  d'une  façon  suffisante  (1). 

Il  ne  m'appartient  pas  de  reproduire  ici  un  résumé  détaillé  du  travail 
de  cet  auteur;  je  me  borneiai  à  rappeler,  en  peu  de  mots,  que  le  savant 
naturaliste  a  observé -chez  lt  larve  de  la  Musca  [Calliphorà]  vomitoria, 
par  exemple,  douze  petites  plaques  ou  petits  disques  (Schnben)  visibles 
au  travers  des  téguments  transparent*,  placés  quatre  par  quatre  dans 
les  trois  premiers  anneaux  du  corps  et  dont  1  ensemble  était  distribué  sur 
quatre  lignes  longitudinales,  dont  deux  ventrales  et  deux  dorsales. 

(1)  Introduction  à  l'entomologie  t.  I.  p.  142. 

(3)  Ueber  die  EnUtehung  de»  vollendeten  Inseots  in  Larve  uud  Fuppe.   Frankfurt 
n  M    186?  (Abhandl.  der  Scnkenb*rqucfw\  Nxturf.  Gt*.    su  Frankfatt  n.  M.  B4 .  IV). 


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LES  MONDES 


NEUVIÈME  ANNÉE.  —  OCTOBRE-DÉCEMBRE  «874. 


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TOME  VINGT-SIXIÈME. 


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I  A/llSf  —  INFOGRAPHIE  WAJ^ER^  RUE  BONÀPAR'Ça^  44* 


LES  MONDES 


REVUE      HEBDOMADAIRE       DES      SCIENCES 


ET 


DE  LEURS  APPLICATIONS  AUX  ARTS  ET  A  L'INDUSTRIE 


PAR 


M.  L'ABBE  MOIGNO 


NEUVIÈME  ANNÉE.  —  OCTOBRE-DÉCEMBRE  1871. 


TOME  VIHGT-8IXIÈME 


PARIS 

BUREAUX    DES    MONDES 

33,  RUE  DU  DRAGON 

1871 

looi  MOI»  ftiinrif 


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LES  MONDES.  235 

Ces  disques  sont  des  renflements  aplatis  de  la  couche  péritonéale  de 
quelques  trachées,  et  ils  sont  entièrement  remplis  des  noyaux  transpa- 
rents qu'on  rencontre  distants  les  uns  des  autres  dans  la  couche  tra- 
chéenne la  plus  externe. 

Laissons  de  côté  les  plaques  ventrales  ;  elles  produisent  les  pattes  et 
les  arceaux  ventraux  des  anneaux  thoraciques  de  la  mouche* 

Quant  aux  disques  supérieurs,  ceux  de  la  première  paire  donnent 
naissance,  par  des  modifications  successives,  à  l'arceau  tergal  du  pro- 
thorax  et  aux  stimagtes. 

Ceux  de  la  deuxième  paire  sont  les  origines  de  l'arceau  tergal  du  mé- 
sothorax et  d'une  paire  d'ailes;  ceux  de  Ja  troisième  paire  située  dans  le 
métathorax  tonnent  l'arceau  tergal  de  cet  anneau  et  les  balanciers. 

Il  ressort  évidemment  de  ces  observations  qui  ont  fait  l'admiration  de 
tous  les  naturalistes  actuels  que  les  stigmates,  les  ailes  et  les  balanciers 
ont  une  origine  identique. 

il  me  semble  aussi  qu'on  peut  déduire  des  recherches  de  M.  Weismann, 
des  études  anatomiques  antérieures  et  même  de  mes  propres  investiga- 
tions, les  conclusions  qui  suivent  : 

I  •  II  n'y  a  pas  de  stigmates  vérxlables  au  méso-  et  au  métathorax  (1  ) 

2.  Les  stigmate*  et  tes  ailes  appartiennent  toujours  à  V arceau  tergal. 

3.  L'aile  est  un  stigmate  énormément  développé. 

4.  Les  balanciers  sont  des  ailes  rudimenlaires. 

Explication  de  la  planche. 

Fig.  1 .  Métathorax  de  Dytiscus  marginalis,  grossi  trois  fois.  A.  Postster- 
num, B.  épisternumdu  métathorax,  G.  paraptère,  D.  épimère, 
E.  hanche,  G.  extrémité  du  postscutellum,  H.  portion  extérieure 
de  l'enthorax. 

Fig.  2.  Deuxième  anneau  abdominal  de  Dytiscus  marginalis.  A.  Ster- 
num, B.  épisternum,  G.  épimère,  D.  stigmate,  E.  tergum. 

Fig.  3.  Filament  branchial  de  la  larve  de  Pkryganea  flavicornis,  grossi 
300  fois,  destiné  à  montrer  l'analogie  qui  existe  entre  cet  organe, 
le  balancier  ou  l'aile.  A.  couche  épidermique  chitineuse,  B  couche 
molle  où  se  distribuent  les  ramifications  de  deux  trachées. 

Fig.  4.  Portion  du  style  du  balancier  de  VAsilus  crabroniformis.  A.  Ner- 
vures radiale  et  cubitale  réunies,  B.  médiane,  G.  sousmédiane 
ou  anale.  (Grossissement  300.) 

(1)  Puisque,  dans  oe  cas,  il  existerait,  chea  les  larves ,  dans  le  méso-  et  le  méta- 
thorax, des  disque»  de  formation  distincte  de  ceux  qui  produisent  les  pattes  et  les 
ailes  ;  or  ces  disques  manquent. 


Balancier  de  droite  de  VEristalis  tenas,  grossi  no  fois.  A.  Pre- 
mière nervure,  B.  médiane,  C.  anale,  C.  téta  de  la  première 
nervure)  D.  origine  de  la  second»  nervure  ejui  ue.ee  prolonge 
pat?  E.  première  et  deuxième  asillaire  réuplep/F.  quatrième 
axillaire.  —  (SUttiner  Enlomotogticlte  Ztilung,  1871,  p.  33  ) 


liRle.  —  TTP.   VALMU1,  MIB  BONATftHTX,  44. 


N*  7.  i872. 


AÇ4RJÈMIJB   DES  SQJËNCES 


Les  séances  de  l'Aç&déflwe  des  sciences  prennent  chaque  semaine 
HPfi  PJW§  WW*?  importance;  et  ses  Comptée  rendue  hebdomadaires, 
to«J9|W  plw  volumineux,  atteignent  souvent  S  et  10  feuilles  d'iqa- 
gressiçp.  Pe  cette  surabondance  de  matière  il  est  résulté  pour  tes 
tjfonde^  m  £np?m))rprneajt  et  un  retard  qui  me  contrarient  et  qae  quel- 
ques afeçopés  voient  £yec  peine  ;  force  était  donc  de  les  mettre  pleine- 
ment an  ççuraptdfs  communications  académiques.  Je  leur  ai  'consa- 
cré Joute  ççtye  livraison,  en  commençant  par  lé  résumé  de  la  dernière 
séance;  elleç  spnt  très-variées,  du  reste,  très-iptéresaantes  et  elles  m'ont 
imposé  un  rude  travail  :  il  n'est  rien  de  plus  pénible  que  de  donner 
en* quelques  pages  la  substance  de  mémoires  sans  nombre  et  sans  fin. 


SÉANCE  DU  LUNDI  5  FÉVRIER   1872 

m 

4frty.l2(  à  feliçe  ef  *pp  «tfat,  par  ty.  Pupuy  de  U>m-  •*- La  farjue 
du  t>aUoj}  ef  t  ejjgfip^P  B£*  «A  arc  dp  percJe  tourqant  autour  de  sa 
corde  et  4qut  la  ilèp}i§  ç?t,  9,  très-pçu  près,  lç  cinquième  deJ^tott- 
gûeur  jjg  la  çprdç;  longueur,  3$m,13;  diamètre  fort,  U*,W  ; 
volume,  fl  454  mj&tres  cubes,  volume  du  ballonnet  à  air,  345m\40; 
surface,  122$  mèlfçp  carrés;  hauteur  totale,  39  mètres.  Longueur 
delà  nacelle,  6  mçtjrç?;  largeur  au.  fort,  3  mètres;  diamètre  de  Thé- 
lice,  9  mètrep ,  p$s,  %  mètres ,  nombre  d'ailes,  2.  Le  ballon  est  entouré 
de  deux  fjJets,  Je  filef  porteur  de  la  npcelle  et  le  filet  de$  balancines  ; 
ensemble  ils  donnent  au  ballon  la  stabilité  d'un  corps  rigide,  tant  que 
les  inclinaisons  latérale^  et  longitudinales  ne  dépassent  pas  20  degrés. 
I/hjdipgème  pur  fliû  goaflajt  le  ballon  a  été  engendré  par  l'action  de 
l'acide  sulfurique  et  de  l'eau  sur  de  la  tournure  de  fer  ;  il  a  fallu  çept 
opérations  d'une  batterie  de  40  tonneaux  pour  produire  les  3  450  mi- 
tres cubes  nécessaires.  L'étoffe  du  ballon  était  formée  d'un  taffetas  de 
soie  blanche  pesant  53  grammes  par  mètre  carré,  et  d'un  nanzoujf., 
avec  couches  de  caoutchouc  interposées  ;  elle  est  rendue  imperméable 
par  trois  couchep  d'un  enduit  ainsi  préparé  :  1*  on  dissout  au  bain- 
mariç  100  parties  en  poids  de  gélatine>dMS  600  parties  d'acide  pyxo- 

N*  7.  t.  XXVII,  15  février  1872.  Il 


238  LES  MONDES. 

ligneux  et  on  ajoute  100  de  glycérine  ;  2°  on  dissout  400  parties  de 
tannin  dans  600  parties  d'acide  pyroligneux  ;  3°  on  verse  doucement, 
à  chaud,  la  première  dissolution  dans  la  seconde  et  Ton  recuit  le  tout  au 
bain-marie  pendant  une  heure  au  moins,  en  ajoutant  peu  à  peu  de 
l'acide  de  manière  à  maintenir  le  même  volume  total.  On  applique 
l'enduit  au  pinceau  du  côté  du  nanzouk.  le  poids  total  du  ballon  et 
de  son  chargement,  y  compris  quatorze  hommes  d'équipage  et  600  ki- 
logrammes de  lest,  était  de  3  799  kilogrammes. 

Au  moment  du  départ,  le  2  février,  à  1  heure,  le  baromètre  mar- 
quait, à  terre,  755  millimètres  ;  le  vend  paraissait  souffler  du  sud  assez 
fort.  Aussitôt  que  l'hélice  était  mise  en  mouvement,  l'Influence  du 
gouvernail  se  faisait  sentir  dans  le  sens  voulu  ;  cette  action  et  la  rota- 
tion d'un  anémomètre  placé  en  avant  de  la  nacelle  prouvaient  que, 
sous  l'action  de  son  moteur,  l'aérostat  avait  une  vitesse  propre.  On  a 
trouvé  que  la  vitesse  de  translation  de  l'anémomètre  à  hélice  est  liée 
au  nombre  n  des  tours  qu'elle  fait  dans  une  minute  par  l'équation 

On  pouvait  donc  calculer  la  vitesse  de  translation  de  l'aérostat  par 
rapport  à  l'air  ambiant  en  fonction  du  nombre  de  tours  de  l'anémo- 
mètre. La  direction  du  cap  s'obtenait  au  moyen  d'une  boussole  fixée 
dans  la  nacelle  et  ayant  sa  ligne  de  foi  parallèle  au  grand  axe  du 
ballon.  Une  seconde  boussole,  portant  sur  l'une  de  ses  faces  latérales 
une  planchette  parallèle  au  plan  vertical  passant  par  la  ligne  de  foi, 
servait  à  déterminer  la  direction  de  la  route  suivie  sur  la  terre,  et  la 
vitesse  de  l'aérostat  sur  le  sol  en  fonction  de  sa  hauteur  lue  directe- 
ment sur  le  cadran  d'un  baromètre  anéroïde,  convenablement  installé 
et  divisé.  Les  faits  acquis  peuvent  se  formuler  ainsi  :  stabilité  assurée, 
grâce  au  système  de  filet  de  balancine  ;  maintien  de  la  forme  du  ballon 
au  moyen  du  ballonnet  à  air  ;  facilité  de  maintenir  le  cap  dans  une  di- 
rection voulue  quand  l'hélice  fonctionne  ;  vitesse  de  10  1^2  kilomètres 
par  heure  imprimée  à  l'aérostat  par  rapport  à  l'air  ambiant  au  moyen 
d'une  hélice  mue  par  huit  hommes  et  faisant  27  l\2  tours  par  minute; 
rapport  de  la  vitesse  propre  de  l'aérostat  au  produit  de  pas  de  l'hélice 
par  son  nombre  de  tours,  76  pour  100.  En  remplaçant  sept  hommes 
de  l'équipage  par  une  machine  de  huit  chevaux- vapeur,  on  obtiendrait 
pour  l'hélice  un  travail  moteur  dix  fois  plus  fort  et  une  vitesse  propre 
du  navire  de  25  kilomètres. 

—  Recherche»  sur  la  fermentation,  par  M.  Frémy.  —  M.  Frémy, 
opérant  sur  l'orge,  la  levure  de  bière,  le  moult  de  raisin,  le  lait  et  les 


LES  MONDES.  «39 

moisissures  croit  avoir  :  4«  produit  la  fermentation  alcoolique,  lac- 
tique et  butyrique  en  l'absence  complète  de  germes  atmosphériques  ; 
2°  produit  des  ferments  au  sein  de  cellules  organisées  sans  accès  pos- 
sible de  germes  atmosphériques  ;  3°  démontré  que  les  ferments  alcoo- 
lique, lactique  et  butyrique  ne  dérivent  pas  de  germes  et  se  trans- 
forment les  uns  dans  Jes  autres,  ou  se  produisent  avec  les  mêmes 
organismes  et  les  mêmes  liquides  fermentescibles.  Les  moisissures  de 
l'acide  tartrique  sont  un  des  organismes  avec  lesquels  il  a  fttit  naître 
toutes  les  fermentations.  Les  appareils  et  le  mode  d'opérer  de 
M.Frémy  prouvent  trop  qu'il  n'a  pris  aucune  des  précautions  des 
célèbres  expériences  de  M.  Pasteur;  que,  loin  de  fermer  la  porte  aux 
germes  de  l'atmosphère,  il  la  leur  ouvre  très-largement.  Aussi  quand 
M.  Dumas  demande  que  les  expériences  de  M.  Frémy  et  celles  de 
M.  Pasteur  soient  répétées  devant  une  commission  de  l'Académie, 
M.  Frémy  se  refuse  et  invoque,  non  le  jugement  de  l'Académie,  mais 
le  jugement  du  monde  savant. 

—  Sur  les  lois  du  mouvement  d'écoulement  des  liquides  dans  les  es- 
paces capillaires,  par  M .  Duclaux.—  Citons  cette  conclusion  :  si  Ton  veut 
bien  admettre,  comme  cela  résulte  du  mémoire,  qu'une  substance  quel- 
conque introduite  dans  un  liquide  complexe  ou,  ce  qui  revient  au  même, 
mouillée  sur  ses  deux  faces  de  deux  liquides  différents,  s'imbibe  de 
l'un  à  l'exclusion  de  l'autre,  on  arrive  à  cette  conséquence  déjà  con- 
nue comme  hypothèse,  mais  non  démontrée,  que  les  phénomènes  d'en- 
dosmose ne  sont  que  des  cas  particuliers  des  phénomènes  de  diffusion. 

—  Etudes  des  effets  mécaniques  du  marteau-pilon  américain, 
par  M.  Résal.  —  Le  résultat  des  formules  est  que,  lorsque  le  rigome 
est  établi,  la  vitesse  au  moment  du  choc  est  à  peu  près  le  triple  de 
celle  du  bouton  de  la  manivelle. 

—  M.  Poulain  adresse  un  projet  d'un  nouveau  type  de  vaisseau  de 
guerre  sans  roulis  ni  tangage. 

—  Généralisation  du  théorime  de  Meunier,  par  M.  A.  Mannheinu 

—  Etudes  chimiques  sur  les  landes  de  Bretagne,  par  M.  A.  Bo- 
bierre.  —  Si  les  analyses  établissent  des  écarts  remarquables  dans  la 
composition  des  cendres  des  végétaux  venus  spontanément  dans  la 
lande  où  cultivés  dans  la  lande  défrichée,  il  semble  que,  conformé- 
ment aux  traditions  chèrement  acquises  par  les  cultivateurs  bretons, 
il  faut  considérer  tel  où  tel  élément  minéral  comme  impérieusement 
nécessaire  à  la  prospérité  de  telle  ou  telle  culture.  Quoi  qu'on  ait  pu 
dire,  et  bien  que  les  végétaux  subissent  quelquefois  ce  qu'on  peut 
appeler  des  écarts  de  régime,  la  présence  des  éléments  minéraux  daus 
les  substances  organisées  est  d'ordre  physiologique  et  non  un  accident. 


—  SUr  la  contraction  des  solutions  de  sucre  'dé  canné  âû  moment  de  l'm- 
version  et  sur  un  nouveau  procède  saÙRdrimèirihue'  pâif  M.  CÈaricel.  ^ 
Cûn&ukôHs  :  Là  diminution  de  ioluioe  «Ju'é^ouve  la  solution  <të  siibre 
paf  lfc  fait  dô  riûverèîoh  est  considérable,  et  elle  est  susceptible  il'ttre 
détètfftiiïée1  avec  exactitude  ;  |>ar  conséquent,  la  mesuré  de  la  cbntrac- 
tfàfi  peut  servir  à  doser  la  quantité  dé  sucre  'de  canne  que  contient  une 
ttftutlOfl  pto^ôsée.  M.  Chancel  a  fondé  sûr  ce  principe  line  nouvelle  mé- 
ttfôdé  stlèchatîmétriÇué  comparable  pour  la  précfsioii  i  la  méthode  sac- 
éiarîtdétti(jne  et  qu'il  espère  rendre  pratique. 

—  Sur  V atmosphère  solaire,  par  M.  Blaserna.  —  Suivant  Fauteur,  il  y 
aurait  dans  l'atmosphère  solaire  des  vapeurs  incandescentes,  nofainocrçnt 
dil  fer,  mais  cette  atmosphère,  haute  de  16  à  20  minutes,  serait  fbrrn^ç 
en  grande  partie. ae  gaz  assez  froids,  sans  lumière  propre,  éclairés  par 
la  photosphère,  donnant  un  spectre  continu  et  présentant  des  phéno- 
mè  ne  §  de  polarisation . 

—  De  l'existence  de  nègres  braohyeéphales  sur  ici  côte  obeidentak  d'Afrique, 
par  M,  Hamy.—  Conclusions.  11  y  a  tout  lien  dé  croire  qtftl  existe  sot  M 
bords  de  la  rivière  Fernand- Vas  et  sur  quelques  autres  points  de  fe  côtA 
occidentale  d'Afrique  une  race  nouvelle  judqu'à  prêseùt  inebnniie;  qtft 
serait  aux  nègres  d'Afrique  ce  que  sont  les  Nègrittôs  Mhigapier,  ÀtUfe, 
etc.  aux  nègres  ordinaires. 

—  Résultats  expérimentaux  contraires  à  là  première  e&ftèrterice  de  M '.  Por- 
teuri  par  M.  Victor  Meunier:  —  L'objection  de  M.  t.  Jiëtihier  ne  floral 
paraît  nullement  fondée 

—  Réponse  à  lé  noie  de  M.  Delauriay,  par  M.  ftèhôQ.  —  V&mlnepl  sp& 
élàllite  Maintient  toriies  ses  accusations  contre  faÀihuàiré^téoroiôgique 
de  l'Observatoire.  A  celte  occasion,  M.  Le  Verrier  dépo&e  la  proposition 
suivante  :  «  H  sera  nommé  une  commission  spéciale*  chargée  de  réviser 
les  observations  météorologiques  présentées  depuis  un  siècle  à  l'Académie, 
et  d'en  faite  une  édition  authentique. 

Observations  ie  Vàurôre  boréale  àû  l  février,  par  MM.  froii,  èaîicis, 
taussedàt,  Chapelas,  Cornu,  Prazmowski.  —  Le  phénomène  s'est 
étendu  sur  l'Angleterre,  la  France,  la  Brlgicpiè,  l'Italie,  f  Espagne,  la 
Turquie.  Vers  9  h.  10  m.  à  Paris,  les  mouvements  de  l'aiguille  de îdécli- 
liaison  étaient  très-bizarres.  M.  Cornu  a  vu  que  la  majeure  partie  de  la 
lumière  3e  l'aurore  provenait  d'une  raie  très-tien  définie,  située  dans  la 
région  vert-jaune,  dune  longueur  donde  égale  à  557:  M.  Prazmowski 
avec  un  spectroscope  de  Construction  très- simple,  a  vu  quatre  raies,  la 
raie  voisine  de  là  raie  E  de  Fraunhofer,  mesurée  par  M.  Cornu;  Une 
bande  rouge  voisine  dé  la  raie  C,  deux  autres  bandes  dans  le  bleu  et  la 


LES  MONDES  *** 

tlfflW,  âîîi  ôfltfifcfls  des  Mies  F  et  G.  Les  deux  premières  apparaissent 
dattë  1W  régions  rotf&e^  les  deux  secondes  dans  les  régions  blanches. 

—  •:  ïéôimël  admette  la  description  d'un  régulateur  thermoatatffue 
q^î  tffHbët  de  régler  les  températures  supérieures  à  celle  et  l'ébullitiGD 
du  mërCure;  aussi  bien  que  les  températures  voisines  de  celle  de  l'atmo- 
ftWi-é,  pkf&  tfue  les  parties  délicates  qui  agissent  sur  le  courant  du  gaz 
pgtfveht  ôlrè  éloignées  du  milieu  chauffé. 

—  il.  Milnè-Edwafds  rappelle  que  depuis  plusieurs  années  son  fils* 
eKWi  aàrfà  le  laboratoire  zootogique  du  Muséum  tm  appareil  régulateur 
£oiit  le  chauffage  des  couveuses,  qui  fonctionne  avec  un  degré  de  pré- 
cision remarquable  iralgré  les  variations  de  pression  du  gaz  d'éclairage 
êfljSoyfe  pour  le  tbauffage,  à  ce  point  que  dans  une  opération  qui  dure 
d'éfititè  ptèà  d'un  an  la  température  de  la  couveuse  n'a  pas  varié  d'un 
degré. 

3ÉASCE  DU  LUNDI  15  JANVIER  1&72  (SUITE  ET  FINJ. 

—  Les  gai  du  sang.  ' Expériences  sur  les  circonstances  qui  en  font 
varier  la  proportion  dam  le  système  artériel^  par  MM.  Ed.  Mathieu  et 
V  Urbain.— Enonçons  quelques-uns  des  faits  principaux  établis  par  les 
àiïteurs.—  «Lé  sangrefroidi  fixe  plus  d'oxygène  que  le  sang  maintenu 
à  là  température  du  corps.  Ainsi  la  propriété  fonctionnelle  de*  gU>- 
fiulés  sanguins  ne  semblé  pas  s'exagérer  par  une  température  élevée, 
riifi'atôoino'r'ir  par  le  froid. 

'  «  La  rareté  des  respirations  chez  les  animaux  refroidie,  leur  fré- 
quence Chez  les  animaux  insolés  seraient  la  cause  des  variations  dans 
là  qtànhtS  d'oxygène  ;dissous  par  le  sang  artériel  suivant  la  tempe- 

rature* 

«  îj  prfcèehce  d'une  quantité  plus  élevé*  d'oxygène,  dans  le  sang 

âhériel  des  animaux  dont  la  température  rectale  augtaente,  se  lie  à  des 
oxydations  plus  actives. 

«  Lorsque  la  température  animale  s'abaisse,  tes  combustiohs  ib- 
times  vont  en  décroissant.  Lorsque  le  refroidissement  du  corps  d'un 
animal  est  poussé  à  l'extrême,  la  quantité  d'acide  carborikjue  qui  reste 
en  dissolution  dans  son  sang  artériel  s'élève  à  plus  de  60  pour  160; 
l'arrêt  des  mouvements  du  cœur  par  excès  d'acide  carbonique  dans  te 
sang  du  ventricule  gauche  devient  la  cause  probable  de  la  mort  par 

refroidissement. 

a  La  rigidité  musculaire  du  cœur  qui  s'observe  lorsque  la  tempéra- 
ture d'un  animal  atteinUS  degrés  serait  la  conséquence  de* oxydations 
éxce&Vèâ  qui  précédent  la  mort  par  la  chaleur/ 


242  LES  MONDES. 

«  La  quantité  d'oxygène  en  circulation  dans  le  sang  artériel  aug- 
mente pendant  le  travail,  mais  cette  augmentation  n'est  pas  en  rap- 
port avec  le  nombre  des  respirations.  Après  un  travail  soutenu,  la 
respiration  devient  triple  ou  quadruple  de  ce  qu'elle  est  normalement; 
or  le  chiffre  d'oxygène  ne  s'élève  nullement  dans  cette  proportion. 

%  L'oxygénation  du  sang  artériel  pendant  l'action  du  chloroforme  sur 
l'organisme  est  assez  variable.  La  période  d'excitation  initiale  corres- 
pond à  un  sang  artériel  plus  oxygéné  que  normalement.  L'action 
prolongée  du  chloroforme  entraine,  au  contraire,  un  ralentissement 
de  la  respiration,  un  abaissement  de  la  température  et  une  diminution 
dans  la  quantité  d'oxygène  fixé  par  le  sang  rouge. 

«  La  morphine  a  une  action  analogue  à  celle  du  chloroforme.  Pen- 
dant la  léthargie  causée  par  le  froid,  on  observe  la  même  diminution. 
Il  est  donc  probable  que  le  sommet  physiologique  oonsiste,  non-seule- 
ment dans  une  anémie  cérébrale,  mais  aussi  dans  l'envoi  au  cerveau 
d'un  sang  artériel  moins  oxygéné,  d  / 

—  De  la  production  du  et/mène  par  t hydrate  d'essence  de  térébenthine , 
par  M.  Ph.  Barbier.  —  «r  J'ai  traité  la  terpine  cristallisée, 

CiH^O'  +  H'O', 

par  le  brome,  dans  la  proportion  de  1  équivalent  du  premier  corps 
pour  2  du  second  ;  il  se  produit  ainsi  un  composé  brome,  de  consis- 
tance demi-fluide,  légèrement  coloré  en  jaune,  en  même  temps  qu'il 
se  sépare  de  l'eau  et  de  l'acide  bromhydrique,  en  très-petites  quantités» 
provenant  dé  la  décomposition  du  corps  ainsi  formé.  Ce  composé,  qui 
parait  être  un  dérivé  brome  d'un  bromhydrate  de  terpilène,  se  détruit 
à  la  distillation,  en  donnant  de  grandes  quantités  d'acide  bromhy- 
drique et  un  carbure  d'hydrogène,  que  l'on  purifie  en  le  faisant 
bouillir  sur  de  la  potasse,  ^'ans  un  appareil  à  reflux.  Après  purification, 
ce  carbure  présente  tous  les  caractères  du  cymène;  c'est  un  liquide  in- 
colore, très-fluide,  d'une  odeur  citronnée  pénétrante,  bouillant  de  476  à 
479  degrés  ;  sa  densité  à  45  degrés  est  de  0,864  comme  le  cymène  du 
camphre. 

— Note  relative  à  la  réaction  qui  se  produit  entre  le  soufre  et  la 
vapeur  d'eau,  à  la  synthèse  de  l'acide  sul/urique9  et  à  la  prépara- 
tion du  zinc  pur  par  VéUetrolyse,  par  M.  V.  Meyers.  «  Les  expérien- 
ces que  j'ai  faites  se  distinguent  surtout  de  celles  des  autres  expéri- 
mentateurs, par  la  température  à  laquelle  s'effectue  la  réaction.  Je  fais 
passer  la  vapeur  d'eau  par  un  tube  dans  lequel  le  soufre  est  en.ébulii- 
tion;  je  suis  ainsi  plus  certain  de  ne  pas  décomposer  l'acide  de  la 
Ê^rie  thionique  <jui  petit  se  former.  La  vapeur  est  condensée  dans  un 


LES  M(  NDES.  J43 

ballon,  refroidi  par  de  l'eau  :  le  liquide  qui  en  résulte  possède  une 
réaction  très-peu  acide,  et  contient  un  précipité  de  soufre  dont  je  le 
débarrasse  en  l'agitant  avec  de  la  céruse. 

«  La  réaction  entre  l'eau  et  le  soufre  peut  donc  être  représentée 


3H20  +  4S  =  H»S*0'4-2H'S, 


Une  solution  ammoniacale  de  sulfate  de  zinc  pur  est  décomposée 
par  le  courant  galvanique  ;  l'électrode  positive  consiste  en  une  feuille 
de  zinc,  et  l'électrode  négative  en  un  fil  dé  cuivre  en  forme  de  T. 
Quand  on  fait  passer  dans  ce  liquide  le  courant  de  deux  éléments  de 
Bunsen,  le  fil  de  cuivre  se  couvre  aussitôt  d'une  couche  de  zinc,  et 
bientôt  il  se  forme  aux  extrémités  du  T  un  arbre  de  cristaux  de  zinc. 
Ces  cristaux  sont  enlevés  avec  des  pinces  et  lavés  avec  de  l'ammoniaque 
étendue. 

Sur  un  bolide  observé  à  Nancy x  le  20  décembre  1871,  par  M.  P. 
Guyot.  —  Ce  bolide  est  apparu  à  40  h.  28  du  soir,  près  des  étoiles  s 
et  &  de  Cassiopée;  n'entra  ensuite  dans  Persée,  passa  près  de  6  et  a,  et 
continua  sa  course  vers  les  Pléiades  en  coupant  y  de  Persée  et  Algol, 
et  en  passant  à  côté  de  %  ^e  ^a  même  constellation.  Il  fit  explosion  près 
des  Pléiades,  et  produisit  une  vive  lumière  verte  ;  un  des  fragments  du 
bolide  se  dirigea  vers  â  du  Taureau,  et  un  autre  remonta  vers  le  nord 
en  entrant  dans  la  constellation  du  Cocher;  il  disparut  près  de  0.  Deux 
autres  fragments  descendirent  à  l'ouest  et  durent  entrer  dans  la  cons- 
tellation du  Bélier.  Ces  fragments  de  bolide  de  laissèrent 'pas  de 
traînée  lumineuse  derrière  eux. 

—  M.  P.  Gityot  adresse,  en  outre,  trois  nouvelles  Notes  relatives  à 
la  coloration  du  ciel. 

—  M.  Tarry  constate  que  la  loi  formulée  par  lui,  et  en  vertu 
de  laquelle  les  cyclones  qui  descendent  de  l'Europe  vers  l'Afrique 
éprouvent  invariablement,  dans  les  régions  équatoriales,  un  mouvement 
de  recul  qui  les  fait  revenir  d'Afrique  en  Europe,  chargées  du  sable 
qu'ils  ont  soulevé  dans  le  Sahara,  s'est  déjà  vérifiée  à  la  fin  de 
décembre  1870,  et  que,  si  elle  est  exacte,  le  cyclone  qui  est  descendu 
sur  l'Europe  du  8  au  10  janvier  la  retraversera  du  sud  au  nord,  à  par- 
tir du  16  janvier,  tandis  qu'on  observera  au  sud  de  l'Europe  une 
pluie  de  sable  à  cette  date.  Il  avait  annoncé  ce  recul  et  cette  pluie  de 
sable,  au  vu  de  la  situation  atmosphérique  de  l'Europe  accusée  par  le 
Bulletin  international  du  10  janvier,  dans  une  note  qui  a  été  remise 
le  11,  au  matin,  à  M.  le  Directeur  de  l'Observatoire  de  Paris,  en  se 
fondant  sur  la  complète  similitude  de  cette  situation  et  de  celle  du 


foi   ~  lès  iïoHbtâ. 

ï  mars  1869,  qui  à  précédé  là  pluie  de  [sable  dii  <0  tiàri  de  lk  tUMi 
année. 

—  M.  de  Qtjatrefages,  en  présentant  à  l'Académie  un  dù*f fcîfrè' #4 
M.  Chantre,  intitulé  «  Les  palaftités  ou  constructioné  lacuâtfes  du 
lac  de  Paladru  »,  ajoute  les  remarques  suivantes  : 

Les  palaffites  de  Paladru  sont  intéressants  en  ce  qu'ils  prouvent 
qu'il  a  existé  en  France  des  habitations  lacustres  jusqu'à  l'époque 
càrlovinglénfle.  En  outre*  ce  n'est  pas  la  violence  qui  a  déterminé  la 
ruine  de  l'établissement  déctit  dans  l'ouvrage  que  j'ai  l'honneur  de 
présenter,  mils  bien  un  phénomène  naturel  d'envahissement  par  les 
feàu*.  M.  Chantre  a  étudié  les  causes  qui  ont  pu  faire  varier  le  niveau* 
dtl  lâc.  It  A  examiné  d'ailleurs  les  espèces  animales  et  végétales  dont 
if  à  recueilli  les  restes,  ajoutant  ainsi  à  ce  que  des  recherches  eu 
apparence  exclusivement  archéologiques  nous  ont  déjà  appris,  surtout 
a\i  sujet  de  noô  animaux  domestiques  et  de.nos  plantes  cultivées.  A  ces 
divers  titres,  le  travail  de  M.  Chantre  intéresse  l'Académie  des  Sciences 
beaucoup  plus  qu'on  ne  pourrait  le  penser  de  prime  d'abord. 


SÉANCE   DU   LUNDI   22   JANVIER.  * 

—  Observations  relatives  a  là  note  inférée  par  M.  Fremy  au  dernier 
Compte  rendu  ;  par  M.  Balard.  «  Il  y  a  huit  ans  qu'il  s'est  produit  dans 
le  sein  de  l'Académie,  sur  la  question  de  la  génération  Spontanée,  une 
agitation  passionnée  et  stérile  pour  la  science.  Les  savants,  dont  je  suis 
loin  de  Contester  la  valeur  comme  physiologistes  et  comme  observateurs, 
mais  qui  manquaient  de  l'éducation  du  laboratoire,  indispensable  pour 
instituer  des  expériences  rigoureuses,  dans  une  matière  délicate  qui 
exige  l'habileté  et  l'instinct  d'un  chimiste  consommé,  encombraient  la 
science  de  faits  inexacts.  A  la  suite  (l'insuccès  dus  à  leur  inexpérience, 
ils  contestaient  les  résultats  auxquels  M.  Pasteur  était  parvenu,  rame- 
nant ainsi  l'obscurité  sur  ces  questions,  que  notre,  confrère  avait  éclai- 
rées d'une  si  vive  lumière.  L'Académie  voulut  que  ces  faits  contestés 
fussent  vérifié'g.  Ils  le  furent  par  ses  délégués,  dont  le  rapport  fut 
approuvé  (1),  et,  depuis  cette  époque,  la  question  de  la  génération 
spontanée  était  sortie  du  domaine  de  la  discussion  scientifique  cou- 
rante dans  lequel  elle  tend  à  rentrer.  Cette  discussion  doit  cependant 
prendre  désormais  ces  faits  pour  point  de  départ,  parce  qu'ils  repré- 

u  ttht*  ConyniugnjKOttmfe  à^oette  époque  le  composait  de  MM.  FlooreM,  Dam», 
BronpiUrt,  Milne  Edwavdi  et  Balard. 


LES  NiONDÉS.  245 

sentent  en  ce  moment  ce  qu'il  y  d  (Je  plus  avancé  eh  fait  d'expérience 
acquise  sur  ce  sujet. 

On  peut,  à  mon  avis,  rentrer  dans  la  discussion  (Tune  manière 
utile,  mais  en  contestant  seulement  l'interprétation  que  M.  Pasteur 
donne  de  ses  expériences,  au  moyen  de  l'apport  de  faits  nouveaux 
indiscutables  comme  les  siens,  et  montrant  que  son  explication  n'est 
pas  exacte.  Voilà  la  seule  marche  logique  et  digne  de  l'Académie,  qui 
c'a  pas  à  débattre  des  opinions,  mais  à  vérifier  l'exactitude  des  laits 
sur  lesquels  on.  Jes  appuie. 

Mais  des  faits  probants  sur  ces  sortes  de  matières,  n'en  a  pas  qui 
veut.  Notre  confrère,  n'en  pouvant  distraire  encore  du  Mémoire  qu'il 
prépare/s'est  décidé,  pour  rentrer  .dans  la  question,  A  les  remplacer  par 
yne  interrogation.  Il  demandç  a  M.  Pasteur,  non  pas  comment  se 
développe  la  vie  d'une  manière  générale,  question  dont  la  solution 
préalable  doit  cependant  précéder  toutes  les  autres,  mais  bien  com- 
ment se  produit  une  levure  spéciale,  la  levure  alcoolique.  Et  pourquoi 
flOtre  confrère  ne  le  cherchait-il  pas  lui-même  ?  Pourquoi?  ai}  lieu 
,  ^'interroger  la  nature,  interroge-t-il  M.  Pastepr,  qui,  je  le  crois  bien. 
fimra  par  lui  répondre  en  instituant  une  expérience  concluante  comme 
il  sait  les  faire 

Cependant,  mon  cher  Pasteur,  permettez  à  ma  vieille  amitié  de  vous 
dire  publiquement  que  je  crains  que  vous  n'entriez  dans  une  voie 
çuiçible  à  vos  propres  recherches  et  a  votre  repos,  en  répondant  par  vo£ 
expériences  personnelles  aux  questions  spéciales^  nombreuses,  qui 
peuvent  vous  être  adressées,  maintenant  que  la  porte  est  ouverte.  Que 
yos  adversaires  expérimentent  d'abord  eux-mêmes,  et,  quand  ils  voua 
apporteront  des  résultats  qui  vous  paraîtront  inexacts,  appliquez  à  les 
discuter  et  à  trouver  le  point  faible,  s'il  y  en  a,  cette  logique  scienti- 
fique sévère  dont  vous  avez  le  secret. 

Le  térafré  modifiera-t-il  vos  opinions?  Je  ne  sais,  mais  qu'importe  1 
te  (jtiè  iôtis  en  àVèz  tire  ne  flràjppë-t-il  pas  tous  lès  yeux  ?  Vous  avez 
éifyliqué  la  "véritable  cause  de  la  conservation  des  matières  alimen- 
taires. Voua  nous  avez  appris  à  préserver  nos  vins  des  diverses  altéra- 
tions  qu'ils  pouvaient  éprouve^.  Vous  avez  faU  connaître  la  véritable 
théorie  de  la  production  du  vinaigre,  et  montré  à  l'Allemagne  la  cause 
première  d'une  exploitation  qu'elle  fait  sur  une  ^ande  échelle,  sans 
comprendre  la  nature  du  procédé  qu'elle  a  introduit,  dans  l'industrie. 
Déjà  la  fabrication  de  la  bière  a  fait  de  grands,  progrès  par  vos  études, 
jjui  fourniront  à  la  Bavière  e|le-mèraç  des,  améliorations  dans  ses  pra- 

victorieuse.  Ne  peut-on  pas  espérer  qu'en  persévérant  dans  cette  voie 


246  LES  MONDES. 

vous  préserverez  l'espèce  humaine,  à  son  tour,  de  quelques-unes  de 
ces  maladies  mystérieuses  dont  les  germes  contenus  dans  l'air  pour- 
raient être  la  cause? 

Mais  pour  continuer  ainsi  vos  travaux,  il  faut  que  rien  ne  vienne 
troubler  la  paix  du  laboratoire  qu'on  a  construit  pour  la  science  nou- 
velle que  vous  avez  créée,  et  qui,  en  présence  des  grands  résultats  qui 
en  sont  sortis,  ne  sera  jamais  trop  largement  doté.  Il  faut  que  vous 
continuiez  à  grouper  autour  de  vous  ces  jeunes  hommes  que  vous 
animez  de  votre  esprit  et  que  vous  pénétrez  de  vos  méthodes.  Donnez 
des  successeurs  et  des  émules  à  MM.  Van  Tieghem,  Duclaux,  Gernez, 
Raulin,  et  formez  ainsi  une  nouvelle  génération  de  jeunes  savants 
instruits  à  votre  école.  Et  si  par  hasard  la  doctrine  de  l'hémi-orga- 
nisme  était  plus  vraie  que  nous  ne  le  supposons  aujourd'hui,  vous  et 
moi;  si  elle  manifestait  sa  fécondité  par  des  résultats  analogues  à  ceux 
qu'on  vous  doit  ;  si,  tout  en  interprétant  les  faits  que  vous  avez  obser- 
vés (car  c'est  la  condition  à  laquelle  doit  satisfaire  toute  théorie  nou- 
velle), elle  en  expliquait  d'autres  pour  lesquels  celle  des  germes  serait 
insuffisante,  nous  accueillerions  avec  reconnaissance  les  expériences 
du  savant,  quel  qu'il  fût,  qui  nous  aurait  apporté  une  lumière  plus 
vive.  Car  ce  que  nous  aimons  ensemble  et  par-dessus  tout,  c'est  la  vé- 
rité, la  vérité  simple,  modeste  et  sans  retentissement.  Les  jeunes  gens 
qui  cultivent  la  science  ne  l'ignorent  pas,  pourvu  qu'ils  apportent  à 
l'Académie  des  expériences  dirigées  dans  un  véritable  esprit  scienti- 
fique, ils  ne  trouveront  ici  que  des  juges  bienveillants,  pleins  de 
sympathie  pour  eux,  heureux  d'encourager  leurs  travaux  ;  ils  n'auront 
jamais  besoin  d'invoquer  contre  aucun  d'entre  nous  le  patronage  pro- 
mis par  notre  confrère,  ni  de  recourir  aux  voix  indépendantes  qu'il 
tient  à  leur  disposition.  » 

—  M.  Fr6my  dit  :  «  Pour  conserver  à  la  discussion  son  caractère 
exclusivement  scientifique  et  pour  donner  à  l'Académie  une  nouvelle 
preuve  de  mes  sentiments  de  modération  et  de  bonne  confraternité,  je 
me  contente  de  déclarer  que  je  ne  répondrai  pas  à  la  note  de  M.  Ba- 
lard,  parce  qu'elle  n'apporte  pas  d'élément  scientifique  nouveau  à  la 
question  qui  se  discute  en  ce  moment.  » 

—  Sur  la  nature  et  Vorigine  des  ferments.  Réponse  de  M.  Pasteur 
à  la  Note  de  M.  Fremy,  insérée  au  dernier  Compte  rendu.  M.  Fremy 
s'exprime  ainsi  (séance  du  18  décembre  dernier)  : 

«  Pour  ne  parler  ici  que  de  la  fermentation  alcoolique,  j'admets 
que,  dans  la  production  du  vin,  c'est  le  suc  même  du  fruit  qui,  au 
contact  de  l'air,  donne  naissance  aux  grains  de  levure  par  la  transfor- 


LES  MONDES.  247 

mation  de  la  matière  albumineuse,  tandis  que  M.  Pasteur  soutient  que 
les  grains  de  levure  ont  été  produits  par  des  germes.  » 

Dans  sa  note  du  dernier  Compte  rendu,  M.  Fremy  précise  un  peu 
plus  sa  pensée  et  il  dit  :  «  que  les  grains  de  levure  sont  de  véritables 
cellules  qui  se  produisent  sous  l'influence  de  l'organisme  même,  comme 
toutes  les  cellules  organisées,  comme  le  pollen,  comme  les  grains 
aleuriques,  etc.,  sans  dériver  de  germes  atmosphériques,  et  cependant 
leur  développement  exige  le  concours  de  l'air.  » 

Telles  sont  les  propositions  de  M.  Fremy,  hypothèses  purement  gra- 
tuites, on  le  voit.  Nulle  part,  M.  Fremy  n'a  donné  la  moindre  preuve 
de  ses  opinions  ;  il  y  a  même  dans  leur  expression  quelque  incertitude  : 
ainsi,  on  vient  de  voir  par  les  deux  citations  précédentes,  que,  pour 
M.  Fremy,  la  matière  albumineuse  se  transforme  directement  en 
levure  (première  citation),  ou  bien  les  cellules  de  levure  se  produisent 
directement  sous  l'influence  de  l'organisme  (deuxième  citation). 
Comme  il  importe  extrêmement  qu'il  n'y  ait  pas  d'équivoque,  je  vais 
poser  la  question  à  mon  tour. 

Si  les  cellules  de  levure  viennent  du  jus  du  raisin  après  qu'il  a  été 
exposé  à  l'air,  et  non  des  germes  qui  sont  en  suspension  dans  l'air  ou 
à  la  surface  des  grains,  ce  qui  est  ma  manière  de  voir,  il  faut  qu'en 
écrasant  des  grains  de  raisin  au  contact  de  l'air  privé  de  germes  quel- 
conques, il  faut,  dis-je,  dans  l'hypothèse  de  M.  Fremy,  que  la  bouillie 
de  ces  grains  écrasés  fermente,  ou  donne  tout  au  moins  naissance  à 
des  productions  organisées.  Est-ce  bien  là  ce  que  pense  M.  Fremy? 
Quant  à  moi,  je  n'ai  pas  besoin  d'ajouter  que,  dans  mon  opinion,  il 
est  impossible  qu'il  y  ait  fermentation  ou  formation  de  productions 
organisées  dans  les  conditions  que  j'indique. 

Ma  réponse  aux  notes  de  M.  Fremy  pourrait  se  borner  à  cette  réfu- 
tation péremptoire  de  son  hypothèse.  Mais  j'irai  plus  loin. 

Je  puis  démontrer  avec  rigueur  lés  quatre  propositions  suivantes  : 

1°  Le  germe  de  la  levure  du  raisin  est  le  germe  du  mycodermavini; 

2°  La  leviire  du  raisin  diffère  de  la  levure  de  bière  proprement  dite 
(celle  qu'ont  eue  entre  les  mains  Lavoisier,  Gay-Lussac,  Thenard,  Ca- 
gnard-Latour),  à  tel  point  qu'il  n'y  a  pas  une  seule  cellule  de  cette 
levure  de  bière  dans  la  cuve  de  vendange  ; 

3°  La  levure  du  raisin  est  identique  à  la  levure  de  bière  à  fermenta- 
tion basse  des  bières  dites  allemandes  ; 

4°  Le  germe  du  mycoderma  vini  est  un  des  germes  les  plus  répan- 
dus dans  l'atmosphère,  particulièrement  au  printemps  et  dans  l'été. 
Ce  mycoderme  a  deux  modes  de  vie  essentiellement  distincts  :  MOISIS- 
SURE, il  s'empare  de  l'oxygène  de  l'air,  le  fait  servir  à  l'assimilation 


L 


548  LES  MONDES. 

-v?  .      ■ 

des  matériaux  de  jp.  nutrition,  et  le  rend  à  l'état  d'acide  carbonique  ; 
FERMENT,  il  se  développe  à  l'abri  de  l'air  et  devient  la  levure  alcoo- 
ligue  du  raisin. 

'Et  voilà  que  M.  Freray,  qui  ne  voulait  pas  entendre  parler  de  moi-     * 
sissures,  s'y' trouve'  ramené* forcément  par  moi,  ou  mieux  par  la 
puissance  des  faits  contré  laquelle  ne  peuvent  prévaloir  nos  faibles 
conceptions,  d 

—  De  la  température  du  sol  observée  au  Jardin  de  Plantes,  à  FOb- 
servatoire  et  à  Mont  souris,  pendant  le  mois  de  décembre  i87i,  à  O™,^ 
au-dessous  de  la  surface.  Note  de  JMM.  Becquerel  et  Ed.  Becquerel. 
—  Conclusions.— «Au  Jardin  des  Plàntes,soufe  le  sol  couvert,  la  tempé- 
rature a  élé  plus  uniforme  que  dans  les  autres  sols,  en  raison  peut- 
être  des  arbres  verts  qui  s'y'  trouvent  à  très -peu  de  distance  et  qui 
servaient  d'abris  contre  le  rayonnement  des  espaces  célestes.  Le  climat 
y  a  donc  été  plus  tempéré.  Des  graines,  des  bulbes,  des  larves  d'in- 
sectes, très-sensibles  à  la  gelée,  y  souffriraient  donc  moins  qu'à 
Montsouris  et  au  Jardin  des  Plantes,  dans  le  sol  dénudé A  l'Ob- 
servatoire, le  sol,  quoique  moins  uniforme,  y  a  été  cependant  un  peu 

plus  chaud  que  celui  couvert  du  Jardin  des  Plantes Dans  un  sol 

d'une  certaine  étendue,  livré  à  la  culture*,  et  dont  toutes  les  parties    • 
ne  sont  pas  identiques,  sous  le  rapportlde  leurs  propriétés  physiques, 

la  distribution  (Je  la  chaleur  solaire  n'est  pas  uniforme  partout.  Nous 
faisons  abstraction  ici  de  l'état  hygrométrique  du  sol,  qui  exerce  aussi 
une  influence.....  Si  l'on  sème  tardivement,  dans  une  terre  semblable 
à  celles  du  jardin  (sol  couvert)  et  de  l'Observatoire,  des  graines  de 
céréales  et  autres,  dont  la  végétation  ne  soi),  pas  assez  avancée  pour 
que  les  jeunes  feuilles  couvrent  le  sol  ayant  la  gelée,  il  y  a  chance  pour 
que  les  jeunes  plants  souffrent  du  froid.  » 

—  Sur  la  comète  d'Encke  et  les  phénomènes  qu'elle  vient  de  pré- 
senter à  sa  dernière  apparition.  Note  de  M.  Paye,  a  Les  astronomes 
anglais  ont  été  vivement  frappés  de  la  singulière  figure  sous  laquelle 
la  comète  d'Encke  vient  de  se  montrer.  Son  spectre  est  exactement 
semblable  ^  celui  de  la  comète  II,  1868,  qui  présenta  trois  bandes 
brillantes  coïncidant  en  position  et  en  éclat  relatif  avec  trois  bandes 
du  spectre  du  carbone.  Pas  de  traça  de  polarisation,  ou  du  moins 
la  lumière  de  cette  comète  ne  présentait  certainement  pas  une  propor- 
tion considérable  de  lumière  polarisée.  La  matière  cométaire  paraissait 
s'écouler  vers  le  Soleil;  elle  ne  semblait  pas  avoir  encore  éprouvé 
l'action  répulsive  de  cet  astre. 

Sa  figure  était  en  éventail,  sans  noyau.  Une  nébulosité  s'étend  biep 
^u  tfçlà  de  l'éventail  brillant,  mais  seulement  du  côté  où  s'ouvre  cet 


LES  MONDES.  349 

éventail.  Du  côté  opposé,  cette  nébulosité  est  coupée  net,  à  peu  près 
en  ligne  droite,  immédiatement  en  arrière  du  sommet  de  l'éventail. 
Le  côté  ouvert  de  l'éventail  était  directement  tourné  vers  le  Soleil. 

Au  premier  abord,  il  semblerait  que  ces  phénomènes  fussent  en 
pleine  contradiction,  soit  avec  ceux  que  les  comètes  ont  constamment 
présentés  jusqu'ici,  soit  avec  la  théorie  que  j'ai  proposée  depuis  long* 
temps  pour  les  expliquer.  Une  bien  simple  réflexion  suffit,  je  crois, 
pour  montrer  qu'il  n'en  est  rien. 

La  comète  d'Encke  est  celle  qui  a  la  période  la  plus  courte  (trois 
ans  un  tiers).  Depuis  4786,  époque  de  la  première  découverte,  elle  a 
déjà  exécuté  vingt-six  fois  son  retour  au  périhélie.  Elle  a  donc  dû 
subir  un  grand  nombre  de  fois  l'action  du  Soleil,  et  perdre  presque 
tous  ses  matériaux  les  plus  sensibles  à  l'action  solaire.  Hais  elle  avait» 
au  commencement  de  ce  siècle,  une  queue  très-visible  à  l'œil  nu  et  un 
noyau  brillant  comme  une  étoile  de  quatrième  grandeur,  et  l'obeer» 
vation  de  M.  Carpenter  montre  que  son  épuisement  en  matériaux 
susceptibles  d'être  repoussés  par  le  Soleil  n'est  pas  encore  complet  ; 
qu'il  en  reste  assez  pour  former  une  assez  vaste  nébulosité  et  un  véri- 
table rudiment  de  queue,  et,  par  suite,  pour  rendre  compte  de  la 
lumière  propre  du  noyau,  dans  l'ordre  d'idées  que  j'ai  exposé  derniè- 
rement au  sujet  d'une  ingénieuse  hypothèse  de  M.  Tait  s 

—  Sur  les  protubérances  solaires,  par  le  R.  P.  Secchi.  —  c  J'ai 
l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  le  résultat  de  toutes  les  observa- 
tions faites  sur  les  protubérances  pendant  l'année  qui  vient  de  finir. 
Les  observations  comprennent  9  rotations  solaires.  Ces  résumés  font 
aussi  ressortir  des  faits  nouveaux,  qui  ont  une  grande  importance 
pour  la  théorie  solaire.  Les  9  rotations  synodiques  approximatives 
sont  distribuées  comme  il  suit,  avec  le  nombre  des  jours  d'observation 
effective. 

Tableau  des  rotations  et  des  jours  d 'observation* 

Joart. 

Rot.  I,  du  23  avril  au  25  mai,  25 

II,  du  22  mai  au  18  juin,  24 

III,  du  19  juin  au  15  juillet,  26 

IV,  du  16  juillet  au  12  août,  28 

V,  du  13  août  au  9  septembre,  25 

VI,  du  10  septembre  au  7  octobre,  18 
VU,  du  8  octobre  au  4  novembre,  14 
VI  11,  du  5  novembre  au  4  décembre,  8 

IX,    du  5  décembre  au  31  décembre,  16  -, 

i9 


260  LES  MONDES. 

Le  nombre  total  des  protubérances  notées  et  figurées  est  de  2,667; 
le  nombre  total  des  jours  d'observation  complète  est  de  184.  On  a  re- 
jeté les  jours  incomplets. 

Conclusions.  «—!•  Les  protubérances  observées  étant  dipposées  de  10 
en  10  degrés  de  latitude  héliographique,  on  voit  qu'il  y  a  deux  maxima 
principaux  de  fréquence,  placés  entre  20  et  30  degrés  lat.  nord,  et  entre 
10  et  30  degrés  lat.  sud;  deux  maxima  secondaires  se  trouvent  entre 
70  et  80'  degrés  dans  chaque  hémisphère.  Les  minima  principaux 
tombent  entre  60  et  70  degrés  nord  et  50  et  60  degrés  sud  ;  un  minimum 
secondaire,  près  de  l'équateur,  entre  zéro  et  10  degrés  nord; deux 
autres  minima,  aux  pôles. 

2*  Les  régions  où  les  protubérances  sont  les  plus  nombreuses  sont 
aussi  celles  où  elles  sont  le  plus  élevées  ;  la  hauteur  moyenne  est  allée 
en  diminuant  de  la  11e  à  la  VIIIe  rotation  (22  mai  au  4  décembre),  à 
cette  dernière  époque  elle  est  réduite  à  4/7  ;  dans  l'hémisphère  sud,  elles 
sont  un  peu  plus  élevées  et  plus  nombreuses  que  dans  l'hémisphère 
nord. 

a»  Les  régions  qui  fournissent  des  maxima  et  des.  minima  pour  le 
nombre  des  protubérances  sont  aussi  celles  dans  lesquelles  les  protubé- 
rances sont  le  plus  étendues.  Les  masses  de  protubérances  les  plus  élevées 
sont  aussi  celles  qui  sont  les  plus  étendues  en  longitude  et  en  latitude, 
bien  que  l'on  rencontre  quelquefois  des  protubérances  étroites  et  isolées 
qui  arrivent  à  une  grande  hauteur. 

4*  Les  légions  des  maxima  des  facules  coïncident  avec  les  régions  du 
maximum  principal  des  protubérances  en  hauteur  et  largeur. 

5»  Parmi  les  893  protubérances  observées  du  26  août  au  ai  décembre, 
on  en  trouve  471  qui  ont  une  direction  bien  tranchée,  en  forme  de  pa- 
naches inclinés;  or,  de  ce  nombre,  370  sont  inclinées,  selon  la  loi  du 
transport  de  l'atmosphère  solaire,  de  l'équateur  aux  pôles,  et  101  seu- 
lement ont  été  trouvées  dirigées  en  sens  contraire;  40  ont  été  verticales, 
sur  les  pôles  ou  à  l'équateur.  Ce  fait  ne  peut  être  accidentel,  M.  Spœrer 
est  arrivé  aussi  au  même  résultat,  après  moi. 

6#  Pendant  cette  période,  comprenant  presque  neuf  mois,  j'ai  observé 
un  grand  nombre  de  véritables  éruptions,  mais  je  n'en  ai  vu  aucune  à 
une  latitude  supérieure  à  45  degrés.  Les  plus  belles  sont  comprises 
entre  zéro  et  36  degrés.  Les  éruptions  proprement  dites  ont  une  durée 
très-courte  :  en  une  heure,  tout  est  à  peu  près  fini.  L'éruption  est  pré- 
cédée par  un  cumulus,  ou  dôme  krégulier  très-vif,  qui  soulève  la  chro- 
mosphère; peu  à  peu  le  sommet  du  dôme  se  soulève,  des  jets  se  pro- 
noncent et  sont  suivis  par  des  arcs  paraboliques  de  matière  éruptive, 
qui  retombent  sur  le  soleil  :  la  plus  grande  partie  de  la  masse  soulevée 


LES  MONDES.  KH 

se  diffuse  dans  l'atmosphère  solaire,  s'y  dissout  et  perd  son  éclat;  enfin  il 
reste  un  petit  Jet,  dépouillé  de  sa  magnifique  parure,  qui  s'éteint  à  son 
tour.  La  plus  grande  hauteur  à  laquelle  J'aie  vu  et  mesuré  la  matière 
projetée  a  été  de  4'3t".  Cette  grande  hauteur  n'est  atteinte  que  par  l'hy- 
drogène et  la  matière  de  la  raie  D».  Les  vapeurs  des  autres  métaux  n'ar* 
rivent  Jamais  aussi  haut.  Les  corps  que  J'ai  vu  s'élever  le  plus  haut  sont 
le  sodium  et  la  matière  qui  produit  la  raie  rouge,  à  peu  près  à  égale 
distance  entre  B  et  C. 

—  Distillation  simultanée  de  l'eau  et  de  l'iodure  butyliqtie,  par  M.  ls. 
Pierre.  —  Lorsqu'on  met,  dans  une  cornue,  de  l'eau  et  de  l'iodure  buty- 
lique,  ces  deux  liquides  s'y  superposent  dans  Tordre  de  leurs  densité*, 
c'est-à-dire  que  l'iodure,  dont  la  densité  est  égale  à  1,6  environ,  se  dé- 
pose au  fond  de  la  cornue.  Si  l'on  chauffe  la  masse  liquide  mixte,  là 
température  s'élève  progressivement  Jusque  vers  95  ou  96  degrés  ;  à 
cette  limite,  elle  reste  stationnaire  ;  une  ébullition  Régulière  se  mani- 
feste et  la  distillation  commence.  Chacun  de  ces  deux  phénomènes  mé- 
ritant ici  une  attention  spéciale,  nous  allons  nous  y  arrêter  successi- 
vement. On  voit  de  grosses  gouttes  d'iodure  se  détacher  de  la  couche 
inférieure  constituée  par  l'iodure  et  traverser  la  couche  d'eau,  puis  re- 
tomber en  la  parcourant  en  sens  inverse.  Chacune  des  gouttes  d'iodure 
est  surmontée  d'une  bulle  creuse  et  transparente,  d'apparence  sphérique, 
remplie  de  vapeur,  et  beaucoup  moins  dense  que  l'eau  ;  on  comprend 
aisément  qu'un  système  composé  d'une  pareille  bulle  et  d'une  goutte 
d'iodure,  de  grosseur  convenable,  puisse  avoir  encore  une  densité 
moyenne  inférieure  à  celle  de  l'eau. 

Tant  qu'il  reste  une  seule  goutte  d'iodure  au  fond  de  l'eau,  la  tempé- 
rature d' ébullition,  accusée  par  un  thermomètre  plongeant  dans  le  bain 
mixte,  ne  subit  pas  de  changement  sensible,  elle  reste  à  96°;  mais, 
lorsque  tout  l'iodure  a  disparu,  la  température  s'élève  progresslvemeùt 
et  d'une  manière  continue,  jusqu'à  ce  qu'elle  ait  atteint  100  degrés, 
c'est-à-dire  que  nous  rentrons  alors  dans  le  cas  ordinaire  de  l'eau. 

Lorsqu'on  distille  l'iodure  seul,  il  bout  à  122°,5  ;  en  présence  de  l'eau, 
il  bout  et  distille  vers  96  degrés.  La  température  de  son  ébullition  se 
trouve  donc  alors  abaissée  de  26%*.  Des  deux  liquides,  le  plus  volatil, 
c'est  l'eau,  qui  bout  à  100  degrés;  îl  semble,  à  priori,  que  Teau  devrait 
distiller  plus  rapidement  que  l'iodure,-  mais  si,  pendant  toute  la  durée 
de  l'expérience,  on  observe  les  proportions  relatives  des  deux  liquides 
condensés,  on  trouve  que,  sur  un  total  de  100  parties,  en  volume,  de 
liquide  condensé,  l'eau  ne  figure  que  pour  21,  tandis  que  l'iodure  figure 
pour  19,  c'est-à-dire  quatre  fois  plus  en  volume,  et  près  de  six  fois  et 
demie  plus  en  poids.  Ce  rapport  paraît  indépendant  de  celui  des  quan- 


252  LES  MONDES. 

tités  de  liquides  contenus  dans  la  cornue,  puisque,  vers  la  fin  de  l'expé- 
rience, quand  il  ne  reste  presque  plus  que  des  traces  d'iodure,  en 
présence  d'un  grand  excès  d'eau,  ce  rapport  est  exactement  le  même 
que  lorsque  les  deux  liquides  sont  en  présence,  volume  à  volume,  dans 
cette  même  cornue,  * 

L'iodure  éthylique,  en  présence  de  l'eau,  se  comporte  d'une  manière 
analogue.  Le  mélange  bout  régulièrement  à  66  degrés,  tandis  que 
Fiodure  seul  bout  à  70,  et  la  température  d'ébullition  reste  constante  ; 
seulement,  la  proportion  d'eau  condensée  en  même  temps  que  Fiodure, 
pendant  la  distillation,  est  beaucoup  plus  faible  que  dans  le  cas  de  tous 
les  liquides  que  nous  avons  examinés  jusqu'à  ce  jour.  Elle  atteint  à 
peine  3  ou  4  pour  100.  L'iodure  étbylique  donne  lieu,  pendant  son 
ébuilition  en  présence  de  l'eau,  aux  mêmes  apparences  que  Fiodure 
butylique. 

—  Rapport  sur  un  mémoire  de  M.  Grûner  relatif  a  V  action  de  l'oxyde  de 
carbone  sur  le  fer  et  ses  oxydes.  —  Conclusions.  — •  M.  Grùner,  non-seu- 
lement répète  et  confirme  les  expériences  de  ses  prédécesseurs,  Bell, 
Margueritte,  Caron,  etc.,  sur  la  production  du  charbon  floconneux,  au 
contact  de  l'oxyde  de  carbone  et  de  l'oxyde  de  fer  à  basse  température, 
mais  encore  il  fait  une  analyse  immédiate  du  plus  haut  intérêt  sur  le 
produit  définitif  de  cette  réaction  nouvelle. 

En  faisant  passer  de  l'oxyde  de  carbone  pur  sur  du  sesquioxyde  de 
fer  naturel,  à  une  température  voisine  de  400  degrés,  le  premier  effet 
obtenu  est  la  transformation  du  sesquioxyde  en  un  oxyde,  ou  un  mé- 
lange d'oxydes  moins  oxygénés,  sans  dépôt  bien  notable  de  charbon. 
Puis  celui-ci  apparaît  et  se  produit  dès  lors  avec  une  rapidité  très- 
grande.  En  opérant  sur  de  très-petites  quantités  de  matière,  on  épuise 
l'action  du  gaz  réducteur;  en  analysant  par  les  procédés  les  plus  ra- 
tionnels le  mélange  résultant,  on  trouve  les  nombres  suivants  : 

Charbon 33,40 

Oxyde  magnétique 3,75    tenant  oxygène ....      1 ,05 

Argile  du  minerai 0,61 

Fer  métallique 61,19 

Oxygène  uni  à  oefer.  .      1,05  j,05 

106,00  2,10 

M.  Grûner  conclut  de  ces  nombres  que  la  réduction  totale  de  l'oxyde 
de  fer  par  l'oxyde  de  carbone  dans  ces  conditions  est  impossible,  et  que 
le  dépôt  de  charbon  par  le  dédoublement  de  l'oxyde  de  carbone  devient 
très-faible,  sinon  nul,  dès  que  la  réduction  de  l'oxyde  de  fer  est  parve- 
nue à  ses  limites  extrêmes. 


LES  MONDES  253 

Il  conclut  d'autres  expériences  que,  pour  être  réduit  par  le  fer,  l'oxyde 
de  carbone  doit  apporter  avec  lui  ou  rencontrer  une  certaine  quantité 
d'acide  carbonique  ou  d'oxygène. 

En  résumé,  le  travail  de  M.  Grûner  contient  un  grand  nombre  de  faits 
delà  plus  haute  importance  pour  l'étude  des  propriétés  du  gaz  oxyde  de 
carbone,  de  son  action  sur  le  fer  et  les  oxydes  de  fer,  pour  la  théorie  de 
la  fabrication  du  fer  et  de  la  cémentation,  et  nous  demandons  à  l'Aca- 
démie de  vouloir  bien  insérer  son  mémoire  dans  le  Recueil  des  Savants 
étrangers. 

—  Sur  lerôledes  organes  respiratoires  chez  les  larves  aquatique*,  par 
M*  Monnier.  —  Conclusion  :  *  1°  Les  trachées  n'interviennent  pas 
dans  l'acte  respiratoire  de  ces  larves,  comme  on  a  cru  le  reconnaître 
jusqu'à  ce  jour,  mais  la  respiration  est,  de  tout  point,  sem- 
blable à  celle  des  autres  animaux  aquatiques  ; 

2°  Les  trachées,  dont  toutes  les  larves  sont  pourvues,  ont  pour 
but  de  répandre  uniformément  une  couche  d'air  sous,  la  peau  de  la 
nymphe,  afin  de  rendre  tout  frottement  impossible  entre  l'insecte 
et  son  enveloppe  ; 

3°  Les  organes  respiratoires  de  la  nymphe  servent  à  accumuler 
une  provision  d'air  dans  l'œsophage  et  le  gésier f  et  cet  air, 
expulsé  subitement  par  l'anus,  projette  mécaniquement  l'insecte 
hors  de  son  tégument  compliqué,  instantanément  et  sans  lutte.  » 

—  M.  Wolf  adresse  une  lettre  relative  au  développement  et  à  la 
disposition  nouvelle  qu'il  conviendrait  de  donner  aux  expériences 
qu'il  a  déjà  soumises  au  jugement  de  l'Académie,  sur  le  mode  d'ob- 
servation à  adopter  pour  le  prochain  passage  de  Vénus. 

—  H.  Trémaux  adresse  une  note  intitulée  :  «  Phénomènes  in- 
diquant l'état  du  milieu  sidéral.  »  Suivant  l'auteur,  les  difficultés 
que  les  astronomes  ont  cru  rencontrer  contre  l'existence  des  atmo- 
sphères sidérales  vient  de  ce  qu'ils  ont  supposé  que  la  matière 
devait  tourner,  à  une  certaine  distance  de  l'astre  en  rotation,  avec 
une  vitesse  telle  que  la  force  centrifuge  ne  lui  permît  plus  de  de- 
meurer autour  de  l'astre.  L'auteur  admet  que  la  vitesse  de  rotation 
suivrait  une  progression  décroissante  déterminée,  depuis  l'atmo- 
sphère immédiate  jusqu'à  l'astre  secondaire  le  plus  éloigné,  aussi 
bien  autour  des  planètes  qu'autour  du  soleil. 

—  Recherches  sur  les  courants  d'induction  produits  dans  les  bobines 
<Tun  électro-aimant,  entre  les  pôles  duquel  un  disque  métallique  est  mis 
en  mouvement  ;  par  M.  H.  de  Jacobi.  —  «  Dans  la  séanee  du  11  sep* 
tembre  dernier,  M.  P.-A.  Favre  avait  présenté  à  l'Académie  des 
sciences  une  note  sur  l'origine  de  la  chaleur  développée,  lorsque 


354  LES   MONDES. 

le  mouvement  communiqué  4  un  disque  métallique  s'éteint  sous 
l'influence  d'un  électro-aimant.  D'après  lai,  le  courant  de  la  pile, 
circulant  dans  les  bobines,  ne  subissait  aucune  altération,  soit  que 
le  disque  fut  mis  en  mouvement,  soit  qu'il  fut  laissé  en  repos.  Les 
courants  moléculaires,  auxquels  est  dû  le  magnétisme  de  l'électro- 
aimant,  sont  constants*  et  ne  peuvent  être  influencés  par  les  couv- 
rants d'induction  voisins,  circulant  dans  le  disque»  Ces  conclusions 
ne  m'ayant  pas  paru  d'accord  avec  les  lois  générales  de  l'induction, 
je  me  décidai  à  répéter  l'expérience  de  M.  Favre,  avec  un  appareil 
de  M.  Foucault,  construit  par  Rubmkorff  lui-même.  C*paftdant, 
les  moyens  d'expérimentation  employés  par  M.  Favre  ne  m'ayant 
pas  paru  assez  sensibles  pour  décider  la  question,  comme  je 
n'avais  besoin  ni  d'un  calorimètre,  ni  d'un  voltamètre,  mais  seule- 
ment d'un  galvanomètre,  j'ai  employé  un  galvanomètre  à  réflexion 
d'une  extrême  sensibilité. 

Conclusions  :  a  Le  disque  en  mouvement  exerce  une  influence  sur 
ci  les  pôles  voisins  de  l'électro- aimant,  et  donne  lieu  à  des  courants 
«  d'induction  dans  les  bobines  qui  l'entourent. 

a  Lorsque  la  vitesse  du  mouvement  est  accélérée,  ces  courants 
«  sont  contraires  au  courant  de  la  pile,  qui  imprime  ou  qui  avait 
«  imprimé  à  l'électro-aimant  son  magnétisme. 

a  Dès  que  la  vitesse  du  mouvement  devient  uniforme,  ces  cou- 
ci  rants  disparaissent  ;  ils  se  renversent  et  prennent  une  direction 
a  dans  le  sens  du  courant  de  la  pile,  quand  la  vitesse  du  disque  est 
a  retardée.  » 

«  Les  courants  d'induction  circulent  donc  dans  les  bobines,  au 
commencement  et  à  la  fin  du  mouvement  du  disque,  ils  sont  op- 
posés en  direction  et  probablement  de  force  égale.  Ces  courants 
étant  en  outre  très-faibles,  leur  effet  total  se  réduit  parfaitement, 
ou  très-approximativement,  à  zéro;  ce  qui  s'accorde  avec  les  résul- 
tats obtenus  par  M.  Favre,  qui  n'avait  considéré  le  phénomène  que 
dans  son  ensemble.  * 

•  Daqs  ses  expériences,  M.  Jacobi  a  observé  un  fait  curieux.  En 
se  servant  de  la  pile  de  Bunsen,  les  déviations,  malgré  l'aimanta- 
tion très-énergique  des  électro-aimants  ,  ont  été  constamment 
moindres  que  celles  qu'on  obtenait  en,  employant  la  pile,  beaucoup 
plus  faible,  de  Daniell. 

Ne  connaîtrait-il  pas  ou  aurait-il  oublié  ce  que  nous  avons  démontré 
dans  notre  traité  de  télégraphie,  que  pour  produire  lemaximum 
d'aimantation  le  courant  qui  parcourt  le  fil  de  l'électro-aimant  ne 


LES  MONDES.  255 

doit  être  ni  trop  faible,  ni  trop  fort,  mais  proportionné  à  la  lon- 
gueur et  an  diamètre  du  fil,  c'est-à-dire  à  sa  résistance  ? 

—  Lois  géométriques  de  la  distribution  des  pressions,  dans  un  so- 
lide homogène  et  ductile  soumis  à  des  déformations  planes,  par 
M.  J.  Boussinesq.  Citons  seulement  ce  théorème  :  «  La  condition 
nécessaire  et  suffisante  pour  que  deux  systèmes  de  cylindres  ortho- 
gonaux puissent  être  isostatiques  dans  un  corps  ductile  soumis  à 
des  déformations  planes,  ist  que  ces  cylindres,  convenablement 
espacés,  découpent  un  plan  normal  à  leurs  génératrices  en  rectan- 
gles élémentaires  tous  équivalents.  »  ■ 

—  Sur  la  construction  de  cartes  célestes  très- dé  taillées,  par 
MM.  Prosper  Henry  et  Paul  Henry,  —  a  La  méthode  d'observa- 
tion que  nous  employons  pour  obtenir  la  position  des  étoiles  est 
la  suivante  : 

Au  foyer  d'un  télescope  de  0m,30  d'ouverture,  nous  avons  plaeé 
une  plaque  circulaire  de  verre  parfaitement  plan,  coupé  diamé- 
tralement par  un  trait  noir.  Perpendiculairement  à  ce  trait,  nous 
avons  tracé,  au  moyen  d'une  machine  à  diviser,  41  divisions  pla- 
cées à  égale  distance.  L'intervalle  de  deux  traits  consécutifs  est  de 
8mll,4839  et  correspond  à  1  minute  d'arc.  Ces  divisions  sont  desti- 
nées à  mesurer  les  déclinaisons  des  étoiles.  Afin  de  les  évaluer  plus 
promptement,  â  chaque  intervalle  de  5  divisions,  on  a  doublé  la 
longueur  du  trait  ;  l'un  d'eux  est  prolongé  jusqu'à  la  circonférence. 
Pendant  les  observations,  on  l'amène  à  être  parallèle  au  mouve- 
ment diurne,  en  y  laissant  courir  latéralement  une  étoile. 

Ce  [procédé  d'observation  nécessite  deux  observateurs  ;  il  faut 
aussi  disposer  d'une  salle  divisée  en  deux  parties  par  une  cloison 
mince  et  opaque. 

Dans  l'une  d'elles,  complètement  privée  de  lumière,  on  place  le 
télescope  dans  une  position  déterminée  et  invariable.  Un  observa- 
teur (A)  se  place  près  de  l'instrument,  et  suit,  dans  le  champ  de 
l'oculaire,  le  mouvement  des  étoiles  et  leurs  positions  par  rapport 
aux  divisions  du  réticule  décrit  plus  haut  ;  un  second  observateur 
(B),  placé  dans  l'autre  partie  de  la  salle,  a  devant  lui  une  pendule 
sidérale  dont  il  suit  facilement  la  marche  au  moyen  d'une  disposi- 
tion particu^ère  (1). 

(1)  Cette  pendule  est  d'une  eonstruotiou  spéciale.  Noue  avons  rèoonnn  que,  pour 
lire  rapidement  les  secondes,  il  était  préférable  de  faire  tourner  le  cadran,  au  lieu  de 
faire  tourner  l'aiguille;  nous  avons  donc  remplacé  cette  dernière  par  un  cadran  mo- 
bile, très-léger,  dont  chacun  de*  points  de  la  circonférence  passe  devant  un  index 
fixe.  De  cette  façon,  du  premier  coup  d'oeil,  on  trouve  la  seconde,  toujours  au  même 
point,  sans  être  obligé  de  la  chercher  sur  toute  la  surface  du  cadran. 


356  LES  MONDES. 

Le  mouvement  diurne  amenant  dans  le  champ  de  l'oculaire^  et 
par  conséquent  entre  les  divisions  du  réticule,  toutes  les  étoiles  de 
la  zone  vers  laquelle  est  dirigé  l'instrument,  au  moment  où  l'une 
d'elles  s'engage  entre  les  divisions  de  la  plaque  en  verre,  l'obser- 
vateur (A  )  prononce  en  minutes  et  dixièmes  de  minute  la  décli- 
naison, qui  est  immédiatement  transcrite  par  l'observateur  (B)  sur 
un  cahier  préparé  à  cet  effet.  Un  moment  après,  l'étoile  passe  der- 
rière le  trait  noir  perpendiculaire  à  l'équateur.  Cet  instant  est  pré- 
cisé par  l'observateur  (A),  qui  l'indique  en  nommant  la  grandeur 
de  l'étoile  ;  l'observateur  (B)  note  alors  :  1°  l'heure  de  la  pendule  à 
une  demi-seconde  près  ;  2°  la  grandeur  de  l'étoile. 

Ainsi,  l'observateur  (A),  constamment  l'œil  à  l'oculaire,  observe 
d'abord  la  déclinaison  des  étoiles,  qui  est  immédiatement  trans- 
crite par  l'observateur  (B)  ;  il  indique  ensuite  la  grandeur  de  l'étoile 
qui  sert  de  signal  pour  l'observation  de  l'ascension  droite,  qui  est 
lue  et  transcrite  par  l'observateur  (B). 

Nous  arrivons  de  cette  façon,  en  alternait  les  rôles  des  observa- 
teurs, à  déterminer  la  position  de  500  étoiles  en*  moyenne  par 
heure. 

Chaque  zone  est  observée  deux  fois  au  moins. 

Les  étoiles  ainsi  obtenues  sont  ramenées  à  leurs  positions  réelles 
au  moyen  d'étoiles  de  comparaison  convenablement  choisies  et 
prises  dans  le  Catalogue  de  Lalande.  » 

—  M.  Delaunay,  en  présentant  la  Note  de  MM.  Henry,  met  sous 
les  yeux  de  l'Académie  une  première  carte  céleste  exécutée  par  les 
auteurs  de  cette  Note,  et  suivant  la  méthode  qui  y  est  décrite* 
Cette  carte,  qui  s'étend  en  ascension  droite  de  21*»  0m  A  21»  20°?,  et 
en  déclinaison  de  —  6°  15'  à  —  11°30\  contient  2445  étoilesdepuis 
la  7*  grandeur  jusqu'à  la  43*  ;  elle  est  très-belle  et  exécutée  avec 
beaucoup  de  soin.  Des  vérifications  nombreuses  auxquelles  elle  a 
été  soumise  ont  montré  que  les  positions  des  étoiles  y  sont  données 
avec  une  approximation  de  quelques  dixièmes  de  minute  d'arc  en 
déclinaison,  et  d'nne  seconde  de  temps  en  ascension  droite.  La 
méthode  suivie  a  permis  de  mener  le  travail  très-rapidement  ;  le 
gros  du  travail  a  été  effectué  dans  six  soirées  seulement  ;  quelques 
autres  soirées,  où  le  ciel  n'était  pas  complètement  beau,  ont  suffi 
pour  combler  les  lacunes. 

De  plus,  parmi  les  2445  étoiles  dont  la  position  a  été  fixée  dans 
<5è  temps  très-court,  il  y  en  a  environ  1400  qui  ont  été  observées 
deux  fois.  Le  télescope  dont  se  servent  MM.  Henry  a  été  construit 
par  eux-mêmes. 


LES  MONDES.  2*7 

—  Réponse  à  un  passage  du  Mémoire  de  M.  Trécul,  inséré  au 
Compte  rendu  de  la  dernière  séance,  par  M.  J.  de  Seynes.  —   «  Je 
prie  l'Académie  de  vouloir  bien  me  permettre  de  répondre,  en  peu 
de  mots,  aux  observations  que  M.  Trécul  m'a  adressées  dans  la 
dernière  séance.  Je  suis  tout  disposé  à  recommencer  les  expérien- 
ces de  cet  éminent  observateur,  les  miennes  et  d'autres  'encore, 
mais  M.  Trécul  me  permettra  de  lui  dire  que,  si  je  ne  suis  pas  ar- 
rivé aux  mômes  conclusions  que  lui,  cela  ne  tient  pas  seulement  à 
ce  que  je  me  suis  placé  dans  des  conditions  différentes.   Le  26  dé- 
cembre dernier,  M.  Trécul  annonçait  que  a  des  flacons  sucrés,  en- 
«  semences  avec  des  spores  globuleuses  vertes  du  Pénicillium 
a  crustaceum,  transformèrent  en  huit  ou  douze  jours  ce9  spores  en 
«  belles  cellules  de  levure...  s  Or  je  place  le;/\  crustaceum,  portant 
des  spores,  dans  des  vases  contenant  des  liquides  sucré?,  recou- 
verts d'une  cloche.  Les  fragments  de  baguette  de  verre  posés  sur 
la  pellicule  du  Pénicillium  n'en  couvrent  guère  qu'un  dixième  et 
la  laissent  en  contact  avec  le  liquide  sucré.  Ces  conditions  me  sem- 
blent très-analogues  à  celles  que  décrit  M^Trécul,  mais  je  n'ai  pas 
été  assez  heureux  pour  arriver  au  même  résultat  que  lui.  Je  n'ai 
pas  mieux  réussi  en  semant  des  spores  du  Pénicillium  dans  un  li- 
quide sucré,  contenu  dans  des  tubes  de  verre  bouchés  avec  du  co- 
ton, ïci  la  différence  consiste  en  ceci,  c'est  que  les  récipients  de 
Af ,  Trécul  sont  solidement  bouchés  et  ficelés  ;  je  suis  tout  prêt  à 
étudier  les  résultats  <Jue  peut  produire  ce  changement  de  ferme- 
ture. 11  n'en  ressort  pas  moins  du  passage  cité  ci-dessus  que 
M.  Trécul  admet  la  possibilité  de  se  rendre  compte  de  la  transfor- 
mation des  Pénicillium  en  levure  aussi  bien  que  des  levures  en 
Pénicillium.  Si  j'ai  une  préférence  pour  ce  mode  d'expérimentation 
c'est  par  suite  des  nombreuses  causes  de  confusion  que  présente 
l'observation  du  passage  de  la  levure  à  d'autres  organismes.  Sans 
entrer  dans  l'analyse  de  tous  les  faits  que  je  pourrais  citer,  je  me 
bornerai  à  dire  que  beaucoup  de  conidies  de  Champignons  divers 
reproduisent  d'autres  conidi es  de  même  forme,  en  bourgeonnant 
comme  la  levure;  leur  dimension,  leur  contenu  même  et  leur 
structure  peuvent  présenter  une  grande  analogie  avec  les  cellules 
de  la  levure,  mais  aucune  expérience  ne  m'a  démontré  jusqu'ici, 
d'une  manière  satisfaisante,  que  ces  conidies,  mêlées  à  la  levure, 
ne  conservaient  pas  leur  identité  générique.  Il  m'avait  donc  paru 
naturel,  pour  arriver  à  la  vérité,  de  me  placer  dans  les  conditions 
les  moins  compliquées. 

Il  s'agit  d'une  simple  vérification  expérimentale.  Je  ne  pensais 


258  LES  MONDES. 

pas  qu'aucun  observateur  pût  être  étonné  de  Y  analogie  d'aspect 
que  présentent  des  Bactéries  avec  des  granulations  plasmatiques. 
M.  Da vaine,  M.  Hoffmann  et  tous  les  auteurs  qui  se  sont  occupés  de 
Bactéries  admettent  qu'on  en  rencontre  plusieurs  espèces  sous 
forme  de  granulations  qui,  pour  les  uns,  seraient  les  germes  des 
Bactéries,  et  qui,  pour  d'autres,  seraient  le  résultat  d'une  siscipa- 
rité  ou  d'une  désagrégation  artificielle  résultant  des  mouvements 
imprimés  au  couvre-objet. 

—  Sur  une  méthode  de  séparation  analytique  des  deux  toluidines 
isomères,  par  M.  A.  Rosenstiehl.  —  a  La  séparation  analytique 
des  deux  toluidines  isomères  est  rendue  possible  par  les  propriétés 
de  leurs  oxalates.  Latoluidine  cristallisée  ne  forme  avec  l'acide 
oxalique  qu'un  seul  sel  représenté  par  C*  O4  H*.  C  H1  Az  a.  H1 0  ; 
c'est  donc  un  sel  acide;  il  est  soluble,  à  15  degrés  C,  dans  125 
parties  d'eau  et  dans  6660  parties  d'éther  privé  d'alcool.  La  pseu- 
dotoluidine  forme  deux  oxalates,  l'un,  C'O'H'.C'H'AzjS,  EPO,  qui 
est  acide  et  qui  se  dissout  à  18  degrés  C.  dans  200  parties  d'éther; 
l'autre,  neutre  et  anhydre,  CFÛ'H'.  (G'H9  Az/3)1,  soluble  4  18  de. 
grés  C.  dans  267  parties  du  même  dissolvant.  Quand  on  ajoute 
l'acide  oxalique  au  mélange  des  deux  alcaloïdes,  la  toluidine  se 
sature  la  première,  et  forme  un  sel  acide,  quel  que  soit  l'excès 
d'alcaloïde  ;  la  pseudotoluine  reste  libre  jusqu'au  moment  où  son 
isomère  est  totalement  saturé. 

Les  phénomènes  que  je  viens  de  décrire  s'accomplissent  en  pré- 
sence de  l'eau  ou  de  l'éther,  mais  ce  n'est  que  dans  ce  dernier 
milieu  qu'elles  acquièrent  la  netteté  qui  permet  d'y  fonder  une  mé- 
thode analytique. 

Je  prépare  :  1°  de  l'éther  exempt  d'alcool  (il  ne  faut  pas  qu'il  soit 
anhydre)  ;  2e  une  solution  contenant  5  grammes  de  toluidine  pure 
(se  solidifiant  à  +  45°  C.)  }  3°  une  solution  d'acide  oxalique,  équi- 
valente, volume  à  volume,  à  la  précédente  ;  puis  je  procède  à  un 
essai  préliminaire,  pour  constater  que  l'éther  employé  est  d'une 
pureté  suffisante.  Je  mêle  à  cet  effet  12  centimètres  cubes  de  l'é- 
ther à  essayer  à  0ce,  2  de  chacuife  des  deux  liqueurs  titrées  ;  il  se 
forme,  par  ce  mélange,  Or,  0022  d'oxalate  acide  de  toluidine,  lequel 
exige  pour  sa  dissolution  16  grammes  d'éther.  Si  celui-ci  est  d'une 
pureté  suffisante,  il  ne  saurait  dissoudre  la  quantité  totale  de  bi- 
oxalate  ;  une  portion  de  ce  dernier  apparaîtra  sous  formelle  petits 
cristaux,  qui  se  fixent  sur  les  parois  du  verre. 

Pour  effectuer  un  dosage,  je  dissous  0^,2  de  l'alcaloïde  à  essayer 
dans  80  grammes  d'éther,  et  j'y  verse  la  solution  oxalique,  à  l'aide 


LES  MONDES.  289 

d'une  burette  graduée.  L'oxalate  acide  de  toluidine  se  précipite 
aussitôt»  L'aspect  du  précipité  sert  de  guide  dans  la  marche  de 
l'opération;  au  début,  il  est  très-divisé  et  amorphe,  et  ressemble 
au  sulfate  de  baryte  ;  mais  l'agitation  le  réunit  en  flocons,  et  il  se 
dépose  alors  rapidement.  S'il  y  a  en  dissolution  moins  de  0^,03  de 
toluidine,  le  précipité  est  chatoyant  ;  s'il  n'y  en  a  plus  que  Or, 01  à 
0*r,003,  il  est  franchement  cristallin. 

Dans  ce  moment,  il  est  avantageux  de  filtrer  le  liquide,  car  l'oxa- 
late qui  se  dépose  en  dernier  lieu  s'attache  de  préférence  aux  pa- 
rois de  verre  et  gêne  la  vue.  On  s'assure  que  la  précipitation  est 
complète,  en  ajoutant  à  une  petite  portion  *du  liquide  filtré  une 
goutte  de  solution  oxalique  ;  la  présence  de  la  toluidine  est  accusée 
par  de  petits  cristaux  qui  s'attachent  au  verre,  au  niveau  du 
liquide, 

L'opération  est  terminée  quand  oe  phénomène  ne  se  produit 
pins.  Il  est  indispensable  alors  de  s'assurer  :  1°  que  l'on  n'a  pas 
employé  un  excès  d'acide  oxalique,  ce  qui  se  fait  avec  facilité  à 
L'aide  de  la  solution  titrée  de  toluidine  ;  2°  que  le  dernier  précipité 
formé  est  bien  un  sel  de  toluidine  ;  dan»  ce  but,  on  le  lave  par  dé- 
cantation avec  un  peu  d'éther;  opération  qui  se  fait  rapidement, 
puisqu'il  adbèro  au  verre  ;  on  le  sè.ehe,  on  le  dissout  dans  quelques 
gouttes  d'aeide  sulfurique  bihydraté  :  une  trace  d'acide  nitrique, 
introduite  dans  cette  solution,  y  développe  des  veines  de  ce  bleu 
magnifique,  mais  fugace,  qui  caractérise  la  toluidine. 

Voici  quelques  analyses  de  mélanges  en  proportions  connues* 
faites  pour  vérifier  la  méthode  : 

Composition  du  mélange  Volume 

h                                     de  la  Toluidine 

pgeudotolutdine  toluidine.            solution  oxalique  trouvée 

gr  «r  co 

0,2  .0,0184  3,*  0,0155 

0,103                 ,030  5,9  0,0295 

0,2  0,075  15,1  0,0755 

0,143  0,126  25,3  0,1265 

D'après  ces  résultats,  la  méthode  ne  le  cède  pas  en  précision  à 
la  plupart  des  méthodes  volumétriques. 

—  Note  sur  l'Annuaire  météorologique  de  l'Observatoire  de 
Paris  pour  1872,  par  M.  Ë.  Renou.  —  a  L'Observatoire  astrono- 
mique de  Paris  a  publié  récemment  un  Annuaire  météorologique  ; 
ee  livre  contient  des  erreurs;  nouslne  relèverons  ici  que  les  prin- 
oipales* 


2(30  LES  MONDES. 

Cet  erratum  douloureux  remplit  quatre  grandes  pages,  et  voici  com- 
ment M.  Renou  termine  :  c  Les  hauteurs  de  pluie  recueillies  à  l'Ob- 
servatoire de  Paris  ont  des  valeurs  très-diverses;  bien  faites  d'abord 
par  Lahire,  elles  sont  devenues  défectueuses  dans  les  dernières  années 
de  sa  vie;  il  est  mort  en  1719.  Les  hauteurs  d'eau  de  pluie  ou  de 
neige  de  4840  à  4853  ont  été  notées  avec  très-peu  de  soin  ;  on  ne  me- 
surait que  la  pluie  mensuelle;  aucune  précaution  n'était  prise  pour 
recueillir  et  mesurer  la  neige,  et  il  en  esjt  encore  de  même  dans  un 
grand  nombre  de  points  d'observation,  notamment  en  Allemagne.  Il 
en  résulte  qu'on  ne  recueille  pas  en  hiver  la  dixième  partie  de  l'eau 
que  reçoit  le  sol,  et  que,  dans  l'avenir,  on  serait  peut-être  tenté  de 
croire  que  les  hivers  sont  devenus  plus  humides  que  ceux  de  l'époque 
actuelle.  Les  observations  pluviométriques  de  4719  à  1754  n'ont  au- 
cune valeur;  les  erreurs  sont  très-inégalement  réparties,  et  il  est 
impossible  d'appuyer  sur  ces  nombres  faux  aucun  raisonnement  scien- 
tifique. 

Nous  bornons  là  cet  erratum,  qui  ne  contient  qu'une  bien  faible 
fraction  des  rectifications  qu'il  aurait  fallu  faire.  Mais  il  était  néces- 
saire de  protester  contre  cet-  amas  d'inexactitudes,  qui,  se  propageant 
sous  l'autorité  de  l'Observatoire  de  Paris,  pourrait  induire  beaucoup 
de  personnes  en  erreur,  si  les  météorologistes  français  ne  se  hâtaient 
d'en  prévenir  le  public  scientifique.  » 

—  Sur  la  préparation  de  Vozon*  à  fêtât  concentré.  Note  de  M.  A. 
Houzeau,  présentée  par  M.  P.  Thenard.  —  J'ai  construit  plusieurs 
appareils  reunissant  ces  conditions  qui  me  permettent  d'obtenir  le  plus 
d'ozone  possible  avec  une  intensité  électrique  donnée.  Le  plus  élémen- 
taire de  ces  appareils,  que  j'appellerai  ozoniseur,  consiste  en  un  tube 
abducteur  ordinaire  étroit,  comme  ceux  dont  on  se  sert  pour  recueillir 
les  gaz.  Dans  l'intérieur  de  ce  tube,  on  place  un  fil  de  cuivre,  de 
plomb,  ou  mieux  de  platine,  long  de  0",40  à  0*,60,  et  dont  une 
des  extrémités  débouche  au  dehors  par  un  orifice  latéral  ménagé  à  la 
partie  supérieure  du  tube  abducteur  ;  cet  orifice  est  ensuite  bouché 
avec  de  la  cire  eu  au  feu.  A  l'extérieur  du  même  tube  abducteur  se 
trouve  enroulé,  sur  le  parcours  du  fil  intérieur,  un  autre  fil  en  même 
métal  et  à  peu  près  de  même  longueur  que  le  précédent.  Ces  deux  fils, 
étant  mis  en  communication  avec  les  pôles  d'une  bobine  de  Rùhmkorff 
donnant  2  à  3  centimètres  d'étincelle,  déterminent  immédiate- 
ment une  forte  ozonisation  de  l'oxygène  ou  de  l'air  qui  traverse  lente- 
ment  le  tube.  Ce  tube  ozoniseur,  dont  la  construction  est  fort  simple, 
s'applique  en  outre  à  tous  les  appareils  comme  à  toutes  les  sources 
d'oxygène*  On  dégage  de  l'oxygène,  et  l'on  recueille  de  l'ozone  con- 


LES  MONDES.  261 

centré.  Il  fournit  aisément  de  l'oxygène  odorant  chargé  de  60  à 
420  milligrammes  d'ozone  absolu  par  litre  de  gaz  odorant,  selon 
que  Ton  opère  à  -+- 15  degrés  ou  à  -—30  degrés.  Cette  proportion 
peut  être  encore  très-augmentée.  Or,  avant  1854,  l'électrolyse  de  l'eau 
ne  fournissait  que  3  à  5  milligrammes  d'ozone  par  litre  de  gaz  odo- 
rant (M.  Andrews  n'obtenait  que  4mB)l  en  4850).  En  1855,  mon  pro- 
cédé chimique  (Ba  O3  +  SO3)  doubla  de  suite  cette  quantité.  On  peut 
donc  considérer  comme  possible  la  conversion  complète  de  l'oxygène 
en  ozone.  Disposant  de  quantités  d'ozone  quinze  ou  vingt  fois  plus 
fortes  qu'autrefois,  j'ai  pu  entreprendre,  déjà,  la  révision  de  quelques- 
unes  de  ses  propriétés  les  plus  importantes,  la  détermination  de  son 
équivalent,  et  préciser  davantage  le  rôle  qu'il  joue  dans  la  nature.  Ce 
sont  autant  de  sujets  dont  j'aurai  l'honneur  d'entrenir  ultérieurement 
l'Académie. 

—  Analyse  des  gaz  du  sang  ;  comparaison  des  principaux  procédés  ; 
nouveaux  perfectionnements^  par  MM.  A.  Ë6tor  et  C.  Saint-Pierre.  -*• 
Conclusions. — Avec  un  même  sang,  ou  avec  dy  sang  pris  dans]lemême 
point  du  torrent  circulatoire  du  chien,  on  obtient  des  quantités  égales 
d'oxygène  en  employant  soit  le  vide  seul  (baromètre  à  large  chambre)', 
soit  l'oxyde  de  carbone  seul  (procédé  de  M.  CL.  Bernard,  cloche  courbe), 
soit  le  vide  et  l'oxyde  de  carbone  combinés  (pompe  à  mercure  mo- 
difiée) . 

—  Plantes  fossiles  de  r époque  jurassique,  par  M.  de  Saporta.  — 
La  période  jurassique  constitue  une  sorte  de  moyen  âge;  elle  sert, 
pour  ainsi  dire,  de  trait  d'union  entre  des  époques  qui  sans  elle  con- 
trasteraient d'une  façon  absolue  ;  mais  ce  trait  d  union  correspond 
lui-même  à  une  très-longue  durée,  pendant  laquelle  la  configuration 
du  sol  et  la  physionomie  des  diverses  séries  d'êtres  organisés  ont 
changé  à  bien  des  reprises.  Cependant,  il  semble  que  la  végétation  ait 
moins  changé  que  [tout  le  reste  ;  non- seulement  elle  a  conservé  plus 
longtemps  que  la  population  des  mers  les  espèces  qu'elle  comprenait 
à  chaque  moment  de  la  période,  mais  ses  caractères  généraux  et  la 
disposition  relative  de  ses  éléments  ont  subi  de  bien  moindres  altéra- 
tions par  l'effet  du  temps  qui  s'écoulait.  En  un  mot,  elle  est  demeurée 
à  peu  près  stationnaire,  au  lieu  de  progresser  d'une  manière  sensible, 
d'un  bout  de  la  période  à  l'autre. 

Considérée  par  une  vue  d'ensemble,  la  végétation  jurassique  parait 
avoir  été  pa\yrre,  monotone  et  composée  presque  partout  d'essences 
coriaces,  peu  susceptibles  de  fournir  des  substances  alimentaires  à 
l'autre  règne.  Ëquisétacées,  Fougères,  Cycadées,  Conifères,  quelques 
rares  Monocotylédones,  tels  sont  les  seuls  éléments  constitutifs  de  la 


262  LES  MONDES. 

végétation  terrestre  ;  en  ajoutant  des  Gharacées  et  des  Algues,  nous 
aurons  énuméré  tous  les  ordres  de  plantes  qui  peuplaient  alors  le  sol 
ou  les  eaux  de  notre  pays ... 

Les  conditions  climatériques  étaient  très-éloignées  de  ce  qu'elles 
sont  devenues  depuis;  rien  de  ce  qui  ressemble  aux  zones  disposées 
dans  le  sens  des  latitudes  n'existait  encore  et  une  cbalaur  sensiblement 
égale  s'étendait  partout  sur  notre  globe.  II  ne  semble  pas  résulter  pour- 
tant de  l'examen  des  indices  fournis  par  les  plantes  que  la  température 
de  l'Europe  ait  été  alors  supérieure  à  celle  dont  jouissent  les  contrées 
voisines  des  tropiques.  Une  moyenne  annuelle  de  25  degrés  C.  suffit  à 
l'explication  de  tous  les  phénomènes  dont  la  végétation  jurassique 
laisse  entrevoir  le  tableau. 

—  M.  Brongniart,  à  la  suite  de  cette  communication,  fait  remarquer 
que  les  résultats  auxquels  les  recherches  si  étendues  de  M.  le  comte 
de  Saporta  l'ont  conduit,  et  dont  la  publication  aura  une  grande  im- 
portance pour  la  paléontologie  française,  sont  complètement  d'accord 
avec  ceux  auxquels  il  était  arrivé  lui-même,  relativement  à  la  succes- 
sion des  diverses  formes  de  la  végétation  pendant  les  temps  géolo- 
giques. Il  avait  distingué  depuis  très-longtemps  trois  grandes  périodes 
de  végétation,  qu'il  avait  désignées  sous  le  nom  de  règne  des  acro gènes, 
règne  des  gymnospermes  et  règne  des  angiospermes,  d'après  les  formes 
végétales  qui  prédominaient  pendant  ces  périodes.  La  flore  de  l'époque 
jurassique  étudiée  par  M.  de  Saporta  appartient  à  la  seconde  de  ces 
périodes,  et  rentre  complètement  dans  les  caractères  généraux  qui  lui 
avaient  été  attribués  précédemment. 

—  Sur  l'analyse  spectrale  de  la  lumière  zodiacale,  et  sur  la 
(couronne  des  éclipses,  par  M.  E.  Liais.  Nous  reproduirons  cette  note 
ailleurs. 

SÉANCE  DU  LUNDI  29  JANVIER  4875. 

M.  le  Ministre  de  l'instruction  publique  transmet  une  ampliation  du 
décret  par  laquelle  Président  de  la  République  approuve  l'élection  que 
l'Académie  a  faite  de  M.  Eervé^Mangon,  pour  remplir  la  place  devenue 
vacante,  dans  la  Section  d'Économie  rurale,  par  suite  du  décès  de 
M.  Payen. 

— *  M.  le  Ministre  de  la  Guerre  informe  l'Académie  que  M.  Serret, 
membre  de  l'Académie  des  sciences,  est  nommé  membre %i  Conseil  de 
perfectionnement  de  l'École  polytechnique,  pour  l'année  1872,  en  rem- 
placement de  M.  Combes,  décédé. 

—  Le  pendule  de  Léon  Foucault.  Mémoire  de  M.  J,-À.  Serret.— 


r 

V 


LES  MONDES.  263 

Le  3  février  4854,  Léon  Foucault  faisait  connaître  à  l'Académie  sa 
mémorable  expérience. 

Dans  cette  expérience,  le  pendule  est  réduit  à  sa  plus  grande  simpli- 
cité, et  le  phénomène  que  l'on  observe  semble  consister  uniquement 
dans  un  mouvement  progressif  et  uniforme  du  plan  d'oscillation, 
mouvement  dont  la  vitesse  est  égale  à  la  vitesse  angulaire  de  rotation 
de  la  terrre  multipliée  par  le  sinus  de  la  latitude  du  lieu  de  l'obser- 
vateur. Les  idées  théoriques  qui  avaient  été  le  point  de  départ  des 
recherches  de  l'illustre  physicien  se  trouvaient  ainsi  confirmées  expéri- 
mentalement de  la  manière  la  plus  éclatante. 

Toutefois,  le  phénomène  dont  il  s'agit  est  loin  d'offrir  un  tel  degré 
de  simplicité,  et  Foucault,  lui-mème^avait  assurément  le  sentiment  des 
difficultés  qu'il  présente.  Car,  si  ces  difficultés  disparaissent  à  ses 
yeux,  dans  le  cas  d'un  pendule  établi  au  pôle  et  dont  le  point  de  sus- 
pension serait  placé  sur  le  prolongement  de  l'axe  de  rotation  de  la 
terre,  il  n'en  est  plus  ainsi  quand  on  descend  vers  nos  latitudes,  où 
l'appareil  entier  se  trouve  entraîné  dans  le  mouvement  diurne.  «  Le 
phénomène  se  complique  alors,  dit-il,  d'un  élément  assez  difficile 
à  apprécier  el  sur  lequel  je  souhaite  bien  vivement  d'attirer  l'attention 
des  géomètres.  » 

Malgré  les  mémoires  de  MM.  Binet,  Liouville,  Poinsot,  Poncelet,  la 
question  du  pendule  de  Foucault  attendait  encore  une  véritable  solution, 
et  j'ajoute  qu'une  telle  solution  ne  saurait  être  obtenue  qu'en  prenant 
pour  point  de  départ  les  intégrales  rigoureuses  des  équations  diffé- 
rentielles, qui  se  rapportent  au  mouvement  du  pendule  conique,  dans 
le  cas  où  Ton  fait  abstraction  de  la  rotation  de  la  terre,  et  en  discutant 
ensuite  les  altérations  que  ces  intégrales  doivent  subir  quand  on  veut 
passer  du  cas  idéal,  dont  je  viens  de  parler,  au  cas  de  la  nature.  En  un 
mot,  la  méthode  de  la  variation  des  arbitraires,  judicieusement  appliquée, 
me  parait  être,  dans  l'état  actuel  de  l'analyse,  le  seul  moyen  de  remplir 
l'objet  qu'ofc  doit  se  proposer.  ;La  force  centrifuge  composée,  qui  nait 
de  la  rotation  de  la  terre,  est  très-petite,  et  elle  peut  être  regardée 
comme  étant  du  genre  de  celles  qu'on  nomme  perturbatrices]  le 
mouvement  du  pendule,  dans  le  cas  de  la  nature,  sera  dès  lors  un 
mouvement  troublé,  le  mouvement  non  troublé  étant  celui  qui  aurait 
lieu  sans  la  rotation  de  la  terre.  J'ai  à  peine  besoin  de  faire  remarquer 
que  le  cas  des  oscillations  planes,  dans  le  mouvement  non  troublé,  n'est 
qu'un  cas  particulier  des  oscillations  coniques,  et  qu'il  répond  à  une 
valeur  déterminée  de  l'une  des  arbitraires,  laqijelle  ne  cesse  pas  d'être 
-variable  dans  le  mouvement  troublé. 

Une  tentative  dan*  la  voie  que  je  viens  d'indiquer  a  été  faite  par  un 


264  LES  MONDES. 

géomètre  de  Kœnigsberg,  M.  W.  Dumas,  qui  a  publié  dans  le  tome  L 
du  Journal  de  Crelle  deux  Mémoires  très-éten^us,  remarquables  à 
plus  d'un  titre,  sur  le  mouvement  du  pendule  en  ayant  égard  à  la 
rotation  de  la  terre;  mais  la  complication  excessive  de  l'analyse 
développée  par  l'auteur  ne  permet  guère  d'accepter  comme  définitive 
la  solution  qu'il  a  présentée. 

Tel  était  l'état  de  la  question,  lorsque  j'ai  été  conduit  récemment  à 
m'en  occuper  à  l'occasion  de  mes  leçons  au  Collège  de  France.  J'ai  re- 
connu bientôt  qu'en  suivant  la  marche  que  j'ai  tracée  plus  haut,  il 
était  possible  d'obtenir  une  solution  aussi  simple  et  élégante  que  ri* 
goureuse,  et  qui  servira,  je  l'espère,  à  faire  disparaître  les  incertitudes 
qui  restent  encore  à  ce  sujet  darifc  l'esprit  de  quelques  personnes.  C'est 
cette  solution  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  aujourd'hui  à  l'Académie, 
et  que  j'ai  cru  devoir  faire  précéder  d'un  exposé  succinct  des  recherches 
et  des  opinions  de6  savants  qui,  avant  moi,  se  sont  occupés  de  la 
question.  Conclusions.  ~  L'azimut  $  du  plan  vertical  qui  contient  le 
pendule,  acquiert  le  terme  nt  sin  *,  multiplié  par  un  coefficient  qui  se 
réduit,  à  très-peu  près,  à  l'unité  lorsque  les  oscillations  sont  regardées 
comme  sensiblement  planes,  dans  le  mouvement  non  troublé  :  ce  qui 
est  proprement  le  cas  du  pendule  de  Foucault.  On  voit  que  ce  terme 
nt  sin  >  peut  être  considéré  comme  résumant  en  lui  seul  tout  l'effet 
sensible  de  la  perturbation.  L'analyse  précédente  met  ainsi  en  pleine 
lumière  ce  mouvement  progressif  du  nord  vers  l'est  que  Foucault  a  dé- 
couvert, et  que  la  force  perturbatrice  imprime  au  plan  vertical  du 
pendule. 

Recherches  sur  les  fermentations,  par  M.  Frémy.  —  Conclusions. 
a  Je  crois  avoir  établi  que  la  théorie]  physiologique  de  la  fermen- 
tation, proposée  par  M.  Pasteur,  jn'est  plus  admissible  ;  j'ai  démontré, 
en  outre,  que,  même  en  acceptant  le$  idées  de  notre  confrère  sur  les 
germes  atmosphériques  des  ferments,  cette  hypothèse  ne  s'applique- 
rait qu'à  quelques  fermentations  exceptionnelles,  tandis  qu'il  es 
prouvé  aujourd'hui  que  de  nombreuses  fermentations  ne  sont  produites 
ni  par  des  grains  de  ferments  ni  par  des  corps  organisés. 

C'est  donc  à  tort,  selon  moi,  que  M.  Pasteur  s'est  efforcé  de  con-< 
fondre  la  question  toute  chimique  des  fermentations  avec  cette  autre 
question  si  controversée  des  générations  spontanées. 

Je  résumerai  ici,  en  quelques  mots,  les  bases  de  la  discussion  : 

1°  M.  Pasteur  croit  qu'on  peut  partager  les  fermentations  en  deux 
classes  »  je  soutiens  que  toutes  les  fermentations  appartiennent  au 
même  ordre  de  phénomènes  ; 

2°  M.  Pasteur  admet  dans  l'air  l'existence  de  germes  de  ferments  al- 


V 


LES  MONDES.  *65 

coolique,  lactique,  butyrique  et  acétique,  car,  s'il  en  admet  un,  il  faut 
qu'il  admette  les  trois  autres  ;  je  soutiens  que  ces  germes  n'existent 
pas  dans  l'air  et  que  rien  ne  prouve  que  les  ferments  dérivent  de  ger- 
mes :  les  observations  de  Cagniard-Latour,  qui  établissent  que  la 
levure  se  reproduit  par  bourgeonnement,  sont  en  opposition  avec  les 
hypothèses  de  M.  Pasteur. 

3°  M.  Pasteur  croit  qu'un  liquide,  comme  le  lait,  qui  peut  éprouver 
^u  moins  quatre  espèces  de  fermentation,  ne  peut  fermenter  que  lors- 
qu'il a  reçu  de  la  part  de  l'air  des  germes  de  ferments  alcoolique, 
lactique,  butyrique  et  acétique  ;  je  démontrerai  que  le  même  lait 
produit  les  quatre  espèces  de  fermentation,  dans  des  conditions  où  il 
ne  peut  pas  avoir  reçu  l'influence  de  prétendus  germes  atmosphériques. 

4°  M.  Pasteur  veut  assimiler  la  génération  des  moisissures  et  leur 
action  sur  les  corps  fermentescibles  à  celles  des  ferments  ;  j'établirai 
que  cette  comparaison  est  impossible,  parce  que  les  ferments  se  forment 
en  quelques  heures,  bien  avant  les  moisissures,  et  décomposent  im- 
médiatement les  substances  qui  peuvent  fermenter. 

5°  Enfin,  M.  Pasteur  soutient  que  les  fermentations  sont  des  phéno- 
mènes physiologiques  qui  dépendent  de  l'organisation  et  du  dévelop- 
pement des  fermentas  moi,  au  contraire,  j'admets,  avec  un  grand 
nombre  de  chimistes,  que  les  fermentations  sont  des  phénomènes 
exclusivement  chimiques,  indépendants  de  la  forme  organique  des 
ferments  et  de  leur  développement  vital. 

La  dernière  note  de  M.  Pasteur  contient  une  déclaration  qui 
jouera  certainement  un  rôle  considérable  dans  le  débat  et  pourra 
servir  à  la  cause  que  je  défends. 

Il  admet  que  le  germe  de  la  levure  de  raisin  est  celui  du  myco- 
derma  vini,  qu'il  est  un  des  germes  les  plus  répandus  dans  l'atmo- 
sphère, et  qu'il  existe  particulièrement  dans  l'air,  au  printemps  et 

en  été. 

Je  demande  à  M.  Pasteur  ce  que  deviendra  sa  théorie  si  on  lui 
démontre  qu'un  suc  de  raisin  fermente  dans  un  air  qui  ne  contient 
pas  de  germe  de  mycoderma  vint;  qu'il  fermente  en  hiver  comme 
en  été,  lorsque  le  germe  du  mycoderma  n'existe  pas  dans  l'atmo- 
sphère. » 

—  M.  Balard,  après  la  lecture  de  M.  Fremy,  demande  la  parole 
et  s'exprime  en  ces  termes  : 

«  Dans  tout  ce  que  nous  venons  d'entendre,  je  ne  vois  donc  que 
des  objections  opposées  par  notre  confrère  aux  théories  de  M.  Pas- 
teur. Quant  aux  objections  à  ses  expériences^  promises  pour  au- 
jourd'hui, et  que  nous  attendions  avec  tant  d'impatience,  il  n'en 

20 


266  LES  MONDÉS 

çst  pas  dit  un  mot.  Rien  non  plus  des  faits  nouveaux  que  nous 
promet  M.  Fremy.  Cependant,  je  le  redirai  encore,  il  faudrait  avant 
tout  discuter  ces  expériences,  dont  le  simple  énoncé  sape  dans  sa 
hase  la  théorie  des  corps  que  M.  Fremy  appelle,  et  qu'il  appelle 
seul,  je  pense,  hémi-organisés. 

«  Dans  cette  théorie,  espèce  de  juste  milieu  entre  la  génération 
spontanée  et  la  génération  par  germes,  l'albumine,  la  fibrine,  et 
généralement  les  substances  que  les  chimistes  appellent  protéïques, 
pourraient  s'organiser  toutes  seules.  La  nature  aurait  préparé  eh 
elles  une  matière  que  H.  Fremy  appelle  hémi-organisée,  disponible 
pour  organiser  promptement,  et  d'une  manière  complète,  tout  ce 
qu'elle  veut  créer.  A-t-elle  besoin  de  détruire  du  sucre,  en  le 
transformant  en  alcool?  elle  dispose  de  cette  matière  et  crée  la  le- 
vure. Faut-il  acidifier  du  vin?  elle  produit,  avec  elle,  le  mycoderma 
acetù  Veut-elle  coaguler  le  lait?  elle  organise,  à  son  aide,  le  fer- 
ment lactique,  etc.,  tout  cela  avec  le  concours  de  l'air,  qu  i  est  in- 
dispensable à  ces  développements  d'être  vivants. 

«  Mais,  dans  ces  ballons  à  tubes  sinueux  et  ouverts,  où  M.  tes- 
teur enferme  des  matières  fermentescibles,  après  les  avoir  soumises 
à  l'ébullition  prolongée,  elles  s'organisent,  cependant,  quand  elles 
peuvent  recevoir  les  poussières  de  l'air.  Comment  explique-  t-il  cela? 
Mais,  cette  ébullition,  par  laquelle  notre  confrère  explique  l'absenoe 
des  développements  d'êtres  vivants,  H.  Pasteur  s'en  passe.  Il  con- 
serve dans  ces  ballons  ouverts,  où  l'air  peut  se  renouveler,  du 
sang  puisé  dans  la  veine  de  l'animal,  de  l'urine  recueillie  au  mo- 
ment de  son  émission,  sans  que  ces  matières,  si  putrescibles, 
éprouvent  la  moindre  altération,  même  après  plusieurs  années. 
La  matière  hémi-organisée  n'est-elle  pas  là  absolument  inaltérée? 
Qui  l'empêche  de  s'organiser  tout  à  fait,  sinon  l'absence  des  ma- 
tières solides  apportées  par  l'air,  dans  lesquelles  H.  Pasteur  re- 
connaît des  germes,  et  que  M.  Fremy  ne  veut  pas  admettre  comme 
tels*  Ce  fait  capital,  décisif,  M.  Fremy  le  passe  sous  silence  avec  une 
obstination  qui  excusera,  je  l'espère,  celle  que  mettent  à  le  lui 
rappeler  tous  ceux  qui  désirent  qu'au  lieu  de  s'étendre  en  disser- 
tations, le  débat  se  concentre  sur  des  faits» 

«  Ces  faits,  M.  Pasteur  les  a  montrés  à  tous  ceux  qui  ont  voulu 
les  voir,  et  je  ne  suis  pas  le  seul  à  les  avoir  suivis  dans  son  labora- 
toire, avec  un  intérêt  qui  explique  la  persistance  que  je  mets  à  les 
défendre.  J'ai  eu  le  plaisir  de  m'y  rencontrer  avec  nos  confrères  : 
MM.  Chevreul,  Dumas,  Boussingault,  H.  Sainte-Claire  De  ville,  etc. 
Pourquoi  notre  confrère  M«  Fremy  n'a-t-U  pas  eu  la  même  curiosité  ? 


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les  Mondes.  s«7 

Petit-êtte  que  les  débats  dans  lesquels  il  s'engdge  fie  se  seraient 
pas  réveillés.  Il  n'en  reviendrait  peut-être  pds  toujours  â  son  Mé- 
moire de  4841,  qui  était  certainement  tin  progrès  pour  l'époque. 
Mais  telle  vérité  qui  nous  parait  absolue  aujourd'hui  se  pl-ésente  à 
nous  comme  incomplète  le  lendemain,  et  pour  être  au  courant  de 
la  science,  il  faut  savoir  4  la  fois  apprendre  et  oublier.  » 

—  Observations  relatives  aut  procédés  de  conservation  *dcè  vins 
par  le  chauffage,  à  propos  de  la  dernière  noté  de  M.  Balard  ;  par 
M.  P.  Thénard.  -«M.  Balard  attribue  àtf.  Pasteur  l'art  de  préserver 
les  vins  de  tonte  altération  ultérieure.  Je  me  crois  obligé  de  le 
rappeler  à  nouveau  :  c'est  Appert  qui  est  l'inventeur  du  principe, 
tt  c'est  M.  Vergnette  qui,  en  fixant  les  limites  de  température  daiik 
lesquelles  il  doit  être  pratiqué,  l'a  rendu  utilement  applicable  à 
tous  lès  vins  et  plus  particulièrement  aux  grands  tliis  de  là  Bour- 
gogne. 

Le  fait  appartient  donc  é  M.  Appert  et  à  M.  de  Vergrtéttè,  la 
théorie  à  M.  Pasteur  :  nous  ne  lui  contestons  pas  cette  part  d'in- 
vefttion;  mais  nous  reportons  lé  fait  â  ceux  qui  l'ont  véritablement 
découvert^  i 

—  Nouvelles  observations  relatives  à  la  réponse  insérée  par 
M.  Fremy  au  précédent  compie  rendu;  par  M.  Balard. 

—  Note  relative  aux  recherches  sur  la  teinture  entreprises  par 
M.  Paul  Havrez,  ingénieur  civil,  directeur  de  l  Ecole  profes- 
sionnelle de  la  ville  de  Verviers;  par  M.  Chevreul.  —  «  Je  ne  dirai 
pas  «  l'Académie  se  rappelle,  »  quand  j'ai  la  certitude  qu'elle  ne  se 
rappelle  pas  :  le  fait  est  que  le  trente-troisième  volume  de  ses  Mé- 
moires se  composé  uniquement  de  mes  recherches  sûr  un  moyen  de 
définir  et  de  nommer  les  couleurs  d'après  une  méthode  précise  et  ex- 
périmentale. Deux  de  mes  confrères  ont  bien  voulu  citer  ce  moyen 
comme  leur  ayant  été  utile,  M.  Boussingault  d'abord,  et  M.  Charles 
Sainte-Claire  Deville  ensuite  ;  quoi  qu'il  en  soit,  le  livre  n'a  pas 
fait  fortune  en  France  :  c'est  donc  un  événement  heureux  pour 
l'auteur  qu'une  occasion  se  présente  de  venir  di  re  à  l'Académie 
que,  si  elle  s'est  mise  en  frais  pour  cette  publication  et  l'Atlas  de 
M.  Digeon  qui  l'accompagne,  cette  dépense  n'a  pas  été  considérée 
à  l'étranger  comme  inutile. 

Voici  les  faits  : 

En  1863,  tm  ingénieur  civil  belge,  sachant  qu'il  y  avait  un  direc- 
teur des  teintures  aux  Gobelins,  â  voulu  le  connaître  ;  il  s'y  est  pré- 
senté avec  une  lettre  de  M.  Dumas.  Malheureusement  le  directeur, 
absent,  n'a  connu  cette  visite  que  par  une  lettre  obligeante,  datée  du 


I 


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-268  LES  MONDES. 

27  de  décembre  1871,  et  signée  Paul  Havrez,  directeur  de  l'École  pro- 
fessionnelle de  Verviers.  „ 

M.  Paul  Havrez  ne  s'est  point  borné  à  faire  connaître  les  travaux  du 
directeur  des  teintures  des  Gobelins  à  ses  compatriotes  par  des  résu- 
més lithographies,  mais  il  a  entrepris  lui-même  des  recherches  origi- 
nales pour  répandre,  dans  la  ville  de  Verviers,  si  renommée  par 
l'activité,  l'habileté  et  la  probité  de  ses  industriels  et  de  ses  commer- 
çants, des  notions  précises  de  la  science  et  de  l'art  de  la  teinture,  si 
important  à  la  prospérité  de  cette  ville. 

M.  Paul  Havrez,  après  de  longs,  de  fort  longs  travaux,  entrepris  à 
la  suite  de  mes  recherches  sur  la  teinture,  loue  les  teintures  des  Gobe- 
lins,  fait  l'éloge  de  son  directeur,  exagéré  peut-être,  lorsqu'il  y  a  quel- 
ques années,  on  disait  en  haut  lieu  qu'on  ne  savait  pas  teindre  aux 
Gobelins.  Et  cependant  voici  que,  dans  le  dernier  semestre  de  l'année 
1871,  le  directeur  des  teintures  reçoit  de  nouvelles  communications  de 
M.  Paul  Havrez,  et  un  nouvel  éloge  dépassant  le  premier. 

Un  des  Mémoires  île  M.  Paul  Havrez  a  pour  titre  :  Indices  ou  nu- 
méros caractéristiques  de  nuances  chevreuliennes  formulés  par  la 
somme  algébrique  des  influences  colorantes  des  doses  centésimales 
des  mordants  et  des  agents  générateurs. 

M.  Paul  Havrez  ayant  pris  pour  base  de  son  travail  le  trente-troi- 
sième volume  des  Mémoires  de  l'Académie,  je  me  suis  trouvé  dans  la 
nécessité  de  le  citer  au  début  de  cette  Note,  puisqu'il  veut  bien  adopter 
pour  la  définition  des  couleurs  : 

1°  La  pensée  de  la  construction  chromatique-hémisphérique,  expo- 
sée pour  la  première  fois  en  4839  dans  la  loi  du  contraste  simultané 
des  couleurs  ;  construction  purement  rationnelle  ; 

2°  Les  10  cercles  chromatiques ,  réalisation  et  application  de  la 
construction  chromatique-hémisphérique  à  la  définition  aes  couleurs. 

Le  trente- troisième  volume  des  Mémoires  de  l'Académie  montre  de 
la  manière  la  plus  simple  comment  toutes  les  couleurs  imaginables 
peuvent  être  distribuées  en  10  cercles  chromatiques.  Chaque  cercle 
comprend  72  couleurs,  chaque  couleur  comprend  20  tons  équidis- 
tants,  à  partir  du  blanc  zéro  ton  jusqu'au  21e  ton  représenté  par  le 
noir. 

Le  1er  cercle  comprend  les  couleurs  franches,  c'est-à-dire  celles  qu 
ne  contiennent  du  noir,  du  brun  ou  du  rabat  que  dans  les  tons  les 
plus  foncés. 

Les  9  autres  cercles  comprennent  les  couleurs  du  1  "  cercle,  dont 
tous  les  tons  sont  rabattus  par  du  noir  dans  les  proportions  suivantes  : 


LES  MONDES.  269 

9  \ 

2*  cercle,  tous  représentés  par ~  -- 

3*cercle-       »         iî      A 

**cercle>  »  fo         à 

s#cercle>        »  to       n> 

5  5 

*****  »  .  ïô  fo 

7,cerclc'        »  à       ro 

2  8 

••««^    .     «  ro       iô 

10#cercIe>        »  À       â 

Les  tons,  de  chaque  cercle  s'élèvent  à  1 440,  et  ceux  des  40  cercles 
à  14400,  auxquels  il  faut  ajouter  20  tons  de  gris  normaux  ;  on  a  ainsi 
14430  tons. 

Mais  j'ai  fait  voir  que,  dans  la  pratique,  ce  nombre  peut-être  dimi- 
nué d'après  les  considérations  suivantes  : 

1°  Que  les  tons  clairs  de  plusieurs  gammes  voisines  peuvent,  en 
beaucoup  de  cas,  être  représentés  par  une  moyenne  suffisant  à  ces 
mêmes  gammes  ; 

20  Qu'il  en  est  de  même  des  tons  bruns  des  gammes. 

Pour  dénommer  une  couleur,  il  suffit  du  nom  de  la  gamme  à  la- 
quelle appartient  cette  couleur,  d'un  chiffre  indiquant  le  ton,  et  d'une 
fraction  indiquant  la  proportion  du  noir  à  la  couleur,  si  la  couleur 
n'est  pas  franche. 
.    Exemple*  : 

Ecarlate  de  Hollande  —  3  rouge,  10  ton. 
Cette  dénomination  indique  l'absence  du  rabat. 

Ecarlate  du  ministère  de  la  guerre  pour  uniformes  : 

Drap  fin,  23  ains.:  3  rouge,  10  ton. 

Drap  commun,  20  ains  :  3  rouge,  9,75  ton. 

Drop  garance  du  ministère  de  la  guerre  : 

Drap,  23  ains  :  3  rouge,  4 3  ton. 

Drap,  19  ains  :  3  rouge,  inclusivement  au  4%  12  ton. 


270  LES  MONDES 

Cramoisi.  —  Les  plus  beaux  damas  de  Lyon  :  3  violet-rouge, 

40  ton. 

Si  j'ai  bien  compris,  M.  Paul  Havrez  arrive  à  cette  formule  : 

f=-r-r ^-,      d'0Ù      Fw=- 


t-*-tfFn'  — #21  —  *' 

où  t  désigne  le  ton  d'une  couleur,  F  la  dose  de  l'agent  colorant,  x  et  n 
deux  constantes  satisfaisant  à  deux  résultats  d'expérience. 

—  Remorques  sur  la  note  de  E.  Benou  relative  à  V  Annuaire  mé- 
téorologique de  l'Observatoire  de  Paris  pour  d872,  par  M.  Delaunay. 
Le  Compte  rendu  de  la  dernière  séance  renferme  une  note  M.  Re- 
nou  destinée  à  rectifier  les  nombres  publiés  par  Y  Annuaire  météorolo- 
gigue  de  l'Observatoire  de  Paris.  Les  diverses  indications  fournies  par 
cette  note  seront  l'objet  d'un  sérieux  examen.  Je  me  bornerai  pour  le 
moment  à  présenter  les  remarques  suivantes  : .  M.  Renou  met  sur  le 
compte  de  Y  Annuaire  une  assertion  d'Arago,  et  les  nombres  qu'il  cite 
ne  sont  nullement  conformes  aux  registres  officiels.  Cela  suffit  pour 
montrer  <Jans  quel  esprit  a  été  rédigée  la  note  de  M.  Renou,  et  quel 
degré  de  confiance  on  doit  accorder  aux  prétendues  rectifications 
qu'elle  renferme.  On  se  demande  comment,  en  s' appuyant  sur  de 
telleç  données,  M.  Renou  n'a  pas  craint  de  couronner  sa  note  par 
la  phrase  suivante  qu'il  est  bon  de  mettre  en  lumière  :  c  II  était  né- 
cessaire de  protester  contre  cet  amas  d'inexactitudes,  qui,  se  propageant 
sous  l'autorité  de  l'Observatoire  de  Paris,  pourrait  induire  beaucoup 
de  personnes  en  erreur,  si  les  météorologistes  français  ne  se  hâtaient 
d'en  prévenir  le  public  scientifique.  » 

—  M.  Delaunay  présente  en  outre  à  l'Académie  le  premier  numéro 
d'un  Bulletin  météorologique  mensu'l,  publié  par  l'Observatoire  de 
Paris.  Ce  Bulletin  mensuel  a  principalement  pour  objet  de  faire  con- 
naître, chaque  mois,  le  résultat  des  observations  faites  pendant  le  mois 
précédent  sur  les  divers  points  de  la  France  où  sont  établies  des  stations 
météréorologiques.  Le  premier  numéro  (janvier  1872)  renferme,  en 
outre,  divers  document?,  et  notamment  des  détails  intéressants  sur  l'état 
actuel  des  travaux  entrepris  à  l'Observatoire  pour  la  publication  d'un 
Atlas  physique  et  statistique  de  la  France;  il  est  accompagné  d'un 
premier  fascicule  de  YAtla$  météorologique  pour  tes  anp^es  1869, 
1870  et  4871  réunies. 

—  Sur  la  température  solaire,  par  le  P.  Secchi.  —  Conclusions. 
€  Toutes  les  réflexions  que  je  viens  d'exposer  ne  tendent  pas,  je  le 
répète,  à  donner  la  préférée  à  un  r&ultat  plutôt  qu'à  yp  autre,  mais 
elles  me  paraissent  démontrer  ijue,  ayant  $  choisir  çntre  les  deux 


LES  MONDES.  27 1 

çxtrèmes,  on  risque  moins  de  se  tromper  en  choisissant  le  plus  haut      ' 
plutôt  que  le  p}us  bas.  » 

—  De  la  position  normale  et  originelle  de  la  main  chez  l'Homme 
et  dqns  la  $érie  des  Vertébrés.  Note  de  M.  Ch.  Martins.  —  La  posi- 
tion dç  la  main  est  variable  dans  les  Primates  en  général,'  et  chez 
rhomraç  en  particulier.  Lorsque  le  radius  et  le  cubitus  sont  parallèles, 
la  main  est  dite  en  supination  ;  sa  paume  est  dirigée  en  avant.  Maiç 
lorsque  le  radius  a  décrit  autour  de  Taxe  du  cubitus  un  mouvement 
angulaire  de  180  degrés,  les  deux  os  se  croisent  et  la  paume  de  la  main 
est  tournée  en  arrière  :  c'est  la  pronation  complète.  Dans  tous  les  ou- 
vrages d'anatomie  humaine,  on  suppose  toujours  l'avant-bras  en  supi- 
nation ;  mais  dès  qu'il  s'agit  des  vrais  Quadrupèdes,  cette  supposition 
est  inadmissible,  parce  que  la  supination  est  impossible,  l'avant-bras 
étant  immobilisé  dans  la  pronation.  On  se  demande  dès  lors  quelle  est, 
dans  les  Vertébrés  en  général  et  dans  l'Homme  en  particulier,  la  posi- 
tion originelle  et  normale  de  la  main,  celle  qui  doit  être  adoptée  dans 
la  description  du  membre  antérieur  de  tous  les  animaux,  dont  l'avant- 
bras  et  la  main  ne  sont  pas  fixés  invariablement  dans  une  position 
déterminée.... 

En  résumé,  dans  les  Vertébrés^  l'avant-bras  occupe  d'abord  une 
position  fixe,  en  demi-supination  chez  les  poissons,  les  oiseaux,  les 
reptiles  marins,  vivants  ou  fossiles,  et  les  Pinnipèdes.  Dans  les  Mam- 
mifères vivants,  un  premier  mouvement  de  rotajjon  de  90  degrés,  de 
dedans  en  d  ehors,  devient  possible  chez  les  Kangoudus,  les  Paresseux, 
les  Rongeurs  clavicules,  les  Ours,  les  Chats,  etc.  Le  mouvement  de 
supination  complet,  savoir  :  la  rotation  de  180  degrés,  du  radius  sur 
le  cubitus,  est  l'apanage  de  l'ordre  des  Primates,  comprenant  tous  les 
singes  et  l'homme.  Enfin,  chez  les  Singes  anthropomorphes  et  chez 
l'Homme,  l'axe  du  col  de  l'humérus  étant  dirigé  de  dehors  en  dedans 
et  de  bas  en  haut,  et  non  plus  d'avant  en  arrière,  comme  dans  les 
autres  Mammifères,  le  membre  supérieur  tout  entier  peut  exécuter  un 
mouvement  de  circumduction,  en  décrivant  un  cône  autour  de  cet  axe 
idéal.  La  mobilité  du  membre  supérieur  se  trouve  ainsi  complétée,  et 
il  devient  essentiellement  un  organe  de  préhension,  au  lieu  d'être 
uniquencent  une  colonne  de  sustentation,  comme  dans  les  animaux  à 
pronation  constante,  tels  que  les  Quadrupèdes  proprement  dits,  ou  une 
rame,  comme  dans  les  Reptiles  marins  et  les  Pinnipèdes,  ou  bien  une 
aile,  comme  dans  les  Oiseaux  et  les  Chéiroptères. 

L'embryologie  confirme,  sous  ce  point  de  vue,  les  données  delà 
morphologie  comparée. 

four  toutes  les  raisons  que  j'ai  données,  la  demi-supination  me  pa- 


272  LES  MONDES. 

rait  être  la  position  originelle  et  normale  de  la  main,  et  elle  devrait 
être  adoptée  comme  telle  pour  l'anatomie  de  tous  les  Mammifères  où 
l'avant-bras  n'est  pas  placé  dans  une  situation  fixe  et  permanente. 

—Sur  les  observations  méridiennes  absolues  dans  les  basses  lati- 
tudes de  l'hémisphère  austral.  Disposition  nouvelle  prise  à  V Obser- 
vatoire impérial  de  Rio- Janeiro,  par  M.  Eram.  Liais.  —  «  Pour  que 
la  lunette  méridienne  d'un  observatoire  puisse  être  rectifiée  dans 
le  méridien  sans  recourir  à  des  déterminations  d'ascensions  droites 
d'étoiles  observées  ailleurs,  ou,  en  d'autres  termes,  pour  que  la 
lunette  méridienne  d'un  observatoire  puisse  fournir  des  observa- 
tions absolues,  il  est,  avec  les  méthodes  connues  et  usitées,  indis- 
pensable que  dans  cet  observatoire  une  étoile  au  moins  soit  obser- 
vable deux  fois  au  méridien,  une  fois  au  passage  supérieur,  une 
fois  au  passage  inférieur.  Cette  condition  est  impossible  à  l'équa- 
teur  et  n'existe  pas  non  plus  dans  les  bases  latitudes  de  l'hémisphère 
austral,  où  il  ne  se  trouve  dans  le  voisinage  du  pôle  aucune  étoile 
assez  brillante  pour  être  observable  deux  fois  dans  la  même  jour- 
née, car  il  est  évident  que,  quand  l'un  des  passages  a  lieu  de  nuit, 
l'autre  se  trouve  de  jour.  À  Rio-Janeiro,  par  la  latitude  de  22*54' 
sud,  la  difficulté  que  je  viens  de  signaler  existe  encore,  du  moins 
pendant  la  plus  grande  partie  de  l'année  ;  car,  parmi  les  circompo- 
laires,  celles  de  1N  et  de  2*  grandeur  rasent  l'horizon  au  passage 
inférieur  et  y  sonP invisibles  de  jour,  et  l'étoile  J3  de  l'Hydre,  n'é- 
tant que  de  3"  grandeur,  se  trouve  aussi  trop  peu  élevée  au-dessus 
de  l'horizon  pour  être  observable  au-dessous  du  pôle  dans  le  milieu 
de  la  journée. 

Lorsqu'au  mois  de  janvier  de  l'année. dernière,  j'ai  pris  la  direc- 
tion de  l'Observatoire  impérial  de  Rio-Janeiro,  j'ai  dû  me  préoo 
per,  avant  tout,  de  tourner  cet  obstable,  puisqu'il  s'agissait  défaire 
de  cet  établissement  un  observatoire  absolu.  Dans  ce  but,  après 
avoir  muni  la  lunette  méridienne  d'un  système  de  deux  collima- 
teurs opposés,  pour  faire  disparaître  l'erreur  de  collimation,  ou  au 
moins  pour  la  mesurer  et  en  tenir  oompte,  et  après  avoir  organisé 
les  moyens  de  déterminer  rigoureusement  l'horizontalité  de  l'axe, 
non-seulement  par  le  niveau  ordinaire,  mais  encore  par  la  réflexion 
des  fils  de  la  lunette  sur  le  bain  de  mercure,  réflexion  observable 
à  l'Observatoire  de  Rio-Janeiro  pendant  la  journée  entière,  j'ai 
placé,  sur  le  prolongement  du  méridien  de  cet  instrument,  et  entre 
lui  et  son  collimateur  du  sud,  un  ait-azimut  destiné  à  l'observation 
des  azimuts  extrêmes  des  belles  et  grandes  étoiles  circompolaires, 
observables  de  jour  comme  de  nuit. 


LES  MONDES.  273 

Cet  ait-azimut,  dont  Terreur  de  collimation  peut  être  mesurée 
par  conséquent  sur  les  mêmes  collimateurs  que  celle  de  la  lunette 
méridienne,  permet  alors  d'obtenir,  par  des  observations  soit  répé- 
tées, soit  réitérées,  l'angle  azimutal  entre  Taxe  optique  de  la  lu- 
nette méridienne,  sur  laquelle  sa  propre  lunette  peut  viser  dans  la 
position  horizontale,  et  chacun  des  deux  azimuts  extrêmes  d'une 
même  circompolaire.  De  là,  on  déduit  la  déviation  de  la  lunette  mé- 
ridienne hors  du  méridien,  ou  mieux  encore,  comme  cette  lunette 
est  munie  d'un  micromètre,  on  peut  obtenir  l'angle  que  fait  avec 
le  méridien  l'un  des  collimateurs  fixes,  et  l'on  en  déduit  celui  de  la 
lunette. 

Cette  disposition,  jointe  à  l'emploi  des  moyens  que  j'ai  indiqués 
plus  haut  pour  mesurer  la  collimation  et  le  défaut  d'horizontalité 
de  l'axe  de  rotation,  fait  que  la  lunette  méridienne  peut  être  par- 
faitement et  complètement  rectifiée,  sans  faire  intervenir  ses  pro- 
pres observations.  Par  conséquent,  elle  peut  ensuite  fournir  les 
différences  des  ascensions  droites  des  astre?,  sans  recourir  aux 
observations  des  autres  observatoires.  De  cette  manière,  l'Observa- 
toire de  Rio-Janeiro  se  trouve  placé  dans  les  conditions  des  obser- 
vatoires de  premier  ordre. 

Si  Ton  remarque  que  les  observations  d'azimuts  extrêmes  des 
circompolaires  sont  des  observations  d'arc  et  non  de  temps  ;  sil'on 
note,  de, plus,  que  ces  observations  peuventêtre  répétées  ou  réité- 
rées un  grand  nombre  de  fois  dans  le  voisinage  de  l'azimut  extrê- 
me, et  ramenées  à  ce  qu'elles  auraient  fourni  à  l'azimut  extrême 
lui-même,  à  l'aide  d'une  formule  de  correction  d'un  emploi  facile, 
que  j'ai  donnée  dans  mon  Mémoire  sur  les  observations  azimutales 
et  reproduite  dans  mon  Traité  d'astronomie  appliquée,  on  verra 
que  ce  mode  de  détermination  du  méridien  offre  le  grand  avantage 
de  permettre  de  pousser  la  précision  à  un  degré  extrême,  et.  en 
outre,  on  n'a  pas  à  craindre  ici  l'influence  des  anomalies  de  l'hor- 
loge, comme  dans  les  méthodes  de  détermination  du  méridien  par 
les  passages  supérieurs  et  inférieurs  d'une  même  étoile  circompo- 
laire. Un  autre  avantage  très-important  résulte  encore  de  la  dispo- 
sition que  je  viens  de  décrire,  et  sera  obtenu  par  le  placement  d'une 
lunette  du  premier  vertical  (c'est-à-dire  mobile  dans  le  plan  du 
premier  vertical)  sur  le  prolongement  de  l'axe  optique  de  la  lu- 
nette de  Palt-azimut,  quand  celle-ci  est  amenée  perpendiculaire- 
ment au  méridien  dans  la  position  horizontale.  La  lunette  du  pre- 
mier vertical  pourra  alors  être  rectifiée  perpendiculairement  au 
méridien,  de  la  même  manière  que  *a  lunette  méridienne  dans  le 


874  LES  RONDES.  . 

plaq  dp  rpéndien,  et  alors  je?  deux  passages  d'uçe  roômç  étoile 
au  premier  vertical,  combinés  avec  lç  passage  méridien,  permet- 
tront d'£fpdier  1$  régularité  çt  la  constance  de  la  marche  de  l'hor- 
loge, et  (Js  reconnaître  et  d'éliminer  ses  ^noiqalies. 

Objection?  au  gyroscope  marit)  proposé  par  M.  E.  Dubois,  dans 
la  séance  dpi  22  janvier.  Note  de  M.  A.  Ledieu,  —  La  propriété 
fondamentale  du  gyroscope  Foucault  consiste  en  ce  qup  l'axe  de  rotation 
de  son  tore  a  une  direction  d'une  fixité  absolue  dans  L'espace.  Or. 
imaginons  j'axe  en  question  prolongé  jusque  dans  la  voûte  céleste,  il 
y  déterminera  un  point  qui  sera  immuable  par  rapport  aux  étoiles. 
Cet  axe,  employé  comme  déterminant  un*  vertical  de  repère  pour 
mesurer  topl  mouvemept  azimutal  d'un  navire,  ne  jouera  donc  pas 
d'autre  r01e  que  celui  d'une  droite  menée  d'un  point  du  bâtiment  à 
une  étoile.  En  d'autres  termes,  pour  mesurer  tout  mouvemept  azimutal 
d'un  ftaviffy  il  n'y  a  pas  besoin  d'avoir  recours  au  gyroscqpe  Foucault, 
mais  simplement  à  une  étoile,  ou  plus  généralement  à  un  astfe  quel- 
conque, au  vertical  duquel  on  rapportera  le  mouvement  gyratoire  du 
bâtjjnent,  à  l'aide  du  relèvement  simultané  de  l'astre  et  du  cap  du 
navire,  au  même  compas. 

D'une  part,  la  remarque  toute  simple  de  se  servir  d'un  astre,  comme 
point  de  repère,  pour  mesurer  le  mouvement  azimutal  d'un  navire,  se 
trouve  notamment  commentée  et  développée  dans  un  ouvrage  publié 
en  Espagne,  en  4848,  par  le  chef  d'escadre  Antonio  Dorai,  sous  le 
titre  :  a  Du  CQfnpos  de  route.  »  D'autre  part,  l'usage  du  gyroscope, 
pour  la  question  4 ont  il  s'agit,  ne  saurait  soutenir  aucune  comparaison 
avec  l'emploi  rudimentaire  du  relèvement  d'un  astre  ;  i\  résulte  des 
considérations  précédentes  que  le  gyroscope  marin,  en  admettant  même 
qu'il  puisse  devenir  d'un  usage  commode,  ne  serait  réellement  utile  à 
bord  que  quand  on  aurait  à  la  fois  :  t°  un  ciel  couvert;  2°  belle  mer; 
3*  une  variation  calculée  dans  la  journée,  pour  un  cap  donné  ;  4°  un 
besoin  urgent  de  connaître  les  déviations  aux  divers  caps  du  navire. 

Nous  ne  terminerons  pas  cette  Note  sans  rappeler  la  méthode  qu'un 
de  nos  plus  habiles  hydrographes,  le  commandant  Mouchez,  emploie 
depuis  longtemps  déjà,  dans  ses  levés  de  côtes,  pour  se  débarrasser 
des  erreurs  dues  aux  déviations  du  compas.  Chaque  fois  que  la  position 
du  bâtiment  a  changé  d'une  centaine  de  lieues,  surtout  en  latitude,  il 
profite  de  l'instant  du  lever  ou  du  coucher  du  Soleil  ou  de  la  Lune, 
pour  faire  faire  à  son  navire  tout  le  tour  de  l'horizon. 

Aux  caps  principaux  du  bâtiment,  lus  au  compas  étalon,  il  relève 
l'astre  avec  le  même  compas,  et  il  en  conclut  la  variation  propre  à 
chaque  cap,  à  l'aide  de  l'azimut  \rai  dé  l'astre  calculé,  pour  un  ma- 


j 


LES  MÛNPES.  875 

ment  détern^iné  de  l'opératiop,  et  corrigé,  s'il  y  a  lieu,  de  son  change^ 
naept  d*un  instant  à  un  autre,  Ce  sopt  justement  ces  variations  dont  on 
a  besoin  pour  naviguer.  Elles  comprennent  à  la  fois  la  variation  réçlle 
du  lieu  et  les  déviations  propres  à  chaque  cap.  On  n'a  besoin  de  Réparer 
ces  éléments  et  de  connaître  leurs  valeurs  respectives  que  dans  un 
intérêt  scientifique.  Cette  séparation  s'effectue  aisément  à  l'ai4e  des 
formules  connues,  dans  lesquelles  on  introduit  les  observations  men- 
tionnées plus  haut. 

Le  procédé  du  commandant  Mouchez  ne  saurait  être  trop  recpm- 
mandé  aux  navigateur».  Il  a  ce  cachet  d'élégance  pratique  particulier 
aux  méthodes  durables,  qui  ne  demandent  jamais  l'aide  de  la  science 
que  pqijr  simplifier  les  question?  et  non  pour  les  compliquer. 

Béponse  à  une  revendication  de  priorité  de  MM*  de  Ruolz  et 
Fontenay,  concernant  la  découverte  du  bronze  phosphoreux  et  son 
emploi  pour  la  fabrication  des  bouches  à  feu  ;  par  MM .  Mqktejfiore- 
Levi  et  Kunzel.  —  Dans  la  séance  du  26  décembre  1871,  MM.  de 
Ruolz  et  Fontenay  ont  revendiqué  la  priorité  de  l'invention  du  bronze 
phosphoreux,  en  st  fondant  sur  des  expériences  qu'ils  auraient  faites 
de  1854  à  1859.  Nous  ne  pouvons  ni  ne  voulons  apprécier  s'ils  ont 
Suivi  la  njème  voie  et  atteint  le  même  résultat  que  nous-mêmes. 

Mais  le  fait  qui  nous  touche  de  plus  près,  c'est  que  MM.  de  Ruolz 
et  Fontenay  déclarent  eux-mêmes  qu'ils  ont  jugé  devoir  tenir  leur 
procédé  secret,  que  ce  secret  a  été  si  bien  observé  que  leurs  essais 
ayant  eu  lieu  de  1854  à  1859,  personne  jusqu'à  ce  jour  n'en  avait 
entendu  parler  ;  que,  d'autre  part,  nos  expériences  ont  reçu  une  grande 
publicité.  Eu  présence  de  ces  considérations  et  de  notre  ignorance 
absolue  de  tout  ce  qui  avait  pu  être  fait  par  MM.  de  Ruolz  et  Fontenay, 
nous  opposons  avec  confiance  nos  droits  à  la  découverte  du  bronze 
phosphoreux,  à  la  revendication  de  priorité  de  MM.  de  Ruolz  et  Fon- 
tenay. » 

—  M.  H.  Poulain  adresse,  par  l'entremise  de  M.  Chastes,  un 
Mémoire  portant  pour  titre  :  «  Organe  mécanique  réciproque  de  trans- 
formation de  mouvement  circulaire  alternatif  en  rectitigne  alternatif,  à 
substituer  a  tous  les  mécanismes  dits  parallélogrammes  et  à  leurs 
dérivés  ». 

—  M.  Carvallo  adresse  deux  nouveaux  Mémoire^  de  mécanique 
rationnelle.  Le  premier  est  relatif  à  ce  principe  de  mécanique  :  a  que 
«  la  répartition  des  forces  élastiques  s'exerçant  entre  deux  surfaces, 
«  réelles  ou  virtuelles,  de  contact  ou  de  séparation,  a  toujours  lieu  de 
u  manière  que  le  travail  élémentaire,  virtuel  ou  réel,  de  l'ensemble  de 
«  ces  forces  soit  nul.  »  Le  second  contient  Fap^Rcatlon  de  ce  principe  : 


276  LES  MONDES. 

1°  aux  corps  prismatiques  ou  cylindriques  à  bases  planes;  2#  aux 
même  corps  dont  les  bases  sont  des  surfaces  quelconques  ;  3°  à  une 
section  arbitraire  d'un  corps  quelconque. 

—  M.  Blouin  adresse  une  nouvelle  Note  relative  à  ses  essais  pour 
rendre  le  pétrole  moins  inflammable. 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de 
la  correspondance  : 

1°  Le  troisième  fascicule  du  c  Traité  du  développement  de  la  fleur  et 
du  fruit  »,  par  M.  B.  Bâillon  ; 

2°  Un  Mémoire  de  M.  Bourget,  intitulé  :  c  Théorie  des  machines  à 
air  chaud  »  ; 

3°  Une  brochure  de  M.  Martin  de  Brettes,  relative  à  un  système  de 
canons  de  campagne,  dont  la  portée  serait  moitié  plus  grande  que 
celle  des  canons  actuels. 

—  M.  l'Inspecteur  général  de  la  navigation  de  la  Seine  adresse  les 
états  des  crues  et  diminutions  de  la  Seine,  observées  chaque  jour  au 
pont  Royal  et  au  pont  de  la  Tournelle,  pendant  l'année  1871.  Les 
plus  hautes  eaux  ont  été  observées,  les  16  février  et  2  mai,  au  pont 
Royal,  à  3m,60,  et  au  pont  de  la  Tournelle,  à  âm,75  ;  les  plus  basses, 
au  pont  Royal,  le  20  décembre,  à  0m,28,  et  au  pont  de  la  Tournelle, 
les  8  et  9  juin,  à  0m,60  au-dessous  du  zéro.  La  moyenne  a  été  de* 
im,87  au  pont  Royal,  et  de  0m,40  au  pont  de  la  Tournelle. 

—  M.  Bourget  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  le  comprendre  parmi 
les  candidats  à  la  place  devenue  vacante,  dans  la  Section  de  Méca- 
nique, par  suite  du  décès  de  M.  Piobert. 

—  M.  Levasseur  présente  une  épreuve  des  programmes  de  l'ensei- 
gnement géographique. 

—  Sur  l'intégration  de  l'équation  aux  dérivées  partielles  des 
cylindres  isostatiques  produils  dans  un  solide  homogène  et  ductile, 
par  M.  J.  Boussinesq. 

—  Sur  les  intervalles  mélodiques.  Note  de  MM.  A.  Cornu  et 
E  Mercadier,  présentée  par  M.  Jamin.  —  Nous  avons  eu  la  bonne 
fortune,  par  l'intermédiaire  de  M.  Ch.  Meerens,  musicien  distingué  de 
Bruxelles  qui  est  venu  répéter  avec  nous  nos  expériences,  de  pouvoir 
en  faire  deux  nouvelles  séries  avec  le  concours  de  deux  artistes  émi- 
nents,  M.  Léonard,  violoniste  belge,  et  M.  Séligmann,  violoncelliste, 
bien  connus  dans  le  monde  artistique  pour  la  correction  de  leur  jeu  : 
nous  ne  saurions  trop  les  remercier  de  l'obligeance  avec  laquelle  ils 
ont  bien  voulu  jouer  à  plusieurs  reprises  les  fragments  de  mélodie, 
objet  de  nos  premières  expériences.  Les  graphiques  obtenus,  au  nombre 
de  18,  sont  remarquables  par  la  régularité  du  tracé  représentant  les 


LES  MONDES.  277 

vibrations  des  instruments  :  le  tableau  suivant  en  est  le  relevé  ;  nous  lui 
donnons  une  forme  identique  à  celle  de  nos  tableaux  précédents. 

Ut.                  Ré.  Mî.  Fa.  Sol.  U,  Si. 

Moyennes 4,127  1,265  1,329  1,500  1,686  1,917 

Valeurs  pythagoriciennes. .. .  1,125  1,266  1,333  1,500  1,687  1,898 

Gamme  dite  naturelle 1,125  1,250  1,333  1,500  1,666  1,875 

Valeurs  du  comma 0,014  0,016  0,017  0,019  0,021  0,024 

Si  Ton  calcule,  en  fraction  de  comma,  les  différences  entre  ces  va- 
leurs et  les  moyennes  correspondantes,  on  trouve  des  écarts  maximum 
variant  de  I  /3  à  3/5  de  comma  en  plus  ou  en  moins  ;  les  moyennes  de 
ces  écarts  sont  plus  petites  que  1/3  de  comma  :  on  ne  peut  exiger  plus 
de  précision  dans  les  expériences  de  ce  genre.  Les  résultats  de  ce  ta- 
bleau, comme  ceux  de  nos  séries  précédentes,  concordent  avec  les 
valeurs  des  intervalles  de  la  gamme  pythagoricienne.  Ces  nouvelles 
déterminations,  que  le  concours  de  deux  artistes  éminents  rend  vrai- 
ment précieuses,  confirment,  d'une  manière  indiscutable,  nos  conclu- 
sions antérieures  sur  la  dualité  de  nos  impressions  musicales  :  il 
existe  réellement  deux  systèmes  d'intervalles  musicaux  ;  les  uns  em- 
ployés en  harmonie,  les  autres  en  mélodie.  Les  observations  précé- 
dentes prouvent  qu'un  musicien  exécutant  un  solo  emploie  les  inter- 
valles de  la  gamme  pythagoricienne,  qu'on  peut  appeler  gamme  de  la 
mélodie  sans  modulations. 

—  Sur  les  courants  d'induction  produits  dans  les  masses  polaires 
de  Vappareil  de  Foucault.  Note  de  M.  J.  Violle.  —  En  réponse  à  la 
note  de  M.  Favre  du  41  septembre  dernier,  M.  Jacobi  a,  dans  la  der- 
nière séance,  donné  communication  à  l'Académie  d'expériences  faites 
avec  l'appareil  de  Foucault  et  desquelles  il  résulte  que  des  courants 
induits  se. développent  dans  les  masses  polaires  de  l'électro-aimant 
quand  la  vitesse  du  disque  croit  ou  diminue,  et  que  ces  courants  dis- 
paraissent quand  la  vitesse  du  mouvement  devient  uniforme.  Ce  der- 
nier résultat  est  précisément  celui  auquel  je  suis  arrivé,  il  y  a  près  de 
deux  ans,  dans  le  travail  que  j'ai  exécuté  à  l'aide  du  même  appareil 
de  Foucault  ppur  déterminer  l'équivalent  mécanique  de  la  chaleur. 

Je  suLç  heureux  que  les  expériences  de  M.  Jacobi,  exécutées  par  une 
tout  autre  méthode,  soient  venues  confirmer  ces  résultats,  et  montrer 
définitivement,  que,  contrairement  aux  doutes  émis  par  Joule,  et  re- 
produits bien  souvent  depuis,  dès  que  la  vitesse  du  mouvement  du 
disque  dans  Vappareil  de  Foucault  est  devenue  uniforme,  il  ne  ctr- 
eulepas  de  courants  d'induction  dans  les  masses  polaires  de  Filectro- 
aimanty  il  n'y  a  pas  réaction  du  disque  sur  l'électro-aimant. 


878  LKS  MONDES. 

—  Sur  les  raies  du  spectre  solaire.  Note  de  M.  Pesiin.  —  Les  car- 
rés des  longueurs  d'otidulalion  correspondantes  aux  raies  du  spectre 
solaire  présentent  souvent  des  rapports  très-simples.  Ainsi,  en  com- 
parant les  raies  B,  F  et  H,  nous  trouvons,  entre  les  carrés  en  leurs 
longueurs  d'ondulation  (lb),  (lf)y  (U),  les  rapports  suivants  : 

(,)■=*■! (M1,    (^'=§(^  =  3(4)'. 

A  la  même  série  peut  être  rattachée  à  la  troisième  raie  de  l'hydro- 
gène, raie  7  du  spectre  ;  comparée  à  la  raie  F,  deuxième  raie  de  l'hy- 
drogène, elle  donne 

La  raie  du  sodium  D  peut  êtte  prise  pour  point  de  départ  d'urie 
autre  sêtie,  qui  comprend  les  faies  A  et  E  du  spectre  ;  nous  avons,  en 
élîet,  leà  rapports 

«.)'«§(«.)%    (.)5  =  gC*)a. 

La  raie  G  peut  également  être  rattachée  à  la  raie  B;  car,  comparée 
à  celle  raie  suivant  notre  méthode,  die  donné  le  rapport 

—  Sur  la  sursaturation  de  la  solution  de  chlorure  de  sodium, 
£ar  M.  L.  C.  de  Coppet,  présentée  par  M.  Wurtz.  —  «  J'ai  observé  la 
suràaturatiûn  de  la  solution  de  chlorure  de  sodium  danè  les  conditions 
Suivantes  :  une  solution  saturée  à  chaud  a  été  refroidie  dans  un  mé- 
lange réfrigérant  à  une  assez  basse  température  ;  elle  se  trouvait  dans 
ûti  Vaôe  ouvert,  librement  eiposée  à  l'action  des  poussières  de  1  air,  et 
èft  présence  d'un  grand  excès  de  chlorure  de  sodium  solide  ;  penda  nt 
le  Refroidissement,  erft  était  constamment  agitée  avec  un  thermomètre. 
Il  s'est  déposé  du  sel  pendant  le  premier  refroidissement,  mais  je  ne 
sais  éi  ce  dépôt  a  continué  lorsque  la  température  s'est  abaissée  au- 
dessous  de  zéro;  ôelle-ci  était  encore  de  quelques  degrés  plus  élevée 
que  le  point  de  congélation  de  la  solution  normalement  saturée 
(iu-  îfè;S  C.  environ),  lorsque,  tout  à  coup,  la  solution  s'est  prise  en 
àhè  ittàssè  cristalline  si  compacte  qu'il  a  été  difficile  d'en  retirer  le 
thermomètre  qui  servait  d'agitateur.  Les  cristaux  qui  se  sont  ainsi 
formés  subitement  étaient  probablement  l'hydrate  NaCl,  2tt60. 


LES  MONDES.  17# 

—  Note  sur  les  analyses  des  Qax  du  sang,  influente  de  Peau\  par 
Mflt.  A.  Ëstor  et  C.  Saint- Pierre.  —  «  I.  bails  nos  expériences  anté- 
rieures sur  les  gaz  du  sang,  nous  avons  constamment  trodté  p&ur  les 
quantités  d'oxigène  des  nombres  comparables,  quand  on  prend  le  sang 
dans  un  même  point  dû  système  artériel.  Nous  avons  donné  pour  le 
sang  du  chien,  les  moyennes  ci-après  : 

ce 

Artère  rénale.    .....      18,82  pour  400. 

Artère  splénique 14,38        » 

Artère  crurale ,        7,62        » 

Ces  nombres  sont  concordants  avec  ceux  qu'avait  indiqués  avant 
nous  M.  Cl.  Bernard,  et  avec  ceux  qui  ont  été  trouvés  après  notis  par 
de  nombreux  expérimentateurs,  mais  dans  quelques  travaux  publiés 
en  Allemagbe,  il  a  été  donné  defc  nombres,  obtenus  par  kl  procédé  de 
Lnâwig,  qui  s'éloignent  notablement  des  nôtres. 

H.  Après  bien  des  tâtonnements,  nous  avons  remarqué  qtfe,  par  la 
manière  d'opérer  des  auteurs  allemands,  le  sang  se  trouve  nécessaire- 
ment mélangé  à  une  certaine  proportion  d'eau.  C'est  sur  ce  point 
qu'ont  porté  alors  nos  investigations. 

JII.  Nous  avons  pris  du  sang  de  l'artère  crurale  du  chien,  k  l'aide 
«l'une  seringue  graduée.  Une  moitié  a  été  traitée  directement  par  le 
procédé  de  M.  CL  Bernard.  L'autre  moitié  a  été  introduite  dans  up 
appareil  où  elle  s'est  trouvée  mélangée  avec  deux  fois  son  yolume 
d'eau  distillée,  bouillie,  et  avec  deux  fois  son  volume  d'oxyde  de  car- 
bone. Le  procédé  de  M.  Cl.  Bernard  nous  a  donné,  comme  toujours, 
des  nombres  variant  de  6,66  à  8,50  d'oxygène  pour  100  volumes  de 
sang.  Au  contraire,  la  partie  de  sang  chauffée  à  Tébuliitiofl  avec  cette 
addition  d'eau  a  laissé  dégager  des  quantités  d'oxygène  bien  supé- 
rieures. Dans  quatre  expériences,  nous  avons  obtenu,  pour  100  vo- 
lumes de  sang  de  l'artère  crurale  du  chien  : 

Expérience  1 13,32 

Expérience  H 21,64 

Expérience  III 22,51 

Expérience  IV 20,64 

—  Sur  la  prévision  de  certains  tremblem  entsde  terre,  par  M .  Fron, 
présentée  par  M.  Delaunay.  —  La  liaison  que  présentent  les  phéno- 
mènes sefomtqtiee  avee  les  tempêtes  et  les  orages  a  été  entrevue  déjà. 
Arago,  dans  sa  notice  sur  le  tonnerre  ;  Poulet-Scrobe,  dans  son  livre 


■'  j 


•V 


.280  LES  MONDES. 

C  sur  les  volcans  ;  Bridet,  Piddington,  Relier,  dans  leurs  études  sur  les 

cyclones,  ont  signalé  quelques  faits  à  l'appui  de  cette  théorie.  Moi- 
même,  qui  > depuis  huit  années  ai  discuté  et  comparé  les  situations 
atmosphériques  de  chaque  jour  à  la  surface  de  l'Europe,  je  suis  arrivé 
à  ce  résultat,  que  certaines  conditions  de  l'atmosphère  sont  favorables 
aux  tremblements  de  terre  dans  les  régions  spéciales  de  l'Europe  ; 
mais  jusqu'ici  je  n'avais  pas  osé  formuler  à  ce  sujet  de  prévision  di- 
recte. 

Mercredi  dernier,  24  janvier,  les  conditions  nécessaires  à  la  produc- 
tion de  ces  phénomènes  me  semblèrent  réalisées;  aussi  la  dépèche  que 
j'adressais  à  midi,  dans  le  sud  de  l'Europe,  aux  capitales  Rome, 
Vienne,  Cohstantinople,  était-elle  la  suivante  : 

<  Les  mauvais  temps  se  sont  propagés  par  les  bassins  du  Rhin  et 
«  de  Saône-Rhône  ;  ils  sévissent  déjà  en  divers  points  au  sud  des 
«  Alpes,  et  vont  s'étendre  en  prenant  de  la  force  sur  les  côtes  d'Italie 
*  et  d'Illyrie.  Grains,  orages  et  tremblements  de  terre  à  craindre;  per- 
c  turbations  magnétiques  probables.  » 

Le  soir  même,  le  torrent  de  la  Brague  détruisait  le  pont  du  chemin 
de  fer  près  d'Antibes,  et  amenait  la  terrible  catastrophe  dont  tous  les 
journaux  ont  parlé.  Le  lendemain,  jeudi,  un  fort  tremblemeut  de 
terre  était  signalé  en  Turquie  et  nous  était  connu  par  une  dépêche 
télégraphique  reçue  le  26  au  matin  de  M.  Coumbary.  Le  P.  Secchi 
constatait  également  des  perturbations  magnétiques  à  Rome. 

—  M.  Vigneau  adresse,  du  Mans,  une  note  relative  à  des  observa- 
tions d'étoiles  filantes,  animées  d'un  mouvement  hélicoïdal.  L'auteur 
remarque  que  ces  observations,  faites  à  des  époques  diverses,  sont 
toutes  relatives  à  des  météores  observés  dans  le  voisinage  du  méridien  : 
il  n'a  jamais  rien  aperçu  de  semblable  du  côté  de  l'est. 

—  M.  Gaube  adresse  une  note  relative  aux  acides  qui  accompagnent 
les  essences  dans  plusieurs  familles  botaniques.  D'après  l'auteur,  un 
grand  nombre  de  plantes  odorantes  contiennent,  avec  leurs  essences, 
un  acide  quelquefois  plus  énergique  que  l'acide  carbonique,  souvent 
odorant,  et  qui  complète  l'odeur  des  essences  elles-mêmes. 

—  M.  Kûhling  adresse,  de  Saint-Pétersbourg,  une  note  relative  a  un 
procédé  d'extinction  des  incendies,  et  à  divers  emplois  des  aréostats. 


PàJU».  —  TYF.  WAUHft,  HUE  BONAPARTE,  44. 


Vf 


N#  8  1872. 


CIJRQNIQUE  SCIENTlflûUB  DE  U  SEMAINE 


a^fène  &  lumière  oxpjdrime.  _  m.  JBpnry  $aipU>* 
Claire  peville  et  Debray  dissent  en  1801  :  «  Si  on  pouvait  L'#M#mm* 
diebctement  a  i/aih,  l'oxygène  pur  ferait  aujourd'hui  d'uw  w+g*  utç*. 
ifALiER.  Pour  l'éclairage  en  particulier  on  s'en  shevirait  fftpçnjfûpr 
ItENT  pour  obtenir  une  lumière  brillaqte...  La  densité  trfcs-gflin4$  d§ 
l'oxygène  par  rapport  au  gaz  d'éçlpirage,  ia  facilité  ave$  )agwuê  m 
peut  i'emprtèopjtff  dans  de?  réservoirs,  son  innocuité  ajwqwtji  d$teri&jh 
neroot,  nous  l'espérons,  dts  essais  dans  ce  sens.  » 

!*<  W<  4^IW*y* «  &*"mt  diWmeat  to  l'4Jr  «tHNMBhéJijue 
Ja  plus  grande  partis  de  i'pxygèn*  qu'il  renferme  au  ©pyfll  <fy 
mançenate  (le  soude,  a  réalisé  les  vœu*  que  Jbngajpiiï,  eg  i$$i, 
MU.  H.  j$ainJbç-Claire  DeyUJe  çt  Debray,  &veç  {pip  lep  œ^î|r^  da  la 
(pienc*  en  Fxaace^  M4I.  Donnas,  Baussir^gault,  Ifortbelal,  Wurte,  fféli  * 
got,  etc.,  etc. 

L'^cl^ir§ge  oxhydrique  qui  a  fonctionné  sur  le  boulevard  des  Italiens 
fcpiijs  le  31  décembre  A87i,  ayec  le  plus  grand  succès,  *  mis  à  néant 
tPMff  k#  febtes  ima^népa  p*r  l$s  partisans  de  la  routine  ou  par  le»  dé* 
fcQfeitfs  d£&  intérêt*  particuliers*  On  avait  été  jusqu'à  pr&endr*  qu'il 
lirait  à  j*pais  impo&ible  de  vendre  l'oxygène  à  l  tant  la  mètre  cube, 
alors  que  les  ffaia  réel*  de  fabrication  consistent  presque  uniquement 
dtfs  le ehftiQaçe  dep  cornues.  Avec  1500  kilogrammes  de  charbon,  & 
25  fwwslea  JQO0  kilogrammes»  on  obtint  environ  2Q0  mètres  cubes 
dtoygène.  t'oxygène  revient  ainsi  à  14  cantimes  le  mètre  cube,  et,  en 
y  ajoutant  les  Irais  accessoires,  à  25  centimes  environ  au  gteomètve.  Le 
prix  de  la  yente  è  i  tium  n'a  donc  rien  d'anormal. 

Par  tus  bqe  oxhydrique  brûlant  par  beure  seulement  32  litres  d?ày* 
drogène  carboné  et  16  litres  d'oxygène*  coûtant  2  centimes  S*,  on  obtient 
avec  beaucoup  moins  de  chaleur,  sans  aucun  verre  de  lampe,  et  sans  aUè* 
ration  aucune  deVatmospkère  ambiante,  la  môme  somme  de  lumière  que 
fournit  k  bec  type  de  la  Ville  de  Paris,  qui  brûle  140  litres,  et  coûte 
aux  particuliers  4  cent.  20  par  heure.  L'économie  est  donc  considérable; 
elle  permet  à  la  Société  Tessié  du  Motay  et  O  d'offrir  la  lumière  oxhy- 
drique aux  consommateurs  avec  20  pour  100  d'épargne  sur  Téclairage 
actuel,  en  prenant  à  sa  charge  tous  les  frais  d'installation»  Paris  consem- 

N'  8.  t.  XXVII,  22  février  1872.  21 


i 


3.     .'A 


V 


282  LES  MONDES. 

me  annuellement  pour  le  chauffage,  l'éclairage  municipal,  l'éclairage 
des  particuliers,  environ  140  millions  de  mètres  cubes  de  gaz  qui,  au  prix 
de  30  centimes,  coûtent  30  millions.  Si  on  la  réalisait,  l'économie  de  20 
pour  100  ferait  six  millions,  allégement  considérable  dans  un  moment 
ou  les  taxes  sont  si  nombreuses  et  si  multipliées.  En  adressant  au  conseil 
municipal  l'autorisation  de  canalisation  de  l'oxygène,  la  société  Teseié 
du  Motay  ne  demande  ni  subvention,  ni  monopole,  et  offre  à  la  Ville  de 
Paris  le  partage  des  bénéfices  au-dessus  de  40  pour  i 00,  indépendam- 
ment d'une  redevance  fixe  annuelle  de  100  000  francs  pour  la  location  du 
sous-sol.  Pourraitelle  subir  un  refus,  quand  il  est  acquis  que  l'oxygène, 
gaz  vital  par  excellence,  active  puissamment  la  combustion  de  tous  les 
corps,  facilite  beaucoup  la  fusion  des  métaux;  sert  à  la  fabrication  de 
divers  produits  chimiques,  à  l'assainissement  des  hôpitaux  et  des  cham- 
bres de  malades,  et  à  divers  usages  thérapeutiques  importants. 


ft*  réferme  de  renftelsnemeBt  «elentiflqvefliiptf rieur 

par  M.  Fbémt.  —  Sous  ce  titre,  l'honorable  académicien  plaide  une 
troisième  fois,  avec  beaucoup  de  chaleur  et  d'éloquence  la  cause  patrio- 
tique des  travailleurs.  Il  demande  instamment  que  le  savant  qui  s'est  fait 
un  nom  par  des  travaux  sérieux  ne  soit  Jamais  abandonné,  et  qu'il 
reçoive  une  rémunération,  en  attendant  une  vacance  dans  le  professorat. 
«  Il  existe,  dit-il,  un  si  grand  nombre  de  questions  que  l'Etat  pourrait 
faire  étudier  par  les  savants  dans  un  intérêt  public,  qu'il  sera  toujours 
facile  d'utiliser  le  concours  des  hommes  de  science  que  le  professorat 
n'occupe  pas.  Pour  rémunérer  convenablement  les  savants  qui  ne  sont 
pas  arrivés  encore  à  des  positions  officielles,  il  s'agirait  simplement  d'ins- 
tituer une  commission  qui  serait  chargée  d'étudier  toutes  les  questions 
qui  intéressent  l'administration,  l'hygiène,  l'industrie,  la  Justice.  Une 
pareille  commission  n'existe  pas  dans  notre  pays  ;  elle  rendrait  certaine- 
ment les  plus  grands  services...  En  résumé,  dit  en  terminant  M.Frômy, 
la  réforme  de  l'enseignent  nt  scientifique  supérieur  que  Je  propose  con- 
siste à  grouper  autour  des  professeurs  du  haut  enseignement,  en  dehors 
de  l'auditoire  libre,  un  certain  nombre  d'élèves  distingués  qui  teoetront 
une  contribution  votée  par  les  conseils  généraux,  et  dont  la  carrière 
présentera  la  régularité  et  l'avancement  qu'offrent  celles  de  l'école  po- 
lytechnique. »  Ces  idées  sont  bonnes  sans  aucun  doute,  mais  elles  n'ont 
pas  encore  reçu  la  forme  qui  seule  pourrait  faire  qu'elles  s'imposent. 
Cest  encore  très-vague.  Elles  ont  aussi  l'inconvénient  d'entretenir  les 
jeunes  savants  dans  la  pensée  de  vivre  de  l'Etat,  au  lieu  de  songer 
sérieusement  à  vivre  d'eux-mêmes  et  à  faire  vivre  l'Etat  de  leur  travail. 
▲cette  occasion,  la  justice  nous  fait  un  devoir  de  dire  bien  haut  qu* 


LES  MONDES.  283 

l'honorable  M.  Frémy,  en  défendant  avec  tant  d'ardeur  et  de  conviction 
ses  théories  de  la  fermentation,  est  à  mille  lieues  des  matérialistes  parti- 
sans des  générations  spontanées,  qui  croient  ou  qui  voudraient  que  la  vie 
puisse  avoir  son  origine  et  sa  cause  dans  la  non-vie,  que  ]*  matière  inor- 
ganique puisse  s'organiser  en  être  vivant. 

Les  matières  semi-  organiques  qui,  en  ^organisant  plus  complètement 
au  contact  de  l'eau,  se  transforment  en  ferments  ou  en  agents  actifs  des 
fermentations,  sont  déjà  vivantes  en  elles-mêmes.  C'est  bien  difficile  à 
admettre,  surtout  quand  cette  vie  latente  doit  s'étendre  jusqu'à  l'acide 
tartrique  par  exemple  j  mais  enfin  c'est  la  doctrine  de  M.  Frémy  etnons 
en  prenons  acte  en  son  nom. 

Asptre  Imréale  dn  4  février.  —  M.  Tarry,  inspecteur  des 
finances,  a  communiqué  à  l'Académie  des  sciences  les  dépêchée 
américaines  suivantes  :  «  Duxbury  (Amérique),  aurore  le  A  février, 
de  minuit  à-5- heures  du  matin,  heure  de  Greenwioh.  »  —  «  Duxbury, 
40  février.  Dimanche  dernier  (4  février)  courants  terrestres  excessive- 
ment forts...  Par  moments,  impossible  de  tenir  le  signal  lumineux 
sur  l'échelle  du  miroir,  avec,  des  condensateurs  dans  le  circuit.  Aurore 
visible  la  nuit.  Lignes  américaines  affectées  à  Test,  à  l'ouest,  au  nord, 
mais  pas  au  sud.  » 

«  Saint-Pierre  Miquelon.  Pendant  toute  la  durée  de  l'aurore,  ter- 
rible ouragan  de  neige...  Force  des  courants  terrestres  allant  jusqu'à 
représenter  90  éléments  Minotto  sur  les  deux  stations  de  Brest  à 
Saint-Pierre  et  de  Saint-Pierre  à  Duxbury,  dimanche,  vers  10  heures 
du  soir.  » 

En  rapprochant  les  dépèches  américaines  des  dépèches  du  conti- 
nent, M.  Tarry  tire  ces  conclusions  :  les  perturbations  magnétiques 
éprouvées  par  les  lignes  télégraphiques  se  sont  fait  sentir  simultané- 
ment en  Italie,  en  France  et  en  Amérique,  tandis  que  les  phénomènes 
lumineux  de  l'aurore  n'ont  commencé  à  être  aperçus  de  l'autre  côté 
de  l'océan  que  lorsqu'ils  étaient  terminés  en  France,  où  ils  ont  paru 
de  6  h*  à  41  h.  du  soir.  M.  Tarry  ajoute  :  les  courants  magnétiques 
observés  dans  les  fils  télégraphiques,  lors  de  l'apparition  des  aurores 
boréales,  ne  sont  «sans  doute  pas  de  même  nature  que  ceux  que  l'on 
observe  dans  d'autres  circonstances. 

lie  Mlell  eu  B.  W*  BeeeM.  —  M.  Schellen,  directeur  de  la 
Real  Schule  de  Cologne,  nous  annonce  l'apparition  de  la  première 
partie  de  sa  traduction  allemande  du  Soleil.  La  deuxième  partie  ne 
paraîtra  pas  avant  la  fin  de  mai  ou  de  juin  :  on  y  trouvera  la  méthode 


28*  LES  MONDES. 

complète  de  l'observation  des  protubérances,  un  tableau  de  leurs 
diverses  formes,  de  leur  distribution  sur  lé  disque  solaire,  les  relations 
entrte  teè  protubérances,'  lés  tacïes  et  les  facules,  et  une  longue  série 
éè  recherchée  sur  le  pouvoir  rayonnant  du  soleil. 

M.  Schellen,  dont  l'ardeur  et  l'activité  sont  infatigables;  qui,  eu 
outre  dès  conférences  régulières  qif  il  fait  à  Cologne  pendant  toute  la 
srfison  cTlritfe*  devant  un  auditoire  de  5  à  600  personnes,  va  donner  des 
leçons  publiques  à  Mayence,  à  Aix-la-Chapelle,  à  Crefeld,  etc.,  sur  la 
télégraphie  électrique,  les  câbles  sous-marins,  la  télégraphie  militaire, 
a  trouvé  encore  le  temps  de  putflier  sur  Y  analyse  spectrale  et  ses  appli- 
cations un  livre  vraiment  classique  qui  a  eu  l'honneur  d'être  traduit 
immédiatement  en  anglais  par  les  deux  filles  du  célèbre  astronome 
Lâssel,  et  qui,  notts  l'espérons,  sera  aussi  très-prochainemeirf  traduit 
en  français. 


i»4»  *éternée«.  —  Dans  sa  dernière  eëartfce  an- 
nuelle, la  Société  Royale  aétrottomiqife  de  Londres  a  décerné  sa 
grande  médaille  à  M.  le  professeur  Schiefparelfi;  de  Rodtë,  potafr  sa 
démonstration  brillante  de  l'identité  qui  existe  entré  les  éléments  des 
orbites  de  certaines  comètes  et  ceux  des  es&tiffl*  conntor  defc  météores 
d'août  et  de  novembre. 

—  Le  conseil  de  la  Société  géologique  de  Londres  accorde  fc  mé- 
daille de  Wolkston  à  M.  le  professeur  J.-D.  Dana,  de  Yale  Collège 

(Goiniectlsufy  et  ce  qui  restait  en  caisse  dtt  legé  Wollâston  à  M.  James 
Cxotir,  d'Edimbourg, 

—  Le  prix  Hopkins  à  décerner  à  l'auteur  soit  du  meilleur*  mémoire 
original,  soit  de  la  meilleure  intention  où  découverte  dans  le  domaine 

de  la  physique  mathématique  oîi  detf  màtMmàfîqites  expérimentales, 
publiées  dans  ces  trois  dernière*  années  par  un  membre  de  univer- 
sité de  Cambridge,  a  été  décerné  à  M.  professeur  ClerK  MaxWélï.  Lés 
jt^es-  do  concours  étaient  MM.  Stokes,  Tait  et  Clifton. 


ACCUSÉS  DE  RÉCEPTION. 


Suprématie  intellectuelle  de  la  France,  réponse  aux 
àtâgàtions  germaniques,  pdr  M.  Eatma>vue£  tiÀis,  directeur  de  VOb- 
sertatôirè  irnpêHàl  de  Mo- de- Janeiro,  ancien  astronome  de  F Obser- 
Vattiirè  Se  Parts,  èttf.  —  1  vof.  in-18  Jésus  die  x-2'52  cages,  prix  :  3  Ir. 
-ta&ttftftr  met.  -1  En  prenant  pour  patrie  àdoptïve  le  vaste  empire 


LÈS  MONDES  28* 

qui  florit  sous  le  gouvernement  aussi  paternel  qu'éclairé  de  Pedro  II, 
M.  Emmanuel  Liais  n'a  pas  oublié  sa  première  et  vraie  patrie.  On 
voit,  au  contraire,  que  ses  sentiments  envers  cette  mère  si  cruellement 
éprouvée  ont  acquis,  par  lé  fait  même  de  ces  épreuves,  une  énergie  et 
une  ardeur  qui  caractérisent  le  plus  haut  degré  du  patriotisme.  Dans 
l'intéressant  volume  qu'il  vient  de  publier,  ce  n'est  pas  seulement  au 
point  de  vufé  tafelltectAet  qtt'il  établit  la  supériorité .  d*  la  France, 
mate  atrssf  au'  point  <fe  vue  moral  et  sous  tous  les  rapports  qui  consti- 
tuent là  vraie  civilisation.  Il  constate  combien  nos  ennemis,  dans  la 
dernière  guerre,  se  sont  montrés  en  arrière  des  idées  et  des  sentiments 
dé  l'époque  actûélte,'  et  mille  part  leur  conduite  envers  la  France  n'a 
été  stigmatisée  avec  une  attisa  énergiqne  indignation.  De  la  manière 
d'agir  des  Prussiens,  il  conclut  que  l'éducation  qu'on  donne  au  peuple 
dans  ce  pays  et  que  bien  des  gens  vantent  sans  la  coqnai|re,  eçt 
essentiellement  défectueuse  et  manque  de  tout  ce  qu'elle  devrait  avoir 
pou»  forma  dés  hommes,  puisqu'en  définitive  on  n'est  réellement 
homme  #ue  par  le  ccèur.  Il  n'admet  pas  même  que  les  chefs  de  l'armée 
prussienne  aient  monfré  dans  la  dernière  guerre  une  supériorité 
téellé  et  explique  leurt  succès  par  d'autres  causes,  surtout  par  l'insuf- 
fisance des  préparatifs  du'  gouvernement  français.  } 

Relativement  à  la  science  proprement  dite,  à  la  philosophie,  k 
rhifttoire,  à  l'éconoihîe  politique,  etc.  M.  Liais  entre  dans  des  considéra* 
fioûfc  (F un  haut  intérêt,  mais  que  nous  craindrions  de  dénaturer  en  les 
résumant,  et  qu'il  faut  lire  dans  L'ouvrage  lui-même.  Nous  signalerons 
surtout  h»  chapitres  V  et  VI,  où  il  montre  les  conséquences  qu'a, 
surtotffétf  Allemagne,  l'abus  dès  spécialités,  le  manque  de  connais* 
sances  génêMéfe  gatàs  tefe<Jtielte*  les  esprits  se  rétrécissent,. 

Nous  regrettons  vivement  de  ne  pouvoir  donner  une  idée  plus  com- 
plète dix  travail  de  M.  Liais,  surtout  dans  cette  partie  de  son  kfre. 
Signaflons  du  moins,  en  terminant,  les  réflexions  qu'il  fait  sur  le  ma» 
bise  datirf  lequdt  de  trottve  l'Allemagne  et  qui  porte  les  populations  à 
émfgtf  et  en  foule  vers  le  nouveau  monde.  «  Il  est  incontestable,  dit-il, 
(Ju'en  peu  de  temps',  Ied  cinq  milliards  payés  à  la  Prusse  par  la  France 
gfe  transporteront  aVec  l'émigration  vers  les  pays  lointain»,  surtout  dans 
l'Amérique  du  Nord.  Ett  France,  au  contraire,'  ils  rentreront  par  la 
iimjîô  artère  du  Commerce  et  de  l'industrie  d'exportation.  »  £t  du 
dSfrfùt  (f  organisation  qui  provoque  cette  émigration,  notre  auteur  con- 
clût (pf  à  «  ce  point  dé  vue,  comme  sous  tous  les  autres  rapports,  les 
Attétàatfh  se  toofltrenr  fort  arriérés  en  économie  politique  pratique.» 


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986  LES  MONDES. 

DERNIÈRES  NOOVELLES 

DE  SCIENCES  ET  D'INDUSTRIES  ÉTRANGÈRES. 


tf  eavean  praeédé  de  nlcltelage,  — -  Le  docteur  Wolcott  Gibbs 
donne,  dans  le  numéro  de  janvier  de  Y  Américain  Journal  of  science,  une 
courte  description  d'un  nouveau  procédé  pour  étamer  différents  métaux 
y  avec  le  nickel,  sans  l'emploi  d'une  pile  électrique,  procédé  qui  a  été  in- 

venté par  le  professeur  Stolba.  On  met  dans  un  vase  en  porcelaine  (l'au- 
teur préfère  un  vase  de  cuivre),  une  solution  concentrée  de  chlorure  de 
zinc,  que  Ton  étend  ensuite  d'un  ou  deux  volumes  d'eau,  et  l'on  chauffe 
jusqu'à  l'éhullition  (S'il  se  forme  un  précipité,  on  le  fait  redissoudre  en 
ajoutant  quelques  gouttes  d'acide  chlorhydrique) .  On  jette  dans  le  vase 
autant  de  zinc  pulvérisé  qu'il  en  peut  tenir  sur  la  pointe  d'un  couteau, 
et  le  vase  se  recouvre  intérieurement  d'une  couche  de  zinc.  On  ajoute 
ensuite  le  sel  de  nickel  (qui  peut-être  ici  le  chlorure  ou  le  sulfate),  jus- 
qu'à ce  que  le  liquide  prenne  une  couleur  sensiblement  verte  ;  et  l'on 
introduit  les  objets  à  étamer,  préalablement  décapés  avec  le  plus  grand 
soin,  avec  quelques  fragments  de  zinc.  On  continue  l'ébullition  pendant 
quinze  minutes,  au  bout  desquelles  le  nickelageest  fait,  et  l'opération  est 
terminée.  On  lave  bien  les  objets  à  l'eau,  et  on  les  nettoie  avec  de  Ja 
craie.  Si  Ton  veut  un  nickelage  plus  épais,  on  peut  répéter  l'opération. 
Le  professeur  Stolba  a  reconnu  que  des  vases  de  cuivre  ainsi  étamés 
étaient  à  peine  ternis  après  qu'on  s'en  fut  servi  pendant  plusieurs  mois 
dans  le  laboratoire.  —  (Scientific  American,  27  janvier,  1872.) 

Nouveau  prmeéàé  de  fabrication  du  avère.  —  On  voit 
maintenant  aux  étalages  de  M.  Henry  T.  Chamberlain,  commerçant 
colonial  de  sucre,  Clare  Street,  à  Bristol,  un  certain  nombre  d'échan- 
tillons de  sucre  de  Demerara,  qui  ont  été  fabriqués  dans  l'île  par  un  pro- 
cédé entièrement  nouveau.  Ces  échantillons. sont  tout  à  fait  semblables 
à  ceux  qui  étaient  à  l'Exposition  de  Georgetown,  à  Demerara  ;  le  mérite 
particulier  de  ces  sucres  est  d'avoir  été  préparés  sans  le  secours  du 
charbon  animal.  Au  lieu  du  charbon  animal,  on  emploie  le  bichromate 
de  chaux  qui  produit,  avec  le  jus  brut  de  canoë,  des  sucres  qui  sont  non- 
seulement  très-purs,  mais  parfaitement  cristallisés  et  d'une  très-belle  ap- 
parence. M.  Chamberlain  dit  que  quoique  ce  sucre  ne  soit  pas  connu 
dans  ce  pays,  il  en  est  vendu  de  grandes  quantités  en  Amérique,  et 
qu'il  y  est  accueilli  avec  beaucoup  de  faveur.  Les  échantillons,  qui  sont 


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LES  MONDES.  287 

au  nombre  de  douze  environ,  varient  considérablement  en  aspect  et  en 
qualité.  Quelques-uns  des  cristaux  sont  très-gros  et  ronds,  et  seraient 
difficilement  du  goût  des  anglais;  d'autres  sont  blancs  et  étincelants, 
tandis  que  quelques-uns  ont  une  couleur  d'un  Jaune  brillant,  et  sont 
vraiment  de  très-beau  sucre*  On  croit  que  remploi  du  bichromate  de 
chaux  au  lieu  de  charbon  animal  fait  dans  le  prix,  de  fabrication  une  dif- 
férence d'environ  deux  livres  (50  francs)  par  tonne.  —  London  Grocer. 
Qrid.) 

Curieuse  expérience.  —  M.  Kroœing  indique  la  manière 
suivante  de  constater  lequel  est  le  plus  éloigné  de  deux  objets  qui 
sont  à  une  certaine  distance  :  Supposons  deux  arbres  qui  soient 
avee  l'œil  sur  la  même  ligne  ;  si  Ton  porte  l'œil  à  droite,  l'arbre  le 
plus  rapproché  paraîtra  se  mouvoir  vers  la  gauche,  et  l'autre  sem- 
blera suivre  le  mouvement  de  l'œil.  (Ibid.) 

Soudure  du  cuivre.  —  On  prépare  un  composé  de  358  par- 
ties de  phosphate  de  soude  et  de  124  parties  d'acide  boracique,  et  on 
l'emploie  lorsque  le  métal  est  à  une  chaleur  rouge  sombre;  on  aug- 
mente la  chaleur  jusqu'à  ce  que  le  métal  soit  devenu  rouge  cerise 
et  alors  on  le  forge.  On  recommande  d'employer  le  marteau  avec 
précaution  parce  que  le  métal  est  susceptible  de  se  ramollir  à  une 
chaleur  élevée.  On  doit  supprimer  de  la  surface  du  cuivre  toute  im- 
pureté et  toute  matière  charbonneuse,  parce  que  le  succès  de  la 
soudure  dépend  de  la  formation  d'un  phosphate  facilement  fusible 
de  cuivre,  qui  se  réduirait  en  phosphure  en  présence  du  carbone. 

(Ibid). 

Speetroaeepée  liquides.  —  L'emploi  de  liquides  transpa- 
rents, tels  que  le  sulfure  de  carbone,  pour  la  fabrication  de  lentilles, 
fait  des  progrès  rapides  en  raison  de  l'économie,  parce  qu'il  est 
difficile  et  dispendienx  d'obtenir  de  grandes  pièces  de  verre  exemp- 
tes de  gerçures  et  de  taches.  Les  Annales  de  Poggendorff  appellent 
l'attention  sur  la  possibilité  d'un  dérangement  dans  l'exactitude 
des  prismes,  les  raies  du  spectre  variant  avec  la  température.  La 
divergence  occasionnée  parles  changements  de  chaleur  et  de  froid 
dans  les  raies  des  prismes  solides  est  tout  à  fait  insignifiante.  On  a 
observé  qu'un  prisme  de  verre,  chauffé  au  soleil,  puis  ramené  à 
l'ombre,  devenait  plus  réfringent  à  mesure  qu'il  se  refroidissait, 
tandis  qu'un  prisme  de  bisulfure  de  carbone  présentait  un  résultat 
inverse.  Ces  faits  indiquent  qu'il  est  important  de  faire  usage  du 
thermomètre  avec  le  specîroscope,  et  prouvent  aussi  qu'il  y  a  place 


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288  LES  MONDES. 

pour  de  grands  perfectionnements  dans  la  fabrication  du  verre 
pour  les  instruments  d'optique.  (Ibid.) 

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moyen  de  Axer  le  caoutchouc  au  botfl  et  an  pnéial.— 

Gomme  les  plaques  et  les  anneaux  de  caoutchouc  sont  employés 

aujourd'hui  presque  exclusivement  pour  faire  passer  la  vapeur  dans 

les  tuyaux  et  autres  appareils,  on  éprouve  souvent  beaucoup  de 

peine  à  cause  de  l'impossibilité  ou  de  l'imperfection  d'une  jointure 

hermétique  obtenue  avec  cette  matière.  On  remédie  parfaitement 

à  cet  inconvénient  en  employant  un  ciment  qui  adhère  également 

bien  au  caoutchouc  et  au  métal  ou  au  bois.  On  prépare  ce  ciment 

avec  une  solution  de  gomme  laque  dans  l'ammoniaque.  Il  se  fait 

de  la  meilleure  manière  en  agitant  la  gomme  pulvérisée  dans  dix 

fois  son  poids  d'ammoniaque  concentrée  ;  on  obtient  ainsi  une 

masse  visqueuse  qui  devient  liquide  en  trois  ou  quatre  semaines, 

sans  l'emploi  de  l'eau  chaude.  Il  amollit  le  caoutchouc,  et  devient, 

après  la  volatilisation  de  l'ammoniaque,  dur  et  imperméable  aux 

gaz  et  aux  liquides.  (Ibid.) 

* 

Imeriptton  en  tombeau  de  John  HeMcheL  —  Une 

table  en  marbre  noir,  portant  l'inscription  suivante  en  caractères  de 
cuivre,  vient  d'être  placée  sur  le  tombeau  de  feu  sir  John  Herschel, 
dans  le  bas  côté  septentrional  de  la  nef  de  l'Abbaye  de  Westminster  : 

Johannes  Herschel 
Gulielmi  Herschel 
natu  opere  fama 

FlLIUS    UNICUS 
«  CdLltf  EXPLORATIS  » 

Hic  prope  Newtonum 

Requiesgit 

genera  tio  et  generatio 

MlRABlLIA  DEI  NARRABUNT 

Psalm.  CXLV.  4.  5. 

VlXIT  LXXIX.   ANNOS 
ObIIT  UNDEC1M0  DIE  MAI!      , 

A.  D.  MDCCCt^XÏ. 

Hélé'oHte.  —  La  description  suivante  de  1*  chute  d'une  météoritp 
est.ertraite  ge  Natjffif^çfnchte  des  O'estirnten  Himmek,  de  Çrujel^uî- 
•en  :  «  te  24  janvier  1790,  à  40  h»  30  m.  du  soir,  on  a  vu  à  Mormes 


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LES  MONDES.  289 

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un  globe  de  feu  plus  grand  et  plus  brillant  que  la  pleine  lune  passer 
du  N.  au  S.  en  2  secondes,  et  il  a  éclaté  en  laissant  un  nuage  blanc. 
Trois  minutes  aprê&*l'explosion,  les  deux  observateurs  ont  entendu  un 
violent,  coup  de  tonnerre  qui  ébranla  les  fenêtres  et  en  ouvrit  quelques- 
unes*  La  chaîne  des  Pyrénées,  éloignée  de  15  lieues,  produisit  un  écho 
continu  qui  dura  4  secondes.  Les  fragments  tombèrent  en  quantité 
extraordinaire  entre  Juliacet  Barboton,  à,  4  heures  au  N.  et  à  5  heures 
au  N.-E.  de  Mormes;  ils  tombèrent  fondus  au  point  qu'ils  reçurent 
l'empreinte  de  la  paille  et  qu'ils  àe  firent  pas  de  bruit  sur  le  toit  des 
maisons  ;  ils  pesaient  de  2  onces  a  £o  livres.  Le  globe  de  feu  a  été  vu 
de  Bayorine,  Auch,  Pau,  Tarbes,  Bordeaux  et  Toulouse  ;  de  cette  der- 
nière ville,  il  parut  seulement  un  peu  plus  grand  qu'une  étoile  fixe.» 

[Ibid.) 

PnMlase  mécanique.  —  Nous  avons  annoncé  il  y  a  peu  de 
temps  qu'une  commission  nommée  par  l'Institut  pour  Je  fer  et  l'acier 
avait  visité  l'Amérique  dans  le  dessein  d'examiner  les  qualités  du 
fourneau  à  puddlage  rotatoire  de  Danks.  Les  membres  de  la  commis- 
sion sont  revenus  en  Angleterre  et  ils  ont  fait  leur  rapport.  Leurs 
expériences  ont  été  faites  sur  une  grande  échelle,  et  répétées  en  variant 
plusieurs  fois  les  conditions.  11  parait  qu'elles  ont  démontré  que  le 
puddlage  mécanique  s'exécute  avec  succès,  et  qu'il  donne  des  résul- 
tats meilleurs  que  le  puddlage  ordinaire  à  la  main.,  La  qualité  du  fer 
est  perfectionnée,  et  le  produit  augmenté.  [The  thenetum,  3  février 
1872.) 

Coton -poudre.  —  M.  Punshon  prétend  avoir  produit  un 
coton-poudre  auquel  il  peut  garantir  toutes  les  propriétés  explosives 
désirables;  en  même  temps  que  la  tendano*  à  la  décomposition,  et 
par  conséquent  à  la  combustion  spontanée  est  complètement  évitée. 
On  l'obtient  en  recouvrant  de  sucre  les  fibres  du  coton-poudre,  et 
en  imprégnant  le  coton  de  chlorate  de  potasse,  ou  de  quelque  sel 
semblable.  (Ibid.) 

éïr  Itoderieli  Murclilsou.  —  Le  professeur  Archibald  Geikie 
désire  s'adresser  dans  nos  colonnes  à  ceux  de  nos  lecteurs  qui  ont  été 
amis  ou  correspondants  de  sir  Roderick  Murchison.  Ils  l'obligeraient 
beaucoup  et  lui  rendraient  un  grand  service  s'ils  voulaient  bien  lui 
permettre  de  se  servir  des  lettres  qu'ils  lui  communiqueraient  pour 
préparer  la  biographie  qu'il,  fi  entrepris  d'écri]^,  ^rk  demande  de 
sir  Roderick.  Si  les  documents  lui1  sont  envoyées  à  Ramsay  Lodge, 


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"  Edimbourg,  ils  seront  renvoyés  le  plus  tôt  qu'il  sera  possible.  {Nature, 
33  novembre  487!.) 

Monument  no  docteur  Priémttej.  —  L'Angleterre  com- 
mence à  se  souvenir  de  ses  illustrations  scientifiques  oubliées.  Nom 
apprenons  qu'une  réunion  publique  a  eu  lieu  dernièrement  à  Bir- 
mingham, dans  le  but  de  faire  exécuter  le  projet  d'élever  un  monu- 
ment au  docteur  Priestley.  Il  a  été  résolu  que  le  monument  commé- 
moratif  comprendrait  trois  objets,  savoir  :  l'achat  d'une  place,  un 
établissement  scolaire  et  une  statue,  pour  rendre  hommage  au  docteur 
Priestley  comme  pionnier  de  la  science  et  comme  champion  de  la 
liberté  civile  et  religieuse.  Un  comité  a  été  formé  pour  mettre  le  projet 
à  exécution.  Il  a  été  dit  qu'une  somme  de  3  000  livres  serait  néces- 
saires, et  plusieurs  belles  souscriptions  ont  été  promises.  La  place 
proposée  est  celle  de  la  maison,  à  Fairhill,  où  le  docteur  Priestley 
demeura  pendant  onze  ans.  La  maison  a  été  brûlée  par  des  brigands 
en  4794  ;  après  quoi  il  partit  pour  l'Amérique.  [Ibid.) 

Ee#  rate  Iiangftroo.  —  Plusieurs  fermiers  établis  près  de  la 
rivière  de  Loddon,  dans  le  sud  de  l'Australie,  ont  découvert  que  les 
rats  kangaroo  étaient  de  bons  sarcleurs  ou  arracheurs  des  chardons, 
c  On  a  reconnu,  dit  le  Bendigo  Independent,  que  ces  animaux  s'en- 
fonçaient sous  les  chardons,  et  mangeaient  les  racines  des  plantes  qui 
périssaient  ainsi  nécessairement.  Un  fermier  a  donné  des  ordres  pour 
qu'on  ne  tuât  pas  les  rats  kangaroo  dans  ses  terres,  parce  qu'ils  lui 
avaient  rendu  de  grands  services  en  détruisant  les  chardons  qui  étaient 
si  nuisibles.  (Ibid.) 

Œutm  die  Moa.  —  À  une  réunion  de  la  Société  philosophique  de 
Christcurch,  dans  la  Nouvelle  Zélande,  au  mois  d'août  dernier,  le 
président,  le  docteur  Haast,  a  fait  quelques  observations  sur  des  œufs 
de  Moa  qu'on  avait  reçus  récemment  du  Muséum  colonial,  en  les 
comparant  aux  œufs  d'oiseaux  vivants.  Les  différents  modèles  d'œufs 
étaient  étalés  sur  la  table.  Le  président  dit  que  le  premier  œuf  sur 
lequel  il  désirait  attirer  l'attention  de  la  société  était  un  œuf  dont  les 
morceaux  avaient  été  découverts  par  l'honorable  Walter  Mantel,  et  qui 
avaient  été  réunis  par  lui  après  un  long  travail.  L'œuf  original,  dont 
un  modèle  avait  été  pris  par  le  docteur  Hector,  était  au  Muséum  bri- 
tannique. Le  second  modèle  était  celui  du  plus  gros  œuf  qui  ait  été 
trouvé.  Il  a  été  découvert  dans  la  péninsule  de  Kai&oras,  entre  les 
jambes  d'un  squelette  humain,  qui  avait  été  enterré  assis,  et  cette  cir- 


J 


LES  MONDES.  291 

constance  a  fait  conclure  que  le  moa  avait  une  grande  antiquité^  car 
dans  les  traditions  les  plus  anciennes  des  Maori,  il  n'est  pas  fait  men- 
tion qu'un  pareil  mode  d'inhumation  ait  été  adopté.  L'œuf  a  été  ensuite 
présenté  à  l'exposition  de  Otago,  et  le  modèle  a  été  fait  par  le  docteur 
Hector,  sur  les  mesures  qu'il  en  avait  prises.  Le  troisième  et  dernier 
modèle  était  celui  d'un  petit  œuf  qui  est  maintenant  dans  le  Muséum 
colonial,  qui  a  été  trouvé  à  Otago,  et  qui  renferme  les  os  d'un  jeune 
moa.  [lbid) 

Mie  veltaïque  de  Leland.  —  M.  Edwin  Leland,  de  Worces* 
ter,  Massachusett,  a  inventé  une  nouvelle  pile  dont  le  principal  avan- 
tage est  un  fonctionnement  continu  qui  n'exige  aucune  surveillance, 
pourvu  qu'on  ne  la  laisse  pas  manquer  des  réactifs  excitateurs,  toujours 
nécessaires.  L'invention  consiste  à  placer  dans  la  coupe  poreuse,  con- 
tenant l'élément  de  platine,  du  sulfate  de  mercure  seul  ou  mélangé 
d'oxyde  noir  de  manganèse,  et  à  faire  baigner  cette  coupe  dans  de 
l'eau  en  contact  avec  le  zinc.  On  prétend  que  cette  disposition  a  une 
efficacité  certaine,  et  qu'elle  est  très-économique,  parce  que  le  mer- 
cure, après  la  décomposition  du  sel,  tombe  au  fond  du  vase  sous  la 
forme  métallique,  et  qu'il  peut  ainsi  servir  de  nouveau* 

Suivant  le  témoignage  de  l'inventeur,  l'action  énergique  qui  se  pro- 
duit dès  que  les  pôles  sont  mis  en  communication  se  continue  indé- 
finiment, ou  du  moins  aussi  longtemps  que  le  sulfate  de  mercure  n'est 
pas  entièrement  décomposé  ;  on  peut  laisser  la  pile  travailler  pendant 
des  semaines  et  des  mois,  sans  autre  peine  que  celle  de  renouveler  le 
sulfate  et  l'eau  qui  s'est  évaporée.  On  n'a  pas  plus  besoin  de  l'acide 
nitrique,  dont  les  émanations  ont  des  effet  si  désagréables  et  si  nui- 
sibles, [laid.) 

Importante  Innovation  dans  la  ffravnre  nur  verre 
et  sur  métaux.  —  Nous  avons  déjà  mentionné  ce  fait  curieux, 
découvert  par  M.  Tilghman,  qu'un  jet  de  sable,  sous  l'impulsion  d'un 
fort  courant  de  gaz  ou  de  vapeur,  a  le  pouvoir  de  creuser  une  surface 
de  verre  ou  de  métal,  et  de  traverser  de  part  en  part  la  pierre  la  plus 
compacte.  Nous  signalons  aujourd'hui  un  nouveau  progrès  dans  la 
même  direction,  qui  donne  des  résultats  plus  remarquables  encore  par 
des  procédés  plus  simples;  l'invention  en  est  due  à  M.  F.  Morse,  de 
New-York. 

L'appareil  employé  par  M.  Morse  consiste  tout  simplement  dans 
une  boite  de  laquelle  dépend  un  tube  étroit  long  de  2a,5,  sans  l'emploi 
d'aucun  mécanisme  intérieur  ou  autre.  De  ce  réservoir  on  laisse  tom- 


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LES  MONDES, 


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te 


ber  le  long  du  tube  un  mélange  d'émeri  et  de  corindon  en  poudre 
âne.  L'objet  qui'  doit  être  gravé,  tel  qu'une  coupe  d'argent,  un  verre 
démontre,  une  plaque  de  verre,  etc.,  est  placé  bous  l'extrémité  du 
tube;  au  bout  de  quelques  minutes  U opération  e6t  faite,  et  l'on  trouve 
avec  étonnement  qu'elle  a  produit  une  magnifique  ornementation, 
vraiment  admirable  par  la  pureté  des  lignes  et  l'exactitude  du  dessin. 
Nous  en  avons  vu  des  échantillons  sur  des  articles  de  verre  et  d'ar- 
gent, qui  surpassaient  tout  ce  qu'aurait  pu  produire  la  main  de  l'artiste 
graveur  le  plus  habile. 

On  a  soin  de  renouveler  la  provision  de  poudre  du  réservoir  à  me* 
sure  qu'elle  s'épuise  ;  une  jeune  ouvrière  peut  être  chargée  de  cette 
fonction.  Pour  l'explication  du  procédé,  nous  devons  ajouter  que  l'ob- 
jet a  été  préalablement  recouvert  d'une  feuille  de  papier  découpée 
suivant  les  lignes  du  dessin,  de  manière  à  laisser  découvertes  les  par- 
ties de  la  surface  correspondantes  à  ces  lignes,  en  protégeant  tout  le 
reste  contre  l'action  incisive  de  la  poudre. 

Ce  n'est  rien  moins,  suivant  toutes  les  apparences,  qu'une  révolu- 
tion dans  l'art  de  la  gravure.  On  Cat  fondé  à  le  croire  par  le  succès  dçs 
essais  pratiques  qui-en  sont  faits  à  New -York.  (Ibid;)* 


Télégramme»  en  Post-Office*  —  Les  télégrammes  expédiés 
par  l'administration  des  postes  dans  le  Royaume-Uni,  pendant  la  se- 
maine finissant  le  31  décembre  4871,  se  sont  élevés  au  nombre  de 
482929.  Ceux  de  la  semaine  correspondante  de  l'année  1870  s'élevè- 
rent seulement  à  141 041.  ©ififcrence en  faveur  de  1874,38888.  (Ibîd.) 

Télégraphe*  australiens,  —  M.  Crackenell,  le  surintendant 
des  télégraphes  de  Queensland,  a  fait  sa  tournée  d'inspection  dans  le 
nord.  Il  a  parcouru  la  ligne  de  Cardwell  à  l'embouchure  du  Norman, 
et  il  a  trouvé,  sur  tous  les  points,  les  travaux  en  bon  état  d'avance- 
ment. La  longueur  du  fil,  de  Brisbane  à  Cardwell,  est  de  1  032  milles, 
et  par  l'addition  des  393  milles  de  Cardwell  à  Normanton,  on  a  une 
longueur  totale  de  1  425  milles  entre  Brisbane  et  le  golfe.  Cette  ligne 
sera  plus  courte  d'ehviïon  600  milles  que  celle  du  <r  South  Australian 
Transcontinental.  »  Le.  câble  qui  a  été  expédié  en  Angleterre  pour 
Port-Darwin  arrivera  en  temps  opportun,  et,  dans  deux  mois,  1  850 
milles  seront  ajoutés  au  réseau  télégraphique  qui  met  la  Grande- 
Bretagne  en  communication  avec  ses  colonies,  (fbîd.) 


LES  MONDES.  S 93 


PHYSIQUE  PHYSIOLOGIQUE 


Sur  la  vision  de»  couleur».  Conférence  faite  à  Royal  Insti* 
tution  le  vendredi  24  mars  1871 ,  par  M.  le  professeur  J.  Clerk. 
Maxwell,  M.  A.  LL.  D.  F.  R.  S.  —  Toute  vision  est  une  vision  des 
couleurs,  car  c'est  seulement  par  l'observation  des  différences  de  cou- 
leurs que  nous  distinguons  les  formes  des  objets.  Parmi  ces  diffé- 
rences de  couleurs»  je  comprends  les  différences  de  lumière  et^ 
d'ombre. 

Ce  fut  à  Royal  Institution  même,  au  commencement  de  ce  siècle, 
que  Thomas  Young  fit  le  premier  énoncé  distinct  de  la  doctrine  de  la 
vision  des  couleurs  que  je  me  propose  d'expliquer  aujourd'hui.  Nous 
pouvons  la  formuler  en  ces  termes  :  c  Nous  sommes  capables  de  sentir 
trois  différentes  sensations  de  couleur.  Une  lumière  de  diverses  sortes 
excite  ces  sensations  dans  des  proportions  différentes,  et  c'est  par  les 
diverses  combinaisons  de  ces  trois  sensations  primaires  que  sont  pro- 
duites toutes  les  variétés  de  couleurs  visibles.  »  Il  y  a  dans  cet  exposé 
un  mot  qui  doit  fixer  notre  attention,  c'est  le  mot  sensation.  Il  semble 
presque  banal  de  dire  que  la  couleur  est  une  sensation  ;  et  cependant 
c'est  par  la  simple  reconnaissance  de  cette  vérité  élémentaire  que 
Young  a  établi  la  première  théorie  sérieuse  des  couleurs.  En  effet, 
autant  que  je  sache,  c'est  Thomas  Young  qui,  le  premier,  partant  du 
fait  bien  connu  de  l'existence  de  trois  couleurs  primaires,  a  recherché 
l'explication  de  ce  fait,  non  dans  la  nature  de  la  lujnière,  mais  dans 
la  .constitution  de  l'homme.  Même  parmi  ceux  qui  ont  écrit  sur  la 
couleur  depuis  le  temps  de  Young,  les  uns  ont  cru  devoir  étudier  ou 
analyser  les  propriétés  des  pigments  ou  matières  colorantes,  les 
autres,  les  rayons  de  lumière.  Ils  ont  cherché  à  connaître  la  lumière 
par  l'étude,  en  examinant  quelque  chose  de  la  nature  extérieure,  quel- 
que chose  placé  hors  d'eux-mêmes. 

Cela  posé,  si  la  sensation  que  nous  appelons  couleur  a  quelques 
lois,  il  doit  y  avoir  quelque  chose  dans  notre  nature  qui  détermine  la 
forme  de  ces  lois;  et  je  n'ai  pas  besoin  de  dire  que  la  seule  évidence 
que  nous  puissions  obtenir  par  rapport  à  nous-mêmes  dérive  de  la 
conscience. 

La  science  de  la  couleur  doit  donc  être  essentiellement  regardée 
comme  une  science  mentale.  Elle  diffère,  il  est  vrai,  de  la  plus  grande 
partie  de  ce  qu'on  appelle  science  mentale  par  l'emploi  considérable. 

22 


»4  LES  MONDES. 

qu'elle  fait  des  sciences  physiques»  et,  en  particulier,  de  l'optique  et 
de  l'anatomie.  Mais  ce  qui  prouve  qu'elle  est  évidemment  une  science 
mentale,  ce  sont  ieé  nombreuses  retooUrces  qu'elle  fournit  aux  diverses 
opérations  de  l'esprit. 

Ici,  dans  cette  chaire,  nous  nous  sentons  toujours  sur  un  terrain  plus 
solide,  quand  nous  avons  affaire  aux  sciences  physiques.  Je  commence- 
rai donc  par  montrer  comment  nous  appliquons  les  découvertes  de 
jtowton  à  la  manipulation  de  la  lumière,  afin  de  vous  donner  l'oc- 
casion de  sentir  par  vous-mêmes  les  différentes  sensations  de  la 
couleur. 

Avant  l'époque  de  Newton,  on  supposait  la  lumière  blanche  comme 
Jtplns  puni  de  toutes  les  choses  connues.  Quand  Ipi  lumière  se  mon- 
trait eotorée,  on  s'imaginait  que  c'était  par  une  sorte  de  contamina- 
tion résultent  du  contact  avec  des  corps  grossie».  Ne  regardons-nous 
pas  encore  aujourd'hui  la  lumière  comme  l'emblème  de  la  pureté, 
tien  que  Newton  nous  ait  appris  que  sa  pureté  ne  consiste  pas  daue 
la  simplicité. 

Faisons  apparaître  sur  l'écran  le  spectre  prismatique  {Cescpérienee 
wf  faite).  Voici  les  couleurs  simples  dont  la  lumière  Manche  est  loti* 
jcrart  composée.  Nous  pouvons  distinguer  une  grande  variété  de 
ttihte*  on  nuances  dans  le  passage  de  l'une  à  l'autre  ;  mais  c'est  seu- 
lement quand  nous  employons  de  puissants  spectroecopes,  ou  quand 
bous  profitons  nous-mêmes  des  travaux  de  ceux  qui  ont  dessiné  le 
Upectre,  que  nous  pouvons  nous  apercevoir  de  l'immense  multitude 
d'ebpèces  différentes  de  couleurs,  dont  chacune  a  fourni  matière  à  oae 
êfiide  toute  spéciale.  Toute  augmentation  du  pouvoir  de  nos  instru- 
ments accroît  dans  la  même  proportion  le  nombre  des  lignée  visibles 
dabs  le  spectre. 

Toute  lumière,  comme  Ta  prouvé  Newton,  est  cottipoftée  de  ces 
rayons  pris  en  proportions  différentes.  Les  objets  que  nous  appelons 
colorés,  quand  ils  sont  éclairés  par  la  lumière  blanche,  font  un  choix 
de  ces  rayons,  et  nos  yeux  ne  reçoivent  qu'une  partie  de  la  lumière 
qui  tombe  sur  eux.  Mais  s'ils  reçoivent  seulement  lés  pure  rayons 
d'une  couleur  simple  du  spectre,  ils  ne  se  montrent  que  de  cette  cou- 
leur. Si  je  place  ce  disque  contenant  des  carrés  de  papier  alternative- 
ment rouges  et  verts  dans  les  rayons  rouges,  il  paraît  tout  rouge, 
mais  les  carrés  rouges  sont  plus  brillants.  Si  je  le  place  dans  les 
rayons  verts,  les  carrés  paraissent  tous  verts,  mais  les  carrés  rbtiges 
sont  maintenant  plus  sombres.  Cette  expérience  est  donc  l'explication 
'  optique  des  couleur*  des  corps,  quand  ils  sont  éclairé*  par  la  lumière 


*.^. 


LBS  MONDES.  295 

Manche;  Ils  décomposent  .la  lumière  blanche  en  ses  parties  consti- 
tuante^ absorbant  les  unes  et  repoussant  les  autres. 

Voiei  deux  solutions  transparentes  (expérience)*  L'une  parait  jaune , 
elle  contient  du  bichromate  de  potasse;  l'autre  parait  bleue,  elle  con- 
tient du  sulfate  de  cuivre.  Si  je  transmets  la  lumière  de  la  lampe  élec- 
trique &  la  fois  au  travers  des  dçux  solutions,  la  trace  sur  récran 
paraît  verte.  Le  spectre  va  nous  permettre  d'expliquer  ce  résultat*  La 
solution  jaune  intercepte  l'extrémité  bleue  du  spectre,  ne  laissant  que 
le  rouge,  l'orangé.  1*  jaune  et  le  vert»  La  solution  bleue  intercepte 
l'extrémité  rouge,  ne  laissant  que  le  vert,  le  bleu  et  le  violet»  La 
seule  lumière  qui  puisse  passer  au  travers  des  deux  solutions  est  donc 
la  lumière  verte,  comme  vous  voyez.  C'est  de  la  même  façon  qu'un 
mélange  de  deux  matières  colorantes,  l'une  bleue,  l'autre  jaune,  pa-  ( 

raitvert.  La  lumière  qui  tombe  sur  le  mélange  se  troute  tellement 
absorbée  par  les  particules  jaunes  et  par  les  bleues,  qu'il  ne  reste  plus, 
que  du  vert.  Mais  le  mélange  de  lumière  bleue  et  de  lumière  jaune- 
n'engendre  pas  le  vert,  comme  vous  le  verrez  en  laissant  tomber  cea 
deux  lumières  à  la  fois  sur  la  même  partie  de  l'écran. 

Un  exemple  bien  frappant  de  la  force  de  l'imagination  en  pareille 
matière,  c'est  que  nombre  de  personnes  non-seulement  en  sont  veaues 
à  croire,  d'après  l'évidence  du*  mélange  des  matières  colorantes,  que 
le  bleu  et  le  jaune  engendraient  le  vert,  mats  se  sont  même  persua- 
dées qu'elles  pouvaient  découvrir  les  sensations  séparées  de  bleu  et  de 
jaune  dans  la  sensation  du  vert. 

Nous  nous  sommes  servis  jusqu'ici  de  l'analyse  de  la  lumière  £ar 
les  substances  colorées.  Il  nous  faut  revenir  actuellement,  toujours  <* 
mus  la  conduite  de  Newton,  au  spectre  prismatique.  Newton  non- 
seuletnent  c  a  entrouvert  tout  entière  la  robe  éclatante  du  jour,  » 
mais  il  a  montré  encore  à  la  recomposer  de  nouveau.  Nous  avons  ici 
un  spectre,  mais,  au  lieu  de  le  recevoir  sur  un  écran,  nous  le  faisons 
passer  à  travers  une  lentille  asset  large  pour  recevoir  tous  les  rayons 
coloré*.  Ces  rayons,  suivant  les  lois  bien  connues  de  l'optique,  con- 
courent à  former  une  image  du  prisme  sur  un  écran  placé  à  distance 
convenable.  Cette  image  est  formée  par  des  rayons  de  toute  couleur,  et 
vous  voyez  que  le  résultat  est  blanc.  Mais  si  j'arrête  quelques-uns  des 
rayons  colorés,  l'image  cesse  d'être  blanche,  elle  devient  colorée  ;  et  si 
je  ne  laisse  passer  que  les  rayons  d'une  seule  couleur,  l'image  du 
prisme  parait  de  cette  couleur. 

J'ai  ici  une  disposition  de  lentes  qui  me  permet  de  séparer  une, 
deux  ou  trois  portions  de  la  lumière  du  spectre,  et  de  les  faire  servir 
à  la  formation  d'une  image  du  prisme,  à  lVxetasion  de  toutes  les 


■  t#.  r  v 


296  LES  MONDES. 

autres  couleurs.  Ceci  me  donne  un  pouvoir  absolu  sur  les  couleurs  du 
spectre,  et  je  puis  produire  sur  l'écran  toutes  les  nuances  possibles  de 
couleur,  par  la  distribution  particulière  et  les  dimensions  des  fentes  à 
travers  lesquelles  passe  la  lumière.  Je  puis  aussi,  par  l'interposition 
d'une  lentille  sur  le  trajet  de  la  lumière,  vous  montrer  une  image  am- 
plifiée des  fentes,  ce  qui  vous  permettra  de  voir  les  différentes  sortes 
de  lumière  qui  composent  le  mélange. 

Les  couleurs  sont  actuellement  le  rouge,  le  vert  et  le  bleu,  et  le  mé- 
lange de  ces  trois  couleurs  est,  comme  vous  le  voyez,  presque  blanc. 

Essayons  l'effet  du  mélange  de  deux  de  ces  couleurs.  Le  rouge  et  le 
bleu  forment  un  beau  pourpre  ou  cramoisi  ;  le  vert  et  le  bleu  forment 
un  vert  de  mer  ou  un  bleu  de  ciel  ;  le  rouge  et  le  vert  forment  du 
jaune. 

Nous  réalisons  actuellement  un  fait  qui  n'est  pas  universellement 
connu.  Il  n'est  aucun  peintre  qui,  pour  produire  un  beau  jaune,  mé- 
lange son  rouge  avec  du  vert.  Le  résultat  serait  une  sorte  de  gris  sale. 
La  nature  lui  fournit  des  jaunes  très-brillants,  et  il  en  profite.  Quand 
il  fait  un  mélange  de  peinture  rouge  avec  du  vert,  la  lumière  rouge 
émise  par  la  peinture  rouge  est  dépouillée  de  presque  tout  son  éclat 
par  les  particules  de  vert  qui  la  recouvrent,  et  la  lumière  verte  ne  s'en 
trouve  pas  mieux,  car  elle  est  sûre  de  tomber  au  milieu  des  particules 
de  peinture  rouge.  Mais  quand  le  «pinceau  avec  lequel  nous  peignons 
est  composé  des  raypns  de  la  lumière,  l'effet  de  deux  couches  de  cou- 
leur est  très-différent.  Le  rouge  et  le  vert  forment  un  jaune  très*écla- 
tant,  que  nous  pouvons  montrer  comme  ayant  l'intensité  du  plus  pur 
jaune  du  spectre. 

J'ai  maintenant  disposé  les  fentes  de  manière  à  transmettre  le  jaune 
du  spectre.  Vous  voyez  qu'il  est  semblable  en  couleur  au  jaune 
formé  par  le  mélange  du  rouge  et  du  vert.  Il  diffère  néanmoins  du 
mélange  en  ce  qu'il  est  strictement  homogène  au  point  de  vue  physique. 
Le  prisme,  comme  vous  voyez,  ne  le  divise  pas  en  deux  parties  comme 
il  fait  du  mélange.  Combinons  actuellement  ce  jaune  avec  le  bleu  du 
spectre.  Le  résultat  n'est  pas  vert  certainement;  nous  pouvonsen  faire 
de  l'œillet,  si  notre  jaune  est  d'une  teinte  chaude;  mais  si  nous 
choisissons  un  jaune  verdâtre,  nous  pouvons  produire  uu  beau  blanc. 

Vous  avez  vu  maintenant  les  plus  remarquables  des  combinaisons 
de  couleurs  ;  les  autres  en  ^diffèrent  en  degré,  non  en  genre.  Je  vous 
prierai  actuellement  de  ne  plus  songer. aux  arrangements  physiques 
qui  vous  ont  permis  de  voir  ces  couleurs,  et  de  concentrer  votre  attention 
sur  les  couleurs  que  vous  avez  vues,  c'est-à-dire  sur  certaines  sensations 
dont  vous  avez  eu  conscience.  Nous  sommes  ici  entourés  de  difficultés 


LES  MONDES.  297 

d'un  genre  tout  spécial  que  nous  ne  rencontrons  pas  dans  des 
recherches  purement  physiques.  Tous  nous  pouvons  éprouver,  ces 
sensations,  mais  aucun  de  nous  ne  saurait  les  décrire.  Elles  ne  sont 
pas  seulement  notre  propriété  particulière,  elles  sont  en  outre  in- 
communicables. Nous  avons  des  noms  pour  les  objets  extérieurs  qui 
excitent  nos  sensations,  mais  non  pour  les  sensations  elles-mêmes. 

Quand  nous  regardons  un  vaste  champ  de  couleur  uniforme,  qu'elle 
soit  réellement  simple  ou  composée,  nous  trouvons  que  la  sensation  de 
couleur  apparaît  à  notre  conscience  comme  une  et  indivisible.  Nous 
ne  pouvons  pas  discerner  directement  les  sensations  élémentaires 
dont  elle  est  composée,  comme  nous  pouvons  distinguer  les  notes 
composantes  d'une  corde  musicale.  Une  couleur,  par  conséquent,  ne 
peut  être  regardée  comme  une  chose  simple,  dont  la  qualité  est  capable 
de  variation. 

Pour  faire  qu'une  qualité  soit  du  domaine  d'une  science  exacte,  il 
faut  la  concevoir  comme  subordonnée  aux  valeurs  d'une  ou .  de 
plusieurs  quantités  variables,  et  le  premier  pas,  dans  son  analyse 
scientifique,  est  de  déterminer  le  nombre  de  quantités  variables 
nécessaires  et  suffisantes  pour  déterminer  la  qualité  de  la  couleur.  Nous 
n'avons  pas  besoin  d'expériences  compliquées  pour  prouver  que  la 
qualité  d'une  couleur  peut  varier  de  trpis,  et  seulement  de  trois 
manières  indépendantes. 

Ce  qui  peut  s'exprimer  en  disant,  avec  les  peintres,  que  la  couleur 
peut  varier  de  teinte,  de  nuance  et  d'ombre. 

Le  plus  bel  exemple  d'une  série  de  couleurs  variant  de  nuances, 
c'est  le  spectre  lui-même.  Une  différence  de  nuance,  c'est  la  différence 
entre  des  couleurs  consécutives  dans  le  spectre.  La  série  de  nuances 
dans  le  spectre  n'est  pas  complète  ;  car,  pour  obtenir  les  nuances 
pourpres,  il  nous  faut  mêler  le  rouge  avec  le  bleu. 

La  teinte  peut  se  définir  le  degré  de  pureté  d'une  couleur.  Ainsi,  le 
jaune  clair,  le  chamois  et  le  café  au  lait  forment  une  série  de  couleurs 
ayant  presque  la  même  nuance,  mais  déteintes  différentes.  Les  teintes 
correspondent  à  une  nuance  donnée,  forment  une  série,  commençant 
avec  la  couleur  la  plus  accentuée,  et  finissant  par  une  teinte  parfaite- 
ment neutre. 

L'ombre  peut  se  définir  le  défaut  plus  ou  moins  grand  de  clarté.  Si 
nous  commençons  par  une  teinte  d'une  certaine  nuance,  nous  pouvons 
former  une  gradation  de  cette  couleur  au  noir,  et  cette  gradation  est 
une  série  d'ombres  de  cette  couleur.  C'est  ainBi  que  nous  pouvons 
dire  que  le  brun  est  une  ombre  obscure  de  l'orange. 

La  qualité  d'une  couleur  peut  varier  de  trois  façons  différentes, 


iV8  LES   MONDES. 

indépendantes  l'une  de  l'autre  ;  rtotre  nia  pouvons  pas  en  oenfeevolr 
d'autres.  De  fait,  si  nous  assortissonsune  couleur  à  une  autre,  defaçori 
à  les  faire  ooneorder  en  nuance,  en  teinte  et  en  ombre,  H  dévient 
absolument  impossible  de  distinguer  les  deux  couleurs.  Il  y  a  donc 
trois,  et  seulement  trois  modes  de  variation  dont  les  couleurs  Soient 
susceptibles. 

J'ai  soigneusement  évité  d'introduire  dans  cette  période  de  nos 
études  rien  de  ce  qui  pourrait  porter  le  nom  d'expérience  scientifique; 
aûn  de  montrer  que  nous  pouvons  déterminer  le  nombre  de  quantités 
de  variations  dont  est  susceptible  la  couleur  avec  les -seules  ressources 
de  notre  expérience  ordinaire. 

Voici  un  point  dans  cette  chambre  si  je  désire  spécifier  la  position; 
j'y  arrive  en  donnant  les  grandeur^  de  trois  distances,  à  savoir  :  la 
hauteur  au-dessus  du  parquet,  la  distance  du  mur  derrière  moi,  et  ht 
distance  du  mur  à  gauche. 

Ce  n'est  là  que  l'un  des  modes  de  détermination  de  la  position  d'un 
point,  mais  c'est  un  des  plu**  convenables.  Cela  posé,  la  couleur  dé* 
pend  de  trois  choses.  Si  nous  appelons  ces  trois  choses  les  intensités 
des  trois  sensations  primaires  de  la  couleur,  et  si  nous  pouvons 
jus  qu'à  un  certain  point  mesurer  ces  trois  intensités,  nous  pouvons 
considérer  la  couleur  comme  spécifiée  pour  ces  trois  mesures.  De  cette 
manière,  la  spécification  d'une  couleur  ressemble  à  la  spécification 
d'un  point  dans  la  chambre,  en  ce  sens  qu'elle  résulte  de  trois  me- 
sures différentes. 

Faisons  un  pas  de  plus,  et  supposons  les  sensations  de  couleur 
mesurées  sur  quelque  échelle  d'intensité,  et  que  nous  ayons  trouvé 
un  point  pour  lequel  les  trois  distances,  ou  coordonnées,  contiennent 
le  même  nombre  d'unités  que  les  sensations  contiennent  de  degrés 
d'intensité.  Alors,  nous  pouvons  dire,  au  moyen  d'une  utile  conven- 
tion géométrique,  que  la  couleur  est  représentée,  à  notre  imagination 
mathématique,  par  le  point  ainsi  fixé  dans  la  chambre;  et,  s'il  y  à 
plusieurs  couleurs,  représentées  par  plusieurs  points,  les  relations 
chromatiques  de  ces  couleurs  seront  représentées  par  lés  relations 
géométriques  des  points.  Cette  méthode  d'exprimer  lés  rapports  des 
couleurs  est  d'un  puissant  secours  pour  l'imagination.  Vous  trouverez 
ces  rapports  des  couleurs  établis  d'une  manière  excessivement  claire 
dans  le  Manuel  dès  couleurs  de  M.  Benson,  l'un  du  très-petit  nombre 
de  livres  sur  la  couleur  où  les  données  reposent  sur  des  expériences 
légitimes; 

Jl  est  encore  une  manière  plus  commode  dé  représenter  les  rapporte 
des  couleurs,  au  moyen  du  triangle  dés  couleurs  de  Young.  fi  est 


\ 


LUS  MONDES*  999 

»WPQWfW*  4*  aprfeqtiH  pur  h  *urfacf>  plue  4'iWft  feuille  4?  Papier 
toutes  les  couleurs  imaginables  ;  pour  te  faire,  il  faut  ibsolugient  uq 
«sepaee  à  trois  dimsnsjon^,  Si  cependant  nous  considérogp  seulement 
<?fë  contours  égelePtfflt  fanges ,  c'esttà-dire  des  couleur^  dans  lesr 
quelle  ]%  powme  des  intensive  des  trois  sensations  est  la  pièmçj 
alors  U  y  a  possibilité  de  représenter  p^r  des  points  sur  un  plan  les 
variions  4e  teinte  et  de  nu^ncef  A  cet  effet,  traçons  un  plan  çoupanf 
selon  dep  longueur  ég?le?  les  trois  lignes  représentant  les  sensations 
Primaire?*  La  portas  de  ce  ptyn,  contenue  dans  l'espace  PU  nous  ayons 
distribué  Dos  couleurs,  formera  un  triangle  équilatéral.  Les  trois 
çpuleurs  primaires  seront  aux  trois  angles,  le  blanc  ou  gris  sera  au 
milieu,  la  teinte  ou  le  degré  de  pureté  de  chaque  couleur  sera  exprimé 
par  sa  distance  du  point  du  milieu,  et  sa  nuance  dépendra  de  la  posi- 
tion angulaire  de  la  ligne  qui  la  joint  avec  le  point  du  milieu. 

C'est  ainsi  qu'au  moyen  du  triangle  d'Young  on  peut  exprimer 
géométriquement  les  idées  de  teinte  et  de  nuance.  Pour  comprendre 
ce  que  Ton  entend  par  ombre,  nous  n'avons  qu'à  supposer  l'accrois- 
sement ou  la  diminution  d'éclairement  de  tout  le  triangle,  de  sorte 
qUfr,  pAr  rajustement  du  tné&anfcnfe  d'éotatatg»,  nevpumldiwMre 
représenter  au  triangle  d'Young  toutes  les  variétés  possibles  de  c**w 
leur.  Si  rtous  prenons  maintenant  deux  couleurs  dans  le  triangle,  et 
que  nous  les  mélangeas  en  toute  proportion,  nous  trouverons  k  eo*u 
leur  résultante  dans  la  ligne  qui  joint  les  couleurs  composantes  au 
point  correspondant  à  leur  centre  de  gravité. 

Je  n'ai  rien  dit  de  la  nature  des  trois  sensations  primaires,  ou  des 
coulçurp  particulières  auxquelles  elles  ressemblent  le  plus.  Quand  H 
s'agit  de  tracer  sur  le  papier  les  rapports  entre  les  couleurs  actuelles, 
il  n'est  pas  nécessaire  de  connaître  ce  que  sont  les  couleurs  primaires, 
fîoue  pouvons  prendre  trois  couleurs  quelconques ,  provisoirement, 
pour  ^ngles  d'un  triangle,  et  déterminer  la  position,  par  rapport  ^ 
ellçs»  d'une  autre  couleur  quelconque  observée,  de  façon,  à  forrtier  une 
sorte  (le  caste  de  couleurs. 

De  toutes  les  couleurs  que  bous  voyons,  celles  qui  sont  efcitéep  pfur 
k*  différents  rayons  du  epwtre  prismatique  ont  la  plus  grande  impor- 
tance scientifique.  Joute  espèce  de  lumière  est  formée  de  l'un  de  ces 
rayons  ou  d'une  combinaison  de  quelques-uns  de  ces  reyons,  Lee 
couleurs  de  tous  les  corps  aaturete  sont  composées  des  couleurs  du 
speftttt.  Si,  par  conséquent,  nous  pouvons  former  une  carte  chroma- 
tique du  spectre,  exprimant  les  rapports  entre  les  couleurs  de  ses  dif- 
férentes parties,  les  couleurs  de  tous  les  corps  naturels  seront  p*f  là 


300  LES  MONDES. 

même  comprises  entre  certaines  limites  de  la  carte  déterminées  par  les 
positions  des  couleurs  du  spectre. 

Mais  la  carte  du  spectre  va  nous  aider  aussi  à  connaître  la  nature 
des  trois  sensations  primaires.  Puisque  chaque  sensation  est  essentiel- 
lement une  chose  positive,  chaque  sensation  comparée  de  couleur  doit 
se  trouver  dans  le  triangle  qui  a  pour  angles  les  couleurs  primaires. 
En  particulier,  la  carte  du  spectre  doit  être  entièrement  dans  le  trian- 
gle des  couleurs  de  Young,  de  sorte  que,  si  quelque  couleur  dans  le 
spectre  se  trouve  identique  avec  Tune  des  sensations  de  couleur,  la 
carte  du  spectre  doit  se  montrer  sous  la  forme  d'une  ligne  ayant  un 
angle  aigu  au  point  correspondant  à  cette  couleur.  —  (La  fin  au  pro- 
chain  numéro.) 


CALORIQUE 


Sar  lee  eipériemeee  de  pelarleatâen  de  te  étale»  * 

par  M.  Ttnball  (i).  —  Le  célèbre  professeur  a  seulement  voulu  nous 
apprendre  comment  il  fait  les  expériences  sur  la  polarisation  de  la 
chaleur  dans  son  cours  de  Royal  Institution.  Il  va  sans  dire  qu'il 
s'agit  ici  de  la  chaleur  obscure,  car,  pour  la  chaleur  Lumineuse,  il  n'y 
a  pas  de  difficultés.  Voici  comment  l'auteur  décrit  son  appareil  : 

«  Deux  grands  prismes  de  Nicol,  pareils  à  ceux  que  j'employais  dans 
qies  expériences  sur  la  polarisation  de  la  lumière  par  les  matières 
nébuleuses,  ont  été  placés  en  face  d'une  lampe  électrique,  et  ajustés 
de  manière  à  pouvoir  tourner  l'un  et  l'autre  autour  de  leur  axe  hori- 
zontal. On  a  fait  passer  à  travers  les  deux  prismes  le  faisceau  de  rayons 
émis  par  la  lampe,  rendus  légèrement  convergents  au  moyen  d'une 
lentille.  Entre  les  deux  prismes  se  trouvait  une  auge  contenant  une 
solution  d'iode  dans  du  sulfure  de  carbone,  en  quantité  suffisante 
pour  intercepter  la  lumière  solaire  la  plus  intense.  Derrière  ces  mêmes 
prismes,  on  avait  disposé  une  pile  thermo-électrique,  munie  de  deux 
réflecteurs  coniques.  La  face  postérieure  de  cette  pile  recevait  la  cha- 
leur provenant  d'une  spirale  de  platine,  traversée  par  un  courant  élec- 
trique réglé  par  un  rhéostat. 

«  L'appareil  était  arrangé  de  telle  manière  que,  lorsque  les  sections 
principales  des  prismes  de  Nicol  se  trouvaient  placées  à  angle  droit 

(  (l)  Pkilosophical  Magazine,  t.  XXXIX,  p.  280-282.  —  Archives  de  Genève, 
t.  XXXVIII,  p.  196. 


r 


LES  MONDE»;  301 

Tune  de  l'autre,  l'aiguille  du  galvanomètre,  en  communication  avec 
la  pile,  indiquait  une  déviation  de  90  degrés  en  faveur  de  la  source 
postérieure  de  chaleur.  On  a  alors  tourné  l'un  des  prismes,  de  manière 
à  rendre  parallèles  les  sections  principales.  Aussitôt  l'aiguille  du  gal- 
vanomètre, après  être  revenue  à  zéro,  a  dévié  du  côté  opposé  jusqu'à 
90  degrés. 

«  En  continuant  à  tourner  le  prisme,  de  manière  à  rendre  de  nou- 
veau les  sections  principales  perpendiculaires  Tune  à  l'autre,  le  fais- 
ceau calorifique  s'est  trouvé  de  nouveau  intercepté ,  et  l'aiguille, 
après  être  descendue  à  zéro,  est  remontée  à  sa  première  position  du 
côté  opposé.  Le  flux  de  chaleur  polarisé  dans  cette  expérience  est  telle- 
ment, abondant  qu'on  réussit,  en  déplaçant  promptement  le  prisme  de 
Nicol,  à  faire  faire  plusieurs  tours  à  l'aiguille  aimantée.  Ces  essais  ont 
été  faits  avec  le  galvanomètre  très-sensible  employé  dans  mes  expé- 
riences sur  la  chaleur  rayonnante.  Mais  l'action  est  assez  forte  pour 
agir  sur  un  galvanomètre  peu  sensible,  destiné  aux  expériences  de 
cours,  et  pour  forcer  l'aiguille  de  six  pouces  de  long,  munie  d'index 
de  papier,  à  décrire  un  arc  de  près  de  180  degrés.  » 

L'emploi  du  filtre  d'iode  et  de  la  lumière  électrique  permet  de  dé- 
montrer de  la  manière  la  plus  frappante  tous  les  phénomènes  de 
réflexion,  de  réfraction,  de  polarisation  ptane  et  circulaire,  de  double 
réfraction,  ainsi  que  la  formation  d'images  invisibles,  soit  par  les  mi- 
roirs, soit  par  les  lentilles.  L'auteur  cite,  en  particulier,  l'expérience 
suivante  :  Les  prismes  de  Nicol  se  trouvant  placés  à  angle  droit  l'un  de 
l'autre,  l'aiguille  du  galvanomètre  indiquait  78  degrés  en  faveur  de  la 
spirale  de  platine  chauffée,  placée  derrière  la  pile.  Une  plaque  de  mica 
ayant  été  disposée  en  travers  du  faisceau  obscur,  avec  sa  section  prin- 
cipale inclinée  de  45  degrés  sur  celle  des  prismes  de  Nicol,  aussitôt 
l'aiguille,  après  être  retombée  à  zéro,  est  remontée  à  90  degrés  du 
côté  opposé.  

Quant  à  la  polarisation  circulaire,  les  prismes  de  Nicol  ayant  été 
placés  à  angle  droit  l'un  de  l'autre,  l'aiguille  du  galvanomètre  indi- 
quait 86  degrés  en  faveur  de  là  spirale  de  platine.  Une  plaque  de  cris- 
tal de  roche,  taillée  perpendiculairement  à  l'axe,  ayant  été  disposée  eu 
travers  du  faisceau  obscur,  aussitôt  l'aiguille  est  retombée  à  zéro,  pour 
remonter  jusqu'à  90  degrés  du  côté  opposé. 

On  peut  se  faire  une  idée  du  pouvoir  de  pénétration  de  la  chaleur 
employée,  par  le  fait  qu'elle  a  pu  traverser  douzb  pouces  environ  de 
spath  d'Islande  et  une  auge  d'un  pouce  et  demi  remplie  de  la  solution 
d'iode. 


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30* 


LÇg  MONDES. 


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MAGNÉTISME 


Sur  le*  cause*  de  la  déviation  dee  eonapa*  de  marin* 
à  bord  des  navire»  en  fer,  par  M.  ArsOn.  —  Le  compas  dt 
marine,  soumis  comme  il  eet,  à  bord  des  constructions  en  fer-  à  des 
forces  démtrices  complexes,  n'indique  plus  au  navigateur  le  norf 
magnétique;  il  est  constamment  tenu  dans  une  attitude  qui  en  diffère 
assez  pour  rendre  son  utilisation  dépendante  d'une  correction  souvent 
considérable  et  dont  les  lois  sont  complexes.  Ces  corrections  sont  né- 
cessaires sur  tous  les  navries  et  prennent  quelquefois  une  importapca 
telle,  que  certains  d'entre  eux  seraient  inutilisables  sans  le  ftftoui* 
d'une  compensation  convenable.  Il  existe,  en  effet,  des  exemples  nom* 
breux  de  constructions  dans  lesquelles  l'aiguilla  étant  dirigée  pair  tes 
Influences  magnétiques  qu'elles  exercent  avec  plus  de  puissance  que 
par  celles  qu'exerce  la  terre,  le  compas  est  absolument  impuissant  * 
fournir  une  indication  utile  au  navigateur  et  pend  tous  ses  droits  t  la 
confiance. 

Le  tableau  suivant,  extrait  d'une  notice  sur  les  erreurs  des  dérapas, 
publiée  par  M.  Darondeau,  ingénieur  hydrographe  de  la  marine  fou* 
çaise,  montre  à  la  fois  l'étendue  et  la  gravité  de  la  question  ; 


V 


Déviations  maxime  observées  à  bord  de  navires  en  /er. 


n  i    i,i  iluiJ> 


NAVIRES  EN  FER 

VBridan — 

Le  Narval 

{/Australie., 

Le  Passe-Patiout* . , 

Le  Çhaptal 

LeSolon, 

UÂnacréon 

Le  Comte  d'Eu 

La  Beine-Hertenee. .. 


DÉVIATIONS 


m* 


44 
52 
45 
40 
57 

48 
54 


**»,     f 


43' 

34 
00 

S 
30 

0 
30 
00 
00 


NAVIRES  EN  FER. 

Le  Faon 

Le  dauphin 

Le  Calon. 

La  Salamandre, 

L' Eclair  eur 

Le  Pétrel 

UAverne.. 

L'Australie 

le  Newton 


DÉVIATIONS 


2!»  4»' 

29  00 

34  00 

28  00 

48  09 
34  15 

49  30 
43  iS 
24  00 


te 


Beaucoup  de  savants  ont  étudié  cette  qu&tioo  si  intéressante  au 

point  de  vue  de  la  sécurité  de  la  navigation.  L'illustre  Poncttet  est  le 

premier  qui  ait  soumis  les  phénomènes  en  jeu  aux  lois  de  l'afl*]jrfB 

mathématique  ;  après  lui,  M*  Airy,  l'un  des  savants  les  plus  haut 


LES  MONDES  303 

placés  de  l'Angleterre,  puis  M.' Archibald  Smith  et  le  corps  entier  de 
l'amirauté  ont  traité  la  question,  et,  à  défaut  de  moyen  matériel  de 
produire  la  compensation  parfaite  des  causes  perturbatrices  qui  agissent 
sur  le  compas,  se  sont  bornés  à 'déterminer  des  règles  à  l'aide  des- 
quelles en  peut  déduire  la  déviation  que  doit  éprouver  un  compas  dans 
une  orientation  quelconque  au  moyen  de  la  connaissance  exacte,  rele- 
vée sur  le  fait,  de  huit  déviation*  connues  dans  certaines  orientations 
déterminées. 

On  comprend  quelle  difficulté  une  méthode  semblable  présente  dans 
l'application;  elle  est  telle  que  les  hommes  de  la  marine  marchande, 
même  en  Angleterre,  n'en  font  aucun  usage,  et  qu'ils  en  sont  réduits, 
à  l'heure  présente,  à  l'emploi  d'un  compas  dont  les  indications 
inexactes  les  exposent  à  des  dangers  sérieux. 
*  Cette  peinture  de  la  situation  faite  à  la  marine,  à  défaut  d'une  bous- 
sole exacte  dans  ses  indications,  n'est  pas  exagérée  ;  car  il  ne  se  passe 
pas  d'année  que  l'on  n'ait  à  enregistrer  des  sinistres  qui  n'ont  pas 
d'autre  cause,  et  M.  Arson  cite,  &  l'appui  de  ce  dire,  deux  accidents 
dont  les  causes  ne  laissent  à  ses  yeux  aucun  doute.  C'est  d'abord  la 
perte  du  Gknarcky,  arrivée  en  décembre  1868,  vaisseau  en  fer  chargé 
de  4  900  tonnes  de  fer  laminé,  sorti  de  la  Clyde  et  échoué  dans  la  baie 
de  Dublin,  sur  l'inexactitude  des  indications  de  son  compas.  C'est 
ensuite  celle  du  transport  à  vapeur  la  Sèvre,  qui  s'est  perdu  le  20  février 
dernier,  en  doublant  le  cap  de  la  Bogue,  occasionnant  la  mort  de 
cinquante-cinq  personnes  parmi  lesquelles  il  faut  compter  le  capitaine 
et  le  pilote.  Ces  malheurs  n'ont  eu  bien  certainement  pour  causé  que 
l'imperfection  des  indications  données,  à  bord  de  ces  navires  en  fer, 
par  leurs  compas. 

:  M.  Arson  est  parvenu  à  donstrtlire  un  appàrtil  cottiéctettt  qu'il 
appelle  Compensateur  et  qui  remplit  le  rôle  important  de  soustraire  le 
compas  k  toutes  les  influences  perturbatrices ^ui  l'entourent  abord, 
de  façon  que  les  indications,  en  quelque  latitude  qu'on  les  considère, 
sont  absolument  exactes. 

Ge  rébnltsft  est  obtenu  au  moyen  dé  deux  compensations  distinctes 
qui  doivent  toutes  deux  la  variabilité  de  leur  action  au  déplacement 
des  organes  qui  sont  chargés  de  les  produire.  L'une  est  spéciale  au 
magnétisme  permanent,  autrement  dit  à  l'aimantation  fixe  imprimée 
aux  œuvres  du  navire  par  les  opérations  mécaniques  de  la  construc- 
tion; l'autre  est  particulière  au  nfegnétistte  induit,  autrement  dit  à 
cette  aimantation  instantanée  qui  est  développée  dans  le  fer  parf'aô- 
tfon  inductrice  de  la  terre.  M.  Arson  expose  les  lois  mathématiques 
suivies  par  ces  causes  déviatrices,  et  fait  voir  par  quelles  dispositions 


Esfëj  «î*x'  'fia  v*n  *   ■  '  *'■ 


x.  * 


304  Lhd  MONDES. 

mécaniques  le  compensateur  en  établit  la  correction  dans  toutes  les 
orientations  et  dans  toutes  les  latitudes. 

11  insiste  sur  ce  point  très -important  du  mérite  de  son  appareil,  à 
savoir  qu'il  assure  la  correction  des  forces  perturbatrices,  non-seule- 
ment dans  toutes  les  orientations,  mais  aussi  dans  toutes  les  latitudes. 
Il  fonde  cette  affirmation  sur  les  considérations  suivantes  :  puisque 
l'aiguille  est  supposée  toujours  maintenue  dans  la  direction  du  nord- 
sud  magnétique,  la  variation  dans  l'intensité  magnétique  de  la  terre, 
résultant  du  changement  de  latitude,  ne  saurait  produire  de  perturba- 
tion, et  la  variation  que  cette  influence  exerce  par  yaduction  sur  le  fer 
du  navire,  agissant  dans  le  même  sens  et  avec  la  même  intensité  sur 
le  fer  du  compensateur,  l'équilibre  qui  est  établi  entre  ces  deux  actions, 
en  un  point  quelconque  du  globe,  subsistera  partout. 

L'appareil  qui  produit  cette  compensation  est  renfermé  dans  une 
enveloppe  dont  les  dimensions  dépassent  peu  celles  des  appareils  con- 
sacrés ;  il  peut  être  installé  en  un  point  quelconque  du  plan  milieu  du 
navire.  Passant  aux  détails  de  la  construction  de  l'appareil,  M.  Arson 
fait  remarquer  qu'il  compose  les  organes  compensateurs  de  faisceaux 
de  fils  d'acier  trempé  aimanté,  et  de  faiaceaux.de  fil  de  fer  doux,  per- 
mettant de  proportionner  exactement  l'intensité  des  forces  i  exercer. 

Il  fait  aussi  connaître  comment  il  est  parvenu  à  construire  des 
aiguilles  de  compas  qui  répondent  toutes  à  la  condition  d'éprouver  les 
mêmes  déviations  sous  les  mêmes  influences  déviatrioes,  et  qui  peuvent 
par  conséquent  se  remplacer  l'une  l'autre  dans  l'usage,  bénéfice  qui 
n'appartient  pas,  on  le  sait,  à  deux  aiguilles  quelconques. 

Ce  résultat  est  important,  non-seulement  parce  qu'il  permet  de  munir 
chaque  instrument  d'aiguilles  de  rechange,  mais  parce  qu'il  fournit 
aussi  le  moyen  de  construire  tous  les  appareils  compensateurs  sur  un 
même  modèle. 

Les  conditions  à  observer  pour  faire  usage  de  l'appareil  se  résument 
ainsi  : 

1°  Si  le  compas  doit  indiquer  la  marche  à  suivre,  on  amènera  le 
cadran  du  répétiteur  dans  cette  direction,  puis  on  gouvernera  le  navire 
jusqu'à  ce  que  le  compas  fournisse  la  même  indication  que  le  répé- 
titeur. 

2°  Si  le  compas  doit  faire  connaître  la  route  suivie,  on  amènera  le 
cadran  du  répétiteur  dans  la  même  orientation  que  la  rose  du  com- 
pas ;  ce  dernier  se  déplacera  aussitôt  par  l'influence  du  compensateur, 
•et  on  le  suivra  dans  son  mouvement  de  déplacement  jusqu'à  ce  que  le 
répétiteur  et  le  compas  n'indiquent  plus  tous  deux  qu'une  seule  et 
même  direction  :  ce  sera  celle  de  la  marche  suivie  par  le  navire. 


LES  MONDES.  30S 

En  un  mot  i  le  compas  fournira  des  indications  exactes  dans  toutes 
les  orientations  et  dans  toutes  les  latitudes,  à  la  seule  condition  que  le 
cadran  du  répétiteur  soit  orienté  comme  la  rose  du  compas.  (Com- 
munication faite  à  la  Société  des  ingénieurs  civils,  le  4  août  4874 .) 


HISTOIRE  NATURELLE 


I«fi  Investigation»  tent-itiarliiM.  —  Depuis  que  les 
sondages  ont  été  pratiqués  pour  la  pose  des  câbles  télégraphiques 
sous-marins,  une  certaine  émulation  dans  l'étude  du  fond  de  la  mer  a 
pris  un  développement  suffisant  pour  devenir  l'objet  d'expéditions 
spéciales  ;  celle  de  M.  W.  Carpenter,  entreprise  sous  les  auspices  du 
gouvernement  anglais,  celles  de  M.  Agassiz,  en  Amérique,  concourent 
à  jeter  les  fondements  de  notions  précises  sur  l'inconnu  dans  le 
domaine  des  eaux.  La  topographie  du  fond  de  la  mer  et  la  biologie  des 
abîmes  'océaniques  sont  les  points  principaux  sur  lesquels  portent  tes 
observations.  Le  premier  ne  peut  être  résolu  que  par  une  quantité  de 
sondes  multipliées,  à  l'aide  desquelles  on  pourra  dresser  des  cartes  du 
relief  sous-marin.  Le  second  a  pour  but  de  compléter  les  connaissances 
sur  la  faune  de  ces  régions  inexplorées.  Un  patient  classificateur,  M. 
de  Folin,  officier  de  marine,  a  «entrepris  l'étude  des  mollusques  de 
toute  nature  qui  peuplent  ces  immenses  étendues  d'où  seule  la  sonde 
peut  ramener  des  spécimens.  «Joignant  à  ses  observations  personnelles 
l'examen  des  échantillons  recueillis  par  leff  navigateurs  sur  divers  points 
du  globe,  il  forme  dans  Les  fonds  <de  la  mer  (*)  une  encyclopédie  des 
objets  ramenés  à  la  surface,  «  Que  ne-  doit-on  pas  attendre  d'inves- 
tigatiqps  nombreuses  étendues  point  par  point  à  toutes  les  côtes  d'un 
pays,  à  tout  un  bassin  géographique,  à  toutes  les  profondeurs  d'une 
des  grandes  divisions  des  mers  et  enfin  «aux  mers  entières?  Nul  doute 
que  la  réunion  d'un  nombre*  considérable  d'observations,  d'abord 
isolées  et  notées  simplement  par  ordre  chronologique,  puis  ensuite 
coordonnées,  n'ait  une  influence  marquée  sur  une  foule  de  questions 
encore  inabordables  de  la  géographie  physique  du  globe,  s  Les  espèces 
non  encore  décrites  sont  l'objet  d'une^  détermination  pour  laquelle  il 
faut  remanier  des  classifications.  C'est  ainsi  que  M.  de  Folin  a  repris 
la  classe  de  Chemnitzida,  sur  laquelle  il  nous  communique  l'étude 
suivante  :  -. 

(*)  F.  Sa*yf  éditeur.  . 


30fi  LES  MONDER 

Note    dur    la    cla»«llicuUon    4«a    chen*nU*lda.    — 

En  cherchant  à  mettre  un  certain  ordre  dans  la  classification  des 
nombreuses  coquilles  appartenant  à  la  famille  des  ckbmnitztda9  nous 
avions  procédé  ep  nous  Casant  sur  des  principes  dont  L'exactitude  nous 
était  démontrée  par  l'observation  de  faits  bien  établis*  Ainsi  nous 
avions  d'abord  remarqué  que  ces  coquilles  pouvaient  être  séparées  en 
deux  groupes,  l'un  comprenant  les  tests  allongés  presque  cylindriques, 
ayant  une  longueur  plus  grande  que*  trais  fois  leur  diamètre.  Le  second 
devant  au  contraire  renfermer  les  individus  ventrus  coniques  dont  le 
diamètre  était  au  moins  du  tiers  de  leur  longueur.  Cette  différence  si 
caractérisée  nous  avait  servi  à  opérer  une  première  section,  mais  elle  ne 
pouvait  suffire;  il  était  indispensable  de  trouver  de  nouveaux  motifs 
de  séparation,  et  il  nous  parut  commode  de  distinguer  dans  le  premier 
groupe  ies  coquilles  dont  la  columelle  était  simple,  de  celles  qui  pré- 
sentaient des  dente  ou  plis  sur  cette  partie.  La  même  distinction  pou- 
vait être  faite  également  dans  le  second  groupe  et  nous  obtenions  ainsi 
quatre  subdivisions.  Cependant  il  était  encore  possible  de  pousser 
plus  loin  cette  méthode  et  de  se  servir  de  l'ornementation  afin  de  sé- 
parer chaque  subdivision  en  quatre  nouvelles  catégories,  savoir  :  celle 
des  coquilles  lisses,  celles  ornées  longitudinatement ,  celles  ornées 
dans  le  sens  de  la  spire  et  enfin  celtes  pourvues  d'une  ornementation 
double,  c*est-à-dire  dans  l'un  et  l'autre  sens  en  même  temps.  Par  là 
nous  arrivions  à  la  séparation  parfaitement  définie  de  seize  genres,  qui 
se  trouvaient  ainsi  très-nettement  caractérisés,  et  nous  supposion  s 
avoir  pourvu  à  tous  les  cas.  Mais,  sur  la  remarque  que  nous  en  fit 
notre  ami  et  collaborateur  le  docteur  P.  Fischer,  nous  ne  pouvions 
comprendre  dans  le  même  genre  les  coquilles  présentant  une  seule 
dent  à  la  columelle  et  celles  qui  se  trouveraient  en  avoir  deux.  Ceci 
admis,  il  devint  nécessaire  pour  compléter  cette  méthode  de  classifi- 
cation d'ajouter  au*  quatre  catégories  des  deuxième  e{  quatrième 
groupes  des  sous-genres  auxquels  nous  affecterons  les  numéros  bissés 
de  ces  diverses  catégories;  les  coquilles  ayant  deux  dents  se  trouveront 
dès  lors  classées  sous  ces  numéros.  Nous  réserverons  les  mêmes  numé- 
ros ter  pour  les  coquilles  montrant  trois  dents,  etc.  Quant  aux  déno- 
minations ii  donner  à  ces  sous-genres,  nous  avons  adopté  pour  les 
numéros  bù  quelques  noms  pris  dans  les  synonymes  de  lp.  famille,  en 
y  ajoutant  deux  nouveaux.  Nous  laisserons  le  soin  de  dénommer  les 
numéros  ter  à  ceux  qui  rencontreront  des  chemnitzida  pourvues  de 
trois  dents.  Le  tableau  qui  suit  résume  la  méthode. 


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308  LES  MONDES. 


REVUE  ÉTRANGÈRE,   PAR  M.   J.-B.   VI0LLET, 


Ii»  fabrication  du  thé,  par  M.  J.  Macpherson.  —  On  connaît 
très-imparfaitement  en  Europe  les  procédés  employés  pour  la  fabrication 
du  thé.  Il  uqus  paraît  donc  intéressant  de  donner  l'extrait  d'un  travail 
qui  vient  d'être  publié  par  M.  Macpherson,  et  où  se  trouvent  quelques 
détails  sur  l'état  ancien  et  moderne  de  cette  fabrication. 

Si  l'on  peut  s'appuyer  sur  des  expressions  vagues  et  obscures  de  quelques 
écrits  très-anciens  du  pays,  le  thé  semble  avoir  été  connu  en  Chine,  au 
moins  comme  drogue  médicinale,  longtemps  avant  l'ère  chrétienne.  Le 
principal  moraliste  des  Chinois,  Contactas,  né  550  ans  avant  cette  ère,  a 
écrit,  dans  une  de  ses  compilations,  un  passage  obscur  qui  semble  se  rap- 
porter à  l'infusion  des  feuilles  de  thé.  *  Qui  soutient,  dit-il,  que  le  thé 
est  amer?  Il  est  aussi  doux  que  le  Csy.  »  De  Tan  600  à  l'an  900  de  notre 
ère,  cependant,  les  allusions  au  thé  consommé  comme  breuvage  sont 
plus  fréquentes  et  plus  certaines  ;  et  un  auteur  qui  a  écrit  pendant  cette 
période  .décrit  un  mode  de  préparation  qui- a  beaucoup  de  rapport  avec 
celui  qui  est  encore  en  usage  dans  notre  temps.  Il  fait  mention  d'un  très- 
grand  nombre  de  variétés  de  thés,  qu'il  regarde  comme  s'élevant  à  plu- 
sieurs mille  ;  il  conseille  aussi  de  recueillir  les  feuilles  par  un  temps  clair 
et  beau, de  les  agiter  avec  les  mains, 'de  les  sécher  sur  le  feu  et  de  les  em- 
paqueter soigneusement.  On  a  des  motifs  de  croire  que  ce  procédé  n'a 
pas  été  celui  des  premiers  temps,  mais  qu'il  a  été  indiqué  par  quelque 
découverte  accidentelle  ;  et ,  en  effet,  l'écrivain  que  nous  venons  de  citer, 
semble  penser  que  le  thé  a  été  originairement  préparé  en  briquettes,  et 
qu'après  avoir  réduit  ces  briquettes  en  poudre,  on  en  préparait  une  sorte 
d'infusion  médicale  dont  on  faisait  usage  dans  les  banquets,  pour  exciter 
l'appétit  ou  stimuler  la  digestion,  comme  on  pourrait  le  faire  aujour- 
d'hui avec  une  infusion  .derue  ou  de  camomille.  Les  feuilles  employées 
pour  fabriquer  ce  thé  en  briquettes  étaient  passées  à  la  vapeur,  ce  qui 
facilitait  l'extraction  des  sucs  amers  ;  et  on  les  séchait  au  soleil  ou  sur  un 
feu  de  charbon.  Un  autre  auteur  dit  que  les  feuilles  étaient  réduites  en 
poudre,  après  avoir  été  fléchées,  et  que  l'on  en  formait  ensuite  des  bri- 
quettes ;  mais  on  sait  que  les. feuilles  entières  et  même  les  branches  de  la 
plante  étaient  employées  pbur  la  préparation  de  ces  briquettes,  et  que 
cet  usage  existe  encore  dans  le  pays.  Cette  antique  méthode  de  fabriquer 
le  thé  en  pains  se  rapporte  remarquablement  à  celle  qui  est  usitée  parmi 
quelques  tribus  d'Assam,  et  qui  est  citée  par  Bruce  et  par  d'autres  voya- 
geurs. Ces  tribus  paraissent  bien  connaître  les  usages  du  thé,  car  une 


LES  MONDES.  309 

conversation  entre  le  lieutenant  Charlton  et  son  domestique  indigène  a 
conduit,  en  1830,  à  la  découverte  delà  variété  du  thé  d'Assam.  Le  moyen 
d'extraire  des  feuilles  vertes  les  sucs  amers  n'est  pas  tout  à  fait  le 
passage  à  la  vapeur,  comme  chez  les  Chinois;  il  constate  en  une  courte 
immersion  dans  l'eau  bouillante,  immersion  qui  doit  produire  à  peu  près 
le  même  effet.  Les  leuilles,  après  la  cueillette,  sont  jetées  dans  un  vase 
plein  d'eau,  où  on  les  chauffe  jusqu'au  moment  où  le  liquide  commence 
à  bouillir.  On  le  fait  alors  couler,  puis  on  enterre  le  thé  dans  une  fosse 
revêtue  de  feuilles  sèches,  et  on  le  laisse  dans  cet  état  pendant  deux  ou 
trois  mois,  jusqu'à  l'arrivée  des  marchands  venant  des  Etats  voisins,  du 
pays  des  Birmans  ou  de  l'Asie  centrale  ;  alors  on  le  tasse  fortement  dans 
des  tronçons  creux  de  bambou  ou  dans  des  pots  en  terre,  et  on  les  ex- 
pédie pour  la  consommation.  Cette  méthode  est  évidemment  fort  impar- 
faite, mais  il  importe  de  la  connaître  pour  juger  du  goût  de  ces  peuples 
et  de  la  nature  du  produit  qui  convient  aux  consommateurs  de  thé  ea 
briquettes,  parce  que  ce  produit  ne  doit  nullement  posséder  l'arôme  dé- 
licat du  thé  de  Pekoë  ;  car  on  ne  pourrait  le  leur  faire  apprécier,  qu'en 
changeant  leur  palais.  Ce  thé  doit  au  contraire  présenter  un  goût  fort,  un 
parfum  de  thé  vert,  et  conserver  une  grande  partie  des  sucs  acres  qui 
doivent  être  incomplètement  extraits.  C'est  du  moins  ce  qu'indique  le 
mode  de  fabrication,  qui  doit  conserver  à  la  feuille  ses  principales  pro* 
priétéa.  Dans  cet  état  de  choses,  il  est  difficile  de  savoir  quel  est  le  peuple 
qui,  le  premier,  a  découvert  l'usage  du  thé  en  feuilles. 

Les  Chinois  possèdent  une  histoire  qui,  malgré  ses  imperfections,  et 
l'incertitude  de  ses  dates,  nous  permet  de  regarder  l'usage  du  thé  comme 
remontaot  aux  temps  les  plus  reculés.  D'un  autre  côté,  les  tribus  presque 
sauvages  des  frontières  de  l'Inde,  pour  la  plupart  dépourvues  d'une  langue 
écrite,  ont  perdu  presque  toutes  leurs  traditions  orales  qui  ont  été  si  dé- 
figurées ou  si  obscurcies  que  Ton  ne  peut  y  accorder  qu'une  faible  cen- 
confiance*  Mais  il  ne  faut  pas  croire  que  les  usages  relatifs  à  leurs  aliment» 
ou  à  leurs  breuvages  aient  pu  se  perdre  aussi  facilement,  et  il  est,  au 
contraire,  extrêmement  propable  que  les  usages  relatifs  à  l'emploi  de» 
produits  de  la  nature  ont  dû  se  conserver  d'âge  en  âge.  Aussi  des  tribu» 
telles  que  celles  des  Singpbos  et  des  Norahs  sont-elles,  non-seulement  en 
possession  des  usages  de  la  fabrication  du  thé,  mais  en  (relation  pour  le 
commerce  de  cet  article  avec  les  Birmans  et  les  Chinois.  On  n'a  pas  d'ob- 
jections sérieuses  à  produire  contre  la  supposition  que  la  plante' et  les 
usages  du  thé  ont  été,  à  une  époque  très~éloignée,  introduits  de  l'Inde 
septentrionale  dans  la  Chine.  NoL-seulement  les  moyens  de  traiter  la 
plante,  tels  qu'ils  &ont  mis  en  pratique  par  lies  tribus  peu  civilisées  du 
nord-est  de  l'Inde,  sont  les  plus  primitif*  de  ceux  dont  nous  avons  con- 

23 


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310  LES  MONDES. 

naissance,  mais  on  sait  parfaitement  que  le  premier  degré  de  leur  per- 
fectionnement 9e  retrouve  encore  chez  les  tribus  des  frontières  de  la 
Chine  ;  on  sait  en  outre  que  les  semences  de  l'arbrisseau  à  thé  sont,  de 
toutes  les  graines  que  nous  connaissons,  les  moine  propres  à  se  disséminer 
naturellement.  Peu  d'animaux  s'en  nourrissent  ;  elles  sont  trop  lourdes 
pour  être  transportées  par  le  vent  ou  même  par  les  cours  d'eau  ;  la  grande 
quantité  d'huile  qu'elles  contiennent  tourne  rapidement  au  rance»  et  las 
altère  Avec  un*  remarquable  rapidité,  si  elles  ne  sont  pas  plantée? 
aussitôt  après  leur  maturité.  Ces  conçidératiuns  ne  aont  même  pas  les 
seul**  qui  semblent  désigner  le  royaume  d'Astem  pomme  le  berceau  de 
l'espèce  de  la  plante.  Les  variétés  que  Ton  rencontre  dans  les  districts  dn 
nord-ouest  de  la  Chine  se  rapprochent,  dit-on,  plus  du  thé  d'Assam  qup 
las  variétés  à  petites  feuilles,  d'un  vert  sombre,  qui  croissant  dans  les 
montagnes  de  Bohea  et  dans  les  autres  districts  du  sud  de  la  Chine,  et 
ceci  sembla  prouver  que  l'espèce  a  été  modifiée  par  la  température  plus 
élevée  du  climat,  et  par  la  différence  des  modes  de  culture,  ce  qui  a  né» 
eesftilé  des  modifications  dans  la  manière  de  traiter  les  feuilles.  On  sait 
bien*  en  effet,  que  l'influence  d'un  climat  sec  et  chaud  est  de  ralentir  la 
croissance  de  la  plante,  et  d'en  développer  à  un  haut  degré  les  qualités 
astringentes,  ce  qui  exige  nécessairement  dans  la  eultuse  et  la  manuten- 
tion des  modifications  propres  à  satisfaire  le  goût  da  la  généralité  des 
eonpommeteurs* 

Mous  avons  passé  en  revue  les  principaux  points  de  l'antique  histoire 
de  la  fabrication  du  thé,  et  montré  combien  on  a  fait  peu  da  prcgrfa 
depuis  t,00ô  ans  dans  cette  voie.  Un  arrêt  si  long  doit  avoir  une  cause. 
Quoique  les  principaux  traits  du  procédé  aient  été  ooaaervés,  on  a'  dû 
eqpen<]ant  trouver  quelques  moyens  de  détail  pour  f  n  rendre  l'effet  plus 
certain,  et  moins  dépendant  de  l'inconstance  des  opérations  faites  à  feu 
nu  et  soumises  aux  variations  du  temps  et  de  l'humidité.  U  est  probable 
que  la  préparation  d'aucun  aliment  végétal  de  la  même  importance  n'est 
restée  dans  une  semblable  stagnation  pendant  une  si  longue  durée.  Con- 
sidérons les  progrès  qui  cnt  été  obtenus  dans  le  simple  brûlement  du 
café,  on  dans  le  traitement  du  cacao,  et  le  degré  de  certitude  et  de  per- 
fection auquel  on  est  parvenu  dam  l'exécution  de  cet  opérations.  Mais  cas 
deux  produits  sont  préparés  en  Angleterre,  tandis  qu'il  n'est  pas  possible 
d'y  fabriquer  le  thé,  et  c'est  probablement  è  cela  que  tient  le  peu  de  pro- 
grès réalisés  dans  ce  travail.  Autant  que  nous  pouvons  le  savoir,  on  ne 
posiède  que  des  opinions  plus  ou  moins  exactes  relativement  à  l'effet 
produit  par  les  méthodes  actuelles  sur  les  feuilles  vertes  du  thé,  car  il  ne 
parait  pas  qu'aucun  chimiste  ait  encore  entrepris  d'étudier  les  propriétés 
des  feuilles  brutes  et  vertes,  ni  4'an  faire  l'analyse  aux  diverses  phase* 


LES  MONDES.  311 

de  leur  fabrication.  On  va  facilement  comprendre  combien  une  pareille 
Ntbtrehe  aérait  néeeesaire,  lorsque  nous  aurons  eiposé  sommairement 
les  dirersee  méthodes  employées  pour  la  fet>rjpation  du  tfcé  mt  et  44 
thé  vert. 

Pour  le  thé  noir,  quelques  cultivateurs  le  sèchent  complètement  au 
soleil,  ou  bien  finissent  de  le  sécher  dans  une  bassine  en  fer.  Le  plus 
grand  nombre  opèrent  à  feu  nu.  Quelques-uns  chauffent  les  feuilles  vertes 
sur  des  bassines  de  fer  presque  jroijgps;  d'ftutrcts  sq  cervent  de  bassines 
beaucoup  moins  chaudes;  d'autres  enfin  n'emploient  pas  de  bassines. 
Quelques-uns  font  fermenter  les  feuilles  de  thé  noir,  mais  sans  aucun 
moyen  de  contrôler  l'état  et  l'avancement  de  la  fermentation.  D'autres 
personnes  trouvent  que  la  fermentation  est  nuisible  bu  tout  au-moins 
inutile.  Quelques-unes  font  fermenter  le  thé  avant  de  Je  prGsperj  d'autres 
ne  le  pressent  qu'après,  Très- souvent  on  ne  presse  le  t^é  qu'une  geuje 
lois  pour  en  extraira  l'excès  des  sucs  amers,  Pans  g'autjrç?  cas,  il  e$t 
PF/egsé  0(  tprdty  trois  ou  quatre  fois.  Souvent,  on  l'exposp  au  soleil  j>ep- 
dont  un  temps  qui  vwe.de  deux  à  vingt  heures,  tondis  <jue,  d^ps  d'aubes 
cas,  pp  qe  l>xpose  pas  du  tout  au  soleil.  Il  arrive  fréquemment  (ju'on  le 
étouffe  sur  un  feu  de  charbon,  pendant  plusieurs  périodes  qui,  prise? 
eqsem&le,  constituent  un  total  de  vipgt-quaUe  heures^  fagdjs  (pie  c)^e 
d'autre*  caltiveteurs,  tout  aqssi  nombreux,  on  se  contenue  a>  tppîs  pp 
quatre  heures.  11  n'y  a  donc  pas  liai}  de  s'étonner,  si  l'ofi  irpi^ve  à  ppjne 
deux  boitas  de  thé  qui  se  ressemblent  exactement. 

U  fabrication  des  tbés  verjs  est  ppun?i$e  aux  mêmes  varia^iQûs.  .Ceuj 
de  qualité  inférieure  sout  séchés  au  sojeii  e{  finalement  achevés  sur  Jps 
edus  où  pn  leur  donnq  une  coloration  artificielle.  Les  meilleurs  thé$ 
verts  sont,  au  contraire,  préparés  dans  l'intérieur  du  p^ys,  où  Ton  con- 
serve leur  couleur  verte  naturelle  en  lés  s£eh?nt  rapidement  dans  4e? 
bassinée  enfer.  Ces  thés  ne  demandent  aucnp  nioyjep  ar^c^  4e  qo^q- 
iBtion. 

Le  grand  objet  que  Ton  doit  s'efforcer  d'atteindre  m*ifltenant  $st  de 
trouver  un  système  de  moyens  pour  sécher  artificieUepiept  le  thé,  avec 
écoqomie  et  propreté,  système  que  l'on  puisse  confier  avec  sécurité  à  des 
ouvriers  ignorants,  sans  craindre  des  dommages  pour  le?  appareils  o,u 
pour  le  thé.  Ces  appareils  doivent  présenter  la  plus  grande  surface  pos- 
sible de  chauffe,  être  réglés  de  manière  à  ne  pas  dépasser  un  /n^ximum 
M  température,  tout  en  permettant  d'élever  ce  maximum  selon  le  besoin. 
Enfin  les  appareils  devraient  être  placés  dans  des  ateliers  bien  4ispoaép 
et  bien  ventilés.  Il  serait  même  désirable  que  l'installation  pût  avoir  lieu 
dans  de?  édifices  déjà  construits.  Il  est  probable  que  le  choix  du  moyen 
de  desBkcatioa  doit  se  faire  entre  les  appareil*  à  eau  chaude,  à  yiu  chaud 


312  LES  MONDES. 

ou  à  vapeur.  Le  mécanicien  qui  résoudrait  ce  problème  rendrait  un  ser- 
vice signalé  et  durable  aux  planteurs  et  aux  consommateurs  de  thé.  — 
(Journal  of  the  Society  of  Arts.) 


ACADÉMIE   DES  SCIENCES 


SÉANCE  DO  LUNDI  12  FEVRIER  1872 

M.  Delaunay  regrette  l'insertion,  dans  les  Comptes  rendus,  d'une 
Note  de  M.  Renou.  intitulée  :  Réponse  à  la  dernière  Note  de  M.  De» 
launay,  sur  t  Annuaire  météorologique  de  l'Observatoire  de  Paris 
pqur  1872.  «  II  me  suffit,  dit-il,  d'avoir  montré  dans  quel  esprit  sont 
conçues  les  attaques  que  l'on  dirige,  ici  et  ailleurs,  contre  les  nou- 
velles publications  de  l'Observatoire.  Tant  que  l'intérêt  de  la  science 
sera  véritablement  en  jeu,  on  me  trouvera  toujours  prêt  à  discuter. 
Mais,  dans  la  circonstance  actuelle,  personne  ne  s'y  trompe,  il  s'agit 
de  toute  autre  chose.  Je  ne  donnerai  pas  à  mes  adversaires  la  satisfac- 
tion de  les  suivre  sur  le  terrain  où  ils  voudraient  m'entratner.  » 

—  M.  Serret,  à  l'occasion  de  cette  même  note,  fait  des  observations 
très-sévères  qu'il  termine  ainsi  :  a  Quel  est  le  but  final  auquel  on  veut 
atteindre  ?  C'est  M.  Marié  Davy  qui  est  en  cause  bien  plutôt  que  notre 
savant  confrère,  le  directeur  de  l'Observatoire.  Mais  il  est  difficile 
d'admettre  qu'on  puisse  se  figurer  que  le  mérite  d'un  physicien  de  la 
valeur  de  M.  Marié  Davy  aura  subi  quelque  atteinte,  parce  qu'il  se 
sera  glissé  quelques  erreurs  dans  les  chiffres  que  ce  savant  aura  rele- 
vés ou  fait  relever  par  un  de  ses  aides.  Ce  n'est  pas  dans  le  sein  de 
l'Académie  des  sciences,  assurément,  qu'on  obtiendra  ce  résultat  ; 
mais  il  se  peut  qu'en  dehors  de  cette  enceinte  on  ait  plus  de  succès. 

Et  voilà  pourquoi  je  réprouve  de  toute  mon  énergie  ces  critiques 
stériles,  qui  peuvent  être  faites  de  bonne  foi,  mais  qui,  dépassant  le 
but  auquel  elles  tendent,  risquent  d'entraîner  de  déplorables  consé- 
quences. » 

—M.  Le  Verrier  pense  qu'en  comité  secret  M. Serret,  mieux  informé, 
pourra  changer  d'avis. 

—  Réponse  à  M.  Frémy ,  par  M.  Pasteur. 

«  Voici  une  des  propositions  de  M.  Frémy  : 

«  Les  phénomènes  véritables  de  fermentation  se  manifestent  donc 
toujours  avant  l'apparition  des  moisissures.  » 


**•' 


LES  MONDES. 


\ 


313 


J'oppose  à  cette  proposition  la  dénégation  la  plus  absolue,  et  si 
M.  Frémy  le  désire,  je  lui  indiquerai  le  moyen  très-simple  d'avoir  tou- 
jours des  moisissures  avant  l'apparition  des  fermentations. 

Voici  une  autre  assertion  de  M.  Frémy  : 

«  La  fermentation  alcoolique  peut  6e  produire  avec  les  substances 
azotées  les  plus  diverses,  et  notamment  avec  la  gélatine,  composé  arti- 
ficiel (sic)  soluble  clans  l'eau  et  dénué  par  conséquent  de  toute  struc- 
ture organique  proprement  dite.  » 

J'oppose  encore  à  cette  proposition  une  dénégation  absolue. 

Cette  première  communication  de  M.  Frémy  contient  une  page  beau- 
coup plus  sérieuse  que  toutes  les  autres.  Cette  page  commence  ainsi  : 

«  La  réponse  qui  m'a  été  faite  dans  la  dernière  séance,  par  M.  Pas- 
teur, est  beaucoup  plus  importante  que  les  précédentes  ;  je  me  réserve 
de  la  discuter  longuement  dans  la  suite  de  ce  débat...  » 

Il  s'agit,  en  effet,  de  l'expérience  sur  le  jus  naturel  de  raisin,  qui, 
mis  au  contact  de  l'air  privé  de  germes,  doit  forcément,  dans  l'opinion 
de  H.  Frémy,  entrer  en  fermentation,  et,  au  contraire,  ne  pas  fermen- 
ter du  tout,  dans  la  théorie  des  germes  extérieurs.  La  vraie  question 
était  là,  et  l'on  s'étonne  à  bon  droit  que  M.  Frémy  ait  écrit  douze  pages 
d'explications  avant  d'en  venir  à  cette  expérience  décisive.  M.  Frémy 
me  répond  :  je  ne  puis  discuter  cette  expérience  :  vous  n'avez  pas  dit 
comment  vous  la  faisiez.  Sur  ce  point,  je  veux  encore  me  taire  : 
M.  Frémy  me  permettra  de  choisir  mon  heure.  Mais  voici  une  autre 
expérience  identique,  faite  sur  le  sang.  Assurément,  M.  Frémy  ne  dira 
pas  que  l'altération  du  sang  au  contact  de  l'air  ne  rentre  pas  dans  sa 
définition  générale  des  fermentations. 

D'un  autre  côté,  si  l'hémi-organisation  existe  quelque  part,  ce  doit 
être  à  coup  sûr  dans  le  sang  naturel  pris  sur  l'animal  vivant  en  pleine 
santé,  b 

—  M.  Pasteur  décrit  ici  les  dispositions  de  ses  expériences  de  1863 
sur  le  sang  frais  ;  puis  il  continue  ainsi  : 

c  Dans  la  prochaine  séance,  je  discuterai  les  huit  expériences  de  la 
dernière  Communication  de  M.  Frémy. 

«  tën  terminant,  j'adresse  mes  remerdments  à  ceux  de  nos  confrèresN 
qui,  en  mon  absence,  ont  bien  voulu  me  prêter  l'appui  de  leurs  convic- 
tions. Devant  leurs  manifestations  et  les  miennes,  M.  Frémy  se  pose  en 
victime.  Cependant,  il  ne  devrait  pas  oublier  que  si  nos  répliques  le 
troublent,  c'est  lui  qui  les  a  provoquées. 

«  Au  moment  où  je  prenais  ici,  contre  M.  Liebig,  la  défense  d'une 
opinion  qui,  après  tout,  appartient  à  la  science  française,  pourquoi 
M.  Frémy  s'est-il  fait,  d'une  manière  au  moins  inopportune,  le  cham- 


314  LES  MONDES. 

« 

I*kto  té  la  science  aUertaode*  avec  laquelle  j'ai  hâte  de  reprendre  un 
débat  dont  je  itië  ftfte  distrait  à  regret  ? 

a  En  attendant,  je  me  mets  de  nouveau  à  la  complète  disposition1  de 
VÀcadéttie.  Je  siiis  prêt  à  répéter  devant  meg  confrères  toutes  niés  ex- 
périences. Ma  situation  est  pourtant  bieh  autre  que  celle  de  M*  Frémy. 
Poitt  notre  cohfrère,  qui  prétend  que  M  matières  fermentescibleê  trou- 
vent en  elles-mêmes  leurs  ferments,  chaque  cause  d'erreur  bénéficie  à 
son  opinion.  Pour  inoi,  qui  soutiens  qu'il  n'y  a  pas  de  fermentations 
spdftt&tiée*,  je  suis  têtu  d'éloigner  toute  cause  d'erreur  et  toute  influence 
perturbatrice;  Je  ne  puis  maintenir  mon  sentiment  qu'au  moyen  des 
expérience*  les  plus  irréprochables  ;  le  sien,  au  contraire,  profite  de 
toute  expérience  insuffisante,  et  c'est  là  seulement  qu'il  a  trouvé  son 
appui.  C'est  ce  que  j'espère  démontrer  d'une  manière  palpable  daiis 
une  des  prochaines  séances. 

«  L'expérience  sur  le  Sang  frais  sortant  de  l'artère  ou  de  la  veine  de 
l'animal  vivant  peut  être  répétée  avec  le  même  succès  sur  l'uririe  natti* 
telle.  M.  Frémy  objecte  que  l'expérience  sur  le  sang  n'est  pas  démon- 
strative :  bien  entendu*  il  ne  peut  en  donner  aucune  raison  sérieuse. 
Mais,  pour  l'urine,  il  ne  peut  soutenir  que  ce  n'est  pas  un  liquide  fer* 
mentescibte  proprement  dit,  puisqu'il  est  démontré  que  d'est  un  fer- 
ment organisé  vivant  qui  provoque  la  fermentation  ammoniacale.  Mais 
je  veux  aller  plus  loin.  Quoique  je  n'en  aie  jamais  fait  l'épreuve,  je  dé- 
clare ici  à  M.  Frémy  que,  quand  il  le  voudra,  je  répéterai  l'expérience 
que  je  viétis  de  décrire  pour  le  sang  et  l'urine*  eh  me  sortant  nu  laiï 
naturel  pris  DANS  le  pis  de  la  tacre,  et  voici  ce  que  j'affirme  par 
avance  :  ce  kit  gardera  indéfiniment  son  alcalinité  au  contact  dé  l'air 
pur,  et  né  donnera  lieu  à  aucune  fermentation  quelconque;  il  éprou- 
vera simplement  une  oxydation  chimique  directe  qui  donnera  un  léger 
goût  et  une  odeur  faible  de  suif  à  la  matière  grasse. 

En  résumé,  j'affirme  que  les  quatre  liquides  les  plus  altérables  de 
l'économie  atiimalè  et  végétale,  à  savoir  :  le  sang,  l'uriné,  le  lait,  le 
jus  de  raisin,  sont  incapables  d'éprotiver  aucune  fermentation  au  con- 
tact de  l'air  pur,  patde  que  le  corps  des  animaux  et  des  *égét*K  est 
terme  à  Tlhtttrduction  des  germes  extérieurs  dé  ferments,  dans  les 
conditions  de  satntè  et  de  vie  normales.  Lorsque  cette  introduction  est 
possible,  il  en  résulté  lé  plus  souvent  des  états  maladifs,  parfois 
terribles. 

Je  pourrais  donc  reproduire  la  question  que  j'ai  faite  intérieure- 
.  ment  &  M.  Frémy,  doue  cette  nouvelle  forme  : 

M.  frérot  eonfetterdit-il  ses  efreùrt  si  je  déffièntr'afe  qtie  dri  Mit 
naturel,  pris  dans  le  pis  de  la  vache  (far  un  mode  opératoire  iden- 


LES  MONDES.  315 

TigUB  A  tËLTJl  OU»  IB  TISK9  DB  DÉCEIBX  PB  TTTH  YOIX   PO**  Utf  t**») 

et  mis  ao  contact,  de  l'air  privé  do  germas,  ne  peut  éprttuver  aucune 
fermentation  (juelcraque  ?  » 

—  Communication  de  M.  Chevreul,  relative  à  Vhistoire  des  fer- 
mente  ,  d'après  van  Helraontl  —  J'avoue  n'avoir  rien  compris  a 
l'exposé  des  doctrines  de  van  Helmont  soit  en  entendant,  soit  entrant 
M.  Chevreul  ;  je  comprends  moins  encore  pourquoi  l'illustre  doyen  dé 
la  section  de  chimie  a  cru  devoir  introduire  cet  épisode  dans  là'  diffus*' 
sion  engagée  devant  l'Académie.  Je  me  borne  à  citer  sa  conclusion  : 
.  a  L'étude  des  œuvres  de  van  Helmont  est  une  des  plus  fructueuse* 
que  je  connaisse,  à  un  double  égard,  d'abord  aux  idées  qu'un  homme 
livré  à  l'étude  des  sciences  naturelles  peut  se  faire  en  s'abandohnani 
à  la  pente  de  son  esprit,  puis  à  la  légèreté  avec  laquelle  là  plupart 
des  personnes  qualifiées  de  savants  ont  parlé  de  ces  œuvres  dans  en 
connaître  le  fond.  » 

mj.  pinte  accompagnant  la  présentation  d'une  èrochure  intitule*  t 
t  L'étude  et  temeignement  de  la  géographie  »  ;  par  II.  E«  Levasse»?* 

Oh  fc'àcèorde  généralement  à  reconnaître  aujourd'hui  tftfe  Gel  eÉH 
sdgnethè'ftt  est  insuffisant  èrt  France,  et  le  Ministre  de  ridattflcWoit 
{mbliqttô  ftê  préoccupe  de  lui  donnef ,  dans  lé»  établissement*  pitoé» 
siôus  soù  Sutorité,  #tos  d'hflportânce  qu'il  n'en  à  M  jU^Ù'tei.    

fl  importe  donc  de  déterminer  les  conditions  et  les  méthodes  foi 
plhé  proptte  à  rendre  cet  enseignement  fructueux. 

La  première  de  toutes  ces  conditions,  celle  sans  laquelle  les  riteR- 
leures  méthodes  sont  complètement  frappées  d'impuissance,  c'est  d'a- 
voir de  bons  maîtres,  instruits  et  zélés,  îl  appartient  à  TAdînini^ratlon 
de  les  attirer,  de  les  former,  de  les  encourager. 

Les  méthodes  doivent  se  proposer  un  double  but  :  faire  voir  et  faire 
comprendre  la  géographie,  la  rendre  sensible  et  intelligible. 

On  fait  voir  la  géographie  à  l'aide  de  cartes,  de  plans»,  de  reliefs, 
d'image  Chaque  lieu  géographique  a  une  forme  déterminée  et  se 
trwire,dans  un  oerUin  rapport  de  position  avec  d'autres  lieux;  il  faut 
avoir  vu  et  vu  souvent  cette  forme  et  ce  rapport  pour  en  conserver  un* 
impression  qui  soit  nette  et  dont  le  souvenir  soit  facile  à  évoquer  Lors- 
qu'on en  a  besoin.  Je  n'insiste  pas  sur  cette  partie  de  la  méthode  au 
subside  laquelle  tout  le  monde  est  d'accord.  Cependant,  beaucoup  de 
maîtres  sont  loin  de  la  pratiquer  auss^i  régulièrement  et  aussi  scrupu-. 
kusemsnt ,  qu'ils  le  devraient.  L'Académie  des  Sciences,  qui  possède 
dans  son  sein  la  Section  de  Géographie,  rendrait  assurément  à  cet  en- 


316  LES  MONDES. 

geignement  un  grand  service  en  usant  de  sa  haute  influence  pour  sti- 
muler les  cartographes  français  et  pour  propager  l'habitude  des  cartes 
bien  faites.  Nous  avons  les  cartes  de  la  Marine  et  les  cartes  de  la 
Guerre  qui  sont  de  très-beaux  travaux,  quels  que  soient  les  reproches 
souvent  fort  exagérés  qu'on  ait  adressés  depuis  quelque  temps  à  ces 
dernières,  et  le  Ministre  de  la  Guerre,  en  particulier,  a  bien  mérité 
des  Ecoles  en  entreprenant  tout  récemment  de  tirer  sur  report  les  en- 
virons des  grandes  villes  à  80*66,  et  de  les  livrer  au  commerce  au 
prix  de  50  centimes  la  feuille.  11  est  beaucoup  moins  difficile  d'appren- 
dre à  connaître  les  signes  d'une  carte  d'état-major  que  les  lettres  d'un 
livre  dont  l'assemblage  forme  les  sons  et  les  mots,  et  il  est  bon  que 
beaucoup  de  Français  soient  exercés  à  cette  lecture.  Mais  ces  cartes 
sont  à  grande  échelle.  Des  cartes  à  petite  échelle,  c'est-à-dire  des 
cartes  géographiques  proprement  dites,  nous  en  avons  peu  qui  soient 
bonnes,  et  c'est  de  ce  côté  qu'il  importe  surtout  de  mettre  notre  maté- 
riel d'enseignement  au  niveau  de  celui  de  certains  autres  peuples. 

On  fait  comprendre  la  géographie  en  montrant  la  relation  des  faits 
géographiques  entre  eux.  Chacun  de  ces  faits  a  sa  physionomie  pro- 
pre :  c'est  pourquoi  il  convient  de  les  décrire,  ou  du  moins  de  décrire 
les  faits  assez  importants  pour  fixer  l'attention.  Aucun  de  ces  faits 
n'est  isolé  ;  il  tient  à  d'autres  faits  par  des  rapports  de  cause  et  d'effet  : 
c'est  cette  chaîne  qu'il  faut  faire  voir.  Par  la  description,  l'étude  de  la 
géographie  évite  le  grave  inconvénient  de  n'être  qu'une  nomenclature 
rebutante  pour  la  mémoire  ;  par  l'enchaînement,  elle  a  le  même  privi- 
lège ;  elle  a  de  plus  l'avantage  de  mieux  fixer  le  souvenir  des  faits  en 
les  liant  en  quelque  sorte  les  uns  aux  autres,  d'élever  l'enseignement 
de  la  simple  connaissance  des  phénomènes  jusqu'à  l'intelligence  des 
lois  qui  les  gouvernent,  et  de  donner  à  l'ensemble  des  études  géogra- 
phiques une  certaine  unité  et  un  caractère  véritablement  scientifique. 

Le  point  de  départ  de  cet  ensemble  d'études  est  dans  la  géographie 
physique  dans  l'ordre  suivant  :  1°  Une  des  études  que  le  géographe 
doit  faire  d'abord  est  celle  des  climats  ou  de  l'atmosphère 

2*  De  l'atmosphère,  le  fgéographe  descend  sur  la  terre,  et,  pour  en 
comprendre  la  conformation,  il  doit  s'adresser  à  la* Géologie...*. 

3°  Le  géographe  aborde  beaucoup  plus  facilement  ensuite  l'étude 
du  relief  du  sol 

A*  L'eau  descend  les  pentes  en  contournant  les  obstacles.  Qui  con- 
naît bien  le  système  général  du  relief  et  les  pentes  d'une  contrée  peut 
tracer  d'avance  le  cours  des  rivières  et  marquer  dans  la  vallée  centrale 
la  place  où  sera  le  lit  du  fleuve.... 

5°  La  terre  une  fois  décrite,  le  géographe  la  peuplera  des  végétaux 


LES  MONDES.  317 

et  des  animaux  caractéristiques  de  chaque  région,  de  façon  que  la  géo- 
graphie soit  bien,  comme  le  dit  son  nom,  une  «  description  de  la 

terre 

6°   Après  la  description  de  la  terre,  il  convient  de   parler   de 
l'homme  qui  habite  cette  terre  ;  quand  le  théâtre  est  préparé,  il  est  temps 

d'y  introduire  l'acteur 

7°  Quand  la  nature  et  l'homme  ont  été  placés  ainsi  en  présence, . 
il  est  temps  d'étudier  les  œuvres  que  celui-là  accomplit  à  l'aide  des 
forces  et  des  matériaux  que  celle-ci  fournit.  C'est  la  géographie  écono- 
mique  Ce  que  nous  recommandons,  sinon  comme  absolument  nou- 
veau, du  moins  comme  peu  pratiqué  jusqu'ici,  c'est  la  méthode  consis- 
tant à  grouper  et  à  comparer  ces  divers  points  de  vue,  afin  de  donner  à 
la  science  géographique  plus  d'unité  et  à  l'enseignement  de  la  géogra- 
phie plus  de  variété,  plus  d'attrait ,  plus  de  puissance  de  pénétration 
dans  les  jeunes  intelligences. 

—  Rapport  sur  un  procédé  de  conservation  des  grains  par  le  vide, 
présenté  par  M.  Louvel,  dans  la  séance  du  30  janvier  1871.  —  L'ap» 
pareil  très-simple  de  M.  Louvel  consiste  en  un  vase  cylindrique  en 
tôle  clouée,  terminé  par  deux  calottes  sphériqùes.  Cette  espèce  de 
grenier  mobile  est  placé  verticalement  sur  des  supports  à'  une  hau- 
teur convenable  pour  que  le  chargement  du  grain  et  son  extraction 
puissent  s'opérer  avec  facilité.  La  calotte  supérieure  est  percée  de  trois 
ouvertures,  qui  sont  :  1°  un  trou  d'homme  par  lequel  on  introduit  le 
blé,  fermé  par  un  tampon  mobile  posé  sur  une  rondelle  de  caout- 
chouc et  assujetti  par  des  boulons,  de  manière  à  assurer  une  fermeture 
hermétique  très-solide  ;  2#  une  2mê  ouverture  portant  un  robinet  de 
prise  d'air  auquel  on  adapte  un  tuyau  lorsqu'on  veut  faire  le  vidé  ; 
3*  une  3*1*  ouverture  sur  laquelle  est  fixé  un  petit  manomètre,  de  Bour- 
don, pour  accuser  la  pression  intérieure.  La  calotte  inférieure  n'a 
qu'une  seule  ouverture  qui  donne  issue  au  grain;  elle  est  agencée  de 
manière  que  le  grain  tombe  immédiatement,  sans  aucune  main- 
d'œuvre,  dans  le  sac  qui  doit  le  recevoir  ;  elle  est  fermée  par  un  tam- 
pon intérieur  fortement  assujetti,  sur  le  rebord  de  l'ouverture,  au 
moyen  d'une  vis  de  rappel  qui  se  manœuvre  de  l'extérieur.  La  capa- 
cité de  l'appareil  est  de  10  mètres  cubes;  il  peut  contenir,  par  consé- 
quent, 100  hectolitres  de  blé.  Le  vide  se  pratique  dans  cette  grande 
capacité  au  moyen  d'une  pompe,  qui  peut  fonctionner  à  bras  d'homme 
ou  par  la  vapeur.  Le  vide  à  opérer  ne  porte  jamais  que 'sur  la  diffé- 
rence qui  existe  entre  la  capacité  du  vase  et  le  volume  du  blé  qu'il 
contient;  et  le  vide  n'a  pas  besoin,  dans  la  pratique,  d'être  poussé 
très*loin  :  il  suffit  qu'il  soit  porté,  à  l'origine,  à  10  ou  12  centimètres 


318  LES  MONDES 

de  mercure  pour  assurer  la  mort  des  insectes  ;  l'appareil  peut  e&iuite 
revenir  sans  inconvénient  à  une  pression  plus  forte.  M.  Louvel  estime 
à  750  francs  le  prix  marchand  du  grenier  de  100  hectolitres,  et  à 
800  francs  celui  de  la  pompe  qui  peut  d'ailleurs  servir  pour  plument* 
réservoirs,  ce  qui,  avec  les  accessoires,  tuyaux,  manomètre,  porterait 
le  prix  total  de  l'appareil  à  1  650  francs. 

Les  avantages  que  M.  Louvel  attribue  à  son  procédé  sont  de  mettre 
le  blé  à  l'abri  de  toute  altération  spontanée  ;  de  le  garantir  de  toute  cause 
d'altération  provenant  de  l'extérieur,  des  influences  atmosphériques,  de 
l'attaque  des  insectes,  des  déchets  de  toute  nature  auxquels  il  est  ex- 
posé dans  les  greniers  ;  de  faire  que  le  charançon  non-seulement  ne 
se  multiplie  pas,  mais  qu'il  n'exerce  aucun  ravage  sur  le  grain,  qu'il 
y  meure  et  se  dessèche  au  bout  de  peu  de  jours* 

La  farine,  le  biscuit  de  mer,  les  légumes  secs  peuvent  être  conser- 
vés dans  le  même  appareil  ;  il  en  serait  de  même,  probablement»  pour 
beaucoup  d'autres  denrées  alimentaires* 

,  M.  Louvel  fournit,  à  l'appui  des  assertions  qui  précèdent,  les  résul- 
tats d'une  expérience  faite  à  la  ferme  expérimentale  de  Vinoenneej 
avec  toutes  garanties  désirable»,  par  les  hommes  les  plus  compétents 
et  les  plus  dignes  de  confiance. 

Trois  appareils  de  50  hectolitres  chacun  ont-  été  mis  en  expérience 
le  15  juillet  1867;  ils  renfermaient  :  le  premier,  du  blé  de  belle  quan- 
tité, auquel  on  avait  ajouté  20  litres  environ  de  charançons  parfaite* 
ment  vivants.  Le  deuxième  contenait  un  tonneau  de  biscuit  de  ma- 
rine, avarié,  à  demi  détruit  par  les  insectes,  et  dans  lequel  on  avait 
reconnu  la  présence  de  larves  et  de  charançons  vivants*  Dans  le  troi* 
sième,  on  avait  introduit  dix  sacs  de  farines,  de  401  kilogrammes; 
dites  du  type  de  Paris. 

Le  vide  fait  dans  les  trois  appareils  à  Qn<4Q  de  Teeroure,  ils  ont  été 
abandonnés,  dans  un  lieu  découvert,  aux  intempéries  de  l'air,  au  so- 
leil, à  la  pluie,  à  la  gelée,  et  n'ont  été  ouverts  que  le  24 'janvier  1868, 
plus  de  six  mois  après  la  mise  en  expérience.  Les  manomètres  avaient 
un  peu  baissé,  la  pression  était,  à  l'intérieur,  de  0**40;  oe*te différence 
a  été  attribuée  par  les  expérimentateurs  à  la  vaporisation  d'une  portion 
de  l'eau  par  la  dilatation  de  l'air.  Le  blé  n'avait  éprouvé  aucune  altén 
ration;  il  était  très-sec,  il  avait  conservé  intacte  la  faculté  de  germer;. 
il  a  pu  être  vendu  au  cours  des  qualités  de  choix.  Les  charançons  étaient 
tous  morts,  desséchés,  friables.  Le  biscuit  avait  conservé  l'apparenee 
qu'il  avait  au  commencement  de  l'expérience,  mais  les  insectes  étaient 
complètement  détruits  et  desséchés  ;  enfin  les  farines  étaient  parfaite-* 
ment  conservées. 


LES  MONDES  319 

En  présence  de  ces  résultats*  la  commission  est  d'avis  que  le  pro- 
cédé de  conservation  des  grains  dans  le  vide,  présenté  par  Mi  le  doc- 
teur Louvel,  atteint  le  but  qu'il  s'est  proposé)  que  ce  procédé  est  appli- 
cable industriellement;  qu'il  serait  particulièrement  utile  pour  le 
transport  des  farines,  si  facilement  altérables;  et  qu'il  maintient  dans 
un  parfait  état  de  conservation  ;  qu'il  pourrait  être  employé  avec  avan- 
tage pour  assurer  la  conservation  des  grands  approvisionnements. 

Elle  propose  à  l'Académie  de  donner  son  approbation  aux  efforts 
persévérants  de  l'auteur  pour  atteindre  ce  résultat  important.  Les  con- 
clusions de  ce  rapport  sont  adoptées. 

L'Académie  décide,-  en  outre,  sur  la  proposition  de  la  commission^ 
que  les  résultats  obtenus  par  M.  Louvel  seront  soumis  à  l'examen  de 
la  commission  chargée  .d'examiner  le  concours  pour  les  prix  des  arts 
insalubres. 

«-*  Mopport  sur  un  mémoire  de  M*  Kl*it%,  intitulé  ;  «  Etudes  sur  les 
farces  moléculaires  dans  k$  liquides  en  mouvement  ;  *t  application  à 
l'hydrodynamique.  —  Concluions.  «Le  gi*nd  mémoire  de  M*  Kleiti* 
sur  les  Forces  moléculaires  dans  les  liquides,  a  un  mérite  que  nous 
sommes  beureux  de  reconnaître*  Dans  une  matière  si  épineuse,  si  peu 
explorée  malgré  le  grand  nombre  de  recherches  dont  elle  a  été  l'objet, 
et  pour  laquelle  les  faits  constatés  ne  sont  eux-mêmes  nombreux  qu'en 
apparence,  des  questions  simplement  soulevées  et  nettement  posées  ont 
déjà  une  valeur  très-réel  lé.  On  a  vu  d'ailleurs  que  M.  Kteits  a  mis  en 
relief  plus  explicitement  qu'il  n'avait  encore  été  fait  le  problème 
principal,  et  les  formules,  avec  un  seul  coefficient  variable  et  inoonnu, 
où  sa  solution  devra  être  cherchée  ;  qu'il  est  arrivé  à  plusieurs  théo- 
rèmes remarquables;  qu'il  a  corroboré  des  principe* non  encore  reçus 
généralement;  qu'il  a  perfectionné  l'établissement  de  l'équation  du 
mouvement  permanent  des  cours  d'eau*  etc«  Ses  recherches,  ainsi  que 
l'examen  qu'elles  provoquent,  avancent  de  toutes  manières  la  question, 
et  montrent  sur  quoi  les  investigations  ultérieures  devraient  porter. 

Son  travail,  et  la  persévérance  avec  laquelle  il  l'a  poursuivi  malgré 
les  difficultés  dont  le  sujet  est  hérissé,  sont  dignes  d'éloges.  Nous  pro- 
posons à  l'Académie  de  lui  en  donner  le  témoignage*  et  de  le  renier* 
cier  de  sort  intéressante  communication»  s  Les  conclusions  de  ce  rap- 
port sont  adoptées. 

—  M.  Baudon  adresse  une  note  tendant  à  réfuter  l'opinion  émise 
par  M.  Goze,  sur  le  morcellement  et  la-  fusion  des  belles,  H  conteste 
qu'il  y  art,  dans  l'organisme  humain,  des  tissus  assez  résistants  pour 
arrêter  subitement  des  projectiles  mus  avec  une  grande  vitesse,  en 
provoquant  un  degré  de  chaleur  capable  d'en  opérer  la  fusion  par- 
tielle. 


t     t 


320  LES  MONDES. 

—  M.  Duchemin  adresse  une  note  relative  à  la  construction  des  para- 
tonnerres. Nous  la  reproduirons  intégralement. 

—  M.  Rabâche  adresse  un  mémoire  relatif  à  des  problèmes  restés  in- 
solubles Jusqu'ici  dans  les  diverses  sciences. 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  delà 
correspondance  :  1°  Vart  de  faire  le  vin,  par  H.  J.  Ladrey;  2°  Une  bro- 
chure de  M.  P.  Sirand,  intitulée  :  Educations  expérimentales  de  vers  à 
soie,  faites  en  1870  et  1871,  d'après  le  procédé  Pasteur. 

—  M.  H  Fondet,  président  du  tribunal  civil  de  Châlons-sur-Saône, 
adresse,  comme  complément  aux  documents  qu'il  a  déjà  transmis  à  l'A* 
cadémie,  relativement  à  l'invention  de  la  photographie,  une  copie  du 
traité  intervenu  entre  Joseph- Nicéphore  Niepce  et  Jucquee  Mandé  Daguerre, 
en  date  du  13  mars  1830.  Cette  pièce  sera  transmise  à  M.  Chevreul,  et 
déposée  ensuite  dans  les  archives  de  l'Académie.  Il  y  a  vingt  ans  que  Je 
rai  publiée  dans  mon  répertoire  d'optique  moderne. 

—  M.  Félix  Plateau  lait  hommage  d'une  brochure  intitulée  :  Recherches 
expérimentales  sur  la  position  du  centre  de  gravité  chez  les  insectes.  Nous 
publierons  prochainement  l'analyse  que  l'auteur  a  bien  voulu  en  faire 
pour  nous. 

—  Sur  le  pouvoir  ré/lecteur  des  miroirs  en  verre  argenté,  note  de 
M.  G.  Woif,  présentée  par  M.  Delaunay.  —  «  L'usage  de  plus  en  plus 
fréquent  des  miroirs  en  verre  argenté  dans  les  instruments  astronomiques 
donne  un  grand  intérêt  à  la  question  de  savoir  quelle  proportion  de  la 
lumière  incidente  utilisent  ces  miroirs,  soit  à  l'état  neuf,  soit  après  un 
assez  long  emploi.  Nous  ne  possédons  à  ce  sujet,  à  ma  connaissance,  que 
deux  nombres  donnés  par  L.  Foucault  :  l'un  0,75,  se  rapporte  à  l'argen- 
ture obtenue  par  le  procédé  Drayton  ;  l'autre,  0,92,  communiqué  verba- 
lement à  plusieurs  de  ses  amis  par  Foucault,  représente  la  quantité  de 
lumière  réfléchie  par  l'argenture  obtenue  par  le  procédé  de  M.  Ad.  Martin. 
La  différence  de  ces  deux  nombres  mesure  le  progrès  accompli  par  l'in- 
troduction de  ce  dernier  procédé,  qui  l'emporte  encore  sur  l'autre  parle 
prix  de  revient,  la  facilité  et  la  sûreté  de  son  emploi. 

«  J'ai  cherché  à  compléter  ces  données  en  mesurant  :  1*  la  quantité 
de  lumière  réfléchie  par  l'argenture  neuve  sous  les  diverses  fàctdërices; 
2°  la  proportion  réfléchie  par  une  argenture  déjà  ancienne  ;  3°  la  perte 
de  lumière  qui  se  produit  lorsque  le  rayon  lumineux  se  réfléchit  succes- 
sivement sur  deux  miroirs,  les  plans  d'incidence  étant  parallèles  ou  rec- 
tangulaires. 

«  Voici  les  résultats  obtenus  : 


LES  MONDES.  3*21 

«  !•  Miroir  de  verre  plan,  poli  au  papier,  argenture  neuve. 

Incidence  à  partir  de  la  normale.    10°    20°    30»    40*    50*    60»    70°    80* 
Proportion  de  lumière  réfléchie.  0,93  0,94  0,94  0,94  0,92  0,94  0,94  0,93 

.  c  Le?  variations  correspondantes  aux  diverses  incidences  sont  de  l'ordre 
des  erreurs  d'expérience,  et  ne  suivent  aucune  loi. 

m  2°  Miroir  plan  argenté  depuis  plusieurs  années,  gui  avait  été  complè- 
tement noirci,  et  dont  la  surface  a  été  polie  au  tampon.  Argenture  très- 
inégale  et  fortement  éraillée. 

Incidence  à  partir  de  la  normale.       10°    20°    30°    40°    45°    50°    60° 
Proportion  de  lumière  réfléchie.      0,85  0,83  0,84  0,88  0,9  i  8,88  0,87 

«  L?8  variations  du  pouvoir  réflecteur  tiennent  ici  à  l'hétérogénéité  de 
la  surface. 

«  3°  Quantités  de  lumière  utilisées  par  les  divers  instruments  astrono- 
miques, abstraction  faite  de  l'effet  des  oculaires. 

Neaf.    Ancien. 

{•  Lunette,  objectif  à  deux  verres  indépendants 0,80  0,80 

2°  Télescope  à  miroir  argenté  et  prisme  à  réflexion  totale.  0,84  0,78 

3*  Sidérostat  de  L.  Foucault,  u  n  miroir  plan  et  un  objectif.  0,75  0,70 
4*  Appareil  à  deux  miroirs   plans  et  un  objectif  de 

M.  Lœwy  :  Plans  de  réflexion  parallèles 0,70  0  60 

PJans  de  réflexion  rectangulaires 0,67  0,58 

—  Nébuleuses  découvertes  et  observées  à  V Observatoire  de  Marseille,  par 
M.  E.  Stephan. 

—  Sur  la  théorie  des  roues  hydrauliques  :  théorie  de  la  roue  à 
réaction  ;  par  M.  de  Pambour. 

—  Equation  aux  dérivées  partielles  des  vitesses,  dans  un  solide 
homogène  et  ductile  déformé  parallèlement  à  un  plan,  par  M.  J. 
Roussinesq.  —  La  théorie  de  la  déformation  plane  des  solides  ductiles 
comprend,  non-seulement  les  lois  de  la  distribution  des  pressions 
exercées  aux  divers  points  de  ces  corps,  lois  dont  j'ai  résumé  les  prin- 
cipales dans  deux  précédents  articles  (Comptes  renoue,  22  et  29  jan- 
vier 4872),  mais  encore  et  surtout  la  détermination  des  déplacements 
que  les  molécules  y  subissent  les  unes  par  rapport  aux  autres.  Les 
augmentations  de  ces  déplacements,  pendant  un  temps  infiniment 
petit,  dépendent  elles-mêmes  des  vitesses  des  divers  points  à  l'instant 
considéré;  ce  nouveau  problème  se  ramène  en  définitive  à  déterminer 
les  vitesses  produites  dans  tout  le  corps  à  une  époque  quelconque,  ou 
seulement  les  rapports  qu'elles  ont  entre  elles,  car  la  vitesse  absolue 
d'une  ou  de  plusieurs  molécules  sera  directement  donnée  dans  chaque 
question  particulière,  et  Ton  en  déduira  celles  de  toutes  les  autres. 


322  LES  MONDES, 

Citons  ce  résultat  curieux  d'analyse.  La  condition  d'incompressi- 
bilité revient  à  dire  que,  de$  deux  composantes  de  la  mime  en 
chaque  pêi^t  suivant  lw  normale*  «  deux  systèmes  de  cylindres 
orthogonaux,  nh&cvnp  §$t  égale  à  la  dérivée  d'une  certain^  fonc- 
tion ty  suivant  la  direction  de  Vautre,  dérivée  prise  avec  son  signe 
pour  l'une  d'elles,  et  avec  un  signe  contraire  pour  Vautre. 

—  Sur  quelques  points  du  calcul  inverse  des  différences,  par 
M.  Ed.  Combescure. 

—  Détermination  de  la  liaison  géométrique  qui  existe  entre  les 
éléments  de  la  courbure  des  deux  happes  de  la  surface  des  centres 
de  courbure  principaux  d'une  surface  donnée,  par  M.  A.  Mannheim. 

—  Sur  Cemploi  des  lames  élastiques  vibrantes  comme  moyen  de 
propulsion,  par  M.  du  Tastes.  —En  réponse  à  la  Note  de  M.  Giotti 
insérée  dans  le  Compte  rendu  du  15  janvier,  il  se  borne  *à  affirmer 
qu'il  n'a  été  fait  à  Tours  aucune  expérience  relative  au  propulseur 
à  lame  élastique,  autre  que  les  siennes,  exécutées  sur  un  petit 
modèle,  et  que  le  bateau  construit  aux  frais  dq  M.  Ciotti  n'est 
qu'une  reproduction  du  dispositif  que  lui-même  a  fait  connaître  & 
Jtf.  Ciotti.  C'est  ce  que  peuvent  affirmer  plusieurs  personnes  nota- 
bles de  Tours,  qui  sont  au  courant  de  la  question. 

—  Sur  la  température  de  la  surface  solaire.  Réponse  au  fl.  P. 
Secchi,y&r  M.'Ë.  Vicaire. —  «C'est  un  fait  bien  connu  que  le 
rayonnement  n'est  pas  un  phénomène  purement  superficiel,  qu'il 
émane  d'une  couche  d'épaisseur  sensible,  et,  eomme  preuve  que 
cette  épaisseur  augmente  avec  la  température,  je  suis  heureux  de 
pouvoir  citer  la  belle  observation  du  P.  Secohi  sur  la  transparence 
du  fer  incandescent.  D'après  cet  aperçu,  la  loi  de  Newton  serait, 
on  le  voit,  la  loi  du  rayonnement  élémentaire,  eelle  de  Duiong  et 
Petit  donnerait  le  rayonnement  total  des  corps  d'épaisseur  indé- 
finie, et  en  particulier  des  corps  athermanes  d'épaisseur  notable, 
comme  ceux  sur  lesquels  ees  physiciens  ont  opéré.  Peur  les  corps 
plus  ou  moins  diathermanes  d'épaisseur  limitée,  on  aurait  des  lois 
intermédiaires.  •'  •   ''*->'• 

Or,  pour  le  Soleil,  si  l'on  admet,  avec  H.  Paye  et  avee  le  P. 
Secchi,  que  la  masse  intérieure  est  an  moins  aussi  ehaude  que  ta 
suiface,  nul  doute  qu'on  ne  soit  dans  le  cas  d'une  épaisseur  indé- 
finie, surtout  après  les  expériences  de  M.  Pranckland  sur  le  pou- 
voir éclairant  des  gbz  comprimés.  La  loi  de  Newton  ne  serait  donc 
nullement  applicable. 

Mais  si  l'on  revient  à  l'hypothèse  du  noyau  obscur,  et  je  deman- 
derai prochainement  à  l'Académie  la  permission  de  lui  exposer 


LES  MOiNDES.  323 

les  raisons  qui  me  portent  à  le  faire,  la  théorie  que  je  viens  d'es- 
quisser nous  explique  pourquoi  le  Soleil,  s'il  émet  incomparable^ 
aient  plus  de  chaleur  que  ne  l'indiquerait  la  loi  de  Newton,  en 
émet  cependant  moins  que  ne  l'exigerait  la  loi  de  Dulong  et  Petit. 
C'est  que  la  couche  rayonnante  se  compose  de  deux  parties  ?  les 
granulations  lumineuses  et  le  milieu  relativement  ofcseur  dans 
lequel  elles  flottent.  Ces  dernières  parties,  peu  épaisses,  eu  égard 
à  leur  pouvoir  émissif,  rayonneraient,  suivant  la  loi  de  Newton, 
une  quantité  très-faible  de  chaleur;  les  granulations,  au  contraire, 
se  comportant  comme  des  corps  d'épaisseur  indéfinie  ou  au  moins 
très-grande,  suivraient  à  peu  près  la  loi  de  Dulong  et  Petit. 

J'ajouterai  encore  une  réflexion.  Quelle  que  soit  la  loi  réelle,  la 
proportionnalité  conduira  évidemment  à  des  résultats  d'autant  moinB 
erronés  que  les  termes  à  comparer  seront  plus  rapprochés  l'un  de  l'au- 
tre. Or,  en  prenant  pour  terme  de  comparaison  un  thermomètre  à  la 
température  ordinaire,  la  proportionnalité  donne,  pour  le  Soleil,  des 
millions  de  degrés  ;  si  l'on  part  d'un  foyer  de  locomotive,  on  ne  trouve 
plus  que  420  000  degrés  au  maiimum  ;  si  Ton  prend  les  charbons  de 
l'arc  voltaïque,  on  en  revient  à  quelques  milliers  de  degrés.  Ne  faut-il 
pas  conclure  de  là  qu'en  prenant  son  terme  de  comparaison  tant  soit 
peu  plus  haut  «a  le  trouverait  égal  è  la  température  même  du  Soleil.» 

-^  Sur  les  raies  d'absorption  produites  dans  le  spectre  par  les  som 
huions  des  acides  hypoazotique,  hypoehlorique  et  chloreux,  par 
M.  D*  Gernez.  «*-  M*  Kundt  a  vu  le  premier  que  l'acide  hypoazotique 
liquide  donne  un  spectre  d'absorption,  dont  la  position  moyenne  coïn- 
cide avee  des  raie?  du  spectre  d'absorption  de  la  vapeur. 

Ces  bandes  ne  se  montrent,  à  la  température  ordinaire,  que  dans  la 
région  du  spectre  qui  n'est  pas  entièrement  absorbée  par  la  coloration 
rouge  intense  du  liquide  ;  mais  M.  Gernez  a  constaté  qu'à  la  basse 
température,  le  liquide  très-peu  coloré  laisse  passer  les  rayons  verts  et 
une  partie  des  rayons  bleus,  et  l'on  observe  alors  un  plus  grand  nom- 
bre de  raies  dont  on  peut  vérifier  la  coïncidence  avec  les  raies  les  plus 
saillantes  du  spectre  de  la  vapeur. 

Cette  circonstance  l'a  conduit  à  essayer  de  diluer  l'acide  hypoazoti- 
que pour  obtenir  un  liquide  qui  ne  fût  que  peu  coloré  à  la  température 
ordinaire  et  qui  laissât  passer  toutes  les  couleurs  du  spectre,  et  à  cher- 
cher leur  action  sur  la  lumière.  Il  a  reconnu  que  l'acide  hypoazotique 
se  dissout  à  la  température  ordinaire,  sans  altération,  dans  la  benzine, 
la  nitrobenzine,  le  sulfure  de  carbone,  le  chloroforme,  etc.;  que  ces 
dissolutions  présentent  les  mêmes  raies  que  l'acide  hypoazotique 
liquide,  mais  qu'on  en  distingue  un  plus  grand  nombre  si  la  dissolu* 


324  LES  MONDES. 

tion,  convenablement  étendue;  n'absorbe  totalement  que  la  région 
violette  du  spectre  :  les  raies  que  l'on  observe,  tout  en  restant  moins 
distinctes  que  celles  du  spectre  d'absorption  de  la  vapeur,  forment  un 
système  qui  s'en  rapproche  davantage,  à  mesure  que  l'on  opère  sur  un 
liquide  plus  transparent  et  avec  une  source  lumineuse  plus  intense, 
telle  que  la  lumière  de  Drummond. 

—  Béponse  aux  objections  faites  par  M.  Ledieu  à  l'emploi  du 
gyroscope  marin,  par  M.  E.  Dubois.  —  «  Les  expériences  que  nous 
venons  de  faire,  dans  un  canot  du  Bougainville,  en  rade  de  Brest, 
nous  ont  démontré  que  la  triple  suspension  à  la  Cardan  que  porte 
l'instrument  lui  donnera  à  bord  d'un  navire,  même  par  mauvais 
temps,  toute  la  stabilité  désirable  ;  nous  avons  pu  aussi,  à  l'aide  d'une 
alidade  très-légère,  fixée  sur  l'aiguille  du  gyroscope,  en  relevant  un 
point  très-éloigné  de  la  côte,  nous  assurer  de  l'invariabilité  presque 
absolue  du  plan  de  rotation.  Je  dis  presque  absolue,  parce  que,  eu 
égard  aux  besoins  de  la  navigation,,  nous  pouvons,  pour  les  trois  ou 
quatre  minutes  que  dure  le  changement  de  cap  du  bâtiment,  négliger 
l'influence,  sur  la  position  relative  du  plan  de  rotation,  du  mouvement 
de  rotation  de  la  Terre.  » 

—  Observations  relatives  aux  expériences  communiquées  récem- 
ment  par  M.  A.  Pôey,  concernant  l'effet  de  la  lumiàreviolette  sur  la 
végétation,  par  M.  Baudrimont.  —  «  J'ai,  depuis  Tannée  4858,  fait 
dés  expériences  du  même  ordre  sur  des  végétaux  appartenant  à  diver- 
ses familles,  et  j'ai  obtenu  des  résultats  tout  à  fait  inverse*  de  ceux 
qui  sont  annoncés  par  M.  Pôey.  Je  puis  affirmer  que  toutes  les  cou- 
leurs, sans  exception,  ont  été  défavorables  à  la  végétation,  et  que  nulle 
ne  Ta  été  plus  que  la  violette  :  toutes  les  plantes  éclairées  par  cette 
couleur  sont  mortes  les  premières  ;  après  le  violet,  la  couleur  la  plus 
funeste  a  été  le  vert.  Le  bleu,  situé  entre  les  deux,  au  point  de  vue 
optique,  n'a  point  donné  d'aussi  mauvais  résultats. 

Pour  ce  qui  concerne  les  animaux,  les  expériences  qui  ont  été  faites 
ne  sont  point  asstz  nombreuses  pour  qu'il  soit  possible  d'^rieif  dé- 
duire de  positif.  » 

—  Aurore  boréale  du  A  février.  Les  Comptes-rendus  donnent 
l'analyse  des  récits  de  cinquante  observateurs  nouveaux. 

—  M.  Zaliwski  adresse  une  Note  concernant  la  théorie  du  siphon. 
Il  signale  comme  Tune  des  particularités  qui  sont  dignes  de  remarque, 
que.  le  siphon  peut  fonctionner  sans  que^sa  petite  branche  plonge 
dans  le  liquide. 

PARI*.  —   TYP.  WAlJAR,  RUE  BONAPARTE,  44. 


N°  9.  1872; 


CHRONIQUE  SCIENTIFIQUE  DE  LA  SEMAINE 


Éâtk  descendance  de  l'homme  et  la  «élection  sexuelle» 

par  Ch.  Darwin.  Vol.  in-8°  de  xv-452  pages.  Paris.  Reinwald,  15,  rue 
des  Saints-Pères,  i  872.  —  Cet  ouvrage  a  pour  but  d'étendre  à  l'homme 
la  trop  célèbre  doctrine  de  l'origine  des  espèces  par  évolution  et 
transmutation  ;  il  a  été  traduit  en  français  par  M.  Moulin ié, de  Genève,  et 
il  est  enrichi,  nous  dirions  mieux,  travesti,  par  une  préface  de  M,  Garl 
Vogt,  qu'on  dirait  écrite,  comme  celle  de  Madame  Clémence  Royer,  dans 
le  but  unique  de  compromettre  au  plus  haut  degré  le  vénérable  M.  Dar- 
win, en  lui  imprimant  vigoureusement,  cruellement, les  stigmates  odieux 
de  l'athéisme  et  du  matérialisme.  Comme  on  pourrait  croire  que  nous 
exagérons,  nous  nous  faisons  un  devoir  de  citer  ces  quelques  lignes,  p.  xi, 
de  la  préface  : 

«  Démontrer  qu'il  n'j  a  pas  de  place,  ni  dans  le  monde 
inorganique,  ni  dans  le  monde  organique,  pour  une  force 
tierce  indépendante  de  la  matière,  et  pouvant  iaçonner 
celle-ci  suivant  son  gré  ou  son  caprice,  tel  est,  ce  me  semble, 
le  véritable  noyau  de  ce  qu'on  est  convenu  d'appeler  le 
Darwinisme;  son  essence  intime  ne  peut  se  définir  aytrement, 
suivant  mon  avis.  11  n'importe  que  les  uns  suivent  cette  di- 
rection, pour  ainsi  dire  instinctivement,  sans  se  rendre 
compte  des  derniers  résultats  auxquels  elle  doit  nécessaire- 
ment conduire,  tandis  que  les  autres  savent  directement  le 
but  vers  lequel  ils  tendent; — l'important  est  que  cette  direc- 
tion se  trouve,  comme  on  dit,  dans  l'air,  qu'elle  s'imprime 
par  le  milieu  spirituel  dans  lequel  vit  l'homme  scientifique  à 
tous  les  travaux,  et  qu'elle  s'assoie  même  à  côté  de  l'adver- 
saire pour  corriger  ses  épreuves  avant  qu'elles  ne  passent  à 
la  publicité...  » 

Quelle  sortie,  et  aussi  quelle  inconséquence  !  Parler  de  monde  spirituel, 
quand  on  a  dit  carrément  de  la  nouvelle  école  :  «  On  ne  part  plus  de 
tidèe  d'un  principe  immatériel  de  la  vie  qui  n'est  combiné  avec  le  corps 

N«  9,  t.  XXVII,  29  février  1872.  24 


326  LES  MONDES 

que  temporairement,  et  qui  continue  son  existence  même  après  la  destruc- 
tion de  cet  organisme  par  lequel  seul  il  se  manifeste..»  On  part  du  prin- 
cipe que  force  et  m±tière  ne  sowt  qu'un,  que  tout,  dans  les  corps  or- 
ganiques comme  inorganiques,  n'est  que  transformation  et  transposition 
incessantes  de  la  la  matière.  »  (Page  th.) 

Le  darwinisme  consisterait  donc  essentiellement  à  nier  Dieu  et  à  nier 
l'âme  en  général,  l'àme  humaine  en  particulier,  et  cette  double  néga- 
tion ferait  le  nec  plus  ultra}  le  terme  final,  la  grande  conquête  de  la 
science  moderne.  A  ce  compte,  Darwin  serait  un  hypocrite,  car  il  n'a 
jamais  nié  ni  Dieu  ni  l'âme.  À  ce  compte  aussi,  tous  les  savants  véritables, 
mathématiciens,  physiciens,  astronomes,  etc.,  seraient  des  menteurs  ou 
des  dupes;  puisque  nous  voyons  les  plus  éclairés  de  tous,  les  Claude 
Bernard,  les  Tyndall,  les  Thomson,  s'incliner  respectueusement  devant 
le  mystère  de  la  vie  et  de  l'esprit.  Ah!  pourquoi  donc  faut-il  que  la  lo- 
gique et  le  bon  sens  aient  fatalement  disparu  du  monde  ?  Pourquoi  faut-il 
que,  manquant  à  toutes  les  règles  du  raisonnement,  la  prétendue  science 
s'obstine  à  donner  aux  faits  une  tendance  et  une  portée  qu'ils  n'ont 
nullement.  José  dire  du  livre  de  Darwin,  comme  de  tous  les  livres  de 
son  école,  que  parmi  tous  les  faits,  et  en  nombre  immense  qui  s'y  trou- 
vent, il  n'en  est  pas  un  qui  ne  puisse  être  accepté  par  la  foi  la  plus 
sincère;  et  que  les  conclusions  opposées  à  nos  dogmes  chrétiens  sont 
des  assertions  gratuites  complètement  en  dehors  et  au  delà  des  faits.  Je 
vais  le  prouver  en  quelques  lignes.  Cari  Vogt  résume  ainsi  le  livre  de  la 
descendance  de  l'homme  :  «  M.  Datwin  prend  l'homme  tel  qu'il  se  pré- 
«  sente;  aujourd'hui  il  examine  s°s  qualités  corporelles,  morales  et  intel- 
«  lectoelles,  et  recherche  les  causes  qui  doivent  avoir  concouru  à  la 
«  formation  de  ces  qualités  si  diverses  et  si  compliquées.  Il  étudie  les 
«  effets  qu'ont  produits  ces  mêmes  causes  en  agissant  sur  d  autres  orga- 
«  nismes,  et  trouvant  des  effets  analogues,  il  conclut  que  des  causes 
«  analogues  ont  été  en  jeu.  La  conclusion  finale  de  ces  recherches, 
a  conduites  avec  une  sagacité  rare  et  égalée  seulement  par  une  érudition 
a  hors  ligne,  est  que  l'homme,  tel  que  nous  le  voyons  aujourd'hui,  est 
«  le  résultat  d'une  série  de  transformation 3  accomplies  pendant  les  der- 
«  nières  périodes  géologiques.  » 

Evidemment  la  conclusion  n'est  pas  enfermée  dans  le3  prémisses,  et 
ce  n'est  plus  de  la  science,  de  la  science  positive  surtout,  qui  n'admet 
que  des  faits  et  des  lois,  mais  une  conjecture  et  une  hypothèse.  Admet- 
tons que  restant  mieux  dans  le  domaine  de  la  science,  M.  Darwin  ou 
M.  Vogt  :  i°  fassent  à  cet  énoncé  ces  corrections  :  Doivent  avoir  concouru, 
lisez,  pourraient  avoir  concouru;  Il  conclut  que  des  causes  analogues 
ONT  ÉTÉ  en  JEU,  lisez  ;  que  des  causes  analogues  auraient  fpu  être  enjeu; 


LES  MONDES  327 

L'HOMME  TEL  QUE  NOUS  LE  VOYONS  ÀUJOUAL'HUI  EST  LE  RÉSULTAT,  lisez  : 

Vhommê  tel  qu'il  est  aujourd'hui  pourrait  scientifiquement  ou  abstr active- 
ment parlant  être  le  résultat;  %•  qu'ils  renoncent  à  la  prétention  de  vou- 
loir imposer  comme  un  fait  ce  qui  n'est  qu'une  possibilité  théorique  ;  les 
droits  de  la  logique  auront  été  respectés,  la  liberté  de  la  science  aura  été 
sauvegardée  sans  qu'elle  ait  assumé  la  fatale  responsabilité  d'opposer 
des  transformations  imaginaires  à  un  fait  presque  historique  et  à  un 
dogme  accepté  par  toutes  les  sociétés  chrétiennes  et  digne,  par  consé- 
quent, du  respect  de  tout  homme  éclairé.  Il  faudrait  encore  admettre  que 
les  lois  de  ces  évolutions  et  de  ces  transformations  explicatives,  non  moins 
que  la  loi  de  la  gravitation  universelle  de  Newton, supposent  et  affirment 
un  législateur  suprême  :  c'est  là  certainement  le  fond  de  la  pensée  de 
M.  Darwin.  Savants,  savants,  faites  de  la  science  et  ne  faites  pas  de  la  re- 
ligion ;  accumulez  les  découvertes  et  les  faits,  multipliez  efforts  sur  efforts 
pour  pousser  aussi  loin  que  vous  le  pourrez  l'explication  scientifique  des 
phénomènes  de  la  nature  ;  mais  gardez-vous  d'opposer  vos  prétendues 
conquêtes  aux  traditions  de  l'humanité  et  aux  révélations  de  la  foi;  ce 
n'est  pas  à  vous,  c'est  à  nous  à  juger  si  vos  progrès  sont  conciliâmes  ou 
inconciliables  avec  nos  dogmes. 

Pour  mieux  faire  ressortir  encore  l'étrange  aberration  d'esprit  qui 
entraine  la  nouvelle  école  à  outrer,  à  l'excès,  la  portée  des  faits  qu'elle 
découvre,  qu'il  me  soit  permis  de  citer  un  second  passage  de  la  préface 
de  M.  Vogt,  page  vu. 

• 

«  On  part  du  principe  que  force  et  matière  ne  sont  qu'un... 
Et  en  appliquant  ce  principe  à  l'étude  des  corps  organisés 
et  en  ^affranchissant,  en  un  mot,  de  toute  idée  préconçue 
et  implantée,  on  arrive  non-seulement  à  des  résultats  et  a 
des  conclusions  qui  doivent  rejaillir  fortement  sur  d'autres 
domaines,  on  est  même  conduit  à  la  conception  d'expé- 
riences et  d'observations  qui  auraient  été  impossibles,  ini- 
maginables, dans  une  époque  antérieure,  où  toutes  les  pensées 
étaient  dominées  par  l'idée  d'une  force  vitale  particulière. 
Dans  ces  temps-là  un  mouvement  était  le  résultat  d'une 
volonté  dictée  p#r  cette  force  vitale,  aujourd'hui  il  est  de- 
venu la  conséquence  nécessaire  d'une  irritation  du  système 
nerveux...  (1)  Aujourd'hui  nous  décapitons  un  animal,  nous 

(i  j  Quel  galimatias  !  Admettons  que  l'organisme  humain  sort  une  maohine  1  Cette 
machine  n'en  aura  pas  moins  ses  mouvements  volontaires?  Or,  comment  comprendre 


328  LES  MONDES. 

le  faisons  moijbir  complètement  (sic  /),  mais  après  cette  mort 
iious  injectons  dans  la  tête  du  sang  d'un  autre  animal  de  la 
même  espèce,  battu  et  chauffé  au  degré  nécessaire,  et  cette 
tète  rouvre  ses  yeux  ;  et  ses  mouvements  nous  prouvent  que 
son  cerveau,  organe  de  la  pensée,  fonctionne  de  nouveau  et 
de  la  même  manière,  comme  avant  la  décapitation.  » 

On  pourrait  croire  que  j'invente  ce  langage  étrange,  et  cependant  c'est 
bien  le  fameux  Cari  Vogt  qui  parle,  mais  qui  parle  pour  ne  rien  dire. 
En  effet,  qui  oserait  croire  et  affirmer  que  cette  expérience  soit  la  néga- 
tion du  principe  de  vie  et  de  mouvement  des  animaux  ;  que  le  cerveau 
d'un  animal  bien  mort  devient  après  comme  avant  la  mort  l'organe 
d'une  pensée  actuelle,  parce  qu'il  a  été  injecté  de  sang  chaud.  Ah! 
M.  Vogt,  si  vous  étiez  moins  prévenu  et  moins  ignorant,  vous  ne  ver- 
riez dans  cette  belle  expérience  de  M.  Brown-Sequard  que  la  confirmation 
éclatante  d'une  affirmation  très-mystérieuse  de  Moïse,  d'une  parole  ré- 
vélée :  le  sang  est  l 'âme  des  animaux,  la  cause  médiate  des  mouvements 
de  l'organisme  animal.  Si  l'on  y  avait  bien  pensé,  ou  plutôt  si  l'heure 
avait  sonné,  car  chaque  découverte  a  son  heure,  il  y  a  longtemps  que  ces 
textes  des  livres  saints  auraient  inspiré  la  brillante  expérience  faite  il  y 
a  seulement  quelques  années,  et  qui  est  devenue  à  son  tour  un  trait 
d'union  entre  la  science  et  la  révélation. 

Répétons-le  encore  en  terminant,  la  conclusion  que  M.  Vogt  veut  in- 
fliger à  Darwin  ne  résulte  en  aucune  manière  des  faits  et  des  raisonne- 
ments légitimes  du  livre  de  Darwin.  Plus  que  douteuse  pour  les  êtres 
privés  de  raison,  la  transmutation  des  espèces  est  bien  moins  démontrée 
encore  dans  son  extension  à  l'homme.  C'est  un  système  quelquefois  spé- 
cieux, mais  ce  n'est  nullement  une  théorie  ;  le  monde  de  Darwin  n'est 
pas  du  tout  le  monde  réel  (le  monde  de  la  Genèse),  essentiellement  dis- 
continu, où  les  transitions  lentes  sont  l'exception,  où  les  sauts  brusque3 
sont  la  règle  générale,  où  la  variabilité  des  espèces  se  montre  à  peine 
et  n'atteint  pas  les  caractères  essentiels,  où,  au  contraire,  l'invariabilité, 
la  fixité  des  espèces  est  un  fait  plus  éclatant  que  le  jour. 

Ce  qui  frappe  aussi  dans  le  livre  de  Darwin,  c'est  sa  crédulité  extrême. 
Sa  grande  autorité  en  faveur  de  l'antiquité  de  l'homme  est  M.  Boucher  de 
Perthe,  autorité  aujourd'hui  démolie.  Les  terrains  d'Abbeville  sont  ré- 
cents :  il  est  trop  probable  que  la  fameuse  mâchoire  a  été  mise  en  place 
par  des  ouvriers  malins  !  et  M.  Boucher  de  Perthe  a  poussé  la  crédulité 

une  machine  à  mouvement*  volontaires  sans  mécanicien  !  Et  quel  peut  être  le  mécani- 
cien de  l'organisme  humain,  l'agent  qni  provoque  l'irritation  du  système  nerveux 
dont  le  mouvement  est  l'effet  nécessaire,  sinon  une  entité  distincte  de  la  machine 
intelligente  tt  active  T 


i 


LES  MONDES.  329 

jusqu'à  invoquer  dans  une  réunion  de  spirites  l'Ame  du  sauvage  qui  avait 
animé  la  trop  bruyante  relique.  Au  moins  n'était-il  pas  matérialiste. 

Il  faut  absolument  à  Darwin  que  l'homme  soit  né  primitivement 
sauvage,  et  par  conséquent  qu'une  race  sauvage  puisse  passer  par  elle* 
môme,  in  and  in,  de  la  barbarie  à  la  civilisation.  Rien  n'est  plus  douteux, 
rien  n'est  plus  contredit  par  l'histoire.  Sir  John  Lubbock  lui-môme  ne 
cite  pas  un  seul  exemple  authentique  de  cette  civilisation  sur  place  ;  il 
aurait  seulement  montré,  ce  sont  les  propres  expressions  de  Darwin,  qu$ 
quelques  sauvages  ont  un  peu  progressé  dans  quelques-uns  de  leurs  arts 
simples  (p.  193).  N'importe,  révolution  et  la  transmutation  sont  des 
dogmes  essentiels,  devant  lesquels  tout  doit  s'incliner.  Et  voyez  iusqu'où 
va  le  parti  pris!  Jusqu'à  la  négation  des  faits  les  plus  certains  :  «  Un 
équipage  égaré  de  quelque  pays  à  demi-civilisé,  naufragé  sur  les  côtes, 
n'aurait  pas,  si  on  en  juge  d'après  le  peu  d'influence  qu'exercent  la  plupart 
des  missionnaires,  produit  d 'effet  marqué  sur  les  indigènes,  à  moins  qu'ils 
ne  fussent  déjà  quelque  peu  avancés.  »  Quelques-uns  ont  voulu  faire  de 
M.  Darwin  un  bonhomme.  Mais  cette  phrase  est  pleine  d'habileté  et  de 
ruse  !  Voyez,  en  effet,  ces  réserves  perfides,  à  demi-civilisés  !  (pourquoi 
pas  civilisés  !)  la  plupart  des  missionnaires1,  à  moins  qu*ils  ne  fussent  déjà 
quelque  peu  avancés.  Mais  ce  sont  des  finesses  cousues  de  fil  blanc  !  Nier 
que  les  missionnaires  aient  civilisé  le*  sauvages,  c'est  nier  le  soleil. 

M.  Cari  Yogt  ose  encore  stigmatiser  l'intolérance  des  dogmes  chré- 
tiens !  Et  cela  dans  un  moment  où,  à  Genève,  au  centre  de  la  révolte  et  de 
la  liberté  de  conscience,  lui,  Vogt,  demande  en  vain  pour  les  catholiques 
une  hnmble  place  au  soleil  !  Alors  que  des  cris  de  rage  retentissent 
contre  nous  de  tous  les  points  de  l'horizon!  C'est  vraiment  par  trop  au- 
dacieux. —  F.  Moigno. 

Electro-aimant  monstre.  —  M.  Henry  Morton  nous  écrit, 
en  date  du  10  février  :  c  A  la  page  106  du  volume  courant  des  Mondes, 
vous  faites  mention  du  gros  aimant  construit  récemment  en  Amérique. 
Cet  instrument  n'a  pas  été  commandé  pour  moi  personnellement,  mais 
pour  notre  collège,  sur  des  plans  étudiés  et  dressés  par  M.  le  profes- 
seur A.-M.  Mayer  et  moi.  En  outre,  il  n'a  pas  été  calculé  de  telle 
sorte  qu'il  pût  soulever  un  poids  de  40  à  50  tonnes,  ce  qui  aurait  été 
absolument  impossible,  d'après  toutes  les  expériences  connues,  mais 
seulement  un  poids  de  4  à  5  tonnes ,  tout  ce  que  la  théorie  permettait 
d'espérer,  et  qu'il  porte  réellement.  J'espère  pouvoir  vous  envoyer 
bientôt  un  compte  rendu  des  merveilles  qu'il  a  déjà  accomplies.  » 

M.  Morton  écrit  en  outre  :  «  A  ce  que  vous  avez  dit  de  l'Institut 
Stevens,  ajoutez,  je  vous  en  prie,  que  dans  notre  cabinet  de  physique, 


,^f"i  t«: 


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R^.. 


330  LES  MONDES. 

toutes  les  armoires  regorgent  d'appareils  et  instrumente  français.  J'ai 
fini  par  acheter  peu  à  peu  le  catalogue  enlierdeM.Salleron,etvous  savez 
que  la  collection  toute  française  des  instruments  d'optique  commandée 
par  feu  M.  Banker  à  MM.  Soleil  et  Duboscq  remplit  ici  une  salle  im- 
mense. Nous  avons  été  enchantés  tout  récemment ,  M.  le  professeur 
Meyer  et  moi,  des  résultats  que  nous  a  donnés  le  magnifique  réfrac- 
tomètre  intefférentiel,  dont  vous  avez  le  premier  donné  la  descrip- 
tion dans  le  Cosmos  il  y  a  quelques  années.  La  délicatesse  de  ses 
indications  surpasse  tout  ce  que  nous  pouvions  imaginer,  a 

Oxygène  à  bon  marché,  ammoniaque  préparée  avee 
l'azote  de  l'air.  —  La  livraison  du  23  février  de  Chemical  New'ê 
contient  une  note  qui  a  pour  titre  :  Sur  l'utilisation  des  substances 
perdues  des  liquides  de  la  fabrication  du  gaz  ,  communiquée  par 
M.  Smith  à  la  Société  philosophique  de  Manchester,  et  dans  laquelle 
je  lis,  page  92,  colonne  II,  ligne  4  et  suivantes  :  «  On  rencontre  dans 
les  hauts  fourneaux  un  autre  cyanure  remarquable,  le  cyanure  de 
titanium,  logé  au  cœur  du  foyer  sous  forme  de  très-beaux  cris- 
taux couleur  de  cuivre.  Quelques  minerais  de  fer  irlandais  con- 
tiennent jusqu'à  40  pour  cent  d'acide  titanique,  et  en  raison  de  la 
faculté  remarquable  possédée  par  ce  métal  d'absorber  et  de  condenser 
l'azote ,  il  est  permis  de  penser  qu'il  est  appelé  à  jouer  un  rôle 
spécial  dans  la  chimie  de  l'avenir.  »  Ce  rôle,  je  le  connaissais  depuis 
plusieurs  mois,  et  sa  découverte  sera  une  source  de  gloire  et  aussi  de 
richesses  très-grandes,  nous  l'espérons  du  moins.  Je  prie  mes  lecteurs 
de  relire  dans  les  Mondes  du  il  janvier,  tome  XXVI,  page  45,  ligne  5 
et  suivantes,  l'article  un  peu  mystérieux,  je  l'avoue,  dans  lequel 
j'annonce  que  l'oxygène  sera  bientôt  le  résidu  secondaire  d'une  opé- 
ration dont  le  produit  principal  payera  largement  tous  les  frais.  Ils  y 
verront  qu'après  avoir  fait  absorber  l'oxygène  de  l'air  par  le  manga- 
nate  de  soude,  M.  Tessié  du  Motay,  au  lieu  de  laisser  l'azote  se  perdre, 
le  faisait  absorber  au  sein  d'une  seconde  cornue  par  une  substance 
merveilleuse,  qui  le  rend  à  l'état  d'ammoniaque  quand  elle  est  ensuite 
traversée  par  de  l'hydrogène.  Or,  cet  absorbant  n'est  pas  autre  que  le 
titane  dont  M.  Smith  a  entrevu  le  rôle,  et  qu'il  dit  assez  abondant 
dans  la  nature.  Il  nous  tardera  d'apprendre  que  M.  Tessié  du  Motay 
a  continué  ses  premiers  essais. 


LES  MONDES.  331 


ASTRONOMIE  PRATIQUE 


Phénomène*  d'astronomie  pratique  pour  l'année 

18»»,  par  M.-J.  Glàisuer;  traduit  de  l'anglais  par  M.  Franquet, 
lieutenant  de  vaisseau  en  retraite.  —  Extrait  de  la  Revue  maritime 
et  coloniale.  —  MARS.  La  Lune  sera  à  gauche  de  l'étoile  p'  du  Scor- 
pion dans  la  matinée  du  2,  et  à  droite  et  proche  la  planète  Saturne  dans 
la  matinée  du  5.  Elle  sera  dans  le  voisinage  de  Vénus  dans  la  soirée 
du  7  ;  dans  la  matinée  du  9  jusqu'à  7  h.  42  m.,  elle  précédera  Mer- 
cure, après  quoi  elle  passera  à  gauche  de  cette  planète.  Mars  se  trou* 
vera  à  l'Ouest  de  la  Lune  dans  la  soirée  du  iO  ;  Jupiter  et  la  Lune  se- 
ront près  l'un  de  l'autre  dans  la  matinée  du  49  ;  dans  l'après-midi  du 
même  jour,  la  Lune  et  Uranus  seront  dans  le  plus  grand  rapproche- 
ment  ;  dans  la  matinée  du  29 ,  la  lune  précédera  l'étoile  p'  du  Scorpion 
jusqu'à  5  h.  54  m.  du  matin,  après  quoi  l'étoile  précédera  la  Lune* 
Voici  les  heures  des  phases  ou  changements  de  la  Lune. 

D.  Q.  Le   2  à  7  h.  28  m.  du  soir  à  Londres,  7  h.  38  m.  à  Paris. 

N.  L.  Le   9  à  0  h.  59  m.  du  soir  à  Londres,  1  h.  08  m,  à  Paris. 

P.  Q.  Le  17  à  2  h.  25  m.  du  matin  à  Londres,  2  h.  34  m.  à  Paris. 

P.  L.  Le  25  à  \  h.  43  m.  du  matin  à  Londres,  1  h.  52  m.  à  Paris. 

La  Lune  est  à  son  périgée  dans  l'après-midi  du  6  ;  son  apogée  a  lieu 
le  18  dans  la  matinée. 

Mercure.  Le  lever  de  cette  planète  précède  le  lever  du  Soleil.de 
quelques  minutes  pendant  les  deux  ou  trois  premiers  jours  du  mois, 
et  l'intervalle  dont  le  coucher  du  Soleil  suit  celui  de  la  planète  diminue 
jusqu'au  18,  alors  Mercure  se  couche  4  m.  après  le  Soleil.  A  partir  de 
cette  époque,  il  devient  étoile  du  soir  :  vers  la  fin  du  mois  il  est  bien 
situé  pour  les  observations,  car  le  dernier  jour  il  se  couche  à  8  h.  20  m. 
du  soir,  1  h.  50  m.  après  le  soleil.  Il  se  trouve  en  conjonction  avec  la 
Lune  dans  la  matinée  du  9;  en  conjonction  supérieure  avec  le  Soleil 
dans  la  soirée  du  10  ;  dans  son  nœud  ascendant  pendant  la  matinée  du 
21;  il  est  près  de  Mars  daus  l'après-midi  du  24,  et  à  son  périhélie 
le  26. 

Vénus  se  lève  le  1er  à  5  h.  34  m.  du  matin,  ou  environ  1  h.  15  m. 
avant  le  Soleil  ;  le  16  à  5  h.  21  m.,  ou  51  m.  avant  le  Soleil  ;  et  le  31 
à  5  h.  0  m.,  ou  37  m.  avant  le  lever  du  Soleil;  l'intervalle  entre  le 
lever  de6  deux  corps  devient  ainsi  de  plus  en  plus  petit.  Vénus  est  pro- 
che de  la  Lune  dans  la  nuit  du  6  au  7. 


2  LES  MONDES. 

Mars  est  étoile  du  malin  :  l'intervalle  entre  le  coucher  du  Soleil  et 
coucher  de  la  planète  diminue  à  mesure  que  le  mois  s'écoule  et  s'é- 
id  de  1  h.  -12  m.  le  1er  (quand  Mars  se  couche  à  7  h.  '21  m.),  à 
i.  23  in.  vers  le  16,  et  se  réduit  à  un  peu  moins  de  1  h,  vers  le  34, 
and  la  planète  se  couche  à  7  h.  34  m.  Mars  est  près  de  la  Lune  dans 
près-midi  du  10. 

Jupiter  se  couche  à  3  h.  10  m.  du  matin  le  h",  ou  1  h.  i"  m.  avant 
lever  du  Soleil  ;  cet  intervalle  va  jusqu'à  2  h.  Il  m.  vers  le  16,  la 
mète  se  levant  tous  les  jours  de  plus  en  plus  matin,  et  il  est  de  2  h. 
m.  le  dernier  jour,  quand  Jupiter  se  couche  à  3  h.  3.  in.  du  matin, 
piter  sera  stationnaire  parmi  les  étoiles  dans  l'après-midi  du  15, 
jusqu'à  13  h.  30  m.  dans  la  matinée  du  10,  il  sera  situé  à  l'kst  de 
Lune,  mais  passé  ce  moment,  il  sera  à  l'Ouest  de  notre  satellite. 
Saturne  est  étoile  du  malin.  Voici  les  moments  de  son  lever  tous  les 
q  jours  du  mois  :  le  1"  à  4  h.  38  m.  du  matin  ;  le  6  à  4  h.  20  m.; 
H  à  4  h.  11m.;  le  16  à  3  h.  43  m.;  le  21  à  3  h.  25  m.;  le  26  à 
i.  6  m.;  et  le  dernier  jour' à  2  h.  47  m.  du  malin.  Il  se  trouvera  A 
ichc  de  la  Lune  dans  la  matinée  du  5  jus  ju'à8  h.  5  m. 

Eclipse*  pour  189*.  —  En  1872,  il  y  aura  deux  éclipses  de 
eil  et  deux  de  Lune,  les  deux  dernières  sont  très-petites;  en  même 
îpB  elles  sont  les  seules  éclipses  visibles  en  France.  Par  ordre  de 
e,  les  quatre  éclipses  sont: 

a  première,  éclipse  partielle  de  Lune,  le  22  mai  au  soir;  elle  corn- 
nce  à  10  h.  41  m.,  t.  in.  de  G.,  et  finit  à  11  h.  56  m.  même  temps 
>utez  9  minutes  environ  pour  avoir  le  tempB  moyen  de  Paris).  Au 
ment  de  la  plus  grande  phase,  11  h.  18  m.  du  soir,  t.  m,  de  G., 
h.  27  à  Paris,  la  9*  partie  environ  du  diamètre  de  la  Lune  sera 
is  l'ombre. 

A  deuxième  est  une  éclipse  annulaire  de  Soleil  visible  en  Asie, 
is  une  partie  de  l'océan  Pacifique,  danB  l'Archipel  des  Indes  Orieu* 
;s  et  dans  l'océan  Indien.  Elle  commence  le  6  juin  à  1  h.  29m.  du 
tin  par  5*  45  de  latitude  Nord  et  65°  de  longitude  Est  ;  elle  est  à  son 
ieu  vers  3  h.  27  m.  et  finit  à  5  h.  11  m.  du  matin,  t.  m.  de  G., 
27e  32'  de  latitude  Nord,  et  15b*  36'  de  longitude  Ouest. 
a  troisième  est  une  éclipse  partielle  de  Lune  encore  plus  petite  que 
lipse  n°  1 ,  car  au  moment  du  plus  grand  changement,  il  n'y  aura 
is  l'ombre  qu'un  peu  plus  du  43'  du  diamètre  de  notre  satellite. 
clipse  commencera  le  15  novembre  à  5  h.  2  m,  du  matin  et  unira 
h.  37  m.  t.  m.  de  G.,  n'ayant  duré  que  33  m.  Le  milieu  de 
;lipse  a  lieu  à  5  h.  19  m.  du  matin,  t,  ni.  de  G. ,  5  h.  2&  m.  à 


LES  MONDES.  333 

La  quatrième  et  dernière  éclipse  de  l'année  est  une  éclipse  de  Soleil, 
mais  elle  est  surtout  visible  en  mer  autour  du  pôle  Sud  et  dans  la  plus 
grande  partie  de  la  mer  du  Sud,  tandis  que  la  ligne  Nord  de  simple 
contact  traverse  le  continent  de  l'Amérique  méridionale  et  le  divise  en 
deux  parties  dans  la  plus  petite  desquelles,  la  partie  Sud,  le  phéno- 
mène est  visible.  L'éclipsé  centrale  commence  à  être  générale  le  30  no- 
vembre à  4  h.  97  m.  du  soir  par  15°  i'  de  latitude  Sud  et  173°  12'  de 
longitude  Ouest  ;  elle  est  à  son  milieu  à  6  h.  43  m.  par  53*  43*  de  la- 
titude Sud  et  403°  34*  de  longitude  Ouest,  et  elle  finit  à  8  h.  \  m.  du 
soir,  t.  m.  de  G.,  8  h.  JO  m.,  t.  m.  de  P.,  par  41°  20'  de  latitude  Sud 
et  42°  33  de  longitude  Ouest.  La  plus  grande  durée  de  la  totalité  du 
phénomène  est  47  secondes. 


REVUE  ÉTRANGÈRE,  PAR  M.   J.-B.   VIOLLET. 


0uv  le  Phylloxéra  TMtatrlx  #Je  la  vigne,  par  M.  le  doc- 
teur «Léger  (4). —Cet  insecte,  dont  le  classement  laisse  encore  de  Tin- 
certitude,  appartient  à  la  grande  famille  des  pucerons  ou  aphidiens, 
et  spécialement  à  une  espèce  qui.  an  lieu  d'attaquer  les  feuilles  on 
les  autres  parties  aériennes  des  plantes,  choisit,  pour  exercer  ses 
ravages,  les  parties  enfouies  dans  la  terre.  Il  est  de  la  forme  d'an 
œuf  un  peu  allongé,  d'une  couleur  orangée  ;  il  est  muni  de  trois 
paires  de  pattes,  d'une  paire  d'antennes  articulées,  d'une  trompe 
implantée  du  côté  du  ventre  ;  mais  il  est  dépourvu  d'appendices 
creux  déposant  une  liqueur  mielleuse,  comme  on  en  voit  chez  les 
antres  pncerons  ;  il  n'a  pas  non  plus  de  touffes  de  duvet.  On  le  ren- 
contre, surtout  lorsqu'il  approche  de  sa  métamorphose,  attaché  en 
groupe  aux  racines  des  ceps,  à  l'état  de  larves  sans  ailes,  qu'il  est 
impossible  de  confondre  avec  toute  autre  espèce  de  pucerons.  Par- 
venu à  l'état  d'insecte  ailé,  le  Phylloxéra  se  distingue  des  autres 
pucerons  en  ce  que  ses  petites  ailes  sont  horizontales  et  non  en 
forme  de  toit.  Il  a  de  gros  yeux  noirs,  sphériques,  de  dimension 


(1)  On  trouvera  dans  le  Bulletin  d'encouragement  pour  finiuslrie  nationale  (jaillet 
4874,  page  146)  le  rapport  officiel  d'une  commission  instituée  par  le  gouvernement 
pour  l'étude  de  cette  nouvelle  maladie  de  la  vigne  et  la  reoherohe  des  moyens  de 
s'opposer  ans  ravages  très-sérieux  de  ce  fléau .  Nous  avons  cm,  à  oause  de  l'importance 
du  sujet,  ne  devoir  pas  omettre  la  publication  du  travail  de  M.  le  Dr  Jaager.  Ce  n'est 
pas  un  double  emploi,  parce  que  l'on  y  trouvera  d'assez  nombreux  détails  complé- 
mentaires. 


334  LES  MONDES. 

exagérée  et  une  tache  sur  le  front.  Ses  antennes  se  composent  de 
trois  longs  articles,  portant  on  style  plus  menu  et  articulé. 

Ce  que  Ton  sait  des  mœurs  de  cet  insecte  ne  diffère  pas  de  celles 
des  autres  pucerons  de  racines,  c'est-è-dire  que  les  larves  sans  ailes 
se  donnent  des  œufs  productifs  sans  fécondation  et  prennent  un 
développement  rapide  pendant  tout  Tété,  jusqu'à  ce  que  Ton-voie 
enfin  apparaître  une  génération  ailée  dont  on  ne  connaît  encore  que 
les  femelles  (2).  Les  œufs,  relativement  gros,  d'un  beau  jaune,  pon* 
dus  par  les  mères  ailées,  donnent  au  bout  de  quelques  jours  les  pe- 
tites larves  qui,  de  deux  à  cinq  autres  jours  après,  selon  les  circon- 
stances, errent  en  cherchant  sur  les  racines  de  la  vigne  des  places 
qui  leur  conviennent  pour  s'y  fixer,  c'est-à-dire  des  crevasses  et 
surtout  des  blessures  dans  l'écorce. 

Alors  elles  enfoncent  leur  trompe  dans  les  parties  molles  du  tissu 
végétal,  pour  vivre  à  partir  de  ce  moment  d'une  manière  fixe  et 
constante,  en  se  nourrissant  aux  dépens  de  la  plante,  jusqu'à  la 
ponte  de  leurs  œufs.  Leurs  piqûres,  qui  attaquent  principalement 
les  jeûnes  racines,  occasionnent  une  sorte  de  brûlure  suivie  de 
pourriture.  Hors  de  terre,  on  observe  d'abord  sur  les  feuilles  des 
taches  jaunes  qui  s'étendent  progressivement,  envahissent  toute  la 
surface  de  la  feuille  et  en  déterminent  la  chute;  les  raisins  s'arrê- 
tent alors  dans  leur  croissance,  et  parviennent  cependant  à  leur 
maturité  lorsque  la  plante  n'est  pas  trop  fortement  attaquée;  mais 
ils  se  dessèchent  dans  le  cas  contraire,  et  plus  tôt  ou  plus  tard,  le 
cep  finit  toujours  par  périr. 

L'invasion  de  ces  insecles  ne  s'étend  guère  sous  terre,  de  racine 
à  racine,  et  les  petits  paraissent  se  porter  d'un  cep  à  l'autre  par 
les  extrémités  des  branches.  On  a  cependant  constaté,  par  des  ex* 
périences,  qu'ils  passent  quelquefois  aussi  d'une  racine  à  une  autre, 
sous  la  terre,  lorsque  la  distance  est  petite*  Les  individus  ailés 
peuvent  naturellement  porter  le  fléau  beaucoup  plus  loin,  et  sur* 
tout  dans  la  direction  du  vent. 

Les  circonstances  favorables  pour  l'accroissement  de  l'insecte 
sont  la  sécheresse  et  la  chaleur  de  l'atmosphère,  ainsi  que  la  sé- 
cheresse du  sol. 

La  France  méridionale  seule,  jusqu'à  ce  jour,  a,  depuis  1863,  été 
soumise  aux  attaques  de  cet  ennemi,  aussi  redoutable  que  l'oïdium, 
et  même  plus  funeste  encore,  puisque  l'on  n'a  jusqu'à  présent 
trouvé  aucun  autre  moyen  de  l'arrêter  que  de  submerger  les  ra- 

(*)  Le  Phylloxéra  malt  »  été  obterrétout  récemment. 


LES  MONDES    .  335 

cines;  mais  ce  moyen  n'est  praticable  que  dans  les  vignobles  de 
niveau,  et  d'ailleurs  il  exige  des  circonstances  spéciales.  Quelques 
personnes  ont  essayé  d'environner  les  racines  d'obstacles  destinés 
à  repousser  les  insectes,  ou  bien  de  les  arroser  de  substances  pro- 
pres à  détruire  ces  parasites  ruineux,  mais  une  partie  des  expéri- 
mentateurs n'ont  observé  aucun  effet  appréciable,  et  les  autres 
n'ont  obtenu  que  des  succès  douteux.  On  regarde  donc  générale- 
ment, dans  le  midi  de  la  France,  le  mal  comme  très-redoutable  et 
beaucoup  de  propriétaires  se  décident  à  arracher  leurs  vignes  ma* 
lad  es,  pour  consacrer  pendant  quelques  années  le  sol  à  d'autres 
cultures  (i).  {Wùrtembergischeswochenblatt  fur  landund  Forotmr- 
thschaft.) 

Heefcereh*  de  l'acidité   existante  dan»  lea  huile*, 

par  M.  Alwin  Rumplei.— -Pour  reconnaître  si  une  huile  ne  contient 
pas  d'acide  libre  ,  l'auteur  verse  dans  un  verte  à  expériences, 
jusqu'à  0m,  026  environ  du  fond,  une  solution  de  carbonate  de 
soude  assez  concentré  et  préparé  avec  de  la  soude  chimiquement 
pure.  Ce  carbonate  doit  être  cristallisé,  parce  qu'une  petite 
quantité  de  soude  caustique ,  contenue  dans  le  carbonate  de 
soude  non  cristallisé,  produit  toujours  une  émulsion  d^ns  une  huile 
quelconque.  On  verse  une  quantité  de  la  soluSion  convenable,  égale 
environ  à  celle  de  l'huile  à  essayer,  on  agite  soigneusement  le  mé- 
lange, et  on  le  laisse  reposer  pendant  quelques  minutes.  Si  l'huile 
est  parfaitement  neutre,  elle  s'élève  et  forme  une  couche  en  se  réu- 
nissant au-despus  de  la  solution  saline;  mais  si  elle  contient  de  l'a- 
cide, il  s'y  forme  aussitôt  une  émulsion  blanche  et  graisseuse,  qui 
forme  au-dessus  une  couche  composée  au  plus  de  quelques  gouttes. 
Quand  la  quantité  d'acide  est  forte,  l'émulsion  devient  si  épaisse 
que  l'on  peut  tourner  le  tube  sans  la  faire  déborder.  On  rend  la 

(l)  M.  le  ministre  de  l'agriculture  et  du  commerce,  dans  une  circulaire  qu'il  veint 
d'adresser  aux  préfet*,  indique  les  moyens  suivants,  recommandés  par  une  commission 
centrale,  constituée  près  de  son  ministère,  pour  la  recherche  des  moyens  destinés  à 
combattre  le  fléau  : 

a  La  commission  conseille  aux  viticulteurs  d'arracher  scrupuleusement  tout  plant 
de  vigne  dont  les  racines  sont  attaquées  par  le  puceron,  de  remuer  profondément  le 
sol  et  de  brûler  sur  place  le  cep  et  les  racines,  en  ajoutant  les  broussailles  nécessaires 
pour  soumettre  la  terre  infectée  de  pucerons  à  un  fort  écobuage. 

«  Dans  le  cas  où  l'insecte  attaque  les  feuilles,  il  y  développe  des  galles  placées 
à  leur  face  intérieure,  véritables  nids,  pleins  d'œufs  et  d'insectes  destinés  à  se  répan- 
dre sur  les  racines.  Pour  arrêter  leur  propagation,  il  est  indispensable  d'enlever  aveo 
le  plus  grand  soin  toutes  les  feuilles  attaquées.  » 


33K  LES  MONDES, 

réaction  encore  pins  marquée  si,  après  avoir  agité,  on  verse  dans  le 
verre  à  expériences  nne  solution  un  peu  concentrée  de  chlorure  de 
sodium;  et  si  Ton  agite  encore  un  peu,  on  voit,  en  effçt,  l'huile  se 
rassembler  et  l'émnlsion  se  former  beaucoup  plus  rapidement  sur 
la  surface,  que  quand  on  ne  se  sert  pas  de  chlorure  de  sodium.  La 
réaction  est  surtout  plus  frappante  encore  quand  on  mêle  0m,ÛJ6 
de  hauteur  de  solution  de  carbonate  de  soude,  avec  0",013  de  hau- 
teur d'huile  de  navette;  qu'après  avoir  agité,  on  verse  encore 
0B,013  de  hauteur  d'huile  de  navette  contenant  de  l'acide  libre,  et 
enfin  que  l'on  agite  de  nouveau.  Après  la  première  partie  de  l'ex- 
périence on  observe,  conformément  à  ce  qui  a  été  dit  plus  haut 
nne  prompte  séparation  d'huile  claire,  tandis  qu'après  la  seconde 
partie,  l'émulsion  se  manifeste  immédiatement.  L'auteur  croit  ren- 
dre un  service  aux  personnes  intéressées  dans  la  question,  en  pu- 
bliant sa  méthode,  qui  peut  être  exécutée  par  des  personnes  étran- 
gères à  la  science,  et  qui  conduit  plus  vite  et  plus  sûrement  au  but 
que  l'essai  ordinaire  où  l'on  emploie  une  lame  de  laiton.  Une  huile 
qui,  d'après  le  procédé  de  l'auteur,  donne  une  émulsion,  devient 
toujours  verte  sur  la  lame  de  laiton  avivée,  lors  même  qu'il  fau- 
drait attendre  pour  cela  quelques  jours.  M.  flûmpler  remarque 
d'ailleurs  en  passant  qu'il  n'a  trouvé  aucune  huile  végétale,  fabri- 
quée avec  le  secours  des  machines,  qni  pût  soutenir  son  analyse, 
excepté  celles  qu'il  a  préparées  lui-même  par  nne  méthode  de  son 
invention.  Il  est  possible  cependant  que  beaucoup  des  huiles  qu'il 
a  essayées  fussent  naturellement  exemptes  d'acide,  mais  se  fussent 
altérées  et  eussent  pris  de  la  rancidité  par  leur  séjour  dans  les  ma- 
gasins; beaucoup  sont  d'ailleurs  traitées  par  des  méthodes  qui  ne 
les  rendent  neutres  que  dans  l'imagination  des  acheteurs  «  par 
exemple,  par  l'ébullition  avec  l'eau.  (Deutsche  industriczeîlmg  et 
Dingltrs  polyteehnisehes  Journal.) 

Hydrozlnelte  découverte  à  Aroiizo.  —  M.  le  professeur 
Cossa  a  dernièrement  démontré  par  l'analyse  qn'une  matière  blan- 
châtre et  terreuse,  qui  couvre  souvent  les  dépôts  de  calamine, 
dans  les  mines  d'Argentiera  (district  d'Aronzo,  au  nord  de  Gadore) 
et  que  les  mineurs  rejettent  comme  inutile,  est  un  carbonate  pur 
hydraté  de  zinc.  Ce  minéral  a  été  découvert  en  4803  parSmiihson, 
qui  Ta  nommé  hydrozincile. 

M.  le  professeur  Cossa,  par  des  analyses  répétées,  a  trouvé  pour 
la  formule  de  ce  minéral  : 

3C0'  +  8zn04-6H,0. 


LES  MONDES.  337 


ASTRONOMIE  PHYSIQUE 


L'écllpte  du  soleil  du  1 1  décembre.  —  Observations  de 
M.  J.-Normann  Lockyer.  —  a  Je  portai  alors  mes  regards  surjla  cou- 
ronne. On  ne  pourrait  rien  s'imaginer  de  plus  beau.  Ce  qui  m'a  le  plus 
impressionné,  c'est  sa  sérénité.  —  Toute  l'éclipsé  était  au  centre  de  la 
couronne,  et  celle-ci  était  du  blanc  d'argent  le  plus  pur. 

J'examinai  ensuite  le  spectre  d'une  flamme  au-dessus  du  point  où 
le  soleil  avait  disparu.  Je  découvris  un  beau  spectre  de  l'hydrogène, 
avec  la  raie  1  474  qui  s'étendait  un  peu  au  delà,  mais  qui  était  très- 
faible  dans  toute  sa  longueur,  et  s'élargissait  en  bas,  comme  la  raie  P. 
Mais  j'ai  été  frappé  de  la  vivacité  de  la  raie  C,  et  de  la  continuité  du 
spectre,  car  il  n'y  avait  pas  de  protubérance  dans  la  fente.  Les  protu- 
bérances ne  s'élè vent  pas  à  cette  hauteur.  Le  spectre  était  incontesta- 
blement celui  d'un  gaz  incandescent. 

J'observai  ensuite  au  polariscope;  M.  Becker  m'avait  préparé  deux 
oculaires  qui  s'adaptaient  rapidement  à  une  petite  lunette  ;  l'un  con- 
tenait un  polariscope  de  Savart,  l'autre  un  double  quartz.  Dans  le 
polariscope  de  Savart,  je  vis  des  lignes  verticales  partout,  sur  les  protu- 
bérances de  la.  couronne,  sur  le  disque  obscur  de  la  lune,  et  sur  le 
reste  du  ciel.  U  n'y  a  pas  eu  de  méprise  dans  cette  observation,  car 
j'ai  parcouru  trois  fois  le  ciel  dans  des  sens  différents  et  j'ai  été  sur-* 
pris  de  voir  qu'il  n'y  avait  pas  d'interruption  dans  les  lignes.  J'essayai 
alors  le  «Jouble  quartz.  J'y  vis  des  cônes  faiblement  colorés,  çà  et  là  ; 
ici  du  jaunâtre,  là  du  brunâtre,  avec  du  vert  de  chaque  côté  de  la 
jonction  ;  voilà  toutes  les  couleurs  que  j'ai  remaquées. 

Latente  photographique  de  M.  Davis  était  au-dessous  du  lieu. où 
nos  télescopes  avaient  été  établis;  et  aussitôt  après  que  les  observation» 
que  j'ai  rapportées  furent  terminées,  je  descendis  pour  voir  le  succès 
de  son  travail.  Je  reçus  à  mi-chemin  la  bonne  nouvelle  qu'on  avait 
<  cinq  belles  photographies,  »  et  elles  étaient  en  effet  fort  belles  ;  celles 
qui  avaient  été  prises  au  commencement  et  à  la  fin  de  l'éplipae  se  res- 
semblaient merveilleusement  ;  il  y  avait  çà  et  là,  je  pense,  de  légers 
changements,  mais  j'en  parle  avec  toute  réserve,  en  attendant 
qu'elles  aient  été  examinées  avec  plus  de  soin  que  ne  le  permet  le 
temps  dont  nous  disposons,  et  qu'elles  aient  été  comparées  avec  celles 
qu'on  aura  prises  à  Ootacamund,  à  Avenashi,  et,  je  l'espère,  à  Jaffha 
et  au  cap  Sidmouth. 

2u 


338  LES  MONDES 

Télégramme  reçu  de  Jaffna  :  a  Polarisation  radiale  extrêmement 
prononcée,  à  35*  au-dessus  des  protubérances  ;  couronne  incontesta- 
blement solaire  à  cette  hauteur,  et  très-probablement  à  la  hauteur 
de  50\  d 

De  Trincomalee,  M.  Mosely  m'informe  qu'il  a  observé  avec  soin 
la  couche  de  la  ligne  brillante  d'Young,  qu'il  ne  Ta  pas  vue,  et  que 
la  fraie  1  474  a  été  observée  plus  haut  que  les  autres  raies. 

ObflerTRtlons  dn  capitaine  Nlaelear.  —  L'instrument  dont 
je  me  suis  servi  était  un  double  équatorial  à  deux  réfracteurs  de 
0  pouces  montés  sur  la  même  base,  chacun  à  une  extrémité  de  Taxe 
de  déclinaison.  À  l'un  était  adapté -un  spectroscope  de  6  prismes  pro- 
venant de  Kew,  d'un  grand  pouvoir  dispersif,  et  qui  avait  été  prêté  par 
M.  Spotti3woode.  À  l'autre  était  fixé  un  barreau  pivotant,  portant  un 
oculaire,  et  un  spectroscope  de  7  prismes  à  vision  directe,  qui  peuven  t 
être  amenés  à  volonté  au  foyer  de  l'objectif  ;  les  deux  tubes  ont  été  rendu  s 
exactement  parallèles,  de  sorte  que  le  même  objet  était  observé  dans 
les  deux  télescopes.  Je  me  suis  servi  moi-même  presque  pendant  tout 
le  temps  du  spectroscope  à  6  prismes,  et  M.  Pringle  de  celui  à  vision 
directe  avec  lequel  il  s'était  exercé  constamment  les  jours  précédents. 
Je  joins  aux  miennes  les  observations  qu'il  a  faites.  Au  commencement 
de  l'éclipsé  la  fente  du  spectroscope  à  6  prismes  a  été  placée  tangen- 
tiellemént  au  point  de  contact,  celle  du  spectroscope  à  vision  directe  a 
été  dirigée  dans  le  sens  normal  à  ce  point,  et  sa  largeur  était  telle  que 
les  raies  d'absorption  étaient  très-distinctes,  mais  pas  trop  fines.  Aucun 
changement  n*a  été  observé  dans  le  spectre  solaire  ordinaire.  La  fente 
ayant  été  tenue  pendant  le  quart  d'heure  suivant  tangentiellement  à 
là  corne  septentrionale  du  croissant,  la  raie  G  a  été  très-brillante  sur. 
toute  sa  longueur  ;  Pétait  brillante,  mais  mince.  La  fente  a  été  ensuite 
placée  dans  le  sens  normal  à  la  corne  du  croissant,  et  quatre  raies 
brillantes  près  de  G  (en  outre  de  la  raie  G  elle-même)  sont  devenues 
vîéibles,  et  elles  variaient  toutes  les  cinq  dans  leur  longueur,  mais  pas 
toutes  ensemble  ;  leur  longueur  en  moyenne  était  du  1/8  de  la  hauteur 
du  spectre  visible. 

A  6  h.  51  m.  temps  moyen,  vingt-cinq  minutes  après  le  contact, 
fcur  une  grande  protubérance,  la  longueur  de  C  a  atteint  la  moitié  de 
la  hauteur  du  spectre  ;  neuf  minutes  après  la  corne  du  croissant  était 
sur  une  autre  protubérance;  leurs  positions  devaient  être  à  peu  près 
à  13*  du  nord,  et  presque  au  nord. 

A  7  h.  8.  T.  M.,  je  regardai  au  spectroscope  à  vision  directe,  et 
outre  les  raies  de  l'hydrogène  et  celles  a  près  de  D,  »  j'observai  une 


LES  MONDES.  *  339 

autre  raie  brillante  un  peu  plus  réfrangible  que  la  raie  de  l'air  entre 
h  et  F.  La  raie  1 830  de  Kirchhoff  était  très-faible,  et  elle  disparut  bien- 
tôt ;  peu  après  je  vis  la  raie  F  double  à  peu  près  avec  la  hauteur  ordi- 
naire, 4/8  du  spectre. 

A  î  h.  23  m.  T.  H.,  étant  revenu  au  spectroscope  à  6  prismes  nor- 
mal à  la  corne  du  croissant,  j'observai  très-distinctement  lès  raies 
D,  E  et  b  dé  l'hydrogène  ;  plusieurs  raies  commencèrent  alors  à  se 
montrer;  autantqufc  j'ai  pu  en  juger,  c'étaient  toutes  celles  du  fer,  depuis 
le  milieu  entre  D  et  E  jusqu'au  delà  de  6.  Celles-ci  persistèrent  et 
d'autres  survinrent.  J'appelai  M.  Lockyer  pour  voir  le  phénomène,  .et 
nous  l'observâmes  ensemble  pendant  deux  ou  trois  minutes,  jusqu'à 
ée  que  le  moment  vint  de  prendre  place  pour  observer  la  totalité» 
Pendant  ces  deux  ou  trois  minutes  la  corne  du  croissant  a  dû  passer 
de  N.  38*  E.  à  N.  70*  E.  ou  au  delà,  et  les  raies  ne  furent  pas  perdues 
de  vue  jusqu'à  ce  que  je  fis  mouvoir  le  télescope,  et  je  plaçai  la  fente 
tangentiellement  au  point  où  la  lumière  deyait  disparaître,  en  l'y 
maintenant  avec  le  mouvement  en  ascension  droite.  En  regardant  à 
travers  le  spectroscope,  on  voyait  le  champ  rempli  de  raies  brillantes» 
et  la  lumière  était  juste  assez  forte  pour  me  permettre  de  distinguer 
les  positions  de  toutes  les  raies  solaires  bien  connues. 

À  mesure  que  la  totalité  s* avançait  la  lumière  diminuait,  et  les  raiet 
augmentaient  prodigieusement,  rapidement,  en  nombre  et  en  épjatr 
jusqu'à  ce  qu'il  parût  que  chaque  raie  du  spectre  solaire  fut  interver- 
tie ;  ensuite  elles  s'évanouirent,  non  pas  instantanément,  mais  ai  ra« 
pidement  que  je  n'ai  pu  remarquer  Tordre  de  leur  disparition,  excepté 
que  D  et  b  de  l'hydrogène  et  quelque  autres  entre  D  et  6  restèrent  Le* 
dernières.  Puis  elles  s'évanouirent  et  tout  fut  dans  l'obscurité*  Alors  j* 
fis  mouvoir  l'instrument  à  droite  et  à  gauche,  mais  je  ne  vis  rien  i 
j'allai  au  spectroscope  à  vision  directe,  mais  je  ne  vis  rien  ;  je  dirigeai 
le  télescope  sur  le  bord  de  la  lune,  avec  l'oculaire,  j'y  mis  iespectros* 
cope,  mais  il  n'y  avait  pas  assez  de  lumière  pour  qu'on  pût  voir  un 
spectre  ;  je  pointai  avec  soin  le  télescope,  d'abord  sur  le  disque  ebseur 
de  la  lune,  puis  sur  une  partie  brillante  de  la  couronne,  maie  pas 
de  spectre.  Je  regardai  alors  la  couronne  à  l'œil  nu,  je  vis  une  gloire 
brillante  autour  de  la  lune,  une  forme  étoilée  à  six  pointes,  quelque 
chose  comme  le  nimbe  qui  environne  la  tête  d'un  saint,  qui  entendait 
à  un  diamètre  et  demi.  Je  regardai  dans  le  chercheur,  et  je  vie  la 
même  forme,  mais  moins  grande  et  moins  brillante;  j 'examinai 
alors  avec  le  réfracteur  de  six  pouces  et  l'oculaire,  et  je  ae  vie  rien 
qu'une  vive  lumière  autour  de  la  lune,  ne  s'élevaat  pas  plus  haut  que 
la  grosse  protubérance  très-visible  dans  le  quadrant  sud-est. 


_l 


340  LES    MONDES. 

Je  vais  maintenant  donner  un  extrait  du  rapport  de  M.  Pringle.  Il  a 
observé  au  spectroscope  à  vision  directe  adapté  au  télescope  de  six 
pouces,  et  il  s'est  occupé  avec  moi  à  examiner  la  corne  septentrionale 
du  croissant,  dans  la  fente  normale  au  limbe  du  soleil. 

«  Jusqu'à 6  h.  47  m.  (temps  moyen),  raies  brillantes  C,  près  de 
D  et  F  ;  d'un  éclat  uniforme,  et  variant  légèrement  dans  leur  hauteur 
normale.  A  ce  moment  la  raie  F  brille,  G  reste  brillante,  la  raie  près 
de  D  très-faible.  A  6  h.  54  m.  toutes  les  raies  acquièrent  une  longueur 
égale  à  trois  ou  quatre  fois  leur  longueur  normale,  ce  qui  indique 
une  protubérance  à  la  corne  du  croissant.  Pendant  les  dix  minutes 
suivantes  peu  de  variations  dans  les  raies.  A  7  h,  4  m.  une  grande 
protubérance  à  la  corne  du  croissant  ;  les  raies  brillantes  atteignent 
huit  ou  neuf  fois  leur  hauteur  normale.  À  7  h.  4  m.  30  s.,  une  raie 
brilante  apparaît  au  côté  le  plus  réfrangible  de  F,  et  tout  contre  elle  ; 
F  s'allonge  considérablement  et  se  courbe  vers  le  rouge.  Toutes  les 
raies  mentionnées  ci-dessus  sont  maintenant  brillantes,  F  plus  longue 
que  les  autres,  et  reste  courbée;  la  raie  près  d'elle  a  le  tiers  de  sa  lon- 
gueur. A  7  h.  13  m.  trois  raies  brillantes  observées  en  6,  visibles 
seulement  à  la  pointe  extrême  de  la  corne  du  croissant. 

Observations  de  l'éeltpse  du  f  t  décembre  f allée  à 
^eodoeottah,  par  M.  L.  Respighi.  —  Pour  vérifier  le  phénomène 
de  l'interversion  des  raies  du  spectre  au  bord  extrême  du  soleil,  j'ai 
disposé  le  plan  de  dispersion  perpendiculairement  à  ce  bord  au  point 
do  second  contact. 

Trente  secondes  avant  la  totalité,  l'image  spectrale  du  croissant  lumi- 
neux était  déjà  suffisamment  affaiblie  pour  qu'on  pût  l'observer  à  l'œil 
nu,  sans  le  secours  d'un  verre  noirci  ;  c'est  alors  que  les  raies  obscures 
du  spectre  solaire  sont  devenues  distinctes,  et  même  plus  fortement 
marquées  qu'auparavant,  et  elles  étaient  courbées  parallèlement  au 
bord  brillant  du  soleil;  mais  quelques  secondes  avant  la  totalité,  ces 
raies  disparurent  complètement,  et  le  spectre  devint  continu,  sans 
présenter,  immédiatement  avant  la  totalité,  l'interversion  des  raies, 
quoique  j'observasse  le  phénomène  avec  la  plus  grande  attention.  Je 
ne  voudrais  cependant  pas  que  l'on  pensât  que  je  nie  absolument  le 
renversement  des  raies,  car  il  n'est  pas  impossible  qu'à  ce  moment 
une  couche  mince  de  brouillard,  ou  que  la  lumière  brillante  de  l'at- 
mosphère répandue  sur  le  spectre  du  limbe  du  soleil  m'ait  empêché 
de  voir  les  raies  brillantes. 

Au  moment  précis  de  la  totalité,  le  champ  du  télescope  présenta  un 
spectacle  des  plus  étonnants.  La  chromosphère  sur  le  bord  qui  a  été 


LES  MONDES.  341 

le  dernier  à  s'éclipser,  surmontée  sur  un  espace  d'environ  50  degrés 
par  deux  groupes  de  protubérances,  l'un  à  la  droite  et  l'autre  à  la 
gauche  du  point  de  contact,  était  reproduite  dans  les  quatre  raies  du 
spectre,  C,  Dâ,  F  et  G,  avec  une  lumière  d'une  intensité  extraordinaire, 
et  le  contraste  le  plus  surprenant  des  plus  brillantes  couleurs,  de  sorte 
que  les  quatre  images  spectrales  pouvaient  être  comparées  directement 
et  leurs  différences  facilement  remarquées. 

Par  suite  de  l'achromatisme  de  l'objectif,  toutes  ces  images  étaient 
bien  définies,  et  ressortaient  en  certaines  zones  colorées,  avec  les 
teintes  des  images  chromatiques  de  la  couronne.  J'ai  appliqué  princi- 
palement mon  attention  à  comparer  les  formes  des  protubérances 
dans  les  quatre  raies  spectrales,  et  j'ai  pu  constater  que  la  forme  fon- 
damentale, le  squelette  ou  le  tronc  et  les  principales  branches  étaient 
fidèlement  indiqués  ou  reproduits  dans  les  images,  mais  leur  étendue 
était  la  plus  grande  dans  le  rouge,  et  elle  diminuait  successivement 
dans  les  autres  couleurs  jusqu'à  la  raie  G,  dans  laquelle  le  tronc  seul 
était  reproduit.  Dans  aucune  des  protubérances  ainsi  comparées,  je 
n'ai  vu,  dans  l'image  jaune  D3,  des  parties  ou  des  branches  qui  ne 
fussent  pas  contenues  dans  l'image  rouge  C  Cependant  les  zones  co- 
lorées de  la  couronne  devenaient  continuellement  plus  fortement  mar- 
quées, une  dans  le  rouge  correspondant  à  la  raie  G,  une  dans  le  vert, 
coïncidant,  probablement,  avec  la  raie  1474  de  l'échelle  de  Kirchhoff, 
et  une  troisième  dans  le  bleu,  coïncidant  peut-être  avec  F. 

La  zone  verte  qui  environnait  le  disque  de  la  lune  était  la  plus  bril- 
lante, la  plus  uniforme  et  la  mieux  définie.  La  zone  rouge  était  aussi 
très-distincte  et  bien  définie,  tandis  que  la  zone  bleue  était  faible  et 
indistincte.  La  zone  verte  était  bien  définie  au  sommet,  quoique  moins 
brillante  qu'à  la  base;  sa  forme  était  sensiblement  circulaire,  et  sa 
hauteur  d'environ  &  ou  7'.  La  zone  rouge  présentait  la  même  forme 
et  approximativement  la  même  hauteur  que  la  zone  verte,  mais  sa  lu- 
niière  était  plus  faible  et  moins  uniforme.  La  hauteur  de  la  zone  verte 
a  été  estimée  par  comparaison  avec  le  diamètre  de  la  lune,  et  d'après 
la  distance  observée  des  raies  spectrales  des  protubérances. 

Ces  zones  colorées  brillaient  sur  un  fond  faiblement  éclairé,  sans 
aucune  trace  marquée  de  couleur.  Si  la  couronne  contenait  des  rayons 
d'une  autre  espèce,  leur  intensité  doit  avoir  été  si  faible  qu'ils  ont  été 
noyés  dans  l'éclairement  général  du  champ. 

Bientôt  après  le  milieu  de  l'éclipsé  totale  apparut  sur  le  bord  orien- 
tal du  limbe,  à  environ  140  degrés  du  point  nord,  un  beau  groupe  de 
protubérances  formées  de  jets  assez  bas,  mais  très-brillants,  dont 
quelques-uns  étaient  rectilignes,  d'autres  courbés  autour  du  limbe 


342  LES  MONDES. 

du  soleil,  et  présentant  les  déviations  compliquées  et  tous  les  carac- 
tères des  protubérances  dans  le  voisinage  de  taches  solaires.  X-'éc^at  et 
la  couleur  de  ces  jets  étaient  si  vifs  qu'ils  présentaient  l'apparence  de 
feux  d'artifice. 

Lçç  espaces  entre  ces  jets  étaient  tout  à  fait  obscurs,  de  sorte  que  la 
zone  rouge  de  la  couronne  paraissait  y  manquer  totalement*  Mais  cq 
n'était  peut-être  qu'un  effet  de  contraste  dû  à  l'éclat  extraordinaire 
des  jets  voisins.  J'ai  pensé  qu'il  fallait  l'attribuer  à  cette  particularité, 
à  cause  qu'on  observe  souvent,  au  moyen  du  spectroscope,  en  debpr? 
des  éclipses  totales,  l'apparence  d'interstices,  ou  espaces  obscurs,  eitfre 
des  protubérances  d'un  éclat  considérable. 

Le  manque  d'assistants  pour  noter  le  temps,  et  pour  inscrire  les  ob- 
servations à  mesure  qu'elles  étaient  faites,  m'a  occasionné  quelque 
perte  de  tçmps»  et  l'éclipsé  totale  était  déjà  à  sa  fin  avant  que  je  m'en 
lusse  aperçu. 

La  zone  verte  et  la  zone  rouge  étaient  bien  développées  au  limbe  i 
l'ouest  comme  au  limbe  à  l'est,  tandis  que  la  bleue  était  faible  et  mal 
défini?.  Bientôt  après  l'apparition  de  la  chromosphère  au  bord  oppst, 
une  couche  de  raies  brillantes,  séparées  par  des  espaces  obscurs,  s'é- 
tendit subitement  sur  le  spectre  du  limbe  du  soleil,  qui  apparut  alors 
au  delà  de  celui  de  la  lune  ;  mais  je  n'ai  pu  conbtater  si  elles  étaient 
dues  à  une  interversion  générale  ou  partielle  des  raies  du  spectre  so- 
laire, parce  qu'elles  ont  été  trop  tôt  noyées  dans  un  flot  de  lumière,  qui 
mit  fin  à  la  totalité  de  l'éclipsé. 

Environ  une  demi-heure  après  l'éclipsé  totale,  le  soleil  fut  caché 

t  É 

par  des  nuages,  de  sorte  que  je  ne  pus  observer  la  fin  de  l'éclipsé  par- 
tielle. , 

Plus  tard,  lorsque  le  ciel  était  devenu  suffisamment  clair,  j'observai 
au  spectroscope  l'état  de  la  chromosphère  et  des  protubérance8,qui 
existaient  au-dessus  d'elle  ;  mais  à  cause  de  l'état  nuageux  du  ciel,  du 
vent  violent  qui  dominait,  et  du  peu  de  temps  qui  était  à  ma  disposi- 
tion, le  dessin  n'était  pas  suffisamment  distinct  et  détaillé.  (Naturet 
25  janvier  1872.) 


f}u*  le  température  4e  le  eurfeee  eelelre,  par  M*  & 

Vicaire.  —  c  L'Académie  s'est  occupée,  dans  ses  dernières  séances, 
de  la  température  de  1*  surface  solaire,  et  des  nombres  bien  différents 
ODt  été  produits*  Le  R.  P.  Secchi  évalue  cette  température  à  10  000  OQO 
4a  4*8tf  *  au  ipojns,  M.  gpœrer  à  37  00Q.  Si  l'on  joint  à  eplales  ré- 
sultats obtenus  par  PouiUet,  gui  trouvait  de»  valeurs  comprises  entre 


LES  MONDES  3U 

1  461  et  1  761  degrés,  suivant  les  diverses  hypothèses  que  l'on  pouvait 
faire  relativement  au  pouvoir  émissif  de  la  surface  du  Soleil,  ou  est 
obligé  de  reconnaître  que  l'état  de  la  science  sur  cette  question  est 
aussi  peu  satisfaisant  que  possible. 

Ge  qu'il  y  a  de  plus  surprenant,  c'est  que  les  résultats  les  plus  op- 
posés, ceux  de  Pouiliet  et  du  P.  Secchi,  ont  été  tirés  d'un  même  phé- 
nomène, la  radiation  calorifique  du  soleil,  dont  ces  savants  ont  mesuré 
l'intensité  par  des  procédés  à  peine  différents  en  principe.  Une  diffé- 
rence aussi  énorme  dans  les  résultats  ne  provient  évidemment  pas  des 
observations)  mais  de  la  manière  dont  elles  ont  été  interprétées*  C'est 
ce  que  j'ai  reconnu,  en  effet,  par  un  examen  plus  approfondi t  et,  de 
eet  examen,  je  crois  pouvoir  conclure  que  l'évaluation  de  Pouillet  est 
infiniment  plus  voisine  de  la  réalité  que  celle  du  P.  Sepchi. 

Le  P.  Secchi  mesure  la  radiation  solaire  en  exposant  &  l'action  de 
cette  radiation  un  thermomètre  à  boule  noircie  placé  dans  une  enceinte 
de  température  connue.  Il  observe  l'excès  de  la  température  du  ther- 
momètre sur  celle  de  l'enceinte,  excès  qu'il  corrige  de  l'absorption 
atmosphérique.  Admettant  alors  la  loi  de  Newton  sur  le  rayonnepmnt 
des  divers  corps  en  présence,  et  attribuant  à  ces  corps  un  pouvoir 
émissif  égal  à  l'unité,  il  exprime  l'équilibre  des  températures  par 
l'équation 

(1)  *  —  *  =  «T,    d'où    T='-^, 

dans  laquelle  T,  t  et  9  représentent  les  températures  du  Soleil,  du 
thermomètre  et  de  l'enceinte,  et  «  le  rapport  de  la  surface  apparente  du 
Soleil  à  la  surface  totale  d'une  sphère  concentrique  a»  thermomètre. 

Cette  équation  (dont  je  change  seulement  les  lettres)  suppose  toute- 
fois que  «  eBt  une  très-petite  fraction  de  l'unité. 

Au  moyen  de  cette  équation,  le  P.  Secchi  explique  d'abord  un  fait 
observé  par  lui  et  par  M.  Waterston.  C'est  que  l'excès  thérmométri- 
que  /  —  9  est  toujours  le  même,  quelle  que  soit  la  températun»  de 
l'enceinte.  S'il  est,  par  exemple,  de  19  degrés  avec  l'enceinte  à  léw, 
il  aura  encore  la  même  valeur  quand  on  la  portera  à  60  degrés,  et 
même,  d'après  M.  Waterston,  jusqu'à  SâO  degrés.  Ce  fait  résulterait 
simplement  de  ce  que  Ton  eet  effectivement  dans  les  conditions  eu 
l'équation  (1)  est  applicable»  o'estpà-direque  «  est  très-petit. 

Mais  cette  explication  me  semble  insuffisante,  car,  lorsqu'on  passe 
de  zéro  à  60  et  surtout  à  320  degrés,  la  loi  de  Newton  cesse  d'être  appli- 
cable. Il  faut  recourir  à  la  loi  de  Dûlong  et  Petit,  et  celle-ci,  au  con- 
traire, s'applique  en  toute  rigueur,  autant  du  moins  que  l'on  considère 


3U  LES  MONDES. 

seulement  l'échange  de  chaleur  entre  le  thermomètre  et  l'enceinte. 

Or,  il  résulte  de  cette  loi  que,  pour  un  même  excès  t  —  0,  la  vitesse 
de  refroidissement,  et,  par  conséquent,  la  quantité  de  chaleur  cédée 
par  le  thermomètre  à  l'enceinte  dans  l'unité  de  temps  est  multipliée  par 
1,0077"  =  1,585,  lorsque  0  passe  de  0  à  60°  et  par  1,0077™  =  5,412 
pour  220  degrés.  Si,  néanmoins,  ce  thermomètre  reste  en  équilibré 
avec  le  même  excès  de  température,  c'est  qu'il  reçoit  d'autre  part,  et 
ce  ne  peut  être  que  des  rayons  solaires,  une  quantité  de  chaleur  égale- 
ment croissante. 

Nous  arrivons  donc  à  ce  résultat  paradoxal,  que  le  thermomètre 
reçoit  du  Soleil  d'autant  plus  de  chaleur  qu'il  est  lui-même  plus  chaud. 
Cependant  le  fait  en  question  ne  semble  pas  pouvoir  être  contesté,  et 
la  conséquence  est  rigoureuse. 

D'autre  part,  il  est  bien  évident  que  ce  n'est  pas  la  radiation  solaire 
qui  se  modifie  à  mesure  que  le  thermomètre  s'échauffe.  C'est  donc  la 
faculté  d'absorption  du  thermomètre  pour  cette  radiation  qui  se  trouve 
augmentée. 

N'y  a-t-il  pas  là  un  effet  de  thermochrose  ?  Le  thermomètre  reçoit 
des  rayons  lumineux,  il  émet  des  rayons  obscurs.  Sa  faculté  d'absorp- 
tion pour  les  premiers  augmenterait  plus  vite  que  sa  faculté  d'absorp- 
tion et,  par  conséquent,  aussi  d'émission  pour  les  derniers,  à  mesure 
qu'il  se  rapproche  de  la  température  à  laquelle  il  deviendrait  lumineux 
lui-même.  Comment  se  fait-il  que  ces  deux  pouvoirs  varient  juste- 
ment de  telle  façon  que  l'excès  de  température  reste  constant?  C'est 
un  point  qui  mériterait  sans  doute  une  étude  plus  approfondie. 

Nous  n  avons  pas  tenu  compte  de  l'action  de  l'air  sur  le  thermo- 
mètre; comme  elle  dépend  seulement  de  l'excès  de  température,  elle 
ajoute  un  terme  constant  aux  pertes  par  rayonnement  et  ne  modifie 
pas  les  conclusions  précédentes.  Encore  est-il  fort  probable  que  cette 
perte  elle-même  augmente  avec  la  température  de  l'enceinte,  car 
celle-ci  étant  ouverte  par  devant,  l'air  qu'elle  contient  ne  doit  pas  en 
prendre  complètement  la  température. 

Revenons  maintenant  à  la  tempéraiure  solaire. 

Pour  suivre  aussi  près  que  possible  la  marche  adoptée  par  le 
P.  Secchi,  j'établirai  l'équation  d'équilibre  du  thermomètre  en  con- 
servant les  mêmes  hypothèses.  Je  négligerai  de  même  le  refroidisse- 
ment dû  à  l'air,  bien  que,  dans  les  basses  températures,  il  égale 
presque  celui  qui  est  dû  au  rayonnement.  Seulement,  au  lieu  de  la 
formule  de  Newton,  j'adopterai  la  formule  exponentielle  de  Dulong  et 
Petit.  L'équation  devient  alors 


LES  MONDES.  345 


équation  dans  laquelle  a  =  i  ,0077. 
On  en  tire 

logfa'  —  a6) -Hong  i 
"~  Auge* 

Faisons  maintenant  avec  le  P.  Secchi  «  =  et  *  —  0  ~  29,02; 

supposons  d'ailleurs  5  =  0.  Le  calcul  nous  donne 

T  =  4398% 

résultat  presque  identique  à  celui  de  Feuillet. 

Ainsi,  lorsqu'on  applique  à  l'expérience  du  P.  Secchi  la  loi  de  Du- 
long  et  Petit,  comme  Pouillet  l'avait  fait  pour  les  siennes,  on  retrouve 
presque  identiquement  le  même  résultat  que  ce  dernier  savant.  Il  y  a 
donc  concordance  dans  le  point  de  départ  expérimental,  et  cette  con- 
cordance eût  paru  plus  complète  si,  dans  le  calcul  précédent,  j'avais 
introduit  l'action  de  l'air  ambiant  sur  le  thermomètre. 

On  a  d'ailleurs  très-exactement 

et,  par  conséquent, 

am  =  10; 

c'est-a-dire  que  chaque  augmentation  de  300  degrés  décuple  le  fac- 
teur aT  de  la  radiation  solaire.  On  est  donc  bien  à  l'aise  pour  tenir 
compte  de  toutes  les  corrections  possibles  sans  atteindre  des  tempéra- 
tures très-élevées. 

Il  reste  maintenant  à  décider  lequel  des  deux  modes  de  calcul  offre 
le  plus  de  garanties.  Le  choix  ne  peut  guère  être  douteux.  La  loi  de 
Newton  est  certainement  inexacte,  même  dans  des  limites  très-res- 
freintes  de  température.  Celle  de  Dulong  et  Petit  a  été  établie  par  ces 
physiciens  jusgu'à  300  degrés;  Pouillet  annonce  l'avoir  vérifiée  jusi 
qu'à  plus  de  4  000  degrés.  En  supposant  qu'elle  cesse  d'être  vraie  au 
delà,  elle  ne  peut  pas  être  absolument  éloignée  de  la  vérité  pour  les 
températures  de  i  400  ou  1  500  degrés  auxquelles  on  arrive  en  l'ad- 
mettant. Donc  aussi  ces  températures  ne  peuvent  pas  être  absolument 
éloignées  de  la  vérité. 

Quelle  que  soit  donc  la  correction  que  l'on  veuille  faire  subir  à  la 
température  d'environ  i  400  degrés  à  laquelle  nous  sommes  parvenus, 


346  LES  MONDES. 

qu'on  la  double,  qu'on  la  triple  ou  plus  encore,  on  ne  pourra  pas  du 
moins  se  refuser,  ce  me  semble,  à  admettre  la  conclusion  suivante  : 

La  température  de  la  surface  solaire  est  entièrement  comparable  à 
celle  de  nos  flammes. 

On  peut  mettre  cette  conclusion  en  évidence  d'une  manière  peut- 
être  plus  saisissante  en  partant  des  observations  de  Pouillet. 

D'après  ce  savant,  chaque  centimètre  carré  de  la  surface  solaire 
émet,  en  une  minute,  un  peu  moins  de  85  calories.  Un  mètre  cafté 
émet  donc  850  000  calories.  C'est  à  peu  près  la  chaleur  que  dégageât 
en  brûlant  400  kilogrammes  de  houille,  soit  pour  une  heure  6  000  ki- 
logrammes. 

Or  6000  kilogrammes  sont  la  consommation  de  vingt  locomotives, 
lesquelles  brûlent  chacune  plus  de  300  kilogrammes  par  heure  sur 
une  grille  d'environ  1  mètre  carré. 

On  peut  admettre,  d'après  les  expériences*  de  Péclet,  que  la  moitié 
au  moifis  de  la  chaleur  de  cette  houille  se  dégage  par  rayonnement. 
Donc  une  surface  double  de  celle  qu'offrent  ces  grilles  réunies,  c'est- 
à-dire  une  surface  de  grilles  de  40  mètres  carrés,  ou  si  Ton  veut  de  80, 
pour  tenir  compte  des  deux  faces  de  la  couche  de  combustible,  r&y&n^ 
itérait  autant  de  chaleur  que  1  mètre  carré  de  la  surface  BOiaire. 

Si  maintenant  on  veut  bien  réfléchir  que  la  température  sur  ces 
grilles  est  loin  d'être  uniforme  et  n'atteint  nulle  part  2  000  degrés  ; 
que  celle  d'un  chalumeau  d'oxygène  et  d'hydrogène  est  de  2  500  de* 
grés  ;  que,  d'après  la  loi  de  Dulong  et  Petit,  une  augmentation  de 
température  de  600  degrés  suffit  pour  centupler  le  rayonnement;  que, 
si  l'on  ne  veut  pas  admettre  cette  loi  dans  les  hautes  températures, 
on  ne  peut  du  moins  contester  que  la  radiation  ne  croisse  beaucoup 
plus  vite  que  la  température,  comme  cela  est  bien  évident  pour  les 
radiations  lumineuses,  on  sera  encore  ramené  invinciblement  à  la  con- 
clusion déjà,  énoncée. 

Il  'serait  prématuré  de  chercher  à  représenter  la  température  de  la 
surface  solaire  par  un  nombre  précis.  Mais  je  pense  qu'on  ne  s'avan- 
cerait pas  beaucoup  en  affirmant  qu'elle  est  inférieure  à  3  000  degrés. 


PHYSIQUE  MOLÉCULAIRE 


Une  expétteleee  relative  à  la  <e;ae»tleii  de  la  vapeur 
véftfcNtiaife,  par  M.  J.  IUteàu.  —  Ott  feait,  d'après  un  travail  de 


LES  MONDES.  347 

M.  Duprpz(4)j  que  lorsqu'un  yese  plein  d'eau  est  retourné,  l'orifice 
ouvert  ta  bas,  il  n'est  pas  nécessaire,  pour  que  l'eau  y  demeure  su»» 
pendue,  que  cet  horificesoit  très-étroit:  à  l'aide  de  précautions  partie»* 
lières,M.  Duprez  a  soutenu  ainsi  l'eau  dans  un  tube  vertical  ayant  près 
de  80»»  de  diamètre  intérieur. 

Gela  étant,  supposons  que,  de  l'eau  étant  suspendue  de  la  sorte  avec 
une  surface  libre  qui  regarde  le  sol,  on  mette  en  oontaot  arec  cette  sur- 
face  une  très-petite  bulle  creuse  d'eau  ;  l'air  qu'elle  contient  devra  aus* 
•ilôt  être  chassé,  par  la  pression  de  son  enveloppe,  dans  l'intérieur  dis 
liquide,  à  travers  lequel  il  s'élèvera  ensuite  en  vertu  de  sa  légèreté 
spécifique.  C'est,  du  reste»  ce  que  j'ai  vérifié  par  1'expérienoe  :  ou  a 
pris  un  petit  tube  de  verre  de  4*"  à  peu  près  de  diamètre  intérieur, 
effilé  à  une  extrémité  de  manièveà  y  présenter  un  orifice  d'environ  0n*, 
à  de  diamètre,  et  l'on  a  fermé  ce  tube  à  «on  extrémité  large  au  moyen 
d'un  bouchon  de  liège  enduit  de  saindoux  ;  en  touchant  la  pointe  de 
l'ef filament  aveo  un  morceau  de  papier  à  filtre  imbibé  d'eau  distillée,  on 
parvient  à  introduite  dans  le  petit  orifice  une  colonne  de  ce  liquide 
ayant  au  plus  un  millimètre  de  longueur;  alors  en  enlonçantle  bouchon 
avec  précaution,  on  voit  apparaître  à  l'orifice  effilé  une  bulle  creuse, 
qui  peut  arroir  moins  d'un  millimètre  de  diamètre,  ut  qui  persisté  eA 
général  sept  à  huit  secondes.  Pour  cette  opération,  la  partie  large  du 
tube  doit  être  entourée  de  plusieurs  couchée  d'une  étoffe  non  oondutt» 
tries»  afin  d'empêcher  l'influence  de  la  chaleur  des  doigts.  Ayant  ainsi 
la  faculté  de  se  procurer  de  très-petites  bulles  creuses  d'eau,  on  a 
suspendu  de  l'eàu  dans  un  tube  de  verre  maintenu  verticalement  à 
l'aide  d'un  support  convenable*  Ce  tube  n'avait  qu'un  centimètre  de 
diamètre  intérieur;  avec  un  semblable  diamètre,  la  suspension  s'o- 
père trèe-aisément:  il  suffit,  après  avoir  rempli  d'eau  le  tube*  de 
le  fermer  en  appliquant  simplement  sur  l'orifice  un  morceau  de 
papier*  puis,  lorsqu'il  est  retourné  et  fixé,  de  faire  glisser  latérale- 
ment le  morceau  de  papier,  pour  laiieer  l'brlfioe  libre*  On  a  produit 
ensuite,  par  le  procédé  indiqué  ci*dèssus,  une  bulle  creuse  d'eau  de 
moins  d'un  millimètre  de  diamètre,  et  on  l'a  transportée  sous  la  surface 
libre  de  l'eau  Buspendue  ;  or,  aussitôt  le  contact  établi  avec  cette 
surface,  la  petite  bulle  s'est  détachée  de  l'orifice  effilé,  et  l'air  qu'elle 
contenait*  pénétrant  dans  le  liquide,  a  monté  à  travers  celui-ci  ;  l'ex- 
périence répétée  plusieurs  fbis  a  toujours  donné  le  même  résultat. 

Maintenant  imaginons  que,  d'une  certaine  distance  au-dessous  de  la 
surface  de  l'eau  suspendue»  monte  un  courant  de  vapeur  d'eau  visible. 

(\)  MétAbfa  ttt  un*à$  parittùtiir  <U  Ciqultibre  dit  îiquiitt  (ttÉfcOÏBXb  bt  l'Aca4£mii 
.  XXYi,  MJ ,  «t  t,  XXVÎH ,  i  801). 


348  LES  MONDES. 

Si  cette  vapeur  se  compose  de  vésicules,  chacune  de  celles  qui  vien- 
dront se  mettre  en  contact  avec  la  surface  liquide  devra  introduire 
dans  l'eau  une  bulle  d'air  microscopique,  qui  prendra  aussitôt  un 
mouvement  ascensionnel,  de  sorte  que  l'ensemble  de  ces  petites  bulles 
devra  former,  dans  l'eau  du  tube,  un  nuage  qui  s'y  élèvera  lentement, 
et  en  altérera  la  transparence. 

Or  M.  Duprez  a  bien  voulu,  à  ma  prière,  essayer  l'expérience. 
L'eau  était  suspendue  dans  un  tube  en  verre  de  43M  de  diamètre 
intérieur  ;  un  petit  vase  en  métal  présentant  un  orifice  de  plusieurs 
centimètres  de  diamètre  et  contenant  une  certaine  quantité  d'eau,  était 
installé  sur  une  lampe  au-dessus  de  la  surface  libre  de  l'eau  du  tube  ; 
l'orifice  de  la  bouilloire  était  à  12  centimètres  environ  de  cette  surface. 
On  a  obtenu  ainsi  une  ébullition  continue,  et  un  courant  de  vapeur 
visible  s'élevant  vers  la  surface  de  l'eau  suspendue  ;  mais,  bien  que 
l'expérience  ait  été  prolongée  pendant  une  demi-heure,  aucun  nuage 
ne  s'est  montré  dans  l'eau  du  tube.  La  vapeur  venait  se  condenser  sur 
la  paroi  extérieure  de  celui-ci,  qu'il  fallait  essuyer  de  tempe  à  autre, 
mais  l'eau  intérieure  conservait  toute  sa  transparence. 

Il  me  parait  bien  difficile,  d'après  cela,  de  conserver  encore  un 
doute  sur  la  non-existence  de  l'état  vésiculaire.  En  effet,  il  n'y  aurait 
ici,  me  sembie-t-il,  que  trois  objections  à  présenter  :  on  pourrait  dire 
ou  bien  que  les  bulles  d'air,  en  pénétrant  dans  l'eau,  s'y  dissolvent  à 
cause  de  leur  extrême  petitesse  et  de  la  pression  capillaire  considéra- 
ble qu'elles  éprouvent  de  la  part  du  liquide  ambiant  ;  ou  bien  que 
toutes  les  vésicules  éclatent  en  atteignant  la  surface  de  l'eau  ;  ou  bien 
enfin  qu'elles  roulent  sous  cette  surface  dont  elles  demeurent  séparées 
par  une  mince  couche  d'air  ou  de  vapeur  gazeuse,  jusqu'à  ce  qu'elles 
arrivent  au  bord  extérieur  du  tube,  pour  s'échapper  ensuite  dans  l'air 
environnant. 

Mais  la  première  de  ces  suppositions  doit  nécessairement  être  reje- 
tée, car  d'abord  l'eau  du  tube  avait  été  préalablement  agitée  pendant 
lontemps  avec  de  l'air,  pour  l'en  bien  saturer,  et,  en  second  lieu,  pen- 
dant qu'elle  était  soumise  à  l'action  de  la  vapeur,  elle  s'échauffait,  et 
devait  perdre  ainsi  ce  qui  pouvait  lui  rester  de  faculté  dissolvante; 
aussi  voyait-on,  après  quelque  temps,  des  bulles  d'air  relativement 
grosses  se  former  sur  la  paroi  intérieure  du  tube  vers  le  haut  de  celui- 
ci,  c'est-à-dire  là  où  se  rendait  la  portion  la  plus  chaude  de  l'eau. 

La  seconde  supposition,  sans  être  tout  à  fait  inadmissible,  est,  du 
moins,  bien  peu  probable  :  on  a  vu  que  nos  petites  bulles  de  moine 
d'un  millimètre  n'éclataientnullementau  contact  de  la  surface  de  l'eau  ; 
pourquoi  en  serait-il  autrement  de  toutes  les  vésicules?  Dira-t-on  que 


LES  MONDES.  349 

leur  enveloppe  est  beaucoup  plus  mince  que  celle  de  nos  petites  bul- 
les? Mais,  si  les  vésiculesexistent,  leurs  enveloppes  doivent  .être  assez 
épaisses  pour  être  incolores,  sans  quoi  un  nuage  éclairé  par  le  soleil 
n'aurait  pas  un  éclat  si  vif;  elles  doivent,  d'ailleurs,  avoir  une  grande 
persistance,  vu  la  longue  durée  des  gros  nuages. 

Enfin,  quant  à  la  troisième  supposition,  est-il  vraisemblable  que 
toutes  les  vésicules  puissent  rouler  sous  la  surface  de  l'eau,  sans 
qu'une  partie  au  moins  viennent  la  toucher?  D'ailleurs  M.  Duprez  a 
répété  l'expérience,  en  faisant  çn  sorte,  par  ses.  procédés,  que  cette 
surface  fût  concave  et  se  maintint  telle  malgré  l'augmentation  de 
volume  du  liquide  due  à  la  dilatation  par  la  chaleur  et  à  la  condensa- 
tion de  la  vapeur  ;  or,  dans  ce  cas,  un  grand  nombre  de  vésicules 
auraient  dû  rouler  vers  le  sommet  de  la  cavité,  s'y  accumuler,  et  con- 
séquemment  se  mettre  bientôt  en  contact  avec  la  surface  liquide;  et 
cependant  rien  n'a  été  changé  au  résultat,  aucun  nuage  n'a  troublé  la 
transparence  de  l'eau. 

Je  regarde  donc  l'expérience  ci-dessus  comme  constituant  sinon  une 
preuve  convaincante,  du  moins  un  argument  très-puissant  contre 
l'hypothèse  de  l'état  vésiculaire. 

.  Qu'il  me  soit  permis  de  rappeler  ici  une  autre  expérience,  que  j'ai 
décrite  dansla8ma  série  de  mes  recherches  Sur  les  figures  d'équilibre 
d'une  masse  liquide  sans  pesanteur .  L'une  des  principales  objections 
qu'on  a  élevées  contre  l'état  vésiculaire,  c'est  que  l'air  contenu  dans  une 
vésicule  serait  soumis,  de  la  part  de  la  pellicule  liquide,  à  une  pression 
considérable,  d'où  résulterait  que  cet  air  se  dissoudrait  dans  la  pel- 
licule^ puis  passerait  de  là  à  l'extérieur,  et  qu'ainsi  la  vésicule  serait 
bientôt  réduite  à  une  petite  sphère  pleine.  Or,  quand  on  développe, 
sur  la  surface  d'une  solution  de  savon  de  Marseille  formée  d'une  par- 
tie de  ce  savon  et  de  quarante  parties  d'eau  distillée,  une  calotte  lami- 
naire d'un  centimètre  environ  de  diamètre,  et  que  cette  calotte  est 
maintenue  dans  une  atmosphère  saturée  de  vapeur  d'eau,  elle  persiste 
quelquefois  au  delà  de  24  heures,  après  être  devenue  entièrement 
noire,  et,  dans  ce  cas,  on  assiste  à  un  phénomène  curieux  :  la  calotte 
décroît  progressivement,  et  finit  par  s'annuler  ;  d'où  il  suit  que  l'air 
emprisonné  a  passé  peu  à  peu  à  travers  la  lame.  A  la  vérité,  cette 
lame  est  beaucoup  plus  mince  que  celb  qui  constituerait  une  vési- 
cule ;  mais,  d'autre  part,  la  théorie  indique,  d'après  la  difiéreace  des 
liquides  et  des  diamètres,  qu'à  l'intérieur  d'une  vésicule  d'eau  la  pres- 
sion serait  plus  de  mille  fois  aussi  forte  qu'à  l'intérieur  de  notre 
calotte  d'eau  de  savon  quand  celle-ci  a  ses  dimensions  originaires. 


350  LE8  MONDES: 

Répanae  à  quelle*  objeetlanft  ««r  la  lharaat*i*ft- 
tl«n  des  liquide»  par  leur*  propre*  vapeurs  par  le 
R.  P.  §tnna  ftalai»*,  par  M.  Charles  Tomunso*,  F.  R.  S.  — 
Dans  les  Mondet  du  21  décembre  4871,  le  R.  P.  Sanna  Solàro  m'a 
fait  l'honneur  d'introduire  quelques  remarques  sur  mes  deux  preniiers 
mémoires  publiés  par  les  Mondes  du  1$  octobre  et  du  2  novembre 
précédents,  mémoires  dans  lesquels  mes  efforts  tendaient  à  démontrer 
la  véritable  action  des  noyaux  pour  séparer  un  gaz  ou  une  tapeur  de 
sa  solution  sursaturée.  Appliquant  l'expression  de  solutions  gazeuses 
sursaturées  à  l'eau  de  Selle  ou  de  SedKtz  et  au  vin  de  Champagne,  et 
remarquant  que  dans  un  grand  nombre  de  cas  où  des  noyau*  sépa- 
raient leurs  gaz  il  y  avait  une  action  précisément  semblable  à  belle  c[ui 
opère  la  séparation  des  vapeurs  de  leurs  liquides  près  du  point  d'ébul- 
lition,  il  ne  me  semblait  pas  déraisonnable  de  supposer  que  ces  der- 
niers liquides  sont  constitués  comme  les  premiers.  En  outre,  dans  les 
deux  cas,  l'opinion  reçue  est  que  les  noyaux  agissent  en  apportant  dé 
Pair,  dans  lequel,  dit-on,  le  gaz  ou  la  vapeur  se  répand  pour  s*ééhâp- 
per  ensuite,  tandis  que,  suivant  ma  théorie,  je  m'applique  à  établir 
que  le  gaz  ou  la  vapeur  adhère  à  un  corps  gras  ou  huileux  par  sa  na- 
ture, ou  qui  a  été  frotté  par  les  mains,  et  auquel  l'eau  n'adhéré  pas  ; 
qu'il  suffit,  en  effet,  d'introduire  un  tel  corps  dans  la  solution  pour 
voir  qu'il  se  couvre  immédiatement  de  petite»  bulles  de  gaz  ou  de  va. 
peur.  Ces  bulles  s'échappent  de  la  surface  aussi  longtemps  qu'elle  e  st 
plus  ou  moins  couverte  par  une  couche  de  ihatière  qui  peut  ftre  tou- 
chée par  un  gaz  ou  une  vapeur,  et  ne  peut  l'être  par  l'eau.  Un  cailfou 
siliéeuxqui  a  été  exposé  à  l'air  d'une  chambre  ou  frotté  par  les  matas, 
et  qu'on  introduit  dans  une  solution  de  gaz  ou  de  vapeur,  se  courte 
de  bulles  immédiatement;  mais  si  on  le  brise  en  deux  morceaux,  et 
qu'on  le  remette  dans  la  solution,  on  ne  voit  pas  une  bulle  sur  les  faces 
provenant  de  la  brisure,  parce  que  ces  faces  sont  dans  leur  état  de 
pureté  naturelle.  Si  l'air  devait  intervenir  pour  la  production  du  phé- 
nomène, comment  serait-il  apporté  par  les  surfaces  impures  plutôt  que 
par  celles  qui  sont  pures  ? 

Certains  liquides  contiennent  eux-mêmes  leurs  noyaux  ;  c'est  le  cas 
du  lait,  par  exemple.  Ce  liquide,  placé  sur  le  feu,  se  charge  graduelle- 
ment de  vapeur,  et  il  arrive  un  moment  où,  les  particules  de  beurre 
disséminées  dans  la  masse  ajoutant  leur  action  à  la  force  expansive 
de  la  chaleur,  la  vapeur  se  dégage  en  telle  abondance  qu'elle  projette 
le  liquide  hors  du  vase. 

Une  baguette  de  verre  qu'on  a  rendue  chimiquement  pure,  plon- 
gée dans  une  solution  sursaturée,  ne  donne  pas  lieu  à  l'apparition 


LES  MONDES.  351 

d'une  seule  bulle  ou  de  vapeur,  parce  qu'elle  adhçre  avec  une  égale 
force  à  l'eau  et  au  gaz,  ou  à  l'eau  et  à  la  vapeur.  Si  ensuit*  on  fait 
sécher  la  tige  de  verre  dans  l'air  poussiéreux  d'une  chambre,  et  qu'on 
la  replonge,  quand  elle  est  sèche,  dans  la  même  solution,  elle  mani- 
feste une  action  de  noyau;  mais  si  la  dessiccation  s'est  faite  d&ns  l'air 
pur  de  la  campagne,  elle  se  montre  inactive,  parce  qu'elle  est  en<we 
dans  un  état  naturellement  pur,  ou  dans  un  état  catfoirisé»  Cette  re» 
marque  s'applique  aux  solutions  salines  sursaturées. 

11  m'est  difficile  de  répondre  à  des  objections  de  la  nature  de  cell  es 
que  m'adresse  M.  Solaro,  car  il  refuse  quelquefois  d'admettre  conyne 
exact  le  compte  que  je  rends  de  mes  expériences  sans  paraître  les  avoir 
refaites  lui-même  pour  les  vérifier.  Par  exemple,  il  ne  peut  compren- 
dre comment  une  cage  d'une  fine  toile  métallique  peut  être  descendue 
dans  un  liquide  à  la  température  de  l'ébullition  en  conservant  une 
partie  de  l'air  qu'elle  contenait.  «  La  cage,  dit-il,  était  descendue  dou* 
cernent  dans  l'eau,  et  par  conséquent,  à  mesure  que  sa  partie  infé- 
rieure descendait,  l'air  devait  sortir  doucement  aussi  par  Ut  partie  su  » 
périeure.  »  Si,  au  lieu  de  faire  cette  critique,  M.  Solaro  avait  fait  Tex* 
périence,  il  ne  se  serait  pas  placé  dans  la  position  d'un  homme  qui, 
apprenant  que  les  faits  seraient  contre  lui,  répliqu  çxait  :  «  Tant  pis 
pour  les  faits.  » 

Ailleurs,  au  sujet  de  l'ébullition  que  je  produis  par  le  contact  d'un 
corps  impur  avec  le  liquide,  M.  Solaro  dit  :  «  L'ébullition  arriverait 
sans  le  contact,  quelques  instants  plus  tard,  »  Cependant  te  vérité  est 
que  l'ébullition  n'arriverait  pas;  car  j'avais  disposé  le  bain  d'eau 
chaude  de  manière  à  maintenir  le  liquide  un  peu  au-dessous  de  son 
point  d'ébullition. 

Autre  part  encore,  où  j'observe  que  les  vases  de  verre  employés  pour 
le  chauffage  et  la  distillation  des  liquides  sont  fréquemment  parsemés 
de  petits  points  charbonneux  qui  agissent  comme  d'exroUents  noyaux 
et  qui  ont  préservé  plus  d'un  vase  de  la  destruction,  M.  Solaro  me  fait 
dire  que  ce  sont  des  points  imperceptibles  à  l'œil}  ce  que  je  n'ai  jamais 
dit.  Tout  chimiste  qui,  fait  bouillir  des  liquides  dans  des  vases  de  verre 
a  dû  remarquer  des  tourbillons  ascendants  de  vapeur  partant  de  cer  * 
tains  points  de  la  surface  du  verre,  et  constater  que  ces  points  étaient 
de  petites  taches  noires  de  charbon,  qui  possèdent  à  un  haut  degré  la 
propriété  noyalique.  On  n'est  donc  pas  fondé  à  dire,  à  cette  occasion, 
que  «  lorsque  tout  l'air  ou  le  gaz  a  disparu,  le  phénomène  a  cessé, 
mais  seulement  alors,  et  pour  cette  raison,  «  Chtoun  de  cm  pointe 
peut  rester  actif  pendant  plusieurs  heures,  et  Von  »n#  peut  soutenir 
sérieusement  que  l'air  s'en  dégage  pendant  toute  cette  durée. 


3*2  LES  MONDES, 

M.  Solaro  pose  cette  question  :  «  Pouvons-nous  supposer  qu'un 
corps  quelconque  se  purifie  par  le  simple  contact  d'un  liquida  chaud, 
quel  qu'il  soit?  L'action  de  liquides  bouillants  pour  rendre  des  corps 
chimiquement  purs  est  connue  de  toute  personne  qui  a  distillé  de 
l'acide  sulfarique,  ou  des  liquides  alcooliques  ou  éthérés,  et  Ton  peut 
ia  reconnaître  sans  être  absolument  imprégné  de  l'idée  que  toutes  les 
substances  qui  favorisent  la  vaporisation  agissent  en  apportant  de  l'air. 
Du  sable  nettoyé  par  ébullition  dans  de  l'acide  sulfurique,  le  lavage  et 
l'action  de  la  chaleur,  ou  du  mercure  convenablement  purifié,  intro- 
duits dans  l'eau  bouillante,  devraient  y  apporter  de  l'air,  suivant 
la  théorie  soutenue  par  M.  Solaro  ;  mais  le  fait  est  qu'ils  produisent 
des  soubresauts,  tandis  qu'un  peu  de  sable  ou  de  mercure  non  nettoyé 
arrête  merveilleusement  les  soubresauts  et  rend  l'ébullition  calibe  (ex- 
périences 9  et  12). 

Les  noyaux  permanents,  tels  que  le  charbon  de  bois  et  d'autres  corps 
poreux,  agissent,  si  je  ne  me  trompe,  en  vertu  de  leur  propriété  d'ab- 
sorber le  gaz  et  les  vapeurs.  Un  morceau  de  charbon  peut  agir  pendant 
des  jours  et  même  des  mois  pour  entretenir  la  vaporisation  d'un 
liquide  ;  et  peut-on  un  instant  supposer  qu'il  fournisse  aussi  longtemps 
de  l'air  en  dégageant  de  la  vapeur  ? 

Si  j'ai  omiB  quelques  points  dans  les  objections  de  M.  Solaro,  c'est 
que  je  ne  veux  pas  répéter  tout  ce  que  j'ai  dit  dans  mes  deux  premiers 
mémoires.  Je  me  borne  à  rappeler  que  j'ai  remarqué  les  différents 
résultats  qu'on  obtient  relativement  à  la  température,  selon  qu'on 
chauffe  un  liquide  en  exposant  le  flacon  à  une  flamme  placée  au-des- 
sous, ou  en  plongeant  le  vase  dans  un  bain  d'huile  chaude,  ou  par 
l'emploi  d'une  autre  source  de  chaleur.  J'ai  montré  aussi  combien  il 
était  improbable  que  des  gaz  tels  que  l'azote,  qui  sont  si  peu  solubles 
dans  l'eau,  spécialement  dans  l'eau  bouillante,  pussent  continuer  à 
exister  dans  ce  liquide  pendant  une  longue  ébullition.  J'ai  souvent 
répété  l'expérience  de  M.  Grove,  dans  laquelle  de  l'eau  recouverte 
d'une  couche  d'huile  était  indéfiniment  rebouiliie.  J'ai  recouvert  de 
l'eau  d'une  couche  d'huile  de  paraffine,  et  je  l'ai  fait  bouillir  plusieurs 
fois  par  jour  pendant  une  semaine.  J'ai  trouvé  que  si  l'ébullition  est 
un  peu  vive,  la  couche  d'huile  se  brise  en  globules  qui  sont  entraînés 
au  fond  du  tube.  Si  l'ébullition  est  moins  vive,  la  surface  de  l'huile 
s'ouvre  et  laisse  entrer  de  l'air,  sur  lequel  elle  se  referme  ;  cet  air 
après  être  descendu,  s'élève  en  bulles  à  la  surface.  Il  peut  arriver  ainsi 
que  dix  ou  douze  bulles  d'air  forment  une  sorte  d'anneau  au  contact 
dé  la  surface  avec  le  verre.  Si  alors  on  chauffe  le  fond  du  tube  avec  la 
flamme  d'un*  petite  lampe  à  esprit  de  vin,  on  voit  souvent  une  bulle 


i  V 


LES  MONDKà,  353 

de  vapeur  monter  à  la  surface,  traverser  l'huile  et  s'emparer  d'une,  ou 
de  deux  ou  de  trois  de  ces  bulles  d'air  qu'elle  entraîne  vers  le  fond; 
mais  eelles-ei  parfois  éclatent  et  se  disséminent  en  une  multitude  de 
petites  bulles  qui  rencontrent  les  parois  du  tube  et  y  restent  longtemps. 
On  serait  tout  à  fait  porté  à  croire  qu'elles  sont  fournies  par  l'eau  et 
non  par  l'air.  Il  est  curieux  de  voir  avec  quelle  facilité  une  bulle  de 
vapeur  s'attache  à  une  bulle  d'air*  Je  présume  que  c'est  là  l'origine  de 
l'air  que  M.  Grove  trouva  dans  des  liquides  bouillants,  d'après  la  forme 
qu'il  donnait  à  ses  expériences. 

Je  termine  en  donnant  les  résultats  de  quelques  expériences  que 
j'ai  faites  depuis  la  réception  du  mémoire  de  M.  Solaro. 

lr»  Expérience.  —  De  l'eau  distillée  fut  chauffée  dans  un  flacon 'ca« 
tharisé  à  là  flamme  d'une  lampe  à  esprit  de  vin.  Il  se  forma  deux  tour- 
billons de  bulles  de  vapeur,  qui  montaient  en  partant  de  deux  taches 
noires  très-petites,  mais  parfaitement  visibles,  au  fond  du  flacon. 

2e  Expérience.  —  Une  lime  en  queue  de  rat,  introduite  dans  l'eau 
bouillante,  donna  naissance  à  un  dégagement  de  vapeur  presque  de 
tous  les  points  de  sa  surface.  La  lime  fut  lavée  dans  de  l'eau  de  savon, 
et  elle  se  montra  encore  active  en  un  ou  deux  points.  Elle  fut  lavée 
dans  de  l'alcool,  et  persista  néanmoins  à  être  active  aux  mêmes  points. 
Ces  points  furent  examinés  de  près,  et  reconnus  pour  être  des  taches 
de  rouille.  La  lime  fut  en  conséquence  immergée  dans  de  l'acide  sul- 
furique  dilué  et  séchée  dans  un  air  chaud;  cette  opération  la  rendit 
complètement  inactive.  Maintenant,  je  le  demande  à  mon  honorable 
contradicteur,  pourquoi  l'action  noyalique,  après  les  deux  premiers 
lavages,  ne  s'étendait-elle  pas  à  toute  la  surface  de  la  lime?  Pourquoi 
était-elle  limitée  à  ces  deux  points  ?  Suivant  sa  théorie,  les  corps  à  sur- 
face  rugueuse  sont  les  noyaux  les  plus  efficaces,  parce  qu'ils  apportent 
le  plus  d'air. 

3e  Expérience.  —  La  même  lime  fut  légèrement  frottée  dans  une 
main  qui  avait  été  rendue  grasse  par  un  peu  d'huile.  Dès  qu'elle  fut 
introduite  dans  l'eau  chaude,  elle  se  couvrit  de  bulles  qui  se  détachaient 
ensuite  de  sa  surface,  et  le  phénomène  dura  plusieurs  minutes,  c'est-à- 
dire  aussi  longtemps  que  la  température  de  l'eau  resta  très-voisine  du 
point  d'ébuliition. 

4e  Expérience.  —  Une  baguette  de  verre  catharisée  introduite  dans 
l'eau  bouillante  ne  donna  pas  lieu  à  l'apparition  d'une  bulle.  Elle  fut 
enduite  d'un  peu  d'huile  de  castor,  et,  à  peine  remise  dans  le  liquide, 
elle  fut  couverte  d'une  multitude  de  petites  bulles  adhérentes  aux  di- 
vers points  de  sa  surface,  tandis  que  de  grandes  bulles  partaient  des 
mêmes  points  pour  s'échapper  au  dehors. 

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854  LES  MONDES. 


•  5#  Expérience.  —  Un  tube  Çui  contenait  de  l'esprit  de  bois,  bouil- 
lant à  60°,  fat  plongé  dans  un  flacon  d'eau  chaude.  Une  baguette  de 
1er»  catharisée,  qui  avait  été  exposée  pendant  une  heure  à  l'air  de 
mon  jardin,  se  montra  inactive'  dans  le  liquide  expérimenté.  Hais  après 
W$J  avoir  été  passée  dans  une  main  légèrement  graissée  de  saindoux,  elle 

%j;;^r  produisit  une  telle  explosion  de  vapeur  qu'une  moitié  de  l'esprit  de  bois 

té'  jaillit  hors  du  tube.  Le  résultat  fût  le  même  avec  de  l'éther  et  du  bi- 

sulfure de  carbone. 


MÉCANIQUE  PHYSIQUE. 


O©  l'Inffuence  de  la  chaleur  dur  r  élasticité  du  eaout  • 
choue,  par  M.  J.  Schmulewitsch,  docteur  en  médecine.  —  On  sait 
que  W.  Thomson  a  établi,  à  propos  des  coefficients  de  dilatation  des 
corps  par  la  chaleur,  la  formule 

à  l'aide  de  laquelle  on  peut  déterminer  la  quantité  de  chaleur  que  ces 
corps  absorbent  en  se  dilatant  ou  qu'ils  dégagent  en  se  rétractant. 
Les  brillantes  expériences  de  Joule  vinrent  encore  confirmer  cette  for- 
mule. Pour  déterminer  les  quantités  de  chaleur  absorbée  par  les  corps 
au  moment  de  leur  dilatation,  il  se  servait  de  fines  aiguilles  thermo- 
électriques fixées  sur  ces  corps,  et  d'un  galvanomètre.  Les  chiffres 
ainsi  obtenus  par  lui  concordent  admirablement  avec  la  formule  de 
Thomson.  Parmi  les  corps  nombreux  que  Joule  examina  se  trou- 
vaient entre  autres  des  morceaux  de  caoutchouc  taillés  les  uns  en 
Forme  de  prismes  et  les  autres  en  cylindres.  Sous  l'influence  d'une 
dilatation  mécanique  de  ceux-ci,  Joule  remarqua  à  sa  grande  surprise 
une  déviation  de  l'aiguille  aimantée,  non  dans  le  sens  de  l'abaisse- 
ment, mais  de  l'élévation  de  la  température.  Seulement,  il  ne  fit  que 
constater  le  fait  et  ne  s'en  occupa  pas  davantage.  Quant  à  moi,  cette 
circonstance  m'intéressait  au  plus  haut  degré;  voici  pourquoi  :  en 
étudiant  la  physiologie  du  tissu  musculaire;  je  m'étais  posé  celte  ques- 
tion :  Quel  rapport  existe  entre  la  faculté  que  possède  notre  organisme 
de  produire  du  mouvement  mécanique  et  la  température  ambiante. 
Comme  c'est  au  système  musculaire  que  sont  rattachés  nos  rapports 
dans  l'espace  avec  le  monde  extérieur,  la  question  devenait  celle-ci  : 


LES  MONDES.  3ft& 

Dans  quel  rapport  varie  la  puissance  des  muscles -pour  soulever  des 
fardeaux  avec  les  variations  de  leur  propre  température  ? 

Les  résultats  que  j'ai  obtenus  se  sont  trouvés  complètement  d'accord 
aVec  les  chiffrés  que  j'étafe  en  froit  d'itdtoti  jrtbrtf,  tn  m'appuyant 
sur  les  lois  de  la  théorie  mécanique  de  la  chaleur.  J'ai  If  ouvé,  en  effet, 
que  la  même  «aust  (irritation)  produit  dans  un  munie  plus  d'effet 
mécanique  qulnd  sa  température  est  plus  élevée  ;  dauêtt  cas,  le  muscle 
transforme  da  la  chaleur  en  mouvement,  le  ne  plasfcrai  pas  ici  les 
détails  de  celte  expérience,  je  veux  simplement  attirer  l'attention  du 
lecteur  sur  un  fait  qui  m'étonna  au  début  de  mon  travail.  Lorsqu'on 
élève  la  température  d'un  muscle,  il  ne  s'allonge  pM  comme  les  autres 
corps,  il  se  rétrécit  au  contraire;  je  cherchai  alors  un  mitre  corps  qui 
se  comportât  de  même  sous  l'influence  de  la  chaleur,  et  je  trouvai  le 
caoutchouc,  (tomme,  d'après  Joule,  le  caoutchouc,  en  se  dilatant, 
n'absorbe  pas  4e  chaleur,  mais  en  dégage  au  contraire,  en  pouvait  déji 
théoriquement  prédire  que  sous  l'influence  de  la  chaleur  il  devait  non 
pas  s'allonger,  mais  se  raccourcir.  C'est  aqssi  ce  que  confirme  pleinement 
l'expérience.  Oans  l'espoir  de  trouver  l'explication  de  Ce  phénomène 
et  d'éclaircir  en  même  temps  par  analogie  un  point  de  la  physiologie 
musculaire,  je  me  livrai  sur  cette  question  à  un  exapen  plus  rigou- 
reux. J'ai  constaté  que  le  caoutchouc  ne  se  raccourcit  psi  constamment 
parla  chaleur,  que  ce  fait  ne  se  produit  qu'en  soumettant  le  caout- 
chouc à  une  traction  considérable,  et  qu'il  se  r&ccouwk  quand  elle  est 
plus  faible.  P&  suite,  j'ai  trouvé  qu'il  existe  pouf  ta  cylindre  quel- 
conque en  caoutchouc  un  certain  poids  moyen  pour  lequel  il  conserve, 
à  des  températures  différentes,  une  longueur  oottMMte.  Ce  repos  ap- 
parent s'est  ensuite  montré  à  mes  yeux  comme  la  somme  algébrique 
de  deux  actions  moléculaires.  Pendant  que  d'un  côté  la  chaleur  agit 
sur  le  caoutchouc  en  le  dilatant  normalement,  d'un  autre  côté  elle  aug- 
mente son  élasticité.  On  peut  représenter  graphiquement  cette  action  de 
la  façon  suivante .  Imaginons  un  système  de  coordonnées  dans  le  - 
quel  on  prend  les  poids  pour  abcisses  et  les  allongements  qu'ils 
produisent,  pour  ordonnées.  Ainsi  be  sera  l'allongement  produit 
par  un  poids  de  10  gr.,  de  l'allongement  pour  20  gr.,  fg  pour 
30  gr.,  hi  pour  40  gr.,  etc.  En  réunissant  les  points  extrêmes  de 
ces  coordonnées,  nous  obtenons  la  ligne  ai  qui  représente  la  courbe  de 
dilatation  du  caoutchouc  à' des  températures  peu  élevées.  Le  lecteur 
remarquera  que  cette  courbe  n'est  pas  une  ligne  droite,  comme  cela  se 
présente  pour  certains  métaux,  car  j'ai  trouvé  qu'elle  répond  aftse* 
exactement  à  la  formule 

y2*zax*-t-bx,  • 


m; 


350  LES, MONDES. 

c'est-àrdjfw  que  c'est  uae  hyperbole  dont  la  convexité  est  tournée  vers 

l'axe.  Si  mainteaaat  le  caautchoiw  s'allongeait  simplement  par  la 


chaleur,  cet  allongement  serait  le  même  pour  les  différentes  tractions; 
à  une  température  plus  élevée,  à  50  degrés,  par  exemple,  le  caout- 
chouc s'allongerait  d'une  certaine  quantité  ak~ci  =  em,  etc.,  et  nous 
aurions  alors  comme  courbe  de  dilatation  du  caoutchouc  la  ligne  ko. 
Supposons  maintenant  qu'au  lieu  d'allongement  il  se  produise  une  aug- 
mentation d'élasticité,  ou,  ce  qui  revient  au  même,  une  diminution  de 
moitié,  en  fait  de  dilatation  ;  on  aurait  alors  sous  l'influence  de  la  cha- 
leur, pour  un  poids  de  0  gr.,  un  allongement  de  0,  pour  10  gr. 
êp  =  Jifl,  .pour  20  gr.  dq  -=  J  de,  pour  30  gr.  fr  =>  \fg,  pour  40  gr. 
hs  =  J  hi.  Nous  aurons  ainsi  obtenu,  sous  l'influence  d'une  augmen- 
tation d'élasticité,  la  courbe  as.  Mais,  comme  nous  disions  que  par  la 
chaleur  les  deux  effets  se  produisaient,  la  courbe  réelle  de  dilatation 
sera  celle  que  l'on  obtiendra  par  l'addition  algébrique  des  deux  courbes 
oo  et  ko,  c'est-à-dire  kl.  Si,  maintenant,  nous  observons  les  rapport! 


LES  MONDES.  387 

dès  deux  courbes  ac  et  kty  nous  remarquerons  qu'ils  concordent  par- 
faitement avec  les  résultats  de  l'expérience;  ces  courbes  se  croisent  en 
un  point  u  ayant  lequel  la  courbe  kt  se  trouve  au-dessous  de  *e,  tandis 
qu'après  le  point  u,  c'est  la  ligne  ac  qui  de  f  descend  au -dessoudée  ftt, 
ce  qui  signifie,  en  d'autres  termes,  que  le  caoutchouc  s'allonge  sous 
l'influence  de  la  chaleur,  tant  que  la  oharge  à  laquelle  il  est  soumis 
ne  dépasse  pas  le  point  w,  qu'il  se  raccourcit  au  contraire  quand  la 
charge  dépasop  ce  point. 

L'augmentation  de  l'élasticité  du  caoutchouc  sous  l'influencé  de  la 
chaleur  présentait  pour  moi  un  double  intérêt.  D'abord  on  avait  -tou- 
jours admis  comme  loi  que  la  chaleur  diminuait*  l'élasticité  des  corpti, 
ensuite,  si  la  chaleur  raccourcit  les  muscles  pour  la  même  raison  que 
le  caoutchouc,  ma  découverte  mettait  fin  à  une  question  de  physiologie 
sur  laquelle  se  livraient  depuis  longtemps  de  si  ardentes  discussions, 
à  savoir  quelle  part  revient  à  l'éla6ticité  des  muselés  dans  la  produc- 
tion du  travail  mécanique.  On  se  rappelle  que  j'ai  constaté  que  la  cha- 
leur permettait  aux  muscles  de  produire  une  plus1  grande  somme  de 
travail  mécanique,  et  nous  trouvons- maintenait  qfte  la  obaleur  aug- 
mente leurs  propriétés  élastiques,  il  est  donc  -évident  que  la  faculté  des 
muscles  de  produire  du  travail  mécahiqufe  ttetttf  à  leurîélastioitéw  ' : 

En  vue  des  conclusions  importantes  quUbefetposrtbtedeUrer  par 
déduction  du  principe  :  que  là  chaleur  augmente  l'élasticité  dh  caout- 
chouc, je  cherchai  de  nouvelles  preuves  à  l'appui  de  ma  thèse  et  je  les 
trouvai  en  effet.  Sur  ma'  figure,  on  peut  voir  facilement  que  «  le  rac- 
courcissement du  caoutchouc  par  la  chaleur  ^est  réellement  produit 
par  l'augmentation  de  l'élasticité,  la  grandeur  du  raccourcissement 
doit  nécessairement  dépendre  de  la  force  de  tension:  On  voit,  en  effet, 
que  le  caoutohouc  qui  ne  perd  in  longueur  que  la  Quantité  -et  so*fe 
un  poids  de 20  gr.  perd  la  quantité  <f?  à  une  tension  de  40  gr.  Restait  à 
vérifier  ce  lait  par  l'expérience.  Dans  celles  que  j'entrepris,  *u  lieu 
de  poids,  je  me  servais,  pour  produire  les  tractwiis,  d'une  coule  dé 
violon,  qui  attachée,,  d'un  côté,  à  un  point  .fixe,  était  :âe .  r-aptoe  i*- 
liée  au  cyUudre  de  caoutchouc  en  expérience.  Je  détermina»  le  rao- 
couroiflsement  du  caoutchouc  sous  l'influence  de  la  chaleur,  par  l'élé- 
vation de  la  note  donnée  par  la  corde  sonore.  Cette;élévàtion  duaeneqt 
nécessairement  plus  faible  avec  de  petites  tractionsqu'avec  destgrandee. 
Mes  expériences  confirmèrent  pleinement,  cette  hypothèse.  H  prendp 
un  cylindre  assez  fort  en  caoutchouc,  et  J'en  fixe  solidement  leé  Aeupi 
extrémités,  au  moyen  de*  vis,  dans  deux  montuies  pourvue»  ét^eve* 
«hefs.  De  ceux-ci,  l'un  serti  à  fixer  un.  des  bouts  du  caoutchouc  au 
fond  d'une  petite  boite  en  fer-blanc  longue  et  étroite,  tandis  qu'au 


ëS8  LES  MONDES. 

crochet  de  l'autre  bout  où  attache  la  corde  à  violon  ;  celle-ci  passe  sur 
xm  poulie  et  va  s'enrouler  autour  d'une  vis,  qui  permet  d'augmenter 
à  volonté  le  degré  de  tension  de  la  oorde  et  du  cylindre  en  caout- 

ehouc 

On  fixe  la  vis  et  la  poulie  sur  une  caisse  de  résonnance.  Sur  Tune 
des  planchettes  formant  paroi,  on  dispose  Tune  derrière  l'autre  la 
poulie»  et  la  boite  en  fer-blanc,'  de  telle  façon  que  la  ligne  formée  par 
le  caoutchouc  et  la  corde  soit  située  dans  un  plan  passant  par  le  grand 
axe  de  la  planche»  De  cette  manière  on  diminue  autant  que  possible 
le  frottement  sur  la  poulie,  et  la  traction  se  trouve  plus  également  ré- 
partie sur  la  corde  et  le  cylindre  en  caoutchouc.  Je  donne  ici  comme 
«temple  les  chiffres  provenant  d'une  des  mes  nombreuses  expériences. 
Je  verse*  dans  le  vase  de  l'eau  à  la  température  de  8°  R.,  puis  je 
tourne  la  vis  de  la  corde  jusqu'à  ce  que  celle-ci  donne  un  son  équiva- 
lent à  299,07  vibrations  par  seconde,  et,  d'après  les  résultats  obtenus 
-à  Paris,  j'admets  pour  la»  435  vibrations. 

D'après  notre  échelle  tonique,  392  vibrations  par  seconde  corres- 
pondent à  un  ton  compris  entrerai,  bémol  et  roiatJe  fais  alors  auraoyen 
d'un  siphon  écouler  l'eau  froide,  et  je  la  remplace  par  de  l'eau  à  50°  R. 
J'obtiens  maintenant  un  son  de  341,78  par  seconde,  compris  par  con- 
séquent entre roi»  diète  et  mû  de  notre  échelle.  J'ai  donc  obtenu  une  élé- 
vation de  49*71  vibrations  par  seconde.  J'augmente  ensuite  lataneion  du 
cylindiede  caoutchouc  et  de  la  corde  en  tournant  la  vis  jusqu'à  ce  que 
j'obtienne  un  ton  de  474,54  vibrations  entre  «8bémol  eUt  de  noire  échelle. 
En  remplaçant  l'eau  à  8  degrés  par  de  l'eau  à  50  degrés»  j'obtiens 
maintenant  un  ton  de  522  vibrations  par  seconde  entre  uU  et  ut4  dièzede 
notoe  échelle.  J'ai  donc  obtenu  ici  une  augmentation  de  41*46  vibrar 
liens  par  seconde,  c'est-à-dire  21/2  fois  plus  forte  qu'avec  1* .traction 
ptoa  faible  appliquée  précédemment.  J'ajouterai  que  j'avais  déterminé 
la  hauteur  des  sons  différents  sous  de  fortes  et  de  faibles  tensions  à 
l'aide  de  deux  cordes  tendue*  différemment  sur  le  monooUorde,  de  telle 
façon  que,  à  longueur  égale,  les  nombres  de  vibrations  qu'elles  don- 
naient étaient,  dans  le  cas  prisent,  entre  eux  comme  322*47  et  474>M, 
La.  simple  comparaison  des  raccourcissements  absolus  des  cordes  me 
permt  déjà  de  tirer  une  conclusion  sur  l'élévation  du  sba  soue  de 
tartes  ou  de  faibles  tensions»  On  peut  faire  encore  une  autre  expéricttoe 
pins  frappante  et  plus  concluante  pour  la  question  à  démontre*  et  qui 
petrt  ètte  exécutée  à  peu  de  frais.  Mon  point  de  dépari  est  fa  formule 
ommum  du  nombre  de  vibrations  (élévation  du  son)  pour  les  xorpe  *<»- 
Mtê  élatfiflpies  .de  forme  cylindrique  mis  en  vibration  toansteiadt  : 


LES  MONDES. 


359 


Supposons  maintenant  un  corps  de  ce  genre  en  vihr^tion  — <  up  cy- 
lindre de  caoutchouc  dans  le  cas  actuel  ;  —  si  noijs  le  mettons  dans 
des  conditions  telles  que/  le  rayon  r  restant  constant,  ainsi  qpç  h} 
longueur  l,  on  obtienne  cependant  une  autre  valeur  pour  N,  il  sera 
évident  que  ces  conditions  auront  altéré  la  coefficient,  de,  dilatation  Q 
et  cela  dans  les  mêmes  proportions  que  la  valeur  N,  Je  fixe  unç  petite 
corde  en  caoutchouc  eptre  deux  petites  pièces  danois  soU4en>en,t  atta- 
chées sur  une  planche  à  une  certaine  distance,  puis  je  plonge  ce  petit 
appareil  dans  l'eau  chaude.  Je  ne  change  donc  par  .cette  opération  ni 
/  ni  r  du  second  membre  de  notre  équation  ;  si  la  chaleur  augmente 
réellement  la  valeur  de  Q,  il  en  sera  de  même  de  N,  l'élévation  du  ton. 
C'est  effectivement  ce  qui  arrive  toujours,  sans  exception  qtdans  ffcp 
proportions  d'autant  plus  fortes  que  la  tension  primitive  ^ara,^té  plus 
considérable.  .  . 

Cette  expérience  peut  nussi  servir  comme  exemple  vj6itye  de  Ift  trans- 
formation d'une  espèce  de  mouvement  en  un  autre  «~<  cJiMeqr  e&  vis 
brations  sonores. 


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ACADÉMIE  DES  SCIENCES 


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SÉANCE  DU  LUNDI  19  FEVRIER  18*12 


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'    •  J   >  M.'  'I 


M.  lé  Président  araence  à  l'Académie  la  perte  douloureux  tacite 
vient  de  faire  dans  la  personne  de  M.  S  Un.  Laugiar,  Jfembi*  dttlaâeer 
lion  de  Médecine  et  de  Chirurgie,  décédé  à  PariSi  le  46  février  I89&  i 

~  Réponêe  de  M.  Serrtt  à  M.  Le  Verrier \  r*  *Mé  Le.Varcier.** 
«'explique  pas,  dit-il,  ma  double  réolamaûon  cooêemw^riûacrtioaau 
Compte  rendu  de  deux  Notes,  dont:  L'une  *V  pea  été  lue  m  eéme% 
tandis  que  l'autre  a  été  effectivement  lue  par  hu-mème^  ainsi  que  d»l'aî 
reconnu,  ee  qui  serait,  dama  part,  à  ses  jttux»  une  imttûaéqiiefioft.    - 

«  A  cela  je  réponds  :  que.  je  Jri&me  rkaseittoû  delà  piemière  if  oit, 
par  la  raison  qu'il  n'en  a  pas  été.  donné  lecture,  à  la  séaaee»  Quant  kJft 
deuxième  Note,  qui  émane  de  notae  savant  confrère  lui-même,  j'en 
blâme  également  l'insertion;  mais  il  est  clair  que  tfest  -par  un  motif  tout 
différent  La  Note  dont  il  s'agit  renfemuant  jiae.proposit isu .qui  cen^ 
stitue  un  acte  évident  de  polémique,  l'Académie  Lavait  fûnntàement 
écartée  de  son  ordre  du  jour  et  l'avait  réservée  pour  un  comité  «sactoet; 
en  conséquence,  cette.  Note  ne  devait  pas,  selon  moi,  èti»  livoré  à  la 
publicité.  v> 


360  LES  MONDES. 

«r  M.  LeVerrier  a  ajouté  que,  quand  au  fond,  il  pense  que,  mieux  in- 
formé, je  pourrai  changer  d'avis  en  comité  secret.  Sur  oe  point,  je  ferai 
remarquer  à  notre  confrère  que  je  ne  me  suis  en  aucune  façon  préoc- 
cupé de  savoir  si  les  erreurs  signalées  dans  les  publications  de  l'Obser- 
vatoire existent  ou  non.  Au  point  de  vue  où  je  me  suis  placé,  cela 
n'a  aucune  importance.  » 

M.  LeVerrier  répond  :  «  M.  Serret  déclare  qu'il  ne  s'est  point  occupé 
de  savoir  si  les  séries  publiées  dans  Y  Annuaire  météorologique  sont 
exactes  ou  non,  ce  qui  ne  l'empêche  pas  d'assurer,  sans  hésitation,  que 
la  propositron  faite  à  l'Académie  de  donner  une  édition  authentique 
des  séries  météorologiques  qui  lui  ont  été  soumises  depuis  cent  ans  est 
«  un  acte  évident  de  polémique.  » 

c  Je  regrette  que  notre  confrère  n'ait  pas  cherché  à  connaître  la  ques- 
tion à  laquelle  il  voulait  se  mêler  ;  autrement,  il  aurait  promptement 
reconnu  que  la  proposition  faite  par  moi  à  l'Académie  est  exclusive- 
ment scientifique 

«  Un  de  nos  plus  habiles  météorologistes,  M.  Renou,  déclare  que  les 
nombres  publiés  par  M.  Delaunay  sont  eux-mêmes  erronés.  Cette  situa- 
tion ne  saurait  se  prolonger  sans  inconvénient  pour  la  science...  M.  De- 
launay a  introduit  dans  son  Annuaire  météorologique  des  séries  qui 
diffèrent  en  beaucoup  de  points  des  séries  données  par  ses  prédéces- 
seurs, y  compris  M.  Arago.  Et,  puisqu'il  soutient  l'exactitude  de  ses 
nombres,  il  est  trop  clair  qu'il  accuse  d'erreur  les  séries  antérieure- 
rement  publiées.  J'ai  proposé  et  je  persiste  à  proposer  qu'une  édition 
authentique  des  séries  météorologiques  soit  donnée  par  l'Académie. 
Ma  demande  est  toute  scientifique,  et  notre  confrère  M.  Serret  me  per- 
mettra de  regretter  qu'après  avoir  pris  le  droit  d'attaquer  injustement 
M.  Renou,  il  prenne  encore  le  droit  d'altérer  ma  pensée.  » 

—  Nouvelles  observations  au  tujet  des  communications  et  des  ex* 
périmces  de  M.  Frémy>  par  M.  Pasteur. 

«  Je  remarque  tout  d'abord  que,  sur  les  huit  expériences,  il  y  en  a 
six. laites  au  libre  contact  de  l'air  ordinaire,  sans  que  notre  confrère 
.ait  prie  la  moindre  précaution  pour  détruire  ou  pour  éloigner  les  pous- 
sières en  suspension  dans  l'air  ou  celles  qui  sont  répandues  à  la  surface 
'des  parois  des  vases  et  des  matières  dont  il  s'est  servi.  Ces  six  expé- 
riences pourraient  donc  être  invoquées  par  moi,  non  comme  des  preu- 
ves de  mon  opinion,  parce  qu'elles  ne  réunissent  pas  les  conditions 
d'expériences  délicates  et  probantes,  mais  tout  au  moins  comme  inca- 
pables d'infirmer,  en  quoi  que  ce  soit,  les  résultats  de  mes  recherches. 
Ce  sont  des  fermentations,  comme  on  en  a  fait  de  tout  temps,  où  se 
trouvent  réalisées  certaines  conditions  propres  à  la  naissance  et  à  la 


LES  MONDES. 


38* 


multiplication  des  ferments,  mais  qui  ne  peuvent,  en  quoi  que  ce  soit, 
servir  à  résoudre  la  question  de  l'origine  de  ces  organismes. 

Parmi  les  huit  expériences  de  M.  Frémy,  il  y  en  a  deux  imitées  de 
celles  que  j'ai  publiées,  et  où  M.  Frémy  s'est  attaché  à  détruire  les  ger- 
mes que  l'air  et  les  poussières  à  la  surface  des  objets  pouvaient  appor- 
ter; dans  ces  expériences,  néanmoins,  notre  confrère  a  vu  naître  des 
ferments  vivants.  La  première  de  ces  deux  expériences  porte  sur  l'orge 
germée,  et  la  seconde  sur  le  lait.  L'expérience  sur  le  lait  est  la  seule 
qui  ait  une  apparence  de  valeur,  car  M.  Frémy  a  vu  se  produire  des  or- 
ganismes dans  du  lait  qui  avait  subi  une  température  de  1 15  degrés,  et 
j'ai  affirmé  jadis  que  cette  température  était  plus  que  suffisante  pour 
rendre  le  lait  inaltérable  lorsqu'on  l'exposait  ensuite  au  contact  de  l'air 
pur. 

•  Mais  l'expérience  de  M.  Frémy  a  été  mal  faite,  car  voici  un  vase  dont 
l'ouverture  du  col  effilé  est  tournée  vers  le  bas,  et  où  le  lait  reste  in- 
tact, quoiqu'il  se  trouve  depuis  une  douzaine  de  jours  à  une  tempéra* 
ture  comprise,  jour  et  nuit,  entre  28  et  30  degrés.  Un  vase  pareil,  qui 
ne  s'était  pas  altéré  au  bout  de  plusieurs  jours,  a  été  découvert,  tt  le 
surlendemain,  on  pouvait  y  distinguer  au  microscope  au  moins  trois 
sortes  d'organismes.  Aujourd'hui  le  lait  est  caillé  par  suite  des  fermen- 
tations que  ces  organismes  ont  provoquées 

M.  Pasteur,  après  avoir  terminé  sa  lecture,  dépose  sur  le  bureau  de 
l'Académie  deux  tubes  contenant  l'un  du  moût  de  raisin,  l'autre  du 
moût  d'orange,  moûts  naturels,  exposés  au  contact  de  l'air  privé  de 
ses  germes.  Ces  liquides  n'éprouvent  aucune  altération  et  ne  donnent 
naissance  à  aucun  organisme,  ni  ferments,  ni  moisissures.  Pourtant, 

•  le  premier  tube,  celui  du  moût  de  raisin,  est  à  une  température  de 
30  degrés  depuis  le  13  janvier,  et  celui  de  l'orange,  à  la  même  tem- 
pérature depuis  le  8  février. 

Sur  la  demande  que  lui  en  adresse  M.  Frémy,  M.  Pasteur  fait  don 
de  ces  deux  tubes  à  son  confrère,  en  le  priant  d'en  observer  le  contenu 
'  au  microscope,  et  de  's'assurer  à  la  fois  de  la  présence  de  l'air  atmos- 
phérique, notamment  du  gaz  oxygène,  et  de  l'absence  de  tout  orga- 
nisme. 

Pendant  le  comité  secret,  qui  a  suivi  la  séance,  M.  Pasteur  a  fait 
chercher  du  papier  de  tournesol  rouge,  a  brisé,  en  présence  de 
M.  Frémy,  le  ballon  de  lait  conservé  qu'il  venait  de  présenter  à  l'Aca- 
démie comme  preuve  de  l'erreur  grave  commise  par  M.  Frémy  dans 
sa  sixième  expérience,  et  il  a  reconnu  que  ce  lait  était  encore  alcalin 
comme  le  lait  frais  naturel.  M.  Frémy  a  même  goûté  ce  lait,  et  s'est 
trouvé  dans  la  nécessité  de  déclarer  qu'il  n'était  pas  du  tout  altéré.  » 


»  1 


362  LES  MONDES. 


'—  Remarquas  au  *ujtt  des  expériences  dé  M.  Woif  sur  U 
réflecteur  de$  miroir*  en  terre  argenté  ;  par  M.  Dslftunay.  —  Le  ré- 
sultat des  expérience»  de  M.  Wolf  présente  un  intérêt  tout  spécial  au 
jnoment  où  Ton  construit,  pour  l'Observatoire  de  Paris,  l'instrument 
dont  M 4  Lœwy  a  fait  connaître  le  principe  à  l'Académie,  dans  sa  séance 
du  2  octobre  dernier.  C'est,  du  reste,  à  l'occasion  de  cet  instrument 
nouveau  que  les  expériences  de  M.  Wolf  ont  été  entreprises.  Dam 
l'instrument  dont  il  s'agit,  la  lumière  subit  successivement  deux  ré* 
flexions  sur  des  miroirs  plans,  inclinés  de  45  degrés,  et  placés,  l'un 
en  dehors  de  la  lunette,  en  avant  de  l'objectif,  l'autre  à  l'intérieur, 
entre  l'objectif  et  l'oculaire.  Là,  le  phénomène  se  complique  en  raison 
de  l'angle  variable  formé  par  les  plans  dans  lesquels  s'effectuent  ces 
deux  réflexions  successives,  d'où  il  résulte  [que  la  polarisation  de  la 
lumière  doit  jouer  un  rôle  et  influer  sur  la  proportion  de  lumière  ré- 
fléchie sur  le  second  miroir.  AL  Wolf  a  trouvé  qu'en  réalité  l'influence 
nuisible  due  à  la  polarisation  de  la  lumière  se  réduit  à  fort  peu  de 
chose*  D'après  ses  expériences,  la  perte  de  lumière  due  à  4a  succession 
des  réflexions  sur  les  deux  miroirs  est  de  14  pour  400,  si  Los  plans  de 
réflexion  sont  parallèles,  et  de  i  8  pour  1 00  s'ils  sont  perpendiculaires; 
«;.  c'est  donc  en  moyenne  une  perte  de  16  pour  100  :  M.  Lœwy,  dans  sa 

note  du  2  octobre,  l'évaluait  à  environ  15  pour  100.  Il  en  résulte  que, 
même  dans  le  eas  le,  plus  défavorable  au  point  de  vue  de  l'effet  de  la 
polarisation,  l'addition  des  deux  miroirs  à  une  lunette  de  9  pouces 
d'ouverture  ne  réduira  pas  la  quantité  de  lumière  arrivant  à  l'oculaire 
dans  une  aussi  forte  proportion  que  le  ferait  la  substitution  d'un  objec- 
tif de  8  pouces  à  celui  de  9. 

— .  Sur  Us  phénomènes  qui  donnent  naissance  aux  cmroies 
boréales.  Note  de  M.  le  maréchal  Vaillant. —  «  L'atmosphère  qui  en* 
veloppe  notre  terre  ne  peut  pas  se  répandre  d'une  manière  vague  et 
indéfinie  dans  les  espaces  célestes  :  elle  se  termine  à  une  surface  plus 
ou  moins  nette  et  tranchée,  et  cette  surface,  par  là  même  qu'elle  fait 
la-séparation  de  deux  milieux  de  densités  différentes,  doit  être  la  cause 
et  le  lieu  de  réflexions  analogues  à  celles  qui  se  produisent  sur  un  verre 
non  étamé. 

Supposons  qu'un  grand  courant  magnétique  ou  électrique,  c'est  la 
même  chose,  du  moins  quant  à  ce  qui  nous  occupe  -en  ce  moment, 
s'élance  vers  le  zértilh  magnétique  et  vienne  jusqu'à  une  certaine  dis- 
tance de  cette  surfaoe  séparative  dont  nous  avons  parlé,  nous  verrons 
une  réflexion  d'autant  pins  intense  que  le  jet  réfléchi  aura  été  plus 
violent  et  sa  source  rapprochée  davantage  du  sommet  de  la  coupole; 
cette  réflexion  sera  l'aurore  boréale.  Le  sommet  de  la  coupole  sera 


fr 


l 


"1 — 


LES  MONDES.  363 

correspondant  m  prolongement  de  l'aie  général  des  courants  élec- 
triques. Rappelons  que  le.  pâte  magnétique  du  point  central  des  cou- 
rants «oraespond,  sur  la  sur&ce  de  notre  globe,  à  35  ou  80  degrés.de 
latitude  nord-ouest.  C'est  vers  le  sommet  de  chaque  jet,,  point  de  con- 
coure apparent  de«  jets  cureonviMsins,  qu'on  doit  voir  les  rayons  de 
l'aurore  boréale  se  rapprocher,  se  réunisse  croiser  même,  pour  tous 
les  observateurs  ;  c'est  «m  effet  ce  qui  arme  et  ce  qui  confirme  la 
théorie.. Finissons,  en  disant  que  le  jet  électrique  central  est  animé  à 
son  ppint  de  départ  d'une  vitesse  rotative  dans  le  sens  de  l'est  à  l'ouest, 
parallèlement .  au  mouvement  général  de  la  terre,  de  400  à  500  lieues 
par  $4  heures. 

Dans  l'aurore  du  A  février,,  le  sommet  du  jet  aurait  été,  d'après  les 
observations  les  mieux  constatées,  à  35  ou  40  lieues  de  distance  de  la 
surface  de  la  terre*  » 

~  Faits  relatifs  à  quelques  peints  particuliers  de  ihistoire  de 
r alcool  propylique*  Note  de  MM.  J.  Pierre  et  JEd.  Puchot.  -*  L'alûool 
propylkfue  monofaydraté,  s'il  existe  comme  espèce  chimique  et  s'il 
peut  se  produire  par  te  simple  mélange  de  ses  deux  éléments*  ne  parait 
pas  pouvoir  être  distillé  sans  décomposition*  Lorsqu'on  soumet  à  la 
distillation  un  mélange,  en  proportions  quelconques»  d'eau  et  d'alcool 
propylique,  la  température  d'ébullition  du  mélange  est  toujours  infé* 
heure  à  celle  du  liquide  le  plus  volatil,  mais  .elle  ne  s'abaisse  jamais 
au-dessous  de  8&»,3.  Au  commencement  de  la  distillation,  d'un  pareil 
mélange,  il  se  sépare  toujours  une  certaine  quantité  d'un  produit 
formé  d'eau  et  d'alcool  propylique,  et  qui  bout  vers  88°, 5.  lorsque  le 
mélange,  a  été  fait  dans  ces  proportions,  il  distille  entièrement,  sans 
dédoublement,  à  la  température  fixe  de  88° ,3.  Le  seul  produit  hydraté 
distilkble  sans  dédoublement  que  nous  ayons  pu  observer  eBt  celui 
qui  contient  29°,4  d'eau  pour  400  d'alcool,  ou  8  équivalents  78  cen- 
tièmes pour  1  équivalent  d'aleool  propylique. 

—  Sur  Remploi  des  lames  élastiques  vibrantes  comme  mat/en  de 
propulsion.  Note  de  M.  Giotti. 

w  M*  le  général  commandant  l'Ecole  d'appliestion  de  l'artillerie  et 
du  génie  sollicite  le  concours  de  l'Académie,  pour  la  reconstitution  de 
la  bibliothèque  de  cette  Ecole  ;  il  prie  également  ceux  de  ses  membres 
qui  auraient  des  ouvrages  en  double  de  vouloir  bien  en  disposer  pouç 
cet  objet.  ' 

—  Sur  l'analyse  spectrale  de  la  lumière  zodiacale,  par  M.  Res- 
pighi.  —  «  Ayant  lu  dans  le  Compte  rendu  de  la  séance  de  l'Académie 
des  sciences  du  22  janvier  dernier  une  note  de  M.  Liais  sur  l'analyse 
spectrale  de  la  lumière  zodiacale,  note  de  laquelle  résulterait  la  preuve 


364  LES  MONDES. 

que  le  spectre  de  cette  lumière  est  continu,  je  crois  opportun  de  faire 
connaître  à  l'Académie  un  certain  nombre  d'observations  qui  profitent 
que  le  spectre  de  la  lumière  zodiacale  est  réellement  discontinu  et  pré* 
sente  plusieurs  raies  brillantes » 

M.  Respighi  cite  en  outre  deux  observations  très-intéressantes.  La 
première,  confirmant  une  observation  semblable  faite  par  Angstrôm  en 
mars  1867,  tendrait  à  montrer  l'identité  delà  lumière  de  l'aurore  bo- 
réale avec  la  lumière  zodiacale,  et  par  suite  la  probabilité  de  l'identité 
de  leur  origine. 

La  seconde  est  un  spectre  stellaire  extraordinaire  qui,  à  sa  connais- 
sauce,  n'a  pas  encore  été  signalé,  et  qu'il  a  eu  la  bonne  fortune  d'ob- 
server dans  la  nuit  du  £4  décembre  1874 ,  à  l'Observatoire  royal  de 
Madras.  Le  spectre  de  l'étoile  de  2*  grandeur  y  du  Navire  ne  présente 
aucune  raie  obscure  bien  distincte,  mais  parfois  plusieurs  raies  bril- 
lantes, parmi  lesquelles  on  en  distingue  une  assez  vive  dans  le  rouge 
orange,  deux  très-vives  et  larges  dans  le  jaune  et  une  beaucoup  plus 
intense  et  plus  large  dans  le  bleu.  La  raie  rouge  orange  se  trouve 
entre  les  deux  raies  C  et  D,  éloignée  de  la  raie  D  d'environ  un  tiers  de 
la  distance  CD.  Le  premier  rayon  jaune  coïncide  probablement  avec  la 
raie  D  et  est  séparé  du  second  rayon  jaune,  aussi  large  que  le  pre- 
mier, par  une  zone  presque  obscure,  ayant  environ  la  moitié  de  la 
largeur  desdits  rayons.  Le  quatrième  rayon  est  environ  moitié  plus 
large  que  les  rayons  jaunes,  et  tombe  entre  les  raies  F  et  G,  à  une 
distance  de  F  égale  au  1  /8  environ  de  la  distance  FG.  Son  éclat  est 
très-intense.  Sur  la  totalité  du  spectre,  et  principalement  sur  la  partie 
comprise  dans  les  rayons  jaunes  et  dans  le  bleu,  se  trouvent  diverses 
raies  brillantes,  mais  fines  et  très-faibles. 

M.  Lockyer  et  M.  Pogson,  directeur  de  l'Observatoire  de  Madras, 
auxquels  M.  Respighi  a  montré  ce  spectacle  extraordinaire,  ne  furent 
pas  moins  surpris  que  moi,  à  la  vue  de  ce  spectre  singulier,  p 

—  Sur  la  recherche  dé  la  planète  perdue  (99)  Dike.  Note  de 
MM.  Lœwy  et  Tisserand.  —  a  Dike,  la  99*  petite  planète,  a  été  décou» 
verte  à  Marseille  le  98  mai  4868  par  M.  Borelly,  qui  l'a  observée  de- 
puis ce  jour  jusqu'au  42  juin  ;  les  observations  manquent  à  partir  de 
cette  époque,  soit  à  cause  de  la  faiblesse  de  l'astre,  qui  était  seulement 
de  la  43°  grandeur  lors  de  la  découverte,  soit  à  cause  de  circonstances 
atmosphériques  défavorables  ;  on  n'a  même  pas  calculé  de  suite  les 
éléments,  de  telle  sorte  qu'on  ne  l'a  pas  observée  non  plus  à  l'oppo- 
sition de  4869.  En  4870,  M.  de  Gasparis,  partant  de  trois  des  obser- 
vations de  M.  Borelly,  a  calculé  les  éléments  de  Dike,  non  pas  en  vue 
de  la  retrouver,  mais  simplement  pour  la  reconnaître  parmi  les  asté* 


LES  MONDES.  365 

roïdes  qu'on  découvrirait  dans  l'avenir.  C'est  là  tout  ce  qujpn  sait  à  ce 
sujet,  et  depuis  la  planète  ne  figure  plus  dans  les  recueils  astrono- 
nomiques  qu'à  raison  de  son  numéro  d'ordre.  Nous  nous  sommes 
proposé  de  rechercher  tout  ce  qu'on  pouvait  conclure  des  quinze  jours 
d'observation  de  1868,  comprenant  un  mouvement  héliocentrique  de 
5  degrés  environ,  pour  l'opposition  de  1872;  la  planète  a  accompli 
pendant  ce  temps  les  trois  quarts  de  sa  révolution  ;  nous  avons  voulu 
fixer  la  zone  dans  laquelle  il  faut  la  rechercher. 

Nous  nous  contenterons  d'indiquer  ici  que,  pendant  plus  d'un  mois, 
du  1er*  mars  au  8  avril,  l'époque  la  plus  favorable  pour  la  découverte, 
la  planète  restera  comprise  dans  une  zone  presque  rectangulaire,  lon- 
gue de  27°  dans  le  sens  de  l'équateur9  et  large  de  4°  dans  le  sens  du 
cercle  horaire. 

—  Détermination  des  caractéristiques  des  systèmes  élémentaires 
de  culriquee,  par  M.  Zeuthen. —  M.  Chasles  fait  la  remarque  suivante.; 
a  J'éprouve  une  double  satisfaction,  dans  ce  moment,  en  pouvant 
ajouter  que  déjà  M.  Maillard,  jeune  professeur  attaché  à  la  section 
mathématique  des  hautes  études,  a  lait  de  cette  question  si  importante 
le  sujet  d'une  excellente  thèse  pour  le  doctorat,  thèse  soumise  à  U 
Faculté  des  sciences  en  juillet  1870,  et  qui,  le  16  décembre  187 1^  a 
obtenu  les  éloges  les  plus  mérités  et  les  plus  flatteurs  du  jury  d'exa- 
men (MM.  Serret,  Briot,  Ossian  Bonnet). 

«  Ainsi  que  j  ai  eu  l'honneur  de  le  dire  à  l'Académie  dans  le  cours 
de  mes  communications  concernant  'cette  théorie  des  deux  caracté- 
ristiques, ce  qui  manque  principalement,  pour  que  la  théorie  des 
courbes  d'ordre  supérieur  soit  aussi  complète,  ou  du  moins  aussi 
avancée  que  celle  des  coniques,  c'est  de  connaître  les  caractéristiques 
des  systèmes  élémentaires  de  chaque  ordre  de  courbes.  {Comptes 
rendus,  t.  LXII,  p.  326)  Or  tel  a  été  le  sujet  des  recherches  de 
MM.  Maillard  et  Zeuthen.  s 

—  Sur  les  courants  d'induction  produits  dans  les  bobines  d'un 
électro-aimant  lorsqu'on  met  une  masse  métallique  en  rotation  entre 
ses  pôles.  Note  de  M.  J.-L.  ëoret.  L'étude  des  courants  d'induction  qui 
se  produisent  dans  les  bobines  ou  les  masses  polaires  d'un  électro- 
aimant, entre  les  pôles  duquel  on  met  en  rotation  un  disque  ou  une 
sphère  métallique,  a  été  dernièrement  l'objet  de  plusieurs  communi- 
cations à  l'Académie. 

«  Je  demande  la  permission  de  rappeler  qu'en  1857  j'étais  arrivé  à 
des  résultats  tout  à  fait  concordants  avec  ceux  que  M.  Violle  et  M.  de 
Jacobi  ont  récemment  obtenus.  Dans  un  mémoire  intitulé  :  Sur  les 
variations  d'intensité  que  subit  le  courant  électrique  lorsqu'il  produit 


366  LES  MONDES. 

un  travail  vnècanique  (publié  en  extrait  dans  les  Campées  rettdvs, 
t.  XLV,  p.  301,  1857  ;  et  in  extenso  dans  les  Mémoires  &r  la  Société 
de  Physique  et  d'Histoire  naturelle  de  Genève,  t.  XIV,  p.  83?,  1888); 
j'avais  cherché  à  donner  la  démonstration  expérimentale  de  ce  fait  t 
dans  tous  les  cas  où  un  courant  électrique  produit  un  travail  méca- 
nique positif,  on  observe  une  diminution  d'intensité*  du-  courant  ;  et» 
inversement,  l'intensité  augmente  si  le  travail  mécanique  est  néga* 
tif .  J'avais  étudié  le  cas  spécial  où  l'on  fait  tourner  rapidement  une 
sphère  métallique  entre  les  pôles  d'un  électro-aimant  ;}  j'avais  trouvé 
que  lorsqu'on  met  ht  sphère  en  rotation,  l'intensité  du  courant  passant 
dans  les  bobines  de  l'aimant  .subit  une  petite  augmentation,  qui  cesse 
quand  la  vitesse  est  devenue  constante  ;  puis,  lorsque  le  mouvement 
se  ralentit,  le  courant  s'affaiblit  un  peu. 

—  Mesure  de  la  polarisation  dans  Vêlement  voltaîque.  Note  de  M.  E. 
Branly.  —  Je  me  suis  proposé  de  mesurer,  au  moyen  d'un  électro- 
mètre, la  force  électromotrice  de  polarisation  développée  sur  une  lamé 
du  pôle  positif,  quand  l'intensité  du  courant  augmente,  depuis  zéro 
jusqu'au  maximum  qu'elle  peut  atteindre  avec  l'élément  employé. 

J'ai  employé  un  élément  de  Volta  à  un  seul  liquide.  Une  auge  pris- 
matique en  verre,  de  40  centimètres  de  long  et  4  centimètres  de  large, 
contenait  de  l'eau  acidulée  avec  4/50  d'acide  sulfurique;  dans  toutes 
les  expériences  qui  suivent,  on  y  versait  750  centimètres  cubes  du  mé- 
lange. Aux  extrémités  de  l'auge  se  trouvaient  les  plaques  polaires 
larges  de  4  centimètres,  l'une  en  zinc  amalgamé  et  l'autre  en  cuivre. 

Les  expériences  prouvent  que  la  force  électromotrice  de  polarisation 
décroît  quand  l'intensité  du  courant  diminue,  et  d'autant  plus  rapi- 
dement que  le  courant  est  plus  faible. 

—  Nouvelle  méthode  de  production  et  propriétés  du  protoxyde  de 
fer  anhydre,  par  M.  G.  Tissandier. —  a  La  nouvelle  méthode  consiste 
à  faire  agir  l'acide  carbonique. sur  le  fer  chauffé  au  rouge.  Thenard  a 
démontré  que  le  gaz  acide  carbonique  oxydait  le  fer  en  se  transfor- 
mant en  oxyde  de  carbone,  mais  il  n'a  pas  parlé  de  l'oxyde  de  fer 
formé.  Nous  avons  constaté  que  la  réaction  est  la  suivante  : 

« 

Fe  4-  COa  =  FeO  +  GO. 

En  effet,  nous  avons  chauffé  46gr,700  de  fil  de  fer,  enroulé  en  spi- 
rales, dans  un  tube  de  porcelaine  chauffé  au  rouge  et  traversé  par  un 
courant  d'acide  carbonique.  Après  l'expérience,  le  fer  pesait  47«r,350; 
il  avait,  par  conséquent,  absorbé  l8r,65  d'oxygène.  En  redressant  les 
spirales  de  fer  oxydées,  et  en  les  grattant  avec  un  pinceau,  nous  avons 
recueilli  7«r,32  d'un  oxyde  noir  cristallin.  Ce  produit  a  été  soumis  à 


LES  MONDES,  367 

l'analyse  à  plusieurs  reprises;  Nous  l'avons  dissous  dans  l'acide 
chlorhydrique,  additionné  de  quelques  gouttes  -d'acide  nitrique,  et  nous 
avons  précipité  le  fer  par  l'ammoniaque.  Nous  avons  trouvé  77,69 
pour  100  de  fer  métallique,  ce  qui  correspond,  à  quelques  milligram- 
mes près,  à  la  formule  FeO,  contenant  théoriquement  77,77  pour  400 
de  fer.  Ge  protoxyde  de  fer  anhydre  est  noir,  brillant,  d'un  bel  aspect 
cristallin.  Il  est  attirable  par  l'aimant  ;  c'est  donc  aussi  un  oxyde  de  fer 
magnétique.  Il  se  conserve  sans  altération  dans  l'atmosphère  ;  mais, 
chauffé  au  contact  de  l'air,  à  la  température  du  rouge  vif,  il  augmente 
de  poids,  dans  la  proportion  de  7,40  pour  400,  et  se  transforme  en 
oxyde  Fe'  0\  Il  décompose  la  vapeur  d'eau  sous  l'influence  de  la  cha- 
leur, d'après  la  réaction  suivante  : 

3FeO  4-  HO  =  Fe3  (V  +  H. 

Il  se  dissout  très-facilement  dans  l'acide  chlorhydrique,  qu'il  colore 
en  vert,  quand  on  opère  à  l'abri  du  contact  de  l'air,  et  dans  l'acide 
nitrique.  L'acide  sulfurique,  même  à  chaud,  n'agit  pas  sur  cet  oxyde. 

Le  protoxyde  de  fer  anhydre  a  été  obtenu  pour  la  première  fois  par 
M.  Debray,  en  faisant  passer  un  mélange  d'acide  Carbonique  et  d'oxyde 
de  carbone  sur  du  sesquioxyde  de  fer  chauffé  au  rouge.  Le  produit 
ainsi  préparé  est  amorphe,  et  n'a  pas  l'aspect  cristallin  de  celui  qu'on 
obtient  par  notre  méthode.  » 

—  Sur  riodure  d'amidon,  par  M.  E.  Duclaux.  —  1°  L'iodure 
d'amidon  n'a  pas  de  composition  constante»  2°  L'iode,  mis  en  contact 
avec  une  solution  aqueuse  d'amidon,  n'agit  sur  ce  corps  que  lorsque 
l'eau  ambiante  en  renferme  déjà  une  certaine  quantité  à  l'état  libre. 
En  d'autres  termes,  il  se  dissout  d'abord  dans  l'eau,  puis  se  partage 
entre  l'eau  et  l'amidon,  et  c'est  seulement  alors  qu'apparaît  la  couleur 
bleue.  3°  Les  quantités  d'iode  libre  dont  la  présence  est  nécessaire 
dans  l'eau,  avant  que  le  bleu  ne  se  produise,  augmentent,  toutes 
choses  égales  d'ailleurs,  avec  la  température,  ce  qui  explique  la  déco- 
loration à  chaud  de  riodure  d'amidon  formé  à  froid.  A0  Le  moment 
où  l'iode  commence  à  agir  sur  l'amidon  peut  être  rapproché  ou  re- 
tardé par  des  causes  quelquefois  à  peine  apparentes,  et  auxquelles  on 
ne  peut  attribuer  aucun  caractère  chimique.  5°  Enfin  l'état  d'équilibre 
obtenu  entre  l'iode,  l'amidon  et  l'eau  varie  sous  l'influence  du  temps, 
absolument  comme  cela  a  lieu  dans  les  cas  d'absorption  exercée  par 
le  charbon. 

~-  Sur  la  fermentation  alcoolique  du  sucre  de  lait,  par  M.  Blond  lot. 
—  CoHciuêiw**  —  «  De  ces  expériences  il  résulte,  ce  me  Semble,  que 
le  lait  entier  est  susceptible  de  produire  un  ferment  alcoolique  spécial, 


» 


368  LES  MONDES. 

qui  exige,  pour  fonctionner,  des  conditions  différentes  de  celles  que 
réclame  le  ferment  normal  représenté  par  la  levure  de  bière.  La  spé- 
cialité de  ce  nouveau  ferment  est  surtout  caractérisée  par  trois  ordres 
de  faits.  Le  premier,  c'est  qu'il  réclame  l'agitation  pour  entrer  en  acti- 
vité ;  le  second,  c'est  qu'il  n'agit  que  d'une  manière  intermittente,  et 
exige  une  sorte  de  repos  dans  l'intervalle  ;  le  troisième,  c'est  qua, 
tandis  que  le  ferment  alcoolique  ordinaire  agit  déjà  à  quelques  degrés 
au-dessus  de  zéro,  le  nouveau  ferment  ne  commence  qu'au-dessus  de 
20  degrés  à  manifester  son  action,  qui  est  à  son  maximum  vers  30  ou 
40  degrés,  au-dessus  desquels  elle  ne  tarde  pas  à  s'arrêter  ;  de  sorte 
qu'il  suffit  de  chauffer  le  liquide  pendant  quelques  minutes  entre  35 
et  40  degrés  pour  faire  perdre  au  ferment  toute  sa  vertu. 

Il  m'a  semblé  que  ces  expériences  pouvaient  contribuer  à  résoudre 
la  question  controversée,  relativement  à  la  fermentation  alcoolique. 
En  effet,  si,  comme  le  prétend  M.  Liebig,  la  fermentation  était  corré- 
lative à  une  simple  décomposition  du  ferment,  pourquo  celui-ci 
aurait-il  deux  manières  d'agir  si  différentes?  D'où  viendrait  la  néces- 
sité de  l'agitation,  et  surtout  l'intermittence,  la  décomposition  chi- 
mique du  ferment  devant  se  produire  d'une  manière  continue?  Au 
contraire,  d'après  la  théorie  de  AL  Pasteur,  la  fermentation  alcoolique 
étant  le  résultat  d'une  fonction  vitale,  on  comprend  qu'elle  présente 
le  caractère  intermittent  qui  appartient  à  un  certain  nombre  de  fonc- 
tions organiques,  soit  dans  les  plantes,  soit  dans  les  animaux.  On 
comprend  aussi  qu'elle  soit  limitée  à  une  température  déterminée 
comprise  entre  20  et  40  degrés,  l'organisme  rudimentaire  qui  la  pro- 
voque étant,  en  quelque  sorte,  à  celui  du  ferment  normal  que  repré- 
sente la  levure  de  bière  ce  qu'est  à  une  plante  des  régions  tempérées 
une  plante  tropicale  qui  s'engourdit  et  cesse  de  végéter  au-dessous 
d'un  certain  degré  de  température.  Enfin,  dans  la  théorie  de  M.  Lie- 
big, comment  s'expliquer  l'arrêt  de  fermentation  à  quelques  degrés  au- 
dessous  de  40,  la  décomposition  des  matières  organiques  qui  doit  la 
provoquer  ne  s'arrétant  pas  plus  au-dessus  de  40  qu'elle  ne  cesse  au- 
dessous  de  20  degrés  ?  Dans  le  système  de  germes,  au  contraire,  ces 
phénomènes  s'expliquent  très-simplement,  en  admettant  qu'au-des- 
sous de  20  degrés  ils  s'engourdissent,  et  qu'au-dessus  de  40  ils  ne 
tardent  pas  à  périr,  ainsi  qu'il  arrive  à  une  multitude  d'organismes 
rudimentaires.  » 


PARIS.  —  TTP.  WAUffiR,  RUB  BOftÂPARTI,  44. 


N*  10.  4872.' 


CHRONIQUE  SCIENTIFIQUE  DE  LA  SEMAINE 


I/attro*e  delà  Justléé.—- Au  moment  où  noua  donnions  le  bon 
à  tir&  du  premier  article  de  M.  Duchesne-Thoureau,  nous  avons 
appris  avec  bonheur  que,  sous  le  patronage  de  la  Société  des  agricul- 
teur* de  France,  M.  Duchesne  doit  produire,  à  l'Exposition  universelle 
de  Lyon,  de  très-nombreux  et  très-riches  spécimens  de  ses  cultures. 
La  lettre  qui  le  convie  à  cette  solennité  est  coùçue  en  termes  trop 
Hàtteirts  pour  que  nous  hésitions  à  la  reproduire.  La  voici  : 

o  Votfe  savez  que  la  Société  des  Agriculteurs  de  France  fait,  à  l'oc- 
casion de  l'Exposition  universelle  de  Lyon,  une  exhibition  de  viticul- 
ture aussi  complète  que  possible. 

«  n  faut  donô  que  les  hommes  d'initiative  comme  vous  nous  vien- 
nent en  aide  pour  cette  Exposition,  qui  comprendra  vins,  cépages, 
cultures,  etc. 

«  Je  compte  tout  particulièrement  sur  vous,  pour  nous  préparer  les 
spécimens  les  plus  complets  de  votre  système,  auquel  je  réserverai 
toute  la  place  que  vous  voudrez  bien  nous  demander. 

«  Ce  sera  une  heureuse  occasion  de  mettre  en  relief  toutes  les  expé- 
rimentations que  vous  m'avez  fait  l'honneur  de  m'exposer,et qui  m'ont 
infiniment  intéressé,  comme  vous  le  savez.  » 

Signé  :  Comte  de  La  Loyers,  prési dent  de  la  Section  de  Viticulture. 

D'avance  et  sous  de  pareils  auspices,  il  nous  est  permis  de  prédire 
à  M.  Duchesne-Thoureau  un  succès  bien  mérité* 

Lainière  oxhydrique;  mm!  d'oxygène.  —  L'éclairage  du 
boulevard  des  Italiens  a  complètement  cessé.  La  Ville  n'avait  concédé 
l'usage  du  sol  que  pour  un  mois,  et  les  expériences  se  sont  prolongées 
pendant  deux  mois  entiers  sous  le  contrôle  du  délégué  de  l'autorité 
municipale.  Les  chiffres  de  la  consommation  des  gaz  oxygène  et  hydro- 
gène sont  bien  ceux  que  la  Compagnie  Tessié  du  Motay  avait  énoncés  ; 
il  est  resté  quelques  doutes  sur  l'intensité  de  la  lumière  qui  seront 
levés  par  de  nouvelles  expériences  photométriques,  faites  dans  le  la- 
boratoire municipal;  et  il  sera  pleinement  constaté,  nous  l'espérons, 
que  la  lumière  oxhydrique  l'emporte  autant  au  point  de  vue  de  l'éco- 
nomie qu'au  point  de  vue  de  l'excellence  comme  agent  'd'éclairage 

N«  10.  t.  XXVII,  7  mars  1872.  27 


370  LES  MONDES. 

public.  Il  nous  semble  impossible  aussi  qu'on  repousse  la  demande  de 
canalisation  de  l'oxygène,  qui  serait  pour  un  grand  nombre  d'indus- 
tries un  immense  bienfait,  qui  accroîtrait  les  ressources  de  la  ville 
sans  lui  imposer  aucunes  charges,  et  qui  inaugurerait  une  ère  nouvelle 
d'applications  imprévues.  Par  exemple,  il  a  été  procédé  dans  l'hôpital 
militaire  de  Versailles  à  une  première  série  d'expériences  sur  l'emploi 
de  l'oxygène  dans  l'assainissement  des  lieux  habités  par  un  grand 
nombre  de  malades,  et  ces  expériences  ont  donné  d'excellents  résul- 
tats. Repousser  l'oxygène  ce  serait  repousser  presque  la  vie,  puisque 
l'oxygène  est  l'agent  le  plus  actif  de  la  vie  organique,  son  élément  le 
plus  essentiel. 

A  ce  que  nous  avons  dit  de  l'entrée  en  possession  de  l'oxygène  de 
l'air,  nous  devons  ajouter  que  la  faculté  d'absorption  de  l'oxygène  par 
le  titane  était  un  fait  connu,  découvert  par  un  chimiste  allemand, 
M.  Kop,  mais  qu'on  ignorait  complètement  ce  fait  capital  qu'à  300  de- 
grés déjà  l'azoture  de  titane  cède  spontanément  au  courant  d'hydrogène 
qui  le  traverse  son  azote  transformé  en  ammoniaque.  En  présence  de 
cette  nouveauté,  la  commission  de  Berlin  n'a  pas  hésité  à  accorder  à 
M.  Tessié  du  Motay  le  brevet  d'invention  qu'il  demandait,  mais  elle 
s'est  empressée  de  le  publier.  Ce  n'est  pas,  sans  doute,  pour  que  l'in- 
venteur français  soit  gêné  ultérieurement  dans  la  prise  de  ses  brevets 
étrangers.  On  ignorait  aussi  jusque  dans  ces  derniers  temps  la  pré- 
sence du  titane  en  assez  grande  abondance  dans  certains  minerais  de 
fer,  ceux  d'Islande,  par  exemple,  et  de  Suède,  qui  en  contiennent  de 
40  à  30  pour  100.  Ce  métal  restât-il  relatiyement  rare  et  cher,  il  n'en 
servirait  pas  moins  à  l'extraction  de  l'oxygène,  parce  qu'il  se  régénère 
dans  chaque  opération,  et  qu'il  n'aura  besoin  d'être  remplacé  que  de 
loin  en  loin  et  par  petites  quantités. 

A  propos  d'oxygène,  on  annonce  que  M.  Kirkpatrick  croit  avoir 
trouvé  le  moyen  de  l'engendrer  à  froid,  même  en  quantités  suffisantes 
pour  la  production  de  la  lumière  oxhydrique.  Son  moyen  consiste  à 
faire  un  mélange  de  chlorure  de  chaux  du  commerce,  avec  cinq  fois 
son  poids  d'eau,  et  à  le  traiter  par  un  hydrate  ou  composé  hydraté  de 
nickel  ou  de  cobalt,  en  solution  ou  en  suspension  dans  l'eau  ;  la  réac- 
tion a  lieu  immédiatement,  le  chlorure  se  décompose,  l'oxygène  se 
dégage  avec  effervescence,  et  on  peut  l'emmagasiner  immédiatement 
dans  un  gazomètre  ou  un  sac  en  caoutchouc.  Nous  regrettons  de  ne 
pouvoir  indiquer,  même  approximativement,  le  prix  de  revient  de 
l'oxygène  ainsi  obtenu. 
• 

Dernière»  nouvelles  académique*.  —  M.  Dumas  a  fait. 


J 


LES  MONDES.  37i 

lundi  dernier,  le  plus  grand  éloge  des  ventilateurs  employés  par 
M.  Guibal,  ingénieur  français  établi  dans  le  Hainaut,  à  l'aération 
des  houillères,  pour  empêcher  l'accumulation  du  grisou  et  ses  explo- 
sions. Le  prix  de  revient  du  nouveau  ventilateur  serait  de  335  francs 
au  lieu  de  2  à  3  000  francs;  et  la  dépense  de  son  fonctionnement 
annuel  serait  réduite  dans  une  proportion  aussi  grande,  quelques  cen- 
taines au  lieu  de  quelques  milliers  de  francs.  Un  grand  nombre  de  ces 
excellents  appareils  serait  déjà  en  usage ,  et,  depuis  leur  adoption,  il 
ne  serait  survenu  dans  le  Hainaut  qu'une  seule  explosion  dans  un 
puits  qui  n'était  pas  ventilé.  C'est  vraiment  merveilleux! 

—  M.  Ferdinand  Barrault  a  fait  en  Algérie,  en  1865,  de  grandes 
plantations  d'Eucalyptus  globulosa.  Le  succès  a  été  si  grand  que» 
six  ans  après,  en  1871,  la  hauteur  moyenne  des  jeunes  plants  était  de 
45  mètres,  et  leur  circonférence  moyenne,  à  1  mètre  du  sol,  de  la,14. 

—  M.  le  colonel  Carron,  directeur  du  laboratoire  de  chimie  de  l'école 
d'artillerie,  bien  connu  par  ses  recherches  sur  l'acier,  a  constaté,  par 
de  nombreuses  expériences,  que  soumis,  même  longtemps,  à  une 
température  de  20  degrés  au-dessous  de  zéro,  le  fer  ne  subit  pas  la 
modification  moléculaire  qu'on  a  désignée  du  nom  d'état  cristallin,  et 
qu'il  ne  devient  pas  plus  cassant*  C'est  la  conclusion  à  laquelle  était 
arrivée  la  Société  philosophique  de  Manchester,  et  qui  semblait  tout  à 
fait  contraire  à  un  grand  nombre  de  faits  sans  doute  mal  interprétés. 

Programme  de»  prix  de  l' Académie  royale  des 
Science»  de  Belgique.  —  Pour  1873.  I.  Résumer  et  simplifier 
la  théorie  de  l'intégration  des  équations  aux  dérivées  partielles  dés  deux 
premiers  ordres.  —  IL  Examiner  et  discuter,  en  s'appuyant  sur  de 
nouvelles  expériences,  les  causes  perturbatrices  qui  influent  sûr  la  dé- 
termination de  la  force  électro-motrice  et  de  la  résistance  intérieure 
d'un  élément  de  pile  électrique;  faire  connaître  en  nombre  ces  deux 
quantités  pour  quelques-unes  des  piles  principales.-*  III.  On  demande 
un  exposé  des  connaissances  acquises  sur  les  relations  de  la  chaleur 
avec  le  développement  des  végétaux  phanérogames,  particulièrement 
au  point  de  vue  des  phénomènes  périodiques  de  la  végétation,  et,  à  ce 
propos,  discuter  la  valeur  de  l'influence  dynamique  de  la  chaleur  so- 
laire sur  l'évolution  des  plantes.  —  IV.  Exposer  le  mode  de  reproduc- 
tion des  anguilles.  —  V*  On  demande  de  nouvelles  recherches  poi% 
établir  la  composition  et  les  rapports  mutuels  des  substances  albumi- 
noîdes.  —  YL  On  demande  la  description  du  système  houiller  du  bas* 
gin  de  Liège. 

La  valeur  de  la  médaille  d'or  attribuée  comme  prix  sera  de  mille 


372 


LES  MONDES. 


francs  pour  la  première,  la  cinquième  et  la  sixième  question  ;  elle  res- 
tera de  six  ctnts  francs  pour  les  deuxième,  troisième  et  quatrième 
question*  Lee  manuscrit*  devront  être  écrits  lisiblement,  rédigés  eu 
latin,  en  français  ou  ea  flamand,  et  adressés,  francs  de  port,  à  M.  Ad« 
Quetelet,  secrétaire  perpétuel,  ayant  le  1er  juin  4873. 

Pour  4874.  —  I.  On  demande  de  nouvelles  expériences  sur  l'acide 
urique  «t  ses  dérivés,  principalement  au  point  de  vue  de  leur  structure 
chimique  et  de  leur  synthèse.  —  II.  On  demande  :  4°  un  résumé  cri- 
tique succinct  des  observations  connues  relativement  au  polymorphisme 
des  Mucédinéea;  2°  la  détermination  exacte  —  ne  s'appliquerait-elle 
qu'à  une  seule  espèce  —  de  la  part  qui  revient,  d'abord,  à  la  propre 
nature  du  végital  (à  son  énergie  spécifique),  ensuite,  aux  conditions 
extérieures  de  son  développement  ;  3°  la  preuve  positive,  ou  la  néga* 
lion  suffisante,  du  fait  que  des  champignons  de  ferment  [Micrococcus, 
soogîoeai  palmella,  lepiothrix,  arlhrococcusytnicodtrma,  etc.),  daw 
des  circonstances  quelconques ,  peuvent  se  transformer  en  champi- 
gnons supérieurs. 

lie*  ballon»  dirigeable».  —  Expériences  de  M.  Henry 
Giffard,  en  4863  et  4866,  et  de  M.  Dupuy  de  Lôme,  m  4872, 
par  M.  Gaston  Tissànwsr.  (5  gravures  avec  texte*  In-iS.  vn-72  pages» 
Prix:  1  fr.  Dentu,  4872.)  —  En  rendant  compte  de  l'expérience  de 
Jl.  Dupuy  de  Lôme,  je  n'ai  pas  cm  devoir  rappeler  les  deux  cé*àà*fes  as- 
censions de  M.  Giffard,  dans  un  laiton  mû  non  petfpetr  des  bfaad'bemifees, 
mais  "par  des  machines  à  vapeur  de  la  forée  de  sept  chevaux.  Mois 
avions  pensé  que  ce  n'était  pas  le  lieu,  et  nous  àouvenant  de  la  délica- 
tesse extrême,  de  la  noble  indépendance  d'esprit  de  M.  Giflant, 
avions  craint  qu'il  ne  nous  reprochât  de  l'avoir  mis  en  jeu1 
agrément.  Nous  n'ignorons  pas  que  la  solution  de  M.  Dupuy  de  Lôme 
avait  de  ti  es -ft ombreux  et  de  très  intimes  points  de  coataet  avec  celte 
de  son  glorieux  prédécesseur  :  la  ferme  allongée  du  ballon;  la  nature 
de  l'étoffe  jrevétue  de  vernis  de  caoutchouc;  remploi  de  l'hydrogène 
fabriqué  avec  les  mêmes  batleriee  ou  tonneau*  par  l'action  de  l'acide 
sulftarique  sur  le  fer  au  contact  de  l'eau  ;  l'adjonction  d'une  hétiee  et 
d'un  gouvernail;  et  jusqu'au  concours  du  même  collaborateur,  il.  Yon. 
fiais  la  priorité  de  M.  Giflard  n'était  pas  en  doute,  et  il  n'errait  nulle- 
ment songé  à  arrêter  M.  Dupuy  de  Lôme  dans  son  élan.  Nous  devions 
donc  garder  k  silènes,  comme  l'avaient  fait  de  leur  côté  plusieurs  de 
nos  confrères  de  la  presse.  M.  Gaston  Tissandier,  très-compétent  dans 
ces-  matières,  aéroneute  très-expéarimeiité,  nTa  pas  été  de  notre  avis»  11  a 
cru  M.  Giflard  victime  d'upe  injustice  bien  au-dessous  de  lui,  en  réalité, 


LES  MONDES.  373 

et  il  plaide  éloquemment  sa  cause.  Nous  lui  savons  gré  d'avoir  cité  les 
lignes  que  nous  avons  publiées  dans  Y  Univers  pendant  le  siège,  et  qui 
n'étaient  qu'une  reproduction  de  circonstance  d'un  article  publié  sept 
années  auparavant  dans  les  Mondes  du  i5  octobre  1863,  et  dans  lequel' 
noue  affirmions  de  la  manière  la  plus  solennelle  que  S.  Giflkrd  atsflt' 
complètement  résolu  le  problème  du  ballon  dirigeable. 

«  Forme  de  l'aérostat,  tissu  enduit,  machine|à  vapeur,  condenseur/ 
hélice,  gouvernail,  tout  est  complètement  arrêté,  tout  pourra  être  prêt» 
dans  quelques  mois  de  travail  quand  l'heure  aura  lonné...  Fatfti  do' 
Cbamp-de-Mars,  l'aérostat  dompté  fera  le  tour  de  Paris,  et  reviendra  au 
Champ-de-Mars,  absolument  comme  un  cheval  de  course  part  du  poteau 
et  y  revient.  Par  un  temps  calme  ou  par  un  vent  très-faible,  sa  vitesse 
sera  de  iQ  mètres  par  seconde,  de  600  mètres  par  minutes,  de  35  kilo- 
mètres par  heure.  Les  provisions  de  charbon  et  d'eau  suffiront  à  uti 
voyage  de  trois  jours  et  de  trois  nuits  ;  c'est-à-dire  pour  parcourir  detix 
fois  la  France  dans  sa  plus  grande  longueur...  »  Une  autre  gloire  trèS- 
pure  de  M.  Giffard,  c'est  qu'il  a,fait  seul  les  frais  énormes  (plus  d'un  mit 
lion),  de  ses  innombrables  expériences*  —  F.  Moigno. 

Assassinat  des  otages.  —  Sixième  conseil  de  guerre.  Compte 
rendu  in  extenso  des  débats,  par  L.-P.  Guénin,  sténographe.  In-18 
jésus  de  390  pages.  À  la  librairie  da  Y  Echo  de  h  Sot bonne,  7,  rue 
Guénégaud.  4872.  —  Nous  n'avons  pas  besoin  d'insister  sur  le 
douloureux  intérêt  qu'excite  et  qu'excitera  à  jamais  tout  ce  qui  se 
lattath*  à  la  journée  néfaste  du  24  mai  1871.  Or,  il  existe  sur  le  trop 
mêamaUb  Avtaenofttdt  cette  journée  de  nombreuses  relations  j  mais 
aucun*  m  saurait  avoir  une  valeur  comparable  à  celle  d'un  compte 
resdt»  exact  et  complet  des  séances  du  conseil  de  guerre  où  ont  été 
jugés  les  assassins  des  nobles  victimes.  C'est  ce  compte  rendu  que  ren- 

< 

ferme  le  volume  que  nous  avons  sous  les  yeux,  et,  pour  montrer  à  quel 
point  il  est  exact  et  complet?  nous  nous  bornerons  à  dire  qu'il  a  pour 
auteur  u&  sténographe  chargé  de  suivre  ces  débats,  dont  il  présente 
tout  simplement  le  compte  rendu  sténographié,  sans  que  l'auteur  se 
soit  permis  d'y  jouter,  d'y  supprimer,  d'y  changer  un  seul  mot.  Cet 
ouvrage  est  dons,  dans  sa  sévère  simplicité,  un  document  inappré- 
eiaWe  pont  l'étude  d'un  des  plus  terribles  épisodes  de  notre  histoire 
eesfetoporaiiie. 

Nomenclature  usuelle  de  55©  libres  textiles,  avec  in- 
dication de  leur  provenance,  leurs  usages,  etc.,  par  ***  (Bernardin), 
conservateur  du  Musée  commercial-industriel  et  professeur  du  cours  de 
marchandises  à  la  maison  deMelle-lez-Gand  (Belgique);  grand  in-8°de 


11-  tt       ,  .                                / 

p. 

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374  LES  MONDES. 

80  pages.  Gand ,  chez  Annoot-Braeckman,  1872,  — -  L'auteur  de 
cet  intéressant  travail  commence  par  établir  qu'il  existe  uu  nombre 
prodigieux  de  produits  naturels  dont  l'industrie  pourrait  retirer 
de  grands  avantages  et  qu'on  laisse  complètement  inutiles.  Quelle 
est  la  cause  de  cet  abandon?  c  L'ignorance,  répond-il,  ou  l'inatten- 
tion. Le  remède  est  donc  facile  à  indiquer  :  Etudier,  faire  connaître 
les  produits  exotiques,  attirer  l'attention  sur  tous  ceux  de  ces  produits 
que  l'industrie  pourrait  utiliser.  C'est,  poursuit-il,  afin  de  contribuer 
ï'"'.  pour  une  faible  part  à  l'introduction  de  nouveaux  produits,  que  je 

publie  cette  notice  ou  nomenclature,  à  la  quelle  j'ai  travaillé  pendant  de 
longues  années.  J'ose  espérer  que  les  industriels  et  les  commerçants, 
aussi  bien  que  les  voyageurs  et  les  consuls,  y  trouveront  des  rensei- 
gnements utiles.  »  Non-seulement  nous  partageons  cette  confiance  de 

m 

l'auteur,  mais  encore  nous  espérons  que  le  prompt  épuisement  de  la 
première  édition  de  son  travail  le  décidera  à  en  publier  une  seconde, 
contenant  quelques  explications  de  plus,  qui  le  mettront  à  la  portée 
d'un  bien  plus  grand  nombre  d'industriels,  et  par  suite  multiplieront 
les  services  qu'il  peut  et  doit  rendre. 


* 


t. 


CORRESPONDANCES  DES  MONDES 


M.  Trêve,  capitaine  de  vaisseau  à  Cannes,  —  Applteatten 
du  gyroMope  et  du  pendule  de  Foucault  4  la  navi- 
gation. —  a  Au  mois  de  juin  dernier,  c'est-à-dire  quelques  jours 
après  la  lutte  dans  Paris,  j'ai  confié  à  notre  célèbre  ingénieur, 
M.  E.  Bourdon,  mon  projet  d'utiliser  son  ingénieuse  et  si  élégante  petite 
machine  barométrique  en  vue  d'un  très-rapide  mouvement  à  donner 
à  un  tore  un  peu  volumineux.  M.  Bourdon  a  bien  voulu  accepter  cette 
idée,  et  l'expérimenter,  mais  les  résultats  n'ont  pas  répondu,  jus- 
qu'à ce  jour  du  moins,  aux  prévisions  théoriques.  Est-ce  à  dire  qu'il 
faille  déjà  renoncer  à  un  semblable  système  ?  Je  ne  le  croîs  pas. 
M.  Bréguet,  l'un  de  nos  savants  les  plus  accessibles  aux  travailleurs, 
m'a  déjà  offert  le  concours  d'une  petite  machine  hydraulique  que  je 
suis  bien  curieux  de  voir  à  l'œuvre...  Mais,  pour  cela,  il  faut  d'abord 
que  je  recouvre  ma  santé  ! 

J'ai  voulu  aussi  me  rendre  compte  de  tout  le  parti  que  l'on  pouvait 
tirer  des  théories  de  «  Foucault.  »  Vous  vous  rappelez  ôa  belle  expé- 
rience de  la  verge  fixée  au  centre  d'un  tour  qui  met  en  évidence 


LES  MONDES  3T5 

l'indépendance  du  plan  d'oscillation  de  la  verge,  par  rapport  au 
mouvement  de  rotation  du  tour  ;  d'où,  son  incomparable  démonstra- 
tion, du  mouvement  de  la  terre  par  le  pendule,  au  «  Panthéon,  »  sanc- 
tuaire bien  digne  de  recevoir  une  aussi  éclatante  manifestation  du 
génie  humain. 

Voici  le  projet  que  m'a  suggéré  l'étude  de  ce  double  mouvement. 

Le  tour  sera  le  navire  : 

La  verge  ou  tige  sera  fixée  au  centre  d'un  habitacle: 

Donnez-lui  un  mouvement  d'oscillation  dans  le  plan  du  méridien  ; 
ce  mouvement,  on  le  sait,  restera  indépendant  de  toutes  les  évolutions 
du  navire,  de  tous  les  caps  qu'il  pourra  prendre. 

Reste  à  entretenir  ce  mouvement  oscillatoire  et,  pour  cela,  il  faut 
faire  intervenir  l'action  de  l'électricité  sous  la  forme  de  deux  petits 
électro- aimants  fixés  sur  le  diamètre  d'une  rose  des  vents  suspendue 
par  en  haut.  Au  mois  de  juin  dernier,  j'ai  soumis  ces  vues  à  mon 
aimable  ami  M.  Dumoulin-Froment,  le  gendre  et  l'habile  successeur 
de  M*  Froment,  qui  m'a  promis  de  les  examiner  de  très-près. 

Pas  moins  que  lui,  je  ne  me  dissimule  toutes  les  difficultés  pra- 
tiques que  comporte  l'éxecution  d'un  pareil  procédé,  mais  elles  ne  me 
troublent  pas,  parce  qu'on  en  a  résolu  de  plus  grandes,  et  encore  parce 
qu'il  y  a  toujours  à  acquérir  dans  ces  sortes  de  luttes.  » 

M.  Ed.  Soymié,  à  Etel.  —  Gyroscope  transformé  en  ins- 
trument de  réflexion.  —  «A  chaque  extrémité  de  Taxe  je  place 
un  miroir  plan  perpendiculaire  à  l'axe  et  de  telle  sorte  que  la  surface 
réfléchissante  soit  extérieure  à  l'instrument.  Chaque  miroir  est  un  cercle 
pour  éviter  tout  changement  dans  le  centre  de  gravité  du  gyroscope. 

Voilà  tout  mon  appareil. 

Remarquez  maintenant  que  Taxe  du  gyroscope  est  sensiblement 
dans  l'axe  du  monde  et  que  chacune  de  ses  extrémités,  au  lieu  de 
percer  la  voûte  céleste  à  une  étoile  quelconque  (comme  veut  bien  le 
dire  M.  A.  Ledieu  (dans  votre  dernier  numéro)  que  je  n'ai  pas  l'hon- 
neur de  connaître),  rencontre  la  voûte  céleste  aux  deux  pôles.  Donc 
avec  le  gyroscope  à  réflexion  on  observera  aussi  bien  la  déclinaison 
qu'avec  l'étoile  polaire. 

Pour  cela,  prenant  un  compas  de  relèvement,  on  se  placera  à  peu 
près  dans  le  méridien  passant  par  le  gyroscope  et  l'on  tournera  l'ali- 
dade de  façon  à  faire  coïncider  le  fil  de  l'alidade  avec  son  image  sur  le 
miroir  tournant  dans  le  plan  de  l'équateur. 

Que  la- mer  soit  grosse  ou  belle,  l'observation  sera  aussi  rigoureuse 
qu'avec  la  polaire.  En  effet9les  oscillations  du  navire  feront  que  l'image 


376  LES  MONDES 

ne  se  produira  pas  toujours  au  même  point  du  miroir;  mais  peu  im- 
porte, l'œil  et  le  fil  étant  dans  un  plan  sensiblement  verlical  (ou  du 
moins  aussi  sensiblement  vertical  que  pour  le  relèvement  de  la  polaire) 
et  perpendiculaire  à  Téquateur,  seront  dans  le  méridien.  » 

Notre  jeune  ami  n'ignore  qu'une  chose,  c'est  que  le  gyroscope, 
quand  il  doit  tourner  avec  une  vitesse  extrême,  est  un  instrument  de 
précision  d'un  prix  énorme  et  très- difficile  à  manier. 

M.  DfeiR*,  professeur  à  Melkks-Gand.  Questions.  —  «  Ad- 
mettant comme  démontrée  l'existence  dans  la  mer  de  courants  à 
diverses  profondeurs  et  dans  des  directions  différentes,  je  demande  à 
connaître  les  causes  qui  déterminent  : 

J°  Les  courants  qui  vont  des  pôles  à  l'équateur  et  vict-versa  \ 

2°  Les  courants  de  la  surface,  dans  les  bas-fonds  et  dans  les  couches 
intermédiaires  ; 

3°  Les  mouvements,  les  uns  gyratoires,  et  les  autres  obliques  ; 

4°  Enfin,  tes  courants  qui  passent  de  la  surface  vers  le  fond,  et  des 
fonds  vers  ia  surface.  » 

Le  R.  P.  Frédéric  Fauva,  à  Manille.  —  aiétéorof  raphe  du 

R.  P.  Secchl.  —  «  Je  suis  heureux  de  pouvoir  vous  envoyer  quel- 
ques exemplaires  des  courbes  météorograpliiques  que  j'ai, pu  obtenir 
avec  le  météorographe  du  P.  Secchi.  Il  y  a  déjà  deux  ans  et  demi  qu'il 
fonctionne  dans  notre  observatoire  de  l'athénée  municipal  de  Manille. 

Les  échantillons  que  je  vous  envoie  se  trouvent  réduits  au  1/9  de 
la  superficie  de  ceux  que  donne  le  météorographe.  Nous  avons  déduit 
les  courbes  de  tension  et  d'humidité  de  celles  qu'on  obtient  avec  le 
carré  qui  fait  son  mouvement  en  deux  jours,  pour  que  l'on  puisse  les 
comparer  avec  celles  du  carré  décadique.  » 

Ces  résultats  sont  vraiment  merveilleux,  et  Ton  est  confondu  de  voir 
réalisé  dans  les  lies  Philippines,  aux  antipodes,  un  progrès  considérable 
que  l'on  ne  voit  pae  encore  poindre  à  Paris. 

M.  Edmond  Martin,  à  Paris.  —  Emploi  de  l'air  comprimé 
dans  lWro*tatlo*.  —  a  Je  m'étonoe  que  M.  Dupuy  de  Lôme 
n'ait  pas  cru  devoir  utiliser  la  grande  compressibilité  des  gaz  pour  em- 
magasiner, au  liâu  de  le  perdre,  l'hydrogène  dont  il  gonfle  son  ballon. 

Afin  de  compenser  les  dégonflements  causés  par  l'ouverture  des 
soupapes,  M.  Dupuy  de  Lôme  a  imaginé  un  ballonet  — •  ou  ballon  in- 
térieur —  dan*  lequel  il  injecte  de  l'air  au  moyen  d'une  pompe.  Ne 
serait-il  pas  plus  simple,  au  moyen  de  cette  même  pompe,  de  soutirer 


LES  MONDES  377 

l'hydrogène  du  ballon  et  de  le  conserver,  sous  un  volume  très- limité, 
dans  un  récipient  adhérent  à  la  nacelle  ? 

Cette  modification  permettrait  à  l'aéronaute  de  diminuer  ou  d'aug- 
menter le  volume  du  ballon  et,  par  conséquent,  d'opérer  des  descentes 
ou  des  ascensions  successives  sans  perte  ni  renouvellement  de  gaz. 

Cette  propriété,  d'ailleurs,  qu'ont  les  gaz  de  se  réduire  considérable- 
ment de  volume  a  déjà  été  mise  en  pratique  avec  quelque  avantage  ; 
c'est  maintenant,  je  crois,  et  plus  que  jamais  l'occasion  d'en  faire  une 
sérieuse  et  plus  complète  application.  » 

M.  Taouvé,  à  Parti.  —  Fixation  de»  vibration»  «onore», 

—  «  Le»  Éludes  sur  les  vibrations  moléculaires  du  mercure  et  des 
liqmdss  en  général  f  par  M.  Barthélémy,  que  vous  avez  publiées  dans 
les  Mondes  du  4  janvier  1872,  m'ont  vivement  intéressé.  Je  vous  sou- 
mets, sous  toutes  réserves,  l'idée  quelles  m'ont  suggéré  :  Ne  serait-il 
pas  possible  d'obtenir  un  cliché  direct  de  la  surface  liquide  en  vibra- 
tion? Le  mercure  étant  très-dense,  il  continuerait  à  vibrer  sous  une 
couche  minée  de  cire  ou  de  toute  autre  substance  appliquée  à  chaud, 
qui,  en  se  solidifiant,  pourrait  conserver  l'empreinte  de  la  déformation 
de  la  surface  du  liquide  vibrant.  Peut-être  obtiendrait-on  un  meilleur 
résultat  en  soumettant  directement  aux  vibrations  un  métal  en  fusion? 
Je  vous  soumets  cette  hypothèse,  sous  toutes  réserves;  car  je  n'ai  ni 
le  temps  de  faire  ces  expériences  ni  les  diapasons  nécessaires  à  cette 
étude,  n 


M.  Pichault,  ingénieur  à  Seraing.  —  Fait  »i«f  ailer  de 

tatioM.  —  Je  me  trouvais,  un  jour,  dans  un  wagon  de  chemin  de 
fer,  sur  la  ligne  de  Tour»  à  Paris,  près  de  Blois,  si  ma  mémoire  est 
fidMe,  à  côté  d'un  sous-officier  de  dragons,  qui  rejoignait  son  corps. 
Mon  compagnon  emportait,  avee  hii,  un  sac  d'équipement,  sur  lequel 
était  liée  une  paire  de  bottes,  munie  do  se»  éperons.  Chemin  faisant 
il  arriva  que,  par  hasard,  l'une  des  bottes  se  mit  dans  sa  poûlion  nor- 
male, la  semelle  dirigée  suivant  l'axe  de  la  voie*  Vous  savez  que  pour 
le  voyageur,  qui  fournit  une  longue  course,  tout  es*  sujet  de  distrac- 
tion. Mes  regards  tombèrent  sur  la  botte  et  sur  l'éperon,  dont  la  pro- 
preté et  le  brillant  faisaient  d'abord  honneur  aux  habitudes  d'ordre  du 
régiment.  Pendant  que  je  me  livrais  à  des  réflexions  d'un  genre  tel 
que  peut  en  inspirer  une  paire  de  bottes,  et  dont  je  crois  devoir  vous 
faire  grâce,  je  remarquai  que  la  molette  do  rèperttt  tournait  sur  son 
axe,  lentement,  ftftfe  d'dne  matière  continue.  Comme  il  n'y  avait  pas 
à  cette  rotation  de  raison  d'être  bien  apparente,  j'en  fus  frappé  et  me 


378  LES  MONDES. 

mis  à  examiner,  de  plus  près,  ce  phénomène  physique  ou  mécanique. 
Je  priai  le  sous-officier  de  dragons  dé  me  confier  sa  botte;  ce  qu'il  fit 
avec  la  meilleure  grâce  du  monde,  quoi  que  ma  demande  pût  sembler 
avoir  de  singulier.  L'éperon  était  à  peu  près  neuf,  en  fer,  ou  en  fonte 
malléable;  la  molette,  bien  en  fer,  je  crois,  tournait  avec  une  grande 
facilité,  et  paraissait  assez  exactement  centrée.  Je  remis  la  botte  sur  la 
banquette,  la  molette  se  mit  à  tourner  comme  auparavant  en  sens  in- 
verse du  mouvement  des  roues  du  wagon.  Je  crois  bien  me  rappeler  cette 
circonstance.  Le  train  courait  à  peu  près  du  sud  au  nord.  Je  retournai 
la  botte,  bout  par  bout,  la  semelle  dirigée  suivant  Taxe  de  la  voie,  la 
molette  tourna  dans  le  même  sens  que  la  précédente  fois.  En  tournant 
la  semelle  perpendiculairement  à  la  voie,  dans  un  sens  ou  dans  l'autre, 
ou  à  peu  près  perpendiculairement,  toute  rotation  cessait.  Dès  que  la 
pointe  de  la  semelle  inclinait  un  peu  à  droite  ou  à  gauche  de  cette  es- 
pèce de  position  neutre,  la  molette  se  mettait  à  tourner,  et  à  tourner 
toujours  en  sens  inverse  des  roues  du  wagon.  Le  même  phénomène  se 
reproduisait,  dans  toutes  ses  phases,  quand  la  botte  était  posée  sur  les 
genoux ,  quoique  d'une  manière  moins  nette  que  sur  la  banquette.  Il 
cessait,  au  contraire,  complètement,  quand  on  tenait  la  botte  suspendue 
en  l'air  par  la  main  ;  et  la  deuxième  botte  imitait  en  tous  points  la  pre- 
mière, bien  que  sa  molette  fût  un  peu  moins  bien  centrée  ;  ce  qui  lui 
faisait  prendre  un  mouvement  de  rotation,  non  plus  uniforme,  mais 
périodiquement  accéléré,  puis  retardé. 

Tels  sont  les  faits.  Quelle  en  est  la  cause?  Cette  cause  est  «elle  sim- 
plement d'ordre  mécanique,  la  rotation  de  la  terre  ou  des  wagons,  les 
vibrations,  etc.,  ou  faut-il  faire  intervenir  une  cause  physique,  l'élec- 
tricité, le  magnétisme,  etc.? 

» 

M.  Charles  Tellier,  à  Auteuil.  —  A  propoa  d'âne  aMefce. 

—  Je  passais  il  y  a  deux  jours  devant  une  affiche  du  Cirque,  mon- 
trant deux  singes  exécutant  des  voltes  de  haute  école. 

L'imitation  était  curieuse  et  involontairement  me  vint  celte  pensée  : 
que  peut-être  était  là  un  argument  en  faveur  du  système  depuis  long- 
temps émis,  et  préconisé  en  dernier  lieu  par  Darwin,  que  l'homme 
n'était  qu'un  singe  perfectionné,  celui-ci  n'étant  lui-même  que  le  pro- 
duit de  successives  modifications. 

Mais,  presque  immédiatement  aussi,  mon  esprit  repoussa  cette  idée' 
et  s'attacha  à  un  autre  ordre  de  suggestions. 

Loin  de  voir  dans  cette  imitation  une  analogie,  un  trait  d'union  ai- 
dant au  classement  de  l'homme  dans  les  espèces  inconscientes,  j'y  vis 
au  contraire  un  indice  de  sa  suprématie  sur  tout  ce  qui  respire. 


LES  MONDES.  37$ 

Cet  indice,  c'est  que  l'homme  seul  sait  apprendre,  puis  instruire. 

L'animal,  qu'il  soit  le  sioge  de  mon  affiche,  le  chien  savant,  l'élé- 
phant docile,  etc.,  etc.,  pourra  exécuter  des  prodiges  de  soumission, 
d'adresse  ;  mais ,  quel  qu'il  soit ,  il  ne  saura  les  apprendre  ni  aux 
animaux  de  son  espèce,  ni  à  d'autres. 

Seul,  l'homme  peut,  non-seulement  comprendre,  mais  apprendre 
à  ses  semblables,  à  ses  inférieurs  ce  qu'il  sait. 

Instruire  constitue  donc  une  prérogative  spéciale  à  l'homme  et 
traçant  entre  lui  et  la  brute  une  absolue  démarcation. 

Il  y  a  donc  là  une  émanation  spiritualiste,  démontrant  en  lui  l'exis- 
tence d'un  principe  qui  n'existe  pas  dans  les  autres  êtres  de  la  créa- 
tion. C'est  à  ce  titre  qu'il  m'a  paru  utile  de  faire  ressortir  cette  consi- 
dération et  d'en  préciser  l'importance  au  point  de  vue  philosophique. 

H.  Charles  Teluer.  —  fabrication  de  la  glace  par  la 
vaporisation  de  l'&ker  vlnlque  favorisée  par  an  cou- 
rant d'air.  —  Permettez-moi  de  revenir  sur  les  avantages  de 
mon  nouveau  procédé. 

L'air  comprimé,  tel  qu'il  a  été  employé  jnsqu'ici  pour  produire 
le  froid,  ne  pourrait  enlever  que  1  calorie  par  425  kilogram  mè- 
tres, produits  par  sa  dilatation,  soit  635  calories,  par  force  de  che- 
val produite. 

Mais  il  s'en  faut  de  beaucoup  que,  pratiquement,  ce  rendement 
poisse  être  obtenu*  Les  transmissions  de  mouvement,  les  frotte- 
ments, pertes  de  calorique,  enfin  le  haut  degré  de  l'eau  employée 
pour  absorber  le  calorique  dégagé,  tout  cela  fait  que  le  chiffre  est 
réduit,  dans  la  pratique,  de  moitié  et  parfois  plus,  suivant  le  degré 
de  perfection  des  appareils  assez  nombreux  qui  ont  été  réalisés 
oa  qu'il  est  possible  d'établir. 

Quand,  au  contraire,  on  fait  passer  l'air  dilaté  sur  un  bain  d'é- 
\her,  cet  air  se  chargera  des  vapeurs  de  ce  corps.  Mais  ces  vapeurs 
n'ont  pas  pu  se  produire  sans  emprunter  du  calorique  latent.  Nous 
avons  donc  maintenant  deux  sources  frigorifiques  mises  en  jeu  par 
la  même  action.  1°  Le  calorique  de  dilatation  de  l'air;  2°  Le  calo- 
rique latent  des  vapeurs  générées  par  le  passage  de  l'air,  et  ce  der- 
nier résultat  est  si  important  qu'il  peut  doubler  le  rendement  d'un 
appareil  employant  seulement  l'air  comprimé. 

Pour  se  rendre  compte  de  ce  fait,  il  suffit  de  considérer  qu'un 
mètre  cube  d'air  peut  se  saturer  de  465  grammes  d'ôther;  que  ces 
vapeurs,  pour  se  former,  auront  exigé  43  calories;  que,  par  consé- 
quent, tandis  que  l'air  seul  en  se  dilatant   produira,  suivant  une 


380  LES  MONDES. 

détente  moyenne,  l'absorption  d'environ  35 calories,  chargé  d'ither 
il  entraînera  une  quantité  totale  de  78  calories. 

J'ajouterai  que  précisément,  par  la  compression,  tottt  l'éther 
vaporisé  se  trouve  liquéfié  et  que  par  conséquent  sans  opération 
chimique  ultérieure,  par  le  seul  jeu  de  la  machine  employée,  il  est 
aisé  de  ramener  à  l'état  liquide  les  vapeurs  et,  par  conséquent,  de 
rendre  constante  l'action  que  j 'indique. 

Végétation  extraordinaire.  —M.  Victor  Chatel  nous  signale 
un  fait  qui  aéra  peut-être  le  point  de  départ  d'une  découverte  impor- 
tante :  «  L'an  dernier,  une  de  mes  vignes,  cultivée  dans  une  serre  chauf- 
fée seulement  pendant  les  grands  froids,  développa  pendant  l'été  des 
jets  d'une  longueur  inaccoutumée.  Le  pied  de  cette  vigne,  plantée 
à  l'extérieur  de  la  serre,  dans  le  voisinage  du  fourneau  de  chauffage, 
«ê  trouva  recouvert  alternativement,  pendant  l'hiver,  d'un  dépôt  de 
-houille  et  de  coke.  Fayt-il  attribuer  cette  végétation  extraordinaire  à 
la  présence  et  à  l'intervention  du  charbon,  qui  a  pu  soit  absorber  en 
plus  grande  quantité  la  chaleur  solaire,  soit  ozoniser  l'air  qui  pénètre 
dans  le  sol,  soit  fournir  à  la  plante  de  l'acide  carbonique  naissant? 
Un  autre  fait  me  porterait  à  admettre  cette  influence  mystérieuse  dont 
on  pourra  peut-être  tirer  parti.  Un  abricotier  dont  le  pied  et  le  tronc 
étaient  entourés,  sur  une  hauteur  d'un  mètre,  de  gros  morceaux  de 
houille,  a  manifesté  une  végétation  de  vigueur  tout  à,  fait  anormale... 
Quoi  qu'il  en  soit,  ces  deux  faits  m'ont  amené  à  organiser  des  expé- 
riences comparatives  sur  un  grand  nombre  de  plantes  potagères,  de 
pleine  terre  et  de  châssis,  sur  des  herbages,  sur  des  semjs  de  blé, 
d'avoine,  de  seigle,  de  trèfle,  etc.,  et  je  vous  tiendrai  au  courant  des 
résultats  quelles  me  donneront.  » 

Nous  avons  reçu  les  observations  de  l'aurore  boréale  du  4  février, 

qu'ont  bien  voulu  nous  adresser  nos  chers  correspondants  :MM.  l'abbé 
Trébéden,  professeur  au  petit  séminaire  de  Nantes.  F.  Terby,  docteur 
es  sciences  à  Louvain;  J.  Pichaud,  ingénieur  à  Seraing,  etc.,  etc. 
Nous  avons  lu  ces  relations  avec  intérêt,  mais  on  nous  pardonnera  de 
ne  pas  les  publier  ;  parce  que  nous  voyons  quelque  inconvénient  à 
noyer  les  phénomènes  dans  une  mer  de  détails  bien  difficiles  à  saisir 
et  à  concilier.  Nous  les  résumerons  en  prenant  de  chaîne  ce  qu'elle 
contient  de  vraiment  nouveau. 


LES  MONDES.  381 


PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE 


Importante  de  la  déclivité  dan»  l'arborieftlture, 
•ystème  Hoolbrenlt ,  par  M.  Duchesne  -  Touheau.  —  Le 
malheur  est  bon  à  quelque  chose;  la  gelée  a  compromis  la  plu- 
part de  mes  beaux  cépages,  à  tel  point  qu'il  y  a  urgence  de  les  couper. 
Je  vous  enverrai  donc  l'un  de  ces  jours  un  colis,  résumé  des  spéci- 
mens magnifiques,  pouvant  servir  d'études  aux  amateurs ,  et  que  vous 
étalerez,  si  bon  vous  semble,  dans  votre  cour;  et,  au  grand  ébahisse- 
ment  de  ceux  qui  croient  et  veulent  que  mes  cultures  soient  mortelles, 
je  leur  fournirai  la  preuve  du  contraire. 

Mais,  avant  d'entrer  en  matière,  permettez-moi  de  vous  reporter  à 
ce  qui  se  passait  il  y  a  dix  ans  :  jamais,  à  aucune  époque,  le  monde 
agricole  n'avait  été  surexcité  à  un  plus  haut  degré  ;  quelle  pouvait  donc 
être  la  cause  de  cet  émoi? 

Tout  simplement  un  homme,  un  paysan,  arrivé  des  contrées  qu'ar- 
rose le  Danube,  affichait  hautement  la  prétention,  non-seulement  d'a- 
méliorer et  modifier  nos  cultures,  mais  de  les  bouleverser  de  fond  en 
comble,  et,  grâce  à  des  procédés  nouveaux,  d'augmenter  dans  des  pro- 
portions incalculables,  inouïes,  la  production  de  la  terre;  par  suite,  la 
richesse  de  la  France. 

Naturellement  chacun  s'empresse  et  veut  savoir  en  quoi  consiste  le 
procédé  qui  procure  ce  maximum  de  production  inconnu,  exagéré, 
semble-t-il. 

Quel  n'est  pas  l'étonnement ,  l'ébahissement  des  amateurs;  pour 
obtenir  ces  résultats  si  prodigieux,  il  suffit  tout  simplement  d'incliner 
les  rameaux  des  arbres,  ou  de  la  vigne,  sur  une  pente,  ou  déclivité 
rectiligne,  qui  peut  varier  sans  inconvénient,  de  15  à  20  centimètres 
par  mètre  d'allongement  du  rameau. 

C'est  là  tout  le  secret,  tout  le  système  est  là.  A  première  vue, 
avant  d'avoir  expérimenté  et  de  s'être  rendu  compte,  sinon  physiologi- 
quement,  mais  au  moins  par  les  résultats,  il  faut  avouer  que  bon 
nombre  de  personnes,  ne  comprenant  pas  toute  l'importance  du  degré 
d'inclinaison,  furent  tentées  de  ne  voir  là  qu'une  chose  insignifiante, 
voire  même  une  mystification. 

Or,  comme  dans  ce  bas  monde  il  n'est  pas  possible  de  proclamer 
une  vérité  et  d'introduire  un  [progrès  sans  se  trouver  en  face  de  gens 
qui  ont  une  position  à  défendre,  et  qui  ne  se  laissent  pas  dépasser  et 

28 


382  LES  MONDÉS. 

encore  moins  détrôner  sans  résistance,  on  devine  l'accueil  qui  atten- 
dait Hooîbrenck  et  sa,  méthode  auprès  des  hommes  qui  émargent  aux 
caisses  de  l'Etat,  ou  dont  là  fortune,  l'avenir,  etc.,  reposent  sur  la 
vente  d'un  livre ,  et,  en  un  mot^;  sur  la  conservation  des  choses 

, Du  reste,  Hooîbrenck,  ne  dissimulant  peut-être  pas  assez  son  tut, 
affichait  la  prétention  de  faire  table  rase'de  tous  les  procédés  dé  eut 
ture  viticole  et  arboricole  en  usage  jusqu'à  ce  jour. 
*  Il  n'en  fallait  pas  tant  pour  déchaîner  contre  lui  tout  le  ban  cf  l'ar* 
rièré  ban  de  ceux  qui,  de  près  ou  de  loin ,  touchent  à  la  viticulture  et 
à  l'horticulture. 

Et  il  était  d'autant  plus  facile  de  battre  en  brèche  lui  et  sa  Méthode, 
que,  pour  le  commun  des  martyrs ,  le  ployage  ou  plutôt  la  mise  en 
déclivité,  formant  la  base  de  son  système,  diffère  assez  peu,  comme  je 
l'ai  dit  tout  à  l'heure ,  des  procédés  de  ployage  généralement  appli- 
qués, pour  que  la  simple  nuance  qui  la  distingue  soit  considérée 
comme  insignifiante. 

Aussi  ses  concurrents  n'eurent-ils  pas  de  peine  à  lui  créer  de  graves 
embarras  et  à  soulever  contre  lui  une  opposition  des  plus  acharnées;  si 
habilement  dissimulée,  d'ailleurs,  sous  des  apparences  de  rondeur  et 
de  bonne  foi,  que  tout  le  monde  s'y  laissa  prendre,  jusqu'à  vous- 
même,  monsieur  le  Directeur  qui,  n'ayant  d'autre  aspiration  que  celle 
de  vulgariser  le  progrès,  aviez  si  parfaitement  pris  le  change,  que  voué 
étiez  à  cent  lieues  de  supposer  qu'il  existât,  sous  la  calotte  des  cieux, 
un  pionnier  obscur  autant  qu'intrépide  et  assez  téméraire  pour  oser 
prendre  en  mams  une  cause  complètement  perdue  en  apparence , 
mais  donnant  les  prodigieux  résultats  que  vous  avez  constatés. 

Loin  donc  de  regretter  mon  labeur  obstiné,  je  me  félicite  au  con- 
traire de  ma  persistance,  ne  fut-ce  que  par  le  motif  qu'elle  m'a  suscité 
un  généreux  défenseur. 

Mais,  revenant  au  fait  principal,  je  tranche  dans  le  vif  pair  une  dé- 
monstration saisissante  qui,  mieux  que  tous  mes  dires  et  assertions, 
prouve  d'abord  combien  est  puissante  l'influence  de  la  déclivité,  et 
établit  non  moins  victorieusement  ce  fait  :  que  Vhomme  ignore  jus- 
qu'à quel  degré  il  peut  commander  aux  végétaux. 

Voyez,  en  effet,  dans  la  planche  ci-contre,  jusqu'à  quelles  extrêmes 
limites  j'ai,  de  par  ma  volonté,  relégué,  transporté  l'axe  médullaire  du 
végétal,  dont  uDe  coupe  transversale  est  soumise  à  votre  examen. 

Comment  ce  phénomène  si  accentué  s'est-il  produit?  Par  le  seul 
fait  de  l'inclinaison  de  l'arbre,  à  quelques  centimètres  au-dessous  de 
la  ligne  horizontale. 


LES  MONDES* 


Et  je  vous  prie  de  ôroln  qut  M  n'est  point  là  un  spécimen  isolé , 
accidentel,  c»  Je  possède  toute  Une  eollaction  de  blocs  et  d'études  du 
même  genre,  empruntés  a  des  arbres  de  diverses  espèces  et  grosseurs, 
ebei  lesquels,  au  gré  de  mon  caprice,  je  déplace  et  transporte  l'axe 
médullaire,  sur  tel  point  que  bon  me  semble.  Quelle  est  donc,  la  culture, 
si  «avanie  qu'elle  toit,  dont  on  puisse  attendre  des  résultats  sem- 
blables et  démontrant  aussi  énergiquement  la  puissance  de  l'homme 
sur  tas  végétaux? 

Or,  vous  dirai-Jft,vquand  on  réalise  à  plaisir  de  pareilles  traoafqr- 
matioBs,  est-il  donc  étonnant  que  l'on  puisse  demander  et  obtenir  a 
son  gré  du  végétal  un  effort  dans  un  autre  sens,  dans  le  sens  de  la 
fructification,  du  développement  ligneux,  «te 

Comme  je  tiens  essentiellement  a  convaincre  vos  lecteurs,  permettez- 
moi  de  relater  une  expérimentation  qui  peut-être  établit  mieux  encore 
que  le  degré  de  déclivité  n'est  pas,  à  beaucoup  près,  une  chose  aussi 
oiseuse  que  les  professeurs  veulent  bien  le  prétendre. 

Lorsqu'un  jardinier  dresse  un  espalier,  ou  contre-espalier  avec  deux 
tiges  s'élevant  parallèlement,  il  est  bien  rare  que  l'une  de  ces  tiges  ne 
soit  pas  plus  vigoureuse  que  l'autre.  Alors,  que  fait  le  jardinier?  Il 
tnaline  quelque  peu  la  branche  la  plus  forte,  tandis  que  l'autre,  la 
plus  faible,  est  laissée  dans  la  position  verticale. 

Il  arrive  alors  que  la  branche  faible  sembla  profiter  smla  de  tout 
l'afflux  de  sève,  grandir,  se  développer  démesurément,  tandis  que  celle 
précédemment  la  plus  forte,  sais  que  l'on. *  limpletowt  incMnée, 
sur  ce  Miel  fait  se  trouve  comme  déshéritée  et  paralysée  dans  sa 


croissance,  et  la  preuve,  c'est  qu'il  suffit  de  la  ramener  à  la  position 
verticale  pour  qu'elle  reprenne  son  essor  et  sa  vigueur  première. 


D'où  il  résulte  ce  fait  positif  et  particulièrement  intéressant,  que 
toute  branche  ou  tige  semble  perdre  et  perd,  eu  effet,  quelque  peu 
et  même  beaucoup  de  sa  puissance  végétative,  selon  qu'elle  est  plus  ou 
moins  inclinée: 

Or,  ici,  je  semble  être  en  contradiction  avec  moi-même,  puisque, 
d'une  part,  je  prétends  et  affirme,  avec  Booïbrenck,  que  la  mise  en 
déclivité  d'une  tige,  ou  branche,  détermine  un  afflux  de  sève  consi- 
dérable, et  que,  d'autre  part,  j'avoue  ici  que  le  simple  dérangement 
de  sa  position  verticale  atténue  savégëtation. 

Hais  loin  d'être  en  contradiction  avec  moi-même,  comme  on  serait 
tenté  de  le  supposer,  si  je  me  pince  volontairement  dans  cette  condi- 
tion ambiguë,  ce  n'est  que  pour  rendre  plus  palpable  et  plus  tan- 
gible la  loi  découverte  par  Hoolbrenck;  loi  qui  n'a  été  comprise  par 
personne  jusqu'à  ce  jour,  si  ce  n'est  par  l'auteur,  et  encore  n'avait-il 
pas  réussi  à  l'expliquer. 

Voici  donc,  d'après  moi,  ce  qui  aurait  lieu  :  Toute  branche,  tige 
ou  ramille  de  vigne  ou  d'arbre,  déplacée  de  sa  ligne  verticale  et  in- 
clinée à  tel  degré  que  ce  soit,  jusques  et  y  compris  la  ligne  horizontale, 
a  ptrdu  de  sa  vigueur  par  le  fait  de  cette  déviation. 

Tandis  qu'au  contraire,  la  même  branche,  ou  tige,  amenée,  inclinée 
au-deuoui  de  la  ligne  horizontale,  acquiert  par  cette  inclinaison 
une  puissance  inconnue,  d'autant  plus  considérable  que  sa  position 


LES  MONDES.  385 

est  plus  exactement  rectiligne,  et  qui  à  elle  seule  provoque  le  développe- 
ment de  tous  les  bourgeons  par  suite  d'une  énormité  de  feuillages 
dont  l'ampleur  et  l'épaisseur  diffèrent  essentiellement  des  feuillages 
provenant  d'une  tige  verticale.  Une  preuve  concluante,  s'il  en  fut  ja* 
mais,  de  la  supériorité  de  la  pente  rectiligne  sur  la  position  horizon- 
tale, c'est  que,  dans  le  premier  cas,  la  récolte  de  fruits  est  pour  ainsi 
dire  illimitée,  si  le  terrain  est  suffisamment  fertile,  et  les  bourgeons 
se  développent  en  presque  totalité  quelle  que  soit  la  longueur  du 
rameau,  tandis  qu'à  la  ligne  horizontale  il  faut  raccourcir  énormément 
la  branche  et  se  restreindre  à  une  production  très-modérée. 

Quant  au  rameau  dont  la  courbure  serait  en  forme  d'arc,  comme 
le  pratiquent  les  vignerons,  il  a  un  immense  désavantage  sur  la  posi- 
tion rectiligne  déclive,  en  ce  que  les  seuls  bourgeons  qui  occupent  le 
sommet  de  l'arc  se  développent  follement,  et  toujours  au  détriment 
des  autres,  qui  restent  à  l'état  latent,  ne  contribuant  en  rien  à  l'émis- 
sion des  feuillages  ni  des  fruits. 

Je  ne  crois  pas  avoir  trop  longuement  insisté  sur  ces  divers  détails, 
que  bon  nombre  de  vos  lecteurs  n'avaient  sûrement  jamais  soup- 
çonnés, et  que  ceux  ayant  mission  d'éclairer  le  public  s'étaient  bien 
gardé  de  leur  expliquer,  car  ils  sont  la  clef  de  toute  une  doctrine 
inédite,  et  près  de  laquelle  toutes  les  autres  théories  ne  donnent  que 
de  bien  pâles  résultats. 

Maintenant  je  ne  peux  me  dispenser  d'expliquer  les  causes  qui 
semblent  déterminer  une  affluence  de  sève  aussi  considérable  dans  les 
rameaux  inclinés  au-dessous  de  la  ligne  horizontale. 

Toutes  les  expérimentations  auxquelles  je  me  suis  livré  semblent 
confirmer  que  l'effet  qui  se  produit  dans  ce  cas  est  identiquement  le 
même  que  dans  le  syphon. 

Et  ce  qui  le  confirme,  c'est  de  laisser  la  parole  au  végétal,  qui 
tranche  la  question  beaucoup  plus  sûrement  que  tous  les  dire,  discus- 
sions et  controverses  auxquelles  et  moi  et  d'autres  pourrions  nous 
livrer. 

Parmi  les  végétaux  de  nos  contrées,  je  n'en  connais  pas  dont  la 
fibre  lacrymale  épanche  autant  de  liquide .  que  la  vigne.  J'ai  donc  ex- 
ploité cette  tendance,  et  voici  comment  : 

Dans  une  rangée  de  vignes,  de  même  âge,  analogues  comme  plant, 
et  dans  un  sol  aussi  uniforme  que  possible,  j'ai  choisi  quatre  cépages 
de  force  égale,  auxquels  j'ai  conservé  un  seul  rameau,  autant  que 
possible  de  même  grosseur  et  longueur. 

Sur  chaque  cépage  le  rameau  conservé  occupait  une  position  dif- 
férente, l'un  vertical,  l'autre  oblique,  un  autre  horizontal,  et  un  der- 
nier sur  la  position  déclive. 


386  LES  MONDES. 

Lorsque  le  mouvement  de  sève  fut  bien  prononcé*  j'opérai  le  même 
jour  et  à  longueur  égale  la  section  des  tiges  ;  la  vigne*  provoquée  par 
cette  section*  laissa  couler  une  quantité  de  sève,  que  je  recueillis  aveo 
grand  soin  et  en  van  dos,  pour  éviter  toute  déperdition. 

Rien,  ce  me  semble,  ne  pouvait  être  plus  concluant  qu'une  expé- 
rimentation de  oe  genre  soigneusement  faite,  et  il  advint  que,  selon 
mes  prévisions,  la  branche  déclive  avait  distillé  infiniment  plus  d'eau 
que  celles  occupant  tout  autre  position, 

C'est  là  une  expérience  que  chacun  peut  tenter,  si  bon  lui  .'semble, 
et  que  j'ai  plusieurs  fois  renouvelée,  toujours  obtenant  le  même  ré* 

sultat*  —  J.DUGBEôNE  TflOUREAU. 

[La  suite  prochainement.) 


SCIENCE  EN  BELGIQUE 


SÉANCES  DE  L'àGAJ>ÉMIE  DES  SCIENCES  DE  BRUXELLES,  NOVEMBRE  1871 

PhénoMièuM  périodique*  *  iVof»  de  Jf>  De  Borrê.  -* 
M.  A.  Oe  Borre  a  fiait  accompagner  ces  observation!  dete  remar* 
ques  suivantes  :  «  Je  crois  que  les  entomologistes  et  général** 
,  merit  tous  les  naturalistes  devraient  se  préoccuper  béaoeoup  fins 
qu'ils  tie  le  font  de  la  question  des  dates  et  de  toutes  les  autrte 
questions  statistiques  qui  se  rattachent  à  la  vie  annuelle  de*  êtres* 
Ainsi,  foute  espèce  annuelle  a  une  période  ;  cette  période  devrait 
être  étudiée  de  manière  à  ett  déduire  le  potot  maimhui*  qoaiH  a* 
nombre  d'individus,  point  à  trouver  dans  l'intervalle  qui  êépare  la 
première  observation  de  là  dernière  que  Ton  a  faite  de  ftspèce 
pendant  l'année.  Parmi  les  insectes,  il  est  beaucoup  d'espèeus  <p*i 
vivent  plusieurs  années  à  l'état  de  larves  et  qui,  alors,  ne  se  Mon- 
trent pas  tous  les  ans  à  l'état  parfait  avec  la  même  abondtoeo, 
comme  lé»  hannetons  ;  l'étude  statistique  de  ce  phénomène  pério- 
dique ert  ôtitcfre  iiàportàlite.  D'autres  espèces,  au  contraire ,  se 
montrent  deux  fois  par  an  ;  il  y  attirait  à  étudier  quels  rapporte  ta 
'  peut  établir  entre  les  deux  générations  hivernale  on  estivale  et 
automnale,  tant  pour  les  datée  que  pour  l'abondance  des  fndf» 
viduô...* 


ro»to»«urle*1p*HaMMfte»ta  de  tente  en  !£••>  par 

M.  Autes  Pflttsft  —  (Hnpyi*  ûe  M.  ML  «vetolc*.  )  «— 


LES  MONDES, 


387 


Depuis  vingt  à  trente  ans,  je  suis  avec  l'attention  la  plus  grande 
les  nombreux  travaux  que  fait  M.  Perrey  pour  rassembler  tous  les 
documents  relatifs  aux  tremblements  de  terre.  Ce  phénomène  re- 
marquable n'a  commencé  à  être  étudié,  avec  suite  et  ténacité, 'sur 
les  divers  points  du  globe,  que  depuis  l'impression  régulière  des 
documents,  dont  l'Académie  de  Bruxelles  a  accueilli  la  publication. 
J'ai  suivi  avec  le  plus  vif  intérêt  ces  observations,  pour  étudier  les 
relations  qu'elles  pourraient  avoir  avec  les  étoiles  filantes  et  les 
météores  en  général. 

Ces  notes  se  font  entièrement  par  les  soins  et  aux  frais  d'un  mo- 
deste professeur  de  sciences;  et  j'ai  toujours  pensé  que  notre  Aca- 
démie se  rendait  utile  à  la  science,  en  aidant  un  ëavant  aussi 
actif  et  aussi  désintéressé  à  produire  le  résultat  de  ses  pénibles 
travaux  :  je  demande  donc  à  la  classe  de  vouloir  bien  encore  con- 
tinuer son  concours  en  votant  leur  publication  dans  le  recueil  des 
mémoires  in-8°.» 


Note  sur  le  roulement  des  rouleaux  et  des  roues  sur 
un  plan  d'appui  ;   par    M.   J.  De  Tilly.  —  (  Rapport  de 

M,  Stelehen.  )  —  «  Dans  la  première  partie  de  sa  note,  M.  De 
Tilly  fraite  de  l'équilibre  d'un  rouleau  pesant,  posé  sur  un  plan 
d'appui  horizontal,  dans  le  but  d'établir  quelques  notions  prélimi- 
naires à  la  question  de  la  seconde  partie  :  le  mobile  étant  mû 
d'abord  avec  une  simple  vitesse  de  translation,  quelles  sont  les 
forces  qui  agissent  à  un  instant  quelconque,  et  quelles  sont  les  di- 
verses phases  du  mouvement? 

L'auteur  discute  quelques  questions  particulières  avec  plus  de 
succès  que  je  n'avais  pu  le  faire  dans  mon  eswi  ;  j'y  af^Mf * .  en 
effet,  rencontré  une  difficulté  qui  n'existe  pas,  dès  qu'on  part  du 
principe  évident  que  le  frottement  est  toujours  opposé  an  sens  de 
la  plus  grande  vitesse  du  point  de  contact  mobile  avee  to  plan 
d'appui. 

Quand  on  corps  pesant  homogène  roule  sar  un  plan  d'appui 
horteontal,  la  pression  dynamique  est  la  même  que  la  presasicm 
étatique,  car  la  résultante  des  réactions  âlnërtie  tangenfieltes  et 
des  forces  centrifuges  est  constamment  nulle.  C'est  pour  avoir 
omis  involontairement  la  considération  des  forces  d'inertie  tangen- 
tieiles  que  j'ai  été  amené  à  admettre  d'abord  une  diminution  de 
pression. 

Sans  sortir  de  la  question,  on  parvient  aisément  &  prouver, 
dans  le  cas  de  o>  constant,  que  la  résultante  totale  dés  force  d'iner- 


388  LES  MONDES. 

tie  est  nulle,  on  que  la  résultante  centrifuge  est  nulle,  ou  que  la 
résultante  centrifuge  est  égale  et  directement  opposée  à  celle  des 
forces  d'inertie  tangentielles;  il  suffit  d'examiner  la  force  d'inertie 
d'une  molécule  dm  placée  à  une  distance  quelconque  de  Taxe  du 
solide,  et  celle  d'une  masse  dm  —  dm,  placée  aune  distance  égale 
et  contraire;  les  force  de  dm  et  de  dm'  sont  égales  et  directement 
opposées,  ce  qui  donne  la  propriété  énoncée. 

M.  De  Tilly  présume  que  là  quantité  Z  ou  A  doit  croître  avec  la 
vitesse  du  mouvement  :  moyennant  les  observations  de  M.  Fèvre, 
faites  sur  les  amplitudes  d'oscillation  d'un  cylindre  roulant  sur  des 
courbes  en  bois,  j'ai  reconnu  que  la  quantité  A  augmente,  en 
effet,  sensiblement  avec  la  moyenne  vitesse  d'oscillation  ou  avec 
l'écart  initial. 

Dans  la  seconde  partie,  l'auteur  traite  de  la  théorie  mécanique 
des  voitures  à  un  et  à  deux  trains,  et  me  semble  tenir  compte  de 
toutes  les  circonstances  de  la  question  plus  exactement  qu'on 
n'avait  pu  le  faire  jusqu'à  ce  jour.  Il  y  avait  défaut  de  précision 
dans  la  manière  de  concevoir  le  prpblème;  ce  qui  provenait  sur- 
tout de  ce  qu'on  ne  mettait  pas  en  évidence  le  rôle  de  la  réaction 
horizontale  du  sol  contre  les  roues.  ' 


INDUSTRIE 


SOCIÉTÉ  D'ENCOURAGEMENT.  —  SÉANCES  DE  JANVIER  ET  DE  FÉVRIER. 

Impét  mur  le  tel  pour  1m  produits  chimiques.  — 

M.  Lamy  fait  un  rapport  sur  une  lettre  de  M.  Kulhmann,  président  du 
syndicat  des  fabriques  de  produits  chimiques,  demandant  le  concours 
de  la  Société  à  l'appui  de  la  réclamation  que  présente  ce  syndicat  con- 
tre le  droit  de  40  francs  par  400  kilog.,  qu'on  propose  de  faire  peset 
sur  le  sel  destiné  aux  fabriques  de  produits  chimiques.  Les  conclu- 
sions de  ce  rapport  sont  que  les  comités  des  arts  chimiques  et  du  com- 
merce, pénétrés  du  devoir  qui  incombe  à  la  Société  d'encouragement, 
de  soutenir  et  de  défendre  les  intérêts  de  l'industrie  nationale,  surtout 
dans  les  circonstances  si  difficiles  où  le  pays  a  besoin  du  concours  de 
tous  les  dévouements  et  de  toutes  les  lumières,  sont  d'avis  qu'il  y  a 
lieu  de  prendre  en  considération  les  observations  et  la  demande  for- 
mulées  par  H.  Kuhimann,  et  d'appeler  l'attention  de  M.  le  Ministre 


LES  MONDES.  389 

des  finances  et  de  MM.  les  Membres  de  l'Assemblée  nationale  sur  les 
inconvénients  et  les  dangers  que  la  Société  trouve  à  l'établissement 
d'un  impôt  de  10  francs  par  100  kilog.  sur  le  sel  qui  sert  de  matière 
première  à  la  plus  importante  de  nos  industries  chimiques.  Approba- 
tion et  remerciements. 

Parachute*  de*  mine*.  —  M.  Haton  fait  un  rapport  sur 
un  parachute  pour  puits  de  mines,  qui  a  été  présenté  à  la  Société 
par  M.  Jacquet  aîné,  constructeur  de  machines,  à  Arras.  Après  avoir 
décrit  l'appareil  de  M.  Jacquet  aîné  et  l'avoir  comparé  aux  combinai- 
sons analogues  qui  avaient  déjà  été  mises  à  exécution,  telles  que  celle 
de  M*  Fontaine  et  autres,  le  rapporteur  fait  remarquer  les  avantages 
spéciaux  que  présente  ce  parachute,  qui  lui  ont  valu  d'être  employé, 
depuis  quelques  années,  dans  plusieurs  mines,  à  Lens,  Bezenet,  etc., 
où  il  a  déjà  prévenu  de  nombreux  accidents.  Approbation  et  remer- 
ciements. 

Instrumenta  de  précision.  Niveaux. — M.  de  laGournerie 
fait  un  rapport  sur  les  niveaux  de  diverses  formes  et  les  niveaux  de 
pente,  dits  clitographes,  que  M.  Lefebrre,  constructeur  d'instruments 
de  précision,  rue  Saint-Antoine,  495,  a  présentés  à  la  sofeiété.  Le  rap- 
porteur fait  remarquer  les  soins  que  le  constructeur  a  pris  pour  que  ses 
instruments  fussent  adaptés  à  toutes  le  circonstances  de  la  construction 
des  machines  ou  des  bâtiments,  à  l'ajustage  des  pièces  des  machines  et 
aux  autres  usages  auxquel  ils  sont  destinés.  Grâce  à  ces  prévisions,  ces 
niveaux  sont  maintenant  extrêmement  répandus  dans  les  ateliers  ;  ils 
rendent,  chaque  jour,  des  services  réels.  Ses  clitographes,  ou  niveaux 
de  pente  parlants,  montrent  la  pente  des  lignes  à  vérifier,  au  moyen 
d'une  division  suivant  la  tangente  qui  est  gravée  sur  un  arc  circulaire, 
ce  qui  simplifie  plusieurs  opérations.  Une  alidade  à  pinnules,  conve- 
nablement placée,  permet  de  faire  des  mesures  d'altitude  et  de  pente  à 
de  petites  distances.  Approbation  et  remerciements. 

Appareil  à,  eau  de  Seltz.  —  M.  Bouilhet  (H.)  fait  un  rap- 
port sur  un  appareil  pour  la  préparation  de  l'eau  de  Seltz,  fabriqué  par 
M.  Maldinet,  rue  Saint- Anastase,  12.  Cet  appareil  est  fondé  sur  le  même 
principe  que  celui  qui  a  été  inventé,  il  y  a  plus  de  25  ans,  par  M.  Briet. 
La  modification  faite  par  M.  Maldinet  consiste  dans  le  remplacement, 
par  une  vanne  percée  de  petits  trous,  du  tuyau  régulateur  qui  mettait 
les  deux  compartiments  du  vase  en  relation,  et  qui  réglait  le  niveau  de 
l'eau  dans  le  vase  supérieur. ,  Pour  faire  fonctionner  l'appareil  de 


* 


390  LES  MONDES. 

M.  Maldinet,  après  avoir  rempli  d'eau  la  carafe  supérieure,  avoir  mis 
les  sels  dans  le  réservoir  inférieur,  et  vissé  les  deux  vases  dans  leur 
position  définitive,  il  6ufût  de  tirer  le  bouton  qui  ouvre  la  vanne  pour 
faire  descendre  dans  le  vase  inférieur  la  quantité  d'eau  qui  est  nécessaire 
à  la  réaction,  et  de  refermer  ensuite  cette  vanne.  Le  gaz  qui  6e  dégage 
passe  sans  difficulté  par  les  trous  de  la  vanne,  et  sature  l'eau  du  vase 
supérieur  en  la  traversant,  tandis  que  l'eau  supérieure  ne  peut  pas  en- 
vahir le  vase  inférieur. 

Le  comité  des  arts  économiques  propose  de  remercier  M.  Maldinet 
de  la  communication  qu'il  a  faite  à  la  Société*  . 

Ces  conclusions  sont  adoptées  par  le  Conseil. 

Chaudière*  à  vapeur ,  flotteur  avertisseur.  —  M>  Le- 

coauvre  fait  un  rapport  sur  le  flotteur  avertisseur  de  M.  Gillet,  quai  de 
Jemmapes,  248.  Outre  l'aiguille  mobile  indiquant  le  niveau  de  l'eau  et 
le  sifflet  avertisseur  qui  annonce  le  danger,  M.  Gillet  a  muni  son  flot- 
teur d'un  appareil  qui  arrête  le  moteur  lui-même,  quand  le  niveau  de 
l'eau  est  trop  baa  ou  trop  haut»  L'application  de  cç  flotteur  à  des  ma- 
chines à  vapeur  d'une  grande  puissance  présenterait  peut-être  quel- 
ques difficultés,  à  cause  de  l'adhérence  des  tiroirs  contre  les  surfaces 
fixes  qui  les  supportent,  et  il  serait  peut-être  nécessaire  en  ce  cas  d'em- 
ployer un  tiroir  équilibré.  Cette  application  ne  pourrait  peut-être  pas 
être  faite  non  plus  aux  chaudières  dont  le  flotteur  est  déjà  employé  à 
faire  mouvoir  plusieurs  organes,  comme  des  robinets  de  vapeur  pour 
diminuer  la  combustion,  les  registres  des  cheminées,  etc.  Sous  le  bé- 
néfice de  ces  réserves,  approbation  et  remerciements. 

fréta  jM»ur  rfaeutlna  de  fer.  —  M.  Baude  lit,  au  nom  du 
comité  des  arts  mécaniques,  un  rapport  sur  le  frein  articulé  de  M.  Stil- 
mant  pour  enrayer  les  trains  de  chemin  de  fer.  C'est  le  coin  qui  est  le 
mode  de  transmission  dont  M.  Stilmant  se  sert  pour  communiquer  aux 
sabots  la  force  développée  par  le  garde-frein  pour  enrayer  les  roues, 
cette  puissance  est  transmise,  par  des  articulations  diverses,  à  des  coins 
qui  la  reportent  sur  deux  pièces  de  fer  suspendues  au  châssis  et  qui  les 
écartent  lorsque  le  frein  doit  agir.  Ces  pièces  sont  assemblées  avec  une 
bielle  qui  fait,  dès  lors,  presser  le  sabot  contre  la  jante  des  roues  du 
wagon.  Le  frein  de  M.  Stilmant  peut  développer  une  pression  de 
8  000  kilogrammes  sur  chacune  des  roues.  Son  action  est  aussi  rapide 
qu'on  puisse  le  désirer  et  est  continue.  Il  n'a  pas  le  défaut  qu'on  re- 
marque dans  quelques-uns  des  freins  ordinaires  qui,  en  agissant  par  le 
poijis  du  mécanisme  abandonné  à  lui-même!  enrayent  trop  brusque- 


LES  MONDES,  391 

meut  et  causent  un  choc  sur  la  roue,  d'où  résulte  un  tressaillement  du 
wagon,  par  lequel  l'adhérence  de  la  roue  sur  le  œil  est  considérable- 
ment diminuée*  Les  pressions  sont  bien  réparties,  transmises  par  de 
larges  surfaces,  et  elles  ne  tendent  pas,  eomme  dans  les  freins  ordi- 
naires, à  produire  une  torsion  sur  l'arbre  horizontal  et  à  diminuer,  par 
là,  l'efficacité  de  l'appareil  en  en  déformant  les  pièces;  aussi  a*t-on  re- 
marqué que  le  frein-  Stilmant  rentre  rarement  aux  ateliers  de  répara- 
tion. Ces  avantages  ont  d'abord  été  constatés  au  chemin  de  fer  de  l'Est, 
puis  reconnus  par  les  autres  compagnies,  et  maintenant  il  y  s*  sur  les 
divers  chemins  de  fer,  plus  de  3  500  appareils  de  ce  genre  qui  fonction* 
nent  d'une  manière  satisfaisante*  Ces  freins,  qui  coûtent  4  fr.  iO  par 
kilogramme»  pèsent  750  kilog.  pour  le  tender  et  450  kilog.  pour  les 
wagons  ou  fourgons.  Des  freins  à  main,  construits  d'après  les  mêmes 
principes,  pesant  180  kilog.  pour  2  sabots  ou  90  kilog.  pour  un  seul 
sabot,  ont  été  placés  sur  les  trains  de  marchandises  et  y  font  un  très- 
bon  usage.  Le  comité  des  arts  mécaniques  estime  que  le  frein  de 
M.  Stilmant  constitue  un  véritable  progrès  dans  l'exploitation  des  che- 
mins de  fer  ;  il  propose,  en  conséquence,  de  remercier  l'inventeur  de 
son  intéressante  communication.  Approbation  et  remerciements* 

tte^e  4e  brouette  en  fer. —  H.  Baude  lit,  au  nom  du  comité 
des  arts  mécaniques,  un  rapport  sur  les  roues  de  brouettes  en  fer  que 
M.  Marché  a  présentées  à  la  Société.  Ces  roues,  par  un  heureux  em- 
ploi du  fer  forf  é  et  de  la  fonte,  ne  sont  guère  plus  lourdes*  ni  guère 
plus  chères*  que  les  roues  en  bois;  leur  assemblage  a  une  grande  soli- 
dité et  leur  durée  est  beaucoup  phis  considérable  que  celle  des  roues 
ordinaires.  Le  service  municipal  de  la  ville  de  Paris  en  a  fait  l'essai,  et 
les  agents  qui  «a  ont  surveillé  l'emploi  paraissent  s'en  louer  beau- 
coup. Approbation  et  remerciements  à  l'auteur. 

Gabarit  plastique.  —  M.  Homberg  lit,  au  nom  du  comité  des 
arts  mécaniques,  un  rapport  sur  un  gabarit  ou  calibre  plastique  que 
M.  Rjégel,  carrossier,  avenue  d'Eylau,  16.  à  Paris,  a  présenté  à  l'exa- 
men de  la  Société.  Cet  instrument,  qui  sert  à  prendre,  sur  l'épure,  la 
forme  des  courbes  à  placer  sur  les  panneaux  ou  autres  pièces  de  la  car- 
rosserie, et  à  les  transporter  sur  ces  pièces  sans  éprouver  de  déforma» 
mation  dans  le  transport,  se  compose  d'un  grand  ressort  d'acier  por- 
tant, sur  l'une  de  ses  faces,  des  appendices  en  cuivre,  frottant  l'un  sur 
l'autre,  et  munis  de  vis  de  pression  qui  permettent  de  les  rendre  rigides 
dans  la  position  qu'on  a  donnée  au  ressort  le  long  de  la  courbe  do  l'é- 
pure ;  ces  vis  de  pression  immobilisent  ainsi  le  ressort  dans  la  forme 


392  LES   MONDES. 

qui  résulte  de  cette  courbe  et  le  rendent  propre  à  la  transporter  sur  les 
pièces  à  façonner.  Une  plus  grande  étendue  des  surfaces  frottantes  sou- 
mises à  l'action  des  vis  de  pression  améliorerait  probablement  encore 
l'instrument  en  augmentant  sa  plasticité,  et  rendrait  son  emploi  plus 
commode  et  plus  étendu.  Le  comité  a  trouvé  le  principe  de  l'appareil 
de  M.  Riégel  ingénieux  et  susceptible  d'applications  utiles.  Approba- 
tion et  remerciements. 

Halles  non  oiccatlve»  et  siccative».  —  M.  Barrai  Ht,  au 
nom  du  comité  des  arts  chimiques,  un  rapport  sur  un  mémoire  pré- 
senté par  M.  le  docteur  Sacc ,  professeur  à  l'université  de  Neuchâtel 
(Suisse),  contenant  des  expériences  sur  l'action  que  l'acide  nitrique  et 
la  soude  caustique  exercent  sur  les  huiles  non  siccatives  et  siccatives. 

Ce  travail  fournit  une  grande  quantité  de  faits  précis  et  bien  étudiés. 

Pour  l'acide  nitrique,  les  huiles  non  siccatives  donnent  les  résultats 
suivants  :  l'huile  d'olive  prend  l'aspect  du  suif;  l'huile  d'amandes  dou- 
ces ne  s'oxyde  pas  sensiblement;  l'huile  de  ricin  se  change,  en  totalité, 
en  acide  oxalfque;  l'huile  de  coton  fournit  une  espèce  de  cire. 

Les  huiles  siccatives  :  l'huile  de  chènevis  se  change,  presque  en  en- 
tier, en  acide  subérique  ;  celle  de  noix  donne  une  espèce  de  suif;  celle 
de  poisson  ne  donne  pas  d'acide  subérique,  mais  un  corps  gras  solide  ; 
les  huiles  de  pavot  et  de  lin  ont  une  ressemblance  évidente. 

Pour  la  soude  caustique,  l'huile  de  ricin  est  la  seule  qui  se  solidifie 
immédiatement  ;  les  huiles  de  coton  et  de  noix  restent  limpides  ;  celles 
de  colza,  lin,  amandes,  pavots,  sésame,  arachide  et  baleine  s'émulsion- 
nent,  et  celles  d'olive,  de  chènevis  et  de  poisson  se  prennent  en  masse 
butyreuse. 

Ces  renseignements,  qui  peuvent  servir  à  faire  distinguer  les  diverses 
espèces  d'huiles  les  unes  des  autres,  sont  très-intéressants  pour  les  sa- 
vants et  pour  les  industriels.  Le  comité  propose  de  remercier  M.  Sacc 
de  son  intéressante  communication. 

Produit  des  chemin*  de  fer  pour  l'Etat.  -7-  M.  Baude, 
vice-président  de  la  Société,  donne  communication  au  conseil  d'un  ta- 
bleau dans  lequel  sont  résumées  les  recettes  que  l'Etat  a  perçues,  en 
1870,  sur  les  chemins  de  fer  des  six  grandes  compagnies  françaises,  soit 
en  impôts  versés  en  numéraire  par  les  compagnies,  soit  en  économies 
réalisées  par  suite  de  services  gratuits  ou  à  prix  réduit  sur  divers  trans- 
ports d'intérêt  public  imposés  par  le  cahier  des  charges. 

Les  résultats  de  ce  tableau,  qui  est  détaillé  par  nature  des  frais  et  par 
compagnie  de  chemins  de  fer,  peuvent  être  résumés  en  total  ainsi  qu'il 


LES  MONDES.  %    393 

suit,  en  se  bornant  à  citer  ce  qui  est  relatif  à  l'ensemble  des  chemins 
de  1er. 

Les  impôts  divers  perçus  sur  les  chemins  de  fer  et  sur  les  valeurs 
émises  par  les  compagnies  s'élèvent,  en  4870,  à  la 
somme  de 56  493  798  ff. 

Le  économies  réalisées  par  l'Etat  pour  le  trans- 
port gratuit  des  dépêches,  des  agents  des  contribu- 
tions; pour  le  transport,  à  prix  réduit,  des  militai- 
res, du  matériel  de  guerre,  des  matières  pour  l'ad- 
ministration des  finances,  des  télégraphes  et  pour 
les  prisonniers,  sont  de 4  44  260  484  fr. 

Produit  total  pour  l'Etat 200  454  282  fr. 

Si  Ton  se  rappelle  que  l'Etat  à  engagé,  dans  la  construction  des  che- 
mins de  fer,  en  travaux  en  nature,  subventions  et  garanties  d'intérêts, 
une  somme  d'environ 4  300  000  000  f  r. 

On  trouve,  en  définitive,  que  le  fisc  à  retiré  en  1870  un  intérêt 

de 45  1/2  pour  400 

des  fonds  qu'il  a  engagés  dans  cette  opération,  et  les  détails  du  tableau 
montrent  que,  si  ce  chiffre  est  réduit,  dans  les  années  suivantes,  par  la 
diminution  des  transports  militaires ,  il  demeurera  encore  à  un  taux 
élevé,  constituant  toujours  ce  qu'on  peut  appeler,  en  termes  du  com- 
merce, un  bon  placement. 

Enfin  la  longueur  totale  des  chemins  de  fer,  qui  est  en  exploitation, 
est  de 46  084  kilom. 

Le  profit  de  l'Etat  par  kilomètre  est  de 42  464  fr. 

Si  Ton  veut  se  rendre  compte  des  profits  réalisés  par  les  autres  inté- 
ressés, on  trouve  que  les  compagnies  ont  dépensé  pour  la  construction 

des  chemins  de  fer 6  500  000  000  fr. 

Les  produits  nets  de  l'exploitation  ont  été  de.  .  .       386  000  000  fr. 

L'intérêt  du  capital  émis  a  donc  été  de  5  fr.  95  pour  400  seulement. 

fourneau  à  gaz  pour  petit  atelier.  —  M.  Debray  présente 
à  la  Société,  de  la  part  de  M.  Wiesneg,  place  de  4a  Sorbonne,  à  Paris, 
les  perfectionnements  que  cet  artiste  a  faits  aux  fourneaux  à  gaz  de 
M.  Perrot.  Il  a  réduit  beaucoup  les  dimensions  de  l'appareil.  Le  gaz 
passe  d'abord  dans  un  réservoir  horizontal  qu'il  traverse  en  aspirant 
l'air  atmosphérique  par  trois  orifices  ;  et  leur  ouverture  est  réglée,  à 
volonté,  par  une  petite  plaque  tournante.  De  là  le  gaz  est  conduit  sous 


394.  LES  MONDES. 

le  creuset  par  six  tubes  partant  du  réservoir,  dirigés  non  pas  sur  le 
centre  de  l'appareil,  mais  d'une  manière  excentrique,  pour  donner  à  la 
flamme  un  mouvement  rotatoire  autour  du  creuset  qui  est  léché  par 
elle  dans  toutes  ses  parties.  Elle  se  termine  à  un  dôme  qui  surmonte 
le  creuset,  et  les  gaz  de  la  combustion,  avant  de  se  rendre  dans  la  che- 
minée, circulent  ensuite  entre  l'enveloppe  intérieure  eh  terre  réfrac- 
tai re  qui  est  placée  autour  du  creuset,  et  l'enveloppe  extérieure  de  l'ap- 
pareil, laquelle  n'a  pas  plus  de  25  centimètres  de  diamètre. 

M.  Wiesneg,  par  cette  installation  ingénieuse  du  fourneau,  a  pu 
donner  ainsi  les  moyens  de  fondre  500  grammes  de  cuivre,  de  fonte  ou 
d'autres  métaux  plus  fusibles  dans  un  espace  très-limité  et  à  peu  de 
frais,  car  l'appareil  entier  ne  coûte  que  70  francs,  et  peut  faire  partie 
de  l'outillage  d'un  grand  nombre  de  petites  industriel.  Ces  fourneaux 
sont  déjà  très-recherchés  pour  cet  usage. 

Affinage  de  l'or*  —  M.  Debray  donne  connaissance  à  la  8o+ 
ciété  d'un  procédé  pour  l'affinage  de  l'or,  qui  a  rendu  dernièrement 
des  services  assez  importants  dans  une  circonstance  particulière  où  se 
trouvaient  les  hôtels  des  monnaies  de  France  et  d'Angleterre.  L'or  te* 
nant  de  l'Australie  est  ordinairement  mélangé  de  divers  métaux»  L'af-  ' 
finage  ordinaire  suffit,  en  général,  pour  le  purifier,  mais  il  est  arrivé 
dernièrement  que  de  l'or  presque  pur  ne  fournissait,  après  avpir  été 
convenablement  traité,  que  des  monnaies  cassantes,  friables  comme 
une  brique  mal  cuite.  Les  opérations  antérieures  ne  donnaient  tueua 
avertissement,  la  ionte,  le  laminage,  le  découpage  en  flans  se  paawtent 
comme  à  l'ordinaire,  et  le  flan  était  ductile K  solide  et  sonçrç;  mai*, 
après  le  coup  de  balancier,  la  pièce  produite  était  friable  et  désagré- 
gée. Les  recherches  faites  à  cette  occasion  ont  montré  que  cette  singu- 
lière propriété  tenait  à  une  très-petite  quantité,  bien  moins  qu'au  mil- 
lième quelquefois,  de  divers  métaux,  parmi  lesquels  le  plomb  parait  être 
celui  qui  a  le  plus  d'action.  Les  quantités  de  cet  alliage  étaient,  d'ail- 
leurs, considérables';  en  Angleterre,  23  000  kilog.  d'or  avaient  été  re- 
jetés déjà  comme  impropres  à  la  fabrication  des  monnaies  ;  la  banque 
de  France  en  possédait  pour  25  millions  de  francg,  et  les  frais  pour  sou- 
mettre cette  masse  à  un  affinage  régulier  auraient  été  très-élevés. 

C'est  alors  qu'on  a  pensé,  en  Angleterre ,  à  faire  passer  un  courant 
de  chlore  gazeux  sur  le  métal  fondu  et  recouvert  d'une  couche  de  bo- 
rax comme  à  l'ordinaire.  Le  chlorure  d'or  ne  pouvant  pas  se  formel 
cette  haute  température,  à  laquelle  il  se  décomposerait  au  contraire,  les 
antres  métaux  sont  chlorurés  et  en  peu  d'instants  l'affinage  est  com- 
plet. Les  parcelles  d'argent  qui  pourraient  s'y  trouver  ne  sont  pas  per- 


LES  MONDES.  398 

dues,  parce  que  ee  chlorure  se  dissout  dans  le  borax  qui  sert  de  cou- 
verte à  l'or  fondu. 

Inftammablltté  de*  Halle»  de  pétrole.  —  M.  Cramer 
(Emile),  ingénieur  civil,  rue  Saint-Lazare,  46,  soumet  à  l'examen  de  la 
Société  un  petit  appareil  pour  mesurer  la  température  à  laquelle  une 
huile  de  pétrole  donnée  doit  s'enflammer.  Une  mèche  allumée,  à  ren- 
trée d'une  capacité  qui  contient  un  peu  de  pétrole  et  qui  admet  l'abcès 
facile  de  l'air,  détermine,  par  conductibilité,  la  vaporisation  du  liquide 
et  la  formation  d'un  mélange  explosif.  Ce  mélange  s'échauffe,  prend 
feu  et  produit  une  petite  détonation  autour  de  la  mèche,  tandis  qu'un 
thermomètre  plongé  dans  cet  espace  fait  connaître  la  température  qui 
a  déterminé  l'explosion,  (Arts  économiques.) 

• 

Moulage*  en  fer  et  elment.  —  M.  Paliard  lit,  au  nom  du  co- 
mité des  arts  mécaniques,  un  rapport  sur  les  vases  et  constructions 
moulés  en  fer  et  ciment  de  M.  Monier,  jardinier-rocailleur,  avenue 
Ulrich,  44.  Après  avoir  décrit  le  procédé  qu'emploie  M.  Monier  pour 
faire  des  constructions  diverses,  vasques  (Je  fontaine,  bassins,  rivières, 
vases  à  fleur  et  d'ornement,  cloisons,  etc.,  moulées  en  ciment  de  Port- 
lând  avec  une  âme  en  treillage  de  fer,  le  rapporteur  fait  l'historique  de 
ce  genre  de  constructions ,  dont  le  principe  a  été  appliqué  plusieurs 
fois.  Il  cite  notamment  le  plafond  du  théâtre  de  l'Opéra-Comique  à  Pa- 
ris, qui  a  été  formé  d'après  ce  système,  d'un  treillage  en  fer  enduit  de 
plâtre,  et  qui  a  résisté ,  depuis  plusieurs  années,  à  des  épreuves  sé- 
rieuses ;  il  montre  ainsi  tout  le  parti  qu'on  peut  tirer  de  ee  procédé. 
Les  applications  qu'en  a  faites  M.  Monier  semblent  bien  combinées,  et 
elles  paraissent  remplir  convenablement  les  conditions  nécessaires  pour 
le  but  qu'il  s'était  proposé.  Elles  fournissent,  pour  la  décoration  des 
jardins,  des  vases  et  constructions  de  formes  très-diverses  et  d'une 
bonne  exécution ,  à  un  prix  très^modéré,  et  le  comité  pense  qu'il  y  a 
lieu  d'encourager  leur  emploi.  Approbation  et  remerciements. 

Gaffe  de  sauvetage.  —  M.  de  Freminville  présente  au  Conseil, 
au  nom  du  comité  des  arts  mécaniques,  un  rapport  sur  une  gaffe  de 
sauvetage  qui  a  été  présentée  par  M.  Legrand  (J.),  fabricant  de  pro- 
duiti^ehimiques,  au  Havre.  Cette  gaffe  est  destinée  à  Becourir  les  per- 
sonnes qui  seraient  tombées  d'un  quai  danô  un  bassin  ou  un  canal  ;  ce 
qui  constitue  un  accident  très-fréquent,  parce  que  lés  quais  ne  peuvent 
pas  avoir  de  parapets,  et  sont  encombrés  de  cordages  et  d'appareils  de 
toute  nature.  Elle  est  composée  de  manière  à  permettre  d'accrocher  le 


396  LES  MONDES. 

noyé  par  ses  vêtements,  s'il  a  perdu  connaissance,  et,  dans  le  cas  con- 
traire, à  lui  fournir,  par  une  traverse  et  des  flotteurs,  des  moyens  de 
s'accrocher  et  d'aider  lui-même  à  son  salut.  Enfin,  pour  prévoir  le  cas 
où  le  manche  de  la  gaffe  viendrait  à  casser  par  les  efforts  faits  pendant 
le  sauvetage,  ce  manche  est  doublé,  dans  toute  sa  longueur,  d'un  fil 
de  cuivre  essayé  à  une  charge  de  200  kilog.,  qui,  sans  augmenter  beau- 
coup son  poids,  donne  une  sûreté  complète  contre  tout  événement  de 
ce  genre.  M.  Legrand  a  distribué  à  ses  frais  un  grand  nombre  de  ces 
gaffes  au  Havre  et  à  Rouen  ;  elles  ont  rendu  de  grands  services  en  opé- 
rant de  nombreux  sauvetages,  et  ont  été  adoptées  par  plusieurs  cham- 
bres de  commerce.  Cet  appareil,  très-simple,  est  d'une  utilité  incontes- 
table ;  l'auteur  le  livre  gratuitement  au  public,  et  ne  demande  qu'à  le 
faire  connaître,  pour  que  son  usage  se  généralise.  Approbation  et  re- 
merciements. 


ASTRONOMIE 


Conjonction  de  Jupiter  et  Uranui  le  S  Jnln  iSï*, 
par  M.  Camille  Flammarion.  —  Les  planètes  Uranus  et  Jupiter  se 
rencontrent  le  5  juin  prochain  au  même  point  du  ciel.  C'est  là  un 
phénomène  astronomique  doublement  intéressant,  tant  au  point  de 
vue  du  calcul  qu'au  point  de  vue  de  l'observation.  Les  mouvements 
planétaires  sont  trop  exactement  connus  aujourd'hui,  il  est  vrai,  pour 
que  la  constatation  de  l'instant  du  minimum  de  la  distance  puisse  ap- 
porter aucune  correction  aux  tables  des  deux  planètes  ;  on  doit  l'es- 
pérer, sans  contredit;  mais  la  constatation  n'en  sera  pas  moins  inté- 
ressante pour  cela,  et,  tandis  que  les  deux  astres  poseront  dans  le 
même  champ  de  la  lunette  ou  du  télescope,  la  comparaison  des 
diamètres,  de  l'éclat  relatif ,  de  la  couleur,  de  l'aspect  général  des  deux 
mondes  lointains,  pourra  être  faite  avec  avantage.  Ces  conditions  de 

,  rapprochement  sont  fort  rares. 

Nul  n'ignore  (car  lequel  d'entre  nous  n'élève  pas  de  temps  en  temps 
ses  regards  vers  le  ciel?)  nul  n'ignore  que  le  brillant  Jupiter  trône 
depuis  un  an  au-dessous  des  Gémeaux,  et  se  trouvait  au  1"  janvier 
dernier  tout  à  fait  sur  le  prolongement  de  la  flèche  qui  aurait  été  tirée 
de  Castor  àPollux.  Il  s'éloigne  un  peu  vers  la  droite  jusqu'au  15  mars, 
puis  reviendra  sur  son  chemin ,  se  retrouvera,  au  25  mai,  juste  sur  la 

•  ligne  droite  dont  nous  venons  de  parler,  et  continuera  sa  rétrograda- 


LES  MONDES. 


397 


tion  vers  Test,  jusqu'à  la  fin  de  l'année,  pour  revenir  vers  l'ouest  en 
janvier  1873.  Dans  ce  mouvement,  il  passera  au-dessus  de  Régulas 
le  29  octobre. 

Uranus,  dont  le  balancement  annuel  n'a  qu'une  amplitude  7  fois 
moindre,  gravite  dans  cette  région  céleste  depuis  plusieurs  années. 
Son  mouvement  est  direct  de  janvier  à  avril,  rétrograde  d'avril  à  no- 
vembre, et  redevient  direct  ensuite.  C'est  au  mois  de  juin  que  Jupiter 
l'atteindra. 

S'iSû 


L 


Marche  respective  de  Jupiter  et  Uranus  • 
dit  10  Avril *u  25  Juin  Iffl 


Figure!  (1). 


\\  )  Dans  cette  petite  carte,  la  position  d'Uranus  est  indiquée  par  les  troi»  point* 
surmontés  d'un  tint.  29 


»#*• 


398 


LES  MONDES. 


La  marche  respective  des  deux  planètes  en  avril,  mai  et  juin,  que 
donne  notre  première  carte,  montre  leur  position  successive  facile  à 
reconnaître  au  premier  coup  d'œil  en  se  repérant  sur  Castor  et  Pollux. 
Il  est  impossible  de  remarquer  à  l'œil  nu  Uranus,  astre  apparent  de 
6-7°  grandeur,  à  moins  de  conditions  de  vue  et  de  visibilité  excep- 
tionnelles; mais  une  faible  lunette,  une  simple  jumelle,  permet  de  le 
trouver. 


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Marche  des  Jeu*  planèles  Je  midi  à  minyit    • 

h*  5  Juin 

Figure  2, 

Pour  connaître  l'instant  précis  de  leur  rapprochement  et  le  mesurer, 
examinons  la  journée  pendant  laquelle  il  doit  avoir  lieu.  C'est  le 
5  juin.  Calculons  les  positions  respectives  des  deux  planètes  pour  cha- 
que heure  de  ce  jour,  de  midi  à  minuit.  Nous  obtenons  les  nombres 
suivants  : 


LES  MONDES. 

*399 

Atfoension  droite. 

Déclinaison . 

Midi 

8  h. 

3  m. 

59  s. 

8  h, 

»  4  m.  8  s. 

20*  56'  46* 

20° 

57'  31" 

4  h. 

4 

i 

9 

41 

30 

2 

3 

9 

36 

29 

3 

5 

10 

31 

27 

4 

7 

10 

/    25 

26 

5 

9 

11 

19 

25 

6 

11 

11 

13 

23 

7 

13 

12 

7 

22 

8 

15 

12 

56    1 

20 

9 

17 

13 

55  55 

18 

40 

19 

13 

49 

16 

il 

21 

14 

43 

t 

14 

Minuit 

8h 

•  4m 

.23  s. 

8  b. 

4  m.  15  g. 

20°  55  37 

20' 

'57  12 

A  5  heures,  la  différence  d'ascension  droite  entre  les  deux  planètes 
n'est  que  de  2  secondes  9  et  la  différence  en  déclinaison  n'est  que 
de  lf  6*. 

A  6  heures,  Jupiter  passe  par  la  même  ascension  droite  qu'Uranus  ; 
la  différence  des  déclinaisons  est  de  1'  10". 

En  résolvant  le  triangle,  on  trouve  que  le  minimum  de  la  distance 
des  deux  planètes  aura  lieu  à  5  h.  29  m.  53  s.  A  cet  instant,  la  diffé- 
rence en  ascension  droite  sera  de  1  seconde,  celle  des'  déclinaisons 
sera  de  1'  8"  et  la  distance  des  centres  de  i'  9*  8. 

Le  diamètre  de  Jupiter  étant  alors  de  33*4,  et  celui  d'Uranus  de  3"8, 
on  voit  que  du  bord  de  Jupiter  au  disque  d'Uranus,  la  distance  ne 
sera  que  de  51'2  :  une  fois  et  demie  environ  la  largeur  de  Jupiter  seule- 
ment 1 

Quel  rapprochement  !  Le  premier  satellite  de  Jupiter  est  éloigné  du 
centre  de  Jupiter  de  6  fois  son  demi-diamètre.  Ainsi  Ùraous  se  trouvera, 
en  vertu  des  perspectives  célestes,  à  une  distance  moindre  que  la  dis- 
tance angulaire  du  demi-diamètre  de  l'orbite  du  premier  satellite.  On 
sait  que  le  deuxième  est  à  9  fois  1/2  la  même  mesure,  le  3" à  plus  de 
15  fois,  et  le  4e  à  27  fois  le  rayon  du  globe  de  Jupiter. 

Les  satellites  circulant  à  peu  près  dans  le  plan  de  Péclîptique,  et 
Uranus  devant  se  trouver  au-dessus  du  pôle  de  Jupiter,  la  belle  planète 
se  présentera  dans  le  champ  du  télescope  entourée  de  5  satellites,  dont 
4,  lui  appartenant,  planeront  à  l'est  et  à  l'ouest,  tandis  qu'Uranus  bril- 
lera au  nord.  Il  sera  utile  de  comparer  entre  eux  ces  cinq  astres  et  de 
constater  de  combien  l'éclat  d'Uranus  dépassera  le  leur. 


*£ 


0 


Flgutt  S,  —  DiMMoa  «ppurente  minimum  des  deux  ditque»  de  Jupiter  et  Sntmtne. 
Eohelle  de  1  millimètre  de  1  waonds  d'are. 

A  5  heures  et  demie,  le  5  juin,  la  lumière  du  jour  s'opposera  aux 
observations,  de  sorte  que  l'instant  précis  de  la  conjonction  restera 
voilé  par  la  lumière  du  jour  pour  le  méridien  de  Paris.  Le  soleil  ne  se 
couchant  qu'à  7  h.  56  m.,  et  le  crépuscule  durant,  ce  jour  là,  45  mi- 
nutes à  Paris,  on  ne  pourra  commencer  l'observation  qu'à  8  h.  40  m., 
d'autant  plus  que  Jupiter  se  trouvera  alors  précisément  à  l'occident. 
II  se  couchera  lui-même  à  10  h.  58  ni.  On  peut,  par  notre  Beconde 
carte  connaître  la  position  relative  des  deux  planètes  à  9  heures  du 
soir,  au  moment  le  plus  favorable  pour  l'observation. 

Ces  conjonctions,  ces  grands  rapprochements  sont  très-rares.  Pour 
les  calculer  nous  pouvons  remarquer  que  la  révolution  de  Jupiter 
autour  du  soleil  étant  de  4  332  jours,  la  planète  revient  tous  les  douze 
ans  environ  au  même  point  du  zodiaque,  aprèe  avoir  fait  le  tour  du  ciel. 
En  vertu  du  mouvement  annuel  de  la  Terre,  cette  routa  dodécennale 
n'est  pas  droite  d'ailleurs,   mais  formée  de  boucles  entrelacées.    Si 


LES  MONDES.  401 

Uranus  était  immobile  lui-même,  Jupiter  reviendrait  donc  tous  les 
douze  ans  environ  passer  par  la  même  heure  d'ascension  droite.  Mais 
Uranus  accomplit  lui-même,  dans  4e  même  sens,  une  révolution  de 
30686  jours,  ou  84  ans.  II  en  résulte  qu'en  douze  ans,  il  s'est  avancé 
du  septième  de  son  cours.  Pour  l'atteindre,  Jupiter  est  obligé  de  s'avan- 
cer, par  conséquent,  du  7*  de  4  332  jours,  c'est-à-dire  de  619  jours  ou 
20  mois  et  demi  environ,  avec  une  variation  dépendante  de  la  station 
et  rétrogradation  due  au  mouvement  de  la  Terre.  Ce  n'est  donc  qu'au 
bout  de  treize  ans,  six  mois,  24  jours,  en  moyenne,  que  les  rencontres 
peuvent  arriver.  Mais,  d'autre  part,  les  trois  orbites,  de  la  Terre,  de 
Jupiter  et  d'Uranus  ne  sont  pas  situées  dans  le  même  plan.  Quoique 
ce  soient  les  plus  faibles  du  système  planétaire,  les  inclinaisons  de 
leurs  plans  sur  l'écliptique  sont  de  1°  18f40"  pour  Jupiter,  et  de 
0°,  46'30",  pour  Uranus.  Les  déclinaisons  des  deux  planètes  varient 
indépendamment  l'une  de  l%utre  d'année  en  année,  et  elles  peuvent 
être  très-différentes  lorsque  les  deux  planètes  passent  par  la  même 
heure  (f ascension  droite. 

Ainsi  la  dernière  fois  que  ce  passage  s'est  produit,  en  4858,  le  22  mai, 
par  3  h.  49  m.  d'ascension  droite,  la  différence  de  déclinaison  n'est 
pas  descendue  au-dessous  de  32*.  En  4845,  le  calcul  montre  que  la 
rencontre  a  eu  lieu  le  8  février  par  0  h.  15  m.  d'ascension  droite,  et 
que  la  différence  des  déclinaisons  n'est  pas  descendue  au-dessous 
de  26'. 

Il  faudrait  sans  doute  remonter  à  plusieurs  siècles  pour  rencontrer 
une  conjonction  absolue  des  deux  astres,  une  occultation  d'Uranus 
par  Jupiter,  et,  dans  tous  les  cas,  elle  n'aurait  pas  été  observée,  puisque 
la  découverte  d'Uranus  ne  date  que  de  1781. 

Pingre,  l'auteur  de  la  Comêtographie,  a  calculé  par  approximation 
que  la  période  qui  ramènerait  toutes  les  planètes  en  ligne  droite  (con- 
jonction générale)  doit  être  évaluée  à  plus  d'un  million  d'années.  Il 
supposait  qu'elles  ont  été  créées  dans  cette  situation,  puis  lancées  cha- 
cune sur  son  orbite,  et  que  la  combinaison  de  leurs  mouvements  de 
translation  ne  reproduira  le  même  fait  qu'après  cet  immense  intervalle 
de  temps. 

Vivons  maintenant  dans  l'espérance  d'avoir  une  belle  soirée  le 
5  juin.  Si  des  nuages  assombrissent  le  ciel  de  France,  que  l'Italie, 
l'Espagne,  l'Angleterre  ou  l'Allemagne  nous  remplacent  dans  cette 
observation.  Le  plus  important  encore  serait  que  l'observation  puisse 
être  faite  en  un  lieu  qui  aurait  la  nuit  lorsque  le  temps  moyen  de 
Paris  ne  compterait  encore  que  5  heures  1/2,  comme,  par  exemple,  à 
Bombay,  Delhi,  Calcutta,  Canton  ou  Péking.  —  Camille  Flammarion, 


402  LES  MONDES. 


ACADÉMIE  DES  SCIENCES 


SÉANCE  DCJ  LUNDI  36  FÉVRIER  1872 

Le  compte  rendu  officiel  de  cette  séance  très-riche  en  communica- 
tions, sinon  intéressantes  du  moins  importantes,  remplit  85  pages 
in-4»,  et  nous  avons  à  le  réduire  à  quelques  pages  ! 

—  Sur  l'invention  de  la  méthode  Balard,  de  conservation  des 
vins  par  le  chauffage,  par  M.  Balard. —  C'est  une  réponse  très-nette, 
très-vive,  aux  réclamations  de  M.  de  Vergnette-Lamotte,  que  M.  Ba- 
lard s'efforce  de  battre  surtout  par  ses  propres  armes,  ses  relations 
avec  M.  Pasteur  et  les  lettres  qu'il  lui  lui  a  écrites.  Voici  sa  conclu- 
sion :  «  M.  Pasteur  n'a  donc  pas  seulement  le  mérite  que  lui  accorde 

M.  Thenard  (le  mérite  de  la  théorie  de  la  Conservation  par  la  chaleur), 
il  est  réellement  l'inventeur,  le  propagateur  convaincu  de  la  méthode 
de  conservation  des  vins  par  la  chaleur,  et  si  notre  pays,  grâce  à  ces 
pratiques,  voit  la  richesse  publique  s'augmenter  par  l'exportation  de 
nos  vins  ordinaires,  les  plus  altérables,  d'un  bas  prix,  et  susceptibles 
d'être  consommés  par  la  partie  la  plus  nombreuse  des  peuples  qui  ne 
cultivent  pas  la  vigne,  c'est  à  lui  en  toute  justice  qu'on  doit  en  rap- 
porter l'honneur.  » 

—  M.  Thenard  ne  revient  pas  sur  la  question  de  priorité  :  mais  il 
rabaisse  la  valeur  de  la  conservation  par  la  chaleur  et  donne  la  préfé- 
rence à  la  conservation  par  congélation.  «  La  congélation  a  pour  but 
de  concentrer  le  bouquet  d'un  vin  qui  en  est  doué  ;  mais  qui,  par  des 
circonstances  quelconques,  est  trop  aqueux  et  simultanément  peu 
acide  ;  elle  ne  s'applique  ni  aux  vins  communs,  ni  aux  vins  complets 
et  de  haute  qualité...  Le  chauffage  n'améliore  pas  un  vin,  et  le  dété- 
riore toujours  dans  une  certaine  mesure,  mais  il  sauve  d'une  perte 
complète  les  vins  trop  peu  solides  pour  se  conserver  spontanément... 
Sûr  une  bonne  table  on  ne  se  servira  jamais  de  vin  chauffé  ;  à  l'oc- 
casion, on  se  servira  de  vins  congelés. 

—  Sur  l'hydrodynamique  des  cours  d'eau,  par  M.  de  Saint- 
Venant.  —  Le  but  de  ce  grand  mémoire  est  de  créer  une  théorie  qui 
établisse  des  relations  entre  les  vitesses  individuelles  aux  points  des 
sections  et  les  pressions  dont  les  composantes  tangentielles  à  leurs  faces 
sont  les  frottements  intérieurs  du  fluide.  L'auteur  cite  ce  résultat  cu- 
rieux de  calcuï  confirmé  par  les  expériences  de  M.  Poiseul  :  e  Pour 
l'eau  à  10  degrés,  l'unité  superficielle  étant  le  mètre  carré  ei  l'unité  de 


tr 


r 


s 


LES  MONDES.  403 

poids  étant  le  kilogramme,  on  trouve  pour  le  coefficient  de  frottement 
la  valeur  sensiblement  constante  rfej ,  malgré  la  grande  variété  des 
vitesses  des  charges  ou  des  pentes j  motrices  et  aussi  des  diamètres,  à 
la  condition  qu'ils  seront  plus  petits  qu'un  millimètre.  » 

—  Sur  l'application  probable  des  symétries  quadruple,  dodécuple 
et  Iridodécuple,  c'est-à-dire  des  périodes  de  90  jours,  de  30  jours 
et  de  10  jours,  aux  retours  moyens  des  phénomènes  électriques  de 
r atmosphère }  par  M.  Charles  Sàlnte-Claire-Deville.  —  L'auteur 
constate,  par  ses  observations,  que  depuis  deux  ans  presque  aucune 
des  échéances  mensuelles,  entre  le  9  et  le  46,  ne  s'est  passée  sans 
qu'on  ait  signalé  des  orages  ou  des  aurores  boréales;  que  sur  27  mois 
consécutifs,  deux  seulement,  juin  et  décembre  1870,  n'ont  pas  été 
signalés  en  Angleterre  et  dans  une  petite  partie  de  l'Europe  avoieinante 
par  des  phénomènes  électriques.  La  période  de  30  jours,  ou  dodécu- 
ple, lui  semble  démontrée,  et  il  en  serait  presque  de  même'de  la  pé- 
riode de  10  jours  ou  trïdodécuple. 

—  Théorème  sur  le  spiral  réglant  des  chronomètres,  par  M.  Phil- 
nrs.  —  Le  savant  académicien  a  déjà  démontré  ce  premier  théorème  : 
a  foutes  les  fois  que  la  forme  d'un  spiral  est  telle  qu'il  n'existe,  pen- 
dant le  mouvement,  aucune  prebsion  contre  Taxe  du  balancier,  il  arrive 
que,  pendant  le  mouvement,  le  centre  de  gravité  de  ce  spiral  est 
constamment  sur  l'axe  du  balancier.  »  Il  démontre  aujourd'hui  le 
théorème  inverse  :  «  Toutes  les  fois  que  la  forme  d'un  spiral  est  telle 
que,  pendant  le  mouvement,  son  centre  de  gravité  soit  constamment 
sur  Taxe  du  balancier,  il  arrive  que  celui-ci  n'éprouve  ,  pendant  le 
mouvement,  aucune  pression  de  la  part  du  spiral.  » 

—  Sur  V aurore  boréale  du  4  février  et  sur  quelques  nouveaux  résuU 
tats  d'analyse  spectrale,  par  le  R.  P.  Segchi.  —  L'apparition  prochaine 
de  l'aurore  fut  signalée  par  d'énormes  perturbations  magnétiques,  à 
5  h.  47  m.. ..  Le  pôle  des  rayons  a  oscillé  autour  de  la  prolongation  de 
l'aiguille  d'inclinaison.*..  L'axe  de  symétrie  de  l'aurore  n'était  pas  dans 
le  méridien  magnétique,  mais  du  côté  de  Test.  L'aiguille  de  déclinaison 
oscillait  d'environ  \  /2  degré  à  Test  et  à  l'ouest;  le  barreau  de  la  force 
horizontale  était  grandement  troublé.  Le  spectre  de  la  couronne  était" 
très-vif;  on  voyait  la  raie  jaune,  5  560  d'Àngstroëm,  sur  toutes  les  par- 
ties du  ciel;  une  raie  rouge,  peut-être  C,  dans  les  colonnes  rouges;  des 
raies  nombreuses  dans  les  régions  vives  de  l'air.  Cette  fois,  comme 
presque  toujours,  l'aurore  a  précédé  de  quelques  jours  un  changement 
de  temps.  Dans  les  jours  qui  ont  précédé,  l'activité  solaire  était  très, 
grande  ;  le  3,  la  cbromosphère  était  comme  formée  de  longs  poils  di- 
rigés régulièrement  de  l'équateur  vers  les  pôles... 


fi». 

•* 


404  LES  MONDES. 

Le  R.  P.  Secchi  a  profilé  de  quelques  belles  soirées  pour  examiner 
de  nouveau  le  spectre  d'Uranus  ;  il  y  a  retrouvé  les  trois  bandes  déjà 
signalées,  dans  le  rouge,  le  jaune  et  le  bleu  ;  cette  dernière,  comme 
l'ont  vu  MM.  Vogel  et  Huggins,  coïncide  avec  la  raie  f. 

Jupiter,  dans  ces  mêmes  soirées,  a  présenté  un  aspect  admirable  : 
la  bande  équatoriale,  d'une  couleur  rose  très-prononcée,  était  parse- 
mée d'un  grand  nombre  de  nuages  jaunâtres  ;  au-dessus  et  au-des- 
sous, il  y  avait  un  grand  nombre  de  zones  très-déliées.  Dans  la  soirée 
du  S,  le  troisième  satellite  se  montrait  presque  noir,  lorsqu'il  passait 
sur  le  milieu  de  la  planète,  et  notablement  plus  petit  que  son  ombre. 

—  M.  Ch.  Saih  te-  Claire-  De  ville  présente  la  troisième  année, 
4870,  des  Nouvelle»  météorologiques,  recueil  mensuel  contenant  les 
données  météorologiques  pour  61  stations  de  la  France  et  de  l'étran- 
ger, publié  par  le  double  concours  de  l'ObBervatoire  météorologique 
contrai  de  Monteouris  et  la  Société  météorologique  de  France. 

—  M.  Airy,  astronome  royal  d'Angleterre  et  président  de  la  Société 
royale  de  Londres,  est  nommé  associé  étranger  en  remplacement  de 
sir  John  Herschel,  par  49  suffrages  sur  5 1  votants  ;  les  deux  voix  per- 
dues ont  été  données  à  M.  Tehebicheff. 

Dans  un  second  scrutin,  M.  Agassiz  est  nommé  associé  étranger  en 
remplacement  de  eir  Rodenck  Murchison,  par  50  suffrages  contre  1 
1  donné  à  M.  Bunsen. 

—  Détermination  des  inclinaisons  du  plan  de  l'aile  aux  différents 
instants  de  sa  révolution,  par  M.  Marey.  —  Par  un  mode  d'expérimen- 
tation très-ingénieux,  M.  Marey  est  parvenu  à  construire  deux  courbes  : 
la  courbe  des  hauteurs  de  l'aile  et  la  courbe  de  ses  mouvements  d'ar- 
rière en  avant...  De  ces  deux  courbes  réunies,  il  déduit  une  troisième, 
celle  du  parcours  de  l'aiie  à  chacune  de  ses  révolutions,  et  arrive  par 
une  seconde  expérience  à  déterminer  l'inclinaison  de  l'aile  à  chacun  des 
points  de  la  troisième  courbe.  Celte  inclinaison  semble  à  première  vue 

exclusivement  par  la  résistance  de  l'air  ;  elle  croit,  en  effet, 
tesse  de  l'aile,  et  cesse  avec  cette  descente  même.  Au  bas  de 
;  l'aile  revient  brusquement  à  son  inclinaison  normale,  qui 
ron  30  degrés  au-dessous  de  l'horizon,  et  remonte  en  abais- 
se son  bord  postérieur,  ce  qui  fait  qu'elle  offre  à  l'air  une 
e  résistance. 

■  l'emploi  des  courants  secondaires  pour  accumuler  ou  'rans- 
i  effets  de  ta  pile  vollaïque,  par  M.  Gastom  Plante.  —  Nous 
ailleurs  le  résumé  de  ce  mémoire  avec  des  figures  dont 
s  auront  les  prémices. 
-  la  taie  brillante  de  couleur  jaune-citron  dans  le  spectre  des 


LES  MONDES.  405 

aurores  boréales,  par  M.  Piazzy  Smyth.  L'astronome  royal  affirme  que 
cette  raie  existe  toujours,  qu'elle  occupe  toujours  la  même  place,  et 
coïncide  avec  la  raie  5  579.  (Le  R#  P.  Secchi  dit  5  560.) 

—  Exposition  sommaire  d'une  théorie  géométrique  de  la  cour- 
bure des  surfaces,  par  M.  Mannheim.  —  Cette  théorie  a  pour  base  le 

*  théorème  suivant  :  «  Lorsqu'une  figure  de  forme  invariable  se  déplace, 
en  restant  assujettie  à  quatre  conditions,  à  un  instant  quelconque,  les 
normales  issues  de  tous  les  points  de  cette  figure  aux  surfaces  trajec- 
toires de  ces  points  rencontrent  deux  mêmes  droites  :  ces  deux  droites 
sont  deux  axes  simultanés  de  rotation  pour  tous  les  déplacements 
qu'on  peut  faire  subir  à  leur  figure  mobile.  »  * 

—  Note  sur  quelques  relations  entre  les  quantités  angulaires  des 
polyèdres  convexes,  par  M.  Léon  Salanne.  —  L'auteur  arrive  à  ce 
théorème  très-général  :  a  Dans  tout  polyèdre  convexe,  l'excès  de  la 
somme  des  dièdres  sur  la  somme  des  angles  solides  est  égale  à  l'excès 
du  quadruple  du  nombre  des  faces  sur  8.  » 

—  Détermination  des  caractéristiques  des  systèmes  élémentaires 
de  cubiques  douées  d'un  point  double,  par  M.  Zeuthen. 

—  Sur  la  théorie  des  roues  hydrauliques  ;  théorie  des  roues  à 
réaetion,  par  M.  de  Pambour. 

—  Sur  les  forces  électromotrices  développées  au  contact  des 
métaux  et  des  liquides  inactifs,  par  M.  J.-M.  Gaugain.  —  Sa  con- 
clusion est  que  le  frottement  contribue  pour  une  part  très-seusible  au 
développement  de  la  force  motrice,  manifestée  dans  les  expériences  ; 
que  cette  force,  par  conséquent,  n'est  pas  due  tout  entière  à  une  action 
chimique. 

—  Les  deux  nouveaux  isomères  du  bromure  de  propyline.  —  Au 
bromure  de  propyline  correspondent,  quant  à  présent,  les  isomères 
suivants  isolés  :  Brombydrate  de  propylène  brome,  bouillant  à  120°, 
bromhytlrate  de  bromure  d'allyle,  bouillant  de  162°  à  164°;  dibom- 
hydrate  d'allylène  bouillant  à  114°. 

—  Sur  Viodure  d'amidon,  par  H.  Personne.  —  L'auteur  rappelle 
que  dans  le  tome  LXI  des  comptes  rendus  de  l'Académie,  il  a  énoncé 
avant  M.  Duclaux,  le  fait  que  :  l'iodure  d'amidon  n'est  pas  une  véri- 
table combinaison,  mais  bien  a  le  produit  de  la  fixation  de  l'iode  sur 
l'amidon,  de  la  même  manière  qu'une  matière  colorante  est  fixée  sur 
un  tissu  ou  sur  le  charbon  animal,  et  qu'on  devait  regarder  ce  com- 
posé comme  une  teinture,  une  véritable  laque.  » 

—  Recherches  expérimentales  sur  l'influence  que  les  changements 
dans  la  pression  barométrique  exercent  sur  les  phénomènes  de  la 
vie,   par  M.   P.   Berp.  —  Citons  quelques-unes  des  conclusions  de 


406  LES  MONDES. 

l'auteur.  L'influence  du  gaz  oxygène  ou  acide  carbonique  sur  l'écono- 
mie animale  est  en  rapport  direct  avec  la  force  élastique  de  ces  gaz 
dans  les  atmosphères  confinées  où  respirent  les  animaux.  Cette  force 
élastique  à  son  tour  dépend  de  la  proportion  centésimale  et  de  la 
pression  manométrique...  Les  moineaux  seront  tués:  1°  par  l'excès 
d'acide  carbonique  lorsque  la  force  élastique  de  ce  gaz  dans  l'air  au 
récipient  sera  équivalente  à  celle  de  25  centièmes  environ  dans  un  mé- 
lange gazeux  à  la  pression  normale  ;  2*  par  défaut  d'oxygène,  lorsque 
la  force  élastique  de  ce  gaz  est  de  3,5.  Lorsque  dans  un  air  suroxygéné 
on  porte  la  pression  à  4  ou  5  atmosphères,  l'oiseau  commence  à  don- 
ner des  signes  de  malaise.  La  pression  de  \  5  atmosphères  d'air  cons- 
titue une  limite  extrême  à  laquelle  des  moineaux  ne  pourraient  être 
soumis  sans  périr  rapidement  dans  de  violentes  convulsions  :  Uoxy- 
gène,  lorsque  sa  proportion  dans  le  sang  est  augmentée  d'une  ma- 
nière notable,  se  comporte  comme  un  poison  et  tue  en  déterminant 
des  convulsions. 

—  Recherches  sur  la  respiration  des  poissons,  par  M.  [N.  Grevait. 
—  Citons  quelques  résultats  d'expérience.  Deux  tanches  ont  absorbé 
5ec,06  d'oxygène  et  ont  exhalé  5<",3  d'acide  carbonique  pour  chaque 
litre  d'eau,  et  l'azote  a  été  exhalé  dans  la  proportion  de  i/4 4.  Une 
tanche  privée  de  vessie  natatoire  absorba  tout  l'oxygène,  7M,48  par 
litre  d'eau  respirée,  exhala  40  centimètres  cubes  d'acide  carbonique 
et  n'absorba  point  d'azote.  Les  poissons  jouissent  de  la  propriété 
d'extraire  l'oxygène  combiné  avec  les  globules  sanguins  ou  avec  l'hé- 
moglobine. Les  globules  rouges  du  sang  de  poisson  peuvent  enlever 
l'oxygène  aux  globules  rouges  ou  à  l'hémoglobine  du  sang  d'un  autre 
animal.  Ce  fait  donne  peut-être  l'explication  du  mode  de  respiration 
du  fœtus  dans  le  placenta  maternel. 

—  Sur  les  modifications  anmtomiques  qui  se  produisent  dans  ta 
moelle  épmiêre  à  la  suite  de  V amputation  d'un  membre  et  de  la  sec» 
tion  des  nerfs  de  ce  membre,  par  M.  Vulhan.  —  Ces  modifications 
consistent  essentiellement  en  une  diminution  en  tous  sens  des  dimen- 
sions de  la  moitié  correspondante  de  la  moelle  dans  cette  région.  Cette 
diminution  des  dimensions  n'est  pas  due  à  une  altération  réelle  de 
structure  ;  il  s'agit  d'une  atrophie  simple,  due  en  grande  partie  à  la 
diminution  du  diamètre  des  fibres  nerveuses,  qui  des  racines  des  nerfe 
viennent  prendre  place  au  milieu  de  ce  centre  nerveux. 

—  Sur  l'action  combinée  de  la  morphine  et  du  chloroforme.  — 
Conclusions.  —  1°  On  peut  obtenir  chez  l'homme  l'anesthésie  beau- 
coup plus  rapidement  en  combinent  l'action  du  chloroforme  et  de  la 

te  ;  9*  cette  anetfhfeie  est  de  f\w  longue  durée,  et  peut  sepr*- 


LES  MONDES.  407 

longer  avec  de  faibles  doses  de  chloroforme  ;  les  risques  d'accidents 
mortels  sont  ainsi  écartés.  La  morphine  s'emploie  par  injection  sous- 
cutanée  de  chlorhydrate. 

—  Sur  ta  nature  essentielle  des  corpuscules  organisés  de  l'atmo- 
sphère et  sur  la  part  qui  leur  revient  dans  les  phénomènes  de  fermen- 
tation, par  M.  Bêcha».  —  L'auteur  formule  et  démontre  les  propo- 
sitions suivantes  :  1°  les  microzymas  atmosphériques  sont  des  ferments 
de  même  ordre  que  ceux  de  la  craie  ;  2°  les  microzymas  de  la  poussière 
des  rues  de  Montpellier  sont  doués  des  mêmes  propriétés  que  ceux  de 
l'atmosphère  et  de  la  craie  ;  3°  les  microzymas  du  tuf  calcaire  de  Cas- 
telnau,'près  de  Montpellier,  sont  fonctionnellement  différents  de  ceux  de 
la  craie  et  de  l'atmosphère  ;  4°  l'influence  des  microzymas  atmosphé- 
riques peut  être  réduite  à  zéro  ;  5*  l'influence  des  microzymas  atmo- 
sphériques et  d'une  matière  putrescible  peut  être  réduite  à  zéro. 

— Sur  V existence  de  la  Bauxite  à  la  Guyane  française,  par  M.  Sta- 
nislas Meunier.  —  Ce  minéral  qui  provient  de  la  Pointe-du-Diamant, 
au  Mabury,  est  vraiment  constitué  par  l'hydrate  d'alumine  simplement 
coloré  par  l'oxyde  de  fer  ;  on  poivra  l'exploiter  pour  la  fabrication  de 
l'aluminium. 

—  sur  V aurore  boréale  du  4  février  4872,  par  M.  Laussedat.  — 
La  discussion  d'un  grand  nombre  d'observations  conduit  l'auteur  à  ces 
conclusions  :  4°  les  rayons  blancs  et  les  rayons  rouges  de  l'aurore  bo- 
réale forment  une  coupole  dont  le  centre  se  déplace  avec  l'observateur; 
2°  les  rayons  des  colonnes  convergentes  sont  les  éléments  des  méri- 
diens magnétiques  tracés,  en  quelque  sorte,  matériellement  à  travers 
l'atmosphère  où  ils  forment  des  strates  probablement  situés  à  des  hau* 
teurs  très-différentes  ;  3°  le  point  de  convergence  étant  purement  fictif 
(c'est  le  point  de  fuite  de  la  perspective  sphérique),  il  ne  saurait  être 
question  de  chercher  la  parallaxe  ;  maw  on  peut  et  on  doit  déterminer 
la  parallaxe  de  rayons  nettement  définis  qui  seraient  visibles  simulta- 
nément de  deux  stations  ;  4*  les  déplacements  pins  ou  moins  brusques 
du  point  de  convergence,  les  mouvements  ondulatoires  des  rayons  se 
trouvent  expliqués  ou  du  moins  rattachés  à  la  même  cause  que  les 
changements  de  direction  de  l'aiguille  aimantée,  changements  qui  se 
trouvent  en  quelque  sorte  reflétés  dans  le  ciel  par  les  rayons  de  l'aurore 

boréale  dont  la  tendance  est  toujours  de  s'orienter  parallèlement  à  l'ai- 

« 

guille  aimantée. 

—  Mémoire  sur  des  fait*  dont  on  peut  déduire  :  1°  une  théorie  des 
aurores  boréales  et  australes,  fondée  sur  l'existence  de  marées  atmo- 
sphériques ;  2*  TinductUm,  h  Vaide  des  aurores,  de  V existence  d'es- 
saims d'astéroïdes  à  proximité  du  globe  t&rrettre,  par  M.  J.  SilbbA- 


408  LES  MONDES. 

mânn,  —  Nous  analyserons  bientôt  ce  mémoire  important.  Les  marées 
atmosphériques  dont  parle  M.  Silbermann  sont  les  résultats  des  pas- 
sages des  essaims  d'astéroïdes,  et  c'est  à  cette  cause  toute  cosmique  que 
M.  Silbermann  attribue  les  aurores  polaires.  Il  insiste  sur  ce  fait  que 
les  aurores  de  jour  sont  aussi  fréquentes  que  les  aurores  de  nuit,  et  il 
invite  les  astronomes  à  les  observer. 

—  De  remploi  des  greffes  épidermiques  pratiquées  avec  des  lambeaux 
de  peau  de  lapin  pour  la  guérison  des  plaies  rebelles.  La  conclusion  est 
que  la  transplantation  d  un  lambeau  cutané  du  lapin  sur  une  plaie  ul- 
cérée ou  difficile  à  guérir  chez  l'homme  a  donné  de  bons  résultats. 

—  Etude  sur  les  embouchures  du  Nil  et  sur  les  changements  qui  se 
sont  produits  à  ces  embouchures  pendant  plusieurs  siècles,  par  M.  La- 
cousse,  ingénieur  hydrographe.  —  A  l'embouchure  de  Damiette,  la 
pointe  principale  s'est  avancée  de  3  mètres  environ  par  an  dans  les 
deux  cents  dernières  années.  A  l'embouchure  de  Rosette,  pendant  la 
même  période,  l'avancement  aurait  été,  de  1687  à  1800,  de  10  mètres 
par  an,  et  de  plus  de  35  mètres  dans  les  soixante  années  qui  ont  suivi. 
Une  étude  attentive  de  Port-Saïd  a  amené  M.  Lacousse  à  considé- 
rer comme  certain  que  l'issue  du  canal  de  Suez  dans  la  Méditerranée 
pourra  être  maintenue  à  la  profondeur  nécessaire,  sans  que  les 
frais  d'entretien  dépassent  les  proportions  que  de  pareilles  dépenses 
doivent  toujours  garder  avec  le  prix  des  travaux  de  premier  établisse- 
ment. Il  estime  qu'il  est  indispensable  de  prolonger  chaque  année  les 
jetées  d'une  quantité  égale  à  l'avancement  général  de  la  plage,  avan- 
cement qui  était  primitivement  de  60  mètres  par  an,  et  qui  n'est  plus 
que  de  35  mètres. 

Complément  des  dernières  séances. 

—  Des  méthodes  qui  concourent  à  démontrer  la  stratigraphie 
des  météorites  ;  par  M.  St.  Meunier.  —  Démontrer  que  des  météorites 
de  types  divers  ont  été  en  relations  stratigraphiques,  c'est-à-dire  dé- 
rivent d'un  même  gisement  originel,  c'est  fournir  à  la  science  une  no- 
tion dont  l'importance  m'a  paru  assez  grande  pour  réclamer  le  plus 
grand  nombre  possible  de  preuves.  Dès  à  présent,  quatre  méthodes, 
complètement  indépendantes  entre  elles,  concourent  à  cette  même  dé* 
monstration  :  1°  L'étude  lithologique  des  brèches  polygéniques  ; 
2°  l'examen  des  passages  minéralogiques  entre  divers  types  ;  3°  la  con- 
statation de  la  coexistence,  en  fragments  distincts,  de  divers  types  dans 
la  même  chute;  4°  la  transformation  de  certains  types  en  d'autres 
types. 


LES  MONDES.  409 

Conclusion.  —  Il  résulte  de  chacune  de  ces  quatre  méthodes  d'in- 
vestigation que  des  météorites  de  types  divers  proviennent  d'un 
gisement,  et  par  conséquent  la  notion  de  la  Stratigraphie  météorique 
peut  être  considérée  comme  définitivement  acquise  à  la  science,  et  par 
conséquent  à  l'astronomie  physique.  Car  on  ne  saurait  méconnaître  le 
caractère  astronomique  de  recherches  qui  tendent  à  démontrer  l'an- 
cienne existence  d'un  astre  aujourd'hui  disparu,  et  qui  s'efforcent  d'en 
reconstituer  les  principaux  éléments  au  moyen  des  débris  que  nous  en 
avons. 

—  Observations  relatives  à  l'action  des  conjonctions  écliptiques 
sur  les  éléments  du  magnétisme  terrestre,  par  M.  Diamilla  Muller.  — 
«  Le  déplacement  de  l'aiguille  pendant  toute  la  durée  de  l'éclipsé  a  été, 
k  Florence,  de  3'  9",  mais  ce  déplacement  ne  correspond  pas  au  mo- 
ment de  la  totalité  du  phénomène  solaire.  Pendant  le  maximum  de  la 
phase,  le  déplacement  n'était  que  de  0'54"  par  rapport  à  la  position  de 
l'aiguille  au  commencement  de  l'éclipsé.  » 

—  Etude  morphologique  des  diverses  espèces  de  levures  alcooliques, 
par  M.  le  Dr  Engel,  agrégé  à  la  Faculté  de  médecine  de  Strasbourg. 
«  1°  J'ai  eu  le  bonheur  de  trouver  une  méthode  rapide,  facile  et  cer- 
taine de  faire  fructifier  les  ferments  alcooliques.  Il  en  résulte  que  les 
ferments  alcooliques  constituent  deux  genres  botaniques  très-caracté- 
risés,  dont  je  donnerai  le  diagnose  plus  bas. 

2°  Les  ferments  de  fruits  sont  au  nombre  de  quatre  bien  étudiés  et 
de  deux  douteux  ou  imparfaitement  observés.  Ges  ferments  se  trouvent 
presque  toujours  à  la  surface  des  fruits,  et  alors  ils  y  restent  à  l'état  de 
vie  latente,  sans  se  développer  et  sans  végéter.  Lorsque,  au  contraire, 
l'épiderme  se  fissure  ou  que  la  queue  du  fruit  commence  à  se  détacher, 
le  ferment,  ou  ses  spores ,  se  met  en  contact  avec  le  jus  sucré  du  fruit'; 
alors  le  ferment  végète  et  se  reproduit,  mais  toujours  sous  la  forme  de 
ferment,  jamais  sous  celle  de  moisissure,  La  fermentation  alcoolique 
existe  dans  la  nature,  quoiqu'on  l'ait  nié.  Tant  qu'une  cerise  Montmo- 
rency (pour  citer  un  exemple)  est  intacte,  elle  a  une  saveur  particulière; 
lorsque  la  queue  commence  à  s'en  détacher  ou  que  l'épiderme  se  tis- 
sure, la  cerise  non-seulement  change  de  couleur,  mais  elle  prend 
aussi  un  goût  vineux,  et  son  suc  présente  déjà  un  grand  nombre  de 
cellules  de  ferment. 

3°  Le  ferment  panaire  est  une  espèce  différente  de  la  levure  de  bière. 

4°  Jamais  je  ne  suis  parvenu  à  faire  germer  les  spores  des  ferments 
sur  des  substances  végétales  qui  ne  contiennent  que  peu  ou  pas  de 
sucre;  mais  dès  qu'elles  sont  en  contact  avec  des  liquides  sucrés,  elles 
germent  en  reproduisant  le  ferment. 


410  LES  MONDES. 

-r-  Observations  relatives  à  une  communication  de  M.  Boussin- 
gault, sur  une  matière  sucrée  apparue  sur  les  feuilles  d'un  tilleul, 
par  M.  Harting.  —  a  Une  observation  récente  me  permet  d'affirmer 
que  la  miellée  est  produite  par  un  puceron,  YAphis  tiliœ,  vivant  à  la 
face  inférieure  des  feuilles  du  tilleul,  et  laissant  tomber  ses  excréments 
liquides  sur  la  surface  des  feuilles  sous-jacentes.  Ces  excréments  con- 
tenaient uniquement  du  sucre  de  canne.  Or,  la  manne  de  Liebfrauen- 
berg,  comme  la  manne  du  Sinal  analysée  par  M.  Berthelot,  renferma, 
avec  le  sucre  de  canne,  du  sucre  de  fruit  et  de  la  dextrinp.  Donc,  con- 
clut M.  Boussingault,  elle  n'est  par  formée  par  les  déjections  des  pu- 
cerons. 

—  Recherches  sur  la  composition  des  gaz  qui  $$  dégagent  des  fu- 
merolles de  la  solfatare  de  Pouzzoles,  par  IVi.  S.  de  Luca. 

«  Il  existe  à  la  solfatare  de  Pouzzoles  une  grande  fumerolle,  connue 
sous  le  nom  de  Bouche  de  la  soif  atare ,  de  laquelle  s'échappent  en 
grande  quantité  des  gaz  et  des  vapeurs,  sous  une  forte  pression*  et  dans 
lesquels,  outre  l'acide  carbonique,  l'hydrogène  sulfuré,  l'acide  sulfu- 
reux et  une  grande  proportion  de  vapeur  d'eau  démontrent  la  présence 
de  composés  de  fer  et  d'ammoniaque  et  de  traces  de  matières  arseni- 
cales. Les  gaz  provenant  de  l'intérieur  de  la  grande  fumerolle,  pris  à 
une  profondeur  d'environ  3  mètres  de  son  ouverture  extérieure,  sont 
complètement  absorbés  par  une  solution  de  potasse  et  ne  contienpent 
par  conséquent  pas  d'air  atmosphérique.  Dans  l'intérieur  de  la  grande 
fumerolle  et  sur  ses  parois  extérieures,  il  ne  se  condense  pas  de  soufre 
cristallisé,  tandis  que,  sur  les  fumerolles  secondaires  qui  sont  à  décou- 
vert et  dans  les  grottes  chaudes,  on  observe  constamment  cette  conden- 
sation dans  les  points  où  l'air  arrive  le  plus  facilement.  Les  émana- 
tions d'acide  carbonique  pur  sont  rares  à  la  solfatare  de  Pouzzoles  ; 
mais,  dans  les  localités  froides  et  plus  rapprochées  de  la  mer,  et  à  une 
certaine  profondeur  du  sol,  il  se  dégage,  le  matin  surtout,  de  fortes 
proportions  de  ce  gaz. 

M.  Boussingault  fait  remarquer  que  la  composition  de  l'émanation 
gazeuse  des  fumerolles  de  la  solfatare  est  précisément  celle  des  éma- 
nations gazeuses  des  volcans  des  Andes  équatoriales.  » 

—  Observations,  à  propos  d'une  Note  récente  de  M.  de  Seyn  es, 
sur  les  microzymas,  par  M.  A.  Béchamp. 

«  M.  J.-C.  de  Seynes,  dit  :  Pour  M.  Béchamp,  les  bactéries  ou  les 
microzymas  s'associent  pour  former  une  cellule;  ce  sont  les  travail- 
leuses chargées  de  tisser  les  cellules. 

Jen'ai  dit  nulle  part  que  *les  bactéries  ou  Us  microzymas  s'associent 
pour  former  une  cellule.  J'ai  distingué ,  au  contraire ,  très-expressé- 


LES  MONDES.  414 

ment,  les  circonstances  dans  lesquelles  ces  microzymas  évoluent  en 
bactéries,  et  celles  où  ils  sont  facteurs  de  cellules. 

—  Parmi  les  faits  signalés  à  l'occasion  de  l'aurore  boréale  du  4 
février,  nous  enregistrerons  les  suivants  : 

H.  Tacchini,  à  Païenne,  a  constaté  la  présence  d'un  maximum  de 
taches  manifeste  au  moment  de  l'aurore  boréale.  Ko  outre,  les 
observations  qu'il  a  faites  le  matin  du  5  démontrent  que  toute  la 
surface  du  soleil  était  dans  des  circonstances  anormales.  Le  bord 
entier  était  couvert  de  belles  flammes;  vers  le  pôle  nord,  elles 
arrivaient  à  plus  de  20  secondes,  par  un  arc  de  36  degrés  à  droite 
et  à  gauche,  correspondant  à  une  belle  région  du  magnésium,  qui, 
dans  le  bord  occidental,  s'étendait  jusque  près  de  l'équatcur. 
Dans  cette  partie,  à  50  degrés  du  pôle,  on  observait  une  magnifi- 
que protubérance,  qui  s'élevait  à  2'  40",  et  à  partir  de  ce  point, 
par  un  arc  de  40  degrés,  le  bord  présentait  de  nombreuses  flam- 
mes brillantes;  l'atmosphère  était  tout  encombrée  de  petits  filets 
lumineux,  de  points  brillants,  offrant  une  hauteur  de  2  minutes. 

—  M.  Fron  croit  pouvoir  énoncer  les  propositions  suivantes  : 
4*  Le  développement  des  phénomènes  auroraux  est  lié  à  l'ampleur 
du  courant  équatorial  à  la  surface  de  l'Europe,  et  leur  naissance 
tient  à  qne  augmentation  soudaine  dans  l'afflux  d'électricité  prove- 
nant des  régions  équatoriales.  2°  L'écoulement  de  cette  électricité 
est  favorisé  par  la  présence  des  centres  de  dépresssion  baromé- 
trique, et  c'est  autour  d'eux  et  quelquefois  à  une  grande  distance 
que  se  produisent  les  manifestations  électriques.  Chacune  des 
dépressions  barométriques  correspond  à  l'axe  d'un  mouvement 
tournant  ou  d'un  cyclone  existant  dans  l'espace,  et  c'est  parallèle- 
ment 4  cet  axe  que  se  dardent  les  rayons  auroraux.  Les  mauvais 
temps  qui  suivent  souvent  les  aurores  ne  seraient  autre  chose  que 
la  conséquence  ordinaire  de  l'arrivée  des  courant?  équatoriaux  et 
de  la  présence  des  dépressions  barométriques.  Enfin,  le*  aurores 
font  donc  partie  essentielle  de  notre  atmosphère,  et  doivent  être 
considérées  comme  soumises  aussi  au  double  mouvement  de  rota- 
tion et  de  translation. 

—  M.  Breton,  Ingénieur  en  chef  à  Grenoble,  croit  pouvoir  affir- 
mer que  l'intersection  des  deux  plans  visuels  dans  lesquels  une 
colonne  lumineuse  remarquable  de  l'aurore  a  été  vue  de  Grenoble 
et  du  Pont-de-CLaix,  à  8  kilomètres  environ  de  Grenoble,  a  ren. 
contré  le  méridien  de  Grenoble  à  33  250  mètres  au-dessus  du 
niveau  de  Grenoble,  ou  à  33  460  mètres  au-dessus  de  la  mer,  et  à 
47  800  mètres  au  sud  de  Grenoble. 


414  LES  MONDES; 

La  partie  de  la  ligne  d'intersection  des  deux  plans  visuels,  qui 
était  visible  de  Grenoble,  a  une  longueur  de  82  kilomètres.  L'illu- 
mination s'e9t  propagée  dans  cette  étendue  en  5  ou  6  secondes, 
c'est-à-dire  avec  une  vitesse  de  14  à  15  kilomètres  par  seconde. 

—  M.  Diamilla  Muller,  à  Milan,  croit  pouvoir  admettre  que 
la  variation  moyenne  produite  sur  une  aiguille  aimantée  par  une 
aurore  boréale  a  lieu  en  sens  contraire  de  la  marche  séculaire  de 
l'aiguille,  c'est-à-dire  que  l'aiguille  aimantée  est  repoussée  vers 
l'est  lorsque  la  déclinaison  augmente  annuellement,  et  vers  l'ouest 
lorsque  la  déclinaison  décroît. 

Si  l'aurore  polaire,  qui  devrait  être  appelée  aurore  magnétique, 
n'était  que  la  décharge  lumineuse  du  fluide  qui,  de  l'équateur  aux 
pôles,  forme  la  force  dirigeante  de  l'aiguille  aimantée,  ses  varia- 
tions anormales  indiqueraient  la  cause  du  phénomène  en  une 
espèce  d'agglomération  de  ce  fluide  aux  pôles  magnétiques  qui, 
pour  rétablir  l'équilibre,  se  résoudrait  en  une  décharge  violente, 
et  par  conséquent  lumineuse.  » 

—  Sur  Vorigine  des  aurores  polaires,  par  M.  H.  Tarry.  —  On 
peut  ranger  en  deux  catégories  bien  distinctes  les  opinions  qui  ont 
été  produites  relativement  à  Torigii  -  cîrs  aurores  polaires:  celles 
qui  attribuent  à  ces  phénomènes  une  cause  atmosphérique,  comme 
aux  pluies  de  poussière  ou  de  sang,  et  celles  qui  leur  attribuent 
une  cause  cosmique,  comme  aux  étoiles  filantes  et  aux  aréolithes. 

L'état  de  Ja  science  semble  assez  avancé ,  surtout  après  les 
nombreuses  observations  auxquelles  a  donné  lieu  la  belle  aurore 
boréale  du  4  février  dernier,  pour  qu'on  puisse,  au  contraire, 
affirmer  que  les  auiores  polaires  sont  dues  à  une  cause  cosmique. 

Sa  théorie  fait  remonter  l'origine  des  aurores  polaires  aux  grands 
bouleversements  qui  se  produisent  dans  la  photosphère.  f*a  fré- 
quence des  apparitions  aurorales,  les  variations  de  la  déclinaison 
magnétique  et  l'abondance  des  taches  solaires  sont  des  phénomènes 
intimement  connexes  entre  eux,  manifestant  la  même  période  avec 
un  maximum  tous  les  dix  ans. 

—  M.  Silbermann,  des  faits  depuis  longtemps  observés  par  lui, 
déduit:  1°  une  théorie  des  aurores  boréales  et  australes,  fondée 
sur  l'existence  de  marées  atmosphériques  ;  2°  l'indication,  à  l'aide 
des  aurores,  de  l'existence  d'essaims  d'étoiles  filantes  à  proximité 
du  globe  terrestre.  Nous  reviendrons  sur  sa  communication. 


PARI*.  —  TTÏ.  WALDER.  RUE  BONAPARTE,  44. 


■é 


N*  «■  1872. 

CHRONIQUE  SCIENTIFIQUE  DE  LA  SEMAINE 

—■Nous nageons  depuis  hier,  12  mars,  dans  un  brouillard  de  matière 
cosmique  qui  remplit  et  obscurcit  l'atmosphère,  et  répand  une  odeur 
désagréable.  L'analyse  spectrale  de-  l'étincelle  électrique  tirée  au  sein 
d'air  atmosphérique  actuel  comprimé,  ne  montrerait-elle  pas  la  raie 
caractéristique  des  aurores  boréales. 

Réaction.  —  Le  contre-coup  de  la  victoire  remportée  par  l'Alle- 
magne fut  une  protestation  vive,  presque  insolente  de  quelques  chi- 
mistes allemands  contre  la  gloire  déLavoiùer  et  de  la  chimie  française. 
Dans  son  histoire  de  la  chimie  moderne,  M.  Wurtz  n'avait  pas  hésité 
à  dire  :  a  La  chimie  est  une  science  française;  elle  a  été  fondée  par  La- 
voisier  d'immortelle  mémoire»  »  Dans  une  brochure  ou  plutôt  dans  un 
pamphlet,  que  ses  éditeurs  eurent  le  front  d'adresser  à  notre  Académie 
des  sciences  en  la  sommant  d  en  accuser  la  réception,  M.  Kolbe,  pro- 
fesseur à  l'Université  de  Leipzig,  dénonça  cette  phrase  au  monde 
savant  comme  une  outrecuidance  dépassant  de  beaucoup  toutes  celles 
dont  la  France  est  si  coutumière.  Un  autre  chimiste  allemand, 
M.Volhard,  plus  violent  encore,  aUajusqu'à  déclarer  que  Lavoisier  n'était 
pas  même  un  chimiste>  mais  un  simple  fermier  général.  De  la  part 
de  M.  Kolbe,  ce  réquisitoire  passionné  était  plus  qu'une  inconvenance, 
il  était  presque  une  ingratitude.  En  effet,  peu  de  temps  avant  la 
guerre,  M.  Wurtz»  dans  son  remarquable  rapport  sur  les  hautts  pra- 
tiques des  twiver&itis  allevuinikéSj  où  il  ne  ménageait  pas  son  admi- 
ration pour  la  belle  organisation  de  la  science  au  delà  du  Rhin,  avait 
presque  donné  la  première  place  au  laboratoire  de  H.  Kolbe,  à  Leipzig, 
à  coté  d'Hofmann  de  Berlin  ;  ses  plans  étaient  reproduits  en  détail  et 
le  maître  n'y  recevait  que  des  éloges,  M.  Kolbe  méritait  donc  un  châ- 
timent :  il  l'a  reçu. 

Les  attaques  contre  le  fondateur  de  la  chimie  moderne  ont  amené 
une  énergique  protestation  de-  la  Société  chimique  russe,  qui  compte 
beaucoup  de  membres  d'origine  allemande,  et  cette  protestation  a  été 
accueillie  par  la  Société  chimique  allemande  de  Berlin  dont  M.  Kolbe 
est  membre*  Cet  incident  l'a  conduit  à  offrir  sa  démission,  qui  a  été 
acceptée,  et  à  traiter  d'écolier*  dominants  chimistes  qui  n'avaient 
cependant  rien  de  françajg  pour  attirer  sa  colère.  (Revue  scientifique)* 

OtaervateiM  Mtl*ti*l.  —  Un  décret  du  Président  de  la  Ré- 
publique, en  (bote  du  &  mars,  reconstitue  tes  deux  observatoires  de 
Paris  et  Marseille. 

N*  !!•  t.  XXVII,  H  hmM  1*W.  30 


414  LES  MONDES. 

Les  travaux  de  l'observatoire  de  Paris  comprennent  :  1°  L'études  des 
lois  de  r  univers  fondée  sur  l'observation  continue  et  systématique 
des  astres  et  le  perfectionnement  des  méthodes  d'après  lesquelles 
s'opère  cette  observation  ;  2*  Les  études  de  météorologie  et  de  phy- 
sique du  globe  en  France  et  à  l'Etranger;  la  concentration,  la  discus- 
sion et  la  publicité  des  documents  recueillis  dans  les  diverses  stations 
météorologiques  françaises,  ou  par  les  soins  des  commissions  dépar- 
tementales. La  préparation  des  avis  relatifs  aux  variations  du  temps 
expédiés  chaque  jour  dans  l'intérêt  de  la  navigation  et  de  l'agriculture. 

Le  personnel  comprend  :  un  directeur  (15  000)  ;  quatre  astronomes 
titulaires  (9  000  fr.),  dont  trois  sont  attachés  spécialement  aux  travaux 
astronomiques,  et  le  quatrième  (avec  un  supplément  de  traitement  de 
1  000  fr.)  chargé  de  la  direction  de  météorologie  et  de  physique 
du  globe  ; ,  huit  astronomes  et  physiciens  adjoints ,  de  première 
(5  500  fr.),de  seconde  (4  500  fr.)  et  de  troisième  classe  (3  500  û\);un 
chef  du  bureau  des  calculs  (5  500  fr.)  ;  des  aides  astronomes  ou  phy- 
siciens de  première  (2  500  fr.),  de  deuxième (2  000  fr.),  et  de  troisième 
classe  (1  500  fr.)  ;  des  calculateurs  ;  un  secrétaire  agent  comptable 
(5  000  fr.) 

Tous  les  ans,  l'observatoire  est  inspecté  par  une  commission  com- 
posée :  des  membres  du  bureau  des  longitudes  qui  ne  font  pas  partie 
de  l'établissement,  de  deux  membres  de  l'Institut  désignés  par  l'Aca- 
démie des  sciences  ;  et  de  cinq  personnes  choisies  par  le  Ministre  dans 
les  grand  corps  de  l'Etat;  cette  commission  se  réunit  à  l'observatoire  le 
premier  mercredi  du  mois  de  mai;  elle  nomme  son  président  et  son 
secrétaire,  visite  l'établissement,  entend  les  explications  du  directeur, 
et  présente  au  Ministre  un  rapport  détaillé  sur  le  personnel,  le  maté- 
riel, l'état  des  travaux  et  des  publications. 

Le  Directeur  est  nommé  par  le  Gouvernement  sur  une  double  pré- 
sentation de  deux  candidats,  par  le  bureau  des  Longitudes  et  l'Acadé- 
mie des  sciences.  Les  astronomes  titulaires  sont  nommés  par  le  Gou- 
vernement, après  avoir  pris  l'avis  du  bureau  des  Longitudes.  Les 
astronomes  ou  physiciens  adjoints  sont  nommés  ou  promus  d'une 
classe  à  l'autre  par  le  Ministre,  après  avis  du  bureau  des  Longitudes. 
Les  aides  astronomes  ou  physiciens  sont  nommés  ou  promus  dans 
chaque  classe  par  le  Ministre,  sur  la  proposition  du  Directeur.  Le 
chef  du  bureau  des  calculs  et  le  secrétaire  agent  de  la  comptabilité  sont 
nommés  par  le  Ministre,  sur  la  proposition  du  Directeur.  L'article  3 
du  décret  mentionne  parmi  les  devoirs  du  Directeur  celui  de  faciliter 
les  travaux  personnels  des  savants  astronomes  et  physiciens,  et  de 
leur  prêter  sfil  y  a  lieu  le  secours  de  l  observatoire. 

Le  personnel  de  l'observatoire  de  Marseille,  tout  à  fait  indépendant 


LES  MONDES:  415 

de  robservatoire  de  Paris,  comprend  un  directeur  (8  000  fr.);  un  as- 
tronome adjoint  (3  500,  4  500  ou  5  400  fr.,  suivant  qu'il  appartient 
à  la  troisième,  à  la  deuxième,  ou  à  la  première  classe)  ;  deux  aides- 
astronomes  (1  500,  2  000  ou  2  500  frM  suivant  la  classe). 

Télégraphe  de*  Antilles.  —  Les  communications  télégra- 
phiques sont  ouvertes  entre  la  Guadeloupe  et  l'Europe  par  New-Yorck. 

Carte  géologique  de  l'Angleterre.  — •  M.  le  professeur 
Ramsay  a  été  élu  directeur  de  la  carte  géologique  d'Angleterre,  en 
remplacement  de  sir  Murchison.. 

Société*  des  Ingénieur*  télégraphiâtes.  Séanee  Inau- 
gurale. —  Cette  société  nouvelle,  qui  rivalisera  bientôt  sans  doute 
avec  la  Société  des  ingénieurs  civils  de  Londres,  a  tenu  sa  première 
séance  à  la  fin  de  février  sous  la  présidence  d'un  des  grands  maîtres 
et  des  plus  puissants  promoteurs  de  la  télégraphie  électrique,  M.  C.- 
William Siemens.  Nous  extrayons  de  son  discours,  que  nous  avons  lu 
avec  intérêt,  le  passage  dans  lequel  il  circonscrit  le  domaine  de  la 
nouvelle  société. 

«  Les  problèmes  de  la  science  électrique  pure  se  dressent  à  chaque 
pas  devant  l'ingénieur  télégraphiste.  Les  moyens  d'épreuve  de  l'isole- 
ment des  câbles,  la  détermination  du  point  du  câble  sous -marin  ou 
un  défaut  d'isolement  s'est  produit  dans  des  circonstances  très*  variées, 
le  moyen  d'enregistrer  les  dépèches  par  la  simple  fluctuation  de  la 
tension  électrique,  sont  des  problèmes  qui  l'intéressent  au  plus  haut 
degré,  et  qui  sont  en  même  temps  du  ressort  des  mathématiciens  et 
des  physiciens  les  plus  profonds.  D'un  autre  côté,  il  est  à  peine  un 
problème  de  science  électrique  pure  qui  soit  sans  intérêt  pratique  pour 
l'ingénieur  télégraphiste;  et  si  nous  considérons  que  l'électricité  n'est 
représentée]  actuellement  par  aucune  Société  savante,  prenant  rang 
à  côté  des  Sociétés  chimiques  et  astronomiques,  je  suis  d'avis  que 
toutes  les  questions  d'électricité  pure  doivent  faire  partie  essentielle  de 
notre  programme.  Les  phénomènes  d'électrisation  et  de  polarisa- 
tion, d'induction  spécifique  et  de  conduction  ;  les  lois  qui  règlent  les 
ondes  électriques ,  l'influence  de  l'élévation  de  température  sur  la 
conduction  ou  sur  la  force  potentielle  résidant  dans  une  bobine  de 
fils  de  forme  donnée  traversée  par  un  courant,  sont  des  questions  qui 
touchent  d'aussi  près  les  savants  électriciens  que  la  pratique  journa- 
lière de  l'ingénieur  télégraphiste,  et  qui,  à  aucun  titre,  ne  peuvent 
rester  en  dehors  de  nos  études.  Viennent  ensuite  par  ordre  :  le  choix 
des  matériaux  propres  à  assurer  la  conduction  et  l'isolation,  les 


416  LES  MONDES. 

meilleurs  appareils  d'utilisatiop  des  courants  Cibles,  les  instrumente 
pour  produire,  alterner,  renverser,  diriger  ■  le*  courants  électrique 
instruments  qui,  quoique  essentiellement  liés  à  h  science  physique» 
mettent  en  jeu  nécessairement  des  considérations  et  des  oomhijtyisopp 
mécaniques,  etc.  Ceci  nous  amène  aux  questions  d'ordre  purement  mé- 
canique, comme  la  coDstructiorrdes  appareils  pour  l'enregistrement  et 
l'impression  des  dépèches  ;  les  modes  de  suspension  et  de  protection 
des  conducteurs  sous-marins  ou  aériens  ;  la  construction  des  machines 
pour  la  confection,  la  pose  et  la  réparation  des  câbles  sous-maring. 
Ces  questions  nous  conduisent  à  leur  tour  à  celles  des  modes  plus  gé- 
néraux de  transport  des  matériaux  à  travers  des  contrées  accidentées 
et  inhospitalières,  de  navigation,  delà  recherche  de  la  profondeur  et  de 
la  nature  du  fond  des  mers,  des  effets  des  courants  marins,  et  ainsi  de 
suite.  Je  pourrais  aller  plus  loin  encore  et  comprendre  dans  notre 
programme  les  informations  statistiques  relatives  à  ta  nature  et  à 
l'accroissement  probable  de  la  correspondance  trlégraphique,  sans 
lesquelles  il  est  impossible  de  choisir  le  mode  de  construction  des 
lignes  et  les  instruments  qui  conviennent  le  mieu*  à  chaque  cas  par- 
ticulier. » 

a  Le  télégraphe  électrique,  dit  en  terminant  M.  Siemens,  est  appli- 
cable avec  les  plus  grands  avantages  positifs  à  la  communication 
entre  deux  points  situés  à  grande,distance  l'un  de  l'autre*  Grâce  à  son 
fonctionnement,  New-York  et  Calcutta  sont  tout  près  de  nous  au  point 
de  vue  du  temps,  et  ne  sont  l'un  et  l'autre  que  des  faubourgs  de  notre 
métropole.  Il  est  même  très-probabç  qu'une  dépêche  envoyée  d'un  des 
faubourgs  de  Londres  à  l'autre  exigerait  plus  de  temps  qu'une  dé- 
pêche expédiée  directement  en  Amérique  ou  dans  les  Indes,  parce  que 
le  trajet  à  travers  Londres  exige  des  changements  incessants  de  direc- 
tions. Cela  est  si  vrai  que  Ton  a  déjà  songé  à  remplacer,  au  moins  en 
partie,  dans  les  districts  populeux,  le  télégraphe  électrique  par  des 
tubes  pneumatiques  qui  rendraient  beaucoup  plus  rapide  rechange 
des  correspondances  et  du  trafic  dans  les  grandes  cités*  Cette  ques- 
tion déjà  soulevée  rentre  aussi  dans  nos  attributions,  s 

Bonne  nouvelle  pour  lee  amateur*  de  Jardin** Ua 

de  mes  savants  amis,  M.  le  docteur  Alfred  Smee,  est  entrasp  de  pu- 
blier sous  ce  titre  :  Mon  jardin,  un  très-beau  volume  dans- lequel  il 
donne  la  description  complète  de  son  jardin  d'expérimentation  de 
Beddington,  comté  de  Surrey,  avec  les  détails  et  résultats  de  ses  expé- 
riences sur  la  culture  des  fleurs  et  des  fruits  ;  le  nombre  de*  fruits 
cultivés  et  étudiés  par  M.  Smee  comprend  700  espaces  ou  ge&nes*  Son 
beau  volume  sera  enrichi  de  400  gravures  sur  bois* 


i  LES  MONDES.  417 

|  iléeeavertea  tmlie*  m  Jérugalem.  —  Urte  lettre,  en  date 

du  10  février,  dit  :  «  Il  semble  probable  que  quelques  nouvelles  dé- 
couvertes et  inscriptions  sont  sur  le  point  d'être  mises  au  jour.  En 
outre  de  l'inscription  grecque  appartenant  au  temple  (duplicata  de 
celle  de  M.  Ganneau),  et  de  deux  pierres  Nabuthéennes,  on  a  décou- 
vert des  fragments  d'un  prisme  basaltique,  avec  lettres  et  figures  de 
deux  inscriptions  [phéniciennes;  l'une  de  ces  inscriptions  contourne 
une  peinture  placée  au  centre. 

Société  de»  Ingéniera»*  allemand*,  — -  Cette  Société 
compte  aujourd'hui  2  000  membres;  son  revenu  annuel  est  de  50000 
francs. 

Lampe*  à  pétrole.  —  Le  journal,,  de  la  Société  des  arts  fait 
le  plus  grand  éloge  des  lampes  à  pétrole  de  M.  Silber,  56,  Wood  Street, 
Cfieapside,  qui  donnent  saae  peine  et  à  volonté  une  lumière  de  12  à 
40  bougies,  et  qui  sont  applicables  avec  de  grands  avantages  à  l'éclai- 
rage des  gares  de  chemins  de  fer  ou  des  phares,  et  à  la  production  des 
signaux.  Une  qualité  incomparable  de  ces  lampes,  c'est  qu'elles 
peuvent  brûler  alternativement  de  l'huile  minérale  ou  les  huiles  végé- 
tales ordinaires,  sans  qu'il  soit  jamais  nécessaire  de  couper  les  mèches. 

I**  Ittoé ration  du  Ml  p**  rtaspêt  proportionnel  ou* 
leo  facture*  irree  projet  de  loi  et  commentaire»  m 
l'appui,  par  M.  Ch.  Tbllibr.  — •  In -8°,  43  pages.  Paris.  Librairie 
Internationale*  C'est  une  nouvelle  brochure  de  notre  [ami  venue  bien 
à  propos,  car  nous  savons  de  bonne  source  que  Y  impôt  sur  les  fac- 
tures gagne  du  terrain,  et  qu'il  a  presque  seul  au  moment  présent  les 
sympathies  delà  commission  du  budget.  Le  but  principal  de  M.  Tel- 
lier,  cette  fois,  est  de  prouver  que  l'impôt  sur  les  factures  peut  non- 
seulement  combler  le  déficit  du  budget  de  1871,  mais  encore  amener 
dans  un  très-court  délai,  presque  subitement,  la  libération  du  terri- 
toire. En  effet,  pour  libérer  le  territoire  il  faut  pouvoir  contracter  un 
emprunt  de  quatre  milliards,  et  pour  pouvoir  contracter  cet  emprunt 
de  quatre  milliards,  il  suffit  d'en  assurer  l'intérêt  annuel,  200  mil- 
lions, et  parce  que). le  déficit  du  budget  est  de  180  millions,  c'est  une 
gamme  totale  de  380  million»  qu'il  faut  procurer  au  trésor.  Or,  et  nous 
croyons  à  ses  chiffres^  M.  Tellier  n'hésite  pas  à  dresser  le  tableau 
suivant  : 

A  \  fi  pour  cent  l'impôt  sur  les  facturée,  produirait  500  milltobs. 

l& i  miHïard. 

3j4 1  500  millions; 

i .......  2  milliards. 


L 


4ig  LES  MONDES. 

Donc  déjà  à  1/4  pour  cent,  chiffre  qui  n'aurait  rien  de  trop  oné- 
reux, l'impôt  sur  les  factures,  en  outre  des  380  millions  exigés  par 
l'emprunt  et  la  couverture  du  déficit  du  budget,  donnerait  120  mil- 
lions, c'est-à-dire  de  quoi  renoncer  aux  taxes  peu  productives,  et  par 
conséquent  inopportunes,  déjà  votées,  ou  qui  sont  à  l'étude;  l'excédant, 
par  exemple,  de  la  taxe  sur  les  lettres. 

Dans  ma  conviction  profonde,  la  France  ressuscitera  matériellement 
et  financièrement  le  jour  où  l'Assemblée  nationale  votera,  à  une 
grande  majorité,  le  premier  article  du  projet  de  loi  de  M.  Tellier  : 

<  TOUS  IMPÔTS  EXISTANT  ACTUELLEMENT  SONT  SUPPRIMÉS  ET  REMPLACÉS 
PAR  UNE  TAXE  UNIQUE  DONT  LE  TAUX  SERA  FIXÉ  CHAQUE  ANNÉEPAR  LA 
DÉLÉGATION  NATIONALE.  CETTE  TAXE  SERA  APPLICABLE  A  TOUTES  LES  FAC- 
TURES, NÉGOCIATIONS,  TRANSACTIONS,  QUELLE  QU'EN  SOIT.  LA  NATURE,  fi 

Association  française  pour  l'avancement  des  sciences. 

—  Nous  savions  depuis  longtemps  qu'un  groupe  assez  nombreux  de 
savants  français,  MM.  Balard,  Berthelot,  Briot,  Broca,  Claude  Ber- 
nard, Combes,  Cornu,  Decaisne,  Delaunay,  Descloizeaux,  de  Luynes, 
Dumas,  Friedel,  P.  Gervais,  A.  Girard,  J.  Huchette,  Lacaze-Duthiers, 
Laugier,  Levasseur,  Loewy,  Marié-Davy,  G.  Masson,  Pasteur,  Serret, 
Tisserand  etj  Wurtz,  avaient  résolu  de  fonder,  à  côté  de  l'Association 
scientifique  de  France,  présidée  par  M.  Le  Verrier,  une  Société  nou- 
velle dont  le  but  serait  aussi  de  favoriser  par  tous  les  moyens  en  son 
pouvoir  les  progrès  des  sciences,  leurs  applications  pratiques,  et  la 
diffusion  des  connaissances  scientifiques  ;  mais  nous  avons  été  surpris 
de  trouver  dans  le  journal  anglais  Nature  de  jeudi  dernier  les  statuts 
de  la  Société.  Son  capital  sera  formé  au  moyen  d'actions  de  500  francs 
souscrites  par  les  membres  fondateurs  ;  elle  commencera  ses  opéra- 
tions dès  que  les  souscriptions  auront  atteint  le  chiffre  de  cent  mille 
francs.  Les  associés  non  fondateurs  paieront  une  cotisation  de  20  fr. 
par  an,  dont  ils  pourront  s'exonérer  par  un  seul  paiement  de  200  fr. 
Les  membres  seraient  partagés  en  quatre  sections  :  1"  sciences  mathé- 
matiques :  mathématiques,  astronomie,  géodésie,  mécanique,  naviga- 
tion, génie  civil  ;  2e  sciences  chimiques  et  physiques  :  physique,  chimie, 
météorologie  et  physique  du  globe;  3*  sciences  naturelles  :  zoologie, 
zootechnie,  botanique,  géologie  et  minéralogie;  4*  sciences  écono- 
miques :  agronomie,  ethnologie  et  géographie.  » 

Tout  ce  que  nous  pourrions  dire  sur  ce  projet  serait  prématuré  ; 
bornons-nous  à  faire  des  vœux  pour  sa  réussite,  non  cependant  sans 
exprimer  le  regret  que  dans  le  domaine  des  sciences  et  du  progrès, 
comme  dans  le  domaine  de  la  politique,  le  vent  souffle  trop  vqrsla 


LES  MONDES.  419 

division  et  l'annulation  par  conflit  des  forces  mes  de  notre  chère 
France.  —  F.  Moigno. 

Ballon  captif.  —  Il  y  aura  décidément  à  l'Exposition  de  Lyon 
un  immense  ballon  captif,  construit  sur  le  même  modèle  que  celui  de 
l'Exposition  de  1867.  Les  amateurs  pourront  donc  faire  une  petite  ex- 
cursion à  500  mètres  d'altitude  et  contempler  le  riche  panorama  de 
Lyon  et  de  ses  environs  et  tout  le  cours  du  Rhône.  Par  un  temps  clair, 
la  vue  pourra  s'étendre  des  Cévennes  au  Mont-Blanc. 

Petite  cause  d'un  grand  effet.  —  Il  n'est  pas  rare  de  trouver 
parmi  les  pommiers  plantés  en  plein  air  de  pauvres  arbres  allanguis, 
tordus,  rabougris,  etc. Comment  et  pourquoi  ces  troncs  disgraciés  sont* 
ils  condamnés  à  ne  reprendre  jamais  leur  élan  primitif?  M.  Felizet, 
vétérinaire  à  Elbœuf,  croit  avoir  trouvé  le  mot  de  cette  énigme  dans  la 
rencontre  suivante  :  Il  vit  un  jour  un  vieux  pépiniériste  de  village 
marquer,  avant  de  les  arracher,  d'un  coup  de  serpette  chacun,  de  ses 
jeunes  arbres  du  même  côté  ;  il  lui  demanda  pourquoi  il  agissait  ainsi  : 
«  Monsieur,  lui  répondit  le  vieux  Sachant  ;  si  vous  voulez  réussir 
vos  arbres  dans  la  transplantation,  conservez  à  vos  entes  leur  soleil 
de  pépinière,  à  vos  greffes  leur  soleil  df œilletons  et  d'anneaux.  »  Les 
efforts  des  arbres  tordus  et  rabougris  n'auraient  pas  d'autre  but  que 
de  leur  faire  reprendre  leur  orientation  primitive. 

Conférence  rurale.  —  M.  Victor  Chatel  continue  son  utile 
apostolat,  et  va  traitant,  dans  les  villages  voisins  de  Valcongrain,  de 
la  culture  hâtive  des  pommes  de  terre;  de  la  culture  des  légumes  en 
plein  champ  ;  des  meilleurs  dispositions  adonner  aux  fosses  à  fumier  ; 
de  la  taille  des  arbres  ;  de  la  destruction  des  insectes,  etc.  Que  de 
bonnes  choses  à  dire  sur  tous  ces  sujets  pour  hâter  le  progrès,  et  occu- 
per utilement  les  esprits,  en  prenant  sur  le  temps  qui,  hélas!  partout,  est 
donné  le  dimanche  au  cabaret,  la  grande  place  de  la  vie  rurale,  non* 
seulement  en  France,  mais  chez  tous  les  peuples  modernes,  (Journal 
d'agriculture.)       v 

Prix  proposé.  —  Un  prix  sera  décerné  par  la  Société  des  agri- 
culteurs de  France,  en  1872,  au  meilleur  ouvrage  ou  mémoire  ayant 
pour  objet  '.d'établir,  au  point  de  vue  de  la  production* agricole,  les 
principes  théoriques  et  pratiques  de  l'irrigation  propres  aux  différentes 
contrées  de  la  France.  Voici  quel  devrait  être  le  plan  de  ee  travail  : 

1°  Fixer  autant  que  possible  les  principes  théoriques  de  l'irrigation 
envisagée  cçmme  science  agricole,  en  les  basant  tout  à  la  fois  sur 


4M  LE»  MONDfB. 

F étude  Aetf  ltils  naturelles  qui  s'y  rapportent  et  sur  celte  ées  laite 
acquis; 

2°  Etablir  d'une  manière  bien  définie  les  règles  sur  lesquelles  doi- 
vent s'appuyer  les  procédés  de  Fart  ptatiqtie,  et  les  justifie?  tant  par 
une  analyse  raisonnée  que  par  les  enseignements  de  l'expérience, 
comme  aussi  motiver  convenablement  toute!  les  différences  qui  peu- 
Vent  résulter  de  la  diversité  des  circonstances  locales; 

3e  Enfin  concilier  ou  expliquer  les  divergences  d'appréciation  qui 
peuvent  se  rencontre?  encore  entre  des  auteurs  et  entre  des  praticiens 
estimés  sur  les  questions  essentielles. 

Le  prix  consistera  en  une  somme  de  2,000  francs  et  une  médaille. 

Un  encouragement  pourra  être  donné  au  mémoire  qui  aura  obtenu 
le  second  rang. 

Les  mémoires  manuscrits  ou  imprimés  devront  être  remis  au 
Secrétariat  général  de  la  Société,  43,  rue  du  Bac,  à  Paris,  avant  le 
1"  janvier  4873. 

Cltftt  lacustre»  Au  lae  de  Sienne.  —  Le  gouvernement 
suisse  avait  résolu  depuis  longtemps  de  dessécher  la  très-longue  éten- 
due de  terrain  entre  le  lao  de  Morat  et  le  ktc  de  Biênne,  Pour  y  par* 
venir,  on  avait  jugé  nécessaire  l'abaisser  le  niveau  de  ee  second  lac,  et 
pour  cela  de  construire  un  canal  de  déversement  de  ses  eaux  dans  le 
lac  de  Neufchâtel.  Au  commencement  de  cette  année,  les  vannes  furent 
ouvertes  et  les  eaux  du  lac  de  Bienne  s'écoulèrent  dans  le  lac  de  Neuf- 
châtel. A  mesure  que  le  niveau  baissait  on  apercevait  de  phis  êk  plus 
des  pieux  très*nombreux  solidement  enfoncés  dans  le  lit  du  lac.  On 
résolut  alors  de  creuser  le  sol  autour  des  pieux  dans  le  but  de  feoheN 
cher  des  citée  lacustree.  Or  ces  fouilles  ont  amené  la  découverte  d'un 
trèaMgrand  nombre  d'objets  intéressants  confiés  jusqu'ici  à  la  garde  du 
docteur  Gros*  de  Locrass:  des  morceaux  de  corde  tressées  avec; du 
chanvre,  des  vases,  des  cornes  de  oerf,  des  hachettes  en  pierre,  des 
ustensiles  de  cuisson,  etc.  La  plus  précieuse  de  ces  trouvailles  est  une 
hachette  en  néphrite,  longue  de  seize  centimètres,  large  de  sept  cen- 
timètres, la  plus  grande  qui  ait  jamais  été  trouvée  en  Suisse.  Les  osse- 
ments extraits  des  fouilles  ont  été  examinés  par  M.  le  docteur  Uhlmann 
de  Munich  ;  ce  sont  des  os  de  cerf,  de  cheval,  de  bœuf,  de  sanglier,  de 
cochon,  de  chèvre,  de  castor,  de  chien,  de  rat,  avec  un  grand  nombre 
d'os  humains.  [Nature). 

AMtofe  fc#*éMe  du  4  tf**le#j  — *  Elle  a  brillé  de  totrte  sa 
magnificence  députe  le*  frontières  de  la  Russie  jusque!]  dans  te  PuncJjab 
(Indes  orientale*)  où  on  Ta  observée  dans  la  nuit, de  «  fc.  à  M  h.  §(% 


LBB  MOADË&  4M 

Haataajm»aaal«aeade  laffrance,  par  M.  de  Saporta. 
Compte  rendu  par  M.  Albeet  Gàïïdry.  —a  M.  de  Saporta  commence 
son  travail  par  t'px  wep  fes  Alg**a  U  HOlU  M  ffiféîstance  opi- 
niâtre (ce  sont  ses  propres  expressions)  de  plusieurs  types  d'Algues, 
Chondrites,  Syphonites,  Cancellophycus  ;  certaines  formes  du 
milieu  du  secondaire  ont  eu  une  grande  ressemblance  avec  des 
•spèoé»  du  «Hariva  et  atee  de»  e*pèéé»  tertidfre».  Cette  pefstetànce 
4*»  végétaux  iafé»iilr»  ne  aaufait  étartner  «a  stfvant  edutrie 
II»  de  Saporta,  qui  a  de»  éonnaiséances  étendues  dans  dive*9«» 
,br»aeb£s  d»  la  paléontologie,  car  il  n'ignore  pat  que  l'étude  «tes 
loesile»  a  souvent  fourni  l'oédaaion  d'observer  que  les  animadx 
peu  élaré»  en  organisation  ont  une  longévité  bien  supérieure  à 
otite  des  Quadf  npèdas  le»  plu»  pet  feètionné»*  On  dirait  que  les 
êtres  le»  plue  simples  ait  été  moins  délicats,  moins  susceptibles 
.d'être  impressionnée  par  tes  changement»  géologique». 

Aptes  l'exeaae»  de»  Algues,  M.  de  Saporta   aborde  celui  dé» 
plantes  terrestre».  Sqnisétacées,  Fougères,  Conifère»,  Cyeadée», 
rare»  Monotfotylédonés,  Il  né  cité  pas  de  dicotylédones  angiodpen» 
met.  Le»  plantes  qu'il  a  observées  lui  iudfqaent  que  la  France 
avait  à  l'époque  jaressiqaeune  iùoyenmf  anfloellè  de  t$*  C,  e'es* 
à*dfte  k  peu  près  la  même  température  qui  existe  aujourd'hui  dans 
te»  contrées  tropicales,  A  en  juger  par  les  données  actuelles,  oa 
devrait  croira  qna  la  Végétation  a  été   pauvre,  monotone,  conttpo- 
•ée  presque  partout  d'essefcces  coriace»  ari  feiriKage  dur  et  maigre  ; 
te»  Cyeadées  jurassiqae»  étaient  encore  phfs  petites  que  le»  Cyea- 
$éa»  actuelle»*  La  végétation  semblerait  à  cet  égard  avoir  tonné 
ail  étrtuge  centras!»  «vee  le  monde  arrivai.  En  effet,  à  répartie  dé 
là  Meaitta,  quand  elle  était  hixririante,  \éé  Stres  terrestres  étalent 
çhétifs)  de»  Ineeêtee^  de»  Scorpions,  des  MitleMpattes,  des  Reptile», 
en  gtaérat  de  ptetite  taille,  troublaient  seuÎ9  to  dilentfé  dé*  vastes . 
totèt»  bonifierez  Ad  contraire,  à  l'époque  jtfassfqae,  le  monde 
Mimai  avait  cOnqui»  sur  1»  tarre  ferme  une  grande  importance  ;  à 
laver K&,  eaa  ite  voyait  (14»  encore  des  MamibifSres  aùsfsi  nombreux 
éf  ausdf  perfeettoanéa  que  ceux  de  Y  époque  tertiaire;  maïs  lés 
Ae£tiles  é'étaient  beanotfup  développés  ;  tandis  qfne  de*  fefltyt*- 
éaftifes,  des  Pté»iotoa*rfe$,  des  Tétéosatres  régnaient  dans  les  mefrsf, 
la»  HéHdo»aure»,  le*  Méfcâfiofrdttres  régnaient  snt  les  éérattoent». 
Fa«t4t  peaae*  tfue  ée»  prf»9a!fts  Qtradrtfpéde»  Mutent  pont  domai- 
nes les  campagnes  dont  \ê  végétsrtloa  étdK rrfté  et  débiter 

>     ,    l'H     1 


m  LES  MONDES, 


CORRESPONDANCES  DES  MONDES 


M.  le  docteur  Cirillo  Ronzoni,  professeur  de  physique  au  Lyeée  royal 
cTAvila.  —  Théorie  du  pendule  de  Voueault.  —  Dans  te 
n°  7  (5  février  1872)  de  votre  très -accréditée  revue  hebdomadaire  des 
sciences  —  les  Mondes  —  j'ai  lu  avec  plaisir  comment  M.  J*-A.  Serret, 
dans  son  mémoire  sur  ie  pendule  de  Léon  Foucault,  lu  dans  la  séance 
du  lundi  29  janvier  dernier  de  l'Académie  des  sciences,  a  fait  usage 
des  intégrales  rigoureuses  des  équations  du  pendule  conique.  Dans  la  soin* 
tion,  il  s'agit  d'assigner  la  vraie  nature  du  mouvement  du  pendule 
simple  en  ayant  égard  au  mouvement  de  rotation  diurne  de  la  Terre. 
Puisque  déjà  moi  aussi,  depuis  l'année  1853,  j'ai  publié  à  Padoueun 
mémoire  dont  je  vous  prie  d'accepter  un  exemplaire  que  vous  recevrez 
par  la  poste,  sur  le  même  sujet,  et  dans  lequel  j'ai  employé  les  équations 
du  pendule  conique  (voir  page  7),  permettez  que  je  vous  parie  briè- 
vement du  procédé  géométrique  et  analytique  que  j'ai  suivi,  et  que  je 
vous  expose  mes  conclusions,  qui  en  s'accordant  avec  celles  de  M.  Serret, 
me  paraissent  suggérer  quelque  nouvelle  expérience  intéressante  qu'on 
peut  faire  encore,  je  crois,  avec  le  pendule  de  Foucault. 

Au  lieu  de  la  méthode  de  la  variation  des  arbitraires  judicieusement 
appliquée  par  M.  Serret  dans  son  mémoire  susdit,  j'ai  employé  celle  des 
axes  mobiles,  opportunément  choisis,  c'est-à-dire,  précisément,que  je  rap- 
porte le  mouvement  du  pendule  à  trois  axes  orthogonaux  avec  l'origine 
au  centre  de  la  Terre,  et  dont  l'axe  des  *  est  dirigé  selon  la  verticale  du 
point  de  suspension  du  pendule,  et  les  deux  axes  horizontaux  des  x  et  y 
tournent,  avec  un  mouvement  uniforme,  autour  de  la  même  verticale 
dans  le  sens  sud-ouest-nord-est,  avec  une  vitesse  angulaire  exprimée 
par  &>.sinL;  w  étant  la  vitesse  angulaire  absolue  de  la  Terre  par 
seconde  autour  de  l'axe  de  rotation  diurne,  et  L  la  latitude  géographique 
du  lieu  d'observation.  —  La  quantité  w.sinL,  comme  on  le  sait,  est  la 
composante,  relative  à  la  verticale,  de  la  vitesse  angulaire  absolue  de  la 
Terre,  en  supposant  que  cette  dernière  vitesse  soit  décomposée,  selon  le 
principe  de  la  décomposition  des  mouvements  rotatoires,  en  deux,  au* 
tour  de  deux  axes  perpendiculaires  entre  eux,  dont  l'un  coïncide  avec  la 
verticale  du  point  de  suspension  du  pendule. 

J'ajouterai  comment  j'ai  rendu  aussi  matériellement  sensible  cette  dé- 
composition du  mouvement  rotatoire  au  moyen  d'un  appareil  imaginé 


r 


LES  MONDES  4*3 

et  construit  pour  moi,  qui  se  trouve  décrit  dans  mon  mémoire  (pa- 
ragr.  4,  2;,  et  que  je  conserve  encore  chez  moi. 

L'intégration  par  moi  offerte  des  équations  différentielles  du  pendule 
conique  a  été  faite  dans  la  supposition  que  le  rapport  de  l'arc  de  dévia- 
tion initiale  du  pendule  au  rayon  correspondant  soit  une  frac  tion  assez 
petite  pour  qu'on  en  puisse  négliger,  sans  erreur  sensible,  les  puissances 
supérieures  à  la  troisième. 

Or,  voici  mes  conclusions  : 

4.  La  projection,  sur  le  plan  de  l'horiion,  de  la  trajectoire  du  pendule, 
relative  aux  axes  mobiles  susdite,  est  une  ellipse  (voir  page  44)  dont  le 
demi  grand  axe  et  le  demi  petit  axe  se  trouvent  respectivement  exprimés 
par  aB  et  par  aP,  a  étant  la  longueur  du  pendule,  B  et  P  deux  arcs  de 
rayon  égal  à  l'unité,  qui  mesurent,  l'un  la  déviation  initiale  du  pendule  et 
l'autre  la  déviation  correspondante  au  demi  petit  axe  qui  est  exprimé 
par 

P  "  V  F  (B  ""  ïï  B$)  w,8in  L'     (v#  p#  i3)' 

où  g  est  l'accélération  apparente  par  seconde  produite  par  la  gravité 
dans  la  libre  chute  des  corps. 

â.  Le  temps  d'un  nombre  entier  i  d'oscillations,  ou  mieux,  d'une  allée 
du  pendule  de  Tune  à  l'autre  extrémité  du  grand  axe  de  l'ellipse,  est,  à 
très-peu  près,  exprimé  comme  dans  le  pendule  simple  ordinaire,  par 


-*<A 


g  (V.P.iS)- 

3.  L'azimut  du  plan  qui  contient  le  pendule  au  bout  du  nombre  %  d'os- 
cillations est  donné  par  l'expression 

i  =  -<nY/^.»8iûL— tic     (v.  p.  45). 

ou  bien,  en  désignant  avec  *  le  temps  d'une  oscillation,  par 

t  =i  —  vc.osinL. 

Cette  expression  de  l'azimut  *{  montre  bien  de  quelle  manière  le  grand 
ave  du  méridien  va  s' écartant  du  méridien  suivant  la  loi  du  sinus  déjà  éta- 
blie par  M.  Foucault,  et  par  conséquent  comment  l'oscillation  du  pendule, 
considérée  comme  si  elle  était  plane,  va  en  s'écartant  de  la  même  ma- 
nière du  plan  du  méridien,  ce  qui  est  enfin  ce  qu'a  conclu  de  son  côté 
aussi  M.  Serret.  (Les  Mondes,  n*  cité,  p.  2S4.) 

4.  Les.  oscillations  du  pendule,  sensiblement  planes,  pendant  que  la 
déviation  initiale  est  seulement  de  quelques  degrés  (p.  45  et  46),  devraient. 


•  i 


V, 
■  3 


1 


484  Lm  MONDES. 

devenir  visibleme&t  elliptiques  avee  un  ptndulè  «fômmount  fcttg  et 
avec  une  déviation  initial^  oanvenaMet  Or,  la  formate    , 

J(b  —  iB»)oi.sinL 
ô(J  =  ^J _£ (V.  ^.  15) 

donnerait,  pou?  le  demi  petit  axe,  une  valeur  de  plus  d*Wi  dSmtaïUf- 
m#re  déjà  pour  un  pendule  long  de  100  mètres'êéarté  de  26°. 

Ce  résultat  montrerait  donc  la  possibilité  de  tttcpèrWnce,  Jrttfsqu'oh  petit 
avoir  un  point  de  suspension  du  pendule  élevé  d'une  centaine  dé  mettes 
aft-deseut  de  ta  terre,  m  le  prenant  au  sommet  dé  ht  voûte  d'une 
haute  ceupefre  de  quelque  ftrand  temple.  Une  petite  digue  de  sable  fin  ou 
dé  cendre  où  d'autre  poudre  placée  «ur  le  soi  dans  la  direction  dû  fcetft 
axe  de  l'ellipse  dont  il  s'agit,  effleurée  par  la  pointé  inférieure  &fa 
pendule  dans  «on  passage,  indiquerait  fil  l'écart  4e  la  verticale  a  réelle- 
ment lieu  et  en  signerait  la  mesure.  —  L'oicillation  la  plus  opportune 
pour  l'observation  devrait  être  la  première,  car  ojle  &t  celle  où  la 
somme  des  influences  dues  à  la  réaction  de  l'appareil  .est  encore  très- 
petit*,  Pans  ulte  QiçmvtiQnfcomm  dans  toute?  les  successive*  deoor^bf*. 
impair,  le  pendule  passerait  à  côté  de  la  verticale  du  povU  eje  suspension  4 
droite  fa  fob&rwteitr  qui  regarde  Ifi  pendue  du  point  de  départ  Mtfal  de 
ta  masse  oscillante* 

Je  ne  sais  si  cette  expérience  a  Jamais  été  faite  m  d*  moins  propo- 
sée par  personne.  Elle  me  semble  intéressante,  parce  qu'elle  renfermerait 
une  nouvelle  preuve  de  la  rotation  diurpe  de  la.  Terre. 

Que  les  physiciens  qui  sont  dans  des  conditions  favorables  veuillent 
bien  en  faire  fessai*  le  ne  manquerai  pas  de  lé  faire  taoî-méthe  de  mon 
côté  si  les  moyens  ne  me  font  pas  défaut. 

M.  Edouard  Lagout,  à  Troyes.  —  Réforme  de  l'enseigne- 
ment   primaire    des   sciences   dé  raisonnement.  — 

«  L'esprit  deï<mf<**4  d*  Vécok  pfimtirt  n'eif  pas  mûr  pamrle* 
conceptions  abstraites  ni  pour  les  syllogismes  et  l'enseignement  doit 
être  réformé  en  vue  de  cette  inaptitude. 

GoroUwret*  «~  La  rtforiae  doit  être  faite  4*n»  le  sen*  d'usé  méthode 
Daterai  etawsw*  où  iVsprit,  éctori  par  ta  lumière  intérieure,  *oo- 
gtefera  de*  fente  aéceseairea  qui  eonteottot  la  raison 

Mue  *n(*U*fe,  *~  La  première  application  de  ta  métboda  est  un 
qpitQute  4e  gfoiaétrifi  résumant  Us  eonftoenses  faites  par  M*  Edouaid 
Lagout  dans  de  nombreuses  salies  publiques  et  scolaires.  Le  titre  de 
L'umage  eat  ;  TnfAytntiftt  (  tocAtut  prompt) ,  fpomésriè  m  trois  le- 
ç$mt>  «fie.  figures  confiée*;  il  wûfer*  60  Matunsa,  chetlMtgNUM,  » 


LES  MONDES.  425 


ÉLECTRICITÉ 


mémoire  sur  l'emploi    des   courant*   secondaire»  j 

pour  accumuler  on  transformer  les  effets  de  la  plie 
voltaïque,  par  M.  Gaston  Planté.  —  Si  l'étude  des  moyens  de 
production  de  l'électricité  voltalque  est  aujourd'hui,  à  juste  titre,  l'ob- 
jet de  nombreuses  investigations,  la  recherche  des  moyens  d'accumu- 
lation ou  de  transformation  des  effets  d'une  source  d'électricité  donnée 
n'offre  pas  un  moindre  intérêt;  de  même  qu'en  mécanique,  l'étude 
des  appareils  destinés  à  accumuler  ou  transformer  les  forces  présente 
une  importance  non  moins  grande  que  celle  des  machines  motrices 
proprement  dites. 

Sans  rappeler  ici  les  effets  remarquables  produits  par  l'induction, 
les  travaux  de  MM.  Grove  et  Poggendorff  ont  fourni  d'autres  solutions 
du  problème  de  la  transformation  d'un  courant  d'une  tension  donnée, 
en  un  courant  d'une  plus  haute  tension,  à  l'aide  de  la  polarisation  vol- 
talque (4). 

Les  résultats  que  j'ai  obtenus  depuis,  et  les  batteries  secondaires 
que  j'ai  fait  connaître,  ont  permis  à  la  fois  d'accumuler  et  de  trans- 
former le  travail  de  la  pile,  par  l'emploi  d'un  courant  secondaire  d'une 
énergie  exceptionnelle,  développé  dans  des  conditions  particulières  (2). 
Mais  il  importait  de  rechercher  si  ces  effets  pouvaient  être  obtenus 
sans  une  trop  grande  perte  de  la  force  primaire  employée  à  charger 
les  batteries  secondaires;  de  connaître,  en  un  mot,  le  rendement  de 
ces  appareils  considérés  comme  récepteurs,  et  de  perfectionner  leurs 
dispositions  de  manière  à  obtenir  le  meilleur  rendement  possible. 

Tel  est  l'objet  du  présent  travail.  Les  figures  1  et  2  représentent  les 
dispositions  que  j'ai  adoptées  en  dernier  lieu.  La  première  est  destinée 
à  la  production  des  effets  de  quantité  ;  la  seconde,  plus  spécialement 
à  la  production  des  effets  de  tension.  Les  couples  secondaires  sont 
formés  de  deux  lames  de  plomb  enroulées  en  hélice  comme  les  pre- 
miers que  j'ai  décrits  ;  mais  ces  lames,  sont  séparées  par  deux  ou  trois 
paires  de  bandes  étroites  de  caoutchouc,  C  C  C,  G  C  C,  ûg.  \9  substi- 
tuées à  la  toile  grossière  employée  d'abord  pour  tenir  à  distance  les 

(1)  Philoiophical  Transactions,  1843,'  et  Annales  de  Poggendorff,  1843  et  1844. 

(2)  Comj  tes  rendus  de  l'Académie  des  sciences,  t.    L,    1860,   t.   LXVI,    1863,  et 
Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  4«  série,  t.  XV. 

31 


4LHi  Ltd   MONDES. 

électrodes.  La  disposition  en  lames  parallèles  associées  par  séries  de 
rang  pair  et  de  rang  impair  que  j'avais  également  employée,  offrait 
l'avantage  d'une  construction  plus  facile  ;  mais  les  vises  à  rainures  en 
gutta-percha,  nécessaires  pour  les  contenir,  subissaient,  avec  le  temps, 
un  retrait  ayant  pour  effet  de  rapprocher  les  lames  et  d'occasionner  des 
contacts  ;  l'opacité  de  celte  substance  empêchait,  en  outre,  de  suivre 
les  phénomènes  à  l'intérieur  des  couples  secondaires. 


Fig.  t. 

Le  vase  en  verre,  contenant  les  lames  de  plomb  immergées  dans 
l'eau  acidulée,  est  recouvert  d'un  disque  en  caoutchouc  durci  qui  porte 
les  pièces  métalliques  destinées  à  fermer  le  circuit  secondaire  quand 
le  couple  est  chargé.  Les  extrémités  des  deux  lames  de  plomb  commu- 
niquent,à  l'aide  des  pinces  G  H,  à  la  fois,  avec  la  pile  primaire  formée 
de  deux  éléments  de  Bunsen  de  petite  dimension,  et  avec  les  lames  de 


r 


LES  MONDES. 


4M 


cuivre  M  M'.  La  lame  M  est  disposée  au-dessous  d'une  autre  lamelle 
de  cuivre  R,  dont  l'extrémité  prolongée,  formant  ressort,  peut  être 
abaissée  à  l'aide  du  bouton  B,  et  la  lame  M  se  trouve  ainsi  en  com- 
munication avec  la  pince  A  ;  la  lame  M' est,  d'autre  part,  en  commu- 
nication constante  avec  la  pince  A',  et  c'est  entre  les  branches  de  ces 
deux  pinces  que  sont  placés  les  fils  métalliques  destinés  à  être  portés 
à  l'incandescence  ou  jusqu'à  la  fusion  par  le  passage  du  courant 
secondaire.  Les  lames  de  plomb  de  l'appareil  représenté  figure  1  ont, 
à  peu  près,  0^,50  de  longueur  sur  0m,20  de  largeur,  et  leur  surface 
totale  est  égale  à  0mq,40  décimètres  carrés  environ. 


Fig.  2. 


—  Dans  l'appareil  représenté  figure  2,  les  lames  des  couples  secon- 
daires ont  0",12  de  largeur  sur  Om,48  de  longueur,  l'écartement  des 
lames  est  de  0,003,  et  leur  surface  utile  est  d'environ  0m%8  décimètres. 

La  résistance  de  chacun  de  ces  couples  chargés,  mesurée  par  la 
méthode  employée  dans  le  mémoire  précédemment  cité,  a  été  trouvée 
équivalente  à  8m,77  de  fil  de  cuivre  de  4  millimètre  de  diamètre. 

Ces  couples  sont  disposés,  en  deux  rangs,  au  nombre  de  vingt,  et 
communiquent  avec  les  ressorts  d'un  commutateur  destiné  à  les  associer 


&8  LES   MONDES. 

successivement  en  surface,  ou  quantité,  pendant  la  charge,  et  en  série 
ou  tension  pour  recueillir  la  décharge.  Ce  commutateur,  de  forme 
analogue  à  l'un  de  ceux  que  j'ai  décrits  dans  le  même  travail,  se 
compose  de  deux  cylindres  CC,  C'C  (fig.  2),  dont  l'un  est  defetiné 
à  relier  tous  les  pôles  des  couples  secondaires  de  rang  pair,  l'autre, 
tous  les  pôles  des  mêmes  couples  de  rang  impair ,  par  l'inter- 
médiaire de  ressorts  tels  que  rrr.  Ces  deux  cylindres  sont  reliés  à  un 
troisième  cylindre  on  à  une  règle  plate  arrondie  de  matière  isolante 
placée  entre  eux  deux,  portant  des  lamelles  de  cuivre  distribuées  obli- 
quement à  sa  surface,  et  destinées  à  frotter,  à  un  moment  donné, 
contre  les  ressorts  rrr.  Le  système  peut  faire  un  quart  de  révolution 
autour  de  Taxe  a  a',  suivant  qu'il  s'agit  d'associer  les  couples  secon- 
daires en  quantité  ou  en  tension.  Pour  charger  la  batterie,  on  fait 
aboutir  les  rhéophores  d'une  pile  composée  de  2  à  3  éléments  de 
Bunsen  (2  éléments  peuvent  suffire),  à  des  bornes  1 1' en  relation  par 
des  ressorts  avec  les  extrémités  des  cylindres  C  C,  G  G.  Le  courant  se 
divise  ainsi  entre  les  20  couples  qui  forment  la  batterie,  et  développe 
dans  chacun  d'eux  une  force  électromotrice  inverse  égale  à  une  fois  et 
demie  environ  celle  d'un  couple  de  Grove  ou  de  Bunsen.  C'est  grâce  à 
cette  association  en  surface  de  tous  les  couples  secondaires  que  la  bat- 
terie peut  se  charger  ;  car  s'ils  étaient  disposés  à  la  suite  les  uns  des 
autres,  en  tension,  la  force  électromotrice  des  éléments  de  Bunsen 
destinés  à  la  charge,  et  supposée  égale  à  2  ou  3  unités,  ne  pourrait 
développer  une  tension  égale  à  30  dans  les  vingt  couples  secondaires. 
Quand  la  batterie  est  chargée,  ce  que  l'on  reconnaît  à  un  phénomène 
qui  sera  décrit  plus  loin,  on  tourne  le  commutateur  de  telle  sorte  que 
les  extrémités  des  lamelles  obliques  de  la  règle  placée  entre  les  cylin- 
dres viennent  frotter  contre  les  ressorts  r  r ,  comme  le  montre  la  ligure. 
Les  couples  secondaires  se  trouvent  ainsi  associés  en  tension,  et,  en 
réunissant  deux  batteries,  c'est-à-dire  quarante  couples,  on  obtient, 
pendant  la  décharge,  une  force  électromotrice  égale  à  celle  de  60  élé- 
ments de  Bunsen  ;  par  suite,  tous  les  effets  que  peut  produire  une  pile 
de  cette  énergie,  la  lumière  électrique,  l'incandescence  de  fils  de  pla- 
tine de  2  mètres  de  longueur,  etc.,  etc.  Une  seule  batterie  secondaire 
de  vingt  couples  donnant  une  décharge  équivalente  au  courant  de 
30  grands  éléments  de  Bunsen  suffit  pour  produire  l'arc  voltatque. 

Le  même  appareil,  bien  que  destiné  plus  particulièrement  à  la  pro- 
duction d'effets  de  tension,  peut  servir  également  à  la  manifestation  de 
puissants  effets  de  quantité,  à  l'aide  de  pinces  qu'on  adapte  aux  cylin- 
dres métalliques  qui  répartissent  le  courant  principal  dans  tous  les 
couples  secondaires.  Lorsque  la  batterie  est  chargée,  on  tourne  le 


LES  MONDES.  429 

commutateur  de  manière  à  iseler  les  cylindres  des  ressorts  qui  les 
font  communiquer  avec  les  couples  secondaires.  Si  l'on  dispose  alors 
entre  ces  pinces  un  gros  fil  de  platine  de  2  millimètres  de  diamètre, 
et  qu'après  avoir  enlevé  toute  communication  avec  la  pile,  on  ferme  à 
l'aide  du  commutateur  le  circuit  secondaire,,  ce  fil  est  porté  à  l'incan- 
descence et  même  jusqu'à  la  fusion,  par  suite  de  la  grande  quantité 
d'électricité  fournie,  en  quelques  instants,  par  l'ensemble  des  couples 
secondaires  associés  ainsi  en  surface.  Une  seule  batterie  de  vingt  couples 
suffit  pour  réaliser  cette  expérience. 

—  En  étudiant  attentivement  le  mode  d'action  des  couples  secon- 
daires à  lames  de  plomb,  on  observe  un  certain  nombre  de  phénomènes 
qu'il  importe  de  prendre  en  considération  pour  accumuler,  le  mieux 
possible,  dans  ces  appareils,  le  travail  de  la  pile,  et  en  obtenir  le  meil- 
leur rendement. 

Lorsqu'un  couple  secondaire  de  grande  surface,  tel  que  celui  qui  est 
représenté  figure  1,  est  neuf,  c'est-à-dire  lorsque  les  lames  de  plomb 
qui  le  composent  n'ont  jamais  servi  à  transmettre  de  courant  dans  un 
voltamètre,  et  qu'on  vient  à  le  faire  traverser  par  le  courant  de  deux 
couples  de  Bunsen,  le  gaz  oxygène  apparaît  presque  immédiatement 
sur  la  lame  positive  ;  une  portion  oxyde,  en  même  temps,  la  surface 
de  la  lame,  et  celle-ci  ne  tarde  pas  à  être  recouverte  d  une  couche 
brune  très-mince  de  peroxyde  de  plomb»  D'un  autre  côté,  l'hydrogène, 
après  avoir  réduit  la  faible  couche  d'oxyde  dont  le  plomb  peut  être 
couvert  par  l'exposition  à  l'air,  ne  tarde  pas  à  apparaître,  et  si,  au  bout 
de  quelques  instants,  on  essaie  le  courant  secondaire  produit  par  l'ap- 
pareil, on  constate  qu'il  est  déjà  très-énergique  par  la  vivacité  de 
l'étincelle  produite,  lorsqu'on  ferme  et  qu'on  rompt  aussitôt  le  circuit 
secondaire,  avec  un  conducteur  en  cuivre  peu  résistant.  Mais  le  courant 
ainsi  obtenu  est  de  très-courte  durée.  Il  produirait  bien  l'incandes- 
cence d'un  fil  de  platine  très-fin  qui  ne  permettrait  pas  une  dépense 
rapide  du  courant,  mais  ne  rougirait,  pas  un  fil  de  même  métal  de  gros 
diamètre,  qi)i  exige  le  passage  prolongé  d'une  grande  quantité  d'élec- 
tricité. 

Gela  vient  de  ee  que  la  couche  de  peroxyde  de  plomb  produite  à  la 
surface  de  la  lame  positive  est  très-mince,  et  que  se  trouvant  rapide- 
ment réduite,  dès  qu'on  ferme  le  circuit  secondaire,  elle  ne  peut  fournir 
une  quantité  suffisante  d'électricité  ;  mais  si,  après  avoir  fermé  le  cir- 
cuit jusqu'à  extinction  du  courant  secondaire,  on  recommence  de  nou- 
veau à  charger  l'appareil,  les  lames  se  trouvent  alors  dans  un  état  un 
peu  différent  de  celui  où  elles  étaient  dès  le  commencement.  Pendant 


«2  LES  MONDES. 

Si  je  m'arrête  ici  et  si  j'omets  l'hémistiche  qui  termine  la  strophe, 
£6  n'est  point  parce  que  la  physique  serait  arrivée  à  aucune  conclu- 
sion hostile  à  ce  qu'exprime  cet  hémistiche',  même  dans  sa  significa- 
tion la  plus  profonde,  mais  simplement  parce  que  ce  qu'y  affirme  le 
poète  est  en  dehors  du  domaine  de  la  science.  Pour  nous,  qui  nous 
appliquons  à  l'étude  de  la  physique,  nous  n'avons  à  nous  occuper  que 
de  la  c  Nature,  »  et  notre  pensée  sur  la  nature  ne  pouvait  être  plus 
heureusement  exprimée  que  par  la  figure  employée  par  le  poète,  car* 
notre  vocation,  les  jouissances  et  l'instruction  qu'elle  procure,  ne  se 
bornent  pas  à  enregistrer  des  faits  et  des  phénomènes,  ni  même  à  in- 
venter des  machines  à  vapeurs  et  des  télégraphes  électriques;  mais 
à  rechercher  et  à  découvrir  les  relations  entre  les  différentes  parties 
qui  composent  un  système,  et  que  nous  considérons  comme  aussi  étroi- 
tement unies  entre  elles  que  le  sont  les  différents  organes  et  les  fonc- 
tions diverses  du  corps  vivant  lui-même. 

Cet  esprit  de  recherches,  cette  faculté  et  ce  désir,  développés  au 
sein  des  agents  naturels,  et  ayant  pour  but  de  découvrir  la  connexion 
qui  existe  entre  ces  agents,  ont  donné,  pendant  un  certain  temps, 
un  intérêt  très-vif  à  la  discussion  dont  l'objet  était  de  savoir  si  la*  lu- 
mière et  la  chaleur  sont  des  choses  essentiellement  différentes,  ou  si 
elles  sont  substantiellement  identiques.  Il  n'y  a  pas  un  si  grand 
nombre  d'années  que  Melloni,  l'excellent  expérimentateur  et  le  savant 
investigateur,  ayant  isolé  une  lumière  brillante  d'un  faisceau  de  rayons 
solaires  et  la  trouvant  impuissante  à  influencer  les  appareils  thermo- 
scopiques  les  plus  sensibles,  en  concluait  que  la  lumière  et  la  chaleur 
étaient  essentiell°ment  différentes.  Mais,  en  tirant  cette  conclusion, 
Melloni  oubliait  qu'il  se  servait  d'un  instrument  d'une  délicatesse  infi- 
niment pluH  grande  que  les  appareils  thermoscopiques;  il  oubliait  que 
l'œil  humain,  et  le  sentiment  intérieur  qui  correspond  à  l'œil,  étaient 
capables  d'être  vivement  excités  par  une  quantité  de  force  qui,  trans- 
formée en  chaleur,  devait  défier  tous  les  thermomètres  du  monde  pour 
la  découvrir.  Dans  la  suite,  Melloni  modifia  lui-même  sa  conclusion. 

Il  n'y  a  pas  si  longtemps  que  le  Principal  Forbes  travaillait  ardem- 
ment à  démontrer  le  point  important  que  la  chaleur  rayonnante, 
comme  la  lumière,  est  capable  d'être  polarisée.  Depuis  lors,  Kno- 
blauch,  Foucault,  Fizeau  et  Seebeck  ont  appliqué  leur  grande  habi- 
leté dans  les  expériences  à  cette  question  d'identité  ;  et  les  excellents 
investigateurs  de  la  Provostaye  et  Desains  ont  poussé  l'analogie  entre 
*a  lumière  et  la  chaleur  jusqu'au  point  de  prouver  que  l'aimantation 
d'un  rayon  de  lumière,  au  sens  attaché  à  cette  expression  par  Faraday, 


LES  MONDES.  433 

avait  son  correspondant  dans  l'aimantation  d'un  rayoïi  de  chaleur. 
Mais  c'était  dans  leurs  cabinets  particuliers  que  ces  expérimenta- 
teurs observaient  leurs  effets  ;  et  les  résultats  étaient,  dans  certains  cas, 
si  petits,  qu'ils  exigeaient,  de  la  part  d'un  observateur  exercé,  la  plus 
grande  attention  pour  les  découvrir.  Or,  la  science  a  fait  dfes  progrès; 
nos  moyens  d'expérimentation  s'accroissent  à  mesure  que  nos  connais- 
sances se  développent,  et  j'ai  la  confiance  que  les  découvertes  et  les 
perfectionnements  récents  me  donneront  le  moyen  de  rendre  évidents, 
ce  soir  à  vos  yeux,  des  effets  qui  jusqu'ici  avaient  été  confinés  dans  des 
cercles  bien  trop  limités  ;  dans  le  fait,  quelques-uns  d'entre  eux  n'ont 
été  vus  que  par  les  observateurs  qui  les  ont  annoncés  et  décrits  les 
premiers.  Et  si  les  circonstances,  qui  souvent  rendent  impossibles  les 
expériences  de  cours  d'une  nature  délicate,  nous  sont  favorables,  nous 
pourrons  faire  avancer  la  question  un  peu  au  delà  des  limites  que  l'ob- 
servation lui  avait  assignées  jusqu'à  ce  jour. 

La  chaleur  se  présente  à  nous  sous]  deux  aspects  :  quelquefois  elle 
est  associée  à  la  matière  ordinaire  danB  laquelle  elle  pénètre  par  voie 
de  conduction;  d'autres  fois  elle  a 'est  pas  associée  à  la  matière  ordi- 
naire, mais,  comme  la  lumière,  elle  s'écoule  dans  l'espace  avec  une 
vitesse  immense.  Sous  celte  dernière  forme,  elle  est  appelée  chaleur 
rayonnante.  La  chaleur  rayonnante  nous  arrive  du  soleil  d'une  ma- 
nière évidente  et  palpable,  mais  alors  elle  eBt  mélangée  à  la  lumière. 
Permettez-moi  d'abord  de  défaire  ca  mélange. 

Lorsque  la  lumière  est  réfractée,  elle  est  démêlée  dans  le  spectre. 
Le  spectre  de  la  lumière  électrique  est  projeté  ici  sur  l'écran,  et  l'on 
fait  mouvoir  sur  lui  successivement  des  rubans  rouge,  vert  et  noir 
d'un  pouce  environ  de  largeur.  Le  ruban  rouge  placé  dans  le  rouge 
du  spectre  parait  rouge;  lorsqu'on  l'en  éloigne,  sa  couleur  disparaît,  et 
arrivé  dans  le  vert  il  devient  noir.  De  même,  Le  ruban  vert  porté  du 
vert  au  rouge,  devient  d'un  noir  intense  dans  cette  partie  du  spectre. 
Le  ruban  noir  est  noir  dans  toutes  les  régions  du  spectre. 

Le  ruban  rouge  ne  s'échauffe  pas  dans  le  rouge,  ni  le  vert  dans  le 
vert  ;  mais  le  vert  s'échauffe  dans  le  rouge  et  le  rouge  dans  le  vert. 
11  n'y  a  de  la  chaleur  que  là  où  il  y  a  dé  l'absorption  ;  et  la  chaleur  est 
l'équivalent  de  la  lumière  absorbée. 

•  Le  noir  absorbe  tous  les  rayons  de  lumière,  colorés  ou  non  colorés  ; 
c'est  pour  cela  qu'il  est  noir.  S'il  pouvait  parler,  il  nous  dirait  la  cha- 
leur de  chaque  couleur.  Mais  la  chaleur  existe  au  delà  des  couleurs. 
Placez  l'œil  près  du  rouge,  mais  en  dehors  de  lui,  la  chaleur  reçue  par 
la  rétine  est  beaucoup  plus  grande  que  lorsque  l'œil  est  plongé  dans 
le  rouge.  L'objectif  est  ici  hors  de  toute  proportion  avec  le  subjectif. 


434  LES  MONDES. 

On  a  ensuite  prouvé  l'existence  de  cette  chaleur.  Toutes  les  bandes 
colorées  ont  été  interceptés,  et  avec  un  diaphragme  percé  d'une  ouver- 
ture circulaire,  on  a  projeté  sur  l'écran  un  cercle  rouge  bien  défini. 
Une  pile  thermo-électrique,  avec  sa  face  tournée  vers  la  lampe,  a  été  alors 
amenée  par  degrés  vers  le  passage  du  rayon.  On  aurait  vu  son  image 
sur  l'écran,  si  elle  avait  réellement  pénétré  dans  la  lumière;  mais,  dans 
un  intervalle  bien  marqué  entre  la  pile  et  le  rayon,  une  grande  dévia- 
tion du  galvanomètre  témoigna  de  la  présence  de  la  chaleur  en  dehors 
du  faisceau  lumineux.  On  substitua  une  solution  opaque  (4)  au  verre 
rouge.  Ici  encore  il  y  a  une  image,  un  cercle,  mais  c'est  un  cercle  invL 
sible  ;  c'est  un  cercle  de  chaleur  rayonnante  au  lieu  d'être  un  cercle  de 
lumière ,  et  l'aiguille  du  galvanomètre  ne  retombe  pas ,  quoique 
toute  force  visible  ait  disparu.  L'aiguille  ne  revient  pas  à  zéro  lorsqu'on 
6  ubstitue  au  verre  rouge  la  solution  entièrement  opaque. 

Voilà  pour  la  réfraction  :  nous  avons  ici  de  la  chaleur  rayonnante 
qui  se  comporte  comme  la  lumière.  Voyons  maintenant  pour  la  ré- 
flexion. Un  faisceau  de  lumière  émané  d'une  lampe  électrique  et 
dirigé  en  haut,  a  été  ensuite  réfléchi  par  un  miroir  plan,  et  lorsqu'on 
eut  intercepté  la  lumière  par  l'interposition  de  la  solution  opaque,  Ton 
a  reconnu  qu'un  puissant  rayon  de  chaleur  réfléchie  restait  encore. 
Avec  l'appareil  à  réflexion  totale  (employé  ensuite)  le  faisceau  tombe 
perpendiculairement  à  sa  direction  primitive,  parce  qu'il  est  réfléchi 
totalemeut  par  l'hypothénuse  ;  on  a  encore  intercepté  la  lumière,  et  on 
a  obtenu  une  forte  déviation  de  l'aiguille  du  galvanomètre  produite  par 
le  faisceau  de  chaleur  qui  a  éprouvé  la  réflexion  totale.  Ainsi,  la  lu* 
mière  et  la  chaleur  se  comportent  de  la  même  manière  dans  la  réflexion 
ordinaire  et  dans  la  réflexion  totale. 

On  a  alors  démontré  l'action  des  lentilles  sur  des  faisceaux  de 
lumière  et  des  faisceaux  de  chaleur,  et  lee  rayons  de  chaleur  invisibles 
ont  été  concentrés  au  foyer  aussi  facilement  que  les  rayons  de  lu- 
mière. 

On  a  au6si  fait  tomber  un  faisceau  de  lumière  sur  un  miroir  con- 
cave, et  au  foyer,  qui  était  parfaitement  visible  dans  la  poussière  de  l'air, 
on  a  placé  la  pile  thermo-électrique  avec  sa  face  couverte  ;  la  lumière 
ayant  été  interceptée  par  la  solution  opaque,  et  le  papier  qui  couvrait 
la  pile  ayaat  été  retiré}  l'aiguille  du  galvanomètre  éprouva  aussitôt  une 
déviation. 

On  a  ensuite  décrit  et  expliqué  la  double  réfraction  de  la  lumière 
par  le  spath  d'Jalande.  On  l'a  démontrée  en  faisant  passer  à  travers  le 

(  1  )  Solution  d'iode  dam  du  bisulfate  de  carbone. 


LES  MONDES.  435 

spath  un  faisceau  circulaire  qui  donnait  sur  l'écran  deux  images  circu- 
laires, et  l'on  a  intercepté  la  lumière  avec  la  solution  d'iode.  En  amenant  la 
pile  thermo- électrique  de  manière  que  sa  face  fût  tournée  vers  la  lampe 
et  sur  le  passage  de  l'une  ou  l'autre  image,  on  obtenait  une  déviation  de  / 
l'aiguille.  De  ces  deux  images,  l'une  est  ordinaire  et  l'autre  est  extraor- 
dinaire. En  plaçant  la  pile  sur  le  passage  de  l'image  ordinaire,  et  en 
faisant  tourner  le  spath,  on  ne  faisait  pas  changer  la  déviation  de  l'ai- 
guille ;  mais  si  l'on  faisait  tourner  le  spath  lorsque  la  pile  était  sur  le 
passage  de  l'image  extraordinaire,  la  déviation  de  l'aiguille  cessait  aus- 
sitôt. Pourquoi  ?  En  ôtant  la  solution  opaque  et  en  faisant  tourner  le 
spath,  on  voyait  l'image  extraordinaire  tourner  autour  de  l'image  or- 
dinaire; par  conséquent,  lorsque  le  spath  tournait,  le  passage  du  rayon 
extraordinaire  était  écarté  de  la  face  de  la  pile.  Nous  avons  ici  la  preuve 
que  le  faisceau  de  chaleur  a  aussi  son  image  ordinaire  et  son  image 
extraordinaire. 

On  a  enfin  touché  légèrement  aux  phénomènes  de  polarisation. 
C'est  un  fait  généralement  admis  des  physiciens  de  nos  jours  que  la 
lumière  est  propagée  par  les  ondulations  d'un  milieu  éthéré,  et  que  ces 
ondulations  ne  se  font  pas,  comme  dans  le  son,  suivant  la  ligne  de 
propagation,  mais  transversalement  à  cette  ligne.  Dansl'éther  dont  les 
ondulations  donnent  naissance  à  la  propagation  de  la  lumière,  on  sup- 
pose que  les  molécules  oscillent  dans  un  sens  transversal  à  la  marche 
de  l'onde.  Si  Ton  suppose  que  ces  oscillations  se  produisent  autour  de 
l'axe  d'un  rayon,  et  dans  un  sens  qui  lui  soit  perpendiculaire,  on  peut 
concevoir  qu'en  traversant  certains  milieux,  la  liberté  de  ces  molécules 
soit  gênée,  que  leur  courbe  soit  mutilée,  et  qu'un  des  côtés  de  leur 
mouvement  étant  détruit,  l'onde  soit  alors  formée  de  mouvemensrecti- 
lignes  dans  un  certain  plan  perpendiculaire  à  l'axe  du  rayon.  On  peut 
encore  concevoir  qu'en  entrant  dand  certains  milieux,  le  mouvement 
curviligne  se  partage  en  deux  systèmes  d'oscillations  rectiligne»  per- 
pendiculaires l'un  à  l'autre.  C'est  exactement  ce  qui  arrive  dans  le  cas 
de  la  double  réfraction  ;  le  rayon  ordinaire  émerge  sous  la  'forme  de 
deux  rayons  différents  polarisés  dans  des  sens  opposés.  La  tourmaline 
a  la  propriété  d'éteindre  toutes  les  vibrations,  excepté  celles  qui  sont 
parallèles  à  Taxe  du  cristal  ;  ainsi  une  lame  de  tourmaline  taillée  dans 
ce  sens  laissera  passer  toutes  les  vibrations  parallèles  à  l'axe  et  inter- 
ceptera toutes  les  autres.  Un  faisceau  de  lumière  qui  a  traversé  une 
lame  de  tourmaline  est  par  conséquent  incapable  de  traverser  une  au- 
tre lame  placée  dans  un  sens  perpendiculaire,  tandis  que  si  les  axes 
des  deux  plaques  sont  parallèles,  la  lumière  ne  sera  que  très-peu  in- 
terceptée par  la  seconde  plaque.  On  le  prouve  aussi  facilement  que  la 


i 


430  LES  MONDES. 

polarisation  par  deux  rhombes  de  spath  doublement  réfringents. 

Le  spath  doublement  réfringent  dcnne  deux  images  de  rayons  circu- 
laires émanés  de  la  lampe;  la  tourmaline  est  noire  dans  l'une  et  bril- 
lante dans  l'autre. 

Nicol  supprima  Tune  des  images.  Il  coupa  un  parallélépipède  de 
spath  en  deux  suivant  une  section  très-oblique,  polit  les  deux  surfaces, 
et  les  colla  l'une  à  l'autre  avec  du  baume  de  Canada.  Le  rayon  ordi- 
naire, pour  entrer  dans  le  baume,  doit  passer  d'un  milieu  plus  dense 
dans  un  milieu  moins  dense  ;  à  cause  de  son  obliquité,  il  éprouve  la 
réflexiox^  totale ,  et  le  rayon  extraordinaire  passe  seul.  On  obtient  de 
cttte  manière  un  faisceau  intense  de  lumière  polarisée. 

On  se  servit  alors  des  deux  magnifiques  prismes  de  Nicol  de 
M.  Spottibwoode,  et  l'on  vit  que  le  rayon  lumineux  était  entièrement 
éteint  lorrqueles  plans  suivant  lesquels  on  faisait  passer  lesondulations 
étaient  perpendiculaires  l'un  à  l'autre  ;  en  interposant  une  lame  de 
mica,  on  faisait  aussitôt  apparaître  de  nouveau  sur  l'écran  l'image  cir- 
culaire de  lumière. 

On  plaça  alors  devant  la  lampe  la  solution  d'iode,  de  sorte  que  tout 
signe  visible  de  la  présence  d'une  force  disparaissait.  On  mit  ensuite 
en  place  la  pile  de  Melloni,  qui  interceptait  le  rayon  après  qu'il  avait 
traversé  le  second  prisme  de  Nicol  ;  en  faisant  tourner  le  prisme  on  ou- 
vrait le  passage  à  la  chaleur  comme  on  l'avait  fait  auparavant  pour  la  lu- 
mière, et  la  déviationde  l'aiguille  accusait  aussitôt  le  passage  de  l'onde 
de  chaleur.  Le  prisme  étant  ramené  à  sa  position  primitive,  le  rayon 
de  chaleur  était  de  nouveau  éteint;  mais,  comme  dans  le  cas  de  la  lu- 
mière, l'interposition  d'une  lame  de  mica  changeait  assez  le  plan  de 
polarisation  pour  laisser  passer  quelques  rayons  à  travers  le  second 
prisme  de  Nicol,  et  par  conséquent  pour  produire  une  déviation  dans 
le  galvanomètre.  La  polarisation  des  rayons  de  chaleur  a  une  grande 
signification,  car  elle  détruit  tout  à  fait  l'opinion  qui  a  eu  cours  autre- 
fois, que  les  vibrations  de  la  chaleur  rayonnante  étaient  longitudi- 
nales. 

Le  professeur  décrit  et  exécute  ensuite  la  grande  expérience  de  Fa- 
raday, l'aimantation,  ou,  comme  on  l'appelle  maintenant,  la  polarisa- 
tion magnétique  circulaire  d'un  rayon  de  lumière*  On  fait  passer  un 
rayon  lumineux,  polarisé  par  un  prisme  de  Nicol,  à  travers  un  mor- 
ceau de  verre  pesant  placé  entre  les  pôles  d'un  électro-aimant,  et 
ensuite  à  travers  un  autre  Nicol,  de  manière  que  le  rayon  soit  éteint; 
lorsque  l'électro-aimant  est 'rendu  actif!  le  rayon  tourne  asser  pour 
qu'une  partie  traverse  le  second  prisme  qu'il  ne  pouvait  traverser 
auparavant* 


r 


LES  MONDES.  437 

Le  même  phénomène  a  lieu  lorsqu'on  fait  passer  un  rayon  de 
chaleur  à  travers  certaines  substances  placées  sous  l'influence  du  ma- 
gnétisme; et,  par  des  recherches  patientes  et  très-soignées,  de  la  Pro- 
vostaye  et  Dessains  ont  réussi  à  mesurer  les  déviations  produites  de 
cette  manière  dans  le  plan  de  polarisatioji. 

Notre  dessin  montre  la  disposition  de  l'appareil  qui  sert  à  faire  cette 
expérience  (une  des  plus  délicates  et  des  plus  difficiles  qu'on  ait  jamais 
faits  devant  un  grand  auditoire),  de  manière  qu'elle  puisse  être  bien 
vue  et  parfaitement  comprise  par  tous  les  membres  de  l'assemblée.  Le 
faisceau  parallèle  émis  par  la  lampe  électrique  A  traverse  d'abord  la 
solution  opaque  B  (qui  intercepte  la  lumière  et  ne  laisse  passer  que  la 
chaleur),  puis  il  passe  parole  prisme  de  Nicol  C  (où  il  est  polarisé);  en- 
suite il  traverse  le  pôle  creux  P,  passe  par  le  bloc  de  verre  pesant  D,  puis 
par  l'autre  pôle  de  l'aimant  dans  le  second  prisme  de  Nicol,  qui  a  son 
plan  de  polarisation  perpendiculaire  à  celui  du  premier  Nicol  :  après 
ces  passages  il  est  presque  entièrement  arrêté.  Une  pile  thermo* 
électrique  E  est  placée  à  la  suite,  et  au  delà  de  cette  pile,  un  cube 
rempli  d'eau  chaude,  et  un  écran  mobile,  pour  neutraliser  l'effet  des 
rayons  de  chaleur  qui  échappent  à  la  polarisation.  Le  galvanomètre  H 
a  son  cadran  éclairé  par  un  faisceau  émané  d'une  autre  lampe.  On  reçoit 
sur  le  tableau  blanc  une  image  agrandie  de  l'aiguille  et  de  l'écran  mobile 
en  se  servant  d'un  miroir  concave.  La  partie  la  plus  difficile  de  l'expé- 
rience est  de  maintenir  l'aiguille  en  repos  au  zéro  du  galvanomètre  ; 
le  temps  permet  de  le  faire  non  pas  d'une  manière  absolue,  mais  suffi- 
sante pour  atteindre  le  but  désiré.  En  fermant  le  circuit  autour  de 
l'électro-aimant ,  on  produit  une  déviation  marquée  de  l'aiguille,  et 
en  ouvrant  et  fermant  alternativement  le  circuit  à  des  instants  qui 
correspondent  aux  impulsions,  on  fait  parcourir  à  l'aiguille  du  galva- 
nomètre un  arc  de  180°  ;  on  démontre  ainsi  une  fois  de  plus  l'identité 
de  la  lumière  et  de  la  chaleur  rayonnante. 

Au  delà  du  violet,  à  l'autre  extrémité  du  spectre  visible,  il  y  ^  de 
faibles  rayons  de  chaleur;  à  mesure  qu'on  parcourt  le  spectre,  les 
rayons  augmentent  d'intensité,  et  atteignent  un  maximum  dans  un 
espace  obscur  en  dehors  des  rayons  rouges,  mais  tout  le  spectre  visible 
contient  de  la  chaleur.  Une  grande  richesse  de  couleurs  se  trouve 
dans  l'espace  comparativement  étroit  du  spectre  visible,  et  produit 
toute  cette  beauté  qui  charme  les  yeux  dans  les  choses  de  la  nature  et 
de  l'art.  Mais,  si  vous  me  demandez  comment  il  se  fait  que  la  lumière 
soit  ainsi  composée,  comment  la  nature  extérieure  tamise  cette  lu- 
mière, et  donne  par  elle  aux  fleurs  des  champs  et  aux  feuilles  des 


L 


I  "Ti 


LES  MONDES. 


439 


arbres  des  forêts  leurs  riches  trésors  de  beauté;  comment  il  arrive 
que  nous-mêmes  nous  ayons  le  sentiment  du  beau  que  ces  agents 
développent;  comment  il  se  fait  que  l'homme  gagne  à  la  contem- 
plation de  «cette  beauté  l'élévation  et  la  perfection  de  l'esprit;  —  je 
vous  dirai  que  là  réponse  doit  être  laissée  à  la  recherche  des  philoso- 
phes. Mais  je  pense  qu'ils  ne  pourront  donner  qu'une  solution  ap- 
proximative, et  que  le  dernier  mot  du  problème  sera  toujours  hors  de 
leur  portée. 


OPTIQUE  PHYSIOLOGIQUE 


Sur  la  vision  des  couleur*.  Conférence  faite  à  Royal  Insti- 
tution le  vendredi  24  mars  1871,  par  M.  le  professeur  J.  Clerk 
Maxwell,  M.  A.  LL.  D.  F.  R.  S.  [Suite  et  fin.)  —  Je  vous  ai  déjà 
montré  comment  nous  pouvons  opérer  le  mélange  de  trois  quel- 
conques des  couleurs  du  spectre,  et  faire  varier  la  couleur  du  mélange 
en  altérant  l'intensité  de  l'une  des  trois  composantes.  Si  nous  plaçons 
cette  couleur  comparée  côte  à  côte  avec  quelque  autre  couleur,  nous 
pouvons  altérer  la  couleur  composée  jusqu'à  ce  qu'elle  se  montre 
exactement  semblable  à  l'autre.  On  peut  y  arriver  avec  la  plus  grande 
exactitude  quand  la  couleur  résultante  est  presque  blanche.  J'ai  donc 
construit  un  instrument  que  je  puis  appeler  une  boite  à  couleur,  avec 
le  dessein  d'y  faire  des  mariages  entre  deux  couleurs.  Il  n'y  a  qu'un 
seul  observateur  à  la  fois  qui  puisse  s'en  servir,  et  comme  cet  appareil 
nécessite  la  lumière  du  jour,  je  ne  l'ai  point  apporté  ce  soir  avec  moi. 
C'est  tout  simplement  la  réalisation  de  la  construction  de  l'une  des 
propositions  de  Newton  dans  ses  Leetiones  Opticœ,  où  il  indique  le 
moyen  de  prendre  un  rayon  de  lumière,  de  le  séparer  en  ses  éléments 
constituants,  de  jouer  à  volonté  avec  ces  couleurs  constituantes  à  l'aide 
de  fentes,  et  ensuite  de  les  réunir  pour  en  reformer  un  rayon.  L'ob- 
servateur regarde  dans  la  boite  à  travers  une  petite  fente.  Il  voit  un 
champ  circulaire  de  lumière,  consistant  en  deux  demi-cercles  divisés 
par  un  diamètre  vertical.  Le  demi-cercle  à  gauche  se  compose  de  lu- 
mière qui  a  été  affaiblie  par  deux  réflexions  à  la  surface  du  verre. 
Celui  de  droite  est  un  mélange  de  couleurs  du  spectre,  dont  les  posi- 
tions et  les  intensités  sont  réglées  par  un  système  de  fentes. 

L'observateur  forme  un  jugement  concernant  les  couleurs  des  deux 
demi-cercles.  Supposons  qu'il  trouve  celui  de  droite  plus  rouge  que 


440  LES  MONDES. 

l'autre,  il  le  dit,  et  l'opérateur,  au  moyen  de  vis  placées  en  dehors  de 
la  boîte,  modifie  la  largeur  de  l'une  des  fentes,  de  façon  à  rendre  le 
mélange  moins  rouge;  et  ainsi  de  suite,  jusqu'à  ce  que  le  demi-cercle 
droit  se  trouve  avoir  exactement  la  même  apparence  que  le  gauche,  et 
que  la  ligne  de  séparation  soit  devenue  presque  invisible* 

Quand  l'opérateur  et  l'observateur  ont  pratiqué  ensemble  pendant 
quelque  temps,  ils  arrivent  à  bien  se  comprendre,  et  l'ajustement  des 
couleurs  se  fait  avec  une  beaucoup  plus  grande  rapidité. 

Quand  le  mariage  est  reconnu  parfait,  on  enregistre  les  positions  des 
fentes,  indiquées  au  moyen  d'une  échelle,  et  l'on  mesure  soigneuse- 
ment, avec  une  échelle  divisée,  la  largeur  de  chaque  fente.  Le  résultat 
enregistré  d'une  observation  s'appelle  une  éqx^atxon  de  couleur.  Il 
établit  qu'un  mélange  de  trois  couleurs  est,  dans  l'opinion  de  l'ob- 
servateur (dont  le  nom  est  donné),  identique  avec  une  teinte  neutre, 
que  nous  pourrons  appeler  blanc  étalon.  Chaque  couleur  est  spécifiée 
par  la  position  de  la  lente  sur  réchçlie,.  qui  indique  sa  position  dans 
le  spectre,  et  par  la  largeur  de  la  fente,  qui  est  une  mesure  de  son  in- 
tensité. 

Pour  faire  la-  carte  du  spectre,nous  prenons  trois  points  pour  termes 
de  comparaison  et  nous  les  appelons  les  trois  couleurs  étalons.  Les 
couleurs  étalons  sont  choisies  d'après  les  mêmes  principes  que  ceux 
qui  guident  l'ingénieur  dans  le  choix  des  stations  dans  toute  opération 
d'arpentage.  Ces  stations  doivent'être  parfaitement  visibles,  invariables, 
et  non  situées  sur  une  même  ligne  droite. 

Sur  la  carte  du  spectre,  vous  pouvez  voir  les  rapports  des  diverses 
couleurs  du  spectre  avec  les  trois  couleurs  étalons,  ainsi  que  les  rap- 
ports de  l'une  à  l'autre.  Il  est  manifeste  que  le  type  vert  que  j'ai  choisi 
ne  peut  pas  être  une  des  vraies  couleurs  primaires,  car  les  autres 
couleurs  ne  sont  pas  toutes  contenues  dans  le  triangle  formé  par  leur 
réunion.  Mais  la  carte  du  spectre  peut  être  considérée  comme  consis- 
tant en  deux  lignes  droites  qui  se  rencontrent  en  un  point.  Ce  point 
correspond  à  un  vert  à  un  cinquième  environ  de  la  distance  de  la 
raie  b  à  la  raie  F.  Ce  vert  a,  d'après  les  mesures  prises  par  Ditsheiner, 
environ  510  millionièmes  de  millimètres  de  longueur  d'onde.  Ce 
vert  est,  sinon  le  vert  primaire  véritable,  au  moins  celui  qui  s'en  rap- 
proche le  plus  pour  notre  œil.  En  allant  de  ce  vert  jusqu'à  l'extrémité 
rouge  du  spectre,  nous  trouvons  les  diverses  couleurs  disposées  pres- 
que exactement  en  ligne  droite.  Ceci  indique  que  chaque  couleur  est 
chromatiquement  équivalente  à  un  mélange  des  deux  couleurs  qui  la 
borne  de  part  et  d'autre,  et  sur  la  même  ligne  droite.  L'extrême  rouge 
est  considérablement  au  delà  du  type  rouge,  mais  sur  la  même  ligne 


LES  MONDES/  441 

droite,  et  nous  pouvons,  par  conséquent,  alors  même  que  nous  n'au- 
rions pas  d'autre  preuve,  considérer  le  rouge  extrême  comme  le  rouge 
primaire  véritable.  Nous  verrons,  néanmoins,  que  le  rouge  primaire 
véritable  n'est  exactement  représenté  en  couleur  par  aucun  rayon  du 
spectre.  Il  se  trouve  quelque  peu  au  delà  du  rouge  extrême,  nuis  sur 
la  même  ligne  droite. 

Du  côté  bleu  du  vert  primaire  les  équations  de  couleur  sont  rare- 
ment aussi  exactes.  Cependant  les  couleurs  se  trouvent  sur  une  ligne 
presque  droite.  Il  ne  m'a  pas  été  possible  de  découvrir  aucune  diffé- 
rence chromatique  commensurable  entre  l'extrême  indigo  et  le  violet. 
Les  couleurs  de  cette  extrémité  du  spectre  sont  représentées  par  une 
série  de  points  très-rapprochés  les  uns  des  autres.  Nous  pouvons  sup- 
poser que  le  bleu. primaire  est  une  sensation  peu  différente  de  ceUe 
qu'excitent  les  rayons  du  spectre  rapprochés  de  G. 

Maintenant,  la  première  chose  qui  se  présente  généralement  à  l'es- 
prit en  face  de  ce  résultat,  c'est  que  la  dutfsion  du  spectre  est  bien  loin 
d'être  simple.  Entre  le  rouge  et  le  vert,  nour  avons  une  série  de  cou- 
leurs en  apparence  très-différentes  l'une  de  l'autie,  et  ayant  des  carac- 
tères si  marqués,  que  deux  d'entre  elles,  l'orangé  et  le  jaune,  ont  reçu 
des  noms  séparés.  Les  couleurs  entre  le  vert  et  le  bleu,  d'un  autre 
côté,  ont  une  ressemblance  naturelle  avec  l'une  ou  l'autre  des  couleurs 
extrêmes,  et  jamais  des  noms  distincts  pour  ces  couleurs  n'ont  été  po- 
pulairement reconnus. 

Je  ne  me  propose  pas  de  concilier  le  désaccord  entre  l'expérience 
ordinaire  et  l'expérience  scientifique.  Ce  désaccord  montre  seulement 
qu'il  est  impossible,  par  un  simple  acte  d'introspection,  de  faire  une 
véritable  analyse  de  nos  sensations.  La  conscience  est  notre  seule  au- 
torité ;  mais  la  conscience  doit  être  soumise  à  un  examen  méthodique, 
pour  obtenir  des  résultats  dignes  de  foi. 

J'ai  ici,  grâce  à  l'obligeance  de  M.  le  professeur  Huxley,  un  dessin 
du  tissu  sur  lequel  tombe  la  lumière  au  fond  de  l'œil.  On  y  voit  un 
léger  entrelacement  de  barres  et  de  cônes  ou  chevilles,  et  l'on  conçoit 
que  le  mode  dont  nous  percevons  la  forme  doit  être  un  acte  conscient 
variable  avec  les  barres  particulières  sur  les  extrémités  desquelles 
tombe  la  lumière,  absolument  comme  le  dessin  sur  le  tissu  formé  par 
un  métier  Jacquard  dépend  de  la  manière  dont  les  cartons  percés 
agissent  sur  le  système  de  barres  mobiles  de  cette  machine.  Dans  l'œil 
nous  avons  d'un  côté  la  lumière  tombant  sur  ce  merveilleux  tissu,  et 
de  l'autre,  nous  avons  la  sensation  de  la  vue.  Nous  ne  pouvons  com- 
parer ces  deux  choses  ;  elles  appartiennent  à  deux  catégories  opposées. 
La  métaphysique  tout  entière  les  sépare  comme  un  vaste  abîme.  Il  est 

32 


442  LES  MONDES. 

possible  que  l'on  fasse  des  découvertes  en  physiologie  par  le  tracé  de 
la  marche  de  la  réaction  nerveuse',  depuis  tes  fibres  les  plus  fines  jus- 
qu'au cerveau  sentant  ; 

Mais  cela  ne  nous  rendrait  pas  plus  savants  que  nous  ne  sommes  , 
relativement  à  ces  sensations  de  couleurs  que  nous  ne  pouvons  con- 
naître qu'en  les  éprouvant  nous-mêmes. 

Toutefois,  quoiqu'il  soit  impossible  d'arriver  à  connaître  une 
sensation  par  l'étude ,  ahatomiqué  de  l'organe  qui  la  transmet,  nous 
pouvoûs  nous  servir  de  la  'sensation  comùié  d'un  moyen  d'investiga- 
tion de  là  structuré  anatomiquë. 

Un  exemple  remarquable  de  ce  fait,  c'est  la  déduction  de  la  théorie 
d'Helmholfz  sur  la  structure  de  la  rétine,  d'après  celle  de  Young  rela- 
tive à  la  sensation  de  la  couleur.  Young  établit"  l'existence  de  trois 
sensations  élémentaires  de  la  couleur  ;  Helmholtz  établit  l'existence  de 
trois  systèmes  de  nerfs  dans  la  rétine,  dont  chacun  a  pour  fonction, 
quand  il  subit  l'action  de  la  lumière  ou  de  tout  autre  agent  d'ébranle- 
ment, d'exciter  en  nous  Tune  de  ces  trois  sensations. 

Aucun  anatomiste  n'a  pu  jusqu'ici  distinguer  ces  trois  systèmes  de 
nerfs  par  l'observation  microscopique,  mais  il  est  admis  en  physiologie 
que  l'unique  manière  dont  peut  varier  la  sensation  excitée  par  un  nerf 
particulier,  consiste  dans  les  degrés  d'intensité.  L'intensité  de  la  sen- 
sation peut  varier  depuis  l'impression  la  plus  faible  jusqu'à  la  douleur 
insupportable;  mais  quelle  que  soit  la  cause  excitante,  la  sensation 
sera  la  même  quand  elle  atteindra  la  même  intensité.  Si  Ton  admet 
cette  doctrine  de  la  fonction  d*un  nerf,  il  est  légitime  de  conclure  du 
fait  que  la  couleur  peut  varier  de  trois  manières  différentes,  que  ces 
trois  modes  de  variation  résultent  de  l'action  indépendante  de  trois 
nerfs  ou  de  trois  système  de  nerfs  différents. 

Quelques  observations  très-remarquables  sur  la  sensation  de  la  cou- 
leur ont  été  faites  par  M.  Sigmund  Exner,  dans  le  laboratoire  phy- 
siologique de  M.  le  professeur  Helmholtz,  à  Heidelberg.  Tout  en  re- 
gardant la  lumière  intense  d'une  couleur  brillante,  il  exposait  son 
œil  à  des  alternatives  rapides  de  lumière  et  d'obscurité  en  agitant  ses 
doigts  devant  ses  yeux.  Dans  ces  circonstances,  il  voyait  apparaître 
dans  le  champ  de  la  vision  une  structure  déliée  toute  particulière 
que  beaucoup  d'entre  nous  ont  quelquefois  observée  par  accident. 
M.  Exner  établit  que  le  caractère  de  cette  structure  varie  avec  la  cou- 
leur de  la  lumière  employée.  Avec  une  lumière  rouget  on  voit  un  tissu 
veiné;  avec  une  luinière  verte  le  champ  paraît  couvert  de  petits  points 
âoirs  ;  avçc  une  lumière  bleue,  on  voit  des  taches  glus  grosses  que 
Tes  'points  remarqués  dans  le  vert,  et  d'une  couleur  plue  pâle. 


LES  MONDES.  443 

Ces  apparences  se  présentent-elles  à  tous  les  regards,  et  ont-elles 
pour  cause  physique  quelque  différence  dans  l'arrangement  des  nerfs 
des  trois  systèmes  dans  la  théorie  de  HelmhoJtz?  c'est  ce  que  je  ne 
puis  dire;  mais  je  suis  sûr  que  si  ces  systèmes  de  nerfs  ont  une  existence 
réelle,  il  n'y  a  pas  de  méthode  plus  vraisemblable  pour  démontrer 
leur  existence  que  celle  qui  a  été  suivie  par  M.  Exner. 

» 

DALTONISME  OU  CECITE  RELATIVE  AUX  COULEURS. 

La  plus  complète  évidence  que  nous  possédions  par  rapport  à  la  vi- 
sion des  couleurs,  nous  est  fournie  par  la  cécité  relative  aux  couleurs 
(eolour  Blindness).  Un  nombre  considérable  de  personne,  dans 
chaque  grande  société,  sont  incapables  de  distinguer  entre  certains 
couples  de  couleurs  qui  forment  un  contraste  frapppant  aux  yeux  du 
commun  des  hommes.  Le  Dr  D  al  ton,  fondateur  de  la  théorie  atomique 
de  la  chimie,  nous  a  donné  le  récit  de  son  infirmité. 

La  véritable  nature  de  cette  particularité  de  vision  a  été  signalée 
pour  la  première  fois  par  Sir  John  Herschel,  dans  une  lettre  écrite  à 
D  al  ton,  en  4832,  lettre  qui  n'a  été  connue  dans  le  monde  savant  que 
lors  de  la  publication  de  la  vie  de  Dalton  par  le  Dr  Henry.  Ce  défaut 
de  la  vision  consiste  dans  l'absence  de  Tune  des  trois  sensations  pri- 
mitives de  la  couleur.  La  vision  incomplète  des  daltonistes  a  pour  cause 
les  intensités  variables  de  deux  des  sensations  au  lieu  de  trois.  La  meil- 
leure description  d'un  cas  de  daltonisme  est  celle  de  M.  le  professeur 
Pôle,  qui  en  était  atteint.  (PkiL  Transact.,  1859.) . 

Dans  tous  les  cas  examinés  avec  un  soin  suffisant,  la  sensation  ab- 
sente semble  ressembler  à  celle  que  nous  appelons  rouge.  La  raie  P  de 
la  carte  du  spectre  représente  le  rapport  de  la  sensation  absente  aux 
couleurs  du  spectre,  déduit  des  observations  faites  avec  la  boîte  à  cou- 
leurs de  M.  le  professeur  Pôle. 

S'il  était  possible  de  montrer  la  couleur  correspondant  à  ce  point 
sur  la  carte,  il  serait  invisible,  absolument  noir,  pour  M.  le  professeur 
Pôle.  Comme  elle  ne  se  trouve  pas  dans  la  série  des  couleurs  du  spec- 
tre, nous  ne  pouvons  pas  la  mettre  en  évidence.  Et  de  fait,  les  dalto- 
mistes  peuvent  apercevoir  l'extrémité  du  spectre  que  nous  appelons 
rouge,  bien  qu'elle  leur  paraisse  plus  obscure  qu'à  nous,  et  qu'elle 
n'excite  pas  en  eux  la  sensation  que  nous  appelons  rouge.  Dans  le 
diagramme  des  intensités  des  trois  sensations  excitées  par  différentes 
parties  du  spectre,  la  figure  supérieure  marquée  P  est  déduite  des 
observations  de  M.  le  professeur  Pôle;  celle  qui  est  au-dessous,  mar- 
quée K,  es  fondée  sur  des  observations  faites  par  un  observateur  très- 
attentif  du  type  normal. 


I 


I- 


444  LES  MONDES. 

La  seule  différence  entre  les  deux  diagrammes,  c'est  que,  dans  le 
plus  élevé,  la  courbe  rouge  est  absente.  Les  formes  des  deux  autres 
courbes  sont  presque  les  mêmes  pour  les  deux  observateurs.  Aussi 
nous  avons  grandement  raison  de  conclure  que  les  sensations  de  cou- 
leurs que  voit  M.  le  professeur  Pôle  sont  ce  que  nous  appelons  vert  et 
bleu.  Ceci  est  le  résultat  de  mes  calculs  ;  mais  H.  le  professeur  Pôle 
s'accorde,  avec  tous  les  autres  daltonistes  que  je  connais,  à  nier  que  le 
vert  soit  une  de  ses  sensations.  Les  daltonistes  se  trompent  toujours  à 
propos  des  objets  verts  et  les  confondent  avec  les  rouges.  Les  couleurs 
sur  lesquelles  ils  n'ont  aucun  doute  sont  certainement  le  bleu  et  le 
jaune,  et  ils  persistent  néanmoins  à  dire  que  le  jaune,  et  non  le  vert, 
est  la  couleur  qu'ils  sont  capables  de  voir. 

Pour  expliquer  cette  différence,  il  faut  nous  rappeler  que  les  dalto- 
nistes apprennent  les  noms  des  couleurs  par  la  même  méthode  que 
nous.  On  leur  dit  que  le  ciel  est  bleu,  que  le  gazon  est  vert,  que  l'or 
est  jaune,  et  que  les  habits  des  soldats  sont  rouges.  Ils  observent  une 
différence  dans  les  couleurs  de  ces  objets,  et  ils  supposent  souvent 
qu'ils  voient  les  mêmes  couleurs  que  nous,  seulement  pas  aussi  bien. 
Mais  si  nous  jugeons  d'après  le  diagramme,  nous  voyons  que  le  plus 
brillant  exemple  de  leur  seconde  sensation  dans  le  spectre  est,  non 
dans  le  vert,  mais  dans  la  portion  que  nous  appelons  jaune  et  que  nous 
leur  apprenons  à  appeler  jaune.  La  figure  du  spectre,  au-dessous  des 
courbes  de  M.  le  professeur  Pôle,  a  pour  objet  de  représenter  à  des 
yeux  ordinaires  ce  qu'un  daltoniste  verrait  dans  le  Bpectre.  J'ose  à 
peine  attirer  sur  elle  votre  attention,  car  si  vous  en  étiez  à  croire 
qu'une  figure  peinte  peut  vous  mettre  à  même  de  voir  avec  les  yeux 
d'autrui,  ma  conférence  de  ce  jour  aurait  été  certainement  faite  en 
vain. 

SUR  LA.  TACHl  JAUNE. 

Certaines  expériences  sur  les  couleurs  indiquent  des  différences 
considérables  entre  la  vision  de  diverses  personnes,  appartenant  toutes 
au  type  ordinaire.  Une  couleur,  par  exemple,  qu'une  personne,  en  la 
comparant  avec  le  blanc,  déclarera  nuance  d'œillet,  sera  déclarée  ver- 
dàtre  par  une  autre.  Cette  différence  ne  résulte  cependant  d'aucune 
diversité  dans  la  nature  de  la  sensation  des  couleurs  chez  les  diffé- 
rentes personnes.  Elle  est  exactement  de  la  même  nature  que  celle  que 
l'on  constaterait  si  l'une  des  personnes  portait  des  lunettes  jaunes. 

En  fait,  beaucoup  d'entre  nous  ont,  vers  le  milieu  de  la  rétine,  une 
tache  jaune  au  travers  de  laquelle  passent  les  rayons  avant  d'atteindre 
l'organe  sensitif  ;  cette  tache  semble  jaune  parce  qu'elle  absorbe  les 
rayons  qui  avoisinent  la  raie  F,  et  qui  sont  d'une  couleur  ï>leu  ver- 


f 


LES  MONDES.  445 

dàtre.  Quelques-uns  d'entre  nous  ont  cette  tache  étonnamment  déve- 
loppée. Par  cette  raison  mes  observations  propres  du  spectre  dans  le 
voisinage  de  la  raie  F,  n'ont  pas  grande  valeur.  Je  dois  à  M.  le  pro- 
fesseur Stokes  la  connaissance  d'une  méthode  au  moyen  de  laquelle 
chacun  peut  voir  si  son  œil  présente  cette  tache  jaune.  Elle  consiste  à 
regarder  un  objet  blanc  à  travers  une  solution  de  chlorure  de  chro- 
mium,  ou  bien  up  écran  sur  lequel  est  projetée  de  la  lumière  ayant 
traversé  cette  même  solution.  (Le  professeur  fait  ^expérience.)  Cette 
lumière  est  un  mélange  de  lumière  rouge  avec  la  lumière  si  énergique- 
ment  absorbée  par  la  tache  jaune.  Qnand  elle  passe  sur  la  surface 
ordinaire  de  la  rétine,  elle  possède  une  teinte  neutre  ;  mais  quand  elle 
tombe  sur  la  tache  jaune,la  lumière  rouge  atteint  seule  le  nerf  optique» 
et  nous  voyons  une  tache  rouge  flottant  comme  un  nuage  rosé  sur  le 
champ  éclairé.  * 

Il  est  très-peu  de  personnes  qui  ne  puissent  découvrir  la  tache 
jaune  de  cette  façon.  L'observateur  K,  dont  on  a  employé  les  équa- 
tions des  couleurs  pour  la  préparation  de  la  carte  du  spectre,  est  un 
du  petit  nombre  de  ceux  qui  ne  voient  pas  chaque  objet  comme  à  tra- 
vers des  lunettes  jaunes.  Quant  à  moi,  la  position  de  la  lumière  blan- 
che sur  la  cçirte  du  spectre  est  sur  le  côté  jaune  du  blanc  vrai,  même 
quand  je  fais  tomber  la  lumière  sur  des  parties  extérieures  de  la  rétine; 
mais  aussitôt  que  je  regarde  directement,  elle  devient  beaucoup  plus 
jaune,  comme  le  montre  le  point  W.  G.  C'est  un  fait  curieux  que  nous 
ne  voyions  pas  cette  tâche  jaune  en  toute  occasion,  et  que  nous  ne  re- 
gardions pas  comme  jaunes  les  objets  blancs.  Mais  si  nous  portons 
pendant  quelque  temps  des  lunettes  de  couleur,  ou  si  nous  restons 
dans  une  chambre  éclairée  par  des  fenêtres  toutes  d'une  seule  cou- 
leur, nous  arrivons  bientôt  à  reconnaître  comme  blanc  le  papier 
blanc.  Ceci  montre  que  c'est  seulement  quand  il  se  produit  quelque 
altération  dans  nos  sensations,  que  nous  avons  conscience  de  leur 
qualité. 

Il  est,  relativement  à  la  sensation  des  couleurs,  plusieurs  faits  inté- 
ressants que  je  ne  puis  que  mentionner  en  passant.  En  premier  lieu, 
les  bords  de  la  rétine  sont  presque  insensibles  au  rouge.  Si  vous  tenez 
dans  votre  main  une  fleur  rouge  et  une  fleur  bleue  aussi  loin  à  l'écart 
que  vous  pouvez ,  sans  cesser  de  voir  votre  main ,  vous  perdrez 
de  vue  la  fleur  rouge,  alors  que  vous  apercevrez  encore  la  bleue.  En 
second  lieu,  si  la  lumière  vient  à  diminuer,  les  objets  rouges  deviennent 
proportionnellement  plus  sombres  que  les  objets  bleus.  Un  troisième 
fait  curieux,  c'est  que,  en  prenant  des  doses  suffisantes  de  santonine, 
on  peut  produire  artificiellement  ce  genre  de  cécité  de  couleur  caracté- 


446  LES  TOpES. 

risée  par  l'absence  de  sensation  du  bleu;  ee  genre  de  daltonisme  est 
décrit  par  le  Dr  Edmond  Rose,  de  Éerlin.'  li  est 'seulement  temporaire, 
et  ne  semble  entraîner  d'autres  conséquences  sérieuses  que  des  maux 
de  tète.  J'ai  à  vous  demander  pardon'  de  ne  pas  avoir  suivi  un  cours 
de  médecine  sur  ce  sujet,  ne  fût-ce  que  pour  être  devenu  capable  de 
vous  donner  des  renseignements  de  première  main  sur  la  cécité  rela- 
tive  aux  couleurs. 


INDUSTRIE 


SOCIÉTÉ  DECOURAGEMENT.  —  SÉANCES  DE  JANVIER  ET  DE  FÉVRIER. 

pésinfectlon  <|e«  vidanges  d'usines.  —  M.  Gérardin 
expose  la  suite  de  ses  travaux  sur  l'assainissement  des  rivières  in- 
fectées par  les  eaux  chargées  des  résidus  d'établissements  indus- 
triels. En  1869  et  1870  il  a  obtenu  l'assainissement  de  la  rivière  le 
Croult,  de  Gonesse  à  Saint-Denis  ;  son  procédé  continue  à  être  em" 
ployé  à  la  féculerie  de  Gonesse,  et  il  y  produit  de  très-bons  ré- 
sultats. Pendant  l'hiver  de  1871-72,  cette  féculerie  a  laissé  écou- 
ler dans  le  Groult  24, 000  tonnes  de  jus  (Je  pommes  de  terre,  sans 
qu'il  en  soit  résulté  d'infection  putride.  Les  poissons  vivent  dans 
la  rivière  ;  les  herbes  vertes  et  même  le  cresson  de  fontaine  conti- 
nuent à  y  pousser.  On  peut  donc  considérer  le  problème  de  la  dé- 
sinfection des  eaux  de  féculeries  comme  définitivement  résolu. 
M.  Gérardin  annonce  à  la  Société  qu'il  espère  pouvoir  expéri- 
menter prochainement  l'efficacité  de  son  procédé  sur  d'autres  eaux 
industrielles. 

sténographie  mécanique.  —  M.  Gensoul  présente  4  la 
Société  un  système  de  sténographie  mécanique  qu'il  a  inventé,  et 
un  appareil  qui  en  est  la  réalisation  pratique. 

Lorsqu'on  çntend  un  discours,  l'oreille  est  successivement 
frappée  par  des  sons  divers  qu'on  appelle  des  syllabes;  on  doit 
donc  considérer  la  syllabe  comme  l'unité  de  parole.  D'autre  part, 
lorsqu'on  veut  exprimer  la  parole  par  l'écriture,  il  faut  analyser 
la  manière  dont  fonctionne  l'opgane  qui  émet  les  syllabes,  et  on 
est  amené  à  exprimer  les  divers  éléments  de  ces  sons  paj*  des 
lettreç.  Ainsi,  la  lettre  est,  en  réalité,  l'unité  d'écriture.  C'est  de 
cette  différence  d'unité  que  provient  la  lenteur  avec  laquelle  la 
parole  est  traduite  en  écriture.  Cette  lenteur  a  deux  causes  diffé- 


LIS  MONDES.  447 

rentes .  i*  l'obligation  de  tracer  3  eu  4  lettres  pour  représenter  un 
son  émis  instantanément,  et  2°  le  temps  nécessaire  pour  effectuer 
le  dessin  qui  forme  chaque  lettre.  Ces  deux  causes  réunies  ren- 
dent récriture  environ  sept  fois  plus  lente  que  la  parole. 

Quand  on  a  voulu  rendre  l'écriture  assez  rapide  pour  suivre  la 
parole,  on  ne  s'est  occupé  que  de  la  seconde  de  ces  causes,  et  on 
a  remplacé  les  figures  compliquées,  qui  constituent  les  lettres 
usuelles,  par  des  signes  d'une  exécution  plus  rapide;  mais  ce  per- 
fectionnement, qui  permettait  de  doubler  à  peu  près  la  vitesse  de 
l'écriture,  était  encore  bien  loin  d'être  suffisant.  C'est  alors  que 
sont  intervenus  divers  systèmes  abréviatifs,  tels  que  l'adoption  de 
l'écriture  phonétique,  la  suppression  des  articles,  la  réduction  des 
mots  à  leur  radical,  l'omission  des  voyelles,  etc.,  etc.  Par  ces  di- 
vers artifices,  on  a  atteint  ce  résultat  constituant  aujourd'hui  la 
sténographie,  qu'un  sténographe  habile  peut  suivre  la  parole,  avec 
une  grande  contention  d'esprit,  pendant  quelques  minutes  seule- 
ment, et  que,  pour  obtenir  la  reconstitution  intégrale  du  texte,  il 
est  forcé  de  se  mettre  immédiatement  au  travail  et  de  faire  appel 
à  toute  sa  mémoire,  à  toute  son  intelligence. 

La  sténographie  mécanique  supprime  les  deux  causes  cpi  ren- 
dent l'écriture  incapable  de  lutter  de  vitesse  avec  la  parole.  Au  lieu 
d'écrire  successivement  et  une  à  une  les  lettres  d'une  syllabe,  elle 
les  frappe  toutes  simultanément ,  d'un  seul  coup,  et  assimile  ainsi 
parfaitement  l'écriture  à  la  parole. 

L'appareil  de  M.  Gensoul  se  compose  de  trois  petits  claviers  jux- 
taposés, contenant  quatre  touches  doubles,  dont  les  combinaisons 
diverses  suffisent  pour  représenter  toutes  les  consonnes  et  les 
voyelles.  Le  clavier  de  gauche,  qui  occupe  les  quatre  derniers  doigts 
de  la  main  gauche,  est  affecté  aux  consonnes  initiales  des  syllabes, 
celui  de  droite  exprime  les  consonnes  finales;  le  clavier  du  milieu, 
qui  est  mis  en  mouvement  par  les  pouces  (Jes  deux  mains,  exprime 
les  voyelles  médianes.  Deux  touches  supplémentaires  sont  mises 
en  action  par  les  poignets,  et  celle  de  droite  représente  l'e  muet. 

En  se  servant  de  cet  instrument,  l'opérateur  frappe  d'un  seul 
coup  toutes  les  lettres  d'une  syllabe,  comme  le  pianiste  frappe  si- 
multanément toutes  les  notes  de  l'accord  harmonique  qu'il  veut 
produire,  et  cette  opération  ne  prend  pas  sensiblement  plus  de 
temps  que  l'émission  de  la  voix  qui  a  articulé  cette  syllabe. 

Le  mécanisme  de  l'appareil  est  disposé  de  manière  que  chaque 
touche,  en,  se  mouvant,  fasse  abaisser  un  caractère  qui,  après 
s'être  encré  en  traversant  un  pinceau  longitudinal^  s'imprime  sur 


448  LES  MONDES. 

une  bande  de  papier  qu'un  mouvement  d'horlogerie  déroule  conti- 
nuellement, et  qui  cependant  est  retenue  un  instant  par  un  petit 
ressort  au  moment  où  la  touche  s'abaisse  pour  imprimer  un  carac- 
tère. 

Les  signes  sont  donc  aussi  rapides  qu'on  puisse  le  désirer;  ils 
sont  tracés  avec  la  même  perfection,  quelle  que  soit  la  rapidité  du 
jeu;  ils  sont  complets  et  représentent  textuellement  le  discours 
sténographié. 

Le3  bandes  qui  les  portent  peuvent  être  lues  à  toute  époque,  par 
toute  personne  connaissant  l'alphabet  employé,  et  sans  qu'il  soit 
besoin  de  recourir  à  la  mémoire  de  l'auditeur  pçur  compléter  le 
texte. 

Un  exercice  de  quelques  mois  suffît  pour  que  l'opérateur  suive 
la  parole. 

La  sténographie  mécanique  n'occasionne  ni  contention  d'esprit, 
ni  fatigue  sensible.  On  [peut,  avec  cet  appareil,  sténographier  in- 
définiment. 

On  pourrait  dire  qu'elle  photographie  la  parole. 

L'appareil  est,  dès  à  présent,  complet  et  fonctionne  d'une  ma- 
nière normale,  ainsi  que  le  montrent  des  discours  sténographiés 
pendant  les  dernières  séances  du  Conseil  de  la  Société  d'encoura- 
gement. L'usage  qui  en  sera  fait  amènera  certainement,  dans  l'a- 
venir, des  perfectionnements  utiles  et  des  applications  nouvelles; 
on  peut  prévoir,  par  exemple,  qu'en  le  mettant  en  communica- 
tion avec  un  appareil  télégraphique  on  puisse  télégraphier  un  dis- 
cours et  l'imprimer  à  une  distance  quelconque,  avec  la  même  ra- 
pidité que  son  tracé  par  le  sténographe  sur  une  bande  de  l'ap- 
pareil, mais,  tel  ^u'il  est,  il  satisfait  déjà  à  tous  les  besoins  de  la 
sténographie. 

Galvanomètre  vertical  à  fléau,  par  M.  Boubdoqzi,  prépa- 
rateur du  cours  de  physique  à  V Ecole  supérieure  de  pharmacie  de 
Paris. —  Lorsque,  dans  les  cours  publics,  on  veut  rendre  visible  à  un 
auditoire  tout  entier  la  production  de  courants  électriques,  on  fait  usage 
de  l'une  ou  l'autre  des  deux  méthodes  suivantes  :  ou  bien  on  emploie 
un  très-grand  galvanomètre  vertical  dont  les  indications  peuvent  être 
vues  de  loin,  ou  bien  on  projette  sur  un  écran  l'image  très-agrandie 
d'un  galvanomètre  ordinaire.  Ce  dernier  procédé,  qui  est  seul  capable 
de  montrer  les  courants  très -faibles  pour  lesquels  les  grands  galvano- 
mètres sont  insensibles,  est  absolument  interdit  à  tous  les  établisse- 
ments qui  ne  disposent  pas  de  grandes  ressources  expérimentales. 


r 


LES  MONDES.  A49 

M.  Bourdouze  l'est  proposé,  en  construisant  l'appareil  que  nous  al- 
lons décrire  ,  de  rendre  sensibles  pour  tout  un  amphithéâtre  les  mani- 
festations, mêmes  les  plus  faibles,  des  courante,  sans  faire  appel  à  l'em- 
ploi si  dispendieux  des  projections.  Voici  la  description  de  cet  appareil, 
re  présente  dans  la  figure  ci-contre  : 

L'organe  essentiel  est  un  fléau  de  balance  AB  en  acier  aimanté,  dont 
l'horizontalité  peut  toujours  être  rigoureusement  obtenue  à  [l'aide  de 
petits  contre-poids  mm'.  On  fait  varier  à  volonté  la  sensibilité  du  fléau, 
comme  dans  les  balances  de  précision,  en  élevant  ou  en  abaissant  Bon 
centre  de  gravité,  à  l'aide  du  bouton  de  vis  m".  Il  porte  en  son  milieu 
une  longue  aiguille  verticale  CD,  qui  vient  indiquer  sur  un  cadran  di- 
visé les  moindres  oscillations. 


Le  fléau  est  placé  à  l'intérieur  d'une  large  bobine  plate  FF'.  Cette 
disposition  permet  d'obtenir  une  action  continue  dans  toute  l'amplitude 
de  la  déviation.  Cela  posé,  et  l'aiguille  verticale  étant  très-exactement 
au  zéro,  on  reconnaît  que  des  courants  électriques,  mêmes  très-faibles, 
passant  dans  le  fil  de  la  bobine,  suffisent  pour  imprimer  au  fléau  des 


450;  LES  MONDES. 

mouvements  considérables  et  cependant  très-doux.  Oa  aura  weidépde 
la  sensibilité  de  cet  instrument  quand  nous  aurons  dit  qp'il  accuse  par 
une  très-grande  déviation  le  courant  produit  d^ps  la  pile  t|}ermo-élec- 
trjqne  par  l'approche  de  la  main,  c'est-à-dire  qu'il  se  prête  à  l'exécution 
de  toutes  les  expériences  de  cours,  même  les  plus  délicates. 

Souvent  on  détériore  1^  galvanomètres  of  dipaires  en  faisant  passer 
par  inadvertance  un  coufant  un  peu  fort  dans  le  fil  :  }es  pôles  çpfyt 
détruits  ou  renversés.  Dans  cet  appareil ,  cet  accident  n'a  aucune 
gravité.  Il  suffit  pour  le  réparer,  de  frotter  le  fléau  ayec  un  petit  éleo 
tro-aiffyapt  qfii  rétablit  les  pôles  c}an&  leur  situation  primitive. 

pour  disppper  l'instrument,  il  n'est  pa6  nécessaire  que  le  plan  verti- 
cal, passant  par  le  barreau,  se  confonde  avec  le  méridien  magnétique; 
il  suffit  que  la  partie  de  ce  plan  qui  contient  le  pôle  austral  du  fléau 
fasse  avec  la  partie  australe  de  l'aiguille  de  déclinaison  un  angle  plus 
petit  que  90  degrés.  On  peut,  en  retournant  au  besoin  le  barreau  sur 
son  support,  satisfaire  à  cette  condition,  pour  toutes  les  orientations 
du  cadran. 

En  résumé,  le  galvanomètre  à  fléau  que  nous  venons  de  décrire  me 
parait  répondre  à  un  besoin  de  l'enseignement,  puisque  seul  jusqu'ici  il 
allie  une  dimension  qui  le  rend  ^visible  de  loin  à  une  sensibilité  qui 
permet  de  l'employer  dans  les  expériences  les  plus  délicates. 

Réfrigérateur  dynamique  de  M.  J.-B.  Toselli,  rue  du 
Faubourg  Saint-Martin,  236,  à  Paris.  —  Imaginez  un  disque  D,  fait 
par  un  tube  métallique,  plié  en  spirale  sur  lui-même,  dont  une 
extrémité  reste  ouverte,  et  l'autre  est  en  communication  avec  un  tube 
horizontal,  qui  constitue  l'arbre  de  rotation  passant  par  son  centre. 

Ce  disque,  tournant  sur  lui-même  avec  une  faible  vitesse  (un  tour 
par  seconde),  plonge  à  moitié  dans  de  l'eau  ordinaire  de  la  cuve  E. 
On  comprend  très-facilevent  que,  par  son  mouvement,  la  surface 
extérieure  de  ce  disque  est  continuellement  mouillée,  et  que  la  partie 
qui  se  trouve  en  dehors  de  l'eau,  en  contact  avec  l'air,  doit  pour 
cela  s'évaporer. 

C'est  justement  cette  évaporation  qui  enlève  au  tube  une  certaine 
quantité  de  chaleur  latente  ;  et  comme,  à  chaque  tour  du  disque,  une 
certaine  quantité  d'eau  s'introduit  dans  le  tube,  cette  eau,  se  trouvant 
forcée  de  céder  au  tube  la  chaleur  qu'il  perd  par  ladite  évaporation 
sur  9a  surface  extérieure,  elle  abaisse  sa  température,  et,  une  fois  au 
bout  de  son  parcours,  elle  retpmbe  dans  la  cuve  £  plus  froide  qu'elle 
ne  l'était  auparavant 

Or,  cette  quantité  d'eau  qui  voyage  intérieurement  ^u  tube  refrigé- 
*ate\ir,  au  lieu  de  la  faire  retomber  immédiatement  dajis  J.a  puvp  E,  on 


r 


LES  MONDES.  4M 

la  fait  passer  par  le  tube  A  dans  un  serpentin  que  je  trouve  dans  la 
cuve  C,  pleine  du  liquide  que  l'on  veut  refroidir.  il  est  naturel  que 
cette  eau  froide,  passant  continuellement  par  ledit  serpentin  et  retom- 
bant par  le  tube  B  dans  la  cuve  E,  emporte  la  chaleur  qui  se  dégage 


du  liquide  de  la  cuve  C,  laquelle  chaleur  disparaît  sur  la  surface 
évaporante  du  disque  réfrigérateur. 

Jusqu'à  présent,  le  maximum  d'effet  utile  que  M.  Toaelli  a  obtenu 
en  exposant  son  réfrigérateur  dynamique  au  aoleil  est  la  différence  de 
18  degrés  centigrades  entre  l'eau  du  réfrigérateur  et  celle  d'une  autre 
cuve  également  exposée  au  soleil,  mais  qui  n'était  pas  frappée  par  le 
réfrigérateur  ;  c'est-à-dire  que  celle-ci  marquait  4- 18", 3  centigrades, 
alors  que  celle  de  l'autre  cuve  marquait  -+-  3(i°,5. 

Le  degré  d'abaissement  que  l'on  peut  obtenir  dans  une  masse  d'eau 
est  plus  ou  moins  grand)  suivant  la  degré  de  sécheresse  de  l'air  am- 
biant. Le  minimum  que  l'on  peut  obtenir  est  de  trois  degrés  centi- 
grades. M.  Toselli  a  ajouté  à  cet  instrument  un  ventilateur  F  pour 
rendre  l'évaporation  plus  rapide  et  l'effet  utile  plus  considérable  ;  il  a 
même  essayé  d'augmenter  le  nombre  des  disques,  leur  dimension  ei  la 
vitesse  de  leur  mouvement,  mais  il  n'a  pas  pu  dépasser  les  degrés  d'a- 
baissement déjàobtenus. 

Il  est  bien  facile  d'apprécier  les  grands  services  que  ce  nouveau 
rn^yen  d'abaisser  la  température  de  l'eau  par  une  rotation  lente  peut 
rendre  aux  fabricants  de  bière  et  d'eaux  gazeuses,  aux  distillateurs. 
aux  établissements  d'hydrothérapie,  etc.  Nous  croyons  même  que  cet 
instrument  est  appelé  à  avoir  un  grand  succès  à  bord  des  navires,  pour 


•'-   4 


452  LES  MONDES. 

transformer  rapidement  et  en  grandes  quantités  l'eau  de  mer  en  eau 
potable.  Nous  reviendrons  bientôt  sur  cet  important  argument. 


ACADÉMIE  DES  SCIENCES 


SÉANCE  DO  LUNDI  4  MARS  1872 

Sur  ^hydrodynamique  des  court  d'eau,  par  M.  de  Saint- Venant 
(suite).  —  La  conclusion  de  cette  seconde  partie  est  que  l'analyse 
savante  et  habile  de  Poisson,  de  Navier,  de  Savary,  etc.,  n'a  pas  encore 
réussi  à  faire  découvrir  les  relations  véritables  entre  les  vitesses  et  les 
composantes  des  pressions. 

—  Sur  un  ventilateur  appliqué  à  Vaérage  des  minée,  par 
M.  Guibal.  —  Les  pièces  déposées  par  M.  Guibal  sont  :  1°  un  tableau 
synoptique,  indiquant  par  des  courbes  l'état  de  la  ventilation  dans 
les  charbonnages  du  Hainaut,  année  par  année,  de  1840  à  1870,  et 
d'où  il  résulte  f jusqu'à  l'évidence  que  jusqu'à  l'invention  du  ventila- 
teur Guibal,  en  1861,  les  besoins  de  la  ventilation  n'avaient  pas  été 
suffisamment  satisfaits  ;  2°  un  tableau  numérique  indiquant  le  mouve- 
ment des  appareils  de  ventilation  dans  le  Hainaut,  de  1860  à  1870  ; 
d'où  il  résulte  que,  dès  que  le  ventilateur  Guibal  a  été  connu,  on  n'en 
a  plus  construit  d'autres,  et  que,  grâce  à  ce  ventilateur,  la  force  affec- 
tée à  l'aérage,  qui  était  de  67  chevaux  par  mille  ouvriers,  s'est  élevée 
dans  les  dix  années  à  136  chevaux,  ce  qui  donne  une  juste  mesure  de 
l'assainissement  que  les  houillères  ont  du  éprouver  ;  3°  un  tableau 
comparatif  des  effets  et  des  prix  de  revient  des  principaux  appareils 
de  ventilation  en  usage,  tableau  qui  permet  d'apprécier  et  la  puissance 
etl'économie  du  système  Guibal  et  justifie  lapréférence  que  lui  accordent 
les  ingénieurs.  Le  fait  capital,  c'est  que,  sauf  une  exception  due  à  des 
circonstances  toutes  particulières,  aucune  des  houillères  où  l'appareil 
Guibal  est  en  usage,  n'a  été  frappée  jusqu'ici  d'explosion  de  grisou. 

—  MM.  Félix  Lucas  et  Gazin  soumettent  au  jugement  de  l'Académie 
l'ensemble  complet  de  leurs  recherches  expérimentales  sur  la  durée  de 
l'étincelle  électrique. 

-—  M.  Quételet,  secrétaire  perpétuel  de  l'Académie  des  sciences,  des 
letyres  et  des  beaux-arts  dp  Belgique,  annonce  que  cette  Académie, 


LES  MONDES.  453 

érigée  â  Bruxelles  et  instituée  en  1772,  par  lettres-patentes  de  Marie- 
Thérèse,  se  propose  de  célébrer  cette  année  le  centième  anniversaire 
de  sa  fondation.  La  solennité  est  fixée  aux  28  et  29  mai  prochain. 

—  Spectre  d'absorption  du  chlore  et  du  chlorure  d'iode,  par 
M.  Gernez.  —  Le  chlore  parfaitement  purifié  était  renfermé  dans  un 
tube  de  4m,68  de  longueur,  fermé  à  ses  deux  extrémités  par  des  glaces 
parallèles,  et  disposé  horizontalement;  on  y  faisait  passer  un  faisceau 
de  lumière  Drummond,  et  Ton  obseryait  à  l'aide  d'un  spectroscope  à 
deux  prismes.  Dans  la  région  la  moins  réfrangible,  et  jusqu'à  la  place 
occupée  par  la  raie  D,  le  spectre  est  continu  ;  mais  un  peu  au  delà 
commence  un  système  de  raies  qui  ne  présente  aucune  analogie  avec 
les  raines  fines,  presque  équidistantes,  des  vapeurs  de  brome  ou  d'iode. 
Elles  ont  un  aspect  et  une  intensité  variables  avec  la  région  du  spectre 
que  l'on  considère,  et  s'étendent  jusque  vers  le  violet  qui  est  entière- 
ment absorbé,  dans  le  cas  de  la  source  lumineuse  dont  il  s'agit. 

Le  protochlorure  d'iode,  à  la  températurejde  40  degrés,  donne,  sous 
une  épaisseur  de  30  centimètres,  assez  de  vapeurs  pour  produire  un 
spectre  d'absorption  composé  d'une  vingtaine  de  raies  fines,  d'intensité 
sensiblement  égale,  et  dont  la  distance  diminue  très-peu  depuis  l'extrême 
rouge  où  elles  commencent,  jusqu'un  peu  au  delà  de  la  raie  D  où  elles 
finissent  ;  deux  autres  raies  assez  intenses  apparaissant  dans  le  jaune, 
et  Ton  n'en  distingue  pas  dans  le  reste  du  spectre.  Ce  système  de  raies 
est  analogue  à  celui  de  l'iode  et  du  brome. 

—  Sur  le  fer  cristallisé  ou  brûlé,  par  M.  Caron.  —  Une  barre  de 
fer  de  Franche-Comté,  dont  la  qualité  et  les  propriétés  nerveuses 
avaient  été  préalablement  vérifiées  par  les  moyens  en  usage,  a  ;été 
coupée  en  petit  morceaux.  Les  uns  ont  été  chauffés  au  blanc  soudant, 
dans  un  feu  de  forge  ordinaire  ;  d'autres,  placés  dans  un  tube  de  por- 
celaine, ont  subi  la  même  température  (à  peu  près),  dans  un  courant, 
soit  d'azote,  soit  d'hydrogène.  Après  un  refroidissement  semblable, 
tous  les  morceaux,  sans  exception,  ont  présenté  dans  leur  cassure 
l'aspect  cristallin  du  fer  brûlé,  avec  les  mêmes  propriétés  et  les  mêmes 
défauts  ;  de  sorte  que  la  détérioration  du  métal  serait  due  non  à  l'ab- 
sorption d'un  gaz  particulier,  mais  à  une  modification  de  la  constitu- 
tion moléculaire.  Chauffés  au  blanc  soudant,  ils  ont  repris  toutes  leurs 
qualités. 

Plusieurs  morceaux  de  cette  même  barre  de  bon  fer  ont  été  exposés, 
pendant  plusieurs  mois,  dans  l'usine  frigorifique  de  M:  Charles  Tellier, 
à  Auteuil,  à  des  températures  variant  de  zéro  à  —  18  degrés  ;  d'autres 
sont  restés  à  l'air  pendant  le  grand  froid  de  l'hiver  dernier,  c'est-à-dire 
à  20  degrés.  On  a  essayé  de  casser  toutes  ces  barres  dans  des  condi- 


r 


454  LES  MONDES. 

tions  différentes,  soit  quand  elles  étaient  froides,  soit  quand  elles 
étaient  revenues  à  plusieurs  degrés  au-dessus  de  zéro;  ion  tes  se  sont 
comportées,  sous  le  rapport  de  larésistance,  comirre  ht  barre  originaire, 
et  n'étaient  nullement  cristallisées.  M.  Garon  ajoute  :  «  Ces  expériences 
n'ont  porté  que  sur  du  bon  fer  ;  il  en  est  [autrement  pour  le  mauvais, 
et  je  ne  puis  nier  que  la  fragilité  de  ce  métal  mal  travaillé  ne  soit 
augmentée  sensiblement  par  le  froid.  » 

—  Des  étkin  acétiques  àè  la  dulàitè,  par  M.  6*  Boïïchardat.  — 
Après  avoir  étudié  tour  à  tour  :  la  dulcite  ttiàcélique  ';  la  dutcitane 
diacétique,  la  dulcite  htxac'étîque ,  la  duMné  pêntacétomonû- 
chlorhydrique ,  la  dulcine  yeûtàcétique ,  l*autetnr  conclut  :  l'acidfe 
acétique  et  ta  dulcite  fournissent  un  grand  nombre  de  combinaisons 
neutres,  que  Ton  peut  rattacher  à  deux  séries  principales,  et  que  Ton 
peut  formuler  d'arfe  façon  générale. 

C,2H14JO,a4-n  C4H4  Ô4  — nH'O', 

n  pouvant  prendre  toutes  les  valeurs  de  1  à  6  pour  la  série  correspon- 
dante a  la  dulcite  \  et 

C" Hu  0"  -+-m  C4  H4  O4  —  [tn  4-  1)  H*0>, 

m  pouvant  prendre  toutes  les  valeurs  de  4  à  5  pour  fat  série  dé  ïâ  <ftrt- 
cirine.  • 

—  Sromhyâratcs  et  chlbrhy titrâtes  â'Hllylène,  par  M.  Rfeiouu 
—  J°î/allylène  s'unit  directement  et  d'uh'é  riianière  tkpide  %  frôîd 
à  l'acide  broiahydrique  en  solution  aqueuse  fee'è-dôVi centrée,  et  erù- 
plojpée  eu  frè's-jjrand  excès.  Le  produit  de  la  combfiiaîson^  ïe'ÔïbronY- 
hidrâte  d'alîyîëne,  quand  il  est  rectifié,  est  uto  ïïqttide  touillant  dPe 
114  à  115  degrés.  Sa  fôrtoule  estOH%2HB*  6u  (CH«,CB2*.  tiW) 
identique  avec  lé  méthylbromacétol  de  M.  Lihnèmànn.  2°  L'ànyfèïfe 
s'unit  directement  avec  i'acide  chlôrhydriqûe  à  irôrd,  '^tiand  oà  le  'met 
en  contact  avec  une  solution  aussi  concentrée  que  possible.  Le  dfe- 
Chlorhydrâte  d'allylène  est  un  liquide  bouillant  à  6Ô-Wflegréï6onfme 
le  méthylchloràcétol  de  M.  Linnemann,  avec  lequel  il  est  péut-êtïe 
identique. 


—  Sur  la  pyruvine,  par  M.  êjchlagdenhaufen.    —   La  pyruvipe 


LES  MONDES.  435 

((?  H«,  H1,  Cff  0»)  0»;  elle  bout  à  24«  degrés;  le  produit  eà  ébullition 
change  de  couleur  et  devient  acide. 

—  Le  eratœgus  Àronià  dans  ses  rapports  avec  V aubépine  et  tazé- 
roiier  d'Italie,  par  M.  Plaxcbon.  —  Il  est  très-probable  que  ïe  era- 
tœgus aronia  est  un  métis  ou  produit  fécond  de  deux  races  d'Une 
même  espèce,  races  dont  Tune ,  sauvage,  serait  le  eratœgus  ôxtfacàn- 
ïhus>  et  l'autre  le  eratœgus  âiaroltiS]  forme  très-perfectiohnéë  par  la 
culture  de  ce  même  oxyacantha. 

—  Sur  Vorigine  dès  aurores  fyôïatres*  par  M.  Von  feiuMHAUER. 
—  La  connexité  çui  semble  exîstë'r  entre  les  planètes  proprement 
dites,  leurs  satellite*,  lés  comètes,  les  astéroïdes  ou  étoiles  filafttes,  les 
météorites  (petites  planètes)  et  la  lumière  zodiacale  (disque  d 'asté- 
roïdes ou  de  matière  cosmique)  a  conduit  l'auteur,  il  y  a.  vftfgt-'ëëpt 
ans  déjà,  à  assigner  aux  aurores  bôtéàles  une  origine  eosmicjfae*.  De- 
puis, cette  hypothèse  lui  a  paru  de  plus  en  plus  affirmée  Jfer  les  faits. 
«  Un  grand  amas  de  particules,  ou  peut-être  un  nuafce  gàfceux  cok- 
nàique  Viendrait  heurter  avec  une  grande  vitesse  Tebveloppe  élastique 
de  notre  globe  ou  atmosphère.  Là,  arrêté  brusquement,  il  TejàiRirait 
latéralement,  s'étendrait  sur  cette  sphère  élastique,  et  finalement,  sous 
l'influence  de  l'attraction  exercée  par  les  pôles  de  l'aimant  terrestre,  se 
dirigerait  en  majeure  partie,  sous  forme  de  rayons,  vers  le  pôle  bo- 
réal; »  Comment  croire  à  cet  arrêt;  à  cette  réflexion  par  l'àtmoléphfèré  ? 

— De  V action  réciproque  des  acides  et  des  bases  alcalines  acidulées 
séparéspar  une  cloison  poreuse,  par  M.  Ed.  Làndrin. — On^lacç.daùs 
le  vase  extérieur  un  volume  déterminé  (100  centimètres  cubes)  d'une 
solution  alcaline,  de  titre  connu,  et  dans  le  vase  intérieur  poreux  60  cen- 
timètres cubes  d'une  solution  acide,  dé  titre  également  déterminé.  Au 
bout  de  ce  temps,  on  dose  f  acide  et  la  base  non  entrés  en  combinaison 
et  l'on  en  conclut,  par  différence,  le  poids  du  sel  formé.  Les'  nombres 
du  tableau  conduisent  aux  conclusions  suivantes  :  1°  Le  poids  des  sels 
formés  dans  chaque  expérience  sont  éminemment  variables;  il  en  est  de 
mèmç  de  là  vitesse  de  combinaison.  2°  Ces  poids  ne  sont  jamais  pro- 
portionnels aux  équivalents  des  corps  employés.  3°  Les  poids  corres- 
pondent sensiblement  aux  attractions  électives  qu'on  attribue  aux 
corps  depuis  longtemps.  4°  La  vitesse  de  réaction  est  moindre  pour  les 
carbonates  que  pour  leurs  bases  respectives.  5°  La  soude  se  combine 
à  lucide  chlorhydrique  avec  une  énergie  bien  plus  considérable  que 
la  potasse,'  énergie  tellement  grande  qu'en  très-peu  de  temps  l'acide 
disparait. 

—  Sur  Verrwèr  que  Fan  commet  dans  le  procédé  de  dosage  de  Ta- 


456  LES  MONDES. 

zole  par  la  chaux  iodée,  par  H.  L.  Kessler.  —  Nous  publierons 
cette  note  intégralement. 

—  M.  le  docteur  Eugène  Robert  croit  pouvoir  expliquer  la  fermen- 
tation du  vin  en  futaille,  à  l'époque  de  la  floraison  de  la  vigne,  par 
l'abondance  des  germes  du  mycoderma  vini  dans  l'atmosphère  au 
printemps  et  en  été. 

Il  signale  en  outre  ce  fait  curieux  qu'un  obus  de  50  centimètres  de 
longueur,  qui  avait  été  rempli  d'eau  et  fermé,  s'est  fendu  pendant  la 
nuit  du  9  au  10  décembre  1871,  dans  toute  sa  longueur,  en  deux  par- 
ties à  peu  près  égales.  —  F.  Moigno: 

—  M.  Bulard  adresse  une  Note  relative  aux  phénomènes  qui  lui 
ont  permis  déjà  d'établir  des  prévisions  météorologiques  et  séis- 
miques. 

—  M.  É.  Alix  a  vu  que  le  nerf  dépresseur  présente,  chezllûppo- 
potame,  une  disposition  semblable  à  celle  qui  a  été  signalée  chex 
le  cheval,  avec  cette  différence  qu'il  est  très-grêle  ;  cette  gracilité 
coïncide  avec  le  faible  volume  de  la  carotide  primitive,  que 
Gratiolet  a  signalé  comme  un  fait  important 


Iodo-aulf  atea.  ■*-  Dans  la  séance  de  l'Académie  des  sciences 
de  Bologne,  du  29  mai  dernier,  M.  le  professeur  J.  Selmi  a  donné 
lecture  d'un  mémoire  de  M.  le  professeur  S.  Zinno,de  Naples,  sur  la 
préparation  de  l'acide  iodo-sulfurique  et  des  iodo-sulfates.  L'acide 
iodo-snlfurique  est  encore  peu  connu  et  le  professeur  Zinno  l'ob- 
tient par  la  réaction  de  l'acide  sulfurique  sur  l'iodure  d'amidon. 
Après  une  étude  approfondie,  l'auteur  est  parvenu  aux  moyens 
suivants  de  préparer  l'acide  et  ses  sels:  Ie  avec  les  sulfates  alcalins 
et  l'iodure  d'amidon  ;  2*  en  faisant  dissoudre  des  proportions  déter- 
minées d'iode  dans  la  solution  de  ces  sulfates;  3*  en  traitant  par 
l'iode  les  hypo-sulfates  alcalins;  4°  en  faisant  agir  l'acide  sulfurique 
sur  l'iodure  d'amidon,  ou  même  directement  sur  l'iode.  Mais  il  re- 
commande la  deuxième  méthode  comme  la  meilleure,  et  c'est  d'ail- 
leurs la  seule  qui  lui  ait  fait  obtenir  les  trois  iodo-sulfates  de  soude, 
de  potasse  et  d'ammoniaque.  Chacun  de  ces  trois  sels  est  soluble 
dans  l'eau,  mais  très-peu  dans  l'alcool  :  le  premier  et  lé  troisième 
sont  en  partie  effervescents.  Ces  trois  sels  sont  d'ailleurs  décompo. 
sables  par  la  lumière  directe  ou  diffuse  et  par  la  chaleur. 


Pariti  —  Tjp.  Walto,  rue  ftmap&rto,  44. 


F 


iV  12. 


1872. 


CHRONIQUE  SCIENTIFIQUE  DE  LA  SEMAINE 


La  science  dans  1»  nouvelle  vie  nationale  de  l'Alle- 
magne. -^,Tel  est  le  titre  et  le  sujet  d'un  discours  prononcé  au  sein  de 
la  dernière  réunion,  à  Roètock,  du  Congrès  des  naturalistes  allemands, 
par  le  trop  célèbre  M.  R.  Virehow,  professeur  à  l'université  de  Berlin. 

Notre  confrère  M.  Alff'ave,  publie  ce  discours  tout  au  long  dans  la  Revue 
scientifique  (16  mars  i  872),  quoiqu'il  ne  constate  aucun  progrès  accompli, 
qu'il  n'annonce  aucune  découverte  nouvelle,  et  que  ce  ne  soit  en  réalité 
qu'une  longue  et  perfide  déclamation  philosophique  ou  antiphilosophi- 
que et  encore  plus  antireligieuse.  Nous  ne  le  reproduirous  pas,  mais 
comme  signe  caractéristique  du  temps,  nous  citerons  les  pas>ages  dans 
lesquels  Fauteur  affirme  mieux  les  prétentions  étranges  et  tyranniques 
de  la  nouvelle  science  alllemande.  Pour  excuser  sans  doute  ou  faire  ou- 
blier ses  désolantes  sorties  contre  la  France  aux  débuts  de  la  guerre, 
M.  Virchow  débute  presque  par  rendre  à  la  science  française  un  solennel 
hommage,  rétroactif  il  est  vrai,  qui  ne  se  rapporte  qu'aux  morts,  et 
qui  n'a  rien  de  bien  flatteur  pour  les  vivants  :  «  11  nous  sied,  en  effet» 
au  moment  ou  une  certaine  presse,  mal  informée,  déverse  le  mépris  et 
l'injure  sur  nos  infortunés  voisins,  de  nous  souvenir  avec  gratitude  du 
temps  où  la  richesse  émanant  de  l'exaltation  des  facultés  intellectuelles 
produite  par  la  France!  gagnait  toutes  les  autres  nations.  (Acclama* 
tions.)  Aucun  peuple  ne  mettait  à  en  jouir  p'us  de  zèle  et  d'ardeur  que 
l'Allemagne.  Ces  grands  hommes,  les  Lavoiskr,  les  Laplace,  les  Gay. 
Lussac,  les  Jussieu,  les  Guvier,  les  Dupuytren,  les  Laënnec,  resteront  tou- 
jours vivants  dans  l'histoire  de  l'humanité.  Quand  les  natuialistes  alle- 
mands se  réunirent  (en  1822),  nous  devons  l'avouer  pour  être  honnêtes, 
ce  que  l'on  pouvait  appeler  alors  la  science  allemande  était  encore  dans 
les  langes;  la  science  courante ,  la  science  élémentaire ,  les  manuels 
même  étaient  français.  Parcourez  la  littérature  de  cette  époque  et  vous 
trouverez  qu'à  de  très-raves  et  très-brillantes  exceptions  près,  l'érudition 
des  livres  où  la  majorité  puisait  ses  connaissances  était  française,  comme 
les  sources  mêmes  de  la  pensée,  et  cjstte  période  dura,  jcsqu'après  1830.» 

M.Virch  w  a-t-il  eu  la  conscience  de  la  portée  de  ce  solenneiaveu.  Jus. 
qu'après  1 830  la  France  marchait  à  la  tête  des  nations  savantes  du  monde  é 
Sa  décadence  daterait  de  quelques  années  api  es  1830  (1).  Si  c'était  vrai, 

(1)  M.  Virchow  n'était  pas  en  droit  de  s'arrêter  à  1830,  M.  Berthelot,  dam  une 
lettre  tres-coneiUante  adressée  an  Tempt,  le  21  février  dernier,  disait  arec  beaucoup 

N«  1».  t.  XXVH,  21  mars  1872.  33 


458  Lb£  MONDES. 

nous  serions  autorisés  à  chercher  la  cause  de  ce  fait.  Or,  je  défie  qu'on 
en  trouve  d'autre  que  celle-ci  :  La  France  après  1830  a  été  moins  chré- 
tienne, moins  autoritaire,  moins  elle-même;  elle  a  été  plus  irréligieuse, 
plus  révolutionnaire,  plus  cosmopolite,  et  surtout  plus  allemande.  Jus- 
qu'en 1830  elle  donnait  à  l'Allemagne  sans  en  rien  recevoir,  depuis  4830 
elle  a  trop  r*  çu  de  l'Allemagne  :  la  libre  pensée  de  Luther,  le  matéria- 
lisme de  Goethe,  l'idéalisme  de  Kant,  le  socianisme  de  Stràt&s,  le  natura- 
lisme de  Humboldt;  et  elle  serait  presque  subitement  déchue,  c'est  M.Vir- 
chow  qui  l'atteste.  Ces  doctrines  homicides  ont  pu  n'être  en  Allema- 
gne qu'un  excitant,  parce  que,  pour  la  race  allemande,  qui  vit  de  rêves 
et  d'abstractions,  les  erreurs  restent  longtemps  des  erreurs;  tandis  que  les 
erreurs  d'un  peuple  spirituel  et  positif  deviennent  forcément  et  promp- 
tement  des  crimes.  Inoculées  au  génie  français  qui  est  à  la  fois  raison, 
logique,  action,  les  doctrines  allemandes  ont  été  des  poisons  ou  des  dis- 
solvants énergiques.  Mais  grâce  aux  mesures  odieuses  que  M.Vircbow  ré- 
clame, l'Allemagne  aura  son  tour.  En  effet,  voyez  ce  qu'il  ose  provoquer  : 
«  Peu  de  gens  connaissent  nettement  la  mesure  dans  laquelle  l'école 
de  l'avenir,  l'école  dont  sortiront  les  générations  futures, doitressentir  l'in- 
fluence de  la  science  moderne  ;  la  mesure  dms  la  quelle  nous  pouvons 
e3pérer  que  cette  science  même  deviendra  ta  source  d'une  vie  intense  nou- 
velle pour  notre  nation  :  ce  ne  sera  pas  seulement^ l'abolition  des  dissi- 
dences politiques  et  de  race,  l'unification  du  pouvoir,  mais  une  véritable 
fusion  des  esprits,  l'établissement  de  tous  les  membres  de  la  famille  poli- 
tique sur  le  même  sol  intellectuel...  11  faut  arriver  è  uneexitt  nce  intel- 
lectuelle commune,  il  faut  q  ;e  l'être  intérieur  soit  le  même  chez  tous,  de 
sorte  qu'on  puisse  dire  en  abordant  un  allemand,  pour  être  d'accord  avec 

de  modération  :  i  Le  concours  de  l'Allemagne,  de  la  France  et  de  l'Angleterre  ee  re- 
trouve à  chaque  grande  époque  dau9  l'histoire  de  la  science  moderne.  Je  pourrais 
poursuivre  cette  démonstration  jusque  dans  les  temps  présents,  et  montrer  comment 
aucun  des  trois  peuples  n'a  jusqu'ici  dégénéré  de  son  passé;  comment  les  substitutions, 
la  théorie  des  éthers,  celle  des  alcools  polyntomiques,  ia  dissociation,  la  notion  det 
ferments  organisés,  les  méthodes  de  synthèse  des  principes  organiques  ont  été  sur- 
tout établies  par  des  découvertes  françaises  ;  tandis  que  la  théorie  des  radicaux  et  oeile 
des  éléments  polyatomiques  sont  plutôt  des  découverte*  allemandes;  la  théorie  électro- 
dynamique et  la  méthode  des  doubles  décompositions  ont  été  inventéas  en  Angleterre. 
Enfin,  la  grande  doctrine  de  l'équi\alenoe  des  forces  naturelles,  plus  spécialement  dé- 
signée sous  le  nom  de  théorie  mécanique  de  la  chaleur,  a  été  aperçue  d'abord  par  un 
allemand  (Mayer)  et  par  un  anglais  Joule.  Développée  depuis  par  un  mathématicien 
allemand  (Clausius),  elle  a  été  établie  en  chimie  principalement  par  les  expériences 
des  savants  français  et  des  savants  anglais  et  danois...  £n  fait,  l'initiative  des  idées 
et  des  découvertes  réside  depuis  plus  de  deux  cents  ans  au  sein  de  trois  peuples  :  an* 
glais,  français,  allemand.  Leur  union  et  leur  sympathie  réciproque  est  indispensable 
sous  peine  d'un  abrutissement  général  dans  la  civilisation.  » 


LES  MONDES.  459 

lui,  Je  ne  me  borne  point  à  parier  de  nos  communes  frontières  ;  je  suis 
assuré  de  me  rencontrer  avec  lui  sur  le  terrain  de  la  la  même  pensée 
(panthéiste,  matérialiste,  socianiste,  naturiste!).  » 

Voilà  la  théorie,  écoutez  la  pratique,  et  voyez  s'il  est  possible  d'imagi- 
ner quelque  chose  de  plus  odieux. 

«Lorsqu'un  peuple  est  soumis  à  l'instruction  obligatoire,  que  chacun  est 
forcé  de  subir  V éducation  que  VEtat  lui  prescrit;  lorsque  le  minimum  que 
tout  citoyen  doit  posséder  de  connaissances  est  fixé  par  la  loi,  la  première 
conséquence  que  cet  état  réclame  est  la  fixation  d'une  série  de  principes 
fondamentaux  de  la  science,  identiques  pour  tous,  qui  rendent  impossibles 
]es  différences  absurdes  que  Ton  remarque  chez  presque  toutes  les  nations 
cultivées.  » 

M.  Virchow  a  au  moins  un  mérite,  il  est  franc,  il  étale  au  grand 
jour  les  aspirations  despotiques  de  la  science  allemande  et  du  gouverne- 
ment allemand.  Car,  qu'on  le  remarque  bien,  le  trop  fameux  projet  de  loi 
sur  l'Inspection  des  écoles  est  l'exécution  du  programme  de  M.  Virchow, 
instrument  trop  docile  de  M.  de  Bismarck.  Donc,  plus  d'illusion  possible  ! 
Enseignement  obligatoire  entraîne  principes  obligatoires,  science  obliga- 
toire. Nous  tombons  bien  au-dessous  des  doctrines  de  Sparte,  qui  se  bor- 
nait à  vouloir  fondre  dans  un  même  moule  le  physique  de  ses  citoyens! 
Ce  sont  les  intelligences  que  MM.  Virchow  et  de  Bismarck  veulent  façonner 
dans  le  moule  du  Pangermanisme.  La  gloire  de  sparte  dura  trente 
ans,  la  gloire  de  l'empire  allemand  sera-t-elle  beaucoup  plus  longue?  Et 
l'on  ose  reprocher  à  la  majorité  des  hommes  sensés  en  France  la  défiance 
que  leur  inspire  l'instruction  obligatoire  importée  de  Prusse  ! 

Voyez  où  M.  Virchow  veut  en  arriver  :  effacer  avant  tout  le  catholi- 
cisme, ou  plutôt  le  christianisme;  car,  écoutez  bien,  ce  sont  les  livres 
saints  qui  lui  inspirent  cette  sauvage  horreur  : 

«  On  a  beau  jeu  à  se  glorifier  du  progrès  de  la  science,  à  louer  les  mer- 
veilles  de  l'analyse  spectrale  :  il  n'en  est  que  plus  monstrueux  d'adopter 
la  description  du  ciel  telle  qu'elle  e*t  contenue  dans  le  premier  livre  de 
Moïse.. .  11  n'y  a,  en  effet,  aucun  rapprochement  possible  entre  des  hommes 
pleins  des  faits  que  nous  enseigne  l'analyse  spectrale,  qui  considèrent  les 
corps  célestes  comme  en  voie  d'évolution  et  de  mutation  perpétuelle, 
constitués,  du  reste,  d'éléments  analogues  à  ce->x  qui  composent  notre 
globe,  et  d'autres  hommes  qui  se  représentent  le  ciel  sous  la  forme  d'une 
gOrte  de  scène  située  dans  la  région  où  tout  est  bleu  (hilarité),  et  peu- 
plent cette  scène  d'objets  empruntés  à  leur  imagination  ou  à  celle  de  tout 
autre.  » 

Est-ce  bêtise,  est-ce  ignorance,  est-ce  mauvaise  foi?  M.  Virchow  ne 
sait  donc  pas  que  l'un  des  meilleurs  commentaires  de  la  Genèse,  au  juge- 


4M  LES  MONDES. 

ment  du  génie  d'Ampère,  était  la  cosmogonie  de  Laplace  ;  que  l'unité  dt 
matière  du  ciel  et  de  la  terre  est  plutôt  affirmée  que  niée  par  Moïse  :  In 
principio  creavU  Deus  cœlum  et  terram  ;  que  la  création  de  Moïse  n'est  au 
tond  qu'une  évolution  grandiose  et  maintenue  dans  de  justes  limites; 
que  la  doctrine  de  la  mutabilité  des  deux  et  de  la  terre  est  toute  bibli- 
que: cœli  peribunt...sicvt  opertoriummutàbis eos  et  muta&un*ur,  etc.,  que 
l'immutabilité  des  cieux  n'était  qu'une  doctrine  aristotélienne. 
M.  Virchow  plaisante-toi  ou  se  prend-  il  au  sérieuxllorsqu'il  ajoute  : 
a  Vous  persuaderez  à  un  orthodoxe  de  la  plus  belle  eau  que  l'hy- 
drogène brûle  dans  le  soleil,  que  cette  combustion  est  la  cause  de  notre 
existence,  même  sur  la  terre  ;  mais  cette  idée  n'aura  rien  de  commun 
avec  le  reste  de  ses  convictions  ;  elle  sera  chez  lui  comme  un  corps 
étranger  dans  le  sein  des  tissus  organiques,  comme  un  ver  intestinal, 
permettez-moi  cette  comparaison  médicale,  qui  se  loge  dans  l'orga- 
uisme  intérieur  d'un  animal*  Il  y  aura  donc  pour  lui  deux  ordres 
différents  de  choses,  qui  se  pourront  développer  simultanément,  mais 
resteront  deux  existences  à  part,  vivant  chacune  de  sa  propre  vie.  Cet 
homme,  s'il  cherche  à  poursuivre  son  développement,  se  dédoublera  : 
ne  pouvant  concilier  ses  opinions  et  ses  croyances,  il  perdra  la  foi  et 
peut-être  doutera  des  faits  scientifiques  eux-mêmes.  C'e6t  ainsi  que 
l'on  devient  un  misérable  sceptique.  » 

Que  signifie  ,  je  le  répète  ,  cet  amphigouri  ridicule  et  presque 
nauséabond,  qui  aboutit  forcément  à  cette  conclusion  que  la  science 
est  une  déesse  impitoyable,  à  laquelle  il  faut  tout  sacrifier,  même  sa 
foi,  même  sa  religion;  qui  exige,  avant  tout,  que  l'intelligence  soit 
ramenée  à  l'état  de  table  rase.  11  faut  réellement  se  tenir  à  deux  mains 
pour  se  faire  l'écho  de  ces  stupides  déclamations.  M.  Virchow,  vrai- 
ment, ne  sait  pas  ce  que  c'est  que  l'analyse  spectrale,  pour  l'opposer 
ainsi  sans  cesse  à  ma  foi  !  C'est  un  perroquet  qui  répète  les  sons  qui 
ont  frappé  son  oreille.  Je  faisais  de  l'analyse  spectrale,  je  formulais  le 
premier  les  doctrines  fondamentales  que  chaque  matière  en  combustion  a 
ses  raies  propres  et  caractéristiques  ;  je  défendais  la  possibilité  de 
l'origine  commune  du  soleil  et  des  planètes,  l'unité  atomique  de  la 
matière,  le  nombre  limité  des  éléments  et  leur  diffusion  universelle 
longtemps  avant  que  MM.  Kirchoff  et  Bunsen  étudiassent  les  raies  des 
corps  avec  le  prisme  ;  j'ai  été   le   premier  écho  des  observations 
d'analyse  spectrale  céleste ,  cette  analyse  est  pour  moi  une  seconde 
nature  et  non  pas  un  entozoaire,  elle  est  le  dernier  mot  de  cette 
parole  des  livres  saints,  qu'une  étoile  diffère  d'une  autre  étoHe  dans 
sa  clarté.  11  me  semble,  cependant,  que  je  suis  un  orthodoxe  d'assez 
belle  eau.  Ah  !  si  M.  Virchow  était  autre  chose  qu'un  biologiste  ma- 


LES  MONDES  4M 

térialiste  et  s'il  savait  ce  qu'est  ma  foi  !  Il  parlerait  bien  autrement. 

Voyez  se  dessiner  de  plus  en  plus  sa  haine  de  la  vérité  religieuse  : 
«  Nest-il  pas  totalement  inhumain,  totalement  contraire  à  la  nature, 
cet  engouement  avec  lequel  on  s'attache  à  la  tradition  ?  Pour  nous, 
qui  accomplissons  la  tâche  difficile  de  suivre  par  le  moyen  des  sciences 
biologiques  les  phénomènes  de  la  vie  dans  ses  différentes  manifesta* 
tions,  nous  nous  heurtons  bientôt  à  l'antique  problème  de  l'esprit  et 
de  l'âme.  On  ne  peut  arrêter  l'examen  de  ces  questions  par  la  simple 
affirmation  que  voici  :  a  Je  crois  qu'il  est  une  âme  personnelle,  qui 
a  peut  être  séparée  du  corps,  qui  peut  s'en  isoler,  et  avoir  une  exis- 
«  tence  indépendante...  »  Non,  avec  les  gens  qui  nous  tiennent  ce  lan- 
gage et  qui  se  disent  fixés  6ur  ces  idées  (c'est-à-dire  avec  tout  ce  que 
l'humanité  à  compté  de  génies  bienfaisants),  il  n'y  a  pas  d'entente  pot» 
sible.  b 

M.  Virchow  ment  d'abord  quand1  il  prétend  que  l'idée  préconçue 
d'âme  personnelle  l'empêche  en  quelque  manière  que  ce  soit  de  suivre 
par  le  moyen  des  sciences  biologiques  les  phénomènes  de  la  vie  dans 
ses  différentes  manifestations.  Que  ne  laisse-t-il  de  côté  la  notion  de 
cette  Ame  spirituelle  et  indépendante,  qu'il  est  parfaitement  sur  de  ne 
pas  rencontrer  à  la  pointe  de  son  scalpel.  Que  ne  se  borne- t-ii  à  Ja 
notion  toute  matérielle  de  l'âme  ou  des  âmes  qu'il  définit  si  singu- 
lièrement :  c  En  cherchant  ce  qui  a  été  décrit  sous  le  nom  d'âme,  je 
trouve  toujours  une  série  d'actions  organiques  se  rattachant  toujours 
à  certaines  régions,  qui  sont  exactement  déterminées.  Il  est  donc  im- 
possible que  la  force  s'en  aille  et  délaisse  l'organe  ;  elle  lui  est  absolu- 
ment et  étroitement  liée  :  là  où  il  manque,  rien  de  son  activité  ne  se 
montre.  » 

a  Qnand  le  Naturaliste  continue  à  analyser  le  cerveau,  à  localiser  les 
différentes  fonctions  intellectuelles  dans  ses  diverses  parties  et  à  mon* 
trer  l'inanité  du  dogme  de  l'unité  de  l'âme,  en  se  fondant  sur  la  topo- 
graphie des  organes,  ohl  alors  le  savant  n'est  qu'un  matérialiste  l  » 

Les  âmes  qu'il  définit  ainsi  et  dont  il  a  fini  par  doter  chaque  cellule, 
qu'il  accumule  au  nombre  de  milliards  de  milliards  dans  chaque  être 
Vivant,  n'ont  évidemment  rien  à  faire  avec  l'âme  esprit  des  saines  phi- 
losophes, avec  l'âme  immortelle  des  chrétiens  I  Pourquoi  donc  se 
préoccupe-t-il  tant  de  celle-ci?  Ce  secret,  il  va  nous  le  dire;  c'est  en 
même  temps  le  secret  de  l'école  à  la  lois  scientifique,  religieuse  et  po- 
litique dont  il  se  fait  le  grand  prêtre  1  Ecoutez-bien. 

«  S'il  était  possible  d'employer  la  plupart  des  hommes  cultivés  à 
faire  une  analyse  purement  objective  de  l'esprit  humain,  si  chacun 
pouvait  s'accoutumer  à  ne  jamais  s'occuper  de  choses  dont,  par  le  fait, 


m  tes  MONDES. 

aucun  homme  ne  peut  rien  Bavoir,  nous  écarterions  du  coup  un  bon 
nombre  de  difficultés.  Mais  l'opposition  que  nous  font  les  religions 
dites  positives  est  tellement  audacieuse,  que,  si  indifférent  que  Ton 
soit  à  ces  questions  personnelles  de  foi  et  de  sentiment,  la.  législation 
du  pats  et  les  efforts  des  naturalistes  (les  naturalistes,  les  savants, 
instruments  d'un  gouvernement  persécuteur!  quelle  honte!)  ne  peuvent 
plus  désormais  86  borner  à  traiter  simplement  ces  sujets  d'impalpables. 
Nous  aurons  de  la  peine  a  trouver  une  juste  limite  en  pareille  ma- 
tière, mais  nous  constatons  que  les  termes  de  la  convention  de  paix 
ne  sont  pas  mieux  respectés  par  la  partie  adverse.  Puisque  le  syllàius 
attaque  l'ordre  social,  je  crois  que  Tordre  social  peut  attaquer  le 
syllabus.  Nous  revendiquons  cette  égalité  de  droit  qui  doit  être  main- 
tenue partout.  Nous  devons  nous  contenir  quand  notre  adversaire  se 
contient,  mais  quand  l'équilibre  de  cette  tolérance  réciproque  est 
rompu,  nous  avons  à  nous  demander  :  a  La  vie  nationale  peut-elle 
parvenir  à  se  constituer  définitivement  alors  qu'il  est  impossible,  à 
côté  des  querelles  théologiques,  de  marquer  un  domaine  commun  pour 
tous,  sur  lequel  la  Nation  construira  son  édifice  scientifique  nou- 
veau, SUR  LEQUEL  ELLE  FUISSE  LIBREMENT  FORMULER  SES  TUES  UNIVER- 
SELLES. D 

Ce  sont  là  purement  et  simplement  les  prétextes  imaginaires  d'une 
guerre  à  outrance  contre  l'Eglise  catholique.  Affirmer  que  le  Syllabus 
et  les  définitions  du  concile*  du  Vatican  sont  des  attaques  violentes 
contre  Tordre  social  allemand,  c'est  plus  qu'une  odieuse  calomnie, 
c'est  une  sottise  dont  on  est  honteux  au  fond.  Affirmer  que  le  but  final 
de  l'Eglise  est  d'écraser  les  aspiration*  de  tous  les  esprits  indépen- 
dant*, et  d9 arriver 9  à  force  de  dogmatiser  le  monde  et  la  raison,  à 
supprimer  toute  pensée  indépendante ,  est  une  véritable  folie.  L'Eglise, 
nos  adversaires  le  savent  trop  bien,  n'a  aucune  force  coercitive  maté- 
rielle et  morale,  et  elle  n'aspire  en  réalité  qu'à  être  le  garde-fou  de 
la  pauvre  raison  humaine.  Elle  ne  dit  qu'une  chose  aux  gouverne- 
ments, comme  aux  peuples  et  aux  individus,  c'est  que  les  prétendues 
libertés  dont  on  veut  faire  Tordre  social  moderne,  la  liberté  de  penser, 
la  liberté  d'examen,  la  liberté  de  conscience,  la  liberté  de  la  presse,  la 
liberté  de  réunion,  etc.,  etc.  conduisent  infailliblement  à  toutes  les 
erreurs,  à  tous  les  bouleversements,  à  toutes  les  révolutions  imagi- 
nables ;  qu'elles  aboutissent  fatalement  au  renversement  de  Tordre  so- 
cial, à  l'effondrement  des  nations  et  plus  encore  à  la  perte  éternelle 
des  âmes.  Le  Syllabus  et  le  Concile  ne  disent  rien  de  plus*  J'ajoute  et 
je  termine  par  là,  qu'il  faut  être  plus  que  naïf  pour  convertir  en  espé- 
rances réelles  ces  illusions  lamentables. 


LEO  MONDES.  i6* 

«  Plus  l'homme  apprend  à  bien  penser,  pins  les  cercles  de  la 
science  qui  s'ouvrent  à  sa  pensée  sont  étendus,  pins  le  nombre  des 
objets  s'accroît  dans  la  sphère  qui  lui  est  accessible,  plus  aussi  cet 
homme  se  fait  un  devoir  d'être  loyal  dans  les  questions  qu'il  se 
pose  à  lui-même  ;  ainsi  l'on  peut  espérer  trouver  dans  les  progrès 
de  la  science  le  motif  d'un  zèle  plus  ardent  pour  une  morale  élevée, 
la  source  d'efforts  de  plus  en  plus  considérables  pour  atteindre  la 
Véracité,  l'honorabilité,  la  fidélité,  dans  tous  les  rapports  sociaux. 
Tel  est  lé  but  qui  présente  à  notre  patrie  les  plus  belles  perspec- 
tives ;  telle  est  l'espérance  dont  notre  Assemblée  est  pénétrée  et 
avec  laquelle  elle  marche  à  la  rencontre  de  l'époque  nouvelle  qui 
s'ouvre  devant  nous.  Si  nous  parvenons  à  pairs  que  notre  méthode 

SOIT  LA  MÉTHODE  DE  TOUTE  LA  NATION,  QU'ELLE  NB  SOIT  PAS  SEULEMENT 
LA  CAUSE  DE  PROGRÈS  MATÉRIELS,  PAR  SON  APPLICATION  DE  PLUS  EN 
9LU8  EFFICACE  AU  TRAVAIL,  MAIS  QU'ELLE  DEVIENNE  CHEZ  NOUS  LA 
RÈGLE  ABSOLUE  DE  LA  LOGIQUE  ET  DE  LA  MORALE,  NOUS  AURONS  FONDÉ 
NOTRE     VÉRITABLE     UNITÉ    NATIONALE.    (Grand   et   UnivtTStl   (UStlk- 

timent  de  V Assemblée.)  b  Ah!  si  nous  étions  ennemis  de  l'empire 
d'Allemagne,  nous  n'aurions,  pour  avoir  la  certitude  d'être  bientôt 
vengés,  qu'à  hâter  l'accomplissement  du  vœu  si  follement  applaudi 
de  M.  Virchow,  vœu  qui  n'est  au  fond  qu'un  délire!  Ce  biologiste  si 
orgueilleux  ne  sait  pas  Iq  premier  mot  de  la  nature  humaine*  Non, 
mille  fois  non,  la  science  sans  la  foi  [ne  moralise  pas,  ne  sanctifie 
pas  plus  les  nations  que  les  individus  ;  elle  enfle,  elle  gonfle,  elle 
perd,  elle  amène  des  réactions  terribles,  et  bientôt  l'homme  si  fier 
de  la  posséder  est  livré  à  son  sens  réprouvé.  —  F.  Moigno. 

Nomination.  —  M.  Rolland,  directeur  général  des  manufac- 
tures de  l'État,  a  été  élu  membre  de  l'Académie  des  sciences,  en 
remplacement  de  M.  le  général  Piobert,par  42  voix  sur  56  votants, 
et  quoique  la  section  l'eût  placé  au  second  rang.  Nous  ne  pouvons 
qu'applaudir  à  ce  choix  judicieux  de  la  majorité  ;  M.  Rolland  est 
tout  à  fait  digne  d'elle  comme  homme  et  comme  savant. 

Société*  aavante*  de  Vrance.  —  La  réunion  annuelle  des 
savants  français,  tenue  à  Paris  sous  les  auspices  et  par  les  soins 
du  Ministre  de  l'Instruction  publique,  commencera  le  lundi  !•*  avril, 
à  midi  précis,  à  la  S  or  bonne,  et  continuera  les  mardi  2,  mercredi  3, 
et  jeudi  -4  avril. 

Tolérance!—  Un  seul  des  professeurs  de  la  Faculté  des  scien- 
ces de  Strasbourg,  M.  Scbimper,  botaniste  éminent,  aaccepté  la 


4M  LES  MONDES; 

place  qui  lai  a  été  offerte  dans  l'Université  allemande.  M.  Shira. 
per  n'est  point  d'origine  allemande,  mais  bien  d'origine  française  ; 
son  père  était  pasteur  protestant  à  Niderbronn  ;  et  le  ministre  de 
l'instruction  publique  en  France,  non-seulement  lui  avait  offert, 
mais  lui  avait  donné  la  chaire  de  paléontologie  au  Muséum  d'his- 
toire naturelle,  avec  un  traitement  bien  supérieur  à  celui  dont  il 
jouissait  autrefois,  quoique  très-inférieur  à  celui  que  donne  la  nou- 
velle Université  allemande.  Son  refus  est  donc  très-grave,  mais  on 
assure,  d'une  part,  qu'il  n'a  pas  le  courage  de  se  séparer  de  la 
collection  qu'il  a  formée  pour  la  ville  de  Strasbourg,  de  l'antre, 
que  lès  médecins  lui  ont  interdit  l'échange  du  climat  de  l'Alsace 
contre  celui  de  Paris,  comme  très-préjudiciable  à  une  santé  déjà 
ébranlée*  Tolérance  donc  et  miséricorde. 

Contour»  de  zootechnie.  —  Le  concours  ouvert  pour  deux 
chaires  de  zootechnie  aux  Écoles  de  Grignon  et  de  Montpellier  est 
fermé.  Le  jury  a  présenté  en  première  ligne  M.  André  Sanson,  en 
seconde  ligne  M.  Gobin,  en  troisième  ligne  M.  Bénard.  Il  paraîtrait 
que  M.  Sanson  aura  le  droit  de  choisir  entre  les  deux  chaires  de 
Grignon  et  de  Montpellier.  Nous  le  félicitons  sincèrement  de  son 
succès. 

Enoelgnement  rapérleur  d'ag rlenlture.  —  A  la  de- 
mande du  conseil  de  perfectionnement  de  l'École  centrale  des 
arts  et  manufactures,  un  décret  du  ministre  de  l'agriculture  et  du 
commerce  a  décidé  la  création  au  f  sein  de  cette  École  d'un  en- 
seignement supérieur  agricole  ayant  pour  but  non-seulement  de 
faire  des  ingénieurs  agricoles,  mais  encore  de  faire  pénétrer  la 
connaissance  des  choses  rurales  dans  un  grand  nombre  d'intelli- 
gences qui  jusqu'ici  y  restaient  fermées.  11  paraît  que  celte  créa- 
tion serait  due  à  l'initiative  de  M.  Dumas,  président  du  conseil 
d'administration. 

Il  y  aurait  dans  cette  école  une  autre  chaire  plus  impor- 
tante à  créer  et  qui  serait  mieux  dans  les  habitudes  de  son 
enseignement,  une  chaire  d'artillerie,  théorie  et  pratique.  On  sait 
le  rôle  qu'ont  joué  les  anciens  élèves  de  cette  école,  ingénieurs  civils, 
dans  ls  dernière  guerre,  la  part  qu'ils  ont  été  appelés  à  prendre 
dans  l'armement  de  Paris  assiégé;  ces  circonstances  peuvent  se 
présenter  de  nouveau,  et  i)  faudrait  que  cette  fois  nos  ingénieurs 
fussent  mieux  préparés  à  la  mission  qui  pourra  leur  être  conférée. 
L'École  centrale,  d'ailleurs,  est  riche,  et  elle  trouverait  sans  peine 
dans  son  propre  budget  les  ressources  nécessaires  à  l'inauguration 


LES  MONDES.  M5 

du  nouvel  enseignement,  comme  elle  a  fait  pour  renseignement 

agricole, 

< 

Etat  de»  récolte».  <—  Sauf  de  très-légers  dégâts  produits  par 
les  gelées,  soit  de  l'hiver,  soit  de  la  fin  de  février,  la  situation  des 
récoltes  en  terre  est  partout  satisfaisante,  et  sur  la  surface  entière 
de  la  France  l'aspect  de  lavégétation  est  plein  de  promesses  d'abon* 
dance. 


I/es  eatalo*nes  4'bertlcalture   et  *e   aeolegle,  — * 

M.  Sacc  réclame  instamment»  dans  le  Journal  a' Agriculture,  la  pu- 
blication de  catalogues  complets  dans  lesquels  toutes  les  plantes  et 
tous  les  animaux  demandés  par  le  commerce  seraient  rangées  dans 
Tordre  alphabétique  latin  avec  leur  nom  vulgaire  suivi  du  nom 
des  vendeurs  et  du  prix  de  vente.  Par  exemple,  dit  M.  Sacc,  où, 
celui  qui  demande  des  orangers  faits  et  des  vignes  d'Amérique, 
pourrait-il  apprendre  aujourd'hui  qu'il  faut  demander  les  orangers 
à  M.  Rivière,  d'Alger,  et  les  vignes  d'Amérique  à  M.  A.-N.  Bar- 
maux,  de  BollwillerîM.  Sacc  nous  a  appris,  par  parenthèse,  que 
M.  Georges  Barrai  venait  d'ouvrir,  rue  des  HaHes,  34,  une  maison 
de  commission  et  consignation  des  denrées  agricoles  et  prodoits 
industriels,  avec  succursales  à  Londres  et  à  Paris. 

Unité»  de  mesures.  —  L»  Société  centrale  d'agriculture  de 
France  approuve  les  pétitions  faites  par  le  public  agricole  dans  le 
but  que  la  vente  des  grains  et  des  farines  se  fasse  sur  tous  les  mar- 
chés publics  aux  100  kilogrammes,  ou  quintal  métrique;  que  les 
bois  de  feu  et  de  charbon  soient  partout  mesurés  au  stère  ;  que  les 
arbres  sur  pied  ou  abattus  soient  achetés  au  volume  réel  ;  que  les 
pièces  équarries  soient  partout  mesurées  de  deux  en  deux  centi- 
mètres  pour  les  pourtours,  et  de  vingt  en  vingt  centimètres  pour 
les  longueurs,  etc. 

Association  française  contre  l'abus  de*  boissons 
aleoolfqnes.  —  Grâce  à  1'iniliative  d'un  grand  nombre  de  celé- 
brités  médicales,  MM.  Barlh,  Baillarger,  Bergeron,  Bouchardat, 
Chauffard,  Dechambre,  Fauvel,  Larrey,  Hérard,  Roussel,  etc.,  il 
vient  de  se  fonder  à  Paris  une  société  ayant  pour  but  de  combattre 
les  progrès  incessants  de  l'abus  des  boissons  alcooliques.  Le  siège 
provisoire  de  la  Société  est  46,  rue  de  Lille,  chez  son  président, 
M.  Barth  ;  la  cotisation  annuelle  des  membres  et  des  correspon- 
dants normaux  est  actuellement  de  20  francs. 


'     4«6  LK8  MONDES. 


ANALYSE  SPECTRALE 

I/aMoclfltlon  «peetroffeoplque  Italienne,  par  M.   H. 

Tàrry.  —  Le  spectroscope  est  incontestablement  le  seul  instrument 
capable  d'enrichir  la  science  de  nouvelles  découvertes  sur  la  constitua 
tion  physique  du  soleil. 

A  Rome,  le  père  Secchi,  directeur  de  l'Observatoire  du  collège 
romain,  et  M.  Respigbi,  directeur  de  celui  du  Cap i tôle,  furent  les 
premiers  astronomes  italiens  qui  purent  se  servir  de  ce  précieux  moyen 
d'observation  ;  mais  à  l'occasion  de  l'éclipsé  de  soleil  du  mois  de 
décembre  4870,  les  Observatoires  de  Padoue,  Naples  et  Palerme  en 
furent  aussi  pourvus,  et,  à  partir  de  ce  moment,  l'observation  attentive 
du  soleil  fut  faite  régulièrement  dans  chacune  de  ces  villes. 

Chaque  astronome  toutefois  travaillait  pour  son  compte  personnel, 
ne  s'occupant  que  des  questions  spéciales  qu'il  s'était  proposé  de 
résoudre  parmi  les  multiples  et  intéressantes  séries  d'observations 
speetroscopiques  qu'il  y  a  à  faire  sur  le  soleil. 

Fi  était  évidemment  beaucoup  plus  profitable  aux  progrès  de  la 
science  de  s'entendre  pour  se  diviser  la  besogne,  de  manière  à  éviter 
les  doubles  emplois  et  à  concentrer  les  efforts  sur  les  points  les  plus 
importants  qui  exigent  de  longues  séries  d'observations  spéciales,  ce 
qu'il  n'est  pas  possible  d'obtenir  d'un  seul  observateur  en  un  lieu 
unique. 

C'est  ce  qu'ont  parfaitement  compris  les  astronomes  italiens,  et  de 
même  qu'une  vaste  association  s'est  déjà  formée  en  4870,  sous  la 
direction  de  MM.  Denza  et  Schiaparelli,  pour  l'observation  des  étoiles 
filantes  en  un  réseau  qui  embrasse  l'Italie  entière,  le  père  Secchi  et 
MM.  Tacchini  (Palerme),  Respigbi,  Lorenzoni  (Padoue)  et  de  Gasparis 
(Naples),  6e  sont  entendus  pour  former  une  association  dont  le  but  est 
de  soumettre  la  surface  du  soleil  à  une  surveillance  tellement  bien 
combinée  que  rien  de  ce  qui  se  passe  d'important  sur  notre  astre  cen- 
tral ne  puisse  leur  échapper. 

C'est  le  5  octobre  1871  que  cet  accord  s'est  établi  à  Rome  par  la 
rédaction  d'un  programme  que  MM.  Tacchini  et  Secchi  ont  formulé 
et  auquel  les  autres  astronomes  italiens  ont  immédiatement  adhéré. 

Voici  l'analyse  de  ce  programme  auquel,  dans  l'intérêt  de  la  science, 
devraient  adhérer  les  savants  des  autres  pays,  car  en  pareille  matière, 
si  l'on  veut  faire  de  rapides  progrès  dans  l'étude  des  questions  si  inté- 
ressantes qu'on  n'entrevoit  que  depuis  quelques  années,  le  concours 


LES  MONDES.  467 

de  tous  les  astronomes  exercés  n'est  pas  de  trop  et  une  association 
spectroscopique  internationale  serait  un  puissant  moyen  d'action. 

I.  —  Nomenclature  des  travaux  à  entreprendre. 

4°  Nombre,  grandeur,  position  relative  et  direction  des  protubé- 
rances; 

2°  Dessins  circonstanciés  dans  les  circonstances  les  plus  critiques 
ou  les  plus  intéressantes; 

3°  Position  des  facules  et  taches  près  du  bord  et  dessin  général  du 
disque  solaire; 

4°  Étude  de  la  composition  du  spectre  ;  observation  des  raies  ren- 
versées; déterminer  le  mieux  possible  leur  position,  notamment  celles 
des  raies  BC-Ba  vues  par  Respighi,  f  et  h  vues  par  Angstrôm  et 
Lorenzoni  ; 

5°  Description  et  étude  continue,  aussi  longtemps  que  possible, 
des  protubérances  vives  et  à  forme  variable,  de  leurs  phases  et  de  leur 
spectre  ; 

6°  Dessin  des  divers  aspects  d'une  même  protubérance  avec  les 
raies  du  spectre  correspondant  à  chacun  (feux  ; 

1°  Observation  spéciale  des  taches  du  soleil  ;  examen  de  la  relation 
qui  existe  entre  l'aspect  intérieur  et  l'aspect  extérieur  au  bord  du 
soleil  ; 

8°  Mesure  des  diamètres  du  soleil  à  l'aide  du  chronographe  et  de 
l'équatorial  pour  les  ascensions  droites,  des  cercles  méridiens  et  des 
héliomètres  pour  les  déclinaisons; 

9°  Lors  de  l'apparition  des  phénomènes  extraordinaires,  tels  qu'ex* 
plosions,  protubérances  élevées,  etc.,  porter  son  attention  au  nord 
pour  vérifier  s'il  ne  se  produit  pas  en  même  temps  une  aurore  bo- 
réalty  ainsi  que  cela  a  été  observé  à  Palerme  en  août  1874  ;  surveiller 
en  même  temps  les  appareils  magnétiques. 

C'est  grâce  à  l'exécution  de  cette  première  partie  du  programme  de 
l'association  des  spectroscopistes  italiens,  que,  lors  de  l'aurore  polaire 
du  4  février  dernier,  de  bonnes  observations  du  soleil  ont  été  faites  en 
Italie'  et  qu'on  a  pu  constater  une  fois  de  plus  la  coïncidence  de  ce 
phénomène  remarquable  avec  une  agitation  extraordinaire  à  la  surface 
de  notre  astre  central. 

■ 

IL  —  Bigles  relatives  à  V exécution  et  à  la  publication  des  travaup, 

V  Pour  la  description  complète  des  protubérances,  chaque  obser- 
vateur sera  de  service  pendant  un  mois  et  examinera  dans  cet  inter- 
valle le  bord  entier  du  aoleiJ,  sans  préjudice  de  l'examen  qu'en 


4ftS  LES  MONDES. 

pourront  Caire  les  autres,  quoiqu'il  soit  préférable  qu'ils  s'occupent  des 
autres  parties  du  programme  ; 

2°  Pour  plus  de  précision,  on  limitera  la  fente  à  6°  ou  8°  du  bord, 
et  pour  le  dessin  on  se  servira  d'une  échelle  très-agrandie  ; 

3°  La  position  des  facules  et  taches  au  bord  et  la  hauteur  des  pro- 
tubérances se  mesureront  par  projection  sur  un  écran,  ainsi  que  cela 
se  fait  à  Rome  et  à  Païenne  ; 

4°  Un  système  d'avertissements  télégraphiques  très-simple  sera 
organisé  pour  que  l'observateur  de  service  prévienne  des  mauvais 
temps  tous  les  autres,  qui  devront  dès  lors  faire  de  leur  côté  les  obser- 
vations des  protubérances  ; 

5°  Une  fois  son  mois  d'observations  terminé,  chaque  observateur 
devra,  le  plus  tôt  possible,  former  un  tableau  sur  papier  blanc  avec 
crayon  n'  2,  pour  qu'on  puisse  promptement  et  exactement  le  reporter 
sur  la  pierre  lithographique  ;  les  dessins  des  protubérances  seront 
faits  en  rouge  sur  papier  noir  ;  des  notes  et  réflexions  pourront  les 
accompagner  ; 

6°  La  publication  en  sera  faite  dans  le  Journal  des  sciences  natu- 
relles de  Palerme,  sous  la  direction  du  professeur  Tacchini  et  avec  le 
concours  d'un  artiste  distingué,  déjà  familiarisé  avec  ces  reproductions, 
M.  Fraunfelder; 

7°  On  publiera  chaque  année  24  planches  dont  12  pour  les  obser- 
vations des  protubérances; 

8°  En  outre  des  astronomes,  les  physiciens  et  chimistes  qui  se 
livrent  aux  études  spectroscopiques  pourront  faire  partie  de  la  nouvelle 
société  ; 

9°  On  demandera  au  Gouvernement  les  fonds  nécessaires  pour  la 
publication,  et  les  livraisons  imprimées  seront  immédiatement  expé- 
diées en  Italie  et  à  l'étranger. 

Le  concours  du  gouvernement  italien  n'a  pas  fait  défaut  à  cette  belle 
entreprise.  A  peine  ce  programme  était-il  adopté  que  M.  Tacchini 
adressa  un  rapport  au  ministre  de  l'instruction  publique  d'Italie  et  en 
obtint  non-seulement  des  fonds  pour  la  publication  des  travaux  déjà 
faits,  mais  la  franchise  télégraphique  pour  qu'en  cas  de  mauvais  temps 
l'observateur  de  service  pût  prévenir  en  deux  mots  les  trois  autres 
stations. 

Le  premier  fascicule  des  Mémoires  de  la  Société  des  spectrosco- 
pistes  italiens  a  déjà  été  publié  ;  il  contient  d'intéressants  mémoires 
des  membres  de  la  Société  et  des  planches  ehromolithographiepies 
d'une  rare  perfection. 

Voilà  où  on  en  est  en  Italie»  Gomme  toujours,  la  France  s'est  laissé 
devancer. 


LES  MONDES.  469 


ÉLECTRICITÉ 


Mémoire  inr  l'emploi  de»  eearanto  aeeondalree 
pour  Accumuler  on  transformer  le*  eflfate  de  la 
plie  Toltalque  ,  par  M.  Gaston  Planté.  (Suite  et  fin.)  — 
Il  est  donc  nécessaire  de  former  un  couple  secondaire  pour  en  obte- 
nir le  maximum  d'effet  qu'il  peut  donner  après  le  passage  du  courant 
principal,  pour  produire,  par  exemple,  l'incandescence  d'un  fil  de  pla- 
tine de  1  millimètre  de  diamètre  prolongée  pendant  une  minute.  On  y 
parvient  en  le  faisant  traverser  fréquemment  par  un  courant,  et  fer- 
mant aussi  fréquemment  le  circuit  secondaire.  Mais  on  peut  abréger 
beaucoup  le  temps  nécessaire  h  la  formation  d'un  couple  secondaire 
en  faisant  passer  le  courant  principal  tantôt  dans  un  sens,  tantôt  dans 
un  autre.  On  conçoit  que  les  phénomènes  d'oxydation  ou  de  réduction 
décrits  ci-dessus,  produits  alternativement  à  la  surface  des  mêmes 
lames  par  le  courant  principal  lui-même,  activent  beaucoup  la  modi- 
fication moléculaire  des  surfaces  de  ces  lames,  et,  par  suite,  la  forma» 
tion  du  couple  secondaire.  Chaque  fois  qu'on  change  le  sens  du 
courant,  on  observe,  s'il  y  a  un  galvanomètre  dans  le  circuit,  un  ren- 
forcement notable  du  courant  principal  pendant  les  premiers  instants, 
ce  qui  s'explique  aisément,  parce  que  la  force  électromotrice  inversé 
du  couple  secondaire  s'ajoute,  dans  ces  conditions,  à  celles  de  la  pile. 
Cet  effet,  observé  depuis  longtemps  avec  des  voltamètres  à  lames  de 
platine,  est  ici  particulièrement  marqué,  en  raison  de  l'intensité  de  la 
force  électromotrice  développée  par  des  électrodes  de  plomb. 

—  Lorsqu'un  couple  secondaire  est  bien  formé,  c'est-à-dire  lorsque 
le  passage  prolongé  du  courant  principal  dans  un  sens  ou  dans  l'autre 
a  successivement  accumulé,  une  fois  pour  toutes,  à  la  surface  de» 
lames,  des  couches,  relativement  plus  épaisses  qu'à  l'origine,  de  per- 
oxyde de  plomb  ou  de  plomb  réduit  très-divisé,  les  gaz  qui  tendraient 
à  se  dégager  aussitôt  qu'on  fait  passer  le  courant  principal,  sont  com- 
plètement absorbés  par  la  surface  des  lames  pendant  un  certain  temps, 
à  tel  point  qu'avec  un  couple  secondaire  de  moins  de  1/2  mètre  carré 
de  surface,  soumis  à  l'action  du  courant  de  deux  petits  couples  de 
Bunsen,  il  peut  s'écouler  8  ou  10  minutes  avant  qu'aucun  des  gaz 
n'apparaisse  à  la  surface  des  lames.  Tout  le  travail  du  courant  pri- 
maire s'accumule,  en  quelque  sorte,  dans  l'appareil,  sous  forme 

34 


470  LES  MONDES. 

d'oxydation  de  plomb  d'une  part,  d'autre  part  de  réduction  de  plomb 
oxydé  produit  par  la  fermeture  antérieure  du  courant  secondaire,  pour 
être  rendu  de  nouveau  ,  sauf  une  perte  inévitable,  sous  forme  de 
courant  secondaire,  par  la  décomposition  inverse  de  ces  mêmes  pro- 
duits; et  lorsque  les  gaz  commencent  à  se  dégager*  on  est  ainsi  averti 
que  la  pile  n'effectue  plus  sensiblement  de  travail  utile  à  la  production 
du  courant  secondaire. 

Ainsi,  l'apparition  du  dégagement  des  gaz  dans  un  couple  secon- 
daire préalablement  bien  /orme,  devant  un  phénomène  indicatif  du 
maximum  de  la  charge  que  peut  prendre  le  couple,  et  il  n'y  a  plus 
beaucoup  d'avantage,  pour  accroître  les  effets  secondaires,  à  prolonger 
l'action  du  courant  principal.  On  a  eu  l'occasion  de  vérifier  ce  fait  un 
grand  nombre  de  fois  par  l'expérience,  soit  en  recueillant  les  effets  du 
courant  secondaire  dans  un  voltamètre,  comme  on  le  verra  plu*  loin, 
pour  la  mesure  du  rendement;  soit  en  produisant  l'incandescence 
d'un  fil  de  platine  d'une  longueur  et  d'un  diamètre  déterminés.  On  a 
reconnu,  dans  ce  dernier  cas,  par  exemple,  qu'en  chargeant  successi- 
vement le  couple  secondaire  jusqu'à  l'apparition  du  dégagement  de 
gaz,  puis  en  prolongeant  le  passage  du  courant  principal  quelque  temps 
après,  on  n'augmentait  pas  sensiblement  la  durée  de  l'incandescence 
du  fil  de  platine* 

.  —  Lorsque  les  couples  secondaires  restent  quelque  temps  sans  fonc- 
tionner, il  faut,  pour  obtenir  de  nouveau  le  maximum  d'effet  qu'ils 
peuvent  donner,  faire  passer  pendant  une  heure  environ  le  courant 
principal  ;  mais  ensuite  le  maximum  de  la  charge  est  obtenu  en  7  à 
8  minutes.  Il  importe  également  de  les  faire  traverser  par  le  courant 
principal  toujours  dans  le  même  sens  ;  car  les  inversions  de  courant 
qui,  dans  les  premiers  temps  de  l'usage  de  ces  couples,  sont  utiles  pour 
les  former  en  préparant  les  surfaces,  auraient  ensuite  pour  effet  de 
détacher  les  dépôts  d'oxyde  ou  de  métal  réduit  qui  y  adhèrent,  et  faci- 
litent la  production  d'un  courant  secondaire  de  plus  longue  durée.  Ces 
dépôts  d'oxyde,  de  métal  réduit  ou  de  sel  formés  autour  des  électrodes, 
bien  que  très-minces,  jouent  un  rôle  important  dans  la  production  du 
courant  secondaire,  et  surtout  dans  la  conservation  de  la  charge  prise 
par  la  batterie,  ainsi  qu'on  le  verra  plus  loin.  Si  minces  que  soient  ces 
dépôts,  ils  peuvent  être  formés  de  diverses  substances.  La  partie  la  plus 
superficielle  est  formée  d'un  mélange  de  protoxyde  et  de  sulfate  de 
plomb,  qui  reste  adhérent  ou  tombe  peu  à  peu  au  fond  du  vase.  Car,  à 
la  suite  d'un  long  usage  des  couples  secondaires,  on  trouve  à  la  partie 
inférieure  du  liquide  une  poudre  ou  des  pellicules  précipitées,  formées 


LES  MONDES.  471 

Je  protoxyde  et  de  sulfate  de  plomb.  Sauf  ces  parcelles  qui  se  déta- 
chent à  la  longue,  le  couple  secondaire  ne  s'altère  point,  même  par  un 
long  usage  ;  caries  effets  d'oxydation  et  de  réduction  s'opèrent  toujours 
sur  la  même  matière,  formant  une  couche  mince  à  la  surface  des  lames 
de  plomb. 

La  présence  du  sulfate  de  plomb  formé  au  contact  de  l'eau  acidulée 
n'empêche  point,  par  suite  de  la  nature  peu  agrégée  du  dépôt  qu'il 
forme,  les  actions  oxydantes  ou  réductrices  de  se  passer  au-dessous  de 
sa  surface,  de  sorte  que  lorsqu'un  couple  secondaire  est  bien  formé, 
les  gaz  sont  absorbés  pendant  la  charge  du  courant  principal,  sans 
qu'on  voie  aucun  changement  de  teinte  se  produire  sur  les  lames,  à 
l'inverse  de  ce  qu'on  observe  avec  des  lames  neuves,  qui  passent  suc- 
cessivement par  les  nuances  les  plus  claires  et  les  plus  foncées  du 
peroxyde  de  plomb,  ou  reprennent  rapidement  la  teinte  du  métal, 
suivant  le  gaz  qui  agit  à  leur  surface. 

Ici,  dans  un  couple  formé,  tout  se  passe  sous  les  dépôts  de  protoxyde 
ou  de  sel  qui  couvrent  la  surface  d'une  couche  rougeâtre  et  blanchâtre 
sur  quelques  points  ;  de  même  que  l'oxydation  et  l'attaque  du  zinc 
amalgamé  se  produit  sous  la  couche  de  mercure,  sans  aucun  effet  visi- 
ble, et  les  lames  ne  changent  plus  d'aspect  sous  l'influence  du  courant 
principal.  Ce  n'est  que  dans  le  cas  où  l'on  ferait  passer  un  courant 
principal  notablement  plus  intense  que  celui  qu'on  emploie  ordinaire- 
ment et  en  sens  inverse  du  sens  habituel,  que  l'on  détacherait  les  dépôts 
de  la  surface  des  lames,  et  qu'on  les  ferait  tomber  en  larges  lamelles 
au  fond  du  vase.  On  serait  alors,  dans  ce  cas,  obligé  de  reformer  le 
couple  secondaire  par  l'action  d'un  courant  principal  plus  faible  pro- 
longé longtemps  dans  le  même  sens,  pour  obtenir  de  nouveau  le  maxi- 
mum d'intensité  du  courant  secondaire. 

C'est,  en  somme,  un  dépôt  galvanique  de  peroxyde  de  plomb  qu'il 
s'agit  de  produire  dans  ces  couples  secondaires,  aux  dépens  de  la  sur- 
face du  métal  qui  n'est  pas  pénétrable,  et  cependant  le  plus  épais 
possible,  pour  acccumuler,  sous  cette  forme,  le  travail  de  la  pile,  et, 
en  même  temps,  assez  adhérent  à  la  surface  de  la  lame  pour  pouvoir 
subir,  sans  se  détacher,  une  série  indéfinie  de  réductions  et  de  réoxy- 
dations successives. 

Cette  considération  m'a  conduit  à  essayer  de  produire  le  peroxyde 
de  plomb  sur  les  lames  aux  dépens  du  liquide,  afin  de  pouvoir  en 
accumuler  une  plus  forte  épaisseur,  et,  pour  cela,  de  former  ce  liquide 
d'un  sel  de  plomb  plus  ou  moins  étendu.  Mais  alors  l'eau  acidulée  par 
l'acide  sulfurique  ne  peut  plus  être  employée  ;  car  cet  acide  précipite 
les  sels  de  plomb;  et  si  l'on  emploie  d'autres  dissolutions  acides  conte- 


472  LES  MONDES. 

nant  ce  métal,  le  plomb  se  dépose  sur  la  lame  négative  sous  forme 
d'aiguilles  cristallines  qui  établissent  rapidement  des  contacts  avec  la 
lame  positive,  et  arrêtent  ainsi  toute  décomposition  ultérieure. 

Si  Ton  a  recours  à  des  dissolutions  alcalines,  le  plomb  se  dépose 
sous  une  forme  spongieuse  qui  augmente  rapidement  de  volume  (1) 
et  présente  un  inconvénient  analogue  au  précédent;  de  plus,  le  per- 
oxyde de  plomb,  une  fois  déposé,  ne  tend  pointa  s'attaquer  au  sein  de 
la  dissolution  alcaline,  comme  au  sein  de  l'eau  acidulée  par  l'acide 
sulfurique,  de  sorte  qu'on  n'obtient  plus,  dans  ces  conditions,  qu'un 
très-faible  courant  secondaire.  Je  me  suis  donc  arrêté,  jusqu'ici,  à 
l'emploi  de  l'eau  acidulée  au  1/10  par  l'acide  sulfurique  qui  a  tou- 
jours fourni,  par  son  action  sur  le  peroxyde  de  plomb,  un  courant 
secondaire  d'une  intensité  supérieure  à  celle  de  toutes  les  autres  com- 
binaisons acides  ou  alcalines. 

—  Un  phénomène  particulier  aux  couples  ou  batteries  secondaires 
à  électrodes  de  plomb  est  celui  de  la  conservation  de  la  charge  prise 
par  ces  couples  ou  batteries.  Si  l'on  fait  passer,  pendant  une  demi- 
heure  environ,  le  courant  de  deux  couples  de  Bunsen  à  travers  un 
couple  secondaire  préalablement  bien  formé,  et  qu'on  abandonne  ce 
dernier  à  lui-même  peudant  48  heures,  sans  fermer  le  circuit  secon- 
daire, on  peut  obtenir,  au  bout  de  cet  intervalle,  un  courant  secon- 
daire encore  assez  intense  pour  porter  à  l'incandescence  un  fil  de 
platine  d'un  demi-millimètre  à  un  millimètre  de  diamètre.  On  sait 
que  les  électrodes  de  platine  retiennent  assez  longtemps  la  faculté  de 
produire  un  courant,  une  fois  polarisées;  mais  ce  courant  est  extrème- 
ment  faible,  comparé  à  celui  qu'elles  produisent,  aussitôt  après  la 
rupture  du  courant  principal.  Le  fait  de  la  conservation  de  la  charge 
avec  les  électrodes  de  plomb  s'explique  de  la  manière  suivante  :  le 
peroxyde  de  plomb  formé  à  la  surface  de  la  lame  positive  tend  à 
se  réduire  spontanément  dans  l'eau  acidulée,  alors  même  que  le 
circuit  est  ouvert;  il  passe  à  l'état  de  protoxyde  ou  de  sulfate  de  plomb  ; 
mais  cette  altération  est  tout  à  fait  superficielle,  car  elle  est  produite 
par  le  voisinage  immédiat  du  liquide  ;  si  le  dépôt  a  une  certaine 
épaisseur,  le  peroxyde  de  plomb  sous-jacent  se  trouve  protégé,  par 

(1)  Le  dépôt  galvanique  du  plemb  sous  cette  forme,  qu'on  pourrait  appeler  V éponge 
de  Saturne,  présente  un  curieux  effet  de  combinaison,  en  quelque  sorte  mécanique, 
de  plomb  et  d'hydrogène.  Ce  gaz  n'est  ni  combiné  ni  allié  chimiquement  au  métal» 
car  il  disparaît  par  la  simple  pression;  mais  il  contribue  à  augmenter  le  volume  du 
métal  d'une  manière  remarquable,  à  l'instar  du  gaz  ammoniac  dans  l'amalgame 
d'ammonium. 


LES  MONDES/  413 

oette  altération  même  de  sa  surface,  contre  l'action  du  liquide,  et  peut 
rester  ainsi  inaltéré  pendant  plusieurs  jours.  Si  l'on  forme  alors  seu- 
lement le  circuit,  l'état  électrique  que  tendent  à  prendre  les  lames 
détermine  la  réduction,  malgré  la  couche  de  protoxyde  ou  de  sel  qui 
reste  adhérente,  ou  quelquefois  se  détache  partiellement  et  tombe  au 
fond  du  liquide. 

Il  semble  difficile,  au  premier  abord,  de  concevoir  une  couche 
d'oxyde  ou  de  sel  non  conducteur  préservant  une  électrode  de  l'attaque 
du  liquide,  quand  il  ne  circule  point  de  courant  dans  l'appareil,  et 
impuissante  à  la  protéger,  dès  qu'il  y  a  un  circuit  électrique  formé. 
Mais  on  sait,  d'autre  part,  combien  l'intervention  de  la  force  élec- 
trique est  puissante  pour  modifier  ou  déterminer  des  actions  qui  n'au- 
raient point  lieu  sans  elle,  et  l'on  peut  d'ailleurs  citer  certains  cas  dans 
lesquels  un  effet  analogue  peut  être  facilement  mis  en  évidence. 

Si  l'on  emploie,  par  exemple,  un  voltamètre  à  eau  acidulée  dans 
lequel  le  pôle  positif  est  formé  par  une  couche  de  mercure,  et  le  pôle 
négatif  par  un  fil  de  platine,  il  se  forme  à  la  surface  du  mercure,  dès 
les  premiers  instants  du  passage  du  courant  principal,  une  couche  de 
sulfate  de  mercure  insoluble  qui  affaiblit  bientôt  d'une  manière  no- 
table l'intensité  du  courant.  Vient-on  à  renverser  le  sens  du  courant, 
cette  couche  superficielle  n'est  plus  un  obstacle  à  l'action  électro-chi- 
mique ;  le  sulfate  de  mercure  est  immédiatement  balayé  de  la  surface 
du  mercure,  comme  s'il  était  chassé  par  un  courant  d'air  ;  il  entre  en 
suspension  dans  le  liquide,  tandis  que  la  surface  du  mercure  s'éclaircit, 
et  donne  bientôt  naissance  à  un  dégagement  régulier  d'hydrogène. 

Dans  un  voltamètre  à  électrodes  de  plomb,  les  choses  se  passent  de 
la  même  manière  quand  le  courant  principal  est  suflisamment  éner- 
gique et  qu'on  vient  à  en  changer  le  sens.  Le  protoxyde  de  plomb  ou 
le  sulfate  formé  se  détache  en  écailles  de  la  lame  métallique  et  tombe 
au  fond  du  vase.  On  conçoit  donc  que  si,  au  lieu  de  changer  le  sens 
du  courant  principal,  on  ferme  seulement  le  circuit  du  courant 
secondaire  qui  circule  à  l'intérieur  du  couple  en  6ens  inverse  du 
courant  principal,  et  avec  une  force  électromotrice  moindre,  les  réac- 
tions chimiques  se  produisent  également  sur  les  lames  sous  une 
couche  superficielle  mauvaise  conductrice,  sans  la  détacher  nécessai- 
rement pour  cela  de  la  surface  à  laquelle  elle  adhère. 

Ainsi  la  protection  de  la  couche  de  peroxyde  de  plomb  sous-jacente, 
par  l'altération  même  de  la  couche  d'oxyde  ou  de  sel  tout  à  fait  su- 
perficielle, est  la  vraie  cause  de  la  conservation  de  la  charge  dans 
*les  couples  ou  batteries  secondaires  à  lames  de  plomb. 

Le  mot  de  charge  est  employé  ici,  à  défaut  d'un  autre  plus  exact, 


|74  LES  MONDES, 

pour  désigner  l'effet  résultant  de  la  préparation  ou  modification  de  la 
surface  des  lames  de  plomb  ;  car  il  ne  semble  pas  y  avoir  de  charge 
proprement  dite,  comme  dans  un  condensateur.  Il  est  possible  néan- 
moins qu'il  se  produise  un  effet  d'influence  ou  d'induction  entre 
deux  lames  métalliques  de  grande  surface,  telles  que  celles  qui  cons- 
tituent le  couple  secondaire,  séparées  par  une  couche  de  liquide  pou- 
vant jouer  le  rôle  de  lame  isolante;  mais  la  majeure  partie,  pour  ne 
point  dire  la  totalité,  de  l'effet  [produit  par  le  couple  secondaire  est 
incontestablement  due  aux  actions  chimiques  produites  au  sein  du 
liquide  par  les  électrodes  modifiées  sous  l'influence  du  courant  prin- 
cipal. 

Cette  propriété  que  possèdent  les  couples  secondaires  de  conserver 
facilement  leur  charge  après  le  passage  du  courant  principal  est  pré- 
cieuse, en  ce  sens  qu'elle  permettra  de  charger  successivement,  avec 
une  même  pile,  tel  nombre  de  couples  ou  de  batteries  secondaires  que 
Ton  voudra  jusqu'à  épuisement  complet  du  courant  de  cette  pile,  et 
de  réaliser  ainsi,  avec  une  faible  source  d'électricité  dont  le  travail 
aura  été  accumulé  dans  plusieurs  appareils,  les  effets  les  plus  intenses 
que  puisse  produire  la  pile  voltaïque. 

—  Dans  l'appareil  précédemment  décrit  (ûg.  1),  on  a  constaté  la 
production  du  courant  secondaire,  et  les  effets  de  quantité  qu'il  peut 
fournir,  en  interposant  sur  son  passage  un  fil  de  platine  de  4  milli- 
mètre de  diamètre  et  de  7  à  8  centimètres  de  longueur,  qui  se  trouvait 
porté  à  l'incandescence  pendant  une  minute  environ.  Mais  si  Ton  em- 
ploie un  fil  de  platine  de  -^  de  millimètre  de  diamètre,  et  d'une  lon- 
gueur suffisante  pour  ne  point  être  fondu  immédiatement  par  le  pas- 
sage du  courant  secondaire  (5  à  6  centimètres  de  fil  de  ce  diamètre 
opposent  une  résistance  suffisante  pour  un  seul  couple  secondaire),  on 
peut  obtenir  une  incandescence  prolongée  de  ce  fil  pendant  une 
dixaine  de  minutes  environ.  Avec  un  galvanomètre  à  fil  fin  et  long,  on 
obtient  une  déviation  qui  peut  se  maintenir  parfaitement  constante 
pendant  plus  d'une  demi-heure.  Ces  résistances  opposées  à  un  cou- 
rant dans  lequel  la  quantité  a  plus  d'importance  que  la  force  électro- 
motrice jouent  le  rôle  de  modérateurs  ou  de  régulateurs  et  transforment 
ainsi  les  effets  d'un  courant  essentiellement  temporaire  et  inconstant, 
en  un  courant  d'intensité  relativement  constante»  On  conçoit  qu'il 
faille  d'autant  plus  de  temps  pour  dépenser  l'effet  chimique  accumulé 
sur  une  grande  surface  que  l'issue  fournie  au  courant  qui  en  résulte 
est  plus  étroite.  La  durée  de  la  décharge  des  couples  secondaires 
dépend  donc  à  la  fois  de  la  dimension  de  leur  surface,  de  l'épaisseur 


LES  MONDES.  475 

de  la  couche  de  peroxyde  de  plomb  déposé,  et  de  la  résistance  du  con- 
ducteur avec  lequel  ou  ferme  le  circuit. 

—C'est  avec  des  couples  secondaires  se  trouvant  dans  les  conditions 
de  préparation  et  de  formation  indiquées  plus  haut  comme  les  plus 
favorables  à  l'accumulation  du  travail  de  la  pile  dans  ces  appareils* 
que  j'ai  mesyré  le  rendement,  c'est-à-dire  le  rapport  du  travail  élce« 
trique  qu'ils  peuvent  effectuer  au  travail  électrique  qu'il  a  fallu  dé- 
penser pour  les  charger. 

Un  couple  témoin  à  sulfate  de  cuivre  et  à  lame  de  platine»  préala- 
blement pesée,  a  été  ajouté  à  la  pile  principale  destinée  à  charger 
un  couple  secondaire. 

On  a  arrêté  le  passage  du  courant  principal,  dès  que  le  dégagement 
de  gaz  a  commenté  h  se  manifer ter,  le  couple  secondaire  se  trouvant 
alors,  aittfci  qu'on  l'a  vu  plus  haut,  chargé  à  saturation.  La  lame  de 
platine  du  couple  témoin,  couverte  de  cuivre,  a  été  pesée  après  Tes* 
périence. 

Cela  fait,  on  a  déchargé  le  couple  secondaire,  en  fermant  son 
circuit  par  un  voltamètre  à  sulfate  de  cuivre  muni  d'une  autre  .lame 
de  platine  préalablement  pesée,  et  on  n'a  arrêté  l'expérience  que  lors- 
que l'action  du  courant  secondaire  a  été  complètement  épuisée. 

En  comparant,  d'après  les  dépôts  de  cuivre  obtenus,  le  travail  du 
couple  secondaire  avec  celui  de  la  pile  primaire  servant  à  le  charger, 
on  a  trouvé  que  la  proportion  ou  rendement  était  de  ■£&  à  fà. 

On  a  donc  là  un  t  récepteur  assez  parfait  du  travail  de  la  pile  vol- 
talque,  et  l'on  s'explique  ainsi  l'intensité  des  effets  que  ces  couples  ou 
batteries  secondaires  permettent  d'obtenir  en  dépensant,  dans  un 
temps  très-court,  la  force  d'un  courant  primaire  recueillie  pendant  un 

certain  temps. 

—  Les  causes  de  perte  de  travail  correspondant  aux  ^ ,  ou  -^  que 
Ton  ne  retrouve  point  dans  le  rendement  sont  les  suivantes  : 

1*  La  réduction  spontanée  dans  l'eau  acidulée  d'une  petite  portion 
du  peroxyde  de  plomb  à  mesure  qu'il  se  dépose  sur  la  lame  positive, 
cause  d'autant  plus  influente  que  la  surface  du  couple  secondaire 
est  plus  grande,  la  couche  déposée  étant  plus  mince,  et  que  la  charge 
dure  plus  longtemps.  Avec  une  batterie  d'une  surface  extrêmement 
grande  par  rapport  à  celle  de  la  pile  principale  servant  à  la  charger, 
cette  cause  de  perte  croîtrait  elle-même  d'une  manière  indéfinie,  et  la 
batterie  ne  pourrait  presque  pas  se  charger. 

3°  La  formation  incomplète  du  couple  secondaire  ;  une  portion  des 
gai  se  dégage  alors ,  ainsi  qu'on  l'a  vu  plus  haut ,  sans  produire 


««  LES  MONDES. 

d'effet  chimique  utile  pour  la  production  ultérieure  du  courant  secon- 
daire. 

3°  La  polarisation  ou  développement  d'une  force  électromotrice  in- 
verse à  l'intérieur  du  couple  secondaire  lui-même  pendant  qu'il  fonc- 
tionne. 11  en  résulte  que,  lors  de  la  décharge  du  couple  secondaire, 
on  ne  recueille  point  la  portion  de  travail  dissimulée,  par  cet  effet. 
Pour  retrouver  cette  portion  de  travail  dépensée  par  la  pile  princi- 
pale, ilfaudrait  déterminer  le  travail  qui  serait  produit  par  les  résidus(i), 
et  l'ajouter  au  rendement  ;  encore  ne  la  retrouverait-on  pas  entière- 
ment par  suite  de  la  perte  résultant  des  repos  du  couple  secondaire 
entre  chaque  essai  des  résidus. 

—La  batterie  secondaire  à  lames  de  plomb,  disposée  pour  produire 
des  effets  de  tension,  offre  un  rendement  inférieur  à  celui  des  couples 
secondaires  destinés  aux  effets  de  quantité,  et  moins  susceptible  d'une 
mesure  exacte,  par  suite  de  petites  différences  inévitables  dans  la  ré- 
sistance de  chacun  des  couples  qui  la  composent;  cet  appareil  n'en  est 
pas  moins  un  organe  de  transformation  efficace,  permettant  d'obtenir, 
après  un  certain  temps  d'action  d'un  faible  courant,  les  effets  les  plus 
intenses  de  la  pile  voltaïque,  tels  que  la  lumière  électrique,  la  com- 
bustion des  métaux,  etc. 

Le  rôle  que  peuvent  jouer  ces  instrument»  dans  l'électricité  dyna- 
mique est  comparable  à  ceux  de  toutes  les  machines  qui  servent ,  en 
mécanique,  à  accumuler  ou  transformer  les  forces,  telles  que  h  levier, 
les  ressorts,  la  presse  hydraulique,  le  mouton,  etc.  Dans  cette  dernière 
machine,  par  exemple,  une  masse  pesante,  soulevée  peu  à  peu  à  une 
grande  hauteur,  par  une  série  d'efforts  successifs,  est  ensuite  aban- 
donnée a  elle-même,  et  rend,  par  sa  chute,  sous  forme  d'un  grand  et 
unique  effort,  la  majeure  partie  du  travail  dépensé  pendant  un  autre 
temps.  Dans  les  batteries  secondaires  dont  il  s'agit,  la  somme  (1rs  action* 
chimiques  produites  par  une  faible  source  d'électricité  distribuée  sur 
un  grand  nombre  de  couples  secondaires  développe  une  somme  de 
forces  électromotrices  qui ,  réunies  lors  de  la  fermeture  du  circuit 
secondaire,  rendent,  sous  forme  d'un  courant  très-intense  de  couru», 
durée,  la  somme  des  actions  accumulées  pendant  tout  le  temps  qu'a 
duré  la  Charge  de  la  batterie.  Les  effets  de  quantité  correspondent  a 
la  cbute  d'une  masse  très-pesante  soulevée  à  une  petite  hauteur;  les 
effets  de  tension  à  la  chute  d'une  masse  moins  pesante  soulevée  à  une 
grande  hauteur. 

(t)  Les  couples  secondaires  donnent  des  résidus  analogies  à  eeox  de  la  buut#iilû 
d«  Leyde,  V.  Annaltt  de  Chimitei  de  Physique,  ••  série,  t.  XV,  p.  19. 


LES  MONDES.  *77 

Ces  rapprochements  montrent ,  une  fois  de  plus,  le  lien  qui  existe 
entre  les  diverses  manifestations  de  la  force  ou  du  mouvement  en  gé- 
néral, et  la  variété  des  effets  qu'on  peut  .espérer  d'obtenir,  par  ana- 
logie, de  la  force  électrique. 


PHYSIQUE 


Expérience  nouvelle  pour  démontrer  dans  les  éco- 
les la  cause  mécanique  de  l'ébullltlon ,  par  M.  Félix 
Marco.  —  Je  prends  un  tuyau  thermométrique  avec  son  bulbe 
sphérique  à  une  extrémité.  Je  casse  le  bulbe  en  sorte  qu'il  reste 
un  tuyau  avec  une  6orte  d'entonnoir  à  bords  irréguliers.  Je  plonge 
ce  tuyau  dans  l'eau  d'un  matras,  de  sorte  que  l'entonnoir  soit  ap- 
puyé sur  le  food  du  matras.  J'ai  ainsi  une  petite  masse  d'air  empri- 
sonnée par  l'entonnoir  et  par  l'eau.  Je  chauffe  ensuite  l'eau  avec  une 
flamme  à  l'esprit  de  vin  jusqu'à  l'ébullition;  alors,  en  plaçant  convena- 
blement la  flamme,  on  voit  des  bulles  de  vapeur  partir  continuellement 
de  l'entonnoir. 

Il  est  évident  que  chaque  bulle,  pour  sortir  de  sa  prison,  doit  abattre 
la  muraille  d'eau  qui  l'entoure  et  vaincre  la  résistance  de  cette  muraille 
qui  est  égale  à  la  pression  atmosphérique  qui  s'exerce  sur  la  surface 
de  l'eau,  plus  la  pression  due  au  poids  du  liquide,  plus  la  cohésion  du 
liquide. 

Maintenant,  on  sait  que  dans  l'eau  qui  bout  dans  un  récipient  il  y 
a  toujours  des  bulles  d'air  attachées  à  la  paroi  par  adhésion,  et  que  les 
bulles  de  vapeur  partent  toujours  de  ces  bulles  d'air,  une  fraction  des- 
quelles seulement  se  détache  de  la  paroi  pour  venir  crever  à  la  surface, 
tandis  que  le  foyer  charge  toujours  de  nouvelle  vapeur  la  portion  qui 
reste  adhérente  à  la  paroi.  Et  si  l'on  dépouille  l'eau  de  ces  bulles  d'air 
l'ébullition  ordinaire  n'a  pas  lieu.  Cela  est  établi  par  nombre  d'expé- 
riences parmi  lesquelles  je  cjterai  celles  de  Dufour  qui  a  porté  des 
gouttes  d'eau  suspendues  dans  un  mélange  d'huile  de  lin  et  d'essence 
de  girofle  au  delà  de  148°  sans  qu'il  y  eût  ébullition.  Mais  en  touchant 
ces  globules  suspendus  au  sein  de  l'huile  avec  une  tige  de  métal  ou 
de  bois,  c'est-à-U  ire  en  leur  apportant  de  l'air,  M.  Dufour  a  vu  l'ébul- 
lition se  produire  immédiatement. 

M.  Kremers  (i)  a  trouvé  par  un  gran-1  nombre  d'expériences  que 

(i)  Les  Monies,  1871,  txxvi,  png.  87. 


478  LES  MONDES. 

l'eau  privée  d'air  autant  que  possible  peut  être  chauffée  de  408°  À  200* 
sans  bouillir  d'une  manière  continue. 

Donc,  la  cause  mécanique  de  l'ébullitlbn,  C'est  que  dans  l'eau  il  y  a 
toujours  des  bulles  d'air  saturées  dfe  vapeur  qui  abattent  la  paroi  d'eau 
qui  les  entoure  lorsqu'elles  ont  acquis  une  tension  supérieure  à  la  résis* 
tance  de  cette  paroi  qui  est  égale  à  la  pression  atmosphérique  qui 
s'exerce  sur  la  surface  du  liquide,  plus  la  pression  due  au  poids  de  la 
colonne  liquide  qu'il  y  a  dans  le  vase,  plus  la  cohésion  du  liquide. 

Ordinairement  on  ne  tient  pas  compte  de  ces  deux  dernières  résis- 
tances que  doit  vaincre  la  bulle  de  vapeur  pour  sortir  de  sa  prison, 
parce  qu'elles  sont  ordinairement  beaucoup  plus  petites  que  la  pre- 
mière, et  l'on  dit  seulement  qu'un  liquide  bout  lorsque  la  force 
élastique  de  sa  vapeur  fait  équilibre  à  la  pression  que  la  surface  â\X 
liquide  supporte. 

M.  Tomlinson,  dans  un  travail  sur  les  solutions  sursaturées  et 
l'action  des  noyaux  [1),  décrit  cette  expérience.  Il  prit  une  cage  de 
38  millimètres  de  longueur  sur  46  de  largeur  faite  d'un  fil  de  fer  très- 
fin,  tel  que  celui  qu'on  emploie  pour  la  construction  des  blutoirs  en 
usage  dans  la  meunerie.  Deux  cages  semblables  avaient  été  préparées  ; 
l'une  d'elles  fut  parfaitement  nettoyée  et  tenue  au  milieu  d'un  courant 
de  vapeur  d'eau  pure  bouillant  dans  une  éprouvette,  de  manière  à 
mettre  sa  température  en  équilibre  avec  celle  de  l'eau.  Ensuite  on  la 
descendit  doucement  dans  l'eau  aptes  en  avoir  éloigné  la  lampe.  Il 
n'y  eut  aucune  production  de  vapeur,  aucun  des  effets  qui  se  seraient 
produits,  si  l'air  avait  été  un  noyau.  On  avait  une  masse  d'air  au 
milieu  du  liquide,  et  cependant  il  ne  s'y  répandait  pas  de  vapeur.  Les 
interstices  du  tissu  métallique,  dit  M.  Tomlinson,  devaient  être 
incomparablement  plus  grands  que  les  molécules  de  l'air,  et  néanmoins 
on  ne  constatait  aucun  dégagement  de  vapeur.  Cette  première  cage, 
qui  avait  été  préalablement  purifiée,  fut  remplacée  par  la  seconde,  et 
celle-ci  avait  été  laissée  dans  l'état  où  son  constructeur  l'avait  apportée. 
Elle  fut  suspendue  dans  le  courant  de  vapeur  de  l'eau  du  tube,  puis 
descendue  dans  la  même  eau  dès  qu'on  eut  écarté  la  lampe.  Aussitôt 
elle  fut  couverte  de  bulles  de  vapeur,  mais  on  ne  remarqua  aucune 
pénétration  de  vapeur  dans  la  cage,  ni  aucune  expansion  d'air  ou  de 
vapeur  au-dessus  de  l'enveloppe  métallique. 

On  pourrait  croire,  au  premier  abord,  que  cette  expérience  ébranle 
la  démonstration  de  la  cause  mécanique  de  l'ébullition  des  liquides 
que  jai  donnée,  et  qui  est  d'accord  avec  les  idées  des  physiciens  sur  le 

(1)  Voir  le*  Mondes,  1871,  t.  XXVI,  p.  281 . 


LES  MONDES.  479 

phénomène  de  l'ébultition.  Mais  je  ne  erois  pas  que  cela  soit,  parce 
que  dans  l'expérience  de  M.  Tomlinson,  Pair  emprisonné  dans  là  cage 
(puisqu'il  dit  :  on  avait  une  masse  d'air  au  milieu  du  liquide)  est  em- 
pêché de  sortir  par  la  capillarité,  c'est-à-dire  l'adhésion  de  l'eau  au 
tissu  métallique,  et  la  cohésion  même  de  l'eau. 

On  peut  encore  demander  pourquoi  l'ébullition  d'un  liquide  comme 
l'eau  ne  se  fait  qu'à  une  température  déterminée,  tandis  que  l'évapo- 
rationsefait  à  toutes  les  températures;  la  réponse  est  facile.  Dans 
Tébullition,  chaque  bulle  de  vapeur,  pour  sortir  de  sa  prison,  doit 
vaincre  la  pression  atmosphérique  ainsi  que  je  l'ai  démontré  ;  et  pour 
cela  il  faut  la  température  à  laquelle  la  vapeur  a  une  tension  qui  fait 
équilibre  à  cette  pression.  Au  contraire,  dans  l'évaporation,  chaque 
molécule  de  vapeur,  pour  voler  dans  l'air,  n'a  qu'à  yaincre  là  cohésion 
qui  la  lie  aux  autres,  et,  cela  fait,  elle  peut  pénétrer  sans  autre  obstacle 
parmi  les  molécules  de  l'air  où  elle  trouve  de  la  place  sans  ètte  obligée 
de  les  reculer  et  de  vaincre  là  pression  atmosphérique. 


HISTOIRE  NATURELLE 


Reehes»ekM  expérimentale»  sar  la  position  du  cen- 
tre de  gravité  chez  le»  Insectes,  par  M.  Félix  Plateau.  — 
L'étude  des  conditions  d'équilibre  des  êtres  vivants  n'est  possible,  j'ai 
à  peine  besoin  de  le  rappeler,  que  si  l'on  connaît,  dans  chacun  d*eùx, 
la  situation  du  centre  de  gravité  (1).  Aujourd'hui  que  la  mécanique  des 
articulés  a  fait  des  progrès  considérables,  grâce  à  l'emploi  de  procédés 
d'investigation  empruntés  à  la  physique,  il  m'a  paru  qu'il  y  aurait  une 
utilité  réelle  à  décrire  une  méthode  facile  pour  la  recherche  du  eetttre 
de  gravité  chez  les  articulés  et  à  exposer  les  résultats  que  sou  applica- 
tion aux  insectes  m'a  permis  d'obtenir. 

(1)  J'ai  appelé,  dans  mon  travail,  position  relative  du  centre  de  gravité  sa  position 
par  rapport  aune  quelconque  des  parties  du  corps  (anneau,  hanche,  etc.),  et  j'ai 
nommé  position  absolve  du  centre  de  gravité  le  nombre  qu'on  obtient  en  dàoùhuit  le 
rapport  entre  la  distance  du  centre  de  gravité  à  l'extrémité  postérieure  dn  corps  et 
la  longueur  totale  de  l'animal.  Les  quotients  0,5<\  0,67,  par  exemple,  obtenus  de 
cette  manière,  signifient  que  la  distance  du  centre  de  gravité  à  l'extrémité  posté- 
rieure est  les  cinq  dixièmes  on  les  soixante-sept  centièmes  de  la  longueur  du  corps.  Ils 
montrent,  immédiatement  et  indépendamment  de  la  forme  et  de  l^étendire  des  an- 
neaux, si  le  centre  de  gravité  est.au  mHien  de  l'insecte,  plus  rapproché  de  1»  fcfttè  ou 
plus  voisin  de  l'orifice  oral. 


460  LES  MONDES. 

Je  ne  puis,  malheureusement,  dans  un  simple  résumé,  donner  une 
description  de  l'instrument  que  j'ai  employé.  Une  description  trop 
courte  et  sans  figure  est  nécessairement  peu  claire  et  perd  toute  utilité. 
Je  dirai  seulement  que  cet  instrument  reproduit,  à  peu  près,  en  petit, 
et  avec  quelques  perfectionnements,  celui  que  Borelli  avait  imaginé 
pour  déterminer  la  position  du  centre  de  gravité  de  l'homme.  Quant  aux 
résultats  de  mes  expériences,  je  dois  également  renoncer  à  les  présen- 
ter sous  la  forme  qu'ils  affectent  dans  mon  travail1  ;  c'est-à-dire,  sous 
celle  d'un  nombre  considérable  de  chiffres  réunis  en  plusieurs  ta- 
bleaux. Je  me  bornerai  donc  à  énoncer  les  conclusions  générales  que 
j'a^  cru  pouvoir  en  déduire,  en  les  appuyant,  au  besoin,  de  quelques 
exemples  : 

1°  Le  centre  de  gravité  dés  insectes  est  situé  dans  le  plan  vertical 
médian  qui  passe  par  l'axe  longitudinal  du  corps.  2*  Il  occupe  une 
positition  à  très-peu  près  identique  chez  les  insectes  de  même  espèce 
et  de  même  sexe  dans  la  même  attitude. 

3°  Il  est  rare  que  la  forme  extérieure  du  corps  permette  de  détermi- 
ner, sans  expérience,  la  position  exacte  du  centre  de  gravité  ;  je  citerai, 
comme  exemple,  les  résultats  qui  m'ont  été  fournis  par  la  famille  des 
odonates.  Tous  ses  représentants  ont  presque  le  même  aspect  exté- 
rieur et,  cependant,  malgré  cette  quasi  identité  de  structure,  j'ai 
trouvé  dans  les  positions  relatives  du  centre  de  gravité  les  différences 
suivantes  : 

Agrion  puella,  femelle,  premier  tiers  du  3e  anneau  abdominal. 

Agrwn  sanguinea ,  bord  postérieur  du  2«  anneau  abdominal. 

Libellula  conspurcata,  femelle,  bord  postérieur  du  métathorax. 
Libellula  vulgata,  femelle,  sillon  entre  le  thorax  et  l'abdomen. 
Aeschna  grattais,  femelle,  milieu  du  2°  anneau  abdominal. 

4"  Le  centre  de  gravité  n'occupe  pas  la  même  position  chez  les  deux 
sexes  d'une  même  espèce  ;  il  est  tantôt  plus,  tantôt  moins  reculé  chez 
les  femelles  que  chez  les  mâles  et  sa  situation  dépend  des  rapports  exis- 
tant entre  les  diverses  dimensions  des  individus. 

On  aurait  pu  croire  que  le  centre  de  gravité  était  toujours  situé  plus 
en  arrière  chez  les  femelles  dont  l'abdomen  est,  en  général,  plus  volu- 
mineux que  celui  des  mâles. 

5°  Sous  des  métamorphoses  de  la  larve  en  insecte  parfait  le  centre 
de  gravité  relatif  se  rapproche  de  la  tète,  le  centre  de  gravité  absolu 
s'en  éloigne  au  contraire. 

Cette  contradiction  apparente  s'explique  facilement  :  le  thorax  des 
larves  est  généralement  très-réduit  et  les  anneaux  de  l'abdomen  nom- 


LES  MONDES.  481 

breux.  Le  centre  de  gravité  tombe  donc  inévitablement  dans  un 
anneau  abdominal.  Chez  l'insecte  parfait,  le  thora*  a  acquis  des 
dimensions  considérables  et  le  nombre  des  anneaux  abdominaux  a 
diminué.  Le  thorax  se  prolongeant  Jonc  davantage  en  arrière,  a 
marché,  en  quelque  sorte,  à  la  rencontre  du  centre  de  gravité  -qui 
reste  sensiblement  dans  la  région  médiane  du  corps,  et  l'abdomen  se 
raccourcissant,  la  distance  de  son  extrémité  au  point  en  question 
diminue. 

6°  Pendant  la  station,  le  centre  de  gravité  est  placé  à  la  base  de 
l'abdomen  ou  dans  la  partie  postérieure  du  thorax  et  ordinairement 
au  milieu  de  la  longueur  du  corps. 

7°  Pendant  la  marche  d'un  insecte  son  centre  de  gravité  se  déplace 
constamment  autour  d'une  position  moyenne,  mais  de  quantités  trop 
faibles  pour  pouvoir  être  mesurées. 

En  effet,  si  l'on  fait  les  expériences  à  l'aide  d'Orlhotpères  sauteurs, 
sauterelles  ou  acridiens,  on  constate  que  les  déplacements  de  leurs 
énormes  membres  postérieurs  amènent  des  changements  dans  la 
situation  du  centre  de  gravité;  mais  ces  changements  étant  très- 
faibles,  on  arrive  à  cette  conclusion  qu'il  serait  impossible  de  les 
mesurer  chez  les  insectes  ordinaires. 

8°  On  ne  constate  de  déplacement  du  centre  de  gravité,  lorsqu'un 
insecte  passe  de  la  position  du  repos  à  celle  du  vol,  que  chez  les  espèces 
où  les  ailes  sont  couchées  ou  croisées  sur  le  dos  à  l'état  de  repos.  Le 
déplacement  est  horizontal  et  d'arrière  en  avant.  Ce  déplacement  est, 
par  exemple,  chez  les  espèces  suivantes  : 

Vytiscus  dimidialus 0,045  de  la  longueur  totale  du  corps. 

Bydropkilus  piceus 0,028  »  » 

Melolontha  vulgaris 0,053  »  » 

Notanecta  glauea 0,032  »  » 

Locusta  viridissima 0,054  »  » 

Vespa  vulgaris 0,023  »  » 

Plusia  gamma 0,025  »  » 

EristalU  tenax 0,037  »  » 

9*  Pendant  le  vol  actif,  le  centre  de  gravité  oscille  continuellement 
autour  d'une  position  moyenne  qui  répond  aux  instants  où  les  extré- 
mités des  ailes  se  trouvent  au  point  de  croisement  de  la  courbe  en  huit 
qu'elles  décrivent  dans  l'air. 

40°  Chez  les  insectes  aquatiques,  le  centre  de  gravité  est  plus  voisin 
de  la  face  inférieure  du  corps  que  de  la  face  supérieure. 

11°  Pendant  la  natation,  les  mouvements  des  pattes  postérieures  en 


4»2  LES  MONDES. 

forme  de  rames  déterminent  des  oscillations  du  centre  de  gravité 
autour  d'une  position  moyenne  qui  répond  à  la  situation  des  pattes 
natatoires  placées  au  milieu  de  leur  course.  Ces  oscillations  du  centre 
de  gravité  amènent  un  balancement  continuel  du  corps  autour  d'un 
axe  transversal  passant  par  le  centre  de  gravité  moyen  et  lui  font, 
par  conséquent,  parcourir  un  chemin  légèrement  ondulé. 


CALORIQUE  PRATIQUE 


Appareil  ventilateur  calorifère  du  docteur  J.  Casse,  de 
Bruxelles.  —  L'appareil  ventilateur  calorifère  est  destiné  surtout  aux 
écoles,  hôpitaux,  ateliers,  salles  de  réunion,  en  un  mot,  à  toute  pièce 
où  se  trouve  une  agglomération  de  personnes. 

Le  nom  de  l'appareil  indique  sa  double  destination  ;  il  renouvelle 
l'air  et  le  chauffe  dans  des  proportions  convenables.  Toutefois,  comme 
on  le  verra  plus  loin,  il  peut  servir  uniquement  à  la  ventilation,  sans 
donner  de  chaleur. 

L'introduction  constante  de  l'air  neuf,  dans  des  conditions  voulues 
d'échauffement  ou  de  fraîcheur,  doit  être  évidemment  considérée 
comme  une  des  choses  les  plus  importantes,  au  point  de  vue  des 
grandes  réunions  d'individus.  Dans  ce  but,  depuis  de  longues  années, 
on  a  employé  différents  systèmes,  dont  les  uns  réalisent  réchauffement 
seul,  d'autres  la  ventilation  seule  ;  quelques-uns  réalisent  le*  deux  à 
la  fois,  ipais  avec  des  appareils  présentant  des  complications,  ou 
appliqua^  dans  un  sens  tout  différent  le  principe  qui  nous  a  guidé. 

L'enseipble  des  expériences  faites  jusqu'aujourd'hui,  ejt  spéciale- 
ment pap  le  général  Morin  et  tant  d'autres  savants,  tendit  à  {aire 
regarder  ^'aspiration  comme  le  système  le  plus  rationnel  pour  l'éva- 
cuation d#  l'air  vicié  et  l'introduction  de  l'air  neuf.  Nous  sopunes  ptarti 
de  ce  principe,  en  réunissant  dans  notre  appareil  ces  deux  conditions 
et  en  y  appliquant  le  procédé  de  la  ventilation  renversée,  c'est-àldire  : 
évacuation  de  l'air  vicié  par  le  bas  de  la  salle,  et  introduction  de  l'air 
neuf  au  niveau  du  plafond. 

De  plus,  nous  avons  tâché  de  réunir  à  la  fois  la  simplicité,  l'activité 
et  l'économie,  et  dans  ce  but  nous  avons  fait  construire  l'appareil  de 
la  manière  suivante  : 

TJn  foyer,  alimenté  par  l'air  de  la  salle  dans  laquelle  il  est  placé  et 


LES  MONDES.  483 

dont  tes  produits  de  combustion  sont  directement  portés  au  dehors, 
est  placé  dans  une  caisse  en  (Ole  (fig.  1)  ou  en  maçonnerie  [fi'j.  2). 
Cette  caisse,  par  sa  partie  inférieure,  communique  directement  avec 
l'air  extérieur,  et,  par  sa  partie  supérieure,  avec  la  salle  dans  laquelle 
elle  est  placée,  au  niveau  du  plafond  de  celle-ci.  Cette  communication 
se  fait  par  un  registre  à  coulisse,  dont  les  lames  sont  inclinées  de 
haut  en  bas,  afin  de  permettre  au  courant  d'air,  passant  dans  son 
intérieur,  de  se  diriger  obliquement  vers  le  plafond  de  la  salle. 


Coupe.  Coup*,  face. 

FlQ.i. 

Cette  caisse  contient  en  outre  deux  tuyaux,  communiquant  inférieu- 
rement  avec  l'air  de  la  salle,  au  niveau  du  plancher,  le  pluB  loin 


possible  (te  l'orifice  d'entrée  de  l'air  neuf,  et  supérieurement,  au  dehors, 
avec  l'air  extérieur. 


Fio.  2. 

Avec  des  dispositions  semblables,  voyons  comment  fonctionnera 
l'appareil.  L'air  extérieur  arrivant  dans  la  caisse  en  A,  s'y  échauffe  et 
sort  par  l'orifice  supérieur,  comme  dans  les  calorifères  ordinaires, 
pour  aller  s'étaler  le  long  du  plafond  de  1a  salle.  Les  tuyaux  d'évacua- 
lion,  à  leur  tour,  jouent  le  même  rôle  que  la  caisse  ;  l'air  qui  s'y  trouve 
étant  échauffé,  s'y  dilate,  et,  en  vert»  de  cette  propriété,  qui  lui  donne 
une  légèreté  plus  grande,  sort  par  l'orifice  supérieur.  Les  o  ri  fines  infé- 
rieurs des  tuyaux  étant  en  communication  directe  avec  la  salle,  au 


t 


#» 


LES  MONDES.  485 

niveau  du  plancher,  l'air  de  celle-ci  y  pénètre  à  son  tour,  pour  sortir 
également  par  l'orifice  supérieur  de  ces  tuyaux  d'appel. 

Il  résulte  de  ce  fait  que  les  couches  d'air  supérieures  sont  constam- 
ment  ramenées  vers  le  bas,  et  tes  inférieures  évacuées  à  l'extérieur.  Ce 
double  mouvement  apporte  ainsi  un  renouvellement  considérable  de 
l'air,  en  évitant,  dans  un  appareil  bien  confectionné,  les  vents  coulis 
des  portes  et  des  fenêtres. 

Outre  l'orifice  d'entrée  de  l'air  chaud,  on  peut,  en  dehors  de  l'appa- 
reil et  dans  la  chambre  même,  en  établir  un  autre,  communiquant 
directement  avec  l'air  extérieur,  et  l'orienter  autant  que  possible  vers 
le  nord. 

Cet  orifice  est  destiné  à  amener  l'air  frais  qui  viendra,  dans  le  cas 
d'uue  température  trop  élevée  et  alors  que  l'on  ferme  l'orifice  d'arrivée 
de  l'air  chaud,  remplacer  nécessairement  l'air  aspiré  par  le  tuyau 
d'évacuation.  Il  est  évident  que  cet  orifice  doit  être  également  muni 
d'un  registre  destiné  à  régler  l'entrée  de  l'air  extérieur. 

Pendant  l'été»  les  conditions  de  renouvellement  seront  les  mêmes. 
Seulement  dans  cette  saison,  pour  éviter  de  faire  du  feu  dans  les  pièces 
où  les  appareils  sont  placés,  nous  faisons  aboutir  l'extrémité  de  tous 
nos  tuyaux  d'évacuation  dans  une  cheminée  où  l'on  établit  un  foyer 
d'appel. 

Si  la.  difficulté  était  trop  grande  pour  appliquer  ce  dernier  moyen 
ou  qu'il  n'y  eut  qu'une  seule  cheminée,  on  pourrait  remplacer  le  foyer 
par  une  couronne  de  becs  de  gaz. 

Dans  Jes  cas  où,  comme  pendant  l'été,  la  température  extérieure 
excède  celle  qui  doit  exister  à  l'intérieur,  l'air  à  introduire  dans  la  salle 
ne  devant  plus  être  chauffé,  mais  refroidi,  on  fait  communiquer  l'ori- 
fice inférieur  de  la  caisse,  destiné  à  amener  l'air  extérieur,  avec  des 
caisses  réfrigérantes,  dans  lesquelles  celui-ci  perd  une  partie  de  son 
calorique. 

La  caisse  externe  de  l'appareil,  comme  nous  l'avons  déjà  dit,  peut 
être  faite  en  tôle  ou  en  maçonnerie.  Dans  le  premier  cas,  on  peut  rem- 
placer les  tuyaux  d'aspiration  par  des  enveloppes  concentriques.  La 
partie  interne  comprend  alors  le  foyer,  la  médiane  sert  à  l'expiration 
de  l'air  neuf  et  l'externe  à  l'évacuation  de  l'air  vicié.  Une  disposition 
qui  permet  d'utiliser  la  plus  grande  quantité  de  calorique,  consiste  à 
envelopper  le  tuyau  à  fumée,  à  sa  sortie  de  l'appartement,  par  le  tuyau 
d'aspiration  de  l'air  vicié.  La  chaleur  que  le  premier  développe  encore 
à  sa  sortie  de  l'appartement  est  ainsi  utilisée  au  profit  du  second. 

Quand  la  caisse  extérieure  est  faite  de  tôle,  l'appareil  peut  être  placé 
au  milieu  de  la  pièce  ou  contre  l'un  des  murs.  Dans  le  premier  cas 

35 


48(i  LES  MONDES. 

l'air  neuf  sort  sur  tout  le  pourtour  de  l'appareil.  Un  mouvement  de 
glissement  produit  par  un  levier  fait  tourner  dans  son  intérieur  une 
plaque  en  tôle  percée  à  jour,  qui  vient,  quand  la  température  est  trop 
élevée,  diminuer  l'afflux  de  l'air  chaud. 

Dans  le  second  cas,  on  lui  donnera  la  forme  décrite  à  propos  du 
registre  et  indiquée  fig.  I. 

Quand  la  caisse  est  faite  en  maçonnerie  (fig.  Il),  la  déperdition  du 
calorique  étant  moindre  qu'avec  la  tôle,  on  pourrait,  dans  une  saison 
plus  chaude,  pour  remplacer  le  foyer  d'appel  dont  nous  avons  parlé 
plus  haut,  faire  du  feu  dans  l'appareil,  en  ayant  soin  de  fermer  le  re- 
gistre de  sortie  de  l'air  chaud  et  d'ouvrir  celui  de  l'air  frais.  L'air 
chaud  de  l'intérieur  de  la  caisse  ne  pénètre  pas  dans  la  salle  et  l'appel 
de  l'air  vicié  se  produit  comme  à  l'ordinaire. 

C'est  dans  les  appartements  que  cette  dernière  disposition  est  la 
meilleure;  car  la  caisse  externe  en  maçonnerie  dans  laquelle  on  ren- 
ferme les  tuyaux  d'aspiration,  permet  de  conserver  aux  cheminées  leur 
décoration,  tout  en  réunissant  les  avantages  du  procédé.  De  plus,  on 
pourrait  chauffer  plusieurs  chambres  superposées,  en  les  mettant  en 
communication  avec  la  caisse  prolongée  aux  divers  étages. 

Dans  les  pièces  de  grande  dimension,  comme  rue  du  Miroir,  à  l'école 
communale,  le  diamètre  des  tuyaux  d'aspiration  devenant  très-large, 
ceux-ci,  au  lieu  de  se  trouver  dans  l'intérieur  de  la  caisse,  s'y  accolent 
jusqu'au  plafond  et  reçoivent  là  dans  leur  intérieur  le  tuyau  à  fumée. 
La  cloison  qui  sépare  la  caisse  du  tuyau  d'aspiration  étant  en  tôle,  la 
transmission  du  calorique  se  fait  aisément  dans  leur  intérieur. 

Les  avantages  de  notre  procédé  sont  : 

i*  De  donner  un  renouvellement  considérable  d'air  à  une  tempé- 
rature convenable  ; 

2°  D'économiser  le  combustible  ; 

3*  De  ne  pas  présenter  de  complications  ; 

4°  D'amener  les  ondes  sonores  de  haut  en  bas,  avantage  considé- 
rable pour  un  local  d'école,  où  il  importe  d'éviter  des  efforts  de  voix 
de  la  part  des  professeurs. 

Je  remercie  M.  le  docteur  Caze  de  sa  communication^  et  j'oserai 
presque  le  prier  d'installer  dans  une  de  mes  Salles  du  Progrès,  un  de 
ses  calorifères  ventilateurs  dont  on  m'a  dit  tant  de  bien.  Ce  serait  un 
moyen  efficace  de  faire  apprécier  en  France  sa  belle  et  bonne  combi- 
naison. —  F.  M. 


LES  MONDES.  487 


AaCHÊOLOGIE 


Le*  découverte»  et  le*  étude*  paléoetlftimlofflqiies 
de  l'Italie  centrale  au  Contre*  et  à  l'ExpoislUon  de 
Bologne  :  Rapport  du  chevalier  Michel-Etienne  de  Rossi.  — 
Conclusions.  —  Comme  je  l'ai  promis  au  commencement,  je  dois 
maintenant  résumer  la  matière  traitée  dans  le  premier,  le  second 
et  le  troisième  rapport,  ainsi  que  dans  d'autres  écrits  ;  afin  que  les 
conclusions  actuellement  nombreuses  disséminées  dans  l'analyse  des 
différents  faits,  se  trouvant  [réunies  en,  un  seul  corps  et  par  ordre 
chronologique,  puissent  mieux  présenter  l'état  actuel  de  la  paléoethno- 
logie dans  l'Italie  centrale.  Mais  avant  d'entrer  dans  la  question,  je 
dois  avertir  que  ces  conclusions  historiques  ne  toucheront  à  aucun 
point  qui  n'ait  été  traité  dans  l'analyse  ;  et  que  je  ne  les  étendrai  pas 
au  delà  de  ce  que  j'ai  déjà  fait  dans  chacun  des  chapitres. 

Epoque  archéolithique.  —  Les  dépôts  géologiques  de  nos  fleuves 
nous  ont  fourni  des  ustensiles  appartenant  à  des  peuples  témoins  de  la 
nature  quaternaire.  Nous  avons  découvert  qu'ils  ont  habité  près  des 
montagnes,  et  nous  en  avons  reconnu  une  habitation  insulaire  au  fossé 
del  Gupo  près  de  Monticelli.  Nous  avons  remarqué  la  petitesse  et  l'élé- 
gance relative  de  leurs  armes,  d'où  nous  avons  conclu  que,  probable- 
ment ils  étaient  mieux  déposés  que  les  autres  peuples  archéçlithiqyes 
à  faire  des  progrès  dans  les  arts  industriels.  Mais  jusqu'à  présent  uous 
n'avons  pas  découvert  leurs  tombeaux,  ni  aucyn  foyer  qui  leur  ait 
certainement  appartenu.  Je  crois  pourtant  avoir  reconnu  ces  peuplades 
dans  les  traditions  primitives  de  nos  histoires,  et  pouvoir  leur  appli- 
quer le  nom  connu  d'Aborigènes.  Les  auteurs  noi$  disent  précisément 
au  sujet  des  Aborigènes  qu'Us  demeuraient  sur  les  montagnes,  dans 
les  cavernes,  et  près  des  cours  d'eau  ;  et  ils  leur  attribuent  les  n,oms 
archaïques  du  Tibre  :  Albula,  Rumon  et  Serra,  noms  qui  rappellent  la 
nature  quaternaire  de  ce  fleuve.  Il  semble  donc  que  les  pierres  travail- 
lées qui  ont  été  déposées  par  l'Albula  dans  son  état  diluvjal  appar- 
tiennent à  un  peuple  qui  n'est  pas  tout  à  fait  inconnu,  mais  qui  a  uu 
nom  et  une  place,  quoique  reculée  et  vague,  dans  les  anciens  sou- 
venirs. 

Un  autre  anneau  rattache  les  Aborigènes  archéolithiques  aux 
époques  qui  ont  suivi  :  c'est  le  développement  de  l'art  dans  leurs  usten- 
siles, qui  semble  quelquefois  se  rapprocher  de  l'adresse  uéaliftique. 
En  outre,  la  coïncidence  vérifiée  en  plusieurs  points  de  leurs  demeures 


4*8  LES  MONDES. 

avec  celles  des  peuples  néolithiques  qui  les  ont  suivis  est  un  indice 
d'une  descendance  non  interrompue;  coïncidence  que  nous  verrons 
ensuite  se  continuer  avec  \t%  demeures  historiques  des  habitants  très- 
anciens  de  l'Italie  centrale. 

Il  reste  à  étudier  l'abaissement  graduel  du  niveau  des  eaux  quater- 
naires, ou  le  changement  des  conditions  géologiques  dans  leurs  rap- 
ports avec  le  développement  de  l'industrie  humaine  et  la  descente  de 
l'homme  dans  la  plaine.  J'ai  déjà  fait  un  assez  grand  pas  dans  cette 
étude.  Car  ayant  constaté  qu'à  l'arrivée  d'Enée  dans  le  Latium,  c'est- 
à-dire  environ  sept  siècles  avant  la  fondation  de  Rome,  le  Tibre  n'avait 
encore  pu  porter  son  embouchure  dans  la  mer,  et  descendait  alors 
directement  des  collines  comme  dans  l'époque  quaternaire  ;  m'étant 
assuré  que  dans  les  temps  voisins  de  la  fondation  de  Rome  le  Tibre 
avait  laissé  depuis  peu  hors  de  son  lit  les  marais  du  forum  et  du  Véla- 
brum  qui  n'étaient  pas  encore  comblés;  et  enfin  «ayant  même  constaté 
tout  ce  que  ce  fleuve  conservait  de  sa  nature  torrentielle  à  l'époque  de 
Rome  républicaine,  j'ai  pu  conclure  hardiment,  avec  certitude,  que  la 
tin  de  la  période  quaternaire  du  Tibre  ne  pouvait  pas  se  perdre  trop 
dans  l'obscurité  des  siècles  antérieurs  à  l'histoire,  puisqu'il  présentait 
des  traces  d'un  pareil  état  dans  des  temps  pleinement  historiques. 
D'après  ces  principes  nous  devons  nous  attendre  à  d'heureuses  décou- 
vertes qui  multiplient  les  données  conduisant  à  des  conclusions  aussi 
importantes. 

Epoque  néolithique.  —  L'art  de  travailler  les  instrument  de  pierre 
arrive  chez  nous  à  sa  plus  grande  perfection  et  surpasse  celui  de  tous 
les  autres  peuples.  L'homme  de  cette  époque  habita  toutefois,  au  moins 
en  partie,  dans  les  cavernes  et  descendit  des  montagnes  dans  la  plaine. 
Nous  avons  découvert  une  de  ces  cavernes  dans  le  Mont  délie  Gioie, 
au  confluent  de  l'Amené  et  du  Tibre,  et  justement  là  où  fut  bâtie  la  ville 
historique  d'Autemne.  Dans  cette  caverne  néolithique  apparut  un 
fragment  de  corne  de  renne  [cervus  tarandu  s),  animal  dont  l'existence 
en  Italie  est  controversée;  et  que,  en  outre,  on  estime  être  uniquement 
quaternaire  et  archéolithique.  Cette  découverte  concorde  merveilleuse- 
ment avec  celle  de  la  mâchoire  supérieure  appartenant  peut-être  au 
même  animal,  ou  du  moins  à  une  espèce  voisine,  trouvée  dans  les 
tombeaux  néolithiques  de  Canlaiupo.  La  faune  quaternaire  commence 
donc  à  entrer  dans  la  période  néolithique.  Nous  avons  des  preuves  qui 
nous  font  Croire  que  vers  le  même  temps  de  nouveaux  habitants  sont 
venus  de  la  mer  dans  notre  pays. 

Outre  la  pierre,  ceux-ci  commencèrent  à  travailler  et  à  faire  cuire 
l'argile;  ils  fabriquèrent  des  vases  en  terre;  ils  travaillèrent  les  os;  ils 


LES  MONDES.  480 

aiguisèrent  les  dents  de  squale;  ils  entreprirent  le  commerce  peut- 
être  avec  l'Orient,  d'où  il  parait  qu'ils  ont  reçu  les  haches  en  jadéite. 
Tous  ces  événements,  que  la  recherche  soigneuse  des  monuments  dits 
préhistoriques  nous  indique  jusqu'à  l'évidence,  sont  des  faits  qui 
n'ont  pas  été  oubliés  dans  les  traditions  romaines,  et  par  conséquent 
ne  sont  pas  séparés  de  l'histoire  par  un  intervalle  de  temps  incalcula- 
ble. Nous  trouvons  très-vivant  chez  les  anciens  Romains  le  souvenir 
des  armes  de  pierre,  à  tel  point  qu'Auguste  les  a  recueillies  comme 
armes  des  héros  (arma  heroum)  en  les  cherchant  précisément  dans  les 
cavernes.  Un  très-grand  nombre  d'auteurs  rappellent  les  armes  de 
pierre  dans  les  premiers  pas  de  l'industrie  de  leurs  ancêtres.  Ces  rémi- 
niscences pourraient  même  se  rapporter  encore  à  l'époque  antérieure 
à  la  période  archéolithique  elle-même.  On  n'est  pas  sans  avoir  des  sou- 
venirs des  premiers  essais  de  l'art  céramique,  lorsque  pocula  sibi  pri- 
mum  fecit  ogre  s  Us.  Les  vicissitudes  éprouvées  par  les  Aborigènes  de 
la  part  des  nouveaux  peuples  conquérants  venus  de  la  mer,  que  nous 
racontent  les  auteurs,  correspondent  aux  nouveaux  objets  de  l'art 
étranger,  que  nous  voyons  apparaître  parmi  les  objets  travaillés  de 
l'époque  néolithique. 

Mais  continuons  de  résumer  les  découvertes.  Quelques  tombeaux 
néolithiques  trouvés  à  Gantalupo  nous  fournissent  cinq  squelettes  de 
ce  temps,  dans  lesquels  nous  reconnaissons  deux  types  et  peut-être 
deux  races  ;  les  brachicéphales  et  les  dolichocéphales.  Ce  n'est  pas 
seulement  la  forme  du  crâne  qui  nous  porte  à  reconnaître  la  distinc- 
tion des  deux  races;  il  y  a  encore  beaucoup  d'autres  caractères.  Voilà 
donc  un  exemple  palpable  du  mélange  de  deux  peuples. 

Les  silex  votifs,  c'est-à-dire,  les  monnaies  de  pierre  trouvées  dans 
les  eaux  du  Vicarello,  coutume  religieuse  qui  s'est  conservée  dans  la 
suite  des  temps  jusqu'à  l'ère  chrétienne,  démontrent  comment  un 
pareil  rite  a  été  enseigné  aux  romains,  d'après  une  habitude  non 
interrompue,  par  les  peuples  qpi  existaient  au  moins  à  l'époque  dite 
néolithique.  Mais  un  autre  lien  religieux  rattache  directement  les 
peuples  néolithiques  aux  Romains.  Dans  le  droit  fécial  (jus  feciale) 
était  prescrit  l'usage  de  la  hache  de  pierre  pour  le  sacrifice  du  porc;  et 
comme  ce  rite  regardait  les  droits  internationaux,  il  est  clair  qu'il 
avait  pris  naissance  à  l'époque  où  la  multiplication  des  peuples  et  le 
développement  de  la  civilisation  exigeaient  le  respect  réciproque  et  la 
reconnaissance  des  limites  des  territoires  assignés  à  chacun.  Les  Eques 
enseignèrent  aux  Romains  le  jus  feciale,  c'est  pourquoi  ils  ont  con- 
servé religieusement  l'usage  de  la  pierre  dans  les  rites  solennels.  Il  t*t 
même  probable  que  ce  peuple  a  encore  employé  pendant  longtemps 


490  LLS  MONDES. 

la  pierre  comme  ustensile.  Car  les  anciens  auteurs  nous  le  dépeignent 
comme  le  plus  grossier  parmi  les  peuples  limitrophes  de  Rome  et  le 
plus  rebelle  à  la  civilisation,  et  à  peine  dompté  récemment  par  un 
certain  Résius  son  chef.  On  remarquera  que  c'est  précisément  dans  le 
pays  des  Eques  que  j'ai  trouvé  les  tombeaux  néolithiques  dont  j'ai 
parlé,  et  qu'à  raison  de  la  grossièreté  longtemps  prolongée  de  ce  peuple, 
ils  ne  pourraient  avoir  été  de  beaucoup  antérieurs  aux  temps  des 
Romains.  Une  autre  réminiscence  presque  historique  de  l'époque  néo- 
lithique est  Télégone,  fondateur  de  Tusculum,  qui  a  la  lance  armée 
d'une  dent  de  squale,  aculeo  marinœ  belluœ.  L'antre  de  Cacus  et  le 
Lupercale  peuvent  être  des  réminiscences  du  même  temps.  Le  marais 
historique  de  la  Chèvre  nous  restitue  jusqu'à  une  arme  de  pierre  dont 
nous  pouvons  dire  qu'elle  appartient  à  la  Rome  néolithique.  Je 
m'arrête  ici  pour  ne  pas  aller  au  delà  des  limites  que  je  me  suis  im- 
posées; mais  d'autres  noms  et  d'autres  traditions  pourraient  trouver  leur 
place  parmi  les  traces  de  la  période  néolithique.  Quelle  que  soit  la 
valeur  de  chaque  donnée  considérée  séparément,  il  est  évident  d'à* 
près  l'ensemble  de  ces  données  que  la  période  néolithique  ne  peut  pas 
être  de  beaucoup  antérieure  aux  temps  décidément  historiques.  Ce  qui 
confirme  cette  même  conclusion,  c'est  qu'aujourd'hui  on  trouve  fré- 
quemment beaucoup  d'armes  de  pierre  associées  à  des  objets  en  bronze. 
Moi-même  j'ai  trouvé  la  monnaie  gro&sière  œs  rude  dans  un  chantier 
d'armes  néolithiques  ;  beaucoup  de  couteaux  en  silex  ont  été  trouvés 
dans  des  tombeaux  étrusques,  et  une  fois  même  un  ces  grave  librale 
a  été  trouvé  déposé  dans  un  tombeau  avec  un  couteau  de  forme  par- 
faitement néolithique. 

Epoque  du  bronze.  Nous  ne  savons  pas  exactement  si,  et  de  com- 
bien, l'apparition  des  métaux  est  antérieure  chez  nous  à  la  véritable 
histoire.  Nous  ne  savons  même  pas  si  l'usage  de  ces  métaux  a  été  une 
invention  indigène  ou  le  fruit  du  commerce  avec  les  étrangers.  Le 
manque  d'armes  en  cuivre  pur,  un  celt  trouvé  avec  une  écriture  cer- 
tainement phénicienne,  les  indices  d'un  commerce  déjà  commencé  à 
l'époque  de  la  pierre,  favorisent  l'hypothèse  de  l'importation  des  mé- 
taux par  une  voie  étrangère.  L'âge  de  bronze  est  signalé  par  les  armesde 
ce  métal  faites  d'une  forme  spéciale,  paalstab,  celt,  etc.,  qu'on  a  re- 
gardées jusqu'à  présent  comme  préhistoriques  parce  qu'elles  ont  été 
trouvées  dans  les  habitations  lacustres  de  la  Suisse,  dans  les  terres 
marines  de  l'Emilie  et  dans  les  tumuli  d'au  delà  des  Alpes.  Mais  nous 
trouvons  ces  armes  associées  à  Yœs  rude,  et  par  conséquent  elles  lui 
sont  contemporaines.  En  effet,  ce  qui  prouve  que  Yœs  rude  est  contem- 
porain de  la  première  apparition  du  bronze  dans  l'industrie,  c'est 


LES  MONDES.  491 

lVnorme  masse  de  cette  valeur  monétaire  qui,  dans  les  eaux  du  Vica- 
rello,  venait  à  la  suite  de  la  monnaie  de  pierre,  et  précédait  l'amas  votif 
de  Yœs  signatum  monnaie  marquée.  Nous  savons  que  les  armes  de 
bronze  de  la  forme  dite  préhistorique  ont  été  employées  par  les  Etrus- 
ques, et  nous  en  trouvons  en  abondance  dans  leurs  tombeaux. 

Nous  avons  découvert  près  de  Narni  un  trésor  de  bronzes  nom- 
breux avec  Y  ces  rude,  mais  principalement  de  paalstab,  de  celt  et  autres 
armes  plus  connues.  Ces  armes  sont  fondues  et  façonnées  ,  elles  ont 
des  poids  et  des  dimensions  déterminés;  presque  toutes  sont  rompues 
comme  les  quadrilatères  du  premier  ces  signatum  ;  ce  qui  prouve 
qu'elles  ont  servi  comme  valeur  monétaire.  Ayant  examiné  leurs  poids 
nous  avons  trouvé  qu'ils  étaient  des  multiples  ou  des  parties  aliquotes 
de  Vœs  grave  librale  romain  (livre  romaine),  et  l'on  reconnaît  ainsi 
qu'il  y  avait  un  système  de  poids  et  de  mesures  primitives  en  usage 
autrefois  dans  l'Ombiie,  et  contemporain  des  ustensiles  que  nous  ap- 
pelons préhistorisques.  Ceci  est  une  découverte  du  plus  haut  intérêt 
pour  les  origines  et  le  développement  de  la  science  numismatique  pri- 
mitive, mais  surtout  elle  rattache  directement  les  armes  dites  préhis- 
torique* à  la  monnaie  romaine.  Une  autre  donnée  rapproche  l'âge  de 
bronze  des  époques  historiques  et  le  confond  avec  elles.  La  religion 
romaine,  qui  oonsacre  dans  ses  cérémonies  l'usage  du  bronze  et  inter- 
dit l'usage  du  fer,  nous  apparaît  formulée  pendant  le  règne  de  ce  mé- 
tal ;  les  rites  du  collège  des  Arvales  (le  plus  ancien  collège  sacerdotal 
romain)  en  sont  une  preuve  éclatante.  La  quantité  et  l'usage  du  bronze 
prédomine  encore  au  temps  d'Ancus  Marcius  ;  la  fabrication  du  fer  à 
l'époque  des  derniers  rois  de  Rome  était  donc  récente,  et  le  nouveau 
métal  était  encore  précieux  dans  le  Latium.  C'est  une  question  riche 
en  résultats,  mais  d'une  discussion  longue  et  difficile,  que  celle  de  sa- 
voir combien  de  noms,  et  quelle  partie  de  la  véritable  histoire  entrent 
ainsi  dans  l'époque  du  bronze. 

Epoque  du  fer.  Aujourd'hui  presque  tous  les  paléoethnologistes  re- 
connaissent que  cette  époque  entre  dans  l'histoire.  Chez  nous  je  crois 
que  l'histoire  existait  déjà  lorsque  ce  métal  est  entré  dans  le  Latium. 
Mais  il  nous  reste  à  découvrir  à  quel  moment  de  notre  histoire  corres- 
pond l'introduction  du  fer  dans  l'industrie.  Il  est  certain  qu'au  com- 
mencement ce  métal  fut  considéré  dans  le  Latium  comme  une  rareté 
etunobjetprécieux.Telle  était  la  condition  de  l'époque  où  l'éruption  du 
péperino  surprit  et  ensevelit  la  célèbre  famille  des  vases  du  latinm;  bien 
que  nous  y  trouvions  déjà  développés  les  premiers  rudiments  de  l'ait 
architectonique.  On  y  conservait  cependant,  au  moins  en  partie  l'usage 
de  la  sépulture  très-archaïque  dans  les  dolmen.  L'Ëtrurie  avait  déjà 


492  LES  MONDES. 

fait  tant  de  progrès  avec  son  influence  dans  la  Latium,  qu'elle  en  avait 
presque  détruit  l'art  céranique  indigène;  elle  y  introduisait  ses  poteries 
et  ses  bronzes,  elle  dominait  en  somme  le  commerce  du  peuple  gros- 
sier qui  l'habitait.  Dans  ce  même  temps,  et  peut-être  dans  des  condi- 
tions semblables,  vivaient  les  habitants  de  la  plaine  sur  le  Tibre,  dont 
nous  avons  vu,  conservés  parles  frères  Arvales,  les  va6es  en  terre  peu 
différents  de  ceux  du  Latium.  J'ai  déjà  indiqué  la  très-grande  proba- 
bilité, augmentée  chaque  jour  par  beaucoup  d'indices,  que  les  vases  du 
Latium  étaient  des  ouvrages  des  anciens  latins  prisci  latini.  Les  der- 
nières études,  inédites  pour  la  plus  grande  partie,  mais  lues  dans 
plusieurs  réunions  académiques  différentes  de  Rome,  et  qui  seront 
publiées  prochainement,  ont  démontré  jusqu'à  l'évidence  que  les  érup- 
tions finales  du  cratère  d'Albano  sont  arrivées  pendant  l'époque  de 
Rome  royale  et  républicaine,  et  après  l'apparition  de  Yaes  grave  /i- 
brale.  Vues  grave  a  été  trouvé  déjà  cinq  foisdans  la  roche  du  Peperino 
et  au-dessous,  on  Ta  même  trouvé  associé  aux  célèbres  poteries  dites 
préhistoriques  du  mont  A lbano,  lesquelles  perdent  par  là  même  néces- 
sairement ce  nom  vague  et  obscur.  Mais  nous  avons  déjà  dit  qu'à 
l'époque  des  vases  albanais  le  fer  était  encore  un  métal  précieux.  Il 
est  dont-,  certain  que  le  premier  usage  du  fer  dans  le  Latium  corres- 
pond à  la  première  période  de  l'histoire  romaine.  Mais  cette  question 
demande  encore  des  études  profondes  et  attend  de  nouvelles  décou- 
vertes, qui  certainement  ne  manqueront  pas.  Nous  pouvons  néanmoins, 
en  attendant,  conclure  des  résultats  déjà  obtenus  que  dans  l'Italie  cen- 
trale toutes  les  époques  dites  préhistoriques  sont  reliées  entre  elles  et 
enchaînées  dans  un  développement  progressif,  dont  elles  ont  laissé  des 
traces  indélébiles.  Nous  pouvons  affirmer  en  outre  que  les  ouvrage* 
nommés  préhistoriques  de  notre  sol  sont  en  grande  partie  le  travail  du 
temps  dont  nous  retrouvons  les  rapports  avec  l'histoire. 

Telle  est  la  moisson  abondante,  toute  nouvelle  et  inattendue  dans 
la  science  paléoethnologique,  que  j'ai  recueillie  dans  le  champ  qui 
n'est  pas  très-étendu  de  l'Italie  centrale,  et  que  j'ai  apportée  à  l'expo- 
sition et  au  congrès  de  Bologne.  [Atti  del  V Académie  Pontificia  d* 
Nuovi  Lincei,  21  janvier  4872.) 

Cet  épilogue  est  un  rayon  de  soleil  qui  chasse  bien  loin  les  ténèbres 
amoncelées  par  la  fausse  science.  —  F.  M. 


HORTICULTURE 

Jardin*  maraîcher*»  delà  garnlaon  de  Valeoclenlie*. 

—  C'est  une  bien  petite  chose,  en  apparence,  c'est  une  grande  chose 


LES  MONDES.  493 

en  réalité  ;  et  je  remercie  le  Bulletin  de  l'Association  scientifique 
d'avoir  enregistré  les  détails  que  je  suis  si  heureux  de  reproduire  :  les 
diverses  parties  de  terrain  coucédées  à  la  garnison  forment  une  super- 
ficie totale  d'environ  cinq  hectares  ;  trois  hectares  à  l'infanterie,  deux 
hectares  à  la  cavalerie.  Voici  les  produits  obtenus  : 

Cavalerie.  Directeur  du  jardin  :  M.  Deplas,  lieutenant  au  7°  dra- 
gons. Jardinier  en  chef:  M.  Pillard,  brigadier.  Le  rendement  des 
pommes  de  terre  a  été  satisfaisfant ,  et  il  y  a  eu  peu  de  tubercules 
gâtés.  12,000  choux  des  meilleures  espèces  ont  été  plantés  cette  année 
et  ont  fuurni  une  précieuse  ressource  pour  la  marmite.  Les  autres  lé- 
gumes, carottes,  oignons,  poireaux,  navets,  etc.,  étaient  de  la  plus 
belle  venue  et  en  quantité  plus  que  suffisante  pour  les  besoins  de  la 
garnison. 

L'effectif  de  la  cavalerie,  deux  cent  trente  hommes,  étant  peu  nom- 
breux et  les  produits  du  jardin  très-abondants,  on  a  pu  d'abord  aug- 
menter les  bonis  par  escadron,  donner  aux  cavaliers  des  légumes  en 
quantité  considérable,  et,  par  suite  des  économies  réalisées,  porter  de 
300  à  480  grammes  la  ration  de  viande  distribuée  à  chaque  homme 
par  jour.  Chaque  cavalier  a  pu,  en  outre,  recevoir  tous  les  jours  une 
forte  ration  d'excellent  café,  et  même  un  peu  d'eau-de-vie,  avantages 
considérables,  bien  propres  à  améliorer  ou  à  conserver  la  santé  du 
soldat. 

Infanterie.  Directeur  du  jardin  :  M.  Moreau ,  lieutenant  au 
65a  de  ligne.  Jardinier  en  chef  :  M.  Marchand,  sergent.  L'effectif  de 
la  ligne  était,  le  31  août,  de  mille  quatre  cent  trois  hommes.  A  partir 
du  mois  de  juillet,  le  jardin  a  fourni  chaque  jour,  en  carottes,  navets, 
choux,  etc.,  de  150  à  200  kilogrammes  de  légumes  pour  l'ordinaire. 
Depuis  le  mois  d'août,  la  distribution  journalière  de  légumes  s'est 
élevée  à  environ  480  kilogrammes.  Cette  quantité  considérable  de  lé- 
gumes frais,  qui  sera  longtemps  encore  donnée  à  l'infanterie,  en  même 
temps  qu'elle  procure  aux  soldats  un  meilleur  ordinaire,  a  aussi  pour 
résultat  d'augmenter  le  boni  de  chaque  compagnie  de  80  à  90  fr.  et 
même  de  100  à  120  francs  par  mois.  Elle  a  permis  aussi,  par  suite  de 
l'économie  qu'elle  procure,  d'améliorer  la  quantité  de  café  qui  est 
distribuée  quatre  fois  par  semaine  aux  soldats.  Chaque  fantassin  rece- 
vait donc  au  mois  d'août,  outre  sa  ration  de  pain,  chaque  jour, 
300  grammes  de  viande  et  plus  de  300  grammes  de  bons  légumes  qui 
ne  coûtent  rien  à  l'Etat.  Il  serait  impossible  de  donner  aux  militaires 
une  semblable  nourriture,  au  prix  où  sont  toutes  les  denrées  alimen- 
taires, si  la  garnison  n'avait  pas  comme  précieuse  ressource  les  jqj- 
dins  qu'elle  cultive.  Le  jardin  de  l'infanterie  a  produit  cette  année 


494  LfcS  MONDES. 

S8  0O0  choux  pommés,  très-beaux.  Les  pommes  de  terre  étaient 
très-grosses  et  pour  ainsi  dire  pas  malades.  Leur  rendement  a  été  de 
plus  de  dix  fois  le  poids  des  tubercules  plantés,  et  il  est  suffisant 
pour  la  consommation  des  compagnies  jusqu'au  commencement  de 
l'hiver. 

En  présence  de  semblables  résultats,  on  ne  peut  qu'applaudir  à  la 
mesure  bienveillante  prise  par  les  autorités  militaires  de  concéder 
aux  troupes  de  la  garnison  des  terrains  pour  rétablissement  de  jar- 
dins potagers. 

La  Société  d'agriculture  de  Valenciennes,  ayant  pris  la  louable  dé- 
termination d'encourager  par  des  récompenses  les  intelligents  et  labo- 
rieux efforts  des  jardiniers  militaires,  nous  la  prierons  de  vouloir  bien 
décerner  pour  les  travaux  de  Tannée  4871,  savoir  : 

1°  Une  médaille  de  vermeil  à  SI.  Deplas,  lieutenant  au  7*  dragons, 
directeur  du  jardin  ; 

2°  Une  médaille  d'argent  à  M.  Pillard,  brigadier  au  même  régi- 
ment, chef  jardinier  ; 

3°  Une  médaille  en  vermeil  à  M.  Moreau,  lieutenant  au  65e  régi- 
ment de  ligne,  chargé  de  la  direction  du  jardin; 

4*  Une  médaille  d'argent  à  M.  Marchand,  chef  jardinier,  sergent 
au  môme  régiment. 


ACADÉMIE   DES  SCIENCES 


SÉANCE  DU  LUNDI  11   MARS  1872 

Sur  V hydrodynamique  des  cours  d'eau,  par  M.  de  Saint- Venant. 
— «C'est  dans  une  toute  autre  direction  que  celle  des  travaux  analy- 
tiques, qui  supposent  la  régularité  des  mouvements  réels,  qu'il  con- 
vient de  chercher  les  valeurs  diverses  à  attribuer  au  coefficient  de 
frottement  pour  les  divers  points  des  cours  d'eau  ordinaires  où  les 
mouvements  plus  ou  ir  oins  tumultueux  n'offrent  de  variations 
continues  que  dans  les  vitesses  moyennes  locales  ou  de  translation 
des  groupes...  Il  faut  mettre  enjeu  diverses  causes  physiques  :  la 
rugosité  des  parois,  les  dimensions  plus  ou  moins  grandes  des  sec- 
tions transversales,  les  pentes,  etc.,  qui  donnent  naissance  à  des 
pertes  de  force  vive  et  à  des  résistances  spéciales  bien  plus  con- 
sidérables que  les  simples  frottements  résultant  des  vitesses  variant 


LES  MONDES.  498 

avec  coutinuité.  La  théorie  et  l'expérience  prouvent,  en  effet,  que 
le  coefficient  de  frottement,  inférieur  à  un  7488  millième  pour 
l'écoulement  dans  les  tubes  de  très-petit  diamètre,  peut  varier  du 
simple  au  centuple  et  plus,  dans  les  cours  d'eau  ayant  certaines 
profondeurs  et  certaines  vitesses,  a 

—  Sur  les  aurores  boréales,  par  M.  le  maréchal  Vaillant.— C'est 
une  causerie  plutôt  qu'un  mémoire,  et  les  aurores  boréales  y  ont 
une  très-petite  part;  mais  l'illustre  maréchal  formule  en  passant 
des  conquêtes  intéressantes  de  sa  longue  habitude  d'observation 
des  faits  météorologiques. 

La  formation  des  cumuli  a  lieu  presque  toujours  comme  celle 
des  nuages  à  giboulées  dans  les  moments  où  la  température  de  la 
journée  s'élève  beaucoup  et  assez  brusquement*  Il  est  rare  que, 
passé  4  ou  5  heures  après  midi,  on  soit  exposé  à  recevoir  des  gi- 
boulées. 

Après  une  journée  orageuse,  vers  4  ou  5  heures  du  soir,  surtout 
au  mois  de  juin,  alors  que  la  température  de  la  journée  commence 
à  décliner,  on  voit  d'énormes  cumuli  perdre  peu  à  peu  leur  aspect 
arrondi,  se  fondre,  pour  ainsi  dire,  dans  des  formes  plus  vapo- 
reuses. 

Le  plus  petit  rideau  de  brouillard  qui  s'élève  du  sol  terrestre 
vers  8  ou  9  heures  du  matin  donne  lieu  immanquablement  à  un 
orage  dans  le  cours  de  la  journée.  Un  courant  d'air,  sortant  d'un 
bois  un  peu  plus  chaud  que  la  lisière  extérieure,  produit  de  même 
mn  orage  dans  la  journée.  Il  n'est  pas  rare  pour  le  voyageur  qui 
s'est  élevé  sur  des  collines  voisines,  dont  kt  hauteur  ne  dépasse  pas 
peut-être  400  ou  500  mètres,  de  voir  des  éclairs  à  la  surface  du 
rideau  de  nuages  qui  lui  cache  la  plaine,  d'entendre  le  tonnerre  et 
d'apprendre,  en  rentrant  dans  les  villages  qu'il  a  quittés  le  matin 
pair  le  plus  beau  temps  du  monde,  que  ces  villages  ont  été  inondés 
par  la  pluie  ou  ravagés  par  la  grêle. 

Toutes  les  fois  que  la  terre  s'échauffe,  il  y  a  chance  de  mauvais 
temps;  toutes  les  fois  qu'elle  se  refroidit,  il  y  a  chance  de  beau 
temps. 

Sur  les  courbes  aplaties,  par  M.  A.  Cayley. 

—  Sur  ta  proportion  de  l'ozone  contenu  dm*  l'air  de  lu  cam- 
pagne et  sur  son  origine,  par  M.  A.  Houkeau.  -**  La  proportion 
d'ozone  contenu  dans  l'air  est  variable,  et  parait  augmenter  à  me- 
sure qu'on  s'élève  au-dessus  du  sol.  Il  est  certain  que  l'atmosphère 
n'en  renferme  pas  un  261  millième  de  son  poids.  Il  dérive,  pour  la 
plus  grande  partie,  du  moins,  de  ce  qu'on  a  apfielé  i'étectrwité 


496  LES  MONDES. 

atmosphérique:.  Ne  pourrait-on  pas  considérer  les  nuages  et  la 
terre  comme  formant  ensemble  les  parois  d'un  vaste  condensateur 
analogue  à  mon  tube  ozoniseur,  et  à  l'aide  duquel  l'atmosphère 
serait  perpétuellement  électrisée,  et  perpétuellement  aussi  rendue 
active  aux  papiers  iodurés  ? 

—  Sur  les  moyens  de  protéger  les  habitations  contre  le  danger  aVune 
fulguration  provoquée  par  les  tuyaux  de  gaz,  etc.,  par  M.  de  Fonvielle. 
—  M.  de  Fonvielle  appelle  l'attention  sur  les  point  suivants  :  la  néces- 
sité de  signaler  aux  architectes  le  danger  résultant  de  l'habitude  trop 
commune  d'établir  des  tuyaux  à  gaz  dans  le  voisinage  imihédiat  des 
paratonnerres  ou  des  objets  susceptibles  d'en  faire  la  fonction  ;  la  né- 
cessité de  s'assurer  que  les  tuyaux  de  gaz  aboutissent  jusqu'au  sol  hu- 
mide sans  solution  de  continuité  et  sans  diminution  notable  de  con- 
ductibilité ;  la  nécessité  de  placer  les  compteurs  à  gaz  le  plus  près 
possible  du  réservoir  commun,  et  le  plus  loin  possible  de  la  face  que 
l'orientation  de  l'édifice  rend  susceptible  de  recevoir  le  premier  choc 
des  orages  ;  la  recommandation  à  faire  aux  architectes  de  veiller  à  ce 
que  les  tuyaux  de  décharge  se  prolongent  jusqu'au  ruisseau  ou  au 
moins  jusqu'au  sol  ;  et  de  s'assurer  que  les  tiges  des  paratonnerres 
ne  peuvent  être  mises  en  communication  avec  les  gouttières  par  l'eau 
des  orages. 

—  Notice  sur  les  prédictions  des  tremblements  de  terre,  par  M.  Coura- 
bary.  «  M.  Bulard,  directeur  de  l'Observatoire  d'Alger,  nous  avait 
communiqué,  il  y  a  plus  d'un  mois,  un  bulletin  relatant  des  prévisions 
qu'il  avait  faites  relativement  aux  perturbations  atmosphériques  dans 
certaines  régions  limitées  ;  ce  que  nous  avions  trouvé  de  plus  remar- 
quable c'était  la  prévision  de  mouvements  séismiques  ou  de  tremble- 
ments de  terre  pour  le  23  et  24  janvier  1872.  Ce  fait,  s'il  était  isolé, 
pourrait  être  mis  sur  le  compte  du  hasard,  mais  il  a  des  antécédents  : 
ainsi  M.  Bulard  annonçait  des  mouvements  séismiques  pour  le  12  et 
13  décembre  1869,  et  le  13  décembre,  à  4  h.  45  in.  du  matin,  on  a 
ressenti  à  Smyrne  une  secousse  de  tremblement  de  terre.  Les  fortes 
perturbations  atmosphériques  que  M.  Bulard  annonçait  comme  devant 
se  produire  à  des  époques  déterminées  ont  toutes  exercé  leur  action 
sur  nos  régions  ;  ce  sont  celles  des  29  et  30  novembre  1869 ,  26,  27  et 
28  décembre  1869;  13/14,  15  et  16  octobre  1871;  13  et  14  dé- 
cembre 1871  ;  7,  8  et  9  janvier  1872.  Ces  coïncidences  ne  sauraient 
passer  inaperçues  *  il  faut  leur  donner  un  libre  cours. 

—  L'apparition  de  l'aurore  polaire  du  4  février  à  l'Ile  de  la  Réunion 
est  signalée  par  deux  lettres  adressées  à  M.  le  maréchal  Vaillant,  et 
par  une  longue  lettre  de  M.  Aug.  Vinson,  adressée  à  l'Académie. 


LES  MONDES  497 

—  Relations  entre  l'apparition  des  aurores  et  le  mouvement  de  la  lune, 
par  M,  Henry  de  Parville.  —  Notre  confrère  n'hésite  pas  à  se  mettre 
en  désaccord  avec  l'opinion  qui  a  encore  cours  dans  la  science,  et  à 
formuler  la  proposition  suivante  :  c  La  production  des  phénomènes 
atmosphériques  d'une  grande  amplitude  est  réglée  parles  mouvements 
combinés  du  soleil  et  de  la  lune.  Bourrasques,  orages,  aurores  et 
leurs  corollaires  ;  variations  barométriques,  thermométriques,  magné- 
tiques, sont  les  effets  d'une  même  cause  et  obéissent  aux  mêmes  lois. 
Les  grandes  perturbations  coïncident  toujours  avec  certains  points  as- 
tronomiques critiques,  qui  se  déduisent  de  notre  théorie  de  l'équilibre 
atmosphérique.  »  Cette  théorie  est  loiir  [d'être  prouvée.  —  F.  Mt 

—  M.  Janssen  est  de  retour  à  Paris,  sain  et  sauf,  après  avoir  fixé  la 
position  actuelle  dans  l'Inde  de  l'équateur  magnétique  pour  la  décli- 
naison, fait  un  grand  nombre  d'observations  astronomiques  et  de  phy- 
sique terrestre,  et  rapportant  une  collection  d'animaux  vivants  ou 
conservés. 

—  Détermination  des  caractéristiques  des  systèmes  élémentaires  de 
cubiques,  par  M.  G.  Zeuthen.  —  Sat  prata  liberunt  ! 

—  Quantité  de  magnétisme  des  électro-aimants,  par  M.  Cazin.  — 
Gomme  appendice  à  son  mémoire  du  6  juin  1871,  M.  Cazin  a  abordé 
la  solution  expérimentale  du  problème  suivant  :  a  Exprimer  la  quantité 
de  magnétisme  appliquée  à  chaque  pôle  d'un  électro-aimant  cylin- 
drique, dont  le  noyau  est  un  tube  dépassantjla  bobine,  en  fonction  de 
l'épaisseur  e  et  du  rayon  r  du  tube,  de  l'intensité  i  du  courant,  des  dimen- 
sions de  la  bobine.  Après  avoir  établi  par  des  expériences  préliminaires 
les  propositions  suivantes  :  4°  Quand  on  rapproche  l'électro-aimant  du 
conducteur  de  la  bobine,  la  distance  polaire  du  noyau  augmente  sensi- 
blement ;  2°  La  distance  polaire  augmente  avec  l'épaisseur  du  tube 
jusqu'à  ce  que  celle-ci  ait  atteint  une  certaine  valeur  ;  3°  Pour  les  tubes 
de  même  épaisseur  et  de  diamètres  différents,  la  distance  polaire  est 
sensiblement  la  même  ;  4°  La  distance  polaire  ne  dépend  pas  de  l'in- 
tensité du  courant,  M.  Cazin  s'efforce  ensuite  d'évaluer  les  influences 
respectives  des  dimensions  de  la  bobine,  de  l'intensité  des  courants,  de 
l'épaisseur  du  tube;  et  arrive  enfin  à  la  formule 

£  Ci 

m  =  s ;(A  -f-  Br)  c  »    arctang  *  -y-. 

e» 

s  est  le  nombre  de  tours;  A,  B,  C  sont  des  constantes  ne  dépendant  que 
des  unités  adoptées;  et  qui  ont  des  valeurs  données  par  les  équations 

A—40-*0,072582,       B=10-40,3i2io4,      C  =  0,3i706o, 


498  LES  MONDES. 

quand  on  prend  pour  unité  de  longueur  le  décimètre,  pour  unité  de  ma- 
gnétisme celle  qui,  appliquée  en  un  point,  et  agissant  sur  une  égale 
quantité  appliquée  en  un  autre  point,  à  la  distance  de  1  décimètre, 
produit  une  force  de  i  décigramme  à  Paris,  et  évaluant  Tare  en  se- 
condes. On  passe  à  l'unité  de  Gauss  en  multipliant  par  99067,87.  Si  le 
noyau  était  plein  on  ferait  e  =  i.  Si  l'on  suppose,  *«=1,e3*=r  =  i,t  =  1 
on  a  rn0  =  26,297  ;  telle  est  la  quantité  de  magnétisme  développée  à 
chique  pôle  d'un  cylindre  plein,  ayant  un  rayon  d'un  décimètre  lors  • 
qu'il  est  aimanté  par  un  seul  tour  de  fil  parcouru  par  un  courant  ca- 
pable de  dégager  un  milligraipme  d'hydrogène.  C'est  une  nouvelle 
constante  du  magnétisme. 

—  Etudes  sur  les  densités  de  l'acide  chlorhydrique,  par  M.  Kolb. 
L'auteur  s'est  proposé  de  répéter  pour  l'acide  azotique  les  essais 
densimétriques  qu'il  a  déjà  faits  pour  l'acide  chlorhydrique.il  a  repré- 
senté par  une  courbe  les  densités  obtenues  par  lui,  et  il  a  constaté  que 
cette  courbe,  depuis  l'origine  jusqu'à  la  densité  1,190  environ  est  une 
ligne  parfaitement  droite,  dans  laquelle  se  trouvent  compris  les  acides 
types  du  commerce;  ce  n'est  que  dans  le  voisinage  de  la  densité  1,190 
que  la  courbure  se  prononce. 

—  Sur  les  relations  qui  existent  entre  les  aurores  polaires,  les 
protubérances y  les  taches  solaires  et  la  lumière  zodiacale,  par 
M*  Tarry. —  Le  rapprochement  des  observations  d'aurores  polaires 
et  4e?  observations  spectroscopiques  conduit  M.  Tarry  à  constater 
que  sur  42  aurores  polaires  survenues  dans  un  intervalle  donné, 
il  n'y  en  a  que  sept  qui  n'étaient  pas  accompagnées  de  protubé- 
rances, explosions  ou  autres.  Ces  faits  sont  de  nature  à  rendre  ex- 
trômement  probable  la  relation  de  cause  à  effet  qui  parait  exister 
entre  ces  deux  classes  de  phénomènes.  D'un  autre  côté,  l'observa- 
tion constate  que  les  apparitions  d'aurores  polaires  coïncident  avec 
une  extension  remarquable  de  la  lumière  zodiacale  ;  et  que  les  va. 
riations  de  la  lumière  zodiacale  sont  liées  à  l'apparition  des  taches 
solaires.  Tous  ces  phénomènes  seraient  dqnc  étroitement  unis. 

Nous  remercions  M.  Tarry  d'avoir  rappelé  le  passage  de  notre 
Répertoire  d'optique  moderne  dans  lequel  nous  avons  consigné 
cette  observation  de  H.  Colla,  ancien  directeur  de  l'Observatoire 
de  Parme  :  o  11  se  produit  constamment,  dans  la  direction  dn  mé- 
ridien magnétique,  une  lueur  singulière,  analogue  à  la  lumière 
zodiacale,  ayant  la  forme  d'une  zone  parallèle  à  l'horizon,  large 
de  10  à  12  degrés,  et  dont  l'intensité  augmente  avec  les  perturba- 
tions de  l'aiguille  aimantée.  x>  Nous  avions  dit  de  cette  lueur  magné, 
tique  qu'elle  était  l'élément  permanent  des  aurores  polaires,  qui 


LES  MONDES.  499 

n'en  seraient  que  l'exagération  périodique.  Il  importe  grandement 
de  la  retrouver  et  de  voir  si  elle  ne  présenterait  pas  la  raie  caracté- 
ristique commune  aux  aurores  polaires  et  à  la  lumière  zodiacale, 
récemment  signalée  par  M.  Respighi. 

—  Théorie  géométrique  du  mouvement  des  planètes,  par  M.  Résal. 
Cette  note  a  pour  principal  objet  de  faire  voir  comment  les  consi- 
dérations de  l'accéléra  ion  conduisent  simplement  aux  formules 
données  par  Lagrange  dans  sa  Théorie  géométrique  des  aphélie*.  Les 
équations  auxquelles  elle  conduit  permettent  de  résoudre  d'une 
manière  très-simple  le  problème  du  mouvement  d'une  planète 
dans  un  milieu  résistant. 

—  Expérience  acoustique  tendant  à  démontrer  que  la  translation 
dun  corps  m  vibration  donne  lieu  à  une  longueur  d'onde  différente 
de  celle  que  produit  le  mime  corps  dans  une  position  fixe. — M.  Mayer 
prend  quatre  diapasons  1,  2,  montés  sur  caisses  résonnantes  et 
donnant  la  note  ut1  =  $56  vibrations  par  seconde  ;  il  met  à  l'unisson 
parfait  les  n"  1  et  2;  il  place  le  n°  4  devant  une  lanterne  magique  avec 
une  petite  balle  de  bon  liège  (5  millimètres  de  diamètre)»  suspendue 
par  un  filament  de  soie  et  effleurant  une  de  ses  branches. 

Le  diapason  n°  4  reste  devant  la  lanterne,  la  balle  effleurant  une  de  ses 
branches;  le  diapason  n°  2  attaché  à  sa  caisse  .est  tenu  à  la  main  et  mis 
en  vibration  à  une  distance  de  20  mètres  du  n*l,  et  l'on  constate  que  la 
branche  du  diapason  n°  1  vibre  à  l'unisson  avec  le  n*  2.  Mais  si  après 
avoir  détaché  le  diapason  vibrant  n*  2  de  sa  caisse,  et  s'être  rapproché 
rapidement  du  n*  4,  on  pose  le  diapason  2  sur  sa  caisse  et  l'on  s'arrête, 
la  balle  de  liège  reste  en  contact  avec  la  branche  du  diapason  n°4 ,  celui- 
ci  ne  vibre  plusà  l'unisson;  sans  aucun  doute,  parceque  dans  la  marche 
le  ton  du  diapason  n9  2  a  changé.  Nous  ne  dirons  pas  comment  avec 
deux  autres  diapasons  semblables  mais  amenésjà  faire  quelques  vibra- 
tions de  moins,  M.  Mayer  est  parvenu  à  estimer  la  variation  et  à  mon- 
tres qu'elle  est  de  signe  différent  suivant  que  le  diapason  marcheur  2, 
s'approche  ou  s'éloigne  du  diapason  immobile  4  . 

— Note  sur  les  draguages  exJcutés  dans  la  fosse  du  Cap-Breton  durant 
famée  4874.  —  Conclusions.  Au-dessous  de, la  zone  des  Laminaires, 
il  existe  trois  zones  profondes,  bien  distinctes,  de  24  à  30  brasses, 
zone  des  corallines  :  les  mollusques,  les  crustacés,  les  Bryozoaires  et 
les  Hydrozoaires  y  sont  très-abondants  . 

2°  De  40  à  50  brasses,  zone  profonde  des  coraux,  où  se  développent 
les  Polypiers,  les  Gorgones  et  les  Brachyopodes  ; 

3#  De  400  à  250  brasses,  zone  à\Brisopsis  avec  quelques  mollusques, 
DentaUum  gracile,  Nassa  semis  triât  a  y  Lucina  Fkxuosa.  En  ajoutant  la 


500  LES  MONDES 

zone  littorale  et  la  zone  des  Laminaires,  on  arrive  à  constater  l'exis- 
tence  de  cinq  zones;  au-delà  de  2S0  brasses  doit  commencer  celle  des 
A  bysses. 

—  Résumé  de  rechercfies  anatomiques  sur  les  Lombriciens  terrestres  (vers 
de  terre),  par  M.  Edmond  Perrier.  —  L'ensemble  des  faits  semble  indi- 
quer que,  d'après  la  position  des  pores  génitaux,  on  pourrait  déjà  établir 
trois  familles  dans  Tordre  des  Lombriciens.  Dans  la  première  les  pores 
génitaux  sont  en  avant  de  la  ceinture; dans  la  seconde  ils  sont  en  arrière; 
la  troisième,  outre  les  deux  rangées  de  soies  latérales,  possède  une  ran- 
gée de  soies  dorsales. 

—  Sur  les  rapides  changements  de  coloration  provoqués  expérimentale- 
ment chez  lei  crustacés,  par  M.  Georges  Pocchet.  —  Dans  deux  commu- 
nications antérieures,  M.  Pouchet  a  signalé  la  propriété  dont  jouissent 
certains  poissons  de  modifier  la  couleur  de  leur  peau  selon  la  qualité  des 
radiations  lumineuses  du  fond  où  ils  vivent,  et  prouvé  que  cette  faculté 
a  pour  point  de  départ  l'œil,  en  sorte  qu'elle  cesse  sur  ranimai  aveugle  ; 
et  que  de  plus  l'action,  cause  des  modifications,  est  transmise  de  la  rétine 
et  du  cerveau  aux  éléments  pigmentés  contractiles  ou  chromoblastes  de  la 
peau  par  les  nerfs  crâniens  et  le  grand  sympathique.  Il  montre  aujour- 
d'hui que  cette  faculté  appartient  aussi  à  un  certain  nombre  de  crustacés 
de  la  famille  des  salnotes,  par  exemple  à  la  grande  crevette  ou  palemon 
qui,  lorsqu'on  la  place  dans  des  conditions  déterminées,  passe  directe- 
ment du  jaune,  qui  est  la  couleur  propre  des  tissus,  au  rouge  plus  ou 
moins  rabattu;  le  bleu  est  transitoire  et  ne  se  montre  pas  quand  ranimai 
revient  du  rouge  au  jaune  ;  comme  chez  les  vertébrés,  cette  faculté  est 
soumise  à  la  qualité  des  radiations  qui  frappe  l'œil  mosaïque  des  ar- 
ticulés. 

—  Noie  sur  un  trait  particulier  de  la  êonstitution  des  Pyrénée*  ,  par 
M.  Leymertje.  L'auteur  a  vu  le  premier  qu'à  partir  de  Saint-Michel  et  d'Au- 
rignac  une  bande  extérieure  à  la  chaîne,  cachée  jusque-là  par  le  dépôt 
tertiaire  delà  plaine,  commence  à  se  relever  sous  la  forme  d'un  chaînon 
qui  se  prolonge  sans  discontinuité,  parallèlement  à  la  chaîne  elle-même 
jusqu'aux  Corbières,  formant  comme  une  sorte  de  bourrelet  marginal  al- 
longé, subordonné  aux  hautes  montagnes;  et  le  but  de  la  note  de  M.  Ley- 
merie  est  de  faire  voir  que  cette  lisière  avancée  joue  un  rôle  intéressant 
dans  l'orographie  et  la  géologie  des  Pyrénées. 

—  M,  Laussedat  annonce  qu'il  poursuit  incessament  son  projet  d'appa- 
reil pour  l'observation  du  passage  de  Vénus,  et  qu'il  espère  l'amener  bien- 
tôt à  bonne  tin. 

—  La  section  de  mécanique  présente  la  liste  suivante  de  candidats  à  la 
place  vacante  par  suite  du  décès  de  M.  Piobert  :  En  première  ligne, 
M.  Tresca;  en  seconde  ligne  et  par  ordre  alphabétique,  MM.  BoussineSq, 
Brette,  tiaton  de  la  Goupillière,  Lévy,  Ré* al,  Rolland.  —  F.  Moigno. 

■ ■  i  ■  ■    !■ 

PARIS.  — •  TV*.  WALDEB,  AUK  B0H APARTE,  44. 


N°  13'  1872. 


CHRONIQUE  SCIENTIFIQUE  DE  LÀ  SEMAINE 


lMêiMmeit  «e  1»  population»  —  Un  décret  du  Prési» 
dent  de  la  république,  en  date  du  8  mars,  décide  que  le  dénombre- 
ment officiel  de  la  population  aura  lieu  dans  le  cours  de  cette  année. 

Contre*  do  Salnt-Brlenc.  —  Le  1*  juillet  prochain ,  la 
38*  session  du  congrès  scientifique  de  France  s'ouvrira  à  Saint- 
Brieuc.  L'agriculture  y  tiendra  une  place  importante. 

Industrie  ouvrière.  —  Le  Journal  des  fabricants  de  sucre 
dit,  dès  aujourd'hui,  que  la  campagne  1872-1873  se  présente  dans  des 
conditions'  exceptionnelles  ;  qu'il  faut  s'attendre  à  une  quantité  de 
sucre  qui  ne  pourra  être  au-dessous  de  350  à  400  millions  de  kilo- 
grammes. La  consommation  de  la  France  n'étant  que  de  27Ç  à  280 
million»,  il  sent  nécessaire  <f  ouvrir  largement  les  portes  de  l'expor- 
tation. 

IiO  télégraphe  et  loo  «dues  contrôle»  4e  ouere.  — 
M.  Lefranc,  directeur  de  la  fabrique  de  sucre  de  Flavy-le- Martel, 
annonce  qu'il  a  enfin  reçu  l'autorisation  de  relier  son  usine  centrale 
aux  râperies  par  une  ligne  télégraphique  particulière.  • 

Ctetm  'don  eom  paédlooloo.  —  Pour  la  première  fois ,  cette 
année,  M.  Gubler,  professeur  de  thérapeutique,  a  pris  pour  sujet  de 
son  cours  l'usage  médical  des  eaux  minérales.  Il  a  ténu  à  établir  dans 
sa  première  leçon  que  la  France  ne  le  eède  en  rien  à  l'Allemagne  en 
fait  d'eaux  minérales  ;  qu'il  n'est ,  dans  le  traitement  des  maladies 
chronique*,  aucune  indication  à  laquelle  on  ne  puisse  répondre  à  l'aide 
de  sources  françaises;  et  que,  s'il  devait  être  décidé  lequel  des  deux 
pays  l'emporte,  l'avantage  devrait  rester  à  la  France,  par  le  nombre, 
la  variété  de  minéralisation  des  sources,  la  douceur  du  climat  et  la  va- 
riété des  sites» 

Eneel*  neinent  oupérleur  en  Fronce  «  —  M.  Paul  Bert, 
professeur  de  physiologie  à  la  faculté  des  sciences  de  Paris,  n'hésite 
pas  à  formuler  cet  arrêt  :  c  L'enseignement  supérieur  en  France,  il 
faut  en  dire  autant  de  l'enseignement  secondaire,  est  une  vieille  con* 
struction  mal  conçue,  mal  bâtie,  mal  distribuée,  et  qui  va  s'écroulant 
sur  nos  tètes;  gardons-nous  bien  d'y  faire  à  grands  frais  d'insuffisantes 
et  peu  durables  réparations.  Il  faut  y  porter  hardiment  le  marteau... 
L'université  de  France,  cet  antique  automate  qui  n'a  jamais  vécu  que 

N*  13.  t.  XXVII,  28  mari  1872.  30 


SOi  LES  MONDES. 

d'une  vie  factice,  se  meurt  aujourd'hui;  les  jeunes  universités  fran- 
çaises vivront  et  grandiront  par  l'individualisme,  la  concurrence  et  la 
liberté.  » 

Université  de  Zurich.  —  Le  nombre  des  élèves  de  cette  Uni- 
versité, aujourd'hui  connue  dans  le  monde  entier,  n'a  pas  cessé  d'aug- 
menter depuis  sa  fondation,  surtout  parce  que  sa  renommée  lui  a  valu 
le  concours  des  professeurs  les  plus  éminents.Xes  élèves  suisses  sont 
inférieurs  en  nombre  aux  élèves  étrangers,  de  toutes  les  nations  de 
l'Europe  :  Russes,  Polonais,  Hongrois,  Français,  Américains  et  même 
Asiatiques.  Il  a  été  impossible  d'admettre  en  1871  tous  les  candidats 
qui  se  sont  présentés. 

Itfuée  de  sauterelles.  —  Adélaïde,  dans  l'Australie  du  sud,  a 
été  visitée,  dans  les  derniers  jours  de  décembre  1871,  par  une  armée 
de  sauterelles.  Elles  formaient  un  nuage  tellement  épais  qu'elles  ob- 
scurcissaient entièrement  l'atmosphère.  Elles  venaient  du  nord,  et 
dévoraient  tout  sur  leur  passage  ;  dans  le  jardin  botanique  de  la  ville, 
elles  n'ont  laissé  que  le  sol  nu. 

Mines  de  métaux  précieux  en  Bsllvle.— Dans  le  Ghaco,  sur 
'  la  route  de  La  Paz  à  Fungas,  on  a  trouvé  un  minerai  d'argent  qui 
contient  la  moitié  de  son  poids  d'argent  pur  (t2  000  onpes  par  tonne) . 
Sur  les  montagnes  de  Llisa  et  de  Condormana,  près  de  Saint- André-de- 
Mochaca,  ainsi  qu'à  Vilaquil,  à  24  kilomètres  de  La  Paz,  on  a  décou  - 
vert  4ps  veines  d'or  très-riches. 

ïesslles  de  la  république  de  l'Il%imt*M.*«*On  rencontre 
une  quantité  considérable  de  fossiles  des  époques  tertiaire  et  quater- 
naire, sur  la  côte  de  Manabi  et  près  de  Punin.  A  Côté  du  mastodonte, 
on  trouve  le  cheval  fossile,  dont  la  race  était  complètement  éteinte 
quand  les  habitants  actuels  sont  venus  dans  la  contrée. 

Pluie  de  pierres  à  Rosano.— Au  mois  de  décembre  dernier, 
une  violente  tempête  se  termina  par  une  pluie  de  pierres,  allant  du 
nord-ouest  au  sud-est  et  qui  a  causé  de  très-grands  dommages.  Les 
pierres  ne  cessaient  pas  de  tomber  pendant  dix  minutes  en  très-grand 
nombre  et  assez  grosses,  depuis  le  volume  d'une  noix  jusqu'au  volume 
d'un  œuf  de  pigeon. 

Klnes  d'or.  —  On  annonce  la  découverte  de  mines  d'or  très-im- 
portantes dans  le  district  de  Transvaal,  près  Nathal,  et  à  Manitola, 
dans  le  Canada. 

Allumage  éleetrlque  du  gaz.  —  Les  lanternes  des  rues  de 
la  ville  de  Gœttingue  ont  été  simultanément  allumées,  pour  la  pre- 
mière fois,  par  l'électricité,  le  15  mars  dernier. 


V 


LES  MONDES.  803 


CORRESPONDANCES  DES  MONDES 


M.  Victor  Chatel,  à  Valcongrain.  —  Action  de  1»  hontlto 
mfniie  mr  la  végétation.  —  Je  viens  vous  remercier  d'avoir 
bien  voulu  reproduire  dans  votre  très-important  journal  une  partie 
de  ma  lettre,  revue  obligeamment  par,  vous  ;  mais  je  regrette  que  vous 
ayez  supprimé  ce  que  j'ai  dit  du  rôle  important,  principal,  peut-être 
même  exclusif,  du  gaz  carbonique  dégagé  «-sous  l'action  de  l'oxygène 
—  de  la  houille  pulvérisée.  Je  vous  prie  instamment  de  vouloir  bien 
dire  que  c'est  seulement  à  cet  état  que  je  l'emploie. 

Dans  les  expériences  que  je  fais  en  ce  moment,  les  feuilles  de  la 
ciboule,  de  la  ciboulette,  du  persil,  des  petits  oignons  repiqués,  des 
scorsonnères,  de  l'herbe  de  ma  pelouse  et  de  mon  herbage  ont  verdi, 
en  huit  jours,  d'une  manière  remarquable. 

J'avais  seulement  semé  à  la  surface  du  sol  une  couche  de  ce  pous- 
sier, de  moins  d'un  centimètre  d'épaisseur. 

Maintenant,  dans  mes  semis  de  graines,  je  la  mêle,  à  la  fourche, 
avec  la  terre. 

Je  dois  ajouter  que  partout  où  la  chaux  a  été  mélangée  au  charbon, 
l'eflet  a  été  à  peu  près  nul  dans  le  même  espace  de  temps.  Je  pense 
qu'elle  a  empêché  le  dégagement  de  l'acide  carbonique  ou  s'en  est 
empalée  en  enrobant  les  molécules  de.  charbon,  et  qu'elle  ne  mettra 
qu'ultérieurement  ce  gaz  à  la  disposition  des  plantés....  ou  bien  y 
aurait-il  eu  formation  de  craie?  L'effet  du  plâtre  a  été  apparent,  mais 
peu  important.  * 

J'ai  aussi  déposé  près  dçs  racines  de  plusieurs  vieilles  quenouilles 
de  poiriers,  qui  meurent  par  la  tête,  une  couche  de  2  à  3  doigts  d'é- 
paisseur de  ce  charbon  dans  un  rayon  de  18  pouces. 

Ne  pourrait-on  pas  essayer  ce  moyen  pour  détruire  ou  éloigner  le 
phylloxéra  des  vignes  ?  Il  serait  au  moins  intéressant  de  rechercher 
quel  effet  pourra  produire  le  gaz  carbonique  qui  se  dégagera  dans  le 
sol,  dégagement  qui  pourrait  être  provoqué  par  l'addition  au  charbon 
d'une  petite  quantité,  par  exemple,  d'acide  nitrique  étendu  d'eau,  ou 
d'une  autre  substance. 

J'écris,  du  reste,  à  M.  Gaston  Bazile  et  à  mon  bienveillant  corres- 
pondant, M.  le  comte  de  Lavergne,  et  j'espère  que  vous  voudrez  bien 
mentionner  à  la  date  d'aujourd'hui  le  moyen  que  je  propose. 


504  LES  MONDES. 

M.  l'abbé  Choyer,  à  Angers.  —  I*  végétation  et  le  carbone. 

— ■  M.  Victor  Chatel  vient  d'annoncer  dans  Les  Mondes  un  ensemble 

* 

d'expériences  auxquelles  s'attache  un  véritable  intérêt»  Il  s'agit  de 
constater,  par  des  essais  répétés,  l'influence  du  charbon  de  terre  sur  le 
développement  des  végétaux  en  général,  et  sur  celui  de  la  vigne  en  par- 
ticulier. J'ai  déjà  sollicité  bien  des  fois,  et  malheureusement  sans 
succès,  les  tentatives  qui  nous  sont  aujourd'hui  promises. 

Voici  par  quelles  observations  j'ai  été  conduit  à  la  conviction  que 
le  sol  carbonate  agit  puissamment  sur  le  cep.  L'Anjou  possède  un 
gisement  d'anthracite  qui  se  prolonge  du  nord-ouest  au  sud-est,  dans 
la  direction  des  schistes  encaissants,  sur  une  longueur  de  vingt  lieues 
environ  et  sur  une  lieue  à  peine  de  largeur.  Ce  qui  frappe  tout  esprit 
qui  observe,  c'est  que  le  bassin  charbonneux  dont  il  vient  d'être  parlé, 
est  partout  couvert  de  vignes  qui  produisent  un  excellent  vin,  très- 
chargé  d'acide  carbonique,  tandis  qu'en  dehors  de  ce  gisement  très- 
effilé,  le  vin  qu'on  peut  obtenir  est  presque  sans  valeur.  Il  y  a  donc  là 
une  relation  manifeste  entre  le  sol  chargé  de  carbone  et  l'excellence 
du  produit  de  la  vigne  qui  le  recouvre. 

Autre  indice.  La  veine  houillère  est  accompagnée  de  rochers  de 
marbre  (carbonate  de  chaux),  qui  s'étendent  de  chaque  côté  à  des  dis* 
tances  plus  ou  moins  considérables. 

Tout  près  d'Angers,  se  voit  un  de  ces  gisements  calcaires  qui  suk 
parallèlement  les  couches  ardoisières  sur  une  longueur  de  huit  kilo- 
mètres environ,  mais  n'ayant  en  moyenne  que  de  cinquante  à  cent 
mètres  de  largeur.  Gomme  celui  du  bassin  anthracitifère,  le  sol  calcaire 
se  montre  exclusivement  couvert  de  vigne  dont  le  vin  est  d'une  qualité 
supérieure, 

Voici  maintenant  une  expérience  qui  peut  jeter  un  grand  jour  sur  la 
vérité  soupçonnée  par  M.  Chatel  et  par  moi-même.  Elle  peut  influencer 
avantageusement  la  direction  des  essais  à  faire. 

Des  considérations  purement  géologiques  m'ont  amené  à  penser  que 
le  bain  dans  lequel  s'est  formée  la  roche  dont  nous  faisons  aujourd'hui 
de  la  chaux,  aurait  pu  et  dû  laisser  dans  les  terres  meubles  qui  avoi- 
sinent  la  couche  de  marbre  des  particules  invisibles  de  calcaire.  S'il 
en  était  ainsi,  la  présence  de  ce  carbonate  non  apparent  devait  m'ètre 
révélée  par  des  réactifs.  J'ai  donc  laissé  tomber  de  l'acide  azotique  sur 
un  grand  nombre  d'endroits  du  sol,  et  j'ai  vu  mes  prévisions  se  jus- 
tifier de  tous  points.  En  partant  de  l'affleurement  de  la  roche,  l'effer- 
vescence diminuait  à  mesure  que  je  m'éloignais  de  chaque  côté.  J'ai 
pu  «livre  ainsi  le  calcaire  dans  les  terres  meubles  jusqu'à  trois  et  quatre 
cents  mètres  du  rocher  franc.  C'est  aussi  à  peu  près  rétendue  q«e 
recouvrent  les  vignes. 


LES  MONDES.  505 

Afin  de  me  démontrer  à  moi-même  que  ce  n'était  pas  le  marbre 
décomposé  par  les  pluies  qui  avait  produit  la  particularité  si  remar- 
quable que  je  venais  de  constater,  j'ai  répété  les  mêmes  essais  sur  des 
parties  du  sol  qui  se  trouvaient  plus  élevées  que  l'affleurement  carbo- 
nate. Partout  les  résultats  ont  été  les  mêmes. 

S'il  faut  une  explication  aux  phénomènes  de  végétation  qui  viennent 
d'être  décrits,  je  rappellerai,  ce  que  tout  le  monde  sait,  que  la  décom- 
position des  particules  de  marbre  ou  de  carbone  par  les  radicelles  de 
la  vigne  et  des  plantes  en  général  se  fait  d'autant  mieux  que  la  ma- 
tière est  plus  divisée. 

Est-il  besoin  d'ajouter  qu'en  couvrant  le  pied  des  plantes  de  pous- 
sière de  charbon  aussi  ténue  que  possible,  et  mieux  encore,  de  solu- 
tions carbonatées,  on  devra  augmenter  les  chances  de  succès  dans  les 
tentatives  qui  vont  être  faites. 

M.  le  docteur  Eugène  Robert  à  Belle  vue.  La  pierre  meulière. 

—  Le  silex  meulière  ne  continue-Ml  pas  encore  à  se  former?  Telle  est 
la  question  que  j'ai  l'honneur  de  vous  adresser. 

11  est  admis  en  principe  que  les  pierres,  une  fois  formées,  ne  s'ac- 
croissent plus,  ni  par  întussusception ,  ni  par  juxtaposition  :  non 
crescunt  lapides,  a  dit  Linnée  ;  c'est-à-dire  que  depuis  les  temps  géo- 
logiques anciens,  antérieurs  aux  phénomènes  actuels ,  il  n'y  a  pas 
d'exemple  que  les  couches  calcaires  et  siliceuses  aient  augmenté  de 
volume  ou  aient  acquis  de  nouvelles  stratifications  ;  un  fait  contraire, 
ou  quelque  chose  d'approchant,  mériterait  le  plus  sévère  examen  ; 
aussi,  c'est  ce  que  je  réclame  pour  ce  que  je  crois  avoir  vu. 

Dans  les  eaux  qui  stagnent  au-dessus  des  plateaux  à  meulière,  no- 
tamment au  bord  des  étangs,  il  n'est  pas  rare  de  rencontrer  des  pierres 
de  cette  nature,  isolées  et  qui  servent  de  réceptacle  à  une  foule  d'êtres 
organisés  des  deux  règnes,  végétal  et  animal.  Or,  ayant  eu  l'idée  4e 
briser  une  de  ces  pierres  couverte  d'alcyonelie  des  étangs,  je  crois  bien 
avoir  reconnu  que  ce  polypier  d'eau  douce  faisait  corps  avec  elle  ; 
c'est-à-dire  qu'il  paraît  se  fondre  dans  la  masse  siliceuse.  C'est  sans 
doute  ce  qui  a  fait  dire  à  M.  Raspail,  qui  a  si  bien  étudié  ce  po- 
lypier (Chimie  organique,  p.  531),  qu'il  l'avait  toujours  rencontré, 
empâté  exclusivement  sur  des  pierres  siliceuses  (  meulières  ou  cail- 
lasses). 

.  Quoi  qu'il  en  soit,  il  semble  partir  des  anciennes  surfaces  de  la  meu- 
lière des  végétations  siliceuses  qui  se  perdent  elles  -  mêmes  dans  le 
tissu  du  polypier  (I). 

(1)  Si»  aussi  toen,  il  était  question  de  la  spongille  des  étangs,  on  concevrait  jusqu'à 


506  LES  MONDES. 

Quelque  étrange  que  cela  puisse  paraître,  je  ne  serais  pas,  pour  ma 
part,  surpris  de  voir  un  polypier  d'eau  douce  continuer  la  formation 
de  la  meulière ,  toutefois,  dans  des  limites  très-restreintes  ;  car,  si  je 
ne  suis  pas  dupe  encore  d'une  illusion,  je  citerai  des  concrétions  piso- 
lithiques  siliceuses  qui  remplissent  les  cavités  de  la  meulière  en  place 
au  milieu  des  argiles  :  examinées  à  la  loupe,  ces  concrétions  sont,  non- 
seulement  adhérentes  à  la  surface  des  cavités,  mais  se  sont  encore  in" 
corporées  dans  la  masse  de  la  roche ,  c'est-à-dire  en  ont  augmenté  le 
volume. 

A  l'appui  de  ces  observations,  invoquerai-je  encore  les  orbicules 
siliceux  qui  me  semblent  se  former  de  nos  jours  au  milieu  de  la  terre 
rougeàtre  du  diluvium.  M.  Alexandre  Brongniart,  à  qui  j'ai  eu  l'hon- 
neur de  remettre,  il  y  a  plus  d'une  trentaine  d'années,  des  orbicules 
de  cette  nature,  que  j'avais  recueillis  dans  la  tranchée  du  chemin  de  fer 
de  la  rive  gauche  ;  cet  illustre  minéralogiste,  dis-je,  n'était  pas  éloigné 
de  croire  à  leur  formation  toute  récente.  On  peut  encore  aujourd'hui 
recueillir  les  mêmes  orbicules  près  de  la  Chapelle-des-Flammes ,  à 
Bellevue,  dans  les  talus  du  chemin  de  fer  et  à  l'entrée  de  la  route  des 
Gardes. 

Qu'y  aurait-il,  d'ailleurs,  d'étonnant,  de  voir  la  silice  se  déposer  en- 
core de  nos  jours  à  la  surface  des  pierres ,  de  quelque  nature  qu'elles 
soient,  lorsque  nous  voyons  ce  minerai  former  de  grandes  incrusta- 
tions cristallines  dans  l'écorce  des  bambous  et  l'épiderme  de  la  paille  ! 
La  terre  n'a  pas  dit  son  dernier  mot  dans  son  enfantement  des  roches; 
qui  sait  si,  dans  les  profondeurs  de  la  craie,  les  silex  pyromaques 
géodiques  ne  continuent  pas  à  se  remplir,  tantôt  de  cristaux  du  plus 
pur  quartz  hyalin ,  tantôt  de  mamelons  de  calcédoine  ou  de  corna» 
Une? 

M.  L.  de  Nivelle,  AS,  rue  Croix -des -Petit  s- Champs.  —  lut- 
preft»lon  photographique.  —  Il  m'a  été  impossible  de  sou- 
mettre.à  un  contrôle  rigoureux  les  affirmations  de  mon  honorable  cor- 
respondant, et  tout  ce  que  je  puis  faire  c'est  d'appeler  l'attention  de 
de  quelque  généreux  Mécène  du  progrès  sur  les  résultats  merveilleux 
qu'il  se  dit  en  mesure  d'obtenir  :  s'ils  sont  réels  ils  deviendraient  le 
point  de  départ  de  la  plus  brillante  des  industries.  —  F.  Moigno. 

un  oertain  point  que  ce  polypier,  pénétré  naturellement  de  cristaux  de  silice  (spi- 
rales), eût  une  certaine  relation  avec  la  meulière;  mais,  au  dire  de  Raspail,  la  silice 
que  Ton  est  exposé  à  rencontrer  dans  l'alcyonelle  (Chimie  organique,  môms  page),  ap- 
partiendrait exclusivement  à  des  grains  de  sable  qui  s'attachent  à  son  tissu  et  restent 
emprisonnés  dans  le  tube. 


LES  MONDES.  507 

«C'est,  comme  le  nom  vous  l'indique,  un  mode  d'impression. avec 
coloration  chimique  simultanée  sur  toute  espèce  de  substance  :  tous  les 
tissus  de  soie,  laine  et  coton,  le  bois,  le  papier,  l'ivoire,  le  cuir,  le  marbre, 
la  pierre,  etc... 

Je  reproduis,  dans  des  conditions  d'exactitude  de  nature,  impossibles 
à  l'art,  des  fleurs,  des  feuilles,  des  plantes  avec  leurs  tiges  et  leurs  ra<* 
cines,  eussent-elles  la  ténuité  de  filaments  chevelus. 

Je  reproduis  des  gravures,  des  dessins  dans  les  conditions  de  leurs 
dimensions,  ce  que  ne  fait  pas  et  ne  peut  pas  faire  la  photographie  qui 
a  à  subir  les  réductions  des  objectifs,  et  dont  les  épieuves,  même  les 
plus  remarquables,  subissent  toujours  la  concentration  des  rayons  lu- 
mineux au  centre  et  la  diffusion  des  mêmes  rayons  aux  extrémités,  ce 
qui  produit  le  mou,  le  flou,  l'atone. 

Les  applications  industrielles  de  mes  procédés  sont  appelées  à  révo- 
lutionner cent  industries  diverses,  sans  concurrence  possible,  puisque 
je  dispense  des  frais  si  coûteux  de  dessin  et  de  gravure,  et  que  je  puis 
varier  à  l'infini  mes  tirages  sans  être  obligé  à  un  tirage  de  centaines 
d'exemplaires  puisque  j'économise  les  frais  de  dessin  et  de  gravure.  » 

M.  Feknaot)  Hamel,  34,  rue  Godot-de-Mauroy.  —  Emploi  du 
permanganate  de  potame  litre,  pour  le  dosage  de 
l'aelde  aulfareax  et  de»  «al  A  tes.  —Tous  les  chimistes  savent 
que  le  permanganate  est  un  réactif  précieux  pour  reconnaître  la  pré- 
sence des  moindres  traces  d'acide  sulfureux  dans  l'acide  chlorhydrique, 
ainsi  que  celle  des  composés  nitreux  dans  les  acides  azotique,  sulfu- 
rique,  etc.,  parce  que  la  coloration  violette  du  permanganate  de  po- 
tasse disparaît  instantanément,  dès  qu'une  petite  quantité  de  ces  corps 
se  trouve  en  mélange  des  acides  peroxygénés.  M'étant  servi  avec  suc- 
cès et  promptitude  de  cette  réaction  en  maintes  circonstances  pour 
constater  la  pureté  des  acides  ci-dessus,  j'ai  pensé  que  l'on  pourrait 
aussi,  à  l'aide  du  permanganate  de  potasse,  arriver  à  doser  ces  corps; 
et  ne  trouvant  nulle  part  indiqué  ce  genre  de  procédé,  je  l'ai  étudié 
avec  soin. 

En  général,  pour  doser  l'acide  sulfureux  contenu  dans  une  liqueur, 
on  en  colore  la  dissolution  avec  quelques  gouttes  d'indigo  et  l'on  y  verse, 
au  moyen  d'une  burette  graduée,  du  chlorure  de  chaux  titré.  À  cette 
liqueur,  je  substitue  le  permanganate  de  potasse  dissous  dans  de  l'eau 
acidulée' par  de  l'acide  chlorhydrique,  que  je  verse  ensuite  titrée  dans 
de  l'acide  sulfureux,  préalablement  6aturé  d'une  dissolution  de  car- 
bonate de  soude.  A  la  moindre  coloration  violette  stable,  le  titrage  est 
terminé,  et  par  le. calcul  ordinaire  de  la  burette,  j'obtiens  la  valeur  de 


5«6  LES  MONDES. 

l'acide  sulfureux  contenu  dans  le  liquide.  Je  me  fonde  pour  le  calcul 
sur  la  fôrfflule  des  réactions  suivantes  : 

Mu' 67  KO  4-  5S0*  =  KO,  2MnO  -+•  5S03. 

Et  je  titre  le  permanganate  de  potasse  avec  de  l'acide  oxalique,  suivant 
les  indications  de  Herapel.  Cette  méthode  est  très-commode  et  surtout 
très-rapide  pour  les  produits  du  commerce  (acide  sulfureux  et  sul- 
fites). 

Elle  m'a  paru  préférable  au  procédé  même  de  l'iode  et  l'amidon, 
parce  qu'elle  ne  laisse  aucune  incertitude. 

MM.  Voisin  et  Dronier,  41,  rue  Saint-Fargeau,  Paris:  —  Sel* 
excitateur*  pour  plie*  électrique».  —  oc  La  pile  au  bichro- 
mate de  potasse  est  d'un  usage  très-répandu,  mais  à  côté  des  qualités 
précieuses  qu'elle  possède,  elle  a  plusieurs  inconvénients  : 

1*  Chargement  long  et  incommode; 

V  Dépôt  d'oxyde  de  chrome  sur  les  charbons  qui  les  salit  et  les  dé- 
truit rapidement; 

5°  Polarisation  rapide. 

Notre  sel  excitateur  à  base  de  bichromate  supprime  les  deux  pre- 
miers, et  amoindrit  considérablement  le  troisième. 

Il  est  solide  ;  par  conséquent  facilement  transportable.  Pour  s'en 
servir,  il  faut  et  il  suffit  d'en  mettre  200  grammes  dans  une  pile  tenant 
un  litre,  verser  l'eau  dessus,  agiter  une  minute  au  plus  :  la  dissolution 
est  complètement  faite  et  la  pile  prête  à  fonctionner. 

Le  point  le  plus  important  est  qu'il  n'y  a  plus  aucune  espèce  de 
dépôt  sur  les  charbons  ni  sur  les  zincs;  l'intensité  de  la  pile  est  la 
même  qu'avec  les  chargements  faits  dans  les  meilleures  proportions, 
et  sa  constance  plus  grande. 

Notre  produit,  au  point  de  vue  scientifique,  est  très-curieux,  car 
aucune  combinaison,  à  l'état  solide,  ne  renferme  une  proportion  aussi 
grande  d'acide  sulfurique,  ainsi  qu'on  peut  en  juger  par  sa  formule 
de  composition  qui  est  : 

9  (SO»,  HO)  -f-  2  (Cr  0',  KO), 

que  l'on  peut  finalement  établir  par 

2  (2S0S,  KO)  -1-  2  (2  S0É,  CrO»)  •+•  8  HO, 

où  l'on  retrouve  le  composé  d'acide  chromique  et  d'acide  sulfu- 
rique signalé  par  Gay-Lussac  et  confirmé  par  les  expériences  de 
M.  Balles 


LES  MONDES  80», 

Une  considération  importance,  c'ait  que  cette  pile  est  souvent  entre 
les  mains  des  enfants  et  des  jeunes  gens  pour  faire  fonctionner  des 
petits  moteurs,  des  bobines  de  Ruhmkprff,  des  télégraphes,  etc.;  avec 
le  chargement  à  l'état  solide,  les  parents  n'auront  plus  à  craindre  la 
maniement  et  le  transport  toujours  dangereux  de  l'acide  aulfinrique  ; 
de  même  pour  les  personnes  qui  s'en  serrent  pour  faire  Jènotionnet 
les  apparetts  éleotro»médicaux;  en  outre,  on  sera  toujours  assuré,  en 
mettant  exactement  la  quantité  déterminée  du  sel  excitateur  chromique 
dans  te  quantité  correspondante  d'eau,  d'avoir  toujours  même iuteû* 
site  et  même  durée,  ce  qui,  jusqu'à  oe  jour,  n'avait  pas  lieu,  vu  que 
les  proportions  employées  étaient  généralement  Imtes  àl'aibHrataie. 

En  outre,  le  sel  excitateur  chromique  que  noue  produisons,  étant 
solide,  se  prête  au  chargement  dotons  les  genres  de  piles,  cloisonnées, 
à  ballons,  vase  poreux,  sable,  etc.,  comme,  par  exemple,  le  sulfate  de 
cuivre,  s  Ce  sel  excellent  simplifie  considérablement  la  production  de 
l'électricité.  —  F.  M. 

M.  Ëm&E  Dtjcemtn,  à  Paris.  E*Mi  enr  in  eonntruetton 
de»  paratonnerre».  — Dans  la  séance  de  l'Académie  des  sciences 
du  48  mars  1867,  je  fis  une  communication  au  sujet  (Pun  coup  de 
foudre,  et  sur  l'efficacité  d'un  paratonnerre,  qui  ne  présentait  pas  de 
solution  de  continuité ,  mais  qui  avait  ceci  de  remarquable,  que  son 
conducteur  venait  aboutir  dans  la  citerne  du  phare  de  Fécamp,  cons- 
truite au  milieu  d'une  masse  crayeuse,  sur  le  sommet  d'une  falaise,  et 
à  130  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer.  C'est  qu'en  effet  une 
citerne,  placée  surtout  dans  de  telles  conditions,  ne  satisfait  pas  aux 
règles  de  la  science.  Il  faut  que  le  centre  qu'atteint  la  partie  infé- 
rieure du  paratonnerre  représente  sûrement  l'humidité  du  sol,  de  ma- 
nière que  le  fluide  électrique  ne  trouve  aucune  résistance  dans  son 
écoulement.  Aussi  l'instruction  de  la  Commission  des  paratonnerres, 
publiée  en  1855,  prescrit-elle  sagement  c  de  mettre  toujours  les  con- 
«  ducteurs  de  paratonnerre  en  communication,  par  de  larges  surfaces, 
t  avec  des  nappes  d'eau  intarissables,  a  Si  l'on  pouvait  chaque  fois 
remplir  ce  programme,  les  paratonnerres  bien  construits  ne  laisse- 
raient certainement  rien  à  désirer.  Malheureusement  il  est  à  remar- 
quer qu'il  n'est  pas  toujours  possible  d'atteindre  de  véritables  nappes 
d'eau;  et  souvent,  trop  souvent,  il  en  résulte  que  les  constructeurs  se 
contentent  de  déposer  l'extrémité  de  la  tige  conductrice  dans  un  mi- 
lieu plus  ou  moins  humide  et  à  une  très-faible  profondeur.  Ici  ap- 
paraît une  question  capitale  que  j'ai  cherché  à  résoudre  :  Est-il  possible 
de  découvrir  si  un  terrain  satisfait  aux  conditions  de  sécurité  pour 
l'installation  du  paratonnerre  T 


MO  LES  MONDES. 

Selon  moi,  lorsqu'il  ne  s'agit  pas  d'une  poudrière  qu'il  faut  pro- 
téger extraordinairement  et  à  tout  prix  contre  la  foudre ,  l'étude  du 
sol  et  de  la  végétation  qui  s'y  produit  peut  être  un  indice  suffisant 
pour  l'observateur.  Car  l'épuisement  de  l'électricité  par  le  sol  n'est 
possible  qu'autant  qu'on  admet  l'absence  de  terrains  secs,  pierreux 
ou  calcaires.  Or,  tout  terrain  qui  n'est  pas  assez  végétal  et  assez  riche 
pour  produire  des  arbres  centenaires,  doit  être  prudemment  aban- 
donné, les  gros  arbres  ne  pouvant  vivre  qu'en  raison  d'une  humidité 
considérable,  et  dont  l'étendue,  peut  défier  celle  des  nuages  orageux. 
Si  Tonne  se  trouve  pas  en  présence  de  ces  circonstances,  il  faut  avoir 
recours  au  forage  d'un  puits,  et  rejeter  bien  loin  l'idée  du  vieux  sys- 
tème de  la  fosse  remplie  de  charbon,  si  celle-ci  ne  devait  pas  se  trouver 
placée  dans  ces  conditions  favorables  et  avoir  même  une  étendue  suf- 
fisante. Autrement  la  condensation  de  l'électricité  menacerait  bien  da- 
vantage l'édifice  qu'on  veut  protéger,  que  l'absence  de  tout  para- 
tonnerre. 

dernièrement  j'installais,  dans  une  propriété  de  l'Eure,  un  paraton- 
nerre. J'avais  rencontré  ces  conditions  de  végétation  luxuriante  que  je 
signale  et  que  je  crois  excellentes.  J'ai  eu  soin  de  conduire,  en  l'en- 
tourant de  charbon ,  la  partie  inférieure  du  conducteur  à  une  profon- 
deur égale  au  moins  à  celle  que  peuvent  atteindre  les  plus  profondes 
racines  des  arbres.  Aussi,  le  résultat  de  l'épreuve  suivante,  qui  diffère 
sur  un  point  des  expériences  qui  ont  été  faites  jusqu*ici,  est-il  venu 
me  confirmer  dans  mes  prévisions. 

Usant  des  appareils  en  usage  :  pile,  galvanomètre,  et  d'un  fil  de  cui- 
vre recouvert  de  gutta-percha ,  j'ai  pu  établir  et  vérifier  la  communi- 
cation par  la  terre,  en  agissant  sur  la  pointe  du  paratonnerre,  et  en 
utilisant  la  conductibilité  de  la  sève  d'un  gros  arbre  placé  à  une  cer- 
taine distance  et  dans  le  centre  du  tronc  duquel  j'avais  préalablement 
fait  pénétrer  plusieurs  tiges  de  fer,  prévoyant  que,  si  toutes  les  parties 
du  conducteur  étaient  en  relation  suffisante  avec  la  terre,  l'humidité 
de  l'arbre,  fût-elle  acide  ou  alcaline ,  me  mettrait  en  communication 
avec  le  réservoir  commun  (1).  J'ai  pu  ainsi  constater  que  l'écart  de 
l'aiguille  du  galvanomètre  diminuait  d'autant  plus  que  je  ramenais 
davantage  vers  la  surface  terrestre  la  partie  inférieure  du  conducteur, 

(1)  La  sève  ett  conductrice  da  fluide  électrique,  au  point  qu'âne  plante  placée  dans 
un  vaie  de  verre  rempli  de  terre  et  couvert  extérieurement  d'une  feuille  d'étain  m'a 
permii,  pendant  plusieurs  mois,  de  soutirer  l'électrioité  eu  utilisant  l'intéressante 
maouine  de  Holtz,  que  construit  si  consciencieusement  M.  Ruhmkorff.  La  plante 
faisait  l'office  da  la  tige  métallique  de  la  bouteille  de  Leyde  et  transmettait  des  oon> 
motion»  violentes,  sans  qu'elle  semblât  se  ressentir  du  passage  de  fluide. 


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!  sacrifier. 


LES:  MONDES.  311 

Ce  qui  prouve,  à  mon  avis,  que  la  conductibilité  augmenter  jusqu'à  un 
certain  point,  en  raison  de  la  longueur  ou  de  la  surface  des  parties  de 
l'appareil  qui  communiquent  avec  l'humidité,  et  qu'il  importerait  à 
l'avenir  de  ne  jamais  négliger  d'évaluer,  par  tous  les  moyens  possibles, 
quelle  doit  être  la  surface  du  fer  ou  autre  métal  qu'il  faut  utilement 


{> 


Le  fi.  P.  Denza,  à  Moncalieri.  —  Plaie  6e  sable  et  phéno- 
mènes cosmique»  observés  en  Italie  dan»  la  première 
décade  de  mars  tSVft.  —  Finie  de  table.  —  M.' le. professeur 
Tacchini,  astronome  à  rObsemtoire  royal  de  Païenne,  et  M.  le  doc- 
teur Conti,  directeur  de  la  station  météorologique  de  Cosenaa.  (Italie 
méridionale),  aussi  bien  que  M.  le  professeur  BeÛuoci,  assistante  l'Ob- 
servatoire météorologique  de  l'Université  de  Pérouse  (Italie  centrale), 
m'ont  annoncé  que  le  jour  10-11  courant  une  pluie  de  poussière 
jaune  rougeâtre  est  tombée  dans  ces  régions.  Cette  pluie  a  suivi  les 
vents  du  sud,  qui  ont  soufflé  avec  force  en  Italie*  pendant  les  jours 
précédents.  Le  sable  a  été  recueilli  aussi  à  Rome.  . 

Il  est  très-probable,  sinon  certain,  que  cette  pluie  de  sable  a  été 
amenée  dans  nos  contrées  par  les  contre-courants  atmosphériques, 
rappelés  vers  nous  par  d'autres  courants,  qui,  des  régions  polaires,  se 
sont  avancés  avec  violence  vers  l'équateur  pendant  les  derniers  jours 
de  février.  Le  retard  a  été  peut-être  causé  par  les  fortes  pressions  qui 
dominaient  sur  l'Europe  méridionale  les  premiers  jours  de  ce  mois. 

M.  Harnold  Tarry  et  moi-même  attendions  avec  anxiété  le  phé- 
nomène, qui  n'a  été  que  la  conséquence  naturelle  d'un  pareil  mouve- 
ment atmosphérique.  C'est  pour  cela  que  cette  nouvelle  pluie  a  con- 
firmé une  fois  de  plus  la  belle  série  de  ces  phénomènes  périodiques 
qui  nous  arrivent  de  l'Afrique,  et  non  d'ailleurs. 

Une  autre  pluie  de  sable  très-limitée  a  été  observée  à  Cosenza  par 
M.  Conti,  le  27  février,  lors  des  passages  de  la  grande  dépression  ba- 
rométrique qui  a  envahi  nos  contrées  dans  les  derniers  jours  de 
février. 

Phénomènes  auroraux  et  lumière  zodiacale.  —  Dans  ces  premiers 
jours  de  mars,  nous  avons  traversé  une  période  de  phénomènes  cos- 
miques, et  surtout  électriques,  très-remarquables.  En  voici  la  note  : 

Mars  1.  Lumière  aurorate  à  Florence  (observée  aussi  en  Russie  et 
en  Ecosse) .  ~ 

4-3.  Lumière  zodiacale  très-brillante  dans  presque  toute  l'Ita- 
lie, de  Monoalieri  jusqu'à  Païenne  et  Messine;  elle 
s'élevait  jusqu'aux  Pléiades.  ,( 


SIS  LES  MONDES. 

4.  Lumière  zodiacale  splendide.  Lueurs  aurorales  an  *ord 

de  Moncalieri. 

5.  Lumière  todiacale  très -brillante.  Lumière  aurorale  k  Apte, 

Moncalieri,  Païenne. 
6*  Àurempelaiie  à  Messine  (Sicile). 

7.  Lumière  aurorale  à  Moncalieri  et  à  Gènes.  (Aurore  polaire 

à  Haparanda,  Thurso,  Londres.) 

8.  Aurore  poMre  à  Moncalieri  (observée  aussi  fc  Londres 

eUTburso). 

9.  Aurore  polaire  à  MeûcaUeri*  Légères  Mtooinsée  trem- 

blement de  terre  à  Gèace. 

Pendant  ces  jours,  nous  avons  observé  des  perturbations  presque 
continuelles  dans  les  aiguilles  aimantées.  Le  5,  la  chromosphère  du 
soleil  a  été  très-agitée,  et  nous  avons  observé  de  belles  protubérances, 
qui  ont  été  observées  aussi  à  Palerme,  Padoue,  etc. 

Députe  le  S,  le  ciel  a  persiflé  presque  toujours  couvert  et  pluvieux, 
et  les  aurores  du  ï ,  8, 9  ont  été  observées  à  travers  les  nuages. 

Pendant  les  mois  de  janvier  et  février,  nous  avons  observé  les  phé- 
nomènes suivants  : 

Janvier  S.  Lumière  aurorale  à  Modène. 

7.  Lumière  aurorale  à  Aoste,  Gênes,  Modène,  Florence» 
10.  Tremblement  de  terreàMoncalieride£.-N.-E.-0.-S.-0. 
f  S.  Apparition  aurorale  à  Aoste. 

30.  Lumière  aurorale  à  Volpeglino. 

Février  2.  Apparition  aurorale  à  Modène. 

4.  Grande  aurore  polaire  dans  toute  l'Italie.  Secousses  de 

tremblement  de  terre  à  Moncalieri  et  à  Florence. 

5.  Lumière  aurorale  à  Moncalieri  et  à  Rome, 

6.  »  à  Monoalieri. 

8.  »  à  Aoste  et  à  Gènes* 

9.  »  à  Gênes. 

10.  x»  à  Volpeglino,  près  de  Tortona. 

26.  »  à  Mondovi. 

27.  Aurore  à  Gènes,  Alexandrie,  Volpeglino. 

5MMM.  Grand  halo  lunaire  dans  tout  le  nord  de  l'Italie,  jus- 
qu'à Florence.  Son  diamètre  était  de  44  degrés  en- 
viron. 

Lumière  zodiacale  brillante,  durant  plusieurs  jours  et  dans  un  grand 
nombre  de  stations.  Bourrasques  et  perturbations  magnétiques  dans 
les  jours  susdits. 


LES  MONDES,  5*3 


ÉLECTRICITÉ 


Machine  mag  néto-électrlqae  k  eonranta  continu» 

die  M.  Qromme.  —  Cette  ingénieuse  machine  qui  a  été  décrite  ici 
sommairement  au  mois  de  juillet  1871,  lors  de  sa  présentation  à  l'Aca- 
démie des  sciences,  a  fait  de  grands  progrès  depuis  cette  époque. 

Nous. donnons  ici  une  série  de  figures  que  nous  empruntons  à 
la  Bévue  industrielle  de  MM,  Fontaine  et  Buquet;  la  machine 
qu'elles  représentent  est  celle  que  construit  M.  Breguet  pour  les  labora- 
toires et  en  vue  des  usages  médicaux  et  de  la  télégraphie  électrique. 

On  fabrique  pour  la  production  de  la  lumière  et  pour  la  galvano- 
plastie industrielle  des  machines  beaucoup  plus  grandes,  très-com- 
pactes et  donnant  sous  un  volume  relativement  très-réduit  des  quantités 
considérables  d'électricité. 

Mais  nous  laisserons  aujourd'hui  de  côté  les  applications  de  la 
machine  Gramme  et  nous  nous  bornerons  à  en  exposer  le  principe,  qui 
a  été  jusqu'ici  mal  présenté. 

La  machine  se  compose  d'un  aimant  entre  les  pôles  duquel  tourne 
un  électro-aimant  de  forme  nouvelle  qui  mérite  une  description  minu- 
tieuse. 

Cet  électro-aimant  est  formé  par  une  bague  ou  anneau  de  fer  doux 
sur  lequel  est  enroulé  un  fil  conducteur  isolé,  ne  présentant  aucune 
solution  de  continuité;  on  peut  le  concevoir  comme  formé  par  un 
électro-aimant  droit  ordinaire  recourbé  en  cercle,  le  bout  d'entrée  et  le 
bout  de  sortie  du  fil  étant  soudés  pour  établir  la  continuité  du  conduc- 
teur isolé.  Cet  organe  peut  à  juste  titre  recevoir  le  nom  d'électro- 
aimant  sans  /fit,  car  le  fer  doux  et  le  fil  conducteur  sont  absolument 
continus.  Dans  les  fig.  2  et  5  on  voit  la  coupe  A  du  fer  doux  et  du  fil 
qui  l'entoure  ;  les  figures  1  et  3  montrent  l'éiectro-aimant  E  dans  son 
ensemble. 

L'éiectro-aimant  sans  fin  est  mobile  autour  de  son  axe  de  figure  sur 
un  arbre  aa  qui  reçoit  le  mouvement  soit  au  moyen  de  courroies, 
soit  au  moyen  d'un  pignon  et  d'une  roue  (fig.  1  et  2),  munie  d'une 
manivelle  M. 

Etudions  maintenant  comment  le  courant  se  produit  dans  le  fil  de 
l'éiectro-aimant  sans  fin  : 

Ce  fil,  avons- nous  dit,  est  sans  solution  de  continuité  ;  mais  il  est 
disposé  en  sections  ou  éléments,  composés  chacun  de  cent  spires, 

37 


Ci 


514  LES  MONDES, 

par  exemple;  le  bout  de  la  dernière  spire  d'un  des  éléments  en  ques  • 
tion  est  le  commencement  de  la  première  spire  de  l'élément  suivant  ; 
l'ensemble  du  fil  est  donc  divisé  en  40  sections  (par  exemple)  toutes 
égales  entre  elles  et  formant  un  tout  continu. 

Gela  posé,  examinons  expérimentalement  la  production  du  courant 
dans  une  des  sections  ou  éléments  et  pour  cela  attachons  ses  deux 
bouts  à  deux  fils  venant  d'un  galvanomètre.  On  part  de  la  ligne  (que 
nous  appelons  ligne  de  partage)  perpendiculaire  à  la  ligne  des  pôles  ; 
et  Ton  fait  faire  à  l'élément  considéré  une  série  de  mouvements  suc- 
cessifs de  40  degrés,  après  chacun  desquels  on  donne  le  temps  à  l'ai- 
tguille  du  galvanomètre  de  reprendre  sa  position  de  repos.  On  voit  que 
pendant  tout  le  temps  que  ledit  élément  reste  au-dessus  de  la  ligne  de 
partage  les  courants  qui  s'y  produisent  sont  d'un  même  sens,  que  nous 
appellerons  positif;  et  que,  quand  ensuite  le  même  élément  est 
au-dessous  de  la  ligne  de  partage,  les  courants  sont  de  sens  négatif, 
c'est-à-dire  opposé  à  celui  de  la  première  moitié  du  cercle. 

Cette  expérience  permet  aussi  de  constater  que  le  renversement  du 
sens  du  mouvement  amène  le  renversement  du  sens  du  courant. 

Il  est  facile  maintenant  de  s'élever,  de  la  connaissance  du  phéno- 
mène produit  dans  un  des  éléments,  à  celle  du  phénomène  général 
produit  dans  l'ensemble  de  la  machine.  —  Tous  les  éléments 
qui  sont  au-dessus  du  plan  de  partage  sont  à  la  fois  le  siège  de 
courants,  tous  de  sens  positif.  De  plus,  par  la  construction  de  la  ma- 
chine, ils  s'ajoutent  en  tension.  Ils  peuvent  être  inégaux  entre  eux  ; 
mais  pour  une  vitesse  déterminée  du  mouvement,  leur  somme  est 
évidemment  toujours  la  même,  car  à  mesure  qu'une  spire  passe  du 
dessus  au  dessous  du  plan  de  partage,  elle  est  remplacée  par  une  autre. 
D'autre  part,  les  éléments  qui  sont  au-dessous  du  plan  de  partage  sont 
le  siège  de  courants  négatifs  dont  la  somme  est  constante  et  égale  à 
celle  des  courants  de  la  partie  supérieure.  Ainsi,  la  machine  réduite 
aux  organes  que  nous  avons  décrits  jusqu'ici,  présente  deux  séries 
d'éléments  produisant  des  courants  égaux  et  de  sens  contraires  ou,  en 
d'autres  termes,  deux  courants  en  opposition,  qui,  par  conséquent,  ne 
circulent  ni  l'un  ni  l'autre.  On  ne  saurait  mieux  comparer  ce  système 
qu'à  celui  formé  par  deux  piles  Daniell  de  20  éléments  chacune, 
mises  en  opposition  par  leurs  pôles  de  même  nom. 

Enfin  se  présente  le  mode  employé  pour  recueillir  les  courante, 
mode  qui  est  indiqué  par  la  comparaison  même  que  nous  venons  de 
faire.  Pour  recueillir  les  courants  des  deux  piles  en  opposition,  il  suffit, 
comme  on  sait,  de  mettre  les  deux  bouts  d'un  circuit  en  contact  avec 
les  points  de  réunion  des  pôles  semblables  ;  aussitôt,  les  deux  courants 


LES  MORDES. 


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tfid  Us*  MONDES, 

qui  8e  faisaient  équilibre  l'un  à  l'autre  et  s'arrêtaient  l'un  l'autre,  se 
mettent  à  circuler  ensemble  dans  le  circuit  ;  les  piles  étaient  en  opposi- 
tion, elles  sont  maintenant  en  quantité.  C'est  le  même  moyen  qu'em- 
ploie M.  Gramme  et  cet  ingénieux  artifice  vient  achever  son  inven- 
tion. * 

Les  diverses  sections  de  l'électro-aimant  sans  fin  sont  reliées  à  des 
pièces  métalliques  rayonnantes  R,  de  cuivre  rouge  (fig.  4 ,  2  et  B), 
toutes  isolées  les  unes  des  autres  quoique  très-voisines.  Le  bout  finis- 
sant à  chaque  section  et  le  bout  commençant  à  la  suivante  sont  atta- 
chés à  un  des  rayons  R,  qui  sont,  par  conséquent,  en  même  nombre 
que  les  sections.  Les  pièces  R  ont  la  forme  de  rayons ,  comme  on  voit 
(fig.  1,  2  et  5)  ;  mais,  arrivées  près  du  centre,  on  les  a,  pour  plus  de 
commodité,  recourbées  à  angle  droit,  et,  se  continuant  parallèlement  à 
Taxe,  elles  viennent  se  présenter,  toujours  isolées  les  unes  des  autres, 
en  un  cercle  concentrique  à  l'anneau  et  sur  la  face  opposée  (fig.  2, 

et  5). 

Deux  trotteurs  F  (Bg.  4,  2  et  3),  présentant  la  forme  de  disques,  en 
cuivre  rouge,  appuient  sur  les  extrémités  des  pièces  R ,  en  deux  points 
qui  sont  précisément  sur  la  ligne  de  partage,  c'est-à-dire  dans  l'endroit 
où  les  courants  égaux  et  de  sens  contraire,  produits  dans  les  deux 
moitiés  inférieure  et  supérieure  à  l'anneau ,  viennent  s'opposer.  Par 
suite,  les  deux  courants  se  mettent  à  circuler  ensemble  dans  le  circuit 
extérieur  qu'on  fait  aboutir  aux  frotteurs  F. 

Cette  machine,  avons-nous  dit,  donne  des  courants  continus  ;  la 
continuité  résulte  de  ce  que,  d'une  part,  la  production  du  courant  est 
continue  comme  le  mouvement,  et  de  ce  que,  d'autre  part,  les  trot- 
teurs F  appuient  à  la  fois  sur  plusieurs  des  pièces  R,  d'où  il  résulte  que 
le  circuit  n'est  jamais  rompu. 

On  voit  qu'il  n'entre  pas  dans  la  composition  de  cette  machine  de 
commutateur  redresseur  comme  on  est  obligé  d'en  employer  avec  la 
machine  de  Pixii  (ou  de  Clarke)  et  ses  dérivées,  quand  on  a  besoin  de 
courants  de  même  sens* 

Maintenant  que  la  machine  est  connue  du  lecteur,  npus  n'hésitons 
pas  à  dire  qu'il  est  difficile  d'en  concevoir  une  plus  simple  et  plus  sy- 
métrique. 

Si  l'on  en  examine  les  effets,  on  voit  qu'elle  donnera  lieu  aux  plus 
intéressantes  études.  Ainsi,  il  est  bien  clair  que  la  puissance  delà  ma- 
chine croit  avec  la  puissance  de  l'aimant  et  avec  les  dimensions  de 
deux  organes  principaux,  aimant  et  électro-aimant;  mais  il  reste  à  dé-» 
terminer  le  rapport]  entre  la  puissance  et  la  grandeur  de  l'appareil. 
D'un  autre  côté,  la  qualité  du  courant  obtenu  varie  avec  le  nombre 


LES  MONDES.  517 

total  des  spires  enroulées  sur  l'anneau  ;  avec  du  fil  plus  gros  on  a  plus 
de  quantité,  avec  des  spires  plus  nombreuses  on  a  plus  de  tension  ;  on 
peut,  dès  à  présent,  affirmer  que,  si  ton  perd  en  quantité,  en  gagne  en 
tension  st  inversement;  il  y  a  encore  cependant  bien  des  études  à  faire 
sur  ce  point. 

Enfin  nous  avons  déjà  constaté  un  (ait  que  nous  croyons  intéres- 
sant :  la  force  électro-motrioe  croit  proportionnellement  à  la  vitesse  de 
rotation  de  l'anneau.  Cette  loi  se  vérifie  dans  les  limites  de  nos  expé- 
riences; mais  il  est  douteux  qu'elle  se  vérifie  pour  de  très-grandes  vi- 
tesses, parce  que  la  désaimantation  du  fer  doux  demande  un  certain 
temps,  et  que  le  fonctionnement  de  la  machine  dépend  de  la  fixité 
dans  l'espace  des  pôles  de  l'électro-aimant,  malgré  le  mouvement  du 
fer  doux.  Il  reste  donc  à  déterminer  la'vitesse  à  laquelle  correspondra 
le  maximum  de  tension  de  la  machine,  et  au  delà  de  laquelle  la  tension 
ira  probablement  en  diminuant. 

La  résistance  théorique  de  la  machine  est  le  quart  de  la  résistance 
totale  du  fil  enroulé  sur  l'anneau;  il  suffit  d'un  peu  d'attention  pour 
s'en  rendre  compte.  Mais  la  résistance  réelle  est  moindre  parce  que 
chaque  frotteur  appuie  toujours  sur  plusieurs  des  pièces  R  de  jonction 
entre  les  éléments  et  que  La  résistance  des  éléments  ainsi  fermés  par 
le  frotteur  est  supprimée  de  la  résistance  du  circuit.  Quoi  qu'il  en 
soit,  il  est  évident  que  cette  résistance  ne  change  pas  avec  la  vitesse  de 
rotation. 

Nous  terminerons  par  cette  observation  capitale,  que  la  machine  de 
Gramme  doit  être  considérée  comme  un  élément  de  pile,  et  que  plu- 
sieurs de  ces  machines  peuvent  être  groupées  en  tension  ou  en  quan- 
tité somme  des  éléments  ordinaires.— A.  Nuubst  Bie&cxt. 


TRAVAUX  PUBLICS 


Le»  Tramway*,  on  chemin»  de  fer  dan»  le»  grande* 
ville»,  par  M»  R.  Francisque  Mickl.  —  «  Paris,  tel  qu'on  le  fait, 
sera  toujours  impraticable,  son  développement  sera  retardé  et  man- 
quera d'harmonie  si  nous  n'avons  des  moyens  de  circulation  et  de 
transport  directs,  faciles,  rapides  et  peu  coûteux. 

Les  omnibus,  en  effet,  seul  moyen  de  locomotion  pratiqué  jusqu'à 
présent,  sont  insuffisants,  lents,  incommodes ,  et  ne  font  que  «  ca- 


5119  LES  MONDES, 

raionner  ceux  qui  ont  du  temps  à  perdre,  sans  satisfaire  à  ua  moment 
donné  au  vingtième  des  besoins,  tout  en  coûtant  cher.  » 

Quant  à  la  voiture  de  place,  son  prix  e6t  trop  élevé,  et  elle  ne  rend, 
somme  toute,  que  peu  de  services  ;  sans  compter  que,  le  plus  souvent, 
on  ne  peut  se  faire  transporter  à  grande  distance  qu'en  employant  la 
ruse  ou  en  transigeant  avec  le  cocher. 

De  tous  les  moyens  proposés  pour  la  solution  du  problème  de  la  lo- 
comotion et  des  transports  dans  les  villes,  les  chemins  de  fer  sont  ceux 
qui  répondent  le  mieux  £  tous  les  besoins  et  qui  permettent  une  com- 
munication et  un  transport  économiques,  rapides  et  même  instantanés 
des  voyageurs  et  des  colis  dans  l'intérieur  de  Paris. 

On  a  proposé  d'établir  A  Paris  un  chemin  4e  fer.  souterrain  sembla- 
ble au  Metropolitan  raihoay  de  Londres  ;  mais  la  commission  envoyée 
à  Londres  par  le  préfet  et  k  conseil  municipal  de  la  Seine  a  rejeté 
en  principe  ce  projet  qui,  à  Paris,  était  irréalisable  sous  tous  les 
rapports. 

Etablir  des  chemins  de  fer  daas  les  rues,  comme  cela  se  pratique  en 
Amérique,  est  inadmissible,  surtout  à  Paris.  On  doit  donc  s'arrêter  aux 
chemins  de  fer  suspendus. 

Le  seul  projet  qui  satisfasse  à  la  condition  la  plus  complète  du  pro- 
blème :  aller  partout, l  surtout  d&ns  les  centres  compactes,  dans  les 
quartiers  populeux ,  c'est-à-dire  les  quartiers  ouvriers  et  manufactu- 
riers, ce  seul  projet,  dis-je,  qui,  en  même  temps  qu'il  est  le  seul  ad* 
iftistfible  est  le  plus  économique,  est  celui  que  M.  Arsène  Olivier  deLan- 
dreville  a  exposé  dans  son  intéressante  brochure  sur  les  Chemin  de  fer 
dan»  Paris  et  dans  les  grandes  vitles  (1  )  • 

En  1 868,  M.  Arsène  Olivier  a  fait  breveter  le  principe  de  son  projet  : 
la  surélévation  de  la  voie  au-dessus  des  maisons,  et  l'emploi  pour  la 
locomotion  d'un  appareil  funiculaire. 

Il  peut  paraître  hardi  d'établir  une  voie  à  une  semblable  hauteur  : 
l'élévation  maximum  des  maisons,  à,  Paris,  ne  doit  pas  dépasser 
25  mètres;  en  surélevant  la  voie  de  â  mètres  au-dessus  de  cette  alti- 
tude, on  ne  dépasse  pas  certains  niveaux  auxquels,  en  Amérique  et  en 
Angleterre,  passent  des  trains  très-pesamment  chargés  pour  arriver  au 
centre  des  cités. 

.  Dans  le  projet  de  M.  Arsène  Olivier,  des  colonnes  élégantes*  en 
fonte,  destinées  à  supporter  la  voie ,  ayant  environ  de  50  à  60  centi- 

(1)  Chemins  de  fer  dans  Paru  et  dans  les  grandie  villes,  par  Arsène  Olivier  do  Lu* 
dreviUe,  3«  édition,  avec  figures  et  planohes,  prix  :  l  fr. 

Paris,  librairie  Centrait  de*  arts  et  manufactures,  Auguste  Lemoine,  éditeur,  }5,  quai 
Malaquais. 


LES  MONDES.  M9 

mètres  de  diamètre  et  de  23  à  38  mètres  de  hauteur  (semblables,  en  un 
mot,  à  celles  qui  se  trouvent  à  la  gare  du  Nord,  à  Paris,  qui  n'ont  rien 
d'extraordinaire  comme  dimension),  seraient  placées,  soit  dans  les 
cours  des  maisons,  soit  extérieurement  et  contre  leur  façade.  Elles 
supporteraient  un  radier  ou  plancher  en  fer,  que  nous  décrirons  plus 
loin.  Au-dessus  de  leurs  chapiteaux  s'appuieraient,  supportées  par  des 
cornières,  des  traverses  métalliques  reliant  entre  elles  les  deux  colonnes 
formant  ainsi  une  paire;  deux  autres  parties,  fortement  armées  et 
fixées  aux  premières,  posées  transversalement,  formeraient  le  tablier 
de  la  Toie, 


Perpendiculairement  à  ces  poulrages,  d'une  travée  à  l'autre,  se  trou- 
verait un  palier  en  forte  tôle  rivée  ou  en  fer  à  double  T,  d'une  grande 
force,  avec  un  poids  relativement  faible  qui  supporterait  les  rails,  sur 
lesquels  rouleraient  des  wagons  très-légers,  mus  au  moyen  d'une 
chaîne  ou  corde  sans  fin;  un  moteur  à  vapeur  fixe,  placé  à  des  dis- 
tance» convenables,  mettrait  ce  système  funiculaire  en  mouvement. 


820  LES  MONDES. 

La  voie,  ainsi  établie,  serait  recouverte  d'une  galerie  à  toiture  de  zinc, 
supportée  par  des  colonnettes  en  fonte  très-légères.  (Fig.  I.) 

Les  parois  de  la  galerie  porteraient  des  châssis  de  verre  double,  que 
l'on  pourrait,  à  chaque  station ,  ouvrir  et  fermer  à  volonté  au  moyen 
d'une  disposition  mécanique  spéciale. 

La  disposition  d'établissement  de  voie,  imaginée  par  M.  Olivier,  et 
la  suppression  de  la  locomotive,  permettraient  d'atteindre  des  portées 
considérables,  de  80  à  100  mètres,  et  même  150,  d'une  rigidité  et  d'une 
solidité  parfaites.  En  supposant  leç  portées  maximade60  à  80  mètres, 
suivant  l'espacé~à  franchir,  dans  là  ligne  de  la  Madeleine  à  la  Bastille, 
45  immeubles  au  plus  seraient  à  toucher;  d'après  la  disposition  des 
colonnes  que  nous  avons  indiquée,  les  fondations  seraient  simplement 
formées  d'un  puits  de  2  mètres  environ  de  diamètre,  rempli  de  béton 
et  de  dés  en  pierre,  dans  lesquels  seraient  scellées  les  colonnes.  Au 
point  de  vue  de  l'achat  d'immeubles,  il  suffirait,  dans  la  majeure 
partie  des  cas,  de  payer  une  indemnité  de  surcharge  au  propriétaire 
du  terrain  sur  lequel  reposeraient  les  colonnes. 

Etablissement  de  la  voie.  La  figure  II  représente  l'établissement  du 
palier  sur  les  colonnes.  Sur  les  plaques  de  tôle  ou  tablier,  M.  Arsène 
Olivier  propose  de  placer  une  couche  de  sciure  de  bois  ou  de  tan  in- 
jectés, de  10  centimètres  de  hauteur  environ,  afin  d'atténuer  autant  que 
possible  le  bruit  du  roulement  des  wagons  et  de  la  corde  remorqueuse 
sur  les  poulies.  Sur  cette  couche  (fig.  III),  il  place  des  madriers  ou 
traverses  de  bois  injecté  sur  lesquelles  sont  fixés  les  rails. 

La  corde  remorqueuse ,  comme  on  le  voit  dans  la  figure,  roulerait 
au  milieu  de  la  voie  sur  des  anneaux  en  fer  ou  en  acier  ;  elle  se  com- 
poserait d'un  câble  sans  fin  en  fils  métalliques,  recouvert  de  chanvre 
goudronné;  elle  serait  mue  par  un  moteur  fixe  et  desservirait  simulta- 
nément les  deux  voies  en  sens  contraires. 

A  ce  câble,  au  moyen  d'un  crochet  automoteur  s  s'amarrerait  le 
wagon  (fig.  IV)  ;  ce  crochet  se  débrayerait  automatiquement  par  la 
rencontre  d'un  excentrique  placé  au  début  de  la  voie,  quelques  mètres 
avant  la  station  ;  ce  même  mouvement  de  débrayage  ferait  agir  un 
frein  sur  les  roues  du  véhicule  afin  d'annihiler  les  effets  de  la  vitesse 
acquise;  il  suffirait,  pour  se  remettre  en  marche,  de  débrayer  le  frein, 
et  cette  manœuvre  accrocherait  automatiquement  le  wagon  à  la  chaîne 
motrice. 

Les  wagons  proposés  par  l'auteur  du  projet  sont  légers  et  à  ciel  ou- 
vert; ils  pourraient  contenir  environ  50  personnes. 

Exploitation  de  la  ligne.  —  M.  Arsène  Olivier  croit  qu'on  devrait 
établir  des  stations  tous  les  300  mètres  ;  ces  stations  auraient  deux 


IE8  MONDES, 


LES  MONDES. 


ascenseurs  marchant  en  sens  contraire,  ascenseurs  qui,  au  moyen 
d'une' ingénieuse  combinaison  mécanique,  seraient  mis  en  mouve- 
ment au  moyen  de  la  chaîne  motrice.  Chaque  station  aurait  une  salle 
d'attente  placée  au-dessous  du  radier,  ou  au  même  niveau,  suivant  les 
cas.  A  chaque  station  serait  placé  un  tourniquet-compteur  pour  la 
perception  du  prix  de  transport,  que  M.  Olivier  croit  devoir  être  de  1 0 
ou  15  centimes  au  plus.  Une  fois  dans  l'enceinte  de  la  Compagnie,  on 
pourrait  prendre  n'importe  quel  train  et  n'importe  quelle  correspon- 
dance sans  payer  de  nouveau. 

11  y  aurait  des  trains  toutes  les  deux  ou  trois  minutes,  depuis  cinq 
heures  du  matin  jusqu'à  une  heure  après-minuit;  de  cette  façon,  le 
tramway  pourrait  être  utilisé  parles  ouvriers  pour  se  rendre  à  leurs 
ateliers;  le  soir,  après  la  fermeture  des  théâtres. 

Dans  son  intéressante  brochure,  l'auteur  propose  le  tracé  de  plu- 
sieurs grandes  lignes  dans  Paris  :  nous  prendrons  ici,  comme  exem- 
ple, la  ligne  qui  irait  de  Montrouge  à  la  Cliapelle-Saint-Denis;  c  elle 
«  suivrait  le  côté  droit  en  amont  de  la  Seine,  passerait  sur  la  cour  du 
a  palais  des  Thermes,  enjamberait  le  canal  de  la  Seine,  du  bras  gau- 

■  she,  passerait  sur  les  casernes,  au-dessus  du  Tribunal  de  commerce, 
a  laissant  son  dôme  à  gauche,  franchirait  le  péristyle  du  Théâtre- 
a  Lyrique,  traverserait  le  square  de  la  tour  Saint-Jacques,  puis,  suî- 
a  vant  le  côté  pair  du  boulevard  Sébastopol,  éviterait  l'église  Saint- 

■  Leu,  passerait  sur  le  square  des  Arts-et-Métiers ,  irait  jusqu'à  la 
«  gare  de  Strasbourg,  en  tournant  l'église  Saint-Laurent,  et  de  là  à  la 
a  Chapelle. 

a  La  perspective  des  monuments  n'aurait  rien  à  redouter,  puisque 
s  la  ligne  du  chemin  de  fer  dominerait  toujours  l'horizon  du  piéton. 


LES  MONDES.  53» 

.  t  Lorsque  le  chemin  de  fer  viendrait  à  traverser  une  place,  un  sup* 
«plément  d'ornement  pourrait  être  ajouté  à  la  voie;  on  obtiendrait 
c  ainsi  un  édifice  qui*  Ban*  grandes  dépenses,  sériait  du  meilleur 
caspeét. 

a  En  4866,  les  omnibus,  qvec  40000  chevaux  et  656  voitures,  ne 
c  transportèrent  que  407  000  000  4e  personnes,  dont  46  000000  d'im- 
c  péri  aie,  à  raison  de  la  moyenne  de  18  1/2  centimes  par  chaque 
t  voyageur. 

a  Si  Paris,  avec  sa  population  flottante,  compte  2000000  d'habi- 
e  tants>  et  qu'on  veuille  admettre  qu'un  million  sorte  de  chez  soi  tous 
a  les  jours  et  monte  dans  nos  wagons,  pour  aller  et  revenir,  j'aurais 
a  2000000  x  365  =  730  millions,  seulement  à  10  centimes,  formant 
«  la  somme  énorme  de  73  000000  fr. 

«  J'aurais  à  ajouter  les  rapports  du  factage  des  colis,  qu'il  m'est 
«  impossible  d'évaluer  dans  ce  court  exposé  . 

* 

«  De  107  000  000  de  voyageurs  des  omnibus 
a  à  730000  000  —        de  notre  chemin, 

«  différence  £23  000  000,  aujourd'hui  obligés  d'aller  à  pied  ou  de 
prendre  des  voitures.  » 

-  En  résumé,  le  projet  de  M.  Arsène  Olivier  est  parfaitement  réali- 
sable, et,  si  nous  ne  craignions  de  nous  répéter,  nous  dirions  qua  c'est 
le  projet  le  plus  pratique  et  le  mieux  conçu  de  tous  ceux  qui  ont  été 
proposés.  Dans  le  début,  à  cause  de  l'immensité  de  l'idée,  l'auteur  a 
craint  que  ses  moyens  fussent  insuffisants  :  depuis,  toutes  les  per- 
sonnes compétentes  lui  ont  affirmé  que  la  chose  était  exécutable,  et  un 
ingénieur,  qui  passe  pour  très-distingué,  son  homonyme  (un  Nor- 
mand!...) a  reconnu  tous  les  mérites  du  projet,  conçu  et  breveté  en 

1868 en  le  copiant  en  4872,  et  en  le  présentant  à  te  Commission  ée$ 

tramway*. 

CHIMIE  APPLIQUÉE 

Distillation  sèche  des  bols.  —  Lettre  de  M.  Paul  Chipoff,  à 
Soudslaw,  près  Kostroma,  Russie.  —  Dans  la  livraison  du  19  octobre  du 
tome  XXVI  de  votre  revue  Les  Mondes,  j'ai  trouvé  insérée  la  note  de 
M.  Maiclie,  concernant  la  distillation  sèche  du  bois  ;  voyant  que  vous 
vous  intéressez  à  cette  fabrication,  j'ai  pensé  vous  être  utile  en  vous 
communiquant  quelques  données,  que  j'extrais  des  livres  de  l'usine 
de  mon  père,  située  dans  le  gouvernement  de  Kostroma,  une  usine, 


524  LES  MONDES 

qui  travaille  déjà  depuis  30  ans,  et  dont  la  spécialité  est  précisément 
la  distillation  sèche  du  bois. 

Cette  usine  distille  annuellement  de  15000  à  46  000  mètres  cubes 
de  bois,  dont  la  majeure  partie  consiste  en  bois  de  bouleau.  Je  vous 
envoie  avec  cette  lettre  les  dessins  de  l'appareil  pour  la  distillation  sèche 
du  bois,  et  du  réfrigérant  à  travers  lequel  passent  les  produits  de  la 
distillation.  En  comparaison  des  dimensions  de  mon  dessin  del'appa- 
pareil  distillatoire,  le  dessin  du  réfrigérant  est  à  peu  près  trois  fois 
plus  grand.  Veuillez  excuser  cette  discordance,  j'ai  trop  peu  de  temps 
pour  refaire  les  dessins;  —  toutefois  ils  sont  assez  compréhen- 
sibles. 

Dans  l'usine  de  mon  père  ces  appareils  sont  au  nombre  de  44,  dont 
2  ou  3  se  trouvent  constamment  en  réparation.  Pourtant  ils  ne  sont  pas 
tous  de  la  même  grandeur;  les  plus  grands  contiennent  un  cylindre,  qui 
reçtoit  2  {  mètres  cubes  de  bois  et  le  travaille  pendant  48  heures,  dont 
40  sont  employées  pour  le  refroidissement  de  l'appareil  ;  le  cylindre 
le  plus  petit  reçoit  4  ^  mètres  cubes  de  bois  et  le  travaille  pendant 
24  heures.  Nous  avons  commencé  par  construire  les  appareils  de  la 
dernière  dimension  et  les  avons  agrandis  graduellement  ;  mais  la  pra- 
tique nous  a  appris  que  ce  sont  ceux  de  la  première  dimension  qui  sont 
les  plus  convenables.  Des  appareils  encore  plus  grands  ne  possède* 
raient  pas  la  sûreté  et  la  prestesse  du  travail  qu'ils  doivent  avoir,  et  en 
même  temps  présenteraient  plus  de  danger,  car  avec  une  pareille  usine 
on  a  à  chaque  minute  à  craindre  un  incendie. 

Le  procédé  de  l'usine  à  l'égard  de  l'acide  pyroligneux  se  distingue 
par  la  décantation  soigneuse  des  matières  goudronneuses  ;  c'est  pour- 
quoi nous  le  faisons  passer  par  40  grandes  cuves,  posées  sur  le  chemin 
qu'il  parcourt,  en  se  rendant  de  l'usine,  où  il  est  distillé,  dans  l'appar- 
tement où  il  subit  les  transformations  ultérieures.  Il  y  arrive,  par  con- 
séquent, comme  un  fluide  homogène,  d'une  couleur  brune,  tirant  sur 
le  rouge  ;  il  est  reçu  dans  une  cuve  couverte  et  mise  en  relation  avec 
une  chaudière  à  vapeur.  Après  avoir  mis  dans  cette  cuve  autant  de 
chaux  qu'il  faut  pour  saturer  l'acide,  on  ferme  la  cuve  ;  on  procède  à 
la  distillation  à  la  vapeur  de  l'alcool  méthylique,  qui  est  mis  en  liberté 
par  suite  de  la  décomposition  du  pyrolignite  de  méthyl  en  présence  de 
la  chaux.  La  vapeur  d'eau,  chargée  de  la  vapeur  de  l'alcool  méthy- 
lique, passe  par  plusieurs  cuves,  où  ces  vapeurs  rencontrent  de  la 
chaux  calcinée  et  du  charbon  de  bois,  qui  les  privent  de  la  plus  grande 
partie  des  huiles  volatiles  qui  accompagnent  l'acide  pyroligneux; 
enfin,  ces  vapeurs  sont  condensées  par  un  réfrigérant.  La  solution  de 
pyrolignite  de  chaux  est  travaillée  de  lamaniçreordinairejpour  produire 


S?  1  ^.Coupe  verticale- 

Appareil  pour  la  flishîlatior.  sèche  du  bois 


Appareil   refnf érint 
:  la  iuliDiLon    s«cK(:    du    bn 


r-.-  P.Méa  rJWrt»* 


LES  MONDES  539 

l'acide  acétique,  dont  nous  fabriquons  plusieurs  sels,  comme  le  sel  de 
plomb  et  le  sel  de  chaux  pour  les  fabriques  de  calicot  peint. 

Quant  à  l'alcool  méthylique,  il  est  reçu  impur  et  très-aqueux  ;  pour 
le  purifier v  on  le  conduit  dans  une  cuve,  revêtue  intérieurement  de 
plomb,  où  Ton  met  de  la  chaux  calcinée  et  où  on  le  laisse  plusieurs 
jours,  en  le  remuant  de  temps  en  temps  ;  ensuite  on  le  soumet  à  une 
distillation  fractionnée.  Méthodiquement  et  graduellement  ces  opéra- 
tions sont  répétées  trois  fols,  et  enfin  on  obtient  un  alcool  très-pur,  qui 
à  l'aide  de  l'eau  d'une  source  pure  est  dilué  à  85°  Frallea  et  livré  ainsi 
au  marché.  A  cause  de  l'accise  considérable  pour  l'alcool  éthylique  en 
Russie,  l'alcool  méthylique  pur  est  une  marchandise  très-demandée  ; 
mais  l'usine  de  mon  père  est  la  seule  en  Russie  qui  en  fabrique  ;  la 
difficulté  et  le  danger  de  la  fabrication  en  sont  Jes  raisons.  Il  faut  dire 
aussi  qu'en  distillant  15  000  à  16  000  mètres  cubes  de  bois,  nous  trou- 
vons dans  l'acide  pyroligrieui  seulement  3  000  à  4  C00  kilog.  d'alcool 
méthylique  ;  une  quantité  moindre  ne  couvrirait  pas  les  frais  de  fabri- 
cation et  d'installation  des  appareils.  Et  puip  les  procédés  de  cette  fa- 
brication, qui  avant  nous  n'était  exploitée  nulle  part  en  grand,  ont 
coûté  beaucoup  d'argent  à  mon  père,  et  beaucoup  de  labeur  au  direc- 
teur de  l'usine,  M.  Paulowsky,  qui  les  a  inventés  et  appliqués,  ainsi 
que  les  appareils  pour  la  séparation  de  l'alcool  méthylique  de  l'acide 
pyroligneux,  à  l'aide  de  la  vapeur,  simultanément  avec  la  saturation 
de  cet  acide  par  la  chaux. 

Je  ne  puis  rien  dire  des  chiffres  de  M.  Maiche,  si  ce  n'est  que  la  dis- 
tillation sèche  du  bois,  même  dans  notre  pays,  qui  en  abonde  encore  t 
n'est  pas  une  occupation  sûre  et  lucrative.  Selon  moi,  il  est  impossible 
d'en  obtenir  plus  de  7  0[0  de  bénéfice,  même  en  travaillant  une  quan- 
tité de  bois  assez  considérable,  comme  15  000  mètres  cubes,  que  je 
crois  très-difficile  de  surpasser,  et  alors  que  le  prix  de  l'acétate  de 
plomb  est  assez  haut.  Vous  pouvez  en  juger  par  les  chiffres  suivants  : 
par  mètre  cube  de  bois  distillé,  nous  obtenons  : 

Pyrolignite  de  chaux.    •    .    •    •    •        16,5    kilog. 
Alcool  méthylique  à  85#  Fr.    .    .    .         0,25    — 
Goudron 8,2      — 

Le  goudron  en  *  Russie  est  une  marchandise  comme  une  autre  :  il 
sert  à  graisser  les  rouej  de»  voitures  de  campagne.  D'ailleurs  je  ne 
comprends  pas  l'assertion  de  M.  Maiche,  comme  si  le  goudron  de  bois 
ne  serait  bon  qu'à  brûler.  Je  l'ai  distillé  en  grand  et  j'ai  recueilli  les 
deux  huiles,  lourde  et  légère.  Je  n'ai  pas  encore  fini  mon  travail,  je 
n'ai  pas  encore  réussi  à  purifier  entièrement  l'huile  légère,  mais  je  l'ai 


526  LES  MONDES. 

obtenue  assez  pure  pour  servir  à  l'éclairage;  avec  l'huile  lourde,  j'ai 
préparé  un  composé,  que  je  regarde  comme  l'acide  trinitrdcrévique, 
et  que  je  crois  être  bon  pour  remplacer  en  teinture  l'acide  picrique. 
Enfin,  ce  qui  a  entièrement  réussi,  c'est  la  fabrication,  avec  ces  huiles  et 
avec  la  poix  qui  reste  après  la  distillation  du  goudron,  d'un  enduit 
pour  les  conduits  d'eau  en  chanvre  pour  les  pompes  qui  servent  à 
éteindre  les  incendies. 

Dans  le  cours  de  l'année,  l'usine  est  arrêtée  pour  3  à  4  semaines, 
pendant  que  nos  rivières  se  débarrassent  de  la  glace,  ce  qui  arrive  tou- 
jours Vers  les  Pâques;  l'usine  travaille  donc  11  mois,  et  cela  nuit  et 
jour,  sans  s'arrêter  pour  les  fêtes.  La  construction  de  l'usine  a  coûté  à 
mon  père  plus  de  320,000  francs.  Par  jour  elle  obtient  : 

Pyrolignite  de*  chaux 819  kilog. 

Alcool  méthylique,    .    .    .    •    .        221    — 
Goudron 409    — 

Dans  nos  appareils  pour  la  distillation  sèche  du  bois,  nous  employons 
comme  combustible  les  gaz  permanents  de  la  distillation,  parce  que 
nous  n'avons  pas  besoin  de  grand  éclairage  pendant  la  nuit  ;  et  la 
construction  des  appareils  pour  recevoir  le  gaz,  le  purifier,  le  con- 
server, et  des  conduits  pour  le  distribuer  dans  l'usine  coûterait  trop 
cher.  En  outre,  comme  combustible  pour  la  distillation,  nous  con- 
sommons tout  le  charbon  qui  reste  après  la  distillation  du  bois,  car,  à 
cause  de  l'abondance  du  bois  en  Russie^le  transport  élève  tellement  le 
prix  de  notre  charbon,  qu'il  est  entièrement  impossible  pour  nous  de 
concourir  dans  nos  villes  avec  le  charbon  qui  y  est  apporté  par  les  ha- 
bitants des  villages  qui  les  entourent.  Nous,  ne  mesurons  pas  le  f  gaz 
ni  le  charbon,  et  nous  ne  connaissons  pas  la  quantité  que  nous  en 
consommons  ;  mais  ils  ne  nous  suffisent  pas  pour  la  distillation  et  nous 
sommes  contraints  de  recourir  au  bois  de  chauffage  (pin  et  sapin)  en 
proportion  de  0,623  de  mètre  cube  pour  chaque  mètre  cube  de  bois 
distillé. 

Enfin  je  dois  signaler  encore  les  chiffres  suivants  des  différents  trais 
par  kilog.  de  pyrolignite  de  chaux  : 

Matériel  pour  réparer  l'usure,  éclairage,  etc.    .  fr.  0,22 

Main-d'œuvre. —  0,48 

Frais   généraux ......  —  0,575 

Eau  pour  la  réfrigération  et  pour  les  réservoirs.  —  0,15 

Extinction  du  capital  de  construction  et  actif.    .  —  0,41 

Pour  l'appréciation  de  la  qualité  de  notre  pyrolignite  de  chaux,  'il 


r 


LES  MONDES.  .    637 

faut  dire  que  pour  fabriquer  avec  le  pyrolignite  \  kitog,  d'acétate  de 
plomb,  nous  avons  besoin  de  4,48  kilog.  de  pyrolignite  de  chaux. 

Je  finis  cette  lettre  en  vous  donnant  la  description  des  dessins  que 
je  vous  envoie.  Le  n°'l  représente  l'appareil  pour  la  distillation  sèche 
du  bois;  À  est  le  cylindre  en  tôle  où  l'on  met  le  bois  à  distiller  et  qu'on 
ferme  hermétiquement  avec  le  couvercle  B  ;  ce  couvercle  est  retenu 
en  place  par  une  vis  C.  Par  le  tuyau  D  sortent  les  produits  de  la  dis* 
tillation  pour  se  rendre  dans  le  réfrigérant.  E  est  le  foyer  dans  lequel 
brûlent  les  matériaux  qui  chauffent  le  cylindre  ;  la  fumée  en  sortant 
du  foyer  se  rend  dans  le  conduit  qui  s'entoure  en  spirale  autour  du 
cylindre,  de  sorte  qu'elle  passe  successivement  par  les  sections  verti- 
cales de  ce  conduit  F,  G,  H,  I,  J,  K.  Les  gaz  permanents  de  la  dis- 
tillation sèche  du  bois,  en  sortant  du  réfrigérant,  se  rendent  par  la 
tuyau  L  dans  le  foyer.  Le  dessin  n°  2  représente  l'appareil  réfrigérant; 
les  gaz  de  la  distillation  entrent  par  le  tuyau  A  et  passent  dans  la 
tuyau  B,  qui  est  horizontal  et  perpendiculaire  au  premier.  De  B  ils 
passent  dans  quatre  tuyaux  C,  qui  commencent  tous  en  B  et  vont  pa* 
rallèles  les  uns  aux  autres  et  en  s'inclinant  un  peu  jusqu'au  tuyau  D, 
horizontal  et  parallèle  à  B.  Le  tuyau  D  est  réuni  avec  le  tuyau  F,  qui 
lui  est  parallèle  par  un  tuyau  vertical  E.  Du  tuyau  F  les  gaz  passen 
par  quatre  tuyaux  G,  parallèles  les  uns  aux  autres  et  un  peu  incli* 
nés  jusqu'en  H.  De  là,  par  un  tuyau  courbé  1,  tous  les  produits  cou 
denses  découlent  dans  la  petite  cuve  J  ;  quand  J  est  pleine,  son  con- 
tenu s'écoule  par  le  tuyau  R  et,  par  le  canal  M,  se  rend  dans  les  cuves* 
dans  lesquelles  l'acide  pyroligneux  est  décanté.  Comme  le  niveau  du 
liquide  en  J  est  constant  et  bouche  toujours  l'ouverture  du  tuyau  Î,  les 
'  gaz  permanents  sont  contraints  de  se  rendre  par  le  tuyau  L  qui  les 
conduit  dans  le  foyer  du  cylindre  à  distiller  le  bois.  Les  tuyaux 
B,  C,  D,  E,  F,  G  et  I  sont  immergés  dans  une  cuve  ovale  N  qui  est 
remplie  d'eau  froide,  sans  cesse  renouvelée. 


INDUSTRIE 


SOCIÉTÉ  D'ENCOURAGEMENT.  —  SÉANCE  BU  VENDREDI  22  FÉVRIER  1873. 

Lega  de  H.  Herplit.  —  M.  Herpin,  qui  a  été,  pendant  près  de 
de  40  ans,  membre  du  Conseil,  et  dont  le  souvenir  sera  longtemps 
douloureusement  présent  dans  le  cœur  de  ses  collègues,  a  voulu 
donner  à  la  Société  un  souvenir  durable  de  l'intérêt  qu'il  lui  por- 


828    •  LES  MONDES. 

tait.  Dans  la  répartition  de  sa  modique  fortune,  il  lui  a  légué  une 
rente  annuelle  de  300  francs. 

Déftlnfectl#n  des  eaux  d'ég#ut«.  —  A'Leicester,  les  eaux 
des  égouts,  dont  le  volume  est  de  32,000  mètres  cubes  par  jour , 
étaient  clarifiées,  depuis  plusieurs  années,  par  leurs  mélange  avec 
du  lait  de  chaux,  et  cette  clarification  était  très-bien  organisée 
et  établie  sur  un  système  double  pour  pouvoir  fonctionner  d'une 
manière  continue.  Les  eaux  sales  étaient  élevées  par  des  pompes 
dans  un  grand  bassin,  et  elles  recevaient,  au  passage,  une  quantité 
déterminée  de  lait  de  chaux,  avec  laquelle  elles  étaient  mélangées 
par  des  agitateurs  puissants.  Dans  ce  bassin  l'eau  troublée  dépo- 
sait rapidement  un  précipité  floconneux  et  vaseux  de  carbonate 
de  chaux,  qui  entraînait  mécaniquementtoutesles  matières  en  sus- 
pension. Le  liquide  surnageant  demeurait  clair  et  était  écoulé  à  la 
rivière.  Une  2*  opération  du  même  genre  superposait  à  ce  dépôt 
nne  couche  nouvelle,  et  lorsque,  après  plusieur  précipitations  de 
même  sorte,  le  dépôt  était  en  assez  grande  quantité,  des  vis  d'Ar- 
chimède,  placées  au  fond  du  bassin,  le  reprenaient  pour  le  faire 
égoutter  et  d'autres  machines  le  répartis  saient  sur  de  larges  bas-* 
sins  de  dessiccation,  sur  lesquels  ensuite  il  était  repris  pour  être 
emporté  par  eau  ou  par  chemin  de  fer. 

Ce  procédé  avait  plusieurs  défauts;  l'excès  de  chaux,  qui  était 
nécessaire,  causait  un  dégagement  et,  par  suite,  une  perte  regret" 
table  d'ammoniaque  ;  mais  le  principal  inconvénient  consistait 
dans  les  décompositions  secondaires  qui  avaient  lieu  dans  le  bas- 
sin de  précipitation,  au  sein  des  couches  qui  avaient  été  déposées 
les  premières.  Ces  réactions  causaient  un  dégagement  de  bulles  de 
gaz  qui  s'élevaient  à  travers  le  liquide  qu'on  leur  avait  superposé, 
et  s'opposaient  à  la  formation  des  couches  subséquentes  de  dépôt 
et,  par  conséquent,  à  la  clarification  ;  les  eaux  étaient  donc  souvent 
envoyées  troubles  à  la  rivière. 

Cette  méthode  vient  d'être  abandonnée,  et  la  commission  muni- 
cipale a  adopté  le  procédé  de  clarification  de  MM.  Forbes  (D.)  et 
Price  (A.  P.) ,  qui  emploient  pour  agent  de  précipitation  le  phos- 
phate d'alumine,  dont  on  trouve  des  quantités  considérables  dans 
les  mers  occidentales  et  surtout  dans  l'Ile  d'AUo-Vela,  qui  peut  en 
fournir  10  millions  de  tonnes.  Ce  phosphate  contient  39  pour  100 
d'acide  phosphorique  et  27  pour  100  d'alumine.  Il  est  pulvérisé,  et 
ensuite  traité  par  l'acide  sulfurique  ou  l'acide  hydrochlorique,  dans 
la  proportion  de  7  d'acide  pour  10  de  phosphate  naturel.  Il  devient 


l 


LES  MONDES.  320 

ainài  soluble  et  en  pâte  ferme,  et  constitue  un  antiseptique  puis- 
sant. 

Cette  pâte,  dissoute  dans  de  l'eau,  est  mélangée,  au  lien  du  lait 
de  chaux,  avec  les  eaux  d'égont,  et  elle  produit  un  précipité  abon- 
dant, qui  laisse  l'eau  dans  un  état  de  pureté  et  de  limpidité  très- 
satisfaisant;  si  l'on  veut  une  purification  plus  complète,  on  y  ajoute 
une  petite  quantité  de  lait  de  chaux,  qui  décompose  les  phospha- 
tes alcalins,  et  laisse  l'eau  surnageante  exempte  de  toute  odeur  et 
de  goût  désagréable.  Cette  eau  pourrait  servir  à  tous  les  usages  ; 
les  poissons  y  vivent  parfaitement,  et  au  bout  de  plusieurs  mois  la 
chaleur  de  l'été  n'y  développe  ni  putréfaction  ni  odeur  désa- 
gréable. 

Cette  méthode  de  clarification  utilise  toutes  les  constructions  qui 
avaient  été  faites  par  la  ville  de  Leicester/et  elle  produit  une  puri- 
fication plus  parfaite  des  eaux,  quoiqu'elle  ne  soit  pas  entière- 
ment exempte  de  l'embarras  que  causent  les  décompositions  secon- 
daires dans  les  couches  déjà  précipitées  pendant  que  de  nouvelle 
eau  leur  est  superposée,  pour  être  clarifiée  à  son  tour.  Mais  le  dé- 
pôt a  une  plus  grande  valeur,  et  la  purifi  cation  est  plus  parfaite. 
Elle  a  été  essayée  en  aval  de  Londres,  en  emp  loyant  une  tonne  de 
phosphate  d'alumine  pour  1 500  mètres  cub  es  d'eau  ;  le  précipité 
contenait  62,26  pour  100  de  phosphate,  20,41  de  matières  organi- 
ques correspondant  en  azote  à  0,69  pour  100  d'ammoniaque.  Elle 
a  été  appliquée,  pendant  plusieurs  mois,  à  Tottenham,  où  l'on  te- 
nait à  laisser  la  rivière  de  Léa  exempte  de  souillures,  et  les  résul- 
tats ont  été  très-satisfaisants.  Il  est  à  remarquer,  d'ailleurs,  que 
les  eaux  clarifiées  contenant  des  sels  ammoniacaux  et  autres  ma- 
tières solubles  ont  pour  l'irrigation  une  valeur  bien  supérieure  à 
celle  qu'aurait  l'eau  pure  des  rivières,  en  sorte  qu'à  tous  les  points 
de  vue  le  nouveau  procédé  parait  avoir  des  avantages  incontesta- 
bles. (Mecanic's  Magazine.) 

£xp«ftltl+n  a  ni  venselle  de  Tienne  en  1&  K  t.  —  L'em- 
placement réservé  aux  diverses  nations  a  été  réglé  ainsi  qu'il  suit  t 
pour  l'Autriche-Hongrie,  dans  la  salle  des  beaux-arts  ou  dans  la 
salle  des  machines  30  pour  100,  dans  le  palais  de  l'Industrie  33 
pour  100,  dans  la  rotonde  50  pour  100  ;  la  Hongrie  aura  une  place 
considérable,  qui  lui  permettra  de  mettre  en  évidence  toute  son 
importance  économique.  L'Angleterre,  la  France,  et  l'Allemagne 
ont  été  mises  sur  le  même  pied,  et,  quant  à  la  Russie,  à  l'Italie  et 
à  l'Orient,  et  les  autres  pays,  ils  ont  reçu  un  espace  convenable  et 

38 


830  LES  MONDES. 

dans  les  proportions  qui  avaient  été  observées  dans  la  dernière 
Exposition  universelle  de  Paris. 

Le  prix  de  location  du  mètre  carré  d'espace  est  fixé  ainsi  qu'il 
suit  pour  les  exposants:  dans  le  palais  de  l'Industrie  10  florins,  dans 
la  salle  des  machines  et  dans  les  cours  du  palais  de  l'Industrie  4 
florins,  dans  un  emplacement  couvert  aux  frais  de  F  exposant  3 
florins  et  dans  le  parc  un  florin  ;  dans  les  salles  des  beaux-arts  et 
dans  l'exposition  des  amateurs,  il  ne  sera  prélevé  aucun  prix  de  lo- 
cation. (Renseignements  particuliers  du  consulat  d'Autriche.) 

Culture  pastorale  de»  hautes  vallées  des  Pyrënéea. 

—  Bapport  de  M .  Huzard  sur  une  communication  de  M.  Calvet, 
garde  général  des  forêts.  —  La  nourriture  du  pasteur  est  formée  de 
céréales  inférieures,  mais,  seigle,  sarrazin,  trè3-peu  de  froment, 
des  pommes  de  terres,  un  demi-litre  de  lait  par  jour,  parfois  des 
œufs,  un  porc  salé  d'une  valeur  de  100  francs  pour  l'année  entière 
à  une  famille  de  8  personnes,  de  la  viande  fraîche  le  jour  de  la 
fête  locale,  du  vin  pour  le  chef  de  famille  une  fois  par  quinzaine, 
avec  excès,  au  cabaret,  lors  des  marchés  ou  foires  du  canton.  Cette 
nourriture,  toute  en  produits  du  travail  personnel,  est  évaluée  i 
20 centimes  par  tête  et  par  jour;  une  famille  de  5  personnes,  citée 
pour  exemple,  consomme,  par  jour,  4  fr.  21  de  produits. 

On  ne  peut  sortir  de  cette  situation  que  par  l'exploitation  des 
bêtes  à  cornes,  qui  sont  l'instrument  de  toute  civilisation  pastorale 
avancée,  et  le  meilleur  parti  qu'on  en  puisse  tirer  sera  obtenu 
par  l'association  des  pasteurs  pour  l'exploitation  du  fromage  par  la 
voie  des  fruitières.  Organisées  d'abord  en  Suisse,  elles  ont  été  en- 
suite adoptées  dans  le  Doubs,  où  elles  ont  apporté  un  commerce 
de  sept  millions  de  francs  en  fromages  de  Gruyère,  ainsi  que 
dans  le  Jura,  qui  se  trouve  aussi  favorisé.  Elles  pourraient  faire 
naître  dans  les  trois  départements  principaux  des  Pyrénées 
(i'Ariège,  les  Hautes  Pyrénées  et  les  Basses-Pyrénées)  un  gain  de 
vingt  millions,  en  échange  d'une  exploitation  actuellement  sans  ré- 
sultats et  sans  valeur. 

Chemin  de  fer  d'exploltatlan  rurale.  —  Pertew 
universel  de  M.  Corbiu.  Rapport  de  M.  Mangon.—M.  Gorbin 
a  repris  la  question  importante  des  transports  à  petites  distances; 
il  a  cherché  à  en  résoudre  les  difficultés  pratiques,  et  il  est  arrivé 
à  des  résultats  qui  sont  assez  satisfaisants.  Il  a  diminué  le  poids  et 
la  dimension  de  chacun  de  ses  waggonnets,  de  manière  que  la 
charge  du  train  fût  répartie  sur  une  plus  grande  longueur  du 


LES  MONDES.  831 

chemin  de  fer  et  qu'elle  ne  dépassât  pas,  sur  chaque  paire  de  roues, 
une  limite  assez  faible.  Il  a  pu,  dès  lors,  réduire  les  dimensions 
des  cadres  du  chemin  de  fer  sans  que  leur  solidité  fût  compromise, 
et  les  rendre  plus  légers,  plus  maniables  et  plus  faciles  à  trans- 
porter et  à  déplacer. 

Ces  cadres,  composant  la  voie,  sont  formés  d'échelles  en  bois  lé* 
ger  de  5m,  30  de  longueur,  dont  les  longrines  sont  garnies,  h  l'arête 
intérieure,  de  bandes  de  fer  plat  ou  de  fer  d'angle  fixées  par  des 
clous  ou  des  vis.  Les  extrémités  de  ces  longrines  sont  garnies  de 
petits  sabots  en  fer,  disposés  de  manière  qu'on  puisse  réunir  les 
échelles  bout  à  bout  par  de  simples  chevilles  en  bois.  Le  train  qui 
circule  sur  ce  chemin  est  formé  par  de  simples  plates-formes  sur 
lesquelles  on  pose  ou  des  corbeilles  ou  des  civières  à  claire-voie 
contenant  des  matières  à  transporter.  Le  premier  de  ces  waggon- 
nets  est  à  quatres  roues;  les  autres  sont  à  deux  roues  placées  à 
l'arrière,  et  pour  l'avant  ils  reposent,  par  une  barre  de  traction  ri- 
gide, sur  une  goupille  en  fer  fixée  à  l'arrière  du  waggonnet  précé- 
dent. Cette  disposition  donne  une  grande  flexibilité  au  train,  et 
réduit  le  nombre  des  paires  de  roues  et,  par  suite,  les  résistances 
et  les  chances  de  déraillement. 

M.  Corbin  a  formé  trois  types  de  chemins  de  fer  portatifs  ayant 

d'entre-voie 0m,  33,    0m,  475,    O,  68 

pesant  par  mè Ire  courant  de  voie  .  .  .  3k,  600,  5\  200,  9  kilos, 
et  coûtant  par  mètre  courant  de  voie.  2  fr.  50, 3  fr.  50,  4  fr.  50 
les  waggonnets  à  4  roues  coûtent  .  .  20  fr.,  30  fr.,  de  75  à 
125  fr. 

Ce  chemin  de  fer  offre,  pour  la  légèreté,  la  solidité  et  la  facilité 
d'installation  et  de  manœuvre,  des  avantages  tout  à  fait  remarqua- 
bles ,  il  se  prête  à  tous  les  usages,  et  peut  même  être  établi  sur 
les  terrains  humides  d'une  consistance  médiocre.  Il  a  été  employé, 
avec  succès,  pendant  l'automne  dernier,  dans  plusieurs  fermes 
Toisines  de  sucreries,  et  il  semble  propre  à  faire  des  transports  à 
travers  les  prairies  dans  lesquelles  on  craint  les  détériorations 
causées  par  les  roues  de  voitures. 

En  résumé,  M.  Corbin  a  employé  des  combinaisons  ingénieuses, 
et  a  organisé  un  matériel  qui  paraît  devoir  être  utile;  mais  surtout 
il  a  rendu  un  service  en  attirant  de  nouveau  l'attention  sur  l'em- 
ploi des  chemins  de  fer  portatifs  en  agriculture. 

Cemmeree   et   HntMe   dee    laine»  ,  ee»  tauftea*  -* 

M.  Tisserand  entretient  la  Société  de  l'état  dans  lequel  se  trouve 


532  LES  MONDES. 

la  production  de  la  laine,  industrie  importante  qui  donne  lieu  à 
un  commerce  de  près  de  300  millions  par  an,  et  qui,  de  tout  temps, 
a  été  l'objet  d'une  grande  sollicitude  de  la  part  du  gouvernement, 
et  de  plaintes  assez  vives  de  la  part  des  agriculteurs. 

Le  prix  des  laines  rangées  dans  l'ordre  suivant  :  1"  mérinos  ; 
2°  métis  mérinos;  3°  soutbdowns  purs;  4°  solognots  purs;  5°  sou- 
thdowns -solognots;  6°  charmoise-solognots;  7°  soutbdowns  -limou- 
sins; 8°  landes  purs,  a  été  pour  les  produits  du  domaine  de  la  cou- 
ronne : 

!•  2°        3*  4°        5°  6°        7*        8° 

Avant  1865 2f,40    2f,83    2f,25     lf,90  '  2f,09    2f,27    2f,18    lf,35 

Delààl87t 2,06    2,18    2,18    2,12    2,03    2,06    2,40    1,39 

Moyenne  génér..    2%ÏT    iyiï    2^22    l',98    2f,06    2f,14    2f,32    lf,37 

Ces  moyennes  montrent  que  la  dépréciation  qu'ont  subie  nos 
laines  porte  bien  moins  sur  les  laines  indigènes  que  sur  les  laines 
fines;  plusieurs  de  ces  nombres  semblent  même  indiquer  parmi 
elles  une  augmentation  de  valeur  progressive,  tandis  que  les  laines 
fines  se  déprécient  de  plus  en  plus 

M.  Tisserand  n'hésite  pas  à  attribuer  l'abaissement  du  prix  des 
laines  indigènes  à  l'importation  des  laines  d'Australie  et  de  la 
Plata. 

La  France  a  été  envahie,  comme  les  autres  contrées  de  l'Europe, 
par  ce  mouvement.  Jusqu'en  1836,  ses  importations  de  laine  n'ont 
guère  dépassé  une  valeur  de  14  millions  de  francs;  en  4856  elles 
sont  de  47  millions,  en  1866  elles  sont  de  76,000  tonnes  de  laine 
valant  212  millions  de  francs,  et  en  1869  elles  s'élèvent  à  100,000 
tonnes  valant  215  millions  de  francs. 

Ces  modifications  dans  le  commerce  des  laines  ont  fait  faire  des 
hypothèses  exagérées.  On  a  calculé  qu'avant  1875  l'Europe  rece- 
vrait 400  millions  de  livres  de  laines  étrangères  lavées,  et  que  les 
prix  seraient  avilis  à  un  tel  point  que  l'existence  de  nos  troupeaux 
en  serait  compromise.  La  réalité  sera,  heureusement,  loin  de  cette 
supposition.  Les  charges  de  la  production  australienne  sont  plus 
considérables  qu'on  ne  pense  :  la  mortalité  est  très-grande  dans  les 
troupeaux  pendant  les  sécheresses  ;  la  main-d'œuvre  est  è  un  prix 
très-élevé  ;  les  transports  de  la  bergerie  au  port  d'embarquement 
sont  très -difficiles  ;  le  fret,  le  transbordement,  les  frais  de  magasi- 
nage s'ajoutent  à  ces  dépenses,  et  ces  causes  réunies  produisent  un 
minimum  assez  élevé  au-dessous  duquel  le  prix  des  laines  ne 
pourra  jamais  s'abaisser.  Les  hauts  prix  du  commencement  du 
siècle  ne  se  reproduiront  plus.  Les  laines  fines  ne  pourront  être 


LES  MONDES.  W3 

produites  que  dans  des  conditions  limitées  et,  pour  ainsi  dire,  ex- 
ceptionnelles, mais  le  prix  sera  encore  suffisant  pour  permettre 
la  production  des  laines  indigènes,  et  il  parait  devoir  être  toujours 
compris  entre  2  et  3  fr.  pour  le  kilogramme  de  laine  en  suint. 

Si  l'on  fait  attention  à  l'augmentation  du  prix  de  la  viande  qui 
est  survenue  depuis  quelques  années,  à  la  division  actuellement 
adoptée  entre  les  races  dans  lesquelles  la  laine  est  la  production 
principale,  et  où  la  viande  est  l'accessoire,  et  celles  où  la  viande 
est  le  principal  produit,  la  laine  étant  considérée  comme  complé- 
mentaire seulement,  on  conçoit  qu'un  bon  choix  des  races,  fait  en 
tenant  compte  du  sol  et  des  circonstances  de  l'exploitation,  puisse 
mettre  les  éleveurs  dans  des  conditions  qui  rendent  l'industrie 
productive. 

Hoissoaiienee.  -*-  H.  M  an  go  n  présente  à  la  Société  la  mois- 
sonneuse que  M.  Albaret,  rue  de  Viarmes,  29,  à  Paris,  a  installée, 
et  qui  est  bien  supérieure  à  toutes  celles  qui  étaient  connues  anté- 
rieurement. H  dépose  sur  le  bureau  la  description  et  le  dessin  de 
cette  machine,  et  demande  qu'elle  soit  l'objet  de  l'examen  de  la 
Société* 

TranemlMlon  de  forces.  —  M.  Mangon  présente  aussi, 
an  nom  de  M.  Peltier,  fabricant  d'instruments  d'agriculture,  rue 
Fontaine-au-Roi,  10,  à  Paris,  les  perfectionnements  apportés  ré- 
cemment aux  transmissions  de  mouvement  à  grande  distance,  en 
employant  la  poulie  de  M.  Hirn. 

Cette  transmission  télédynamique  est  faite  au  moyen  d'un  petit 
câble  en  fil  de  fer  de  quelques  millimètres  de  diamètre,  soutenu 
dans  son  parcours  par  des  poulies  d'un  grand  diamètre  à  gorges 
profondes.  La  pratique  avait  fait  reconnaître  la  nécessité  de  garnir 
lefonddela  gorge  en  gutta-percha  ou  en  caoutchouc  ;  mais  ces 
matières,  continuellement  malaxées  par  l'action  du  câble,  se 
déformaient  où  s'altéraient  rapidement.  On  est  parvenu  â  résoudre 
cette  difficulté  en  formant  la  garniture  de  trois  bandes  de  cuir 
mises  â  la  suite  l'une  de  l'autre,  mais  terminées  â  leur  extrémité 
par  un  bout  rentrant  qui  est  fixé  à  un  tendeur  au  moyen  duquel 
on  peut  toujours  obtenir  une  surface  lisse  et  régulière  au  fond  de 
la  gorge. 

Ces  câbles  télédynamiques  sont  déjà  très-employés  en  agricul- 
ture ;  ils  donnent  le  moyen  d'employer  la  force  motrice  prise  à  une 
roue  de  moulin  distante  de  .800  â  700  mètres  ou  plus,  jusqu'à  la 
ferme  où  elle  fait  marcher  des  barattes  et  d'antres  machines. 


534  LES  MONDES. 

méeaulqtic,  —  Essai  d'une  pompe  centrifuge  de  MM.  Neut  et 

Dumont  >  par  M.  Tresgà.  —  Cette  -pompe,  du  diamètre  de  0.60,  était 
actionnée  par  une  forte  machine  looomobile  de  la  construction  de 
MM.  Borré  et  Baudet  de  Lille,  et  elle  aspirait,  à  niveau  constant,  dans 
le  grand  bassin  des  docks  St-Ouen  sur  le  quai  duquel  elle  était  placée. 
La  pompe  a  fait  18.260  tours  en  44  minutes,  soit  425  tours  par  mi- 
nute ;  la  machine  3.850  révolutions  en  4t  minutes,  soit  94  tours  par. 
minute*. 

Le  volume  d'eau  débité  par  seconde  par  un  orifice  de  0n*  1  057,  et 
sous  une  charge  moyenne  de  0m  70,  sur  le  centre  de  cet  orifice,  doit 
être  estimé  à  263  455  litres  par  seconde. 

Ge  débit,  élevé  à  6m.955,  correspond/en  eau  élevée,  à  un  travail  par 
seoonde  de  4825.  34  kilogrammètres,  chiffré  que  nous  aurons  à  com- 
parer à  celui  qui  exprime  le  travail  moteur  de  la  machine. 
Le  travail  correspond  par  minute  à  3.145  24  kilogrammètres. 
Pour  ce  travail  moteur  la  pompe  fournit  en  eau  élevée  1 825  34  kilo- 
grammètres, ce  qui  fournit  pour  la  valeur  de  son  rendement 
1.825  34  :  3.145  24  =  0.580. 

Les  pompes  de  MM.  Neut  et  Dumont,  bien  que  ressemblant  à  toutes 
les  pompes  centrifuges,  ont  été  successivement  améliorées  d'après  les 
enseignements  de  l'expérience,  et  sous  ce  rapport  les  entreprises 
d'épuisement  qui  ont  été  faites  sous  leur  direction  n'ont  pas  été  sans 
influence  sur  les  qualités  que  possèdent  aujourd'hui  ces  appareils,  soit 
au  point  de  vue  de  la  sûreté  du  fonctionnement,  soit  sous  le  rapport 
de  la  simplicité  de  la  construction. 

Le  volant  est  entièrement  construit  en  fonte  ;  les  aubes  sont  formées 
d'une  seule  pièce  avec  le  moyeu,  et  s'y  rattachent  solidement  à  l'aide 
de  fortes  nervures. 

Cependant  la  forme  de  ces  aubes  laisse  encore  à  désirer,  et  il  serait 
possible  de  rendre  encore  les  différences  de  section  moins  brusques,  et 
par  conséquent  plus  favorables,  sous  le  rapport  de  l'effet  utile. 

On  sait  que  l'un  des  inconvénients  de  ces  appareils  à  force  centri- 
fuge a  consisté  pendant  longtemps  dans  les  introductions  d'air  qui  se 
faisaient  par  les  coussinets.  Cet  air,  en  vertu  de  sa  légèreté  spécifique, 
se  cantonnait  au  centre  de  la  pompe  qui,  après  un  certain  temps,  cessait 
de  fonctionner  pour  cette  cause.  Pour  s'opposer  à  cette  rentrée  d'air, 
plusieurs  constructeurs  ont  déterminé,  avec  succès,  un  petit  excès  de 
pression  d'eau  en  dehors  des  boites  à  étoupe  qui  se  trouvaient  ainsi 
isolées  de  l'air  extérieur. 

Dans  les  nouvelles  machines  de  MM.  Neut  et  Dumont,  cet  excès  de 
pression  est  déterminé  à  l'intérieur  de  la  boite  à  étoupe  par  l'action  de 


LES  MONDES.  535 

la  pompe  elle-même,  qui  chasse  une  partie  du  liquide  par  une  tuyau 
latéral  sur  le  point  à  préserver.  Ce  tuyau  était,  dans  la  pompe  de 
Saint-Ouen,  rapporté  sur  le  corps  principal  ;  depuis  lors  les  construc- 
teurs le  font  venir  de  fonte  avec  les  enveloppes  et  établissent  ainsi  une 
double  communication  qui  détermine  un  courant  continu,  bien  propre 
au  nettoyage  des  surfaces  et  au  refroidissement  des  parties  frottantes 
dans  le  cas  où  un  échauffement  quelconque  tendrait  à  se  produire. 

Dans  ces  conditions  les  pompes  centrifuges  sont  devenues  des  appa- 
reils rustiques,  dans  lesquels  les  dérangements  sont  peu  à  craindre, 
et  elles  se. trouvent  parfaitement  appropriées  aux  grands  épuisements 
toutes  les  fois  que  la  hauteur  d'aspiration  ne  dépasse  pas  6  à  8  mètres. 

(Annales  du  Conservatoire.) 


ASTRONOMIE  PRATIQUE 

Phénomène»  d'astronomie  pratique  pour  l'année 

1999,  par  M.-J.  Glaisher;  traduit  de  l'anglais  par  M.  Franquet, 
lieutenant  de  vaisseau  en  retraite.  —  Extrait  de  la  Revue  maritime 
et  coloniale.  —  AVRIL.  La  Lune.  Dans  l'après-midi  du  1er,  la  Lune 
et  la  planète  Saturne  seront  proches  l'une  de  l'autre;  il  en  sera  de 
môme  pour  la  Lune  et  Vénus  dans  la  soirée  du  5  ;  dans  la  soirée  du  8, 
Mars  se  trouvera  à  droite  de  la  Lune,  la  distance  entre  les  deux  corps 
devenant  plus  grande  à  mesure  que  la  nuit  s'avance.  La  Lune  sera 
près  de  la  planète  Mercure  dans  la  matinée  du  9  ;  et  pendant  la  soirée 
du  15,  Jupiter  sera  à  l'Ouest  de  la  Lune.  Le  même  soir  Uranus  suivra 
la  Lune  jusqu'à  11  h.  0  m.  environ,  la  planète  se  trouvant  un  peu  au 
Sud,  après  quoi  Uranus  précédera  la  Lune.  Saturne  sera  pour  la  se- 
conde fois  près  de  la  Lune  dans  la  nuit  du  28,  et  à  sa  droite  dans  la 
matinée  du  29.Voici  les  heures  des  phases  ou  changements  : 
D.  Q.  Le  lAr  à  2  h.  32  m.  du  matin  à  Londres,  à  2  h.  41  m.  à  Paris. 
N.  L.  Le  8  à  0  h.  32  m.  du  matin  à  Londres,  à  0  h.  41  m.  à  Paris. 
P.  Q.  Le  15  à  10  h.  11  m.  du  soir  à  Londres,  à  10  h.  21  m.  à  Paris. 
P.  L.  Le  23  à  1  h.  37  m.  du  soir  à  Londres,  à  1  h.  47  m.  à  Paris. 
D.  Q.  Le  30  à  8  h.  21  m.  du  matin  du  Londres,  à  8  h.  30  m.  à  Paris. 

La  Lune  est  à  son  périgée  dans  la  soirée  du  9 ,  et  dans  la  matinée 
du  27  pour  la  seconde  fois  ;  elle  est  à  son  apogée  dans  la  matinée 
du  15. 

Mercure*  Au  commencement  du  mois,  Mercure  se  couche  près  de 
2  h.  après  le  Soleil,  et  est  plus  favorablement  situé  qu'iaucune  autre 


836  -***  LES  MONDES. 

période  de  Tannée  pour  être  observé  comme  étoile  du  soir,  mais 
l'intervalle  dont  le  coucher  du  Soleil  précède  celui  de  la  planète 
diminue  très-rapidement  jusqu'au  25  où  le  Soleil  se  couche  4  m. 
après  la  planète.  Mercure  se  couche  le  1"  à  8  h.  24  m.,  et  le  20  à 
7  h.  52  m.  Il  est  à  sa  plus  grande  élongation  orientale  (19°  7')  dans 
la  matinée  du  5,  en  conjonction  avec  la  Lune  dans  la  matinée  du  9, 
stationnaire  parmi  les  étoiles  dans  la  soirée  du  14,  en  conjonction 
avec  Mars  dans  la  matinée  du  20 ,  en  conjonction  inférieure  avec 
le  Soleil  dans  la  soirée  du  24,  et  dans  son  nœud  descendant  le  28  au 
soir. 

Vénus.  L'intervalle  entre  le  lever  de  cette  planète,  et  le  lever  du  Soleil 
varie  très-peu  dans  le  cours  du  mois.Vénus  se  lève  le  1er  à  4  h.  58  m., 
ou  37  m.  avant  le  Soleil,  et  depuis  ce  moment  jusqu'au  15,  l'intervalle 
diminue  jusqu'à  32  m.,  ce  jour-là  la  planète  se  levant  à  4  h.  33  m. 
et  jusqu'à  30  m.  le  30,  jour  où  elle  se  lève  à  4  h.  5  m. 

Hars.  Cette  planète  est  visible  pendant  quelques  moments  chaque 
soir  après  le  coucher  du  Soleil  ;  elle  se  couche  à  7  h.  36  m.  du  soir 
le  5,  ou  57  m.  après  le  Soleil;  à  7  h.  39  m.  du  soir  le  15,  ou  44  m. 
après  le  Soleil;  et  à  7  h.  43  m.  le  dernier  jour  ou  23  m.  après  le  Soleil 
couché.  Elle  est  dans  son  plus  grand  rapprochement  par  rapport  à  la 
Lune  dans  la  soirée  du  8. 

Jupiter.  Le  coucher  de  cette  planète  se  fait  de  meilleure  heure  cha- 
que matin,  en  sorte  que  le  temps  pendant  lequel  on  peut  la  voir  dimi- 
nue considérablement  dans  le  cours  du  mois.  Le  5,  Jupiter  se  couche 
à  2  h.  44  m.  du  matin  ou  environ  2  h.  45  m.  avant  le  lever  du  Soleil; 
le  20  à  2  h.  49  m.  du  matin,  et  le  30  à  1  h.  14  m.,  alors  son  coucher 
précède  le  lever  du  Soleil  de  3  h.  21  m.  Il  sera  en  quadrature  avec  le 
Soleil  le  10  et  près  de  la  Lune  le  15. 

Saturne  est  encore  étoile  du  matin  et  se  lève  lel"  à  2  h.  43  m,  du 
matin,  2  h.  52  m.  avant  le  lever  du  Soleil;  cet  intervalle  va  jusqu'à 
3  h.  15  m.  vers  le  15  et  jusqu'à  3  h.  43  m.  le  30  où  Saturne  se  lève 
à  0  h.  52  m.  du  matin.  Il  sera  près  de  la  Lune  dans  la  soirée  du  Ier  ; 
en  quadrature  avec  le  Soleil  dans  la  matinée  du  10;  dans  le  voisinage 
de  la  Lune  pour  la  seconde  fois  dans  la  nuit  du  28,  et  stationnaire 
parmi  les  étoiles  dans  la  matinée  du  30. 


LES  MONDES.  537 


ACADÉMIE   DES  SCIENCES 


SÉANCE  DO  LUNDI  48  MABS  1873 

—  M.  Serret,  contrairement  il  me  semble  aux  usages  de  l'Académie, 
croit,  avant  tout  Jugement  de  la  commission  à  laquelle  elle  a  été  ren- 
voyée, devoir  faire  remarquer  que  la  transformation  et  l'analyse  dont 
M.  Boussinesq  a  fait  usage  dans  sa  dernière  note  sur  l'intégration  des 
équations  aux  dérivées  partielles  du  premier  ordre,  se  trouvent  développées 
tout  au  long,  avec  de  nombreux  détails,  dans  le  traité  du  Calcul  diffé- 
rentiel et  intégral  de  Lacroix  (2ad  édition,  tome  II,  pages  504  et  suivantes). 

—  M.  de  Saint- Venant  fait  remarquer  que  le  Jeune  et  très-habile  ma- 
thématicien accusé  de  ce  plagiat,  connu  déjà  par  des  travaux  de  premier 
ordre,  que  l'Académie  met  aujourd'hui  môme  sur  la  liste  de  ses  candidats, 
est  simple  professeur  de  mathématiques  dans  le  petit  collège  communal 
de  Gap  ;  loin  par  conséquent  de  toutes  les  sources  d'érudition. 

—  Sur  V hydrodynamique  des  cours  d'eau,  par  M.  de  Saint-Venant.  — 
Cette  troisième  note  est  consacrée  presque  tout  entière  aux  progrès  que 
M.  Bou38inesq,  sermonné  par  M.  Serret,  a  fait  faire  à  cette  redoutable  ques- 
tion, en  afiectant  la  valeur  du  coefficient  de  frottement  de  fonctions  mo- 
nômes du  rayon  moyen  de  la  section  (quotient  de  son  aire  par  son  péri- 
mètre mouillé  et  de  sa  vitesse  contre  les  parois).  On  obtient  ainsi  en 
effet  que  le  fluide,  bien  qu'homogène  par  nature,  soit  traité  comme  une 
masse  mécaniquement  hétérogène,  donnant  lieu,  pour  les  mêmes  mou- 
vements relatifs  intérieurs,  à  un  développement  de  forces  qui  varient 
d'intensité  d'un  point  à  l'autre,  c'est-à-dire  dont  le  coefficient  spécifique 
dépend  des  coordonnées  des  divers  points  de  la  masse  fluide  ;  et  même 
du  temps,  s'il  n'y  a  pas  permanence.  Dans  ces  conditions  nouvelles,  dit 
M.  de  Saint* Venant,  le  problème  de  l'établissement  dans  chaque  cas  des 
équations  différentielles  du  mouvement,  et  ensuite  de  leur  intégration 
approchée,  aura  encore  une  difficulté  souvent  grande,  mais  il  ne  pré* 
sentent  plus  cette  désespérante  énigme  contre  laquelle  des  esprits  distin- 
gués se  sont  heurtés  en  vain. 

—  Sur  un  phénomène  de  cristallisation  à" une  solution  saline  très«con« 
centrée,  par  M.  Cheyeeul.  —  L'illustre  et  infatigable  doyen  de  la  section 
de  chimie  a  reconnu  dans  l'eau,  où  des  matières  azotées  avaient  macéré 
et  subi  une  fermentation,  commencement  de  décomposition  putride,  trois 
acides  azotés  au  moins  analogues  à  ceux  déjà  découverts  dans  le  suint, 
La  solution  concentrée  de  l'un  des  trois  sels  de  ces  acides,  liquide  épais  à 


538  LES  MONDES. 

pellicule  transparente  et  incolore,  abandonnée  à  l'évaporation  spontanée, 
dang  une  capsule  hémisphérique  de  7,5  centimètres  de  diamètre, aprésenté 
une  excroissance  d'un  blanc  pur,  épaisse  de  3  centimètres,  et  dont  la  cap- 
sule fut  bientôt  couverte.  C'était  la  première  fois  que  cette  matière  se 
solidifiait  sous  forme  de  petits  cristaux  microscopiques,  par  une  sorte  de 
cristallisation  grimpante.  Des  trois  acides  trouvés  par  M.  Chevreul  dans 
l'eau  où  des  cadavres  ont  macéré ,  Tan  se  rapproche  des  acides  ca- 
proique  et  caprique;  uni  à  la  baryte  il  cristallise  en  longues  aiguilles; les 
deux  autres  forment  avec  la  baryte  des  sels  qui,  parfaitement  séchés, 
««servent  des  années  entières  leur  forme  vitreuse.  «La  capsule  que  je 
mets  sous  les  yeux  de  l'Académie,  dit  II.  Chevreul,  est  bien  précieuse, 
fille  refermait  une  préparation  dont  l'origine  remonte  à  une  trentaine 
d'années,  et  qu'avaient  respectée  l'obus  prussien,  et  plus  tard  les  flammes 
incendiaires  de  la  Commune  de  Paris.  » 

—  Sur  la  formation  du  chloral,  par  MM.  A.  Wurtz  et  G.  Vogt.  —  Par- 
tant de  l'aldéhyde,  ces  messieurs  la  convertissent,  au  moyen  de  l'alcool 
et  du  gai  chlorhydrique,  en  éther  monochloré  (corps  de  Wurtz  et  de  Fra* 
polli);  puis,  l'éther  monochloré  à  son  tour  a  étéjxmverti  successivement 
en  éther  tétrachloréet  en  chloral.  De  sorte  qu'ils  obtiennent  du  chloral 
avec  de  l'aldéhyde,  do  l'alcool,  du  gaz  chlorhydrique  et  du  chlore  ;  or, 
ce  sont  là  précisément  les  produits  qui  sont  en  présence  dans  la  prépa- 
ration du  chloral.  MM.  Wurtz  et  Vogt  ont  voulu  rechercher  si  dans 
cette  expérience  on  ne  pourrait  pas  remplacer  l'alcool  par  l'eau,  et  ils  ont 
opéré  de  la  manière  suivante  :  De  l'aldéhyde  pure,  et  refroidie  est  mé- 
langée avec  de  l'eau  glacée  dans  la  proportion  des  poids  moléculaires  ;  le 
liquide  refroidi  à  — 10°  est  mélangé  avec  précaution  avec  environ  son 
poids  d'acide  chlorhydrique  moyennement  concentré  et  refroidi  à  — 10\ 
Dans  le  mélange  incolore  ou  très-légèrement  fauve,  on  dirige  immédia- 
tement un  courant  de  chlore,  le  liquide  étant  refroidi.  Au  bout  de 
quelques  heures  on  chauffe  légèrement  en  continuant  de  faire  passer  du 
chlore,  et  en  ayant  soin  de  mettre  le  vase  où  s'opère  la  réaction  en  com- 
munication avec  un  récipient,  à  l'aide  d'un  tube  recourbé  qui  plonge 
dans  ce  dernier.  Dès  que  la  température  s'élève  vers  100  degrés,  on  voit 
distiller  peu  à  peu  un  liquide  visqueux,  mélange  d'hydrate  d'aldéhyde 
dichlorée  avec  de  l'hydrate  de  chloral,  en  poids  sensiblement  égal  à  celui 
de  l'aldéhyde  employée.  Traité  par  la  potasse  caustique,  le  mélange  se  dé- 
double en  chloral  et  en  chloroforme.  L'action  du  chlore  sur  l'aldéhyde 
donnant  naissance  à  de  l'acide  chlorhydrique,  on  s'est  demandé  si  l'ad- 
dition de  cet  acide  peut  être  regardée  comme  une  condition  nécessaire  à 
la  formation  du  chloral,  et  s'il  ne  suffirait  pas  d'ajouter  de  l'eau,  pour 
arriver  au  même  résultat.  50  grammes  d'aldéhyde  ont  été  mêlés  à 


LES  MONDES.  830 

20  grammes  d'eau,  les  deux  liquides  sont  refroidis  à  xéro.  En  4  minutes 
la  température  s'est  élevée  à  19°, 5,  celle  de  l'air  ambiant  étant  de  15  de- 
grés. On  a  ajouté  80  grammes  d'eau  à  16%  et  l'on  a  vu  le  thermomètre 
s'élever  à  32°;  on  ajoute  encore  50  grammes  d'eau  et  l'on  fait  patser  le 
chlore  pendant  6  heures  à  —  \  0°  ;  puis  pendant  deux  jours  au  bain-marie. 
Où  recueille  dans  le  récipient  40  grammes  d'hydrate  visqueux  d'où  Toa 
retire,  par  distillation,  un  mélange  d'aldéhyde  dichlorée  et  de  chloral. 

—Remarquée  sur  la  note  présentée  par  M.  te  maréchal  Vaillant  au  sujet 
des  aurores  boréales,  par  M.  Ch.  Sàinte-Clàibe-Devilli.  —  M.  Ch.  De* 
ville  maintient  avec  raison  le  rapprochement  entre  les  orages  terra» 
très  et  les  orages  magnétiques  eu  aurores  boréales.  Les  deux  phéno* 
mènes  ce  sont  pas  identiques,  mais  analogues  ou  équivalents.  Les  orages 
gjnt  très-rares  près  des  pôles  où  les  aurores  sont  presque  habituelles,  et 
presque  continuels  dans  les  régions  équatoriales  dénuées  d'aurores.  Il 
maintient  en  outre  que  les  phénomènes  de  température  sous  l'influence 
desquels  se  déterminent  les  perturbations  atmosphériques»  sont  sujets  à 
des  variations  périodiques,  ayant  pour  cause  les  variations,  périodiques 
aussi,  dans  les  propriétés  du  milieu  interplanétaire,  li  n'est  pas  vrai  d'ail- 
leurs  que  les  orages  électriques  soient  un  phénomène  aussi  accidentel  et 
aussi  local  que  le  croit  M.  le  maréchal  Vaillant.  Lorsqu'on  verra  que  du 
12  au  13  février,  il  y  a  un  orage  à  Santiago,  et  le  lendemain  14,  an  orage 
à  Paris  et  sur  plusieurs  points  placés  dans  l'intervalle,  il  ne  peut  plus 
être  question  d'un  fait  isolé. 

— •  Recherches  sur  la  conservation  des  vins,  par  M.  ns  VebgJIETTB» Là- 
motte.  —  L'auteur  se  résume  ainsi  :  «  Me  plaçant  au  point  de  vue  de  la 
consommation  et  de  l'importation  de  nos  grands  vins  de  Bourgogne,  j'ai 
pris  deux  méthodes  qui  existaient  dans  la  science  pour  conserver  et 
améliorer  les  vins,  c'est-à-dire  la  congélation  et  le  chauffage,  et  j'ai 
étudié,  pendant  un  grand  nombre  d'années,  la  plupart  du  temps  sur  des 
vins  que  j'ai  récoltés,  dans  quelles  conditions  ces  deux  méthodes  pou- 
vaient être  actuellement  appliquées  aux  grands  vins  de  la  Côte-d'Or. 
Voilà  le  but  de  mes  recherches.  Je  n'ai  aucune  prétention  sur  les  ques- 
tions théoriques  relatives  aux  ferments  des  vins,  qui  ont  été  émises  par 
11.  Pasteur,  et  dont  je  lui  laisse  toute  la  responsabilité. 

M.  Pasteur  affirme  que,  de  1840  à  1850,  M.  de  Vergnette-Lamotte  n'a 
introduit  que  des  erreurs  dans  la  question  du  chauffage  des  vins,  qu'à 
cette  époque  le  chauffage  entre  50  et  75  degrés  p'était  pour  lui  qu'une 
épreuve  qu'il  fallait  faire  subir  à  un  échantillon  de  vin  à  exporter*  Si 
l'échantillon  résistait  à  cette  épreuve  de  la  chaleur,  le  vin  était  d'une 
santé  robuste,  il  pouvait  voyager.  Dans  le  cas  contraire,  il  fallait  s'abs- 
tenir de  l'expédier.  Or  tout  cela  est  erroné.  Daus  son  second  travail  dto 


540  LES  MONDES; 

1865,  postérieur  de  trois  semâmes  à  la  prise  du  brevet  de  M.  Pasteur, 
M.  de  Vergnette-Lamotte  propose  de  placer  des  vins  de  Bourgogne  sous 
un  toit,  dans  un  grenier,  pendant  deux  mois,  juillet  et  août.  Donc  il  n'a 
pas  inventé  la  méthode  de  M.  Pasteur. 

Dans  son  mémoire  de  1 850,  M.  de  Vergnette-Lamotte  dit,  il  est  vrai  : 
«  Nous  avons  toujours  réussi,  en  faisant  varier  la  température  du  bain  de 
60  à  75  dégrés,  à  préserver  les  vins  de  qualité  soumis  à  ces  essais  de  toute 
altération.  »  Mais  ii  ajoute  immédiatement  :  «  11  n'en  était  pas  de  même 
pour  ceux  qui,  d'une  santé  douteuse,  ne  présentaient  point  cette  composi- 
tion normale  sans  laquelle  les  vins  ne  se  conservent  pas.  Dans  ce  cas  Us  ne 
résistent  pas  à  l'épreuve.  »  M.  de  Vergnette  n'a  donc  pas  résolu  le  problème 
de  la  conservation  des  vins  pçr  la  chaleur  et  la  gloire  en  reste  tout  en- 
tière à  M.  Pasteur. 

—  M.  Dumas  annonce  à  l'Académie  la  perte  tout  à  fait  imprévue 
qu'elle  vient  de  faire  dans  la  personne  de  M.  François-Jules  Pritet,  un  de 
ses  plus  éminents  correspondants,  enlevé  par  une  fièvre  pernicieuse,  le 
13  mars,  à  Genève.  Ses  premières  études  furent  consacrées  à  l'entomolo- 
gie; les  vingt  dernières  années  de  sa  vie  ont  été  consacrées  à  la  paléon- 
tologie, science  qu'il  a  dotée  d'un  traité  classique  en  4  volumes  et  de  nom- 
breux mémoires  sur  les  fossiles  de  la  Suisse  et  les  poissons  fossiles  du 
Liban.  Il  consacrait  une  partie  de  sa  très -grande  fortune  à  répandre  la 
connaissance  des  richesses  archéologiques  de  la  Suisse. 

—M.  Rolland  est  nommé  membre  delà  section  de  mécanique  par  39  voix 
sur  56  votants,  contre  4  4  données  à  M.  Tresca,  1  à  M.  Bresse,  1  à  M.  Bous- 
sinesq. 

—  Sur  l'extension  ewtraordinire  de  la  lumière  zodiacale  et  sa  coïnci- 
dence avec  la  reprise  des  apparitions  d'aurores  polaires,  par  M.  Tàrry.  — 
Notre  collaborateur  fait  une  bonne  action  en  rappelant  ce  passage  du 
chapitre  VIII  du  Traité  physique  et  historique  des  aurores  boréales,  par 
M.  de  IfAïKAff.  Le  chapitre  est  intitulé  :  De  la  correspondance  des  reprises 
des  aurores  boréales  avec  les  apparitions  de  la  lumière  zodiacale  ou  avec 
les  accroissements  de  l'atmosphère  solaire.  «  Depuis  cinq  à  six  ans  que  les 
aurores  boréales,  suite  ordinaire,  selon  notre  hypothèse  (Cassini  et  moi), 
des  grandes  extension»  de  l'atmosphère  solaire,  sont  devenues  si  fré- 
quentes, les  taches  ? du  soleil  l'ont  été  aupsi  beaucoup.  On  sait  encore 
qu'au  commencement  [du  dernier  siècle,  après  l'invention  des  lunettes, 
on  ne  voyait  jamais  le  soleil  sans  taches,  et  il  y  en  avait  quelquefois  des 
masses  si  considérables,  que  le  P.  Scheiner  dit  en  avoir  compté  jusqu'à 
50.  Elles  devinrent  ensuite  plus  rares,  de  sorte  que  depuis  le  milieu  du 
siècle,  jusqu'en  1670,  c'est-à-dire  dans  l'intervalle  d'une  vingtaine  d'an- 
nées, on  n'en  peut  trouver  qu'une  ou  deux,  et  qui  parurent  même  fort 


i 


LES  MONDES.  541 

peu  de  temps.  Or,  comme  nous  l'avons  vu,  il  y  eut  un  giand  nombre 
d'aurores  boréales  au  commencement  du  xvi'  siècle  jusqu'au  delà  de  i62J, 
après  quoi  l'on  n'en  entendit  plus  parler  jusqu'en  1686,  époque  de  la 
vingtième  reprise.  » 

—  Dans  une  seconde  note  Sur  la  périodicité  des  pluies  de  sabla 
observées  au  sud  de  V Europe,  M.  Tarry  s'attache  à  démontrer  que  les 
trois  pluies  de  sable  des  25  décembre  1870,  27  juin  1874  et  10  mars 
1872,  s'expliquent  par  les  cyclones  qui,  après  avoir  traversé  notre 
continent  du  nord-ouest  au  sud-est,  éprouvent  vers  les  régions  tropi- 
cales un  mouvement  de  recul.  A  l'appui  de  cette  opinion,  il  rappelle 
l'avertissement  donné  par  lui,  dès  le  28  février  1872,  à  plusieurs  ob- 
servatoires du  sud  de  l'Europe  d'une  pluie  de  sable  qui  devait  surve- 
nir dans  les  premiers  jours  de  mars,  et  qui  s'est  produite  en  effet  à 
Rome,  à  Parme,  à  Moncalieri  le  40  et  le  11  mars. 

—  Remarques  sur  le  mémoire  de  Legendre.  Intégration  de  quelques 
équations  aux  différences  partielles,  par  M.  E.  ra  Combesgurb.  —  Le 
but  de  l'auteur  est  de  rétablir  assez  simplement  les  détails  omis  volon- 
tairement par  Legendre  et  d'introduire  quelques  observations  qui  pa- 
raissent avoir  échappé  à  l'illustre  auteur. 

—  De  F  influence  du  froid  de  F  hiver  sur  les  graines,  par  M.  Duglàux» 
—  Après  avoir  démontré  que  le  froid  de  l'hiver  est  la  condition  néces- 
saire et  suffisante  de  l'éclosion  régulière  de  la  graine  de  vers  à  soie, 
M.  Duclaux  a  voulu  savoir  si  cette  même  influence  s'étendait  aux 
graines  végétales,  il  a  reconnu  que  cette  influence  est  réelle  et  suffi- 
sante dans  certains  cas,  mais  qu'elle  n'est  pas  nécessaire.  S'il  est  des 
graines  qui,  comme  les  graines  des  vers  à  soie,  ont  besoin  de  passer 
l'hiver  pour  s'ouvrir,  il  en  est  qui  peuvent  germer  aussitôt  mûres, 
pourvu  qu'on  leur  fournisse  les  conditions  favorables  ;  la  majorité  des 
semences  est  même  dans  ce  cas. 

—  Sur  les  spectres  d'absorption  dçs  vapeurs  de  soufre,  (T  acide  sèU* 
nieux  et  d'acide  hypochloreux,  par  M.  Gernsz.  —  Dégagées  dans  un 
tube  de  50  centimètres  de  longueur  les  vapeurs  de  soufre  produisent 
une  extinction  graduelle  qui  part  du  violet  pour  s'étendre  presque  dans 
le  rouge,  mais  on  ne  distingue  aucun  indice  de  raies.  Si  l'on  continue 
à  élever  la  température,  la  vapeur  se  dilate  énormément,  et  Ton  voit 
bientôt  reparaître  le  vert,  le  bleu  et  le  violet,  avec  des  faisceaux  de  raies 
très-nettes  qui  sillonnent  la  région  violette  et  bleue,  et  s'étendent 
jusque  dans  le  vert.  Au  moment  de  la  vaporisation  de  l'acide  sélé- 
nieux,  on  voit  apparaître  un  système  de  raies  d'absorption  très-nettes, 
particulièrement  dans  le  violet  et  dans  le  bleu  ;  on  n'en  trouve  pas 
dans  la  région  du  spectre  la  moins  réfrangible,  Le  spectre  d'absorption 


f 


5tt  LES  MONDES. 

de  l'acide  hypochlorique  et  chloreux  ;  mais  la  colonne  d'absorption 
doit  être  longue  d'un  mètre  au  moins. 

—  Sur  les  isomères  de  la  trichforhydHne,  reproduction  de  la  glycé- 
rine, par  MM.  Friedel  et  Silvà.  —  De  la  discussion  de  la  formule  du 
méthylchloracétol  C  H1,  G  Cl',  C  H3,  ces  messieurs  avaient  conclu  que 
quel  que  soit  le  mode  de  chloruration  employé,  il  ne  doit  fournir 
qu'un  seul  chlorure  CsR5Cl*.  Ils  ont  vérifié  cette  conséquence  en  trai- 
tant le  méthylchloracétol  par  le  chlore  au  soleil  et  par  le  chlorure 
d'iode  ;  ils  n'ont  obtenu  en  effet  qu'un  seul  trichlorure,  qui,  dissous 
dans  l'eau,  n'a  laissé  qu'un  résidu  noir  liquide.  Ce  liquide  noir  s'est 
résolu  par  plusieurs  distillations  fractionnées,  et  deux  autres  ayant  tous 
deux  pour  composition  <?  H4  Cl»,  et  qui  sont  deux  propylènes  di chlorés. 
Le  chlorure  de  propylène  CH*,  CH  Cl,  CH*  Cl,  devait  se  prêter  à  la  pro- 
duction de|la  trichlorhydrine.  Pour  s'en  assurer,  on  l'a  préparé  à  l'aide 
de  Fiodure  d'éthyle,  on  l'a  enfermé  par  petites  portions  dans  des  tubes 
scellés  avec  du  chlorure  d'iode  sec,  et  Ton  a  chauffé  à  la  température  de 
180  degrés  pendant  quelques  heures.  La  réaction  terminée,  on  a  ou* 
vert  les  tubes  à  la  lampe,  pour  laisser  échapper  l'acide  chlorhydrique 
formé,  et  Ton  a  traité  le  résidu  par  la  potasse  et  par  le  sulfite  de  soucie 
pour  diBSoudre  l'iode.  Le  liquide  huileux  a  été  lavé  à  l'air,  séché  au 
chlorure  de  calcium,  puis  soumis  à  des  distillations  fractionnées,  répé- 
tées un  grand  nombre  de  fois.  Une  portion  assez  abondante  qui  passe 
vers  455  degrés,  entre  450  et  460  degrés,  est  de  la  trichlorhydrine  mé- 
langée avec  une  trace  de  tétrachlorure,  douée  de  la  faculté  de  fournir 
de  la  glycérine.  On  est  donc  arrivé  à  produire  la  glycérine  avec  le 
chlorure  de  propylène  qui  peut  être  préparé  sans  partir  de  la  glycérine 
elle-même. 

—  Transformation  de  V acétone  en  kydrure  d'hexylène  (dipropyle), 
par  M.  Bouchard at.  —  Le  résultat  principal  de  ce  travail  est  que  la 
pinaconne,  sous  l'influence  d'agents  énergiques  d'hydrogénation, 
peut  donner  un  carbure  d'hydrogène  contenant  le  double  d'équivalents 
de  carbone  contenus  dans  l'acétone,  corps  générateur.  Ce  carbure 
d'hydrogène  est  identique  avec  le  carbure  obtenu  au  moyen  des  alcools 
hexatomiques,  mannite  et  dulcite,  sous  l'influence  des  même  agents. 

—  Faits  relatif  s  à  la  diphény  lamine,  par  MM.  Girard  et  Dslâîr.  — 
Ces  messieurs  établissent,  contrairement  aux  assertions  de  MM.  Dus- 
sard  et  Bardy  :  4°  que  l'intervention  du  chlorure  de  phényle  n'est  pour 
rien  dans  la  préparation  de  la  diphénylamine  par  la  réaction  en  vase 
clos  du  phénol,  de  l'acide  chlorhydrique  et  du  chlorhydrate  d'aniline; 
2°  que  la  diphénylamine  ne  se  produit  en  chauffant  vers  255  degrés 
du  sulfophénate  de  soude  sec,  en  présence  d'aniline  libre,  que  dans 


J 


LES  MONDES.  543 

le  cas  où  le  sulfophénate  de  soude  ou  bien  l'aniline  employée  oonte- 
,  naît  une  petite  quantité  d'un  sel  d'aniline  ;  3°  que  la  production  de  la 
diphénylamine  par  Faction  de  l'iodure  ou  du  bromure  de  phényle  sur 
l'aniline  ne  s'observe  qu'autant  que  cet  iodure  bu  ce  bromure  renferme 
une  trace  d'acide  libre  ou  bien  l'aniline  une  trace  d'un  sel  d'aniline  ; 
4°  que  le  sulfophénate  de  soude  et  le  cyanure  de  potassium  ne  réa- 
gissent pas  en  produisant  du  benzonitrUe ,  non  plus  qu'en  chauffant 
en  vase  clos  entre  340  et  320  degrés  un  mélange  de  150  grammes  de 
phénol,  dé  50  grammes  de  chlorhydrate  d'ammoniaque  et  de  25  gr« 
d'acide  chlorhydrique. 

—  Quelques  observations  de  bile  incolore,  par  E.  Rima.  —  Les 
faits  ne  sont  pas  encore  assez  nombreux  et  les  observations  sopt 
trop  incomplètes  pour  qu'on  puisse  les  expliquer  d'une  ma- 
nière satisfaisante;  on  peut  dire  seulement  que  dans  quelques  cas, 
surtout  chez  les  annimaux,  la  bile  incolore  coïncidait  avec  l'ictère 
et  que,  dans  tous  les  cas,  le  foie  présentait  une  dégénérescence 
graisseuse  plus  ou  moins  avancée. 

—  Action  combinée  de  la  morphine  et  du  chloroforme,  par  M.  Gui- 
bbrt.  —  Quand  le  sujet  a  subi  une  injection  hypodermique  de  1  à 
2  centigrammes  de  chlorhydrate  de  morphine,  le  premier  effet  du 
chloroforme,  employé  à  la  manière  ordinaire,  est  de  produire  un 
état  d'analgésie  avec  conservation  de  l'intelligence  des  sens  et  des 
mouvements  volontaires,  qui  suffira  dans  la  pratique  des  accouche- 
ments et  des  opérations  de  petite  chirurgie  pour  émousser  très-no- 
tablement la  sensibilité  et  la  douleur.  Quand  on  prolonge  suffissam- 
ment  et  sans  interruption  les  inhalations  de  chloroforme,  on  ob- 
tient le  sommeil  avec  anesthésie  et  résolution  des  muscles,  état 
précieux  pour  les  grandes  opérations. 

Voici  comment  M.  Guilbert  procède  dans  les  accouchements  : 
Il  pratique  41'avant-bras  l'injection  sous-cutanée  d'environ!  cen- 
tigramme de  chlorhydrate  de  morphine,  au  moment  où  la  femme 
commence  à  supporter  difficilement  les  douleurs.Un  quart  d'heure 
environ  après  l'injection,  il  commence  l'inhalation  du  chloroforme, 
en  la  suspendant  chaque  fois  que  la  contraction  utérienne  s'arrête* 
On  voit  ensuite  succéder  à  l'agitation,  à  l'anxiété,  an  décourage- 
ment, un  état  de  calme,  de  bien-être,  de  quiétude,  dont  la  femme 
témoigne  la  plus  vive  reconnaissance.  «  Quand  on  prévoit  l'anû- 
vée  prochaine  des  grandes  douleurs,  il  ne  faut  pas  craindre  de  re- 
courir à  une  nouvelle  injection  épidermique  d'un  demi-centigramme 
de  morphine.  » 

—  Des  greffes  cutanées,  par  M.  Oojbr.  —  Au  lieu  d'implanter 


UA  LES  MONDES. 

dans  les  plaies  de  petits  fragments  d'épiderme,  comme  M.  Reverdin, 
;  M.  Ollier  recouvre  par  de  larges  lambeau  de  4  et  8  centimètres 
•  carrés,  pris  soit  sur  le  sujet  lui-même,  soit  sur  d'autres  individus, 
.  la  peau  dont  il  veut  hâter  la  cicatrisation  ;  c'est-à-dire  qu'il  la  ferme 
t  par  unjB  couche  cutanée  empruntée  ailleurs,  par  une  véritable  auto- 
.  plastie.  Avant  d'enlever  le  lambeau,  il  applique  sur  la  peau  un  mé- 
j  lange;  réfrigérant,  glace  ou  sel  ;  quand  elle  est  gelée,  c'est-à-dire 

devenue  blanfehe,  exsanguine  et  insensible,  il  taille  le  lambeau  com- 
.  prenant  la  totalité  du  derme  ,  et  le  transporte  sur  la  plaie  où  il  se 

greffe  parfaitement. 

—  Sur  les  gonidies  du  lichen,  par  M.  Ed.  Borhbt.  Le  thullus  du  li- 
chen est  formé  d'un  tissu  filamenteux  généralement  incolore  (hypha), 

'  et  de  cellules  colorées  en  vert,  en  jaune,  en  bleu  ou  en  brun,  goni- 

-  dits,  et  qui  présentent  une  ressemblance  extrême  avec  celles  de 

'  quelques  algues  inférieures.  M.  Bornet  est  arrivé  aux  conclusions 

'  suivantes  :  4°  les  gonidies  ne  croissent  pas  plus  de  l'hypha,  que 

l'hypha  des  gonidies  ;  2*  la  présence  de  celles-ci  est  nécessaire  pour 

le  développement  de  l'hypha  dont  la  croissance  s'arrête  quand  les 

gonidies  font  défaut.  Les  lichens  seraient  donc  en  réalité  parasites 

sur  les  algues,  mais  ce  parasitisme  aurait  différents  degrés. 

—Découvertes  d'un  abondant  gisement  de  H£mirhynchus  Deshayes 
dans  le  calcaire  grossier  de  Puteauxt  par  M.  Stanislas  Meunier.— 
Ce  gisement  se  trouve  dans  une  carrière  de  moellons  appartenant 
à  M.  Delarivière  ;  les  poissons  sont  réunis  là  en  nombre  prodigieux 
et  conservés  jusque  dans  les  moindres  détails  de  leur  squelette  et 
,  de  leurs  téguments.  Ils  semblent  se  rapporter  tous  à  une  même  .es- 
pèce très-rare  qui  atteint  parfois  I  mètre  de  longueur,  avec  une 
largeur  moyenne  de  42  centimètres,  et  présente  une  nageoire  con- 
tinue aussi  bien  sur  le  dos  que  sous  le  ventre. 

—  Les  comptes  rendus  enregistrent  de  nouvelles  observations  de 
l'aurore  Jwréale.  du  4  février,  par  le  P.  Denzaà  Moncalieri;  par 

.  M.  Mohn,  directeur  de  l'observatoire  de  Christiana;  par  H.  Goum- 
vary,  directeur  de  l'observatoire  de  Coqstantinople. 

—  Le  R.  P.  Denza  communique  l'observation  d'une  pluie  de  sable 
et  de  phénomènes  cosmiques  survenus  dans  la  première  décade  de 
mars  4773.  —  F.  Moigno. 

Le  compte  rendu  signé  de  M.  Dumas  avait  60  pages  in-4\ 


—Typ.  Waider,  toc  Bonaparte,  44, 


N°  M.  4872. 


*  j 


CHRONIQUE  SCIENTIFIQUE  DE  LA  SEMAINE 


Les  élève»  des  écoles  professionnelle»  et  1»  loi  d'or- 
ganisation utilitaire.  —  Les  jeunes  gens  qui  ont  obtenu  des 
diplômes  de  bachelier  es  lettres  ou  es  sciences,  ceux  qui  prit  pris  des 
inscriptions  dans  une  faculté  de  l'Université,  les  élèves  de  l'Ecole  cen- 
trale de  l'industrie  et  du  commerce)  des  Ecoles  des  arts  et  métiers,  de 
l'Ecole  des  beaux-arts,  du  Conservatoire  de  musique  ou  ceux  qui  ont 
été  déclarés  admissibles  à  ces  écoles,  enfin  les  élèves  des  Ecoles  vété- 
rinaires et  d'agriculture  sont  admis  avant  le  tirage  au  sort,  sur  la  pré- 
sentation de  leurs  certificats  d'études  et  après  un  examen  déterminé 
par  le  ministre  de  la  guerre,  à  contracter  des  engagements  condition- 
nels d'un  an. 

Ces  engagés  ne  restent  qu'une  année  sous  les  drapeaux;  mais  ils 
s'habillent,  se  montent,  s'équipent  et  s'entretiennent  à  leurs  frais. 

Si,  à  l'expiration  de  cette  année,  ils  ne  satisfont  pas  aux  examens 
prescrits  par  les  règlements,  ils  peuvent  être  maintenus  une  deuxième 
année  sous  les  drapeaux. 

Ces  jeunes  volontaires  d'un  an,  en  rentrant  dans  leurs  foyers,  re- 
çoivent tttl  brevet  de  sous-officiefr,  ou  une  commission  équivalente. 
Les  conditions  dans  lesquelles  ils  devront  être  employés  seront  déter- 
minées par  les  lois  spéciales  qui  régleront  l'organisation  dé  l'armée. 

Un  sursis  jusqu'à  l'âge  de  vingt-trois  ans  peut  èti-e  accordé  par  le& 
autorités  militaires  aux  engagés  volontaires  qui,  avant  dé  sis  i*ëifdre 
spqe  tes  drapeaux,  exprimeront  te  désir  de  compléter  leurs  éttéèl  dans 
une  faculté  ou  dans  tes  écoles  auxquelles  ils  appartiennent* 

•  Association  française  contre  l'a  bas  da  tanne  et  des 

Moisson*  alcooliques.  —  M.  le  docteur  Jules  Guérin  a  cru  de- 

* 

voir,  à  l'occasion  de  la  nouvelle  association,  présidée  par  M.  Barth, 
rappeler  que  celle  dont  il  est  fondateur  et  président  a  eu  l'initiative  de 
la  croisade  contre  les  deux  abus  qui  tendent  à  détériorer  physiquement 
et  moralement  la  grande  famille  humaine  ;  qu'elle  a  droit  par  cofllé- 
quent  au  partage  de  l'intérêt  et  dès  encouragements  de  l'Académie* 

Académie  de  médecine.  — -  M.  Barth,  président  de  l'Acadé- 
mie de  médecine,  s'est  efforcé  par  une  chaleureuse  allocution  de  ra- 
nimer l'ardeur  des  diverses  sections  et  de  leur  tracer  le  programme  des 

No  14*  t.  XXVII,  4  avril  1872,  39 


r>46  LES  MONDES. 

travaux  de  l'avenir.  <  La  chirurgie,  dit-il,  mettant  à  profit  l'expérience 
fournie  par  les  malheurs  de  la  guerre,  a  traité  la  question  de  l'infec- 
tion purulente,  de  la  pernicieuse  influence  de  l'alcoolisme  dans  les 
maladies  chirurgicales,  du  meilleur  mode  de  pansement  des  plaies. 
Elle  pourrait  mettre  en  discussion  la  comparaison  des  amputations 
dans  la  continuité  et  la  contiguïté  des  os,  le  meilleur  système  d'am- 
bulances volantes  pour  le  relèvement  et  le  transport  des  blessés.  La 
médecine  et  l'hygiène  ont  traité  la  question  de  l'abus  de  l'alcool  et  des 
maladies  qui  en  sont  la  conséquence.  M.  Joly  a  traité  la  question  des 
maladies  que  détermine  l'abus  du  tabac,  mais  la  question  n'a  pas  été 
soumise  à  la  discussion  de  l'Académie.  Elles  pourraient  rechercher  les 
causes  du  maintien  du  blanc  de  plomb  dans  l'industrie,  ses  dangers 
et  les  avantages  de  la  substitution  du  blanc  de  zinc  ;  traiter  la  question 
du  phosphore,  etc.  La  chimie  et  l'hydrologie  pourraient  mettre  en 
relief  la  valeur  des  diverses  eaux  minérales  de  France,  et  distinguer 
les  moyens  de  suppléer  par  les  produits  de  sources  artificiellement  mo- 
difiées aux  produits  des  sources  allemandes  dont  nous  n'aurions  pas 
l'équivalent.  La  médecine  pourrait  mettre  utilement  en  discussion  la 
recherche  des  causes  qui  influent  sur  la  détérioration  de  la  santé  des 
femmes  dans  les  grandes  villes.  Enfin,  l'Académie  pourrait  aborder  la 
discussion  du  choléra,  discussion  depuis  si  longtemps  ajournée,  et  qui 
pourrait  être  mise  en  délibération  d'autant  plus  à  propos  que  les 

esprits  sont,  en  ce  moment,  libres  de  préoccupations  immédiates. 
i 
AMoelatlon  générale  de*  médecin*  de  Vranee.  — 

L'Assemblée  générale  annuelle  se  tiendra  les  dimanche  7  et  lundi 
8  avril,  dans  le  grand  amphithéâtre  de  l'Assistance  publique,  avenue 
Victoria,  à  deux  heures  précises.  La  soirée  confraternelle,  dans  les  sa- 
lons du  Grand-Hôtel,  aura  lieu  le  dimanche  à  8  heures. 

Bulletin  de  aanté  Hebdomadaire,   déeèa  du  *S  an 

t9  mars.  —  Variole,  4;  rougeole,  41;  scarlatine,  2;  fièvre  ty- 
phoïde, 10;  érysipèle,  3;  bronchite  aiguë,  45  ;  pneumonie,  60;  dyssen- 
terie,  3  ;  angine  couenneuse,  6;  croup,  17  ;  affections  puerpérales,  18; 
autres  affections  aiguës,  198;  affections  chroniques,  367,  dont  155 
par  la  phthisie  ;  affections  chirurgicales,  60  ;  causes  accidentelles,  10. 
Total  825  décès  contre  844  dans  la  semaine  précédente. 

Préparation  de  l'oxygène.  —  On  nous  demande  pourquoi 
les  procédés  si  simples  de  préparation  de  l'oxygène  de  MM .  Kirkpatrick 
et  Mallet  ne  sont  pas  plus  employés  en  grand.  Voici  la  réponse  : 

Par  le  procédé  Kirkpatrick,  il  faut  11  kilogrammes  d'hypochlorrte 
de  chaux  (GaO,  Cl  0)  pour  donner  1  mètre  cube  d'oxygène  ;  et  le  prix 


LES  MONDES.  547 

moyen  de  lliypochlorite  est  deOfr.35;  donc  la  dépense,  parle  fait  seul 
de  l'hypochlorite,  serait  de  3  fr.  85  par  mètre  cube.  Ce  ne  serait  pas 
trop  cher  pour  des  expériences  de  projection,  mais  ce  serait  beaucoup 
trop  cher  pour  l'éclairage  public. 

L'inconvénient  radical  du  procédé  Mallet  tient  à  ce  que  le  chlorure 
de  cuivre  se  volatilise  à  250  degrés,  température  à  laquelle  se  dégage 
l'oxygène. 

Nous  savons  que  l'usine  de  Gommines,  près  Lille,  dans  le  but  de 
procéder  en  grand  aux  expériences  de  cession  par  l'air  atmosphérique 
de  l'oxygène  et  de  l'azote  transformé  en  ammoniaque,  s'est  procuré 
500  kilogrammes  de  titane.  M.  Tessié  du  Motay  invitera  l'Académie 
des  sciences  et  la  Société  d'encouragement  à  constater  par  elles-mêmes 
le  succès  de  ces  opérations  si  riches  d'avenir.  —  F.  Moigno. 

Photographie  vitrifiée.  —  M.  Dagron  a  résolu  complète- 
ment et  pour  la  première  fois,  si  nous  ne  nous  trompons  pas,  le  pro- 
blème important  de  la  photographie  industrielle  vitrifiée  sur  émail,  sur 
porcelaine,  sur  faïence,  etc.,  etc.  Sans  doute  que  les  émaux  photogra- 
phiques de  MM.  Lafont  de  Gamarsac,  Poitevin  et  autres,  ne  laissent 
rien  à  désirer  au  point  de  vue  de  l'art,  mais  ce  n'était  pas  encore  une 
industrie  que  tout  le  monde  puisse  pratiquer  et  dont  les  produits  soient 
accessibles  à  toutes  les  bourses.  M.  Dagron  ne  prétend  à  aucune  dé* 
couverte  ou  invention  nouvelle.  Il  ne  cédera  aux  amateurs  que  des  tours 
de  main  dont  il  a  le  secret,  et  qu'il  pratique  à  coup  sûr  dans  ses  ma- 
gnifiques ateliers  de  la  rue  Neuve-des-Petits-Champs,  n°  66.  Les  échan- 
tillons que  nous  avons  entre  les  mains  sont  vraiment  très-beaux* 

lnjeetear.  —  M.  Giffard  va  installer  très-prochainement,  sur  les 
locomotives  du  chemin  de  fer  du  Nord,  un  injecteur  perfectionné  qui 
continuera  glorieusement  celui  dont  le  brevet  d'invention  est  près  d'ex- 
pirer. Ce  nouvel  appareil  présente  des  avantages  considérables,  qui  le 
feront  certainement  préférer  à  son  rival  américain,  l'injecteur  Sellers, 
que  Ton  appliquera  concurremment  sur  une  même  locomotive.  Il  est 
très-simple  et  se  règle  automatiquement  ;  il  fonctionne  sous  tontes  les 
pressions  et  peut  s'appliquer  au-dessous  comme  au-dessus  des  locomo- 
tives. En  outre,  et  c'est  ce  qui  l'a  fait  déjà  adopter  par  la  marine  fran- 
çaise, il  empêche  complètement  l'entraînement  de  l'air  par  l'eau 
d'alimentation,  et  son  introduction  dans  la  chaudière  d'abord,  puis 
dans  les  condensateurs  à  surface  dont  il  diminuait  le  vide.  Il  est  vrai- 
ment impossible  d'imaginer  un  outil  plus  simple,  moins  volumineux 
et  plus  efficace. 

En  même  temps  que  son  injecteur,  M.  H.  Giffard  montera,  sur  un 


548  LES  MONDES» 

wagon  dont  il  a  fait  l'acquisition  et  qui  roulera  tour  à  tour  sur  nos 
diverses  voies  ferrées,  le  mécanisme  merveilleux  inventé  par  lui  il  y  a 
longtemps  déjà,  par  lequel  il  prévient  le  mouvement  de  lacet,  de  telle 
sorte  que,  debout  même  sur  le  marchepied,  alors  que  la  voie  est  la 
plus  accidentée,  on  écrit  avec  autant  de  facilité  que  si  Ton  était  k  son 
bureau.  Ce  perfectionnement  capital,  obtenu  par  des  moyens  faciles  et 
peu  dispendieux  fera,  comme  l'injecteur,  le  tour  du  monde. 
.  Disons  enfin  que  notre  ami  va  réaliser  dans  les  ateliers  de  M.  Flaud, 
avenue  Suffren,  n°  14,  la  production  régulière  en  grand  de  l'hydro- 
gène par  le  procédé  de  la  décomposition  de  l'eau  au  contact  du  fer 
incandescent,  que  nous  avons  décrit  naguère.  Cet  hydrogène  sera  utilisé 
par  M.  Jules  Godard  pour  le  gonflement  de  ballons  avec  lesquels  il  fora 
des  ascensions  périodiques  libres.  Les  amateurs  seront  admis  dans  la 
nacelle  à  des  prix  assez  peu  élevés,  pour  que  chacun  puisse  s'accorder 
le  plaisir  d'un  voyage  dans  les  airs. 

Crffttal  an  carbonate  de  plomb.  —  M.  Clemandot  a  eu 
l'idée  de  substituer  au  minium  et  aux  autres  oxydes  de  plomb  dout  on 
se  sert  pour  faire  le  cristal,  le  carbonate  de  plùinb  oucéruse  ordinaire. 
Tous  les  sels  de  plomb  peuvent  être  employés  dans  ce  but,  à  la  con- 
dition qu'ils  ne  renferment  pas  de  matières  organiques  dont  l'action 
réductrice  s'exerçant  sur  les  matières  maintenues  en  fusion  dans  les 
creusets  donnant  des  résultats  nuisibles  à  la  beauté  du  produit. 

Le  cristal  ainsi  produit  est,  paralt-il,  d'une  belle  apparence  et  d'une 
limpidité  plus  grande,  et  présentant  une  plus  grande  puissance  de 
réfraction  plus  convenable  ;  l'inventeur  attribue  la  teinte  verdâtre  du 
cristal  ordinaire  à  la  présence  d'une  petite  quantité  de  fer  résultant  de 
l>inploi  des  outils  de  fer  dans  la  fabrication  des  oxydes  de  plomb 
chaud.  Une  raison  analogue  lui  fait  préférer  la  céruse  provenant  de  la 
méthode  dite  hollandaise  au  carbonate  de  plomb,  dont  la  formation  a 
été  déterminée  par  le  passage  d'un  courant  d'aoide  carbonique  dans 
une  dissolution  d'acétate  tribarique  de  plomb,  ainsi  que  cela  se  fait  à 
Cli(*y. 

J*t<£*wMenjr  Peprez.  —  L'insertion  dans  les  Mondes  de  la  note 
de  M.  Marcel  Deprez  sur  son  Intégrateur,  appareil  servant  à  calculer 
mécaniquement  la  valeur  des  aires,  les  coordonnées  du  centre  de 
gravité,  et  les  moments  d'inertie  des  figures  planes,  nous  a  valu  une 
longue  lettre  imprimée  de  M.  Antoine  Favaro,  professeur  chargé  de 
cours  à  l'Université  de  Padoue.  Le  savant  professeur  réclame,  en  termes 
très-courtois,  pour  M.  Amsler,  comme  l'avait  déjà  fait  M.  Goulier, 
professeur  à  l'école  d'application  du  génie  de  Fontainebleau,  la  prio- 
rité de  h  détermination  au  moyen  de  son  Plannuètre  des  moments 


j 


*-*r 


LES  MONDES  54? 

perfectionné,  non-seulement  des  aires,  mais  aussi  du  contre  dp  gftyitp 
et  des  moments  d'inertie.  M.  Deprez  ignorait  ces  perfectionnements 
dont  aucun  ouvrage  français  n'a  parlé,  et,  dans  uns  réponse  à  M.  F$- 
varo  qui  ne  se  fera  pas  longtemps  attendre,  il  rendra  pleine  et  entière 
justice  au  célèbre  inventeur  suisse,  avec  lequel  il  s'est  nus  en  rapport, 
pour  ajouter  à  ses  planimètses  un  nouveau  mécanisme,  le  transforma- 
teur fonctionnel,  qui  étend,  dans  une  mesure  énorme,  la  portée  de  - 
l'intégrateur,  et  permet  d'opérer  sur  des  portions  de  circuit,  tandis  que 
le  planimètre  exige  impérieusement  que  l'on  opère  sur  des  circuits 
fermés. 

Agriculture.  Pans  sa  séance  du  27  mars,  le  conseil  de  la  So- 
ciété des  agriculteurs  a  voté  une  somme  de  20  000  francs  pour  venir 
en  aide  à  l'organisation,  au  sein  de  l'Exposition  universelle  de  Lyon, 
des  deqx  expositions  spéciales  d'agriculture  et  de  viticulture. 

—  Il  sera  ouvert,  le  lundi  21  août  prochain,  à  Montpellier,  un  con- 
cours pour  la  chaire  d'agriculture  qui  vient  d'être  ouverte  dans 
cette  ville. 

—  M.  Sanson  rappelle  avec  raison  à  ceux  qui  tendent  à  faire  trop  de 
théories,  que  la  valeur  nutritive  des  herbes  de  pâturage  est  d'environ 
uu  tiers  plus  forte  que  celle  du  foin;  et  qu'une  surface  donnée,  par 
conséquent,  peut  nourrir  et  engraisser  trois  bœufs  à  l'herbage  au  lieu 
de  deux  à  l'êtable. 

—  La  dénonciation  du  traité  de  commerce  avec  l'Angleterre  inquiète 
les  amis  de  l'agriculture,  parce  que  le  marché  anglais  est  notre  prin- 
cipal débouché,  que  le  quart  de  nos  exportations  prend  cette  direc- 
tion, et  que  dans  le  chiffre  total  d'un  milliard  250  millions,  les  pro- 
duits agricoles  figurent  pour  250  millions,  un  cinquième. 

—  On  vient  d'organiser,  dans  l'abattoir  de  La  Villette,  un  marché  de 
vente  en  gros  des  viandes  à  la  criée. 

-«•Les  ouvriers  agricoles  du  comté  de  Warwicksesont  mis  en  grève, 
demandant  que  la  journée  soit  de  dix  heures,  que  chaque  heure  soit 
payée  40  centimes,  que  le  salaire  soit  de  22  fr.  50  c.  par  semaine,  et 
que  le  travail  cesse  le  samedi  à  4  h.  1/2. 

Pétrole.  —  La  quantité  totale  d'huile  de  pétrole,  brute  ou  raffinée, 
exportée  d'Amérique,  en  1871,  a  atteint  le  chiffre  énorme  de  60  mil- 
lions de  litres.  Le  revenu  des  sources  a  dépassé  75  millions  de  francs. 

Ctfllté  de»  association»  eontre  le»  danser»  d'expl*^ 
»ion  de»  machine»  à  vapeur.  —  Une  association  anglaise  de 
ce  genre,  Midland  steam  Boiler  Association,  a  sous  sa  surveillance 
3  044  chaudières  ayant  été  l'objet  pendant  l'année  de  12000  examens; 
quatre  seulement  ont  été  brisées  sans  autre  accident»  En  dehors  de 


550  LES  MONDES. 

l'Association,  il  y  a  eu  66  explosions  de  chaudières  à  vapeur,  causant, 
12  morts  et  113  blessures  graves.  A  Manchester,  où  l'Association 
soumet  à  son  examen  annuellement  5*764  chaudières,  il  n'y  a  eu 
aucune  explosion,  tandis  qu'en  dehors  de  l'Association  on  a  compté 
66  explosions,  50  personnes  tuées  et  107  blessée*. 

lie  système  métrique  en  Autriche.— La  Gazette  de  Vienne 
du  2  mars  publie  la  loi  du  23  juillet  1871 ,  introduisant  le  système 
métrique  en  Autriche.  L'étalon  du  mètre  est  un  bâton  en  verre,  en  la 
possession  du  gouvernement  autrichien,  qui,  à  la  température  de  la 
glace  fondante,  est  égal  à  999  millimètres  99764  du  mètre  prototye 
déposé  à  Paris.  L'étalon  du  kilogramme  est  un  kilo  de  cristal  dont  le 
poids  dans  le  vide  est  égal  à  999  milligrammes  9978  du  kilogramme 
prototype  de  Paris. 

Le  nouveau  système  de  poids  et  mesures  pourra  être  appliqué  dans 
le  commerce  dès  le  mois  de  janvier  1873;  il  sera  obligatoire  et  exclu- 
sivement employé  à  partir  du  !•*  janvier  1876. 

Préparation  du  pot  Main  m. —  M.  le  professeur  Dolbear,  de 
Bethany-College  (Virginie),  décrit  dans  V American  chemist  un  nou- 
veau procédé  de  préparation  du  potassium.  Il  prend  un  large  mor- 
ceau de  potasse  caustique  blanche  et  le  dissout  dans  l'eau  ;  il  traite 
la  solution  par  l'hydrogène  sulfuré,  comme  on  le  fait  communément, 
pour  la  transformer  en  sulfure  de  potassium.  11  évapore  ensuite  la  so- 
lution jusqu'à  ce  qu'elle  devienne  solide  en  se  refroidissant  ;  il  mêle  la 
masse  jaunâtre  ainsi  obtenue  avec  un  peu  plus  de  son  poids  de  limaille 
ou  rognures  de  fer,  et  il  introduit  le  mélange  dans  un  alambic  pour 
procéder  à  sa  distillation  ;  on  chauffe  l'alambic  sur  un  fourneau  jus- 
qu'à ce  qu'il  ait  atteint  le  rouge  clair,  et  Ton  reçoit  les  produits  de  la 
distillation  au  sein  d'un  bain  d'huile  de  houille  ordinaire. 

nouvelle  petite  planète.  —  M.  Luther,  directeur  de  l'Obser- 
vatoire de  Bilk,  a  découvert,  le  15  mars  à  *3  heures,  une  nouvelle  pe- 
tite planète  de  11e  grandeur.  Sa  position  était  : 

15  mars,  W*  18m59«,16.  T.  M.  de  Bilk.  Asc.  D.  12h7»26%73. 

Décl.  10°  17'  26",5. 

Son  mouvement  diurne  en  Asc.  D.  —  60",6  ;  en  Décl.  +  3',8. 
M.  Luther  propose  de  l'appeler  Peitho. 

Bassin  houtller  de  la  Tamise.  — *  Dans  la  conviction  d'un 
géologue  anglais  très-exercé,  M.  Godwin  Austen,  la  dépression  de  la 
vallée  de  la  Tamise  est  physiquement  la  continuation  de  celle  qui,  s'é- 
tendant  de  Valenciennes  par  Douai,  Béthune,  Thérouane  jusqu'à  Ga- 


r 


LES  MONDES.  551 

lais,  renferme  le  grand  bassin  de  houille  de  ces  contrées.  Il  en  con- 
clut qu'on  est  en  droit  de  supposer  que  le  cours  de  ce  banc  de  houille 
coïncide  avec  la  ligne  de  la  vallée  de  la  Tamise,  et  qu'on  peut  espérer 
de  l'y  rencontrer  en  creusant  assez  profondément.  Il  parait  que  ces 
sondages  sont  aujourd'hui  résolus. 

Moteur  sam  feu.  —  Une  invention  qui  permettrait  d'exploiter 
les  veines  de  houille  sans  l'emploi  de  matières  explosibles  aurait  une 
grande  valeur  ;  car  il  est  reconnu  que  plusieurs  des  plus  terribles  ex- 
plosions de  feu  grisou  ont  suivi  les  coups  de  mine.  M.  W.  Ferth,  de 
Leide,  inventeur  d'une  machine  à  tailler  la  houille,  en  action  depuis 
plusieurs  années  dans  une  des  houillères  de  Ardley,  offre  aujourd'hui 
un  prix  de  500  livres  (3 125  fr.)  à  celui  qui  réalisera  la  meilleure  ma- 
chine à  tailler  la  houille  mise  en  mouvement  par  l'air  comprimé  et 
adaptée  à  l'exploitation  des  veines  de  charbon  de  terre  ou  de  minerais 
de  fer  de  diverses  formes.  (Athenœum.) 

Photographie  du  soleil.  —  Durant  les  dix  dernières  années, 
on  a  pris  à  l'Observatoire  de  Kew  2  778  photographies  du  soleil  et  de 
ses  taches  ;  et  nous  apprenons,  non  sans  une  douloureuse  surprise,  que 
cette  enregistration  photographique  continue  de  la  surface  du  soleil 
aura  bientôt  cessé.  11  nous  semble  qu'en  présence  des  phénomènes  si 
remarquables  que  l'on  sait  maintenant  se  produire  incessamment  au 
sein  de  la  grande  masse  de  matière  qui  constitue  le  centre  de  notre 
système  planétaire,  phénomènes  en  relation  intimç  avec  le  développe- 
ment de  la  vie  animale  et  végétale  sur  notre  terre,  cette  détermination 
est  très-importante.  [Athenœum.) 

H.  Huxley.  —  Le  Times  annonce  que  le  candidat  préféré  pour 
le  rectorat  de  l'université  de  Saint- Andrews  est  M.  le  professeur  Huxley. 

Soulier*  Imperméable*.  —  On  exploite  en  ce  moment  en 
Angleterre,  sur  une  très-grande  échelle,  un  brevet  d'invention  très- 
ingénieux,  qui  consiste  à  rendre  imperméable  à  l'humidité  le  cuir  des 
bottes  et  des  souliers,  en  aspirant  l'air  qui  remplit  les  pores  et  le  rem- 
plaçant par  une  substance  qui  adhère  aux  fibres,  s'unit  entièrement  à 
elles,  et  fortifie  ainsi  le  cuir  sans  lui  rien  faire  perdre  de  son  élasticité. 
(Nature.) 

four  à  puddler  rotatolre.  —  On  parle  beaucoup  en  Angle- 
terre d'un  nouveau  fourneau  à  puddler  rotatoire^  inventé  par  un 
Américain,  M.  Dank,  et  si  excellent  qu'une  société  de  maîtres  de 
forges  des  différents  districts,  dans  un  traité  fait  avec  l'inventeur,  se 
serait  engagée  à  construire  en  six  mois  200  nouveaux  hauts  four- 


552  LES  MONDES. 

neàux  sur  le  plan  tracé  par  lui,  et  à  lui  payer  à  l'expiration  de  ses  six 
mois  une  somme  de  50,000  livres  sterling  (1,250,000  francs),  que  les 
fourneaux  soient  montés  ou  non.  Ce  serait  une  révolution  dans  la  pro- 
duction du  fer  et  de  l'acier.  (Nature.) 

Procéda  Tilghmann  de  taille  et  de  gravure  par  un 

Jet  de  sable.  —  Soumis  à  l'examen  du  Conseil  de  l'Institut  Fran- 
klin, ce  procédé  si  simple  et  si  ingénieux  a  été  déclaré  grandement 
utile  et  digne  de  toute  approbation.  Il  a,  dit  le  rapport,  tout  ce  qu'il 
faut  pour  devenir  universel  ;  quelques-uns  des  produits  du  nouvel  art 
sont  vraiment  remarquables  ;  les  verres  gravés  et  ornementés  par  son 
moyen  sont  comparables  à  ceux  que  l'on  n'obtenait  jusqu'ici  que  par 
l'emploi  de  l'acide  fluorique  ;  et  l'absence  de  toute  matière  étrangère 
au  sein  des  creux,  quelque  profonds  qu'ils  soient,  leur  donne  une  su- 
périorité  incontestable.  Le  Conseil  décerne  à  M.  Tilghmann  sa  grande 
médaille. 

Planotyne.  —  C'est  le  nom  d'une  nouvelle  machine  américaine 
pour  graver  sur  bois.  Elle  a  quelque  peu  la  forme  d'une  machine  à 
coudre,  et  son  principal  organe  est  une  pointe  verticale  en  acier  main- 
tenue rouge  par  un  jet  de  gaz  enflammé.  Au-dessous  de  cette  pointe  on 
dresse  le  morceau  de  bois  de  pommier  qui  doit  recevoir  la  gravure ,  et 
qui  a  reçu  le  dessin  ;  par  un  double  mouvement  de  va-et-vient  et  de 
haut-et-bas,  la  pointe  suit  le  trait  du  dessin,  et  pénètre  dans  le  bois  en 
le  brûlant  et  le  creusant  ;  quand  le  dessin  est  ainsi  gravé  en  creux,  on 
en  prend  l'empreinte  avec  du  métal  d'imprimerie,  et  l'on  obtient  un 
cliché  qui  peut  servir  à  l'impression  typographique.  On  assure  que  le 
contact  du  métal  fondu  n'altère  en  rien  le  bois,  et  qu'un  même  creux 
peut  donner  un  nombre  indéfini  de  clichés. 

Ptrë^omène  éjectr^ifie.  —  M.  Lockelt  affirme  qu'en  appro- 
cha^ le  bout  de  sa  canne  de  la  chute  du  Niagara,  il  a  entendu  le  bruit 
caractéristique  d'une  étincelle  électrique  ;  et  qu'en  répétant  l'expérience 
pendant  la  nuit,  il  a  vu  réellement  l'étincelle  électrique  jaillir  entre 
l'eau  élpçtrisée  et  le  bout  de  sa  canne. 

Caz  contenu*  dan*  la  lteollle.  —  H.  le  docteur  E.  Mayer, 
dans  une  analyse  récente  de  houille  restée  assez  longtemps  au  contact 
de  l'^ir,  a  trouvé  qu'elle  contenait,  sur  100  parties  de  gaz  :  15,9  d'acide 
carbonique;  20,4  de  gaz  des  marais;  53,à  d'azote;  1,7  d'oxygène. 
Cette  si  grande  proportion  d'azote,  surtout  s'il  était  dans  une  sorte  d'état 
naissant  ou  assimilable,  ne  nous  donnerait-elle  pas  le  secret  des  expé- 
riences de  M.  Victor  Chatel. 

Effyptlan  Hall  et  M.  le  prof  e»«eur  Fepper.  —  Le  célèbre 


r 


LES  MONDES.  553 

directeur  de  Pohftëchnic  Institution,  M.  Pepper,  s'est  to  forcé  de 
quitter  cet  établissement  qui  lui  devait  sa  prospérité  ;  et  il  va  fonder 
dans  Egyptian  Hall,  Piccadily,  complètement  restauré,  avec  son  si  in- 
génieux collaborateur,  M.  Tobyn,  l'organisateur  des  spectres,  une  ins- 
titution semblable,  à  laquelle  tout  promet  un  succès  immense.  Vulga- 
risateur éminemment  habile,  abondamment  pourvu  d'admirables 
instruments  de  projection  et  autres,  M.  Pepper  saura  donner  un  grand 
attrait  à  l'exposé  de  toutes  les  nouveautés  de  la  science,  de  l'industrie 
et  des  arts»  —  F.  Moigno. 


ACCUSÉS  DE  RÉCEPTION 

La  Théorie  géogénlque  et  la  Science  des  Anciens,  par  l'abbé 
R.  F.  Choyée,  chanoine  honoraire,  etc.  (In-8°  de  J60  p.  Paris,  Lethiel- 
leux,  libr.,  et  au  bureau  des  Mondes;  prix  :  2fr.  4872.)—  Un  des  carac- 
tères distinctifsdela  vraie  religion,  c'est  d'être  toujours  attaquée;  mais  ces 
attaques  incessantes  changent  de  nature  suivant  les  époques.  Le  dix- 
huitième  siècle,  si  léger,  si  frivole,  croyait  beaucoup  faire  en  lançant 
contre  les  vérités  les  plus  respectables  des  plaisanteries  et  des  quolibets; 
notre  siècle,  plus  sérieux,  demande  à  la  science,  dont  il  est  surtout 
occupé,  des  armes  pour  essayer  d'ébranler  les  vérités  révélées;  c'est 
donc  à  mettre  dans  tout  son  jour  le  merveilleux  accord  de  la  science  et 
de  la  foi  que  doivent  surtout  s'attacher  aujourd'hui  les  défenseurs  de  notre 
sainte  religion.  Quel  but  plus  élevé  peuvent  se  proposer  les  hommes 
de  zèle  et  de  savoir  ?  Et,  grâce,  à  Dieu,  ils  ne  font  pas  défaut  dans  notre 
cher  pays.  Parmi  eux,  nous  nous  faisons  un  devoir  et  un  plaisir  die 
signaler  M.  l'abbé  Choyer,  dont  les  études  aussi  ingénieuses  que  soli- 
des, contiennent  un  nombre  considérable  de  faits,  de  vues,  d'arguments 
qui  ne  peuvent  manquer  de  produire  un  très-grand  bien.  Nous  serions 
heureux  de  pouvoir  les  résumer  ici  ;  mais  ils  sont  déjà  résumés  de 
telle  sorte,  dans  le  petit  volume  de  M.  Choyer,  que  nous  craindroiûs 
que  les  abréger  encore  ce  ne  fût  les  tronquer  par  trop. 

On  pourrait  s'étonner  de  voir  que  ce  volume  si  court  contient  une 
sorte  d'appendice  sur  là  science  des  anciens.  Cet  appendice  n'est  pas 
unhors-d'œnvre;  Use  rattache  au  contraire  d'une  manière  intime  au 
sujet  principal;  car  il  a  pour  but  de  montrer  que  Moïse,  même  humai- 
nement, pouvait  et  devait  comprendre  parfaitement  la  valeur  des 
expressions  qu'il  employait,  le  sens  des  faits  qu'il  affirmait.  Les  détails 
dais  lesquels  entre,  à  ce  sujet,  M.  l'abbé  Choyer,  sont  généralement 


$34  LES  MONDES. 

d'un  très-grand  intérêt,  et  montrent  que,  mime  indépendamment  de  la 
lumière  qui  lui  venait  d'en  haut.  Moïse  était  bien  autrement  avancé 
qu'on  ne  se  le  figure  généralement  :  «  d'où  ilsuit,  ajoute  notre  auteur, 
que,  s'il  nous  était  permis  de  supposer  pour  un  instant  Moïse  présent 
au  milieu  nous,  le  plus  grand  étonnement  de  cet  illustre  historien  serait, 
sans  doute,  de  nous  entendre  disputer  sur  des  faits  qui  vraisemblable- 
ment ne  lui  paraissaient  pas  susceptibles  de  deux  interprétations.  » 

Traité    élémentaire    de    ekfmte     arganlque,    par 

M.  Berthelot,  professeur  au  Collège  de  France  et  à  V Ecole  de 
pharmacie.  Grand  in-8°  de  xvr,  604  pages.  Prix  :  43  fr..  Paris, 
Dunod,  1872.  —  Voici  comment  le  savant  auteur  indique  le  but  et  le 
plan  de  son  ouvrage  :  «  Dans  ce  livre,  résumé  de  douze  ans  d'ensei- 
gnement, la  chimie  organique  est  exposée  et  coordonnée  d'après  la 
méthode  de  la  formation  successive  des  composés;  c'est  l'application 
sous  forme  élémentaire  des  doctrines  qui  ont  servi  de  base  à  mon 
Traité  de  chimie  organique  fondé  sur  la  synthèse,  publié  en  1860...  Le 
nombre  des  composés  organiques  qui  ont  été  réellement  préparés  s'é- 
lève aujourd'hui  à  plus  de  dix  mille;  le  nombre  de  ceux  qui  peuvent 
être  fabriqués  par  les  méthodes  connues  est  littéralement  infini  ;  il  est 
donc  nécessaire  d'adopter  quelque  principe  simple  de  classification 
pour  coordonner  l'étude  de  ces  composés.  J'ai  adopté  comme  principe 
général  et  dominateur  la  fonction  chimique;  en  d'autres  termes,  j'ai 
partagé  mon  ouvrage  en  grandes  divisions  comprenant  les  carbures 
d'hydrogène,  les  alcools  et  les  éthers,  les  aldéhydes,  les  acides,  les  al- 
calis, les  radicaux  métalliques  composés,  les  amides  enfin...  Les  cadres 
généraux  étant  tracés,  ainsi  que  leurs  divisions  principales,  je  me  suis 
attaché  à  décrire  avec  détails  un  petit  nombre  de  corps  fondamentaux, 
envisagés  comme  les  types  de  leurs  classes  repectives.  Tels  sont  l'acé- 
tylène, l'éthylène,  le  formène,  la  benzine,  parmi  les  carbures  d'hydro- 
gène; l'alcool  ordinaire,  la  glycérine,  les  sucres,  parmi  les  al- 
cools, etc.  J'ai  présenté  l'histoire  de  chacun  de  ces  corps  d'après  un 
plan  d'exposition  général  susceptible  d'être  appliqué  à  tous  les  corps 
du  même  groupe  :  formation  par  synthèse  et  par  analyse  ;  prépara- 
tion; propriétés  physiques;  action  de  la  chaleur;  action  de  l'hydrogène, 
de  l'oxygène,  du  chlore,  de  l'eau,  des  hydracides;  enfin  action  des  acides 
et  des  bases.  Tel  est  le  cadre  uniforme  qui  se  retrouve  dans  l'histoire 
individuelle  de  chacune  des  substances  décrites  comme  types,  et  qui 
peut  être  appliqué  sans  difficulté  à  toutes  les  substances  analogues  de 
moindre  importance...  Je  me  suis  efforcé  principalement  de  maintenir 
la  généralité  de  la  science  au  milieu  de  la  description  des  faits  particu- 


LES  MONDES.  .V» 

liers.  »  L'auteur  s'est  toujours  renfermé  dans  ce  cadre  éminemment 
rationnel,  et  Ta  développé  avec  une  richesse  de  détails  qui  donnent  à  ■ 
son  ouvrage  une  valeur  tout  à  fait  hors  ligne. 

Quelque*  nets  sur  l'Instruction  publique  en  France, 

par  M.  Michel  Bréal,  professeur  au  Collège  de  France.  Tn-18  Jésus 
de  407  pages.  Hachette,  1872.  Prix  :  3  fr.  50. —  De  nos  désastres  sont 
résultées  bien  des  leçons  trop  chèrement  payées  pour  que  nous  ne 
nous  efforcions  pas  de  faire  que  du  moins  elles  nous  soient  profitables. 
Parmi  les  points  sur  lesquels  se  trouve  ainsi  portée  notre  attention, 
l'un  des  principaux,  c'est  l'instruction  publique,  dont  l'insuffisance 
dans  notre  pauvre  pays  a  été  démontrée  d'une  manière  qui  malheu- 
reusement ne  peut  laisser  aucun  doute,  et  ce  point  est  incontestable- 
ment celui  auquel  il  e6t  essentiel  de  remédier  avant  tout.  Mais  quelle 
est  bien  exactement  la  nature  du  mal,  par  quelle  cause  a-t-il  été  amené 
et  par  quels  moyens  peut-il  être  plus  sûrement  guéri?  Ces  importantes 
questions  sont  traitées  d'une  manière  on  ne  peut  plus  remarquable 
dans  l'ouvrage  qui  nous  occupe.  L'auteur  examine  successivement 
l'enseignement  primaire,  l'enseignement  secondaire  et  l'enseignement 
supérieur,  et  partout  il  montre  une  connaissance  approfondie  de  ce  qui 
se  fait  et  une  rare  intelligence  de  ce  qu'on  devrait  faire.  Membre  de 
l'Université,  il  la  critique  toujours  avec  une  modération  parfaite;  et, 
profondément  versé  dans  l'art  d'enseigner,  il  ne  propose  que  des  ré- 
formes facilement  praticables.  Un  de  nos  plus  habiles  critiques,  qui  a 
lui-même  appartenu  logtemps  à  l'Université,  termine  ainsi  un  compte 
rendu  de  l'ouvrage  de  M.  Bréai  :  «  Ce  livre  est  si  curieux,  si  plein  de 
faits  et  d'idées,  qu'on  ne  sait  plus  où  s'arrêter  quand  on  en  parle. 
Lisez-le,  faites-le  lire  à  vos  amis.  C'est  le  bélier  dont  il  faut  battre  en 
brèche  le  vieil  enseignement.  »  Nous  ne  pouvons  mieux  faire  qu'en 
adoptant  ces  mêmes  paroles  pour  conclure  notre  appréciation  de  l'ou- 
vrage en  question. 

Journal  d'un  diplomate  en  Italie,  notes  intimes  pour 
servir  à  V histoire  du  second  empire  (4859-4862),  par  M.  Henry 
d'Odeville.  ln-48  jéeus  de  vi,  326  pages.  Hachette,  4872.  Prix  : 
3  fr.  60.  —  Cet  ouvrage  est  trop  en  dehors  de  la  spécialité  des  Mondes 
pour  que  nous  entreprenions  d'en  rendre  un  compte  détaillé,  et  il 
renferme  sur  les  événements  d'Italie  quelques  appréciations  que  nous 
ne  saurions  partager;  mais  c'est  justice  de  reconnaître  qu'il  indique 
chez  l'auteur  un  remarquable  talent  d'observation  et  que,  sous  une 
forme  anecdotique,  souvent  amusante,  toujours  intéressante,  il  con- 
tient beaucoup  de  détails  instructifs  et  d'aperçus  dignes  d'attention. 


856  LES  MONDES. 

Géométrie  analy  **<!**  A  trol*  4ta}?«*l*>aft,  par  M.  J. 

Rotogbt,  docteur  èp  pciences,  agrégé  de  l'Université»  etcv  et  M.  Ch. 
Housel,  ancien  élève  de  l'JEcole  normale.  tn-8°  dp  iy:435  pages. 
Hachette,  4872.  —  Pour  donner  une  idée  du  cadre  de  l'ouvrage 
qui  nous  occupe ,  noitè  cfôydrid  iie  fcouvoiir  irtiëii*  foirti  que  de 
réunir  ici  les  titres  des  douze  chapitrée  dbnt  il  se  compose  :  Là 
ligne  droite  et  le  plan.  —  SiiH&ces  algébriques.*  —  Notfoné  sur  les 
surfaces  dû  second  degré.  —  Ellipsoïde.  —  Hyperbcfldïde  à  une 
nappe.  —  Paraboloïde  elliptique.  —  Paraboloïde  hyperbolique.  — 
Caractères  des  surfaces  du  second  degré.  —  Détermination  des  sur- 
faces du  second  degré.  —  Coniques  sphériqùes.  —  Surfaces  homo- 
focales. 

Voici  maintenant  quelques-unes  des  observations  par  lesquelles  les 
auteurs,  dans  leur  préface,  font  connaître  la  marche  qu'ils  ont  suivie  : 
t  En  commençant  ce  traité,  nous  avons  cherché  à  établir  aussi  géné- 
ralement que  possible,  à  propos  de  la  ligné  droite  et  du  plan,  les  for- 
mules qui  se  rapportent  aux  coordonnées  obliques,  sans  lesquelles  le 
calculateur  est  quelquefois  embarrassé,  même  "poufr  des  cas  très- 
simples;  mais  nous  n'avons  pas  négligé  d'établir  directement,  quand  il 
y  a  lieu,  les  formules  relatives  aux  axes  rectangulaires. 

c  Dans  les  observations  qui  s'étendent  aux  surfaces  quelconques, 
noua  n'avons  pu  nous  empêcher,  vu  l'importance  du  sujet,  de  Sortir 
du  programme  de  l'Ecole  polytechnique,  en  parlant  de  la  courbure 
des  surfaces.  Nous  avons  rapporté  les  définitions  et  les  mesures  don- 
nées par  Sophie  Germain,  par  Gauss  et  dernièrement  par  M.  Roger... 
Quant  aux  surfaces  du  second  degré,  notre  point  de  vue  consiste  à  les 
considérer  comme  engendrées  par  le  mouvement  d'une  conique  à 
centre  sur  une  conique  fixe...  De  cette  façon  on  trouve  directement  les 
équations  les  plus  simples  et  les  propriétés  de  ces  surfaces.;.  On  nous 
pardonnera  de  chercher  à  introduire,  pour  établir  la  continuité»  le 
calcul  directif,  où  l'on  réalise  le  symbole  de  l'imaginaire  pat  une  di- 
rection perpendiculaire.  C'est  ainsi  (pie  nous  avons  obtenu  le  volume 
de  l'hyperbololde  à  deux  nappes,  en  considérant  cette  surface  comme 
complétée  par  l'ellipsoïde  qui  comble  le  vide  laissé  entre  les  deux 
nappes.  » 

Nous  regrettons  de  ne  pouvoir  pas  reproduire  en  entier  cet  exposé 
préliminaire.  Ce  que  nous  venons  d'en  donner  suffira  pour  se  faire  une 
idée  de  l'intérêt  que  présente  l'ouvrage  de  MM.  Bourget  et  Housel. 


■  i 


LES  MÔWDB8.  S  .7 


.    I 


ÀSTBQN0B11K 


I*  »l**èto  Mw  pendL*«t  l'*|*#ëttl»ae  «•  ifttft,  part 
M,  Tbibyj  de  lowûtrt.  —  #9àt  profité  de  Poppositioa  de  Ma»  eu  4*H 
pour  continuer  des  observation*  commencées  depuis  4864  j  une  fltaîe 
fedesstns  Représente  les  tâches  qui  ont  été  visible*  La  grjode  a** 
triangulaire  '«|«i  ô|  la  plus  remarquable  de  cette*  planète  et  qwe  l#i 
P.  Seeehi  désigna  successivement  dans  ses  foéatëires  sofas  le  non  d* 
Soerpian,  4e  éditai  Atlantique  et  de  mer  de  Cook,  était  parfeilfesweÉ 
vieiMe  du  84  en  3D  taon  et  du  g  au  4  4  mai,  pendant  la  adirée,  ffest 
cette région  que  j'avaia  obseivée  en  1864,  du  »ntt afosafttftv 
entt»e4et  40  h;  et  le  92  et  le 3»  décembre  à  »ketire»;  eh  #867  je  l'ai 
deflBîitèe  lé  44  février,  entre  5  et  6  heure*.  Ûe  grafcd  Oeéan  est  en  rap- 
port, dans  sa  partie  méridionale,  a*ec  deux  baoflkfes  sombres,  Tune  qui 
le  précède  dans  le  mouvement  de  rotatien-et  qui  à  été  ebeervée  en  4974 , 
le  36  (Amer,  entte  9  et  40  heures  ;  du  90  mars  au  9arrft,  et»e  44  mai, 
également  dans  la  soirée  ;  c'est  un  large  détroit  que  le  P.  BetehÉdé*" 
sigûfl  sous  lé  nom  de  Marco  Polo/ Je  l'avais  4ès*fcié  eu  4*64,  dans  lés 
soirées  du  86  novembre  au  7  décembre*  et  eu  4865  dans  celles  du  tau 
7.  jeaviae.  l/autre  bande  sombre  suit  le  canal  Atlantique  et  a  été  6gu- 
ré*en  1874  dans  le*  soirées  d*  44  *u44  fbars;  elle  est  tataswfuaWe  • 
par  dei  danfelurètf  qu'elle  préttntè  sur  son  bord  septentrion*},  01  je  ' 
l'erarokiervée  aussi  en  4867,  les  soirs  du  8,  du  8  et  du  44  février*. 
EUe-eouamuaiquepaffwot  canal  étroit,  que  Je  n'ai  pu  distinguée  en  4671, 
mate  deot  j'M  remarqué  la  trace  le  3  février  1867,  entre  -6  et  &  fc., 
avec  une  tache  très-visible,  presque  triangulaire  et  voisine  du  jWtorlm  ^  ' 
réal  ;  ce  canal  de  communication  a  été  dessiné  en  4858,  par  le  savant 
diseotaMPâB  MOteettatoife  romain,  qui  te  désfeftMlJUS  le  ftOti  *'/l*M* 
et  p\un\Xud  de Cenal  d* Fntnktin.  '  '  '  *••    •«' 

Apnée  avoir  passé  en  revue  ees  principales  régions  soiibrts,  dotit  if  est 
utile  do  suivre  itopeet  k  chaque  opposition  tfin  dé  Tétanie  Ws  'éiéinéîM 
néoeMaites  à  des  comparaisons  peetant  sur  ube  longue  édite  d'àïtiéêè , 
disette  quelque*  mots  des  taches  polaires  :  les  néigés'dfr  pélë  Boflfàt 
sont  seitées  constamment  visibles  pendant  nos  observations  dé  4*874 , 
mais  elles  présentèrent  des  différences  d'éclat  et  de  grandeur.  Il  àf^-  ' 
riva  d'observer  la  tache  polaire  sous  forme  d'une  région  brillante  très- 
restreinte  sur  le  bord  de  la  planète,  mais  entourée  jusqu'à  une  certaine 
distance  d'un  espace  blaeeet  ssnséclet.  Otte  teirtarqefe  tftefcbftïè  slvèr 

40 


*58  LES  MONDES. 

une  observation  consignée  dans  l'un  des  mémoires  du  P.  Seechi,  sur 
la  planète  Mars  et  où  il  dit  :  a  On  croit  voir  une  grande  tache  polaire* 
*  mais  en  réalité  elle  est  très-pefife  et  entourée  d'un  espace  moins 
«  blanc,  »  (Observation  faite  au  Collège  romain  le  25  juillet  1858). 

La  tache  polaire  méridionale  fut  visible  du  25  au  28  mars,  et  surtout 
du  3  a*  4f  ibaî ,  pendait  4a  mirée  :  la  concavité  supérieur©  tola  grande 
tAàke  désignée  plus  haut  bous  le  nom  de  €knal  Atlantique,  présentait 
pendant  sette  dernière  période  une  teinte  blanche  eioeesivem&nt  pro- 
noncée'ctjHrfois  même  plus  marquée  que  la  tache  polaire  boréale.  La 
réapparition  de  ces  neiges  méridionales  aprèé  une  période  déterminée' 
pat  la  durée  de  rotation  de  la  planète,  observée  chaque  jour  vers  la 
même  heure;,  s'explique  par  leur  extension  assez  Notable  datas  une  di- 
rection.; elles  dépassaient  ainsi  périodiquement  la  limite  des  régions 
visitfles.  On  se  rappelle,  au  sujet  de  ces  différences  d'éclat  et  de  cesin- 
termilenoeB  de  visibilité  que,  déjà  en  4749,  Maraldi  observait  des 
changements  d'aspect  et  même  une  disparition  momentanée  de  la  tache 
polaire  méridionale.  J'ajouterai  enfin,  qu'en  4874,  l'apparition  cons- 
tant* de  la  tache  boréale  e\  les  courbes  décrites  par  les  régions  sombres 
sur  le  disque. apparent  accusaient  l'inclinaison  du  pôle  septentrional 
du  côié  de  la  terre. 

Afin  de  recueillir  des  données  relatives  à  l'influence  de  l'atmosphère 
de  Ma*$  sur  l'aspect  de  eette  planète,  j'ai  noté  avec  grand  soin  les  ob- 
servations .qui  onUéuni  les  conditions  suivantes.:  sérénité  .du  eîel, 
image  tr&~oette  du  disque,  mais  effacement  notoblede  grandes -taches 
habituellement  bien  visibles.  C'est  le  23  mais,  dq  9  h.  45  m.  à  9  h. 
30  m., que  j'ai  vu  se  réaliser  le  mieux  ces  conditions;. maJgrtlagmnde  ■ 
netteté  4e  l'image  et  la  sérénité  du  ciel,  les  taches,  trè^-marquées  la 
veiUe,:  yere  la  même  heure,  étaient  si  effacées^u'ua  dessin  précis  a  été 
impossible.    . 


». 


«prie temps  H«e  le«  planète*  metiiteimt  *  tomfeer 
dans  le  Soleil,  par  M.  Càmflle  Flammarion.—  On  sait  que  la 

force  qui  retient  les  planètes  sur  leurs  orbites  est  la  résultante  de 
l'attraction  solaire  d'une  part,  et  d'autre  part  dfe  la  force  centrifuge 
créée  par  la  translation;,  et  que  l'équilibre  est  dû  à  ce  que  oes  deux 
forces  contraires  ont  constamment  la  même  valeur.  Ainsi,  à  la  dis- 
tance  à,  laquelle  la  Terre  se  trouve  du  Soleil,  sa  pesanteur  vers  l'astre 
central 

0©         270 

et  la  force  centrifuge  .créée  par  son  mouvement 


LES  MONDES.  pj 

»V==/2lj  .R=0,09ô00000000000039e41  X  1 48400000000  s=  0n,005882. 

La  planète  tend  en  même  temps  à  tomber  de  588  centièmes  de  milli- 
mètre après  une  seconde,  en  vertu  de  l'attraction,  et  à  s'éloigner  de  la 
même  quantité  en  vertu  de  la  force  centrifuge.  Si  Ton  suppose  que  la 
Terre  soit  arrêtée  dans  son  cours,  on  annule  par  là  même  la  force  centri- 
fuge, et  en  abandonnant  ainsi  la  planète  à  la  première  des  deux  forces 
qui  la  maintiennent,  on  la  verra  tombe*  sur  le  Soleil  avec  une  vitesse 
uniformément  accélérée.  Elle  emploierait  environ  64  jours  &  tomber, 
et  elle  arriverait  sur  l'astre  avec  une  vitesse  de  600  000  mètres  pendant 
la  dernière  seconde. 

Le  calcul  de  la  durée  de  la  chute  d'un  corps  planétaire  sûr  le  Soleil, 
ou  d'un  satellite  sur  une  planète,  ou  d'un  objet  situé  à  une  grande 
hauteur  sur  la  Terre  ne  peut  plus  être  une  simple  application  de  la 
loi  de  la  chute  des  corps  à  la  surface  du  globe,  mais  doit  tenir  compte 
de  la  diminution  progressive  de  la  pesanteur,  en  raison  inverse  du 
carré  de  la  distance.  Aussi  ne  peut-on  arriver  au  calcul  qii'à  l'aide  de 
formules  assez  laborieuses,  dont  la  plus  simple  est  encore  assez  com- 
pliquée, comme  on  peut  le  voir  : 


*V^^=^?+i(r'+*)awœs 


Les  traités  de  mécanique  rationnelle  n'ont  pressenti  aucun  rapport 
simple  entre  ce  problème  '  et  celui  du  mouvement  des  corps  célestes, 
et  l'on  voit  même  les  résultats  différer  dans  certaines  applications,  par 
exemple,  quant  au  temps  que  la  Lune  mettrait  à  tomber  sur  la  Terre. 

Voici  cependant  les  chiffres  que  Ton  obtient  en  calculant  le  temps 
que  les  planètes  emploieraient  à  tomber  jusqu'au  centre  du  Soleil,  si 
la  force  centrifuge  qui  les  en  empêche  était  supprimée  par  l'arrêt  de 
leur  mouvement  de  translation*  Le  calcul  est  fait,  en  prenant  %  pour 
base  les  distances  moyennes  de  chaque  planète  au  Soleil. 

Mercure 15J°nr»,55             .        .» 

Vénus 39  ,73 

La  Terre 64  ,57                     f  .  . 

Mars 121  ,44 

Jupiter 765.  ,87 

Saturne 1901  ,93      . 

Uranus 5424  ,57 

Neptune;. 10628  ,73                           i 

Ces  durées  de  la  chute  des  planètes  dans  le  Soleil  ont  déjà  été  cal- 


560  LES  Mût? DES. 

culées  4att6  différente  traité»  d'astronomie,  car  la  question  qui  noua 

oçflupg  ici  est  à  plusieurs  titres  fort  intéressante  par  elle-même.  On  les 
trouvera  notamment,  presque  indentiques,  dans  l'Astronomie  popu- 
Iqirç  d'Arago,  t.  III,  p.  356,  à  l'exception  de  Neptune  seulement. 

^  l'inspection  dç  cçtte  série  de  nombres,  un  premier  faiÇ  frappp 
à'^jjftnj  ftQtr?  ^Pt*0!*  : .  c*est  9Me  ces  nombres  sont  entre  eux  comble 
\$%  ^ijftça  çpnjéqf  des  çubep  <j[es  distances,  et  qu'il  ne  serait  pas  né- 
cpftjffLJrq  ge  }esf  c^culer  fpu^  (Ijreqtement  pour  les  obtenir.  Ainsi,  par 
j^e^|e>r§i^9p^çfl08idérpivs  Saturne,  sa  distance  au  Soleil  est  de 
9,53885;  le  cube  de  cette  distance  est  867,931,  dont  la  racine  carrée 
Sffi4H|>4f  mQa  «r  lfk  proportion  ...... 

64,57.  1 

ou 

X  =  64,5*?  X  29,4»  as  4903, 

$  ajpçi  pgif  r  .%gw  planète . 

Çetl$  pjrerçùçre  09051  dération,  qui  nous  rappelle  la  troisième  loi  de 
Kepler,  nous  conduit  maintenant  à  approfondir  davantage  le  sens  de 
ces  nombres.  Or,  voici  une  propriété  bien  singulière  au  premier  abord 
qui  se  manifeste  en  les  comparant  attentivement  :  c'es{  qu'en  les  mul- 
tipliant tous  par  un  même  coefficient,  en  apparence  foftuit  (5,656856), 
on  reproduit  Tannée  même  de  chaque  planète  : 

Mepcare,.  ,  45,5)5  X  6,6568»d=**'     MJM%    ■ 

¥éqqs,  39,73  X  5,656196  a*     224,7007 

«  .ï    ,    U  Terre,  «4,57  X  5,656866  m      365,2594 

Mars,  421,44  X  5,656856  *s      686,9396 

Jupiter,  765^87  X  5,656856  0=    4332,0*48 

Sqtunie,  4201,03  X  5,656856  os  40750,2408 

...    luiras,  5424,57  X  5,656866  *»  30686,8*08 

Neptune,  10628,73  X  5,656606  9  60126,7200 

Quel  rapport  existe  entre  l'année  des  planètes  et  le  temps  qu'elles 
emploieraient  à  to&ber  dans  le  Soleil?.  Ce  rapport  est  évident,  comme 
ou  le  voit;  mais  dé  quel  ordre  est-il?  Quel  est  ce  coefficient  si  remar- 
quable 5,656856?  ... 

Assimilons  un  instant  la  chute  de  la  Terre  dans  le  Soleil  à  la  moitié 
d'une  ellipse  extrêmement  aplatie  dont  le  périhélie  aérait  presque  tan- 
gent au  Soleil.  L'ellipse  aurait  pour  grand  axe  la  distance  actuelle  de 
la  Terre  au  Soleil,  ç'est*à-dire  la  moitié,  du  diamètre  actuel  de  l'orbite 
terrestre.  Les  carrés  des  temps  étant  entre  eux  comme  les  cubes  des 
rfîstaàceé,  la  révolution  de  la  Terre  le  long  de  cette  nouvelle  ellipse  ferait 


LES  MONDES.  m 

dotinéé  par  la  racine  carrée  dii  cube  de  |  ou  de  -,  et  pirf  «ftMqtiétil 

365  256 
serait  de     '  '        =  128  jours.  La  moitié  de  cette  révolution,  ou,  ce 

qui  revient  au  même,  comme  nous  venons  de  le  poser,  le  temps  de  la 

chute  jusqu'au  Soleil,  serait  donné  par  la  moitié  de  la  racine  carrée 

i  365  256  '     V  *  \ 

de  -,  ou  par — '-—  .  Mais  la  moitié  de  la  racine  carrée  de  5,  c'est  la 
o  5,657  o 

irâWnfe  carrée  de  ±.  Donè;  &afts'fcà  jfes  êim^1*»!»»!»^!»^^ 
<fc  (dwfe  4^at  il  fc'agjt  n'est  autre  que  la  révolution  aopuell^  nquUtyliéQ 

par  k  Racine  iéarrée  de  4r.  '  '    :     '' '  !* 

Or,  la  racine  carrée  de  32,  c'est  notre  coefficient  5,656856. 

Ainsi,  notre  problème  se  pose  maintenant  dans  de*  termes  qui  for- 
mulent une  loi  extrêmement  simple  :'.__.        .      .„i 

La  durée  de  la  chute  de  toute  planète  dans  le  Soleil,  ou  de  tout  satel- 
lite sur  sa  planète,  n'est  autre  que  la  révolution  divisée  par  la  racine 

d6  32  !  5,656856* 

Appliquée  à  la  Lune,  cette  simple  formule  dônfte  pour  la  durée  de 
sa  chute  sur  la  Terre  et  jusqu'au  centre  ;  4  jourfc  19  heures  55  min. 

On  conçoit  qu'elle  puisse  servir  de  la  même  façpn  soit  pour  calculer 
la  chute  d'un  bolide  dont  on  connaît  la  hauteur,  soit  pour  calculer  la 
hauteur  d'un  corps  doit  m  moquerait  la  durée  de  chute.  A.  de  Hum- 
boldt  rapporte,  au  tomt  111  de  son  Cosmos,  p.  3^7,  que  l'astronome 
Gall  de  Berlin,  en  tenait  compte  de  la  décroissance  rapide  que  l'attrac- 
tion du  globe  terrestre  subit  à  des  distances  notables,  s'est  intéressé  à 
calculer  de  quelle  hauteur  serait  tombée  l'enclume  d'airain  par  laquelle 
Hésiode  supposait  mesurer  la  hauteur  du  ciel,  laquelle  avait  mis  neuf 
jours  et  neuf  nuits  à  tomber.  Dans  ma  formule,  ce  calcul  peut  être  fait 
en  une  minute,  en  posant  : 

R  =  9  X  5,656856  =  pp|,91 1704, 

50,91 a  W 

27.32a       60,27*' 

h  =  v'7t)0200  =  91,4  =  581870  kilomètres, 
v  ou,  en  retranchant  la  distance  du  centre  de  la  Terre  à  la  surface      > 

h  =  575500  kilomètres.  , 

Il  serait  facile  de  trouver  up  grand  nombre  d'applications  utije^  de 
ç£tl$  formée*  Iflajs,  .indépçndammqtf  de  toute  application^  j',ai$eçsé 
qu'il  pouvait  être  intéressant  de  faire  connaître  ce  rapport  si  simple 


s 


36* 


LES  MONDES. 


qui  relie  la  durée  de  la  révolution  des  corps  céleste»  au  problème  gé- 
néral du  calcul  de  leur  chute  vers  le  centre  qui  les  gouverne. 


MÉCANIQUE 

.  1m  compggMeur»  d'air  du  Mont-Cenl».  —  On  sait  que 
les  machines  qui  perçaient  le  tunnel  du  JMont-Cenis  étaient  mues  au 
moyen  de  l'air  comprimé.  Nous  représentons  ci-joint  le  compresseur 
d'air  qui  a  été  installé  à  Bardonnèche,  à  quelque  distance  de  l'ouver- 
ture du  tunnel. 


&JG.&. 


L'agent  compresseur  était  l'eau  qui,  contenue  dans  un  réservoir  F 
et  dans  un  tuyau  cylindrique  f9  comprimait  l'air  contenu  en  B  (fig.  2)  ; 
sous  l'influence  de  la  pression  de  la  colonne  /,  la  soupape  t  s'ouvrait 
de  bas  en  haut  et  laissait  passer  l'air  comprimé  de  la  chambre  de 
compression  B  dans  le  réservoir  R. 

C'est  sur  ce  principe  qu'était  fondée  la  machine  que  nous  représen- 
tons fig.  4  et  3,  et  qui  est  due  à  feu  l'ingénieur  français  Sommellier 

A  est  la  colonne  d'eau  comprimante,  B  la  chambre  de  compression, 
(fig.  3)  CGC  des  tubes  pour  conduire  l'air  comprimé  de  la  chambre  de 
compression  dans'  le  réservoir  C.  EE,  valve  d'alimentation  de  l'eau; 


LES  MONOKS.  BtW 

ment  ;  quand  tmla  levé.  «ll«  Ouvrt  )m  rtcJpfonte  latéraux  de  décharge 
M  quand  ta  Vtflmlfiae  rite  kg  fémie.  Quand  on  aftalfifrc  la1  vaHa  F,  U 
'VW  !3  noraraadmw  tp  aiq«mp  *j  mwp  am,t  JMtWM  jmr|  raotf 
93dsdno9  'hh  îami JiJgiw  «,i  jrwd  »d9dnos  'a  :ic9n»]na»,p  8*iha  'j 

.-«inoh  sai  ttw 


56*  LES  MONDES. 

qui  relia  la  durée  de  la  révolution  des  corps  célestes  au  problème  gé- 
nén]  du  MkuLdi  lanjbJiM  im  lf  rPntr  T-  les  gouverne, 
valves  d  MtSMHMÏ  ;  L,  levier  pour  SVfpr  U  Valve  a  aiiuÏBUiaTruii, 
et  L',  levier  pour  faire  agir  celle  d'écoulement  ;  MM,  récipient  de 
décharge  qui  communique  avec  le  canal  N  pour  faire  écouler  l'eau 
utilisée  au  dehors  ;  PP,  le  niveau  de  l'eau  quand  1*  machine  est  prête 
à  fonctionner. 

La  valve  d'alimentation  E  se  meut  verticalement  ';  à  l'endroit  où  elle 
eat  placée,  la  colonne  d'eau  prend  une  forme  annulai»  ;  Us  sorte  que 
l'agent  comprimant,  au  lieu  de  se  mouvoir  suivant  le  sens  d*  l'axe  de 
la  colonne  en  restant  cylindrique,  est  transformé  en  une  vaine  annu- 
laire qui  s'écoule  autour  de  la  valve  et  reprend,  au-dessous,  une  forme 
cylindrique.  La  section  de  la  veine  annulaire  est  calculée  de  façon  à 
être  égale  à  la  colonne  cylindrique  de  compression,  de  façon  que, 
dans  toute  la  hauteur,  la  section  de  la  colonne  comprimante  soit  la 


LES  MONO*».  568 

Htent  ;  iprand  &*Ia  Wi*  elle  OuvH*  1*6  ricipientB  latéraux  de  décharge 
toft  quand  en  l'abaisse  elle  Hs  ferme.  $uand  on  Btalèto  la>  valve  F,  la 
partie  de  iareolôftne  d'éau  qui  èét  tti-4e&ot!s  de  E»  eèfrntfsé;  en  même 
temps  que  la  chambre  de  compression  B,  en  communio&tibtt  âvétt  Fafr 
efctérkrti^et  atow  l'eau  en  H  et  éb  B  prendra  àaWWHetftefat  te  ntVfeau 
PP  déterminé  par  le  niveau  de  YteA  dens  le  eanàî:d'*<!ha{*prtiiént«  et 
da&s  le  réservoir  M.  Là  cfîâmbre  de  compression  B  sertt  fiotàfltèfae 
d'air  jusqu'au  niveau*  tf,  et  les  parties  de  là  colôfcnfe  éôhtyrimantc 
contenues  dans  le  syphon  au-dessous  de  la  valve  E,  et  dans  la  portion 
annulaire  ne  sera  plus  soumise  &  aucune  pression,  excepté  à  celle  de 
l'atmosphère. 

La  soupape  G,  placée  au  haut  .64  b  chambre  de  compression,  en  se 
soulevant,  permet  à  l'air  comprimé  de  passer  de  B  dans  le  réservoir  D  ; 
puis,  en  se  refermant,  elle  l'empêche  d'en  sortir.  Les  soupapes  HH, 
«VM'lRTORt  dftdetoft  en  &im,.ftxw1ter£  à  l'Mf.d*  p&tftrfir:$ans 
la  ctqmfyre  B,  lorsque  l'eau  après .ly.camvww ftftt jffi*VIBBP  W*  -1* 
valve  Fv    ,  ..,.■;,./:-:.. 

Il  ^t  4ipé,  de  comprendre  le  jeu  du  a>mpr*8peu?.  §yi$o*qps  flW 
Jepdepx  v#Lviç&  £  et  Fspnt  ferjnéep,  et  que  le  niveau  4ft  l'wi*  4*Wfr 
Qtamfrrp  Bj  mt  PP.  flupposona  que  çetfc  cfcajnhfla  soit  pleine  4'W 
atmosphérique,  et  qqe  les  SQupras  HH  soient  lerpiées. 
.  jAispçns  Rabaisser  maintenait  (a  vajve  E  ;  la  Qûloqoç  4,'ea^  A  A  A.  %p 
m#tr*  imiQédi^inept  en  mouvement,  e^lle  s'élèvera  eh  Ç,  ai  ctyupffir 
mefa  l'air  i^tenu  dajop  peUe  chancre,  jusqu'à  ce  que  fr  ipup^pe  G 
#pU  flHitevjfc  ;  akH9>  ce  pèjne  air  con^pripé  p^netrçi*  dan*  le  x/éft- 
pi#it  b,i'€^u  s'élèyerajuaqtfàpp  flu'eUevWvk  c'es^-dirç  jwgi^i 
te  qp'eUe  ai}  perdp  toute  sa,  fore?  de  pompr^jqj)  ;  la  valve  G  subirp, 
alçtrs  d'çn  dessous  une  pression  due  jà  1$  pjreQeiop  staff  que  de  la  çoloûoe 
pc^grupjinte,  tendis  qu'çn  sens  contraire  elle  sypgpflera  ui#  pressjop 
ijouble  d£  la  passion  statique  de  la  coIpwq  4A,  gui  ept  due  à  *4  pre*- 
*îon,  <te  l'air  jcçmprimé  en  D, 

. ,  ^a  colonnç  4'eau  AA  reste  en  ce  moment  &  l'état  4e  nepp*t  Si  ^ous 
jfcf  jqpi)*  1*  ^lye  E  au  moyen  du  levier  L,  et  si  poijs  quvç pm  an  moyen 
4u  lèvre  L'  1^  valve  F,  l'eau  contenue  en  9  s'échapper^  dw  le 
ftésejvw  ftt  e*  de  là  sera  évacuée  par  le  canal  N  ;  à  causette  U.  pression 
4*  l'atJWWbft)*,  te  ^f  **  ftra  ^  8  » mais  tes  soupape  fl&  styivri- 
i$nt  (le  dalws  en  4fttefl8*  wm  qua  les  petites  soupapes  4'wétër#- 
ùoa  Mf  etltaui  yiftndr* .occuper  le  wv»au  PP.  JUprs^le  fiowjp^e^^r 
ew^Çi&i  |pn^p«: de nouvee*.  Jl  s^fira, fiow  *wir  me  autre 
«  pulsation,  »  de  fermer  la  valve  F  et  tk'wmP  la  f«J|rePf 

Les  iraroptftt*  .#  («w  vataw  *m$  pwfarti  pw  w* 


566  LES  MONDES. 

spéciale  W  (fig.  4)  qui  fait  mouvoir  le  balancier  S  sur  lequel  sont 
placés  des  excentriques  d'une  forme  particulière,  lesquels  produisent 
automatiquement  l'ouverture  et  la  fermeture  des  valves  E  et  F  au 
moment  voulu. 

Les  gravures  ci-jointes  sont  extraites  du  journal  anglais  l'Enginee- 
ring, et  nous  les  devons  à  M.  Auguste  Lemoine,  propriétaire  dt  la 
librairie  centrale  des  ArU  et  Manufacturée,  15,  quai  Malaquais,  seul 
dépositaire  et  représentant  en  France  de  cette  excellente  feuille. 


CHIMIE 


lar  an  nouveau  dl«»olvAnt  de  l'iodure  plombique 
et  de  mu  application  à  la  pHnrmacle,  pur  M.  Donato 
Tomasi.  —  Il  y  a  quelque  temps  ,  en  faisant  réagir  une  solu- 
tion d'acétate  plombique,  acidulée  par  quelques  gouttes  d'acide 
acétique  sur  une  solution  d'iodure  potassique  additionnée  de  car- 
bonate de  sodium,  en  vue  d'étudier  l'action  de  l'acide  carboni- 
que naissant  sur  l'iodure  plonfbique,  je  fus  assez  surpris  de  voir 
que,  tandis  que  l'acide  carbonique  se  dégageait  avec  une  vive 
effervescence,  le  précipité  jaune  d'iodure  plombique,  au  fur  et  à 
mesure  qu'il  se  produisait,  -dispiraissait  immédiatement.  Au  pre- 
mier abord,  je  crus  que  l'iodure  plombique  se  combinait  à  l'acétate 
de  sodium  pour  former  un  nouveau  composé  soluble  dans  l'eau,  liais 
bientôt  je  m'aperçus  que  ce  n'était  là  qu'un  simple  phénomène  de 
dissolution.  En  effet,  la  solution  d'acétate  sodique  renfermant  l'iodure 
plombique  abandonnée  à  elle-même  pendant  queltpie  temps  laissait 
déposer  de  jolies  paillettes  cristallines  jaunes  d'or,  qui  n'étaient  autre 
chose  que  de  l'iodure  plombique  cristallisé.  Cette  propriété  dissolvante 
de  l'acétate  de  sodium  par  rapport  à  l'iodure  plombique  mérite  d'au* 
tant  plus  d'être  signalée,  que  celui-ci  est  fort  peu  soluble  dans  la  plu- 
part des  liquides.  L'alcool,  l'éther,  le  chloroforme,  l'acide  acétique,  la 
glycérine,  etc.,  ne  dissolvent  pas  les  moindres  traces  d'iodure  plom- 
bique. Ce  composé  ne  se  dissout  que  dans  4  235  parties  d'eau  froide 
et  dans  494  parties  d'eau  bouillante  (Wurtz,  Chimie  médicale).  D'après 
l'officine  de  M.  Dorvault,  5  parties  d'iodure  se  dissoudraient  dans 
300  parties  d'eau  bouillante,  ou  bien  dans  42  partie  d'afcide  pyroli- 
gneux dilué  de  444  parties  d'eau.  ' 

Voilà  la  courte  liste  des  dissolvants  de  l'iodure  plombique. 


LES  MONDES.  567 

Tl  est  à  observer  que,  si  cet  iodure  se  dissout  avec  beaucoup  de  faci- 
lité dans  les  solutions  d'acide  iodhydrique  ou  des  iodures  alcalins,  et 
dans  le  chlorure  d'ammonium,  c'est  parce  qu'il  forme  avec  ces  diffé- 
rents composés  des  combinaisons  doubles,  bien  définies,  et  représen- 
tées par  les  formules  suivantes  : 

Combinaison  d'acide  iodhydrique  et  d'io'dure  plombique, 

Pb"PJH  =  Pb',SjlH 
Iodure  double  de  potassium  et  de  plomb, 

Pb'T,Kl  =  Pb"||lK 
Iodure  double  de  sodium  et  de  plomb, 

Pbr,IsNal  =  Pb"jJlNa 

Combiçainaison  d'iodure  plombique  et  de  chlorure  d'ammonium, 

[(AzH4)'Cl],,PbffP(Hî(ï). 

J'ai  rappelé  ces  quelques  faits  afin  que  l'on  ne  puisse  pas  les  con- 
fondre avec  les  véritables  solutions. 

L'acétate  de  sodium  en  solution  concentrée  peut  dissoudre,  ai-je  dit, 
de  grandes  quantités  d'iodure  plombique. 

50  ce.  de  cette  solution  peuvent  dissoudre  i  gramme  d'iodure;  la 
même  quantité  de  cette  solution  bouillante  dissoudrait  plus  de  S  gr. 
d'iodure.  Quelques  gouttes  d'acide  acétique  augmentent  la  solubilité 
de  l'iodure  plombique  dans  l'acétate  sodique. 

50  ce.  de  solution  concentrée  à  frdid  d'acétate  sodique,  addition- 
nés de  4/5  de  centimètre  cube  d'acide  acétique  et  chauffés  à  l'ébulli- 
tion,  peuvent  dissoudre  jusqu'à  6  grammes  d'iodure  ;  90  ce.  de  solu- 
tion sursaturée  et  bouillante  d'acétate  sodique  acidulée  par  quelques 
gouttes  d'acide  acétique,  peuvent  dissoudre  jusqu'^  8  grammes  d'io- 
dure, ce  qui  ferait  40  p.  400.  Si  l'on  ajoutait  une  trop  grande  quantité 
d'acide  acétique,  la  solubilité  de  l'iodure  plombique  ne  serait  pas  du 
tout  augmentée. 

Un*  des  premiers  partis  que  l'on  puisse  tirer  de  ce  fait,  c'est,  sans 
doute,  de  l'appliquer  à  la  préparation  de  l'iodure  plombique  cristallisé. 

On  sait  que  ce  composé  s'obtient  ordinairement  en  dissolvant  l'io- 
dure plombique;dans  un  grand  excès  d'eau  bouillante.  Ce  procédé* 


M8  IBS  MONDES. 

comme  je  l'ai  pu  constater  en  diverses  occasions,  ma  paru  toujours 
être  fort  long,  très-ennuyeux,  et  peu  pratique* 

Rien  que  pour  obtenir  une  treqtaiue  (le  grammes  d'iodure  w*toUi**i 
il  faut  employer  plus  de  10  litres  d'eau  bouillante,  et  les  chauffer  peur 
dant  un  temps  assez  long.  Pour  obtenir  oes  30  gramme*  d'içdure 
d'après  mon  procédé,  il  ne  faudrait  employer  qu'une  centaine,  de 
grammes  de  solution  d'acétate  sodique. 

Voici  en  deux  mots  de  qhelle  manière  on  doit  procéder  dans  la  pré- 
paration de  l'iodure  cristallisé. 

On  chauffe  à  l'ébullition  de  l'acétate  de  sodium  cristallisé  et  de  l'eau 
dans  les  proportions  suivantes  : 

Eau  distillée 400  grammes. 

Acétate  sodique 160       » 

Acide  acétique.. • .,....., «    qq.  gouttes. 

D'un  autre  côté,  on  délaye  8  grammes  d'iodure  plombique  dans  une 
très -petite  quantité  d'eau,  de  façon  à  en  faire  une  pâte  très-épaisse.  On 
projette  ensuite  celle-ci  par  petite  quantités  à  la  fois  dans  la  solution 
d'acétate  de  sodium,  en  ayant  soin  d'agiter  continuellement  le  liquide. 
Quand  tout  l'iodure  s'.est  dissous,  on  laisse  refroidir.  Après  douze 
heures,  on  épuise  la  masse  d'abord  par  une  petite  quantité  d'eau  froide, 
et  ensuite  par  de  plus  grandes  quantités,  jusqu'à  ce  que  l'iodure  $oit 
entièrement  débarrassé  de  l'acétate.  On  recueille  les  cristaux  d'iodure 
sur  un  filtre,  on  les  lave,  on  les  sèche  et  finalement  on  les  conserve 
dans  un  flacon. 

Voici  encore  une  application  utile  que  l'on  peut  faire  de  la  solubi- 
lité de  l'induré  plombique  dans  l'acétate  de  sodium. 

Parfois  l'iodure  plombique  est  souillé  par  du  chromate  plombique; 
pour  reconnaître  l'existence  de  ce  dernier  composé,  il  faudrait,  d'après 
l'officine  de  Jf  •  Dorvault,  qûq  4  gramme  d'iodure  plombique  trituré 
avee  4  grammes  de  sel  ammoniac  et  q.  s.  d'eau  pour  former  une  pâte 
de  consistant*  de  miel,  perdit  complètement  sa  couleur  jaune.  D'après 
cet  essaj,  un  iodure  de  plomb  conserverait  une  teinte  d'autant  plus 
intense  qu'il  renfermerait  plus  de  chromate.  Cette  méthode,  qui  est 
fort  bonne  pour  reconnaître  si  l'iodure  est  souillé  ou  non  dechrom*!*, 
ne  doit  pas  être  très~pratique>  ce  me  semble,  quand  il  s'agit  de  doser, 
même  d'une  manière  approximative  la  quantité  de  chromate. 

Voici  le  procédé  que4  je  propeeB  d'y  substituer  :  chauffer  pendant 
15  minutes  0  gr.  5  d'iodure  plombique  dans  50  ce*  de  solution  sata- 
rée  d'acétate  sodique  acidulée  par  quelques  gouttes  d'aorte  acétique. 
Si  l'iodure  est  pur,  il  doit  se  dissoudr*  entièrement;  ai,  *u contraire, 


» 


LES  MONDES.  3«0 

il  reftfMrmfi  du  chromate  plota  bique ;  eelm-c*  se  dépose  par  le  refroi* 
dlstottfent  au  fond  du  ballon. 

Veut-on  maintenant  savoir  an  juste?  combien  ces  0  gf .  5  renferment 
de  ehf&*àtti  ;  eh  bien,  on  n'a  qu'à  recueillir  sur  «n  iltre,  préalable- 
ment taré,  I»  poudre  insoluble  dans  l'acétate  antique,  la  laver,  la  sé- 
éher,  etftaaletoeftf  lapeser. 

1  8#t  PJMare  du  filtre  et  P'  le  poids  du  filtre  contenant  le  précipité  ; 
F-tP  représentera  lé  ptâdé  de  ce  dernier. 

Ce  ptoéédé,  quoique  trèe^siteffle,  est  fort  exaèt.  Aussi  ai*je  ptt  con- 
stater et  doser  avec  la  plus  grande  facilité  0  gr.  002  de  chromate  que 
j'avais  mélangés  avec  0  gr.  5  d'iodure. 

Je  te#urinerai  cette  note  en  signalant  encore  une  application  que 
l'on  peut  faire  de  la  Solubilité  de  ftodute  plombique  dans  l'acétate  de 
sodium.  , 

La  glycérine,  comme  je  l'ai  déjà  dit  dès  le'  commeneemenft,  ne  dis- 
sout pas  les  plus  petites  quantités  d'iodure  piotabiqtte;  mails  elle  peut 
en  dissoudre  des  quantités  assez  considérables,  si  elle  est  additionnée 
d'acétate  sodique. 

Ce  glyeérolé,  qui  tient  f  iodiire,  non  pas«eq  suspension,  mais  en 
joàiftofe,  tàcit,  oe  me  semble,  être  plus  actif  que  la  pommade  à  l'ioduré 
plombique» 

Quant  à  la  présence  de  l'acétate  sadique,  je  pense  qu'il  me  doit  avoir 
aneune  influence  fâcheuse  dans  les  divers  tas  èù  Von  voudrait  s'en 
servir,  comme,  par  exemple,  dans  le  traitement  de  la  matrice,  l'uleé- 
ratien  des  paupières,  etc.  On  prépare  ee  glyeérolé  en  broyant  dans  un 
mortier  en  porcelaine  les  substances  suivantes,  jusqu'à  ce  que  l'ioduré 
pkmlbique  ait  complètement  disparu  : 

Solution  saturée  d'acétate  sodique.  • .  15  ce. 

ÇJyçérine, 25  ce. 

lodure  plombique 0*%4 

Eau  de  rose qq.  goutte*. 

Si  Ton  trouve  que  ce  glyeérolé  est  frop  visqueux,  ofi  pfeut  l'étendre 
avec  une  certaine  quantité  d'eau. 

fffctfétufe*  gélatine*  osmn^ome,  par  M.  Ernest  MoNratt,  cfe 
Valenciemes.  —  «€eé  trois  substances  sont  èouvent  confondues  lès 
nfteâ  avec  les  autres,  de  là  des  erreurs  qui  peuvent  aVoir  des  inconvé- 
nient*, Ohé* ebons  à  en  faire  connaître  la  différence. 

I/ossétaé  est  une  substance  qui  se  trouve  toute  formée  dans  l'orga- 
nisme. On  la  trouve  dans-  la  chair  des  jeunes  animaux  et  principale- 


» 


! 


570  LES  MONDES» 

ment  dans  les  cartilages  et  les  os**  Cette  dernière  substance  peut  con- 
tenir jusqu'à  40  0/0  cfosséine.  En  traitant  les  os  par  de  l'acide  étendu, 
les  sels  calcaires  se  dissolvent,  et  on  obtient  l'osséine  pure. 

L'osséine  est  insoluble  dans  l'eau  comme  la  viande,  mais  la  cuisson  * 
n'agit  pas  de  la  même  façon  sur  ces  deux  substances.  Mise  dans  l'eau 
bouillante,  l'osséine  se  gonfle,  et,  au  bout  d'un  certain  temps,  elle  est 
cuite  d'un  façon  convenable  sans  avoir  subi  aucune  altération,  mais  si 
à  partir  de  ce  moment  on  prolonge  l'ébullition,  l'osséine  se  décompose 
et  se  dissout  dans  le  liquide  ;  le  produit  de  cette  décomposition  n'est 
autre  chose  que  de  la  gélatine. 

La  gélatine  est  un  corps  qui  ne  se  trouve  pas  tout  formé  dans  l'or- 
ganisme; c'est  une  substance  d'une  production  artificielle,  ou  le  résul- 
tat d'une  décomposition  chimique  opérée  par  l'eau  bouillante  sur 
l'osséine. 

On  obtiendra  donc  de  la  gélatine  en  faisant  bouillir  .plus  ou  moins 
longtemps  des  tissus  qui  contiennent  de  l'osséine;  l'osséine  se  trans- 
formera en  gélatine  qui  se  dissoudra  dans  le  liquide. 

L'osséine,  qui  est  insoluble  dans  l'eau,  doit  se  comporter  autrement 
dans  la  digestion  que  la  gélatine  qui  s'y  dissout  en  toute  proportion. 
On  sait  que  la  tête  de  veau,  que  les  pieds  de  mouton,  etc.,  formés 
presque  exclusivement  d'osséine,  sont  nourrissants.  Les  chiens 
peuvent  se  nourrir  d'os,  ils  s'assimilent  l'osséine  et  rejettent  une  me* 
tière  blanchâtre  (album  grœcum)  composée  entièrement  des  sels  con- 
tenus dans  les  os»  Dans  l'organe  digestif  du  chien,  l'ospéine  est  donc 
extraite  des  os  comme  nous  pourrions  le  faire  au  moyen  d'acide 
étendu. 

Si  l'osséine  est  nourrissante,  il.  n'en  est  pas  de  même  de  la  gélatine. 
On  pensait  que  le  bouillon  devait  ses  propriétés  nutritives  à  la  gélatine 
qui  s'y  trouve  dissoute;  de  là  les  préparations  de  bouillons  concentrés 
qui  se  prenaient  en  gelée  par  le  refroidissement  et  que  l'on  donnait 
aux  convalescents  pour  réparer  leurs  forces  ;  mais  l'on  reconnut  que 
l'on  prolongeait  leur  faiblesse  et  qu'un  état  maladif  s'en  suivait  bien- 
tôt. C'est  que,  dans  l'illusion  où  l'on  se  trouvait  que .  la  gélatine  était 
nourrissante,  on  ne  songeait  pas  à  donner  une  nourriture  plus  conve- 
nable aux  convalescents  qui  s'affaiblissaient  de  jour  en  jour. 

Mais  la  gélatine  a  bien  d'autres  inconvénients  :  elle  n'est  pas  assi* 
milée  par  les  organes,  et  elle  trouble  les  fonctions  digestives» 

Après  de  nombreuses  expériences  faites  par  une  commission  sur  les 
propriétés  de  la  gélatine,  cette  subsance  fut  proscrite  des  hôpitaux. 

A  ce  même  point  de  vue,  on  peut  dire  que  l'instinct  guide  les  ani- 
maux comme  l'expérience  a  pu  diriger  l'homme,  car  les  chiens  et  les 


LES  MONDES.  K7{ 

p 

rats,  si  avides  de  véritable»  substances  alimentaires,  délaissent  complé- 
ment la  gélatine. 

Le  bouillon  d'excellente  qualité,  c'est-à-dire  celui  qui  est  fait  avec 
de  la  chair  musculaire  de  bœuf,  ne  contient  d'alleurs  qu'une  très- 
faible  proportion  de  gélatine,  2  à  3  grammes  par  litre.  L'odeur 
aromatique  de  ce  bouillon,  sa  couleur. et  l'action  stimulante  qu'il 
exerce  sur  l'estomac  sont  dues  à  une  substance  appelée  communément 
oswazôme. 

L'osmazôme,  qui  est  sohible,  constitue  le  principe  sapide  des 
viandes  ;  aussi  la  viande  qui  a  bouilli  perd-elle  une  grande  partie  de 
son  goût  que  l'on  retfourve  dans  le  bouillon.  • 

La  viande  des  vieux  animaux  contient  plus  d'osmazôme  que  celle; 
des  jeunes,  les  viandes  noires  en  contiennent  plus  que  les  blanches, 
en6n  les  cartilages  et  les  os  en  sont  tout  À.  fait  dépourvus.  Le  bouillon 
fait  avec  ces  dernières  substances' efet  incolore  et  sans  goût  i  il  ne  con- 
tient'c[ue  delà  gélatine.  ..  '     •  . 

C'est  l'osmazôme  qui,  sous  l'action  de  la  chaleur  du  four,  caramélise 
la  surface  des  rôtis  et  développe  leur  arôme.  C'est  encore  l'osmazôme 
qui  colore  les  sauces  en  brun  rougeàtre.  Si  la  sauce  provient  d'ani- 
maux adultes,  on  n'y  trouve  presque  pas  de  gélatine  ;  elle  se  compose 
de  graisse  et  d'une  dissolution  d'osmazôme  qui  ne  se  prend  pas  en 
gelée  par  le  refroidissement  comme  le  ferait  la  gélatine. 

Lorsque  la  sauce  est  bien  faite,  la  partie  colorée  par  l'osmazôme  est 
parfaitement  limpide  et  se  sépare  d'une  manière  nette* de  la  graisse  qui 
snrnage. 

En  évaporant  cette  dissolution,  on  obtient  l'osmazôme  solide  soûs 
forme  de  petits  cristaux  brun-rougeâtfes» 

Ce  produit  n'est  autre  chose  que  le  bouillon  Liebig  ou  extrait  de 
viande  [Extract  ofmeat).  On  le  prépare  en  grand  dans  diverses  con-  * 
trées  du  sud  de  l'Amérique,  peuplées  de  troupeaux  inuombrables  de 
bœufs,  de  vaches  et  de  taureaux.  Liebig  a  bien  soin  de  prévenir  les  ' 
consommateurs  que,  dans  sa  préparation,  il  n'entre  pas  la  moindre 
pareille  de  gélatine  ;  en  effet,  ta .  gélatine  agirait  tout  à  fait  contre  le 
but  qu'il  se  propose  d'atteindre  et  qui  est  celui-ci  :  obtenir  une  sub» 
stance  qui  nourrisse  beaucoup  sous  un  petit  volume  et  qui  puisse  se 
conserver  longtemps;  or,  œm^seulement  la  gélatine  tiendrait  ici  une 
place  inutile,  mais,  s'altérant  prompterafent,  elle  nuirait  bientôt 
à  la  conservation  du  produit  En  réalité  cet  extrait  lui-même  n'est 
guère  plus  nourrissant  que  la  gélatine  dont  on  cherche  à  le  débar- 
rasser avec  tant  de  soin,  et  .c'est  à  tort  qu'on  veut  lui  faire  jouer  un 
rôle  important  dans  la  nutrition.  Il  est,  en  effet,  prouvé  par  Fana- 


572  LES  MONDES. 

*  • 

lyse  chimique  que  les  propriétés  nutritives  de  oefc  extrait  sont  limitées, 
et  que,  s'il  rend  des  services,  ce  n'est  pas  tant  comme  aUtaen^  'que 
comme  stimulait  très-biëfafaiiaiit.  II  peut  ansai  être  utilisé  eèmihe 
assaisonnement  pour  relever  le  goût  de  certains  alimente  et  eà  fcvo* 
riaei?  la  Ûigestidn.  '       ' 

Ce  que  Ton  dit  de  L'entrait  de  bouillon,  comme  valeur  nutritif  on 
peut*  la  dire  à  plus  farte  raisoto  du  bouille»  hiKméme;  il  faut  donc  re- 
venir de  ce  préjugé  si  répandu  qui  fait  du  bouillon  pur  uneaubfctanee 
trèb-ndunrissante.  Il  peut  à  la  vétité  pbsséder  des  propriétés  ttimu- 
lantes  favorables  au  rétablissement  dtla  senti,  mais  pane;  que  le 
bouillon  est  stimulant,  cela  ne  veux  pas  dite  qu'il  soit  nourrissant*  On 
peut  d'ailleurs  s'en  rendre  compte  d'après  une  analyse  laite  par 
M.  Ghevrtuk 

Lé  bodvlIt>n  d'exoeltente  qualité  avait  été  prépara  &  la  manière  or* 
dinadr* atec  de  la  *iaade  de  bœuf  et  dee  légumes. 

Sur  1  000  grammes  de  ce  bouillon,  Ton  trouvait  97it,ti  d'qau  et* 
27*,5  d'extrait  tiblido  obtenu  par  évapoTation<  Cet  extrait  solide  con- 
tenait; 

SSlfe™6)  5«b**»prww«#è8toflaBi«i  i    w    .  j  |V 

1  Substance  organique  provenant  des  légumes.  '  •    •  '  •    1      6 
(  Sel  de  cuisine  employé  pour  la  confection  du  bouillon.    *    10 
Phosphates.de  potasse,  de  soude,  dé  chaux,  de  magnésie.    '  0,o 

•  La  vdlctar  nutritive  dû  bouillon  ne  pedifraét  s'etphqnwrquoparla 
matière  organique  provenant  de  la  viande;  oii,  ostfte  matière  est  en  ai 
petite  quantité,  ftte,  fùt*éne  très**nourriiaaiite,  efte  ne  pourrait  appor- 
ter u«  appoint  aérleux  à  L'alimentation.  .<  •  >  \ 

Il  faudrait,  en  effet,  prendre  1 000  $r.  de  bouillon  pur*  soit  la  con- 
tenance de  trois  assiettes  à  soupe  polir  n'obtenir  que  lOfrw  dfc  nour- 
rituftre. 

Il  «fan  serait  pw  de  mtm  du  lait  qui  contient,  jnon  paa  un  titrait 
de  viande,  mai»  bien,  une  substance  équivalente  à  la  viande  mépiat  ' 
llcontieût  eq  plus  une  matière  grasse  et  une  matière  suec^e.  La 
réunion  de  Ces  trois  »  sobsttnees  dans  des  proportions,  déterminées 
ceftBtitife  un  aliment  complet,  c'est-à-dire  petxvapt  servi»  seul  à  la 
nutrition»  Aussi  peufcen  nourrir  des  enfiatita  pendant  dépannées 
entières  eichisideaaeût  avec  du  laid,  ce  que,  daps  aiHSBDe<6iroeflla£a&oe, 
on  ne  pourrait  obtenir  avec  dubouillan  pur.  ♦ . 

Yoiûir  d'aprèe  Af  •  Payeo^  i'analyfite  du  kitide  vache*  •  ■  •  ;  . 


LES  MONDES.  573 

Sur  1000  gr.  de  ce  lait  on  trouve  864  gr.  d'eau  et  436  gr.  d'extrait 
solide  dont  la  composition  suit  (1)  : 
Caséine,  substance  analogue  à  la  viande*    •    •••••      43  gr. 

Beurre •    •      37 

Lactose,  substance  analogue  au  sucre.    .......      52 

Sels  (chlorure  de  sodium  et  phosphate  de  chaux  et  de  mag.).       4 

436  gr. 

Pour  revenir  aux  substances  qui  nous  occupent,  l'osséine,  la  géla- 
tine et  l'osmazôme,  nous  dirons  que  l'on  confond  souvent  ces  diffé- 
rentes substances,  et  que  la  chimie,  en  étudiant  leus  propriétés,  en  les 
précisant  d'une  manière  nette,  a  rendu  le  plus  grand  service  à  la 
science  alimentaire. 

En  résumé,  l'osséine  est  une  substance  organisée  comme  la  viande; 
cuite  à  point  et  relevée  par  un  assaisonnement  approprié,  elle  se 
digère  facilement. 

L'osmazôme,  substance  complexe,  a  un  arôme  très-prononcé  qui  se 
développe  surtout  par  la  chaleur  du  four,  de  même  que  l'arôme  du 
café  ainsi  que  toutes  ses  propriétés  s'obtiennent  par  le  grillage. 

L'osmazôme  n'est  pas  nourrissante,  mais  elle  possède  des  propriétés 
stimulantes  bien  déterminées  ;  elle  excite  l'appétit  et  favorise  les  fonc- 
tions de  l'estomac. 

La  gélatine  est  de  l'osséine  qui  a  été  décomposée  par  la  chaleur  ; 
non-seulement  elle  ne  possède  aucune  valeur  nutritive,  mais  elle 
trouble  les  fonctions  Jigestives.  Quand  elle  est  pure,  elle  est  sans  cou* 
leur,  sans  odeur  et  sans  goût,  de  plus,  elle  s'altère  avec  la  plus  grande 
facilité.  C'est  pour  ainsi  dire  une  matière  inerte  dont  la  composition 
chimique  est  exactement  la  même  que  celle  de  la  colle  forte.  » 


ACADÉMIE   DES  SCIENCES 


SÉANCE  DU  LUNDI  25  MARS  4872 

L'élection  que  l'Académie  a  faite  de  M.  Rolland,  pour  remplir  la 
place  laisée  vacante  dans  la  section  de  mécanique,  est  approuvée,  M.  Rol- 
land prend  place  parmi  ses  confrères. 

(1)  Noos  avons  pris  les  analyses   sur  nne  même  quantité  da    bouillon  st  de  lait 
afin  de  mieux  montrer  la  différence  entre  les  valeurs  nutritives  de  ces  danx  aliments. 

41 


574  LbS  MONDES. 

—  Note  sur  l'emploi  simultané  des  appareils  électriques  à  induction  et 
de?  appareils  à  déformation  des  solides  pour  l'étude  des  lois  du  mouvement 
des  projectiles  et  de  la  variation  des  pressions  dans  Vâme  des  bouches  à  feu, 
par  M.  le  général  Morin.  —  Le  but  principal  de  cette  note  est  de  ré- 
sumer et  de  discuter  les  recherches  expérimentales  de  M.  le  capitaine 
A.  Noble,  de  l'artillerie  royale  d'Angleterre,  sur  les  lois  du*mouvement 
des  projectiles  dans  l'àme  des  canons;  il  conclut  ainsi  : 

«  1°  Le  chronoscope  de  M.  le  capitaine  Noble  ou  d'autres  appareils 
électriques  analogues  qui  utilisent  les  indications  de  l'étincelle  d'in- 
duction permettent  de  déterminer  avec  une  précision  suffisante  pour 
l'étude  des  questions  d'artillerie  la  loi  du  mouvement  si  rapide  des 
projectiles  dans  l'àme  des  bouches  à  feu  ; 

2°  L'appareil  de  compression  muni  de  cylindres  en  cuivre  que 
l'action  du  gaz  déforme  plus  ou  moins  fournit  sur  l'intensité  des  pres- 
sions développées  en  différents  points  de  la  longueur  de  l'àme  des 
indications  qui  permettent  de  comparer  les  effets  des  diverses  variétés 
de  poudre  et  qui,  dans  leur  ensemble,  concordent  avec  les  lois  indi- 
quées par  Piobert  ; 

3°  L'appareil  analogue  proposé,  vers  1866,  par  H.  Tresca,  et  dans 
lequel,  au  lieu  des  cylindres  en  cuivre  on  emploie  des  cylindres  en 
plomb  que  la  pression  des  gaz  oblige  à  s'écouler  sous  forme  de  jets 
coniques,  dont  la  longueur  est  en  rapport  direct  et  déterminé  avec  l'in- 
tensité maximum  des  pressions,  donnerait  des  résultats  bien  plus 
précis  encore,  attendu  que  les  jets  de  plomb  atteignent  des  longueurs 
de  plusieurs  centimètres,  ainsi  que  l'ont  montré  de  premiers  essais 
exécutés  sous  la  direction  de  M.  de  Reffye  ; 

4°  Les  méthodes  graphiques  indiquées  plus  haut  permettent,  par 
la  quadrature  des  courbes  des  pressions  et  par  la  construction  de 
la  loi  des  vitesses  du  projectile  ,  de  vérifier  a  posteriori  l'exac- 
titude des  indications  fournies  par  les  appareils,  et  montrent  le 
degré  de  confiance  qu'on  doit  accorder  aux  conséquences  que  l'on  en 
déduit; 

5"  Enfin,  les  conséquences  et  les  expériences  qui  y  ont  conduit 
ont,  pour  l'étude  des  nouvelles  bouches  à  feu  et  des  poudres  qu'il  con- 
vient d'y  employer,  une  telle  importance,  que  Ton  doit  vivement  dési- 
ter  que  des  recherches  analogues  soient  exécutées  le  plus  tôt  possible 
furuiie  nouvelle  Commission  des  principes  du  tir,  à  laquelle  le  Gou- 
vernement donnerait  les  moyens  les  plus  larges  d'exécution  et  toute 
la  liberté  d'action  nécessaire  pour  conduire  à  bonne  fin  ces  études  dé- 
licates et  difficiles. 

— Réponse  de  M.  de  Vergnette-Lamottc  aux  observations  de  M*  Pas- 


LES  MONDES.  575 

tair.—  «  En  résumé,  si  l'Académie  veut  bien  remarquer  que  mop 
Mémoire  de  1850,  qui  a' soulevé  de  si  nombreuses  critiques,  a  éj,é 
publié  il  y  a  vingt-deux  ans,  elle  m'accordera,  je  l'espère,  qu'il  avait 
déjà  jeté  quelque  lumière  sur  cette  question,  si  neuve  alors,  du  chauf- 
fage des  vins. 

Ainsi,  après  avoir  confirmé  le  principe  d' Appert,  j'avais  abaissé  &  {K> 
degrés  la  température  du  chauffage,  température  que  j'avais  d'abord 
portée  à  95°  C. 

Je  signalais,  dans  ce  travail,  le  grand  défaut  du  chauffage  qui  des- 
sèche et  maigrit  les  vins. 

Enfin,  après  avoir  fait  mes  réserves  sur  les  effets  nuisibles  qu'il 
pouvait  avoir  sur  certains  vins,  je  disais  qu'il  m'avait  toujours  donné 
d'excellents  résultats  avec  les  vins  blancs. 

Ces  observations  ont  aujourd'hui  la  consécration  du  temps.  Aussi 
l'Académie  me  permettra  de  lui  dire,  en  terminant,  que  si,  dans  ce  dé- 
bat, j'ai  fait  tous  mes  efforts  peur  laisser  de  côté  devant  elle  des  ques- 
tions personnelles  et  irritantes,  j'entends  ne  rien  abandonner  de  ce  qui 
peut  m'appartenir  dans  les  travaux  qui  ont  été  publiés  sur  le  chauffage 
des  vins.  » 

—  Réplique  de  M.  Pasteur  à  la  communication  qui  précède,  -r 
«  En  résumé,  Appert,  ainsi  que  je  l'ai  publié  le  premier  /dans  nos 
Comptes  rendus  (séance  du  4  décembre  1865),  a  affirmé  la  possibilité 
de  la  conservation  des  vins  par  le  chauffage,  mais  il  ne  l'a  pas  démon- 
trée, M.  de  Vergnette,  en  1850,  s'est  attribué  le  mérite  qui  revient* à 
Appert  d'avoir  le  premier  appliqué  la  chaleur  aux  vins,  et  il  a  obscurci 
complètement  laquestion  gardes  erreurs  palpables.  J'ai,  le  premier,  non- 
seulement  démontré  la  conservation  possible  de  tous  les  vins  naturels, 
les  plus  communs  comme  les  plus  fins,  par  une  action  préalable  de 
la  ehaleur,  à  60  degrés,  ne  fût-ce  que  pendant  une  minute;  j'ai  donné, 
en  outre,  la  théorie  complète  de  cette  pratique.  En  France  comme  à 
l'étranger;  le  temps  et  la  raison  ont  déjà  fait  justice  de  toutes  les  asser- 
tions contraires.  En  Bourgogne  notamment,  je  sais  que  l'on  s'étonne 
des  prétentions  de  M.  de  Vergnette  et  des  affirmations  gratuites  de  son 
ami  M.  Thenard,  qui  a  cru  pouvoir  traiter  ex  abrupto,  devant  le  Con- 
seil général  de  la  Côte-d'Or,  en  1869,  une  question  de  priorité,  n'ayant 
qu'une  connaissance  très-insuffisante  du  sujet,  o 

—  M.  Thenard,  dans  une  note  très-courte,  se  justifie  et  du  silence 
gardé  par  lui  en  1855,  dans  son  exposé  du  livre  scientifique  de  M*  de 
Vergnette-Lamotte,  sur  son  mémoire  de  1850  et  le  chauflaf*  des  vins, 
et  de  la  justice  qu'il  a  cru  devoir  rendre  plus  tard  à  son  honorable 
compatriote,  lorsque  M.  le  maréchal  Vaillant,  ignorant  peut-être  les 


V7»  LES  MONDES. 

travaux  d'Appert  et  ceux  de  M.  de  Vergnette-Lamotte  est  venu, 
devant  la  Bourgogne  étonnée,  élever  un  piédestal  à  M.  Pasteur. 
«  Ce  n'est  qu'à  regret,  dit  en  terminant  H.  Thenard,  que  je  suis  entré 
dans  cette  discussion,  où  la  science  n'a  rien  à  gagner,  et  des  hommes 
de  mérite  beaucoup  à  perdre;  mais,  puisque  je  suis  contraint  de  parler, 
je  dois  dire  ce  qui,  pour  fnoi,  est  la  vérité  :  ce  qu'il  y  avait  d'acquis  à 
la  question  en  4854,  c'est  que,  Appert,  par  la  méthode  de  chauffage  en 
vase  clos  à  70  degrés,  préservait  les  vins  des  maladies  auxquelles,  sans  le 
chauffage,  ils  sont  naturellement  sujets,  mais  ils  les  rendait  sujets  à 
d'autres  maladies  commercialement  tout  aussi  dangeureuses.  C'est  ce 
qu'avait  découvert  M.  de  Vergnette-Lamotte  dans  son  mémoire  de 
1850. 

—  Sur  les  dégâts  produits  par  la  foudre  à  Atolri,  en  frappant  un  para- 
tonnerre. —  La  foudre  a  fondu  la  pointe  en  cuivre  du  paratonnerre 
jusqu'au  diamètre  de  1 1  millimètres  ;  quittant  les  conducteurs,  franchis- 
sant une  distance  de  10  à  12  mètres,  creusant  une  tranchée  rectiligne, 
elle  est  allée  frapper  deux  tuyaux  du  château-d'eau  voisin  et  les  a  bri- 
sés, quoique  ces  tuyaux  fussent  en  communication  avec  un  troisième 
de  15  centimètres  de  diamètre  et  de  15  kilomètres  de  longueur;  en 
même  temps  elle  lançait  en  l'air  les  tampons  qui  les  fermaient ,  et 
déformait  les  grilles  de  plomb  de  la  boite  de  division  de  l'eau.  Ce  fait 
montre  combien  il  faut  avoir  de  circonspection  lorsqu'on  réunit  des 
tuyaux  aux  paratonnerres,  ou  qu'on  les  place  simplement  dans  leur  voisi- 
nage. Le  R.  P.  Secchi  croit  que  les  tuyaux  ont  été  brisés  par  explosion, 
sous  la  pression  delà  vapeur  engendrée  par  l'énorme  chaleur  de  la  dé- 
charge; cela  est  bien  difficile  à  croire. 

—  Considérations  théoriques  ayant  trait  à  l'artillerie  rayée.  Effets  de  la 
résistance  de  Vair  sur  un  solide  de  révolution  animé  d'un  mouvement  de 
rotation  simultané,  par  M.  Y.  Albenque.  —  L'idéal  à  réaliser  serait  un 
projectile  de  forme  allongée  restant  constamment  tangent  à  la  trajec- 
toire décrite  par  son  centre  de  gravité;  or,  non -seulement  le  mouve- 
ment de  rotation  est  loin  d'avoir  permis  d'atteindre  ce  résultat,  mais  en- 
core il  est  certain  qu'avec  lui  on  ne  l'atteindra  jamais.  Cette  conclusion 
est  peu  encourageante. 

—  M.  Léon  Dalemagne  communique  les  résultats  qu'il  a  obtenus  dans 
la  silicatisation  des  matériaux  calcaires. 

—  Dans  une  lettre  transmise  par  le  Ministre  des  affaires  étrangères, 
M.  Gauldrée-Boileau  signale  plusieurs  secousses  de  tremblements  de 
terre  survenues  en  janvier  dernier  à  Lima,  à  Callao  et  à  Arequipa.  La 
secousse  du  20  janvier  a  coïncidé  avec  une  des  plus  fortes  marées  de 
Tannée, 


LES  MONDES.  577 

—  Sur  la  détermination  des  brachislochrones,  par  M.  Bresse.  —  «  La 
méthode  que  j'emploie  est  analogue  à  celle  au  moyen  de  laquelle  Jac- 
ques Bernoulli  résolut  le  problème  posé  par  son  frère  Jean  :  seulement 
je  considère ,  au  lieu  d'un  point  pesant,  un  point  soumis  à  des  forces 
quelconques,  avec  cette  seule  condition  qu'il  existe  des  surfaces  de  ni* 
veau  et  une  fonction  des  forces.  M 'appuyant  sur  le  résultat  connu  du 
problème  de  minimum  de  Fermât,  j'en  conclus  très-simplement  : 
J°  que  labrachistochronedoit  avoir  son  plan  oscillateur  sans  cesse  nor- 
mal aux  surfaces  de  niveau,  à  chaque  point  de  rencontre  ;  2°  que  la 
force  accélératrice  totale  est  égale  à  la  force  normale  à  la  surface  de  ni- 
veau, mais  que  ces  deux  forces  sont  symétriquement  situées  par  rap- 
port à  la  tangente  à  la  trajectoire,  la  première  du  côté  de  la  concavité 
la  seconde  au  dehors.  Cela  conduit  aux  équations  différentielles  de  la 
courbe  demandée,  savoir,  quand  l'arc  s  est  pris  pour  variable  indépen- 
dante. » 

—  Recherches  géométriques  sur  le  contact  du  3me  ordre  de  deux  surfaces. 
par  M.  Mannhem.—  Généralisant  le  théorème  de  M.  Dupin.  «  Théor.  1. 
—  Dès  que  deux  surfaces  sont  osculairices  en  un  même  point,  dans  trois  de 
leurs  sections  différentes,  mais  arbitraires,  elles  le  sont  encore  dans  toutes  les 
sections  possibles  faites  à  partir  du  point  de  contact  par  une  surface  cou- 
pante quelconque;  M.  Mannheim démontre  les  trois  théorèmes  suivants  : 

Théor.  II.  —  Dès  que  deux  surfaces  ont  en  un  même  point  un  contact  du 
3*  ordre  dans  quatre  de  leurs  sections  différentes,  mais  arbitraires,  elles  ont 
encore  le  même  contact  dam  toutes  les  autres  sections  possibles  faites  à  partir 
du  point  de  contact  par  une  surface  coupante  quelconque. 

Théor.  III.  —  Dès  que  deux  surfaces,  passant  par  un  même  point  à, 
admettent  trois  normalies  respectivement  osculairices  entre  elles,  ces  deux 
surfaces  ont  en  a  un  contact  du  3°  ordre. 

THÉOR.  IV.  —  Les  centres  de  courbure  des  développées  de  toutes  les  sec~ 
tions  faites  dans  une  surface  par  des  plans  passant  par  une  même  tangente 
à  cette  surface,  et  qui  correspondent  au  point  de  contact  de  cette  tangente, 
sont  sur  une  ellipse.  » 

—  Etude  physique  du  plan  d'épreuve,  par  M.  Volpicell.  —  On  a  ra-, 
cours  au  plan  d'épreuve  pour  déterminer  les  trois  rapports  suivants  : 
1°  rapport  entre  la  charge  reçue  par  lé  plan  d'épreuve  et  la  charge  que 
possède  l'élément  superficiel  touché  par  le  plan  lui-même,  sans  inter- 
vention de  l'influence  électrique  ;  2°  rapport  entre  la  charge  induite  sur 
le  même  plan  d'épreuve  communiquant  avec  le  sol  tant  que  dure  l'in- 
fluence et  sa  distance  à  l'inducteur  ;  3°  rapport  semblable  au  premier, 
mais  dans  le  cas  où  le  corps  touché  par  le  plan  et  lq  plan  lui-même, 
sont  tous  les  deux  soumis  à  l'influence  électrique. 


578  LES  MONDES. 

Les  causés  desquelles  dépendent  ces  effets  sont  au  nombre  de  qua- 
tre :  4°  la  nature  et  la  quantité  de  l'isolant  annexé  au  plan  d'épreuve; 
â°  la  forme  et  les  dimensions  de  ce  dernier;  3°  la  manière  dont' il  est 
approché,  puis  séparé  du  corps  touché;  4°  l'intensité  plus  ou  moins 
grande  de  l'induction,  si  elle  a  lieu.  M.  Volpicelli  étudie  avec  soin 
chacune  de  ces  causes  et  en  déduit  le6  précautions  à  prendre  pour  ap- 
précier sainement  les  indications. 

—  Sur  un  nouveau  type  de  cristaux  idiocyclophanes,  par  M.  Jean- 
netàt.  —  Herschel  a  donné  le  nom  d 'idiocyclophanes  à  des  cristaux 
signalés  par  Brewster,  au  travers -desquels  on  aperçoit  à  l'œil  nu,  sans 
le  secours  d'aucun  instrument,  les  anneaux  colorés  que  l'on  ne  voit 
d'habitude  qu'au  moyen  des  appareils  de  polarisation.  Le  cristal  si- 
gnalé par  M.  Jeannetat  est  un  cristal  d'axinite.  Ayant  eu  l'occasion  de 
faire  dresser  parallèlement  l'une  à  l'autre  deux  surfaces  de  ce  cristal 
transparent  et  violacé,  et  regardant  dans  une  direction  à  peu  près  nor- 
male aux  faces,  ou  mieux  dans  la  direction  d'un  des  axes  optiques,  il 
aperçut  deux  régions  franchement  hyperboliques,  et,  dans  l'intervalle, 
des  régions  de  différentes  couleurs.  M.  Jeannetat  dit  lui-même  que  ce 
phénomène  avait  été  signalé  par  Herschel  qui  l'attribue  au  dichrolsme 
que  possède  Taxinite. 

—  Sur  le  spectre  d'absorption  de  la  vapeur  de  soufre,  par  M.  Salît. 
—  «  Le  fait  observé  par  M.  Gernez,  que  la  vapeur  de  soufre  doit  être 
surchauffée  pour  donner  un  spectre,  ne  m'avait  pas  échappé  ;  j'avais 
même  constaté  que  les  raies  sombres  de  ce  spectre  coïncident  avec  les 
bandes  lumineuses  du  spectre  du  soufre  dans  la  flamme  de  l'hydro- 
gène, et  qu'elles  présentent  leur  maximum  du  côté  le  plus  réfrangible. 

—  Sur  une  nouvelle  classe  de  combinaisons  de  la  dulcile  avec  les 
kydracides,  par  M.  G.  Bouchardat.  —  Ces  composés  s'obtiennent  en 
mettant  la  dulcite  en  contact  avec  Tadide  chlorhydrique,  l'acide  îodhy- 
drique,  l'acide  brorahydrique  aqueux,  saturés  à  zéro;  ils  semblent 
correspondre  tous  à  un  hydrate  de  dulcine  G14  H44  0»  -f-  4H*0*  qu'on 
n'a  pu  encore  obtenir  ;  ils  diffèrent  complètement  des  éthers  que  la 
dulcite  forme  avec  les  mêmes  hydracides. 

—  Action  du  brome  sur  le  protochlorure  de  phosphore ■,  par  M.  Prin- 
VAtfiT.  —  Conclusion.  La  production  des  chlorobromures  Ph  Cl*Bt»  et 
FhCl'Br*  par  l'action  du  brome  sur  le  protochlorure  de  phosphore  est 
en  contradiction  avec  les  idées  d'atomicité  soutenues  par  certains  chi- 
mistes ;  car,  d'après  eux,  le  corps  possible  dans  ces  circonstances  est 
Ph  Cl1  Brs.  Au  point  de  vue  formulaire  (je  ne  dis  pas  au  point  de  vue 
efaMiq&t)  on  pourra  être  séduit  par  les  analogies  qu'expriment  1«  «w- 
attfoe  suivantes  s 


et  enfin 


LES  MOiNDES.  579 

Âoide  phosphorique.    Acide  pyrophoaphorique. 

Ph  H1  0»  =  Ph  Ha  0?  -¥  HO 

Ph  Cl»  Br*  a=  Ph  CfBi*  -f-  CIBr, 

Aoide  hypophosphoreux. 

2  (Ph  tt>  0*)  =        Ph  H'  0»  -f-  Ph  H% 

2  (Ph  CP  Br*  =       Ph  CP  B£*  4-  Ph  Cl1 , 

Ph  K8  4-  0"  =  Ph  05,  3  KO, 
Ph  Cl1  -h  Br8  =  Ph  Br6, 2  Cl  Br. 

—  Sur  les  crocodiliens  fossiles  de  Saint-Géraud-le-Puy^  par  M.  É. 
Vaillant»  —  En  résumé,  on  peut  voir  par  là,  comme  déjà  plusieurs 
observations  l'avaient  fait  pressentir,  que  cette  faune,  déjà  si  riche 
pour  les  autres  classes  de  Vertébrés  supérieurs,  n'était  pas  moins  bien 
partagée  pour  le6  Reptiles,  à  en  juger  par  ceux  que  je  viens  dé  tiiéfi- 
tionner.  Des  trois  espèces  citées,  deux  se  rapportent  à  un  sous-genre 
qui  ne  nous  est  pas  connu  dans  la  nature  vivante;  la  troisième,  au 
contraire,  se  rapproche  des  Crocodiles  de  l'ancien  monde,  et  en  parti- 
culier de  ceux  de  l'Afrique  ;  cependant  il  faut  remarquer  qu'elle  pré- 
sente certains  caractères  de*  Cilmansdu  nouveau  continent,  fait  d'au- 
tant plus  digne  d'intérêt  que  certaines  espèces  des  couches  supérieures 
au  London-Clay,  telles  que  les  C.  ffastingsiœ,  Owen,  et  C.  Ilantoniensis, 
Owen,  nous  offrent  des  particularités  analogues;  et  ces  couches,  ran- 
gées par  la  plupart  des  géologues  dans  l'éocène  supérieur,  peuvent 
jusqu'à  un  certain  point  être  rapprochées  des  couches  miocènes  du 
Bourbonnais. 

— Considérations  générales  sur  técorce  des  Ericinées9  par  M.  A.  Gris. 
—  L'absence  d'un  suber  sous-épidermique,  la  mortification  rapide  du 
prosenchyme,  l'existence  d'un  périderme  intra-libérien  sont  les  traits 
généraux  de  la  structure  de  l'écorce  dans  les  Ericinées.  D'autre  part, 
l'organisation  de  la  couche  herbacée,  la  présence  ou  l'absence  et  la 
structure  intime  du  prosenchyme,  l'apparition  plus  ou  moins  précoce 
d'un  périderme  interne  variant  dans  le  nombre  de  ses  couches  et  la 
manière  d'être  de  ses  éléments  sont  autant  de  traits  anatomiques  pro- 
pres à  caractériser  les  genres.  Nous  ajouterons  que  la  mortification 
précoce  du  prosenchyme  montre  une  fois  (te  plus  le  peu  d'importance 
physiologique  de  cette  partie  de  Técorce,  dont  l'élément  véritablement 
essentiel  est  le  tissu  cribreux. 

—  Observations  sur  l'existence  de  la  matière  minérate  dans  tes 
plantes,  par  M.  A.  Baudrihont,  de  Bordeaux.  —  M.  Sacc  avait  dit 

qu'il  n'y  a  point  de  rapport  chimique  entre  la  matière  organique  <W 


580  LES  MONDES. 

plantes  et  leurs  cendres.  M.  Baudrimont  avait  révoqué  cette  assertion 
en  doute  comme  contraire  à  l'ensemble  des  faits  observés.  M.  Sacc  Ta 
maintenue  en  l'appuyant  de  faits  qui  devaient  être  pris  en  considéra- 
tion; cette  persistance  a  conduit  M.  Baudrimont  aune  longue  série 
d'expériences  dont  il  formule  comme  il  suit  les  résultats  favorables,  il 
nous  semble,  à  l'opinion  de  M.  Sacc  :  1°  Il  y  a  de  la  matière  minérale 
dans  toutes  les  plantes,  même  dans  celles  qui  paraîtraient  n'en  pas 
devoir  contenir  d'après  les  circonstances  dans  lesquelles  elles  croissent 
et  vivent;  2°  la  matière  minérale  contenue  dans  un  végétal  doit  s'y 
trouver  au  moins  dans  deux  conditions  distinctes  :  1°  simplement  dis* 
soute  dans  le  suc  végétal,  soit  comme  n'ayant  point  encore  pu  être 
utilisée,  soit  comme  inassimilable,  ou  comme  produit  de  déjection  ; 
2°  unie  ou  fixée  avec  la  matière  organique.  3°  Ce  dernier  mode  d'union 
a  lieu  en  proportions  variables],  depuis  la  quantité  la  plus  minime, 
celle  qui  est  indispensable  à  la  production  de  la  matière  organique , 
jusqu'à  une  limite  où  l'action  réciproque  des  parties  devient  nulle  ;  la 
variabilité  des  proportiQns  relatives  de  la  matière  organique  et  de  la 
matière  minérale  indique  .qu'elles  ne  sont  point  unies  entre  elles 
comme  les  éléments  des  composés  fondamentaux  de  la  chimie  le  sont 
entre  eux.  4°  Au  heu  d'une  combinaison  intime,  en  proportions 
définies  entre  les  éléments  des  molécules,  ainsi  que  cela  est  et  de- 
meure indubitable  pour  l'acide  chlor hydrique,  l'eau,  l'ammonia- 
que, etc.,  etc.,  l'acide  carbonique,  il  n'y  a  qu'une  simple  réunion 
adhésive  avec  conservation  de  la  structure  fondamentale  des  pro- 
duits organiques. 

—  Sur  le  gonolobus  condurango,  par  M.  Trjàna.  —  On  parle 
beaucoup,  sous  le  nom  de  condurango  ,•  d'un  nouvel  agent  thérapeu- 
tique qui  ne  serait  rien  moins  qu'un  antidote  ou  spécifique  du  cancer. 
M.  Triaua  n'a  pas  vit*  en  mesure  de  vérifier  les  guérisons  dont  on  a 
fait  tant  de  bruit  ;  mais  il  sait  :  1°  que,  parmi  les  maladies  guéries  par 
cette  plante,  plusieurs  étaient,  si  non  de  nature  cancéreuse,  du  moins 
t. ut  aussi  graves  et  toul  aussi  incurables  ;  2°  que  cette  plante  possède 
des  propriétés  antisyphylitiques  et  dépuratives  réelles.  Sa  note  est  tout6 
botanique;  elle  a  pour  but  de  prouver  que  le  condurango,  d'après  ses 
caractères,  est  une  espèce  de  gonolobus  qui  doit  être  nouvelle,  et  qu'il 
appelle  gonolobus  condurango. 

—Présence  de  la  dunite  en  fragments  empâtés  dans  les  basaltes 
de  Vile  Bourbon.  —  Le  fait  de  la  présence  de  la  dunite  dans  le  ba- 
salte de  Bourbon  m'a  paru  mériter  d'être  signalé,*  parce  qu'il  révèle 
l'existence,  dans  les  profondeurs  du  globe  et  sur  de  très-vastes  éten- 
dues, d'une  roche  connue  seulement  jusqu'ici  sur  les  hautes  mon- 


\ 


LES  MONDES-  881 

tagnes  qu'elle  constitue  près  de  Nelson,  à  la  Nouvelle-Zélande,  roche 
qui,  suivant  la  remarque  de  M.  Daubrée,  offre  le  caractère  intéressant 
de  reproduire  dans  sa  constitution  minéralogique  le  type  très-rare  de 
météorites  auquel  appartient  la  pierre  tombée  à  Chassigny,  dans  la 
Haute-Marne,  le  3  octobre  1815. 

—  Sur  les  aurores  boréale*  et  leur  origine  cosmique,  par  M.  Donàti. 
—  Le  savant  directeur  de  l'Observatoire  de  Florence,  fait  hommage 
d'une  leçon  faite  récemment  par  lui,  dans  laquelle  il  soutient  que  les 
aurores  boréales  peuvent  bien  dépendre  d'un  échange  d'électricité 
entre  le  soleil  et  les  planètes,  et  suppose  que  cet  échange  est  peut- 
être  la  cause  qui  modifie  l'état  électrique  naturel  de  la  terre  et  produit 
nos  aurores  boréales. 

—  Sur  les  propriétés  de  la  moelle  des  os,  par  M.  Felz. —Suivant 
l'auteur,  les  lacunes  osseuses  du  tissu  spongieux  des  extrémités  longues 
et  de  la  substance  intertubuleuse  des  os  plats  sont  en  communi- 
cation directe  avec  le  système  veineux,  et  le  tissu  spongieux  pour- 
rait être  considéré  comme  un  tissu  de  sinus  caverneux  à  parois  so- 
lides. Il  démontre  par  des  expériences  nouvelles  que,  par  l'intermé- 
diaire du  tissu  médullaire  des  os,  on  peut  introduire  à  volonté  toute 
espèce  de  substance  liquide  ou  en  suspension  moléculaire  dans  le  sys- 
tème veineux. 

—  Expériences  sur  la  génération  spontanée  ,  par  MM.  Legros  et 
Onimus.  —  <c  Nous  enlevons  une  portion  de  la  coque  d'un  œuf,  près 
de  la  chambre  à  air,  en  laissant  complètement  intacte  la  membrane 
enveloppante,  dite  membrane  de  la  coque,  et  nous  plongeons  cette 
partie  de  l'œuf  dans  de  l'eau  très-fortement  sucrée.  Au  bout  de  quel- 
ques heures,  le  mouvement  d'endosmose  a  fait  pénétrer  dans  l'œuf 
du  sucre,  comme  cela  est  facile  à  constater  par  les  réactifs  ordinaires- 
Cet  œuf  est  ensuite  plongé  dans  de  l'eau  sucrée  en  fermentation,  à 
une  température  de  35  à  37  degrés.  Au  bout  de  deux  à  trois  jours, 
mais  surtout  «après  sept  ou  huit  jours,  on  constate  au  microscope  la 
présence,  dans  le  blanc  d'oeuf,  des  spores  de  la  fermentation  sucrée.  » 
Voilà  l'expérience,  voici  le  raisonnement  et  la  conclusion.  L'air  extérieur 
n'a  pu  pénétrer  dans  l'intérieur  de  l'œuf!  Il  n'y  avait  primitivement  au- 
cun germe,  ni  dans  le  blanc  ni  dans  le  jaune  de  l'œuf!  La  membrane 
est  partout  continue,  et  elle  ne  renferme  normalement  aucune  ouver- 
ture !  Donc  les  spores  ont  été  engendrés  spontanément!  Ce  sont  évi- 
demment des  assertions  gratuites  et  fausses;  car  qui  ne  sait  que  les 
œufs  en  vieillissant  se  vident  de  matière  et  se  remplissent  d'air. 
M.  Donnée  recteur  de  l'Académie  de  Montpellier,  croyant  avoir  trouvé 
la  pie  sur  le  nid,  apporta,  il  y  a  quelques  années,  à  l'Académie,  une 
expérience  analogue  ;  mais  il  ne  tarda  pas  à  s'apercevoir  qu'il  s'était 


58«  1M  MONDES 

grossièrement  trompé,  et  il  eut  la  franchise  d'en  convenir,  MM.  Legros 
et  Onimus  l'imiteront-ils  ?  11  n'y  avait  que  M.  Charles  Robin  qui,  à 
l'Académie  des  sciences,  pût  se  faire  l'écho  d'une  expérience  faite  si 
légèrement, 

—  Sur  la  marche  de  la  putréfaction  cadavérique  chez  les  sujets 
alcoolisés,  par  M.  Chàmpottillon.  — Rapprochant  divers  faits  observés' 
par  lui  dans  les  derniers  jours  de  l'insurrection  sur  de  nombreux  cada- 
vres d'iosurgés  et  de  militaires,  M.  Champouillon  croit  pouvoir  affir- 
mer que  l'ivrognerie  crée  dans  l'organisme  une  sorte  d'adynamie 
morbide  analogue  à  l'adynamie  des  fièvres  putrides,  et  capable  de  fa- 
voriser la  rapidité  d'action  dés  causes  de  décompositions  post  mor- 
tem  ;  et  que  la  putréfaction  cadavérique,  chez  les  sujets  alcoolisés, 
prend  et  conserve  une  avance  marquée  sur  le  début  de  la  putréfaction 
chez  les  individus  relativement.  —  F.  Moigno. 

Les  Comptes  rendus  avaient  57  pages  et  étaient  signés  Elie  de  Beau- 
mont. 


REYUE  ÉTRANGÈRE,   PAR  M.   J.-B.  VIOLLET. 

Communication  entre  l'Angleterre  et  l'Amérique.  — 

Sur  ce  sujet  deux  propositions  sont  à  Tordre  du  jour.  Suivant  la  pre- 
mière, qui  est  actuellement  soumise  à  l'examen  des  diverses  chambres 
de  commerce,  les  gouvernements  anglais  et  américain  feraient  l'ac- 
quisition de  tous  les  câble  existants,  et  s'empareraient  de  l'exploita* 
tion  de  toutes  les  lignes  futures.  Suivant  la  seconde,  il  ne  s'agirait  que 
de  la  construction  d'une  nouvelle  ligne  sous-marine,  en  concurrence 
avec  celles  qui  existent.  Ces  deux  propositions  ont  un  but  commun, 
entièrement  à  l'avantage  du  public  :  elles  tendent  à  une  grande 
réduction  dans  le  prix  des  télégrammes. 

Laboratoire  de  physique  de  l'Institut  de  technologie 
de  MaMaehusettrt.  —  Un  rapport  sur  le  laboratoire  de  physique 
de  l'Institut  de  Technologie  de  Massachusetts  a  été  présenté  au  profes- 
seur J.  D.  Runkle,  président  de  l'Institut,  par  E.  C.  Pickering,  pro- 
fesseur de  physique.  Le  but  qu'on  s'est  proposé  dans  rétablissement 
du  laboratoire  a  été  de  se  procurer  des  appareils  et  des  instruments 
pour  faire  les  expériences  de  cours  les  plus  ordinaires,  de  fourrir  une 
place  où  Ton  puisse  faire  des  recherches  d'un  ordre  élevé,  et  de  fournir 
des  professeurs   de  physique  pour  les  nombreux  collèges  qui  surgis- 
sent maintenant  sur  tout  le  continent  de  l'Amérique.  Des  détails  sont 
donnés,  sur  un  certain  1* ombre  d'expériences  d'un  ordre  élevé  qui  ont 
été  exécutées  avec  succès  dans  le  laboratoire  pendant  le  cours  de  l'an* 


LES  MONDES  583 

Sar  le  commerce  des  huître»,  à  New-York.  —  Nous 
extrayons  d'une  notice  assez  étendue,  publiée  par  le  New-York  Jour- 
nal of  Cwmercè,  quelques  détails  qui  nous  paraissent  intéressants. 

Le  commerce  des  huîtres,  à  New- York,  dit  ce  journal,  emploie  près 
de  450  bâtiments  à  toiles,  montés  par  700  matelots,  et  produit  des 
millions  de  boisseaux  d'huîtres  par  an.  On  voit  souvent  le  long  des 
quais  de  New-York  près  de  60  bâtiments  à  huîtres,  amarrés  à  la  fois. 
Ces  bâtiments,  solidement  construits,  et  divisés  en  plusieurs  comparti- 
ments qui  peuvent  contenir  des  milliers  de  boisseaux  d'huîtres,  coûtent 
de  16  000  à  27  000  francs  chacun. 

La  saison  commence  au  4"  octobre  et  se  prolonge  jusqu'au  milieu 
de  mars  ou  au  itr  avril.  La  flotte  huitrière  se  compose  principalement 
de  sehooners  de  85  à  250  tonneaux,  et  recueille  les  produits  des  dra- 
gages opérés  sur  les  bancs  de  York  river,  de  Key  Port,  de  City  Island, 
de  Cow  fiay,  etc.  De  New- York,  les  huîtres  sont  embarquées  en  barils 
dans  leurs  coquilles,  ou  bien  ouvertes  et  déposées  avec  delà  glace  dans 
des  baquets  que  les  chemins  de  fer  transportent  à  Boston,  à  Providence, 
à  Portland,  à  Chicago  et  même  à  San-Prancrsco.  La  répartition  des 
chargements  entre  les  commerçants  en  détail  donne  lieu  à  un  mouve- 
ment considérable  d'affaires  dont  la  rapidité  étonne  toujours  ceux  qui 
en  sont  témoins  pour  la  première  fois. 

Ce  commerce,  à  New-York,  dépend  beaucoup  de  la  température. 
Quand  les  nuits  sont  claires  et  fraîches  et  que  les  étoiles  brillent,  lea 
consommateurs  encombrent  les  restaurants  ;  si  le  mauvais  temps  s'op- 
pose à  la  promenade,  on  augmente  1er*  expéditions  par  les  chemins  de 
fer,  mais  le  pri*  de  détail  ne  varie  jamais. 

Ce  commerce  exige  un  degré  de  perfection  très*délicate  dans  l'organe 
du  goût.  Un  consommateur  habile  peut  dire  d'où  provient  le  malheu- 
reux bivalve  qu'il  Ta  engloutir,  et  se  prononcer  d'avance  sur  sa  qualité, 
ou  même  sur  son  âge.  Les  commerçants  en  gros  de  New- York  ont  versé 
dans  cette  industrie  plus  de  46,000,000  de  francs,  et  reçoivent  chaque 
année  une  quantité  d'huîtres  que  l'on  estime  moyennement  à  plu*  de 
2,500,000  boisseaux.  Pendant  les  chaleurs,  les  huîtres  sont  expédiées 
sur  left  chemins  de  fer  dans  des  wagons  munis  de  réfrigérants,  ce  qui 
constitue  un  perfectionnement  tout  récent. 

Comme  toutes  les  autres  branches  d'industrie,  le  commerce  des 
huîtres  a  ses  chances  mauvaises.  H  n'y  a  pas  plus  de  trois  ans,  plu- 
sieurs centaines  de  propriétaires  de  bancs,  principalement  les  petits» 
ont  été  ruinés  par  les  ravages  du  Tambour,  (Pagonias  chromis), 
poisson  de  mer  qui  est  la  terreur  des  huitriers.  Des  troupes  innom- 
btftbie*  4e  te  singulier  habitant  des  eaux  profondes  ont  fait  irruntiq^ 


\ 


584  LES  MONDES 

au  milieu  des  bancs  et  les  ont  profondément  dévastés  en  dévorant  des 
centaines  de  mille  boisseaux  d'huîtres  dans  l'espace  de  trois  jours.  Ce 
poisson,  remarquable  par  le  bruit  qu'il  produit  en  voyageant  sur  les 
eaux,  brise  les  écailles  entre  ses  mâchoires,  les  réduit  en  petits  frag- 
ments, sur  le  corps  du  mollusque,  et  ne  laisse  derrière  lui  que  la  des- 
truction et  la  ruine* 

Exploration*  de»  région»  arctique»  ,  par  M.  Noa- 
denskjold.  —  On  a  publié  récemment  en  Suède,  en  Danemark  et  en 
Allemagne,  plusieurs  relations  de  voyages  dans  les  régions  arctiques. 
Parmi  ces  ouvrages,  on  doit  distinguer  le  mémoire  de  M.  le  professeur 
Nordenskjôld,  sur  une  expédition  poussée  jusqu'au  Groenland,  en  1870, 
mémoire  réimprimé  d'après  les  comptes  rendus  de  l'Académie  des 
sciences  de  Suède.  M.  Nordenskjôld  y  décrit  entièrement  le  voyage  qu'il 
a  fait  sur  les  glaces  intérieures  du  Groenland  en  compagnie  du  doc- 
teur Berggren  de  Lund,  et  de  deux  Esquimaux.  Après  avoir  parcouru 
une  cinquantaine  de  kilomètres,  et  monté  jusqu'à  une  hauteur  de 
600  mètres  sur  la  glace,  les  voyageurs  furent  obligés  de  revenir  sur 
leurs  pas,  comme  d'autres  explorateurs  qui  avaient  entrepris  une  ex- 
pédition semblable  en  partant  de  la  côte  opposée.  Tous  n'avaient  aperçu 
autre  chose  qu'un  glacier  d'une  étendue  qui  semblait  illimitée  et  d'un 
aspect  désolé.  Selon  toutes  les  apparences,  la  partie  intérieure  du 
Groenland  est  totalement  occupée  par  un  immense  glacier,  opinion 
énoncée,  il  y  a  déjà  longtemps,  par  Rink  et  soutenue  plus  récemment, 
en  4871,  par  le  docteur  Robert  Brown,  dans  un  mémoire  lu  devant 
l'association  Britannique  d'Edimbourg.  Sur  cette  lugubre  surface  de 
glace,  les  explorateurs  n'ont  vu  aucun  être  vivant,  ni  aucune  moraine. 
Les  seules  traces  d'organisation  qu'ils  y  aient  aperçues  étaient  quelques 
diatomacées  ou  petites  plantes  microscopiques  que  Ton  trouve  fré- 
quemment sur  la  glace.  Le  reste  de  leur  temps  a  été  employé  à  recueillir 
des  plantes  fossiles  de  l'époque  miocène  ou  des  couches  crétacées  de 
Disko  et  de  Noursoak,  dans  lesquelles  ils  ont  trouvé  un  certain  nombre 
d'espèces  nouvelles,  différentes  de  celles  qui  avaient  été  recueillies  par 
MM.  Brown  et  Wimper,  en  1867.  Parmi  les  plus  intéressants  résultats 
de  cette  expédition  figurent  des  pierres  météoriques,  auxquelles  quel- 
ques géologues  croient  cependant  pouvoir  assigner  une  origine  sim- 
plement terrestre.  M.  Nordenskjôld  les  a  décrites  dans  une  séance 
récente  de  la  Société  géologique.  (Athenœum.) 

Méduse  ou  poisson  gélatineux.  —  La  masse  de  cet  animal 
contient  une  si  grande  proportion  d'eau,  qu'on  en  a  vu  un  perdre  les 


LES  MONDES  385 

99  centième*  de  son  poids  (15  kilog.),  en  se  desséchant,  pendant  une 
exposition  de  quelquesjours  au  soleil.  M.  le  professeur  Agassiz,  en  écri- 
vant sur  l'aspect  peu  attrayant  de  cette  lourde  masse,  dit  que,  pour  s'en 
faire  une  idée  exacte,  il  faut  être  assez  heureux  pour  le  rencontrer  na- 
geant lentement,  vers  midi,  et  étalant  son  large  disque  semi-transpa- 
rent avec  son  manteau  flexible,  divisé  en  lobes,  réfléchissant  les  rayons 
du  soleil,  et  laissant  flotter  derrière  lui  ses  tentacules,  à  une  distance 
d'un  grand  nombre  de  mètres.  Lorsque  nous  rencontrâmes,  dit-il,  une 
de  ces  volumineuses  méduses,  près  de  notre  canot,  nous  essayâmes 
d'en  mesurer  approximativement  les  dimensions.  Elle  se  tenait  tran- 
quillement près  de  la  surface  et  ne  parut  nullement  inquiète,  lorsque 
nous  étendîmes  une  de  nos  rames  au  dessus  de  son  disque,  dont  le 
diamètre,  ainsi  que  nous  pûmes  le  constater,  était  de  2  mètres  i3  cen- 
timètres. 

Nous  fîmes  reculer  lentement  le  canot  le  long  de  ses  tentacules,  qui 
flottaient  complètement  déployées,  et  en  les  mesurant  de  la  même  ma- 
nière, nous  trouvâmes  qu'ils  couvraient  un  espace  d'environ  34  mètres. 
Cette  énorme  masse  provient  d'une  hydrolde  qui  n'a  pas  plus  de  0  m. 
012  millimètres  de  longueur.  (Scientific  American.) 

Emploi  de  l'aelie  earbollque  pour  le  collage  de»  pa- 
piers de  tenture.  —  Le  Journal  of  Aplied  Chemiitry  conseille 
d'introduire  une  petite  quantité  d'acide  phénique  dans  la  colle  employée 
pour  poser  les  papiers  de  tenture,  ou  dans  la  lessive,  et  dit  que  ce 
moyen  écarte  tous  les  insectes.  Il  neutralise  aussi  l'odeur  désagréable 
que  produit  la  colle  en  se  décomposant.  On  conseille  d'employer  l'acide 
à  l'état  cristallin  et  de  faire  la  dissolution,  en  élevant  la  température. 

Longévité.  —  Le  nommé  Thomas  Fitzgerald ,  à  Rhinecliff,  sur 
l'Hudson,  état  de  New- York,  a  maintenant  108  ans.  Sa  femme  en  a  400. 
Ils  sont  tous  les  deux  en  bonne  santé.  (Ibid.) 

Falsification  de»  eo  en  pondre.*  —  Les  os  broyés  pour  les 
usages  agricoles  sont,  dit-on,  falsifiés  maintenant  au  moyen  des  dé- 
chets de  tour  et  de  râpe,  provenant  de  l'ivoire  végétal.  (Noix  du  Phy- 
tekphas  macrocarpa.)  On  peut  découvrir  cette  fraude  en  portant  à  la 
chaleur  rouge  une  partie  'de  la  poudre  suspecte.  Les  échantillons  fal- 
sifiés laissent  beaucoup  moins  de  cendre  ou  de  diverses  matières  mi- 
nérales que  les  os  purs.  Us  contiennent  aussi  beaucoup  moins  de 
phosphate  de  thaux. 


586  LES  MONDES. 

■ 

Quelques  notes  sur  les  diamants  des  mines  d'Afri- 
que. —  Nous  trouvons,  dans  le  Scientific  American,  quelques  notes 
sur  les  diamants  récemment  découverts  en  Afrique,  et  devenus  l'objet 
d'une  vive  attention. 

Ces  diamants  ont  été  trouvés  dans  des  terrains  d'alluvion,  dans 
l'hématite  brune  et  dans  des  agglomérats  ;  mais,  dans  presque  tous  les 
cas,  les  roches  d'où  ils  proviennent  appartiennent  aux  formations  mé- 
tamorphiques aurifères.  L'aspect  de  la  surface  ne  peut  donner  aucune 
indication.  Au  Brésil ,  on  trouve  les  diamants  accompagnés  de  l'itaco- 
lumite,  ou  pierre  flexible,  tandis  que,  dans  les  célèbres  mines  de  Gol- . 
conde,  on  les  rencontre  dans  des  terrains  humides,  si  tendres,  que  les 
chercheurs  écrasent  les  mottes  avec  leurs  pieds  pour  y  découvrir  les 
pierres.  On  trouve  des  diamants  bruts  de  presque  toutes  les  formes  ; 
mais,  dans  tous  les  cas,  leurs  surfaces  sont  caractérisées  par  une 
structure  cristalline  caractéristique  qui  les  fait  distinguer  des  autres 
pierres  par  les  pionniers.  Aucune  lime  ne  saurait  entamer  un  dia- 
mant, que  l'on  peut  cependant  réduire  en  poudre  dans  un  mortier 
d'acier.  Les  principaux  défauts  des  diamants  sont  les  fissures  et  la 
coloration  qui  peut  prendre  toutes  les  nuances,  du  bleu,  du  rouge,  du 
jaune  et  du  brun.  Le  célèbre  diamant  bleu  *  de  M.  H  ope,  a  attiré 
beaucoup  l'attention  à  l'Exposition  de  Londres  en  18*1.  Les  diamants 
noirs  sont  communs  au  Brésil  et  sont  maintenant  fort  employés  pour 
la  construction  des  appareils  à  percer  les  rochers.  Un  diamant  de 
01  carats  a  été  vendu,  en  1858, 89100  fr. 

Ornements  transparents,  par  M.  Springmuhl.  —  La 
ZéiUckrift  fur  Carberei  décrit  plusieurs  procédés  de  M.  Springmûhl 
pour  exécuter  des  ornements  sur  verre.  Ainsi,  il  blanchit  la  laque  en 
écailles  et  la  colore  avec  diverses  solutions  d'aniline  ;  il  étend  ensuite 
cet  teintes  sur  le  verre  ou  sur  le  mica,  aprèé  lés  avoir  chauffés.  Le 
coton-poudre,  dissous  dans  l'éther  et  coloré  par  une  des  teintures 
d'aniline,  donne  de  très-belles  pellicules  diversement  colorées,  que 
Ton  peut  découper  sur  detf  patrons  et  fixer  ensuite  sur  des  surfaces 
transparentes  quelconques. 

Vanadaté  minéral  de  bismuth,  par  M.  Frenzel.  — 
M.  Frenzel  a  décrit  dernièrement,  dans  le  Journal  fur  Praktùche 
chimie^  sous  le  nom  de  CacherUe,  un  nouveau  minéral  trouvé  à 
Schnecberg,  en  Saxe,  dans  la  mine  Pucher.  Ce  minéral  contient 
pour  100,  73  parties  d'oxyde  de  bismuth  et  27  pour  100  d'acide  vana- 
dique. 

Cellules  cristallines,  par  M.  Hermànn-Kabsten.  —  Le  jour- 


les  Mondes.  387 

nal  ùie  natur  appelle  l'attention  sur  la  découverte  faite  par  l'auteur 
de  cellules  organiques  dont  l'enveloppe  membraneuse  affecte  une 
forme  cristaline.  Si  les  cellule»  prennent  réellement  et  eenservent  la 
forme  angulaire  des  cristaux,  ce  fait  est  des  plus  remarquables  et  peut 
conduire  à  de  très*importantes  considérations. 

Le  ehloral  pour  les  maux  de  dents.  —  Le  docteur  Page 
nous  apprend,  nans  une  lettre  adressée  au  Médical  Journal de  Londres, 
que  depuis  quelque  temps  il  a  employé  avec  succès  l'Hydrate  de 
chloral,  non-seulement  comme  sédatif  interné  dans  les  névralgies 
dentaires,  mais  encore  comme  topique  appliqué  sur  les  dents  cariées. 
Quelques  grains  de  l'hydrate  solide  introduits,  sur  la  pointe  d'une 
plume,  dans  la  cavité  dentale,  s'y  dissolvent  promptement,  et  la  dou- 
leur se  calme,  ou  mêmfe  disparaît.  Il  peut  être  nécessaire  de  renouveler 
une  ou  deux  fois  l'application  du  remède.  [Ibidem.) 

■ 

Moyen  d'augmenter  le  vtlnne  des  erlstmns.  —  Pour 
faire  croître  des  cristaux  de  substance»  toiles  que  le  sucre,  le  bora«, 
l'alun,  etc.,  le  professeur  Schultze  recommande  l'emploi  de»  solutions 
gélatineuses,  notamment  de  la  pectine  et  de  la  gélatine.  Les  cristaux 
•e  séparent  dans  la  masse,  et  ils  augmentent  de  volume  uniformément 
dans  toutes  leurs  dimensions.  De  cette  manière  on  évite  les  irrégula- 
rités et  tous  les  défauts  de  leur  forme.  La  détermination  de  la  quan- 
tité de  matière  gélatineuse  à  employer  est  l'affaire  de  quelques  expé- 
riences. [Scientific  American  JournaL) 

Pression  barométrique.  ~"  Lorsqu'une  tempête  éclate  aux 
États-Unis,  la  pression  minimum  ne  vient  pas  des  contrées  de  l'Ouest, 
mais  elle  commence  avec  la  tempête,  et  voyage  avec  elle  vers  l'Est. 
{Ibidem.) 

Soulèvement  »  la  surfaee  de  la  terre.  —  M.  Botello  a 
décrit  dernièrement  deux  exemples  de  soulèvements  contemporains 
parfaitement  authentiques.  On  a  observé  dans  la  province  de  Zamora 
que,  du  village  de  Villar-don-Diégo,  il  est  maintenant  possible  de  voir 
la  moitié  supérieure  du  clocher  de  l'église  de  Remifarzes,  village  de  la 
province  de  Valladolid,  tandis  qu'il  y  a  vingt-trois  ans,  on  apercevait  à 
peine  la  pointedu  clocher.  Le  même  phénomène  s  observe  avec  des 
circonstances  semblables  dans  la  province  d'Alava;  car  on  peut  y  voir 
aujourd'hui,  du  village  de  Salvatierra,  la  totalité  du  village  de  Salduende, 
tandis  que  du  même  point,  en  1847,  on  apercevait  à  peine  la  girouette 
du  clocher.  Les  quatre  points  mentionnés  sont  sur  une  ligne  passant 
de  l'ouest  à  l'est,  et  sensiblement  parallèle  au  système  du  Sancerrois.  Il 


388  LES  MONDES. 

existe  une  distance  de  225  kilom.  entre  les  deux  points  extrêmes  de 
la  ligne  de  soulèvement* 

Incendie  de  Chicago.  —  Parmi  les  résultats  désastreux  du 
dernier  incendie  de  Chicago,  il  en  est  un  qui  n'a  pas  été  publié  dans 
les  journaux.  Nous  avons  le  regret  d'apprendre  par  le  Harper*s  Weçkiy9 
la  destruction  totale  des  bâtiments  et  des  collections  de  l'Académie  des 
sciences  de  cette  ville.  Cette  institution,  qui  devait  son  origine  àl'éner-* 
gie  de  feu  M.  Robert  Kennicott,  et  qui  était  arrivée  à  son  dernier  état 
de  prospérité  sous  la  direction  du  docteur  \Villiam  Stimpson,  avait 
déjà  pris  un  rang  élevé  parmi  les  établissements  scientifiques  du  pays. 
Ses  publications  renfermaient  des  matériaux  de  la  plus  grande  valeur, 
et  son  musée  était  pour  son  importance  le  cinquième  des  États-Unis. 
Quoiqu'on  les  crût  à  l'épreuve  du  feu,  les  bâtinpents,  comme  les  autres 
de  la  même  nature  à  Chicago,  ne  présentèrent  que  peu  de  résistance 
aux  flammes,  et  tout  ce  qui  y  était  renfermé  a  été  détruit.  La  perte 
comprend,  outre  les  collections  d'histoire  naturelle  de  l'Académie,  un 
grand  nombre  d'invertébrés  marins  appartenant  à  la  Smithsonian- 
Institution,  qui  avaient  été  envoyés  au  docteur  Stimpson  pour  être 
étudiés.  Le  cabinet  paiticulier  de  ce  savant,  et  une  grande  masse  de 
manuscrits  précieux  qui  lui  appartenaient,  comprenant  des  mémoires 
étendus  sur  les  mollusques,  les  rayonnes  et  les  crustacés  du  Nord  de 
l'Amérique ,  avec  de  nombreux  dessins,  ont  été  anéantis.  —  (Jbid.) 

Voyage  d'exploration  dn  doctenr  JL  Babel.  —  Après 
un  voyage  d'exploration  de  sept  années  dans  l'Amérique  du  Sud,  le 
docteur  A.  Babel,  autrefois  habitant  de  Hasting6*on-the-Hudson,  est 
revenu  à  New-York,  où  il  s'occupe  activement  à  préparer  pour  l'im- 
pression les  résultats  de  ses  travaux.  Parmi  les  régions  parcourues  par 
ce  savant,  on  peut  citer  la  plus  grande  partie  de  l'Amérique  centrale, 
les  Cordillières  des  Andes  dans  la  Colombie,  l'Equateur  et  le  Çérou,  et 
finalement  les  lies  Chinchas  et  les  Galapagos.  Pendant  tout  ce  temps, 
le  docteur  Habel  s'est  occupé  activement  à  recueillir  des  renseigne- 
ments sur  l'histoire  naturelle  et  physique  de  ces  contrées,  spécialement 
dans  les  branches  de  l'ethnologie,  de  la  météorologie  et  de  la  zoologie. 
H  avait  déjà  fait  quelques  communications  sur  ses  voyages  à  l'Acadé- 
mie des  sciences  de  Paris,  et  à  d'autres  corps  savants,  et  nous  pou- 
vons prévoir  que  son  rapport 'détaillé  présentera  beaucoup  d'intérêt. 
Les  dépôts  de  guano  des  lies  Chinchas  ont  été  complètement  explorés 
par  le  docteur,  qui  les  a  trouvés  d'une  structure  bien  plus  compliquée 
qu'on  ne  l'avait  supposé  jusqu'ici.  —  (Ibid.) 


Paris.  —  Typ.  Waldar,  rue  Boaapartd,  44. 


N°  15.  1872. 


CHRONIQUE  SCIENTIFIQUE  DE  LA  SEMAINE 


Réunion  de»  dëlégaé*  des  Soelëté»  gavante».  —  Le 

jeudi  4  a  eu  lieu  à  la  Sorbonne,  bous  la  présidence  de  M.  Jules  Si- 
mon, ministre  de  l'instruction  publique,  des  cultes  et  des  beaux-arts, 
la  séance  générale  qui  clôt  la  réunion  des  délégués  des  sociétés  savantes 
des  départements. 

A  une  heure,  M.  le  ministre  a  ouvert  la  séance  et  donné  la  parole  à 
M.  Blanchard,  membre  de  l'Institut,  secrétaire  de  lat  section  des  sciences 
du  comité  des  travaux  historiques. 

Nous  donnons  plus  loin  le  rapport  de  M.  Blanchard. 

If.  le  ministre  a  pris  ensuite  la  parole  et  a  insisté  sur  les  devoirs  de 
la  science  envers  le  pays  et  sur  les  devoirs  de  l'Etat  envers  la  science. 
Ce  discours  a  été  couvert  d'applaudissements. 

M.  Blanchard  a  ensuite  appelé  les  noms  des  savants  auxquels  dr s 
médailles  d'or  et  d'argent  ont  été  accordées,  ce  sont  : 

1°  médailles  d'or  :  MM.  Grenier  (Charles),  professeur  à  la  faculté 
des  sciences  de  Besançon.  Travaux  de  botanique.  Grandidier  (Alfred), 
Voyages  scientifiques  à  Madagascar.  Houzeau,  professeur  à  l'école  des 
sciences  et  lettres  de  Rouen.  Travaux  sur  l'ozone. 

2°  Médailles  d'argent  :  MM.  Boussinesq,  professeur  au  collège  de 
Gap.  Travaux  de  mécanique  mathématique.  Tourdes,  professeur  à  la 
faculté  de  médecine  de  Strasbourg.  Travaux  de  médecine  légale.  Faivrp, 
doyen  de  la  faculté  des  sciences  de  Lyon.  Travaux  de  physiologie  végé- 
tale. Fromentel,  à  Gray  (Haute-Saône).  Travaux  de  paléontologie.  Re- 
boul,  professeur  à  la  faculté  des  sciences  de  Besançon.  Travaux  de 
chimie.  Cailletet,  à  Châtillon-sur-Seine  (Côte-d'Or).  Travaux  de  chimie 
agricole  et  industrielle.  Mazure,  à  Bar-le-Duc  (Meuse).  Travaux  sur 
l'agriculture  de  la  Sologne.  Chautard,  professeur  à  la  faculté  des  sciences 
(le  Nancy.  Travaux  de  météorologie.  Coquelïn,  à  Beauficel  (Manche). 
Travaux  de  météorologie.  Tassin,  à  Soissons  (Aisne).  Travaux  de  mé- 
téorologie. Crova,  professeur  à  la  faculté  des  sciences  de  Montpellier. 
Travaux  de  physique.  Raoult,  professeur  à  la  faculté  des  sciences  de' 
Grenoble.  Travaux  de  physique.  Mussy,  à  Montluçon  (Allier).  Carte 
,  géologique  dé  TA'riége. 

M.  Saint-Réné  Taillandier,  secrétaire  général  du  ministère  de  l'ins- 

N<>  15.  t.  XXVTI,  11  avril  1872.  42 


mo  LES  MONDES. 

truction  publique,  a  lu  l'arrêté  du  ministre  qui  accorde  le  titre  d'officier 
de  l'instruction  publique  et  d'officier  d'académie  : 

Officiers  de  Vinstruction  publique  :  MM.  Lejolis  (Auguste),  prési- 
dent de  la  Société  des  sciences  naturelles  de  Cherbourg,  Travaux  d'his- 
toire naturelle.  Reynaud  (Léonce),  inspecteur  général  des  ponts  et 
chaussas,  directeur  des  phares.  Achèvement  de  la  publication  des 
œuvres  de  Fresnel. 

Officiers  d'académie.  —  MM.  Boisse,  président  de  la  Société  de 
géologie  de  l'Aveyron,  membre  de  l'Assemblée  nationale.  Travaux  de 
géologie.  —  Drouet  (Henri) ,  sous-préfet  de  Vouziera  (Ardennes). 
Travaux  de  malacologie.  —  Dupuy  (l'abbé),  professeur  d'histoire  na- 
turelle au  séminaire  d'Auch.  Travaux  d'histoire  naturelle.  —  Ordi- 
naire-Lacolonge,  chef  d'escadron  d'artillerie.  Travaux  de  mécanique. 
—  Peslin,  ingénieur  des  mines  à  Tarbes.  Travaux  de  mécanique.  — 
Pomel,  membre  de  la  Société  de  climatologie  d'Alger.  Travaux  d'his- 
toire naturelle. 

M.  Janssen  a  ensuite  tracé  rapidement  les  faits  principaux  qui  se 
rattachent  à  son  expédition  dans  l'Inde,  pour  observer  l'éclipsé  de 
soleil  du  12  décembre  1870. 

M.  Ollier,  chirurgien  en  chef  de  l'Hôtel-Dieu  de  Lyon,  a  terminé 
la  séance  par  une  très-intéressante  communication  sur  la  greffe  ani- 
male et  sur  la  reconstitution  des  os  par  le  périoste. 

Voici  le  rapport  de  M.  Blanchard  : 

* 
Malgré  l'absence  de  nos  confrères  des  sections  d'histoire  et  d'ar- 
chéologie, le  comité  des  sciences  a  eu  le  désir  de  vous  réunir  cette 
année.  De  toute  part  dominait  uiusentiment  qu'on  se  plaît  à  constater. 
Loin  de  se  montrer  abattus  par  les  événements  survenus  dans  le  pays, 
les  hommes  d'étude  jugeaient  d'une  façon  unanime  que  plus  que  ja- 
mais ils  avaient  un  devoir  à  remplir  devant  la  nation  :  instruire,  et 
t  ravailler  avec  ardeur  à  l'accroissement  de  la  science.  Dès  le  jour  où 
une  sorte  de  tranquillité  a  permis  de  penser,  les  travaux  un  moment 
abandonnés  ont  été  repris,  de  nouvelles  questions  ont  été  agitées,  de 
sérieuses  espérances  ont  été  données  pour  l'avenir.  D'ailleurs,  nous 
avions  à  considérer  parmi  les  œuvres  accomplies  dans  les  deux  der- 
nières années  des  résultats  remarquables  et  à  signaler  des  efforts  vrai- 
ment dignes  d'attention. 

Dans  ces  derniers  temps,  les  géomètres,  les  mécaniciens,  les  phy- 
siciens ont  accordé  un  très-vif  intérêt  aux  études  nombreuses  et  fort 
liverses  de  M.  Boussinesq,  de  Gap,  jeune  auteur  ardent  au  travail 
qui  se  distingue  par  un  tour  d'esprit  ingénieux,  un  raisonnement 


( 


LES.  MONDES  591 

élevé  et  une  grande  habileté  dans  les  calculs.  Aux  yeux  des  juges  les 
plus  autorisés,  une  explication  simple  et  rationnelle  des  phénomènes 
les  plus  délicats  de  l'optique  donnée  par  M.  Boussinesq  a  paru  à  la 
fois  satisfaisante  et  exempte  des  difficultés  comme  des  contradictions 
qui  existaient  dans  les  théories  précédentes  ;  des  travaux  relatifs  à  la 
flexion  et  aux  déformations  des  tiges  et  des  plaques  métalliques  ont 
prouvé  que  les  formules  en  usage  n'étaient  exactes  que  pour  des 
modes  particuliers  ;  des  calculs  portant  sur  les  ondes  périodiques  et 
par  suite  sur  la  houle  et  le  clapotis  dans  le  cas  d'une  profondeur  unie, 
offrent  une  précision ,  qui  manquait,  du  mouvement  des  vagues, 
n'ayant  été  étudié  que  dans  le  cas  idéal  d'une  profondeur  infinie. 

M.  Boussinesq  a  traité  des  ondes  se  propageant  dans  les  canaux  et 
le  succès  lui  a  permis  de  réaliser  un  vœu  formulé  par  Clapeyron,  qui 
exprimait  le  regret  de  voir  les  forces  de  l'analyse  demeurées  impuis- 
santes contre  les  difficultés  théoriques  de  la  question.  Dans  des  re- 
cherches sur  l'influence  des  frottements  dans  les  fluides  animés  soi1 
de  mouvements  réguliers,  soit  de  mouvements  tourbillonnants  et  tu- 
multueux, le  professeur  de  Gap  est  encore  parvenu  à  mettre  le  calcul 
en  accord  avec  les  faits. 

Dans  la  plupart  des  circonstances,  lorsqu'un  homme  produit  des 
œuvres  d'une  haute  valeur,  on  découvre,  au  moins  à  l'origine,  l'ii;- 
fluence  exercée  ou  par  un  maître,  ou  par  des  exemples  tout  proches. 
Les  pensées  fortes  et  le  travail  soutenu  se  manifestent  peu  dans  un 
isolement  continu;  aussi  pareille  manifestation  chez  l'auteur  privé 
d'une  communication  fréquente  de  ses  idées  touche  profondément. 

M.  Boussinesq  me  force  à  faire  cette  remarque  :  N'ayant  appartenu 
à  aucune  de  nos  grandes  écoles,  seul  il  a  étudié  les  mathématiques 
spéciales,  et,  fort  jeune  encore,  il  n'a  eu  d'autres  leçons  que  celles 
d'un  savant  de  Montpellier  (1).  A  vingt  ans,  professeur  au  collège 
d'Agde,  et  un  peu  plus  tard  au  collège  du  Vigan,  il  est  depuis  1865 
professeur  au  collège  communal  de  Gap.  Les  occasions  de  conférer  sur 
les  grands  problèmes  de  la  mécanique  et  de  la  physique  doivent  être 
assez  rares  dans  le  chef-lieu  du  département  des  Hautes-Alpes,  et 
néanmoins,  dans  cette  résidence,  M.  Boussinesq  est  parvenu  à  se  pla- 
cer en  peu  d'années  au  rang  des  savants  distingués  de  notre  pays  ;  les 
éloges  donnés  à  ses  travaux  au  sein  du  comité,  comme  à  l'Académie 
des  sciences,  en  sont  la  preuve.  Un  tel  exemple  doit  garder  contre 
tous  les  découragements. 

A  l'époque  actuelle,  la  météréologie  est  en  faveur.  Des  hommes 

(1)  M,  Roche,  professeur  à  la  Faculté  des  sciences  de  Montpellier. 


592  LES  MONDESJ 

èminents  dans  la  spience,  fort  préoccupés  de  multiplier  les  observa- 
tions, d'apporter  dans  l'étude  des  faits  une  rigueur  extrême,  de  réunir 
une  abondance  de  documents  capables  de  rendre  les  comparaisons 
vraiment  instructives,  ont  fait  un  appel  qui  a  été  entendu.  Sur  une 
infinité  de  points  de  la  France,  des  personnes  placées  dans  des  condi- 
tions très- diverses  ont  pris  goût  à  l'observation,  et,  heureuses  de  con- 
courir à  un  vaste  dessein,  elles  constatent  et  elles  notent  toutes  les 
particularités  atmosphériques  de  chaque  jour  avec  un  soin  scrupuleux. 
Ainsi  se  prépare  la  connaissance  complète  de  la  météréologie  de  la 
France,  peut-être  la  découverte  de  grandes  lois  générales.  Le  travail 
scientifique  accompli,  notre  agriculture  sera  la  première  sans  doute  à 
en  ressentir  le  bienfait. 

Il  serait  impossible  de  citer  en  ce  moment  tons  les  observateurs  qui 

se  sont  fait  remarquer  ou  par  l'exactitude  ou  par  la  durée  des  travaux, 

mais  le  comité  tient  à  donner  un  témoignage  d'estime  à  ceux  dont  les 

longues  séries  d'observations  peuvent  dès  aujourd'hui  contribuer  à 

établir  la  carte  des  lignes  isothermes  et  de  toutes  les  autres  courbes 

représentant  les  divers  éléments  météréologiques.  C'est  M.  Chautard, 

de  l'Académie  de  Stanislas  de  Nancy,  déjà  connu  par  des  mémoires 

de  chimie  et  de  physique  ;  M.  Tassin,  de  la  Société  d'horticulture  de 

Soissons,  qui  a  installé  un  observatoire  dans  les  meilleures  conditions 

possibles  ;  c'est  encore  M.  Goquelîn  (à  Beauiicel,  près  Sourdeval)  qui, 

dans  le  département  de  la  Manche,  poursuit  depuis  longtemps  ses 

études  avec  une  admirable  régularité. 

Deux  physiciens  également  professeurs  dans  nos  facultés,  M.  Grova 
à  Montpellier  et  M.  RaouH  à  Grenoble,  se  livrent  depuis  une  vingtaine 
d'années  à  des  expériences  délicates  sur  divers  sujets  et  particulière- 
ment sur  l'électricité.  D'abord  rapprochés  par  la  nature  de  leurs  recher- 
ches, ensuite  éloignés  par  leurs  fonctions,  ils  ont  l'un  et  l'autre  tra- 
vaillé avec  conscience,  avec  persévérance,  avec  talent,  et  parfois  on  a 
vu  se  produire  entre  eux  quelque  dissentiment.  Le  comité  n'a  pas 
voulu  séparer  de  tels  adversaires,  il  les  réunit  pour  donner  à  chacun 
pareils  éloges  et  marque  égale  d'estime. 

Parmi  les  résultats  des  travaux  récents  de  M.  Kaeuit,  nous  devons 
signaler  la  constatation  d'un  fait  remarquable.  Par  une  expérience 
analogue  à  celle  de  Graham,  le  physicien  anglais,  sur  une  propriété 
du  palladium,  le  professeur  de  Grenoble  a  reconnu  que  le  nikel  em- 
ployé pendant  douze  heures  comme  électrode  négatif,  dans  u*  volta- 
mètre a  eau,  condense  au  moins  cent  cinquante  fois  son  volume 
d'hydrogène  et  dégage  tout  le  gaz  absorbé  dès  qu'il  est  retiré  du  cir- 
c  uit  et  plongé  dans  l'eau,  M.  Raoult  a  exécuté  une  longue  suite  d'ex- 


LES  MONDES.  593 

périences  sur  la  production  de  la  chaleur,  et  dernièrement  il  a  démon- 
tré cfue  Flntenëité  de  la  chaleur  dégagée  par  un  courant  électrique  est 
indépendante  dp  la  nature  de  la  pile  dont  le  courant  tire  sa  source^ 

Après  une  série  de  recherches'  mr  la  loi  générale  de  variation  de  la 
polarisation  suivant  l'intensité  du  courant  qui  traverse  un  voltamètre, 
et  d'études  sur  l'acoustique,  M.  Crova  a  donné  un  important  mémoire 
sur  des  phénomènes  d'interférence  produits  par  des  réseaux  parallèles. 
II  a  fait  tombe*  la  fumière  reçue  par  une  fente  étroite  sur  un  système  de 
d'eux  réseâlux  à  stries  bien  équidistantes,  et  il  a  vu  les  spectres  diffractés,  . 
parfaitement  sillonnés  de  bandes  noires  d'interférences;  ce»  bandes  sont 
parallèles  aux  raieà  des  spectres  diffractés,  «i  )e  parallélisme  est  com- 
plet entre  la  direction  commune  dis  stries  des  deux  réseaux  çt  çejje 
de  la  fente.  M;  Croira  explique  le  phénomène  par  l'interférence  des 
rayons  ttànsmis  normalement  à  travers  le  premier  réseau  et  diffractés 
par  le  secorid  avec  ceux  qui  ont  d'abord  subi  la  diffraction  et  ensuite 
la  transmission.  Pat  la  projection  du  phénomène,  il  a  su  rendre  visible 
à  tout  un  auditoire  une  des  plus  belles  expériences  de  la  physique. 

Tout  le  monde  a  entendu  parler  de  l'ozone,  sujet  de  préoccupation 
et  de  recherches  assidues  de  la  part  de  chimistes  et  del  physiciens  d$s 
plusr  habiles.  L'ozone,  on  le  sait,  est  un  oxygène  dont  les  propriétés 
sont  exaltées  ;  il  émet  une  odeur  très-sensible,  il  oxyde  l'argent  et 
décompose  d'une  manière  instantanée  l'iodure  de  potassium  sur  les- 
quels l'oxygène  ordinaire  n'a  aucune  action.  Vers  l'annéç  1785,  un 
physicien  de  la  Hollande,  Van  M  arum,  avait  produit  l'ozone  par 
l'électrisation.  Van  Marum  était  oublié  ;  nui  ne  conservait  le  souvenir 
des  expériences  du  savant  qui  avait  enseigné  avec  éclat  dans  la  ville  de 
tlarlem.  Mais,  en  1840,  un  célèbre  professeur  de  l'université  de  Bâle, 
M.  Schœnbein,  renouvela  la  découverte  du  siècle  dernier,  et  tout 
aussitôt  il  lui  donne  une  importance  extrême  en  dénonçant  la  présence 
de  l'ozone,  c'est-à-dire  de'  l'oxygène  actif  et  odorant  au  sein  de  l'air 
atmosphérique. 

On  comprend  tout  de  suite  l'intérêt  immense  qui.  s'attache  alors  au 
fait  dévoilé.  Les  questions  se  pressent  ;  on  voudrait  savoir  quelle  action 
l'ozone  exerce  sur  les  êtres  organisés,  sur  les  conditions  de  salubrité 
de  l'air  que  nous  respirons.  Si  l'intérêt  grandit,  les  difficultés  de  la 
recherche  demeurent  considérables  :  —  l'ozone  n'a  pu  encore  être 
obtenu  à  Pétat  de  pureté  ;  il  est  en  quelque  sorte  noyé  dans  l'oxygène 
ordinaire,  et  telle'  est  néanmoins  l'énergie  de  cet  oxygène  odorant, 
qu'en  proportion  infiniment  petite,  il  produit  des  effets  d'oxydation 
des  plus  prononcés.  Pour  reconnaître  la  présence  de  l'ozone  et  en  dé- 
terminer les  variations  dans  l'atmosphère,  M.  Schœnbein  avait  imaginé 


594  LES  MONDES. 

l'emploi  d'un  réactif  très-sensible,  un  papier  imprégné  d'amidon  et 
d'iodure  de  potassium. 

L'auteur  se  croyait  assuré  du  succès,  cependant  les  doutes  les  plus 
graves  ne  tardèrent  pas  à  se  propager  :  on  s'était  aperçu  que  le  réactif 
est  impressionné  par  diverses  substances  aussi  bien  que  par  l'ozone. 

Un  membre  de  l'Académie  de  Rouen,  M.  Houzeau,  qui,  depuis  plus 
de  quinze  ans,  apporte  dans  ses  recherches  les  plus  grands  soins  et 
une  persévérance  digne  d'être  louée,  a  singulièrement  étendu  nos  con- 
naissances sur  le  sujet.  L'ozone  avait  été  produit  en  frappant  l'air  au 
moyen  d'étincelles  électriques,  le  savant  de  Rouen  l'a  fait  naître  par 
un  procédé  purement  chimique,  l'action  de  l'acide  chlorhydrique  sur 
du  bioxyde  de  baryum  (1).  Ce  résultat  a  été  le  point  de  départ  de 
l'étude  de  l'ozone  répandu  dans  l'atmosphère.  Il  s'agissait  avant  tout 
de  découvrir  un  réactif  sûr  ;  M.  Houzeau  parait  l'avoir  touvé. 

Un  papier  coloré  en  rose  par  le  tournesol  et  sur  une  portion  en- 
duit d'iodure  de  potassium  neutre,  n'est  pas  attaqué  par  les  sub- 
stances autres  que  l'ozone  qui  agissent  sur  le  papier  inventé  par 
M.  Schœnbein.  Après  s'être  livré  à  de  nombreuses  expériences 
propres  à  dissiper  les  incertitudes  sur  la  valeur  du  réactif,  M.  Hou- 
zeau  s'est  appliqué  à  reconnaître  les  circonstances  dans  lesquelles 
l'ozone  se  manifeste  au  sein  de  l'atmosphère.  Avec  l'expérimentateur, 
nous  essaierons  d'en  donner  l'idée. 

L'oxygène  odorant  existe  à  l'état  normal  dans  l'air  de  la  campagne, 
où  il  atteint  au  maximum  la  proportion  de  1/140000.  D'un  jour  à 
l'autre,  la  quantité  varie  dans  la  même  localité  comme  elle  varie  dans 
le  même  temps  entre  des  lieux  éloignés.  L'ozone  peut  être  constaté 
fréquemment  dans  les  petites  villes,  tandis  qu'il  est  a  peu  près  nul  au 
milieu  des  grandes  agglomérations  de  population.  Suivant  les  saisons, 
il  est  plus  ou  moins  abondant  :  au  printemps,  il  apparaît  en  propor- 
tion inaccoutumée  ;  en  hiver,  il  ne  se  montre  que  très -faiblement. 

Surviennent  d'impétueux  mouvements  de  l'atmosphère,  des  oura- 
gans, des  bourrasques,  et  l'ozone  s'accroît  d'une  façon  prodigieuse.  Il 
faut  garder  une  extrême  réserve  avant  de  conclure  ;  cependant,  après 
les  études  de  M.  Houzeau,  il  est  difficile  dé  ne  pas  attribuer  à  l'ozone 
la  salubrité  de  l'air  des  campagnes. 

Une  dernière  et  récente  expérience  est  venue  jeter  une  nouvelle 
clarté  sur  les  propriétés  de  l'ozone.  A  l'aide  d'un  appareil  simple,  le 
chimiste  de  Rouen  a  obtenu  dans  un  litre  d'oxygène  ordinaire  de  60 


(1)    Voir  un  rapport  de  M.  Cahours,  Comptes   rendu»   dé  V Académie  des  sciences, 
t.  70,  p.  S69. 


LES  MONDES.  595 

k  120  milligrammes  d'oxygène  odorant.  En  telle  proportion,  ce  n'est 
plus  l'ozone  réparti  à  dose  minime  procurant  à  l'air  les  qualités  qu'on 
apprécie  sur  la  montagne  ou  dans  la  forêt  en  pleine  végétation  ;  con- 
centré, il  est  dangereux  pour  la  respiration,  il  brûle  les  tissus  orga- 
niques, noircit  et  corrode  l'argent,  décolore  avec  beaucoup  plus  d'é- 
nergie que  le  chlore.  A  son  contact  un  mélange  en  parties  égales 
d'hydrogène  phosphore  et  d'oxygène,  détonne  avec  violence.  L'ozone 
concentré  trouvera  peut-être  un  emploi  industriel  important  ;  c'est  au 
moins  l'espérance  très-légitime  de  l'auteur. 

Le  comité  décerne  une  médaille  d'or  à  M.  Houzeau  et  cette  récom- 
pense, croyons-nous,  semblera  bien  justifiée. 

Un  membre  de  la  Société  d'émulation  du  Doubs,  professeur  à  la  fa- 
culté des  sciences  de  Besançon,  M.  Keboul,  a  marqué  sa  place  parmi 
les  chimistes  distingués.  Avec  un  véritable  succès,  il  s'est  occupé  de 
J'action  des  acides  chlorhydrique  et  bromhydrique  sur  divers  carbures 
d'hydrogène.  Des  composés  pleins  d'intérêt  ont  été  obtenus,  des  cas 
d'isomérie  ont  été  rencontrés,  et  dans  les  interprétations  l'auteur  a  fait 
preuve  d'habileté  et  d'esprit  scientifique. 

On  a  souvent  parlé  des  beaux  travaux  de  M.  Cailletet  (de  Chàtillon- 
sur  Seine),  relatifs  à  la  cémentation  du  fer,  à  la  dissociation  des  gaz 
dans  les  fourneaux  métallurgiques,  aux  gaz  dissous  par  la  fonte  et  l'a- 
cier en  fusion.  En  dernier  lieu,  ce  chimiste  a  étudié  la  loi  de  coin  près - 
sibilité  des  gaz  sous  des  pressions  très-supérieures  à  celles  dont  avaient 
disposé  les  précédents  expérimentateurs.  D'autre  part,  M.  Cailletet  a 
signalé  l'influence  des  rayons  colorés  sur  la  décomposition  de  l'acide 
carbonique  par  les  végétaux  et  il  a  montré  qu'une  atmosphère  absolu- 
ment privée  d'acide  carbonique  détermine  l'asphyxie  des  plantes. 

Chaque  année,  les  connaissances  géologiques  de  la  France  font  un 
pas  :  nous  l'avons  constaté  dans  toutes  nos  réunions.  Cette  fois,  j'ai  à 
vous  annoncer  la  publication  de  la  carte  du  département  de  l'Ariége 
par  un  savant  ingénieur  des  mines,  M.  Mussy.  Le  texte  explicatif,  mis 
au  jour  en  1870,  et  plusieurs  mémoires  spéciaux  signalent  à  l'attention 
les  traits  géologiques  les  plus  frappants  de  la  contrée.  L'auteur  s'est 
appliqué  à  la  recherche  des  gites  de  substances  minérales  et  à  déter- 
miner ceux  dont  l'industrie  pourra  profiter.  Tout  devait  le  convier  à 
cette  étude,  car  dès  les  temps  de  la  domination  romaine  l'arrondisse- 
ment de  Saint-Girons  a  été  l'objet  de  certaines  explorations,  et  le  canton 
de  Vicdessos  est  réputé  pour  l'abondance  et  la  qualité  des  minerais 
de  fer  qu'il  fournit.  Une  sorte  de  porphyre  verdàlre,  l'ophite,  ordinai- 
rement enveloppée  par  d'autres  roches,  et  de  la  sorte  assez  difûcile  à 
découvrir,  a  été  l'objet  d'un  sérieux  examen  de  la  part  de  M.  Mussy. 


596  LES  MONDES. 

À  cet  égard,  les  observations  de  l'auteur  de  la  carte  géologique  de 
l'Ariége  sont  fort  instructives  pour  l'histoire  d'une  roche  qui  à  une 
remarquable  importance  dans  les  régions  pyrénéennes.  Si  je  n'avais  k 
faire  la  mesure  du  temps,  je  vous  entretiendrais  encore  deB  travaux 
de  géologie  et  de  paléontologie  de  M.  Magnan,  de  Toulouse;  de 
M.  Bleicher,  de  la  Société  d'histoire  naturelle  deColmar;de  M.  Pomefl 
et  de  M.  Nicaise,  de  la  Société  de  climatologie  d'Alger;  je  m'occuperais 
de  l'histoire  de  l'homme  préhistorique,  pour  laquelle  MM.  Trutat  et 
Cartailhac,  de  Toulouse,  ne  cessent  de  réunir  des  matériaux;  enfin  des 
habitations  lacustres  que  M.  Garrigou  vient  de  découvrir  au  voisinage 
des  Pyrénées  :  nous  en  parlerons  un  jour  avec  le  développement  né- 
cessaire. 

On  sait  de  combien  de  préoccupations  a  été  l'objet  la  Sologne}:  vaste 
région  désolée,  rebelle  à  la  culture,  paraissait  d'autant  plus  déshéritée 
qu'elle  est  environnée  de  pays  riches.  Le  sol  sablonneux  ou  argileux  (SI 
formé  de  débris  arrachés  au  massif  granitique  dû  centre  de  la  France. 
Le  quartz,  le  feldspath,  le  mica1  abondent,  tandis  que  les  matériaux 
calcaires,  indispensables  à  la  végétation,  font  absolument  défaut.  Agri- 
culteurs,  chimistes,  ingénieurs  se  sont  mis  à  l'œuvre  pour  améliorer 
la  Sologne,  mais  l'amélioration  est  lente  à  se  produire.  Partout  où  l'ab- 
sence de  marnières  voisines  oblige  à  des  transports  trop  coûteux,  le  sol 
est  demeuré  stérile.  M.  Masure,  naguère  professeur  au  lycée  d'Orléans, 
s'est  occupé  de  la  question  qui  touche  si  vivement  l'intérêt  du  pays,  et 
ses  recherches  auront  une  utilité  réelle  pour  ceux  qui  voudront  entre- 
prendre de  fertiliser  l'ingrate  contrée. 

L'habile  et  consciencieux  investigateur  a  examiné  les  terres  à  la  fois 
sous  le  rapport  physique  et  sous  le  rapport  de  la  composition  chi- 
mique. Déterminant  avec  rigueur  la  proportion  du  sable  dont  elles 
sont  chargées,  dosant  les  substances  qui  exercent  la  plus  grande  in- 
fluence sur  la  végétation,  comme  l'azote,  l'acide  phosphorique  et  la 
potasse,  comparant  ensuite  les  éléments  minéraux  contenus  dans  les 
récoltes  venues  dans  lés  terres  de  Sologne  et  dans  celles  d'autres  ré- 
gions, il  a  constaté  que  les  premières,  aussi  riches  que  les  autres  en 
azote  et  en  potasse,  étaient  beaucoup  plus  pauvres  en  acide  phosphî- 
rique.  L'indication  est  précieuse  ;  les  agriculteurs  se  trouverit  assurés 
d'obtenir  de  bonnes  récoltes  en  introduisant  de  la  chaux  et  des  phos- 
phates naturels. 

Une  de  nos  médailles  sera  le  signe  de  l'estime  accordée  à  l'ouvrage 
de  M.  Masure  (1). 

(1)  Rtuiêi  sur  Us  terrains  agricoles  de  la  Sologne,  1870. 


LES  RONDES.  897 

4 

Toutes  les  personnes  qui  s'occupent  de  nos  végétaux  indigènes  con- 
naissent le  nom  de  M.  Grenier.  Le  savant  botaniste,  membre  de  la 
Société  d'émulation  du  Doubs  et  professeur  à  la  Faculté  des  éciences 
de  Besançon,  est  l'un  des  auteurs  de  cette  flore  française  restée  en  fa- 
veur parmi  les  étudiants.  Après  l'ensemble,  M.  Grenier  a  repris  une 
portion  circonscrite  pour  en  faire  un  tableau  complet.  Près  de  sa  ré- 
sidence, le  savant  voyait  les  montagnes  du  Jura  couvertes  d'une  bril- 
lante végétation.  La  montagne  est  toujours  le  grand  attrait  du  bota- 
niste. Une  excursion  suffit  pour  voir  les  plantes  qui  croissent  sur  les 
terrains  les  mieux  exposés  au  soleil,  celles  qui  se  plaisent  sous  le  cli- 
mat tempéré,  celles  qui  aiment  le  voisinage  des  neiges  et  des  glaces.  En 
un  gros  volume  plein  d'observations,  M.  Grenier  a  décrit  toute  la  végé* 
tation  de  la  chaîne  du  Jura  (1).  Le  livre,  pensons-nous,  peut  servir  dé 
modèle,  et  ce  sentiment  a  déterminé  le  comité  à  offrir  une  médaille 
d'or  à  l'auteur. 

M.  Faivre,  de  l'Académie  de  Lyon,  se  livré  depuis  plusieurs  annéeè 
à  des  expériences  très-délicates,  dans  le  dessein  de  s'assurer  des  con- 
ditions essentielles  à  la  vie  et  au  développement  des  différentes  parties 
des  végétaux.  Ce  sont  là  des  études  qui  méritaient  d'être  signalées  dès 
aujourd'hui,  mais  que  nous  devrons  exposer  avec  détails  un  peu  pftis 
tard. 

Nous  avons  toujours  beaucoup  apprécié  les  investigations  vraiment 
profitables  à  la  science  effectuées  dans  les  pays  lointains.  Naguère,  le 
comité  tenait  compte  à  M.  le  docteur  Mourier  de  ses  observations  mé- 
téorologiques au  Japon.  Il  y  a  deux  ans,  nous  nous  abandonnions  au 
charme  de  faire  entrevoir  les  beaux  résultats  obtenus  dans  l'explora- 
tion de  la  Chine,  de  la  Mongolie  et  du  Thibet  oriental  par  l'abbé  Ar- 
mand David. 

Jamais  voyage  accompli  par  un  seul  homme  n'avait  procuré  à  la 
fois  autant  de  lumière  pour  la  géographie  physique  et  autant  de  tré- 
sors pour  les  sciences  naturelles.  Il  y  avait  peu  de  probabilité  d'avoir 
bientôt  à  parler  d'autres  recherches  très-considérables,  exécutées  dans 
une  contrée  lointaine.  Ce  que  personne  n'attendait  s'est  pourtant  réa- 
lisé. Une  terre  dont  on  s'occupe  en  France  avec  prédilection  depuis 
plus  de  deux  siècles,  la  grande  lie  de  Madagascar,  a  été  récemment, 
pour  Alfred  Grandidier,  le  théâtre  d'un  magnifique  ensemble  d'études 
et  de  récoltes  précieuses. 

L'habitude  des  grands  voyages,  contractée  de  bonne  heure,  et  une 
solide  Instruction  scientifique,  avaient  préparé  l'explorateur  pour  des 

(1)  Flore  de  la  ehains  juraaiquê* 


598  LES  MONDES, 

travaux  sérieux  de  nature  fort  diverse.  A  vingt  ans,  M.  Grandidier, 
assez  favorisé  du  sort  pour  adopter  le  genre  de  vie  qui  lui  plaisait,  prit 
la  résolution  de  se  rendre  utile  à  la  science. 

En  1857,  il  partait  en  compagnie  d'un  frère  à  peine  plus  âgé  que 
lui  et  d'un  savant,  alors  ignoré,  aujourd'hui  célèbre  (4),  pour  une  ex- 
ploration de  l'Amérique  du  Sud,  et  ensuite  seul,  pendant  plusieurs 
années,  il  a  visité  successivement  les  Indes  anglaises,  Ceylan,  Zanzi- 
bar, la  côte  orientale  d'Afrique*  C'étaient  des  contrées  déjà  plus  ou 
moins  bien  connues  et  le  jeune  voyageur  concevait  le  dessein  de  por- 
ter ses  investigations  sur  un  pays  inexploré.  Madagascar,  encore  de- 
meuré soustrait  en  grande  partie  aux  recherches  des  géographes  et  des 
naturalistes,  s'offre  désormais  comme  une  tentation. 

En  1865,  M.  Grandidier  aborde  la  grande  lie  africaine;  des  obsta- 
cles invincibles  mettent  à  néant  son  espoir  de  pénétrer  dans  des  lieux 
qui  n'ont  jamais  été  visités  par  des  Européens.  Sans  se  déconcerter,  il 
profite  de  son  séjour  sur  quelques  points  de  la  côte  pour  se  familiari- 
ser avec  la  langue  et  les  mœurs  des  habitants.  Vers  le  milieu  de  l'an- 
née 1860,  lo  voyageur  se  retrouva  à  Madagascar  avec  la  pensée  de 
parcourir  les  provinces  du  Sud  et  de  l'Ouest.  Il  obtient  quelques  suc- 
cès, mais  ses  notes  et  divers  objets  recueillis  devaient  être  consumés 
dans  un  incendie.  M.  Grandidier  ne  se  décourage  pas  ;  bien  décidé  à 
réaliser  son  projet,  il  revient  en  France,  se  procure  des  instruments, 
s'assure  de  tous  les  sujets  qui  méritent  une  attention  spéciale,  et  vers 
la  fin  de  l'année  1867,  il  se  remet  en  route.  Au  mois  de  mai  1868,  il 
atteint  de  nouveau  la  côte  occidentale  de  la  grande  terre. 

Pendant  près  de  deux  ans  et  demi,  il  entreprend  de  nombreuses 
explorations  et  il  traverse  trois  fois  l'Ile  entière  sous  différentes  latitu- 
des. Malgré  les  difficultés  qu'opposent  les  méfiances  des  indigènes, 
malgré  le  danger  d'être  mis  en  pièces  comme  le  pire  des  sorciers, 
partout  il  relève  les  positions  géographiques,  il  mesure  la  hauteur  des 
montagnes  ;  il  reconnaît  le  parcours  et  les  sources  des  cours  d'eau,  il 
observe  les  conditions  de  l'atmosphère,  il  recueille  les  plantes  et  les 
animaux. 

Chacun  a  lu  des  récits  où  la  végétation  de  Madagascar  est  présentée 
comme  offrant  toutes  les  magnificences.  On  se  tromperait  fort,  en  sup- 
posant qu'à  cet  égard  l'île  entière  est  également  bien  partagée,  les  des- 
criptions ne  se  rapportent  qu'à  la  côte  orientale. 

M.  Grandidier  nous  montre  au  sud,  après  les  dunes, un  plateau  d'un 
aspect  désolé  sur  lequel  s'élèvent  à  peine  quelques  arbutes  rabougris  ; 

(1)  M.  Janssen. 


LES  MONDES.  r>99 

à  l'ouest,  encore  la  pleine  nue  et  sabloneuse.  De  la  côte  nord  jusqu'à 
Tananarive,  la  capitale  de  l'île,  il  nous  fera  voir  un  pays  presque  dé- 
sert, des  plaines  arides  semées  de  quelques  lataniers  et  de  petits  bois. 
Puis  il  nous  peindra  les  aspects  de  la  grande  chaîne  de  montagnes  gra- 
nitiques où  apparaissent  seulement,  accrochés  aux  flancs  des  ravins, 
de  rares  bouquets  de  végétation.  De  la  capitale  jusqu'à  la  source  de 
la  plus  large  rivière  de  la  côte  orientale,  le  Mangourou,  sur  les  alen- 
tours du  plus  grand  lac  de  Madagascar,  le  lac  Aloxtré,  sur  toute  la 
partie  située  au  sud  de  Tananarive,  avec  le  voyageur,  nous  appren- 
drons à  connaître  la  configuration  et  la  nature  du  sol,  la  distribution 
des  eaux,  les  groupes  de  population.  Pour  la  première  fois,  nous  avons 
l'image  exacte  de  ces  contrées. 

M.  Grandidier  nous  a  éclairé  tout  à  coup  relativement  aux  forma- 
tions géologiques  qu'on  observe  sur  la  grande  terre.  Il  a  découvert  un 
grand  nombre  d'animaux  et  ces  découvertes  ont  un  intérêt  considé- 
rable. La  faune  de  Madagascar  se  compose  presque  exclusivement  de 
types  particuliers  ;  à  ce  sujet,  noire  voyageur  nous  a  instruits  de  cer- 
tiines  relations  avec  la  faune  du  eontinenl  africain.  Tl  n'y  a  peut-être 
pas  plus  de  deux  ou  trois  siècles  que  vivaient  à  Madagascar  des  ani- 
maux aujourd'hui  disparus.  Dans  des  marécages  de  la  côte  occiden- 
tale, M.  Grandidier  a  rencontré  en  grand  nombre  les  débris  d'une 
petite  espèce  d'hippopotame  associés  à  des  restes  de  tortues  gigantes- 
ques et  du  fameux  oiseau  qu'on  appelle  Tépyornis.  On  se  souvient  de 
ces  œufs  énormes  apportés  en  France  il  y  a  une  quinzaine  d'années. 
Toutes  les  suppositions  furent  émises  à  l'égard  de  l'oiseau  dont  ils  pro- 
venaient. M.  Grandidier  nous  a  enlevé  toute  espérance  de  voir  jamais 
l'animal  vivant,  mais  il  a  procuré  les  matériaux  qui  ont  permis  de  le 
reconstruire  en  partie. 

Les  makis,  jolis  et  étranges  mammifères,  jusqu'ici  rattachés  à  l'or- 
dre des  singes,  contribuent  à  donner  une  physionomie  curieuse  à  la 
faune  de  Madagascar.  Les  recherches  de  notre  voyageur  ont  beaucoup 
accru  nos  connaissances  sur  ces  charmants  animaux. 

De  nouvelles  espèces  ont  été  rencontrées  dans  les  petits  bois  de  la 
pauvre  région  occidentale,  une,  entre  autres,  au  corps  tout  blanc,  avec 
Je  sommet  de  la  tète  noir;  les  nombreux  sujets  rapportés  ont  fourni 
l'occasion  d'apprécier  plus  sûrement  qu'on  ne  l'avait  fait  encore  les 
affinités  naturelles  de  ces  mammifères. 

Chacun  éprouvera  une  impression  vive  en  considérant  les  belles 
éludes  de  M.  Alfred  Grandidier  sur  les  habitants  de  Madagascar.  Les 
différentes  peuplades  ont  été  observées  par  le  savant  voyageur  avec 
toute  la  rigueur  scientifique  ;  tous  les  moyens  d'investigation  ont  été 


600  LES  MONDES. 

employés  pour  remonter  aux  origines;  les  descendants  des  Arabes,  qui 
à  une  époque  fort  ancienne  envahirent  la  grande  lie  africaine,  ont  été 
l'objet  de  recherches  des  plus  attentives. 

En  examinant  les  nombreuses  photographies  rapportées  par  M.  Gran- 
didier,  les  yeux  demeurent  ravis  et  l'âme  fortement  émue.  La  vie  d'un 
peuple  presque  barbare  qui  a  reçu  l'atteinte  de  la  civilisation  euro- 
péens apparaît  dans  une  réalité  saisissante.  On  avait  donné  des  vues 
de  la  grande  ville  de  Tananarive  çt  de  quelques  groupes  d'hahitations  ; 
mais  ces  images,  absolument  imparfaites,  ne  frappaient  pas  l'esprit. 

Maintenant,  nous  comprenons  l'entassement  des  cases  de  la  popu- 
leuse cité,  nous  voyons  l'aspect  des  villages;  dans  la  cérémonie  qui 
s'accomplit  nous  sentons  la  foule;  le  naturel  et  la  variété  des  attitudes 
sont  tels,  qu'on  se  croirait  sur  la  scène  elle-même. 
„  Des  portraits  d'hommes  et  de  femmes  de  toutes  conditions  passent, 
et  involontairement  on  cherche  à  deviner  le  caractère  et  les  sentiments 
de  chaque  individu.  L'examen  achevé,  si  grande  est  l'illusion,  qu'on 
emporte  en  son  cœur  des  sympathies  et  des  antipathies  comme  si  les 
personnages  eux-mêmes  avaient  apparu. 

En  ce  moment  se  prépare  le  vaste  ouvrage  qui  fera  connaître  Mada- 
gascar sous  un  jour  tout  nouveau. 

.  M.  Grandidier  apporte  à  l'exécution  les  soins,  la  conscience,  le  zèle 
qu'il  a  mis  dans  ses  recherches.  Douze  à  quinze  volumes  et  500  plan- 
ches suffiront  à  peine  à  l'auteur  pour  nous  décrire  tout  ce  qu'il  a  vu. 

Je  ne  pouvais  mieux  terminer,  messieurs,  qu'en  vous  parlant  de  ce 
t>eau  voyage  à  Madagascar,  qui  nous  comble  de  satisfaction  pour  les 
connaissances  qu'il  nous  a  procurées,  et  parce  qu'il  fera  honneur  à 
notre  pays. 

flairée  de  la  Société  royale  de  Lendrea.  —  Le  président, 
M.  Airy,  donnera  sa  première  soirée  le  27  avril,  dans  Barlington 
House. 

Nouvelle  lampe  de  *&reté  de»  mines.— On  a  fait,  avec  un 
certain  succès,  le  25  mars,  à  Coal-Fxckange,  l'essai  d'une  nouvelle 
lampe  de  sûreté  qui  s'éteindrait  immédiatement  au  sein  d'une  atmo- 
sphère explosive,  et  qui  aurait  l'avantage  de  garder  ses  parois  en  verre 
sans  toile  métallique,  et,  par  conséquent,  de  donner  beaucoup  plus 
de  clarté. 

Douille  en  Suède.  —  h'Aftçn  Bladet  de  Stockolm  annonce  la 
découverte,  dans  les  houillières  de  Raus,  à  la  profondeur  de  425  mè- 
tres, d'un  lit  de  houille  ayant  trois  mètres  d'épaisseur.  La  sonde  a  tra- 
versé un  certain  nombre  d'autres  veines  intéressantes. 


LES  MONDES.  601 


SCIENCE  EN  AUTRICHE 


,i  I 


t ÀN1Ii¥M  PAI^B  PAU  .M.  LE  CûilTïi  MàR^HAIL, 

I.  Optique.  —  1.  Phénomènes  interférefitièls  notweàltx.  -*-  M.  le 
professeur  Dïtschéinerapassé  en  revue  tous'Iès  phênbrhëries  qu'offre  le 
spectre  observé  à  travers  une  lunette  dont  l'objectif  est  couvert,  ' 
sù^'chafcune  de  ses  moitiés,  parf  des  plaqites  de  crtét&l  VTOpàiltoèuii 
différente,  deux  niçois  étant  placés  en  avant  de  l'ocutaUfe  et  '  de f la 
feinte.  Lès  flaques  de  cristal  étant  placécà  dé  sorte  que  les  ditections 
d'oscillitidn  des  rayons,  qui  les  traversent  à  vitesse  égalé,  soient  pa- 
rallèle^ et  verticaux  entre  elles  et  dirigées  sous  lin  angle  de  \&  degrés 
vers  les  directions  d'oscillation" des  niçois  disposés  parallèlement  oïl 
en  croix,  on  apercevra  deux  espèces  de  raies  d'interférence.  Les  unes 
seront  \le^  minima  du  premier  otd ré,  Rapprochées  les  unë^desWfes 
eh  groupes  Séparés  paf  d^s  espaces  gâns  raies;  les  seconds  sèrbntdes 
minima  dh  deuxième  ordre,  larges  et  plus  ou  *  moins  uftsciires.  Les 
groupes 'de  minima  du  pfemîer  ordre,  apparaissant  sur  les  divers 
points  'Sd  spectre,  ont  une  largeur  toute  différente  et  promptemerit  va-' 
riatttf;  et  semblent  être  tout  aussi  irrégulièrement  rtpîirtîs  qtie  Ceux 
dû' Second  ordre.  Toutefois,  M.  Diîsdheihei11  a  trou  vê'^eS'  formules* 
propres  â  cléterrniher  à pKdrf  les  pbirité  âur  lesquels  â oîvêht  apparaître' 
ces  raies,  dû  moins  dans  les  régions  les  plus  înipbrtgrfVfès  du*  spefctre. 
Les  ][>héhotoènéB  manifestés,  'lès  nîdotë  '  étant  dfepteéï  pkfcllf'ètem>nt 
ou  en  croix,  ne  sont  complémentaire^  que  par  rap'port  à  dés  jointe  du 
Spectre  striciemeiit  définis,  lés  mlnimà  du  premier  el  du  secotfd'dfdte 
riè  passant' pas  fou  jours  simultanément  à  leurà  fhaxi  fnà  rekpfctetifg,  dès 
quVn  imprime  à  un  hicdl  une  conversion  de  la  tateutde  WdègrtS*. 
Éi  l'on  é^&Hihënté  avec  la  lumière  rt tin  pdïaW$ifc,leg  phénomènes  ne 
se' manifestent  'éôrfforinément  aux  formules,  que  sous  la  Condition  que 
Iris  deux  rayons/ traversant  la  piaque  disposée  sur  le  C(Hé  de  l'arête 
féfrangiMè  du  prisme,'  aierit  subi  un  retard  tfér  rapport  à  ceux  qui 
traversent  la  sedoridè  plaque,   '  :    ' 

*  '#.  Ûbùïeuh  c&mpVérrientaires.  —  Oh  peut  obtenir  des  cotrplefede 
ces  couleurs  âù  mo^én  du  schistoscopë  de  éhïckè,  en  remplaçant  dàrià 
Tapparèit  pVêsentémenf 'en  usagé  des  lameftèâ  de  mica  ou  desélèriitfe. 
3'épaistfeùr  différente  par' deux 'plaques  de  quartz  d'épaisseur  égale  et 
taillées  parallèlement  a  feur  axe  optique,  qù'oîi  place  èïïtre'të  hifcôl  et 
fa  lotipé  dichroscdpïque.'  t'tmé  de  ces'  plaquefc  est  fixée  nornïalement 

43 


602  LES  MONDES. 

au  rayon  visuel,  son  axe  optique  formant  avec  le  plan  de  polarisation 
du  nicol  et  delà  loupe  un  angle  de  45  degrés;  l'autre,  dont  Taxe  op- 
tique e6t  normal  à  celui  de  la  plaque  fixe,  tourne  autour  d'un  axe  ver- 
tical au  rayon  visuel  et  normal  ou  parallèle  à  l'axe  optique  de  la  plaque 
tournante.  On  peut  ainsi,  en  tournant  une  seule  plaque,  obtenir  toutes 
les  épaisseurs  voulues,  à  partir  de  U  et,  ronséquemment,  tous  les  tou- 
pies de  couleurs  correspondants. 

3.  J/mgueurs  d'ondes.  —  M.  Ditscheiner  a  rectifié  les  longueurs 
d'ondes,  antérieurement  constatées  par  lui,  et  a  trouvé  ainsi  des  valeurs 
quelque  peu  moindres  et  parfaitement  d'accord  avec  celles  admises  par 
MM.  Angstrôm  et  von  der  Willingen.  tas  longueurs  rectifiées  sont 
pour  les  principales  lignes  de  Praunhofer  :  B,  687,41,  C.  656,32, 
Da.  589,74,  Db.  589,40,  E.  527,13,  b.  517,40,  F.  486,22,  G.  434, 1S, 
H.  396,89,  H'.  393,53.  (M.  le  professeur  L.  Ditscheiner.  —  Acadé- 
mie impér.  de  Vienne,  séance  du  9  mars  4874 .) 

II.  Climatologie.  —  i .  Courants  atmosphériquei  JTité  en  de- 
dans dé  la  zone  tempérée  septentrionale.  (Voir  Académie  impériale 
de  Vienne,  Comptée  rendue,  juillet  4869.)  —  Lors  de  la  transition  de 
l'hiver  k  l'été  un  changement  évident  s'opère,  tant  dans  la  direction 
que  dans  la  température  des  courants  atmosphériques,  par  une  suite 
nécessaire  de  l'interversion  des  différences  de  la  température  de  1a  mer 
de  celle  des  continents.  Des  centres  de  froid  s'établissent  durant  l'hiver 
dans  les  régions  nord  des  deux  continents,  desquels  émanent  des  cou* 
raats  d'air  froid,  du  côté  0.  vers  le  N.-E.,  et  du  côté  E.  vers  leN.-O. 
L'air  chaud  équatorial  afflue  du  côté  0.,  en  même  temps  que  l'air  re- 
froidi venant  du  pôle  nord  s'écoule  du  côté  E.,  établissant  ainsi  un 
contraste  frappant  entre  les  températures  des  côtes  0.  et  E.  des  deux 
continents.  En  été,  les  régions  intérieures  des  continents  deviennent 
des  eeniree  de  chaleur,  la  température  allant  en  augmentant  sous  un 
même  parallèle  à  mesure  qu'on  procède  des  côtes  vers  l'intérieur,  la 
pression  de  l'air  sur  les  régions  continentales  éprouvant  ainsi  une  di- 
minution. Ces  points  de  minimum  barométrique  deviennent  des  cen- 
tres d'attraction  par  rapport  à  l'air  moins  chaud  des  mers  ambiantes 
et  provoquent  ainsi  une  tendance  générale  des  courants  atmosphé- 
riques à  se  porter  des  mers  vers  la  terre  ferme.  Les  vents  de  mer  sont 
devenus  des  vents  froids,  et  ceux  provenant  de  l'intérieur  des  conti- 
nents, des  vents  chauds.  Les  deux  côtés  de  la  rose  des  vents  thermiques 
ont  interverti  presque  complètement  leurs  caractères  propres,  seule» 
ment,  en  été  comme  en  hiver,  les  courants  S.-S.-E.,  S.  et  S.-S.-O. 
restent  chauds,  et  les  courants  N.-O.,  N.-N.-O  et  N.  restent  froids.  Les 


LES  MONDES.  603 

modifications  par  suite  de  Tété  sont  moins  sensibles  en  Europe,  où  les 
vepts  de  mer  S.-0.  et  0.  ont  déjà  prévalu  en  hiver  ;  toutefois  la  direc- 
tion des  vents  se  tourne  davantage  vers  le  N.  et,  contrairement  à  ce  qui 
a  eu  lieu  en  hiver,  abaisse  légèrement  le  chiffre  de  la  température 
moyenne. 

L'Asie  orientale,  où  les  vents  de  terre  N.-0.,  froids,  et  secs,  ont  dé- 
cidément prévalu  dans  le  cours  de  l'hiver, .subit,  iors  du  passage  de 
l'hiver  a  l'été,  une  interversion  tout  aussi  sensible,  les  vents  de  mer 
E.,  S.-E.  et  8.,  frais  et  humides,  prenant  le  dessus*  et  provoquant  ainsi 
un  abaissement  de  température,  qui,  venant  s'ajouter  à  celle  plus  con- 
sidérable, provoquée  en  hiver  par  le  courant  polaire,  explique  pleine-, 
ment  la  basse  température  des  régions  orientales  de  l'ancien  continent. 
Cette  modification  est  moins  complète  en  Amérique;  en  premier  lieu, 
par  suite  de  la  moindre  étendue  de  la  terre  ferme,  interrompue  vers  le 
nord  par  des  golfes  et  des  grands  bassins  d'eau  douce,  puis  par  l'effet 
du  golfe  du  Mexique  situé  au  sud.  La  direction  des  vents,  penchant 
déjà  en  hiver  vers  l'ouest  plus  que  vers  le  nord/  tourne  en  été  vers  le 
sud-ouest;  ceux  de  l'est  et  du  sud-est,  venant  de  l'Atlantique,  ne  sont 
pas  fréquents*  Bien  qu'amenant  de  la  pluie,  ces  courants  ne  peuvent 
déprimer  la  température,'  autant  que  le  font,  sur  les  côtes  de  l'Asie 
orientale,  les  vents  de  mer  proprement  dits  venant  de  l'est  et  du  sud- 
est.  Les  extrêmes  des  climats  d'hiver  et  d'été  se.  manifestent  donc 
moins*,  énergiquement  dans  l'Amérique  orientale  que  dans  les  régions 
de  l'Asie  situées  sous  les  mêmes  latitudes.  Le  type  du  climat  y  est 
moins  continental  en  hiver  et  moins  maritime  en  été.  Par  contre,  la 
température  de  cette  région  de  l'Amérique  et,  en  quelque  sorte,  aussi 
selle  de  la  Sibérie,  éprouve  des  changements  considérables  autant  que 
fréquents,  probablement  par  suite  de  la  prépondérance  assez  égale- 
ment développée  de  courants  atmosphériques  venant  du  nord  et  du 
sud.  (H.  le  docteur  J.  Hann.  Académie  imp.  des  sciences  de  Vienne-/ 
séance  du  t>  juillet  1871.) 

2.  Anomalies  de  la  température  en  mai  1871  •  —  La  température 
de  ee  raoiB  est  restée  au-dessous  de  toutes  celles  qu'on  a  constatée» 
pour  mai  depuis  l'établissement  d'observations  météorologiques  à  l'Ob- 
servatoire de  l'Université  de  Vienne.  Sauf  deux  jours  oùila  tempéra- 
ture a  dépassé  très-peu  sensiblement  (+0,1  et  +0,5)  la  moyenne 
normale,  elle  est  restée  constamment  3°,45  R.  au-dessous  de  la  nor- 
male, la  moyenne  mensuelle  n'ayant  jamais  dépassé  9*, 37  R.,  résultat 
analogue  à  celui  de  mai  1851,  dont  la  moyenne  a  été  9*,56  R.  La 
moyenne,  à  2  heures,  a  été  12*,26  R.  en  mai  1871,  et  de  11*,23  R. 
en  mai  1851 .  La  distribution  des  courants  atmosphériques,  telle  que 


604  LES  MONDES, 

la  donne  le  tableau  suivant,  semble  indiquer  plutôt  un  courant  froid 
et  humide  de  l'Atlantique,  qu'une  source  de  froid  si/uéé  sur  le  conti- 
nent. '  .'••-.■- 


■»  •  » 


N.  NE,    E.  SE.    S.  SO.  0.  NO. 

1871 10  2      4  6      2  3  41  33 

Nombre  normal 0  8     9  44     9  41  21  17 

.871jplus —  — ■    —  •  -r    •*  —  20  16 

J  moins —  6     $  •  8     7  8  — . .  «- 

Les  vents  0.  et  N.-O.  ont  donc  notablement  prévalu  en  1871.  — 
Les  anomalies  de  température  du  mois  de  mai  de  1770  (époque  à  la- 
quelle  ont  commencé  à  Vienne  les  observations  météorologiques  régu- 
lières) à  1871,  se  répartissent  ainsi  : 

An-dessous  do  la  normale*  Au-dessus  de  la  notariale. 

fiDutre  *-  4  et  —  3  R.  2  années.  Entre  -H  I  et      0  IL  24  années. 

»      —  3  et  —  2  »     8        »  »      •+-  1  et  •+-  2  »  12      •  » 

»      —  2  et  —  4»  14        »  »      •+- 2  et-+-3  *  10      » 

»      —  1  tt  —  0  »  25       o  »      -H  3  et  -t-4  »    2>  •  »  ' 

Somme...    49  Somme...    48 

■        •       j  •  *      i  '        *  A 

■  '  . *      I  «1  I1 

Les  arinées  les  plus  chaudes  ont  été  1797  {moyenne  de>  faaal  : 
-4-  45c,77  R.).  La  température  moyenne  la  plus  basse  en  mat  équftfetit 
à  la  moyenne  d'Àpenfade  (55°  lat.  N.)  et  la  température  la  plus  hàtflfr 
du  même  mois  à  celle  de  Messine  (38*  15e  lat.'  N.).;(M.  C.  J«tLWteK, 
Académie  imp.  des  sciences  d<e  Vienne;  «tèànée  û\ï# juin  1871;)  • 
*  3;  Jjpvque*  de  floraison.  —  Les  résultats  d«s  feitt  afttifatfcwir 
M  espèces  végétales,  la  plupart  ligneuses  et  toutes  eomnnittéay  dan* 
24  stations  et  durant  une  période  de  <fht  an?,  peuvent  s*  rèsitaîer 
ainsi  t  '   •    • 

a.  Les  oscillations  entre  les  époques  de  floraison  les  plus:  avancées, 
se  traduisant  par -des  différences  dé  40  à  50  jolir*,  ne  ee  nttLttffestfcnt 
notablement  que  sur  les  espèces  printanières  les  pitre  précoces,  teNee 
que  la  perce-neige,  l'hépatique  et  le  éoutoleij  ?  Mîés  ne  tt'élètttf!  qtfè 
20  à  35  jours  pour  celles  moins  précoces.  "  ;  **•      • 

b.  Les  moyennes  mensuelles,  calculées  su*  lés'fespèces  dont  ta  flo- 
raison tombe  dans  un  même  mois,  ne  ditàimient  que  par  degré*  à 
mesure  qu'on  s'approche  de  l'été  : 


<  • 


Avril. . . , 2».  jqnrs 

Mai v     25 

Juin*. '     iV    » 


LES  MONDES.  605 

,  fi.  LpSjéppques  de$  floraisons  les  plus  précoces  et  les  plus  tardives 
tjéyient  $\xn  chiffre,  égal,  bien  qu'en  sens  opposé,  de  l'époque  nor- 
male : 

Mars*...  4-  19,1  à  —  18,5  jours. 

Avril....  M-  44,4  à  —  14,4      » 

Mai -+-  12,9  à  —  12,6      » 

Juin....  -f- 12,0  à  —  12,4      » 

Ces  différences  ne  portent  que  sur  un  petit  nombre  de  jours,  même 
pour  une  seule  et  même  espèce.  (M.  Ch.  Fritsgh,  Acad.  imp,  des 
sciences  de  Vienne;  séance  du  15  juin  4871.) 


PHYSIQUE  DU  GLOBE 


.  Programme  n'en  nMervatlnm  phyalçae*  gui  font 
être  exécutées  dan»  le  tunnel  de»  Aine»,  par  le  Père 
Seeehi,  l'ingénieur  Manill  la -Mû  lier  et  le  Père  Denzn. 

-*»  Dans  la  séance  de  r Académie  des  sciences  du  i  8  septembre  dernier, 
le  secrétaire  perpétuel  M.  Elie  de  Beaumont,  présenta  la  belle  et  com- 
plète collection  de»  roches  traversées  par  le  tunnel  des  Alpes,  qu'il 
venait  de  reœwoir  de  M.  Sismoada,  et  parla  de  la  succession  de  ces 
rbches  dans  les  diverses  sections  du  percement. 

A.  cette  occasion  M.  Paye  fit  observer  qu'il  y  aurait  grand  intérêt 
«  à  mettre  à  profit  l'ouverture  de  ce  magnifique  tunnel,  traversant  dos 
«  couches  dont  il  a  permis  d'explorer  si  complètement  la  nature,  pby- 
a  eique,  pour  étudier  la  marche  du  pendule  en  des  points  convena- 
it blement  cboiBis,  à  l'intérieur  et  à  l'extérieur  de  la  montagne,  de 
«  manière  à  raettce  en  évidence  l'attraction  de  sa  masse.  » 

•Tel  est  le  point  de  départ  des  expériences  dont  nous  allons  exposer 
te  programme.  L'idée  en  ayaatété  exprimée  à  l'Académie  des  sciences 
lie  France,  les  Italiens  oat  tenu  à  ce  que  Y  exécution  d'une  œuvre 
scientifique  éminemment  nationale  fût,  comme  le  travail  même  du 
pàreement,  accomplie  paraux. 

L'ingénieur  DiamiUa-Mùller,  encouragé  par  M.  Le  Verrier,  ainsi 
que  le  constate  le  père  Denza  dans  son  rapport  adressé  à  d'Académie 
des  sciences  de  Turin  (séance  d»  19  novembre  1871),  prit  l'initiative 
de  ces  recherches  ;  après  avoir  obtenu  la  coopération  des  directeurs  des 
Observatoires  de  Rome  et  de  Monealieri,  et  s'être  assuré  de  l'appui  de 


606  LES  MONDES. 

la  direction  technique  des  travaux  du  percement,  il  convint  avec  èes 
collaborateurs  d'un  jour  pour  arrêter  sur  les  lieux  le  programme  des 
expériences  à  faire. 

Cette  visite  dans  l'intérieur  du  tunnel  eut  lieu  les  7  et  8  no- 
vembre 1871.  On  constata  à  l'aide  d'une  série  d'observations  faites  de 
10  en  10  minutes,  dans  la  chambre  centrale  de  la  galerie,  de  onze 
heures  à  midi,  le  8  novembre,  que  les  instrumenté  donnaient  les  in- 
dications suivantes  : 

m.  m. 

Pression  atmosphérique 642,0 

.   Température  intérieure  de  la  chambre»    .  24°,8 

Température  de  la  galerie 49°,0 

Inclinaison   magnétique 6i°,57 

Il  existait  dans  la  galerie  un  courant  assez  vif,  d'environ  3  mètres 
par  seconde,  dirigé  de  Bardonnèche  vers  Modane  où  il  neigeait  depuis 
deux  jours.  Le  passage  du  train,  à  midi,  ne  fit  pas  changer  la  tempé- 
rature ;  l'inclinaison  magnétique  en  subit  seulement  une  diminution 
de  9  minutes  pendant  quelques  instants. 

Après  cette  visite  qui  permit  de  constater  que  rien  ne  s'opposait  à 
l'heureuse  issue  de  leurs  recherches,  les  observateurs  convinrent  eu 
programme  suivant  composé  de  trois  parties  distinctes. 

1'  Observations  du  pendule.  Ces  observations  destinées  à  compter 
le  nombre  des  oscillations  et  déterminer  l'allure  du  pendule  à  l'inté- 
rieur et  à  l'extérieur  de  la  montagne,  pour  en  déduire  l'attrkction  de 
sa  masse  et  les  variations  de  la  pesanteur  qui  en  résultent,  doivent  être 
regardées  comme  les  plus  importantes  et  les  plus  difficiles  du  pro- 
gramme. 

H  a  été  établi  en  principe  d'exécuter  les  expériences  au  milieu  de  la 
galerie,  où  il  y  a  déjà  une  chambre  latérale  de  six  mètres  de  long,  sur 
quatre  de  large,  pouf*  recevoir  les  instruments  et  les  observateurs  ; 
puis  de  les  répéter,  ou,  si  cela  est  possible,  de  les  exécuter  simultané- 
ment au  sommet  de  la  montagne  qui  correspond  verticalement  a  une 
différence  de  hauteur  de  1,600  mètres  avec  cette  station,  circonstance 
qui  ne  s'est  jamais  encore  réalisée. 

Si  Ton  ne  rencontre  pas  trop  de  difficultés  dans  l'installation  des  sta- 
tions supérieures,  on  répétera  les  observations  au  quart  de  la  longueur 
de  la  galette  où  il  existe  de  chaque  côté  une  chambre  plus  vaste  que  la 
première,  et  aussi  au  point  correspondant  de  la  montagne. 
'  Ces  observations  seront  faites  avec  les  pendules  à  réversion  que 
possèdent  l'Observatoire  astronomique  de  Vienne  et  la  Commission  géo- 


LES  MONDES.  607 

désique  suisse,  mis  à  ta  disposition  des  observateurs.  D'autres  pen- 
dules seront  également  fournis  par  l'Angleterre  et  par  d'autres  nations. 

Les  instruments  astronomiques  seront  fournis  par  l'Observatoire  du 
collège  romain  où  l'on  étudie  déjà  le  pendule  envoyé  par  M.  Littrow, 
le  directeur  de  l'Observatoire  de  Vienne.  L'heure  sera  transmise  télé- 
graphiquement  par  le  directeur  de  l'Observatoire  de  Turin.  On  s'est 
déjà  assuré  par  des  expériences  préléminaires  faites  dans  le  tunnel  que 
la  marche  des  convois  ne  nuira  pas  à  la  précision  des  observations. 

2*  Observations  magnétiques.  —  Les  recherches  magnétiques  por- 
teront surtout  sur  l'intensité  du  magnétisme  terrestre  et  les  variations 
que  peut  lui  faire  subir  l'influence  de  la  montagne;  on  s'est  assuré  que 
celle  des  masses  de  fer  qu'elle  contient  n'est  pas  à  craindre,  ou  qu'au 
moins  il  sera  facile  d'en  tenir  compte,  à  l'aide  d'observations  répétées 
faites  au  dedans  et  au  dehors  de  la  galerie  (1).  Les  autres  éléments  du 
magnétisme  terrestre  pourront  être  déterminés  dans  le  voisinage  de  la 
montagne  et  peut-être  même  dans  le  souterrain. 

On  se  servira  pour  les  recherches  des  instruments  magnétiques  an- 
glais que  possède  l'Observatoire  du  collège  romain,  et  qui  ont  déjà 
Fervi  à  déterminer  les  constantes  magnétiques  de  Païenne,  Augusta, 
Naples  et  Moncalieri  ;  on  y  joindra  un  système  complet  d'appareils 
magnétiques  de  Lamont,  déjà  commandé  à  Munich. 

3*  Observations  sur  la  température  des  roches.  —  Ces  observa- 
tions, de  grande  importance  pour  la  géologie,  ont  été  recommandées 
par  le  professeur  Siemonda.  La  température  des  roches  a  déjà  été  me- 
burée  en  divers  endroits  et  à  diverses  profondeurs,  pendant  le  travail 
du  percement.  Ou  les  répétera  tranquillement  et  longuement,  de  ma- 
nière à  obtenir,  s'il  est  possible,  des  valeurs  plus  approchées,  et  à 
reconnaître,  en  outre,  le  changement  que  la  température  de  la  roche 
pourrait  avoir  subi  dans  le  voisinage  des  parois  mis  récemment  en  con- 
tact de  l'air. 

Pour  obtenir  des  résultats  plus  précis,  on  pénétrera  à  une  plus  grande 
profondeur  et  on  entreprendra  une  série  d'observations  thermiques 
dans  l'air  et  dans  la  roche,  à  la  base,  aux  flancs  et  à  la  cime  de  la 
montagne,  pendant  tout  le  temps  du  séjour  des  observateurs,  qui  ne 
Mira  pas  moindre  d'un  mois. 

Les  instruments,  soigneusement  étudiés  et  comparés  à  l'Observatoire 
«le  Moncalieri,  seront  probablement  les  thermomètres  dont  se  sont 
servis  les  ingénieurs  du  percement  pour  ces  recherches;  les  uus  seront 


(1)   Ce  ferait  le  cas  de  recourir  an  gyroscope  proposé  et  essayé  récemment  par 
M.  Dubois,  de  Brest,  dont  on  pourrait  séeJamer  le  concours.  —  F»  M. 


608  L6S  MONDES* 

fournis  par  Je  professeur  Sismonda*  las  autres  par  la  Direction  des  tra- 
vaux, sur  Tordre  du  Gouvernement*  \Evtrait  du  Actes  de  l'Aca- 
démie royale  des  sciences  de  Turin,  vol.  Vit. 


»  »  ■ 


PHYSIQUE 


Bu  mouvement  Meenatoauel  ftpontaiié  de»  liquide» 
daw»  le»  tube»  capillaires,  par  M.  C.  Decharme*  — »  Lorsqu'on 
plonge  dans  un  liquide  irien  fluide  (l'eau  pure,  par  exemple),  Tex- 
trémité  d'un  tube  capillaire  ouvert  à  ses  deux  bouts,  et  préalable- 
ment mouillé  par  le  liquide,  celui-ci  s'élance  dans  le  tabe  avec 
une  grande  vitesse  initiale  ;  vitesse  qui  se  ralentit  «à  mesure  que  le 
liquide  approche  de  son  niveau  final,  qu'il  atteint  aveé  une  extrême 
lenteur  dans  les  tabès  très-étroits. 

C'est  ce  mouvement  ascensionnel  spontané  que  je  me  suis  proposé 
d'étudier,  d'abord  en  lui-même,  puis  en  le  comparant  à  celui-  qui 
résulte  de  l'écoulement  sous  pression  constante  (expériences  de 
M,  Poiseuille),  et  enfin  dans  ses  rapports  avec  les  propriétés  phy- 
siques et  chimiques  des  liquides  soumis  à  l'expérience.  '    ' 

Nous  allons  donner  un  premier  aperçu  de  cette  étude  en 
résumant  quelques  phénomènes  généraux  qui  résultent  d'expé- 
riences nombreuses  faites  sur  des  liquides  de  nature  très-différente. 

En  faisant  varier  successivement  :  l'espèce  et  la  température  du 
liquide,  le  diamètre  et  l'inclinaison  du  tube  (les  autres  conditions 
demeurant  constantes),  on  trouve  entre  les  longueurs  des  colonnes 
liquides  soulevées,  et  par  suite  entre  les  vitesses  et  les  temps 
correspondants,  les  relations  suivantes  : 

1°  Chaque  liquide  a  une  vitesse  ascensionnelle  qui  lui  est  propre 
et  qu'on  pourrait  appeler  sa  vitesse  capillaire,  en  se  servant  d'un 
tube  de  1  millimètre  de  diamètre  ;  le  liquide  et  le  tube  étant  A  une 
température  fixe,  0°,  par  exemple,  et  en  prenant  pour  évaluation 
de  la  vitesse,  ou  l'espace  parcouru  au  bout  d'une  seconde  par  le 
liquide,  ou,  plus  exactement,  le  rapport  entre  la  différentielle  de 
l'espace  et  celle  du  temps,  au  point*  correspondant  de  la  courbe 
figurative  du  mouvement  ;  rapport  qu'on  obtient  avec  une  approxi- 
mation suffisante,  en  construisant  la  tangente  en  ce  point  et  en 
prenant  les  valeurs  numériques  des  deux  côtés  du  triangle  dont 
cette  tangente  est  l'hypoLhénuse* 


LES  MONDES.  H» 

2°  Pour  un  même  tube,  conservant  la  même  inclinaison,  et  pour 
des  liquidas,  diffûmite,  pris  à  lu  même  .température  l&vitwqs  ' 
'  ascensionnelles  ne  sont  pas  eu  rapport  direct  avec  les  longueurs 
totales  que  doivent  atteindre  ces  liquides.  Ainsi,  tous  les  liquides 
visqueux,  comme  l'acide  sulfurique,  la  glycérine,  les  huiles,  etc., 
ont  une  vitesse  initiale,  et  même  on  peut  dire  une  vitesse  perma- 
nente, plus  faible  que  celle  de  tous  les  liquides  très-fluides,  tête 
que  l'alcool,  le  sulfure  de  carbone,  l'étlier,  etc.  Et  cependant  le$ 
premiers  s'élèvent  capillairement  beaucoup  plus  haut  que  lefe 
derniers.  Cette  vitesse  n'est  point  d'ailleurs  en  raison  inverse 
exactement  de  la  durée  d'ascension,  ni  en  raison  inverse  de  \k 
densité  du  liquide.  La  loi  de  ce  phénomène  parait  complexe.  Les 
courbes  figuratives  des  mouvements  correspondants  peuvent  seules 
jusqu'alors,  ainsi  que  les  formules  théoriques  ou  empiriques, 
représenter  cette  loi. 

3'  Parmi  les  liquides  mis  en  expérience  (1)  (plus  de  180),  la  dis- 
solution aqueuse  de  chlorhydrate  d'ammoniaque  est  celui  qui 
possède  la  plus  grande  vitesse  ascensionnelle,  vitesse  qui  va  crois- 
sant avec  la  proportion  du  sel  dissous,  et  qui  surpasse  celle  de 
l'eau  d'une  quantité  d'autant  plus  grande  que  la  température  mi 
plus  élevée. 

Le  chlorure  de  lithium,  en  dissolution  aqueuse,  le  seul  liquide 
jusqu'alors  qui,  après  la  dissolution  de  sel  ammoniac,  s'élève 
capillairement  plus  haut  que  l'eau  pure,  a  une  vitesse  bien  moindre 
que  celle  de  l'eâu,  vitesse  qui  d'ailleurs  est  dépassée  par  celle  d'un 
grand  nombre  de  dissolutions  aqueuses. 

Il  est  à  remarquer  que  la  dissolution  alcoolique  de  sel  ammoniac 
est,  pour  des  conditions  identiques,  moins  rapide  que  l'alcool 
anhydre,  quoiqu'elle  s'élève  linalemertf  plus  haut.  Le  chlorure  de 
lithium  ralentit  également  la  vitesse  de  son  dissolvant,  mais  sfe 
solution  alcoolique  n'atteint  pas  tout  à  fait  la  même  hauteur  finale 
que  l'alcool  lui-même. 

4°  Pour  un  même  liquide  et  pour  la  même  inclinaison  du  tube, 
la  vitesse  capillaire  s9accroît  à  mesure  que  le  diamètre  augmente. 

5°  Pour  un  même  liquide  et  un  même  tube,  la  vitesse  augmente 
avec  rinclmaison  du  tube. 

A  mesure  que  le  temps  augmente,  ces  différences  de  vitesse 
*  diminuent  successivement,  finissent  par  s'effacer,  puis  se  mani- 

(1  )  Choisis  notammtnt  parmi  les  ohlorures,  les  iodures,  les  bromures  ot  les  divers 
tels  d'ammoniaque,  de  potasse,  de  lithium  et  de  glaoinium. 


LES  MONDES. 


LES  MONDES.  Ml 

f estent  en  sens  contraire,  les  hauteurs  finales  diminuant  ellea-mémes 
à  mesure  qne  les  diamètres  augmentent.  Par  suite,  les  courbes  se 
rapportant  à  un  même  tube  et  à  un  même  liquide  ne  se  coupent 
pas  (ne  se  rencontrant  qu'à  l'origine);  tandis  que  les  courbes  rela- 
tives è  un  même  liquida  et  à  des  tubes  de  différents  diamètres» 
placés  sous  la  même  inclinaison,  se  coupent  à  des  distancée  d'au* 
tant  plus  rapprochées  du  point  de  départ  que  les  diamètres  dit r 
fèrent  davantage. 

6°  Pour  tous  les  liquides,  la  vitesse  capillaire  augmente  avec  te 
température.  L'eau  elle-même,  dans  Se  voisinage  de  son  maximum 
de  densité,  ne  fait  pas  exception  à  cette  loi.  Toutefois,  on  peut  dire 
que  si  cette  vitesse  augmente  d'une  manière  continue  entre  0*f  et 
10*  ou  au-delà,  elle  croit  d'autant  plus  rapidement  due  la  tempéra- 
ture s'élève  davantage*  Cette  vitesse  peut  être  doublée;  pour  cer- 
tains liquides,  en  passant  de  0*  à  50°  * 

La  planche  ci-jointe  représentant  les  courbes  figuratives  du 
mouvement  ascensionnel  de  quelques  liquides  de  nature  très^ 
différente ,  peut  doner  une  idée  génère  le  du  phénomène*,  '  ' 


MÉGANIQUE  NAVALE 


»  r 


4  i  «  *         «    «         I 

I  *  » 


§ar  le  roulis  de»  nu  vires,  par  M.  Macouork  ÏUnkinê.  — 
Extrait  delà  communication  lue  au  meetimj  des  naval  àrchttgcts 
(Lowlrfes,  mars  4872). —  Dans  les  Transactions  de  l'Institut  des 
naval  architecte,  année  1861,  M.  Fraude  a  donné  une  expression  de 
l'inclinaison  sur  l'horizon  d'un  navire  qui  roule  sur  une  mer  agité^ 
Appelons  : 

Tm  la  durée  de  l'oscillation  de  la  lame  ; 

T,  la  durée  d'une  oscillation  complète  du  navire  roulant  en  eau 
calme , 

/  le  temps  compté  à  partir  d'un  instant  où  le  navire  occupe  le  boiïl* 
met  ou  le  creux  d'une  vague  ;  .    ; 

6»  l'inclinaison  de  la  laine  à  l'instant  t  ; 

a,  l'inclinaison  du  navire  sur  l'horizon  au  même  instant; 

e  l'inclaison  maximum  de  la  lame  ; 

A,  a,  des  constantes. 

L'expression  donnée  par  M.  Froude  revient  à        * 


à  ttrot  instant,  0,  se  compose  de  deux  termes  qui  ont  chacun  une  loi 
distincte  dé  périodicité.  Le  premier  est  périodique  comme  6m  et  repré- 

sentç  une  fraption  posante  de  K  qui  dépead  du  rapport  »;  le 

<5ohd  rèpfcéfthte  uh  mouvement  périodique  tiont  l'amplitude  est  À. 

L'inclinaison  du  navire  sur  la  lame,  0OT  —  0, ,  a  pour  maximum 

t  i    ,  .      .....  »  - 

eT.»  ■ 

rpg  rps  "T'A  l« 


'    La  présence  du  terme  en  A',  dans  0S ,  augmente  donc  la  valeur  de  1 
dans  le  Rapport  dé  i  a  la  quantité 

14-A-       T>       =ft. 

*  ♦ 

M.  Rankine  considère  le  cas  où  un  navire,  initialement  droit  et  im- 
mobile,  reçoit  le  choc  d'une  lame  à  l'instant  t0.  Les  conditions  initiales 
supposées  sont  exprimées  algébriquement  par  les  équations  simulta- 
nées : 

En  partant  de  l'expression  générale  de  0, ,  ces  dernières  équations 
conduisent,  pour  A,  à  la  valeurs  partjçuliçr£  „  .  *     . 


d'où  pont  la  quantité  A,  l'expression  cdtresjtondante 

D'après  cela,  si  à  l'état  initPal  le  ttatire  est  supposé  :         .' 
1°  Au  sommet  de  la  lame,  on  a  fo=0,  et3  pour  *,*,  ilwefct 


A'-l-t^; 


i  *  i •  i •  '     'i 


V  Au  point  de  la  lame  la  plus  inclinée,  t0  =  —^  par  suite  k,  est 


LE9'M0NDE»J 


f, 


-i+G$r.: 


En  général,  4,  est  compris  en tie les  valeurs.  6',  i\k".     ,-,.,., 

.Des,  ilçux  .termes  qui  figurent  dans  l'expression,  i(e .fl,».la  nrejpier,a. 
une-,  pr.ê>aace  en.. quelque  aorte  [orcèç,  des  que  J#  *jve;iu  4c-,^a,nieç 
«Stylle.  Biep  des. causes-  introduisent  lp  .terni*;  en,. A,  fcjje  fui^l'af^n 
414  vent,  celle  des  petites  lames  superposées  aux  grades,  ou  tè  manjiue, 
d'ipifarptfté  des  grandes,  vague»  elte-mâmes,,  —  É-J-WW?-  ,, , ,,,   ,j 


ÉLECTRICITÉ  , 


HJf»flLWl|«f    ^Xf^rieiw**    apr    Ae ,  polpww»,    w»UM*t  *fl 

4V|^flhiM*Tî  P0»*  M.  l*abH  Labobwe..  -r  J.'ai  lait,  connaître,  il  y», 
quelouçe  qnnéea,  dans  fes  MoncUs,  le moyen:  de .r«urqduiïa  .facilement 
l'expérience  .du  pqisson  volant.  Ui*fi  feuille  ide:, papier  argenté,.,  dé-. 
eouj)ée;sur le  ffl<>àfli}d©  la  figure  i,  est,plaoéet,si#j,le  conducteur  d'un» 
machine  éleçtetque^.Qn  lui  présenta- la. lipuJflil'ijp.e^CLtpieuirtaWs*lM 
ladite  s'élèïe  et  bb  tient  >suepeo.dueefltr#1l,'iexçilaieureJ  le  condwth 
tejW  df  ja  mcJtioe-  -l'ai  donné  de  ce  fait.une,  eptplîeguflB.qiH  foynia 
êtflej^.sfiulp  vrBi»>  elle  a,  été  oopfwaée  plue  tyrd  per  ifp,  la^rienoea 
p|us.  jw;çci^6  lie  -M- (Jaugairi&ur.le.wKÏrue  sujet. ,.  :  ,..-,  .,.,,. ,„|  „  ;.„,, 
Voici  de  nouvelle»  expériences. fond4es.en<  grande  .partie-  sur  les 
Ht£mflft tpgses.     -     ;    .,.,.  y.   .,     •■  -    ...    ..■■■„.■ 


Pour  rendre  leur  exécution  plus  facile,  il  faut  d'abord  fixer  sur  le 


6M  LES  MONDES 

conducteur  un  large  plateau  métallique  à  bords  arrondis,  et  se  munir 
d'un  excitateur  à  manche  de  bois,  pour  ne  pas  décharger  trop  facile- 
ment le  plateau  quand  on  en  approche  l'autre  extrémité.  On  découpe 
une  feuille  de  papier  argenté  sur  le  modèle  de  la  figure  2,  et  Ton  in- 
cline les  deux  pointes  supérieures,  Tune  en  avant,  l'autre  en  arrière  ; 
cette  feuille  s'élève  et  reste  suspendue  comme  la  première,  entre  l'ex- 
citateur et  le  plateau  métallique  ;  mais  de  plus,  elle  prend  sur  elle- 
même  un  mouvement  de  rotation  extrêmement  rapide.  Ce  mouvement 
est  dû  à  l'effet  de  recul  produit  par  l'électricité  qui  se  dégage  des  deux 
petites  pointes  courbées  en  sens  inverse.  En  un  mot,  c'est  l'expérience 
bien  connue  du  tourniquet  électrique  ajoutée  à  celle  du  poisson 
volant! 

On  réussit  également  en  donnant  à  la  feuille  argentée  la  forme  de  la 
figure  3,  et  en  courbant  légèrement  la  pointe  supérieure. 

Ces  figures,  qui  prennent  en  tournant  sur  elles-mêmes  l'apparence 
d'un  cône  suspendu  dans  l'air,  font  penser  naturellement  aux  trombes, 
dont  la  suspension  tient  peut-être  aux  mêmes  causes.  J'ai  essayé  de 
rapprocher  de  ce  phénomène  naturel  les  conditions  de  l'expérience,  en 
courbant  sur  elle-même  la  feuille  argentée  et  lui  donnant  la  forme 
d'un  véritable  cône  dont  la  base  est  munie  de  deux  dents  placées  en 
sens  inverse,  ainsi  qu'on  le  voit  dans  la  figure  4.  Cet  objet,  qui  doit 
être  aussi  léger  que  possible,  se  tieçt  suspendu  en  tournant  sur  lui- 
même  lorsque  la  machine  est  chargée  d'électricité  positive;  mais, 
lorsque  l'électricité  est  négative,  il  se  dresse  seulement  sur  sa  pointe 
qui  semble  adhérer  au  plateau  métallique  et  lui  servir  de  pivot  sur  le- 
quel il  tourne  rapidement.  Quelques  rugosités  sur  le  contour  suffisent 
quelquefois  pour  déterminer  le  mouvement  gyratoire. 

La  figure  5  s'élève  très-fatilement  lorsqu'on  présente  la  boule  de 
l'excitateur  au  contour  supérieur  ;  et,  pour  la  faire  tourner  sur  elle- 
même,  il  suffit  de  courber  en  sens  inverse  les  deux  pointes  inférieures  ; 
l'effet  de  recul  est  produit  alors  par  l'électricité  qui  s'échappe  vers  le 
plateau  métallique.  En  y  ajoutant  un  corps,  une  tête  et  deux  bras,  on 
a  une  figurine  qui  se  tient  suspendue  entre  le  conducteur  et  l'excita- 
teur, et  qui  tourne  sur  elle-même  lorsque  les  pieds  sont  courbés  en 
sens  inverse.  Si  l'on  présente  l'excitateur  aux  pieds,  elle  se  dresse  sur 
la  tête  et  tourne  sur  le  plateau  lors  même  qu'on  l'abandonne,  en  reti- 
rant tout  à  fait  l'excitateur. 

A  l'explication  que  j'ai  donnée  du  poisson  volant,  j'ajoutais  :  que 
Ton  devait  tenir  compte  aussi  du  mouvement  de  recul  qui  se  produit 
à  chaque  pointe,  ces  mouvements  opposés  agissant  comme  régula- 
teurs; car,  si  la  feuille  descend  vers  le  conducteur,  l'aigrette  plus 


LES  MONDES.  «15 

vive  qu'elle  lance  de  ce  côté  l'en  éloigne  ;  et  le  même  effet  se  produit  à 
l'autre  extrémité  si  elle  remonte  vers  la  boule  de  l'excitateur.  M.  Gau- 
gain  n'admet  pas  cette  cause  ;  mais,  d'après  les  expériences  précé- 
dentes, puisqu'un  effet  de  recul  se  produit  sur  les  pointes  inclinées, 
il  est  évident  qu'il  doit  également  se  produre  sur  les  pointes  ver- 
ticales. 


M.  Gaugain  n'admet  pas  non  plus  qu'une  mince  feuille  de  papier 
puisse  fournir  presque  indéfiniment  de  l'électricité  positive  d'uu  coté, 
et  de  l'électricité  négative  de  l'autre:  je  ferai  observer  sur  ce  point, 
que  la  quantité  de  l'électricité  naturelle  associée  aux  molécules  est 
énorme;  si  l'un  des  fluides  que  possède  une  goutte  d'eau  était  répandu 
sur  ua  nuage ,  ce  nuage  lancerait  la  foudre;  il  n'est  donc  pas  éton- 
nant qu'une  mince  feuille  de  papier  puisse  fournir  très-longtemps  de 
l'électricité  positive  et  de  l'électricité  négative.  Cependant  l'on  est  eu 
droit  de  demander  quel  changement  s'opère  dans  l'objet  qui  subit 
cette  double  perte.  Je  répondrai  par  une  conjecture  que  je  crois  bien 
près  dé  la  vérité  :  ce  que  l'on  nomme  fluide  neutre  mis  en  jeu  dans 
tous  les  corps,  n'est  autre  chose  que  la  chaleur;  et  le  poisson  volant 
qui  perd  à  la  fois  de  l'électricité  positive  et  de  l'électricité  négative  se 
refroidit;  mais  la  quantité  de  chaleur  perdue  est  si  minime,  que 
l'équilibre  est  rétabli  continuellement  par  le  rayonnement  des  corps 
environnants.  I 

Toutes  les  figures  précédentes  s'élèvent  plus  facilement  sur  un  con- 
ducteur chargé  d'électricité  positive,  que  lorsqu'il  est  chargé  d'élec- 
tricité négative.  Maintes  fois  j'ai  constaté  cette  différence  sur  la  ma* 
chine  électrique  ordinaire  transformée  en  machine  de  Hollz;  car, 
d'après  sa  constitution,  que  j'ai  fait  connaître,  cette  machine  fournit 


m  LES  MONDES. 

plus  souvent  même  qu'on  ne  le  voudrait,  tantôt  l'électricité  positive, 
tantôt  l'électricité  négative.  Cette  différence  d'action  tient  h  ce  que 
l'électricité  négative  s'échappe  plus  facilement  d'un  corps  que  l'élec- 
tricité positive. 

Le  moyen  suivant,  fondé  sur  cette  propriété,  permet  de  reconnaître 
promptement  à  quelle  électricité  l'on  a  affaire  :  un  disque  de  papier 
argenté  est  placé  sur  le  plateau  métallique  électrisé  ;  on  lui  présente 
la  boule  de  l'excitateur,  et  aussitôt  ce  disque  prend  un  mouvement  de 
va  et  vient  si  l'électricité  e6t  positive  ;  mais,  si  elle  est  négative,  il  se 
relève  simplement  sous  la  boule  de  l'excitateur,  et  adhère  en  quelque 
sorte  au  plateau  sur  lequel  il  n'éprouve  qu'un  léger  frémissement. 
Dans  le  premier  cas,  l'électricité  positive  qui  s'échappe  plus  lentement 
du  disque  est  repoussée  avec  lui  par  l'électricité  de  même  nom,  et  va 
se  décharger  sur  l'excitateur  pour  revenir  au  plateau  ;  et,  dans  le  se- 
cond cas,  l'électricité  négative  qui  s'échappe  promptement  du  disque 
le  laisse  presque  entièrement  déchargé  sur  le  plateau  dont  il  n'est 
repoussé  que  pendant  des  instants  excessivement  courts ,  ce  qui  se 
traduit  pajr  un  frémissement.  On  peut  même  ajouter  que  c'est  l'exci- 
tateur, pl^cé  au-dessus  du  disque  qui,  en  facilitant  la  décharge,  le 
retient  sur'  le  plateau  ;  car,  si  l'on  retire  l'excitateur,  le  disque  est  re- 
poussé au  loin. 

\>i  figure  6  a  été  calquée  sur  la  forme  que  l'on,  donne  aux  trombes 
dans  les  planches  qui  les  représentent.  Le  papier  d'argent  ainsi  taillé, 
s'élève  et  se  tient  suspendu  plus  facilement  que  toutes  les  autre» 

*  *  ■ 

figures;  il  s'élève  aussi  beaucoup  plus  facilement  que  la  figure  4  quand 
on  le  façonne  comme  elle  en  cône  creux,  tout  en  lui  conservant  la 
forme  d'une  trombe.  C'est  une  chose  digne  de  remarque  que  les 
trombes  naturelles  prennent  justement  la  forme  qui  convient  le  mieux 
à  leur  suspension  danç  l'air  par  les  forces  électriques.  Je  me  servirai 
de  cette  expérience  pour  expliquer  leur  formation;  mai»  cette  explica- 
tiori  serait  déplacée  dans  la  présente  note,  lp,  chose Qtant  trop  impor- 
tante et  exigeant  trop  de  détails  pour  être  traitée  d'une  manière  in- 
cidente. 


PHYSIQUE  MOLÉCULAIRE   ET  ATOMIQUE 

TLem  <pimenatoM  des  atome*.  —  Aux  hypothèses  si  invrai- 
semblables d'indivisibilité,  (le  rigidité  absolue,  de  ténacité  infinie  et 
factions  mystérieuses  à  distance  qu'on  a  toujours  faites  sur  les  atomes, 


LES  MONDES.  617 

les  chimistes  et  les  physiciens  modernes  en  ont  ajouté  une  autre,  qui 
consiste  à  dire  que  les  atomes  sont  infiniment  petits,  c'est-à-dire  qu'ils 
n'ont  pas  de  dimensions  appréciables.  Cette  manière  de  voir  qui  re- 
lègue ainsi  la  notion  des  atomes  dans  le  domaine  de  la  métaphysique, 
n'est  guère  d'accord  avec  les  faits  de  la  chimie.  La  première  objection 
qu'elle  y  rencontre  est  celle-ci  :  Si  les  atomes  sont  infiniment  petits, 
pourquoi  toutes  les  actions  chimiques  ne  s'accomplissent-elles  pas  avec 
une  vitesse  infinie,  c'est-à-dire  dans  un  temps  infiniment  petit  ?(1)  Beau- 
coup d'autres  questions  d'une  aussi  grande  importance  resteront  éga- 
lement sans  solution  tant  que  des  hypothèses  hasardées  empêcheront 
de  considérer  les  atomes  comme  des  portions  réelles  de  la  matière 
occupant  des  espaces  finis  et  non  incommensurables  dans  les  corps 
qu'elles  constituent. 

Dans  ce  qui  suit  nous  allons  montrer  comment  on  est  conduit  à 
cette  dernière  manière  d'envisager  les  atomes  et  à  déterminer,  approxi- 
mativement du  moins,  la  mesure  de  leurs  dimensions. 

I.  —  11  y  a  trente  ans  environ,  Cauchy  a  dit  relativement  à  la  con- 
stitution des  corps  que  «  les  couleurs  du  prisme  montrent  que  la 
sphère  des  actions  moléculaires  dans  les  corps  transparents  liquides 
ou  solides,  est  comparable  à  la  longueur  d'onde  des  rayons  lumineux.  » 
Cette  proposition,  qui  parut  d'abord  si  étrange  au  monde  savant,  a  été 
confirmée  depuis  par  un  grand  nombre  d'hommes  de  science  distin- 
gués qui  se  sont  produits  pendant  ces  trente  années,  et  elle  est  au- 
jourd'hui généralement  admise  ;  seulement  la  manière  dont  elle  a  été 
formulée  n'est  pas  favorable  pour  en  faire  saisir  la  signification  véri- 
table. «  La  sphère  des  actions  moléculaires  »  ne  présente  rien  de  bien 
net  à  ceux  qui  ne  sont  pas  parfaitement  familiers  avec  les  mathéma- 
tiques, et  ce  qu'elle  présente  aux  mathématiciens  est,  selon  nous,  com- 
plètement faux;  car  nous  ne  pouvons  nullement  croire  à  des  attrac- 
tions et  répulsions  s'exerçant  entre  des  centres  de  forces  suivant  des 
lois  différentes.  Ce  qui,  au  contraire,  résulte  bien  clairement  des 
calculs  de  Cauchy,  c'est  que  dans  les  corps  sensiblement  homogènes» 
des  portions  contiguës  dont  les  dimensions  sont  des  fractions  suffisam- 
ment petites  de  la  longueur  d'onde,  ne  sont  pas  identiquement  sem- 
blables entre  elles.  Ainsi,  dans  une  masse  d'eau,  des  cubes  contigus 

(1)  H  me  semble  reconnaître,  non  sans  un  profond  regret,  que  l'illustre  physicien 
se  sert  indifféremment  des  mot»  molécules  et  atomes.  Les  actions  chimiques  sont  non 
des  «étions  atomiques, mais  des  actions  moléculaires  j  aussi  se^font-elles  aréole  temps* 
Se  peut-il  que  la  notion  si  simple  de  moMcvb,  ce  qui  constitue  le  corps,  os  qui  est  tel 
que,  quand  on  l'a  entière  on  a  le  corps,  que  quand  on  ne  Pa  plus  entière  on  n'a  plus 
le  corps,  ne  s'impose  pas  à  un  si  grfend,  esprit.  Si  au  mot  atome  on  ne  substitue  pas 
partout  molécuU,  la  note  de  M.  Thomson  est  inintelligible. 

44 


618  LES  MONDES. 

d'un  centième  de  millimètre  de  côté  sont  sensiblement  semblables, 
tandis  que  des  cubes  contigus  d'un  millionième  dé  millimètre  de  côté 
sont  très-sensiblement  différents.  'Pouf  mieux  comprendre  en  quoi 
consiste  cette  dissemblance,  figurons-nous  un  bloc!  de  maçonnerie  fait 
en  briques  de  20  centimètres  de  longueur.  Considérons-y  d'abdrd  deux 
longueurs  adjacentes  de  200  mètres;  l'unepourra  contenir  neuf  cent 
c(uatre-vingt-dix-neuf  briques  et  deux  môHié9,  et  Vautre  rtnlte  briques 
entières,  lies  cubes  qui  auront  ces  longueurs  de  200  mètres  pour  dîtes 
pourront  être  considérés  comme  semblable^.  Considérons  maintenant, 
darâ  le  même  bloc  de  maçonnerie,  detix  longueurs  àcljaôenteâ  &è 
40  centratètres  seulement.  L'une  pourra  contenir  uiie  brique  entière  et 
deux  moitiés,  et  l'autre  deux  briques  entières  :  les  cubes  qui  auront 
fc&'lbn'guêurs  potar  côtés  seront  d'une  structure éénsikleraerit  (fifre - 
réntfc  • -C'est  wne  felie  dissemblance  entre  les  parties  contiguOs  très- 
petites  qui,  dan*  lès  corps  transparente,  résulte  de  la  disposition  des 
tftentofcfe  'et  de  léttà  intervalles.  L'optique  dynamique  (tembritre  Jpie 
BSattë  'titi  eorp»  le  diamètre  d'an  atome  tm  plutôt  là"  distance  dti  cenlre 
8*un  atome  au  centre  de  l'atome  lé  plus  rapproché  est  à  peu  près 
fcgdle  au  dix-millième  de  la  longueur  d'onde,  c'est-à-dire  à*  un  vingl- 
toilBonième  dé  millimètre. 

II.'  -*■  n  y  a  une  dizaine  d'ànttéeà,  nous  avons  fait  de  nombreuses 
expériences  sur  Kétectrioité  développée  par  le  contact  des  métatat.  Ces 
expériences,  Ique  noua  avons  décrites  dans  uùe  lettré  au  docteur  Joule 
publiée  dans  lès  Aèies  de  la  Société  littéraire »'tf  tâcnéifiçfue  de  Afan- 
èkèkter,  ùotis  ont  montré  que  des  plaques  de  xinc  et  de  cuivre  reliées 
TOttfetnble  par  un  fil  métallique  très-fin  sf attifent  comme  des  plaques 
-fermées  d'un  seul  métal  et  mises  efreôm  m  imitation  avfefc  les  deux 
golfes  d*ùh  élément  galvanique  doritto.  f&rcfe  électromotirice  est  égale 
aux  th)is  quarts  de  celle  d'un  élément  de  Daniel.  ' 

"D'après  les  données  expérimentales  publiée^  par  les 'Actes  de  la  So- 
ciété royak  dfe  l'Année  1860;  deux  plaques  dumême  métal  reliées  par 
tm  teï  élément  électrique  et  placées  l'une  près  tie  Tstutre  à  une  distancé 
trts- petite  par  rapport,  à  leur  diamètre,  s'attirent  avec  urte  force  de 
deux  dix-millionièmes  de  milligramme  par  chaque  portion  des  deux 
surfaces  opposées,  égale  au  carré  de  leur  (jUstance , 

Gela  étant,  supposons  deax  petites  plaques  métalliques,  L'une  ée 
•sine,  l'autre  de  cuivre ,  ayant  un  centimètre  carré  de  superficie  et  un 
<fix-mittiè'me  de  millimètre  d'épaisseur  et  touchant  chacune,  par  Pun 
de  ses  angles,  une  petite  boule  métallique  d'un  dix-millième  de  milli- 
mètre de  diamètre.  Sans  rompre  leur  communication  avec  .la  petite 
boule,  talons  d'abord  les  deux  plaques  écartées  l'une  de  l'autre,  et 


LES  MONDES.  619 

puis  faisons-les  tourner  autour  du  petit  globe  jusqu'à  ce  qu'elles  de- 
viennent parallèles  et  distantes  l'une  de  l'autre  d'un  dix-millième  de 
millimètre.  D'après  ce  qui  vient  d'être  dit,  les  deux  plaques  arrivées 
dans  cette  position  s'attireront  avec  une  force  de  deux  grammes.  Le 
travail  produit,  pendant  leur  mouvement  de  rotation,  par  la  force 
variable  d'attraction,  est,  comme  il  est  facile  de  le  démontrer  par  la 
mécanique  rationnelle,  le  même  que  celui  d'une  force  constante  de 
2  grammes  agissant  sur  une  distance  d'un  dix-millième  de  milli- 
mètre, c'est-à-dire  qu'il  est  égal  à  deux  dix-millièmes  de  millimètre- 
gramme. 

Si,  parle  même  procédé  que  tout  à  l'heure,  nous  joignons  à  la 
plaque  de  cuivre  une  nouvelle  plaque  de  zinc,  à  celle-ci  une  nouvelle 
plaque  de  cuivre  et  ainsi  de  suite  jusqu'à  ce  que  nous  obtenions  une 
pile  formée  par  50000  plaques  de  zinc,  50  000  mille  plaques  de  cui- 
vre et  10O000  intervalles,  chaque  plaque  et  chaque  intervalle  ayant 
un  dix-millième  de  millimètre  d'épaisseur,  le  travail  produit  par  l'at- 
trastioa  totale  de  la  pile  sera  de  2  centigrammemètres.  Et  comme  la 
pile  pèse  8  grammes,  le  travail  sera  d'un  quart  de  centigraqiraemètre 
pair  gramme  de  métal.  Considérant  que,  d'après  l'équivalent  de  chaleur 
de  Joule,  il  faut  4030  centigranamemè  très  de  travail  pour  éieyer  d'un 
degré  centigrade  la  température  d'un  gramme  de  zinc  ou  de  cuivre,  la 
étalent?  à  laquelle  équivaut  le  travail  de  l'attraction  électrique  de  la 
pile  ne  pourrait  en  élever  la  température  que  de  êdrôT  ^6  degré.  Si, 
au  lieu  de  0,001  de  millimètre,  l'épaisseur  de  chaque  plaque  et  de 
chaque  intervalle  n'était  que  d'an  dix-millionième  de  millimètre,  le 
travail  de  l'attraction'  de  la  pile  aurait  pour  équivalent  une  quantité 
de  chaleur  capable  d'élever  la  température  de  la  pile  de  62  degrés. 
Cela  est  encore  admissible,  vu  l'état  de  nos  connaissances  ou  plutôt  de 
notre  manque  de  connaissances  sur  la  chaleur  de  combinaison  du  zinc 
et  du  cuivre.  Mais  si  les  plaques  et  leurs  intervalles  étaient  encore 
quatre  fois  plus  minces ,  c'est-à-dire  d'une  épaisseur  d'un  quarante 
millionième  de  millimètre,  le  travail  de  leur  attraction  produirait 
990  fois  phis  de  chaleur  qu'il  n'en  faut  pour  élever  de  10  degrés  cen- 
tigrades la  température  de  la  pile;  c'est  évidemment  beaucoup  plus 
que  n'en  produisent  le  cuivre  et  le  zinc  en  entrant  en  combinaison 
chimique.  Car  si  leur  chaleur  de  combinaison  était  aussi  considérable, 
un  mélange  de  poudre  de  ces  deux  métaux,  fondu  en  un  point,  pro- 
duirait une  chaleur  suffisante  pour  embraser  et  fondre  le  mélange  tout 
entier;  (te même  qu'une  grande  quantité  de  poudre  attirer  allumée  en 
ii*  de  Bée  points  s'enflamme  tout  entière  sans  nouvelle  application  de 
chaleur.  Donc  des  plaques  de  cuivre  et  de  zinc  d'environ  un  trente 


620  LLS  MONDES. 

i 

millionième  de  millimètre  d'épaisseur,  serrée»  alternativement  les 
unes  contre  les  autres,  forment  déjà  presque  une  combinaison  chimi- 
que, si  toutefois  on  peut  rendre  ces  plaques  métalliques  aussi  minces 
sans  diviser  leurs  atomes. 

NT.  —  La  théorie  des  attractions  capillaires  nous  apprend  que  lors- 
qu'on gonfle  une  bulle  liquide,  une  bulle  d'eau  de  savon,  par  exem- 
ple, le  travail  produit  par  sa  résistance  à  la  dilatation  est  le  même  que 
si  c'était  une  membrane  élastique  douée  d'une  force  contractile  con- 
stante. Pour  une  bulle  d'eau  très-mince,  cette  force  contractile,  qui 
doit  être  considérée  comme  proportionnelle  aux  longueurs ,  est  de 
16  milligrammes  par  millimètre  et  le  travail  produit  par  son  gonfle- 
ment est  en  milligrammemillimètres,  environ  16  fois  ls  nombre  de 
millimètres  carrés  dont  s'augmente  la  surface  de  la  bulle;  pourvu  seu- 
lement qu'elle  ne  soit  pas  rendue  assez  mince  pour  que  son  coefficient 
de  contractilité  en  diminue. 

D'un  autre  côté,  dans  un  article  «  sur  l'effet  thermal  de  la  dilatation 
d'une  membrane  liquide  »  publié  dans  les  Actes  de  la  Société  royale 
du  mois  d'avril  de  Tannée  1858,  j'ai  démontré  que,  d'après  la  se- 
conde loi  de  la  thermodynamique ,  pour  qu'une  bulle  liquide,  en  se 
gonflant,  ne  baisse  pas  de  température,  il  faut  augmenter  de  la  moitié 
de  sa  valeur  sa  force  vive  dans  la  production  de  chaleur.  Donc  la  force 
vive  produite  par  la  lormation  d'une  bulle  d'eau  dont  la  température 
est  maintenue  constante,  augmente  de  24  milligrammemillimètres  par 
chaque  millimètre  carré  dont  s'accroît  sa  surface. 

Gela  posé,  soit  une  bulle  d'eau  d'un  millimètre  d'épaisseur,  et  sup- 
posons que,  par  le  gonflement,  sa  surface  soit  devenue  dix  mille  et 
une  fois  plus  grande  ;  le  travail  produit  par  chaque  millimètre  carré 
de  la  bulle  primitive,  c'est-à-dire  par  chaque  milligramme  d'eau  , 
sera  de  240  006  milligrammemillimètres  ;  l'équivalent  de  chaleur  de 
ce  travail  est  une  élévation  de  plus  d'un  demi-degré  de  la  température 
de  la  bulle. 

L'épaisseur  à  laquelle  la  bulle  s'est  réduite  par  ce  gonflement  est 
très-approximativement  d'un  dix-millième  de  millimètre,  et  l'obser- 
vation ordinaire  des  bulles  de  savon  (qui  sous  le  rapport  de  la  con- 
ractilité  doivent  différer  très-peu  des  bulles  d'eau  pure)  montre  qu'à 
cette  épaisseur  la  contractilité  de  la  membrane  ne  diminue  pas.  Mais 
si  Ton  suppose  que,  la  bulle  continuant  à  se  gonfler,  son  épaisseur  se 
réduise  à  un  vingt-millionième  de  millimètre,  le  travail  produit  sera 
deux  mille  fois  plus  grand  que  celui  dont  nous  venons  de  parler  et 
équivaudrait  à  une  quantité  de  chaleur  mille  cent  trente  fois  plus 
considérable  que  celle  qui  élèverait  d'un  degré  la  température  de  la 


LES  MONDES  621 

bulle  ;  cela  est  évidemment  inadmissible,  car  une  chaleur  bien  moin- 
dre réduirait  la  bulle  en  vapeur.  Il  faut  donc  nécessairement  que  la 
force  contractile  diminue  lorsque  l'épaisseur  de  la  bulle  n'est  plus 
que  d'un  dix-millionième  de  millimètre.  Or,  dans  aucune  théorie  mo- 
léculaire, on  ne  peut  admettre  que  la  contractilité  d'une  membrane 
liquide  diminue  tant  qu'il  y  a  plusieurs  atomes  dans  son  épaisseur. 

IV.  —  La  théorie  des  gaz  fondée,  il  y  a  cent  ans,  par  Daniel  Ber- 
nouilli  est  arrivée,  dans  ce  dernier  quart  de  siècle ,  à  un  tel  degré  de 
perfection  par  les  travaux  de  Herapath,  Joule,  Clausius  et  Maxwell, 
qu'on  y  trouve  aujourd'hui  l'explication  de  toutes  les  propriétés  non 
chimiques  des  gaz. 

Bien  qu'on  ne  sache  pas  ce  que  c'est  qu'un  atome,  on  peut  admettre 
comme  une  vérité  scientifique  établie ,  qu'un  gaz  est  formé  par  des 
molécules  en  mouvement  que  des  chocs  ou  influences  réciproques 
empêchent  de  suivre  des  lignes  droites  avec  des  vitesses  constantes  et 
qui  sont  distribuées  de  telle  manière,  que  la  longueur  moyenne  des 
4  parties  presque  rectilignes  de  la  trajectoire  de  chaque  molécule  est 
égale  à  plusieurs  fois  la  distance  moyenne  du  centre  de  la  molécule 
au  centre  de  la  molécule  la  plus  voisine.  Si  ces  molécules  étaient  des 
globes  élastiques  durs  et  agissant  les  uns  sur  les  autres  par  leur  con- 
tact, leurs  trajectoires  seraient  des  zyg-zags,  composés  de  parties 
rectilignes  subissant  des  changements  brusques  de  direction.  C'est  en 
partant  de  cette  hypothèse  que  Clausius  a  prouvé,  par  une  simple 
application  du  calcul  de  probabilités,  que  la  longueur  de  la  trajectoire 
libre  parcourue  par  chaque  molécule  entre  deux  chocs  consécutifs, 
est  au  diamètre  de  ce  globe  dans  le  rapport  de  tout  l'espace  dans  lequel 
les  globes  se  meuvent  à  huit  fois  la  somme  de  leurs  volumes.  De  quoi 
il  résulte  que  le  nombre  de  globes  contenus  dans  l'unité  de  volume 
est  égal  au  carré  de  ce  rapport  divisé  par  le  volume  d'une  sphère  dont 
le  rayon  est  égal  à  la  longueur  moyenne  de  cette  trajectoire.  Mais 
nous  ne  pouvons  admettre  que  les  molécules  d'aucun  gaz  soient  des 
globes  élastiques  durs.  Deux  quelconques  d'entre  elles  doivent,  dans 
tous  les  cas,  agir  l'une  sur  l'autre,  de  telle  manière  que  lorsqu'elles 
arrivent  très-près  l'une  de  l'autre  elles  subissent  un  changement  de 
direction  et  de  vitesse.  Ces  actions  réciproques  (que  nous  appelons 
forces)  étant  différentes  à  différentes  distances ,  doivent  varier  avec  ces 
distances  suivant  une  certaine  loi.  Or,  si  les  molécules  étaient  deg 
globes  élastiques  durs  agissant  seulement  par  leur  contact,  la  loi  de 
la  force  serait  :  zéro  lorsque  la  distance  entre  deux  centres  serait  plus 
grande  que  la  somme  des  rayons,  et  répulsion  infinie  lorsque  cette 
distance  serait  moindre  que  la  somme  des  rayons.  L'intervalle  entre 


i 

,i 


622  .     LES  MONDES. 

ces  deux  limites  doit  évidemment  être  un  peu  rétréci;  et  nous  admet- 
tons, quant  à  nous,  comme  beaucoup  plus  probable  que  les  molécules 
qui  constituent  les  gaz  sont  élastiques  molles.  Car,  d'après  les  expé- 
riences de  Maxwell  sur  les  variations  de  la  fluidité  des  gaz,  le  temps 
qui  s'écoule  entre  deux  chocs  consécutifs  des  molécules  gazeuses  est 
indépendant  de  la  vitesse  avec  laquelle  ces  molécules  se  meuvent,  ce 
qui  ne  saurait  avoir  lieu  que  pour  des  molécules  élastiques  molles  ; 
pour  des  molécules  dures,  le  temps  qui  s'écoule  entre  deux  choes  con- 
sécutifs serait  inversement  proportionnel  aux  vitesses  du  mouvement 
des  molécules. 

Nous  savons  par  les  travaux  de  Joule,  Maxwell  et  Glausius,  que  la 
vitesse  moyenne  des  molécules  de  l'oxygène,  de  l'azote  et  de  l'air 
atmosphérique  est,  à  la  température  et  à  la  pression  ordinaires,  d'en- 
viron 500  mètres  par  seconde  et  que  le  temps  moyen  entre  deux  chocs 
consécutifs  est  d'un  cinq  mille  millionième  de  seconde.  H  en  résulte 
que  la  longueur  moyenne  de  la  trajectoire  de  chaque  molécule  entre 
deux  chocs  consécutifs  est  d'environ  un  dix-millième  de  millimètre. 
Maintenant,  comme  nous  avons  abandonné  l'hypothèse  des  molécules 
élastiques  dures,  où  dimensions  des  molécules  et  chocs  avaient  «ne 
signification  parfaitement  nette,  il  nous  faut  définir  ces  termes.  Pour 
cela  remarquons  que,  lorsque  deux  molécules  se  heurtent,  la  dis- 
tance de  leurs  centres  est  minimum,  et  que,  lorsqu'elles  se  quittent, 
en  vertu  de  la  répulsion  qui  suit  le  choc,  cette  distance  augmente*  Si 
les  molécules  étaient  dures,  le  minimum  de  la  distance  des  centres 
serait  égal  à  la  somme  des  rayons;  mais  en  réalité  il  est  très-différent 
dans  différents  chocs  ;  et  nous  pouvons,  en  considérant  seulement  Je 
cas  de  molécules  égales,  définir  le  rayon  d'une  molécule  la  moitié  de 
la  moyenne  de  la  plus  courte  distance  des  centres  dans  un  grand 
nombre  des  chocs. 

Le  diamètre  d'une  molécule  sera  d'après  cela  le  double  du  rayon 
ainsi  défini,  et  son  volume  une  sphère  de  ce  rayon  ou  de  ce  diamètre» 
La  définition  du  rayon  que  nous  venons  d'adopter  n'est  pas  tout  à  fait 
exacte,  mais  nous  l'admettons  ici  pour  nous  rendre  plus  facile  la  com- 
binaison que  nous  nous  proposons  de  faire  des  résultats  obtenus  par 
Glausius  et  Maxwell. 

D'après  les  expériences  de  Cagniard  la  Tour,  Faraday,  Regnault  et 
Andrews  sur  la  condensation  des  gaz,  il  faut  admettre  qu'aucun  gaz 
ne  peut  être  rendu  quarante  mille  fois  plus  dense  qu'à  la  pression  et 
à  la  température  ordinaires,  sans  que  son  volume  soit  devenu  plus 
petit  que  la  somme  des  volumes  de  ses  molécules.  Donc,  d'après  le 
grand  théorème  de  Clausius  cité  plus  haut,   la  longueur  moyenne 


LES  MONDES.  623 

de  la  trajectoire  entre  deux  éhotte  'éonrfeécutifs  ne  peut  pas  être  plus 

SFW&  ff*«  <Ùwi  &$$.  ■*»*  !iÇ  diarçfttre  de  1§,  mol^cjgtteft  lp  nombre 
dfi,  moJécwlefJ  Uaoç  J'untfétdç.  vpfoLfpfl  ne  peut  déposer  ^0  000  000 
divisé  par  le  volume  d'uije  sphère  ay.tyft  cette  longueur  moyennç  pouç 

La  lopgueur  4e  ï*  tt^GtPH??  ét^/it  égale,  coroifle  ijoub  yenons  dç 
1q  démontrer  tout  à  l'Eure,  à  ur  dix*milUèmp  de  millimètre,  1q  dia- 
mètre des  inoléc^le^  gazeuseç  ne  doit  pas  être  moindre  que  cinq  di*- 
millionièrae*  de  .millimètre,  et  le  nombre  de  molécules  dans  un  cetir 
limètre  çpbe  de.gaj,  à  la  densité  ordinaire ,  pe  peut  être  plus  granfl 
que  6*  10".    .  .  ',  .    ï\       Y.  .'Z.11... 

Quant  aux  solides  et  aux  liquides,  leur  densité  étant  de  cjpq  à  sei^e 
mille  t£û.i§  plus  grande  que  celle  fies,  ga*,  Jbe  ngipbre  de  leurs  molécules 
da^fi  iuv  centimètre  cube  est  de#  X10*4  à  102?f.  ^a  diptazjpe  d^  cçqtr^s 

de  (feia  i^oUi#^-n^)4vWW  «ei9y  (Je  quatorze  gjx^^onièinqs  à 
quwapte-six  dut-millionièmes  de  inilliuiètre. .  .  '    , 

,  ^e^quatfQ  démonstratif  qijp .  nous  venons  de  .doi^npr  établissent 
toutes  que  dans  les  liquides  et  dans  les  solides  transparent*»  ou  trans- 
hicidest  la  distance  jgsqy.wne  des  centras  <fô  deu*  og^oléculesi-captiguôg 
est  comprise  entrç  up  ^ivmilUpuijème  et  deux  pgnt-ipillkpuèmes  df 
millimètre. 

Pour  bo}19  jteç  une  id4e  de  la  maïu&e  dqni,  d'après  ce  qpi  pré- 
cède, cep. corps  sont  constitua,  figurona-noua  une  goutte  de  pluie  ou 
un  globe  dç  verre  de  la  grosseur  d'un  pois ,  et  supposons-les  grossis 
jusqu'à  égaler  le  volume  de  la  terre,  leurs  atomes  étant  grossis  dans 
la  p^èrjf  p.  proportion..  ^  sphère  .^insj.otytpnue  serq.  coqposép  de  pertes 
sphèfe§  pl^s  grosses  qne  des  graine  de  plomb  et  plus  petites  que  des 

balles  de  cricket  ou  des  oranges.  .  , 

William  Thomson, 

Professeur  à  l'Université  cfé  Glascow. 

{Nature.)  ..•'■:•  .  . 

(Tf a&Mtioti  «âopruntée  h  ta  Rnw$  sciêfittftui,  de  M.  ©ennér^BAiltière.) 


PHOTQGIUCPIE 


••»/ 


Société  française  de  PHOTôGRAFHtE.  —  Séance  t>u  12  Janvier  1872* 

•  ■  »  • 

Conservation  de*  épreuve*  Mcn  préparée*  an  pa- 
pfer  alfeuwlvé.  —  M.  Davanne  a  constaté,  tant  sur  de  nombreuses 
épreuves  de  ses  collègues  que  sur  les  siennes,  que  l'altération  ne  se 


624  LES  MONDES* 

produisait  sur  des  images  convenablement  soignées  que  si  elles  étaient 
exposées  à  des  agents  de  chloruration  ou  de  sulfuration.  Il  insiste  sur- 
tout sur  la  nécessité  d'un  bon  lavage  après  l'hyposulfite  de  soude. 

Les  épreuves,  dit-il,  ne  doivent  être  séchées  qu'après  essais;  et 
comme  mode  de  vérification ,  il  recommande  surtout  celui  si  simple 
que  tous  les  photographes  ont  sous  la  main  consistant  à  recueillir 
quelques  gouttes  de  la  dernière  eau  dans  une  soucoupe  et  d'y  laisser 
tomber  un  cristal  de  nitrate  d'argent,  sans  agiter  ;  la  moindre  trace 
d'hyposulfite  de  soude  puisqu'il  suffit  d'une  trace  de  matière  organique 
dans  l'eau  pour  produire  cette  réaction  et  qu'il  y  a  grande  chance 
qu'une  eau  s'écoulant  de  papiers  albuminés  contienne  toujours  quel- 
ques traces  de  matières  organiques.  L'iodure  bleu  d'amidon  est  aussi 
un  excellent  réactif,  mais  il  faut  le  préparer;  il  ne  se  conserve  pas  et 
par  conséquent  on  ne  l'a  pas  toujours  sous  la  main  comme  le  flacon 
de  nitrate.  La  dépense  de  nitrate  d'argent  est  tout  à  fait  insignifiante, 
car  un  gramme  pulvérisé  donnera  une  quantité  suffisante  pour  une 
centaine  d'expériences. 

—  M.  le  Président  remet  aux  titulaires  (voir  le  n°  4  du  Bulletin  de 
l'année  1871)  les  médailles  décernées  par  le  jury  pour  l'exposition 
de  1870. 

M.  Balard  rappelle  à  ce  sujet  combien  cette  exposition  de  1870  était 
remarquable,  non-seulement  par  la  beauté  des  œuvres  exposées,  mais 
aussi  par  les  spécimens  de  tous  les  procédés  divers  qui  y  étaient  re- 
présentés. 

Subitement  interrompue  par  les  malheureux  événements  de  1870, 
cette  exposition  n'a  pu  avoir  toute  la  publicité,  tous  les  éloges  qu'elle 
méritait;  néanmoins  le  Jury  qui,  sur  la  demande  de  la  Société  de  la 
Photographie,  avait  été  nommé  par  le  libre  suffrage  de  tous  les  expo- 
sants a  pu  terminer  sa  tâche  difficile,  et  la  société  pense  être  l'inter- 
prète des  exposants,  en .  remerciant  aujourd'hui  les  hommes  qui  ont 
accepté  cette  délicate  mission  de  faire  un  choix  dans  les  œuvres  de  leurs 
collègues. 

UTraTelle  méthode  pour  préparer  le  eolledloa,  par 

M.  le  docteur  Van  Monckhoven.  —  Je  dissous  dans  1  litre  d'alcool  et 
dans  1  litre  d'éther  40  grammes  de  pyroxyle,  sans  attacher  d'im- 
portance à  sa  qualité,  bonne  ou  mauvaise;  je  verse  cette  solution  dans 
un  grand  vase  contenant  10  litres  d'eau  et  je  secoue  vigoureusement 
le  tout.  Le  pyroxyle  se  sépare  et  on  le  reçoit  sur  un  filtre  en  mousseline; 
i'alcool  et  l'éther  peuvent  être  retirés  de  l'eau,  préalablement  filtré  par 
la  distillation. 


LES  MONDES.  625 

Le  nouveau  coton  poudre  pèse,  selon  sa  quantité  primitive,  de  90  k 
35  grammes  ;  il  apparaît  après  avoir  été  séché  en  petites  masses  très- 
dures  et  très-légères  qui  ne  rappellent  en  aucune  façon  le  pyroxyle 
ordinaire*  Il  est  fort  difficile  de  faire  prendre  feu  à  ce  coton  précipité, 
car  il  brûle  à  peine.  Il  se  dissout  complètement  dans  l'alcool,  cir- 
constance fort  importante  lorsqu'il  s'agira  de  faire  un  collodion  parti- 
culier très-riche  en  alcool  pour  de  longues  expositions. 

Mais  la  qualité  capitale  du  coton  préparé  par  ce  procédé  c'est  qu'il 
donne  un  collodion  excellent  même  quand  on  a  employé  dans  l'origine 
le  pyroxyle  le  plus  détestable. 

On  peut  l'iôdurer  avec  les  sels  les  plus  variés  sans  que  sa  consistance 
en  soit  modifiée.  (La  fin  au  prochain  numéro.) 


ACADÉMIE   DES  SCIENCES 


SÉANCE  BU  LUNDI  1er   ÀVBIL. 

De  la  théorie  des  aurores  polaires,  par  M,  de  la  Rive.  —  L'illustre 
physicien  persiste  plus  que  jamais  à  considérer  les  aurores  polaires 
comme  un  phénomène  qui  se.  passe  dans  l'atmosphère,  ce  qui  n'est 
pas  douteux,  et  qu'elle  a  pour  cause  l'électricité  atmosphérique,  ce  qui 
est  vrai  encore,  mais  en  partie  seulement,  comme  nous  allons  le  dire 
'fout  à  l'heure.  «  L'atmosphère,  dit  M.  de  la  Rive,  est  chargée  d'élec- 
tricité positive  dont  l'intensité  va  en  augmentant  à  mesure  qu'on  s'é- 
lève, et  que  la  terre  elle-même  est  chargée  d'électricité  négative,  et  cela 
quelle  que  soit  la  cause  de  ce  dégagement  d'électricité.  Cela  admis,  il 
est  facile  de  comprendre  que  ces  deux  électricités  tendent  constamment 
à  se  réunir,  d'une  part  par  l'intermédiaire  du  globe  terrestre,  d'autre 
part  par  l'intermédiaire  des  couches  supérieures  de  l'atmosphère  avec 
l'aide  des  vents  contre-alisés,  et  que  cette  réunion,  qui  a  lieu  dans  les 
'  régions  polaires,  est  accompagnée,  quand  l'électricité  a  un  certain  de- 
gré d'intensité,  d'actions  perturbatrices  sur  l'aiguille  aimantée  et  de 
la  circulation  de  courants  électriques  dans  les  fils  électriques,  en  même 
temps  que  d'effets  lumineux  dans  l'atmosphère,  effets  dont  l'apparence 
*  est  plus  ou  moins  modifiée  par  l'action  du  magnétisme  terrestre.  Cette 
explication,  conforme  aux  lois  connues  de  la  physique,  trouve  encore 
sa  confirmation  dans  les  phénomènes  de  divers  genres,  principalement 
météorologiques  qui  accompagnent  l'apparition  des  aurores.  Certaine- 


626  LES  MONDES. 

nient  que  l'électricité  atmosphérique  ou  plutôt  les  courants  électriques 
pés  d*  magn^Ueme  terrffctrftjouwU  un  r^le  important  dm J*Jffû£pc- 
tiqu  4e  l'aurore  boréale,  huîs  à  la  condition  que  l'artmospbsre  soea 
envahie  par  une  manière  cosmique  qui  puisse,  s'illumioeraoua  l'in- 
fluence des  courants  et  donner  ainsi  des  raiee  identiques  qpelqu^foja  £ 
celles  de  la  lumière  zodiacale,  qui  est  aussi  de  la  matière  çesfpiqpp 
illuminée.  L'aurore  boréale  est  donc  un  phénomène  l  la  fois  teUur 
rique  et  cosmique;  M.  de  la  Rive  ne  le  dit  pa$qssez.  L'électricité  sft- 
laixe  4oit*elle  intervenir  pour  exalter  l'électricité  ou  le  n>agpét^me 
terrestre,  cornue  le  veulent  MM.  Becquerel  et  de  1^  Rive,  cç  fl'çst  pa* 
impossible. 

— *  Seconde  communication  sur  fhktoirt  4e  la  Febmentàtion,  par 
M.  E.  Cbevrecl.  L'illustra  doyen  examine  Unir  à  tour  : 

Chapitre  l.  —  L'anologie  et  la  différence  existant  entre  les  idées  gé- 
nérales de  Stahl  et  celles  de  van  H.dmont; 

Chapitre  IL  —  Les  écrits  chimiques  de  Stahl  envisagés  au  point  de 
vue  général  ; 

Chapitre  IN.  —  La  théorie  de  la  fermentation  de  Stahl  ; 

Chapitre  IV.  —  La  théorie  de  la  combustion  de  Stahl  ; 

Chapitre  V.  —  Conclusion  générale  des  chapitres  précédents.  Les 
théories  de  la  fermentation  et  de  la  combustion  de  Stahl  ont  le  carac- 
tère physique  plutôt  quç  le  caractère  chimique.  >        \ 

Citons  seulement  ces  dernières  lignes  ;  «  Stahl  admettait  l'impos- 
sibilité de  connaître  par  l'expérience  les  propriétés  des  corps  qu'il  con- 
sidérait comme  principes  des  autres,  à.  l'état  de  pureté*  4'sù  il  con- 
cluait que  la  pensée  seule  était  capable  de  recopnaltre  lctis  corps  siipp}es 
comme  distincts  les  uns  des  autres.  De  cçtte  opinion  exprima  par  Sfehl, 
je  tire  la  conséquence  rigoureuse  que  l'analyse  chimique  était  impos- 
sible, puisqu'il  admettait  en  fait  qu'on  n'avait  point  à  sa.  disppa^qn 
de  types  matériels  nettement  définis,  au  sens  de  tau*  les  çhûftifltee, 
pour  y  ramener  avec  certitude  le$.  corps  qu'on  se  serait  proposé  de  sé- 
parer d'une  matière  soumise  à  l'auflyw  chimique  ayee  Vintçnpûp  .d'en 
pçnnaître  la  cpmposition.  ;>  •    '  •  -, 

—  Note  sur  {' association  nouvellement  [ondée  en  Italie  squslç  ti^rç^e 
Société  de  spectrosgopie,  par  M.  Faye.  —  Lçs  lecteurs  des  Mondes 
ont  connu  les  premiers  l'existence  et  le  programme  fje  ^  nquypUe  So- 
ciété. M.  Faye  fait  connaître  ce  programme  à  son  to.ur,  le- discute >  le 
critique  et  le  complète  au  besoin.  11  a  bieu  peine  à  croire  que  l'appw- 
tion  fugitive  d'une  protubérance  au  bord  du  soleil  puisse  xetçntir  jus- 
qu'à nous  et  produire  ici  un  orage  magnétique  ou  une  aurore  boréale; 
que  les  phénomènes  de  la  chromosphère  exercent  une  ^t^a^yp*ible 


LES  MONDES.  627 

sur  les  dimensions  du  soleil;  que  le  speciroscope  soit  le  seul  instru- 
ment qui  puisse  amener  des  découvertes  sur  la- constitution  pVysiqu$ 
du  soleil,  .etc.  Il  maintient  que  l'étude  de  la  rotation  solgdre  et  de§ 
mouvements  des  taches  restera  toujours  la  base  première  des  études 
solaires...  Il  émet  en  finissant  un  Vœu  dont  nous  nous  faisons  avec 
bonheur  l'écho,  et  qui  ne  peut  pas  ne  pas  être  exaucé,  «  Je  voudras  qu'ij 
nous  fût  possible,  en  France,  de  fonder  un  simple laboratoire  à  la  fois 
spectroeco pique,  photographique  et  chimique,  où  chaque  jpur  l'image 
eomplètedu  disque  solaire  serait  enregistrée  par  |a  photographieaveptous 
ses  accidents,  où  l'on  superposerait  à  petto  image  complète  et  irrécusable 
le  dessin  de  la  chromosphère  obtenu  par  la  spectroscope  ;  où  chaque 
jour  on  ferait  l'analyse  ehimique  détaillée  de  l'enveloppe  §pjaire  ;  ou 
enfin  on  préparerait  les  expéditions  qui  ont  pour  but  dp  mettre  à  profit 
les  éeiipses  totales.  Une  étude  ainsi  dirigée  est  plutôt  du  ressort  d'up 
laboratoire  que  d'un  observatoire  astronomique,  car  l'on  y  verrait 
plus  de  flacons  et  de  réactifs  que  de  lunettes  et  d'horloge^,  plie  abou- 
tirait bien  vite  à  de  grands  résultats  et  se  relirait  d'ailleurs  trèç-bien 
aveo  la  Société  italienne  dont  l'organisation  assure  à  ses  trayau^  unp 
continuité  à  laquelle  nous  pe  saurions  prétendre  dan§  un  établiss- 
ement isolé  et  sous  un  ciel  moins  favorable.  Ajoutons  que  cç  labo- 
ratoirelfpbysico-chimique  ne  resterait  pas  forcément  limité  au?  études 
solaires;  M.  Janssen  nous  a  montré,  dans  son  beau  travail  sur  (es 
raies  telluriques  du  spectre,  une  voie  nouvelle  pour  l'étyuft  /J^nptre 
pr  pr  e  atmosphère,  car  ces  raies  donnerait,  &m  notre  fal  hygroi^^r 
trique  général  des  indications  qu'on  demanderait  en  vain  au;  raslrur 
ments  de  la  météorologie  ordinaire. 

—  D*  VhfpQthèH  des  vents  alizés  *yr  ft  s^il,  par  M-  Fayb.  -t- 
Confirmant  une  hypothèse  de  M.  ZûUppfvta  H.  R»  $^çfei,qurait  trouvé 
sur  le  soleil  les  indjcps  de  l'existence  4e  ^oura^tg  gj^pér.aju^  ^U^nt  de 
requateurauxpWeBdaosl.es  hautes  régions  de  la  cbromosnbfcip  tçjy 
pénètrent  le»  protubérances  élevées.  JM.  F&ye  ne  çrpit  pa^a  I4  légiti- 
mité des  inductions  par  analogie  dans  le  passade,  dé?  plates  au  sptejj. 
a  Sans  doute,  dit- il,  il  viendra  un  tepips  ou  le  Soleil,  encroûté  comme  la 
Terre,  pourra  quelque  temps  avoir,  connue  eHeajijpui;d'htyi,  4?s  noewj, 
des  continents  et  une  vaste  atmosphère  avec  ses  nu^gçseî  §e$  vents 
alizés;  mais  il  n'en  est  pas  encore  là.  Aujourd'hui  le  £oieil  est  insti- 
tué comme  il  y  a  des  n>i liions  d'années,  pour  émettre  |ine  prodigieuse 
quantité  de  chaleur  et  de  lumière;  or  ce  fait  seul  lui  iffiRQÇe  une  con- 
stitution physique  qui  peut  et  même  qui  doit  être  essentiellement 
différente  de  la  nôtre,  bien  que  les  lois  générales  de  la  mécanique,  de 
U  physique  et  de  la  chimie  restent  les  menées  pour  lui  copime  pour 


628  LES  MONDES. 

nous.  La  différence  la  plus  frappante  consiste  en  ce  que,  dans  le 
Soleil,  la  masse  interne  ne  pouvant  contribuer  largement  à  la  dépense 
incessante  de  la  surface  par  voie  de  conductibilité,  il  faut  qu'elle  y 
supplée  par  des  courants  ascendants  qui  mettent  en  communication 
continuelle  cette  surface  avec  l'intérieur.  Or,  cette  communication 
continuelle,  supprimée  depuis  longtemps  pour  les  astres  éteints  et 
encroûtés  comme  la  Terre,  ne  peut  s'opérer  sans  réagir  sur  toute  la 
constitution  physique  et  mécanique  du  Soleil,  sans  faire  disparaître 
toutes  ces  analogies  de  détail  dont  nous  parlions  tout  à  l'heure. ... 

On  fera  fausse  route  chaque  fois  qu'on  voudra  supposer  au  soleil 
une  atmosphère  semblable  à  la  nôtre,  avec  ses  nuages,  ses  réfractions 
régulières,  ses  vents  alizés,  etc.  !  —  Les  taches  ne  sont  pas  des  nuages, 
mais  de  simples  dépressions...  Les  réfractions  de  la  vaste  atmosphère 
solaire  sont  réduites  à  rien...  Il  n'y  a  à  la  surface  aucune  trace  d'un 
mouvement  d'ensemble  des  pôles  vers  l'équateur,  ni  de  l'équateur  vers 
les  pôles.  '.'.  tCette  grande  atmosphère  ne  saurait  même  pas  renverser 
les  milliers  de  raies  du  spectre.  ••  L'analyse  spectrale  m'a  donné  rai- 
son sur  tous  les  points.  »  La  grande  découverte  de  M.  Rirchhoff  s'est 
donc  évanouie. 

—  M.  Charles  Sainte-Claire-Deville,  en  présentant  le  bulletin  de 
l'Observatoire  météorologique  de  Montsouris,  s'exprime  comme  il  suit: 

«  J'ai  le  regret  d'annoncer  à  l'Académie  que  ce  sera  sans  doute  la 
dernière  fois  que  je  pourrai  lui  présenter  les  travaux  de  l'Observatoire 
que  j'ai  été  chargé  de  fonder  en  4869,  et  que  j'ai  maintenu  jusqu'à  ce 
jour  au  milieu  des  plus  grandes  difficultés.  Une  lettre  de  M.  le  Mi- 
nistre de  l'Instruction  publique,  en  date  du  9  mars,  m'annonce,  en 
effet,  que  l'Observatoire  météorologique  de  Montsouris  doit  perdre 
son  autonomie  pour  devenir  une  simple  station,  placée  sous  l'autorité 
du  directeur  de  l'Observateire  de  Paris.  Je  ne  dois  point  omettre  de 
dire  que  M.  le  Ministre  a  bien  voulu  m'adresser  ses  remerctments 
pour  les  services  que  j'ai  pu  rendre  dans  l'accomplissement  de  ma 
tâche,  et  témoigner  de  favorables  intentions  à  mon  égard.  Mais  tous 
mes  confrères  me  croiront  assurément  si  j'affirme  que  ma  meilleure 
récompense  est  dans  la  conscience  du  service  que  j'ai  rendu  à  la  mé- 
téorologie, en  jetant  les  bases  d'un  établissement  Spécial  qui  n'exis- 
tait point  encore  en  France,  et  dont  le  développement  introduira, 
j'espère,  un  jour  des  progrès  réels  dans  l'étude  des  phénomènes 
atmosphériques,  au  double  point  de  vue  de  la  théorie  et  des  applica- 
tions.  • 

A  en  juger  par  le  récit  de  la  Revue  scientifique,  ces  adieux  auraient 
soulevé  une  véritable  tempête.  M.  Le  Verrier  aurait  déclaré  que  ce 


LES  MONDES.  029 

qui  se  passe  à  Montsouris  peut  faire  les  affaires  de  quelques  personnes, 
mais  que  cela  ne  fait  en  aucune  manière  les  affaires  de  la  science  ; 
que,  subordonner  un  établissement  à  un  autre  est  un  acte  sans  précé- 
dent, contraire  à  toutes  les  traditions  scientifiques* 

S'adressant  directement  à  M.  Delaunay  et  s'exprimant  avec  la  plus 
vive  indignation,  M.  Ghasles  s'écrie  :  «  Jamais  on  n'a  vu  un  confrère 
se  comporter  d'une  pareille  façon  vis-à-vis  d'un  confrère.  L'intérêt  de 
la  science  n'est  ici  nullement  en  jeu  ;  il  s'agit  exclusivement  de  l'am- 
bition jalouse  de  certaines  personnalités  remuantes...  Je  demande  que 
l'Académie  décide  que  les  deux  secrétaires  perpétuels  iront  représenter 
à  M.  le  Ministre  combien  est  inique  la  mesure  qui  vient  de  frapper 
le  personnel  tout  entier  de  l'Observatoire  de  Montsouris.  M.  Delau- 
nay, qui  serait  déjà  allé  prendre  possession  de  Montsouris,  se  tait; 
M.  Dumas  appuie  la  proposition  de  M.  Chasles,  qui  sçra  discutée 
lundi  prochain  en  comité  secret.  Depuis  longtemps  nous  nous  faisons 
violence  pour  ne  pas  nous  mêler  à  ces  douloureux  conflits.  Mais  nous 
avions  prévu  et  nous  avions  souvent  dit  que  l'ambiton  des  personnalités 
remuantes  dont  parle  M.  Ghasles  amènerait  un  éclat  dont  M.  Delau- 
nay pourrait  bien  être  la  victime;  et  nous  avons  été  douloureusement 
impressionné  quand  M.  Serret,  sans  mission  est  venu  faire,  en  pleine 
académie,  non  pas  seulement  l'apologie,  mais  l'apothéose  d'un  fonc- 
tionnaire qui  devait  fatalement  faire  éclater  ces  scènes  si  pénibles. 

—  M.  Decaisne  fait  hommage  des  dernières  livraisons  de  la  Mono- 
graphie du  Poirier,  faisant  partie  du  jardin  fruitier  du  Muséum  et 
contenant  :  l'introduction  générale ,  l'organographie,  les  descriptions 
et  les  figures  de  toutes  les  espèces  de  poiriers  sauvages  ;  l'étude  d'un 
groupe  remarquable  de  poiriers  à  cidre,  désignés  sous  le  nom  de  Sau- 
gers,  et  enfin  l'énuinération  des  arbres  à  cidre  classés  par  provinces. 

—  Sur  le  choix  des  moyens  de  traitement  dans  les  maladies 
chirurgicales  de  l'adolescence,  par  M.  Gosselin.—  Ces  maladies  sont  : 
l'ongle  incarné;  le  valgus  douloureux  outarsalgie;  l'ostéite  épiphy- 
saire  suppurante  aiguë  ;  l'exostose  épiphysaire  ;  l'exostose  sous-un- 
guéale;  les  gros  polybes  fibreux  naso-pharingiens.  Le  but  du  mémoire 
de  M.  Gosselin  est  d'indiquer  l'influence  exercée  par  l'âge  du  sujet 
sur  le  choix  des  moyens  de  traitement  de  ces  maladies  et  de  démon- 
trer la  proposition  générale  suivante  :  c  Les  maladies  chirurgicales 
spontanées  spécales  des  jeunes  gens  ont  de  la  tendance  à  s'accroître 
ou  à  récidiver  tant  que  dure  l'adolescence.  Elles  perdent  ces  tendances 
une  fois  que  l'âge  adulte  est  arrivé.  » 

—  Du  mouvement  ascensionnel  spontané  des  liquides  dans  les 


630  LES  MONDES. 

tubes  capillaires,  par  M.  Degharme.  —  Nous  avons  publié  cette  note 

ci-dessus. 

—  Sur  la  sorbite,  matière  sucrée  analogue  a  la  mannite,  trouvée 
dans  le  jus  des  baies  du  sorbier  des  oiseleurs,  par  M.  Joseph  Bous- 
singàïlt.  Le§  sorbes,  comme  les  cerises,  les  prunes,  les  pommes,  etc., 
»ç  regdeflt  pas  à  beaucoup. près  l'alcool  correspondant  à  leur  teneur 
çu  sucre,  Dan*j  le  vin  de  sorbes  fermenté,  il  est  resté  17  grammes  de 
sucre,  réducteur  par  litre  ;  et  comme  c'est  dans  les  baies  du  sorbier 
que  Pelouse,  a  découvert  un  sucre  non  fermentescible,  la  sôrUne,  il 
était  naturel  de  supposer  que  dans  le  vin  de  sprbes  c'était  ce  sucre  qui 
avait  échappé,  à.  la  fermentation;  il  y  avait  donc  ïieu  de  le  chercher. 
Ce  vin  fut  traité  par  le  sous-acétate  de  plomb  ;  le  précipité  abondant 
séparé,  o.q  fit  passer  dans  le  liquide  un  courant  d'acide  sulfhydrique 
pou/  en  éliminer  le  plomb  mis  en  excès.  Le  sirop  que  l'on  obtint,  mis 
.pendant  un  mois  dans  une  étuve  à  60  ou  80°,  déposa  une  matière  gé- 
latineuse, .transLucide,  d'un  jaune  pâle,  qu'on  enferma  dans  un  flacon 
où  elle  pass$  l'hiver.  Au  printejnps  elle  avait  subi  une  transformation 
complète  :  on  trouva  .une  masse  visqueuse  renfermant  une  multitude 
de  très-petits  cristaux  aciculaires.  Ces  cristaux  isolés,  recristallisés, 
purifiés,  sont  Ja  sorbitey  substance  analogue  à  la  mannite  et  à  la 
dulGite,  dont  la  composition  est  :  carbone,  37,58;  hydrogène,  7,88  ; 
oxygène,  54,54,  et  la  formulé  CH^O".  Elle  fond  à  HO  ou  iii  de- 
grés, forme  avec  l'eau  un  sirop  dans  lequel  les  cristaux  n'apparaissent 
qu'après  un  temps  très-long  ;  elle  est  inactive  et  ne  réduit  pas  la  li- 
queur cupro-flolassique. 

—  Sur  -quelque*  trwhiwacéUUe*  métallique  y  par  M.  A.  Clermont. 
—  Ces  nouveaux  sels  sont  :  le  trichloraoétate  acide  de  potasse,  en 
beaux  octaèdres  transparents  :  KO,C4Cl',HOC'  Cl*0"  ;  le  trichlora- 
cétate  de  nickel,  encristaux  prismatiques  ratfîés,  C4  Cl'O4,  NiO-f-4HO; 
le  trichloracétate  de  manganèse,  C4,  CPO3,  MgO-i-4HO  ;  le  trichlora- 
oétate de  lithine  en  prismes,  C4  Cl'O8,  LÎO-+-4HO.  Ces  sels  se  rap- 
prochent par  leur  composition  des  acétates  correspondants,  et  le  type 
acétique  garde  ses  propriétés  principales  malgré  l'introduction  du 
chlore,  comme  M,  Dumas  l'a  reconnu  depuis  longtemps. 

.  — »  Identité  dis  bromhydrate  et  iodhydrate  de  propylène  brome 
muée  tes  dibrombuirate  et  codobromhyirate  d'allulèm*  Dibromhy- 
drate  d'acètilène,  par  M.  Reboui,.  —  En  se  laissant  conduire  par  l'a- 
nalogie, le  bromhydrate  de  propylène  brome  étant  identique  avec  le 
d'ibromhydraté  d'allylène,  le  bromhydïate  d*éthytène  brome  ^t  te  di- 
bromhydrate  d'acétylène  doivent  être  uq  seul  et  même  corps  ;  et,  par 


LES  MONDES.  631 

suite,  l'éthylène  brome  et  le  neonobromhydrate  d'acétylène  sent  aussi 
identiques. 

~  M.  Crova  fait  hommage  d'on  mémoire  imprimé  portant  pour  titre  : 
Considérations  théoriques  sur  les  échelles  de  températures  et  sur  le  Coefficient 
de  ditotoêton  des  gaz  parfaits.  U  répond  aux  attaques  de  M*  Mohr,  pro- 
fesseur à  l'Université  de  Bonn,  contre  l'échelle  (eeotkraie.ee  te  zéro  ab^ 
Édlu.  StttvantM;  lfobr  la  seule  échelle  raisonnable  serait  l'échelle  taàé» 
fittle  dans  les  deux  sens;  c'est  une  grande  erreur. 

—  Des  lettrée  de&  consuls  de  France  à  Gorfotr  été  Janine;  signaient  les 
tretobtements  de  terre  qui  ont  fortement  ébranlé  la  côte  de  inspire,  dans 
le  contant  de  février  dernier» 

«-*  Recherchés  géométriques  sur  le  contact  du  troisième  Ofdreèe  deux  sur** 
fite*,  par  M.  A.  MaNRHeim  (suite). 

f  »— /Sur  tes  phénomènes  dr  interférences  f^odmlrpdrlh^érsatixparûliétee^ 
p&rll.  A.  Gxota.  —  Pour  étudier  les:  lois  expérimentale»  es  oes  pbéno* 
tttoés/ JWfeit  usage,  soit  de  la  méthode  de  projection  que  j'ai  déjà  dé- 
crite, soit  d'un  appareil  qui  permet  de  les  observer  uu  moyen  d'un  ocu- 
laire tCôn Veinent;  Cet  appareil  efct  composé  dflin  tyattme  de  lentilles 
analofetos  4  celle  de  Toofriaire  terrestre  de*  kuuUee.  Bn  îose  de  la  fente 
éclairés*,  sont  disposées  deux  lentilles»  da  mime  foyer,  qui  donnent  une 
Image  te  la  fente  renversée  et  de  môme  gtasdeur  5  on  eri  observe  l'image 
virtuelle  agrandie  au  moyen  d'un  oculaire  convergent*  Le-  diaphragme» 
que  L'on  pWée  ordinairement  entre  les  deux  lentilles,  est  remplacé  par  le 
système  Aes  deux  réseaux,  mobiles  l'un  par  rapport  à  l'autre,  et  dont  la 
eurftoe  nori  striée  est  recouverte  d'un  écran  en  laiton  noirci..  Lee  bandes 
dès-  epectws  et  les  franges  de  l'ouverture  s'obtiennent. ainsi  avec  une  très- 
•grffâdé  netteté,  surtout  si  Ton  éclaire  la  fente  avec  la  flamme  ttonodhro- 
tnartique  dn  sodium*  Cet  appareil  constitue  un  véritable  réfractôrnètre 
-i&terftréntiel,  -gui  peut  recevoir  plusieurs  applications. . . 

Si  le  diamètre  apparent  de  l'ouverture  éclairée  est  un  peu  plus  grand, 
lee  rayons  incidents  sur  les  réseaux  sous  des  angles  différents  donnent 
naissance  à  un  système  de  franges  qui  corespondent,  comme  les  bandée 
ides  spectres,  à  des  différences  de  marche  proportionnelles  à  k  distance 
-de»  réseaux,  et  dont  ies  lois  sont,  par  suite,  analogues  à  celles  des  bandes 
ffa&  Spectres  ditiractés.  M.  Crova  apprend  à  calculer  le  nombre  des  bandes 
eontenues  dans  un  spectre,  en  fonction  de  la  distance  deç  réseaux  ;  et  il 
applique  les  fur  mules  obtenues  à  la  mesure  de  la  longueur  des  ondula- 
tions et  des  indices  de  réfraction  au  moyen  des  roseaux* 

—  Sur  l'analomie  des  cloisons  que  présentent  les  feuilles  de  certains  Jun- 
cus,  par  M.  DevAt-Jouve.  —  Les  cloison*  sont  rarejueQt  planes,  mais 
presque  toujours  en  verre  de  montre,  avec  la  convexité  dirigée  en  haut; 


632  LES  MONDES. 

à  leur  contour  répondent,  sur  les  feuilles  sèches  une  saillie,  sur  les  feuilles 
fraîches  une  légère  dépression.  Le  réseau  qui  les  parcourt  ne  forme  qu'une 
couche,  et  montre  un  point  central  avec  des  rayons  régulier»  allant  du 
centre  à  la  circonférence.  La  présence  d'un  semblable  réseau  dans  des 
plantes  monocotylidones  mérite  l'attention  des  botanistes. 

—  M .  J.  Girard  présente  des  photographies  de  coupes  transversales  de 
tiges  diverses.  Elles  mettent  en  évidence,  d'une  façon  irrécusable,  la 
constitution  des  végétaux  ;  une  coupe  de  Bigonia  montre  la  structure  des 
bandes  d'écorce  modifiée  qui  s'étend  entre  la  moelle  et  les  lames  corti- 
cales; une  autre  coupe  de  Canna  indique  le  mode  d'enroulement  de  la 
feuille  autour  de  la  tige;  le  même  fait  se  retrouve  pour  le  Mais.  Ces 
épreuves  sont  obtenues  par  les  procédés  photographiques  ordinaires  ;  les 
tiçes  ont  été  coupées  en  tranches  minces,  mises  à  macérer  danB  une  so- 
lution de  gomme  diluée  et  d'acide  acétique,  et.  placées  ensuite  entre  deux 
lamelles  de  verre*  La  lumière  solaire,  réfléchie  par  un  miroir  plan,  est 
employée  comme  mode  d'éclairage;  un  petit  objectif;  d'un  centimètre  de 
diamètre,  donne  une  image  amplifiée  du  sujet  interposé  dans  le  trajet 
des  rayons  lumineux. 

—  M.  Chablis  fait  hommage  à  l'Académie,  de  la  part  de  M.  le  prince 
Boncompagni,  des  livraisons  de  Juillet  et  août  1871  au  Bulletin*  dibiblio- 
grafia  $  di  ttoria  délie  scien*e  matematiche  e  fiêiche.  La  première  renferme 
des  recherches  historiques  fort  étendues  de  M.  Stelnsohneider  sur  divers 
ouvrages  du  moyen  Age  relatifs  à  l'aimant.  Dans  la  deuxième  se  trou- 
vent trois  articles  sur  le  même  sujet.  Le  premier,  du  P.  T.  Bertelli,  a  été 
motivé  en  partie  par  une  communication  faite  à  l'Académie  dans  note 
séance  du  10  mai  4870,  par  notre  confrère  de  l'Académie  des  Inscriptions, 
M.  d'Avezac.  Le  P.  Bertelli  y  constate  l'existence  de  dix-sept  manuscrits» 
dont  quatre  appartiennent  à  la  bibliothèque  du  Vatican,  contenant  le 
petit  Traité  intitulé  :  Bpistola  de  Magnete,  composé  en  1269  par  Petrus 
Peregrinus  de  Maricourt,  et  dédié  à  Siger  de  FoucaucouflL  Les  deux  sui- 
vants sont  de  M.  Boncompagni  :  le  premier  renferme  des  renseignements 
sur  trois  différentes  éditions  de  ce  petit  traité,  faites  successivement  à 
Augsbourgen  1558,  à  Londres  en  1800  et  à  Paris  en  1838;  le  deuxième 
donne  des  renseignements  sur  deux  éditions,  Tune  en  latin  et  l'autre  en 
français,  faites  à  Bologne  en  1504,  d'un  Opuscule  de  Dominique-Marie  No- 
vare  maître  de  Copernic,  intitulé  :  Pronostieon  in  annum  Domini  MDUIL 

—  Le  compte  rendu  signé  par  M.  Dumas  contenait  63  pages.  — 
F.  Moigno. 


PARIS.  «  TTP.  VALDia,  SUS  BOMAPAMTB,  44. 


»  *«•  1872. 


CHRONIQUE  SCIENTIFIQUE  DE  LA  SEMAINE 


EmbelllMement*  de  Parte.  —  Avec  les  beaux  jours,  Parte 
reprend  sa  physionomie  ancienne.  Les  rues  sont  propres,  les  jardins 
sont  plus  soignés,  l'édilité  parisienne  s'est  piquée  d'honneur;  maison 
estime  que,  pour  1872,  la  dépense  d'entretien  des  jardins  et  planta- 
tions des  promenades  et  squares  dépassera  quatre  millions* 

On  compte  environ  deux  millions  pour  le  bois  de  Boulogne  ;  un 
million  pour  celui  de  Vincennes  ;  les  Tuileries,  deux  cent  mille  francs; 
le  Luxembourg,  cent  mille  francs;  les  squares,  le  parc  Monéeaux,  les 
buttes  Chaumont  et  les  boulevards,  six  cent  mille  francs. 

C'est  à  peu  près  le  double  de  ce  que  coûte  la  dépense  annuelle,  en 
temps  normal,  pour  l'entretien  de  ces  mêmes  promenades.  Mais  tout 
le  monde  y  gagnera,  et  l'on  ne  peut .  qu'approuver  les  mesures  que 
l'administration  a  su  prendre  à  cet  égard* 

.  On  a  encore  réalisé  une  amélioration  dans  la  voîerïe  de  Paris.  On 
supprime  enfin  tous  les  regards  d'égout  qui  existent  encore  dans  le 
milieu  de  la  chaussée  de  certaines  rues,  pour  les  transporter  sur  les 
trottoirs  où  ils  sont  bien  mieux  à  leur  place.  Tout  le  monde  a  pu  voir 
les  inconvénients  et  les  dangers  de  ces  plaques  de  fonte  larges  et  glis- 
santes au  milieu  de  la  voie  publique,  et  dont  le  service  était  si  .gênant  '< 
pour  la  circulation.  (Annales  industrielles»)  ' 

r 
•  •  •  « 

'  Èiola  prëwentlve»  contre  l'aleooll«me.  —  L'assemblée  , 
nationale  a  eu, ,  dans  ses  dernières  séances,  à  fixer  les  droits  de  con-  t 
sommation  sur  lçs  liqueurs  alcooliques.  Ces  droits  ont  été  augmentés;  t 
et,  pour  les  liqueurs  de  table,  ils  seront  perçus  proportionnellement  à  . 
la  quantité  d'alcool  qu'elles  renferment.  Sur  un  amendement  présenté  > 
par  M.  le  docteur  Théophile  Roussel,  on  a  fait  une  exception  pour 
l'absinthe.  D'un  côté,  l'absinthe  sera  considérée  comme  alcool  pur  et  * 
payera  les  mêmes  droits  que  ce  dernier  ;  d'un  autre  côté,  la  prépara- . 
lion  concentrée  connue  sous  le  nom  d'essence  d'absinthe  ne  sera  plijs 
fabriquée  et  vendue  qu'à  titre  de  substance  médicamenteuse  dans  les,, 
officines  des  pharmaciens,  et  conformément  aux  prescriptions  de  l'or» 
donnance  royale  du  29  octobre  1846.  C'est  là  un  progrès  que  les  dures 
nécessités  du  budget  ont  forcé  de  restreindre,  mais  qui,  grâce  à  la  per- 

N«  1*.  t.  XXVII,  18  avril  1872.  45 


«34  LES  MONDES. 

sévérance  des  médecins  et  des  hygiénistes,  surtout  de  ceux  qui  ont  en 
même  temps  le  mandat  de  député,  promet  pour  l'avenir  des  modifica- 
tions plus  importantes  dans  les  lois  fiscales  propres  à  rendre  plus  diffi- 
cile, et  par  suite  à  diminuer  dans  les  masses  l'abus  des  boissons 
alcooliques. 

Industrie.  —  Victoire  de  la  France.  —  Le  Gouvernement  hon- 
grois a  ouvert  un  concours  universel  l'année  dernière,  pour  la  construc- 
tion d'un  pont  monumental  en  fer  et  maçonnerie  sur  le  Danube,  à  Pesth, 
L'importance  de  l'ouvrage  justifiait  ce  concours,  puisque  le  pont  doit 
avoir  cinq  cents  mètres  de  longueur  et  seize  mètres  de  largeur. 

Le  monde  industriel,  a  répondu  à  l'appel  du  gouvernement  hongrois, 
qui  n'a  pas  reçu  moins  de  $0  projets  émanants  de  30  ingénieurs  ou  cons- 
tructeurs divers. 

Tous  les  pays  industriels  étaient  représentés  à  ce  concours  :  l'Angle  - 
terre  par  MM.  W.  Collet  Homeraham  de  Londres,  William  et  James 
Dredge  de  Londres,  Campbell  Johflston  et  Cie  de  Londres,  etc.,  etc.;  la 
Belgique  par  MM.  Finet  Charles  et  Cie  de  Bruxelles,  par  la  Société  de 
Sclessin,  par  la  Société  de  Seraing  ;  l'Allemagne  par  MM.  Schmick  de 
Francfort,  Kessier  d'Esslingen,  Benckiser  de  Pforcheim,  H&rkort  de 
Westpbalie;  l'Autriche  et  la  Hongrie  par  MM.  de  Ruppert,  directeur  delà 
construction  des  chemins  de  fer  autrichiens,  Schmidt  de  Vienne,  la  So- 
ciété autrichienne  de  construction  de  Vienne,  Klein  Schmoll  et  Gaertner 
de  Vienne;  la  Suisse,  la  Hollande,  la  Russie  par  divers  ingénieurs  ou 
constructeurs,  et  enfin  la  France  par  ses  premières  maisons,  Cail  et  Cie, 
la  Société  de  Fives-Lille,  le  Creuzot,  Ernest  Gouin  et  Cie,  Castor  et  Her- 
sait, etc. 

Les  projets  remis  le  1er  décembre  au  ministère  des  travaux  publics  de 
Hongrie,  après  avoir  été  exposés  au  public,  ont  été  soumis  à  l'examen 
d'une  Commission  de  treize  membres  qui  les  a  étudiés  dans  tous  leurs 
détails.  Dans  sa  dernière  séance,  le  9  mars,  elle  a  donné  le  premier  prix 
du  consours  au  projet  présenté  par  MM.  Ernest  Gouin  et  Cie  de  Paris,  à  la 
majorité  de  10  voix  sur  12  votants;  le  deuxième  prix  a  été  donné  à  la 
Société  autrichienne  de  construction  de  Vienne. 

Pour  ceux  qui  ont  visité  l'Exposition,  les  choix  de  la  Commission  se 
trouveront  justifiés  par  l'élégance  des  projets,  le  choix  judicieux  des  orne* 
ments  et  la  hardiesse  de  la  construction. 

Conformément  aux  conditions  du  programme  du  concours,  le  gouver- 
nement hongrois  est  entré  aussitôt  en  négociations  avec  la  maison  Er- 
nest Gouin  et  Cie  pour  lui  confier  l'exécution  de  cet  important  travail. 

Comme  nous  le  disions  au  commencement,  l'industrie  française  reprend 


LES  MONDES.  63S 

sa  place  dans  le  monde,  et  nos  centres  industriels  ainsi  qne  nos  ouvriers 
vont  en  ressentir  les  salutaires  effets.  (Annales  industrielles.) 

—  Sommation  confraternelle.  —  Nos  lecteurs  se  rappellent 
avec  quelle  sévérité  M.  Dubrunfaut  a  jugé  le  projet  d'application,  à 
l'extraction  du  sucre  des  mélasses  du  sucrate  d'hydrocarbonate  4e 
chaux  de  MM.Boivin  etLoiseau.  Impatient  de  connaître  le  résultat  des 
expériences,  nous  demandions  de  temps  en  temps  à  nos  jeunes  amis 
des  nouvelles  de  leur  installation.  A  notre  dernière  lettre,  datée  du 
mardi  9  avril,  M.  Boivin  répondait  :  «  Je  ne  puis  encore  satisfaire 
votre  curiosité,  attendu  que  nous  sommes  dans  la  période  des  essais 
pratiques  manufacturiers,  et  que  nous  avons  résolu  de  ne  laisser  voir 
notre  extraction  du  sucre  des  mélasses  que  lorsque  le  travail  en  sera 
*  régulier.  Hais  soyez  bien  convaincu  que  vous  serez  des  premiers  à 
recevoir  la  bonne  nouvelle,  en  reconnaissance  de  l'intérêt  que  vous 
nous  témoignez.  »  Or  ce  même  jour  le  Journal  des  fabricants  de 
sucre  enregistrait  la  sommation  suivante  de  M.  Dubrunfaut  : 

«  Nous  avons  émis  une  opinion  motivée  sur  le  travail  alcalin  qui 
se  pratique  à  La  Villette,  dans  deux  raffineries,  sous  la  rubrique  et  à 
l'aide  d'un  agent  chimique  nouveau  (sucrate  d'hydrocarbonate)  qui9 
selon  les  inventeurs,  offrirait  les  moyens  d'extraire  utilement  le  sucre 
des  mélasses.  Nous  avons  pu  étudier  ce  procédé  et  cet  agent  à  l'aide 
des  brevets  qui  datent  de  1865,  et  en  rendant  compte  de  nos  études  k 
cette  même  place,  il  y  a  deux  ans,  nous  avons  témoigné  notre  scepti- 
cisme sur  la  réalité  de  l'agent  en  tant  que  composé  chimique  défini,  et 
nous  avons  en  outre  manifesté  notre  étonnement  sur  l'inexécution  in- 
complète du  brevet,  quand  il  était  de  notoriété  que  la  raffinerie  de  La 
Vfllette  offrait  tous  les  moyens  utiles  de  démonstration,  si  les  procédés 
brevetés  eussent  été  une  vérité.  Nous  avons  mis,  à  la  même  époque, 
les  inventeurs  en  demeure  d'eïécuter,  ce  qui,  selon  nous,  est  impos- 
sible, savoir  :  L'extraction  du  sucre  des  mêlasses  à  laide  du  sucrate 
à9 hydrocarbonate.  Deux  années  se  sont  écoulées,  une  usine  nouvelle 
a  été  organisée  à  grands  frais,  et,  malgré  les  promesses  chaque  jour 
réitérées,  elle  ne  fournit  aucune  démonstration.  IL  serait  temps,  cepen- 
dant, après  sept  années  d'attente,  de  justifier,  dans  l'opinion  publique, 
l'existence  d'un  brevet,  qui,  sans  cette  justification,  n'aurait  été  qu'une 
mystification.  » 

L'homme  éminent  qui  fut  si  longtemps  notre  ami  nous  permettra- 
t-il  de  lui  demander  si  cette  sommation  est  vraiment  digne  de  celui 
que  son  talent,  ses  services  rendus,  son  âge,  ont  mis,  en  France 
et  dans  le  monde  entier,  à  la  tète  de  la  grande  industrie  du  sucre  ? 


636  LES  MONDES. 

►  ■ 

Se  peut-il  qu'il  laisse  encore  tant  de  jeu  à  la  passion  ;  qu  il  ne  tienne 
aucun  compte  des  désastres  des  deux  années  qu'il  jette  si  durement 
au  visage  de  ses  jeunes  confrères  ;  et  qu'il  mette  en  avant  une 
impossibilité  alors  qu'il  sait  que  cette  prétendue  impossibilité  n'a  pas 
fait  reculer  devant  une  dépense  de  plusieurs  centaines  de  mille  francs 
et  la  construction  d'une  grande  usine.  Pourquoi,  cher  maître,  dans 
'  l'intérêt  de  votre  gloire,  n'attendez-vous  pas  plus  patiemment,  et  n'ad- 
mirez-vous pas  au  lieu  de  gourmander  avec  tant  de  mauvaise  humeur? 
Malgré  votre  science,  vous  ne  savez  pas  tout,  et  le  doute,  à  tout  âge, 
est  une  grande  sagesse.  —  F.  Moigno. 

médecine.  —  Faculté  de  médecine  de  Bordeaux.  —  Par  délibé- 

'  ration,  en  date  du  2  mars  4  872,  la  ville  de  Bordeaux  s'est  engagée  pour 
une  période  d'au  moins  douze  années  consécutives:  1°  à  fournir  le» 

'  bâtiments  nécessaires  à  l'installation  définitive  de  la  Faculté  dont  elle 
sollicite  la  création;  2°  à  approprier  ces  bâtiments  aux  besoins  de  l'en- 

'  seignemeut  et  à  les  pourvoir  du  mobilier  et  de  la  bibliothèque  indis- 
pensables; 3°  à  pourvoir  annuellement  à  toutes  les  dépenses  de  répara- 

'  tion  et  d'entretien  des  bâtiments  ;  4°  à  verser  chaque  année,  en  fin 
d'exercice,  dans  les  caisses  du  Trésor,  une  somme  égale  à  l'excédant 
que  les  dépenses  au  compte  de  l'Etat,  relatives  au  personnel,  au  maté- 
riel de  l'enseignement  et  à  l'administration  de  ladite  Faculté,  présen- 
teraient sur  les  recettes  faites  par  le  Trésor.  Le  conseil  municipal  a  voté 
en  outre  une  somme  annuelle  de  149000  francs,  afin  de  pourvoir  aux 
dépenses  prévues  de  la  nouvelle  institution,  et  un  crédit  éventuel  de 
330  000  francs  pour  l'appropriation  des  locaux. 

Décès  à  Paris  du  30  mars  au  5  avril.  —Variole,  4;  rougeole,  14  ; 
scarlatine,  1  ;  fièvre  typhoïde,  33;  érysipèle,  8;  bronchite  aiguë,  16; 
pneumonie,  64;  dyssenterie,  2  ;  diarrhée  cholériforme  des  jeunes  en- 
fants, 2;  engine  couenneuse,  8  ;  croup,  22;  affections  puerpérales,  8  ; 
~  autres  affections  aiguës,  231  ;  affections  chroniques,  330,  dont  158  par 
la  phthisie  pulmonaire  ;  affections  chirurgicales,  90;  causes  acciden- 
telles, 21.  Total  884  décès  contre  826  la  semaine  dernière. 

Peste  des  steppes.  —  M.  Bouley  écrit  de  Vienne,  où  il  représente  la 

'  France  dans  la  conférence  internationale  qui  a  pour  but  de  rechercher 

les  moyens  d'atténuer  la  propagation  de  la  peste  des  steppes,  que  la 

question  est  pratiquement  résolue  par  une  méthode  qu'il  exposera 

bientôt  devant  l'Académie. 

Nomination.  —  M.  Baudrimont,  pharmacien  en  chef  de  l'hôpital 
Sainte-Eugénie,  est  nommé  professeur  de  pharmacie  chimique  à  l'Ecole 
supérieure  de  pharmacie  en  remplacement  de  M.  Lecanu,  décédé. 


LES  MONDES 


637 


Signe  certain  de  longévité.  —  M.  Gib  Duncan  formule  les  conclu- 
sions suivante»  :  Personne  ne  peut  dépasser  70  ans  avec  une  épiglotte 
(luetfef  pendante;  l'affaissement  de  l'épiglotte  amène  la  fin  de  la  vie  . 
vers  70  ans;  une  épiglotte  toujours  verticale  et  non  relâchée  donne  les 
meilleures  chances  d'atteindre  une  extrême  limite  de  longévité. 

—  Des  températures  élevées  excessives  dans  les  maladies,  par 
M.  Peter.  —  1°  La  chaleur,  ce  signe  le  plus  certain  de  la  vie  dans 
l'animalité,  devient  par  son  excès  même  l'indice  le  plus  certain  de 
la  mort  ; 

2°  Les  températures  excessives,  avantcouxrières  de  la  mort,  forment 
des  névroses  convulsives  au  choléra,  et  de  celui-ci  aux  autres  maladies 
aiguës  une  progression  décroissante  dont  la  raison  est  l'état  d'intégrité 
plus  ou  moins  complète  de  l'organisme  du  mourant; 

3°  Le  poumon,  organe  direct  de  la  calorification  dans  l'animal,  étant 
la  surface  d'absorption  de  l'oxygène,  est  un  agent  direct  de  réfrigéra* 
tion,  de  sorte  que  supprimée  sa  fonction  la  température  s'élève  dans 
des  proportions  incompatibles  avec  la  vie. 

—  La  toux  chez  les  malades  de  la  poitrine  et  du  larynx,  put 
M.  le  docteur  Salles- Girons.  —  Si  la  toux  n'avait  pas  d'autres  incon- 
vénients que  ceux  que  nous  lui  voyons  chei  les  personnes  d'assez  bonne 
santé,  nous  n'y  ferions  pas  attention  ;  mais  chez  les  malades  de  poi- 
trine elle  est  une  des  principales  causes  de  l'aggravation  du  mal  par 
les  secousses  de  l'organe  et  l'excitation  des  tissus  qui  en  sont  la  consé- 
quence. 

Dites  à  qui  tousse  de  s'arrêter  de  tousser,  et,  le  prenant  sur  le  fait, 
d'exécuter  votre  conseil;  voyez  ce  qui  arrive.  Il  met  sur  sa  bouche  sa 
main  ou  le  mouchoir,  et  peu  à  peu  il  reprend  le  mouvement  respira- 
toire ;  il  se  garde  de  parler  quelque  temps,  il  résiste  à  la  démangeaison 
du  fond  de  la  gorge,  etc.,  etc. 

J'apprends  qu'en  Allemagne,  depuis  quelques  temps,  dans  les  Ecoles 
primaires,  défense  est  faite  aux  enfants  de  tousser  et  qu'il  y  a  des 
punitions  contre  la  toux. 

Cette  nation  a  juré  de  passer  devant  nous  en  toutes  choses! 

Après  un  siècle  de  cette  éducation,  les  morts  de  la  poitrine  auront 
peut-être  diminué  d'un  quart;  la  toux  est  pour  plus  que  cela  dans  la 
mortalité  de  la  phthisie. 

—  Nouveaux  Anestkésiques.  —  Les  Bromures  d'Ethyle  et  de 
JUéthyle.  —  Le  bromure  d'éthyle  ou  éther  bromhydrique  (G2  H*  Br.) 
est  un  liquide  peu  volatil  que  l'on  obtient  en  distillant  quatre  parties 
de  bromure  de  potassium  en  poudre  avec  cinq  parties  d'un  mélange 
consistant  en  deux  parties  d'acide  suif urique  fort  et  une  partie  d'alcool 


U3fe  LES  MONDES. 

rectifié.  Ce  corps  est  un  anesthésique  général  très-puissant  et  tout  à 
fait  inoffensif.  Une  atmosphère  contenant  8  à  9  pour  «cent  de  vapeur 
de  bromure  d'éthylc  produit  rapidement  et  sans  danger  par  inhalation 
la  perte  de  la  sensibilité  générale;  la  respiration  reste  tranquille,  le 
pouls  calme  et  la  transition  du  premier  au  second  degré  du  narco- 
tisme  est  si  prompte  que  k  période  -d'excitation  musculaire  est  à  peine 
appréciable. 

Lorsque  l'on  pousse  l'anesthésie  à  l'extrême,  la  résistance  cardiaque 
est  bonne;  enfin,  quand  on  cesse  l'inhalation,  le  retour  à  la  connaissance 
est  rapide  ;  il  se  produit  en  trois  ou  oinq  minutes,  car  l'insolubilité  du 
liquide  dans  le  sang  en  favorise  l'élimination. 

Le  bromure  de  méthyle  (C  H4  Br.)  est  gazeux  à  la  température  ordi- 
naire; on  l'obtient  avec  un  mélange  à  une  basse  température  de  50 
parties  de  brome,  200  d'alcool  méthylique  et  7  de  phosphore.  Sous 
l'influence  du  froid  il  devient  liquide,  mais  bout  à  55°  Fahr.  Il  a  les 
mêmes  propriétés  et  les  mêmes  défauts  que  le  bromure  d'éthyle  ;  c'est 
un  anesthésique  général,  mais  de  plus,  c'est  comme  lui  un  puissant 
désinfectant  et  c'est  comme  tels  que  ces  deux  corps  pourraient  entrer 
dans  la  pratique;  ils  détruisent  et  décomposent  les  matières  organiques, 
et  leur  grande  volatilité  les  rendrait  d'un  précieux  secours  dans  cer- 
taines maladies. 

Association  générale. —  M.  Tardieu  reste  président  de  l'Associa- 
tion des  médecins  de  France  par 800  suffrages  sur  1  400  votants.  Beau- 
coup de  médecins  avaient  pensé  à  M.  Bouillaud;  mais,  d'une  part, 
M.  Bouillaud  avait  décliné  toute  candidature,  et  d'ailleurs  il  croit  à 
Dieu  et  à  l'âme,  et  il  a  la  naïveté  de  penser  encore  que  l'anatomie  et 
la  physiologie  sont  les  deux  pierres  angulaires  de  la  médecine. 
M.  Damoiseau,  président  de  la  Société  médicale  deTOrne,  ardent 
partisan  de  M.  Bouillaud,  osa  parler,  dans  les  salons  du  Grand- 
Hôtel,  de  la  candidature  de  son  maître  à  un  professeur  de  la  Faculté 
de  Paris  •-  a  Ah  1  cher  confrère,  s'écria  celui-ci,  n'allez  pas  vous  aviser 
de  mettre  en  avant  le  nom  de  M.  Bouillaud,  il  est  impossible!  »  ht  un 
instant  après  :  c  Vous,  mon  cher  Damoiseau,  vous  en  êtes  encore  à 
croire  à  l'âme.  »  «  Oui,  mon  illustre  ami,  répondit  M.  Damoiseau  ; 
non-seulement  j'y  crois,  mais  je  sais  que  les  nécessités  de  la  logique 
exigent  absolument  que  je  passa*  par  l'âme  pour  connaître  le  corps:  * 
{Extrait  de  la  France  médicale.) 

Où  allons-nous ,  hélas  !  L'autre  jour,  je  rencontre  pour  la  pre- 
mière fois,  sous  ma  main,  un  numéro  de  la  République  française, 
journal  du  grand  Gambetta,  président  de  l'avenir.  Je  jette  un  coup 
d'oeil  sur  le  feuilleton  intitulé  Critiqué  religieuse,  et  la  première 


.LES  MONDES.  639 

phrase  qui  frappe  mon  regard  est  celle-ci  :  c  Nous  croyons  volontiers 
comme  Dupuis  qu'il  n'y  a  plus  que  Us  sots  —  et  les  ignorants  —  qui 
croient  aux  idées  révélées.  »  Grand  merci,  monseigneur  !  Je  oours  à 
la  fiA  de  l'article  pour  savoir  à  quel  docteur  je  devais  adresser  mes 
reraerciments.  Mais  l'article  est  anonyme  et  n'a  pour  signature  qu'une 
terrible  déclaration  de  guerre,  ou  menace  de  mort  qui  m'a  fait  froid 
dans  les  os  :  a  Les  deux  adversaires,  la  tradition  ou  l'Eglise  et  l'expé- 
rience ont  fini  par  rompre  avec  éclat,  et,  dédaignant  toute  hypocrisie, 
ils  se  préparent  à  livrer  un  combat  terrible,  un  vrai  combat  ptur 
l'existence,  car  il  s'agit  de  savoir  qui  l'emportera  de  l'homme  ou  des 
dieux  (pour  l'auteur  il  n'y  a  pas  de  vrai  Dieu,  il  n'y  a  que  de  faux 
dieux  inventés  par  l'homme),  de  la  science  ou  de  la  foi,  de  l'Eglise  ou 
de  la  civilisation  I  s  Quel  flot  de  barbarie  condensé  dans  cet  antago- 
nisme impie  !  Vous  verrez  bien  !  Voyez  comment  elle  se  manifeste 
déjà. 

Hécatombe  de  nourrissons.  —  Une  nourrice  qui  perd  soixante- 
quatre  nourrissons I  Est-ce  possible!  et  c'est  cependant  ce  qu'af- 
firme un  de  nos  médecins  inspecteurs,  qui  donne  le  nom  et  l'a- 
dresse de  cette  odieuse  femme,  une  des  mille  faiseuses  d'anges  de 
notre  chère  et  belle  France  ultra-civilisée.  Le  plus  étrange,  c'est  que 
ses  propres  enfants,  au  nombre  de  quatre,  sont  très-bien  portants,  et 
que  les  enfants  de  ses  filles,  qu'elle  a  élevés  aussi,  sont  tous  bien 
venus  ! 

Agriculture.  —  Le  prix  des  céréales.  —  Les  céréales  ont  dé- 
cidément persisté  à  rencontre  de  toutes  les  statistiques,  de  tous  les 
calculs  officiels  et  commerciaux.  Aujourd'hui,  on  ne  sent  la  pénurie 
des  offres  nulle  part.  Les  récoltes  en  terre  promettent  une  riche  mois- 
son. Les  ports  d'Amérique,  de  la  Russie,  de  la  Baltique  ont  plus  de 
grains  a  nous  offrir  que  nous  n'en  pouvons  acheter.  Il  n'y  a  plus  de 
cause  de  hausse  possible  que  dans  un  printemps  qui  serait  funeste  aux 
récoltes  en  terre.  Dieu  nous  préserve  de  cette  cause  de  hausse. 

Les  luzernières  et  la  cuscute  dans  le  Midi.  —  M.  Gautrelet,  agri- 
culteur à  Aiguës-Mortes,  dès  qu'il  reconnaît  quelques  filaments  de 
cuscute,  s'empresse  de  couper  avec  un  instrument  tranchant,  à  dix 
centimètres  en  terre,  les  tètes  de  luzerne  qui  en  sont  couvertes.  Il 
prend  soin  qu'il  n'en  reste  aucune,  et  va  même  un  peu  au  delà  du 
cercle  où  le  parasite  s'est  montré.  On  enlève  avec  soin  les  tètes  de  lu- 
zerne et  de  cuscute,  pour  que  le  terrain  en  soit  bien  purgé.  C'est  au 
printemps,  et  même  en  été,  tant  que  dure  la  végétation,  que  l'on 
opère.  Au  bout  d'un  mois,  on  constate  que  la  luzerne,  délivrée  de  la 


640  LES  MONDES. 

plante  parasite,  sort  de  terre  avec  une  telle  vigueur,  qu'à  la  coupe  sui- 
vante les  vides  sont  remplis. 

Culture  des  betteraves.  —  Après  une  période  assez  longue 
d'une  température  remarquablement  douce ,  nous  avons  eu  une 
reprise  de  froid  ;  le  thermomètre  s'est  abaissé  au  point  de  congela* 
tion,  et  une  neige  assez  abondante,  qui  n'a  point  persisté,  est  tombée 
dans  différentes  localités.  Depuis,  le  thermomètre  s'est  relevé,  et 
nous  sommes  en  pleines  giboulées  de  mars,  qui  n'ont  d'autre  effet 
que  de  retarder  un  peu  les  travaux  de  préparation  du  sol  pour  les- 
quels» d'ailleurs,  il  n'y  a  point  de  retard. 

Le  froid  que  nous  signalons  n'a  eu  aucune  action  sur  les  betteraves 
encore  peu  nombreuses  déjà  semées;  sa  prolongation  n'aurait  pu 
que  retarder  un  peu  la  levée  qui,  avec  des  terrains  meubles  et  suf- 
fisamment humides  comme  ils  le  sont  cette  année ,  promet  de  se 
faire  dans  de  bonnes  conditions.  Partout  on  se  prépare  à  l'ense- 
mencement qui,  jusqu'à  présent,  n'avait  guère  été  entrepris  que 
dans  le  département  du  Nord,  où  généralement  les  terres  sont 
prêtes  de  bonne  heure  et  où  Ton  se  trouve  bien  de  semer  hâti- 
vement. 

La  betterave,  dont  il  faudra  de  grandes  quantités  pour  alimenter 
les  usines  nouvelles  qui  s'établissent  ainsi  que  pour  suffire  aux 
.agrandissements,  est  très- recherchée,  et  nos  fabricants  traitent  en 
hausse  sur  l'année  dernière.  On  paye  couramment  20  à  22  fr.y  et 
on  parle  môme  de  prix  plus  élevés.  Beaucoup  de  nos  lecteurs  ont 
connu  la  betterave  à  16  fr.  et  au-dessous  de  ce  prix,  considéré  alors 
comme  rémunérateur  ;  c'est  donc  une  hausse  de  30  à  40  pour  100 
sur  cette  racine  qui  est  devenue  véritablement,  dans  toute  la  région 
du  Nord,  la  providence  des  cultivateurs. 

Nous  trouvons  très-juste ,  pour  notre  part,  que  le  sol  profite  des 
bénéfices  de  l'usine,  et  l'argent  a  d'ailleurs,  comme  toutes  choses, 
changé  de  valeur  depuis  vingt  ans.  Mais  quand  on  paye  de  la  ma- 
tière première  ce  prix,  celui  qui  l'emploie  a  plus  que  le  droit  d'être 
exigeant  sur  sa  qualité,  et  il  doit  se  rendre  compte  d'avance  du 
produit  qu'il  en  peut  retirer.  Le  cultivateur  serait  le  premier  à  tarir 
la  source  d'une  richesse  qui  profite  à  tous  s'il  ne  s'associait  aux 
efforts  du  fabricant  pour  améliorer  la  race  de  nos  betteraves,  et 
pour  ne  confier  an  sol  que  des  graines  propres  à  produire  les  meil- 
leures plantes  à  sucre.  De  part  et  d'autre,  on  ne  saurait  exercer  une 
vigilance  trop  grande  sur  ce  point  d'où  dépend ,  dans  une  très- 
grande  mesure,  l'avenir  même  de  l'industrie  du  sucre. 

L'activité  en  vue  de  l'industrie  du  sucre  n'existe  pas  en  ce  mo- 


\ 


LES  MONDES.  .  <54i 

ment  que  dans  les  champs,  elle  est  très-grande  aussi  dans  tous  nos 
ateliers  spéciaux  de  construction  de  Paris,  de  Lille,  de  Saint-Quentin 
et  de  Yalenciennes  dont  plusieurs  ne  peuvent  plus  accepter  d'au- 
tres commandes.  Les  prix  du  fer,  de  la  fonte,  du  cuivre  ont,  par  des 
causes  diverses ,  augmenté  dans  de  grandes  proportions ,  et  les 
usines  établies  cette  année  devront,  dès  lors,  coûter  un  prix  plus 
élevé  que  celles  établies  les  années  précédentes  où  l'on  vit  les  mé- 
taux à  un  prix  si  bas.  C'est  une  raison  de  plus  pour  travailler  éco- 
nomiquement, et  la  forte  production  de  cette  année  commande  à 
nos  fabricants  beaucoup  de  sagesse  en  même  temps  que  le  déve- 
loppement de  toute  leur  initiative  et  de  toute  leur  intelligence. 

(Journal  des  Fabricants  de  sucre.) 

Ingénieurs  agricoles.  —  Par  suite  du  décret  rendu  sur  la  proposition 
de  M.  Dumas,  l'Ecole  centrale  des  arts  et  manufactures  comprendra  dé- 
sormais dans  les  programmes  de  ses  cours  renseignement  supérieur 
agricole,  pour  lequel  elle  admettra,  dès  cette  année,  des  élèves  dans 
les  mêmes  conditions  d'instruction  que  les  autres  candidats.  Les  études 
continueront  d'être  communes  pendant  les  trois  premiers  semestres  ; 
elles  deviendront  spéciales  à  l'agriculture  pour  certains  cours  à  partir 
du  quatrième  semestre. 

Exposition  de  Lyon.  —  Le  Journal  officiel  promulgue  la  loi  qui 
alloue  une  subvention  de  200  000  francs  à  l'Exposition  universelle  de 
Lyon  qui  veut  faire  une  belle  place  à  l'agriculture. 

Etat  des  cultures.  —  Sauf  ce  qui  concerne  la  vigne  dans  plusieurs 
régions,  dit  le  Journal  d'agriculture,  et  quelques  arbres  fruitiers,, 
toutes  les  récoltes  se  comportent  de  manière  à  n'inspirer  aucune 
crainte  aux  cultivateurs. 


MÉCANIQUE  PRATIQUE 

Atelier  souterrain  et  «ous-murln.  —  Système  François 
Durand,  applicable  à  tous  les  travaux  :  Tunnels,  Siphons,  Jetées, 
Digues,  Quais,  Barrages,  et  principalement  à  la  traversée  des  Fleuves 
et  des  Bras  de  mer.  —  Nous  appelons  d'une  manière  toute  particu- 
lière l'attention  de  nos  lecteurs  sur  l'atelier  de  M.  Durand,  qui  nous 
semble  un  trait  de  génie,  et  recevra  infailliblement  les  applications  les 
plus  inattendues.  —  F.  Moigno. 

De  tous  les  moyens  employés  jusqu'ici  pour  les  constructions 
au-dessous  du.  niveaux  des  eaux,  le  plus  fréquemment  usité  pour 
les  fondations  de  digues,  jetées,  barrages»  piles  et  culées  de 
ponts,  etc.,  etc.,  consiste   à  entourer  l'emplacement  du  travail  à 


642  LES  MONDES. 

construire  d'une  enceinte  étanche  ou  à  peu  près,  dite  batardeau  ; 
les  batardeaux  les  plus  en  usage  sont  formés  de  pieux  et  palplancbes 
profondément  enfoncés  dans  le  sol  et  soutenant  une  épaisseur  de  terre 
argileuse  destinée  à  empêcher  le  passage  des  eaux  dans  l'intérieur  à 
mesure  que  s'opère  l'épuisement. 

Un  autre  système,  appliqué  dans  les  rivières  très-profondes,  consiste 
dans  l'emploi  de  tubes  en  tôle,  remplis  de  béton,  que  l'on  enfonce  gra- 
duellement, après  avoir  fait  le  vide  en  refoulant  lair  dans  l'intérieur 
du  tube.  Ge  système  exige  des  appareils  extrêmement  coûteux. 

Enfin,  un  troisième  moyen  qui  n'a,  croyons-nous,  reçu  d'applica- 
tion qu'au  tunnel  sous  la  Tamise  à  Londres  :  magnifique  travail  dû 
à  un  de  nos  compatriotes,  l'ingénieur  Brunel,  consiste  à  laisser  entre 
le  travail  à  construire  et  le  lit  du  fleuve  une  épaisseur  de  terre  suffisante 
pour  soutenir,  dans  le  court  espace  déblayé  en  avancement  des  maçon- 
neries, la  charge  des  eaux  supérieures. 

On  avançait  ainsi  pas  à  pas  au  moyen  de  précautions  fort  ingénieuses, 
mais  malheureusement  extrêmement  onéreuses  et  insuffisamment  ef- 
ficaces contre  les  dangers  constants  qui  menaçaient  les  travailleurs  et 
l'œuvre  elle-même. 

Aussi,  malgré  la  réussite  et  l'achèvemont  de  ce  travail,  l'idée  de 
contruire  des  tunnels  ou  passages  sous-marins  a-t-elle  dû  être  aban- 
donnée avec  des  moyens  analogues. 

L'invention  de  M.  François  Durand  va  permettre  de  construire  les 
passages  sous  les  fleuves  avec  une  dépense  comparable  à  celle  d'un 
tunnel  ordinaire  de  mêmes  dimensions  en  terrain  ferme  et,  par  suite, 
avec  une  économie  énorme,  dans  beaucoup  de  cas  à  un  prix  inférieur 
à  celui  d'un  simple  pont. 

Sa  supériorité  sur  le  système  de  batardeaux  est  aussi  très-grande, 
par  suite  du  coût  élevé  du  batardeau  lui-même  et  surtout  des  épuise- 
ments qui  sont  nécessaires  pendant  tout  le  cours  du  travail. 

Elle  offre  de  plus  l'avantage  de  permettre  la  pose  à  sec  du  béton  au 
lieu  de  l'immersion,  différence  radicale  pour  la  solidité  de  cette  nature 
de  maçonnerie. 

Un  passage  à  l'embouchure  de  chacun  de  nos  grands  fleuves,  U 
Seine,  la  Loire,  le  Rhône,  la  Gironde,  permettant  de  mettre  en  com- 
munication des  rives  séparées  sur  de  grandes  longueurs  par  l'absence 
de  ponts  rendus  impossibles  à  cause  des  besoins  de  la  grande  naviga- 
tion, nous  parait  devoir  être  l'application  la  plus  immédiate  et  la  plus 
heureuse  du  système  de  M.  Durand.  Des  concessions  à  péage  seront 
la  juste  et  efficace  rémunération  des  capitaux  engagés. 

De  pareils  passages  devront  être  construits  sous  les  grands  fleuves 


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LES  MONDES.  643 

de  toute  l'Europe  et  en  nombre  plus  considérable  dans  les  pays  du 
Nord,  où  les  glaces,  au  dégel,  déracinent  les  piles  des  ponts  et  en  ren-  • 
dent  par  conséquent  l'édification  onéreuse  et  incertaine. 

Mais  là  ne  se  bornent  pas  les  applications  du  procédé  de  M.  Du- 
rand. 

Pour  les  travaux  en  mer,  par  exemple,  tels  que  fondations  de  jetées, 
digues,  quais,  etc.,  ont  est  obligé  aujourd'hui  d'immerger  des  enro- 
chements en  grande  quantité,  dont  la  majeure  partie  est  perdue  pour 
la  solidité  de  l'ouvrage  et  lui  devient  même  nuisible  par  l'obstacle 
«  irritant  »  pour  ainsi  dire,  qu'elle  apporte  à  l'action  des  eaux  et  qui 
en  augmente  les  ravages. 

Nous  signalerons  notamment  la  grande  jetée  de  Cherbourg,  dans 
laquelle  on  a  été  obligé  d'employer  des  caissons  en  charpente  de  forme 
conique  et  de  grande  dimension,  de  façon  à  permettre  l'immersion  des 
enrochements  par  grandes  masses  ne  pouvant  être  dispersées  par  la 
mer. 

De  plus,  ce  procédé  ne  donne  à  la  fondation  qu'une  base  relative- 
ment fragile,  puisque  l'équilibre  fortuit  qui  s'est  établi  entre  ces  blocs 
lancés  à  l'aventure  peut  être  détruit  un  jour  par  une  cause  impossible, 
non-seulement  a  prévoir,  mais  même  à  reconnaître. 

Avec  le  système  de  M.  Durand,  on  pourra  construire  sur  le  sol  des 
monolithes  très-considérables  régnant  sur  toute  la  longueur  du  travail 
à  établir,  et  l'on  sera  maître  de  leur  Taire  offrir  à  l'action  des  eaux  la 
sijrface  la  plus  convenable. 

Enfin,  nous  trouverons  une  utile  et  fructueuse  application  dans  les 
fondations  de  barrages  en  rivière,  dans  la.  constructions  de  siphons  ou 
conduites  forcées  d'une  rive  à  l'autre,  etc. 

Nous  ne  nous  étendrons  pas  davantage  sur  les  applications  de  ce 
système,  qui  sont  aussi  nombreuses  et  variées  que  le  sont  elles-mêmes 
toutes  les  phases  des  travaux  hydrauliques,  nous  contentant  d'avoir 
indiqué  le  champ  vaste  et  inattendu  de  ces  grands  travaux,  dont  la 
construction  se  trouvera  simplifiée  et  améliorée  pour  la  plupart,  et 
rendue  facile  pour  ceux  qui  étaient  regardés  jusqu'ici,  sinon  comme 
impossibles,  du  moins  comme  impraticables. 

Description  de  t  appareil.  —  Le  principe  de  l'invention  consiste  à 
envelopper  le  travail  à  construire,  quelle  que  soit  sa  section,  d'une 
toile  suffisamment  forte  (1)  pour  ne  pas  permettre  au  travers  l'infiltra- 
tion de  l'eau. 


(1)  Le  commerce  livre  actuellement  de»  tabee  de  toile  résistant  eam  •aratesNni 
à  10  atmosphère»  de  pression.  On  pourrait  donc,  aaaa  eortir  âm  eàoeet  eossBee* 
travailler  à  une  preesien  de  plu»  de  109  mètre»  ton»  1'c*q* 


614  LES  MONDES. 

Un  bouclier,  construit  en  forte  tôle  et  en  fonte,  et  d'un  poids  suf- 
fisant pour  se  maintenir  au  fond  de  l'eau,  malgré  le  volume  (Tair 
intérieur,  soulève  et  soutient  cette  toile  sur  une  lougueur  assez  grande 
pour  y  travailler  et  forme  ainsi  une  chambre  de  travail  d'une  section 
supérieure  à  celle  à  donner  à  l'ouvrage  lui-même.  Cette  chambre  est 
représentée  sur  la  coupe  en  long  par  la  lettre  d. 

Le  bouclier  est  traversé  à  sa  partie  centrale  par  des  poutres  métal- 
liques sur  lesquelles  on  accumulera  le  poids  nécessaire  à  la  stabillité 
de  l'appareil,  de  façon  à  ce  que  son  centre  de  gravité  se  trouve  entré 
les  roues  du  chariot  C  qui  le  soutient  et  qui  nous  permet  d'en  régler 
l'avancement. 

Enfin,  un  tuyau  G,  dont  la  partie  supérieure  est  soutenue  par  une 
bouée,  permet  d'établir  un  courant  d'air,  et  la  ventilation  se  fera  ainsi 
naturellement.  Ce  tuyau  sert  de  plus  de  soutien  à  la  toile  e  qui  se 
trouve  ainsi  constamment  guidée  dans  son  avancement. 

Marche  du  travail.  —  Supposons  que  l'on  ait  à  construire  un  pas- 
sage pour  voiture  sous  la  Seine,  par  exemple,  et  que  les  rampes  d'ac- 
cès soient  préparées  jusqu'au  niveau  supérieur  des  eaux. 
-  Après  avoir  exécuté  le  draguage  nécessaire  pour  que  l'extrados  de 
notre  voûte  se  confonde  avec  le  lit  du  fleuve  dans  sa  traversée  et  en 
émerge  aux  deux  rives  par  une  pente  douce,  nous  plaçons  notre  bou- 
clier en  avant  de  notre  tète  d'entrée,  construite  à  sec,  à  laquelle  nous 
fixons  l'extrémité  de  notre  sac-,  logé  aussi  lui-même  complètement 
dans  la  partie  antérieure  de  notre  appareil,  auquel  nous  donnons  l'in- 
clinaison du  sol. 

Nous  commençons  ainsi  la  construction  de  l'amorce  de  notre  pas- 
sage :  radier,  piédroits,  voûte  et  chape,  et  nous  mettons  en  mouve- 
ment l'appareil  de  manière  que  l'anneau  maçonné  soit  toujours  engagé 
tous  l'enveloppe  métallique. 

La  toile  ne  servira  ainsi  que  de  couvre-joint  entre  les  deux  surfaces. 

Arrivés  à  la  fin  de  notre  pente,  à  la  plus  grande  profondeur,  il  fau- 
dra marcher  horizontalement,  ce  qui  sera  très-facile,  le  chariot  portant 
sur  des  rails  que  nous  pouvons  régler  à  notre  guise  en  nous  appuyant 
sur  le  radier  déjà  construit. 

Puis,  arrivés  vers  l'autre  rive,  nous  ferons  l'opération  inverse  pour 
sortir  graduellement  des  eaux  par  une  rampe  semblable  à  celle  par 
laquelle  nous  sommes  entrés  ;  enfin  la  tète  de  sortie  sera  construite  à  ' 
sec  et  le  travail  sera  terminé. 

.  La  toile  est  donc  restée,  prise,  à  sa  partie  inférieure!  entre  le  sol  et  le 
radier,  sa  partie  supérieure  protégeant  la  voûte  jusqu'à  la  prise  com- 
plète de  la  chape  qui  l'enveloppe.  «—A»  Lioic. 


LES  MONDES.  645 


CORRESPONDANCE  DES  MONDES 


M.  Jules  Girard,  à  Parts. — Réponse  à  cette  question  :  Admettant 
comme  démontrée  l'existence  dans  la  mer  de  courants  à  diverses 
profondeurs  et  dans  des  directions  différentes,  quelles  sont  les  causes 
déterminantes  ? 

1°  Courants  qui  vont  des  pôles  à  Véqualeur  et  vice-ver  sa.  — L'ori- 
gine des  courants  généraux  et  les  directions  qu'ils  suivent  semblent  dus 
à  la  distribution  inégale  de  la  chaleur  à  la  surface  du  globe.  Le  profes- 
seur Carpenter,  à  qui  Ton  doit  plusieurs  explorations  sous-marinés 
importantes,  a  confirmé  cette  hypothèse  au  moyen  d'une  expérience 
simple  et  ingénieuse  :  une  cuve  oblongue  est  munie  à  une  extrémité 
d'une  lame  métallique  touchant  d'un  côté  la  surface  du  liquide  qu'elle 
contient  et  faisant  saillie  extérieurement;  on  place  sous  cette  partie 
une  lampe  à  alcool.  Du  côté  opposé,  une  griffe  retient  un  morceau  de 
glace  flottant  sur  le  liquide.  La  chaleur  détermine,  à  partir  du  point  de 
contact  de  la  lame  métallique,  un  courant  de  surface,  rendu  sensible 
par  des  petits  corps  flottants  tenus  en  suspension,  tels  que  de  la  sciure 
de  bois.  Lorsque  le  courant  de  surface  rencontre  le  bloc  de  glace,  il 
s'infléchit,  forme  un  contre-courant  qui  retourne  sous  la  lame  chauffée. 
Il  y  a  donc  dans  cette  expérience,  où  l'équateur  est  représenté  par  ré- 
chauffement de  la  surface  et  le  pôle  par  le  bloc  de  glace,  une  compen* 
fiation  et  un  équilibre  entretenus  par  le  courant  de  surface  et  le  contre* 
courant.  Telle  eBt  la  théorie  des  courants  généraux. 

2°  Les  courants  de  surface  dans  les  bas- fonds  et  dans  les  couchée 
intermédiaires.  —  Les  courants  marins  sont  en  grand  ce  que  sont 
ceux  des  rivières  ;  nous  avons  à  chaque  instant  occasion  de  voir  que 
ceux-ci  sont  soumis  à  des  perturbations,  telles  que  les  exhaussements 
du  fond  du  chenal  ;  il  s'en  suit  une  déviation  en  rapport  variable  avec 
la  nature  de  ces  obstacles  provoquant  souvent  un  contre-courant.  Dans 
les  courants  marins  la  même  chose  a  lieu,  seulement  elle  est  accompa- 
gnée, sur  une  large  échelle,  de  tant  de  circonstances  complexes,  qu'il 
est  fort  difficile  d'attribuer  à  l'une  d'elles  particulièrement  tel  ou  tel 
effet. ••• 

H.  le  baron  Etjc4ne  dit  Mesnil,  à  Volnay.— De  1»  eombastf  •», 
de  1*  fermentation  et  des  vertu»  de  la  poussière*— 

La  combustion  est  l'oxydation  des  corps  par  l'oxygène  de  l'air.  La 

46 


646  LES  MONDES. 

fermentation  est  l'oxydation  des  corps  par  l'oxygène  qui  résulte  de  la 
décomposition  de  l'eau . 

La  combustion  n'a  lieu  [qu'à  la  température  de  la  chaleur  rouge  ; 
placez  une  lame  de  fer  poli  dans  un  récipienl  sous  la  pression  de  10 
atmosphères  d'oxygène,  elle  ne  sera  pas  ternie  par  la  rouille.  La  com- 
bustion parait  être  l'effet  d'une  pile  électrique  qui  donae  de  la  chaleur 
sans  électricité.  —  Soit  que  la  chaleurjsoit  l'électricité  elle-même,  soit 
que  le  calorique  soit  produit  par  la  réunion  immédiate  des  deux  élec- 
tricités, ce  qui  parait  plus  probable,  —  on  pense  généralement  qu'un 
filet  de  vapeur  sur  du  charbon  incandescent  se  décompose  pour  se  re- 
former et  que  la  chaleur  en  devient  plus  intense;  —  on  pense  encore 
que  le  bois  vert  bien  allumé  donne  des  rayons  plus  brûlants  que  le 
bois  sec.  &i  ces  observations  sont  exactes,  il  s'ensuit  qu'il  y  a  dans  le 
foyer  décomposition  et  recomposition  de  l'eau,  par  conséquent  double 
choc  électrique  ;  sans  cet  effet,  la  chaleur  du  foyer  serait  diminuée  de 
toute  celle  nécessaire  pour  vaporiser  l'eau.  Dans  tous  les  cas,  le  calo- 
rique latent  mis  à  nu  ne  suffirait  pas  pour  expliquer  l'intensité  de  la 
chaleur  réalisée, 

La  fermentation  opère  la  décomposition  de  l'eau  et  l'oxydation  des 
corps  combustibles  par  le  plus  grand  froid,  et  dans  les  cuves  elle  dé- 
veloppe une  chaleur  considérable,  résultat  de  la  réunion  immédiate  des 
deux  électricités.  Il  faut  cependant  pour  qu'elle  attaque  le  carbone  du 
sucre  plus  de  10  degrés  de  chaleur. 

Elle  est  évidemment  le  résultat  de  l'action  d'une  pile  électrique 
donnant  du  calorique  sans  électricité,  —  comme  si  l'on  remplaçait  le 
zinc  par  du  fer  dans  un  bain  galvanique.  —  Dans  les  vieux  termes  de 
la  science  cette  action  s'appelle  la  double  affinité  chimique.  Ainsi  une 
chaudière  à  vapeur  subit  et  l'ardeur  de  la  flamme  et  la  chaleur  de  la 
vapeur  et  du  liquide  à.  une  haute  température  et  sans  s'oxyder  pendant 
10.  ans, . —  parce  qu'elle  n'est  pas  dans  les  .  conditions  de  la 
fermentation, — tandis  qu'un  fusil  vernis  et  graissé  qui  a  reçu  quelques 
gouttes  de  pluie  se  trouve ,1e  iendemaint  chargé  de  rouille,  parce  que 
la  goutte  d'eau  pénétrée,  d'air  trouve  dans  l'air  de  l'oxygène  et  de  l'acide 
carbonique  et  s'est  décomposée  sur  le  fer  qui  s'est  trouvé  dans  les  con* 
ditiçns  de  la  fermentation  qui  agit  malgré  le  plus  grand  froid. 

Nos  éuves  de  vendange  se  conduisent  exactement  comme  le  fusil  de 
chasse. 

Sous  l'influence  d'un  pigeage  et  d'un  triturage  avec  l'oxygène  de 
l'atmosphère,  un  levain  de  fermentation  se  produit*  du  gaz  acide  car- 
bonique se  dégage.  L'oxygène  atmosphérique  qui  est  en  contact  avec 
le  chapeau  de  la  cuve,  complète  les  éléments  d'une  pile  électrique 


LES  MONDES.  647 

• 

végétale  et  une  forte  ébullition  accompagnée  de  chaleur  verse  dans 
la  cuve  une  quantité  considérable  d'acide  carbonique.  L'eau  a  été  dé- 
composée, son  oxgène  a  attaqué  environ  la  moitié  du  carbone  du  sucre 
de  raisin  et  s'est  répandu  au  dehors  ;  la  molécule  de  l'hydrogène  de 
l'eau  t'est  unie,  par  l'effet  électrique,  à  l'autre  molécule  de  carbone  qui 
est  demeurée,  et  elle  constitue  l'alcool  qui  est  ainsi  formé  dans  la 
cuve  dans  la  proportion  de  10  à  14  pour  cent,  et  l'eau  est  ainsi  trans- 
mutée en  alcool. 

,  Prenez  un  mètre  cube  de  vendange,  mutez-le  en  l'entourant  de 
glace  ;  laissez  fermenter  un  second  mètre  cube;  après  la  lermentation, 
celui-ci  pèsera  moins  que  le  premier  de  tout  le  poids  de  l'acide 
carbonique  éliminé  ;  distillez  l'eau  du  premier  mètre  cube,  vous  verrez 
quelle  est  de  plus  de  10  pour  cent  plus  volumineuse  que  celle  qui 
reste  dans  le  métré  cube  fermenté,  où  elle  est  unie  à  l'alcool. 

Cette  création  est  de  la  chimie  très-naturelle  et  toute  naturelle.  Ce- 
pendant  ce  système  est  ma  propriété  exclusive  comme  l'observe  en 
riant  M.  Robinet. 

L'opinion  contraire,  dont  on  ne  rit  pas,  qui  est  enseignée  au  public 
depuis  sept  ans  malgré  mes  protestations,  —  et  qui  a  même  passé  le 
détroit  avec  de  grands  applaudissements,  —  voit  dans  l'acte  de  ia  fer- 
mentation l'œuvre  d'atomes  animés  renouvelés  des  Grecs  et  du  faux 
Lucrèce  et  tels  qu'on  peut  les  percevoir  à  son  aise  dans  un  rayoa  de 
soleil  qui,  traversant  la  mince  ouverture  d'un  volet,  vient  éclairer  un 
appartement  obscur  et  tout  un  nouveau  monde  d'histoire  naturelle. 
Ce  sont  des  vibrions,  des  my codermes,  dont  les  uns  fabriquent  le  via 
et  d'autres  le  défont.  C'est  l'ami  et  l'ennemi  tout  à  la  fois;  ils  tuent 
même  les  malades  dans  les  hôpitaux,  et  pour  bien  faire  et  les  guérir,  il 
faut  les  arrêter  en  les  brûlant  sur  le  seuil  de  la  porte  de  l'établissement. 
Suivant  M.  Pasteur,  ces  espèces  de  gnomes  tombent  perpendiculaire- 
ment du  ciel,  ils  ne  remontent  pas  de  terre  et  ils  ont  la  sagesse  de  ne 
pas  s'engager  dans  le  bec  d'un  vase  recourbé. 

Ce  qui  confirme  la  croyance  des  savants  dans  les  vibrions  qui  fa- 
briquent la  bière,  c'est  que,  lorsque  la  levure  de  bière  est  en  action,  ' 
on  voit  aller  et  venir,  par  l'effet  de  la  pile  électrique,  des  espèces  de  pe- 
tits bonshommes.  Cependant Thenard  observa,  il'yaSOans,  que  lorsque 
la  levure  était  exposée  à  la  chaleur  de  l'eau  bouillante,  elle  perdait  ses 
propriétés  de  ferment.  En  effet,  puisque  le  système  Pasteur  tue  les 
mycodermes  à  60  degrés,  à  plus  forte  raison  ces  vibrions  doivent  être 
tués  à  100  degrés.  Mais  Thénard  observe  encore  qu'après  huit  jours  la 
levure  de  bière  reprend  sa  puissance  de  ferment. 

Ceci  s'explique  chimiquement  :  l'ammoniaque  est  le  principe  élec- 


C48  LES  MONDES. 

trique  qui  fabrique  la  bière  ;  dans  le  nord  ont  met  des  triparties  dans 
la  bière.  C'est  l'ammoniaque  qui  constitue  la  pile  d'attraction  de  la  partie 
azotée  de  nos  Tins,  soit  qu'ils  soient  à  l'amer,  soit  qu'ils  soient  à  la 
fermentation  putride.  Or,  la  levure  de  bière  qui  est  une  matière  végeto- 
animale  se  décompose  à  nouveau  et  produit  à  nouveau  de  l'ammo- 
niaque prêt  à  fonctionner. 

Si  l'on  suivait  les  savants  dans  leurs  nouvelles  pages  d'histoire  natu- 
relle, les  vibrions  morts  se  trouveraient  ressuscites;  cependant  jusqu'à 
présent,— j'en  excepte  le  phénix  des  anciens,— ce  qui  est  mort  est  bien 
mort  Ainsi  donc,  cette  poussière  vivante,  si  utile  et  en  même  temps 
si  destructive,  aurait  encore  la  vertu  spéciale  de  la  résurrection. 

Je  vais  passer  en  revue  les  différents  systèmes  sur  les  causes  de  la 
fermentation.  Ghaptal  pensait  qu'elle  était  le  résultat  d'un  élément 
particulier  au  raisin  qu'il  appelle  le  ferment  et  qui,  combiné  avec  le 
sucre,  réalisait  l'alcool.  D'après  ce  système,  M.  Abel  Petiot  achetait 
mes  vins  bien  cuvés;  arrivé  chez  lui;  il  les  plaçait  dans  une  étuve  de 
18  à  25  degrés  de  chaleur  et  dosait  chaque  futaille  de  15  kilogrammes 
de  sucre  —  la  bonde  garnie  d'une  soupape  hydraulique  ;  —  la  fer- 
mentation durait  trois  mois,  ensuite  il  mettait  en  bouteilles. 

Ce  vin,  à  Chàlons-sur-Saône,  était  brûlant  à  couper  la  bouche,  mais 
après  cinq  mois  de  navigation  dans  les  mers  de  l'Inde,  il  parait  qu'il 
était  trouvé  très-convenable  et  très-fondu.  M.  Abel  Petiot  pensait,  par 
cette  longue  fermentation,  avoir  détruit  le  principe  fermentescible;  il 
n'avait  fait  que  de  muter  la  liqueur  par  une  charge  extraordinaire 
d'alcool. 

2.  M.  Dubrunfaut  a  dit  nouvellement  que  l'acide  carbonique  n'at- 
taque pas  le  carbone  sans  l'intervention  de  l'eau  ;  il  s'est  exprimé 
d'une  manière  incorrecte,— l'acide  carbonique  ne  peut  pas  attaquer  le 
carbone,  —  il  aurait  du  dire  l'eau  n'attaque  pas  le  carbone  sans  l'in- 
tervention de  l'acide  carbonique. 

3.  M.  Pasteur,  pour  soutenir  son  Système  des  Vertus  de  la  poussière 
animée,  propose  dans  les  Monda  deux  expérimentations. 

Placez  la  vendange  dans  un  vase  se  terminant  par  un  col  recourbé 
elle  ne  moutera  pas.  Les  expériences  de  M.  Pasteur  sont  honorables, 
ainsi  qu'il  le  dit,  mais  il  a  tort  d'agir  sur  de  petites  masses  dans  des 
vases  trop  petits.  Il  y  a  50  ans,  Mlle  Gervais  nous  racontait  que  nous 
perdions  notre  alcool  et  notre  parfum,  qu'il  fallait  boucher  hermé- 
tiquement les  cuves  et  les  terminer  par  un  bec  recourbé  plongeant  dans 
l'eau;  évidemment  les  bactéries  se  seraient  noyées  en  traversant  ce  bain 
et  un  courant  assez  fort  d'acide  carbonique. 


LES  MONDES:  649 

Cependant  la  fermentation  marchait,  seulement  elle  durait  trente 
jours  au  lieu  de  six  ou  huit. 

En  second  lieu  prouver,  encore  plus  fort,  que  le  vinaigre  est  fabri- 
qué par  des  vibrions,  comme  un  certain  poisson  chinois, 

Mettez,  dit-il,  dans  une  futaille  mère  de  vinagre,  de  l'eau  bouillante; 
la  mère  de  vinaigre  sera  tuée,  elle  ne  fonctionnera  plus.  Ce  sont  des 
expériences  en  petit  et  pour  un  mois.  Journellement  nos  ouvriers  ont 
un  petit  quarteau  de  vin  qui  passe  au  vinaigre  par  la  chaleur  et  la  vi- 
dange ;  alors  tout  bon  vin  qu'ils  remettent  dans  ce  fût  devient  vinaigré. 
Ils  font  bien  tout  ce  qu'ils  peuvent,  ils  échaudent  leur  petit  quarteau, 
enfin  ils  me  l'apportent;  je  le  traite  par  l'acide  sulfurique  étendu  d'eau, 
je  détruis  l'acide  acétique  et  sa  double  affinité  chimique  et  la  mère  de 
vinaigre  est  décidément  morte. 

Depuis  bien  des  années  je  m'étais  aperçu  que  l'air  contenu  dans  le 
vin  était  la  cause  de  nos  ruines,  et  tout  mon  travail  consistait  à  l'éK- 
miner,  mais  je  ne  pouvais  me  servir  des  machines  pneumatiques  du 
laboratoire  parce  que  ce  sont  de  fragiles  joujoux.  Iiafallu  inventer  une 
puissante  pompe  pneumatique  qui  travaille  trois  mois  sans  avarie  et 
qui  fait  le  vide  à  2  ou  3  centimètres  de  mercure  près.  J'ai  donccommencér 
par  des  vins  à  l'amer.  Le  gai  que  contient  ce  vin  a  une  odeur  acide 
et  une  saveur  extrêmement  acre,  maïs  je  n'ai  pas  pu  le  faire  analyser 
parce  que  je  place  le  tonneau  debout  sous  une  cloche  de  fèr  et  que  j'ai1 
à  faire  le  vide  sur  un  milieu  d'air  atmosphérique.  Mats  après  une 
heure,  l'opération  terminée,  le  vin  qui  était  trouble,  acte  «i  pâle,  de- 
vient rouge,  clair  et  sapide. 

J'ai  traité  de  même  par  le  départ  de  l'air  des  vins  à  la  fermentation 
putride  ;  —  ce  qui  est  détruit  dans  le  vin  ne  peut  se  rétablir  complé* 
tement,  —  mais  le  vin  devient  potable. 

Enfin  si  vous  traitez  par  la  machine  pneumatique  des  vins  qui  ont 
six  mois,  vous  brisez  les  capsules  de  la  fibre,  voué  enlevez  du  gaz 
acide  carbonique,  le  vin  se  conduit  sagement  sans  faire  de  dépôt 
dans  le  tonneau,  et  il  n'est  plus  exposé  à  ces  violentés  fermentations' 
qui  le  détruisent  et  le  prédisposent  à  l'amer  qui  est  la  maladie  de  nos 
vins  fins,  taudis  que  la  fermentation  putride  attaque  le  bordelais  et  nos 
vinsgàmais. 

La  congélation  du  vin  produit  un  effet  semblable  à  'celui  de  la  ma- 
chine pneumatique,  indépendamment  du  départ  de  l'eau. 

Si  une  pièce  est  gelée,  que  vouô  veuillez  la  faire  rouler,  le  vin  s'é- 
chappe par  la  bonde  ave'c  la  plus  grande  violence,  parce  Çue  la  con- 
gélation a  détruit  et  rompu  la  fibre  du  vin  et  ses*  capsulés,  l'air  est 


060  LES  MONDES. 

r  » 

libéré  et  il  s'échappe  avec  une  grande  force*  Ce  sont  ces  vésicules 
microscopiques  dont  M.  Pasteur  fait  des  mycodermes* 

Le  système  Pasteur  du  chauffage  des  Tins  à  ciel  ouvert  qui  n'est  pas 
celui  d'Àppert  ni  de  M.  Abel  Petiot  qui  m'a  enseigné,  il  y  a  20  ans,  à 
chauffer  les  tins  à  vase  clos  à  45  degrés,  le  système  Pasteur  fait  un 
effet  semblable  à  celui  de  la  pompe  pneumatique,  parce  qu'à  60  degrés 
la  fibre  du  vin  est  ramollie  et  perd  sa  ténacité.  Les  gaz  sont  dilatés  dans 
une  proportion  plus  considérable  que  les  liquides  et  s'échappent  en 
partie  ;  dors  le  vin  est  en  meilleure  condition. 
,-"  Mais  ce  système  est  impraticable  parce  qu'il  nous  fait  perdre  notre 
arôme  et  une  partie  d'alcool  qu'il  faut  rajouter. 

Dans  les  feuilles  publiques  il  est  dit  que  ce  chauffage  fait  gagner 
des  millions  à  la  Bourgogne,  ce  qui  m'étonne  beaucoup,  car  je  ne 
connais  personne  qui  s'en  serve. 

:  J'espère  que  mon  système  de  traiter  les  vins  par  le  vide  aura  le  sort 
ée  ma  lampe  de  sûreté  et  que  dans  quelques  trente  ans  la  science  vou- 
dra bien  l'accepter.  Quand  aux  maîtres  chaix,  aux  tonneliers  et  aux 
fabricants  de  lampes,  ils  ne  voient  en  toute  chose  qu'une  seule  chose, 
leur  profit,  et  j'ai  vu  inventer  dans  mon  voisinage,  par  M.  Montey, 
un  cric  à  soutirer  dont  ils  ne  veulent  absolument  pas,  parce  qu'il  sou- 
tire trop  bien  et  qu'il  ne  laisse  pas  assez  de  dépôt. 

Pour  la  théorie  de  la  fermentation,  elle  n'a  pas  changé  depuis  Chap- 
tal,  Thénard  et  Gay-Lussac  ;  Thénard  dont  la  chimie  fait  produire 
l'alcool  par  la  combinaison  du  ferment  et  du  carbone  du  sucre,  et  nul 
jnsqu'aujourd'hui  n'a  parlé  de  la  décomposition  de  l'eau. 

Cependant,  dans  une  cuve  de  30  pièces  au  moins,  10  pour  cen 
(2  pièces)  sont  transmutées  en  alcool.  Cet  alcool  n'a  pu  tomber  per* 
pendiculairementdu  ciel  comme  la  poussière  animée,  et  l'eau  s'échappe 
par  la  même  direction.  Qu'est  donc  devenue  cette  eau,  et  comme  il  ne 
s'agit  que  de  connaître  ses  atomes  d'oxygène  et  d'hydrogène,  de  suivre 
le  cHemin  pris  par  l'oxygène,'  d'attaquer  le  carbone  du  sucre  et  de  là 
de  s'extravaser  et  le  chemin  de  l'hydrogène  de  s'unir  au  carbone,  il  y 
a  là  quelque  chose  de  parfaitement  simple,  tpii  n'a  aucun  caractère 
alchimique. 

.  C'est  donc  ainsi  que  marche  la  fermentation  et  qu'elle  produit  le 
pain,  le  vin  et  la  bière.  Et  la  pratique  confirme  cette  théorie.  Cette 
campagne  4871,  ayant  vendangé  tard,  j'avais  3  degrés  au  gleucoœno- 
mètre,  j'avais  du  vin  passable.  M^is  malgré  qu'il  ne  fit  pu  très*froid; 
la  cuvaison  ne  marchait  pas;  j'ai  mis  en  mouvement  les  agents  élec- 
triques, j'ai  fait  transvaser  la  vendange  dans  une  autre  euve;  les  vi- 
gnerons s'y  sont  prêtés  quoique  le  travail  fût  considérable^  le  résultat 


LES  MONDES.  651 

a  été  heureux  en  raison  d'une  seconde  saturation  d'oxygène  atmosphé- 
rique. 

M.  Edmond.  Dubois,  à  Brest*  —  Logarithme*  hyperbo- 
lique* et  népérien*.  —  «  En  lisant  la  note  insérée  dans  un 
des  numéros  des  Mandes  sur  la  différence  qui  existe  entre  les  loga- 
rithmes hyperboliques  et  les  logarithmes  népériens,  je  me  suis  de- 
mandé s'il  est  possible  que  tous  les  auteurs  modernes  qui  ont  parlé 
de  logarithmes  aient  fait  Terreur  qui  leur  est  reprochée. 

Je  n'ai  pas  sous  les  yeux  le  texte  anglais  des  tables  de  sir  Napieil 
mais  je  me  demande  si  l'auteur  de  la  nots  n'a  pas  tout  simplement 
mal  placé  son  point  P. 


Supposons,  en  effet,  avec  sir  Napier,  qu'un  mobile  parcourt  unifor- 
mément la  ligne  aê,  en  partant  de  a  à  l'origine  du  temps,  et  un  autre 
la  ligne  AB,  en  partant  du  point  B  (tel  que  AB  =  a),  et  avec  une  vi- 
tesse proportionnelle  à  sa  distance  au  point  A  ;  en  appelant  ap  le  loga- 
rithme népérien  de  AP  et  en  posant 

apssy     et     BP  =  *> 

on  aura  les  deux  équations  de  condition 

d'où,  en  intégrant,  et  désignent  par  log  les  logarithmes  hyperbo- 
liques : 

y=  kl    (puisque  la  constante  est  zéro) 
et 

log  (*■+»)  =  W  -h  log  a  (puisque  pour  t  =  a  la  constante  égal*  log  a). 

On  a  donc,  en  remarquant  que  ap = log  népérien  de  AP  ou  (a+x), 

log  népérien  de  (a  -+-  x)  =  kt 


et 


.     (a  -4-  x)      . . 


654  US  MONDES. 

d'où,  en  désignant  les  logarithmes  népériens  par  L. 


L(a  +  s)  =  llog(ï±îy 


Mais  Napier  a  supposé  A-  =  A,  puisque  à  l'origine  du  temps  les  deux 
vitesses  tout  égales  ;  et  comme  il  a  Tait  aussi  a  =  1 ,  on  a 

•      •  L()+«}=Iog ()+«).  » 

Edouàh»  Somfc,  à  Etat.  —  Eitenslon  de  l'octant  à  1» 
mémmré  d'en  m«ini  1*©°  «M  pratique  et  ISO*  en 
«fcéerle  (c'est-à-dire  »  1»  Italie).  —  Soit  ABM  un  octant 
qui,  tel  qu'on  l'exécute,  peut  mesurer  un  angte  de  90*.  Si  l'on  fait 
varier  le  petit  miroir  n  en  n'  de  35*  de  façon  à  produire  sur  l'instru- 
mot  WH  erreur  additive  de  50°,  l'oculaire  ne   pourra   plus  être 


situé  en  a;  il  faudra  le  porter  en  <y  sur  .la  ligne  que  suivra  désormais 
le  rayon  réfléchi  sur  n'.  Mais  on  peut  remarquer  que  les  angles  obser- 
vés devront  être  augmentés  d«  50%  de  aorte  que  l'angle  90*  deviendra 
140°.  c.  o.  r.  î. 


LES  MONDES  633 

t 

Si  Ton  faisait  tourner  le  petit  miroir  de  45°,  l'angle  additif  serait  20° 
et  l'angle  90°  du  limbe  deviendrait  180°,  mais  seulement  en  théorie; 
alors,  en  effet,  le  point  o  serait  en  M  [ri  étant  alors  perpendiculaire  à 
ÀM),  et  l'instrument  ne  pourrait  plus  se  construire. 

Basé  sur  cette  considération,  on  peut  construire  un  octant  ayant 
deux  oculaires  o  et  o'  et  deux  petits  miroirs  n  et  ri  inclinés  l'un  sur 
l'autre  d'environ  20*  à  25°  ou  plus,  suivant  ce  que  permet  la  construc- 
tion de  l'instrument.  Ces  deux  miroirs  sont  posés  côté  à  côté,  comme 
si  ne  faisant  d'abord  qu'un  seul  petit  miroir  entièrement  étamé,  on  le 
coupait  par  un  plan  parallèle  au  plan  de  l'instrument  et  que  Ton  fasse 
tourner  Tune  des  deux  moitiés  de  l'angle  voulu  pour  en  avoir  une  en 
n  et  l'autre  en  n'  :  reste  à  ôter  la  moitié  du  tain  de  chacun  des  deux 
petits  miroirs  ainsi  formés.  De  plus,  ils  sont  tous  deux  enchâssés  d'une 
manière  invariable  dans  une  même  monture,  qui  rend  impossible  la 
variation  d8  l'angle  qu'ils  forment. 

On  a  ainsi  deux  instruments  en  un  seul,  et  comme  chacun  des  deux 
systèmes  permet  de  mesurer  les  angles  compris  entre  l'angle  addition* 
nel  et  90°  sur  le  limbe*  on  peut  déterminer  rigoureusement  avec 
l'instrument  même  l'angle  des  deux  miroirs  une  fois  pou*  toutes  et  le 
vérifier  si  l'on  veut  chaque  fois  qne  Ton  peut  observer  dainis  ces  limites 
on  même  angle  par  chacun  des  systèmes. 

Le  sextant  peut  être  aussi  modifié  de  la  même  manière;  mais  l'ex- 
tension y  est  moins  considérable,  de  sorte  que  cette  Modification  con- 
vient plutôt  à  l'octant  en  le  mettant  au-dessufe  dii  sextant,  parce 
qu'avec  un  limbe  moins  étendu  on  peut  ainsi  observer  dfes  angles  plus 
grands  et  que  le  rayon  de  l'octant  peut  être  plus  lorig  que  celui  du 
sextant,  sans  être  plus  encombrant,  ce  qui  fera  de  celui-là,  il  faut 
l'espérer,  l'instrument  pratique*  :   -   •  ' 

M.  l'abbé  Pujo,  à  Juilly.  — Théorème  d'arltHmëttque.  — 

Voici  un*  théorème  formulé  et  démontré  par  un  de  mes  collègues,  le 
professeur  de  philosophie,  qui  ne  dédaignera* 'de  faire- de  temps  en 
tempe  quelques  heureuses  excursions  dans  le  domaine  dés  mathéma- 
tiques/ «•  .  - 

Tout  nombre  entier  qui  est  un  carré  exact  a  mnombreimpair 
de  diviseurs.  •'    '••        '  •  ■» •  ■ 

Soit  N  =  **  le  nombre  'donné.  Supposons  écrits  dans  Tordre  de 
leur  grandeur  tous  les  diviseurs  de  ce  nombre  :  1,  a,  6,  c...  n,.,  i;-*y 


654  LfcS  MONDES. 

j 

I 

a 

b 
c 

N  =  n»  {  n 

m 

9 

m 
m 

1 

k 

* 

Quand  on  dirige  le  nombre  par  un  diviseur  <  n,  on  obtient  comme 
quotient  un  diviseur  >  n.  Donc,  le  diviseur  <  n  et  >  n  forme  une  série 
de  groupes  composés  chacun  de  2  termes  (In'),  (al),  (M),  (ci)...  Ces 
groupes  renferment  évidemment  un  nombre  pair  de  diviseurs.  Gomme 
il  reste  encore  le  diviseur  n ,  à  ce  nombre  il  faut  ajouter  1  pour  avoir 
le  nombre  total.  Donc,  etc.  * 

Réciproque.  —  Tout  nombre  entier  qui  a  un  nombre  impair  de 
diviseurs  est  un  carré  exact. 

Soit  encore  N  le  nombre  donné  ;  i ,  a,  b,  c...  w...  t,  *,  /,  N,  la  suite 
de  ses  diviseurs. 

.  Chaque  fois  qu'on  divisera  N  par  l'un  quelconque  de  ses  diviseurs, 
on  obtiendra  un  autre  diviseur  comme  quotient.  On  formera  ainsi  un 
certain  nombre  de  groupes  de  deux  termes  conjugués  :  (IN),  («/). 
(A*)...  Mais  il  restera  nécessairement  un  diviseur,  n,  par  exemple, 
n'entrant  dans  aucun  groupe.  Or,  n  divise  le  nombre,  et  il  ne  peut 
donner  pour  quotient  aucun  des  diviseurs  qui  le  précèdent  ni  aucun 
des  diviseurs  qui  le  suivent.  Donc,  il  se  produira  lui-même;  donc, 
N=na. 

Corollaire.  —  Il  résulte  des  deux  propositions  précédentes  que 
tout  nombre  entier  qui  n'est  pas  un  carré  exact  a  un  nombre  pair 
de  diviseurs. 

.  >  Ces  propositions,  je  le  sais,  ne  dépassent  pas  la  force  des  exercices 
que  Ton  pose  ordinairement  sur  les  diviseurs  d'un  nombre.  Mais  en- 
core fallait-il  y  songer  et  trouver  cette  démonstration  élémentaire. 

On  sait  que  les  nombres  premiers  à  partir  de  5  sont  compris  dans 
la  formule  6  n;fctf 

On  sait  aussi  que  la  réciproque  n'est  pas  vraie. 
:  Les  valeurs  défectueuses  de  n-  sont  données  par  les  S  formules  sui- 
vantes : 

(1)  n  =  «a*  =1=  «  =b  t, 

(2)  n  =  tel^»±r, 

dans  lesquelles  «  et  I  sont  deux  nombres  entiers* 


LES  MONDES.  6S* 


PHOTOGRAPHIE 

SOCIÉTÉ  FRANÇAISE  DE  PHOTOGRAPHIE.  —  SÉANCE  DU  12  JANVIER  1872. 

(Suite  et  fin.) 

Renforeement  de»  épreuve»  négatives  et  de»  pn»U 
tlve»  tr»n»i*»rente»  au  moyen  de  l'arane.—  M.Liesegang 
insiste,  dans  les  Photographisches  Archivcn,  sur  les  avantages  précieux 
qui  recommandent  l'urane  pour  le  renforcement. 

Voici,  selon  lui,  la  formule  qui  présente,  le  dosage  le  plus  conve- 
nable : 

Sucre 1  partie. 

Permanganate  rouge  de  potasse i      » 

Nitrate  d'urane •  .      I      » 

Eau 30  à  50      » 

Cette  modification  du  reoforçage  de  sels  concilie  une  épaisseur  con- 
sidérable de  la  couche  de  collodion  avec  une  transparence  parfaite 
dans  lie  clairs,  et  elle  rendra  de  grands  services  dans  tous  les  cas  où 
Ton  aura  besoin  d'une  teinte  translucide.  La  solution  s'applique  après 
le  fixage  du  cliché,  mais  die  doit  être  étendue  avec  de  l'eau  pour  ne 
pas  agir  avec  trop  d'énergie  sur  la  pellicule*  L'image  prend  d'abord 
une  teinte  bleuâtre,  qui  brunit  graduellement,  et  en  même  temps  la 
pellicule  augmente  d'épaisseur,  sans  que  les  grands  clairs  perdent 
toutefois  rien  de  feurs  transparence. 

.  Le  reoforçage  à  l'urane  est  préférable  dans  la  plupart  des  cas,  à  tous 
ceux  dont  Le  mercure  constitue  la  base.  Lorsque  le  rentorçage  est 
complet  les  glaces  sont  bien  lavées  et  recouvertes  d'une  solution  de 
gomme  ou  de  dextrine. 

Si  l'on  négligeait  cette  précaution,  l'application  du  vernis  ramène- 
rait la  pellicule  à  sa  première  faiblefse. 

Lorsqu'on  mélange  les  ingrédients  de  la  formule,  il  se  forme  ordi- 
nairement un  précipité  brun  foncé,  qui  est  d'ailleurs  tout  k  fait  inof- 
fensit.  11  est  important  d'ajouter  quelques  gouttes  d'acide  suifurique 
dès  que  les  sels  sont  dissous. 

Il  n'y  a  pas  de  meilleur  moyen  pour  procéder  au  virage  des  épreu- 
ves positives  transparentes  que  de  les  traiter  par  le  bain  que  nous 
décrivons  ainsi. 


> <  *. 


656  LES  MONDES. 

Le  renforçage  à  l'urane  est  presque  aussi  efficace  que  le  mercure  ou 
le  sulfure  de  potassiam  pour  les  noirs  foncés;  pour  les  tons  bleus  et 
blancs,  il  est  bien  préférable  à  ceux-ci;  en  outre,  la  préparation  de  ce 
bain  est  d'un  emploi  facile,  plus  simple  et  plus  sûr  dans  ses  résultats 
que  celui  des  bains  à  base  de  mercure. 

Coneervatlon  des  épreuves  au  sels  d'argent,  par 
M.  Caret  Léa.  —  Pas  un  seul  des  échantillons  produits  par  méthode 
d'impression  et  de  virage  ordinaire  n'a  disparu. 

Les  procédés  employés  étaient  les  suivants  : 

A.  Sensibilisation  sur  un  bain  de  nitrate  à  40  grains;  fumiga* 
tions  ammoniacales  pendant  5  minutes  et  virage  : 

1.  A  la  chaux; 

2.  Chlorure  Alcalin  ; 

3.  Benzoate  d'ammoniaque; 

4.  Virage  au  citrate  (Hardwich); 

5.  Bain  fixateur  additionné  d'or  (mélange  fait  à  chaud,  employé 
trois  heures  après), 

B.  Bain  de  nitrate  ammoniacal  virage. 

6.  Benzoate; 

7.  A  la  chaux; 

8.  Chlorure  alcalin  ; 

9.  Citrate; 

10.  Même  traitement  que  le  n*  5. 

Toutes  ces  épreuves  ont  été  lavées  pendant  quinze  heures  et  aucune 
pe  montre  la  moindre  trace  d'altération.  Je  conclus  que  quand  les 
épreuves  ont  été  faites  par  n'importe  lequel  de  ces  procédés  et  qu'elles 
4onnen,t  des  signes  d'altération,  il  faut  que  l'opérateur  ait  commis 
quelque  grave  erreur.  Le  défaut  tient  généralement  à  l'emploi  d'hy- 
posulfite  ayant  déjà  servi;  à  ce.  qu'on  fixe  trop  d'épreuves  dans  une 
quantité  d'hyposulfite  insuffisante;  enfin  à  ce  que  les  lavages  sont  mal 
faits  ou  qu'ils  n'ont  pas  été  assez  prolongés. 

. .  Moyen  de  .préparer  Mi-méme  >dea  verre*  inato,  par 

MAL  Youflûaufl  et  Nagel.  —  Pour  faire  soi-même  des  verres  mats  on 
mêlera  de  la  gomme  avec  du  lait  et  l'on  recouvrira  la  glace.  Ceci  don- 
nera une  surface  très-fine. 

-  M.  Nagel ,  à  Hoboken,  donne  an  autre  moyen  :  il  recouvre  la  glace 
d'une  solution  d'arrow-root.  On  feit  bouillir  cette  substance,  on  y 
ajoute  quelques  gouttes  d'ammoniaque,  on  filtre  et  l'on  s'en  sert  à 


LES  MONDES.  657, 

l'état  de  sirop  épais.  Ce  procédé  donne  un  moyen  excellent  de  recou- 
vrir l'envers  des  négatifs  et  d'y  travailler  alors  dans  la  perfection  soit 
avec  le  crayon,  soit  avec  l'estompe. 


Le  Pule  aie  employé  comme  préservateur  de  la  coa- 
ehe  aenaiMe,  par  M.  Thomas  Sutton.  —  Je  venais  de  recevoir 
deux  caisses  de  pale  aie  de  MM.  Ind  Coope  and  C°,  et  j'en  débouchai 
immédiatement  une  bouteille  qui  fut  transportée  dans  mon  laboratoire 
et  le  contenu  étendu  sur  des  glaces  humides  et  sur  d'autres  sèches 
préparées  au  collodion  bromure  et  sensibilisées  ensuite.  Le  résultat  fut 
excellent  dans  les  deux  cas.  Le  développement  arriva  au  degré  d'inten- 
sité voulu  sans  addition  de  nitrate  d'argent;  le  cliché  était  d'une 
couleur  verdâtre  (non  actinique)  après  avoir  été  verni,  tt  vert  noirâtre 
avant. 

Une  des  particularités  de  ce  procédé,  c'est  que  l'image  n'est  jamais 
rouge,  mais  toujours  verte,  même  au  moment  où  elle  apparaît  faible- 
ment sur  la  glace. 

J'ai  fait  des  expériences  avec  des  plaques  sèches  et  avec  des  glaces. 
humides  et  j'ai  eu  un  plein  succès.  Cependant  la  couche  n'est  pas  aussi 
sensible  que  celle  qui  est  traitée  avec  certains  préservateurs  aie»» 
lins. 

Quand  on  verse  le  bain  de  la  euvette  sur  le  filtre,  il  se  forme  à  la 
surface  des  cloches  mousseuses,  et  dans  cet  état  il  n'est  pas  de  bonnes, 
conditions  pour  nitrater  du  papier  albuminé. 

Voici  le  moyen  que  j'emploie  pour  obvier  à  cet  inconvénient,moyen 
qui  permet  en  cinq  minutes  de  purifier  un  bain  de  80  onces* 

On  préparera  une  solution  de 

Camphre 1  partie* 

Alcool 6  parties. 

On  prendra  80  grammes  de  cette  solution  qu'on  ajoutera  à  2  demi 
litres  de  bain  d'argent;  il  prendra  une  apparence  graisseuse  qu'on  fera 
disparaître  en  secouant  vigoureusement,  on  filtrera  ensuite,  toujours 
sur  un  filtre  neuf.  Pour  éviter  que  le  bain  ne  se  colore  après  cette 
opération,  ee  qui  n'arive  qu'après  un  long  usage,  on  fera  bien,  après 
chaque  sensibilisation,  d'y  ajouter  un  peu  de  solution  de  camphre. 

Photographische*  Archiv.,  déc.  1871. 


658  LES  MONDES. 


ASTRONOMIE 


Comptes  rendus  de  la  Société  Royale  astronomie  de  Londres. 

&ar  les  observations  télescoplqaes  des  phénomènes 
tus  en  contiguïté  avee  le  limbe  de  la  lune,  pendant 
les  éclipses  de  soleil,  et  les  conséquences  qui  en  ont 
été  dédattes,  par  le  professeur  Grant.  —  L'application  du  spec- 
troscope  aux  observations  de  la  matière  rouge  qui  enveloppe  la  photo- 
sphère solaire,  enveloppe  qu'on anoinmée la  Chromosphère ,  a  provoqué 
quelques  allusions  aux  observations  télescopiques  antérieures  du  même 
phénomène,  révélé  pendant  les  éclipses  de  soleil,  et  aux  conséquences 
qu'on  en  a  déduites.  Je  demande  la  permission  de  soumettre  à  la  So- 
ciété astronomique  quelques  remarques  sur  ce  sujet. 

En  admettant  qu'il  existe  une  pareille  enveloppe  et  que  son  épais- 
seurs en  soit  plus  considérable,  on  peu  se  demander  sous  quelle  forme 
elle  se  présenterait  pendant  les  éclipses  de  soleil. 

Puisque  le  diamètre  apparent  de  la  lune  est  quelquefois  supérieur, 
d'autres  fois  égal,  d'autres  fois  inférieur  au  diamètre  apparent  du  so- 
leil, il  est  évidemment  possible  que  l'existence  de  l'enveloppe  ait  été 
quelquefois  révélée  par  le  phénomène  d'un  cercle  de  lumière  rouge 
environnant  le  disque  de  la  lune  pendant  les  éclipses  légèrement  tota- 
les du  soleil. 

C'est  en  examinant  toutes  les  observations  enregistrées  des  éclipses 
de  soleil  dont  j'ai  pu  avoir  connaissance  depuis  le  commencement  du 
dix-septième  siècle  jusqu'à  l'éclipsé  "annulaire  de  1847,  en  les  analy- 
sant et  en  les  disposant  suivant  qu'elles  ont  été  totales,  annulaires, 
presque  totales  ou  presque  annulaires,  que  j'ai  été  conduit,  dans  l'hi- 
ver de  1850-51,  à  annoncer  l'existence  d'une'  enveloppe  de  matière 
superposée  à  la  photosphère  du  soleil. 

Lorsque  Ton  tient  compte  tfun  grand  nombre  d'écHpscs  de  soleil, 
observées  suffisamment  en  considérant  les  limites  de  Vombre  ou  de  la 
pénombre  de  la  lune,  on  voit  que  la  lune  déborde  légèrement  sur  toutes 
les  parties  du  disque  du  soleil',  et  que9  toutes  les  fois  que  cela  a  lieu,  on 
aperçoit  sur  le  bord  de  la  lune  un  arc  ou  bande  de  lumière  rouge,  d'où 
ton  peut  conclure  qu'il  existe  uneyareiUe  bordure  sur  tout  le  contour 
du  disque  solaire.  (Monthly  Notices,  8  décembre  1871). 


LES  MONDES.  659 

tar  le  ■aemmneMt  4e  la  matière  lancée  par  le  «olell, 
et  en  particulier  sur  l'explosion  observée  par  le  pro- 
fesseur Tosag  de  l'Amérique,  par  M.  Richard  A.  P&ogtor, 
B.  A.  —  Nos  lecteurs  connaissent  l'observation  de  M.  Young.  A  cette 
occasion.  M.  Proctor  communique  un  extrait  d'une  lettre  que  sir  G. 
Herschel  lui  a  adressée  en  mars  1871  (peu  de  semaines,  hélas  t  avant 
sa  mort). 

Après  avoir  parlé  de  la  photographie  de  la  couronne,  par  M.  Bro- 
thers (et  avoir  remarqué  en  passant  que  «  la  couronne  est  certaine- 
ment «Ira-athmosphérique  et  tiifra-lunaire,  »),  sir  John  Herschel 
continue  comtne  il  suit  : 

Je  puis  très-bien  concevoir  de  grandes  éruptions  de  matières  gazeuses 
lancées  de  dessous  la  photosphère,  et  je  puis  admettre,  au  moins,  la 
possibilité  que  cette  vapeur  soit  lancée  à  de  grandes  hauteurs  ;  mais 
je  ne  suis  pas  encore  parvenu  à  concevoir  une  éruption  réelle  de  par- 
ticules lancées  avec  une  vitesse  de  deux  ou  trois  cent  milles  par  se- 
conde» Mais  maintenant  se  présente  la  grande  question  :  qu'est-ce  que 
la  photosphère?  Quelles  sont  ces  choses  qui  rayonnent  avec  une  telle 
intensité,  flocons,  nuages,  ce  qu'on  voudra,  qui  donnent  réellement 
toute  la  lumière  et  la  chaleur  du  soleil  (ou  au  moins  les  -fâ  )  ?  et  si  les 
protubérances,  etc.,  sont  des  matières  éruptives,  pourquoi  la  force 
éruptive  ne  lance-t-elle  pas  en  haut  cette  matière  lumineuse  ?  Grâce  à 
la  bienveillance  des  observateurs  de  Kew,  j'ai  eu  les  héliographies  des 
des  deux  grandes  explosions  de  taches  que  je  crois  vous  avoir  mention- 
nées comme  n'ayant  pas  existé  le  9,  et  qui  étaient  dans  leur  plein  dé- 
veloppement le  10,  toutes  deux,  grandes  et  manifiques,  et  comprenant 
une  surface  de  perturbation  d'au  moins  2'  (54  000  milles).  Elles  ont 
été  toutes  les  deux  presque  absorbées,  ou  en  voie  de  l'être  rapidement 
le  11.  J'étai9  convaincu  que  l'explosion  s'était  produite  trèsrspudaine- 
aux  environs  de  minuit,  Eh  bien,  les  courbes  de  déclinaisons  magné- 
tiques de  Kew  m'ont  été  envoyées,  et  voyez  !  tandis  qu'elles  marchent 
aussi  tranquillement  que  possible  les  6,  7,  8  et  9,  il  se  fait  .brusque- 
ment, dans  la  courbe,  à  11  heures  1/2  du  soir*  du  dernier  jour  (le  9) 
un  grand  écart  qui  se  continue  jusqu'à  3  heures  1/2  du  matin  du  10. 
Puis  une  tranquillité  relative  jusqu'à  11  h.  du  matin,  et  alors  (au  mo- 
ment où  se  produit  la  résçrption  des  tâches),  un  état  violent  et  con~ 
vulsif  de  perturbation  qui  se  prolonge  le  11  et  la  plus  grande  partie  du 
42.  Je  voudrais  bien  savoir  si  quelque  chose  a  été  lancé  de  ces  trous 
en  cette  occasion,  et,  si  cela  est,  que  se  passe-t-il  dans  l'intérieur  du 
soWl?(/Wd). 


660  LES  'MONDES. 

.  Note  sur  «n  point  spécial  dan*  1»  détannflmitea 
de*  élément»  4e  l 'orbite  4e  le  Ititte  d'âpre*  le»  etaeee» 
rations   méridionales  4e  la  lmte,  par  Gbousb   Bidwi 

àiby,  astronome  royal.  —  Dans  une  discussion  des  o*H*eeiioBS  des 
éléments  de  l'orbite  de  la  lune,  déduites  des  observations,  faites  à 
Greenwichde  1750  à  1830  et  qui  ont  été  publiées  dans  le  volume 
XVII  des  Mémoires  de  la  Société,  j'ai  trouvé  à  la  page  54,  pour  l'un 
des  résultats  obtenus  par  l'examen  des  observations  des  distanees  au 
pôle  nord,  une  inégalité  dans  l'inclinaison,  exprimée  par 

—  2", 02  x  sinus  de  la  longitude  du  nœud. 

Et  dans  la  continuation  de  la  discussion,  comprenant  les  résultats 
des  observations  faites  de  1750  à  1851,  et  imprimées  dans  le  volume 
XXIX  des  Mémoire*,  j'ai  trouvé  à  la  page  21  : 

—  1'',  87  x  sinus  de  la  longitude  du  nœud. 

Il  est  probable  que  ces  termes  peuvent  provenir,  du  moins  en  partie, 
d'une  valeur  erronée  du  demi-diamètre  employé  dans  les  rédactions. 
(/6td). 

Sar  les  lignes  géodéslques  dans  an  elltpaoîde,  par 

le  professeur  Çàtley.  [Extrait). 

Sur  le  eol  de  Platon,  par  W.  R.  Birtb. — Je  viens  de  terminer 
l'examen  de  133  observations,  faites  par  différents  observateurs,  sur 
les  terrains  de  Platon,  ef  j'en  ai  déduit  la  courbe  ci-jointe,  que  j'ai  le 
plaisir  de  communiquer  à  la  Société,  dans  la  pensée  qu'elle  point 
l'intéresser.  Les  observations  ont  été  faites  suivant  la  forme  indiqués, 
une  teinte  claire  ayant  une  valeur  de  0,  33  ;  une  moyenne,  la  valeur 
de  0,50  et  une  teinte  obscure  celle  0,66;  ses  valeurs  plus  grandes  et  plus 
petites  ont  été  employées  pour  exprimer  un  sol  très-obscur  ou  très-clair. 
On  sait,  depuis  longtemps,  que  les  plai  nés  grises  paraissent  le*plus  obs- 
cures sous  une  grande  hauteur  du  soleil,  mais  je  ne  suis  pas  sûr  qu'on 
ait  essayé  jusqu'à  présent  d'exposer  graphiquement  la  progression  des 
teintes,  et  de  montrer  leur  connexion  avec  l'altitude  du  soleil,  ee  que 
font  les  deux  courbes  d'une  manière  évidente.  La  courbe  ponctuée  est 
celle  des  altitudes  du  soleil  sur  le  parallèle  de  60*  aux  équinoxes  ;  la 
courbe  contraire,  celle  de  la'progression  des  teintes,  dont  les  inflexions 
indiquent  une  variabilité  assez  considérable,  surtout  dans  les  teintes 
foncées.  Un  fait  remarquable,  c'est  que  la  courbe  chromatique  suit 
presque  parfaitement  la  courbe  des  altitudes,  d'où  l'on  peut  conclure 


\  - 


LES  MONDES.  661 

que  l'influence  du  soleil  atteint  à  peine  son  effet  complet,  et  que  l'état 
moyen  du  sol  de  Platon  est  un  peu  plus  clair  qu'il  ne  le  serait  sous  la 
seule  influence  du  soleil.  (Ibid.)  - 

Oeeultatlena  par  la  lanc  et  éellpaee  de*  satellite*  de 
JTnpIter,  par  John  Tebbutt. 

Encore  nn  naat  sw  le  temps  que  les  planètes  met. 
traient  à  tomber  dans  le  Soleil,  par  M.  Coloman  Szily,  de 
Bude  (Z/onyrte).— Dans  le  n°  14  éesMondts,  AL  C.  Flammarion  calcule 
le  temps  que  les  planètes  emploieraient  à  tomber  jusqu'au  centre  du 
Soleil,  si  la  force  centrifuge  qui  les  en  empêche  était  supprimée  par 
l'arrêt  de  leur  mouvement  de-  translation.  Ce  calcul  fait,  M.  Flamma- 
rion prouve  que  ces  nombres  sont  entre  eux  comme  les  racines  carrées 
des  cubes  des  distances.  En  approfondissant  davantage  le  sens  de  ces 
nombres»  l'auteur  signale  une  propriété  —  comme  il  dit,  bien  singu- 
lière au  premier  abord  —  qui  se  manifeste  en  les  comparant  attentive- 
ment :  c'est  qu'en  les  multipliant  tous  par  un  même  coefficient,  eu 
apparence  fortuit  (5,656856),  on  reproduit  Tannée  même  de  chaque 
planète.  Enfin,  il  se  trouve  que  5,655856  n'est  autre  que  la  racine 
carrée  de  32.  Donc;,  dans  sa  plus  simple  expression,  la  durée  de  chute 
(/)  dont  il  s'agit  n'est  autre  que  la  révolution  annuelle  (T),  multipliée 

1  T 

par  la  racine  carrée  de  —,  ou  l  =  -— —. 

M.  Flammarion  arrive  à  cette  formule  extrêmement  simple,  par 
une  voie  tout  à  fait  empirique,  en  comparant  attentivement  la  durée 
de  chute,  la  distance  au  Soleil  et  la  révolution  annuelle  pour  chaque 
planète. 

Je  veux  prouver  dans  ce  qui  suit  que  ce  rapport  si  simple  n'est  pas 
fortuit,  odmme  on  croirait  au  premier  abord,  mais  que  ce  rapport  est 
une  conséquence  immédiate  des  lois  de  la  mécanique  rationnelle  et  de 
la  troisième  loi  de  Kepler.   • 

En  effet,  la  formule  générale,  qui  exprime  la  durée  de  la  chute 
d'un  corps  planétaire  vers  le  Soleil,  est 


*  l%ar*      1                 a  —  2a*        . 
(I)  *=ysj-=ga.aïccee— 3 htfw  —  »». 


Dans  cette  formule,  I  signifie  le  temps  que  la  planète  emploierait  i 
tomber  vers  le  Soleil  par  le  chemin  xt  a  la  distance  initiale  de  la  pla- 
nète au  centre  du  Soleil,  g  la  pesanteur  à  la  surface  du  Soleil,  et  r  le 
rayon  du  Soleil. 

En  cherchant  te  temps  que  la  planète  emploierait  à  tomber  jusqu'au 

47 


btà  LES  MONDES. 

centre  du  Soleil,  posons  X=a.  Nous  trouvons 

d'où 

Mais*  d'après  la  troisième  toi  de  Kepler, 


d?0* 


•*^LÊ... 


i        « 


Sa  combinant  Ici  formule  (S)  avec  la,  formule  (î)j  en  troure  facilement 

».  .  •  • 

± l 

qui  n'est  autre  chose  que  la  formule  empirique  de  M.  Flammarion. 


A«b 


PHYSIQUE 


.  »   ■ 


Aetto»  die  la  tanière  »«r  las  <tol««lmi*  <*teds 
1*  felMlfnre  *e  earb#ite>  et-  nouveau  p%esei<*#e  à  ftat- 
dleatlra  eontlaue,  par  te  R.  P.  Feangisgo  SMftÀi*  PfeotBtnuar. 

J—  H  y  a  déjà  plusieurs  années  que  dam  mes  leçons  expérimentales  je 
me  sers  de  thermomètres  à  solutiofrr  saturée  diode  dans  le  bisulfure  de 
carbone.  Ce  qui  m'a  décidé  à  choisir  ce  liquide  est  son  grand  coefficient 
de  dilatation  quHe  rend  propre  à  mottre*  à  un  nombres*  auditoire  les 
variations  même  très-faibles  de  température.  Ayant  ensuite  comparé  le 
coefficient  do  eette  sslutiôh  avec  celui  du  bisulfurede  carbone,  j'ai  re- 
connu que  sens  *  f  aeif  en  de*  la  lumière  1*  premier  surpassait  le  eeoont 
éé  0,W /  et  quelquefois  même  éê  0,î*  ;  mais  que  dans  l'Obscurité  ces  deux 
coefficients  étalent  à  peu  près  égaux;  de  sorte  qu'un  thefemomètte  * ***■ 
Mien  dfiodb  dans  le  ttmltae  de  carbone  etoiite  ou  feéesnd  en  passant 


r 
i 


LES  MONDES.  M8 

de  kt  lu  artère  dans  l'obscurité  ou  rédptoqi)eai0it,  towmême^unttier* 
momètre  àr  mercure  reste  sensiblement  statioanaire» 

Ge  phénomène  n'est  pas  aussi  extraordinaire  qu'il  pourrait  le  paraître 
à  première  vue*  La  solution  saturée  diode  dans  la  bisulfure  de  carbone 
est  un  corps  doué  d' unjtrès-faible  pouvoir  réflecteur,  parfaitement  opaque, 
al  qui  n'éprouve  pas  de  changement  chimique  sous  l'influence  de  la  lu- 
mière;  par  conséquent  les  radiations  lumineuses  réfléchies  par  1er  mer- 
euito  sont  au  contraire  absorbées  par  la  solution  d'iode  ou  transformées 
en  chaleur  qui  augmente  la  température  et  le  volume  de  la  solutièu 
elle-même.  Les  thermomètres  à  solution  d'iode  dans  le  bisulfure  de  can^ 
boue  peuvent  donc  être  utilisés  dans  la  photométrie.  Voici  un  photo- 
mètre très*sftmple  que  j'ai  construit  et  dont  je  me  suis  servi  dans  quelques 
.expérience*  :  deux  thermomètres,  l'un  à  mercure,  l'autre  à  solution  sa<- 
tuvée  d'iode  dans  le  bisulfure  de  carbone,  sont  placés  l'un  près  de  l'autre 
sur  la  même  table.  La  graduation  du  thermomètre  à  mercure  est  faite  dfe 
la  manière  accoutumée,  sauf  que  l'échelle  est  divisée  en  cinquièmes  db 
4egré;  maison  a  fait  la  graduation  du  thermomètre  à  selutioft  d'iodfe 
en  le  comparant  dans  l'obscurité  avec  le  thermomètre  &  mercure.  Ces 
deux  thermomètres  marchent  d'aeoocd  dans  l'obscurité;  mais  sous  Fac- 
tion de  la  lumière  le- thermomètre  à  solution  d'iode  est  d'autant  plus 
élevé  au-dessus  du  thermomètre  à  mercure  que  l'intensité  de  la  lumière 
est  plus  grande. 

Après  les  belles  expériences  dyws  lesquelles  Tyndall  sépara  la  chaleur 
obecure  de  la  lumière  au  moyen  des  solutions  opaques  de  l'iode  dans  le 
bisulfure  de  carbone,  il  n'y  a  pas  de  raison  de  croire  que  les  radiations 
obscures  puissent  exercer  une  influence  notable  sur  les  indications  rela- 
tives des  deux  thermomètres  qui  constituent  le  photomètre.  Néanmoins, 
pour  mieux  connaître  jusqu'où  s'étend  la  diathermanéité  des  solutions 
japaçnes  de  fiode,  j'ai  renfermé  deux  bons  thermomètres  à  mercure  dans 
doux  tubes  égaux  de  verre,  de  manière  que  la  boule  de  l'un  restât  dé- 
couverte et  que  celle  de  l'autre  fût  plongée  dans  une  solution  saturée 
* iode  dans  le  bisulfure  de  carbone.  Tantque  les  deux  thermomètres  sort 
.vestes  dans  y  obscurité,  et  soumis  aux  radiations  de  sources  obscures,  ils 
ont,  constamment  donné  les  mêmes  indications  ;  mais  ayant  été  trans- 
portés à  une  lumière  un  peu- vive,  celui  dont  U  boule  était  plongée  dans 
la  solution  est  resté  un  ipeu  plus  haut  que Tautre/et  la  différence  s'est 
élevée  jusqu'à  un  degré-  lorsque  le  soleil  éclairaitdir&etement  la  chambre 
-où  je  faisais  l'expérience.  Noue  pouvons  donc  admettre  que  la  diathet*» 
n*anéité  des  solutions  saturées  d'iode  dans  le  sulfure  de*  carbone  détend 
à  toutes  les  radiations  obscures,  et  par  conséquent  que  les  radiations 
obscures -ne  peuvent  p%s  altérer  notablement  les  indications  do  mon 
photomètre.  (AttiddFAxademia  ScwUifiea  ds'  NwmlAncrt,  1  mai,  i$li.) 


664  LES  MONDES. 

inr  l'Intensité  de  la  lumière  solaire  et  d'antre» 
gourées  lumineuses,  par  le  R.  P.  Provbnzali.  —  Avant  d'ex- 
poser les  observations  que  j'ai  faites  sur  la  lumière  du  soleil  et  d'autres 
sources  lumineuses,  je  crois  qu'il  est  nécessaire  de  remarquer  que  les 
deux  thermomètres  dont  se  compose  le  photomètre,  doivent  être  cons- 
truits avec  la  même  qualité  de  verre  ;  parce  que  l'expérience  m'a  fait 
voir  que  la  différente  qualité  de  verre  altère  quelque  fois  notablement 
les  indications  relatives  des  thermomètres.  Ayant  exposé  à  une  même 
source  de  chaleur  obscure  trois  thermomètre»  à  solution  saturée  d'iode 
avec  des  boules  du  même  diamètre,  mais  formées  avec  des  verres  de 
trois  qualités  différentes,  les  variations  apparentes  des  volumes  liquides 
ont  été  comme  les  nombres  1  ;  1,3;  1,5.  Je  crois  qu'on  doit  attribuer 
ces  différences  principalement  à  la  différente  diathermanéité  des  verres. 
Déjà  Melloni  avait  fait  observer  dans  sa  thermocrote  que  les  différentes 
espèces  de  verres,  même  également  transparents,  ont  souvent  des  pou- 
voirs différents  pour  absorber  et  transmettre  la  chaleur  obscure.  Plus 
récemment  Tyndall,  après  avoir  rendu  incandescente  une  lame  de  pla- 
tine au  moyen  d'un  faisceau  de  rayons  obscurs  fortement  concentrés 
par  une  lentille,  s'aperçut  qu'une  lame  de  verre  de  vitre  interposée 
entre  la  source  de  chaleur  et  le  platine,  en  affaiblissait  beaucoup  l'in- 
candescence, tandis  que  cette  incandescence  n'était  pas  sensiblement 
affaiblie  par  un  verre  d'une  autre  qualité,  et  qu'avec  un  verre  noir 
tout  à  fait  opaque  elle  Tétait  moins  qu'avec  le  verre  de  vitre.  Il  me 
semble  que  même  dans  les  observations  météorologiques  faites  avec 
des  thermomètres  à  mercure,  on  ne  devrait  pas  négliger  l'effet  de  la 
différence  de  diathermanéité  du  verre  sur  les  indications  des  thermo- 
mètres. 

J'arrive  maintenant  aux  observations  que  j'ai  faites  avec  le  nouveau 
photomètre,  au  mois  de  mai  dernier,  sur  la  lumière  solaire  diffuse  et 
directe.  Le  matin  jusque  vers  le  lever  du  soleil  les  deux  thermomètres 
ont  marqué  à  peu  près  le  même  degré  de  température;  il  en  a  été  de 
même  le  soir  à  partir  d'une  demi-heure  environ  après  le  coucher  du 
soleil.  A  8  heures  du  matin  dans  une  salle  du  cabinet  de  physique 
dont  les  fenêtres  étaient  fermées,  la  différence  moyenne  des  deux  ther- 
momètres a  été  de  0°,2;  la  plus  grande  a  été  de  0°,4  lorsque  le  ciel 
était  presque  parfaitement  serein,  et  la  plus  petite  de  0°,1  pendant  que 
le  ciel  était  entièrement  couvert  Ail  heures  la  différence  moyenne 
des  deux  thermomètres  a  été  de  0°,3  ;  la  plus  grande  a  été  de  0%5  pen- 
dant que  le  ciel  était  partiellemeut  nébuleux  et  la  plus  petite  de  0%1 
pendant  qu'il  pleuvait  à  verse.  A  l'air  libre,[comme  il  fallait  s'y  attendre, 
j'ai  trouvé  les  différences  plus  grandes  et  plus  variables  :  ainsi  à 


r 


LES  MONDES.  665 

8  heures  elles  ont  varié  de  0%3  à  0°,7,  et  à  il  heures  de  0°,5  à  !•.  Au 
moment  de  la  plus  grande  différence  le  ciel  était  parsemé  de  cumuli 
fortement  éclairés,  et  au  moment  de  la  plus  petite  il  était  très-obscurci 
par  une  nuée  très-épaisse.  La  moyenne  pour  8  heures,  à  l'air  libre, 
a  été  de  0°,5,  et  pour  11  heures  de  0°,7.  |En  transportant  le  photo- 
mètre à  l'air  libre  j'ai  observé  plusieurs  fois  un  phénomène  assez  cu- 
rieux au  premier  aspect  ;  les  deux  liquides  thermométriques  marchaient 
en  sens  contraire,  le  mercure  descendait  et  la  solution  d'iode  montait» 
C'est  qu'à  l'air  libre  la  température  était  un  peu  plus  basse,  et  que  l'in- 
tensité de  la  lumière  était  bien  plus  grande  qu'à  l'air  confiné. 

Quant  aux  radiations  directes  du  soleil  à  l'air  libre,  la  différence 
moyenne  des  deux  thermomètres  exposés  au  soleil  dans  les  jours  sereins 
a  été  de  5°,i  à  8  heures,  et  de  7°,7  à  41  heures.  En  comparant  ces 
différences  entre  elles,  on  a  le  rapport  de  1  à  1,5.  On  obtient  à  peu 
près  le  même  rapport  en  comparant  les  différences  0,5  et  0,7,  obtenues 
aux  mêmes  heures  à  la  lumière  diffuse  de  l'air  libre,  et  les  autres  dif- 
férences 0,2  et  0,3  obtenues  à  la  lumière  diffuse  de  la  salle.  Il  suit  de 
là  que  l'intensité  de  la  lumière  indiquée  par  le  photomètre  a  augmenté 
de  8  heures  à  11  heures  dans  le  même  rapport  de  I  à  1,5,  tant  à  l'air 
enfermé  qu'à  l'air  libre  et  au  soleil. 

J'ai  fait  aussi  des  expériences  sur  la  lumière  phosphorique,  sur  celle 
des  décharges  électriques  sous  la  forme  de  panache  et  de  lueurs,  qui 
ne  sont  visibles  que  dans  l'obscurité,  et  sur  les  radiations  lunaires  :  le 
photomètre  s'est  montré  sensible  à  toutes  ces  lumières.  Pour  les  ra- 
diations lunaires,  dès  le  17'  jour  de  la  lune  d'avril,  on  avait  eu  à  l'Ob- 
servatoire du  collège  romain  des  signes  probables  d'échauffement  au 
photomètre  avec  le  réfracteur  de  Mertz.  Mais  l'air  ayant  été  très- agité 
dans  cette  soirée,  il  n'a  pas  été  possible  de  prendre  des  mesures  pré- 
cises, ni  de  calculer  l'influence  que  les  causes  perturbatrices  pouvaient 
exercer  sur  les  indications  du  photomètre.  J'ai  donc  répété  l'expérience 
dans  une  chambre  entièrement  fermée  et  construite  exprès  il  y  a  quel- 
ques années  pour  les  expériences  d'optique.  J'ai  placé  derrière  les 
verres  de  la  fenêtre  qui  regarde  le  midi  une  lentille  biconvexe  de 
247  millimètres  de  diamètre,  et  au  foyer  de  la  lentille  la  boule  d'un 
thermomètre  à  solution  d'iode  avec  des  divisions  de  l'échelle  assez 
grandes  pour  qu'on  pût  distinguer  facilement  les  centièmes  de  degré. 
C'était  le  16e  jour  de  la  lune  de  mai,  entre  10  et  12  heures  du  soir,  et 
beaucoup  de  nuages,  dont  quelques-uns  assez  denses,  couvraient  le 
ciel.  A  chaque  nuage  qui  passait  devant  la  lune  le  liquide  du  thermo- 
mètre baissait,  et  il  remontait  quand  la  lune  se  découvrait.  La  varia- 
tion de  la  colonne  liquide  dans  ces  ces  circonstances  s'est  élevée  à  j  de 


•M  LES  MONDES. 

millimètre,  ce  qui  correspond  dans  ce  thermomètre  à  '^  de  degré  centi- 
grade. {AttidelPAccademia  Sdmtificia  de  Nuoci  Lincei,  \  1  juin  1871 

Note  préliminaire  anr  un  fuit  renarqnanf  e  «n'+n 
enserre  an  contact  de  certains  liquides  de  tensions 
superficielles  très-dllTérentes.  par  M.  Va*  der  MbNsbmjgghe. 
—  Chaque  fois  qu'un  liquide  à  forte  tension  superficielle  et  conte* 
fiant  des  gaz  en  dissolution  est  mis  en  contact  avec  un  liquide  à 
faible  tension,  il  y  a  un  dégagement  plus  ou  moins  prononcé  des 
gaz  dissous  dans  le  premier  liquide. 

«  Ce  principe  que  je  publie  aujourd'hui  pour  prendre  date,  mais 
que  je  me  propose  de  vérifier  en  détail  dans  un  mémoire  spécial, 
peut  se  démontrer  par  un  très-grand  nombre  d'expériences.  Pro- 
visoirement je  n'en  citerai  que  quelques-unes. 

I.  11  suffit  d'introduire  une  gouttelette  d'alcool  ou  d'éther  dans 
de  l'eau  distillée  remplissant  à  moitié  un  petit  flacon  de  trois  à 
qpatre  centimètres  de  diamètre,  et  d'agiter  le  liquide,  pour  cons- 
tater une  vive  effervescence  après  l'agitation  ;  cette  expérience  a 
été  décrite  depuis  longtemps  par  M.  Duprez  (1),  mais  sans  explica- 
tion. Il  est  impossible  d'attribuer  l'effervescence  observée  à  de 
l'air  introduit  par  l'agitation,  puisque  l'alcool  ou  l'éther  seul  et 
l'eau  seule  ne  donnent  à  cet  égard  aucun  résultat  marqué. 

L'expérience  réussit  de  même  avec  la  benzine,  le  sulfure  de  car- 
bone, la  créosote,  l'essence  de  térébenthine,  les  huiles  d'olive»  de 
lavande,,  de  lin,  de  colza,  de  pétrole,  d'amande  douce,  etc.  On  n'a 
même  qu'à  agiter  l'eau  distillée  après  y  avoir  plongé  une  baguette 
de  verre  portant  des  traces  d'un  corps  gras  quelconque,  pour  voir 
se  produire  nettement  un  dégagement  de  petites  bulles  de  gaz. 

Si  le  flacon  contenant  l'eau  distillée  n'est  pas  parfaitement  dé- 
barrassé de  toute  matière  grasse  ou  éthérée,  il  se  forme  bientôt  de 
nombreuses  bulles  gazeuses  aux  points  de  la  paroi  intérieure  où 
cette  matière  est  attachée. 

IL  Une  goutte  d'huile  qui  s'étale  à  la  surface  de  l'eau  distillée 
produit  un  dégagement  de  petites  bulles  gazeuses  qu'on  observe 
aisément  au  microscope  :  ce  dégagement  est,  selon  moi,  la  vraie 
cause  de  la  formation  des  figures  de  cohésion,  comme  les  appelle 
&L  Tomlinson,  c'est-à-dire  de  la  séparation  de  la  lame  étalée  en 
une  infinité  de  parties  constituant  d'abord  une  sorte  de  réseau,  et 
se  décomposant  peu  à  peu  eu  lentilles  de  moins  en  moins  larges, 

(1)  Butletine  de  V Académie  Royale  de  Belgique ^ÏZB,  Vf  série,  t.  V,  page  402. 


LES  MONDES*  607, 

jusqu'à  ce  que,  le  dégagement  gazeux  venant  A  cesser,  les  petites 
lentilles  demeurent  indéfiniment.  J'ai  pu  suivre  au  miccoscope  tou- 
tes les  phases  du  phénomène,  dues  évidemment  aux  innombrables 
petites  bulles  gazeuses  qui  se  dégagent  au-dessous  des  lamelles. 

L'expérience  pent  se  faire  avec  toutes  les  huiles  fixes  ou  volati- 
les, le  sulfure  de  carbone»  la  créosote»  l'esprit  de  bois,  etc. 

Quand  une  huile  quelconque  est  maintenue  en  contact  prolongé 
avec  l'eau,  on  sait  que  la  surface  de  séparation  des  deux  liquidas 
perd  bientôt  sa  transparence.  Ce  fait  si  connu  s'explique  par  le  dé- 
gagement de  très-petites  bulles  de  gaz  quirésiniflent  pins  ou  moins 
l'huile,  et  qui  la  rendent  impropre  à  se  laisser  traverser  par  la  Lu- 
mière. 

III.  On  a  observé  depuis  longtemps  que  Peau  entre  d'autant  plus 
difficilement  en  ébullition  qu'elle  est  mieux  débarrassée  des  gaz 
qu'elle  tient  en  dissolution.  Ce  qui  précède  fait  prévoir  que  si  l'on 
mêle  l'eau  distillée  avec  de  l'alcool,  par  exemple,  on  peut  chasser 
une  grande  quantité  des  gaz  dissous.  C'est  en  effet  ce  que  con- 
firme une  expérience  récente  de  M.  Kremers  :  ayant  ajouté  une 
partie  d'esprit-de-vin  à  trois  parties  d'eau  et  chauffé  fortement,  cet 
observateur  a  vu  le  point  d'ébullition  s'élever  aisément  à  109*  et 
même  beaucoup  au  delà,  à  mesure  que  le  liquide  volatil  s'était 
évaporé  en  plus  forte  proportion.  Je  regarde  cette  expérience 
comme  une  vérification  bien  curieuse  de  mon  principe. 

Les  liquides  à  faible  tension  favorisent  aussi  bien  le  dégagement 
des  bulles  de  vapeur  que  celui  des  bulles  de  gaz  :  c'est  ce  que  dé- 
montrent des  expériences  frappantes  de  M.  Toralmson  ;  ce  physi- 
cien a  observé  que  des  corps  gras  empêchent  les  soubresauts, 
tandis  que  des  corps  solides  parfaitement  débarrassés  de  toute 
matière  grasse  ne  produisent  pas  du  tout  le  même  effet. 

IV.  On  sait  que  les  mouvements  browniens  ou  moléculaires  «e 
produisent  avec  le  plus  d'énergie  dans  un  mélange  d'eau  distillée 
et  d'un  liquide  volatil  quelconque  ;  dans  ce  cas,  cm  mouvements 
me  paraissent  être  une  conséquence  très-simple  d&  ma  proposition 
générale.  Quant  à  leur  existence  dans  un  liquide  homogène,  il  s 'agi. 
rait  de  savoir  si  les  parcelles  microscopiques  dont  on  a  vu  les  fai- 
bles trépidations,  n'étaient  pas  plus  ou  moins  grasses;  dès  lors 
ces  parcelles  devaient  nécessairement  donner  lieu  à  un  dégage- 
ment gazeux,  et  conaéquemment  changer  de  temps  en  temps.de 
position.  Si  les  corpuscules  sont  absolument  purs,  ils  ne  peuvent 
manifester  les  petits  mouvements  en  question;  aussi  plusieurs 


668  LES  MONDES. 

observateurs  ne  sont  jamais  parvenus  à  constater  les  déplace- 
ments browniens  dans  un.  liquide  homogène. 

Appareil  pour  la  démonstration  de»  lois  de  la  ré- 
flexion des  ondes  sonore*,  par  M.  Chaïïtard. —  a  Weber  a 
imaginé  un  petit  appareil  très-simple  :  c'est  un  petit  bassin  en  bois,  de 
forme  elliptique,  dans  lequel  on  met  une  nappe  de  mercure.  Les  ondes 
produites  par  un  filet  de  même  liquide,  tombant  à  l'un  des  foyers,  se 
propagent  et  se  réfléchissent  vers  l'autre  foyer  en  donnant  lieu  à  une  suc- 
cession de  courbes,  d'ondes,  dont  il  est  facile  de  suivre.la  marche.  Mais 
cette  manière  de  procéder  ne  permet  qu'à  un  petit  nombre  de  personnes 
d'être  témoin  de  l'expérience.  A  l'aide  d'une  disposition  que  M.  Ehr- 
mann,  mon  habile  préparateur,  a  réalisée  d'un  façon  très-heureuse,  il 
est  facile  d'utiliser  le  vase  elliptique  de  l'appareil  de  Weber.  Le  mouve- 
ment ondulatoire,  au  lieu  d'être  excité  à  l'un  des  foyer  par  la  chute  de 
gouttelettes  de  mercure,  est  provoqué  par  un  petit  trembleur  électrique 
dont  l'armature  porte  une  tige  terminée  inférieurement  par  une  lame 
de  platine  mince  et  circulaire  d'environ  2  millimètres  de  diamètre. 
Cette  lamelle  plonge  dans  le  mercure  du  vase  et,  en  participant  aux 
mouvements  du  trembleur,  provoque  dans  le  bain  une  série  d'on- 
dulations qui  se  reproduisent  identiquement  au  foyer  opposé.  Là  se 
touve  un  gros  fil  dont  le  bout  inférieur,  pendant  l'état  de  repos  du 
mercure,  s'arrête  à  i/2  millimètre  environ  de  la  surface.  Si,  au  con- 
traire, une  protubérance  se  forme  à  ce  foyer,  alors  la  pointe  plonge 
dans  le  mercure.  Supposons  maintenant  que  cette  tige  ainsi  qu'une 
sonnerie  soit  interposée  dans  le  courant  d'une  pile  et  cela  par  l'inter- 
médiaire du  bain  :  il  en  résultera  que  tant  que  la  surface  6era  au  repos, 
ou  tant  que  les  ondes  qui  y  seront  provoquées  ne  convergeront  pas  au 
second  foyer,  la  sonnerie  demeurera  muette,  tandis  qu'elle  se  fera  en- 
tendre, au  contraire,  si  les  ondes  viennent  se  réunir  à  ce  dernier  point. 
Diverses  dispositions  secondaires,  permettent  de  faire  varier  de  place 
la  tige  fixe  ou  la  tig«5  oscillante,  et  de  démontrer  ainsi  que  pour  toute 
position  de  ces  dernières,  différente  de  celle  des  foyers,  le  courant 
reste  ouvert  et  la  sonnerie  silencieuse,  tandis  qu'il  en  est  autrement  si 
les  deux  tiges,  convenablement  réglées  de  hauteur,  correspondent  cha- 
cune à  l'emplacement  des  foyers  de  l'ellipse.  Enfin,  le  socle  de  l'appareil 
est  muni  de  trois  vis  calantes  à  l'aide  desquelles  il  est  facile  de  régler 
le  niveau  de  la  surface  de  mercure.  » 

Expériences  pour  démontrer  que  réieetrfolté  me 
porte  à  la  snrfaéedes  eorps,  par  M.  A.  Terquem. —  «On 
prend  une  cage  d'oiseau  quelconque,  soit  en  bois  et  fil  de  fer,  soit 
toute  de  métal;  on  la  suspend  à  des. conducteurs  isolés,  en  communî- 


LES  MONDES.  669 

cation  avec  une  machine  électrique.  On  peut  placer  dans  la  cage, 
comme  je  l'ai  fait,  un  éleetroeçope  à.  feuilles  d'or,  y  mettre  des.  mor- 
ceaux de  clinquant,  des  .barbes  de  plume,  des  balles  de  sureau  :  rien 
ne  bouge  tandis  qu'on  tire  de  fortes  étincelles  de  la  cage.  On  suspend 
en  dedans  un  faiseeau  de  fil  de  lin  et  au-dessous  un  autre  semblable: 
le  faisceau  intérieur  reste  uni;  dans  celui  qui  est  extérieur,  tous  les 
brins  divergent  fortement,  et  l'on  entend  les  aigrettes  qui  en  sortent  à 
l'approche  de  la  main. 

On  peut  encore  coller  des  bandes  de  papier  le  long  des  parois;  on 
voit  les  bandes  extérieures  g'écar&r  fortement,  les  intérieures  rester 
verticales.  Enfin,  on  peut  introduire  un  oiseau  dans  la  cage  et  montrer 
qu'il  est  complètement  indifférent  aux  phénomènes  de  charge  et  de 
décharge  dont  la  surface  extérieure  de  la  cage  est  le  siégp.  » 


ACADÉMIE   DES  SCIENCES 

SÉANCE  DU  LUNDI  8   AVRIL. 

—  M.  le  Président  annonce  la  perte  douloureuse  qu'elle  vient  défaire 
dans  la  personne  de  M.  Ernest  Laugier,  membre  de  la  section  d'Astro- 
nomie, gendre  de  M.  Mathieu,  neveu  par  alliance  de  François  Arago. 
Né  le  22  décembre  1812,  mort  le  5  avril  1872,  M.  Laugier  n'avait  pas 
pas  encore  soixante  ans.  11  s'est  éteint  presque  subitement,  épuisé  par 
une  anémie  profonde  consécutive  elle-même  d'un  diabète. 

—  Deuxième  note  sur  la  cristallisation  des  sels  barytiques  dont 
les  acides  proviennent  de  l'eau  de  macération  des  cadavres,  par 
M.  Cheyreul.  —  Les  cristallisations  ont  la  forme  d'un  cratère  volca- 
nique tranchant  sur  un  fond  transparent  à  la  fois  par  son  opacité  et  son 
éclat.  M.  Ghevreul  est  heureux  que  M.  Elie  de  Beaumont  Tait  comparé 
à  l'Etna. 

—  M.  Decaisne  annonce  la  mort  survenue  à  Tubingue,  le  1er  avril, 
de  M.  Hugo  Mohl,  correspondant  très-éminent  de  la  section  de  bota- 
nique, célèbre  par  ses  travaux  sur  la  structure  des  tiges  des  fougères  et 
des  palmiers. 

—  Suite  d'un  mémoire  sur  les  lois  des  marées  atmosphériques  et 
les  conséquences  qu'on  en  peut  tirer  au  point  de  vue  du  système  des 
Mondes.  —  Pour  donner  une  idée  du  travail  de  l'infatigable  observa- 
teur des  phénomènes  aériens,  il  faudrait  le  reproduire  tout  entier,  car 
il  se  compose  de  plusieurs  séries  nombreuses  de  faits  et  d'affirmations 
condensés  à  l'excès.  M.  Silberman  n'hésite  pas  à  affirmer  qu'il  n'est 


«70  LES  MONDES. 

pas  nécessaire  que  le  §oleil  toit  chaud  pour  procurer  à  la  terre  la 
chaleur  indispensable  à  la  me  ;  et  je  pourrais  ajouter  que  dans  sa  con- 
viction intime  l'hypothèse  qui  fait  du  soleil  ua  globe  feu  de  eat  non* 
seulement  improbable)  mais  inadmissible  ou  même  ridicule,  ou  con- 
traire à  cette  loi  générale  de  la  création  :  le  détordre,  le  chaos,  la  fa* 
talitt,  sont  choses  purement  apparentes  mais  nm  réelles  pour  ceux 
qui  savent  voir;  mais  l'ordre  et  Vharihenie,  ainsi  que  l'économie  la 
plus  ptévoyante ,  la  plus  admirable,  régnent  par  tous  les  Menées* 
C'est  la  conclusion  de  sa  lecture. 

m-  De  f altération  des  muselés  qui  se  produit  $om  l'influence  des 
lésions  traumatiquts  ou  analogues  des  nerfs,  action  trophique  dos 
centres  nerveux  sur  le  Ussumusculaire,  par  M.  Vulpiàn.— Conclusion  ; 
c  La  substance  grise  du  centre  spinal  et  de  ses  prolongements,  ou  de* 
parties  correspondantes  dans  l'isthme  de  l'encéphale,  exerce,  par  l'in- 
termédiaire des  fibres  nerveuses  motrices,  une  véritable  action  trophique 
sur  les  muscles,  oomme  elle  en  exerce  une  indubitable  sur  les  nerfs 
moteurs  eux-mêmes.  Et  l'ensemble  des  faits,  soit  cliniques,  soit  expé- 
rimentaux, que  je  ne  puis  développer  ici,  nous  montre  que  la  cause  de 
l'atrophie  musculaire,  soit  dans  les  cas  de  lésions  traumatiques  ou  ana- 
logues des  nerfs  moteurs,  soit  dans  certains  cas  de  lésions  de  la  moelle 
épinière,  est  la  suppression  et  non  l'exaltation  morbide  de  l'influence 
trophique  des  noyaux  de  substance  grise  d'où  naissent  ces  fibres  ner- 
veuses motrices. 

—  Sur  l'altération  des  eaux  sulfureuses,  des  Eaux-Bonnes  au 
contact  d'un  air  limité,  par  Louis  Martial  «  Les  réactions  subies  par 
Peau  sulfureuse  des  Eaux-Bonnes  au  sein  des  réservoirs  se  réduisentgé- 
néralement  à  deux  :  1°  la  transformation  rapide  du  monosulfure  de  so- 
dium en  bisulfure,  avec  production  équivalente  de  silicate  de  soude;  2*  la 
transformation  lente  et  progressive,  toujours  partielle,  du  bisulfure  de 
sodium  en  hyposuliite  de  soude,  par  simple  fixation  d'oxygène. 

—  Note  sur  l'âge  du  soulèvement  du  pays  de  Bray  en  Normandie 9 
par  M.  A.  de  Lafpabrnt.  —  «  Le  trait  caractéristique  du  Bray  est  la 
dtesymétrie  frappante  du  soulèvement,  relativement  à  l'axe  anticlinal  de 
la  contrée.  En  partant  de  la  bordure  méridionale  de  la  vallée  de  Bray, 
on  voit  affleurer  successivement,  les  unes  au-dessous  des  autres,  toutes 
les  couches  du  terrain  crétacé,  puis  celles  de  l'étage  portlandien,  enfla 
les  argiles  à  gryphées  virgules,  plongeant  régulièrement  au  sud-ouest 
et  se  relevant  vers  le  centre  du  Bray,  au  point  d'atteindre,  en  certains 
endroits,  une  altitude  de  280  mètres,  égaie  à  celle  du  sommet  de  la  fa- 
laise crayeuse  méridionale.  Puis,  au  moment  où  les  couches  jurassi- 
ques, presque  horizontales,  sont  arrivées  à  former  l'arête  culminante 


LES  MONDES.  «t 

de  h  conWée,  une/cassure  brusque  interrompt  la  continuité  des  assises» 
Tantôt  cette  cassure  met  la  tanche  horitontale  des  couche»  à  découvert 
sur  le  flanc  d'un  talus  escarpé  qui,  parfois,  «tient  4*0  mètres  de  hau- 
teur, et  dont  le  pied  est  marquépar  un  ravin  ;  tantôt  elle  passe  par  l 'axe 
même  d'un  mamelon,  sans  que  la  topographie  la  révèle  en  rien,  -  * 

•  Gei  accident  a  trop  bien  marqué  sou  empreinte  sur  l'orographie  lia 
bassin  parisien  pour  qu'il  n'y  ait  pas  lieu  de  lui  assigner  une  plan  à 
part  dans  la  sérielles  mouvements  dei'écouee  tenrrestre,  d'autant  mieux 
que  la  direction  nord  45  degrés  à  46  degrés  ouest  ne  correspond  à  au- 
cun système  moderne  et  ne  pourrait  être  qu'une  réouverture  du  sys- 
tème très  ancien  du  Morbihan.  Je  crois  donc  devoir  proposer  la  création 
d'un  système  du  pays  de  Bray  et  de  la  vallée  de  la  Semé  pour  carac- 
tériser cette  double  fracture,  orientée,  dans  son  ensemble,  nord45~de- 
grés  à  46  degrés  ouest,  et  dont  l'âge  est  étroitement  défini  par  son  în~ 
tercalation  entre  le  dépôt  du  calcaire  grossier  supérieur  et  celui  des 
sables  de  Beauchamp. 

—  Observations  relatives  aux  faits  signalés  récemment  par 
Jf .  ChQtnpouillon,  sur  la  putréfaction  cadavérique  chez  les  sujets 
alcoolisés,  par  M.  Gauthier  de  Clàubry.  —  Un  nombre  considérable 
de  cadavres  provenant  des  batailles  de  rues,  en  juillet  1830,  avaient 
été  enfouis  sur  divers  points,  et  en  nombre  beaucoup  plus  grand  qu'ail- 
leurs à  l'entrée  du  Champ-de-Mars,  devant  le  pont  d'Iéna.  Ils  apparte- 
naient tous  à  des  individus  frappés  par  des  projectiles  ou  des  armes  de 
guerre,  —  étant  tous  également  trouvés  soumis  aux  mêmes  condition» 
atmosphériques,  —  et  ayant  été  enfouis  dans  le  même  temps,  —  d'où 
devaient  résulter,  d'une  manière  générale,  des  conditions  analogues 
de  putréfaction. 

Lorsqu'au  mois  de  juillet  4840  l'exhumation  en  fut  opérée  pour 
leur  transport  à  la  colonne  de  la  Bastille,  on  les  trouva,  côte  à  côte, 
dans  les  rangées  supérieures  comme  dans  les  rangées  inférieures,  dans 
quatre  états  différents.  Un  certain  nombre  étaient  réduits  à  l'état  d'os- 
sements ; — d'autres  étaient  réduits  à  l'étal  de  gras  de  cadavre;— pour 
une  partie,  la  putréfaction  était  en  pleine  activité  ;  —  et  enfin,  il  s'en 
trouvait  dont  la  conservation  était  telle  que  les  familles  ont  pu  facile* 
ment  les  reconnaître  à  des  caractères  qu'elles  avaient  elles-mêmes 
signalés. 

Il  faut  bien  que  des  causes  particulières  aux  individus  aient  exercé 
une  large  influence  sur  l'altération  de  ces  corps,  et  rien  ne  démontre 
qu'il  ne  se  soit  pas  présenté  quelque  chose  d'analogue  dans  les  faits 
signalé»  par  M.  Champouillon,  qui  n'en  restent  pas  moins  d'une  réelle 
importance. 


672  LES  MONDES 

.  —  M.  Lecoq  de  Boisbaudran  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  com- 
prendre, parmi  les  pièces  admises  au  Concours  du  prix  Bordin,  pour 
Tannée  4872,  les  communications  qu'il  a  successivement  adressées 
sur  lf  constitution  des  spectres  lumineux» 

—  M.  la  ministre  de  l'instruction  publique  prie  l'Académie  de  dési- 
gner deux  de  ses  membres  pour  faire  partie  de  la  commission  qui  doit 
être  chargée  d'inspecter  annuellement  l'observatoire  de  Paris,  confor- 
mément au  décret  du  5  mars  18T2.  M.  Le  Verrier  voudrait  qu'avant 
la  nomination  copie  du  décret  fiXt  envoyée  à  tous  les  membres,  et  que 
l'Académie  s'entendit,  dans  une  discussion  préliminaire,  sur  la  portée 
des. nominations  qu'elle  a  à  faire.  La  discussion  aura  lieu  dans  la 
séance  prochaine.. 

— •  M.  le  secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de 
la  correspondance  :  1°  Le  tome  VIII  de  la  Revue  de  Géologie  (années 
1868  et  1869),  par  MM.  Delesse  et  de  Lapparent.  Comme  les  volumes 
antérieurs,  le  volume  actuel  contient  le  résumé  et  la  discussion  des 
travaux  de  géologie  récents,  et  plus  particulièrement  de  ceux  qui  ont 
été  publiés  à  l'étranger  ;  des  analyses  inédites  de  roches,  et  quelques 
communications  qui  ont  été  faites  directement  à  cette  Revue.  2°  Le 
premier  volume  du  Cours  d'analyse  infinitésimale  (partie  élémentaire), 
par  M.  Ph.  Gilbert,  qui  est  présenté  à  l'Académie  par  M.  Puiseux. 
«  Dans  ce  volume,  dit  M.  Puyseux,  les  notions  usuelles  du  calcul  dif- 
férentiel et  du  calcul  intégral  sont  exposées  avec  la  clarté  et  la  méthode 
qui  caractérisent  les  autres  ouvrages  du  savant  professeur  de  Louvain. 
Les  théories  analytiques,  plus  élevées  ou  d'une  application  moins  im- 
médiate, feront  la  matière  d'un  second  volume.  » 

—  Recherches  sur  les  substitutions,  paa  M.  C.  Jordan. 

-—  Sur  un  système  particulier  d'équations  aux  différentielles  par- 
tielles, par  M.  Combescure. 

—  Sur  la  volatilisation  apparente  du  sélénium  et  du  tellure,  et 
sur  la  dissociation  de  leurs  combinaisons  hydrogénées,  par  M.  A. 
Ditte.  —  Le  sélénium  et  l'hydrogène  chauffés  ensemble  à  440  degrés 
produisent  une  quantité  d'acide  sélénhydrique  qui  augmente  depuis 
150  degrés,  point  de  fusion  du  sélénium,  jusqu'à  250  degrés,  puis 
diminue  quand  on  chauffe  au  delà...  Réciproquement,  l'acide  sélénhy- 
drique, soumis  à  l'action  de  la  chaleur,  éprouve  déjà  vers  450  degrés 
une  décomposition  sensible,  mais  très-lente;  la  quantité  dissociée 
atteint,  vers  270  degrés,  une  valeur  à  partir  xle  laquelle  elle  décroit 
peu  à  peu,  et  passe  vers  520  degrés  par  un  minimum.  Au-dessus  de 
530  degrés,  l'acide  sélénhydrique  se  décompose  peu  à  peu  et  d'une 
manière  continue,  quand  on  élève  davantage  la  température.  Au  sein 


LES  MONDES.  073 

d'un  tube  contenant  du  sélénium  et  de  -l'hydrogèns,  plongé  partielle- 
ment dans  une  enceinte  à  température  fixe,  il  existe  une  région  du  tube 
où  le  sélénium  se  dépose  constamment,  de  manière  à  former  un 
anneau  circulaire,  à  l'état  liquide  quand  la  température  est  supérieure 
à  son  point  dé  fusion,  à  l'état  solide,  quand  elle  est  inférieure. 

Le  tellure  peut,  comme  le  sélénium,  se  combiner  directement  à  l'hy- 
drogène et  donner  de  l'acide  tellurhydrique,  qui  permet  d'obtenir  un 
anneau  de  cristaux  tout  à  fait  comparable  à  celui  du  sélénium  et  pro- 
duit dans  les  mêmes  circonstances.  Avec  un  tpbe  partiellement  chauffé, 
l'acide  tellurhydrique  produit  dans  la  partie  chaude  se  décompose  à 
une  température  moins  élevée,  et  l'on  voit  se  former  des  cristaux  de 
tellure  d'une  blancheur  éclatante,  des  prismes  pouvant  atteindre  20  mil- 
limètres de  longueur,  et  le  phénomène  ne  s'arrête  encore  que  lorsque 
tout  le  tellure  a  disparu  au  fond  du  tube.  On  peut  ainsi,  par  une.  vola- 
tilisation apparente,  transporter  avec  une  quantité  limitée  d'hydrogène 
une  quantité  indéfinie  de  tellure  comme  de  sélénium;  en  même  temps 
qu'ils  se  transportent,  ces  deux  corps  cristallisent,  de  telle  sorte  que, 
vis-à-vis  d'eux,  l'hydrogène  joue  le  rôle  d'un  véritable  agent  minérali- 
sateur. 

—  Sur  les  propriétés  réductrices  de  Fhydrogène  et  des  vapeurs  de, 
phosphore  et  leur  application  à  la  production  de  dessins,  par  M.  B.  Re- 
nault. —  Lorsqu'on  dirige  un  jet  d'hydrogène  froid  sur  une  feuille  de 
papier  Berzélius,  imprégné  d'un  sel  oxydé  d'argent,  tel  que  phosphaté, 
azotate,  arsénite,  sulfate,  carbonate,  oxalate,  l'argent  est  ramené  à 
l'état  métallique  et  le*papier  noircit  instantanément.  L'hydrogène,  dans 
les  mêmes  circonstances,  ne  réduit  pas  les  chlorure,  bromure,  iodure, 
cyanure,  sulfocyanure  d'argent  tout  k  fait  purs.  Si  donc,  au  moyen  d'une 
encre  renfermant  un  chlorure  ou  un  bromure  alcalin  (il  est  préférable 
d'employer  un  sel  ammoniacal),  on  trace  ou  on  imprime  un  dessin 
sur  un  papier  imprégné  d'azotate  d'argent  et  légèrement  paraffiné,  et 
si  l'on  soumet  ce  papier  à  l'action  réductrice  de  l'hydrogène,  il  noir- 
cira sur  toute  son  étendue,  sauf  aux  points  où  l'encre  a  formé  un  sel 
irréductible  ;  le  dessin  resté  blanc  se  détachera  alors  sur  le  fond  de- 
venu noir.  Le  chlorure  noirci  laisse  passer  les  gaz  avec  facilité  ;  cette 
propriété  permet  d'obtenir  un  certain  nombre  d'épreuves  de  mêmes 
dessin.  Si  l'on  place,  en  effet,  une  feuille  de  papier  sensibilisé  sous  le 
dessin  primitif,  dont  les  traits  doivent  avoir  traversé  l'épaisseur  du  pa- 
pier et  être  bien  secs,  on  obtiendra  sa  reproduction  exacte  en  dirigeant 
perpendiculairement  à  sa  surface  un  jet  d'hydrogène  ;  ce  gaz  ne  pas- 
sant qu'à  travers  les  traits,  réduit  les  points  correspondants  de  la 
deuxième  feuille,  et  l'on  a  en  noir  une  épreuve  directe  du  tracé  primi- 


674  LES  MONDES. 

tif,  épreuve  que  l'on  peut  alors  fixer  et  virer  en  modifiant,  s'il  ;  t  lieu* 
las  procédés  ordinaires,  en  les  adaptant  an  sel  d'argent  qui  a  servi  à 
sensibiliser  la  feuille  de  papier.  A  l'hydrogène  on  peut  substituer 
avantageusement  l'asote  ou  l'acide  oarbontque  qui.  ont  traversé  préa- 
lablement un  tune  rentoilant  des  fragments  de  phosphore  ;  ces  gaz 
noircissent  ator*  aon-seulement  les  sels  oxydés  d'argent,  mais  ceux  de 
mercure  et  de  cuivre.  Quand*  après  avoir  traversé  le  tube  à  phosphore, 
le  gae,  quel  qu'il  soit*  asote,  acide  carbonique  ou  hydrogène,  se  répand 
dans  l'air,  il  est  lumineux  dans  l'obscurité*.  •  Si  l'on  dirige  le  jet  ga- 
zeux de  façon  à  l'étaler  sur  des  feuilks  de  papier  imprégnées  de  car- 
bonate de  cuivre,  elles  noirciront. 

—  Sur  une  combinaison  de  bioomjdc  de  chrome  et  de  dichromaie 
potassique,  dkhromato  halkhromique  [(Cr  0*)'  (Cr  0*)  KO]  H*  0,  par 
M.  Dokato  Tomm a'si.  Nous  publierons  cette  note  intégralement. 

—  Recherches  sur  le  rôle  des  matières  organiques  du  soi  dans' tes 
phénomènes  de  la  nutrition  des  végétaux,  par  M.  L.  Granbeau.— 
'«  11  résulte  de  l'ensemble  des  faits  consignés  dans  mon  mémoire  :  1*  que 
les  sols  fertiles  renferment  les  éléments  nutritifs  minéraux  sous  la 
forme  où  nous  les  offre  le  fumier  de  ferme  et  notamment  le  purin  ; 
3*  que  la  fertilité  d'un  sol  est  étroitement  liée  à  la  richesse  en  élé- 
ments minéraux  de  la  matière  organique  soluble  dans  l'ammoniaque 
qu'il  renferme  ;  3°  que  les  substances  organiques  sont  dans  la  nature 
le  véhicule  des  aliments  minéraux,  qu'elles  les  extrayent  du  sol  pour 
les  présenter  sous  une  forme  immédiatement  assimilable  aux  racines 
des  végétaux.  » 

—  Analyse  chimique  si  microscopique  de  la  pluie  de  sable  mUéo~ 
.rique  tombée  en  Sicile,  les  9,  10  si  il  mars  1873,  par  M.  Silvestir. 
—  Mille  grammes  de  pluie  contenaient  698  milligrammes  de  matières 
minérales  insolubles  (bicarbonates  de  chaux,  de  fer,  de.  magnésie  et 
sulfate  de  chaux),  de  matières  minérales  solubles  (chlorure  de  potas- 
sium, sulfate  de  soude,  chlorure  de  sodium),  de  matières  organiques* 
Examinée  au  microscope,  la  poussière  météorique  a  montré  des  vésir 
cules  sphériques,  discoïdes,  protéiformes  ;  quatre  espèces  de  (liaioméafe 
et  trois  espèce»  d'infusoires  à  mouvement  inquiet  et  rapide. 

—  Recherches  sur  la  composition  chimique  du  vert  de  Chine.  — 
\a  vert  de  Chine  ou  lokao,  est  une  véritable  laque,  contenant  une  torts 
proportion  de  matières  diverses  :  chaux,  alumine,  oxyde  de  fer,  *vee 
^beaucoup  d'humidité.  Il  se  dissout  en  petite  quantité  daps  l'eau  froide* 
fi  se  dissout  aisément  dans  les  solutions  des  carbonates  de  potwt  et  de 
joudSt  Pour  obtenir  la  matière  coloraule  pure,  faites  dissoudre  lOOgraimts 


LÈS  MONDES.  67» 

de  carbonate  d'ammoniaque  pure  dans  quatre  litres  d'eau  distillée  ; 
joutez  iOO  grammes  de  lokao  pulvérisé  et  agitez  de  temps  eo  temps; 
Après  quatre  Jours  la  liqueur  sera  devenue  d'un  vert  bleu  très-fôûcé  ;  on 
filtre,  et  Ton  évapore  au  bain-marie,  dans  une  capsule  plate,  de  manière 
à  chasser  complètement  le  carbonate  d'anftnoniaque  en  excès.  On  obtient 
ainsi  60  pour  100  de  lokafne  ammoniacale,  matière  bleue  parfaitement  so- 
Iublé  dans  l'eau  ;  que  Ton  obtiendra  pure»  en  ajoutant  de  l'alcool  ai  la 
dissolution  de  Vert  de  Chine  dans  le  carbonate  d'ammoniaque.  Sa  com- 
position chimique  est:  carbone  50,98;  hydrogène  5,52  ;  azote  2,125; 
oxygène  41,27$.  Sa  formule  est  'C4,BM0*JAsH40.  La  lokaïoe  pure 
C  H*4  0",  doit  être  considérée  comme  un  acide  faible  ou  glucoside.  Ces 
messieurs  appellent  lokaétine  le  produit  insoluble  du  dédoublement  de  la 
lokaïne  ammoniacale  sous  l'action  de  l'acide  sulfurique  étendu  d'eau;  sa 
formule  serait  C*  H1  0'\  Elle  est  très-peu  soluble  dans  l'eau;  avec  le 
temps  elle  s'y  gonfle  à  la  manière  de  la  gomme  adragaûte  ;  les  plus 
faibles  traces  d'alcali  la  font  virer  au  violet  Elle  forme  dans  la  liqueur 
ammoniacale  des  flocons  rouges  qui  redeviennent  violets  au  contact  de 
l'air. 

—  Polymorphisme  du  Mucor  Muceâo,  par  MM.  VaN  TtfedbK*  et  LT- 
MororaR.  -*-  «  En  résumé,  l'évolution  du  Mwsor  Mutedo  comprend  au- 
jourd'hui huit  tonnes  reproductrices  :  l' l'appareil  sexué  qui  donne  par 
voie  de  conjugaison  l'oral  ou  rygospore  ;  2*  six  systèmes  distincts  de  spo- 
ranges qui,  sous  lé  rapport  du  nombre  des  spores  et  de  la  dimension  de 
iâ  columelle,  s'écheloùnent  ainsi  :  sporange  terminal,  sporanges  latéraux 
isolés,  appareils  cireinombellé,  héiicostylé,  thamnidlen  et  chaetocladîen; 
3»  les  spores  myeélfemies*  Ce» huit  appamils  ayant  oé  caractère  commua 
d'engendrer  leurs  corps  reproducteurs  par  voie»  de  formation  endogène; 
on  voit  que*  dans  l'état  actuel  de  nos  connaissances,  le  polymorphisme  si 
riche  du  Muoor  Mucedo  s'exerce,  en  définitive,  dans  un  champ  fort  res- 
treint. » 

—  Magnétisme  terrestre,  par  M.  Diakll^Muller.  —  D'une  carte  d'es- 
sai des  lignes  isogones  de  la  mer  adriatique,  l'auteur  déduit  les  remarques 
suivantes:  • 

«  La  variation  totale  de  la  boussole,  à  partir  de  Corfou  Jusqu'à  Venise, 
est,  en  chiffres  ronds,  de  3*  30'  (plus  exactement  3«  26',4). 

«Les  perturbations  que  Ton  y  rencontre  présentent  le  plus  grand  in* 
térét  pour  les  marins.  Les  plus  importantes  sont  au  nombre  de  trois  :    * 

«  !•  La  ligne  =  H0  30',  qui  semble  détournée  de  sa  marche  régulière 
par  l'influence  du  mont  Valebit  qui  a  une  extension  de  près  de  W  milles 
marins;  « 


676  LES  MONDES. 

«c  2*  Le  rocher  Porno,  autour  duquel  se  trouve  une  grande  perturbation 
symétrique,  de  plus  de  2  degrés,  mériterait  la  plus  grande  attention  des 
marins; 

3°  La  ligne  de  Lissa  (10°30%  qui  peut  être  influencée  par  la  même  cause 
de  perturbation  du  rocher  Porno. 

—  Sur  l'origine  cosmique  des'  aurores  boréales,  par  M.  Diamillà-Muller. 
—  L'auteur  croit  avoir  émis  le  premier,  en  1854,  l'idée  que  l'aurore  bo- 
réale avait  pour  cause  le  courant  magnétique  produit  par  l'influence  so- 
laire. Voici  quelle  serait  aujourd'hui  sa  théorie  complète. 

«  Un  courant  magnétique  (nous  le  nommons  ainsi  faute  de  mieux)  par- 
tirait du  soleil  vers  ses  planètes  selon  qu'elles  sont  plus  près  où  plus  loin 
de  lui,  d'un  côté  ou  d'un  autre  côté.  Quant  à  la  terre,  ce  courant  arrive- 
rait dans  une  position  moyenne  située  entre  l'équateur  et  l'écliptique.  De 
cette  place,  qui  serait  l'équateur  magnétique,  partiraient  deux  courants 
opposés  vers  les  pôles  magnétiques  d'où  le  même  courant  serait  renvoyé 
au  soleil.  Par  conséquent,  la  direction  de  ces  courants  serait  de  Téqua- 
teur  aux  pôles,  et  non  des  pôles  à  l'équateur.  Si  la  surface  de  la  terre  ne 
présentait  aucune  cause  locale  de  perturbation  dans  la  direction  des  cou- 
rants, ceux-ci  seraient  placés  géométriquement  de  part  et  d'autre  par 
rapport  à  l'équateur  magnétique,  et  Taxe  magnétique  passerait  par  le 
centre  de  la  terre.  L'irrégularité  des  directions  des  courants  serait  .donc 
l'effet  d'une  modification  locale  et  accidentelle  produite  par  ces  perturba- 
tions. L'aurore  polaire  serait  simplement  l'effet  d'une  suspension  acciden- 
telle du  renvoi  du  courant  au  soleil.  Le  courant,  faute  de  pouvoir  con- 
tinuer sa  route  de  retour,  s'agglomérerait  aux  pôles  et,  pour  rétablir 
l'équilibre,  se  résoudrait  en  une  décharge  lumineuse.  Et  alors,  comme 
dit  justement  M.  Donati,  le  phénomène  lumineux  se  rendrait  visible  de 
l'orient  à  l'occident,  suivant  le  mouvement  diurne  de  notre  planète. 

—  M.  A.  Latoughb  adresse  une  note  sur  Futilité  qu'il  y  aurait,  au 
point  de  vue  de  l'agriculture,  à  faire  parvenir  l'eau  de  la  mer  jusque  dans 
l'intérieur  des  continents.  11  propose,  pour  cela,  l'établissement  d'un  sys- 
tème de  canalisation  suivant  les  lignes  de  chemins  de  fer,  et  communi- 
quant avec  des  réservoirs  situés  sur  le  rivage  de  la  mer,  où  des  machines 
élèveraient  l'eau  à  une  hauteur  convenable. 

—  Les  comptes  rendus  signés  Elie  de  Beaumont  avaient  52  pages.  — 
ï.  Moigno, 


PARIS.  —  TTP.  WALDKR,  RUE  BOHAPARTÏ,  44. 


N°  47.  1872. 

CHRONIQUE  SCIENTIFIQUE  DE  LA  SEMAINE 

Bulletin  hebdomadaire  de  la  manié,  —  Le  nombre 
des  décès  du  12  au  19  avril  a  été  :  variole,  5;  rougeole,  25;  scarla- 
tine, 2  ;  fièvre  typhoïde,  42;  érysipèle,  6,  bronchite  aiguë,  39;  pneu- 
monie, 67;  dyssenterie,  4;  diarrhée  cholériforme  des  enfants,  3;  an- 
gine couenneuse,  6;  croup,  44;  affections  puerpérales,  7;  autres 
affections  aiguës,  248;  affections  chroniques,  334,  dont  478 
phthisies  pulmonaires;  affections  chirurgicales,  55;  causes  acciden- 
telles, 27.  Total  825  contre  844  la  semaine  dernière. 

Etat  des  récolte*.  —  Les  agriculteurs  sont  beaucoup  plus  con- 
tents des  récoltes  dans  le  nord  de  la  France  que  dans  le  midi.  Il  est 
néanmoins  imposssible  de  dire  quels  seront  les  résultats  définitifs; 
mais  on  peut  affirmer  que  jusqu'à  présent  il  n'a  été  fait  aucun  mal 
aux  récoltes  les  plus  importantes  dont  l'état  continue  à  être  satisfaisant. 

Une  température  propice  a  favorisé  l'ensemencement  des  bet- 
teraves qui  poussent  partout  avec  une  grande  activité  dans  les  meil- 
leures conditions.  Les  jeunes  betteraves  sont  déjà  levées  sur  un  cer- 
tain nombre  de  points,  notamment  dans  le  Nord  :  tout  est  donc  pour 
le  mieux  jusqu'à  présent. 

Séance  solennelle  de  la  Société  d'encon rarement,  — 
Cette  séance  générale  pour  la  distribution  des  prix  et  médailles,  qui 
n'avait  pas  eu  lieu  depuis  deux  ans,  a  présenté  le  plus  vif  intérêt. 
Après  un  rapport  sur  l'ensemble  des  concours  ouverts  par  la  Société, 
rapport  quelque  peu  attristant,  parce  que  le  nombre  des  concurrents 
a  été  trop  petit,  et  que,  sur  ce  petit  nombre,  deux  ou  trois  seulement 
ont  été  couronnés,  M.  Barrai  a  lu  une  notice  historique  très-touchante 
sur  M.  Combes,  l'un  des  secrétaires  perpétuels  de  la  Société;  M.  Moll 
a  fait  une  lecture  très-piquante  sur  le  rôle  par  trop  annulé  des  femmes 
en  agriculture,  rôle  par  trop  amoindri,  par  trop  nul,  par  trop  négatif 
même,  clans  notre  chère  France;  M.  Tisserand' a  énuméré  avec  beau- 
coup d'art  et  de  cœur  les  titres  de  M.  Boussingault,  à  la  grande  mé- 
daille Thénard,  décernée  cette  année  pour  la  première  fois  et  qui  est 
destinée  à  récompenser  les  grands  services  rendus  à  l'agriculture  :  au 
jugement  des  savants  français  et  étrangers,  M.  Boussingault  est  le 
fondateur  de  la  chimie  agricole  moderne,  le  créateur  des  stations 
agricoles  savantes,  le  promulgateur  éclairé  et  convaincu  de  la  grande 
loi  de  la  restitution  au  sol  des  éléments  emportés  par  les  récoltes.  La 
Société  a  décerné  en  outre  :  un  prix  de  4  000  fr.  à  M.  Coupié,  pour  son 

No  17,  t.  XXVII,  25  avril  1872.  48 


678  LES  MONDES. 

encre  des  écoles  ;  nn  prix  de  1 000  fr.  à  M.  Aman,  pour  son  filtre  à  sable  ; 
deux  prix  de  4  000  francs,  l'un  à  M.  Thiéron,  de  Mont  auge,  pour  son 
ouvrage  sur  l'agriculture  et  les  classes  rurales  dans  le  pays  toulousain  ; 
l'autre  à  M.  Tochon,  de  Chambéry,  pour  son  histoire  de  l'agriculture 
de  la  Savoie;  un  prix  de  500  francs  à  M.  Sirand,  pour  la  production 
de  graine  saine  de  vers  à  soie  ;  deux  médailles  d'or,  dont  l'une  à 
M.  Bourbouze,  pour  de  nouveaux  instruments  de  physique;  cinq  mé- 
dailles de  platine,  Tune  à  M.  Merget,  pour  son  étude  des  vapeurs 
mercurielles,  l'autre  à  M.  Houzeau,  pour  ses  études  sur  l'ozone  ; 
14  médailles  d'argent,  dont  une  à,  M.  Chutaux,  pour, sa  pile  au  bichro- 
mate de  potasse ,  une  à  M.  Corbin,  pour  son  porteur  universel ,  une 
à  M.  Deprez,  pour  sa  réglette  des  tiroirs,  une  à  M.  Gaiffe,  pour  sa  nic- 
kelure  galvanique,  une  à  M.  Wiessnegg,  pour  son  fourneau  à  gaz  ; 
9  médailles  de  bronze  ;  22  médailles  d'encouragement  aux  contre- 
maîtres et  ouvriers  présentés  par  leurs  patrons.  Nous  publierons,  dès 
qu'ils  auront  été  imprimés,  les  rapports  de  prix  et  de  médailles,  parce 
qu'ils  sont  une  expression  assez  fidèle  des  progrès  de  l'industrie.  Des 
comptes  du  trésorier  et  du  censeur,  il  résulte  que  l'état  des  fonds  de 
la  Société  est  très-satisfaisant. 

Société  nationale  d'encouragement  des  travailleur*  * 
Industriel*»,  et  Exposition  universelle  d'économie  do* 
mestlque  au  Palais  tle  l'Industrie  en  juillet  189 f.  — 
Il  s'est  formé  à  Paris,  23,  rue  de  la  Chaussée-d'Antin,  sous  la  prési- 
dence de  M.Troncin  du  Mersan,  une  société  ayant  pour  but  d'honorer, 
d'encourager,  de  récompenser  par  tous  les  moyens  possibles  les  tra- 
vailleurs industriels  ;  la  cotisation  est  de  20  francs;  le  diplôme  obliga- 
toire de  iO  francs.  Pour  son  début,  elle  organise  au  Palais  de  l'Indus- 
trie une  exposition  internationale  des  produits  nécessaires  à  la  vie  de 
l'ouvrier,  comprenant  :  les  aliments,  le  vêtement,  l'habitation,  les 
objets  de  ménage,  les  outils  et  procédés  industriels,  les  moyens  de  dé- 
veloppement moral  et  matériel,  les  médicaments,  etc. 

Petites  Annales  de  Chimie.  —  M.  Maumené  m'a  demandé 
défaire  sous  ce  titre,  dans  les  Mondes,  le  compte  rendu  des  travaux 
desthimistes  ses  confrères,  au  point  de  vue  de  sa  Théorie  générale  des 
actions  chimiques,  appelée  peut-être  à  éclairer  le  chaos  actuel  de  la 
chimie  organique.  Certain  d'avance  que  toute  question  personnelle 
sera  soigneusement  écartée,  et  qu'il  ne  s'agira  que  de  science  pure, 
appréciant  en  outre  les  services  que  M.  Maumené,  vulgarisateur  habile 
et  entraînant,  est  appelé  à  rendre  à  l'œuvre  de  progrès  qu'il  me  tarde 
d'inaugurer,  j'ai  cédé  à  son  désir  :  sa  théorie  est  nettement  formulée, 
très  spécieuse,  très-générale  ;  mais  c'est  à  l'œuvre  ou  par  l'application 
à  un  grand  nombre  de  combinaisons  qu'on  peut  la  juger.-*-  F.  Moigno. 


LES  MONDES.  679 


ACCUSÉS  DE  BÉCEPTÏON 


Histoire  die  l'Economie  politique  die»  anciens  peu» 
pies  de  l'Inde,  de  l'Egypte,  de  1»  Judée  et  de  la  Grèee, 

par  M.  Du  Mesnil-Marïgny.  (2  voï,  in-8°  de  487  et  442  pages  ;  prix 
16  fr,  Paris,  Henri  Pion,  1 872.)  —  Le  titre  de  l'important  ouvrage 
que  nous  avons  sous  les  yeux  parait  d'abord  quelque  peu  étrange,  car 
il  fait  remontrer  à  des  époques  très-reculées  une  science  que  généra- 
lement on  regarde  comme  toute  moderne;  c'est  par  la  réponse  à  cette 
difficulté  que  débute  l'auteur:  a  On  a  prétendu,  dit-il,  que  l'économie 
politique,  cette  science  dont  le  but  est  le  bien-être  de  l'humanité,  ne 
remontait  pas  au 'delà  du  dernier  siècle,  comme  si  les  hommes  n'avaient 
pas  dû,  dès  les  premiers  âges,  profondément  réfléchir  sur  les  moyens 
qu'ils  pouvaient  mettre  en  œuvre  pour  accroître  leur  aisance. 

Ainsi  que  M.  Jourdain  faisait  de  la  prose,  on  fit  autrefois  de  l'éco- 
nomie politique  sans  peut-être  le  savoir  et  surtout  sans  se  rendre 
compte  que  c'était  une  science...  Gomment  l'économie  politique  n'au- 
rait-elle pas  fait  autrefois  de  grands  progrès?  Les  peuples  n'entourèrent 
jamais|de  plus  d'hommages  qu'aux  âges  primitifs  la  personne  qui 
parvenait  à  accroître  leur  bien-être...  Lorsque,  de  ces  siècles  reculés, 
nous  passons  aux  temps  historiques,  nous  voyons  que  tous  les  législa- 
teurs, Minos,  Moïse,  Lycurgue,  Solon,  etc.,  méditèrent  longuement 
sur  cette  science,  et  qu'il  en  a  été  de  même  des  philosophes  qui  se 
sont  le  plus  illustrés  :  Socrate,  Platon,  Xénophon,  Aristote,  etc.  Nous 
pouvons  même  voir  que  déjà  l'on  possédait  dans  leur  plénitude  nombre 
de  notions  judicieuses  et  d'une  application  journalière,  dont  quelques 
écoles  économiques  modernes  ont  voulu  attribuer  la  découverte  à  leurs 
fondateurs.  Deux  exemples  le  prouveront  suffisamment. 

«  On  a  dernièrement  déféré  à  Adam  Smith  l'honneur  d'avoir  le 
premier  fait  ressortir  l'importance  de  la  division  du  travail.  Que  l'on 
ouvre  les  ouvrages  de  Platon  et  de  Xénophon,  l'on  verra  que  cette  im- 
portance y  est  signalée  en  termes  les  plus  clairs.  La  distinction  entre 
Ja  richesse  de  valeur  et  la  richesse  d'usage,  si  essentielle  à  établir  pour 
apprécier  avec  exactitude  les  phénomènes  économiques,  n'a  été,  sui- 
vant plusieurs  publicistes,  exposée  que  dans  le  siècle  dernier.  Nous 
voyons  cependant  cette  distinction  mise  en  lumière  par  Aristote... 
Bien  plus,  en  jetant  les  yeux  sur  les  diverses  institutions  des  Athéniens, 
on  ne  peut  s'empêcher  de  reconnaître  qn'ils  étaient  fort  bien  rensei- 


680  LES  MONDES. 

gnés  sur  les  questions  de  rechange,  du  crédit  et  de  la  monnaie.  Les 
annales  de  ce  peuple  témoignent  même  que  nous  n'aurions  que  bien 
peu  à  leur  apprendre  en  matière  d'impôts  et  sur  toutes  les  combinai- 
sons auxquelles  on  peut  soumettre  les  finances  d'un  Etat. 

a  11  n'est  pas  jusqu'au  système  protecteur,  dont  plusieurs  écono- 
mistes font  remonter  l'origine  à  CromweU  ou  à  Golbert,  qui  n'ait  été 
mis  en  pratique,  comme  nous  le  prouverons,  longtemps  avant  l'ère 
chrétienne.  Il  sera  même  démontré  que,  dans  l'Attique,  les  unités  de 
mesure  qui  servaient  à  apprécier  les  longueurs,  les  poids,  les  capaci- 
tés, ainsi  que  les  monnaies,  dérivaient  toutes  d'une  longueur  primitive 
et  d'un  cube  d'eau  distillée  (ou,  plus  exactement,  d'eau  de  pluie)  ayant 
cette  longueur  pour  côté; 

c  On  se  demandera  peut-être,  ajoute  notre  auteur,  comment  il  a  été 
possible  à  nos  érudits  de  prétendre  que  l'économie  politique  était  une 
découverte  moderne.  C'est  que,  plus  linguistes  qu'économistes,  ils 
n'ont  pas  toujours  été  à  même  de  saisir  le  véritable  sens  des  locutions 
grecques  et  latines  relatives  à  cette  science.  » 

Nous  n'avons  pas  besoin  de  dire  qu'on  ne  saurait  faire  à  M.  Du 
Mesnil-Marigny  ce  même  reproche  ;  il  est  tout  naturel  en  effet  qu'un 
économiste  aussi  distingué  ait  parfaitement  compris  les  textes  qui  ont 
rapport  à  la  science  qui  est  l'objet  de  ses  constantes  études,  mais  ce 
qui  est  très-digne  d'attention,  c'est  qu'un  économiste  connaisse  les 
auteurs  anciens  aussi  bien  qu'un  érudit  de  profession,  et  y  ait  recueilli 
un  aussi  grand  nombre  de  passages  qui  servent  de  bases  à  6es  appré- 
ciations et  répandent  sur  son  ouvrage  un  vif  intérêt.  Nous  citerons 
surtout  à  ce  propos,  en  regrettant  de  ne  pouvoir  la  reproduire  ici  à 
cause  de  son  étendue,  la  remarquable  étude  de  M.  Du  Mesnil-Marigny 
sur  le  système  métrologique  d'Athènes,  et  spécialement  sur  la  déter- 
mination du  pied  attique,  d'où  découlait  tout  ce  système,  comme  le 
nôtre  découle  du  mètre. 

Les  justes  éloges  que  nous  donnons  au  travail  de  M.  Du  Mesnil- 
Marigny  ne  vont  pas  jusqu'à  affirmer  qu'un  ouvrage  qui  réunit  tant 
d'idées  n'en  contienne  pas  quelques-unes  sur  lesquelles  on  peut  être 
d'un  autre  avis  que  l'auteur,  et  sur  lesquelles  l'auteur  lui-même  pour- 
rait revenir  dans  une  seconde  édition.  Nous  faisons  surtout  des  réser- 
ves au  sujet  de  quelques  appréciations  comprises  dans  la  partie  rela- 
tive à  l'histoire  des  Juifs, 

Procédé»  de  photographie  an  eharbon,  aux  encres 
dimpreaalon  et  aux  sel»  d'argent,  catalogue  initiateur  de 
M.  A.  Màrion.  In-8°  de  123  pages.  Prix  :  4  fr.  au  magasin  d'articles 


LES  MONDES.  C81 

de  photographie,  cité  Bergère,  16.  —  Nous  n'avons  pas  à  apprendre 
aux  lecteur  des  Mondes  que  M.  Marion  est  un  des  hommes  qui  ont  le 
plus  contribué  aux  progrès  de  la  photographie.  Les  procédés,  les  appa- 
reils et  les  substances  qu'indique  la  nouvelle  édition  de  son  important 
catalogue  montrent  que  les  tristes  événements  que  nous  avons  tra- 
versés ne  l'ont  pas  détourné  de  son  œuvre  ;  s'ils  ont  retardé  l'impres- 
sion du  catalogue  en  question,  l'auteur  a  profité  de  ce  retard  pour  l'a- 
méliorer et  l'enrichir,  a  De  spécial  au  charbon  qu'il  devait  être,  dit 
l'auteur,  il  décrit  maintenant  des  formules  nouvelles  à  l'argent,  relève 
de  l'oubli  le  procédé  papier  et  le  fait  entrer  résolument  dans  le  do- 
maine de  la  portraiture,  dont  le  monopole,  comme  on  sait,  était  en* 
tièrement  dévolu  au  collodion.  Cette  découverte  heureuse  a  été  corro- 
borée par  une  autre  ;  nous  voulons  parler  du  châssis-cuvet*  de  M.  le 
Dp  Schaëb,  dont  la  disposition  ingénieuse  permet  d'opérer  au  collodion 
humide  partout,  en  pleine  lumière  et  sans  laboratoire.  Nous  avons  en 
outre  la  satisfaction  d'annoncer  qu'après  renseignements  précis  sur  le 
plus  remarquable  et  le  plus  pratique  des  procédés  connus,  nous 
sommes  aujourd'hui  en  mesure  d'en  donner  la  description  et  de  livrer 
les  ustensiles  pour  la  mise  en  œuvre.  Nous  voulons  parler  de  VRélio- 
typie  Edwards,  procédé  d'impression  à  l'encre  grasse  et  à  la  presse 
typographique.  »  Ces  quelques  lignes  empruntées  à  la  préface  du 
Catalogne  initiateur  de  M.  Marion  suffisent  pour  donner  une  idée  de 
l'intérêt  qu'a  cette  publication  pour  tout  artiste  et  tout  amateur. 

L'Algérie,  quelques  mots  de  réponse  à  la  brochure  la  Vérité  sur 
V Algérie  du  général  Ducrot,  par  E.  Ducos,  inspecteur  général  des 
ponts  et  chaussées,  ancien  inspecteur  général  des  travaux  civils  de 
l'Algérie.  In-8°  de  39  pages,  Paris,  Dunod,  1872,  prix  :  4  fr.  —  A 
une  brochure  plus  que  décourageante  publiée  récemment  sur  l'Algérie 
par  le  général  Ducrot,  M.  Ducos  répond  :  i°en  établissant  d'après  des 
données  officielles  les  produits  etles  ressources  de  l'Algérie;  et  en  rédui- 
sant à  leur  chiffre  exact  les  sacrifices  que  cette  possession  coûte  annuel- 
lement à  la  France  ;  2°  en  constatant  que  l'insurrection  qui  éclata  en 
Algérie  au  mois  de  février  4871  a  été  loin  d'avoir  l'importance  qu'au- 
rait dû,  ce  semble,  lui  donner  la  terrible  situation  où  se  trouvait  la 
France,  et  de  plus  que  cette  insurrection  s'est  limitée  aux  territoires 
encores  dépourvus  de  voies  de  communications,  en  sorte  que  la  con- 
quête commencée  par  la  guerre,  doit  évidemment  s'achever  par  les  tra- 
vaux pacifiques  de  la  civilisation.  Le  haut  intérêt  que  présentent  ces 
questions  se  trouve  singulièrement  accru  en  ce  moment  qu'un  assez 
grand  nombre  d'Alsaciens  et  de  Lorrains,  voulant  à  tout  prix  demeurer 


682  LES  MONDES. 

françaîô,  vont  s'établir  sur  cette  terre  qui,  convenablement  gouvernée 
et  administrée!  ne  peut  tarder  à  devenir  réellement  une  seconde 
France. 

Léo  Incendie»  moderne»,  ou  les  composés  détonants;  les  engins 
explosibles,  les  amorces  et  les  exploseurs  électriques,  les  feux  liquides, 
le  pétrole,  etc.,  par  M.  J.  Chàutàkd,  professeur  à  lafacuité  des  sciences 
de  Nancy,  etc.,  in-J2  de  106  pages  avec  figures.'Garnier,  187i,  prix 
1  fr.  25,  au  profit  des  victimes  de  Fontenay.  —  Ce  titre  que  nous  ve- 
nons de  reproduire  est  développé  de  manière  à  indiquer  tous  les  sujets 
traités  dans  l'ouvrage  ;  mais  ce  n'est  qu'en  lisant  l'ouvrage  lui-même 
qu'on  peut  se  faire  une  idée  de  l'intérêt  que  l'auteur  a  su  répandre 
sur  tous  ces  sujets  pa  r  la  richesses  des  détails  et  la  lucidité  des  expli- 
cations. 

Eftftal  de  naturall*atlon  de»  végétaux  utile»  m  l'agrU 
ealtare,  entre  les  parallèles  30°  et  46°,  plus  particulièrement  aux  puis- 
sances composant  le  bassin  méditerranéen,  la  province  d'Alger  prise 
pour  type,  par  F.  Gallàis,  maire  de  Ruffec  (Charente).  In-t2  jésus  de 
108  page,  prix  :  1  fr.  Angoulème,  imprimerie  Charentaise  de  A.  Na- 
daud  4  868.  -~  Ce  petit  ouvrage  consiste  d'abord  en  une  étude  topo- 
graphique, géologique  et  météorologique  sur  l'Algérie.  L'auteur  donne 
ensuite  d'intéressants  détails  sur  les  plantes  cultivées  dans  cette  contrée 
et  sur  celles  qui,  probablement,  y  réussiraient.  Il  emprunte  la  liste  de 
ees  dernières  aux  flores  d'un  grand  nombre  de  contrées,  et  tire 
grand  parti  des  intelligents  essais  faits  dans  la  Nouvelle-Hollande  par 
le  directeur  du  jardin  botanique  de  Sidney. 

Cours  élémentaire  de  géologie  appliquée  ,  litho- 
logie pratique  on  étude  générale  et  particulière  des 
roeueo,  etc.,  par  M.  Stanislas  Meunikr,  aide-naturaliste  de  géo- 
logie au  Muséum  d'histoire  naturelle ,  docteur  es  sciences ,  etc. 
In-8*  de  rv-454  pages,  avec  figures  dans  le  texte.  Dunod,  4872. 
—  M.  Stanislas  Meunier,  se  conformant  à  l'usage  généralement 
adopté,  donne  le  nom  de  roche  à  tout  minéral  ou  assemblage  de  mi- 
néraux formant  des  masses  assez  considérables  pour  jouer  un  rôle 
important  dans  l'économie  de  Técorce  terrestre.  Pour  chaque  roche,  il 
a  soin  de  donner  :  1°  l'étymologie  du  nom  adopté  dans  l'ouvrage  ; 
2°  Une  synonymie  suffisante  ;  3°  une  description  succincte  des  variétés 
choisies  comme  types  et  l'indication  des  autres  variétés  importantes; 
4*  la  composition  chimique  et,  quand  il  se  peut,  la  composition  mi- 


LES  MONDES.  683 

néralogique,  point  trop  souvent  négligé  dans  les  ouvrages  litholo- 
giques ;  5«  les  divers  gisements  ;  6°  les  notions  ou  au  moins  les  hypo- 
thèses relatives  à  l'origine  et  au  mode  de  formation  ;  7°  enfin  les  prin- 
cipales applications  industrielles  et  agricoles. 

Comme  moyen  de  déterminer  les  roches,  l'auteur  fait  un  assez 
grand  usage  de  la  méthode  dichotomique,  et  il  dit  à  ce  sujet  :  «  On 
sait  qu'on  a  fait  en  botanique,  en  zoologie  et  même  en  minéralogie 
des  clefs  dichotomiques.  Cependant,  malgré  les  grands  services  que 
rend  cette  méthode,  on  n'avait  pas,  jusqu'en  1867,  époque  d'une  pu- 
blication que  nous  avons  faito  sur  ce  sujet,  étendu  le  système  dicho- 
tomique à  la  détermination  des  roches...  Les  données  dont  on  peut 
disposer  pour  construire  une  clef  dichotomique  sont  peu  nombreuses 
et  souvent  difficiles  à  discerner.  Toutefois  il  nous  a  paru  qu'en 
recourant  aux  caractères  chimiques  et  en  ne  faisant  intervenir  que 
les  plus  saillants,  on  pouvait  donner  de  chaque  roche  une  définition 
qui  la  séparât  de  toutes  les  autres.  » 

Avant  l'étude  des  roches,  principal  objet  de  l'ouvrage,  M.  Stanislas 
Meunier  expose  sommairement  tout  l'ensemble  de  la  géologie,  donnant 
ainsi  à  6es  lecteurs  des  notions  indispensables  pour  l'intelligence  de 
plusieurs  questions  relatives  aux  roches,  spécialement  à  leur  gi- 
sement. 

Ii'impdt  sur  le  capital,  son  application,  ses  avantages,  ses 
applications,  par  Henri  Mekier,  manufacturier,  membre  de  la  So- 
ciété d'économie  politique,  etc.  In-18  jésus  de  176  pages.  Paris, 
Guillaumin,  rue  Richelieu.  Prix  :  4  fr.  —  La  question  qui  fait  le  sujet 
principal  du  petit  ouvrage  que  nous  avons  sous  les  yeux  est  trop  en 
dehors  du  cadre  des  Mondes  pour  que  nous  puissions  l'approfondir 
ici.  Bornons-nous  à  dire  que  l'éminent  manufacturier  qui  a  signé  cet 
ouvrage  y  a  fait  preuve  de  connaissances  économiques  très-sérieuses, 
en  sorte  que  son  travail  mérite  l'attention  de  quiconque  se  préoccupe 
des  moyens  de  relever  dans  notre  malheureux  pays  Ja  fortune  pu- 
blique. Nous  avouons  du  reste  que  le  plan  de  M.  Menier  ne  nous  fait 
point  oublier  celui  de  M.  Tellier,  que  nous  avons  exposé  dans  nos  nu- 
méros du  10  juillet  et  du  17  août  1871.  Nous  ne  pouvons  donc  mieux 
faire  que  d'engager  nos  lecteurs  à  étudier  sérieusement  les  deux  sys- 
tèmes et  à  les  comparer  avec  l'attention  que  mérite  une  question  de 
cette  importance. 

,  le  lendemain  de  la  mer*,  ou  la  Vie  future  selon  la  science, 

par  M.  Louis  Figuier.  — •  Notre  ami  veut  que  nous  annoncions  que 


684  LES  MONDES. 

son  livre  étrange  est  aujourd'hui  à  sa  quatrième  édition.  Nous  le  fai- 
sons, mais  non  sans  une  certaine  tristesse,  car  cette  vogue  n'est-elle 
pas  un  signe  des  temps  dont  il  avait  été  dit  :  les  hommes  ne  sup- 
porteront plus  les  saines  doctrines,  ils  s'entoureront  de  maîtres 
chatouillant  agréablement  leurs  oreilles ,  et  se  tourneront  vers  les 
fables.  Voyez,  en  effet,  de  quelles  fables  la  plume  habile  de  M.  Figuier 
endort  ses  lecteurs  !  Et  il  appelle  cela  la  vie  future  selon  la  science,  et 
il  se  pose  en  adversaire  acharné  du  matérialisme  I  C'est  lui-même  qui 
parle.  —  F.  Moitzro. 

«Si,  pendant  son  séjour  ici-bas,  l'âme  humaine  aperdu  de  sa  force 
et  de  ses  qualités  primitives,  si  elle  a  été  le  partage  d'un  individu  per- 
vers, elle  ne  quittera  pas  la  terre.  Après  la  mort  de  cet  individu,  elle 
ira  se  loger  dans  un  autre  corps  humain,  en  perdant  le  souvenir  de 
son  existence  antérieure...  Ces  incarnations  dans  un  corps  humain 
peuvent  être  nombreuses.  Elles  doivent  se  répéter  jusqu'au  moment 
où  les  facultés  de  l'âme  se  sont  assez  développées,  où  ses  instincts  se 
sont  assez  améliorés  et  perfectionnés...  Alors,  seulement,  celte  âme 
pourra  quitter  la  terre  et  s'élancer  dans  l'espace  pour  passer  dans  l'or- 
ganisme nouveau  qui  fait  suite  à  celui  de  l'homme  dans  la  hiérarchie 
de  la  nature...  Les  enfants  morts  en  bas-Age  ont  un  sort  analogue 
(75  et  76).  —  L'espace  où  habitent  les  âmes  ainsi  purifiées  est  occupé 
par  l'éther,  l'éther  planétaire  ;  c'est  ce  que  les  principales  religions, 
d'accord  avec  le  langage  vulgaire,  appellent  le  ciW  (67).  —  Nous 
croyons  que  l'habitant  des  espaces  éthérés  a  un  corps;  que  l'âme,  sor- 
tant du  séjour  terrestre,  vient  se  loger,  s'incarner  dans  un  corps, 
comme  elle  avait  fait  ici-bas;  seulement,  ce  corps  doit  être  pourvu  de 
qualités  infiniment  supérieures  à  celles  qui  sont  l'apanage  du  corps 
humain...  Un  faible  tissu  matériel,  animé  par  la  vie,  un  diaphane  et 
vaporeux  manteau  de  matière  vivante,  c'est  ainsi  que  nous  nous  re- 
présentons l'être  surhumain  (81).  —  Chez  l'être  surhumain,  la  respi- 
ration du  milieu  éthéré  suffit  à  l'entretien  du  corps  matériel...  Dès 
lors,  la  nécessité  du  manger  et  du  boire  est  supprimée  chez  lui  (82). 
—  Puisque  notre  pensée  dévore  l'espace,  il  est  à  croire  que  le  corps 
de  l'être  surhumain,  dans  lequel  domine  le  principe  spirituel,  doit 
avoir  cet  admirable  privilège  de  franchir  l'étendue  avec  une  rapidité 
dont  la  vitesse  de  l'électricité  nous  donne  la  mesure  (85).  —  Autres 
privilèges  de  l'être  surhumain  :  sens  perfectionnés;  sens  nouveaux, 
dont  nous  ne  pouvons  avoir  l'idée  ;  point  de  sexe  ;  affections  d'un  ordre 
out  à  fait  supérieur  :  «  La  véritable  charité,  la  charité  pour  l'univers 
entier  embrasera  les  cieux.  L'amour  dé  Dieu  viendra  dominer  ces  aSec- 


LES  MONDES.  685 

tions  multiples  de  toute  la  hauteur  de  sa  puissance  infinie,  et  le  grand 
.  élan  des  sentiments  d'amour  pour  nos  semblables  sera  couronné  par 
la  sublime  adoration  du  créateur  des  mondes  (95-96) x  » 

a  Comment  se  multiplie  l'espèce?— La  reproduction  est  l'œuvre  des 
habitants  des  mondes  inférieurs,  c'est-à-dire  de  la  terre  et  des  pla- 
nètes  La  reproduction  est  inutile  aux  êtres  fortunés  qui  vivent 

dans  l'éther  planétaire.  Le  renouvellement  de  ces  bataillons  d'élus  se 
fait  par  les  arrivées  des  mondes  inférieurs  (96). 

«  Après  un  intervalle  dont  nous  n'essayerons  pas  do  fixer  la  durée, 
l'être  surhumain  meurt  (108) et  sonâme  entre  dans  un  corps  nou- 
veau, armé  de  facultés  encore  plus  puissantes Et  ce  n'est  pas  à 

une  troisième  ni  à  une  quatrième  incarnation  que  peut  s'arrêter  la 
chaîne  de  créations  sublimes  que  nous  entrevoyons  flottant  dans  l'in- 
fini des  cieux Après  avoir  parcouru  cette  longue  succession  d'étapes 

et  de  stations  dans  les  cieux,  les  êtres  que  nous  considérons  doivent 
arriver  finalement  en  un  lieu.  Ce  lieu,  selon  nous,  c'est  le  soleil  (114). 
—  Ce  qui  entretient  la  radiation  solaire,  ce  sont  les  arrivées  conti- 
nuelles des  âmes  dans  le  soleil.  Ces  ardents  et  purs  esprits  viennent 
remplacer  les  émanations  continuellement  envoyées  par  le  soleil,  à 
travers  l'espace,  sur  les  globes  qui  l'environnent  (175). 

«  Les  êtres  spiritualisés  réunis  dans  le  soleil  envoient  sur  la  terre  et 
sur  les  planètes  des  émanations  de  leur  .essence ,  c'est-à-dire  des 
germes  animés....;  qui  distribuent  6ur  les  planètes  la  vie,  l'organi- 
sation, le  sentiment  et  la  pensée La  formation  des  plantes  et  la 

naissance  des  animaux  inférieurs,  tel  est  le  résultat  de  l'action  des 
rayons  solaires  sur  notre  globe.  Puis  commence  la  série  des  transfor- 
mations des  âmes  à  travers  les  corps  des  différents  animaux,  qui  doit 
aboutir  à  l'homme,  à  l'être  surhumain  et  à  toute  la  guirlande  des 
métempsycoses  célestes,  dont  le  dernier  terme  est  l'habitant  du  so- 
leil (334)...  Notre  système  diffère  de  la  métempsycose  des  anciens  et 
des  orientaux ,  en  ce  que  nous  n'admettons  pas  que  l'âme  humaine 

puisse  jamais  revenir  dans  le  corps  d'un  animal La  rétrograda* 

tion  n'est  pas  notre  doctrine.  L'âme  peut,  dans  sa  marche  progressive, 

,  s'arrêter  un  instant,  mais  elle  ne  revient  jamais  en  arrière Le 

dogme  Oriental  de  la  métempsycose  méconnaît  la  grande  loi  du  pro- 
grès, qui  est,  au  contraire,  le  fond  de  notre  doctrine  (355) Quant 

aux  doctrines  de  Darwin  et  autres  transformistes,  nous  en  différons  en 
ce  qu'ils  ne  considèrent,  eux,  que  la  structure  anatomique,  tandis  que 
nous  ne  considérons,  nous,  que  les  facultés  de  l'âme.  Nous  sommes 
guidé,  non  par  l'idée  matérialiste  qui  diririge  et  inspire  ces  savants, 
mais,  au  contraire,  par  un  spiritualisme  raisonné  (388).»' 


686  LES  MONDES. 

Panorama  du  .Tout-Savoir.  Sciences  du  Raisonnement. 

—  M.  Edouard  Lagout  coutinue  sa  propagande  active,  en  vue  du 
soulagement  des  classes  nombreuses  subissant  une  horrible  famine 
intellectuelle.  M.  Lagout,  auteur  de  l'Équation  du  beau,  est  trop 
ingénieux  pour  ne  pas  étudier  le  chemin  du  vrai,  conduisant  au 
savoir  utile. 

Nous  avons  encouragé  son  Tout- Savoir  appliqué  au  monde  vital, 
et  l'éclatante  publicité  donnée  par  les  Mondes  à  l'opuscule  résumant 
sa  dernière  prédication  à  Troyes,  l'a  sans  doute  stimulé  et  lui  a  valu 
un  précieux  succès  d'estime  quand  il  a  exposé  un  Tout-Savoir 
technique  en  conférence  publique  à  Troyes. 

Les  quatre  sciences  du  raisonnement  ont  été  exposées  par  leurs 
bases  fondamentales  mises  en  relief  par  l'auteur  : 

L'analyse  se  résume  par  la  balance,  —  la  géométrie  se  résume  par 
le  carré,  —  l'arithmétique  se  résume  par  le  groupe,  —  la  mécanique 
se  résume  par  le  levier. 

Comme  la  Société  a  voté  l'impression  de  la  conférence,  nous  la 
lirons  pour  en  donner  le  résumé  à  ;nos  lecteurs.  En  attendant,  nous 
sommes  à  même  d'affirmer  un  fait  qui  (prouve  combien  les  masses 
sont  affamées  de  savoir  intellectuel,  du  vrai  pain  quotidien.  C'est  la 
première  fois  peut-être  qu'une  séance  d'algèbre,  de  géométrie,  d'arith- 
métique et  de  mécanique  est  chaleureusement  applaudie  des  audi- 
teurs. Et  cependant,  c'était  un  dimanche,  de  4  h.  1/2  à  5  h.  1/2, 
heure  de  la  promenade,  jour  de  grande  foire,  c'est-à-dire  jour  de  fête 
pour  nombre  de  gens. 

L'auteur  voulait  s'arrêter  après  la  géométrie  de  peur  de  fatiguer 
l'attention.  —  Continuez,  lui  répondit-on,  un  enfant  de  10  ans  vous 
suivrait  sans  efforts. 

Et  à  la  fin  un  autre  à  dit  :  pourquoi  les  jeunes  gens  de  l'École 
normale  primaire  ne  sont-ils  pas  ici? 


CORRESPONDANCE  DES  MONDES 


M.  us  comte  MAftâCHALL,  à  Vienne.  —  SCIENCE  EN  AUTRICHE. 
—  I.  Lumière  de  Drummond.  —  M.  le  docteur  van  Monckhoven 
a  présenté  à  l'Académie  un  chalumeau  de  construction  nouvelle,  ser- 
vant à  produire  la  lumière  de  Drummond  par  la  combustion  du  gaz 
hydrogène,  du  gaz  d'éclairage  ou  de  l'alcool.  Cet  appareil  est  pourvu 


i 


LES  MONDES  687 

d'un  mouvement  micrométrique  à  ressort,  qui  permet  de  régler  avec 
une  précision  rigoureuse  la  distance  du  courant  de  gaz  en  combustion 
à  l'objet  sur  lequel  on  veut  le  faire  agir.  L'inventeur  fait  agir  la 
flamme  sur  un  mélange  à  parties  égales  de  magnésie  caustique  et  car- 
bonatée.  Ce  mélange  est  aussi  plastique  que  le  plâtre  à  l'état  humide, 
et,  après  être  séché,  émet  une  lumière  plus  vive  que  la  chaux;  seule- 
ment, les  points  échauffés  donnent  lieu  à  des  cavités  qui,  après  7  à 
8  minutes,  déplacent  le  centre  lumineux.  La  chaux  n'a  point  cet  incon- 
vénient; par  contre,  celle  qui  entre  dans  le  commerce  renferme  tou- 
jours des  substances  étrangères'  donnant  lieu  à  une  fusion,  et  par 
suite  à  une  cessation  de  la  lumière  ;  de  plus,  elle  attire  l'humidité 
atmosphérique,  et  doit,  par  cette  raison,  être  conservée  dans  des  vases 
hermétiquement  clos.  M.  Monckhoven  a  chercher  à  obviera  cet  incon- 
vénient par  l'emploi  du  marbre  blanc  à  la  place  de  la  chaux  caustique. 
On  fait,  à  cet  effet,  tailler  en  parallélipipèdes  les  déchets  des  marbriers 
et  on  les  expose  sous  cette  forme  à  la  flamme  du  chalumeau  à  gaz 
explosif,  qui  transoforme  instantanément  en  chaux  caustique  les 
points  devant  émettre  la  lumière,  et  l'on  peut  ainsi  opérer  pendant 
plusieurs  heures  sans  toucher  à  l'appareil.  L'expérience  terminée,  il 
suffît  de  retourner  le  morceau  de  marbre  pour  faire  agir  la  flamme 
sur  un  point  non  encore  entamé.  [Académie  impériale  des  sciences; 
séance  du  il  mai  1871.) 

II.  magnétisme  terrestre.  —  Les  modifications  des  trois  élé- 
ments du  magnétisme  terrestre  :  la  déclinaison,  l'inclinaison  et  l'inten- 
sité horizontale  se  succèdent  dans  le  cours  d'une  période  de  26  \  /3  jours. 
En  1870,  la  modification  périodique  de  la  déclinaison  était,  à  Pra- 
gue, =0',705  sin  [x  +  190°  20'),  x  étant  =0  le  0  janvier  1870,  et 
=  360°  le  0  janvier  1871.  Cette  oscillation  est  un  peu  plus  considé- 
rable pour  Vienne.  En  1 870,  l'oscillation  de  l'inclinaison  est  à  peu 
près  un  tiers  de  celle  de  la  déclinaison,  et  celle  de  l'intensité  près 
de  24  unités  de  la  quatrième  décimale.  Il  serait  possible  que  ces 
modifications  périodiques  fussent  l'effet  de  la  rotation  du  Soleil,  vu 
qu'elles  s'opèrent  suivant  une  période  moyenne  de  26,33  jours.  Ce 
serait  là  une  première  tentative  de  déterminer  la  durée  de  la  rotation 
synodique  à  l'aide  de  l'aiguille  aimantée.  On  arrive  ainsi  à  une  pé- 
riode de  rotation  vraie  du  soleil  de  24,55  jours,  presque  identique  à 
la  valeur  (24,541  jours,  selon  M.  SpOrer)  constatée  pour  la  rotation 
des  taches  du  soleil  en  dedans  de  la  zone  équatoriale  solaire  par  la 
voie  d'observations  astronomiques.  (M.  Ch.  Hornstein.  Académie 
impériale  des  sciences  de  Vienne  ;  séance  du  15  juin  1871 .) 

III.  Aurores  boréales.  —  M.  le  docteur  À.  Boue  avait  public, 


688  LES  MONDES. 

dans  le  tome  XXII  des  Comptes  rendus  de  l'Académie  de  Vienne,  un 
catalogue  des  aurores  boréales  connues  et  mentionnées  à  l'époque  de 
sa  publication.  M.  E.  Bloek,  astronome  à  l'Observatoire  de  Pulkowa, 
près  Saint-Pétersbourg,  a  signalé  dans  une  lettre  adressée  à  l'Acadé- 
mie, en  date  du  10  octobre  1  871,  plusieurs  erreurs  ou  omissions  dans 
le  catalogue  en  question.  C'est  ainsi  que  M.  Boue  n'aurait  cité  que  14 
des  33  aurores  observées  à  Upsal  en  1740,  et  12  de  53  signalées  en 
1760  dans  la  même  localité,  et  que,,  des  106  aurores  signalées  à  Cum- 
berlaud-House,  de  1820  à  1821,  dix  seulement  auraient  été  citées  dans 
le  catalogue  en  que  s  ti  op.  Dans  une  lettre  en  date  de  Zurich,  4  décem- 
bre 1870,  M.  H.  Fritz  met  à  la  disposition  de  l'Académie  de  Vienne, 
pour  être  publié,  soit  séparément,  soit  comme  supplément  au  travail 
de  M.  Boue,  son  catalogue  des  aurores  boréales,  disposé  chronolo- 
giquement en  même  temps  que  d'après  les  continents  et  les  latitudes 
sous  lesquelles  ces  phénomènes  ont  été  obervés.  [Académie  impériale 
des  sciences  de  Tienne;  séances  du  2  novembre  1871  et  du  4  jan- 
vier 1872.) 

IV.  Météorites  des  Indes-Orientales.  —  L'une  de  ces  mé- 
téorites, tombée  à  Shergotty,  le  25  août  1865,  ressemble  extérieure- 
ment à  celles  de  Stannernen,  Moravie  (1807),  et  se  compose  de  py- 
roxène»  de  fer  oxydulé  magnétique  et  d'un  silicate  incolore  nouveau, 
nommé  maskélynite  (d'après  M.  le  prof.  Maskelyne,  du  Musée  britan- 
nique, auquel  on  doit  de  beaux  travaux  sur  les  météorites),  apparte- 
nant par  sa  cristallisation  au  système  tessecal,  et  par  sa  composition 
chimique  à  la  série  des  labradorites.  La  météorite  de  Shergotty  est  la 
première  connue,  dans  laquelle  on  ait  constaté  la  présence  de  ce  nou- 
veau silicate  et  du  fer  oxydulé  magnétique.  L'autre  météorite,  tombée 
le  25  mai  1865,  près  de  Gopalpour,  porte  à  sa  surface  des  indices  de 
la  situation  qu'elle  a  occupée  en  traversant  l'atmosphère.  Sa  pâte  est 
tufoïde,  entremêlée  d'agglomérations  globuleuses  ;  ses  substances  con- 
stituantes sont  le  péridot,  la  bronzite,  la  pyrite  magnétique,  la  chro- 
mite,  le  fer  nickelifère  et  un  minéral  de  nature  feldspathique.  Sa 
structure,  qui  se  retrouve  chez  un  grand  nombre  de  météorites,  semble 
permettre  de  supposer  que  sa  masse,  originairement  rigide,  a  subi  une 
friction,  qui  l'a  réduite  en  globules  et  en  poussière,  réunis  par  la  suite 
en  uuc  masse  cohérente.  (M.  G.  Tsguermak.  Académie  de  Henné; 
séance  du  22  février  1872.) 

V.  Trilotoites.  —  M.  J.  Barrande  vient  de  publier  la  partie  de 
son  grand  ouvrage  sur  la  Bohème  centrale,  traitant  des  Trilobites  des 
dépôts  siluriens  de  cette  région.  L'auteur,  malgré  les  recherches  les 
plus  consciencieuses,  n'a  pu  constater  sur  les  animaux  de  cet  ordre, 


LES  MONDES*  689 

bien  qu'ils  aient  occupé  une  des  plus  longues  périodes  géologiques, 
un  indice  quelconque  d'un  développement  graduel.  Une  grande  partie 
des  espèces  de  la  faune  primordiale  tient  une  place  assez  élevée  sur 
l'échelle  organique  des  crustacés,  et  quelques  espèces  du  genre  fora- 
doxide  ne  le  cèdent,  quant  à  leurs  dimensions,  qu'à  un  petit  nombre 
d'espèces  de  la  seconde  faune,  appartenant  au  genre  Asaphe.  Il  est  à 
remarquer  que  presque  tous  les  genres  de  la  seconde  faune  se  retrou- 
vent dans  la  première  et  qu'aucun  genre  nouveau  n'apparaît  vers  le 
milieu  de  la  période  paléozoïque,  bien  que  l'ordre,  dans  8a  totalité, 
fût  encore  dans  toute  sa  vigueur.  La  théorie  transformiste  pose  en 
principe  que  les  développements  d'un  animal  quelconque  soient  une 
répétition  des  formes  par  lesquelles  ses  ancêtres  ont  passé.  Dans  les 
Trilobites,  au  contraire,  le  tronc  de  quelques-unes  des  espèces  les 
plus  anciennes  est  divisé  en  un  grand  nombre  de  segments,  tandis 
que  la  métamorphose  des  Trilobites  prouve  que  ces  segments  sont  peu 
nombreux  dans  les  formes  embryonales.  Les  irrégularités  qui  se  ma- 
nifestent dans  l'apparition  et  la  distribution  verticale  des  Trilobites 
sont  si  considérables,  que  la  supposition  d'un  développement  rétro- 
grade à  partir  de  la  faune  primordiale  ou  de  la  seconde  faune  se  trouve 
mise  hors  de  discussion.  La  zone  silurienne  centrale  de  la  Sardaigne, 
de  la  France,  de  l'Espagne  et  du  Portugal  ne  compte  pas  une  seule 
espèce  de  Trilobites  qu'on  ne  retrouve  dans  celle  de  la  Bohème 
centrale.  Des  75  genres  de  Trilobites  présentement  admis,  42  se  re- 
trouvent en  Bohème,  les  33  autres  étant  exclusivement  propres  à  la 
zone  septentrionale  (Scandinavie,  Russie,  Canada,  etc.),  dont  la  faune 
semble  avoir  précédé  celle  de  la  Bohème.  Six  genres  sont  exclusivement 
représentés  dans  cette  dernière.  Le  nombre  des  genres  de  Trilobites 
siluriens  est  presque  le  double  de  celui  des  Céphalopodes  (qui,  du 
reste,  font  entièrement  défaut  dans  la  faune  primordiale)  des  deux 
premières  faunes.  Par  contre,  les  Céphalopodes  prennent  le  dessus  sur 
les  Trilobites,  quant  au  nombre  des  espèces,  durant  la  période  d'exis- 
tence de  la  troisième  faune.  Selon  M.  Barrande,  l'apparition  et  la  dis- 
tribution des  espèces  en  dedans  d'un  dépôt  quelconque  pourrait  s'ex* 
pliquer  par  quatre  suppositions  différentes  :  1°  par  la  propagation 
verticale,  quant  aux  espèces  passant  d'un  dépôt  à  un  autre  de  date 
moins  reculée;  2°  par  la  filiation  ou  la  métamorphose  d'espèces 
préexistantes;  3°  par  des  immigrations  du  dehors;  4°  par  la  rénova- 
tion, c'est-à-dire  par  la  naissance  de  formes  qu'on  doit,  considérer 
comme  absolument  nouvelles  et  autochthones  ;  en  d'autres  termes, 
comme  résultat  d'une  génération  spontanée.  Selon  M.  Barrande,  la 
majeure  partie  des  espèces  de  toutes  les  faunes  siluriennes  ne  peut 


690  LES  MONDES. 

s'expliquer  que  par  un  procédé  de  rénovation,  et  le  nombre  de  celles* 
transmises  par  propagation  normale  est  encore  assez  considérable  et 
les  espèces  immigrées  sont  très-peu  nombreuses.  Quant  à  la  filiation, 
elle  parait  absolument  impossible.  Le  nombre  des  Trilobiles  immigrés 
est  proportionnellement  le  double  de  celui  des  Céphalopodes,  bien 
que  ceux-ci  soient  doués  d'organes  locomoteurs  plus  parfaits.  On  serait 
porté  à  admettre  que  des  courants  marins  aient  favorisé  l'immigration 
des  Trilobites.  La  dernière  partie  de  l'ouvrage  de  M .  Barrande  est  des- 
tinée à  mettre  en  regard  les  théories  paléontologiques  avec  les  faits 
dûment  avérés.  La  faune  antéprimordiale  est  encore  à  peu  près  incon- 
nue, si  toutefois  elle  a  existé.  Les  formes  placées  au  plus  bas  degré  de 
l'échelle  organique,  telles  que  les  For amini fera  et  les  Polypes,  font 
entièrement  défaut  dans  la  faune  primordiale*  de  même  que  certaines 
divisions  d'une  organisation  plus  élevée,  telles  que  les  Céphalopodes  el 
les  Conchifères  ;  les  Protozoaires  y  sont  rares  et  les  Héléropodcs  ne  pa- 
raissent que  dans  les  dernières  phases  de  cette  faune»  Les  Brachiopodes 
y  ont  acquis  \\a  développement  marqué,  bien  que  fort  inférieur  à  celui 
des  Trilobites.  Les  formes  intermédiaires  entre  YEozoon  des  dépôts 
laurentiens  inférieurs,  qu'on  suppose  être  le  plus  ancien  des  orga- 
nismes connus,  et  les  animaux  en  partie  très-haut  placés  sur  l'échelle 
organique  de  la  deuxième  faune  silurienne  font  donc  entièrement 
défaut.  La  portion  du  système  cambrien,  représentant  une  période 
plus  ancienne  que  la  faune  primordiale  de  Bohème,  et  correspon- 
dant à  l'étage  B.  de  M.  Barrande,  renferme  des  Bràchiopodes  du  genre 
Ligule,  des  Ptéropodes,  des  Bryozoaires,  des  Annélides,  des  Astérides, 
des  Polypes,  des  Spongiaires  et  des  Algues,  sans  aucun  vestige  de 
Trilobites,  qui,  en  Bohème,  apparaissent  subitement  en  masses  au 
début  de  la  faune  primordiale,  de  même  que  les  Céphalopodes  à  celui 
de  la  seconde  faune  et  les  Poissons  vers  la  fin  de  la  troisième  faune. 
L'auteur  termine  son  ouvrage  par  la  conclusion,  que  les  faits  constatés 
sur  la  faune  silurienne  de  Bohème  sont  en  contradiction  si  évidente  avee 
la  théorie  du  développement  par  transformation  successive,  que  cette 
faune  semblerait  faite  exprès  pour  servir  à  la  réfutation  de  la  théorie 
en  question.  [Institut  impérial  de  géologie;  séance  du  21  novem  - 
bre  1871.) 

D.  S.  STBOUMBO,  professeur  à  t  Université  d'Athènes. 

1 .  Ampère,  le  créateur  de  Pélectro-dynamique,  a  montré  par  unesuite 
d'expériences  la  nature  électrique  du  magnétisme. 

Ses  appareils  électro-dynamiques  ont  été  diversement  modifiés  par  les 
physiciens  qui  ont  eu  pour  but  d'en  faciliter  et  d'en  simplifier  l'usage. 


L'expérience  suivante,  a  l'avantage  de  faire  voir  au  moyn  d'une  feule 
disposition  l'action  directe  et  l'action  réciproque  à  la  fois. 


Fig.   1. 

Le  coupant  électrique  aehzm.  fig,  t  delà  pile  1\  passant  par  le  fil,  qui 
fait  plusieurs  tours  autour  du  fer  doux  F,  développe,  comme  on  sali  par 
l'expérience  d'Ampère  et  d'Arago,  la  propriété  magnétique,  et  fait  appa- 
raître deux  pôles  N  et  S  à  ses  extrémités. 

Cest  l'action  directe. 

Les  deux  pôles  magnétiques  N  et  S  du  fer  F  développent  deux  pûtes 
magnétiques  s  et  n  s-jp  le  fer  doux  ï",  qui  est  mis  en  contact  avec  F.  Ces 
pôles  s  et  n  agissent  sur  un  tll  qui,  après  avoir  fait  plusieurs  tours  autour 
du  fer  doux  F,  est  attaché  au  galvanomètre  G.  On  volt  alors  l'aiguille  du 
galvanomètre  dévier  fortement  dans  le  sens  L  et  accuser  un  courant 
électrique. 

C'est  l'action  réciproque . 

On  constate  ainsi  que,  de-même  que  le  courant  électrique  développe  par 
son  action  sur  le  fer  F  la  propriété  magnétique,  de  mime  le  magnétisme  s 
«1  n  agit  réciproquement  et  développe  par  son  action  sur  le  fer  F'  un  cou- 
rant électrique. 

La  transposition  des  pôles  de  la  pile  qui  sont  en  communication  avec 


les  deux  extrémités  du  fil  du  F,  change  mutuellement  lei  pâles  magné- 
tiques N  et  S,  et  par  conséquent  ceux  de  F',  d'où  il  résulte  une  dévia- 
tion de  l'aiguille  du  galvanomètre  G  en  sens  contraire  L'. 


Fig.  2. 

2.  Dans  le  casque  les  deux  pôles  magnétiques  de  nom  contraire  se- 
raient centralisés,  ils  ne  pourraient  pas  développer  un  courant  électrique 
au  fll  de  la  bobine.  Ce  qui  est  confirmé  par  l'expérience  fig.  2.  Deux  ai- 
mants réunis  par  leurs  pôles  contraires  N  et  8,  étant  Introduits  dans  la 
bobine  BB,  ne  peuvent  pas  donner  lieu  à  uo  courant  électrique  dans  le 
fll  de  la  bobine  BB  et  par  conséquent  le  galvanomètre  G'  reste  en  repos. 


La  neutralisation  des  deux  pôles  magnétiques  N  et  S  réunis,  peut  être 
interprétée  de  deux  manières  :  i°  Etant  attirés  mutuellement,  les  deux 
pôles  Net  S,  n'exercent  pas  d'action  magnétique  extérieure,  comme  il  est 
démontré  par  l'expérience  du  paradoxe  magnétique.  2*  Les  pole3  magné 
tiques  N  et  S  étant  assimilés  à  deux  courants  électrique1*  de  sens  con- 
traire, ne  peuvent  exercer  aucune  action  extérieure  inductivt,  ce  que 
noua  démontrons  par  l'expérience  suivante. 


LES  MONDES.  693 

Un  fil  mince  decuivre  couvert  de  soie,  plié  su  milieu  et  enroulé  doubla 

autour  du  lube  de  verre  V  V,  flg.  3,  étant  traversé  par  le  courant  de  la 

pile  P,  ne  peut  pas  magnétiser  le  ±11  d'acier  ab  introduit  dans  le  tube 

VV;  il  le  magnétise  au  contraire  quand  il  eit  simple  (l). 


Bg.4. 

3.  L'expérience,  11g.  i  fait  voit  que  le  courant  électrique  de  la  pile  P 
passant  par  la  bobine  B  B  développe  jar  son  action  un  courant  induit  au 
fil  de  la  bobice  p,  dont  les  deux  extrémités  a  a  sont  réunies  par  le  fil 
aoa.  Ce  courant  induit  rend  alors  magnétiques  les  fils  de  fer  doux  /'pla- 
cés au  centre  de  la  bobine  a  et  attirent  fortement  une  pièce  de  fer  doux 
placée  aux  extrémités  des  fils  de  fer  f. 

En  comparant  l'expérience  iig.  I ,  avec  l'expérience  flg.  4,  on  voit  qu'à 
la  disposition  flg.  t,  c'est  le  magnétisme  n  et  s  qui  donne  lieu  &  un  cou- 
rant induit  accusé  par  le  galvanomètre  G  ;  à  la  disposition  flg.  i,  c'est 
l'inverse  qui  a  lieu,  c'est  le  courant  ioduit  au  fil  de  la  bobine  p  qui 
donne  lieu  au  magnétisme  des  fils  de  fer  /. 

M.  Fayb,  Pasty-Pari».  —  Rectification.  —  a  Vous  dites,  en 
terminant  un  résumé  de  ma  dernière  communication  i  l'Académie  : 
La  grandi  découverte  de  M.  Kirchhoff  s'est  donc  évanouie? 

Vous  ne  me  ferez  pas  le  chagrin  de  présenter  une  telle  assertion 
comme  étant  le  résultat  ou  la  conclusion  légitime  de  mes  paroles. 


6»4  LES  MONDES. 

Quand  je  dis,  quelques  lignes  plus  haut,  que  l'analyse  spectrale  m'a 
donné  raison  sur  les  produits  que  j'ai  étudiés  moi-même,  c'est  de 
l'analyse  de  M.  Rirchhoff  que  j'ai  voulu  parler;  c'est  la  grande  dé- 
couverte de  M.  Kirchhoff  qui,  entre  les  mains  de  ses  savants  conti- 
nuateurs, est  venue  confirmer  certaines  vues  sur  la  nature  physique  du 
soleil  que  j'ai  longtemps  défendues.  Cela  voudrait-il  dire,  par  hasard, 
aque  cette  grande  découverte  n'existe  plus?  Personne  n'a  jamais  con- 
testé, personne  ne  contestera  cette  grande  et  féconde  découverte  :  au- 
tant vaudrait  nier  la  lumière  elle-même. 

Je  vous  prie  donc  de  vouloir  bien  m'accorder  cette  petite  rectifica- 
tion sans  importance  pour  vous;  elle  est  capitale  pour  moi,  car  j'ai- 
merais mieux  n'avoir  jamais' écrit  une  ligne  sur  le  soleil  que  de 
passer,  devant  te  public,  pour  le  dépréciateur  d'une  pareille  décou- 
verte. » 

Comme  il  est  certain  que  M.  Kirchhoff  n'a  pas  inventé  le  principe 
de  l'analyse  spectrale,  comme,  par  exemple,  j'avais  énoncé  quinze  ans 
avant  lui  et  démontré  par  expérience  le  fait  capital  que  tous  les  divers 
éléments  chimiques  ont  leurs  raies  essentielles  et  caractéristiques,  pour 
moi  la  grande  découverte  de  Kirchhoff,  dans  le  domaine  de  l'analyse 
spectrale  solaire,  a  été  le  fait,  du  renversement  des  raies  primitivement 
brillantes  de  la  lumière  solaire  et  leur  transformation  en  raies  noires 
identiques  de  position,  par  l'absorption  des  vapeurs  en  suspension  dans 
l'atmosphère  solaire.  Or,  M.  Faye  affirme  aujourd'hui,  et  il  avait  af- 
firmé déjà,  que  l'atmosphère  solaire  ne  saurait  renverser  les  milliers  de 
raies  du  spectre  ;  voilà  pourquoi  je  me  suis  écrié  :  «  La  grande  décou- 
verte de  M.  Kirchhoff  est  donc  évanouie.  Mais  M.  Faye  peut  reporter 
l'absorption  et  le  renversement  des  raies  à  la  photosphère  et  à  la  chro- 
mosphère, et  maintenir  la  découverte  de  M.  Kirchhoff;  j'ai  donc  été 
trop  loin.  —  F.  Moigno. 

M*  Màcquorn  Rankine,  Glascow.  Réclamation.—  a  Dans  l'ex- 
trait très-fidèle  de  ma  communication  sur  le  roulis  des  navires  [les 
Mondes^  14  avril,  p.  611),  il  y  a  pourtant  une  omission  que  je  désire 
rectifier.  On  n'y  trouve  pas  l'opinion  que  j'ai  émise  dans  le  mémoire 
original,  que  le  choc  théoriquement  supposé  d'une  lame  de  grandeur 
finie  contre  un  navire  initialement  droit  et  immobile,  ne  se  réalise 
jamais  dans  la  pratique  ;  et,  par  conséquent,  qu'on  n'a  pas  à  craindre 
les  augmentations  de  l'inclinaison  maximum  du  navire  sur  la  lame 
qui  sont  exprimées  par  les  valeurs  du  rapport  k.  Je  crois  enfin  qu'il 
n'y  a  que  l'observation  directe  qui  puisse  donner  l'amplitude  À  du 
terme  libre  des  oscillations. 


LES  MONDES.  «85 

M.  DucHE8NE-Tfl0UREAU,  à  Chat  Mon- sur- Seine.  —Action  de  la 

houille  sur  1»  végétation.  — a  Vous  avez  touché  bien 

juste  dans  votre  application  de  lignites  aux  végétaux,  et  permettez- 
moi  de  vous  apporter  ici  un  complément  de  preuves  à  votre  appui. 

Avant  que  nos  forges  (si  nombreuses  dans  la  forêt  de  Chàtillon) 
eussent  été  condamnées  au  repos  forcé,  chaque  usine,  forge  ou  haut- 
fourneau,  avait  un  personnel  plus  ou  moins  nombreux,  auquel  on 
fournissait  le  chauffage  pour  le  four  et  le  foyer. 

Or,  tous  les  ans,  quand  venait  l'époque  d'agencer  et  semer  les 
jardins,  je  voyais  ramasser  avec  grand  soin  et  précieusement  enfouir 
dans  le  sol  tous  les  débris  de  ce  chauffage,  écorces,  ramilles  pour- 
ries, etc.,  et  les  planches  garnies  de  ce  complément  étaient  toujours 
magnifiques  en  légumes,  dont  la  végétation  était  même  plus  riche  que 
celles  où  le  fumier  avait  été  le  plus  largement  distribué.  Cela  m'avait 
souvent  frappé,  et  votre  notice,  si  pleine  d'intérêt,  m'a  rappelé  ce  fait 
que  je  m'empresse  de  vous  signaler,  » 

Studiosus,  à  Rome.  —  Réclamation.  —  Permettez-moi  de 
vous  signaler  qUe  la  découverte  de  M.  Flammarion,  sur  la  relation 
entre  le  temps  de  révolution  d'une  planète  autour  de  son  centre  et 
celui  de  sa  chute  dans  le  même  centre,  est  très-connue  (Mondes,  p.  561). 
Dans  V Astronomie  de  Soutint,  t.  IF,  p.  60,  nous  avons  ce  problème 
dans  des  termes  presque  équivalents. 

Le  temps  périodique  est 


p —      r  "  » 


le  temps  de  la  chute 


De  là  on  trouve 

et  en  faisant  a  =»  »,  comme  suppose  M.  Flammarion, 

2i=  4.2  V5  =  VÏIÏ2  as  ^2 

et 

T  — T  p 


«96  LES  MONDES. 


CHIMIE 


PETITES  ANNALES  DE  CHIMIE,   N°   \. 

Théorie  générale  de  l'action  chimique,  par  M.  E.-J. 

Maijmenê. —  «  La  chimie  est  restée  jusqu'en  4864  dépourvue  de  toute 
règle  certaine  pour  prévoir  une  action  chimique  ou  même  pour  l'ex- 
pliquer exactement.  La  loi  des  proportions  définies  était  le  seul  guide 
auquel  on  pouvait  se  confier  pour  donner,  a  posteriori,  aux  résultats 
des  analyses,  une  précision  indépendante  des  erreurs  d'expérience. 
La  loi  des  proportions  multiples,  corollaire  de  la  précédente,  paraissait 
augmenter  nos  ressources  au  même  point  de  vue;  mais  il  était  impos- 
sible de  tracer,  à  priori,  les  limites  d'une  action  chimique  et  de  don- 
ner la  vraie  formule  de  cette  action.         .  . 

Les  hommes  les  plus  habiles  avaient  essayé  de  combler  ce  vide  par 
des  tâtonnements  plus  ou  moins  heureux.  Sans  parler  des  hypothèses 
électriques  dont  tous  les  détails  sont  contraires  aux  faits  connus,  cha- 
cun sait  quelle  importance  on  a  cru  pouvoir  attacher  dans  ces  derniers 
temps  à  l'hypothèse  des  types  et  substitutions;  un  moment  cette  hypo- 
thèse a  paru  résoudre  le  problème  dont  je  parle  :  tout  composé  appar- 
tient à  un  type  et  lorsqu'un  corps  agit  sur  ce  composé,  l'action  con-  * 
giste  toujours  en  une  substitution*  Mais  cette  hypothèse  reposait  sur 
une  erreur  évidente  :  le  chlore  ne  peut  se  substituer  à  l'hydrogène 
auquel  il  ne  ressemble  en  rien  et  il  a  bien  fallu  reconnaître  qu'il  n'y  a 
rien  de  scientifique,  ni  dans  l'idée  de  type,  qui  n'a  pu  recevoir  une 
définition  précise,  ni  dans  l'idée  de  substitution,  contraire  à  toute 
logique  quand  elle  conduit  à  la  substitution  du  chlore  à  l'hydrogène. 
Ce  qui  est  incontestable,  c'est  qu'aucune  prévision  fondée  sur  cette 
hypothèse  ne  peut  être  réalisée. 

La  théorie,  dont  j'ai  développé  le*  bases  depuis  1864,  nous  donne 
la  solution  presque  complète  de  ce  desideratum.  Elle  trace  à  priori  les 
limites  de  l'action  chimique  :  elle  se  résume  tout  entière  en  deux  lois 
très-simples  qui  permettent  de  prévoir  les  détails  de  l'action  et  de 
calculer  ces  détails,  quand  on  connaît  un  ou  plusieurs  d'entre  eux.  Elle 
montre,  par  conséquent,  dans  quelles  conditions  le  chlore  peut  pren- 
dre la  place  de  l'hydrogène  malgré  leur  dissemblance.  Elle  prouve  que 
ce  remplacement  n'est  jamais,  une  substitution  comme  on  l'avait  cru 
bien  à  tort,  car  il  se  forme  en  même  temps  des  corps  plus  ou  moins 


LES  MONDES.  «97 

nombreux,  très-différent»  de  celui  qui  subit  l'action  chimique,  et 
éprouve  une  dislocation  complète. 

Ce  n'est  plus  une  simple  hypothèse,  comme  toutes  celles  dont  on 
s'était  contenté  jusqu'ici,  c'est  une  théorie  véritable,  uniquement  fon- 
dée sur  un  principe  des  plus  certains,  l'axiome  fondamental  de  la  mé- 
canique, l'iDESTTTÉ  DE  I. 'ACTION  ET  DE  LA  RÉACTION. 

Voici  comment  cet  axiome  conduit  à  deux  lois  générales  pour  repré- 
senter toutes  les  actions  chimiques  : 


Soit  AB  la  surface  de  séparation  de  deux  corps,  incapables  de  se 
mêler,  par  exemple  de  l'acide  azotique  et  du  mercure.  Lorsqu'une 
action  chimique  est  produite  entre  ces  deux  corps,  notre  esprit  la  rap- 
porte â  une  cause  double,  une  affinité  du  mercure  pour  l'acide  et  une 
deuxième  affinité  de  l'acide  pour. le  mercure.  C'est  là  une  erreur. 

L'affinité  est  une  force  unique. 

Dire  que  l'acide  azotique  agit  sur  le  mercure  ou  que  le  mercure  agit 
sur  l'acide  azotique,  c'est  exprimer  sous  deux  formes  une  seule  et  même 
action. 

Envisagée  de  l'acide  au  mercure,  cette  action  tend  à  s'exercer  jus- 
qu'à une  certaine  profondeur  à  partir  de  la  surface  AB,  par  exemple 
im.  Laissons  pour  le  moment  de  côté  toute  considération  hypothétique  ; 
nous  n'avoue  aucun  besoin  de  connaître  le  nombre  des  molécules  de 
mercure  enfermées  dans  cette  profondeur,  leur  vraie  forme,  etc.;  la 
profondeur  d'activité  sera  la  marne  en  tout  autre  point  /,  et  toujours 
telle  que  ih  =  t'm.  La  ligne  mh  parallèle  à  AB,  représente  donc  la  li- 
mite d'activité  dans  le  sens  de  l'acide  au  mercure. 

MaiB  cette  activité  peut  être  envisagée  dans  le  sens  contraire,  dans 
le  sens  du  mercure  à  l'acide,  et  son  identité  dans  les  deux  sens  en- 
traîne l'égalité  de  profondeur  dans  l'acide  comme  dans  le  mercure. 
C'est  une  énergie  potentielle  indépendante  des  masses  placées  au  delà 
de  oette  profondeur.  On  peut  donc  regarder  comme  un  axiome  l'énoncé 
suivant  :  - 


608  .  LES  MONDES 

L'action  chimique  de  deux  corps  en  contact  s'exerce  entre  deux 
couches  de  chacuh  de  ces  corps  infiniment  petites  et  d'une  égaie  épais- 
seur•. 

Ces  deux  couches  ont  des  poids  proportionnels  à  leurs  densités. 
Soient  : 

M,  M'  les  poids  respectifs  des  deux  couches  en  contact  (sur  une 
même  longueur). 

D,  D' les  densités  des  deux  corps  dont  les  couches  sont  contigués, 
nous  aurons  la  proportion 

|T|  M,  M'::D:D'. 

Les  poids  M,  M'  sont  des  poids  quelconques;  mais  il  est  facile  de 

'  les  remplacer  par  les  poids  chimiques  ou  les  équivalents.  Prenons 

M  =  E,  c'est-à-dire  un  équivalent  du  premier  corps,  M'  représentera 

un  certain  nombre  d'équivalents  du  second  corps;  on  aura  M'  =  nE'  et 

la  proportion  |T|  pourra  être  écrite 


jTJ  E  :nE'::t):D/; 

sous  cette  forme,  elle  donnerait  facilement  le  nombre  wE*  ;  mais  on 
peut  la  rendre  encore  plus  commode  pour  le  calcul.  Divisons  les  anté- 
cédents par  D,  les  conséquents  par  D,  il  vient 

21  |:nf::i:i; 

d'ailleurs 

E 

—  =  V,   le  volume  atomique  du  premier  corps, 

Ef 

--  =  Y',  le  volume  atomique  du  deuxième  corps  ; 

et  ilçus  sommes  conduits  à 

V:nV'::  1:  i    d'où    V-nV  • 
et  par  suite 

formule  générale  des  ACTIONS  DE  CONTACT  (1). 

(1)  C  nom  ptat  p&rsttre  nu  pen  imputait  :  aprte  rtttarion  on  nconaattr*,  j« 
l'Mpfere,  qu'il  est  towi  exMt  que  tout  antre  mot  dont  on  oroinit  l'emploi  nwilWnr. 


LES  MONDES.  699 

D'après  cette  formule  le  nombre  des  équivalente  du  corps  dont  le  vo- 
lume est  V,  qui  tendent  à  agir  sur  4  équivalent  du  corps  dont  le  volume 
est  V,  s'obtient  par  le  simple  quotient  de  ces  volumes  atomiques. 

La  formule  est  générale  :  je  ne  crois  pas  nécessaire  d'expliquer  ici 
que  tous  les  états  des  corps  mis  en  contact  se  réduisent  à  0  : 1°  solide 
et  solide  ;  2°  solide  et  liquide  ;  3°  solide  et  gaz,  etc.,  et  que  ces  6  états 
ne  présentent  en  réalité  qu'un  seul  et  unique  cas,  celui  de  2°  tin  solide 
et  un  liquide,  incapables  de  se  dissoudre  ou  de  se  mêler.  Je  dirai  seu- 
lement que  lorsqu'un  des  deux  corps  est  gazeux,  il  faut  considérer  que 
l'action  chimique  n'est  produite  par  ce  corps  qu'après  une  liquéfaction 
préalable,  absolument  identique  à  celle  que  produisent  le  refroidisse- 
ment ou  la  pression.  Ainsi  le  chlore,  dans  toutes  les  actions  de  con- 
tact, commence  par  prendre  l'état  où  Faraday  l'a  obtenu  :  il  forme  un 
liquide  D  =  i  ,33  et  son  volume  atomique  est 

Ce  volume,  employé  pour  le  calcul  de  plusieurs  milliers  d'expé- 
riences, n'a  pas  offert  une  seule  exception. 

Les  actions  de  contact  ne  sont  pas  les  seules  qui  puissent  se  présen- 
ter :  dans  un  nombre  de  cas  aussi  grand,  les  deux  corps  peuvent  se 
mêler  (ou  6e  dissoudre)  avant  de  produire  leur  action  —  ce  qui  est  la 
seule  alternative  possible. 

Ce  cas  des  actions  de  mélange  est  représenté  par  une  deuxième  for- 
mule, mais  tout  aussi  simple  que  la  première.  Le  mélange  amène  les 
deux  corps  à  une  densité  commune,  quel  que  soit  le  rapport  de  leurs 
poids,  et  il  est  clair  que  le  mélange  peut  toujours  être  représenté  par 
une  série  plus  ou  moins  nombreuse  de  couches  voisines  entre  les* 
quelles  sont  logées  n  couches  parallèles  de  celui  des  deux  corps  qui 
existe  en  plus  grande  quantité,  n  pouvant  être  égal  à  0.  Lorsque  la 
chaleur  devient  suffisante  pour  déterminer  l'action  chimique,  les  deux 
couches  voisines  de  chacun  des  deux  corps  ayant  même  densité,  et  par 
conséquent  même  poids,  sont  les  seules  qui  agissent,  et,  par  consé- 
quent, l'action  a  lieu  entre  des  poids  égaux. 

Soient  toujours  M,  M';  E,  E'  les  poids  et  les  équivalents  des  deux 
corps  :  cette  fois  M  =  M',  et  si  nous  prenons  M  =  E  pour  le  premier 
corps,  nous  aurons  pour  le  deuxième  corps  M'  =  nE' = M  ;  et,  en  éga- 
lant ces  deux  valeurs  de  M,  E  es  nE';  d'où 

S  »=§- 

formule  générale  des  ACTIONS  de  MÉLANGE, 


700  LES  MONDES. 


Cette  formule  |M|  convient  à  toutes  les  actions  chimiques  de  deux 

corps  qui  peuvent  se  mêler  ou  se  dissoudre  avant  la  naissance  de  ces 
actions.  En  effet,  nous  trouverions  encore  ici  les  6  cas  généraux  dont 
il  a  été  parlé  plus  haut  (ou  plus  exactement  les  5,  car  le  premier  cas 
d'un  solide  et  un  solide  ne  peut  offrir  de  mélange)  et  les  5  cas  se  rédui- 
sent également  à  un  seul,  celui  d'un  liquide  et  un  liquide  capables  de 
mélange  ou  dissolution.  —  Je  n'insiste  pas  :  la  chose  est  trop  simple. 

Telles  sont  les  deux  règles  générales  pour  calculer  toutes  les  actions 
chimiques,  car  toutes  ces  actions  sont  comprises  dans  Tune  des  deux 
classes  indiquées. 

1°  Actions  de  contact,  lorsque  les  deux  corps  se  touchent  sans  mé- 
lange ni  dissolution; 

2°  Actions  de  mélange,  lorsque  les  deux  corps  entrent  en  mélange 
ou  dissolution  avant  la  température  de  l'action  chimique. 

Dans  toutes,  un  équivalent  de  l'un  des  deux  corps  agit  sur  n  équiva- 
lents de  l'autre  corps  et  ce  nombre  n  est  déterminé,  pour  les  actions 
de  contact,  par  la  formule 

—  V 

Jcl  n  =  yti    quotient  des  volumes  atomiques. 

pour  les  actions  de  mélange  (ou  dissolution) ,  par  la  formule 

— i  E 

|M  I  n  =  «7,    quotient  des  équivalents. 

Nous  ne  considérons  que  deux  corps  :  lorsqu'il  y  en  a  plus  de  deux, 
toujours  on  peut  les  réunir  en  deux' groupes  sans  aucun  inconvénient 
quelconque.  J'aurai  soin  (le  faire  remarquer,  dans  les  premiers  exemples 
de  ce  genre,  la  facilité  du  calcul. 

Remarque.  — -  Les  formules  donnent  souvent  pour  n  un  nombre 
fractionnaire  :  par  exemple  2,34  ou  11,74.  Cela  signifie  que  l'action  a 
lieu  entre  1  équivalent  du  premier  corps  et  2,34  ou  11,74  équivalents 
du  deuxième.  11  n'y  a  là  qu'un  léger  inconvénient  arithmétique.  Pour 
rester  dans  la  rigueur  absolue,  on  peut  calculer 

\  00  équivalents  du  4"  corps  et  234  du  deuxième, 

ou ,  avec  une  erreur  légère, 

10  équivalents  du  1er  corps  et  23  du  deuxième, 

Presque  jamais  cette  erreur  n'a  d'importance,  et  on  peut  la  commettre 
à  cause  de  la  facilité  du  calcul.  Voici,  en  général,  les  simplifications 
dont  une  longue  étude  m'a  montré  la  possibilité  : 


LES  MONDES.  701 

De  0,00  à  0,15  la  partie  décimale  peut  être  supprimée. 

0,18  à  0,23  »  confondue  avec  0,20  ou  - 

0,23  à  0,26  »  '               »  0,3* 

0,28  à  0,38  »  »  0,23 

0,45  à  0,58  »  »  0,50    t 

0,60  à  0,68  »  »  0,67      { 

0,68  à  0,78  »  »  0,75      \ 

0,80  à  0,99  »  *  1 

Mais  il  est  toujours  bon  de  s'assurer  que  ces  à  peu  près  n'entraînent 
aucune  erreur  notable,  ce  qui  est  vrai  dans  l'immense  majorité  des 
cas. 

Ces  préliminaires  sont  suffisants  pour  permettre  de  bien  comprendre 
l'exposé,  que  je  vais  présenter  dorénavant  dans  les  Mondes,  des  travaux 
de  chimie  qui  me  paraîtront  mériter  d'être  mis  sous  les  yeux  des 
chimistes  avec  l'explication  par  ma  théorie.  Je  ferai  voir,  par  de  nom- 
breux exemples,  quelle  ample  moisson  de  découvertes  cette  théorie,  si 
sûre,  indique  et  calcule  à  priori.  J'ai  cru  devoir  donner  à  ce  travail  la 
nom  de  Petites  Annales  de  Chimie.  Eu  général,  au  lieu  d'être  un  ré- 
pertoire du  passé,  elles  seront  un  répertoire  de  r avenir,  et  si  je  ne 
leur  donne  pas  ce  titre,  c'est  par  une  modestie  dont  j'espère  que 
bientôt  mes  excellents  confrères  (même  de  l'Académie)  ne  me  refuseront 
pas  l'aveu.  » 


CHIMIE-PHYSIQUE 

La  décomposition  de  l'eau  par  le  aine  en  eommani* 
cation  avec  un  métal  pins  négatif,  par  J.  H.  Giadstonï, 
Ph.  D.  F.  R.  S.,  et  Alfred  lRiBA,  F.  G.  S.  —  Le  zinc  pur  ne  peut  dé- 
composer l'eau  pure,môme  à  100°  C,  maïs  à  une  température  beaucoup 
plus  élevée  on  sait  qu'il  se  combine  avec  l'oxygène  de  l'eau.  Davy  soumit 
de  l'eau  pure  pendant  deux  jours  à  l'action  d'une  pile  de  lames  d'argent 
et  de  zinc  séparées  seulement  par  du  carton,  sans  obtenir  de  l'hydrogène. 
Mais  Buff  a  reconnu  qu'une  très-petite  trace  de  gaz  pouvait  être  formée 
à  la  température  ordinaire  par  un  couple  de  lames  de  zinc  et  de  platine. 
Dans  une  série  d'expériences  dont  nous  avons  déjà  publié  une  partie, nous 
avons  pu  constater  si,  en  mettant  les  deux  métaux  l'un  contre  l'autre,  et  en 
augmentant  ainsi  la  tension  électrique  du  liquide,  on  pouvait  produire 
à  la  température  ordinaire  cette  combinaison  du  zinc  avec  l'oxygèae  qui 
s'opère  sans  le  second  métal  à  une  très-baute  température.  On  a  appliqué 
Tune  contre  l'autre  avec  le  marteau  des|feuilles  minces  de  zinc  et  de 
cuivre,  et  on  les  a  mises  dans  un  vase  avec  de  l'eau  distillée.  On  obtint  de 


702 


LES  MONDES. 


petites  bulles  de  gaz.  Mais  ou  fit  l'expérience  d'une  manière  plus  parfaite. 
On  taïssa  reposer  une  feuille  de  zinc  dans  une  solution  un  peu  étendue 
de  sulfate  de  cuivre  Jusqu'à  ce  qu'elle  fût  recouverte  de  cuivre  spongieux. 
On  lava  parfaitement  les  métaux  dans  de  l'eau  distillée,  et  on  les  plongea 
ensuite  dans  une  bouteille  d'eau  distillée  munie  d'un  tube  abducteur.  De 
petites  bulles  apparurent  promptement  et  Ton  reconnut  qu'il  s'était 
formé  de  l'hydrogène  et  de  l'oxyde  de  zinc.  On  fit  deux  expériences 
quantitatives  ;  on  recueillit  et  on  mesura  le  gaz  au  bout  de  vingt-quatre 
ou  de  quarante-huit  heures.  La  quantité  de  gaz  en  centime  très  cubes  est, 
dans  la  troisième  et  la  quatrième  colonne  de  la  table  ci-jointe,  corrigée 
de  la  température  et  de  la  pression.  La  température  moyenne  dans  la 
deuxième  colonne  est  simplement  la  moyenne  entre  le  maximum  et  le 
minimum  pendant  les  vingt-quatre  heures. 


JOUES. 

TEMPÉRATURE 
MOYENNE 

EXPÉRIENCE  A 

SXfiKiXNCK  B     | 

1 

42.8 

417.1 

49.6           | 

2 

12.2 

93.8 

37.5 

3 

11.7 

73  8 

27.6 

4 

11.1 

66.2 

24.7 

5  et  6 

10 

49.3(X2) 

17.5  (X2) 

7 

8.9 

44.4 

44.9 

8 

10.3 

40.9 

45.8 

9 

10 

40.9 

44.8 

40 

7.8 

33.8 

40.3 

41 

6.7 

28.0 

9.4 

42  et  13 

6.1 

24.9(X2) 

7.7  (X  2) 

44 

6.1 

20.4 

7.6 

45 

7.2 

34.4 

40.3 

46 

10 

30.0 

40.2 

47 

8.3 

29.4 

8.5 

48 

6.7 

20.0 

7.6 

49  et  20 

6.1 

47.2(X2) 

5.7  (X  2) 

21 

4.4 

20 

6.6 

22 

5 

15.3 

4.8 

Intervalle 

44 

10 

20.5 

5.5 

45  et  46 

10.5 

22.5(X2) 

6.5  (X  2) 

47 

11.1 

22.3 

6.5 

48 

11.1 

24.4 

8.4 

49 

11.1 

20.5 

7.4 

Intervalle 

82 

10 

18.0 

4.7 

83 

10 

48.9       - 

6.1 

84 

10  (X  2) 

44.0 

5.1 

■ 

LES  MONDES. 


703 


Dans  l'expérience  A  on  a  employé  33,4  grammes  d'une  feuille  de  linc  ; 
cette  feuille  avait  2,6  mètres  de  longueur  et  0,05  de  largeur.  Les  plis  de 
la  feuille  étaient  séparés  par  de  la  mousseline.  Dans  l'expérience  B  on  a 
employé  un  mètre  d'une  feuille  semblable  chiffonnée. 

Les  deux  expériences  ont  marché  d'un  pas  égal  pendant  trois  mois  ;  la 
quantité  d  hydrogène  qui  s'est  dégagé  a  diminué  graduellement,  maison 
a  reconnu  en  même  temps  que  cette  quantité  dépendait  à  un  certain  de- 
gré de  la  chaleur  du  jour.  On  a  vu  au  microscope  que  les  bulles  d'hy- 
drogène ne  se  formaient  pas  sur  le  zinc,  mais  au  milieu  des  cristaux  de 
cuivre,  et  quelquefois  qu'elles  apparaissaient  sur  le  verre  à  une  certaine 
distance  du  métal.  D'après  le  rang  qu'occupe  le  platine  dans  la  série 
électro-chimique,  nous  avions  prévu  que  l'effet  serait  encore  plus  mar  - 
qnô  avec  ce  métal  à  l'état  d'épongé  sur  le  zinc  On  le  flt  déposer  du 
tétrachlorure,  et  naturellement  on  le  lava  à  fond.  Il  n'y  avait  que 
&,7  grammes  de  feuille,  mais  on  obtint  les  quantités  suivantes  : 


TEMPÉRATURE 

JOURS 

MOYENNE    ' 

VOL,   EN  CG. 

i 

11.7 

143.6 

2 

11.4 

93.6 

3  et  4 

10 

38.8  (X*) 

5 

8.6 

26.0 

6 

40.8 

31.0 

7 

9.4 

17.1 

8 

7.7 

12.3 

L'action  fut  donc  d'abord  environ  cinq  fois  aussi  grande  que  dans  le 
cas  du  cuivre,  mais  elle  diminua  plus  rapidement,  sans  doute  parce  que 
le  zinc  se  recouvrit  plus  promptement  d'oxyde.  Pour  (qu'on  ne  puisse 
pas  prétendre  que  l'oxygène  libre  qui  se  trouve  ordinairement  dans  l'eau 
distillée  avait  provoqué  cette  action,  l'expérience  a  été  répétée  avec  de 
Peau  aussi  privée  d'oxygène  qu'on  pouvait  l'obtenir  par  l'ébullition.  On 
employa  un  mètre  de  la  même  feuille  de  zinc  recouverte  de  cuivre  et  le  ré* 
sultat  fut  à  peu  près  comme  auparavant  ;  on  obtint  40  centimètres  cubes 
de  gaz,  le  premier  jour,  à  une  température  moyenne  de  9*  C.  On  profita 
de  cette  disposition  pour  examiner  l'effet  d'une  température  élevée.  On 
chauffa  le  contenu  de  la  bouteille  jusqu'à  près  de  100°  G.  sans  ôter  le  tube 
abducteur  et  on  obtint  123,5  G.G.  d'hydrogène  en  dix  minutes.  On  laissa 
refroidir  l'appareil  avec  l'ouverture  du  tube  sous  l'eau,  et  la  production 


704  LES  MONDES. 

du  gaz  redevint  faible;  deux  jours  après  on  le  chauffa  de  nouveau 
presque  au  point  d'ébullition,  et  il  donna  93,4  C.C.  en  dix  minutes;  après 
une  nouvelle  période  de  deux  jours,  il  donna  64,1  C.C.  ;  et  après  trois 
autres  jours,  132,1  dans  les  trente  premières  minutes  ;  108,4,  dans  les 
trente  minutes  suivantes;  94,3,  dans  le  troisième  intervalle  de  trente  mi- 
nutes, et  89,9  dans  le  quatrième. 

Le  fer  et  le  plomb  dans  des  circonstances  semblables  décomposent  aussi 
l'eau  pure,  et  Faction  du  magnésium  est  considérablement  augmentée 
par  son  contact  avec  le  cuivre.  L'effet  du  métal  plus  négatif  est  le  même 
que  celui  qui  aurait  été  produit  par  une  augmentation  de  chaleur. 

Sous  un  point  de  vue  pratique  cette  expérience  peut  servir  pour  pré* 
parer  facilement  de  l'hydrogène  pur.  A  un  point  de  vue  théorique  son 
intérêt  semble  consister  en  ce  que  la  dissociation  d'un  composé  binaire 
par  le  moyen  de  deux  métaux  peut  se  produire  à  des  distances  infiniment 
petites,  lorsqu'elle  ne  pourrait  avoir  lieu  lorsque  la  couche  du  liquideest 
assez  épaisse  pour  offrir  une  résistance  au  courant  et  dans  la  corrélation 
entre  cette  force  et  la  chaleur. 

Note.  —  A  la  suggestion  de  M.  le  professeur  Stokel,  nous  avons  essayé 
de  constater  si  l'influence  bien  connue  des  pointes  jouait  un  rôleimpor* 
tint  dans  cette  séparation  du  gaz  hydrogène.  On  prit  deux  lames  minées 
de  cuivre,  Tune  polie,  l'autre  rugueuse,  avec  du  cuivre  déposé  par  Té* 
lectrolyse;  on  les  sépara  de  lames  minces  de  cuivre  simplement  avec  des 
morceaux  de  mousseline  ;  on  plia  les  métaux  l'un  sur  l'autre  à  chaque 
extrémité  et  on  les  martela  ensemble.  On  plaça  chaque  couple  dans  l'eau, 
et  pendant  quelques  jours  il  se  forma  do  très- petites  bulles  de  gaz;  mais 
seulement  à  la  jonction  des  métaux,  et  en  quantités  à  peu  près  égales  à 
chacun  des  couples. 

Comme  on  pouvait  s'y  attendre,  ce  zinc  joint  au  cuivre  est  capable  de 
décomposer  des  liquides  autres  que  l'eau.  Le  chloroforme  cède  facilement 
à  son  influence,  et  l'iodure  d'éthyle  que  le  professeur  Frankland  décom- 
posait par  le  zinc,  seulement  par  une  gît  nie  chaleur,  se. décompose  rapi- 
dement à  la  température  ordinaire*  (Lu  à  h  Société  royale,  le  1 4  mars  J872.) 


ASTRONOMIE 


Mont  hly  Notices  nz  il  Société  Royale  astronomique  de  Londres  (suite) 
HépaaM  aax  Notes  and  Queries  faite*  par  l'astraname 
royal  sur  le»  a  Observation*  de  u  Argo  et  m  aéfca- 
leme,  s  Monthly  Notices,  R.  A,  à.  du  9  juin  187!,  pages  233  et 
234,  par  M.  F.  Abbott. 


LES  MONDES.  705 

Ilote  mr  la  prétendue  déeouTe#te  de  H.  Abbott  iar 
de  fraude  changement*   dan*  la  nébuleuse  d'Argo, 

par  M.  R.-A.  Progtor,  B.  à.  —  Destin  de  M.  Abbott.  —  Le  capi- 
taine Herschel  a  certainement  raison.  M.  Abbott  a  supposé  que  les 
espaces  obscurs  (vus  dans  la  monographie  de  sir  J.  Herschel)  corres- 
pondaient à  la  lemniscate,  ce  qui  prouverait  qu'il  s'est  produit  un 
changement  complet  dans  la  forme  de  la  nébuleuse.  A  l'échelle  des 
dessins  de  M.  Abbott  la  lenmiscate  aurait  environ  2/5  de  pouce  de 
longueur;  ce  serait  alors  un  objet  très -petit  et  à  peine  visible.  Le 
champ  de  vue  de  M.  Abbott  a  un  diamètre  qui  surpasse  la  longueur  de 
l'espace  rectangulaire  compris  dans  la  monographie  de  sir  J.  Herschel. 
C'est  exactement  comme  si  un  observateur,  avec  un  petit  télescope 
d'un  grossissement  assez  faible  pour  embrasser  un  champ  de  4°8r,  re- 
gardait la  forme  de  la  nébuleuse  ainsi  observée  comme  une  vue  de  la 
région  qui  environne  immédiatement  le  trapèze.  Il  est  très^fâcheux 
que  par  son  erreur  M.  Abbott  ait  fait  perdre  un  temps  très-précieux  à 
sir  J.  Herschel,  l'astronome  royal,  M.  Lassell  et  d'autres. 

Sur  le  epeetre  de  l'Hydrogène  à  une  baiMe  preeolen, 

par  M.  G. -M,  Seabroke. 

Occultation  de  t  du  Capricorne  par  la  lune,  18  no- 
vembre lt*9t,  obaervée  à  forest-liodge,  Mareelleld, 

par  M.  le  capitaine  William  Noble. 

Eeltpae  du  »•  eatelllte  de  Jupiter»  4  décembre  1891, 

par  M.  le  capitaine  William  Noble. 

Elément»  et  épnémérlde  de  la  comète  de  Tenipcl, 

par  M.  J.-R.  Hind,  F.  R.  S.  —  Les  éléments  suivants  ont  été  calculés 
sur  une  observation  du  docteur  Winnecke,  à  Garlsruhe,  le  5  novembre, 
et  deux  observations  à  l'observatoire  de  M.  Bishop,  les  8  et  iO  no- 
vembre. 

"  Passage  au  périhélie,  1871,  décembre.  20.29115  temps  moyen  de 
Greenwich. 

Longitude  du  périhélie 263*  33'  52" 

»        du  nœud  ascendant. ...     147  28  38 

Inclinaison * 82  31  21 

Log.  distance  périhélie 9.8321610 

Mouvement  rétrograde. 

Comète  IV,  1991,  découverte  par  M.  Tempel,  à  Milan,, 
le  S  novembre.  —  Les  éléments  calculés  par  MM.  Oppolzer  et 
Schulhof,  sont  les  suivants  : 

47 


706  LES  MONDES. 

T  =  Décembre  20.4 155.  T.  M.  de  Berlin. 

A»    22* 25' 39 
J2=  145  19  53 

t  =  192    7  40 
log  q  =  9.87628  {Ibid.) 

Sur  la  lumière  zodiacale,  par  M.  le  capitaine  Topman.  — 
Pendant  un  séjour  d'environ  trois  années  dans  la  Méditerranée,  j'ai 
eu  plusieurs  occasions  d'examiner  la  lumière  zodiacale.  Quelquefois, 
mais  très-rarement,  elle  était  si  brillante  et  ses  limites  si  bien  déOnies, 
qu'il  était  facile  de  les  tracer  sur  une  carte  d'étoiles  avec  une  grande 
exactitude.  Dès  le  commencement,  ces  observations  m'ont  paru  pré- 
senter beaucoup  d'intérêt,  et  j'ai  tâché  de  les  continuer  à  chaque  occa- 
sion favorable,  surtout  de  grand  matin  lorsque  la  vue  est  le  plus  sen- 
sible. Après  décembre  4870,  aucune  occasion  semblable  ne  s'est 
présentée,  parce  que  les  planètes  de  Vénus  et  de  Jupiter  sont  restées 
pendant  des  mois  au  milieu  d'elle,  justement  lorsque  l'écliptique  était 
le  plus  favorablement  élevé  au-dessus  de  l'horizon. 

La  variation  de  sa  lumière  est  très-remarquable.  Quelquefois  elle 
acquiert  un  éclat  qui  n'est  pas  sensiblement  affecté  par  les  plus  bril- 
lantes planètes  qui  sont  au  milieu  d'elle,  et  après  un  intervalle  de 
quelques  jours  sa  lumière  peut  devenir  très-faible. 

Sa  grandeur  apparente  dépend  certainement  de  la  subtilité  de  la 
vue  de  l'observateur,  de  la  pureté  de  l'atmosphère  et  de  l'inclinaison 
générale  de  son  axe  de  symétrie  sur  l'horizon.  Un  illustre  astronome 
du  continent  m'a  assuré  autrefois  qu'il  l'avait  vu  souvent  achever  le 
cercle  dans  le  ciel,  avec  un  petit  maximum  d'éclat  semblable  à  un 
nuage  à  l'opposé  du  Soleil;  les  observations  bien  connues  de  M.  Liais 
viennent  à  l'appui  de  ce  fait. 

Mais  la  vue  d'un  observateur  en  particulier  peut  être  considérée 
comme  constante,  et  par  conséquent  Ton  peut  admettre  qu'il  y  a  réel- 
lement de  grandes  variations  dans  l'intensité  de  la  lumière  zodiacale, 
non-seulement  près  du  Soleil,  mais  dans  chaque  partie  de  la  zone 
qu'elle  occupe. 

Un  autre  caractère,  peut-être  plus  singulier,  est  la  position  variable 
de  l'axe  apparent  de  symétrie  relativement  au  plan  de  l'écliptique.  Il 
est  vrai  que  cet  élément  ne  peut  pas  être  déterminé  avec  exactitude, 
mais  il  y  a  des  circonstances  où  une  erreur  de  3  ou  -4  degrés  est  inad- 
missible. Ces  circonstances  ont  été  choisies  pour  faire  le6  esquisses  de 
la  lumière  zodiacale  que  j'envoie  aujourd'hui,  et  qui  prouvent,  non- 
seulement  que  son  axe  est  incliné  sur  l'écliptique,  qui  s'éiève  à  20  de- 


LES  MONDES.  707 

grés  dans  les  mois  d'août  et  4e  septembre,  m?is  que  son  plan  ne  passe 
pas  par  le  Soleil.  Six  observations  du  matin  s  accordent  à  placer  le 
nœud  oriental  à  40  degrés  en  arrière  du  Soleil,  et  la  seule  observation 
du  soir  place  le  nœud  occidental  à  42  degrés  en  avant  du  Soleil..  Dans 
le  premier  cas,  Taxe  passe  du  nord  au  sud  ;  dans  le  dernier,  il  passe 
du  sud  au  nord.  L'observation  du  matin  du  7  janvier  1870  place  l'axe 
parallèlement  àl'écliptique  et  à  3  degrés  au  nord,  et  dans  cette  occa- 
sion, une  erreur  de  3  degrés  sur  sa  position  absolue  était  très-impro- 
bable, car  3  degrés  d'azimuth  à  l'horizon  paraissent  embrasser  un 
grand  espace.  K 

L'effet  de  la  réfraction  pour  élever  la  partie  inférieure  du  bord  le 
plus  incliné  plus  haut  que  la  partie  supérieure  est  tout  à  fait  inappré- 
ciable. 

Il  serait  extrêmement  intéressant  de  comparer  des  observations  de 
cette  nature  faites,  simultanément  ou  à  peu  près,  à  de  grandes  distances 
d'un  côté  et  de  l'autre  de  l'équateur. 

Pour  conclure,  je  dois  faire  observer  que  les  dessins  ont  été  faits  sur 
des  cartes  qui  ne  contenaient  que  des  étoiles  ;  l'écliptique  a  été  tracé 
après  coup.  J'envoie  les  dessins  originaux.  (Sfontkly  Notices,  12  jan- 
vier 1872.) 

Un  Ancien  passage  de  Mercure.  Communiqué  par  le  Rev. 
A.  Freeman,  Al.  A.,  membre  du  Collège  Saint  Jean,  Cambridge. 
Un  passage  de  Mercure  a  été  observé  au  Collège  Saint- Jean,  à  Cam- 
bridge, en  1782.  Le  manuscrit  où  ce  passage  a  été  enregistré,  et  qui 
n'a  jamais  été  publié,  existe  encore.  11  parait  avoir  été  écrit  de  la  main 
du  docteur  Isaac  Pennington.  , 


Retard  du  régulateur. 

Qm 

a 

:  4».5 

12  novembre  1732. 

Equation  du  temps. . 

14  - 
XI 

il  : 

:  32  + 

:  38  :  22.^ 
51  : 

à  riiorlogre. 

Entrée  de  Mercure... 

temps  vrai. 

Entrée          » 
Sortie  de  Mercure. ... 

H  : 
lv  : 

29  : 
Vô  : 

à  l'horloge, 
temps  vrai. 

Sortie             » 

m: 

:  53  : 

à  l'horloge.  » 

Cette  observation  est  la  plus  précieuse,  parce  que  des  nuages  avaient 
empêché  le  docteur  Nevii  Maskelyne  d'achever  l'observation  à  Green- 
wich.  Dans  les  Observations  deGreenwich,  pour  1782,  il  fait  cette 
remarque  :  a  Au  moment  où  le  Soleil  sortit  d'un  nuage,  je  vis  d'abord 
Mercure  avec  la  lunette  achromatique  de  4,0  pouces,  grossissant 


708  LES  MONDES, 

200  fois;  il  faisait  une  grande  échancrure  dans  le  limbe  du  Soleil,  à 
â  h.  49  m.  43  s.  temps  vrai,  et  à  2  h.  54  m.  55  s»  temps  vrai,  j'ai 
constaté  d'abord  que  la  lumière  apparaissait  entre  le  bord  du  Soleil  et 
Mercure.  » 

La  moyenne  des  observations  de  Maskelyne  donnerait^  h.  52  m.  24  s. , 
ce  qui  serait  un  peu  plus  tard  que  l'entrée  du  centre  de  Mercure.  En 
prenant  24  s.  pour  la  longitude  orientale  de  Cambridge,  c'est  une  dif- 
férence de  \  m.  des  observations  du  collège  Saint-Jean.  La  durée  du 
passage  a  été  de  1  h.  24  m.,  ce  qui  est  une  durée  d'une  longueur  re- 
marquable* [Ibid.) 


ACADÉMIE   DES  SCIENCES 


SÉANCE  DU  LUNDI  15   AVRIL. 

Sur  Vintensité  des  forces  capables  de  déformer,  avec  continuité, 
des  blocs  ductiles,  cylindriques,  pleins  ou  évidés  et  placés  dans 
diverses  circonstances,  par  M.  de  Saint- Venant.  —  Le  but  de  ce 
mémoire,  acte  de  justice  et  de  charité,  est  de  prouver  que  M.  Tresca, 
premier  candidat  de  la  majorité  de  la  section  pour  la  place  vacante 
dans  la  section  de  la  mécanique,  n'a  pas  commis  les  erreurs  que  quel- 
ques personnes  lui  reprochent  ;  qu'il  n'a  pas  fait  la  pression  égale  en 
tous  sens,  ni  même  en  trois  sens  rectangulaires  principaux,  ce  qui 
eût  entraîné  l'absence  de  toute  résistance  au  glissement  ou  de  toute 
solidité;  qu'il  n'a  pas  non  plus  introduit  de  traction  dans  tout  un 
ordre  de  faits  ne  comportant  que  des  pressions  ;  qu'il  a  eu  égard 
exactement  aux  conditions  qui  sont  à  remplir  aux  limites  des  solides 
plastiques  considérés  par  lui.  Il  est  probable  que  M.  Tresca  sera  élu 
en  remplacement  de  M.  Combe. 

—  Recherches  sur  la  dissociation  cristalline,  par  MM.  P.  A. 
Favri  et  C.  A»Valson.— -«  Lorsqu'un  sel  se  dissout,  il  se  produit  deux 
phénomènes  inverses;  il  y  a  d'abord  une  dissociation  des  molécules 
salines  qui  servent  d'assises  dans  l'édifice  géométrique  constitué  par 
le  sel  solide.  Il  y  a  de  la  part  du  sel  sur  le  dissolvant  une  action  con- 
traire à  laquelle  nous  donnons  le  nom  de  coërcitive.  La  contraction 
du  volume  total,  le  retard  du  point  d'ébullition,  la  moindre  tension 
des  vapeurs  émises  par.  le  dissolvant  à  une  basse  température  sont 
autant  de  faits  qui  semblent  mettre  cette  action  hors  de  doute.  Un 
second  phénomène  considérable  et  très-apparent  de  la  dissociation 


LES  MONDES.  709 

cristalline  est  l'élément  thermique  qui  donne  la  mesure  du  travail 
effectué  intérieur  et  extérieur  ;  le  troisième  phénomène  est  la  con- 
traction du  volume  total,  s  Les  auteurs  étudient  tour  à  tour  ces  trois 
phénomènes  sur  six  aluns  :  alumino-potassique  ;  alumino-ammonique  ; 
chromo-potassique;  chromo-ammonique  ;  ferrico-potassique ;  ferrico- 
ammonique.  Nous  ne  pouvons  qu'énumérer  les  principaux  faits 
observés  par  eux.  L'eau  exerce  son  action  dissociante  avec  une  éner- 
gie plus  grande  sur  les  deux  aluns  ferriques.  L'alun  ferrico-ammo- 
nique  est  le  seul  qui  entre  en  fusion  bien  au-dessous  de  85  degrés. 
Les  deux  aluns  potassique  et  ammonique ,  lorsqu'ils  ne  renferment 
plus  que  dix  équivalents  d'eau,  dégagent  en  se  dissolvant  plus  de 
42000  calories.  Pour  rendre  compte  de  ce  phénomène  qui  s'explique 
en  partie,  par  le  fait  que  le  sel  en  se  dissolvant  reprend  un  certain 
nombre  d'équivalents  d'eau,  en  partie,  par  la  contraction  qui  accom- 
pagne la  dissolution  et  qui  entraînerait  un  dégagement  considérable 
de  chaleur  à  cause  de  la  grande  résistance  de  l'eau  à  la  compression, 
exige  peut- être  pour  son  interprétation  complète  qu'on  admette  que 
la  chaleur  latente  de  l'eau  est  considérablement  diminuée,  lorsque  le 
corps  est  associé  aux  éléments  salins  des  aluns  cristallisés...  Lorsqu'on 
soumet  à  une  ébullition  suffisamment  prolongée  les  aluns  de  chrome 
violets  dissous  dans  l'eau,  ils  deviennent  verts  et  incristallisables,  et 
les  solutions  de  ces  sels,  ainsi  modifiés,  ne  laissent  plus  précipiter 
qu'une  partie  de  l'acide  sulfurique  qu'elles  renferment  lorsqu'on  les 
traite  par  l'oxyde  de  barium. 

—  L'Académie  procède  à  la  nomination  de  deux  de  ses  membres 
qui  devront  faire  partie  de  la  commission  chargée  d'inspecter  l'Obser- 
vatoire de  Paris  :  le  scrutin  donne  à  M.  Charles  Sainte-Claire*Deville 
44  suffrages  ;  à  M.  Chasles  45;  à  M.  Elie  de  Beaumont,  9;  à  M.  Serret  8. 
M.  Gha6les  n'acceptant  pas,  en  raison  de  l'état  de  sa  santé,  les  deux 
commissaires  de  l'Académie  sont  définitivement  M.  Charles  Sainte- 
Claire-Deville  et  M.  Elie  de  Beaumont. 

—  De  l'influence  des  forces  centrifuges  sur  V écoulement  perma- 
nent varié  de  Veau  dans  les  canaux  prismatiques  de  grande  lar- 
geur, par  M.  Bous6iNESQ.  —  Dans  l'étude  de  l'écoulement  permanent 
varié  de  l'eau,  on  admet  jusqu'ici  que  la  pression  est  [régie  par  la  loi 
hydrostatique  aux  divers  points  d'une  même  section  normale.  Cette 
hypothèse  peut  être  acceptée  quand  la  petite  inclinaison  des  filets 
fluides,  par  rapport  à  l'axe  rectiligne  du  canal,  n'éprouve  de  change- 
ments sensibles  que  sur  une  grande  longueur,  de  manière  que  la 
courbure  de  ces  filets,  et  par  suite  les  forces  centrifuges  développées 
par  le  mouvement,  soient  à  peu  près  négligeables.  Mais  il  n'en  est  plus 


710  LfcS  MONDES. 

ainsi  aux  points  où  l'inclinaison  des  filets  change  sur  une  longueur 
finit  de  quantités  comparables  à  sa  valeur  propre  ;  car  les  variations 
éprouvées,  d'une  section  à  l'autre,  par  la  partie  non  hydrostatique  de 
la  pression,  sont  alors  de  même  ordre  de  grandeur  que  celles  de  la 
partie  hydrostatique.  Aussi  l'équation  usuelle  du  mouvement  perma- 
nent tombe- 1- elle  en  défaut  dans  ces  circonstances,  et  notamment 
quand  il  s'agit  du  ressaut  occasionné  au  bas  d'un  canal  d'assez  forte 
pente  par  un  barrage  ou  par  toute  autre  cause  capable  de  produire 
du  gonflement.  Le  but  du  mémoire  de  M.  Boussinesq  est  de  faire 
entrer  en  ligne  de  compte  la  courbure  des  filets,  et  l'influence  de  cette 
courbure  sur  la  pression.  11  se  termine  par  l'étude  des  circonstances 
intéressantes  que  présentent  rétablissement  et  la  destruction  du  ré* 
gime  uniforme  en  amont  ou  en  aval  des  points  où  le  régime  existe, 
dans  les  rivières,  les  torrents  à  pente  modérée  et  les  torrents  rapides. 

—  Recherches  sur  les  oiseaux  fossiles,  par  M.  Alphonse  Mone- 
Edwards.  —  *  Au  moment  où  ces  recherches  touchent  à  leur  fin,  et 
avant  que  le  dernier  fascicule  de  mon  ouvrage  soit  livré  au  public,  je 
demapde  à  l'Académie  la  permission  de  lui  exposer  en  quelques  mots 
les  résultats  auxquels  j'ai  été  conduit  par  ces  études,  qui  n'ont  pas  duré 
moins  de  douze  années.  »  Un  résultat  curieux  est  que  le  coq,  que  l'on 
croyait  originaire  des  Inde6,  aurait  été  le  contemporain  en  France  des 
premiers  âges  de  l'homme.  Dans  le  célèbre  gisement  de  Sansan,  dé- 
partement du  Gers,  l'auteur  a  trouvé  des  gallinacés  de  grande  taille,  à 
peine  inférieurs  au  paon  el  de  véritables  faisans.  La  singularité  des 
formes  des  oiseaux  éocènes  lui  fait  vivement  regretter  de  ne  pas  con- 
naître ceux  de  la  période  crétacée. 

—  Animaux  fossiles  du  Leberon  (Vaucluse),  par  M.  Albert 
GA.UDRT.  —  Nous  publierons  cette  note  intégralement. 

—  M.  Trémaux  lit  un  mémoire  intitulé  :  «  Répulsion  universelle, 
par  vibrations  éthérées  ou  autres,  modifiée  par  la  moindre  vitesse  du 
corps  plus  dense,  qui  ne  peut  rendre  directement  au  corps  moins  dense 
toute  la  force  vive  qu'il  en  reçoit. 

—  M*  L.-V.Turquan  adresse  un  mémoire  sur  l'intégration  en  termes 

fixés  de  l'équation  /  (x,  y,  -JÇj  «  0  du  premier  ordre  et  de  degré 

quelconque. 

—  M.  L.-V.  Turquan  adresse  en  outre  la  description  d'un  appareil 
destiné  à  indiquer  la  présence  du  grisou  dans  les  mines.  Cet  appareil 
consiste  en  une  sonnerie  mise  en  jeu  par  un  mouvement  d'horlogerie 
dont  le  balancier  est  arrêté  au  moyen  d'un  obstacle  qui  a  la  forme  du 
fléau  d'une  balance,  et  dont  un  des  bras  de  levier,  moins  pesant  que 


LES  MONDES.  71  f 

l'autre,  se  trouve  engagé  dans  une  cage  de  toile  métallique,  où  il  est 
retenu  par  une  corde  en  fil  de  coton  imprégné  de  salpêtre  épuré  et  qui 
conserve  toute  sa  résistance. 

Le  grisou  pénètre  avec  l'air  extérieur  dans  cette  cage,  et  quand  il  a 
atteint  des  proportions  convenables,  il  s'enflamme  au  contact  d'une 
lampe  qui  y  brûle,  et  par  là  produit  en  quelques  secondes  la  combus- 
tion du  Qi  de  coton.  Dès  lors,  le  balancier  du  mouvement  d'horlogerie 
est  rendu  libre;  la  sonnerie  se  met  à  jouer,  et  les  mineurs,  avertis  du 
danger,  doivent  se  retirer.  En  même  temps,  on  est  averti  de  la  néces- 
sité d'activer  l'aération  de  la  mine  et  de  l'assainir. 

—  Le  gérant  de  l'agence  consulaire  de  France  à  Mostar  adresse  une 
note  eur  le  tremblement  de  terre  qui  s'est  produit,  aux  mois  de  février 
et  mars  derniers,  dans  l'Herzégovine.  Du  7  février,  trois  jours  après 
l'aurore  boréale  du  4,  au  3  mars,  on  a  pu  enregistrer  plus  de  50  se- 
cousses avec  détonations. 

—  M.  Lœwy  annonce  la  découverte  de  deux  nouvelles  planètes  trou- 
vées la  première  (119)  à  Paris,  le  9  avril,  par  M.  Paul  Henry  ;  la  se- 
conde (120)  à  Marseille,  le  10  avril,  par  M.  Borelly;  la  planète  (11 9) est 
un  peu  plus  brillante  que  (120);  elles  sont  toutes  les  deux  à  peu  près  de 
onzième  grandeur.  Voici  leurs  positions. 

Asc.  dr.  Dist.  pol. 

119  13  avril.    10*20"  46"    T.M.Paris.        13M5m41%81      98o20'43",<5 

120  9  48    21  1158   58,56      94  54    2,9 

—  Sur  un  procédé  d'intégration  par  approximation  successive 
d'un*  certaine  équation  de  la  p  las  to  dynamique,  par  M.  Ed.  Cobh 
bbscure. 

—  Sur  la  chaleur  de  formation  des  composés  oxygénés  de  Va&ole^ 
par  M.  Berthelot. — De  la  comparaison  entre  trois  séries  de  détermi- 
nations thermiques  de  la  formation  des  acides  nitriques  etnitreux,  par 
MM.  Favre,  Troost  et  Hautefeuille,  Thotnsen,  M.  Berthelot  tire  les 
conclusions  suivantes  : 

La  discordance  entre  ces  trois  séries  d'expériences  est  extrême  :  elle 
me  parait  trop  grande  pour  pouvoir  être  expliquée  par  la  différence  des 
méthodes  et  des  instruments,  quelle  que  soit  la  part  d'erreur attribuable 
à  ceux-ci.  Il  me  semble  plus  probable  que  certaines  des  équations  ad- 
mises par  les  auteurs  sont  inexactes  ;  lés  propriétés  physiques  singu- 
lières de  ce  que  l'on  est  convenu  d'appeler  la  vapeur  nilreuse  ou  l'a- 
cide hyponi  trique  ne  répondent  guère  à  celles  d'un  composé  défiai  et 
complètement  formé  ;  peut- être  d'ailleurs  le  caractère  lent  et  progressif 
de  certaines  réactions  vient-il  compliquer  les  mesures. 


712  LES  MONDES. 

En  tous  cas,  ces  mesures,  prises  les  unes  et  les  autres  par  des  expé- 
rimentateurs exeercés,  montrent  quelle  modestie  est  imposée  aux  sa- 
vants dans  l'exposition  de  leurs  résultats,  et  combien  nous  devons  nous 
garder  d'envisager  nos  observations  personnelles  comme  la  mesure 
unique  et  définitive  de  l'erreur  et  de  la  vérité. 

—  M.  Gillot  réclame  contre  M.  Gruner  la  priorité  du  fait  que  si  Ton 
soumet  pendant  un  temps  assez  long  un  morceau  de  fer  à  un  courant 
gazeux  élevé  à  une  température  de  400  à  500  degrés,  et  contenant  une 
quantité  suffisante  d'oxyde  de  carbone,  on  obtient  constamment  de  l'a- 
cier. Mais  il  n'admet  pas  avec  M.  Gruner  la  réduction  de  l'oxyde  de  fer 
par  le  carbone  en  nature  ;  il  admet,  au  contraire,  avec  M.  Leplay,  que 
le  carbone  en  nature  n'a  aucune  action  sur  le  fer  et  sur  ses  oxydes. 

—  M.  Lecocq  de  Boisbaudran  a  constaté  que  si  l'on  fait  passer  l'é- 
tincelle d'induction  au  travers  d'un  tube  contenant  de  la  vapeur  d'eau 
raréfiée,  Use  forme  de  belles  stratifications  blanches  dont  la  lumière  se 
résout  en  quatre  raies  principales ,  grasses  et  nébuleuses ,  quoique 
vives,  et  en  deux  autres  raies  nébuleuses  beaucoup  plus  faibles.  Il  n'y 
a  pas  de  traces  des  raies  de  l'hydrogène. 

—  Statique  des  cultures  industrielles  :  le  houblon,  par  M.  Muntz. 
— •  Le  but  principal  de  ces  expériences  est  de  déterminer  les  quantités 
de  principes  assimilés  pendant  le  développement  du  houblon,  et  par 
suite,  les  éléments  définitivement  enlevés  au  sol  par  la  récolte.  Le  but 
secondaire  est  l'étude  de  l'assimilation  des  principaux  éléments  à  di- 
verses phases  du  développement  de  la  plante,  en  comparant  la  compo- 
sition des  différents  organes  à  deux  époques  de  la  végétation.  En  par- 
tant des  résultats  des  analyses,  on  trouve  que  le  17  septembre,  époque 
de  la  cueillette,  les  éléments  assimilés,  ramenés  à  l'hectare,  contenant 
en  moyenne  6  316  plants,  étaient 

kU. 

Eau  ...  , 11270,270 

Carbone 2624,361 

Hydrogène  . 315,547 

Oxygène 2011,393 

Azote 91,141 

Acide  phosphorique 22,699 

Magnésie 24,352 

Potasse 41,812 

Soude 0,455 

Matières  minérales  non  déterminées  .  .  .  133,278 

16535,288 


LES  MONDES.  713 

—  Nouveaux  faits  pour  servir  à  Vhistoire  des  phénols,  par  M,  L. 
Dussart  et  Ch.  Bar© y. —  Le  but  de  cette  note  est  de  confirmer  par  de 
nouveaux  faits  cette  thèse  des  auteurs  :  que  les  phénols  ont  avec  les 
alcools  proprement  dits  un  grand  nombre  de  propriétés  communes,  et 
que  pour  vaincre  l'inertie  de  leurs  molécules,  il  suffit,  le  plus  souvent, 
de  l'emploi  plus  énergique  de  la  chaleur  et  de  l'action  prolongée  du 
temps.  Ils  démontrent  que,  dans  sa  combinaison  avec  l'acide  sulfurique, 
le  phénol  conserve  l'énergie  de  sa  molécule  et  peut  se  prêter  aux  trans- 
formations des  composés  analogues  de  la  série  des  alcools  proprement 
dits.  Ils  maintiennent,  contre  MM.  Girard  et  de  Lair,  que  le  phénol, 
chauffé  à  250*  en  présence  de  chlorhydrate  d'aniline  et  d'acide  chic- 
rhydrique,  se  combine  pour  donner  de  la  diphénilamine. 

—  Sur  une  détermination  plus  précise  de  certains  genres  de  coni- 
fères jurassiques  par  l'observation  de  leurs  fruits,  par  M.  deSAPORTA. 
—«Les  genres  jurassiques  ou  plutôt  oolithiques,dont  je  viens  de  déter- 
miner les  affinités  par  l'observation  combinée  des  rameaux  et  des 
fruits,  sont  au  nombre  de  huit,  dont  un  représente  les  Walchiées,deux 
les  Àraucariées,  deux  les  Séquoiées  et  trois  les  Cupressinées.  De  ces 
huit  types,  trois  paraissent  avoir  survécu  :  ce  sont  les  Araucaria,  Ar» 
tkrotaxis  (Echinostrobus)  et  Widdringtonia.  Il  est  digne  de  remarque 
que  tous  les  trois  sont  actuellement  relégués  au  sud  de  l'équateur,  cir- 
constance qui  donne  la  mesure  des  changements  survenus  et  de  l'inté- 
rêt même  qui  s'attache  à  l'étude  de  l'ancienne  végétation  jurassique*  » 

—  Premiers  effets  de  la  fécondation  sur  les  œufs  de  poissons  :  sur 
l'origine  et  la  signification  du  feuillet  muqueux  et  glandulaire  chez 
les  poissons,  par  M.  Ch.  VanBambbrg.  —  «  En  résumé  :  1°  sous  l'in- 
fluence de  la  fécondation ,  le  disque  germinatif  de  l'œuf  des  poissons 
osseux  se  sépare  en  deux  couches  :  une  supérieure,  moins  riche  en  gra- 
nulations vitellines,  qui  se  segmente  ;  une  inférieure,  très-chargée  de 
granulations,  ne  prenant  aucune  part  au  fractionnement,  et  dans  la- 
quelle les  cellules  se  développent  par  voie  endogène  ; 

2°  La  couche  inférieure  du  disque  germinatif  fécondé,  tout  en  ne 
participant  pas  à  la  segmentation ,  fait  néanmoins  partie  du  blasto- 
derme; nous  ne  pouvons  donc  la  comparer,  à  l'exemple  de  Lereboul- 
let,  au  vitellus  nutritif  ; 

3*  Cette  couche  intermédiaire,  qui  sépare  le  blastoderme  fragmenté 
du  globe  vitellin,  se  compose  d'un  bourrelet  périphérique  plus  épais  et 
d'une  partie  centrale  mince; 

4*  La  couche  intermédiaire  acccompagne  le  reste  du  blastoderme 
dans  son  développement  autour  du  globe  vitellin ,  sur  lequel  elle  s'étale  ; 

5°  La  partie  centrale  mince  est  l'homologue  du  feuillet  muqueux 
ou  glandulaire.  » 


714  LES  MONDES. 

—  Découverte  d'un  squelette  humain  de  Vâge  d\k  renne,  a  Lau- 
çerie-Basse  (Dordogne),  par  MM.  Massenat,  Ph.  Laiakde  et  Cae- 
tailhac. —  Ces  Messieurs  ne  craingnent  pas  d'affirmer  que  le  squelette 
trouvé  par  eux  est  celui  d'un  sauvage  de  l'âge  du  renne,  victime  d'un 
éboulement  des  rochers  bous  lesquels  il  s'abritait.  Il  était  situé  à  près  de 
3  mètres  au-dessous  de  la  surface  des  foyers  de  l'époque  du  renne,  au- 
dessous  d'une  couche  de  rochers.  La  tète  était  au  nord-est  du  côté  de 
la  Vezère,  les  pieds  au  sud-ouest,  vers  le  rocher.  11  était  allongé  sur  le 
côté  et  tout  à  fait  accroupi  ;  la  main  gauche  sous  le  pariétal  gauche,  la 
droite  sur  le  cou  ;  les  coudes  touchant  à  peu  près  les  genoux,  un  pied 
rapproché  du  bassin.  Les  os  étaient  presque  en  place,  il  y  avait  eu  à 
peine  un  léger  tassement  des  terres  ;  mais  la  colonne  vertébrale  était 
écrasée  par  l'angle  d'un  gros  bloc,  et  le  bassin  était  brisé.  Nous  ne 
pouvons  admettre,  s'écrient  ici|les  découvreurs,  qu'il  s'agisse  d'une  sé- 
pulture quaternaire,  d'un  squelette  que  l'âge  de  la  pierre  polie  pour- 
rait revendiquer...  Son  âge  ne  peut  être  un  seul  instant  douteux... 
Suivant  eux,  quoiqu'ils  ne  le  disent  pas  explicitement,  c'est  un  homme 
tertiaire  enfoui  sous  un  éboulement,  non  enseveli...  Et  sans  s'en  douter 
ils  ajoutent  immédiatement  leur  condamnation.  Sur  le  squelette  nous 
avons  trouvé  une  vingtaine  de  coquilles,  disséminées  par  couples,  deux 
sur  le  front,  deux  près  des  deux  humérus,  quatre  dans  la  région  des 
genoux  ;  deux  sur  chaque  pied;  sans  traces  de  vêtements;  et  deux  de 
ces  coquilles  sont  de  grosses  porcelaines  de  la  Méditerranée...  Avouez 
que  voilà  un  bien  drôle  d'ensevelissement  par  éboulement.  Les  coquilles 
se  trouvent  là,  tout  exprès,  pour  se  grouper  symétriquement  deux  à  deux 
le  long  du  squelette  sans  que  le  choc  les  dérange  et  les  écrase.— F.  M. 

—  De  l'enseignement  de  la  géographie  dans  les  écoles  primaires, 
par  M.  de  Rouyille.  —  <c  L'heure  est  venue  de  secouer  notre  insou- 
ciance pour  les  notions  géographiques?  Comment?  En  refaisant  notre 
éducation  par  l'enfance  de  l'école?  Par  quelle  méthode?  Par  l'appli- 
cation à  des  notions  plus  générales  de  notions  spéciales  et  locales,  que 
l'enfant  possède  sans  les  avoir  apprises  et  sans  en  avoir  conscience  : 
géographie  du  village,  de  la  commune,  du  canton,  du  département,  de 
la  France,  de  l'Europe,  du  monde. 

—  Lueurs  polaires  observées  à  Paris  dans  la  soirée  du  10  avril, 
par  M.  Chapelas.  —  Dès  le  matin  on  constate  autour  de  l'horizon 
une  brume  épaisse,  légèrement  piquante  aux  yeux,  brouillard  sec  (en- 
vahissement de  matière  cosmique)  qui  s'étendant  toujours,  couvre  en- 
tièrement le  ciel  et  devient  d'une  densité  telle  qu'en  plein  midi  on  peut 
fixer  le  soleil  ;  le  vent  a  sauté  du  nord  au  sud.  8  h.  30  m.,  aurore 
boréale  naissante;  9  h,  45  m,,  nébulosités  polajuses  avec  teinte  rouge 


LES  MONDES.  715 

très-foncée  ;  9  h.  23  m .,  joli  rayon  d'un  beau  blanc  d'argent,  long  de 
près  de  40  degrés,  qui  disparaît  premptement;  9  h.  30  ni.,  plaques 
rouges  s'étendant  depuis  «de  Céphée  jusqu'au  delà  des  pieds  de  Persée  ; 
9  h.  3H  m.,  plusieurs  beaux  rayons  alternativement  blancs,  rouges  et 
verts  ;  9  h,  45  ni.,  le  phénomène  a  disparu. 

—  De  la  prévision  des  aurores  magnétiques  à\Vaide  des  courants 
terrestres.  Aurore  boréale  du  10  avril,  par  M.  Sureau,  directeur  du 
télégraphique  de  Brest.  Note  de  M.  Tabry.  —  La  station  de  Brest,  où 
le  câble  transatlantique  se  réunit  au  fil  télégraphique  qui  joint  Paris 
à  l'extrémité  ouest  du  réseau  français,  est  très-bien  placée  d'une  ma- 
nière exceptionnelle  pour  donner  de  pareils  avertissements.  En  effet, 
les  courants  terrestres  qui  se  produisent  dans  les  fils  télégraphiques  à 
l'approche  des  aurores  magnétiques  parai  ssent  sur  tout  dirigés  de  Touest 
à  Test,  et  ils  sont  plus  énergiques  sur  les  lignes  longues  que  sur  les 
lignes  courtes.  Le  4  février  dernier,  les  courants  continus  dans  les  fils 
télégraphiques  s'étaient  produits  à  Brest  dès  2  h.  30  m.,  et,  à  3  heures 
du  soir,  toute  communication  entre  cette  station  et  Paris  était  complè- 
tement interceptée.  On  sait  combien  a  été  belle  l'aurore  qui  a  suivi. 
Le  10  avril,  les  mêmes  courants  continus  ont  été  observés  simultané- 
ment en  France  et  en  Amérique  dès  1  h.  30  m.  du  soir.  A  Saint-Pierre- 
Miquelon,  on  constatait  la  présence  de  courants  très-forts  dans  le  câble 
transatlantique,  et  sur  le  fil  de  Brest  à  Paris  on  observait  un  courant 
continu  donuant  au  galvanomètre  une  déviation  de  3  à  5  degrés  qui, 
à  deux  heures,  atteignait  10  degrés. 

A  5  heures  du  soir,  M.  Sureau  m'adre6sa  un  télégramme  qui  a  été 
transmis  (tardivement)  à  l'Observatoire  de  Paris,  pour  m'informer  de 
ce  qu'il  observait  et  m'avertir  qu'il  y  aurait  une  aurore  le  soir.  Une 
absence  m'empêcha  de  profiter  de  l'avertissement  ;  mais  s'il  existait  en 
France  une  association  d'observateurs  attentifs  à  noter  les  circonstances 
lumineuses,  magnétiques  et  spectroscopiques  des  aurores,  de  même 
qu'il  existe  en  Italie  une  association  pour  l'observation  des  phénomènes 
qui  se  produisent  dans  l'atmosphère  solaire,  les  membres  de  cette  as- 
sociation eussent  pu  être  prévenus  à  temps,  et  l'aurore  qui  a  été  aperçue 
dans  la  nuit  du  10  au  11  à  Thursô,  Hernosand,  Stockolm  et  Brest  eut 
pu  l'être  dans  un  beaucoup  plus  grand  nombre  de  stations.  C'est  un 
fait  qu'il  est  utile  de  constater. 

Voici  maintenant  le  détail  des  observations  recueillies  à  Brest  par 
M.  Sureau. 

Dans  le  câble  transatlantique,  des  courants  faibles  se  produisent  de 
lh30"  à  8  heures  du  soir,  le  10  avril.  A  8h10m  le  spot  (la  tache,  nom 
donné  au  signal  lumineux)  oscille  et  dépasse  l'écran  qui  réfléchit  le 


716  LES  MONDES. 

signal  du  miroir;  le  travail  devient  impossible  par  intervalles  jusqu'à 
iOh5m.  A  partir  de  ce  moment,  l'interruption  devient  absolue  et  se 
continue  jusqu'à  4h45m  du  matin,  le  H  avril.  La  conséquence  des 
perturbations  fut  une  aurore  boréale  visible  à  Brest,  de  8  heures  du 
soir  à  minuit. 

—  Etude  sur  les  aurores  boréales  en  général,  à  propos  de  tau- 
rare  boréale  du  4  avril  1872,  par  M.  Heis,  de  Munster.  —  A 
Munster,  chaque  aurore  boréale  est  observée  avec  soin;  les  détails 
sont  suivis  et  notés  de  minute  enlninute.  Afin  de  déterminer  la  hau- 
teur ou  la  parallaxe  de  ces  apparitions,  le  Dr  Heis  s'est  entendu  avec 
un  certain  nombre  d'observateurs  plus  ou  moins  éloignés,  qui  s'at- 
tachent à  reporter  sur  une  carte  les  rayons  les  plus  remarquables,  en 
ayant  soin  de  noter  l'heure.  On  a  obtenu  de  cette  manière  des  résultats 
fort  intéressants.  Toutefois,  M.  Heis  s'est  assuré,  par  la  discussion  de 
ces  données,  qu'une  distance  de  32  kilomètres  entre  les  stations  n'est 
pas  suffisante  pour  faire  ressortir  une  parallaxe  sensible  dans  la  posi- 
tion des  rayons  auroraux. 

Le  savant  professeur  a  inséré  dans  sa  lettre  un  tableau  destiné  à 
mettre  en  évidence  la  simultanéité  des  aurores  boréales  et  australes 
sur  les  deux  hémisphères,  ainsi  que  des  perturbations  magnétiques 
qui  les  accompagnent.  11  s'est  appuyé  sur  des  documents  qu'il  a  ob- 
tenus de  son  collaborateur,  M.  Mœrlin,  assistant  à  l'Observatoire 
astronomique  et  physique  de -Melbourne,  en  Australie  (long.,  9h30m34* 
E.;lat,  —  37<>49'55"). 

De  janvier  i870  à  juillet  1871  le  nombre  des  aurores  polaires,  vues 
le  même  jour  en  Europe  et  à  Melbourne,  dépasse  50. 

—  M.  Sacc  adresse  une  note  relative  aux  divers  principes  contenus 
dans  les  olives  mures.  Les  comptes  rendus  n'en  donnent  que  le  titre. 

— •  ty.  C.  Alban,  d'une  étude  microscopique  attentive  de  la  précipi- 
tation des  métaux  les  uns  par  les  autres,  tire  les  conclusions  sui- 
vantes :  1°  toutes  les  fois  qu'un  métal  est  précipité  de  ses  solutions 
salines  par  un  autre  métal,  le  métal  précipité  affecte  une  forme  arbo- 
rescente microscopique  distincte  pour  chaque  métal  ;  2°  toutes  les  fois 
que  l'on  fait  cristalliser  un  sel,  dans  des  circonstances  appropriées,  la 
cristallisation  affecte  une  forme  arborescente  microscopique,  diffé- 
rente pour  chaque  sel. 

—  M.  Larrey  présente  un  ouvrage  imprimé  en  anglais  et  portant 
pour  titre  :  Rapports  sur  les  baraques  des  hôpitaux  avec  la  descrip- 
tion des  postes  militaires  aux  Etats-Unis. 

—  M.  Milne  Edwards  présente,  de  la  part  de  l'auteur,  la  36  édition 
de  l'ouvrage  intitulé  :  Pre-historic  Times  as  illustrated  by  ancient 


LES  MONDES.  717 

remains,  par  sir  J.  Lubbock,  vice-président  de  la  Société  royale  de 
Londres.  Il  ajoute  que  ce  livre  contient  beaucoup  d'observations  nou- 
velles et  intéressantes  relatives  aux  peuples  primitifs,  dont  l'existence 
nous  est  révélée  par  les  restes  de  divres  produits  de  leur  industrie,  dé- 
couverts depuis  quelques  années  dans  des  terrains  meubles  plus  ou 
moins  anciens. 

—  M.  Chasles  présente  à  l'Académie  les  deux  livraisons  de  no- 
vembre et  décembre  1871  du  Bulletin  des  sciences  mathématiques  et 
astronomiques,  ainsi  que  le  numéro  de  janvier  1872,  qui  commence 
la  troisième  année  de  cette  utile  publication.  Au  sujet  d'une  courte 
notice  de  M.  Darboux  sur  un  traité  des  courbes  du  troisième  ordre  de 
M.  Durège,  professeur  à  l'Université  de  Prague,  M.  Chasles  appelle 
l'attention  de  l'Académie  sur  les  progrès  considérables  que  plusieurs 
branches  des  mathématiques  ont  faits  depuis  quelques  années,  sur- 
tout en  Allemagne,  en  Angleterre,  ainsi  qu'en  Italie,  a  Les  nom- 
breuses  citations/dit-il,  que  renferme  cet  ouvrage,  concernant  des 
recherches  accomplies  à  l'étranger,  par  divers  géomètres,  suffiraient 
pour  attester  ces  progrès,  et  nous  faire  reconnaître  l'insuffisance  de 
notre  enseignement  supérieur.  Et,  en  effet,  cet  enseignement  est  en- 
core à  très-peu  près  tel  qu'il  a  été  fondé  il  y  a  plus  de  soixante  ans, 
lors  de  l'organisation  de  l'Université  et  des  Facultés.  Je  suis  tellement 
effrayé  des  conséquences  non  douteuses  de  son  insuffisance  actuelle 
(je  ne  parle  ici,  bien  entendu,  que  des  mathématiques),  que  je  prends 
la  liberté  d'invoquer  la  sollicitude  de  l'Académie,  et  de  rappeler  que 
l'an  dernier,  sur  l'initiative  de  notre  confrère  M.  Henri  Sainte-Claire- 
Deville,  l'Académie  avait  reconnu  qu'il  y  avait  lieu  de  se  livrer  à  une 
étude  et  à  une  discussion  approfondie  sur  l'état  de  l'enseignement 
dans  diverses  parties  des  sciences.  Des  propositions  même,  formulées 
nettement  par  notre  très-regretté  confrère  M.  Combes,  et  par  M.  Du- 
mas, nous  avaient  été  communiquées  et  devaient  être  le  sujet  d'un 
examen  préparé.  Malheureusement  d'autres  travaux  incessants,  et  la 
pensée  peut-être  que  ces  questions  seraient  traitées  dans  d'autres  réu- 
nions, ont  fait  ajourner  la  reprise  de  ce  projet  si  important,  et  sur  le- 
quel j'appelle,  avec  une  vive  conviction,  la  participation  si  légitime  de 
l'Académie.  » 

Les  comptes  rendus  formant  67  pages  in  4*  étaient  signés  par 
M.  Dumas.—  F.  Moigno. 


718  LES  MONDES. 

REVUE  ÉTRANGÈRE,   PAR  M.   J.-B.   VIÛLLET, 

Sur  le»  effet*  de»  excrétions  animale»  contenue» 
dan»  l'eau,  par  M.  le  professeur  Chandleu.  —  M.  le  professeur 
Chandler  a  publié  dans  Y  American  Chemist  et  dans  le  Scientific  Ame- 
rican, des  observations  nombreuses  et  importantes  sur  les  effets  des 
matières  animales  dissoutes  dans  les  eaux. 

Les  produits  de  la  décomposition  de  ces  matières  sont  une  des  plus 
graves  causes  d'insalubrité,  quoiqu'il  n'en  soit  pas  à  beaucoup  près  de 
même  des  matières  organiques  végétales«Ces  produits  animaux  qui 
souillent  les  eaux  ne  sont  pas  toujours  perceptibles  au  goût.  Au  con- 
traire, les  eaux  qui  en  contiennent  sont  souvent  recherchées  comme  très- 
agréables,  bien  qu'elles  renferment  de  véritables  poisons  agissant  active- 
ment à  de  très-petites  doses.  On  attribue  maintenant  plusieurs  mala- 
dies des  espèces  les  plus  fatales,  à  l'usage  des  eaux,  empoisonnées  par 
le  mélange  des  liquides  des  égouts  filtrant  à  travers  le  sol,  et  chargés 
de  matières  excrémentielles*  Beaucoup,  d'épidémies  dyssentériques 
éclatent  soudainement  par  suite  de  l'extravasement  des  liquides  des 
égouts  ou  des  fosses  dans  les  puits,  ou  d'une  disposition  particulière 
de  la  saison,  sans  que  l'apparence  des  eaux  indique  le  danger.  Ces 
eaux,  filtrées,  limpides  et  transparentes,  ne  portent  pas  moins  les 
germes  du  mal.  Ainsi,  dans  un  couvent  de  Munich,  31  personnes  sur 
121  furent  atteintes  de  la  fièvre  typhoïde  ;  le  bureau  de  salubrité  de  la 
ville  reconnut  que  le  puits  était  souillé  par  les  filtrations  d'un  égout 
voisin,  et  l'épidémie  disparut  aussitôt  après  l'exécution  des  répara- 
tions. Une  cause  absolument  semblable  produisit  les  mêmes  résultats 
dans  une  pension  nombreuse  de  jeunes  demoiselles  à  Pittsfield  (Mas- 
sachussets.) 

11  en  a  été  de  même,  en  1866,  à  Edgewater,  dans  un  quartier  de 
Staten-lsland,  où  un  propriétaire  s'était  avisé  d'obtruer  un  égout  de 
drainage;  plusieurs  décès  furent  la  suite  de  cette  imprudence. 

M.  le  docteur  Stephen  Smith,  un  des  commissaires  du  conseil  de 
salubrité,  décrit  un  cas  semblable  arrivé  par  la  rupture  d'une  pompe, 
pour  la  réparation  de  laquelle  le  temps  manquait,  à  cause  des  travaux 
de  la  moisson.  Les  habitants  de  la  maison,  située  sur  une  élévation, 
dans  les  conditions  les  plus  salubres,  envoyèrent  puiser  de  l'eau  d'un 
ruissaau  voisin  qui  traversait  les  dépendances  de  plusieurs  fermes  et 
recevait  les  eaux  de  drainage  de  leur  superficie.  Deux  ou  trois  semaines 
après,  la  famille  fut  atteinte  de  fièvre  typhoïde  de  la  pire  espèce,  et 
s  mourut  tout  entière,  à  l'exception  de  deux  de  ses  membres  qui  n'avaient 
pas  bu  de  l'eau  empoisonnée. 


LES  MONDES  749 

New-York,  pendant  le  siècle  dernier,  avant  ta  construction  des 
égouts  et  l'introduction  de  l'eau  de  la  Croton ,  était  périodiquement  rava  • 
gée,  à  peu  d'années  de  distance,  par  des  épidémies  meurtrières,  que 
l'on  attribue  maintenant  à  l'infection  des  puits  par  les  liquides  des 
fosses.  En  effet,  ces  épidémies  ont  disparu  avec  leurs  causes. 

Le  choléra,  bien  qu'il  ne  paraisse  pas  être  causé  à  son  origine  par 
la  mauvaise  qualité  de  l'eau,  est  cependant  propagé  parles  puits  et  les 
cours  d'eau  infectés. 

A  Exeter,  en  Angleterre,  on  compta,  en  1832, 4 000  décès  cholé- 
riques.  On  amena  ensuite  d'un  canton  voisin,  situé  à  3  kilomètres  en 
amont,  et  an-dessus  du  point  où  la  rivière  recevait  les  produits  des 
égouts  de  la  ville,  un  volume  suffisant  d'eau  pure  ;  aussi,  au  retour  du 
choléra,  en  4849,  necompta-t-on  que  44  cas,  et,  en  4 854, n'en  vit-on 
presque  aucun. 

A  Londres  aussi,  en  4834,  l'eau  fournie  par  la  Compagnie  de  South  - 
wark  contenait  des  produits  d'égouts,  tandis  que  celle  de  la  Compagnie 
de  Lambeth  était  très-pure.  Les  tuyaux  des  deux  compagnias  passaient 
dans  les  mêmes  rues,  et  fournissaient  l'eau  indistinctement  des  deux 
côtés.  Parmi  les  personnes  servies  par  la  Compagnie  de  Southwark, 
les  décès  s'élevèrent  à  430  pour  40  000,  et  furent  seulement  de  37, 
aussi  sur  40000,  parmi  les  personnes  qui  recevaient  l'eau  de  la  Com- 
pagnie Lambeth.  Durant  l'épidémie  précédente,  4848  à  4849,  la  diffé- 
rence avait  été  en  sens  inverse,  les  décès  parmi  les  clients  de  Lambeth, 
ayant  été  de  425  pour  40000,  tandis  que  parmi  ceux  de  South  - 
wark,  ih  n'avaient  été  que  de  4 18  pour  40  000.  Mais,  à  cette  époque, 
la  prise  d'eau  de  la  Compagnie  de  Lambeth  était  à  un  point  plus  bas 
en  aval. 

Un  autre  exemple  frappant  a  été  observé  à  Londres.  La  fameuse 
pompe  de  Broadsfreet  fournissait  l'eau  dans  un  des  quartiers  les  plus 
élégants  du  West-End.  Pendant  l'épidémie  de  4848-4849,  cette  pompe 
tua  500  personnes  en  une  semaine,  par  la  dissémination  du  choléra. 
La  portion  riche  de  ce  quartier  se  réfugia  à  Brompton,  campagne  à  la 
mode  pendant  l'été,  et  située  à  8  kilomètres  en  amont,  mais  bientôt  le 
choléra  y  éclata.  Le  bureau  de  salubrité  découvrit  alors,  par  une  en- 
quête, que  ces  émigrés  avaient  conservé  l'habitude  d'envoyer  chercher 
à  la  pompe  de  Broadstreet  l'eau  nécessaire  pour  leur  thé,  et  avaient 
ainsi  importé  le  choléra.  Un  exemple  singulier  fut  celui  d'une  demoi- 
selle âgée  qui  s'était  retirée  à  Hampstead,  à  5  kilomètres  de  la  pompe 
de  Broadstreet,  et  qui  y  envoyait  tous  les  jours  sa  femme  de  chambre 
pour  emplir  sa  théière.  Ces  deux  personnes  furent  seules  attaquées  du 
choléra  à  Hampstead. 


720  LES  MONDES. 

On  sait  qu'en  Islande  un  sixième  des  décès  proviennent  de  la 
présence,  dans  le  foie,  d'hydatides  qui  sont  des  larves  du  taenia  des 
chiens,  et  que  les  jeunes  sangsues  qui  se  trouvent  dans  l'eau  des  fon- 
taines se  fixent  quelquefois  sur  le  pharynx. 

Tous  ces  faits  et  quelques  autres  analogues,  que  nous  ne  rapportons 
pas,  prouvent  que  l'eau  contribue  puissamment  à  la  dissémination  de 
maladies  des  plus  graves,  notamment  de  la  fièvre  typhoïde  et  du  choléra. 
De  1856  à  1866,  on  a  compté,  en  Angleterre,  21  000  décès  par  le  cho- 
léra et  150  000  par  la  ièvre  typhoïde.  On  est  fondé  à  croire  que  les 
trois  quarts  au  moins  de  ces  décès  auraient  pu  être  prévenus  par  de 
sévères  précautions  pour  maintenir  la  pureté  des  eaux,  et  les  admi- 
nistrations ne  sauraient  prendre  trop  de  moyens  pour  en  assurer  aux 
populations  la  salubrité  et  l'abondance.  (American  Ghemist  et  Scientific 
American.) 

Causes  dea  variation*  atmoapliériqiie*,  par  Sir  Ch. 
Lyell.  —  Dans  la  nouvelle  édition  de  ses  Principes  de  Géologie,  sir 
Charles  Lyell  étudie  de  nouveau  toute  la  question  de  l'influence  rela- 
tive des  causes  astronomiques  de  la  distribution  de  la  terre  et  des  mers 
sur  les  différences  des  climats  ;  et,  après  avoir  comparé  et  discuté  un 
grand  nombre  de  nouvelles  observations,  insiste  sur  les  opinions  qu'il 
a  exprimées  précédemment.  IL  croit  donc  que,  malgré  l'influence  in- 
contestablement exercée,  dans  certaines  limites,  sur  la  température 
par  les  phénomènes  séculaires  de  l'astronomie,  la  cause  réelle  à  la- 
quelle on  doit  attribuer  les  effets  les  plus  importants  est  encore  la 
distribution  géographique  des  terres  et  des  mers.  Le  point  le  plus  re- 
marquable de  cette  question,  point  sur  lequel  on  a  souvent  occasion  de 
revenir  avec  le  plus  d'intérêt,  est  la  discussion  des  causes  des  courants 
océaniques  qui  a  été  dernièrement  traitée  d'une  manière  très -supé- 
rieure par  M.  le  docteur  Carpenter.  Sir  Charles  Lyell  fait  voir  que  la 
théorie  qui  attribue  la  circulation  océanique  à  des  différences  de  den- 
sité est  fondée  sur  des  observations  fautives  ou  inexactement  expli- 
quées. Il  prouve,  en  se  référant  aux  observations  des  officiers  de  la 
marine  royale  d'Angleterre,  que  les  courants  du  détroit  de  Gibraltar, 
par  exemple,  qui  avaient  souvent  été  invoqués,  sont  dus  principale- 
ment aux  phénomènes  de  la  marée. 

D'un  autre  cAté,  l'astronome  royal  d'Ecosse,  dans  une  notice  récente 
sur  les  thermomètres  de  l'Observatoire  d'Edimbourg,  regarde  comme 
probable  une  connexion  entre  les  phénomènes  météorologiques  et  les 
taches  du  soleil.  [Athcnœum.) 

FIN  DU  XXVIIe  VOLUME. 
PARIS.  —  TTP.  WÀLDER,  RUS-  BOlfAPARTl,  44. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE 


DES  NOMS  D'AUTEURS. 


ABBOTT  (F.)*  Argo  et  sa  nébuleuse, 
P.  704. 

ADAM.  Coueense  automate,|  p.  56,  114» 

ADRIANSE  (A.  ).  Dosage  de  l'acide  phos- 
phorique,  p.  80. 

AGABS1Z.  Collection  d'histoire  naturelle, 
p.  225.  —  Investigations  sous-marines, 
p.  305.  —  Nommé  associé  étranger 
p.  404*  —  Méduse  ou  poissons  gélati- 
neux, p.  584. 

AIR  Y.  Nommé  assooié  étranger,  p.  404. 
— Soirée  de  la  Société  royale  de  Londres, 
p.  600.  —  Eléments  de  l'orbite  de  la 
lune,  p.  660. 

ALAJDOF.  Irritabilité  de  la  moelle  épl- 
ni  ère,  p.  147. 

ALBAN  (G.).  Précipitation  des  métaux, 
p.  716. 

ALBARET.  Moissonneuse,  p.  538. 

ALBENQUE  (Y.).  Sur  l'artillerie  rayée, 
p.  576. 

ALIX(E.).  Nerf  dépresseur  chez  l'hippo- 
potame, p.  456. 

ALKER.  Cuivre  galvanique,  p.  48* 

AL  WIN  RUMPLER.  Recherche  de  l'aei* 
dite  existante  dans  les  huiles,  p.  835. 

AMAN.  Prix  de  1,000  fr.  p.  678. 

AM8LER.  Intégrateur,  p.  548. 

ANDERSON.  Feutres  pour  toitures,  p.  156. 

ARGELANDBR.  Tremblements  de  terre, 
p.  150. 

ARLINCOURT  (d').  Relais  télégraphiques, 
p.  2,  22.  —  Télégraphe  autographique, 
p.  104. 

ARMENG  AUD.  Couseuse  automate,  p.  116 

ARMSTRONG  (Sir  William).  Enolume 
monstre,  p.  51. 

ARSON.  Causes  de  la  déviation  des  com- 
pas de  marine,  p.  302. 

TABLES  DU  70MB  XXVII. 


B 


BAER.  Prix,  p.  150. 

bâillon:  Développement  de  la  fleur  et 
du  fruit,  p.  276. 

BALARD.  Génération  spontanée,  p.  213. 
—  Sur  les  expériences  de  M.  Pasteur, 
p.  244.  —  Théorie  de  la  fermentation, 
p.  265.  —  Conservation  des  vins  par  U 
chauffage,  p.  402. 

BAMderg  (Van).  Fécondation  des  mars 
de  poisson,  p.  713. 

BARBIER  (Ph.).  Production  du  cymène 
par  l'hydrate  d,eseence  de  thérébentiue, 
p.  242. 

BARDOU.  Instruments  emportés  par 
M.  Janssen  sur  la  côte  de  Malabar, 
p.  132. 

BARDY  (Oh.).  Transformation  du  phénol 
en  alcaloïdes,  p.  219.  —  Histoire  des 
phénols,  p.  713. 

BARRAL.  Notice  sur  M.  Combes,  p.  677. 

BARRANDE  (J.).  Trilobites,  p.  688. 

BARRA  ULT  (Ferdinand).  Eucalyptus  glo- 
bulosa,  p.  371. 

BARRET.  Photogravure,  p.  3. 

BARTH.  Allocution  à  TAcadémie  de  mé- 
decine, p.  545.  —  Association  contre 
l'abus  des  boissons  alcooliques,  p.  465. 

BARTH  (Johann-Ambrosiusj,  Dénigre- 
ment des  travaux  de  Lavoisier,  p.  39. 

BARTHELEMY .  Etude  des  vibrations  mo- 
léculaires des  liquides,  p.  26. 

BATAL1N.  Action  de  la  lumière  sur  le 
tissu  de  quelques  plantes,  p.  148. 

BAC  DE.  Produit  des  chemins  de  fer  pour 
l'Etat,  p.  392. 

BAUDON.  Morcellement  des  balles,  p. 
319. 

B  AUD  RI  MONT.  Effet  de  la  lumière  vio- 
lette sur  la  végétation,  p.  824.  — -  Exis  * 


II 


LES  MONDES. 


tanoe  de  la  matière  minérale  dans  les 
plantes,  p.  579.  —  Nommé  professeur 
de  pharmacie  chimique,  p.  636. 

BEAUMOVT(Eliede).  Inspection  de  l'Ob- 
servatoire, p.  709. 

BEC  H  AMP  (A.),  fermentation  alcoolique 
par  Ja  levure  de  bière,  p.  217.  —  Mi- 
crozymas.  p.  410.  —  Corpuscules  de 
l'Atmosphère,  p.  407.  —  Fermenta  al- 
cooliques et  autres,  p.  475. 

BECHER.  L'éolipse  du  soleil  du  lt  dé- 
cembre* p.  337. 

BECQUEREL.  Influence  do  la  neige  sur  la 
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rie des  résidus,  p.  147. 

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trois  dimensions,  p.  556. 

BOURGOIK  (E.).  Sur  la  nature  complexe 
de  la  cathartine,  p.  87.  —  Faits  pour 
servir  à  l'histoire  de  l'acide  azotique, 
p.  88. 

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milieu  homogène,  p.  172.  —  Distribu- 
tion des  pressions  dans  un  milieu  ho- 
mogène, p.  255.  —  Intégration  d'une 
équation  aux  dérivées  partielles,  p.  276, 
p.  321,  537.  —  Médaille  d'argent,  p. 
589.  —  Ecoulement  de  l'eau  dans  les 
•  canaux,  p.  709. 

BOUSSINGAULT.  Matière  sacrée  sur  les 
feuilles  d'un  îiîleul,  p.  167.  —  Sorbite 
trouvée  dnns  les  baies  du  sorbier,  p.  630. 

BRANLY  (E.) .  Mesure  de  la  polarisation 
dans  l'élément  voltaïqne,  p.  366. 

BRAUN  (le  R.  K.  Charles).  Studi  vopra yli 
strumenti  mmjnetici,  p.  83. 

RRÉAL  (Michel).  Quelqnes  mots  sur  l'in- 
struction publique  en  France,  p.  535. 

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chrones,  p.  577. 

BRETON .  Hauteur  de  l'aurore  boréale  du 
4  février,  p.  411* 

BRETON  (Kii lippe).  Moyens  de  rendre 
visible  l'acide  carbonique,  p.  85. 

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jurassique,  p.  262. 

BrCcke.  Couleurs  complémentaires,  p. 
601. 

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Restes  de  mammifeies  dans  l'Altaï,  p. 
149.  —  ïdothea  «nfomon,  p.  15t.  —  L<- 
pas  anatifera,  p.  151.  —  Poil  de  mam- 
mouth, p.  151 . 

BULARD.  Prévisions  météorologiques, 
p.  456.  —  Prédictions  des  tremblements 
déterre,  p.  496. 


C 


CAILLETET  (L.j.  Origine  du  carboné 
fixé  par  les  végétaux,  p.  126,  — »  Mé- 
daille d'argent,  p4  589, 


LES  MONDES. 


ni 


CALVET  Culture  pastorale  dei  hantes 
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CARBY  LÉ  A.  Conservation  des  épreuves 
aux  sels  d'argent,  p.  656. 

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marines,  p.  305.  —  Causes  des  courants 
océaniques,  p.  720. 

CABRÉ  (F.).  Fabrication da  la  glaoe,  p. 
224. 

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p.  459.  —  Action  du  froid  sur  le  fer, 
p.  371. 

CARTAILHAC  ■  Squelette  humain,  p.  714. 

CARVALLO.  Duplication  du  cube,  p.  87. 
■—  Intégration  d'une  équation  différen- 
tielle, p.  16t Mémoires  de  mécanique 

rationnelle,  p.  215,  275. 

CASSE  (J.).  Appareil  ventilateur  calori- 
fère, p.  482. 

CATALAN*  Rapport  de  la  circonférence 
au  diamètre,  p.  216. 

CAVLEY  (A.).  Sur  les  courbes  aplaties, 
p.  495.  —  Lignes  géodésiques  dans  un 
ellipsoïde,  p.  660. 

CATROL.  Terrain  inférieur  de  laClape, 
p.  206. 

GAZIN.  Durée  de  l'étincelle  électrique, 
p.  452.  —  Quantité  de  magnétisme  des 
électro-aimants,  p.  497. 

CHARRIER.  Modifications  de  l'acide  ni* 
treux  au  contact  du  sol,  p.  180. 

CHACORNAC.  Formation  des  nébuleuses, 
p.  161. 

CHAMBERLAIN  (Henry  T.).  Nouveau 
procédé  de  fabrication  du  sucre,  p.  286» 

CHAMPOUILLON.  Putréfaction  cadavé- 
rique chez  les  sujets  alcoolisés,  p.  582. 

CHANCEL  Contraction  des  solutions  de 
sucre  au  moment  de  l'inversion,  p.  240. 

CHAJfDLER.  Effets  des  excrétions  ani- 
males ooatenoea  dans  l'eau,  p.  718. 

CHANTRAN  (S.).  Fécondation  des  éore- 
visses,  p.  220. 

CHANTRE.  PaJaffites  du  lac  de  Paladru, 
p.  244. 

CHAPCLAS.  Aurore  boréale  du  4  février, 
p.  240.  —  Lueurs  polaires  da  10  avril, 
p.  714. 

CHASLES.  Axes  harmoniques  des  courbes 
géométriques,  p.  88,  160.  —  Protesta* 
tion,  p.  629.  —  Bulletin  des  séanoes 
mathématiques,  p.  717. 

CHATEL  (Victor).  Végétation  extraordi- 
naire, p.  380.  —  Conférence  rurale, 
p.  419.  —Action  de  la  houille  menue 
sur  la  végétation,  p.  508. 

CHATJTARD.  Médaille  d'argent,  p.  589. 
—  Appareil  pour  démontrer  les  lois  de 
la  réflexion  au  son,  p.  668.  —  Les  in- 
cendies modernes,  p.  682. 

CHEVRBTJL.  Touchant  cri  d'inquiétude, 
p.  89.  Leçon  donnée  à  M.  Dubrunfaut, 
s.  210.  —  Recherches  sur  la  teinture, 
p.  267.  — Histoire  des  ferments,  p.  815. 
626.  —  Cristallisation  d'une  solution 


v      saline  très-concentrée,  p.  537.  —Cria* 
tallisation  des  sels  bai  y  tiques,  p.  669. 

CHIPOFF  (Paul).  Distillation  sèche  du 
bois,  p.  523. 

CHOYER  (l'abbé).  La  végétation  et  le  car- 
tonne, p.  &04.  —  La  théorie  géogé* 
nique,  p.  553. 

CHRISTOFLE  DE  BOUILHET.  Statue  de 
Notre-Dsme-de-la-Garde,  p.  150. 

CHUT  AUX.  Médaille  d'argent,  p.  678. 

CIOTTI  (E  ).  Emploi  des  Urnes  élastiques 
vibrantes  comme  moyen  de  propulsion, 
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CLARETIE  (Jules).  Dépenses  faites  dans 
les  cafés  concerts,  p.  1. 

CLBMANDOT.  Cristal  au  carbonate  de 
plomb,  p.  548. 

CLERK  MAXWELL.  Théorie  de  la  cha- 
leur, p.  81. 

CLERMONT  (A*).  Triohloraoétatss  métal- 
liques, p.  630. 

CLINKSKILL.  Danger  de  l'emploi  de  dif- 
férents métaux  dans  las  appareils  à  va- 
peur, p.  113. 

COBLENCE.  Procédé  économique  de  oli- 
ché  galvanique,  p.  82. 

COCK  (Henry).  Rupture  d'un  bâtis  da 
machine  à  vapeur  par  le  froid,  p    49. 

CODRON.  Appareil  pour  faire  écrire  les 
aveugles,  p.  162. 

COLLET  (l'abbé).  Archéologie  préhisto- 
rique, p.  188. 

COURES.  Sa  mort,  p.  208. 

COMBESCTJRE  (Ed.).  Calcul  inverse  des 
différences,  p.  322.  —  Intégration  de 
quelques  équations,  p.  511.  —  Equa- 
tions aux  différentielles  partielles,  p.  672 
—  Equation  de  la  plastodynamique,  p. 
711. 

CONTI.  Pluie  de  sable,  p.  511. 

COPPET  (L.-C).  Sur  la  sarsatnration  de 
la  solution  de  chlorure  de  sodium,  p. 
278. 

COQUEL1N.  Médaille  d'argent,  p.  589. 

CCRBIN.  Chemin  de  fer  d'exploitation 
rurale,  p.  530.  —  Médaille  d'argent, 
p.  678. 

CORNU.  Aurore  boréale  du  4  février,  p. 

240. 
CORNU  (A.).  Sur  les  intervalles  mélo- 
diques/ p.  276. 

COSSA.  Hydrorineite  découverte  à  Aron- 
so,  p.  886. 

COSTE.  Rétablissement  de  sa  santé,  p. 

159. 
COUMBARY.  Prédictions   des   tremble- 
ments de  terre,  p.  498.  —  Aurore  bo- 
réale du  4  février,  p.  544. 
COUVREUX.  Sécateur  à  manche  de  bols, 

p.  157. 
COZE.  Morcellement  des  balles,  p.  t!9. 
CRACRENELL.  Télégraphes  australiens, 

p.  292. 
CROULLEBOIS.  Double  rétraction  ellip- 
tique du  quartz,  p.  172. 


IV 


LES  MONDES. 


GROVA  (A.)  Phénomènes  (d'interférence 
produits  par  des  réseaux  parallèles,  p. 
631.  —  Coefficient  de  dilatation  des  gaz 
parfaite,  p.  631.  —  Médaille  d'argent, 
p.  589. 

GYON.  Nerf  dépressenr  dn  cheval,  p.  150. 


D 


DAGRON.  Photographie  vitrifiée,  p.  547. 
D  ALLEMAGNE  (Léon).  Silioatisations  des 

•  matériaux  calcaires,  p.  576. 

DANA  (J.-D.).  Médaille  de  Wollaston, 

•  p.  284. 

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— •  Fonr  à pudcuer  rotatoire,  p.  551. 
,  DARE8TE  (C.).  Amidon  dans  les  testi- 
cules, p.  100. 

DARWIN  (Ch.).  La  descendance  de 
l'homme  et  la  séleotion  sexueUV,  p.  325, 

DA VANNE.  Conservation  des  éprouves  an 
papier  d'albumine,  p.  628. 

DAVID  (l'abbé  Armand}.  Orme  épineux 
des  Chinois,  p.  206. 

HEBRAlf  •  Oxygène  et  lumière  oxhydrique, 
p.  281.  —  Affinage  de  l'or,  p.  394. 

DSCA1SNB.  (E.).  Epidémie  d'ictère  esses- 
tiel  observée  à  Parie,  p .  432.  —  Mono- 
graphie dn  poirier,  p.  629. 

DECHARMB  (C).  Mouvement  dès  liquides 
dans  les  tubes  capillaires,  p.  608,  629. 

DECROIS .  Contre  l'abus  du  tabac,  p.  93. 

DEL  AIR-  Diphcnylamine,  p.  542. 

DELâPORTR  (Georges).  Lumière  oxhy- 
-.  drique,  p.  4. 

DBLARIVIBRE.  Gwement  de  poissons 
fossiles  à  Puteaux,  p.  544. 

DELAUNAY,  Comètes  périodiques,  p.  82. 
—  Sur  les  froids  de  décembre  1871,  p. 
83*  —  Mouvements  du  périgée  et  du 
nœud  de  la  lune,  p.  159.  —  variations 
séculaires  du  périgée  et  du  nœud  de  la 
«  lune,  p.  212.  —  Bulletin  météorologique 
mensuel,  p.  970»  —Annuaire  météoro- 
logique de  l'Observatoire,  p.  312.  —  Sur 
-les  expériences  de  M.  Wolf,  p.  362. 

DBLESSE.  Revue  de  géologie,  p.  672.  ' 

DJENfcf  A  (le  H.  P.).  Observations  physiques 
dans  le  tunnel  de  Fréjus,  p.  87.  —  Pluie 
de  sable  et  phénomènes  cosmiques  ob- 
servés en  Italie,  p.  511,  544.  —  Obser- 
vations physiques  dans  le  tunnel  des 
Alpes,  p.  605. 

DBPLAg.  Médaille  de  vermeil,  p.  494. 

DEPREZ  (Marcel).  L'intégrateur,  p.  10, 
548.  —  Médaille  d'argent,  p.  678. 

des  CLOUE  AUX.  Montebrasite»  p.  129. 

DESDOUIT8.  Questions  et  réponses,  p. 
140. 

DÉSIRÉ.  Questions,  376 . 

DE8HARTIS  (T.)  Contagion  de  la  fièvre 
puerpérale,  p.  216. 

DKVILLE  (Ch.  Sainte-Claire).  Bulletin  de 


l'Observatoire  de  Montaonris,  p.  169.  — 
Retours  des  phénomènes  électriques  de 
l'atmosphère,  p.  403»  —  Nouvelles  mé- 
téorologiques, p.  404.  —  Aurores  bo- 
réales, p.  589.  —  Observatoire  de  Mont* 
souris,  p.  628.  —  Inspection  de  l'Ob- 
servatoire, p.  709. 

DEVILLE  (H.  Sainte-Claire).  —  Tempé- 
rature du  soleil,  p.  44,  210.  —  Appa- 
reil pour  la  combustion  des  huilée  de 
pétrole,  p.  69.  —  Pétroles  de  l'empire 
russe,  p.  150.  —  Oxygène  et  lumière 
oxhydrique,  p.  281. 

Dï  A miLL  A-MULtZR .  Action  des  éclipses 
sur  le  magnétisme  terrestre,  p.  409.  — 
Aiguille  aimantée  et  sucores  polaires, 
p.  412.  —  Observations  physiques  dans 
le  tunnel  des  Alpes,  p.  605.  —  Magné- 
tisme terrestre,  p.  875.  —  Sur  l'origine 
des  aurores  boréales,  p.  676. 

DIDION.  Rapport  de  la  circonférence  an 
diamètre,  p.  161. 

D1T8CHEINER.  Phénomènes  interféren- 
tiels  nouveaux,  p.  601. 

D1TTE  (A.).  Volatilisation  apparente  dn    • 
sélénium  et  du  tellure,  p.  672. 

DOLBEAR.  Préparation  du  potassium,  p. 
150. 

DON ati.  Origine  des  aurores  boréales, 
p.  581. 

DORAL  (Antonio)*  Du  compas  de  route, 
p.  274. 

DORN  (B.).  Extraits  de  deux  auteurs  de 
l'Orient,  p.  152.  —  Géographie  de  la 
Perse,  p.  150. 

DOfjHET  {le  comte  de).  Brevets  d'inven* 
tion,  p.  107. 

DRONIER.  Sels  excitateurs  pour  pile* 
électriques,  p.  508. 

DfJBAIL.  Contre  l'abus  du  tabac,  p.  92 . 

DUBOIS  (E.).  Gyrosoope-boutsole,  p.  3. 

—  Réponse  aux  objections  de  M.  Le- 
dieu  contre  le  gyroscope  marin,  p.  324. 

—  Logarithmes  hyperboliques  et  népé- 
riens, p.  651. 

DUBRTJNFATJT.  Sur  la  combustibilité  dn 
carbone,  p.  43.  —  Acide  carbonique 
considéré  comme  comburant  du  car* 
bone,  p.  176.  —  Combustion  du  car- 
bone par  l'oxygène,  p.  208.  —  Som- 
mation confraternelle,  p .  635. 

DTJCHEMIN  (Emile).  Construotion  des  pa- 
ratonnerres, p.  320,  509. 

DUCHESNR-THOUREAU.  Culture  inten- 
sive de  la  vigne  et  des  arbres  fruitiers, 
p.  226.  —  I/aurore  delà  justioe,  p.  369. 

—  Importance  de  la  déclivité  dans  l'ar- 
boriculture, p.  381.  —  Action  de  la 
houille  sur  la  végétation,  p.  695. 

DUGLAUX.  Ecoulement  des  liquides  dans 
les  espaces  capillaires,  p.  239.  —  In- 
fluence du  froid  de  l'hiver  sur  les 
graines,  p.  541 . 

DUCLAUX  (&.)•  Sur  l'ioaure  d'amidon, 
•p«  367. 


LES  MONDES. 


DlrCOS  (£.).  L'Algérie,  p.  681. 

DUCOS  DU  HAURON.  Nouveau  moteur 
aérien,  p.  56.  —  Noovel  appareil  pour 
utiliser  la  force  du  vent,  p.  121. 

DUCROT  (le  général).  La  vérité  eur  l'Al- 
gérie, p.  681. 

DUFOUR.  Cause  mécanique  de  l'ébulli- 
tioo,  p.  477. 

DUJARDIN.  Photogravure,  p.  3. 

DUMAS.  Combustion  du  carbone  par 
l'oxygène,  p.  208.  —  Protestation,  p. 
629. 

DUMONT.  —  Pompe  centrifuge,  p.  534. 

DUPUY  DE  LOME.  Navigation  aérienne, 
p.  222.  —  Aérostat  à  hélioe  et  son  essai, 
p.  837.  —  Les  ballons  dirigeables,  p. 
372. 

DURAND*  Atelier  souterrain  et  sous-ma- 
rin, p.  641 

DURAND  (K.  Aug,).  Indications  et  contre- 
indioaiions  des  eaux  de  Vichy,  p.  228 . 

DURE  AU.  Les  jus  de  r&perie,  p.  5. 

DURÈGE.  Courbes  du  troisième  ordre,  p. 
717, 

DU8SART  (L.).  Transformation  du  phénol 
en  alcaloïdes,  p.  219.  —  Histoire  des 
phénols,  p.  713. 

DUVAL- JOUVE.  Anatomie  des  cloisons 
de  certains  Juncus,  p.  681. 


ENGEL.  Diverses  espèces  de  levures  alcoo- 
liques, p.  409. 

EOTOR  (A.).  Analyse  des  gaz  du  sang, 
p.  «61,  279. 


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FAUVA  (le  R.  P.  Frédério).  Météréo- 
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des  liquides,  p.  126.  —  Dissociation 
cristalline,  p.  708. 

FAYE.  Travaux  de  M.  Heig  sur  les  étoiles 
niantes,  p.  214.  —  Comète  d'Encke. 
p.  248.  —Température  solaire,  p.  322. 
—  Société  de  speotroscopie,  p.  626  — 
Hypothèse  des  vents  alizés  sur  le  so- 
leil, p.  627.  —  Rectification,  p.  698. 

FEL1ZET.  Petite  cause  d'un  grand  effet, 
p.  417. 

FELTZ.  Les  jus  dertperie,  p.  7. 

FELZ.  Propriétés  de  la  moelle  des  os,  p. 

581. 
FERTH  (W.).  Moteur  sans  feu,  p.  551 . 
FIGUIER  (Louis).  L'année  scientifique, 

p.  226.  —  Le  lendemain  de  la  mort,  p. 

•683r 


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FISCHER  (P.)-  Terrain  tertiaire  inférieur 

à  Madagascar,  h.  43. 
FITZGERALD  (Thomas^  Longévité,   p. 

585 
FIEE  AU.  Température  du  soleil,  p.  44. 
FLAMMARION    (Camille).   Conjonction 

de  Jupiter  et  d'Uranus,    p.    396.  — 

Durée  de  la  chute  des  planètes  dans  le 

soleil,  p.  558. 
FOLIN.  Classe  des  Chemnitzida,  p.  805. 

—       »PiA-—    J~    XT.-Jl_V Vf! V 


ioépbore  Hiepi 
Daguerre,  p.  320. 

FONT  EN  AY.  Revendication  de  priorité, 
p.  275, 

FONVIELLE  (W.  de).  Phénomènes  acous- 
tiques observés  en  ballon,  p.  43.  — 
Auréoles  lumineuses  observées  en  bal- 
lon, p.  131.  —  Aro-en-oiel  blanc  ob- 
servé en  ballon,  p.  166.  —  Observa- 
tions à  faire  en  ballon,  p.  215.  —  Pré- 
servatifs contre  les  fulgurations,  p.  496. 

FOUQUET.  Archéologie  préhistorique,  p. 
18o. 

FOURGEAU.  Perfectionnement  aux  cou* 
vertures  en  ardoises,  p.  1 55. 

FREEMAN*  (le  Rév.  A.).  Un  ancien  pas- 
sage de  Mercure,  p.  707» 

FRÊMY.  Question  à  M.  Pasteur,  p.  65. — 
Origine  des  levures,  p.  125.  —  Germes 
des  ferments,  p.  214.  —  Génération 
spontanée  des  ferments,  p.  224.  —  Re- 
onerohes  sur  la  fermentation,  p.  238, 
264.  —  Origine  des  ferments,  p.  246. 
—  La  réforme  de  renseignement  scien- 
tifique supérieur,  p.  282.  —  Fermenta- 
tion, p.  312. 

FRENZEL.  Vanadate  minéral  de  bismuth, 
p.  586. 

FRIEDEL  (G.).  Action  du  chlore  sur  le 
chlorure  d'isopropvle,  p.  41. — Isomères 
de  la  trichlornydrine,  p.  542. 

FROMENTEL.  Médaille  d'argent,  p.  589. 

FRON.  Aurore  boréale  du  4  février,  p. 
240.  —  Sur  la  prévision  de  oertains 
tremblements  de  terre,  p.  279.  — 
Théorie  des  aurores  j polaires,  p.  411. 


GAIFFE.  Médaille  d'argent,  p.  678. 

GAIXAI8  (F.).  Naturalisation  des  végé- 
taux utiles,  p.  682. 

GAND  (Edouard).  Bibliographie  des  arts 
textiles,  p.  144.  —  Aurore  boréale  du 
4  février,  p.  222. 

GARCfJf  (Mlles).  Couseuse  automate,  p. 
56, J 14. 

GAUDRY  (Albert).  Chaire  de  paléonto* 
logie,  p.  92.  —  Plantes  jurassiques  de 


TI 


LES  MONDES. 


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du  Leberon,  710. 

GAUGAIN  (J.-M.).  Foroes  électromo- 
trice •,  p.  405. 

GATJI  DRÉE-BOILEAU.  Administration 
militaire  dans  l'antiquité,  p.  173.  — 
Tremblements  de  terre  en  Amérique, 
p.  576. 

GAUTHIER  DE  GLAUBRY.  Putréfaction 
eadévérique  chez  les  sujets  alcoolisés, 
p.  671. 

GANTREJJET.  Les  luzerniëres  et  la  cus- 
cute dans  le  Midi,  p.  639. 

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Roderick  Mnrchison,  p.  289. 

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446. 

GËRAIIDIN.  Désinfection  des  vidanges 
d'usine,  p.  446. 

GERNEZ.  Mesure  des  températures  très- 
élevées,  p.  211.  —  Raies  d'absorption 
des  acides  bypoazotique,  hypoch  torique 
et  chloreux,  p.  323.  —  Spectre  d  ab- 
sorption du  chlore  et  du  chlorure  d'iode, 
p.  4ô3.  —  Spectres  d'absorption  des 
vapeurs  de  soufre,  d'acide  sélénieux,  etc. , 
p.  541. 

GIB  DDK  G  AN .  Signe  certain  de  longévité, 
p.  637. 

GIFFARD.  Les  ballons  dirigeables,  p. 
372.—  Injecteur,  p.  547. 

G1LLET.  FJotteur  avertisseur,  p.  890. 

GILLOT.  Réclamation,  p.  712. 

GIRARD  (Jules).  La  photographie  ap- 
pliquée aux  études  géographiques,  p. 
143^ —  Diphénylamine,  p.  542.  —  Pho- 
tographiés de  coupes  transversales  de 
tiges  diverses,  p.  632.  —  Courants  de 
l'océan,  p.  645. 

GLADSTONE  (J.-H.).  Décomposition  de 
l'eau  par  le  zinc,  p.  701. 

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mie pour  l'année  1872,  p.  535,  331 . 

GORE(G.).  Sur  les  mouvements  molécu- 
laires dansle  fer,  p.  67. 

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l'adolescence,  p.  629. 

OOCIN  (Ernest).  Pont  monumental  sur  le 
Danube,  p.  634. 

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548. 

GOVI  (G.).  Sur  l'invention  de  quelques 
étalons  de  mesure,  p.  87. 

GRAMME.  Machine  magnéto-électrique  à 
courants  continus,  p.  513. 

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p.  674. 

GRANDIDIER  (Alfred).  Médaille  d'or, 
p.  589. 

GRANIER  (Emile).  Inflammabilité  des 
huiles  de  pétrole,  p.  395. 

GEANT-  Observations  télesoopiques  pen- 
dant les  éclipses  de  soleil,  p.  658 

GRÉHAM  (N.).  Respiration  des  poissons, 
p.  406. 


GRENIER  (Charles).  Médaille  d'or,  p. 

589. 
GRIMAUX  (E).  Dérivés  du  chlorure  de 

tollylène,  p.  41. 
GRIS  (A.).  Sur  l'écoree  des  érioinées,  p. 

579. 
GROSSELIN  (Auguste).  Méthode  phono- 
mimique, p.  95. 
GROVE.    Nommé  juge  à   la  oour  des 

Corn  mon  PJeas,  p.  138. 
GRUBER.  Polydactylie,  p.  151. 
GRÎJNER.  Action  de  l'oxyde  de  carbone 

sur  le  fer  et  ses  oxydes,  p.  252. 
GUBLER.  Cours  des  eaux  médicales,  p. 

501. 
GUENIN  (L.-P.).  Assassinat  des  otages, 

p.  373. 
GTJÉRIN  (Jules).  Association  contre  l'abus 

du  tabac  et  des  liqueurs  alcooliques, 

p.  545. 
GUIBAL.  Ventilateur  appliqué  à  l'aérage 

des  mines,  p.  452,  371. 
GUIBERT.  Action  combinée  de  la  mor- 
phine et  du  chloroforme,  p.  543. 
GUYOT  (P.).  Bolide  observé  à  Nancy, 

p.  243. 
GYLDEN  (H.).  Place  du  ceritun  dans  la 

série  des  éléments,  p.  152.  —  Théorie 

des  perturbations,  p.  154. 


H 


HAA8T.  Œufs  de  Moa,  p.  290. 

UAREL  (A.).  Voyage  d'exploration,  p. 
588 

HALPHEN.  Droites  qui  satisfont  &  des 
conditions  données,  p.  162. 

UAMEL  (Fernand).  Dosage  de  l'acide 
sulfureux  et  des  sulfites,  p.  507. 

HAMY.  Nègres  brachvcéptales  sur  la 
côte  occidentale  d'Afrique,  p.  240. 

HARDY.  Relais  télégraphiques,  p.  2. 

HAR1ING.  Matière  sucrée  sur  les  feuilles 
d'un  tilleul,  p.  410. 

HATON»  Parachutes  des  mines,  p.  389. 

HAÏ  ON  DE  LA  GOUPIIXIÈRE.  Surfja 
transformation  du  potentiel,  p.  71.— 
Candidat,  p.  162. 

HAVTfiFEViLLE  (P.).  Action  de  la  cha- 
leur sur  les  oxy  chlorures  de  silicium, 
p.  178. 

HAVRJEZ  (Paul).  Reoherohes  sur  la  tein- 
ture, p.  267. 

HEIS.  Travaux  .sur  les  étoiles  filantes, 
p.  214.  —  Etude  sur  les  aurores  bo- 
réales, p.  716. 

HELMER8IN.  Notice  sur  Ak-tan  et  Kara- 

tan,  p.  147. 
HELMHOLTZ.  Vitesse  de  propagation  des 

actions  électrodynamiques,  p.   103. 
HÉLOT-  Las  jus  de  râpe  ris,  p.  7. 
HENRY  (Prosper  et  Paul).  Construction 

de  cartes  célestes  très- détaillées,  p.  255. 


LES  MONDES. 


▼H 


HERBERT-8PENCER .  Positivisme,  p. 
134. 

HERLOTS  (J.-À).  Monstruosité chez Us 
crustacés,  p.  80. 

HERMANN»KARSTEN>  Cellules  cristal- 
line», p.  586. 

HERFIN.  Sa  mort,  p.  136.  —  Legs  d'une 
rente  de  300  francs,  p.  528. 

HERSCHEL  (John).  Inscription  de  son 
tombeau,  p.  S88. 

HERVÉ  MANGON.  Approbation  de  son 
élection,  p.  262. 

HEYNSIUS  (A.).  PreuTe  que  les  glo- 
bule» du  sang  fournissent  de  la  fibrine, 
p.  80. 

HIKD{J*-R.).  Comète d^Terapel,  p.  705. 

HITTORFF.  Les  jus  de  râpe  rie,  p.  9. 

HOOfBRENK.  Procédé  d'aiboriculture, 
p.  381. 

HORNSTBTN  (Ch.)  Magnétisme  terrestre, 
p.  687. 

HOUSEL  (Ch.).  Géométrie  analytique  à 
trois  dimensions,  p.  556  • 

HOUZEAU  (A.).  Préparation  de  l'ozone 
concentré,  p.  260.  —  Ozone  contenu 
dans  l'air  de  la  campagne,  p.  495.  — 
Médaille  de  platine,  p.  678.  —  Mé- 
daille d'or,  p.  589. 

HUXLEY.  Rectorat  de  l'Université  de 
Saint- Andrews,  p.  551. 


I 


iriba  (Alfred).  Décomposition  de  l'eau 
iar  le  zinc,  p.  701. 


JORDAN  (C) .  Recherches  sur  les  substi- 
tutions, p.  67*. 

JOURDAIN  (S.).  Gymntirvs  gladiut,  p. 
164. 


JACOBI.  Application  des  piles  secondaires 
aux  moteurs,  p.  15î.  —  Courants 
d'induction  par  un  disque  en  mouve- 
ment, p.  253. 

JACOTIN.  Les  jus  derâperie,  p.  7. 

JACQUET.  Parachute  des  mines,  p.  389. 

JjEGER.  Sur  le  phylloxéra  vastatnx  de  la 
vigne,  p.  333. 

JANSSEN.  Eclipse  du  11  décembre, 
p.  91.  —  Conséquences  des  observa- 
tions de  l'éclipsé,  p.  135  —  Voyages 
dans  l'Inde,  p.  173.  —  Position  dans 
l'Inde  de  l'équateur  magnétique,  p.  497. 

JEAN  (F.),  dur  le  dosage  du  glucose, 
p.  44. 

JBANNEL.  Régulateur  thermostatiqne, 
p.  241. 

JEANNETAT.  Nouveau  type  de  cristaux 
idiocyclopbanes,  p.  578. 

JEGOROW.  Rotation  du  plan  de  polari- 
sation par  l'effet  des  électro-aimants, 
p.  151. 


KEMI8COST  (Robert).  Incendie  de  Chi- 
cago, p.  588. 

KENGOTT.  Grêle  talée,  p.  99. 

KESjjler  (L.).  Erreur  dans  le  dosage  de 
l'azote,  p.  456. 

KIRKPATRICK.  Préparation  de  l'oxygène 
à  froid,  p.  870.  546. 

KLEFFEL.  Nouvelle  propriété  du  oollo- 
dion.p.  114. 

KLEITZ.  Forces  moléculaires  dans  les 
liquides,  p.  319. 

KLEMM  (Gustave).  Musée  central  alle- 
mand d'ethnologie,  p.  97. 

KOKCHAROF.  Cristaux  de  chondrodite, 
p.  149.  —  Météorite  de  Pallas,  n.  150. 

KOLB.  Densités  de  l'acide  chlorhydrique, 
p.  498. 

H.OLRE.  Détracteur  de  Lavoisier,  p.  413. 

KOWALBW8KY.  PrixBaer,  p.  150. 

KhEMERS .  Cause  mécanique  de  i'ébulli- 
tion,  p.  477. 

KROOeiNG.  Curieuse  expérience,  p.  287. 

KfJHLiNG.  Extinction  des  incendies,  p. 
280. 

KUHLMANN.  Impôt  sur  le  sel  pour  les 
produits  chimiques,  p.  388. 

KUNZEL.  Bronze  et  fer  phosphores  pour 
l'artillerie,  p.  187,275. 


L  ABORDE  (l'abbé).  Nouvelles  expérienoes 
sur  le  poisson  volant  de  Franklin,  p . 
613. 

LACOIN*  Souscription  des  trois  milliards, 
p.  187. 

LACOU88E.  Etude  sur  les  embouchures  du 
Nil.  p.  408. 

LADREY  (J.)-  L'art  de  faire  du  vin,  p. 
320. 

LA  FONTAINE  (le  baron  de).  Les  jus  de 
râperie,  p.  5. 

LAGOt'T  (Ed.).  Réforme  de  l'enseigne- 
ment primaire  des  sciences,  p.  424.  — 
Panorama  du  Tout-Savoir,  p.  686. 

LALANDE  (Ph.).  Squelette  numain,  p. 
714. 

L  ALLEMAND,  verre  de  lampe  perfec- 
tionné p.  157. 

LANDRIN.  Aotion  des  acides  et  des  bases 
séparés  par  une  cloison  poreuse,  p.  455: 

L  APPARENT  (A.  de).  Age  du  soulève- 
ment du  pays  de  Bray,  p.  670.  —  Re- 
vue de  géologie,  p.  679. 


VIII 


LES  MONDES 


LARREY  (A.).  Obsèques  de  M.  LoDget, 

p.  215.  —  Barraques  des  hôpitaux,  p. 

716. 
LATOUCHE  (A.).  Utilité  de  l'eau  de  mer 

dans  l'agriculture,  p.  676. 
LAUGKL  (Auguste).  Positivisme,  p.  134. 
LAUGIER  (Ernest).  Sa  mort,  p.  669. 
LAUGIER  (S.)^Auus  anormal   à  l'aine 

droite,  p.  169. 
LAU8SEDAT.  Aurore  boréale  du  4  février, 

Î>.  240,  407.  —  Appareil  pour  observer 
e  passage  de  Vénus,  p.  500. 

LAUTREC  (le  comte).  Ligue  contre  l'a- 
bus du  tabac,  p.  92. 

LAZORENCO.  Benzoïde-anilide,  p.  151. 

LECOQ  DE  HOISRAUDRAN.  Constitu- 
tion des  spectres  lumineux,  p.  672.  — 
Stratifications  blanches,  p.  712. 

LECOT  (l'abbé).  Aurore  boréale  du  4  fé- 
vrier, p.  221. 

LED1EU  (A.).  Objections  au  gyroscope 

marin  de  M.  Dubois,  p.  274. 
LEFEBVRR  ^litographes,  p.  389. 
LEFRANC.  Télégraphe  et  usines  de  sucre, 

p.  501. 
LEGRAND  (J.).  Gaffe  de  sauvetage,  p. 

wwd. 

LEGROS.  Expériences  sur  la  génération 

spootauée,  p.  581. 
LELAND  (Edwin).  Pile  voltaïque,  p.  291. 
LEMONNIER.  Polymorphisme  du  Mttoar 

Mucedo,p.  675. 
LENZ.  Propriétés  du  fer  réduit  gai  va- 

niquement,  p.  83, 145  . 

Léonard.  Sur  les  intervalles  mélodiques. 

p.  276. 
LEROUX.  Illusion  d'optique  en  ohemin  de 

fer,  p,  53 .  —  Expériences  de  Pilatre 

de  Rozier,  p.  140. 

LESCHOT.  Machine  perforante  à  diamant, 
p.  52. 

LEVASSEUR.  Programmes  d'enseigne- 
ment géographique,  p.  276.  —L'étude 
et  l'enseignement  de  la  géographie,  p. 


LE  VERRIER.  Protestation,  p.  628. 

LÈVl  (Maurice)  Sur  une  propriété  des 
focales  des  surfaces,  p.  216. 

LEYGUE  (L.  ) .  Températures  d'inflamma- 
tion et  d'explosion,  p.  128. 

LEYMER1E.  Constitution  des  Pyrénées, 
p.  500. 

LIAIS  (E.).  Analyse  spectrale  de  la  lu- 
mière zodiacale,  p.  262.  —  Observa* 
tions  méridiennes  daus  les  basses  lati- 
tudes de  l'hémisphèse  austral,  p.  272. 
—  Suprématie  intellectuelle  de  là 
France,  p.  284 . 

LIEOIG.  Fermentations,  p.  18,  313. 

LIEBREICH.  Stryohnine  antidote  du 
ohloral,  p.  186. 

LIESEGANG.  Renforcement  des  épreuves 
transparentes  au  moyen  de  l'urane,  p, 
655. 

LIFKIN.  Influence  des  déplacements  de 


l'axe  de  rotation  sur  le  niveau  des  mers, 
p.  153. 

LOCKE LT.  Phénomène  électrique,  p.  552. 

LOCKYER  (J.  Norman).  L/éciipse  do 
soleil  du  11  décembre,  p.  337 

LOEVY.  Sur  la  recherche  de  la  planète 
perdue  (99)  Dike,  p.  364.  —  Décou- 
verte de  deux  nouvelles  planètes,  p. 
711. 

LOISEAU.  Sommation  confraternelle,  p. 
635. 

LOUVEL.  Conservation  des  grains  parle 
vide,  p.  317. 

LUfiROCE  (J.)«  Pre-hiatorio  Times,  p. 

716. 
LUC  A  (S.  de).  Alun  oomplexe  de  la  sol* 

fatare  de  Pouzzbles,  p.  207 .  -*-  Gaz  des 

fumerolles  de  la  solfatare  de  Pouzzoles, 

p.  410. 
LUCAS  (Félix).  Durée  de  l'éUnoelIe  élec- 

trique,  p.  452. 
LUTCHER.  Eclairage  oxhydrique,  p.  45. 
LUTHER.  Nouvelle  petite  planète,  p.  550. 


MAGLAY  Eponges  de  la  mer  Blanche, 
p.  149. 

MACLEAR.  Eolipse  du  soleil  du  21  dé- 
cembre, p.  338. 

MACPHÉR80N  (J.).  La  fabrication  du 

thé,  p.  308. 
MACQUORN-RANKINE.  Sur  le  roulis  des 

navires,  p.   611.  —  Réclamation,  p. 

694. 
MAGNAN  (S.).  Terrain  inférieur  de  la 

Glape,  p.   206. 
MAKIMOW1CZ.  Ophiogonies,  p.  148.  — 

Plantes  du  Japon,  p.  149. 

MALDINET.  Appareil  à  eau  de  seltz.  p. 
389. 

MALIPOWSKI.  Origine  organique  des 
phosphates  de  chaux  du  Queroy,  p.  38. 

MALLET.  Préparation  de  l'oxygène,  p. 
546. 

MANNHE1M  (A.) .  Théorème  de  Meunier, 
p.  239.  —  Théorie  de  la  courbure  des 
surfaces,  p.  405.  —  Contact  de  3*  ordre 
de  deux  surfaces,  p.  577,  631. 

MARCHAND.  Médaille  d'argent,  p.  494. 

MARCHÉ.  Roua  de  brouette  en  fer.  p. 
391 

Marco  (Félix).  Cause  mécanique  de  l'é- 
builition,  p.  477. 

MAREY.  Inclinaison  du  plan  de  l'aile 
dans  le  vol  des  animaux,  p.  404. 

MARIE  DAVY.  Annuaire  météorologique 
de  l'Observatoire,  p.  50. 

MARION  (A.).  Prooédésde  photographie 
au  charbon,  etc.,  p.  680. 

MARION  (A.  F.).  Plantes  fossiles  de 
Ronzon,  p.  164. 


LES  MONDES. 


IX 


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MAR8CHALL  (W.).  Pnsbytu  albicena, 
p.  77.  —  St  lanchnologie  du  Rhino- 
chsetes  jubatus,  p.  79. 

MARTIN  (Edmond).  Emploi  de  l'air  com- 
primé dani  l'aérpstation,  p.  37G. 

MARTIN  (Henri).  Etudes  d'archéologie 
celtique,  p.  226. 

MARTIN  (Louis).  Altération  des  eaux 
sulfureuses  des  Eaux-Bonnes,  p.  670. 

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projectiles  oblouga  dans  les  milieux  ré- 
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X 


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Réponse  à  M.  Frémy,  p.  85,  312.  — 
Réponse  à  la  note  de  M.  Fremy,  p.  266. 

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R 


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LES  MONDES. 


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.  XII 


LES  MONDES. 


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STUART  (A.)*  Orégarines,  p.  152.  — 
Etudes  micrographiques,  p.  152, 

STUMOSUS.  Réclamation,  p.  69&. 

SUREAU.  Aurore  boréale  du  10  avril,  d  . 
715.  V 

SUTTON  (Thomas^.  Le  Pois  aie  préserva- 
teur de  la  couche  sensible,  p.  657. 

SZILLY  (Comman).  Durée  de  la  chute 
des  planètes  dans  le  soleil,  p.  661. 


TACCHOtl.  Aurore  boréale  du  4  février, 
p.  411.  —  Pluie  de  sable,  p.  511.  — 
Association  spectrosoopiqne  italienne, 
p.  466. 

TARDIEU.  Président  de  l'Association  des 
médecins  de  France,  p.  638. 

TARRY.  Mouvement  des  cyclones,  p. 
243.  —  Aurore  boréale  du  4  février, 

{>.  283.  —  Origine  des  aurores  po- 
aires,  p.  412.  —  Association  speotros- 
oopique  italienne,  p.  466.  —  Relations 
entre  les  aurores  polaires,  les  protubé- 
rances et  la  lumière  zodiacale,  p.  498. 

—  Lumière  zodiacale  et  aurores  bo- 
réales, p.  540.  —  La  planète  Mars 
pendant  l'opposition  de  1871,  p  557. 

—  Pluie  de  sable,  p.  511.  —  Période 
oité  des  pluies  de  sable,  p.  541.  — 
Précision  des  aurores  magnétiques,  p. 

4  10. 

TA8SIN.  Médaille  d'argent,  p.  5S9. 

TA8TE8  (de).  Sur  un  nouveau  propulseur, 
p.  89.  —  Lances  élastiques  comme 
moyen  de  propulsion,  p,  322. 

TERBUTT  (John).  Occultations  par  la 
lune,  p.  661. 

TBLLIER  (Ch.).  Conservation  de  la 
viande,  p.  47.  —  Brevets  d'invention, 
p.  107.  —  Production  industrielle  de 

.  la  glace,  p.  181.  —A  propos  d'une 
affiche,  p.  378.  —  Fabrication  de  la 

Î;lace  par  l'éther  vinique,   p     379.  — 
mpÔt  sur  les  factures,  p.  417. 
TBMPEL.  Nouvelle  comète,  p.  91.  — 

Comète  IV,  1871,  p.  705. 
TERRY.  Aurores  boréales   observées  à 

Louvain  en  1871,  p.  101. 
TBRQUEM.  Expérience  d'éleotrioité,  ». 
668. 

TE8SIE  DU  MOTAY.  Lumière  oxhy- 
drique, p.  5, 133,  869.  —  Oxygène  et 
lumière  oxhydrique,  p.  281.  —Am- 
moniaque préparée  avec  l'azote  de  l'air, 
p.  330.  —  Préparation  de  l'oxygène  et 
de  l'ammoniaque,  p.  547. 

THÉNARD  (P.).  Conservation  des  vins 
par  le  chaufiage,  p.  267.  —  Par  1a 
congélation,  p.  402,575. 


LES  MONDES. 


XIII 


THIÉRON.  Prix  de  4,000  fr.,  p.  678. 

THOMSON  (William).  Les  dimensions  des 
atomes,  p.  616. 

TIEGHBM  (Van).  Polymorphisme  du 
Mucor  MucedOy  p.  675. 

TU.GHMAN.   Gravure  sur  verre  et  sur 

*  métaux,  p.  291.  —  Procédé  de  gravure 
par  nu  jet  de  sable,  p.  552. 

TlLLY  (  J .  de).  Roulement  des  rouleaux 
sur  un  plan,  p.  387. 

TISSAMJIER  (Gaston).  Les  ballons  diri- 
geables, p.  372.  —  Production  et  pro- 
priétés du  protoxyde  de  fer  anhydre, 
p.  366. 

TISSERAND.  Sur  la  planète  perdue  (99) 
Dike,  p.  364.  —  Commerce  et  baisse 
des  laines,  p.  53  t. 

TISSOT.  Ravages  du  Phyllox4ra  vastalrix, 
p.  38. 

TOCBON.  Prix  de  4,000  fr„  n.  678. 


M      acétates, 

p.  176.  —  Diohromate  baliehromique, 
p.  674.  ■ 

TOMLINSON  (Ch.).  Réponse  aux  objec- 
tions du  R.  P.  Sanna  Solaro,  p.  350. 
—  Cause  mécanique  de  l'ébuÙition,  p. 
477. 

T08ELLI  (J.-B.).  Réfrigérateur  dyna- 
mique, p.  450. 

TOURDES.  Médaille  d'argent,  p.  589. 

trebéden  (L'abbé).  Aurore  boréale  du 
4  février,  p.  380. 

TRÉCUL.  Disposition  des  stomates  sur 
divers  végétaux,  p.  86. 

TRÉCUL  (A.).  Recherches  sur  l'origine 
des  levûree  lactique  et  alcoolique,  p. 
124.—  Levure  de  bière,  p.  461.  — Ré- 
flexions concernant  l'hétérogénèse,  p. 
113. 

TRÉM AUX.  Phénomènes  indiquant  l'état 
du  milieu  sidéral,  p.  253.  --  Répul- 
sion universelle,  p.  710. 

TtUSSCA.  Pompe  centrifuge,  p.  534* 

TREVE.  Application  du  gyroscope  de 
Foucault  à  la  navigation,  p.  374 . 

TRIANA.  Sur  le  gonolobw  condurango,  p. 
680. 

TRONCIN  DU  MERS  AN.  Société  d'en- 
couragement des  travailleurs,  p.  678 . 

TROOST  (L.).  Action  de  la  chaleur  sur 
les  oxy  chlorures  de  silicium,  p.  173. 

TROUVE.  Fixation  des  vibrations  so- 
nores, p.  377. 

TRUTAT.  Sur  les  gisements  de  chaux 
phosphatée  de  Tarn-et-Garonne,  p .  37. 

TSGHERMAK  Météorites  des  Indes- 
Orientalee,  p.  688. 

TUPMAN.  Sur  la  lumière  Kodiacale,  p. 
706. 

TURQUAN  (L.-V.J.  Appareil  indicateur 
,  du  grisou,  p.  710.  —  Intégration  d'une 
'  équation,  p.  710. 

TYNDAXL.  Sur  les  expériences  de  polari- 


sation delà  chaleur,  p.  300.  —  L'iden- 
tité de  la  lumière  et  de  la  chaleur 
rayonnante,  p.  431 . 


U 


URBAIN  (V.).  Des  gaz  du  sang,  p.  341. 


VAILLANT  (le  maréchal).  Phénoménal 
qui  produisent  les  aurores  boréales,  p. 
362.—  Sur  les  aurores  boréales,  p.  495. 

VAILLANT  (M.- Z.J.  Crooodilieos  fossiles 
de  Saint-Géraud-ie-Pny,  p.  579. 

VALSON.  Rôle  de  l'espace  dans  les  phé- 
nomènes de  dissolution,  p.  40.  —  Loi 
nouvelle,  p.  91  •  —  Relation  entre  les 
actions  capillaires  et  la  densité,  p.  172. 

—  Dissociation  cristalline,  p.  708. 
VAN    HA8SELT    (A.-W.-M.).     Pholcui 

opilioncides,  p.  77. 

VAN  KERCKHOFF  (P.-J.).  Titrage  des 
alcaloïdes,  p.  74. 

VERGNETTE-LAMOTTE  (de).  Conser- 
vation des  vins  par  le  chauffage,  p.  402. 

—  Recherches  sur  la  conservation  des 
vins,  p.  539.  —-Réponse  à  M.  Pasteur, 
p.  574. 

VICAIRE  (£.).  Sur  la  température  de 
la  surface  solaire,  p.  342,  322. 

VIGNEAU.  Etoiles  filantes  à  mouvement 
hélicoïdal,  p.  280. 

VINSON  (Aug.).  Aurore  boréale  du  4  fé- 
vrier, p.  496. 

VIOLLE(J.).  Courants  d'inductions  dans 
l'appareil  de  Foucault,  p.  277. 

VION.  Couseuse  automate,  p.  114. 

VIRCHOW.  La  science  en  Allemagne,  p. 
457. 

VOGT  (Cari).  La  descendance  de  l'homme, 
p.  325. 

VOGT  (G.).  Formation  du  chloral,p.  538. 

VOHLABJ).  Détraoteur  de  Lavoisier,  p. 
413. 

VOISIN.  Sels  excitateurs  pour  piles  élec- 
triques, p.  508. 

VOLPICELLI.  Courants  électriques  par 
la  flexion  des  métaux,  p.  162.—  Etude 
physique  du  plan  d'épreuve,  p.  577. 

VUALLB.  Température  du  soleil,  p.  44. 

VULPI4N.  —  Modifications  anatomiques 
à  la  suite  d'une  amputation,  p.  406.  — 
Action  trophiqu  )  des  oentres  nerveux 
sur  le  tissu  musculaire,  p.  670. 


W 


WAHLL   (W.-H,).   Une   grand   bobine 
d'induction,  p.  60. 


xrv 


LES  MONDES. 


WALL  ACE.  Slectro -aimant  monstre,  p. 
106. 

WENZEL*GRTJBER.  Lobe  surnuméraire 
du  poumon,  p.  148.  —  Ostéologie  de  la 
main  et  du  pied,  p.  151. 

WEYENBERGH  (H.).  Eurytomû  longi- 
pennis  p.  80. 

WIESNEG.  Fourneau  à  gas  pour  petit 
atelier,  p.  393.  —  Médaille  d'argent, 
p.  678. 

WILD  (H  ).  Poids  d'un  déoimetre  cube 
d'eau,  p.  148.  —  Annales  de  l'Observa- 
toire central  de  Russie,  p.  153.  —  Ré- 
pertoire de  météorologie,  p.  163. 

WITTSCH(Schmule).  Elastioitédu  caout- 
chouc p.  147. 

WOLCOTT  GIBB8.  Nouveau  procédé  de 
nickelnge,  p  286. 

WOLF  (C).  Pouvoir  réflecteur  des  mi- 
roirs en  verre  argenté,  p.  320,  362 •  — 
Passage  de  Vénus,  p.  253. 

WOLLEY.  Scienoe  nautique,  p.  225. 

WURTZ.  Réaction  contre  le*  détracteurs 


de  Lavoisitrvp.  413,  —  Formation  du 
chloral,  p.  538. 


YOUNG  (C.-À.).  Explosion  sur  U  soleil 

p.  33. 
YOUNG  (Tnomas).  Vision  des  couleurs, 

p.  293. 
YOGNGMAN.    Préparation    des    verres 
,    mata,  p.  656. 
YVES.  Photogravure,  p.  8. . 


ZALIW8KI.  Théorie  du  siphon,  p.  324. 
ZÉDB.  Navigation  aérienne,  p.  123,  405. 
CEVTHBN.  Caractéristiques  des  cubiques, 

p.  365,  497. 
ZINNO  (S.),  Iodo-suifates,  p.  456. 


i 


TABLE  ALPHABÉTIQUE 


PAR  ORDRE  DES  MATIÈRES 


A  propos  d'une  affiche,  p.  378. 

Abus  dn  tabac,  p.  92. 

Académie  de  médecine,  p.  545* 

Acide  chrysophanique,  p.  &7  ;  —  carbo- 
nique considéré  comme  comburant,  p. 
176,  208. 

Acides  dans  les  essences,  p.  280. 

Acidité  dans  les  huiles,  p.  335. 

Action  dn  chlore  sur  le  chlorure  d'isopro- 
pyle,  p.  41  ï  —  de  la  lumière  sur  le 
tissu  de  quelques  plantes,  p.  148  ;  — 
de  la  chaleur  sur  les  oxy  chlorures  de 
silicium,  p.  173;  —  de  fiodure  plora- 
bique  sur  des  acétates,  p.  176;  —  de 
l'oxyde  de  oarbone  sur  le  fer  et  ses 
oxydes,  p.  252;—  de  la  houille  menue 
sur  la  végétation,  p.*  503  ;  —  du  brome 
sur  le  protochlorure  de  phosphore,  p. 
578  ;  —  de  la  lumière  sur  les  solutions 
de  l'iode  dans  le  sulfure  de  oarbone,  p. 
662  ;  —  de  la  houille  sur  la  végétation , 
p.  695;  —  calorifique  des  décharges 
électriques,  p.  166  ;  —  combinée  de  la 
morphine  ej  du  chloroforme,  p.  406, 
543  ;  —  trophique  des  centres  nerveux 
sur  le  tissu  musculaire,  p.  670 

Actions  capillaires  et  densités,  p.  172. 

Administration  militaire  dans  l'antiquité, 
p.  173. 

Aerolithe  à  Searmont,  p.  185. 

Aéorstat  à  hélice,  p.  222,  237. 

Affinage  de  l'or,  p.  394. 

Age  dn  soulèvement  dn  pays  de  Bray,  p. 
670. 

Agriculture,  p.  549. 

Aile  d'un  insecte,  qu'est-ce?  p.  230. 

Air  comprimé,  son  emploi  dans  l'aérosta- 
tion,  376. 

Tabue»  du  tomb  XXVII. 


Albuminuries  métalliques,  p.  42. 

Alcool  propylique,  faits  relatifs  à  son  his- 
toire, p.  363. 

Algérie  <i'),  p.  681. 

Allumage  électrique  an  gac,  p.  502. 

Altération  des  eaux  sulfureuses  des  Eaux* 
Bonnes,  p.  670. 

Altération  des  muscles  par  des  lésions) 
traumatiques,  p.  670. 

Alun  complexe  do  la  solfatare  de  Pouz- 
zoles,  207. 

Amidon  dans  les  testicules,  p.  206. 

Ammoniaque  préparée  avec  l'azote  de 
l'air,  p.  380. 

Amblygonte  de  Montebras,  p.  129. 

Analyse  de  l'amblygonite  de  Montebras, 
p.  129  i  —  de  la  pluie  de  sable  tombée 
en  Sioile,  p.  674  ;  —  des  gaz  dn  sang, 
p.  261 1  279  ;  —  spectrale  de  la  lumièr 
zodiacale,  p.  262,  363. 

Ànesthésiques  nouveaux,  p.  637. 

Animaux  fossiles  du  Leberon,  p.  710. 

Ankylose  du  neuvième  petit  oarpe, 
151. 

Annales  de  l'Observatoire  physique 
Russie,  p.  153. 

Anneaux  observés  dans  les  ascension 
arérostatiques,  p.  166. 

Année  (!')  scientifique,  p.  226. 

Annuaire  du  bureau  des  longitudes,  p. 
82;  —  de  l'Observatoire  de  Bruxelles, 
p.  229;  —  météorologique  de  l'Obser- 
vatoire de  Paris,  p.  49,  259,  270. 

Anomalies  des  artères,  p.  149;  —  de  la 
température  en  mai  1871,  p.  603. 

Anthracite  dans  l'Amérique  centrale,  p. 
98. 

Anus  anormal  à  l'aisne  droitejp.  169. 

Appareil  à  écrire  pour  les  aveugles,  p. 
!  162  ;  —  à  eau  de  selz,  p.  389;  —  pour 
{  la  combustion  des  huiles  de  pétrole,  p. 
!       69;  —  pour  mesurer  la  température  cU 

»* 


XVI 


LES  MONDES. 


détonation,  p.  128;  —  pour  la  démons- 
tration des  fois  de  la  réflexion  du  son, 
{>.  668  ;  —  d'induction  produisant  de 
'électricité  statique,  p.  65  ;  —  autogra- 
phique Meyer,  p.  2,  17;  —  nouveau 
pour  utiliser  la  torcc  du  vent,  p.  121  ; 
ventilateur  calorifère,  p.  482;  —indi- 
cateur du  grisou,  p.  710. 

Application  des  piles  secondaires  aux  mo- 
teurs, p.  152;  —  du  gyroscope  à  la 
navigation,  p.  374. 

Arboriculture,  procédé  de  M •  Duchesne- 
Thoureau ,  p.  381. 

Archéologie  prehi  »  torique,  p.  183. 

Argo  et  sa  nébuleuse,  p.  704. 

Art  de  faire  le  vin,  p.  320. 

Artillerie  rayée,  p.  £7*. 

Assassinat  des  otages,  p.  373. 

Association  française  contre  l'abus  des 
boissons  alcooliques,  p.  465,  545;  — 
française  pour  l'avanceanentdf.8  sciences, 
p.  418;  —  générale  des  médecins  de 
France,  p.  546,  638  ;  —  spectroscopi- 
que,  p.  466. 

Atelier  *  ou  terrain  et  sous-marin,  p.  641  • 

Atmosphère  solaire,  p.  240. 

Attaques  contre  la  gloire  de  Lavoîsier,  p. 

413. 

Auréoles  lumineuses  observées  en  ballon, 
p.  131. 

Aurore  de  la  justice  ,  p.  869;    —  boréale' 
du  4  lévrier,  p.  221,  240,  288,  324, 409, 
407.  411,  420/496,  544;  —  du  10  avril, 
p. 715. 

Aurores  boréales,  ç.  362,  539,  540,  687; 

,  —  observées  à  Louvain  en  1871 ,  p. 
101;  —  et  leur  origine  cosmique,  p. 
681. 

Axas  harmoniques  des  courbes  géomé- 
triques, p.  160. 


B 


Ballon  captif,  p.  419. 
Ballons  dirigeables,  p.  872. 
Barraqnes  des  hôpitaux,  p.  710. 
Bassin  houiller  de  la  Tamise,  p.  550. 
Bauxite  à  la  Guyane  française,  p.  407 . 
Bibliographie  des  arts  textiles,  p.  144. 
Bile  incolore,  p.  543. 
Bobine  d'induction  d'une  grande  force, 

p.  60. 
Bolide  observé  à  Nancy,  p.  243. 
Brachistoehrones,  p.  577. 
Brevets  d'invention,  p.  107. 
Brochures  allemandes  dénigrant  Lavoi- 

sier,  p.  39. 
Bromhydrate  depopylène,  p.  630. 
Bromhydrates   et   chlorhydrates  d'ally- 

lène,  p.  451. 
Bromures  de  méthyle  et  d'éthyle,  p.  637. 
Bronze  et  fer  phosphores  pour  l'artillerie, 

p.  187. 
Bulletin  de  l'Observatoire  de  Monteouxis, 


p.  169;— de  bibliographie  et  d'histoire 
des  sciences,  p.  632;  —  des  sciences 
mathématiques  et  astronomiques  .  p. 
717  ;  —  de  santé  hebdomadaire,  p.  546, 
677;  —  météorologique  mensuel,  p. 
270. 


Calcul  inverse  des  différences,  p.  322. 

Candidature  de  M.  Résal,  87;  —  de 
M.  Uaton  de  la  Goupîllière,  p.  162  ;  — 
de  M.  Huxley,  p.  551;  —  de  M.  Bour- 
get.p   276. 

Canons  do  campagne,  p.  276. 

Caoutchouc,  moyeu  de  le  tixer  au  bois  et 
au  métal,  p.  288. 

Caractéristiques  des  systèmes  élémentaires 
de  cubiques,  p.  365,  405,  497. 

Carbone  (le)  et  la  végétation,  p.  504;  — 
fixé  par  les  végétaux,  son  origine,  p. 
126. 

Carte  géologique  de  l'Angleterre ,  p. 
415. 

Catalogues  d'horticulture  et  de  zoologie, 
p.  465. 

Cause  de  la  fermentation  alcoolique,  p. 
218;—  mécanique  de  l'ébullition,  p. 
477. 

Causes  de  la  déviation  des  compas  sur  If  s 
navires  en  fer,  p.  302; — des  variation» 
atmosphériques,  p.  720. 

Cécité  relative  aux  couleurs,  p.  443. 

Cellules  de  levure  de  bière,  p.  161  ;  — 
cristallines,  p.  586. 

Centra  do  gravité  chez  les  insectes,  p. 
320.  479. 

Ce  ri  u  m,  sa  place  dans  la  série  des  élé- 
ments, p. 152. 

Chaire  de  paléontologie,  p.  91. 

Chaleur  de  formation  des  composés  oxy- 
génés de  l'azote,  p.  7 il;  —  absoibée 
pendant  l'incubation,  p.  164. 

Changements  de  coloration  chez  les  crus- 
tacés, p.  .'i00;  —  magnétiques  dans  e 
fer  à  des  températures  différentes,  p. 
07;  —  prétendus  dans  la  nébuleuse 
d'Arco,  p.  705. 

Chaudières  à  vapeur,  flotteur  avertisseur, 
p.  390. 

Chaux  phosphatée  de  Tarn -et- Garonne, 
p.  37. 

Chemin  de  fer  d'exploitation  rurale,  p. 
530. 

Chemins  de  fer  dans  les  grandes  villes,  p . 
517. 

Chemnitzida,?*  306. 

Chloral  pour  les  maux  de  dents,  p.  587. 

Choidroiite  de  la  Finlande,  p.  149. 

Chrysophanine,  p.  87. 

Chute  des  planètes  dans  le  soleil,  p.  €61  • 

Cités  lacustres  du  lac  de  Bienne,  p.  420. 

Classification  des  chemnittida,  p.  366. 


LES  MONDES. 


xrn 


Cliché  galvanique,  procédé  économique, 

p.  32. 
Climatologie,  p.  602. 
Cloisons  des  feuilles  de  oertainf  junous, 

p.  631. 
Coefficient  de  dilatation  dea  gaz  parfaite, 

p.  631. 
Cœlentérates,  p.  148. 
Coexistence  de  deux  types  lithologiques 

dans  la  môme  chute  de  météorites,  p. 

430. 
Collection  d'histoire  naturelle,  p.  325. 
Coloration  du  ciel,  p.  243. 
Combinaisons  de  la  dulcite  avec  les  hy- 

dracides ,  p.  578 . 
Combustibilité  du  carbone,  p.  43* 
Combustion  du  carbone  par  l'oxygène, 

p.  176,  208;  —  fermentation  et  vertus 

de  la  poussière,  p.  645. 
Comète  nouvelle,  p.  91  ;  —  d'Enoke,  p. 

148. 
Comète  IV,  1871»  découverte  par  M-  Tem- 

pel,  p.  705. 
Commerce  des  huîtres  à  New- York ,  p. 

583;  —  et  baisse  des  laines,  p.  531. 
Commission  chargée  d'inspecter  l'Obser- 
vatoire de  Paris,  p.  709. 
Communication  *ntre  l'Angleterre  et  l'A- 
mérique, p.  582. 
Compensateur,  p.  303. 
Compensation  complète  pour  la  tempéra- 
ture du  thermomètre  à  balance,  p.  149. 
Composé  spontanément  explosif,  p.  487. 
Composés  oxygénés  de  l'azote,  p.  711. 
Composition  de  la  chaux  phosphatée  de 

Tarn-et- Garonne,  p.  37  ;  —  ohimiqut 

du  vert  de  Chine,  p.  674. 
Compresseurs  d'air  du  Mont-Cenis,  p. 

562. 
Concours  de  zootechnie,  p.  464. 
Conditions  de  résistance  d'un  volant,  p. 

86. 
Conductibilité  électrique  des  liquides,  p. 

126. 
Condurango  oontre  le  cancer,  p.  97,  580. 
Conférence  rurale,  p.  419. 
Conformation  du  placenta  ohes  la  Taman- 

dua,  p.  42. 
Congrès  de  Bologne,  p.  487  ;  —  de  Saint- 

Brieuo,  p.  501. 
Conifères  jurassioues,  p.  713. 
Conjonction  de  Jupiter  et  Uranus ,  p. 

196. 
Conséquences  des  observations  de  l'éclipsé, 

p.  135. 
Conservation  de  la  viande,  p.  47  ;  —  du 

sang,  p.  216;  —  des  vins,  p.  267,539, 

576;  —  des  vins  par  la  congélation,  p. 

402;  —  des  vins  par  le  chauffage,  p. 

402  ;  —  des  épreuves  au  papier  oValba- 

mine,  p.  623  ;  —  des  épreuves  aux  sela 

d'argent,  p.  656  ;  —  des  grains  par  le 

vide,  p.  Sl7. 
Constitution  des  Pyrénées,  p.  500;  —dos 

spectres  lumineux,  p.  672. 


Construction  des  paratonnerres,  p.  320, 
509;  —  chromatique  hémisphérique, 
p.  268;  —  de  cartes  oéleites  très-dé- 
taillées,  p.  255. 

Constructions  lacustres  du  lac  de  Paladin, 
p.  244. 

Contact  du  troisième  ordre  dé  deux  sur- 
faces, p  631. 

Contagion  de  la  fièvre  puerpérale,  p* 
216. 

Contraction  des  solutions  de  suera  au  Bo- 
rnent de  l'inversion,  p.  240. 

Contre-projet  de  M.  Ch.  Tuilier,  p.  107. 

Coopéra teurs  généreux,  p.  2. 

Corpuscules  organisés  de  l'atmosphère, 
p.  407. 

Coton-poudre,  p.  289. 

Couleurs  complémentaires,  p.  601. 

Courants  atmosphériques  d'été,  p.  602; «_ 
d'indootion  produits  dans  les  bobines 
d'un  électro  aimant,  p.  253,  365;  — 
d'induotion  dans  l'appareil  de  Foucault, 

S.  277;  —  électriques  obtenus  par  la 
exion  des  métaux,  p.  162;  —  secon- 
daires pour  accumuler  les  effets  de  la 
pile,  p.  404,  425,  469;  —  qui  vont  des 
pôles  à  l'équateur,  et  «t'es  verta,  p.  645. 

Courbes  aplaties,  p.  495. 

Courbure  de  deux  nappas,  p.  822;  «-des 
surfaces,  p.  405. 

Cours  des  eaux  médicales,  p.  501  ; — élé- 
mentaire de  géologie  appliquée,  p.  87, 
68*. 

Couseuse  automate,  p.  56  ;  —  et  moteur 
automatique  Garcin-  Adam,  p.  114. 

Couvertures  en  ardoises,  p.  155. 

Crâne  d'équidé  des  tourbières  de  la  Somme, 
p.  165. 

CrcUmgut  Aronia,  p.  455. 

Cri  d'inquiétude  d'un  savant  illustre,  p. 
89. 

Cristal  au  carbonate  de  plomb,  p.  548» 

Cristallisation  d'un*  solution  saline  très- 
concentrée,  p.  527  ;  —  des  sels  baryti- 
oues,  p.  669. 

Cnstaux  de  chondroiîte,  p.  149;  —  Idio* 
cyolophanes,  p.  678. 

Critique  religieuse,  p.  638. 

Crooodiliens  fossiles  de  Saint-Géraud-le- 
Puy,  p.  579. 

Crues  de  la  Seine,  p.  276. 

Culture  des  betteraves,  p .  640. 

Cuscute  et  lozernières  dans  le  Midi,  p. 
639  ;  —  intensive  de  la  vigne  et  des 
arbres  fruitiers,  p.  226;  —  pastorale 
des  hautes  vallées  des  Pyrénées,  p. 
530. 

Cuivre  galvanique,  p.  48. 

Cyanates  dans  r  organisme,  p.  164. 


Daltonisme,  p.  448. 

Danger  de  l'emploi  de  différents  métaux 


xTin 


LES  MONDES. 


dans,  les  distribution»  d'eau,  p.  113. 

Décomposition  du  sulfure  de  carbone  par 

la  lumière,  p.  217;  —  spontanée  de  divers 
bisulfites,  p.  163;  —  de  l'eau  par  le 
zinc,  p.  701 . 

Découverte  d'une  propriété  nouvelle  du 
.colloùion,  p.  114;  —  de  deux  nouvelles 
planètes,  p.  711  ;  —  d'un  squelette  hu- 
main de  l'âge  du  renne,  p.  714. 

Découvertes  taites  à  Jérusalem,  p.  417  ; 

—  paléoethnologiques  de  l'Italie  cen- 
trale, p.  487. 

Déformation  des  blocs  ductiles,  p.  708. 
Dégâts  produits  parla  foudre  à  Alatri, p. 

876. 
Démonstrations  vulgaires  de  la  pesanteur 

du  gaz  acide  carbonique,  p.  55. 
Densités    de  l'acide  ohlorhydrique ,   p. 

498. 
Dérivées  d'une  série  isoeaprile,  p.  147. 
Dérivés  du  chlorure  de  tollylène,  p.  41  ; 

—  de  la  désozybenzolne,  p.  151. 
Descendance  de   l'homme  et   sélection 

sexuell»,  p.  325. 
Désinfection   des  vidanges  d'usines-,  p. 

446;  — '  des  eaux  d'égouts,  p.  528* 
Détermination  des  hrachistochrones,  p. 

577. 
Développement  des  ferments  alcooliques, 

p.  175. 
Déviation  du  fil  à  plomb  par  l'attraction 

du  Catoase,  p.  149. 
Déviations  du  compas  sur  les  navires  en 

fer,  p.  801. 
*  Diamants  des  mines  d'Afrique,  p.  686. 
Dibrorahydrate  d'acétilène,  p .  630 . 
Dichromate  haliobromique,  p.  674. 
Dimensions  des  atomes,  p.  616. 
Diphény lamine,  p.  542. 
Dissociation  cristalline,  p.  708. 
Dissolvant  nouveau  de  l'iodurt  plombi- 

qae»  p.  566. 
Distillation  simnltanéefde  l'eau  et  de  l'io- 
dure  butylique*,   p.  251  ;  —  sèche  des 
bois,  p.  628. 
Distribution  des  médailles,  p.  589. 
Dosage  de  l'acide  phosphorique,  p.  80}— 
,     do  l'acide  sulfureux  et  des  Bulfites  par 
le  permanganate  de  pousse  titré ,  p. 
.  507  ;  —  de  l'azote  par  la  chaux  iodée, 

p.  456  ;  —  du  glucose,  p.  44. 
Double  réfraction  du  quartz,  p.  172. 
Draguages  dans  la  fosse  du  Cap-Breton, 

p.  499. 
Duplication  du  cube,  p.  87. 
Durée  de  l'étincelle  électrique,  p.  452; — 
et  marche  des   oourants  d'induction, 
p.  75. 
Ihxnite  dans  les  basaltes  de  l'Ile  Bourbon, 
p.  680. 


E 


Echelles  de  température  des  gaz,  p.  631 . 


Eclairage  à  la  lumière  oxhydrique,  p. 
45, 133. 

Eclipse  du  soleil  du  11  décembre,  p.  91, 
837;—  du  3«  satellite  de  Jupiter,  p. 
705. 

Eclipses  pour  1872,  p.  332;  —  des  satel- 
lites de  Jupiter,  p.  661. 

Ecoles  professionnelles  et  loi  militaire,  p . 
545* 

Ecorce  des  Ericinéee,  p.  579. 

Ecoulement  des  liquides  dans  les  espaces 
capillaires,  p.  239  ;  —  de  l'eau  dans  les 


canaux,  p, 


709. 


Education  (!')  maternelle  d'après  les  in- 
dications de  la  nature,  p.  57. 

Educations  de  vers  à  soie,  p.  320. 

Effet  de  la  lumière  violette  sur  la  végéta- 
tion, p.  324. 

Effets  des  variations  du  travail  transmis 
par  les  machines,  p.  170;  —  des  ex- 
crétions animales  contenues  dans  les 
eaux,  p.  718  ;  —  mécaniques  dn  mar- 
teau-pilon américain,  p.^  239;  — ^  chi- 
miques résultant  de  l'action  calorifique 
des  décharges  électriques,  p.  166. 

Egyptîan  Hall  et  M.  le  professeur  Pepper, 
p.  552. 

Electrisation  par  frottement  dans  le  sul- 
fure de  carbone,  p.  217. 

Eleotro •aimant  monstre,  p.   106,329. 

Eléments  de  l'orbite  de  la  lune,  p.  660  ; 
—  de  la  comète  de  Tempel,  p.  705. 

Eléphant  blanc,  p.  100. 

Embellissements  de  Paris,  p.  633. 

Embouchures  du  Nil,  p.  403. 

Embryogénie  du  Phthiriui  puoi«,  p*  147. 

Embryologie  des  animaux  inférieurs,  p. 
152. 

Emploi  des  réchauffeurs  en  tôle,  p.  30  ;— 


â 


carboliqne  pour  le  collage  des  papiers 
de  tenture,  p.  585  ;  —  des  conrants  se- 

.  oondaires  pour  accumuler  les  effets  de 
la  pile  voltaïque,  p<  425,  469. 

Enclume  monstre,  p.  5f. 

Enseignement  de  la  géographie  dans  les 
écoles  primaires,  p.  714  ;  —  géogra- 
phique, p.  276  ;—  supérieur  en  France, 
p.  501  ;  —  supérieur  d'agriculture,  p. 

,464. 

Eozoon  canadtnse,  p.  93. 

Ephéméride  delà  comète  de  Tempel,  p. 
705. 

Epidémie  d'ictère  essentiel  observée  à 
Paris,  p.  182. 

Epûtola  de  maQnHêy  p.  632. 

EpoDges  de  la  mer  Blanche,  p.  149. 

Epoque  arohéolithique,  p.  487  ;  —  néo- 
lithique, p.  488;  —  du  bronzé,  p.  4&0  ; 
—  du  fer,  p.  49t. 

Epoques  de  floraison,  p.  604. 

Equation  du  mouvement  vibratoire  d'une 
lame  circulaire,  p .  215  ;  —  de  la  plas- 


LES  MONDES. 


XIX 


tody  nautique,  p.  711  ;  —  aux  différen- 
ces partielles  des  vitesses,  p.  321. 

Equations  générales  do  l'équilibre,  p.  145; 
—  aux  différentielles  partielles,  p.  672. 

Essai  de  naturalisation  des  végétaux  utiles, 
p.  682  ;  —  sur  la  construction  des  pa- 
ratonnerres, p.  509. 

Essaims  d'astéroïdes  près  delà  terre,  p. 
407. 

Essais  sur  le  titrage  des  alcaloïdes  du 
quinquina,  p.  74. 

Etat  des  oorps  dans  les  dissolutions,  p. 
126,  163,  208;  —  des  récoltes,  p.  465, 
677  ;  —  des  cultures,  p.  641.  , 

Ethers  acétiques  de  la  dulcite,  p.  454. 

Etoiles  filantes,  p.  214  ;  —  filantes  Ta 
mouvement  hélicoïdal,  p.  280. 

Etrange  préoccupation   d'esprit,  p.M39. 

Etrennes,  p.  1. 

Etude  des  vibrations  moléculaires  des  li- 
quides, p.  26;  —  des  aurores  boréales  en 
général,  p.  716;  —  microscopique  du 
système  nerveux,  p.  15$  ;  —  physique 
du  plan  d'épreuve,  p.  577  ;  —  et  en- 
seiguemeutde  la  géographie,  p.  315. 

Etudes  sur  la  formation  du  rouge  d'ani- 
line, p.  31  ;  —  sur  l'ozone,  p.  150;  — 
sur  les  densités  de  l'acide  cnlorhyari- 
que,  p.  498  ;  —  d'archéologie  celtique, 

{>.  226  ;  —  chimiques  sur  le*  laodes  de 
a  Bretagne,  p.  239;  —  micrographi- 
ques, p.  152;  —  morphologiques  sur 
les  levures  alcooliques,  p.  409  ;  —  pa- 
léoethnologiques de  l'Italie  centrale,  p. 
487. 

Eucalyptus  globulos a,  p.  371. 

Eurytomis  longipmnls,  p.  80. 

Eiiatence  de  Dieu,  p.  134  ;  —  de, l'ami- 
don dans  les  testicules,  p.  206. 

Expérience  d'électricité,  p.  668;  -- d'é- 
lectro-magnétisme,  p.  690;  — curieuse, 
p.  287  ;  —  pour  démontrer  la  cause  de 
l'ébu  lition,  p.  477;  —  acoustique,  p. 
499  ;  —  relative  h  la  question  de  la  va- 
peur vésiculaire,  p.  546. 

Expériences  de  M.  Frémy,  p.  360;  —  de 
polarisation  de  la  chaleur,  p.  800  ;  — 
sur  la  génération  spontanée,  p.  581  ;  — 
nouvelles  sur  le  poisson  volant  de  Fran- 
klin, p.  613. 

Explorations  des  régions  arctiques,  p. 
584. 

Explosion  sur  le  soleil,  p.  38. 

Explosions  des   machines  à  vapeur,  p. 

549. 

Exposition  de  Bologne,  p.  487  ;  —  de 
Lyon,  p.  641  i  —  universelle  d'écono- 
mie domestique,  p.  678  ;  —  universelle 
de  Vienne  eu  1873,  p.  529. 

Extension  de  l'octant  à  la  mesure  de  180*, 
p.  652. 

Extinction  des  incendies,  p.  280. 

Extraction  du  sucre  des  mélasses,  p.  635. 


Fabrication  des  monnaies  en  Angleterr 

S.  i  10;  —  de  la  glace,  p.  22  1,  379  ;— 
uthé,  p.  308;  —  du  sucre,  nouveau 
procédé,  p.  286. 

Faculté  de  médecine  de  Bordeaux,  p. 
656. 

Faiseuses  d'anges,  p.  689. 

Fait  singulier  de  rotation,  p.  377;  —  re« 
marquable  observé  au  contact  de  cer- 
tains liquides,  p .  666. 

Faits  pour  servir  à  l'histoire  de  l'acide 
azotique,  p.  88  ;  —  nouveaux  p  >ur  ser- 
vir à  l'histoire  des  phénols,  p.  713  ;  — 
relatifs  à  la  diphény lamine,  p.  542. 

Falsification  des  os  en  poudre,  p.  585. 

Fécondation  des  écre visses,  p.  220;  — 
des  œufs  de  poisson,  p.  713. 

Fer  et  bronze  phosphores  pour  l'artillerie, 
p.  137  ;  —  cristallisé  ou  biûlé,  p.  458  ; 

—  déposé  par  voie  électro-chimique, 
p.  38. 

Fermentation,  p.  645  ;  —  alcooliqne,  p. 
312  ;  —  alooolique  du  sucre  de  lait,  p. 
367. 

Fermentations,  p.  13,  84,  264* 

Ferments  alcooliques,  p.  175. 

Feutres  pour  toitures,  p.  156. 

Fixations  des  vibrations  sonores,  p.  377. 

Flotteur  avertisseur  dans  les  chaudières 
à  vapeur,  d.  390. 

Forces  électromotrices  développées  au 
contact  des  métaux,  p.  405  ;  —  mole  • 
oulsires  dans  les  liquides,  p.  319. 

Formation  de  la  leuoine  dans  la  fermen- 
tation alooolique,  p.  218;  —  du  chlo- 
ral,  p.  538;  —des  nébuleuses,  p.  161; 

—  du  rouge  d'aniline,  p.  31. 
Formes  oaudales  allongées  des  oiseaux  de 

Paradis,  p.  74. 
Fossiles  de  la  république  de  l'Equateur, 

p.  502. 
Fouilles  dans  le  lit  du  Tibre,  u.  96* 
Four  àpuddler  rotatoire,  p.  551. 
Fourneau  à  gaz  pour  petit  atelier,  p»  193. 
Frein  pour  chemins  de  fer,  p.  390* 
Froids  de  décembre  1871,  p.  83. 


Gabarit  plastique,  p.  391. 

Gaffe  de  sauvetage,  p.  895. 

Galvanomètre  vertical  à  fléau,  p.  44S. 

Gaz  des  fumerolles  de  la  solfatare  de 
Pouzzoles,  p.  410;  — *  du  sang,  p.  241, 
261,  279  ;  —  contenus  dans  la  houille, 
p.  352  ;  —  rendue  visibles,  p.  140. 

Gélatine,  caséine,  osmazoïne,  p.  569. 

Génération  spontanée,  p.  213,  244.  581; 
—  spontanée  des  ferments,  p.  Ht. 


XX 


LES  MONDES. 


Géographie  de  la  Perse,  p.  150  ;  —  et  to-   i 
pographie  en  France,  p.  96.  *  F 

Géométrie  analytique  à  trois  dimensions, 

p.  556. 

Germes  des  ferments,  p.  214* 

Gisement  abondant  de  poissons  fossiles, 
p.  644. 

Gisements  de  chaux  phosphatée  de  Saint- 
Àntonin,  p.  37  ;  —  de  lignite  près  de 
Sméla,  p.  148. 

Globales  du  sang,  preuve  qu'ils  fournissent 
de  la  fibrine,  p.  80 . 

Glucose  destrogyre,  p.  88. 

Gonidies  du  lichen,  p.  544. 

Gonolobuscondurango,  p.  580. 

Gravure  sur  verre  et  sur  métaux,  impor- 
tante innovation,  p.  291  ;  —  par  un  jet 
de  sable,  p.  552* 

Greffes  cntaoées,  p.  548;  —  épidermiques 
pour  guérir  les  plaies  rebelles  p.  408. 

Grêle  salée,  p.  99. 

Guano  des  lies  Lobos,  p .  50. 

Gulf-Stream,  p.  151. 

Gymnètre  épée,  p.  164* 

Gyroscope-boussole,  p.  3  \ — marin,  objec- 
tions, p.  274;  —  de  Foucault  appliqué 
a  la  navigation,  p.  374  ;  —  transformé 
en  instrument  de  réflexion,  p.  375. 


H 


Hécatombe  de  nourrissons,  p.  639  • 

HemipteUa  Davidii,  p.  206* 

Heroirhynchus  Desnayes,  p.  544  k 

Histoire  des  fermentations  ,  p.  315 , 
626;  —  des  phénols,  p.  713;  —  de 
l'économie  politique  des  anoiens  peu- 
ples, p.  679  ;  —  naturelle  des  A  loi  des, 
p.  147  ;  —  naturelle  des  élans,  p.  149. 

HoteMHeu  (le  nouvel),  p.  90. 

Houille  en  Suède,  p.  600. 

Huiles  siooatives  et  non  siccatives,  p. 
392. 

Huîtres  à  perles,  p.  98. 

Hydrodynamique  des  cours  d'eau, p.  402, 
452,  494,  537. 

Hydrosinoite  découverte  à  Aronzo,  p. 
836. 

Hypothèse  des  vents  alizés  sur  le  soleil, 
p.  627. 


1 


Identité  de  la  lumière  et  de  la  chaleur 

rayonnante,  p.  431  • 
Idothea  entomon,  p.  151. 
Ile  de  Madagascar,  p.  597* 
Illusion  d'optique  en  ohemin  de  fer,  p.  53. 
Impôt  (i'i  sur  le  capital,  p.  683  ;  —sur  le 

sel  pour  les   produits   chimiques,  p 


Impression  photographique,  p.  506. 

Incendie  de  Chicago,  p.  588. 

Incendies  (les)  modernes,  p.   682. 

Inclinaison  du  plan  de  l'aile  aux  différents 
instants  de  sa  révolution,  p.  404. 

Indications  et  contre»  indications  des  eaux 
de  Vichy,  p.  228. 

Industrie  sucrière,  p.  46,  501. 

Inflammabilité  des  huiles  de  pétrole,  p. 
395. 

Influence  de  la  température  sur  les  plan  • 
tes,  p.  79  :  —  de  la  neige  sur  la  tem- 
pérature du  sol,  p.  83;  —  de  la  cha- 
leur sur  l'élasticité  du  caoutchouc,  p. 
147,  354  ;  —  des  déplacements  de  Taxe 
de  rotation  de  la  terre,  p.  153  ;  —  des 
changements  de  pression  sur  les  phé- 
nomènes de  la  vie,  p.  405;— des  éclipses 
sur  le  magnétisme  terrestre,  p.  409  ;  — 
du  froid  de  l'hiver  sur  les  graines,  p. 
541. 

Ingénieurs  agricoles,  p.  641. 

Injecteur,  p.  547. 

Innovation  importante  dans  la  gravure 
sur  verre  et  sur  métaux,  p.  291. 

Inscription  du  tombeau  de  John  Her- 
achel,  d.  288. 

Institut  technologique  Stevens,  à  Hobo- 
ken,  p.  189. 

Instruction  publique  en  France,  p.  555. 

Instruments  de  précision,  p.  389  ;  —  de 
M.  Janssen  construits  par  M.  Bardou, 
p.   132. 

Intégrale  d'une  équation  différentielle,  p. 
161. 

Intégrateur  de  M.  Deprez,  p.  10,  548. 
Intégration  des    équations  aux  dérivées 
partielles,  p.  537  ;  —  d'équations  aux 
différences  partielles,  p.  541  ;—  de  l'é- 
quation f(x,  y,  ^~j=  o,  p.  710. 

Intensité  de  la  lumière  solaire  et  d'autres 

souroes  lumineuses,  p.  664. 
Intervalles  mélodiques,  p.  276. 
Invention  de  quelques  étalons  de  mesure, 

p.  87. 
Investigations  sous-marines,  p.  805. 
Iodosulfates,  n.  456. 
Iodure  d'amidon,  p.  867,  405;  —  plom- 

bique,  son  aotion  sur  des  acétates,  p, 

176. 
Irritabilité  de  la  moelle  épinière,  p.  147. 
Ibomèresdela  trichlorhydrine,  p.  542;— 

nouveaux  du  bromure  de  propylène,  p. 

405. 


J 


Jardins  maraîchers  de  la  garnison  de  Va- 
lenciennes,  p.  492. 


»ci    pour    Aea    pruuuiui    uuumuuoo,  p.  lencjeuiu»,  p.   *»z. 

388  ;  —  proportionnel  suc  les  factures,  j  Journal  d'un  diplomate  en  Italie,  p.  555 
p.  417.  I  Jus  de  rftperie,  p.  5. 


LES  MONDES. 


XXI 


Laboratoire  de  physique  de  l'Institut  de 
technologie  de  Massaohusets,  p.  582. 

Lames  élastiques  vibrantes  comme  moyen 
de  propulsion,  p.  216,  822. 

Lampe  de  sûreté  des  mines,  p.  600  . 

Lampes  à-  pétrole,  p.  417. 

Landes  de  la  Bretagne,  études  chimiques, 
p.  239. 

Larves  aquatiques,  rôle  de  leurs  organes 
respiratoires,  p.  253. 

Legs  de  M.  Herpin,  p.  527. 

Lendemain  (le)  de  la  mort,  p.  688. 

Lêpas  anatiftra^  p.  151. 

Lettre  de  M.  Janssen,  p.  173  • 

Levures  lactique  et  alcoolique,  p.  124 . 

Libération  du  sol  par  l'impôt  sur  les  fac- 
tures, p.  417. 

Libre-penseur  spirite,  p.  139. 

Lignes  ellipsoïdes,  p.  660 . 

Ligue  contre  l'abus  du  tabac,  p.  92. 

Lobe  surnuméraire  dans  le  poumon  de 
l'bomme,  p.  148. 

Locomotive  électro-magnétique,   p.  107. 

Logarithmes  hyperboliques  et  népériens, 
p.  65t. 

Loi  nouvelle,  p.  91. 

Lois  de  l'écoulement  des  liquides  dans  les 
espaces  capillaires,  p.  239  ;  —  des  ondes 
lumineuses  propagées  dans  un  milieu 
homogène,  p.  172;— des  marées  atmo- 
sphériques, p.  669  ;  —  du  mouvement 
des  projectiles,  p.  574  ;  —  préventives 
coutre  l'alcoolisme,  p.  633  ;  —  géomé- 
triques de  la  distribution  des  pressions 
dans  un  solide,  p.  255. 

Lombriciens  terrestres,  p.  500. 

Longévité,  p.  685. 

Longueurs  d'onde,  p.  602. 

Lueurs  polaires  observées  le  10  avril,  p. 
714. 

Lumière  électrique,  p.  51  ;— oxhydrique, 
p.  4,  45,  133,  281  ;  —  oxhydrique; 
essai  d'oxygèue,  369;  — Drummond,  p. 
686  ;  —  violette,  sou  effet  sur  la  végé- 
tation, p.  324;  — zodiacale,  p.  262,  706; 
—  zodiacale,  et  aurores  boréales,  p. 
540;  —  zodiacale,  analyse  spectrale, 
p.  363. 

Luzernières  et  cuscute  dans  le  Midi,  p. 
639. 


M 


Maohine  magnéto-éleotrique  à  courants 
continus,  p.  513}  —  perforante  à  dia- 
mant, p.  52. 

Magnétisme  terrestre,  p.  675,  687. 

Main,  sa  position  ohei  l'homme  et  les  ver- 
tébrés, p.  271. 


Maladies  chirurgicales  de  l'adolescence, 
p.  629. 

Mammifères  de  l'Altaï,  p.  149. 

Manuel  pratique  et  élémentaire  de  l'ana- 
lyse chimique  des  vins,  p.  82. 

Mars  pendant  son  opposition  en  1871,  p. 
557. 

Marteau-pilon  Ptnéricain,  ses  effets  mé- 
caniques, p.  239. 

Matériaux  pour  la  connaissance  du  basalte, 

p.  77. 
Matière  lancée  par  le  soleil,  p.  659  ;   — 

minérale  dans  les  plantes,  p.  579;  — 

sucrée  sur  les  feuilles  d'un  tilleul,  p. 

167, 410. 
Matinées  scientifiques ,  p.  180. 
Maxiraa  et  mini  ma  des  intégrales  définies 

multiples,  p.  148. 
Mécanique  rationnelle,  p .  275. 
Médailles  de  la  Société  d'encouragement, 

p.  677. 
Méduse  ou  poisson  gélatineux,  p.  584. 
Mémoires  de  mécanique  rationnelle,  p. 

215. 
Mer  Caspienne,  p.  152. 
Mesure  de  la  polarisation  dans  l'élément 

voltaïque,  p.  366  ;  —  des  températures 

très-élevées,  p.  210. 
Métamorphoses  des  cyanates  dans  l'orga- 
nisme, p.  164. 
Météorite,  p.  238;  —  de  Pallas,  p.  150. 
Météorites  aes  Indes-Orientales  ,  p.  688. 
Météréographe  du  R.  P.  Seochi,  p.  376 . 
Méthode  nouvelle  pour  préparer  le  collo- 

dion,  p.  624;  —  phonomimique,  p.  95. 
Microzymas,  p.  410. 
Mines  d'argent,  p.  100;  —  d'or,  p.  502  ; 

—  de  métaux  précieux  en  Bolivie,  p. 
502. 

Miroirs  en  verre  argenté,  p.  320,  362. 

Mise  en  valeur  des  sols  pauvres,  p.  229 . 

Mode  d'observation  du  passage  de  Vénus, 
p.  253. 

Modifications  de  l'acide  nitreux  au  contaot 
du  sol,  p.  130;  —  dans  la  moelle  épi* 
nière  après  une  amputation,  p.  406. 

Moissonneuse,  p.  533. 

Mon  jardin,  p    416. 

Monographie  du  poirier,  p.  629. 

Monstruosités  chez  les  crustacés,  p.  80. 

Montebrasite.  p.  129. 

Monument  au  docteur  Piiestley,  p.  290. 

Morcellement  et  fusion  des  balles,  p. 
319. 

Morphine  et  chloroforme,  p.  543. 

Mort  du  docteur  Herpin,  p.  136  ;  —  de 
M.  Combes,  p.  208  ;  —  de  M.  Laugier, 
p.  359,  669;  —  de  M.  Pictet,  p.  540; 

—  de  M.  Hugo  Mohl,  p.  669 . 
Moteur  sans  feu,  p.  551  ;—  automatique, 

Garcin-Adam,  p.  114. 
Moulages  en  fer  et  ciment,  p.  395 . 
Moulin  à  vent,  p.  121. 
Mouvement  des  projectiles  oblongs  dans 

les  milieux  résistants,  p.  169  ;  —  de  la 


xxn 


LES  MONDES. 


matière  lancée  par  le  Boleil,  p.  659;— 
des  liquides  dans  les  tubes  oapillaires, 
p.  60B,  629. 

Mouvements  du  périgée  et  du  nœud,  de  la 
lune,  p.  159;  — moléculaires  dans  le 
fer  à  des  températures  différentes,  p. 
67. 

Moyen  de  fixer  le  caoutchouc  au  bois  et 
au  métal,  p.  288;  —  d'augmenter  le 
volume  dfs  cristaux,  p.  587  ;  de  prépa- 
rer des  verres  mats,  p.  656. 

Moyens  de  protéger  les  habitations  contre 
la  foudre,  p*  496. 

Muscles  de  tension  chez  l'homme,  p.  152. 

Musée  central  allemand  d'ethnologie,  p. 
97. 

Mycoderma  oint,  247,  265. 


N 


Naissance  d'un  jeune  hippopotame  en  An- 
gleterre, p.  97. 

Nature  complexe  delà  cathartine,  p.  87; 
—  et  origine  des  ferments,  p.  246. 

Navigation  aérienne,  p.  222,  237. 

Nébuleuses  observées  à  Marseille,  p.  321. 

Nègres  brachycéphales,  p.  240. 

Nerf  dépresseur  du  cheval,  p.  150;  —chez 
l'hippopotame,  p.  456. 

Nickelage,  pro  édé  nouveau,  p.  286. 

Niveaux,  p.  389. 

Nomenclature  usuelle  de  550  fibres  tex- 
tiles, p.  373. 

Nomination,  p.  636;  —  de  M  Grove  aux 
fonctions  de  juge,  p.  138;  —de  M.  Rol- 
land, p.  463,  540. 

Notice  sur  l'appareil  d'induotion  produi- 
sant de  l'électricité  statiquo,  p  64  ;  — ■ 
sur  Ak- tan  et  Kara-tan,  p.  147* 

Nouvelles  académiques,  p.  370;  —  mé- 
téorologiques, p.  404. 

Nuée  de  sauterelles,  p.  502. 


O 


Objections  an  gyroscope  marie,  p.  274. 

Observation  dn  passage  de  Vénus  ,  p. 
500. 

Observations  de  l' éclipse  du  11  décembre 
faites  à  Poodocottah,  p.  340  ;  —  du 
capitaine  Maclear  sur  l'éclipsé  du  11  dé* 
cembre,  p.  338  ;  —  du  vj  d'Argo  et  sa 
nébuleuse ,  p.  704  ;  —  des  planètes  à 
Saint- Péter6bourg,  p.  150;— à  effectuer 
dans  les  ascensions  aérostatiques,  p. 
215;  —  an  sujet  des  expériences  de 
M.  Frémy,  p.  360;— méridiennes  dans 
l'hémisphère  austral,  p.  272$  —  physi- 
ques dans  le  tunnel  des  Alpes,  p.  €05  ; 


—  télescopiques  pendant  les  éclipses 
de  soleil,  p.  658. 

Observatoire  de  Montsonris,  p.  628;  — 
de  Rio- Janeiro,  p.  272;  —  national, 
p.  413;  —  royal  d'Edimbourg,  p.  51. 

Occultation  de  g  du  Capricorne  par  la 
Lune,  p.  705. 

Oooultations  par  la  lune  et  éclipses  des 
satellites  de  Jupiter,  p.  661. 

Œufs  de  Moa,  p.  290  ;  —  de  poissons  , 
713. 

Oiseaux  fossiles,  p.  710. 

Ophiopogonies,  148. 

Or  de  la  Guyane  française,  p.  94 . 

Orbite  de  la  lune,  p.  660. 

Organes  respiratoires  des  larves  aquati- 
ques, p.  253. 

Organisation  des  grégarines,  p.  152. 

Origine  des  levures  lactique  et  alcooli- 
que, p.  12*,  160  ;  —  des  aurores  po- 
laires, p.  412,  455;  — •  de  l'ozone  dans 
l'air  de  la  campagne,  p .  495  ;  —  du 
carbone  fixé  par  les  végétaux  à  chloro- 
phylle, p.  126;  —  et  nature  des  fer- 
ments, p.  246;— cosmique  des  aurores 
boréales,  p.  581,  676. 

Orme  épineux  des  Chinois,  p.  206. 

Ornements  transparents,  586. 

Osmazome,  p.  569.. 

Osséine,  gélatine,  osmazome,  p.  569. 

Ostéologie  de  la  main,  p.  151. 

Oxychlorures  de  silicium,  p.  173. 

Oxydations  produites  par  l'acide  azotique, 
p.  31. 

Oxygène  à  bon  marché ,  p.  830  ;  —  et 
lumière  oxhydrique,  p.  281. 

Ozone,  à  l'état  concentré,  p.  260;  —  con- 
tenu dans  l'air  de  la  campagne,  p. 
495. 


Pain  de  santé,  p.  109. 

Palaffites  de  Paladin,  p.  244. 

Pale  aie  préservateur  ae  la  couche  sensi- 
ble, p.  657. 

Panémone,  p.  122 . 

Pangermanisme,  p.  459. 

Parachutes  des  mines,  p.  389. 

Passage  de  Vénus  ,  mode  d'observation,  • 
p  253  ;  —  ancien  de  Mercure,  p.  707. 

Pendule  de  Léon  Foucault,  p.  262;— ap- 
pliqué à  la  navigation,  p.  374. 

Pénicillium  crustaceum,  p.  257. 

Perfectionnement  aux  couvertures  «n  ar- 
doises, p.  15!»  • 

Périodicité  des  pluies  de  sable  an  sud  de 
l'Europe,  p.  541. 

Permanganate  de  potasse  titré  pour  le 
dosage  de  l'acide  sulfureux,  p.  507.    . 

Peste  des  steppes,  p.  686. 

Petite  cause  d'un  grand  effet,  p.  419. 


LES  MONDES. 


xxtrt 


Petites  Annales  de  chimie,  p.  678, 

Petitesse   apparente   des  objets  vus  en 
chemins  a?,  fer,  p.  53. 

Pétrole,  p.  549;  —  rendu  moins  inflam- 
mable, p.  178,  276. 

Pétroles  de  l'empire  russe,  p.  150. 

Phénol  transformé  en  alcaloïdes,  p.  319  • 

Phénomène  électrique,  p.  552. 

Phénomènes  d'astronomie  pratique  pour 
Tannée  1872,  u.  535,  381;—  de  fermen- 
tation, p.  407;  —  qui  donnent  nais* 
•anceaux  aurores  boréales,  p.  362;  — 
indiquant  l'état  du  milieu  êidéral,  p. 
253  ;  —  acoustiques  observés  en  ballon, 
p.  43;  —  aui  oraux,  p.  411;  —  pério- 
diques, p.  386;  —  interférentiels  nou- 
veaux, p.  604. 

Pholcus  opilionciies,  p.   77. 

Photographie  appliquée  aux  études  géo- 
graphiques, p.  143;  —vitrifiée,  p.  547. 

Photographies  des   oounes  transversales 
de  tiges  diverses,  p.  632  ;  —  du  soleil, 
p.  551. 
Photogravure,  p.  3. 

Photomètre  nouveau  à  indication  conti- 
nue, p.  662. 
Phylloxéra  vastatrixy  p.  38  ;  —de  la  vigne, 

p.  333. 

Pierre  (la)  meulière,  p.  505. 

Pierres  météoriques  des  régions  polaires, 
p.  52. 

Pile  voltaïquede  Lc.land,  p.  291. 

Place  du  cérjum  dans  la  série  des  élé- 
ments, p.  152. 

Planète  Mars  pendant  l'opposition  de 
1871,  p.  657;  —  nouvelle,  p.  550;  — 
perdue  (99)  Dike,  p.  364. 

Planètes  tombant  dans  le  soleil,  p.  558. 

PJanomètre  polaire  d'Amsler,  p.  80. 

Planotype,  p.  552. 

Plantes  du  Japon  et  de  la  Mandchourie, 
p.  149, 151  ; — jurassiques  de  la  France, 
p.  421;  —  foesiles  de  Bozon,  p.  164; 
—  fossiles  de  l'époque  jurassique,  p. 

261. 

Pluie  de  pierres  à  Rozano,  p.  502;  —  de 
sable,  p.  243,  544;  —  de  sable  et  phé- 
nomènes cosmiques  observés  en  Italie, 
p.  511. 

Pluies  de  sable  au  sud  de  l'Europe,  p. 
541. 

Poids  d'uu  décimètre  cube  d'eau  distillée, 
p.  148. 

Poil  de  mammouth,  p.  151.' 

Poisson  de  Franklin,  p.  61$;  —  gélati- 
neux, p.  584. 

Polarisation  de  la  chaleur,  p.  300  ;—  dans 
l'élément  voltaïque,  p.  366. 

Polydactylie,  p.  151. 

Polyèdres  convexes,  p.  405 

Polymorphisme  du  tnucor  mucftdo,  p.  675. 

Pompe  centrifuge  de  MM.  Neut  et  Du- 
mont,  p.  534. 

Pont  monumental  sur  le  Danube ,  p. 
634. 


Porteur  universel  de  M.  Corbin,  p.  530* 

Poiidonia  minuta^  pi  165. 

Position  de  la  main  ohez  l'homme  et  les 
vertébrés,  p.  271  ;  —du  centre  de  gra- 
vité chez  les  insectes,  p.  479;  —  de 
l'équateur  magnétique  dans  l'Inde,  p. 

497. 
Positivisme,  p.  134. 
Pouvoir  réflecteur  des  miroirs  argentés, 

p.  320,  3*>2. 
Précession  des  équinoxes,  p.  147. 
Précipitation  des'  métaux,  p.  716. 
Prédictions  des  tremblements  de  terre, 

p.  496.  * 

Pr«-  historié  Tim$s ,  p .   716. 
Préparation  de  l'ozone  concentré,  p.  260; 

—  de  l'oxygène,  p.  546;  —  des  verres 
mats,  p.  656;  —du  potassium,  p. 550; 
du  col.odion,  nouveau  procédé,  p.  624; 

—  du  zinc  pur  par  l'électrolyse,   p. 

242. 

Preibylês  albicena,  p.  77. 

Pression  barométr  que,  p.  587. 

Prévision  de  certains  tremblements  de 
terre,  p .  279  ;  —  des  aurores  magné- 
tiques à  l'aide  des  courants  terrestres, 

p.  715. 
Prévisions  météorologiques  et  séismiques, 

p.  456. 
Principes  contenus  dans  les  olives,  p. 
716. 

Prix  Baer,  p.  150  ;  —  de  la  Société  d'en- 
couragement, p.  677;  —  d*s  céréales, 
p.  639;  —  décerné*,  p.  284;  —pro- 
posé, p.  419;  —  proposés  par  l'Acadé- 
mie des  sciences  de  Belgique,  p.  371. 

Prooédé  de  vitioulture  de  M.  Duchesne- 
Thourean  ,  p.  381  ;  —  économique  de 
cliché  galvanique,  p.  32;  —  nouveau 
de  nickelage,  p.  §86;  —  nouveau  de 
fabrication  du  sucre,  p.  286;  —  sac- 
charimétrique  nouveau*  p.  240;  — 
Tilghmann  de  taille  et  de  gravure  par 
un  jet  de  sable,  p.  552. 

Procédés  de  photographie  au  charbon, 
aux  encres  d'impression  et  aux  sels 
d'argent,  p.  680. 

Production  du  cymène  par  l'hydrate  d'es- 
sence de  térébenthine,  p.  242;  —  et 
propriétés  du  protoxyde  de  fer  anhy- 
dre, p.  866;— industrielle  économique 
de  la  glace  et  du  froid,  p.  181. 

Prodoit  des  chemins  de  ier  pour  l'Etat,  p. 
392; 

Produits  nitrés  de  la  benzoîde-anilide,  p. 
151. 

Programme  des  prix  de  l'Académie  des 
sciences  de  Belgique,  p.  371  ;  —  des 
observations  à  faire  dans  le  tunnel  de 
Fréjus,  p.  87;— des  soirées  de  la  salle 
du  Progrès,  p.  179. 

Pronostioum  in  annum  Domini  1504,  p . 
632. 

Propagation,  des  actions  éleotrodynasni- 
ques,  p ,  108. 


XXIT 


LES  MONDES. 


Propriété  des  focales  des  surface» ,.  p  • 
216;  —  nouvelle  du  eollodion,  p.  114. 

Propriétés  du  fer  éleotaolytique,  p.  33  ;  — 
du  fer  déposé  par  la  voie  galvanique, 
p.  145;  —  de. l'ozone,  p,  594  ;  —  deJa 
moelle  des  os,  p.  581;  —  physiologi- 
ques de  divers  chlorures,  p.  4i  ;  ~- ré- 
ductrices de  l'hydrogène»  p.  673. 

Propulseur  nouveau,  p.  39. 

Propulsion  par  des  lames  élastiques  vi- 
brantes, p.  322,  863. 

Protoxyde  de  fer  anhydre,  production  et 
propriétés,  p.  366. 

Protubérances  solaires,  p.  249. 

Puddlage  méoaniqne,  p.  289. 

Putréfaction  cadavérique  chez  les,  sujets 
alcoolisés,  p.  58»,  671. 

Pyruvino,,p.  454. 


Q 


Quantité  de  magnétisme  des  électro-ai- 
manti,  p.  497. 

Quantités  angulaires  des  polyèdres  con- 
vexes, p.  405. 

Questions  et  réponses,  p.  140;  —  rela- 
tives aux  courants  de  la  mer,  p.  376. 


R 


Racine  de  Condurango,  p .  97. 

Pacines  imaginaires  des  équations,  p. 
i/o* 

Raie  brillante  dans  le  spectre  des  aurores 
boréajes,  p.  404. 

Raies  du  spectre  de  l'aurore  boréale.»  p. 
403  ;—  de  l'aurore  boréale  du  4  février, 
p.  222  ;  —  du  speotre  solaire,  p.  278  ; 
—  d'absorption  du  speotre  des  aoides 
hypoazotique  %  hypochlorique  et  chlo- 
reux,  p.  323.     * 

Rapport  de  M.  Blanchard,  p.  590;  —  de 
la  circonférence  au  diamètre,  p.  161, 
216;  —  annuel  de'  l'Observatoire,  phy- 
sique de  Russie,  p.  154. 

Rats  kangaroo,  p.  290* . 

Réaction,  p.  411  ;  —  entyre  le  soufre  et  la 
vapeur  d'eau,  p.  242* 

Recensement  de  la  population,  p.  501. 

Réchauffeurs  en  tôle,  p.  50.  -• 

Recherche  de  la  planète  perdue  (99)Dike, 
p.  364  ;  —  de  l'acidité  dans  les  huiles, 
p.  335. 

Reoherohes  sur  l'état  des  corps  dans  les 
dissolutions,  p.  126;  —sur  l'origine 
des  levures  lactique  et  alcoolique,  p. 
124?  —  sur  la  fermentation,  p.  238, 


264:  —  sur  la  teinture,  p.  267;  —  sur 
les  lombrioîens  terrestres,  p.  500  ;  — 
sur  la  conservation  des  vins,  p.  559;— 
sur  la  dissociation  cristalline,  p.  708  ; 
—  sur  les  oiseaux  fossiles ,  p.  710  :  — 
géométriques  sur  le  contact  de  deux 
surfaces ,  p.  577 . 

Réclamation,  p.  694,  695;  —  de  priorité, 
p.  712. 

'■  Récompenses  décernées,  p.  284. 
*  Récréation  de  L'ouvrier,  p.  99. 

Rectification  des  courbés  quelconques,  p. 
149. 

Réflexions  sur  l'hétérogénèse,  p.  213. 

Réforme  de  l'enseignement  scientifique 
supérieur,  p.  282;  — •  de  l'enseignement 
primaire  des  sciences  de  raisonnement, 
p.  424. 

Réfrigérateur  dynamîquo,  p.  450. 

Régulateur  pour  le  chauffage  des  cou- 
veuses, p.  241;  —thermostatique,  p. 
241. 

Relais  automatique  de  M.  d'Arlincourt, 
P.  2,  22.  ■ 

Relation  entre  la  pression  et  la  densité  de 
la  vapeur,  p.  38.  ., 

Relations  entre  les  aurores  polaires,  lec 
protubérances,  les  tachés  solaires  et  la 
lumière  zodiacale,  p.  498;  —  outre  les 
aotions  capillaires  et  les  densités,  p. 
172;  —  entre  l'apparition  des  aurores 
et  le  mouvement  de  la  lune,  p.  497. 

Renforcement  des  épreuves  transparentes 
au  moyen  del'urane,  p.  655. 

Répertoire  de  météorologie,  p .  153. 

Réplique  de  M.  Pasteur  à  M.  de  Vergnette- 
Lamotte,  p.  575. 

Réponse  à  MM.  de  Ruolz  et  Fontenav, 

S.  275  ;  —  aux  objections  à  l'emploi 
u  gyroscope  marin,  p.  326;  —  de 
M.  Renou  à  M.  Delnunay,  p.  240;  — 
de  M.  de  Seynes  à  M.  Tresca,  p.  257  ; 
—  de  M.  Delaunay  à  M.  Renou,  p. 
312;  —de  M.  Pasteur  à  M.  Frémy,  p. 
812;  —  de  M.  Ch.  Tomlinson  au  R.  P. 
Sanna  Solaro,  p.  350;  —  de  M.  Serret 
à  M  Le  Verrier,  p.  359  ;  —  de  M.  de 
Vergnette- Lamotte  à  M.  Pasteur,  p. 
574. 

Résistanoe  des  volants, p. 86 ;  —de l'air 
sur  un  solide  de  révolution,  p.  576. 

Respiration  des  poissons,  p.  406. 

Restes  de  mammifères  dans'  les  cavernes 
de  l'Altaï,  .p.  149. 

Retours  périodiques  des  phénomènes  éLac- 
triques,  p.  403. 

Réunion  des  délégués  des  sociétés  sa- 
vantes, p.  589. 

Revendication  de  priorité,  p.  275. 

Revue  de  Géologie,  p.  672. 

Rôle  de  l'espaoe  dans  les  phénomènes  de 
dissolution,  p.  40;  —  des  matières  or- 
ganiques dans  la  nutrition  des  végétaux, 
p.  671. 

Rotation  du  plan  de  polarisation  par  l'effet 
des  éteetro-aimants,  p.  151;  —  d'une 


LES  MONDES. 


XXV 


molette  d'éperon  dam  un  wagon,  p. 
377. 

Roue  de  brouetté  en  fer,  p.  391 . 

Ronge  d'aniline,  sa  formation,  p.  SI, 

Roulement  des  roues  sur  un  point  d'ap- 
pui, p.  387. 

Roulis  des  navires,  p.  611. 

Rupture  d'nn  bâtis  de  machine  à  -vapeur 
par  le  froid,  p.  49. 


Salle  du  progrès,  p.  177* 

Science  en  Allemagne,  p.  457;  —  nau- 
tique, p.  225. 

Séance  solennelle  de  la  Société  d'encou- 
ragement, p.  677. 

Sécateur  à  manche  de  buis,  p.  157. 

Sélection  sexuelle,  p.  325. 

Séparation  des  deux  tolnidines  isomères, 
P.  258. 

Sels  de  peroxyde  de  fer,  p.  163,  208  ;  — 
1  excitateurs  pour  piles  électriques,  p. 
506. 

Signe  certain  de  longévité,  p.  637. 

Silicatisation  des  matériaux  calcaires,  p. 
576. 

Société  de  spectroscopie,  p.  626  :  —  des 
ingénieurs  télégraphistes,  p.  415;  — 
des  ingénieurs  allemands,  p.  417;  — 
nationale  d'encouragement  des  travail- 
leurs, p.  678 . 

Sociétés  savantes,  p.  589  ;  —  savantes 
de  France,  p.  463. 

Soirée  de  la  Société  royale  de  Londres, 
p.  600. 

Soirées  et  matinées  de  science  illustrée, 
p.  177. 

Sol  de  Platon,  p.  660. 

Soleil  (le)  du  R.  P.  Secchi,  p.  283. 

Solution  d'un  problème  capital,  p.  3. 

Sommation  confraternelle,  p.  635. 

Sorbite  dans  les  baies  du  sorbier,  p. 
630. 

Soudure  du  cuivre,  p.  287. 

Soulèvement  à  la  surface  de  la  terre,  p. 
587  ;  —  du  pays  de  Bray,  p.  670. 

Souliers  imperméables,  p.  551. 

Souscription  des  trois  milliards  peur  la 
délivrance,  p.  187. 

Spécifique  contre  le  cancer,  p.  97. 

Spectre  de  l'aurore  boréale  du  4  février, 
p.  222';  —  de  J'étoile  y  du  Navire,  p. 
364  ;  —  d'Uranus,  p.  404;  —  de  IV 
drogène.  p.  705  ;— de  l'aurore  boiéafe, 

S.  403  ;  —  d'absorption  du  ohlore  et 
u  chlorure  d'iode,  p.  453. 
Spectres    d'absorption    des   vapeurs    de 

soufre,  etc*  p.  541,  578. 
Spectroscopes  liquides,  p.  287. 
Spiral  réglant  des  Chronomètres,  p.  403. 


Splanehnologie   du    Rhinochseitê  jubahu, 

p.  79. 
Squelette  humain  de  l'âge  du  renne,  p. 

714. 
Statique  des   cultures'  industrielles,    p. 

712. 
Statue  de  Notre-Dame  de  la  Garde,  p. 

150. 
Sténographie  mécanique,  p.  446 . 
Stomates  sur    le    pétiole    des  fougères, 

p   86. 
Stratigraphie  des  météorites,  p*  408. 
Strychnine  antidote  du  chlore',  p.  1%. 
Studi  sopra    gli  •  strumenti  magn  ;tici  , 

p.  83. 
x  Sucre  de  lait,  fermentation  alcoolique,  p. 

367. 
Sulfure  de  carbone  décomposé  par  la  lu- 
mière, p.  217. 
Suprématie  de  l'homme  sur  les  animaux, 

p.  378;  —  intellectuelle  de  la  France, 

p.  284. 
Sursaturation  de  la  solution  du  chlorure 

de  sodium,  p.  278  ;  —des  liquides  par 

leurs  propres  vapeurs,  p.  350. 

Symbole  de  Legendre  (-)    p.  147. 

Synthèse  de  l'acide  suif ori que,  p.  242. 
Système  métrique  en  Autriche,  p.  550; 

—  nerveux  des  étoiles  marines,  p.  150; 

—  orthogonal,  p .  2 1 6 . 


Tatouage  au  Japon,  p.  98.    . 

Télégrammes  du  Post-Office,  p.  292. 

Télégraphe  des  Antilles,  p.  415  ;  —  et 
usines  centrales  de  sucre,  p.  501  ;  — 
automatique,  p.  2,  17  ;  —  autographi- 
que do  M.  d'Arlinoourt,  p.  104. 

Télégraphes  australiens,  p.  292. 

Température  du  soleil,  p.  44,  161,  210, 
276  j  —  de  la  surface  solaire,  p.  322, 
942;' —  du  sol  en  décembre  1871,  p. 
248;  —  de  la  flamme  d'un  chalumeau 
à  gaz,  p.  211. 

Températures  d'inflammation  et  de  dé- 
tonation, p.  128;  —  élevées  dans*  les 
maladies,  p.  637.    ' 
t  Temps   que    mettraient  les    planètes  à 
tomber  sur  le  soleil,  p.  558. 

Tension  sensible  de  Ja  yapenr  de  mercure 
à  basse  température,  p*.  125. 

Terrain  inférieur  de  .la  Clape  et  des  Cor* 
bières,  p.  206  ;  —  tertiaire  à  Madagas- 
car, p.  43. 

Terrains  de  Platon,  p.  660. 

Thé,  sa  préparation,  p.  308. 

Théorème  de  Meunier,  p  239  ;  —  du 
spiral  réglant  des  chronomètres,  p. 
403;  —  d'arithmétique,  p.  653. 

Théorèmes  sur  les  axes  harmoniques  dae 
courbes,  p.  83. 


XXVI 


LES  MONDES. 


Théorie  de  la  chaleur,  p.  81  ;  —  des  ré- 
sidus, p.  147  ;  —  des  volants,  p.  86  ; 
-r  des  machines  à  air  chaud,  p.  276  ; 

—  des  perturbations,  p.  164  ;  —  des 
aurores  po.aires,  p.  407,  625  ;  —  de  la 
courbure  des  surfaces,  p.  405;  —des 
roues  hydrauliques,  p.  321,  405  ;  —  du 
pendule  de  Foucault,  p.  422;  —  du 
siphon,  p.  324;  — générale  de  l'action 
chimique,  p.  690;  —  géogénique  et 
science  des  anciens,  p.  553;  —  géo- 
métrique du  mouvement  des  planètes, 
p.  499. 

Thermomètres  à  solution  d'iode  dans  le 
suif  are  de  carbone,  p.  662. 

Titrage  des  alcaloïdes  du  quinquina , 
p.  74. 

Titres  de  Nicéphore  Niepce  à  l'invention 
de  la  photographie,  p.  38. 

Tolérance  1  p.  463. 

Tollylène,  ses  dérivés,  p.  41. 

Toux  ohes  les  maladies  de  la  poitrine,  p. 
687. 

Traité  ditdéveloppement  de  la  fleur  et  du 
fruit,  p.  276;— entre  Nicéphore  Niepce 
et  Daguerre,  p.  320;  —  élémentaire 
de  chimie  organique,  p.  584  :  —  phy- 
sique et  historique  des  aurores  boréales, 
p.  510. 

Tramways,  p.  517. 

Transformation  du  mouvement  circulaire 
en  mouvement  rectiiigne,  p.  153,  275; 
-«du  phénol  en  alcaloï  les,  p.  2 19  ;  — 
de  l'acétone  en  dipropyle,  p  542  ;  —du 
potentiel  par  ratons  vecteurs  récipro- 
ques, p.  71. 

Transformations  prétendues  des  bactéries 
en  levures,  p.  175. 

Transmission  des  forces,  p.  533 . 

Travaux  de  M.  Heis  sur  les  étoiles  filan- 
tes, p.  214. 

Tremblement  de  terre  dans  l'Herzégovine, 
p.  711. 

Tremble  méats  de  terre  en  1869,  p.  386; 

—  sur  la  côte  de  l'Epîre,  p .  631  ;  —  en 
Amérique,  p.  676 ,  —  observes  au 
moyen  d'un  niveau,  p.  150. 

Trichloracétates  métalliques,  p.  630. 
Trilobites,  p.  6é8. 
Turbine  électrique,  p.  18  t. 
Types  de  transition  parmi  les  météorite*, 
p.  X07. 


U 


Unités  de  mesures,  p.  465. 

Université  d'Edimbourg,  p.  97  ;  —  de  Zu  - 

rich,  p.  502. 
Utilité  de  l'eau  de  mer  dans  l'agriculture. 

p.  676.  , 


Vaisseau  de  guerre  sans  tangage,  p.  289. 

Vanadate  minéral  de  bismuth,  p.  586. 

Vapeur  de  mercure  à  basse  température, 
p.  125;  —  vésicolaire.  p.  346. 

Vapeurs  de  mercure,  p.  136. 

Variation  de  pression  dans  les  bouches  à 
feu,  p .  574  ;  —  diurne  de  l'inclinaison 
magnétique  à  Batavia,  p.  77  ;  —  pro- 
duite par  une  aurore  boréale  sur  une 
aiguille  aimantée,  p.  412. 

Variations  du  travail  transmis  par  les 
maohines,  p.  170;  —  séculaires  du  pé- 
rigée et  du  nœud  de  la  lune,  p,  212. 

Végétation  extraordinaire,  p.  380. 

Végétation  (la)  et  le  carbone,  p.  504. 

Ventilateur  appliqués  l'aérage  des  mines, 
p.  452. 

Ventilateurs  de  M.  Guibal,  p.  371. 

Vérité  (la)  snr  l'Algérie,  p.  681. 

Verre  de  lampe  perfectionné,  p.  1S7. 

Vibrations  moléculaires  des  liquidée  , 
p.  26. 

Victoire  de  la  France,  p.  634 . 

Vision  des  couleurs,  p .  293,  439. 

Vitesse  de  propagation  des  actions  éleo- 
trodynamiques,  p,  103  ;  —  capillaire, 
p.  608. 

Viticulture,  procédé  de  M.  Daohaine- 
Thoureau,  p.  381. 

Volatilisation  du  sélénium  et  du  tellure, 
p.  672. 

Voyage  d'exploration  du  docteur  A.  Ho- 
bel,  p.  588. 


Le  Cirant-Propriétaire  :  F.  MOIGNO, 


Paria.  —  Typ,  Walder,  rue  Bonaparte,  44. 


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