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Full text of "Les noms géographiques de la province de Québec \"

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Sectioi\     :  ^ 
Bayon     :   ^^^ 
Juniovat  du  S.  -  C  Ottawa. 


H 


I-ES 


UU  GÉOGRAPHIOIIES 


DE    LA 


PROVINCE  DE  QUÉBEC 


PAR 


PIERRE-GEORGES  ROY 


(, 


nf- 


M- 1"^  ^<:r 


e  M. 


LÉVIS      ;!vr. 


1906 


a. 


Enregistré  conformément  à  l'acte  du  Parlement  du  Canada,  en 
l*année  mil  neuf  cent  six,  par  Pierre-Georges  Roy,  au  bureau 
du  ministre  de  l'agriculture,  à  Ottawa. 


e>c3L 


LES  NOMS  GEOGRAPHIQUES 


Dans  tous  les  pays  du  monde,  chez  toutes  les  nations, 
même  barbares,  la  plupart  des  noms  ont  été  et  sont 
encore  donnés  aux  lieux  pour  exprimer  une  idée  ou 
un  sentiment,  pour  rappeler  un  fait,  un  événement 
joyeux  ou  triste,  un  accident,  une  surprise,  une  vic- 
toire ou  une  défaite.  Quelquefois,  un  pur  hasard, 
un  mot  heureux  et  expressif,  la  situation,  la  configu- 
ration du  terrain,  l'aspect  et  l'apparei^ce  d'un  endroit 
d'une  petite  rivière  ou  d'un  site  les  ont  dotés  d'un 
nom  que  les  générations  suivantes  ont  adopté  et  que 
la  géographie  et  l'histoire  ont  dû  fixer  d'une  manière 
définitive. 

A  l'origine,  alors  que  le  monde  était  moins  connu, 
ces  noms  étaient  moins  nombreux  ;  les  progrès  des 
découvertes,  la  multiplication  de  l'espèce  humaine  a 
dû  en  prolonger  indéfiniment  la  nomenclature.  Ils 
sont  devenus  comme  des  jalons  jetés  sur  la  grande 
route  de  l'humanité  pour  guider  les  générations 
nouvelles  et  leur  rappeler  les  diff'érentes  races  qui 
ont  successivement  passé  à  ces  endroits  en  y  laissant 
l'empreinte  ineffaçable  de  leurs  mœurs,  de  leur  carac- 
tère et  de  leurs  vertus. 

La  connaissance  de  chacun  de  ces  noms  constitue 
depuis  longtemps  une  branche  importante  des  con- 
naissances humaines  qui  prend  chaque  jour  de  l'ex- 
tension. 

Il  est  assez  curieux  et  intéressant  à  la  fois  d'étudier 
l'origine  et  l'étymologie  de  chacune  de  ces  appella- 
tions qui  ont  toutes,  ou  presque  toutes,  une  signifi- 
cation   propre,    sont    toutes    l'expression     d'objets 


communs.  Chez  les  Hébreux,  Tyr  signifiait  angoisse. 
Sidon  veut  dire  pa?/s  de  chasse,  Bethléem,  la  maison 
du  imin,  Horeb  se  traduit  par  le  désert  ,  Héliopolis, 
par  la  douleur,  Bethel,  la  maison  de  Dieu,  Salem,  la 
paix,  Sion,  V abondance.  Le  mot  hébreux  par  lequel 
on  désignait  le  peuple  d'Israël,  signifie  le  passant, 
transiens.  Le  Mont  Ararat,  sur  lequel  s'arrêta  l'arche 
de  Noé,  se  traduisait  par  terroris  et  le  Mont  Thabor 
par  puritas.  Le  nom  de  Zabulon  vient  d'un  mot 
hébreux  qui  signifie  demeure  ;  celui  d'Euphrate  veut 
dire  richesse  ;  Gabaa  se  traduit,  selon  saint  Jérôme, 
par  collis  qui  veut  dire  hauteur,  éminence  ;  Liban  par 
libarius  qui  veut  dire  candidus,  comme  qui  dirait  le 
Mont-Blanc.     Siméon  veut  dire  qui  écoute  bien. 

Chez  les  Grecs  et  chez  les  Romains  pareiMement, 
la  plupart  des  noms  propres  ou  de  lieux  étaient  dus 
à  divers  incidents  qui  intéressaient  la  nation  ou 
encore,  et  fort  souvent,  aux  accidents  du  terrain  ou 
à  sa  poeition  naturelle.  Par  exemple  :  Fontaine 
Albée  qu'on  appelle  aujourd'hui  Fontaine-les-Blan- 
ches,  au  diocèse  de  Tours  ;  Fontanum,  près  de 
]\Iontbard,  qu'on  a  traduit  par  Fontenay  ;  Villa 
Longa,  aujourd'hui  ^"ille-Longue,  au  diocèse  de 
Carcassone,  en  France  ;  comme  Stagnum,  aujourd'hui 
L'Estanche,  au  département  de  la  Meuse  ;  Altus 
Mons,  Haumont,  dans  le  nord  de  la  France  ;  comme 
aussi  Alta  Ripa,  près  de  Turin,  dans  les  Etats 
Sardes,  étaient,  à  n'en  pas  douter,  des  noms  com- 
muns. Qui  ne  reconnait  dans  Hauterive,  en  Suisse, 
la  même  traduction  d' Alta  Ripa  des  Romains  ;  dans 
Fons  Vivus  aujourd'hui  Mauwre  (Munster),  en 
Irlande  ;  dans  Miratorium,  Le  Miroir,  au  département 
de  la  Saône  et  Loire  ;  Petra,  La  Pierre,  aujourd'hui 
Piedra,  au  diocèse  de  Terragone,  en  Espagne  ;  Vallis 


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Nova,  dans  Villeneuve,  dans  la  Loire  inférieure  ; 
Vallis  Décora,  d'abord  appelée  Walcourt,  aujour- 
d'hui Wasor,  au  diocèse  de  Namur,  en  Belgique  ;  dans 
Vallis  Florida,  ou  Strata  Florida,  ce  que  nous  appe- 
lons aujourd'hui  Stratflur.  SaltusAlbus  des  Romains, 
en  Espagne,  c'est  de  nos  jours  Sotos  Albos  ;  Grand- 
champ  était  autrefois  Grandis  Campus  comme  Grand- 
val  était  Grandis- Vallis,  Grande  Vallensis.  Casta 
Xaiada  n'est  plus  que  Chastenay.  Solesmes  était  la 
contraction  des  mots  Templum  solis,  comme  Famars 
était  Fanum  Martis  et  Mercourt,  le  pays  de  Mercure, 
etc.,  etc. 

Chez  les  modernes,  en  Angleterre,  Ely  a  reçu  son 
nom  de  la  prodigieuse  quantité  d'anguilles,  eels, 
qu'on  prenait  dans  la  petite  rivière  qui  l'arrose. 
La  ville  de  Wells  tire  son  nom  de  la  petite  rivière  de 
Saint-André  qui  la  traverse  ;  celle  de  Bath  (bain)  de 
l'efficacité  et  de  la  chaleur  de  ses  eaux,  appelées  par 
les  Romains  Aquae  Solis  (eaux  du  soleil).  Albion 
veut  dire  blancheur. 

En  France  nous  trouvons  Honfleur,  qui  veut  dire 
hameau  sur  un  petit  golfe  ;  Vaucouleurs  tire  son  nom 
de  la  riche  verdure  et  des  prairies  émaillées  de  fleurs 
dont  se  pare  sa  charmante  vallée  ;  Salins  des  sources 
salées  ;  Vesont,  tombeau  du  soleil,  vestige  du  culte 
druidique  ;  Lesnes,  qui  depuis  son  héroïque  résis- 
tance, en  1636,  a  été  appelée  Belle-Défense. 

Kildare,  jadis  place  forte  et  bien  peuplée,  veut  dire 
la  cellule  du  chêne,  Kildara,  à  cause  d'un  chêne  très 
haut  qui  s'élevait  près  de  ce  monastère,  fondé  au 
cinquième  siècle,  à  douze  lieues  de  Dublin,  nous  dit 
Gerald.  Armagh,  nom  d'une  ville  importante  de 
l'Irlande,  se  traduit  par  la  hauteur  où  il  y  a  des 
saules   ;    Kilross,  riche  abbaye   d'Ecosse,    vient  de 


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Cella-Florum  ;  Faremoustier,  au  diocèse  de  Meaux, 
est  composé  de  Fare,  ou  sainte  Fare,  et  de  moustier, 
abréviation  du  mot  latin  monasterium,  monastère 
de  sainte  Fare.  Félipré  vient  de  Félix  Pratum, 
Konig-Klaster,  en  INIoravie,  vient  de  Closter,  cloître, 
et  de  Koénig,  reine,  Monastère  de  la  Reine.  Gott's- 
cell  est  composé  de  Got,  Dieu,  et  de  Sell  ou  Sella, 
cellule.  Lanveau,  près  d'Auray,  en  Bretagne,  est 
composé  de  Lauda-vallis.  Il  en  est  ainsi  d'Entre- 
mont  (Etats  Sardes)  qu'on  appelait  autrefois  Inter- 
montes comme  aussi  d' Entrevaux,  au  diocèse  d'Apt, 
département  de  Vaucluse,  appelé  jadis  Intervalles, 
etc.,  etc. 

Les  changements  de  domination  ou  de  dynastie, 
les  guerres  et  les  révolutions,  la  langue  des  nouveaux 
peuples  et  autres  causes  firent  subir  des  variations 
considérables,  non  seulement  au  langage  des  peuples 
soumis,  mais  encore  dans  les  noms  d'un  grand 
nombre  de  lieux,  comme  elle  en  avait  exigé  dans  la 
division  des  territoires.  Sans  parler  de  Paris,  l'anti- 
que Lutèce,  de  l'île  d'Itaque  aujourd'hui  appelée 
Théaki,  du  nom  de  Samotrace  changée  maintenant 
en  celui  de  Samotraki,  nous  avons  près  de  nous, 
New- York,  autrefois  New- Amsterdam  ;  Boston, 
naguère  Trimountain  ;  Toronto,  jadis  York  ;  Ottawa, 
ci-devant  Bytown  ;  Port-Royal,  aujourd'hui  Anna- 
polis  ;  Albany,  autrefois  Orange,  et  mille  autres  dont 
la  liste  serait  trop  longue  à  énumérer. 

Il  en  était  ainsi  dans  l'antiquité.  Bénévent,  Bene- 
ventum,  fut  longtemps  appelé  Maleventum  et  la 
superstition  qui  y  trouvait  un  présage  crut  gagner 
beaucoup  à  cette  substitution.  Les  îles  Favignana, 
non  loin  des  côtes  de  la  Sicile,  sont  les  anciennes 
Agates   des   poètes.  Ainsi  dans  nos  provinces,  aux 


noms  primitifs,  les  Anglais  ont  substitué  fort  arbi- 
trairement des  noms  de  l'ancien  monde,  New-Liver- 
pool,  Windsor,  New-Glasgow,  New-Edimburg,  Inver- 
ness,  Nova-Scotia,  New-Carlisle,  Farnham,  Kingston, 
Kilkenny,  Lambton,  etc.,  etc. 

Si  nous  reportons  en  effet  notre  pensée  au  moment 
des  premiers  défrichements  faits  dans  cette  colonie, 
on  remarque  que  les  premiers  colons  donnèrent  à 
leurs  établissements  les  noms  des  rivières  sur  les 
bords  desquelles  ils  se  groupèrent,  Yamachiche, 
Maskinongé,  Nicolet,  Rivière-Ouelle,  Saguenay,  Mal- 
baie, Rivière-du-Sud,  etc. 

Le  fleuve  Saint-Laurent  était  alors  la  grande 
voie  de  communication  entre  tous  ces  différents 
établissements.  Pascal  a  dit  que  les  fleuves  sont  des 
chemins  qui  marchent.  Cette  vérité  était  surtout  com- 
prise et  appréciée  à  cette  époque  primitive,  alors  que 
la  hache  du  hardi  bûcheron  n'avait  pas  encore 
entamé  la  forêt  qui  bordait  ses  deux  rives,  parsemées 
ça  et  là  de  quelques  rares  établissements.  L'homme 
de  la  civilisation,  en  attendant  que  les  grandes 
routes  fussent  ouvertes  sur  ces  bords  endianteurs, 
suivait,  sur  la  grande  rivière,  dans  son  léger  canot, 
les  traces  du  farouche  guerrier  indien,  heureux 
quand  il  pouvait  échapper  au  tomahak  de  l'ennemi  ! 

Une  autre  raison  engageait  encore  les  nouveaux 
colons  à  choisir  les  bords  des  rivières  pour  y  asseoir 
leurs  foyers,  c'était  la  bonté  et  la  fertilité  du  terrain 
à  ces  endroits,  et  l'avantage  qu'ils  trouvaient  dans 
l'exploitation  de  la  pêche,  ordinairement  plus  abon- 
dante et  plus  rémunératrice  dans  ces  lieux  qu'à  tout 
autre  endroit. 

C'est  d'ailleurs  ainsi  qu'en  agissent  tous  les  peu- 
ples. Tacite  nous  apprend  que  les  Germains  avaient 


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fait  la  même  chose.  '*  Colunt  divers!  et  discreti  ut 
fons,  campus,  nemus  placuit.  "  (Liv.  1er,  chap.  15.) 
La  colonie  d'Enée  était  aussi  venue  s'asseoir  sur  les 
bords  du  Tibre  longtemps  auparavant.  C'était  encore 
sur  les  rives  des  grands  fleuves  que  les  peuples  pas- 
teurs, et  après  eux  les  Vandales  du  nord  de  l'Asie, 
venaient  déployer  leurs  tentes  et  jeter  les  bases  d'un 
royaume  et  d'un  empire  nouveaux. 

Un  grand  nombre  de  circonstances  différentes  con- 
tribuèrent d'abord  à  donner  à  chaque  lieu  un  nom 
que  d'autres  circonstances  modifièrent  ou  changèrent 
quelquefois  entièrement  plus  tard.  Les  accidents  du 
sol,  ses  qualités,  les  événements  lugubres  ou  joyeux, 
les  naufrages,  les  combats,  les  victoires,  quelquefois 
un  pur  hasard,  firent  assigner  aux  lieux  le  nom  sous 
lequel  nous  les  connaissons  aujourd'hui .... 

Classibus  hic  locus  :  hic  acies  certare  solebant, 
Hic  sa-vus  tendebat  Achilles 

Les  noms  des  rivières  furent  souvent  donnés  aux 
paroisses  ;  il  en  fut  de  même  de  celles  qui  se  trou- 
vaient sur  les  rives  d'un  lac  ou  d'un  fleuve.  Une 
forêt  adossait  un  établissement,  des  bois  d'une  cer- 
taine espèce  entouraient  l'habitation  ;  des  montagnes 
dominaient  un  hameau  ;  ces  établissements,  ces  habi- 
tations, ces  hameaux  en  reçurent  les  noms.  On  eut 
ainsi  la  Hêtrière,  la  Frenière,  Lachenaie,  les  Grondines, 
le  Sault-aux- Moutons,  la  Baie  des  Châteaux,  dans  le 
golfe  Saint-Laurent,  le  Port  à  Choix,  Pointe- Riche, 
sur  la  côte  de  Terre-Neuve,  etc.,  etc. 

Plusieurs  établissements  prirent  les  noms  des  pre- 
miers habitants  qui  s'y  fixèrent  :  Verchères,  l'île 
Dupas,  Lauzon,  Berthier,  tandis  qu'un  grand  nom- 
bre d'autres  retenaient  ceux  que  leur  avaient  donnés 
les  tribus  sauvages  avant  l'arrivée  des  européens  : 


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Rimouski,  Saguenay,  Cliicoutimi,  Cacouna,  Yamaska, 
Canamahé,  Kamouraska,  Hochelaga,  Paspébiac, 
Malpèque  et  une  foule  d'autres  désignations  plus  ou 
moins  harmonieuses  ont  été  religieusement  conservées 
jusqu'à  nous,  seuls  vestiges  qni  nous  restent  de  ces 
races  autrefois  répandues  sur  nos  rives  ou  dans  nos 
forêts,  qui  se  disputaient  avec  acharnement,  avant 
notre  arrivée,  l'empire  d'un  territoire  encore  ignoré. 

Oiî-donnait  quelquefois  aux  lieux  où  l'on  s'éta- 
blissait les  noms  anciens  de  résidence  des  ancêtres 
en  France  :  Gentilly,  Beauport,  ^^arennes,  Bourg-la- 
Reine,  la  Beauce,  et  quelcjuefois  un  concessionnaire 
ambitieux  donnait  à  sa  seigneurie  le  nom  qu'il  por- 
tait lui-même,  A^erchères,  Lotbinière,  Chambly,  Port- 
neuf,  Rigaud,  ^^audreuil,  etc.  Chaque  étendue  de 
terre  recevait  ainsi  l'une  après  l'autre,  une  espèce 
de  baptême  civil,  dans  lequel  le  choix  du  nom  était 
laissé  au  goût,  à  la  fantaisie  et  à  l'arbitraire  de  quel- 
ques personnes  intéressées. 

Quand  ces  premiers  embryons  de  colonisation  se 
furent  développés,  quand  le  hameau  eut  pris  des 
proportions,  fût  devenu  village  et  que  la  population 
augmentée,  se  trouva  plus  compacte,  de  nouvelles 
divisions  devinrent  nécessaires.  Il  fallait  ériger  des 
paroisses  ;  l'autorité  religieuse  intervint  et  l'autorité 
civile  lui  reconnut  la  faculté  de  donner  des  noms  et 
des  patrons  à  chaque  nouvelle  circonscription.  Dans 
la  plupart  des  cas,  les  anciennes  désignations  furent 
bientôt  oubliées.  Les  deux  rives  du  grand  fleuve, 
acquises  à  la  civilisation  par  la  religion,  portèrent 
dès  lors,  presqu'exclusivement  des  noms  chrétiens 
plus  en  rapport  avec  le  nouvel  ordre  de  choses  et 
avec  les  habitudes  des  populations  qui  vivaient  en 
paix  à  l'ombre  de  leurs  nouveaux  clochers. 


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La  plupart  de  ces  noms  nouveaux  étaient  chers 
aux  habitants  de  la  nouvelle  colonie,  ils  touchaient 
agréablement  leurs  cœurs  et  leur  rappelaient  de 
belles  et  agréables  émotions.  Tout  en  témoignant  de 
l'attachement  de  nos  pères  à  la  foi,  ils  leur  rappelaient 
en  outre  plusieurs  de  ces  anciennes  paroisses  de 
France  où  s'étaient  écoulés  les  premiers  jours  de  leur 
enfance,  plusieurs  des  hameaux  de  la  mère-patrie, 
habités  encore  par  leurs  aïeux,  dans  ce  noble  royaume 
de  France,  le  jylus  beau,  après  celui  du  Ciel. 

En  mettant  le  pied  sur  nos  rivages,  les  nouveaux 
arrivés  retrouvaient  à  chaque  pas,  au  milieu  d'une 
population  amie,  sur  un  sol  vierge  et  presque  encore 
inculte,  les  souvenirs  vivants  du  pays  qu'ils  venaient 
de  quitter,  renouaient,  sur  une  terre  où  devait  désor- 
mais s'écouler  leur  vie,  la  chaîne  à  peine  interrompue 
des  traditions  et  des  affections  commencées  ailleurs. 

Pendant  tout  le  temps  que  dura  la  domination 
française  en  ce  pays,  les  choses  se  continuèrent  ainsi. 
A  mesure  que  le  cercle  de  la  population  s'agrandis- 
sait, on  détachait  ça  et  là  certaines  portions  de  ter- 
ritoire qu'on  érigeait  en  nouvelles  paroisses,  sous  le 
vocable  de  noms  de  saints  en  ajoutant  quelquefois 
le  nom  primitif  où  l'on  se  trouvait.  C'est  ainsi  qu'on 
établit  Sainte-Anne  de  la  Pocatière,  Sainte-Anne  de 
la  Pérade,  Saint-Jean  Port-Joli,  Saint-Charles  de  la 
Rivière  Boyer,  Saint- Henri  de  Lauzon,  Saint-Louis 
de  Lotbinière,  Saint-Jean  Deschaillons,  etc. 

Quelquefois  la  mauvaise  humeur,  le  dépit  ou  la 
raillerie  ont  fait  donner  à  certains  endroits  des  noms 
nouveaux  ou  moins  favorisés  par  la  nature,  des  noms 
bizarres,  ridicules  même,  qui  ont  été  adoptés  ensuite 
presque  par  tous.  Ainsi,  dans  un  grand  nombre  de 
paroisses  nous  avons  des  localités  appelées  la  Grillade, 


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Trompe-Souris,  Brise- Culotte,  Vide-Poche,  Pain  de 
Sucre,  Pain  Court,  Bel  Automne,  etc.  Le  peuple  de 
nos  campagnes  invente  souvent  pour  peindre  un 
objet  ou  rappeler  un  lieu,  des  mots  qui  font  image 
et  qui  représentent  vivement  à  l'esprit  l'idée  que  ces 
objets  ou  ces  lieux  ont  fait  naître. 

Du  reste,  cette  habitude  se  trouve  chez  les  peuples 
les  plus  froids  et  les  plus  flegmatiques.  On  rencontre 
une  foule  de  ces  noms  en  Angleterre  ;  nous  en  cite- 
rons quelques-uns  en  passant  :  Crakpot,  dans  la 
Siraledale,  Bite-About,  Parish  of  Lowick,  Cold-pig- 
hill,  Pancake,  près  de  Kepier,  Cold  Knuckles,  près  de 
Shelburn,  Lcggs  Across,  près  de  Bolam,  Sugar  hill, 
Cold  side.  Sait  pig  hill,  New-hottle,  Hell-hetles,  Bare- 
foot,  etc. ,  etc.  On  trouve  en  Belgique  :  Courtil-Brulé, 
c'est-à-dire  Maison-brulée,  La  Roquette,  Petite-Roche  ; 
Stadacona,  Hochelaga,  Manitoba  les  valent  bien. 

Beaucoup  de  paroisses  conservèrent  aussi  le  nom 
du  patron,  du  fondateur,  du  seigneur  ou  du  bienfai- 
teur de  l'Eglise,  le  peuple  ayant  demandé  à  le  con- 
server par  reconnaissance.  On  peut  citer  parmi 
celles-ci  :  Saint-Eustache,  Saint-Cuthbert,  Saint- 
Michel,  Sainte  -  Hénédine,  Sainte  -  Béatrice,  Saint- 
Raphaël,  etc.,  etc. 

Ces  noms  de  saints,  répandus  avec  tant  de  profu- 
sion, attestent. la  foi  profonde  de  nos  aïeux  qui  se 
plaisaient  à  mettre  leurs  établissements  comme  leurs 
entreprises  sous  la  protection  des  élus  de  Dieu.  Dans 
les  villes,  ce  sont  généralement  les  noms  des  saints 
auxquels  les  églises  furent  dédiées  qui  ont  été  don- 
nés à  la  paroisse  et  aux  rues  qui  y  conduisent.  Il 
faut  cependant  excepter  Saint- Jean  et  Saint-Roch  de 
Québec  et  peut-être  quelques  autres,  car  ces  fau- 
bourgs existaient  sous  ces  dénominations  avant  qu'on 
y  eût  construit  des  églises. 


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La  colonie  grandissait  ainsi  au  milieu  des  luttes 
continuelles  qui  ensanglantèrent  plusieurs  fois  le  sol 
du  Nouveau-Monde  ;  luttes  de  la  civilisation  contre 
la  barberie,  luttes  des  puissances  européennes  qui, 
bien  souvent,  ne  le  cédaient  en  rien  à  celles  de  la 
barbarie,  pour  la  possession  de  ce  domaine  immense 
ouvert  à  l'ambition  et  à  la  cupidité  des  hommes  et 
des  gouvernements.  Un  siècle  et  demi  après  sa  fon- 
dation, nos  pères,  toujours  fidèles  aux  saintes  lois  de 
l'honneur,  pauvres  et  fatigués,  mais  couverts  de 
gloire  et  de  blessures,  durent  livrer  leurs  armes  aux 
vainqueurs  !  Le  drapeau  à  fleurs  de  lys  repassa  les 
mers  ;  et,  la  France,  que  la  Providence  voulait  châ- 
tier, perdit  un  des  plus  beaux  joyaux  de  sa  couronne. 
A  cette  époque  nous  comptions  une  population  d'en- 
viron soixante  mille  âmes  disséminées  dans  un  cer- 
tain nombre  de  paroisses  qui  ne  dépassaient  pas  une 
centaine. 

Le  nouveau  gouvernement,  hostile  aux  Canadiens, 
ne  négligea  aucun  moyen  de  leur  faire  oublier  leur 
glorieux  passé.  Après  avoir  tenté  vainement  de 
leur  enlever  leurs  lois  et  jusqu'à  l'usage  officiel  de 
leur  langue,  il  voulut  au  moins  substituer,  partout 
où  il  pouvait  le  faire,  des  noms  anglais  à  ceux  que 
nos  pères  avaient  apportés  de  France. 

On  voulait  peu  à  peu  détruire,  si  toutefois  nous 
pouvons  nous  exprimer  ainsi,  la  physionomie  toute 
française  du  pays  pour  en  faire  une  véritable  pro- 
vince anglaise.  On  tenait  à  effacer  jusqu'aux  der- 
niers vestiges  de  cette  domination  rivale  qui  avait  si 
longtemps  tenu  en  échec  les  envahissements  de  la 
Nouvelle- Angleterre.  On  croyait  contribuer  ainsi  à 
faire  oublier  aux  anciens  sujets  tout  ce  qui  pouvait 
leur  rappeler  le  souvenir  d'un  passé  glorieux  et  les 


accoutunior  plus  facilement  à  l'idée  bien  arrêtée  de 
les  anglifier  le  plus  tôt  possible. 

Cette  politique  peu  sage  et  peu  généreuse  ne  pro- 
duisit pas  les  résultats  qu'on  en  attendait.  Elle  con- 
tribua au  contraire  à  maintenir  les  Canadiens  plus 
unis  que  jamais  et  à  les  engager  à  résister  avec  plus 
de  courage  et  de  persévérance  contre  toutes  les  ten- 
tatives et  les  mesures  qui  avaient  pour  but  la  des- 
truction de  leur  autonomie  garantie  par  la  capitula- 
tion et  les  traités. 

Les  nouveaux  maîtres,  qui  avaient  lutté  pendant 
si  longtemps  contre  leur  vieille  rivale,  voulaient  faire 
disparaître  toute  trace  de  sa  domination  en  Amé- 
rique. C'était  l'application,  dans  toute  sa  rigueur, 
du  Vœ  vidis  !  Dans  leur  impatience  d'anglification 
ils  ne  furent  pas  longtemps  sans  essayer  de  substituer 
à  ces  dénominations  françaises  des  noms  plus  fami- 
liers à  leurs  oreilles  et  à  leurs  souvenirs.  Les  anciens 
habitants  devaient  substituer  à  leurs  affections  et  à 
leurs  souvenirs  les  souvenirs  et  les  affections  des 
nouveaux  sujets  de  Sa  Majesté  Britannique  !  il  fallait 
adopter  leurs  idées  et  leurs  sentiments  sous  peine 
d'être  traités  de  lâches  et  de  rebelles  au  Roi  ! . . .  Les 
quelques  fauteurs  de  cette  petite  oligarchie  qui  gou- 
vernait alors  le  pays  auraient  décrété,  s'ils  n'avaient 
pas  craint  d'être  ridicules,  que  les  Canadiens  ne 
devaient  plus  parler  et  agir  que  comme  les  heureux 
habitants  des  bords  de  la  Tamise  sous  peine  d'être 
fouettés  en  place  publique. 

On  crut  que  le  meilleur  moyen  de  leur  faire  pren- 
dre l'habitude  de  la  langue  anglaise  serait  de  changer 
les  noms  alors  en  usage  pour  désigner  les  différentes 
parties  du  pays.  Il  s'agissait  de  procéder  à  la  division 
de  la  province  de  Québec,  pour  les   fins   de  la  repré- 


14 


sentation  ;  on  la  partagea  en  trente-un  comtés,  ren- 
fermant chacun  un  grand  nombre  de  paroisses,  et  on 
leur  donna  des  noms  très  difficiles  à  prononcer  et 
sans  aucune  signification  pour  les  Canadiens  : — 
Northumberland,  Hampshire,  Cornivallis,  Warivick^ 
Herford,  etc.,  etc. 

Quand  ce  premier  pas  fut  accompli,  on  s'occupa 
de  diviser  les  terrains  non  concédés,  appartenant  à  la 
Couronne.  On  forma  des  cantons  ou  townships  aux- 
quels on  donna  invariablement  des  noms  à  peu  près 
semblables  à  ceux  que  nous  venons  de  rappeler  : 
Ixwortli^  Sherrington,  Setrington,  Dudswell,  Hemviing- 
ford,  Hinchinbrooke,  etc.,  etc. 

Les  traditions  de  cette  triste  école  ne  sont  pas 
encore  oubliées  partout.  Dans  certains  départements 
on  en  conserve  encore  l'esprit,  soit  par  un  reste 
d'habitude,  soit  par  condescendance,  soit  par  flatterie 
pour  les  préjugés  d'un  autre  âge.  C'est  ainsi  qu'au 
département  des  Postes  on  a  donné  depuis  quelques 
années  même  à  plusieurs  bureaux  de  postes,  dans 
des  paroisses  entièrement  canadiennes,  des  noms 
anglais,  à  Saint-Romain,  Valtort,  à  Durham,  Y  ver- 
ton  ;  South- Québec,  c'est  Lé  vis.  Cape  Split,  c'est  le 
nom  qu'on  a  substitué  à  Pligoum,  qui  veut  dire 
Ventrée  de  la  taurdlre  du  Castor. 

Ces  changements  n'ont  le  plus  souvent  aucun 
rapport  avec  la  localité.  Le  caprice  d'un  chef  de 
bureau  distribue  ainsi  de  droite  à  gauche  des  noms 
de  son  invention  ou  ceux  qu'il  emprunte  d'amis 
complaisants  et  protecteurs,  au  détriment  de  noms 
plus  connus  et  plus  facilement  retenus. 

Malgré  la  force  d'inertie  opposée  à  cette  tendance 
absurde  et  tyrannique,  elle  n'en  continue  pas  moins, 
à    certains    intervalles,       dans    quelques    bureaux 


15 


publics.  En  valu,  essaya-t-oii  de  résister  directement 
a  ce  dépouillement  forcé  de  nos  droits  et  de  nos  sou- 
venirs. Les  vexations  et  les  menaces  désarmèrent,  il 
y  a  déjà  quelques  années,  les  plus  obstinés.  Convain- 
cus d'ailleurs  de  l'inutilité  de  la  lutte,  ils  plièrent  la 
tête  sous  l'orage  qui  grondait  au-dessus  d'eux  et 
attendirent  patiemment  des  jours  meilleurs.  Des 
noms  anglais  ou  allemands  étaient  souvent  subs- 
titués à  des  noms  indigènes  ou  français  sans  s'occuper 
si  ces  derniers  ne  rappelaient  pas  un  homme  ou  un 
événement  bien  chers  au  cœur  de  nos  compatriotes, 
sans  s'inquiéter  s'ils  n'étaient  pas  un  titre  de  gloire 
ou  de  reconnaissance  pour  ceux  qui  l'avaient  choisi. 
On  vit  ainsi  disparaître  plusieurs  noms  remarqua- 
bles dans  l'histoire  :  New-Liverpool  fut  substitué  à 
Etchemin,  Williara-Henrij  à  Sorel,  etc.,  etc. 

On  fit  ainsi  disparaître  du  langage  officiel  une 
foule  de  noms  qui  méritaient  d'être  conservés,  mais 
l'opinion  publique  se  vengeait  de  ces  tentatives  mes- 
Cjuines  en  restituant,  dans  la  vie  ordinaire,  les  noms 
ainsi  ostracisés,  aux  endroits  qui  les  portaient  aupa- 
ravant. Relégués  pendant  quelque  temps  à  l'écart, 
la  force  de  l'habitude  les  remena  bientôt  à  la  surface, 
comme  ces  corps  qu'on  ne  peut  maintenir  sous  l'eau  ; 
et  ils  finirent  peu  à  peu  par  se  frayer  un  chemin 
jusque  dans  cette  même  langue  officielle  d'où  on 
croyait  les  a  voit  bannis  à  perpétuité.  C'est  ainsi  que 
l'énergie  et  le  bon  sens  populaires  finirent  par  triom- 
pher en  plusieurs  endroits  des  projets  tyranniques 
d'une  foule  de  citoyens  de  faux  aloi  qui  croyaient 
faire  leur  cour  aux  hommes  d'état  de  l'Angleterre 
en  mettant  en  pratique,  sur  ce  théâtre  éloigné  du 
monde,  des  lois  barbares  condamnées  depuis  long- 
temps par  l'Europe  civilisée  et  même  par  l'Angle- 
terre. 


16 


Cependant,  après  des  essais  plus  ou  moins  infruc- 
tueux d'anglifier  le  pays,  le  gouvernement  anglais 
revint  à  une  politique  plus  libérale  commandée  d'ail- 
leurs par  les  circonstances.  L'élément  français 
commença  à  jouir  de  sa  juste  part  d'influence  dans  la 
direction  de  la  politique  du  pays.  On  constata 
bientôt  les  heureux  effets  de  ce  changement.  Les 
aspirations  légitimes  des  populations  furent  petit  à 
petit  mieux  accueillies.  On  commençait  *à  les  traiter 
un  peu  en  sujets  après  les  avoir  traités  longtemps  en 
vaincus.  Une  ère  nouvelle  s'ouvrait  devant  eux, 
ils  allaient  bientôt  être  les  maîtres  de  leurs  destinées. 
Cette  nouvelle  direction  imprimée  aux  aff'aires  ne 
tarda  pas  à  se  faire  sentir  jusque  dans  les  désignations 
à  donner  aux  endroits  nouveaux.  On  n'eût  bientôt 
plus  la  même  horreur  pour  les  noms  français,  et  l'on 
poussa  même  la  condescendance  jusqu'à  en  assigner 
quelques-uns  à  des  cantons  nouvellement  formés. 

Les  choses  allèrent  toujours  en  s'améliorant  jusqu'à 
la  division  faite  dans  le  pays  pour  les  fins  électorales 
et  judiciaires,  en  1853.  Une  idée  plus  large  et  plus 
patriotique  semble  avoir  présidé  à  celle-ci.  Un  choix 
plus  judicieux  en  fut  le  résultat  nécessaire.  On  donna, 
en  effet,  aux  nouvelles  circonscriptions,  les  noms 
tirés  pour  la  plupart  de  notre  histoire  dans  laquelle 
brillent  tant  de  noms  remarquables,  d'hommes  dis- 
tingués, et  comme  soldats  et  comme  citoyens  ;  La- 
Salle,  Lauzon,  de  la  Durantaye,  de  la  Vallière, 
d'Iberville,  etc.,  etc. 

Aux  Etats-Unis,  on  jette  ça  et  là  au  centre  d'un 
nouveau  territoire  un  nom  grec  ou  romain  plus  ou 
moins  ambitieux.  On  semble  prendre  plaisir  à  mul- 
tiplier les  souvenirs  classiques.  Uttica,  Lycurgue, 
Solon,  Socrate,  Cincinnati,  etc.,   etc.     C'est  le  passé 


17 


qui  envahit  le  présent  et  essaie  à  fait  revivre,  à  des 
siècles  de  distance,  le  souvenir  des  grandes  choses  et 
des  hommes  d'autrefois.  Une  petite  ville  bâtie  en 
briques,  remplie  de  manufactures  et  de  magasins, 
d'entrepôts,  etc.,  ambitionnera  l'honneur  de  rappeler 
aux  voyageurs  la  gracieuses  élégance  d'Athènes,  la 
beauté  superbe  de  Rome,  etc. 

Soyons  plus  naturels  et  plus  modestes.  Conten- 
tons-nous de  ces  noms  sonores  et  harmonieux  qui 
nous  ont  été  légués  par  les  fières  peuplades  qui  habitè- 
rent jadis  ces  contrées,  ou  de  ceux  que  nous  trou- 
vons si  facilement  dans  notre  histoire  nationale. 
Soyons  ce  que  nous  sommes  ;  et,  si  nous  ne  pouvons 
pas  réussir  à  attirer  l'attention  des  étrangers  par  nos 
richesses  et  nos  ressources  naturelles,  par  la  gran- 
deur de  nos  paysages  et  le  charme  de  nos  sites  natu- 
rels, nous  ne  séduirons  pas  davantage  leur  curiosité 
en  leur  énumérant  une  suite  de  noms  pompeux 
empruntés  à  la  mythologie  ou  à  l'histoire  ancienne. 
Chaque  pays  doit  avoir  d'ailleurs  sa  physionomie 
propre,  son  caractère  original,  son  cachet  particu- 
lier, et  il  perdrait  infailliblement  ces  signes  distinc- 
tifs  en  s' affublant  pompeusement  d'un  passé  trop 
brillant  peut-être  pour  être  surpassé  et  la  plupart 
du  temps  trop  méprisable  pour  être  imité.  (1) 

RURICOLA 


(1)  Cette  petite  étude  sur  les  noms  géographiques  est  empruntée  à 
la  Minerve  du  17  mars  1874.  Nous  croyons  que  le  pseudonyme 
Ruricola  cichait  ici  le  savant  abbé  Bois. 


LES  NOMS  GÉOGRAPHIQUES  DE  LA 
PROVINCE  DE  QUEBEC 


Abatagousli,  Baie  (L<ac  Saint- Jean) 

Du  montagnais  up,  racine  signifiant  étroite,  atulc^ 
boisé  ou  touffu,  et  iish,  diminutif.  Passage  étroit 
touffu  ou  boisé. 

Abbotsfora,  Saint-Paul  d'  (Rouville) 

Abbots,  abbés;  ford,  gué;  Abbotsford,  gué  des 
abbés. 

Abbotsford  est  le  village  d'Ecosse  où  Walter  Scott 
se  bâtit  un  château  qui  était  si  riche  et  si  beau 
qu'on  a  dit  qu'il  était  ''  un  roman  en  pierre  et  en 
chaux." 

Mais  le  grand  romancier  écossais  n'a  eu  aucun 
rapport  avec  notre  Abbotsford  canadien,  qui  a  pris 
ce  nom  tout  simplement  parce  que  Joseph  Abbott, 
père  de  sir  John  Abbott,  premier  ministre  du  Canada, 
y  fut  pendant  plusieurs  années  ministre  de  l'église 
d'Angleterre. 

Abbotts  Corners  (Missisqiioi) 

Les  premiers  défrichements  en  cet  endroit  furent 
faits,  vers  1797,  par  le  révérend  Jedediah  Hibbard 
et  le  docteur  James  Abbott. 

Abénakis  Springs  (Yamaska) 

Le  mot  Abénakis  veut  dire  ''  ceux  de  la  terre  du 
Levant  ".  Les  Abénakis  habitaient  autrefois  l'état 
du  Maine,  et  s'étendaient  dans  le  New-Hampshire, 
le  Nouveau-Brunswick  et  jusque  sur  les  côtes  de  la 
Nouvelle-Ecosse.  C'est  vers  1684  que  les  Abénakis 
s'établirent  à  Saint-François  du  Lac. 


20 


AV>ercroiiibie,  Canton  (Terrebomie) 

Le  général  James  Abercrombie  fut  battu  par 
Montcalm  et  Lévis  à  Carillon,  le  8  juillet  1758. 

Abercleeiî,  Cantou  (Pontiac) 

Ce  canton  a  été  érigé  en  1872.  Ce  n'est  donc  pas 
en  l'honneur  du  comte  d'Aberdeen,  gouverneur- 
général  du  Canada  de  1893  à  1898,  qu'il  a  été 
nommé  ainsi.  Il  a  pu  prendre  son  nom  de  la  ville 
d'Aberdeen,  en  Ecosse,  ou  encore  du  comte  d'Aber- 
deen  qui  fut  ministre  des  colonies  en  1834. 

Aberfortl,  Canton  (Pontiac) 

On  voit  un  village  de  ce  nom  dans  le  comté  de 
York,  en  Angleterre. 

Abitibi,  Lac 

Apitaumin,  en  montagnais,  veut  dire  :  "  là  où  l'eau 
se  rencontre  à  mi-chemin." 

Dans  la  langue  crise  ce  mot  a  à  peu  près  la  même 
signification.  Il  est  formé  de  Abittaw,  milieu,  moitié, 
et-  nijriy,  eau,  qui  fait  ipi,  d'où  abitibi,  eau  du  milieu, 
eau  à  mi-distance.  Le  nom  de  ce  lac,  dit  le  Père 
Lacombe,  vient  de  sa  position  à  la  hauteur  des  terres 
entre  la  baie  d'Hudson  et  le  Saint- Laurent.    (1) 

Acton-Vale  (Bagot) 

Cent  endroits,  peut-être,  en  Angleterre,  portent  le 
nom  de  Acton. 

Aclamsville,  ISaint-Vinceut-Ferrier  d'  (Brome) 

Il  y  a  un  demi-siècle,  George  Adams  établissait 
une  scierie  dans  la  municipalité  de  Farnham-Est. 
De  là,  naissance  d'un  petit  village  sur  l'Yamaska 


(1)  Dictionnaire  de  la  langue  des  Crisj  p.  705. 


21 


supérieur.  George  Adams,  propriétaire  du  terrain, 
de  la  scierie  et  premier  maître  de  poste  de  ce  village, 
imposa  son  nom,  et  on  le  désigna  bientôt  sous  le 
nom  de  Adamsville. 

Adamsville  a  été  érigée  en  paroisse  en  1873,  l'année 
même  de  l'arrivée  des  Dominicains  à  Saint-Hyacinthe. 
C'est  pour  cette  raison  que  Mgr  Charles  Larocque  lui 
donna  saint  Vincent-Ferrier  pour  titulaire.  On  sait 
que  ce  saint  appartenait  à  l'ordre  de  saint  Dominique. 

AcldiDgrtou,  Canton  (Ottawa) 

Henry  Addington  fut  orateur  de  la  Chambre  des 
Communes  en  Angleterre  et  créé  pair  par  George 
III  sous  le  nom  de  lord  Sidmouth. 

Ad  stock,  Saint- 31étliode  d'  (Beauce) 

Adstock  est  un  village  du  comté  de  Buckingham, 
en  Angleterre. 

Lorsque,  en  octobre  1880,  Adstock  fut  érigée  en 
mission,  Léon  XIII  venait  de  rendre  l'office  de  saint 
Méthode  obligatoire  dans  toute  l'église  et  de  fixer  sa 
fête  au  5  juillet.  C'est  pour  cette  raison  que  le  car- 
dinal Taschereau  mit  Adstock  sous  le  patronage  de 
ce  saint. 

Agnès  (3régantic) 

C'est  de  l'épouse  de  sir  John  Macdonald,  Suzan- 
Agnès  Barnard,  que  ce  village  a  reçu  son  nom. 

Nous  lisons  dans  le  Travailleur  de  Mégantic,  du  7 
avril  1898  : 

"  Nous  avons  eu  le  plaisir  cette  semaine  de  serrer 
la  main  à  M.  Dominique  Morin,  aujourd'hui  com- 
merçant de  bois  et  propriétaire  de  moulins,  résidant 
à  Garthby.  Le  nom  seul  de  Morin  n'est  pas  sans 
évoquer   un   agréable    souvenir   chez    les    citoyens 


22 


d'Agnès,  spécialement  chez  les  vieux.  M.  Morin,  en 
effet,  est  le  premier  qui  s'attaqua  à  la  forêt  qui  fut 
où  s'élève  aujourd'hui  le  charmant  village  d'Agnès. 
Il  y  a  environ  vingt-huit  ans,  M.  Morin  ouvrait  les 
hostilités  contre  les  géants  qui  balançaient  orgueil- 
leusement leur  tête  près  de  l'embouchure  de  la 
rivière  Chaudière,  en  abattant  le  premier  arbre. 
C'est  aussi  M.  IMorin  qui  le  premier  relia  nos  deux 
villages,  en  jetant  sur  la  rivière  Chaudière  un  pont 
de  bois  rond  qui  faisait  toujours  bien  douce  l'arrivée 
sur  la  rive  que  l'on  voulait  atteindre.  Ce  pont  fat 
construit  aux  frais  de  la  municipalité  dont  M.  Morin 
était  à  cette  époque  le  seul  propriétaire.  M.  Morin 
travailla  de  toutes  ses  forces  à  faire  de  cette  région 
du  lac  Mégantic  une  paroisse  prospère.  C'est  pour- 
quoi notre  village  porta  d'abord  le  nom  de  Morin- 
ville,  qui  fut  plus  tard  changé  en  celui  d'Agnès  à 
l'occasion  du  passage  sur  les  bords  du  beau  lac 
Mégantic  de  lady  Macdonald,  épouse  du  grand  hom- 
me d'Etat,  sir  John  Macdonald.  Il  aurait  pourtant 
été  plus  conforme  aux  traditions  et  à  la  justice  de  ne 
pas  faire  ce  changement.  Morinville  aurait  été 
l'histoire  de  notre  village  dans  son  nom.  Nous 
n'oublierons  pas  tout  de  même  la  vérité  des  faits  et 
invitons  M.  Morin  à  venir  nous  voir  souvent  ;  il  y 
retrouvera  toujours  Morinville.  " 

Agvvanus,  Rivière  (Labrador) 

Du  montagnais  eikuanenanuts,  endroit  pauvre,  où 
il  y  a  peu  de  choses. 

Ahiintsic  (Hochelag-a) 

En  1897,  les  citoyens  de  la  partie  du  Sault-au- 
RécoUet  connue  sous  le  nom  de  Back-River,  entre- 


23 


voyant  dans  l'avenir  un  horizon  de  progrès,  obtin- 
rent l'érection  de  Back-River  en  village  sbus  le  nom 
de  Ahuntsic. 

Ces  citoyens  voulaient  rappeler  des  souvenirs  très 
intéressants  sur  les  commencements  de  la  colonisa- 
tion de  notre  pays,  sur  l'île  de  Montréal,  et  en  parti- 
culier sûr  la  paroisse  du  Sault-au-Récollet  qu'ils 
habitent. 

Le  28  juillet  1625,  le  Père  Viel,  récollet,  descen- 
dait en  canot  la  rivière  des  Prairies,  accompagné 
d'un  jeune  néophyte  indien  du  nom  de  Ahuntsic. 
Tous  deux  furent  surpris  par  les  Iroquois,  qui  s'em- 
parèrent du  Père  Yiel  et  après  l'avoir  mart3^risé  le 
jetèrent  à  l'eau  dans  les  rapides.  Ils  firent  ensuite 
souffrir  d'aff'reux  tourments  au  jeune  Ahuntsic, 
avant  de  lui  faire  partager  le  même  sort  que  le  Père 
Viel.  C'est  depuis  que  l'on  appelle  cette  localité  le 
Sault-au-Récollet.  Comme  la  paroisse  a  pris  le  nom 
de  l'apôtre,  il  était  juste  que  ce  nouveau  village, 
situé  sur  les  bords  de  cette  même  rivière,  non  loin 
des  rapides  où  le  Père  Viel  et  le  jeune  Ahuntsic 
trouvèrent  la  mort  du  martyr,  porta  le  nom  du  jeune 
néophyte.  Voilà  pourquoi  le  nom  de  Ahuntsic  a 
remplacé  celui  de  Back  River. 

Akautago,  Kivière  (Labrador) 

De  Akautagan  (montagnais),  rivière  impraticable, 
où  on  navigue  difiicilement. 

Albanel,  Sainte- Lucie  d'  (Lac  Saint-tTeau) 

Les  pèies  jésuites  avaient  des  missions  établies  sur 
le  cours  de  la  rivière  et  sur  les  rives  du  lac  Saint- 
Jean  alors  même  que  la  capitale  de  la  Nouvelle- 
France  sortait  à  peine  des  langes,  et  l'un  d'eux,  le 
Père  Albanel,  faisait  déjà  en  1672  un  voyage  à  la 


24 


baie  d'Hubson  par  leâ  rivières  Mistassini  et  Rupert, 
voyage  qui  n'a  été  fait  de  nouveau  par  un  Européen 
— le  naturaliste  Michaux — qu'une  seule  fois  depuis, 
à  la  fin  du  siècle  dernier.  C'est  en  l'honneur  de  ce 
père  jésuite  que  le  canton  Albanel,  situé  à  l'extré- 
mité ouest  du  lac  Saint- Jean,    fut  nommé  ainsi.  (1). 

Albert,  Canton  (Saguenay) 

Pour  perpétuer  le  souvenir  du  prince  Albert, 
époux  de  la  reine  Victoria,  et  père  du  roi  Edouard 
VIL 

Aldfield,  Canton  (Pontiac) 

Paroisse  du  comté  de  York,  en  Angleterre. 

Alltird,  Canton  (Saint-Maurice) 

En  l'honneur  de  l'honorable  M.  Jules  Allard, 
ministre  des  travaux  publics  de  la  province  de  Québec. 

Allen's  Corners  (Brome) 

Le  premier  habitant  de  cet  endroit  fut  Josiah 
Allen.  Dès  1820,  il  y  cultivait  une  terre. 

Alleyn,  Canton  (Pontiac) 

L'honorable  Charles  Alleyn  fut  ministre  provin- 
cial et  shérif  de  Québec. 

Aima,  Saint- Joseph  d'  (Lac  Saint- Jean) 

Le  lac  Saint-Jean  se  décharge  dans  le  Saguenay 
par  deux  issues  appelées  la  Grande  et  la  Petite 
Décharge.  L'espace  entre  ces  deux  cours  d'eau  forme 
une  île  qui  a  été  appelée  île  d'Alma. 

L'Aima  est  une  petite  rivière  de  la  Crimée  qui 
tombe  dans  la  mer  à  environ  vingt  milles  de  Sébas- 


(1)  Arthur  Buies,  Le  Saguenay  et  la  vallée  du  lac  Saint- Jean^  p. 
VI. 


25 


topol.  Elle  est  célèbre  par  la  victoire  qu'y  rempor- 
tèrent les  alliés  français,  anglais  et  turques  sur  les 
Russes  le  20  septembre  1854. 

L'arpenteur  Duberger  était  à  arpenter  le  territoire 
actuel  de  la  paroisse  lorsqu'on  apprit  au  Canada  la 
victoire  de  l'Aima. 

Amlierst,  Saint-Kéiiii  d'  (Ottawa) 

Le  canton  Amherst  rappelle  le  souvenir  de  sir 
Jeffrey  Amherst,  commandant  de  l'armée  anglaise 
qui  s'empara  de  Montréal  en  1760. 

Des  habitants  de  Montebello  et  des  bords  de  la 
Grande-Rivière  se  trouvant  dans  une  situation  gênée, 
vinrent  se  réfugier  dans  les  montagnes  incultes  du 
canton  Amherst  où  la  terre  se  concédait  à  trente 
centins  l'arpent. 

En  1883,  M.  Rémi  Prudhomme,  curé  de  Saint- 
Thomas  de  Lefaivre,  vint  de  la  part  de  Mgr  Duhamel, 
visiter  plusieurs  fois  ces  pauvres  gens.  Il  les  pressa 
de  construire  une  chajDelle  et  un  presbytère,  leur 
promettant  qu'aussitôt  ces  constructions  faites,  l'évê- 
que  pourvoierait  régulièrement  à  leurs  besoins. 
Dociles  à  ces  conseils,  les  colons  d' Amherst  élevèrent 
uue  chapelle  qui  prit  le  nom  de  Saint-Rémi  pour 
honorer  M.  Rémi  Prudhomme.  (1) 

Alton,  Saint- Albau  d'  (Portneiif) 

Alton,  ville  du  comté  de  Hauts,  Angleterre.  Dans 
le  comté  de  Stafford,  il  y  a  aussi  une  paroisse  qui 
porte  le  nom  de  Alton. 

Alverne,  Saint-François  de  1'  (Bonaventure) 

Cette  mission  a  été  établie  par  les  Capucins  qui  lui 


(1)  R.  P.  Alexis  de  Barbezieux,  Historique  de  la  province  ecclé- 
siastique d' Ottawa f  p.  302. 


26 


ont  donné  le  nom  de  la  montagne  d'Italie  où  leur 
saint  fondateur,  François  d'Assises,  a  reçu  les  Stig- 
mates. 

Auiqui,  Saint-Beuoit  Labre  de  (Matane) 

Amqui,  Humqui  ouUmkSi  est  le  nom  d'une  petite 
rivière  qui  se  jette  dans  la  rivière  Matapédiac.  Ce 
mot  se  prononce  Umme-kou-i,  et  signifie  en  micmac, 
*'  là  où  l'on  s'amuse,  où  l'on  joue". 

Saint  Benoit  Labre  fut  donné  pour  titulaire  à 
Amqui,  par  Mgr  Langevin,  lors  de  sa  canonisation 
par  Léon  XIII. 

Ancienne -JLorette,  Annonciation  de  1'  (Québec) 

C'est  le  Père  Chaumonot  qui  fut  le  parrain  de 
Lorette.  Il  avait  été  guéri  dans  sa  jeunesse  à  Lorette, 
en  Italie,  d'une  teigne  dégoûtante  et  il  en  avait  con- 
servé une  grande  reconnaissance.  La  première  église 
de  Lorette,  au  Canada,  fut  bâtie  exactement  comme 
celle  de  Lorette,  en  Italie. 

Comme  l'Annonciation  a  eu  lieu  dans  la  maison 
de  Lorette  on  jugea  avec  raison  qu'une  chapelle 
paroissiale  destinée  à  étendre  dans  le  pays  la  dévo- 
tion à  Notre-Dame  de  Lorette  ne  pouvait  être  mieux 
placée  que  sous  le  vocable  de  l'Annonciation. 

C'est  lorsque  les  Hurons  quittèrent  Lorette  que  la 
paroisse  prit  le  nom  d'Ancienne-Lorette  parce  que 
les  Sauvages  donnaient  le  nom  de  Jeune-Lorette  à 
leur  nouveau  poste. 

Angers  (Ottawa) 

Angers  a  été  nommé  ainsi  par  Mgr  Duhamel, 
archevêque  d'Ottawa,  en  reconnaissance  des  services 
rendus  à  cette  paroisse  par  un  missionnaire  né  à 
Angers  en  France. 


27 


Angers,  Canton  (Bonaventiire) 

L'honorable  Auguste-Réal Angers, juge  delà  Cour 
Supérieure,  lieutenant-gouverneur  de  Québec,  puis 
ministre  de  la  puissance  du  Canada. 

Angoulême,  Canton  (Bertliier) 

Angoulême  est  le  chef-lieu  du  département  de  la 
Charente,  en  France. 

Angus  (Compton) 

Angus  est  l'ancien  nom  de  Forfarshire,  en  Ecosse. 

Anse  à  Beaufils  (Gasjié) 

Le  premier  individu  qui  commença  des  défriche- 
ments dans  cet  endroit  se  nommait  Beaufils. 

Anse  à  Benjamin  (Cliicoutinii) 

Au  mois  de  juillet  1838,  Benjamin  Godreau, 
François  Guay  et  quelques  autres  allèrent  visiter 
plusieurs  endroits  où  se  trouvaient  des  pinières. 
Benjamin  Godreau,  en  voyant  la  première  anse  de 
Saint- Alphonse  et  la  qualité  de  son  sol,  s'éprit  de  ce 
lieu  ;  et  comme  il  ne  cessait  d'en  parler  et  de  le 
vanter  auprès  de  ses  compagnons,  ceux-ci  donnèrent 
à  cett€  anse  le  nom  à^Ânse  à  Benjamin,  nom  qui  lui 
est  resté.  (1) 

Anse  à  Brillant  (Gaspé) 

Une  famille  Brillant  venue  du  district  de  Québec 
a  donné  son  nom  à  cette  anse.  Ce  nom  est  écrit  dans 
les  registres  par  des  mains  irlandaises  :  Anse  ait 
Briand,  au  Brion,  Anse  Bryan. 


(1)  Arthur  Buies,  Le  Saguenay  et   le  bassin  du  lac  Saint-Jean, 
p.  91. 


28 


Anse  à  Fiigère  (Gaspé) 

Suivant  les  uns  il  y  poussait  autrefois  force 
fougère.  Les  autres  prétendent  qu'il  y  avait  eu  là  un 
habitant  du  nom  de  Fishère.  On  voit  écrit  une  fois 
dans  les  registres  Anse  à  Fisher.  Fougère  est  un  nom 
de  famille  canadien. 

Anse  à  Gilles  (Islet) 

'  L'anse  à  Gilles  a  pris  son  nom  de  Gilles  Goutreau, 
un  des  premiers  habitants  établis  sur  ses  bords. 

Anse  à  Louise  (Gaspé) 

Une  tradition  bien  établie  affirme  que,  sous  la 
domination  française,  uue  frégate  nommée  la  Louise 
fît  naufrage  dans  cette  anse. 

Anse  à  Vaileau  (Gaspé) 

D'après  quelques-uns,  et  l'honorable  Pierre  Fortin 
est  du  nombre,  il  faudrait  écrire  :  Aiise  au  Vallon.  Il 
est  vrai  que  cet  établissement  est  comme  un  nid  qui 
s'abrite  en  frileux  au  pied  de  hautes  collines  qui 
l'enserrent  de  toutes  parts.  Mais  ce  nom  de  vallon  est 
trop  recherché  pour  être  d'origine  populaire.  Si  on 
pouvait  découvrir  que  Vaileau  est  un  nom  de  famille 
et  qu'il  est  la  corruption  de  Vallée,  la  question 
serait  résolue.  Il  y  a  bien  l'expression  à  vau-Veau  qui 
signifie  en  suivant  le  courant,  mais  on  n'en  voit  guère 
l'à-propos  ici. 

Anse  au  Foin  (Cliicoutlnii) 

Le  foin  marin  croissait  en  abondance  dans  cette 
anse. 

Anse-au-Gr!fton  (Gaspé) 

Les  opinions  sont  très  partagées  sur  l'origine  du 
nom  de  l'Anse  au  Griffon. 


29 


Les  uns  veulent  que  cette  anse  ait  été  nommée 
ainsi  à  cause  de  la  couleur  grisâtre  du  fond  de  la 
mer  en  cet  endroit.  On  devrait  alors  écrire  Anse  au 
gris  fond.  C'est,  en  effet,  l'orthographe  qu'adopte 
Mgr  Plessis  en  1811. 

D'autres  prétendent  que  l'Anse  au  Griffon  doit  son 
nom  à  une  grande  démangeaison  de  doigts  dont 
étaient  affligée  les  premiers  habitants  de  l'endroit,  ce 
qui  les  portait  à  griffer  ce  qui  ne  leur  appartenait 
pas. 

Une  troisième  opinion  attribue  l'origine  du  nom 
de  l'Anse  au  Griffon  au  premier  bœuf  qui  fut  amené 
dans  l'endroit.  Ce  bœuf  était  très  gros  et  portait  le 
nom  de  Griffon.  C'était  vraiment  trop  lui  faire 
d'honneur  que  de  faire  passer  son  nom  à  la  postérité. 

Les  Anglais,  entre  autres  Bayfield,  appellent  l'Anse 
au  Griffon,  Griffin's  Cove.  Inutile  de  dire  qu'il  n'y 
a  jamais  eu  là  de  Griffin. 

Sous  le  domination  française,  il  y  eut  à  Mont- 
réal une  famille  du  nom  de  Griffon.  Des  vaisseaux 
furent  aussi  appelés  de  ce  nom.  M.  de  La  Salle  en 
construisit  un  en  1678,  destiné  à  naviguer  sur  les 
lacs  et  auquel  il  donna  ce  nom.  (1) 

Un  vaisseau  de  ce  nom  a  pu  s'échouer  dans  l'anse 
et  lui  laisser  son  nom  et  peut-être  même  son  existence. 
Quoiqu'il  en  soit,  sur  sa  carte  de  1744,  Charle- 
voix  mentionne  l'Anse  au  Griffon! 

Anse  aux  Canous  (Gaupé) 

Les  cartes  géographiques  appellent  erronément 
cette  anse  Vanse  au  Canot.  Une  frégate  ayant  fait 
naufrage  sur  le  Cap  Frégate,  qui  est  dans  cette  anse, 
les  canons  allèrent  au  fond,  d'où  anse  aux  Canons, 

(1)  Les  armes  du  gouverneur  de  Frontenac  portaient  ce  signe. 
C'est  pour  cette  raison  que  La  Salle  baptisa  ainsi  son  bâtiment. 


30 


Anse  aux  Cocqiies  (Klmouski) 

A  Sainte-Luce,  il  y  a  une  anse  assez  profonde  et 
une  pointe  qui  s'avance  à  une  grande  distance  dans 
la  mer  ;  au  printemps  cette  anse  est  infestée  de 
moules,  que  les  Canadiens-Français  appellent  géné- 
ralement des  cocques  ;  de  là  le  nom  de  anse  aux 
Cocques  appliqué  à  cette  crique.  Mais  les  Anglais 
ont  nommé  la  pointe  Cock  Point. 

Anse-aux-Gascons,   Ste-Germalne  de   1'    (Bon.) 

Un  vaisseau  fit  naufrage  en  bas  de  Malbaie.  Un 
matelot  gascon  sur  le  point  de  périr  se  cramponna  à 
une  épave  qui  le  déposa  sur  la  côte  de  Percé.  Il 
monta  jusqu'à  l'Anse  aux  Gascons  et  se  bâtit  sur  ses 
bords  une  cabane  dans  laquelle  il  vécut  en  ermite, 
cultivant  un  petit  jardin  qu'il  avait  défriché.  Il  fut 
trouvé  mort  dans  sa  cabane  à  un  âge  très  avancé. 
Si  la  tradition  est  correcte  on  devrait  donc  écrire 
Anse-au-Gascon. 

Sainte  Germaine  était  d'origine  gasconne.  Rien  de 
plus  naturel,  donc,  que  de  la  donner  pour  titulaire  à 
r  Anse-aux-Gascons. 

Anse  aux  Sauvages  (Lévis) 

Le  nom  Indian  Cove  supplante  petit  à  petit 
l'ancienne  désignation  d'Anse  aux  Sauvages. 

Autrefois,  au  printemps  et  à  l'automne,  lorsqu'ils 
se  rendaient  à  Québec,  les  Sauvages  campaient  sur 
le  bord  de  cette  anse. 

Anse  de  la  Mine  (Pontiac) 

On  donne  aussi  à  cet  endroit  le  nom  de  ''  Mine 
d'argent  de  Wright,  "  parce  que  cette  mine  est 
exploitée  par  MM.  Wright,  Goodwin  et  Brophy. 


31 


En  1688,  Jean-Baptiste-Louis  Franquelin,  hydro- 
graphe du  roi,  explora  tout  TOutaouais  supérieur  ; 
il  reconnut  la  même  mine  qui  porte  aujourd'hui  le 
nom  de  Wright,  et  donna  à  l'endroit  où  elle  se 
trouve  le  nom  d'Anse  de  la  Mine. 

Auge  <le  l'Etang  (Gaspé)  « 

Un  peu  entouré  et  caché  derrière  une  colline  est 
un  superbe  étang  encaissé  dans  les  montagnes.  Il 
est  peu  poissonneux. 

Anse  des  Mères  (Québec) 

L'anse  aujourd'hui  connue  sous  le  nom  d'Anse 
des  Mères  fut  accordée  par  le  gouverneur  Jean  de 
Lauzon,  le  26  octobre  1651,  aux  religieuses  de 
l'Hôtel-Dieu  de  Québec.  Après  avoir  servi  de  lieu 
de  pêche  pendant  de  longues  années,  elle  a  été  suc- 
cessivement baillée  et  concédée  aux  sieurs  Viger, 
Trahan,  Campbell,  Black,  Martin,  Hall,  Dobell  et 
Symes.  Cette  anse  fut  évidemment  nommée  ainsi  à 
cause  des  mères  hospitalières. 

Anse  des  Morts  (Québec) 

On  prétend  qu'un  cimetière  a  existé  en  cet  endroit. 

Anse  du  Fort  (Montmorency) 

Lorsqu'une  partie  des  Hurons,  chassés  de  leur 
pays  par  les  Iroquois,  descendirent  à  Québec,  en 
1650,  sous  la  conduite  du  Père  Ragueneau,  ils  furent 
placés  dans  l'île  d'Orléans,  sur  les  terres  de  dame 
Eléonore  de  Grandmaison.  Comme  madame  de 
Chavigny  possédait  un  fief,  vers  le  haut  de  l'île 
d'Orléans,  ce  fut  là  que  durent  être  placés  les  fugi- 
tifs. On  trouve  encore  sur  ce  fief  un  lieu  appelé 
l'Anse  du  Fort,  nom  donné  sans  doute  en  mémoire 


32 


du  fort  en  pieux,  semblable  à  celui  de  l'île  Saint- 
Joseph,  qui  fut  érigé  pour  protéger  leurs  cabanes 
d'écorce,  la  modeste  habitation  des  missionnaires  et 
la  maison  de  prières.     (1) 

Ause  du  moulin  à  Bjiude  (Sag-iienay) 

''  Une  distance  de  trois  milles  sépare  le  moulin 
Baude  du  village  de  Tadoussac.  Ceux  qui  connais- 
sent quelque  peu  l'histoire  du  pays  ne  manquent 
jamais  de  pousser  une  pointe  jusqu'au  moulin  Baude 
pour  y  voir  les  marbres  dont  parlent  tous  les  anciens 
écrivains. 

"  Charlevoix  raconte  qu'en  arrivant  au  moulin 
Baude,  en  1720,  il  demanda  à  voir  ce  moulin,  et 
qu'on  lui  montra  quelques  rochers  d'où  sortaient  un 
ruisseau  d'une  eau  claire.  "  C'est  du  moins,  dit-il, 
de  quoi  bâtir  un  moulin  à  l'eau,  mais  il  n'y  a  guère 
d'apparence  qu'on  en  bâtisse  jamais."  La  prédiction 
du  Père  Charlevoix  ne  s'est  pas  accomplie.  Sur  ces 
rochers  dénudés  un  moulin  a  été  construit,  mais  son 
propriétaire  ne  parait  pas  y  avoir  fait  fortune,  si  l'on 
en  juge  par  les  chaussées  en  ruine  et  le  misérable 
aspect  de  l'établissement.  Un  meunier  fait  tourner 
ses  meules  sur  le  mince  filet  d'eau  qu'alimente  le 
ruisseau  le  plus  souvent  tari  du  moulin  Baude.  Mais 
tel  qu'il  est  ce  moulin  suffit  pour  moudre  les  quelques 
épis  que  produit  ce  sol  aride  et  ingrat. 

*'  D'où  vient  le  nom  de  moulin  Baude  donné  à 
cet  endroit  désert,  dès  les  commencements  de  l'éta- 
blissement de  la  Nouvelle-France  ?  Champlain  et 
tous  les  écrivains  qui  l'ont  suivi  parlent  du  moulin 
Baude,  sans  s'inquiéter  d'en  faire  connaître  l'histoire. 


(1)  L'abbé  Ferland,  Xotes   ■iur  la  registren   de   Notre-Dame   de 
Qitébec,  p.  34. 


Cet  endroit  était  autrefois  la  rade  de  Tadoussac. 
''  Pour  que  le  mouillage  soit  bon,  il  faut  que  le  mou- 
lin Baude  soit  en  vue,  écrivait  le  fondateur  de  la 
colonie.  C'est  un  saut  d'eau  venant  des  montagnes 
et  au  travers  jetez  l'ancre." 

"  D'après  la  tradition  des  habitants  du  pays,  la 
rive  gauche  du  ruisseau  qui  coule  au  moulin  Baude 
se  terminait  autrefois  par  une  longue  pointe  de  terre 
qui  s'avançait  dans  le  fleuve  et  formait  comme  une 
baie  naturelle.  Deux  rochers  isolés  formaient  l'ex- 
trémité de  cette  presqu'île,  et  ils  avaient  été  appelés 
par  les  marins  le  bonhomme  et  la  bonne  femme  Bande, 
Nous  donnons  la  légende  pour  ce  qu'elle  vaut. 

'^  Le  vent  et  la  mer  ont-ils  rongé  cette  langue  de 
terre  ?  Est-elle  disparue  dans  quelque  cataclysme  ? 
Mystère.  C'est  l'opinion  de  plusieurs  géologues  que 
la  physionomie  de  toute  cette  côte  a  été  changée  dans 
les  violentes  secousses  du  fameux  tremblement  de 
terre  de  1663.  L'historien  Parkman  raconte  que  des 
pêcheurs,  qui  descendaient  le  fleuve  en  chaloupe,  se 
virent  subitement  arrêtés  près  de  Tadoussac,  par  une 
haute  montagne  couverte  d'arbres  qui  fut  précipité 
dans  les  eaux  à  quelques  verges  d'eux. 

''  Quoiqu'il  en  soit,  le  moulin  Baude  renommé 
jadis  comme  bon  mouillage  n'ofl're  plus  aucun  abri 
aux  marins. 

"  Ce  qui  a  contribué  surtout  à  faire  connaître  le 
moulin  Baude,  c'est  que  tous  les  anciens  écrivains 
ont  rapporté  que  les  rochers  qui  l'environnent 
étaient  composés  de  marbre.  Il  n'en  fallait  pas  plus 
pour  exciter  la  convoitise  des  spéculateurs.  Malheu- 
reusement, il  s'est  trouvé  après  examen,  que  les 
quelques  veines  blanches  que  l'on  voit  courir  aux 
flancs  des  mornes,  n'étaient  pas  de  nature  à  permettre 


34 


une  exploitation  payante.  Ce  marbre  qui  s'effrite 
facilement  à  l'air  ne  pouvait  tout  au  plus  être  employé 
que  dans  quelques  travaux  d'ornementation."  (1) 

Ad  se  Pleureuse  (Gaspé) 

L'Anse  Pleureuse  est  située  dans  la  paroisse  de 
Saint-Maxime  du  Mont-Louis.  Au  rapport  des 
pêcheurs  fixés  dans  cette  anse,  on  y  entend  quelque- 
fois venir  des  profondeurs  de  la  forêt  des  gémisse- 
ments et  des  sanglots  auxquels  on  donne  une  origine 
surnaturelle.  C'est  probablement  la  grande  voix  des 
bois  agités  par  le  vent  ou  les  hurlements  des  renards 
et  autres  animaux. 

Anse  Saint-Jean  (Chicoutimi) 

A  neuf  lieues  en  haut  de  Tadoussac  et  à  onze 
lieues  en  bas  de  Saint- Alexis  de  la  Grande-Baie,  le 
Saguenay  forme  une  anse  d'ure  demi-lieue  de  largeur 
sur  presqu' autant  de  profondeur.  Une  rivière  assez 
considérable  se  jette  dans  cette  anse.  C'est  sur  les 
deux  rives  de  cette  rivière  que  s'échelonnent  les 
habitations  de  l'Anse  Saint- Jean. 

Anticostl,  Ile  d' 

L'île  d'Anticosti  fut  découverte  par  Jacques  Car- 
tier, le  15  août  1535,  et  il  la  nomma  île  de  l'As- 
somption à  cause  de  la  fête  du  jour. 

"  Le  lendemain,  dit-il  dans  le  récit  de  son  voyage, 
jour  nostredame  d'Aoust  quinziesme  dudict  moys, 
nous  passasmes  le  destroict  la  nuict  de  deuant  et  le 
lendemain  eusmes  congnoissance  de  terres  qui  nous 
demouroient  vers  le  Su  :  qui  est  vne  terre  à  haultes 
montaignes  à  merveilles.  Donc  le  cap  sus  dict  de  la 


(1)  J. -Edmond  Roy,  Voyage  au  pays  de  Tad&iissac,  p.  208. 


35 


dicte  ysfe  que  nous  auons  nommée  Tysle  de  l'Affump- 
tion  ". 

Soit  erreur,  soit  antipathie  pour  le  navigateur 
malouin,  ^I.  de  Roberval  et  son  pilote  Jean  Alphonse 
l'appellent  île  de  l'Ascension. 

Thévet  la  mentionne,  dans  sa  Cosmographie  uni- 
verselle, sous  le  nom  de  Laisple,  et,  dans  son  Gh^and 
Insulaire,  il  l'appelle,  comme  Cartier,  île  de  l'As- 
somption, ''  laquelle,  ajoute-t-il,  d'autres  nomment 
de  Laisple  ". 

D'après  le  même  auteur,  les  Sauvages  du  pays 
nommaient  l'île  d'Anticosti  ^'  Naticousti  ". 

Ce  que  confirme  Lescarbot  :  "  Cette  île  est  appelée 
dit-il,  par  les  sauvages  du  païs  Anticostiy 

D'un  autre  côté,  Hakluyt  (vers  1600),  sur  la  foi 
sans  doute  des  voyageurs  qu'il  cite,  l'appelle  Natis- 
cotec. 

Jean  de  Laët  adopte,  sans  dire  pourquoi,  l'ortho- 
graphe de  Hakluyt  :  "  Elle  est  nommée,  dit-il,  en 
langage  des  sauvages  Natiscotec." 

Le  docteur  Peter  Heylyn,  en  1660,  dit  que  le  nom 
de  cette  île  est  Natiscotee,  lequel,  suppose-t-il,  est  un 
mot  espagnol  corrompu  par  les  Indiens.  Les  Espa- 
gnols, on  le  sait,  péchaient  à  cette  époque  dans  le 
Saint-Laurent.  On  prétend  même  que  le  mot  espa- 
gnol ainsi  corrompu  par  les  Indiens  serait  Antecosta 
(ante,  en  face,  et  costa,  la  côte). 

Quoiqu'il  en  soit,  ce  sont  ces  deux  derniers  noms, 
Natiscotec  et  Natiscotee,  qui  se  rapprochent  le  plus 
de  celui  de  Natascoueh  (où  l'on  prend  l'ours)  que  lui 
donnent  aujourd'hui  les  Montagnais. 

L'ancien  nom  sauvage  Natiscotec,  d'après  Charle- 
voix,  se  serait  changé  en  celui  d'Anticosti,  dans  la 
bouche  des  Européens. 


36 


Mgr  Guay  donne  une  autre  origine  au  mot  Anti- 
costi. 

'*  J'ai  toujours  pensé  avec  beaucoup  d'autres,  écrit- 
il,  qu'Anticosti  était  un  nom  sauvage,  mais  lorsque 
dans  les  étés  de  1881  et  1882,  je  fus  envoyé  sur  les 
côtes  lointaines  et  brumeuses  du  Labrador  et  des  îles 
adjacentes,  par  Sa  Sainteté  Léon  XIII,  pour  y  admi- 
nistrer le  sacrement  de  confirmation,  j'eus  l'occasion 
d'y  rencontrer  grand  nombre  de  sauvages,  et  de  me 
faire  conduire  par  eux  dans  leurs  frêles  canots  d'é- 
corce  ;  car  sur  cette  côte  nord,  la  seule  voie  de 
communication  d'un  lieu  à  un  autre  était  celle  de 
mer,  les  chemins  publics  étaient  encore  inconnus  à 
cette  époque. 

^'  Dans  nos  longs  trajets  sur  l'onde  amère,  je 
demandai  plusieurs  fois  à  mes  guides  montagnais 
quelle  était  la  signification  des  mots  Labrador  et 
Anticosti.  Tous  me  répondirent  que  ces  deux  noms 
n'appartenaient  point  à  leur  langue  et  qu'ils  l'igno- 
raient. 

*'  Depuis  cette  date  reculée,  le  doute  est  toujours 
resté  dans  mon  esprit  sur  la  vraie  étymologie  du  mot 
Anticosti. 

''  Dernièrement,  je  m'adressai  au  R.  P.  Charles 
Arnaud,  de  la  Congrégation  des  Oblats  de  Marie- 
Immaculée,  missionnaire  zélé  et  infatigable,  depuis 
cinquante  ans  révolus,  au  milieu  des  Montagnais 
du  Labrador.  Ce  vénérable  prêtre  possède  à  fond  la 
langue  de  ces  enfants  des  bois,  mieux,  j'oserais  dire, 
que  les  sauvages  eux-mêmes. 

"Je  me  permettrai  de  citer  sa  réponse,  datée  du 
15  décembre  dernier,  de  Betshiamits,  et  qui  pour 
moi  fait  autorité. 

"  Je  regrette  de  ne  pouvoir  vous  donner  l'expli- 


37 


cation  du  mot  Anticosti.  La  raison  est  bien  simple  : 
je  l'ignore,  et  mes  sauvages  aussi. 

''  Les  uns  prétendent  que  ce  sont  les  Espagnols 
ou  Basques  qui  venaient  chasser  la  baleine  à  l'entrée 
du  golfe,  bien  avant  l'arrivée  de  Jacques  Cartier, 
qui  donnèrent  ce  nom  à  cette  longue  île  qui  court 
presque  parallèle  à  la  terre  ferme  du  nord. 

''  Nos  Montagnais  l'ont  toujours  appelée  Notiskuan, 
endroit,  lieu  où  ils  vont  chasser  l'ours. 

''  Natashhian,  endroit  où  l'on  voit  l'ours  nager, 
soit  pour  traverser  la  rivière  ou  se  transporter  sur 
les  îles. 

"  Plusieurs  de  nos  sauvages  ignorent  le  nom 
d' Anticosti  et  connaissent  très  bien  Notiskuan  et 
Natashkuan,  ainsi  que  la  signification.  Voilà  tout  ce 
que  je  connais.  " 

''  Pour  plus  amples  informations,  je  demandai  à 
la  révérende  Mère  Provinciale  du  couvent  de  Jésus- 
Marie,  à  Sillery,  par  la  bienveillante  entremise  de  la 
révérende  Mère  Saint- Augustin,  de  la  même  maison, 
si  les  mots  Anticosti  et  Labrador  étaient  espagnols. 
La  révérende  Mère  Provinciale  est  née  en  Espagne, 
et  connaît  parfaitement  sa  langue  maternelle.  Sans 
vouloir  blesser  l'humilité  de  ces  deux  excellentes 
dames  religieuses,  je  citerai  quelques  extraits  de  la 
réponse  qui  me  fut  donnée,  le  16  du  mois  dernier  : 

"  Anticosti  est  un  mot  composé  espagnol,  avec 
une  petite  altération  à  la  finale  ;  au  lieu  de  costi,  ce 
serait  costa,  côte,  et  anti,  avant.  Anticosti  serait  donc 
avant  la  côte. 

''  Après  les  explications  précitées,  il  me  paraît  ne 
plus  rester  de  doute  sur  l'origine  véritable  de  l'éty- 
mologie  du  mot  Anticosti. 

"  On  doit  admettre  qu'il  est  espagnol  et  non  sau- 


38 


vage.  Il  est  très  probable  que  cette  île  reçut  ce  noiîi 
longtemps  avant  la  découverte  du  Canada  par  Jac- 
ques Cartier,  car  il  est  prouvé  maintenant,  par  l'his- 
toire, que  les  côtes  du  Saint-Laurent  furent  visitées 
par  les  Espagnols  et  'les  Basques,  longtemps  avant 
son  arrivée  dans  ces  parages.  "  (1) 

Apslmamouchonan,  Kivière  (Lac  Saint-Jean) 

Ce  mot  est  montagnais  et  signifie  :  ''Là  où  l'on 
guette  l'orignal." 

Arago,  Canton  (Islet) 

Le  canton  Arago  rappelle  le  souvenir  du  célèbre 
astronome  et  mathématicien,  François  Arago. 

Archanibeault,  Canton  (Montcalni) 

L'honorable  Louis  Archambeault  fut  député  de 
l'Assomption,  puis  conseiller  législatif  de  la  division 
de  Repentigny  et  ministre  de  l'agriculture  de  la  pro- 
vince de  Québec. 

Argentenay  (Montmorency) 

On  a  donné  le  nom  particulier  d' Argentenay  à  une 
petite  partie  de  la  paroisse  de  Saint-François  de  l'île 
d'Orléans. 

Le  fief  Argentenay  fut  concédé  le  23  juillet  1652, 
à  Louis  d'Ailleboust,  seigneur  de  Coulonge,  qui  fut 
gouverneur  de  la  Nouvelle-France  de  1648  à  1651. 
Argentenay  est  le  nom  d'un  petit  village  de  la  Cham- 
pagne. M.  d'Ailleboust,  originaire  de  cette  province, 
voulait,  en  nommant  ainsi  son  fief,  faire  revivre  un 
nom  qui  lui  était  cher. 


(1)  Lettres  iur  Vile  d^Anticott>,  p.  155. 


39 


Argeuteuil 

L'histoire  de  la  seigneurie  d' Argenteuil  commence 
par  une  promesse  de  concession  faite  par  le  comte 
de  Frontenac  en  faveur  de  Charles- Joseph  d'Aille- 
boust,  le  15  juin  1682. 

En  1697,  le  sieur  d'Ailleboust  et  sa  femme,  Cathe- 
rine Le  Gardeur,  vendirent  à  leur  fils,  Pierre  d'Aille- 
boust d' Argenteuil  ;  ce  dernier  prêta  le  serment  de 
fidélité  pour  le  fief  (1725)  et  fit  légaliser  la  promesse 
de  1682. 

Arlaka  (Lévis) 

*'  Arlaka,  dit  le  juge  Gill,  est  un  mot  défiguré 
parce  que  dans  le  langage  abénaquis  d'alors  il  n'y 
avait  pas  la  lettre  1,  qui  était  remplacée  par  la  lettre 
r,  contrairement  à  ce  dui  avait  lieu  dans  le  langage 
des  Mohicans  (de  Mahigan,  loup,  en  algonquin) 
semblable  à  celui  des  Abénaquis  si  ce  n'est  qu'il  n'y 
avait  pas  de  lettre  r,  remplacée  par  la  lettre  1.  C'est 
r  des  Mohicans  qui  a  fini  par  l'emporter  car  dans  le 
langage  actuel  des  Abénaquis  il  n'y  a  plus  de  lettre 
r  toujours  remplacée  par  1." 

M.  J.-Edmond  Roy  écrit  à  son  tour  :  "  Un  mis- 
sionnaire des  Abénaquis  que  nous  avons  interrogé  à 
ce  propos  nous  a  répondu  que  ce  mot  pouvait  vou- 
loir dire  :  à  qui  a  pu  arriver.  Comme  le  village  Arlaka 
se  trouve  plus  éloigné  de  la  Chaudière  que  Taniata 
et  Sarosto,  les  Sauvages  ont  pu,  en  eff'et,  dire  une  fois, 
dans  leur  langage  imagé,  que  cette  partie  de  leur 
territoire  de  chasse  appartiendrait  à  celui  qui  pour- 
rait y  arriver  :  Arlaka.  Il  y  a  des  étymologies  qui 
sonnent  encore  plus  mal  que  celle  que  nous  ofi'rons, 
sans  cependant  vouloir  nous  porter  garant  de  cette 
dernière.  " 


40 


Ariuag^li,  Saint-Cajétan  d*  (Bellechasse) 

Armagh  est  le  nom  d'un  comté  de  la  province 
d'Ulster,  en  Irlande.  Le  chef-lieu  de  ce  comté  porte 
aussi  le  nom  d'Armagh.  C'est  une  ville  assez  consi- 
dérable. Saint  Malachie  y  est  né. 

Armand,  Canton  (Témiscouata) 

En  souvenir  de  Armand  Du  Plessis,  cardinal  de 
Eichelieu,  premier  ministre  de  Louis  XIII,  qui  s'oc- 
cupa beaucoup  de  la  colonisation  de  la  Nouvelle- 
France. 

Arnaud,  Canton  (Saguenay) 

Le  Père  Arnaud,  oblat  de  Marie-Immaculée,  a 
consacré  presque  toute  sa  vie  aux  missions  de  cette 
partie  du  pays. 

Arnold,  Rivière  (Conipton) 

La  rivière  Arnold  tire  son  nom  du  général  amé- 
ricain Arnold,  qui,  en  1775,  la  fit  passer  à  une  partie 
de  ses  troupes,  quand  il  conduisit  son  armée  à  travers 
cette  immense  forêt,  alors  pays  presqu'inconnu,  pour 
assiéger  Québec. 

Artliabaska 

Du  cris  Ayabaskaw,  il  y  a  des  joncs  ou  du  foin  ça 
et  là.    Les  Cris  de  la  forêt  prononcent  Arabaskaw. 

Arundel,  Canton  (Argenteull) 

Arundel  est  une  petite  ville  du  comté  de  Sussex, 
Angleterre. 

Asbestos  (Richmond) 

Le  sol  en  cet  endroit  contient  une  grande  quan- 
tité d'asbeste  (asbestos)  ou  amiante.     C'est  de  fait  la 


41 


recherche  et  l'exploitation  de  cette   amiante  qui  fait 
vivre  toute  la  population  d'Asbestos. 

Ascot-Corner,  Saint-Stanislas  d'  (Sherbrooke) 

Ascot-Heath,  près  de  Windsor,  est  célèbre  dans 
toute  l'Angleterre,  par  ses  terrains  de  courses. 

Ascot-Corner  fut  la  première  mission  érigée  par 
Mgr  Paul-Stanislas  Larocque  et  c'est  pour  cette  raison 
qu'il  l'a  plaça  sous  la  protection  d'un  de  ses  patrons. 

Aslil)urton,  Canton  (Montmajjny) 

Lord  Ashburton  fut  nommé  par  la  Grande-Breta- 
gne pour  régler  avec  les  Etats-Unis  la  dispute  relative 
à  la  borne  sud  de  la  province  de  Québec. 

Asliford,  Canton  (Montniagny) 

Deux  villes  d'Angleterre,  l'une  dans  le  comté  de 
Kent  et  l'autre  dans  le  comté  de  Middlesex,  por- 
tent le  nom  de  Ashford. 

Asliuanipi,  Fleuve  (Labrador) 

Du  montagnais  uashaunipi,  la  baie.  Les  Monta- 
gnais  désignent  aussi  sous  ce  nom  un  lac  avec  une 
ou  deux  issues. 

Asliuapaniouchouan,  Canton  (Liac  Saint-Jean) 

La  rivière  Ashuapamouchouan  qui  a  donné  son 
nom  à  ce  canton  se  jette  dans  le  lac  Saint- Jean.  Le 
mot  ashuapamouchouan  est  montagnais  et  signifie  : 
**  Où  se  trouve  le  piège  pour  l'orignal." 

Askitiche,  Lac  (Cliicoutimi) 

Askitiche  est  formé  des  mots  montagnais  ushkash- 
kueiats,  là  où  il  y  a  du  bois  de  charpente  vert,  et 
assi,  pays. 


42 


Assemetqnaghan,  Cantou  (Bonaventure) 

Les  Micmacs  donnent  le  sens  précis  suivant  à  ce 
mot  :  Cours  d'eau  que  l'on  a  soudain  en  face  de  soi, 
après  une  courbe,  lorsqu'on  remonte  en  canot  la 
rivière  dans  laquelle  il  se  jette.  Les  mots  soulignés 
composent  le  nom.  (1) 

Ascoo,  Cantou  (Nicolet) 

Aston  Manor,  ville  du  Lancashire,  Angleterre. 
Attikamag^en,  Lac  (Labrador) 

Attikamagen  ou  Atukumagan,  en  montagnais, 
signifie  lance  au  cerf. 

AttikoDak,  Lac  (Labrador) 

Attikamek,  poisson  blanc. 

Atwater,  Canton  (Pontiac) 

M.  Albert- William  Atwater  a  été  député  de  Mont- 
réal, division  No  4,  et  trésorier  provincial. 

Anbigny  (Lévis) 

Ville  que  tenta  d'établir  sir  John  Caldwell  en  1818 
à  l'endroit  où  s'élève  aujourd'hui  la  ville  de  Lévis. 
Il  lui  donna  ce  nom  d'Aubigny  en  l'honneur  du 
duc  de  Richmond,  qui  était  duc  d'Aubigny. 

Auckland,  Saint- Malo  (Conipton) 

Dans  le  comté  de  Durham,  en  Angleterre,  il  y  a 
une  ville  de  Auckland.  Saint-Malo  d'Auckland  fut 
nommée  ainsi  pour  commémorer  le  souvenir  de  la 
patrie  de  l'intrépide  navigateur  Jacques  Cartier, 
auquel  est  dû  la  découverte  de  notre  pays. 


(l)  Eugène  Rouillard,  Noms  sauvxges,  p.  12. 


43 


Auclair,  Cauton  (Téniiscouata) 

Nommé  ainsi  en  souvenir  d'un  ancien  mission- 
naire, M.  Etienne  Auclair-Desnoyers.  Il  fit  les 
missions  des  paroisses  situées  entre  Kamouraska  et 
Rimouski  de  1713  à  1717.  Il  accepta  ensuite  la 
cure  de  Kamouraska  qu'il  garda  jusqu'à  sa  mort. 

Auliiaies,  Saint- Koch  des  (Islet) 

Une  aulnaie  (ou  aunaie)  est  un  lieu  planté  d'aul- 
nes (ou  d'aunes).  L'aulne  a  formé  les  noms  de  lieux 
Aulnay,  Auneuil,  puis  Augny,  Augnot  en  mouillant 
l'n,  et  enfin  Launay  par  la  fusion  de  l'article  avec  le 
nom.  La  rivière  Ferrée  qui  traverse  la  paroisse  était 
bordée  d'aulnes. 

Auniond,  Canton  (Ottawa) 

Un  commerçant  de  bois  du  nom  de  Joseph 
Aumond  fit  dans  cette  région  une  exploitation 
considérable  pendant  plusieurs  années. 

Auvergne  (Québec) 

Ce  village  rappelle  le  souvenir  de  l'ancienne 
province  de  ce  nom  en  France.  L'Auvergne  forme 
aujourd'hui  les  départements  du  Puy-de-Dôme,  du 
Cantal,  et  partie  de  celui  de  la  Haute-Loire. 

Avon  (Mégantic) 

Nom  de  plusieurs  villes,  villages  et  rivières  d'An- 
gleterre. 

Awantjlsli,  Canton  (Matane) 

En  micmac  Avagantfill signiûe le  ''  petit  portage". 
Awlchiwiwigamak,  Lac  (Labrador) 

Lac  tortueux. 


44 

Ayep's  Fiat  (Stanstead) 

Le  premier  maître  de  poste  de  l'endroit  fut 
Homer-G.  Ayer. 

Aylmèr  (Ottawa) 

En  souvenir  du  baron  Matthew-Withworth  Aylmer, 
gouverneur-général  du  Canada. 

Aylmer,  Saint- Sébastien  d'  (Beauce) 

Il  nous  semble  que  le  canton  et  la  ville  d'Aylmer, 
dans  le  comté  d'Ottawa,  et  le  lac  Aylmer,  dans  le 
comté  de  Wolfe,  étaient  suffisants  pour  commémorer 
le  souvenir  de  lord  Aylmer,  gouverneur-général  du 
Canada  de  1830  à  1835,  dont  la  conduite  envers 
les  Canadiens-Français  a  déjà  assez  fait  connaître  le 
nom,  sans  l'imposer  à  un  canton  de  Beauce. 

Saint-Sébastien  d'Aylmer  a  aussi  été  connu  pen- 
dant quelque  temps 'sous  le  nom  de  Valletord,  mot 
qui,  prononcé  à  l'anglaise,  formait  un  si  grossier 
calembour,  qu'on  a  eu  la  décence  de  le  faire  dispa- 
raître. 

Aylwin,  Canton  (Ottawa) 

C'est  l'honorable  Thomas-Cushing  Aylwin,  solli- 
citeur-général dans  le  cabinet  Lafontaine-Baldwin 
en  1843,  qui  donna  son  nom  au  village  et  au  canton 
d' Aylwin. 

Babel,  Canton  (Sagiienay) 

Le  Père  Louis-François  Babel,  oblat  de  Marie- 
Immaculée,  a  passé  sa  vie  dans  les  missions  monta- 
gnaises  du  Labrador. 

Baby,  Canton  (Poutiac) 

L'honorable  Louis-François-Georges  Baby,  qui  a 
donné  son  nom  à  ce  canton,  a  été  député  de  Joliette, 


45 


ministre  du  revenu  de  l'intérieur,  et  juge  de  la  Cour 
du  Banc  de  la  Reine. 

Bftddèley,  Rivière  (Cliicoiitinii) 

Le  lieutenant  Baddeley  fut  employé  par  le  gou- 
vernement pour  faire  le  relevé  géologique  de  cette 
partie  du  territoire  qu'arrose  le  Saguenay. 

Bagot 

Sir  Charles  Bagot  est  certainement  le  gouver- 
neur le  plus  populaire  que  l'Angleterre  nous  a 
envoyé.  Lorsqu'il  tomba  malade  en  novembre  1842 
on  vit  toute  la  sympathie  que  lui  portait  la  popula- 
tion canadienne-française.  Il  y  eut  dans  toutes  les 
églises  catholiques  des  prières  ferventes  pour  deman- 
der à  Dieu  de  le  ramener  à  la  santé,  dans  beaucoup 
de  paroisses  même  on  fit  chanter  des  messes  à  cette 
intention.  A  Montréal,  en  janvier  1843,  il  y  eut  une 
grande  assemblée  dans  le  but  d'exprimer  au  gouver- 
neur la  reconnaissance  des  citoyens  .de  cette  ville 
pour  les  bienfaits  qu'il  avait  conférés  au  pays,  et  la 
sympathie  qu'ils  ressentaient  pour  "ses  souffrances 
ph^^siques. 

Bagot's  Cluff  (ADticosti) 

La  pointe  sud  de  l'île  d'Anticosti  ne  fut  pas  appelée 
ainsi  en  l'honneur  de  sir  Charles  Bagot,  gouverneur 
du  Canada,  mais  bien  du  colonel  Bagot,  comman- 
dant du  69ème  régiment  anglais.  (1) 

Bagotville,  Saint-Alphonse  de  (Chicoutimi) 

Bagotville  rappelle  le  souvenir  de  sir  .Charles 
Bagot. 


(1)  Rapport  sur  les  missions  du  diocèse  de  Québec,  mai  1872,  p.  116. 


46 


Baie  d©  PeDoiiïl  (Oaspé) 

Cette  baie  fut  nommée  ainsi  par  les  pêcheurs 
basques.  Fenouil,  en  langue  basque,  veut  dire 
''  péninsule  ". 

En  1534,  Jacques  Cartier  visita  la  baie  de  Penouïl 
et  en  prit  possession.  Avant  de  la  quitter,  il  planta 
une  croix  sur  la  pointe  de  sable  qui  en  ferme  l'entrée  : 
'*  XXIII  du  mois,  écrit-il,  fismes  faire  une  croix 
haute  de  trente  pieds,  et  fut  faite  en  la  présence  de 
plusieurs  d'iceux  sur  la  pointe  de  l'entrée  de  ce  port, 
au  milieu  de  laquelle  misme  un  écusson  relevé  aux 
trois  fleurs  de  lys,  et  dessus  était  écrit  en  grosses 
lettres  entaillées  dans  du  bois.  Vive  le  roi  de  France. 
En  après  la  plantâmes  en  leur  présence  sur  la  pointe, 
et  la  regardaient  fort,  tant  lorsqu'on  la  faisait  que 
quand  on  la  plantait.  Et  l'ayant  levée  en  haut, 
nous  nous  agenouillions  tous  ayant  les  mains  jointes, 
l'adorant  à  leur  vue,  et  leur  faisions  signe  regardant 
et  montrant  le  ciel,  que  d'icelle  dépendait  notre 
rédemption  de  laquelle  chose*,  ils  s'émerveillèrent 
beaucoup,  se  tournant  ent-r'eux,  pais  regardant  cette 
croix." 

Baie  des  Chaleurs 

"  Cette  dénomination,  dit  M.  Eugène  Rouillard, 
est  entrée  bien  profondément  dans  le  langage  popu- 
laire. 

''  Les  cartographes,  ceux  de  la  province  de  Québec 
comme  ceux  d'Ottawa,  sont  eux-mêmes  demeurés 
fidèles,  en  tout  temps,  à  cette  appellation. 

"  Tout  récemment  encore,  en  l'année  19.01,  une 
carte  du  Canada,  préparée  par  ordre  de  l'honorable  M. 
Sifton,  ministre  de  l'Intérieur,  tirée  à  des  milliers 
d'exemplaires,  inscrivait  Bay  des  Chaleurs. 


47 


''  Or,  nonobstant  l'usage,  voici  que  la  commission 
géographique,  qui  a  son  siège  dans  la  capitale  du 
Canada,  vient  de  supprimer  d'un  trait  de  plume 
l'ancienne  dénomination  et  de  décréter  que  doréna- 
vant on  devra  écrire  en  français  Baie  de  Chaleur  et 
en  anglais  Bay  Chaleur. 

"  Baie  de  Chaleur  n'est  pas  à  la  vérité  une  innova- 
tion puisque  Jacques  Cartier  lui-même,  le  10  juillet 
1534,  désigna  ainsi  l'immense  baie  en  souvenir  de 
la  grande  chaleur  qu'il  y  avait  éprouvée  ce  jour-là. 

"  Les  cartographes  et  les  historiens  qui  vinrent 
après  lui,  comme  Gérard  Mercator,  en  1569  ;  Whyt- 
field,  en  1597  ;  l'historien  Lescarbot  ;  le  R.  P.  Henne- 
pin,  en  1704,  écrivirent,  comme  le  découvreur  de 
notre  pays,  Baie  de  Chaleur.  Cependant  Jean 
Alphonse,  premier  pilote  de  Roberval,  en  1542,  et 
Nicolas  Denys,  en  1672,  écrivaient  :  Baye  des  Cha- 
leurs. 

"  Depuis  deux  siècles,  publicistes  et  cartographes, 
à  commencer  par  Charlevoix,  ont  invariablement 
écrit  :  Baie  des  Chaleurs.  Cette  modification  est  peu 
importante  et  puisque  l'usage  l'a  consacrée,  nous  ne 
voj^onspas  la  nécessité  de  revenir  à  Baie  de  Chaleur. 
Quoiqu'il  en  soit,  nous  ne  nous  opposerions  pas  à  ce 
changement.  Mais  il  n'en  est  pas  ainsi  pour  la  traduc- 
tion anglaise  qu'on  nous  propose  :  Bay  Chaleur,  qui 
est  injustifiable. 

"  Est-ce  que  Bay  Chaleur  est  plus  coniovuie  à  l'es- 
prit de  la  langue  anglaise,  que  Baie  de  Chaleur,  ou 
Baie  des  Chaleurs  ?  Si  l'on  veut  se  servir  de  l'anglais 
de  préférence  au  français,  il  faudrait  dire  comme  l'a 
fait  le  géographe  Thomas  JefFerys,  en  1760,  Bai/  of 
Heat. 

''  Mais  la  découverte  de  la   fameuse    baie  a  été 


48 


effectuée  par  un  Français  qui  lui  a  appliqué  un  nom 
devenu  historique,  un  nom  que  l'on  trouve  ortho- 
graphié de  la  même  façon,  depuis  deux  cents  ans, 
sur  toutes  nos  cartes  et  dans  tous  nos  livres.  Quel 
motif  d'ordre  public  nous  obligerait  donc  aujourd'hui 
à  rompre  avec  une  tradition  parfaitement  établie  et 
de  tronquer  une  dénomination  qui  a  pour  elle  la 
plus  respectable  des  origines  ? 

"  L'unique  avantage  serait  ici  de  rendre  cette 
appellation  un  peu  plus  courte  à  écrire  et  à  pronon- 
cer. Si  c'est  là  la  raison  que  l'on  invoque,  nous 
répondrons  que  ce  n'est  point  la  coutume,  dans 
aucun  pays  civilisé,  de  mutiler  ou  d'écourter,  pour 
un  semblable  motif,  des  noms  géographiques  qui  ont 
subi  l'épreuve  du  temps  et  qui  forment  partie  du 

patrimoine  de  tout  un  peuple."  (1) 

♦ 
Baie  des  Haï  Ha!  (Cliicoutimi)  , 

On  suppose  que  le  nom  de  Ha  î  Ha  !  a  été  donné 
à  cette  baie  par  les  Français,  lorsqu'ils  montèrent  le 
Saguenay  pour  la  première  fois,  parce  qu'ils  entrè- 
rent dans  cette  baie,  la  prenant  pour  la  continuation 
du  Saguenay  ;  mais  voyant  leur  erreur  en  arrivant 
au  fond  de  la  baie,  ils  prononcèrent  à  plusieurs 
reprises  le  mot  Ha  !  Ha  !  qui  est  resté  à  la  baie.    (2) 

D'après  M.  A.-D.  DeCelles,  le  nom  de  la  baie  des 
Ha  !  Ha  !  aurait  une  autre  origine.  "  Dans  les 
lexiques  anciens,  dit-il,  Ha,  Ha  s'emploie  pour 
désigner  un  passage  sans  issue,  une  impasse.  Il  y 
avait  à  Paris,  au  dix-septième  siècle,  uue  rue  des 
Ha  !  Ha  !  Or,  la  baie  en  question,  sorte  de  lac  uni  au 


(1)  Bulletin  du  parler  Jrancais,  vol.  IV,  p.  365, 

(2)  Joseph  Bouche tte,  Rapport  des  commissaires  pour  explorer  le 
Saguenay j  p.  164. 


49 


Saguenay  par  un  long  et  étroit  goulot,  sans  autre 
issue,  mérite  bien  le  nom  qu'elle  porte  ".  (1) 

lîaie  des  Pères  (Poiitiac) 

Les  Pères  Oblats  ont  élevé  sur  les  bords  de  cette 
baie  un  monastère,  un  hôpital  et  une  église  en 
pierre.  La  reconnaissance  des  premiers  colons  donna 
le  nom  de  Baie  des  Pères  à  la  mission. 

Baie  des  Rochers  (Clilcoutimi) 

Grand  nombre  de  rochers  se  montrent  ici  au- 
dessus  de  l'eau. 

Baie-dii  Febvre,  Saint- Antoine  de   la  (Yamaska) 

L'année  1672  fut  remarquable  en  Canada  par  le 
grand  nombre  de  concessions  en  seigneuries  accor- 
dées aux  officiers  du  régiment  de  Carignan  et  à 
c|uelques  Canadiens.  Le  capitaine  de  Laubia  reçut 
le  fief  Nicolet,  qu'il  passa  bientôt  à  M.  Cressé  ;  tous 
deux  y  amenèrent  les  premiers  colons,  tirés  des 
Trois-Rivières.  Un  autre  officier  du  régiment  de 
Carignan,  Pierre  Dorfeuille,  écuyer,  sieur  de  la 
Lussaudière,  obtint,  le  3  novembre  1672,  "une  lieue 
de  terre  de  front  sur  une  lieue  de  profondeur,  à 
prendre  depuis  la  terre  du  sieur  Crevier,  en  descen- 
dant vers  la  rivière  Nicolet,  le  chenal  Tardif  compris." 

Entre  Nicolet  et  La  Lussaudière  restait  un  terri- 
toire de  deux  lieues  de  front  sur  autant  de  profon- 
deur, que  Jacques  Le  Febvre,  résidant  aux  Trois- 
Rivières,  se  fit  concéder  en  1683.  Le  seigneur  prit 
alors  le  nom  de  Lefebvre  de  la  Baie,  d'où,  ensuite,  La 
Baie  du  Febvre. 


(1)  La  Presse,  16  juin  1900. 
4 


50 


Il  y  bâtit  aussitôt  un  manoir  et  un  moulin 
seigneurial,  puis  il  s'y  établit  avec  sa  femme,  Marie 
Beaudry.  Il  eut  six  enfants  qui  firent  souches  des 
nombreuses  familles  Lefebvre  dans  La  Baie  et  les 
paroisses  voisines. 

Bientôt,  plusieurs  autres  familles  se  joignirent  à  la 
famille  Lefebvre  et  les  terres,  bordant  le  chemin  du 
roi,  ne  tardèrent  pas  à  se  défricher.  Des  routes 
s'ouvrirent,  de  petits  rangs  ou  concessions  se  formè- 
rent ;  de  sorte  que,  en  1715,  la  seigneurie  était  assez 
peuplée  pour  qu'il  fut  besoin  de  construire  une 
chapelle.  Cette  construction  détermina  une  desserte 
régulière  par  les  curés  voisins. 

Ce  fut  le  Père  Dugast,  récollet,  curé  de  Saint- 
François  du  Lac,  qui,  le  premier,  ouvrit  à  LaBaie 
une  mission  régulière.  La  mission  fondée,  rien  ne 
manquait  plus  au  progrès  de  la  colonisation  et  le 
petit  établissement  devint  en  peu  d'années  assez 
prospère  pour  se  transformer  en  paroisse. 

Ce  n'est,  cependant,  que  le  26  janvier  1833  que 
La  Baie  du  Febvre  fut  érigée  cahoniquement  en 
paroisse  sous  l'invocation  de  saint  Antoine  de  Padoue, 
dont  la  fête  se  célèbre  le  13  juin.  Il  y  avait  longtemps 
que  cette  paroisse  était  connue  sous  le  nom  de 
Baie  Saint- Antoine  ou  LaBaie  du  Febvre.    (1) 

Baie  cl'Urfé  (Jacques-Cartier) 

Le  nom  d'Urfé  que  porte  cette  baie,  située  à  envi- 
ron une  demi-lieue  en  bas  de  l'église  de  Sainte- Anne 
de  Bellevue,  vient  de  M.  François-Saturnin  Lascaris 
d'Urfé.  A  quelle  occasion  a-t-elle  reçu  ce  nom? 
C'est  ce  que  nous  ne  pourrions  dire.  M.  d'Urfé, 
d'après  une  note  insérée  au  registre  de  Lachine,  a 

(l)  Benjamin  Suite,  Hûtrire  de  Saint- François  du  Lac,  p,  19, 


51 


desservi  le  haut  de  l'île,  qui  comprenait  alors  Lachine, 
la  Pointe-Claire  et  Sainte-Anne,  après  M.  de  Salignac 
de  Fénélon,  frère  de  l'archevêque  de  Cambrai.  Comme 
la  mission  des  îles  Courcelles,  aujourd'hui  îles 
Dorval,  n'existait  plus  lors  du  départ  de  M.  de 
Fénélon  pour  la  France,  il  peut  se  faire  aussi  qu'il 
les  ait  évangélisées  à  la  baie  qui  porte  son  nom.  (1) 

Baie  Saint-Paul  (Cliarlevoix) 

La  baie  Saint-Paul,  sur  la  rive  nord  du  Saint- 
Laurent,  en  face  de  l'île  aux  Coudres,  est  encaissée 
de  caps  d'une  grande  hauteur  qui  décrivent  un  cercle 
en  formé  d'amphithéâtre  vers  le  fond  duquel  vien- 
nent s'abimer  les  eaux  de  la  rivière  du  Gouffre. 

Quand  cette  baie  reçut-elle  le  nom  de  Saint-Paul  ? 
Qui  l'a  baptisa  ainsi  ?  Nous  l'ignorons.  Le  premier 
qui  la  mentionne  est  le  Père  Jérôme  Lalemant  lors- 
qu'il parle  du  tremblement  de  terre  du  mois  de 
février  1663,  et  il  s'exprime  comme  si  elle  était 
connue  sous  ce  nom  déjà  depuis  plusieurs  années.  (2) 

Baie  Sainte- Claire  (Anticostt) 

Ainsi  dénommée  en  souvenir  de  la  mère  de  M. 
Henri  Menier,  propriétaire  de  l'île  d'Anticosti. 

Baillairg-eou,  Cautou  (Oaspé) 

Mgr  Charles-François  Baillairgeon,  le  troisième 
archevêque  de  Québec. 

Baracliois 

On  appelle  Baracliois^  ces  lacs  que  forment  j)rès 
de  leur  embouchure  les  rivières  dont  l'entrée  est 


(1)  L'abbé  Bourgault,    VEcho  du    Cabinet   de  lecture    2^(^^oissial 
vol.  VIII;  p.  79. 

(2)  L'abbé  Charles  Trudelle,   Trois  souvenirs,  p.  81. 


52 


obstruée  par  un  banc  de  sable.  La  mer  s'y  engouffre 
et  forme  une  vaste  nappe  d'eau  qui  se  retire  au 
baissant,  laissant  alors  visible  un  vaste  terrain  couvert 
de  joncs  marins,  de  débris  de  forêts,  et  entrecoupée 
de  bras  de  mer  formant  nombre  de  lagunes,  séjour 
favori  d'un  nombreux  gibier  et  rendez-vous  des 
chasseurs.  Qvielques-uns  de  ces  Barachois  recèlent 
beaucoup  d'anguilles  dans  leurs  fonds  vaseux.  A 
marée  basse,  les  chevaux  vont  y  chercher  une  riche 
pâture.  D'après  M.  l'abbé  Provancher,  le  mot  bara- 
chois serait  formé  des  mots  barre  à  choir.     (1) 

Barford,  Saint-Heniiéiiégilde  de  (Stanstead) 

On  trouve  deux  villages  de  ce  nom  sur  la  carte 
d'Angleterre,  l'un  dans  le  comté  de  Dorset,  l'autre 
dans  le  comté  de  Norfolk. 

Le  premier  colon  de  Barford  avait,  paraît-il,  le 
prénom  Herménégilde. 

BarDston,  Saiiit-Wilfrid  de  (Staustead) 

Barnston,  paroisse  du  comté  de  Chester,  et  village 
du  comté  d'Essex,  Angleterre. 

C'est  M.  Wilfrid  Lussier,  alors  curé  de  Coaticooke, 
qui  a  donné  son  nom  à  cette  paroisse.  Il  s'intéressa 
beaucoup  à  sa  fondation. 

Batiscan  (Cliainplaiu) 

Le  Père  Charles  Arnaud  écrivait  en  1880  : 
'^  Batiscan  (d'origine  montagnaise)  pathiskan  ou 
patiscan,  patshiskan — vapeur,  nuée  légère.  C'est  aux 
gens  de  la  place  à  savoir  si  aux  environs  il  s'élève- 
rait quelque  vapeur  ou  brume,  plus  fréquente  'qu'en 
d'autres  lieux.  Comme  je  ne  connais  pas  la  place,  je 


(1)  Le  Naturaliste,  vol.  IV,  p.  279. 


53 


ne  sais  si  la  vapeur  ou  la  brume  se  trouve  sur  l'eau 
ou  à  terre  ferme." 

Le  Père  Arnaud  donnait*  en  même  temps  une 
autre  signification  au  mot  Batiscan  : 

"  Le  même  mot  signifie  aussi  viande  sèche  pulvé- 
risée, os  broyés,  qu'on  fait  bouillir  ensuite  pour  en 
retirer  la  graisse  dont  on  compose  le  pemikan  mon- 
tagnais.  Dans  ce  cas  -ce  serait  à  cet  endroit  que  les 
sauvages  se  réunissaient  à  leur  retour  de  la  chasse 
pour  faire  leur  festin  avant  de  se  séparer." 

D'un  autre  côté,  on  donne  une  troisième  significa- 
tion au  mot  Batiscan.  Ce  mot  voudrait  dire  :  qui  a 
des  joncs  à  son  embouchure. 

Nous  serions  d'autant  plus  prêt  à  accepter  ce  sens 
qu'il  y  a  une  très  grande  quantité  de  joncs  à  l'em- 
bouchure de  la  rivière  Batiscan. 

Le  Père  Lacombe  fait  venir  le  mot  Batiscan  du 
cris  Tabateskan,  corne  fendue  ou  pendante. 

Une  cinquième  origine  est  donnée  par  V Histoire 
des  Ursulines  des  Trois- Rivières  (vol.  III,  p.  257)  : 
^'  Batiscan,  riche  campagne  située  sur  le  fleuve,  tient 
son  nom  d'un  chef  sauvage  très  lié  avec  Champlain." 

M.  Benjamin  Suite  dit  au  sujet  de  l'origine  du 
mot  Batiscan  : 

"  Champlain,  en  1603,  mentionne  la  rivière  de 
Batiscan.  La  carte  de  1609  la  désigne  également. 
En  1611,  Champlain  dit  qu'il  rencontra  à  Québec 
un  capitaine  sauvage  appelé  Batiscan.  Parmi  les 
noms  sauvages  cités  par  Lescarbot,  on  trouve  Batis- 
can. Sur  la  carte  de  1612  figure  la  contrée  de  Bâtis- 
quan.  L'un  des  chefs  sauvages  des  Trois-Rivières, 
en  1627,  se  nommait  Batisquan.  L'édition  des 
œuvres  de  Champlain,  en  1632,  dit  :  "La  rivière 
Batisquan,  fort  agréable  et  poissonneuse,  est  proche  de 


54 


celle  de  Champlain."  En  1637,  il  y  avait  dans  les 
environs  des  Trois-Rivières,  un  chef  sauvage  appelé 
TcHiMiouiRiNEAU,  sumommé  Batiscan  (Relation, 
1637,  p.  83.)  La  Relation  de  1634,  p.  7,  parle  de 
Tehimaouirieou,  chef  des  mêmes  endroits.  Le  28 
janvier  1636,  on  baptisa  aux  Trois-Rivières  une 
petite  fille  âgée  de  deux  ans,  "  enfant  d'un  sauvage 
capitaine  de  Québec  nomm^  Tchimawirini."  Le 
lendemain,  on  baptise  un  autre  de  ses  enfants,  gar- 
çon de  dix-sept  ans.  Cet  homme  était  aux  Trois- 
Rivières,  en  1638.  En  algonquin,  langue  des  gens 
de  Québec  et  des  Trois-Rivières,  Chimiwirini  veut 
dire  :  l'homme  à  la  tête  faite  comme  une  fraise,  ou 
encore  celui  qui  a  une  tête  en  forme  de  boule.  Le 
Batiscan  n'a  aucun  sens  connu  des  Algonquins 
actuels."    (1) 

Bayfield,  3Iout 

Le  mont  Bayfield,  dont  la  hauteur  est  de  3973 
pieds,  a  pris  son  nom  de  l'amiral  Bayfield,  un  des 
géographes  marins  les  plus  renommés  de  la  marine 
anglaise.  Cet  amiral  releva  les  courants  et  les  pro- 
fondeurs de  tout  l'estuaire  du  fleuve  Saint-Laurent 
et  en  dressa  une  carte  qui  fait  autorité. 

Beaconsfield  (Jacques-Cartier) 

Lord  Beaconsfield  qui  fut  premier  ministre  d'An- 
gleterre est  plus  connu  au  Canada  sous  le  nom 
de  Disraeli. 

Beaubien,  Canton  (Islet) 

M.  le  curé  Jean-Louis  ^eaubien  dirigea  la  paroisse 
de  Saint-Thomas  de  Montmagny  pendant  plus  de  44 
ans. 


(1)  Bulletin  des  Recherches  Historiques,  vol.  V,  p.  274. 


55 


Beaiice 

Le  nom  de  Nouvelle-Beauce  a  été  donné  à  cette 
partie  du  Bas-Canada,  située  à  environ  dix  lieues  au 
sud  de  Québec,  et  s' étendant,  le  long  de  la  rivière 
Chaudière,  vers  la  frontière  américaine,  dans  le 
Maine.  Ce  nom,  vraiment  significatif,  lui  a  été 
donné  en  souvenir  de  ce  petit  coin  de  la  France, 
célèbre  par  la  fertilité  de  ses  terres,  qui  portait  le 
nom  de  Beauce  et  qui  a  fourni  au  Canada-Français 
plusieurs  de  ses  hardis  et  entreprenants  colons.    (1) 

Beauceville  (Beauce) 

Dérivé  de  Beauce. 

Beaiiliarnois 

La  seigneurie  de  Beauharnois  fut  d'abord  concédée 
au  marquis  Charles  de  Beauharnois,  gouverneur- 
général  de  la  Nouvelle-France,  et  à  son  frère  Claude. 
Cette  concession  portait  la  date  du  12  avril  1729. 
M  l'un  ni  l'autre  des  deux  frères  ne  profitèrent  de 
cette  concession,  ils  n'y  firent  non  plus  aucuns  tra- 
vaux. Le  14  juin  1750,  le  roi  de  France  signait  une 
nouvelle  concession,  cédant  la  seigneurie  au  lieute- 
nant  de  vaisseau,  le  marquis  de  Beauharnois,  lequel, 
dit  l'acte  de  concession,  avait  formé  le  projet  de  la 
coloniser  en  y  établissant  un  grand  nombre  de  colons. 
Celui-ci  ne  fit,  non  plus,  rien  pour  le  défrichement 
de  la  seigneurie  et  il  la  passa  à  son  neveu,  le  cheva- 
lier François  de  Beauharnois.  Ce  dernier  la  vendit, 
en  1763,  au  marquis  de  Lotbinière  pour  la  somme 
de  18000. 


(1)  L'abbé  Ben j.  Deniers,  Notei   sur  la  paroisse  de  St-François  de 
la  Beauce,  p.  3. 


56 


Beaiijeu,  Canton  de  (Gaspé) 

L'honorable  George  Saveuse  de  Beaujeu,  seigneur 
de  Soulanges  et  conseiller  législatif,  qui  a  donné  son 
nom  à  ce  canton,  décéda  le  29  juillet  1865. 

Beauniont,  Saint-Etienne  de  (Bellechasse) 

^'  C'est  le  3  novembre  1672  que  l'intendant  Talon 
concédait  à  Charles  Couillard,  sieur  des  Ilets,  la  sei- 
gneurie qui,  depuis,  a  porté  le  nom  de  Beaumont. 
Ce  titre  primitif  de  concession  fut  brûlé  chez  le 
notaire  Gilles  Rageot,  dans  l'incendie  qui  réduisit  en 
cendres  la  basse-ville  de  Québec,  le  4  août  1682. 
Couillard  qui  avait  rendu  foi  et  hommage  le  6 
novembre  1677,  craignant  d'être  troublé  dans  la 
jouissance  de  son  domaine,  demanda  un  nouvel  acte. 
Le  gouverneur  de  la  Barre  et  l'intendant  de  Meules 
accédèrent  à  sa  demande  le  7  octobre  1683."  (1) 

On  a  dit  que  la  seigneurie  de  Beaumont  avait  pris 
son  nom  de  son  premier  possesseur.  On  vient  de 
voir  que  Charles  Couillard  était  sieur  des  Ilets. 
Nous  croyons  plutôt  que  Beaumont  a  été  nommé 
ainsi  à  cause  de  son  site  ou  en  souvenir  d'une  com- 
mune du  même  nom  en  France. 

Beaupoi't  (Québec) 

La  première  seigneurie  accordée  par  la  Compagnie 
des  Cent-Associés  ou  de  la  Nouvelle-France  fut  celle 
de  Beauport. 

Le  15  janvier  1634,  en  effet,  Robert  Giffard  se 
faisait  donner  et  concéder  l'étendue  et  consistance  de 
une  lieue  de  terre  à  prendre  le  long  de  la  côte  du 
fleuve  Saint-Laurent  sur  une  lieue  et  demie  de  pro- 
fondeur  dans   les   terres  à  l'endroit  où  la   rivière 


(1)  J, -Edmond  Roy,  Nicolds  Le  Roy  et  ses  descendants,  p.  93. 


57 


appelée  Notre-Dame  de  Beauport  entre  dans  le  dit 
fleuve,  icelle  rivière  comprise. 

Cette  concession  était  faite  en  toute  justice,  pro- 
priété et  seigneurie  à  perpétuité,  à  la  réserve  toute- 
fois de  la  foi  et  hommage  que  le  dit  Giflard  et  ses 
successeurs  devaient  porter  au  fort  Saint-Louis  de 
Québec  par  un  seul  hommage  lige  à  chaque  muta- 
tion de  possesseur  des  dits  lieux  avec  une  maille  d'or 
du  poids  d'une  once  et  le  revenu  d'une  année  de  ce 
que  le  dit  Giffard  se  réserverait  après  avoir  donné 
en  fief  ou  à  cens  et  rentes  tout  ou  partie  des  dits 
lieux. 

Le  31  mars  1653,  M.  de  Lauzon,  gouverneur  géné- 
ral de  la  Nouvelle-France,  donnait  et  concédait  à 
Robert  Giffard  deux  lieues  et  demie  de  profondeur 
pour  faire  avec  la  lieue  et  demie  à  lui  accordée  par 
la  Compagnie  de  la  Nouvelle-France  quatre  lieues 
de  profondeur  sur  la  lieue  de  front  de  la  dite  sei- 
gneurie de  Beauport,  le  tout  borné  d'un  côté  par  la 
rivière  Notre-Dame  de  Beauport  icelle  comprise  et 
de  l'autre  par  la  rivière  du  Sault  Montmorency. 

On  croit  généralement  que  Robert  Giffard  était 
sieur  de  Beauport  et  que  c'est  de  lui  que  la  seigneurie 
et  la  paroisse  de  Beauport  tirent  leur  nom.  M.  Lan- 
gevin,  plus  que  tout  autre,  a  contribué  à  répandre 
cette  erreur.  (1)  Dans  son  contrat  de  mariage  passé 
devant  Mtre  Mathieu  Poitevin  le  Jeune  à  Mortagne, 
Perche,  le  12  février  1628,  Giffard  est  qualifié  de 
sieur  du  Moncel.  Avant  même  1634,  la  rivière  Beau- 
port était  connue  sous  le  nom  de  ''  Notre-Dame  de 
Beauport."  Nous  voyons  cela  en  toutes  lettres  dans 
l'acte  de  concession  accordée  à  Giffard  le  15  janvier 

(1)  Notes  sur  les  archives  de  Notre-Dame  de  Beauport,  1ère  livrai- 
son, p.  5. 


58 


1634.  Ce  n'est  donc  pas  GifFard  qui  a  donné  son 
nom  à  la  seigneurie  de  Beauport,  mais  bien  cette 
dernière  qui  l'a  qualifié. 

Mais  alors  d'où  vient  ce  nom  de  Beauport  ?  Sur 
la  côte  de  Bretagne,  remarque  M.  J.-Edmond  Roy, 
il  y  a  une  baie  de  Beauport  qui  avec  sa  belle  plage 
ovale  couverte  d'un  sable  qui  couvre  et  découvre 
ressemble  étonnamment  à  la  nôtre.  (1)  Ne  serait-ce 
pas  là  l'origine  du  nom  de  Beauport  ? 

Beaiirivage,  Saiiit-Agapit  de  (Lotbinière) 

Beaurivage  tire  son  nom  de  son  premier  seigneur 
Gilles  Rageot,  sieur  de  Beaurivage. 

BécaDcour  (Nicolet) 

On  a  dit  que  Bécancour  était  un  nom  d'origine 
sauvage.  Cette  paroisse  a  tout  simplement  pris  son 
nom  de  Robineau  de  Portneuf,  sieur  de  Bécancour. 
Celui-ci  avait  emprunté  ce  surnom  de  Bécancour  à 
quelque  commune  ou  terre  de  sa  province  natale. 

Becqiiets,  Les  (Nicolet) 

"■  La  seigneurie  de  Saint-Pierre  les  Becquets  fut 
concédée,  en  1672,  à  Romain  Becquet,  notaire  de 
Québec,  puis  ensuite  à  ses  deux  filles,  Marie-Louise 
et  Catherine-Angélique,  par  M.  de  la  Barre,  gouver- 
neur, et  M.  de  Meules,  intendant  de  la  Nouvelle- 
France.  Cette  dernière  concession  fut  confirmée  par 
Louis  XIV.  Marie-Louise  épousa  le  sieur  Jacques 
LeBé,  marchand  de  Montréal.  Elle  mourut  sans 
enfants,  et  sa  sœur,  Catherine-Angélique,  hérita  de 
sa  part  de  seigneurie.  Celle-ci  épousa  Louis  Lévrard, 
maître  canonnier  de  Québec.  Leur  fils,  Charles 
Lévrard,  vendit  la  seigneurie,  le  1er  décembre  1769, 

(1)  Bulletin  des  Recherches  Historique-,,  vol.  I,  p.  189. 


59 


à  Charles-François  Tarieu  de  Lanaudière  pour  la 
somme  de  13,000  livres.  Celui-ci  partagea  la  sei- 
gneurie entre  ses  huit  filles,  mais  il  vint  un  temps  où 
les  héritiers  furent  si  nombreux,  qu'on  jugea  à  propos 
de  vendre  le  tout.  C'est  alors  \{ne  J. -Ovide  Tousi- 
gnant,  avocat  de  Québec,  qui  avait  déjà  des  parts 
dans  cette  seigneurie  par  son  mariage  avec 
Sophie  Young,  parente  p^r  sa  mère  du  seigneur  de 
Lanaudière,  fit  l'acquisition  de  toute  la  seigneurie, 
et  se  trouve  aujourd'hui  avec  ses  deux  fils,  héritiers 
de  leur  mère  décédée,  seuls  propriétaires  en  posses- 
sion par  indivis  de  cette  seigneurie." 

C'est  en  souvenir  des  premiers  seigneurs  que  l'on 
a  donné  à  la  paroisse  le  nom  de  Becquets. 

Bédard,  Canton  (Kiniouski) 

La  famille  Bédard  a  fourni  plusieurs  figures 
remarquables  ;  c'est  le  juge  Pierre  Bédard  dont  le 
canton  Bédard  rappelle  le  souvenir. 

Bedford  (Missisquoi) 

Deux  comtés 'et  une  ville  d'Angleterre  portent  le 
nom  de  Bedford. 

Le  duc  de  Bedford  prit  un  grand  intérêt  à  l'avan- 
cement du  général  Wolfe  qui  devait  venir  se  faire 
tuer  sur  les  Plaines  d'Abraham. 

Beecli  Kidge  (Argeuteuil)  ^ 

Cette  localité  a  pris  son  nom  de  la  grande  quan- 
tité de  hêtres  (beech)  qui  y  poussaient  lors  de  son 
établissement. 

Bégin,  Canton  (Chicoiitimi) 

Mgr  Louis-Nazaire  Bégin  fut  évêque  de  Chicou- 
timi  avant  d'être  archevêque  de  Québec. 


60 


Bégron,  Canton  (Ténilscou«atft) 

A  pris  son  nom  de  Michel  Bégon,  intendant  de  la 
Nouvelle-France,  et  non  de  son  frère  Claude-Michel 
Bégon,  gouverneur  de  Trois-Rivières,  qui  mourut  à 
Montréal  le  1er  mai  1748. 

Belleau,  Canton  (Saint-3Iaurice) 

Sir  Narcisse  Be^eau  a  été  le  premier  lieutenant- 
gouverneur  de  la  province  de  Québec  sous  le  régime 
de  la  Confédération. 

Belle-Borne,  Ruisseau  (Québec) 

Le  ruisseau  Belle-Borne,  sur  le  chemin  Sainte- 
Foye,  à  quelques  pas  du  monument  des  braves  de 
1760,  a  pris  son  nom  de  Jean  Nicolet  de  Belle- 
Borne  dont  il  traversait  la  propriété. 

Bellechasse 

Les  îlets  de  Bellechasse  sont  désignés  dans  la  carte 
de  Champlain  faite  en  1629  sous  le  nom  de  "  isles 
de  chasse."  Plus  tard,  ils  furent  appelés  islets  de 
Belle-chasse. 

Belleline,  Rivière  (3Iontniorency) 

La  rivière  Bellefine  qui  traverse  une  partie  de  la 
paroisse  de  Saint-Jean,  île  d'Orléans,  s'appelait  à 
l'origine  rivière  Dauphine.  Elle  avait  probablement 
été  nommée  ainsi  en  l'honneur  de  madame  la  dau- 
phine de  France,  par  M.  Berthelot,  propriétaire  de 
l'île,  et  ancien  secrétaire  des  commandements  de 
madame  la  dauphine. 

Belle-Isle,  Détroit  de  (Labrador) 

Il  y  a  sur  les  côtes  de  Bretagne,  dans  l'arrondisse- 
ment de  Lorient,  une  île  qui  porte  le  nom  de  Belle- 
Isle. 


61 


Bellerive,  Notre  Dame  de  (Beauliarnois) 

On  désignait  autrefois  cet  endroit  sous  le  nom  de 
Batoche.  C'était  un  nom  bien  peu  poétique  pour  un 
si  beau  paysage.  On  y  a  vue  en  effet  sur  le  bras  du 
Saint-Laurent  qui  sépare  la  Grande  Ile  de  la  terre 
ferme,  sur  la  cathédrale  de  Valleyfield  et  tout  le  pays 
environnant,  sur  le  lac  Saint-François  qui  s'étend  à 
l'ouest  dans  toute  sa  majesté,  sur  les  cascades  du 
Coteau  du  Lac,  etc.,  etc.  Tout  le  monde  disait  : 
''  Quelle  belle  rive  "  !  On  le  dit  et  répéta  si  souvent 
que  le  nom  Bellerive  rélégua  celui  de  Batoche  com- 
plètement dans  l'oubli. 

Bellevue,  Sainte- Anne  de  (Jacques-Cartier) 

C'est  vers  1670  que  le  bout  de  l'île  de  Montréal 
fut  ouvert  à  la  colonisation.  Le  premier  fief  concédé 
dans  cet  endroit  fut  celui  de  Louis  de  la  Madeleine, 
sieur  d'Ailleboust,  le  3  août  1671.  L'année  suivante, 
trois  autres  furent  concédés,  l'un  à  Sidrac  Dugué  de 
Boisbriand,  l'autre  à  Charles-Joseph  d'Ailleboust, 
sieur  des  Musseaux,  et  le  troisième  aux  frères  Louis 
de  Berthé,  sieur  de  Chailly,  et  drabriel  de  Berthé, 
sieur  de  la  Joubardière.  Ceux-ci  trouvèrent  leur 
concession  si  belle  qu'ils  lui  donnèrent  le  nom  de 
Bellevue,  qui,  avec  les  années,  a  passé  à  toute  la 
paroisse. 

L'établissement  d'une  chapelle  dédiée  à  sainte 
Anne  au  Bout  de  l'Ile,  remonte  à  la  fin  du  dix-sep- 
tième siècle.  M.  de  Breslay,  prêtre  de  Saint-Sulpice, 
desservait  alors  une  humble  chapelle  dans  l'île  aux 
Tourtes. 

'*  Un  soir  d'hiver  que  M.  de  Breslay  revenait 
d'administrer  un  malade,  raconte  M.  Paul  Stevens, 
une  tempête  de  neige  le  surprit  en  chemin.  La  nuit 


62 


était  noire,  la  route  non  tracée,  et  pas  la  moindre 
lumière,  sur  laquelle  on  pût  se  guider,  ne  perçait  de 
temps  à  autre  les  profondes  ténèbres  qui  entou- 
raient le  serviteur  de  Dieu.  Il  n'avançait  plus  qu'au 
hasard,  tirant  tantôt  à  droite,  tantôt  à  gauche,  sans 
pouvoir  se  reconnaître.  Pour  comble  de  malheur,  le 
cheval,  tiraillé  ainsi  en  tous  sens,  vint  à  s'emporter, 
et  M.  de  Breslay  se  sentit  tout  à  coup  entraîné,  par 
une  course  désordonnée,  vertigineuse,  jusqu'à  ce  que 
la  traîne  volant  en  éclats  sur  un  banc  de  glace,  le 
jeta  étourdi  et  presque  sans  souffle  sur  la  neige.  Le 
saint  homme  essaya  de  se  relever,  mais  il  ne  le  put  ; 
dans  cet  effroyable  choc,  il  s'était  cassé  une  jambe. 
Il  colla  alors  son  oreille  contre  la  neige,  et  tâcha  de 
surprendre,  dans  la  direction  du  vent,  le  bruit  d'un 
voyageur  attardé  ;  mais  il  n'entendit,  à  travers  les 
répits  de  la  tempête,  que  le  grondement  sourd  et 
cadencé  des  flots  du  rapide  Sainte-Anne. 

"Cependant  le  froid  avait  saisi  M.  de  Bresla}^ 
Une  torpeur  générale,  triste  avant-coureur  d'une 
mort  prochaine,  s'était  emparée  de  ses  membres. 
Peu  à  peu  un  invincible  sommeil  lui  fit  fermer  les 
yeux  :  sa  tête  fatiguée  retomba  sur  sa  poitrine,  et  il 
s'affaissa  dans  la  neige.  Au  point  de  vue  purement 
humain,  c'en  était  fait  de  M.  de  Breslay;  mais 
sainte  Anne  veillait  sur  son  enfant,  et,  quand  le 
blessé  rouvrit  les  yeux,  il  se  trouvait  chez  lui,  étendu 
S\iY  son  lit,  et  le  chirurgien  se  disposait  à  le  panser. 

"  A  peine  rétabli,  M.  de  Breslay  éleva  une  modeste 
église,  à  la  tête  même  du  rapide,  près  de  l'endroit  où, 
après  Dieu,  sainte  Anne  l'avait  sauvé."  (1) 

C'est  là  l'origine  de  Sainte-Anne  de  Bellevue  ou 
du  Bout  de  l'Ile. 


(1)  UEcho  du  Cabinet  de  lecture  paroissial,  vol.  VIII,  p.  7. 


63 


Belœil  (Verchères) 

Il  y  a  dans  le  Hainaut  une  commune  de  ce  nom. 
Le  feld  maréchal  prince  de  Ligne  a  fait  sur  ce  village 
un  opuscule  intitulé  Coup  d'œil  sur  Belœil  Belœil 
est  employé  pour  Bellevue. 

Berestbrd,  Cauton  (Terrebonue) 

Le  canton  Beresford  n'aurait-il  pas  été  nommé 
ainsi  en  l'honneur  du  général  anglais  Beresford  c^ui 
se  distingua  sous  les  ordres  de  Wellington  pendant 
les  guerres  de  Napoléon  ? 

Bergreronnes,  Les  (Sagueuay) 

La  paroisse  des  Bergeronnes  a  pris  son  nom  de 
deux  petites  rivières  à  quelques  milles  en  bas  de 
Tadoussac. 

Champlain,  en  1626,  en  parle  comme  de  rivières 
déjà  connues  puisqu'il  écrit  :  "  Le  lendemain  l'on 
passe  près  des  Bergeronnettes  ".  Il  écrit  d'abord 
Bergeronnettes  puis  ensuite  Bergeronnes. 

On  a  dû  donner  à  ces  rivières  le  nom  des  oiseaux 
qui  en  été  sont  très  nombreux  dans  ces  parages  et 
qui  en  France  étaient  connus  sous  le  nom  de  Berge- 
ronnettes (genre  ammodramus). 

Ce  nom  de  Bergeronnes  peut  aussi  avoir  été 
donné  à  ces  rivières  en  l'honneur  de  Pierre  Bergeron, 
géographe  et  célèbre  navigateur  qui,  dans  son  Traité 
de  navigation  et  de  voyages,  parle  des  voyages  de 
Cartier  et  de  Roberval. 

Dans  ce  dernier  cas,  on  eût  dit,  il  nous  semble,  la 
grande  et  la  petite  Bergeronnes  et  non  les  grandes  et 
les  petites  Bergeronnes,  car  à  proprement  parler  il 
n'y  a  que  deux  rivières  et  cependant  on  emploie 
toujours  le  pluriel.     (1) 

(1)  Racine,  Bulletin  des  Recherches  Historiques,  vol.  II,  p.  59. 


64 


Bergerville  (Québec) 

En  1847,  le  domaine  de  Woodfield  jusqu'alors 
possédé  par  l'honorable  M.  William  Sheppard,  con- 
seiller législatif,  fut  morcelé  et  concédé  en  petits  lots 
à  une  rente  annuelle  de  six  livres.  On  lui  donna 
le  nom  de  Sheppard  ville  en  l'honneur  de  son  ancien 
propriétaire.  Les  Canadiens-Français  ne  tardèrent 
pas  à  changer  ou  à  traduire  ce  nom  en  Bergerville 
(Shepherd  se  traduit  par  berger). 

Beruierville  (Mégantic) 

A  sa  réunion  de  mars  1898,  le  conseil  du  comté 
de  Mégantic  consentait  à  l'érection  du  village  de 
Saint-Ferdinand  en  municipalité  séparée.  Le  nom 
de  Beruierville  fut  choisi  pour  désigner  la  nouvelle 
municipalité. 

C'était  certainement  un  bel  hommage  à  rendre  à 
la  mémoire  de  feu  M.  Bernier  qui  fut  pendant  trente- 
six  ans  curé  de  Saint- Ferdinand  d'Halifax,  qui  a 
bâti  l'église,  s'est  associé  au  développement  de  cette 
paroisse  aujourd'hui  si  florissante,  y  fonda  un  collège 
et  y  laissa  enfin  des  preuves  tangibles  de  sa  généro- 
sité et  de  son  dévouement  en  consacrant  sa  fortune 
à  l'établissement  d'un  couvent  et  d'un  asile. 

Bersimis,  Saint-Elisée  de  (Labrador) 

Betsiamis  est  l'ancien  village  montagnais,  qui 
existe  encore,  et  qui  est  situé  sur  la  rive  est  de  l'es- 
tuaire de  la  rvière  Betsiamis.  Bersimis  est  un  petit 
centre  industriel  bâti  depuis  une  vingtaine  d'années 
à  l'ouest  de  l'embouchure  de  la  même  rivière.  Les 
Anglais  sont  le»  auteurs  de  cette  dénomination. 

Bersimis  a  été  corrompu  de  Betsiamis  et  signifie 
rivière  aux  lamproies. 


65 


On  a  mis  Bersimis  sous  le  patronage  de  saint 
Elisée  en  l'honneur  de  M.  Elisée  Beaudet,  de  Québec, 
qui  y  fit,  il  y  a  un  quart  de  siècle,  en  société  avec 
un  M.  Girouard,  une  exploitation  forestière.     (1) 

Berthier-en  bas  (Moiitmagny) 

Le  premier  concessionnaire  de  la  seigneurie  de 
Berthier,  plus  connue  à  l'origine  sous  le  nom  de 
Bellechasse,  fut  Alexandre  Berthier,  capitaine  au 
régiment  de  Carignan. 

Bôrthier-en  haut.  Sainte  Geneviève  de  (Berthier) 

Le  29  octobre  1672,  l'intendant  Talon  concédait 
au  sieur  de  Randin,  enseigne  de  la  compagnie  de  M. 
de  Saurel,  une  demi-lieue  de  terre  de  front  sur  une 
lieue  de  profondeur,  à  prendre,  sur  la  rive  nord  du 
fleuve  Saint-Laurent,  "  depuis  la  concession  du  sieur 
de  Comporté  (le  fief  Dorvilliers)  jusqu'aux  terres  non 
concédées." 

Le  sieur  de  Randin  ne  garda  pas  longtemps  sa 
seigneurie.  Le  3  novembre  de  l'année  suivante,  il  la 
vendait  à  Alexandre  Berthier,  capitaine  au  régiment 
de  Carignan,  déjà  en  possession  de  la  seigneurie  de 
Bellechasse. 

Le  27  août  1674,  Berthier  se  fit  concéder  par  Fron- 
tenac une  immense  étendue  de  terrain  pour  agrandir 
le  fief  qu'il  avait  acheté  du  sieur  de  Randin  et  il 
donna  au  tout  le  nom  de  Berthier  tout  en  désignant 
l'endroit  où  il  établit  sa  résidence  sous  le  nom  de 
Villemur,  en  souvenir  d'une  seigneurie  de  ce  nom 
qu'il  possédait  en  France. 

L'église  de  Berthier  et  plus  tard  la  paroisse  furent 
mises  sous  le  patronage  de  sainte  Geneviève,  patronne 


(1)  L'abbé  Victor-A.  Huard,  Labrador  et  Anticosti,  p.  62. 
5 


66 


de  Paris,  en  l'honneur  de  Marie-Geneviève,  fille  du 
seigneur  Berthier,  née  l'année  même  de  l'achat  de 
la  seigneurie  du  sieur  de  Randin.  (1) 

Bertliierville  (Berthier) 

Dérivé  de  Berthier. 

Betshouan  (Labrador) 

Betshouan  ou  Petshouan,  c'est  l'endroit  où  le  cou- 
rant de  la  mer  rencontre  celui  de  la  rivière. 

Betsianiis  (Labrador) 

Betshiamits,  en  algonquin,  désigne  l'endroit  où  il 
y  a  des  lamproies.  On  sait  que  la  lamproie  est  une 
sorte  d'anguille  de  mer  qui  remonte  les  rivières. 

''  Le  mot  Betsiamis  n'existe  pas  pour  les  Anglais, 
dit  M.  l'abbé  Huard.  Ils  en  ont  fait  Bersimis.  Et 
ceux  des  nôtres  qui  tiennent  à  faire  connaître  qu'ils 
savent  l'anglais,  ne  manquent  pas  de  dire  Bersimis, 
avec  tout  ce  qu'ils  peuvent  y  mettre  d'accent  britan- 
nique. Mais  les  circonstances  ont  joué  un  tour  à 
tout  ce  monde-là.  Sur  la  rive  droite  de  la  rivière 
Betsiamis,  à  l'embouchure  même,  il  s'est  formé  un 
établissement  industriel.  On  aurait  pu  appeler  cela 
Betsiamis-Ouest,  mais  les  Anglais  se  sont  tellement 
mêlés  de  cette  affaire  d'industrie  et  de  commerce, 
qu'il  a  fallu  y  mettre  du  Bersimis  tant  qu'ils  en  ont 
voulu.  Or  aujourd'hui,  ce  village  se  nomme  très 
légitimement  Bersimis  ;  et  la  bourgade  montagnaise 
de  la  rive  gauche  retient  son  nom  de  Betsiamis. 
C'est  un  détail  qu'il  imnorte  de  retenir,  si  l'on  tient 
à  paraître  convenablement  renseigné  en  géogra- 
phie. "  (2) 

(1)  L'abbé  S. -A.  Moreau,  Précis  de  l'histoire  de  la  seigneurie,  de 
la  paroisse  et  du  comté  de  Berthier,  p.  18. 

(2)  Labrador  et  Anticosti,  p.  62. 


67 


Bic,  Sainte  Cécile  clii(  Kiuiouskl) 

Jacques  Cartier,  dans  son  deuxième  voyage,  entra 
dans  le  havre  aujourd'hui  désigné  sous  le  nom  de 
havre  du  Bic  et  lui  donna  le  nom  de  Ilot  Saint-Jean 
parcequ'il  le  découvrit  le  jour  de  la  décollation  de 
saint  Jean-Baptiste.  Citons  plutôt  son  récit  : 

*'  Le  hable  deuantdict  ou  posasmes  qui  est  à  la 
terre  du  Su,  est  hable  de  marie  et  de  peu  de  valleur, 
nous  les  nommasmes  les  ysleaux  sainct  jehan,  parce 
que  nous  y  entrasmes  le  jour  de  la  décollation  dudict 
sainct.  Le  dict  hable  des  ysleaux  fainct  jehan  assèche 
toutes  les  marées,  et  y  maryne  l'eau  de  deux  brasses  ; 
Le  meilleur  lieu  à  mettre  navires  est  vers  le  Su  d'ung 
petit  yslot  qui  est  au  parmy  du  dict  hable  bort  au 
dict  yslot  ". 

Jean  Alphonse,  dans  son  Routier,  désigne  le  havre 
du  Bic  sous  le  nom  de  Cap  de  Marbre. 

Champlain,  en  1603,  le  nomme  Pic  : 

''  Du  dict  Mantanne,  dit-il,  nous  vinsmes  prendre 
congnoissance  du  Pic,  où  il  a  vingt  lieues,  qui  est  à 
la  ditte  bande  du  Su  ;  dudict  Pic,  nous  traversasmes 
la  rivière  jusques  à  Tadousac,  où  il  y  a  quinze 
lieues  ". 

On  a  prétendu  que  le  mot  Bic  est  d'origine  sau- 
vage. Nous  croyons  plutôt  que  le  mot  Bic  n'est  que 
la  corruption  du  mot  Pic.  Dès  1613,  Champlain  lui- 
même  écrit  Bic.  Il  nous  laisse  même  entendre  pour- 
quoi il  le  nomma  ainsi  : 

''  De  Saint-Barnabe  au  Bic,  il  y  a  quatre  heures, 
c'est  une  montagne  fort  haute  et  pointue,  qui  paraît 
au  beau  temps  de  douze  à  quinze  lieues,  et  elle  est 
seule  de  cette  hauteur,  au  respect  de. quelques  autres 
qui  sont  proches  d'elle  ". 


68 


Du  havre  le  nom  de  Bic  s'étendit  à  la  côte.  Le  6 
mai  1675,  la  seigneurie  du  Bic  fut  concédée  par  le 
comte  de  Frontenac  à  Charles  Denis  de  Vitré.  En 
1781,  elle  était  la  propriété  de  Gilles-Ignace- Joseph 
Aubert  de  la  Chesnaye  et  de  la  marquise  de  Alber- 
gatti  Vazza  qui  la  tenaient  de  leur  père,  acquéreur 
des  droits  du  premier  concessionnaire.  En  octobre 
1822,  la  seigneurie  du  Bic  appartenait  à  Azariah 
Pritchard,  qui  l'échangea  pour  une  autre  propriété 
avec  Archibald  Campbell,  notaire  de  Québec. 

Sainte  Cécile  fut  choisie  pour  patronne  du  Bic  en 
l'honneur  de  la  femme  du  seigneur  Archibald 
Campbell,  lors  de  l'érection  canonique  de  la  paroisse, 
le  18  février  1830.  Du  moins,  c'est  ce  que  laisse 
entendre  le  passage  suivant  d'une  lettre  de  Mgr 
Signay,  évêque  de  Québec,  à  M.  Destroismaisons, 
curé  de  Rimouski  et  desservant  du  Bic  : 

''  .Je  vous  ai  déjà  dit  que  le  seigneur,  M.  Arch. 
Campbell,  fier  de  voir  ériger  une  église  dont  la 
patronne,  sainte  Cécile,  fait  plaisir  à  sa  femme,  qui 
s'appelle  Cécile,  m'a  témoigné  qu'il  donnerait  gratis 
une  terre,  que  l'on  trouverait  commode  et  adaptée 
aux  besoins  de  ses  vassaux  catholiques  ". 

BIckerdike,  Canton  (Québec) 

Après  avoir  été  député  à  Québec  pendant  trois 
années,  M.  Robert  Bickerdike  s'e  ît  fait  élire  pour  la 
Chambre  des  Communes. 

Bieucourt,  Canton  (Rimouski) 

Charles  de  Biencourt  était  le  fils  de  Jean  de  Bien- 
court,  baron  de  Poutrincourt.  Il  succéda  à  son  père 
dans  le  gouvernement  de  Port-Royal. 


69 


Bieuville,  Saint  Antoine  de  (Lévis) 

Bienville  rappelle  le  souvenir  de  Jean-Baptiste  Le 
Moyne  de  Bienville,  frère  et  compagnon  d'armes 
de  d'Iberville.  C'est  M.  de  Bienville  qui  fonda  en 
1717  la  Xouvelle-Orléans,  en  Louisiane. 

Bienville  fut  mis  sous  le  patronage  de  saint  Antoine 
de  Padoue,  en  l'honneur  de  son  fondateur.  M.  Antoine 
Gauvreau,  alors  curé  de  Lévis. 

Bigeiow,  Canton  (Ottawa) 

En  1824,  M.  Bigelow,  grand  propriétaire,  était  à 
la  tête  d'entreprises  importantes  dans  le  canton 
Buckin^ham. 

Black  l^aJte  (Mégantic) 

Le  lac  Xoir — Black  Lake — a  deux  milles  de  lon- 
gueur sur  un  mille  de  largeur.  Il  était  autrefois 
entouré  de  montagnes  très  boisées.  Les  hauts  arbres 
de  ces  montagnes  projetaient  tellement  leur  ombre 
sur  le  lac  qu'ils  en  rendaient  la  surface  obscure, 
presque  noire  ;  d'où  le  nom  de  lac  Xoir  (Black  Lake). 

Blainville,  Sriinte-Tliérèse  de  (Terrebonne) 

En  1684,  le  territoire  qui  forme  aujourd'hui  la 
paroisse  de  Sainte-Thérèse  de  Blainville  et  une  partie 
de  celle  de  Saint-Eustache,  sur  une  longueur  de 
trois  lieues  et  une  profondeur  de  six  milles,  fut  con- 
cédé à  Sidrac  Dugué,  sous  le  nom  de  seigneurie 
des  Mille-Iles,  nom  qui  a  survécu  jusqu'à  aujour- 
d'hui dans  une  division  sénatoriale  de  cette  partie 
du  pays. 

Dugué  mourut  en  1689.  Sa  seigneurie  retomba 
dans  le  domaine  de  la  Couronne. 


70 


En  1714,  elle  fut  concédée  de  nouveau,  mais 
agrandie,  s'étendant  depuis  la  seigneurie  de  Terre- 
bonne  jusqu'à  celle  des  Deux-Montagnes,  aux  deux 
filles  de  Dugué,  Suzanne,  épouse  de  Jean  Petit,  et 
Anne-Marie-Thérèse,  qui  était  devenue  la  femme  de 
Charles-Gaspard  Piot  de  Langloiserie,  capitaine 
dans  les  troupes  de  la  marine.  A  Jean  Petit  échut  la 
partie  qui  constitue  Sain t-Eustache,  et  par  le  mariage 
de  sa  fille  elle  tomba  en  Dumont,  où  elle  est  demeurée 
depuis.  Piot  hérita  du  territoire  qui  forma  plus  tard 
Sainte-Thérèse  de  Blainville. 

Anne-Marie-Thérèse  Dugué  avait  un  manoir  sei- 
gneurial, en  face  de  Varennes,  à  l'île  Sainte-Thérèse, 
de  laquelle  elle  était  seigneuresse.  Elle  fit  les  pre- 
mières concessions  sur  la  rivière  des  Mille-Isles  ;  elle 
baptisa  de  son  prénom  Thérèse  la  grande  côte  et  la 
petite  rivière  qui  est  connue  maintenant  sous  l'appel- 
lation poétique  de  Rivière-aux-Chiens  ;  de  là  est 
venu  à  la  paroisse  et  au  village  leur  nom  de  Sainte- 
Thérèse. 

La  fille  de  madame  Piot  de  Langloiserie  devint 
la  femme  de  J.-B.  Celoron  de  Blainville,  à  qui  elle 
apporta  pour  dot  sa  part  de  la  seigneurie  des  Mille- 
Isles  ;  en  retour  il  lui  donna  le  nom  sous  lequel  est 
connue  aujourd'hui  Blainville,  Sainte-Thérèse  de 
Blainville. 

M.  de  Blainville  eut  dcux  filles  qui  devinrent, 
l'une,  madame  Marie-Hugues  Hertel  de  Chambly, 
l'autre,  madame  Nolan-Lamarque.  Ces  deux  mes- 
sieurs étaient  co-seigneurs  de  Blainville,  possédant,  le 
premier,  la  partie  inférieure  de  la  seigneurie,  l'autre 
la  partie  supérieure,  lorsque  fut  érigée  canonique- 
ment,  en  1789,  la  paroisse  de  Sainte-Thérèse.   (1) 

(1)  Annales  Terésiennes,  vol.  VI,  p.  266. 


71 


Blalrfindie,  Sainte-Marguerite  de  (Saint-Jean) 

M.  David-Alexander  Graiit,  né  à  Blairfindie,  en 
Ecosse,  épousa  Marie-Charles-Josephte  LeMoyne, 
propriétaire  de  la  seigneurie  de  Longueuil. 

C'est  en  l'honneur  de  M.  Grant  que  l'on  donna  le 
surnom  de  Blairfindie  à  la  paroisse  de  l'Acadie  en 
grande  partie  comprise  dans  la  baronnie  de  Lon- 
gueuil. 

Sainte  Marguerite  d'Ecosse  a  été  donnée  pour  titu- 
laire à  Blairfindie  probablement  à  la  prière  de  la 
famille  Grant,  en  souvenir  de  son  pays  d'origine. 

Biais,  Canton  (>Iatane) 

Mgr  André-Albert  Biais,  second  évêque  de  Ri- 
mouski. 

Blake,  Canton  (Ottawa) 

L'honorable  M.  Edward  Blake  a  joué  un  grand 
rôle  au  Canada  avant  d'aller  s'établir  en  Angleterre. 

Blanchet,  Canton  (Gaspé) 

Le  docteur  François-Xavier  Blanchet  fut  l'un  des 
fondateurs  du  Canadien.  En  1810,  il  fut  emprisonné 
en  même  temps  que  Bédard  et  Taschereau. 

Blanc-Sablon  (Labrador) 

Blanc-Sablon  est  situé  à  l'entrée  du  détroit  de 
Belle-Isle. 

D'après  l'abbé  Ferland,  cette  baie  tirerait  son  nom 
des  sables  blancs  d'une  petite  rivière  C|ui  lui  apporte 
le  tribut  de  ses  eaux. 

Une  chose  certaine,  c'est  que  .Jacques  Cartier  con- 
naissait Blanc-Sablon.  ''  Blanc-Sablon,  écrivait-il  en 
1534,  est  un  lieu  où  n'y  a  aucun  abry,  du  su  ny  du 
suest.  " 


72 


Le  capitaine  malouin  n'aurait-il  pas  plutôt  nommé 
ce  lieu  ainsi  à  cause  de  sa  ressemblance  avec  la  baie 
de  Blanc-Sablon  sur  les  côtes  de  Bretagne  ? 

BlaBdford,  Saint-Louis  <le  (Arthabaska) 

Blandford-Forum,  comté  de  Dorset,  Angleterre, 
est  un  très  vieux  village. 

En  1833,  les  colons  de  Blandford  demandèrent  à 
]\Igr  Signay,  évêque  de  Québec,  la  permission  de  se 
construire  une  chapelle.  Leur  demande  fut  favora- 
ment  accueillie  et  cette  permission  leur* fut  accordée. 
L'honorable  Louis  Massue,  de  Québec,  se  montra 
d'une  grande  libéralité  envers  ces  pauvres  colons  ;  il 
leur  fournit  la  peinture,  les  \ritres  et  les  ferrures 
nécessaires  à  la  construction  de  la  chapelle.  Aussi, 
lorsque  la  paroisse  fut  érigée  canoniquement,  ils 
demandèrent  et  obtinrent  qu'elle  fut  nlacée  sous  le 
patronage  de  saint  Louis,  roi  de  France,  en  l'hon- 
neur de  M.  Massue. 

Bliie  Bonnets  (Hoclielaga) 

Cet  endroit  était  connu  autrefois  sous  le  nom  de 
Côte  à  Languedoc.  Des  officiers  anglais  en  garni- 
son à  Montréal  ou  des  travailleurs  employés  au 
percement  du  canal  Lachine,  sont  parait-il,  les  par- 
rains de  l'appellation  Blue  Bonnets.  Ils  auraient  vu 
quelques  vieux  habitants  de  la  Côte  à  Languedoc 
coiffés  de  la  tuque  bleue  ;  d'où  Blue  Bonnets.  D'autres 
prétendent  que  le  nom  Blue  Bonnets  vient  tout 
simplement  de  l'enseigne  d'un  aubergiste  sur  laquelle 
on  avait  peint  un  homme  coiffé  d'un  bonnet  bleu. 

Boilleau,  Canton  (Cliarlevoix) 

En  1860,  le  baron  Gauldrée-Boilleau  était  consul 
de  France  à  Québec. 


73 


Bois,  Canton  (Portneuf) 

Le  canton  Bois  rappelle  le  souvenir  d'un  savant, 
l'abbé  Bois,  décédé  curé  de  Maskinongé. 

Boisclerc,  Canton,  (Pontiac) 

Sous  le  régime  français,  on  donnait  un  soin  tout 
spécial  aux  explorations  et  à  l'exploitation  minéra- 
logiques.  Entre  autres  découvertes,  on  en  avait  fait 
une  d'une  mine  de  plomb  au  Portage  des  Chats,  sur 
l'Ottawa.  Le  23  juillet  1743,  le  grand-voyer  Jean- 
Eustache  Lanoullier  de  Boisclerc  recevait  instruction 
d'aller  examiner  cette  mine.  C'est  en  souvenir  de  ce 
Lanoullier  de  Boisclerc  c[u'on  a  donné  le  nom  de 
Boisclerc  à  un  des  cantons  de  la  rive  orientale  de 
l'Outaouais. 

Bois-Francs 

D'où  vient  ce  nom  de  Bois-Francs  que  les  écri- 
vains de  langue  française  appliquent  généralement 
à  la  région  des  Cantons  de  l'Est  ? 

Disons  d'abord  que  cette  épithète  n'offre  encore 
rien  de  légal  et  inutile  d'en  rechercher  l'origine  à 
travers  les  archives  de  l'Etat. 

Le  nom  de  Bois-Francs  fut  primitivement  limité 
aux  colonies  françaises  c[ui  se  fondèrent  dans  les 
comtés  d' Arthabaska  et  de  Mégantic  à  partir  de  1832. 

L'un  des  motifs  qui  poussaient  nos  compatriotes  à 
s'établir  dans  ces  parages,  c'est  qu'ils  trouvaient  un 
sol  élevé  et  facile  à  défricher  à  cause  des  essences 
forestières  dont  il  était  recouvert.  L'érable,  le  meri- 
sier, le  hêtre,  etc,  etc,  dominaient  sur  les  coteaux  et 
le  colon  n'avait  qu'à  faire  brûler  les  abattis  de  la 
forêt  pour  obtenir  une  abondante  récolte  dès  la  pre- 


74 


mière  année,  sans  compter  le  joli  revenu  qu'il  tirait 
de  la  cendre,  par  la  fabrication  du  sel  à  potasse. 

Ce  cachet  spécial  des  terrains  où  se  portait  le  cou- 
rant colonisateur  ne  tarda  pas  à  les  désigner.  On 
allait  prendre  une  concession,  on  allait  s'établir  dans 
les  ''bois  francs".  L'expression  se  popularisa 
promptement,  et  dès  le  mois  de  septembre  1838,  un 
document  signé  par  l'évêque  de  Québec,  chargeait 
un  prêtre  de  visiter  "  les  habitants  des  bois  francs, 
désignation  ordinaire  aujourd'hui  de  ces  places  nou- 
velles. "  (1) 

Boisseauville  (Québec) 

Du  nom  du  concessionnaire  J. -Nicolas  Boisseau, 
ancien  marchand  de  Québec. 

Bolton  (Brome) 

Bolton  ou  Bolton-le-Moors,  dans  le  comté  de  Lan- 
caster,  en  Angleterre,  est  une  ville  manufacturière 
très  considérable. 

Bonaventure 

C'est  l'île  Bonaventure  qui  a  donné  son  nom  à  la 
paroisse,  puis  au  comté  de  Bonaventure. 

Le  premier  qui  fasse  mention  de  l'île  Bonaventure 
est  Jacques  Cartier.  Il  ne  la  nomme  pas  cependant. 
''  Estans  certains,  écrit-il,  qu'il  n'y  avoit  aucun  pas- 
sage par  ce  golfe  fisme  velle,  et  partisme  de  ce  lieu 
de  S.  Martin  le  dimanche  XII  de  juillet  pour  des- 
couvrir outre  ce  golfe,  et  allasmes  vers  Est  le  long 
de  ceste  coste  viron  XVIII  lieues,  uisques  au  Cap 
du  Pré  (Percé)  où  nous  trouvasmes  le  flot  très  grand 
et  fort  peu  de  fond,  et  la  mer  courroucée  tempes- 
tueuse,  et  pource  il  nous  fallust  retirer  à  terre  entre 

(1)  Bvlletin  des  Recherches  Historiques,  vol.  VII,  p.  315. 


75. 


le  Cap  susdit  et  une  Isle  vers  Est  à  viron  une  lieuë 
de  ce  Caj),  et  là  nous  mouillasmes  l'ancre  pour  icelle 
nui  et." 

''  Il  y  a  une  autre  isle,  dit  Champlain,  comme  au 
su-est  de  l'isle  Percée,  environ  une  lieue,  qui  s'ap- 
pelle l'isle  de  Bonne-advenhire,  et  peut  tenir  de  long 
une  demi-lieue." 

D'où  venait  ce  nom  ? 

'*  En  1591,  nous  apprend  Berge ron,  il  y  eut  un 
voyage  entrepris  par  le  sieur  de  la  Court-Pré-Ravil- 
lon  en  Canada  avec  le  vaisseau  nommé  Boiiaventure 
pour  le  trafic  des  bêtes  appelées  Morses  aux  grandes 
dents."  (1) 

Charlevoix  écrit  en  1721  :  "  Nos  pêcheurs  pren- 
nent aujourd'hui  assez  peu  de  vaches  marines  sur  les 
côtes  du  golphe  Saint-Laurent.  .  Cet  animal  a  deux 
dents  de  la  longueur  du  bras.  .  Je  ne  sache  point  si 
on  en  a  jamais  pris  ailleurs."  (2) 

La  tradition  assure  qu'il  y  avait  autrefois  des 
vaches  marines  ou  morses  aux  grandes  dents  en 
abondance  aux  environs  de  l'île  Bonaventure. 

Le  Bonaventure  est  donc  venu  en  ces  endroits  faire 
cette  chasse  et  on  a  donné  le  nom  de  ce  vaisseau  à 
l'île.  C'est  une  supposition,  mais  elle  est  raisonnable. 

Le  sieur  Nicolas  Denys  obtint  de  la  Compagnie 
de  la  Nouvelle-France  toutes  les  côtes  qui  bordent 
le  golfe  Saint-Laurent,  depuis  Canseau  jusqu'au  cap 
des  Rosiers.  Depuis  il  y  eut  toujours  dans  sa  descen- 
dance un  Denys  de  Bonaventure. 

Bon-Désir  (Saguenay) 

Dès   1721,    le  Père   Pierre  Laure,  Jésuite,  men- 


(1)  Traité  de  Navigation. 

(2)  Journal  histcrlquCf  lettre  VIII. 


76 


tionne  Bon-Désir.  '^  J'hivernai,  écrit-il,  à  Notre-Dame 
de  Bon- Désir  avec  les  Tadoussaciens.  "  Ailleurs,  il 
laisse  entendre  que  les  Sauvages  appelaient  ce  lieu 
PipSnapi. 

Bord  à  Plouffe  (Laval) 

En  1801,  le  premier  habitant  de  cette  localité, 
François  Plouffe,  établit  un  bateau  traversier  entre 
les  deux  rives  du  fleuve,  en  société  avec  un  nommé 
Deslauriers.  Plouffe  demeurait  sur  la  rive  nord — 
d'où  bord  à  Plouffe — et  Deslauriers  sur  la  rive  sud, 
dans  la  paroisse  de  Saint-Laurent. 

Il  y  a  quelques  années  on  tenta  de  changer  le 
nom  de  Bord-à-Plouffe  en  celui  de  Lemay ville.  Cet 
essai  fut  infructueux. 

Bordeaux,  Saint-Joseph  de  (Hoclielaga) 

Vers  1879,  trois  capitalistes,  MM.  Desmarteau, 
Crevier  et  le  comte  Daeylar,  achetaient  la  ferme 
Jubinville,  dans  la  paroisse  du  Sault-au-Récollet, 
pour  la  diviser  en  lots  à  bâtir.  Le  comte  Daeylar 
était  de  Bordeaux  et  il  désigna  ce  lieu  du  nom  de 
sa  ville  natale. 

Comme  la  population  de  Bordeaux  était  pauvre, 
éloignée  de  l'église  paroissiale  de  trois  milles,  M. 
Beaubien,  curé  du  Sault-au-Récollet,  y  plaça  une 
chapelle  sous  la  direction  des  Pères  Viateurs,  et 
donna  saint  Joseph  comme  titulaire  à  cette  chapelle. 

Boucher,  Canton  (Champlain) 

Pierre  Boucher,  gouverneur  de  Trois-Rivières,  et 
fondateur  de  Boucherville. 

Boucherville  (Chambly) 

Pour  récompenser  sa  fidélité  au  service  de  la  Nou- 
velle-France,   l'intendant   Talon   concéda    à  Pierre 


77 


Boucher,  gouverneur  de  Trois-Rivières,  la  seigneurie 
de  Boucher  ville,  "  ayant  cent  quatorze  arpents  de 
front  sur  deux  lieues  de  profondeur,  à  prendre  sur 
le  fleuve  Saint-Laurent,  bornés  des  deux  côtés  par  le 
sieur  de  Varennes,  avec  les  îles  nommées  Percées. . . 
pour  jouir  de  la  dite  terre  en  tous  droits  de  seigneurie 
et  justice." 

C'est  après  cette  concession  que  fut  fondée  la 
paroisse  de  Boucherville.  M.  Boucher  nous  donne 
lui-même  l'origine  du  nom  de  la  paroisse  dans  son 
mémoire  intitulé  :  Raisons  qui  m'' engagent  à  établir 
ma  seigneurie  des  îles  Percées  que  f  ai  nommée  Bou- 
cherville.   (1) 

iîouchetîe,  Saint-Gabriel  de  (Ottawa) 

Les  travaux  de  notre  géographe  Joseph  Bouchette 
ont  été  appréciés  même  en  Europe. 

La  première  messe  à  Bouchette  a  été  célébrée  le 
jour  de  la  fête  de  saint  Gabriel  ;  d'où  le  choix  du 
titulaire. 

Boule,  TjSl  (Saguenay) 

Le  premier  rocher  qui  frappe  particulièrement  le 
regard,  dès  qu'on  a  dépassé  d'environ  trois  milles 
l'embouchure  du  Saguenay,  est  celui  qu'on  appelle 
la  Boule,  nom  qui  lui  a  été  donné  à  cause  de  sa  forme 
arrondie. 

Boiirdages,  Canton  (3Iontmagny) 

Le  notaire  Louis  Bourdages,  membre  de  la 
Chambre  d'Assemblée,  où  il  défendit  nos  droits  avec 
éloquence. 


(1)  R.  P.  Lalande,  Une  vieille  seigneurie,  Boucherville,  p.  36. 


78 


Bourget,  Canton  (Chicoutiml)        • 

Mgr  Ignace  Bourget,  deuxième  évêque  de  Mont- 
réal. 

Bourg-Louis  (Portneuf) 

La  seigneurie  de  Bourg-Louis  fut  concédée  le  14 
mai  1741  au  sieur  Louis  Fornel. 

Boutliillier,  Canton  (Ottawa) 

M.  T.  Bouthillier  était  lors  de  l'arpentage  du  can- 
ton en  question  agent  de  colonisation  dans  cette 
partie  du  pays. 

Bownian,  Canton  (OttaAva) 

M.  Baxter  Bowman,  marchand  de  bois,  fut  un 
des  premiers  habitants  de  ce  canton. 

Boyer,  Canton  (Ottawa) 

L'honorable  Arthur  Boyer,  député  de  Jacques- 
Cartier  et  membre  du  cabinet  Mercier. 

Boyer,  Kivière  (Bellechasse) 

"  Il  est  difficile  de  déterminer  d'où  vient  le  nom 
de  la  rivière  Boyer.  On  se  perd  là-dessus  en  conjec- 
tures. En  risquerai-je  une  à  mon  tour? 

"  Les  premiers  colons  canadiens  donnaient  volon- 
tiers aux  différentes  localités,  aux  rivières,  aux  îles, 
aux  lacs  qu'ils  rencontraient  sur  leur  passage,  le 
nom  de  certains  personnages  dont  ils  aimaient,  pour 
une  raison  ou  pour  une  autre,  à  perpétuer  le  sou- 
venir dans  leur  nouvelle  patrie. 

''  En  donnant  à  la  petite  rivière  qui  se  jette  dans 
le  Saint-Laurent  entre  Saint-Michel  et  Saint-Vallier, 
le  nom  de  Boyer,  les  premiers  colons  français  au 
Canada  n'auraient-ils  pas  voulu  perpétuer  la  mémoire 


79 


du  fameux  chirurgien  Boyer,  de  Kouen,  qui  accom- 
pagna Champlain  dans  une  de  ses  expéditions  contre 
les  Iroquois,  celle  de  1610,  et  pansa  la  blessure 
qu'avait  reçue  en  cette  occasion  le  fondateur  de 
Québec  ?  C'est  une  simple  conjecture,  mais  qui 
me  semble  pas  tout-à-fait  dépourvue  de  vraisem- 
blance. 

'^  Le  chirurgien  Boyer  fit  un  deuxième  voyage  au 
Canada,  avec  Champlain,  en  1613. 

"  Champlain  parle  encore  d'un  Boyer,  ''  aussi 
malicieux  que  grand  chicanier  "  qui  faisait  partie 
de  la  Compagnie  des  Marchands  de  Normandie, 
Quelques-uns  ont  pensé  que  ce  pouvait  être  le  même 
personnage  ;  mais  cela  n'est  nullement  prouvé.  Ce 
Boyer  avait  envoyé  quelques  prétendus  colons  au 
Canada  ;  mais  Champlain  fut  obligé  de  les  renvoyer 
en  France,  parce  qu'ils  passaient  leur  temps  "  à 
chasser,  pêcher,  dormir  et  s'enivrer  :  "  et  à  cette 
occasion,  il  fit  quelques  ordonnances  "  pour  tenir 
chacun  en  son  devoir  ",'  et  promulgua  ce  qu'on  pour- 
rait appeler  le  premier  code  canadien. 
'  "Il  est  bon  d'ajouter  qu'il  n'y  a  jamais  eu,  à 
notre  connaissance,  de  Boyer,  dans  le  comté  de 
Bellechasse  ou  les  environs,  qui  aurait  pu  donner 
son  nom  à  la  rivière  dont  il  s'agit  ici."  (1) 

Brandon,  Saint-Gabriel  de  (Bertliier) 

Une  ville  et  un  village  d'Angleterre  portent  le  nom 
de  Brandon,  la  ville  dans  le  comté  de  Suffolk,  le 
village  dans  celui  de  Durham. 

Brandy-Pot  (Témiscouata) 

Lorsque  la  mer  est  grosse,  les  marins  trouvent, 
près  des  roches  aujourd'hui  connues  sous  le  nom  de 

(1)  L'abbé  Gosselin,  Le  docteur  Lahrie,  p.  19. 


80 


Brandy-Pot,  une  eau  tranquille  où  ils  peuvent 
mouiller.  Ces  roches  ont,  paraît-il,  la  forme  d'un 
jpot  à  r eau-de-vie  ;  de  là  le  nom  que  les  marins,  qui 
ne  sont  jamais  en  peine  pour  baptiser  les  endroits 
pittoresques  qu'ils  visitent,  leur  ont  donné  dès  les 
premiers  temps  de  la  colonie  française. 

D'autres  prétendent  que  le  Pot  à  l' eau-de-vie 
(Brandy-Pot),  a  été  nommé  ainsi,  à  cause  d'une 
source  qui  y  jaillit  et  dont  l'eau,  parfaitement  bonne 
et  pure,  est  de  la  couleur  de  l'eau-de-vie.     (1) 

Les  Anglais  ont  traduit  Pot  à  l'eau-de-vie  par 
Brandy-Pot,  et,  avouons,  à  notre  honte,  que  nous 
disons  comme  eux. 

Brassard,  Canton  (Portneiif) 

Ce  nom  rappelle  le  souvenir  de  M.  Louis-Marie 
Brassard,  curé  de  Nicolet  et  fondateur  du  séminaire 
du  même  nom. 

Brébeuf,  Canton  (Chicoutinii) 

Le  Père  Jean  de  Brébeuf,  Jésuite,  arriva  à  Québec 
le  19  juin  1625,  avee  M.  de  Champlain,  sur  le  vais- 
seau de  Guillaume  de  Caën.  Il  retourna  en  France 
en  1629,  mais  le  zèle  qu'il  entretenait  pour  le  salut 
des  infidèles  le  ramena  dans  la  Nouvelle-France  en 
1633.  Le  Père  de  Brébeuf  fat  martyrisé  par  les 
Iroquois  le  16  mars  1649,  en  même  temps  que  le 
Père  Gabriel  Lalemant. 

Bristol,  Canton  (Poutiac) 

Bristol  est  une  ville  bien  connue  du  comté  de 
Gloucester,  Angleterre. 


(1)  Alphonse  Leclaire,  Le  Saint -Laurent,  p.  243. 


81 


Brome 


Trois  personnages  ont  illustré  le  nom  de  Brome. 

1^  Richard  Brome,  auteur  comique  anglais,  mort 
en  1692,  qui  a  laissé  plusieurs  pièces  de  théâtre  qui 
ont  été  beaucoup  remarquées. 

2°  Alexandre  Brome,  poète  anglais,  né  en  1620, 
mort  en  1666,  qui  se  montra,  pendant  le  gouverne- 
ment de  Cromwell,  un  chaud  partisan  des  Stuarts. 

3^  Jacques  Brome,  voyageur  anglais,  qui  vivait 
au  commencement  du  dix-huitième  siècle,  et  qui  a 
laissé  des  récits  de  voyages  en  Angleterre,  en  Ecosse, 
en  Espagne,  en  Italie  et  en  Portugal. 

Lequel  de  ces  Brome  a-t-on  voulu  honorer  en 
donnant  ce  nom  à  un  canton  de  la  province  de 
Québec  ?  Nous  l'ignorons. 

Il  est  bien  possible  aussi  que  le  canton  Brome  ait 
jDris  son  nom  du  village  de  Brome,  dans  le  comté 
de  Suffolk,  Angleterre. 

Brome  Corners  (Brome) 

Le  village  de  Brome  Corners  est  situé  à  l'intersec- 
tion de  plusieurs  routes.  C'est  ce  qui  lui  a  valu  son 
nom. 

Brompton,  Saint  François-Xavier  de  (Richmond) 

Un  faubourg  de  Londres,  un  hameau  du  comté  de 
Kent  et  une  mission  du  comté  de  York,  en  Angle- 
terre, portent  le  nom  de  Brompton. 

Le  premier  colon  de  Brompton  fut  François- 
Xavier  Morin  ;  d'où  Saint-François-Xavier  de 
Brompton. 

Broughton  (Beaiice) 

Plusieurs  savants  anglais  ont  porté  le  nom  de 
Broughton,  entre  autres  Hugues  Broughton,  théolo- 
6 


82 


gien  et  hébraïsant,  né  en  1549  mort  en  1612  ; 
Richard  Broughton,  historien,  mort  en  1634  ;  et  Tho- 
mas Broughton,  théologien,  né  en  1704  mort  en  1774. 

En  1790,  William-Robert  Broughton,  navigateur 
anglais,  fit  partie  de  l'expédition  de  Vancouver,  et 
découvrit  les  îles  Knight,  des  Deux-Sœurs,  de  Cha- 
tham,  et  reconnut  celles  auxquelles  on  a  donné  le 
nom  d'archipel  Broughton,  sur  la  côte  ouest  de 
l'Amérique  du  Nord. 

Mais  nous  croyons  que  le  nom  de  Broughton  a  été 
donné  à  un  canton  de  Beauce  pour  rappeler  la 
ville  de  Broughton,  dans  le  comté  de  Lancaster,  en 
Angleterre. 

Browiisburg  (Argenteuil) 

Georges  Brown  vint  d'Angleterre  s'établir  à 
Lachute.  11  fut  pendant  plusieurs  années  employé 
comme  meunier  au  moulin  seigneurial.  En  1818,  il 
reçut  une  concession  de  terrain  à  l'endroit  aujour- 
d'hui appelé  en  son  honneur  Brownsburg.  Homme 
entreprenant,  il  établit  sur  ses  terrains  des  moulins 
qui  furent  d'un  grand  secours  aux  premiers  colons 
de  Brownsburg. 

Bryson  (Pontiac) 

La  famille  Bryson  a  fait  longtemps  un  grand 
commerce  de  bois.  Un  membre  de  cette  famille  est 
actuellement  conseiller  législatif  de  la  province  de 
Québec. 

Biickingham  (Ottawa) 

Les  premiers  colons  de  Buckingham  étant  anglais, 
ils  ont,  comme  de  coutume,,  voulu  faire  revivre  la 
mémoire  d'Albion  dans  leur  pays  d'adoption,  en  lui 
donnant  un  nom  anglais.    L'ont-ils  nommé  ainsi  en 


83 


riionneur  du  duc  de  Buckingham,  favori  des  rois 
d'Angleterre  Jacques  I  et  Charles  I,  assassiné  en 
1G28  ?  Nous  ne  pouvons  dire.  Nous  serions  plutôt 
porté  à  croire  que  les  premiers  colons  qui  s'établirent 
en  cet  endroit  venaient  du  comté  de  Buckingham,  en 
Angleterre,  et  qu'ils  nommèrent  ainsi  leur  nouvelle 
patrie  du  lieu  de  leur  naissance. 

Buckland  (Bellecliasse) 

Un  célèbre  géologue  anglais  a  porté  le  nom  de 
Buckland,  '.mais  nous  croyons  que  le  canton  de 
Buckland  a  plutôt  été  nommé  ainsi  en  souvenir  d'un 
des  nombreux  villages  d'Angleterre  qui  portent  le 
nom  de  Buckland. 

Bulstrode,  Saint-Valère  de  (Artiiabaska) 

Le  chevalier  Richard  .Bulstrode  s'est  distingué 
pendant  les  guerres  civiles  d'Angleterre.  Il  était  au 
service  de  Charles  1er.  Il  fut  pendant  trente  aiis  le 
représentant  de  l'Angleterre  auprès  de  diverses  cours. 

.Biing-ay,  Cantou  (Kaiuouraska) 

Bungay,  ville  du  comté  de  SufFolk,  Angleterre. 

Bureau  ville  (Coiupton) 

En  souvenir  de  l'honorable  J.-O.  Bureau,  secrétaire 
provincial  dans  le  ministère  Macdonald-Sicotte. 

Burtonville  (Saint  Jeau) 

C'est  le  général  Christie  Burton  qui  a  donné  son 
nom  à  Burtonville. 

Bury,  Saiut-Kaphaël  de  (Couiptou) 

Bury  est  un  village  du  comté  de  Lancaster,  Angle- 
terre. 


84 


En  octobre  1866,  Mgr  Laflèche,  coadjuteur  de 
l'évêque  de  Trois-Rivières,  alors  en  tournée  pastorale 
dans  cette  partie  de  son  diocèse,  choisit  saint  Raphaël 
pour  titulaire  de  Bury. 

Bute  (Mégantic) 

Bute  est  un  comté  d'Angleterre. 

Buton  (Montuiagny) 

Les  buttes  {butons)  sont  très  nombreuses  en  cet 
endroit. 

Buttes  à  NepTCU  (Québec) 

Le  premier  propriétaire  de  ces  terrains  fut  Jean 
Nepveu,  originaire  du  Poitou.  Il  arriva  à  Québec 
avant  1653. 

Cabano,  Saint-Eusèbe  de  (Témiscouata) 

On  dit  que  le  lac  Cabano  a  été  nommé  ainsi  parce- 
qu'il  est  entouré  d'élévations  de  terrain  ou  de 
collines  qui  lui  donnent  l'apparence  d'une  cabane, 
d'un  cabanon. 

Saint  Eusèbe  a  été  choisi  comme  titulaire  de 
Cabano  parce  que  le  premier  colon  avait  nom  Eusèbe 
Sénéchal. 

Cabistachouan,  Baie  (Labrador) 

Là  où  on  ne  voit  pas  autre  chose  que  de  l'écume. 
Des  mots  montagnais  ka  et  pishiteuishuan. 

Cabot,  Canton  (Matane) 

Jean  Cabot,  originaire  de  Venise,  prit  du  service 
dans  la  marine  anglaise  et  découvrit  l'île  de  Terre- 
Neuve  en  1497. 


85 


Caconna  (Témiicouata) 

Le  mot  cris  Cacouna  est  formé  de  kâkoua,  porc- 
épic,  et  de  la  particule  nâk,  qui  a  le  sens  de  chez, 
demeure  de.  Cacouna  veut  donc  dire  :  là  où  il  y  a  du 
porc-épic. 

Caldvveirs  3Iaiaor  (Missisquoi) 

Sir  John  Caldwell,  lorsqu'il  acheta  la  seigneurie 
du  sieur  Foucault,  se  bâtit  un  manoir  en  cet 
endroit. 

Callières,  Canton  (Charlevoix) 

Louis-Hector  de  Callières,  gouverneur  de  la  Nou- 
velle-France. 

Calonne,  Canton  de  (Maskinongé) 

M.  de  Calonne  appartenait  à  une  vieille  et  noble 
■famille  de  France.  Son  frère  fut  premier  ministre  de 
l'infortuné  Louis  XVI.  M.  de  Calonne  mourut  cha- 
pelain des  Ursulines  de  Trois-Rivières. 

Cambria  (Argenteuil) 

Cambria  est  l'ancien  nom  du  pays  de  Galles. 

Cameron,  Canton  (Ottawa) 

Probablement  nommé  ainsi  en  l'honneur  de  l'ho- 
norable Malcolm  Cameron,  originaire  de  Trois- 
Rivières,  mais  qui  joua  un  rôle  politique  assez 
important  dans  Ontario. 

Campbell,  Canton  (Ottawa) 

Sir  Alexander  Campbell  fit  partie  du  gouverne- 
ment de  sir  John  Macdonald  et  devint  lieutenant- 
gouverneur  de  la  province  d'Ontario. 


SQ 


Campeau,  Canton  (Poutiac) 

M.  F.-R.-E.  Campeau  était  le  vice-président  de  la 
société  de  colonisation  du  Témiscamingue  lors  de 
l'érection  de  ce  canton. 

Camtebassegat,  Baie  (Labrador) 

Des  mots  montagnais  ka  et  metapassekats,  là  où  la 
prairie  s'étend  jusqu'à  l'eau. 

Canada 

''  Existe-t-il  une  étude  concluante  sur  l'origine  et 
l'étymologie  du  nom  Canada  ?  Beaucoup  d'historiens 
en  ont  parlé  incidemment,  mais  aucun  n'a  appro- 
fondi cette  question,  qui  pouvait  paraître  oiseuse. 
Après  avoir  jeté  un  coup  d'œil  sur  tout  ce  qui  a 
été  écrit  à  ce  sujet,  nous  en  sommes  arrivé  à  conclure 
qu'il  n'y  a  en  réalité  C[u'une  seule  étymologie  possi- 
ble de  ce  nom,  l'étymologie  iroquoise,  et  que  toutes 
les  autres,  soit  espagnole,  soit  portugaise,  soit  alle- 
mande, ne  peuvent  être  prises  au  sérieux,  bien  que 
le  mot  Canada  puisse  se  rencontrer  dans  ces  trois 
langues  aussi  bien  que  dans  l'idiome  iroquois.  La 
différence  porterait  peut-être  sur  la  prononciation. 
Voyons  tout  d'abord  sur  quelles  données  se  basent 
les  auteurs  espagnols  et  allemands. 

''  L'étymologie  par  l'espagnol  repose  sur  cette 
légende,  souvent  racontée,  que  les  explorateurs  espa- 
gnols, ayant  un  jour  aperçu  les  côtes  dénudés  dû 
Labrador,  s'écrièrent  en  face  de  cette  désolation  ; 
Aca  nadtty  c'est-à-dire  il  n'y  a  rien  ici.  Et  le  mot 
Canada,  passé  depuis  de  bouche  en  bouche,  serait 
resté  acquis  à  l'histoire.  Cette  origine  nous  a  tou- 
jours paru  suspecte.  Comment,  en  effet,  ces  cher- 
cheurs   de   mines   rebroussant   chemin,  sans  avoir 


87 


même  lié  connaissance  avec  les  naturels  du  pays, 
auraient-ils  pu  laisser  à  la  postérité  une  exclamation 
de  peu  d'importance,  jetée  au  hasard  comme  expres- 
sion d'un  désappointement?  On  alléguera  que  les 
Labradoriens  ont  pu  la  transmettre  aux  autres 
nations  avec  lesquelles  ils  prenaient  contact,  et  que 
de  proche  en  proche  elle  est  parvenue  jusqu'auxlro- 
quois  échelonnés  sur  le  Saint-Laurent,  entre  Stadacona 
et  Hochelaga,et  même  jusqu'aux  Gaspésiens  de  la  Baie 
de  Gaspé.  Mais  alors  pourquoi  n'a-t-on  pas  dès  l'ori- 
gine donné  le  nom  de  Canada  à  tout  ce  vaste  territoire 
compris  entre  la  côte  du  Labrador  et  la  rivière  des 
Outaouais  ?  Or  il  est  notoire  que  lorsque  Jacques 
Cartier,  en  1535,  remonta  le  fleuve  Saint-Laurent,  il 
apprit  l'existence  d'une  province  dite  province  de 
Canada  "  au  port  de  Sainte-Croix  ",  c'est-à-dire  Stada- 
coné  ou  Québec.  La  province  du  Canada  comprenait 
plusieurs  bourgades,  entre  autres  Stadin,  Sternatam, 
Araste,  Tailla  et  Stadaconé  la  capitale.  Cette  pro- 
vince commençait  vers  l'île  aux  Coudres  et  ne  parais- 
sait pas  dépasser  beaucoup  le  promontoire  de  Québec. 
Les  sauvages  qui  apprirent  à  Cartier  la  géographie 
de  ce  pays,  n'étaient  autres  que  Taignoagny  et 
Domagaya,  deux  gaspésiens  qu'il  avait  amenés  en 
France  l'année  précédente.  Tous  deux  connaissaient 
la  langue  des  habitants  de  Stadaconé  ;  c'est  assez  dire 
qu'ils  appartenaient  à  la  même  nation,  et  que,  par 
conséquent,  ils  étaient  iroquois,  comme  nous  aurons 
l'occasion  de  le  prouver  un  peu  plus  loin. 

''  La  légende  espagnole  nous  semble  donc  bien 
risquée.  Mais,  dit-on,  le  mot  Canada  a  été  usité  de 
tout  temps,  en  Espagne,  pour  désigner  des  lieux  ou 
perpétuer  des  souvenirs  historiques.  C'est  ainsi  que 
des  écrivains  citent  avec  complaisance  les  noms  sui- 


88 


vants  :  Canada  de  San  Pedro,  chemin  de  Saint-Pierre  ; 
Canada  y  pesquera,  chemin  de  pêche  ;  Canada  vedija, 
chemin  du  village  ;  Canada  imstores,  chemin  des 
pasteurs.  Ils  en  ont  mentionné  ainsi  à  la  douzaine 
pour  étayer  leur  chancelante  théorie.  Est-il  donc  si 
nécessaire  de  parcourir  l'Espagne  pour  retracer  le 
nom  de  Canada  f  Qu'on  jette  les  yeux  sur  la  carte 
de  France,  et  on  le  retrouvera  dans  plus  d'un  dépar- 
tement. Ainsi  dans  celui  de  Saône-et-Loire,  nous 
constatons  l'existence  d'un  petit  village  appelé  Bas- 
de-Canada.  (1)  Voilà  tout  aussi  bien  sinon  mieux 
qu'en  Espagne. 

''  Le  nom  de  Canada  a  été  donné  à  un  plateau 
élevé,  près  de  Fécamp,  dans  la  Seine-Inférieure,  où 
existe  encore  le  camp  de  César,  vieille  relique  de 
fortifications  romaines.  Un  écrivain  déclarait,  il  n'y 
a  pas  très  longtemps,  qu'on  a  nommé  Canada  cet 
endroit  "  à  cause  du  froid  rigoureux  qui  s'y  fait 
sentir  en  hiver."  (2)  Léon  Fallue  fait  du  mot  Canada 
appliqué  au  camp  de  César  un  curieux  produit  du 
mélange  de  deux  mots  latins  :  ''Ce  camp  nommé 
Canada,  dit-il,  provient  peut-être  de  Castra  Danorum 
ou  camp  des  Danois."  (3)  Le  peut-être  n'est  pas  de 
trop.  Ce  n'est  pas  dans  ces  dénominations  que  l'on 
peut  trouver  l'origine  du  nom  de  notre  pays. 

''  Quant  à  l'étymologie  par  l'allemand,  elle  serait 
tirée  de  l'application  du  mot  Cai\ada  à  certains  ter- 
rains, tels  qu'il  s'en  rencontre  dans  les  pampas  de 
l'Amérique  du  Sud.  Nous  trouvons  dans  un  ouvrage 
allemand  traduit  en  français  :  "On  appelle  Canada 
des  bas-fonds  de  grande  étendue  dans  lesquels  sont 


(1)  Dictionnaire  des  Pottis  et  TéUc^raphcf,  Paris,  1885,  p.  340. 

(2)  Esqicisse  Imtorique  sur  Fécamp,  par  César  Marette. 

(3)  Histoire  de  la  ville  et  de  r abbaye  de  Fécamp,  p.  24. 


89 


disséminés  des  groupes  de  roseaux.  Ils  peuvent  être 
traversés  par  un  ruisseau,  et  constituent  par  leur 
ensemble  de  bons  pâturages  très  propres  à  l'élève  du 
bétail.  Ces  endroits  humides  dans  les  pampas  ne 
forment  qu'une  très  minime  partie  de  sa  surface 
et  n'en  modifient  le  caractère  que  d'un  façon  acces- 
soire ".     (1) 

"  Cette  version  allemande  ne  peut  guère  s'appli- 
quer à  notre  pays,  pas  plus  au  Labrador  qu'à  la 
vallée  du  Saint-Laurent,  où  les  bas-fonds  de  grande 
étendue  parsemés  de  roseaux  sont  absolument  incon- 
nus. L'application  du  Dr  Burmeister  semblerait 
pourtant  rationnelle,  d'après  la  méthode  espagnole. 
La  racine  can  semble  venir  du  latin  canna,  qui  veut 
dire  roseau.  En  y  ajoutant  la  terminaison  ada,  on 
obtient  un  mot  qui,  en  espagnol,  signifie  clairière. 

"  Si  l'on  écarte  l'étymologie  par  les  langues  euro- 
péennes, il  ne  nous  reste  plus  qu'à  recourir  aux 
dialectes  indiens.  Il  ne  saurait  y  avoir  de  discussion 
que  sur  l'une  ou  l'autre  des  langues  usitées  au  Canada 
lors  du  second  voyage  de  Jacques  Cartier.  Quelles 
étaient  ces  langues  ?  Quels  étaient  les  aborigènes  du 
Saint-Laurent  ?  Les  uns  prétendent  que  les  Algon- 
quins habitaient  Stadaconé  et  Hochelaga  ;  d'autres 
soutiennent  que  c'était  les  Iroquois.  Il  y  avait  encore 
les  Montagnais  ou  Algonquins  inférieurs,  qui  rési- 
daient plutôt  dans  la  région  du  lac  Saint-Jean. 
Quelques-uns  vont  jusqu'à  prétendre  que  le  mot 
Canada  fut  révélé  à  Jacques  Cartier  par  ces  derniers, 
parce  que,  disent-ils,  Canada  voulant  dire  les  voilà 
qui  s^approchent,  ou  encore  celui  qui  va  voir,  visite, 
explore,  il  est  tout  naturel  de  croire  que  les  Monta- 

(1)  Description  physique  de  la  Répiiblique  Argentine,  par  le  Dr  A. 
Burmeister,  traduit  par  F.  Maupas,  I,  p.  16"2. 


90 


gnais,  en  apercevant  les  Français,  se  soient  écriés 
dans  leur  langage  :  Kannatats,  c'est-à-dire,  les  voilà 
qui  viennent  voir. 

''■  La  théorie  crise  ne  vaut  pas  mieux  que  la  mon- 
tagnaise.  Le  Père  Laçombe  dit  dans  son  diction- 
naire :  "  Canada  pour  Konata,  dont  les  Montagnais 
et  tous  les  Cris  se  servent  pour  dire  sans  propos,  sans 
raison,  sans  dessein,  gratis.  C'est  le  mot  banal  de  la 
langue  crise  ".  (1)  Mgr  Laflèche  écrivait  en  1857  ; 
"  Canada,  sans  dessein,  cris.  De  Pikonata  ou  P^ Konata. 
Ce  mot  n'a  pas  de  correspondant  en  français.  Les 
Métis  le  traduisent  toujours  par  l'expression  sans 
dessein.  Demandez  à  un  Cris  :  "  Que  veux-tu  f  "  S'il  ne 
sait  que  vous  répondre,  il  vous  dira  :  "  F  Konata  ".  (2) 

"  Ceux  qui  ont  voulu  expliquer  ainsi  l'origine  du 
mot  Canada  n'ont  pas  tenu  compte  des  circonstances 
qui  ont  révélé  à  Cartier  l'existence  de  cette  province. 
Les  langues  sauvages,  ayant  entre  elles  une  grande 
affinité,  il  peut  se  faire  que  chacune  possède  un  mot 
d'où  Canada  peut  tirer  son  étymologie,  mais  faut-il 
en  conclure  que  c'est  la  vraie,  la  plus  sûre,  celle  que 
nous  devons  adopter  ?  Personne  n'osera  soutenir  que 
Jacques  Cartier  rencontra  des  Cris  sur  les  bords  du 
Saint-Laurent,  quand  il  est  avéré  que  dans  les 
premiers  temps  du  pays  ils  étaient  cantonnés  dans 
les  parages  de  la  baie  d'Hudson.  Les  Montagnais, 
eux,  séjournaient  à  Tadoussac  et  ailleurs,  mais 
Cartier  ne  les  mentionne  pas  dans  ses  Relations,  et  il 
n'apparaît  pas  non  plus  que  le  Découvreur  ait  eu 
des  rapports  avec  les  sauvages  dn  Saguenay.    Dona- 


(1)  Dictionnaire  et  grammaire   de   la   langue   crise,   par    le  R.  P. 
Albert  Lacombe,  Montréal,  1874,  p.  706. 

(2)  Rapport  sur  les  missions  du  diocèse  de  Québec,   avril  1857,  no 
12,  p.  105.   Courrier  du  Canada,  mai  1857. 


91 


cona,  le  grand  chef  de  Stadaconé,  lui  apprit  l'exis- 
tence d'un  peuple  du  nord  appelé  Piquemains,  qui 
n'avaient  qu'une  jambe,  et  dont  la  conformation  ne 
ressemblait  pas  à  celle  des  autres  Indiens.  A  quel 
peuple  faisait-il  allusion  ?  Cartier  ne  le  sait  pas,  mais 
il  est  assez  probable  que  c'était  aux  Esquimaux. 

''  Quoi  qu'il  en  soit  de  ces  opinions,  il  paraît 
certain  que  le  nom  de  Canada  existait  avant  Jacques 
Cartier  et  qu'il  provenait  des  sauvages  qui  habitaient 
le  pays  ainsi  désigné  par  les  Gaspésiens.  Quels 
étaient  ces  sauvages  en  1535  ?  Nous  n'hésitons  pas 
à  dire  que  c'étaient  des  Iroquois,  et  nous  nous 
basons  sur  l'autorité  du  regretté  M.  Cuoq,  qui 
connaissait  tous  les  secrets  de  l'idiome  iroquois.  Pour 
étayer  cette  thèse,  il  suffira  de  prouver  que  la  langue 
parlée  à  Hochelaga  comme  à  Stadaconé  était  la 
langue  iroquoise.  C'est  ce  que  démontre  l'étude  des 
listes  de  noms  que  Cartier  dressa  dans  ses  deux 
premiers  voyages,  listes  que  l'on  trouve  à  la  suite  de 
ses  Relations.  Le  savant  indianologue  commence  par 
établir  que  tous  ces  mots  appartiennent  à  une  seule 
et  même  langue,  malgré  les  variantes  que  l'on  y 
retrace.  Dans  l'une  et  l'autre  liste  nous  trouvons  des 
mots  semblables,  comportant  la  même  signification. 
En  voici  quelques-uns. 

le  LISTE  2e  LISTE 


Agonazo 

Aggonzi 

fête 

Ochedasco 

Onchidascon 

pieds 

Igata 

Hegata 

yeux 

Hontasco 

Ahontascon 

oreilles 

Atta 

Atha 

souliers 

Assogne 

Addogue 

hachot 

92 


"  L'abbé  Cuoq  ajoute  :  "  Tous  ces  mots  appar- 
tiennent manifestement  à  une  même  langue  ;  les 
légères  différences  qui  peuvent  se  trouver  entre  les 
mots  des  deux  listes,  ne  doivent  s'expliquer  autre- 
ment que  par  l'extrême  difficulté  que  l'on  éprouve 
toujours,  quand  il  faut  saisir  par  le  simple  son  de  la 
voix,  des  mots  appartenant  à  une  langue  complète- 
ment inconnue.  Cette  raison  acquiert  une  force. toute 
spéciale,  quand  il  s'agit,  comme  dans  le  cas  présent, 
d'une  langue  sauvage  ;  nous  parlons  ici  par  expé- 
rience et  en  appelons  avec  assurance  avi  témoignage 
de  ceux,  qui,  comme  nous,  ont  travaillé  auprès  des 
sauvages  et  ont  appris  quelqu'une  des  langues  de  ces 
peuples.  C'est  ainsi  que  peuvent  s'expliquer  ces 
petites  variantes,  sans  qu'il  soit  absolument  néces- 
saire de  recourir  à  l'hypothèse  d'une  différence  de 
dialectes,  ou  bien  d'invoquer  le  phénomène  ordinaire 
du  changement  des  idiomes  ". 

''  M.  Cuoq  prouve  ensuite  que  la  langue  parlée 
par  les  sauvages,  habitant  les  rives  du  fleuve,  n'était 
pas  l'algonquine,  mais  plutôt  l'iroquoise.  Sa  démons- 
tration est  lumineuse,  irréfutable.  Qu'il  nous  suffise 
de  l'analyser.  Sur  près  de  soixante  mots  que  renferme 
la  première  liste  de  Cartier,  et  un  peu  plus  de  cent 
contenus  dans  la  seconde,  il  n'en  est  qu'un  seul  qui 
ait  la  physionomie  franchement  algonquine,  et  trois 
autres  sur  lesquels  il  est  nécessaire  de  faire  des 
réserves.  Voici  ces  quatre  mots  : 

Achesco  une  épée 

Amigoua  des  chemises 

Sahe  fèves 

Cacacomy  pain 

''  Le  premier  est  évidemment  algonquin. 


93 


"  Le  second  est  le  pluriel  de  amik,  castor,  et  ne 
signifie  pas  chemises.  Donc  nous  pouvons  aussi  bien 
croire  qu'il  est  iroquois. 

^'  Le  troisième  peut  être  revendiqué  par  les  deux 
nations  :  les  Iroquois  appellent  saheta  ce  que  les 
Algonquins  appellent  saï. 

'^  Le  quatrième  et  dernier,  qui  semble  étranger  à 
la  langue  iroquoise,  ne  saurait  signifier pam  en  algon- 
quin, qui  le  traduit  par  pakjeivigan.  Les  Iroquois 
disent  kanatarok. 

''  Tous  les  autres  mots  des  deux  listes  appartien- 
nent à  la  langue  iroquoise,  et  ressemblent  beaucoup 
à  riroquois  moderne.     Etablissons  la  comparaison  : 


Listes  de   Cartier 

Agonazé 
Aggonzi 

Ochedasco 
Onohidascon 

Hontasco 
Ahontascon 

Igata 
Hegata 

Atta 

Atha 

Assogne 
Addogne 


Iroquois  moderne    Traduction 
-j       Akenontsi        ma  tête 


Ositakon  aux  pieds 


Ohontakon       aux  oreilles 


Okahra 


Ahta 


Atoken 


œil 


souliers 


hache 


''  Sur  les  dix  premiers  noms  de  nombre  dans  la 
langue  des  sauvages  du  temps  de  Cartier,  six  sont 
encore  employés  dans  la  langue  iroquoise  d'aujour- 
d  hui.     Tels  sont  : 


94 


[Langue  antienne  Iroquots  moderne 
Secada           —     1  Euskata 

Tigneni         —     2  Tekeni 

Hasché  —     3  Asen 

Ouiscon  —     5  Wisk 

.     Addegué        —     8  Satekon 

Assem  —  10  Wasen 

''  Ce  petit  tableau  parle  aux  yeux  et  prouve  l'iden- 
tité des  deux  langues. 

"  Mais  afin  de  détruire  tout  doute,  citons  les  mots 

algonquins  qui  corresj)ondent  à]  ceux  qui  nous  ont 
déjà  servi  d'exemples  : 

Ma  tête  =  Nictikwan 

Aux  pieds  =  Ositing 

Aux  oreilles       =  Otawakang 

Œil  ==  Ockinjik 

Souliers  =  INIakisin 

Hache  =  Wakakwat 

'    1  =:  Pejik 

2  =  Nij 

3  z=  Nisroi 
5          .           =z  Nanan 

8  =  Nicwaswi 

10  z=  Mitaswi 

''  Il  ne  peut  pas  y  avoir  d'erreur  possible  ;  ces 
derniers  mots  ne  ressemblent  en  aucune  façon  à  ceux 
que  nous  avons  cités  en  iroquois. 

''  Autres  exemples  plus  frappants  encore. 

*'  Ca7iada  signifie  en  iroquois,  aujourd'hui  comme 
du  temps  de  Cartier,  ville,  village,  amas  de  cabanes, 
bourgade,  bourg,  groupe  de  tentes,  campement  de  plu- 
sieurs. C'est  la  traduction  qu'en  donne  Cartier  lui- 
même  dans  une  de  ses  listes.     Or,  les  Algonquins 


95 


rendent  ces  mots  par  Otenaiv.  Agouhana,  qui  veut 
dire  chef  en  iroquois,  se  traduit  en  algonquin  par 
okima  ou  par  kijeinini,  en  abénaquis  par  sanguima, 
et  en  montagnais  par  sagamo. 

"  Si  Ton  voulait  continuer  ce  système  de  compa- 
raison, on  arriverait  toujours  à  un  pareil  résultat. 
Dans  chaque  cas,  il  y  aurait  rapprochement  sen- 
sible entre  la  langue  des  sauvages  de  Stadaconé  et 
d'Hochelaga  avec  l'iroquois  parlé  de  nos  jours, 
tandis  qu'il  serait  toujours  facile  de  constater  sa 
dissemblance  avec  l'algonquin  et  le  montagnais 
modernes. 

''  Nous  pouvons  donc  tirer  de  ce  qui  précède  les 
conclusions  suivantes  : 

"  1^  Les  aborigènes  de  Stadaconé  et  d'Hochelaga 
appartenaient,  du  teinps  de  Jacques  Cartier,  à  la 
grande  famille  iroquoise  ; 

"  2^  Leur  langue  est  parvenue  jusqu'à  nous,  sans 
avoir  subi  de  profondes  modifications  ; 

''  3^  Jacques  Cartier  ne  paraît  pas  avoir  eu  con- 
naissance des  autres  langues  parlées  en  ce  pays  ; 

"  4^  Les  sauvages  de  Gaspé  comprenaient  l'iro- 
quois ; 

"  5°  L'étymologie  du  mot  Canada,  telle  que  don- 
née par  Cartier,  est  la  bonne,  la  vraie,  la  seule  accep- 
table." (1). 

Caiiardière,  La  (Québec) 

Une  canardière  est  un  lieu  couvert  et  préparé  dans 
un  étang  pour  prendre  des  canards  sauvages.  Nous 
croyons  cependant  que  le  village  en  question  a  été 
nommé  ainsi  à  cause  de  la  grande  abondance  de 
canards  sauvages  qui  se  trouvaient  sur  ses  battures. 

(1)  N.-E.  Dionne,  Bulletin  du  parler  franc  ai?  ^  vol.  II,  p.  260. 


96 


Cannes  de  Roches  (Oaspé) 

Ce  nom  est  bizarre.  On  assure  que  la  véritable 
étymologie  est  celle-ci  :  sur  certaines  pointes  bordées 
de  roches  basses  et  recouvertes  de  petits  moucles  on 
voit  une  espèce  de  petits  canards  noirs  que  les  chas- 
seurs appellent  cannes  de  roches.  Ils  sont  aussi  rares 
que  farouches.  Et  on  appelle  cannes  de  roches  les 
pointes  où  ils  se  tiennent. 

Caunon,  Canton  (Saguenay) 

En  l'honneur  de  l'honorable  M.  L.-.J.  Camion, 
juge  de  la  Cour  Supérieure  pour  le  district  de  Trois- 
Rivières. 

Cantons  de  TEst 

"  A  quelle  date  et  en  vertu  de  quel  acte  officiel  le 
nom  de  Cantons  de  l'Est  fut-il  assigné  à  cette  partie 
de  la  Province  ? 

"  Malgré  de  longues  et  nombreuses  recherches,  il 
nous  a  été  impossible  d'obtenir  aucune  information 
précise  à  ce  sujet. 

"  Le  nom  de  Cantons  de  l'Est  ne  parait  pas 
avoir  été  donné  à  cette  région  par  une  ordonnance 
officielle. 

"  Comme  son  synonyme  Bois-Francs,  il  est 
passé  dans  l'usage  insensiblement  et  sans  l'interven- 
tion des  autorités  constituées. 

''  L'origine  du  nom  est  cependant  facile  à  retracer. 

"  A  l'époque  de  la  cession  du  Canada  à  l'Angle- 
terre, la  plus  grande  partie  de  ce  territoire  était 
encore  la  propriété  de  la  Couronne.  Les  concessions 
faites  par  le  gouvernement  français  étaient  limitées 
aux  seigneuries,  sur  les  rives  du  Saint-Laurent  et  de 
ses  principaux  tributaires. 


97 


"  L'administration  britannique  entreprit,  dès  le 
début  de  son  règne,  la  colonisation  de  ces  terres 
incultes.  Son  attention  se  dirigea  d'abord  vers  les 
solitudes  qui  ont  formé  depuis  la  province  d'Ontario, 
où  la  forêt  vierge  fut  arpentée  et  divisée  en  lopins 
réguliers  sous  le  nom  de  township,  d'après  le  mode 
suivi  dans  les  états  voisins. 

''  Lors  de  la  guerre  de  l'indépendance  américaine, 
il  se  fit  un  mouvement  d'émigration  considérable  de 
la  part  de  ceux  qui  refusèrent  de  suivre  le  parti 
révolutionnaire  et  abandonnèrent  leurs  foj^ers  pour 
venir  chercher  un  refuge  à  l'ombre  du  drapeau  de 
la  mère-patrie. 

"  Ces  colons,  désignés  sous  le  nom  de  loyalistes, 
allèrent  s'établir  en  grand  nombre  dans  les  town- 
ships  récemment  créés  dans  le  Haut-Canada  ou  le 
Canada-Ouest. 

^'  Ce  n'est  qu'en  1792,  et  conséquemment  plusieurs 
années  après  le  traité  de  paix  entre  l'Angleterre  et 
les  Etats-Unis,  que  les  premiers  arpentages  officiels 
'furent  exécutés  dans  la  région  inculte  située  entre 
les  anciennes  seigneuries  et  la  frontière.  Cette  région 
fut,  à  son  tour,  subdivisée  en  townships  et  des 
efforts  furent  tentés  pour  y  amener  des  colons. 

"  Ces  townships  étant  créés  dans  le  Bas-Canada 
ou  Canada-Est,  furent  naturellement  désignés  dans 
le  langage  ordinaire  comme  townships  de  la  partie 
est  du  pays,  par  opposition  aux  townships  pri- 
mitifs de  la  partie  ouest.  En  parlant  des  ''  Eastern 
Townships  "  on  voulait  indiquer  ceux  qui  étaient 
organisés  dans  ce  qui  est  maintenant  la  province  de 
Québec,  alors  désignée  sous  le  vocable  de  ''  Eastern 
Canada."  ' 
7 


98 


''  En  remontant  à  ce  point  de  départ,  on  pourrait 
à  la  rigueur  prétendre  que  tous  les  townships 
formés  depuis  sur  divers  points  de  cette  Province, 
soit  dans  la  vallée  de  l'Ottawa,  soit  au  lac  Saint- 
Jean  ou  dans  laGaspésie,  sont  de  véritables  ''  Eastern 
Townships  ". 

"  Il  vint  un  jour  où  le  monde  officiel  crut  devoir 
traduire  le  mot  township  en  français.  C'était 
presque  un  problème,  car  nous  n'avons  réellement 
pas  dans  notre  langue  une  épellation  qui  définit  bien 
la  circonscription  territoriale  que  les  Anglais  appel- 
lent townsliip.  On  se  rabattit  sur  le  mot  canton. 
C'était  ce  qu'on  pouvait  faire  de  mieux  dans  les  cir- 
constances. Et  voilà  comment  notre  A^ocabulaire 
géographique  s'est  enrichi  de  cette  expression  assez 
curieuse,  de  prime  abord  :  "  Les  Cantons  de  l'Est  ". 

''  Nous  disons  que  l'expression  est  curieuse.  En 
effet,  si.  on  examine  la  carte  de  Québec,  on  voit  que 
cette  région  est  loin  d'occuper  la  partie  est  de  la 
Province.     Elle  est  plutôt  au  sud  et  au  sud-est. 

'*  Lorsque  le  gouverneur  anglais  ordonna  l'ouver- 
ture de  cette  région  à  la  colonisation,  en  1792,  c'était 
dans  le  but  d'y  attirer  surtout  une  émigration  d'ori- 
gine britannique.  Et,  de  fait,  il  s'écoula  une  assez 
longue  période  de  temps  avant  que  l'élément  français 
éprouvât  le  besoin  d'y  pénétrer,  vu  l'immense  étendue 
de  terrains  vacants  que  renfermaient  encore  les  sei- 
gneuries au  moment  de  la  cession. 

'*  Mais  nos  compatriotes  ne  tardèrent  pas  à  récla- 
mer une  place  sous  le  soleil  des  townships  et  à 
venir  s'établir  dans  les  "  lots  ",  suivant  l'expression 
reçue  parmi  ceux  du  district  de  Montréal.  Chaque 
township  était  subdivisé  en  lots,  dont  la  concession 
se  faisait  selon  une  tenure  différente  de  celle  des 


99 


seigneuries.  Dans  la  seigneurie  la  ''terre"  accordée 
au  censitaire  était  sujette  à  certaines  redevances  et 
servitudes  féodales,  tandis  que  le  ''  lot  "  était  octroyé 
à  titre  de  franc  et  commun  soccage  ".     (1) 

Cap  à  l'Aigle  (Charlevoix) 

"  De  là,  écrivait  Champlain  en  1608,  fusmes  à  un 
autre  cap  que  nous  nommasmes  le  cap  à  l'Aigle, 
distant  du  cap  Dauphin  huit  lieues." 

Cet  endroit  a  été  longtemps  le  refuge  préféré  des 
aigles.  On  les  y  tuait  en  grand  nombre.  Quelque- 
fois la  faim  les  poussait  jusqu'aux  abords  des  mai- 
sons, et  les  vieillards  se  rappellent  avoir  vu  de  ces 
aigles  frappés  à  coups  de  bâton  jusque  dans  le  village, 
alors  qu'ils  étaient  en  train  de  s'abattre  sur  les  ani- 
maux de  basse-cour. 

Le  village  qui  se  forma  plus  tard  sur  le  Cap  à 
l'Aigle  adopta  le  nom  donné  par  Champlain. 

Le  capitaine  Malcolm  Fraser  qui,  le  27  avril  1762, 
avait  obtenu,  par  l'entremise  du  général  Murray,  la 
moitié  de  l'ancienne  seigneurie  de  la  ^lalbaie,  essaya 
de  remplacer  le  nom  de  Cap  à  l'Aigle  par  celui  de 
Mount  Murray.  Il  y  a  longtemps  que  ce  dernier 
nom  est  oublié. 

Cap  à  la  Koclie  (  Lotbiuière) 

''  Une  note  mise  au  bas  de  la  page  Q5  du  Journal 
des  Jésuites  par  MM.  les  abbés  Laverdière  et  Casgrain, 
dit  que  le  Cap  à  l'Arbre  est  le  même  que  "  le  Platon, 
appelé,  du  temps  de  Champlain,  la  pointe  Sainte- 
Croix."  Les  sources  de  renseignements  ne  sont  pas 
indiquées. 

''  Interrogé  par  M.  H. -G.  Malhiot  sur  la  situation 

(1)  Bulletin  des  Recherches  Historiques^  vol.  III,  p.  59. 

Vjnivers/ti^ 

mm  inTWFrA 


100 


exacte  du  Cap  à  l'Arbre,  M.  Laverdière  répondit 
qu'en  définitive  il  n'en  était  pas  certain.  Voyons  ce 
qui  peut  nous  éclairer  là -dessus. 

"  Une  fille  de  Michel  Goron — Marie-Françoise — 
épousa  en  1689  Robert  Ouy  ou  Houy  dit  Saint-Lau- 
rent, soldat  de  la  compagnie  de  M.  des  Bergères. 

"  A  cette  époque,  Michel  Goron  habitait  "  la 
seigneurie  de  l'Eschaillon,"  concédée  depuis  1674  à 
M.  Pierre  de  Saint-Ours  ;  deux  lieues  de  front  à 
commencer  quatre  arpents  au-dessous  de  la  petite 
rivière  Duchesne.  Cette  rivière,  le  seul  cours  d'eau 
de  la  seigneurie  de  Deschaillons,  traverse  diagonale- 
ment  les  terres  et  se  jette  dans  le  fleuve  un  peu  au- 
dessous  du  Cap  à  la  Roche. 

''  La  grande  carte  cadastrale  (manuscrite)  dont 
copie  se  voit  à  Ottawa,  portant  la  date  de  1693- 
1709  indique  parfaitement  le  Platon  situé  au  bas  de 
la  seigneurie  voisine,  celle  de  Deschaillons,  qui 
commence  trois  lieues  et  demie,  à  peu  près,  plus 
haut  que  le  Platon. 

''  Dès  la  deuxième  terre  de  Deschaillons,  on  ren- 
contre Michel  Goron  ;  à  la  troisième  il  y  a  une 
rivière  ou  gros  ruisseau  sans  nom,  c'est  la  petite 
rivière  Duchesne.  Après  cela,  on  compte  six  terres 
et  l'on  trouve  celle  de  Robert  Ouy.  En  remontant 
toujours,  on  passe  quatorze  terres  avant  d'atteindre 
la  seigneurie  de  Levrard. 

''  En  face  de  la  terre  de  Robert  Ouy,  sur  l'autre 
côté  du  Saint-Laurent,  sont  la  troisième  et  quatrième 
terres  du  haut  des  Grondines. 

"  La  liste  des  noms  d'habitants  que  porte  la  carte 
servira  de  complément  à  l'explication  : 

"  La  première  terre  est  en  blanc.  Ensuite  vien- 
nent :  Michel  Goron,  un  blanc   avec   l'embouchure 


101 


de  la  rivière,  François  Goron,  J.  Denevert,  Mailloux, 
Beaudet,  Bérubé,  un  blanc,  Robert  Ouy,  D.  Garon, 
Lebœuf,  Chesne,  Masson,  Maillon  (Mailhot  ?  qui 
était  parent  de  Goron),  un  blanc,  Lebœuf,  un  blanc, 
Pineau  (dit  Lapej-le),  Laverdure,  un  blanc,  Pineau, 
Tousignan,  Tousignan. 

''  Robert  Ouy  mourut  en  1702.  Son  fils,  Robert, 
avait  épousé  Marguerite  Gariépy.  Devenu  veuf,  il 
contracta  un  second  mariage  avec  Louise  Pilotte,  en 
1729.  A  ce  propos,  on  le  désigne  comme  habitant 
du  "Cap  à  l'Arbre,  paroisse  de  Lotbinière."  N'ou- 
blions pas  que  la  seigneurie  de  Deschaillons  était 
alors  comprise  dans  la  paroisse  de  Lotbinière  ;  elle 
était  souvent  appelée  "le  petit  Saint-Ours." 

"  La  terre  des  Ouys  était  donc  au  Cap  à  l'Arbre, 
ou  un  peu  plus  haut. 

"  Si  on  rapproche  ce  renseignement  de  la  carte 
cadastrale  déjà  citée  et  de  la  situation  bien  connue 
du  Cap  à  la  Roche  ainsi  nommé  aujourd'hui,  on  se 
convaincra  que  le  cap  à  l'Arbre  et  le  cap  à  la  Roche 
sont  un  seul  et  même  site."  (1) 

Cap  à  l'Est  (Cliicontimi) 

Le  Cap  à  l'Est  est  une  énorme  masse  de  granit 
sur  lequel  il  ne  pousse  que  des  arbustes  rabougris. 
Il  est  appelé  ainsi  par  opposition-  à  un  cap  fort 
escarpé  qui  se  trouve  sur  la  rive,  opposée  du  Sa- 
guenay. 

Cap  à  l'Orignal  (Rimouski) 

Un  orignal  se  jeta  du  haut  de  ce  cap  dans  le 
Saint-Laurent  pour  échapper  à  la  poursuite  d'un 
chasseur. 


(1)  Benjamin  Suite,  Bulletin  des  Recherches   Historiques,  vol.  V, 
p.  314. 


102 


Cap  aux  Corbeaux  (Charlevoix) 

Les  matelots  ont  attaché  un  nom  d'un  sinistre 
augure  à  ce  promontoire.  Leur  imagination  efFrayée 
a  sans  doute  peuplé  le  Cap  aux  Corbeaux  de  ces 
oiseaux  de'  proie,  comme  s'ils  venaient  s'y  abattre, 
pour  attendre  les  naufrages  dans  l'espoir  d'en  dévo- 
rer les  victimes. 

C'était  la  croj^ance  générale  autrefois  que  les  navi- 
gateurs qui  montaient  et  descendaient  le  fleuve  par 
le  chenal  du  nord,  devaient  se  tenir  à  distance,  en 
passant  devant  le  Cap  aux  Corbeaux,  et  ne  jamais 
s'aventurer  dans  ces  courants.  Malheurs,  disait-on, 
à  l'esquif  qui  a  l'imprudence  de  se  laisser  entraîner 
dans  cette  spirale  marine  !  Il  est  saisi  dans  ses  an- 
neaux comme  dans  ceux  d'un  gigantesque  serpent. 
Emporté  par  une  force  invincible,  il  tourne,  tourne 
avec  une  vitesse  accélérée  en  décrivant  des  cercles 
qui  vont  toujours  en  se  rétrécissant,  jusqu'à  ce 
qu'enfin  il  arrive  au  centre  fatal  qui  s'ouvre  en  en- 
tonnoir, et  l'engloutit  sans  retour.  (1) 

Cai>  avi  Diable  (Kaniouraska) 

L'aspect  morne  et  sombre  de  ce  cap,  l'aridité  et  la 
nudité  des  rochers  qui  le  composent,  son  isolement, 
le  silence  et  la  nature  désolée  et  presque  déserte  qui 
l'environnent  ont  pu  engager  le  peuple  à  lui  donner 
ce  nom  peu  sympathique.  Le  docteur  Charles  Déguise 
a  fait  du  cap  au  Diable  le  théâtre  d'une  de  ses  jolies 
légendes  canadiennes. 

Cap  aux  Diamants  (Québec) 

D'après  la  relation  du  voyage  de  Roberval  dans 
la  Nouvelle-France  publiée  par  Hackluyt,  Cartier 

(1)  L'abbé  H.-K.  Casgrain,  C"n  péleriyiaye  à  l'île  aux  Coudres, 
p.  119. 


103 


aurait  exhibé  des  échantillons  d'or  trouvés  au  Canada, 
qui,  soumis  au  creuset,  donnèrent  de  bons  résultats. 
Il  était  aussi  porteur  de  diamants  trouvés  dans  le 
promontoire  de  Québec,  d'où  le  Cap  aux  Diamants 
a  emprunté  son  nom. 

'^  Il  y  a,  dit  Champlain,  le  long  de  la  coste  du 
dict  Québec,  des  diamants  dans  des  rochers  d'ar- 
doise, qui  sont  meilleurs  que  ceux  d'Alençon." 

''  C'est  un  lieu  ainsi  appelé  de  nos  Français, 
lisons-nous  dans  la  Relation  de  1633,  pour  ce  qu'on 
y  trouve  quantité  de  petits  diamants  assez  beaux.'' 

Cap  Barré  (Gaspé) 

Le  Cap  Barré  borde  le  rivage  et  sa  face  est  toute 
striée  de  bandes  de  diverses  couleurs. 

Cap-Blanc,  Notre-Dame  de  la  Garde  du  (Qviébec) 

Les  Sauvages  woirawKiQYiXUupistihoiats  (cap  blanc, 
promontoire  blanc,  mont  blanc),  le  cap  au  pied 
duquel  est  bâti  le  village  du  CajD-Blanc. 

L'église  du  Cap-Blanc  a  été  placée  sous  l'invoca- 
tion de  Notre-Dame  de  la  Garde  à  la  prière  et  aux 
instances  des  navigateurs  de  cette  localité.  M.  God- 
bout,  fondateur  et  premier  curé  de  cette  paroisse, 
avait  d'abord  choisi  le  nom  de  Notre-Dame  du  Port, 
mais  la  dévotion  spéciale  des  marins  pour  l'église 
de  Notre-Dame  de  la  Garde,  de  Marseille,  en  France, 
où  les  navigateurs  au  long  cours  vont  en  pèlerinage, 
lui  ayant  été  représentée  le  jour  même  de  la  béné- 
diction de  la  première  pierre  de  l'église,  Mgr  Cazeau, 
qui  faisait  la  cérémonie,  voulut  bien  changer  ce  nom 
séance  tenante.  Plusieurs  des  navigateurs  du  Cap- 
Blanc  avaient  même  dans  leurs  bateaux  des  images 
de  Notre-Dame  de  la  Garde,  de  Marseille. 


104 


Cap  Bouanii  (Gaspé) 

Le  cap  Bonami  (et  non  Bon  ami  comme  on  l'écrit 
souvent)  fut  nommé  ainsi  parce  que  le  premier 
habitant  de  cet  endroit  était  un  Jersiais  de  ce  nom. 

Cap  Brûlé  (Montmorency) 

Parlant  du  Cap  Tourmente,  Champlain  écrit  : 
^*  Proche  de  ce  lieu  est  le  Cap  Bruslé,  entre  lequel 
et  risle  aux  Coudres  est  un  chenail  de  8,  10  et  12 
brasses  d'eau.  "  C'est  tout  proche  de  ce  cap  que 
Champlain  avait  fait  bâtir  son  habitation  du  Cap 
Tourmente  qui  fut  brûlée  par  les  Anglais  en  1628. 
Le  Cap  Brûlé  ne  tiendrait-il  pas  son  nom  de  cette 
circonstance  ?  Il  a  pu  lui  donner  ce  nom,  aussi,  parce 
qu'il  était  dépouillé  de  toute  végétation. 

Cap  Chat,  Saîut-Norbert  rtu  (Gaspé) 

Il  y  a  deux  versions  sur  l'origine  de  ce  nom  :  les. 
uns  veulent  que  le  cap  Chat  ait  été  nommé  ainsi  en 
l'honneur  du  commandeur  de  Chattes  ;  les  autres 
prétendent  que  c'est  sa  ressemblance  avec  un  chat 
qui  lui  a  valu  ce  nom. 

''  La  question  d'étymologie,  dit  un  partisan  de 
cette  dernière  version,  n'existe  pas  pour  ceux  qui  sont 
accoutumés  à  visiter  la  partie  du  pays  où  est  situé  le 
Cap  Chat.  Si  vous  descendez  le  fleuve  en  suivant  le 
rivage  en  compagnie  d'hommes  du  voisinage,  vous 
êtes  à  peu  près  assuré  qu'arrivé  à  une  certaine  distance 
de  ce  cap,  les  pêcheurs  vous  diront  :  *'  Voyez-vous  le 
chat  qui  dort  sur  le  Cap  ?  "  En  effet,  dans  une  posi- 
tion donnée,  un  relief  de  rocher  qui  couronne  le 
promontoire  affecte  la  forme  d'un  chat."  "  En  1882, 
dit  Mgr  Bossé,  j'accompagnais  Mgr  Langevin  en 
visite  pastorale  dans  ces  parages.     J'allai  visiter  le 


105 


phare  construit  sur  le  cap  Chat.  Entre  le  plus  haut 
sommet  du  cap  et  le  phare,  je  vis  une  énorme  roche 
isolée  et  représentant  au  naturel  un  chat  au  demi- 
repos  et  dont  le  dos  d'un  gris  brun  était  tourné  vers 
le  fleuve.  Je  suis  certain  que  les  Sauvages,  admira- 
bles observateurs,  avaient  donné  le  nom  de  Chat  à 
ce  bloc  si  ressemblant,  et  que  les  Français  l'avaient 
nommé  d'après  eux." 

^^oyons  maintenant  une  autre  opinion  : 

"Je  trouve  l'acte  de  baptême  de  ce  cap  dans  les 
Voyages  de  Chami^lain,  édition  de  1632,  page  95  de 
la  seconde  partie,  couché  dans  les  termes  suivants  : 

''  Et  costoyant  toujours  la  coste  du  su,  jusques  au 
commencement  des  mons  Notre-Dame,  vingt  lieues 
du  dit  cap  des  Boutonnières,  les  mons  en  ont  vingt- 
cinq  de  longueur,  à  la  fin  est  le  cap  de  Chatte  assez 
haut  fait  en  forme  de  pain  de  sucre  fort  écore.  Se 
voient  aussi  des  terres  doubles  audessus  qui  quelque- 
fois vous  en  font  perdre  la  cognaissance,  si  le  temps 
n'est  clair  et  serein,  si  ce  n'est  que  vous  approchiez 
d'une  lieue  ou  deux  du  dit  Cap  de  Chatte.  " 

''  La  carte  de  Champlain  de  1632  et  celle  de  Jean 
de  Laët  de  1640  le  nomment  aussi  Cap  de  Chatte. 

'*  Pourquoi  Champlain  l' avait-il  ainsi  nommé  ? 

"  Le  commandeur  de  Chatte,  alors  gouverneur  de 
Dieppe,  était  en  même  temps  lieutenant-général  du 
roi  de  France  pour  les  affaires  de  l'Amérique.  C'est 
lui  qui  choisit  Samuel  de  Champlain  pour  entre- 
prendre la  colonisation  du  Canada.  Le  premier 
voyage  de  Champlain  de  1603,  pour  commencer 
cette  grande  et  noble  entreprise,  fut  fait  sous  les  aus- 
pices et  en  vertu  d'une  commission  du  commandeur 
de  Chatte. 

"  Quand   Champlain    retourna  en  France  l'année 


106 


suivante  M.  de  Chatte  était  mort  et  M.  de  Monts 
lui  avait  succédé  comme  lieutenant-général  du  roi 
pour  l'Amérique.  Par  suite,  le  second  voyage  de 
Champlain  se  fit  sous  les  ordres  et  par  commission 
de  M.  de  Monts. 

"  On  vient  de  voir  que  Champlain  a  nommé  Cap  de 
Chatte  le  promontoire  le  plus  saillant  de  la  rive  sud 
(côte  de  la  Gaspésie)  à  l'entrée  du  fleuve  St-Laurent. 

"  Vis-à-vis  de  ce  Cap,  sur  la  rive  nord,  une  langue 
de  terre  faisant  saillie  dans  le  fleuve,  est  nommée 
Pointe  de  Monts. 

"  Qui  ne  verrait  pas  l'intention  de  Champlain  de 
rendre  un  digne  et  perpétuel  hommage  à  ses  deux 
illustres  patrons  ? 

"  Pour  moi,  je  considère  ces  deux  points  géographi- 
ques comme  des  monuments  ad  memoriam  et  hono- 
REM,  dédiés  à  ces  deux  hauts  fonctionnaires  et  digni- 
taires de  l'état;  et  j'y  crois  aussi  fermement  que  si 
j'y  lisais  des  inscriptions  gravées  par  la  main  de 
Champlain  lui-même. 

"  Outre  la  vérité  historique  qu'il  faut  respecter,  il  y 
a  dans  ces  deux  noms  une  grandeur,  une  dignité,  un 
charme  qui  rehaussent  l'importance  d'une  localité  ; 
tandis  que  Cap  Chat  et  Pointe  des  Monts  sont  des 
corruptions  qui  ne  rappellent  rien  que  de  très  vul- 
gaire. N'est-ce  pas  une  ironie  honteuse  de  substituer 
"  un  chat  "  quelconque  et  des  ^'  montagnes  imagi- 
naires "  à  deux  hommes  illustres  dans  l'histoire  de 
France  et  dans  celle  du  Canada  ? 

''  Serail-il  donc  trop  tard  pour  réparer  cet  oubli  et 
populariser  les  vrais  noms  ?  "  (1) 


(1)  Raphaël  Belleraare,  Bulletin  des  Rechercher  Historiques,  vol. 
m,  p.  28. 


107 


Cap  de  la  Magcleleine  (Chainplain) 

Le  Cap  de  la  Magdeleine  primitivement  connu 
sous  le  nom  de  Cap  des  Trois-Rivières  fut  d'abord 
une  mission  de  Sauvages  de  diverses  nations  conver- 
ties à  la  vraie  foi  que  les  Jésuites  amenèrent  et  vou- 
lurent fixer. 

Ce  terrain  avait  été  donné  aux  Jésuites,  le  20  mars 
1651,  par  M.  de  la  Ferté,  abbé  de  la  Magdeleine,  au 
diocèse  de  Rouen,  de  l'ordre  de  Saint-Avigustin. 

C'est  en  l'honneur  de  l'abbé  de  la  Magdeleine  qui 
vivait  à  Paris  et  s'intéressait  beaucoup  aux  missions 
du  Canada,  que  les  Jésuites  nommèrent  ainsi  leur 
résidence. 

Cap  de  la  Victoire  (Kichelieii) 

En  1610,  les  Montagnais  et  les  Algonquins,  avec 
l'aide  de  Champlain  et  de  quelques  Français,  rem- 
portèrent, dans  les  environs  de  Sorel,  une  victoire 
signalée  sur  les  Iroquois.  C'est  en  mémoire  de  ce 
fait  d'armes  que  l'on  a  désigné  longtemps  l'une  des 
poiutes  voisines  de  Sorel,  du  côté  de  l'ouest. 

Cap  de  lîaye 

On  écrit  indifféremment  cap  de  Rhé  ou  cap  Raye. 
Ce  cap  fut  nommé  Arraico  par  les  Basques.  Arraico 
veut  dire  poursuite  ou  approche. 

Cap  d'Espoir  (Gaspé) 

''  Dans  la  Gaspésie,  à  quelques  milles  du  village 
de  Percé,  s'avance  dans  le  golfe  Saint-Laurent  une 
sorte  de  promontoire  auquel  a  été  donné  le  nom  de 
Cap  d'Esj^oir. 

'^  Dans  ces  dernières  années,  on  a  trouvé  moyen 
de  faire  subir  une  déformation  à  ce  mot  et  d'inscrire 
sur  les  cartes  anglaises  Cape  Despair,  que  certains 


108 


cartographes  français  se  sont  empressés  de  traduire 
par  Cap  du  Désespoir. 

"  Ce  qui  est  plus  grave,  c'est  que  bon  nombre  de 
nos  compatriotes  se  sont  laissé  prendre  à  cette  nou- 
veauté et  ont  contribué,  en  s'appuyant  sur  une 
légende  apocryphe,  à  la  faire  passer  dans  le  langage 
courant. 

'^  Récemment  encore,  un  publiciste  de  distinction, 
dans  une  étude  fouillée  sur  la  Gaspésie,  s'arrêtait 
avec  complaisance  sur  cette  appellation  de  Cap  de 
Désespoir  et  entreprenait  d'expliquer  à  son  public 
que  cet  endroit  avait  été  témoin  de  tant  de  nau- 
frages qu'on  avait  voulu  en  fixer  le  souvenir  dans 
la  forme  qui  vient  d'être  indiquée.   (1) 

''  Nous  n'entendons  pas  suspecter  la  bonne  foi  de 
qui  que  ce  soit,  mais  la  vérité  a  ses  droits  et  le 
moins  que  l'on  puisse  dire  c'est  que  les  écrivains  et 
les  cartographes  qui  s'accrochent  obstinément  à  cette 
appellation  de  Cap  Désespoir  font  fausse  route. 

"  La  preuve  en  est  facile  à  faire. 

*'  C'est  Jacques  Cartier  lui-même,  le  découvreur  du 
Canada,  qui  baptisa  du  nom  de  Cap  d^  Espérance  le 
promontoire  qu'il  rencontra  sur  sa  route  en  longeant 
la  baie  des  Chaleurs.  Cartier  cherchait  alors  un 
passage  à  l'ouest  et,  se  berçant  de  l'espoir  d'arriver 
à  cette  découverte,  il  traça  sur  sa  carte,  en  juillet 
1534,  le  nom  qui  vient  d'être  mentionné. 

'  '  Les  cartographes  qui  vinrent  après  lui  respec- 
tèrent cette  appellation.  Sur  la  carte  de  Pierre  Des- 
celiers  qui  date  de  1546,  on  lit  en  toutes  lettres   Cap 

(1)  Il  faut  dire  en  toute  justice  que  ce  publiciste  parait  s'être 
appuyé  sur  l'opinion  émise  autrefois  par  M.  l'abbé  Ferland  que  ce 
qualificatif  de  *'  Désespoir  "  **  convenait  à  cette  sinistre  falaise 
dont,  d'après  la  légende,  les  enfants  sont  attirés  par  les  mysté- 
rieuses mélopées  des  sirènes,  et  par  elles  engouÔrés  aussitôt." 


109 


d^ Espoir.  La  carte  de  Gérard  Mercator,  publié  en 
1569,  fait  mention  du  Caj)  d^ Espérance,  à  l'entrée  de 
la  baie  des  Chaleurs.  Ducreux,  dans  sa  Tablia 
Novae  Franciae,  de  1660,  imprime  dans  la  langue 
latine  ''  Promuntarium  Spei  ".  Nicolas  Denys,  dans 
sa  Description  géographique  et  historique  de  VA- 
mérique  Septentrionale,  année  1672,  écrit  :  Cap 
d'Espoir.  Sur  la  carte  dressée  en  1744,  par  N.  Bellin, 
ingénieur  et  hydrographe  de  la  marine,  et  publiée 
dans  V Histoire  de  la  Nouvelle-France  de  Charlevoix, 
on  fait  également  mention  du   Cap  dJ  Espoir. 

''Voilà,  il  nous  semble,  des  autorités  qu'il  est 
impossible  de  méconnaître  et  d'écarter  du  débat. 
Comment  alors  expliquer  que  Cape  Despair  ait 
survécu  aussi  longtemps,  alors  que  les  origines  de  ce 
nom  sont  si  clairement  déterminées  ?  C'est  probable- 
ment l'effet  d'une  consonnance.  Aux  Anglais  et  aux 
Américains  qui  fréquentent,  durant  la  saison  esti- 
vale, la  baie  des  Chaleurs  et  le  golfe  St-Laurent,  les 
cicérone  auront  dit  :  •'  C'est  ici  le  Cap  d'Espoir,  et 
ceux-ci  et  ceux-là,  peu  familiers  avec  notre  langue, 
auront  répété  avec  une  petite  variante  :  Cape  Des- 
pair. "  (1) 

Cape  Cove  (Gaspé) 

Cap-Cove  (Anse  du  Cap)  est  formé  par  le  Cap 
d'Espoir. 

Cap  (les  Rosiers,  Saint-Albau  du  (Gaspé) 

Le  Cap  des  Rosiers  fut  nommé  ainsi,  prétend 
l'abbé  Ferland,  parce  que,  autrefois,  il  était  couvert 
de  rosiers  sauvages. 


(1)      Eugène    Rouillard,  Bulletin  du  parler  français^    vol.   IV, 
p.  364. 


110 


Mgr  Bossé  n'est  pas  de  cette  opinion  : 

"  Quelques  imaginations  poétiques  en  attribuent 
l'origine  aux  rosiers  sauvages  qui  couronnaient  la 
cime  du  cap  ;  c'est  trop  poétique  pour  mériter 
croyance.  En  général,  les  anses  et  les  caps  de  la 
Gaspésie  ont  pris  les  noms  de  ceux  qui  y  ont  fait 
naufrage,  ou  qui  sont  demeurés  dans  les  environs. 
Il  y  a  vers  Rimouski,  dans  Saint-Thomas  et  ailleurs, 
des  familles  du  nom  de  Desrosiers.  Je  serais  porté 
à  croire  qu'un  navigateur  ou  pêcheur  de  ce  nom,  ou 
s'est  échoué,  ou  est  demeuré  dans  les  environs  du 
cap  qui  a  depuis  porté  son  nom.  Il  faudrait  alors 
écrire  comme  on  prononce  toujours  en  français  :  Cap 
Desrosiers.  Au  reste,  c'est  une  supposition  que  je 
hasarde,  mais  les  opinions  sont  libres.'' 

Champlain  donne  raison  à  M.  Ferland.  Dans  sa 
carte  de  1632,  il  écrit  en  toutes  lettres  :  Cap  des  Rosiers. 

Cap-des-Rosiers  fut  mis  sous  le  patronage  de 
saint  Alban,  parce  que  le  premier  habitant  de  cet 
endroit  se  nommait  Alban  Bond. 

Cap  Maillard  (Cliarlevoix) 

La  piété  reconnaissante  du  peuple  a  attaché  à  ce 
promontoire  h  nom  d'un  vénérable  prêtre  des 
Missions  Etrangères  de  Paris.  Depuis  longtemps 
l'oubli  s'est  fait  autour  de  la  mémoire  de  cet  apôtre, 
qui  a  appuyé  son  bâton  de  missionnaire  sur  toutes 
ces  plages,  où  son  passage  périodique  était  accueilli 
avec  des  larmes  de  joie  et  de  bénédiction.  Mais  si 
son  nom  n'est  guère  plus  prononcé  ici  que  pour 
indiquer  le  Cap  Maillard,  son  souvenir  est  encore 
vivace  en  plus  d'un  endroit  du  golfe,  et  surtout 
parmi  les  peuplades  micmaques,  au  milieu  des- 
quelles il  a  passé  une  grande  partie  de  sa  vie.  (1) 

(1)  L'abbé  H. -R.  Casgrain,  Opuscules^  p.  129. 


111 


Cap  Pleureur  (Gaspé) 

Le  Cap  Pleureur  fut  nommé  ainsi  à  cause  des 
filets  d'eau  qui  surgissent  à  divers  points  de  sa  sur- 
face. Aux  premiers  froids,  ces  filets,  grossis  par  les 
pluies  de  l'automne,  se  congèlent  en  prenant  les 
formes  les  plus  singulières.  L'aspect  généra]  est 
celui  de  quatre  colonnades  superposées,  variées  de 
couleurs  et  diminuant  en  volume  à  mesure  qu'elles 
approchent  du  sommet  du  cap.  Le  rang  inférieur, 
formé  par  les  sources  les  plus  abondantes,  présente 
d'énormes  stalactites  dont  les  enfoncements  sont  du 
plus  bel  azur.  Au-dessus  régnent  deux  galeries  du 
blanc  le  plus  pur,  et  dont  les  interstices  sont  remplis 
de  sombres  blocs  de  granit,  de  festons  de  mousse 
desséchée,  d'arbrisseaux  verts  tranchants  agréable- 
ment sur  les  nuances  environnantes.  Enfin,  pour 
compléter  le  tout,  d'innombrables  clochetons  aux 
reflets  éclatants  forment  le  digne  couronnement  de 
ce  chef-d'œuvre  divin.  (1) 

Cap  Rouge  (Gaspé) 

Ce  cap  est  coupé  à  pic  et  sa  face  rouge  lui  a  valu 
son  nom. 

Cap  Koug-e,  Saint-Félix  du  (Québec) 

"  Le  promontoire  où  est  assis  le  vieux  Québec 
forme  l'extrémité  orientale  d'un  plateau  terminé,  à 
l'ouest,  par  un  cap,  auquel  la  couleur  de  se;^  roches 
schisteuses  a  valu  le  nom  de  Cap  Rouge,  qui  s'est 
étendu  au  val  avoisinant,  à  sa  jolie  rivière  et  à  la 
petite  paroisse  de  Saint-Félix,  érigée  en  1862.  (2) 

(1)  Rapport  sur  len  missions  du  diocèse  de  Québec,  mai  1872. 
2)  L'abbé  H. -A.    Scott,    Notre-Dame  de  Sainte- Foy,    tome   I, 
p.  1. 


112 


La  paroisse  du  Cap-Eouge  reçut  saint  Félix 
pour  titulaire  en  l'honneur  de  Mgr  Charles-Félix 
Cazeau,  vicaire-général  de  Québec. 

Cap  Saint-Claude  (Lévis) 

Le  notaire  Claude  Maugue  acheta  une  terre  dans 
les  environs  de  ce  cap,  en  1677. 

Cap  Saint-Ignace  (Montmagny) 

Il  y  a  au  bord  du  fleuve  Saint-Laurent,  au  centre 
de  la  paroisse,  en  face  de  l'île  aux  Grues,  un  petit 
cap,  formant  presqu'île,  qui  porte,  le  nom  de  Cap 
Saint-Ignace.  Ce  nom  lui  fut-il  donné  par  un  Jésuite 
en  mission  ?  La  chose  est  possible  quoique  dans  la 
liste  des  premiers  missionnaires  et  curés  de  Saint- 
Ignace  du  Cap  Saint-Ignace,  on  ne  rencontre  pas  un 
seul  Jésuite. 

Peut-être  ce  nom  lui  vient-il  du  seigneur  Vince- 
lotte?  Dans  l'acte  de  mariage  de  Jean  Bossé,  en 
1734,  on  voit  comme  témoin  M.  de  Saint-Ignace  de 
Vincelotte  et  il  signe  :  Vincelotte  Saint-Ignace. 

Quoiqu'il  en  soit,  ce  nom  ne  tarda  pas  à  s'étendre 
aux  établissements  qui  se  formèrent  dans  les  envi- 
rons, et,  le  30  octobre  1678,  lorsque  Mgr  de  Laval 
érigea  la  paroisse,  il  lui  donna  une  sanction  officielle. 
Aussi  quand  Mgr  de  Saint-Vallier,  le  3  octobre  1700, 
nomma  M.  Louis  Mathieu,  premier  curé  résidant, 
il  l'intitula  :  '^  curé  de  Saint-Ignace  du  Cap  Saint- 
Ignace."  (1) 

Cap  Santé  (Fortneuf) 

A  partir  de  Portneuf  en  remontant,  le  rivage  du 
Saint-Laurent    s'élève    graduellement    jusqu'à    un 


(l)  L'abbé  N.-J.  Sirois,    Monographie    de   Saint-Ignace  du  Cap 
Saint  Ignace,  p.  7. 


113 


endroit  où  l'élévation  atteint  soudainement  une  hau- 
teur de  plus  de  150  pieds  au-dessus  du  niveau  de  la 
rivière.  Cette  élévation  prit  probablement  le  nom 
de  Cap  Santé  à  cause  de  la  salubrité  de  son  climat. 

Cap  Tourmente  (Montmorency) 

C'est  Champlain  qui  nomma  ainsi  le  cap  Tour- 
mente :  ''  De  l'isle  aux  Çoudres,  écrit-il,  costoyansla 
coste  fusmes  à  un  cap,  que  nous  avons  nommé  le 
cap  de  tourmente  qui  en  est  à  cinq  lieues  et  l'avons 
aiiisi  nommé  d'autant  que  pour  peu  qu'il  fasse  de 
vent  la  mer  y  esleve  comme  si  elle  estait  plaine.  En 
ce  lieu  l'eau  commence  à  estre  douce." 

Cap  Trinité  (Saguenay) 

On  a  donné  au  cap  Trinité  son  nom  parce  qu'il 
est  en  réalité  formé  de  trois  caps  égaux  de  taille  et 
d'élévation,  dont  le  premier  comprend  également 
trois  caps  disposés  en  échelons  et  formant  comme 
trois  étages  superposés. 

Capelton,  Précieux-Sang  de  (Sherbrooke) 

Le  fils  d'une  dame  ayant  fait  un  mauvais  coup, 
celle-ci  pour  en  conjurer  l'effet  fit  don  d'une  certaine 
somme  à  Mgr  Racine,  évêque  de  Sherbrooke,  avec 
prière  de  mettre  la  première  mission  ou  paroisse 
qu'il  établirait  sous  le  patronage  du  Précieux-Sang. 

Capse  (Portneuf) 

Mgr  Bailly  de  Messein,  coadjuteur  de  l'évêque  de 
Québec  et  évêque  de  Capse,  fut  longtemps  curé  de 
la  Pointe-aux-Trembles. 

Caplan,  Saint-Charles  de  (Bonaventure) 

Le  nom  de  Caplan  vient  de  la  rivière  principale 

qui  coule  dans  cette  paroisse.     Ce  nom  a  été  donné 
8 


114 


à  cette  rivière  par  les  voyageurs  de  Carleton  qui, 
dans  leurs  courses,  trouvèrent,  campé  à  son  embou- 
chure, sur  le  rivage,  un  sauvage  du  nom  de  Jean 
Capland. 

Quant  au  titulaire,  saint  Charles,  Mgr  Langevin, 
évêque  de  Rimouski,  le  choisit,  en  1877,  pendant  sa 
visite  pastorale,  en  fixant  le  site  de  l'église.  On  pré- 
sume que  ce  fut  en  l'honneur  de  Mgr  Charles-Fran- 
çois Baillargeon,  archevêque  de  Québec,  qui  avait 
organisé  ce  territoire  en  mission  et  y  avait  fait  bâtie 
la  première  chapelle  en  1865. 

Capucins,  Saint-Paul  des  (Matane) 

Sur  le  rivage  de  la  rivière  Grand-Capucin  qui,  avec 
la  rivière  Petit-Capucin,  a  donné  son  nom  à  la 
paroisse  des  Capucins,  il  y  a,  paraît-il,  un  rocher 
qui,  vu  de  loin,  ressemble  à  un  capucin  drapé  dans 
sa  cagoule  et  coiffé  de  son  capuchon. 

Caritfnan,  Canton  (Champlain) 

C'est  en  1665  que  le  régiment  de  Carignan- 
Salières,  qui  s'était  distingué  contre  les  Turcs  dans 
la  Hongrie,  arriva  dans  la  Nouvelle-France.  La 
plupart  des  officiers  et  soldats  de  ce  beau  régiment 
s'établirent  dans  notre  pays. 

Carillon  (Argrenteuil) 

"  Au  bas  du  Long-Sault,  côté  nord  de  la  rivière 
Ottawa,  un  peu  au-dessus  du  lac  des  Deux-Mon- 
tagnes, il  y  a  un  endroit  appelé  Carillon. 

"  Un  officier  du  régiment  de  Carignan,  qui  se 
nommait  Carrion,  resta  dans  le  pays  lorsque  le  régi- 
ment retourna  en  France,  et  obtint  une  concession 
de  terre  au  lac  des  Deux-Montagnes,  ou  peut-être  à  la 
pointe  de  l'île  de  Montréal,  avec  privilège  de  faire  la 


115 


traite  des  pelleteries.  On  le  voit  dans  ces  lieux  à 
partir  de  1670.  N'aurait-il  point  trafiqué  au  bas  du 
Long-Sault  ?  ce  qui  lui  était  facile,  et  de  là  son  nom 
serait  resté  au  sit^  où  il  rencontrait  les  Sauvages,  en 
épargnant  à  ceux-ci  un  trajet  de  deux  journées. 

*'  Faute  de  preuve  directe,  ce  rapprochement  de  faits 
semble  bien  transformer  Carillon  en  Carrion.  "     (1) 

Carleton  (Bonaveuture) 

Après  la  dispersion  des  Acadiens,quelques  familles, 
originaires  de  Tracadie,  allèrent  s'établir  à  l'en- 
droit connu  aujourd'hui  sous  le  nom  de  Carleton. 
Elles  le  nommèrent  Tracadigetche,  ou  petite  Tracadie. 

Les  Anglais,  généralement,  déplacent  les  anciens 
noms  pour  en  substituer  de  nouveaux  d'origine 
anglaise  et  qu'ils  articulent  plus  facilement.  Aussi, 
remplacèrent-ils  Tracadigetche  par  Carleton,  en 
l'honneur  de  sir  Guy  Carleton,  plus  tard  lord 
Dorchester. 

Caroii,  CantoQ  (Lac  Saint-Jean) 

En  l'honneur  du  grand-vicaire  Thomas  Caron,  un 
des  fondateurs  de  la  Société  de  Colonisation  du 
Saguenay  en  1845. 

Cartier,  Canton  (Joliette) 

Sir  George-Etienne  Cartier. 

Cartierville  (Jacques-Cartier) 

Cette  municipalité  a  emprunté  son  nom  du  décou- 
vreur du  Canada,  Jacques  Cartier. 

Casault,  Canton  (Matane) 

Sir  L.-N.  Casault,  juge  en  chef  de  la  Cour  Supé- 
rieure de  la  province  de  Québec. 

(l)  Benjamin  Suite,  Bulletin  des  Becherchês  Historiques^  vol.  I, 
p.  81. 


116 


Cascapédiac  (BoDaventure) 

Cascapédiac  a  pris  son  nom  dç  la  Grande  Rivière 
Cascapédiac  qui  coule  dans  les  environs.  Les  Mic- 
macs avaient  probablement  nommé  cette  rivière 
ainsi  à  cause  de  ses  courants  rapides  et  forts,  car  le 
mot  Cascapédiac,  corrompu  de  Sâk'pédeak,  veut  dire 
''  forts  courants."  (1) 

CasgraiD,  Canton  (Islet) 

M.  Eugène  Casgrain,  seigneur  de  l'Islet. 

Caskitshipiskotsiskat,  Kivièré  (Labrador) 

Des  mots  montagnais  shitshi,  épais,  serré  ;  pish- 
kutshu,  troncs  ;  et  shikau,  fourré,  buisson.  On  peut 
traduire  ce  mot  par  :  ici  il  y  a  un  épais  fourré. 

Cathcart,  Canton  (Joliette) 

Charles  Murray,  comte  de  Cathcart,  administra- 
teur puis  gouverneur  du  Canada. 

Catsinoganiow,  Kivière  (Labrador) 

Du  montagnais  Katshiwakamits,  le  lac  long,  la 
rivière  longue. 

C  au  chou,  Canton  (31ontniorency) 

L'honorable  Joseph  Cauchon  a  été  député  de 
Montmorency. 

CauffliuaAvaga,  Saiut-Frauçois-Xavier  (Laprairie) 

''La  première  mission  iroquoise  dans  les  environs 
de  Montréal  fut  établie  à  Laprairie  en  1667  par  le 
Père  Raffeix.  C'est  Mgr  de  Laval  qui  la  mit  sous 
le  patronage  de  saint  François-Xavier.     Aujourd'hui 


(1)  Traii'iacticns  of  Literary  and  Historical  Society  of  QueheCy 
vol.  III,  p.  270. 


117 


les  Iroquois  appellent  la  première  station  de  leur 
mission  :  Keutake,  c'est-à-dire  "  A  la  Prairie.  " 

''  En  1676,  la  mission  fut  transférée  à  cinq  quarts 
de  lieue  plus  haut,  sur  le  fleuve,  près  de  la  rivière 
du  Portage.  Ce  site  fut  illustré  par  les  vertus  et  la 
mort  de  Catherine  Tekakwitha.  La  tradition  locale 
a  tiré  partie  de  cette  circonstance  pour  indiquer 
l'endroit  de  cette'deuxième  station  :  Kateri  tsi  thaiatat, 
c'est-à-dire  "  Où  Catherine  fut  enterrée.  " 

''  En  1679-80  le  Père  Frémin,  missionnaire  des 
Iroquois,  fit  en  France  un  voyage  très  important 
pour  la  mission.  Il  revint  avec  les  titres  de  conces- 
sion de  la  terre  nommée  le  Sault.  A  cette  époque 
la  mission  est  désignée  par  les  Iroquois  :  "  Kahna- 
wake  ",  c'est-à-dire  Au  Sault,  au  Rapide.  • 

"  En  1689,  les  Iroquois  allèrent,  sous  la  direction 
du  Père  Bruyas,  établir  une  nouvelle  station  à  une 
demi-lieue  plus  haut  que  la  précédente.  C'était  au 
pied  des  Rapides,  mais  toujours  appelé  ^'Kahnawake", 
c'est-à-dire  Au  Rapide,  par  les  sauvages  d'alors, 
''  Kahnawakon  ",  c'est-à-dire  Dans  le  rapide,  par  ceux 
d'aujourd'hui  pour  ne  pas  confondre  avec  Kahnawake 
actuel,  Caughnawaga.  Les  Français  appelaient 
encore  ce  troisième  poste  ''  le  Sault  "  ou  "  Saint- 
François-Xavier  du  Sault.  " 

"  En  1696,  nouvelle  migration  causée  comme  les 
précédentes  par  l'appauvrissement  du  sol,  à  une  demi- 
lieue  plus  haut  ;  c'est  à  l'endroit  qui  sépare  aujour- 
d'hui la  paroisse  de  Laprairie  de  la  mission  de 
Caughnawaga.  Les  Iroquois  appellent  aujourd'hui 
cet  endroit  "  Kanatakwenke  ",  c'est-à-dire  On  a  enlevé 
le  village  de  là.  Evidemment  ce  nom  a  été  donné 
post  eventum  ;  et  la  mission  avait  changé  de  site,  en 


118 


gardant  le  nom  qu'elle  portait  depuis  l'établissement 
de  1676. 

'*  Ce  n'est  qu'en  1712,  que  la  mission  est  nommée 
pour  la  première  fois,  dans  les  catalogues  :  "  Ad 
saltum  Sti  Ludovici,  nom  qui  a  remplacé  du  temps 
des  Français  tous  les  précédents,  nom  encore  officiel 
aujourd'hui,  quant  à  la  province  de  Québec.  Les 
Anglais  ont  introduit  le  nom  iroquois  mal  orthogra- 
phié de  Caughnawaga  ;  ils  auraient  mieux  fait  de 
dire  et  d'écrire  comme  les  Iroquois  eux-mêmes 
Kahnawake."     (1) 

Causapscal,  Saint-Jacques  de  (Mataue) 

Causapscal  signifie  en  micmac  "  pointe  rocheuse." 
D'autres  prétendent  que  ce  mot  se  traduit  plutôt  par 
''  eau  rapide."  La  rivière  Causapscal  est,  en  effet, 
très  rapide. 

C'est  Jacques  Smith,  un  des  premiers  colons  de 
l'endroit,  qui  a  donné  son  nom  à  Saint-Jacques  de 
Causapscal. 

CaxtoD,  Saint- El ie  de  (Saint-Maurice) 

Caxton,  petite  ville  à  une  dizaine  de  milles  de 
Cambridge,  Angleterre. 

Caxton  fut  érigé  en  paroisse  le  4  février  1865,  par 
Mgr  Cooke,  évêque  de  Trois-Rivières.  Il  donna  saint 
Elie  pour  patron  à  la  nouvelle  paroisse  en  l'honneur 
de  M.  J.-Elie  Sirois,  ancien  curé  de  Saint-Barnabe, 
premier  missionnaire  de  Saint-Elie. 

Cawasliagemits,  Lac  (Labrador) 

Le  lac  clair. 


L'abbé  J.-G.  Forbe?,  Bulletin  des  Recherches  Historiques,  vol.  V, 
p.  131. 


119 


Cawood,  Canton  (Px)utiac) 

Cawood  est  une  petite  ville  du  comté  de  York, 
Angleterre. 

Cedar  Hall  (Matane) 

La  gare  du  chemin  de  fer  Intercolonial  à  Saint- 
Pierre  du  Lac  porte  le  nom  de  Cedar  Hall.  Ce  nom 
fut  donné  à  la  première  maison  qu'un  nommé  Grant 
éleva  en  cet  endroit,  dans  la  forêt,  près  d'une  carrière 
d'où  l'on  tirait  la  pierre  nécessaire  à  la  construction 
des  ponts  de  l' Intercolonial.  De  la  maison  le  nom 
passa  à  tout  le  territoire  qui  l'environnait. 

Cèdres,  Les  (Soiilanges) 

On  a  appelé  Saint- Joseph  de  Soulanges  "  Les 
Cèdres,"  parce  que  à  une  certaine  distance  du  village, 
il  y  avait  deux  gros  cèdres  sous  lesc|uels  se  don- 
naient rendez-vous  les  bateliers  très  nombreux  en  ce 
temps-là,  qui  voyagaient  entre  Montréal  et  Kingston. 

Chabot,  Canton  (Kamouraska) 

L'honorable  Jean  Chabot,  ministre  des  travaux 
publics,  puis  juge  de  la  Cour  Supérieure. 

Chaloupe,  La  (Labrador) 

"  D'où  vient  le  nom  de  "  La  Chaloupe  "  donné  à  ce 
hameau  ?  On  m'explique  qu'il  y  a  là  une  rivière 
d'un  plus  fort  volume  que  la  rivière  aux  Graines,  et 
qui  s'appelle  précisément  rivière  Chaloupe.  Et  l'on 
ajoute,  avec  une  entière  bonne  foi,  que  les  embarca- 
tions de  ce  nom,  très  employées  en  ces  parages,  trou- 
vaient là  un  havre  excellent  où  elles  accouraient  en 
foule,  et  que  cela  fait  parfaitement  comprendre 
pourquoi  l'on  a  donné  à  la  rivière  son  nom  de  Cha- 


120 


loupe.     Voilà  toujours  bien  une  étj^mologie  qui  ne 
doit  rien  aux  Grecs,  ni  aux  Romains."  (1) 

Cliambly 

Avant  d'entrer  en  campagne,  en  1665,  M.  de 
Tracy  fit  élever  plusieurs  forts  en  bois  sur  la  rivière 
Richelieu  qui  était  la  principale  voie  de  commu- 
nication. L'un  de  ces  forts  fut  élevé  au  pied 
du  Sault  de  Richelieu.  Il  fut  construit  en  août 
1665  sous  les  ordres  de  Jacques  de  Chambly,  capi- 
taine au  régiment  de  Carignan-Salières.  Pendant  la 
semaine  où  l'Eglise  célébrait  la  fête  de  saint  Louis, 
le  fort  étant  terminé,  l'aumônier,  le  Père  Jésuite 
Chaumont,  offrit  le  saint  sacrifice  de  la  messe  en 
présence  du  capitaine  de  Chambly  et  de  ses  hommes. 
La  chapelle  et  le  fort  furent  alors  mis  sous  les 
auspices  du  saint  roi  de  France, 

Sept  années  après  la  construction  du  fort  Saint- 
Louis,  le  29  octobre  1672,  l'intendant  Talon  concé- 
dait au  capitaine  de  Chambly  ''  la  quantité  de  six 
lieues  de  terre  de  front  sur  une  lieue  de  profondeur, 
à  prendre  sur  la  rivière  Saint-Louis,  savoir  :  trois 
lieues  au  nord  de  la  dite  rivière  (deux  lieues  en 
deçà  du  fort  qui  y  est  basty  et  une  lieue  au-delà)  et 
trois  lieues  au  sud  de  la  dite  rivière."  De  cette 
époque  le  fort  et  la  concession  accordée  à  son  com- 
mandant furent  connus  sous  le  nom  de  Chambly. 

Comme  on  le  voit  l'origine  du  nom  est  bien  simple. 
Un  étymologiste  a  cependant  trouvé  moyen  d'épi- 
loguer.  '^  La  vallée  du  Richelieu,  écrit-il,  est  un 
des  endroits  du  Canada  où  le  blé  vient  le  plus 
en  abondance.     Son  nom  de  Chambly  lui  vient  de 


(1)   L'abbé  Victor- A.  Huard,  Labrador  et  Anticosti^  p.  145. 


121 


Champ  d'blé.     On  a  voulu  indiquer  par  là  la  ferti- 
lité de  son  sol."   (1) 

Chambord  (Lac  Saint- Jean) 

Le  comte  de  Chambord  décédé  le  20  août  1883 
fut  le  dernier  représentant  de  la  branche  aînée  des 
Bourbons.  En  1876,  il  refusa  le  trône  de  France 
pour  ne  pas  sacrifier  le  drapeau  blanc. 

Chamoucliouane,  Canton  (Lac  Saint-Jean) 

Chamouchouane  vient  du  montagnais  ashiiMpa- 
mushuan,  guet  à  l'orignal. 

Clianipig-ny,  Canton  (Cliicoutlmi) 

Jean  Bochart  de  Champigny,  intendant  de  la 
Nouvelle-France. 

Champlaiu 

Un  comté,  des  paroisses,  des  villages,  des  rivières, 
des  lacs,  etc.,  etc.,  dans  la  province  de  Québec,  rap- 
pellent le  souvenir  du  fondateur  de  Québec. 

Cliaunay  (Conipton) 

Channay  a  été  établie  grâce  à  des  capitaux  fournis 
par  des  Français  de  France.  Le  nom  de  la  nouvelle 
colonie  fut  choisi  par  les  administrateurs  de  la  Com- 
pagnie Nantaise,  en  souvenir  de  Channay,  Indre  et 
Loire,  pays  d'origine  de  M.  J.-A.  Chicoyne,  député 
de  Wolfe,  le  principal  organisateur  de  cette  Compa- 
gnie. 

Chapais,  Canton  (Kainouraska 

L'honorable  .Jean-Charles  Chapais,  député  de  Ka- 
mouraska  et  ministre  des  travaux  publics  de  la  pro- 
vince du  Canada. 


(1)  Canadian  Antiquarian,  juillet  1878. 


122 


[Chapeau  (Pontiac) 

Ce  village,  situé  dans  l'île  des  Allumettes,  prend 
son  nom  d'un  rocher  dans  les  rapides  de  la  rivière 
Ottawa,  qui  a  la  forme  d'un  chapeau. 

Chapleau,  Canton  (Maskinougé) 

â 

Sir  Adolphe  Chapleau,  premier  ministre  de  la 
province  de  Québec,  ministre  fédéral,  puis  lieute- 
nant-gouverneur de  la  province. 

Charleniagne  (l'Assomption) 

En  l'honneur  de  M.  Charlemagne  Laurier,  député 
de  l'Assomption  au  Parlement  du  Canada. 

Charlesboiirg  (Québec) 

Les  premiers  habitants  de  cette  paroisse  s'établi- 
rent non  loin  de  la  ligne  de  séparation  entre  Char- 
lesbourg  et  iBeauport.  Ils  donnèrent  au  lieu  qu'ils 
avaient  choisi  le  nom  de  Bourg-Royal.  Ce  fut  près 
de  là,  dans  un  lieu  qu'ils  appelèrent  Bourg  la  Reine, 
que  ces  premiers  habitants  bâtirent  la  première 
chapelle  de  la  paroisse. 

Les  Jésuites,  auxquels  les  terres  de  Bourg-Royal 
avaient  été  données  en  fief  par  le  duc  de  Ventadour, 
vici-roi  de  la  Nouvelle-France,  le  10  mars  1626,  et 
qui  par  conséquent,  en  étaient  les  seigneurs,  concé- 
dèrent ces  terres  et  les  firent  tracer,  comme  à  Bourg- 
Royal,  en  triangles  dont  le  sommet  allait  aboutir  au 
lieu  où  est  l'église  aujourd'hui  et  où  est  bâtie  une 
petite  chapelle  qui  remplaça  celle  de  Bourg-Royal. 
Cette  nouvelle  chapelle  fut  dédiée  à  saint  Charles. 

On  tira  à  une  petite  distance  du  sommet  de  tous 
ces  triangles  un  trait-carré  sur  lequel  on  fit  un  che- 
min qui  porte  encore  aujourd'hui  le  nom  de  Trait- 
Carré.      Les   nouveaux    habitants   placèrent   leurs 


123 


demeures  en  dedans  ou  en  dehors  de  ce  Trait-Carré 
et  formèrent  le  village  de  Charlesbourg  dont  le  nom 
s'étendit  à  toute  la  paroisse.  (1) 

Charlevoix 

Le  célèbre  Père  Jésuite  Charlevoix  a  séjourné  dans 
notre  pays.  Il  a  publié  une  Histoire  de  la  Nouvelle- 
France  très  estimée. 

Charny,  Xotre-Dame  de  (Lévis) 

Charny  est  dans  la  seigneurie  de  Lauzon. 

Jean  de  Lauzon,  sieur  de  Charny,  troisième  sei- 
gneur de  Lauzon,  et  grand  sénéchal  de  la  Nouvelle- 
France,  fut  tué  par  les  Iroquois  le  22  juin  166L 

Cliartierville  (Coniptou) 

Chartierville  a  été  nommé  ainsi  en  l'honneur  de 
M.  l'abbé  J.-B.  Chartier,  qui,  en  1870,  à  la  tête 
d'une  délégation  de  la  société  de  Colonisation  de  Saint- 
Hyacinthe  et  de  Bagot,  explora  le  canton  de  Em- 
berton  pour  y  établir  la  nouvelle  paroisse. 

Cliâteaiigaay 

C'est  le  29  septembre  1673  que  le  gouverneur  de 
Frontenac  concéda  la  seigneurie  de  Châteauguay  à 
Charles  LeMoyne  de  Longueuil.  Celui-ci  donna  le 
nom  de  Châteauguay  à  sa  seigneurie  en  souvenir  de 
la  commune  de  Châteauguay,  en  France.  Cette 
commune  fait  aujourd'hui  partie  du  département  de 
Puy-de-Dôme. 

Château- Richer  (Montmorency) 

Le  nom  de  Château-Richer  aurait  été  donné  à  ce 
lieu,  suivant  une  note  de  feu  M.   Bédard,  supérieur 


(1)  L'abbé  Charles  Trudelle,  Paroisse  de  Charlesbourg ,  p.  11. 


124 


du  séminaire  de  Québec,  parce  qu'un  Sauvage  ou 
un  Français  à  demi-sauvage,  appelé  Richer,  aurait 
établi  sa  demeure  dans  le  tronc  d'un  gros  arbre, 
placé  sur  le  cap  où  est  située  l'église  de  ce  lieu,  et 
se  serait  plu  à  nommer  cette  singulière  habitation 
son  château.  (1) 

M.  Edmond  Rousseau  raconte  l'origine  du  nom 
de  cette  paroisse  avec  une  légère  variante  :  ''  En 
1636,  écrit-il,  la  seigneurie  de  la  Côte  de  Beaupré 
fut  concédée  au  sieur  ChefFault  de  la  Regnardière. 
Ce  seigneur  fit  passer  dans  sa  seigneurie  un  grand 
nombre  de  colons,  la  plupart  s'établirent  à  l'endroit 
connu  sous  le  nom  de  Petit  Pré.  Parmi  ces  colons 
se  trouvait  un  vieux  garçon  cordonnier  Nestor  Ri- 
cher qui  se  bâtit  une  espèce  de  hutte  à  l'endroit  où 
se  trouve  précisément  le  presbytère  aujourd'hui.  En 
peu  de  temps,  la  petite  colonie  fit  des  progrès  et  l'on 
vit  surgir  ça  et  là  de  coquettes  maisons  construites 
avec  la  pierre  qui  abonde  dans  ces  parages.  Mais 
Richer,  un  peu  excentrique  comme  tous  les  vieux 
garçons,  très  avare  d'ailleurs,  resta  attaché  à  sa 
hutte.  En  dépit  des  railleries  de  ses  concitoyens^ 
qui  ne  désignèrent  plus  son  modeste  réduit  que  sous 
la  qualification  ironique  de  '^  Château  Richer  ",  il 
y  demeura  jusqu'à  sa  mort.  Le  nom  en  est  resté  à 
la  paroisse."  (2) 

"  On  lit  dans  une  lettre  inédite  de  Mgr  de  Laval 
à  M.  Dudouyt,  en  date  du  6  novembre  1683  : 
''  Puisque  la  Providence  a  voulu  lui  inspirer  (à  M. 
Poitevin,  curé  de  Saint-Josse,  et  grand  vicaire  de 
Mgr   de  Laval   en  France)   de   vous   résigner   son 


(1)  L'abbé  Ferland  :  Notes  .sur  les  registres  de  Notre-Dame  de 
Québec,  p.  54. 

(2)  Le  château  de  Beaumanoir,  p.  3. 


125 


prieuré  de  Château-Richer,  nous  avons  sujet  de  l'en 
bénir....  "(1) 

Le  nom  de  la  paroisse  de  Château-Richer  n'aurait- 
il  pas  quelque  rapport  d'origine  avec  celui  du  prieuré 
de  M.  Poitevin  ?  Nous  avouons  n'avoir  jamais  eu 
une  grande  confiance  dans  l'histoire  d'un  nommé 
Richer  qui  aurait  établi  sa  demeure  dans  le  tronc 
d'un  arbre. 

Cbâteaiivert  (Portneuf) 

On  donne  très  souvent  le  nom  de  Châteauvert  à  la 
paroisse  de  Saint-Marc  des  Carrières  parce  que  le 
bureau  de  poste  est  tenu  par  M.  Georges  Châteauvert, 
marchand  et  propriétaire  de  carrières. 

Chatham,  Canton  (Argeuteiiil) 

Chatham  est  une  ville  fortifiée  d'Angleterre. 
William  Pitt,  comte  de  Chatham,  n'est  peut-être 
pas  étranger  au  choix  de  ce  nom  de  Chatham. 

Chaudière,  Chute  de  la 

Champlain  écrit  en  1613  : 

''  Nous  passâmes  un  Sauta  une  lieue  de  là,  qui  est 
large  de  demie  lieue,  et  descend  de  6  à  7  brasses  de 
haut.  Il  y  a  quantité  de  petites  îles  qui  ne  sont  que 
rochers  âpres  et  difiiciles,  couverts,  de  méchants  petits 
bois.  L'eau  tombe  à  un  endroit  de  telle  impétuosité 
sur  un  rocher,  qu'il  s'y  est  cave  par  succession  de 
temps  un  large  et  profond  bassin  :  si  bien  que  l'eau 
courant  là  dedans  circulairement,  et  au  milieu  y 
faisant  de  gros  bouillons  a  fait  que  les  Sauvages 
l'appellent  Asticou,  qui  veut  dire  chaudière.  Cette 
chute  d'eau  mène  un  tel  bruit  dans  ce  bassin,  que 
l'on  l'entend  de  plus  de  deux  lieues '\ 

(1)  L'abbé  Auguste  Gosselin,  Henri  de  Bemières,  p.  éQ. 


126 


Chauveaii,  Canton  (Charlevoix) 

L'honorable  Pierre-Joseph-Olivier  Chauveau  fut 
chargé  de  former  le  premier  gouvernement  de  la 
province  de  Québec  sous  le  régime  de  la  Confédé- 
ration. 

Chavigny,  Canton  (Portneuf) 

Le  sieur  Chavigny  de  Berchereau  s'était  fait  con- 
céder un  fief  dans  le  comté  actuel  de  Portneuf 

Chegobicli,  Lac  (Labrador) 

Ushukupish,  pays  du  canard. 

Chelsea  (Ottawa) 

Ville  du  comté  de  Middlesex,  Angleterre. 

Chemin  Craig 

Le  chemin  Craig  ou  Craig's  Road  part  de 
Saint-Gilles,  comté  de  Lotbinière,  et  va  aboutir  à 
la  rivière  Saint-François.  Ce  chemin  fut  commencé 
par  l'arpenteur  Jos.  Kilborne  et  terminé  en  1809  par 
ordre  de  sir  James-Henry  Craig.  Pendant  l'adminis- 
tration de  Craig,  des  détachements  de  troupes  furent 
employés  à  travailler  à  ce  chemin  et  à  y  construire 
des  ponts.  (1) 

Chemin  des  Anglais  (Montmagny) 

Le  chemin  des  Anglais  traverse  plusieurs  cantons 
ou  plutôt  fait  la  borne  de  ceux  qui  soni  échelonnés 
sur  la  ligne  provinciale.  C'est  un  chemin  que  les 
commissaires  nommés  pour  tracer  la  ligne  provin- 
ciale en  vertu  du  traité  Ashburton  avaient  pratiqué 
pour  faire  transporter  hommes  et  provisions  lorsqu'ils 
travaillaient  à  faire  cette  ligne.     Les  colons  ont  con- 


(1)  Note  de  M.  l'abbé  Bois. 


127 


tinué  à  s'en  servir  et  l'ont  nommé  ainsi  en  souvenir 
de  ceux  qui  le  tracèrent.  (1) 

Cheniin  des  Caps  (Montmorency) 

Le  chemin  des  Caps  fait  communiquer  Saint- 
Joachim  avec  Saint-François-Xavier  de  la  Petite- 
Rivière.  Il  traverse  un  espace  d'environ  six  lieues 
de  pays  stériles  et  montagneux. 

Chemin  Gomin  (Québec) 

Vers  1660,  M.  Gomin,  médecin  et  botaniste,  se 
construisit  une  résidence  à  Sillery  pour  y  étudier  à 
loisir  la  flore  singulièrement  variée  de  ce  lieu. 

C'est  M.  Gomin  qui  a  donné  son  nom  au  chemin 
Gomin,  dont  il  est  si  souvent  question  dans  les  rela- 
tions du  siège  de  Québec.  (2) 

Chemin  Gosford 

Le  chemin  Gosford  part  du  fleuve  Saint-Laurent 
et  longe  la  rivière  Beaurivage  jusqu'à  Saint- Gilles, 
d'où  il  va  rejoindre  le  chemin  Craig.  Ce  chemin  fut 
fait  en  1847  et  nommé  ainsi  en  l'honneur  de  lord 
Gosford. 

Chemin  Gouiu 

C'est  l'honorable  M.  Gouin  qui  a  doté  la  région 
du  Nord  de  Montréal  de  ce  chemin  si  utile  à  la  colo- 
nisation. ^ 

Chemin  Kempt 

Le  chemin  Kempt,  qui  conduisait  de  Grand  Métis 
à  Ristigouche,  a  été  tracé  vers  1830.  Il  fut  nommé 
ainsi  en  l'honneur  de  sir  James  Kempt. 


(1)  Note  de  M.  l'abbé  Bois. 

(2)  Sir  J. -M.  Lemoine,  Album  du  touris'e,  p.  99. 


128 


Chemin  Papineau  (Montréal) 

Le  notaire  Papineau  avait  acheté  une  terre  de 
Pierre  Monarque  et  y  traça  un  chemin  pour  raccour- 
cir la  distance  entre  Montréal  et  le  Sault-au-Récollet. 

Chemin  Taché 

C'est  sir  Etienne-Paschal  Taché  qui  fut  l'inspira- 
teur et  le  promoteur  du  chemin  Taché. 

CheDal  du  3Ioine 

Lemoine  dit  Despins,  propriétaire  d'une  terre 
dans  les  environs  du  Chenal  du  Moine,  entre  1685 
et  1709,  paraît  avoir  donné  son  nom  au  Chenal 
du  Moine.  (1) 

Chenal  Tardif  (Yamaska) 

La  rivière  Tardif  est  un  des  chenaux  de  la  rivière 
Saint-François  ;  elle  porte  de  nos  jours  le  nom  de 
chenal  Tardif.  On  l'appelait  aussi  Cinquième 
Rivière,  parce  que  l'on  comptait,  depuis  les  Trois- 
Rivières  les  rivières  Marguerie,  Godefroy,  Nicolet  et 
le  chenal  de  la  rivière  Nicolet  appelée  aussi  de  la 
Ferme.  On  lui  a  aussi  fait  porter  le  nom  de  Chenal 
en  avant.  Il  est  situé  à  cinq  lieues  de  Sorel.  Son 
nom  doit  avoir  été  emprunté  à  Olivier  Le  Tardif, 
interprète,  traiteur, commis-général  des  Cent-Associés, 
qui,  de  1640  à  1665,  figurait  dans  le  commerce  de 
pelleteries  sur  le  Saint-Laurent. 

Chénier,  Canton  (Kimouski) 

Le  patriote  Jean-Olivier  Chénier  tué  à  Saint- 
Eustache  pendant  le  soulèvement  de  1837. 

(1)  Benjamin  Suite,  Histoire  de  Saini- François  du  Lac,  p.  87. 


129 


Cherbourg",  Sept-Frères  de  (3Iatane) 

Cherbourg  est  une  ville  fortifiée  de  France.  Le 
principal  arsenal  de  la  marine  française  est  dans  le 
port  de  Cherbourg. 

La  paroisse  des  Sept  Frères  de  Cherbourg  a  été 
démembrée  de  la  paroisse  de  Sainte-Félicité. 

Félicité,  grande  dame  romaine,  élevait  ses  enfants 
dans  les  sublimes  maximes  du  christianisme.  Sur 
la  dénonciation  des  prêtres  des  idoles,  le  préfet  de 
Rome  se  fit  amener  Félicité  et  ses  enfants.  Malgré 
tous  ses  efforts,  il  ne  put  gagner  Félicité  et  ses  cou- 
rageux enfants  à  sacrifier  aux  faux  dieux. 

La  mère  et  les  enfants  furent  condamnés  à  des 
supplices  différents.  Janvier,  l'aîné,  fut  fouetté  avec 
des  cordes  plombées,  jusqu'à  ce  qu'il  expirât.  Félix 
et  Philippe,  le  second  et  le  troisième,  furent  tués  à 
coups  de  massue.  Sylvain,  le  quatrième,  fut  jeté  la 
tête  en  bas  -dans  un  précipice.  Les  trois  plus  jeunes, 
Alexandre,  Vital  et  Martial,  eurent  la  tête  tranchée. 
Quant  à  sainte  Félicité,  leur  mère,  elle  fut  décapitée. 

Cliertsey,  Saint-Théodore  de  (31ontcalm) 

Ville  du  comté  de  Surrey,  Angleterre. 

Le  chanoine  Théodore  Plamondon  porta  un  intérêt 
particulier  à  l'établissement  du  canton  de  Chertse}^ 
aussi  lorsqu'il  s'agit  d'y  fonder  une  paroisse  on  s'em- 
pressa de  la  mettre  sous  le  vocable  de  saint  Théodore. 

Chesham,  Notre-Dauie  des  Bois  de  (Compton) 

Chesham  est  une  commune  du  comté  de  Bucking- 
ham,  Angleterre. 

Chester,  Sainte-Hélène  de  (Arlhahaska) 

Chester,  ville  importante  du  Cheshire,  en  Angle- 
terre. 

9 


130 


Chibouganiou,  Lac 

L'eau  est  arrêtée,  bloquée.  L'endroit  où  le  lac 
Chibougamou  se  décharge  est  tellement  étroit  qu'on 
dirait  qu'il  est  fermé. 

Cbicane  (Saint-Maurice) 

Lors  des  premiers  établissements  de  cette  localité, 
un  particulier  eut  un  dimanche  maille  à  partir  avec 
un  sauvage  et  quand  on  voulait  désigner  cet  endroit 
on  disait  l'endroit  de  la  grosse  chicane.  (1) 

Cliichesler,  Cauton  (Poutiac) 

Chef-lieu  du  comté  de  Sussex,  Angleterre. 
Cliîcoiitiiiiî 

Chicoutimi,  d'après  Mgr  Laflèche,  serait  composé 
des  mots  cris  ishto,  jusque-là,  et  timew,  c'est  profond. 

Shekotimiu,  dit  le  Père  Charles  Arnaud,  veut  dire 
les  eaux  sont  j^Tofondes  comparées  aux  autres  rivières. 

"  Chicoutimi,  écrit  à  son  tour  le  Père  Babel,  a  dû 
être  tiré  de  la  langue  montagnaise  et  non  pas  de  la 
langue  des  sauvages  cris  qui  vivent  dans  le  Nord- 
Ouest.     Le  mot  de  Chicoutimi  vient  des  deux  mots 
montagnais  tcheko  (enfin),  timi  (profond).     Les  sau- 
vages, descendant  du  lac  pour  se  rendre  à  Tadoussac, 
en  arrivant  au  bas  de  la  battue,  devaient  naturelle- 
ment pousser  ce  cri  :  oh  !  tcheko  timi,  enfin  c'est  pro- 
fond.    Le  t  se  faisant  très  peu  sentir  a  disparu  par 
l'usage.     Quant  à  la  terminaison  mis,  mits,  mitch, 
elle  îie  change  pas  le  nom  ;  elle  indique  seulement 
le  locatif.  Ainsi  on  dit  :  la  ville  de  Chicoutimi,  je 
vais   à  Chicoutimits,   je  viens  de   Chicoutimits,  je 
reste  à  Chicoutimits  ou  mieux  encore,  pour  lui  con- 


(1)  Note  de  M.  l'abbé  Bois. 


131 


server  sa  vraie  orthographe,  Tshekotimits.  Ces 
variantes  dans  la  terminaison  viennent  d'une  règle 
de  grammaire." 

On  trouve  le  mot  Chicoutimi  écrit  de  treize 
manières  dans  les  divers  ouvrages  qui  en  ont  parlé  : 
Chegoutimy,  Chekoutimy,  Chicoutimy,  ChagStimi^ 
ChakStimitch,  Chikoutimi,  ChekStimitch,  ChikSti- 
mitch,  ChegStimi,  Shekatimi,  Shegutimi,  Cliecoutimi 
et  Chicoutimi  universellement  reçu  aujourd'hui.  (1) 

Cliien-Blaiic  (Gaspé) 

Saint-Georges  de  la  i\Ialbaie  était  autrefois  désigné 
sous  le  nom  de  Chien-Blanc.  Jusqu'à  ces  dernières 
années,  à  quelques  arpents  plus  bas  que  la  pointe  à 
la  Baleine  qui  est  vis-à-vis  l'église  de  Saint-Georges 
de  la  Malbaie,  incrusté  dans  la  falaise  rouge  coupée 
à  pic,  on  voyait  un  gros  morceau  de  granit  ou  quartz 
blanchâtre  qui  ressemblait  à  un  chien.  A  une  cer- 
taine distance,  la  ressemblance  était  frappante.  De 
là  vient  sans  doute  le  nom  de  Chien-Blanc  appliqué 
à  l'endroit.  Une  partie  de  cette  curieuse  incrustation 
s'est  éliminée  sous  l'action  de  l'eau  et  de  la  gelée. 
La  ressemblance  avec  un  chien  n'existe  guère  plus. 

Cliilton,  Canton  (Montcalui) 

Deux  villages  d'Angleterre  portent   le    nom   de 
Chilton. 

Cliipayk  (Ottawa) 

Il  y  avait  là  autrefois  un  cimetière  de  Sauvages. 
Cliipayk,  en  langue  indienne,  signifie  cimetière.  (2) 


(1)  Livius,  V Oiseau- Mouche,  21  novembre  189Ô. 

(2)  Note  de  M.  l'abbé  Bois. 


132 


Christie,  Canton  (Gaspé) 

Robert  Christie,  député  de  Gaspé  à  la  Chambre 
d'Assemblée  pendant  plus  d'un  quart  de  siècle. 

Christie' s  Manor  (Missisqiioî) 

En  l'honneur  de  Gabriel  Christie. 
Church,  Canton  (Fontiac) 

L'honorable  Lévi-Ruggles  Church,  trésorier  de  la 
province  de  Québec. 

Chute-aux-Iroquois  (Ottawa) 

La  paroisse  de  Labelle,  à  quinze  milles  de  Saint- 
Jovite,  ne  porte  ce  nom  que  depuis  la  mort  du  grand 
apôtre  de  la  colonisation,  fondateur  de  ce  pays.  Ce 
village  s'appelait  auparavant  la  CTiute-aux-Iroquois, 
à  cause  de  la  fameuse  cascade  de  la  rivière  Rouge 
sur  laquelle  il  est  bâti.  Rien  n'est  beau  comme  cette 
chute  capricieuse  et  puissante  qui  tombe  de  treize 
pieds  et  bouillonne  à  travers  les  rochers  jusqu'à  ce 
qu'elle  aille  se  perdre  dans  la  profondeur  d'un  large 
bassin. 

Chutes  des  Chats  (Ottawa) 

Tous  les  jours,  les  livres  et  les  journaux  anglais 
corrompent  des  noms  français  dont  les  syllabes  se 
prononcent  facilement  en  anglais  :  les  chutes  des  Chats 
sont  devenues  The  Shaws,  et  ce  terme  passe  pour 
désigner  une  prétendue  famille  écossaise  habitant  le 
voisinage  des  chutes.  (1) 

Ces  chutes  doivent  leur  appellation  aux  chats 
sauvages,  autrefois  très  nombreux  dans  les  environs. 


(1)  Benjamin  Suite,  Saint- François  du  Lac,  p.  71. 


133 


CiiiioiJ  Canton  (Chicoutinii) 

M.  Simon-Xavier  Cimoii,  député  de  Chaiievoix 
de  1867  à  1872. 

Ciapliam,  Canton  (Pontiac) 

Le  canton  Clapham  a  pris  son  nom  d'un  mar- 
chand de  l'endroit. 

Clarenccville  (Missisquoi) 

C'est  le  général  Cliristie  qui  nomma  ainsi  cette 
paroisse  en  l'honneur  de  William-Henry,  duc  de 
Clarence,  fils  du  roi  Georges  III,  qui  visita  le  Canada 
en  1787. 

Clareudon,  Canton  (Pontiac) 

Clarendon  était  autrefois,  en  Angleterre,  le  parc 
de  chasse  favori  des  rois. 

Clarke  City  (Labrador) 

Les  frères  Clarke,  riches  capitalistes  des  Etats- 
Unis,  sont  les  fondateurs  de  cette  ville  embryonnaire. 

Cleveland,  Canton  (Kiclimond) 

En  1855,  le  gouvernement  détachait  sept  rangs  du 
canton  Shipton  et  formait  un  nouveau  canton  qui 
fut  nommé  Cleveland,  à  la  demande  de  George-Nelson 
Cleveland,  grand  propriétaire  résidant  dans  les  limi- 
tes de  Shipton. 

Clifton,  Saiiite-Htdwidge  de  (Compton) 

Clifton  est  un  des  faubourgs  de  la  division  parle- 
mentaire de  Bristol,  en  Angleterre. 

Clifton  reçut  sainte  Hedwidge  pour  titulaire  parce 
qu'elle  fut  érigée  le  jour  où  l'Eglise  célèbre  la  fête  de 
cette  sainte. 


134 


Clintou,  Canton  (Compton) 

Les  villes  et  villages  de  ce  nom  se  comptent  par 
centaines  en  Angleterre  et  aux  Etats-Unis.  Mais  le 
canton  Clinton  a  pris  son  nom  du  général  sir  Henry 
Clinton,  qui  remplaça  sir  William  Howe  comme 
commandant  en  chef  de  Tarmée  anglaise  dans  la 
guerre  de  l'Indépendance. 

Clcri dorme  (Gaspé) 

Sur  l'origine  du  nom  de  Cloridorme  il  y  a  deux 
versions.  Un  pêcheur  de  Saint-Thomas  de  ]SIont- 
magny,  nommé  Leclerc,  s'en  allait  avec  plusieurs 
compagnons,  regagnant  ses  pénates  par  terre,  la 
saison  de  la  pêche  finie.  Le  premier  campement 
C[u'il  fît  fut  à  l'endroit  où  s'élève  aujourd'hui  Sainte- 
Cécile  du  Cloridorme.  Il  se  construisit  une  cabane 
à  la  hâte.  De  grand  matin,  quelques-uns  de  ses 
compagnons  allèrent  ramasser  du  bois.  En  revenant, 
ils  appelèrent  leur  ami  de  loin.  Pas  de  réponse. 
Alors  l'un  d'eux  qui  parlait  mal,  dit  Leclerc^  y  dorme. 
Ce  qui  fut  trouvé  si  drôle  par  ses  compagnons  qu'ils 
baptisèrent  cet  endroit  du  nom  de  Le  Cleridorme. 

Autre  interprétation  plus  probable.  Sur  certaines 
cartes  on  lit  au  lieu  de  Cloridorme,  Cloridon.  Un 
des  premiers  habitants  de  ce  poste,  natif  de  Saint- 
Thomas  de  Montmagny,  se  nommait  Cloridon  Côté. 
Comme  on  ne  le  désignait  que  par  son  nom  de  bap- 
tême, ce  nom  fat  donné  au  lieu  où  il  s'était  fixé.  Ce 
qui  donne  plus  de  poids  à  cette  opinion  c'est  que  les 
anciens  habitants  de  Sainte-Cécile  de  Cloridorme  ne 
prononcent  pas  Cloridorme  mais  Cloridon. 

Clyde,  Canton  (Ottawa) 

Qui  n'a  entendu  parler  de  la  Clyde,  la  plus  im- 
portante rivière  d'Ecosse  ? 


135 


Coacoacho,  Rivière  (Labrador) 

I-    ■ 

Riviçre  au  ravin. 
Coaticooke  (Stanstead) 

Coaticooke  est  formé  de  deux  mots  abénakis  : 
koa,  pin,  et  tegw  ou  tteiv,  rivière  :  rivière  du  pin  ou 
rivière  des  pins.  Ce  nom  a  sans  doute  été  donné  à 
la  rivière  Coaticooke  à  cause  du  grand  nombre  de 
pins  qui  se  trouvaient  autrefois  sur  ses  bords,  ou 
encore  un  pin  tout  à  fait  remarquable  à  l'embouchure 
de  cette  rivière  aurait  pu  inspirer  cette  appellation 
aux  habitants  d'alors. 

Cokuigaii  (Nicole t) 

Ce  nom  sauvage  a^été  quelque  peu  défiguré. 
C'est  Ounigan  qu'il  faudrait  dire.  Ounigan  signifie 
le  lieu  où  F  on  fait  portage  pour  aller  au  lac  Saint- 
Pierre. 

Colbert,  Canton  (Portneiif) 

Le  grand  Colbert  s'est  beaucoup  intéressé  à  la 
colonisation  de  la  Nouvelle-France. 

Coleraine  (Mégantic) 

Coleraine  est  une  ville  du  comté  de  Londonderry, 
Irlande. 

Colonie  du  Kepatrienient  (Compton) 

Le  territoire  qu'on  est  convenu  d'appeler  la  Co- 
lonie du  Repatriement  est  formé  des  trois  cantons 
de  Ditton,  Chesham  et  Emberton.  Ce  nom  lui  vient 
de  ce  que  le  gouvernement  de  Québec  choisit,  en 
1875,  ces  trois  cantons  pour  y  mettre  en  opération  la 
loi  (Acte  38,  Vict.,  chap.  3)  destinée  à  favoriser  le 
retour  au  pays  natal  des  Canadiens  émigrés  aux 
Etats-Unis. 


136 


Gomo  (Vaudreiiil) 

Cette  villégiature  recherchée  a  pris  son  nom  du 
lac  Como,  en  Italie.  Il  faut  croire  que  celui  qui  la 
nomma  ainsi  trouvait  à  l'endroit  en  question  une 
certaine  ressemblance  avec  les  environs  du  lac  Como. 

Comporté,  Kivière  (Chaflevoix) 

Philippe  Gautier,  sieur  de  Comporté,  fut  le  pre- 
mier prévôt  de  la  maréchaussée  en  la  Nouvelle- 
France.  Il  fut  nommé  le  9  mai  1677.  C'est  à  lui 
que  la  seigneurie  de  la  Malbaie  fut  d'abord  con- 
cédée. 

ComptOD 

Deux  villages  d'Angleterre  portent  le  nom  de 
Compton  ;  l'un  est  dans  le  comté  de  Burks,  l'autre 
dans  le  comté  de  Surrey. 

CoDception,  La  (Ottawa) 

Le  titulaire  de  cette  paroisse  est  l'Immaculée  Con- 
ception.    On  abrège  ce  nom  en  la  Conception. 

Contrecœur,  Très-Sainte-Trinité  de  (Verchères) 

Contrecœur  était  du  nombre  des  douze  seigneuries 
qui  furent  cédées  aux  officiers  du  régiment  de  Cari- 
gnan.  Ce  fief  fut  accordé  à  François-Antoine  de 
Pecaudy,  sieur  de  Contrecœur,  qui  avait  épousé  à 
Québec,  en  1667,  Barbe  Denys  de  la  Trinité.  Et 
c'est  vraisemblablement  le  nom  de  cette  dernière  qui 
a  été  cause  que  la  paroisse  de  Contrecœur  fut  érigée 
sous  le  vocable  de  la  Très-Sainte-Trinité.  (1) 

Cook's  Corners  (Missisquoi) 

Le  premier  colon  était  un  nommé  Cook. 


{\)  Le  diocèse  de  Montréal  à  la  fin  du  dix-neuvième  siècle^  p.  461. 


137 


Cookshire  (Conipton) 

Cookshire  a  pris  son  nom  du  capitaine  John  Cook, 
un  des  premiers  habitants  de  l'endroit. 

Corn  wal  lis 

Nom  du  comté  de  Kajnouraska,  avant  la  nouvelle 
division  de  la  province,  en  1829.  Le  marquis  de 
Cornwallis  se  distingua  dans  la  guerre  avec  les  Etats- 
Unis,  surtout  par  la  victoire  qu'il  remporta,  en  1780, 
sur  Camden  et  sur  Greene,  à  Guilford,  en  1781. 
Enhardi  par  ces  coups  de  main,  il  s'engagea  dans  la 
Virginie,  fut  cerné  à  Yorktown  et  obligé  de  se  rendre 
le  9  octobre  1781.  (1) 

Corps-31ort  (Iles  de  la  Madeleine) 

Le  Corps-^lort  est  un  rocher  qui  fait  partie  du 
groupe  des  îles  de  la  Madeleine.  On  lui  donne  aussi 
quelquefois  le  nom  de  Cormoran  ou  de  Corps-Mou- 
rant. 

Il  est  connu  des  Anglais  sous  le  nom  de  Dead- 
Man  Island. 

En  1534,  Cartier  l'avait  nommé  île  Allezay. 

Dans  le  journal  de  son  voyage  dans  la  baie  des 
Chaleurs,  en  1811,  ^Igr  Plessis  dit  que  le  Corps- 
Mort  a  été  nommé  ainsi  à  raison  des  naufrages  mul- 
tipliés qui  ont  eu  lieu  sui'  ses  bords.  Il  est  bien 
plus  probable  qu'on  le  baptisa  de  ce  nom  parceque, 
à  une  certaine  distance,  il  ressemble  assez  à  la 
dépouille  d'un  malheureux  naufragé  qui  flotterait 
au  gré  des  vagues. 

Coteau  du  Lac  (Soiilanges) 

Le  lac  dont  il  est  question  ici  est  le  lac  Saint- 
François. 


(1)  Note  de  M.  Tabbé  Bois. 


138 


Le  fleuve  Saint-Laurent  coule  en  cet  endroit  près 
d'une  côte  qui  forme  les  rapides  du  Coteau.  En 
face  de  l'église,  la  côte  s'élève  à  une  douzaine  de 
pieds,  tandis  que,  à  huit  ou  dix  arpents,  en  remon- 
tant, elle  disparaît  complètement. 

Coteau-Station,  Saint-Médard  de  (Soulang-es) 

Sur  le  fleuve  Saint-Laurent,  en  face  de  Coteau- 
Station  est  C  oteau-Landing.  Lorsque  la  compa- 
gnie du  Grand  Tronc  ouvrit  sa  voie  de  Montréal  à 
Toronto,  elle  donna  à  la  gare  qu'elle  établit  en  cet 
endroit  le  nom  de  Coteau-Station. 

Coteau-Station  a  été  placée  sous  le  patronage  de 
saint  Médard  parce  que  c'est  la  première  paroisse 
érigée  canoniquement  par  INIgr  Joseph-^Iédard 
Emard. 

Côte  à  Barou  (Montréal) 

Le  propriétaire  de  la  Côte  de  Notre-Dame  des 
Neiges  était  Jean-Baptiste  Auger  dit  le  Baron. 

Côte  de  Beaupré 

Les  belles  prairies  naturelles  situées  au  pied  du 
Cap  Tourmente  avaient  de  bonne  heure  attiré  l'atten- 
tion de  Champlain,  qui  y  avait  placé  des  gardiens 
pour  prendre  soin  des  bestiaux.  Quelques  personnes 
s'établirent  de  ce  côté  vers  1633.  Trois  ans  plus 
tard,  en  1636,  M.  de  Montmagny  et  le  Père  LeJeune, 
en  parcourant  la  côte  de  Beaupré,  y  trouvèrent  plu- 
sieurs familles  françaises,  que  les  missionnaires  visi- 
taient régulièrement  plusieurs  fois  par  année.  ''  C'est 
avec  bonne  raison,  remarque  le  Père  LeJeune,  parlant 
de  ce  voyage,  qu'on  a  nommé  les  lieux  voisins  du 
Cap  Tourmente,    Beaupré  ;    car  les  prairies  y  sont 


139 


belles  et  grandes   et  bien  unies.     C'est  un  lieu  très 
commode  pour  nourrir  quantité  de  bestial."  (1) 

Côte  de  Courville  (Québec) 

Vers  le  commencement  du  dix-huitième  siècle, 
Charles  Cadieu  de  Courville  possédait,  dans  les  envi- 
rons de  la  chute  de  Montmorency,  une  terre  qu'il 
faisait  valoir  lui-même  avec  "  toute  l'application  et 
l'indépendance  d'un  patriarche."  M.  de  Courville 
mourut  presque  centenaire.  C'est  ce  Charles  Cadieu 
de  Courville  qui  a  donné  son  nom  à  la  côte  de  Cour- 
ville qui  mène  au  pied  du  sault  Montmorency.  La 
côte  de  Courville  est  devenue  célèbre  par  la  défaite 
qu'y  subirent  les  Anglais  le  31  juillet  1759.  (2) 

Côxe  des  Neig^es,  N.-D.   de  la  (Jacques-Cartier) 

On  croit  généralement  c|ue  ce  village  a  pris  son 
nom  des  amas  de  neige  qui  s'y  amoncellent  en 
hiver.  On  fait  erreur.  C'est  un  village  de  France 
qui  lui  a  donné  son  nom. 

La  légende  raconte  ainsi  l'origine  de  ce  village 
français  :  Il  y  a  c[uelques  siècles  vivait  en  France  un 
homme  pieux  nommé  Louis  Vadeboncœur  qui  à 
force  de  travail  s'était  amassé  une  petite  fortune.  Il 
fut  52  ans  en  ménage.  Dieu  ne  lui  accorda  pas 
d'enfants.  Lorsque  les  infirmités  de  l'âge  vinrent, 
Louis  Vadeboncœur  se  dit  :  "  Que  vais-je  faire  de  mon 
argent  ?  Je  ne  puis  le  laisser  à  mes  parents  qui  vont 
le  dépenser  en  frivolités  et  en  folies.  Je  vais  cons- 
truire une  église  en  l'honneur  de  Dieu  qui  m'a  pro- 
tégé toute  ma  vie."  Il  ignorait  cependant  où  bâtir. 
Une  nuit,  un  ange  lui  apparut  et  le  félicita  de  son 


(1)  Relation  des  Jésuites, 

(2)  L'abbé  Jean  Langevin,  Notes  sur  les  archives  de  Notre-Dame 
de  Beaiiport. 


140 


pieux  projet.  ''  Vous  et  votre  femme  mettez-vous 
en  marche,  ajouta-t-il,  et  Dieu  vous  conduira  là  où 
vous  devez  élever  votre  temple."  Après  plusieurs 
jours  de  marche,  ils  arriérèrent,  le  18  août,  au  haut 
d'une  côte,  où  ils  virent  une  croix  de  neige.  Vade- 
boncœur  reconnut  la  volonté  de  Dieu  et  s'écria  : 
*'  Ici,  je  vais  élever  mon  église  et  la  nommer  Notre- 
Dame  des  Neiges."  Bientôt  les  pèlerins  y  affluèrent. 
Au  dix-septième  siècle,  plusieurs  des  émigrants  qui 
vinrent  s'établir  dans  la  Nouvelle-France  étaient  de 
Notre-Dame  des  Neiges.  Ils  trouvèrent  que  cette 
partie  de  la  montagne  de  Montréal  ressemblait  à 
leur  village.  Ravis,  ils  s'y  établirent  et  y  bâtirent 
une  petite  église  qu'ils  dédièrent  à  Notre-Dame  des 
Neiges.  (1) 

Côte  Kmiuanuel  (Soulanges) 

En  souvenir  de  Emmanuel  de  Longueuil. 

CouloiJge,  Rivière  (Portueuf) 

M.  d'Ailleboust  de  Coulonge  remplaça,  en  1648, 
M.  de  Montmagny  comme  gouverneur  de  la  Nouvelle- 
France. 

Cou  pal  ville  (Ottawa) 

M.  Adolphe  Coupai  a  bâti  un  moulin  à  scie  et  un 
moulin  à  farine  aux  pieds  de  la  chute  aux  Bluets, 
sur  la  rivière  Rouge.  L'esprit  d'entreprise  de  M. 
Coupai  a  donné  naissance  à  un  village  qui  progresse 
tous  les  jours. 

Courcelles,  Sainte-Martine  de  (Beaiice) 

En  souvenir  du  gouverneur  de  Courcelles. 


(1)  S.-J.  Lyman,  Ganadian  Antiquarian  and  Numismatic  Journal, 
vol.  II,  p.  80. 


141 


Courval,  Saint-Zéphirin  de  (Yaniaska) 

Le  25  septembre  1754,  le  gouverneur  Duquesne  et 
l'intendant  Bigot  concédaient  au  sieur  Cressé  deux 
lieues  de  front  sur  trois  lieues  de  profondeur,  au  bout 
de  la  profondeur  de  la  seigneurie  de  la  Baie-du- 
Febvre,.  au  bord  du  lac  Saint-Pierre. 

La  fille  du  sieur  Cressé,  Louise,  devint  la  femme 
de  Jean-Baptiste  Boulin  de  Courval,  qui  laissa  son 
nom  à  la  seigneurie. 

Cox,  Canton  (Bonaventure) 

Nicolas  Cox,  premier  gouverneur  de  Gaspé. 

Cowansville  (31issisquoi) 

Le  capitaine  Jacob  Ruiter  s'établit  dans  cette  partie 
du  canton  de  Dunliam  à  la  fin  du  dix-huitième  siècle, 
et  bâtit  les  moulins  sur  la  rive  sud  de  la  rivière 
Yamaska  longtemps  connus  sous  le  nom  de  Ruiter's 
Mills.  Enthousiaste  admirateur  du  héros  de  Tra- 
falgar,  le  capitaine  Ruiter  donna  le  nom  de  Nelson- 
ville  à  l'établissement  qu'il  avait  fondé  mais,  lors- 
qu'en  1839,  un  bureau  de  poste  fut  établi  à  Nelson- 
ville,  il  reçut  le  nom  de  Cowansville. 

Cranbourne,  Saint-Oclilon  de  (Dorchester) 

Les  premiers  colons  du  canton  Cranbourne  furent 
des  soldats  licenciés  de  l'armée  qui  avait  vaincu 
Napoléon  à  Waterloo.  Le  gouvernement  anglais 
désireux  de  se  décharger  du  fardeau  d'un  grand 
nombre  de  pensionnaires  militaires  leur  offrit  en 
échange  de  leur  pension  de  grands  lots  de  terre  au 
Canada.  Cette  offre  fut  acceptée  volontiers  et  ces 
guerriers  plus  accoutumés  à  porter  la  carabine  que 
la  hache  du  défricheur  vinrent  ouvrir   ce   canton 


142 


qu'ils   nommèrent    Cranbourne,    en    souvenir    du 
comté  de  ce  nom  qu'ils  habitaient  en  Angleterre. 

C'est  M.  Odilon  Paradis,  curé  de  Saint-Edouard 
de  Frampton,  qui  ouvrit  dans  Cranbourne  une 
mission  permanente  et  il  lui  donna  son  saint  patron 
pour  titulaire. 

Crespieul,  CaiitoH  (Lac  Saint-Jean) 

Le  Père  Jésuite  François  de  Crespieul  passa  dans 
la  Nouvelle-France  en  1670.  A  la  fin  de  l'année 
suivante,  il  commençait  son  apostolat  chez  les  Mon- 
tagnais.  Pendant  trente  ans,  il  suivit  ses  cliers  Sau- 
vages à  travers  les  forêts  épaisses  et  sur  les  monta- 
gnes, couchant  sur  la  neige  ou  dans  la  cabane,  vi- 
vant de  la  vie  de  ses  néophytes,  vie  dure  souvent, 
car  la  disette  se  faisait  sentir  des  mois  entiers. 

Crête-de-Coq  (Maskinongé) 

Corruption  de  Caster  Cox,  nom  du  premier  habi- 
tant de  cet  endroit.  Nos  bons  habitants  trouvant  ce 
nom  trop  difficile  à  prononcer  désignèrent  leur  voisin 
anglais  sous  le  surnom  de  Crête-de-Coq.  De  l'indi- 
vidu ce  nom  passa  bientôt  au  village,  qui  l'a  con- 
servé. (1) 

Cugnet,  Rivière  (Lévis) 

C'est  François-Joseph  Cugnet,  seigneur  de  Saint- 
Etienne,  qui  a  laissé  son  nom  à  la  rivière  Cugnet. 

Ciishiug  (Argenteuil) 

Lemuel  Cushing  fut  un  des  premiers  habitants  de 
la  vallée  de  l'Ottawa.  Il  était  né  à  Trois-Rivières 
en  1806.  Il  entra  en  affaires  à  son  compte  dans  le 
canton  de  Chatham  à  l'âge  de  17  ans.     Il  travailla 


(1)  Note  de  M.  l'abbé  Bois. 


143 


ardument  et  ne  tarda  pas  à  se  mettre  à  la  tête  de 
ses  concitoyens.  Pendant  un  grand  nombre  d'an- 
nées il  fut  maire  de  son  village  et  préfet  du  comté 
d'Argenteuil.  En  1837,  il  s'enrôla  parmi  les  mili- 
ciens appelés  pour  mettre  fin  à  la  rébellion.  Il  assis- 
tait à  la  bataille  de  Saint-Eustache.  A  son  honneur, 
il  empêcha  le  pillage. 

Daaquam,  Sainte-Béatrice  de  (Bellechasse) 

La  rivière  Daaquam,  sur  les  rives  de  laquelle  se 
trouve  Sainte-Béatrice,  fut  appelée  ainsi  parce 
qu'elle  porte  beaucoup  d'eau.  Daaquam  a,  eil  effet, 
cette  signification  en  indien. 

Dablou,  CaïUou  (Lac  Saint  Jean) 

Le  canton  Dablon  a  pris  son  nom  du  Père  Jésuite 
Dablon  qui,  en  1642,  remplaça  le  Père  DeQuen  à 
Tadoussac. 

U'Ailleboast,  Sainte-Mélanie  de  (Joiiette) 

Le  6  octobre  1736,  le  gouverneur  de  Beauharnois 
et  l'intendant  Hocquart  concédaient  à  Jean  d'Ail- 
lebout,  sieur  d'Argenteuil,  une  lieue  et  demie  de 
front  sur  quatre  lieues  de  profondeur,  derrière  la 
seigneurie  de  Lanoraie. 

Ce  fief  érigé  en  paroisse  plus  tard  fut  mis  sous  le 
patronage  de  sainte  Mélanie  en  l'honneur  de  Char- 
lotte-Mélanie  Panet,  femme  de  Louis  Lévesque,  pro- 
tonotaire à  Montréal,  et  fille  de  l'honorable  Pierre- 
Louis  Panet,  seigneur  du  lieu. 

Dalibaire,  Canton  (Matane) 

Le  roi  de  France,  par  un  édit  du  mois  de  mai 
1664,  donnait  et  octroyait  à  la  Compagnie  des  Indes 
Occidentales  tous  les  pays  de  la  terre  ferme  d'Ame- 


144 


rique,  depuis  la  rivière  des  Amazones  jusqu'à  celle 
d'Orenoc,  le  Canada,  l'Acadie,  etc.,  etc.  Les  pre- 
miers directeurs  généraux  de  la  Compagnie  des 
Indes  Occidentales  furent  MM.  Béchamel  et  Dalibert 
ou  Dalibaire.  C'est  probablement  en  souvenir  de  ce 
dernier  que  le  canton  Dalibaire  a  reçu  son  nom. 

Dalles,  Les  (3Ioiitcalin) 

L'eau  de  la  rivière  Ouarreau,  resserrée  entre  deux 
rochers,  sort  comme  d'un  dalot. 

Dalmas,  Cauton  (Lac  Saint-Jean) 

Le  Père  Jésuite  Antoine  Dalmas  passa  l'hiver  de 
1692  avec  le  Père  de  Crespieul  au  poste  de  Chicou- 
timi.  Il  fut  tué  l'année  suivante  à  la  baie  d'Hudson. 
Un  charpentier  du  nom  de  Guillory  avait  assassiné 
le  chirurgien  du  fort  Sainte-Anne.  Il  avoua  son 
crime  au  Père  Dalmas.  Craignant  d'être  dénoncé 
par  le  Père,  il  l'assomma  de  deux  coups  de  hache 
sur  la  tête.  Le  meurtrier  jeta  ensuite  le  corps  de  sa 
victime  dans  la  rivière. 

Danville  (Ricliniond) 

Dan  ville  fut  ouvert  à  la  colonisation  par  des  émi- 
grés de  Danville,  état  du  Vermont,  en  1798. 

Daveluyvîlle  (Artliabaska) 

Ce  village  comprend  les  lots  de  terre  nos  40,  41 
et  42  du  cadastre  de  Bulstrode,  et  ces  lots  étaient  la 
propriété  de  M.  Adolphe  Daveluy,  marchand  de  la 
localité. 

David,  Rivière  (Lac  Saint- Jean) 

Du  nom  de  David  Stuart,  un  des  commissaires 
nommés  en  1828  pour  explorer  la  rive  nord  du 
Saint-Laurent. 


145 


nebarctzch  (Saint-Hyacinthe) 

Pierre  Debarctzch  s'étant  établi  ù  Saint-Charles 
donna  à  ce  lieu  le  nom  de  village  Debarctzch. 

Dechène,  Canton  (Lac  Saint- Jean) 

L'honorable  François-Gilbert-Miville  Dechène, 
député  de  l'Islet  et  ministre  de  l'agriculture  de  la 
province  de  Québec. 

Dégrelé,  Sainte-Kose  du  (Téniiscoiiata) 

Cet  endroit  a  toujours  été  nommé  par  nos  grands 
pères  Dégelis  à  raison  du  phénomène  qu'on  y  voit. 
L'origine  de  la  décharge  du  lac  Témiscouata  ne  gèle 
jamais,  c'est-à-dire  qu'elle  ne  se  couvre  jamais  de 
glace  sur  un  esp^ace  de  plusieurs  arpents.  Dans  les 
plus  grands  froids  de  l'hiver  il  se  forme  un  peu  de 
glace  sur  le  contour  de  cette  étroite  nappe  d'eau, 
mais  cette  glace  ne  peut  tenir  que  quelques  jours.  Aus- 
sitôt que  le  froid  tombe  elle  se  fond.  Nous  doutons 
que  le  mot  Dégelé  que  nos  modernes  Français  ont 
substitué  à  celui  de  Dégelis  explique  aussi  bien  le 
phénomène. 

Dégelis  ou  Dégelé  fut  mis  sous  la  protection  de 
sainte  Rose  par  Mgr  Lange  vin,  évêque  de  Rimouski, 
par  reconnaissance  pour  Rose  Marquis,  bienfaitrice 
de  cette  mission. 

Delisle,  Canton  (Lac  Saint- Jean) 

Jean-Guillaume  Delisle,  notaire,  de  Montréal,  fut 
député  en  Angleterre,  en  1783,  avec  Adhémar  de 
Saint-Martin,  négociant.  Leur  mission  était  de  solli- 
citer, pour  tous  les  habitants  du  Canada,  sans  dis- 
tinction de  race  ou  de  croyance,  égalité  devant  la 
loi,  dans  les  affaires  publiques,  etc.,  etc.  Ils  deman- 
daient aussi  au  gouvernement  anglais  la  permission, 
10 


146 


pour  les  prêtres  nés  en  France,  de  venir  exercer  leur 
ministère  au  Canada. 

Delisle,  Rivière  (Soiilaiiges) 

Cette  rivière  est  ainsi  appelée,  dit  la  chronique 
locale,  du  nom  d'un  brave  colon  qui  fut  le  premier 
établi  sur  ses  bords.  Selon  d'autres,  Delisle  est  le 
nom  d'un  pauvre  mendiant  qui  se  noya  dans  cette 
rivière  il  y  a  près  d'un  siècle.  (1) 

Deniers,  Canton  (Téniiscouata) 

M.  Jérôme  Demers,  supérieur  du  séminaire  de 
Québec. 

De  Mealles,  Canton  (Lac  Saint- Jean) 

M.  de  Meulles,  quatrième  intendant*  de  la  Nouvelle- 
France. 

De  Moiit!«,  Canton  (Sagueuay) 

Pierre  du  Guast,  sieur  de  Monts,  lieutenant-géné- 
ral de  la  Nouvelle-France. 

Deuholm,  Canton  (Ottawa) 

Ici  nous  avons  l'embarras  du  choix.  Le  canton 
Denholm'  a  pu  prendre  son  nom  du  village  du  même 
nom  au  comté  de  Roxburgh,  en  Ecosse,  ou  du  célè- 
bre légiste  Denholm. 

Denlson's  Mills  (Kiclinioncl) 

A  pris  son  nom  d'un  négociant  de  l'endroit,  Joseph- 
R.  Déni  son. 

Denouville,  Canton  (Téniiscouata) 

Le  marquis  de  Denonville,  gouverneur  de  la  Nou- 
velle-France de  1685  à  1689. 


(1)  Note  de  M.  l'abbé  Bois. 


147 


De  Noue,  Cauton  (Gaspé) 

Le  Père  Jésuite  Anne  de  Noue  se  rendant  de  Trois- 
Rivières  à  Sorel,  surpris  par  la  tempête,  s'égara  dans 
les  îles  du  lac  Saint-Pierre,  et  ne  fut  retrouvé  que 
le  2  février  1646.  Il  était  vis-à-vis  l'île  Plate  et  la 
terre  ferme,  entre  deux  petits  ruisseaux.  Son  cha- 
peau et  ses  raquettes  étaient  auprès  de  lui.  Ses  yeux 
regardaient  le  ciel,  lieii  de  sa  demeure,  et  ses  bras 
étaient  en  croix  sur  sa  poitrine.  (1) 

De  Qiien,  Canton  (Lac  Saint  Jean) 

Le  Père  De  Quen,  Jésuite,  inaugura  à  Tadoussac 
les  missions  régulières  dès  1635,  vingt-sept  ans  seule- 
ment après  la  fondation  de  Québec,  et  trois  ans  après 
qu'eût  été  rendue  à  la  France  cette  pauvre  petite 
ville  de  cent  habitants  dont  l'amiral  Kerth  avait  pris 
la  peine  de  s'emparer,  comptant  y  trouver  des 
trésors. 

Derry,  Canton  (Ottawa 

Derry,  ville  et  comté  d'Irlande. 

Desanlniers,  Canton  (Saint-Maurice) 

M.  François-L.  Desaulniers,  député  de  Saint- 
Maurice. 

Descente  des  Femmes,  La  (Cliicoutimi) 

D'où  vient  ce  nom  :  La  Descente  des  Femmes? 
L'anse  est  formée  par  deux  pointes  de  rochers  qui 
s'avancent  dans  la  rivière.  L'une  est  très  escarpée 
et  l'ascension  est  absolument  impossible  du  côté  est. 
Il  y  a  déjà  un  quart  de  siècle,  une  fille  de  dix  ans, 
qui  était  à  s'avancer  sur  le  rocher,  eut  le  malheur 
d'approcher  sur  le  bord  de  la  falaise.     Elle  fit  une 

(l    Relation  des  Jésuites,  1646. 


148 


chute  de  400  pieds  et,  privée  de  vie,  fut  retrouvée 
sur  les  rochers  au  bord  du  Saguenay. 

On  suppose  généralement  qu'autrefois,  quelques 
femmes  auraient  eu  le  même  sort  et  que  le  nom  de 
Descente  des  Femmes  vient  de  là.  Il  n'en  est  rien. 
L'origine  de  ce  nom  est  moins  tragique.  Trois  sauva- 
gesses,  brouillées  avec  leurs  maris,  avaient  quitté  leurs 
tentes  dans  la  nuit,  emportant  avec  elles  un  canot. 
Il  leur  fallait  gagner  Bersimis  par  une  voie  inconnue, 
sans  rencontrer  d'autres  sauvages.  Au  lieu  de  gagner 
la  rivière  Sainte-Marguerite  et  la  rivière  Bersimis,  par 
le  portage  ordinaire,  elles  prirent  une  direction 
opposée  et  après  deux  jours  de  marche  à  travers  la 
forêt,  craignant  à  tous  moments,  d'être  surprises, 
elles  vinrent,  exténuées  de  fatigues,  jeter  leur  embar- 
cation à  l'eau  à  la  Descente  des  Femmes.  C'est  là  la 
véritable  origine  du  nom  donné  à  cette  anse  où  il 
y  a  aujourd'hui  de  grands  établissements  agricoles, 
plusieurs  familles  charmantes,  de  jolies  maisons,  une 
chapelle,  un  aqueduc  en  fer,  des  musiciens  et  musi- 
ciennes, de  jolis  troupeaux,  toute  une  flotte  de  goé- 
lettes, de  bateaux,  des  provisions  et  surtout  de  la 
crème  en  abondance.     (1) 

Deschambault,  Saint-Joseph  de  (Portneuf) 

Dans  l'acte  de  concession  de  la  seigneurie  de  Port- 
neuf,  accordée  à  Jacques  Le  Neuf  de  la  Potherie  le 
16  avril  1647,  il  est  dit  que  cette  seigneurie  est 
bornée  au  sud-ouest  par  le  Cap  du  Sault.  Ce  Cap  du 
Sault  doit  être  Deschambault.  L'endroit  où  se 
trouve  l'église  de  Deschambault  porte  même  encore 
aujourd'hui  le  nom  de  Cap  Lauzon.  Sept  années 
avant  la  concession  accordée  à  Le  Neuf  de  la  Po- 


(1)  Le  Progrès  du  Saguenay,  22  mai  1902. 


149 


therie,  François  de  Chavigny  de  Berchereau  avait 
obtenu  la  concession  du  Cap  du  Sault.  Chavigny  do 
Berchereau  passa  en  France  où  il  mourut.  Le  1er 
mars  .1652,  le  gouverneur  de  Lauzon  transporta  à 
la  veuve  du  sieur  Chavigny  de  Berchereau,  Eléonore 
de  Grandmaison,  la  seigneurie  en  question. 

Jacques- Alexis  de  Fleury  d'Eschambault  épousa 
la  fille  de  la  veuve  Chavignj^  de  Berchereau  et  hérita 
de  la  seigneurie.   C'est  de  lui  qu'elle  a  pris  son  nom. 

Deux-Bras  (Artliabaska) 


La  rivière  Nîcolet  se  sépare  ici  en  deux  bras,  l'un 
dirige  vers  le 
Pointes  Beaudet. 


se  dirige  vers  le  Vieux  Moulin  et  l'autre  ^vers  les 


Deux-3loutagaes,  Lac  des 

A  peu  de  distance  de  la  rivière  Ottawa  se  trou- 
vent les  deux  montagnes  remarquables  qui  donnent 
le  nom  de  Deux-Montagnes  au  lac  en  question  ; 
l'une  d'elles  est  appelée  mont  Calvart. 

Dionue,  Canton  (Islet) 

L'honorable  M.  Elisée  Dionne,  conseiller  légis- 
latif et  ministre  de  l'agriculture  et  des  travaux  pu- 
blics de  la  province  de  Québec. 

Disraeli,  Sainte-Lucie  de  (Wolfe) 

Disraeli  reçut  son  nom,  en  décembre  1S7S,  comme 
témoignage  de  respect  envers  l'éminent  homme 
d'état  qui  présidait  alors  aux  destinées  de  l'empire  : 
Benjamin  Disraeli. 

Disraeli  fut  mise  sous  le  patronage  de  sainte 
Lucie  en  l'honneur  d'une  supérieure  du  couvent  de 
la  Congrégation  de  Sherbrooke  qui  portait  le  nom 
de  Madame  Sainte-Lucie. 


150 


Ditclifield,  Canton  (Beauce) 

Ville  du  comté  de  Northampton,  Angleterre. 

I>itton,  Canton  (Comptou) 

Il  y  a  dans  le  comté  de  Surrey,  en  Angleterre,  un 
Tillage  de  ce  nom. 

Ditton  est  aussi  le  nom  d'un  écrivain  mort  à 
Londres  en  1715. 

Dixville  (Stanstead) 

Dix  ville  n'aurait-il  pas  emprunté  son  nom  au 
canton  Dixville,  dans  le  comté  de  Coos,  New-Hamp- 
shire  ? 

Dolbeau,  Canton  (Lac  Saint  Jean) 

Le  Père  récollet  Jean  Dolbeau,  arrivé  dans  la 
Nouvelle-France  avec  trois  autres  religieux  de  son 
ordre,  évangélisa  les  Montagnais  et  les  Esquimaux. 

Domaine  du  Koi 

Ce  qu'on  appelle  la  région  du  Saguenay  et  du 
Lac  Saint-Jean  n'avait  pas  autrefois  le  même  nom 
ni  les  mêmes  limites  qu'aujourd'hui.  On  la  dési- 
gnait sous  le  nom  général  de  Domaine  du  Roi. 
Joseph-Laurent  Normandin  arpenta  le  Domaine  du 
Roi  en  1732.  Ce  vaste  espace  qui  ne  comprenait 
pas  moins  de  72,000  milles  en  superficie  était  affermé 
par  le  roi  à  une  compagnie  appelée  la  Compagnie  des 
Postes  du  Roi.  Le  bail  se  renouvelait  au  bout  de 
vingt  et  un  ans. 

Doncaster,  Sainte- Lucie  de  (Terrebonne) 

Le  canton  Doncaster  rappelle  le  souvenir  de  la 
petite  ville  de  Doncaster,  comté  de  York,  Angle- 
terre.   C'est  sur  le  territoire  actuel  de  Doncaster  que 


151 


se  passent  les  incidents  les  plus  saillants  du  célèbre 
roman  de  Walter  Scott,  Ivanhoe.  Ajoutons  que 
Doncaster  au  Canada  ne  le  cède  pas  en  scènes  pitto- 
resques à  Doncaster  en  Angleterre. 

La  paroisse  de  Sainte-Lucie  de  Doncaster  est  voi- 
sine de  celle  de  Sainte-Agathe  des  Monts.  Sainte 
Lucie  suit  sainte  Agathe  dans  les  litanies  et  au  Mar- 
tyrologe. C'est  peut-être  la  raison  du  choix  de 
sainte  Lucie  comme  titulaire. 

Dorchester 

Lord  Dorchester  fut  un  des  gouverneurs  les  plus 
populaires  que  l'Angleterre  envoya  pour  adminis- 
trer sa  colonie  du  Canada. 

Dorion  (Vaudreuil) 

Dorion  est  le  rendez-vous  de  ce  que  compte  de 
plus  sélect  la  société  canadienne-française  de  Mont- 
réal. Juges,  avocats,  médecins,  journalistes,  mar- 
chands viennent,  durant  la  saison  des  chaleurs,  goû- 
ter en  ce  charmant  coin  de  terre  le  repos  et  la  tran- 
quillité, qu'ils  ne  peuvent  trouver  à  la  ville  au  milieu 
de  leurs  multiples  occupations.  Dorion  porte  le  nom 
respecté  d'un  illustre  disparu,  sir  Antoine-Aimé 
Dorion,  qui,  le  premier,  vint  s'y  reposer  durant  les 
lourdes  journées  d'été. 

Dorion,  (  aDtoii  (Pontiac) 

Sir  Antoine-Aimé  Dorion,  juge  en  chef  de  la  Cour 
du  Banc  de  la  Reine. 

Dorset,  Canton  (lîeauce) 

Dorset  est  un  comté  d'Angleterre. 
Doucet's  Lancling  (Nicolet) 

Doucet's  Landing  a  pris  son  nom  de  Belair  Dou- 


152 


cet.  Lors  de  la  coustruction  de  la  ligne  du  chemin 
de  fer  de  Arthabaska  à  cet  endroit,  la  plupart  des 
ouvriers  prenaient  leur  pension  chez  ce  Belair  Dou- 
cet.  On  en  vint  à  désigner  l'endroit  par  le  nom 
Doucet's  Landing,  et  le  nom  est  resté. 

Douglastowu  (Gaspé) 

S'il  s'agit  d'une  chose  indifférente  on  dit  quelque- 
fois :  Ceci  ne  me  regarde  pas  plus  que  les  affaires  du 
roi  de  Prusse.  Ce  dicton  qui  est  vrai  pour  plusieurs 
ne  peut  l'être  pour  les  habitants  de  Douglastown 
car  ils  sont  redevables  de  la  fondation  de  leur 
paroisse  à  un  roi  de  Prusse,  le  Grand  Frédéric. 
Voici  comment  les  causes  et  les  effets  se  sont  enchaî- 
nés pour  produire  cette  liaison.  Frédéric  voulut 
agrandir  ses  états.  Une  coalition  formidable  se  for- 
ma contre  lui.  L'Angleterre  en  fît  partie  et  envoya 
en  Allemagne  une  armée  nombreuse.  Et  à  part  les 
énormes  dépenses  d'entretien  de  cette  armée,  l'An- 
gleterre, qui  n'a  pourtant  pas  l'habitude  d'être  pro- 
digue, fournit  de  gros  subsides  à  ses  alliés.  De  là, 
nécessité  d'imposer  des  droits  sur  les  effets  de  com- 
merce. Les  états  de  la  Nouvelle-Angleterre  durent 
prendre  leur  part  de  ces  charges  qui  devinrent  into- 
lérables. Ils  se  révoltèrent  et  obtinrent  leur  indé- 
pendance. Un  certain  nombre  de  familles  loyalistes 
voulant  rester  anglaises  s'adressèrent  au  gouverne- 
ment impérial  qui  leur  accorda  des  établissements 
gratuits  aux  endroits  où  sont  situés  aujourd'hui 
Douglastown  et  New-Carlisle  inhabités  jusqu'alors. 
Et  voilà  comment  le  roi  de  Prusse,  sans  s'en  douter, 
a  contribué  à  la  fondation  de  Douglastown. 

L'arpenteur  écossais  Douglass  fut  chargé  de  tracer 
le  plan  de  la  nouvelle  ville.     Il    s'acquitta  de  sa 


153 


tâche  avec  tant  de  succès  que  les  autorités  décidèrent 
de  faire  passer  son  nom  à  la  postérité  en  le  donnant 
à  la  nouvelle  ville. 

Dru  111  moud 

Sir  Gordon  Drummond,  administrateur  du  Canada 
de  1814  à  1815. 

Dniniinoiiflville,  Saint-Frédéric  de  (Drummond) 

C'est  aux  dernières  lueurs  du  crépuscule,  le  14 
avril  1815,  que  le  major-général  Frédéric-Georges 
Herriot,  qui  remontait  la  rivière  Saint- François,  à 
la  tête  d'un  détachement  de  soldats  appartenant  aux 
régiments  licenciés  des  Meurons,  des  WatteviJle  et 
des  ^"oltigeurs,  planta  sa  tente  sur  la  côte  sud  de  la 
rivière,  à  l'endroit  précis  où  se  trouve  aujourd'hui 
la  villa  de  M.  Sam  Newton.  Emerveillé  du  site  et 
des  pouvoirs  d'eau  presque  naturels  dont  il  prévoyait 
sans  doute  les  immenses  avantages  pour  le  futur,  il 
appela  ce  magnifique  promontoire  qui  domine  les 
chutes  Drummondville  du  nom  du  général  sir  Gordon 
Drummond,  alors  administrateur  du  Canada. 

Le  fondateur  de  Drummondville  avait  beaucoup 
d'estime  pour  les  catholiques.  Le  30  juin  1818,  il 
fit^  don  à  Mgr  Plessis  des  lots  8,  9  et  10  du  village 
de  Drummondville  "  à  condition  d'envoyer  de  temps 
à  autre  un  missionnaire  pour  le  service  des  habitants 
catholiques  de  l'endroit  ou  des  environs.  "  Aussi 
lorsque  Drummondville  fut  érigée  canoniquement 
on  la  mit  sous  le  patronage  de  saint  Frédéric  en  son 
honneur.  (1) 


(1)  Et  nou  en  l'honneur  du    comte  Pierre-Frédéric  de  Meuron, 
ainsi  qu'on  l'a  écrit  quelque  part. 


154 


Diichesnay,  Cantou  (Gaspé) 

L'honorable  Edouard  -Louis-Antoine-Charles  Ju- 
chereau  Duchesnay,  seigneur  de  Fossembault  et  de 
Gaudarville,  fut  élu,  en  1858,  conseiller  législatif  de 
la  division  de  La  Salle.  Appelé  au  sénat  lors  de  la 
Confédération,  il  résigna  son  siège  le  7  janvier  1871. 

Diicreux,  Canton  (Cliicoutlmi) 

Le  Père  Ducreux,  Jésuite,  est  l'auteur  d'une  his- 
toire de  la  Nouvelle-France,  en  latin,  qui  va  du 
commencement  de  la  colonie  à  1656. 

Dudley,  Canton  (Ottawa) 

Il  y  a  un  village  de  Dudley  dans  le  comté  de 
Worcester,  Angleterre. 

Vers  1680,  lord  Dudley  était  gouverneur  d'une 
des  colonies  de  la  Nouvelle-Angleterre. 

Dudswell  (Wolfe) 

Lord  William  Dudswell  était  chancelier  de  l'Echi- 
quier en  1767. 

Un  village  d'Angleterre  porte  aussi  le  nom  de 
Dudswell.  Il  est  dans  le  Shropshire. 

Dutferin,  Canton  (Lac  Saint- Jean) 

Le  marquis  de  Dufferin,  gouverneur-général  du 
Canada  de  1872  à  1878,  sut  se  rendre  populaire  dans 
toutes  les  classes  de  la  société. 

Duhamel,  N.-D.  du  Mont-Carniel  de  (Ottawa) 

Cette  paroisse  a  été  nommée  ainsi  en  l'honneur  de 
Mgr  Joseph-Thomas  Duhamel,  archevêque  d'Ottawa: 

Duhamel,  Canton  (Pontiac^ 

Mgr  Joseph  -  Thomas  Duhamel,  archevêque 
d'Ottawa. 


loo 


Oiiiiias,  Canton  (Sagjieuay) 

M.  Dumas  prit  le  commandement  de  l'armée 
canadienne  après  la  mort  de  M.  de  Beaujeu,  à  la 
bataille  de  la  Monongahéla.  Il  repassa  en  France 
après  la  conquête  et  fut  nommé  gouverneur  de  l'île 
de  France. 

Dnudee,  Sainte  Agnès  de  (Huntingdon) 

Au  commencement  du  dernier  siècle,  un  anglais, 
John  Davidson,  vint  résider  au  milieu  de  quel- 
ques-uns de  ses  compatriotes  établis  sur  les  rives  de 
la  rivière  au  Saumon,  dans  le  comté  de  Huntingdon. 
Davidson  devint  bientôt  le  chef  de  la  petite  colonie. 
Né  à  Perth,  il  avait  été,  tout  jeune  enfant,  chercher 
fortune  dans  la  ville  de  Dundee,  en  Ecosse.  Il  fut 
protégé  par  un  M.  Ogilvie,  petit  manufacturier,  qui 
l'employa,  et,  plus  tard,  lui  donna  sa  fille  en  mariage. 
Mais  quelque  années  après  il  fut  obligé  de  servir, 
resta  sept  ans  dans  l'armée  et  à  son  congé,  à  la  paix 
de  1S17,  il  émisera  au  Canada.  Il  commença  au 
milieu  de  ses  compatriotes  un  petit  négoce.  Son 
magasin  qui  consistait  en  une  cabane  de  bois  rond 
fut  le  noyau  du  village  de  Dundee,  auquel  il  donna 
ce  nom  en  souvenir  de  sa  chère  ville  de  Dundee  où 
il  avait  coulé  la  plus  belle  partie  de  sa  vie. 

Duuliam,  Sainte-Croix  de  (31issisqr.oi) 

L'honorable  Thomas  Dunn,  qui  a  laissé  son  nom 
à  Dunham,  fut  seigneur  de  Saint-Armand,  juge  de 
la  Cour  du  Banc  du  Roi,  membre  des  conseils  légis- 
latif et  exécutif.  Il  administra  la  province  du  Bas- 
Canada  à  deux  reprises.  Il  avait  épousé  une  cana- 
dienne-française catholique  et  se  montra  toujours 
l'ami  de  notre  race.  C'est  lui  quiiidmit  Mgr  Plessis 
à  prêter  serment. 


156 


Diiqucsne,  Canton  (Kiniouski) 

Le  marquis  Duquesne  de  Menneville,  gouverneur 
de  la  Nouvelle-France  de  1752  à  1755. 

Durhani,  Saint  Fulgence  de  (Driimmoud) 

Lord  Durham  n'a  pas  laissé  un  bon  souvenir  de 
son  séjour  au  Canada. 

Saint-Fulgence  fut  érigée  canoniquement  par 
décret  du  30  septembre  1863.  Ce  nom  venait  de 
l'un  des  premiers  citoyens  de  la  nouvelle  paroisse, 
M.  Fulgence  Préfontaine. 

Diirocher,  Canton  (Chicoutinii) 

Le  Père  Flavien  Durocher,  oblat  de  Marie- Imma- 
culée, premier  curé  de  Saint-Sauveur  de  Québec. 

Duval,  Canton  (Saguenay) 

L'honorable  Jean-François-Joseph  Duval,  juge  en 
chef  de  la  Cour  du  Banc  de  la  Reine. 

Eardley,  Canton  (Ottawa) 

Eardley  est  un  village  du, comté  de  Stafford,  An- 
gleterre. 

Eastman,  Saint-Edouard  de  (Brome) 

Le  nom  de  Eastman  fut  donné  à  cette  localité  en 
reconnaissance  de  services  rendus,  en  temps  d'élec- 
tions, par  un  nommé  John  piinn  dont  l'épouse  s'ap- 
pelait Ezray  Eastman. 

Le  fondateur  de  la  paroisse  de  Eastman  est  M, 
Charles-Edouard  Milette,  curé  de  Magog.  C'est 
pour  l'honorer  qu'on  l'a  mis  sous  le  patronage  de 
saint  Edouard,  roi  d'Angleterre. 


157 


Eaton,  Canton  (Compton) 

Treize  villages  d'Angleterre  portent  le  nom  de 
Eaton. 

Eboulements  (Cliarlevoix) 

Le  Père  Jésuite  Jérôme  Lalemant,  parlant  du 
célèbre  tremblement  de  terre  du  mois  de  février  1663, 
dit  :  "  Vers  la  baie  dite  de  Saint-Paul  il  y  avait  une 
petite  montagne  sise  sur  le  bord  du  fleuve,  d'un 
quart  de  lieue  ou  environ  de  tour,  laquelle  s'est 
abysmée  et  comme  si  elle  n'eut  fait  que  plonger,  -elle 
est  ressortie  du  fond  de  l'eau  pour  se  changer  en 
islette  et  faire  d'un  lieu  tout  bordé  d'écueils,  comme 
il  estait,  un  havre  d'assurance  contre  toutes  sortes  de 
vents." 

Ce  qui  a  donné  lieu  au  récit  effroyable  du  Père 
Jésuite,  ce  sont  les  eboulements  qui  se  firent  à  cette 
époque  sur  les  bords  du  fleuve  aux  Eboulements  et 
dont  cette  paroisse  a  tiré  son  nom. 

Une  tradition  conservée  dans  la  paroisse  nous  con- 
firme dans  cette  opinion.  La  pointe  au  bout  de 
laquelle  est  bâti  le  quai,  rapporte-t-elle,  a  été  formée 
par  un  immense  éboulis.  D'ailleurs,  la  structure 
du  terrain  semble  appuyer  cette  tradition. 

Eccores,  Les  (Laval) 

On  donne  le  nom  d^Eccores  à  la  paroisse  de  Saint- 
Vincent  de  Paul  de  l'île  Jésus  parce  que  la  falaise  de 
ce  côté  de  l'île  est  très  élevée  et  presque  perpendicu- 
laire  au-dessus  de  l'eau.  (1) 


(1)  Accore  (ou  Eccore)  se  dit  d'une  côte  dont  le  fond  augmente 
considérablement  dès  qu'on  s'en  éloigne  ou  dont  l'élévation  est 
presque  perpendiculaire  au-dessus  de  l'eau.  Accore  ou  eccore  équi- 
vaut à  inaccessible. 


158 


Echafaiid  aux  Basques  (Charlevoîx) 

Les  Basques  qui  fréquentaient  ces  lieux  bien  avant 
Champlain  y  avaient,  parait-il,  établi  des  échafauds 
pour  faire  sécher  le  poisson. 

Champlain  nous  parle  de  l'Echafaud  aux  Basques 
à  plusieurs  reprises  :  "De  la  pointe  aux  Alouettes 
faisant  le  surouest,  un  quart  au  su,  l'on  va  au  cap 
de  Chafaut  aux  Basques,  en  ce  lieu  il  y  a  ancrage, 
mais  il  faut  prendre  garde,  car  par  des  endroits  est 
rocher  où  les  ancres  pourraient  bien  demeurer,  si  l'on 
ne  reconnaît  bien  le  fond,  un  peu  plus  vers  l'eau,  le 
mouillage  est  plus  net  et  vers  le  Chafaut  aux  Bas- 
ques, demeure  à  sec  qui  est  au  fond  de  l'anse  où 
sont  deux  ruisseaux  qui  viennent  des  montagnes.  (1) 

Ecureuils,  Les  (Portueuf) 

Vis-à-vis  l'embouchure  de  la  rivière  Jacques-Car- 
tier, sur  la  batture,  se  trouve  une  énorme  roche  qu'on 
voit  à  une  grande  distance.  La  tradition  veut  que 
Jacques  LeNeuf  de  la  Potherie,  premier  concession- 
naire de  la  seigneurie  de  Portneuf,  y  ayant  perdu 
un  vaisseau,  les  matelots  réfugiés  sur  la  côte,  à  l'est 
de  la  rivière,  y  virent  un  si  grand  nombre  d'écureuils 
qu'ils  donnèrent  à  l'endroit  le  nom  d^ Ecureuils. 

Edwardston  (BeauliarDois) 

L'honorable  Edward  Ellice  se  porta  acquéreur  de 
la  seigneurie  de  Beauharnois. 

Effiugliani 

Le  comté  de  Terrebonne  porta  originairement  le 
nom  de  Effingham.  Sir  Gu}^  Carleton,  plus  tard  lord 
Dorchester,  avait  épousé  la  troisième  fille  de  llord 
Effingham. 

(1)   Voyagea,  vol.  IV,  p.  112. 


159 


Egau,  Canton  (Ottawa) 

En  1848,  M.  John  Egan  fut  élu  député  d'Ottawa 
à  la  Chambre  d'Assemblée  de  la  province  du  Canada. 

Elgin,  Canton  (Huntingdon) 

Lord  Elgin  fut  un  gouverneur  très  populaire 
parmi  les  Canadiens-Français.  C'est  lui  qui  sanc- 
tionna la  loi  proposée  par  le  ministère  LaFontaine- 
Baldwin  et  accordant  une  -indemnité  de  £100,000 
aux  victimes  de  l'insurrection  de  1837. 

Ely    Canton  (Shefford) 

Ely  est  une  importante  ville  d'Angleterre. 

Emberton,  Canton  (Compton) 

Village  du  comté  de  Bucks,  Angleterre. 

Escouniius  (Saguenay) 

Champlain  écrivait  Esquemin.  Escoumins  vient 
de  deux  mots  sauvages  :  ishho^  jusque-là,  et  mm^ 
graine.  Les  environs  des  Escoumins  ont  toujours 
été  renommés  pour  la  grande  quantité  de  graines 
sauvages  que  l'on  y  trouve.  Ces  graines  que  les 
Montagnais  appellent  uishatshimin  passent  l'hiver 
sous  la  neige  et  se  conservent  vermeilles  jusqu'au 
printemps.  C'est  sans  doute  cette  circonstance  qui  a 
fait  donner  ce  nom  à  la  place.  • 

Escourt,  Canton  (Téniiscouata) 

C'est  le  lieutenant-colonel  Escourt,  du  génie,  qui, 
en  1846,  traça  la  ligne  de  séparation  entre  la  pro- 
vince de  Québec  et  l'état  du  Maine. 

Escnniinac,  Saint  Antoine  d'  (Bonaventure) 

Du  micmac  Esgomenag,  "  poste  d'observation  ". 
On  avait  vue  sur  l'entrée  de  l'estuaire. 


160 

JGsher,  Canton  (Poiitiac) 

Esher  est  un  village  du  comté  de  Surrey,  Angle- 
terre. 

Ëtaniamu,  Rivière  (Labrador) 

''La  où  il  y  a  deux  sorties ",  dit  le  Père  Lemoine. 
Etclieniin 

C'est  dans  le  lac  Etchemin  que  la  rivière  Etchemin 
prend  une  de  ses  principales  sources. 

D'après  l'abbé  Maurault,  le  mot  Etemânkiaks 
(Etchemin)  veut  dire  "  ceux  de  la  terre  de  la  peau 
pour  les  raquettes  ".  Les  Etemânkiaks  résidaient 
sur  les  rivières  Sainte-Croix  et  Saint-Jean,  dans  le 
Nouveau-Brunswick.  Les  Abénakis  appelaient  la 
rivière  Sainte-Croix  PeskatamiSkanji  (Passama- 
quoddy)  "  rivière  qu'il  est  difficile  d'apercevoir  et  que 
l'on  voit  comme  à  travers  les  ténèbres  "  et  ils  dési- 
gnaient le  territoire  environnant  sous  le  nom  de 
Etmanki,  ''  terre  de  la  peau  pour  les  raquettes  ",  parce- 
qu'il  y  avait  en  ces  endroits  une  grande  quantité 
d'orignaux  et  de  caribous,  dont  les  peaux  font  de 
bonnes  raquettes.  De  là,  le  nom  passa  au  lac,  puis 
à  la  rivière  et  enfin  aux  Sauvages  eux-mêmes.  (1) 

Fabre,  Canton  (Pontlac) 

Mgr  Charles-Edouard  Fabre,  décédé  archevêque 
de  Montréal. 

Falardeau,  Canton  (Chicoutlmi) 

En  l'honneur  du  peintre  Antoine-Sébastien  Falar- 
deau, né  au  Cap-Santé  et  qui  se  fixa  à  Florence. 
Ses  peintures  furent  appréciées  en  Europe.  Le  grand 
duc  de  Toscane  le  créa  chevalier. 


(1)  Histoire  des  Ahénakis. 


177 


encore,  sur  les  sentiments  les  plus  nobles  du  cœur 
humain." 

Grenier,  Canton  (Sajçiienay) 

Le  Père  Ferdinand  Grenier,  oblat  de  Marie-Imma- 
culée. 

Grès,  Saint- Etienne  des  (Saint-Maurice) 

*'  Un  peu  au-dessus  des  Trois-Rivières,  dans  le 
Saint-Maurice,  il  y  a  un  endroit  appelé  les  Grès,  où 
l'on  voyait  autrefois  une  chute  comparable  à  celle 
de  Niagara.  Le  tremblement  de  terre  de  1663  ayant 
fait  ébouler  la  montagne  du  haut  de  laquelle  tombait 
la  masse  des  eaux,  il  ne  reste  plus  qu'une  cascade  de 
quinze  pieds  d'élévation.  Les  terrains  d'alentour 
sont  couverts  de  grands  blocs  de  pierre,  débris  de 
l'ancien  barrage  de  la  rivière.  Les  Canadiens  ont 
nommé  ce  lieu  les  Grès  à  cause  de  l'aspect  qu'il  pré- 
sente. Depuis  trois  quarts  de  siècle  on  y  voit  des 
moulins  à  scie  et  quelques  maisons  pour  loger  les 
travaillants  de  ces  moulins. 

"  Le  nom  de  la  paroisse  dans  laquelle  les  Grès  sont 
enclavés  est  Saint-Etienne,  et  l'on  dit  invariablement 
Saint-Etienne  des  Grès.  Je  me  demande  s'il  y  a 
coïncidence  ou  intention  dans  le  choix  de  ce  vocable. 
Saint-Etienne  de  Beauharnois,  Saint-Etienne  de  Bol- 
ton,  Saint-Etienne  du  Saguenay  s'expliquent  facile- 
ment et  j'ai  toujours  pensé  que  Saint-Etienne  des 
Grès  ne  souffrait  pas  de  doute,  mais  je  commence  à 
me  poser  la  question  de  savoir  si  les  auteurs  de  cet 
accouplement  de  noms  ne  renouvelaient  pas  un  jeu 
de  mots  déjà  fort  ancien  et  dont  voici  le  sens  tel  que 
le  rapportent  plusieurs  historiens.  A  Paris,  au 
onzième  siècle,  il  y  avait  une  église  appelée  Saint- 
12 


178 


Etienne  des  Grès  et  une  rue  aboutissant  à  cet  édifice 
nommée  aussi  Saint-Etienne  des  Grès.  Il  prit  fan- 
taisie à  un  bon  moine  de  rapprocher  ''  grès  "  de 
*'  degrés,"  parceque  l'on  parvenait  à  l'église  par  de 
larges  marches  de  pierre,  et  il  écrivait  en  latin  St 
Stephanus  gradus.  Grès  devenait  gradin.  C'est  un 
enfantillage  pardonnable.  L'église  a  subsisté  jusque 
vers  1794.  Une  maison  particulière  occupe  son 
emplacement  aujourd'hui. 

'*  Quelle  est  l'origine  du  surnom  imposé  à  Saint- 
Etienne  ?  Les  Bollandistes  nous  font  connaître  un 
saint  personnage  nommé  Etienne,  particulièrement 
consacré  à  la  conversion  de  la  race  grecque,  et  ils  le 
désignent  comme  ^' saint  Etienne  des  Grecs".  Au 
moyen-âge  et  jusqu'au  début  de  notre  siècle,  on  pro- 
nonçait grais  ou  grès,  au  lieu  de  grec.  A  présent 
nous  disons  "  grecque  "  pour  le  masculin  comme 
pour  le  féminin.  Molière  fait  rimer  "  Grecs  "  avec 
''  grès  ".  Ajoutons  que  rorthographe  était  chose 
ignorée  de  nos  aïeux  et  qu'ils  prenaient  les  sons  à 
l'oreille,  par  conséquent  "  grec  "  prononcé  "  grais  " 
ou  "  grès  "  devenait  "  grès  "  et  faisait  oublier  la 
source  du  terme  même. 

"  Mais  les  Trifiu viens  qui  ont  adopté  Saint- 
Etienne  des  Grès  savaient-ils  cette  histoire  ?  C'est 
peu  probable.  La  rencontre  des  circonstances  me 
paraît  fortuite.  Xous  avions  la  localité  des  Grès,  on 
a  érigé  là  une  paroisse  Saint-Etienne  qui  devient 
Saint-Etienne  des  Grès,  comme  à  Paris.  Il  me  paraît 
certain  que  l'on  a  pas  eu  l'intention  de  copier  Saint- 
Etienne  des  Grecs  tout  en  écrivant '' des  Grès."  (1) 


(1)  Benjamin  Suite,  Monde  Illustré,  20  juillet  1895. 


179 


Griffiutown  (Moutréal) 

M.  Griffiii  avait  pris  ce  terrain  à  bail  emphy- 
théotique.  Il  transporta  ce  bail  à  M.  McCord  qui 
subdivisa  cet  immense  terrain  en  emplacements. 

Grondines  (Portneiif) 

C'est  Champlain  qui  a  été  le  parrain  des  Grondi- 
nes. Parlant  de  cet  endroit,  il  écrit  :  "  Les  Grondi- 
nes, et  quelques  îles  qui  sont  proches,  bon  lieu  de 
chasse  et  de  pêche." 

M.  Suite  croit  que  ce  nom  poétique  de  Grondines 
vient  des  cascades  et  des  rapides  que  l'on  admire 
dans  son  voisinage.     (1) 

Grosbois 

Le  deuxième  fils  de  Pierre  Boucher,  le  vénérable 
fondateur  de  Boucherville,  portait  le  surnom  de 
Grosbois.  Il  succéda  à  son  père  dans  le  gouverne- 
ment de  Trois-Rivières.  Ses  descendants  sont  aujour- 
d'hui connus  sous  le  nom  de  Boucher  de  Grosbois. 

Gros  Cap-aux-Os,  Saint- Jean-Baptiste  du  (Gaspé) 

Cap  aux  Os  est  écrit  dans  les  registres  :  Cap 
Bozo,  Cap  Buzo,  Cap  Boozo,  Cap  Oiseaux,  Cabozo, 
Cap  Ozo,  enfin  Cap  aux  Os.  Ce  nom  vient,  paraît-il, 
du  premier  habitant  qui  s'appelait  Bozo  et  était  un 
Guernesais  protestant.  Les  registres  n'en  parlent  pas. 
Les  documents  publics  écrivent  Cabozo  ;  les  docu- 
ments religieux  ont  adopté  l'orthographe  Cap-aux- 
Os. 

Saint  Jean-Baptiste  avait  d'abord  été  donné  pour 
titulaire  à  l'Anse-au-Grifîbn.  Mais  quand  on  vit  que 
tous  les  Canadiens  fixés  à  la  Grande-Grave  venaient 


(1)  Histoire  des  Canadieyis- Français ^  vol.  II,  p.  68. 


180 


s'établir  là,  on  donna  saint  Joseph  pour  patron  à 
TAnse-au-Griffon  et  on  mit  le  Cap-aux-Os  sous  le 
vocable  de  saint  Jean-Baptiste. 

Gros  Crapaud  (Matane) 

Les  postes  du  Gros  Crapaud,  du  Petit  Crapaud  et 
de  l'Anse  Crapaud  sont  situés  dans  les  cantons 
Cherbourg  et  Dalibert.  Dans  ces  endroits,  pendant 
quelques  lieues,  l'œil  ne  voit  de  toutes  parts  que 
petits  rochers  isolés,  arrondis,  de  couleur  brune  :  on 
croirait  voir  pétrifiés  une  nuée  de  gigantesques 
crapauds  qui  se  serait  abattue  dans  ces  endroits  peu 
fréquentés. 

Grosse  Ile  (Montmagny) 

"  La  Grosse-Ile,  prétend  le  docteur  Montizambert, 
était  autrefois  appelée  île  de  Grâce.  De  l'anglais 
Grâce  Island  on  a  fait  Grosse-Ile."  Nous  croyons 
qu'on  lui  a  donné  ce  nom  de  Grosse  Ile  pour  la 
distinguer  des  îles  environnantes. 

Giierin,  Cauton  (Poiitiac) 

L'honorable  James- John-Edmund  Guerin,  ancien 
député  de  Montréal  No  6  et  ministre  sans  porte- 
feuille. 

Guignes,  Saiut-Bruno  de  (Pontîac) 

Guignes,  à  la  tête  du  lac  Témiscamingue,  rappelle 
et  rappellera  à  perpétuité  le  nom  du  premier  évêque 
d'Ottawa,  Mgr  Joseph-Eugène-Bruno  Guignes. 

Guignes  a  aussi  été  mis  sous  le  patronage  de 
saint  Bruno  en  l'honneur  de  Mgr  Guignes. 

Guillaume-Bonhomme  (Portueuf) 

Le  24  novembre  1682,  le  gouverneur  de  La  Barre 
et   l'intendant   de   Meulles   concédaient    au    sieur 


181 


Guillaume  Bonhomme  une  lieue  de  front  sur  deux 
lieues  de  profondeur,  à  prendre  au  bout  des  conces- 
sions de  M.  Juchereau  de  la  Ferté,  tirant  vers  la 
rivière  Jacques-Cartier. 

Hackett,  Canton  (Clianiplaiii) 

L'honorable  Michael- Félix  Hackett,  député  de 
Stanstead,  président  du  Conseil  Exécutif  dans  le 
gouvernement  Taillon  et  secrétaire  provincial  dans 
le  gouvernement  Flynn. 

Haldiniand  (Gaspé) 

Sir  Frédéric  Haldimand,  gouverneur-général  du 
Canada  après  Carleton. 

Halifax,  Saint-Ferdinand  d'  (Mégantic) 

Halifax  est  une  ville  manufacturière  du  Yorkshire, 
Angleterre. 

En  1830,  c|uelques  cultivateurs  de  Saint-îsicolas, 
de  Saint-Antoine  de  Tilly  et  de  Saint-Sylvestre 
allèrent  s'établir  dans  le  canton  Halifax,  dont  ils 
avaient  entendu  vanter  la  fertilité  par  M.  Michel 
Dufresne,  curé  de  Saint-Nicolas,  qui  l'avait  exploré 
dans  toutes  ses  parties.  C'est  M.  Ferdinand  Gau- 
vreau,  curé  de  Saint-Sylvestre,  qui,  le  premier,  alla 
offrir  les  secours  de  la  religion  aux  braves  colons  du 
canton  Halifax.  C'est  pour  cette  raison  qu'on  l'a 
placé  sous  la  protection  de  saint  Ferdinand. 

Ham  (Wolfe) 

On  commit  la  forteresse  de  Ham,  en  France,  où 
Napoléon  III  fut  confiné  de  1840  à  1846.  Mais  nous 
croyons  que  notre  canton  de  Ham  a  pris  son  nom 
du  petit  village  de  Ham,  comté  d'Essex,  Angleterre. 


182 


HaniiltoD,  SaiDt-Bonaveutiire  de  (Boraveiiture) 

Le  canton  Hamilton  a  été  nommé  ainsi  en  l'hon- 
neur du  colonel  Henry  Hamilton,  un  des  lieutenants 
de  Amherst  dans  la  guerre  qui  se  termina  par  la 
prise  de  Québec.  Hamilton  fut  lieutenant-gouver- 
neur de  Québec,  puis  administrateur  de  tout  le 
Canada  pendant  l'absence  du  gouverneur  Haldi- 
mand.  Il  nous  fait  plaisir  de  constater  que  son  nom 
a  été  perpétué,  car  pendant  son  administration  il 
montra  beaucoup  de  sympathie  aux  Canadiens. 

Quant  au  titulaire,  saint  Bonaventure,  il  a  été 
choisi  à  cause  de  la  rivière  Bonaventure  qui  coule 
dans  le  canton  Hamilton. 

Haiiii>deu,  Canton  (Conipton) 

Paroisse  du  comté  de  Bucks,  Angleterre. 

Harrington,  (Canton  (Arg-enteuil) 

Harrington  est  une  petite  ville  située  sur  les  côtes 
d'Angleterre. 

Hartwell,  Canton  (Ottawa) 

Village  du  comté  de  Northampton,  Angleterre. 
Harvey,  Canton  (Cliicoiitimi) 

C'est  M.  Harvey,  un  des  premiers  colons  du  comté 
de  Chicoutimi,  qui  a  donné  son  nom  à  ce  canton. 

Hatley,  Canton  (Stanstead) 

Hatley,  paroisse  du  comté  de  Cambridge,  Angle- 
terre. 

Havelock,  Canton  (Huntinjjdon) 

Le  général  Havelock  se  distingua  pendant  la 
guerre  de  Crimée. 


183 


Hcadville  (Urummond) 

Il  y  a  eu  deux  personnages  du  nom  de  Head  au 
Canada. 

Sir  Francis-Bond  Head  fut  lieutenant-gouverneur 
du  Haut-Canada  pendant  les  troubles  de  1837-38. 

Sir  Edmund-AValker  Head,  après  avoir  été  lieute- 
nant-gouverneur de  la/  Xouvelle-Ecosse,  fut  gouver- 
neur-général du  Canada  de  1851  à  1861. 

Hébertville  (Cliicoutlmi) 

Hébertville  fut  nommée  ainsi  en  l'honneur  de  M. 
Nicolas-Tolentin  Hébert,  curé  de  Saint-Louis  de 
Kamouraska,  principal  fondateur  de  cette  paroisse 
prospère. 

Hedleyviile  (Québec) 

M.  Hedley  Anderson,  marchand  de  bois,  était 
propriétaire  des  terrains  qui  forment  aujourd'hui 
Hedleyville. 

Heiuiuing-ford,  Saint-Koinaiu  de  (Hiiutingdon) 

Ce  nom  devrait  s'écrire  Hemingford.  L'usage 
cependant  a  prévalu  de  mettre  deux  ru.  Et  cet  usage 
a  donné  cours  à  une  opinion  insoutenable  à  propos 
de  l'origine  de  ce  nom.  D'après  cette  opinion  un 
nommé  Hemming  serait  venu  s'établir  près  d'un 
gué  (ford)  et  de  là  serait  dérivé  le  nom  tel  qu'épelé 
actuellement  :  Hemmingford.  Mais  on  ne  trouve 
aucune  trace  d'individu  de  ce  nom  près  des  deux 
petites  rivières  qui  traversent  le  canton,  ^"oici, 
d'après  nous,  la  véritable  origine  du  nom  Hemming- 
ford. Le  comté  de  Huntingdon  fut  nommé  ainsi 
d'après  le  comté  de  Huntingdon,  en  Angleterre. 
Or,  dans  le  comté  anglais  de  Huntingdon  il  y  a  une 
ville  du  nom  de  Hemingford. 


184 


C'est  le  9  août  1853  que  Hemmingford  fut  érigé 
en  paroisse.  Mgr  Bourget  lui  donna  pour  titulaire 
le  saint  dont  l'Eglise  célébrait  la  fête  ce  jour-là. 

Henryville,  Saint-George  de  (Iberville) 

Au  commencement  du  dix-neuvième  siècle  quel- 
ques habitations  surgirent  en  cet  endroit  et  formèrent 
un  petit  village  c|ui  prit  le  nom  de  Henryville,  en 
l'honneur  de  Edme  Henry,  agent  du  seigneur  Burton, 
et  qui  y  venait,  chaque  année,  séjourner  quelque 
temps  pour  traiter  des  affaires  de  la  seigneurie  de 
Noyan. 

Henryville  fut  primitivement  une  paroisse  protes- 
tante érigée  par  lettres  patentes  du  gouvernement 
sous  le  règne  de  George  YV  et  on  lui  donna  le  nom 
de  Saint-George.  Plus  tard,  quand  la  population 
canadienne-française  fut  assez  forte,  Mgr  Lartigue, 
évêc{ue  de  Montréal,  érigea  Henryville  en  paroisse 
catholique  et  elle  continua  à  porter  le  nom  de  Saint- 
George. 

Hereford,  SaiDt- Venant  de  (Conipton) 

Hereford  est  un  comté  d'Angleterre. 

Hen,  Pointe  du  (Cliarlevoix) 

*'  En  consultant  les  plus  anciennes  cartes  du  Canada, 
j'y  relève  les  noms  de  certains  points  qui  sont  encore 
aujourd'hui  désignés  de  la  même  façon  par  les  gens 
du  pays.  Ainsi,  en  face  de  la  Pointe-au-Pic,  s'aper- 
çoit un  promontoire  que  les  indigènes  appellent 
le  Heu.  Je  surpris  un  jour  un  abbé  et  un  juge  de 
jadis  habitués  de  la  Malbaie,  en  leur  révélant  ce 
détail  de  géographie  que  j'avais  appris  en  me  mêlant 
au  peuple,  en  ma  c^ualité  de  démocrate.  Ce  mot 
bizarre  m'intriguait  et  sa  signification  m'était  incon- 


185 


nue  ;  un  ancien  dictionnaire  me  prêtant  son  aide,  je 
vis  qu'il  signifiait  ''  mouillage  sûr  pour  les  navires." 
En  effet,  la  Pointe  du  Heu  offre  un  excellent 
abri  contre  le  nord-est.  J'y  ai  vu  un  jour  le  Blake  et 
deux  autres  frégates  anglaises."  (1) 

Hincliiubrooke,  Saiut-Patrice   de   (Hiintingclou) 

Le  canton  de  Hinchinbrooke  a  pris  son  nom  de 
la  ville  de  Hinchingbrook,  comté  de  Huntingdon, 
Angleterre.  Le  g  ne  se  prononçant  pas  dans  Hin- 
chingbrook, les  Anglo-Canadiens,  toujours  expédi- 
tifs,  l'ont  enlevé. 

La  plupart  des  premiers  colons  de  Hinchinbrooke 
étaient  des  Irlandais.  C'est  la  raison  qui  a  engagé 
Mgr  Bourget  à  donner  saint  Patrice  pour  titulaire  à 
ce  canton. 

* 

Hincks,  Canton  (Ottawa) 

Sir  Francis  Hincks  a  joué  un  grand  rôle  dans  la 
politique  de  notre  pays. 

Hoclielaga 

Hochelaga.  oshelaga,  oshinaJca,  oshinalxino,  dit  le 
Père  Arnaud,  l'endroit  où  l'on  surprend  quelqu'un 
dans  une  embuscade,  et  où  Ton  s'en  moque  ;  il  est 
tourné  en  dérision.  Ceux  qui  sont  familiers  avec 
l'histoire  des  Sauvages  peuvent  nous  dire  si  le  lieu 
qu'ils  appelaient  Hochelaga  a  été  le  théâtre  de  quel- 
que cruauté  ou  embûche.   (2) 

''  Hochelaga,  croit  M.  l'abbé  Main  ville,  est  une 
corruption  du  mot  iroquois  Oseixike  qui  peut  vouloir 
dire  trois  choses  entre  lesquelles  on  pourra  choisir  : 
1°  A  la  chaussée  des  castors.     2*^  Où  Ton  fait  les 


(1)  La  Presse,  16  juin  19<;k3. 

(2)  Annales  delà  propayation  dt  la  Joi,  18S0. 


186 


haches.  3°  Là  où  l'on  passe  l'hiver.  La  langue  iro- 
quoise  se  paie  le  luxe  d'avoir  des  homonymes.  Lors- 
que ces  homonymes  se  trouvent  dans  une  phrase  le 
contexte  en  détermine  le  sens  d'une  manière  satis- 
faisante ;  mais  s'ils  se  trouvent  seuls,  on  a  toute  liber- 
té de  faire  son  choix,  avantage  inappréciable  dans  un 
siècle  de  liberté.  "  (1) 

Hocquart,  CautOD  (Téiniscoviata) 

L'intendant  Gilles  Hocquart  travailla  active- 
ment au.  développement  de  la  Nouvelle-France. 

Hoi)fleur-sur-Péribouka  (Lac  Saint-Jean) 

Dans  une  réception  que  lui  faisait  la  ville  de 
Honfleur,  le  14  août  1898,  l'honorable  M.  Adélard 
Turgeon,  ministre  de  la  colonisation  et  des  mines 
de  la  province  de  Québec,  s'exprimait  ainsi,  au 
milieu  des  applaudissements  répétés  d'une  assistance 
d'éhte  : 

''  Tout  bon  musulman  veut  au  moins  une  fois 
dans  sa  vie  faire  le  pèlerinage  de  la  Mecque.  C'est 
la  suprême  ambition  de  tout  Canadien  de  faire  le 
voyage  de  France,  et  pour  moi  qui  suis  Normand,  le 
voyage  eut  été  incomplet,  et  le  but  que  je  poursui- 
vais mal  réalisé,  si  je  n'avais  vu  la  Normandie  si 
belle  sous  ses  aspects  variés,  si  riche  par  ses  souve- 
nirs historiques.  Pour  perpétuer  la  mémoire  de  mon 
passage  en  Normandie  qui  restera  l'un  des  souve- 
nirs les  plus  agréables  de  ma  carrière,  pour  créer  un 
nouveau  lien  d'affection  entre  ma  patrie  normande 
et  le  pays  canadien,  je  vais,  par  un  télégramme  daté 
de  votre  ville,  faire  donner  au  dernier  canton  créé 
dans  la  province  de  Québec,  le  nom  de  la  ville  de 
Honfleur  !  " 


(  1  )  Bulletin  des  Recherches  Historiques^  vol.  IV,  p.  286. 


187 


Hope,  Canton  (Bonaventure) 

Le  colonel  Henry  Hope  remplaça,  en  1785,  le 
colonel  Haniilton  comme  lieutenant-gouverneur  de 
la  province  de  Québec. 

Horton  (Artliabaska) 

Il  j  a  un  grand  nombre  de  villages  du  nom  de 
Horton  en  Angleterre.  Il  y  a  même  une  ville  de  ce 
nom  qui  a  une  population  de  près  de  50,000  âmes. 

Le  canton  Horton  a  peut-être  été  nommé  ainsi  en 
l'honneur  de  Wilmot  Horton,  membre  de  la  Chambre 
des  Communes  d'Angleterre,  qui  s'occupa  de  l'émi- 
gration anglaise  dans  notre  pays. 

Howard,  Saint- Adolphe  de  (Argenteuil) 

Frédéric  Howard,  cinquième  comte  de  Carlisle,  se 
distingua  dans  la  Chambre  des  Lords  par  ses  mesures 
modérées  dans  la  crise  américaine.  Il  fut  un  des  trois 
commissaires  nommés  en  1778  par  George  III  pour 
visiter  les  colonies  et  leur  conseiller  la  paix.  Sa 
mission  fut  sans  résultat,  car  c'était  pour  les  colons 
parti  pris  de  se  séparer  de  l'Angleterre. 

La  paroisse  de  Saint-Adolphe,  dans  le  canton 
Howard,  tire  son  nom  de  M.  l'abbé  Adolphe  Jodoin, 
curé  de  Saint-Sauveur  des  Monts,  qui  a  donné  le 
premier  élan  à  cette  colonie  en  1878.  A  cette  époque 
plusieurs  colons  vinrent  de  Saint-Sauveur  s'établir 
sur  des  lots.  M.  Jodoin  obtint  de  l'argent  du  gouver- 
nement pour  leur  ouvrir  des  chemins. 

Howick  (Châteaiiguay) 

La  paroisse,  ou  plutôt  le  canton  de  Howick,  fut 
nommé  ainsi  en  l'honneur  de  lord  Howick,  sous- 
secrétaire  d'Etat  pour  les  colonies  en  1830.  C'est 
lord  Howick  qui  fit  adopter  par  les  Communes  d'An- 


188 


gleterre  l'acte  qui  accordait  à  l'Assemblée  législative 
du  Bas-Canada,  le  contrôle  de  ses  revenus. 

Hiiberdeau  (Argenteull) 

Huberdeau  est  le  nom  du  fondateur  de  l'impor- 
tant orphelinat  agricole  qu'on  voit  à  Arundel.  En 
1887,  la  Providence  inspirait  à  un  vieux  prêtre  retiré 
à  Montréal,  M.  Huberdeau,  ancien  curé  d'Albany, 
de  consacrer  ses  économies  qui  s'élevaient  à  $10,000  à 
un  orphelinat  agricole  dans  le  canton  d' Arundel. 
Quelques  semaines  après  sa  donation,  ce  vénérable 
prêtre  mourait  et  recevait  sa  récompense  en  paradis. 

Hudderslieia,  Canton  (Pontiac) 

Huddersfield,  ville  du  comté  de  York,  Angleterre, 
sur  les  rives  de  la  rivière  Colne. 

Hudson  Heiglits  (Vaudreuil) 

C'est  vers  1865  qu'on  a  commencé  à  désigner  la 
Pointe  à  Cavagnal  par  le  nom  Hudson  Heights. 
L'épouse  de  M.  George  Matthews,  propriétaire  d'une 
manufacture  de  verre  établie  à  la  Pointe  à  Cavagnal, 
portait  le  prénom  Hudson,  et  c'est  en  son  honneur 
qu'on  le  donna  à  l'endroit  en  question. 

HuU  (Ottawa) 

Hull  fut  fondée  par  Philémon  Wright,  qui  émigra 
de  Woburn,  Etats-Unis,  en  1797.  Philémon  Wright 
était  né  à  Hull,  ville  importante  d'Ajigleterre  ;  c'est 
donc  en  souvenir  de  la  patrie  absente  qu'il  choisit 
ce  nom  de  Hull,  sous  lequel,  depuis  tout  près  d'un 
siècle,  cette  ville  est  connue. 

HuntîngdoM 

En  mai  1792,  une  proclamation  divisait  la  pro- 
vince de  Québec  en  21  comtés,  tous,  à  l'exception  de 


189 


six,  portant  des  noms  anglais.  Avec  la  vaste  région 
située  à  l'est  de  la  rivière  Richelieu  un  grand  comté 
fut  formé  et  nommé  Huntingdon,  en  souvenir  du 
comté  de  Huntingdon,  à  quatre-vingt-onze  kilomè- 
tres de  Londres. 

HiintîDgfville  (Conipton) 

Les  premières  familles  qui  s'établirent  ici  por- 
taient toutes  le  nom  de  Hunting. 

Iberville 

''  Pierre  LeMoyne  d' Iberville,  dit  M.  Léon  Guérin, 
fut  l'un  des  plu  i  grands  marins  à  la  fois  et  l'un  des 
plus  habiles  navigateurs  que  la  France  ait  jamais 
eus.  C'était  un  héros  dans  toute  l'étendue  de  l'ex- 
pression. Si  ses  campagnes,  prodigieuses  par  les 
résultats  obtenus  avec  les  plus  faibles  moyens  maté- 
riels, avaient  eu  l'Europe  pour  témoin  et  non  les 
mers  sans  retentissement  des  voisinages  du  pôle,  il 
eût  eu,  de  son  vivant  et  après  sa  mort,  un  nom  aussi 
célèbre  que  ceux  des  Jean  Bart,  des  Duguay-Trouin 
et  des  Tourville,  et  fût  sans  aucun  doute  parvenu 
aux  plus  hauts  grades  et  aux  plus  grands  comman- 
dements dans  la  marine."  (1) 

Pour  quelle  raison  Pierre  LeMoyne  avait-il  pris  le 
surnom  d'Iberville  ?  "  Lorsque  Pierre  LeMoyne 
commença  à  servir  dans  la  marine,  disent  MM. 
Jodoin  et  Vincent,  il  y  avait  parmi  les  sous-secré- 
taires d'état,  un  M.  d'Iberville  qui  peut-être  protégea 
le  jeune  officier  et  lui  laissa  son  nom  qu'il  allait 
illustrer."    (2) 

M.  Paillon  donne  une  autre  origine  au  surnom 
d'Iberville  :     ^'  LeMoyne  emprunta  son  nomd'Iber- 

(1)  Histoire  maritime  de  France,  tome  III,  p.  426. 

(2)  Histoire  de  Lonyueuil  et  de  la  famille  de  Longueuil,  p.  111. 


190 


ville  du  fief  de  ce  nom,  Sous-la-Haie,   dans  la  châ- 
tellenie  d'Hotot-sur-Dieppe."  (1) 

Ile  à  Bigot  (Champlain) 

Ce  n'est  pas  le  triste  intendant  Bigot  qui  a  donné 
son  nom  à  cette  île  mais  le  Père  Bigot,  procureur 
des  seigneuries  des  Jésuites  dans  la  Nouvelle-France. 

Ile  à  la  Pierre  (Champlain) 

Ce  nom  est  dû  aux  carrières  que  les  habitants  de 
Ville-Marie  y  exploitaient  pendant  plusieurs  années 
au  commencement  de  la  colonie.  Le  Père  Charle- 
voix,  sur  l'une  de  ses  cartes  topographiques,  l'ap- 
pelle l'île  Saint-Pierre.  L'un  des  propriétaires  mo- 
dernes de  cette  île,  M.  George  Moffatt,  lui  a  substitué 
son  propre  nom,  et  l'a  appelée  MoffaWs  Island  ; 
ce  nom  cependant  n'a  pas  prévalu,  quoique  quelques 
cartes  anglaises  lui  donnent  encore  le  nom  d'île 
Moffatt. 

Ile  à  la  Potlierie  (Saint-Maurice) 

Cette  île  fut  désignée  à  l'origine  sous  le  nom 
d'île  aux  Cochons.  En  1649,  l'île  aux  Cochons  fut 
concédée  à  M.  de  la  Potherie  et  elle  prit  dès  lors  le 
nom  de  son  propriétaire. 

Plus  tard,  l'île  à  la  Potherie  fut  achetée  par  M. 
Bellerive  et  elle  porta  pendant  quelque  temps  le 
nom  de  son  nouveau  propriétaire. 

Bouchette  la  désigne  sous  le  nom  d'île  à  l'Abri 
parcequ'elle  offrait  une  protection  sureaux  vaisseaux. 

Jle  AUright  (Iles  de  la  3Iadeleine) 

Nous  croyons  que  cette  île  n'a  jamais  eu  de  nom 
français  :  cela  vient  sans  doute  de  ce  qu'elle  a  été 


(1)  Histoire  de  la  colonie  française  en  Canada^  vol.  III,  p.  351 


191 


longtemps  considérée  comme  faisant  partie  de  l'île 
de  la  Madeleine,  à  laquelle  elle  est  presque  contiguë. 

Ile  Anilierst  (Iles  de  la  Madeleine) 

Le  nom  d'Amherst  a  été  donné  à  cette  île  de  l'ar- 
chipel de  la  Madeleine  en  l'honneur  du  général 
Amherst,  qui  prit  une  si  grande  part  à  la  conquête 
du  pays  eii  1759.  Elle  portait  autrefois  le  nom  de 
Aubert.  Ce  nom  lui  venait,  assure  la  tradition, 
d'un  des  compagnons  de  Jacques  Cartier. 

Ile  Aroussen  (Ottawa) 

Le  populaire  dit  île  à  Roussin.  Il  a  tort.  Ce  nom 
est  d'origine  algonquine. 

Ile  au  Canot  (Montmagny) 

Pendant  l'arrêt  forcé  du  Père  Le  Jeune  sur  l'île 
Patience,  en  1633,  un  des  canots  de  l'expédition 
attaché  au  rivage  partit  et  alla  s'échouer  plus  loin 
sur  un  îlot  qui  a  gardé  depuis  le  nom  d'île  au  Canot. 

Ile  au  Cheval  (Verclières) 

L'île  au  Cheval  fait  partie  de  la  paroisse  de 
Varennes  dont  elle  n'est  séparée  que  par  un  chenal 
peu  profond.  Elle  a  pris  son  nom  de  la  coutume 
qu'avaient  les  anciens  seigneurs  d'y  envoyer  les 
chevaux  en  pâturage  après  avoir  enlevé  le  foin  dont 
elle  était  couverte.     (1) 

Ile  au  Sépulcre  (Sag-ueuay) 

Deux  noyés  trouvés  sur  les  rivages  de  cette  île  y 
furent  enterrés. 

Ile  aux  Basques  (Témiscouata) 

Les  Basques  avaient  formé  en  ce  lieu  des  établis- 


(1)  Note  de  M.  l'abbé  Bois. 


192 


sements  pour  la  pêche,  pour  l'exploitation  des  huiles 
de  poisson  et  surtout  pour  faire  la  traite  des  pelle- 
teries avec  les  Sauvages  de  Tadoussac. 

Ile  aux  Chats  (Argenteuil) 

Il  y  a  eu  pendant  longtemps  plusieurs  moulins  sur 
l'île  aux  Chats,  ce  qui  attire  toujours  les  rats.  Aussi 
pour  se  débarrasser  de  ces  encombrants  personnages 
les  meuniers  amenèrent  sur  l'île  un  grand  nombre 
de  chats. 

Ile  aux  Codions  (Berthier) 

Cette  île  porta  d'abord  le  nom  d'île  Moras,  à  cause 
de  Quentin  Moras.  On  l'a  aussi  appelée  île  de  la 
Trinité  parce  qu'elle  était  la  dernière  des  trois  prin- 
cipales îles  qui  se  trouvent  au  confluent  du  Saint- 
Maurice  avec  le  Saint-Laurent.  Bouchette  l'appelle 
l'île  du  Milieu.  Aujourd'hui  on  l'appelle  l'île  Maillet, 
du  nom  d'un  de  ses  propriétaires,  et  plus  communé- 
ment on  dit  l'île  aux  Cochons. 

Ile  aux  Corneilles  (Kaniouraska) 

Des  cohortes  innombrables  de  ces  noirs  volatiles 
y  séjournent  tout  l'été. 

Ile  aux  Coudres  (Ciiarlevoix) 

C'est  le  6  septembre  1535  que  l'île  aux  Coudres 
reçut  de  Jacques  Cartier  le  nom  qu'elle  a  toujours 
porté  depuis.  Il  la  nomma  ainsi  à  cause  des  noise- 
tiers (le  noisetier  porte  aussi  le  nom  de  coudrier) 
qu'il  y  trouva  en  abondance.  ''  Le  sixiesme  jour 
dudict  moys,  dit-il  dans  son  Brief  récit  et  succincte 
narration,  avec  bon  vent  feismes  courir  à  mont  le 
dict  fleuve  environ  quinze  lieues,  et  vinsmes  poser  à 
une  isle  qui  est  bort  à  la  terre  |du  Nord,  qui  faict 


193 


une  petite  baye  et  couche  de  terre  :  à  laquelle  y  a 
ung  nombre  inestimable  de  grandes  tortues,  qui  sont 
es  environs  d'icelle  ysle.  Pareillement  par  iceulx 
du  païs  se  faist  es  environs  de  la  dicte  ylfe  grand 
pescherie  de  Adhothuys.  Il  y  a  aussi  grand  courant 
es  environs  de  ladicte  ysle  contient  environ  trois 
lieues  de  long  et  deux  de  large  :  et  est  une  moult 
bonne  terre  et  grasse,  plaine  de  beaulx  et  grands 
arbres  de  plusieurs  sortes  :  et  entre  autres  y  a  plu- 
sieurs couldres  franches  que  trouvasmes  fort  chargées 
de  noisilles  aussi  grosses  et  de  meilleur  saveur  que 
les  nostres,  mais  ung  peu  plus  dures.  Et  parce  la 
nommasmes  l'ysle  es  Couldres." 

Ile  aux  Grues  (MoutniagDy) 

Autrefois,la  sage  grue  avait  choisi  l'île  qui  porte 
son  nom  comme  endroit  d'arrêt,  pendant  ses  migra- 
tions du  printemps  et  de  l'automne  de  la  Floride 
aux  froides  régions  de  la  baie  d'Hudson. 

Ile  aux  Hérous  (Montniagny) 

Au  dire  des  Sauvages  que  rencontra  Champlain 
en  1611  il  y  avait  si  grande  quantité  de  hérons  sur 
cette  île,  que  "  l'air  en  était  tout  couvert." 

Ile  aux  Lièvres  (Kamouraska) 

L'île  aux  Lièvres  fut  ainsi  nommée  par  Jacques 
Cartier,  parce  que,  à  son  retour  en  1536,  il  y  trouva 
quantité  de  lièvres  : 

^'  Le  lendemain,  dit-il  dans  son  Brief  récit  et 
succincte  narration,  16  du  dict  moys  de  may  nous 
appareillasmes  de  la  dicte  ylse  qui  est  a  environ 
quinze  lieues  de  la  dicte  isle  es  couldres,  laquelle  est 
grade  d'environ  cinq  lieues  de  long,  es  la  passasmes 
celluy  jour  pour  passer  la  nuit,  espérant  le  lende- 
13 


194 


main  passer  les  dangiers  du  Saguenay,  lesquelz  sont 
grands.  Le  soir  feusmes  à  la  dicte  isle,  où  trouvasmes 
grand  nombre  de  lièvres,  desquels  eusmes  quantité  : 
et  par  ce  la  nomasmes  l'isle  es  lièvres." 

Ile  aux  Noix  (Saint-Jean) 

Ainsi  nommée  de  l'abondance  des  noix  qu'on  y 
trouva. 

Ile  aux  Oeufs  (Labrador) 

Les  margaux  et  les  godets  venaient  ici  déposer 
leurs  œufs. 

La  flotte  de  l'amiral  sir  Hovenden  Walker  se 
perdit  sur  les  récifs  de  l'ile  aux  Œufs,  dans  la  nuit 
du  22  août  1711.  "  On  crut  envoyer  à  l'Ile  aux 
Œufs  ramener  les  dépouilles  des  Anglais,  dit  la 
mère  Juchereau  de  Saint-Ignace.  On  trouva  un 
spectacle  dont  le  récit  fait  horreur  :  plus  de  2000 
cadavres  nus  sur  la  grève  qui  avaient  presque  tous 
des  postures  de  désespérés  ;  les  uns  grinçaient  des 
dents,  les  autres  s'arrachaient  les  cheveux,  quelques- 
uns  étaient  à  demi-enterrés  dans  le  sable,  d'autres 
s'embrassaient.  Il  y  avait  jusqu'à  sept  femmes  qui 
se  tenaient  par  la  main  et  qui  apparemment  avaient 
péri  ensemble.  "  (1) 

lie  aux  Oies  (Montmagny) 

Six  milles  en  bas  de  l'île  aux  Grues  le  touriste 
découvre  les  rivages  verdoyants  de  l'île  aux  Oies. 
L'île  aux  Oies  fut  ainsi  nommée,  dès  les  commence- 
ments de  la  colonie,  de  la  multitude  prodigieuse  de 
canards,  d'outardes  et  surtout  d'oies  qu'on  y  voyait, 
et  qui  faisaient  retentir  de  leurs  cris  tous  les  lieux 
circonvoisins. 


(1)  Hidoire  de  V Hôtel- Dieu  de  Qxiéhec. 


195 


Ile  aux  Perroquet»  (Labrador) 

L'île  aux  Perroquets  est  située  entre  Blanc  Sablon 
et  Brador  (nommé  par  Cartier  les  Islettes).  Elle  a 
reçu  son  nom  d'une  espèce  de  canards  à  tête  de  per- 
roquet, dont  elle  était  couverte. 

Ile  aux  Pommes  (Témiscouata) 

*'  On  l'appelle  ainsi,  écrivait  Montcalm  en  1756, 
à  cause  de  la  quantité  étonnante  d'une  plante  ram- 
pante qui  produit  un  petit  fruit  rouge,  ressemblant 
pour  la  figure  à  celui  qui  est  connu  dans  les  pro- 
vinces méridionales  de  France  sous  le  nom  d'azerole. 
Dans  le  printemps,  ce  fruit  est  dans  sa  maturité 
d'un  goût  délicieux  très  estimé  des  sauvages  et  des 
canadiens.  On  en  fait  de  bonne  liqueur.  "  (1) 

Ile  aux  Réaux  (Itloiitmorency) 

''  L'île  aux  Ruaux,  écrit  M.  T.-P.  Bédard,  fut 
nommée  ainsi  de  M.  Ruaux,  pieux  personnage  qui 
s'était  donné  au  commandeur  Brulart  de  Sillery  ". 

M.  J. -Edmond  Roy  donne  une  autre  origine  au 
mot  Réaux  : 

Les  navigateurs  canadiens  appelaient  autrefois  la 
traverse  le  détroit  qui  se  trouve  entre  l'île  d'Orléans 
et  l'île  aux  Réaux,  à  dix  lieues  environ  de  Québec, 
parce  que  les  vaisseaux  qui  remontaient  le  fleuve  en 
longeant  la  rive  nord  changeaient  là  leur  course  et 
gagnaient  les  eaux  qui  baignent  le  versant  sud  de 
l'île  d'Orléans.  C'est  l'illustre  marin  d'Iberville 
qui,  le  premier,  trouva  le  passage  maintenant  suivi 
par  les  marins  à  la  droite  du  Saint-Laurent  et  qui 
a  pris  son  nom  de  l'ancienne  traverse.  On  écrit 
aujourd'hui  l'île  aux  Réaux  et  l'on  prononce  comme 


(1)  Journal  de  Montcalm^  p,  53. 


196 


si  le  mot  était  écrit  Eau.  Champlain  disait  Vile  aux 
Ruos,  et  les  anciens  missionnaires  jésuites,  nie  aux 
Ruaux.  Reau  ne  veut  rien  dire,  tandis  que  Ruau 
signifiait  dans  l'ancien  langage  :  détroit.  On  appelle 
encore  en  France  un  détroit  qui  sépare  l'île  de  Jersey 
des  roches  de  Dirouilles  et  d'Ecrehon,  dans  la  Man- 
che, à  quelques  milles  des  côtes  de  France,  le  Ruau  ". 

(1) 

Ile  Bizard  (Jacques-Cartier) 

L'île  Bizard  prit  son  nom  de  Jacques  Bizard,  à 
qui  elle  fut  concédée  le  25  octobre  1678.  Il  était 
alors  major  de  Montréal  ;  c'est  pourquoi,  sur  les 
cartes  du  temps,  l'île  Bizard  était  désignée  sous  le 
nom  de  '*  l'Isle  du  Major  "  ou  simplement  ''  Isle 
Major  ". 

M.  Jacques  Bizard,  né  en  1642,  était  fils  de  David 
Bizard  et  de  Guillemette  Robert,  de  Neufchâtel,  en 
Suisse.  Il  fut  inhumé  dans  l'église  de  Montréal  le 
6  décembre  1692.  Il  joua  un  certain  rôle  dans 
l'histoire  militaire  de  la  colonie  à  cette  époque,  et 
prit  part  à  plusieurs  des  expéditions  que  firent  alors 
les  gouverneurs  contre  les  Iroquois. 

Ile  Bouclier  (Saiut-3Iaurice) 

Cette  île  concédée  à  Pierre  Boucher  en  1655  a  été 
appelée  successivement  île  de  la  Croix  et  île  Saint- 
Joseph.     Mais  le  nom  de  Boucher  a  prévalu. 

Ile  Coflau  (Iles  de  la  3Iadeleiue) 

L'île  Coffin  qui  forme  partie  de  l'archipel  de  la 
Madeleine  a  été  appelée  autrefois  l'île  Royale.  On 
lui  donna  le  nom  de  Coffin  en  l'honneur  de  l'amiral 


(1)  Lettres  du  Père  F.  X.  Diiplessis,  p.  2. 


197 


Coffin  à  qui  l'archipel  de  la  ^ladeleine  fut  concédé 
le  24  août  1798. 

Ile  Coquart  (Cliicuutimi) 

L'île  Saint-Barthélémy  ou  île  Coquart  a  été 
nommé  ainsi  en  l'honneur  du  Père  Coquart,  l'avant- 
dernier  missionnaire  jésuite  qu'ait  eu  le  Saguenay 
et  qui  mourut  à  Chicoutimi  en  1765. 

Ile  de  Brion  (lies  de  la  Madeleine) 

L'île  de  Brion  fut  découverte  par  Jacques  Cartier 
le  25  juin  1534.  Le  navigateur  malouin  lui  donna 
ce  nom  en  l'honneur  de  l'amiral  de  France,  Philippe 
de  Chabot,  comte  de  Busançois  et  de  Charny,  et 
seigneur  de  Brion. 

C'est  à  l'amiral  de  Brion  que  Cartier  soumit  le 
dessein  qu'il  avait  formé  d'aller  explorer  les  pays 
que  l'on  appelait  alors  les  Terres  neuves  de  l'Améri- 
que du  Nord.  L'amiral  accueillit  ce  projet  et  voulut 
même  l'encourager  ;  il  fît  donner  l'autorisation 
royale  au  plan  du  navigateur  et  fut  ainsi  l'un  des 
promoteurs  de  la  découverte  du  Canada. 

Comme  ici-bas  tout  se  perd,  l'île  de  Brion  n'est 
plus  connue  par  la  plupart  de  nos  marins  canadiens- 
français  que  sous  le  nom  de  Brillante,  pendant  que 
les  cartes  anglaises  la  désignent  sous  le  nom  de 
Bryon  Island,  et  que  la  géographie  élémentaire  à 
l'usage  des  frères  de  la  doctrine  chrétienne,  au 
Canada,  l'appelle  poétiquement  l'île  de  Byron.     (1) 

Iles  de  la  Madeleine 

Le  19  janvier  1663,  les  îles  Brion  et  Saint-Jean, 
deux  des  îles  connues  aujourd'hui  sous  le  nom  d'îles 

(1)  Faucher  de  Saint-Maurice,  Promenades  dans  le  golfe  Saint- 
Laurent,  p.  147. 


198 


de  la  Madeleine,  furent  concédées^au  sieur  Doublet, 
maître  apothicaire,  résidant  sur  la  rue  Brûlé  à  Hon- 
fleur.  Dans  ses  lettres  patentes,  le  Roi  lui  accordait 
le  privilège  de  porter  dans  l'écusson  de  ses  armes 
comme  support  deux  Sauvages  avec  leurs  massues, 
et  de  changer  le  nom  de  ces  îles  en  celui  de  Made- 
leine, qui  était  le  prénom  de  sa  femme  ;  en  effet  elle 
s'appelait  Madeleine  Fontaine. 

Ile  d'Entrée  (Iles  de  la  Madeleine) 

L'île  d'Entrée  est  située  à  l'entrée  sud-est  du 
groupe  des  îles  de  la  Madeleine  ;  c'est  probablement 
ce  qui  lui  a  valu  son  nom. 

Ile  des  Allumettes  (Pontiae) 

L'île  des  Allumettes  fut  ainsi  appelée,  dès  les  com- 
mencements de  la  colonie  française,  de  la  grande 
c[uantité  de  roseaux  qui  y  croissaient  ■■  et  dont  on  se 
servait  en  guise  d'allumettes. 

Plus  tard,  on  appella  l'île  des  Allumettes  île  du 
Borgne  parceque  le  chef  des  Algonquins  qui  y  était 
établi  était  borgne. 

Ile  des  Cinq  (Saint- Maurice) 

Cette  île  est  vis-à-vis  le  portage  des  cinq,  c'est-à-dire 
le  portage  à  faire  entre  les  cinq  lacs  cj^ui  se  trouvent 
là.  Ce  portage  passe  sur  la  pointe  de  terre  formée 
par  la  Matawin  qui  se  jette  dans  le  Saint-Maurice.  (1) 

Ile  des  Soeurs  (Cliâteauguay) 

On  donne  à  cette  île  le  nom  d'île  des  Sœurs  par- 
ce qu'elle  appartient  aux  Sœurs  Grises  de  Montréal. 
Elle  est  aussi  connue  sous  le  nom  d'île  Saint-Bernard. 


(1)  Note  de  M.  l'abbé  Bois. 


199 


lié  cl'Orlénus  (Moutmoreucy) 

'Lorsqu'en  1535  Jacques  Cartier  monta  le  Saint- 
Laurent  pour  la  première  fois,  la  grande  et  belle  île 
qui  porte  aujourd'hui  le  nom  d'Orléans,  attira  son 
attention.  S^ estant  posé  et  à  U ancre  entre  icelle  grande 
isle  et  la  terre  du  Nort,  il  y  débarqua.  A  son  appro- 
che, les  naturels  prirent  la  fuite,  mais  la  vue  de 
Taiguragny  et  de  Domagaya  qui  l'accompagnaient 
les  rassurèrent  et  ils  vinrent  aux  navires  des  Français 
échanger  des  poissons,  du  mil  et  des  melons.  Cartier 
se  rendit  ensuite  à  la  rivière  Sainte-Croix  où  il  plaça 
ses  vaisseaux.  Le  lendemain,  il  retourna  à  l'île  : 
"  Estans  à  la  dicte  ysle  la  trouvasmes  plaine  de 
fors  beaulx  arbres  de  la  sorte  des  nostres.  Et  pareil- 
lement y  trouvasmes  force  vignes,  ce  que  n'avions 
veu  par  ci  devant  à  toute  la  terre,  et  par  ce  la  nom- 
masmes  l'isle  de  Bacchus  ". 

C'est  là  le  premier  nom  donné  à  l'île  d'Orléans. 

Lescarbot  donne  à  entendre  qu'au  printemps  de 
1536,  Cartier  changea  le  nom  de  Bacchus  en  celui 
d'Orléans.  Le  Brief  récit  et  succincte  narration, 
relation  du  voyage  de  1535  faite  par  Cartier  lui-même, 
n'en  souffle  mot.  C'est  une  pure  invention  de 
Lescarbot  qui  tronque  un  passage  du  récit  de  Cartier. 

Le  Brief  récit  et  succincte  narration  dit  : 

*'  Le  samedy  sixiesme  jour  dud  mo^^s  nous  appa- 
reillasmes  de  havre  saicte  Croix  et  vinsmes  à  ysle  es 
Coudres  ". 

Lescarbot  reproduit  : 

''  Le  samedi  sixième  jour  de  May  nous  appareillâ- 
mes du  havre  Saincte-Croix,  et  vînmes  poser  au  bas 
de  nie  d' Orléans '\ 

D'ailleurs,  Lescarbot  se  contredit  lui-même  quel- 
ques pages  plus  loin  : 


200 


*'  Quartier,  dit-il,  ne  s'arrêta  guère  ni  en  la  rivière 
du  Saguenay,  es  iles  aux  Coudres  et  d'Orléans  (ainsi 
s'appelle  aujourd'hui  celle  où  il  mit  à  terre  les  deux 
sauvages  qu'il  avoit  ramenés  de  France)  ". 

Le  nom  de  Bacchus  dut  faire  place  à  celui 
d'Orléans  au  troisième  voyage  de  Cartier. 

Tliévet,  qui  visita  le  Canada  quelque  temps  après 
Cartier,  dit  dans  son  Grand  insulaire  : 

''  J'avais  oublié  à  vous  dire  qu'une  isle  nommée 
des  Français  Orléans  et  des  sauvages  ^linigo  est 
l'endroit  où  la  rivière  est  la  plus  étroite.  L'isle  de 
IMinigo  sert  de  retraite  au  peuple  de  ces  pays  pour 
se  retirer  lorsqu'ils  sont  poursuivis  de  leurs  ennemis, 
et  là  où  ils  les  mettent,  les  ayant  pris  en  vie,  pour 
les  garder  quelques  lunes  et  jours,  pour  après  les 
massacrer  à  la  façon  et  manière  que  leurs  anciens 
ennemis  faisaient  d'eux  quand  ils  les  avaient  pris, 
ou  sur  terre  ou  sur  mer.  Autour  de  la  dite  isle, 
c'est  la  plus  belle  pêcherie  qui  soit  en  tout  le  grand 
océan,  et  où  les  baleines  y  repairent  en  tout  temps. 
Les  Bayonnais,  Espagnols  et  autres  y  vont  à  la 
pêcherie  pour  y  prendre  ces  grandes  baleines  ". 
C'est  peut-être  Ouinigo  (de  l'algonquin  Ouindigo, 
ensorselé),  fait  remarquer  l'abbé  Laverdière,  que  les 
Sauvages  nommaient  l'ile  d'Orléans.  (1)  Ailleurs, 
Thévet  nous  dit  pourquoi  le  nom  d'Orléans  fut  subs- 
titué à  celui  de  Bacchus  :  "  Il  est  question  de  savoir, 
dit-il,  que  lorsque  cette  terre  canadienne  fut  première- 
ment découverte  par  les  Français,  pour  y  faire  nou- 
velle colonie,  et  eussent  pénétré  en  la  côte  de  cette 
terre  que  environs  et  rivière  d'icelle,  étant  curieux 
d'immortaliser  le  nom  et  la  mémoire  des  rois  et 
princes  de  France,  ayant  mis  pied  à  terre  en  quel- 

(1)  Champlain,  Oeuvres^  tonïe  II,  p.  24. 


201 


ques  îles  leur  donnaient  le  nom  de  prince  ou  prin- 
cesse de  France,  comme  ils  faisaient  de  cette  île, 
laquelle  ils  nommèrent  Ile  d'Orléans,  en  l'honneur 
d'un  fils  de  France,  qui  lors  vivait  et  se  nommait 
alors  Valois,  duc  d'Orléans,  fils  de  ce  grand  roi  de 
France  de  Valois,  premier  de  ce  nom  ".     (1) 

Les  Sauvages,  selon  Thévet,  appelaient  l'île 
d'Orléans  Minigo.  Le  baron  de  La  Honton,  voya- 
geur peu  digne  de  foi  cependant,  dit  que  le  nom 
sauvage  de  l'île  était  Baccaléos. 

Lorsque,  en  1651,  les  Hurons  vinrent  se  réfugier 
dans  l'île  d'Orléans,  ils  lui  donnèrent  le  nom  d'île 
de  Sainte-]\Iarie,  en  souvenir  de  leur  mission  du  pays 
des  Hurons  détruite  par  les  Iroquois. 

En  1675,  l'île,  appartenant  à  M.  François  Ber- 
thelot,  fut  érigée  en  comté  noble,  sous  le  nom  d^île 
et  comté  de  Saint- Laurent.  ''  Avant  que  d'arriver  à 
Kébek,  écrivait  le  Père  Le  Jeune  en  1632,  on  ren- 
contre au  milieu  de  cette  grande  rivière  une  isle 
nommée  de  Saint-Laurens,  qui  a  bien  sept  lieues  de 
long  :  elle  n'est  éloignée  du  bout  plus  occidental  que 
d'une  lieue  de  la  demeure  des  Français  ".  (2)  Mais 
c'est  par  erreur  que  le  Père  Le  Jeune  lui  donne  ce 
nom,  qu'on  ne  trouve  pas  ailleurs  avant  1675. 

A  partir  de  cette  dernière  date  jusque  vers  1770, 
l'île  d'Orléans  a  porté  alternativement  le  nom  de 
Saint-Laurent  et  d'Orléans.  Le  premier  de  ces  noms 
prévalut  cependant  dans  les  actes  et  documents 
publics.  Depuis  plus  d'un  siècle,  oii  ne  donne  plus 
à  l'île  que  le  nom  d'Orléans. 

On  a  surnommé  autrefois  l'île  d'Orléans  l'île  des 
Sorciers.     Deux  raisons  peuvent  avoir  contribué  à 


(1)  Ce  fils  de  France  était  Henri  II. 

(2)  Relation  des  Jésuites. 


202 


lui  faire  donner  ce  nom.  Charlevoix,  dans  son  Jour- 
nal d'un  voyage  fait  par  ordre  du  roi  dans  r  Amérique 
septentrionale,  écrit  :  ''  Le  dimanche  vingt-deux  nous 
étions  mouillés  par  le  travers  de  l'île  d'Orléans,  où 
nous  allâmes  nous  promener  en  attendant  le  retour 
de  la  marée.  Je  trouvai  ce  pays  beau,  les  terres 
bonnes,  et  les  habitants  assez  à  leur  aise.  Ils  ont  la 
réputation  d'être  un  peu  sorciers  et  on  s'adresse,  dit- 
on,  à  eux  pour  savoir  l'avenir,  ou  ce  qui  se  passe 
dans  des  lieux  éloignés.  Par  exemple,  si  les  navires 
de  France  tardent  un  peu  trop,  on  les  consulte  pour 
en  avoir  des  nouvelles  et  on  assure  qu'ils  ont  quel- 
quefois répondu  assez  juste  :  c'est-à-dire,  qu'ayant 
deviné  une  ou  deux  fois  et  ayant  fait  accroire,  pour 
se  divertir,  qu'ils  parlaient  de  science  certaine,  on 
s'est  imaginé  qu'ils  avaient  consulté  le  Diable  ". 
On  explique  ce  surnom  d'une  autre  manière  aussi  : 
''  L'anguille  était  autrefois  très  abondante  sur  les 
bords  de  l'île  d'Orléans  ;  chaque  cultivateur  avait 
une  pêche  à  l'extrémité  de  sa  terre  et  la  visitait  tous 
les  jours.  A  cause  de  l'heure  variée  de  la  marée,  on 
se  rendait  à  différentes  heures  de  la  nuit  un  flambeau 
à  la  main  pour  s'éclairer.  Le  grand  nombre  de  ces 
lumières,  qui  allaient  en  tous  sens,  se  croisaient  et  se 
réunissaient  quekjuefois  pour  se  disperser  ensuite, 
présentaient  un  coup  d'œil  tout-à-fait  singulier.  Les 
habitants  de  la  côte  du  nord  et  du  sud,  paraît-il, 
virent  dans  ces  feux  quelque  chose  de  merveilleux, 
et  pour  ainsi  dire  de  diabolique,  et  ils  s'en  effrayè- 
rent même.  Alors,  plus  de  doute  ;  ils  pensèrent  tout 
naturellement  que  l'île  était  peuplée  de  sorciers,  de 
loups-garous  et  de  feux-follets."  (1) 


(1)  L.-P.  Turcotte,  Histoire  de  Vîle  d'Orlénn-'^,  p.  13. 


203 


Ile  du  Calumet  (Poutiac) 

L'île  du  Calumet,  située  dans  l'Ottawa,  à  une  tren- 
taine de  milles  en  haut  de  la  capitale  fédérale,  est 
ainsi  nommée  parce  que  les  Sauvages  s'y  réunissaient 
en  grand  nombre  pour  y  fumer  le  calumet  de  paix. 

C'est  dans  cette  île,  près  des  Sept  Chutes,  que 
Cadieux,  chanté  par  Fréchette,  a  succombé.  Un 
monument  en  pierre  blanche  lui  a  été  élevé  en  1892. 

Ile  du  Cap-aux-Meules  (Iles  de  la  Madeleine) 

L'île  de  la  Pierre-Meulière  ou  l'île-aux-Meules,  ou 
encore  l'île  du  Cap-aux-Meules  ou  de  Meules,  a  reçu 
son  nom  de  deux  monticules  qui  ressemblent,  de 
loin,  à  des  meules  de  foin.  Par  un  de  ces  quiproquos 
bizarres  dont  abonde  notre  géographie,  les  Anglais  en 
ont  fait  Grindstone  Island. 

Ile  du  Fort  ou  de  l'Eg-lise  (Yamaska) 

On  a  aucun  renseignement  positif  sur  le  site  du 
fort,  de  la  première  chapelle  et  des  premières  maisons 
de  Saint-François  du  lac  Saint-Pierre.  Ces  édifices 
devaient  être  à  peu  de  distance  les  uns  des  autres  et 
placés  sur  la  grande  île  qui  est  bornée  par  le  chenal 
Tardif  et  le  bras  principal  ou  central  de  la  rivière. 
C'est  l'île  dite  du  Fort  ou  de  V Eglise,  dénominations 
qu'elle  porte  aujourd'hui  en  souvenir  d'un  fort  et 
d'une  église  qui  y  ont  existes  pendant  une  longue 
suite  d'années.  (1)  *  ,  ' 

Ile  du  Gouverneur  (Ottawa) 

Sir  Adolphe  Chapleau  se  rendit  acquéreur  de  cette 
île  pour  la  faire  cultiver  alors  qu'il  était  lieutenant- 
gouverneur  de  Québec. 


(1)  Benjamin  Suite,  Saint- François  du  Lac^  p.  39. 


204 


Ile  Dupas  (Bertliier) 

L'île  Dupas  fut  concédée,  le  3  novembre  1672,  par 
l'intendant  Talon,  à  Pierre  Dupas,  sieur  de  Braché. 
Le  nom  de  cette  île  s'écrivait  autrefois  Dupas  et  non 
du  Pads,  ainsi  qu'on  l'écrit  généralement  de  nos 
jours.  Les  évêques  de  Québec,  dans  leurs  ordon- 
nances, tous  les  missionnaires  et  curés  qui  ont  écrit 
dans  les  registres  de  cette  paroisse  jusqu'en  1808, 
ont  écrit  Dupas  ou  du  Pas.  Le  premier  qui  a  écrit 
île  du  Pads  est  Mgr  Plessis.  Il  est  probable  que 
l'évêque  avait  pris  cette  orthographe  dans  les  Edits 
et  Ordonnances  publiés  en  1803  et  qui  donnent  le 
nom,  de  la  paroisse  île  du  Pads. 

Comment  ce  d  s'est-il  introduit  dans  ce  nom  ?  C'est 
probablement  une  faute  de  copiste.  Tous  ceux  qui 
ont  vu  l'ancienne  écriture  française  savent  que 
souvent  Vs  qui  terminait  les  mots,  était  fait  de 
manière  à  ressembler  assez  bien  à  ds,  aussi  lorsqu'il 
s'agit,  au  commencement  du  siècle,  de  livrer  à  l'im- 
pression les  Edits  et  Ordonnances,  le  copiste  prit  l'un 
pour  l'autre,  et  il  mit  ds  pour  s.  C'est  ainsi  que 
Dupas  est  devenu  du  Pads,  et  comme  cette  erreur 
parut  dans  le  public  revêtue  d'une  autorité  officielle, 
elle  fut  adoptée  comme  l'orthographe  véritable  du 
nom  de  cette  paroisse. 

Ce  n'en  est  pas  moins  une  faute.  Le  premier 
seigneur  de  l'île  Dupas  signait  Pierre  Dupas,  sieur 
de  Braché  ;  le  nom  de  cette  paroisse  devrait  donc 
s'écrire  Dupas.     (1) 

Ile  Houtelas  (Nicolet) 

Cette  île  fut  d'abord  connue  sous  le  nom  de  île 
Dagneau,  parce  qu'elle  appartenait  à  une  famille 

(1)  Annuaire  de  Ville-Marie,  vol.  I,  p.  4. 


205 


Dagneau.  M.  Brassard,  curé  de  Nicolet,  se  rendit 
acquéreur  de  l'île  Dagneau  et  la  laissa  en  mourant 
à  Charlotte  Houtelas.  Celle-ci  mourut  en  1817, 
léguant  son  avoir  au  séminaire  de  Nicolet.  L'île 
porte,  probablement  depuis  cette  date,  le  nom  d'île 
Houtelas,  en  souvenir  de  cette  bienfaitrice.     (1) 

Ile  Jésus  (Laval) 

L'île  Jésus,  les  îles  aux  Vaches  et  les  autres  îles 
adjacentes  furent  concédées,  le  23  octobre  1699,  par 
Hector  de  Callières,  gouverneur,  et  Jean  Bochart, 
intendant,  à  l'évêque  de  Québec  et  aux  ^DI.  du 
séminaire  de  Québec.  Son  nom  primitif  était  l'île 
de  Montmagny,  mais  bientôt  après  sa  concession  les 
propriétaires  jugèrent  à  propos  de  lui  donner  le  nom 
qu'elle  porte  à  présent. 

Ile  31adarae  (Montiiiorency) 

L'île  Madame  se  trouve  à  la  pointe  est  de  l'île 
d'Orléans,  à  peu  près  vis-à-vis  Berthier.  "  L'île 
Madame,  dit  M.  J. -Edmond  Roy,  semble  avoir  été 
appelée  ainsi  par  Champlain,  peut-être  en  souvenir 
de  l'île  Madame  que  l'on  voit  à  l'embouchure  de  la 
Charente,  non  loin  de  Brouage,  la  patrie  du  fonda- 
teur de  Québec  ". 

Ile  Moras  (îîicolet) 

Pierre  Mouet  de  Moras,  enseigne  au  régiment  de 
Carignan,  obtint  la  concession  de  cette  île  comme 
fief  en  1672  de  l'intendant  Talon. 

Ile  Moutesson  (Xicolet) 

Michel   LeGardeur   de   Montesson,'  chevalier   de 


(1)  h'sihbéJyoviyiUej  Histoire  du  collège-séminaire  de  Nicolet ^  vol. 
1er,  p.  5. 


206 


Saint-Louis,  ayant  acquis  la  seigneurie  de  Bécancour, 
donna  son  nom  à  cette  île. 

Ile  Patience  (Montmagny) 

En  1633,  le  Père  Le  Jeune  accompagna  une  expé- 
dition de  chasse  des  aborigènes.  Ses  amis  le  forcèrent 
de  séjourner  huit  jours  sur  l'île  Patience.  C'est 
probablement  ce  qui  lui  valut  son  nom. 

Ile  Perrot  (Vaudreuil) 

L'île  Perrot  a  pris  le  nom  de  son  premier  conces- 
sionnaire, François-Marie  Perrot,  capitaine  au  régi- 
ment d'Auvergne  et  gouverneur  de  Montréal. 

Ile  RaDdin  (Bertliler) 

L'île  Randin  fut  accordée,  en  avril  1672,  au  sieur 
Jean-Baptiste  Randin. 

Ile  Rosalie  (Ottawa) 

En  l'honneur  de  Rosalie  Cherrier,  épouse  de 
Joseph  Papineau,  propriétaire  de  la  seigneurie  de 
la  Petite-Nation. 

Ile  Rouge  (Sagruenay) 

Nommée  ainsi  par  Champlain,.à  cause,  sans  doute, 
de  la  couleur  de  son  sol. 

L'île  Rouge  a  toujours  été  dangereuse  à  cause  de 
la  nature  de  ses  courants.  En  1629,  Emery  de  Caen 
fuyant  les  vaisseaux  de  Kerth  s'y  échoua.  Heureuse- 
ment une  brume  épaisse  favorisa  son  évasion. 

Ile  Saînt-Baruabé  (Rimouski) 

Lorsqu'en  1535  Cartier  passe  en  face  de  l'île 
Saint-Barnabe,  remontant  le  fleuve  Saint-Lau- 
rent, il  la  mentionne  sans  la  nommer  :  *'  Et  au  para- 
vant  que  arriver  audict  hable  (aujourd'hui  connu 


207 


sous  le  nom  de  havre  du  Bic),  dit-il,  y  a  une  île  à 
Beft  d'icelly  environ  cinq  lieues,  où  il  n'y  a  point 
de  passage  entre  terre  et  elle  que  par  basteaux."  (1) 

L'île  Saint-Barnabe  portait  ce  nom  en  1612, 
comme  on  le  voit  par  la  carte  géographique  de  la 
Nouvelle-France  faite  par  Champlain  pour  le  Roi. 

Pourquoi  fut-elle  nommée  ainsi  ?  Nous  croyons 
que  ce  fut  Champlain  qui  lui  donna  ce  nom,  proba- 
blement parce  qu'il  la  côtoya,  le  11  juin,  jour  de  la 
fête  de  saint  Barnabe. 

C'est  sur  l'île  Saint-Barnabe  qu'à  vécu,  pendant 
près  d'un  demi-siècle,  dans  le  seul  but  défaire  son 
salutf  Toussaint  Cartier,  qu'on  a  surnommé  l'ermite 
de  Saint-Barnabe. 

Ile  Saint- Christophe  (Yamtiska) 

La  plus  grande  île  située  dans  l'embouchure  du 
Saint-Maurice  a  emprunté  son  nom  de  Christophe 
Crevier  dit  la  Mêlée,  boulanger  de  son  métier,  établi 
à  Québec  puis  à  "Trois-Rivières  vers  1639.  (2) 

Ile  Saiut-Eloi  (Champlain) 

Au  mois  de  juin  1603,  Champlain  remontant  le 
Saint-Laurent  baptisa  l'île  Saint-Eloi.  "  Passant 
plus  outre,  dit-il,  nous  rencontrasmes  une  isle  qui 
s'appelle  Saint-Eloy. .  .  " 

Ile  Saint-Gilles  (Vaudreuil) 

Cette  île  fut  concédée  à  Gilles  Perrot  par  l'inten- 
dant Talon. 

Ile  Sainte-Hélène  (Montréal) 

Sir  James-M.  LeMoine  est  sous  l'impression  que 


(1)  Brief  récit. 

(2)  Benjamin  Suite,    Histoire  de  Saint' François  dît  Lac,  p.  12. 


208 


l'île  Sainte-Hélène  a  pris  son  nom  de  Jacques  Le- 
Moyne  de  Sainte-Hélène,  deuxième  fils  du  baron 
de  Longueuil,  qui  fut  propriétaire  de  cette  île.  C'est 
tout  le  contraire  qui  est  vrai.  C'est  de  l'île  Sainte- 
Hélène  que  Jacques  LeMoyne  a  emprunté  son  nom 
de  Sainte-Hélène. 

L'île  Sainte-Hélène  tient  son  nom  de  Hélène  Boullé, 
femme  de  Champlain.  Lors  de  son  troisième  voyage 
au  Canada  vers  1620,  Champlain  acquit  cette  île  et 
la  paya  avec  la  dot  de  sa  femme.  Il  lui  donna  ce 
nom  en  souvenir  et  en  reconnaissance  de  cet  événe- 
ment. ''  Au  milieu  du  fleuve,  écrit  Champlain,  il  y 
a  une  isle  d'environ  trois  quarts  de  lieue  de  circuit, 
capable  d'y  bastir  une  bonne  et  forte  ville,  et  l'avons 
nommée  l'isle  de  Sainte-Elaine." 

Ile  Sainte-Hélène  (Pontiac) 

Cette  île  appartient  à  M.  Bonaparte  Wyse.  C'est 
pour  honorer  son  illustre  parent,  Napoléon  1er,  qu'il 
lui  a  donné  le  nom  de  Sainte-Hélène. 

Ile  Verte,  Saint- Jean-Baptiste  de  1'  (Téniiscouata) 

D'où  vient  ce  nom  poétique  d'île  Verte  ?  La 
légende  nous  dit  que  Jacques  Cartier  la  baptisa  lui- 
même  de  ce  nom,  parceque  n'étant  couverte  que 
de  sapins,  d'épinettes  et  de  cèdres,  elle  garde  en  tout 
temps  cet  aspect  verdoyant  qui  frappe  et  repose 
agréablement  la  vue.  Mais  il  est  bon  d'ajouter  que  le 
Brief  récit  de  Cartier  ne  mentionne  pas  l'île  Verte. 
En  1663,  on  trouve  dans  la  Relation  des  Jésuites  la 
mention  première  de  l'Ile  Verte.  Les  missionnaires 
qui  ne  bornaient  pas  leurs  visites  à  l'île  seulement, 
vinrent  évangéliser  les  Sauvages  sur  les  bords  de  la 
grande  rivière  qui  se  jette  dans  le  fleuve  en  face  de 


209 


l'île  et  appliquèrent  le  nom  de  Ile- Verte  à  la  terre 
ferme  où  se  trouve  aujourd'hui  la  paroisse.    (1) 

La  paroisse  de  l' Ile-Verte  fut  mise  sous  la  protec- 
tion de  la  Décollation  de  saint  Jean-Baptiste  en 
l'honneur  du  seigneur  Jean-Baptiste  Côté  qui  avait 
donné  à  la  fabrique  deux  arpents  de  terre  sur  quatre 
concessions. 

Iles  Beau  regard  (Verc hères) 

Le  premier  concessionnaire  des  trois  îles  Beaure- 
gard  fut  le  sieur  Jarret  de  Beauregard  qui  les 
obtint  du  gouverneur  de  Frontenac  le  17  août  1674. 

Jles  Bouchard  (Verchères) 

Les  îles  Bouchard  doivent  leur  nom  au  chirur- 
gien Etienne  Bouchard,  né  à  Paris,  mais  demeurant 
à  Epernon,  qui  s'établit  à  Montréal  en  1653,  et  y 
mourut  en  1676. 

Iles  Dorval  (Jacques-Cartier) 

Les  îles  Dorval  sont  situées  dans  le  fleuve  Saint- 
Laurent,  à  une  demi-lieue  de  Lachine,  vers  la  Pointe- 
Claire,  Elles  sont  au  nombre  de  trois  :  la  plus 
grande  a  une  étendue  d'à  peu  près  cent  ai'pents,  les 
deux  autres  sont  beaucoup  moins  considérables. 

Elles  furent  d'abord  connues  sous  le  nom  de  Cour- 
celles,  probablement  parce  que  le  gouverneur  de  ce 
nom  s'y  arrêta  dans  son  expédition  de  1670.  Fron. 
tenac  les  concéda,  en  1673,  à  l'abbé  François  de  Sali- 
gnac  de  Fénélon,  frère  du  célèbre  archevêque  de 
Cambrai,  qui  y  établit  une  mission.  A  son  départ 
de  la  Xouvelle-France,  M.  de  Fénélon  les  légua  au 
séminaire  de  Saint-Sulpice  de  Paris. 


(1)  Charles- A.  Gauvreau,  Ulsle- Verte,  p.  24. 
14 


210 


En  1764,  elles  passèrent  entre  les  mains  des  direc- 
teurs du  séminaire  de  Saint-Sulpice  de  Montréal  qui 
les  vendirent  à  M.  Jean-Baptiste  Bouchard  de  Dorval. 
Elles  prirent  dès  lors  le  nom  de  leyir  nouveau  pro- 
priétaire. 

En  1860,  sir  George  Simpson,  gouverneur  de  la 
Baie  d'Hudson,  alors  propriétaire  des  îles  Dorval,  y 
reçut  le  prince  de  Galles,  aujourd'hui  Edouard  VII. 

llet  à  Caniiel  (lliniouski) 

•Le  premier  cultivateur  qui  défricha  une  terre,  sur 
la  terre  ferme,  vis-à-vis  cet  îlot,  se  nommait  Canuel. 

llet  au  Massacre  (Kiniouski) 

L'îlet  au  Massacre  est  situé  en  face  de  la  paroisse 
de  Sainte-Cécile  du  Bic.  Ce  nom  lui  vient  de  ce 
qu'on  y  a  découvert,  dans  une  caverne,  des  squelettes 
d'hommes,  de  femmes  et  d'enfants. 

C'est  sur  cet  îlet  que  M.  J.-C.  Taché,  s'appuyant 
sur  le  passage  suivant  du  Brief  récit  de  Cartier,  a 
placé  le  théâtre  de  sa  légende  F  Evangile  ignoré  ou 
Vllet  au  Massacre  : 

"  Nous  fat  par  le  dict  Donnacona  monstre  les 
peaulx  de  cinq  testes  d'homme,  estandues  sur  du 
bois,  côme  paulx  de  pchemin.  Lequel  Donacona 
nous  dist  que  c'estoient  des  Trudamans  devers  le  Su, 
qui  leur  menait  continuellement  la  guerre  et  nous 
fut  dict  qu'il  y  a  eu  deux  ans  passez  que  les  dictz 
Trudamans  les  vindrent  assaillir  jusques  dedas  le 
dict  fleuve,  à  une  ysle  qui  est  le  travers  du  Saguenay, 
ou  ils  estoiet  a  passer  la  nuict  tendas  aller  à  Hon- 
guedo  leur  mener  guerre,  avec  environ  deux  cens 
personnes  tant  hommes,  femmes  qu'enfans.  Lesquels 
furent  surprises  en  dormant  dedans  un  fort,  qu'ils 
avoient  faict,  où  misrent  les  dictz  Trudamans  le  feu 


211 


tout  à  Fentour  et  comme  ils  sortaient  les  tuèrent 
tous,  réservé  cinq  qui  échappèrent.  De  laquelle  des- 
trousses se  plaignaient  encores  fort,  nous  monstrant 
qu'ils  en  auroient  vengeance." 

Ilets  Dombourgr  (Portneiif) 

Dombourg  est  l'anagramme  de  Bourdon.  Jean 
Bourdon  fut  le  premier  concessionnaire  de  cet  endroit. 

llets  Jérémie  (Sag^uenay) 

Noël  Jérémie  avait  contracté  avec  Guillaume  Cou- 
ture une  société  pour  le  négoce  vers  les  rivages  du 
Nord.  Il  laissa  son  npm  aux  îlets  Jérémie,  près  de 
Tadoussac. 

Ilot  de  la  Vieille  (Gaspé) 

L'îlot  de  la  A'ieille  est  situé  à  quelques  milles  de 
la  baie  de  Gaspé.  Il  était  probablement  uni  autrefois 
avec  la  terre  ferme  dont  il  est  maintenant  séparé  par 
un  étroit  canal.  Cet  îlot  reçut  ce  nom  d'un  rocher 
de  peu  d'étendue  qui  avait  été  nommé  ainsi  parce 
que  les  yeux  des  marins  y  entrevirent  une  tête  de 
femme,  couverte  d'une  large  coiffe,  comme  en  por- 
taient nos  grand' mères  canadiennes.  ^lais  le  temps, 
les  vents  et  les  vagues  dérangèrent  probablement  les 
ajustements  de  la  bonne  dame  car  lorsque  l'abbé 
Ferland  le  visita  en  1836,  vu  de  la  mer,  il  ressem- 
blait à  un  vaisseau  portant  toutes  ses  voiles,  telle- 
ment que  les  navigateurs,  même  ceux  qui  connais- 
saient ces  lieux,  s'y  trompaient  c[uelquefois.  Ils  lui 
donnent  aussi  le  nom  de  Sldj^s  Head.  Les  Sauvages 
l'appelaient  Katsepiou,  d'où  on  aurait  fait  Gaspé, 
prétend  M.  LeMoine.     Ce  rocher  qui  pouvait  avoir 


212 


(le  trente  à  trente-cinq  pieds  de  hauteur,  miné  par 
les  flots,  fat  renversé  vers  1851  ou  1852.  (1) 

Inverness,  Saint-Athanase  d'  (Mégantic) 

Vers  1830,  quelques  chefs  de  famille  originaires 
du  comté  d' Inverness,  en  Ecosse,  cherchant  dans  la 
province  de  Québec  un  endroit  pour  établir  leurs 
familles,  frappés  de  l'étrange  ressemblance  d'une 
partie  du  comté  actuel  de  Mégantic  avec  les  monta- 
gnes de  leur  pays,  s'y  firent  concéder  des  terres  et 
donnèrent  au  nouvel  établissement,  en  souvenir  de 
leur  patrie,  le  nom  d' Inverness. 

Plus  tard,  lorsque  les  Canadiens-Français  vinrent 
s'établir  dans  le  canton  d'Inverness,  les  autorités 
ecclésiastiques  dédièrent  la  nouvelle  mission  à  saint 
Athanase,  évêque  et  docteur  de  l'église.  Ceux 
qui  connaissent  la  vie  de  ce  grand  saint,  qui  com- 
battit les  hérétiques  ariens,  et  qui  fit  rentrer  tant 
d'âmes  égarées  dans  le  sein  de  la  véritable  église, 
avoueront  que  le  canton  protestant  d'Inverness  ne 
pouvait  être  mis  entre  de  meilleurs  mains  que  celles 
de  ce  saint. 

Irlande,  Saint  Adrieu  d*  (Mégantic) 

En  souvenir  de  la  vieille  Irlande. 

Ironside  (Ottawa) 

Il  y  a  ici  plusieurs  mines  de  fer. 

Ixworth,  Canton  (Jacques-Cartier) 

Ixworth  est  un  village  du  comté  de  Sufïolk, 
Angleterre. 


(1)  L'abbé  Ferland,  La  Gaspésie,  p.  78. 


21 


o 


Jacques-Cartier 

Il  était  bien  raisonnable  que  le  découvreur  du 
Canada  eut  son  comté  dans  la  province  de  Québec. 

Jacques-Cartier,  Kivière  (Québec) 

'*  Du  costé  du  nort,  dit  Champlain,  il  y  a  une 
rivière  qui  s'appelle  Batiscan,  qui  va  fort  avant  en 
terre,  par  où  quelquefois  les  Algoumequins  viennent  ; 
et  une  autre  (celle  de  Jacques-Cartier)  du  même 
costé,  à  trois  lieues  du  dict  Sainte-Croix  sur  le  che- 
min de  Québec,  qui  est  la  descouverture  qu'il  en  fait 
et  ne  passa  point  plus  outre.  La  ditte  rivière  est 
plaisante  et  va  assez  avant  dans  les  terres."  (1) 

''  Champlain,  qui  probablement  n'avait  point 
encore  vu  les  relations  de  Cartier,  remarque  M.  l'abbé 
Laverdière,  parle  ici  d'après  les  traditions  ou  les 
idées  de  ceux  qui  le  pilotaient,  et  vraisemblablement 
de  Pontgravé  en  particulier  ;  car  la  Chronologie  Septe^ 
naire,  qui  semble  prendre  les  intérêts  de  celui-ci, 
enchérit  encore  sur  ce  passage,  et  ajoute  :  ''  ny  autre 
après  luy  qu'en  ce  vo^^age."  Mais  Champlain  était 
trop  bon  observateur  pour  ne  pas  concevoir  quelques 
doutes  sur  la  vérité  de  ces  faits,  "  ne  voyant,  comme 
il  dit,  apparence  de  rivière  pour  mettre  vaisseaux." 
Aussi  prouve-t-il,  au  même  endroit,  que  Cartier  n'a 
pu  hiverner  ailleurs  que  dans  la  rivière  Saint-Charles. 
Au  reste  il  n'a  pas  pu  s'imaginer  qu'il  était  le  pre- 
mier à  remonter  le  fleuve  au-dessus  de  Sainte-Croix, 
comme  l'insinue  Lescarbot,  puisqu'il  était  avec 
Pontgravé,  qui  connaissait  les  Trois-Rivières  depuis 
au  moins  cinq  ou  six  ans."  (2) 


(1)  Des  sauvages. 

(2)  Champlair,  Oeuvres,  vol.  I,  p.  27. 


214 


Jambons,  Les  (Labrador) 

"  Les  Jambons  sont  ainsi  nommés  à  cause  d'un 
monticule  qui  s'y  trouve  et  dont  la  forme  rappelle 
la  configuration  de  cette  partie  du  cochon,  qui  est 
d'un  usage  si  général  pour  la  confection  des  sand- 
wiches.  Il  y  a  en  effet  des  points  de  ressemblance 
entre  les  deux  genres  d'accidents  géographique  et 
anatomique,  et  l'on  a  pas  eu  tort  de  donner  à  l'un  le 
nom  de  l'autre."  (1) 

Jean-Giiérin  (Lé vis) 

Jean  Guérin  était  un  humble  donne.  On  connaît 
l'héroïsme  de  ces  domestic[ues  qui  dans  le  but  de  se 
sanctifier  s'engagaient  à  assister  et  servir  gratuite- 
ment les  missionnaires  jésuites  qui  travaillaient  au 
salut  des  pauvres  Sauvages. 

Jean  Guérin  accompagna  les  missionnaires  jésuites 
dans  presque  tous  les  quartiers  du  Canada  et  toutes 
leurs  missions,  soit  aux  Iroquois,  soit  aux  Hurons, 
aux  Abénakis  'et  aux  Algonquins.  Partout  il  fut 
exposé  à  d'innombrables  dangers  et  supporta  de 
grandes  fatigues,  donnant  à  chaque  endroit  où  il 
passait  les  marques  d'une  sainteté  très  rare.  Il  fut 
tué  d'un  coup  de  fusil  tiré  accidentellement. 

Le  Père  Jérôme  Lalemant  fait  un  éloge  bien  mérité 
du  bon  Guérin  :  ''  C'était,  dit-il,  un  homme  de  Dieu 
d'une  éminente  vertu  et  d'un  zèle  très  ardent  pour 
le  salut  des  âmes  :  il  s'était  donné  à  nous  afin  de 
coopérer  par  ses  services  à  la  conversion  des  Sau- 
vages. C'était  un  homme  de  grande  oraison  ;  il  y 
employait  souvent  une  partie  de  la  nuit,  et  le  matin 
venu  il  se  retirait  hors  du  bruit,  pour  la  continuer 
dans  le  silence  de  la  forêt  :  c'est  pour  cela  que  les 


(1)  L'abbé  Victor- A.  Huard,  Labrador  et  Anticostiy  p.  118. 


215 


Outaouais  disaient  qu'il  faisait  tous  les  matins  la 
découverte  hors  de  leur  palieside,  parco  qu'il  ne 
manquait  point  d'aller  hors  des  cabanes  se  cacher  à 
l'écart  pour  faire  son  oraison,  dans  laquelle  il  rece- 
vait des  consolations  bien  particulières  ;  il  la  conti- 
nuait même  pendant  le  sommeil  de  la  nuit  depuis 
plusieurs  années,  et  avait  souvent  des  songes  si 
mystérieux,  que  vous  eussiez  dit  qu'il  était  même 
raisonnable  en  dormant.  Il  était  si  réservé  avec  les 
femmes,  qu'il  ne  les  voulait  jamais  regarder  en  face  ; 
ce  que  voulant  persuader  à ,  ses  compagnons,  ils  lui 
répondaient  en  riant  :  ''Si  nous  faisions  tous  comme 
vous,  nous  serions  bientôt  dépouillés  de  tout  le  peu 
C|ue  nous  avons."  Ils  voulaient  lui  reprocher  que 
les  femmes  sauvages  lui  avaient  dérobé  quantité  de 
choses  faute  de  les  avoir  voulu  observer.  Et  parmi 
les  Iroquois,  lorsqu'il  allait  à  la  chasse,  il  est  arrivé 
que  quand  nous  demandions  à  des  femmes  qui 
venaient  du  lieu  où  il  était  allé,  si  elles  ne  l'avaient 
point  vu  :  "  Nous  Tavons  vu,  disaient-elles,  mais 
lui  ne  nous  a  pas  vues  ;  car  il  ne  nous  regarde  pas 
quand  il  nous  rencontre."  Son  humilité  était  tout  à 
fait  rare,  il  s'offrit  une  fois  à  être  bourreau  en 
Canada,  afin  d'être  en  horreur  à  tout  le  monde  par 
cet  office.  Et  une  chose  l'empêcha  de  presser  pour 
être  en  notre  Compagnie  :  "  De  peur,  seulement, 
disait-il,  que  la  soutane  qu'il  porterait,  ne  le  fit  esti- 
mer plus  qu'il  ne  valait."  (1) 

Jersey,  Cantou  (Beauce) 

L'île  de  Jersey,  dans  la  Manche,  appartient  à 
l'Angleterre,  mais  est  gouvernée,  comme  la  pro- 
vince de  Québec,  d'après  l'ancien  droit  français. 


(1)  Relation  des  Jésuites,  1662-63. 


216 


Jer»ey-Cove  (Gaspé) 

Quelques  jersiais  protestants,  Briard,  Thoreau, 
Sorsoreil,  Touet,  donnèrent  ce  nom  en  souvenir  de 
leur  patrie. 

Jette,  Canton  (Beance) 

Sir  Louis-Amable  Jette,  lieutenant-gouverneur  de 
la  province  de  Québec. 

Jeune  .Lorette,  Saiut-Anibroise  de  la  (Québec) 

Le  11  novembre  1795,  l'évêque  de  Québec  adres- 
sait aux  paroissiens  de  la  Jeune-Lorette  un  mande- 
ment par  lequel  il  donnait  saint  Ambroise  pour 
titulaire  de  la  nouvelle  paroisse,  et  promettait  d'aller 
bientôt  bénir  la  chapelle  érigée  sous  son  vocable. 
Le  nom  du  saint  patron  était  bien  choisi.  Il  con- 
venait, en  effet,  que  le  grand  docteur  de  l'église 
latine,  Ambroise,  gouvernât  du  haut  du  ciel  cette 
église  naissante,  fille  de  celle  de  Charlesbourg,  placée 
sous  la  protection  de  son  saint  émule  et  successeur 
sur  le  siège  de  Milan,  saint  Charles  Borromée.  (1) 

Jogues,  Canton  (Lac  Saint-Jean) 

Qui  ne  connaît  l'héroïque  Père  Jogues  martyrisé 
par  les  Iroquois  le  18  octobre  1646  ?  Parkman, 
après  avoir  rapporté  le  martyre  du  Père  Jogues, 
ajoute  :  "  Ainsi  mourut  Isaac  Jogues,  un  des  exem- 
ples les  plus  purs  de  la  vertu  catholique  que  le  con- 
tinent occidental  ait  jamais  vu."  (2) 

Jolîette 

C'est  en  1864  que  le  nom  de  l'Industrie  a  fait 
place  à  celui  de  Joliette,  en  l'honneur  de  l'honorable 
Barthélémy  Joliette,  fondateur  de  cette  ville. 

(1)  L'abbé  Lionel  Saint-George  Lindsay,  Noire-Dame  de  Lorette 
en  la  Nouvelle- France^  p.  282. 

(2)  The  Jesuits  in  North  Americat   p.  304. 


217 


Jolliet,  Canton  (Bertiiier) 

Louis  JoUiet,  explorateur  du  Mississipi. 
Joly,  Canton  (Ottawa) 

Sir  Henri  Joly  de  Lotbinière,  premier  ministre  de 
la  province  de  Québec,  ministre  fédéral,  puis  lieute- 
nant-gouverneur de  la  Colombie  Anglaise. 

Jonquiere,  Saint-Dominique  de  (Cliicoutinii) 

Le  canton  Jonquiere  qui  a  pris  son  nom  de  Jacques 
Taffanel,  marquis  de  la  Jonquiere,  gouverneur  de  la 
Nouvelle-France,  est  situé  en  arrière  de  celui  de 
Chicoutimi. 

Jonquiere  fut  d'abord  desservie  par  les  curés  de 
Chicoutimi  ;  c'est  M.  Dominic{ue  Racine,  plus  tard 
premier  évêque  de  Chicoutimi,  qui  y  inaugura  les 
missions  régulières.  C'est  en  son  honneur  que  la- 
paroisse  fut  mise  sous  le  patronage  de  saint  Domini- 
que. 

Kaine,  Canton  (Saint-Maurice) 

En  l'honneur  de  l'honorable  M.  Kaine,  ministre 
sans  portefeuille  dans  le  gouvernement  Gouin. 

Kaniouraska,  Saint  Louis  de 

Kamouraska  est  un  mot  cris  qui  veut  dire  :  Il  y  a 
jonc  au  bord  de  Veau.  Mgr  Laflèche  décompose  ainsi 
le  mot  Kamouraska.  De  akaiL\  au  bord  de  l'eau,  et 
AyasJcaiu,  temps  indéfini  du  verbe  askaw,  qui  se 
forme  en  changeant  a  en  a^a,  Âkamaraska,  il  y  a 
jonc  au  bord  de  l'eau. 

Kamouraska  fut  canoniquement  érigée  en  paroisse 
le  3  mars  1722  et  mise  sous  le  patronage  de  saint 
Louis  en  l'honneur  du  seigneur  Louis-Joseph  Morel 
de  la  Durantaye. 


218 


Kanlkauwiniiiaii,  Lac  (Labrador) 

Rivière  où  le  sable  est  mouvant. 

Kaskoiiïa,  Rivière  (Cliicoutimi) 

Le  Père  Lemoine  fait  venir  ce  mot  de  LeJcashkuiau, 
qui,  décomposé,  donne  ces  trois  termes,  "  sable  ", 
''  herbe  "  et  ''  pointe  de  terre  ". 

Katevale  (Staustead) 

La  paroisse  de  Sainte-Catherine  de  Hatley  s'étend 
sur  les  deux  versants  d'une  magnifique  vallée  qui  va 
de  l'extrémité  sud  du  lac  Massawippi  au  lac  de 
Magog.  C'est  pour  cette  raison  que  les  Anglais  lui 
donnent  le  nom  de  Katevale,  vallée  de  Catherine. 

Kawacliaganii,  Lac  (Cliicoutimi) 

Lac  à  l'eau  claire. 

Keg-aslika,  Canton  (Saguenay) 

Rocher  pointu. 

Kenanioii,  Rivière  (Labrador) 

Du  montagnais  Kenukamu,  lac  long,  rivière 
longue. 

Kénébec 

Kanibesek,  qui  conduit  au  lac.  Chaque  année, 
au  temps  de  la  grande  chasse  de  l'hiver,  les  Canibas 
se  rendaient  en  grand  nombre  au  ''  lac  à  l'orignal  " 
en  suivant  la  rivière  Kénébec.  C'est  pour  cela  qu'ils 
appelaient  cette  rivière  "  le  chemin  qui  conduit  au 
lac...  "  Quelques  uns  penseront  peut-être  que  le 
mot  Kénébec  vient  du  mot  algonquin  Kinebik,  ser- 
pent. La  ressemblance  frappante  qui  existe  entre 
ces  deux  mots  et  la  grande  probabilité,  généralement 
admise,  que  les  Algonquins  et  les  Abénakis  parlaient 


219 


autrefois  la  même  langue,  paraîtraient  appuyer  cette 
opinion.  Cependant  nous  ne  la  partageons  pas  ;  car 
il  est  certain  qu'à  l'époque  de  l'établissement  des 
Européens  en  Amérique,  ces  deux  nations  sauvages 
ne  se  servaient  pas  du  même  idiome.  A  cette  époque, 
les  Abénakis  ne  désignaient  pas  un  serpent  par  le 
mot  Kinehih  mais  bien  par  celui-ci  :  Shoku.  Ainsi 
ils  appelèrent  SJiokSaki,  terre  du  serpent,  un 
endroit  situé  près  de  Boston.  Cet  endroit  est  aujour- 
d'hui connu  sous  le  nom  de  Cooksakee,  nom  qui  n'est 
évidemment  qu'une  corruption  de  celui  donné  par 
les  Abénakis.  De  là,  il  est  certain  que  les  Abénakis 
ne  se  servaient  pas  alors  du  mot  algonquin  Kinebik 
pour  désigner  la  rivière  Kénébec.     (1) 

Kenogami,  Saint-Cyriaqiiede  (Cliicoutimi) 

C'est  le  lac  Kenogami  qui  a  donné  son  nom  à  la 
paroisse.  Kenovagami,  Kinogami,  étendue  d'eau  ; 
Chinouagami,  en  long  ;  Tsiamagami,  au  lac  long. 
D'après  Mgr  Laflèche,  Kenogami  viendrait  du  cris 
kino,  long,  et  garni,  liquide.  Kinogami,  lac  en 
long. 

Kenoganiicliiclie,  Lac  (Lac  Saint- Jean) 

Dérivé  du  mot  Kenogami.     Il  se  forme  en  ajou- 
tant sis.     Kenogamisi,  Kenemich,  petit  lac  long. 

Kensington,  Canton  (Ottawa) 

Kensington  est  une  des  grandes  villes  d'Angle- 
terre. 

Kianiika,  Canton  (Ottawa) 

L'étymologie  de  ce  mot  n'est  pas  encore  claire- 
ment déterminée.     ''  Si  cet  endroit,  dit  le  Père  Le- 


;i)  L'abbé  J.  A.  Maurault,  Histoire  des  Abénakis, 


220 


moine,  est  caractérisé  par  quelque  rocher  à  pic,  on 
peut  dire  qu'il  vient  de  Kiamabikak,  composé  de  Ka, 
''  celui  qui  ",  et  de  Amabikat,  '*  il  est  un  rocher 
escarpé  ",  et  enfin  de  la  forme  subjective  contractée 
laquelle  produit  Kiamabikak.  En  ce  cas,  bi  aurait 
été  élidé  par  inattention,  comme  il  arrive  souvent 
lorsque  les  blancs  essaient  de  saisir  les  noms  sau- 
vages." (1) 

Kildare  (Joliette) 

Kildare  est  une  très  ancienne  ville  d'Irlande. 
Kilkeuny,  Saint-Hipiiolyte  de  (Terrebonne) 

Kilkenny  est  un  comté  de  la  province  de  Leinster, 
en  Irlande. 

En  1864,  un  chanoine  de  la  cathédrale  de  Mont- 
réal, M.  Hippolyte  Moreau,  fut  délégué  par  Mgr 
Ignace  Bourget  pour  choisir  l'emplacement  de 
l'église  qui  devait  être  construite  dans  le  canton  de 
Kilkenny,  sur  les  bords  du  lac  du  même  nom.  C'est 
en  l'honneur  de  ce  prêtre  distingué  que  la  nouvelle 
paroisse  de  Kilkenny  fut  mise  sous  le  patronage  de 
saint  Hippolyte,  martyr. 

Kingrsey-Falls,  Saint- Aimé  de  (Drunimond) 

Dans  le  comté  d'Oxford,  en  Angleterre,  un  village 
porte  le  nom  de  Kingsey. 

Saint  Aimé  a  été  choisi  comme  titulaire  de  Kingsey 
Falls  à  cause  de  M.  Louis- Aimé  Masson,  curé  de 
Danville,  fondateur  et  premier  desservant  de  cette 
paroisse. 

Kippewa,  Lac  (Poutiac) 

Les   Algonquins   actuels   écrivent  et  prononcent 


(1)  Eugène  Rouillard,  JSFoms  sauvages,  p.  15. 


221 


Kipahowe.  Ce  mot  est  formé  1^  de  la  racine  Hpa, 
verbe  algonquin  pour  enfermer  ;  2®  de  la  terminaison 
owe,  qui  indique  l'action  d'un  sujet  inanimé  d'un 
verbe  intransitif.  Ce  mot  veut  donc  dire  :  ''Le  lac 
enferme",  c'est-à-dire  forme  une  enceinte.  Cette 
désignation  doit  avoir  été  donnée  à  ce  lac  à  cause  des 
grosses  pointes  qui  semblent  en  fermer  l'ouverture 
à  plusieurs  endroits.  (1) 

Kiskissiak,  Tjac(  Lac  Saint- Jean) 

Mot  montagnais  qui  signifie  :  "lac  au  cèdre  ". 

Knowlton  (Brome) 

Le  colonel  P.-H.  Knowlton  a  beaucoup  fait  pour 
cette  ville.  C'est  lui  qui,  pour  ainsi  dire,  peut  en 
être  considéré  comme  le  véritable  fondateur,  quoi- 
qu'il n'y  soit  arrivé  qu'en  1834.  Aussi  les  habitants 
ont  acquitté  une  dette  de  reconnaissance  en  donnant 
son  nom  à  leur  ville. 

LaBarre,  Canton  (Lac  Saint-tîean) 

M.  de  LaBarre  succéda  à  M.  de  Frontenac  comme 
gouverneur  de  la  Nouvelle-France.  11  était  aussi 
faible  que  son  prédécesseur  était  énergique  et  capable, 

Labelle 

C'est  à  juste  titre  qu'on  a  surnommé  Mgr  Labelle 
le  roi  du  Nord.  -  Nul  n'a  contribué  plus  que  lui  à 
ouvrir  cette  immense  région  à  la  colonisation. 

Laborde  (Cliamplain) 

Le  sieur  de  Laborde  fut  le  premier  habitant  de  ce 
village.    Il  mourut  en  1790. 

(1)  Eugène  Rouillard,  Noms  sauvages,  p.  15. 


222 


Labrador 


"  Quelques  historiens  ont  attribué  aux  Anglais 
la  priorité  de  la  découverte  du  Labrador.  Des  géo- 
graphes et  des  cosmographes  du  seizième  siècle  sont 
un  peu  les  auteurs  de  cette  opinion,  qui  nous  parait 
peu  soutenable.  Ainsi  nous  lisons  sur  une  mappe 
insérée  dans  un  manuscrit  de  Wolfenbiittel,  cité  par 
Harrisse,  la  légende  suivante  annexée  au  mot  Labra- 
dor :  "  Cette  terre  fut  découverte  par  les  Anglais  de 
la  ville  de  Bristol,  et  parce  que  celui  qui  en  donna 
la  nouvelle  était  un  laboureur  des  îles  Açores,  on  lui 
donna  ce  nom." 

''  Samuel  Robertson  prétend  que  ce  fut  un  balei- 
nier basque  qui  donna  son  nom  au  Labrador,  que 
les  Européens  visitèrent  longtemps  après  lui. 

"  Il  y  a  un  fait  assez  évident,  c'est  que  l'appella- 
tion de  Labrador  semble  originer  des  Basques  plutôt 
que  des  Anglais  ou  des  Espagnols.  On  a  prétendu 
que  ce  mot  originait  du  voyage  de  Cortereal,  qui 
avait  emmené  avec  lui  à  Lisbonne  un  certain  nombre 
de  naturels  pour  vendre  comme  esclaves.  M.  Parkman 
et  M.  Biddle,  s' appuyant  sur  le  passage  d'une  lettre 
de  Pasqualigo  dans  ses  Paesi  novamef)ite  retrovati,  de 
1507,  arrivent  à  cette  conclusion, 

''  L'explication  offerte  par  M.  Margry  nous  semble 
beaucoup  plus  naturelle,  comme  nous  pouvons  en 
juger  par  la  citation  extraite  de  son  magnifique 
ouvrage,  Les  navigations  françaises:  "Quoique  je 
sache  que  le  nom  du  pays  de  Labour,  ou  mieux  de 
Labourd,  venant  selon  les  uns  de  Lapurdum,  selon 
les  autres,  du  mot  basque  Lapurdi,  loin  de  comporter 
l'idée  de  labourage,  signifie,  d'après  M.  de  Marca, 
dans  son  Histoire  de  Béarn,  un  pays  désert  et  ouvert 
aux  voleurs,  et  d'après  quelques  écrivains,  une  terre 


223 


de  pirates,  n'est-il  pas  possible  de  conjecturer,  à 
l'appui  de  la  tradition  de  la  découverte  du  Labrador 
par  les  Basques,  que  les  Espagnols  et  même  les 
Portugais  auraient  traduit  par  ce  nom,  celui  de  la 
Terre  de  Labour,  donné  primitivement,  peut-être  par 
les  Basques,  à  cette  partie  de  leurs  découvertes,  et 
auraient  ainsi  confirmé  leur  priorité  en  acceptant  ce 
nom  altéré  d'après  la  signification  apparente  que  lui 
donne  son  rapport  de  son  avec  le  mot  français  ?  " 

"  Le  Labour  était  une  petite  contrée  de  France 
située  dans  la  Gascogne,  au  pays  des  Basques.  Les 
principales  villes  étaient  Bayonne  et  Saint-Jean-de- 
Luz.  Les  pêcheurs  de  cette  localité  ont  pu  facilement 
donner  au  Labrador,  qui  se  traduit  laboureur,  le  nom 
de  leur  bourg,  comme  ils  firent  à  l'égard  du  cap 
Breton. 

"  Les  cosmographes  apportent  plusieurs  variantes 
au  mot  Labrador.  Ainsi  l'on  trouve  sur  les  cartes  : 
Terra  Laboratoris  (Globe  d'Ulpius,  1542),  Tierra  del 
Labrador  (Carte  marine  de  Ptolémée  de  1548,  mappes 
de  Ribero  et  de  Gastaldi),  Terra  del  Laborador 
(Ramusio,  Ruscelli,  Porcacchi  et  Corneille  de  Jode), 
Laborador  tout  court  (N.  Vallard  et  Quadus).  Jehan 
Alfonse  désigne  le  Nouveau-Brunswick  comme  fai- 
sant partie  de  la  côte  de  Jjaboureur.  Une  mappe  de 
Robert  Thorne,  de  1527,  l'appelle  Nova  Terra  labora- 
torum  dicta.  Une  autre  de  1534,  attribuée  à  Bordone, 
représente  une  terre,  qui  paraît  être  l'Amérique  du 
Nord,  désignant  la  côte  nord-est  vaguement  dessinée 
par  ces  mots  :  Terra  delavoratore.  Deux  cartes  anté- 
rieures du  même,  1521  et  1528,  la  désignent  sous  le 
nom  de  Terra  del  Laboradore.  Une  mappe  de  Lau- 
rentius  Frisius  (1525)  représente  à  l'ouest  d'une 
terre,  qui  apparemment  correspond  au  Groenland, 


224 


une  île  marquée  Terra  laboratoris,  à  l'ouest  de  sa 
partie  extrême."   (1) 

Labrecqiie,  Canton  (Chicoutiml) 

Mgr  Labrecque,  troisième  évêque  de  Chicoutimi. 

La  Brosse,  Canton  (Cliarlevoix) 

Le  Père  Jean-Baptiste  de  La  Brosse,  Jésuite,  a  été 
plusieurs  années  missionnaire  chez  les  Montagnais. 
'^  C'est  le  Père  de  La  Brosse,  dit  M.  Taché,  qui  a  mis 
la  dernière  main  à  cette  belle  chrétienté  montagnaise 
si  pleine  de  foi  et  de  piété."  (2) 

L'Acadie  (Saint-Jean) 

La  paroisse  de  Sainte-Marguerite  de  Blairfindie 
est  plus  souvent  appelée  L'Acadie,  parce  qu'elle  a 
été  colonisée  et  peuplée  surtout  par  des  émigrés  de 
l'ancienne  Acadie,  aujourd'hui  la  Nouvelle-Ecosse. 

Lac  à  la  Culotte  (Québec) 

Ce  lac  a  la  forme  d'une  culotte. 

Lac  Allet  (Ottawa) 

Le  colonel  Allet,  du  régiment  des  zouaves  ponti- 
ficaux, était  très  populaire  parmi  nos  zouaves  cana- 
diens. 

Lac  Archanibeault  (Moutcalm) 

Le  lac  Archambeault  a  pris  son  nom  de  l'hono- 
rable Louis  Archambeault,  conseiller  législatif. 

Lac  aux  Outardes  (Nicolet) 

Les  outardes  étaient  autrefois  en  grande  abon- 
dance dans  cette  région. 

(1)  N.-E.  Dionne,  La  Nouvelle- France  de  Cartier  à  Champlain, 
p.  322. 

(2)  Forestiers  et  voyageurs. 


225 


Lac  Bevin  (Argenteuil) 

Dès  1822,  Stephen-Jakes  Bevin,  trappeur  et 
traitant,  avait  fixé  sa  demeure  dans  le  canton 
d'Arundel.  Quoique  Anglais  d'origine,  il  passait 
plutôt  pour  un  des  Sauvages  avec  lesquels  il  vivait 
et  dont  il  achetait  les  fourrures. 

Lac  Calvaire  (Portneut*) 

On  avait  élevé  un  calvaire  autrefois  sur  les  bords 
de  ce  lac. 

Lac  Charette  (Ottawa) 

En  l'honneur  du  général  de  Charette. 

Lac  Cossette  (Champlain) 

Cette  mare  d'eau  d'une  étendue  considérable  autre- 
fois, était  formée  par  des  chaussées  de  castors  qui 
ont  été  détruites.  Ce  n'est  plus  aujourd'hui  qu'un 
étang  assez  étroit,  en  été  ;  mais  il  atteint  des  propor- 
tions plus  grandes  au  printemps  lorsque  les  pluies  et 
la  fonte  des  neiges  augmentent  le  jvolume  d'eau  qui 
descend  des  montagnes  environnantes  et  celui  qu'y 
apportent  les  rivières  voisines.  Ce  lac  prend  son 
nom  de  François  d'Assises  Cossette,  qui  fut  le  pre- 
mier à  s'établir  sur  ses  bords.   (1) 

Lac  des  Cliênes  (Ottawa) 

Les  forêts  de  chênes  étaient  inépuisables  dans  cette 
région. 

Lac  (les  Chicots  (Cliamplain) 

On  voit  au-dessus  des  eaux  de  ce  lac]un  grand 
nombre  de  cimes  d'arbres  qui  par  leurs  branches 
annoncent  que  leur  tronc  est  gros  etjlong  ;  ce^qui 


(1)  Note  de  M.  l'abbé  Bois. 
15 


226 


fait  dire  aux  habitants  de  ses  rives  que  ces  arbres 
étaient  autrefois  sur  un  terrain  fertile  qui  s'est 
effondré.  (1) 

L<ac  des  Commissaires  (Lac  Salut- Jean) 

"  Le  nom  de  lac  des  Commissaires  vient  de  deux 
commissaires,  l'un  anglais  et  l'autre  américain,  qui, 
en  vertu  du  traité  de  Ghent,  le  24  décembre  1814, 
furent  nommés  pour  déterminer  la  frontière  entre  le 
Canada  et  les  Etats-Unis.  Le  commissaire  anglais 
s'appelait  Anthony  Barclay,  et  le  commissaire  amé- 
ricain, Peter  B.  Porter.  Mais  il  arriva  ceci,  dit  la 
chronique.  Le  commissaire  anglais,  qui  ne  détestait 
pas  les  jDetits  verres,  et  encore  moins  les  grands, 
s'assoupit  un  jour  aussi  profondément  qu'autrefois  le 
père  Noé  dans  sa  vigne.  Le  commissaire  américain, 
que  les  scrupules  n'étouffaient  pas  plus  que  les  yan- 
kees  d'aujourd'hui,  profita  du  moment  où  son  collè- 
gue britannique  ronflait  d'étourdissante  façon,  pour 
faire  des  échancrures  notables  à  la  carte  du  Canada 
du  côté  du  Maine.  Si  ce  n'eût  été  de  la  cuite  du 
comnjissaire  Barclay,  tous  les  comtés  qui  bordent  la 
rive  sud  du  Saint-Laurent,  auraient  aujourd'hui 
infiniment  plus  de  profondeur  du  côté  du  Maine  et 
du  littoral  de  l'Atlantique. 

"  Le  lac  des  Commissaires  est  un  des  bassins  impor- 
tants de  la  région.  Il  mesure  vingt  et  un  milles  de 
longueur  sur  une  largeur  variant  de  un  demi-mille 
à  trois  milles.  11  baigne  un  pays  de  magnifiques 
terres  d'alluvion,  qui  ne  demandent  que  des  routes, 
pour  qu'on  y  circule  facilement,  et  des  bras  pour 
leur  faire  produire  les  plus  abondantes  récoltes.  "  (2) 


(1)  Note  (le  M.  l'abbé  Bois, 

(2)  UEvhiemenf,  19  août  1901. 


227 


Lac  des  Zouaves  (Ottawa) 

Nommé  ainsi  par  le  recorder  de  Montigny,  de 
Montréal,  en  souvenir  de  ses  anciens  compagnons 
d'armes. 

Lac  Edouard  (Québec) 

*'  Pendant  longtemps,  écrit  Arthur  Buies,  j'avais 
cru  que  le  nom  d'Edouard  donné  à  ce  lac  avait  été 
comme  une  sorte  d'hommage  fait  au  prince  de  Galles, 
et  quoique  cette  opinion  fût  assez  accréditée,  je 
n'étais  pas  bien  sûr  du  fait,  et  mon  imagination  est 
si  facile  à  troubler  que  j'en  éprouvais  une  perturba- 
tion véritable  dans  mon  for  intérieur.  Enfin,  en 
parcourant  le  rapport  insipide  de  l'exploration  de 
1878,  je  trouvai  ce  même  nom  d'Edouard  donné  au 
lac,  et,  de  plus,  son  origine,  attribuée  à  un  simple 
chasseur  indien  de  Batiscan  qui  avait  l'insigne  hon- 
neur de  s'appeler  Edouard,  lui  aussi,  tout  comme  le 
prince  de  Galles.  Dès  lors,  je  fus  heureux.  Savoir 
que  le  lac  Edouard  tire  son  nom  d'un  chasseur  indien 
de  Batiscan,  quel  bonheur  !  0  beauté  des  décou- 
vertes !  0  volupté  de  l'érudition  !"  (1) 

Lac  Gauielin  (Ottawa) 

Du  nom  de  la  sœur  Gamelin,  fondatrice  de  la  Pro- 
vidence. 

Lac  Eliza  (Montcalm) 

En  souvenir  de  l'épouse  de  l'honorable  Louis 
Archambeault,  qui  portait  le  prénom  Eliza. 

Lac  Haniel  (Lac  Sain t-J eau) 

Ainsi  appelé  par  l'arpenteur  Joseph  Hamel  père, 


(1)  Arthur  Buies,  Le  Sajuenay  et   le  hasnii  du  lac  Saint- Jean^ 
p.  326. 


228 

de  Québec,  lorsqu'en  1827,  il  accompagna  l'expédi- 
tion chargée  par  les  commissaires  provinciaux  de 
l'exploration  du  territoire  du  Saguenay.  Il  portait 
auparavant  le  nom  de  lac  Assinigaashtets,  qui  veut 
dire  ^'  la  roche  est  là  ".  (1) 

Lac  La  Moricière  (Ottawa) 

Le  général  de  La  Moricière  fut  commandant  en 
chef  des  troupes  pontificales.  Il  fut  vaincu  à  Castel- 
fidardo  par  les  Piémontais.  Les  zouaves  canadiens 
avaient  une  vive  affection  pour  le  général  de  La 
Moricière,  et  ce  sont  eux  qui  ont  voulu  perpétuer 
son  nom  au  Canada. 

Lac  Léon  XIII  (Ottawa) 

En  souvenir  de  l'illustre  Léon  XIII. 

Lac  MacTavisli  (Beaiice) 

Simon  MacTavish  acquit  ce  lac  vers  1806  de  son 
propriétaire  primitif,  John  Black. 

Lac  Marsolet  (Montmorency) 

Nicolas  Marsolet  a  joué  un  rôle  assez  important 
dans  les  premiers  temps  de  la  colonie  du  Canada.  Il 
fut  interprète  pour  les  langues  montagnaise  et  algon- 
quine,  et  rendit  de  grands  services  à  Champlain. 

Lac  J^airn  (Charlevoix) 

Le  lac  Nairn  a  pris  son  nom  du  major  Nairn, 
seigneur  de  la  Malbaie.  M.  Nairn  se  distingua  au 
siège  de  Québec  en  1775. 

Lac  Nixon  (Saguenay) 

Le  lieutenant  Henry  Nixon  du  66ème  Régiment, 


(1)  Note  de  M.  l'abbé  Bois. 


229 


attaché  à  la  commission  de  1827,  chargée  de  l'explo- 
ration du  Saguenay. 

Làc  Oliva  (Beaiice) 

Oliva  Marchand,  de  Québec,  s'établit  sur  les  bords 
de  ce  lac  vers  1840. 

Lac  Ouareau  (3Ioiitcalni) 

Ouareau,  "  au  loin,"  "  au  lac  lointain." 

Lac  Pie  IX  (Ottawa) 

En  souvenir  du  pape  Pie  IX. 

Lac  Koiig-e  (3Iaskinongé) 

Ses  eaux,  comme  toutes  celles  qui  sont  fortement 
ombragées  par  les  forêts,  sont  d'un  rouge  brun 
Cependant  cette  eau  est  douce,  légère,  fort  limpide, 
et  bonne  sous  tous  les  rapports.  (1) 

Lac  Sagaïuité  (Portneuf) 

La  sagamité  est  une  sorte  de  bouillie  faite  avec  du 
blé  d'inde,  dans  laquelle  on  cuit  quelquefois  de  la 
viande.  Le  Père  Lacombe  fait  dériver  ce  mot  du 
cris  Kisagamiteiu,  c'est  un  liquide  chaud,  tandis  que 
l'abbé  Cuoq  tient  pour  l'algonquin  Kipagamite, 
signifiant  le  potage  est  chaud.  De  toute  manière, 
il  est  évident  que  le  mot  sagamité  devrait  ainsi  son 
origine  à  une  méprise,  le  premier  Français  qui  l'en- 
tendit l'ayant  sans  doute  pris  à  tort,  pour  le  nom 
même  du  potage  dont  il  s'agissait.  (2) 

Lac  Saint-Antoine  de  Padoae  (Ottawa) 

Nommé  ainsi  par  le  recorder  Antoine  Testard  de 
Montigny,  en  l'honneur  de  son  saint  patron. 


(1)  Note  de  M.  l'abbé  Bois. 

(2)  Sylva  Clapin,  Dictionnaire  canadien-français 


230 


Lac  Saint-Charles  (Québec) 

Le  11  mars  de  Tannée  1686,  Charles  Denis  de 
Vitré  donna  et  céda  aux  Jésuites,  le  Père  Raffeix 
acceptant  pour  eux,  le  lac  Saint-Charles  et  une  lieue 
de  terre  autour,  et  cela  par  considération  personnelle 
pour  ces  Pères,  dit  l'acte  passé  par  le  notaire  Fran- 
çois Genaple.  Ce  lac  et  les  terres  qui  l'avoisinent 
avaient  été  concédés  à  Charles  Denis  de  Vitré  par  le 
gouverneur  de  LaBarre  et  l'intendant  de  Meulles.  (1) 

Lac  Saint-Paul  (Maskînongé) 

A  cause  de  son  voisinage  du  lac  Saint-Pierre. 

Lac  Saint-Pierre 

Le  lac  Saint-Pierre  porta  d'abord  le  nom  d'Angou- 
lême.  "  Le  lendemain,  29  de  juin,  dit  Champlain, 
nous  entrasmes  dans  le  lac,  qui  a  quelques  quinze 
lieues  de  long,  et  quelques  sept  ou  huit  lieues  de 
large."  C'est  parce  qu'il  y  entra  le  29  juin,  jour  de  la 
Saint-Pierre,  que  ce  lac  a  été  appelé  lac  Saint-Pierre. 

Lac  Saint-Vincent  (Québec) 

Le  sauvage  Vincent  qui  donna  son  nom  à  ce  lac 
était  bien  connu  des  chasseurs  et  des  pêcheurs  d'il 
y  a  cinquante  ans. 

Lac  Simon  (Ottawa) 

Le  lac  Simon  a  pris  son  nom  d'un  Sauvage  nom- 
mé Simon  ou  le  Canard  Blanc,  qui  y  occupa  pen- 
dant longtemps  une  île  assez  belle  pour  être  enviée 
par  beaucoup  de  riches  amateurs. 

Lac  Vert  (Lac  Saint- Jean) 

Les  Montagnais  appellent  ce  lac  Kasushikéomi, 


(1)  L'abbé  Charles  Trudelle,  Paroisse  de  Charleshourg,  p.  32. 


231 


lac  à  l'eau  claire.  Les  eaux  de  ce  lac  sont  en  effet 
tellement  claires  qu'on  en  distingue  parfaitement  le 
fond  qui  est  de  couleur  verte. 

Lachenaie,  Saint-Cliarl<is  de  (rAssoniptiou) 

Le  16  avril  1647,  Pierre  LeGardeur  de  Repenti- 
gny  se  faisait  concéder  quatre  lieues  de  terre  à 
prendre  le  long  du  fleuve  Saint-Laurent,  du  côté  du 
nord,  à  partir  des  terres  ci-devant  concédées  aux 
sieurs  Cherrier  et  Leroyer. 

M.  Charles  Aubert  de  la  Chesnaye  acheta,  quel- 
ques années  après,  la  concession  de  ^I.  LeGardeur 
de  Repentigny  et  lui  donna  son  nom. 

Lachenaie  a  également  reçu  saint  Charles  Borro- 
mée  pour  titulaire  en  l'honneur  de  Charles  Aubert 
de  la  Chesnaye. 

La  Clievrotière  (Port  ne  ut) 

Le  premier  concessionnaire  de  ce  fief  fut  M.  Cha- 
vigny  de  la  Clievrotière. 

L'Achigau  (Moutcalm) 

C'est  la  rivière  l'Achigan  qui  a  donné  son  nom  à 
cette  paroisse. 

Achigan  vient  du  cris  manashigan  ;  les  Blancs  ont 
appelé  ce  poisson  achigan  ou  peut-être  mieux  ajigarij 
nippe,  chausse. 

'*  L' achigan,  dit  M.  Montpetit,  est  sans  contredit 
l'un  des  poissons  d'eau  douce  les  plus  beaux,  les  plus 
vaillants  de  l'Amérique  du  Nord.  Sa  vigueur  égale 
celle  de  la  truite,  soit  pour  remonter  les  rapides  ou 
les  chutes,  soit  pour  défendre  sa  liberté  contre  le 
pêcheur  qui  l'a  enferré  et  le  tient  ferme  au  bout  de 
sa  ligne  tendue  comme  une  corde  d'arc."  (1) 

(1)  Les  poissons  cVeau  douce  du  Canada,  p.  91. 


232 


Ijachine  (Jacques-Cartier) 

''  Ce  ne  fut  pas  La  Salle  qui  appela  sa  seigneurie  la 
Chine,  parce  que,  comme  l'affirment  des  historiens, 
il  croyait  voir  devant  lui  un  passage  au  pays  de  la 
Chine  ;  il  lui  donna  le  nom  de  Saint-Sulpice.  L'acte 
de  sépulture  de  Clémence  Rapin,  à  Montréal,  le  29 
novembre  1676,  fille  d'André  Rapin,  "  habitant  de 
la  côte  Saint-Sulpice  ",  constate  qu'à  cette  époque 
même  le  premier  nom  de  cette  paroisse  n'était  pas 
encore  perdu.  Nous  avons  parcouru  les  registres  de 
Montréal  de  1667  à  1680  ;  nous  y  avons  trouvé  plu- 
sieurs mariages,  baptêmes  et  sépultures  des  premiers 
habitants  de  Lachine.  Tous  sont  indiqués  "  habi- 
tants", ou  habitants  de  ce  lieu  ",  ou  "  habitants  de 
cette  isle  ".  Pierre  Tabault  est  décrit,  en  1672, 
'* habitant  du  sault  Saint-Louis."  Le  nom  de  la 
Chine  apparaît  pour  la  première  fois,  le  2  janvier 
1673,  au  mariage  de  François  Le  Noir  dit  Rolland, 
''habitant  de  la  Chine."  Puis  vient  la  sépulture,  le 
6  juin  1675,  d'un  enfant  d'André  Rapin,  "  habitant 
de  la  Chine."  En  1676,  l'usage  du  nouveau  nom 
devient  général.  L'acte  de  mariage  de  Vincent  Alix, 
le  4  octobre  1677,  dit  qu'il  est  "  habitant  de  la  Chine, 
isle  de  Montréal,  paroisse  des  SS.  Anges." 

''  A  la  page  106  de  la  collection  Margry,  t.  I,  on 
voit  que  le  1er  juillet  1669,  La  Salle  engagea  Charles 
Thoulonnier  comme  compagnon  ''dans  le  voyage 
auquel  le  dit  sieur  de  la  Salle  se  prépare  pour  aller 
aux  nations  sauvages."  Le  6  juillet  1669,  le  jour 
même  où  il  signa  le  contrat  de  vente  à  Jacques  Le 
Ber  et  à  Charles  Le  Moyne,  il  laissait  sa  maison  de 
Saint-Sulpice  en  canot  d'écorce  pour  les  pays  de 
l'ouest,  à  la  recherche  d'un  passage  au  Japon  et  à  la 
Chine.  Il  était  accompagné  de  M.  Dollier  de  Casson 


233 


et  de  M.  de  Galinée,  prêtres  de  Saint-Sulpice,  comme 
chapelains  ;  mais  ces  derniers  avaient  surtout  en  vue 
d'évangéliser  les  nations  sauvages  du  Mississipi. 
L'expédition  se  composait  de  quatre  canots  et  de 
quatorze  hommes  équipés  par  La  Salle,  trois  canots 
et  sept  hommes  engagés  par  le  Séminaire,  et  aussi 
de  deux  canots  conduits  par  les  Iroquois  qui  avaient 
hiverné  chez  La  Salle  et  qui  servaient  de  guides. 
Les  hardis  voyageurs  arrivèrent  au  village  indien 
Tenaoutoua,  près  de  Niagara,  le  24  septembre  1669. 
Jolliet  y  était  rendu  de  la  veille.  C'est  ici  que  La 
Salle,  sous  prétexte  de  maladie,  abandonna  ses  com- 
pagnons de  voyage  et  rebroussa  chemin.  Craignant 
probablement  la  risée  publique,  il  envoya  de  l'avant 
ses  hommes  qui  arrivèrent  à  la  côte  Saint-Sulpice  à 
l'automne  de  1669.  La  Salle  ne  revint  que  l'année 
suivante.  Il  n'en  fallait  pas  plus  pour  imposer  à  sa 
seigneurie  le  nom  de  la  Chine  dès  l'automne  de  1669. 

"  Dans  son  Histoire  de  Montréal^  publiée  par  la 
Société  Historique  de  Montréal,  ^L  Dollier  dit,  en 
plaisantant,  que  le  nom  de  Lachine  fut  donné  à  la 
localité  d'où  était  partie  (1669)  l'expédition  du  sieur 
de  La  Salle.  Il  fait  entendre  que  le  retour  des 
''  Chinois  "  causa  quelcjues  risées  dans  le  public.  M. 
Dollier  aimait  à  rire  ;  il  est  l'auteur  du  terme  sati- 
rique La  Chine.  Il  parle  de  la  "  transmigration  " 
des  voyageurs  de  La  Salie,  voulant  par  là  signifier 
que  ces  braves  gens,  partis  pour  se  rendre  à  la  Chine 
et  revenant  penauds,  méritaient  le  surnom  de  Chi- 
nois." (1) 

Iiacliute  (Argeuteuil) 

Autrefois  on  écrivait  ce  nom  en  deux  mots  :  la 
chute. 


(1)  Désiré  Girouard,  Le  vieux  Lachine  et  le   massacre  du  ô  août 
1689,  p.  22. 


234 


LacoUe  (Saint-Jean) 

Lacollefut  concédée  le  22  mars  1743  à  Daniel  Lié- 
nard  de  Beaujeu  qui  lui  donna  son  nom.  Mais  bientôt 
la  seigneurie  et  plus  tard  la  paroisse  furent  plutôt 
connus  sous  le  nom  de  La  Colle  à  cause  de  la  rivière 
La  Colle  qui  la  coupe.  Cette  rivière  qui  n'est  pas 
navigable  fut  nommée  ainsi  parce  que  les  petites 
embarcations  rencontraient  beaucoup  de  difficultés 
à  y  naviguer. 

Lacoste,  Canton  (Charlevoix) 

Sir  Alexandre  Lacoste,  juge  en  chef  de  la  Cour 
du  Banc  du  Roi  de  la  province  de  Québec. 

Laflèclie,  Canton  (Saguenay) 

Mgr  Laflèche,  deuxième  évêque  de  Trois-Rivières. 

L.ii  Fontaine,  Canton  (Islet) 

Sir  Louis-Hyppolyte  La  Fontaine,  premier  ministre 
puis  juge  en  chef  du  Bas-Canada. 

Laforce,  Canton  (Charlevoix) 

Le  capitaine  René-Hyppolite  Laforce  servit  sous 
les  deux  régimes.  En  1756,  il  commandait  la  cor- 
vette Marquis  de  Vaudreuil  sur  le  lac  Ontario.  Un 
quart  de  siècle  plus  tard,  il  fut  un  des  plus  vaillants 
défenseurs  de  Québec  contre  Montgomery.  Sa  femme, 
Madeleine  Corbin,  n'avait  pas  moins  de  patriotisme 
que  lui.  Si  Laforce,  raconte  un  contemporain,  acca- 
blé de  fatigue  succombait  au  sommeil  et  qu'elle  en- 
tendait sonner  l'alarme,  elle  l'éveillait  aussitôt,  lui 
apportait  ses  armes  en  lui  criant  :  ''  Dépêche  toi, 
Laforce  !  Quelle  honte  pour  nous,  si  tu  n'étais  pas 
le  premier  rendu  sur  les  remparts  !  " 


235 


La  Gesse,  Rivière 

M.  de  LaGesse,  fils  de  M.  de  Ramezay,  gouverneur 
de  Montréal,  se  noya  lors  du  naufrage  du  Chameau 
en  1726. 

Lagranj^e  (Missisqiioi) 

Le  premier  propriétaire  de  l'endroit  fat  Philippe 
Luke.  En  1796,  Abraham  Lagrange  acheta  la  pro- 
priété de  Luke  et  y  bâtit  des  moulins.  Son  nom  est 
resté  au  village. 

Lairei,  Kivière  (Québec) 

La  rivière  Lairet  tire  son  nom  de  François  Lairet, 
un  des  premiers  habitants  de  Charlesbourg,  qui 
demeurait  près  de  la  petite  rivière. 

Lialemant,  Canton  (Chicoutinii) 

Le  Père  Charles  Lalemant  fut  l'un  des  trois  Pères 
Jésuites  qui  arrivèrent  à  Québec  le  19  juin  1625- 
C'est  lui  qui  commença  à  Québec  les  premières 
écoles  pour  les  enfants  français.  Le  Père  Lalemant 
assista  le  fondateur  de  Québec  dans  sa  dernière 
maladie. 

Ijanibtou,  Saint-Vital  de  (Beaiice) 

John-George  Lambton,  comte  de  Durham,  gou- 
verneur du  Canada  après  lord  Gosford. 

Lang-elier,  Canton  (Chaniplain) 

L'honorable  François  Langelier,  juge  de  la  Cour 
Supérieure. 

Langevin,  Sainte- Justine  de  (Dorcliester) 

Le  canton  Langevin  rappelle  le  souvenir  du  père 
de  sir  Hector  Langevin,  M.  Jean  Langevin,  qui  fut 


236 


un  des  premiers  fonctionnaires  du  département  des 
terres  de  la  Couronne. 

L<auoraie  (Bertliler) 

La  seigneurie  de  Lanoraie  fut  concédée  en  1637 
au  sieur  Jean  Bourdon,  et  celle  d'Autray,  en  1647. 
Cette  concession  d'une  nouvelle  étendue  de  territoire 
au  sieur  Bourdon  fait  présumer  que  ce  seigneur 
avait  déjà  commencé  à  établir  des  colons  sur  le  ter- 
ritoire qu'il  possédait,  et  qu'il  prévoyait  le  déve- 
loppement de  sa  seigneurie.  Les  recensements  de 
cette  époque  ne  font  pas  mention  de  Lanoraie,  mais 
on  croit  qu'il  y  avait  dès  lors  des  habitants  et  que  la 
paroisse  était  fondée.  En  1688,  la  seigneurie  de  La- 
noraie fut  cédée  à  M.  Louis  de  Niort,  sieur  de  La 
Noraye.  C'est  de  lui  que  la  paroisse  a  pris  son  nom. 

La  Patrie,  Saint-Pierre  de  (Compton) 

Le  3  mai  1875,  les  colons,  tant  anciens  que  nou- 
veaux, des  cantons  de  Ditton,  Chesham  et  Ember- 
ton,  s'assemblèrent  à  l'issue  de  la  messe,  pour  former 
un  cercle  agricole  et  créer  ainsi  un  élément  d'union, 
de  concorde  et  de  progrès  parmi  eux.  Ce  fut  à  cette 
réunion  que  fut  baptisée  la  capitale  des  trois 
cantons.  Un  compatriote  du  Rliode-Island,  M.  P.- 
U.  Vaillant,  était  établi  sur  le  lot  no  12,  du  rang 
IV  de  Chesham,  depuis  l'automne  de  1873.  Arri- 
vant au  pays  natal  après  une  longue  absence,  il 
avait  décoré  son  établissement  du  nom  de  La  Patrie. 
Il  fut  décidé  par  l'assemblée  que  le  village  de  Ditton 
(renfermant  alors  trois  maisons),  porterait  ce  nom 
de  La  Patrie  comme  convenable  au  centre  de  la 
Colonie  du  Repatriement.  Le  jour  de  la  fête  de  la 
Reine,  pendant  qu'on  dressait  un  mai  magnifique 
sur  le  coteau  Rancourt,   pour  y  faire  flotter  l'éten- 


237 


dard  national,  M.  King,  inspecteur  des  postes, 
arrivait  en  visite  officielle  et  venait  confirmer  le 
nom  du  village  en  le  donnant  au  nouveau  bureau 
de  poste. 

La  Patrie  a  été  mise  sous  le  patronage  de  saint 
Pierre  pour  perpétuer  dans  la  paroisse  le  souvenir 
de  l'honorable  M.  Pierre  Garneau  qui,  par  une  coïn- 
cidence heureuse,  se  trouvait  à  porter  le  même  pré- 
nom que  M.  l'abbé  Gendreau,  missionnaire,  et  M. 
Gendron,  président  de  la  Société  de  colonisation 
de  Bagot,  bienfaiteurs  insignes  de  La  Patrie.  (1) 

I^aprairie 

La  mission  de  Saint-Francois-Xavier  des  Près 
occupait  une  prairie  près  de  Montréal,  qu'on  appelait 
Prairie  de  la  Magdeleine.  Les  Jésuites  possédaient 
ce  terrain  qui  leur  avait  été  donné  par  M.  Jacques 
de  la  Ferté,  abbé  de  La  Magdeleine,  chanoine  de  la 
Sainte-Chapelle  de  Paris,  un  des  Cent-Associés  de  la 
Compagnie  de  la  Nouvelk-France.  (2) 

LaKochelle  (31égrautic) 

Les  ancêtres  d'un  grand  nombre  d'habitants  de 
cette  localité  avaient  émigré  de  LaRochelle. 

C'est  du  camp,  devant  LaPochelle,  dernier  boule- 
vard des  protestants  en  France,  que  fut  signé,  le  6 
mai  1627,  l'acte  d'établissement  des  Cent-Associés. 

Larocqae,  Canton  (Gaspé) 

Mgr  Charles  Larocque,  troisième  évêque  de  Saint- 
Hvacinthe. 


(1)  Anniuiire  du  séminaire  St-Gharles  JBorromée  de  Sherbrooke^ 
1897-98,  p.  285. 

(2)  R,  P.  Félix  Martin,  Rdaiions  inédites  de  la  Xouvelle- Frajice, 
p.  179. 


238 


Lartigrue,  Canton  (Chicoutimi) 

Mgr  Jean-Jacques  Lartigue,  premier  évêque  de 
Montréal. 

LaRne,  Canton  (Québec) 

En  souvenir  du  docteur  Hubert  LaRue,  professeur 
à  l'université  Laval  et  littérateur  distingué. 

La  Salle,  Canton  (Portneuf) 

Robert  Cavelier  de  La  Salle  sacrifia  son  bien  et  sa 
fortune  à  la  cause  de  la  colonisation  française  en 
Amérique. 

L'Assomption,  Saint-Pierre  du  Portage  de 

La  rivière  l'Assomption  prend  sa  source  dans  le 
lac  de  l'Assomption,  à  plusieurs  lieues  plus  haut  que 
Joliette,  et  elle  se  décharge  dans  le  fleuve  Saint-Lau- 
rent. Dans  son  parcours  elle  forme  une  presqu'île, 
et  c'est  sur  cette  presqu'île  qu'est  située  la  paroisse 
de  Saint-Pierre  du  Portage  de  L'Assomption.  Cette 
paroisse  a  été  placée  sous  le  patronage  du  prince  des 
apôtres  parcequ'elle  a  été  érigée  le  29  juin  1724  et 
qu'elle  était  alors  desservie  par  M.  Pierre  LeSueur. 

D'après  la  tradition,  dans  les  commencements  de 
la  paroisse,  les  Sauvages,  pour  s'exempter  de  faire 
le  tour  de  la  presqu'île  où  est  située  L'Assomption, 
faisaient  portage,  c'est-à-dire  qu'ils  traversaient  la 
presqu'île  en  traînant  leurs  canots.  De  là  le  nom 
de  Saint-Pierre  du  Portage. 

C'est  le  31  novembre  1835  que  Saint-Pierre  du 
Portage  de  L'Assomption  a  été  érigée  canonique- 
ment.  Depuis  cette  époque,  elle  n'est  plus,  pour 
ainsi  dire,  connue  sous  d'autre  nom  que  celui  de 
L'Assomption. 


239 


Laterrière,  Canton  (Chicoiitimi) 

Le  canton  Laterrière  rappelle  le  nom  du  docteur 
Marc-Paschal  de  Sales  Laterrière,  qui  représenta  l'an- 
cien comté  du  Saguenay  à  l'Assemblée  législative 
du  Bas-Canada,  puis  fut  conseiller  législatif  avant  la 
Confédération,  pour  la  division  des  Laurentides. 

Lathbury,  Canton  (Ottawa) 

Village  du  comté  de  Bucks,  Angleterre. 

La  Tour,  Canton  (Sag-iieuay  ) 

L'abbé  Louis-Bertrand  de  La  Tour  fut  doyen  du 
chapitre  de  Québec,  conseiller  clerc  au  Conseil  Supé- 
rieur de  la  Nouvelle-France  et  grand  vicaire  de 
révêqucde  Québec.  Il  ne  demeura  que  deux  ans 
dans  la  colonie. 

liaure,  Canton  (Québec) 

Le  Père  Pierre-Michel  Laure,  Jésuite,  fit  la  mis- 
sion de  Tadoussac  de  1720  à  1737.  Il  a  laissé  une 
bonne  carte  du  territoire  du  Saguenay. 

Liaiirentides 

Les  Laurentides  ont  été  nommées  ainsi  par  l'histo- 
rien Garneau.  Nous  lisons  dans  la  première  édition 
de  son  Histoire  du  Canada  :  "  Cette  chaîne  n'ayant 
pas  de  nom  propre  et  reconnu,  nous  lui  donnons 
celui  de  Laurentides,  qui  nous  paraît  bien  adapté  à 
la  situation  de  ces  montagnes  qui  suivent  une  direc- 
tion parallèle  au  Saint-Laurent.  Un  nom  propre 
est  nécessaire  afin  d'éviter  les  périphrases  toujours  si 
fatigantes  et  souvent  insuffisantes  pour  indiquer  une 
localité,  un  fleuve,  une  montagne,  etc.  Quant  à 
l'euphonie,  nous  espérons  que  le  nom  que  nous  avons 
choisi,  satisfera  l'oreille  la  plus  délicate,   et  formera 


240 


une  rime  assez  riche  pour  le  poète  qui  célébrera  les 
beautés  naturelles  de  notre  patrie." 

JLaurier,  Canton  (Portneuf) 

Sir  Wilfrid  Laurier,  premier  ministre  du  Canada. 

Laurierville  (Mégantic) 

Sir  Wilfrid  Laurier. 

Laus,  Notre-Dame  du  (Ottawa) 

Notre-Dame  du  Laus  est  un  pèlerinage  célèbre  en 
France.  Il  est  situé  dans  la  commune  de  Saint- 
Etienne  d'Avançon,  département  des  Hautes- Alpes. 
L'église  de  Notre-Dame  du  Laus  fut  élevée  en  1667, 
à  la  suite  d'une  apparition  de  la  sainte  Vierge  à  une 
jeune  bergère,  Benoite  Rencurel, 

Lauzon  (Lévis) 

Le  15  janvier  1636,  par  un  acte  de  concession 
daté  à  Paris,  Simon  Le  Maître,  conseiller  du  roi, 
receveur  général  des  décimes  en  Normandie,  deve- 
nait propriétaire  de  la  rivière  Bruyante  et  de  trois 
lieues  de  pays  de  chaque  côté  de  ses  rives  sur  six 
lieues  de  profondeur.  Dès  le  26  janvier  1636,  Le 
Maître  déclarait  dans  un  acte  devant  Huguenier  et 
Huart,  notaires  à  Paris,  qu'il  n'avait  fait  que  prêter 
son  nom  à  M.  Jean  de  Lauzon.  Jean  de  Lauzon, 
qui  fat  plus  tard  gouverneur  de  la  Nouvelle-France, 
devait  léguer  son  nom  à  cette  seigneurie,  et  par  lui 
ou  par  les  siens  y  exercer  pendant  près  d'un  demi- 
siècle  une  influence  considérable.  (1) 


(1)  J. -Edmond  Roy,   Histoire  de  la  seigneurie  de  Lauzon^   vol. 
II,  p.  38. 


241 


Laval  ,  • 

Le  comté  de  Laval  fut  nommé  ainsi  en  l'honneur 
de  Mgr  François  de  Laval-Montmorency,  premier 
évêque  de  Québec,  parce  que  l'île  Jésus,  qui  compose 
ce  comté,  avait  été  concédée  à  ce  saint  prélat  le  23 
octobre  1699  par  le  gouverneur  de  Callières  et  l'inten- 
dant Bochart  de  Champigny. 

Laval,  Saïute-Brig-itte  de  (CJtiiébec) 

En  souvenir  de  Mgr  de  Laval. 

Lavaltrie,  SaiDt- Antoine  de  (Bertliier) 

En  16G4,  Séraphin  Margane,  sieur  de  la  Valterie, 
lieutenant  au  régiment  de  Lignières,  fils  de  Sébas- 
tien Margane  et  de  Denise  Tonnot,  de  Saint-Benoit, 
diocèse  de  Paris,  prit  du  service*  sous  M.  de  Tracy  et 
passa  avec  lui  dans  la  Nouvelle-France.  Le  29  octo- 
bre 1672,  l'intendant  Talon  concédait  au  sieur  de  la 
Valterie  "  la  quantité  d'une  lieue  et  demie  de  terre 
de  front  sur  pareille  profondeur,  à  prendre  sur  le  fleuve 
St-Laurent,  bornée  d'un  costé  par  les  terres  appar- 
tenant au  séminaire  de  Montréal,  et  de  l'autre  celles 
non  concédées,  par  devant  le  dit  fleuve,  et  par  der- 
rière aux  terres  non  concédées,  avec  les  deux  islets 
qui  sont  devant  la  dite  quantité  de  terre  et  la  rivière 
St-Jean  comprise."  Le  sieur  de  la  Valterie  donna 
son  nom  -au  fief  qu'il  venait  de  recevoir. 

Li' A-venir  (Druiuniond) 

Le  nom  de  l'Avenir  fut  donné  à  cette  localité  en 
1853.  U Avenir,  organe  des  esprits  forts  du  temps, 
fondé  en  1847,  et  dont  l'âme  avait  été  Jean-Baptiste- 
Eric  Dorion,  V Enfant  Terrible,  avait  cessé  de  paraître 
en  1852,  et  c'est  le  souvenir  de  son  cher  défunt  que 
ce  même  M.  Dorion  voulut  perpétuer,  en  donnant 
16 


242 


spn  nom  à  l'un  des  endroits  les  plus  féconds  et  alors 
les  plus  florissants  des  townships  de  l'Est.  (1) 

Laverlochère,  Canton  (Poutiac) 

Le  Père  Jean-Nicolas  Laverlochère,  oblat  de  Marie- 
Immaculée,  avait  à  peine  trente  ans  lorsqu'il  arriva 
au  Témiscamingue,  et  pendant  quarante  ans  il  y  a 
exercé  un  apostolat  infatigable,  dont  le  digne  couron- 
nement a  été  une  mort  causée  par  les  fatigues,  les 
misères  sans  nombre  endurées  dans  ses  courses  inter- 
minables et  par  les  maladies  qu'il  y  avait  contrac- 
tées. (2) 

Laviolette,  Canton  (Maskinongé) 

Le  sieur  de  Laviolette  fut  chargé  par  Champlain 
d'élever  une  habitation  au  lieu  appelé  Trois-Rivières. 
On  le  regarde  comme  le  fondateur  de  Trois-Rivières. 

Lawrenceville  (Shefford) 

Lawrenceville  fut  fondé  par  Henry  Lawrence,  un 
des  premiers  colons  du  canton  de  Stukely. 

LeclercYille,  Sainte-Eniniélie  de  (Lotbinière) 

C'est  un  M.  Leclerc  qui  donna  les  terrains  sur 
lesquels  s'élèvent  l'église,  le  presbytère  et  les  dépen- 
dances curiales. 

Leeds,  Canton  (Mégantic) 

Village  du  comté  de  Kent,  Angleterre. 

L-eJeune,  Canton  (Champlain) 

On  considère  le  Père  Paul  Le  Jeune  comme  le  père 
des  missions  des  Jésuites  dans  la  Nouvelle-France, 
quoiqu'il  n'y  soit  venu  qu'en  1632.     C'est  le  Père 


(1)  J.-C.  St- Amant,  L'Avenir,  p.  261. 

(2)  Arthur  Buies,  UOntaouais  supérieur,  p.  241. 


243 


Le   Jeune  qui  prononça  l'oraison  funèbre  du  fonda- 
teur de  Québec. 

Ijeueiif,  Canton  (Saguenay) 

Jacques  Leneuf,  sieur  de  la  Poterie,  né  à  Caen, 
arriva  dans  la  Nouvelle-France  le  11  juin  1636.  Il 
fut  le  premier  concessionnaire  de  Portneuf.  Leneuf 
de  la  Poterie  fut  quatre  fois  gouverneur  de  Trois- 
Rivières.  M.  de  Mésy,  quelques  jours  avant  sa  mort, 
avait  donné  à  M.  Leneuf  de  la  Poterie  une  commis- 
sion ''  pour  être  son  lieutenant  après  son  décès  ". 
Le  Conseil  Souverain  décida  qu'il  ne  jouirait  du 
pouvoir  de  lieutenant  qu'en  ce  qui  pouvait  regarder 
la  milice.  M.  Leneuf  de  la  Poterie  fut  la  tige  des 
Leneuf  de  la  Vallière  et  de  Beaubassin  qui  jouèrent 
de  grands  rôles  en  Acadie. 

Leauoxville,  Saint-Antoine  de  (Sherbrooke) 

Nommé  ainsi  en  l'honneur  de  Charles  Gordon 
Lennox,  quatrième  duc  de  Richmond,  comte  de 
March,  et  baron  de  Sittrington,  dans  la  pairie  d'An- 
gleterre ;  duc  de  Lennox,  comte  de  Darnley  et  baron 
Methuen,  dans  la  pairie  d'Ecosse  ;  et  4uc  d'Aubigny, 
en  France.  Ce  grand  personnage  fut  gouverneur- 
général  du  Canada,  de  1819  à  1820.  Il  mourut  de 
la  rage. 

La  paroisse  de  Lennoxville  a  reçu  saint  Antoine 
pour  titulaire  en  l'honneur  de  Mgr  Antoine  Racine, 
premier  évêque  de  Sherbrooke. 

Lepage,  Canton  (Matane) 

Pour  commémorer  le  souvenir  du  premier  seigneur 
de  Rimouski,  Germain  Lepage. 


244 


L'Epipliauie  (l' Assomption) 

C'est  une  légende  à  L'Epiphanie  que  le  nom  de 
l'Epiphanie  a  été  donné  à  la  nouvelle  paroisse 
démembrée  principalement  de  la  grande  et  riche 
paroisse  de  L'Assomption,  puis  un  peu  de  Saint- 
Henri  de  Mascouche,  de  Saint-Roch  de  l'Achigan  et 
de  Saint-Jacques  de  l'Achigan,  parce  que  les  Mes- 
sieurs du  séminaire  de  Saint-Sulpice,  propriétaires 
de  la  seigneurie  de  Saint-Sulpice,  envoyaient  chaque 
année  leur  procureur  à  l'Achigan,  pour  retirer  les 
rentes  seigneuriales  de  leurs  censitaires,  lequel  arri- 
vait invariablement,  beau  temps,  mauvais  temps, 
au  manoir  seigneurial  le  soir  de  la  fête  des  Rois 
(Epiphanie). 

J^esage,  Canton  (Ottawa) 

M.  Siméon  Lesage,  sous-ministre  du  département 
des  travaux  publics  de  la  province  de  Québec. 

Leslie,  Canton  (Pontiac) 

L'honorable  ^L  James  Leslie  fut  secrétaire  pro- 
vincial du  Canada,  de  1848  à  1851. 

Lessard,  Saint-t)yrille  de  (Islet) 

La  seigneurie  de  Lessard  fut  accordée  en  juin 
1698,  par  le  comte  de  Frontenac  et  l'intendant 
Bochart  de  Champigny,  au  sieur  Pierre  Lessard. 

Ijetellier,  Canton  (Saguenay) 

Luc  Letellier  de  Saint- Just,  ministre  de  l'agri- 
culture du  gouvernement  du  Canada,  puis  lieute- 
nant-gouverneur de  la  province  de  Québec. 

LieVerrler,  Canton  (Islet) 

Nous  avons  eu  deux  personnages  de  ce  nom  sous 
le  régime  français. 


24 


r: 


François  Le  Verrier,  sieur  de  Rousson,  capitaine 
d'une  compagnie  du  détachement  de  la  marine,  fut 
nommé,  en  juin  1725,  lieutenant  du  roi  à  Québec. 
Il  mourut  dans  cette  ville  le  7  novembre  1732.  Sa 
veuve  se  remaria  au  dernier  gouverneur  de  la  Nou- 
velle-France, M.  de  Vaudreuil. 

Louis-Guillaume  (le)  Verrier  fut  nommé  procureur- 
général  au  Conseil  Supérieur  de  la  Nouvelle-France 
le  20  avril  1728.  Il  occupa  cette  charge  pendant 
trente  ans.  Le  gouverneur  et  l'intendant  ne  cessent 
de  faire  l'éloge  de  Verrier  dans  leurs  lettres  à  la 
Cour.  C'est  lui  qui  écrivait:  "Je  n'ai  d'autre  ambi- 
tion que  de  consacrer  sans  réserve  tous  les  moments 
de  ma  vie  à  l'utilité  publique." 

Le  canton  Le  Verrier  a  pu  prendre  son  nom  aussi 
de  l'astronome  Le  Verrier  qui  s'est  illustré  par  la 
découverte  de  la  planète  Neptune. 

Lévis 

"  C'est  le  chevalier  de  Lévis,  le  héros  de  la  bataille 
de  Sainte-Foy,  qui  a  donné  son  nom  à  la  ville  qui  fait 
vis-à-vis  à  Québec.  Le  choix  de  ce  nom  se  fit  en  1860 
alors  qu'on  élevait  dans  la  capitale  de  la  colonie  le 
monument  destiné  à  rappeler  à  la  postérité  la  mémoire 
des  braves  tombés  pendant  le  combat  qui  avait  été 
livré  devant  ses  murs  un  siècle  auparavant.  Rien, 
si  ce  n'est  un  fort  démantelé  sur  un  îlot  perdu  au- 
dessus  des  rapides  du  saut  Saint-Louis,  près  de  Mon- 
tréal, n'avait  jusqu'alors  porté  le  nom  de  cet  illustre 
capitaine.  Il  était  juste  que  la  ville  nouvelle  qui  se 
fondait  au  moment  même  où  l'on  honorait  son  cou- 
rage et  sa  bravoure  d'une  façon  aussi  éclatante  garda 
le  souvenir  d'un  événement  aussi  mémorable."  (1) 

(1)  J, -Edmond  Roy,  Histoire  de  la  seigneurie  de  Lauzon,  vol.  1er, 
p.  27. 


246 


Lévrard,  Sainte-Sophie  de  (Nicolet) 

Sainte-Sophie  de  Lévrard  rappelle  le  souvenir  de 
l'ancien  propriétaire  de  la  seigneurie  de  Saint-Pierre 
les  Becquets,  Louis  Lévrard,  maitre-canonnier,  de 
Québec.  Elle  avait  d'abord  été  concédée  à  Romain 
Becquet,  notaire,  mais  comme  il  était  mort  sans 
remplir  les  conditions  de  la  concession,  elle  fut  annu- 
lée et  concédée  de  nouveau  à  ses  deux  filles,  Marie- 
Louise  et  Catherine-Angélique.  Cette  dernière  devint 
la  femme  de  Louis  Lévrard. 

Lévrard  fut  mis  sous  le  patronage  de  sainte  Sophie 
en  l'honneur  de  Sophie  Young,  éjDOUse  de  J.-Ovide 
Tousignant,  seigneur  de  Lévrard. 

LîcliepaiD  (Kaniouraska) 

Ce  nom  exprime  énergiquement  la  pauvreté  des 
premiers  colons  de  cet  endroit. 

Limoïloii  (Québec) 

Limoïlou  était  le  nom  du  manoir  de  Jacques  Car- 
tier, à  Saint-Malo. 

Liinière,  Canton  (Beauc'e) 

Onze  communes,  en  France,  portent  le  nom  de 
Lignière  ou  Linière.  Les  Taschereau,  croyons-nous, 
ont  emprunté  leur  surnom  de  Linière  à  la  commune 
de  Linière,  située  à  une  trentaine  de  kilomètres  de 
Tours. 

li'Islet,  Notre-Dame  de  Kon -Secours  de 

La  paroisse  actuelle  de  l'Islet  fut  concédée  en  deux 
seigneuries.  La  première  de  une  lieue  de  front  sur 
deux  lieues  de  profondeur,  touchant  par  son  extré- 
mité nord-est  à  la  seigneurie  de  Port-Joly,  fut  concé- 
dée le  17  mai  1677  à  Geneviève  Couillard,  veuve  du 


247 


sieur  du  Tertre.  Dans  certains  actes  de  notaires, 
cette  seigneurie  est  appelée  VIslet  Saint-Jean  ;  d'autres 
la  nomment  tout  simplement  Saint- Jean.  L'autre 
concession,  bornée  à  son  extrémité  nord-ouest  par  la 
seigneurie  de  Vincelotte  (Cap  Saint-Ignace),  fut  accor- 
dée par  l'intendant  Duchesneau,  le  1er  juillet  1677, 
au  sieur  Jean-François  Bélanger.  Elle  contenait 
environ  une  lieue  et  demie  de  front  sur  deux  lieues  ■ 
de  profondeur.  On  désigna  la  seigneurie  de  Bélan- 
ger sous  le  nom  de  Bonsecours.  Au  pied  du  quai 
actuel  de  Tlslet,  placé  à  huit  arpents  de  l'église,  il  y 
a,  à  l'est,  un  rocher  s'élevant  à  une  quarantaine  de 
pieds  environ  au-dessus  du  niveau  des  hautes  marées. 
Ce  rocher  a  un  peu  plus  de  quatre  arpents  de  lon- 
gueur sur  cent-cinquante  pieds  de  largeur.  Autre- 
fois, il  se  trouvait  entièrement  entouré  des  eaux  du 
fleuve.  Il  formait  alors  une  petite  île,  un  îlet,  mot 
que  l'on  prononçait  îlette.  Ce  nom  servit  d'abord 
à  désigner  la  seigneurie  de  la  veuve  du  Tertre.  Plus 
tard  il  s'étendit  à  la  paroisse  formée  des  deux  sei- 
gneuries de  rislet  et  de  Bonsecours. 

liitchfield,  CantOD  (Ottawa) 

Ville  du  comté  de  Stafford,  Angleterre. 
Locliaber,  Canton  (Ottawa) 

District  très  montagneux  et  très  boisé  du  comté 
de  Inverness,  Ecosse. 

Logan,  Mont  (Gaspé) 

Le  mont  Logan,  dont  la  hauteur  est  de  3768  pieds, 
a  pris  son  nom  du  géologue  William  Logan. 

Longueuil  (Cliambly) 

M.    Jacques   Viger,    dans   sa   Saberdache,    donne 
l'origine  suivante  au  nom  Longueuil  :  ''  Quelques 


248 


années  avant  celle  de  son  anoblissement,  Charles 
LeMoyne  avait  acquis  une  seigneurie  à  F  opposite  de 
Montréal  ;  il  lui  donna  le  nom  de  Longueuil,  nom 
significatif  (Long-œil)  de  la  vue  étendue  qu'embrasse 
l'œil  en  le  portant  du  littoral  de  cette  terre  sur  le 
fleuve  Saint-Laurent.  Il  n'hésita  pas  dès  lors  et 
seulement  d'ajouter  le  de  Longueuil  à  son  premier 
nom  de  Le  Moyne,  et  les  lettres  patentes  de  1668 
portent  que  Sa  Majesté  anoblit  ''  Charles  Le  Moyne 
de  Longueuil  ". 

M.  Faillon,  dans  son  Histoire  de  la  colonie  française  ^ 
traite  ;avec  lucidité  cette  question  :  "  Charles  Le 
Moyne,  dit-il,  prit  le  nom  de  Longueuil  d'un  village 
de  Normandie,  aujourd'hui  chef-lieu  d'un  canton, 
dans  l'arrondissement  de  Dieppe,  sa  patrie.  Ainsi, 
il  est  à  remarquer  que  dans  l'acte  de  mariage  du 
sieur  Saint- Aubin  passé  à  Ville-Marie  en  1679,  le 
notaire,  pour  éloigner  toute  confusion,  a  eu  soin  de 
dire  que  les  parents  de  ces  époux  demeuraient  à 
Longueuil  de  Dieppe  ". 

Il  est  hors  de  tout  doute  que  c'est  là  la  véritable 
origine  du  mot  Longueuil  ;  l'explication  qu'en  donne 
M.  Faillon  est  trop  claire  et  trop  évidente  pour  lui 
préférer  l'opinion  tout  à  fait  problématique  de  M. 
Viger.  (1) 

Loranger,  Canton  (Ottawa) 

L'honorable  Louis-Onésime  Loranger,  juge  de  la 
Cour  Supérieure. 

Lorimier,  De  (Hochelaga) 

De  Lorimier  portait  autrefois  le  nom  de  Côte  de 


(1)  Jodoin  et  Vincent,  Histoire  de  Longueuil  et  de  la  famille  de 
Longueuil,  p.  39. 


249 


la  Visitation.  C'est  en  1895  que  la  Législature  a  au- 
torisé ce  village  à  prendre  le  nom  de  De  Lorimier. 
La  famille  de  Lorimier  est  une  de  nos  anciennes 
familles  canadiennes.  Un  de  ses  membres  fut  blessé 
à  la  prise  de  Corlar.  On  connait  le  patriote  Cha- 
milly  de  Lorimier  qui  fut  exécuté  à  Montréal  le  15 
février  1839,  avec  Nicolas,  Hindelang,  Norbert  et 
Daunais.  On  ne  lit  pas  sans  pleurer  les  lettres  qu'il 
écrivit  à  sa  femme  et  à  ses  amis  quelc[ues  instants 
avant  de  monter  sur  l'échafaud.  C'est  pour  honorer 
la  mémoire  de  ce  brave  qu'on  a  substitué  le  nom  de 
Lorimier  à  celui  de  Côte  de  la  Visitation. 

LfCrrain,  Cantou  (Poutiac) 

Mgr  Narcisse-Zéphirin  Lorrain,  premier  évoque 
de  Pontiac. 

Lotbinière 

Le  premier  Chartier  dont  l'histoire  fasse  mention 
est  Philippe  Chartier,  receveur  général  des  comptes 
en  1374.  L"n  de  ses  fils  devint  évéque  de  Paris, 
un  autre  fut  abbé  de  Saint-Germain,  un  troisième 
fut  receveur-général  puis  secrétaire  d'état  de  Louis 
VI,  qui  lui  accorda  des  lettres  de  noblesse.  Il  eut 
six  enfants  :  trois  fils  et  trois  filles.  César,  l'un 
d'eux,  fut  tué  au  siège  de  Péronne  en  1468.  Il  laissa 
deux  enfants.  L'aîné,  Clément,  épousa  une  des  plus 
riches  héritières  de  Bretagne,  Gillette  de  Château- 
bourg.  C'est  lui  qui  introduisit  dans  sa  famille  le 
surnom  de  Lotbinière,  qui  lui  est  resté.  Ayant 
acheté  dans  le  Bas-Maine  une  propriété  appelée 
Binière,  pour  la  distinguer  d'une  autre  qu'il  avait 
dans  le  Dijonnais,  du  nom  de  Bignières,  il  ajouta  le 
mot  Lot,  à  cause  des  poissons  de  cette  espèce  qui 
pullulaient  dans  les  fossés  du  château. 


250 


Louis-Tliéandre  Chartier  de  Lotbinière,  un  des 
descendants  de  ce  Clément  Chartier  qui  prit  le  sur- 
nom de  Lotbinière,  passa  dans  la  Nouvelle-France 
en  1646.  Sa  haute  capacité,  son  honnêteté  et  son 
illustre  origine  le  firent  appeler  par  nos  gouverneurs 
à  remplir  les  plus  hautes  charges  de  la  colonie.  Il 
fat  successivement  membre  du  Conseil  Souverain 
et  lieutenant  civil  et  criminel  de  la  prévôté  de 
Québec.  C'est  le  3  novembre  1672  que  l'inten- 
dant Talon  lui  concéda,  sur  la  rive  sud  du  Saint- 
Laurent,  deux  lieues  de  terrain  de  front  sur  deux 
lieues  de  profondeur,  à  prendre  entre  la  concession 
du  sieur  Marsolet  et  celle  des  Ursulines  de  Québec. 
M.  de  Lotbinière  donna  son  nom  à  sa  seigneurie. 

Louise,  Canton  (Beance) 

Le  canton  Louise  fat  vraisemblablement  nommé 
ainsi  pour  rappeler  le  souvenir  de  la  princesse 
Louise,  fille  de  la  reine  Victoria  et  épouse  du  mar- 
quis de  Lorne,  aujourd'hui  duc  d'Argyle. 

Louiseville  (Maskinougé) 

C'est  en  1879  que  la  Eivière-du-Loup-en-haut  a 
été  incorporée  en  ville  sous  le  nom  de  Louiseville,  en 
l'honneur  de  la  princesse  Louise,  à  qui  les  citoyens 
de  cette  paroisse  avaient  présenté  une  adresse  et 
un  bouquet,  lors  de  son  passage  au  milieu  d'eux, 
l'année  précédente. 

Lourdes,  Notre- r>anie  de  (Mésantic) 

C'est  le  28  avril  1874  que  Notre-Dame  de  Lourdes 
a  été  érigée  en  mission.  Ce  nom  lui  fat  donné  à  la 
suggestion  de  M.  Laliberté,  aumônier  de  l'archevêché 
de  Québec,  qui  avait  fait  l'année  précédente  un  pèle- 
rinage au  célèbre  sanctuaire  de  Lourdes,  en  France, 


251 


et  qui  trouvait  beaucoup  de  ressemblance  entre 
l'humble  village  du  comté  de  Mégantic  et  le  site  du 
bourg  où  la  Vierge  apparut  à  Bernadette  Soubirous. 

liOw,  Canton  (Ottawa) 

C'est  M.  Low,  grand  commerçant  de  bois,  qui  a 
donné  son  nom  à  ce  canton. 

Luskville,  Saint- Dominique  de  (Otta^ya) 

Le  premier  habitant  de  cet  endroit  fut  un  anglais 
protestant  du  nom  de  Lusk.  Plusieurs  de  ses  enfants 
demeurent  encore  à  Luskville. 

Liissier,  Canton  (Montcalm) 

C'est,  une  famille  Lussier  qui  a  d'abord  habité  ce 
canton. 

Lynch,  Canton  (Moutcalni) 

L'honorable  William- Warren  Lynch,  qui  a  fait 
partie  des  gouvernements  Chapleau,  Mousseau,  Ross 
et  Taillon,  est  aujourd'hui  juge  de  la  Cour  Supérieure 
pour  le  district  de  Bedford. 

Lysander,  Cliutes  (Mégantic) 

Le  général  Lysander  Flagg,  de  Rhode  Island, 
érigea  sur  la  rivière  Thames  des  moulins  considé- 
rables. 

Lytton,  Canton  (Ottawa) 

Lo:çd  Lytton,  ministre  des  colonies  del8o8àl859. 

Macaza,  Notre-Dame  de  la  (Ottawa) 

Macaza  est  le  nom  d'un  vieux  Sauvage  qui  cam- 
pait sur  les  bords  d'un  lac  qui  est  dans  les  limites 
de  cette  paroisse. 


252 


I^Iacliiclie  (Saiut- Maurice) 
Diminutif  de  Yamachiche. 
MacNider,  X.-D.  de  rAssomption  de  (31atane) 

Le  6  mai  1675,  Frontenac  concédait  au  sieur  Jean- 
Baptiste  de  Peiras,  conseiller  du  roi  au  Conseil  Sou- 
verain de  la  Nouvelle-France,  "  deux  lieues  de  front 
le  long  du  fleuve  Saint-Laurent  du  costé  du  sud,  à 
prendre  du  milieu  de  la  largeur  de  la  rivière  appe- 
lée Mitis,  ou  autrement  les  isles  Saint-Barnabe,  en 
descendant  le  dit  fleuve,  sur  deux  lieues  de  profon- 
deur, avec  trois  isles  ou  islettes  appelés  Saint-Barna- 
be." Après  la  conquête,  les  héritiers  du  sieur  de 
Peiras  vendirent  cette  seigneurie  à  un  Ecossais  du 
nom  de  Matthew  MacNider.  Ce  dernier  la  revendit 
presque  aussitôt  à  son  parent  John  MacNider.  Le 
nouveau  propriétaire  se  construisit  une  maison  près 
du  fleuve,  sur  la  limite  nord-ouest  de  sa  propriété. 
Il  choisit  cet  endroit  problablement  à  cause  de  la 
beauté  et  de  la  commodité  du  site.  L'établissement 
de  MacNider  était  à  cette  époque  un  des  rares  postes 
établis  le  long  de  cette  partie  du  fleuve  Saint-Lau- 
rent, Les  voyageurs  le  désignèrent  bientôt  par  le 
nom  de  son  propriétaire. 

Ce  ne  fut  que  vers  1855  que  les  curés  de  Saint- 
Octave  de  Métis  commencèrent  à  desservir  MacNider. 
Un  des  premiers  desservants  de  cet  endroit,  M. 
l'abbé  Blanchet,  écrivait  à  l'archevêque  de  Québec 
en  1859  :  "  En  vous  nommant  la  mission  de  Mac- 
Nider ou  Sandy-Bay,  je  ne  puis  m'empêcher  de  vous 
dire,  avant  toute  autre  chose,  que  je  suis  fatigué  de 
ces  noms  écossais  et  anglais  ;  la  prononciation  du 
premier  me  met  à  la  torture.  J'ai  déjà  songé  à  don- 
ner à  cette  mission  le  nom  de  l'Assomption,  mais  les 


253 


bons  Père  Oblats  l'ont  pris  pour  les  îlets  Jérémie 
qui  ne  sont  pas  éloigné  d'ici.  Si  ma  mission  ne  peut 
porter  ce  nom,  je  désire  qu'elle  reçoive  celui  de 
N.-D.  des  Anges.  Du  reste  c'est  l'affaire  de  Votre 
Grandeur  ;  mais  mon  intention  principale  est  de 
faire  changer  les  noms  écossais  et  anglais  en  d'autres 
noms  qui  tiennent  plus  à  la  religion  catholique." 
La  raison  qui  poussait  l'abbé  Blanchet  à  demander 
à  l'autorité  religieuse  à  placer  la  nouvelle  mission 
sous  le  patronage  de  Notre-Dame  de  l'Assomption 
c'est  qu'il  avait  été  ordonné  prêtre  le  15  d'août, 
jour  où  l'église  célébrait  alors  cette  fête.  Sa  demande 
fut  accordée. 

Maclawaska 

Le  mot  Madawaska  que  l'on  devrait  écrire  ainsi 
Madaouska  vient  de  MôdaSasSka  ou  ModaSaski,  terre 
du  porc-épic. 

Madawaska,  d'après  d'autres,  signifie  "■  rivière  qui 
ne  gèle  jamais." 

Enfin,  Mgr  Laflèche  prétend  que  Madawaska 
viendrait  des  mots  sauteux  mataw,  décharge  ou  em- 
bouchure d'une  rivière,  et  aska^  il  y  a  joncs  ou  foin. 
Rivière  qui  se  décharge  à  travers  les  joncs. 

Maadinffton,  Cantou  (Nicolet) 

Maddington  est  un  village  du  comté  de  AVilt,  en 
Angleterre. 

Magrenta  (Laval) 

Magenta  est  une  ville  de  l'Ancienne  Lombardie, 
tout  près  de  Milan.  Les  Français  y  remportèrent  sur 
les  Autrichiens,  le  4  juin  1859,  une  bataille  qui  leur 
ouvrit  les  portes  de  Milan.  C'est  à  cette  occasion 
que  le  maréchal  de  ^lacMahon  fut  créé  duc  de 
Magenta. 


254 

Magog  (Stanstead) 

Diminutif  de  Memphrémagog. 

3Iagpie  (Labrador) 

Magpie  a  pris  son  nom  de  la  rivière  Magpie  ou  la 
Pie. 

Malien,  Kivière  (31outiiiorency) 

La  rivière  Maheu,  qui  sépare  les  paroisses  de 
Saint-Jean  et  de  Saint-Laurent,  sur  l'île  d'Orléans, 
tire  son  nom  du  premier  habitant  qui  vint  s'établir 
sur  ses  bords  :  René  Maheu. 

Mailloux,  Canton  (Béllecliasse) 

M.  Alexis  ^lailloux,  grand  vicaire  du  diocèse  de 
Québec,  n'a  pas  seulement  été  l'apôtre  de  la  tempé- 
rance dans  notre  pays  ;  il  a  puissamment  aidé  à  la 
colonisation.  C'est  lui  qui,  vers  1847,  fonda  une 
société  de  colonisation  pour  mettre  en  culture  le 
canton  Buckland.  M.  Mailloux  a  vécu  assez  pour 
voir  plusieurs  paroisses  prospères  dans  ce  canton 
qu'il  avait  ouvert  à  la  colonisation. 

Maisonneuve 

Paul  de  Chomedey,  sieur  de  Maisonneuve,  fonda- 
teur de  Montréal. 

Major,  Canton  (Ottawa) 

M.  Charles-Beautrom  Major,  avocat,  élu  député 
d'Ottawa  à  la  législature  de  Québec  en  1897. 

3Ialakofi,  Canton  (Poutiac) 

Le  fort  Malakoff  défendait  Sébastopol,  en  Crimée. 
Il  fut  emporté  d'assaut  par  les  soldats  français  le  8 
septembre  1855. 


255 


Malbaie,  Saiut-Etleune  de  la  (Charlevoix) 

La  Malbaie  fut  ainsi  nommée  par  Samuel  de  Cham- 
plain,  lorsqu'il  y  passa  en  1608,  après  avoir  visité 
Tadoussac.  ''  Costoyants  la  coste  du  nord,  déclare- 
t-il,  nous  fusmes  à  une  pointe,  qui  advance  à  la  mer, 
qu'avons  nommé  le  cap  Dauphin,  distant  de  la  rivière 
aux  Saulmons  trois  lieues.  De  là  fusmes  à  un  autre 
cap  que  nous  nommasmes  le  cap  à  l'Aigle,  distant 
du  cap  Dauphin  huit  lieues.  Entre  les  deux  il  y  a 
une  grande  ance,  où  au  fond  il  y  a  une  petite  rivière 
qui  assèche  de  basse  mer,  et  peut  tenir  environ  lieue 
et  demie.  Elle  est  quelque  peu  unie,  venant  en 
diminuant  par  les  deux  bouts.  A  celui  de  l'ouest  y 
a  des  prairies  et  pointes  de  rochers,  qui  advancent 
quelque  peu  dans  la  rivière  :  et  du  costé  du  su-rouest 
elle  est  fort  batturière,  toutefois  assez  agréable,  à 
cause  des  bois  qui  l'environnent,  distante  de  la  terre 
du  nort  d'environ  demi-lieue,  où  il  y  a  une  petite 
rivière  qui  entre  assez  avant  dedans  les  terres,  et 
l'avons  nommé  la  rivière  Flatte,  ou  Malle-Baie,  d'au- 
tant que  le  travers  d'icelle  la  marée  y  court  merveil- 
leusement :  et  bien  qu'il  face  calme,  elle  est  toujours 
fort  émeue,  y  ayant  grande  profondeur."  (1) 

Le  mot  maie  est  un  vieil  adjectif  qui  signifiait 
jadis  mauvais.  Champlain,  trouvant  mauvais  ancrage 
au  pied  du  Cap  à  l'Aigle,  donna  à  la  baie,  ainsi 
que  nous  venons  de  le  voir,  le  nom  de  3Iale  Baie 
abrégé  avec  le  temps  en  Malbaie. 

Malbaîe,  Saint-Pierre  de  la  (Gaspé) 

La  baie  qui  a  donné  son  nom  à  la  paroisse  portait 
à  l'origine  le  nom  de  baie  des  Molues  ou  Morues, 

(l)   Voyages  du  sieur  de  Champlain  au  Journal  es  découvertes  de 
la  Nouvelle- France f  p.  160. 


256 


parce  que  ce  poisson  s'y  prenait  en  abondance  par 
les  pêcheurs  basques,  normands  et  bretons.  Il  s'en 
prend  encore  beaucoup  même  aujourd'hui.  Les 
Anglais  ont  changé  baie  des  Moines  en  Molue  hay 
puis,  grâce  à  leur  accent,  en  Mal. . . .  hay,  orthogra- 
phe actuelle.  Jean-Baptiste  a  repris  son  bien  et  dit 
et  écrit  Malbaie. 

Malherbe,  Canton  (Lac  Saint- Jean) 

"François  Malherbe  se  trouvait  en  qualité  d'engagé 
à  la  mission  du  pays  des  Hurons,  lors  du  martyre 
des  Pères  de  Brébeuf  et  Lalemant.  Ce  fut  François 
Malherbe  qui  eut  la  dévotion  et  la  charité  de  trans- 
porter sur  son  dos  les  corps  grillés  et  rôtis  des  deux 
martyrs,  l'espace  de  deux  lieues.  Cet  acte  de  piété 
valut  à  François  Malherbe  sa  vocation  à  la  vie  reli- 
gieuse ;  il  y  fut  appelé  en  qualité  de  coadjuteur  tem- 
porel en  1652.  Il  fut  envoyé  à  la  mission  de  Chi- 
coutimi  vers  1680.  Durant  les  plus  grands  froids 
de  l'hiver  de  1686,  le  frère  jésuite  François  Malherbe 
faillit  périr  dans  les  bois  en  se  rendant  du  lac  Saint- 
Jean  (probablement  de  la  mission  de  Saint-Charles 
de  Métabetchouan)  à  Chicoutimioù  il  allait  rejoindre 
son  supérieur,  le  Père  de  Crespieul.  On  le  trouva 
demi  mort,  ayant  les  pieds  et  les  mains  gelés.  Malgré 
les  soins  qu'on  lui  donna,  il  perdit  deux  doigts  des 
naains  et  des  pieds,  à  la  suite  des  plus  cruelles  souf- 
frances qu'il  endura  avec  une  patience  et  une  dou- 
ceur angélique.  Le  frère  Malherbe  continua  ses 
humbles  travaux  à  la  mission  de  Chicoutimi  avec 
autant  d'utilité  que  d'édification,  jusqu'à  l'époque  de 
sa  dernière  maladie.  Le  19  avril  1694,  jour  du 
jeudi  saint,  à  dix  heures  du  soir,  il  rendit  sa  belle 
âme  à  celui  qu'il  avait  si  bien  servi  pendant  les  69 


257 


ans  de  sa  vie,  dont  il  avait  passé  42  en  religion. 
Les  restes  de  ce  digne  compagnon  des  Pères  de 
Brébeuf  et  Lalemant  reposent,  depuis  plus  de  deux 
cents  ans,  sur  la  haute  falaise  du  Saguenay,  où 
s'élève  aujourd'hui  la  ville  de  Chicoutimi,  devenue 
siège  épiscopal  ".  (1) 

31alhiot,  Canton  (Chaniplain) 

L'honorable  Henri-Gédéon  Malhiot  a  été  ministre 
des  terres  de  la  Couronne  avant  d'être  juge  de  la 
Cour  Supérieure. 

3Ialmaison   Mlssisquoi) 

^L  Des  Rivières  se  bâtit  un  château  en  cet  endroit 
et  lui  donna  le  nom  de  Malmaison.  Grand  admira- 
teur de  l'impératrice  Joséphine,  épouse  de  Napoléon 
1er,  il  voulait  rappeler  le  souvenir  du  château  de 
Malmaison,  dans  la  commune  de  Rueil,  où  elle  se 
retira  après  son  divorce. 

Mandeville,  Saint- Charles  de  (Maskinongé) 

Le  lac  ^Landeville  porta  d'abord  le  nom  de  lac 
Maskinongé.  Plus  tard  il  prit  le  nom  de  INIande- 
ville  d'un  colon,  Maxime  Mandeville,  qui  s'établit 
sur  ses  bords. 

Saint  Charles  a  été  donné  pour  titulaire  à  cette 
paroisse  parce  que  la  première  mission  fut  établie 
par  ^L  Charles  Turgeon,  curé  de  Saint-Didace. 

Manicouagau  (Labrador) 

Manikuagan  est  le  lieu  où  les  Sauvages  enlèvent 
l'écorce  pour  les  canots  ;  il  est  à  remarquer  que  cette 
écorce  ne  se  trouve  qu'en  certains  endroits. 


(1)  L'abbé  H.-R.  Casgrain,  Bulletin  des  Recherches  Historiques, 
vol.  IV,  p.  85. 
17 


258 


Le  Père  Lemoine  traduit  Manicouagan  par  ''  Là 
où  l'on  donne  à  boire." 

D'un  autre  côté,  Mgr  Laflèche  et  le  Père  Lacombe 
prétendent  que  le  mot  cris  maïukuagan  ou  minik- 
ivagan  signifie  buvoir  ou  pot  à  boire. 

Maniwaki,  (Ottawa) 

Maniwaki  est  un  mot  algonquin  qui  veut  dire 
''  terre  de  Marie."  (1) 

ManD,  Cantou  (Bonaventiire) 

M.  ^lann  a  possédé  de  grandes  concessions  de* 
terrain  dans  cette  région. 

Mauouan  (Saint-3Iaurice 

Memi  au  minu,  là  où  il  y  a  beaucoup  d'œufs, 
traduit  le  Père  Lemoine.^ 

3Ianseaii  (Nicolet) 

Cet  endroit  fut  d'abord  connu  sous  le  nom  de 
Moose  Park.  On  le  désigne  aujourd'hui  sous  le  nom 
de  Manseau  parce  que  le  fondateur  et  premier  curé 
de  la  paroisse  fut  M.  Manseau. 

Mansfield,  CaDton  (Pontiac) 

Mansfield,  ville  d'Angleterre,  possède  une  école 
fondée  par  la  reine  Elizabetli. 

Mansonville  (Brome) 

Le  premier  propriétaire  du  site  actuel  de  Man- 
sonville fut  le  colonel  Henry  Ruiter,  un  loyaliste 
américain.  Il  vendit  sa  concession  à  Joseph  Chandler 
et  à  John  Lewis  qui  eux-mêmes,  en  1811,  vendirent 
à  Robert  Manson.  Celui-ci  bâtit  un  moulin  et  donna 


(1)  H.-L.-N.  Auge,  Etude  sur  la  région  Témiscaming. 


259 


le  premier  élan  de  prospérité  à  la  place  qui  prit  son 
nom. 

Marbleton  (W©lfe) 

Marbleton  tire  son  nom  d'une  belle  carrière  de 
marbre  située  sur  les  bords  du  lac  Argenté. 

Marchaud,  Canton  (Beauce) 

L'honorable  Félix-Gabriel  Marchand,  premier 
ministre  de  la  province  de  Québec. 

Maria,  Sainte-Brigitte  de  (Bonaventure) 

Maria  fut  nommée  ainsi  en  l'honneur  de    lady 
Maria  Effingham,   femme  de  lord   Dorchester,  gou 
verneur-général  du  Canada.    Cette  grande  dame  fut 
chantée  en  vers  et  en  prose  dans  la   Québec   Gazette 
de  Neilson. 

Marienquatacook,  Rivière  (Téniiscouata) 

Le  mot  Marienquatacook,  en  indien,  signifie  : 
"  la  belle  tortue." 

Marieville  (Rouville) 

Dérivé  de  Sainte-Marie  de  Monnoir. 
Marlow,  Canton  (Beauce) 

Marlow  est  un  bourg  du  comté  de  Buckingham, 
Angleterre. 

Marmier,  Canton  (Portneuf) 

M.  Xavier  Marmier,  membre  de  l'Académie  fran- 
çaise, qui  visita  le  Canada  deux  ou  trois  fois,  eut 
toujours  beaucoup  de  sympathie  pour  notre  pays.] 

Marston,  Saint-Léon  de  (Compton) 

Marston  est  un  village  du  Yorkshire,  Angleterre. 


260 


Marston  fut  mis  sous  le  patronage  de  saint  Léon 
en  l'honneur  du  pape  Léon  XIII. 

Martindale,  Saint-Martin  de  (Ottawa) 

Le  terrain  sur  lequel  fut  bâtie  l'église  fut  donnée 
par  un  paroissien  du  nom  de  Martin  O'Malley  ;  d'où 
Saint-Martin  de  Martindale.  Dale,  en  anglais,  signifie 
vallon,  vallée. 

Martinière,  La  (Lévis) 

Le  5  août  1692,  Claude  de  Bermen,  sieur  de  la 
Martinière,  se  faisait  concéder  l'espace  de  terre  com- 
pris entre  la  seigneurie  de  Lauzon  et  celle  de  Monte- 
à-Peine. 

Martinville  (Compton) 

Martinville  porta  à  l'origine  le  nom  de  Martin's 
Mills.  Vers  1838,  Daniel  Martin  vint  s'établir  ici 
et  ne  tarda  pas  à  exploiter  le  pouvoir  de  la  rivière 
au  Saumon.  Il  construisit  un  moulin  à  scie.  Il 
jeta  aussi  un  pont  sur  la  rivière  et  bâtit  la  première 
maison  de  l'endroit.  (1) 

Mascoiiche,  Saint-Henri  de  (l'Assomption) 

Mascouche,  en  langue  crise,  signifie  petit  ours. 
D'après  Mgr  Laflèche,  maskoush,  j^^tit  ours,  est  le 
diminutif  de  mashkwa,  ours. 

Une  autre  opinion  veut  que  le  mot  Mascouche,  en 
langue  indienne,  signifie  plutôt  prairie.  Il  est  vrai- 
semblable de  croire  que  les  vastes  et  belles  plaines 
adossées  au  Grand  Coteau  (petite  chaîne  des  Lauren- 
tides  qui  traverse  toute  la  paroisse)  aient  inspiré  aux 
Sauvages  la  pensée  de  désigner  cet  endroit  enchan- 
teur sous  le  nom  de  Mascouche — prairie. 


(1)  L.-S.  Channell,  History  of  Compton  Counti/,  p.  209. 


261 


Terrebonne,  qui  existait  quand  la  paroisse  de  Mas- 
couche  a  été  créée,  ayant  reçu  pour  titulaire  saint 
Louis,  roi  de  France,  l'évêque  du  temps  mit  la 
paroisse  limitrophe,  Mascouche,  sous  le  patronage  de 
saint  Henri  II,  qui  a  joué  en  Allemagne  le  rôle  que 
saint  Louis  a  joué  en  France. 

3Iasliam,  Sainte-Cécile  de  (Ottawa) 

Ville  du  comté  de  York,  Angleterre. 

Maskinongé 

Le  mot  Maskinongé  vient  des  mots  algonquins 
Mashk,  difforme  ou  infirme,  et  Kinonge,  brochet.  Le 
brochet  a23pelé  Maskinongé  est  très  commun  dans  le 
lac  et  la  rivière  Maskinongé.  L'abondance  de  ce 
poisson  dans  ses  eaux  est  sans  doute  ce  qui  a  fait 
donner  son  nom  à  la  rivière. 

Massé,  Canton  (Matane) 

Le  père  Jésuite  Ennemond  Massé,  un  des  premiers 
missionnaires  du  Canada. 

Masson,  Sainte-3Iar«ruerite  du  lac  (Terrebonne) 

Le  lac  Masson  a  reçu  son  nom  de  l'honorable 
Edouard  Masson. 

Mgr  Bourget,  évêque  de  Montréal,  avait  une  véné- 
ration profonde  pour  sainte  Marguerite,  la  patronne 
des  mères  de  famille.  En  mettant  cette  paroisse  du 
nord  de  son  diocèse  sous  le  patronage  de  sainte  Mar- 
guerite, il  voulait  donner  aux  mères  colonnes,  comme 
les  appelait  le  curé  Labelle,  une  puissante  protec- 
trice auprès  de  Dieu. 

Matane,  Saint- Jérôme  de 

Champlain  appelle  cet  endroit  Mantanne. .    Jean 


262 


Alphonse  donne  à  la  rivière  Matane  le  nom  de 
rivière  de  Caën. 

Matane  ou  mtctan  signifie  en  micmac  '*  vivier  de 
castor  ".  A  quoi  cela  répond-il  ?  Nous  l'ignorons. 

Matane  fut  mise  sous  le  patronage  de  saint  Jérôme 
en  l'honneur  de  M*  Jérôme  Demers,  vicaire-général 
de  Québec. 

Matapédiâc,  Saint-Alexis  de  (Bon aventure) 

C'est  la  rivière  Matapédiâc  qui  a  donné  son  nom 
au  canton  dans  lequel  est  située  la  paroisse  de  Saint- 
Alexis. 

M.  Hamel,  qui  fit  un  voyage  d'exploration  dans 
ces  parages  en  1863,  dit  que  le  mot  Matapédiâc,  en 
langue  micmaque,  signifie  volume  d'eau  qui  descend 
d'une  grande  mare.  (1) 

Mgr  Guay,  protonotaire  apostolique,  dit  que  la 
vraie  épellation  de  Matapédiâc  est  Matakpediak  et 
que  ce  mot  signifie  en  langue  micmaque,  union  de 
deux  rivières.  En  effet,  la  Matapédiâc  se  jette  dans 
la  Ristigouche  à  l'endroit  même  qui  a  pris  le  nom 
de  Matapédiâc.  Matakpediac,  union  de  deux  rivières, 
se  compose  des  mots  Matack,  union,  et  pediak,  rivière. 
Il  y  a  de  sous-entendu  tabo,  deux.  Le  mot-à-mot 
en  micmac  serait  ceci  :  Matack,  union  ;  taho^  deux  ; 
pediak,  rivières  :  Matack-tabo-pediak.  Il  faut  bien 
prononcer  chacjue  lettre  pour  avoir  la  vraie  pronon- 
ciation. Mais  comme  les  Sauvages  se  servent  de 
beaucoup  d'abréviations  dans  leur  langue,  il  disent 
tout  simplement  :  Matackpediak. 

Le  Père  Lacombe  donne  une  troisième  interpré- 
tation :  "  Matapédiâc,  dit-il,  vient  du  cris  matabis- 
kaiu,  rocher  qui  s'avance  vers  le  rivage." 

(1)  Tran<iactions  of  Literary  and  Historical  Society  of  Québec^ 
vol.  III,  p.  270. 


263 


Matapédiac  fut  mise  sous  le  patronage  de  saint 
Alexis  en  l'honneur  du  grand-vicaire  Alexis  Mail- 
loux,  qui  contribua  pour  beaucoup  à  la  fondation  de 
cette  paroisse. 

Matawin,  Saint-Nicolas  de  la  (Saint-Maurice) 

Matawin  vient  du  mot  algonquin  Matawane  qui, 
d'après  quelques  uns,  veut  dire  ''  décharge  des 
eaux."  Le  Père  Arnaud  prétend,  lui,  que  le  mot 
mataouan  ou  mataioan  veut  dire  "  endroit  où  deux 
rivières  se  réunissent  pour  n'en  former  plus  qu'une.'' 

De  passage  à  Matawin  en  1887,  Mgr  Laflèche, 
évêque  de  Trois-Rivières,  lui  donna  p(^ur  patron 
saint  Nicolas,  évêque  de  Myre,  en  mémoire  de  M. 
Nicolas-Sévère  Dumoulin,  curé  d'Yamachiche,  qui 
fut  l'un  des  premiers  à  visiter  les  postes  du  Saint- 
Maurice  après  le  Père  Buteux. 

llayo  (Ottawa) 

Mayo  est  un  comté  d'Irlande. 

Mazenod,  Canton  (Pontiac) 

Toute  cette  région  fut  parcourue  et  est  desservie 
par  les  Pères  Oblats  de  Marie-Immaculée.  C'est 
Mgr  Mazenod,  évêque  de  Marseille,  qui  a  fondé  cette 
belle  congrégation. 

McGill,  Canton  (Ottawa) 

Nous  avons  eu  deux  McGill  dans  la  province  de 
Québec.  L'honorable  James  McGill  fut  député  à 
l'Assemblée  législative  du  Bas-Canada  et  membre 
du  Conseil  exécutif  C'est  le  fondateur  de  l'université 
McGill,  à  Montréal.  L'honorable  Peter  McGill  fut 
aussi  membre  du  Conseil  exécutif.  Il  fit  partie  du 
Conseil  spécial. 


264 


Mecatina  (Labrador) 


Makatinau  ou  Mekatinau,  dit  le  Père  Lemoine, 
signifie  en  montagnais,  "  là  où  se  trouve  une  grande 
montagne." 

Le  Père  Arnaud  prétend  que  le  mot  Mecatina 
veut  dire  une  montagne  abrupte,  escarpée. 

Dans  la  langue  crise  le  mot  Mecatina  ou  Makewâ- 
tinâk  se  traduit  par  "  parmi  les  collines." 

Méchins,  Saint-Edouard  des  (Matane) 

Saint-Edouard  des  Méchins  ou  Les  Méchins, 
comme  on  appelle  cette  mission  dans  le  bas  du  fleuve 
Saint-Laurent,  doit  son  nom  à  des  rochers  énormes 
qui  s'avancent  fort  loin  dans  la  mer,  et  que  l'on 
nomme  les  Méchins.  On  pense  que  le  mot  Méchins 
est  une  corruption  du  mot  Méchants.  Les  fréquents 
naufrages  qu'occasionnèrent  ces  rochers  de  malheur 
peuvent  bien  leur  avoir  fait  donner  le  nom  de 
Méchants.  De  Méchants  à  Méchins  il  n'y  a  pas  même 
un  pas  à  faire. 

On  voit  un  Pierre  Méchin  de  Frontigny,  greffier 
de  la  maréchaussée  à  Québec  au  commencement  du 
dix-huitième  siècle,  mais  il  n'est  pas  probable  qu'il 
ait  donné  son  nom  aux  Méchins. 

Mégantic 

Mégantic  vient  du  mot  abénakis  Namesokanjik, 
lieu  où  se  tiennent  les  poissons. 

En  cris,  Mégantic,  mis  pour  Misattik,  signifie 
*'  gros  bois." 

Mékinac,  Saint-Roch  de  la  (Champlain) 

Mékinac,  d'après  Mgr  Laflèche,  serait  la  corrup- 
tion du  mot  cris  Mikinâk,  tortue.     On  pense  que  ce 


265 


nom  fut  donné  à  cause  d'une  montagne  qui  a  plus 
ou  moins  la  forme  d'une  tortue. 

Lorsque,  en  1887,  Mgr.  Laflèche,  évêque  de  Trois- 
Rivières,  fit  sa  première  visite  pastorale  à  la  Méki- 
nac,  alors  simple  j)oste,  les  habitants  se  réunirent 
chez  INI.  Louis  Vaugeois,  français  venu  de  Norman- 
die, et  r évêque  leur  dit  :  "  Lorsqu'un  enfant  est 
baptisé,  l'Eglise  lui  donne  le  nom  d'un  saint,  et  le 
met  sous  la  protection  de  ce  saint.  Or,  ce  que 
l'Eglise  fait  pour  les  enfants,  elle  le  fait  aussi  pour 
les  paroisses  et  les  missions.  Cet  endroit-ci  se  nomme 
la  Mékinac,  c'est  le  nom  civil  ;  eh  bien  !  je  vais 
aujourd'hui  lui  donner  un  noni  religieux,  le  mettre 
sous  la  protection  d'un  saint.  Comme  nous  célébrons 
en  ce  jour  la  fête  de  saint  Roch,  je  donne  ce  grand 
saint  pour  patron  à  votre  mission,  et  vous  la  nomme- 
rez à  l'avenir  Saint-Roch  de  la  Mékinac."  (1) 

Melbourne,  Caiitou  (Uicliniond) 

Une  ville  du  comté  de  Derby  et  un  village  du 
comté  de  Cambridge,  en  Angleterre,  portent  le  nom 
de  Melbourne.  On  connaît  Melbourne,  capitale  de 
la  province  de  Victoria,  Australie. 

Melbourne  a  dû  emprunter  son  nom  de  lord  Mel- 
bourne, premier  ministre  d'Angleterre  en  1835.  Il 
se  montra  favorable  aux  Canadiens-Français  dans 
le  parlement  impérial.  Les  loyaux  de  Québec  et  de 
Montréal  le  brûlèrent  en  effigie  parce  qu'il  ne  vou- 
lait pas  partager  leurs  opinions. 

MeloclieAille  (Beauliarnois) 

Melocheville  est  un  groupe  de  maisons  à  l'entrée 
du  canal  de  Beauharnois.    Les  employés  du  canal  se 

(1)  L'abbé  N.  Caron,  Deux  voyages  sur  le  Saint- Maurice,  p.  20. 


266 


groupèrent  là  et  formèrent  un  village  de  quelques 
maisons  au  nombre  desquelles  se  trouve  la  résidence 
du  surintendant  du  canal.  Ce  village  fait  partie  de 
Saint-Clément  de  Beauharnois,  et  ses  habitants  fré- 
quentent l'église  de  cette  paroisse.  Plusieurs  fa- 
milles Meloche  habitent  cet  endroit  ;  de  là  Meloche- 
ville. 

Mempliréniagog  (Brome) 

Memphrémagog  vient  du  mot  abénakis  Mamhro- 
bagak,  grande  étendue  d'eau. 

Mercier,  Canton  (Pontiac) 

L'honorable  Honoré  Mercier,  premier  ministre  de 
la  province  de  Québec. 

Mésy,  Canton  (Lac  Saint- Jean) 

Le  gouverneur  de  Mésy  est  célèbre  pour  ses  dé- 
mêlés avec  Mgr  de  Laval  et  les  touchantes  excuses 
qu'il  fit  au  saint  évêque  sur  son  lit  de  mort. 

Métabetclionan,  Saint-Louis  de  (Lac  Saint- Jean) 

Le  Père  Lemoine  dit  que  Métabetchouan  est 
formé  des  mots  Métapepilu,  venant  des  bois,  et 
litskuriy  eau  coulant  rapidement.  La  rivière  Métabet- 
chouan sort  en  effet  des  bois  pour  se  jeter  dans  le 
lac  Saint-Jean. 

Le  Père  Lacombe  donne  une  origine  qui  ne  dif- 
fère pas  beaucoup.  Matabitjiwan,  en  cris,  signifie 
courant,  qui  arrive  dans,  etc. 

Saint  Louis  a  été  donné  pour  patron  à  cette  pa- 
roisse en  l'honneur  de  l'honorable  Louis  Archam- 
beault,  ministre  du  gouvernement  de  Québec. 

Metascouac,  Lac  (Québec) 

Là  où  les  trois  ruisseaux  se  rencont  r  ent. 


267 


31etgcrmette,  Saint-Zacharie  de  (Beaiice) 

Metgermette  est  un  mot  sauvage  dont  nous  n'avons 
pu  trouver  la  signification. 

Le  canton  Metgermette  est  divisé  en  deux  parties. 
La  partie  sud,  limitroplie  des  Etats-Unis,  forme  la 
paroisse  de  Saint-Zacharie.  C'est  en  l'honneur  du 
Père  Zacharie  Laçasse,  Oblat  de  Marie-Immaculée, 
premier  desservant,  que  la  paroisse  a  été  nommée 
ainsi. 

Méthot's  Mills  (Lotbinière) 

En  1830,  l'honorable  Louis  Méthot,  conseiller 
législatif,  construisit  en  cet  endroit  des  moulins 
considérables. 

Métis,  Saint-Octave  de  (Mataue) 

Métis,  en  langue  maléchite,  veut  dire  ''  tremble  ". 
La  rivière  Métis  était  bordée  d'arbres  de  cette  sorte  ; 
d'où  son  nom.  C'est  la  rivière  Métis  que  suivaient 
les  Sauvages  de  Ristigouche  lorsqu'ils  se  rendaient 
au  fleuve  Saint-Laurent. 

La  paroisse  de  Saint-Octave  de  Métis  fut  nommée 
ainsi  par  Mgr  Signai'  le  2  février  1846  en  l'honneur 
de  Mgr  Joseph-Octave  Plessis. 

Mile-End  (Maisonueuve) 

Deux  faubourgs  de  Londres  portent  le  nom  de 
Mile-End.  On  les  distingue  par  les  qualificatifs  de 
Old-Town  et  de  New-Town.  Mais  notre  Mile-End 
n'a  aucune  relation  avec  les  Mile-End  de  Londres. 
Le  seul  champ  de  course  de  toute  l'île  de  Montréal 
autrefois  était  à  Mile-End.  Il  y  avait,  paraît-il,  un 
mille  de  la  Place  d'Armes  à  cet  endroit  ;  d'où  Mile- 
End,  fin  du  mille. 


268 


Mille-Rocbes  (Iberville) 

On  donnait  jadis  à  la  paroisse  de  Saint- Athanase 
le  nom  de  Mille-Roches  parce  que  son  sol  était  cou- 
vert de  roches. 

Mill-Stream,  Saint-Anibroise  de  (Bonaventure) 

Il  y  avait  en  cet  endroit  un  '  moulin  (mill)  sur  le 
ruisseau  (stream)  qui  se  jette  dans  la  rivière  Mata- 
pédiac,  près  de  l'endroit  où  s'élève  la  gare  de  Tinter- 
colonial. 

Mill-Stream  a  reçu  saint  Ambroise  pour  titulaire 
parce  que  c'est  M.  Philéas-Ambroise  Fortier,  alors 
missionnaire  de  Saint-Laurent  de  Matapédiac,  qui 
s'occupa  d'organiser  la  nouvelle  mission. 

Mille-Vaches,  Saint-Paiil  de  (Saguenay) 

La  seigneurie  de  Mille- Vaches  fut  accordée,  le  15 
novembre  1653,  par  le  gouverneur  de  Lauzon,  à 
Robert  GifFard.  Elle  a  dû  prendre  ce  nom  de  Mille- 
Vaches  à  cause  de  l'abondance  des  vaches  marines 
dans  les  environs. 

Milnikek,  Caoton  (Bonaventure) 

3Iilnigeg,  en  micmac,  signifie  "  Terre  où  abonde 
les  baies." 

Miltou,  Sainte-Cécile  de  (Shefford) 

Milton,  disent  les  uns,  rappelle  le  souvenir  du 
célèbre  auteur  du  Paradis  perdu.  D'autres  préten- 
dent que  Milton  a  simplement  emprunté  son  nom  à 
un  village  d'Angleterre.  Il  y  a,  en  effet,  une  cinquan- 
taine de  villages  de  ce  nom  en  Angleterre  et  en 
Ecosse.  Une  troisième  opinion  veut  que  Milton  ait 
été  nommé  ainsi  de  Milton  Reynold,  premier  colon 
de  ce  canton. 


269 


Milton  a  été  placée  sous  la  protection  de  sainte 
Cécile  en  l'honneur  de  la  femme  de  ce  même  Milton 
Reynold.     Elle  se  nommait  Cécile  Connelly. 

Minerve,  Canton  la  (Ottawa) 

Le  canton  la  Minerve  rappelle  le  souvenir  du 
journal  La  Minerve,  fondé  en  1827,  par  Ludger 
Duvernay  de  concert  avec  l'honorable  A.-N.  Morin. 

Mingan  (Sagiienay) 

Il  y  a  dans  les  environs  de  Brest,  en  France,  un 
endroit  qui  porte  le  nom  de  IMingan.  Mais  nous 
croyons  que  notre  Mingan  a  été  appelé  ainsi  par  les 
Sauvages  à  cause  des  loups  qu'ils  y  rencontraient. 

Mgr  La  flèche  et  le  Père  Arnaud  s'accordent  à  dire 
que  Mahingan,  en  cris,  et  minkan  ou  maïkan,  en 
montagnais,  signifient  loups. 

3Iisquacliiian,  Lac  (Labrador) 

Là  où  on  trouve  des  ours.  Du  montagnais  misli- 
kuashuan. 

3Iissiqumi,  Rivière  (Cliicoutimi) 

Ici  les  terres  sont  rompues. 

Missisqiioi 

"  A  quel  dialecte  appartient  le  nom  Misâisquoi  ? 
Afin  de  faciliter  la  solution  du  problème,  j'ai  recherché 
d'abord  les  diverses  épellations  authentiques  du 
nom.  Les  archives  et  les  cartes  anciennes  repro- 
duites par  Justin  Winsor  et  Faillon,  entr'autres  une 
carte  de  1660,  indiquent  parfaitement  le  lac  Cham- 
plain  et  son  nom  actuel,  mais  elles  ne  font  aucune 
mention  de  la  baie  de  Missisquoi,  bien  qu'elle  y  soit 
tracée.  Le  plus  ancien  document  qui  en  parle  est 
la  concession  faite  le  6  avril  1733  au  sieur  de  Lusi- 


270 


gnan  d'une  seigneurie  à  la  baie  de  Missiskouy.  Le 
nom  devait  cependant  être  connu  des  Français  long- 
temps auparavant.  Un  autre  document  officiel  écrit 
en  langue  anglaise  en  1783  et  reproduit  au  long  par 
M.  John-P.  Noyés,  dans  son  intéressante  étude  sur 
les  Early  Settlers  in  the  District  of  Bedford,  fait  men- 
tion de  Missisquie  Bay.  En  1815,  Bouchette,  Topo- 
graphical  Description  of  Lower  Canada,  l'épelle  Mis- 
sisqui  Ba}^  C'était  la  prononciation  anglaise  de 
l'ancien  nom  Missisquoy.  Aussi  trouve-t-on  dans 
les  anciens  Statuts  Révisés  du  Bas-Canada  de  1845, 
une  loi  délimitant  les  divisions  électorales  du  Bas- 
Canada,  passée  en  1828  (9  Geo.  IV,  c.  73)  où  le 
comté  de  Missiskoui  est  décrit.  Enfin  en  1853,  lors 
de  la  division  du  Bas-Canada  en  districts,  on  observe 
que  l'orthographe  a  été  changée  et  la  Législature 
pour  la  première  fois,  je  crois,  adopta  celle  qui  inva- 
riablement a  été  suivie  depuis,  Missisquoi.  Elle  est 
consacrée  par  les  Statuts  Refondus  du  Bas-Canada 
de  1860,  l'Acte  de  l'Amérique  Britannique  du  Nord, 
1867,  et  tous  les  dictionnaires,  cartes  et  livres  de  géo- 
graphie modernes.  Evidemment  on  a  adopté  une 
épellation  française  et  répondant  peut-être  mieux  à 
l'euphonie  du  mot. 

"  Mais  quelle  est  la  signification  du  nom  ?  Etran- 
ger aux  idiomes  indiens,  j'ai  dû  m'adresser  aux 
missionnaires  des  diverses  tribus  de  la  province  et 
aux  antiquaires  du  district  et  l'on  verra  que  ça  n'a 
pas  été  une  tâche  facile  d'arriver  à  une  solution 
satisfaisante.  Je  leur  demandais  à  tous  l'origine  du 
nom  Missisquoi  ou  Missiskouy.  Ma  première  réponse 
fut  de  M.  John-P.  Noyés,  de  Cowansville.  Je  cite 
textuellement  :  ''  I  am  unable  to  give  an  absolutely 
definite  answer  to  your  query  as  to  the  origin  and 


271 


meaning  of  Missisqiioi.  I  liave  been  trying  for  some 
time  to  run  it  to  earth,  and  liave  pretty  well  satisfied 
myself,  but  in  such  matters  one  must  hâve  an  open 
mind.  When  one  bas  to  rely  largely  on  tradition 
there  is  always  an  élément  of  doubt,  even  in  the  best 
considered  theory.  The  définitions  given  allège  In- 
dian  origin,  but  Indian  is  an  indefinite  term.  One 
wants  to  know  the  particular  dialect  and  tribal  pecu- 
liarities.  The  locality  of  Missisquoi  Bay,  from  which 
the  County  is  named,  was  frequented  by  the  Iroquois 
and  Algonquins,  and  possibly  by  the  Hurons,  and 
must  hâve  been  christened  something  by  them.  I 
am  told  that  the  first  syllable  of  Mississipi  and  Mis- 
souri ri  vers — indian  names — means  water,  and  if 
true  help  my  belief  as  to  the  name  of  Missisquoi. 

''  The  définitions,  so  far  as  I  know,   are  two — at 
least  those  advocated  in  print. 

1.  An  Indian  name  meaning  "  Much  Water  Fowl." 

2.  ''         ^'         ''  ''         ''  Old  Squaw." 

"•  I  accept  the  first.  '^  Much  Water  Fowl.  "  Missis- 
quoi Bay,  from  the  earliest  days,  was,  and  is,  famous 
for  the  large  quantity  and  variety  of  its  water  fowl, 
being  on  the  highway  of  the  migratory  fowls  between 
our  north  and  their  southern  winter  house.  Its  shel- 
tered  water  s  make  a  safe  natural  resting  place.  Indian 
names  are  largely  adopted  from  their  habits  as  to 
eating  and  war.  Missisquoi  Bay  was  a  place  to  which 
they  resorted  to  hunt  and  fish,  according  to  tradition. 
It  seems  quite  natural,  and  according  to  Indian  traits, 
that  the  name  "  Much  Water  Fowl  "  should  hâve 
been  given  to  a  place  where  game  was  so  abundant. 
The  early  settlers  relate  that  the  flocks  offowl  at  cer- 
tain seasons  near  the  Bay  were  so  large  and  dense 
that  the  sun  would  be  obscured  as  though  darkened 


272 


by  a  cloud.  They  were  no  natural  marks  about  the 
Bay  of  so  distinctive  character  as  to  suggest  a  name. 
In  addition  to  the  foregoing,  a  very  old  man  of  the 
County  wrote  in  a  local  paper  some  years  ago,  that 
he  was  taught  some  sixty  years  before  that,  •'  Missis- 
quoi  "  Avas  an  Indian  name  meaning  ''  Much  Water 
Fowl.  "  Thus  we  hâve  tradition,  presumptions  and 
Indian  traits  in  accord. 

"  To  the  définition  ''  Old  Squaw,  "  I  attach  no 
importance  in  its  support.  It  may  hâve  been  inferred 
from  a  broad  pronunciation,  Misses-Squaw — misses 
being  the  ordinary  countr}^  name  Mistress  or  Mada- 
me, and  therefore  presumedly  old.  It  could  just  as 
well  mean  Miss  or  Young  Squaw.  But  the  spelling 
of  to  day  is  not  that  of  the  old  time.  Three  quarters 
of  a  century  ago,  and  before,  and  even  for  some  time 
after,  it  was  spelled  ''  Missiskoui.  "  Papers  in  the 
Dominion  Archives  show  that  in  1785  it  was  spelled 
"  Missisquie.  "  It  is  only  about  half  century  since 
the  présent  name  received  a  statutory  endorsement. 
I  hâve  no  access  to  the  archives,  nor  anything  else, 
to  show  what  Missisquoi  Bay  was  called  during  the 
French  régime.  Being  on  the  war  route  between 
the  St-Lawrence  and  the  N.  E.  settlements  it  must 
hâve  had  a  distinctive  name." 

''  Puis,  M.  Ernest  Racicot,  de  Sweestburg,  un  autre 
chercheur  enthousiaste  du  passé,  m'écrivait  : 
''  D'après  ce  que  j'ai  souvent  entendu  dire,  le  mot 
Missisquoi  veut  dire  '^  much  water  fowl  ".  Encore 
aujourd'hui,  les  outardes  et  les  canards — dans  leurs 
migrations  du  sud  au  nord  le  printemps  et  du  nord 
au  sud  en  automne — font  une  station  à  la  baie  de 
Missisquoi  où  les  chasseurs  les  guettent.  Autrefois 
quand  les  alentours  de  la  baie  étaient  en  bois  et 


273 


n'étaient  fréquentés  que  de  temps  à  autres  par  les 
Sauvages,  ces  oiseaux  devaient  sans  doute  se  rendre 
là  et  s'y  arrêter  dans  leurs  voyages  en  bien  plus 
grand  nombre.  J'ai  raison  de  croire  que  ^'  mis  "  ou 
'^  missis  "  signifie  "  eau  " — ''  water  ".  Mississipi, 
Missouri.  La  syllabe  "  quoi  "  (qui  a  été  écrite  de 
plusieurs  manières  "  koi  " — "  kow  " — ''  quoi  "  etc) 
ressemble  à  "  quoi  "  du  nom  Iroquois.  Tout  cela 
est  du  sauvage.  Il  est  probable  qu'avant  l'arrivée 
des  Français  au  commencement  du  17e  siècle,  tout  le 
lac  (maintenant  Champlain)  au  sud  de  la  baie  devait 
avoir  un  nom  sauvage — probablement  Missisquoi, 
ou  quelque  nom  de  ce  genre.  Le  nom  de  ce  comté 
doit  venir  du  vieux  nom  de  la  baie." 

"  D'un  autre  côté,  un  ancien  missionnaire  du  sault 
Saint-Louis,  familier  avec  la  langue  iroquoise,  m'écri- 
vait que  le  nom  n'est  pas  d'origine  iroquoise,  et 
qu'il  croyait  qu'il  est  algonquin. 

''  Un  autre  missionnaire  des  Algonquins  d'Oka, 
pendant  un  grand  nombre  d'années,  me  répondit  que 
Missisquoi  (lisez,  observe-t-il,  Missiskaiu  pour  les 
besoins  de  l'étymologie)  n'est  pas  algonquin.  ''  En 
algonquin,  dit-il,  la  racine  Mis  signifie  gros,  grand, 
énorme.  Mis-abe,  homme  grand,  géant  ;  Misabos, 
grand  lièvre,  âne,  à  cause  de  ses  oreilles  ;  Misisipi, 
grande  rivière,  Mississipi  (Chauteaubriand  écrit 
Meschacébé  et  traduit  "  Père  des  eaux  "  ;  il  se 
trompe).  Les  Sauvages  riverains  de  l'Ottawa  l'appe- 
laient autrefois  Kissisipi,  la  Grande-Rivière,  celle  qui 
reçoit  beaucoup  d'affluents.  Non  loin  d'Ottawa,  on 
trouve  le- petit  missisipins,  comme  on  trouve  la  Belle- 
Rivière,  Ohio,  en  iroquois.  Que  signifie  la  seconde 
racine  de  Missi-skaw  ?  Faut-il  y  voir  le  mot  Squaw, 
femme,  conservé  en  anglais,  et  conclure  qu'il  y  avait 
18 


274 


à  Missisquoi    quelque   femme   extraordinaire?  Qui 
nous  le  dira  ?  Je  n'ose  m'arrêter  à  cette  hypothèse  ". 

''  Je  tournai  alors  mes  regards  sur  le  missionnaire 
des  Hufons  de  Lorette,  près  Québec,  qui  s'empressa 
de  m'informer  que  ses  Hurons  ont  complètement 
perdu  leur  langue  et  qu'ils  parlent  le  français, 
et  il  me  renvoya  à  un  prêtre  huron  de  naissance 
demeurant  à  ]\Iastaï,  près  Québec.  Ce  dernier 
répondit  que  le  mot  n'est  pas  huron.  Sans  perdre 
courage,  je  m'adressai  alors  au  Père  de  Gonzague, 
missionnaire  des  Abénakis  à  St-Thomas  de  Pierre- 
ville.  Leur  village  n'est  pas  très  éloigné  de  la  baie 
en  question.  Voici  donc  ce  qu'il  m'écrit  :  "  L'origine 
du  mot  ^lissisquoi  est  "  Masipskoik  ",  mot  qui 
signifie  endroit  où  il  \  a  du  caillou  et  plus  spéciale- 
ment encore  "  pointe  de  caillons  ".  Nous  avons  fait 
des  recherches  chez  nos  vieux  Abénakis  et  tous  regar- 
dent la  chose  comme  connue  depuis  longtemps  chez 
eux  ". 

''  M.  Noyés,  à  qui  je  transmis  cette  révélation,  n'est 
pas  convaincu  qu'elle  soit  correcte  et  il  préfère  celle 
qu'il  a  adoptée  ''Much  waterfowl".  *'Still,"  dit-il, 
"  I  hâve  an  open  mind."  Il  ajoute  qu'il  n'y  a  pas  de 
cailloux  à  la  baie,  mais  qu'on  trouve  jusqu'au  bord  de 
l'eau  des  carrières  qui  sont  exploitées  pour  la  cons- 
truction à  Montréal.  Puis  il  affirme  que  la  rivière 
Missisquoi  est  remplie  de  cailloux,  de  rapides  et  de 
chutes. 

'*  Ce  fait  me  semble  régler  la  question.  C'est  la 
rivière  qui  a  donné  son  nom  à  la  baie  et  au  comté. 
Encore  une  tradition  à  l'eau  comme  bien  d'autres, 
par  exemple  celle  qui  enseignait  que  La  Salle  avait 
construit  un  fort  de  pierre  à  Lachine  dont  on  voyait 
encore  les  ruines.     Et  puis  la  tradition  de  75  ans 


275 


invoquée  par  M.  Noyés  est  loin  d'être  ancienne,  bien 
insuffisante  pour  expliquer  un  nom  qui  remonte  à 
près  de  deux  siècles.  Enfin  elle  est  repoussée  par  les 
langues  sauvages  que  nous  connaissons."  (1) 

Mistassini  (Lac  Saint- Jean) 

Mistassini,  dit  Mgr  Laflèche,  est  un  mot  cris  qui 
signifie  grosse  roche.  Il  est  formé  de  mistahe,  gros, 
lorsqu'il  est  joint  à  un  nom  et  beaucoup  s'il  est  joint 
à  un  verbe,  et  assini,  roche. 

En  montagnais,  le  mot  Mistassini  se  traduit  égale- 
ment par  grosse  pierre. 

Le  lac  Î^Iistassini  est  rempli  de  roches  d'une  gros- 
seur prodigieuse.  Il  n'est  pas  impossible,  non  plus, 
que  les  hauts  degrés  de  roc  massif  d'où  s'effondrent 
en  cascades  les  eaux  du  Mistassini,  un  peu  au-dessus 
de  la  Trappe  de  Notre-Dame  de  ^listassini,  aient 
inspiré  cette  appellation. 

Le  Père  Pierre  Laure,  Jésuite,  donne  ainsi  la 
signification  et  l'origine  du  mot  Mistassini  : 

"  Ce  nom  composé  de  michta,  grand,  et  d^assinij 
pierre,  vient  d'une  grosse  roche  qui  se  rencontre  dans 
la  rivière  des  Mistassins.  Ils  ont  en  vénération  ce 
rocher  ;  ce  serait  un  crime  pour  eux  que  de  passer 
proche  sans  y  laisser  quelque  marque  de  leur  supers- 
tition envers  TchigigScheS,  le  dieu  du  beau  et 
du  mauvais  temps,  qui  selon  leurs  fables  y  a  choisi 
par  prédilection  sa  demeure.  D'ordinaire  leur 
encens  est  un  peu  de  tabac,  ou  quelque  galette  ; 
quelques  os  de  castor  ou  de  poisson  qu'ils  mettent 
dessus.    Mais   d'autres   fciauvages   moins   dévots   et 

(1)  Désiré  Girouard,  Bulletin  des  Recherches  Historiques^  vol.  XI, 
p.  270.  M.  George  McAleer,  de  Worcester,  vient  de  publier  une 
brochure  intitulée  :  A  study  in  the  etymology  of  the  Indian  Place 
Narae  Missisquoi. 


276 


affamés  de  fumer,  enlèvent  souvent  en  passant  le 
tabac  au  bon  ou  mauvais  génie  qui  n'a  pas  eu  soin 
de  profiter  de  la  dévotion  de  ses  adorateurs.  "  (1) 

Moisie  (Labrador) 

La  rivière  Moisie  qui  a  donné  son  nom  au  village 
du  même  nom  prend  sa  source  à  la  hauteur  des  ter- 
res, au  grand  lac  Shawnepau. 

Le  Père  Arnaud  ne  croit  pas  que  Moisie  soit  un 
mot  montagnais.  Il  est  porté  à  croire  que  ^loisie  est 
plutôt  un  nom  propre.  Ce  qui  semble  confirmer  son 
opinion  c'est  que  les  Montagnais  appellent  la  rivière 
Moisie  Mistgrande  shipi,  grande  rivière. 

31oiinoir,  Saiiite-31arie  de  (Kouville) 

C'est  le  25  mars  1708  que  le  sieur  de  Ramezay.se 
fit  concéder  la  seigneurie  de  ^lonnoir.  Il  lui  donna 
ce  nom  en  souvenir  d'une  seigneurie  du  même  nom 
que  sa  farhille  possédait  en  France. 

Monpessou  (Hochelaga) 

Le  capitaine  John  Monpesson,  du  Sième  régiment 
d'infanterie. 

Montauban  (Portneuf) 

La  petite  ville  de  Montauban,  dans  l'ancienne 
province  de  Guyenne,  en  France,  fit  autrefois  le  com- 
merce de  minoterie  avec  notre  pays.  L'abbé  Louis 
Bertrand  de  La  Tour,  qui  fut  doyen  du  chapitre  de 
Québec  et  grand  vicaire  de  Mgr  Dosquet,  mourut  à 
Montauban  en  1780.  Il  était  à  sa  mort  doyen  du 
chapitre  de  ]\Iontauban  et  curé  de  la  paroisse  de 
Saint- Jacques.  (2) 


(1)  R.  P.  Arthur  Jones,  MUsion  du  Saguenay,  p.  35. 

(2)  P.-J,-0.  Chauveau,  Bertrand  de  La  Tour,  p.  7. 


277 


Moutcalm 


En  souvenir  du  grand  vaincu  des  Plaines  d'Abra- 
ham. 

^lont.ag-ne  Chauve  (Wolfe) 

Il  ne  se  trouve  aucun  arbre  au  sommet  de  cette 
montagne. 

Montag-ne  Tremblante  (Terrebonne) 

Les  Sauvages  faisaient  la  chasse  sur  cette 
montagne.  Après  leurs  copieux  repas  ils  se  cou- 
chaient sur  le  sol  pour  faire  la  sieste.  Or,  le  bruit 
de  plusieurs  petits  cours  d'eau  descendant  du  som- 
met de  la  montagne  sur  les  rochers  avait,  pour  leurs 
oreilles,  le  même  effet  qu'un  tremblement  de- terre. 
Les  Sauvages,  très  superstitieux,  disaient  que  le 
Manitou  faisait  trembler  la  montagne. 

Moutarville,  Saint-Gérarrt  de  (Ottawa) 

Le  nom  de  Montarville  fut  donné  à  cette  paroisse 
parce  que  ses  premiers  habitants  reçurent  beaucoup 
d'assistance  de  la  Société  de  colonisation  Montarville, 
dont  M.  P.-B.  Benoit,  député  de  Ohambly,  était  le 
président. 

3Iont-Carmel,  Notre-Dame  du  (Kamouraska) 

Notre-Dame  du  Mont-Carmel  est  située  derrière  les 
montagnes  ou  coteaux  qui  se  trouvent  sur  le  haut  du 
cinquième  rang  du  fief  Saint-Denis  de  Kamouraska. 

C'est  M.  Edouard  Quertier,  curé  de  Saint- Denis, 
qui  obtint  des  autorités  ecclésiastiques  la  permission 
de  placer  cette  paroisse  sous  la  protection  de  Notre- 
Dame  du  Mont-Carmel,  qui  était  sa  dévotion  parti- 
culière. 


278 


Monte-à-Peine  (Bellechasse) 

Le  sol,  du  fleuve  aux  concessions,  monte  en  pente 
faible,  à  peine. 

Moiitebello  (Ottawa) 

Primitivement  appelée  Petite-Nation,  puis  Notre- 
Dame  du  Bon-Secours,  sous  le  vocable  de  laquelle 
elle  est  encore  placée,  Montebello  ne  porte  ce  dernier 
nom  que  dejDuis  1854,  époque  à  laquelle  Papineau 
demanda  qu'on  donnât  à  la  paroisse  dont  il  était  le 
seigneur,  le  nom  d'un  ami  de  passage,  le  duc  de  Mon- 
tebello, qu'il  avait  rencontré  en  Europe  et  qu'il  esti- 
mait fort. 

Moutfort  (Argenteuil) 

La  fondation  de  l'orphelinat  agricole  de  Montfort 
remonte  à  l'année  1882  et  doit  être  attribué  à  M. 
Rousselot,  P.  S.  S.,  curé  de  Saint-Jacques  de  Montréal, 
secondé  par  quelques  généreux  chrétiens  tels  que 
MM.  François  Froideveau,  Edouard  Lafleur,  F.-X. 
Montmarquet,  etc.,  tous  citoyens  de  la  ville  de  Mon- 
tréal. Ces  messieurs,  guidés  moins  sans  doute  par 
la  prudence  humaine  que  par  une  secrète  impulsion 
de  la  Providence,  eurent  l'idée  de  choisir,  dans  un 
pays  où  les  terres  fertiles  abondent,  un  lieu  à  douze 
milles  du  village  de  Saint-Sauveur  et  à  cinq  milles 
de  tout  pays  habité,  situé  en  pleine  forêt  et  en  pleine 
montagne,  absolument  impropre  à  la  culture,  pour 
y  poser  le  fondement  de  leur  orphelinat  agricole. 
•  M.  Rousselot,  chargé  de  trouver  des  religieux  qui 
acceptassent  la  direction  de  son  œuvre,  songea  aux 
Pères  de  la  Compagnie  de  Marie  et  aux  soeurs  de  la 
Sagesse.  Ceux-ci  acceptèrent  et  le  25  août  1883  le 
Père  Armand  Bouchet,  suivi  de  cinq  frères  convers, 


279 


s'installait  dans  ce  désert.  L'orphelinat  prit  le  nom 
du  bienheureux  de  Montfort,  fondateur  de  la  Com- 
pagnie de  Marie  et  des  sœurs  de  la  Sagesse,  nom  qui 
fut  aussi  donné  à  la  paroisse  lorsqu'elle  se  forma.  (1) 

^lontig-uy,  Canton  de  (Ottawa) 

En  l'honneur  de  M.  Testard  de  Montigny,  recor- 
der de  Montréal  et  chevalier  de  l'ordre  militaire  de 
Pie  IX. 

Mont  joli,  Notre-Dame  de  Lourdes  de  (Mataue) 

Montjoli  est  sur  un  monticule  d'où  l'on  voit  à  perte 
de  vue  les  riantes  campagnes  environnantes  ;  d'où 
son  nom  de  Mont-Joli. 

L'église  de  Montjoli  esc  bâtie  sur  un  rocher  et 
c'est  à  cause  de  cette  légère  ressemblance  avec  Notre- 
Dame  de  Lourdes  en  France  qu'on  lui  a  donné 
Notre-Dame  de  Lourdes  pour  titulaire. 

Moût  Joliiisou  (Il>erville) 

L'appellation  de  Mont  .Johnson  attachée  aujour- 
d'hui, dans  le  langage  des  postes,  à  la  paroisse  de 
Saint-Grégoire-le-Grand,  lui  vient  de  sir  John  John- 
son, propriétaire  de  la  seigneurie  de  Monnoir,  dans 
les  limites  de  laquelle  cette  paroisse  est  toute  entière 
comprise.  En  1794,  la  partie  de  la  seigneurie  qui 
forme  la  paroisse  actuelle  de  Saint-Grégoire  était 
encore  très  peu  habitée.  Le  seigneur  Johnson  parait 
y  avoir  fait  beaucoup  de  concessions.  Aussi,  quand, 
après  avoir  quitté  sa  résidence  de  la  Pointe-Olivier 
(Saint-Mathias),  il  vint  se  fixer  dans  sa  seigneurie  de 
Monnoir,  se  crut-il  le  droit  de  donner  son  nom  à  la 
montagne  Sainte-Thérèse  :  cette  ''  montagne  isolée  " 


(1)  R.  P.  Alexis  de  Barbezieux,  Histoire  de  la  province  ecclésias- 
tique d'Ottawa,  vol.  II,  p.  312. 


280 


dont  parle  Bouchette  clans  sa  Topographie  du  Canada, 
et  qui  est  sise  ''  presque  au  milieu  delà  seigneurie  ". 
La  petite  montagne  en  question  est  renfermée 
dans  la  paroisse  de  Saint-Grégoire.  Son  titre  de 
Johnson  n'a  jamais  réussi  à  s'imposer  complètement. 
Il  n'a  jamais  eu  de  place  dans  l'appellation  officielle 
de  la  paroisse.  Celle-ci,  à  l'époque  de  son  érection 
par  Mgr  Signay  en  1836,  s'intitula  Saint-Raymond- 
Nonnat  ;  puis,  les  paroissiens  de  Saint-Raymond  se 
plaignant  de  ne  pouvoir  pas  se  sentir  de  dévotion  pour 
leur  titulaire,  ]\Igr  Lartigue  substitua  en  1838  à 
saint  Raymond-Nonnat  saint  Grégoire-le-Grand.  Les 
décrets  d'autorité  civile  ont  consacré  ce  vocable,  et  le 
vrai  titre  de  la  paroisse  est  Saint-Grégoire-le-Grand- 
de-Monnoir  ;  Mont-Johnson  n'a  pu  trouver  grâce  que 
devant  le  ministère  des  postes  !  (1) 

Moiiîjoye,  Saiut-Télesphore  de  (Soulaiiges) 

Le  nom  de  Montjoye  donné  à  Saint-Télesphore  à 
l'époque  de  sa  formation  vient  d'un  petit  village  qui 
se  trouvait  à  une  dizaine  d'arpents  du  village  actuel. 
Comme  Saint-Télesphore  est  dans  la  seigneurie  de 
'  Soulanges,  qui  appartenait  à  la  famille  de  Beaujeu,  le 
nom  de  Montjoye  a  dû  lui  être  donné  en  souvenir  de 
la  France.  ^'  Montjoye  et  Saint-Denis  "  était  le  cri 
des  chevaliers  d'autrefois. 

IVIont- Louis,  Sviint-I^Iaxiiiie  du  (Gaspé) 

Saint-Maxime  du  Mont-Louis  ou  plutôt  des  Monts- 
Louis — c'est  ainsi  que  le  désignent  les  actes  de  con- 
cessions primitives — consiste  en  une  vallée  resserrée 
entrée  deux  hautes  montagnes.  C'est  en  l'honneur 
du  monarque  qui  régnait  alors  sur  la  France,  Louis 
XIV,  que  les  Monts-Louis  furent  nommés  ainsi. 

(1)  Bulletin  des  Recherches  Historiques,  vol.  VII,  p.  181. 


281 


Quand  au  titulaire,  lorsque  la  paroisse  fut  fondée, 
M.  Maxime  Tardif  était  secrétaire  de  Mgr  Turgeon, 
et  c'est  en  son  honneur  qu'on  choisit  ce  saint. 

Montinag"ny 

Le  5  mai  1646,  le  gouverneur  de  Montmagny  se 
faisait  concéder  la  Rivière  du  Sud,  avec  une  lieue  de 
terre  le  long  du  fleuve  Saint-Laurent,  en  montant  de 
la  dite  rivière  vers  Québec,  et  demi-lieue  le  long  du 
dit  fleuve,  en  descendant  vers  le  golfe. 

Moiitniiny,  Saint-Paul  de  (Montmagny) 

M.  Antoine  INIontminy,  curé  de  Saint-Gervais,  aida 
beaucoup  et  de  sa  bourse  et  de  ses  démarches  les 
premiers  colons  c[ui  se  hasardèrent  dans  ce  coin  du 
pays. 

Montminy  a  été  mis  sous  le  patronage  de  saint 
Paul  à  cause  de  son  voisinage  de  Saint-Pierre  de  la 
Pivière-du-Sud.  Les  cultivateurs  de  cette  dernière 
paroisse  ont  d'ailleurs  beaucoup  aidé  aux  premiers 
colons  de  Saint-Paul  de  Montminy. 

Montmorency 

Le  comté  de  Montmorency  a  emprunté  son  nom 
du  Sault  Montmorency. 

Montréal 

En  1535,  Cartier  s'étant  rendu  au  village  indien 
d'Hochelaga,  il  fut  conduit  par  le  chef  de  ce  village 
au  sommet  d'une  montagne  qui  était  à  un  quart  de 
lieue  de  distance.  De  là,  il  découvrit  un  pays  sans 
bornes.  Enchanté  de  la  vue  magnifique  qu'il  avait 
devant  lui,  il  donna  à  cette  montagne  le  nom  de 
Mont-Royal,  modifié  plus  tard  en  Montréal,  et  qui 
s'est  étendu  à  la  ville  qui  se  trouve  aujourd'hui  à 
ses  pieds. 


282 


M.  Gerald-E.  Hart  prétend  que  Cartier  nomma 
ainsi  la  future  métropole  commerciale  du  Canada  en 
l'honneur  d'un  de  ses  compagnons,  Claude  de  Pont- 
briand,   sieur    de   Montréal,   échanson  du   dauphin. 

Nous  ne  croyons  pas  que  Claude  de  Pontbriand 
ait  été  seigneur  de  Montréal.  Cartier  dit,  à  la  pre- . 
mière  page  de  son  Brief  récit  :  ''Et  le  mercredy 
ensuivant  dix  neuviesne  iour  de  may,  le  vent  vint 
bon  &  convenable,  et  appareillâmes  avec  trois  na- 
vires, scavoir  la  grande  Hermine  du  port  environ 
cent  à  six  vingtz  tonneaulx,  ou  estoit  le  capitaine 
général,  &  pour  maistre  Thomas  frofmond,  Claude 
du  pond  briand,  filz  du  feigneur  de  Montreval  & 
eschanson  de  monseigneur  le  Dauphin. ."  La  ressem- 
blance des  deux  noms  est,  croyons-nous,  l'unique 
cause  de  l'erreur  de  M.  Hart. 

Moretiu,  Canton  (Ottawa) 

Mgr  Louis-Zéphirin  Moreau,  évêque  de  Saint- 
Hyacinthe. 

Moriu,  Canton  (Terrebonne) 

L'honorable  Auguste-Norbert  Morin  avait  une 
grande  confiance  en  l'avenir  de  la  colonisation  en 
notre  pays,  aussi  fit-il  défricher  de  grandes  étendues 
de  terrain  dans  le  comté  de  Terrebonne. 

Mortagne,  Canton  (Pontiac) 

Les  environs  de  Mortagne,  ancienne  capitale  du 
Perche,  nous  ont  fourni  un  grand  nombre  de  nos 
premiers  colons  canadiens. 

Moiiillepiecl  (Chanibly) 

Cet  endroit  n'était  qu'une  savane  'autrefois,  et  on 
s'y  mouillait  les  pieds. 


283 


Moiisseau,  Canton  (Moutcalni) 

L'honorable  Joseph- Alfred  Mousseau,  premier 
ministre  de  la  province  de  Québec. 

Mulgrave,  Canton  (Ottawa) 

Mulgrave  fut  ministre  de  la  Couronne  en  Angle- 
terre. 

Murray-Bay  (Cliarlevoix) 

Le  27  avril  1762,  la  Malbaie,  concédée  au  sieur 
de  Comporté  en  1672  et  remise  au  roi  de  France  un 
demi-siècle  plus  tard,  fut  concédée  de  nouveau  par 
la  couronne  britannique  en  deux  concessions  :  la 
partie  est  — Mount-Murray  —  à  Malcolm  Fraser  ;  la 
partie  ouest  à  John  Nairn,  officier  distingué  du  78e 
régiment  écossais  des  Highlanders.  Le  capitaine 
Nairn  qui  avait  obtenu  sa  concession  par  l'entremise 
du  général  Murray,  lui  donna  son  nom  par  recon- 
naissance. 

Mnsqnaro,  Canton  (Sagueuay) 

La  première  chose  qu'on  voit  en  remontant  le 
cours  de  la  rivière  Musquaro,  dit  le  Père  Arnaud, 
c'est  une  montagne  qui  a  la  forme  d'un  ours.  La 
ressemblance  est  parfaite,  paraît-il.  Rien  y  manque, 
pas  même  la  queue.  D'où  Musquaro,  ''  queue  d'ours." 

Musselyville,  Saint-Alphonse  de  (Bonaventure) 

Saint- Alphonse  de  Musselyville  est  situé  en  arrière 
de  Saint-Charles  de  Caplan.  C'est  au  mois  d'octobre 
1891  que  Saint- Alphonse  de  Musselyville  a  été  fondé 
par  l'abbé  Henry -Joseph  Mussely. 

M.  Mussely  mit  sa  nouvelle  colonie  sous  le  patro-, 
nage  de  saint  Alphonse  de  Liguori  parce  que,  durant 
vingt  années,  il  avait  été  membre  de  la  congréga- 


284 


tion  du  Très  Saint  Rédempteur,  fondée  par  saint 
Alphonse.  La  maladie  le  força,  à  son  grand  regret, 
d'abandonner  ce  bel  et  saint  institut,  mais  toujours 
il  regarda  et  aima  saint  Alphonse  comme  son  père, 
et  voilà  pourquoi  il  fut  heureux  et  fier  de  mettre 
sous  sa  protection  la  colonie  qu'il  fondait. 

Nabesippi,  Kivière  (Labrador) 

Nabesippi,  en  montagnais,  signifie  ''  la  rivière  de 
l'homme." 

Nachikopi,  Lac  (Labrador) 

Du  montagnais  anishkupi,  rivière  aux  oies. 
Xamiir'  (Ottawa) 

Vers  1870,  MM.  Victor  Frison  et  Eugène  Gour- 
dines,  émigrants  de  la  province  de  Namur,  en  Bel- 
gique, arrivèrent  au  Canada,  envoyés  sans  doute  par 
quelque  agent  d'immigration.  On  les  plaça  dans  un 
lieu  alors  bien  désert,  au  milieu  des  montagnes.  Les 
Belges  donnèrent  à  leur  colonie  le  nom  de  Namur, 
en  souvenir  de  leur  province. 

Nantel,  Canton  (Moiitcalni) 

L'honorable  M.  G! -A.  Nantel,  ancien  ministre  des 
terres  de  la  Couronne. 

Napierville 

Le  6  avril  1733,  Gaspard  Chaussegros  de  Léry 
obtenait  une  concession  de  terre  le  long  de  la  rivière 
Chambly.  En  1766,  un  officier  anglais  du  nom  de 
Gabriel  Christie  acheta  la  concession  de  Chaussegros 
de  Léry.  Par  son  testament,  fait  le  13  mai  1789, 
Christie  laissa  la  plus  grande  partie  de  ses  biens  à 
son  fils,  Napier-Christie  Burton,  qui  devint  lui-même 


285 


lieutenant-général  dans  Tarniée  anglaise.  Ce  dernier 
donna  son  premier  nom  à  sa  seigneurie  de  Léry. 

Nasqiiiipee,  Rivière  (Labrador) 

Terre  de  païen. 

Natashqnau  (Labrador) 

Nataskouan  ou  Natashquan,  comme  on  écrit  par- 
tout aujourd'hui  et  que  Ton  prononce  Nataskouane, 
est  un  mot  montagnais.  Mgr  Guay  dit  qu'il  se 
traduit  par  ''  endroit  où  l'on  voit  l'ours  nager,"  soit 
pour  traverser  la  rivière,  soit  pour  se  transporter  sur 
les  îles.  Le  Père  Lemoine  traduit  plutôt  par  :  *'  Là 
où  l'on  chasse  l'ours." 

En  langue  crise,  dit  le  Père  Lacombe,  Natascouan 
ou  Nataskewan  se  traduit  par  ''place  où  on  va  cher- 
cher de  la  mousse." 

Nédélec,  Canton  (Pontiac) 

Le  Père  Léon-Marie  Nédélec,  Oblat  de  ^larie-Lnma- 
culée,  décédé  à  Mattawa  le  23  février  1896. 

Neigette,  Saint-Douat  de  (Kiniouski) 

La  paroisse  Saint-Donat  de  Neigette  est  un  démem- 
brement de  la  paroisse  de  Sainte-Luce  et  comprend 
une  partie  du  canton  et  des  seigneuries  Lessard, 
Lepage  et  Thivierge.  L'église  de  Saint-Donat  est 
située  sur  le  sixième  rang  au  bord  de  la  rivière 
Neigette.  Saint-Donat  est  l'anagramme  du  mot 
Nadeau,  nom  de  famille  du  premier  curé  de  Sainte- 
Luce  qui  a  formé  la  paroisse  de  Saint-Donat  et  l'a 
desservi  pendant  plusieurs  années. 

Neilsonville  (Québec) 

Neilsonville  a  été  nommé  ainsi  en  souvenir  de 
l'honorable  John  Neilson,  député  du  comté  de  Québec, 


286 


rédacteur  et  propriétaire  de  la  Gazette  de  Québec.  Les 
Canadiens-Français  bénissent  la  mémoire  de  M. 
Neilson  car  il  a  toujours  été  leur  ami.  M.  Neilson 
fit  l'acquisition  d'une  partie  du  territoire  actuel  de 
Neilson  ville  en  1792,  et,  à  partir  de  cette  année,  y  fit 
sa  résidence  d'été  et  plus  tard  sa  résidence  perma- 
nente. 

Nelson,  Sainte-Auastasie  de  (Mégantic) 

Nelson  est  une  ville  du  comté  de  Lancaster, 
Angleterre. 

Peut-être  aussi  a-t-on  voulu  honorer  l'amiral 
Nelson,  le  vainqueur  de  Trafalgar.  On  sait  qu'il 
vint  au  Canada  dans  sa  jeunesse  et  qu'il  fut  sur  le 
point  d'}^  épouser  une  jolie  québecquoise. 

Neuiisco 

Du  montagnais  nameshkau,  là  où  il  y  a  du  poisson. 

Nenitayé,  Canton  (IVlatane) 

Le  canton  Nemtayé  est  très  ondulé.  Or,  Nemtaj^é 
ou  plutôt  Nemtaiei,  en  langue  micmaque,  désigne 
une  "  régïon  accidentée  ". 

Neuville,  Sainte- Jeanne  de  (Portnetif) 

Le  fief  de  Neuville  doit  son  nom  à  Nicolas  Dupont, 
sieur  de  Neuville,  (1)  son  troisième  possesseur. 

La  paroisse  de  Sainte-Jeanne  de  Neuville  a  été 
démembrée  de  Saint-François  de  Sales  de  la  Pointe- 
aux-Trembles. Sainte  Jeanne-Françoise  de  Chan- 
tai était  la  fille  spirituelle  de  saint  François  de 
Sales. 


(1)  Neuville  est,  dit-on,  le  nom  d'un  hameau  de  l'ancienne  pro- 
vince du  Henault. 


287 


New-Carlisle,  Saiiit-ICtieaue  de  (Bonaventure) 

New-Carlisle  a-t-il  pris  son  nom  du  comte  de  Carlisle 
ou  de  Tom  Carlyle,  le  grand  auteur  d'essais  et  inven- 
teur de  mots  ?  La  promptitude  avec  laquelle  les 
mots  et  les  noms  sont  altérés  nous  permet  de  suppo- 
ser que  c'est  en  l'honneur  de  l'écrivain  plutôt  que 
du  seigneur  anglais  que  New-Carlisle  a  été  nommé 
ainsi. 

C'est  en  souvenir  de  M.  Etienne  Martel  que  New- 
Carlisle  a  reçu  saint  Etienne  pour  titulaire. 

New  Glasgow  (Terrel)ouiie) 

Ce  village  fut  fondé  par  des  Ecossais  des  environs 
de  Glasgow. 

New-Liverpool  (Lévis) 

De  nombreux  vaisseaux  de  Liverpool  venaient 
charger  du  bois  en  cet  endroit  vers  le  milieu  du 
siècle  dernier. 

Newport,  Saint-Donimique  de  (Gaspé) 

Newport  peuplé  à  l'origine  par  des  réfugiés  amé- 
ricains qui  voulaient  rester  fidèles  à  l'Angleterre  a 
été  nommé  ainsi  en  l'honneur  du  navigateur  anglais 
Newport  qui  avait  fait  partie  des  expéditions  de  sir 
Walter  Raleigh  et  qui  en  1606  fut  chargé  par  la 
Compagnie  de  Plymouth  de  ^fonder  un  établisse- 
ment sur  la  baie  de  Chesapeake,  dans  la  Virginie. 

C'est  en  souvenir  de  Dominique  David,  un  de  ses 
premiers  habitants,  que  Newport  a  été  placé  sous  le 
patronage  de  saint  Dominique. 

New  Kichmond  (Bonaventure) 

Le  duc  de  Richmond,  gouverneur  du  Canada. 


288 


Newton,  Sainte-Justine  ae  (Vaudreuil) 

Newton  est  le  nom  d'un  mathématicien  et  astro- 
nome qui  fit  la  gloire  de  l'Angleterre  au  dix-septième 
siècle. 

Nicolet 

"  Le  nom  donné  par  Champlain,  en  1609,  à  la 
rivière  Nicolet  est  rivière  du  Pont,  en  l'honneur  de 
son  ami  Pontgravé.  Le  nom  de  Nicolet  lui  fut 
donné  plus  tard,  en  souvenir  de  Jean  Nicolet,  le  grand 
interprète  et  découvreur,  amené  de  Normandie  au 
pays  par  Champlain,  en  mê;ne  temps  que  les  Gode- 
froy  et  les  Marguerie,  pour  y  exercer  les  même  fonc- 
tions, et  qui  tous  trois  demeurèrent  plus  ou  moins 
longtemps  aux  Trois-Rivières  ;  mais  il  n'est  pas  facile 
de  dire  par  qui  ni  à  quelle  date  le  nom  de  Nicolet 
fut  attaché  à  cette  rivière.  Il  est  certain  qu'elle 
portait  ce  nom  avant  1672  ;  elle  est  ainsi  désig^iée 
dans  les  actes  de  concessions  de  cette  époque.  Trpis 
rivières  voisines,  au  sud  du  fleuve,  un  peu  plus  haut 
que  la  cité  trifluvienne,  portent  les  noms  des  trois 
grands  interprètes,  Nicolet,  Marguerie  et  Godefroy. 
Celle  de  Nicolet  perdit  pour  quelque  temps  le  sien 
sous  les  deux  premiers  seigneurs  de  l'endroit,  M.  de 
Loubia  et  M.  Cressé,  en  prenant  successivement  leurs 
noms  ;  mais  elle  reprit  bientôt  celui  de  Nicolet,  pour 
ne  plus  le  quitter.  Ce  dernier  nom  passa  de  la  rivière 
à  la  paroisse,  puis  au  séminaire,  puis  au  comté,  puis 
à  la  ville,  puis  enfin  au  diocèse."  (1) 

Nipissis,  Lac  (Labrador) 

Du  montagnais  nipishish,  petite  nappe  d'eau. 


(1)  L'abbé  Dou ville,  Histoire  du  collège-séminaire  de  Nicolet^   vol. 
1er,  p.  2. 


289 


Nominiugue  (Ottawa  ) 

Il  y  a  deux  lacs  Nomiiiingue,  le  Grand  et  le  Petit. 
Nominingue  veut  dire  en  langue  iroquoise  :  peinture 
rouge.  De  fait  on  trouve  encore  dans  les  environs 
de  ces  lacs  une  espèce  de  craie  avec  laquelle  les  Sau- 
vages se  tatouaient,  et  dont  quelques  colons  se  ser- 
vent aujourd'hui  pour  peinturer  leurs  bâtiments. 

Le  Père  Lemoine  prétend  qu'il  n'y  a  qu'une  racine 
algonquine  qui  puisse  se  rapprocher  de  ce  mot. 
Celui-ci  voudrait  dire  :  oins-le,  graisse-le.  Quant  à  la 
terminaison  ingue,  elle  est  régulièrement  algonquine 
(ing)  et  indique  le  locatif  "  l'endroit  où  ".  Peut-être 
alors,  ajoute  le  Père  Lemoine,  Nominingue  veut-il 
dire  :  "au  lac,  au  pays,  etc.,  qui  est  oint,  où  l'on  se 
oint."  (1) 

Norman  (liij.  Saint  Cyrille  de  (Lac  Saint -Jean) 

En  1733,  un  arpenteur  français,  Joseph-Laurent 
Normandin,  se  rendait  jusqu'à  deux  cents  milles  au 
nord-ouest  du  lac  Saint-Jean,  et  dressait  de  toute  cette 
région  une  carte  très  fidèle  et  très  détaillée.  Nous  ne 
connaissons  rien  de  l'arpenteur  Normandin  ;  mais 
son  nom  est  désormais  assuré  de  la  postérité,  puis- 
qu'on l'a  donné  à  un  canton  du  lac  Saint-Jean. 

L'année  même  de  la  fondation  de  la  paroisse  de 
Saint-Cyrille  de  Normandin  l'Eglise  avait  donné  un 
rite  plus  élevé  à  saint  Cyrille.  C'est  la  raison  qui 
engagea  l'autorité  ecclésiastique  à  le  donner  pour 
patron  à  la  nouvelle  paroisse. 

Nornianville 

Thomas  Godefroy  de  Normanville  passa  dans  la 
Nouvelle-France  vers  1626,  en  même  temps  que  son 


(1)  Eugène  Rouillarcl,  Noms  -^auvages^  p.  15, 
19 


290 


frère  Jean-Baptiste  Godefroy  de  Linctot.  On  retrouve 
constamment  Norman  ville  en  voyage,  soit  avec  les 
missionnaires,  soit  avec  les  fondateurs  de  la  colonie. 
Il  mourut  sur  le  bûcher,  des  mains  des  Iroquois, 
dans  l'été  de  1652.  Le  Père  Eagueneau  rapporte 
que  Normanville  avait  eu  quelque  pressentiment  de 
sa  fin.  "  Il  est  probable,  disait-il  un  peu  avant  que 
de  tomber  entre  les  mains  des  barbares,  qu'étant 
tous  les  jours  dans  les  occasions  je  pourrais  être  pris 
par  les  Iroquois  ;  mais  j'espère  que  Dieu  me  fera  la 
grâce  de  souiïrir  constamment  leurs  feux,  et  que 
j'aurai  le  bonheur  de  baptiser  quelques  enfants  mori- 
bonds, et  même  quelques  malades  adultes  que  j'ins- 
truirai dans  leur  pays  avant  ma  mort."  (1) 

Nortlifieltl,  Canton  (Ottawa) 

Paroisse  du  comté  de  Gloucester,  Angleterre. 

Notre-Dame  des  Sept-Douleiirs  de  Portneuf 

M.  Lahaye,  curé  du  Cap-Santé  et  fondateur  de  la 
paroisse  de  Portneuf,  avait  une  grande  dévotion  à 
Notre-Dame  des  Sept  Douleurs.  Dans  tout  le  diocèse 
de  Québec,  il  n'y  avait  aucun  autel  élevé  en  son 
honneur  et  même  dans  tout  le  Canada,  croyons-nous, 
il  n'y  avait  à  cette  époque  que  l'église  des  Sœurs  de 
la  Congrégation,  à  Montréal,  qui  lui  fut  dédiée. 
Aussi,  le  curé  du  Cap-Santé  obtint  que  le  temple  et 
la  nouvelle  paroisse  de  Portneuf  fussent  mis  sous  le 
patronage  de  Notre-Dame  des  Sept  Douleurs. 

Noire-Danie  de  la  Visitation  de  Clianiplaiu 

La  paroisse  de  Champlain  fut  à  l'origine  sous  le 
patronage  de  Notre-Dame  de  la  Présentation.     L'ac- 


(1)  Belct'tcn  des  Jésuites,    1651-52. 


291 


quisition  par  la  fabrique  d'une  peinture  représentant 
la  visite  de  la  sainte  Vierge  à  sainte  Elizabeth,  sa 
cousine,  ne  fut  pas  étrangère  à  ce  changement  de 
dédicace. 

Nouvel,  Canton  (Lîonaveiitiire) 

Le  Père  Henry  Nouvel,  Jésuite,  arriva  à  Québec 
le  4  août  1662.     Il  évangélisa  les  Papinachois. 

Nouvelle-France 

Quand  a-t-on  commencé  à  désigner  le  Canada 
sous  le  nom  de  Nouvelle-France  ?  Charlevoix  assure 
que  ce  fut  en  1609  : 

''  Il  (Champlain)  avait  espéré  de  trouver  un  na- 
vire à  Tadoussac,  mais  il  n'y  en  avait  point,  et  il  re- 
monta à  Québec.  Pontgravé  y  arriva  bientôt  après 
lui,  et  ils  s'embarquèrent  ensemble  au  mois  de  sep- 
tembre 1609  laissant  la  colonie  sous  les  ordres  d'un 
brave  homme,  nommé  Pierre  Chauvin.  Champlain 
fut  fort  bien  reçu  du  Roy,  qu'il  alla  trouver  à  Fon- 
tainebleau, pour  lui  rendre  compte  de  la  situation 
où  il  avait  laissé  la  Nouvelle-France.  Ce  fut  alors 
qu'on  donna  ce  nom  au  Canada."  (1) 

Presque  tous  ceux  qui  ont  écrit  après  Charlevoix 
ont  adopté  son  opinion.  C'est  l'histoire  des  moutons 
de  Panurge  qui  s'est  répétée.  On  a  accepté  sans  exa- 
men une  affirmation  démentie  par  tous  les  histo- 
riens qui  ont  précédé  le  célèbre  Jésuite. 

Le  sieur  de  Rocels,  historiographe  de  Louis  XIV, 
dans  son  édition  de  la  Description  du  Monde  de  Da- 
vity  publiée  en  1660,  déclare  expressément  que  la 
dénomination  de  la  Nouvelle-France  donnée  au  Ca- 
nada  est   bien   antérieure  à  1609.      ''  La  Nouvelle- 


(l)  Histoire  de  la  Nouvelle- France,  vol.  I,  p.  149. 


292 


France,  écrit-il,  a  ce  nom,  principalement  parce  que 
ce  pays  a  été  découvert  par  des  Français  Bretons, 
l'an  1504,  et  que  depuis  les  Français  n'ont  cessé  de 
le  pratiquer.  Jean  Verazzan,  Florentin,  prit  posses- 
sion de  ce  pays,  l'an  1523,  au  nom  du  roi  François  I, 
et  l'on  tient  que  ce  Verazzan  fut  le  premier  qui 
donna  le  nom  de  Nouvelle-France  à  ces  contrées 
qu'il  découvrit."    (1) 

Le  Jésuite  Biard,  qui  écrivait  en  1614,  près  d'un 
demi-siècle  par  conséquent  avant  Rocols,  ne  pense 
pas  autrement  :  '^  Je  crois  que  ça  été  Jean  Verazzan 
qui  a  été  le  parain  de  cette  dénomination  de  Nou- 
velle-France." (2) 

Champlain,  dont  on  peut  presque  toujours  accep- 
ter les  dires,  déclare  qu'avant  le  règne  de  Henri  IV 
on  donnait  déjà  ve  nom  au  Canada.  Parlant  de 
Louis  XIII,  il  dit  :  "  Les  rois  prédécesseurs  de  Sa 
Majesté  ont  ajouté  à  ce  pays  le  nom  de  la  Nouvelle- 
France."  (3) 

Ramusio,  mort  en  1557,  assure  qu'on  donnait  de 
son  temps  au  Canada  le  nom  de  Nouvelle-France. 

Jean  Alphonse,  dans  son  Routier  fait  en  1542, 
laisse  entendre  que  la  dénomination  de  Nouvelle- 
France  était  tout  récemment  imposée  au  Canada. 
Toute  l'étendue  de  ces  terres  peut  avec  raison  être 
appelée  la  Nouvelle-France  ;  car  l'air  y  est  aussi 
tempéré  qu'en  France,  et  elles  sont  situées  dans  la 
même  latitude."  (4) 

D'ailleurs,  quand  bien  même  les  témoignages  de 
Jean  Alphonse,  de  Champlain,  du  Père  Biard  et  de 


(1)  Description  du  Monde.y  vol.  V,  p.  27. 

(2)  Relation  de  la  Nouvelle- France,  1616,  p.  12. 

(3)  Voyages,  163?,  p.  4. 

(4)  Rentier,  p.  86, 


293 


Rocols  ne  détruiraient  pas  l'opinion  de  Charlevoix, 
nous  aurions  l'affirmation  même  de  Jacques  Cartier 
qui  nous  dit  qu'en  1534  le  Canada  était  désigné 
sous  le  nom  de  Nouvelle-France.  Sa  relation  de 
voyage  imprimée  à  Rouen  en  1545  chez  Raphaël  du 
Petit  Val,  est  intitulée  :  Discours  du  voyage  fait  par 
le  capitaine  Jacques  Cartier  aux  Terres-neufves  de  Ca- 
nadas, Noremhergue,  Hochelaga,  Labrador,  et  pays 
adiacens,  dite  Nouvelle  France.  Dans  la  relation  de 
son  deuxième  voyage,  le  découvreur  malouin  va 
encore  plus  loin.  Il  nous  apprend,  en  parlant,  selon 
sa  coutume,  à  la  troisième  personne,  qu'il  a  doimé 
lui-même  le  nom  de  Nouvelle-France  au  Canada  : 
''  Enfuyt  le  langage  des  pa3^s  et  Roy  animes  de  Ho- 
chelaga et  Canada,  auUrement  appelée  par  nous  la 
nouvelle  France^  (1) 

Noyau  (Missisquoi) 

La  seigneurie  de  Noyan  fut  concédée  le  8  juillet 
1743  au  sieur  Chavoye  de  Noyan. 

Nutt's  Corners  {3lis»isquoi) 

Le  premier  maître  de  poste  de  l'endroit  fut  David 
Nutt. 

Odelltown  (Saint-Jean) 

Odelltown  a  pris  son  nom  du  capitaine  Odell, 
américain  de  naissance,  qui,  vers  le  commencement 
du  siècle  dernier,  vint  s'établir  en  cet  endroit  et  fut, 
pour  ainsi  dire,  le  premier  habitant  de  cette  partie  du 
pays. 

Oka  (Deux-Montagnes) 

Oka,  d'après  M.  l'abbé  Forbes,  longtemps  mission- 


(1)  BrieJ  récit  et  succincte  narration,  p.  47. 


294 


naire  à  Caughnawaga,  est  un  mot  algonquin  et  signi- 
fie ''  poisson  doré.  "  Il  y  a,  en  effet,  beaucoup  de 
dorés  dans  le  lac  des  Deux-Montagnes. 

Oîoniaiioslieebo,  Rivière  (Labrador) 

Rivière  à  la  peinture. 

Oniatclioiiaiî,  Kivière  (Saint- Maurice) 

Des  mots  montagnais  uema  et  v.tshum,  uematshum, 
le  courant  poussé  par  le  vent. 

Onslow,  Canton  (Pontiac) 

Onslow  est  un  comté  d'Angleterre. 
Orford,  Saiut-Elie  (Sherbrooke) 

Orford  est  un  bourg  du  comté  de  Sufïblk,  Angle- 
terre. 

Orford  a  été  mis  sous  le  patronage  de  saint  Elie 
en  l'honneur  du  grand  vicaire  Alfred-Elie  Dufresne. 

Ornistown  (Châteaiïgiiay) 

Le  30  juillet  1795,  le  marquis  de  Lotbinière  vendait 
la  seigneurie  de  Beauharnois  à  Alexander  Ellice, 
riche  marchand  de  Londres,  pour  la  somme  de 
36,000  piastres  espagnoles.  William  AValler  fut 
engagé  pour  arpenter  cette  seigneurie  et  pour  diviser 
en  lots  une  partie  des  terres  bordant  le  fleuve  Saint- 
Laurent  et  la  rivière  Châteauguay.  Cet  arpentage 
parait  avoir  été  fait  en  1800.  La  seigneurie  fut 
divisée  en  cantons  et  chacun  d'eux  reçut  le  nom 
d'un  des  enfants  du  seigneur  Ellice.  Ormstown  fut 
donc  nommé  ainsi  en  l'honneur  de  Omis  Ellis,  fils 
du  nouveau  seigneur. 

Otis,  Saint-Félix  d»  (Chicoiitimi) 

M.  Lucien  Otis  desservit  pendant  quelques  années 


295 


Saint-Alphonse.  Il  fit  beaucoup  pour  la  colonisation 
de  ce  canton. 

Ortawa 

Le  mot  Ottawa  a  subi  bien  des  variations.  M.  E.- 
B.  O'Callaghan  a  eu  la  patience  de  les  réunir  dans 
son  important  ouvrage,  Colonial  history  of  the  state  of 
New- York:  Ottawas,  Otawas,  Otaous,  Otawans,  Otta- 
wacks,  Ottawacks,  Ottawais,  Ottawawes,  Ottawawas, 
Ottawaes,  Ottouais,  Ottawauways,  Ottowawaes,  Otto- 
wawas,  Ottowaways,  Otttowawees,  Ottowawes,  Otto- 
ways,  Ottowase,  Outaouacks,  Outaouacs,  Outaoues, 
Outaouais,  Outaouaks,  Outaouax,  Outariwas,  Onta- 
wacs,  Outawas,  Utawawas. 

M.  l'abbé  Belcourt  donne  la  traduction  suivante 
au  mot  Ottawa  :  "  Le  nom  Ottawa  (Outawak,  ceux 
qui  ont  des  oreilles),  donné  à  une  des  grandes 
nations  algonquines,  vient  de  la  pratique  encore 
suivie  en  certains  lieux,  de  se  fendre  l'oreille  depuis 
le  haut  jusqu'au  bas,  et  d'y  insérer  des  bandes  de 
peau  ou  d'étoffe  ;  cette  opération  rendait  les  oreilles 
très  grandes.  "  (1) 

L'historien  américain  Bancroft  donne  une  autre 
origine  au  mot  Ottawa  :  '•  Les  Ottawas,  Algonquins 
fugitifs  du  bassin  de  la  magnifique  rivière,  dont 
le  nom  rappelle  leur  souvenir,  se  réfugièrent  près 
de  la  baie  de  Sagimaw  et  prirent  possession  de  tout 
le  nord  de  la  péninsule  comme  d'un  pays  aban- 
donné. Ottawa  n'était  autre  chose  que  le  mot  algon- 
quin employé  pour  trafiquants.  "  (2) 

Le  Père  Arnaud  donne  son  opinion  comme  suit  : 
''  Ottawa,  ottaouais,  ottaouetts — selon  l'ancien  monta- 
gnais  que  parlent  encore  certains  de  nos  naskapis  et 

(1)  L'abbé  Ferland,  Cours  d'histoire  du  Canada,  vol.  1er,  p.  128. 

(2)  History  of  the  United  States^  vol.  VI,  p.  245. 


296 


dont  la  prononciation  est  presque  celle  d'ottaouais, 
veut  dire  :  (au  locatif),  l'endroit  où  l'eau  est  en 
ébullition  comme  dans  une  chaudière  et  s'élève  en 
gonflant.  Les  Sauvages  qui  remontaient  ou  descen- 
daient le  fleuve,  disaient  :  je  l'ai  vu. ...  j'ai  campé, 
. . . . ,  nous  nous  sommes  rencontrés  à  Ottauuets  (au 
locatif),  que  les  voyageurs  plus  tard  ont  francisé  en 
disant  :  Ottaouais  par  corruption.  Ottawa,  ottauoua, 
jettes-le  dans  l'eau  chaude,  fais-le  bouillir  ;  ce  nom 
ne  semble  guère  propre  à  désigner  la  capitale  du 
Dominion.  Le  mot  assik  ou  assuk,  chaudière,  chau- 
dron, etc.,  n'a  été  ajouté,  je  pense,  que  pour  faire 
comprendre  que  c'est  à  cet  endroit  seul  que  l'eau 
est  ainsi  en  ébullition  comme  dans  une  marmite,  et 
non  en  flots  comme  dans  les  rapides  et  cascades. 
D'ailleurs  les  personnes  qui  sont  sur  les  lieux 
peuvent  aisément  vérifier  la  chose  si  cela  leur  plaît; 
par  la  suite  on  a  appelé  Ottaouais  les  Sauvages  des 
environs  ou  ceux  qui  en  sont  partis  pour  aller  s'éta- 
blir ailleurs,  par  rapport  aux  autres  nations  c'étaient 
des  ottaouais,  ottaouets."  (1) 

Ecoutons  maintenant  M.  Benjamin  Suite  :  "  Ceux 
qui  ont  inventé  l'orthographe  Outaouais  ne  se  sont 
pas  donné  la  peine  d'étudier  les  auteurs  du  dix- 
septième  siècle,  familiers  avec  la  nation  des  Outaouas 
et  les  peuples  qui  l'entouraient.  Les  Relations  des 
Jésuites,  le  Journal  de  ces  Pères,  le  Conseil  Souve- 
rain de  Québec,  la  mère  de  l'Incarnation,  Nicolas 
Perrot,  Dollier  de  Casson,  La  Potherie  mettent  : 
Ondataouaouat,  Outaouak,  OndataSaSak,  8ta8ak 
8ta8at,  8ta8au,  Outaouak,  Outaoua,  ce  qui  enlève 
toute' idée  d'une  terminaison  en  "  ais."  La  première 
trace    c[ue  je    rencontre-  de    l'épellation    Outaouais 

(1)  Annaleii  de  la  propagation  de  la  foi,  février  1S80,  p.  149. 


297 


paraît  avoir  été  inspirée  par  M.  Jacques  Viger.  Il 
n'a  rien  à  nous  montrer  pour  justifier  cette  manière 
de  prononcer  le  son  final  du  nom  Ondataouat. 
Ondataouat  signifie,  en  langue  huronne  :  les  Gens  des 
Bols,  parce  que  les  Sauvages  en  c|uestion  demeuraient 
dans  un  pays  de  forêts,  tandis  que  les  Hurons  pla- 
çaient leurs  villages  dans  les  plaines  défrichées.  La 
nation  des  Outaouas  parlait  l'algonquin.  Nous  ne 
savons  pas  comment  elle  se  nommait  elle-même. 
Champlain  les  appelle  Cheveux-Relevés  à  cause  de  la 
fiicon  d'arran2:er  leur  chevelure.  Cela  n'a  aucun 
rapport  avec  le  sens  du  terme  Ondataouat,  Ondata- 
houat,  Outaoua,  Outaouak.  Ottawa  est  incorrect 
puisqu'il  faut  Outaoua.^''  (1) 

O  niât  chouan,  Canton  (Cliarlevoix) 

Owiadji\\an,  d'après  Mgr  Laflèche,  serait  un  mot 
cris.  De  wiaw,  croche,  et  djiivan,  courant.  Courant 
croche. 

Le  Père  Lacombe  lui  donne  à  peu  près  la  même 
signification.  Wawiyâtjiivan,  dit-il,  veut  dire  cou- 
rant, tournant. 

Le  mot  montagnais  Uiatshouan,  francisé  en  Ouiat- 
chouan,  dit  le  Père  Arnaud,  signifie  flots,  cascades, 
rapides  à  bouillons  blancs. 

M.  Eugène  Rouillard  donne  une  troisième  inter- 
prétation :  "Le  mot  montagnais  Ouiatchouan  se 
traduit  "là  où  l'on  voit  la  chute."  La  belle  chute 
de  Ouiatchouan  se  voit  en  effet  de  très  loin. 

Ouiniet,  Cîinton  (Riniouski) 

L'honorable  Gédéon  Ouimet,  premier  ministre  de 


(1)  Bulletin  des  Recherches  Historiques,  vol.  IV,  p.  187.  On 
trouvera  une  intéressante  écude  de  feu  le  sénateur  Tassé  sur  l'éty- 
mologie  du  mot  Ottawa  dans  la  Revue  Canadienne,  vol.  VI,  p.  241, 


298 


la  province  de  Québec  et  plus  tard  surintendant  de 
l'instruction  publique. 

Outremoiit,  SaiDt-Yiateur  d*  (Hochelagra) 

Outremont  portait  autrefois  le  nom  de  Côte  Saint- 
Paul.  On  lui  a  donné  le  nom  d' Outremont  à  cause 
de  sa  position  par  rapport  à  ]^Iontréal.  Cette  localité 
est  au-delà  du  Mont  Royal,  outre  le  ^lont  Royal. 

La  paroisse  d' Outremont  étant  desservie  par  des 
Clers  Viateurs,  il  était  tout  naturel  de  la  mettre  sous 
le  patronage  de  saint  Yiateur. 

Pabos,  Sainte- Adélaïde  de  (Gaspé) 

On  a  prétendu  que  Pabos  avait  été  nommé  ainsi 
en  souvenir  du  petit  port  de  mer  de  l'Espagne,  d'où 
partit  Colomb  pour-  découvrir  le  nouveau  monde. 
Mais  on  oubliait  que  ce  fut  de  Palos  et  non  de  Pabos 
que  partit  le  grand  découvreur. 

Mgr  Bossé  semble  croire  que  le  mot  Pabos  est 
d'origine  basque.  ''  Une  anse  de  Pabos,  dit-il,  s'est 
toujours  appelée  anse  aux  Basques.  Je  trouve  un 
autre  indice  dans  une  carte  attribuée  à  Jean  Denys 
et  qui  date  de  1506.  Elle  présente  les  noms  de  cap 
d'Espoir,  port  Dameline,  Pahoc " 

Pabos  (prononcez  Pabosse)  ne  viendrait-il  pas  du 
mot  micmac  papôg,  eaux  dansantes  ? 

C'est  Mgr  Baillargeon  C|ui,  dans  une  de  ses  visites 
pastorales,  a  placé  Pabos  sous  le  patronage  de  sainte 
Adélaïde.  Or,  il  paraît  que  le  Martyrologe  ne 
contient  pas  le  nom  de  cette  sainte.  Quoiqu'il  en 
soit,  l'église  de  Pabos  fut  bénie  le  24  juillet  1868  et 
dédiée  à  Dieu  sous  le  vocable  de  sainte  Bibiane, 
vierge  et  martyre. 


299 


PackiugrtuD,  Saint- I^euoit  Abbé  de  (Témiscouata) 

Packington  est  un  village  du  comté  de  Leicester, 
Angleterre. 

C'est  en  l'honneur  de  Benoit  ^^alcourt,  premier 
colon  de  l'endroit,  que  saint  Benoit  Abbé  a  été  choisi 
comme  titulaire. 

Paiiicliaiid,  Canton  (Kanioiiraska) 

M.  Charles-François  Painchaud,  curé  de  Sainte- 
Anne  de  la  Pocatière  et  fondateur  de  son  collège 
classique. 

Panet,  Saint-Fabien  de  (31oiitmaguj-) 

En  l'honneur  de  Mgr  Bernard-Claude  Panet, 
évêque  de  Québec. 

Papinachois,  Kivière  (Labrador) 

De  papinashu,  elle  sourit. 

Papineaiiville  (Ottawa) 

Papineauville  est  située  dans  la  seigneurie  de  la 
Petite-Nation  achetée  du  séminaire  de  Québec  par 
M.  Joseph  Papineau,  notaire,  père  du  grand  Papi- 
neau. 

Paquetteville  (Conipton) 

C'est  M.  Flavien  Paquette  qui,  en  1861,  fonda 
Paquetteville.  Il  y  tint  pendant  longtemps  un  maga- 
sin en  même  temps  que  le  bureau  de  poste. 

Parent,  Canton  (Lac  Saînt-Jeau) 

Etienne  Parent,  rédacteur  du  Canadien,  député  du 
comté  de  Saguenay. 

Parke,  Canton  (Kaiîîouraska) 

Thomas  Parke,  arpenteur  général  de  la  province 
du  Canada  de  1841  à  1845. 


o 


00 


Parisville,  Saint-Jacques  de  (Lotbiuière) 

La  paroisse  de  Saint-Jacques  de  Parisville  est  un 
démembrement  de  Saint-Jean  Desehaillons.  Elle 
était  connue  autrefois  sous  le  nom  de  Rang  Saint- 
E,och.  Lors  de  son  érection  canonique,  Mgr  Bégin 
lui  avait  donné  le  nom  de  Saint-Jacques  de  Compos- 
telle,  mais  les  paroissiens  ne  trouvant  pas  cette 
appellation  de  leur  goût  obtinrent  de  la  changer  en 
Saint-Jacques  de  Parisville.  Cette  paroisse  contient, 
en  effet,  plusieurs  familles  du  nom  de  Paris. 

Pashaslieba,  Rivière  (Labrador) 

Du  montagnais  pishishebau,  rocher  pointu. 

Paspébiac  (tJonaveutiire) 

.  Paspébiac,  parait-il,  vient  du  mot  micmac  pipsi- 
quiak,  qui  signifie  batture  fendue.  On  décompose 
aussi  le  mot  Paspébiac  ainsi  Papgeg  ipsigiag,  échan- 
crure  d'en  bas. 

La  population  anglaise  a  altéré  le  mot  Paspébiac 
en  Paspy  Jack.  Les  Anglais  qui  habitent  Paspébiac 
se  nomment  eux-mêmes  Paspy  Jacks.  Leurs  conci- 
toyens canadiens-français,  pour  leur  rendre  la  poli- 
tesse, appellent  Paspébiac  Pospillat  et  eux-mêmes 
Pospillats.  (1) 

Patapédiac,  Canton  (Bouaventure) 

En  micmac,  patapegiag  signifie  un  courant  violent, 
impétueux,  inégal  ou  capricieux.  La  rivière  Patapé- 
diac, qui  a  donné  son  nom  à  ce  canton,  a,  en  effet, 
un  cours  très  capricieux. 

Patton,  Canton  (Montmagny) 

M.  William  Patton  fit  pendant  un  certain  temps 
un  commerce  de  bois  très  étendu  dans  cette  région. 

(1)  Sir  J.-M.  LeMoine,  Chroiiides  of  the  Saint- Lawrence,  p.  14. 


301 


Pèlerins,  Les  (Kainouraska) 

S'il  faut  en  croire  M.  l'abbé  Bois,  les  sauvages 
abénaquis  et  micmacs  qui  montaient  en  grand 
nombre  du  littoral  de  la  mer  et  du  golfe  Saint- 
Laurent  en  pèlerinage  à  Sainte-Anne  de  Beaui)ré 
campaient  sur  ces  îles. 

D'un  autre  côté,  les  habitants  de  la  côte  préten- 
dent que  les  Pèlerins  ont  tout  simplement  été  nommés 
ainsi  parce  que,  à  certaines  heures  du  jour,  le  mirage 
leur  donne  l'apparence  de  pèlerins  vêtus  de  cagoules 
et  marchant  péniblement. 

Pelletier,  Cautoii  (Lac  8aiut-Jean) 

Sur  la  carte  de  l'arpenteur  Normandin  on  peut 
voir  indiqué,  à  189  milles  au  nord-ouest  du  lac  Saint- 
Jean,  l'établissement  d'un  M.  Peltier  qui  se  dresse 
inopinément  au  milieu  de  la  solitude,  et  dont  l'ap- 
parition fait  naître  toute  espèce  de  suppositions  fan- 
tastiques. Qu'était-ce  que  ce  M.  Peltier  qui  vivait 
ainsi  seul  dans  ce  lointain  presque  inaccessible,  et 
quels  desseins  étranges  y  pouvait-il  nourrir  ?  Etait- 
ce  un  coureur  des  bois,  un  philosophe  ou  un  ermite  ? 
Aucune  tradition  ne  nous  éclaire  à  ce  sujet  :  conten- 
tons-nous d'admirer  l'audace  et  le  courage  d'un 
homme  qui  pouvait  vivre  absolument  seul  dans  un 
pareil  exil,  entouré  de  tous  les  dangers  et  capable  de 
les  braver  également  tous.  (1) 

Mais  ce  n'est  pas  ce  M.  Peltier  qui  a  donné  son 
nom  au  canton  Pelletier.  Cet  honneur  revient  à  sir 
Alphonse  Pelletier,  aujourd'hui  juge  de  la  Cour  Su- 
périeure. 


(1)  Arthur  Buie?,   Le  Saguenay  et  le  bassin  du  lac  Saint-Jean, 
p.  8. 


302 


Peîiii.^ka,  Kiyière  (Saiiit-Maurice) 

Rivière  qui  pagaie. 
Percé  (Gaspé) 

Le  rocher  percé  qui  a  donné  son  nom  à  la  paroisse 
de  Percé  est  une  véritable  curiosité  naturelle.  Sa 
hauteur  est  de  310  pieds,  sa  longueur  d'un  arpent 
et  demi  et  sa  largeur  de  quatre  à  cinq  arpents.  La 
nature  a  percé  à  jour  toute  l'épaisseur  de  ce  rocher. 
Cet  orifice  mesure  plus  de  soixante  pieds  de  hauteur 
sur  quatre-vingts  de  largeur.  A  mer  basse,  on  passe 
à  pied  sec  sous  cette  voûte  ;  à  mer  haute,  on  la 
traverse  en  canot  et  même  en  bateau  de  pêche 
voguant  à  toute  voile. 

Périboiika,  Saint  Edouard  de  (Lac  Saint- Jean) 

Péribonka,  en  langue  montagnaise,  signifie  rivière 
curieuse.  Il  y  a  encore  le  mot  Peribauca,  qui  signi- 
fierait rivière  percée. 

Le  Père  Lemoine,  toutefois,  donne  une  toute  autre 
signification  au  mot  Péribonka.  Il  voudrait  dire  : 
"  rivière  qui  creuse  dans  le  sable,  qui  fait  son  chemin 
à  travers  le  sable." 

Péribonka  eut  pour  premier  colon  M.  Edouard 
Niquette  ;  d'où  son  titulaire. 

Perkins  Mills  (Ottawa) 

M.  Perkins  fut  le  premier  habitant  de  cet  endroit. 
Il  y  établit  une  belle  scierie.  Bien  que  protestant, 
il  donna  cent  arpents  de  terre  à  la  fabrique  de  la 
paroisse. 

Perthuis  (Portnenf) 

Le  11  octobre  1753,  le  gouverneur  Duquesne  et 
l'intendant  Bigot  concédaient  au  sieur  Perthuis  une 


lieue  et  demie  de  front  sur  neuf  lieues  de  profondeur, 
à  prendre  au  bout  des  trois  lieues  de  profondeur  de 
la  seigneurie  de  Portneuf 

Peterboroiigli,  Cautou  (3Iaskmonî»é) 

Peterborough  ou  Peterburg  est  une  ville  bien 
connue  d'Angleterre. 

Charles  Mordaunt,  comte  de  Peterborough,  était, 
en  1689,  premier  lord  de  la  trésorerie. 

Petite-Belgique  (Ottawa) 

Plusieurs  Belges  se  sont  fixés  en  cet  endroit  et  y 
ont  apporté  de  bonnes  habitudes  d'économie  et  leurs 
connaissances  exceptionnelles  en  agriculture. 

Petite-Décharge  (Sagiieiiay) 

Le  plus  petit  des  deux  bras  du  canal  qui  jette  les 
eaux  du  lac  Saint-Jean  dans  la  rivière  Saguenay 
a  été  appelé  Petite-Décharge  en  opposition  à  son 
frère,  la  Grande-Décharge. 

Petite-Nation  (Ottawa) 

Le  16  mai  1674,  la  compagnie  des  Indes  Occiden- 
tales concédait  à  Mgr  de  Laval  une  étendue  de  terre 
de  cinq  lieues  de  front  sur  cinq  lieues  de  profondeur, 
située  "  sur  le  grand  fleuve  Saint-Laurent,  environ 
quarante-deux  lieues  au-dessus  de  Montréal,  à  prendre 
depuis  le  Sault  de  la  Chaudière,  vulgairement  appelé 
la  Petite-Nation  en  descendant  le  fleuve  sur  le  che- 
min des  Outawas,  tenant  les  dites  cinq  lieues  de 
front  sur  la  dite  profondeur  par  devant  à  la  dite 
Rivière  des  Outawas,  etc.  " 

Cette  seigneurie  ainsi  que  la  rivière  de  la  Petite- 
Nation  tirent  leur  nom  d'une  tribu  algonquine  qui 
a  résidé  dans  ces  parages.  Ce  nom  fut  aussi  donné  à 


;04 


la  chute  des  Chaudières  ;  c'est  ce  qui  explique 
l'erreur  dans  laquelle  on  est  tombé  en  décrivant  les 
limites  de  la  seigneurie.  Champlain  nomme  cette 
tribu  (1613)  Ouescharini.  Ferland  dit  que  les  Algon- 
quins l'appelaient  Ouaouechkaïrini  (1). 

Petite-Rivière  (Charlevoix) 

La  Petite  Rivière  eut  pour  parrain  l'illustre  fon- 
dateur de  Québec.  Il  lui  donna  ce  nom  à  son  voyage 
de  1603. 

PhiJipsbiirg'  (31issisqiioi) 

En  l'honneur  du  colonel  Philippe  Ruiter. 

Piakuakamlts,  Lac  (Lac  Saint- Jean) 

Lac  dont  les  eaux  sont  basses. 

Piastrebai  (Labrador) 

"  Il  me  faut  bien  l'avouer,  écrit  M.  l'abbé  Huard, 
vainement  je  me  suis  enquis  de  la  signification  de 
Piastrebai.  M.  P.  Vigneau  me  témoigne  d'avoir  vu, 
sur  une  carte  de  Bayfield  portant  la  date  de  1851,  le 
nom  de  Peashte-Bay  pour  désigner  cette  localité,  et, 
à  son  avis,  c'est  là  un  mot  sauvage  plus  ou  moins 
défiguré.  Eh  bien,  si  Peashte-Bay  est  déjà  défiguré, 
que  dirons-nous  donc  de  Piastrebai,  qui  est  le  mot 
actuellement  en  usage  dans  le  pays  ?"  (2) 

Piedaiont  (Terrebonne) 

Ce  village  est  bâti  au  pied  de  la  montagne. 

Pierreville,  Saint-Tbomas  de  (Yamaska) 

La  seigneurie  de  Pierreville  fut  concédée  le  3  août 
1683  au  sieur  Laurent  Philippe  dit  Lafontaine.     A 


(1)  Note  de  M.  F.-J.  Audet. 

(2)  Labrador  et  Anticostif  p.  347, 


305 


sa  mort,  son  fief  passa  à  son  fils  Pierre  Philippe  et  à 
son  gendre  Joseph  Hertel.  Ce  dernier  eut  un  fils 
qui  porta  le  prénom  de  Pierre.  Le  fief  de  Pierre  ville 
n'aurait-il  pas  emprunté  son  nom  de  Pierre  Philippe 
et  de  Pierre  Hertel  ? 

Jusqu'à  1853,  le  fief  de  Pierreville  fit  partie  pour 
les  fins  religieuses  de  la  paroisse  de  Saint-François 
du  Lac.  Les  inconvénients  de  toutes  sortes,  surtout 
le  printemps  et  l'automne,  que  rencontraient  les 
habitants  de  Pierreville  pour  se  rendre  à  l'église  de 
Saint-François  du  Lac,  les  engagèrent  à  demander 
l'érection  d'une  nouvelle  paroisse.  Mgr  Thomas 
Cooke,  évêque  de  Trois-Pivières,  se  rendit  à  leur 
demande  le  16  octobre  1853.  Les  habitants  de 
Pierreville  obtinrent  de  leur  évêque  qu'il  mit  la 
nouvelle  paroisse  sous  la  protection  de  son  patron. 

Pigeon  Hill  (Missisquoi) 

En  1791,  Adam  Sager  s'établit  ici.  Peu  de  temps 
après  son  père  et  ses  trois  frères  vinrent  le  rejoindre 
et  achetèrent  toutes  les  terres  sur  lesquelles  s'élève 
aujourd'hui  le  village  de  Pigeon  Hill.  L'endroit 
fut  longtemps  connu  sous  le  nom  de  Sagersfield,  mais 
le  grand  nombre  de  pigeons  qui  fréquentaient  Sagers- 
field lui  a  fait  donner  le  nom  de  Pigeon  Hill  qui  a 
supplanté  Sagersfield. 

Pikè-River,  Saint-Pierre  de  (Missisquoi) 

Mgr  Moreau  a  choisi  saint  Pierre  de  Vérone 
comme  titulaire  de  cette  paroisse  pour  deux  raisons  : 
1*^  parce  que  ce  saint  appartenait  à  l'ordre  de  saint 
Dominique  établi  dans  son  diocèse  ;  2^  parce  qu'il 
était  le  patron  de  M.  Pierre  Cardin,  premier  curé  de 
cette  paroisse. 
20 


306 


Une  rivière  dans  laquelle  pullule  le  brochet  (pike) 
traverse  cette  paroisse  ;  d'où  Pike  River. 

Piles,  Saint- Jacques  des  (Chaiiiplain) 

''  Ce  nom  de  Piles  a  fort  intrigué  les  voyageurs. 
Quelques-uns  ont  cru  trouver  l'origine  de  ce  nom 
dans  le  fait  que  les  glaces  s'accumulent  ou  s'empi- 
lent au  pied  d'une  chute  située  en  face  de  la  paroisse 
sur  le  Saint-Maurice. 

"  D'autres  ont  pensé  que  ce  nom  avait  été  donné 
par  les  flotteurs  de  bois,  à  cause  des  grandes  accu- 
mulations de  bûches  qui  se  faisaient  souvent  à  cette 
chute. 

"  Littré  donne  plusieurs  sens  au  mot  j^f^e,  entre 
autres  :  amas  de  choses  placées  les  unes  sur  les  autres 
et  grosse  piéride  qui  sert  à  broyer,  à  écrasei\  Les  Sau- 
vages, paraît-il,  quand  ils  descendaient  faire  la  traite 
des  pelleteries,  avaient  l'habitude  de  s'arrêter  à  l'en- 
droit où  se  trouve  aujourd'hui  la  paroisse  de  Saint- 
Jacques  des  Piles  pour  piler  leur  blé-d'Inde.  Ils  y 
trouvaient  facilement  des  piles,  ces  grosses  pierres 
qui  servent  à  broyer,  et  de  là  est  venu  le  nom 
donné  à  cet  endroit.  Ce  sont  les  Sauvages,  ou  plutôt 
leurs  interprètes,  qui  ont  donné  ce  nom,  et  les 
flotteurs  n'ont  fait  qu'employer  un  mot  qui  était  en 
usage  depuis  longtemps. 

"  Une  paroisse  a  été  érigée  aux  Piles,  le  28  avril 
1885,  par  Mgr  Laflèche,  et  elle  a  été  mise  sous  le 
patronage  de  saint  Jacques,  en  souvenir  du  Père 
Jacques  Buteux,  qui  fut  tué  par  les  Iroquois,  le  10 
mai  1652,  dans  un  voyage  chez  les  Attikamègues 
ou  Poissons-Blancs.  On  voit  par  les  lettres  du  Père 
Buteux  que  ce  saint  missionnaire  était  parti  avec  le 
désir  du  martyre  ;  il  tarda   peu  à  trouver  ce  qu'il 


307 


cherchait  ;  et  avec  le  martyre  il  trouva  le  souverain 
bonheur.  Ça  été  vraiment  une  sainte  inspiration 
de  donner  le  nom  de  ce  glorieux  martyr  à  la  paroisse 
fondée  au  portage  des  Piles.  Le  Père  Buteux  doit 
protéger  ce  territoire  du  Saint-Maurice  où  il  a  mérité 
la  couronne  de  la  vie  éternelle."  (1) 

Piliers,  Les  (Kainoiiraska) 

Sur  la  côte  de  Bretagne  un  endroit  porte  le  nom 
de  Piliers. 

Pinault,  Canton  (Mataiie) 

Le  colonel  Félix  Pinault,  sous-ministre  de  la 
milice,  ancien  député  de  Matane  à  la  législature  de 
Québec. 

Plnuacle  (IVlissisquoi) 

Ce  nom  indique  assez  que  ce  village  est  situé  sur 
le  sommet  d'une  colline  (pinacle). 

Pintentlre,  Saint-Louis  de  (Lévis) 

Les  premiers  colons  qui  s'établirent  dans  cet 
endroit  n'avaient,  paraît-il,  pas  toujours  de  quoi  se 
mettre  sous  la  dent.  Souvent,  il  fallait  partir  le  matin 
pour  le  bois  et  travailler  au  défrichement  avec  un 
seul  morceau  de  pain  dur  pour  toute  nourriture  et 
confectionné  encore  avec  de  la  farine  d'avoine  ou 
de  sarrasin.  Plusieurs  vivaient  de  ^'  pain  dur  "  et 
par  ironie,  on  a  appelé  la  place  "  pain  tendre  ",  qui 
est  devenu  Pintendre.  (2) 

Mgr  Louis-Nazaire  Bégin,  archevêque  de  Québec, 
est  né  à  Pintendre.  C'est  en  son  honneur  que  la 
paroisse  a  été  mise  sous  le  patronage  de  saint  Louis. 


(1)  L'abbé  N.  Caron,  Deux  voyages  siir  le  Saint- Maurice. 

(2)  Le  Soleil,  13  juillet  1895. 


308 


Piopolis  (Conipton) 


Cette  paroisse  fondée  par  d'anciens  zouaves  ponti- 
ficaux a  été  nommée  ainsi  en  l'honneur  du  pape 
Pie  IX. 

Plaines  d'Abraham  (Québec) 

Lorsque  l'étranger  un  peu  au  fait  de  l'histoire  de 
notre  pays,  visite  la  vieille  cité  de  Champlain,  il  ne 
manque  jamais  de  se  faire  montrer  les  plaines 
d'Abraham  sur  lesquelles  la  France  et  l'Angleterre 
se  sont  disputé  la  suprématie  du  NouA^eau-Monde. 

Le  premier  concessionnaire  de  ces  vastes  terrains 
fut  Adrien  Duchesne,  chirurgien,  dont  il  est  souvent 
parlé  dans  les  Relations  des  Jésuites. 

Le  certificat  suivant  fait  voir  que  Duchesne  donna 
sa  terre  à  un  nommé  Abraham  ^lartin  dit  l'Ecossais  : 
**  Nous  soussignés,  certifions  à  qui  il  appartiendra 
que,  l'an  dernier,  mil  six  cent  quarante-cinq,  que  le 
sieur  Adrien  Duchesne,  chirurgien  dans  le  navire 
de  M.  de  Eepentigny,  estant  à  Québec,  nous  a  dict 
qu'il  avait  donné  la  terre  qui  luy  a  été  donnée  en  la 
ville  de  Québec  à  Abraham  Martin,  pilote  de  la 
Kivière,  et  qu'il  y  pouvait  faire  travailler  en  toute 
assurance.  Si  le  temps  luy  eust  permis  d'en  passer 
contract  de  donation,  il  l'aurait  faict.  Ce  que  nous 
attestons  estré  véritable,  fait  ce  quinziesme  jour 
d'août  mil  six  cent  quarante  six.  —  Gifi"ar  —  Tron- 
quet — Le  Tardif — De  Launay — Bissot — Guetet."  (1) 

C'est  de  cet  Abraham  Martin  que  les  plaines 
d'Abraham  ont  pris  leur  nom. 


(1)  L'abbé  Ferland,  Notes  sur  les   registres  de  Notre-Dame  de 
QuéheCf  p.  12. 


309 


Plaisance  (Lévis) 

Un  grand  nombre  de  communes  de  France  por- 
tent le  nom  de  Plaisance.  Toutes  doivent  leur  nom 
à  la  beauté  de  leur  site. 

Platou  (Lotbinière) 

Platon  est  une  corruption  de  plateau;  on  Ta 
nommé  ainsi  à  cause  de  sa  singulière  apparence  : 
ses  bords  sont  hauts  et  le  sommet  est  plat  comme  s'il 
avait  été  nivelé  par  la  main  de  l'homme. 

Plessis,  Canton  (Chicoiitimi) 

Mgr  Joseph-Octave  Plessis,  évêque  de  Québec. 

Plessisville  (Mégantic) 

Plessisville  rappelle  également  le  souvenir  de  Mgr 
Plessis. 

Petitskapau,  Lac  (Labrador) 

Lac  entouré  de  saules. 

Pointe  h  Arcoiiil  (Gaspé) 

Arcouil  était  le  nom  d'un  pêcheur  de  l'ile  de 
Jersey  qui  faisait  de  fréquents  voyages  dans  ces 
parages. 

Pointe  à  Carcy  (Québec) 

C'est  M.  Guillaume  Page  dit  Carcy,  maître  du 
havre  de  Québec  au  commencement  du  dix-huitième 
siècle,  qui  a  laissé  son  nom  à  la  pointe  à  Carcy. 

Pointe  à  Cavagnal  (Vaiitlreuil) 

Le  marquis  de  Vaudreuil  à  qui  fut  concédée  la 
seigneurie  de  Vaudreuil  portait  le  nom  de  Vau- 
dreuil-Cavagnal.  Cavagnal  était  le  nom  d'une  terre 
de  la  famille  de  Vaudreuil  en  France. 


o 


10 


Pointe  à  la  Barbe  (Pontiac) 

La  Pointe  à  la  Barbe  est  ainsi  dénommée  de  la 
traditionnelle  coutume  des  employés  de  la  Com- 
pagnie de  la  Baie  d'Hudson  d'y  arrêter  pour  se  faire 
la  barbe  avant  d'arriver  au  poste  de  Témiscamingue 
et  de  s'y  présenter  à  monsieur  le  facteur  (1). 

Pointe-à-Lacaille  (Moiitmagiiy) 

•  ''  On  a  fait  bien  des  hypothèses  sur  l'origine  de  ce 
nom.  Les  uns  ont  prétendu  que  l'abondance  en  cet 
endroit  des  cailles,  ce  met  si  prisé  des  gourmets,  lui 
avait  fait  donner  ce  nom.  D'autres  veulent  que  la 
rivière  qui  traverse  la  région  ait  été  nommée  la  Caille 
parce  que  ses  eaux  sales  et  bourbeuses  sont  presque 
toujours  couvertes  d'un  limon  ressemblant  au  lait 
caillé. 

''  Ce  nom  a  une  origine  historique.  Au  nombre 
des  colons  amenés  à  Québec  en  1634  par  les  vaisseaux 
du  roi  figurait  Adrien  d'Abancourt  dit  Lacaille.  Ce 
colon  aimait  passionnément  la  chasse.  Entraîné  par 
son  goût  pour  les  excursions  cynégétiques,  il  partit 
au  printemps  de  1640  pour  une  partie  de  chasse  dans 
les  îles  qui  se  trouvent  vis-à-vis  Saint-Thomas.  Le 
2  mai,  en  traversant  le  fleuve,  il  se  noya  avec  un 
nommé  Etienne  Sevestre.  Ses  compagnons  dépo- 
sèrent ses  restes  sur  la  pointe  alors  déserte  qui  se 
trouve  à  une  dizaine  d'arpents  en  amont  de  l'embou- 
chure de  la  rivière  à  Lacaille.  Cette  pointe  porte 
aujourd'hui  le  nom  de  pointe  à  Peton. 

''  Dans  le  printemps  suivant,  le  20  mai  1641,  Jean 
Jolliet,  frère  de  Louis  Jolliet,  l'explorateur  du  Missis- 
sipi,  qui  avait  épousé  l'aînée  des  filles  de  d'Abancourt 


(1)  Arthur  Buies,  UOutaouais  supérieur,  p.  265. 


311 


dit  Lacaille,  vint  chercher  les  dépouilles  de  son  beau- 
père  et  lui  fit  donner  à  Québec  de  pompeuses  funé- 
railles le  26  du  même  mois. 

'^  Depuis  lors,  en  souvenir  de  ce  tragique  événement, 
la  rivière  et  la  pointe  ne  furent  plus  désignées  que 
sous  les  noms  de  rivière  à  Lacaille  et  de  pointe  à 
Lacaille.  Le  nom  s'étendit,  subséquemment,  à  la 
paroisse  qui  portait  encore,  il  y  a  un  peu  plus  d'un 
siècle,  le  nom  de  Saint-Thomas  de  la  Pointe-à-La- 
caille."  (1) 

l*oiiite  à  Lessay  (Québec) 

Montcalm,  dans  ses  lettres  au  chevalier  de  Lévis, 
écrit  ce  nom  de  quatre  manières  :  pointe  du  Lessey, 
pointe  de  Laisse,  pointe  Lessé  et  pointe  de  Lesse. 

M.  l'abbé  Casgrain  croit  que  c'est  en  cet  endroit 
que  dans  les  commencements  de  la  colonie  les  vais- 
seaux laissaient  leur  lest  ;  d'où  Pointe  de  Lest. 

D'un  autre  côté,  sur  la  carte  de  Robert  de  Ville- 
neuve, ingénieur  royal  en  la  Nouvelle-France,  carte 
qui  remonte  à  1688,  on  voit  à  l'endroit  appelé  eiitre 
les  deux  églises,  la  pointe  à  Lessay. 

Près  de  Coutances,  en  "France,  d'où  nous  vinrent 
plusieurs  des  premiers  colons  des  environs  de  Québec, 
il  y  a  une  pointe  de  Lessay,  qui  a  donné  son  nom  à 
une  commune,  et  qui  ressemble  passablement  à  notre 
pointe  à  Lessay.  La  pointe  de  Lessay  française  ne 
serait-elle  pas  tout  simplement  la  marraine  de  la 
pointe  à  Lessay  canadienne  ? 

Pointe  à  Puis  eaux  (Québec) 

On  dit  aujourd'hui  Pointe-à-Pizeau.     Et  Ton  voit 
.  ce  nom  écrit  de  cette  manière  sur  des  plans  publics 

(1)  L'abbé  F. -E.-J.  Casault,  Azotes  historiques  sur  la  paroisse  de 
Saint-  Thomas  de  Montmagny,  p.  15. 


312 


et  dans  plusieurs  vieux  documents.  C'était  la  pro- 
nonciation du  temps.  M.  de  Puiseaux,  qui  a  donné 
son  nom  à  ce  promontoire,  y  possédait  dès  1637  un 
fief  appelé  Saint-Michel,  et  une  maison  considérée 
comme  le  bijou  de  la  Nouvelle-France. 

M.  de  Puiseaux,  sieur  de  Montrenault,  avait  fait 
fortune  aux  îles  espagnoles,  et,  dans  le  but  de  con- 
tribuer à  la  conversion  des  Sauvages,  était  venu 
joindre  Champlain  à  Québec.     (1) 

Pointe  à  Qiienet  (Jacques-Cartier) 

Le  nom  indien  de  la  Pointe  à  Quenet  était 
Anaouy.  Les  Français  l'appelaient  Pointe  de  Beau- 
repaire.  Concédée  en  1678  à  Jean  Quenet,  préposé 
à  la  réglementation  de  la  traite  du  castor,  elle  prit 
son  nom,  qu'elle  a  conservé  jusqu'à  nos  jours. 

PoiDte  au  31aquereau  (Gaspé) 

Les  vieillards  de  l'endroit  prétendent  qu'un  vais- 
seau de  ce  nom  fit  naufrage  sur  la  pointe  ;  d'où  Pointe 
au  jMaquereau. 

Poiute-au-Père,  Sainte- Auue  de  la  (Kimouski) 

Les  Sauvages  qui  habitaient  cette  partie  du  pays 
furent  bien  des  années  après  la  découverte  du 
Canada,  sans  avoir  la  visite  de  ces  intrépides  mis- 
sionnaires qui,  par  leur  zèle  infatigable  et  leur  éner- 
gie constante,  devaient  porter  le  flambeau  de  la  foi 
jusque  dans  la  profondeur  des  bois,  et  convertir  au 
christianisme  ces  enfants  de  la  forêt. 

Ce  fut  le  7  décembre  1663,  qu'apparut  pour  la 
première  fois  sur  ces  rivages,  l'homme  de  Dieu,  le 
Père  Jésuite  Henri  Nouvel. 


(1)  L'abbé  H. -A.  Scott,  2sotre  Dame  de  Sainte-Foy,  p.  10. 


313 


Ce  courageux  missionnaire  arrivé  à  Québec  le  4 
aoiit  1662,  hiverna  la  même  année  dans  les  missions 
de  Tadoussac.  Il  partit  de  Québec  le  19  novembre 
1663,  pour  aller  hiverner  chez  les  Papiriachois,  sur 
la  côte  nord,  mais,  ayant  failli  périr  aux  approches 
de  l'Ile  Verte,  il  y  passa  dix  jours  pendant  lesquels 
il  y  conféra  les  cérémonies  du  baptême  à  six  enfants 
de  divers  âge  et  fit  les  autres  exercices  de  la  mission, 
dans  une  petite  chapelle,  qu'on  avait  élevée  pour  la 
circonstance.  Il  se  remit  en  route  avec  deux  Français 
et  quelques  autres  Sauvages,  et  arriva  à  Rimouski, 
le  7  décembre.  Le  lendema;in,  fête  de  l'Immaculée 
Conception,  il  y  célébra  la  sainte  messe. 

''  Le  septième  jour  de  décembre,  dit-il,  nous  arri- 
vâmes heureusement  du  côté  du  sud,  vis-à-vis  l'île 
de  Saint-Barnabe,  nous  y  célébrâmes  le  lendemain, 
la  fête  de  l'Immaculée  Conception  de  la  Sainte 
Vierge  ;  nous  arrêtâmes  là  quelques  jours,  en  atten- 
dant un  temps  favorable  pour  entrer  dans  les  bois."  (1) 

On  a  donné,  en  mémoire  de  ce  premier  mission- 
naire, le  nom  de  Pointe  au  Père,  à  l'endroit  même 
où,  pour  la  première  fois,  le  saint  sacrifice  de  nos 
autels  a  été  célébré  par  cet  homme  bénit. 

L'établissement  du  pèlerinage  de  Sainte-Anne  de 
la  Pointe-au-Père  date  de  1873.  Ce  projet  rencontra 
beaucoup  d'opposition,  comme,  d'ailleurs,  toute 
œuvre  catholique  tant  soit  peu  importante. 

Pointe-au-Pic  (Charlevuix) 

"  La  dénomination  de  Pointe-à-Pic  est  tout  à  fait 
moderne.  Ce  sont  les  touristes  qui  nous  l'imposent. 
Le  véritable  nom  est  Pointe-au-Pic.  C'est  ainsi  que 
tous  les  gens  du  pays  désignent  le  village  en  question. 


(1)  Relation,  1674. 


314 


Il  suffit  d'ailleurs  de  consulter  l'acte  d'érection  du 
village  de  la  Pointe-au-Pic  (Statuts  de  Québec,  40 
Victoria,  chapitre  46)  pour  s'en  convaincre.  Les 
anciens  actes  aussi  en  font  foi.  Le  19  mars  1849, 
dans  un  acte  passé  à  la  Baie  Saint-Paul  devant  Mtre 
Tel.  Portier,  il  est  question  d'une  hypothèque  prise 
sur  un  emplacement  dans  un  lieu  appelé  la  Pointe- 
au-Pic, en  la  paroisse  de  la  Malbaie.  En  1890,  Mgr 
Bégin,  évêque  de  Chicoutimi,  sollicitait  des  faveurs 
du  Saint-Siège  en  faveur  des  membres  de  la  Garde 
d'honneur  du  Sacré-Cœur,  établie  à  la  Pointe-au-Pic 
de  la  Malbaie.  Ainsi,  à  la  fin  du  siècle  comme  au 
commencement,  on  dit  Pointe-au-Pic,  et  la  dénomi- 
nation nouvelle  adoptée  par  quelques  personnes 
compte  à  peine  un  lustre  d'existence. 

"  Le  fleuve  Saint-Laurent,  à  l'embouchure  de  la 
rivière  Malbaie,  forme  une  large  baie.  D'un  côté, 
au  sud-ouest,  là  où  il  y  a  un  pic,  est  la  Pointe-au-Pic. 
De  l'autre,  se  trouvent  la  Baleine,  le  Heu,  et,  en 
gagnant  vers  le  nord-est,  le  Cap  à  l'Aigle.  Ce  der- 
nier endroit  était  le  refuge  préféré  des  Aigles. 

''  La  Malbaie  a  quantité  de  noms  pittoresques 
comme  son  site.  Nos  oreilles  aiment  à  les  entendre 
tels  qu'ils  nous  ont  été  transmis,  comme  nos  regards 
se  plaisent  toujours  dans  le  spectacle  de  notre  sol 
qu'on  croirait  encore  tout  fraîchement  bouleversé 
sous  l'effet  d'un  tremblement  de  terre.  "  (1) 

Pointe  au  Viu  (Pontiac) 

On  dit  qu'autrefois  la  Compagnie  de  la  Baie 
d'Hudson  vendait  du  whisky  aux  Sauvages  ;  mais 
comme  ce  trafic   homicide  était   prohibé    dans   les 


(1)  L'abbé  Henri   Cimont  Bulletin  des  Recherches  Historiques, 
vol.  II,  p,  137. 


315 


environs  du  fort  de  Témiscamingue,  à  cause  du 
désordre  et  des  rixes  qu'il  occasionnait,  les  Sauvages 
avaient  pris  l'habitude  de  se  rendre  à  la  pointe  pour 
y  renconti^er  les  sous-employés  de  la  compagnie  qui 
leur  livraient  la  terrible  eau  de  feu,  et  que  c'est  de 
là  que  la  pointe  avait  pris  le  nom  qu'elle  porte.   (1) 

Poiute  aux  Alouettes  (Sagueiiay) 

A  l'entrée  du  port  de  Tadoussac  il  y  a  deux  poin- 
tes :  la  pointe  aux  Alouettes  et  la  pointe  aux 
Vaches.  Dans  son  Voyage  de  1G03,  Champlain 
donne  à  la  première  le  nom  de  pointe  Saint-Mathieu. 
Dans  l'édition  de  1613,  il  l'appelle  encore  pointe 
Saint-Mathieu,  mais  il  ajoute  "  ou  autrement  aux 
Allouettes."  Aujourd'hui  elle  n'est  plus  connue  que 
sous  ce  dernier  nom. 

Pointe  aux  Esquimaux,  St-Pierre  de  laiLabraclor) 

Le  mot  Esquimaux  est  d'origine  algonquine.  Il 
est  formé  de  ashki,  cru,  et  de  moiv,  manger.  Ashki- 
mow,  il  mange  cru.  Ce  qui  veut  dire  que  les  Esqui- 
maux étaient  des  mangeurs  de  viande  cru.  La  tra- 
dition veut  qu'autrefois  il  y  ait  eu  à  la  Pointe-aux- 
Esquimaux  une  tribu  d'Esquimaux  laquelle,  après 
un  sanglant  combat,  en  fut  chassée  par  les  Monta- 
gnais.     Leur  nom  cependant  resta  à  l'endroit. 

La  Pointe-aux-Esquimaux  a  été  mise  sous  la  pro- 
tection de  saint  Pierre  parce  que  tous  ses  habitants 
étaient  des  pêcheurs. 

Polnte-aux-Treuibles  (Hoclielaga) 

Le  nom  de  Pointe  aux  Trembles  doit  son  origine  à 
une  langue  avancée  de  terre,  complantée  de  trembles. 


(1)  Arthur  Buies,  UOutaouais  supérieur,  p.  252. 


316 


et  que  les  eaux  du  fleuve  ont  fait  disparaître  depuis 
longtemps. 

Pointe-aux-Trembles  (Portneuf) 

Le  15  décembre  1653,  le  gouverneur  de  Lauzon 
concédait  à  Jean  Bourdon  "  l'estendue  de  terre  qui 
se  rencontre  sur  le  fleuve  Saint-Laurent  du  costé  au 
nord  depuis  les  bornes  de  la  concession  de  l'abbé  de 
Lauzon  jusques  à  celles  du  sieur  des  Chastelets." 
Bourdon  donna  à  sa  concession  le  nom  de  Dombourg 
(anagramme  de  son  nom). 

Le  village  de  la  Pointe-aux-Trembles  est  situé  sur 
une  pointe  qui  s'avance  assez  profondément  dans  le 
fleuve  Saint-Laurent.  Cette  pointe,  à  cause  des 
peupliers  ou  trembles  qui  la  couvraient,  fut  nommée 
Pointeaux  Trembles,  et  bientôt  ce  nom  supplanta 
celui  de  Neuville  qui  lui-même  avait  remplacé  celui 
de  Dombourg. 

Pointe  aux  Vaches  (Saguenay) 

Champlain  désigne  d'abord  cette  pointe  sous  le 
nom  de  pointe  de  tous  les  Diables.  Plus  tard,  il  écrit 
pointe  aux  Vaches.  La  walrus  (vache  marine)  fré- 
quentait alors  ces  parages. 

Polute-Claire,  St-Joacliiiu  de  l.i  (Jacques-Cartier) 

Bâti  sur  une  pointe  de  terre  avançant  dans  le  lac 
Saint-Louis,  le  village  de  la  Pointe-Claire  est  entouré 
d'une  large  nappe  d'eau,  au  sud  et  à  l'ouest,  et  la 
vaste  étendue  du  lac  fait  que  la  clarté  du  jour  se 
prolonge  plus  qu'ailleurs. 

Saint-Joachim  de  la  Pointe-Claire  a  été  démem- 
brée partie  des  Saints-Anges  de  Lachine  et  partie  de 
Sainte-Anne  de  Bellevue  ;  rien  d'étonnant  donc  que 
cette  paroisse  ait  été  mise  sous  le  patronage  de  saint 
Joachim. 


o 


17 


Pointe-de-Lévy,  Saint  Joseph  de  la  (Lévis) 

*'  Jusqu'en  1G29,  la  rive  sud  du  Saint-Laurent 
demeura  innommée.  En  effet,  dans  l'hiver  de  1609, 
Champlain  apercevant  quelques  sauvages  abandon- 
nés vis-à  vis  son  habitation  de  Québec,  nous  dit 
qu'ils  étaient  au  delà  de  la  rivière.  Sur  la  carte  que 
le  fondateur  de  la  colonie  dressa  en  1613,  il  signale, 
sans  aller  plus  loin,  une  pointe  fort  eslroite  du  côté  de 
V  Orient  de  Québec.  En  1628,  il  raconte  qu'il  envoya 
ses  gens  à  la  découverte  des  terres  sur  la  rive  droite 
du  Saint-Laurent,  sans  donner  aucun  nom  à  cette 
partie  du  pays'  et  c'est  à  peine  si  cette  exploration 
est  signalée,  en  passant,  au  pied  d'une  carte. 

"  C'est  en  narrant  l'arrivée  des  Kertk  devant 
Québec  en  1629  que  Champlain  fait  pour  la  première 
fois  mention  du  nom  de  Lévy.  "  Lorsque  ces  nou- 
velles vinrent,  écrit-il,  j'étais  seul  au  fort,  une  partie 
de  mes  compagnons  étaient  allés  à  la  pêche,  les 
autres  cherchaient  des  racines,  mon  serviteur  y  était 
aussi  ;  sur  les  dix  heures  du  matin,  une  partie  se  ren- 
dit au  fort  et  à  l'habitation.  Mon  serviteur,  arri- 
vant avec  quatre  petits  sacs  de  racines,  me  dit 
avoir  vu  les  dits  vaisseaux  anglais  à  une  lieue  de 
notre  habitation,  derrière  le  cap  de  LévyJ^ 

"  D'ordinaire,  on  semble  croire  que  le  nom  de  Lévy 
fut  donné  à  la  longue  falaise  qui  fait  face  à  Québec 
'en  l'honneur  de  l'illustre  général  qui  remporta  la 
dernière  victoire  française  au  Canada. 

''  Il  y  a  erreur  et  confusion. 

''  Trois  personnages  du  nom  de  Lévis  sont  mention- 
nés dans  notre  histoire  :  1.  Henri  de  Lévy,  duc  de 
Ventadour,  qui  fut  nommé  vice-roi  de  la  Nouvelle- 
France  en  1625.  2.  François-Christophe  de  Lévy, 
duc  de  Damville,  son  frère,  qui  lui  succéda  dans  la 


818 


même  charge  en  1644,  mais  dont  les  lettres  de  nomi- 
nation ne  furent  confirmées  qu'en  1655.  3.  François- 
Gaston,  marquis  de  Lévis,  le  héros  de  la  bataille  de 
Sainte-Foye,  qui  mourut  en  1787,  maréchal  de 
France  et  duc  héréditaire. 

*'  En  1629,  quand  Champlain  écrivait  le  Cap  de 
Lévy,  ce  nom  s'appliquait  évidemment  à  Henri  de 
Lévy,  le  seul  de  cette  illustre  famille  qui  eût  encore 
des  relations  avec  la  Nouvelle-France.  C'est,  du 
reste,  ce  que  l'historien  Charlevoix  affirme  de  la 
façon  la  plus  positive  lorsque,  dans  sa  description 
des  environs  de  Québec,  il  dit  :  "  Cette  cascade  a  été 
nommé  le  Sault  de  Montmorency  et  la  pointe  porte 
le  nom  de  Lévi.  C'est  que  la  Nouvelle-France  a  eu  ' 
successivement  pour  vice-rois  l'amiral  de  Montmo- 
rency et  Henri  de  Lévi,  le  duc  de  Ventadour,  son 
neveu.  Henr}^  de  Lévy  avait  nommé  Champlain 
son  lieutenant  en  la  Nouvelle-France,  et  il  est  tout 
naturel  de  croire  que  ce  fut  le  fondateur  de  Québec 
qui,  lui-même,  baptisa  la  rive  droite  en  l'honneur 
de  son  illustre  protecteur.  Et  comme  Henri  de 
Lévy  fut  vice-roi  entre  les  années  1625  et  1627,  on 
doit  supposer  aussi  que  c'est  à  cette  époque  que  l'ap- 
pellation Cap  de  Lêvy  prit  naissance. 

'•  Vis-à-vis  de  l'église  de  Saint- Joseph  de  la  Pointe- 
de-Lévy,  on  voit  deux  caps  j^resque  détachés  du 
rivage  et  dont  les  pieds  plongent  dans  les  eaux  du 
fleuve.  Ce  sont  eux  qui  les  premiers  reçurent  le 
baptême  d'un  nom  européen  sur  la  rive  droite  du 
fleuve.  Champlain  les  marque  sur  sa  carte  de  1632 
à  la  lettre  D  avec  la  légende  :  cap  de  Lévy.  L'ingé- 
nieur Jean  Bourdon  les  inscrit  sous  le  même  nom 
dans  le  plan  qu'il  dressa  des  établissements  de  la 
Nouvelle-France  en  1641.     Dans  la  suite  des  temps 


319 


le  cap  de  Lévy  est  devenu  pointe  de  Lévy.  C'est  dans 
une  pièce  notariée  portant  la  date  de  1647  que  l'on 
rencontre  pour  la  première  fois  cette  dernière  appel- 
lation. Dans  une  entrée  de  1648,  le  Journal  des 
Jésuites  dit  aussi  pointe  de  Lévy.  La  pointe  de  Lévy 
a  servi  depuis  à  désigner  par  extension  toute  la  rive 
droite  du  fleuve  en  face  de  Québec. 

'*  Henri  de  Lévy,  duc  de  Ventadour,  C[ui  donna  son 
nom  à  la  terre  connue  depuis  comme  la  seigneurie 
de  Lauzon,  était  pair  de  France  et  lieutenant-général 
pour  le  roi  au  gouvernement  de  Languedoc  lorsqu'il 
acheta  du  duc  de  ]\Iontmorency,  son  parent,  les 
intérêts  C|ue  celui-ci  possédait  dans  la  société  de  la 
Nouvelle-France.  Il  obtint  commission  au  commen- 
cement de  1625.  Ce  gentilhomme  très  pieux  et  très 
fervent  catholique  n'avait  d'autre  dessein,  dit  Cham- 
plain,  "  que  de  faire  fleurir  la  gloire  de  Dieu  dans 
ces  pays  barbares  ".  Il  y  envoya  à  ses  frais  pour  la 
conversion  des  sauvages  six  missionnaires  jésuites  et 
il  leur  donna  la  seigneurie  de  Notre-Dame-des- Anges, 
près  de  Québec.  Au  mois  de  juin  1627,  Henry  de 
Lévy  se  démettait  de  sa  charge  de  vice-roi,  puis 
renonçait  au  monde  pour  se  faire  chanoine  de 
l'église  de  Paris.  Sa  femme  entrait  en  même  temps 
dans  un  couvent  de  Carmélites.  La  maison  de  Lévy 
tire  son  origine  du  village  de  Lévy,  aujourd'hui 
Lévy-Saint-Xom,  dans  l'île  de  France,  à  une  lieue  de 
Chevreuse  (département  de  Seine-Oise.)"  (1) 

La  Pointe-de-Lévy  fut  mise  sous  le  patronage  dil 
père  nourricier  de  Jésus,  nous  dit  ^I.  l'abbé  Bois,  parce 
qu'il  était  le  patron  de  la  Nouvelle-France.  D'un  autre 
côté,   M.  J. -Edmond  Roy  croit  que  ce  saint  patron 

(1)  J. -Edmond  Roy,  Hidoire  de  la  seigneurie  de  Lauzon,  vol  1er, 
p.   20. 


320 


fut  choisi  soit  à  cause  de  TaLbé  Thomas-Joseph 
Morel  qui  desservait  alors  la  côte  comme  mission- 
naire, soit  encore  en  l'honneur  de  Charles- Joseph  de 
Lauzon,  le  fils  unique  du  grandjsénéchal  de  Lauzon, 
qui  était  alors  propriétaire  de  la  seigneurie. 

Pointe  de  3Ionts   (Labrador) 

Sir  James-M.  LeMoine  croit  que  la  Pointe  des  Monts 
(ainsi  l'appelle-t-il  erronément)  a  pris  son  nom  d'une 
pointe  de  monts  ou  de  montagnes.  La  situation  du 
lieu  ne  confirme  pas  cette  opinion. 

D'autres  géographes  à  l'esprit  inventif  ont  écrit 
sur  leurs  cartes  ' 'Pointe  Démon". 

La  Pointe  de  Monts  fut  ainsi  nommé,  il  n'y  a  pas 
à  en  douter,  en  l'honneur  de  Pierre  du  Gua,  sieur  de 
Monts,  l'infatigable  explorateur  des  côtes  de  l'Acadie 
et  le  fidèle  ami  de  Champlain. 

M.  Faucher  de  Saint-Maurice  remarque  avec  raison 
que  l'amiral  Bayfield  est  le  seul  qui  ait^maintenu  la 
véritable  orthographe  de  ce  nom. 

Pointe  des  Chenaux 

Cet  endroit  a  tour  à  tour  été  appelé  cap  Métabé- 
routine,  cap  Lieutenant  et  cap  des  Iroquois.  On 
l'appelle  aujourd'hui  Pointe  des  Chenaux  parce  que 
l'embouchure  du  Saint-Maurice  forme  trois  issues  ou 
chenaux.  Souvent  même  on  désigne  le  Saint-Mau- 
rice sous  le  nom  de  Chenaux. 

Pointe-Fortune,  St-Frs-Xavier  de  la  (Vaudreiiil) 

*  Le  canton  de  Chatham  fut  ouvert  en  1799.  William 
Fortune,  déjà  établi  de  l'autre  côté  de*la  rivière,  à  la 
pointe  qui  porte  son  nom,  obtint,  cette  année-là, 
dans  ce  canton,  une  concession  de  deux  mille  deux 
cents  acres  de  terre. 


321 


Saint  François-Xavier  a  été  choisi  comme  titulaire 
de  la  Pointe-Fortune  à  cause  du  fondateur  de  cette 
paroisse,  M.  François-Xavier  Tisseur,  qui  en  a  été 
le  premier  desservant. 

Pointe  Frégate  (Ixaspé) 

Une  frégate  fit,  paraît-il,  naufrage  sur  cette  pointe. 

Pointe  Moudion  (Ottawa) 

La  pointe  Mondion  est  connue  sous  ce  nom  depuis 
cent  ans  et  plus.  Quelle  est  l'origine  de  ce  nom  ? 
Nous  le  voyons  mentionné  trois  fois  dans  nos  annales. 
En  1694,  un  lieutenant  de  marine  réformé,  main- 
tenu dans  les  rôles  des  officiers  servant  au  Canada  ; 
en  1699,  un  M.-  de  Mondion,  officier  de  mérite, 
recommandé  pour  l'avancement,  par  le  gouver- 
neur-général ;  enfin,  un  troisième  de  Mondion, 
enseigne  des  troupes,  enterré  à  Québec  en  1702,  à 
l'âge  de  38  ans. 

Poînte  Piché  (Pontiac) 

C'est  ici  la  fameuse  Pointe  Piché,  fameuse  parmi 
les  chasseurs  et  les  Indiens,  à  cause  de  l'homme  qui 
lui  a  donné  son  nom,  le  père  Piché,  type  le  plus 
parfait  de  ces  traiteurs  d'autrefois  qui  s'aventuraient 
seuls  jusqu'aux  dernières  limites  habitables  du 
nord,  et  y  vivaient  des  années  entières,  sans  com- 
munion possible  avec  leurs  semblables  et  n'ayant 
de  rapports,  deux  fois  l'an,  qu'avec  les  indiens  en 
route  pour  les  différents  pays  de  chasse,  ou,  à  leur 
retour,  aux  premiers  jours  du  printemps.     (1) 


(1)  Arthur  Buies,  UOutiouiis  supérieur ^  p.  Ï69. 
21 


322 


Pointe  Quincliien  (Vaudreuil) 

Naviguant  sur  la  rivière  Outaouais  au  mois  de 
mai  1613,  Champlain  écrit  :  "  Nous  passâmes  un 
saut  qui  est  appelé  de  ceux  du  païs  Quenecliouan 
qui  est  rempli  de  pierres  et  rochers. ..." 

Ce  nom  de  -Quenechouan  se  retrouve  dans  celui  de 
Quincliien,  donné  à  un  gros  ruisseau  et  à  une  pointe 
de  terre  qui  sont  dans  le  voisinage.  Le  nom  de 
Quincliien  fournit  l'occasion  de  remarquer  qu'en 
général  il  faut  se  défier  des  étymologies  que  l'ima- 
gination va  chercher  bien  loin,  quand  elles  se 
trouvent  dans  les  langues  des  aborigènes.  On  a  dit, 
pour  expliquer  l'origine  du  nom  de  Quincliien,  que 
les  quinze  premiers  habitants  de  ce  lieu,  normands 
renforcés,  étaient  sans  cesse  en  procès,  et  que  de  là 
on  avait  nommé  leur  village  Quinzechiens.  Comme 
on  le  voit,  tout  cet  échafaudage  tombe  devant  le 
mot  sauvage  de  Quenechouan.     (1) 

Pointe  Saint- Charles  (Hoclielaga) 

En  mémoire  de  Charles  LeMoyne,  fondateur  de 
Longueuil. 

Polette,  Canton  (Champlain) 

L'honorable  Antoine  Polette  fut  député  de  Trois- 
Rivières  plusieurs  années  avant  de  monter  sur  le 
Banc. 

Ponsonby,  Canton  (Ottawa) 

Paroisse  du  comté  de  Cumberland,  Angleterre. 

Ponthriand,  Saint-Antoine  de  (3Iégantic) 

En  souvenir  de  Mgr  Henri-Marie  Dubreuil  de 
Pontbriand,  évêque  de  Québec. 

(1)  L'abbé  Ferland,  Cours  d'histoire  du  Canada^   vol.  1er,  p,  163. 


ÔZÔ 


Pontefract,  Canton  (Pontiac) 

Pontefract  vient  du  latin  j)ons  fractus,  pont  brisé, 
cassé.  Pontefract,  est  une  ville  du  comté  de  York, 
Angleterre. 

Pontgravé,  Canton  (Sag-nenay) 

Pontgravé,  négociant  de  Saint-Malo,  fit  la  traite 
des  fourrures  au  Canada  et  en  Acadie.  Pontgravé 
accompagna  Champlainet  remonta  avec  lui  jusqu'au 
Sault  Saint-Louis. 

Pontiac 

Le  chef  outaouais  Pontiac  fut  un  adversaire  habile 
des  Anglais.  Il  commandait  sa  tribu  à  la  défaite  de 
Braddock  en  1755.  Parkman  l'a  immortalisé  par 
son  ouvrage  The  Conspiracy  of  Pontiac. 

Pontmain,  Notre-Dame  de  (Ottawa) 

En  souvenir  du  pèlerinage  du  même  nom  en 
France. 

Pont-Koiige  (Portneuf) 

Le  pont  qui  traverse  la  rivière  Jacques-Cartier  à 
Sainte-Jeanne  •  de  Neuville  est  de  couleur  rouge  ; 
d'où  le  nom  sous  lequel,  le  plus  souvent,  on  désigne 
cette  paroisse. 

Pope,  Canton    Ottawa 

L'honorable  John-Henry  Pope,  ministre  de  l'agri- 
culture puis  des  chemins  de  fer  et  canaux,  à  Ottawa. 

Portage,  Notre-Dame  du  (Témiscouata) 

Notre-Dame  du  Portage  doit  son  nom  à  la  situa- 
tion de  son  église  près  de  l'entrée  du  Vieux  chemin 
du  Lac.  Ce  chemin  ébauché  pendant  la  rébellion  de 
1837  pour   le    transport   des   troupes   anglaises  de 


324 


Madawaska  à  la  Rivière-du-Loup  portait  le  nom  de 
Chemin  du  Portage,  parcequ'il  y  avait  un  portage 
sur  son  parcours. 

Portage  de  TAviron  (Labrador) 

Un  espace  de  la  longueur  à  peu  près  d'un  aviron 
sépare  en  cet  endroit  la  rivière  Betsiamis  de  la  rivière 
Valin,  qui  conduit  à  la  rivière  Saguenay. 

Portaîîe  de  l'Enfant  (Chicoutimi) 

Le  Portage  de  l'Enfant — Waslikow  Caputagan — 
est  un  des  portages  de  la  rivière  Chicoutimi.  Un 
Indien,  en  traversant  ce  portage,  avait  attaché  négli- 
gemment au  rivage  son  canot  où  se  trouvait  un 
enfant  ;  le  canot  ne  tarda  pas  à  se  détacher,  et  l'en- 
fant, violemment  emporté  au-dessus  des  rapides,  fut 
précipité  en  bas  d'une  chute  de  quarante  à  cinquante 
pieds,  sans  qu'il  lui  arrivât  le  moindre  mal  ;  c'est  ce 
fait  extraordin  aire  qui  a  valu  au  Portage  de  l'Enfant 
le  nom  qu'il  a  porté  depuis.  (1) 

Portag:*^  (lu  Fort  (Pontiac) 

On  conservait  dans  ce  fort  les  provisions  destinées 
aux  hommes  de  chantiers.  Et  pour  y  arriver  il 
fallait  faire  'portage. 

Port  au  Persil  (Charlevoix) 

C'est  Champlain  qui  est  le  parrain  du  Port  au 
Persil.     ' 

"  Du  port  aux  femmes  l'on  va  au  port  au  Persil, 
distant  près  d'une  lieuë,  qui  est  anse  derrière  un  Cap, 
où  il  y  a  une  petite  rivière  qui  assèche  de  basse  mer  ; 
elle  vient  des  montagnes  qui  sont  fort  hautes,  il  y  a 
ancrage  proche,  et  à  l'abri  du  vent  du  su.  " 

(1)  Arthur  Buies,  Le  Saguenay  et  la  vallée  du  lac  Saint- Jean,  p. 
167. 


325 


Port  aux  Quilles  (Cliarlevoix) 

''  Port  aux  Quilles,  dit  \I.  Alphonse  Leclaire,  tient 
son  nom  des  nombreux  cailloux  ronds  qu'on  y 
trouve  ".  (1) 

Nous  doutons  fort  que  ce  soit  là  la  véritable  origine 
de  ce  nom. 

C'est  Port  à  l'Equille  qu'on  devrait  dire.  Du 
moins  c'est  ainsi  que  Champlain  nomma  cet  endroit  : 
"  Cette  rivière  de  l'Equille,  écrit-il,  vient  des  monta- 
gnes, et  assèche  de  basse  mer  ;  un  peu  vers  l'eau  de 
l'entrée  il  y  a  mouillage  pour  barques."  Champlain 
avait  déjà  donné  ce  nom  de  rivière  à  l'Equille  à  une 
rivière  de  l'Acadie.  Equille  est  un  vieux  mot  fran- 
çais qui  désignait  une  sorte  de  poisson. 

Port  aux  Sauuious  (Cliarlevoix) 

Nommé  ainsi  par  Champlain.  ''  Port  au  Saumon, 
écrit-il,  assèche  de  basse  m,er  ;  il  y  a  deux  petits 
îlets  chargés  en  la  saison  de  fraises,  framboises  et 
bluets  ;  proche  de  ce  lieu  y  a  bonne  rade  pour  les 
vaisseaux,  et  dans  le  port  sont  deux  petits  ruisseaux.' 

Port-D.iuiel  (Bouaventure) 

Le  capitaine  Daniel  était  contemporain  de  Cham- 
plain. Il  fit  plusieurs  voyages  dans  la  Nouvelle- 
France.  C'est  lui  qui,  en  1629,  s'empara  d'un  éta- 
blissement appartenant  aux  Anglais  sur  l'ile  du  Cap- 
Breton.  Le  récit  de  cette  expédition  fut  publié  en 
1630  sous  le  titre  :  Prise  d^un  seigneur  escossais  et  de 
ses  gens  qui  pillaient  les  navires  pescheurs  de  France^ 
par  M.  Daniel,  de  Dieppe,  capitaine  pour  le  Roy  en  la 
marine. 


(1)  Revue  Canadienne,  1906,  p.  673. 


o 


26 


Portland,  Canton  (Ottawa) 

Le  canton  Portland  a  peut-être  pris  son  nom 
du  duc  de  Portland,  qui  fut  ministre  des  colonies  en 
Angleterre. 

Il  peut  se  faire  aussi  que  le  canton  Portland  ait 
emprunté  son  nom  de  la  paroisse  de  Portland,  comté 
de  Dorset,  Angleterre. 

Portneuf 

Une  dizaine  d'années  après  la  formation  de  la 
'  Compagnie  des  Cent-Associés,  un  de  ses  membres, 
Pierre  Pobineau,  commença  un  établissement  sur 
les  bords  de  la  rivière  Portneuf. 

Il  donna,  suppose-t-on,  le  nom  de  Port  à  son  éta- 
blissement. Plus  tard,  présume-t-on  encore,  Le  Neuf 
de  la  Potherie,  qui  obtint  cette  seigneurie,  ajouta  à 
ce  nom  de  Port  la  dernière  syllabe  de  son  nom,  d'où 
Portneuf 

Portneuf  (Sag-uenay) 

Portneuf  est  un  très  bel  endroit,  situé  à  environ 
quatorze  lieues  plus  bas  sur  le  fleuve  Saint-Laurent 
que  l'embouchure  du  Saguenay.  La  chapelle  de 
Portneuf  est  pittoresquement  placée  sur  la  côte  qui 
domine  l'entrée  de  la  rivière  Portneuf  et  le  cours  du 
Saint-Laurent  ;  cette  chapelle  est  une  relique  des 
anciennes  missions  montagnaises. 

Dès  1625,  Champlain  nous  parle  de  Portneuf  : 
'^  Les  costes  du  Nort  depuis  le  travers  d'Enticosty 
sont  fort  baturières  pcfur  la  pluspart  ;  en  quelques 
endroits  il  y  a  de  bons  ports,  mais  ils  ne  sont  cognus, 
hormis  Chisedec  (la  rivière  Saint-Jean)  et  le  port 
neuf.."  (1) 

(1)  Champlain,  Œuvres^  vol.  IV,  p.  109. 


327 


Potton  (Brome) 

Potton  est  une  ville  d'Angleterre,  à  onze  milles 
de  Bedford. 

Prestoii,  Canton  (Ottawa) 

Ville  du  Lancashire,  Angleterre. 

Price,  Canton  (Beaiice) 

L'honorable  J.-H.  Price,  ministre  des  terres  de  la 
Couronne  de  1848  à  1851. 

Priest-Creek  (Ottawa) 

La  tradition  rapporte  qu'un  missionnaire  fut 
autrefois  assassiné  par  les  Sauvages  des  environs  et 
que  son  corps  fut  jeté  par  eux  dans  le  cours  d'eau 
qui  traverse  Poltimore  ;  d'où  le  nom  de  Priest-Creek. 

Princeville  (Arthabaska) 

"  M.  Pierre  Prince  a  été  un  des  premiers  et  des  plus 
courageux  colons  de  Stanfold  ;  pendant  neuf  ans, 
il  a  donné  généreusement  l'hospitalité  à  MM.  Denis 
Marcoux,  Clovis  Gagnon,  Charles-Edouard  Bélanger 
et  Edouard  Dufour  qui  firent  successivement  la 
mission  dans  sa  maison  même,  jusqu'à  l'arrivée  du 
premier  curé  résidant,  ^I.  Antoine  Racine,  plus  tard 
évêque  de  Sherbrooke.  Il  a  fait  don  à  la  paroisse 
d'un  emplacement  pour  une  école  et  d'un  terrain  de 
huit  arpents  et  demie  en  superficie  pour  la  construc- 
tion de  l'église.  Pendant  près  de  dix-huit  ans,  il  a 
été  ici  le  type  du  parfait  gentilhomme,  du  chrétien 
modèle,  du  défricheur  vaillant,  du  marchand  intègre. 
Compatissant  pour  les  malheureux,  M.  Prince  avait 
toujours  la  main  largement  ouverte  aux  besoins  du 
pauvre,  et  jamais  la  mémoire  de  ce  bon  citoyen  ne 
s'effacera  du  souvenir  de  ceux  qui  l'ont  connu  sur 
sa  terre  de  Stanfold. 


328 


"  Il  n'est  donc  pas  étonnant  que  dans  l'an  1856, 
lorsqu'il  s'est  agi  de  séparer  le  village  de  la  munici- 
palité de  la  paroisse,  les  citoyens  de  cette  époque 
n'aient  eu  qu'une  voix  pour  demander  que  le  village 
de  Stanfold  formât  une  corporation  sous  le  nom  de 
**  Village  de  Princeville.  "  C'était  là  la  reconnais- 
sance solennelle  et  pleinement  manifestée  des  mérites 
et  des  vertus  de  M.  Pierre  Prince,  et  toujours  le  nom 
de  Princeville  rappellera  jusque  dans  les  âges  les 
plus  reculés,  la  mémoire  d'un  citoyen  irréprochable 
qui  a  passé  dans  le  canton  de  Stanfold  en  faisant  le 
bien."  (1) 

Provost,  Cauton  (Berthier) 

C'est  M.  l'abbé  Théophile-Stanislas  Provost,  qui 
s'est  beaucoup  occupé  de  colonisation,  qu'on  a  voulu 
honorer  en  donnant  le  nom  de  Provost  à  ce  canton. 

Qiiaquakamaksis,  Lac  (Lac  Saint  Jean) 

Mot  montagnais  que  l'on  traduit  par  "  lac  au 
mirage." 

Québec 

"  Il  a  été  constaté  que  dans  certaines  parties  de  la 
France,  comme  la  Normandie,  laSaintonge,  etc.,  des 
caps,  des  promontoires,  des  langues  de  terre  formées 
par  la  réunion  de  deux  rivières,  portent  des  noms 
terminés  en  bec,  comme,  par  exemple,  Bolbec,  Cau- 
debec,  Carbec,  etc.,  etc. 

"Cette  terminaison  en  6ec,ou  plutôt  cette  similitude 
de  sons  {Bricquebec — Québec)  a  pu  faire  croire  que 
Québec  aurait  été  nommé  par  quelque  Français  de 
Saintonge,  de  Normandie,  etc.,  ou  que  Champlain 


(1)  L'abbS  L.-F.  Baillargeon,  Monde  Illustré,  29  août  1891. 


329 


lui-même  aurait  bien  pu  n'être  pas  étranger  à  ce 
baptême  de  notre  vieille  cité. 

**  Malgré  tout  le  plaisir  que  nous  aurions  à  recon- 
naître dans  le  nom  de  Québec  un  mot  français,  nous 
pensons  que  ce  mot  est  un  mot  sauvage  habillé  à  la 
française. 

"  Le  premier  que  nous  appellerons  en  témoignage 
sera  Champlain  lui-même. 

"  Dans  le  récit  de  ses  voyages,  édition  de  1613,  (1) 
après  avoir  rappelé  qu'il  arriva  à  Québec  le  3  juillet, 
Champlain  ajoute  :  ''  où  étant  je  cherchai  lieu  propre 
pour  notre  habitation,  mais  je  n'en  pus  trouver  de 
plus  commode,  ni  mieux  situé  que  la  pointe  de 
Québecq,  ainsi  appelée  des  sauvages,  laquelle  était 
remplie  de  noyers." 

''Par  ces  mots  :  ''  ainsi  appelée  des  sauvages,"  le 
savant  annotateur  des  Œuvres  de  Champlain  com- 
prend que  le  mot  Québec  est  sauvage,  et  nous  avouons 
ne  pas  comprendre  autre  chose. 

"  Lescarbot  s'exprime  comme  Champlain  ;  seule- 
ment, il  écrit  Kébec.     (2) 

"  Lorsque,  quelques  années  plus  tard,  en  1632, 
Champlain  donne  une  nouvelle  édition  de  ses  Voyages^ 
il  ne  change  pas  d'opinion  et  réaffirme  que  Québec 
"est  ainsi  appelé  des  sauvages."     (3) 

"  Et  pour  corroborer  ce  témoignage,  nous  avons 

l'affirmation  de  plusieurs  missionnaires,  parmi  ceux 

qui  ont  le  mieux  connu  les  langues  sauvages.  Québec, 

ou  plutôt  Kebbek,  disent-ils,  signifie  détroit,  rétrécisse- 

^ment,  c^est  bouché,  c'est  obstrué. 

(1)  Œuvres  de  Champlain ,  édition  Laverdière,  p.  296, 

(2)  Edition  de  1617,  p.  614. 

(3)  Œuvres  de  Champlain,  Laverdière,  p.  792, 


330 


''  Et,  chose  curieuse,  cette  signification  est  la  même 
chez  des  nations  de  langues,   de  dialectes  différents. 

"  C'est  ainsi  que  dans  les  divers  dialectes  algon- 
quins, Képak  ou  Kehhek  signifie  :  rétrécissement 
d'une  rivière. 

''  Chez  les  Cris,  dit  M.  Laflèche,  ''  Québec  veut  dire 
c^est  bouché.''^ 

*'  M.  J.-M.  Bélanger,  ancien  missionnaire  des 
Micmacs,  prétend  que,  dans  la  langue  de  ces  peuples, 
Kehhek  a  pour  signification  :  rétrécissement  formé 
par  deux  pointes  de  terres  qui  se  croisent.  (1) 

^'  Enfin,  M.  L.-S.  Malo,  qui  desservit  longtemps 
Kistigouche,  traduit  le  mot  Keheh  par  :  obstrué, 
bouché. 

''  En  voilà  assez,  croyons-nous,  pour  prouver 
qu'en  langue  sauvage,  Kehhek  a  bien  une  significa- 
tion qui  convient  à  la  situation  de  la  ville  et  que 
son  origine  indigène  a  été  reconnue  dès  les  premiers 
temps  de  la  colonie.  A  Québec,  en  effet,  le  fleuve 
se  rétrécit,  semble  houché. 

"  Si  l'on  nous  demande  comment  il  se  fait  que 
l'orthographe  de  ce  mot  soit  toute  française,  même  à 
une  date  éloignée,  comme  on  le  constate  dans  les 
Œuvres  de  Champlain,  nous  répondrons  qu'on  écri- 
vait les  mots  sauvages  au  son  et  que  l'orthographe 
était  celle  que  chacun  leur  donnait. 

''  Que  Champlain,  qui  venait  de  la  Saintonge,  ait 
trouvé  dans  ce  son  une  ressemblance  avec  certains 
mots  de  son  pays  et  qu'il  ait  orthographié  Keheh  : 
QuéheCy  la  chose  ne  nous  surprend  pas. 

"  Il  ne  faudrait  pas  croire  cependant  que  tout  le 
monde  ait  suivi  son  exemple  ;  l'on  trouve  encore 


(1)  Ferland,  t.  I,  p.  90,  note  3. 


331 


pendant  longtemps  le  mot  Kébcc,  orthographié,  je 
dirais  presque,  à  la  sauvage. 

''  On  voit  en  effet  Kébec,  dans  Sagard,  Voyage  au 
pays  des  Hurons,  édition  de  1632,  et  Histoire  du 
Canada  (WoCt);  Kébec  encore,  dans  les  Relations,  des 
Jésuites  par  les  PP.  Ch.  Lalemant,  Lejeune,  Vimont, 
J.  Lalemant  ;  Kébec  toujours,  dans  un  extrait  des 
délibérations  de  la  Compagnie  de  la  Nouvelle-France, 
en  1638,  aussi  bien  que  dans  le  rapport  que  fit  le 
père  Druillettes  de  son  voyage  aux  Abénaquis,  en 
1651  ;  enfin  Kabec,  dans  une  pièce  du  19  octobre 
1646  et  signée  Jean  Godefroy.    (1) 

''  D'un  autre  côté,  à  partir  de  1635,  on  rencontre 
assez  souvent  le  nom  de  Québec  avec  la  forme  fran- 
çaise :  Lespinasse  et  Piraube,  tous  deux  commis  au 
greffe,  écrivaient  Québecq  ;  Tronquet,  Bancherons, 
Québeq  ;  Audouart  met  indifférement  Québec,  Québeq 
et  Québecq.  Quant  à  Adrien  Duchène,  il  orthogra- 
phiait, comme  aujourd'hui,  Québec. 

''  Qu'on  veuille  bien  remarquer  que  nous  n'en- 
tendons pas  dire  que  ces  écrivains,  greffiers,  notaires 
ou  autres,  aient  toujours  écrit  ce  mot  de  la  même 
manière  ;  on  trouverait  probablement,  chez  tous,  des 
variantes  ;  et  ces  exemples  tendent  justement  à 
prouver  qu'à  cette  époque  l'orthographe  du  mot 
Québec  n.^ était  pas  fixée.  Elle  le  fut  en  effet  beaucoup 
plus  tard. 

''  Nous  croyons  que  si  ce  mot  eût  été  tout  simple- 
ment français,  on  lui  eût  vite  donné  une  orthographe 
définitive."  (2) 


(1)  Archives  du  Séminaire  de  Québec. 

(2)  L'abbé  Amédée   Gosselin,    Bulletin   du  parler  français,  vol. 
II,  p.  170. 


332 


Qiiinnviile,  Saint-Colomban  de  (Ottawa) 

James  Quinn  fut  un  des  premiers  colons  de  la 
localité. 

Quinn  ville  était  à  l'origine  exclusivement  peuplée 
d'Irlandais  et  c'est  à  leur  demande  qu'on  lui  a 
donné  saint  Colomban  pour  titulaire. 

Racine,  Canton  (Lac  Saint-Jean) 

Mgr  Dominique  Racine,  premier  évéque  du  diocèse 
de  Chicoutimi. 

Kaclnor,  Canton  (Chaniplain) 

Le  canton  Radnor  a  emprunté  son  nom  aux  forges 
Radnor,  célèbres  autrefois  dans  toute  la  région  de 
Trois-Rivières. 

Rameau,  Canton  (Gaspé) 

Personne,  en  France,  n'a  été  plus  S3aîipathique  aux 
Canadiens  et  aux  Acadiens  que  M.  Rameau  de  Saint- 
Père.  Les  Canadiens  de  passage  en  France  recevaient 
toujours  du  célèbre  écrivain  un  accueil  vraiment 
fraternel. 

Rapide  de  TOrig-nal  (Ottawa) 

Un  orignal,  rapportent  les  vieillards  indiens,  vive- 
ment poursuivi  par  des  chasseurs,  se  jeta  à  la  nage 
et  sauta  sain  et  sauf  le  rapide  en  question. 

Randot,  Canton  (Témiscouata) 

Les  intendants  Raudot,  père  et  fils,  rendirent  de 
grands  services  à  la  Nouvelle-France. 

Kawdon  (Montcalni) 

Rawdon,  d'après  les  uns,  aurait  pris  son  nom  du 
village  de  Rawdon,   en  Angleterre,  et,  d'après  les 


333 


autres,  de  lord  Rawdoii  qui  aurait  été  généreux  pour 
les  premiers  habitants  de  ce  canton. 

lieedsdale  (Mégautic) 

Le  docteur  James  Reed  est  propriétaire  de  mines 
en  cet  endroit. 

Repeutiguy  (L'Assomption) 

Pierre  LeGardeur  de  Repentigny  obtint  la  con- 
cession do  Repentigny  en  1647. 

Rhodes,  Cautoii  (Québec) 

L'honorable  William  Rhodes,  ministre  de  l'agri- 
culture de  la  province  de  Québec  de  1888  à  1890. 

Kiceburg-  (3Iissisquoi) 

H.-W.  Rice  établit  en  cet  endroit  une  fonderie  qui 
employa  plusieurs  personnes. 

Richelieu 

La  rivière  Richelieu,  qui  prend  sa  source  au  lac 
Champlain  et  se  jette  dans  le  Saint-Laurent,  à  Sorel, 
fut  d'abord  appelée  rivière  des  Iroquois,  puis  Sorel. 

En  1642,  Montmagny  avait  bâti  un  fort  à  l'em- 
bouchure de  cette  rivière  et  l'avait  nommé  Riche- 
lieu, en  l'honneur, du  grand  ministre.  C'est  ce  fort 
qui  donna  son  nom  à  la  rivière  Richelieu. 

Richmond 

En  l'honneur  du  duc  de  Richmond,  gouverneur 
du  Canada.  C'est  en  février  1819  que  les  habitants 
de  Shipton  obtinrent  du  duc  de  Richmond  la  permis- 
sion de  donner  son  nom  à  leur  village. 

Rideau  (Ottawa) 

Rideau,  ainsi  nommée  parce  que  ses  eaux  tombant 


334 


perpendiculairement  dans  l'Ottawa  et  formant  une 
cataracte  de  quarante-huit  pieds  de  haut,  ressem- 
blent à  un  rideau. 

Kidge-Point  (Labrador) 

Le  mot  anglais  ridge  (récif,  banc  de  rochers) 
indique  assez  que  le  promontoire  qu'il  y  a  là  est 
formé  d'un  amas  de  roches  entassés  les  unes  sur  les 
autres. 

Rig-aud,  Sainte-Madeleine  de  (Vaudreuil) 

La  seigneurie  de  Rigaud  fut  concédée  le  29  octobre 
1732  par  le  gouverneur  de  Beauharnois  et  l'inten- 
dant Hocquart  aux  sieurs  Cavagnal  de  Vaudreuil  et 
Rigaud  de  Vaudreuil. 

En  1763,  la  seigneurie  de  Rigaud  fut  vendue  à 
Michel  Chartier  de  Lotbinière.  Lorsque  Rigaud  fut 
érigée  en  paroisse  on  la  plaça  sous  la  protection  de 
sainte  Marie  -  Madeleine  par  considération  pour 
l'épouse  de  M.  de  Lotbinière,  née  Louise-Madeleine 
de  Léry. 

Ri  m  ou  ski 

Rimouski  est  un  mot  micmac  qui,  d'après  les  uns, 
veut  dire  rivière  du  chien,  et,  d'après  l'interprétation 
des  autres,  terre  à  V orignal  ou  maison  du  chien. 

L'une  ou  l'autre  interprétation  peut  avoir  son 
sens.  En  effet,  les  Sauvages  ont  l'habitude  de  nom- 
mer les  endroits  de  leurs  passages  et  de  leurs  séjours 
d'après  les  incommodités  qu'ils  rencontrent  par  acci- 
dent ou  des  difficultés  qu'ils  éprouvent  sur  leurs 
routes  ;  ou  encore  de  la  beauté  et  de  la  commodité 
des  lieux  qu'ils  parcourent,  soit  que  ces  sites  leur 
paraissent  plus  agréables  à  la  vue,  soit  qu'ils  puissent 
se  procurer  avec  plus  d'abondance  le  gibier  ou  le 


335 


poisson.  Quiconque  est  demeuré  à  Rimouski  con- 
naît que  cette  partie  du  fleuve  entre  la  terre  ferme  et 
l'île  Saint-Barnabe  n'est  pas  navigable  à  marée 
basse,  même  pour  les  esquifs  les  plus  légers.  Les 
Sauvages  devaient  éprouver  alors  un  certain  mécon- 
tentement de  ce  retard,  car  force  leur  était  d'attendre 
la  marée  montante  pour  atteindre  la  côte  sud  et 
l'embouchure  de  la  rivière  sur  les  bords  de  laquelle 
ils  habitaient  pendant  l'été.  Oh  comprend  alors 
leur  mauvaise  humeur  de  ce  repos  forcé  durant 
quelques  heures,  et  de  là  rivière  de  chien. 

On  sait  qu'autrefois,  dans  les  premiers  temps  du 
pays,  la  chasse  était  très  abondante  dans  nos  forêts. 
A  Rimouski  surtout  et  dans  ses  environs  l'orignal  se 
trouvait  en  grande  abondance,  aussi  le  chasseur 
après  quelques  heures  de  courses  à  travers  les  bois, 
revenait  à  son  logis  toujours  chargé  des  dépouilles 
de  cet  agile  animal,  et  de  là  terre  à  F  orignal. 

Mgr  Laflèche  donne  une  autre  interprétation  au 
mot  Rimouski.  Rimouski,  dit-il,  signifie,  demeure 
du  chien.  Du  sauteux  animousk,  chien,  et  ki  ou  giy 
demeure.  En  changeant  n  en  r  on  aura  Arimouski, 
maison  du  chien.  Les  Sauvages,  sans  doute,  décou- 
vrirent dans  leurs  courses  à  travers  les  bois  plusieurs 
tanières  habitées  par  des  animaux  sauvages  ressem- 
blant beaucoup  à  nos  chiens  d'aujourd'hui.  C'est 
possible  que  ce  nom  demeure  du  chien  vienne  de  ce 
que  les  indigènes  aperçurent  quelques-unes  de  ces 
tanières  et  donnèrent  au  lieu  le  nom  de  Rimouski, 
demeure  du  chien.     (1) 

KipoD,  Saint-Casimir  de  (Ottawa) 

Ripon  est  une  ville  du  comté  de  York,  Angle- 
terre. 


(1)  L'abbe  Charles  Guay,  Chronique  de  Rimouski,  vol.  I,  p.  18. 


336 


En  1864,  Mgr  Guigues  visita  Ripon  et  lui  donna 
pour  patron,  saint  Casimir,  du  nom  du  curé  de  Saint- 
André  Avellin,  M.  Casimir  Guillaume. 

Kistigouche,  Sainte-Anne  de  (Boiiaventure) 

Un  vieux  Sauvage  consulté  par  un  missionnaire 
donnait  au  nom  de  la  rivière  Ristigouche  l'origine 
suivante  :  La  tribu  des  Micmacs  avait  coutume  de  se 
rencontrer  avec  une  autre  tribu  amie,  sur  une  île  à 
quelque  distance  de  Ristigouche.  Lors  de  l'une  de 
ces  visites,  des  enfants  micmacs  s' amusant  avec  des 
petits  compagnons  de  l'autre  tribu,  virent  un  écureuil 
blanc.  Chaque  parti  se  met  à  réclamer  la  possession 
de  l'animal  :  une  dispute,  s'engage,  un  combat 
s'ensuit,  un  enfant  est  tué.  Les  deux  tribus  tiennent 
conseil  sur  ce  malheureux  événement.  On  décide 
que  pour  conserver  la  paix  un  combat  sera  livré 
seulement  entre  trois  jeunes  gens  de  chaque  parti, 
et  que  les  vaincus  seront  considérés  comme  apparte- 
nant au  parti  coupable  du  meurtre.  Le  combat  se 
livre,  mais,  contre  l'attente  des  conseils,  la  mêlée 
devient  générale.  Il  en  résulte  une  guerre  de  qua- 
rante ans,  sur  les  bords  de  la  rivière  qui  a  été 
nommée  pour  cette  raison,  rivière  de  la  Longue  Guerre 
(Ristigouche).     (1) 

On  donne  une  autre  origine  au  nom  de  la  rivière 
Ristigouche.  Ce  mot  signifierait  '^  rivière  divisée 
comme  une  main  ".  Le  fait  que  la  rivière  Risti- 
gouche a  cinq  tributaires  qui,  sur  un  théâtre  plus 
grand  il  est  vrai,  paraissent  exactement  comme  l'em- 
preinte que  feraient  les  cinq  doigts  d'une  main  dessinés 
sur  un  papier,  donne  beaucoup  de  vraisemblance  à 
cette  opinion.  (2) 

(1)  Lettre  de  M.  Octave  Drapeau,  missionnaire,  30  mai  1881. 

(2)  James-M.  LeMoyne,  Chronides  oj  the  Saint- Laiortnctt  p.  152. 


o 


37 


D'après  le  Père  Lacombe,  le  mot  Ristigouche 
viendrait  du  cris  Mistikus,  et  signifierait  petit  bois, 
petit  arbre. 

La  mission  de  Ristigouche  fut  placée  sous-le  patro- 
nage de  sainte  Anne,  parce  que  les  premiers  mission- 
naires étaient  de  l'ouest  et  cherchaient,  pour  assurer 
le  succès  de  leur  ministère,  à  mettre  dans  le  cœur  de 
leurs  néophytes,  l'amour  de  la  bonne  sainte  Anne. 
Encore  aujourd'hui,  sainte  Anne  est  invoquée  comme 
reine  de  tous  les  Micmacs. 

.  Kivière  à  PEchalotte  (Gâspé) 

La  rivière  à  l'Echalotte  a  été  ainsi  nommée  à  cause 
d'une  espèce  d^ oignons  sauvages  qu'on  y  trouvait 
autrefois. 

Kivière  à  Mars  (Chicoutimî) 

Lors  de  la  fondation  de  Saint- Alphonse  de  Bagot- 
ville,  en  1838,  un  nommé  Mars  Simard,  de  la  Baie 
Saint-Paul,  vint  s'établir  sur  une  pointe  qui  s'avançait 
quelque  peu  dans  la  baie  des  Ha  !  Ha  !  et  qui  lon- 
geait la  belle  et  grande  rivière  connue  aujourd'hui 
sous  le  nom  de  rivière  à  Mars.  Comme  il  fut  quel- 
que temps  presque  seul  à  cet  endroit,  on  disait  aller 
chez  Mars  pour  aller  à  la  pointe  occupée  par  lui,  et 
la  rivière  voisine  dût  aussi,  bon  gré  mal  gré,  s'appeler 
rivière  à  Mars.  (1) 

Kivière  à  Peu  in  (Lévis 

Bouchette  écrit  Appenin.  Cela  rappelle,  moins 
l'orthographe,  le  nom  d'une  des  plus  célèbres  mon- 
tagnes de  l'Europe.     Mais  c'est  bien  à  Pénin  qu'il 


(1)  U Oiseau- Mouche,  8  avril  1893. 
22 


338 


faut  dire.     Pénin  est,  en  effet,  le  nom  d'un  honnête 
paysan  qui  vivait  en  cet  endroit  au  siècle  dernier.  (1) 

Kivière-à-Pierre  (Portneuf) 

''  La  Rivière  à  Pierre,  dit  Arthur  Buies,  n'existait 
absolument  que  de  nom  en  1887.  C'était  une  rivière 
baptisée  par  un  Pierre  quelconque  et  coulant  dans 
la  forêt,  voilà  tout."  (2) 

Rivière  au  Di.nble  (Terreboiine) 

''  J'ai  examiné  l'apparence  de  la  rivière  au  Diable, 
écrivait  en  1895  M.  Testard  de  Montigny,  pour 
m'assurer  si  elle  ne  ressemble  pas  à  l'ancien  Diable 
avec  des  griffes  et  la  queue  en  tire-boucho  n.  Je  n'ai  rien 
trouvé  qui  ressemblât  à  Belzébuth,  si  ce  n'est  sa 
forme  tortueuse  qui  lui  donne  des  faux  airs  de  ser- 
pent. Mais  ce  n'est  pas  de  ses  sinuosités  que  cette 
rivière  tire  son  nom.  Ce  sont  les  voyageurs  qui,  la 
trouvant  difficile  pour  la  descente  du  bois,  l'ont 
apostrophée  du  nom  de  Diable  et  cette  épithète  lui 
est  restée."  (3) 

Kivière-au-Kenarcl,  Saint-Martin  de  la  (Gaspé) 

Il  y  a  longtemps  que  cet  endroit  est  nommé  ainsi. 
Sur  une  carte  géographique  de  la  Nouvelle-France 
faite  en  1744  on  voit  les  noms  de  Grande  rivière 
au  Renard  et  de  Petite  Rivière  au  Renard.  On 
dit  que  lies  environs  de  ces  rivières  étaient  très  fré- 
quentés par  les  renards  autrefois  ;  c'est  probablement 
ce  qui  leur  valut  leur  nom. 

La  JRivière-au-Renard  a  été  mise  sous  le  vocable 
de  saint  Martin  en  considération  de  Martin  Samuel, 


(l^vT. -Edmond  Roy,  Histoire  de  la  seigneurie  de  Lauzon,  vol.  I, 
p.  XVIII. 

(2)  Le  Saguenay  et  le  bassin  du  lac  Saint-Jean,  p.  328. 

(3)  La  colonisation,  p.  179. 


339 


un  des  premiers  habitants  de  l'endroit.  Martin 
Samuel  eut  souvent  l'occasion  de  loger  le  mission- 
naire, de  l'accompagner  tant  sur  terre  que  sur  mer, 
de  prêter  sa  maison  pour  faire  les  exercices  de  la 
mission  ;  c'est  sans  doute  à  titre  de  bienfaiteur  insigne 
que  son  patron  fut  choisi  comme  titulaire  de  la 
paroisse. 

Ki vièi*e-an-Toimerre  (  Labrador) 

A  trois  milles  de  son  embouchure,  cette  rivière 
descend  une  cascade  haute,  paraît-il,  de  400  pieds. 
Les  eaux  en  tombant  de  cette  hauteur  font  un  bruit 
qui  ressemble  beaucoup  aux  détonations  produites 
par  le  tonnerre. 

Kivière-aux  Rats,  St- Jean-B.  de  la  (St- Maurice) 

Le  nom  de  Rivière-aux-Rats  vient  nécessairement 
des  rats  d^eau  que  l'on  y  trouve,  et  non  des  rats  de 
grange  qui  n'ont  pas  encore  para  dans  cet  endroit 
éloigné. 

Mgr  Laflèche,  évêque  de  Trois-Rivières,  donna  à 
la  Rivière-aux-Rats  saint  Jean-Baptiste  pour  patron 
pour  trois  raisons  :  1"  parce  que  saint  Jean-Baptiste 
est  le  patron  des  Canadiens-Français  ;  2"  parce 
qu'aucune  paroisse  de  son  diocèse  n'était  encore  sous 
son  vocable  ;  3°  parce  que  le  plus  ancien  habitant 
de  l'endroit  se  nommait  Jean-Baptiste  Hennesse. 

Rivîère-Beaudette,  Ste-Claire  de  la  (Soulaiiges) 

Il  y  avait  sur  une  pointe,  à  l'embouchure  de  la 
rivière,  un  petit  poste  ou  chantier  dans  lequel  on 
avait  mis  un  lit  communément  appelé  beaudet.  Un 
jour  on  enleva  la  bâtisse  en  laissant  sur  le  sol  le  lit 
qui  était  facilement  remarqué  par  les  voyageurs» 
D'où  l'on  commença  à  appeler  cette  pointe  Beaudet, 


340 


liom  qui,  dans  la  suite,  fut  donné  à  la  rivière,  puis  à 
la  paroisse. 

Sainte  Claire  d'Assise  a  été  donnée  comme  titulaire 
à  la  Rivière-Beaudet  en  l'honneur  des  sœurs  Clarisses 
récemment  arrivées  au  pays  et  établies  à  xs  otre-Dame 
de  Bellerive,  diocèse  de  Valle3^field. 

Rivière-Blanche  (Kiniouski) 

La  rivière  Blanche  a  été  nommée  ainsi  parce  que 
ses  eaux  brisées  par  une  chute  d'une  quinzaine  de 
pieds  et  par  une  série  de  rapides  qui  avoisinent  son 
embouchure  sont  constamment  couvertes  d'écume. 

Kivière-Croclie,  Saint  François  de  la  (St-Maurice) 

La  rivière  Croche,  doit  son  nom  au  cours  sinueux 
qu'elle  suit.  Elle  va  tantôt  du  nord  au  sud,  tantôt 
du  sud  au  nord,  tantôt  de  l'est  à  l'ouest  ;  pour  faire 
un  arpent,  il  faut  décrire  autour  d'une  pointe  une 
parabole  qui  en  a  cinq. 

Lorsque  Mgr  Laflèche,  évêcjue  de  Trois-Rivières, 
visita  cet  endroit  en  1887,  M.  Richard  Brûlé,  un  de 
ses  habitants,  lui  demanda  qu'il  fut  mis  sous  la  pro- 
tection de  saint  François  d'Assise,  patron  de  l'évêque. 
Mgr  Laflèche  ne  put  se  refuser  à  cette  demande. 

Kivière  des-Prairies  (Hoclielaga) 

Nous  lisons  dans  la  Relation  de  1640  : 
*'  Quand  on  arrive  au  premier  saut  qui  se  rencon- 
tre dans  le  grand  fleuve  Saint-Laurent,  que  nous 
appelons  le  saut  Saint-Louis,  on  trouve  un  autre 
fleuve  nommé  la  rivière  des  Prairies.  Ce  fleuve  se 
nomme  ainsi  parcequ'un  certain  Français  nommé 
des  Prairies,  ayant  charge  de  conduire  une  barque 
au  saut  Saint-Louis,  quand  il  vint  à  cet  aff'our  ou 
rencontre  de  ces  deux  fleuves,  au  lieu  de  tirer  du 


341 


côté  sud,  où  est  le  saut  Saint-Louis,  il  tira  au  Nord 
vers  cet  autre  fleuve  qui  n'avait  pas  encore  de  nom 
français,  et  qui  depuis  ce  temps  là  fut  appelé  la 
Rivière  des  Prairies." 

Ce  qui  nous  confirme  dans  cette  opinion  c'est  que 
Champlain  nous  apprend  que  Des  Prairies,  qu'il 
qualifie  un  homme  plein  de  courage,  remonta  le 
fleuve  Saint-Laurent  en  1610  pour  la  traite  des  pel- 
leteries. (1) 

Aussi,  nous  croyons  que  Charlevoix  fait  erreur 
lorsqu'il  écrit  : 

''  Le  canal  qui  sépare  l'île  de  Montréal  de  l'île 
Jésus  porte  le  nom  de  Rivière  des  Prairies,  parce 
qu'elle  coule  au  milieu  de  fort  belles  prairies."  (2) 

Plus  tard  les  Français  l'appelèrent  rivière  des 
Outaouais  parce  qu'elle  était  la  route  de  ces  sauvages. 
Le  nom  de  rivière  des  Prairies  fut  conservé  au  chenal 
qui  sépare  l'île  Jésus  de  l'île  de  Montréal. 

C'est  de  ce  chenal  que  la  paroisse  de  Saint- Joseph 
de  la  Rivière-des-Prairies  a  pris  son  nom. 

Rivière  des  Quinze  (Ottawa) 

On  a  donné  à  l'Ottawa  le  nom  de  Rivière  des 
Quinze,  à  cause  des  quinze  principaux  rapides  qui 
obstruent  son  cours. 

Rivière  du  Cap  de  la  31adeleine  (Gaspé) 

"  En  1836,  M.  Ferland,  alors  curé  de  Saint- 
Isidore,  était  invité  par  Mgr  Turgeon  à  l'accompagner 
durant  le  cours  de  la  visite  épiscopale  qu'il  allait 
faire  dans  le  district  de  Gaspé.  Le  22  juin  1836,  la 
Sara  qui  portait  l'évêque  et  sa  suite,  était  par  le 
travers  de  la  rivière  de  la  Madeleine.      "  Quel  est  le 


(1)  Champlain,  1632,  pp.  156  et  159. 

(2)  Histoire  de  la  Xouvelle- France,  vol.  Ilf,  p.  140. 


342 


matelot  canadien,  écrivait  ce  jour  là  l'abbé  Ferland, 
qui  a  fréquenté  ces  parages,  sans  avoir  entendu,  pen- 
dant la  nuit,  les  accents  plaintifs,  les  cris  lugubres  du 
braillard  de  la  Madeleine  ?  Quel  marin  de  la  côte 
consentirait  à  passer  quelques  jours,  seul  dans  ce 
lieu,  où  un  esprit  tourmenté  cherche  à  faire  com- 
prendre sa  peine  ?  Est-ce  l'âme  d'un  naufragé,  qui 
demande  la  sépulture  chrétienne  pour  son  corps  et 
les  prières  de  l'église  pour  elle-même  ?  Est-ce  la  voix 
du  meurtrier,  condamné  à  expier  son  crime  au  lieu 
même  où  il  l'a  commis  ?  Les  écumeurs  de  mer  qui 
ont  rôdé  sur  ces  côtes  ne  se  sont  pas  toujours  bornés 
à  dépouiller  les  naufragés  ;  ils  ont  essayé  quelquefois 
de  s'assurer  l'impunité  par  l'homicide,  convaincus 
que  la  tombe  est  muette  et  ne  révèle  point  de  secrets. 
Serait-ce  la  célèbre  terre  des  démons,  dont  parle  le 
cosmographe  Thevet,  terre  où  il  prétend  que  Rober- 
val  abandonna  sa  nièce,  la  demoiselle  Marguerite, 
avec  son  amant  et  une  vieille  duègne  normande  ?  Le 
vieux  conteur  place  cette  terre  sur  quelque  point  des 
côtes  du  golfe  Saint-Laurent,  et  rapporte  qu'après 
la  mort  de  ses  deux  compagnons,  la  demoiselle  eut 
longtemps  à  lutter  contre  les  démons,  qui,  sous  la 
forme  d'ours  blancs,  cherchaient  a  l'effrayer  par 
leurs  griffes."  (1) 

"  On  donne  aussi  l'origine  suivante  au  braillard 
de  la  Madeleine  :  Un  aff'reux  naufrage  eut  lieu  en 
cet  endroit.  Un  père  et  une  mère  avec  bien  d'autres 
hélas  !  périrent.  Leur  enfant,  par  la  protection  mira- 
culeuse de  son  ange  gardien,  fut  sauvé.  La  tradi- 
tion ne  dit  pas  quelle  forme  prit  l'ange  pour  accom- 
plir ce  sauvetage.  Toujours  est-il  que  l'enfant  lut 
déposé  sain  et  sauf  sur  la  berge.     L'absence  de  ses 

(1)  La  Ga.s-pésie,  p.  150. 


343 


parents  lui  fit  pousser  des  cris  déchirants  qui  réu- 
nis au  bruit  de  la  tempête  firent  donner  à  la  rivière 
le  nom  de  braillard  de  la  Madeleine  par  quelques 
pêcheurs  qui  se  trouvaient  dans  les  environs.   (1) 

'^  L'abbé  Casgrain  raconte  une  histoire  au  sujet 
du  Braillard  des  îles  de  la  Madeleine  dans  laquelle 
un  mauvais  prêtre  devint,  quoique  avec  déplaisir, 
un  squelette  pour  avoir  refusé  de  baptiser  un  enfant 
qui  mourut  sans  baptême  et  qu'on  entendit  toujours 
pleurer  ensuite. 

''  Il  faut  croire  que  lors  de  son  voyage  dans  ces 
parages  en  1836,  le  savant  abbé  Ferland  ignorait 
comment  M.  Painchaud,  le  fondateur  du  collège  de 
Sainte-Anne,  avait  mis  fin  à  la  légende.  On  sait 
que  M.  Painchaud  fut  missionnaire  dans  la  Baie  des 
Chaleurs.  Il  connaissait  l'a  légende,  mais  il  n'y 
ajoutait  pas  trop  foi.  Un  jour  qu'il  se  trouvait  retenu 
à  cet  endroit  par  une  tempête,  il  fut  à  même  d'en- 
tendre les  plaintes  et  les  cris  du  braillard.  Voyant 
l'effarement  des  gens,  il  eut  comme  une  inspiration 
subite  que  ces  lamentations  devaient  provenir  de 
quelque  cause  physique  ordinaire.  Comme  il  était 
brave,  il  dit  à  ceux  qui  l'entouraient  :  "  Laissez-moi 
aller  seul  dans  la  direction  du  braillard,  et  je  vous 
promets  que  je  vais  l'apaiser."  Il  mit  une  hache  à 
la  ceinture  de  sa  soutane,  et  s'enfonça  dans  la  forêt. 
Plus  il  s'avançait,  plus  les  gémissements  étaient  dis- 
tincts. Enfin  il  arriva  à  l'endroit  même  d'où  partaient 
les  clameurs  insolites  et  terrifiantes.  M.  Painchaud 
ne  se  laissa  pas  dominer  par  la  peur,  comme  tant 
d'autres,  moins  audacieux,  auraient  fait  à  sa  place. 
Le  phénomène  lui  apparut  bientôt  dans  son  étrange 
simplicité.     Deux    arbres  inclinés  l'un  sur  l'autre, 

(1)  James-M.  LeMoine,  Chronides  oj  the  SaiiU- Lawrence,  p.  128. 


344 


en  forme  d'X,  ne  semblaient  former  à  leur  point 
d'entrecroisement  qu'un  seul  tronc,  tant  ils  étaient 
rapprochés.  Lorsque  le  vent  les  secouait  un  peu 
fortement,  ils  frottaient  l'un  contre  l'autre  ;  d'où  ces 
bruits,  tantôt  criards,  tantôt  plaintifs,  suivant  la 
violence  de  la  tempête  et  la  direction  du  vent. 

''  M.  Painchaud  s'en  revint  tout  glorieux  de  son 
exploit,  qui  lui  avait  coûté  plusieurs  heures  de 
marche,  et  quand  les  gens  l'aperçurent  haletant, 
baigné  de  sueurs,  ils  crurent  d'abord  qu'il  n'avait 
rien  vu.  Mais,  jugez  de  leur  étonnement  et  surtout 
de  leur  joie,  lorsque  M.  Painchaud  leur  eut  dit  : 
*'  Mes  amis,  vous  n'entendrez  plus  jamais  le  braillard, 
je  viens  de  lui  faire  bonne  justice  !"  Et  il  leur 
montra  sa  hache  d'une  façon  très  significative.  De 
fait,  il  avait  eu  le  soin  d'abattre  l'un  des  deux  arbres 
qui,  depuis  des  années,  avaient  été  la  terreur  des 
marins  et  des  habitants  de  la  Gaspésie."  (1) 

Rivière  du  Gouffre  (Charlevoix) 

La  rivière  du  Gouffre,  qui  se  jette  dans  le  Saint- 
Laurent  à  la  baie  Sint-Paul,  fut  nommée  ainsi  par 
Champlain,  en  1608  :  "  Il  y  a  une  petite  rivière  qui 
entre  assez  avant  dedans  les  terres,  et  l'avons  nommée 
la  rivière  du  gouffre,  d'autant  que  le  travers  d'icelle 
la  marée  y  court  merveilleusement,  et  bien  qu'il  face 
calme,  elle  est  toujours  fort  esmené,  y  ayant  grande 
profondeur  :  mais  ce  qui  est  de  la  rivière  est  plat  et 
y  a  force  rochers  en  son  entrée  et  autour  d'icelle  ". 

Kivière  du  Gros  Mâle  (Gaspé) 

Cette  rivière  est  nommée  Rivière  au  Grand  Masle 
sur  la  carte  de  Charlevoix  (1744). 


(1)  N.  E.  Dionne,  Vie  de  C,  F.  Painchaud,  p.  65. 


o 


45 


Kivière-du-ij()iip-en-haiit  (Maskiuonsé) 

Champlain  remontant,  en  1G09,  le  lac  Saint-Pierre 
fait  mention  d'une  rivière  qu'il  nomme  Sainte- 
Suzanne  et  qui  est  certainement  la  rivière  du  Loup  : 
''  Continuant  nostre  routte  jusques  à  l'entrée  du  lac 
Sainct-Pierre,  écrit-il,  qui  est  un  pays  fort  plaisant 
et  uny  et  traversant  le  lac  à  2,  3  et  4  brasses  d'eau, 
lequel  peut  contenir  de  long  8  lieues,  et  le  large  4. 
Du  costé  du  nord  nous  veismes  une  rivière  qui  est 
fort  agréable,  qui  va  dans  les  terres  50  lieues  ;  et  Fay 
nommée  Saincte  Suzanne." 

Les  Abénaquis,  qui  s'établirent  à  Saint-François 
dès  le  dix-septième  siècle,  appelaient  la  rivière  du 
Loup  Ambomasie,  rivière  croche,  sans  doute  à  cause 
des  sinuosités  de  son  cours. 

On  ne  sait  pas,  d'une  manière  positive,  pourquoi 
le  nom  de  rivière  du  Loup,  a  supplanté  celui  de 
Sainte-Suzanne,  donné  par  Champlain.  La  tradition, 
veut,  cependant,  que  des  loups  marins  aient  été  tués 
à  son  embouchure.  Si  tel  était  le  cas,  la  substitu- 
tion s'expliquerait  facilement. 

Rivière-du-Loiip-en-bas  (Téniiscoiiata) 

C'est  sur  les  bords  de  cette  rivière,  d'après  la  tra- 
dition, que  Champlain  rencontra  pour  la  première 
fois  les  sauvages  de  la  nation  des  Loups  (Mahitigans). 
Dans  ses  Voyages,  le  fondateur  de  Québec  mentionne, 
à  différentes  reprises,  les  Loups  ou  Mahingans,  mais 
nulle  part  il  dit  où  il  les  rencontra. 

Rivière-Ouelle  (Kanionraska) 

''  On  a  prétendu  que  le  mot  Ouelle  est  d'extraction 
sauvage,  et  qu'il  signifie  une  anguille,  à  laquelle  la 
rivière  Ouelle  ressemble  par  les  nombreux  détours 


346 


qu'elle  fait  dans  la  plaine,  avant  de  se  jeter  dans  le 
Saint-Laurent.  A  partir  de  son  embouchure,  en  effet, 
jusqu'au  pont  du  chemin  de  fer  Intercolonial,  on 
compte  une  lieue  en  ligne  droite,  tandis  qu'on  en 
compte  trois  en  suivant  ses  contours. 

"  Nous  croyons  plutôt  que  la  rivière  Quelle  fut 
nommée  ainsi  en  souvenir  d'un  compatriote  de  Cham- 
plain,  M.  Quel,  contrôleur  général  des  salines  de 
Brouage,  membre  de  la  Compagnie  des  Cent-Associés, 
et  l'un  des  bienfaiteurs  insignes  des  missionnaires 
récollets  dont  il  était  syndic  au  Canada. 

•'  Champlain  nous  apprend  que  ce  fut  M.  Quel  qui 
le  décida  à  choisir  pour  missionnaires  les  Pères 
Récollets.  ''  C'était,  dit-il,  un  homme  d'honneur 
duquel  j'avais  la  fréquentation  ordinaire. . . .  homme 
adonné  à  la  piété,  et  doué  d'un  grand  zèle  et  affec- 
tion à  l'honneur  de  Dieu  et  à  l'augmentation  de  sa 
religion.  Ce  témoignage  en  dit  assez  pour  faire  voir 
que  le  nom  de  la  rivière  Quelle  rappelle  un  homme 
de  bien  dont  le  souvenir  mérite  d'être  conservé. 

''  Qn  écrivait  autrefois  indifféremment  Ouel  ou  bien 
Houel  ;  ce  n'est  que  plus  tard  qu'on  a  adopté  l'ortho- 
graphe Quelle."  (1) 

Kixboroiigh,  Saint-Liiclger  de  (Beauce) 

Rixborough  est  un  village  du  comté  de  Bucks,  en 
Angleterre. 

Saint  Ludger  a  été  donné  pour  patron  à  ce  canton 
en  souvenir  de  l'abbé  Ludger  Têtu,  compagnon 
d'études  et  ami  de  son  premier  missionnaire,  M. 
Samuel  Garon.  M.  Ludger  Têtu,  qui  était  le  frère 
de  Mgr  Henri  Têtu,  se  noya  le  20  juillet  187G. 


(1)  L'abbé  H.-R.  Casgrain,   Une  paroisse  canadienne  au  XVI le 
si-:de,  p.  15. 


347 


Kobertsoii,  Caiiiou  (Ottawa) 

L'honorable  Joseph-Gibb  Robertson,  député  de 
Sherbrooke  et  trésorier  de  la  province  de  Québec. 

Koberval,  Notre  Dame  de  (Lac  Saint-Jean) 

Le  canton  Roberval  fut  nommé  ainsi  en  l'hon- 
neur de  Jean-François  de  la  Roque,  sieur  de  Roberval. 

L'endroit  où  s'élève  Notre-Dame  du  Lac  Saint- 
Jean  plus  connue  aujourd'hui  sous  le  nom  de 
Roberval,  portait  autrefois  le  nom  de  Pointe-Bleue. 

IjCS  origines  de  la  paroisse  remontent  à  l'époque 
de  la  proclamation  du  dogme  de  l'Immaculée  Con- 
ception de  la  bienheureuse  vierge  Marie,  en  1854  ; 
et  c'est  alors  qu'on  a  commencé  à  l'appeler  la  mis- 
sion de  l'Immaculée  Conception  du  Lac  Saint- Jean. 

On  changea  ce  nom  plus  tard  en  celui  de  Notre- 
Dame. 

Kobicloux,  Canton  (Bonaventure) 

L'honorable  Joseph-Emery  Robidoux,  aujourd'hui 
juge  de  la  Cour  Supérieure. 

Kobiuson  (Conipton) 

Robinson  tire  son  nom  de  l'un  des  premiers  pré- 
sidents de  la  British  American  Land  Company, 
propriétaire  de  presque  tous  les  terrains  de  ce  village. 

Kobitaille,  Canton  (Téniiscouata) 

L'honorable  Théodore  Robitaille,  lieutenant-gou- 
verneur de  la  province  de  Québec. 

Rocher  au  Pin  (Sherbrooke) 

Le  Rocher  au  Pin  est  un  îlot  escarpé  qui  émerge 
des  flots  du  Saint-François,  un  peu  au-dessous  de 
l'embouchure  du  Magog  et  dans  les  limites  même 
de  la  cité  de  Sherbrooke. 


348 


Il  y  a  longtemps  que  ce  rocher  attire  l'attention 
des  amateurs  de  curiosités  naturelles.  Bouchette  en 
parle  dans  sa  Description  topographique  de  la  pro- 
vince du  Bas-Canada,  publiée  en  1815.  Après  avoir 
décrit  le  site  de  la  future  capitale  des  Bois-Francs, 
que  les  explorateurs  français  avaient  désigné  sous  le 
nom  de  Grand  Portage,  il  ajoute  : 

^'  Un  i^eu  au-dessous,  dans  la  rivière,  est  un  rocher 
élevé  et  très  singulier,  sur  le  sommet  duquel  est  un 
pin  solitaire,  d'une  forte  dimension,  qui  offre  à  la 
fois  un  spectacle  extrordinaire  et  unique." 

Or,  si  on  consulte  la  tradition  et  les  meilleurs 
témoignages  connus,  on  arrive  à  la  conclusion  que 
ce  pin  compte  une  existence  plus  que  séculaire. 

lîocher-aux-Oiseaux  (Iles  de  la  Madeleine) 

Le  Rocher  aux  Oiseaux  qui  forme  partie  de  l'ar- 
chipel de  la  Madeleine  fut  découvert  par  Jacques 
Cartier  le  25  juin  1534.  ''  Le  lendemain  qui  estoit 
le  XXV,  déclare-t-il,  le  temps  fut  encore  fascheux, 
obscur,  et  venteux,  et  navigasmes  une  partie  du  jour 
vers  Ouest,  et  Norouest,  et  le  soir  nous  prismes  le 
trevers  jusques  au  second  quart  que  nous  partismes 
de  là,  et  pour  lors  nous  cogneusmes  par  le  moyen 
de  nostre  quadran  que  nous  estions  vers  Norouest, 
et  un  quart  d'Ouest,  esloignez  de  sept  lieues  et  demie 
du  Cap  S.  Jean,  et  comme  nous  voulûmes  faire  velle, 
le  vent  commença  à  souffler  de  Norouest,  et  pour  ce 
tirasmes  vers  Suest  quinze  lieues,  et  approchasmes 
de  trois  Isles,  desquelles  y  en  avoit  deux  .petites 
droites  comme  vn  mur,  en  sorte  qu'il*  estoit  impos- 
sible d'y  monter  dessus,  et  entre-  icelles  y  a  un  petit 
escueil.  Ces  Isles  estoyent  plus  remplies  d'oiseaux 
que  ne  seroit  un  pré  d'herbe,   lesquels  faisoyent  là 


349 


leurs  nids,  et  en  la  plus  grande  de  ces  Isles  y  en 
avoit  un  monde  de  ceux  que  nous  appellions  Mar- 
gaux  qui  sont  blancs  et  plus  grands  qu'oysons,  et 
estoyent  séparez*  en  vn  canton,  et  en  l'autre  part  y 
avait  des  Godets,  mais  sur  le  rivage  y  avoit  de 
ces  Godets  et  grands  Apponats  semblables  à  ceux 
de  ceste  Isle  dont  nous  avons  fait  mention.  Nous 
descendismes  au  plus  bas  de  la  plus  petite  et  tuasmes 
plus  de  mille  Godets  et  Apponats,  et  en  mismes 
tant  que  voullusmes  en  nos  barques  et  en  eussions 
peu  en  moins  d'une  heure  remplir  trente  semblables 
barques.  Ces  Iles  furent  appelées  du  nom  de  Mar- 
gaux."     (1) 

Rochon,  Canton  (Ottawa) 

L'honorable  M.  Alfred  Rochon,  juge  de  la  Cour 
Supérieure  pour  le  district  d'Ottawa,  ancien  député 
d'Ottawa  à  la  législature  de  Québec. 

Rochville  (Saint- Hyacinthe) 

Le  village  de  Rochville  se  trouve  dans  l'ancienne 
seigneurie  de  Roch  de  Saint-Ours. 

Kock-Forest  (Sherbrooke) 

Le  premier  nom  de  cette  localité  fut  Drop-off,  à 
raison  d'une  descente  d'eau  sur  la  rivière  ^lagog  qui 
formait  une  espèce  de  chute.  En  1870,  on  lui 
substitua  celui  de  Rock-Forest.  Ce  nom  lui  a  été 
donné  parce  que  des  bords  de  la  rivière  Magog  on 
voyait  de  hauts  rochers  entièrement  couverts  d'ar- 
bres formant  une  forêt  sur  le  roc,  Eoch  Forest. 

Rocmont,  Canton  (Québec) 

Rocmont,  mont  à  pierre. 


(1)  Discours  du  voyage. 


350 


En  1628,  le  convoi  destiné  à  la  colonie  naissante 
de  Québec  était  sous  la  conduite  de  M.  de  Roquemont. 
Celui-ci,  au  lieu  de  se  réfugier  dans  un  des  nombreux 
havres  du  golfe  Saint-Laurent,  où  il  pouvait  attendre 
en  sûreté  que  la  flotte  des  Kerth,  fut  partie,  remonta 
le  fleuve,  et  engagea  un  combat  inégal  où  il  perdit 
toute  la  ressource  d'une  colonie  déjà  prête  à  suc- 
comber. 

Kolette,  Cauton  (Montmagny) 

Frédéric  Rolette  se  distingua  en  maintes  circons- 
tances lors  de  l'invasion  américaine  de  1812.  C'est 
lui  qui  pendant  cette  campagne  mémorable  eut 
l'honneur  de  faire  la  première  prise  sur  les  Améri- 
cains. Avec  cinq  Canadiens,  dans  une  petite  cha- 
loupe, il  s'empara  de  la  Cayuga  Packet,  goélette 
armée  de  deux  canons  et  montée  par  une  quarantaine 
d'hommes. 

Komaiue  (Labrador) 

Lors  du  premier  voyage  de  Jacques  Cartier,  en 
1534,  il  y  avait  à  Saint-Malo  et  aux  environs  beau- 
coup de  négociants  engagés  dans  le  commerce  amé- 
ricain du  poisson  et  des  pelletries.  Les  deux  postes 
principaux  où  se  faisait  ce  trafic  étaient  Tadoussac, 
à  l'entrée  du  Saguenay,  et  le  port  de  Brest,  non  loin 
de  Blanc-Sablon,  aujourd'hui  le  Vieux-Fort.  Cartier 
visita  ce  dernier  poste  de  traite,  nomma  fleuve  Saint- 
Jacques  une  jolie  rivière  du  voisinage  (aujourd'hui 
rivière  Saint-Paul),  puis  il  remonta  jusqu'à  Chéca- 
tica,  qu'il  nomma  port  de  Jacques  Cartier. 

''  Là,  dit  le  capitaine  malouin,  on  y  void  des 
hommes  de  belle  taille  et  grandeur,  mais  indomptez 
et  sauvages  :  Ils  portent  les  cheveux:  liez  au  sommet 
de  la  teste,  et  estreins  comme  une  poignée  de  foin,  y 


351 


mettans  au  travers  un  petit  bois  ou  autre  chose  au 
lieu  de  clou  :  et  y  tient  ensemble  quelques  plumes 
d'oiseaux.  Ils  vont  vestus  de  peaux  d'animaux, 
aussi  bien  les  hommes  que  les  femmes,  lesquelles 
sont  toutefois  plus  recluses  et  renfermées  en  leurs 
habits,  et  ceintes  par  le  milieu  du  corps,  ce  que  ne 
sont  pas  les  hommes  :  ils  se  peignent  avec  certaines 
couleurs  rouges. 

Les  Esquimaux  sont  bien  dégénérés.  Pour  toute 
peinture  ils  ont  maintenant  le  brun  de  la  fumée  du 
camp.  Toutefois,  il  y  a  encore  assez  de  vermillon, 
en  quelques  endroits,  pour  que  la  localité  en  prenne 
le  nom.  Ainsi,  il  y  a  sur  la  côte  du  Labrador 
Olomanosheebo  (la  rivière  à  la  peinture).  Mais  nos 
savants  modernes  ont  fardé  le  mot,  et  cartes  et  rap- 
ports disent  :  la  Grande-Romaine,  la  Petite-Romaine. 
Le  mot  sauvage  Oloman  s'est  corrompu  en  Romaine. 

Vraiment,  on  ne  s'attendait  guère  à  voir  les  dames 
romaines  en  cette  affaire  de  vermillon  ou  ocre  rouge, 
à  propos  et  au  niveau  des  dames  esquimales.  (1) 

Koqiietaillacle  (JKTicolet) 

Pierre  Godefroy,  sieur  de  Roquetaillade,  reçut  cette 
seigneurie  en  concession  en  avril  1675  du  gouver- 
neur de  Frontenac. 

Rosaire,  Notre-Dame  du  (Montniagny) 

Notre-Dame  du  Rosaire  date  de  1884.  Comme 
cette  même  année  1884,  Léon  XIII  réveillait  dans 
le  monde  entier  l'excellente  dévotion  du  Rosaire,  le 
cardinal  Taschereau  crut  devoir  placer  la  nouvelle 
mission  sous  le  patronage  de  Notre-Dame  du  Rosaire. 


(1)  Anniles  de  la  propagation  de  la  foi,  juin  1887. 


352 


Ross,  Canton  (Lac  Saint- Jean) 

L'honorable  John-Jones  Ross,  premier  ministre  de 
la  province  de  Québec. 

Kouîjeniont,  Saiut-Micliel  de  (Kouville) 

On  voit  dans  la  Relation,  de  1666,  que  M.  de  Rouge- 
mont,  capitaine  au  régiment  de  Carignan,  était  dans 
l'hiver  de  cette  même  année  1666  commandant  au 
fort  Sainte-Thérèse.  Ce  M.  de  Rougemont  repassa 
en  France  l'année  suivante.  Du  moins,  il  n'est  plus 
mentionné  à  partir  de  la  fin  de  1667. 

Rougemont  n'aurait-il  pas  plutôt  emprunté  son 
nom  au  baron  de  Rottenburg  ?  Le  mot  allemand 
Rottenburg  ou  Rottemburg  se  traduit  par  Rouge- 
mont. 

Kouillard,  Canton  (Témiscouata 

Le  Père  Récollet  Amable-Ambroise  Rouillard  des- 
servit les  missions  de  Rimouski  et  de  Trois-Pistoles 
de  1724  à  1736,  puis  de  1745  à  1768.  Il  se  noya, 
en  juillet'  1763,  près  du  Cap  à  l'Orignal,  en  se  rendant 
à  Rimouski  pour  y  donner  la  mission. 

lloute  Jiistinienne  (Beauce) 

Le  Père  Justinien  (Louis-Alexandre  Constantin) 
demeura  sept  ans  à  la  Beauce.  Il  mourut  à  Saint- 
Joseph  de  la  Beauce  et  il  y  fut  inhumé  par  le  Père 
Didace.  Il  était  agent  du  seigneur  de  Vaudreuil  à 
Saint- François  et  c'est  lui  qui  a  donné  son  nom  à  la 
Route  justinienne  qui  va  de  la  rivière  Chaudière  à  la 
rivière  Etchemin,  depuis  Sainte-Marie  jusqu'à  Saint- 
Henri  de  Lauzon. 

Kouville,  Saint-Jean-Baptiste  de 

C'est  le  18  janvier  1694  que  le  gouverneur  de 


353 


Frontenac  et  l'intendant  Bochart  de  Champigny  con- 
cédèrent à  Jean-Baptiste  Hertel,  sieur  de  Rouville, 
officier  dans  le  détachement  des  troupes  de  la  marine, 
deux  lieues  de  terre  de  front,  avec  une  lieue 
et  demie  de  profondeur,  sur  la  rivière  Richelieu, 
joignant  d'un  côté  la  terre  de  la  seigneurie  de 
Chambly  et  de  l'autre  les  terres  non  concédées. 

Ce  ne  fut  cependant  que  près  d'un  siècle  plus  tard 
que  la  seigneurie  de  Rouville  fut  assez  peuplée  pour 
être  desservie.  En  17-93,  Rouville  fut  formée  en 
paroisse  distincte  sous  le  nom  de  Saint-Jean-Baptiste 
des  Hurons.  Saint  Jean-Baptiste  fut  choisi  comme 
titulaire  de  la  nouvelle  paroisse  en  l'honneur  de  son 
premier  seigneur  Jean-Baptiste  Hertel,  sieur  de  Rou- 
ville. 

Koxaii,  Canton  (Montcalni) 

Le  major-général  Roxan  commanda  les  forces  mili- 
taires de  la  province  de  Québec. 

Koxton  Falls  (Sliefford) 

Roxton  est  un  village  du  comté  de  Bedford,  en 
Angleterre,  tout  près  de  la  rivière  Ouse. 

Koxton  Pond  (Sliefford)      " 

Roxton  Pond  tire  son  nom  du  canton  Roxton  et 
d'un  petit  lac  ou  étang  (pond)  dans  ses  limites. 

Royer,  Canton  (Sagnenay) 

Le  Père  Marie-Josepîi  Royer, Oblat 'de  Marie-Imma- 
culée. 

Ruisseau  à  Morin  (Gaspé) 

A  pris  son  nom  d'une  famille ^Morin  établie  sur 
ses  bords. 
23 


354 


Kiiisseaii  à  Rebours  (Gaspé) 

« 

Les  prêtres  qui  ont  desservi  les  environs  de  cette 
rivière  que  la  carte  de  M.  Taché  désigne  modeste- 
ment sous  le  nom  de  ruisseau  écrivent  rivière 
Arhourg  ou  Arbour.  Il  y  a  à  Percé  un  grand  nombre 
de  familles  qui  portent  ce  nom,  mais  il  n'y  en  a 
aucune  dans  les  environs  de  la  rivière.  Ce  ruisseau 
fait  probablement  quelque  coude  en  revenant  vers  sa 
source,  coulant  à  rebours.     De  là  l'origine  du  nom. 

Ruisseau  Caille  (Chicoutînii) 

En  souvenir  de  François  Guay,  surnommé  on  ne 
sait  pourquoi  Caille,  qui  avait  formé  le  projet  de 
bâtir  un  moulin  sur  ce  ruisseau. 

Ruisseau  du  Manche  d'JEpée  (Gaspé) 

Ce  ruisseau  fut  nommé  ainsi  parce  qu'on  trouva 
sur  le  rivage  un  pommeau  d^épée. 

Riisselltown,  St-Clirysostome  de    (Châteauguay) 

C'est  en  1800  que  William  Waller  arpenta  et  di- 
visa en  lots  la  paroisse  actuelle  de  Saint-Jean  Chry- 
sostome  de  Russelltown.  Il  lui  donna  le  nom  de 
Russelltown  en  l'honneur  d'un  des  enfants  de  M. 
Ellice,  propriétaire  de  la  seigneurie  de  Châteauguay. 

En  1843,  Russelltown  fut  érigé  en  paroisse  sous  le 
vocable  de  Saint  Jean  Chrysostome.  L'évêque  du 
diocèse,  voyant  l'extrémité  sud-ouest  de  son  terri- 
toire entourée  d'ennemis  de  la  foi  catholique,  voulut 
se  ménager  des  protecteurs  puissants  dans  les  titu- 
laires qu'il  donnait  aux  nouvelles  circonscriptions 
de  cette  partie  du  pays.  C'est  la  raison  qui  lui  fit 
mettre  Russelltown  sous  la  protection  de  saint  Jean 
Chrysostome.  Ce  grand  saint,  pensait  l'évêque,  qui 
a  si  bien  défendu  l'église  pendant  sa  vie,  saura  bien 


ODD 


protéger  après  sa  mort  une  paroisse  mise  sous  sa  pro- 
tection. 

Sabrevois,  Sainte-Anne  de  (Tbervllle) 

La  seigneurie  de  Sabrevois  fut  concédée  le  1er 
novembre  1750  à  Christophe  Sabrevois  de  Sermon- 
ville,  lieutenant  dans  les  troupes. 

Saîïard,  Canton  (Cliicoiitimi 

Le  Récollet  Gabriel  Sagard  publia,  en  1636,  un 
ouvrage  intitulé  Histoire  du  Canada  et  voyages  que  les 
Frères  Mineurs  Rêcollets  y  ont  fait  pour  la  conversion 
des  infidèles. 

Saguenay 

Saguenay,  dit  Mgr  Laflèche,  est  un  mot  algonquin 
qui  signifie  eau  qui  sort  (sakinip ;  saki,  sortir  ;  mipif 
eau). 

^'  Le  Père  Laçasse  n'est  pas  de  cette  opinion.  ''  On  a 
prétendu,  dit-il,  que  Saguenay  venait  de  deux  mots 
sauvages  qui  signifiaient  endroit  d^où  Veau  sort^ 
comme  si  l'eau  ne  sortait  pas  de  toutes  les  rivières  ". 

(2) 

Le  Père  Arnaud,  longtemps  missionnaire  dans  la 
région  du  Saguenay,  donne  l'origine  suivante  au 
mot  Saguenay  :  '^  Saguenay,  francisé  de  Shagahnen- 
hi — la  glace  est  percée,  trouée.  Les  eaux  du  Saguenay 
étaient  autrefois  peuplées  de  loup-marins  ;  dans  le 
courant  de  l'hiver  ces  animaux  y  entretenaient  des 
ouvertures  pour  y  respirer.  Après  avoir  pris  leurs 
ébats  dans  l'eau,  ils  en  sortaient  pour  se  réchauffer 
au  soleil.  C'est  sur  la  glace  qu'ils  déposaient  leurs 
petits,  dans  les  mois  de  mars  et  d'avril.  Ces  soupi- 
raux cachés  étaient  toujours  dangereux  aux  voya- 

(2)  L'Opinion  publique,  2  mars  1882. 


356 


geurs  qui  s'aventuraient  sur  la  glace,  en  remontant 
ou  en  descendant  le  fleuve.  Les  premières  années 
que  j'exerçais  le  saint  ministère,  nous  faillîmes,  mes 
compagnons  et  moi,  tomber  dans  ces  pièges  d'un  nou- 
veau genre  ;  un  de  mes  compagnons,  moins  heureux 
que  les  autres,  fut  bien  près  d'y  rester,  nous  ne 
pûmes  l'en  retirer  qu'avec  peine."  (1) 

Le  Père  Lemoine  décompose  ainsi  le  mot  Sague- 
nay  :  Shastuets  shipu,  Tshe-Iùitimiu  shipu,  et  le  tra- 
duit par  "  débordement." 

Saint  Adalbert  (Islet) 

Cette  paroisse  a  été  mise  sous  le  patronage  de 
saint  Adalbert  en  souvenir  de  M.  Adalbert  Blan- 
cliet,  curé  de  Saint-Pamphile,  qui  s'intéressa  à  sa 
fondation. 

Saint-Aclelplie  (Cliaiui>laiii) 

C'est  M.  Adolphe  Dupuis,  curé  de  Sainte-Anne  de 
la  Pérade,  qui,'  planta  ici  la  première  croix  pour 
marquer  la  place  de  l'église.  Mgr  Laflèche  voulait 
lui  faire  le  plaisir  de  donner  son  prénom  à  la 
nouvelle  paroisse,  mais  comme  il  n'y  a  pas  de  saint 
Adolphe  dans  le  Martyrologe  il  la  nomma  Saint- 
Adelphe. 

Saint-Aimé  (Richelieu) 

Le  seigneur  Aimé  Massue  donna  tout  le  terrain 
nécessaire  pour  élever  l'église,  le  collège  et  le  cou- 
vent. On  peut  l'appeler  le  fondateur  de  Saint- Aimé. 

Saint- Alexandre  (Kaniouraska) 

Cette  paroisse  fut  mise  sous  le  patronage  de  saint 
Alexandre  en  l'honneur  de  Mgr  Alexandre-Antonin 
Taché,  archevêque  de  Saint-Boniface. 

(1)  Annales  de  la  propagation  de  la  /oif  février  1880. 


357 


Saint-Alexis  de  la  Grande  Baie  (Cliicoiitinii) 

Saint  Alexis  fut  choisi  comme  titulaire  de  la 
Grande  Baie  à  cause  de  Alexis  Tremblay  (Picoté), 
un  des  premiers  colons  de  cette  paroisse. 

Saint-Ambroise  (Chicoutimi) 

M.  Ambroise  Fafard,  curé  de  la  Baie  Saint-Paul, 
s'occupa  beaucoup  de  la  fondation  de  cette  paroisse. 
L'évêque  de  Chicoutimi  mit  la  nouvelle  paroisse 
sous  le  patronage  de  saint  Ambroise  pour  recon- 
naître le  zèle  et  le  mérite  de  M.  Fafard. 

Saint-André  Avellin  (Ottawa) 

Ainsi  appelé  du  nom  de  André  Trudeau,  arpen- 
teur, neveu  de  Josepli  Papineau,  propriétaire  de  la 
seigneurie  de  la  Petite-Nation.  Trudeau  avait  fait  le 
mesurage  en  lots  d'une  certaine  étendue  de  conces- 
sions qui  constituent  la  paroisse  de  Saint-André 
Avellin. 

Saint-André  de  l'Epouvante  (Lac  Saint- Jean) 

Les  premiers  voyageurs  qui  visitèrent  ce  coin  du 
pa3^s  revinrent  enchantés  et  transportés  de  la  beauté 
de  son  site  et  de  la  bonté  de  son  sol.  Ceux  qui  s'y 
rendirent  ensuite  ne  furent  pas  aussi  enthousiastes 
et  ils  revinrent  en  disant  :  C'est  une  épouvante  qu'on 
nous  a  faite.  * 

Le  premier  colon  de  l'Epouvante  fut  André 
Néron  ;  d'où  le  nom  du  titulaire.  Néron  est  encore 
plein  de  vie  et  demeure  à  Saint-.Jérôme  du  lac  Saint- 
Jean. 

Saint-André  de  Ristij;onclie  (Bouav^entnre) 

En  l'honneur  de  Mgr  André-Albert  Biais,  évêque 
de  Rimouski. 


358 


Saint-Alexandre  (Iberville) 

La  paroisse  de  Saint-Alexandre  est  voisine  de 
celle  de  Saint-Athanase.  Athanase  fut  élevé  au 
diaconat  par  saint  Alexandre,  évêque  d'Alexandrie. 
Ayant  accompagné  son  évêque  au  concile  de  Nicée, 
il  y  confondit  Arius,  dont  les  erreurs  portaient 
atteinte  à  la  divinité  de  Jésus-Christ.  Saint  Alexan- 
dre mourut  l'année  suivante  et  saint  Athanase  le 
remplaça  comme  évêque  d'Alexandrie. 

Saint- Alexis  des  Monts  (3Iaskinongé) 

Cette  paroisse  a  été  placée  sous  le  patronage  de 
saint  Alexis  en  mémoire  de  Alexis  Boulanger  qui  a 
donné  vingt  acres  de  terre  sur  lesquels  l'église  a  été 


Saint-Amable  (Rouville) 

Le  rang  ou  village  Saint- Amable  rappelle  le  sou- 
venir d'un  ancien  curé  de  Saint-Mathias,  M.  Ama- 
ble Prévost. 

Saint-Anselme  (Oorcliester) 

Le  voisinage  de  la  paroisse  de  Saint-Henri  de 
Lauzon  a  pu  être  pour  quelque  chose  dans  le  choix 
du  titulaire  de  cette  paroisse.  Saint  Anselme  fut 
persécuté  par  Henri,  roi  d'Angleterre,  pour  s'être 
conformé  au  décret  du  Saint-Siège  qui  défendait 
l'investiture  des  dignités  ecclésiastiques  par  les 
laïques. 

Saint- Antoine  (Charlevoix) 

M.  Antoine  Parent,  procureur  du  séminaire  de 
Québec,  fit  bien  des  séjours  à  Saint-Urbain  et  il  s'y 
créa  de  nombreux  amis.  C'est  pour  l'honorer  qu'on 
a  nommé  un  rang  de  cette  paroisse  Saint-Antoine. 


359 


Saint-Antoine  de  Tilly  (JLotbInière) 

Le  29  octobre  1672,  l'intendant  Talon  concédait 
au  sieur  de  Villieu,  lieutenant  au  régiment  de  Cari- 
gnan,  l'étendue  des  terres  qui  se  trouvent  sur  le 
fleuve  Saint-Laurent  depuis  les  bornes  de  la  seigneurie 
de  Lauzon  jusqu'à  la  petite  rivière  Talley  dite  de 
Villieu,  icelle  comprise,  sur  une  lieue  et  demie  de 
profondeur. 

Le  31  août  1700,  Claude-Sébastien  de  Villieu, 
écuyer,  capitaine  commandant  une  compagnie  des 
troupes  du  détachement  de  la  marine  entretenue  par 
Sa  Majesté  à  l'Acadie,  qui  avait  acquis  les  droits  de 
son  frère  Pierre  de  Villieu,  vendait  à  Pierre-Noël  le 
Gardeur,  sieur  de  Tilly,  lieutenant  dans  les  troupes 
de  la  marine,  "  la  terre,  fief,  justice  et  seigneurie  de 
Villieu  avec  les  cens,  rentes  et  autres  droits."  La 
seigneurie  de  Villieu  prit  dès  lors  le  nom  de  Tilly. 

Tilly  fut  d'abord  desservi  par  un  Récollet,  le  Père 
Honoré  Hurette.  Il  était  donc  tout  naturel  qu'il  mit 
le  nouveau  temple  sous  le  patronage  de  saint  Antoine 
de  Padoue,  qui  est  un  des  plus  grands  saints  de  l'ordre 
de  saint  François. 

Saint-Antonin  (Téniiscoiiata) 

Nommé  ainsi  en  l'honneur  de  Mgr  Alexandre- 
Antonin  Taché,  archevêque  de  Saint-Boniface.  Une 
autre  opinion  veut  que  ce  soit  M.  Louis-Antonin 
Proulx,  premier  desservant  de  Saint-Antonin,  qu'on 
a  voulu  honorer  ainsi. 

Saint-Arsène  (Témiscouata) 

Cette  paroisse  fut  mise  sous  le  patronage  de  saint 
Arsène  à  la  demande  de  M.  Arsène  Mayrand,  curé 
de  Saint-Zéphirin,  qui  se  trouvait  chez  M.  Benjamin 


360 


Grenier,  curé  de  Cacouna,  lorsque  M.  Proulx,  de 
l'archevêché  de  Québec,  vint  marquer  la  place  de 
l'église  vers  1848. 

Saiiit-Aubert  (Islet) 

La  paroisse  de  Saint- Aubert  a  été  démembrée  de 
Saint-Jean  Port-Joli. 

Cette  paroisse  a  été  placée  sous  le  patronage  de 
saint  Aubert,  évêque  de  Cambrai,  en  l'honneur  de 
Philippe  Aubert  de  Gaspé,  seigneur  de  Saint-Jean 
Port- Joli. 

Saint- Augustin  (Deux-Montag-nes) 

Le  rang  où  se  trouve  l'église  portait  depuis  long- 
temps le  nom  de  côte  Saint- Augustin.  Le  premier 
habitant  de  cette  côte  avait,  parait-il,  le  prénom 
d'Augustin. 

Saint- Augustin  de  Matir  (Portneuf) 

Le  8  septembre  1647,  le  gouverneur  de  Montmagny 
concédait  à  Jean  Juchereau,  sieur  de  Maur,  "  cin- 
cpiante  arpents  de  terres  situées  le  long  du  fleuve 
Saint-Laurent,  proche  Québec."  (1) 

On  croit  que  c'est  en  l'honneur  de  Augustin  Saflray 
de  Mésy,  gouverneur  de  la  Nouvelle-France,  que  la 
seigneurie  de  Maur  fut  mise  sous  le  patronage  de 
saint  Augustin. 

Saint-Benjamin  du  lac  à  Busqué  (Dorcliester) 

Le  lac  à  Busqué  est  situé  sur  les  hauteurs  qui 
séparent  la  Beauce  du  lac  Etchemin.  Son  nom  lui 
vient  d'une  nombreuse  famille  de  Saint-François  de 
la  Beauce  qui,  la  première,  vint  prendre  une  terre 
sur  les  bords  de  cette  belle  nappe  d'eau. 


(1)  Auguste  Béchard,  Histoire  de  Saint- Augustin^  p.  366. 


361 


La  mission  du  lac  à  Busqué  a  été  mise  sous  la  pro- 
tection de  saint  Benjamin  en  l'honneur  de  M.  Benja- 
min Demers,  aujourd'hui  retiré  du  ministère.  M. 
Deniers  prit  une  part  active  à  la  fondation  de  cette 
mission  lorsqu'il  était  curé  de  Saint-François  de  la 
Beauce.  Il  encouragea  fortement  ses  paroissiens  à 
y  établir  leurs  fils. 

Saint-Beruarcl  (Dorcliester) 

Lorsqu'il  fut  question  d'ériger  cette  paroisse,  les 
paroissiens  demandèrent  à  Mgr  Bernard-Claude 
Panet  de  la  mettre  sous  la  protection  de  son  saint 
patron. 

Saint-Bouiface  de  Sliawenegan    (Saint-Maurice) 

Le  décret  canonique  de  l'érection  de  la  paroisse  de 
Saint-Boniface  de  Shawenegan  a  pour  date  le  3 
février  1859.  Il  est  signé  par  Mgr  Thomas  Cooke, 
premier  évêque  de  Trois-Rivières.  On  ne  connait 
pas  au  juste  pourquoi  saint  Boniface  fut  choisi  comme 
patron  de  cette  paroisse.  Mgr  Cooke,  probablement, 
après  avoir  visité  ce  canton  situé  en  partie  dans 
les  montagnes  du  nord,  après  la  constatation  des 
commencements  pénibles  de  la  mission,  alors  en 
pleine  forêt,  prévit  les  peines  et  les  misères  des 
premiers  missionnaires,  et  voulant  choisir  pour  la 
paroisse  un  protecteur  puissant  au  ciel,  il  demanda  à 
saint  Boniface,  le  grand  évêque  missionnaire  de  la 
Germanie,  d'être  le  patron  de  ce  petit  coin  de  terre 
encore  inculte  et  sauvage,  de  le  faire  grandir  et  pros- 
pérer, et  d'y  faire  croître  un  peuple  paisible  et  reli- 
gieux. 

Saint-Bruno  (Clianibly) 

La  paroisse  de  Saint-Bruno  tire  son  nom  de  la 


362 


famille  Bruneau,  qui  était  établie  au  mont  Saint- 
Bruno,  sur  les  bords  enchanteurs  d'un  magnifique 
lac  de  deux  milles  de  long  sur  un  mille  de  large. 

Saint-Bruno  (Lac  Saint- Jean) 

Le  fondateur  de  cette  paroisse  fut  M.  Bruno-E. 
Leclerc,  vicaire-général,  alors  curé  de  Notre-Dame 
d'Hébertville. 

Saint-Calixte  de  Somerset  (3Iég:antic) 

Cette  paroisse  a  été  placée  sous  le  patronage  de 
saint  Calixte,  en  l'honneur  de  Mgr  Calixte  Marquis, 
un  des  premiers  missionnaires  des  cantons  de  l'Est. 

Saînt-Camille  (Bellecliasse) 

Saint  Camille  a  été  nommé  ainsi  à  cause  du  pre- 
mier curé  de  Saint-Magloire,  M.  Camille  Brochu. 

Saint  Casimir  (Portneuf) 

Saint-Casimir  est  un  démembrement  de  Sainte- 
Anne  de  la  Pérade.  Son  nom  lui  vient  d'un  paroissien 
important  de  cette  paroisse,  le  notaire  Casimir  Dury, 
qui  fit  un  don  en  argent  pour  l'érection  de  l'église 
de  la  nouvelle  paroisse. 

Saint-Charles,  Rivière  (Québec) 

La  rivière  Saint-Charles,  que  les  habitants  de 
Québec  appellent  aussi  Petite  Rivière,  vient  du  lac 
Saint-Charles,  qui  n'est  qu'à  environ  quatre  lieues 
de  Québec. 

Les  Montagnais,  au  rapport  de  Sagard,  l'appe- 
laient Cabircoubat,  à  raison,  dit-il,  qu'elle  tourne  et 
fait  plusieurs  pointes. 

Jacques  Cartier  donna  à  la  rivière  Saint-Charles 
le  nom  de  Sainte-Croix,  parce  qu'il  y  arriva  le  jour 


363 


de  TExaltatioii  de  la  sainte  Croix,  le  14  septembre 
1535. 

Champlain  avait  amené  les  Récollets  au  Canada 
en  1615.  Ils  y  étaient  restés  quatorze  ans  ;  et  pen- 
dant ce  temps  ils  avaient  été  les  consolateurs  spiri- 
tuels de  la  petite  colonie  française  et  les  premiers 
missionnaires  des  Sauvages.  On  leur  avait  donné  sur 
les  bords  de  la  rivière  Saint-Charles  une  large  con- 
cession de  terre,  sur  laquelle  ils  avaient  bâti  leur 
monastère  de*  Notre-Dame  des  Anges. 

Le  Père  Denys,  commissaire,  écrivant  à  M.  Charles 
des  Boues,  grand  vicaire  de  Pontoise,  lui  témoigna 
le  désir  qu'il  avait  de  tenir  dans  le  couvent  un 
nombre  de  jeunes  sauvages  pour  les  instruire.  Ce 
monsieur  répondit  à  son  zèle  l'année  suivante,  et  lui 
fit  tenir  200  écus  afin  d'en  faire  les  frais.  Il  le  pria 
de  donner  le  nom  de  saint  Charles  à  ce  séminaire  ; 
c'est  de  là  que  la  petite  rivière  proche  de  Québec 
s'appelle  rivière  Saint-Charles.    (1) 

Saint-Charles  (Bellechasse) 

Le  10  avril  1713,  MM.  de  Vaudreuil  et  Bégon 
concédaient  à  Charles  Couillard,  seigneur  de  Beau- 
mont,  une  augmentation  de  une  lieue  et  demie  de 
profondeur. 

Le  6  août  1748,  le  seigneur  Couillard  ''  voulant 
faciliter  la  bâtisse  d'une  église  pour  l'utilité  des 
habitants  établis  dans  la  profondeur  des  terres  sur  la 
rivière  Boyer,  dans  les  seigneuries  de  Beaumont,  de 
Péan  et  de  la  Martinière,"  donnait  un  arpent  de 
terrain  de  front. 

En  1750,  Mgr  de  Pontbriand,  évêque  de  Québec, 
détachait  une  partie  des  seigneuries  de  Beaumont, 


(1)  Sixte  Le  Tac,  Histoire  chronologique  de  la  Nouvelle- France. 


364 


de  Péaii  et  de  la  Martinière  et  érigeait  canonique- 
ment  une  noiivelle  paroisse,  lui  donnant  pour  patron 
saint  Charles  Borromée,  en  l'honneur  du  généreux 
seigneur  de  Beaumont. 

Saint-Charles  Borromée  (Chicoutinii) 

C'est  de  M.  Charles-S.  Richard,  aujourd'hui  curé 
de  Sainte-Sophie  d'Halifax,  que  Saint-Charles  Bor- 
romée a  reçu  son  nom. 

Saiut-Charles  Borromée  (Joliette) 

Le  23  décembre  1843,  un  décret  canonique  recon- 
naissait la  paroisse  de  l'Industrie  et  la  plaçait  sous 
le  vocable  de  Saint-Charles  Borromée,  patron  de 
madame  Joliette  (née  Charlotte  de  Lanaudière.)    (1) 

Saint  Christophe  (Arthaba«ka) 

Jean-Chrysostome  Marcoux  avait,  avant  1830, 
fait  la  chasse  dans  le  grand  territoire  autrefois  appelé 
les  Bois-Francs.  Ses  compagnons  donnèrent  son 
nom  en  l'abrégeant  en  Christo  à  une  haute  montagne 
C|ui  se  trouve  dans  le  canton  d'Arthabaska,  sur  les 
bords  de  la  rivière  Nicolet. 

Le  fondateur  de  la  paroisse  de  Saint-Christophe 
d'Arthabaska,  Charles  Beauchêne  allait,  le  18  mars 
1835,  planter  sa  tente  sur  les  bords  de  la  rivière 
Nicolet,  à  dix  arpents  environ  de  l'église  paroissiale 
aujourd'hui  bâtie  sur  le  versant  du  mont  Christo. 
C'est  ce  qui  a  valu  à  la  paroisse  le  choix  du  patron 
dont  elle  porte  le  nom.   (2) 

Saint-Claude  de  Cleveland  (Klchuioud) 

Cet  endroit  était  connu  autrefois  sous  le  nom  de 
Greenshields,  en  mémoire  d'un  nommé  Greenshields, 


(1)  Revue  ecclésiastique^  vol.  XVI,  p.  46. 

(2)  Mgr  Suzor,  Notes  .sur  Saint- Chri'itophe  d'Arthabaska. 


365 


de  Danville,  qui  avait  fait  construire  un  moulin  à 
scie,  au  milieu  de  la  petite  colonie  canadienne  qui 
était  venue  s'établir  là,  sur  des  terres  nouvelles. 

Dans  l'été  de  1890,  Mgr  Racine,  évêque  de  Sher- 
brooke, recevait  la  visite  de  Dom  Paul  Benoit,  cha- 
noine régulier  de  l'Immaculée  Conception,  origi- 
naire du  diocèse  de  Saint-Claude,  Jura,  France.  Dom 
Benoit  offrit  à  Mgr  Racine  une  Vie  de  saint  Claude, 
archevêque  de  Besançon,  dont  il  était  l'auteur.  La 
lecture  de  la  vie  de  ce  grand  saint  intéressa  telle- 
ment Mgr  Racine,  qu'il  résolut  de  nommer  la  nou- 
velle mission  qu'il  fondait  à  Greenshields  :  Saint- 
Claude. 

Saint-Clément  (Beauliarnois) 

Beauharnois  fut  mis  sous  le  patronage  de  saint 
Clément  parce  que  son  premier  desservant  fut  M. 
Pierre  Clément. 

Saint  Cléophas  (Bertiiier) 

C'est  quelques  jours  seulement  avant  sa  mort  C{ue 
Mgr  Fabre  donna  le  nom  de  Saint-Cléophas  à  la 
nouvelle  paroisse  formée  d'une  partie  de  Saint-Félix 
de  Valois.  L'archevêque  de  Montréal  n'ignorait  pas 
les  prières  qui  de  toutes  les  parties  du  pays  mon- 
taient au  ciel  pour  obtenir  sa  guérison.  Lui-même 
avait  demandé  que  le  Saint-Sacrement  fut  exposé 
tous  les  jours  à  tour  de  rôle  dans  quelqu'une  des 
églises  du  diocèse. 

Comptant  encore  sur  la  puissance  du  miracle,  les 
prêtres  de  son  entourage  avaient  entrepris  de  faire 
une  nouvelle  violence  au  ciel.  Personne  n'ignore 
la  vertu  merveilleuse  du  Saint  Enfant  Jésus  de 
Prague  et  les  prodiges  vraiment  extraordinaire 
dûs  à  son  invocation.     Ils  résolurent  de  faire  une 


o 


66 


neuvaiiie  en  son  honneur.  Tous  les  soirs  donc>  ils 
se  réunissaient  autour  du  chevet  de  l'auguste  mou- 
rant, et  adressaient  au  Divin  Enfant  les  plus  vives 
supplications. 

C'est  pend  ant  cet  intervalle  qu'on  lui  demanda 
quel  patron  il  vo  niait  donner  à  la  paroisse  en  projet, 
et  le  vénéré  prélat  répondit  :  "  L'un  des  disciples  à 
qui  Jésus  apparut  après  sa  résurrection  sur  le  chemin 
d'Emmaùs,  s'appelait  Cléophas.  C'est  lui,  qui,  lors- 
que le  Sauveur  voulut  les  quitter,  prononça  ces  belles 
paroles  :  3Iane  nobiscum,  Domine  (Seigneur  demeu- 
rez avec  nous).  En  ce  moment  vous  dites  vous 
aussi,  Mane  nobiscum,  Domine.  Je  serais  heureux  que 
le  nom  du  pieux  disciple  Cléophas  fut  donné  à  la 
paroisse  nouvelle  et  que  dans  l'église  un  autel  fut 
dédié  au  Saint  Enfant  Jésus  de  Prague."  (1) 

Saint  Cœur  de  3Iarie  (Beaucc) 

La  paroisse  de  Saint-Cœur  de  Marie  porta  à  l'origine 
le  nom  de  Saint-Mathias.  M.  Alphonse  Pelletier, 
désirant  consacrer  cette  mission  à  la  sainte  Vierge, 
demanda  à  feu  ^Igr  Cazeau  la  permission  de  changer 
le  nom  de  Saint-Mathias  en  celui  de  Saint-Cœur  de 
Marie.  Mgr  Cazeau  répondit  que  ce  changement  ne 
pouvait  se  faire  sans  une  raison  canonique.  M. 
Joseph  Hudon,  vicaire  à  Notre-Dame  de  Lévis, 
informa,  sur  les  entrefaites,  M.  Pelletier,  qu'une  per- 
sonne charitable  l'avait  prié  de  remettre  une  certaine 
somme  d'argent  à  une  paroisse  consacrée  au  Saint- 
Cœur  de  Jésus  ou  de  Marie.  Ce  don  engagea  Mgr 
Cazeau  à  permettre  le  changement  de  nom. 


(1)  Semaine  Religieuse  de  MontrécUf  20  février  1897. 


o 


67 


Sain  t-Colonibîin  (Deux-Montagnes) 

Cette  paroisse  fut  placée  sous  le  patronage  de  saint 
Colomban  parce  que  ses  premiers  habitants  étaient 
Irlandais.    Saint  Colomban  était  d'origine  irlandaise. 

Saînt-Côme  (Joliette) 

Saint  Côme  était  médecin.  Cette  paroisse  est  très 
éloignée  des  médecins  de  la  terre  et  on  a  voulu, 
parait-il,  en  la  mettant  sous  le  patronage  de  saint 
Côme,  médecin  du  ciel,  compenser  les  inconvénients 
de  l'absence  des  médecins  de  la  terre.  Il  n'est  pas 
impossible,  non  plus,  que  le  voisinage  de  la  paroisse 
de  Saint-Damien  ait  eu  quelque  rapport  avec  le  choix 
du  titulaire.  Saint  Côme  et  saint  Damien  étaient 
frères  et  médecins.     Tous  deux  subirent  le  martyre. 

Saiut-Côme  de  Kénébec  (Beaiice) 

Saint-Côme  de  Kénébec  se  trouve  dans  les  cantons 
Linière  et  Jersey,  à  dix  milles  de  Saint-Georges  et  à 
vingt  milles  de  la  frontière  américaine.  Le  grand 
chemin  Kénébec,  qui  part  de  la  ligne  qui  sépare  là 
le  canton  Linière  de  la  seigneurie  Aubert-Gallion  et 
conduit  à  la  rivière  Kénébec  dans  l'état  du  Maine, 
passe  au  milieu  de  la  paroisse. 

Saint-Constant  (Laprairie) 

C'est  Constant  Cartier  qui  a  valu  à  cette  paroisse 
son  nom  de  Saint-Constant. 

Saint-Cvitlibert  (Berthier) 

En  1765,  M.  Courthiau,  seigneur  de  Berthier, 
donnait  aux  habitants  de  la  Rivière-du-Chicot  un 
terrain  d'un  arpent  et  demi  de  front  sur  six  de  pro- 
fondeur pour  y  élever  une  église  et  un  presbytère. 


368 


En  1766,  M.  James  Cuthbert,  qui  était  devenu 
dans  l'intervalle  propriétaire  de  la  seigneurie  de 
Berthier,  fit  don  au  missionnaire  Kerberio  et  à  Jean- 
Baptiste  Brisset  et  Joseph  Neuville,  marguilliers  de 
l'œuvre  et  fabrique  de  la  nouvelle  église,  d'un  terrain 
de  trente-quatre  arpents,  à  ajouter  aux  six  déjà 
donnés,  à  condition  que  l'église  qu'on  y  bâtirait  serait 
dédiée  à  saint  Cuthbert  et  que  la  paroisse  prendrait 
le  nom  de  Saint-Cuthbert. 

Saint-Cyprieii  (Téiuiscoiiata) 

En  rhomieur  de  M.  Cyprien  Gagné,  curé  de  Saint- 
Paul  de  la  Croix,  et  desservant  de  Saint-Clément  et 
du  canton  Hocquart. 

Saint-Cyriaqiie  (Cliicoiitimi) 

Le  premier  habitant  de  cette  paroisse  fut  un  vieux 
montagnais  connu  sous  le  nom  de  Cyriaque. 

Saint-Damase  (Saint-Hyacinthe) 

C'est  M.  Damase  Ricard,  curé  de  la  paroisse  de  la 
Présentation,  qui  a  donné  son  nom  à  cette  paroisse. 

Saint-Damase  de  MacXider  (Matane) 

Saint-Damase  est  un  démembrement  de  Notre- 
Dame  de  l'Assomption  de  MacNider. 

Son  fondateur  fut  M.  Damase  Morisset,  curé  de 
Notre-Dame  de  l'Assomption  de  MacNidei\ 

Saint-Damase  dés  Aulnaies  (Islec) 

Saint-Damase  des  Aulnaies  a  été  formée  des 
cinquième  et  sixième  rangs  de  Sainte-Louise  et  du 
quatrième  rang  de  Saint- Aubert.  Saint-Damase  a  été 
nommée  ainsi  en  l'honneur  de  Damase  Ouellet, 
cultivateur  à  l'aise  dans  la  maison  duquel  la  messe 
fut  dite  de  1881  à  1885. 

I 


369 


Saint-David  (Yamaska) 

Le  premier  colon  de  cette  paroisse  portait,  paraît- 
il,  le  nom  de  David. 

Saint  David  de  Lan l)e rivière  (Lévis) 

C'est  le  21  août  1875  que  fut  lancé  le  décret  éri- 
geant canoniquement  Saint-David  de  Lauberivière. 
La  paroisse  nouvelle  devait  porter  le  nom  de  Saint- 
David  de  Lauberivière  (et  non  de  l' Aube-Rivière 
ainsi  qu'on  l'écrit  souvent).  On  avait  projeté, 
d'abord  de  l'appeler  Saint-David  de  Daulac.  Il 
est  dit  au  rapport  des  commissaires  que  l'assem- 
blée des  francs- tenanciers  "  demanda  ardemment 
et  respectueusement  que  le  patron  de  la  nou- 
velle paroisse  fut  saint  David,  par  amour,  respect  et 
reconnaissance  envers  M.  David  Déziel,  leur  vénéré 
et  zélé  pasteur  actuel  ".  "  Nous  avons  cru,  ajoutent 
encore  les  commissaires,  qu'un  nom  peut-être  trop 
oublié  mais  illustre  et  vénérable  dans  l'histoire  des 
commencements  de  notre  pays  pourrait  être  tiré  de 
l'oubli  en  l'ajoutant  à  celui  de  Saint-David  comme 
nom  civil  de  la  future  paroisse,  nous  voulons  dire 
celui  du  cinquième  évêque  de  Québec,  mort  en 
odeur  de  sainteté,  Mgr  de  Lauberivière,  de  sorte  que 
la  nouvelle  paroisse  s'appellerait  Saint- David  de 
Lauberivière." 

Saint-Denis  de  la  Bouteillerie  (Kumouraska) 

Saint-Denis  de  la  Bouteillerie  est  située  dans  les 
seigneuries  de  la  Bouteillerie,  de  Saint-Denis  et  de 
Kamouraska. 

Le  fief  Saint-Denis  fut  concédé  le  12  mai  1679  à 
Nicolas  Juchereau  de  Saint-Denis,  pour  et  au  nom  de 
son  fils  Joseph  Juchereau  de  Saint-Denis. 
24 


370 


Lorsque  la  paroisse  fut  érigée  canoniquement,  les 
autorités  ecclésiastiques,  par  respect  pour  la  mémoire 
du  premier  concessionnaire  du  fief  dans  lequel  elle 
était  située,  la  mirent  sous  la  protection  de  saint 
Denis  d'Alexandrie.  Des  autorités  respectables  pré- 
tendent cependant,  qu'elle  a  été  nommée  ainsi  en 
l'honneur  de  Denis  Blanchet,  fils  de  François,  sei- 
gneur de  la  Bouteillerie. 

Saint-Deuis  de  Riclielieu  (Saint-Hyacintlie) 

La  paroisse  de  Saint-Denis,  qui  a  compris  jusqu'à 
1849  tout  le  territoire  de  la  seigneurie  du  même  nom, 
a  commencé  a  être  colonisé  en  1720. 

Dès  1694,  elle  avait  été  taillée  dans  la  forêt  de  la 
rive  droite  du  Richelieu,  à  six  lieues  plus  haut  que 
Sorel,  et  concédée  à  titre  de  fief  et  seigneurie  à  Louis 
de  Gannes,  écuyer,  sieur  de  Falaise,  lieutenant  d'une 
compagnie  du  détachement  de  la  marine  en  ce  pays, 
mais  les  guerres  contre  les  Sauvages  et  les  Anglais 
en  avaient  retardé  l'occupation. 

C'est  en  l'honneur  de  son  épouse.  Barbe  Denis, 
que  le  nouveau  seigneur  appela  sa  concession  du 
nom  de  Saint-Denis. 

Lorsque  la  paroisse  fut  érigée  canoniquement,  pour 
la  même  raison,  l'autorité  religieuse  la  mit  sous  le 
patronage  de  saint  Denis. 

Saint- Désiré  du  Lac  Noir  (Mégantic) 

Le  premier  missionnaire  du  Lac  Noir  (Black  Lake) 
fut  M.  Désiré  Jobin.  C'est  en  son  honneur  que  la 
nouvelle  misssion  reçut  pour  titulaire  saint  Désiré, 
martyr. 

Saint-Dominique  (Soulangres) 

Ce  village  assez  considérable  a  été  nommé  ainsi  à 
cause  du  colonel  Dominique  de  Longueuil. 


371 


Saint-Dominique  (Bagot) 

La  paroisse  de  Saint-Dominique  a  été  détachée  de 
la  paroisse  de  Notre-Dame  du  Rosaire. 

Saint- Du  ustan  du  lac  Beau  port  (Québec) 

On  a  donné  saint  Dunstan  comme  titulaire  à  cette 
paroisse  parce  qu'elle  fut  peuplée,  à  l'origine,  de 
colons  anglais  et  irlandais.  Saint  Dunstan  a  été 
évêque  de  Londres  et  archevêque  de  Cantorbéry.  Il 
prédit  aux  Anglais  l'invasion  de  Suénon,  roi  des 
Danois. 

Saint- Edmond  (Bertliier) 

M.  Edmond  Moreau,  curé  de  Saint-Barthélémy, 
obtint  en  1889  le  démembrement  du  haut  de  sa  pa- 
roisse, et  il  demanda  à  Mgr  Fabre,  archevêque  de 
Montréal,  de  donner  à  la  partie  démembrée,  le  nom 
de  son  patron,  saint  Edmond,  archevêque  de  Can- 
torbéry. 

Saint -Edmond  (Lotbinière) 

Cette  mission  a  été  placée  sous  le  patronage  de 
saint  Edmond  en  l'honneur  de  M.  Edmond  Joly 
de  Lotbinière,  avocat,  fils  de  sir  H.-E.  Joly  de 
Lotbinière,  qui  a  fait  beaucoup  pour  son  établisse- 
ment. 

Saint-Edmond  (Kimouski) 

La  mission  de  Saint-Edmond  sur  les  bords  du  lac 
aux  Saumons  a  été  nommée  ainsi  en  souvenir  de 
Mgr  Edmond  Langevin,  gra  nd  vicaire  du  diocèse  de 
Rimouski. 

Saint- Edouard  (Montréal) 

Nommée  ainsi  à  la  demande  des  paroissiens  parce 
qu'ils  avaient  décidé  la  construction  de  l'église  le 


372 


jour  de  la  fête  de  ce  saint  et  en  l'honneur  de  Mgr 
Edouard-Charles  Fabre,  archevêque  de  Montréal. 

Saint -Edouard  de  la  Kivière  Boisclair  L<otbinière) 

La  paroisse  de  Saint-Edouard  a  été  érigée  canoni- 
quement  le  24  septembre  1862  par  Mgr  Baillargeon, 
évêque  de  Tloa  et  administrateur  de  l'archidiocèse 
de  Québec,  sous  le  patronage  de  saint  Edouard  le 
Confesseur,  roi  d'Angleterre,  en  souvenir  de  M. 
Edouard  Faucher,  curé  de  Lotbinière,  son  fonda- 
teur. 

Saint- Eleut hère  (Kaniouraska) 

Saint-Eleuthère  est  un  démembrement  de  Saint- 
Denis  de  la  Bouteillerie.  On  sait  que  saint  Eleuthère 
subit  le  martyre  en  même  temps  que  saint  Denis. 

Saint- Eloi  (Témiscoiiata 

Saint-Eloi  a  été  formée  des  seconde,  troisième  et 
quatrième  concessions  de  Trois-Pistoles  et  de  l'Isle- 
Verte.  Cette  paroisse  reçut  pour  titulaire  saint  Eloi 
en  l'honneur  de  Eloi  Eioux,  seigneur  de  Trois- 
Pistoles. 

Saint-Elphège  (Yaniaska) 

En  l'honneur  de  Mgr  Elphège  Gravel,  premier 
évêque  de  Nicolet. 

Saint-Elzéar  (Beaiice 

Saint-Elzéar  rappelle  le  souvenir  du  seigneur 
Elzéar  Duchesnay. 

Salnt-Elzéar  (Laval 

Le  rang  où  on  a  placé  l'église  portait  le  nom  de 
rang  Saint-Elzéar. 


373 


Saint -Eplirem  de  Tring-  (Beauce) 

Saint  Ephrem  a  été  choisi  comme  titulaire  de  cette 
paroisse  en  l'honneur  de  M.  Ephrem  Proulx,  notaire, 
qui  gratifia  la  fabrique  d'une  i terre  de  cinquante 
acres  sur  laquelle  on  a  construit  les  édifices  religieux 

Saint-Esprit  (3Iontcalni) 

La  paroisse  de  Saint-Esprit  fut  démembrée  dé 
Saint-Roch  de  l'Achigan.  Cette  paroisse  eut  d'abord 
pour  titulaire  saint  Ours  (martyr  honoré  le  7 
septembre)  en  considération  de  M.  Roch  de  Saint- 
Ours,  le  seigneur  de  cette  partie  de  la  seigneurie  de 
Lachenaie.  Mais  comme  l'église  était  bâtie  sur  une 
petite  rivière,  dite  du  Saint-Esprit,  et  que  la  paroisse 
était  connue  sous  le  nom  de  Saint-Esprit,  Mgr 
Lartigue  donna  la  Pentecôte  pour  fête  titulaire  ;  ce 
qui  lui  consacra  le  nom  de  Saint-Esprit  qu'elle  avait 
déjà. 

Saint-Etienne  de  Lanzon  (Lévis) 

C'est  le  26  octobre  1858  que  la  paroisse  de  Saint- 
Etienne  a  été  érigée  canoniquement.    On  lui  donna 
saint   Etienne   pour   titulaire   en   l'honneur   de  M 
Etienne  Baillargeon,  curé  de  Saint-Nicolas,  dont  la 
nouvelle  paroisse  avait  jusqu'alors  fait  partie. 

Saint-Eugène  (Islet) 

Cette  paroisse  fut  mise  sous  le  patronage  de  saint 
Eugène  en  souvenir  de  Eugène  Casgrain,  seigneur 
de  rislet. 

Saint-Eustaclie  (Deiix-Montagnes) 

Pour  rappeler  le  souvenir  de  Eustache  Lambert, 
sieur  Du  Mont,  seigneur  des  Mille-Iles. 


374 


Saint-Eustaclie  (Lotbinière) 

Cette  concession  de  Saint-Louis  de  Lotbinière  a 
emprunté  son  nom  de  Eustache  ChartierJ  de  Lotbi- 
nière. 

Saint-Evagre  de  la  Fivière  Claude  (Gaspé) 

La  rivière  Claude  "est  située  à  trois  lieues  plus  haut 
que  Saint-Maxime  du  Mont-Louis.  Saint  Evagre  a 
été  donné  pour  titulaire  à  la  mission  de  la  Rivière- 
Claude  pour  rappeler  la  mémoire  de  M.  Evagre  Côté, 
missionnaire  du  Mont-Louis,  qui  se  noya  dans  cette 
rivière  le  4  juin  1875. 

Saiiit-Faustin  (Terrebonue) 

Les  paroisses  de  Saint-Faustin  et  de  Saint-Jovite 
sont  voisines. 

Faustin  et  Jovite,  nobles  Bresciens,  étaient  frères. 
Arrêtés  comme  chrétiens,  sous  la  persécution  de 
Trajan,  ils  souffrirent  les  plus  cruels  supplices  dans 
plusieurs  villes  d'Italie,  entre  autres  à  Brescia,  à 
Milan,  à  Rome,  à  Naples.  Ils  demeurèrent  jusqu'à 
la  fin  inébranlables  dans  leur  foi.  Enfin  les  deux 
frères  ramenés  à  Brescia  furent  frappés  de  la  hache 
et  reçurent  la  couronne  du  martyre.  On  cite  saint 
Faustin  et  saint  Jovite  comme  des  modèles  d'union 
entre  frères. 

Saint-Félicien  (Liac  Saint  Jean) 

Les  paroisses  de  Saint-Prime  et  de  Saint-Félicien 
sont  voisines. 

Prime  et  Félicien,  deux  frères,  accusés,  pendant 
la  persécution  de  Dioclétien  et  de  Maximien,  de  pro- 
fesser la  religion  chrétienne,  sont  jetés  dans  les  fers. 
Un  ange  les  délivre  et  leur  rend  la  liberté.  On  les 
arrête  de  nouveau  et  on  les  sépare.     Félicien,  attaché 


375 


par  les  pieds  et  par  les  mains  à  un  tronc  d'arbre,  y 
reste  suspendu  pendant  trois  jours  sans  boire  ni 
manger.  Pendant  ce  temps,  le  préteur  fait  venir 
Prime,  et  lui  dit  : — "  Votre  frère  s'est  soumis  aux 
empereurs,  et  le  voilà  comblé  d'honneurs.  Faites 
comme  lui,  et  vous  serez  traité  de  même  ". — Je  sais, 
comment  s'est  conduit  mon  frère,  répond  le  coura- 
geux chrétien.  Puissé-je  n'être  pas  séparé  de  lui 
dans  le  martyre!  "  Le  magistrat,  irrité,  lui  fait  subir 
plusieurs  supplices  devant  son  frère,  puis  il  ordonne 
qu'on  lui  verse  du  plomb  fondu  dans  la  bouche. 
Ensuite  les  deux  frères  sont  conduits  dans  l'arène, 
et  on  lâche  contre  eux  deux  lions  qui  se  couchent  à 
leurs  pieds  et  les  caressent  à  l'envi.  Plus  de  douze 
mille  hommes  étaient  présents  à  ce  spectacle  :  cinq 
cents  embrassèrent  la  religion  chrétienne.  Très 
ému  de  tous  ces  prodiges,  le  préteur  fît  trancher  la 
tête  aux  martyrs.   (1) 

Saint  Feréol  (Montmorency) 

La  paroisse  de  Saint-Feréol  doit  son  nom  à  M. 
Jean  Lyon  de  Saint-Ferréol,  docteur  de  Sorbonne, 
supérieur  du  séminaire  de  Québec,  et  sixième  curé 
de  Québec.  M.  de  Saint-Ferréol  orthographiait  son 
nom  Ferréol  et  Feréol. 

Saint-Fidèle  Cliarlevoix) 

Saint- Fidèle  a  été  nommé  ainsi  par  Mgr  Baillar- 
geon,  archevêque  de  Québec,  en  l'honneur  de  son 
premier  curé,  M.  Fidèle  Morissette. 

Saint  Fidèle  de  Signiaringa  (Bonaventitre) 

Cette  mission  a  été  fondée  par  les  Capucins  de 
Ristigouche.     Saint  Fidèle  est  un  saint  de  leur  ordre, 

(1)  Mgr  Paul  Guérin,  Vie  des  Saints. 


376 


premier  martyr  des  missions  instituées  par  la  Sacré 
Congrégation  de  la  Propagande. 

Sigmaringa  ou  Sigmaringen  est  la  patrie  de  saint 
Fidèle,  en  Bavière. 

Saint  Flavieii  (Lotbiiiière) 

En  l'honneur  de  ^Igr  Flavien  Turgeon,  archevêque 
de  Québec. 

Saint-Flavieii  (Cliarlevoix) 

Cette  concession  de  la  paroisse  de  Saint-Urbain  a 
aussi  emprunté  son  nom  de  ^Igr  Flavien  Turgeon. 

îSaint  François  (Beaiice) 

En  1765,  on  donnait  déjà  le  nom  de  Saint-François 
d'Assises  à  la  seigneurie  de  Rigaud-Yaudreuil.  Ce 
nom  de  Saint-François  dût  naturellement  s'imposer 
par  respect  pour  le  seigneur  de  Vaudreuil  qui  portait 
ce  nom  de  baptême,  ou  bien  encore  en  souvenir  du 
premier  missionnaire,  François  Carpentier. 

Saint-François,  Rivière 

"  La  rivière  Saint-François,  dit  M.  J.-C.  Saint- 
Amant,  tire  son  nom  d'une  ancienne  famille  cana- 
dienne-française les  de  Saint-François,  seisjneurs  de 
Saint-François  du  Lac,  où  la  rivière  tombe  dans  cet 
élargissement  du  fleuve  Satnt-Laurent  appelé  le  lac 
Saint-Pierre."  (1) 

Ce  n'est  pas  l'opinion  de  M.  l'abbé  Maurault. 

''  Cette  rivière,  écrit-il,  a  reçu  son  nom  de  la  paroisse 
de  Saint-François,  établie  en  1687.  Quelques-uns 
ont  pensé  que  ce  nom  vient  de  la  famille  des  Saint- 
François.  C'est  une  erreur.  Cette  famille  a  reçu 
elle-même  ce  nom  de  la  paroisse  de  Saint-François  ; 


(1)  Jj  Avenir,  p,  10. 


377 


son  véritable  nom  est  Crevier.     La  rivière  a  porté  le 
nom  de  Saint-François  avant  la  famille  Crevier."  (1) 

Salut-Fraiiçois  de  l*île  d'Orléans  (Moutnioreiicy) 

Saint-François  a  dû  être  dédiée  à  saint  François 
de  Salles  en  l'honneur  de  François  Berthelot,  con- 
seiller de  Paris,  secrétaire  des  commandements  de  la 
Daupliine,  et  secrétaire-général  de  l'artillerie,  pou- 
dres et  salpêtres  de  France,  seigneur  de  l'île  d'Or- 
léans, lors  de  l'érection  de  cette  paroisse. 

Saint-François  d'Assises  (Bonaventure) 

Saint-François  d'Assises  fut  fondée  par  M.  Fran- 
çois Cinq-Mars,  curé  de  Saint- Alexis  de  Matapédiac. 
Il  obtint  qu'elle  fut  mise  sous  le  patronage  de  saint 
François  d'Assises  parce  que  ce  saint  était  son  patron. 

Saint-François  du  Lac  (Yamaska) 

"  Le  nom  de  Saint-François  s'est  conservé  sans 
interruption,  depuis  1638,  tout  en  se  modifiant 
quelque  peu  de  temps  à  autre.  D'abord,  ce  fut  Saint- 
François  tout  court  ;  puis  Saint-François-des-Prés  ; 
ensuite  Saint-François-Xavier  qui  est  le  vocable  de 
la  paroisse.  Dans  certains  actes  des  anciens  notaires 
on  lit  "  Saint-François  sur  le  lac  Saint-Pierre."  La 
coutume  populaire  était  de  dire  ''  Saint-François-du- 
Lac  "  ;  c'est  aujourd'hui  le  nom  légal. 

''  On  a  prétendu  que  le  nom  de  la  rivière  Saint- 
François  venait  d'un  fils  de  Pierre  Boucher,  gou- 
verneur des  Trois-Rivières.  Boucher  n'a  pas  eu 
d'enfant  du  nom  de  François. 

"  D'autres  veulent  qu'il  s'explique  par  celui  de 
François  Crevier  ;  or  François,  fils  de  Christophe 
Crevier,  né  en  1640  et  tué  tout  enfant,  en  1653,  par 

(1)  Histoire  des  AbénaJci'>f  p.  272. 


378 


les  Iroquois,  n'a  rien  eu  à  faire  avec  les^  terres  des 
bords  du  lac  Saint-Pierre.  Les  seigneurs  Boucher 
et  Crevier  n'ont  possédé  Saint-François  que  vingt 
ans  après  l'adoption  du  nom  de  ces  lieux,  comme  on 
peut  ^'en  convaincre  aisément. 

''  Les  Jésuites  avaient  donné  à  la  grande  île  du 
lac  Saint-Pierre  le  nom  de  Saint-Ignace  en  mémoire 
d'Ignace  de  Loyola,  fondateur  de  leur  ordre,  et  ils 
peuvent  avoir  nommé  la  rivière  du  nom  de  Saint- 
François  pour  honorer  saint  François-Xavier,  leur 
plus  grand  apôtre  ;  cependant  nous  ne  pouvons 
nous  empêcher  de  croire  qu'il  s'agit  plutôt  de  Fran- 
çois de  Lauzon,  puisque  sa  seigneurie  de  la  Citière 
était  bornée  par  ce  cours  d'eau. 

'*  La  rivière  qui  a  donné  son  nom  à  la  paroisse 
de  Saint-François  du  Lac  avait  reçu  des  Abénakis, 
lors  de  leur  établissement  sur  ses  bords  en  1680,  le 
nom  de  Âlsiganteku.  D'après  l'abbé  Maurault,  long- 
temps curé  de  Saint-François  du  Lac,  les  Abénakis 
remarquèrent  dans  la  rivière  une  grande  quantité  de 
plantes  qu'ils  appelaient  Alsial;  de  là  ils  la  nommè- 
rent Alsiganteku,  ''rivière  aux  herbes  traînantes."  (1) 

*'  D'un  autre  côté,  les  Sauvages,  d'après  M.  Henri 
Vassal,  prétendent  que  alsigantegou  signifie  "  rivière 
aux  coquilles  "  ;  il  y  a  toujours  eu  beaucoup  de 
coquillages  ou  huîtres  d'eau  douce  dans  ce  cours 
d'eau,  de  là  la  raison  de  ce  nom.  (2) 
.  ''  Mais  le  Père  Joseph  Aubéry,  la  meilleure  auto- 
rité sur  ce  sujet,  est  très  clair  et  tranche  la  question, 
dans  son  dictionnaire,  composé  durant  le  premier 
tiers  du  dix-huitième  siècle.     Au  mot  Ârsi,  il  met  : 


(1)  L'abbé  Maurault,  Histoire  des  Abénakis. 

(2)  Rapport  de  M.  Henri  Vassal,  bureau  des  Sauvages,  1884. 


379 


''  ArsikantegS,    rivière  où  il  n'y    a  plus  personne. 
C'est  la  rivière  Saint-François." 

"  M.  de  Catalogne  tenait  un  journal  ou  mémoire 
des  événements  qui  se  passaient  sous  ses  yeux  ;  en 
1697,  il  note  que  les  Abénakis  venaient  s'établir  à 
Saint-François.  Le  nombre  de  ces  Sauvages  aug- 
menta dans  ce  lieu  au  cours  des  années  1698-1700. 
Une  bourgade  abénakise  y  avait  existé,  à  partir  de 
1684  et  elle  s'était  probablement  dispersée  entre  les 
années  1690  et  1693.  Alors  ceux  qui  revenaient  s'y 
établir  en  1697-1700  pouvaient  bien  nommer  l'en- 
droit :  "  Rivière  où  il  n'y  a  plus  personne  " — c'est-à- 
dire  "  personne  de  nos  gens,  les  Abénakis." 

"  Heste  à  savoir  pourquoi  le  mot  alsigantekit  ou 
arsikanteg8  s'interprète  de  trois  manières  si  différen- 
tes. C'est  probablement  parce  que,  à  tour  de  rôle, 
on  a  fait  traduire  ces  expressions  par  des  Sauvages 
étrangers  à  la  langue  d'où  elles  sortent. 

"  Le  juge  Gill,  qui  a  étudié  le  dictionnaire  du 
Père  Aubéry,  explique  ainsi  la  composition  du  mot 
arsikantegS  :  "  Ârsi  est  traduit  en  latin  par  vacuitar, 
vide,  Kan,  ajouté  après  un  autre  mot  qui  se  prête  à 
ce  sens,  veut  dire  cabane,  maison,  tteg8  (prononcez 
tegou)  c'est  une  rivière.  Littéralement,  le  sens  est 
donc  :  rivière  à  la  cabane  vide,  ou  encore  :  rivière  où 
la  cabane  est  vide,  ou  bien  :  rivière  où  les  maisons 
sont  vides.  En  conséquence,  le  Père  Aubéry  met  : 
**  rivière  où  il  n'y  a  plus  personne." 

Saîiit-François-Xavier  (Téiuiscoiiata) 

C'est  M.  François-Xavier-Ludger  Biais,  curé  de 
Saint-Patrice  de  la  Rivière-du-Loup  qui  a  fondé  cette 
paroisse. 


380 


Saint-Frédéric  (Beauce) 

Saint  Frédéric,  évêque  d'Utrecht  et  martyr,  dont 
la  fête  se  célèbre  le  18  juillet,  a  été  donné  pour  titu- 
laire à  cette  paroisse  en  l'honneur  de  M.  Frédéric 
Caron  qui  en  fut  le  premier  curé. 

Saint-Gabriel  (Kimouski) 

Nommé  ainsi  en  souvenir  de  M.  Gabriel  Nadeau, 
curé  de  Sainte-Luce,  qui  desservit  les  premiers  colons 
de  cette  paroisse. 

Saint-Gédéon  (Lac  Saint-Jean) 

L'honorable  M.  Gédéon  Ouimet  rendit  des  services 
signalés  à  cette  paroisse  alors  qu'il  était  premier 
ministre  de  la  province  de  Québec,  et  c'est  par 
reconnaissance  que  les  premiers  colons  la  firent 
mettre  sous  le  patronage  de  saint  Gédéon. 

Saint-Georges  de  la  Malbaie  (Gaspé) 

L'ami,  la  Providence  du  missionnaire,  le  bienfai- 
teur insigne  de  l'église  dans  cette  localité,  était  M. 
George  Prével,  un  des  premiers  habitants.  Par  une 
heureuse  coïncidence,  le  premier  curé  fut  M.  George 
Potvin.  Pour  acquitter  une  double  dette  de  recon- 
naissance, en  l'honneur  de  ces  messieurs,  saint 
George  fut  donc  choisi  pour  titulaire. 

Saint-Georges  de  Ouiatcliouan  (Lac  Saint- Jean) 

Cette  mission  a  été  mise  sous  la  protection  de 
saint  Georges  par  considération  pour  son  fondateur, 
M.  Joseph-Georges  Paradis,  curé  de  Roberval. 

Saint-Germain,  Canton  (Cliicoutimi) 

Ce  canton  a  emprunté  son  nom  du  comte  de  Saint- 
Germain  qui,    en  1860,  accompagna  le   prince   de 


381 


Galles,  aujourd'hui  Edouard  VII,  dans  son  voyage 
au  Canada. 

Saint-Germaiu  de  Kamouraska 

Cette  paroisse  a  été  placée  sous  le  patronage  de 
saint  Germain  parce  que  l'église  est  bâtie  le  long  de 
la  wute  Saint-Germain.  Un  cultivateur  du  nom  de 
Saint-Germain  avait  sa  terre  le  long  de  cette  route. 

Saiut-Oeriiiain  de  Rimoiiski 

La  paroisse  de  Rimouski  a  pour  titulaire  saint 
Germain  de  Paris,  en  mémoire  de  son  premier  habi- 
tant, Germain  Lepage. 

Germain  Lepage  vint  au  Canada  dans  l'été  de 
1663,  en  compagnie  d'un  frère,  Louis  Lepage,  et 
d'une  sœur.  Constance  Lepage,  et  alla  se  fixer  dans 
la  paroisse  de  Saint-François,  île  d'Orléans.  Ayant 
eu  le  malheur  de  perdre  son  épouse.  Reine  Larry, 
il  voulut  passer  le  reste  de  ses  jours  dans  la  médita- 
tion des  vérités  éternelles.  Pour  mettre  à  exécution 
son  dessein,  il  laissa,  en  juillet  1696,  son  ancienne 
demeure  de  l'île  d'Orléans  pour  suivre  son  fils  René, 
premier  seigneur  de  Rimouski. 

Germain  Lepage  vécut  vingt-sept  ans  à  Rimouski, 
édifiant  tout  le  monde  par  ses  exemples  de  vertus 
solides  et  de  piété  constante.  Ce  vertueux  vieillard, 
aux  jours  de  dimanche  et  de  fête,  assemblait  les 
quelques  personnes  de  l'endroit,  faisait  la  prière  en 
commun  et  expliquait  aux  petits  enfants  quelques 
chapitres  du  catéchisme.  Il  suppléait,  pour  ainsi 
dire,  au  missionnaire  qui  ne  visitait  cet  endroit 
qu'une  fois  tous  les  deux  ou  trois  ans. 

Saint-Gilbert  (Portueiif) 

Le  terrain  sur  lequel  s'élèvent  l'église,  la  sacristie 


382 


et  le  presbytère  de  Saint-Gilbert  fut  donné  par  deux 
paroissiens  dont  l'un  se  nommait  Gilbert  Frenette. 
C'est  en  l'honneur  de  ce  dernier  qu'on  donna  saint 
Gilbert,  moine  du  douzième  siècle,  pour  titulaire  à 
la  nouvelle  paroisse. 

Saint-Gilles  de  Beaiirivage  (Lotbinière) 

Saint-Gilles  rappelle  le  souvenir  du  premier  sei- 
gneur de  Beaurivage,  Gilles  Rageot. 

Saint-Goclefroi  (Bonaventiire) 

Cette  paroisse  a  été  placée  sous  la  protection  de 
saint  Godefroi  en  l'honneur  de  M.  Charles-Godefroi 
Fournier,  curé  de  Notre-Dame  de  Paspébiac,  son 
fondateur. 

Saint-Grégoire  (Nicolet) 

C'est  Grégoire  Bourque  qui  donna  le  terrain  sur 
lequel  fut  bâti  l'église.    (1) 

Saint  Grégoire  du  Saiilt  (Montmorency) 

La  paroisse  du  Sault  Montmorency  a  été  mise  sous 
le  patronage  de  saint  Grégoire  en  l'honneur  de  M. 
Grégoire  Tremblay,  curé  de  Beauport,  son  fondateur. 

Saint-Guillaume  d*Uptou  (Yamaska) 

On  désignait  à  l'origine  cette  paroisse  sous  le  nom 
de  Ruisseau-des-Chênes.  C'est  sous  cette  désignation 
qu'ont  été  rédigés  les  plus  vieux  titres  de  concessions 
de  terrains  aux  pionniers  de  1818  à  1833.  Les  colons, 
venus  de  la  Rivière-du-Loup^  de  Maskinongé,  d'Ya- 
machiche,  disaient  invariablement,  en  quittant  leurs 
vieilles  paroisses  :  "  Nous  allons  nous  établir  au 
Ruisseau-des-Chênes,   dans  la  paroisse  d' Yamaska.'* 

(1)  Note  de  M.  Tabbé  Bois. 


383 


L'honorable  Charles-William  (Guillaume)  Grant, 
propriétaire  du  canton  Upton,  donna  aux  habitants 
du  Ruisseau-des-Chênes  le  terrain  nécessaire  pour 
élever  l'église,  le  presbytère  et  la  sacristie.  C'est 
pour  cette  raison  que  la  nouvelle  paroisse  fut  nommée 
Saint-Guillaume.  (1) 

Saint-Henri  (Lac  Saint- Jean) 

Pour  rappeler  le  souvenir  d'un  des  premiers  des- 
servants de  cette  paroisse,  M.  Henri  Cimon,  aujour- 
d'hui curé  de  Saint-Alphonse  de  Bagotville. 

Saint-Henri  de  Lauzon  (liévis) 

En  l'honneur  de  Mgr  Henri-Marie  de  Pontbriand, 
évêque  de  Québec. 

Saint  Hernias  (Deux-M  on  tajines) 

C'est  en  1834  que  la  paroisse  de  Saint-Hermas  a 
été  érigée  canoniquement.  L'évêque  de  Montréal, 
voyant  avec  peine  et  inquiétude  l'extrémité  sud-ouest 
de  son  diocèse  entourée  d'hérétiques,  voulut  se  ména- 
ger des  protecteurs  puissants  dans  les  titulaires  qu'il 
donnait  aux  nouvelles  paroisses  de  cette  partie  du 
pays.  Il  espérait  que*  ceux  qui  avaient  si  bien  défendu 
l'Eglise  de  Dieu  pendant  leur  vie,  par  leurs  admira- 
bles écrits,  sauraient  bien  mieux  encore,  au  sein  de 
leur  gloire  et  de  leur  triomphe,  inspirer  à  leurs  pro- 
tégés l'esprit  de  foi  et  la  fermeté  nécessaire  pour 
résister  au  protestantisme.  Aussi,  voyons-nous  appa- 
raître, comme  une  redoutable  phalange,  sur  ces  con- 
fins du  diocèse,  saint  Bernard,  saint  Jean  Chrysos- 
tome,  saint  Ignace,  saint  Polycarpe,  saint  Hermas  et 


(1)  F.-L.  Desa.vL\mer8,  Notes  historiques  sîir  la  paroisse  de  Saint- 
Guillaume  cVUptov,  p.  39. 


384 


saint  Jérôme.     C'est  sous  ces  considérations  que  saint 
Hermas  a  été  choisi  comme  titulaire  de  cette  paroisse. 

Saint  Hilaire,  Canton  (Lac  Saint  Jean) 

M.  Elie  Saint-Hilaire  fut  député  du  comté  de  Chi- 
coutimi  de  1881  à  1888. 

Saint-Honoré  (Témiscoiiata) 

Le  premier  colon  de  cette  paroisse  fut  Honoré 
Morin. 

Saint-Hubert  (Téniiscouata) 

Cet  endroit  a  été  autrefois  très  giboyeux.  Peut- 
être  a-t-on  voulu  y  ramener  le  gibier  en  le  mettant 
sous  la  protection  de  saint  Hubert  ? 

Saint-Hubert  (Chambly) 

Saint  Hubert  avait  une  passion  extrême  po*ur  la 
chasse.  Un  jour  de  grande  fête,  emporté  par  son 
ardeur,  pendant  que  les  fidèles  se  pressaient  dans  les 
églises,  il  galopait  dans  la  forêt  des  Ardennes,  pour- 
suivant un  cerf.  Soudain  il  voit  paraître  entre  les 
bois  de  l'animal  l'image  de  Jésus  crucifié.  Il  s'ar- 
rête, se  jette  à  bas  de  son  cheval,  fléchit  le  genou,  et 
entend  une  voix  qui  lui  dit  : 

—  Hubert,  Hubert,  jusques  à  quand  ta  passion  te 
fera-t-elle  négliger  ton  salut  ? 

—  Seigneur,  répond-il  tremblant  et  confus,  que 
faut-il  que  je  fasse  ? 

—  Va  trouver  mon  serviteur  Lambert  ;  il  te  le  dira. 
Hubert  se  rend  près  de  saint  Lambert,  évêque  de 

Maëstricht,  qui  lui  apprend  les  voies  du  salut. 

Quelque  temps  après,  ayant  perdu  sa  femme, 
l'illustre  converti  se  retira,  pour  faire  pénitence,  dans 
la  forêt  des  Ardennes,  à  l'endroit  de  l'apparition.    Il 


385 


fit  un  pèlerinage  à  Rome.  Pendant  qu'il  était  dans 
cette  ville,  le  pape  Sergius,  ayant  appris  le  martyre 
de  saint  Lambert,  nomma  Hubert  son  successeur.  (1) 
La  paroisse  de  Saint-Hubert  est  formée  pour  une 
bonne  partie  de  l'ancienne  côte  Saint-Lambert  qui 
faisait  partie  de  la  paroisse  de  Longueuil  lors  de 
l'érection  de  Saint-Hubert. 

Saint-Hugues  (B^got) 

Le  seigneur  Hugues  LeMoine  de  Martigny  fut  le 
fondateur  de  cette  paroisse. 

Saint  Hyacinthe 

La  seigneurie  de  Saint-Hyacinthe  fut  concédée  par 
le  gouverneur  de  la  Galissonière  et  l'intendant  Bigot, 
le  23  septembre  1748,  à  Pierre-François  de  Rigaud, 
écuyer,  seigneur  de  Vaudreuil.  Elle  devait  contenir 
six  lieues  de  front  le  long  de  la  rivière  Yamaska  sur 
trois  lieues  de  profondeur  de  chaque  côté  de  la  dite 
rivière.  M.  Rigaud  de  Vaudreuil  vendit  sa  seigneurie, 
en  1753,  à  Hyacinthe  Simon  de  Lorme  ou  Delorme. 
C'est  lui  qui  a  donné  son  prénom  à  la  paroisse,  puis 
à  la  ville  et  enfin  au  comté  de  Saint-Hyacinthe.    (2) 

Saint-Ignace  de  Ijoyola  (Bertliier) 

Champlain  remontant  le  lac  Saint-Pierre  donna 
à  une  île  qu'il  rencontra  le  nom  de  Saint-Ignace 
de  Loyola.  Cette  île  fait  partie  de  la  paroisse 
de  Saint-Ignace  de  Loyola  et  c'est  pour  cette  raison 
qu'on  l'a  mise  sous  le  patronage  du  fondateur  de  la 
Compagnie  de  Jésus. 


(1)  Vie  des  Saiyits. 

(2)  Courrier  de  Saint- Hyacinthe,  21  janvier  1903. 

25 


o 


86 


Saint-Ignace  de  North-Staiibridg-e  (Missisquoi) 

North-Stanbridge  fut  mise  sous  le  patronage  de 
saint  Ignace,  par  Mgr  Moreau,  évêque  de  Saint- 
Hyacinthe,  en  l'honneur  de  son  ami,  Mgr  Ignace 
Bourget. 

Saint-Ignace  du  Coteau  du  Lac  (Soulanges) 

Cette  paroisse  a  pris  son  nom  du  seigneur  Ignace 
Viilemonble  de  Beaujeu. 

Coïncidence  assez  curieuse  :  la  paroisse  de  Saint- 
Ignace  du  Coteau  du  Lac  est  dans  le  voisinage  de  la 
paroisse  de  Saint-Poly carpe.  Saint  Ignace  d'Antioche 
et  saint  Polycarpe  étaient  deux  grands  amis.  Lorsque 
saint  Ignace,  que  l'on  conduisait  enchaîné  à  Rome, 
passa  par  Smyrne,  Polycarpe  baisa  respectueuse- 
ment les  chaînes  du  glorieux  martyr., 

Saint-Ignace  du  ^oniiningue  (Ottawa) 

Cette  paroisse*  fut  à  l'origine  desservie  par  les 
Pères  Jésuites  qui  la  mirent  sous  la  protection  de  leur 
fondateur. 

Saint  Jacques  (Montréal) 

Ce  patronage  a-il  été  donné  en  souvenir  de  Jacques 
Cartier,  le  découvreur  du  Canada,  ou  de  Jacques 
Olier,  le  père  de  l'Eglise  de  Montréal,  ou  de  Jacques 
Lartigue,  son  premier  évêque,  nos  recherches  ont  été 
infructueuses  pour  le  démontrer. 

Saint- Jacques  le  Majeur  de  TAcliigan  (3Iontcalm) 

Lors  de  l'expatriation  des  Acadiens  un  grand 
nombre  de  ceux  qui  avaient  été  débarqués  à  Boston 
revinrent  à  Québec.  Les  Sulpiciens  en  établirent 
plusieurs  dans  la  paroisse  de  Saint-Pierre  du  Por- 
tage (L'Assomption).    En  1770,  M.  Jacques  Degeay, 


387 


curé  de  Saint-Pierre  du  Portage,  qui  s'intéressait 
beaucoup  au  sort  de  ces  pauvres  expatriés,  en  dirigea 
une  petite  colonie  d'environ  vingt-cinq  familles  vers 
les  belles  plaines,  alors  toutes  couvertes  d'érables 
qui  avoisinaient  sa  paroisse.  Les  nouveaux  colons  se 
mirent  sur  le  champ  à  travailler  au  défrichement 
des  terres.  M.  Degeay,  qui  avait  reçu  de  ses  parents 
un  héritage  assez  rondelet,  donna  à  chaque  colon 
une  vache,  quelques  quintaux  de  fleur,  une  certaine 
quantité  de  lard,  des  instruments  aratoires  et  les 
ustensiles  de  ménage  indispensables  dans  une  famille. 
Au  commencement  de  1772,  M.  Degeay  put  procurer 
à  ses  protégés  un  prêtre  spécialement  chargé  de  les 
desservir.  Par  une  heureuse  disposition  de  la  Provi- 
dence, ce  fut  M.  Jean  Bro,  jeune  prêtre  acadien. 

M.  Bro  choisit  pour  chapelle  la  maison  d'un 
citoyen  du  nom  de  Charles  Forêt.  Les  colons  aca- 
diens  qui  devaient  tant  au  curé  de  Saint-Pierre  du 
Portage  se  donnèrent  la  consolation  de  mettre  leur 
chapelle  et  leur  nouvelle  paroisse  sous  le  patronage 
de  saint  Jacques,  patron  de  leur  dévoué  fondateur, 
M.  Jacques  Degeay.  Ils  ajoutèrent  à  ce  nom  celui 
de  Nouvelle-Acadie,  en  souvenir  de  leur  ancienne 
patrie.  Ce  ne  fut  qu'une  cinquantaine  d'années  plus 
tard  que  ce  dernier  nom  fut  supplanté  par  celui  de 
l'Achigan,  du  nom  d'une  rivière  qui  passe  à  proxi- 
mité. (1) 

Saint- Jacques-ie-Miueur  (  Laprairie) 

Les  paroisses  de  Saint-Jacques-le-Mineur  et  de 
Saint-Philippe  sont  voisines.  L'église  célèbre  le 
même  jour  la  fête  des  saints  apôtres  Philippe  et 
Jacques-le-Mineur.  De  là  sans  doute  le  choix  de 
saint  Jacques-le-Mineur  pour  patron  de  cette  paroisse, 

(1)  Anmiaire  de  Ville-Marie. 


Q 


88 


Saint-Janvier  (Terreboune) 

Il  y  avait  sur  le  territoire  de  la  paroisse,  longtemps 
avant  son  érection,  une  côte  Saint- Janvier.  C'est 
probablement  là  l'origine  du  nom  de  la  paroisse. 

Saint-Jean 

En  1748,  d'après  les  ordres  de  M.  de  la  Galisso- 
nière,  un  fort  fut  construit  sur  la  rive  gauche  de  la 
rivière  Richelieu,  à  la  tête  des  rapides.  Jean-Fré- 
déric Phélypeaux,  comte  •  de  Maurepas,  était  alors 
ministre  de  la  marine,  et  c'est  son  département  qui 
avait  charge  de  l'administration  de  la  Nouvelle- 
France.  C'est  probablement  en  l'honneur  de  M.  de 
Maurepas  que  le  fort  construit  sur  la  rive  du  Riche- 
lieu fut  nommé  fort  Saint-Jean. 

Lorsque,  en  1828,  Saint-Luc  fut  démembrée  pour 
former  une  nouvelle  paroisse,  l'autorité  religieuse 
donna  à  cette  dernière  le  nom  de  Saint- Jean.  Et 
comme  le  village  qui  existait  dans  les  environs  du 
fort  SaintJean  portait  le  nom  de  Dorchester,  on  dit 
Saint-Jean  Dorchester.  Cette  appellation  est  entière- 
ment abandonnée  aujourd'hui.  On  dit  Saint-Jean 
d'Iberville  ou,  plus  communément.  Saint- Jean  tout 
court. 

Saint-Jean  (Portneuf) 

En  souvenir  de  Jean  Bourdon,  le  premier  seigneur 
de  la  Pointe-aux-Trembles. 

Saint- Jean,  Lac 

''Nous  ne  savons  quel  missionnaire  donna  à  ce  lac 
le  nom  de  lac  Saint -Jean,  car  il  n'y  a  pas  de  doute 
que  ce  sont  les  Pères  Jésuites,  de  Chicoutimi,  qui, 
allant  à  la  recherche  des  infidèles,  pénétrèrent  les 
premiers  sur  ses  bords.    "  Il  me  semble  les  voir, 


389 


écrivait  en  1880  le  Père  Charles  Arnaud,  le  prin- 
temps à  la  fonte  des  neiges,  ils  ont  hâte  que  la  débâ- 
cle se  fasse,  que  les  grandes  eaux  qui  se  déchargent 
dans  le  Saguenay,  aient  diminué  ;  ils  prennent  alors 
avec  leur  léger  canot  d'écorce  la  route  de  la  Grande 
Décharge  ou  de  la  rivière  Chicoutimi.  Dans  chaque 
baie,  chaque  portage,  ils  rencontrent  quelques 
familles,  plusieurs  sont  peut-être  déjà  chrétiennes,  ou 
ont  entendu  parler  de  la  sainte  prière  et  des  robes 
noires  qui  l'annoncent.  Ces  rencontres  forcent  les 
missionnaires  à  s'arrêter  ;  ils  ont  peut-être  des  vieil- 
lards, des  mourants  à  régénérer,  mais  ils  en  ont  à  coup 
sûr  à  instruire.  C'est  ainsi  en  allant  à  petites  jour- 
nées, instruisant  ceux  qui  se  trouvaient  sur  leur 
chemin,  qu'ils  durent  arriver  au  lac  Saint- Jean,  vers 
la  fête  du  saint  précurseur,  Jean-Baptiste.  Les  mis- 
sionnaires avaient  coutume,  comme  ils  l'ont  encore 
aujourd'hui,  d'assigner  un  jour,  une  époque,  pour  le 
rendez-vous  ;  il  n'y  a  pas  de  doute  qu'ils  assignèrent 
la  fête  de  saint  Jean-Baptiste  aux  Sauvages  du  lac 
comme  époque  où  ils  rencontreraient  la  robe  noire. 
C'est  encore  aujourd'hui  l'époque  de  la  mission. 

''  En  1853,  je  fus  envoyé  au  lac  pour  y  faire  la 
mission.  Que  le  lac  était  beau  alors,  avec  ses  grands 
ormes,  ses  pins  gigantesques  et  ses  frênes  aux  feuil- 
lages touffus,  qui  mariaient  leur  ombrage  sur  la  sur- 
face limpide  du  lac  !"  (1) 

C'est,  d'après  le  Père  Arnaud,  sous  le  nom  de  Pei- 
kuagamiu  (qu'il  traduit  par  les  abords  en  sont  plats)y 
que  les  quelques  Sauvages  qui  existent  encore  de  nos 
jours  désignent  le  lac  Saint- Jean. 

Mgr  Laflèche,  lui,  écrit  Peyahwagami  et  dit  que  ce 


(l)  Annales  de  la  propagation  de  la  foi^  février  1880. 


390 


mot  est  cris.  De  Peyahwa,  temps  indéfini  de  Pakwaiv, 
plat  ;  et  garni,  liquide.    Payakwagami,  lac  plat. 

Saint-Jeaii-Baptiste  de  Québec 

C'est  M.  C.-F.  Baillargeon,  curé  de  Québec,  qui  a 
jeté  les  bases  de  la  paroisse  Sainte  Jean-Baptiste  des- 
tinée à  subvenir  aux  besoins  spirituels  des  fidèles  des 
quartiers  Saint-Jean  et  Saint-Louis,  en  dehors  des 
murs,  et  c'est  lui  qui  a  obtenu  de  Mgr  Targeon, 
Tautorisation  de  placer  cette  paroisse  sous  le  vocable 
de  saint  Jean-Baptiste,  nom  qui  était  déjà  donné  à 
la  rue  et  au  quartier  Saint-Jean. 

La  rue  Saint-Jean  avait  été  nommée  ainsi  en  l'hon- 
neur de  Jean  Bourdon. 

Saint-Jean-Baptîste  de  Sherbrooke 

Nommée  ainsi  par  Mgr  Antoine  Racine  en  souvenir 
de  la  paroisse  Saint-Jean-Baptiste  de  Québec  dont  il 
avait  été  desservant  pendant  21  ans. 

Saint  Jean  de  Dieu  (Témiscouata) 

Saint-Jean  de  Dieu  est  situé  en  arrière  de  Trois- 
Pistoles.  Cette  paroisse  a  été  mise  sous  le  patronage 
de  saint  Jean  de  Dieu,  parce  que  aucune  paroisse  du 
diocèse  de  Rimouski  n'avait  encore  choisi  ce  saint 
comme  patron.  C'est  Mgr  Jean  Langevin,  premier 
évêque  de  Rimouski,  qui  donna  ce  nom  en  érigeant 
canoniquement  la  paroisse. 

Saint  Jean  de  la  Croix  (Moutréal) 

Saint-Jean-de-la-Croix  est  un  démembrement  des 
paroisses  de  Saint-Edonard,  du  Saint-Enfant-Jésus  et 
de  Saint-Laurent. 

Cette  paroisse  a  été  placée  sous  le  patronage  de 
saint  Jean  de  la  Croix  pour  rappeler  à  la  population 


391 


vivant  à  proximité  du  monastère  du    Carmel   les 
vertus  du  directeur  spirituel  de  sainte  Thérèse. 

On  sait,  en  effet,  que  le  mystique  saint  Jean, 
réformateur  du  Carmel,  avait  des  entretien  i  fréquents 
avec  sa  "célèbre  coopératrice.  On  voit  encore,  à 
Avila,  le  cloître  étroit  témoin  de  ces  colloques  spiri- 
tuels, dont  on  connaît  la  haute  valeur  par  les  ouvrages 
immortels  que  les  deux  saints  nous  ont  laissés. 

Saint  Jean  de  l'île  d'Orléans  (Montmorency) 

Ainsi  nommée  en  l'honneur  du  sénéchal  de  la 
Nouvelle-France,  Jean  de  Lauzon,  fils  du  gouver- 
neur de  Lauzon. 

S. dut-Jean  de  3latha  (Joliette) 

''  Rien  ne  semblait  plus  rationnel  que  d'ériger  une 
paroisse  sous  le  vocable  de  saint  Jean  de  Matha 
dans  le  voisinage  de  celle  de  Saint-Félix  de  Valois. 
Les  deux  patrons  de  ces  paroisses  avaient  longtemps 
vécu  ensemble  dans  les  plus  fervents  exercices  de  la 
piété  chrétienne  et  sacerdotale.  La  parfaite  union 
qui  se  forma  et  se  maintint  entre  ces  deux  hommes 
par  la  conformité  de  leurs  vues,  de  leur  vertus  et  de 
leurs  sentiments,  leur  fit  voir  que  le  ciel  les  avaient 
choisis  pour  travailler  tous  deux  à  une  œuvre  impor- 
tante et  marquée  au  coin  de  la  charité  la  plus  dis- 
tinguée. Ils  fondèrent  ensemble  l'Ordre  de  la  Trinité, 
pour  la  rédemption  des  captifs.  Ils  ne  se  séparèrent 
de  corps  qu'à  la  voix  du  Souverain  Pontife  et  afin 
de  remplir  certaines  missions  conformes  d'ailleurs 
au  but  général  de  leur  Ordre. 

"  Les  points  de  comparaison  ne  manquent  pas  entre 
les  localités  dont  nous  parlons  et  leurs  patrons  res- 
pectifs. Ces  deux  localités  ne  font  autrefois  qu'une 
seule  et  même  paroisse  ;  l'union,  une  bonne  entente 


o 


92 


régnent  entre  elles.  Elles  se  séparent,  il  est  vrai, 
mais  d'un  commun  accord,  à  la  voix  du  premier 
pasteur  du  diocèse  et  pour  marcher  au  but  général 
et  légitimement  désiré  d'un  progrès  spirituel  et  civil. 
Lorsque  les  colons  des  nouveaux  établissem-ents  veu- 
lent s'ériger  en  paroisse,  ils  en  confèrent  amicale- 
ment avec  le  curé  de  Saint-Félix  de  Valois.  Celui-ci 
les  approuve  et  les  encourage,  il  leur  fait  espérer  que 
l'évêque  décidera  dans  le  sens  de  leur  requête,  mais 
que  dans  tous  les  cas,  il  faut  s'en  rapporter  d'avance 
à  son  jugement  s'ils  veulent  que  leurs  démarches 
leur  soient  profitables. 

''  Tout  arriva  comme  il  avait  été  prévu,  et  sans 
aucun  doute,  suivant  les  vues  de  la  divine  Provi- 
dence." (1) 

Saint- Jean  Deschaillons  (Lotbmière) 

La  seigneurie  Deschaillons  fut  accordée  le  25  avril 
1674  à  Jean-Baptiste  de  Saint-Ours,  sieur  Deschail- 
lons, officier  dans  les  troupes  du  détachement  de  la 
marine.  Deschaillons  était  le  nom  d'une  terre  que 
possédait  la  famille  de  M.  de  Saint-Ours  dans  le 
Dauphiné. 

C'est  également  en  l'honneur  de  son  premier 
seigneur  que  la  paroisse  reçut  saint  Jean-Baptiste 
pour  titulaire.  ^ 

Saint  Jean  TEvangéliste  (Bonaventure) 

Cette  paroisse  étant  la  première  érigée  par  Mgr 
Langevin,  premier  évêque  de  Rimouski,  il  était  bien 
juste  qu'il  la  plaçât  sous  la  protection  de  son  saint 
patron.  - 


(1)    L'abbé  T.    Prévost,    Histoire   d'un  établi f s ejnent  paroissial, 
Saint-Jean  de  Matha^  p.  46. 


393 


Saint  Jean-Port  Joli  (Islet) 

Nous  ignorons  quand  le  fief  de  Port- Joly  commença 
a  être  connu  sous  ce  nom  qui  ne  pouvait  mieux  con- 
venir à  cet  endroit  dont  le  port,  formé  par  une  petite 
rivière  qui  vient  y  déboucher,  est  en  efifet  très  joli. 

Saint- Jérôme  (Cliarlevolx) 

Cette  concession  de  Saint-Urbain  fut  nommée  ainsi 
en  l'honneur  de  M.  Jérôme  Deniers,  supérieur  du 
séminaire  de  Québec. 

Saint  Joacliini  (Montmorency) 

La  paroisse  de  Saint-Joachim  fut  détachée  de  celle 
de  Sainte-Anne  de  Beaupré.  Il  était  convenable  de 
mettre  l'époux  à  côté  de  l'épouse. 

Mgr  de  Laval,  parlant  de  la  construction  de  la 
future  chapelle  de  Saint-Joachim,  dit,  le  6  octobre 
1684  :  ''  qui  sera  dédiée  et  consacrée  en  l'honneur 
de  saint  Joachim  comme  étant  une  personne  de  la  Ste 
Famille,  ou  au  choix  du  Séminaire  à  toute  la  sainte 
Famille  à  laquelle  est  dévouée  le  dit  Séminaire  des 
Missions  Etrangères  de  Québec  ".  (1) 

Saint-Joachim  (Cliâteausuay) 

Les  Jésuites  qui  possédaient  la  seigneurie  du  Sault 
Saint-Louis  et  avaient  ouvert  une  église  à  Caughna- 
waga,  établirent  une  mission  au  bassin  de  Château- 
guay  en  1727.  Ils  placèrent  cette  mission  sous  le 
patronage  de  saint  Joachim  en  l'honneur  du  seigneur 
de  Châteauguay  à  cette  époque,  Joachim  Robutel  de 
La  Noue. 


(1)  Note  de  M,  l'abbé  Amédéa  Gosselin. 


o 


94 


Saiiit-Joachim  (Shefford) 

Saint-Joachim  est  voisin  de  Sainte-Anne  de 
Stukely.     C'est  la  raison  du  choix  du  titulaire. 

Saint- Joseph  de  Blandford  (Xicolet) 

Le  premier  curé  de  Saint-JosejDli  de  Blandford  fit 
mettre  cette  paroisse  sous  le  patronage  du  père  nour- 
ricier de  Jésus  par  considération  pour  la  mémoire  de 
son  père,  M.  Joseph  Manseau,  notaire,  de  Drum- 
mondville. 

Saint  Joseph  de  la  Beaiice 

En  l'honneur  de  Joseph  Fleury,  sieur  de  la  Gor- 
gendière,  son  premier  seigneur. 

Saint-Joseph  de  la  Mékinac  (Chaniplain) 

La  première  mission  à  cet  endroit  fut  donnée  par 
M.  l'abbé  Prince,  le  18  septembre  1885,  jour  de  la 
fête  de  saint  Joseph  de  Cupertino.  En  conséquence, 
M.  Prince  donna  à  la  mission  le  nom  de  Saint-Joseph. 

Saint- Joseph  de  Lepagre  (3Iatane) 

Saint-Joseph  de  Lepage  est  située  dans  la  seigneurie 
Lepage  et  Thibierge.  Le  Grand  Pemous,  qui  fit 
partie  de  cette  paroisse,  avait  reçu  depuis  longtemps 
le  nom  de  village  Saint-Joseph. 

Saint-Joseph  de  Soulang-es 

Joseph-Dominique-Emmanuel  LeMoyne  de  Lon- 
gueuil,  seigneur  de  Soulanges,  a  donné  son  premier 
prénom  à  la  paroisse  de  Saint-Joseph  de  Soulanges. 

Saint  Jovîte  de  Salaberry  (Terreboune) 

Le  canton  de  Salaberry  rappelle  le  souvenir  du 
héros  de  Châteauguay. 


395 


Saint  Jovite  est  un  martyr  do  Brescia  dont  la  fête 
est  célébrée  le  15  février.  Or  c'est  le  15  février  que 
la  première  messe  a  été  dite  dans  cette  localité  alors 
couverte  de  forêts. 

Saint  Jules  (Bonaventiire) 

Beaucoup  de  protestants  habitent  le  territoire 
compris  dans  les  limites  de  la  paroisse.  On  sait  que 
le  pape  Jules  II  a  combattu  les  hérétiques  en  se 
mettant  à  la  tête  de  ses  armées. 

Saint-Lambert  (Clianibly) 

Le  nom  de  côte  Saint-Lambert,  donné  à  la  rive 
sud  du  fleuve  Saint-Laurent,  vis-à  vis  Montréal,  a 
existé  dès  le  commencement  de  la  colonisation  de 
cette  partie  du  pays.  La  côte  Saint-Lambert  faisait 
partie  de  la  seigneurie  de  la  Prairie  de  la  Magdeleine, 
qui  s'étendait  de  la  ligne  sud-ouest  de  la  baronnie 
de  Longueuil  à  la  ligne  nord-est  de  la  seigneurie  du 
Sault  Saint-Louis  et  qui  fut  donnée  aux  Jésuites  par 
François  de  Lauzon,  le  1er  avril  1647.  Cette  sei- 
gneurie  se  composait  de  deux  localités  dénommées  la 
Prairie  plus  tard  la  côte  de  Saint-Lambert,  ou  Mouille- 
Pied,  dans  sa  partie  adjoignant  Longueuil,  et  la 
Prairie  de  la  Madeleine,  dans  sa  partie  supérieure.  ' 

C'est  en  l'honneur  de  Lambert  Closse,  major  de 
Ville-Marie  et  gouverneur  en  l'absence  de  M.  de 
Maisonneuve,  que  la  seigneurie  des  Jésuites  fut  appe- 
lée Saint-Lambert. 

Lambert  Closse  fut,  parmi  les  premiers  colons  de 
Montréal,  un  des  plus  braves,  et  il  perdit  la  vie,  en 
combattant  pour  son  pays,  le  6  février  1662.  Les 
Relations  des  Jésuites  de  cette  même  année  donnent  de 
grands  éloges  à  sa  mémoire  :  "  C'était  un  homme 
dont  la  piété  ne  cédait  en  rien  à  la  vaillance,  et  qui 


396 


avait  une  présence  d'esprit  tout  à  fait  rare  dans  la 
chaleur  des  combats.  Il  a  tenu  ferme  à  la  tête  de  26 
hommes  seulement  contre  200  Onnontagués,  com- 
battant depuis  le  matin  jusqu'à  trois  heures  après- 
midi,  quoique  la  partie  fut  si  peu  égale.  Il  leur  a 
fait  souvent  lâcher  prise,  les  repoussant  des  postes 
avantageux  et  même  des  redoutes  dont  ils  s'étaient 
emparés,  et  a  justement  mérité  la  louange  d'avoir 
sauvé  Montréal  et  par  son  bras  et  par  sa  réputation." 

Saint-Laurent,  Fleuve 

Le  10  août  1535,  Jacques  Cartier  envoyé  par  Fran- 
çois 1er,  entra  dans  la  baie  aujourd'hui  connue  sous 
le  nom  de  baie  Sainte-Geneviève  :  "  Et,  dit-il,  parce 
que  nous  ne  trouvâmes  nuls  hables  à  la  dite  terre 
du  su,  feismes  porter  vers  le  nort  oultre  le  précédent 
hable  de  environ  dix  lieues,  où  nous  trouvasmes  une 
moult  belle  et  grande  baie,  pleine  d'îles  et  bonnes 
entrées  et  passage  de  tous  les  vents  qu'il  savait  faire  : 
Et  pour  conaissance  d'icelle  baie  y  a  une  grande  île 
comme  un  cap  de  terre,  qui  s'avance  plus  hors  que 
les  autres  ;  Et  sur  la  terre  environ  deux  lieues,  y  a 
une  montagne  faite  comme  un  tas  de  blé,  nous  nom- 
mâmes la  dite  baie  la  baie  Saint-Laurent."  Cartier 
nomma  donc  cette  baie  Saint-Laurent  parce  qu'il  y 
entra  le  jour  de  la  fête  de  ce  saint. 

De  cette  baie,  le  nom  de  Saint-Laurent  s'étendit 
au  golfe  puis  au  fleuve  qui  s'y  décharge,  au  lieu  de 
celui  de  Grande  rivière  du  Canada  que  les  Sauvages 
lui  donnaient. 

Saint-Iiaurent  de  l'île  d'Orléans  (Montmorency) 

Cette  paroisse  fut  en  premier  lieu  érigée  sous  le 
vocable  de  saint  Paul  et  elle  porta  ce  nom  jusqu'en 
1698.     Elle  fut  mise  alors  sous  le  patronage  de  saint 


897 


Laurent  en  l'honneur  de  M.  Laurent  Mauvide,  le 
seigneur  du  lieu. 

Saint- Lazare  (Bellecliasse) 

M.  Lazare  Buteau  fut  un  des  bienfaiteurs  de  la 
paroisse  naissante. 

Saiut-Lazare  (Vaiidreuil) 

Saint  Lazare  et  ses  deux  sœurs  sainte  Marie-Made- 
leine et  sainte  Marthe  étant  réunis  dans  le  ciel  on  a 
voulu  les  réunir  de  nouveau  sur  la  terre  en  mettant 
trois  paroisses  circonvoisines  du  comté  de  Vaudreuil 
sous  leur  patronage  respectif. 

Saint-Liboire  (Bagot) 

Un  digne  curé  de  Saint-Simon,  M.  Liboire  Girouard, 
a  beaucoup  contribué  à  la  fondation  de  Saint-Li- 
boire. (1) 

Saint-Lin  des  Laureotides  (L'Assomption) 

Saint-Lin,  située  dans  la  seigneurie  de  Lachenaie, 
était  originairement  connue  sous  le  nom  de  Saint-Lin 
de  Lachenaie.  Lorsque  le  village  Saint-Lin  fut 
incorporé  on  lui  donna  le  nom  de  Saint-Lin  des  Lau- 
rentides,  à  cause  de  sa  proximité  des  montagnes  qui 
portent  ce  nom. 

Saint-Lin  est  dans  le  voisinage  de  l'Assomption 
qui  est  sous  le  patronage  de  saint  Pierre.  Saint-Lin 
fut  le  successeur  immédiat  du  prince  des  apôtres  sur 
le  trône  des  papes. 

Saint-Lquis,  Lac 

Le  lac  Saint-Louis  reçut  son  baptême  du  fonda- 
teur de  Québec. 


(1)  Note  de  M,  Tablé  Bois, 


398 


Salnt-Louls  de  Bonsecours  (Richelieu 

Le  8  août  1702,  le  gouverneur  de  Callières  et 
l'intendant  Bochart  de  Champigny  concédaient  au 
sieur  Charron,  supérieur  des  Frères  Hospitaliers 
établis  à  Montréal,  une  lieue  et  demie  de  terre  de 
front  sur  pareille  profondeur,  le  long  de  la  rivière 
'Yamaska.  Charron  qui  avait  donné  à  son  fief  le 
nom  de  Bonsecours  le  vendit  peu  après  à  Louis 
Fezeret. 

Saint-Louis  de  Bonsecours  date  de  1876.  Première 
fondation  de  Mgr  Louis-Z.  Moreau,  qui  cette  même 
année  venait  d'être  sacré  évêque  de  Saint-Hya- 
cinthe, elle  doit  à  cette  circonstance  d'avoir  été 
mise  sous  le  patronage  du  pieux  roi  de  France,  saint 
Louis. 

Saint-JLouis  de  Gouzague   (Dorchester) 

C'est  en  l'honneur  de  M.  Louis-Philippe  Pelletier, 
député  de  Dorchester  et  ministre  provincial,  que 
cette  mission  a  été  mise  sous  le  patronage  de  saint 
Louis  de  Gonzague.  M.  Pelletier  rendit  un  grand 
service  aux  colons  de  la  mission  en  leur  obtenant 
de  l'argent  du  gouvernement  pour  ouvrir  les  routes. 

Saint- Louis  de  Gonzague  (Beauharnois) 

Cette  paroisse  fut  probablement  mise  sous  le  patro- 
nage de  saint  Louis  de  Gonzague  à  cause  de  sa  proxi- 
mité du  lac  Saint-Louis. 

Saint- Louis  de  Terrebonne 

Louis  Lepage  était  fils  du  premier  seigneur  de 
Rimouski.  Il  avait  reçu  l'ordre  sacré  de  la  prêtrise, 
le  6  avril  1715,  des  mains  de  Mgr  de  Saint- Vallier, 
deuxième  évêque  du  pays.  Après  avoir  été  curé  de 
l'île  Jésus,  près  Montréal,  il  fut  nommé  le  9  juin 


399 


1721,  chanoine  du  chapitre  de  Québec,  en  remplace- 
ment de  feu  messire  le  chanoine  Pierre  Picart. 

En  1731,  le  chanoine  Lepage,  achetait  la  seigneu- 
rie de  Terrebonne  et  devenait  le  véritable  fondateur 
de  la  paroisse  de  Saint-Louis  de  Terrebonne.  Il  donna 
six  arpents  de  terre  et  une  somme  considérable  d'ar- 
gent pour  la  construction  de  l'église. 

Saint-Louis  du  Ha!  Ha!  (Témlscouata) 

Le  premier  colon  de  cette  j)aroisse  fut  Louis 
(Louison)  Marquis. 

Saiut-Luc  (Mataue) 

C'est  M.  Luc  Rouleau  qui  a  fondé  cette  paroisse 
alors  qu'il  était  curé  de  Matane. 

SaîntXuc  (Chaniplain) 

La  paroisse  de  Saint-Luc  est  formée  d'une  partie 
de  celle  de  Saint-Tite.  Saint-Tite  et  Saint  Luc,  étaient 
de  grands  amis.  Vers  l'an  56,  ils  furent  envoyés  à 
Corinthe  par  saint  Paul. 

De  plus,  Mgr  Cooke,  qui  donna  l'existence  à 
cette  paroisse,  avait  été  sacré  évêque  le  jour  de  la 
fête  du  saint  apôtre.  Double  raison  donc  pour  mettre 
cette  paroisse  sous  son  patronage. 

Saint-Liuc  (Salut-Jean) 

La  paroisse  de  Saint-Luc  a  été  érigée  en  1799. 
Saint  Luc,  évangéliste,  a  dû  être  choisi  comme  titu- 
laire à  cause  du  voisinage  de  Saint-Mathieu  de  Belœil 
et  de  Saint-Marc.  Ces  deux  paroisses  ont,  en  effet, 
des  évangélistes  pour  titulaires. 

Saint- Lucien  (Drumnioud) 

Saint-Lucien  fut  la  dernière  paroisse  érigée  par 
Mgr  Gravel.     Il  l'a  mit  sous  le  patronage  de  Saint- 


400 


Lucien,  prêtre  et  martyr,  comme  marque  d'affection 
et  d'amitié  à  l'égard  de  M.  Lucien  Lavallée,  curé  de 
la  cathédrale  de  Nicolet. 

Saint-JLiidger  (Téniiscouata) 

En  l'honneur  de  M.  François-Xavier-Ludger  Biais, 
curé  de  Saint-Patrice  de  la  Eivière-du-Loup. 

Saint-^Jag-lolre  de  Roux  (Bellecliasse) 

Le  canton  Roux  rappelle  le  souvenir  de  l'abbé 
Jean-Henri- Auguste  Roux,  supérieur  de  Saint-Sul- 
pice,  à  Montréal. 

Mgr  Baillargeon  plaça  cette  paroisse  sous  le  patro- 
nage de  saint  Magloire  en  l'honneur  de  son  pre- 
mier desservant,  M.  Magloire  Rioux.  Saint  Magloire, 
confesseur  et  pontife,  était  d'origine  française  et 
mourut  évêque  de  Dol  en  Bretagne. 

Saint-Majorique  du  Nord-Ouest  (Gaspé) 

On  appelle  Nord- Ouest  ou  Bras  du  Nord- Ouest 
(par  opposition  au  Bras  du  Sud-Ouest)  une  jolie 
rivière  qui  se  divise  à  son  embouchure  en  une  foule 
de  canaux  et  de  branches  :  ces  canaux  se  jettent 
tous  dans  la  baie  de  Penouïl. 

Saint-Majorique  du  Nord-Ouest  a  été  nommée 
ainsi  en  l'honneur  de  M.  Majorique  Bol  duc,  alors 
curé  de  Douglasstown. 

Saint-IMalacliie  (Dorchester) 

Le  nom  de  Saint-Malachie  a  été  donné  à  cette 
paroisse  par  Mgr  Baillargeon,  parce  que  ses  premiers 
habitants  venaient  des  environs  d' Armagh,en  Irlande. 
Saint  Malachie  occupa  avec  gloire  et  profit  pour  la 
religion  le  siège  épiscopal  d'Armagh. 


401 


Saiiit-Malo,  Salnte-Augèle  de  (Québec) 

Le  1er  juillet  1898,  l'archevêque  de  Québec  décré- 
tait le  démembrement  de  la  paroisse  de  Saint-Sau- 
veur et  l'érection  en  paroisse  autonome,  sous  le 
vocable  de  Sainte- Angèle,  comme  titulaire  religieux, 
et  sous  celui  de  Saint-Malo,  comme  titulaire  civil, 
d'un  territoire  contenant  une  superficie  de  49,000 
arpents. 

Les  Dames  Ursulines  de  Québec  firent  don  à  la 
nouvelle  paroisse  d'un  terrain  de  630  pieds  de  pro- 
fondeur, sur  140  de  front,  pour  le  site  de  l'église  et 
le  presbytère.  C'est  en  l'honneur  de  leur  fondatrice 
que  sainte  Angèle  a  été  choisie  comme  patronne. 

La  municipalité  entière  de  Saint-Malo  se  trouvant 
incluse  dans  la  nouvelle  paroisse,  lui  donna  natu- 
rellement son  nom.  D'ailleurs,  rien  de  plus  conve- 
nable, puisque  Jacques  Cartier,  parti  de  Saint-Malo, 
débarqua  sur  les  bords  de  la  rivière  Saint-Charles, 
non  loin  de  l'endroit  où  se  trouve  cette  jeune  paroisse. 

Saiut-Marc  des  Carrières  (Portneuf) 

A  Saint-Marc  se  trouvent  des  carrières  de  pierre  à 
chaux  bien  connues. 

Cette  paroisse  fondée  le  27  avril  1901  fut  mise 
sous  le  patronage  de  saint  Marc  parce  qu'aucune 
paroisse  du  diocèse  de  Québec  ne  portait  encore  le 
nom  de  ce  saint  dont  on  avait  célébré  la  fête  l' avant- 
veille. 

Saint-Martial  (Gaspé) 

Cette  paroisse  fut  nommée  ainsi  en  l'honneur  de 
son  premier  desservant,  M.  Martial  Bilodeau,  curé  de 

Sainte-Anne  des  Monts. 
26 


402 


'*Saint-Martin  (Beauce) 

Comme  saint  Martin  de  Tours  est  le  patron  de  la 
Beauce  en  France,  il  était  bien  juste  qu'il  eût  un 
pied  à  terre  dans  la  nouvelle  Beauce  en  Canada. 
C'est  cette  raison  qui  a  inspiré  au  cardinal  Tasche- 
reau  l'idée  de  mettre  cette  paroisse  sous  le  vocable 
de  saint  Martin. 

Saint-Martin  (Laval) 

Les  Récollets  qui  furent  les  premiers  missionnaires 
de  cette  paroisse  avaient  donné  à  un  rang  le  nom  de 
Saint-François,  à  un  autre  celui  de  Saint- Antoine  et 
à  un  troisième  celui  de  Saint-Martin.  C'est  dans  ce 
dernier  que  l'église  fut  construite.  C'est  probable- 
ment la  raison  qui  a  fait  choisir  le  titulaire. 

Salut  Mathieu  de  Kloux  (Kimouskl) 

Cette  seigneurie  fut  concédée  le  6  avril  1751  au 
sieur  Nicolas  Rioux. 

Saint-Mathieu  de  Rioux  a  été  démembrée  de  Saint- 
Simon.  Saint  Simon  étant  apôtre  on  a  dû  lui  donner 
pour  voisin  un  apôtre,  saint  Mathieu. 

Salut-Mathias  de  Kouville 

Cette  paroisse  porta  à  l'origine  le  nom  de  Saint- 
Olivier  ou  Pointe-Olivier  en  l'honneur  de  Mgr  Jean- 
Olivier  Briand.  C'est  en  1809  qu'on  changea  ce  nom 
en  celui  de  Saint-Mathias. 

Samt-Maurlce 

''  Les  Sauvages  des  rives  du  Saint-Maurice,  les 
Algonquins,  nomment  cette  rivière  Métapiloténosépi. 
De  ce  mot  de  seize  lettres,  retranchons  sêpi  qui  veut 
dire  rivière  ;  retranchons  aussi  l'o  euphonique  qui 
précède  sépi,  il  va  nous  rester  Métapilotène.     Souve- 


403 


nons-iious  aussi  que  dans  les  langues  sauvages  on 
change  très  facilement  h  en  p,  d  qd.  t,  e  en  i,  l  en  r 
et  réciproquement,  nous  constaterons  alors  que  les 
Algonquins  donnent  au  Saint-Maurice  le  même  nom 
que  lui  donnent  les  historiens,  c'est-à-dire  Mêtabé- 
routine  ou  celui  de  Mêtapêlodine. 

*'  Ce  mot  signifie  décharge  au  vent,  et  fut  employé, 
sans  doute,  pour  désigner  l'embouchure,  qui  forme 
une  nappe  d'eau  exposée  à  tous  les  vents. 

"  Jacques  Cartier,  qui  a  nommé  le  Saint-Laurent 
donna  aussi  un  nom  au  Saint-Maurice  ;  il  l'appela 
rivière  de  Fouez  :  "  Le  mardy  5  jour  dudict  mois, 
nous  feismes  voille  et  appareillâmes  avec  nostre  dict 
gallyon  et  barques  pour  retourner  à  la  province  de 
Canada  au  port  de  saincte  Croix,  où  estoient  de- 
mourez  nos  navires.  Et  le  7  jour  nous  vinsmes  poser- 
les  travers  d'une  rivière  qui  vient  devers  le  Nort, 
sortant  audict  fleuve  :  à  l'entrée  de  laquelle  y  a 
quatre  petites  ysles  plaines  d'arbres  :  nous  nomas- 
mes  icelle  rivière  la  rivière  du  Fouez.  Et  pource 
l'une  d'icelles  ysles  s'avance  audict  fleuve,  et  la  veoit 
on  de  loing,  feisft  le  cappitaine  plater  une  belle  grande 
croix  sur  la  pointe  d' icelle,  et  commenda  app rester 
les  barques  pour  aller  avec  marée,  dedans  icelle, 
pour  voir  la  nature  d'icelle." 

"  Nous  écririons  aujourd'hui  rivière  de  Foix,  s'il 
faut  admettre  l'interprétation  de  Lescarbot  et  de 
plusieurs  autres  ;  et  ce  nom  fut  sans  doute  donné  en 
l'honneur  de  quelque  membre  de  la  famille  de  Foix 
qui  jouait  alors  un  certain  rôle  en  France.  On  le 
conserva  quelque  temps,  mais  il  tomba  peu  à  peu  en 
désuétude. 

"  Les  traitants,  à  partir  de  Pontgravé,  appelèrent 
le  Saint-Maurice  les  Tirais- Rivières  ou  la  rivière  des 
Trois-Rivières. 


404 


"  Rivière  des  Trois-Rivières  n'était  pas  un  nom 
très  euphonique  aussi  le  peuple  lui  substitua  bientôt 
celui  de  fleuve  Saint-Maurice.  Dans  un  jugement 
rendu  par  l'intendant  Bégon  en  1723,  il  est  dit  que 
le  fief  Saint-Maurice  est  situé  sur  la  rive  ouest  de  la 
rivière  vulgairement  nommée  fleuve  de  Saint-Maurice. 

"  Il  est  très  probable  qu'elle  fut  nommée  ainsi  en 
l'honneur  de  M.  Maurice  Poulin,  sieur  de  la  Fontaine. 

''  Dans  ses  Mémoires,  M.  de  Sales  Laterrière  désigne 
toujours  le  Saint-^Iaurice  par  le  nom  de  rivière 
Noire  ;  il  ne  parait  pas,  cependant,  que  cette  déno- 
mination ait  jamais  été  admise  par  un  grand  nombre 
de  personnes. 

*'  Les  Canadiens  C|ui  aiment  à  donner  des  surnoms 
aux  hommes  et  aux  choses  désignent  le  Saint-Mau- 
rice sous  le  nom  de  Les  Chenaux.^''  (1) 

Saint- 3Iaiirice  (Champlain) 

La  paroisse  de  Saint-Maurice  est  située  sur  la 
rivière  Saint-Maurice. 

Saiut-3Iétliode  (Lac  Saint- Jean) 

Les  paroisses  de  Saint-Cyrille  de  Normandin  et  de 
Saint-Méthode  sont  voisines.  Saint  Cyrille  et  saint 
Méthode  étaient  frères. 

Saint-Micliel  (Bellecliasse) 

Le  29  octobre  1672  l'intendant  Talon  concédait 
au  sieur  Olivier  Morel  de  la  Durantaye,  capitaine  au 
régiment  de  Carignan,  la  quantité  de  deux  lieues  de 
terre  de  front  sur  autant  de  profondeur,  à  prendre 
sur  le  fleuve  Saint-Laurent,  "  tenant  d'un  côté  à 
demi-arpent  au-delà  du  sault  qui  est  sur  la  terre  du 
sieur  des  Islets,  et  de  l'autre  le  canal  de  Bellechasse." 


(1)  L'abbé  N.  Caron,  Deux  voyages  sur  le  Saint- Maurice. 


405 


La  seigneurie  de  Morel  de  la  Durantaye  fut  d'abord 
connue  sous  le  nom  de  La  Durantaye  et  elle  fut  placée 
sous  le  patronage  de  saint  Laurent. 

Vers  le  commencement  du  dix-huitième  siècle  les 
seigneurs  de  l'île  et  comté  de  Saint-Laurent  (île 
d'Orléans),  demandèrent  à  l'évêque  de  Québec  d'y 
ériger  une  paroisse  sous  le  vocable  de  saint  Laurent. 
L'évêque  se  rendit  à  leur  désir.  C'est  alors  qu'il 
substitua  saint  Michel  à  saint  Laurent  comme  patron 
de  la  seigneurie  de  la  Durantaye. 

Saint-Michel  de  Vaudreuil 

En  1763,  Michel  Chartier  de  Lotbinière,  ingénieur 
en  chef  de  la  Nouvelle-France,  acheta  la  seigneurie  de 
Vaudreuil.  C'est  en  l'honneur  de  M.  de  Lotbinière 
qu'en  1829  Mgr  Panet  érigea  canoniquement  la 
paroisse  sous  le  patronage  de  saint  Michel. 

Saint-Modeste  (Témiscouata) 

En  1848  ou  1849,  Mgr  Demers  vint  au  Canada  et 
de  paroisse  en  paroisse  se  rendit  jusqu'à  Rimouski. 
A  Cacouna,  il  reçut  l'hospitalité  de  M.  Benjamin 
Grenier,  curé  de  la  paroisse.  M.  Grenier  s'occupait 
alors  de  la  formation  d'une  nouvelle  paroisse.  A 
l'occasion  de  cette  visite  M.  Grenier  obtint  de  l'évêque 
que  sa  fondation  fut  mise  sous  le  patronage  de  saint 
Modeste  en  l'honneur  de  ]\Igr  Modeste  Demers. 

Saint-Moïse  du  chemin  Matapédiac  (Mataue) 

La  paroisse  de  Saint-Moïse  a  été  placée  sous  le 
patronage  de  saint  Moïse,  en  l'honneur  de  M.  Moïse 
Duguay,  curé  de  Sainte-Flavie,  d'où  les  premiers 
colons  étaient  originaires. 

Saint-Narcisse  de  Beaurivasre  (Lotbinière) 

On  a  mis  cette  paroisse  sous  le  patronage  de  saint 


406 


Narcisse  en  l'honneur  d'un  de  ses  bienfaiteurs,   M. 
Narcisse  Drouin,  de  Saint-Gilles  de  Beaurivage. 

Saint-Nazaire  (Dorchester) 

Mgr  Louis-Nazaire  Bégin,   archevêque  de  Québec. 

Saint-Nérée  (Bellecliasse) 

En  l'honneur  de  M.  Nérée  Gin  gras,  curé  deSaint- 
Gervais,  qui  a  fondé  cette  paroisse  en  1883. 

Saint-Oiuer  (Bonaventare) 

Saint-Omer  a  été  érigée  en  paroisse  le  27  avril  1899. 
C'est  M.  Orner  Normandin,  curé  de  Saint-Joseph  de 
Carleton,  qui  a  jeté  les  bases  de  cette  jeune  paroisse. 

Saint-Ours  (Richelieu) 

Le  capitaine  Pierre  de  Saint-Ours,  natif  du  Dau- 
phiné,  était  parent  du  maréchal  d'Estrades,  vice-roi 
de  la  Nouvelle-France.  La  seigneurie  de  Saint-Ours 
lui  fut  accordée  en  1672. 

Saint-Pacônie  (Kaniouraska) 

C'est  le  long  de  la  rivière  Ouelle  que  se  trouvaient 
autrefois  les  pauvres  villages  désignés  sous  les  noms 
de  Brise- Culottes,  Roule-Billots.  C'est  par  allusion  à 
la  pauvreté  des  habitants  de  ces  villages  qu'on  a 
placé  la  paroisse  sous  le  patronage  de  saint  Pacôme, 
anachorète  de  la  Thébaïde,  qui  ne  vivait  que  de 
racines. 

Saint-Paniphile  (Islet) 

Lors  de  la  fondation  de  cette  paroisse,  feu  le  notaire 
Pamphile  Verrault,  de  Saint- Jean  Port- Joli,  était 
député  du  comté  de  l'Islet.  Il  fut  aussi  un  bien- 
faiteur insigne  de  la  nouvelle  paroisse.     C'est  donc 


407 


en  mémoire  de  son  bienfaiteur  qu'elle  a  pris  le  nom 
de  Saint-Pamphile. 

Saiiit-Paschal  (Kaiuouraska) 

Cette  paroisse  a  été  placée  sous  la  protection  de 
saint  Paschal,  en  l'honneur  de  M.  Paschal  Taché, 
seigneur  de  Kamouraska. 

Saint-Patrice  de  Beau  rivage  (Lotbinière) 

En  1860,  un  certain  nombre  d'Irlandais  de  Saint- 
Sylvestre  habitant  tous  la  même  concession,  deman- 
dèrent à  Mgr  Baillargeon,  alors  administrateur  de 
l'archidiocèse  de  Québec,  la  permission  de  se  bâtir 
une  église.  Cette  permission  leur  ayant  été  refusée, 
ils  élevèrent  quand  même  une  modeste  église.  Pen- 
dant cinq  ans  l'autorité  ecclésiastique  les  priva  de 
prêtres  et  de  sacrements.  A  la  fin,  M.  Edouard 
Fafard,  curé  de  Saint-Sylvestre,  après  bien  des  efforts 
auprès  des  habitants  pour  les  engager  à  se  soumettre 
et  des  sollicitations  auprès  de  l'évêque  pour  obtenir 
la  réconciliation  de  cette  partie  de  son  troupeau, 
obtint  la  permission  de  bénir  leur  église  et  d'y  dire 
la  messe  une  fois  par  mois.  La  nouvelle  paroisse 
fut  mise  sous  le  patronage  de  saint  Patrice  parce 
que  cette  concession  habitée  par  des  Irlandais,  venus 
d'Irlande,  était  déjà  connue  sous  ce  nom. 

Saiut-Paul  de  la  Croix  (Téiniscoiiata) 

Mgr  Langevin  mit  cette  paroisse  sous  le  patronage 
de  saint  Paul  de  la  Croix,  parce  que,  lors  de  sa  fon- 
dation, ce  saint  venait  d'être  canonisé  par  Pie  IX. 

Saiut-Paul  de  l'île-aiix-Noix  (Saint-Jean) 

En  l'honneur  de  Mgr  Paul  Bruchési,  archevêque 
de  Montréal. 


408 


Saint-Pliiléas  de  Villeroy  (Lotbinière) 

Saint-Philéas  :  Du  prénom  du  premier  desservant 
de  cette  mission,  M.  Philéas-J.  Fillion,  du  séminaire 
de  Québec.  ^ 

Villeroy  :  La  gare  de  l' Intercolonial  avait  d'abord 
été  appelée  Kingsburg,  du  nom  de  MM.  King,  pro- 
priétaires de  limites  à  bois  en  cet  endroit.  Ce  nom 
a  été  changé  en  Villeroy,  un  peu  pour  traduire  le 
nom  anglais  (Kingsburg)  et  un  peu  en  souvenir  de 
l'organisateur  de  la  mission,  M.  F.-E.  Roy,  agent  de 
la  gare  Intercolonial. 

Saint-Pliilémon  de  Mailloux  (Bellechasse) 

Cette  paroisse  a  é  té  démembrée  en  partie  de  Saint- 
Paul  du  Buton.  Saint  Philémon  fut  le  disciple  bien- 
aimé  de  saint  Paul. 

Saint  Pie  de  Guire  (Yaïuaska) 

La  seigneurie  de  Guire  fut  concédée,  le  23  sep- 
tembre 1751,  au  sieur  Joseph  de  Guire  dit  des  Rosiers. 
Cette  paroisse  fut  mise  sous  le  patronage  de  saint 
Pie  V,  pape,  lors  de  son  érection  canonique  en  1866, 
en  l'honneur  de  Pie  IX,  alors  sur  le  trône  papal. 

Saint-Pierre  de  Howick.tChfiteaug^uay) 

En  1894,  une  assemblée  assez  originale  eut  lieu  à 
Howick.  A  environ  quatre  milles  de  l'église  se 
trouve  un  petit  village  habité  par  des  Canadiens- 
Français,  qui  jusqu'à  ces  derniers  temps  n'avait  pas 
encore  de  nom  particulier.  Dans  l'été  de  1894  donc, 
les  gens  de  ce  village  se  réunirent  en  assemblée  plé- 
nière  et  baptisèrent  leur  village  Saint-Pierre  de 
Howick,   en  mémoire  du  premier   canadien  établi 


409 


dans  cette  partie  de  la  paroisse,  Pierre  Bourcier  dit 
La  vigne.     (1) 

Saint-Pierre   tle  la  Rivière  d a-Sud  (Montmajjuy) 

Le  fondateur  de  l'église  de  cette  paroisse  fut  Pierre 
Blanchet. 

Saint-Pierre  de  Sorel  (Richelieu) 

Le  premier  seigneur  de  Sorel  se  nommait  Pierre 
de  Sorel. 

Saint-Pierre  du  Lac  (Mataue) 

Cette  paroisse  formée  par  M.  Pierre  Brillant  sur  le 
bord  du  lac  Matapédiac,  prit  le  nom  de  son  fonda- 
teur qui  en  fut  le  premier  curé. 

Saint- Pi  erre  Baptiste  (Megan  tic) 

Saint  Pierre-Baptiste  est  un  des  vingt-six  martj^s 
du  Japon  crucifiés  vers  la  fin  du  dix-septième  siècle. 
Ces  martyrs  furent  canonisés  par  Pie  IX  le  jour  de 
la  Pentecôte  en  1862.  La  mission  de  Saint-Pierre- 
Baptiste  ayant  été  ouverte  vers  cette  époque  ce  saint 
eu  fut  choisi  pour  titulaire. 

Saint  Placide  ( Deux-Montagnes) 

Saint-Placide  est  un  démembrement  de  Saint- 
Benoit.  Lorsque  saint  Benoit  se  retira  pour  la 
deuxième  fois  dans  le  désert  de  Subiaco,  le  sénateur 
romain  Tertulle  lui  amena  Placide,  son  fils  aîné, 
âgé  seulement  de  sept  ans.  Un  jour  que  Placide 
puisait  de  l'eau  au  lac  de  Néron,  le  poids  de  la 
cruche  l'entraîna,  et  il  tomba  dans  les  ondes.  Saint 
Benoit  ordonne  à  saint  Maur,  son  fidèle  disciple,  de 
voler  au  secours  de  l'enfant.  Sur  la  parole  de  son 
supérieur,  Maur  part  sans  hésiter,  et  plein  de  confiance 

(1)  La  Presse,  29  juin  1894. 


410 


dans  l'ordre  qu'il  a  reçu,  il  marche  sur  les  eaux,  et 
retire  Placide  du  gouffre  dans  lequel  il  allait  dispa- 
raître. 

Saint-Prime  (Lac  Saint-Jean) 

Le  nom  de  Saint-Prime  a  été  donné  à  cette  paroisse 
par  Mgr  Racine,  premier  évêque  de  Chicoutimi,  en 
l'honneur  de  M.  Prime  Girard,  deuxième  curé  de 
Roberval,  qui  le  premier  donna  la  mission  aux 
nouveaux  colons  vers  1868. 

Saint-Prosper  (Ghaïuplaiu) 

Cette  paroisse  fut  érigée  par  Mgr  Turgeon,  arche- 
vêque de  Québec,  le  27  février  1850,  sous  l'invocation 
de  saint  Prosper  d'Aquitaine,  évêque  et  docteur  de 
l'église,  en  l'honneur  de  Prosper  Méthot,  notaire  de 
Sainte-Anne  de  la  Pérade. 

Saint-Prosper  (Dorchester) 

C'est  M.  Prosper  Meunier  qui  fonda  la  mission  de 
Saint-Prosper,  alors  qu'il  était  curé  de  Saint-Zacharie 
de  Metgermette. 

Saiut-Raphaël  (Bellecliasse) 

En  souvenir  de  M.  François-Raphaël  Paquet,  curé 
de  Saint-Gervais  de  1806  à  1838. 

Saint-Régris  (Huntiugdon) 

''  Saint  Jean-François  Régis  brûlait  de  répandre  son 
sang  pour  Jésus-Christ.  Comme  les  Jésuites  venaient, 
au  prix  de  fatigues  inouïes,  d'inaugurer^les  missions  du 
Canada,  il  écrivait  au  général  de  la  compagnie  de 
Jésus  pour  qu'on  l'y  envoyât  :  ''Je  me  sens,  mon 
très  révérend  père,  un  si  véhément  désir  de  passer 
au  Canada  pour  m'y  consacrer  au  salut  des  peuples 
sauvages  qui  l'habitent,  que  je  croirais  manquer  à  la 


411 


Tocation  divine  si  je  ne  vous  manifestais  les  senti- 
ments que  Dieu  m'inspire  à  cet  égard.  Je  vous  les 
expose  aujourd'hui  et  je  vous  supplie  très  instam- 
ment d'exaucer  mes  vœux,  malgré  mon  indignité. 
Ma  confiance  en  la  bonté  de  Dieu  est  si  grande 
qu'elle  ne  me  permet  pas  de  douter  que  vous  ne 
m'accordiez  la  grâce  que  je  vous  demande  avec 
larmes  et  que  je  souhaite  si  ardemment " 

''  Le  Père  Vitelleschi,  alors  général  de  la  compa- 
gnie de  Jésus,  ne  crut  pas  devoir  accorder  l'autori- 
sation demandée.  Un  an  plus  tard,  le  saint  homme 
revenait  encore  à  la  charge  :  "  Vous  avez  eu  la 
bonté  de  m' écrire  que  vous  auriez  égard  au  dessein 
que  Dieu  m'a  inspiré  d'aller  annoncer  l'Evangile 
aux  peuples  du  Canada,  lorsque  le  temps  aurait 
mûri  ma  vocation.  Je  vous  supplie  de  faire  attention 
que  ce  dessein,  que  Dieu  a  fait  naître  dans  mon 
cœur,  il  y  a  une  année  entière,  et  qui  s'y  est  toujours 
fortifié  depuis  le  premier  moment,  est  un  fruit  du 
ciel,  parvenu  à  parfaite  maturité,  ayant  été  si  souvent 
arrosé  de  mes  larmes,  et  si  longtemps  échauffé  par 
le  feu  de  l' Esprit-Saint.  Ayez  donc  la  bonté  d'exaucer 
des  vœux  si  ardents. .  "  Cette  fois  encore  le  général, 
tout  en  louant  son  zèle,  lui  annonça  qu'il  ne  pouvait 
point  passer  chez  les  Hurons. 

''  Saint  Jean-Francois  Réo-is  a  donc  été  au  moins  de 
cœur  un  apôtre  du  Canada.  Aussi,  lorsque  l'Eglise 
le  mit  au  nombre  des  saints,  les  Jésuites  du  Canada 
s'empressèrent  de  mettre  leur  mission  sous  son  patro- 
nage." (1) 

Saint-Rémi  de  Tingwick  (Artliabaska) 

Mgr  Laflèche,  lorsqu'il  s'agit  de  donner  un  patron 


(1)  L'abbé  David  Gosselin,  Semaine  religieuse  de  Québec, 


412 


à  la  nouvelle  paroisse,  demanda  à  ceux  qui  allèrent 
le  voir  à  cet  effet  quel  était  le  nom  du  premier  colon 
de  la  localité.  Il  se  nommait  Rémi  Grenier,  lui 
répondit-on.  Eh  bien  !  ajouta  l'évêque,  votre  paroisse 
aura  pour  patron  saint  Rémi,  en  souvenir  de  son 
premier  colon. 

Saint  Rémi  du  Lac  aux-Sables  (Portneuf) 

Mis  sous  le  patronage  de  saint  Rémi  par  Mgr 
Bégin,  quelque  temps  après  son  retour  de  Reims,  où 
il  avait  célébré  avec  l'élite  du  clergé  français  le 
quatorzième  centenaire  du  baptême  de  Clovis  par 
saint  Rémi. 

Saiiit-Kobert  (Rlciielieti) 

Une  grande  partie  du  territoire  actuel  de  Saint- 
Robert,  était  la  propriété  d'un  M.  Robert. 

Saint-Kocli  (Québec) 

Le  nom  de  Saint-Roch  donné  à  cette  paroisse  doit 
lui  venir  de  la  petite  chapelle  ou  ermitage  que  les 
Récollets  y  bâtirent  sur  le  bord  de  la  rivière  Saint- 
Charles,  quelque  part  vers  le  Palais,  en  1694  ou  95, 
et  qu'ils  auraient  mis  sous  l'invocation  de  saint  Roch, 
en  souvenir  du  faubourg  Saint-Roch,  qui  se  trouvait 
dans  la  ville  de  Paris.  L'annaliste  du  monastère  de 
Notre-Dame  des  Anges  {Mgr  de  Saint-  Vallier  et  U Hô- 
pital-Général)  parlant  de  cet  ermitage  dit  :  "  C'est  le 
petit  hospice  de  Saint-Roch  dont  il  est  parlé  dans 
nos  annales  ".  » 

Dans  l'échange  que  fit  Mgr  de  Saint- Vallier  avec 
les  Récollets,  au  sujet  de  leur  couvent  de  Notre-Dame 
des  Anges  (maintenant  l'Hôpital-Général),  ces  reli- 
gieux voulaient  se  réserver  quatre  arpents  pour  un 
jardin  dont  ils  tireraient  des  légumes  et  aussi  pour  y 


413 


bâtir  un  petit  ermitage  à  y  faire  leurs  retraites;  mais 
Mgr  de  Saint-Vallier  préféra  leur  donner  douze  cents 
livres  de  plus  que  le  montant  stipulé  pour  leur  aider 
à  se  procurer  un  autre  terrain  ailleurs,  sur  le  bord  de 
l'eau,  où  ils  auraient  un  lieu  de  débarquement  pour 
leur  chaloupe.  Le  4  novembre  1693,  Frontenac 
accorde  aux  Récollets  "  3  arpents  de  terre,  près  du 
palais  de  l'Intendant,  pour  un  ermitage  ou  retraite, 
etc.  ".  Mgr  de  Saint-Vallier  permit  aux  Récollets 
d'établir  en  cet  endroit  le  dit  ermitage  pour  y  faire  les 
dites  retraites,  et  d^y  avoir  une  chapelle  avec  un  petit 
clocheton  pour  y  sonner  la  messe. 

Voilà  ce  que  nous  croyons  être  l'origine  du  nom 
de  Saint-Roch  donné  à  cette  paroisse.     (1) 

Saint-Koch  (Richelieu) 

Le  seigneur  Roch  de  Saint-Ours  est  considéré 
comme  le  fondateur  de  cette  paroisse. 

Saiut-Uocb  de  l'Achigan  (L'Assomption) 

En  considération  de  Roch  de  Saint-Ours,  proprié- 
taire de  la  seigneurie  de  Lachenaie,  dans  laquelle 
était  située  cette  paroisse.  M.  Roch  de  ksaint-Ours, 
selon  la  tradition  locale,  donna  à  cette  paroisse  une 
terre  de  trois  arpents  sur  trente.  (2) 

Saiut-Kocli  d'Orford  (Sherbrooke) 

La  gare  et  le  bureau  de  poste  portant  le  nom  de 
Rock-Forest  ont  suggéré  à  l'évêque  de  mettre  la 
paroisse  sous  le  patronage  de  saint  Roch. 

Saint  Sauveur  de  Québec 

Saint-Sauveur  fut  nommé  ainsi  en  l'honneur  de 


(l)Philéas  Gagnon,  le  Soleil,  1er  juillet  1890. 
•(2)  Annuaire  de  Ville-Marief  vol.  1er,  p.  59, 


414 


M.  LeSueur,  prêtre  français,  à  qui  les  Canadiens 
donnaient  le  nom  de  Saint-Sauveur  parce  qu'il  avait 
été  curé  de  Saint-Sauveur  de  Thury. 

Saint-Sévère  (Saint-Maurice) 

M.  Sévère-Nicolas  Dumoulin,  curé  de  Sainte- 
Anne  d'Yamachiche,  prit  une  grande  part  à  la  fon-. 
dation  de  cette  paroisse. 

Saint-Sévérin  de  Beaurivage  (Beauce) 

Enl'honneur  de  M.  l'abbé  Edouard-Sévérin  Fafard. 
Saint  Simon  de  Kamsay  (Bagot) 

Les  paroisses  de  Saint-Simon  et  de  Saint-Judes  sont 
voisines.  Les  deux  apôtres  Simon  et  Judes,  après  avoir 
reçu  le  Saint-Esprit,  prêchèrent  dans  la  Judée,  la 
Samarie  et  la  Syrie.  Plus  tard  ils  allèrent  ensemble  en 
Perse.  A  Snanyr,  les  mages  s'emparèrent  d'eux,  les 
menèrent  devant  les  images  du  soleil  et  de  la  lune,  et 
les  sommèrent  de  les  adorer  ;  les  apôtres  refusèrent, 
et  furent  massacrés.  Les  corps  des  martyrs  furent 
transportés  à  Rome,  puis  à  Toulouse  où  ces  saintes 
reliques  se  trouvent  aujourd'hui. 

Saint-Sixte  (Ottawa) 

Un  lac  des  environs  était  connu  depuis  longtemps 
sous  le  nom  de  San-Sic.  Il  n'est  pas  impossible  que 
les  autorités  religieuses  aient  donné  le  nom  de  Saint- 
Sixte  à  cause  de  la  consonnance  des  deux  noms. 

Saint-Stanislas  de  Kostka  (Beauliarnois) 

Saint  Stanislas  de  Kostka  est  le  patron  de  la  jeu- 
nesse. Il  paraît  que  lors  de  la  fondation  de  cette 
paroisse,  les  jeunes  gens  qui  habitaient  son  territoire 
avaient  besoin  d'un  protecteur  très  puissant  au  ciel. 


415 


Saint-Sulpice  (L'Assoniptîon) 

La  seigneurie  de  Saint-Sulpice  concédée  primiti- 
vement le  17  décembre  1640  à  MM.  Cherrier  et 
LeRoyer  passa  plus  tard  entre  les  mains  des  MM. 
de  Saint-Sulpice  de  Montréal. 

Saint  Théophile  d'Ely  (Shefford) 

Cette  paroisse  fondée  en  1905  a  pris  le  nom  de 
son  fondateur,  M.  L. -Théophile  Descarries,  curé  de 
Saint- Joseph  d'Ely. 

Saint-Théophile  du  L»ac  à  la  Tortue  (Champlaiu) 

Ce  lac  a  la  forme  d'une  tortue. 

De  passage  au  lac  à  la  Tortue  en  1887  Mgr 
Laflèche  décida  de  fonder  une  paroisse  sur  ses  bords 
et,  comme  préliminaire,  il  le  mit  sous  la  protection 
d'un  saint.  En  souvenir  de  M.  Théophile  Sicard 
de  Carufel,  premier  curé  de  Notre-Dame  de  Mont- 
Carmel,  dont  cet  endroit  faisait  partie,  il  le  mit  sous 
la  protection  de  saint  Théophile,  martyr  du  troi- 
sième siècle,  dont  la  fête  se  célèbre  le  23  juillet. 

Saint -Thomas  (  Joliette) 

Cette  paroisse  est  un  démembrement  de  Sainte- 
Elisabeth.  Connue  d'abord  sous  le  nom  de  Jersey- 
Nord,  cette  partie  de  territoire  se  trouvait  trop  éloi- 
gnée de  l'église  ;  en  1838,  quelques-uns  de  ses  habi- 
tants décidèrent  de  demander  l'érection  d'une 
nouvelle  paroisse.  La  permission  ayant  été  accordée, 
ils  se  mirent  à  l'œuvre,  et  aidèrent  à  la  construction 
de  l'église  et  de  la  sacristie,  soit  par  souscription 
volontaire,  soit  en  fournissant  des  matériaux.  La 
nouvelle  paroisse  reçut  le  titulaire  de  Saint-Thomas, 
du  nom  de  M.  Thomas  Brassard,  alors  curé  de  Sainte- 


416 


Elisabeth,  lequel  avait  généreusement   secondé  les 
efforts  des  habitants  de  Jersey-Nord.  (1) 

S  àint  Thomas  d'AquiD  (Saint-Hyacinthe) 

La  paroisse  de  Saint-Thomas  d'Aquin  a  été  déta- 
chée de  celle  de  Notre-Dame  de  Saint-Hyacinthe, 
desservie  par  les  Pères  Dominicains.  Thomas 
d'Aquin  a  été  la  plus  belle  figure  de  l'ordre  de  saint 
Dominique. 

Saint-Thomas  de  Montmag-ny 

Le  premier  missionnaire  ou  desservant  de  cette 
paroisse  fut  M.  Thomas  Morel.  On  peut  donc  raison- 
nablement supposer  qu'elle  fut  mise  sous  le  patronage 
de  saint  Thomas  en  l'honneur  de  ce  saint  prêtre. 

Saiut-Thurihe  de  Graudbois  (Portneuf) 

Saint  Thuribe  était  un  évêque  du  Pérou,  et  il  est 
le  premier  saint  canonisé  des  deux  Amériques. 

Grandbois  est  le  nom  d'un  citoyen  universellement 
estimé  dans  Saint-Casimir  par  sa  respectabilité  incon- 
testable et  par  les  services  qu'il  rend  à  un  grand 
nombre  de  familles  en  leur  procurant  de  l'ouvrage 
dans  l'industrie  du  bois. 

Saint-Tite  des  Caps  (Montmorency) 

Saint-Tite  est  située  sur  les  caps,  en  arrière  du  cap 
Tourmente.  Cette  paroisse  fut  ainsi  nommée  à 
l'occasion  de  l'inscription  de  ce  saint  au  calendrier 
romain  sous  Pie  IX. 

Saint  Ubald  (Portneuf) 

Saint-Ubald  a  pris  son  nom  de  Ubald  Gingras,  un 
de  ses  premiers  colons. 


{l)  Le  diocèse  dt  Montréal  à  la  fin  du  XIXe  siècle,  p.  690. 


417 


SaintUrbain  (Charlevoix) 

Saint-Urbain  rappelle  le  nom  d'un  des  premiers 
supérieurs  du  séminaire  de  Québec,  M.  Urbain 
Boiret. 

SalDt- Urbain  I  (Cliâteaiiguay) 

La  paroisse  de  Saint-Urbain  I  a  été  détachée  de 
celle  de  Sainte-Martine.  C'est  sous  le  pontificat  de 
saint  Urbain  I  que  sainte  Martine  a  subi  le  martyre. 

Saint- Valérien  (Kiniouski) 

Cette  paroisse  étant  un  démembrement  de  celle 
de  Sainte-Cécile  du  Bic,  l'autorité  diocésaine  a  jugé 
convenable  de  lui  donner  le  nom  de  Saint- Valérien. 
Saint  Valérien,  martyr,  était  l'époux  de  sainte 
Cécile. 

Saint- Valérien  de  Milton  (Slieflorcl) 

Les  parents  de  sainte  Cécile  la  marièrent  à  un 
jeune  païen,  nommé  Valérien.  Cécile,  qui  avait  fait 
vœu  de  se  consacrer  au  Seigneur,  se  sentit  toute 
troublée  lorsqu'elle  fut  seule  avec  Valérien. 

— Jeune  et  tendre  ami,  dit-elle  à  son  époux,  j'ai 
un  secret  à  te  confier  ;  mais  jure-moi  que  tu  sauras 
le  respecter. 

— Je  le  jure. 

— Un  ange  du  Seigneur  me  garde  ;  il  t'aimera 
comme  il  m'aime,  et  il  te  prodiguera  ses  faveurs,  si 
comme  moi  tu  te  consacres  à  Dieu. 

— Si  tu  veux  que  je  croie  à  ta  parole,  fais-moi 
voir  cet  ange. 

— Tu  le  verras  quand  tu  auras  été  purifié. 

— Qui  me  purifiera  ? 

— Le  chef  des  Chrétiens,  le  saint  pontife  Urbain  : 

va  le  trouver. 
27 


418 


Valérien  obéit  :  lorsqu'il  eut  été  baptisé  par  le 
Pape,  il  retourna  chez  Cécile.  Elle  priait,  et  près 
d'elle,  resplendissant,  l'ange  du  Seigneur  tenait 
deux  couronnes  entrelacées  de  roses  et  de  lis  ;  il  en 
posa  une  sur  la  tête  de  Cécile,  l'autre  sur  celle  de 
Valérien.  La  première  pensée  de  celui-ci  fut  d'asso- 
cier à  son  bonheur  son  frère  :  il  l'amena  à  Cécile, 
qui  le  fit  baptiser.  Les  deux  frères  ne  tardèrent  pas 
à  conquérir  dans  d'horribles  supplices  la  palme  du 
martyre.     (1) 

Comme  on  le  voit,  l'autorité  religieuse  avait  de 
bonnes  raisons  de  mettre  la  paroisse  de  Saint- Valé- 
rien de  Milton,  voisine  de  la  paroisse  de  Sainte- 
Cécile  de  iNIilton,  sous  le  patronage  de  saint  Valérien. 

Saint-Valier  (Bellechasse) 

Au  commencement  du  dix-huitième  siècle,  Mgr  de 
Saint- Vallier,  deuxième  évêque  de  Québec,  acheta 
pour  la  somme  de  30,000  livres,  de  Louis- Joseph 
Morel  de  la  Durantaye,  la  moitié  du  fief  concédé  à 
son  père  en  1672  et  en  1696.  C'est  à  cette  époque 
que  ce  nouveau  domaine,  donné  en  pur  don  aux 
religieuses  de  l'Hôpital-Général,  prit  le  nom  de  Saint- 
Vailier.  (2) 

Saint- Victor  de  TriDg  (Beance) 

A  Montréal,  vers  1860,  une  maison  de  commerce 
faisait  une  spécialité  de  pousser  les  jeunes  gens  à 
aller  s'établir  comme  marchands  dans  les  nouvelles 
colonies  :  c'était  l'ancienne  maison  Ephrem  et  Victor 
Hudon.  Ils  étendirent  leurs  opérations  dans  tous 
les  cantons  de  l'Est,  juscpe  dans  les  cantons  de 
Beauce  :  témoin,  la  paroisse  de  Saint- Victor  de  Tring, 

(1)  L'abbé  G.  Bouras=îci,  Conférences  et  discour.-f  p.  85. 

(2)  Mgr  de  Saint- Vallier  ei  l' Hôpital- Général  de  Québec» 


419 


ainsi  nommée  d'après  l'un  des  chefs  de  cette  maison, 
M.  Victor  Hudon. 

Saînt-Wilbrod  (Lac  Saint-Jean) 

Cette  paroisse  a^été  détachée  de  la  paroisse  d'Hé- 
bertville.  M.  Wilbrod  Barabé  était,  lors  de  cette 
fondation,  curé  d'Hébertville. 

Saint  Zéplilrin  de  Statlacoua  (Québec) 

Le  village  Stadacona  est  situé  sur  les  bords  des 
rivières  Saint-Charles  et  Lairet. 

Stadacona  a  été  mis  sous  le  patronage  de  saint 
Zéphirin  en  l'honneur  de  M.  Zéphirin  Charest,  pre- 
mier curé   de  Saint-Roch  de  Québec. 

Saint  Zotiqiie  (Soulanges) 

La  paroisse  de  Saint-Zotique  fut  érigée  l'année 
même  que  Mgr  Bourget  apporta  au  Canada  les  reli- 
ques de  saint  Zotique. 

Sain  te- Adèle  (Terreboune) 

C'est  l'honorable  A.-N.  Morin  qui  est  le  fondateur 
de  la  paroisse  de  Sainte-Adèle,  qui  a  pris  le  nom  de  sa 
digne  épouse,  Adèle  Raymond.  L'œuvre  de  M.  Morin 
se  fit  sentir  bien  loin  dans  le  Nord  ;  son  grand  cœur  ne 
pouvait  distinguer  aucune  paroisse,  aucun  canton  ; 
il  fut  une  providence  pour  tous  ceux  qui  venaient 
lui  demander  secours  et  conseil.  Il  aimait  à  venir  se 
réfugier  dans  ces  montagnes,  et  il  faisait  ses  délices 
de  quitter  pour  cette  sauvage  retraite  les  grandes 
villes  où  ses  occupations  de  ministre,  de  juge  ou  de 
codificateur  le  retenaient  longtemps.  C'était  son 
bonheur  de  venir  s'asseoir  au  milieu  des  colons  de 
Sainte-Adèle,  qui,  tout  pauvres  qu'ils  étaient,  l'ap- 
prochaient avec  confiance.  (1) 

(l)  Testard  de  Montigny,  La  co'onisation,  p.   100.  , 


420 


Sainte-Agathe  (Lotbinière) 

Les  premiers  colons  de  Sainte-Agathe  étaient  des 
Irlandais.  C'est  probablement  pour  cette  raison 
qu'on  a  donné  pour  patronne  à  cette  paroisse  sainte 
Agathe,  qui  est  la  patronne  de  l'église  des  Irlandais 
à  Rome. 

Sainte- Agathe  des  31onts  (Terrehonne) 

Sainte- Agathe  des  Monts  est  un  nom  bien  choisi. 
Le  village  qui  prend  rapidement  les  proportions 
d'une  petite  ville,  est  situé  près  du  sommet  de  la 
première  chaîne  des  Laurentides,  au  seuil  même  de 
la  région  des  forêts  vierges  la  plus  étendue  de  l'uni- 
vers. 

Sainte-Angèle  de  Laval  (Nicolet) 

Cette  paroisse,  démembrée  de  Bécancour,  était 
connue  autrefois  sous  les  noms  de  Passage  du  Fleuve, 
d'île  de  Bécancour  ou  de  Poste  Doucet. 

C'est  M.  Charles-Olivier  Caron,  grand-vicaire  de 
Trois-Rivières,  qui  choisit  le  vocable  Sainte-Angèle. 
Il  voulait  ainsi  honorer  les  Ursulines  de  Trois- 
Rivières  dont  il  était  le  chapelain.  On  sait  que 
sainte  Angèle  de  Mérici  avait  une  très  grande 
dévotion  à  sainte  Ursule.  Elle  donna  le  nom  d' Ur- 
sulines aux  religieuses  de  son  ordre  pour  les  mettre 
sous  la  protection  de  l'illustre  martyre  de  Cologne. 

Sur  la  suggestion  de  M.  Edouard  Thibaudeau,  on 
ajouta  "  de  Laval,"  en  l'honneur  du  premier  évêque 
de  Québec  et  pour  distinguer  la  paroisse  de  celles  de 
Sainte-Angèle  de  Mérici,  comté  de  Matane,  et  de 
Sainte-Angèle  de  Monnoir,  comté  de  Rouville. 


421 


Sainte-Augèle  de  Mérici  (Mataue) 

Une  des  seigneuresses  de  Rimouski,  Angèle  Dra- 
peau, avait  fait  don  à  la  mission  d'une  garniture  de 
chandelier  d'autel  en  bronze  %argenté.  Par  recon- 
naissance, M.  Charles  Cloutier,  curé  de  Saint-Octave 
de  Métis,  fondateur  de  la  inission,  voulut  la  mettre 
sous  la  protection  de  sainte  Angèle  de  Mérici.  ''  Je 
demande  respectueusement,  écrivait-il  le  22  août 
1864  à  l'archevêque  de  Québec,  que  cette  nouvelle 
mission  soit  placée  sous  la  protection  de  sainte 
Angèle  de  Mérici."  Les  vœux  de  l'excellent  curé 
furent  exaucés  ;  la  mission  obtint  la  patronne  qu'elle 
désirait  et,  quelques  années  plus  tard,  le  18  mars 
1869,  elle  était  canoniquement  érigée  en  paroisse 
sous  le  même  nom. 

Sainte-AuDe  de  Beaupré  (Montmorency) 

Une  tradition  assez  répandue  veut  que  la  première 
chapelle  de  cette  paroisse  ait  été  bâtie  par  des  mate- 
lots bretons,  surpris  par  la  tempête  en  remontant  le 
Saint-Laurent,  et  qui  firent  vœux  d'ériger  une  cha- 
pelle sous  le  vocable  de  sainte  Anne,  là  où  ils  réussi- 
raient à  mettre  pied  à  terre. 

''  Avant  1658,  dit  M.  Faillon,  il  n'existait  à  la 
côte  de  Beaupré,  aucune  église  ou  chapelle  dédiée  à 
sainte  Anne.  Celle  dont  M.  de  Queylus  désigna  la 
place  et  détermina  le  nom  fut  la  première  qui  eût 
été  érigée  en  Canada  sous  ce  vocable,  quoiqu'il 
existât  déjà  dans  l'église  paroissiale  de  Québec,  un 
autel  dédié  à  Dieu,  sous  le  nom  de  cette  sainte. 

''  Si  M.  de  Queylus,  continue  le  savant  historien, 
plaça  cette  église  sous  le  vocable  de  sainte  Anne,  ce 
fut  pour  mettre  de  plus  en  plus  en  honneur  le  culte  de 
cette  sainte  en  Canada,  conformément  à  ce  que  M. 


422 


Olier  avait  déjà  fait  à  Paris,  et  surtout  dans  la  paroisse 
de  Saint-Sulpice,  par  un  effet  de  sa  grande  dévotion 
envers  la  Sainte  Famille  de  Jésus,  Marie  et  Joseph, 
dont  il  voulut  même  que  le  monogramme  servit 
d'armoiries  à  la  Compagnie  qu'il  institua".  (1) 

Sainte-Angélique  de  Painneauvllle  (Ottawa) 

•  Nommée  ainsi  par  Joseph  Papineau,  seigneur  de 
la  Petite  Nation,  par  affection  pour  Angèle  Cornu, 
épouse  de  son  fils  l'honorable  Denis-Benjamin  Papi- 
neau, qui  avait  toujours  été  l'agent  de  cette  seigneu- 
rie. 

Sainte- Anne  de  la  Pérade  (Clianiplain) 

Nommer  François-Xavier  Tarieu  de  Lanaudière, 
sieur  de  la  Pérade,  c'est  citer  un  nom  honoré,  une 
mémoire  enrichie  de  beaux  états  de  services  mili- 
taires. Louis  XIV  les  reconnut  par  la  concession 
d'une  terre  qui  fut  le  noyau  de  la  belle  paroisse  de 
Sainte-Anne.  (2) 

Sainte-Anne  de  la  Pocatière  (Kaniouraska) 

La  paroisse  de  Sainte-Anne  est  tout  entière  com- 
prise dans  le  fief  de  la  Pocatière  qui  fut  concédé,  le 
29  octobre  1672,  par  l'intendant  Talon  à  Marie- 
Anne  Juchereau,  veuve  de  François  Pollet  de  la 
Combe-Pocatière,  capitaine  réformé  au  régiment  de 
Carignan  et  maréchal  des  logis.  Ce  fief  comprenait 
une  lieue  et  demie  de  front,  le  long  du  fleuve,  et 
autant  de  profondeur.  Le  titre  de  concession  com- 
portait que  Marie-Anne  Juchereau  tiendrait  feu  et 
lieu  sur  ces  terres,  et  que,  dans  tout  contrat  avec  ses 


(1)  Histoire  de  la  colonie  française  en  Canada^  vol.  II,  p.  562. 

(2)  L'abbé   L.   S.    Rheault,    Autrefois   et  aujourd'hui  à  ISainte- 
Anne  de  la  Pérade^  p.  4. 


423 


tenanciers,    ceux-ci    s'obligeraient    à   résider   dans 
l'année  sur  leurs  propriétés  de  fraîche  acquisition. 

Marie-Anne  Juchereau  ajouta  son  nom  de  baptême 
au  fief  de  la  Pocatière,  en  supprimant  le  nom  de 
famille  de  son  défunt  mari.  C'est  ainsi  que  fut 
formé  le  titre  du  fief  de  Sainte-Amie  de  la  Pocatière. 
Quant  à  la  paroisse  même,  on  la  désigna  tout  d'abord 
sous  le  nom  de  Sainte-Anne  de  la  Grande-Anse:  (1) 

Sainte-Aune  des  3Iouts  (Gaspé) 

Champlain  ayant  acquitté  sa  reconnaissance  envers 
son  bienfaiteur  le  commandeur  de  Chatte  en  don- 
nant son  nom  à  un  cap  de  la  Nouvelle-France,  en 
fit  autant  envers  le  successeur  du  commandeur,  M. 
de  Monts.  Il  donna  son  nom  à  une  rivière,  la  rivière 
de  Monts. 

C'est  sur  les  bords  de  la  rivière  de  Monts  que  s'est 
formée  la  paroisse  de  Sainte- Anne  des  Monts.  On 
devrait  donc  dire  et  écrire  Sainte- Anne  de  Monts. 

Les  premiers  établissements  de  cette  paroisse 
furent  commencés  par  J.-B.  Sasse ville,  de  Sainte- 
Anne  de  la  Pocatière.  C'est  en  souvenir  de  sa  paroisse 
natale  que  la  nouvelle  paroisse  prit  le  nom  de  Sainte- 
Anne. 

Sainte-Aune  des  Plaines  (Terrebonne) 

''Sainte- Anne  des  Plaines  est  un  démembrement 
de  Saint-Louis  de  Terrebonne.  Avant  l'année  1787, 
le  territoire  qui  forme  aujourd'hui  la  paroisse  de 
Sainte-Anne  des  Plaines,  et  une  partie  de  Saint- 
Janvier,  appartenait  à  Terrebonne  et  portait  le  nom 
de  Mascouche  du  Page.     Ce  nom  lui  a  été  conservé 


(1)  N.'-E.  Dionne,  Historique  delà  paroisse  de  Sainte- Anne  delà 
Pocatière. 


424 


jusqu'au  26  juillet  1816  ;  depuis  cette  époque  le  nom 
de  Mascouche  du  Page  est  disparu  complètement  des 
registres  et  des  documents  officiels  de  la  fabrique  de 
Sainte- Anne,  et  nous  ne  voyons  plus  apparaître  que 
celui  de  Sainte-Anne  des  Plaines. 

*'  D'où  venait  ce  nom  de  Mascouche  du  Page  ? 
Mascouche  est  la  corruption  d'un  mot  sauvage  (algon- 
quin) qui,  d'après  le  Père  Lacombe,  vient  de  3Iaskus, 
petit  ours.  Les  indiens  de  l'endroit  auraient  donné 
autrefois  ce  nom  à  la  petite  rivière  qui  coule  sur  la 
limite  sud  de  la  paroisse  et  l'auraient  appliqué  à  tout 
le  territoire  a  voisinant. 

"  Il  peut  se  faire  que  se  soit  là  l'origine  du  mot 
Mascouche  ;  mais  on  lui  en  attribue  une  autre  qui 
ne  paraît  pas  moins  vraisemblable.  Mashutew  (pro- 
noncez Mascoutéoii)  en  algonquin  signifie  une  'plaine, 
une  prairie  unie  ;  or  le  territoire  de  la  seigneurie  des 
Plaines  s'appelait,  de  temps  immémorial.  Les  Plaines. 
Le  premier  seigneur  de  Terrebonne  portait  aussi  le 
nom  de  seigneur  des  Plaines.  N'est-il  pas  plus  pro- 
bable que  le  nom  de  Mascouche  vient  de  Maskutew, 
La  Plaine  ?  Jusqu'à  une  nouvelle  explication  plus 
plausible,  nous  nous  en  tiendrons  à  celle-ci  qui  con- 
vient parfaitement  au  territoire  de  Sainte-Anne  des 
Plaines.  Quant  au  mot  Page  ajouté  à  celui  de 
Mascouche,  il  n'y  a  pas  de  doute  que  c'est  une  abré- 
viation de  Lepage,  premier  seigneur  et  colonisateur 
des  paroisses  de  Terrebonne  et  de  Sainte-Anne."    (1) 

Sainte-Barbe  (Huntiiigdon) 

Cette  paroisse  fut  nommée  ainsi  par  Mgr  Fabre  à 
cause  de  l'affection  qu'il  avait  toujours  eue   pour 


(1)  L'abbé  G.  Dugas,  Histoire,  de  la  paroisse  de  Sainte- Anne  des 
Plaines  y  p.  1.  , 


425 


sainte  Barbe.  Le  4  décembre  1896,  lorsqu'il  reçut 
les  derniers  sacrements,  Mgr  Fabre  dit,  entre  autres 
choses  :  "Je  remercie  sainte  Barbe,  pour  qui  j'ai 
toujours  eu  uns  dévotion  spéciale,  et  à  qui  j'ai  dédié 
une  paroisse  de  mon  diocèse,  de  la  grâce  qu'elle  m'a 
obtenue  de  recevoir  les  derniers  sacrements  le  jour  de 
sa  fête  ". 

Saiute-Bri-;ide  de  3Iouiioir  (Iberville) 

Sainte  Brigide  fut  choisie  comme  titulaire  de  cette 
paroisse  parce  que  la  majorité  de  ses  habitants,  lors 
de  son  érection,  était  d'origine  irlandaise.  Sainte 
Brigide,  thaumaturge  irlandaise,  était  l'amie  de  saint 
Patrice. 

Sainte-Brigitte  des  Saults  (Xicolet) 

La  rivière  des  Saults  et  la  rivière  Nicolet  se  rencon- 
trent à  Sainte-Brigitte.  Sur  chacune  de  ces  rivières 
se  trouve  une  chute  ou  un  saut  près  de  l'église. 

Sainte-Cécile  de  Valleyfield  (Beauliaruois) 

Saint-Cécile  de  Valleyfield  portait  à  l'origine  le 
nom  de  Saint-Cyriaque.  Nous  ignorons  pour  quelle 
raison  le  nom  de  Saint-Cyriaque  fit  place  à  celui  de 
Sainte-Cécile. 

Sainte-Claire  (Dorchester) 

La  paroisse  de  Sainte-Claire  a  été  nommée  ainsi 
en  souvenir  de  Claire-Françoise  Bissot,  épouse  de 
Jolliet,  le  découvreur  du  ^lississipi. 

Sainte-Clotilde  (Cliâteauguay) 

La  paroisse  de  Sainte-Clotilde  a  été  en  partie  déta- 
chée de  Saint-Rémi  de  La  Salle.  En  se  rappelant 
que  c'est  saint  Rémi  qui  versa  sur  la  tête  de  Clovis, 
époux  de  Clotilde,  l'eau  régénératrice  du  baptême, 


426 


on  comprendra  tout  de  suite  pourquoi  cette  paroisse 
a  été  mise  sous  le  patronage  de  la  première  reine 
chrétienne  de  France. 

Sainte-Croix  (Loll>Inière) 

En  1637,  une  étendue  de  terrain  d'une  lieue  de 
front  sur  dix  lieues  de  profondeur,  sur  la  rive  sud  du 
Saint-Laurent,  à  trente-six  milles  au-dessus  de  Québec, 
avait  été  destinée  par  la  Compagnie  des  Cent-Associés 
pour  une  communauté  de  religieuses  enseignantes. 

Les  Ursulines  emportèrent  le  lot.  Ce  ne  fut  cepen- 
dant que  dix  ans  plus  tard  qu'elles  purent  commen- 
cer leur  établissement.  Le  12  septembre  1647,  le 
Père  Jérôme  Lalemant  alla  prendre  possession  de  la 
seigneurie.  Il  posa  de  sa  main  les  bornes  prescrites 
par  la  loi,  et  honora  la  seigneurie  du  nom  de  Sainte- 
Croix. 

SaiDte-Cunégonde  (Hcclielaga) 

Sainte-Cunégonde  a  été  démembrée  de  Saint- 
Henri.  En  décembre  1875,  lorsque  cette  paroisse 
fut  canoniquement  érigée,  Mgr  Bourget  la  mit  sous 
le  vocable  de  sainte  C'unégonde,  épouse  de  saint 
Henri,  patron  de  la  paroisse  de  laquelle  elle  était 
détachée. 

Sainte  Elisabeth  (Juliette) 

Les  deux  donateurs  du  terrain  de  l'église  avaient 
prénom  Jean-Baptiste.  C'est  pour  les  honorer  qu'on 
mit  la  paroisse  sous  le  patronage  de  sainte  Eliza- 
beth,  mère  de  Jean-Baptiste. 

Sainte- Eugénie  du  Lac  Chaud  (Ottawa) 

Cette  paroisse  fut  mise  sous  le  patronage  de  sainte 
Eugénie  en   l'honneur   de  madame  Turgeon  (née 


427 


Eugénie  Samsoii),  épouse  de  l'honorable  M.  Adé- 
lard  Turgeon,  à  l'occasion  d'une  visite  faite  par  ce 
dernier  avec  ses  collègues  dans  cette  région  de  colo- 
nisation. 

Saiiite-Fîiinille  de  l'île  d'Orléans  (31oiitmoreucy) 

Le  voisinage  des  paroisses  de  Sainte-Anne  de 
Beaupré,  de  Saint-Joachim  et  de  Saint-Joseph  de  la 
Pointe-Lévy  n'a  pas  du  être  étranger  au  choix  de  la 
Sainte-Famille  comme  titulaire  de  cette  paroisse. 

Sainte -Flavie  (Matane) 

Cette  paroisse  fut  mise  sous  le  patronage  de  sainte 
Flavie  en  l'honneur  d'une  des  seigneur  esses,  Flavie 
Drapeau.  Lors  de  la  construction  de  la  première 
église,  en  1850,  les  dames  Drapeau  firent  don  à  la 
fabrique  de  douze  arpents  de  terre  en  superficie. 

Sainte  Foy  (Québec^ 

"  Doit-on  écrire  Sainte-Foy  ou  Sainte-Foye  ? 

''  Il  faut,  au  préalable,  remarquer  que  le  nom 
actuel  de  Notre-Dame  de  Sainte-Foy  est  formé  de  deux 
noms  :  Sainte-Foy,  nom  donné  par  ^L  de  Puiseaux  à 
un  fief  qui  lui  fut  concédé  en  1637,  et  N.-D.  de  Foy, 
titre  de  la  statue  miraculeuse  envoyée,  en  1669,  au 
P.  Chaumonot  par  le  P.  de  Véroncourt,  et  vénérée 
pendant  longtemps  dans  la  petite  chapelle  de  la  côte 
Saint-Michel.  Le  fief  situé — il  est  difficile  de  le  con- 
tester— dans  les  anciennes  limites  de  la  paroisse,  et 
même,  on  peut  l'affirmer  sans  grande  chance  d'er- 
reur, sur  la  rive  gauche  de  la  rivière  du  Cap-Rouge, 
a  laissé  son  nom  à  tout  ce  coin  de  pays.  Et  ce  nom, 
parcequ'il  était  plus  ancien  ou  plus  court  peut-être, 
a  prévalu  sur  celui  de  Notre-Dame  de  Fo}^  donné  à 
la  paroisse  par  Mgr  de  Saint-Vallier,  lors  de  l'érection 


428 


canonique  en  1698  :  il  est  maintenant  environné  d'un 
trop  grand  éclat  historique  pour  qu'il  soit  désirable, 
ou  même  possible  de  le  changer.  Mais  sans  le  chan- 
ger, il  n'est  pas  défendu  de  l'écrire  correctement.  Hé 
bien,  étudié  sous  l'une  ou  l'autre  forme,  la  conclusion 
s'impose,  nécessaire,  inévitable,  qu'il  faut  l'écrire 
Sainte-Foy  et  non  Sainte-Foye, 

**  Au  point  de  vue  grammatical, rien  qu'un  mot  tant 
la  chose  est  évidente.  Notre-Dame  de  Foy,  qu'on 
l'invoque  sous  le  titre  de  Virgo  fidelis,  comme  en  Bel- 
gique, ou  de  Mater  fidei,  comme  à  Amiens  où  une 
chapelle  lui  est  dédiée,  est  toujours  considérée  et  hono- 
rée comme  le  modèle  ou  la  gardienne  de  la  foi.  Quant 
à  sainte  Foi — on  écrivait  jadis  sainte  Foy — ,  patronne 
de  quelques  paroisses  de  France,  c'est  en  latin,  sancta 
Fides.  Encore  la  Foi.  Or,  de  l'aurore  de  la  langue 
française  jusqu'à  nos  jours,  jamais  le  mot  foi,  dans  le 
sens  d'hommage  ou  de  croyance,  n'a  été  écrit  avec 
un  e  :  on  a  écrit  fé,  fi,  fay,  foy,  foye  ou  foie  en  aucun 
temps.  La  vierge  martyre  d' Agen  a  été  appelée  sainte 
Fide,  nulle  part  sainte  Foye  ou  sainte  Foie.  Le  mot 
foie,  comme  tout  le  monde  sait,  désigne  toute  autre 
chose  qu'une  vertu  théologale  !  et  ainsi  Sainte-Foy  e 
est  non  seulement  une  faute  contre  la  grammaire, 
mais  un  contre-sens. 

"  Le  point  de  vue  historique,  le  plus  important, 
fournit  des  preuves  plus  éclatantes  encore.  Enumé- 
rons-les  sans  les  développer.  1"  En  Belgique,  où  le 
culte  de  N.-D.  de  Foy  a  pris  naissance,  au  commen- 
cement du  XVII  siècle,  on  a  toujours  écrit  N.-D.  de 
Foy.  2'^  Dans  l'authentique  envoyée  au  P.  Chau- 
monot  avec  la  statue  miraculeuse  en  1669,  il  y  a  A^.- 
D.  de  Foy. — De  quel  droit  le  bon  père  écrivait-il  N.- 
D.  de  Foye  ?  3"  Dans  l'édition  Burrows  des  Relations^ 


429 


où  les  documents  sont  donnés  avec  leur  orthographe 
originelle,  si  l'on  trouve  parfois  N.-D.  de  Foye,  on 
trouve  très  souvent  N.-D.  de  Foy.  Et  d'ailleurs 
l'orthographe  des  Relations,  fut-elle  toujours  fautive, 
ne  saurait  prévaloir  sur  celle  que  suivait  la  Belgique 
et  que  portait  l'authentique  jointe  à  la  statue.  4*^  Dans 
l'acte  d'érection  canonique  de  la  paroisse,  le  18  sep- 

tempre  1G98,  Mgr  de  Saint-Vallier  dit "  Comme 

dans  le  lieu  appelé  communément  Notre-Dame  de  Foy, 
il  y  a  un  nombre  considérable  de  fidèles  et  une  église". 
....  o'^  Le  nom  de  Sainte- Foy,  donné  à  son  fief  par 
M.  de  Puiseaux,  fut,  à  n'en  pas  douter,  emprunté 
comme  celui  de  Saint-Michel,  à  quelque  village  de 
France.  Il  y  avait  alors  et  il  y  a  encore  en  France 
deux  bourgs  ou  petites  villes  de  près  de  quatre  et 
cinq  mille  âmes  respectivement  appelés  Sainte-Foy  : 
Sainte-Foy-la-Grande,  dans  le  département  actuel  de 
la  Gironde,  ancienne  place  forte  des  protestants,  et 
Sainte-Foy,  près  de  Lyon.  Or  jamais  ces  noms  n'ont 
eu  d'autre  orthographe  que  celle  que  nous  donnons 
ici.  6'^  Nous  avons  des  documents  originaux  où  est 
mentionné  le  fief  de  M.  de  Puiseaux  :  la  donation 
C|u'il  en  fait  aux  associés  de  Montréal,  en  1641,  la 
rétrocession  consentie  par  ^L  de  ^laisonneuve  en 
1646.  Or  partout  on  écrit  Sainte-Foy.  7^  Le  29  octo- 
bre 1678,  Mgr  de  Laval  érige  une  grande  paroisse. 
"  Sanè,  dit-il,  cinn  in  locisvulgo  nuncupatis  Sainte-Foy, 
Gaudarville,  Saint-^Iichel,  la  route  Saint-Ignace  et 
Lorette,  nudtus  jam  existât  populus  fidelis  et  ecclesia 
aedificata,  Parochiam  constitiœre  decrevimus . ..." 

"  Sera-ce  assez  pour  déraciner  la  routine  ?  Une 
erreur  est  facile  à  accréditer,  difficile  à  faire  dispa- 
raître. Le  bon  Père  Chaumonot,  auteur  de  celle-ci, 
a  eu  pour  complice  nos  grands  historiens  qui  ne 


430 


pouvaient  guère  s'occuper  de  ces  détails.  Ce  n'est 
certainement  pas  manquer  de  respect  ni  à  l'un  ni  aux 
autres  que  de  chercher  à  la  faire  disparaître.  La 
vérité  une  fois  connue  doit  être  reconnue.  Déjà  la 
poste  nous  donne  le  bon  exemple  et  ses  cachets  por- 
tent désormais  Sainte-Foy.     A  nous  de  l'imiter."  (1) 

Saiute-Geneviève  de  Batiscan  (Champlain) 

Le  nom  de  Sainte-Geneviève  a  été  choisi  de  préfé- 
rence à  tout  autre  parce  que  les  premiers  colons  de 
cette  paroisse  venant  des  environs  de  Paris  apportè- 
rent avec  eux  la  dévotion  à  la  patronne  de  Paris. 
Lorsque  les  autorités  religieuses  les  formèrent  en 
paroisse  ces  pieux  colons  demandèrent  sainte  Gene- 
viève pour  titulaire. 

Sainte-Geriiiaiiie  du  lac  JEtclieniin  (Dorchester) 

Le  décret  désignant  sainte  Germaine  pour  patronne 
de  la  paroisse  formée  sur  les  bords  du  lac  Etchemin 
est  daté  du  17  septembre  1867.  Cette  sainte  ayant 
été  canonisée  le  29  juin  de  la  même  année,  il  est 
rationnel  de  croire  qu'elle  fut  choisie  pour  cette  raison 
comme  patronne  de  la  nouvelle  paroisse. 

Sainte-Hedwidjje  (Lac  Saint- Jean) 

Ce  nom  a  été  choisi  parce  que  c'est  le  jour  de  la 
fête  de  sainte  Hedwidge,  le  13  octobre  1883,  que  le 
grand  vicaire  Leclerc,  alors  curé  d'Hébertville,  a 
choisi  et  marqué  la  place  de  l'église. 

Sainte-Hélène  (Bagot) 

La  mère  de  M.  Ramsay,  seigneur  de  Saint-Hugues 
et  de  Sainte-Hélène,  portait  le  prénom  Hélène. 


(1)  L'abbé  H. -A,  Scott,  Bulletin  des  Recherche>i  HUtoriqueff  vol. 
X,  p.  269. 


431 


Sainte-Hélène  (Kaniouraska) 

La  paroisse  de  Sainte-Hélène  fut  mise  sous  le 
patronage  de  sainte  Hélène  en  l'honneur  de  Hélène 
Taché,  fille  du  seigneur  Paschal  Taché.  Elle  devint 
la  femme  de  Nazaire  Têtu. 

Sainte  Hénécline  (Dorchester) 

Lorsque  la  paroisse  fut  érigée  canoniquement  par 
Mgr  Turgeon  le  20  mars  1852,  le  seigneur  était  M. 
Elzéar  Taschereau  marié  à  Hénédine  Dionne.  C'est 
en  l'honneur  de  la  seigneuresse  que  la  paroisse  fut 
placée  sous  la  protection  de  sainte  Hénédine,  martyre 
du  troisième  siècle. 

Sainte-Julie  de  Somerset  (Mégantic) 

La  paroisse  de  Sainte-Julie  de  Somerset  n'existe 
que  depuis  1854.  Sainte  Julie  lui  a  été  donnée  pour 
patronne  en  considération  de  madame  Charles  King, 
une  de  ses  bienfaitrices.  Elle  portait  le  prénom 
Julie. 

Sainte-Louise  (Islet) 

C'est  en  reconnaissance  des  dons  faits  par  Louise 
Boisseau,  épouse  de  Amable  Dionne,  seigneur  de 
Saint-Roch  des  Aulnaies,  que  la  paroisse  a  pris  le 
nom  de  Sainte-Louise.  Ces  dons  consistaient  en 
remises  des  arrérages  de  cens  et  rentes  alors  dues  sur 
les  propriétés  de  l'église  et  l'abolition  des  dits  cens 
et  rentes  pour  l'avenir.  En  1856,  par  décret  de  Mgr 
Baillargeon,  administrateur  de  l'archidiocèse  de 
Québec,  la  paroisse  de  Sainte-Louise  fut  érigée  sous 
le  patronage  de  saint  Louis,  roi  de  France. 

SainteXuce  (Biniouski) 

Sainte-Luce  fut  ainsi  nommée  en  l'honneur  d'une 


432 


de  ses  seigneiiresses,  Luce-Gertrude  Drapeau,  épouse 
de  Thomas  Cazeau.  Pour  reconnaître  dignement  cet 
honneur  elle  fit  don  en  1843  à  l'église  de  Sainte- 
Luce  d'un  tableau  représentant  cette  sainte.  On  le 
voit  encore  au-dessus  du  maître-autel. 

Sainte-Marie  (Beaiice) 

Les  registres  de  cette  seigneurie  furent  ouverts  en 
1745,  et  la  paroisse  prit  le  nom  de  Sainte-Marie 
pour  rappeler  la  mémoire  de  la  femme  du  seigneur, 
Marie-Claire  Fleury  de  la  Gorgendière. 

Sainte-Marg-uerite,  Rivière  (Saguenay) 

Du  temps  de  Champlain,  la  rivière  Sainte-Mar- 
guerite était  déjà  connue  sous  ce  nom."  Le  lende- 
main, écrit-il,  (20  juillet  1603),  vinsmes  mouiller 
l'ancre  proche  d'une  rivière  qui  s'appelle  Sainte- 
Marguerite,  où  il  y  a  de  pleine  mer  quelques  trois 
brasses  d'eau,  et  brasse  et  demye  de  basse  mer  ;  elle 
va  assez  avant."  (1) 

Saiute-Martlie  (Vaudreuil) 

Sainte-Marthe  a  été  démembrée  de  Sainte-Marie- 
Madeleine  de  Rigaud  et  elle  est  située  dans  le  voisi- 
nage de  Saint-Lazare.  On  sait  que  Lazare  était  le 
frère  de  Marie-Madeleine  et  de  Marthe. 

Saiute-Monique  (Deux-Montag^nes) 

La  paroisse  de  Sainte-Monique  a  été  démembrée 
en  partie  de  celle  de  Saint- Augustin.  Sainte  Monique 
était  la  mère  de  saint  Augustin.  Elle  versa  bien  des 
larmes  pour  la  conversion  de  son  fils  bien-aimé. 


(1)  Oeuvres t  vol.  I,  p.  53. 


:00 


Sainte-Pétronille  de  Beaiilieii  (Montmorency) 

Le  fief  Beaulieu  fut  originairement  concédé,  le  1er 
mars  1652,  au  sieur  Jacques  Gourdeau  de  Beaulieu. 

En  octobre  1870,  les  habitants  de  la  partie  de  la 
paroisse  de  Saint-Pierre  de  l'île  d'Orléans  appelée 
Beaulieu  ou  Bout  de  l'Ile  obtenaient  la  permission 
de  Mgr  Baillargeon,  archevêque  de  Québec,  de  cons- 
truire une  église. 

La  bénédiction  solennelle  de  la  première  pierre  de 
l'église  se  fit  le  16  juillet  1871  et  celle  de  l'édifice 
lui-même  le  20  novembre  suivant.  La  nouvelle 
paroisse,  démembrement  de  Saint-Pierre,  fut  placée 
sous  le  patronage  de  sainte  Pétronille.  La  tradition 
veut  que  sainte  Pétronille  soit  la  fille  de  saint  Pierre. 

Saiute-Pliilomène  (Cliâteaiig^iiay) 

Lorsqu'on  décida  le  démembrement  de  la  paroisse 
de  Saint-Joachim,  pour  en  former  nne  nouvelle,  M. 
Michel  Power,  alors  curé  de  Sainte-Martine,  plus  tard 
premier  évêque  de  Toronto,  se  rendit  sur  les  lieux  et 
choisit  pour  site  de  la  nouvelle  église  le  centre  de  la 
paroisse  projetée.  Après  avoir  fait  élever  une  croix 
à  l'endroit  précis  où  devait  se  trouver  l'autel,  il  ex- 
horta les  nombreux  paroissiens  réunis  pour  la  cir- 
constance à  prier  Dieu  pour  le  succès  de  l'entreprise. 

Ceci  se  passait  à  l'époque  où  la  dévotion  à  sainte 
Philomène  commençait  à  se  répandre  dans  le  pays. 
Aussi,  à  peine  M.  Power  avait-il  terminé  son  dis- 
cours, qu'un  des  assistants,  au  nom  de  tous,  le  sup- 
plia de  leur  donner  pour  titulaire  cette  thaumaturge 
si  puissante.  L' évêque  de  Montréal,  à  la  demande 
de  son  délégué,  accorda  bien  volontiers  aux  habi- 
tants de  la  nouvelle  paroisse  sainte  Philomène  pour 
patronne. 
28 


434 


Sainte-Rosalie  (Bagot) 

Plusieurs  membres  des  familles  Papineau  et  Des- 
saulles,  entre  autres  Rosalie  Cherrier,épouse  de  Joseph 
Papineau  ;  Rosalie  Papineau,  sa  fille,  mariée  à  l'ho- 
norable Jean  Dessaulles  ;  Rosalie  Dessaules,  mariée  à 
l'honorable  Maurice  Laframboise,  portaient  le  prénom 
de  Rosalie,  et  c'est  en  leur  honneur  qu'on  a  placé 
cette  paroisse,  qui  faisait  partie  de  la  seigneurie  de 
M.  Dessaulles,  sous  le  patronage  de  sainte  Rosalie. 

Sainte-Scliolastlqiie  (Deux- Montagnes) 

La  paroisse  de  Saint-Scholastique  est  voisine  de 
la  paroisse  de  Saint-Benoit. 

Saint  Benoit  et  sainte  Scholastique  étaient  le  frère 
et  la  sœur.  Ils  étaient  unis  par  une  tendre  amitié. 
Sainte  Scholastique,  au  lieu  de  s'attacher  aux  biens 
immenses  dont  son  frère,  en  renonçant  au  monde, 
l'avait  laissée  l'unique  héritière,  résolut  de  l'imiter  : 
elle  embrassa,  comme  lui,  la  vie  monastique,  et 
fonda  un  couvent  de  religieuses,  à  cinq  milles  du 
monastère  que  saint  Benoit  avait  fait  bâtir  sur  le 
mont  Cassin.  Scholastique  visitait  son  frère  une  fois 
par  an,  et  saint  Benoît  qui  ne  souffrait  pas  qu'elle 
vint  dans  son  monastère,  allait  avec  quelques-uns 
de  ses  religieux  la  recevoir  dans  une  maison  située 
à  quelque  distance  du  mont  Cassin.  Le  temps  qu'ils 
passaient  ensemble  était  employé  à  louer  Dieu  et  à 
parler  de  choses  spirituelles. 

Sainte-Sophie  (Terrobonne) 

Cette  paroisse  tire  son  nom  de  sa  bienfaitrice, 
madame  Sophie  Raymond,  épouse  de  feu  l'honorable 
Joseph  Masson. 


435 


Sainte- Ursule  (Maskiuonîfé) 

Cette  paroisse  a  été  mise  sous  le  patronage  de 
sainte  Ursule  pour  deux  raisons  :  1*^  parce  qu'elle  se 
trouve  dans  la  seigneurie  des  Ursulines  de  Trois- 
Rivières  ;  2°  parce  que  lors  de  sa  fondation  ces  mêmes 
religieuses  y  possédaient  un  moulin  célèbre  dans 
tous  les  alentours.  C'était  le  moulin  Saint-Ursule. 

Sainte-Véronique  de  Turgeon  (Ottawa) 

Comme  sainte  Véronique,  les  premiers  colons  de 
cette  paroisse  avaient  une  grande  dévotion  à  la 
Sainte  Face.  Dans  le  premier  chantier  où  fut  offert 
le  saint  sacrifice  de  la  messe,  il  y  avait  une  image 
de  la  Sainte  Face.  En  l'absence  du  missionnaire  les 
colons  venaient  prier  devant  cette  image,  et  des 
grâces  nombreuses  ont  été  obtenues  par  cette  dévo- 
tion. La  chapelle,  très  gracieuse,  bâtie  sur  la  rive  du 
lac  Tibériade,  devait  donc  naturellement  être  placée 
sous  la  vocable  de  sainte  Véronique. 

Sales,  Cauton  de  (Cliarlevoix) 

L'honorable  Marc-Paschal  de  Sales  Laterrière  fut 
député  du  comté  de  Saguenay  de  1830  à  1834. 

Salette,  Notre-Dame  de  la  (Ottawa) 

Nommée  ainsi  par  Mgr  Duhamel,  archevêque 
d'Ottawa,  en  souvenir  du  pèlerinage  de  Notre-Dame 
de  la  Salette-Fallavaux,  en  France. 

Salvaîlle,  llivière  (Yamaska) 

Une  famille  Salvail  assez  nombreuse  s'établit  sur 
les  bords  de  cette  rivière  et  se  multiplia  dans  la 
région.  (1) 


(1)  Note  de  M.  Tabbé  Bois. 


436 


Sandy  Bay  (Matane) 

Les  premiers  habitants  de  la  paroisse  de  Notre- 
Dame  de  l'Assomption  de  ^lacNider  furent  des 
pêcheurs  qui  s'établirent  sur  les  bords  d'une  petite 
baie  connue  sous  le  nom  d'Anse  aux  Sables,  et  qui 
se  trouve  à  l'extrémité  ouest  de  la  paroisse.  Cette 
baie  avait  été  nommée  Anse  aux  Sables  parce  que 
son  rivage  est  couvert  de  sables.  Ces  premiers  habi- 
tants qui  étaient  écossais  l'appelèrent  Sandy-Bay 
(Anse  sablonneuse).  Ce  nom  s'étendit  à  toute  la 
paroisse  qui  n'est  généralement  connue,  chez  le  peu- 
ple, c[ue  sous  le  nom  de  Sandy-Bay. 

Sarosto  (Lévis) 

Sarasteku,  rivière  dont  le  lit  renferme  du  clin- 
quant. C'est  le  nom  que  les  Abénakis  donnaient  à  la 
rivière  Saint-Jean.  C'est  dans  leurs  excursions  à 
Lévis  qu'ils  donnèrent  ce  nom  au  village  de  Sarosto. 

M.  J.-Edmond  Roy  prétend  que  Sarosto  a  la 
même  origine  que  Saratoga  que  nos  ancêtres  appe- 
laient Sarosto. 

Sartigaii  (Beauce) 

Le  territoire  qui  porte  aujourd'hui  le  nom  de 
Beauce  s'appelait  autrefois  aussi  Satigan,  Santigan  ou 
Sartigan.  C'est  un  nom  d'origine  sauvage  dont  nous 
ne  connaissons  point  d'une  manière  certaine  l'étymo- 
logie  et  l'origine  et  qui,  dans  les  vieux  actes  de 
notaires  ou  autres  s'écrivait,  MésaHgant,  Âsakigant, 
3IécJcaHganne,  Kekahkan,  Satigan,  Satikant,  Santigan. 
Le  peuple  croyant,  sans  doute,  que  c'était  le  nom 
d'un  saint,  disait  :  Saint-Igan,  de  même  qu'il  disait  : 
Baint-Morissette  pour  Somerset  et  Saint-Roustaud 
pour  Sarosto. 


437 


Sartigan,  d'après  Mgr  Laflèche,  viendrait  du  mot 
cris  Âstadjigan,  cache,  lieu  où  l'on  met  quelque  chose 
en  cache. 

Sasseville,  Rivière  (Gaspé) 

La  rivière  Sasseville,  qui  coule  dans  Saint-Norbert 
du  Cap-Chat,  a  pris  son  nom  d'une  famille  de  ce 
nom  venue  de  Sainte- Anne  de  la  Pocatière  et  établie 
dans  cette  paroisse  depuis  longtemps. 

Satilt  à  la  Puce  (Montmorency) 

Le  2  mai  1640,  Adrien  d'Abancour  dit  la  Caille 
et  Etienne  Sevestre  partirent  de  Québec  pour 
aller  chasser  dans  les  îles.  Les  vents  ayant  été  fort 
impétueux,  ils  se  noyèrent.  On  lit  au  vieux  registre 
de  Notre-Dame  de  Québec  :  "  La  Pulce  ayant  été 
dépesché  pour  en  tirer  cognizance,  après  avoir  fureté 
tous  les  lieux  qu'il  souloit  cabaner  et  fait  le  tour  des 
isles  et  tiré  quantité  de  coups  d'arquebuse,  il  est 
revenu  à  Québec  sans  en  avoir  rien  appris." 

C'est  ce  citoyen  de  Québec  qui  donna  son  surnom 
à  la  rivière  et  au  sault  à  la  Puce. 

iSault  au  Cocliou  (Sag-uenay) 

M.  l'abbé  Bois  dit  quelque  part  que  ce  saut  prit 
son  nom  de  noble  homme  Jean  Cochon,  originaire 
de  Dieppe. 

Champlain,  dans  ses  Voyages,  mentionne  le  Sault 
au  Cochon. 

Sîiult-au  Kécollet,  Visitation  du  (Hochelaga) 

Le  nom  de  Sault  au  Récollet  fut  donné  au  der- 
nier rapide  de  la  rivière  des  Prairies,  parce  que,  en 
juillet  1625,  le  Père  Nicolas  Viel,  Récollet,  s'y  noya 
en  revenant  du  pays  des  Hurons. 


438 


On  ne  sait  pas  au  juste  si  la  mort  du  Père  Viel 
fut  accidentelle  ou  s'il  fut  malicieusement  jeté 
à  l'eau.  Cette  dernière  assertion  est  soutenue  par 
plusieurs  écrivains  dignes  de  foi,  et  en  particulier 
par  M.  Faillon.  "  En  1625,  écrit-il,  le  Père  Nicolas 
Vieil,  Récollet,  qui  était  allé  au  pays  des  Hurons 
avec  le  Père  Joseph  LeCaron  et  le  Frère  Gabriel 
Sagard,  et  y  était'  demeuré  tout  ce  temps,  fut  invité 
par  des  Hurons  à  descendre  avec  eux  à  la  traite.  Il 
accepta  la  proposition  dans  l'intention  d'aller  faire, 
pour  lui-même  les  exercices  spirituels  au  couvent 
de  N.-D.  des  Anges,  et  prit  avec  lui  un  de  ses  disciples 
encore  enfant  appelé  Ahuntsic,  qu'il  avait  instruit 
et  baptisé.  Le  convoi  se  composait  de  Hurons,  assez 
honnêtes,  parmi  lesquels  il  s'en  trouva  quelques-uns 
qui  étaient  ennemis  de  la  religion,  quoiqu'ils  feignis- 
sent de  respecter  et  d'aimer  ce  missionnaire.  Un 
gros  temps  qui  survint  écarta  les  canots  et  ce  reli- 
gieux, se  trouvant  dans  le  sien  avec  trois  sauvages 
scélérats  impies,  ils  le  précipitèrent  dans  la  rivière 
des  Prairies  ainsi  que  son  disciple,  en  descendant  à 
Montréal,  au  dernier  sault,  dont  les  eaux  rapides  et 
profondes  les  submergèrent  en  un  instant.  "  (1) 

M.  Olier  ayant  désigné  le  mystère  de  la  Visita- 
tion comme  une  dévotion  qui  devait  toujours  être  en 
grand  honneur  dans  sa  compagnie,  il  est  tout  naturel 
que  ses  enfants,  en  fondant  une  nouvelle  église, 
aient  demandé  et  obtenu  pour  patronne  la  sainte 
Vierge,  dans  l'accomplissement  du  devoir  de  charité 
ardente  envers  sa  cousine  sainte  Elizabeth.    (2) 


(1)  Histoire  de  la  colonie  française  au  Canada,  vol.  I,  p.  416. 

(2)  L'abbé  Chs-P.  Beaubien,  Le  Sault -au- Récollet,  p.  311. 


439 


!!)ault  Moutniorency 

"Au  bout  de  la  ditte  isle  (d'Orléans),  écrivait 
Champlain  enlGOS,  je  vy  un  torrent  d'eau  qui  des- 
bordait de  dessus  une  grande  montagne  de  la  ditte 
rivière  de  Canada.  "  Dans  la  carte  des  environs  de 
Québec  qu'il  publia  en  1613,  Champlain  appelle  ce 
toiTentd^eau^^le  grand  sault  de  Montmorency."  Dans 
l'édition  de  ses  Voyages  publiée  en  1632,  il  ajoute  : 
"  Que  j'ay  nommé  le  sault  de  Montmorency.  " 

C'est  en  l'honneur  de  Charles  de  Montmorency, 
chevalier  des  ordres  du  roi,  seigneur  d'Ampville  et 
de  Meru,  comte  de  Secondigny,  vicomte  de  Melun, 
baron  de  Chateauneuf  et  de  Gouart,  amiral  de  France 
et  de  Bretagne,  que  le  fondateur  de  la  Nouvelle- 
France  nomma  ainsi  ce  sault.  Ce  Montmorency  était 
alors  vice-roi  de  la  Nouvelle-France. 

SaiiU  Saint-Louis  (l^aprairie) 

Champlain  nous  apprend  en  quelle  occasion  le 
sault  Saint-Louis  reçut  son  nom. 

"  Le  neuviesme  jour  notre  sauvage  arriva,  qui  fut 
quelque  peu  par  delà  le  lac  qui  a  quelques  dix  lieues 
de  long,  lec[uel  j'avais  veu  auparavant,  (lac  des  Deux- 
Montagnes)  où  il  ne  fit  rencontre  d'aucune  chose,  et 
ne  purent  passer  plus  loin  à  cause  de  leur  dit  canot 
qui  leur  manqua,  et  furent  contraints  de  s'en  revenir. 
Ils  nous  rapportèrent  que  passant  le  saut  ils  virent 
une  isle  où  il  y  avait  si  grande  quantité  de  hérons, 
que  l'air  en  était  tout  couvert.  Il  y  eust  un  jeune 
homme  qui  estait  au  sieur  de  Mons  appelé  Louys, 
qui  estait  fort  amateur  de  la  chasse,  lequel  entendant 
cela,  voulut  y  aller  contenter  sa  curiosité,  et  pria  fort 
instamment  nostre  dit  sauvage  de  l'y  mener  :  ce  que 
le  sauvage  lui  accorda  avec  un  capitaine  sauvage 


440 


Montagnet  fort  gentil  personnage,  appelé  Outetoucos. 
Dès  le  matin  le  d.  Louys  fut  appeler  les  deux  sau- 
vages pour  s'en  aller  à  la  dite  isle  des  lierons.  Ils 
s'embarquèrent  dans  un  canot  et  y  furent.  Cette 
isle  est  au  milieu  du  saut,  où  ils  prirent  telle  quantité 
de  heronneaux  et  autres  oiseaux  qu'ils  voulurent  et 
se  rembarquèrent  en  leur  canot.  Outetoucos  contre 
la  volonté  de  l'autre  sauvage  et  de  l'instance  qu'il 
peut  faire,  voulut  passer  par  un  endroit  fort  dange- 
reux, où  l'eau  tombait  près  de  trois  pieds  de  haut, 
disant  que  d'autres  fois  il  y  avait  passé,  ce  qui  estait 
faux,  il  fut  longtemps  à  débatre  contre  notre  sauvage 
qui  le  voulut  mener  du  costé  du  su  le  long  de  la 
grand  Tibie,  par  où  le  plus  souvent  ils  ont  accoutumé 
de  passer,  ce  que  Outetoucos  ne  désira,  disant  qu'il 
n'}^  avait  point  de  danger.  Comme  nostre  sauvage 
le  vit  opiniastre,  il  condescendit  à  sa  volonté  :  mais 
il  lui  dit  C[u'à  tout  le  moins  on  déchargeast  le  canot 
d'une  partie  des  oiseaux  qui  estaient  dedans,  d'autant 
qu'il  estait  trop  chargé,  ou  qu'infailliblement  ils 
empliraient  d'eau,  et  se  perdraient  :  ce  qu'il  ne  vou- 
lut faire,  disant  qu'il  serait  assez  à  temps  s'ils  voyaient 
qu'il  y  eut  du  péril  pour  eux.  Ils  se  laissèrent  donc 
driver  dans  le  courant.  Et  comme  ils  furent  dans 
la  chute  du  saut,  ils  en  voulurent  sortir  et  jetter  leurs 
charges,  mais  il  n'estait  plus  temps,  car  la  vitesse  de 
l'eau  les  maîtrisait  ainsi  qu'elle  voulait,  et  emplirent 
aussitôt  dans  les  bouillons  du  saut,  qui  leur  faisaient 
faire  mille  tours  haut  et  bas.  Ils  ne  l'abandonnèrent 
de  longtemps  :  Enfin  la  raideur  de  l'eau  les  lassa  de 
telle  façon,  que  ce  pauvre  Lou^^s  qui  ne.  sçavait  nager 
en  aucune  façon  perdit  tout  jugement  et  le  canot 
estant  au  fond  de  l'eau  il  fut  contraint  de  l'aban- 
donner :  et  revenant  au  haut  les  deux  autres  qui  le 


441 


tenoient  toujours  ne  virent  plus  nostre  Louys,  et  ainsi 
mourut  misérablement.  "  (1) 

Sayabec  (:\Iatane) 

Sayabec  est  un  mot  micmac  que  les  Canadiens  et 
les  Anglais  prononcent  Séhec.  Sayabec  signifie 
"  rivière  remplie."  En  effet,  cette  rivière  n'est  presque 
pas  navigable  pour  les  esquifs  même  les  plus  légers. 
Elle  est  remplie  de  bois  et  surtout  de  chaussées  de 
castors.  On  devrait  écrire  Sakpediak  :  sak,  remplie  ; 
pediak,  rivière.  Les  Sauvages  disent  :  Sakhah  par 
contraction. 

Sawyerville  (Coniptoii) 

Josiah  Sawyer  quitta,  en  1794,  la  Nouvelle- An- 
gleterre pour  venir  se  fixer  au  sein  de  la  forêt  vierge 
des  Cantons  de  l'Est.  Il  fut  le  premier  colon  rési- 
dant du  canton  d' Eaton.  Son  choix  s'arrêta  sur  un 
lopin  de  terre  arrosé  par  l'un  des  tributaires  du  Saint- 
François.  Une  maisonnette  en  bois  rond  fut  impro- 
visée, par  ses  soins,  à  proximité  d'un  joli  pouvoir 
d'eau  qu'il  se  hâta  d'utiliser  en  construisant  une 
scierie  primitive. 

Comme  la  plupart  des  vaillants  pionniers  qui  tra- 
versèrent la  frontière  à  cette  époque,  pour  j)rofiter 
des  concessions  territoriales  si  libéralement  offertes 
par  le  gouvernement  britannique,  Josiah  Sawyer 
était  un  homme  énergique  et  entreprenant.  Ses 
courageux  efforts  et  son  travail  intelligent  produisi- 
rent de  prompts  résultats.  Bon  nombre  de  ses  com- 
patriotes s'empressèrent  de  se  grouper  autour  de  son 
établissement  qui  reçut,  dès  le  début,  le  nom  de 
Sawyerville.   (2) 

(1)  Champlain,  Œuvres,  vol.  III,  p.  246. 

(2)  Le  Journal^  5  février  1904. 


442 


Scatsle,  Rivière  (Lac  Saiut  Jeau) 

Scatsie,  en  montagnais,  veut  dive  fâché. 
Scotstown,  SaiDt-Paul  de  (Compton) 

Scotstown  fut  fondée  et  peuplée  par  des  Ecossais. 

Scotstown  fut  desservie  à  l'origine  de  Saint-Pierre 
de  La  Patrie,  sa  voisine.  C'est  la  raison  qui  a  fait 
choisir  saint  Paul  comme  titulaire. 

Scott,  Saint-Maxime  de  (Beaiice) 

Scott  a  pris  son  nom  de  Charles- A.  Scott,  qui,  de 
concert  avec  l'honorable  Napoléon  Larochelle,  cons- 
truisit le  chemin  de  fer  de  Lévis  et  Kénébec  qui 
passe  par  la  jonction  Scott.  M.  Scott  mourut  en 
décembre  1893. 

Saint  Maxime  a  été  donné  pour  titulaire  à  Scott 
en  l'honneur  de  M.  Maxime  Filion,  curé  de  Saint- 
Raymond,  et  originaire  de  cette  paroisse. 

Sept  Chutes,  Les  (Montmorency) 

Les  Sept  Chutes  se  trouvent  sur  la  rivière  Sainte- 
Anne,  qui  se  jette  dans  le  Saint-Laurent  à  Beaupré. 
Comme  leur  nom  l'indique  les  Sept  Chutes  forment 
sept  cascades  distinctes  ayant  ensemble  une  hauteur 
de  sept  cents  pieds. 

Sept-Iles 

Sous  le  nom  de  Sept-Iles  était  compris,  du  temps 
des  Français,  une  partie  de  la  côte  nord  du  Saint- 
Laurent,  où,  de  fait,  l'on  voit  sept  îles  qui  ne  sont 
composées  que  de  rochers  fort  stériles  et  couverts 
seulement  de  méchants  arbrisseaux.  La  plus  grande 
n'a  pas  deux  lieues  de  tour  et  la  plus  rapprochée  de 
la  côte  n'en  est  pas  éloignée  d'une  lieue.  Il  y  a  deux 
siècles,  les   Sauvages,   après  avoir   chassé   dans  les 


443 


forêts,  se  rendaient  à  une  rivière  assez  voisine  pour 
y  trafiquer  avec  les  Français.  On  les  appelait  alors 
Oumamiois  ;  leur  langue  se  rapprochait  de  celle  des 
Sauvages  de  Tadoussac,  quoiqu'elle  eût  beaucoup  de 
mots  et  d'idiomes  différents.  (1) 

SettriiJgtOD,  Canton  (Charlevoîx) 

Village  du  Yorkshire,  Angleterre. 

Shuwbridge  (Terrebonne) 

Ce  village  a  pris  son  nom  d'un  de  ses  premiers 
habitants,  William  Shaw. 

Shawinigan  (Saint-Maurice) 

D'où  vient  le  mot  Shawinigan  et  que  signifie-t-il  ? 
C'est  là  une  question  bien  controversée. 

Le  Père  Oblat  Déléage  donne  l'origine  suivante 
du  mot  Shawenegan  :  "  Oshaiveine,  le  hêtre  ;  Oslia- 
wenigane,  portage  aux  hêtres. 

M.  E.  Gérin  se  fait  l'écho  d'une  autre  opinion  et 
dit  :  "Le  mot  est  Shabonigan^  portage  fait  en  fêne  ; 
ce  portage  a  des  arrêtes  qui  font  penser  à  la  confor- 
mation du  fruit  du  hêtre  ". 

Le  Père  Lacombe  veut  que  ce  soit  Vaiguille  ; 
Chawinigan  pour  Chabonigan  ;  en  langue  crise 
(langue  algonquine)  c'est  le  nom  d'un  instrument 
qui'  sert  à  transpercer,  comme  un  traversoir,  une 
aiguille.  " 

Mgr  Laflèche  est  de  la  même  opinion  :  "Ce  mot, 
dit-il,  veut  dire  "aiguille"  ou  encore  "le  chas  de 
l'aiguille  ".  Le  Saint-Maurice,  à  la  chute  de  Shawi- 
nigan, se  précipite  à  travers  les  roches  ce  qui  a  donné 
aux  Sauvages  l'idée  du  fil  qui  traverse  le  chas  de 
l'aiguille." 

(1)  Annales  de  la  propagation  de  la  foi,  octobre  1880. 


444 


M.  Benjamin  Suite  adopte  cette  opinion  :  ''  L'eau  du 
Saint-Maurice,  écrit-il,  tombe  par  deux  pentes  raides 
dans  un  gouffre  où  elle  bouillonne  et  se  tord.  Au 
premier  coup  d'œil  on  ne  voit  pas  qu'elle  en  puisse 
sortir.  Une  muraille  de  pierre,  haute  de  plus  de  cent 
cinquante  pieds,  l'enserre  et  lui  fait  obstacle.  Soit 
que  l'on  regarde  la  cataracte  de  sa  tête  en  arrière, 
ou  de  ses  pieds  en  avant,  elle  paraît  se  jeter  dans  un 
abîme  qui  la  dévore.  Bien  plus,  ceux  qui  arrivent 
à  elle  par  la  baie  l'entendent  gronder  tout  près  d'eux 
et  ne  la  voyent  pas.  Ce  n'est  que  vis-à-vis  de  l'écar- 
tement  ou  goulet  de  rochers  par  où  elle  sort  qu'ils  se 
rendent  compte  tout  à  coup  de  ce  mystère.  La  mon- 
tagne s'est  fendue,  non  pas  dans  la  direction  où  court 
la  rivière,  mais  obliquement,  et  c'est  par  là  que  passe 
cette  ''colonne  d'eau  du  déluge."  La  fente  est  nette 
et  coupée  à  pic.  La  chute  s'y  engage  comme  quel- 
qu'un qui  tenterait  de  se  glisser  par  une  ouverture 
très-étroite  ;  la  tête  d'abord,  les  épaules  ensuite,  puis 
le  corps,  en  rampant  et  faisant  des  efforts  suprêmes. 
Telle  est  l'image.  Le  flot  débouche  par  ce  canal 
rétréci  et  se  mêle  sans  fracas  aux  petites  lames  de  la 
baie.  Nous  venons  de  le  dire,  on  y  arrive  sans 
s'en  apercevoir. 

*'  Ce  dégagement  se  fait  donc  par  un  col.  La  chute 
a  l'air  de  percer  le  rocher.  Qu'on  appelle  ce  passage 
le  chas  de  l'aiguille  ou  que  l'on  dise  :  la  chute  de 
l'aiguille,  le  torrent  traverse  la  montagne,  et  l'on  ne 
s'écarte  pas  du  mot  ShaSinigan,  car,  dans  ce  trou  de 
l'aiguille,  la  poussée  des  eaux  semble  opérer  à  l'instar 
d'une  alêne  qui  se  fait  passage. 

"  Toute  chose  porte  son  nom  chez  les  Sauvages 
comme  chez  nous  ;  les  Algonquins  y  ajoutent  la  ter- 
minaison nigan  lorsqu'il  s'agit  d'un  instrument  que 
l'on  mène  à  la  main  :  le  perçoir,  l'aiguille,  etc." 


445 


M.  l'abbé  N.  Caroii  donne  aussi  son  interprétation  : 
'*  Les  Algonquins  du  Saint-Maurice,  dit-il,  nomment 
encore  aujourd'hui  cette  chute  Achaivénékame,  ce  qui 
veut  dire  crête  ;  de  ce  mot  algonc|uin  on  a  fait 
Chaidnigame,  ou  plus  généralement  Chawinigane. 

"  Dans  le  langage  des  cris,  un  dialecte  algonquin, 
Chabonigaiie  veut  dire  aiguille,  non  point  chas  d^ai- 
guille,  et  quelques  personnes  ont  pensé  que  de  là 
était  venu  le  nom  de  la  chute,  et  celui  d'une  petite 
rivière  qui  vient  se  jeter  dans  le  Saint-Maurice  à 
quelques  arpents  plus  bas.  Il  n'y  a  pas  de  mal  à 
prétendre  cela,  mais  ce  n'est  probablement  pas  la 
vérité.  D'abord,  croyez-vous  que  les  Cris  soient  par- 
tis du  fond  des  territoires  du  Nord-Ouest,  pour  venir 
donner  un  nom  à  la  principale  chute  du  Saint-Mau- 
rice et  à  la  petite  rivière  qui  l'avoisine  ?  J'ai  visité 
la  chute  par  deux  fois,  avec  le  plus  grand  soin,  et 
je  n'y  ai  vu  ni  aiguille  ni  chas  d'aiguille.  La  petite 
rivière,  de  son  côté,  passe  à  travers  les  rochers 
comme  toutes  les  criques  et  comme  la  plupart  des 
rivières  des  territoires  du  Saint-^Iaurice,  sans  offrir 
rien  de  particulièrement  remarquable. 

"  Mais  la  crête  de  rocher  que  traverse  \e portage  des 
prêtres,  le  dos  dYtne  que  suit  le  Saint-Maurice  avant  de 
former  la  chute,  et  c^u'il  longe  encore  en  s' éloignant, 
il  faudrait  être  aveugle  pour  ne  pas  le  voir. 

'*  J'admettrai  bien  facilement,  cependant,  que  le 
mot  Chabonigane  a  contribué  pour  sa  part,  dans  ces 
derniers  temps,  à  faire  admettre  plus  généralement 
la  terminaison  gane  dans  le  nom  de  la  chute,  au  lieu 
de  la  terminaison  game  qui  est  beaucoup  plus  con- 
forme au  terme  algonquin."  (1) 


(1)  Deux  voyages  sur  le  Saint-Maurice. 


446 


Slieenboro  (Pontiac) 


Plusieurs  villages  d'Angleterre  portentje  nom  de 
Sheen. 

Sliefford 

Sheftbrd  est  une  ville  d'Angleterre.  Elle  est  située 
à  douze  milles  de  Bedford. 

Shehyn,  Canton  (Ottawa) 

L'honorable  M.  Joseph  Shehyn,  sénateur  de  la 
puissance  du  Canada. 

Sliekatika,  Baie  (Labrador) 

Du  mot  montagnais  shikatikau,  il  y  a  des  buis- 
sons autour  de  l'eau. 

Sheldrake  (Labrador) 

C'est  la  rivière  Shéldrake  qui  a  donné  son  nom  à 
la  localité  qu'elle  traverse.  La  rivière  elle-même  a 
été  ainsi  nommée  à  cause  du  grand  nombre  d'oi- 
seaux appelés  Bec-scie,  en  anglais  shéldrake,  qui  s'y 
trouvent.  (1) 

*    Sheuley,  Saint-Houoré  de  (Beaiice) 

Shenley  est  un  village  du  comté  de  Hartford, 
Angleterre. 

Dans  une  lettre  datée  du  3  janvier  1869  et  adressée 
aux  fidèles  de  Shenley,  Mgr  Baillargeon  déclare  qu'il 
choisit  pour  patron  de  la  chapelle  qu'ils  viennent  de 
bâtir  saint  Honoré,  archevêque  de  Cantorbéry.  L'é- 
vêque  de  Québec  voulait,  en  choisissant  ce  titulaire, 
honorer  le  premier  desservant  de  Shenley,  M.  Honoré 
Déruisseau. 


(1)  L'abbé  Victor- A.  Huard,  Labrador  et  Anticosti,  p.  147. 


447 


Sherbrooke 


L'endroit  où  est  située  la  ville  de  Sherbrooke 
porta  à  l'origine  le  nom  de  Grandes-Fourches.  En 
1817,  on  lui  donna  le  nom  de  Sherbrooke  en  l'hon- 
neur de  sir  John  Sherbrooke,  gouverneur  du  Canada. 

Sherriugton  (NaplervlUe) 

Deux  villages  d'Angleterre  portent  le  nom  de 
Sherrington. 

Shlplslîkau,  Lac  (Labrador) 

Shishipishkau,  en  montagnais,  désigne  l'endroit 
où  on  rencontre  beaucoup  de  canards. 

Shlpton,  Saint-Aimé  de  (Richuioiid) 

Shipton  est  un  canton  d'Angleterre,  à  six  milles 
de  York. 

Le  vocable  Saint-Aimé  a  été  donné  à  Shipton  en 
mémoire  de  M.  Louis-Aimé  Masson,  curé  de  Dan- 
ville,  fondateur  de  cette  mission. 

Shoolbred  (Bonaventure) 

La  seigneurie  de  Shoolbred  fut  donnée  par  lord 
Dorchester  en  juillet  1788  à  John  Shoolbred.  Shool- 
bred, Murray-Ba}^  et  Mount-Murray  furent  les  seules 
concessions  en  fief  et  seigneurie  faites  par  le  gouver- 
vernement  anglais. 

Sicotte,  Canton  (Ottawa) 

L'honorable  Louis- Victor  Sicotte  fut  juge  de  la 
Cour  Supérieure  pour  le  district  de  Saint-Hyacinthe. 

Signay,  Canton  (Lac  Saint- Jean) 

Mgr  Joseph  Signay,  archevêque  de  Québec'. 


448 


Sillery 


Noël  Brulart  de  Sillery  fut  d'abord  chevalier,  puis 
commandeur  de  Malte.  Il  fut  ensuite  écuyer  et  che- 
valier d'honneur  de  Marie  de  Médicis.  En  1614,  il 
fut  nommé  ambassadeur  du  roi  de  France  en  Es- 
pagne, puis,  en  1621,  ambassadeur  auprès  du  Saint- 
Siège.  C'est  lui  qui  obtint  le  chapeau  de  cardinal 
pour  le  grand  Richelieu.  En  1624,  il  abandonna 
toutes  ses  charges  pour  se  faire  recevoir  prêtre.  Il 
consacra  dès  lors  son  immense  fortune  à  faire  des 
aumônes. 

M.  de  Sillery  était  entré  des  premiers  dans  la  Com- 
pagnie des  Cent-Associés,  dont  le  but  principal, 
dans  son  idée,  devait  être  l'évangélisation  des  Sau- 
vages. En  1637,  il  écrivait  au  gouverneur  de  Mont- 
magny,  l'informant  qu'il  avait  obtenu  une  conces- 
sion de  terre  dans  les  environs  de  Québec  pour  établir 
"  un  séminaire  pour  instruire  et  élever  en  la  foi  les 
filles  des  Sauvages  avec  les  Français  qui  se  trouveront 
dans  le  pays."  Le  site  choisi  pour  établir  les  Sau- 
vages, et  les  former  à  la  vie  sédentaire,  était  une  anse 
située  à  une  lieue  et  demie  environ  de  Québec,  et 
appelée  dans  leur  langue  KamisJcoua-Onangachit,  où 
ils  avaient  accoutumé  de  venir  l'été  pour  la  pêche. 
C'est  aujourd'hui  Sillery.  (1) 

Simard,  Canton    Chîcoiitînii) 

Le  premier  colon  de  ce  canton  fut  M.  Simard. 
Somerset  (Mégantlc) 

Somerset  est  un  comté  d'Angleterre,  sur  le  côté 
sud  du  canal  de  Bristol. 


(1)  L'abbé  H. -A.  Scott,  Notre-Dame  de  Sainte- Foy,  p.  67. 


449 


Sorel 

Sur  remplacement  où  est  aujourd'hui  la  ville  de 
Sorel,  fut  bâti  un  fort  en  1665  pour  arrêter  les  incur- 
sions des  Iroquois.  Ce  fort  porta  d'abord  le  nom 
de  Richelieu,  mais  en  1672,  Pierre  de  Saurel,  capi- 
taine au  régiment  de  Carignan,  ayant  obtenu  la 
concession  de  tous  les  terrains  environnants  le  fort, 
celui-ci  et  la  région  prirent  bientôt  le  nom  de  Sorel. 

C'est  en  1787  que  le  nom  de  William-Henry  fut 
donné  à  la  ville  de  Sorel  en  l'honneur  du  prince 
William-Henry,  plus  tard  roi  d'Angleterre  sous  le 
nom  de  Guillaume  IV.     Un  correspondant  nous  dit 
en  quelle  circonstance  dans  la  Gazette  de  Québec  du 
27    septembre    1787  : — "  William-Henry  (ci-devant 
appelé  Sorel)  18  sept. — Hier,  après-midi,  vers  les  4 
heures.  Son  Altesse  Royale  le  Prince,  en  son  retour 
de   Montréal   et   de    Chambly,  nous  honora  d'une 
visite  en  cette  place.     Son  Altesse  Royale  fut  saluée 
d'une  décharge  de  l'artillerie  de  la  garnison,  lors- 
qu'il mit  pied  à  terre  à  la  maison  seigneuriale,  où 
l'honorable  Samuel  Holland,  écuier,  arpenteur-géné- 
ral de  la  province,  lui  ayant  présenté  un  plan  de  la 
ville,  il  plut  à  S.  A.   R.  de  nous  permettre  l'hon- 
neur de  lui  donner  son  illustre  nom,  William-Henry. 
Après   avoir   dîné   à  la   maison   seigneuriale.    Son 
Altesse  Royale  fut   conduite   à   la   place   d'Armes 
(actuellement  la  place  Royale)  où  elle  fut  saluée 
derechef  par  la  garnison.     Après  quoi,  ayant  fait 
une  légère   visite  du  magasin,  etc.,  elle  traversa  à 
Berthier,    accompagnée   du  colonel    Dundas  et  du 
capitaine  Smith,  de  l'artillerie.  Son  A.  R.  fut  saluée 
une  troisième  fois  en  entrant  dans  le  bateau,  par  la 
garnison  et  la  milice  canadienne,  dont  l'agréable 
29 


450 


régularité,  accompagnée  de  leurs  acclamations  et  de 
celles  des  autres  loyaux  habitants,  semblait  le  péné- 
trer d'un  sentiment  délicieux  de  leur  honnête  joie. 
Il  est  impossible  de  faire  une  description  des  vives 
expressions  clu  contentement  et  de  la  satisfaction 
qui  se  manifestaient  sur  le  visage  de  tous  ceux  qui 
étaient  présents  en  cette  auguste  occasion.  Nous 
nous  flattons  que  tous  les  loyaux  habitants  de 
William-Henry  se  ressouviendront  souvent  de  cette 
occurence  avec  une  joie  toujours  nouvelle." 

En  dépit  de  tout,  le  nom  de  Sorel  a  repris  son 
droit  d'aînesse,  et  celui  de  William-Henry  dort  dans 
l'oubli. 

Soulaiiges 

Pierre  de  Joybert,  sieur  de  Marson,  obtint  la  sei- 
gneurie de  Boulanges  qu'il  nomma  ainsi  en  souvenir 
de  la  seigneurie  de  Boulanges,  bailliage  de  Vitry,  en 
Champagne,  dont  il  était  le  propriétaire. 

Spalding,  Saint-Hubert  de  (Beaiice) 

Spalding  est  une  ville  du  Lincolnshire,  Angle- 
terre. 

Squaitecks,  Saint- Antoine  de  (Témiscouata) 

Squattecks,  en  langue  micmaque,  signifie  ''  der- 
nier lac.  " 

» 

Stadacona 

Stadacona  est  le  nom  que  les  Sauvages  donnaient 
en  premier  lieu  à  Québec. 

D'après  Mgr  Laflèche,  le  mot  Stadacona  (Statak- 
wan)  serait  d'origine  crise  et  signifierait  Vaile. 

Le  Père  Arnaud  donne  l'origine  suivante  au  mot 
Stadacona  :  ''  Stadacona,  Statakostnen,Tatagushtnen, 


451 


Statakona — endroit  où  l'on  passe  sur  des  morceaux 
de  bois  comme  sur  un  pont.  Probablement  avant 
l'arrivée  des  Français,  les  Sauvages  qui  faisaient  le 
trajet  de  Sillery  à  l'embouchure  de  la  rivière  Saint- 
Charles,  soit  pour  la  chasse  soit  pour  la  pêche,  pour 
passer  le  Cap  Blanc  au  pied  duquel  les  eaux  du 
fleuve  venaient  battre,  étaient  obligés  de  sauter 
sur  des  ramassis  de  bois  de  marée  que  les  courants 
tenaient  collés  contre  le  cap  ;  de  là  Stadacona.  "  (1) 
Le  Père  Laçasse  confirme  absolument  l'opinion 
du  Père  Arnaud. 

Stanbrldg^e  (Missisquoi) 

Village  d'Angleterre. 

Standon,  Saint-Léon  de  (Dorchester) 

Standon  est  un  village  du  comté  de  Herts,  en 
Angleterre. 

Standon  fut  mis  sous  le  patronage  de  saint  Léon 
en  l'honneur  de  M.  Léon  Rousseau,  décédé  curé  de 
Saint-Thomas  de  Montmagny,  son  fondateur. 

Stanfold  (Arthabaska) 

On  trouve  quatre  villages  de  ce  nom  sur  la  carte 
d'Angleterre. 

Stanliope  (Stanstead) 

Il  y  a  un  village  de  Stanhope  dans  le  comté  de 
Durham,  en  Angleterre. 

Stanhope  évoque  aussi  le  souvenir  de  lady 
Stanhope  et  de  ses  projets  excentriques  que  toutes  les 
sympathies  de  Lamartine  et  d'autres  génies  litté- 
raires n'ont  pu  préserver  du  ridicule. 


(1)  Anncdes  de  la  propagation  de  lafoi^  février  1880. 


452 


Stanstead 


Le  nom  Stanstead  dérive  des  mots  anglo-saxons 
stan,  en  anglais  moderne  stone,  pierre,  et  stead,  place. 

Trois  endroits  en  Angleterre  portent  le  nom  de 
Stanstead. 

S'il  faut  en  croire  une  légende,  le  canton  de  Stan- 
stead fut  nommé  ainsi  par  certains  arpenteurs  qui, 
trouvant  leur  théodolite  trop  lent  à  s'affermir  sur 
ses  pieds,  lui  criaient  avec  impatience  :  Stand  steady  ! 
Mais,  pour  une  raison  ou  pour  une  autre,  ils  n'arti- 
culaient pas  suffisamment  la  dernière  syllabe  et  ne 
laissaient  entendre  que  stand ....  stead.  Comme  on 
le  voit  cette  origine  est  tirée. .  par  les  cheveux. 

Starneslîorougrli  (diâteaiiguay) 

Starnesborough  a  été  nommé  ainsi  en  l'honneur  de 
l'honorable  Henry  Starnes,  député  de  Châteauguay, 
et  plus  tard  conseiller  législatif. 

Stayuerville  (Argenteuil) 

M.  Stayner,  directeur-général  des  postes,  possé- 
dait en  cet  endroit  une  grande  concession  de  terres. 

Stoke,  Saiut-Philémou  de  (Ricliniond) 

Le  carte  géographique  d'Angleterre  ne  contient 
pas  moins  de  cinquante  villes  ou  villages  du  nom 
de  Stoke. 

Stoneliain,  Saint-£dinoud  de  (Québec) 

Stone  est  une  des  plus  anciennes  villes  d'Angle- 
terre.    Ham  signifie  hameau,  village. 

Stoneham  fut  mise  sous  le  vocable  de  saint 
Edmond,  archevêque  de  Cantorbéry,  parce  que  à 
cette  époque  la  paroisse  était  en  presque  totalité  peu- 


453 


pléc  d'Anglais.     Saint  Edmond  fut  le  successeur  du 
roi  Offa  sur  le  trône  d'Est-Anglie. 

Stotsville,  Saiut-Valentiu  de  (Saint-Jean) 

Stotsville  rappelle  le  souvenir  d'un  des  premiers 
colons  de  cette  paroisse,  Robert  Stott. 

En  1718,  des  missionnaires,  venant  de  Québec  et 
montant  la  rivière  Richelieu,  s'arrêtèrent  par  hasard, 
sur  l'île  aux  Noix.  Les  missionnaires,  attirés  par  le 
panorama  grandiose  qui  se  déroulait  à  perte  de  vue 
autour  d'eux,  résolurent  de  s'enfoncer  plus  avant 
dans  les  terres.  Ils  n'allèrent  pas  bien  loin.  A  deux 
milles  environ  de  l'île  qu'ils  venaient  de  quitter,  ils 
frappèrent  à  la  porte  de  la  maison  d'un  colon  nommé 
Jobson,  où  ils  reçurent  l'hospitalité  et  dans  laquelle 
le  lendemain,  14  février,  ils  disaient  la  sainte  messe. 
Aussitôt  après  la  célébration  de  l'office  divin,  l'un 
des  missionnaires  écrivait  une  touchante  lettre  à 
l'évêque  de  Québec,  lui  vantant  le  site  enchanteur 
où  il  se  trouvait,  le  bien  qu'il  y  avait  à  accomplir, 
et  l'implorant  de  lui  accorder  la  permission  d'y 
fonder  une  mission  pour  les  nombreux  colons  répan- 
dus dans  les  environs.  De  plus,  comme  la  première 
messe  avait  été  dite  le  14  février,  jour  de  la  fête  de 
saint  Valentin,  il  demanda  et  obtint  la  permission 
de  donner  au  nouvel  établissement  le  nom  de  Saint- 
Valentin.  (1) 

Stratford,  Saint-Gabriel  de  (Wolfe) 

Stratford  est  un  faubourg  de  Londres.  Il  y  a  aussi 
dans  le  comté  de  Bucks  une  ville  de  ce  nom. 

Stratford  a  été  mis  sous  le  patronage  de  saint 
Gabriel  en  l'honneur  de  Gabriel  Prince,  un  des  pre- 


(1)  Le  diocèse  de  Alontréal  à  la  fin  du  dix-neuvième  siècle,  p.  529. 


454 


miers  colons  de  ce  canton.  Prince  était  originaire  de 
Saint-Grégoire,  comté  de  Nicolet. 

Stiikely,  Sainte-Anue  de  (Sliefford) 

Stukely  est  le  nom  d'un  anglais  fort  riche,  bizarre, 
pour  ne  pas  dire  plus,  qui  s'était  voué  à  la  recherche 
du  mouvement  perpétuel.  C'est  Stukely  qui  servit 
de  modèle  à  Sterne  pour  son  Uncle  Toby. 

Il  y  a  aussi  dans  le  comté  de  Huntingdon,  en 
Angleterre,  un  village  de  Stukely. 

Nous  ignorons  si  c'est  le  souvenir  de  l'homme  ou 
du  village  qu'on  a  voulu  rappeler. 

Stukely  est  bâtie  sur  une  colline  qui  ressemble 
étonnamment  à  celle  de  Sainte-Anne  de  Beaupré. 
C'est  probablement  ce  qui  a  engagé  l'évêque  à  mettre 
cette  paroisse  sous  le  patronage  de  sainte  Anne. 

Siiète,  Lu  (Qiiélïcc) 

"  Le  promontoire  oii  est  assis  le  vieux  Québec 
forme  l'extrémité  oriental-e  d'un  plateau  terminé,  à 
l'ouest,  par  le  Cap  Rouge. 

''  Longue  de  neuf  milles,  large  de  deux  environ 
vers  la  partie  centrale,  cette  sorte  d'île — en  terre 
ferme — est  partagée  en  deux  versants  par  un  faible 
soulèvement  de  terrain  qui  atteint  son  plus  grand 
relief  à  Sainte-Foy,  dans  les  collines  au  sud  de 
l'église.  Du  côté  du  fleuve,  des  falaises  hautes,  à  pic 
et  dénudées  près  de  Québec,  -mais  couronnées,  vers 
l'ouest,  de  haute  futaie,  telles  encore  peut-être,  en 
plus  d'un  point,  que  les  a  vues  Jacques  Cartier  au 
milieu  du  seizième  siècle. 

''  Au  nord,  la  pente  des  coteaux,  plus  douce  à 
mesure  qu'on  s'éloigne  de  la  ville,  et  bientôt  suscep- 
tible de  culture,  aboutit  à  une  vallée  basse  où  les 
champs  cultivés  sont  entrecoupés  de  bouquets   de 


455 


bois  parfois  assez  étendus.  C'est  ce  qu'on  appelle 
la  Siictte,  nom  d'origine  inconnue  et  dû  très  vraisem- 
blablement au  petit  village  de  Suette,  à  six  lieues 
de  La  Flèche,  où  les  élèves  du  collège  des  Jésuites, 
fondé  par  Henri  IV  en  cette  ville,  allaient  par  grou- 
pes passer  quelques  jours  de  vacances.  D'autres 
l'attribuent  au  fait  que  les  chevaux  se  fatiguent  et 
fument  aisément,  pour  peu  qu'on  veuille  les  pousser, 
sur  le  déclivité  peu  sensible  mais  continue  du  che- 
min qui  va  de  Lorette  à  Sainte -Foy  :  suée,  suette,  les 
gens  n'y  regardent  pas  de  si  près.  Ou  encore  à  la 
buée  légère  qui,  souvent,  après  la  fonte  des  neiges, 
ou  à  la  suite  des  pluies  d'été,  étend  sur  la  plaine  sa 
nappe  blanche  et  immobile,  d'où  émerge  la  crête  des 
bois."   (1) 

Le  27  avril  1760,  l'armée  française,  sous  le  com- 
mandement du  chevalier  de  Lévis,  fut  obligée  de 
franchir  les  marais  de  la  Suète  pour  livrer,  le  lende- 
main, la  belle  bataille  de  Sainte-Foy. 

Suflfolk,  Saint-Emile  de  (Ottawa) 

SufFolk  est  un  comté  d'Angleterre. 

M.  Emile  Quesnel,  de  Saint- André  Avellin,  aida 
beaucoup  aux  premiers  colons  et  on  suppose  que  c'est 
en  son  honneur  que  saint  Emile  fut  donné  comme 
titulaire  à  SufFolk. 

Sutton,  Saint- André  de  (Brome) 

Sutton  est  un  mot  saxon  corrompu  de  South  toivn. 
Plusieurs  villes  et  villages  d'Angleterre  portent  le 
nom  de  Sutton. 

En  1853,  la  paroisse  de  Sainte-Croix  de  Dunham, 
voisine  de  Sutton,  eut  son  premier  curé.     Alors  une 


(1)  L'abbé  H. -A.  Scott,  Notre-Dame  de  Sainte-Foy. 


456 


mission  régulière  fut  donnée  tous  les  mois  aux  famil- 
les catholiques  de  Sutton  par  le  curé  de  Dunham. 
La  maison  d'Olivier  Godu,  voiturier  de  l'endroit, 
servait  de  chapelle  pour  la  circonstance.  En  1857, 
M.  André-Benjamin  Dufresne  fut  nommé  curé  de 
Dunham  et  continua  la  mission  régulière  à  Sutton. 
Le  25  octobre  1858,  Mgr  Jean-Charles  Prince, 
évêque  de  Saint-Hyacinthe,  érigea  canoniquement 
en  paroisse  tout  le  canton  de  Sutton,  sous  le  vocable 
de  saint  André,  apôtre,  en  l'honneur  du  missionnaire, 
M.  André-Benjamin  Dufresne. 

Sweetsburg  (Missisqiioi) 

Sweetsburg  porta  à  l'origine  le  nom  de  Churchville. 
Elle  tenait  ce  nom  de  John  Church,  marchand  et 
hôtelier. 

C'est  quelques  années  avant  1854  que  le  nom 
Sweetsburg  a  pris  le  dessus.  Il  rappelle  le  souvenir 
de  Gardner  Sweet,  un  de  ses  premiers  habitants. 

Sydenliam,  Canton  (Gaspé) 

Charles-Edward  Poulett-Thompson,  mieux  connu 
sous  le  nom  de  lord  Sydenham,  gouverneur  du 
Canada  de  1839  à  1841. 

Tabaret,  Canton  (Pontiac) 

Le  Père  Joseph-Henri  Tabaret,  Oblat  de  Marie- 
Immaculée. 

Table  à  Roland  (Gaspé) 

"  Les  navigateurs,  dit  Charlevoix,  reconnaissent 
qu'ils  sont  proches  de  l'île  Percée,  lorsqu'ils  aperçoi- 
vent une  montagne  plate  qui  s'élève  au-dessus  de 
plusieurs  autres  et  qu'on  a  nommée  la  Table  à 
Boland.  " 


457 


''  Percé  est  dominé,  dit  Mgr  Plessis,  par  le  mont 
Sainte-Anne  dont  le  sommet  porte  le  nom  de  Table 
à  Roland,  apparemment  parce  que  quelqu'un  de  ce 
nom  y  aura  mangé  par  choix  ou  par  nécessité." 

''  Derrière  le  bourg,  dit  Bayfield,  se  trouve  le 
Mont  percé  ou  la  Table  roulante^  1230  pieds  au-dessus 
du  niveau  de  la  mer." 

Sur  le  sommet,  du  côté  ouest,  il  y  a  une  grande 
étendue  de  bonne  terre  où  le  foin  pousse  naturelle- 
ment. Les  troupeaux  de  moutons  s'y  tiennent  pres- 
que toujours  en  été.  De  là  le  nom  ancien  de  Cap  du 
pré. 

Tabatière,  Saint- Joseph  de  la  (Labrador) 

Mgr  Bossé  avoue  ingénument  que,  passant  par 
la  Tabatière  pour  la  première  fois,  il  demanda  le 
nom  de  la  personne  qui  y  avait  perdu  sa  tabatière 
et  en  avait  eu  assez  de  peine  pour  y  laisser  le  nom 
de  cet  objet  à  l'endroit.  On  se  contenta  de  sourire. 
Il  dut  s'adresser  aux  missionnaires,  fidèles  gardiens 
des  traditions  sauvages.  D'eux,  il  apprit  qu'il  n'y 
avait  là  aucune  tabatière  d'Esquimaux,  de  Monta- 
gnais,  de  Nascapis,  ni  de  blanc.  Mais  alors  pourquoi 
ce  nom  ? 

En  sauvage,  cette  pointe  s'appelle  Tapatienne, 
mot  qui  signifie  sorcier,  et  elle  a  dû  être  autrefois  le 
théâtre  de  jongleries  diaboliques.  En  voici  l'occa- 
sion. 

Dans  les  environs  arrivent  les  Sauvages  venant  du 
fond  des  bois,  chargés  plus  ou  moins  de  pelleteries. 
Là,  ils  rencontrent  les  trafiquants,  et  nagent  dans 
l'abondance  pour  c^uelques  jours.  On  mange  pour 
la  faim  passée  et  la  faim  à  venir  ;  bientôt  les  provi- 
sions sont  épuisées.    Il  faut  donc  repartir  pour  les 


458 


bois  ;  mais  ce  serait  commode  de  connaître  d'avance 
si  le  voj^age  sera  chanceux,  et  pour  cela  vers  quel 
endroit  se  diriger.  Le  jongleur  s'enferme  sous  sa 
tente,  s'y  dérobe  à  tous  les  regards  et  consulte  le 
manitou.  Au  milieu  de  la  terreur  générale,  pendant 
que  le  wigwam  de  la  médecine  noire  s'agite  et  fait 
des  soubresauts  convulsifs,  le  jongleur  annonce  qu'il 
faut  sacrifier  tel  objet  (convoité  par  lui  !)  et  se  diriger 
dans  telle  direction.  Croyez  qu'on  aurait  garde  d'y 
manquer.  (1) 

C'est  le  séjour  d'un  sorcier  en  cet  endroit  qui  lui 
aura  probablement  fait  donner  le  nom  de  Tapât icnne 
— sorcier — corrompue — encore  une  supposition — par 
les  Canadiens  en  Tabatière. 

Tableau,  Le  (Saguenay) 

Le  Tableau,  énorme  rocher,  à  environ  50  milles 
de  Tadoussac,  montre,  à  plusieurs  centaines  de  pieds 
de  hauteur,  une  surface  verticale,  coupée  à  arêtes 
vives,  absolument  unie  et  polie,  et  lui  donne  l'appa- 
rence d'un  véritable  tableau  et  d'où  lui  est  venue  le 
nom  qu'il  porte. 

Taclié,  Canton  (Cliicoiitinii) 

C'est  M.  Paschal  Taché,  seigneur  de  Kamouraska, 
auteur  d'une  carte  de  la  région  du  lac  Saint-Jean, 
qui  a  laissé  son  nom  à  ce  canton. 

Tadoussac  (Saguenay) 

Tadoussac  (Tadoussâk,  pluriel  de  Totoush,  ma- 
melle et  figurément  mamelon),  dit  Mgr  Laflèche, 
signifie,  en  sauvage,  mamelles.  En  effet,  on  voit  à 
l'entrée  du  Saguenay  deux  montagnes  qui  peuvent 
nous  porter  à  interpréter  ce  nom  de  cette  manière. 


(1)  Annales  de  la  propagation  de  la  foi,  juin  1887. 


459 


D'autres  prétendent  que  Tadoussac  est  dérivé  du 
mot  montagnais  shashuko  qui  veut  dire  endroit  aux 
homards.  Cette  étymologie  est  d'autant  plus  risquée 
que  le  petit  cardinal  des  mers  n'existe  pas  dans  ces 
parages. 

M.  Andrew  Stuart  donne  une  troisième  origine  au 
mot  Tadoussac.  "  La  première  station  navale,  écrit- 
il,  établie  par  les  Français  dans  le  fleuve  Saint-Lau- 
rent fut  l'île  aux  Coudres,  et  le  premier  établisse- 
ment fondé  fut  Tadoussac.  Le  nom  indien  de  l'île 
aux  Coudres  (ainsi  que  je  l'ai  appris  des  sauvages 
hurons  de  Lorette)  était  V hadousliah — tortue  entourée 
d^eau  vive.  L'établissement  et  la  station  navale  étant 
voisins  peuvent  avoir  été  désignés  sous  le  même  nom, 
et  il  n'y  a  pas  loin  de  t^hadoushab  à  Tadoussac." 

Le  Père  Charles  Arnaud  donne  une  origine  qui 
diffère  entièrement  des  autres.  Tadoussac,  d'après 
lui,  vient  du  montagnais  Tatoushak  ou  Taioustah,  à 
r endroit  où  la  glace  est  brisée.  On  sait  qu'à  Tadoussac 
on  ne  voit  jamais  de  glace  stable.  Il  est  bon  de 
remarquer,  ajoute  le  Père  Arnaud,  que  les  Sauvages 
donnent  toujours  un  nom  qui  marque  la  qualité  de 
l'objet,  qui  dépeint  les  lieux  ou  qui  attire  le  plus 
leur  attention.  (1) 

Le  Père  Laçasse  partage  l'opinion  du  père  Ar- 
naud. (2) 

Le  Père  Lemoine  donne  une  cinquième  inter23ré- 
tation  :  ''  Il  est  possible,  dit-il,  que  ce  mot  vienne  de 
Shatohek,  que  l'on  pourrait  rendre  par  "  rocher  escar- 
pé, embouchure  d'une  rivière  pleine  de  roches." 

Quoiqu'il  en  soit,  les  Anglais  écrivent  Tadousac, 
les  Canadiens  Tadoussac.  Les  anciennes  relations  des 


(1)  Annales  de  la  propagation  de  lajoi,  février  1880. 

(2)  \J Opinion  publique,  2  mars  1882. 


460 


missionnaires  et  ]3resque  tous  les  manuscrits  de  la  pé- 
riode française  ont  adopté  cette  dernière  orthographe. 
D'ailleurs,  en  français,  la  règle  veut  que  1'  s  entre 
deux  voyelles  se  prononce  comme  z.  Donc  si  l'on  écrit 
Tadousac,  on  doit  prononcer  Tadouzac.  On  a  donc 
raison  d'écrire  ce  mot  avec  deux  ss. 

Taillon,  Canton    Lac  Saint- Jean) 

L'honorable  M.  L.-O.  Taillon,  premier  ministre  de 
la  province  de  Québec. 

Talon,  Canton  (Montmagny) 

Jean  Talon,  premier  intendant  de  la  Nouvelle- 
France. 

Tanguay,  Canton  (Lac  Saint-Jean) 

M.  Georges  Tanguay,  député  du  Lac  Saint-Jean 
et  ancien  maire  de  Québec. 

Taniata  (Lévis) 

Taniata  est  un  mot  abénakis.  Il  rappelle  par  sa 
consonnance  les  petites  îles  Toneata,  près  de  Kings- 
ton. 

Tanneries,  Saint-Henri  des  (Hoclielaga) 

Le  nom  de  Tanneries  a  été  donné  à  cette  paroisse 
parce  que  ses  premiers  habitants  étaient  presque  tous 
des  tanneurs.  Ils  s'étaient  établis  là  sur  le  bord  d'un 
ruisseau  qui  avait  sa  source  sur  la  terre  d'un  Décarie 
et  qui  leur  fournissait  avec  abondance  toute  l'eau 
nécessaire  à  leur  industrie.  La  majorité  de  ces  tan- 
neurs étant  des  Lenoir  dit  Rolland,  on  disait  les 
tanneries  des  Rolland,  comme  on  disait  du  Mile-End, 
les  tanneries  des  Belair.  Aujourd'hui  on  oublie  le 
nom  de  Tanneries  quoique  le  nom  canonique  de  la 
paroisse  soit  Saint-Henri  des  Tanneries. 


4G1 


Saint-Henri  des  Tanneries  a  été  érigée  en  paroisse 
par  Mgr  Bourget  en  1867.  C'est  l'une  des  trois  pre- 
mières paroisses  démembrées  de|la  vieille  paroisse 
Notre-Dame.  Saint-Henri  était  le  nom  de  l'ancienne 
chapelle  bâtie  en  cet  endroit  par  les  Sulpiciens. 

Tascliereau,  Cnntou  (Gaspé) 

Son  Eminence  le  cardinal  Elzéar-Alexandre 
Tascliereau,  archevêque  de  Québec. 

Tellier,  Canton  (Joliette) 

M.  J.-M.  Tellier,  député  de  Joliette  à  la  législa- 
ture de  Québec. 

Téniîscaniing  (Pontiac) 

Témiscaming,  du  sauteux  timiw,  c'est  profond, 
et  garni,  liquide  :  timegaming,  dans  eau  profonde. 
En  effet,  le  lac  Témiscaming  ne  le  cède  pas  pour  la 
profondeur  au  lac  Supérieur  lui-même. 

Témiscouata 

Témiscouata  est  un  mot  cris.  Il  se  forme  de  timiw^ 
c'est  profond,  et  de  ishkwatam^  à  la  fois  ou  partout  ; 
timiiuishkwatam,  c'est  profond  partout. 

Temple  ton,  Sainte-Kose  de  Lima  de  (Ottawa) 

Plusieurs  villes  et  villages  d'Angleterre  portent  le 
nom  de  Templeton. 

En  1889,  les  habitants  canadiens-français  de  East- 
Templeton  demandèrent  à  Mgr  Duhamel  la  permis- 
sion de  se  ^  bâtir  une  église.  L'évêque  agréa  leur 
demande.  Accompagné  de  M.  Champagne,  curé  de 
la  Pointe-Gatineau,  il  se  rendit  le  30  août  à  East- 
Templeton,  et  choisit,  à  quelques  arpents  de  la  gare, 
un  terrain  pour  le  site  de  la  chapelle  qui  fut  géné- 
reusement donné  par  un  citoyen  du  lieu,  M.  Joseph 


462 


Hnrtubise.  C'était  le  jour  de  la  fête  de  sainte  Rose 
de  Lima.  La  vierge  péruvienne  fut  donc  donnée 
pour  patronne  à  la  nouvelle  mission. 

Terrebonne 

La  tradition  veut  que  le  premier  concessionnaire 
de  la  seigneurie  d«  Terrebonne,  le  sieur  Daulier  des 
Landes,  lui  ait  donné  ce  nom  sur  le  rapport  qu'on 
lui  fit  de  l'excellence  de  ses  terres. 

Terre-Konipue  (Sagueiiay) 

Terre-Rompue  est  à  88  milles  de  l'embouchure  du 
Saguenay  et  à  35  milles  environ  de  la  décharge  du 
lac  Saint-Jean.  C'est  à  Terre-Rompue  que  les  cas- 
cades et  les  rapides  du  Saguenay  viennent  mourir. 

Tessier,  Canton  (Matane) 

L'honorable  juge  Ulric  Tessier. 

Tessierville,  Saiut-XJlric  de  (Rimoiiski) 

Cette  paroisse  fut  placée  sous  l'invocation  de  saint 
Ulric,  confesseur  pontife  dont  la  fête  se  célèbre  le  4 
juillet,  pour  rappeler  la  mémoire  de  l'honorable  juge 
Ulric  Tessier,  qui,  de  concert  avec  M.  Narcisse  Fau- 
cher, donna  un  terrain  pour  bâtir  la  chapelle.  C'est 
aussi  en  l'honneur  du  même  personnage  que  le  bureau 
de  poste  établi  à  Saint-Ulric  en  1861,  prit  le  nom  de 
Tessierville. 

Tête  à  la  Baleine  (Labrador) 

L'une  des  îles  de  cet  archipel  ressemble  à  une  tête 
de  baleine  se  soulevant  au-dessus  des  eaux  ;  le  nom 
s'étendit  plus  tard  à  la  localité  toute  entière. 


4G3 


Tétreivuvill<5  (Ottawa) 

En  l'honneur  du  notaire  Tétreau,  ancien  député 
du  comté  d'Ottawa  à  la  législature  de  Québec. 

Tétreaviville,  Sainte-Claire  de  (Hochelaga) 

L'église  temporaire  de  Tétreauville  a  été  donnée 
par  M.  Pierre  Tétreau. 

Tewkesbury,  Canton  (Québec) 

Ville  du  comté  de  Gloucester,  Angleterre. 

Tliérieu,  Lac  (Ottawa) 

M.  Thérien,  chapelain  de  l'Ecole  de  Réforme  de 
Montréal,  avait  fait  sur  les  bords  de  ce  lac  un  grand 
et  bel  établissement. 

Theiford,  Saint -Alphonse  de  (Mégrantic) 

Le  canton  de  Thetford  a  pris  son  nom  de  la  ville 
de  Thetford,  dans  le  comté  de  Norfolk,  en  Angle- 
terre. Lorsqu'on  1878  furent  découvertes  les  célèbres 
mines  d'amiante  de  Thetford  et  qu'elles  commencè- 
rent à  être  exploitées,  le  village  qui  se  forma  à  proxi- 
mité prit  le  nom  de  Thetford-^Iines. 

Le  premier  missionnaire  qui  desservit  Thetford- 
Mines  fut  M.  J. -Alphonse  D'Auteuil.  Par  une  gra- 
cieuseté dont  le  cardinal  Taschereau  était  coutumier 
à  l'égard  des  prêtres  qui  se  dévouaient  aux  sacrifices 
et  à  l'abnégation  que  demande  la  vie  de  mission- 
naire, lorsque  Thetford-Mines  fut  érigée  en  mission, 
il  lui  donna  saint  Alphonse  pour  patron. 

Thorne,  Canton  (Pontiac)  ^ 

Ville  du  comté  de  York,  Angleterre. 
Thurso  (Ottawa) 

Parmi  les  premiers  colons  de  Thurso,  il  y  avait 


404 


plusieurs  Cameron.  Lors  de  la  création  du  premier 
bureau  de  poste,  on  voulut  lui  donner  le  nom  de 
Cameronville.  Le  ministre  des  postes  n'accepta 
pas  ce  nom  car  il  y  en  avait  déjà  un  dans  le  pays. 
Il  suggéra  le  nom  de  Thurso  parce  que  les  Cameron 
en  question  et  plusieurs  autres  colons  étaient  origi- 
naires  de  Thurso,   petite   ville  située   au  nord   de 

l'Ecosse. 

i 
Tikouapee,  Rivière  (Lac  Saint-Jean) 

Tikouapee  serait  tout  simplement  la  traduction 
montagnaise  de  notre  prénom  André.  Un  monta- 
gnais  du  nom  de  Tikouapee,  qui  demeurait  sur  les 
bords  de  cette  ri^dère,  lui  laissa  son  nom. 

TlDgwick,  Saint-Patrice  de  (Artliabaska) 

Tingwick  est  une  ville  du  comté  de  Buckingham, 
Angleterre. 

Les  premiers  colons  de  Tingwick  furent  des  Irlan- 
dais et  ils  demandèrent  à  mettre  leur  paroisse  sous 
la  protection  de  leur  grand  saint  Patrice. 

Tontî,  Canton  (Portneuf) 

Henri  de  Tonti,  italien  de  naissance,  qu'on  avait 
surnommé  Bras-de-Fer  parce  qu'il  avait  remplacé  par 
une  main  de  fer  sa  main  enlevée  dans  une  bataille, 
fut  un  des  plus  fermes  appuis  de  Cavelier  de  La 
Salle  dans  ses  explorations. 

Tourelle,  Canton  La  (Gaspé) 

Le  nom  de  ce  canton  est  celui  qui  était  donné 
avant  qu'il  fut  tracé  à  la  localité.  On  appelait  cet 
endroit  La  Tourelle  ou  Pointe  La  Tourelle  parce 
qu'il  &'y  rencontre  deux  roches  sur  le  rivage  à 
environ  une  lieue  l'une  de  l'autre.    La  première  qui 


465 


est  aussi  la  plus  considérable  est  carrée,  a  environ 
quarante  pieds  de  diamètre  sur  cinquante  de  hau- 
teur. Elle  est  isolée  sur  le  rivage.  L'autre  est  plus 
au  nord-est.  De  forme  triangulaire  elle  se  rétrécit 
à  une  hauteur  de  trente  pieds.  Elle  ressemble  à  une 
cheminée  isolée,  et  son  sommet  est  semblable  à  une 
tourelle  de  donjon. 

Traey,  Canton  (Berthier) 

Alexandre  de  Prouville  de  Tracy,  lieutenant- 
général  du  roi  de  France  dans  toute  l'étendue  de  ses 
terres  situées  en  l'Amérique  Méridionale  et  Septen- 
trionale. 

Traverse,  La 

On  a  donné  le  nom  de  la  Tixtverse  au  détroit  qui 
se  trouve  entre  l'île  d'Orléans  et  l'île  aux  Réaux, 
parce  que  les  vaisseaux  qui  remontaient  le  fleuve  le 
long  de  la  rive  nord  changeaient  là  leur  course 
et  traversaient  au'sud  de  l'île  d'Orléans. 

Tremblay,  Canton  (Cliicoiitinii) 

Les  premiers  colons  de  ce  canton  furent  des  Trem- 
blay. 

Très-Saint- Kécleiupteur  (Vaudreuîl) 

C'est  la  proximité  des  paroisses  de  Saint -Lazare  et 
de  Sainte-Marthe  qui  a  fait  donner  le  Très  Saint 
Rédempteur  comme  titulaire  à  cette  paroisse. 

Tring  (Beauce) 

Tring  est  une  ville  du  comté  de  Herts,  à  32  milles 
de  Londres. 

Trois-Pistoles  (Témiscouata) 

"  Le  nom  de  Trois-Pistoles  en  lui-même  réveille 
30 


466 


l'idée  de  cette  pièce  de  monnaie  de  l'ancien  cours 
tombée  en  désuétude  depuis  longtemps  et  avantageu- 
sement remplacée  par  notre  comptabilité  en  piastres 
et  centins.  Nous  avons  fouillé  un  peu  partout  afin 
de  découvrir  le  premier  anneau  d'un  chaînon  quel- 
conque, soit  par  une  date  fixe,  soit  par  un  entrefilet, 
donnant  les  raisons  qui  ont  pu  motiver  un  pareil 
nom  à  cette  rivière  paisible  c^ui  coule  des  hauteurs 
à  travers  un  terrain  fertile  et  boisé  pour  se  jeter  dans 
le  fleuve.     Rien  de  précis  n'est  venu  nous  satisfaire. 

''  Cependant  on  peut  bien  fixer  une  date  reculée 
où  l'on  connaissait  le  nom  de  Trois-Pistoles,  car  dans 
la  magnifique  carte  de  Bellin  faite  en  1744  et  qui  se 
trouve  dans  V Histoire  de  la  Nouvelle-France  de  Char- 
levoix,  l'île  Verte  porte  son  nom  et  vis-à-vis  est  une 
rivière  désignée  sous  le  nom  de  ''  rivière  des 
Pistoles." 

''  Dans  un  livre  assez  rare  publié  en  1755,  et  que 
M.  Philéas  Gagnon  possède,  Memorials  of  the  English 
and  French  Commissaries,  concerning  the  limits  of 
Nova-Scotia,  il  y  a  une  carte  où  l'on  voit  Trois-Pis- 
toles mentionnée  comme  suit  :  Pistole  or  Spey  River. 

"  Un  jour,  les  vieux  de  l'heure  présente  nous 
dirent  qu'il  était  bien  facile  de  savoir  pourquoi  ce 
nom  de  Trois-Pistoles  avait  été  donné  à  la  rivière 
pour  s'étendre  ensuite  à  toute  la  paroisse,  et  voici 
ce  qu'ils  nous  racontèrent.  ''  Durant  l'été,  le  mis- 
sionnaire desservant  les  postes  de  la  côte  sud, 
descendait  à  Rimouski,  terme  ordinaire  de  ses 
courses  évangéhques,  lorsqu'il  ne  se  rendait  pas 
jusque  dans  la  Gaspésie,  cet  ancien  Honguedo  des 
premiers  Sauvages  connus  de  Jacques  Cartier.  Les 
communications  n'étaient  pas  faciles  alors  et  il  fallait 
avoir  bon  pied,    bon   œil  et  le   courage   rudement 


467 


trempé  pour  arriver  sain  et  sauf  au  rendez-vous,  au 
lieu  désiré.  En  été,  le  canot  était  le  seul  véhicule 
possible,  tant  à  cause  de  sa  légèreté  que  de  la  rapi- 
dité de  sa  course  et  de  sa  facilité  de  transport  dans 
les  portages  à  faire  ;  en  hiver,  il  fallait  la  raquette 
pour  parcourir  des  sentiers  impossibles,  soit  dans 
l'intérieur  des  terres,  soit  au  bord  du  fleuve,  sur 
les  battures  et  les  grèves  désertes.  En  quittant 
risle- Verte,  le  missionnaire  rencontra,  après  quel- 
ques heures  de  marche  assez  pénible,  une  rivière 
très  évasée  à  son  embouchure  et  montant  se  perdre 
sous  bois  à  l'intérieur  vers  les  hauteurs  des  terres. 
Durant  la  traversée,  par  un  coup  maladroit  inexpli- 
qué, le  canot  chavira  et  prêtre  et  conducteur  furent 
précipités  dans  la  rivière  prenant  un  bain  forcé 
qu'ils  goûtèrent  médiocrement.  La  rivière  n'a  pacj 
de  proportion  inquiétante,  et  tant  bien  que  mal  nos 
naufragés  se  virent  bientôt  rendus  sur  le  rivage 
opposé,  où  l'on  eut  rien  de  plus  pressé  c[ue  de  se 
laisser  sécher  au  grand  soleil  de  juillet.  En  otant 
sa  soutane,  le  missionnaire  constata  avec  resfret 
que  trois  pistoles  avaient  glissé  de  son  gousset  dans 
la  rivière  ;  c'était  une  perte  plus  pour  les  pauvres 
que  pour  le  missionnaire  lui-même  qui  ne  possède 
rien.  Si  le  missionnaire  y  avait  perdu  ses  tro  is  pisto  les  y 
la  rivière  y  gagna  son  nom  qui  lui  fut  conservé  dans 
la  suite." 

''  Sir  James-M.  LeMoine,  dans  son  Album  du  tou- 
risle,  est  plus  explicite  : 

"  Vers  1700,  dit-il,  un  pêcheur  normand  s'établit 
sur  la  plage  de  la  rivière  de  Trois-Pistoles  ;  un  jour, 
un  chasseur  arrive  sur  la  rive  opposée  : 

"  — Combien  pour  me  traverser  ?  dit  ce  dernier. 

''  — Trois  pistoles,  seigneur,  réplique  le  pêcheur, 
qui  était  aussi  le  batelier  de  l'endroit. 


468 


**  — Quel  est  le  nom  de  cette  rivière  ? 

''  — Elle  n'a  pas  de  nom  ;  on  la  baptisera  plus 
tard. 

*'  — Eh  bien  !  nommez-là  Trois-Pistoles.  " 

**  Cette  histoire  d'occasion  tombe  d'elle-même 
devant  les  faits.  Rien  de  brutal  comme  une  date 
parfois  !  En  1700,  il  y  avait  des  colons  aux  Trois- 
Pistoles.  De  plus  la  concession  de  la  "  rivière  de 
Trois-Pistoles  "  eut  heu  en  1687.  Donc,  en  1700,  il 
était  impossible  à  n'importe  quel  batelier  d'ignorer 
le  nom  de  la  rivière  qu'il  avait  charge  de  faire  tra- 
verser aux  piétons,  puisque  treize  ans  auparavant 
elle  était  connue  et  désignée  sous  le  nom  de  rivière 
des  Trois-Pistoles. 

''Avouons  en  passant  que  charger  trois  pistoles  pour 
traverser  un  voyageur  d'une  rive  à  l'autre  de  la 
rivière,  était  un  peu  exorbitant,  car  trois  pistoles 
représentent  six  piastres  environ  de  notre  monnaie. 

"  11  est  une  autre  version  qui  a  aussi  ses  parti- 
sans. Ils  ne  sont  pas  nombreux,  mais  ils  méritent 
considération  ;  leurs  idées  doivent  trouver  place  ici, 
quand  ce  ne  serait  qu'à  titre  de  renseignement. 

"  On  raconte  le  naufrage  d'un  navire  sur  les  bat- 
tures  du  large,  en  face  de  la  rivière  qui  se  jette  vis-à- 
vis  le  bout  d'en  haut  de  l'île-aux-Basques.  Des  gens 
de  terre  seraient  accourus  avec  générosité  au  secours 
des  naufragés  et  les  auraient  conduits  sains  et  saufs 
sur  les  bords  de  la  rivière  qui  n'avait  pas  encore  de 
nom. 

"  Les  marins  généreux  donnèrent  à  chacun  de 
leurs  sauveurs  une  somme  de  trois  pistoles  et  pour 
perpétuer  le  souvenir  de  cet  heureux  sauvetage,  on 
aurait  baptisé  la  rivière  du  nom  qu'elle  porte  aujour- 
d'hui :  Trois-Pistoles. 


469 


''  Deux  considérations  s'offrent  immédiatement  à 
l'esprit  de  celui  qui  connait  l'histoire  de  la  colonisa- 
tion de  cette  partie  du  pays.  Si  ce  naufrage  a  eu 
lieu  en  1687,  il  ne  devait  pas  y  avoir  de  colons  ni 
d'habitants  sur  les  bords  de  la  rivière,  hormis  que 
ce  fut  une  nation  ou  tribu  de  Sauvages,  et  dans  cette 
dernière  supposition,  il  y  aurait  à  mettre  en  ligne 
d'opposition  la  langue  sauvage  qui  n'aurait  rien 
compris  du  langage  des  naufragés. 

''Si  le  naufrage  arriva  après  1687,  il  n'y  avait 
pas  lieu  de  baptiser  une  rivière  qui  avait  déjà  son 
nom. 

"  Mieux  vaut  s'en  rapporter  à  ce  que  M.  Napo- 
léon Rioux,  un  descendant  en  ligne  directe  des  pre- 
miers seigneurs  Rioux,  nous  disait  à  ce  sujet.  Tout 
concourt  à  lui  donner  raison  :  les  circonstances,  la 
date  approximative  et  la  tradition  conservée  dans  sa 
famille. 

''  Vers  1621,  alors  que  MM.  de  Caen  et  de  Monts 
faisaient  la  chasse  aux  Basques  et  aux  contrebandiers 
qui  voulaient  frustrer  la  compagnie  pour  la  traite  de 
la  pelleterie  à  Tadoussac,  une  barque  vint  s'échouer 
sur  les  battures  du  bout  d'en  haut  de  l'île  aux 
Basques.  La  provision  d'eau  ayant  été  épuisée  à 
bord,  on  se  rf^ndit  à  terre  où  l'on  apercevait  le  cou- 
rant clair  et  limpide  d'une  rivière,  pour  emplir  les 
tonneaux. 

"  Deux  matelots  et  un  second  se  rendirent  en  berge 
pour  puiser  de  l'eau  à  la  rivière  qui  se  déchargeait 
dans  le  fleuve,  en  face  de  leur  navire  échoué.  Arri- 
vés à  son  embouchure,  ils  remontèrent  le  courant 
jusqu'à  l'endroit  où  l'eau  douce  rencontrant  l'eau  du 
fleuve  forme  une  borne  facile  à  discerner  et  se  mirent 
à  remplir  leur?  barils. 


470 


*'  Pendant  que  les  matelots  accomplissaient  leur 
travail,  le  second,  assoiffé,  tira  de  sa  poche  un  joli 
gobelet,  qu'il  voulut  remjDlir  de  l'eau  du  courant, 
afin  de  se  désaltérer  ;  mais,  par  malheur,  le  gobe- 
let lui  échappa,  allant  au  fond  de  la  rivière,  sans 
qu'il  lui  fut  possible  de  le  repêcher.  Et  le  marin  de 
s'écrier  :  Eh  bien  !  voilà  trois  instoles  de  perdues  ;  et 
les  matelots  de  répondre  :  la  rivière  va  y  trouver 
son  nom  ;  nous  l'appellerons  la  rivière  des  Trois- 
Pistoles. 

"  De  retour  au  vaisseau  on  ne  manqua  pas  de 
raconter  l'aventure  qui  se  transmit  ainsi  de  bouche 
en  bouche  jusqu'à  Tadoussac  où  demeuraient  les 
missionnaires  qui  devaient  plus  tard  évangéliser  la 
côte  sud,  et  jusqu'à  Québec  qui  était  alors  en  pleine 
formation. 

''  N'est-ce  pas,  qu'au  point  de  vue  de  la  véracité 
des  faits,  cette  dernière  version  doit  l'emporter  sur  les 
autres  et  que  c'est  à  elle  que  l'on  doit  attacher  le  plus 
de  crédibilité  ?  Ici,  comme  nous  l'avons  vu,  tout  se 
donne  la  main  pour  nous  convaincre,  autant  que 
l'on  peut  être  certain  d'un  fait  qui  confine  aux  pro- 
babilités. La  date  de  l'événement,  plus  de  soixante 
ans  avant  la  première  concession  des  Trois-Pistoles  ; 
la  possibilité  du  naufrage  en  ce  lieu  si  fertile  en  acci- 
dents maritimes  ;  le  manque  d'eau  à  bord  ;  la  rivière 
au  sud  coulant  une  eau  douce  et  limpide  ;  le  récit 
qui  se  transmet  débouche  en  bouche  jusqu'à  Québec 
et  Tafloussac  ;  la  conservation  et  la  transmission  dans 
la  famille  Rioux  de  la  véritable  cause  du  nom  des 
Trois-Pistoles,  tout,  tout  nous  porte  à  croire  que  c'est 
bien  là  le  premier  anneau  qui  rattache  la  paroisse 
au  passé."  (1) 

(1)  Charles- A.  Gauvreau,  Trois-Pistoles,  p.  22. 


471 


Trois-Rivlères 

'*  Ce  nom,  les  Trois-Rivières,  dit  M.  Suite,  a  été 
donné,  par  les  traitants  français  qui  précédèrent 
Champlain,  à  la  rivière  que  Cartier  nomme  rivière 
de  Fouez,  ou  de  Foix,  selon  l'interprétation  de  Les- 
carbot,  et  que  nous  appelons  le  Saint-Maurice.  " 

La  Relation  de  1635  dit  :  "  Les  Français  ont 
nommé  ce  lieu  les  Trois-Rivières,  parce  qu'il  sort  des 
terres  un  assez  beau  fleuve,  qui  se  vient  dégorger 
dans  la  grande  rivière  de  Saint-Laurent,  par  trois 
principales  embouchures,  causées  par  plusieurs  petites 
îles  qui  se  rencontrent  à  l'entrée  de  ce  fleuve,  nommé 
des  Sauvages  Metaberoutin  ". 

''  Une  tradition  triflu vienne,  dit  encore  M.  Suite, 
veut  que  le  nom  de  Trois-Rivières  ait  été  donné  au 
fort  situé  près  de  l'embouchure  du  Saint-Maurice  en 
raison  de  son  accès  commode  pour  y  rencontrer  les 
Sauvages  qui  faisaient  la  traite  en  descendant  par  les 
rivières  Metaberoutin,  Bécancour  et  Saint-François. 
Pour  motiver  la  tradition,  la  traite  de  ces  trois  rivières 
aurait  dû  avoir  lieu  dès  le  temps  de  Champlain,  ce 
qui  était  impossible,  puisqu'il  n'y  avait  pas  de  Sau- 
vages au  sud  du  fleuve,  où  les  Iroquois  ne  se  mon- 
traient que  pour  dresser  des  embuscades  et  massacrer 
les  coureurs  des  bois.  "  (1) 

Trompe-Souris  (Lévis) 

Ce  nom  nous  vient  de  la  vieille  France.  On  don- 
nait, là-bas,  par  dénigrement,  le  nom  de  Moque- 
Souris  ou  de  Trompe-Souris,  à  des  moulins  obligés  le 
plus  souvent  de  chômer  par  suite  du  faible  débit  du 
cours  d'eau  chargé  de  mouvoir  la  roue  ;  le  grain  y 
était  si  rarement   apporté    qu'on  s'y   moquait  des 

(])  Revue  Canadienne,  vol.  VI,  p.  641. 


472 


souris,  ou  peut-être  la  souris  était  trompée  quand  elle 
venait  au  moulin  dans  l'espoir  d'y  trouver  sa  pitance. 

Trou  Jolliet  (Lévls) 

Le  trou  ou  l'anse  Jolliet  rappelle  le  souvenir  de 
Louis  Jolliet. 

Trou  Saint-Patrice  (3Ioutiiiorency) 

On  a  prétendu  que  le  Trou  Saint-Patrice  avait  été 
appelé  ainsi  par  les  Anglais  après  la  cession  du 
pays.  Mais  il  n'en  est  pas  ainsi,  puisqu'on  le  trouve 
mentionné  sous  ce  terme,  dès  1689,  par  le  sieur  de 
Villeneuve,  ingénieur  du  roi,  dans  sa  carte  de  l'île 
d'Orléans.  Au  Trou  Saint-Patrice  se  trouve  une 
grotte  remarquable  que  les  curieux  ne  manquaient 
pas  de  visiter  lorsqu'ils  passaient  en  cet  endroit. 
''  Grotte  ou  trou,  fait  remarquer  M.  l'abbé  Bois, 
n'aurait-elle  pas,  dans  l'origine,  donné  son  nom  au 
bassin  ?  " 

Trudel,  Canton  (Québec) 

Le  canton  Trudel  fut  nommé  ainsi  par  l'hono- 
rable George  Duhamel  en  l'honneur  de  son  ami  le 
sénateur  Trudel,  directeur  de  V Etendard. 

Tuladi,  Ivivière  (Témiscouata) 

On  faisait  à  l'embouchure  de  cette  rivière  une 
pêche  abondante  du  poisson  appelé  tuladi. 

Tuque,  Saint-Zépliirin  de  la  (Saint- Maurice) 

La  Tuque  est  une  montagne  de  forme  ronde. 
Elle  a  la  forme  de  ces  bonnets  de  laine  que  nous 
appelons  tuques,  mais  d'une  tuque  bien  enfoncée  sur 
la  tête  de  son  propriétaire.  De  la  montagne  le  nom 
s'étendit  au  village  qui  se  forma  à  ses  pieds. 


473 


En  1887,  Mgr  Laflèche  visitant  les  missions  du 
Saint-Maurice  leur  donna  chacune  un  patron.  Il 
n'y  eut  que  la  Tuque  qu'il  laissa  de  côté  parce 
qu'elle  faisait  partie  du  vicariat  apostolique  de  Pon- 
tiac.  En  effet,  donner  des  patrons  aux  paroisses  et 
aux  missions,  cela  appartient  à  l'évêque  diocésain, 
et  l'évêque  de  Trois-Rivières  ne  voulait  pas  empiéter 
sur  les  droits  de  l'évêque  de  Pontiac.  Mais  la  popu- 
lation fut  affligée  de  cette  différence.  Alors,  Mgr 
Laflèche  eut  une  inspiration  qui  conciliait  très  bien 
tous  les  intérêts  :  il  choisit  saint  Zéphirin  pour 
patron  de  la  mission  de  la  Tuque,  en  l'honneur  de 
Mgr  Zéphirin  Lorrain,  le  premier  évêque  qui  eut 
visité  cette  mission  et  aussi  le  premier  évêque  de 
Pontiac.  (1) 

Turcot,  Village  (Hoclielaga) 

Le  village  Turcot  doit  son  nom  à  Désiré  Turcot 
qui  avait  acheté  en  cet  endroit  une  terre  à  jardinage. 

Turcotte,  Canton  (Clianiplain) 

L'honorable  Joseph-Edouard  Turcotte,  solliciteur- 
général  du  Bas-Canada,  et  plus  tard  orateur  de  la 
Chambre  d'Assemblée  de  la  province  du  Canada. 

Turg-eoîi,  Canton  (Ottawa) 

Le  Père  A.-D.  Turgeon,  Jésuite,  chargé  par  le 
Pape  de  le  représenter  dans  la  c^uestion  du  règlement 
des  biens  des  Jésuites  avec  le  gouvernement  de  Qué- 
bec. 

Uakanatsi,  Lac  (Lac  Saint-Jean) 

Le  lac  des  monts  difformes. 


(1)  L'abbé  N.  Caron,  Deux  voyages  sur  le  Saint- Maurice. 


474 


Ulverton  (Drmmnoud) 

On  voulait  appeler  cet  endroit  Reedrille  en  mé- 
moire de  son  premier  habitant,  M.  Webber  Reed, 
mais  celui-ci  s'y  opposa. 

M.  Patterson,  secrétaire-trésorier  du  conseil  du 
canton  de  Durham,  suggéra  alors  le  nom  d' Ulverton, 
qui  est  un  dérivé  ou  une  corruption  de  Tilverton, 
petit  village  d'Irlande  près  de  l'endroit  où  naquit 
ce  M.  Patterson.  De  Tilverton  à  Ulverton  il  n'y  a 
pas  loin  ;  de  là  vient  le  nom  de  ce  beau  village,  l'un 
des  plus  pittoresques  et  des  mieux  bâtis  des  Can- 
tons de  l'Est.   (1) 

Upton,  Saitit-Eplirem  d'  (Bagot) 

Upton,  ville  d'Angleterre,  au  comté  de  Chester. 

Vacherie,  La  (Québec) 

Lieu  désert  où  les  Pères  Jésuites,  propriétaires  de 
ce  fief,  envoyaient  paître  leurs  vaches  et  celles  des 
autres  communautés  religieuses  de  la  ville,  au  com- 
mencement de  la  colonie.  (2) 

Vaiîlancourt  (Islet) 

On  désigne  très  souvent  Saint-Pamphile  sous  le 
nom  de  Vaillancourt.  C'est  pour  rappeler  le  souve- 
nir du  premier  colon  de  cette  paroisse,  Frédéric 
Vaillancourt. 

Vaillancourt  possédait  déjà  une  bonne  terre  à 
Saint-xlubert,  mais  se  trouvant  dans  l'impossibilité 
d'établir  tous  ses  enfants  dans  cette  dernière  paroisse, 
il  prit  le  parti  de  pousser  une  pointe  dans  la  foret,  à 
l'endroit  même  où  le  gouvernement  faisait  ouvrir 
une  route  de  colonisation  qui  devait  porter  le  nom 


(1)  J.-C.  Saint-Amant,  L'Avenir,  p.  115. 

(2)  Note  de  M.  l'abbé  Bois. 


475 


de  route  Elgin.  Accompagné  de  sa  femme  et  de  cinq 
enfants,  il  se  mit  aussitôt  à  défricher,  et,  l'année  sui- 
vante, la  terre  lui  rapportait  suffisamment  pour  se 
sustenter.  La  ftxmille  de  ce  brave  possède  aujour- 
d'hui l'une  des  plus  belles  fermes  de  Saint-Pam- 
phile.  (1) 

Vailiantbourg'  (Coinpton) 

P.-U.  Vaillant,  qui  avait  longtemps  résidé  dans 
l'Etat  du  Rhode-Island,  aux  Etats-Unis,  fut  un  des 
premiers  colons  de  l'endroit. 

Valcartier,  Salnt-Gal>riel  de  (Québec) 

Valcartier  rappelle  le  souvenir  du  découvreur  du 
Canada,  Jacques  Cartier. 

Valleylield,  Salaberry  de  (Beaiihariiois) 

"  Quelques  années  avant  1870,  un  industriel  de 
Montréal,  Alexander  Buntin,  jeta  les  yeux  sur  le 
village  de  Sainte-Cécile,  si  avantageusement  situé  à 
l'embouchure  du  canal  de  Beauharnois,  j)Our  y  éta- 
blir l'industrie  de  la  fabrication  du  papier.  Il  y 
construisit  ses  usines.  Certains  travaux  préliminaires 
relativement  peu  dispendieux  lui  permirent  de  dis- 
poser d'une  force  motrice  considérable  et  ses  usines 
fonctionnèrent  avec  plein  succès.  Encouragée  par 
cet  exemple,  la  Compagnie  de  coton  de  Montréal 
résolut,  à  son  tour,  d'établir  à  Sainte-Cécile  une  de 
ses  principales  filatures.  Une  exemption  de  taxes 
pour  vingt  ans  fut  accordée  à  la  compagnie,  et  bien- 
tôt après  une  bonne  moitié  de  l'usine  ayant  été 
construite,  la  filature  entrait  en  pleine  activité. 


(l)  Eug.  RouiDard,  La  colonisation  dans  les  comtés  de  Dorchestery 
BellecJiasse,  Montmagny,  VIslet,  p.  62. 


476 

*'  Immédiatement  les  ouvriers  accoururent  et  se 
groupèrent  autour  de  la  filature  et  des  moulins  à 
papier,  dans  le  petit  village  hier  encore  ignoré.  Ils 
affluèrent  tellement  qu'en  1874,  Sainte-Cécile  était 
devenu  un  gros  village  de  près  de  trois  mille  habi- 
tants et  que  toute  son  ambition  était  de  se  voir  ériger 
en  ville.  La  charte  préparée  et  soumise  à  la  légis- 
lature fut  accordée  cette  même  année  là;  Sainte- 
Cécile  resta  le  vocable  de  la  paroisse,  il  n'y  avait  plus 
qu'à  trouver  un  nom  pour  la  petite  ville  toute  fraîche 
incorporée. 

"  Le  maire  d'alors,  M.  Marc-Charles  Despocas,  un 
des  principaux  commerçants  de  la  nouvelle  ville,  en 
proposa  un  très  joli,  celui  de  Salaberry.  C'était,  à 
la  fois,  rappeler  le  héros  qui  sauva  le  pays  non  loin 
du  site  de  Sainte-Cécile  et  la  division  sénatoriale  dont 
son  territoire  fait  partie.  Mais  il  était  dit  qu'un 
dessein  si  juste  et  si  intelligent  ne  réussirait  pas  com- 
plètement et  du  premier  coup. 

''  L'opposition  vint  de  M.  Alexander  Buntin,  re- 
jDrésentant  de  l'idée  anglaise,  et  possesseur  à  lui  seul 
de  près  d'un  tiers  de  la  propriété  dans  la  jeune  ville. 
Il  voulut  biff'er  le  nom  de  Salaberry  pour  imposer 
celui  de  Valleyfield,  l'objet  de  son  choix.  Le  maire 
s'opposa  vaillamment,  comme  bien  l'on  pense,  à  la 
consommation  de  cette  iniquité  arbitraire.  Il  en 
naquit  des  contestations  interminables. 

"  Finalement,  pour  ne  pas  retarder  la  concession 
entière  de  la  charte  ou  contrecarrer  dès  le  début  son 
parfait  fonctionnement,  les  deux  représentants  de  la 
ville  en  vinrent  à  une  entente.  Sur  l'avis  des  légis- 
lateurs eux-mêmes,  la  majorité,  toujours  tolérante, 
céda  le  pas  à  la  minorité,  et  la  charte  fut  inscrite 
dans  les  statuts  sous  le  nom  de  "  Salaberry  de  Val. 


477 


leyfield."     Les  Anglais  étaient  satisfaits  et  les  Fran- 
çais furent  censés  l'être. 

"  Il  est  résulté  de  cela  que,  pour  les  gens  d'affaires, 
le  nom  collectif  d'incorporation  étant  trop  étendu,  la 
finale  seule,  Valleyfield,  est  restée.  On  l'emploie 
seule  à  l'hôtel  des  postes,  au  télégraphe,  aux  gares 
de  chemins  de  fer,  dans  les  correspondances  privées 
trop  généralement  et  dans  les  lettres  d'affaires  sur- 
tout. L'autre  sombre  dans  l'oubli,  et  c'est  ainsi  que 
se  trouvent  radicalement  lésés,  par  un  subterfuge 
habile,  les  droits  indiscutables  et  sacrés  de  la  majorité. 
Les  Canadiens-Français  de  Salaberry  de  Valleyfield, 
cependant,  ne  se  plaignent  pas  trop  :  ils  souffrent 
cette  avanie  pour  le  bien  de  la  paix.  La  générosité 
française  vivra  toujours  ! 

''  Néanmoins,  les  actes  et  minutes  du  conseil  de 
ville  et  des  cours  de  justice  siégeant  à  Salaberry  de 
Valleyfield  conservent  religieusement  la  suscription 
légale.  Espérons  que  cette  chère  relique  pourra  être 
ainsi  sauvée  du  naufrage.  -  Salaberry,  c'est  un  nom 
qui  doit  tenir  au  cœur,  non  pas  seulement  à  nos  com- 
patriotes de  l'endroit  intéressé,  mais  à  chaque  Cana- 
dien-Français digne  de  son  origine."   (1) 

Vallières,  Canton  (Clianiplain) 

L'honorable  Joseph-Rémi  Vallières  de  Saint-Réal, 
juge  provincial  de  Trois-Ri\dères,  puis  juge  en  chef 
de  Montréal. 

V^alniont,  Mont-Carniel  de  (Clianiplain) 

La  paroisse  de  Notre-Dame  du  Mont-Carmel  a  été 
érigée  canoniquement  le  30  septembre  1858  par  ^Igr 
Thomas  Cooke,  évêque  de  Trois-Rivières,  et  civile- 


(1)  Jules  Saint-Elme,  Monde  illustré,  8  novembre  1890. 


478 


ment  le  16  mars  1859  parle  gouverneur  sir  Edmund 
Head. 

Elle  a  été  placée  sous  le  vocable  de  Notre-Dame 
du  Mont-Carmel,  à  cause  de  la  ressemblance  de  la 
montagne  au  pied  de  laquelle  elle  s'étend  avec  le 
mont  Carmel  de  la  Palestine.  Cette  montagne  est 
élevée  de  plusieurs  centaines  de  pieds  au-dessus  du 
niveau  du  fleuve  Saint-Laurent,  dont  elle  est  éloignée 
de  plus  de  quatre  lieues.  Elle  forme  un  point  cul- 
minant d'où  l'œil  embrasse  un  immense  horizon. 
Une  plaine,  légèrement  accidentée,  s'étend  du  fleuve 
à  la  montagne. 

Le  nom  de  Valmont  donné  par  le  département 
des  postes  au  bureau  de  poste  de  Notre-Dame  du 
Mont-Carmel  est  pour  le  distinguer  de  celui  de  ^lont- 
Carmel,  comté  de  Kamouraska.  On  lui  a  sans  doute 
donné  ce  nom  (Valmont  :  val,  vallée  ;  mont,  monta- 
gne) parce  que  la  montagne  se  trouve  comme  jetée 
dans  la  vallée  ou  la  plaine,  à  laquelle  elle  est  intime- 
ment liée. 

Valois  (Jacques-Cartier) 

Vers  ISTOj  le  docteur  Evariste  Valois  obtint  de  la 
compagnie  du  Grand-Tronc  qu'elle  établirait  une 
gare  sur  la  propriété  de  la  famille  Valois,  à  la  Pointe- 
Claire.  La  chose  cependant  ne  fut  faite  que  quatre 
années  plus  tard,  et  pour  récompenser  le  docteur 
Valois  de  sa  persévérance  on  nomma  la  nouvelle 
gare  Valois.  Cet  endroit  est  devenu  depuis  une  place 
d'eau  recherchée. 

Valracine  (Coiiiptou) 

Mgr  Antoine  Racine,  premier  évêque  de  Sher- 
brooke. 


479 


Vareunes  (Verclières) 

Varennes  est  certainement  le  nom  le  plus  répété 
en  France  et  on  le  trouve  de  l'extrême  Nord  aux 
Pyrénées.  Le  sol  de  la  Varenne  change  évidemment 
de  nature  en  changeant  de  contrée,  mais  quel  que 
soit  le  pays,  toujours  varenne  y  a  désigné  un  terrain 
vague,  ingrat.  Dans  les  forêts,  les  varennes  étaient 
les  mauvaises  portions  où  la  haute  futaie  avait  peine 
à  venir  ;  on  n'y  trouvait  que  broussailles  et  ces  por- 
tions restaient  intactes  afin  de  servir  de  remise  au 
gibier  ;  aussi  a-t-on  appelé  plus  tard  Varenne  ou 
Garenne  une  étendue  de  territoire  dont  la  chasse  était 
réservée.  En  quelc|ues  endroits  Varenne  a  été  écrit 
Vai^anne. 

Dans  la  Charente-Inférieure,  on  appelle  Terres 
de  Varennes  des  terres  dues  à  d'anciens  alluvions, 
ayant  jusqu'à  4  et  5  mètres  de  profondeur,  occupant 
les  sommets  des  collines  et  des  plateaux.  Ce  sont  elles 
qui  produisent  les  plus  belles  futaies  de  chênes.  (1) 

Le  territoire  de  la  paroisse  actuelle  de  Varennes  a 
été  concédé  au  début  en  quatre  fiefs  :  1*^  Fiefs  Notre- 
Dame  ou  de  la  Trinité  et  Cap  Saint- Michel  à  Jacques 
Lemoyne  et  à  Michel  Messier,  son  beau-frère;  2^ 
Trente  arpents  à  Laurent  Borry,  sieur  de  Grand- 
Maison  ;  3^  L'île  Sainte-Thérèse  à  Sidrac  Dugué, 
sieur  de  Boisbriant  ;  4"  Fief  du  Cap  de  Varennes^  à 
René  Gaultier,  sieur  de  Varennes,  plus  tard  gouver- 
neur des  Trois-Rivières. 

Vaucluse,  iSaiut-Gérai-d  de   (L'Assomption) 

Ce  nom  de  Vaucluse  fut  suggéré  par  le  Père  Pris- 
que  Magnan,  0.  M.  L,  à  son  retour  d'un  voyage  en 

(1)  Peiffer,  Rechercher  sur  Vorigine  et  la  signification  de-^  no7ns  de 
lieux  (France,  Corse  et  Algérie) ,  p.  311. 


480 


Europe  où  il  avait  visité  la  célèbre  chartreuse  de 
Vaucluse,  dans  le  département  du  Jura,  en  France. 
Mgr  Bruchési  était  à  Rome  lors  de  la  canonisa- 
tion de  saint  Gérard  Majella.  Emu  par  l'héroïsme 
de  ses  vertus,  il  promit  au  Saint  Père  que  la  première 
paroisse  qu'il  formerait  dans  son  diocèse,  à  son  retour, 
porterait  le  nom  de  Saint-Gérard  Majella. 

Vaiidreuil 

Vaudreuil  fut  concédé  en  seigneurie  en  1702,  par 
M.  de  Callières,  gouverneur  de  la  Nouvelle-France, 
au  marquis  de  Vaudreuil,  alors  gouverneur  de  Mon- 
tréal, et  qui  devait  le  remplacer  l'année  suivante 
comme  gouverneur  de  la  colonie.  Le  marquis  de 
Vaudreuil  laissa  sa  seigneurie  à  ses  deux  fils,  Pierre, 
marquis  de  Vaudreuil,  dernier  gouverneur  du  pays, 
et  le  chevalier  Rigaud  de  Vaudreuil. 

Verclières 

Verchères,  en  France,  signifie  terre  cultivée,  verger. 
C'est  le  capitaine  Jarret  de  Verchères  qui  fonda  la 
seigneurie  de  Verchères. 

Verdun,  Notre-Dame  de  (Hoclielaga) 

Cette  localité  est  presque  aussi  ancienne  que  Mon- 
tréal ;  car  nous  voyons  que  les  premières  terres  furent 
concédées  en  1665.  Dans  les  premiers  temps  de  la 
colonie,  elle  portait  le  nom  de  Côte  de  Gentilly  ;  plus 
tard  elle  fut  nommée  Verdun,  probablement  par 
René  Robert  Cavelier  de  la  Salle,  en  souvenir  d'un 
village  ou  d'une  commune  du  même  nom  en  France. 

En  1830,  elle  se  nommait  Rivière  Saint-Pierre  et 
faisait  partie  de  la  municipalité  des  Coteaux  Saint- 
Pierre  qui  renfermait  les  côtes  Saint-Pierre,  Saint- 
Paul,  Saint-Antoine,  Saint-Luc,  Liesse,  les  Tanneries 


4SI 


des  Rolland  (Saint-Henri),  Côte  des  Neiges,  West- 
mount,  etc. 

En  1876,  elle  fut  incorporée  sous  le  nom  de  Rivière 
Saint-Pierre,  et  en  1878,  elle  recevait  de  nouveau  le 
nom  de  Verdun. 

Viauville,  Saint-Clément  de  (Hocbelaga) 

La  fondation  de  cette  paroisse  est  due  à  la  généro- 
sité de  feu  M.  Charles-Théodore  Viau,  décédé  le  10 
décembre  1898,  avant  d'avoir  pu  voir  le  couronne- 
ment de  son  œuvre. 

Victoria,  Poiute  (Sagiienay) 

Nommée  ainsi  en  1829  en  l'honneur  de  la  prin- 
cesse Victoria,  plus  tard  reine  d'Angleterre. 

Victoriaville  (Artliabaska) 

Il  y  avait,  avant  la  fondation  de  la  municipalité 
du  village  de  Victoriaville,  deux  hommes  qui  se 
disputaient  la  suprématie  dans  cette  partie  du  can- 
ton d'Arthabaska,  MM.  Julien  Deniers  et  le  père 
Foisy,  de  vieille  mémoire.  M.  Demers  avait  acquis 
une  certaine  popularité  et  était  l'homme  d'affaire»  de 
l'endroit.  M.  Foisy,  qui  était  revenu  de  la  Californie 
vers  1855,  était  allé  s'établir  dans  une  maison  voisine 
du  magasin  D.-O.  Bourbeau,  plus  tard  occupée  par 
feu  Zoël  Perrault.  M.  Foisy,  épris  de  vertus  civi- 
ques, rêvait  la  domination  et  la  gouverne  de  sa  loca- 
lité. 

Dans  le  temps  il  s'agissait  d'ériger  une  localité 
autonome.  M.  Demers,  qui  avait  son  point  d'orgueil, 
avait  tenté  de  donner  son  nom  à  la  municipalité, 
Demersville.  M.  Foisy  fit  la  cabale  contre  ce  nom 
de  Demersville,  prétendant  que  c'était  trop  de  pré- 
tentions pour  un  homme.  Il  proposa  le  nom  de 
31 


482 


la  souveraine  alors  régnante,  Victoria.     Il  gagna  son 
point  avec  assez  de  facilité. 

Le  18  mai  1861,  le  nom  de  la  reine  Victoria 
s'attachait  à  la  ville  et  y  est  resté  depuis.  Le  choix 
de  ce  nom  a  été  le  sujet  d'une  guerre  assez  importante 
dans  l'histoire  des  affaires  municipales  de  Victoria- 
ville.  (1) 

Viger,  Saint-Epiphane  de  (Téiniscouata) 

Le  canton  Viger  a  été  nommé  ainsi  en  l'honneur 
de  l'honorable  Denis-Benjamin  Viger,  premier 
ministre  du  Canada  sous  l'administration  de  lord 
Metcalfe  en  1843. 

A  la  suggestion  de  Louis  Lapointe,  premier  colon 
de  l'endroit,  la  mission  fut  mise  sous  la  protection 
de  saint  Epi]3hane,  en  l'honneur  de  son  frère,  M. 
Epiphane  Lapointe,  curé  de  Rimouski,  qui  avait 
fait  un  don  à  la  chapelle. 

Ville-Marie 

Ce  sont  les  membres  de  la  Société  de  Montréal 
qi^i  donnèrent  à  Montréal  le  nom  de  Ville-Marie,  en 
l'honneur  de  la  sainte  Vierge. 

Villeray  (Hoclielaga) 

"  Le  sieur  Louis  Rouer  de  Villeray  fut  un  de  ces 
hommes  très  précieux,  dont  la  vie,  sans  avoir  été 
marquée  au  coin  des  exploits  glorieux  et  éclatants, 
a  été  pleine  de  sagesse  et  de  dévouement. 

''  Il  naquit  en  1629,  à  Notre-Dame,  en  Grève, 
ville  d' Amboise,  de  Jacques  Rouer  de  Villeray,  valet 
de  la  chambre  de  la  reine,  et  de  Marie  Perthius. 

''  Il  est  difficile  de  préciser  la  date  de  son  arrivée  à 
Québec.   Suivant  toute  apparence,  il  y  était  avant 

(1)  L'Echo  des  Bois-Francs^  9  juin  1906. 


483 


1660,  à  l'âge  de  31  ans.  Il  y  mourut,  comme  l'atteste 
le  registre,  et  fut  inhumé  dans  l'église  le  7  décembre 
1700,  ce  qui  lui  donnait  71  ans. 

*'  Le  Conseil  Souverain  de  Québec,  d'après  le 
texte  de  l'édit  royal,  devait  se  composer  "  de  nos  chers 
et  bienaimés  les  sieurs  de  Mésy,  gouverneur  et  repré- 
sentant notre  personne,  de  Laval,  évêque  de  Pétrée, 
ou  du  premier  ecclésiastique  qui  y  sera,  et  cinq 
autres  (personnes),  qu'ils  nommeront  et  choisiront 
conjointement  et  de  concert.  "  Ce  conseil  fut  établi 
le  18  septembre  1663.  Le  premier  nom  sur  lequel 
s'arrêtèrent  le  sieur  de  Mésy  et  Mgr  de  Laval  fut 
Louis  Rouer,  sieur  de  Villeray.  Le  fait  seul  de  cette 
préférence  établit  clairement  le  degré  de  savoir,  de 
prudence  et  de  parfaite  honorabilité  de  ce  gentil- 
homme. 

"  Il  est  évident  que  le  sieur  Louis  Roiier  de  Ville- 
ray occupait  déjà  une  position  marquante  dans  le 
pays,  puisque,  lors  de  sa  nomination  de  premier 
conseiller,  il  est  qualifié  du  titre  de  "  lieutenant- 
particulier  en  la  juridiction  de  Québec."  Cet  état  de 
service  implique  une  somme  importante  de  services 
rendus  qui  devaient  naturellement  lui  mériter  le 
premier  rang  aux  yeux  du  gouverneur  et  de 
l'évêque.  De  plus,  ce  détail  dénote  une  expérience 
approfondie  des  besoins  de  la  colonie,  des  décisions 
à  prendre  pour  sa  prospérité,  comme  aussi  de  la  sage 
conduite  à  tenir  parmi  les  difficultés.  Il  avait  donc 
fait  ses  preuves  d'habileté  pendant  un  bon  nombre 
d'années  avant  la  formation  du  Conseil. 

"  Des  difficultés  s'élevèrent  au  sujet  de  ce  nou- 
veau Conseil  dès  le  début  de  son  exercice,  et,  pour 
des  raisons  que  nous  ne  pouvons  étudier  ici  M.  de 
Mésy  jugea  à  propos  d'en  suspendre  la  majorité.    Par 


484 


ià,  suivant  M.  Garneau,  le  gouverneur  avait  violé 
redit  royal,  "  car,  s'il  ne  pouvait  nommer  les  con- 
seillers sans  le  concours  de  l'évêque,  il  ne  pouvait 
non  plus  les  suspendre  sans  son  assentiment." 

"  M.  de  Villeray  fut  un  des  conseillers  suspendus 
par  le  gouverneur.  Il  avait  été  coupable,  aux  yeux 
de  ce  dernier,  de  s'être  rangé  du  côté  de  l'évêque  et 
d'avoir  suivi  ses  opinions.  Ce.  n'est  certes  pas  un 
mauvais  trait  dans  la  vie  du  personnage  qui  nous 
occupe  ;  et  si  Garneau  déplore  l'influence  prépondé- 
rante et  le  pouvoir  absolu  de  Mgr  de  Laval,  c'est  dû 
aux  opinions  personnelles  de  l'historien  :  il  est  facile 
d'expliquer  la  chose  par  les  mœurs  du  temps.  Quoi- 
qu'il en  soit,  M.  de  Mésy  fit  embarquer  pour  l'Eu- 
rope MM.  Bourdon  et  de  ^"illeray.  Il  ne  doutait  pas 
que  cette  décision  d'autorité  privée  tournerait  évi- 
demment contre  lui,  ce  qui  implique  une  absence 
de  jugement  et  donne  une  pauvre  idée  de  son  talent 
d'administration.  Comment  pouvait-il  penser  que 
la  cour  de  Louis  XIV  consacrerait  sa  manière  d'agir 
en  flagrante  contradiction  avec  l'ordonnance  royale? 
Aussi  M.  de  Villeray,  chargé  de  faire  valoir  la  cause 
des  conseillers  mis  au  rebut,  n'eut  aucune  difficulté 
à  obtenir  pleine  et  entière  satisfaction.  M.  de  Villeray 
continua  à  exercer  ses  fonctions  de  conseiller  jusqu'à 
la  fin  de  sa  vie  avec  la  plus  constante  régularité.  Il 
suffit  pour  s'en  convaincre  de  parcourir  les  volumi- 
neuses décisions  du  Conseil  Souverain. 

'*  Ces  quelques  notes  établissent  suffisamment 
l'intégrité  de  l'honneur  de  Louis  Roiier,  .deur  de 
Mlleray,  et  puisque  toute  sa  vie  a  été  consacrée  à 
l'administration  primitive,  je  puis  dire,  de  la  Nou- 
velle-France, on  ne  pouvait  moins  faire  de  sortir  de 
l'oubli  le  nom  de  ce  conseiller  exemplaire,   digne  de 


485 


servir  de  modèle  aux  conseillers   présents  et  futurs 
de  la  municipalité  de  Villeray."  (1) 

Vilmay  (Lévis) 

Le  4  janvier  1653,  Louis  de  Lauzon  concédait  à 
Louis  d'Ailleboust  de  Coulonge,  ancien  gouverneur 
de  la  Nouvelle-France,  deux  cents  arpents  de  terre 
sur  la  côte  de  Lauzon.  Cinq  ans  après,  le  28  mai 
1658,  le  seigneur  de  Lauzon  augmentait  cette  cou- 
cession  de  trois  arpents  de  front.  Il  élevait  en  même 
temps  ce  domaine  au  rang  de  fief,  et  lui  donnait  le 
nom  de  Saint-Vilmé. 

Madame  d'Ailleboust,  née  Barbe  de  Boulogne, 
était  de  la  famille  des  comtes  de  Boulogne.  Or,  la 
femme  du  deuxième  comte  de  Boulogne,  la  bienheu- 
reuse Ide,  avait  fondé,  après  la  mort  de  son  mari, 
le  monastère  de  Saint- Villemer,  à  Boulogne. 

Le  nom  donné  au  fief  Saint-Vilmé  rappelait  donc 
la  fondation  de  l'ancêtre  de  madame  d'Ailleboust. 
Saint- Villemer  s'est  transformé  en  Saint-Vilmé  puis 
en  Vilmay.  (2) 

Vinton,  Saiute-Elizabeth  de  (Poutine) 

Un  comté  de  l'état  de  l'Oliio  et  une  ville  de  l'état 
de  riowa,  aux  Etats-Unis,  portent  le  nom  de  A^inton. 

Wakefield,  Cantou  (Ottawa) 

Wakefield  est  une  ville  importante  du  comté  de 
York,  Angleterre. 

On  connaît  M.  Wakefield,  le  néfaste  secrétaire  de 
lord  Durhàm. 


(1)  L'abbé  Chs. -P.   Beaubien,    Bidlttin   des   Recherches  Histori- 
ques, vol.  V,  p.  356. 

(2)  J.  -Edmond  Roy,  Histoire  de  la  seigneurie  de  Lauzon. 


486 


Waltliam,  Canton  (Ottawa) 

Une  ville  et  deux  villages  d'Angleterre  portent  le 
nom  de  Waltham. 

Ware,  Canton  (Dorcliester) 

Il  y  a  une  ville  de  ce  nom  dans  le  comté  de  Hert- 
ford,  en  Angleterre. 

Mais  on  prétend  que  le  canton  Ware  a  pris  son 
nom  de  W.  Ware  qui  l'explora  vers  1820. 

Warwick  (Artliabaska) 

A-t-on  voulu  en  donnant  le  nom  de  Warwick  à  un 
canton  d'Arthabaska  rappeler  le  souvenir  du  comté 
de  Warwick  en  Angleterre  ou  honorer  la  mémoire 
du  comte  de  Warwick,  qu'on  a  surnommé  le  faiseur 
de  rois  f 

Washecooti,  Rivière  (Labrador) 

Du  micmac  uashekufeu,  la  rivière  qui  tombe  dans 
la  baie. 

Washtawaka,  Baie  de  (Labrador) 

Du  montagnais  uashitaiikau,  baie  de  sable,  baie 
sablonneuse. 

Waslieteniow,  Rivière  (Sagnenay) 

Le  mot  montagnais  uashekamii  signifie  l'eau  est 
claire,  pure. 

Waterloo  (Sliefiord) 

En  souvenir  du  village  de  Waterloo,  en  Belgique, 
où  Napoléon  I  subit  sa  grande  défaite. 

Le  mot  Waterloo  est  composé  du  hollandais 
water,  eau,  et  de  loo,  lo,  loh,  vocable  qui,  en  haut 
flamand,   signifie    "  flamme.  "     Quelques   étymolo- 


487 


gistes   prétendent  que  Waterloo  veut  dire   "  milieu 
élevé  ",  mais  situé   "  près  des  eaux  et  des  marais." 

Watervllle  (Coiiipton) 

Waterville  est  situé  sur  les  bords  de  la  rivière 
Coaticooke.  Le  pouvoir  d'eau  de  la  rivière  Coati- 
cooke  a  fait  donner  à  ce  village  le  nom  de  Water- 
ville. 

Watford,  Sainte-Kose  de  (Dorcliester) 

Il  y  a  en  Irlande  un  comté  de  Waterford  (tvater, 
eau  ;  ford,  gué). 

Watford  a  été  placé  sous  la  protection  de  sainte 
Rose  en  l'honneur  d'une  parente  du  cardinal  Tas- 
chereau,  portant  ce  prénom  et  qui,  à  l'origine  de  la 
mission,  fit  un  don  en  argent  pour  aider  à  faire 
défricher  la  terre  de  la  fabrique. 

Weedon,  Saint-Janvier  de  (Wolfe) 

Weedon-Beck-on-the-Street  est  une  ville  de  Nor- 
thampton,  Angleterre. 

**  La  première  visite  pastorale  de  Mgr  Cooke, 
évêque  de  Trois-Rivières,  dans  la  paroisse  de  Weedon 
alors  dans  son  diocèse,  eut  lieu  dans  l'hiver  de  1857. 

*'  Remarquable  par  le  bien  immense  qu'elle  opéra 
parmi  les  colons,  cette  visite  ne  le  fut  pas  moins  par 
le  froid  sibérien  qui  sévit  avec  vigueur  pendant  ces 
quelques  jours.  La  chapelle  de  Weedon,  revêtue 
seulement  de  son  mince  lambris  de  planches,  -n'était 
pas  terminée  à  l'intérieur,  et  comme  un  vulgaire 
hangar,  elle  était  ouverte  à'  tous  les  vents.  Malgré 
un  feu  de  cjxlope  qui  rougissait  le  poêle  et  les 
tuyaux,  le  monde  y  grelottait  et  y  gelait  tout  vivant. 
Pour  entendre  les  confessions,  les  prêtres  furent 
obligés  d'endosser  casques,  mitaines  et  capotes  de 


488 


pelleteries  afin  de  se  préserver  des  atteintes  d'un  froid 
si  vif  et  si  piquant. 

''  L'évêque,  qui  ne  pouvait  revêtir  en  même  temps 
ses  fourrures  et  ses  ornements  pontificaux,  eut  gran- 
dement à  souffrir  de  cette  température  ;  il  contracta 
aux  pieds  et  aux  mains  des  engelures  dont  il  se  res- 
sentit pendant  longtemps.  La  mission  de  Weedon 
n'était  pas  encore  baptisée,  c'est-à-dire  qu'elle  n'avait 
pas  encore  de  titulaire  ;  il  incombait  à  l'autorité 
religieuse  de  choisir  le  saint  ou  la  sainte  qui  en 
serait  le  protecteur.  Mais,  pour  cela,  Mgr  Cooke  ne 
chercha  pas  longtemps  dans  la  martyrologe  romain  ; 
il  lui  donna,  séance  tenante,  saint  Janvier  pour 
patron  :  nom  significatif  et  propre  à  rappeler  les 
rigueurs  de  cette  rude  époque. 

''  Toutefois  un  peu  froissés  d'avoir  reçu  pour  pa- 
tron un  saint  tout  à  fait  inconnu  à  la  plupart  d'entre 
eux,  les  colons  s'adressèrent  par  requête,  le  1er 
juillet  suivant,  à  l'évêque  de  Trois-Kivières,  le  priant 
de  bien  vouloir  substituer  le  nom  de  Saint-Louis  ou 
de  Sainte-Rosalie  à  celui  de  Saint-Janvier.  Mais 
l'évêque,  qui  ne  revenait  jamais  sur  ses  décisions, 
confirma  davantage  son  choix  en  émanant  immédia- 
tement un  décret  à  l'effet  de  mettre  d'une  manière 
régulière  et  canonique  la  mission  de  Weedon  sous  le 
vocable  de  Saint- Janvier."  (1) 

TVéir,  Cauton  (Boiiaventure) 

L'honorable  William- Alexander  Weir,  orateur  de 
l'Assemblée  législative  de  Québec. 

Wells,  Canton  (Ottawa) 

Deux  villes  d'Angleterre  portent  ce  nom,  l'une 

(1)    L'abbé  Venant  Charest,    Histoire  de  la  paroisse  de  Saint- 
Janvier  de  Weedoi. 


489 


dans  le  comté  de    Norfolk,    l'autre   dans   celui   de 
Somerset. 

Wenrtover,  Saiut-Cyrille  de  (Driimniond) 

Wendover  est  une  ville  du  comté  de  Bucks, 
Angleterre. 

Wendover,  qui  fait  maintenant  partie  du  diocèse 
de  Nicolet,  a  été  érigée  canoniquement  le  11  novem- 
bre 1868,  par  Mgr  Thomas  Cooke,  évêque  de  Trois- 
Rivières.  On  lui  a  donné  pour  patron  saint  Cyrille 
d'Alexandrie,  du  nom  de  Cyrille  Brassard,  l'un  des 
principaux  habitants  de  l'endroit,  lors  de  l'érection 
canonique. 

Wentworth,  Saint- 3Iicliel  de  (Argeiiteiiil) 

Canton  du  comté  de  York,  Angleterre. 

Wexford,  Canton  (Terrebonne) 

Ville  et  comté  d'Irlande. 

Weyniontachiug-ue,  Canton  (Cbamplain) 

M.  l'abbé  Caron,  traduit  ce  mot  par  "  Jabot  "  ou 
"  fale  d'oiseau  ". 

Whitton,  Sainte-Cécile  de  (Compton) 

On  compte  sept  villages  du  nom  de  Whitton  en 
Angleterre. 

M.  Brassard,  premier  desservant  de  Whitton,  fit 
mettre  cette  mission  sous  le  patronage  de  sainte 
Cécile,  en  souvenir  de  sa  mère  qui  portait  le  prénom 
de  Cécile. 

Whitworth,  Canton  (Témiscouata) 

Paroisse  de  Lancashire,  Anglerre. 


490 


Wickhani  (Dniminond) 

William  Wickham  était  ministre  plénipotentiaire 
de  Sa  Majesté  Britannique  auprès  des  puissances 
alliées  contre  Napoléon. 

Wiudigo,  Notre-Dame  des  Anges  de  (Ottawa) 

Le  Windigo,  chez  les  Algonquins,  est  un  géant 
fabuleux  qui  se  nourrissait  de  chair  humaine. 

Windsor,  Saiiit-Oeor<?es  de  (Kicliniond) 

Windsor  est  une  ville  du  comté  de  Berks,  Angle- 
terre, où  la  cour  fait  ordinairement  sa  résidence.  Le 
superbe  château  royal  de  Windsor  fut  commencé  par 
Guillaume  le  Conquérant  et  augmenté  par  Edouard 
III  et  ses  successeurs. 

Le  nom  canonique  Saint-Georges  vient  de  M. 
Georges  Vaillancourt,  premier  curé  de  Windsor. 

Wlndsor-Mills,  Saint-Philippe  de  (Riciimond) 

La  petite  ville  de  Windsor-Mills  est  bâtie  à 
l'embouchure  de  la  rivière  Wottapeka,  qui  se  jette 
dans  le  Saint-François.  Dès  1803,  il  y  avait  un 
moulin  à  farine  en  cet  endroit.  Plus  tard  on  y  cons- 
truisit des  moulins  à  scie,  puis  des  moulins  à  poudre. 
Plus  tard  encore  la  Canada  Paper  Co  éleva  à  Windsor 
des  moulins  à  papier.     D'où  le  nom  Windsor-Mills. 

C'est  en  1870  que  Windsor-Mills  a  été  placée  sous 
le  patronage  de  saint  Philippe,  en  reconnaissance  des 
éminents  services  rendus  à  la  paroisse  par  INI.  Philippe 
Maher,  grand  commerçant  de  bois. 

Winslow,  Saint  Komain  de  (Compton) 

Il  y  a  dans  le  comté  de  Buckingham  en  Angle- 
terre une  ville  qui  porte  le  nom  de  Winslow. 


491 


Le  colonel  Winslow  était,  avec  Monckton,  à  la  tête 
des  troupes  qui  envahirent  le  Canada  en  1755.  C'est 
lui  qui  présida  à  l'inique  déportation  des  xVcadiens 
de  Grand-Pré. 

En  1790,  le  payeur  des  troupes  britanniques  au 
Canada  était  Joshua  Winslow. 

Espérons  que  c'est  plutôt  en  l'honneur  de  celui-ci 
que  de  celui-là  que  ce  canton  a  été  nommé  ainsi. 

Woburn,  Saint-Aiig-iistni  de  (Conipton) 

AVoburn  est  une  ville  du  comtç  de  Bedford,  Angle- 
terre. 

Woburn  n'était  qu'une  vaste  solitude  à  venir 
jusqu'en  1880,  époque  à  laquelle  la  Corn- agnie 
Nantaise  y  jeta  les  fondements  d'une  nouvelle 
paroisse.  Les  travaux  de  défrichement  furent  inau- 
gurés le  17  novembre,  par  M.  Frs.  Poulin  pour  le 
compte  de  la  Compagnie.  ITne  baraque  en  bois  rond 
fut  érigée  près  de  l'endroit  où  devait  s'élever  plus 
tard  l'église  paroissiale  et  une  première  messe  y  fut 
célébrée,  le  8  décembre,  par  un  Trappiste  de  passage 
au  pays,  le  Père  Jérôme,  sous-prieùr  de  l'abbaye  de 
Melleray,  en  Bretagne. 

Une  cnapelle  temporaire  fut  construite  et  les  objets 
nécessaires  au  culte,  y  compris^  un  précieux  souvenir 
obtenu  de  Rome,  furent  envoyés  et  reçus  de  la  mère- 
patrie.  C'était  le  fruit  d'une  généreuse  souscription 
organisée  par  un  groupe  de  dames  françaises.  C'est 
en  i'honneur  de  l'une  de  ces  aimables  zélatrices, 
madame  Augustine  Chicoyne-Duval,  que  la  nouvelle 
paroisse  fut  placée  sous  le  patronage  de  saint 
Augustin. 

Wolfe 

Le  général  James  Wolfe. 


492 


TVolfe's  Cove  (Québec 

C'est  par  cette  anse  que  Wolfe  suivi  de  son  armée 
monta  sur  les  Plaines  d'Abraham  pour  y  livrer  la 
bataille  du  13  septembre  1759. 

Wolfestowii,  Saint  Julien  de  (Wolfe) 

AVolfestown  :  en  l'honneur  du  vainqueur  des 
Plaines  d'Abraham. 

Saint-Julien  :  M.  Julien  Bernier,  premier  desser- 
vant de  Wolfestown. 

Woodbrid;;e,  Canton  (Kamouraska) 

Comme  les  ponts  même  en  bois  sont  inconnus 
dans  ce  canton,  il  est  probable  qu'il  fut  nommé  ainsi 
d'après  la  ville  de  Woodbridge,  comté  de  SufFolk, 
Angleterre. 

Wotton,  Saint-Hippolyte  de  (Wolfe) 

Wotton-under-Edge  est  une  jolie  petite  ville  du 
comté  de  Gloucester,  Angleterre. 

Ce  fut  sous  le  règne  glorieux  et  bienfaisant  de 
lord  Elgin,  en  1848,  que  le  gouvernement  provin- 
cial adopta  les  mesures  propres  à  assurer  la  tonda- 
tion  d'une  paroisse  nouvelle  dans  le  canton  AVotton. 

A  Louis-Hippolyte  LaFontaine,  alors  premier- 
ministre,  revient  l'honneur  d'avoir  présidé  au  beau 
mouvement  de  colonisation  qui  fut  inauguré  à  cette 
époque  et  dont  les  heureux  résultats  se  firent  sentir 
non  seulement  dans  les  Cantons  de  l'Est,  mais  dans 
d'autres  parties  du  Bas-Canada.  (1) 

Wrjglit  (Ottawa) 

Philémon  Wright,  appelé  à  juste  titre  le  "  père  de 
la  région  de  l'Ottawa." 

(1)  J.-A.  Chicoyne,  la  Patrie,  27  août  1904. 


493 


Wurtele,  Canton  (Ottawa) 

L'honorable  Jonathan-Sa^ton-Campbell  Wurtele, 
décédé  juge  de  la  Cour  du  Banc  du  Roi. 

Ya^nachiche  (Saint-3Iaurice) 

'*  Ce  nom  d'Yamachiche  paraît  toujours  fort 
étrange  aux  personnes  qui  ne  sont  pas  accoutumées 
de  l'entendre.  C'est  un  mot  qui  nous  est  venu  de 
l'algonquin  ;  il  signifie  rivière  vaseuse,  ou  pour  tra- 
duire plus  littéralement,  rivière  avec  de  la  vase  au 
fond.  On  ne  pouvait  désigner  d'une  manière  plus 
heureuse  la  petite  rivière  Yamachiche  qui,  dans  son 
cours  tortueux,  roule  toujours  une  eau  blanchâtre, 
très  mauvaise  à  boire,  surtout  dans  les  temps  de  crue. 

*'  On  a  mis  beaucoup  de  temps  à  se  fixer  sur 
l'orthographe  du  nom  d'Yamachiche  ;  dans  les 
anciens  actes  on  trouve  toutes  les  variantes  qui 
suivent  :  Yabamachiche,  Ouabamachiche,  Yabma- 
chiche,  Ouabmachiche  et  Ouamachiche,  mais  depuis 
que  la  paroisse  a  pris  de  l'importance,  le  nom  d'Ya- 
machiche ou  de  Machiche,  par  abréviation,  a  déci- 
dément prévalu. 

''  Perrot  écrit  tour  à  tour  Ouabmakis  et  Ouabma- 
cJiis.  Charlevoix  met  Ouamachis.  Le  Père  Tailhan 
pense  que  la  forme  véritable  est  Oumachiche  et,  par 
le  retranchement  de  l'article  algonquin  ou  nous 
avons  machiche.  Le  Père  Lacombe  dit  que  dans  la 
langue  des  Cris,  dialecte  algonquin,  lyamachiche 
signifie  *'  boue  au  large  "  ou  mieux  ^'  au  fond  de 
l'eau  "  et  machiche  ''  boue  sur  le  rivage."  M.  Henri 
Vassal  dit  que  les  Abénakis  appellent  Yamachiche 
d'une  autre  manière  dans  leur  langue  :  Wombom- 
kanhik,  ce  qui  veut  dire  '^  sable  blanc."  (1) 

(1)  L'abbé  N.  Caron,  Histoire  de  la  paroisse  (T  Yamachiche,  p.  7. 


494 


Yaïuaska 


*'  Le  fief  Saint-François,  tel  que  constitué  par  l'or- 
donnance du  10  octobre  1678,  mesure  une  lieue  et 
demie  au  fleuve.  Jean  Crevier  rendit  foi  et  hommage 
le  28  octobre  1678.  Tout  ceci  fut  confirmé  par  le 
roi  en  1680  et  1701. 

"  Le  mot  Yamaska  se  présente  pour  la  première 
fois  dans  ces  documents  de  1678.  On  n'en  connaît 
pas  au  juste  l'étymologie.  Les  uns  disent  que  c'est 
une  exclamation  :  ''  que  de  crapauds  !  "  D'autres 
pensent,  plus  vraisemblablement,  qu'il  désigne  une 
rivière  aux  eaux  bourbeuses.  Il  n'y  a  pas  plus  de 
crapauds  dans  ces  endroits  qu'ailleurs,  mais  l'eau  de 
la  rivière  est  bourbeuse.  A  sa  rencontre  avec  le 
Saint-François  et  le  Richelieu,  dans  le  lac  Saint-Pierre, 
l'œil  constate  quatre  teintes  d'eau  bien  marquées  : 
le  Saint-Laurent  est  vert,  le  Richelieu  blanc,  le  Saint- 
François  noir  et  l' Yamaska  rouge  sale. 

*'  Ce  que  l'on  trouve  de  plus  ressemblant  au  mot 
Yamaska  dans  la  langue  abénakise  est  ia  ou  Ma  ou 
ion  ;  voilà,  voici.  Notons  encore  le  mot  moskeg  : 
une  savane.  De  là  vient  plutôt  le  nom  de  rivière 
des  Sauvages.  Cependant,  les  Abénakis  l'appellent 
Wiguamahviteg,  rivière  de  la  montagne  qui  ressemble 
à  une  cabane  d'écorce  ou  wigwam.  (1) 

"  Je  ferai  observer  que  le  mot  moskeg,  ou  muskeg 
ou  maskeg  est  algonquin  ;  que  le  mot  Yamaska  se 
rencontre  dans  nos  documents  pour  désigner  la 
rivière  en  question  sept  années  avant  l'arrivée  des 
Abénakis  à  Saint-François  ;  d'où  je  conclus  que  ces 
Sauvages  ont  tout  .simplement  adopté  le  nom  déjà 


(1)  Note  de  M.  Henri  Vassal,  agent  des  Abénakis  de  St-François, 


495 


imposé    par    des    Algonquins,    et   que   Maska    ou 
Yamaska  signifie  *'  c'est  marécageux."  (1) 

Mgr  Laflèche  donne  l'étymologie  suivante  au  mot 
Yamaska:  lyam,  ''au  large",  et  askâw,  **  il  y  a 
joncs  "  ;  ce  qu'il  traduit  par  :  ''il  y  a  joncs  au 
large."  (2) 

York,  Canton  (Gaspé) 

Ville  et  comté  d'Angleterre. 


ADDENDUM 


SaJnt  Jean-Chrysostônie  (Lévis) 

En  1828,  les  habitants  de  la  seigneurie  de  Lauzon, 
établis  sur  cette  péninsule  qu'enserrent  les  rivières 
Etchemin  et  Chaudière,  demandèrent  à  l'évêque  de 
Québec  de  les  constituer  en  paroisse  sous  le  vocable 
de  Saint-Jérôme.  Ils  alléguaient  dans  leur  requête 
les  difficultés  de  la  traverse  de  l' Etchemin,  au  prin- 
temps et  à  l'automne^  alors  que  la  rivière  se  gonfle 
et  devient  impassable.  Le  pont  construit  sur  cette 
rivière  en  1818  avait  été  emporté  par  les  glaces  au 
printemps  de  1824.  De  plus,  la  distance  pour  se 
rendre  à  l'église  de  Saint- Joseph  de  la  Pointe-Lé vy 
était  de  plus  de  neuf  milles.  Mgr  Panet  délégua 
M.  Raby,  curé  de  Saint-Antoine  de  Tilly,  pour 
vérifier  les  allégués  de  la  requête  qui  lui  avait  été 
présentée.  Le  rapport  du  délégué  fut  si  favorable 
que,  le  18  octobre  de  la  même  année,  on  demandait 


(1)  Benjamin  Suite,  Histoire  de  Saint -François  du  Lac,  p.  21. 

(2)  Le  Courrier  du  Canada^  mai  1857. 


496 


à  l'évêque  de  permettre  la  construction  immédiate, 
sur  le  territoire  en  question,  d'un  presbytère  dont 
le  premier  étage  pourrait  servir  de  chapelle. 

Dans  la  première  requête  on  avait  proposé  de 
donner  à  la  nouvelle  paroisse  le  nom  de  Saint- 
Jérôme,  sans  doute  afin  d'honorer  M.  Jérôme  Deniers, 
vicaire-général  et  supérieur  du  séminaire  de  Québec. 
Dans  la  seconde  requête,  on  remplaça  ce  titulaire 
par  le  nom  de  Saint-Jean-Chrysostôme.  Les  requé- 
rants voulaient  faire  leur  cour  au  seigneur  de  Lauzon, 
sir  John  Caldwçll,  dont  le  père  pouvait  être  consi- 
déré comme  le  véritable  fondateur  de  cet  établisse- 
ment. Sir  John  Caldwell,  pour  reconnaître  cette 
gracieuseté,  assista  à  la  cérémonie  de  la  plantation 
de  la  croix  qui  fixait  le  site  de  l'église  future,  le 
5  novembre  1828.    (1) 


(1)  L'abbé  Benj.  Demers,  La  paroisse  de  Saint- JRomuald  cP Etche- 
min,  p.  196. 


INDEX 


PAG  F. 

Abatagoush,  Baie 19 

Abbotstord,  St  Paul  d' 10 

Abbots  Coi-nei's 19 

Abénakis  Springs 19 

Abercrombie,   Canton 20 

Aberdeen,  Canton 20 

Aberford,  Canton , .  20 

Abitibi.  Lac 20 

Abraham,    Plaines  d' 308 

Acton-Vale 20 

Adamaville,  St- Vincent  d'..  20 

Addington,  Canton 21 

Adstock,  St-Méthode  d' 21 

Agnès 2] 

Agwanus,   Rivière 22 

Ahuntsic 22 

Aigle,  Cap  à  r 99 

Akautago,  Rivière 23 

Albanel,  Ste-Lucie,  d' 23 

Albert,  Canton 24 

Aldtield,   Canton 24 

Allard,  Canton 24 

Allen's  Corners 24 

Allet,  Lac 224 

Alleyn,   Canton 24 

Allright,  Ile 190 

Allumettes,  Ile  des 198 

Aima,  St- Joseph  d' 24 

Alouettes,  Pointe  aux 315 

Alton,  St- Alban  d' 25 

Alverne,  St-François  de  1' . .  25 

Amherst,  Ile 191 

Amherst,  St-Rémi  d' 25 

Amqui,  St-Benoit  Labre  d',.  26 

Ancienne  Lorette 26 

Angers 26 

Angers,  Canton 27 

Anglais,  Chemin  des 126 

Angoulême,   Canton .......  27 

Angua 27 

Anse  à  Beaufils 27 

Anse  à  Benjamin 27 

Anse  à  Brillant 27 

Anse  à  Fugère   28 

Anseà  Gilles 28 

Anse  à  Louise 28 

Anse  à  Valleau 28 

32 


PAGE 

Anse  au  Foin 28 

Anse  au  Griffon 28 

Anse  aux  Canons 29 

Anse  aux  Cocques 30 

Anse  aux  (Gascons 30 

Anse  aux  Sauvages 30 

Anse  de  la  Mine 30 

Anse  de  l'Rtang 31 

Anse  des   Mères 31 

Anse  des  Morts 31 

Anse  du  Fort 31 

Anse  du  Moulin  à  Baude   ..  32 

Anse  Pleureuse 34 

Anse  St- Jean 34 

Anticosti,  Ile  d' 34 

Apshuamouchouan,  Rivière.  38 

Arago,  Canton 38 

Archambeault,  Canton 38 

Archambeault,  Lac 224 

Arcouil,  Pointe  à 309 

Argentenay 38 

Argenteuil 39 

Arlaka 39 

Armagh,  St-Cajétan  d' 40 

Armand,  Canton 40 

Arnaud,  Canton 40 

Arnold,  Rivière 40 

Aroussen,  Ile 191 

Arthabaska 40 

Arundel,  Canton 40 

Asbestos 40 

Ascot-Corrier,  St-Stanislas  d'  41 

Ashburton,  Canton 41 

Ashford,  Canton 41 

Ashuanipi,  Fleuve 41 

Ashuapamouchouan,  Canton  41 

Askitiche,  Lac 41 

Assemetquaghan,  Canton. .  .  42 

Aston,  Canton 42 

Attikamagen,    Lac 42 

Attikonak,  Lac 42 

Atwater,  Canton 42 

Aubigny 42 

Auckland,  St-Malo  d' 42 

Auclair,   Canton 43 

Aulnaies,  St-Roch  des 43 

Aumond,  Canton 43 


498 


PAGE 

Auvergne 1  '43 

Aviron,  Portage  de  1' 324 

Avon 43 

Awantjish,  Canton 43 

Awichiwiwigamak,  Lac ....  43 

Ayer's  Fiat 44 

Aylmer 44 

Aylmer,  St-Sébastien  d'..    .  44 

Aylwin,  Canton 44 

Babel,  Canton 44 

Baby,  Canton 44 

Baochus,  Ile  de 199 

Back-River 22 

Baddeley,  Rivière   45 

Bagot  45 

Bagot's  Clufif 45 

Bagotville,  St-Alphonse  de.  45 

Baie  de  Penouïl 46 

Baie  des  Chaleurs 46 

Baie  des  Ha  !  Ha  } 48 

Baie  des  Pères 49 

Baie  des  Rochers 49 

Baie-du-Febvre,  St-Antoine  49 

Baie  d'Urfé 50 

Baie  Saint-Paul 51 

Baie  Sainte-Claire 51 

Baillargeon,  Canton 51 

Barachois 51 

Barbe,  Pointe  à  la 310 

Barford,St-Herménégilde  de  52 

Barnston,  St- Wilfrid  de. . . .  52 

Baron,  Côte  à 138 

Basques,  lie  aux 191 

Batiscan 52 

Baude,  Anse  du  Moulin  à  .  .  32 

Bayfield,  Mont 54 

Beaconsfield 54 

Beaubien,  Canton 54 

Beauce 55 

Beauceville 55 

Beaudette,  Rivière 339 

Beaufils,  Anse  à 27 

Beauharnois 55 

Beaujeu,  Canton  de 56 

Beaumont,  St-Etienne  de. .  .  56 

Beauport 56 

Beaupré,  Côte  de 138 

Beauregard,   Iles 209 

Beaurivage,  St-Agapit  de.  .  58 

Bécancour 58 

Becquets,  Les 58 

Bédard,  Canton 59 

Bedford 59 

Beech  Ridge 59 


PAGE 

Bégin,  Canton 59 

Bégon,  Canton 60 

Belleau,  Canton 60 

Belle-Borne,  Ruisseau 60 

Bellechasse 60 

Bellefine,   Rivière 60 

Belle-Isle,  Détroit  de 60 

Bellerive,  Notre-Dame  de   .  61 

Bellevue,  Sainte-Anne  de. . .  61 

Belœil 63 

Beresford,  Canton 63 

Bergeronnes,  Les 63 

Bergerville 64 

Bernierville 64 

Bersimis,  St-Elisée  de 64 

Berthier-en-bas 65 

Berthier  en-haut 65 

Berthierville 66 

Betshouan 66 

Betsiamis 66 

Bevin,  Lac 225 

Bic,  Sainte-Cécile  du 67 

Bickerdike,  Canton 68 

Biencourt,  Canton 68 

Bienville, St-Antoine  de. . . .  69 

Bigelow,  Canton 69 

Bigot,  Ile  à 190 

Bizard,  Ile 196 

Black-Lake 69 

Blainville,  Ste-Thérèse  de .  .  69 

Blairfindie,  Ste- Marguerite.  71 

Biais,  Canton 71 

Blake,  Canton 71 

Blanchet,  Canton 71 

Blanc-Sablon 71 

Blandford,  St-Louis  de 72 

Blue  Bonnets 72 

Boilleau,  Canton 72 

Bois,  Canton 73 

Boisclerc,  Canton 73 

Bois-Francs 73 

Boisseauville 74 

Bolton 74 

Bonaventure 74 

Bon-Désir 75 

Bord-à-Ploufîe 76 

Bordeaux,  St -Joseph  de 76 

Bouchard,  Iles 209 

Boucher,  Canton 76 

Boucher,  Ile 196 

Boucherville 76 

Bouchette,  St-Gabriel  de. .  .  77 

Boule,  La 77 

Bourdages,  Canton 77 

Bourget,  Canton 78 


490 


PAGE 

Bourg-Louis 78 

Bout  de  l'Ile 61 

BoutL'illeric,  La 369 

Bouthilliei-,  Cauton 7S 

Bowmau,  Canton    78 

Boyer,  Canton 78 

Boyer,  Rivière 78 

Braillard  de  la  Madeleine   .  341 

Brandon,  St  Gabriel  de 79 

Brandy-Pot 79 

Brassard,  Canton 80 

Brébeuf,  Canton 80 

Brillant,  Anse  à ".  27 

Brion,  Ile  de 197 

Bristol,  Canton 80 

Brome 81 

Brome  Corners 81 

Bronipton,  St-Frs-X.  de. ...  81 

Broughton 81 

Brownsburg 82 

Bryson 82 

Buckingham 82 

Bu'^kland 83 

Bulstrode,  St-Valère  de 83 

Bungay,  Canton 83 

Bureau  ville 83 

Burtonville 83 

Burv,  St- Raphaël  de 83 

Bute 84 

Buton 84 

Buttes  à  Nepveu 84 

Cabano,  St-Eusèbe  de 84 

Cabistachouan,  Baie 84 

Cabot,  Canton 84 

Cacouna 85 

Caldwell's  Manor 85 

Callières,  Canton. .    85 

Calonne,  Canton  de 85 

Calvaire,    Lac 225 

Calumet,  Ile  du ,.  203 

Cambria 85 

Canieron,  Canton 85 

Campbell,  Canton 85 

Campeau,  Canton 86 

Camtebassegat,  Baie 86 

Canada 86 

Canardière,  La 95 

Cannes  de  Roches 96 

Cannon,  C  an  ton 9 

Canons,  Anse  aux ,.  29 

Canot,  Ile  au 191 

Cantons  de  l'Est 96 

Canuel,  Ilet  à 210 

Cap  à  l'Aigle 99 


PAGE 

Cap  à  la  Roche 99 

Capàl'P:8t 101 

Cap  à  l'Orignal 101 

Cap  aux  Corbeaux 102 

Cap  au  Diable 102 

Cap  aux  Diamants 102 

Cap  aux  Meules  203 

Cap  aux  Os 179 

Cap  Barré 103 

Cap  Blanc,  Notre-Dame  du..   103 

Cap  Bonami 104 

Cap  P>rûlé 104 

Cap  Chat,  St-Norbert  du.  ,      104 

Cap  de  la  Magdeleine 107 

Cap  de  la  Victoire 107 

Cap  de  Ra3-e 107 

Cap  d'Espoir 107 

Cape  Cove 109 

Cap  des  Rosiers,  St-Alban. .   109 

Cap  Maillard 110 

Cap  Pleureur 111 

Cap  Rouge 111 

Cap  Rouge,  St-Félix  du 111 

Cap  Saint-Claude 112 

Cap  Sa,int-Ignace 112 

Cap  Santé 112 

Cap  Tourmente 113 

Cap  Trinité 113 

Capelton,  Précieux-Sang  de.  113 

Capse 113 

Caplan,  St-Charles  de 113 

Capucins,  St-Paul  des 114 

Carcy ,  Pointe  à 309 

Carignan,  Canton   114 

Carillon 114 

Carleton 115 

Caron,  Canton 115 

Carrières,  St-Marc  des 401 

Cartier,  Canton 115 

Cartierville 115 

Casault,  Canton 115 

Cascapédiac 116 

Casgrain,   Canton 116 

Caskitshipiskotsiskat 116 

Cathcart,  Canton 116 

Catsioogamow,  Rivière....   116 

Cauchon,  Canton 116 

Caughnawaga,  St-F.-X.  de  .   116 
Causapscal,  St- Jacques  de..   118 

Caxton,  St-Elie  de 118 

Cavagnal,  Pointe  à 309 

Cawashagemits,  Lac 118 

Cawood,  Canton 119 

CedarHall 119 

Cèdres,  Les 119 


500 


PAGE 

Chabot,  Canton 119 

Chaleurs,  Baie  des 46 

Chaloupe,  La 119 

Chambly 120 

Chambord 121 

Chamouchouane,  Canton.  .  .    121 

Champigny,  Canton 121 

Champlain 121 

Channay 121 

Chapais,  Canton 121 

Chapeau 122 

Chapleau,  Canton 122 

Charette,  Lac 225 

Charleniagne 122 

Charlesbourg 122 

CharleYoix 123 

Charny,  Notre-Dame  de..,      123 

Chartierville 123 

Châteaugua}' 123 

Château-Rioher   123 

Chateauvert 125 

Chatham,  Canton 125 

Chats,  lie  aux 192 

Chaudière,  Chute  de  la 125 

Chauveau,  Canton 126 

Chavigny,  Canton 126 

Chebobieh,  Lac 126 

Chelsea 126 

Chemin  Craig 126 

Chemin  des  Anglais 126 

Chemin  des  Caps 127 

Chemin  Gomin 127 

Chemin  Gosford 127 

Chemin  Gouin 127 

Chemin  Kempt 127 

Chemin  Papineau 128 

Chemin  Taché 128 

Chenal  du  Moine 128 

Chenal  Tardif 128 

Chenaux,  Pointe  des 320 

Chênes,  Lac  des   225 

Chénier,  Canton 128 

Cherbourg,  Sept-Frères de.  .  129 
Chertsey,  St-Théodore  de  129 
Chesham,  N.-D.  des  Bois  de.  129 

Chester,  Ste-Hélène  de 129 

Cheval,  Ile  au 191 

Chibougamou,  Lac 130 

Chicane 130 

Chichester,  Canton 130 

Chicots,  Lac  des 225 

Chicoutimi 1.30 

Chien-Blanc 131 

Chilton,  Canton 131 

Chipayk 131 


PAGE 

Christie,  Canton 1.32 

Christie's  Manor 132 

Church,  Canton 132 

Chute-aux-Iroquois 132 

Chute  des  Chats 1 32 

Cimon,  Canton 133 

Cinq,  Ile  des 198 

Claphum,  Canton 133 

Clarenceville 133 

Clarendon,  Canton 133 

ClarkeCity 133 

Cleveland,  Canton 133 

Clifton,  8te-Hedwidge  de   ..  1.33 

Clinton,  Canton 134 

Cloridornie 134 

Clyde,  Canton 134 

Coacoacho,  Rivière 135 

Coaticooke 135 

Cochon,  Sault  au 437 

Cochons,  Ile  aux 192 

Cocques,  Anse  aux 30 

Coffin,  lie 196 

Coknigan 135 

Colbert,  Canton 135 

Coleraine 135 

Colonie  du  Repatriement. .  .   135 

Commissaires,  Lac  des 226 

Como 136 

Comporté,  Rivière 136 

Compton 136 

Comception,   La 136 

Contrecœur,  Ste-Trinité  de .   136 

Cook's  Corners 136 

Cookshire 137 

Coquart,  Ile 197 

Corneilles,  Ile  aux 192 

Cornwallis 137 

Corps-Mort 137 

Cossette,  Lac 225 

Coteau  du  Lac 137 

Coteau  Station 138 

Côte  à  Baron 138 

Côte  à  Languedoc 72 

Côte  de  Beaupré 138 

Côte  de  Courville 139 

Côte  des  Neiges 139 

Côte  Emmanuel 140 

Coudres,  Ile  aux 192 

Coulonge,  Fort 165 

Coulonge,  Rivière 140 

Coupalville 140 

Courcelles,  Ste-Martine  de..   140 

Courval,  St-Zéphirin  de 141 

Cox,  Canton 141 

Cowansville 141 


501 


PAGE 

Cranbourne,  St  Odilon  de..  141 

Crapeau,  (Jrus 180 

Crespieul,  Canton 142 

(Jrètede  Coq 142 

Cugnet,  Rivière 142 

Culotte,   Lac  à  la .  224 

Cushing 142 

I)aa(|uani,  SteBéatrice  de.  .  143 

Dablon,  Canton 143 

D'Aillebou.st,  iSte-Mélanie  d'  143 

Dalibaiio,  Canton 143 

Dalles,  Les.  144 

Dalnias,    Canton 144 

Danville 144 

Daveluyville 144 

David,  Rivière 144 

Debarctzcli 145 

Dechène,  Canton 145 

Dégelé,  Ste-Rose  du 145 

Deiisle,  Canton 145 

Delisle,  Rivière 14t) 

De  Lorimier 248 

Deniers,   Canton 146 

De  Meulles,  Canton 146 

De  Monts,  Canton. ........  146 

Denholm,  Canton 146 

Denison's  Mills 146 

Denon ville,  Canton 146 

De  Noue,  Canton 147 

De  Quen,  Canton 147 

Derry,   Canton 147 

Desaulniers,  Canton 147 

Descente  des  Femmes 147 

Deschaillons,  St-Jean 392 

Deschambault,  St-Joseph  de  148 

Des  Prairies,  Rivière 340 

Deux-Bras .,  149 

Deux-Montagnes 149 

Diable,  Cap  aux 102 

Diable,  Rivière  au 338 

Diamants,  Cap  aux 102 

Dionne,  Canton 149 

Disraeli,  Ste  Lucie  de 149 

Ditchtield,  Canton 150 

Ditton,  Canton 150 

Dixville 150 

Dolbeau,  Canton 150 

Domaine  du  Roi 150 

Dombourg,  Ilets 211 

Doncaster,  Ste-Lucie  de 150 

Dorchester 151 

Dorion 151 

Dorion,  Canton 151 

Dorset,  Canton 151 


PAGE 

Dorval,  Iles 209 

Doucet's  Landing 151 

Douglastown 152 

Drunimond    153 

Drummondville,  !St-Frédéric  153 

Duchesnay,  Canton 154 

Ducreux,  Canton 154 

Dudley,  Canton 154 

Dudswell 154 

Dufferin,  Canton 154 

Duhamel,  Mont-Carmel  de..   154 

Duliamel,  Canton 154 

Dumas,  Canton 155 

Dupas,  Ile 204 

Dunham,  SteCroix  de 155 

Dundee,  Ste-Agnès  de 155 

Duquesne,  Canton 156 

Durham,  St-Fulgence  de.  .  .    156 

Durocher,  Canton 156 

Duval,  Canton 156 

Eardley,  Canton 156 

Eastman,  St-Edouard  de.  .  .    156 

Eaton,    Canton 157 

Eboulements,   Les 157 

Echalotte.  Rivière  à  1' 337 

Eccores,  Les 157 

Echafaud  aux  Basques 158 

Ecureuils,  Les 158 

Edouard,  Lac 227 

Edwardston 158 

Etiingham 158 

Egan,  Canton 159 

Eglise,  Ile  de  1' 203 

Elgin,  Canton 159 

Eliza,  Lac 227 

Ely,   Canton 159 

Emberton,  Canton 159 

Emmanuel.  Côte 140 

Entrée,   lied' 198 

Escoumins .    159 

Escourt,  Canton 159 

Escuminac,  St- Antoine  d'       159 

Esher,  Canton 160 

Espoir,  Cap  d' 107 

Esquimaux,  Pointe  aux. . . .   315 

Etamanu,  Rivière 160 

Etang,  Anse  de  1' 31 

Etchemin 160 

Pabre.  (Canton. 160 

Falardeau,  Canton 1 60 

Farnham,   St-Romuald  de    .  161 

Farrelton,  St-Camille  de.    .  161 

Febvre,  Baie  du 49 


502 


Fecteau's  Mills , 

Femmes,  Descente  des 

Ferland,   Canton   

Fitzpatrick,  Canton 

Flahault,  Canton 

Fleuriau,  Canton 

Flynn,  Canton 

Foin,  Anse  au 

Forillon 

Forsyth,  St-Evariste  de 

Fort,  lie  du 

Fort  Coulonge 

Fort,  Portage  du 

Fortierville,  Ste-Philomène. 

Fortin,  Canton 

Fort,  Anse  du 

Fortune,  Pointe 

Fossembault,  Ste-Catherine. 

Foucault 

Foulon,  Le 

Fournier,  Canton 

Fourvières,  Notre-Dame  de. 

Fox,  Canton 

Frampton 

Franklin,  Canton 

Fraserville 

Frégate,  Pointe 

Freligshsburg 

Frost 

Fugère,  Anse  à 

Fulford 

Gagnon,  Canton 

Galt,  Canton 

Gamelin,  Lac 

Garueau,  Canton 

Garnier,  Canton 

Garthby,  St-Olivier  de 

Gascons,  Anse  aux 

Gaspé 

Gatineau,  Rivière 

Gauthier,  Canton 

Gaj'hurst,  St-Samuel  de.... 

Gendreau,  Canton 

Gendron,  Canton 

Gentilly 

Gilbert,  Rivière   

(JiHes,  Anse  à 

Gillies,  Canton . 

(iirard,  Canton : 

Godbout 

Godefroy,  Rivière  

Godnianchester,  St-Anicet.. 

Gomin,  Chemin 

Gore,  Canton 


PAGE 

.  161 

.  147 

.  161 

.  162 

.  162 

.  162 

.  162 

.  28 

.  162 

.  164 

.  203 

.  165 

.  324 

165 

165 

31 

320 

165 

166 

166 

166 

166 

166 

167 

167 

167 

321 

167 

168 

28 

168 

168 
168 
227 
168 
168 
168 

30 
169 
170 
170 
170 
171 
171 
171 
171 

28 
172 
172 
172 
172 
172 
127 
173 


PAGE 

Gosford,  Canton 173 

Gosford,  Chemin 127 

Goufîre,  Rivière  du 344 

Gouin,  Chemin 127 

Gouin,  Canton 173 

Gouverneur,  Ile  du 203 

Goj'nish,  Rivière 173 

Gracefield 173 

Granby , 173 

Grandbois,  St-Thuribe  de.  .  416 

Grand-Brûlé 174 

Grand'  -Mère 174 

Grande- Anse,  St-Théodore..  174 

Grande-Coupe 174 

Grande-Décharge 175 

Grande-Grave,  îSt-Augustin.  175 

Grande-Rivière 175 

Grandville 175 

Grantham,  St-Eugène  de.  . .  176 

Gravel,  Canton 176 

Greece's  Point 176 

Gren ville,  Canton 176 

Grenier,  Canton 177 

Grès,  St-Etienne  des 177 

GrifEntown 179 

Griffon,  Anse  au 28 

Grondines 179 

Grosbois 179 

Gros  Cap  aux  Os 179 

Gros  Crapaud 180 

Grosse  Isle 180 

Grues,  Ile  aux 193 

Guerin,  Canton 180 

i^iiif^nes.  St-Bruno  de. 180 

Guillaume,  Bonhomme 180 

Guire,  St  Pie  de 408 

Ha  !  Ha  !  Baie  des 48 

Hackett,  Canton 181 

Haldimand 181 

Halifax,  St-Ferdinand  d'.  . .  181 

Ham 181 

Hamel,  Lac 227 

Hamilton,St-Bonaventurede  182 

Hampden,  Canton 182 

Harlaka 39 

Harrington,  Canton 182 

Hartwell,  Canton 182 

Harvey,  Canton 182 

Hatley,  Canton 182 

Havelock,  Canton 182 

Headville 183 

Hébertville 183 

Hedleyville 183 

Heramingford,St-Romainde  183 


503 


PAGE 

Henryville,  St-George  de. .  .  184 

Heroford,  St- Venant  de. .. .  184 

Hérons,  Ile  aux 193 

Heu.  Pointe  du 184 

Hincliinbrooke,  St-Patrice..  185 

Hincks,  Canton . .    185 

Hoohelaga 185 

Hooquart,  Canton 183 

Honrieur  sur  Péribonka. . . .  186 

Hope,  Canton 187 

Horton 187 

Houtelas,  lie 204 

Howard,  St  Adolphe  de. . , .  187 

Howick 187 

Huberdeau 188 

Huddersfield,  Canton 188 

Hudson  Heights 188 

Hull 188 

Humqui 26 

Huntingdou 188 

Huntingville 189 

Iberville 189 

He  à  Bigot 190 

lie  à  la  Pierre 190 

Ile  à  la  Potherie 190 

lie  Allright 190 

Ile  Amherst 191 

Ile  Aroussen 191 

Ile  au  Canot 191 

Ile  au  Cheval 191 

Ile  au  Sépulcre 191 

Ile  aux  Basques 191 

Ile  aux  Chats 192 

Ile  aux  Cochons 192 

Ile  aux  Corneilles 192 

lie  aux  Coudres 192 

Ile  aux  Crues 193 

Ile  aux  Hérons ....    193 

Ile  aux  Noix 194 

Ile  aux  Lièvres 193 

Ile  aux  Œufs 194 

Ile  aux  Oies 194 

Ile  aux  Perroquets 195 

Ile  aux  Pommes 195 

Ile  aux  Réaux 195 

Ile  Bizard 196 

lie  Bonaventuie 74 

Ile  Boucher 196 

IleCoffin 196 

Ile  Coquart 197 

Ile  d' Anticosti 34 

lledeBrion 197 

Ile  de  la  Madeleine 197 

Ile  d'Entrée 198 


PAGE 

Ile  des  Allumettes 198 

Ile  des  Cinq 198 

Ile  des  Sœurs 198 

Ile  d'Orléans 199 

Ile  du  Calumet 203 

Ile  du  Cip-aux-Meules 203 

Ile  du  Fort  ou  de  l'Eglise , .  203 

Ile  du  (Gouverneur 203 

Ile  Dupas..' 204 

Ile  Grosse 180 

Ile  Houtelas   204 

lie  Jésus 205 

Ile  Madame 205 

lie  Moras 205 

Ile  Montesson 205 

Ile  Patience 206 

Ile  Perrot 206 

Ile  Randin 206 

Ile  Rosalie 206 

Ile  Rouge 206 

Ile  Saint-Barnabe 206 

Ile  Saint-Christophe 207 

Ile  Saint-Eloi 207 

Ile  Saint-Gilles 207 

IleSte-Hélène 207 

Ile  Verte 208 

Iles  Beauregard 209 

Iles  Bouchard 209 

Iles  Dorval 209 

Ilet  à  Canuel 210 

Ilet  au  Massacre 210 

Ilets  Dombourg 211 

Ilets  Jéréraie 211 

Ilot  de  la  Vieille 211 

Inverness,  St-Athanase  d'.. .  212 

Irlande,  St- Adrien  d' 212 

Ironside 212 

Iroquois,  Chute  des 132 

Ixworth,  Canton 212 

Jacques -Cartier 213 

Jacques-Cartier,  Rivière.      .  213 

Jambons,  Les 214 

Jean-Guérin 214 

Jérémie»  Ilets 211 

Jersey,  Canton 215 

Jersey-Cove 216 

Jésus,  Ile 205 

Jette,  Canton 216 

Jeune- Lorette 216 

Jogues,  Canton 216 

Johnson,  Mont 279 

Joliette 216 

Jolliet,  Canton 217 

Jolliet,  Trou 472 


504 


PAGE 

Joly,  Canton 217 

Jonquière,  St-Dominique  de  217 
Justinienne,  Route 352 

Kaine,  Canton 217 

Kamouraska,  St-Loiiis  de. . .  217 

Kanikauwinikau,  Lac 218 

Kaskouïa,  Rivière   218 

Katevale 218 

Kawachagami,  Lac 218 

Kegashka,  Canton 218 

Kempt,  Chemin 127 

Kenamou,  Rivière 218 

Kénébec ■ 218 

Kenogami,  St-Cyriaque  de   .   219 

Kenogamichiche,  Lac 219 

Kensington,  Canton 219 

Kianiika,  Canton 219 

Kildare 220 

Kilkenny,  St-Hippolyte  de.  220 
Kingsey-Falls,  St-Aimé  de. .  220 

XippPAyn^  Liiy 220 

Kikissink,   Lac 221 

Knowlton 221 

La  Baie  du  Febvre 49 

LaBarre,  Canton 221 

Labelle 221 

Laborde 221 

Labrador 222 

Labrecque,    Canton 224 

LaBrobse,  Canton 224 

L'Acadie 224 

Lac  à  la  Culotte 224 

Lac  à  la  Tortue 415 

Lac  Mlet 224 

Lac  Archambeault 224 

Lac  aux  Outardes 224 

LacBevin 225 

Lac  Calvaire 225 

Lac  Charette 225 

Lac  Cossette 225 

Lac  des  Chênes 225 

Lac  des  Chicots 225 

Lac  des  Commissaires 226 

Lae  des  Zouaves 227 

Lac  Edouard 227 

Lac  Gamelin 227 

LacEliza 227 

Lac  Hamel 227 

Lac  LaMoricière 228 

Lac  Léon  XIII 228 

LacMacTavish 228 

Lac  Marsolet 228 

LacNairn 228 


PAGE 

Lac  Nixon 228 

Lac  Noir 69 

Lac  Oliva 229 

Lac  Ouareau 229 

Lac  Pie  IX 229 

Lac  Rouge 229 

Lac  Sagamité 229 

Lac  8t  Antoine  de  Tadoue..  229 

Lac  8t-Charles 230 

Lac  St-Paul 230 

Lac  St-Pierre 230 

Lac  St-Vincent 230 

Lac  Simon 230 

Lac  Vert 230 

Lacaille,  Pointe  à 310 

Lachenaie,  St-Charles  de. .   .  231 

LaChevrotière 231 

L'Achigan 231 

Lachine 232 

Lachute 233 

LacoUe 234 

Lacoste,  Canton 234 

Laflèche,  Canton 234 

LaFontaine,  Canton 234 

LaForce,  Canton 234 

LaOesse,  Rivière 235 

Lagrange 235 

Lairet,  Rivière 235 

Lalemant,  Canton 235 

Lambton,  St-Vital  de 235 

Langelier,  Canton 235 

Langevin,  Stc- Justine  de. ..  235 

Languedoc,  Côte  à 72 

Lanoraie 236 

La  Patrie,  St-Pierre  de 236 

Laprairie 237 

LaRochelle 237 

Larocque,  Canton 237 

Lartigue,  Canton 238 

LaRue,  Canton 238 

LaSalle,  Canton 238 

L'Assomption 238 

Laterrière,  Canton 239 

Lathbury,  Canton 239 

LaTour,  Canton 239 

Lauberivière,  St-David  de. .   369 

Laure,  Canton 239 

Laurentides. 239 

Laurier,  Canton 240 

Laurierville 240 

Laus,  Notre-Dame  du 240 

Lauzon 240 

Laval 241 

Laval,  Ste-Brigitte  de 241 

Lavaltrie,  St- Antoine  de. . .   241 


505 


PAGE 

L'Avenir 241 

J,avpilon|)t''rp_,rnntnn 242 

Laviolette,  Canton 242 

Lawrenceville 242 

Leclercville,Ste-Emmélie  de  242 

Leeds,  Canton 242 

LeJeune,  Canton 242 

Leneut,  Canton 24.3 

Lennoxville,  St- Antoine  de.  243 

Lepage,  Canton 243 

UÈpiplianie 244 

Lesage,  Canton 244 

Leslie,  Canton 244 

Lessard,  St  Cyrille  de 244 

Lessay,  Pointe  à 311 

Letellier,  Canton 244 

Le  Verrier,  Canton 244 

Lévis 245 

Lévrard,  8te-.Sophie  de ... .  246 

Lichepain 246 

Lièvres,  Ile  aux 193 

Liinoïlou 240 

Linière,  Canton 246 

L'Islet,  N. -D.  de  Bonsecours  246 

Litchfield,  Canton 247 

Loehaber,  Canton 247 

Logan,  Mont 247 

Longueuil 247 

Loranger,  Canton 248 

Lorimier,  De 248 

Lorrain,  Canton 248 

Lotbinière 248 

Louise,  Anse  à 28 

Louise,  Canton 250 

Louiseville 250 

Loup,  Rivière  du 345 

Lourdes,  Notre-Dame  de. .  .   250 

Low,  Canton 251 

Luskville,  St- Dominique  de  251 

Lussier,  Canton 251 

Lynch,  Canton 251 

Lysander,  Chutes 251 

Lytton,  Canton 251 

Macaza,  Notre-Dame  delà.   251 

Machiche 252 

MacNider,  L'Assomption. .  .  252 

MacTavish,  Lac 228 

Madame,  Ile 205 

Madawaska 253 

INIaddington,  Canton 253 

Madeleine,  Cap  de  la 107 

Madeleine,  Iles  de  la 197 

Magenta 253 

Magog 254 

33 


PAGE 

Magpie 254 

Maheu,  Rivière 254 

Maillard,  Cap 110 

Mailloux,  Canton 254 

Maisonneuve 254 

Major,  Canton 254 

Malakotf,  Canton 254 

Malbaie,  ISt. Etienne  de....   255 

Malbaie,  St-Pierre  de 255 

Mâle,  Rivière  du  Gros 344 

Malherbe,  Canton 256 

Malhiot,  Canton 257 

Malmaison 257 

Manche  d'Epée,  Ruisseau  du  354 
Mandeville,  St-Charles  de.  .   257 

Manicouagan 257 

Maniwaki 258 

Mann,  Canton 258 

Manouan   258 

Manseau 258 

Mansfield,  Canton 258 

Manson ville 258 

Maquereau,  Pointe  au 312 

Marbleton 259 

Marchand,  Canton 259 

Maria,  iSte-Brigitte  de 259 

Marienquatacook,  Rivière.  .   259 

Marieville 259 

Marlow,  Canton 259 

Marmier,  Canton 259 

Mars,  Rivière  à. 337 

Marston,  St-Léon  de   259 

Martindale,  St-Martin  de.     260 

Martinière,  La 260 

Martiuville 260 

Mascouche,  St-Henri  de 260 

Masham,  Ste-Cécile  de 261 

Maskinongé 261 

Massacre,  Ilet  au 210 

Massé,  Canton 261 

Masson,  Ste-Marguerite  de. .   261 

Matane,  St- Jérôme  de 261 

Matapédiac,    St- Alexis  de..   262 
Matawin,  St-Nicolas  de  la.  .   263 

Mayo 263 

Mazenod,  Canton 263 

McGill,  Canton 263 

Mécatina 264 

Méchins,    St- Edouard  des   .   264 

Mégantic 264 

Mékinac,  St-Roch  de   la 264 

Melbourne,  Canton 265 

Melocheville 265 

Memphréniagog 266 

Mercier,  Canton 266 


506 


PAGE 


Mères,    Anse  des 

Mésy,  Canton 

"Métabetchouan,  St-Louis  de 

Metascouac,    Lac 

Metgermette,  St-Zacharie  de 

Méthot's  Mills 

Métis,  St-Octave  de 

Meulles,  Canton  de 

Mile- End 

Mille-Roches 

Mill-Stream,  St-Ambroise  . 
Mille-Vaches,    St-Paal   de   . 

Milnikek.  Canton 

Milton,  Ste-Cécile  de 

Mine,  Anse  de  la 

Minerve,  Canton  la 

Mingan 

Minigo,   Ile 

Misquachuan,  Lac 

Missiquini,  Rivière 

Missisquoi 

Mistassini 

Moine,  Chenal  du 

Moisie   

Mondien,  Pointe 

Monnoir,  Ste-Marie  de 

Monpesson 

Montauban 

Montcalm.    

Montagne  Chauve . 

Montagne  Tremblante 

Montarville,  St-Gérard  de   . 

Mont-Carmel 

Monte-à-Peine 

Montebello 

Montesson,  Ile 

Montfort 

Montigny,  Canton  de.    . .    . 

Montjoli 

Mont  Johnson 

Montjoye,  St-Télesphore  de, 

Mont-Louis,  St-Maxirae  de, 

Montmagny 

Montminy,  S t- Paul  de 

Montmorency 

Montmorency,  Sault 

Montréal 

Monts,  Canton  de 

Monts,  Pointe  de 

M  oras.  Ile 

Moreau,  Canton, 

Morin,  Canton 

Morin,  Ruisseau  à 

Morinville 

Mortagne,  Canton 


31 
266 
266 
266 
267 
267 
267 
146 
267 
268 
268  j 

268  I 
268 
268 

30 
269 
269 
200  I 

269  i 
269  I 

269  : 

275 
128 
276 
321 
276 
276 
276 
277 
277 
277 
277 
277 
278 
278 
205 
278 
279 
279 
279 
280 
280 
281 
281 
281 
439 
281 
146 
320 
205 
282 
282 
353 
22 
282 


PAGE 

Morts,  Anse  des , . . .  31 

Mouillepied , 282 

Moulin  à  Baude,  Anse  du. . .  32 

Mousseau,  Canton. 283 

Mulgrave,  Canton 283 

Murray-Bay 283 

Musquaro,  Canton 283 

Musselyville 283 

Nabesippi,  Rivière 284 

Nachikopi,  Lac 284 

Nairn,  Lac 228 

Xamur 284 

Nantel,  Canton 284 

Napierville   284 

Nasquapee,  Rivière 285 

Natashquan 285 

Nélélec.  Canton 285 

iNeigette,  St-Donat  de 285 

Neilson ville 285 

Nelson,  Ste- Anastasie  de .  .  .  286 

Nemisco 286 

Nemtayé,  Canton 286 

Nepveu,  Buttes  à 84 

Neuville,  Ste-Jeanne  de 286 

New-Carlisle 287 

New-Glasgow 287 

j  New-Liverpool 287 

Newport 287 

New-Richmond 287 

Newton,  Ste- Justine  de 288 

Nicolet 288 

Nipissis,  Lac 288 

Nixon,  Lac 228 

Noix,  Ile  aux 194 

Nominingue 289 

Norraandin,  ÎSt-Cyrille  de.  .   289 

Normanville 289 

Northfield,  Canton 290 

Notre-Dame  de  la  Garde . . .  103 
Notre-Dame  des  Douleurs .  .  290 
Notre-Dame  de  la  Visitation  290 

Noue,  Canton  de 147 

Nouvel,  Canton 291 

Nouvelle-France 291 

Novan 293 

Nutt's  Corners 293 


Odelltown 293 

Oeufs,  Ile  aux 194 

Oies,  Ile  aux 194 

Oka 293 

Cliva,  Lac 229 

Olomanosheebo,  Rivière 294 

Omatchouan,  Rivière 294 


507 


PAGE 

Onslow,  Canton 204 

Orford,  St-Klie  d' 294 

Orignal,  Cap  à  r 101 

Orléans,  lie 199 

Ormstown 294 

Ottawa   295 

Ouareau,  Lac 229 

Quelle,  Rivière 845 

Ouiatchouan,  Canton 297 

Ouimet,  Canton 297 

Outardes,  Lac  aux 224 

Outremont,  St-Viateur  d'..  298 

Pabos,  Ste- Adélaïde  de  ... .  298 

Packington,  St-Benoit  de . .  299 

Painchaud,  Canton 299 

Panet,  St-Fabien  de 299 

Papinacliois,  Rivière 299 

Papineau,  Chemin 128 

Papineauville 299 

Paquette  ville 299 

Parent,  Canton 299 

Parke,  Canton 299 

Parisville,  St-Jacques  de.    .  800 

Fashasheba,   Rivière 300 

Paspébiac 800 

Patapédiac,  Canton 300 

Patience,  Ile 206 

Patton,  Canton 300 

Pèlerins,  Les 801 

Pelletier,  Canton 301 

Pénin,  Rivière  à 337 

Pemiska,  Rivière 302 

Penouïl,  Baie  de 46 

Percé 302 

Pères,  Baie  des 49 

Péribonka.  St-Edouard  de. .  302 

Perkins  :Mills 802 

Perroquets,  Ile  aux 195 

Perrot,  Ile 206 

Perthuis 302 

Peterborough,  Canton 303 

Petite-Belgique 303 

Petite-Décharge 303 

Petite-Xation 303 

Petite-Rivière  304 

Philipsburg 304 

Piakuakamits,   Lac 804 

Piastrebai 804 

Pie  IX,  Lac 229 

Piedmont 304 

Pierre,  Ile  A  la 190 

Pierre,  Rivière  à 388 

Pierreville,  St-Thomas  de  804 

Pigeon  Hill 805 


PAGE 

Pike  River,  St-Pierre  de. ...  305 

Piles,  ISt- Jacques  des 306 

Piliers,  Les 307 

Pinault,   Canton 307 

Pinnacle 307 

Pintendre,  St- Louis  de 807 

Piopolis 808 

Plaines  d'Abraham ... 808 

Plaisance 809 

Platon 309 

Plessis,  Canton 309 

Plessisville 309 

Plouffe,  Bord  à 76 

Petitskapau,  Lac .  309 

Pointe  cà  Arcouil 309 

Pointe  à  Carcy 309 

Pointe  à  Cavagnal 309 

Pointe  à  la  Barbe 310 

Pointe  à  Lacaille 310 

Pointe  à  Lessay '.  311 

Pointe  à  Puiseaux     811 

Pointe  à  Quenet 812 

Pointe  au  Maquereau 812 

Pointe-au-Père 312 

Pointeau-Pic 313 

Pointe  au  Vin 314 

Pointe  aux  Alouettes 815 

Pointe  aux  Esquimaux 315 

Pointe  aux  Trembles 815 

Pointe  aux  Vaches 816 

Pointe-Claire 316 

Pointe  de  Lévy 317 

Pointe  de  Monts 320 

Pointe  des  Chenaux 320 

Pointe  du  Heu 184 

Pointe  Fortune 320 

Pointe  Frégate 321 

Pointe  Mondion 821 

Pointe  Piché 821 

Pointe  Quinchien 822 

Pointe  Saint-Charles 322 

Polette,  Canton 322 

Pommes,  Ile  aux 195 

Ponsonby,  Canton 322 

Pontbriand,  St- Antoine  de..  822 

Pontefract,  Canton 323 

Pontgravé,  Canton 323 

Pontiac 323 

Pontmain,  Notre-Dame  de..  323 

Pont-Rouge 323 

Pope,  Canton 823 

Portage,  Notre-Dame  du.. .  .  323 

Portage  de  l'Aviron 324 

Portage  de  l'Enfant 824 

Portage  du  Fort 324 


508 


PAGE 

Port-au- Persil 324 

Port  aux  Quilles 325 

Port  aux  Saumons 325 

Port-Daniel 325 

Portland,  Canton 326 

Portneuf 326 

Pot  à  l'eau  de  vie 79 

Potherie,  Ile  à  la 190 

Potton 327 

Prairies,  Rivière  des 340 

Preston,  Canton 327 

Price,  Canton 327 

Priest-Creek 327 

Princeville 327 

Provost,  Canton 328 

Puce,  Sault  à  la 437 

Puiseaux,  Pointe  à 311 

Quaquakamaksis,  Lac 328 

Québec 328 

Quen,  Canton  de 14*7 

Quilles,  Port  aux 325 

Quenet.  Pointe  à 312 

Quinn ville 332 

Quinchien,   Pointe 322 

Racine,  Canton 332 

Radnor,  Canton 332 

Rameau,  Canton....  332 

Randin,  lie 206 

Rapide  de  l'Orignal 332 

Rats,  Rivière  aux 339 

Raudot,  Canton 332 

Rawdon 332 

Raye,  Cap  de 107 

Réaux,  Ile  aux . . 195 

Récollet,  Sault  au ....  = 437 

Rédempteur,  Très-Saint. . . .  465 

Reedsdale 333 

Renard,  Rivière  au 338 

Repatriement,  Colonie  du..  135 

Repentigny 333 

Rhodes,   Canton 333 

Riceburg 333 

Richelieu 333 

Richmond 333 

Rideau 333 

Ridge-Point 334 

Rigaud 334 

Rimouski 334 

Rioux,  St-:Mathieu  de   402 

Ripon,  St-Casimir  de 335 

Ristigouche 336 

Rivière  à  l'Echalotte 337 

Rivière  à  Mars 337 


PAGE 

Rivière  à  Penin 337 

Ri vière-à- Pierre .338 

Rivière-au-Diable 338 

Rivière-au- Renard 338 

Rivière-au-ïonnerre 339 

Rivière-aux-Rats 339 

Rivière-Beaudette , 339 

Rivière-Blanche 340 

Rivière- Croche 340 

fivnprp-r]^s-Prairiea 340 

ivières-des-  Quinze. 341 

ivièry  de  la  A'iadeleine.      .  341 

Rivière  du  GoufiFre 344 

Rivière  du  Gros  Mâle 344 

Rivière-du-Loup-en-bas 345 

Rivière-du-Loup-en-haut.  .  .  345 

Rivière-Ouelle 345 

Rixborough,  St-Ludger  de.  346 

Robertson,   Canton 347 

Roberval,  Xotre-Dame  de.  .  347 

Robidoux,  Canton , 347 

Robinson 347 

Robitaille,    Canton 347 

Roche,  Cap  à  la 99 

Rochelle 237 

Rocher-au-  Pin .347 

Rocher-aux-Oiseaux 348 

Rochers,  Baie  des 49 

Rochon,  Canton 349 

Rochville,  Canton 349 

Rock-Forest 349 

Rocmont,    Canton 349 

Rolette,  Canton 350 

Romaine 350 

Roquetaillade 351 

Rosaire,  Notre-Dame  du.  .  .  351 

Rosalie,  Ile 206 

Rosiers,  Cap  des 109 

Ross,  Canton , 352 

Rouge,  Ile 206 

Rouge,  Lac 229 

Rougemont,  St-Michel  de .  .  352 

Rouiilard,  Canton 352 

Route  Justinienne 352 

Rouville 352 

Roux,  Canton 400 

Roxan,  Canton 353 

Roxton-Falls 353 

Roxton-Pond  353 

Royer,  Canton 353 

Ruisseau  à  Morin 353 

Ruisseau  à  Rebours 354 

Ruisseau  Caille 354 

Ruisseau  du  Manche  d'Epée  354 

Russelltown 354 


509 


PAGE 

Sabrevois 355 

Saganiité,  Lac 229 

Sagard,  Canton 355 

Saguenaj' 355 

St-Adalbert 356 

!St-Adelphe 356 

St-Adolphe  de   Howard....   187 

St-Adrien  d'Irlande 212 

St-Agapit  de  Beaurivage.. .     56 

St-Ainié 356 

St- Aimé  de  Kingsey-Falls .  .   220 

St-Airaé  de  Shipton 447 

St- Alban  d'Alton 25 

St-Alban  du  Cap  des  Rosiers  109 

St-Alexandre 356 

St-Alexis  de  la  Grande  Baie  357 
St- Alexis  de  Matapédiac.    .   262 

St-Alexis  des  Monts. 463 

St- Alphonse  de  Bagotville  .  45 
St-Alphonse  de  Musselj'ville  283 
St- Alphonse   de  Thettord .  .   463 

St-Amable 358 

St-Ambroise 357 

St-Ambroise  de  Loretta. . . .  216 
St-Ambroise  de  Mill-Stream  268 

St- André  Avellin 357 

St- André  de  l'Epouvante.       357 

St- André  de  Suiton 455 

St- Anicet  de  Godmanchester  172 

St- Anselme 358 

St- Antoine 358 

St- Antoine  de  Bien  ville. ...  69 
St- Antoine  d'Escuminac.  .  .    159 

St-Antoine  de  la  Baie 49 

St- Antoine  de  Lavaltrie.  .  .  .  241 
St-Antoine  de  Lennoxville . .  243 
St-Antoine  de  Pontbriand..  322 
St-Antoine  de  Squattecks .  .    450 

St-Autoiue  de  Tilly 359 

St-Autonin 359 

St-Arsène 359 

St- Athanase  d'Inverness .  .  .  212 

St-Aubert 360 

St- Augustin , 360 

St- Augustin  de  Grave 175 

St- Augustin  de  Maur 360 

St-Augustin  de  Woburn ....   491 

St-Barnabë,  Ile 206 

St-Benjamin  du  lac  à  Busqué  360 
St-Benoit  de  Packington.  .  .   299 

St-Bernard 36 1 

St-BonaventuredeHamilton  182 
St-Boniface  de  Shawenegan.  361 

St-Bruno.  . ." 361 

it-Bruno  de  Guignes IbO 


PAGE 

St-Cajétan  d' Armagh 40 

St-Calixte  de  Somerset 362 

St-Camille 362 

St-Camille  de  Farrelton 161 

St-Casimir 362 

Sfe-Casimir  de  Ripon 335 

St-Charles 363 

St-Charles,  Pointe 322 

St-Charles,  Rivière 362 

St-Charles  Borromée 364 

St-Charles  de  Caplan t   113 

St-Charles  de  Garthby 168 

St-Charles  de  Lachenaie. .  .  .  231 
St-Charles  de  Mandeville. .  .   257 

St-Christophe 364 

St-Christophe,  Ile 207 

St-Claude,  Cap 112 

St  Claude  de  Clevelaud 364 

St-Clément 365 

St-Clément  de  Viauville.  ...   481 

St  Cléophas 365 

St-Cœur  de  Marie 366 

St-Colomban 367 

St-Colomban  de  Quinnville.   332 

St-Côme 367 

St  -Côme  de  Kénébec 367 

St-Constant 367 

St-Cuthbert 367 

St-Cvprien 368 

St-Cyriaque 368 

St-Cyriaque  de  Kenogami   .  219 

St-Cyrille  de  Lessard 244 

St-Cyrille  de  Xormandin .  .  .  289 
St-CVrille  de  Wendover     ..   489 

St-Damase 368 

St-Damase  de  MacNider.  ..  368 
St-Damase  des  Aulnaies.  .  .   368 

St-David. 369 

St-David  de  Lauberivière  .  369 
St-Denis  de  la  Bouteillerie..   369 

St-Denis  de  Richelieu 370 

St  Désiré  du  Lac  Noir 370 

St-Dominique 370 

St-Dominique  de  Jonquière.  217 
St-Dominique  de  Luskville..  251 
St-Dominicjue  de  Xewport .  .   287 

St-Donat  de  Xeigette 285 

St-Dunstan  du  lac  Beauport.  371 

St'-Edmond       . .  , 371 

St-Edmond  de  Stoneham   . .  452 

St-Edouard 371 

St- Edouard  de  Eastman. ...  156 
St-Edouard  de  Boisclair. . . .  372 
St-Edouard  de  Péribonka. .  .  302 
St-Edouard  des  Méchins.   ..  264 


510 


PAGE 

St-Eleuthère 372 

St-Elie  de  Caxton 118 

St-Elie  d'Orford 294 

St-Elisée  de  Bersimis 64 

St-Eloi 372 

St-Eloi.  Ile  207 

St-Elphège 372 

St-Elzéar 372 

St-Emile  de  Suffolk 455 

St-Ephrem  de  Tring 373 

St-Ephrem  d'Upton 474 

St-Epipbane  de  Viger 482 

St-Esprit 373 

St-Etienne  de  Beaumont, .   .  56 

St-Etienne  de  la  Malbaie.  ..  255 

St-Etienne  de  Lauzon 373 

iSt-Etienne  de  New-Carlisle.  287 

St-Etienne  des  Grès 177 

St-Eugène 373 

St-Eugène  de  Grantham 176 

St-Eusèbe  de  Cabano 84 

St-Eustaclie 373 

St-Evagre  de  Rivière-Claude  374 

St  Evariste  de  Forsyth 164 

St-Fabien  de  Panet 299 

St-Faustin 374 

St-Félicien 374 

St-Félix  d'Otis 294 

St-Félix  du  Cap  Rouge 111 

St-Ferdinand  d'Halifax 181 

St-Fidèle 375 

St-Fidèle  de  Sigraaringa. . . .  375 

St-Flavien 376 

St  François 376 

St-François  d'Assises 377 

St-François  de  l' Alverne ....  25 

St-François  de  l'île  d'Orléans  377 

St-François  du  Lac 377 

St-François-Xavier 379 

St-F.  -X.  deBrompton 81 

St-F.-X.  de  Caughnawaga  116 

St-F.-X.  de  Pointe-Fortune,  320 

St-F.-X.  de  Rivière-Croche.  340 

St-Frédéric 380 

St-Frédéric   de  Drummond.  153 

St-Fulgence  de  Durham ....  156 

St-Gabriel 380 

St-Gabriel  de  Bouchette.. . .  77 

St-Gabriel  de  Brandon 79 

St-Gabriel  de  Stratford  ....  453 

St-(>abriel  de  Valcartier.  . .  475 

St-Gédéon 380 

St-Georges  de  Henry  ville. .  .  184 

St-Georges  de  Malbaie ....  380 

St-Georges  de  Ouiatchouan.  380 


PAGE 

St-Georges  de  Windsor 490 

St-Gérard  de  Montarville  .     277 

St-Gérard  de  Vaucluse 479 

St-Germain,   Canton- 380 

St-Germain  de  Kamouraska  318 
St-Germain  de  Rimouski.  . .   381 

St-Gilbert ..   3SI 

St-Gilles,  Ile 207 

St-Gilles  de  Beaurivage ....  382 

St-Godefroi 382 

St-Grégoire 382 

St-Grégoire  du  Sault 382 

St-Guillaume  d'Upton 382 

St-Henri 383 

St-Henri  de  Lauzon 383 

St-Henri  de  Mascouche 260 

St-Henri  des  Tanneries. . . .   460 

St-Hermas 383 

St-Herménégilde  de  Barford    52 

St-Hilaire,  Canton 384 

St-Honoré 384 

St-Honoré  de  Shenley 446 

St-Hubert 384 

St-Hubert  de  Spalding 450 

St-Hugues 385 

St-Hyacinthe 385 

St-Hyppolite  de  Kilkenny..  220 
St-Hyppolite  de  Wotton ...   492 

St-lgnace,   Cap   112 

St-Ignace  de  Loyola 385 

St-lgnace  de  Stanbridge.. .  .  386 
St-Ignace  du  Coteau  du  Lac  386 
St-lgnace  du  Nominingue. .   386 

St- Jacques 386 

St- Jacques  de  Causapcal. .  .  118 
St- Jacques  de  l' Achigan ....  386 
St- Jacques  de  Parisville ....  300 

St- Jacques  des  Files 306 

St-Jacques-le-Mineur 387 

St- Janvier 388 

St -Janvier  de  Weedon 487 

St-Jean 388 

St-Jean,  Anse 34 

St-Jean,  Lac 388 

St-J.-B.  de  Cap  au  Gros  Os.  179 

St-J.  -B.  de  l'Ile  Verte 208 

St-J.-B.  de  Québec . .  390 

St-J.-B.  de  R.  aux  Rats 339 

St-J.-B.  de  Rou ville 352 

St-J.-B.  de  Sherbrooke 390 

St-J.-B.  de Russelltown 354 

St-Jean-Chrvsostôme    495 

St-Jean  de  Dieu 390 

St-Jean  de  la  Croix 390 

St-Jean  de  l'île  d'Orléans. .  ,  391 


511 


PAGE 

St- Jean  de  Matha 391 

St-Jean  Deschaillons 392 

St-Jean  l'îCvangéliste 392 

St-Jean  Port- Joli 393 

St- Jérôme 393 

St  Jérôme  de  Matane 261 

St- Joachim 393 

St-Joachim  de  Pointe-Claire  316 

St- Joseph  d'Alma 24 

St- Joseph  de  Blandford 394 

St  Joseph  de  Bordeaux  ....  76 
St-Joseph  de  ]3eschambault  148 
St- Joseph  de  la  Beauce. . . .  394 
St-Joseph  de  la  Mékinac .  .  394 
St-Joseph  de  la  Tabatière   .   457 

St-Joseph  de  I^epage 394 

St-Joseph  de  la  Pointe-Lévy  317 

St-Joseph  de  Soulanges 394 

St- Jorite  de  Salaberry 394 

St- Jules 395 

St- Julien  de  Wolfesto^^^l .    .   492 

St-Lambert 395 

St-Laurent 396 

St- Laurent,  Fleuve 396 

St-Laurent,  Ile 201 

St-Lazare 397 

St-Léon  de  Marston 259 

St-Léon  de  Standon 451 

St-Liboire 397 

St-Lin  des  Laurentides 397 

St-Louis,  Lac 397 

St-Louis  de  Bonsecours ....   398 

St-Louis  de  Gonzague 398 

St-Louis  de  Kamouraska. .  ,  217 
St-Louis  de  Métabetchouan.  266 

St-Louis  de  Pintendre 307 

St-Louis  de  Terrebonne. . . ,   398 

St-Louis  du  Ha  !  Ha  ! 399 

St-Luc 399 

St-Lucien , 399 

St-Ludger 400 

St-Ludger  de  Rixborough .  .   346 

St-Magloire  de  Roux 400 

St-Majoriquedu  JSord-Ouest  400 

St-Malachie 400 

St-Malo 401 

St-Malo  d'Auckland 42 

St-Marc  des  Carrières 401 

St-Martial 401 

St-Martin 402 

St-Martin  de  Martindale. .  .  260 
St-Martin  R. -au -Renard.  . .   338 

St-Mathieu  de  Rioux 402 

St-Mathias  de  Rouville ....  402 
St-Maurice 402 


PAGE 

St-Maxime  de  Scott 402 

St-Maxinie  du  Mont-Louis..  280 
St-Médard  de  Coteau  Station  138 

St-Méthode 404 

St-Méthode  d'Adstock 21 

St-Michel 404 

St-Michel  de  Rougemont. .  .   352 

St-Michel  de  Vaudreuil 405 

St-Michel  de  Wentworth..   489 

St-Modeste 405 

St-Moïse  de  Matapédiac. .  .  405 
St  Narcisse  de  Beaurivage  ..  405 

St-Nazaire 406 

St-Nérée 406 

St- Nicolas  de  la  Mattawin. .  263 
St- Norbert  du  Cap  Chat.      .   104 

St-Octave  de  Métis 267 

St  Odilon  de  Cranbourne....    141 

St-Olivier  de  Garthby 168 

St-Omer 406 

St-Ours 406 

St-  Pacôme 406 

St-Pamphile 406 

St-Paschal 407 

St-Patrice  de  Beaurivage,  .  407 
St-Patrice  de  Hinchinbrooke  185 
St-Patrice  de  Tingwick   . . .    464 

St-Patrice,  Trou 472 

St-Paul  d'Abbotsford 19 

St-Paul  de  la  Croix 407 

St-Paul  de  l'île  aux  Noix. ,  .  407 
St-Paul  de  Mille- Vaches.  .  .   268 

St-Paul  de  Montminy 281 

St-Paul  de  Scotstown 442 

S^-Paul  des  Capucins 114 

St-Philéas  de  Villeroy 408 

St-Philémon  de  Mailloux.  .     408 

St-Philémon  de  Stoke 408 

St-Philippe   de  Windsor.  .  .   490 

St-Pie  de  Guire 408 

St-Pierre  de  Howick.        .    .   408 

St-Pierre  de  la  Malbaie 255 

St-Pierre  de  La  Patrie 236 

St-Pierre  de  Pike-River 305 

St-Pierre  de  la  Pointe 315 

St-Pierre  de  Rivière-du-Sud  409 

St-Pierre  de  Sorel 409 

St-Pierre  du  Lac 409 

St-Pierre  du  Portage. ...      .238 

St- Pierre-Baptiste 409 

St-Placide 409 

St-Prime 410 

St-Proaper 410 

St-Raphaël 410 

St-Raphaël  de  Bury 83 


512 


PAGE 

St-Régis 410 

St-Rémi  d'Amherst 25 

St-Rénii  de  Tingwick 412 

St-Rémi  du  Lac  aux  Sables.  411 

St-Robert 412 

St-Roch 412 

St-Roch  de  l'Achigan 413 

St-Roch  de  la  Mékinac 264 

St-Roch  des  Aulnaies 43 

St-Roch  d'Orford 413 

St-Romain  de  Hemmingford  183 

St- Romain  de  Winslow. . . ,  490 

St-Romuald  de  Farnham.  .  .  161 

St-Samuel  de  Gayhurst,...  170 

St-Sauveur  de  Québec 413 

St-Sébastien  d'Aylmer 44 

St-Sévère 414 

St-Sévérin  de  Beaurivage.  .  414 

St-Simon  de  Ramsaj' 414 

St-Sixte 414 

St-Stanislas  d'Ascot 41 

St-Stanislas  de  Kostka 414 

St-Sulpice .• 415 

St-Télesphore  de  Montjoye .  280 

St-Théodore  de  la  G.  Anse.  174 

St-Théodore  de  Chertsey.    .  129 

St-Théophile  d'Ely 415 

St-ïhéophile  du  Lac  Tortue  415 

St-Thomas 415 

St-Thomas  d'Aquin 416 

St-Thomas  de  Montmagny. .  416 

St-Thomas  de  Pierreville.    .  304 

St-Thuribe  de  Grandbois. ,  .  416 

St-Tite  des  Caps 416 

St-Ubald 416 

St-Ulric  de  Tessierville 462 

St- Urbain 417 

St- Valentin  de  Stotsville .  , .  453 

St-Valère  de  Bulstrode 83 

St-Valérien 417 

St- Valérien  de  Milton 417 

St-Valier 418 

St-Venant  de  Hereford 184 

St-Viateur  d'Outremont. .  298 

St- Victor  de  Tring 418 

St- Vincent  d' Adamsville ...  20 

St-Wilbrod 419 

St-Wilfrid  de  Barnston . . , .  52 

St-Zacharie  de  Metgermette  267 

St-Zéphirin  de  Courval 141 

St-Zéphirin  de  la  Tuque. .  .  .  472 

St-Zéphirin  de  Stadacona    ,  419 

St-Zotique 419 

Ste -Adélaïde  de  Pabos 298 

Ste-Adèle 419 


PAGE 

Ste-Agathe 420 

Ste- Agathe  des  Monts 4ii,0 

Ste-Agnès  de  Dundee 155 

Ste- Anastasie  de  Nelson 286 

Ste-Angèle  de  Laval 420 

Ste-Angèle  de  Mérici 421 

Ste-Angèle  de  St-Malo 401 

Ste- Angélique  de  Bapineau.  422 

Ste- Anne  de  Beaupré 421 

Ste-Anne  de  Bellevue 61 

Ste-Anne  de  la  Pérade 422 

Ste-Anne  de  la  Pocatière.  .  .  422 

Ste-Anne  de  la  Pointe 312 

Ste-Anne  de  Ristigouche.  ..  336 

Ste-Anne  de  Sabre  vois 355 

Ste-Anne  de  Stukely 454 

Ste-Anne  des  Monts 423 

Ste-Anne  des  Plaines 423 

Ste-Barbe #  424 

Ste-Béatrice  de  Daaquam. . .  143 

Ste-Brigide  de  Monnoir 425 

Ste-Brigitte  de  Laval 241 

Ste-Brigitte  de  Maria 259 

Ste  Brigitte  des  Saults 425 

Ste-Catherine  deFossem...  165 

Ste-Cécile 261 

Ste-Cécile  de  Masham 261 

Ste-Oécile  de  Milton 268 

Ste-Cécile  de  Valleyfield.  .  .  425 

Ste  Cécile  de  Whitton 489 

Ste-Cécile  du  Bic 67 

Ste-Claire 425 

Ste-Claire  de  Beaudette. . . .  339 

Ste-Claire  de  Tétreauville...  463 

Ste-Claire,  Baie 51 

Ste-Clotilde 425 

Ste-Croix 426 

Ste -Croix  de  Dunham 156 

Ste  Cunégonde 425 

Ste-Elisabeth 426 

Ste- Elisabeth  de  Vinton.. .  .  485 

Ste  Emmélie  de  Leclerc ville  242 

Ste-Eugénie  du  Lac  Chaud..  426 

Ste-Famille 427 

Ste-Flavie 427 

Ste-Foy 427 

Ste-Genevièvc  de  Batiscan. .  430 

Ste  Geneviève  de  Berthier..  65 

Ste-Germaine  de  Gascons. .  .  30 

Ste-Germaine  d'Etchemin...  430 

Ste-Hedwidge 430 

Ste-Hedwidge  de  Clifton. . .  133 

Ste-Hélène 431 

Ste-Hélèae  de  Chester 129 

Ste  Hélène,  Ile 208 


513 


PAGE 

Ste-Hënédine 431 

Ste- Jeanne  de  Neuville.  .    .  286 

Ste- Julie  de  Somerset 431 

Ste- Justine  de  Lange  vin.. .     235 

Ste-Justine  de  Newton 288 

Ste-Louise 431 

Ste-Luce 431 

Ste-Lucie  de  Disraeli 149 

Ste-Lucie  de  Doncaster. . . .   150 
Ste-Madeleine  de  Rigaud       334 

Ste-Marie 432 

Ste-Marie  de  Monnoir 276 

Ste-Marguerite,  Rivière 432 

Ste-Marguerite  de  Blair.. .  .      71 
Ste-Marguerite  de  Masson..  261 

Ste-Marthe 432 

Ste-Martine  de  Courcelles...  140 
Ste-Mélanie  d'Ailleboust .   .  143 

Ste-Monique 432 

Ste-Pétronille  de  Beaulieu..  433 

Ste-Philomène 433 

Ste-Philomène    de    Portier.  165 

SteRosalie 434 

Ste-Rose  de  Terapleton 461 

Ste- Rose  du  Dégelé 145 

Ste-Rose  de  Watford 487 

Ste-Scholastique 434 

Ste-Sophie 4:^4 

Ste-Sophie  de  Lévrard 246 

Ste-Thérèse  de  Blainville ...     69 
Ste-Trinité  de  Contrecœur..  136 

Ste-Ursule 435 

Ste- Véronique   de    Turgeon  435 

Sales,  Canton  de 435 

Salette,  Notre-Dame   de   la  435 

Sal  vaille,  Rivière 435 

Sandy-Bay 436 

SarostoT 436 

Sasaeville,  Rivière 437 

Sault  à  la  Puce 437 

Sault  au  Cochon 437 

Sault  au  Récollet 437 

Sault  Montmorency 439 

Sault  Saint-Louis  439 

Sauvages,  Anse  aux 30 

Sayabec 441 

Sawyerville 441 

Scatsie,  Rivière 442 

Scotstown,  St-Paul  de 442 

Scott,  St-Maxime  de 442 

Sept  Chutes 442 

Sept  Frères  de  Cherbourg .  .    129 

Sept  Iles....- 442 

Settrington,  Canton 443 

Shawbridge 443 

34 


PAGE 

Shawinigan 433 

Sheenboro 446 

Shefiford 446 

Shehyn,  Canton 446 

Shekatika,  Baie 446 

Sheldrake 446 

Shenley,  S t -Honoré  de 446 

Sherbrooke 447 

Sherrington 447 

Shipishkau,  Lac 447 

Shipton,  St.Aimé  de 447 

Shoolbred 447 

Sicotte,  Canton. , 447 

Signay,  Canton 447 

Sillery 448 

Simard,  Canton 448 

Sœurs,  Iles  des 198 

vSomerset 448 

Sorel 449 

Sorciers,  Ile  des 201 

Soulanges 450 

Spalding,  St-Hubert  de 450 

Squattecks,  St- Antoine  de . .  450 

Stadacona 450 

Stanbridge 451 

Standon,  St-Léon  de 451 

Stanfold ,. . .   451 

Stanhope .*'  451 

Stanstead 452 

Starnesborough 452 

Staynerville 452 

Stoke,  St-Philémon  de 452 

Stonehara,  St-Edmond  de   .   452 
Stotsville,  St-Valentin  de   .   453 

Stratford,  St-Gabriel  de 453 

Stukelj',  Ste- Anne  de 454 

Suète,  La 454 

Suffolk,  St-Emile  de 455 

Sutton,  St- André  de 455 

S weetsburg , 456 

Sydenham,  Canton 456 

Tabaret,  Canton 456 

Table  à  Roland 456 

Tabatière,  St- Joseph  de  la..  457 

Tableau,  Le 458 

Taché,   Canton 458 

Taché,  Chemin 128 

Tadoussac 458 

Taillon,  Canton 460 

Talon,  Canton 460 

Tanguay,  Canton 460 

Taniata 460 

Tanneries,  St-Henri  des 460 

Taschereau,  Canton 461 


514 


PAGE 

Tellier,  Canton 461 

TftmifipaTyiJ^^ 461 

Témiscouata 461 

Templeton,  Sainte-Rose    de  461 

Terrebonne 462 

Terre-Rompue 462 

Tessier,  Fanton 462 

Tessierville,  St  Ulric  de 462 

Tête  à  la  Baleine 462 

Tétreau ville 463 

Tétreau ville,  Ste-Claire  de..  463 

Tewkesbury,  Canton 463 

ïhérien,  Lac 463 

Thctford,  St -Alphonse  de       463 

Thorne,  Canton 463 

Thurso 463 

Tikouapee,  Rivière,.    464 

Tingwick,  St-Patrice  de 464 

Tonnerre,  Rivière  au 339 

Tonti,  Canton 464 

Tourelle,  Canton  La 464 

Tourmente,  Cap 113 

Tracy,  Canton 465 

Traverse,  La 465 

Tremblay,  Canton 465 

Très-Saint  Rédempteur 465 

Tring 465 

Trois-  Pistoles 465 

Trois-  Rivières 471 

Trompe-Souris 471 

Trou  Jolliet 472 

Trou  St-Patrice 472 

Trudel,  Canton 472 

Tuladi,  Rivière 475 

Tuque,  St-Zéphirin  de  la. .  .   472 

Turcot,  Village 473 

Turcotte,  Canton 473 

Turgeon,  Canton 473 

Uakanatsi,  Lac 473 

UmkSi 26 

Ulverton 474 

Upton,  St-Ephrem  d' 474 

Urfé,  Baie  d' 50 

Vacherie,  La 474 

Vaillancourt 474 

Vaillantbourg 475 

Valcaitier,  St-Gabriel  de. .  .  475 

Valley field,  Salaberry  de   . .  475 

Vallière,  Canton 477 

Valmont,  Mont-Carmel  de  ,  477 


Valois 

Valracine 

Varennes 

Vaucluse,  St-Gérard  de... 

Vaudreuil 

Verchères 

Verdun,  Notre-Dame  de. . . 
Viauville,  St-Clément  de 

Victoria,  Pointe 

Victoriaville 

Viger,  St  Epiphane  de ... . 

"ELUaJlklârie 

Villeray 

Vilmay , 

Vinton,  Ste-Elisabeth  de. .  , 

Wakefield,  Canton 

Waltham,   Canton  

Ware,  Canton ♦ 

Warwick 

Washecooti,  Rivière 

Washtawaka,  Baie  de 

Washetemow,  Rivière 

Waterloo 

Waterville 

Watford,  Ste-Rose  de 

Weedjn,  St- Janvier  de 

Weir,  Canton 

Wells,    Canton 

Wendover,  St-Cj'rille  de  .  . 
Wentworth,  St-Michel  de.  . 

Wexford,  Canton 

Weymontachingue,  Canton. 

Whitton,  Ste-Cécile  de 

Whitworth,  Canton 

Wickham -    

Windigo,  Notre-Dame  de. . . 

Windsor,  St-Georgesde 

Windsor-Mills,  St- Philippe. 
Winslow,  St-Romain  de .  . . 
Woburn,  St- Augustin  de.  . . 

Wolfe 

Wolfe'sCove 

Wolfestown,  St-Julien  de   . 

Woodbridge,  Canton 

Wotton,   St-Hippolyte  de.  . 

Wright 

Wurtele,  Canton 


Yamachiche. . 

Yamaska 

Y^'ork,  Canton. 


PAGE 

.  478 
.  478 
.  479 
.  479 
.  480 
.  480 
.  480 
.  481 
481 
.  481 
.  482 
.  482 
,  482 
.  485 
,  485 

,  485 
486 
486 
486 
488 
486 
486 
486 
487 
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La  Bibliothèque 
Lira  vers!  té  d'Ottawa 
Echéance 


06  JUIN '81 

0ECT6 
JAN2  220(ï7 


The  Library 
Univers! ty  of  Ottawa 
Date  Due 


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NONS     GEOGRAPHIQUES    DE    LA 


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U  D'  /  OF  OTTAWA 


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