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Full text of "Les oeuvres de Guiot de Provins, poète lyrique et satirique"

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PUBLICATIONS  DE  L'UNIVERSITÉ  DE  MANCHESTER 


SERIE    FRANÇAISE.     No.  I. 


Les  Œuvres  de  Guiot  de  Provins 


Published  by  the  University  of  Manchester  at 

THE  UNIVERSITY  PRESS  (H.  M.  McKechnie,  Secretary) 

12,  Lime  Grove,  Oxford  Road,  Manchester. 

LONGMANS,   GrEEN    &    Co. 
London  :  39,  Paternoster  Row 
New  York  :  443-449,  Fourth  Avenue  and  Thirtieth  Street 
Bombay  :   8,  Hornby  Road 
Calcutta  :  303,  Bowbazar  Street 
Madras  :  167,  Mount  Road 


LES   ŒUVRES 

DE 

GUIOT   DE   PROVINS 

POÈTE    LYRIQUE    ET    SATIRIQUE 


Éditées  par 

JOHN    ORR 

Maître  de  Conférences  à  FEast  London  Collège 
Ancien  Maître  de  Conférences  à  F  Université  de  Manchester 


MANCHESTER 

IMPRIMERIE    DE    L'UNIVERSITÉ 
1915 


)H-93 


PUBLICATIONS  DE   L'UNIVERSITE   DE   MANCHESTER 
No.  CIV. 


ALL  UIGHTS  RESERVED 


PREFACE. 

Les  œuvres  connues  de  Guiot  de  Provins,  poète  et 
moine,  se  composent  de  cinq  chansons  d'amour,  d'une 
satire,  sa  "  Bible  "  et  d'un  poème  dévot  et  allégorique, 
VArmëure  du  Chevalier.  Nous  les  imprimerons  dans  cet 
ordre  qui  fut,  il  est  très  naturel  de  le  supposer,  l'ordre 
chronologique  de  leur  composition. 

La  Bible  a  été  publiée  par  Méon1  en  1808  et  par  San 
Marte2  (A.  Schulz),  en  1861,  les  chansons  par  Wacker- 
nagel3  en  1846,  par  San  Marte2  en  1861  et  par  M.  Arthur 
Baudler4  en   1902. 

Les  éditions  de  la  Bible  prêtent  largement  le  flanc  à 
la  critique.  Simples  reproductions  d'un  manuscrit 
inférieur  5(S.  Marte  n'a  fait  que  réimprimer,  avec  de  rares 
corrections,  le  texte  de  Méon),  elles  renferment  toutes 
deux  quantité  de  passages  obscurs,  voire  même  incom- 
préhensibles. Cette  édition  nouvelle  sera  donc  pleine- 
ment justifiée  si,  en  faisant  disparaître  quelques-unes  de 
ces  difficultés,  nous  réussissons  à  donner  d'une  œuvre 
importante  à  tant  d'égards  un  texte  amélioré. 

La  publication  du  poème  sur  l'Armure  du  Chevalier, 
connu  jusqu'à  présent  sous  le  nom  de  Suite  de  la  Bible 
Guiot  et  resté  inédit,  n'exige  guère  de  justification. 

En  ce  qui  concerne  les  Chansons,  l'édition  de  M. 
Baudler  est  à  tout  point  de  vue  satisfaisante.  Si  j'ai 
tenu  à  les  réimprimer  ici,  c'est  qu'il  m'a  paru  intéressant 
et  utile  de  réunir  en  un  même  volume  les  trois  œuvres 
du    poète,    dont   l'inspiration   si   variée   semble   refléter, 

1.  Fabliaux  et  Contes,  Nouvelle  Edition  (Paris,  1808),  vol.  IV, 
PP-  307-393- 

2.  Parzival  Studien,  I  (Halle,   1861). 

3.  Altfranzôsiche  Lieder  und  Leiche  (Basel,  1846). 

4.  Guiot  von  Provins,  Seine  Gônner  die  "  Suite  de  la  Bible  "  und  seine 
lyrischen  Dichtungen  (Halle,  diss.   1902). 

5.  V.    Introd.,   p.    xxxvi. 

V 


vi  PREFACE 

comme  en  un  triptyque,  autant  de  phases  différentes  de 
son  existence. 

De  ces  trois  œuvres,  la  plus  intéressante  est  indiscu- 
tablement la  satire,  et  c'est  sur  elle,  comme  de  juste,  que 
j'ai  dirigé  mes  plus  sérieux  efforts.  J'ai  cherché,  dans 
l'introduction  et  dans  les  notes  de  cette  édition,  à  exposer 
les  raisons  qui  en  ont  pu  motiver  la  composition,  à  ex- 
pliquer  et  à  commenter  avec  mesure  son  contenu.  Il  a 
fallu  pour  cela  me  livrer  à  des  excursus  historiques 
parfois  un  peu  longs  (par  ex.  aux  vv.  1927-35,  1936)  mais 
j'ai  voulu,  surtout,  en  m 'attachant  à  donner  de  mon  texte 
la  meilleure  version  que  me  permettaient  d'établir  les 
moyens  défectueux  dont  je  disposais,  faire  œuvre  de 
philologue  plutôt  que  d'historien. 

Je  suis  pleinement  conscient  des  imperfections  de  cette 
version,  telle  que  je  la  publie,  mais  il  faudrait  attendre 
que  d'autres  mss.  de  la  Bible  soient  découverts,  pour 
pouvoir  se  flatter  d'en  donner  un  texte  définitif. 

On  s'étonnera  peut-être,  et  cela  se  comprendrait,  de 
voir  l'œuvre  d'un  poète,  qui,  quelle  qu'ait  été  son  origine, 
écrivait  un  français  pur,  affublée  d'un  travesti  de  formes 
lorraines.  Il  eût  été  facile  de  donner  à  chaque  mot  sa 
forme  francienne,  mais  je  ne  vois  guère  ce  que  l'on  y 
aurait  gagné,  tandis  que  toute  la  valeur  documentaire,  au 
point  de  vue  linguistique,  d'une  reproduction  fidèle  du 
manuscrit  eût  été  perdue. 

On  s'étonnera  davantage,  peut-être,  des  négligences  et 
des  fautes  grammaticales,  des  rimes  imparfaites,  que  j'ai 
laissées  subsister  dans  le  texte.  C'est  un  scrupule  de 
fidélité  au  manuscrit  qui  me  les  a  fait  garder,  au  même 
titre  que  les  formes  dialectales.  Toute  équivoque  que 
cela  pourrait  occasionner  au  sujet  de  la  langue  véritable 
de  l'auteur,  se  trouvera,  je  l'espère,  détruite  par  la  courte 
étude  linguistique  qui  fait  partie  de  mon  introduction,  et 
par  l'index  des  rimes,  ramenées  au  type  francien,  qui 
fait  suite  au  glossaire  et  à  la  liste  des  noms  propres. 

J'ai  dit  ailleurs  ce  que  je  dois  au  travail  de  M.  Arthur 
Baudler  pour  l'identification  des  nombreux  personnages 


PREFACE  vii 

que  mentionne  notre  poète.  Il  me  reste  l'agréable  devoir 
de  remercier  tous  ceux  qui  m'ont  aidé  de  leurs  concours 
et  de  leurs  conseils. 

C'est  mon  maître  et  ami  M.  Mario  Roques  qui  le 
premier  m'a  conseillé  ce  travail  :  je  lui  dois  une  recon- 
naissance toute  particulière,  ainsi  qu'à  M.  Joseph  Bédier 
qui,  dans  des  séances  de  séminaire  et  chez  lui,  m'a  aidé 
de  sa  grande  clairvoyance  à  élucider  plus  d'un  passage 
difficile.  Je  remercie  affectueusement  mes  chers  maîtres, 
M.  Antoine  Thomas  et  M.  Alfred  Jeanroy,  dont  l'ensei- 
gnement et  les  conseils  m'ont  été  des  auxiliaires  précieux. 
Tous  ces  messieurs,  lors  de  mon  séjour  à  Paris,  ont  fait 
preuve  à  mon  égard  d'une  parfaite  bonté  et  d'une  cour- 
toisie vraiment  française. 

Je  remercie  mon  ami  M.  Lucien  Bourguès  d'avoir  revu 
et  corrigé  mon  manuscrit,  M.  A.  Smirnof  et  M.  A. 
Langfors  de  m 'avoir  fourni  des  indications  bibliogra- 
phiques. Enfin,  je  remercie  la  Publications  Committee 
de  l'Université  de  Manchester,  son  président,  M.  Tout, 
et  son  vaillant  secrétaire  M.  McKechnie,  qui  ont  bien 
voulu  se  charger  de  donner  le  jour  à  ce  travail  de  début. 

John  Orr. 


CONTENTS 


PAGE 

Préface v 

Introduction  : — 

Vie  du  poète           -  xi 

Œuvres  :  — 

I.  Poésies  Lyriques          -  xviii 

II.  La  Bible      -----  xx 

III.  L  Armëure  du  Chevalier       -         -  xxxix 

Langue           ------  xlii 

Versification  ------  xlvi 

Dialecte  du  manuscrit  B  xlix 

Textes  : — 

Chansons        ------  i 

Bible      -------  10 

Armëure         ------  94 

Notes  : — 

Chansons 114 

Bible      -         -         -         -         -         -         -  115 

Armëure         ------  152 

Glossaire     --------  157 

Liste  des  noms  propres 195 

Table  des  rimes  -------  201 


VIE  DU  POETE. 

Les  manuscrits  l'appellent  Guiot  de  Provins;  rien 
cependant  n'autorise  à  affirmer  qu'il  naquît  dans  cette  ville. 
Provins  (Seine-et-Marne),  ville  où  se  tenaient  au  moyen 
âge  deux  des  six  grandes  foires  de  la  Champagne, 
rivalisait  avec  Troyes  comme  centre  de  commerce  et  d'art. 
Ces  mécènes  fameux,  les  comtes  de  Champagne,  y 
séjournaient  aussi  volontiers  qu  à  Troyes,  et  on  est  tenté 
de  croire  que  ce  fut  sous  leur  protection  que  Guiot  fit  ses 
premières  armes  poétiques.  Dans  une  jolie  strophe,  qui 
semble  sincère,  après  avoir  dit  qu'il  est  resté  longtemps 
éloigné  de  sa  "  douce  contrée,  en  terre  malëurée,"  il 
s'écrie  : 

Lonc  tens  ai  en  dolor  esté 
Et  mainte  larme  ploree; 
Li  plus  bel  jors  qui  est  d'esté, 
Me  semble  nois  et  jalee, 
Quant  el  païs  que  je  plus  he 
M'estuet  faire  demoree. 
N'avrai  mais  joie  en  mon  aé, 
S'en  France  ne  m'est  donee. 

Cette  strophe  est-elle  un  simple  artifice  de  poète  (elle 
s'enchâsse  dans  une  chanson  des  plus  conventionelles), 
ou  nous  indique-t-elle  au  contraire  le  pays  d'origine  de 
l'auteur,  c'est  ce  qu'il  est  bien  difficile  de  déterminer.  Si 
nous  prêtons  de  l'autorité  à  ces  vers,  notre  poète  serait 
originaire  de  l'Ile  de  France,  et  plus  précisément,  étant 
donné  son  nom,  de  l'Ile  de  France  orientale. 

Qu'il  ait  été  Français  ou  Champenois  d'origine,  il 
semble  avoir  passé  une  partie  au  moins  de  sa 
jeunesse  en  pays  provençal. 

A  Arles  oï  conter  moût  gent 

Lor  vie  en  l'englise  Saint  Trophe, 


xii  INTRODUCTION 

nous  dit-il  en  parlant  des  "  philosophes  anciens  "  dont  il 
veut  "  fleurir  "  sa  Bible.  La  raison  de  ce  séjour  dans  le 
midi  nous  échappe,  car  il  est  fort  peu  probable  que  la 
renommée  de  l'école  de  St.  Trophime  ait  été  assez  grande 
pour  l'y  attirer.  Il  nous  est  permis  toutefois  de  supposer 
qu'il  apprit  en  Provence,  outre  les  éléments  de  la 
philosophie,  un  peu  du  métier  des  troubadours,  et,  si 
ce  n'est  assurément  pas  à  lui  que  nous  devons  l'importa- 
tion de  la  poésie  méridionale  dans  la  France  du  Nord, 
qu'il  a  été  du  moins  l'un  des  premiers  à  l'y  cultiver,  et  à 
contribuer  ainsi  pour  une  large  part  à  son  envahissante 
extension.1 

Il  fut  donc  poète,  à  la  mode  courtoise,  et  passa  sa 
jeunesse  à  chanter  l'amour  de  cour  en  cour.  Il  eut  du 
succès,  fut  estimé,  apprécié. 

De  cette  jeunesse  errante,  faite  de  poésie  et  de  voyages, 
il  nous  reste,  seules  reliques,  cinq  chansons  d'amour, 
gracieuses,  mais  froidement  conventionnelles,  quelques 
noms  de  lieux  :  Salins,  Montpellier,  Noyers,  Chateaudun, 
Chappes,  où  le  poète  a  passé,  et  une  liste  de  bienfaiteurs, 
dont  il  déplore  la  mort  au  moment  où  il  écrit  sa  satire. 
Cette  liste  est  longue  et,  parmi  ses  86  noms,  comprend  les 
plus  illustres  de  l'Europe  occidentale  d'alors  :  des  rois, 
des  ducs  et  des  comtes,  aussi  puissants  que  "connoissants." 
Jeune,  il  vécut  ainsi  de  "bienfaits"  et  "de  beaux  dons," 
fut  l'habitué  des  cours  seigneuriales  où  il  trouva  une  vie 
heureuse,  facile  et  gaie.     C'était  un  poète  féodal  intime- 

i.  Wolfram  von  Eschenbach  dans  son  Parcival  dit  avoir  emprunté  le 
sujet  de  son  récit  à  un  certain  Kiot,  qui  était  provençal,  mais  qui,  pourtant, 
écrivait  en  français,  et  qui  avait  donné  de  la  légende  de  Parcival  une 
version  plus  exacte  que  celle  de  Chrétien  de  Troyes.  San  Marte,  avec 
d'autres,  a  voulu  voir  dans  ce  "  Kiot  le  provençal,"  notre  poète  Guiotde 
Provins  :  Wolfram,  telle  était  la  supposition,  aurait  confondu  Provins 
(qu'il  nomme  Provîs  ou  Pruvîs)  et  Provence.  Je  n'essaye  pas  de  résoudre 
le  difficile  problème  des  sources  de  Wolfram.  Mais,  les  rapports  de  notre 
poète  avec  la  Provence  étant  assurés,  ne  faudrait-il  pas  en  tenir  compte  si, 
un  jour,  on  s'avise  à  revenir  sur  cette  identification?  On  pourra  consulter 
pour  un  résumé  de  la  question  des  sources  de  Wolfram  :  Alfred  Nutt, 
The  Legend  of  the  Holy  Grail  (Londres,  1888),  Appendix  A,  p.  261,  et, 
pour  une  étude  approfondie,  Hagen,  Untersuchungen  uber  Kiot,  Zeitschrift 
fur  Deutsches  Altertum,  1904,  et  Wolfram  und  Kiot,  Zeitschr.  f.  Deutsche 
Philologie,  1906.  V.  aussi  Panzer,  Bibliographie  zu  Wolf.  von  Esch. 
(Munich,  1897),  p.  32  :  Wolframs  Quellen. 


VIE  DU   POETE  xiii 

ment  lié  aux  destinées  des  grands  seigneurs.  Il  faudra 
s'en  souvenir,  si  nous  voulons  comprendre  toute  l'amer- 
tume de  la  satire  qu'il  devait  écrire  dans  son  âge  mûr. 

En  1184  il  est  à  Mayence  à  la  cour  célèbre  de  Frédéric 
Barberousse.1  Plus  tard  il  fut  en  Palestine,2  où  il  a 
admiré,  nous  dit-il,  la  prouesse  du  Seigneur  d'Armagnac 
entouré  de  ses  Gascons,3  et  vu,  à  Jérusalem,  la  richesse 
des  Hospitaliers.4  Or  Bernard  IV,  Seigneur  d'Armagnac 
dont  il  est  question  ici  prit  part  à  la  IIIe  croisade,5 
c'était  donc  à  cette  époque  que  notre  poète  se  trouvait  en 
Terre-Sainte.  Il  y  perdit  bon  nombre  de  ses  protecteurs,6 
et  les  pays  de  France,  tels  qu'il  les  trouva  à  son  retour,  ne 
devaient  guère  lui  en  fournir  de  nouveaux. 

Deux  croisades  à  40  ans  d'intervalle  avaient  fortement 
appauvri  les  seigneuries,  tout  en  rapportant  à  la  maison 
royale  de  très  grands  avantages.  La  croisade  de  1190, 
surtout,  fut  extrêmement  profitable  à  celle-ci.  Le  roi 
Philippe,  brusquement  rentré  de  Terre-Sainte  à  la  mort 
de  son  oncle  Philippe  de  Flandre,  avait  en  toute 
diligence  affirmé  sa  position  dans  l'Artois  et  dans  le 
Vermandois,  et,  profitant  de  l'absence  de  Richard  Cœur- 
de-lion,  avait  agrandi  notablement  son  domaine  en 
annexant  des  parties  considérables  de  la  Normandie,  de 
l'Anjou  et  du  Limousin.  Avec  tous  ses  talents  de  rusé 
politique  et  de  guerrier  habile  il  travailla  à  l'extension  et 
à  l'affermissement  du  pouvoir  royal.  Continuateur  de 
l'œuvre  de  ses  prédécesseurs,  il  affaiblissait  les  seigneuries 
des  provinces  en  prodiguant  des  libertés  aux  villes.     De 

1.  Bible,  vv.  278-79 

2.  Il  a  dû  s'y  rendre  par  mer,  car  aux  vers  632 — 51  de  la  Bible  il  nous 
fait  une  description  si  détaillée  de  la  boussole,  qu'il  est  clair  qu'il  a  non 
seulement  eu  cet  instrument  sous  les  yeux,  mais  qu'il  a  été  témoin  des 
services  qu'il  pouvait  rendre  aux  navigateurs. 

3.  Bible,  v.  378.  II.  Paul  Meyer,  La  Poésie  des  Trouvères  et  celle  des 
Troubadours,  Romania,  XIX  (1890),  se  fonde  sur  ce  passage  (à  tort 
croyons-nous)  pour  dire  que  Guiot  avait  été  en  Gascogne,  où  il  aurait 
visité    Bernard  d'Armagnac. 

4.  Bible,  vv.    1793-94. 

5.  Le  nom  de  Bernard  d'Armagnac  figure  sur  une  charte  de  1190  avec 
celui  du  roi  Richard  ;  v.  Baudler  Guiot  von  Provins,  etc.,  p.  32. 

6.  M.  Baudler  en  a  dressé  la  nécrologie;  op.  cit.,  pp.  19  et  suiv.  ;  v.  la 
liste  des  noms  propres  du  présent  volume. 


xiv  INTRODUCTION 

plus,  par  la  création  des  baillis  royaux,  il  faisait  sentir 
dans  tout  le  domaine  du  roi,  ainsi  que  dans  les  provinces 
acquises,  la  force  de  l'administration  centrale,  et  dimi- 
nuait d'autant  l'autorité  des  grands  feudataires.  Les 
assises  de  la  France  féodale  commençaient  à  chanceler. 

Avec  l'amoindrissement  des  seigneuries  et  l'émancipa- 
tion des  villes  les  centres  et  les  intérêts  littéraires 
tendaient  à  se  déplacer.  C'est  parmi  les  bourgeois, 
devenus  opulents,  et  non  plus  auprès  des  cours  appau- 
vries, que  surgiront  les  poètes,  qui  s'inspireront  moins 
des  splendeurs  et  des  amours  de  la  vie  princière  que  des 
intrigues  un  peu  grotesques  de  la  vie  citadine. 

Un  contemporain  de  notre  poète,  Jean  Bodel,  person- 
nifie, en  quelque  sorte,  ce  passage  de  la  poésie  chevale- 
resque à  la  poésie  bourgeoise,  en  conciliant,  sans  peine 
d'ailleurs,  ces  deux  tendances.  Encore  un  peu  trouvère 
conventionnel,  puisqu'il  écrit  la  chanson  de  geste  des 
Saisnes,  il  nous  a  laissé  en  outre  une  dizaine  de  fabliaux, 
et  ce  fameux  Jeu  de  St.  Nicolas,  où  "  apparaît,  comme 
dit  M.  Luchaire,  le  moyen  âge  tout  entier,  l'ancien  et  le 
nouveau,  le  monde  héroïque  des  chevaliers  et  des 
croisades,  et  le  peuple  turbulent  des  villes,  les  petites 
gens  des  ateliers  et  des  boutiques  à  qui  l'avenir 
appartenait."  * 

Si  Jean  Bodel,  tout  en  faisant  des  concessions  aux 
traditions  littéraires,  a  pu  s'adapter  facilement  à  l'esprit 
nouveau,  c'est  qu'il  était  établi  à  Arras,  ville  riche  et 
indépendante,  destinée  à  devenir  au  cours  du  13e  siècle 
un  foyer  de  littérature  et  d'art.  Tout  autre,  nous  l'avons 
vu,  avait  été  l'existence  de  notre  poète,  qui  lui  n'eut  aucune 
attache  avec  les  villes,  et  qui  dut  se  trouver,  de  retour 
dans  cette  France  nouvelle,  vieilli  et  singulièrement  égaré. 
Il  ne  se  consola  point  de  l'appauvrissement,  du  dépérisse- 
ment des  cours  seigneuriales.  Il  ne  comprit  rien  ni  à 
la  cause  ni  à  la  portée  de  changements  qui  ne  lui 
apportaient  que  d'amers  déboires.  C'est  alors  qu'il  s'en 
prend  aux  seigneurs  eux-mêmes,  et,  les  traitant  d'avares 

1.  Lavisse,  Hist.  de  France,  t.  III,  vol.  i,  p.  414. 


VIE  DU   POETE  xv 

et  de  dégénérés,  devient,  de  poète  courtois  et  courtisan, 
poète  satirique  : 

Si  honis  siècles  mais  ne  fu 
je  ne  voi  mais  feste  ne  cort; 
tant  per  tienent  lou  siècle  cort 
que  nus  n'i  ose  joie  faire. 

Déçu,  et  à  bout  de  ressources,  il  se  décida  à  rompre  avec 
le  siècle  et  à  embrasser  la  vie  monastique.  Son  choix 
tomba  sur  l'abbaye  Cistercienne  de  Clairvaux,  choix  très 
naturel,  et  qui  s'explique  par  la  renommée  universelle 
dont  jouissait  cette  puissante  maison,  grâce  à  son  illustre 
fondateur  St.  Bernard. 

A  l'époque  de  son  entrée  dans  les  ordres  un  relâche- 
ment presque  général  régnait  dans  les  mœurs  des  moines. 
Le  retour  remarquable  à  l'ascétisme  qui  avait  signalé  le 
commencement  du  siècle,  et  qui  avait  provoqué  la 
création  de  tant  d'ordres  nouveaux,1  avait  pris  fin  avec 
la  mort  de  St.  Bernard  en  1153.  Peu  à  peu  ces  ordres, 
auxquels  leur  sévérité  même  avait  attiré  de  nombreux 
adhérents,  s'étaient  enrichis,  et,  à  la  seule  exception  des 
Chartreux  peut-être,  se  laissaient  à  leur  tour  corrompre 
et  déchoir. 

Plus  clairvoyant  que  dévot,  notre  poète  ne  tardera  pas  à 
s'apercevoir  des  abus  et  des  dérèglements  de  toute  espèce 
qui  abondaient  dans  le  milieu  où  il  allait  vivre.  Il  s'avi- 
sera de  les  embrasser  dans  sa  satire,  qui,  ainsi  élargie, 
devait  prendre  une  allure  plus  ample,  un  ton  plus  élevé  ; 
elle  deviendra  une  Bible:   "tableau  moral  du  monde." 

Chez  les  Cisterciens  la  vie  pour  un  simple  moine  était 
plutôt  pénible.  "  Il  faut  être  fou,  dit-il,  pour  chercher  la 
fraternité  chez  eux;  pas  plus  qu'un  âne  n'a  pitié  d'un 
autre  quand  il  le  voit  chargé,  un  Cistercien  n'aura   pitié 

1.  Les  Grandmontains  en  1073,  les  Chartreux  en  1086,  Cîteaux  en  1098, 
Clairvaux  en  1115,  l'ordre  de  Prémontré  en  1121  ;  v.  Lavisse  (Luchaire), 
Hist.  de  Fr.,  II,  2,  p.  260  et  suiv.  M.  Luchaire,  au  tome  III,  1,  pp. 
351-52,  voit,  dans  les  sages  idées  exprimées  par  Guiot  dans  ses  critiques 
des  ordres,  un  signe  de  l'esprit  de  réforme  qui  commençait  à  prévaloir 
et  qui  aboutit,  finalement,  à  la  régénération  de  la  vie  religieuse  tentée 
par   St.    François  et  St.    Dominique. 


xvi  INTRODUCTION 

de  son  frère  quand  il  le  voit  sur  le  grabat,  malade  ou 
triste.  Mais  dans  l'art  de  trafiquer  et  de  marchander  ils 
sont  passés  maîtres;  ils  consacrent  tous  leurs  efforts  à 
agrandir  leurs  possessions,  ils  volent  les  terres  des 
pauvres  gens  et  les  obligent  à  mendier  leur  pain." 

On  comprend  sans  peine  qu'il  ne  soit  pas  resté  par-mi 
eux.  Il  s'en  sépare,  en  effet,  au  bout  de  quatre  mois, 
"  moult  franchement,"  x  nous  dit-il,  et  entre  à  l'abbaye  de 
Cluny. 

Au  moment  où  il  achève  sa  Bible,  en  1206  environ,  il  y 
a  déjà  plus  de  douze  ans2  qu'il  porte  la  robe  noire,  ce  qui 
prouverait  que  son  entrée  dans  les  ordres  aurait  à  peu 
près  coïncidé  avec  son  retour  de  la  Terre  Sainte. 

S'il  resta  à  Cluny  ce  n'est  pas  qu'il  y  eut  trouvé  le  bon- 
heur. Sa  vie  nomade  et  son  caractère  sociable  l'avaient 
rendu  rebelle  à  la  paisible  austérité  d'une  vie  de  moine. 
Il  ne  devait  jamais  se  résigner  à  cette  inhumaine  règle  du 
silence  qui  l'obligeait  pendant  les  repas  à  "  jouer  à  la 
bouche  muette."  C'est  une  privation  qui  lui  pèse  plus 
encore  que  les  jeûnes  et  les  veilles  forcées,  ou  que  les  oeufs 
malodorants,  les  fèves  mal  épluchées  et  le  vin  plein  du 
"boivre  aux  boeufs,"  que  l'on  servait  au  réfectoire;  il  ne 
cesse  d'envier  les  ordres  où  "  au  mangier  "  on  est  libre  de 
causer. 

Cependant,  il  a  été,  malgré  tout,  un  bénédictin  loyal. 
Il  nous  dit  avoir  essuyé  maint  affront  en  essayant  de 
défendre    contre  des  critiques  hostiles,  la  conduite  des 

1.  C.  à  d.,  sans  doute,  avec  la  permission  de  l'abbé,  formalité  nécessaire 
pour  qui  désirait  changer  de  maison.  Il  était  fréquent  d'ailleurs  que  des 
moines  blancs  quittassent  leur  monastère  pour  une  maison  de  Bénédictins, 
où,  le  travail  manuel  n'étant  pas  obligatoire,  la  vie  était  moins  pénible. 
Les  moines  noirs,  disait-on  alors,  cf.  Walter  Mapes,  De  nugis  Curialium, 
p.  39,  édit.  Wright  (London,  1850),  s'assoient  avec  Marie  aux  pieds  du 
seigneur,  les  blancs  s'en  vont  avec  Marthe  au  travail.  Cf.  ce  décret  du 
concile  de  Rouen  (1231)  :  Nullus  abbas  nigri  ordinis  monachum  recipiat 
cisterciensis  ordinis  qui  professionem  fecerit  in  ordine  memorato.  " 

2.  Bible,  vv.  1091-92.  Le  ms.  B,  le  meilleur  de  nos  deux  mss.,  dit 
trente  ans.  C'est  presque  certainement  une  erreur,  car  dans  les  citations 
de  notre  poème  faites  par  Fauchet  (Receuil  de  l'origine  de  la  langue,  etc., 
p.  89),  nous  lisons  "  douze  ans  "  comme  dans  A,  et  nous  avons  de  bonnes 
raisons  de  croire  que  des  deux  mss.  dont  disposait  Fauchet,  l'un  au  moins 
n'était  pas  apparenté  aux  nôtres. 


VIE   DU   POETE  xvii 

abbés  de  son  ordre.  C'était,  comme  il  le  dit  lui-même, 
une  tâche  ingrate.  La  témérité  de  sa  satire  et  son 
mécontentement  un  peu  bougon  lui  valurent  l'inimitié  de 
ses  supérieurs,  qui  durent  à  plus  d'une  reprise  lui  imposer 
pénitence.  Ce  fut  à  l'occasion  d'une  de  ses  punitions 
qu'il  composa,  "pour  son  esprit  conforter,"  son  allégorie 
sur  l'Armure  du  Chevalier,  trouvant  ainsi  dans  le 
souvenir  de  son  ancienne  existence,  tout  autant  que  dans 
les  réflexions  pieuses  dont  il  revêtit  ce  souvenir,  la 
consolation  de  ses  peines  présentes. 

Chansons,  satire  et  œuvre  dévote  portent  ainsi,  toutes 
trois,  la  marque  aisément  reconnaissable  du  poète 
courtois. 


ŒUVRES   DU   POETE. 
I.  Poésies  Lyriques. 

Ainsi  que  nous  l'avons  dit  plus  haut,  nous  ne. 
republions  ici  les  poésies  lyriques  de  Guiot  de  Provins 
que  pour  être  complet.  Notre  texte  sera  donc,  à  quelques 
améliorations  près,  le  même  que  celui  de  l'édition,  encore 
très  accessible,  de  M.  Baudler.  Pour  ce  qui  est  des 
remarques  introductoires  nous  nous  bornerons  au  strict 
nécessaire,  M.  Baudler  ayant  parlé  en  détail  des  manu- 
scrits, des  rimes,  de  la  langue  et  de  la  métrique  de  nos 
poésies. 

Ces  poésies  sont  au  nombre  de  cinq,  et  sont  conservées 
dans  deux  mss.  seulement,  à  savoir  : 
le  ms.  Fr.  20050  de  la  Bibliothèque  Nationale  :  U  (Pb12), 
et  le  ms.  389  de  la  Bibliothèque  de  Berne  :  C  (B2). 
L'une  d'elles,  la  quatrième  de  l'édition,  manque  au  Ms.  U 
et  figure  en  double,  avec  de  négligeables  variantes,  dans 
le  Ms.  C. 

On  sait  que  ces  deux  mss.1  sont  étroitement  apparentés 
(S111  v,  Schwann)  et  remontent  à  un  original  fautif.  Ceci 
implique  nécessairement  un  texte  peu  sûr  où  plus  d'un 
passage  restera  obscur.  C'est  le  Ms.  U,  le  moins 
dialectal  des  deux,  qui  forme  la  base  de  notre  édition. 
Cependant,  nous  avons  cru  inutile  de  modifier  la  graphie 
de  la  pièce  n°  4  ;  elle  reste  donc  avec  les  graphies  lorraines 
du  Ms.  C. 

L'attribution  de  ces  cinq  chansons  à  Guiot  de  Provins 

I.  Pour  une  description  de  ces  mss.  v.  Schwann,  Die  Altfr.  Lieder- 
Handschriften  (Berlin,  1886),  pp.  173  et  suiv.,  260  et  suiv.  ;  et  Raynaud, 
Bibliographie  des  Chansonniers  fr.,  I,  pp.  5,  73.  V.  aussi  sur  le  ms. 
U.,  Romania,  XXII,  p.  288;  et  sur  le  ms.  C.  Seydlitz-Kurzbach,  Die 
Sprache  der  Altfr.  Liederhschrft.,  nr.  38c  zu  Bern.  (Halle,  1898,  diss.) 
La  Société  des  Ane.  Textes  a  publié  un  facsimilé  du  ms.  U.  (Paris,  1892). 
Le  ms.  C,  d'après  la  copie  Moreau,  1687-88,  a  été  reproduit  diplomatique- 
ment en  entier  dans  les  vols.  XLI-XLIII  de  l'Archiv  de  Herrig,  à 
l'exception  pourtant  de  pièces  déjà  reproduites  par  Wackernagel,  Altfr. 
Lieder  und  Leiche  (Basle,  1846).  Ces  reproductions  se  complètent  par 
la  collation  de  Grôber  et  Lebinski  dans  le  Zeitschrift  de  Grober,  III, 
p.  39  et  suiv. 


ŒUVRES  DU  POETE—  POESIES  LYRIQUES         xix 

repose  uniquement  sur  le  témoignage  du  rubricateur  du 
ms.  de  Berne,  témoignage  douteux  s'il  en  fut,  mais  que 
nous  devons  cependant  accepter  faute  de  preuves 
contraires.1  Le  Ms.  U,  ne  donne,  on  le  sait,  aucun  nom 
d'auteur.  Pour  la  ière  chanson,  cependant,  il  fournit  un 
certain  appui  à  l'attribution  de  C  en  nous  en 
conservant  la  strophe  finale,  qui  commence  par  les  mots 
"  Guioz  qui  plaint  et  plore."  2  II  est  d'ailleurs  plus  que 
probable  que  nous  n'avons  ici  qu'une  faible  partie  de 
l'œuvre  lyrique  de  notre  poète.  S'il  en  est  ainsi,  la  perte 
du  reste  est  fort  regrettable,  car,  si  l'on  considère  la  date 
relativement  ancienne  des  Chansons  de  Guiot  (probable- 
ment entre  1170  et  1190),  ainsi  que  ses  relations  bien 
attestées  avec  la  Provence,  on  doit  attribuer  à  son  œuvre 
une  place  importante  dans  l'évolution  de  la  poésie 
courtoise  en  France. 

Les  poésies,  gracieuses,  mais  d'une  grâce  qui  tient 
plutôt  au  genre  qu'à  l'apport  personnel  du  poète,  sont 
conventionnelles  de  ton  et  roulent  sur  des  thèmes  d'usage. 
"  Le  doux  espoir  "  qui  "  aide  "  et  qui  "  maintient  "  le 
poète  est  en  même  temps  le  plus  poignant  des  désespoirs. 
Loin  de  sa  dame  il  se  meurt  d'angoisse;  près  d'elle  son 
sort  n'est  guère  meilleur.  Il  sera  discret  cependant  et 
taira  ses  amours;  et  ce  sera  assez  d'un  baiser  de  sa  très- 
chaste  et  très-orgueilleuse  maîtresse,  pour  payer  des 
souffrances  si  douloureuses  et  si  chères.  Cette  maîtresse, 
de  même  que  "  la  gent  malparliere  "  qui  trouble  ces 
"  fins  amants,"  sont,  sans  doute,  des  créatures  de 
fantaisie.  On  ne  saurait  chercher  dans  ces  jeux  d'esprit 
des  renseignements  sur  la  vie  du  poète  et  sur  ses 
véritables  amours.3 

1.  Une  sixième  chanson,  celle  qui  commence  : 

Les  oisellons  de  mon  pais 

Ai  oïs  en  Bretaingne, 
et  que  notre  ms.   attribue  également  à  Guiot,  n'est  certainement  pas  de 
lui.     Tous  les  autres  recueils  où  elle  figure  s'accordent  pour  l'attribuer  à 
Gace  Brûlé;  v.   Baudler,  op.  cit.,  p.  70. 

2.  La  chanson,  no.  2,  a  été  également  mutilée  par  C. 

3.  L'une  des  chansons,  la  5e  de  l'édition,  est  adressée  à  Monseigneur 
le  comte  de  Mâcon.  "  On  peut  hésiter,  dit  Mr.  Langlois  en  voulant 
identifier  ce  seigneur  (La  vie  en  France  au  Moyen  âge,  etc.,  p.  36,  note), 
entre  Girard  de  Vienne  (1155-1184)  et  Guillaume  de  Vienne  (1 184-1226).  " 


xx  INTRODUCTION 

II.  La  Satire. 

Des  trois  œuvres  du  poète  la  plus  importante  est  la 
Bible,  par  le  contenu,  aussi  bien  que  par  l'étendue. 

Elle  a  été  achevée  entre  les  années  1204  et  1209,  peut- 
être  en  1206.  Voici,  brièvement,  les  raisons  de  cette 
datation.  La  date  de  1204,  comme  terminus  a  quo,  paraît 
être  assurée  par  les  vv.  776  et  772  du  poème  : 

"  Tous  li  siècle  por  coi  ne  vait 
sor  aus  [les  Romains]  muez  que  sus  les  Grifons?  " 

qui  sont  une  allusion  évidente  à  la  4e  croisade  (1 203-1 204)  ; 
la  date  de  1209,  comme  terminus  ad  quem,  par  le  fait 
qu'au  moment  où  écrit  notre  poète,  les  hospitaliers  de 
St.  Antoine  n'ont  encore  "  ni  église  ni  chapelle  " 
(v.  2023);  or  nous  savons  qu'en  1209  ces  hospitaliers 
reçurent  d'Humbert,  archevêque  de  Vienne  la  permission 
de  construire  un  petit  oratoire,  le  premier  qu'ils  aient  eu.1 
Entre  ces  limites  rapprochées  nous  pouvons  fixer,  mais 
sans  certitude  absolue,  une  date  plus  précise  encore. 
Parmi  les  bienfaiteurs  du  poète  "  qui  tous  sont  morts  " 
au  moment  où  il  écrit,  nous  trouvons  la  mention,  au  vers 
450,  d'un  Comte  de  St.  Pol,  qui  doit  être  Hugo  IV,  mort 
vers  la  fin  de  l'année  1205,  à  Constantinople.  Le  couplet 
où  figure  cette  mention  ne  se  trouve,  il  est  vrai,  que  dans 
un  de  nos  mss.  ;  mais,  ce  ms.  n'étant  nullement  remanieur, 
nous  pouvons  la  considérer  comme  authentique.2  Dans  le 
passage  sur  les  Cisterciens,  le  vers  1313  :  "et  s'en  ont  fait 
un  chardenal,"  semble  bien  avoir  été  écrit  avant  1206, 
date  de  la  mort  du  fameux  cardinal  cistercien  Gui  de 
Paray,  qui  obtint  le  chapeau  en  1200.  Nous  trouvons 
cependant,  à  la  même  époque,  un  autre  cardinal  cister- 
cien, Girard  abbé  de  Pontigni,  lequel  mourut  en  12 10. 

i.  Remarquons,  en  outre,  que  dans  sa  violente  attaque  contre  la  cour  de 
Rome,  Guiot  ne  fait  aucune  allusion  à  la  Croisade  des  Albigeois,  com- 
mencée en  1209.  C'est  évidemment  la  4e  croisade  qui  occupe  tous  les 
esprits  au  moment  où  il  écrit.  _ 

2.  Je  n'insiste  pas  sur  les  vers  468,  470  et  471  où  il  se  pourrait  qu  il 
fût  question  de  seigneurs  morts  en  1204  et  1205.  Remarquons  cependant, 
ce  qui  peut  être  significatif,  que  ces  vers,  avec  celui  cité  plus  haut,  se 
trouvent  vers  la  fin  de  la  liste  des  protecteurs  morts. 


ŒUVRES  DU  POETE— LA  BIBLE  xxi 

Si  nous  admettons  qu'il  est  question  dans  notre  passage 
du  plus  connu  des  deux,  Gui  de  Paray,  et  que  d'autre  part 
le  vers  450  est  authentique,  nous  devons  placer  l'achève- 
ment de  la  Bible,  vers  le  commencement  de  l'année  1206. 

Le  poème  se  divise  nettement  en  deux  parties  :  la 
première,  qui  va  jusqu'au  vers  554,  est  consacrée  au 
monde  laïque,  la  seconde,  environ  quatre  fois  plus 
étendue,  au  clergé.  Cette  seconde  partie  a  même  son 
introduction  propre,  dans  laquelle  se  trouve  une  sorte  de 
table  des  matières — une  liste  des  16  "  chapitres  "  qui 
suivent,  et  qui  composent  cette  partie.  N'était  le  fait, 
que  déjà  aux  vers  18-20  !  de  son  poème,  l'auteur  annonce 
son  intention  de  décrire  les  ordres  religieux,  on  se  croirait 
presque  en  présence  de  deux  ouvrages  distincts.  Il  se 
pourrait  fort  bien  que  cette  quasi-indépendance  des  deux 
parties  répondît  à  des  faits  réels.  X 'est-il  pas  vrai- 
semblable, en  effet,  qu'il  ait  commencé  la  première,  dont 
le  début  est  si  vigoureux,  pendant  que  sa  colère  contre 
son  triste  siècle  était  encore  vive?  Tandis  que  l'idée  de 
la  seconde  ne  lui  serait  venue  que  plus  tard,  lorsque, 
familiarisé  avec  la  vie  religieuse,  il  aurait  trouvé,  là  aussi, 
d'abondantes  raisons  pour  se  plaindre. 

En  dépit  de  ce  léger  défaut  de  composition,  il  règne 
dans  chaque  partie  un  même  esprit  de  vive  observation  et 
de  hardie  satire,  qui,  avec  la  forte  empreinte  personnelle 
qu'y  a  laissée  l'auteur,  donne  au  poème  une  entière 
homogénéité. 

Voici,  en  résumé,  les  matières  qui  le  composent  : 

Vers  1-44  :  introduction,  dans  laquelle  le  poète  expose 
le  but  de  son  livre  et  l'esprit  dans  lequel  il  est  conçu. 
Son  intention  est  de  donner  de  son  "  orible  "  siècle  un 
portrait  fidèle,  et,  par  des  paroles  qui  seront  "plaisantes" 
sans  être  "vilaines,"  faire  une  juste  distribution  de 
louange  et  de  blâme. 

Vers  45-101  :   épisode  sur  les  M  nobles  clers  païens," 

1.  On  remarquera,  dans  la  façon  dont  sont  amenés  ces  vers,  une 
certaine  gaucherie,  qui  leur  donne  presque  l'air  d'avoir  été  ajoutés  après 
coup.     Ils  commencent  cependant  sur  le  second  vers  d'un  couplet. 


xxn  INTRODUCTION 

les  philosophes,  dont  la  probité  et  la  bonne  foi  excitent 
l'admiration  du  poète.  S'il  s'engage  dans  cette  digres- 
sion n'est-ce  pas  pour  se  réclamer  d'eux,  car  il  sait  que 
jadis  eux  aussi  se  sont  érigés  en  juges  courageux  des 
vices  des  princes. 

Au  vers  102  commencent  les  critiques  à  l'adresse  du 
siècle.  Ce  sont  presque  uniquement  les  princes,  c.àd.  les 
hauts  feudataires,  qui  en  font  les  frais.  Ils  sont  lâches, 
fourbes,  dégénérés  et  avares,  et  c'est  à  cause  d'eux  qu'il 
n'y  a  plus  ni  fêtes  ni  largesse  en  France. 

Vient  ensuite  (vv.  313-482)  une  liste  de  86  bienfaiteurs 
du  poète — rois,  ducs,  comtes,  châtelains  et  simples 
seigneurs,  dont  il  plaint  la  mort,  et  cette  première  partie 
du  poème  se  clôt  sur  une  attaque  contre  les  seigneurs 
usuriers  et  des  réflexions  sur  la  vanité  de  l'avarice. 

L'introduction  de  la  seconde  partie  se  compose  de 
66  vers  et  va  jusqu'au  v.  620.  Elle  contient,  outre  la 
table  mentionnée  plus  haut,  des  protestations  de  bonne 
foi  et  l'expression  du  désir  du  poète  de  voir  ses  paroles 
bien  comprises  et  mises  à  profit. 

La  satire  du  clergé  "  commence  par  les  plus  hauts,'* 
c.àd.  par  l'entourage  immédiat  du  pape,  par  les  car- 
dinaux et  par  les  légats  apostoliques  (vv.  621-786).  Le 
reste  du  livre  se  répartit  de  la  façon  suivante  : 

du  clergé  séculier — évêques  et  archevêques,  vv.  787— 
924,  prêtres  et  chanoines,  925-1042  ; 

de  l'ordre  des  Bénédictins,  vv.  1043-1186; 

des  Cisterciens,  vv.  1 187-1326; 

des  Chartreux,  vv.  1327-1440; 

des  Grandmontains,  vv.  1441-1578; 

des  Chanoines  de  Prémontré,  vv.  1 579-1632  ; 

des  Chanoines  réguliers,  vv.  1633-1694; 

du  Temple,  vv.  1695-1788; 

de  l'Hôpital,  vv.  1789-1926; 

des  Convers  hospitaliers  de  St.  Antoine,  vv.  1927- 
2090  ;  avec  une  parenthèse  sur  les  Capuchonnés 
du  Puy,  vv.  1927-1935. 


ŒUVRES  DU  POETE— LA  BIBLE  xxiii 

des  Nonnes  et  des  Converses,  vv.  2091-2270; 
des  Maîtres  Théologiens,  vv.  2092-2400  ; 
des  Avocats,  vv.  2401-2522  ; 
des  Médecins,  vv.  2522-2686. 
Le  poème  finit  brusquement,  sur  une  boutade. 

Ainsi  que  nous  l'avons  fait  entrevoir  plus  haut,  on  doit 
considérer  la  Bible,  dans  sa  partie  laïque,  comme 
l'expression  vive,  mais  peu  clairvoyante,  du  mécontente- 
ment d'un  poète  courtois  contre  les  changements  dans  la 
vie  sociale  qui  s'effectuaient  en  France  sous  Philippe 
Auguste.  En  dépit  des  beaux  vers  qui  terminent  son 
prologue  : 

Les  portes  covient  a  ovrir 

dou  siècle  et  de  l'estre  du  monde 

en  ceste  bible,  qui  qu'en  gronde, 

et  qui  semblent  promettre  une  dénonciation  plénière  de 
tous  les  vices  du  siècle,  nous  n'y  trouvons,  à  tout  prendre, 
que  des  plaintes  contre  la  tristesse  qui  régnait  dans  les 
cours  princières  et  des  récriminations  contre  l'avarice  des 
grands  seigneurs.  C'est  cet  esprit  de  mécontentement 
personnel,  et  plutôt  matériel,  qui  distingue  l'ouvrage  de 
Guiot  de  ceux  des  autres  écrivains,  satiristes  ou 
moralistes,  qui,  vers  la  même  époque,  essayèrent  de  faire 
en  langue  vulgaire  le  procès  de  leur  siècle. 

Il  avait  été  devancé  dans  cette  voie  par  Etienne  de 
Fougères,  auteur  du  Livre  des  manières,1  et  y  fut  suivi 
lui-même  par  Hugues,  seigneur  de  Berzé,  qui  lui  aussi 
écrivit  une  Bible.2 

1.  Publié  par  J.  Kremer  dans  les  Ausgaben  und  Abhandlungen  ans  dent 
Gebiete  der  rotnanischen  Philologie  de  Stengel,  t.  XXXIX  ;  cf.  Ch.-V. 
Langlois,  La  vie  en  France,  etc.,  pp.   1-29. 

2.  Publié  par  Méon,  à  la  suite  de  notre  texte,  en  1808.  V.  pour  les 
rapports  des  deux  Bibles,  Ch.-V.  Langlois,  op.  cit.,  pp.  39-40.  M.  L.,  en 
se  fondant  sur  l'envoi  final  de  la  Bible  du  seigneur  de  Berzé,  propose  de 
voir  dans  cet  ouvrage  une  sorte  de  réponse  à  la  Bible  Guiot.  Avant  de 
se  prononcer  sur  cette  question  il  faut  attendre  une  édition  critique  de  la 
Bible  du  seigneur  de  Berzé,  car  il  se  pourrait  que  cet  envoi,  qui  ne  se 
trouve  pas  dans  le  ms.  du  Musée  Britannique,  fût  une  simple  addition  de 
scribe.  En  ce  qui  concerne  le  titre  de  "  Bible  "  donné  à  ces  deux 
ouvrages,  on  a  supposé  qu'il  avait  été  employé  pour  la  première  fois  par 
Guiot  de  Provins,  et  emprunté  ensuite  par  le  Seigneur  de  Berzé.  Guiot 
l'aurait  choisi  pour  indiquer  que  son  ouvrage  ne  devait  contenir  que  des 


xxiv  INTRODUCTION 

Ces  deux  ouvrages  tout  en  ayant,  surtout  le  dernier,  des 
ressemblances  indiscutables  avec  notre  poème,  en 
diffèrent  entièrement  par  l'esprit  qui  les  inspire.  Dans  le 
Livre  des  Manières,  c'est  le  grave  ecclésiastique,  soucieux 
de  faire  revenir  ses  ouailles  à  l'ordre  établi  par  Dieu  : 
que  chacun  remplisse  ses  fonctions  et  tout  ira  bien  ;  que 
les  fidèles  surtout  n'oublient  de  vénérer  "Sainte  Eglise" 
et  de  payer  consciencieusement  la  dîme.  Dans  la  Bible 
du  seigneur  de  Berzé,  c'est  la  désillusion  moralisante  du 


vérités.  Cette  explication  paraît  un  peu  simpliste.  L'Abbé  de  la  Rue, 
Essais  historiques  sur  les  Bardes  ....  (Caen,  1834),  p.  258,  a  dit,  à  ce 
propos  :  "  ce  n'est  pas  lui  [Guiot]  qui  le  premier  a  imaginé  à  écrire  des 
satires  sous  le  nom  de  Bible.  Cette  forme  est  due  à  Thibaud  de  Mailly 
[lis.  Marly]  qui  vivait  dans  la  2e  moitié  du  XI le  siècle  ....  mais  sa 
'  Bible  '  n'a  pas  été  imprimée."  J'ai  parcouru  le  poème  de  Thibaut,  qui 
fait  suite  à  notre  texte  dans  le  ms.  Fr.  25405,  et  lui  ai  trouvé  en  effet  une 
certaine  ressemblance  avec  nos  deux  ouvrages.  "  Il  roule  sur  le  mépris 
du  siècle, — dit  Méon,  qui  en  publia  une  petite  partie  dans  son  édition 
(Paris,  sans  date)  des  Vers  de  la  Mort,  attribués  à  tort  par  lui  à  Thibaut, 
— sur  les  vices  qui  y  régnent,  les  dangers  qu'y  court  celui  qui  veut  faire 
son  salut."  Voici  quelques  vers  sur  les  avocats  qui,  tout  en  rappellant 
un  peu  ceux  de  Guiot,  donneront  une  idée  du  ton  d'homélie  qui  règne  dans 
tout  le  poème,  f.    113,  v°-    (a)  : 

Pledeors  loeïs — entendez,  entendez  : 

Granz  dolors  vos  vient  près  mes  pou  vos  en  gardez. 

Avez  vos  mes  que  vendre  quant  vostre  senz  vendez? 

Ce  sachiez  que  cist  maus  ne  vos  iert  pardonnez 

Se  par  vostre  parole  iert  hon  déshéritez. 
Dans  le  ms.  25405  ce  poème  porte  le  titre  un  peu  étrange 
"  L'estoire  li  romans  monseignor  tiebaut  de  mailli,"  et  dans  le 
ms.  1850  :  "  Les  vers  monseignor  Tebaut  de  Mailli."  Dans  l'Archiv 
de  Herrig,  LXIII,  78,  on  a  publié  du  poème  en  question  604  vers 
tirés  du  ms.  522  du  Palais  Lambeth  à  Londres,  mais  rien  n'y  est  dit  du 
titre  qu'il  porte  dans  ce  ms.  J'ignore  donc  ce  qui  a  pu  motiver  l'affirma- 
tion de  l'Abbé  de  la  Rue.  Quoi  qu'il  en  soit,  le  poème  de  Thibaut  est 
assurément  beaucoup  plus  "  biblique  "  d'allure  que  l'un  et  l'autre  de  nos 
deux  ouvrages,  car  il  débute  par  une  description  de  la  création  et  termine 
par  un  récit  apocalyptique  de  la  fin  du  monde  et  du  jugement  dernier. 
Il  y  a  lieu  de  croire,  semble-t-il,  que  le  nom  de  "  Bible  "  s'appliquait  à 
toute  composition  qui  prétendait  donner  en  quelque  sorte  un  tableau  du 
monde — un  spéculum  mundi  en  vulgaire  (cf.  Guiot,  Bible,  v.  7  :  mireoirs 
iert  a  toutes  genz),  comme,  par  exemple,  la  Bible  des  sept  estats  du  monde 
de  Geoffroi  de  Paris,  ouvrage  également  inédit  mais  dont  M.  Paul  Meyer 
nous  a  donné  une  description  détaillée  dans  le  t.  XXXIX,  p.  255  et  suiv., 
des  Notices  et  Extraits.  Remarquons  que  Guiot,  qui  a  souci  d'expliquer 
les  mots  tels  que  "  devin,"  "  fisicien,"  qu'il  considère  comme  peu  connus, 
se  sert  du  mot  "  Bible  "  comme  d'un  mot  familier  à  tous  :  vv.  1-2, 
Dou  siècle  ....  m'estuet  commencier  une  bible  ;  v.  8,  ceste  bible,  etc. 
Notons  en  outre  que  le  mot  "  Bible  "  ne  se  trouve  pas  une  seule  fois 
dans  le  corps  de  l'ouvrage  du  seigneur  de  Berzé  mais  uniquement  aux 
rubriques;  serait-ce  un  indice  que  le  genre  était  familier  aux  rubricateurs? 


ŒUVRES  DU  POETE— LA  BIBLE  xxv 

vieux  chevalier  qui  a  éprouvé  combien  sont  vains  les 
plaisirs  du  monde;  chez  Guiot  il  n'y  a  ni  ardeur 
régénératice  ni  tristesse  désillusionnée  :  il  avait  quitté  le 
siècle,  il  est  vrai,  mais  il  n'en  était  ni  las  ni  indigné, 
et,  si  dans  sa  satire  il  y  a  de  la  rancune,  il  y  a  aussi 
beaucoup  de  regret.  Pauvre  muse  qui  joue,  non  pas 
d'une  lyre  à  "corde  d'airain,"  mais  d'une  méchante  vielle 
de  jongleur  déçu  ! 

Dans  sa  satire  sur  le  clergé  le  point  de  vue  du  poète 
s'élargit,  ses  déboires  personnels,  ne  formant  plus  le  fond 
de  son  tableau,  ne  servent  qu'à  en  égayer  les  détails.  Cette 
partie  du  poème  est  ainsi  plus  intéressante  et,  en  même 
temps,  plus  divertissante  que  celle  qui  précède. 

Fut-il  le  premier  à  rédiger  en  langue  vulgaire  une 
satire  des  ordres  monastiques?  C'est  probable.  En 
langue  latine,  pourtant,  des  critiques  semblables  aux 
siennes  existaient  déjà  depuis  longtemps.  Le  relâche- 
ment de  la  vie  monastique,  l'avarice  de  la  cour  de 
Rome,  la  vénalité  des  avocats,  le  charlatanisme  des 
médecins,  tous  ces  abus  avaient  eu  leurs  censeurs, 
ecclésiastiques  ou  laïques.  St.  Bernard,  réformateur 
fervent,  avait  enveloppé  dans  ses  critiques  la  papauté 
et  le  clergé  tout  entier,  régulier  et  séculier. 
Moralistes,  satiristes  et  chansonniers  latins,  visant 
tantôt  la  tête,  tantôt  les  membres  de  ce  colosse 
qu'était  l'église  médiévale,  lui  avaient  porté,  déjà  au  XIIe 
siècle,  de  rudes  coups.  C'est  le  philosophe  Jean  de 
Salisbury,  qui  dans  son  Polycraticus  (1.  vi,  c.  24)  rapporte 
un  entretien  qu'il  avait  eu  avec  le  pape  Adrien  IV, 
où  il  exposait  hardiment  au  souverain  pontife  l'opinion  du 
peuple  sur  la  cour  romaine  :  Asserit  enim  \_populus']  in 
Romana  Ecclesia,  quamdam  duplicitatis  esse  radicem,  et 
jomentum  avaritiae,  quae  caput  est  et  radix  omnium 
malorum;  paroles  qui  rappellent  singulièrement  les  vers 
771  et  suiv.  de  notre  poème.1     C'est  la  foule  des  chanson- 

1.  Le  même  auteur  dans  son  Metalogicus  (lib.  I,  c.  4)  fait  la  satire 
des  médecins  où,  tout  comme  Guiot.  il  leur  reproche  leur  langage 
pédantesque,  leurs  prétentions  de  guérisseurs,  et  leur  avidité. 


xxvi  INTRODUCTION 

niers  anonymes  x  qui  ne  se  lassent  pas  de  flétrir  cette  cour 
où  nummus  est  pro  numine  et  pro  Marco  marca,  ou  de 
reprocher  aux  prélats2  leur  luxe  et  leur  mondanité- 
C'est  encore  le  satiriste  Nigellus  Wireker  qui  dans  son 
poème  du  Spéculum  Stultorum?  fait,  par  la  bouche  d'un 
âne  qui  veut  devenir  moine,  une  critique  en  règle  de  tous 
les  ordres  religieux. 

Ce  poème,  si  spirituellement  écrit,  et  si  amusant  malgré 
son  arrière-goût  scholastique,  montre  dans  quelques 
passages  une  telle  ressemblance  avec  certaines  parties  de 
la  Bible,  que  l'on  a  voulu  y  voir  la  source  de  Guiot.4 
Mais  cette  ressemblance,  qui  pourtant  confine  presque  au 
mot  à  mot  dans  certaines  des  critiques  communes  aux 
deux  ouvrages,  ne  semble  guère  justifier  pareille  supposi- 
tion. Les  deux  auteurs,  selon  toute  probabilité,  ne  firent 
que  rapporter  des  critiques  courantes,  tout  en  les 
modifiant,  bien  entendu,  en  raison  de  leur  propre 
expérience. 

Il  faut  donc  rechercher  l'originalité  de  notre  auteur 
dans  sa  façon  de  traiter  son  sujet  plutôt  que  dans  ce  sujet 
lui-même.  Ce  qui  distingue  sa  satire,  c'est  qu'elle  est 
toujours    et    partout   très    personnelle    et    très    vivante. 

i.  V.  Carmina  Burana,  XVIII,  XIX,  XX,  XXI,  XXIa  ;  Werner  (Jak.)„ 
Beitrâge  sur  Kunde  der  lat.  Literatur  des  Mittelalters,  2e  édit.  (Àarau, 
1905),  pp.  12,  55.  Poems  attributed  to  Walter  Mapes,  édit.  Wright 
(London,  1841),  pp.  36,  57  (V.  aussi  Hauréau,  Notices  et  Extraits  de 
quelques  ms.  latins  ....  VI,  p.  299,  et  II,  p.  35). 

2.  Poems  attributed  to  Walter  Mapes,  pp.  40,  43,  44,  48.  Carmina 
Burana,  XVII.  Que  Walter  Mapes  ait  été  ou  non  l'auteur  de  ces  poèmes, 
tant  est  qu'il  a  consacré  dans  son  de  Nugis  Curialium  (éd.  Wright, 
Londres,  1850),  quelques  chapitres  de  sa  première  distinctio  à  raconter, 
sans  ménager  les  critiques,  l'origine  et  la  vie  de  quelques  ordres  religieux  : 
des  Hospitaliers  c.  XXIII,  des  Cisterciens  c.  XXIV,  des  Grandmontains 
c.  XXVI,  des  Chartreux  c.   XXVIII. 

3.  Ed.  Wright,  Londres,   1872. 

4.  On  trouvera  dans  l'introduction  de  Schulz  (Parzival  Studien,  Heft  1, 
p.  23  et  suiv.)  un  résumé  du  Spéculum  Stultorum  de  Nigellus,  qui  aurait 
été  composé,  selon  Schulz,  peu  après  l'année  1148.  Schulz  qui  recon- 
naissait bien  la  forte  personnalité  de  notre  auteur  n'est  pas  allé  jusqu'à 
affirmer  que  celui-ci  s'était  inspiré  de  cet  ouvrage.  Mais  M.  Wilhelm  Meyer, 
qui  s'est  servi  des  deux  poèmes  en  question  dans  son  étude,  "  De  scismate 
Grandimontanorum,"  dans  les  Nachrichten  von  der  Kôn.  Gesellschaft  der 
Wissenschaften  zu  Gôttingen,  1906,  Heft  1,  p.  49  et  suiv.,  semble,  au 
contraire,  considérer  cette  inspiration  comme  certaine.  Ajoutons  que 
Schulz,  dans  les  notes  de  son  édition  de  la  Bible,  cite  les  passages  de- 
Nigellus  qui  ont  donné  lieu  a  cette  hypothèse. 


ŒUVRES  DU  POÈTE— LA  BIBLE  xxvii 

Evitant  les  généralités  et  l'allégorie,  qui  nuisent  à  la 
portée  satirique  d'oeuvres  telles  que  la  Carité  du  Rendus 
de  Moiliens,  il  se  transporte  en  quelque  sorte  dans  les 
milieux  qu'il  entreprend  de  peindre — se  voit-il,  dans  une 
communauté  aussi  cruelle  que  celle  des  Chartreux,  où  la 
chair  est  interdite  même  aux  malades,  qu'il  s'écrie  : 

Tant  sai  je,  se  je  i  estoie 

lou  premier  jor  congiet  penroie; 

s'il  nou  me  voloient  doner, 

je  saroie  bien  esgardeir 

per  ou  je  feroie  lou  saut  ! 

Parmi  les  Grandmontains  "  le  char  va  devant  les 
boeufs  "  :  les  convers  sont  maîtres  des  moines.  Il  nous 
montre  ces  convers  lavant  et  tressant  leurs  barbes  le  soir 
avant  de  se  coucher — "por  estre  bêles  et  luisans,"  puis, 
devant  le  monde,  les  caressant  et  les  faisant  boucler,  et  il 
ajoute  : 

la  sont  li  "  barbaran  "  signor — 

molt  aroie  je  grant  paor 

s'il  estoient  signor  de  moi, 

que  j'ai  paour  quant  je  les  voi. 

De  même,  il  aurait  bien  voulu  être  au  Temple  car  c'est 
l'ordre  des  chevaliers  et  et  de  l'élégance  : 

la  se  rendent  li  chevalier 
qui  ont  lou  siècle  asavorei 
et  molt  vëu  et  molt  tastei. 

Mais  c'est  l'ordre  ou  l'on  est  obligé  de  se  battre  et  Guiot 
est  peu  combatif.  Il  loue  l'assiduité  des  templiers  aux 
"  heures  "  : 

Ja  li  templier  ne  perdront  ore  : 
vallant  sont,  se  Deus  me  secorre  ; 

mais  il  y  a  une  "heure"  à  laquelle  il  aurait  manqué: 

as  ores  seroie  [var.  iroie]  je  bien, 
tôt  ceu  ne  me  greveroit  rien, 
je  n'i  fauroie  a  nulle  faille — 
fors  qu'a  l'ore  de  la  bataille  ! 


xxviii  INTRODUCTION 

On  voit  que  le  poète  prend  vivement  part  à  ce  qu'il 
raconte,  qu'il  est  enclin  à  tout  juger  par  rapport  à  lui- 
même,  à  ses  antipathies  et  à  ses  préférences.  Sa  satire 
reste  ainsi  familière;  elle  a  peu  d'envolée,  peu  d'inquié- 
tude morale  ;  elle  est  nette  et  précise,  mais  aussi  très  terre 
à  terre. 

C'est  dans  sa  satire  des  médecins,  qui 

trop  sont  costous  et  trop  se  vendent 
et  les  millors  mangiers  deffendent, 

qu'il  est  le  plus  lui-même  :  ennemi  du  charlatanisme  de 
toute  espèce,  aimant  la  bonne  chère  et  riant  gros; 
jouissant  de  son  franc-parler  mais  sans  méchanceté  ;  juste, 
bon  et  sensé.  Il  faudrait,  pour  illustrer  tous  ces  adjectifs, 
rapporter  le  chapitre  tout  entier,  qui  va  du  vers  2523 
jusqu'à  la  fin  du  poème;  je  me  contente  d'y  renvoyer  le 
lecteur  tout  particulièrement  ;  il  y  trouvera  beaucoup 
d'esprit  et  une  rare  vigueur  d'expression  qui  le  feront 
songer  au  style  familier,  nerveux  et  humoristique  des 
meilleurs  fabliaux. 

Un  mot  sur  son  style  qui  est  en  général  vif  et  facile, 
sans  redites  ni  galimatias.  On  peut  y  relever  quelques 
chevilles  du  genre  bien  connu  de  "si  Deus  m'ait,  si  Deus 
me  secoure,"  etc.,  mais  notre  poète  n'en  fait  pas  trop 
fréquent  usage.  Les  auteurs  du  moyen  âge,  loin  d'éviter 
les  mots  équivoques,  les  recherchaient  avec  un  engoûment 
que  nous  ne  partageons  guère,  mais  qu'il  faut  bien 
reconnaître.  Guiot  en  use  comme  tout  le  monde,  ce  qui 
rend,  dans  certains  passages  (notamment  aux  vers  2188, 
2204),  la  suite  de  ses  idées  on  ne  peut  plus  confuse.1 
Si,  contrairement  à  tant  de  ses  contemporains,  il  n'a 
pas  trop  abusé  des  jeux  de  mots  proprement  dits  (quel- 
ques-uns des  siens  sont  même  assez  bien  réussis,  par.  ex. 
au  v.  1689,  et  au  v.  1563),  il  se  laisse  pourtant  souvent 
entraîner,  par  une  sorte  d'enchaînement  verbal,  à  des  dé- 
veloppements fort  imprévus,  bien  que  non  toujours  regret- 
tables. C'est  ainsi,  par  ex.,  que  dans  le  passage  v.  726  et 
suiv.,  où  il  voudrait  que  le  pape  ressemblât  à  l'aiguille 

1.  V.  les  notes  au  passage  en  question. 


ŒUVRES  DU  POETE— LA  BIBLE  xxix 

aimantée  pour  montrer  "la  droite  voie"  à  son  peuple,  le 
mot  aiguille  appelle  l'aiguillon,  qui  appelle  ensuite  l'image 
du  bouvier  qui  pique  ses  bêtes,  et  nous  donne  enfin  levers, 
assez  bien  frappé  et  proverbial  d'allure  :  li  bons  boviers 
fait  droite  roie.  Malgré  de  pareils  traits,  qui  rappelent 
tantôt  les  fines  inepties  de  la  scholastique,  tantôt  le 
laisser-aller  de  l'improvisation,  notre  poète  a  des  qualités 
indéniables  de  vigueur,  de  concision  et  de  clarté,  qui 
s'accusent  dès  les  premiers  vers  de  son  poème  :  il  suffit 
de  lire  les  44  vv.  qui  en  forment  l'exorde  pour  en  être 
aussitôt  saisi. 

La  discordance  de  son  sujet,  d'abord  laïque,  ensuite 
ecclésiastique,  se  reflète  d'une  façon  intéressante  dans  son 
vocabulaire.  Lorsqu'il  traite  des  ordres  religieux,  on 
trouve  naturel  qu'il  emploie  quantité  de  mots  savants 
calqués  sur  le  latin  :  divinité,  estinance,  enfermeries, 
obedianciers,  parées,  simonial,  etc.;  mais  il  est  assez 
piquant  de  remarquer  comment,  dans  la  partie  de  son 
poème  qu'il  consacre  au  "  siècle,"  son  vocabulaire  trahit 
à  chaque  pas  l'ancien  poète  des  cours.  Etre  vaillant 
(v.  233)  est  le  contraire  de  être  destroit  ou  angoissous  sor 
l'avoir;  être  -preu  (v.  237),  faire  honor  et  bien  (v.  239), 
être  debonaire  (v.  242)  ne  sont  qu'autant  de  synonymes 
de  être  doneor.  Le  monde  se  partage  pour  lui  en  deux 
camps  bien  distincts;  d'un  côté  viennent  se  ranger  les 
durs,  les  vilains,  les  félons  et  les  chiches,  de  l'autre,  les 
biaus,  les  saiges,  les  cortois  et  les  conoissants.  N'aurions- 
nous  pas  les  cinq  chansons  courtoises  qui  portent  le  nom 
de  Guiot  de  Provins,  qu'il  suffirait  de  son.  seul  langage 
pour  révéler  l'ancien  trouvère. 

A  l'époque  de  sa  composition  la  Bible  Guiot  a  dû  avoir 
un  succès  considérable.  Nous  n'en  avons  plus,  il  est  vrai, 
que  deux  mss.,  mais  l'existence  de  cinq  autres  nous  est 
bien  attestée. 

De  nos  jours  le  poème  a  attiré  à  maintes  reprises 
l'attention  des  érudits  et  des  curieux  de  littérature  et 
d'histoire  médiévales.  Il  existe,  outre  les  deux  éditions 
complètes  de  Méon  et  de  Schulz,  mentionnées  plus  haut, 


xxx  INTRODUCTION 

des  éditions  critiques  de  deux  parties  du  poème  :  des  vers 
2429-2686,  dans  la  Chrestomathie  de  Bartsch  *  et  des  vers 
313-474  dans  le  travail  de  M.  Arthur  Baudler,  sur  les 
bienfaiteurs  de  Guiot  de  Provins.2  M.  Baudler  donne 
aux  pages  8  et  suiv.  de  sa  dissertation  une  bibliographie 
très  complète  des  articles,  notices  et  analyses  dont  notre, 
poème  a  été  l'objet.  J'y  renvoie  le  lecteur,  me  bornant 
ici  à  ne  mentionner  que  les  plus  importantes  de  ces 
études. 

Au  16e  siècle  déjà,  on  commençait  à  s'intéresser  à  la 
Bible  Guiot.  Dans  la  3e  édition  de  ses  Recherches  de 
la  France  (Paris,  1569  in-16),  Estienne  Pasquier  en  cite 
7  vers  (vv.  261-267  de  cette  édition),  mais  en  les  attribuant 
à  Hugues  de  Bercy,3  "  poète  françois  qui  florit  vers  le 
temps  de  Sainct  Louys."  La  méprise  de  Pasquier  qui 
ne  fut  rectifiée  qu'au  18e  siècle  s'explique  par  le  fait,  que 
dans  le  ms.  qu'il  possédait,  la  Bible  Guiot  était  suivie  de 
celle  du  Seigneur  de  Berzé.  Trompé  par  la  ressemblance 
des  deux  ouvrages  il  les  attribua  au  même  auteur,  à 
Hugues  de  Berzé,  qui,  contrairement  à  Guiot,  s'était 
nommé  dans  son  poème.4. 

Dans  les  éditions  postérieures  des  Recherches  de  Pas- 
quier, les  extraits  de  la  Bible  Guiot  sont  de  plus  en  plus 
nombreux  et  s'élèvent  dans  l'édition  in-folio  de  162 1  au 
chiffre  de  92  vers.5  Le  plus  important  de  ces  extraits 
est  le  passage  de  37  vers  sur  la  boussole,  qui  figure  au 
livre  IV  chap.  XXI  des  Recherches  :  "  Contre  l'opinion 
de  ceux  qui  estiment  que  l'invention  du  Quadrant  des 
mariniers  est  moderne."  On  trouvera  dans  les  notes  aux 
vers  261-67  et  au  vers  2597  et  suiv.  de  la  présente  édition 
quelques  appréciations  de  Pasquier  sur  le  style  de  notre 
"  gentil  moyne." 

1.  Pièce  48,  Xle  édition  (Wiese),    1913. 

2.  Je  tiens  à  reconnaître  ici  tout  ce  que  je  dois  à  cet  excellent  travail 
dont  j'ai  profité  sans  scrupule. 

3.  Cf.   la  note  au  v.  2580. 

4.  v.  Fauchet,  Recueil  de  l'origine  de  la  langue,  etc.,  p.   151. 

5.  P.  129  (vv.  261-67),  P-  238  (vv.  766-70,  772),  p.  405  (vv.  621-57), 
p.  602  (vv.  1-7),  p.  723  et  suiv.  (vv.  2579-80,  2583-84,  87-90,  2445-53  ; 
2512-18,    285-96). 


ŒUVRES  DU  POETE— LA  BIBLE  xxxi 

Vers  la  même  époque,  dans  son  Recueil  de  l'origine  de 
la  langue  et  poésie  françoise  publié  à  Paris  in  1581, 
pp.  88-90,  le  président  Claude  Fauchet  consacra  une  assez 
longue  notice  à  "  cette  bien  sanglante  satire  "  la  Bible  de 
Guiot  de  Provins,  où  il  s'efforça,  surtout,  de  retracer  une 
vie  de  l'auteur  et  de  dater  approximativement  son  ouvrage, 
en  appuyant  ses  dires  et  ses  calculs  de  plusieurs 
citations.  Fauchet  avait  eu  communication  du  ms. 
Pasquier,ce  qui  explique  la  présence,  parmi  les  extraits  de 
la  Bible  Guiot,  des  vers  405-410  de  la  Bible  du  seigneur 
de  Berzé  :  Car  je  vi  en  Constentinoble,  etc.,  et  qui  a  fait 
dire  à  Fauchet  que  notre  poète  avait  été  en  Grèce. 
Fauchet  ne  va  cependant  pas  jusqu'à  confondre  notre 
auteur  avec  le  seigneur  de  Berzé,  auquel  il  consacre  une 
brève  étude  particulière  aux  pp.  151-52  de  son  Recueil. 

Fauchet  rapporta  à  son  tour  les  vers  631-35  du  passage 
sur  la  boussole,  en  donnant  en  marge  deux  variantes  du 
ms.  de  Pasquier.  Les  leçons  des  deux  mss.  dont  il 
disposait  sont  fautives  l'une  et  l'autre,  et  il  n'est  pas  sans 
intérêt  de  noter  que  cette  leçon  fautive  rapportée  par 
Fauchet  a  donné  lieu  à  une  erreur,  naïvement  accueillie 
par  toutes  les  Encyclopédies,  et  qui  consiste  à  donner  à 
l'ancienne  boussole  le  nom  complètement  fictif  de 
"  marinette."  Ni  le  ms.  de  Fauchet  ni  celui  de  Pasquier 
ne  nous  est  parvenu.1 

La  confusion  faite  par  Pasquier  au  sujet  de  l'attribution 
des  deux  "  Bibles"  fut  enfin  rectifiée  par  le  comte  de 
Caylus,  qui,  en  1754,  donnait,  au  tome  XXI  de 
l'Histoire  de  V Académie  royale  des  Inscriptions  et  Belles- 
lettres,  pp.  191-97,  un  bref  résumé  des  deux  ouvrages,  et 
en  faisait  ainsi  bien  ressortir  les  différences,  autant  dans 
le  sujet  lui-même  que  dans  la  manière  de  le  traiter. 

1.  Les  extraits  de  Fauchet  dans  le  Recueil,  avec  7  vers  qui  se 
trouvent  dans  son  livre  intitulé  De  l'Origine  des  Chevaliers,  1.  1  (p.  508 
de  l'édit.  in.  40  des  Oeuvres,  Paris,  1610),  plus  2  dans  Les  Privilèges  et 
libertés  de  l'église  gallicane,  p.  n,  comportent  67  vers  en  tout  et  se 
répartissent  de  la  façon  suivante  1-7,  277-81,  362-65,  491-94,  631-35, 
777-78,  997"98»  1089-92,  1123-26,  1190-97,  1201,  1655-62,  1789-92,  2685-86. 
Les  variantes  que  nous  offrent  ces  extraits  seront  rapportées  aux  passages 
indiqués  avec  le  sigle  F.,  celles  de  Pasquier  avec  le  sigle  P. 


xxxii  INTRODUCTION 

Restent  à  énumérer  quelques  études  intéressantes  qui 
donnent  du  style  et  du  caractère  de  notre  auteur  une 
appréciation  un  peu  plus  nuancée  que  celles  qui 
précèdent.     Ce  sont  celles  de  : 

Legrand  D'Aussy,  Notices  des  Mss.  de  la  Bibliothèque 
du  Roi,  t.  v  (1794),  pp.  279-293. 

Jacques  Demogeot,  "  La  Bible  de  Guiot  de  Provins, 
satire  des  moeurs  du  XIIe  siècle,"  Revue  du  Lyonnais 
1842,  A  XVI,  pp.  237-252 — étude  spirituelle  et  piquante. 

C.  Lenient,  La  satire  en  France  au  moyen  âge  (Paris, 
1859),  pp.  114-118. 

Ch.-V.  Langlois  :  La  vie  en  France  au  moyen  âge 
d'après  quelques  moralistes  du  temps  (Paris,  191 1), 
pp.  30-68.  Le  chapitre  que  M.  Langlois  consacre  à 
Guiot  contient  d'utiles  indications  historiques  et  biblio- 
graphiques, dont  je  me  suis  largement  servi.  On  peut 
cependant  lui  adresser  un  reproche,  c'est  d'avoir  déprécié 
injustement  notre  auteur  en  le  traitant  d'  "épicurien,"  de 
"pitre"  et  de  "farceur,"  *  qui  aurait  étalé  sa  couardise 
pour  en  tirer  des  effets  comiques.  Nous  ne  faisons  pas 
un  grief  de  ce  que  M.  Langlois  ne  goûte  pas  les 
plaisanteries  de  Guiot,  mais  nous  nous  étonnons  qu'il 
ait  fait  si  peu  de  cas  des  idées  saines  et  pleines  de 
modération  qui  abondent  dans  son  œuvre.  On  peut 
être  brave  homme  et  même  écrivain  de  talent,  croyons- 
nous,  tout  en  n'étant  ni  ascète  ni  casse-cou  ;  pensons 
au  Epicuri  de  grege  porcum  et  au  relicta  non  bene 
parmula  d'Horace. 

1.   Op.  cit.,  pp.  xv,  32. 


DES    MANUSCRITS    DE  LA    BIBLE. 
(a)  Les  Manuscrits  Disparus. 

I.  La  Ie  mention  que  nous  ayons  d'un  ms.  de  la  Bible 
est  du  mois  de  Novembre  1274,  et  se  trouve  dans  un 
procès  verbal  des  Hereticorum  Albigensium  Interoga- 
tiones  et  Depositiones  (Bibl.  nationale,  Doat  XXV,  fol. 
201),  où  il  est  dit  que  les  inquisiteurs  de  Toulouse 
confisquèrent  à  un  certain  Bernard  Baranhon,  accusé 
d'hérésie,  duos  libros,  scilicet  vitam  Sancti  Brandani,  in 
latino,  et  alium,  in  Romano,  qui  incipit  del  segle  puent  et 
terrible.1  Cette  mention  éclaire  d'une  façon  intéressante 
l'histoire  de  notre  poème,  en  nous  montrant  le  succès  que 
lui  ont  valu  auprès  des  ennemis  de  Rome  ses  attaques 
contre  l'avidité  de  la  cour  pontificale.     Viennent  ensuite  : 

IL  le  manuscrit  de  Pasquier; 

III.  celui  de  Fauchet.  Fauchet,  en  outre,  a  eu  en  sa 
possession  notre  ms.  A,  car  on  y  trouve,  notamment  au 
fol.  A  verso  et  au  fol.  94  verso,  des  notes  de  sa  main.2 

IV.  Un  4e  ms.  faisait  partie  jadis  de  la  bibliothèque 
de  Pembroke  Collège,  Cambridge.  Il  figure  sous  le 
numéro  229  dans  VEcloga  Oxonio-Cantabrigiensis  de 
Thomas  James  qui  parut  en  1600.  Voici  son  signale- 
ment :  1.  Liber  scriptus  Gallico  versu  de  omnibus 
ordinibus,  Pr.  Da  siècle  puant  et  orrible.  2.  Exhorta- 
tiones  M.   Gu.  Kavel  ad  fratres   Templi  de  excellentia 

1.  V.  J.  M.  Vidal,  Doctrine  et  Morale  des  Derniers  Ministres  Albigeois, 
dans  Revue  des  Questions  historiques,  juillet  1909. 

2.  Cf.  Legrand  D'Aussy,  Notices  et  Extraits,  t.  V,  p.  27g.  J'ai  dit  plus 
haut  que  Fauchet,  dans  le  passage  sur  la  boussole,  donne  deux  leçons,  dont 
l'une  est  celle  du  ms.  de  Pasquier  et  l'autre  d'un  ms.  perdu.  D'autre 
part,  il  est  hors  de  doute  qu'en  complétant  son  ouvrage,  il  s'est  servi  du 
ms.  A.,  car  il  dit,  dans  son  étude  sur  le  poète  Tiebaut  de  Mailli  [Marly], 
que  dans  son  ms.  la  Bible  Guiot  était  suivie  du  poème  qui  porte  le  titre 
L'estoire  li  romans  Tiebaut  de  Mailli.  Or  le  titre  du  poème  de  T.  et 
l'ordre  des  deux  ouvrages  sont  justement  les  mêmes  que  dans  notre 
ms.  A.  Ou  donc  Fauchet  disposait  de  3  mss.  de  la  Bible,  à  savoir  : 
le  ms.  A,  celui  de  Pasquier  et  un  ms.  perdu  ;  ou  bien  il  n'en  disposait  que 
de  deux  et  rapporta  du  ms.  A.  des  leçons  falsifiées. 


xxxiv  INTRODUCTION 

vitae  militaris.    Ce  manuscrit  est  aujourd'hui  introuvable 
et  ne  figure  plus  dans  le  nouveau  catalogue  du  collège.1 

V.  Le  dernier  de  la  liste  des  mss.  disparus  est  celui  de 
la  Bibliothèque  royale  de  Turin  (L.  v.  32)  qui  a  péri 
récemment  par  le  feu.  Scheler2  a  dit  de  ce  ms.  que 
"  sa  version  offre  peu  de  variantes  de  quelque  intérêt 
sur  celle  de  Barbazan,  mais  elle  a  58  vers  en  moins," 
répartis  sur  divers  passages."  Il  avait  déjà  servi,  dans 
le  travail  de  M.  Baudler  et  dans  la  Chrestomathie  de 
Bartsch,  à  deux  éditions  partielles  de  notre  texte.  A  en 
juger  d'après  les  variantes  que  nous  fournissent  ces 
ouvrages,  il  ressemblait  de  très  près  au  ms.  25405  de  la 
Bibliothèque  nationale,  ayant  avec  celui-ci  des  fautes 
communes.  Vu  le  peu  d'importance  de  ces  variantes,  je 
ne  m'en  suis  pas  servi  dans  l'établissement  de  mon  texte, 
les  moyens  de  contrôle  me  faisant  entièrement  défaut. 
Ajoutons  que  certaines  de  ses  formes  présentent  des 
caractères  picards.3 

(b)  Les  Manuscrits  Existants. 

Il  ne  nous  reste  donc  plus  que  les  deux  mss.  de  la 
Bibliothèque  Nationale  de  Paris,  dont  disposait  jadis  le 
premier  éditeur  de  notre  texte. 

Le  ms.  Français  25405  (volume  grand  octavo  en  145 
feuillets,  relié  en  maroquin  jaune)  comprend  une  quantité 
considérable  d'ouvrages  latins  et  français  de  genres 
divers.4    Il  contient  notamment  le  Miserere  du  Rendus 

1.  Bien  d'autres  mss.  signalés  par  James  comme  étant  à  Pembroke 
Collège  ne  s'y  trouvent  plus.  On  en  a  découvert  quelques-uns  à  la 
Bibliothèque  Bodléienne  et  dans  d'autres  bibliothèques  d'Oxford.  Celui 
de  la  Bible  Guiot  a-t-il  pris  le  même  chemin?  Les  recherches  que 
Mr.  Oelsner  a  bien  voulu  faire  pour  le  retrouver  sont  restées  infructueuses. 

2.  Notices  et  Extraits  de  deux  mss.  fr.  de  la  Bibl.  Roy.  de  Turin, 
pp.  85-86. 

3.  On  a  fait  une  collation  de  ce  ms.  Elle  est  en  la  possession  de 
M.  Brugger.  M.  Brugger  prépare  depuis  plus  de  vingt  ans  une  édition  de 
la  Bible  Guiot,  et  "  ne  voulant  pas  fournir  de  matériaux  à  une  édition 
rivale  "n'a  pas  cru  bon  de  me  communiquer  sa  collation.  J'ajoute  que 
mon  travail  était  déjà  très  avancé  lorsque  j'appris,  de  M.  Brugger  lui- 
même,  son  intention  de  publier  ce  texte. 

4.  Pour  une  description  détaillée  v.  le  catalogue  de  Omont,  Anciens 
petits  fonds  français,  II,  pp.  579"81  î  et  Pour  le  ms-  25437.  P-  595- 


LES  MANUSCRITS  DE  LA  BIBLE  xxxv 

de  Moiliens,  publié  en  1885  par  Van  Hamel.  La  Bible 
Guiot  s'y  trouve  à  partir  du  folio  89  r°  jusqu'au  folio 
189  r0.1 

Dans  le  ms.  25437  (volume  octavo  en  24  feuillets  relié 
en  maroquin  bleu)  notre  texte  occupe  les  premiers  18 
feuillets  ;  il  est  suivi  immédiatement  et  sans  qu'un  explicit 
l'en  sépare,  par  le  poème  sur  l'Armure  du  Chrétien,  dite 
la  suite  de  la  Bible  Guiot.  Viennent  ensuite  2  petits 
poèmes  dévots  :  fol.  22,  des  dix  commandements,  fol.  23, 
des  sept  péchés  capitaux.2  Les  deux  manuscrits  sont 
l'un  et  l'autre  du  XIIIe  siècle. 

Le  ms.  25405,  que  nous  appellerons  A  comme  nos 
prédécesseurs,  a  été  considéré,  d'un  commun  accord, 
comme  de  beaucoup  supérieur  au  ms.  25437,  B.  Publié 
d'abord  par  Méon,  il  servit  ensuite  de  base  à  l'édition 
critique  de  la  partie  de  la  Bible  publiée  par  Bartsch  3  et 
des  163  vers  que  publia  M.  Baudler.  Il  se  présente,  en 
effet,  avec  tous  les  avantages  d'une  écriture  soignée,  et 
d'une  langue  presque  complètement  exempte  de  formes 
dialectales  et  de  fautes  de  grammaire. 

Du  ms.  B  on  a  dit  au  contraire  "  que  l'on  n'y 
trouverait  guère  quatre  vers  de  suite  sur  lesquels  il  n'y 
en  ait  un  presque  inintelligible,  ou  dont  il  faut  deviner 
le  sens."  4  II  contient,  selon  M.  Baudler,  de  nombreuses 
et  grossières  fautes  de  versification  et  de  sens,  pèche 
contre  la  grammaire  et  est  en  général  indigne  de  foi.5 

Cependant,  malgré  d'indiscutables  défauts,  c'est  le  ms. 
B  que  nous  avons  cru  devoir  prendre  comme  base  de 
notre  texte  ;  car,  après  examen  détaillé  des  deux  manu- 
scrits, il  nous  a  paru  hors  de  doute  que  le  ms.  A  a  été 

1.  Le  ms.  Moreau  1727  (380  ro — 439  vo)  contient  une  copie  du  ms.  A 
faite  par  Ste. — Palaye. 

2.  Cf.  Catalogue  de  la  Vallière,  tome  II,  p.   166,  no.  2707. 

3.  Les  derniers  éditeurs  de  la  Chrestomathie  de  Bartsch  ont  puisé  plus 
largement  dans  les  variantes  de  B  ;  pourtant  le  principe  qui  a  guidé  leur 
choix  n'apparaît  pas  très  clairement.  Ils  ont  négligé  notamment  aux 
vers  2428  et  2667  des  leçons  évidemment  bonnes,  tout  en  prenant  aux 
vers  2431-32  une  leçon  tout  a  fait  douteuse. 

4.  Legrand  D'Aussy  dans  Notices  et  Extraits,  t.  V,  p.  279. 

5.  Op.  cit.,  pp.  10-11.  "  B  ist  am  wenigsten  korrekt,  zeigt  .... 
metrische  und  Sinnfehler,  grammatische  Inkorrektheiten  und  schlechten 
Sprachgebrauch  .  .  .  .  B  zeigt  so  viele  und  grobe  Fehler,"  etc. 

M.  Baudler  reconnaît  pourtant  y  avoir  trouvé  de  bonnes  leçons. 


xxxvi 


INTRODUCTION 


l'objet  de  très  nombreuses  retouches.  Pour  justifier  cette 
constatation,  il  suffira  de  mettre  en  regard  quelques  leçons 
des  deux  mss.  En  les  comparant  on  verra  clairement, 
croyons-nous,  le  genre  de  remaniement  auquel  s'est  livré 
le  scribe  de  A. 


B. 

A. 

633, 

4  manate  :   brunete 

manière  :  bruniere 

648 

assarei  [essarrer] 

esgarer 

679 

desapertir 

désespérer 

750- 

murtris 

morz 

IOII. 

panis 

partiz 

1042. 

congrie 

concie 

1278. 

cherté 

durté 

1362. 

mostrees  et  parées 

overtes  et  mostrees 

1536. 

as  als  [aux]  es  poisons 

as  ainz  nez  poissons 

1980. 

eontraitas 

contrairaz 

2492. 

aaismeir   [aesmer] 

esmerer 

2666. 

mâchefer 

malvais  fer 

B.  A. 

734.  li  boins  boviers  fait  droite  li  bons  veoirs  la  gent  avoie 

roie 

810.  que  nous  ranions  les  boins  que  nous  teignons  les  biens 

esclos  en  clos 

815.  il    ne    sont     mie    pastor  n'il    ne     tienent     raison    ne 

adroit  droit 

1215.  nés    c'uns    aisnes    ait    de  ne  que  nuns  autres  ait  pitié 
pitié 

d'une  autre  quant  lou  voi  d'un     autre    quant    le     voit 

chargie  chargie 

1293.  a    maie    gent    ensi    con-  ne  nules  genz  si  ne  conquie- 

quierent  rent 

2010.  Moût  bien  puet  on  conois-  Moût  puet  en  bien  connoistre 

tre  a  taist  entest 

se  l'oille  fust  bien  cuite  ou  se  l'uevre  est  cointe  et  bien 

faite  faite 

2178.  la  bone  poire  se  prise  et  la    bone    huevre   se   prise   et 

vent  vent. 

Non  content  de  s'être  livré  à  cette  banalisation  du  texte 
le  scribe  de  A  a  en  outre  refait  des  vers  entiers  x  et  en  a 

1.  Voir    notamment   les    vv.    71,  725,    726,    802,    944,     1012,     1215-17, 
1230-31,  etc.,  etc. 


LES  MANUSCRITS  DE  LA  BIBLE  xxxvii 

même  ajouté  de  son  propre  cru.i  Prendre  A  pour  base 
dans  ces  conditions,  aurait  été  se  contraindre  à  un  travail 
d'épuration  parfois  difficile  à  justifier,  et  destiné  à 
n'aboutir,  en  fin  de  compte,  qu'à  une  édition  composite  ou 
l'arbitraire  aurait  tenu  trop  de  place.  Ajoutons  qu'il  y  a 
des  lacunes  particulières  à  chacun  des  manuscrits  :  à  A  il 
manque  34,  a  B  33  vers  ;  mais  sous  ce  rapport  encore  le 
ms.  B  se  montre  supérieur,  car  plusieurs  des  couplets  qui 
lui  manquent  ne  sont  sûrement  pas  authentiques.2 

Nous  avons  dit  dans  la  préface  que  nos  deux  mss. 
étaient  vraisemblablement  apparentés.  En  effet,  comment 
s'expliquer  autrement  la  lacune  (ou  la  faute)  commune 
à  tous  deux  au  vers  1358?  (v.  la  note  à  ce  passage.) 
Citons  en  outre,  comme  indices  d'une  telle  parenté,  les 
fautes  communes  aux  vv.  139,  460,  629,  1199.  D'autres 
indices  seront  relevés  dans  les  notes.  Mentionnons 
cependant  ici  la  lacune  presque  assurée  au  v.  2505. 
Le  ms.  B  représenterait  ainsi  un  état  plus  ancien  de  la 
tradition  commune,  ses  fautes,  pour  nombreuses  qu'elles 
soient,  étant  rarement  dues  à  des  remaniements  volon- 
taires.3 Son  écriture  est  plus  cursive,  moins  soignée,  et 
moins  facile  à  déchiffrer  que  celle  de  A  ;  il  est  en  outre 
plein  de  formes  dialectales  et  de  négligences  graphiques. 
Ces  traits  dialectaux,  ainsi  que  certaines  particularités  de 
graphie,  méritent  d'être  étudiés  et  seront  relevés  plus 
loin;  disons  de  suite  qu'ils  nous  permettent  d'assigner 
au  scribe  une  origine  lorraine. 

Voici  maintenant,  mise  en  regard,  la  transcription  des 
31  derniers  vers  du  texte  de  la  Bible  tels  qu'ils  se  trouvent 
dans  les  deux  mss.  ;  ceci  pour  permettre  au  lecteur  qui 
ne  disposerait  pas  de  l'édition  de  Méon  de  se  faire  une 
idée  exacte  du  ms.  A,  et  pour  attirer  en  même  temps  son 
attention  sur  un  des  meilleurs  passages  de  notre  poème. 

1.  Après  le  v.  109,  un  vers,  inutile  au  sens  et  faisant  une  triple  rime; 
un  vers  après  1369  ;  un  vers  après  1370  ;  2  vers  entre  1796  et  1797  ; 
2  vers  entre  2602  et  2603  ;  tous  également  nuisibles  au  sens. 

2.  Ces  vers  figurent  dans  notre  texte  entre  parenthèses. 

3.  B  a  remanié,  p.  ex.,  aux  vv.  187,  188  et  1875-80  ;  il  paraît  même  avoir 
introduit  un  couplet  après  le  v.  2520.  Ses  remaniements  sont,  en  général, 
incompréhensibles. 


INTRODUCTION 


[fol.   108  vo] 

A. 
les  roses-selonc  les  orties 
ne  pdent  mie  lor  biaute 
ne  lor  flairorne  lor  bonté 
jai  veu  delez  lortier 
florir&  croistre-lou  rosier 
se  les  orties  sôt  poîgnanz 
&  ânuiouses  &  puanz 
les  roses  sont  bêles  &  chieres 
les  bones  hueues  &  entières 
les  veraies  &  les  loiax 
sont  ausi    pme  li  metax 
qi  se  seura  dou  malues  fer 
ml't  st'  bien  qneu  li  ver 
qi  font  la  soie  cest  a  dire 
q'  la  maluaise  hueû  nëpire 
la  bone  hueu  de  nule  rien 
li  loial  clerc  fisicien 
doiuêt  estre  ml't  annore 
&  ml't  serui  et  ml't  ame 
li  bon  loial  ai  ge  ml't  chier 
certes  qnt  ië  ai  gnt  mest' 
&  m'it  désir  qn  le  mamaint 
qnt  maladie  me  destraît 
gnt  pfort  &  gnt  bîe  me  feit 
&  gnt   mëfermetez  me  leit 

[fol.  109  ro' 
&  ie  ne  sent  ma  maladie 
lors  voldroie  cune  galie 
lëportast  droit  a  salenique 
la  faut  ses  sans  et  sa  fisique 
lors  vueil  q  il  tiëgne  sa  voie 
si  loig.  q  iames  ne  le  voie 


(b.)  [fol.   108  vo]   (fl.) 

B. 
les  roses  deleiz  les  orties 
ne  pdent  mie  lor  biautei        (b.) 
ne  lor  odour  ne  lor  bontei 
jai  veu  deleiz  l'otuier 
florir  &  crostre  lou  rosier 
se  les  orties  sont  poignans 
&  annuouses  &  puans 
les  roses  sont  belles  &  chieres 
les  bones  oeures  les  entières 
les  veraies  &  les  loaus 
sont  aussi    pme  li  metaus 
qi  se  soivre  dou  mâchefer 
ml't  sont  bn  coneu  li  verr 
qi  font  la  soie  cest  a  dire 
q'  maluaise  oeure  ni  enpire 
la  bone  oeure  de  nulle  rien 
li  loaul  clerc  fisicien 
doient  estre  ml't  honorei 
&  chier  tenu  &  ml't  amei 
lou  boin  lou  loaul  ai  ie  chier 
certes  ml't  qnt  ien  ai  mesrier 
ml't  désir  ie  cô  lou  ma  moint 
qnt  maladie  me  destroint 
gnt  confort  &  gnt  bn  me  fait 
mais  qnt  mâfermetei  me  lait 

&  ie  ne  sent  ma  maladie 
lors  voldroie  cune  galie 
lenportaist  tost  ver  salatiq 
&  lui  &  toute  sa  fisique 
lors  vuel  ie  quil  tegnet  sa  voie 
se  droit  q  iamais  no  revoie 


III. 

L'ARMËURE  DU  CHEVALIER. 

Ce  poème,  resté  inédit  jusqu'à  ce  jour,  nous  a  été 
conservé,  entièrement  ou  en  partie,  dans  trois  mss.  dont 
voici  la  liste  : 

i°  Le  ms.  Fr.  25437,  de  la  Bibl.  Nat.  de  Paris  (fol.  18 
v°  b — 22  v°),  notre  ms.  B.1 

20  Le  ms.  5201  de  la  Bibl.  de  l'Arsenal,2  pp.  165-172  b, 
ms.  lorrain  du  XIIIe  siècle  :  Ar. 

3°  Le  ms.  Moreau  1715,  de  la  Bibl.  Nat.  de  Paris,3 
fol.  299  r° — 304  v°,  copie  faite  par  Sainte-Palaye  sur  un 
ms.  du  XIIIe  ou  du  XIVe  siècle,  à  laquelle  il  manque 
les  vers  290 — 565  du  poème  :  C . 

Le  ms.  perdu,  Turin  L.  v.  32,*  et  le  ms.  de  Pasquier5 
contenaient  également  notre  poème.  Scheler  nous  a 
laissé  du  premier  de  ces  mss.  une  quinzaine  de  vers. 

De  ces  trois  mss.  nous  avons  pris  comme  base  de  notre 
texte  le  ms.  B.  Il  y  a,  aux  vers  108  et  170  du  poème,  des 
fautes,  évidentes,  communes  à  tous  trois,  qui  nous 
permettent  de  leur  attribuer  une  même  origine.  Il  y  a 
en  outre  des  fautes  communes  à  B  C,  par  ex.  aux  vv.  22, 
55,  62  et  212  (vers  sauté),  nous  sommes  donc  amenés  à 
établir  le  classement  suivant  : 


X, 


^2  X3 

!  I 

Ar  BC 

1.  V.  pi.  haut,  p.  xxxv. 

2.  V.    pour   une   description    très   détaillée  de   ce   ms.    Romania,    XVI 
(1887),  p.  57  et  suiv.  (Paul  Meyer). 

3.  V.  Notices  et  extraits  .  .  .  vol.  XXXIII,  ière  partie  (P.   Meyer). 

4.  Cf.  Scheler,  op.  cit.,  p.  67. 

5.  V.   Fauchet,  Recueil,  p.   151. 


xl  INTRODUCTION 

Le  ms.  Ar  se  distingue  plus  particulièrement  des  autres 
par  de  nombreuses  et  parfois  grandes  lacunes  (il  lui 
manque,  par  ex.,  20  vers  à  partir  du  v.  183),  et  par  les  16 
vers  qu'il  est  seul  à  nous  donner  à  la  fin  du  poème.  Nous 
avons  de  bonnes  raisons  pour  douter  de  l'authenticité  de 
ces  vers,  attendu,  premièrement, qu'ils  manquaient  égale-, 
ment  au  ms.  de  Turin,  dont  nous  avons  les  9  vers  finals, 
et  qu'  ils  contiennent,  en  outre,  la  rime  armes  (animas)  : 
armes  qui  ne  se  trouve  pas  ailleurs  chez  Guiot.  Or  il 
semblerait,  étant  donné  le  sujet  du  poème,  que  cette  rime 
eût  été  parmi  les  premières  à  venir  sous  la  plume  de 
l'auteur  si  vraiment  anima>arrae  avait  été  de  sa  langue.1 

C'est  M.  Paul  Meyer  qui  le  premier  a  pensé  à  attribuer 
notre  poème  à  Guiot  de  Provins.  M.  Me  ver  constata  que 
dans  deux  mss.,  celui  de  Turin  et  le  ms.  Fr.  25437  (B),  le 
poème  suivait  immédiatement,  et  sans  explicit,  la  Bible 
Guiot,"-  et  que  d'autre  part,  dans  le  ms.  Moreau  17 15  (C), 
où  le  poème  se  trouve  isolé,  il  était  suivi  par  les  mots  : 
Explicit  biblioteca  Guiot  de  Provins.  De  cette  constata- 
tion il  tira  la  conclusion  nécessaire  :  "  Il  est  donc  établi 
que  le  poème  en  question  était  où  passait  pour  être  une 
partie  de  la  Bible  Guiot."     (Romania,  XVI,  p.  58.) 

Cette  attribution,  logiquement  irréfutable,  fut  le  point 
de  départ  des  recherches  de  M.  Baudler,3  qui  a  voulu 
apporter  à  son  appui,  par  un  examen  du  style  et  du 
contenu  du  poème,  des  preuves  plus  essentielles.  Son 
étude  consiste  en  un  résumé  du  poème,  avec  des 
rapprochements  de  pensées  et  de  tournures  communes  à 
la  Bible  et  à  V Arm'èure.  Ces  rapprochements4  mirent  en 
pleine  lumière  l'identité  de  sentiments  et  d'expressions 
des  deux  poèmes  ;  elle  est  en  effet  évidente  et  saute  aux 
yeux  à  quiconque  les  lira  quelque  peu  attentivement. 
Nous  n'insisterons  donc  pas  sur  ce  point,  mais  nous 
verrons  que  la  langue  et  la  versification  sont  également 
identiques  dans  les  deux  textes. 

1.  Guiot  a  la  rime  âmes  :  dames  :  Bible,  vv.  1129-30. 

2.  De  même  dans  le  ms.  de  Pasquier  v.  Fauchet,  loc.  cit. 

3.  Op.  cit.,  pp.  55-69. 

4.  Nous  en  soulignerons  quelques-uns  dans  les  notes  de  la  Bible. 


ŒUVRES  DU  POETE— L'ARMEURE  xli 

Le  seul  point  sur  lequel  nous  différons  de  M.  Baudler 
est  celui  de  la  signification  du  poème  et,  par  conséquent, 
du  titre  qu'il  faut  lui  donner.  M.  Baudler  l'appelle  La 
suite  de  la  Bible  Guiot,  et  y  voit  une  continuation  de 
l'ouvrage  capital  dans  laquelle  le  poète  aurait  essayé 
de  satisfaire  au  besoin1  que  doit  éprouver,  selon 
M.  Baudler,  tout  lecteur  de  la  Bible,  d'entendre  autre 
chose  que  "de  la  critique  négative."  Mais  il  suffit 
d'écouter  ce  que  dit  l'auteur  lui-même,  dans  l'introduction 
des  deux  poèmes,  pour  s'apercevoir  que  l'occasion  de 
leur  composition  et  la  pensée  qui  les  a  inspirés  sont  tout  à 
fait  différentes.  Xous  avons  donc  cru  bon  de  marquer 
cette  distinction  en  donnant  à  notre  poème  un  titre  qui  ne 
rappelle  en  rien  l'ouvrage  qui  le  précède. 

La  valeur  littéraire  du  poème  de  l'Armëure  n'est  pas 
très  grande.  Le  style,  cependant,  ne  manque  pas  de 
vigueur,  et  le  langage  en  est  relativement  concis  :  qualités 
aussi  louables  que  rares  dans  un  texte  de  ce  genre.  Le 
sujet  n'était  ni  nouveau2  ni  très  émouvant;  le  grand  mérite 
du  poète,  c'est  de  l'avoir  traité  d'une  façon  qui  nous 
rappelle,  dans  plus  d'un  passage,  l'auteur  plein  de  verve 
de  la  Bible. 

i.  Das  Bedurfniss  nach  etwas  Abschliessenden,  Positiven. 
2.    Pour    une    liste  d'autres    compositions    traitant    du   même    sujet    v. 
Romania,  XX,  p.  579,  note  (P.  Meyer). 


LANGUE  ET  VERSIFICATION  DU  POÈTE. 

I.  Langue. 

Cette  étude  sera  nécessairement  très  restreinte  à  cause 
de  l'état  défectueux  de  la  tradition  manuscrite.  Ainsi 
que  celle  de  la  versification,  elle  sera  fondée  surtout  sur 
un  examen  des  rimes  et  de  la  structure  des  vers  de  la 
Bible,  la  langue  de  ce  texte  capital  étant  en  tout  point 
identique  à  celle  des  Chansons  (C)  et  de  l'Armëure  (A). 
Les  vers  de  la  Bible  figurent  sans  sigle  spécial. 

Vocalisme.1 

La  langue  qu'écrivait  notre  poète  était  selon  toute 
vraisemblance  le  français  littéraire  courant.2  Sans  doute, 
ses  rimes  ne  sont  pas  toutes  irréprochables,  mais  les 
libertés  qu'il  s'est  permises  ne  le  rattachent  à  aucun 
dialecte,  à  aucune  province.3  Étudions  tout  d'abord  ces 
licences. 

Il  fait  rimer,  v.  55,  loent  (laudant)  avec  appeloient.  On 
pourrait  être  tenté  de  voir  là  une  influence  anglo- 
normande  et  de  lire  loent  :  appeloent.     Mais  une  licence 


1.  Cf.  la  table  des  syllabes  rimées,  p.  200. 

2.  A.  Gottschalk  dans  sa  dissertation  :  Die  Sprache  von  Provins  itn 
13  Jahrhundert  (Cassel,  1893),  fait  entrer  en  ligne  de  compte  les  rimes  de 
la  Bible  Guiot  d'après  l'édition  de  Schulz.  Après  ce  qui  a  été  dit  sur 
la  vie  nomade  de  notre  poète,  et  sur  l'infériorité  du  ms.  A,  lequel  selon 
toute  probabilité  n'a  pas  été  écrit  à  Provins,  il  est  inutile  d'insister  sur 
la  vanité  d'un  tel  procédé.  Ajoutons  que  dans  le  travail  de  M.  Gottschalk 
rien  n'est  dit  des  rimes  imparfaites  relevées  plus  bas  ;  il  s'est  cru  cependant 
autorisé  de  conclure  que  "  bezuglich  der  Bible  ....  hat  die  Untersuchung 
gezeigt  dass  sie  in  der  Sprache  von  Provins  geschrieben  ist.  "  Il  existe 
en  outre  une  Grammatik  des  Guiot  von  Provins,  par  Ludwig  Eisentraut, 
(Cassel,   1872),  faite  également  sur  l'édition  de  Schulz. 

3.  V.  la  table  des  rimes,  p.  200.  C'est  à  tort  que  la  forme  duet  (  :  estuet, 
muet)  de  la  Chanson  II,  strophe  5,  est  considérée  comme  dialectale  par 
M.  Baudler,  op.  cit.,  p.  85. 

xlii 


LANGUE  DU  POETE  xliii 

analogue  (o  fermé  :   oi)1  se  trouve  au  v.  573  (Antoine  : 
none)  ;  ce  sont  donc  des  rimes  imparfaites  du  même  ordre 
que  celles  qui  vont  suivre.2 

La  diphtongue  ui  rime  avec  u  aux  vv.  1207  (murmure  : 
luire),  1377  (murmure  :  bruire)  et  2339  (pluie  :  rue)  ;  c'est 
que  pour  Guiot  elle  est  encore  descendante.3 

/+ nasale  +  consonne  rime  avec  i  +  consonne  orale  au 
v.  173  (prince  :  crevice)  et  au  v.  1391  (homecide  :  Inde).* 

Nous  trouvons  deux  fois  une  voyelle  suivie  d'un  s  en 
rime  avec  une  voyelle  suivie  de  -rs  :  anuious  rime  avec 
priours  (v.  1079)  et  gras  avec  mars  (v.  1967). 5 

Mentionnons  enfin  les  rimes  bren  :  Adam  (v.  2321)  et 
Jérusalem  :  sen  (v.  1773),  et  les  assonances  bien  plus 
choquantes  déboutent  :  coroucent  (v.  1061)6  et  atenvent  : 
atendent  (A  v.  333). 

Il  est  digne  de  remarque  cependant  que  le  poète  ne  fait 
rimer  un  s  avec  un  z  final  qu'une  seule  fois — hui  est  li 
jors  :  amors  C  II,  6. 

En  dehors  de  ces  rimes  imparfaites,  sa  versification  est 
régulière  et  classique.  La  rime  termes  :  termes  (w.  1259, 
2237;  A  129)  se  trouve  à  la  fois  dans  Chrétien  de 
Troyes  et  dans  Rutebuef.  Fautre  rimant  avec  autre 
(v.  12 17)  est  également  une  rime  courante  ;  de  même,  celles 
de  gié  :  changié,  chargié  (vv.  1801,  2543)  se  présentent 

1.  C'est  une  licence  traditionelle.  Cf.  les  assonances  angoisset  :  toute  : 
jointes  :  couchet,  du  Roland.  Dans  Raoul  de  Cambrai  mos 
(mots)  figure  dans  une  laisse  en  -ois  (1.  cclxii).  Dans  Aymeri  de 
Narbonne  des  imparfaits  en  -oient  figurent  dans  des  laisses  féminines  en 
o  ouvert  ;  cf.  laisse  xlv,  porte  :  ploroient  :  cochoient  :  cloches,  etc.  Cf. 
aussi  les  rimes  Antoine  :  moine  :  corone  :  essone  (ailleurs  essoigne),  Carité 
str.  197;  et  Tobler,  Fr.  Versbau  (Leipzig,  1910),  p.  170. 

2.  Remarquons  aussi  la  rime  loiaus  :  porciaus,  au  v.  2073  (loiaus  : 
metaus,  v.  2625),  qui  nous  montre  le  diphtongue  oi  décomposée  d'une 
autre    manière. 

3.  C'est  également  une  ancienne  licence  qui  se  trouve  dans  le  Roland, 
dans  le  Roman  de  Troie  (v.  7817),  etc.  ;  cf.  Meyer-Lùbke,  Grammaire  des 
langues  romanes,  I,  p.  82. 

4.  Cf.  Tobler,  op.  cit.,  p.  171. 

5.  Cette  faiblesse  de  IV  devant  s,  et  même  devant  d'autres  consonnes 
est  bien  connue.  Cf.  L'Escoufle  (édit.  P.  Meyer,  Ane.  Textes),  p.  xiv  ; 
Beroul,  Tristan  (Ane.  Textes),  p.  xlvii. 

6.  A  moins  qu'on  ne  lise  coroutent  :  forme  qui  ne  se  trouve  pas  dans 
Godefroy,  mais  que  la  forme  fréquente  du  substantif — corout — pourrait 
peut-être  justifier. 


xliv  INTRODUCTION 

dans  des  textes  de  provenance  aussi  différente  que  le  sont 
la  Carité  du  Rendus  de  Moiliens  et  le  Cliges  ou  VYvain  1 
de  Chrétien. 

L'e  sorti  de  Va  latin  en  syllabe  ouverte  et  accentuée  ne 
rime  qu'avec  lui-même  sauf  aux  vv.  2281,  2407  et  2433, 
où  il  rime  avec  un  ë  latin  dans  les  mots  savants,  decrez 
et  secrez,  et  aux  vv.  783  et  1069 — fnere,  frère  :  Père 
(Petrum). 

Ai  rime  avec  un  e  ouvert  — naistre,  mcisire  :  estre 
(vv.  793,  2097,  2295>  2583  ;  A  319). 

An  et  en  riment  ensemble — pacience  :  créance  (v.  791), 
jumenz  :  anz  (v.  145),  truant  :  largement  (v.  1985), 
fiance  :  patience  (A  167);  cf.  aussi,  bren  :  Adam  (v.  2321). 
De  même  -aint  rime  avec  -eint  au  v.  2379  (remaint  : 
esteint)  et  aine  avec  eine  (ou  enè)  dans  des  noms  propres, 
Madeleine  :  certaine  (v.  2217);  pour  Aquitainne  :  Vienne 
v-  333)  cf.  Suchier,  Les  voyelles  toniques  du  v.  fr., 
p.  133,  et  Baudler,  op.  cit.,  p.  86. 

Paucum  rime  avec  laudo  au  v.  1373.2  Fôcum,  locum, 
riment  avec  des  mots  en  o  fermé  latin — preu  :  feu  (v.  163), 
preu  :  leu  (v.  381),  malicieus  :  leus  (v.  743),  leus  :  doieus 
A  271.  Oi<o  lat.  +  pal.  est  distingue  de  oi<e  lat.  ;  cf. 
Suchier,  Voyelles  toniques,  p.  93. 

Morphologie. 

(a)  Déclinaison. 

La  déclinaison  est  fidèlement  observée,  même  celle  à 
déplacement  d'accent. 


suj.  père 

on 

abes 

sire 

cuens 

rég.  père  3 

ome* 

abê 

seigneur6 

conte? 

1.  Car.  str.  206,  10;  Cl.  4680;  Yv.  259. 

2.  C'est  également  la  règle  pour  Chrétien — po  :  lo,  Clig.,  v.  3291. 
Rutebuef  a  pou  :  Pou<Paulum,  v.  Metzke,  II,  p.  78.  Guiot  disait-il  po 
ou  pou?  Il  est  difficile  d'être  affirmatif,  car  l'o  final  de  lo<laudo  a  très 
bien  pu  s'obscurcir  en  9  et  ensuite  se  diphtonguer  en  ou.  V.  Schwan- 
Behrens,  Altfr.  Gram.  (191 1),  p.  123. 

3.  v.  656  (clere  :  père  sg.)(  660.         4-  vv.  325,   1243,  etc.         5.W.  1059. 
6.    758,  A  234  (sire  :  dire)  et  v.  529.  7.    vv.  261,  2406. 


LANGUE  DU  POETE  xlv 

Dans  les  exclamations  notre  auteur  se  sert  du  cas 
régime — quel  escu  :  fu  (v.  329),  quels  compagnons  : 
poissons  (v.  1269). 

Pour  ce  qui  est  du  féminin  des  adjectifs  de  la  3e  décl. 
latine  citons:  s'ire....granz  :  [colèes~\  pesanz  (v.  604), 
cloison. ...fort  (rég.)  :  confort  (v.  803);  de  quel  pari 
(v.  1482);  tel  mesure,  C  III,  str.  4.  Notons  pour  les 
substantifs  féminins  la  rime  la  plus  chiere  maisons  :  li 
nons  (v.    1895). 

Trois  fait,  au  cas  sujet,  troi  qui  rime  avec  croi  (v.  160); 
tuit  rime  avec  bruit  (v.  973);  li  (*  illaei)  avec  merci 
(v.  2263),  avec  di  (dies),  A  145.  Pour  lui  on  trouve  une 
fois  la  forme  atone  avec  voyelle  élidée  /'  (v.  1417):  l'en 
do  igné. 

(b)  Conjugaison. 

Le  présent  de  l'indicatif  n'a  ni  -e,  ni  -s  à  la  Ie  per- 
sonne— Sospir  :  tenir  (v.  249),  devis  :  enemis  (v.  805)  ; 
et  sut  :  lui  (v.  315),  di  :  afi  (v.  165 1). 

Le  présent  du  subj.  de  la  i6  conj.  n'a  pas  de  e  aux 
Ie  et  3e  personnes — oubli  (ie)  (v.  582),  desconfort  :  fort 
(v.  1105),  gart  (v.  23),  sauf  dans  l'exception  bien  connue, 
doigne  '.reoigne  (v.  205),  et,  comme  voyelle  d'appui,  dans 
délivre  (v.  1181). 

Le  verbe  estre  fait  au  futur,  à  la  3e  personne  du 
singulier,  iert  (w.  5,  140,  521,  etc.),  et  sera  (vv.  487,  539, 
590,  etc.);  à  la  Ie  pers  du  sing.  serai;  à  la  Ie  du  pi. 
seromes  (dans  B  seulement,  qui  est  seul  aussi  à  donner 
un  autre  exemple  de  la  Ie  pers.  du  pi.  en  -ommes  [v.  1171] 
:  osommes)  ;  à  la  3e,  toujours  seront. 

Il  n'y  a  pas  d'exemples  de  iere,  ierent  pour  l'impf. — 
toujours  estoie,  estoit,  estoient.1 

La  3e  pers.  de  l'ind.  du  verbe  aller  est  tantôt  vait  (  -.fait, 
v.  775  ;   '.ait  A  555)  tantôt  va  (  -.dira,  v.  1243). 

Aidier  fait  à  la  3e  personne  de  l'indic.  aide  {-.laide, 
v.  2463)  et  aide,  C  IV,  8  ;  et  à  la  même  personne  du 

1.  Il  y  a  cependant  un  cas  de  iere  dans  l'Armëure  (v.  72),  mais  ni  à  la 
rime  ni  en  hiatus. 


xlvi  INTRODUCTION 

subjonctif  eût  (vv.  132,  684,  etc.),  dans  la  formule  si  m'ait 
Deus. 

Outroie  rime  avec  voie  au  v.  525,  outroi  (ie  pers.)  avec 
moi  au  v.  1787. 

Les  formes  preing,  teing,  veing  (et  preingne,  etc.), 
qu'emploie  notre  auteur  seraient,  selon  M.  Forster, 
particulières  à  la  Champagne,  mais  il  reconnaît  lui-même 
leur  existence  chez  Rutebuef -1 

Ocit  (prés.  3e  pers.)  rime  avec  escrit  (participe  passé). 
Devoir  fait  doie  (  -.voie,  v.  29)  aux  Ie  et  3e  perss.  du 
subjonctif;  dire  fait  die  (  -.envie,  v.  1419). 

Notons  pour  finir  la  forme  mantenissent  (v.  1918). 

Cette  étude,  malheureusement  très  restreinte,  nous 
montre  pourtant  clairement  combien  la  langue  de  notre 
auteur  est  conservatrice  ;  on  était  d'ailleurs  en  droit  de  s'y 
attendre,  étant  donné  l'époque  relativement  ancienne  où 
celui-ci  écrivait. 

II.  Versification.2 

Comme  trouveur  de  rimes  notre  poète  est  loin  d'être  un 
virtuose.  Cependant,  il  se  maintient  toujours  à  un  niveau 
respectable,  et  évite,  en  général,  de  recourir  aux  chevilles 
trop  faciles  :  St.  Gile  lui  donne  une  rime  à  Joinvile,  au 
vers  472  ;  dans  deux  autres  passages  ce  sont  St.  Pierre 
(v.  1070)  et  St.  Martin  (v.  1648)  qui  lui  viennent  en  aide. 

On  ne  lui  cherchera  pas  querelle  d'avoir  fait  rimer  un 
mot  avec  lui-même  lorsque  ce  mot,  comme  par  ex.,  aux 
vers  1031-32  le  verbe  mescr oient,  est  employé  dans  deux 
sens  nettement  distincts — le  bon  usage  le  lui  permettait. 
Mais  il  faut  une  certaine  complaisance  pour  trouver  dans 
des  rimes  telles  que  abes  -.robes  (v.  1059),  a  :  n'a  (v.  501), 
estre  :  estre  (v.  1509),  agus  :  agus  {A  483),  a: a  {A  531), 
une  différence  sémantique,  même  minime,  qui  les  justifie. 

En  ce  qui  concerne  la  structure  des  vers,  remarquons 

1.  V.  Cliges,  introd.,  p.  lxii. 

2.  Nous  ne  tiendrons  pas  compte  ici  de  la  métrique  des  Chansons, 
cette  matière  ayant  été  suffisamment  étudiée  par  M.  Baudler,  p.  82  et 
suiv.  de  sa  dissertation. 


VERSIFICATION  xlvii 

que  Guiot  fait  un  très  grand  emploi  du  rejet  et  de 
l'enjambement,1  et  du  couplet  brisé.2  Volontiers  il 
commence  même  ses  paragraphes  sur  le  second  vers  d'un 
couplet,3  mais  ne  paraît  suivre  aucun  système  à  cet  égard. 
Cependant,  pour  plus  de  rondeur,  il  termine  toujours  ses 
chapitres4  sur  un  vers  pair.  Ses  octosyllabes  à  rimes 
plates  deviennent  ainsi  plus  aisés,  plus  souples  et  moins 
monotones. 

On  remarque  chez  lui  en  outre  de  fréquents  hiatus  ; 
mais,  puisque  leur  nombre  diffère  dans  les  deux  mss., 
il  est  impossible  d'en  rédiger  une  statisque  définitive  et 
utile.  Dans  les  monosyllabes,  cependant,  la  non-élision 
de  Ye  de  que,  se  et  ne  est  si  fréquente,  qu'elle  doit  être, 
sans  doute  aucun,  considérée  comme  une  habitude  du 
poète  :  il  est  clair  qu'il  ne  s'en  faisait  aucun  scrupule. 
On  en  compte  pour  que  19  cas,  pour  se  et  né  9  cas  chacun, 
communs  aux  deux  mss.  A  nous  donne  en  plus  9  cas 
pour  que,  6  pour  se,  2  pour  ne  ;  B  11  cas  pour  que  et 
2  pour  ne.  Notons  que  pour  que  et  se  l'hiatus  se  produit 
surtout  devant  il. 

De  même,  la  non-élision  de  Ye  final  pour  je  semble 
assurée  aux  vv.  26,  426,  1190,  A  1510,  mais  puisque  le 
poète  connaît  la  forme  gié  (:irié  1067,  ichargié  1801, 
-.chergié  2544)  on  peut  ne  pas  en  tenir  compte. 

Ce  se  trouve  également  en  hiatus  dans  les  deux  mss. 
au  v.  2283;  dans  A  seul  aux  vv.  689,  750  et  1466;  dans 
B  seul  au  v.  2044.5 

L'i  de  li  (art.)  au  sg.  est  élidé  6  fois,  au  pluriel  jamais. 

Dans  les  mots  de  plus  d'une  syllabe  il  y  a  6  cas  d'hiatus 
communs  aux  deux  mss.  :  bible  ors  (v.  8),  outre  entre 
(v.  378),  Perche  et  (v.  439),  France  ahi  [ha  A]  (v.  112), 

1.  On  en  compte  plus  d'une  soixantaine  d'exx.,  dont  quelques  uns  sont 
très  marqués,  et  certains  presque  brutaux,  notamment  aux  vv.  504,  553, 
616,  636,  1024,  1452,  etc.  Cf.  A  22,  50,  114,  162,  164,  252,  269,  278,  281, 
etc. 

2.  Par  ex.  aux  w.  12,  18,  34,  48,  70,  72,  etc. 

3.  w.   103,  243,  etc. 

4.  V.  la  liste  des  "  Chapitres,"  aux  notes  des  w.  557-582. 

5.  Dans  L'Armëure  l'hiatus  est  également  fréquent  avec  que  et  ne 
(9  fois),  plus  rare  (1  fois)  avec  ce. 


xlviii  INTRODUCTION 

conte  et  [prince  A]  (v.  766),  lève  et  (v.  2414);  A  nous  en 
fournit  6  autres  cas  :  aux  vv.  657  ;  15 19,  2341  ;  894,  1207  ; 
1025  ;  B  9  :  aux  vv.  1302,  2572,  2566,  2447,  1906;  927,  746, 
1611;  185. 

Parmi  les  cas  d'hiatus  particuliers  à  A  il  y  en  a  un  que 
nous  avons  admis  dans  le  texte  (v.  657)  ;  parmi  ceux  de  B 
il  n'y  a  guère  que  celui  du  v. 746  qui  puisse  être  considéré' 
comme  certain — ce  qui  nous  donnerait  8  cas  d'hiatus  à 
peu  près  assurés.  Il  faudrait  en  ajouter  4  autres,  si  l'on 
considère  que  le  poète  a  dû  écrire  sire  et  governere,  sans 
s,  au  cas  sujet,  aux  vv.  11 01,  1107,  1608,  11 80,  mais  rien 
ne  nous  autorise  à  l'affirmer.1 

Dans  l'Armèure  nous  en  comptons  4  ou  5  cas  pour 
les  mots  de  plus  d'une  syllabe  :  combatrë  a  (v.  291),  lance 
est  (v.  421)  [ms.  B],  riglë  on  (v.  442),  fine  et  (v.  504), 
descombrë  home  (v.  587). 

I.  Notons  en  outre  la  crase  possible  au  v.  538  (qui  en),  et  au  v.  2325. 
Cf.  aussi  qui  est  (ou  qu'est)  dans  l'Armèure,  vv.  431,  521. 


DIALECTE  DU  MANUSCRIT  B. 

Nous  avons  dit  plus  haut  que  nous  assignions  à  notre 
scribe  une  origine  lorraine  ;  on  trouvera  néanmoins  dans 
le  relevé  des  traits  dialectaux  qui  va  suivre,  plus  d'un 
trait  commun  au  lorrain  et  à  tel  autre  des  groupes 
linguistiques  de  l'est  et  du  sud-est  de  la  France,  c.  à.d. 
au  wallon,  au  champenois  ou  au  bourguignon. 

Il  ne  faut  pas  s'abuser  sur  la  valeur  scientifique  d'études 
du  genre  de  celle  que  nous  entreprenons  ici,  car  il  est 
extrêmement  difficile,  si  non  impossible,  de  distinguer 
et  de  saisir,  dans  la  masse  des  graphies  traditionelles  et 
latinisantes  et  des  vestiges  dialectaux  de  transcriptions 
antérieures,  les  formes  qui  nous  renseignent  sur  la 
prononciation  véritable  du  scribe.  Avant  de  procéder  à 
cette  étude,  ajoutons  que  par  prudence  et  pour  plus  de 
commodité,  nous  avons  préféré,  dans  la  plupart  des  cas, 
prendre  comme  terme  de  comparaison  la  graphie  du 
français  classique,  plutôt  que  d'essayer,  en  partant  du 
son  latin,  d'établir  une  filiation  phonétique  directe. 

Voyelles. 

I.  A  ir.^ai.  Avec  le  no.  VI  c'est  peut-être  le  trait  le 
plus  caractéristique  du  manuscrit,  comme  d'ailleurs  de 
tous  les  mss.  lorrains.  A  la  tonique;  i,  final  :  ferai,  sai 
(ça);  2,  devant  consonne,  (i) orale  :  aibres,  aisnes,  blaisme, 
osaisent,  portaist  ;  (ii)  palatale  :  domaige,  saichent, 
vaiges  ;  (iii)  nasale  +  palatale  :  estrainge,  grainge.  A 
l'atone,  devant  consonne,  (i)  orale  :  aisseiz;  (ii)  nas.  +  pal. 
chaingiet,  maingier.  Par  une  graphie  inverse  a  — ai 
fr.  :  laissa,  las,  mas,  sa. 

II.  Ai  (e)  fr.=  e  :  mestre,  nestre,  =  ei  :  leit;  inversement 
e  =  ai  :  taist.  C'est  ici,  sans  doute,  qu'on  doit  ranger 
(cf.  le  no.  VI)  chairait  (fut.  de  cheoir),  confrairies,  vaireiz, 
vairois. 

xlix 

D 


1  INTRODUCTION 

III.  Ain  (ein)  îr.  =  an,  en,  mais  à  l'atone  seulement 
(cf.  Suchier,  Voyelles  toniques,  p.  133)  -.vaincu,  vancu, 
vencu  ;  ainsi,  ansi,  ensi.  Il  se  peut  toutefois  que  nous 
ayons  ici  des  graphies  étymologiques. 

IV.  Ar  iv.  =  er,  surtout  à  l'atone  -.herpès,  per  (part); 
chergiez,  cherrieres,  ermaure,  herdi,  mercheant;1  et  in- 
versement :  Barangiers,  barbis,  darriere. 

V.  As  îv.  =  es,  surtout  à  l'atone  :  pes,  porches,  checes, 
lesche,  pesse;  chescuns,2  esnesces,  estinance,  estrenormie, 
nesquirent,  vavessours  ;  et  inversement  :  assarrei 
(esserrer),  arastoirent,  aeschappe,  crassance  (crescentiam). 
Es  (in  ïllos)  et  as  (ad  illos)  se  confondent  continuellement  ; 
cf.  aussi  aface  (esface),  acorse  (escorce).  Intéressantes 
sont  les  fautes  :  il  est  boins  ne  se  consoille  pour  es  (as) 
boins,  et  molt  esté  pour  molt  tasté. 

VI.  E  fr.  tonique  =ei;  i<a  lat.  :  bleif,  deleiz,  doneir,  eil, 
seit,  teix,  meire,  peire,  servent;  ii<ë  lat.  et  germ.  :  beil 
[à  côté  de  bel,  beat,  bial,  bia]  chateil,  isneil,  porceil  ; 
iii<lat.  ë  dans  des  mots  savants  :  cleir  (clerc),  secreiz. 

VII.  E  fr.  (ë  et  ï  lat.  en  syllabe  fermée)=a;  i,  à  la 
tonique:  sachat,  datte;  cf.  aussi  abat,  manate; 
ii,  à  l'atone  :  natement,  natoie.  On  trouve,  également, 
la  graphie  ai  à  la  tonique:  daite,  dais  (*debitos)-,  et 
devant  une  labiale  au  :  Genauve,  vauve.  Inversement 
at  =  et  :  gingebret,  raches,  roset. 

VIII.  E  fermé  fr.  =  o  :  toche;  =  oi  :  soiche  ;  cf.  le  no. 
XVII. 

IX.  Eil  fr.,  i,  à  la  tonique  =  oil:  consoil,  soloil; 
mervoilles,  oroilles,  paroilles  ;  +  s  =  ols  [ous]  :  consols  ; 
ii,  à  l'atone  =  i/Z  :  consilloient,  mervillous,  millor.s 

X.  Ein  fr.  ;  i,  à  la  tonique  =  oin  :  amoint,  destroint, 
poinnes,  voint;  ii,  à  l'atone  =  in  :  cintour,  cinture. 

XI.  Ein  fr.;  i,  à  la  tonique  =  oin,  on  :  desdogne; 
ii,  à  l'atone  =  w  :  pigneir,  signor. 

1.  Peut-être  étymologique. 

2.  Peut-être  étymologique. 

3.  On  trouve  aussi  travillier  à  côté  de  travaillent  ;  et  conissans. 


DIALECTE  DU  MANUSCRIT  B.  li 

XII.  E  fr.  atone,  \  =  a  :  amaors,  dusse,  m'dur,  pàu, 
rdonde;  chamin  [mais  chivaï],  manasse,  saler,  saront; 
inversement  a  =  e  devant  nas.  :  menoient;1  ï\  =  o  :  con- 
soilloour;  do  nier  s,  maronier,  soromes  ;  prevoire  et 
preoichent  [cf.  no.  VIII]  alternent  avec  provoir  e  et 
prooichent ;  inversement  o  =  e  :  menoie,  jevent. 

XIII.  I  fr.  atone  après  labiale=e:  afechier,  meneor, 
Phelipes;  cf.  no.  XVIII. 

XIV.  Iee  fr.  dans  les  pcpp.  passés  =  ie  :  abaisie  v.  765, 
fichie  v.  637,  touchie  v.  638  ;  cf.  desierrance  pour  désir- 
rance,  vigne  pour  viegne. 

XV.  O  lat.,  «e  fr.  i,  =  ie,  dans  quiens  (cornes)  [cuens  à 
la  rime].  Comment  expliquer  muez  partout  pour  mieux  ? 
Est-ce  sous  l'influence  de  la  labiale?  n,  =  oi,  dans  boin 
[f.  bone~\,  oil  à  côté  de  oeul  [pi.  eus,  ewZs],  orgoil  à  côté 
de  orguel;  iii,  =  e  :  e-ure,  à  côté  de  oevre  ;  iv,  eu  :  preuve; 
ailleurs  Me  :  rwee,  buez,  nuez.  Notons  trues,  à  côté  de 
truis  et  pruix. 

XVI.  Om  fr.  à  l'atone  =  w  :  ouverts,  custumes ;  sutil 
[latinisme  ?]  ;  du  deux  fois  pour  dou  (de  illum)  ;  cf. 
enfunduz,  secuns,  secunde,  qui  sont  peut-être  des  lati- 
nismes. 

XVII.  Oi  îr.  =  o  ;  1,  à  la  tonique  :  cheor,  veor;  crostre, 
foble,  stole  (stellam);  ii,  à  l'atone:  closon,  j'o  dire.* 
Inversement  o  =  oi:  oirs  (horridos),  sois  (soz  v.  1234), 
oille  (ollam).  C'est  ici  que  doit  se  ranger  sans  doute 
covre  (cuivre).3 

XVIII.  U  fr.  à  l'atone  =  e  :  jement,  forgegié  ;  Cleny. 

XIX.  Ui  fr.  =  w;  i,  à  la  tonique  :  cestu,  lu,  nullu;  brut, 
tut;  cudent,  fuent;  ii,  à  l'atone:  amenusement,  cusine, 
plusors.  Inversement  u  =  ui  :  crui  (crudum),  fui  (fuit), 
mescruit,  cruier.i 

1.  Cf.  Orson  de  Beanvais,  Ane.  Textes,  introd.  (Gaston  Paris),  p.  ix. 

2.  Dans  rejrettour,  dortour,  mireous  il  y  a  p. -être  changement  de  suffixe 
tout    simplement. 

3.  Dans  boiche,  fréquent  dans  les  textes  bourguignons  et  lorrains,  ft 
provient  sans  doute  de  la  palatale. 

4.  La  forme  est  intéressante  et  se  trouve  dans  d'autres  mss.  de  l'est. 
Elle  ne  doit  rien  avoir  de  phonétique,  ne  pouvant  guère  se  produire 
que  là  où  ni  l  ni  r  finals  ne  se  prononcent  ;  v.  nos.  3,  8. 


lii  INTRODUCTION 

Remarquons  en  outre  une  tendance  à  réduire  l'hiatus  : 1 
Benois,  gaignié,  proichant;  puent  (peuvent),  pussent. 

Consonnes. 

Consonnes  doubles  et  simples  alternent  pour  figurer  le 
même  son  ;  il  y  a  pourtant  une  tendance  bien  naturelle 
à  doubler  les  consonnes  nasales  :  grainne,  certainne, 
donnent,  reponnent,  semment. 

i.  C  alterne  avec  s  pour  figurer  une  sifflante  sourde 
devant  e,  i  :  ce  (se),  c'est  (s'),  ci  (si),  auci,  enci,  fauces, 
morciaus  ;  sil,  saler,  sant,  serchier,  sertes,  acorse  (écorce). 
Intéressant  est  le  remplacement  par  c  d'un  g  initial  : 
coverner,  coutiere ;  cf.  chambes  (jambes),  Armëure,  v.  187. 
C  inter  vocalique  reste  comme  g  dans  sagurement <secura 
mente. 

2.  K  est  très  rare  :  Ke  [1  fois],  faukon. 

3.  L  final  est  tombé  dans  :  si,  bea  (bel),  chardena,  i  (il), 
qui  (qu'il),  ypocrita;  cf.  aussi  cruier,  ligals  (légat). 

4.  L  devant  consonne  tombe  sans  se  vocaliser2  dans  : 
saves,  faces,  tôt;  acun  amoine  (aumône,  cf.  no.  XVII), 
madite,  mavais,  savaiges  ;  aiques  (cf.  no.  I)  ;  on  trouve 
repols  pour  repos.  J'écris  cependant  molt  [ms.  ml't~\  qui 
se  trouve  dans  le  ms.  une  fois  sans  abréviation. 

5.  L  mouillé  s'écrit,  indifféremment,  /,  M,  Il  :  assalir, 
valant,  voilant,  jallent,  millors. 

6.  Flebilem>/obZc,  fable  et  flobe. 

7.  N  mouillé  s'écrit  souvent  g  :  coig,  tig,  teig  [à  côté 
de  tieng\  engig,  poig,  estraigement.  Je  ne  m'explique 
pas  la  forme  nasalisée  englise  aussi  fréquente  que  église, 

1.  Boin  orei,  au  v.  950  doit  être  interprété,  sans  doute,  bien  duré: 
"bienheureux."  Citain,  au  lieu  de  citëain,  peut  être  refait  sur  cit  ;  cf. 
M.-Liïbke,  Etym.  Wôrterbuch,  1959,  et  A.  Thomas,  Essais  d'etym.  fr., 
p.  268. 

2.  ëllum  s'écrit  -eal,  -iaul,  -eil,  -eaul  :  beal,  bial,  bia,  biaul,  bel,  chateil, 
rusiaul,  vaxeaul  ;  -ellos>  -iels,  -iaus,  -ans,  -eals  :  chastiels,  porceals, 
porceaus,  morsans,  morsiaus  ;  -alem>  -al,  -aul,  -a,  Ldans  des  mots 
savants]  :  loaul,  loal,  chardena  ;  ales>  -als,  -ans,  -auls  :  criminals,  desloauls, 
desloaus— véritable  fouillis,  qui  ne  peut  guère  se  produire,  que  là  où  I  est 
tombé  sans  laisser  de  traces  et  où  un  scribe  aurait  cherché  à  le  faire  revivre 
dans  l'écriture.  Dans  la  seconde  partie  du  ms.  de  Raoul  de  Cambrai 
le  scribe  écrit  un  l  double  là  où  l  est  prononcé  ;  à  tel  point  cette  lettre 
était-elle  devenue  un  signe  conventionnel;  v.  Introd.,  édit.  Paul  Meyer, 
p.    lxxxxi. 


DIALECTE  DU  MANUSCRIT  B.  liii 

à  moins  qu'elle   ne  soit  une  graphie  inverse.       Gn  se 
trouve  pour  fr.  n  dans  vilaignes. 

8.  Nt  final,  à  la  3e  pers.  du  pi.  des  verbes,  s'amuït  ou 
bien  est  représenté  par  t  ;  voir  plus  loin. 

9.  R  final  s'amuït  :  mostre  (inf.)  enpirei,  cler  :  emblei, 
seculei  :  desespereir  ;  cf.  blandir  pour  blandis.  On  le 
trouve  doublé  deux  fois  :  merr,  verr. 

10.  R  devant  certaines  consonnes  disparaît  :  mireous, 
abelestrier,  aibres,  usiniez;  cf.  argoilloner,  porvrement, 
parts  (pas,  v.  5). 

1 1 .  R  dans  les  groupes  tr  et  dr  tend  à  tomber,  témoin 
les  graphies  droitre,  mosterai,  est  (estre),  ordres  (ordes), 
et  autres  f estes  (es  [as,  aux]  hautes  festes),  quil  entendent 
(qui  entendre). 

12.  St  initiales  restent  telles  quelles  :  ste\\am>stoile, 
stole. 

13.  5  final,  et  devant  certaines  consonnes,  tombe  :  es 
biau  dis,  sen  doute,  conveir,  faul,  ver  lou  chemin,  écrit 
(:ocist),  repotes,  enpotes,  viconte  et  wysconte  ;  cf.  aussi 
resgardent,  respondre  (reponere),  sescors,  sosgit,  à  côté 
de  derendre,  défie,  défait  ;  et  aface,  acorse  pour  esface 
escorce  ;  v.  pi.  haut,  V. 

14.  5  et  ss  figurent,  sans  distinction,  la  sourde  et  la 
sonore  :  asises,  assises,  dissons,  ressoit,  cuissans,  gisent, 
gissent  ;  -itia  s'écrit  -esce  ;  se,  rare  ailleurs,  semble  figurer 
une  chuintante  sourde  :  nisce,  adresce. 

15.  T  final  est  tombé  dans  ferai,  penrai  (fut.  iii);  fu 
qui  alterne  avec  fut,  fuit  ;  vi,  don,  brui,  etc.,  cf.  la  graphie 
du  roit  Artu  (du  roi  A.).  Notons  aussi  fu  pour  fust; 
cf.  le  no.  11.  Par  contre,  t  est  écrit  dans  quelques  subst. 
en  -ié  et  dans  des  pepp.  passés  :  congiet,  pitiet,  chaingiet, 
tolut. 

16.  W  se  trouve  pour  g  dans  wallebrun,  enivagié  (mais 
jambais);  pour  v  dans  wysconte,  à  côté  de  visconte, 
deswude  ;  entre  deux  voyelles  en  hiatus  dans  cowart, 
lowaïs  (locaticium). 

17.  X,  dont  les  scribes  lorrains  font  en  général  si  grand 
usage  est,  dans  notre  ms.,  relativement  rare  à  l'intérieur 


Hv  INTRODUCTION 

des  mots;  citons  vaxeaul,  aux  vv.  2415   etc.     Il  se  trouve 
assez  souvent  pour  us  :  teix;  et  pour  z,  v.  plus  bas. 

18  Y  s'emploie  surtout  dans  des  mots  savants  idyamar- 
gariton,  ypocrisie,  symonial  ;  yrangne. 

19.  Z,  fréquemment  employé,  ne  paraît  pas  avoir  la 
valeur  de  ts  mais  bien  de  5.  Cependant,  notre  scribe  s'en 
sert  avec  système;  car,  tandis  qu'au  pluriel  régime" 
des  participes  passés  en  4  et  -u  il  écrit,  presque  sans 
exception  s,  dans  ceux  de  la  Ie  conj.  au  contraire  nous 
trouvons  toujours  s.  Il  l'emploie  dans  les  flexions  verbales 
en  -ez  (chez  lui  -eiz)  :  oreiz,  chaingiez,  etc.,  de  même  que 
dans  deleiz,  asseiz;  pour  /  mouille  +  s  :  viez,  muez 
(mieux)  ;  mais  aussi  dans  des  mots  comme  :  huez  (boves), 
puez  (peux,  puis  adv.)  graiz  (gras),  desloiz,  etc.  On  voit 
que  z  semble  être  attiré  par  une  diphtongue.  Partout 
ailleurs,  où  la  phonétique  plus  ancienne  l'aurait  exigé,  il 
est  rare  et  employé  au  hasard.  Dans  certains  mots  il 
alterne  avec  x  :  puex  et  puez,  teix  et  teiz.  Des  graphies 
telles  que  deniers  -.usuriez,  à  la  rime,  témoignent  bien  de 
sa  minime  valeur  phonétique. 

Morphologie. 

Disons  d'abord  que  parmi  les  quelques  faits  que  nous 
citerons  ici  plusieurs  ne  sont  autre  chose  que  des  faits 
purement  phonétiques. 

Article  :  sing.  m.  li — lou  (et  lo)  ;  f.  la,  qqf.  li  (cf. 
w.  645,  744)  et  le  (Arm.  405)  ;  avec  prép.  :  al,  as,  es  ;  el, 
ou,  es;  dou,  do  [du  rare]. 

La  déclinaison  est  assez  fortement  ébranlée,  le  cas 
sujet  des  subst.  masc.  de  la  2e  décl.  latine  sing.  et  pi. 
s'écrivant  avec  ou  sans  s  ;  sires  est  aussi  fréquent  que  sire, 
peires   que   peire. 

Lors  pour  lor  au  cas  rég.  pi.  se  trouve  très  souvent. 

Que  est  beaucoup  plus  fréquent  que  qui  au  cas  sujet  du 
pronom  relatif. 

Dans  les  verbes,  à  la  première  pers.  du  sing.  de  l'ind., 
on  trouve  quelquefois  s  :  dis,  ois.  -E,  -et,  -ent  s'emploient 
indifféremment  à  la  3e  pers.  du  sing.  et  à  la  3e  pers.  du  pi. 


DIALECTE  DU  MANUSCRIT  B.  lv 

de  l'indic.  prés,  des  verbes  de  la  Ie  conj.,  et  du  subjonctif 
des  autres.  C'est  ainsi  que  porte,  portet,  portent  et 
pende,  pendet,  pendent  alternent  pour  figurer  les  mêmes 
formes.  On  prononçait  partout  -e,  ce  qui  nous  est  prouvé 
par  des  graphies  telles  que  voient  (pour  voie,  sbstf .),  orent 
(ore,  adv.). 

•Ait  se  trouve  pour  -a,  à  la  3e  pers.  du  prêt,  et  du  fut.  des 
verbes  de  la  Ie  conj.  (voir  plus  haut,  no.  I)  de  même  qu'à 
la  3e  pers.  du  sing.  du  prés,  de  l'indic.  de  avoir,  aller 
et  ester.  D'une  façon  analogue,  -aist  et  -aissent  se 
trouvent  pour  -ast,  -assent. 

La  3e  pers.  du  pi.  du  prêt,  des  verbes  en  -er  se  termine 
en  -airent  :  engegnairent,  esposairent,  formes  refaites  sur 
les  désinences  des  autres  personnes.  On  trouve  une  fois 
-oirent  :  arastoirent,  qui  est  peut-être  une  simple  négli- 
gence. Pour  le  prêt,  des  autres  verbes,  citons  :  partai  ie 
sg.  de  partir;  mirent;  tindrent  [à  côté  de  devenrait\. 

1ère  et  iert  sont  confondus  pour  le  fut.  (3e  sg.)  du 
verbe  estre. 

La  désinence  -ornes,  à  la  ie  personne  du  pi.,  se  trouve 
deux  fois  :  seromes,  osommes  et  pourrait  bien  être  de 
la  langue  de  l'auteur;  -ins  se  trouve  une  fois  :  atendins ; 
•ois  (2e  pi.),  qui  est  certainement  du  scribe,  se  trouve 
également  deux  fois  :  vairois  (verrez)  et,  irrégulièrement, 
sachois,  forme  analogique  refaite  sur  le  modèle  des  verbes 
de  la  Ie  conj. 

Dans  les  verbes  de  la  ie  conj.  où  le  déplacement 
d'accent  amène  un  changement  de  la  voyelle  du  radical, 
l'analogie  a  fortement  altéré  l'ancien  système  vocalique. 
C'est  ainsi  que  l'on  trouve  prisier,  proiier,  pri  et  proient 
à  côté  de  geteir,  gite  et  gitent  (forme  lorraine).  Remar- 
quons en  outre  la  forme  analogique  oblisse,  v.  582. 

Ajoutons  pour  finir  trois  faits  d'ordre  lexicographique. 
Notre  scribe  paraît  ne  pas  connaître  le  mot  mont  "  beau- 
coup." Il  écrit  ml't  même  à  la  rime — ml't  :  Grandmont. 
Ni  pour  ne,  conjonction  négative,  est  assez  fréquent,  cf. 
v.  1383.  Le  mot  ordre  paraît  être  pour  le  scribe  du 
masculin  tandis  que  pour  Guiot,  comme  de  règle,  il  est  du 
féminin. 


CHAXSOXS. 


I. 


U.  f.  iyr°. ,,  C.  no.  322,  /.  147-jo. 

Editions  :  Wackernagel  xvi  ;  San  Marte  iii  ;  Baudler, 
p.  74;  Histoire  littéraire  xxiii,  p.  611  (strophe  v). 

i. 

Ma  joie  premeraine 

M'est  torneie  en  pesance, 
3         Las  !  je  ne  sai  por  coi, 

Mais  ensi  me  demeine 

La  foi  et  l'espérance 
6         K'amors  a  mis  en  moi. 

Se  je  par  bone  foi 

Doi  avoir  pénitence, 

De  moi  ne  sai  nul  roi 
10         Fors  que  ma  mort  i  voi. 

ii. 

Mes  fols  pansers  m'ameine 

La  foie  desirrance 
13         Don  sui  en  tel  esfroi  ; 

C'ainz  n'oi  joie  certeine 

Senz  kel  que  mesestance  ; 
16        S'en  fait  grant  estreloi 

Amors,  ou  je  me  croi, 

Ke  m'aprist  en  m'enfance 

Faire  ceu  ke  ne  doi  : 
20        Oiez  con  je  foloi  ! 

2  C.  a  pesance  ;  4  C.  desmainne  ;  5  U.  la  sors,  C.  fois  ;  7  C.  manque  ; 
8  C.  soffrir  p  ;  17  C.  me  croie,  U.  me  croi  ;  18  U.  qui  me  prist  ;  19  U.  faz 
je  ce  que  je  doi. 

1 


2  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

iii. 

Quant  je  meuz  cuz  ataindre 

Joie  et  bone  aventure, 
23         Lors  porroie  jurer 

Que  l'endemain  est  graindre 

La  dolors  et  l'ardure 
26         Que  me  fait  endurer. 

Mais  je  voi  bien  juër 

Sovent  en  aventure 

Por  perde  restorer — 
30         Or  soit  a  l'endurer  ! 

iv. 

S'amors  volsist  destraindre 

Ma  dame  en  tel  mesure, 
33         Bien  me  pëust  saner 

De  ce  dont  tant  m'ot  plaindre. 

Mais  ele  n'en  a  cure, 
36         Si  me  fait  redouter 

En  lealment  amer. 

Que  j'ai  per  tôt  droiture  ; 

Meuz  volsisse  mostrer 
40         Mon  tort  senz  moi  grever. 

v. 

Douce  dame,  en  pou  d'ore 

Fust  ma  joie  aemplie, 
43        Se  j'eusse  le  don 

Qui  toz  jors  me  demore  ; 

Mais  vostre  seignorie 
46         M'ocit  a  desraison. 

Losengier  et  félon 

Font  ceste  départie — 

Que  ja  n'aient  perdon 
50         De  dire  mesprison  ! 

26  U.  qui,  C.  ki  ;  27  U.  plus  j.  ;  29  U.  que  p.  ;  33  U.  se,  salver  ; 
36  U.  esmaier  ;  38  C.  car  ;  42  C.  fut  acomplie  ;  43-4  U.  manquent  ; 
46  C.  ocist  ;  47-8  C.  intervertis  ;  Entre  48  et  49  U.  insère  :  trop  sont  or  al 
desore.  cil  qui  ont  tel  envie  ;  49  C.  ki  ;  50  C.  manque. 


CHANSONS 

vi. 
Guioz  qui  plaint  et  plore 
Et  sa  mort  et  sa  vie 
Lor  outroie  a  bandon 

54        A  toz  maleïçon  ; 

Mainte  amor  ont  perie, 
Ne  dïent  se  mal  non, 

57         S'en  avront  guerredon. 


II. 

U.  f.  73r°.,  C.  no.  ioo,  /.  461'°. 

Editions  :  Wackernagel  xiii  ;  San  Marte  i  ;  Bartsch, 
Chrestomathie  (Leipzig  1866),  p.  203;  Hist.  litt.  xxxiii, 
p,  611  (str.  1,  4,  7);  Archiv.  xlii,  p.  260;  Baudler,  pp.  76- 
78. 

i. 
Contre  lo  novel  tens 
Que  florissent  cil  bruell 
Chanterai  Ion  mon  sens 
4         De  celi  dont  me  duell. 

Plus  l'aim  que  je  ne  suell  ; 
Q'a  la  plus  bêle  pens 
7         C'ainz  veïssent  mi  uell. 

ii. 

Quant  premiers  resgardai 

Son  gent  cors  seignoris 

A  mes  euz  esprovai 
11         K'estoie  ses  amis  : 

Si  i  fui  ententis 

Que  tôt  ades  cuidai 
14        Que  fusse  ou  cerne  mis. 

iii. 
Amors,  a  molt  grant  tort 
Me  faites  mal  soff rir  ; 

I  vi,  C.  manque  ;  9  C.  et  son  vis  ;  str.  iii  =  U.  v  ;  15  U.  si  gr. 


4  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

Cil  orent  boen  confort 
18         Qui  sont  mort  senz  languir. 

Las  !  toz  jors  la  désir, 

Et  ades  voi  ma  mort, 
21         Et  si  ne  puis  morir. 

iv. 
Je  l'aim  tant  et  désir 
Por  sa  fine  biauté 
Mielz  vodroie  a  loisir 
25  Un  baisier  de  son  gre 
[Sel  me  voloit  doner 
Que  tôt  lo  remanant] 
De  la  crestïenté. 

v. 

Si  fort  li  cuers  m'en  duet 

Ne  la  puis  oblïer  ; 

Malgré  mien  m'en  estuet 
32         Devant  la  gent  parler. 

Por  ceu,  puet  on  prover 

Que  de  bone  amor  muet 
35        Ceu  c'on  ne  puet  celer. 

vi. 

A  dolerous  mestier 

M'ont  atorné  amors, 

C'ainz  de  mon  desirrier 
39         Ne  poi  avoir  secors. 

Bien  puis,  hoi  est  li  jors, 

Les  poinz  de  l'eschaquier 
42         Doubler  de  mes  dolors. 

vii. 
Chancenette,  va  t'ant, 
Lez  m'amie  t'envoi. 

20  C.  ma  mort  voi;  21  C.  se;  Str.  iv  =  U.  iii  ;  24-30  C.  manquent; 
Str.  v=U.  iv;  32  C.  ploreir  ;  33  U.  par;  38  C.  quant;  39  U.  pou, 
C.  puis  ;  40  C.  or  puex  ;  42  C.   ma  dolor  ;  44  U.   a. 


CHANSONS 


Di  li  que  je  li  mant  : 
46        Cuer  et  cors  li  outroi 
S'ele  me  porte  foi 
La  leiauté  Tristant 
49         Porra  trover  en  moi. 


III. 


U.  /.  57/0.,  C.  no.  328,  /.  isctc'o. 

Editions  :  Wackernagel  xviii  ;  San  Marte  v  ;  Baudler, 
pp.  78,  79. 

i. 
Molt  avrai  lonc  tans  demoré 
Fors  de  ma  douce  contrée 
Et  maint  grant  enui  enduré 
4         En  terre  malëuree. 

Por  ceu,  n'ai  je  pas  oblïé 
Lo  douz  mal  que  si  m'agrée, 
Don  ja  ne  quier  avoir  santé 
8         Tant  ai  la  dolor  amee. 

ii. 
Lonc  tens  ai  en  dolor  esté 
Et  mainte  larme  ploree  : 
Li  plus  bels  jors  qui  est  d'esté 

12  Me  semble  nois  et  jalee 
Quant  el  pais  que  je  plus  he 
M'estuet  faire  demoree  : 

N 'avrai  mais  joie  en  mon  aé 
16        S'en  France  ne  m'est  donee. 

iii. 
Si  me  doint  Deus  joie  et  santé, 
La  plus  bêle  qui  soit  née 
Me  conforte  de  sa  biauté. 

13  C.  car  ou  paix. 


LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

20        S'amors  m'est  el  cuer  entrée  ; 
Et  se  je  muir  en  cest  pansé 
Bien  cuit  m'erme  avoir  salvée. 
Car  m'ëust  or  son  leu  preste 

24        Deus  !  cil  qui  l'a  esposee. 

iv. 
Douce  dame,  ne  m'oblïez 
Ne  soiez  cruels  ne  fiere 
Vers  moi,  qui  plus  vos  aim  k'asez 

28         De  bone  amor  droituriere. 
Et  se  vos  ensi  m'ocïez, 
Las  !  trop  l'achèterai  chiere 
L'amor  don  si  me  sui  grevez, 

32         Mais  or  m'est  bone  et  entière. 

v. 

He,  las  !  con  sui  desëurez 

Se  celé  n'ot  ma  proiiere 

A  cui  je  me  sui  si  donez 
36        Que  ne  m'en  puis  traire  arrière. 

Trop  longuement  me  sui  celez  : 

Ceu  font  la  genz  malparliere 

Don  ja  nus  ne  sera  lassez 
40        De  dire  mal  par  darriere. 


IV. 


C.  no.  278,  /.  124^0.,  et  C.  no.  502,  /.  239^.  v°. 

Editions  :   Wackernagel  xiv  ;  San  Marte  ii  ;  Baudler, 
pp.  79,  80. 

i. 
La  bone  amor  ki  en  joie  me  taint 
Et  li  douls  tens  d'esteit  ki  renverdoie 
Et  li  penseirs  dont  a  cuer  me  sovaint 

21    C.    penseir;    23    C.   lit;    25    C     ocïes  ;   30   C.    trop    ach  ;    40   C.    en 
derrière. 

IV.  1  C2.  tresbone  am. 


CHANSONS  7 

4         Me  font  sovent  chanteir  et  moneir  joie. 

Et  mainte  fois  veult  amors  ke  je  soie 

Mes  et  pensis,  dolens  et  corresous, 
7         Et  quant  li  plaist  de  ligier  seux  joious. 

ii. 
Uns  dous  espoirs  ki  m'aide  et  maintaint 
Contre  l'orguel  ki  m'ocist  et  guerroie 
M'ait  conforteit,  maix  ades  me  convaint 

1 1         Chier  compareir  ceu  dont  joïr  voldroie. 
Se  servirai  desirans  toute  voie, 
C'onkes  de  riens  ne  fui  si  desirous 

14         Con  d'onoreir  ceu  dont  plus  seux  coitous. 

iii. 
Li  mais  ke  j'ai  ne  vait  mie  et  revaint, 
Ains  me  destraint  igaulment  et  maistroie  ; 
El  cuer  me  naist  et  de  ma  dame  vaint, 

18         Et  si  n'en  ai  pais  tant  con  je  voldroie. 
Car  fine  amor  me  semont  et  avoie 
De  li  servir,  dont  tant  seux  desirous 

21         Ke  plaixans  m'est  cist  mais  et  delitous. 

iv. 

N'est  pais  amanz  sil  ki  d 'amors  se  plaint 

Ne  ki  cuide  ke  jai  venir  li  doie 

Nulz  malz  d'amors  ;  maix  tous  jors  serve  et  aint 
25         De  cuer  verai  ne  jai  ne  se  recroie. 

Blaimeir  se  doit  cil  ki  faucement  proie, 

Et  cil  ki  sont  d'autrui  joie  envious 
28         Et  d'autrui  bien  dolent  et  corresous. 

v. 
Per  deu  amors,  li  sospir  et  li  plaint 
Et  li  désir,  dont  l'espérance  est  moie, 
M'ont  tant  valut  k'en  joie  mes  cuers  maint  ; 

4.  C*.  fait  sov  ;  14  C2.  je  fui  c.  ;  15  C2.  ne  manque;  17  C\  a  cuer; 
21  C2.  m'  manque;  22  C\  amis;  24  C2.  serce  ;  25  C2.  s'en  recroie 
29  C2.  de,  sospirs,  plains  ;  30  C2.  désirs. 


8  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

32         Por  ceu  fait  boen  servir  ke  bien  enploie. 
Maix,  se  ma  dame  et  pitiés  si  otroie, 
De  duel  moront  medixant  envious, 

35         Et  je  vivrai  joianz  et  amerous. 


V. 

U.  f.  qv°.,  C.  no.  324,  /.  1481;°. 

Editions  :  Wackernagel  xvii  ;  San  Marte  iv  ;  Baudler, 
pp.  81,  82  ;  str.  v  (U.)  :  Hist.  litt.  xxiii,  p.  612,  D'Arbois 
de  Jubainville,  Histoire  des  Ducs  et  des  Comtes  de 
Champagne  iv,  p.  656. 

i 
Molt  me  mervoil  de  ma  dame  et  de  moi, 
Q'ensi  me  tient  quant  plus  suis  lonz  de  li; 
Bien  cuit  garir  l'oure  que  je  la  voi, 

4         Mais  lors  double  li  mais  dont  je  m'oci. 
Si  m'ait  Deus,  trop  fiere  chose  a  ci 
Kant  je  morrai  por  tant  que  je  la  vi  ; 
Mais  je  me  fi  tant  en  ma  bone  foi 

8         Et  en  iceu  c'onques  ne  li  menti. 

ii. 
Mainz  en  i  at  qui  demandent  por  coi 
J'aim  celé  rien  qui  n'a  de  moi  merci  ; 
Il  sont  vilain  et  de  malvaise  loi  ; 

12         Car  je  n'ai  pas,  dame,  encor  deservi 

Lo  dolz  regart  dont  vos  m'avez  saisi, 
Et  lo  panser  dont  mes  cuers  s'esjoï  ; 
Et  cil  qui  dit  que  je  de  ceu  foloi 

16        Ne  me  conoist  pas  a  leial  ami. 

iii. 
Leials  amis  sui  je  sanz  foloiier, 
Del  tôt  amors  m'a  si  en  sa  prison  ; 

32  C2.  bien  servir  ;  33  C2.  anoious. 

V,  2  C.  ke  si  me  ;  3  C.  adonc  kant  je  1.  ;  4  C.  lor  doublent  li  mal  ; 
6  C.  je  lamai  ;  7  C.  mais  manque,  tant  ens  en;  12  U.  desservi; 
14  C.  s'esjoïst  ;  17  U.  sanz  manque  ;  18  U.  d.  t.  m'ocit  amors. 


CHANSONS  9 

Son  cors  me  fait  amer  et  tenir  chier, 
20         Et  bel  parler  et  entendre  raison 

Celé  de  cui  j'atent  lo  guerredon. 

K'en  moi  ne  triais  ne  ire  ne  tençon  ; 

Mon  boen  espoir  ne  voldroie  changier 
24        A  rien  qui  soit  nen  a  nul  altre  don. 

iv. 
Cil  jangleor  nos  font  grant  destorbier 
Qui  se  vantent  d'amer  par  traïson  : 
As  amanz  font  lor  joie  delaïer 

28         Et  as  dames  sont  cruier  et  félon — 
Ja  Damedeus  ne  lor  face  pardon  ! 
Bien  m'ocïent  senz  arme  et  senz  baston 
Quant  je  les  voi  ensemble  conseillier  ; 

32         Mais  ma  dame  n'i  panse  se  bien  non. 

v. 

Chançons,  va  t'en  tôt  droit  a  Masconois 
A  mon  seignor  lo  conte  ;  je  li  mant, 
Si  con  il  est  frans  et  prouz  et  cortois, 

36         Qu'il  gart  son  pris  et  si  lo  traie  avant. 
Mais  nule  rien  lo  conte  ne  demant 
Fors  por  s'amor  et  por  ma  dame  chant, 
Qui  m'a  proiet  de  chanter  en  cest  mois 

40         Mais  ma  joie  me  va  molt  delaiant. 

19  C.  mon  cors,  amer  manque  ;  22  U.  navra  ja  a  moi  nen  ire  ne 
tencon  ;  24  C.  argent  ke  soit  ne  ;  32  C.  entant  ;  33  C.  Mascoignois  ; 
34  C.  mans  ;  36  C.  traice  ;  37  C.  demans  ;  38  C.  chans  ;  39  C.  ke  m'ait; 
40  C.   deleant. 


Ci  commence  La  Bible  Guiot  de  Provins. 

Du  siècle  puant  et  orible 

m'estuet  commencier  une  bible, 

por  poindre,  et  por  argoilloneir,1 
4        et  por  grant  exemple  doner. 

Se  n'iert  pas  bible  losangiere 

mais  fine  et  voire  et  droituriere. 

Mireors  iere  a  toutes  gens 
8         ceste  bible  :  ors  ne  argens 

de  nus  esloignier  ne  la  puet, 

que  de  Deu  et  de  raison  muet 

ce  que  je  vuel  mostrer  et  dire. 
12         Et  sens  feloignie  et  sens  ire 

vodrai  molt  lou  siècle  reprendre, 

et  assallir,  et  raison  rendre, 

et  dis  et  exemples  mostrer 
16        ou  tuit  sil  se  doient  mirer 

qui  pacience  et  créance  ont. 

Et  toutes  les  ordres  qui  sont 

se  poront  mirer  es  biau  dis 
20        et  es  biaus  mos  que  j'ai  escris  : 

se  mirent  sil  qui  bien  entendent 

et  li  saige  molt  s'i  amandenf  ! 
Or  me  gart  Deus  mon  esperit  ! 
24         que  de  lui  muevent  li  boin  dit 

et  tuit  li  boin  ensegnement, 

ensi  lou  croi  je  et  entent 
Sor  tout  lou  siècle  parlerai 
28         mais  ja  home  n'i  nomerai 

1.  Les  lettres  qui  manquent  aux  mots  seront  ajoutées  en  italique;  les 
mots  qui  manquent  aux  vers,  entre  parenthèses  carrées. 

Titre,  B.  manque  ;  4  A.  F.  mostrer,  P.  bons  exemples  ;  5  B.  partz  b.  ; 
7  B.  mireous,  A.  iert,  B.  toute  gent  ;  8  A.  or  ;  9  B.  ne  nus  losangier, 
A.  esloignier  de  rien  ne  me  p.  ;  11  A.  conter  et  d.  ;  12  A.  est  sens  f.  ; 
13  A.  1.  s.  ml't  rep.  ;  14  A.  a  res.  r.  ;  16  A.  porront  m.  ;  17  A.  entendu 
et  c  ;  18  A.  que  t.  ;  19  A.  bons  d.  ;  20  B.  et  es  escris  ;  22  A.  li  prodome 
si  am.  ;  24  A.  viennent  ;  28  A.  ne  ja  h. 


LA  BIBLE  n 

que  haïr  ne  blasmer  me  doie. 

Entreis  sui  en  la  droite  voie; 

blasmer  vodrai  et  desprisier, 
32         et  ce  que  je  dovrai  prisier 

per  dis  plaisans  sens  viloignie. 

Si/  mosterai l  bien  sa  folie 

qui2  lou  blasme  sor  lu  penrai  : 
36        plus  tost  conoistre  se  ferai. 

Molt  se  descuevre  follement 

qui  commun  blaisme  sor  lu  prent — 

de  folie  se  met  en  plait — 
40         mais  la  ruée  dou  chair  qui  brait 

ne  se  puet  saler  ne  covrir. 
Les  portes  covient  a  ovrir 

dou  siècle  et  de  l'estre  dou  monde 
44        en  ceste  bible,  qui  qu'en  gronde. 

Des  dis  as  nobles  clers  paiens 

qui  furent  ains  les  crestïens 

vorrai  ceste  bible  florir. 
48         Sil  se  gardoient  de  mantir, 

sil  vivoient  selonc  raison  ; 

hardi  furent  comme  lion 

de  bien  dire,  et  de  droit  mostrer, 
52         et  des  mavais  vices  blasmer  ; 

s'il  eussent  créance  et  loi 

en  nulle  gent  n'ot  tant  de  foi. 

Les  escritures  molt  les  loent  ; 
56         "  philosophes  "  les  apelloient. 

Li  grijois  en  latin  resonne, 

qui  non  de  philosophe  sonne, 

"  amans  de  bien  et  de  droiture." 
60         Ensi  l'aferme  l'escriture, 

29  A.  qui....  men  doie;  30  A.  ma  dr.  v.  ;  32  A.  ceuls  que  je  voldrai 
et  Pr-  î  33  A.  end  ;  34  A.  la  f.  ;  35  A.  metra  ;  36  A.  de  folie  sentremetra  ; 
41  A.  celé;  43,  44  A.  intervertis;  45  A.  des  philosophes  anciens;  48  A. 
gardèrent;  51   A.  bien  m.;  54  B.   n'ait  t.;  57  A.   grezois  ;  59  A.    amnt. 

1.  Mosterai.  J'avertis  le  lecteur  qu'à  la  3e  pers.  du  sg.  du  fut.  le 
scribe  écrit  -ait,  -ai  ou  -a,  de  même  que  ait  peut  être  ou  habet  ou  habeat  ; 
v.  Introd.,  p.  lv. 

2.  Qui.  en  italique,  signifie  que  le  ms.  porte  l'abbréviation  de  "  que  " 
v.  Intr.,  p.  liv.     Nous  imprimons  ainsi  pour  faciliter  la  lecture. 


LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

"  philosophes  "  nomeiz  estoit 
sil  qui  amoit  raison  et  droit, 
et  qui  menoit  honeste  vie 
64         et  de  nul  tort  n'avoit  envie  ; 

li  nons  fut  molt  biaus  et  cortois, 
por  coi  l'appelloient  grijois 
les  amaors  de  sapience, 
68         qu'en  aus  ot  plus  de  pacience 
et  de  raison  qu'en  nulle  gent. 
A  Arle  oï  conteir  molt  gent 
lor  vie,  en  l'englise  Saint  Trophe. 
72         Molt  furent  nei  li  philosophe— 
teius  estoit  lor  gênerais  nons— 
Therences  en  fut  et  Platons, 
et  Seneques,  et  Haristotes  ; 
76         Viergiles  en  refut   et  Ostes, 
Cleoo  li  viez,  et  Socratés, 
et  Lucans,  et  Diogenés  ; 
Precïens  et  Aristopus 

80  en  furent,  et  Cleobolus, 
s'en  fu  Boeces  et  Estaces  ; 
et  Tulles  li  granz  et  Oraces, 
et  Cliges  et  Pitagoras 

84         en  furent.     Se  n'est  mie  gas 
de  lor  subtilitei  serchier. 
A  cel  tens  furent  li  plus  chier  ; 
sutil  estoient  et  agu. 
88        Li  malvais  prince,  li  vancu, 
qui  gisoient  en  péchiez  oirs 
les  volcissent  toz  avoir  mors  ; 
il  nés  osaisent  pas  veoir, 
92         qu'il  n'en  preïssent  nul  avoir 

-.- .  r    svr.it  r  •  66  A.  por  ce  lappellent  li 

grezois,   B.  les  appU  oit  ;  67  £  Pat!^e.  '       A.  dont  f.  n.  ;  73  A.  tiex  en 
70  A.  aie;  71  A.  en  lestoire  sanz  troffe     ,2 j\.  aristipus  ; 

E  1.  ;  74  A-  therades;  76  A    othes     78  Art  »  ™  f^.   g6  A.   cest  ; 

81  A.   ovides  et  est;   82  et  t.    ei        b 
89  A.  es  p. 


LA  BIBLE  13 

contre  raison  ne  contre  foi, 

tant  maintenoient  bien  loi. 

Li  philosophe  tel  estoient 
96        que  a  nulle  rien  n'entendoient 

maix  qu'a  bien  dire,  et  a  reprendre 

les  malvais  vices  ;  qui  entendre 

voldroit  lor  mos  et  lor  biau  dis 
100        ja  jor  ne  seroit  desconfis 

s'il  les  avoit  en  remembrance. 
Mais  tout  est  torneiz  a  anfance 

li  siècles  et  anoiantis. 
104         Des  princes  sui  plus  abahis, 

qu'il  ne  conoissent  ne  entendent. 

Sil  n'empirent  ne  sil  n'amandewf  : 

empirieir  ne  poroient  il, 
108        et  comment  amanderont  sil 

qui  ne  puent  estre  poiour  ? 

Il  n'ont  ne  doute  ne  paour 

de  Deu,  ne  dou  siècle  vergoigne. 
112         Aï  France!    Aï  Borgoigne  ! 

Certes,  con  estes  avuglées  ! 

Con  vos  vi  de  gent  honorées  ! 

Or  plorent  les  belles  maisons 
116        les  boins  princes,  les  boins  barons, 

qui  les  grans  cors  i  assembloient 

et  les  biaus  avoirs  i  donoient. 

Deus  !  con  furent  preu  et  valant, 
120        et  riche  et  saige  et  conoissant  ! 

Et  sil  sont  si  nice  et  si  fol, 

et  guileor,  et  lesche,  et  mol, 

que  se  je  bien  grant  sens  avoie 
124        entre  aus,  se  cuit,  tout  le  perdroie. 

93-4  A.  de  clerc  de  contre  ne  de  roi  contre  reson  et  contre  foi  ;  93  B.  à  la 
place  de  foi  porte  un  s  sans  plus  ;  97  A.  aprende  ;  98  B.  quil  entendent  ; 
99  B.  voldront  ;  100  B.  seront  ;  A.  il  ne  seroit  ja  d.  ;  101  B.  qui  avoit 
en  rem.,-i  ;  102  A.  monte  en  enf  ;  103  B.  est  an;  104  A.  dou  siècle  s.pl. 
esbahiz  ;  105  A.  cil  ne  c.  cil  nent  ;  106  A.  emmendent  ;  107  B.  poront  ;-z  ; 
108  A.  com.  amenderoient  il  ;  Entre  108  et  109  A.  intercale  un  vers  : 
quil  nont  vergoingne  ne  peor  ;  109  A.  quil  ne  p.  ;  110  A.  il  r.ont  redoute 
n.  p.;  112  A.  ha  douce  fr.  ha  b.  ;  113  A.  terres  com;  114  A.  genz  ; 
115  A.  bones  maisons;  118  A.  et  qui  les  biaus  dons  i  don;  119  A.  dieu; 
122  A.  jugleor. 


14  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

Tant  lor  oi  guiller  et  mentir 
qu'entre  aus  ne  me  sai  contenir, 
entre  aus  ai  tout  lou  sens  perdu. 

128  Ne  furent  pas  ou  coig  féru 

dont  les  menoies  sont  loaus  ; 
les  forges  furent  desloaus, 
se  cuit,  ou  il  furent  forgié  ; 

132         si  m'ait  Deus,  encor  cuit  gié 
que  li  ovrier  furent  malvais. 
Je  ne  me  fierai  jamais 
en  nulle  forge  n'en  nulle  oevre 

136         puez  que  malvais  ovriers  i  oevre  : 
n'est  pas  droituriere  la  forge, 
puez  que  malvais  ovriers  i  forge, 
ne  l'uevre  n'est  preus,  ce  m'est  vis. 

140         A  envis  iert  ja  de  grant  pris 
pollains  de  mavais  estallon, 
se  vuel  qu'entendent  li  baron 
qui  sont  angoissous  et  vilain  : 

144        bone  semence  fait  boin  grain, 

et  boins  aibres  portet  boin  fruit. 
Ou  il  furent  chaingiet,  se  cuit, 
ou  les  fauces  engendrëures 

148         qui  sont  vilaignes  et  oscures 
les  nos  ont  ensi  tresgeteiz. 
Je  ne  voldroie  estre  blasmeiz 
des  dames  ;  saves  lor  honors 

152  lou  dis;  mais  des  engendreors 
me  plain,  ce  ne  puez  je  laissier, 
que  trop  furent  malvais  ovrier  : 
lou  monde  nos  ont  encombrei 

156        d'ort  siècle  et  de  desesperei. 

Trop  est  nostre  loz  au  desoz  : 
qui  bien  nos  vorroit  jugier  toz, 


125  A.  mentir  et  g.  ;  126  A.  que  je  ne  sai  entraus  parler;  132  A.  se 
deus  mait  ;  136  A.  ovrier  ;  137  A.  nest  mie  dr.  f.  ;  138  A.  ovrier  ; 
139  A.  B.  avis;  om.  ne;  140  B.  entre  ous  iere  ;  142  B.  que  rendent; 
148  A.  malvaises  et  ose;  156  B.  dou  s.  e.  d.  desespereiz,  A.  om.  et; 
157  A.  lois. 


LA  BIBLE  15 

si  con  je  sai  et  con  je  croi, 
160        ja  n'en  eschapperoient  troi 

que  ne  fussent  dampnei  sens  fin. 

Ou  sont  li  boin,  ou  sont  li  fin, 

ou  sont  li  saige,  ou  sont  li  prou  ? 
164        S'il  estoient  tuit  en  un  fou, 

ja  des  princes,  si  con  je  cuit, 

n'i  avroit  un  brullei  ne  cuit; 

mais  se  li  fellon  i  estoient, 
168        si/  qui  Deu  voirement  ne  croient, 

et  li  villain  et  li  eschars, 

molt  i  aroit  des  princes  ars  ; 

onques  si  loaus  fous  ne  fui 
172         qu'il  valdroient  muez  cuit  que  crui. 
A  grant  tort  les  apelle  on  princes  : 

des  estapes  et  des  crevices 

font  mais  empereors  et  rois. 
176         Les  Alemans  et  les  Inglois 

voi  bien  des  princes  esgareiz, 

si  voi  je  les  autres  aisseiz  : 

tuit  sont  esbahi  per  lou  mont 
180        des  mavais  princes  que  il  ont. 
Et  chevalier  sont  esperdu  : 

sil  ont  auques  lor  tens  perdu  ; 

abelestrier,  et  meneour 
184        et  perrier,  et  engeneor 

seront  de  or  avant  plus  chier. 

Encuseor  et  losangier, 

sil  ont  passei.     Et  que  feront 
188        sil  qui  lou  siècle  vëu  ont 

si  vallant  con  il  a  estei  ? 

Deus  !  con  estoient  honorei 

li  saige,  li  boin  vavassour  ! 
192         Si/  furent  li  consoilloour 

159  A.  com  je  voi;  160  B.  il  nen  ;  161  A.  quil  n.  ;  163  A.  manque; 
168  A.  et  cil  qui  damedeu  n.  c.  ;  170  A.  mont  i  avr  ;  173  A.  apelons  pr  ; 
174  B.  des  estoupes  et  descrescine  ;  175  B.  sont  m.  emperor  et  rois, 
A.  mainz  ;  176  A.  li  alemant  et  li  tiois  ;  177  A.  bien  voi  ;  178  A.  des  autres  ; 
180  A.  qui  i  sont  ;  182  B.  om.  ont,-i  ;  183  A.  mineor  ;  187  A.  cil  ont  tôt 
pense  quil  feront  ;  189  B.  ont  estei. 


16  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

qui  savoient  qu'estoit  raisons; 

s'il  consilloient  les  barons, 

sil  faisoient  les  dons  doneir 
196        et  les  riches  cors  assembler. 

Les  boins  vavessours  voi  je  mors  : 

les  grans  orguels  et  les  grans  tors 

lor  fait  on  et  les  grans  outraiges. 
200         Ja  en  ont  trop  cruels  damaiges, 

qu'iZ  estoient  herbegeor 

et  libéral  et  doneor, 

et  li  prince  lor  redonoient 
204         les  biaus  dons,  et  les  honoraient — 

or  lor  tôt  on  ains  c'on  lor  dogne, 

on  les  escorche  on  les  reoigne. 

Sil  prince  nos  ont  fait  la  figue  ; 
208        en  herpe  en  vïele  et  en  gigue 

en  devrait  on  rire  et  chanteir; 

om  nés  doit  covrir  ne  seler, 

trop  nos  ont  lou  siècle  honi. 
212  Chevalier  sont  aserveti 

plus  que  sil  ou  om  fait  les  tailles. 

Bien  jueent  hui  a  toutes  failles 

nostre  prince,  nostre  baron. 
216         Fallent  il  en  lor  oevre  ?     Non; 

sil  faut  qui  fait  ceu  qu'il  ne  doit; 

fallis  ne  doit  rien  faire  a  droit  ; 

se  fallis  fait  oevre  qui  valle, 
220        c'est  prueve  que  faillis  fait  falle  , 

por  ceu  di  je  que  faillis  faut 

la  ou  ses  fais  nulle  riens  valt. 

Nostre  prince  n'ont  pas  failli  î 
224         Molt  me  tenroie  por  gari, 


196  B.  li  r.  ;  198  B.  les  grans  grans  org.,  A.  outraiges  et  1.  t.  ; 
199  A.  domaîges  ;  200  B.  cruier  damaige,  A.  icest  uns  trop  crueulz 
oltraiges  ;  202  A.  et  bon  terrien  donneor  ;  205  B.  dognent  ;  206  B.  or, 
escorchent,  or,  reoignent  B.  ;  208  B.  herpès  vieles,  gigues  ;  209  A.  certes 
conter;  210  A.  et  conteors  a  court  mander;  212  A.  acuiverti  ;  214  B.  b. 
veinnent,  A.  tuit  a  t.f.  ;  215  B.  n  prevost  ;  216  A.  f.  il  lor  avoir  il  non; 
217  A.  qui  ne  f.  c.q.  ;  219  B.  fallirs  f.,  A.  qui  faille;  220  B.  faillir  f.  f.  ; 
221  A.  Faillirs;  223  A.  nos  ont  failli;  224  A.  bien  m.  t. 


LA  BIBLE  17 


certes,  se  fallir  les  veoie  : 

bien  sui  mors,  mais  encor  vivroie. 

Por  coi  nesquirent,  por  coi  furent 
228        et  por  coi  sont,  et  por  coi  durent 

sil  prince  qui  jovent  ont  mort  ? 

Il  n'aiment  solas  ne  déport. 
Des  barons  et  des  chastelains 
232         cuit  je  moût  bien  estre  certains 

que  des  vallans  en  i  avroit  ; 

mais  li  prince  sont  si  destroit, 

et  dur,  et  vilain,  et  fellon 
236        por  ceu  se  doutewi  li  baron. 

De  teius  i  ait  qui  prou  seroient, 

mais  nostre  prince  ne  vorroient 

que  nus  feïst  honor  ne  bien. 
240         Et  li  jone  et  li  ancien 

béent  mais  tuit  a  avoir  faire  ; 

li  vaillant   et  li  debonaire 

icil  sont  tuit  por  fol  tenu. 
244  Si  honis  siècles  mais  ne  fu  : 

je  ne  voi  mas  feste  ne  cort  ; 

tant  per  tienent  lou  siècle  cort 

que  nus  n'i  ose  joie  faire. 
248         Bien  sont  perdu  li  biau  repaire, 

li  grant  pallais  dont  je  sospir, 

qui  furent  fait  por  cort  tenir  ! 

Les  cors  tindrent  li  ancessor, 
252         et  as  festes  firent  honor 

de  biau  despendre,  et  de  doner, 

et  de  riche  vie  mener. 

Tant  vos  puis  je  dire  de  feste 
256        que  sil  ne  sont  digne  ne  honeste 

qui  tienent  cort,  se  il  ne  donent. 

Et  les  festes  les  en  semonent  : 


225,  226  B.  manquent  5227  A.  durent;  228  A.  furent;  230  B.  confort, 
A.  joie  ne  déport  ;  232  A.  estre  trestoz  cert  ;  233  A.  que  des  preuz  moût 
en  i  av.  ;  241  A.  a  trestot  faire  ;  242  B.  li  vilain  ;  243-248  A.  manquent  ; 
254  A.  et  des  chevaliers  anorer  ;  255  A.  vuel  je  ;  256  A.  quil  nen  sont  d. 
ne  h. 


18  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

la  cort  quiert  bien  ce  c'on  li  doit, 
260        et  les  festes  quierent  lor  droit  ; 

mais  li  roi  li  duc  et  li  conte 

as  hautes  festes  font  grant  honte. 

Qu'il  nen  ont  mais  pallais  ne  sales  : 
264         en  ordes  maisons  et  en  sales 

se  reponnent,  et  en  bocages  ; 

lors  cors  sont  povres  et  ombraiges  ; 

lors  fuent  il  les  bones  viles. 
268         Mais  Deus  conoist  toutes  lor  guiles  ; 

mervillouse  justice  en  prent, 

qu'il  les  fait  vivre  trop  vilment. 

Mar  lor  membre  dou  roi  Artu, 
272         d'Alixandre,  et  de  Juliu, 

et  des  autres  princes  vallans 

qui  ja  tindrent  les  cors  si  grans  ! 

Quel  cort  tint  or  Asuerus  ! 
276        elle  dura  cent  jors  ou  plus. 

Et  de  l'empereor  Ferri 

vos  puis  je  dire,  que  je  vi 

qu'il  tint  une  cort  a  Maence — 
280         iceu  saichiez  vos  sens  doutance 

c'onques  la  paroille  ne  fu. 
Que  sont  li  prince  devenu  ? 

Deus  !  que  vi  je,  et  que  voi  gié  ! 
284         Moût  mallement  somes  changié  : 

li  siècles  fu  ja  biaus  et  grans 

or  est  de  garçons  et  d'enfans. 

Li  siècles,  sachiez  voirement, 
288         fadrait  per  amenuisement; 

per  amenusement  faudra 

et  lant  per  apeticera, 

qu'uit  homes  batront  en  un  for 

259  A.  corz  ;  262  B.  et  autres  f.,  P.  grandes  f.  ;  263  A.  il  naiment  mais, 
P.  quil  n'aiment  m.  ;  264  A.  mes  en  m.  o.  et  s.  ;  266  A.  les  c,  P.  ert  p.  ; 
267  A.  et  borz  et  viles;  268  A.  qui  set  toutes  les  guiles;  271  B.  roit  ; 
275  B.  anceus,  A.  ore  ;  276  A.  viii  j.  et  pi.  ;  278  F.  puis  bien  dire  ; 
280  A.  F.  vos  di  je  s.  d.  ;  281  A.  F.  sa  p.  ;  285-6  B.  manquent  ;  285  P. 
bons  e.  g.  ;  290  P.  itant,  om.  et,  Après  tant,  B.  répète  le  v.  289  ; 
291  P.  que  vingt  homs. 


LA  BIBLE  19 

292         a  flaels  lou  bleif  toute  jor, 

et  dui  home,  voire  bien  quatre, 

se  poront  en  un  pout  combatre. 

Iteils  li  siècles  devenra, 
296         sachiez  de  voir  ceu  avenra  : 

as  princes  le  poez  veoir, 

et  k'on  ne  doit  prisier  avoir 

don  l'on  ne  fait  honor  ne  bien. 
300  Tout  est  mais  perdeu,  ne  vaut  rien  : 

trop  est  li  sicles  vis  et  oirs. 

Certes,  je  voldroie  estre  mors 

quant  me  membre  des  boins  barons, 
304        et  de  lors  fais  et  de  lor  nons, 

et  des  haus  princes  honoreiz 

qui  tuit  sont  mort.    Or  esgardez 

quels  eschainges  nos  en  avons, 
308         que  argens  est  devenus  pions  ! 

Trop  belle  oevre  fait  on  d'argent; 

aï  !  biau  sire  Deus,  cornent 

semé  prodon  mavaise  grainne  ? — 
312         molt  est  l'aventure  vilainne. 

Qui  fut  l'empereres  Ferris  ! 

et  qui  refut  li  rois  Lowis 

de  France  î  dont  je  certains  sui 
316         qu'il  amait  Deu  et  Deus  molt  lui. 

Bien  vude  de  gens  li  pais. 

Qui  fu  li  riches  rois  Hanris  ! 

Qui  fu  ses  filz  li  jones  rois, 
320        li  biaus,  li  saiges,  li  cortois  ! 

Et  qui  refut  li  rois  Richars  ! — 

sil  ne  fut  avers  ne  couars. 

Et  qui  fut  Joffrois  de  Bretagne  ! 
324         Et  li  quiens  Hanris  de  Champagne  !— 

292  A.  le  le  bief  as  fleaus  t.  j.,  P.  tout  le  jour;  294  A.  pot; 
296  A.  ja  ni  faurra.  ;  297  A.  le  doit  en  savoir;  298  B.  et  ke  len  d.p.a., 
A.  et  puet  en  ce  pr.  av.  ;  300  A.  est  perdu  ni  a  mes  rien  ;  303  A.  moi 
remembre  des  bar.  ;  306  B.  et  esgareiz  ;  307  A.  quel  eschange  ;  308  A.  li 
arg.  ;  311  B.  somme  perdon  m.;  312  A.  trop  fu  ;  314  A.  fu....  loeïs  ; 
316  A.  que  il  ama  deus  om.  ml't  ;  317  A.  est  vuiz  de  gens,  le  p.; 
319  B.  niez.;  320  A.  li  prouz  1.  s.;  322  A.  qui....  escharz  ;  323  B. 
bologne,  A.  om.  fut  ;  324  A.  et  qui  fu  li  cuens  de  c. 


io  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

fut  li  plus  larges  hom  do  mont. 

Et  qui  fu  li  quiens  de  Clermont  ! 

Et  qui  refu  li  quiens  Thiebaus  ! 
328         Et  de  Mouçons  li  prous  Renaus  ! 

Li  quiens  Phelippes  qui  refu  ! 

Deus,  quel  terrier,  et  quel  escu  ! 

Qui  refu  Matheus  de  Bologne  ! 
332         Et  qui  fu  li  quiens  de  Borgogne  ! — 

n'ot  teil  prince  jusqu'Aquitainne. 

Et  li  quiens  Gerars  de  Viainne  ! — 

fut  molt  vallans,  bien  le  seit  on. 
336         Et  qui  fu  li  rois  d'Arragon  ! 

plus  cortois  ne  nasqui  de  meire. 

Et  Raimmons  Berengiers  ses  freire  ! — 

sil  fut  moût  vallans  sens  doutance, 
340        se  fu  li  boins  quiens  de  Provence. 

Qui  fut  li  autres  quiens  Raimmons 

de  Toullouse  !  certes  li  mons 

tous  fust  en  lui  bien  enploïez. 
344  Tes  vi  je  ;  bien  est  or  chaingiez 

li  siècles  de  ce  que  je  vi. 

Quel  prince  ot  ou  roi  Amauri  ! 

Molt  vi  gloriouse  sa  vie 
348         la  riche  terre  de  Syrie. 

Qui  fut  li  jones  quiens  Hanris  ! 

S'outremer  fus/  encore  vis  ! 

Qui  fu  li  grans  quiens  de  Genauve  ! 
352         Sa  terre  est  bien  de  s'onor  vauve  ; 

quel  prince  i  ot,  et  quel  baron  ! 

Et  qui  fu  li  quiens  de  Challon  ! — 

biaus  et  saiges  et  conoissans, 
356        et  de  sa  richesce  vallans. 


325  A.  ce  fu  li  plus  saiges  d.  m.  ;  326  A.  om.  fu  ;  328  B.  môcon,  A.  li 
quens  r.  ;  330  A.  deus.  q.  esc.  ;  331  A.  martins  ;  332  A.  qui  refu  ;  333  B.  il 
nait  t.  p.  de  a  saitraine,  A.  il  not  ;  +  1  ;  334  A.  girarz  de  vienne  ;  335  A. 
mont  v.  ;  338  A.  Et  li  dus  berengiers  s.  f.,  B.  f reires;  343  A.  fust....  touz 
empl  ;  344  A.  tel  jor  vi  ge  ml't  est  changiez  ;  345  A.  de  tel  com  jel  vi  ; 
346  B.  amâri  ;  347  A.  vit;  349  A.  quiex  f.  ;  351  B.  qui  li  jones  quiens, 
A.  geneve  ;  352  A.  mont  de  seignor  veve  ;  355  A.  b  et  cortois. 


L.A  BIBLE 

Et  qui  li  grans  dus  de  Loregne  ! — 
se  fut  uns  des  mellors  dou  reigne. 
Li  quiens  Esteines  de  Borgoigne 

360         qui  fu  !  Certes,  bien  lou  tesmoigne 
li  siècles,  et  uns  des  meillors. 
Les  rois  et  les  empereors, 
et  ceaus  dont  j'ai  oï  parler 

364         ne  vuel  je  pas  tous  ci  nomer  ; 
mais  ces  princes  ai  je  vëus, 
por  ceu  sui  je  si  esperdus 
et  abahis,  ce  n'est  pas  gais. 

368  Qui  refu  li  merchis  Comrais  ! 

et  qui  fu  Guis  de  Chasteillon  ! 
quel  home  r'ot  en  Jaikemon  ! — 
teis  barons  ne  virent  mi  oil. 

372         Qui  refu  Robers  de  Sabruel  ! 
et  Bernars  de  Saint  Vallery 
qui  fut  !  Deus  !  certes,  je  revi 
a  Sallins  un  vallant  Gachier 

376        dont  je  puex  dire  et  affechier 
que  ce  fu  la  flors  des  barons. 
La  outre  entre  les  Gascons 
revi  un  Bernart  d'Armagnac  : 

380        des  lou  tens  Lanceloi  dou  lac 
ne  vit  om  un  baron  si  prou. 
Bien  retint  au  siècle  son  leu 
Raous  li  vallans  de  Fouchieres. 

384         Cist  baron  ja  furent  lumières 
dont  je  vi  lou  siècle  alumei. 
Qui  refut  Joffrois  de  Chandei  ! 
sil  ot  proesce  et  cuer  sens  guille. 

388         Et  Guillaumes  de  Mandevile  ! — 


357  A.  looregne,  om.  qui  ;  359  B.  Champagne  ;  361  A.  li  mieudres  et  uns 
des  m.  ;  362  A.  des  rois  et  des  e.  ;  364  A.  F.  ci  toz  conter  ;  366  A.  plus 
esp.  ;  367  A.  esbahiz  ;  368  A.  li  marchis  coras  ;  369  A.  qui  refu  ;  370  A. 
jaquemon  ;  371  A.  tel  homme  n.  v.  ;  372  A.  de  salueil  ;  373  A.  galeri  ; 
374  A.  refu,  vi  ;  375  A.  senliz,  gauchier  ;  378  A.  griffons  ;  379  A.  de 
menac  ;  381  B.  n.  v.  om  a  siècle  s. p.  ;  382  A.  el  siècle  ;  384  A.  cil  b.  f.  ja  ; 
386  A.  condé  ;  387  A.  ou  cuer  s.g. 


LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 


r'ot  pris  si  vallant  et  si  bel. 

Qui  refut  Hues  de  Chasteil  ! 

Qui  fut  Raous  de  Melion  ! 
392         Qui  refut  Joffrois  de  Lançon  ! 

Certes,  li  visquiens  de  Torainne 

ot  cuer  et  proesce  enterai n ne. 

Par  foi  !  molt  orent  pris  et  los 
396         Berars  et  Guillaumes  li  gros, 

li  dui  boin  freire  de  Marseille. 

Deus  !  ja  refut  une  mervoille 

li  chastelains  de  Saint  Orner  : 
400        onques,  certes,  deçà  la  meir 

ne  vi  nul  si  cortois  baron. 

Qui  fu  Morises  de  Creon  ! 

Et  con  fu  Renaus  de  Nevers 
404        biaus  et  cortois  et  bien  apers  ! 

Qui  fu  Hanris  de  Fousigney  ! 

Qui  furent  cil  de  Flavigni  ! 

Qui  refurent  li  conte  d'Eu  ! 
408         Queus  barons  ot  il  a  Biaugeu  ! 

Qui  furent  li  signor  d'Oisi  ! 

Et  qui  fut  Raous  de  Cousey  ! 

Qui  fut  Abes  de  Charenton  ! 
412         Et  qui  fut  Gerars  de  Rançon  ! 

Qui  fu  Joffrois  de  Charelan  ! 

Estainnes  dou  mont  Saint  Jehan 

fuit  bien  dignes  d'une  corone  ! 
416         La  mort  nos  coite  et  esperonne  ; 

trop  m'ait  tolut  de  mes  amis. 

Qui  fut  Symons  de  Commercis  ! 

389  A.  ml't  v.,  ml't  b.  ;  390  A.  et  qui  fu  h.  ;  391  A.  maulion  ;  392  A. 
joffroi  de  mascon  ;  393  B.  lowys  quiens,  A.  li  vielz  quens  ;  394  A.  certeine  ; 
395  A.  certes  m.  ;  396  A.  birras  ;  397  A.  et  li  dui  fr.  ;  398  A.  je  revi  une  m.  ; 
400  B.  deleiz  ;  401  A.  n.  v.  un  s.  ;  402  B.  gromont,  A.  troon,  corr. 
Baudler  ;  403  A.  qui  f.,  B.  om.  fu  aj.  quiens;  404  A.droiz  et  apers; 
405  A.  Fenquigni  ;  406  B.  faurent....  famaigney  (?)  ;  407  B.  furent  li 
conte  de  deu  ;  409  B.  orsi  ;  410  A.  choisi  411  B.  audes  de  charaton  ; 
412  A.  garins  de  roion  ;  413  A.  donne  ici  le  vers  414  avec  ml't  pour  mont  ; 
414  A.  si  puisse  je  issir  de  lan  ;  415  A.  fust  dignes  a;  416  A.  morz  ; 
418  A.  commarchis. 


LA  BIBLE  23 

Qui  fut  Guillames  de  Merlo  ! 
420         Et  qui  refu  Raimmons  d'Ango  ! 

Qui  fu  Haimmes  de  Maregney  ! 

Ja  avoit  il  a  Vaignorri 

un  si  vaillant  Bartholomiert  ! 
424        Lais  !  je  revi  a  Monpalier 

Guillaume  qui  si  vallant  fu. 

Biau  sire  Deu  !  je  ai  vëu 

teus  barons  et  teus  chevaliers 
428        ou  nouble  chasteil  de  Noiers  ! 

Qui  fu  Pieres  de  Cortenai  ! 

et  qui  refu  Guis  de  Monjai  ! 

Qui  refut  Herviers  de  Verson  ! 
432         Quels  barons  rot  il  a  Borbon  ! 

Lais  !  a  Clermont  en  Basegni 

ot  deus  f reires  que  je  revi — 

jamais,  ce  cuit,  teius  ne  seront. 
436         Qui  refuit  Goberz  d'Aispremont  ! 

Qui  fut  Bauduïns  de  Hainou  ! 

Molt  vi  prou  lou  conte  Retrow 

dou  Perche — et  prou  et  herdi. 
440         Qui  refut  Herviers  de  Donsy  ! 

Qui  ja  fut  quiens  de  Pierefons  ! 

Et  qui  refut  Joffrois  de  Pons  ! 

Qui  fui  Aymans  de  Verton  ! 
444        Deu  merci,  quel  vi  je  Droon 

D'Amiens  ! — nul  teil  ore  ne  sai. 

Li  chastelains  de  Cortenai 

ot  cuer  et  haute  volentei. 
448         Tuit  li  vallant  me  sont  emblei  : 

molt  voi  lou  siècle  nice  et  fol. 

Qui  refu  li  quiens  de  Saint  Pol  ! 

419  A.  mellon  ;  420  A.  et  q.  f.  r.  de  noion  ;  421  A.  aimes  de  marigni  ; 
422  B.  gamoigney  ;  A.  ha  ja  rot  il  a  v.  ;  423  A.  bertholomier  ;  424  A.  vi, 
montpellier  ;  —  1  ;  425  A.'guillaumes  ;  426  A.  quei  ge  veu  ;  430  A.  mon  h'ai  ; 
431  A.  henris....  verzon  ;  433  A.  bassigni;  434  A.  rot;  435  A.  tel; 
436  B.  joffrois,  A.  et  q.  f.  roberz,  corr.  Baudler  ;  437  B.  vait  avec  f  en 
surcharge ,  haimmo,  A.  baudoins,  henou  ;  438  A.  rotrou  ;  440  A.  henris  de 
dozi,  corr.  Baudler;  441  B.  que  fut  cornes....;  443  A.  qui  refu  enmarz 
d'arenton  ;  444  B.  que  voi  je  doon  ;  445  A.  n.  tel  baron  n.  s.  ;  446  A. 
chastelein  ;  449-50  A.  manquent. 


24  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

Qui  furent  sil  de  Trianeil  ! — 
452         molt  se  tiendrent  et  riche  et  beil. 

Et  Amiez  de  Monfacon 

ot  boin  cuer  et  cors  de  baron  : 

cil  fut  cuens  de  Monbeliart. 
456         A  Jëoigny  ot  un  Renart  : 

iqui  rot  chevalier  et  conte  ! 

Molt  revi  valant  lou  viconte, 

et  riche,  et  nouble,  a  Chasteildun. 
460         Prodons  refu  Guis  de  Verdun. 

Qui  refu  Guis  de  Trichasteil  ! 

Quant  me  membre  de  Monraeil, 

dou  prou  et  dou  saige  Anceri, 
464         durement  me  tig  abahi. 

Quel  baron  ot  ou  conte  Esteine 

le  Sansserrois,  et  ceas  de  Brienne  ! 

et  qui  furent  icil  de  Broies  ! 
468         Un  Clarambaut  revi  vers  Troies 

de  Chappes  qui  molt  fut  cortois. 

Qui  fu  Oudes  li  Champenois  ! 

Queus  estoit  Joffrois  de  Joinvile  ! — 
472         meillors  chevaliers  per  Saint  Gille, 

n'avoit  de  lui  de  sa  lou  Far. 

Qui  fut  Hanris  li  quiens  de  Bar  ! 

Qui  fut  Milles  de  Chaalons  ! 
476         Oï  !   Champaigne,  queus  barons 

avez  perdu  en  po  de  tens  ! 

Avoi  !  qu'est  devenus  cil  sens 

et  la  richesce  que  je  vi  ? 
480  Or  faites,  Deus,  voire  merci 


451  A.  trieignel  ;  452  A.  m.  se  contindrent  bien  et  bel;  453  A. 
avices  de  monfaucon  ;  454  B.  om.  cors;—/,  A.  bien  cuer,  etc.; 
456  A.  vaignorri  ;  457  B.  chl'r  cointe;— /  ;  458  A.  et  ml't  revi  un  vaill. 
conte;  459  B.  et  ch.  ;  462  A.  moi  m.,  monrevel  ;  463  A.  et  d.  p.  d.  s. 
anseri  ;  464  A.  me  truis  esbahi  ;  465  A.  quel  conte  rot  ou  preu  estienne  ; 
466  B.  beaune,  A.  li  sancherois  et  c.  d.  brene  ;  467  A.  refurent  cil  ; 
470  A.Huedes;47i  A.  qui  refu  j.  ;  472  A.  meillor  chl'r;  473  B.  lou  pair; 
475  B.  chastellon  ;  476  A.  haï,  B.  quel  baron  ;  478  A.  li  sens  ;  480  A.  face 
deus.,   B.    svoire. 


LA  BIBLE 


toz  ceaus  que  je  vos  ai  nomeiz, 

qui  furent  teiz  con  vos  saveiz. 

Et  qui  sont  sil  qui  ore  sont  ! 
484         tout  est  perdu  quant  que  fait  ont. 

Espoir  quelque  prodomme  i  ait  ; 

certes,  molt  bien  lou  sercherai 

la  bible,  et  si  serait  oïs 
488         li  biens,  se  il  i  est,  et  dis. 

Mais  n'est  or  leus  ;  encor  dirons 

sor  ceu  que  porpensei  avons. 

Je  ne  vos  ai  baron  nommei 
492         qui  ne  m'ait  vëu  et  donei, 

mais  se  furent  li  plus  eslit, 

por  ce  sont  en  mon  cuer  escrit. 
Or  voi  lou  siècle  si  alei 
496        que  tout  me  trues  desesperei  ; 

nuz  ne  bee  a  honor  avoir 

tant  sont  angoissous  sor  avoir. 

Avoir,  qui  l'ait,  sil  n'en  ait  point 
500         qui  nen  s'en  jot.     Bien  lor  acoint 

qu'hons  avers  faut  a  ceu  qu'il  ait 

auci  bien  con  a  ceu  qu'il  n'ait. 

Teil  home  i  ait  qui  molt  assemble 
504        avoir  ;  quant  il  l'ait  mis  ensemble 

se  n'i  ait  part,  avient  sovent, 

por  coi  ?  c'uns  autres  lou  despent — 

selui  qui  lou  despent  n'est  il. 
508        De  ceaus  porroit  on  veoir  mil; 

donc  est  bien  fous  qui  trop  s'i  fie, 

ne  qui  pechié  ne  feloignoie 

fait  por  avoir.     Certes,  li  riche 
512         sont  or  au  siècle  li  plus  chiche — 

481  B.  isceaus  ;  + 1  ;  482  A.  quil  ;  483  A.  ores,  B.  orent  ;  484  A.  quant  que 
il  ont  ;  485  A.  aucun  pr.  ;  486  B.  cortois  ml't  ;  487  B.  — /  ;  488  B.  —  1  ;  490 
A.  propose  ;  492  A.  oit  veu  ;  493  A.  que  ce  f.  ;  494  A.  e.  m.  livre  ;  496  A.  men 
voi  d.  5498  A.  tuit  sont;  499  A.  avoirs  teus  la  qui  nen  a  point,  B.  nait  ; 
500  A.  joe,  lacoint  ;  501  A.  avers  faut  a  ce  queil  a  ;  502  A.  ausinc  ; 
505  A.  c'avient;  507  A.  celui;  n'om.  A.  B.  ;  508  A.  de  teus,  trover  m.  ; 
509  A.  dont  n'est  il  f.  ;  512  A.  ou  siècle. 


26  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

riche  ne  sont — j'ai  menti,  voir — 

mais  il  sont  sogit  a  l'avoir. 

Molt  per  est  fous  hom  qui  ait  rien 
516        quant  il  ne  s'en  fait  acun  bien  ; 

s'il  n'en  fait  bien  soi  ne  autrui 

je  di  que  li  avoirs  ait  lui  ; 

molt  assemble,  mais  po  s'esploite, 
520        et  con  plus  ait  et  plus  covoite  : 

ja  li  siècles  n'iert  assaseiz, 

n'onques  diables  n'ot  asseiz. 
Mais  sil  qui  les  juïs  retiennent 
524        et  qui  les  usures  maintienent 

cudent,  espoir,  que  Deus  nou  voiet. 

Asseiz  creantet  qui  outroie, 

et  assez  escorche  qui  tient  ! 
528         Sachiez  que  sil  qui  la  maintient 

est  sire  et  maistre  de  l'usure  ; 

et  si,  n'ait  point  de  coverture, 

li  juif  et  li  usurier 
532         sont  li  deciple  et  li  ovrier. 

Et  viennent  au  seignor,  a  conte  ; 

lou  chateil  lait  et  prent  la  monte 

li  sires,  s'en  vuet,  ou  lou  tout, 
536        et  li  disciple  sont  li  glout 

qui  lor  renovelleni  lor  uz. 

Mais  li  sires,  qu'en  ait  lou  plus, 

serait  plus  malement  jugiez 
540        et  plus  greveiz  et  plus  chargiez. 
Diables  rirent  toz  ceaus  nestre 

qui  de  [si]  ort  mestier  son  maistre. 

513  A.  ne  sont  il  pas  por  voir  ;  B.  ne  s.  il+  1  ;  514  A.  sougiet  ;  515  A.  cil 
qui;  517  B.  ne  ne  f.,  A.  lui  et  a;  518  A.  ge  di  l 'avoirs  n'est  mie  lui  ; 
519  A.  et  p.,  ont.  s';  520  B.  mais  c.p.  ;  522  A.  non  deable  en  ont  ass.  ; 
523  A.  li  j. maintienent  ;  524  A.  usuriers  retiennent  ;  525  A.  ne  voie  ; 
527  B.  a  assez  esc.  ;  528  A.  les  maint.  ;  529  A.  luxure  ;  530  A.  ici  na  ; 
532  B.  om.  prem.  li  ;  533  B.  au  s  et  a  c.  + 1,  A.  qui  v.  ;  534  A.  prent  et 
lait;  535  A.  li  sires  vuet  avoir  lou  tout;  536  A.  si  glout;  537  A.  quil  lor; 
538  A.  qui  en  a  plus  ;  541  A.  tôt  ;  542  A.  pechie,  B.-i. 


LA  BIBLE  27 

Ja  l'avoir  n'en  saront  si  traire 
544        qu'il  en  puissent  amoine  faire  ; 
donc  est  molt  puans  li  mestiers, 
se  savons  nos,  des  usuriers, 
que  Nostres  Sires  les  maudit 
548        et  Xostres  Sires  le  nos  dit. 

En  aus  se  puet  on  bien  mirer  ; 
ja  n'i  covient  pas  alumeir 
qu'il  dechient  tuit  en  apert. 
552         Li  secuns  ou  li  tiers  tout  pert 
des  hoirs,  iceu  ne  puet  faillir, 
per  tout  lou  voit  on  avenir. 
Se  lais  esteir,  si  tornerai 
556        a  ceu  que  je  porpensei  ai. 

Sor  les  romans  vodrons  parleir, 
ja  de  ce  ne  me  quier  saler  : 
sor  les  plus  haus  comencerai 
560        et  des  autres  hontes  dirai. 

De  cui  ?  per  foi  !  des  archesvesques, 
et  des  ligals  et  des  evesques. 
Des  clers  dirai  et  des  chanoines, 
564        et  des  abbeis  et  des  nors  moinnes. 
De  Citeaus  redirai  je  mont 
et  de  Chartresce  et  de  Grant  mont  ; 
après,  de  ceaus  de  Prei  mostrei 
568        comment  il  se  resont  provei  ; 
et  des  noirs  chanoines  rigleiz, 
de  ceaus  redirons  nos  asseiz. 
Et  dou  Temple  et  de  l'Opitaul 
572         redirons  nos,  et  bien  et  mal  ; 

et  des  convers  de  Saint  Antoinne 
parlerons,  certes,  jusque  a  none  : 


543  B.  ne  sariot  s.  t.  ;  545  A.  m.  mauves  1.  m.  ;  546  A.  savons  bien  ;  547  A. 
le  nos  dist  ;  548  A.  en  levangile  ou  il  le  mist,  B.  les  n.  d.  ;  549  A.  en  oirs  se 
P-  ;  55°  A.  il  n'i  c.  ;  551  A.  om.  qu',  tôt  en  ap.  ;  553  A.  nen  puet  ;  555  B.  si 
lais  ;  556  A.  proposé  ;  557  B.  per  lor  romans,  A.  voldrai  ;  560  A.  verte 
dirai  ;  562  A.  legaz  ;  565  B.  molt  ;  566  A.  chartrouse  ;  567  A.  après  dirons 
de  premoustre  ;  570  B.  de  toz  ;  572  A.  redirai  mont  et  b.  ;  574  B.  jusqu'au 
coinne. 


:8  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

n'ait  gent  qui  tant  saichent  de  guille, 
576        bien  lou  voit  on  en  mainte  vile. 

Et  des  nonains  et  des  converses 

oreiz  con  elles  sont  diverses. 

Des  faus  devins  i  parlerons 
580        qui  amonestent,  et  dirons 

des  logistres;  ce  n'est  pas  biens 

que  j'obli  les  fisicïens. 

Li  siècles  per  trestout  enpire. 
584         En  la  bible  covient  a  dire 

parolles  dures  et  cuissans 

et  qui  plairont  a  mainte  gens, 

mais  ja  mençonge  n'i  iert  dite, 
588        que  j'ai  si  la  matière  escrite 

dedens  mon  cuer  et  la  vertei. 

Ne  me  serait  ja  reprovei 

qu'en  la  bible  mente  ne  faille; 
592         sens  cuidier  et  sens  devinaille 

je  dirai  raison  tout  de  bout, 

et  droite  veritei  per  tout. 

Uns  chapistres  puet  bien  estendre 
596        chescune  ordre,  mais  a  l'entendre 

covient  ovrir  cuer  et  oroilles, 

car  sor  trestoutes  les  mervoilles 

est  or  li  siècles  mervillous. 
600         Mervoille  est  granz  Deus  n'est  iroz 

vers  nos,  et  que  il  ne  nos  juge. 

Il  ne  nos  membre  dou  déluge, 

ne  de  ses  colees  pesans, 
604         ne  de  s 'ire  qui  est  si  grans. 

Mes  chapistres  ferai  per  ordre 

aler  droite  voie  sens  tordre. 


575  A.  n'est  gent,  sache. 

578  A.  orrons  ;  581  A.  legistres  et  nest  ;  582  B.  oblisse  ;  584  B.  ou  la  bible, 
A.  covient  mont  dire  ;  585  A.  dures  et  a  sanz  ;  586  B.  gent,  A.  qui  ne  pleront  a 
totes  genz  ;  587  A.  nen  iert  ;  588  A.  bien  la  manière  ;  589  A.  ja  ne  me  sera  ; 
593  A.  jen  dirai  ;  595  A.  en  chapitre  puet  en  entendre  ;  597  B.  c.  a.  oreilles  ; 
599  A.  hui  li  s.  ;  600  B.  que  D.  ;  602  B.  dou  juise  ;  603  B.  sa  colle 
pensans  ;  604  B.  ne  de  la  faite  qest  si  grans  ;  605  A.  fere  ;  606  B.  et  dr.  v. 
seinz  recorde. 


LA  BIBLE  29 


Loals  seront  et  droituriers 

608        et  entre  les  entendans  chiers 
mais  ja  les  oroilles  n'i  tendent 
sil  qui  escoutent  et  n'entendent, 
car  espandu  sont  follement 

612         boin  dit  la  ou  l'an  nés  entent. 
Comme  qui  geteroit  rubiz 
entre  pors  et  entre  barbis 
entre  folle  gent  sont  honi 

616        boin  dit.     Et  quant  je  rien  lor  dis 
por  fol  me  teng  ;  mais  sil  me  rent 
mon  sens  qui  un  boin  mot  entent. 
Sil  qui  n'entent  mon  sens  me  troble 

620         et  sil  qui  entent  lou  me  double. 
De  nostre  peire  l'apostole 
volisse  qu'iZ  semblaist  la  stole 
qui  ne  se  muet.     Molt  bien  la  voient 

624         li  marenier,  qui  s'i  avoient  : 

per  selle  estoille  vont  et  viennent 
et  lor  sens  et  lor  voie  tienent. 
Il  /'appellent  la  tresmontainne. 

628         Celle  est  atachie  et  certaine  : 
toutes  les  autres  se  remuent 
et  lors  lieus  rechaingent  et  muent, 
mais  celle  estoille  ne  se  muet. 

632  Un  art  font  qui  mentir  ne  puet 

par  la  vertu  de  la  manate  ; 
une  piere  laide  et  brunete 
ou  li  fers  volentiers  se  joint 

636        ont,  si  esgardent  lor  droit  point  ; 


608  B.  —  7,  A.  entre  les  entendemenz  chier  ;  611  B.  esperdu  ;  612  A.  douz 
diz  ;  613  B.  comment  ;  614  A.  ou  entre  ;  615  A.  maie  gent,  péri  ;  616  B.  dis, 
A.  bien  dit  quant  il  ne  sont  oi  ;  618  B.  qui  a  boins  dis  ent.  ;  620  A.  et  qui 
ent.  mon  sen  me  doble  ;  622  A.  lestoile  ;  624  B.  q.  si  navoient  ;  626  A.  lor 
sen  ;  627-8  P.  intervertis  ;  627  B.  les  tresm.  ;  628  A.  icele  estache  est 
ml't  certainne  ;  629  A.  B.  remuevent  ;  630  B.  et  lor  lieus  rechainge  et 
esmuevent,  A.  et  rech.  1.  leus  et  trovent  ;  631  F.  icelle,  om.  mais; 
633  A.  de  la  manière,  F.  de  la  marinette,  P.  de  la  marinière  ;  634  A. 
bruniere,  P.  noiriere  ;  636  B.  ont  resgardei  lor  d.,  A.  P.  le  droit  p.,  P.  et 
si  reg. 


30  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

puez  c'une  agulle  l'ait  touchié 

et  en  un  festu  l'ont  fichié, 

en  l'augue  la  mettewi  sens  plus 
640        et  li  festuz  la  tient  desus. 

Puis  se  torne  la  pointe  toute 

contre  l'estoille,  si  sen  doute 

que  ja  por  rien  n'i  faucerait 
644         ne  mareniers  ne  douterait. 

Quant  li  nuis  est  ténèbre  et  brune, 

c'on  ne  voit  estoile  ne  lune, 

lor  font  a  l'aguille  alumer 
648         puiz  ne  pueent  il  assarreir  ; 

contre  l'estoile  va  la  pointe, 

por  ce  sont  li  marenier  cointe 

de  la  droite  voie  tenir. 
652         C'est  uns  ars  qui  ne  puet  mentir  ; 

la  pregnent  la  forme  et  lou  molle 

que  selle  estoille  ne  se  crolle. 

Molt  est  la  stoile  belle  et  clere — 
656        tieus  dovroit  estre  nostre  peire  : 

clers  dovroit  estre  et  estables, 

que  ja  pooir  n'ëust  dyables 

n'en  lui  n'en  ses  commandemens. 
660         Quant  li  peire  ocist  ses  enfans 

grant  pechié  fait.     Ha  Rome,  Rome, 

encor  orcirrais  tu  maint  home  : 

vos  nos  ocïez  chescun  jor, 
664         crestïentei  ait  pris  son  tor. 

Tout  est  alei  tout  est  perdu 

quant  li  chardenal  sont  venu, 

qui  vienent  sai  tuit  alumei 
668         de  covoitise,  et  enbrasé. 

Sa  viennent  plain  de  simonie 

et  comble  de  malvaise  vie, 

637  A.  i  ont  touchie,  P.  puisque  l'aiguille  l'a  touchie  ;  638  A.  ont 
644  A.  ne  ja  por  rien  ne  fausera,  P.  n'en  doutera;  645  A.  P. 
obscure  et  br.,  A.  la  mers;  646  A.  quant  ne  voit;  647  A.  dont 
font;  648  A.  nont  il  garde  desgarer,  P.  s'égarer;  649  B.  vers  la  p.; 
652  A.  faillir  ;  653  A.  lor  f.,  lor  moule  ;  656  P.  le  sainct  père  ;  657  A  estre 
il  et;  658  B.  ne  ja  ;  659  A.  en  lui;  661  B.  quant  p.  f.  il  a  rome,  - 1  ; 
665  A.  tout  est  perdu  et  confondu  ;  668  A.  et  de  cov.  enbr. 


LA  BIBLE  31 

sa  viennent  sens  nulle  raison, 
672         sans  foi,  et  sens  religion, 

car  il  vendent  Deu  et  sa  meire 

et  traïssent  nos  et  lor  peire. 

Tout  defollent  et  tout  dévorent  ; 
676         sertes,  li  signe  nos  demorenf 

cui  nostre  sires  doit  mostreir 

quant  li  siècles  dovrait  finer; 

trop  voi  desapertir  la  gent. 
680        Que  font  de  l'or  et  de  l'argent 

qu'il  enportenf  outre  les  mons? 

Chauciees,  hospitals  ne  pons 

n'an  font  il  pas,  ce  m'est  a  vis. 
684        Se  m'ait  Deus,  il  valent  pis 

asseiz  que  ne  font  li  païen  ! 

Se  l'apostoles  en  ait  rien? 

Ou,  j'o  dire  qu'il  i  ait  part  : 
688        se  nostres  sires  Deus  nos  gart, 

por  c'est  li  damaiges  plus  grans. 

Molt  per  dëust  estre  doutans, 

(et  devenir  maigres  et  viauz, 
692         et  si  dëust  avoir  molt  iauz  ;) 

rien  ne  dëust  veor  si  cler. 

Corone  li  fait  on  porter 

toute  de  plume  de  poon, 
696         ou  li  olleit  sont,  per  raison 

que  doit  veoir  per  tout  lou  monde, 

trestout  entor  a  la  raonde. 

Ses  euls  dëust  tous  jors  avoir 
700         vers  Deus,  se  li  feïst  savoir 

la  droite  voie,  que  faukons, 

ni  aigle,  ne  esmerillons 

ne  pè'ussent  veoir  si  cler  : 
704         petit  i  pëust  on  embleir  ; 

672  B.  fou  ;  673  A.  que  il,  lor  mère  ;  674  A.  deu  et  I.  p.  ;  676  A.  trop 
dem.  ;  677  A.  que  n.  s.  ;  679  A.  désespérer;  680  A.  quil  font;  681  A.  des 
les  m.  ;  684  A.  si  ;  685  A.  de  mont  que  ;  686  por  ce  est.  om.  plus  ;  687 
oil  joi  dire  quil  i  part  ;  691-2  B.  manquent  ;  696  A.  sont  environ  ;  697-8  A. 
intervertis  ;  698  A.  cil  doit  ;  699  A.  ces  iauz  ;  700  A.  qui  li  ;  702  A.  ne 
alerions  ;  704  A.  li  p. 


32  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

mais  sil  li  ont  les  euls  creveiz 

qui  les  autres  ont  avugleiz. 
L'avoir  enportent  li  légat 
708        dont  tant  i  ait  guille  et  barat. 

Tout  est  perdu  !  nuz  n'i  voit  gote  ! 

Cors  de  Rome,  con  estes  toute 

plainne  de  péchiez  criminals  ! — 
712         il  n'est  nulle  si  desloauls. 

Puez  que  1'  aspostoles  ne  voit 

et  il  ne  fait  ceu  que  il  doit, 

cheoir  devons  et  acorper, 
716        et  leus  chaingier  et  remuer 

ainsi  con  les  estoiles  font, 

qui  chient   et  voilent   et  sont 

si  remuans  con  vos  veez. 
720        Nostre  peires  nos  ait  osteiz 

de  droite  voie  et  de  droite  euvre  ; 

nus  mais  sa  folie  ne  cuevre. 

S'uevre  dëust  estre  certain  ne 
724        auci  con  est  la  tresmontainne 

ou  con  de  l'agulle  la  pointe. 

Ensi  con  elle  est  per  l'art  jointe 

l'agulle  dëust  il  sembleir 
728        de  la  droite  voie  mostreir. 

Agullons  dëust  il  bien  estre 

de  poindre  a  destre  et  a  senestre  ; 

bouteir  nos  dëust  et  enpoindre, 
732         et  si  agulloigneir  et  poindre 

qu'il  nos  meïst  en  bone  voie. 

Li  bons  boviers  fait  droite  roie  ; 

certes,  nos  sommes  en  mal  point 
736        tout  por  iceu  qu'il  ne  nos  point: 

poindre  nos  dëust,  et  chacier 

ver  lou  net  chamin  droiturier. 

705  B.  se  li  ont  ;  708  A.  dieus  tant  ;  709  A.  tôt  ont  perdu  ; 
712  A.  il  nest  mie  tant  d.  ;  715  B.  et  son  per  ;  716  A.  et  lois  cheoir  et 
remuer  ;  718  A.  et  vont  ;  719  A.  si  remuent,  B.  remuons  ;  724  A.  ausinc 
comme  1.  ;  725  A.  qui  se  torne  contre  la  pointe  ;  726  A.  quant  la  guille  sest 
vers  lui  jointe,  B.  jointe  ;  729-30  A.  manquent  ;  731  A.  espoindre  ;  732  A.  et 
ag.  et  bien  p.  ;  734  A.  li  bons  veoirs  la  gent  avoie  ;  737  B.  chastoier,  + 1  ; 
738  A.  droit  ch.  dr. 


LA  BIBLE  33 

Grant  pechié  est  qu'il  n'ait  consoil 
740        d'autre  gent  ;  et  molt  me  mervoil 

quant  il  es  boins  ne  se  consoille. 

Des  Romains  n'est  il  pas  mervoille 

s'il  sont  faus  et  malicious; 
744        la  terre  lou  doit  et  li  leus. 

Sil  qui  primes  i  arasteirent 

la  semence  i  aporterent  : 

Romulus  son  freire  i  ocist 
748         qui  trop  grant  crualtei  en  fist  ; 

et  Julius  César  i  fu 

murtris,  c'est  voirs  ;  c'est  bien  sëu 

que  tout  lou  mont  avoit  conquis, 
752         nus  ne  fut  onques  de  son  pris. 

Et  Noirons  i  ocist  sa  meire 

et  ocist  Saint  Pol  et  Saint  Peire; 

et  Sainz  Lorens  i  fut  rostis. 
756        De  raison  et  de  Deu  partis 

voi  les  Romains.     Qui  vodroit  dire 

que  l'apostole  nostre  sire 

de  lui  homecides  ne  soit, 
760        se  des  Romains  lou  consoil  croit  ? 

Molt  devrait  lor  consoil  douteir, 

que  dou  sac  ne  puet  on  geteir 

mai  que  teil  bleif  con  il  i  ait. 
764         [Et]  se  voit  on  bien  que  Rome  ait 

molt  abaisie  nostre  loi  ; 

li  duc,  li  conte  et  li  roi 

s'en  devraient  molt  consillier, 
768        grans  consols  i  avroit  mestier. 

739  A-  granz  péchiez  ;  741  B.  est  boins  ;  743  A.  cil  ;  744  B.  li 
terre;  745  B.  arastoirent,  A.  assemblèrent;  746  A.  la  félonie; 
748  B.  len  fist,  A.  i  fist;  750  A.  morz  ice  est  b.  s.  —  1;  751  A.  qui 
tot  ;  753  A.  neirons  ;  754  A.  et  puis  seint  pol  enpres  saint  père  ;  756  B. 
raisons  ;  757  B.  vodront  ;  758  A.  apostoles  ;  760  A.  sil  le  conseil  as 
Romains  croit  ;  761  B.  lou  c.  ;  763  B.  bleis,  A.  forz  q.  t.  blez  ;  764  B.  om. 
et,  — 1,  A.  ce  ;  765  A.  abessie  ;  766  P.  et  li  c,  A.  li  d.  li  prince  ;  767  P.  se 
devr.,  A.  P.  bien  con.  ;  768  A.  conseil. 


34  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

Rome  nos  assote  et  transglout, 

Rome  trait  et  destruit  tout, 

Rome  c'est  les  doiz  de  malice 
772         dont  sordent  tuit  li  malvais  vice. 

C'est  uns  viviers  plains  de  vermine. 

Contre  l'escriture  devine 

et  contre  Deu  sont  tuit  lor  fait. 
776        Tous  li  siècles  por  coi  ne  vait 

sor  aus  muez  que  sus  les  Griffons  ? 

Je  di  que  ce  seroit  raisons 

c'on  destrusce  la  covoitise 
780         qui  en  Rome  s'est  toute  mise, 

et  l'orguel,  et  la  félonie  : 

ou  mont  n'ait  tant  de  trecherie. 

Mais  l'apostole,  nostre  peire, 
784        consot  Jésus  Crist  et  sa  meire  I 

Tous  li  siècles,  c'est  bien  raisons, 

doit  por  lui  estre  en  orisons. 
Li  secuns  chapistres  nos  dit 
788         que  molt  ait  sil  bon  esperit 

qui  patience  puet  avoir  : 

ne  se  doit  croller  ne  movoir 

de  sa  foi  ne  de  sa  science. 
792         Se  n'avons  voire  pacience 

en  grant  paor  poons  tuit  estre  : 

li  signor  de  nos  et  li  mestre 

n'ont  mie  nostre  cort  bien  close. 
796         Molt  la  voi  hui  foble  et  desclose  ; 

se  nos  sommes  bien  assailli 

nos  avons  au  sescors  failli. 

Bien  seromes  mort  et  vancu, 
800        et  engigney,  et  decëu, 

se  pacience  et  foi  n'avons, 

por  ce  les  querre  nos  devons. 

769  A.  nos  suce  et  nos  englot,  P.  nous  suce  et  nous  tr.  ;  770  A. 
destruit  et  ocit  t.  ;  771  B.  seit,  A.  est  la  doiz  de  la  malice  ; 
775  A.  et  contre  touz  ;  777  A.  F.  ainz  que  sor  ;  779  A.  destruïst  ; 
782  A.  quel  mont  ;  783  B.  apostoles,  peire  ;  784  A.  consault  ;  788  A.  mont  ; 
791  A.  et  de  sa  créance  ;  792  A.  bone  p.  ;  793  A.  a  gr.  p.  pueent  ;  796  A.  tant 
la  v.  ;  799  A.  bien  serions  ;  801  B.  sapience  et  f.  ;  802  A.  por  ce  leu  que 
nos  recevons. 


LA  BIBLE  35 

Bien  ait  bone  closon  et  fort 
804        en  pacience  et  en  confort  ; 

qui  teil  l'ait  con  je  la  devis 

moins  puet  douter  ses  enemis. 
Por  les  bestes  clore  et  gardeir 
808         sont  li  parc  ;  bien  devons  penseir; 

a  ceu  que  nos  sommes  desclos, 

que  nos  rannions  les  boins  esclos 

a  les  les  chamins  droituriers, 
812         que  nostre  pars  n'est  mie  entiers. 

Et  mavaisement  se  regardent 

nostre  pastor  que  ne  nos  gardent 

Ne  sont  mie  pastor  adroit  : 
816         il  ne  nossevent  guier  droit 

ne  mettre  en  la  bone  pasture 

qui  ne  faut  et  qui  tous  jors  dure. 

Icist  pastor  sont  li  evesque 
820        et  meïsmes  li  archevesque, 

qui  voient  es  escris  la  voie 

ou  Deus  nos  mette,  ou  Deus  nos  voie  ! 

La  devraient  estre  lor  oeul 
824        sens  covoitise  et  sens  orguel, 

qu'il  ne  pëussent  desvoïer, 

ausi  con  li  boin  marenier 

qui  gardent  vers  la  tresmontainne. 
828         De  cuer  et  de  langue  certainne 

nos  devraient  amonesteir, 

et  les  boins  exenples  doneir 

et  lou  droit  chamin  ensegnier, 
832         et  ceaus  gardeir  et  consillier 

dont  il  lor  covendrait  respondre — 

ja  si  ne  se  saront  repondre. 

803  A.  ml't  a.  b.  ;  805  A.  vous  devis  ;  807  B.  dore  ;  808  A.  garder  ; 
809  A.  declos  ;  810  A.  q.  n.  teignons  les  biens  enclos;  811  A.  et 
les  droiz  ch.  dr.  ;  813  B.  resgardent  ;  814  A.  quil  n.  n.  g.  ;  815  A. 
il  ne  tîenent  reson  ne  droit;  816  A.  ne  nos  sev.  g.  adr.,  B.  gardeir 
819  A.  li  p.  ce  sont;  822  A.  de  nos  v.,  B.  —  1  ;  825  B.  que  ne 
se  puissent  ;  826  A.  ainsinc  font  ;  828  B.  cuers  ;  829  A.  il  nos  doivent  am.  ; 
831  A.  et  lor  d.  ;  834  A.  si  savront,  B.  sil,  respondre. 


36  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

Il  ne  criemment  Deu  ne  ne  doutent. 
836        Deus  !  tant  vilain  morsaus  transglotewf 

es  povres  maisons  qu'il  destruent 

quant  il  dou  lor  les  despens  fuent. 

Il  n'ont  contenance  maure  ; 
840         il  ne  vivent  selonc  droiture  ; 

molt  menjuent  et  pou  se  blescent  ; 

a  bien  faire  petit  s'adrescenf  ; 

il  font  mais  pou  de  ce  qu'il  doivent  ; 
844        il  sormainjuent  et  sorboivent — 

per  foi  !  durement  i  escoutenf, 

qu'il  envellissent  et  redoutent  ! 
Une  manière  li  clerc  ont  : 
848         de  teius  i  ait  qui  trop  prou  sont 

ains  qu'il  aient  les  grans  honors — 

avenir  lou  voi  des  plusors — 

et  quant  il  ont  les  grans  richesces 
852         les  cuers  perdent  et  les  proesces 

et  de  bien  faire  se  repentent. 

Lors  fuent  et  guilent  et  mentent  : 

"sil  ont  tout  fait,  sil  ont  tout  pris, 
856        sil  n'ont  pas  bien  chacié  lor  pris." 

Puiz  ne  criement  honte  ne  lait  ; 

la  grant  covoitise  lor  fait 

dont  li  evesque  sont  lié. 
860         II  ne  doutewi  Deu  ne  pechié  ; 

li  orguel  et  la  signorie 

et  li  grans  muebles  et  l'envie 

lor  tôt  lou  veoir  et  l'oïr. 
864  Mais  il  ne  se  puent  covrir 

ver  celui  qui  tout  doit  jugier, 

coverture  n'i  ait  mestier. 


835  A.  il  nentendent  ne  rien  ne  d.  ;  836  A.  de  tant  vilain  morsel 
englotent  ;  837  A.  en  povres,  B.  as  ;  838  A.  q.  de  lor  despense  se  fuient  ; 
841  B.  pou  maurent  et  forment  blasme  ;  842  A.  se  drecent  ;  843  A.  il  f. 
ml't  pou;  844  A.  il  sorb.  ;  846  B.  ne  doute,  A.  redotent;  848  A.  trop  en 
font  ;  849  A.  a  que  il  a,  otn.  grans  ;  854  A.  1.  gabent  et  jurent  et  m.  ; 
856  B.  sil  nont  pas  chestoier  1.  p.  ;  858  A.  lou  fet  ;  860  A.  tort  ne  p.  ; 
861  A.  li  granz  orguiex  la  symonie. 


LA  BIBLE  37 

Trop  lou  vendent  apertement, 
868         mais  il  achatent  trop  sovent 

les  grans  orguels  et  les  bobans, 

et  pou  i  ait  des  conissans 

qui  apersoivent  les  justices 
872         qui  sont  ou  mont  en  maintes  guises  ; 

que  ne  sont  mie  trop  ouvertes, 

bien  sovent  les  voit  on  apertes. 

Molt  sont  et  fieres  et  cruaus 
876        ses  grans  justices,  et  loaus, 

por  ceu  les  doit  on  plus  loer  ; 

que  lui  ne  puet  on  rien  enbleir, 

qu'il  est  misericors  et  pis 
880        mais  sa  vanjance  est  molt  soltis. 

Molt  done  de  fieres  collées. 

Hai,  tant  grosses  en  ait  donees 

dont  il  nos  devroit  bien  membreir  ! 
884         Asseiz  en  saroie  conteir, 

mais  je  ne  vuel  nomer  nullu 

et  qui  voldroit  panre  sor  lu 

les  parolles  que  nos  dissons 
888         Per  foi,  n'iert  mie  Salemons  ! 

Sor  lu  si  les  doit  bien  s'il  prendre 

qui  seit  en  lui  rien  que  reprendre  : 

(molt  est  fous  qui  ne  se  chastie 
892         aucune  foiz  de  sa  folie,) 

molt  est  fous  qui  ne  se  reprent 

de  sa  folie  et  se  repent. 

Ne  di  pas  que  li  archevesque 
896         ne  li  legaut   ne  li  evesque 

soient  tuit  teil  con  j'ai  ci  dit — 

n'est  pas  mestier — mais  molt  petit 

868  A.  mes  il  les  chastie  sovent,  B.  lachatent  ;  869  A.  de  lor  forfezde  L  b.  ; 
872  B.  font  ;  873  A.  el  ne  sont  ;  877  A.  douter  ;  878  A.  que  len  ne  li 
p.  r.  e.  ;  879  A.  il  est  ;  880  B.  vanj.  por  mes  diz.  ;  881  A.  done  Deus, 
B.  donent  ;  882  A.  de  tantes  granz  ;  883  A.  dëust  ;  884  nommer,  B.  soloie 
c.  ;  886  A.  dire  sor  lui  ;  888  A.  ne  sera  mie  s.  ;  889  A.  s.  lui  les  devroit  il 
bien  pr.,  B.  lou  doit;  890  A.  qui  set  sor  lui  rien  a  reprendre;  891-2  B. 
manquent  ;  894  A.  om.  se.  ;  897  A.  com  je  ci  dit  ;  898  A.  mestiers. 


38  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

i  ait  des  boins,  bien  lou  voit  on. 
900         Molt  devrait  estre  chiers  prodon 

hui  est  li  jors  ;  mais  c'est  alei, 

li  prodome  sont  si  gabei  : 

plus  sont  hui  gabei  li  millor, 
904         si  m'ait  Deus,  que  li  poor; 

des  poors  dit  on  qu'il  sont  preu. 

Tout  ait  perdu  en  coït  son  leu 

li  boins,  por  qu'il  ne  puet  durer 
908         s'il  ne  puet  mentir  ou  guiler. 

Li  guilleor,  li  losangier 

sont  hui  li  maistre  consoillier  ; 

(cil  sont  ores  seignors  des  corz 
912         cil  tiennent  molt  les  autres  corz;) 

nul  autre  mestier  n'i  estuet, 

mais  qui  plus  i  puet,  plus  i  puet. 

Tout  ceu  nos  vient,  tout  muet  de  Romme. 
916         Or  ne  vaut  rien  vois  de  prodome, 

quar  contre  avoir  n'i  ait  nus  voiz. 

C'est  la  fontaine,  c'est  la  doiz 

dont  sordent  tuit  li  leit  pechié  ; 
920        bien  nos  ont  lou  siècle  chaingié 

et  tornei  ceu  d'avant  darriere. 

Guille  n'est  tant  en  nul  lieu  chiere  : 

la  sont  coronei  a  honor 
924        trestuit  li  maistre  guilleor. 

Per  foi  lou  seculeir  clergié 

voi  je  malement  engignié  : 

il  font  lou  siècle  a  mescroire. 
928         Se  font  li  clerc  et  li  prevoire 

et  li  chanoinne  séculier  ; 

sil  font  la  gent  desespereir. 

899  A.  de  b.,  set  om  ;  902  A.  li  gabé  ;  904  A.  se  deus  mait  ;  906  A. 
honors  son  leu;  907  A.  bons  hom  certes  n.  p.  d.  ;  B.  doner-,  911-12  B. 
manquent  ;  915  A.  et  vient  ;  917  A.  contre  lavoir,  om.  car  ;  922  A.  en  n.  1. 
tant  ch.  ;  923  A.  cor.  et  seingnor  ;  924  A.  tuit  li  plus  m.  g.  ;  925  A. 
communal  cl.,  B.  li  s.  ;  927  A.  icil  om.  a.  ;  930  A.  le  siècle  desperer. 


LA  BIBLE  39 


Molt  en  voi  des  desmesurez 

932         per  ses  chastials  per  ses  citeiz  : 

molt  sont  noble,  molt  font  le  riche, 
molt  sont  et  orguilloz  et  chiche. 
Molt  les  ait  bien  li  mondes  pris  ; 

936        soueiz  conquièrent  paradis 

s'il  l'ont  per  lor  volentei  faire. 
Tant  sai  je  bien  de  lor  afaire — 
de  ceu  les  doit  on  molt  prisier — 

940        molt  font  noblement  lor  mestier. 
Certes,  nulles  gens  en  église 
ne  font  plus  honorei  servise 
de  biau  chanteir  et  de  bial  lire  ; 

944        ci  ne  seit  om  sor  aus  que  dire 

por  ceu  qu'il  i  vuelent  entandre. 
Bien  redoient  Deu  graice  randre, 
que  gent  plus  a  aise  ne  sont  ; 

948        se  il  si  bien  l'autre  siècle  ont 
comme  cestu,  tout  ont  trovei. 
Li  vallant,  voir,  li  boin  orei 
qui  en  bien  despendent  lou  lor 

952         et  qui  criement  Deu  et  honor, 
et  qui  les  faiz  ont  en  despit 
qui  sont  deffendu  et  maldit — 
sil  doivent  bien  estre  saur 

956        de  la  joie  et  dou  boin  àur, 
dont  tuit  sil  forgegie  seront 
qui  en  cest  siècle  les  fais  font 
qui  sont  desdit  et  deffendu. 

960  Mais  covoitise  ait  tout  vancu  ; 

trop  per  ait  vencu  lou  clergié 
qui  sont  si  pris  et  si  lie, 


931  B.  des  desespereiz  ;  935  A.  li  siècles  pr.  ;  936  A.  soef  conq.  ; 
941  A.  nule  genz  ;  943  B.  bal[?]  lire;  944  A.  en  lonor  ih'u  nostre  sire, 
B.  se  n.  s.  ;  945  B.  que  il  v.  ;  946  A.  en  doivent  ;  947  A.  genz  ; 
948  A.  se  il  ainsinc  ;  950  A.  li  v.  li  désespère;  951  B.  et  qui  b.  ; 
952  A.  et  q.  aimment  joie  et  h.  ;  956  A.  om.  et,  de  bon  ëur  ; 
957  A.  fors  getez;  959  A.  desfet  et  d.  ;  961  A.  a  sorpris  1.  c,  B.  la  cl.  ; 
962  A.  q.  si  sont  pr. 


40  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

il  n'ont  vergoigne  ne  doutance, 
964         ne  de  Deu  nulle  remembrance. 

Provendes,  églises  achatent, 

en  mainte  manière  barateni. 

Achater  sevent  et  revendre, 
968        et  les  termes  molt  bien  atendre, 

et  la  bone  vante  de  bleif  ; 

et  s 'ai  bien  oï  et  tasté 

qu'as  juïs  prestent  lors  deniers. 
972         N'est  pas  honoreiz  li  mostiers 

ou  telle  gent  chante  ne  brut. 

Je  ne  di  pas  qu'il  soient  tut 

de  teil  manière  con  je  di. 
976        Ja  Deus  n'arait  de  ceaus  merci 

qui  font  teil  oevre  et  teille  ordure, 

que  c'est  fine  puant  usure. 

Ja  li  vair  ne  li  sambelin 
980        ne  li  vaudront  riens  en  la  fin, 

ne  les  raignes,  ne  li  lorain  ; 

molt  troveront  lou  leu  vilain 

ou  il  les  covient  tresbuchier  : 
984         ja  regardent  il  en  sautier 

et  en  l'escriture  devine. 

Molt  per  est  de  foible  covine 

qui  conoit  et  voit  en  escrit 
988         icelle  mort  dont  il  s'ocist  ! 

Dedens  ces  citeinnes  églises 

furent  les  provendes  asises 

d'aumosne,  per  iteil  covent 
992         c'on  les  donaist  honestement, 

mais  on  les  vent  on  les  achate  ; 

ici  ait  vilaine  barate. 


963  A.  quil  ;  964  A.  quenoissance  ;  966  A.  maintes  manières  ;  967  B.  acha- 
tent ;  968  A.  le  terme  ;  969  A.  dou  ble  ;  970  A.  sei,  taaste,  B.  et  sai  bien  or 
aquestei  ;  971  B.  qua  noeil  p.  1.  d.  ;  972  B.  mestiers  ;  973  A.  itieus  gent  ; 
977  A.  tel  ordure;  978  A.  corn  la  fine  p.;  979  A.  sebelin,  B,  —  1  ; 
980  A.  rien  ;  981  A.  ne  les  seles  n.  1.  1.  ;  982  A.  troverent  ;  983  A.  les 
covenra  ;  984  A.  sentier  ;  986  A.  icil  est  mont  d.  ;  989  en  ces  citeienes  eg.  ; 
991  B.  des  moinnes  par  ;  993  B.  mais  or  la  vait  on  achate. 


LA  BIBLE  41 


Haute  église  demande  hautesce 
996        et  honestei   et  gentilesce  ; 
per  foi  !  ja  chanoine  citain 
ne  doit  on  faire  de  villain  : 
mains  leus  en  voi  desonorez. 

1000         Des  gentilz  i  a  il  assez, 

mais  pechié  fist,  bien  se  charja, 
qui  villain  i  entremella, 
c'uns  vilains  fait  teil  viloignie 

1004        dont  une  bone  conpaignie 
est  blasmee  sovent  a  tort  ; 
vilains  ne  doute  laide  mort. 
N'i  doivent  avoir  nul  damaige 

1008         li  prodomme  de  bas  lignaige 
en  ces  parolles,  ne  [n]'ont  il  : 
tuit  li  prodomme  sont  gentil. 
Cil  s'est  paniz  de  gentilesce 

1012         cui  sens  ne  nature  n'adresce, 

et  qui  vilaigne  oevre  maintient 
ne  Deu  ne  l'englise  ne  crient. 
Oevre  qui  n'est  ioaus  ne  sainne 

1016        doit  estre  per  raison  vilainne, 
et  sil  qui  la  fait  est  vilains 
de  cuer  et  de  cors  et  de  mains. 
Li  fiz  lou  roi,  s'U  la  faisoit, 

1020         ice  pruix  je  per  art  adroit  .... 
Molt  devroient  estre  mâur 
li  clerc,  et  net  et  fin  et  pur, 
qui  les  parolles  Deus  recordeni 

1024        si  sovent.     Por  coi  ne  s'acordenf 
a  bone  vie  et  a  bone  oevre  ? 
Per  foi,  qui  sa  follie  cuevre 


995  A.  requiert  h.  ;  997  A.  F.  ont.  ja,  A.  citoien,  F.  citeains  ; 
998  F.  ne  deust  on  f.  d.  vilains, +  /;  999-1000  B.  manquent  ;  1000  A. 
ml't  se  traria  ;  1006  B.  lait  de  mort  ;  1008  B.  de  haut  ligainge  ; 
ion  A.  cil  et  partiz  d.  g.,  B.  ou  il  cet,  +  j  ;  1012  A.  qui  sens  et  proesce 
nadresce  ;  1014  A.  ne  deu  ne  le  siècle  ;  1016  A.  par  r.  certainne  ; 
1018  A.  corz  ;  1019  B.  si  le  f.  ;  1020  A.  puis  je  prover  adroit;  1021  A. 
asseur  ;  1022  A.  sain  et  p.  ;  1023  B.  racorde  ;  1025  À.  a  bien  faire. 


42  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

n'est  pas  dou  tout  desespereiz  ; 
1028         mais  jes  voi  si  abandoneiz 

en  pechié  et  en  covoitise, 

qu'il  ont  désespérance  mise 

en  la  gent,  qui  molt  tost  mescroient. 
1032         II  meïsmes,  je  croi,  mescroient, 

mais  des  Romains  lor  muet  si  tout. 

Aus  ne  blandis  je,  ne  ne  dout, 

por  coi  ?  qu'il  sont  desespereiz 
1036        et  de  trop  lais  vices  proveiz. 

Sil  sont  li  parfait  desloaul  ; 

de  lor  pechié  symoniaul, 

et  d'orde  vie  et  de  vilainne 
1040        si/  nos  semment  malvaise  graine  : 

en  lor  vie  et  en  lor  semence 

congrie  et  croist  désespérance. 

Des  noirs  moinnes,  des  noirs  abbeis 
1044         sui  molt  travilliez  et  peneiz  : 

en  mains  leus  et  en  maintes  cors 

m'en  tient  li  siècles  forment  cort. 

Molt  [me]  débouterai  de  parolles 
1048         qui  sont  et  villaignes  et  folles; 

li  uns  a  l'autre  est  testemoinnes. 

Je  ne  puez  maintenir  les  moinnes; 

desconfis  en  sui  en  mains  leu  ; 
1052         mais  se  Deu  plait,  c'est  por  mon  preu, 

qu'el  travail  et  en  la  pesance 

ai  ge,  certes,  grant  penitance. 

Tuit  dïent  que  nos  abaïes 
1056        sont  per  nos  abbés  abaïes 


1027  A.  desmesurez  ;  1028  A.  désespérez  ;  1030  A.  que  il  ont  desper- 
ance  m.;  103 1  A.  entre  les  genz  qui  pas  ne  croient;  1032  A.  ce 
cuit  ne  croient  ;  1033  A.  vient  trestot  ;  1034  A.  ices  ne  blandis, 
B.  blandir,  —  1  ;  1036  A.  lait  vice  blasme  ;  1037  A.  si  parfit, 
B.  se  sont  ;  1041  A.  oevre,  créance,  B.  sentence  ;  1042  A.  concie  et  croit  ; 
1043  A.  et  des  a.  ;  1044  A.  sui  je  forment  désespérez  ;  1045  A.  maint  leuz, 
maintes  cort  ;  1046  B.  me  tient  ;  1047  A.  par  paroles  ;  1049  B.  et  lautre 
est  estei  moinnes  ;  105 1  A.  maint  leu  ;  1052  A.  deus,  B.  ce  d.  p.  ;  1053  A  en 
la  créance,  B.  —  1  ;  1054  B.  manque;  1056  A.  esbahies. 


LA  BIBLE  43 

"  Destruites  sont  per  les  abbeiz," 
si  dïent.     Por  coi  sui  gabeiz  ? 
Certes,  je  ne  vodroie  estre  abbes 
1060        de  Citeaus,  ne  de  Cleny  rabes  ! 

Trop  me  travaillent  et  déboutent  ; 
per  foi  !  tant  sovent  me  corroussenf 
que  je  ne  lor  sai  raison  rendre  ; 

1064  por  pou  qu'il  ne  me  font  derendre  ! 
Des  obedianciers  rebruenf  ; 

de  ceaus  dïent  que  tout  destruent. 
Certes,  sovent  me  font  irié  : 
1068         Signor  !  queius  corpes  i  ai  gié  ? 

En  teil  point  m'ont  mis  nostre  freire  ! 
Je  donroie  bien,  per  Saint  Peire, 
doze  freires  por  un  ami  ! 

1072  Onques  plus  dure  gent  ne  vi  ; 
car  s'il  me  voient  dehaitié 

il  n'aront  ja  de  moi  pitié, 

et  s'il  me  voient  avoir  aise 
1076         il  me  porchascenf  ma  mesaise — 

puez  me  conbat  por  aus  a  tous  ! 

Mais  je  sui  sovent  au  desous  ; 

c'or  me  dist  chescuns  anuous  : 
1080         "  por  coi  remuent  les  priours 

si  sovent  ?  se  n'est  pas  raisons, 

destrutes  en  sont  les  maisons  " — 

de  ceu  me  travaillent  il  molt. 
1084         Mais,  tant  i  ait,  je  lor  respont 

que  por  ceu  sovent  les  remuent 

que  paor  ont  que  il  ne  puent, 

et  por  ce  les  vont  remuant 
1088        que  il  ne  deviegnent  puant — 

1057  A.   nos   abbez  ;    1058  A.    ce  dient  porquen   sui   blasmez  ;    1060  A. 
cluigni,  abbes  ;  1061  A.  ml't  me  tr.  ;  1062  A.  et  ennuient  ml't  et  corroucent  ; 

1065  A.  les  obédiences  rebruient  ;  1068  B.  quel  corpe  ;  1069  A.  en 
cest  p.  ;   1070  A.    jen   don,    B.    devroie  ;    1072    A.  conques,    dures   genz  ; 

1073  A.  om.  car,  mesaeisie  ;  1076  A.  porchaceront,  om.  ma  ;  1077  A. 
sovent  a.  t.  ;  1078  A.  por  aus  sui  forment  a.  d.  ;  1079  A.  om.  c'  ; 
1080  A.  por  quen  remue,  prious  ;  1081  A.  quil  nest  pas;  1083  A.  et  de, 
om.  il,  B.  ml't  ;  1086  A.  quil  ont  poor. 


44  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

sor  moi  chairait  trestoz  li  gais 
por  ceu  que  je  port  les  nors  drais. 
Il  ot  plus  de  trente  ans  passeiz 
1092         c'an  noirs  drais  fui  envolepeiz; 
je  ne  lor  destrus  onques  rien 
se  ne  fis  onques  point  de  bien. 
Deus  !  moie  corpe,  je  mesfis — 

1096  por  coi  ?  qu'enci  lor  est  a  vis  ! 

N'est  pas  a  vis  les  boins  clostriers 

dont  est  honoreiz  li  mostiers  : 

siZ  servent  Deu  a  haute  vois, 
11 00        sil  sont  nuit  et  jor  en  la  croix. 

Nostres  sires  en  ait  pitié  ! 

que  oevre  qui  nen  ait  boin  pié 

ne  se  puet  tenir  longuement. 
1104         Ja  ne  vaireiz  si  vallant  gent, 

ne  se  hardie,  ne  si  fort 

que  aiques  ne  se  desconfort 

la  ou  sires  ou  chies  li  faut  : 
11 08        en  grant  bataille  riens  ne  valt. 

Grant  bataille  rent  bien  covens 

quant  en  li  tient  bien  ses  convenz, 

mais  molt  en  faut,  hui  est  li  jors, 
11 12         trop  tient  on  mais  les  covens  cors. 

Li  clostrier  furent  ja  signor, 

que  li  abbei  et  li  prior 

les  gardoient  si  chierement 
1 1 16         con  fait  la  meire  son  enfant  ; 

ic'estoit  ordre  sans  envie. 

Or  i  ait  tant  de  feloignie 

c'a  tout  destruire  et  a  guiler 
11 20        voi  si  nostre  afaire  atorneir, 

1089    A.    cherra   trestot  ;    1090   A.   por   les   n.  ;    1091    A.    il    a.,    F.   y  a  ; 

A.  F.  plus  de  doze  anz  p.  ;  1092  B.  sui  ;  1093  B.  riens  ;  1094  A.  se  gi  fis  ; 

1097  A.  aus  bons  cl.;  1100  A.  jor  et  n.  ;  1102  A.  na  pas  b.  p.; 
1106  A.  aucuns  ;  1107  A.  sires  et  chief  lor  faut  ;  1109  A.  ront  bien  convent, 

B.  rent  granz  convens  ;  n  10  B.  que  vuelent  estre  a  deu  servant;  1111  A. 
trop  en  f.  ;  11 13  A.  ainz  signor;  11 14  A.  ne  li  prior;  11 15  A  tant  1.  g.  ch.  ; 
11 16  A.  comme  li  p.  s.  e.  ;  11 17  A.  lor  estoit,  B.  ordre  sor  teil  vie; 
11 18  A.  tricherie;  1119  B  cuns  tous  destruit  le  enguilei  ;  1120  A.  mon 
afere,  B.  ci. 


LA  BIBLE  45 


que  li  baras  chescun  jor  double. 

Or  dou  peschier  qui  l'augue  trouble 

troblee  voi  je  bien  nostre  ordre  : 
1124        ja,  se  croi,  n'en  porons  estordre. 
Li  prodome,  li  boin  abbei, 

dont  li  leu  furent  honorei 

esposairent  en  sainte  église 
11 28        trois  pucelles,  en  iteil  guise 

qu'elles  furent  maistres  et  dammes 

et  establies  sor  lor  armes. 

Molt  sont  chieres,  nettes  et  belles, 
1132        se  seit  on  bien,  ces  trois  pucelles. 

en  l'ordre  furent  mariées 

et  en  sainte  église  esposees. 

Les  nons  doit  on  bien  recordeir 
11 36        des  trois  pucelles  et  nomeir  : 

la  première  ait  non  Chariteiz, 

et  la  secunde  Veriteiz, 

la  tierce  appellet  on  Droiture. 
11 40        De  ces  trois  n'avons  nos  mais  cure. 

Por  coi  getees  les  en  ont 

icil  abbei  ?     Qui  ore  i  sont  ? 

En  leu  de  ces  trois  nos  ont  mises 
11 44        trois  ordes  vielles  et  assises. 

Molt  sont  et  laides  et  cruals 

ses  trois  vielles,  et  desloaus. 

Des  trois  vielles  sai  bien  les  nons  : 
1148         la  première  ait  non  T  raisons, 

et  la  secunde,  Ypocresie, 

la  tierce  apelle  on  Symonie. 

Hai  lais  !  con  si  ait  crual  chainge, 
1152         que  Traïson  est  si  estrainge, 


1121  A.  quar  li  bi.  ;  1 122  A.  que  levé  est  tr.  ;  1124  A.  apaines  en  por,  F.  ne 
porrontest  ;  1132  A.  les  trois  ;  1135  B.  —  1  ;  1138  B.  —  1  ;  1139  A.  apele  len  dr.  ; 
1141  A.  tolues  les  nos  ont  ;  1142  li  saint  abb.,  om.  i  ;  1144  A.  trois  v.  ordres, 
B.  ordres;  1149  B.  —  1  ;  1150  A.  et  la  terce  a  non  symonie  ;  1151  A.  cm. 
hai,  eschange,   B.   ahi  lais,  +  i. 


46  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

et  Ypocresie  coverte; 

Simonie  rest  si  aperte, 

et  si  destroite,  et  si  ardans. 
1156         Bien  sont  ces  trois  vielles  puans 

hui  est  li  jors  dammes  dou  monde 

Selui  ne  teig  je  mie  a  monde. 

qui  ces  trois  [vielles]  ait  et  tient  : 
1160        molt  per  doute  Deu  pou  et  crient; 

d'une  des  vielles  c'est  verteiz, 

devroit  il  bien  estre  encombreiz. 
Ces  trois  vielles  nos  destruiront  ; 
11 64         mais  li  clostrier  que  devenront, 

qui  se  sovent  tôt  iceu  voient? 

Por  folie  chantent  et  proient. 

Et  sil  por  coi  en  église  entre 
1168         qui  plus  n'aimme  Deu  que  son  ventre? 

Je  di  que  c'est  vie  truande, 

que  por  paor  de  la  viande 

n'osommes  parler  ne  mot  dire. 
1172         Li  uns  boute,  li  autre  tire, 

et  teil  i  ait  qui  se  consoille. 

Ic'est  une  molt  grant  mervoille 

que  nos  conoissons  nostre  tort, 
11 76        et  savons  que  nos  sommes  mort 

et  que  nos  avons  tout  perdu  : 

malement  sommes  decëu. 

Deus,  tu  es  rois,  et  consillieres, 
11 80        et  governeres,  et  jugieres. 

Sire,  délivre  Saint  Eglise 

de  ces  trois  vielles,  en  teil  guise 

que  je  voie  les  trois  pucelles  ! 
1184        Or  sérient  celles  novelles, 

que  Ions  tens  ait  que  je  nés  vi  ; 

a  grant  tort  en  sommes  parti. 


1153  A.  ypocr.  si  couverte;  1154  A.  et  s.  si  cuiverte  ;  1157  A. 
do  monde;  1158  A.  pas  a  m.;  1159  B.  —  2;  1165  A.  qui  ce  sevent 
et  ic  v.;  1170  A.  que  paor  a.;  1171  A.  nosons  mes,  rienz  dire; 
1172  A.  autres;  1173  A.  qui  on  conseille;  1174  A.  trop  gr.  ;  1184  A. 
seroient  eles  ;  1185  A.  lonc  t.  je  nés  i  vi. 


LA  BIBLE  47 

De  l'ordre  blanche  sui  repris 
1188         maintes  fois  et  si  entrepris 

qu'a  poinnes  en  repuez  estordre. 
Et  si  ai  je  estei  en  l'ordre  ; 
mais  por  ce  ranponeiz  en  sui 

1192  qu'a  Clerevals  quatre  mois  fui. 
Or  dit  on  que  mal  me  provai 
por  ceu  que  tant  i  sesjornai  ; 

se  j'ausse  estei  en  la  rote 
1196        deus  ans  ou  trois,  bien  sai  sen  doute 

ja  ne  fusse  si  ranpogneiz. 

Et  tant  en  voi  des  mal  proveiz  ! — 

qui  chescun  jor  est  en  espreu-ue 
1200        li  plus  dou  siècle  mal  se  prueve. 

Quatre  mois  lui  en  Clerevals — 

se  ne  fut  mie  trop  grans  mais  ! 

Je  m'en  partai  molt  franchement. 

1204  Travail  i  oi  ;  poinne  et  torment 
i  laissai  trop  et  feloignoie, 

et  grant  durtei   et  grant  envie, 

et  ypocresie  et  murmure. 
1208  N'est  pas  tout  ors  qu'en  voit  relure  ; 

lure  ne  puent  il  pas  mont 

que  trop  de  mal  dedens  lor  ont  : 

ou  mont  n'ait  moins  fraternitei. 
12 12         S'il  ont  avoir  a  grant  plantei 

ja  por  ceu  muez  ne  lor  en  iert. 

Fous  est  qui  grant  amor  lor  quiert  ; 

nés  que  uns  asnes  ait  pitié 
1216         d'un  autre,  quant  lou  voit  chargié, 

nen  ait  li  uns  pitiet  de  l'autre 

quant  lou  voit  gésir  sor  lou  fautre 

1187  B.  vos  redi  ;  1188  B.  en  sui  ;  1189  A.  qua  poin  men,  —  x  ;  1190  A.  F. 
si  (A.  se)  ne  fui  onques  de  lor  ordre  ;  1 192  F.  qua  clerevaux,  A.  que  a  clervax  ; 

1193  A.  F.  mi  provai;  1196  F.  B.  dous  mois;  1197  A.  nen  fusse  tant  r.  ; 
F.  que  nen  f.  ;  1198  A.  ha  tant;  1199  A.  B.  sont;  1201  A.  je  a  clervaus, 
F.  a  clerevaux  ;  1203  A.  parti  ;   1204  A.  et  paine  grant,  B.  trav.  en  ont  ; 

1205  A.  et  grant  envie,  B.  il  laissait,  a  fel  ;  1206  A.  et  félonie,  B.  a  gr.  d. 
a  gr.  env.  ;  1207  A.  om.  îer  et  ;  1208  A.  orz  quanque  voi  luire  ;  1209  A.  ne 
1.  ne  p.  il  mont,  B.  ml't  ;  12 10  A.  car  na  nule  ordre  en  tôt  le  mont; 
1211  A.  ou  ait  mainz  de  fr.  ;  1214  A.  grant  avoir;  1215  A.  ne  que  nuns 
autres  ait  p.,  B.  cuns,  de  pitié  ;  1216  B.  une;  1217  A.  li  uns  daus  na  pitié 
de  lautre. 


48  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

pansif  ou  malaide  ou  destroit  ; 
1220        ja  chose  n'i  feront  a  droit, 

que  trop  sont  mercheant  en  foire. 
Les  barbis  tondent  li  provoire 

qui  Corpus  Domini  menoient. 
1224         En  mainte  manière  desvoieni  : 

ja  conteroie  mil  églises 

ou  il  ont  lor  grainges  assises. 

Per  tout  ont  viles,  et  parroches, 
1228        et  terres,  et  maisieres  frouches 

trop  plus  que  n'avoient  devant; 

barbis  et  moutons  i  ait  tant 

et  buez  et  vaiges  qui  la  sonnent, 
1232         mervillouse  paor  nos  donent. 

Es  cimitieres  sor  les  cors 

ont  il  faites  les  sois  as  pors, 

et  la  font  gésir  les  esnesces 
1236        ou  l'on  soloit  chanter  les  messes. 

Et  puez  repregnent  tout  lou  mont  ; 

il  dïent  que  tuit  perdu  sont 

li  autre,  fors  solement  il. 
1240         Deus  !  con  sil  sont  et  fol  et  vil 

qui  ce  dïent,  et  ypocrite, 

et  truant,  et  malvais  hermite  ; 

que  ja  prodom  ne  lou  dirai. 
1244         Bien  savons  con  \or  ordre  va  : 

maistre  cosson  et  mercheant 

sont  il,  certes,  et  bien  errant. 

Granz  cherrois  moinnent  et  granz  sommes 
1248         permi  ses  foires;  et  ont  hommes 

ou  il  font  tailles  et  grans  prises. 

Lor  ententes  ont  toutes  mises 

1220  A.  de  ce  ne  ront  il  mie  droit  ;  1224  A.  guise  se  desv.  ;  1225  A.  je  c.  ; 
1227  A.  parroiches  ;  1228  A.  et  marrecleries  et  cloches;  1229  A.  quil 
nav.  ;  1230  A.  et  vaches  i  a.  t.  ;  123 1  A.  et  bues  et  truies  qui  essouent  ; 
1232  A.  merveillous  essample  ;  1233  A.  quo  cimetière,  B.  ques.  c.  ;  1234  A. 
soz  aus  p.  ;  1235  A.  asnesses,  B.  les  font  ;  1236  A.  len  deust  ;  1238  A.  et 
dient;  1242  A.  et  malves  truant  et  hérite;  1243  A.  ne  ja  ;  1248  A.  par  ces 
forez  et  si  ront  hommes. 


LA  BIBLE  49 

a  conquerre  quant  que  il  voient  ; 
1252         la  povre  gent  molt  s'en  effroieni 

que  il  gîtent  fors  de  lor  terre — 

toz  les  en  chescent  a  pain  querre. 
Je  m'en  parti  en  iteil  point 
1256         de  loaultei  n'i  laissai  point 

ne  de  bontei   ne  de  franchise, 

mais  je  lor  laissai  covoitise. 

As  clostriers  laissa  plors  et  larmes  : 
1260         a  ceaus  demoret  molt  li  termes 

que  li  siècles  doive  fenir. 

Sil  sont  confessor  ou  martir  ; 

li  confessor  ont  tout  gaigniéi, 
1264         mais  li  martir  sont  engignié  : 

la  ou  pacience  lor  faut 

li  martires  riens  ne  lor  vaut. 

As  abbeis  et  as  salleriers 
1268         laissa  l'argent  et  les  deniers 

et  lou  vin   et  les  gros  poissons. 

Ha  !  quels  freires  !  quels  conpagnons  ! 

Cil  ont  enfermeries  dobles  ; 
1272         les  clers  vins  boivent,  et  les  trobles 

entremellent  en  refrettour 

a  ceaus  qui  font  lou  grant  labor 

et  se  font  chauz  et  escumez. 
1276         Des  boins  maingiers  et  des  porrez 

aemplissent  lor  penitance. 

Icil  sont  en  bone  cheance, 

mais  c'est  fraterniteiz  enverse — 
1280        je  m'ameroie  muez  en  Perce 

qu'en  clostre  villain  sens  pitié. 

Molt  sont  de  pensées  chergié 

1251  B.  qua  il  v.  ;  1252  A.  povres  genz  ;  1254  A.  envoient  ;  1256  A.  manque  ; 
1262  A.  et  m.  ;  1263  A.  li  conffessez  ;  1268  A.  lavoir  ;  1269  A.  la  char  ; 
1270  B.  et  q.  conp.  + 1  ;  1271  B.  icil  ont  mérites  a  doble  ;  1273  A.  en 
envoient  ;  1274  B.  les  grans  labors  ;  1275  A.  manque,  B.  et  il  sont  chaut 
et  escumees  ;  1276  A.  pevrez,  B  porrees  ;  1277  A.  et  empl.,  B.  —  1  ; 
1278  A.  et  cil  sont  en  bone  créance  ;  1280  A.  je  enmeroie  ;  1282  A.  ml't 
sont  traverse  et  changie,  B.  chergiez. 


50  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

li  clostrier  qui  sevent  lor  vie 
1284        aus  cuers  enfleiz  et  plains  d'envie  : 

se  couchent  sovent  esmarri 

que  mal  lor  ont  lou  geu  parti. 
Trop  estait  bien  as  salleriers, 
1288         molt  ait  de  barait  es  graingiers, 

qu'il  covernent  tout  a  lor  guise. 

Molt  les  agolloigne  et  atise 

la  covoitise  de  cest  monde  ; 

1292  trop  sont  tirant,  Deus  les  confonde  ! 
A  maie  gent  ensi  conquièrent 

et  en  autrui  terre  se  fièrent. 

N'en  sont  pas  legier  a  hosteir; 
1296         il  vuellent  saisir  et  prover 

qu'il  doient  tout  per  droit  avoir, 

ou  per  engig  ou  per  avoir  ; 

on  ne  repuet  soffrir  lors  plaiz. 
1300         Ainz  fusse  je  moinnes  retrais 

qu'en  moi  ëust  teil  covoitise. 

N'est  pas  en  nostre  ordre  assise 

covoitise,  n'en  n'i  ait  point. 
1304         Tout  avons  tornei  a  un  point  : 

nos  n'avons  d'autre  terre  envie 

ne  la  nostre  ne  nos  plait  mie, 

qui  l'argent  nos  vodroit  doner 
1308        tost  nos  en  poroit  delivreir. 

La  covoitise  soit  es  blans, 

toz  lor  lais  les  bos  et  les  chans  ! 
Ne  veez  vos  les  blans  abbeiz 
13 12         que  porchescent  les  evesqués  ? 

Et  s'en  ont  fait  un  chardenal — 

ja  ne  vairois  si  desloaul  ! 

1283  A.  servent;  1284  B.  ains  cuers;  1285  B.  se  tulhet(?)  sovent  et  parti  ; 
1287  A.  resta  bien  au  celeriers  ;  1288  A.  trop  a.  ;  1289  A.  cil  govern  ;  1291  A. 
manque  ;  1292  A.  me  conf.,  A.  ajoute  un  vers  :  se  trop  de  maus  en  aus  abonde  ; 

1293  A.  ne  nules  genz  si  ne  conq.  ;  1294  A.  sil  en  ;  1295  A.  nen  sont  plus  1. 
a  giter  ;  1297  A.  pranre  et  av.  ;  1298  A.  ou  par  ammosne  ou  par  avoir; 
1299  A.  l'en  ne  r.,  plet  ;  1301  A.  insère  avant  ces  vers  les  2vv.  1317,  1318, 
monter  cuident  etc.;  1301  A.  ja  n'oit  en  moi;  1302  A.  ne  sest  mise; 
1303  A.  a  point  ;  1305  A.  ne  navons  dautrui  chose  envie  ;  1306  B.  vos  pi.  ; 
1307  A.  om.  V  ;  1309  A.  aus  blans;  1310  B.  lait,  A.  les  boz  et  les  plans; 
131 1  A.  des  bl.  ;  1312  A.  qui  ;  1314  A.  verrez. 


LA  BIBLE  5i 

Tous  les  autres  passent  d'an  vie 
1316         et  d'orgoil  et  de  symonie  ; 

monter  cuident,  mais  il  abaisset 

quant  il  Deu  et  lor  ordre  laissent 

Li  boin  clostrier  n'en  puent  mais  : 
1320        icil  sostiennent  les  grans  fais 

ne  ne  s'entremeteni  de  rien. 

En  l'ordre  blanche  rait  molt  bien, 

ne  di  pas  que  molt  n'en  i  ait  ; 
1324        mais  la  chierté  que  on  lor  fait 

fait  sovent  cuers  desespereir 

et  boin  coraige  remuer. 

Deus  !  que  dirai  je  de  Chartrouse 
1328        ou  chescuns  sa  viande  trouse, 

chescuns  ait  sa  maison  per  lui  ? 

De  lor  manière  certains  sui 

et  de  lor  ordre  et  de  lor  vie, 
1332         dont  je  n'ai  gaires  grant  envie. 

L'ordre  ne  blaisme  ne  lor  estre, 

mais  por  rien  [je]  n'i  voldroie  estre  : 

trop  ont  destroit  et  dur  covine. 
133°        Chescuns  fait  tous  sols  sa  cusine, 

tuit  sol  mainjuent,  et  sol  gissent  ; 

quant  lou  feu  sofflent  et  atissent 

ne  semblent  mie  saige  gent. 
1340        Je  ne  sai  que  Deus  i  entent, 

mais  ne  voldroie,  se  m'est  vis, 

estre  toz  sous  en  paradis — 

paradis  ne  seroit  ce  mie 
1344        se  je  n'avoie  conpaignie. 

Ja  sous  hon  bien  ne  pensera 

ne  grant  patience  n'avra. 

Molt  l'ait  malvaise  li  hon  sous, 
1348        sovent  est  pensis  et  irous. 

13 17-18  A.  cf.  v.  1301  ;  132 1  B.  ne  s'en  entr.  ;  1322  A.  en  lord.  bl.  assez 
bien  ;  1323  A.  qu  assez  nen  i  ait;  1324  B.  la  chierté  con,—  1  ;  A.  durte  que 
l'en  i  f.  ;  1327  A.  mes  que,  B.  des  chartrouses  ;  1331  B.  que  lor  ordre; 
'333  A.  lor  ordre  ;  1334  B.  —  1  ;  1335  A.  estroit  ;  1336  A.  par  lui  ; 
1337  A.  tuit  m.  sol.,  B.  et  frulgissent  ;  1338  A.  lor  feu  ;  1339  A.  bone  gent  ; 
1344  A.  ou  je  navroie  ;  1346  A.  ne  ja  p.  ;  1347  A.  souz  ;  1347  A.  m.  a 
malvaise  vie  h.   s.  , 


52  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

Se  j'avoie  entor  moi  cent  murs 

tant  seroie  je  moins  saurs 

seconpaignie  n'i  avoie. 
1352         Por  rien  je  ne  m'i  fïeroie 

en  ceaus  qui  se  font  enmureir, 

mes  cuers  ne  s'i  puet  acordeir  ; 

folie  est  ;  ne  me  die  nuls 
1356         c'on  doie  ja  croire  rendus  : 

qui  se  mure  et  met  en  destroit 

molt  s'aimme  pou,  et  moins  se  croit 

Sil  de  Chartrouse  pas  ne  semblent  : 
1360        sovent  se  voient  et  s'asemblent  ; 

lor  maisons  ne  sont  pas  salées, 

bien  sont  mostrees  et  parées. 

Ensemble  mainjuent  sovent; 
1364        en  lor  ordre,  si  con  j 'entent, 

ne  puet  mie  avoir  grant  orgoel. 

Un  pou  l'aim  plus  que  je  ne  suel. 

Amendé  se  sont  en  l'englise 
1368        et  des  messes  et  dou  servise  ; 

il  ont  assez  dons  et  porches  ; 

vaiches  ne  gemens  n'ont  il  pes; 

d'outre  lor  terme  laboreir 
1372         de  ceu  se  vuellewt  bien  gardeir  ; 

il  ont  asseiz,  et  si  ont  po  ; 

bien  laborent,  por  ce  les  lo. 
Certes,  il  moinnent  aispre  vie 
1376         n'en  lor  ordre  n'ait  teil  envie, 

se  m'est  a  vis,  ne  teil  murmure 

con  es  autres,  ne  je  n'oi  brure 

1349  A.  se  avoie  ;  1350  A.  plus  seurs  ;  1356  A.  que  len  doie 
enmurer  reclus  ;  1358  A.  pou  se  croit  ;  1359  A.  que  de  ;  1360  A. 
assemblent  ;  1362  A.  overtes  et  mostrees  ;  1365  A.  p.  il  av.  ;  1368  A. 
de  m.  et  de  s.,  Entre  vv.  136g  et  1370  A.  insère  :  et  de  parler  ront 
grant  solaz,  Entre  vv.  1370  et  1371  A.  insère  :  ne  nos  nés  amenons  pas  ; 
1371  A.  le  terme;  1372  A.  de  touz  se  vuelent  ml't  garder;  1373-4  A- 
intervertis;  1375  A.  de  nule  ordre  n'ai  tel  envie;  1376  A.  se  jesucriz  me 
done  vie  ;  1377  A.  en  ce  murmure  ;  1378  A.  com  es  autres  ne  je  noi  briure, 
B.  on  autres  signes  je  noi  br. 


LA  BIBLE  53 

le  siècle  d'aus  ne  de  lor  oevre. 
1380        Li  lor  oevre  point  ne  se  cuevre, 

bien  mostrent  lor  vie  et  lor  estre  ; 

ne  il  n'ont  celerier  ne  mestre 

qui  face  borces  ni  avoir. 
1384         Mais  je  lor  vuel  faire  a  savoir 

qu'en  la  rigle  Saint  Beneoit 

ont  il  mespris;  qu'ansi  déçoit 

dyables  les  gens  et  engigne. 
1388        Sains  Beneois  ot  droite  ligne 

et  fist  la  rigle  a  droit  conpas. 

Saleir  ne  lor  devons  nos  pas  : 

des  malades  sont  homicide. 
1392         Ne  lairoie  por  tôt  l'or  d'Yde 

nul  home  devant  moi  morir 

se  je  l'en  pooie  garir. 

Quant  il  as  malaides  ne  donent 
1396        la  chair,  et  il  nés  en  semonnent, 

bien  puet  estre  lor  ordre  dure 

et  crual.     Si  longuement  dure  : 

malade  qui  lou  maingier  pert, 
1400        qu'il  s'en  voit  morir  tout  apert, 

font  faire  de  char  abstinance. 

Se  n'est  pas  digne  penitance; 

que  li  deciple  Jesu  Crist 
1404        la  maingerent;  et  il  lor  dist 

de  ceu  qu'an  devant  lor  metroit 

et  on  de  par  Deu  lor  donroit, 

que  ja  per  aus  ne  fust  enquis 
1408         dont  il  venoit   ou  il  fust  pris. 

Et  s'oi  tesmoignier  as  plus  saiges 

que  laiz   et  burres    et  fromaiges 

1380  A.  ne  li  ordres  p.  ;  1383  A.  ne  av.  ;  1384  A.  om.  a.  ;  1386  A. 
om.  qu'  ;  1387  A.  la  gent  ;  1388  A.  s.  b.  la  dr.  1.  ;  1389  B.  droite 
(ligne  effacé)  ;  1390  A.  ne  la  devons  ;  1392  A.  je  ne  1.  por  leride  ; 
*393  A.  un  homme  ;  1394  A.  se  len  p.  garantir  ;  1398  A.  se  longuement  ; 
J399  A.  B.  malades,  A.  son  m.  ;  1400  A.  con  v.  m.  tout  en  apert,  B.  en 
ap.,+  1  ;  1402  A.  droite  pen.  ;  1405  A.  de  quant  quan  ;  1406  A.  et  quanque 
de  par  deu  venroit  ;  1408  A.  ne  ou  fu  pris  ;  1409  A.  om.  et,  au  plus. 


M  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

asseiz  plus  grant  chalor  atrait 
141 2         a  luxure   que  chair  ne  fait. 

(Se  il  mes  paroles  entendent 

por  Deu  lor  pris  que  il  amendent.) 

Et  la  droite  rigle  commande 
1416        de  malaide  qui  chair  demande, 

c'on  l'en  doigne  s'il  la  desirre; 

qu'  homme  ne  doit  on  pas  ocire  : 

desirrance  gite  home  mort 
1420         dont  l'en  n'ait  consoil  ne  confort. 
De  lor  consoil  ne  sai  que  die, 

de  lor  ordre  n'ait  point  d'envie  ; 

tant  sai  je  :  se  je  i  estoie 
1424         lou  premier  jor  congiet  penroie — 

de  religion  sans  pitié 

doit  on  panre  molt  tost  congié. 

S'il  nou  me  voloient  doner 
1428         je  saroie  bien  esgardeir 

per  ou  je  feroie  lou  saut; 

cure  n'ai  je  ou  pitiez  faut 

quant  on  en  ait  plus  grant  besoig. 
1432         Molt  aroient  il  boin  tesmoig 

s'il  en  ostoient  la  durtei 

et  il  en  sainte  charitei 

es  enfers  donoient  lor  droit 
1436        ensi  con  la  rigle  lou  doit. 

Lor  bien  lor  di  et  lor  enseing  ; 

se  il  de  ceu  dont  jes  repreing 

s'amendent,  certes,  il  seront 
1440        asseiz  millor  que  il  ne  sont. 

De  Chartrouse  vos  ai  dit  voir; 

ensi  con  je  cuit  bien  savoir 

1413-14  B.  manquent;  1416  A.  du  m.;  1417  B.  doignent  ;  1420  A.  len 
n'ait  aide  ne  confort;  1423  A.  tant  sai  ge  bien  se  gi  est;  1426  A.  ml't 
tost  penre  ;  1430  A.  je  n'aim  pas  ordre,  B.  je  nai  cure  ou  p.  f.  ;  143 1  A. 
con  en  en  ;  1432  A.  trop  fussent  il  de  grant  tesmoing  ;  1433  A.  se  il  en 
ostassent  durte  ;  1437  B.  lor  bien  lor  ensoigne  et  lor  sent  ;  1438  A.  sil, 
je  lais  rep.,  B.  reprent  ;  1440  A.  meillor  assez;  1441  B.  Les  chartrouses  ; 
1442  A.  je  le  cuit  sav. 


LA  BIBLE  55 


aiques  les  covines  dou  mont 

1444        de  cest  autre  ordre  de  Grant  mont 
sui  je  certains,  et  bien  puex  dire 
se  ele  amande  ou  ele  enpire. 
Je  resai  aiques  lor  covine  : 

1448        il  font  ensemble  lor  cusine, 

ensemble  boivent  et  mainjuent. 
Mais  de  tant  lor  ordre  remuent, 
car  ont  or  vaiches  et  jumens 

1452         et  barbis.     Plus  de  deus  cens  ans 
ont  il  si  lor  ordre  tenue 
que  tel  beste  ne  fut  vëue. 
Orgoillous  furent  il  molt  ja, 

1456        mais  lor  orgoil  les  abassa. 

Molt  les  vi  signors  des  barons, 
molt  per  fu  grans  d'aus  li  renons, 
maistres  les  vi,  iceu  fut  voirs, 

1460        et  des  princes  et  des  avoirs  ; 
il  avoient  plus  commandises 
quant  toutes  les  autres  églises. 
Lor  vie  tindrent  molt  coverte; 

1464        mes  il  l'ont  auques  desco verte 
por  la  guerre  qui  entr'aus  fu, 
s'ait  molt  lor  orguel  abatu. 
Ypocresie  molt  se  cuevre 

1468        et  en  ses  fais  et  dedens  s'uevre; 
c'est  uns  des  vices  que  plus  heit 
sil  qui  tout  voit  et  qui  tout  seit. 
Les  ordres  forment  en  déclinent. 

1472        Trop  muèrent  laidement  et  finent 
li  ypocrite,  que  c'est  drois  : 
droiture  ne  raisons  ne  fois 


1444  A.  cele  autre  ;  1446  A.  ou  sele  empire,  B.  sil  amandent  ou  il  enpire  ; 
1449  A.  dorment  et  m.  ;  1450  A.  mes  ditant  ;  1451  A.  quil  ont,  B.  om. 
or,  —  ;  ;  1452  A.  et  de  berbiz  plus  de  deux  cenz  ;  1454  A.  fust  ;  1455-56  A. 
intervertis;  1456  A.  li  orgueilz  ;  1455  A.  mont  ja  ;  1458  A.  m.  p.  est  gr., 
B.  fu  ja  gr.  li  r.  ;  1462  A.  que  ;  1464  B.  nuz  ne  la  pot  veoir  overte  ; 
1466  A.  ce  a  ml't  lorgueil  ;  1468  A.  ml't  en  pou  dore  se  descuevre  ; 
1470  A.  cil  qui  t.  s.  ;  1472  A.  laidement  tornent  et  aclinent. 


56  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

ne  lor  aident  en  la  fin, 
1476        car  se  dient  li  boin  devin 

que  1'  uevre  se  juge  et  tesmoigne. 

Ensi  con  l'enfes  qui  enpoigne 

la  chandoile  dont  il  se  cuit 
1480        ont  enpoignie,  con  je  cuit, 

la  mort — je  cuit  ? — ains  je  lou  croi. 

D'une  manière  et  d'une  loi 

sont  ypocrite  et  papelon. 

1484  De  quel  part  ont  plus  de  raison  ? 
Li  papelon  o  la  lumière 

s'art  et  ocit  :  en  teil  manière 
chessent  ypocrite  lor  mort, 

1488  dont  créature  ne  resort. 

Je  nou  di  pas  trop  por  Grant  mont  ; 

as  autres  ordres  en  ait  mont. 

En  Grant  mont  font  bial  le  servise, 
1492         molt  tiennent  nette  lor  église, 

et  de  contenance  maure 

sont  il  asseiz  ;  et  se  n'ont  cure 

que  gent  trop  grant  prise  lor  fasceni  ; 
1496        petit  quierent  et  po  porchascenf, 

de  ceu  doit  on  dire  verte. 

Molt  offrent  biaul  lor  charitei, 

a  maingier  donent  bellement; 
1500         iceu  font  il  adroitement 

de  ceaus  defors  en  un  hosteil. 

Molt  est  fous  qui  lor  demande  eil  ; 

sa  fors  lou  puet  on  bien  veoir, 
1504         mais  la  dedens  por  nul  avoir 

1475  A.  ne  lor  doit  aidier  ;  1476  A.  ce  de  li  mestre  dev.  ;  1477  A. 
que  li  escriz  dit  et  tesm.  ;  1478  A.  li  enfes  emp.  ;  1480  A.  ont  il 
enbraciee  ce  cuit;  1481  A.  lor  mort  ne  lou  cuit  ainz  le  croi,  B.  je 
cuit     ains    lor    outroi  ;     1483    A.     papeillon  ;     1484    A.     a    il    pi.     res.  ; 

1485  A.  a   la   1.  ;   i486  A.    oscist  ;    1488  A.    d.    nus   neschape   ne    resort  ; 

1489  A.  tôt  p.  g.  ;  1490  A.  en  autres,  B.  ml't  ;  1491  A.  em  gr.  font  il 
assez  bien  ;  1492  A.  les  églises  gardent  il  bien  ;  1495  A.  genz,  presse  ; 
1496  A.  petit  aquierent  p.  p.  ;  1498  A.  ml't  affiert  bien  1.  c.  ;  1501  A. 
par  ca  defors  ;   1502  A.  requiert  el. 


LA  BIBLE  57 

ne  seroie  une  nuit  entière  : 

molt  me  seroit  ennuble  et  fiere. 

A  lor  manière  n'a  lor  ordre 
1508         ne  [me]  poroient  il  amordre. 

Ancors  ont  il  covert  lor  estre, 

que  om  ne  puet  savoir  lor  estre — 

por  rien  que  l'en  saiche  ne  voie 
15 12        ja  Deu  ne  plasse  que  j'i  soie  ! 

Molt  sont  de  noble  contenance, 

mais  il  ne  tiennent  pas  silence  : 

il  parollent  bien  a  maingier 
15 16         et  en  dortour  et  en  mostier, 

en  clostre  parollent  il  tuit. 

Mais  il  se  gardent  bien  de  bruit  ; 

genz  si  ne  [se]  sevent  gardeir 
1520         ne  si  covrir   ne  si  celeir. 

Ceaus  d'Espaigne,  ceaus  de  Gascoigne 

mettent  en  France  et  en  Borgoigne, 

et  la  replantent  lor  maisons 
1524        des  françois  et  des  borgoignons. 

Que  la  ou  om  n'ait  conoissance, 

ne  parantei,  ne  acointance 

est  plus  doutous  et  moins  parlans; 
1528        et  li  langaiges  rest  pesans  : 

pou  nos  antandent  sil  delà 

et  sil  lor  sont  savaiges  sa. 

Il  sont  saige  quant  il  se  cuevrent 
1532         et  sil  fol  qui  trop  se  descuevrent. 
De  noble  contenance  sont 

çai  fors,  certes,  sil  de  Grant  mont  ; 

et  la  dedens  en  lor  maisons 
1536        s'acordent  as  als  es  poisons  : 

fors  sauces  et  chaudes  pevrées 


1505  B.  seroient  ;  1506  A.  trop,  orrible  et  f.  ;  1508  B.  —  1  ;  1509  A. 
encor  cuevrent  il  moût  lor  estre;  1510  A.  en  lor  ordre  ne  vueil  je  estre; 
1511  A.  je  saiche  ;  1515  A.  au  m.  ;  1518  A.  mes  ml't  se  g.  ;  1519  A.  ainz  ne 
si  sorent  si  garder,  B.  sil  ne  s.,  —  /  ;  1521  A.  et  de  G.  ;  1523  A.  repueplent  ; 
1525  A.  len  na  quenoissance  ;  1528  A.  est  ;  1529  A.  p.  les  ent  ;  1530  A.  cil 
resont  sauvaige  ;  1533  B.  contenances  ;  1536  A.  as  ainz  nez  poissons. 


58  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

ont  il  toz  jors  forment  amées. 

La  nuit,  quant  se  doient  couchier, 
1540         font  bien  laver  et  bien  pignier 

lor  barbes,  et  envelopeir 

et  en  trois  parties  bendeir 

por  estre  belles  et  lusans. 
1544         Quant  il  viennent  entre  les  gens 

molt  les  crollent,  molt  les  aplaignent. 

Mais  li  clerc  durement  [se]  plaignent, 

et  li  prevoire  et  li  prior 
1548         molt  i  sont  a  grant  deshonor. 

La  n'ont  il  nulle  signorie 

ne  pooir    ne  nulle  baillie. 

Il  n'osent  parler  a  mostier, 
1552         ne  nul  servise  commencier 

jusc'a  li  convers  lou  commandent, 

et  por  iceu  gaires  n'amandent  ; 

ja  nul  servise  n'i  feront 
1556         fors  teils  con  li  conver  vorront. 

Li  prior  as  maistres  demandent 

"  que  dirons  nos?  "  et  il  commandent; 

et  s'il  autrement  lou  faisoient 
1560         li  conver  molt  bien  les  batroient. 

(Maistre  et  seingnor  sont  li  convers  : 

icist  ordres  va  en  travers.) 

La  sont  li  barbaran  signor  ; 
1564         molt  aroie  je  grant  paor 

s'il  estoient  signor  de  moi, 

que  j'ai  paour  quant  je  les  voi. 

Teil  ordre  Romme  lor  consent  ; 
1568         por  coi  ?  de  l'or  et  de  l'argent 

estoient  saisi  li  conveirs 

quant  il  mirent  les  clers  en  fers. 


1538  A.  certes  touz  jorz  amees  ;  1539  A.  il  doivent  ;  1540  A.  se  font  b.  1. 
et  p.  ;  1544  B.  la  gent  ;  1545  A.  enpaignent  ;  1546  B.  de  lors  mainte  gent  se 
plaignent;  1548  A.  il  sont  a  m.  gr.  des;  1550  A.  nul  pooir;  1551  A. 
chanter  ;  1553  A.  jusque  ;  1556  A.  tel  com  il  commanderont;  1557  A.  priors 
au  mestre  commande  ;  1560  A.  batoient  ;  1561-62  B.  manquent  ;  1563  A. 
graingnor;  1564  A.  avroient  ;   1567  A.  cest  ordre;  1570  A.  mistrent. 


LA  BIBLE  59 


Tant  en  donerent,  qu'a  Grant  mont 
1572         clerc  et  provoire  sosgit  sont  ; 

se  fuit  uns  commandemens  nuez  : 

la  vait  li  chers  devant  les  byez. 

Les  plus  peors  custumes  ont, 
1576        et  toz  les  ors  péchiez  qui  sont; 

a  tôt  lou  desorderzement 

consent  bien  Rome  por  argent. 
Uns  blans  chanoines  ait  en  France 
1580         qui  de  molt  noble  contenance 

furent,  certes,  et  de  grant  pris  : 

tant  nos  ont  de  lor  estre  apris 

que  pou  sont  chier  hui  est  li  jors. 
1584        Deus  !  con  les  vi  signors  des  cors  ! 

Molt  fu  lor  ordre  de  grant  bruit  ; 

en  pou  de  tens  se  sont  destruit  : 

trop  ont  lor  covine  mostrei. 
1588         Ice  sont  sil  de  Prei  mostrei. 

Ne  lor  vint  pas  de  grant  savoir  ; 

il  i  ont  perdu  grant  avoir. 

S'il  ne  gisent  pas  soz  chapeil, 
1592         de  grant  manière  son  isneil 

de  tout  perdre,  de  tout  destrure  ; 

malement  font  lou  siècle  brure 

de  lor  faiz  et  de  lor  folies. 
1596         Ha  Deus!  con  nobles  abaïes 

avoient,  et  belles  maisons 

et  terres  et  possessions  ! 

Bien  pert  qu'enemis  et  péchiez 
1600         les  ait  et  sorpris  et  liiez. 

Il  battent  molt  bien  lor  abbeiz  ; 

lor  péchiez  les  ait  si  gabeiz 


1574  A.  li  bues  ;  1575  A.  les  piors  covignes  dou  mont  ; 
1576  À.  leiz  pech.  ;  1577  A.  et  touz  le  des,  B.  a  toz  les  desordemens  ; 
J579  A.  ra  en  fr.  ;  1580  A.  qui  sont  de  n.  c.  ;  1582  A.  de  lor  ordre  ; 
1585-6  B.  manquent  ;  1588  A.  ce  sont  icil  ;  1589  A.  trop  font  lor  folie 
savoir;  1590  A.  ne  lor  vient  pas  de  grant  savoir;  1591  A.  cil,  vivent, 
B.  sor  ch.  ;  1596  A.  deus  com  très  nobles  ab.  ;  1600  B.  liiez  et  encombreiz  ; 
1602  A.  lor  a  ml't  grevez. 


6o  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

qu'il  ont  tout  perdu  sens  retor. 
1604         Molt  furent  ja  de  biaul  ator, 

et  de  grant  richesce  comblei, 

et  trop  prisié  et  honorei  ; 

trop  ont  vendu  et  enwagié. 
1608         Nostre  sires  en  ait  pitié  ! 

Ja  mi  mot  ne  lor  puissent  nuire  ! — 

nuz  ne  les  pëust  muez  destrure 

comme  il  meïsmes  le  font. 
1612  Sil  autre  chanoine  per  ont 

millor  sermon,  millor  raïz, 

se  sont  sil  es  blans  sorpeliz 

as  nors  chapes  de  wallebrun  : 
1616        en  ceaus  ait  dou  blanc  et  dou  brun. 

Ices  deux  gens  d'un  ordre  sont, 

une  vie  et  une  rigle  ont 

s'il  ne  l'ont  chaingié  ou  défaite. 
1620         Mais  une  rigle  lor  fu  faite, 

et  se  il  de  riens  se  descordent 

assez  voi  a  cui  il  s'acordent  ; 

entre  aus  n'ait  plus  de  differance 
1624        qu'il  ne  sont  pas  d'une  semblance. 

Il  sont  chanoinne  blanc  et  noir 

mais  bien  font  lor  estre  savoir; 

se  n'est  pas  ordre  qui  se  cuevre, 
1628        bien  mostrent  lor  vie  et  lor  oevre. 

Sainz  Augustins  lor  règle  fist  ; 

de  bones  costumes  i  mist 

que  je  poroie  bien  soffrir  ; 
1632         ja  lor  ordre  ne  doit  faillir. 

Bien  furent  assis  li  riglei  ; 

un  petit  sont  plus  ordenei 

1604  A.  m.  par  furent  de  b.  a.  ;  1606  A.  et  ml't  proisie  et  mont  ame  ; 
1608  A.  nostre;  1609  A.  B.  puisse;  1610  A.  nuns  ;  161 1  A.  si  com, 
A.  B.  se  sont;  1613  A.  cure,  aiz  ;  1614  A.  as  bl.  ;  1615  A.  as  noires  chapes 
d'isanbrun  ;  1616  A.  dou  noir  et  du  brun;  1617  A.  une  ordre,  B.  icest  ; 
1618  B.  ordre  ont;  1621-2  B.  manquent;  1624  A.  mes  quil  ne  s.  d.  ; 
1626  A.  lor  ordre  ;  1629  B.  ordre  ;  1630  A.  qui  bones  ;  1633  A.  assiz  et 
règle. 


LA  BIBLE  61 

que  li  chanoine  seculeir, 
1636         mais  je  les  voi  toz  réguler  : 

po  tienent  ordre  li  millor. 

N'aroie  pas  trop  grant  paor 

s'en  lor  ordre  rendus  estoie, 
1640         se  cuit  que  bien  la  sofferoie. 

L'ordre  des  chanoines  rigleiz 

poroie  je  soffrir  asseiz, 

qu'il  sont  molt  natement  vestu, 
1644        et  bien  chauciet  et  bien  pâu. 

Il  sont  dou  siècle  plainnement, 

il  vont  per  tout  a  lor  talant. 

Ic'est  l'ordre  Saint  Augustin 
1648         qui  fut  cortois,  per  Saint  Martin, 

plus  que  ne  fut  Sainz  Beneois, 

se  m'est  a  vis,  et  plus  adrois. 

Icist  chanoine  que  je  di 
1652         ont  boin  ordre,  je  vos  an*  : 

il  sont  molt  noble  vivandier 

il  parollent  bien  au  maingier; 

mais  a  Clini  quant  on  mainjue 
1656        m'estuet  joer  a  boche  mue. 

Trop  sont  a  Clini  voir  diant 

de  ceu  qu'il  ont  a  covenant  : 

toutes  lor  ententes  i  mettent  ; 
1660        trop  bien  tiennent  ce  qu'il  prometent — 

lor  covinne  àusse  plus  chier 

s'il  fussent  un  po  mensongier. 

Trop  me  tienent  lor  covenans 
1664        qu'il  me  promettent  la  dedans: 

il  me  promirent,  sens  mentir, 

que  quant  je  vodroie  dormir 

que  il  me  covendroit  vellier, 
1668        et  quant  je  vodroie  maingier 

1635  A  mes  ml't  les  voi  ore  reculer  ;  1636  A.  sont  chanoinne  réguler, 
B.  la  voi;  1638  B.  aroient  ;  1640  A.  je  cuit;  1643  A.  trop  netement  ; 
1647  B.  il  cel  ordre  ;  1652  A.  bone  ordre  jel  vos  ;  1653  A.  trop  noble  ; 
1655  B.  je  i  mainjue;  1656  A.  om.  m',  F.  seoir  a  b.  m.  ;  1658  A.  que  il 
ont  en  covant,  F.  en  covenant;  1660  A.  trop  tiennent  bien  ;  1663  A.  trop 
tiennent  bien  ;  1664  A.  que  il  prom. 


62  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

qu'il  me  feroient  jëuner. 
Plus  me  grieve  trop  du  parler 
qu'il  me  tollent  que  d'autre  chose. 

1672         II  n'ont  prou  sens;  nulz  n'i  repose; 
toute  nuit  bruent  a  mostier — 
mais  ce  m'i  ait  molt  grant  mestier 
que  je  sai  dormir  en  estant. 

1676         Per  foi,  travail  i  ai  molt  grant; 
et  quels  repoz  ont  il  lou  jor 
fors  solement  ou  ref roitor  ? 
La  nos  aporte  om  oez  pugnaiz 

1680        et  fèves  a  tout  lou  jambais. 
Certes,  sovent  i  sui  ireiz 
por  ceu  que  li  vins  est  melleiz  : 
mal  cuer  me  fait  après  les  oez 

1684        quar  trop  i  ait  dou  boivre  es  buez. 
Iqui  rait  villain  convenant; 
se  j'en  bovoie  maintenant 
un  mois  ne  me  feroit  il  ivre. 

1688         Millor  morir  i  fait  que  vivre  ! 
Beneois  soit  Sainz  Augustins  ! 
des  boins  morciaus  et  des  clers  vins 
ont  sui  chanoine  a  grant  plantei  ; 

1692         cortoisement  sont  ordenei — 
ice  poroie  je  soffrir, 
que  j'aim  muez  vivre  que  morir! 
Al  temple  fusse,  c'est  la  voire, 

1696        plus  volantiers  qu'en  l'ordre  noire 
ne  qu'en  nul  ordre  que  je  voie. 
Mais  por  rien  ne  me  combatroie  ; 
belle  ordre  ont  et  bone,  sens  faille, 

1700         mais  ne  me  siet  pas  la  bataille. 


1670  A.  de  parler  ;  B.  li  parlers  ;  167 1  B.  lautre  ch.  ;  1672  A.  prou  tens  ; 
1673  A.  braient  ou  most  ;  1675  A.  quil  mi  lest  ;  1678  À.  en  refretour  ; 
1679  A.  aportent  huef  pugnais  ;  1680  A.  gambais  ;  1681  A.  en  suiz  iriez  ; 
1682  A.  moilliez  ;  1683  A.  me  fait  mal  cuer  ;  1684  A.  aus  ;  1685  A.  ici  ra 
ml't  vilain  covent  ;  1686  A.  qui  me  donroit  vin  de  covent  ;  1687  A.  nen 
seroie  james  yvre  ;  1688  A.  ml't  i  fet  mieus  morir  que  v.  ;  1690  A.  bons 
vins;  1691  A.  si  ch.  ;  1692  A.  ml't  sont  gentilment  atome  ;  1693  A.  p.  bien 
sof.  ;  1695  A.  au  t.  ;  1697  A.  nule  ordre  ;  1699  A.  bone,  bêle. 


LA  BIBLE  63 

Per  foi  !  bêlement  se  contienent, 

molt  amandent  quanque  i  tiennent. 

Molt  sont  prodome  li  templier; 
1704         la  se  rendent  li  chevalier 

qui  ont  lou  siècle  asavorei 

et  molt  vëu  et  molt  tastei. 

La  ne  fait  pas  borce  chescuns, 
1708         a  toz  est  li  avoirs  communs. 

C'est  l'ordre  de  chevallerie. 

A  grant  honor  sont  en  Surie  ; 

fièrement  les  doutent  li  Tur, 
1712         qu'il  font  d'aus  et  chasteil  et  mur  ; 

ja  en  bataille  ne  furont. 

Per  foi  !  se  me  greveroit  mont 

s'en  lor  ordre  randus  estoie  ; 
17 16        tant  sai  je  bien  que  je  furoie, 

ja  n'i  atendroie  les  cols. 

De  se  ne  cuit  mie  estre  fols, 

trop  se  combatent  fièrement  ; 

1720  ja  por  pris  ne  por  herdement 
ne  serai,  se  Deu  plait,  occis — 
muez  vuel  estre  cowars,  et  vis, 
que  mors  li  plus  prisiez  dou  mont. 

1724         Je  sai  bien  que  li  templier  ont 

ordre  belle,  bone  et  certainne, 

mais  bataille  pas  ne  m'est  sainne. 

Biau  se  contiennent  en  l'englise, 
1728        tout  vuellent  oïr  lou  servise, 

ja  li  templier  ne  perdront  ore; 

vallant  sont.     Se  Deus  me  secorre, 

es  ores  seroie  je  bien, 
1732         tôt  ceu  ne  me  greveroit  rien, 

1701  A.  ml't  très  bien  s.  c.  ;  1702  A.  ml't  par,  quantquil  ;  1706  A. 
et  ont  et  veu  et  taste,  B.  m.  estei  ;  1707  A.  chascun  ;  1708  A.  et 
sest  touz  li  avoirs  a  un;  171 1  A.  turs  ;  1712  A.  ch.  et  murs;  1714  A. 
ennuierent,    B.    ml't;    1718    A.    de  ce    ne   sui    je    mie    foux,    B.    et    se; 

172 1  A.  deus,  B.  ce  deus  ;  1726  A.  m.  la  b.  nest  pas  s.  ;  1727  A.  en  église  ; 
1728  A.  tuit  lor  servise;  1729  A.  ne  prendront  oeuvre;  1730  A.  sequeure  ; 
1731  A.  as  hores  iroie  ;  1732  B.  toz. 


64  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

je  n'i  fauroie  a  nulle  faille- 
fors  qu'a  Tore  de  la  bataille. 

La  lor  faudroie  plainement, 
1736        ja  ne  lor  tenroie  covant, 

tout  lor  claim  quite  celui  pris; 

ja  n'i  serai  ne  mors  ne  pris, 

se  Deu  plait,  bien  m'en  garderai. 
1740  Mais  tous  [jors]  mais  les  amerai 

qu'en  aus  se  mostre  bien  raisons; 

molt  tiennent  nettes  lor  maisons, 

justice  tiennent  grant  et  fiere, 
1744        por  c'est  lor  ordre  belle  et  chiere. 

Mais  d'une  chose  sont  criei 

mainte  fois  et  sovent  blasmei 

dont  il  ne  sont  pas  conoissant, 
1748         ne  Deus  ne  heit  nul  vice  tant  : 

covoitous  sont,  se  dïent  tuit, 

et  d'orguel  ront  il  molt  grant  brui£. 

C'est  tous  li  mais  que  j'en  puex  dire, 

1752  lor  afaire  de  plus  n'ampire. 
Riche  gent  sont  et  bien  sennei, 
et  chier  tenu,  et  bien  amei, 
mais  trop  sont  et  crueil  et  mal. 

1756         Icist  dui  vices  desloaul 

por  Deu  lor  pri  que  s'en  chastïent. 
Bien  saichent  il,  que  tuit  lou  dïent, 
en  aus  doit  estre  humiliteiz, 

1760        que  Deus  les  ait  molt  honoreiz. 
Et  li  blans  manteaus  a  la  croix 
doit  fermer  lor  ventre  et  lor  voix  ; 
d'omme  qui  moinne  bone  vie 

1764        doit  molt  bien  la  voix  estre  oie; 

1733  A.  ja  ni  feroi  nulle  f.  ;  1736  A.  que  ja  ni  t.  c.  ;  1738  A.  ja  ni  seroie  m.  ; 
1739  A.  dex  ;  1740  A.  et  toz  jorz  voir  ;  1743  A.  joustise  t.  droituriere  ;  1744  A. 
lordre  pi.  b.  ;   1745  A.  de  deux  choses;    1748  A.  et  deus;    1752  A.  afaires  ; 

1753  A.  riche  sont  et  bien  maisone  ;  1754  A.  ml't  ame  ;  1755  A.  cruex  ; 
1756  A.  icil  ;  1758  A.  ce  sachent;  1760  A.  mont  h.;  1761  A.  et  la  c.  ; 
1762  A.  dont  ferment  lor  ovre  et  1.  v.  ;  1763  B.  moinnent  ;  1764  A.  doit 
bien  estre  1.  v.  o.,  B.  sa  voix. 


LA  BIBLE  65 

bien  puet  sëurement  parler. 

Li  templier  se  doient  mireir 

en  la  croix  et  ou  bel  manteil. 
1768         Mostreir  lou  puex  et  bien  et  bel 

que  li  blans  manteaus  senefie 

humilitei  et  droite  vie. 

La  croix  ordone  pénitence  ; 
1772         et  plus  vuel  dire  sens  doutance 

que  la  crois  fut  ou  manteal  mise 

davant,  por  ceu  que  covoitise 

ne  orguels  ne  s'i  doit  pas  mettre. 
1776         Si  con  li  clers  tient  ver  la  lettre 

ses  eus  por  sa  leiçon  savoir, 

doient  regarder  et  veor 

vers  la  croix  li  templier  la  voie, 
1780        ou  Deus  les  mette,  et  Deus  [les]  voiet  ! 

Qui  bone  voie  tient  s'esploite  ; 

or  lor  doint  Deus  tenir  la  droite  ! 

Sollement  que  n'i  ait  orguel 
1784        ne  covoitise,  lor  bien  vuel  ; 

et  lor  vie  et  lor  contenance 

aim  je  molt,  et  vuel  lor  crassance  ; 

et  lor  herdement  lor  outroi — 
1788        mais  il  se  combatront  sens  moi  ! 
Molt  revi  les  hospiteliers 

outre  merr  et  vallans  et  chiers, 

molt  les  vi  en  Jérusalem 
1792         et  de  grant  pris,  et  de  grant  sem  ; 

a  saint  Jehan  et  l'ospitaul 

vi  molt  lor  avoir  communal. 


1766  A.  se  pueent  mirer  ;  1767  A.  et  en  1.  c.  et  ou  m.  ;  1768  A.  lor  puis  ; 
1770  A.  nete  vie;  1771  A.  et  1.  c.  ordre  et  p.  ;  1772  A.  et  bien  puis  dire; 
1774  A.  devant;  1775  A.  ne  si  doie  mètre;  1777  A.  vooir  ;  1778  A. 
esgarder  ;  1779  A.  li  t.  vers  la  cr.  la  voie,  B.  voient;  1780  A.  ou  d.  1.  v., 
B.  mette;  1781  B.  vie;  tient  et  sespl.,+  i  ;  1782  B.  ce  que  ces  cuers  tient 
et  covoite  ;  1783  A.  qu'il  naient  org.  ;  1784  A.  ne  bon  vueil  ;  1786  A.  et 
lor  acroissance  ;  1790  A.  orgueillous  ;  A.  F.  et  fiers;  1791  B.  ihrl'em  ; 
1792  A.  sen  ;   1793  A.  de  losp.  ;   1794  A.   mont. 


66  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

Por  ceu  lor  fait  on  les  grans  biens, 

1796  por  autre  chose  n'ont  il  riens, 
riens  ne  doient  avoir  por  eil, 
mais  il  devraient  estre  teil 
con  hospitaliteiz  demande, 

1800        et  comme  charitei  commande. 

Trop  ont  lor  afaire  chaingié, 

qu'hospitalitei  n'i  voi  gié. 

Nei  vienent  pas  selonc  raison 
1804         quant  ne  lor  membre  de  lor  non  ; 

l'an  dit  qu'iZ  sont  hospitelier  : 

li  nons  les  devrait  esvellier, 

lor  nom  devraient  il  sauver. 
1808         Et  desai  meir  et  delà  meir 

trop  ont  lor  estre  bestornei, 

trop  ont  l'ospitaul  obliei. 

S'il  no  puent  faire  delà, 
1812         por  coi  ne  lou  font  il  deçai  ? 

Que  la  ou  il  n'ait  charitei 

n'arait  ja  hospitalitei. 

La  n'est  pas  Deus  ;  li  nons  est  faus, 
1816         a  grant  tort  ait  nom  hospitaus; 

si  il  n'i  ait  ceu  que  je  di, 

molt  i  ait  bien  li  nons  menti. 
Nou  di  pas  por  aus  solement, 
1820         mais  per  tout  faut  si  plainnement 

chariteiz,  que  je  n'en  voi  point; 

molt  est  li  siècles  en  mal  point. 

Chariteiz  ne  faut  pas,  je  ment — 
1824         Deus  est  Chariteiz  voirement — 

mais  cil  faillent  a  Charitei 

qui  ont  promis  et  proposei 

que  il  a  Charitei  seront 
1828        et  hospitalitei  feront, 

1795  A.  a  en  fet  le  bien  ;   1796   A.   ni   a  rien  ;    Entre    1796   et    1797   A. 
intercale  2  vers  :  bien  ne  doient  pareil  avoir  por  ce  ont  richesce  et  avoir  ; 

1797  A.  par  el  ;  1799  B.  cuns  h.;  1800  A.  charitez  ;  1801  A.  tout 
ont  ;  1802  B.  que  hospitaliteiz  ;  1803  A.  nil  ne  vont  ;  1807  B.  savoir  j 
Avant  le  vers  1808  B.  intercale  et  quil  doient  faire  por  voir;  1811  A. 
nel  p.;  1814  A.  ne  verrez  h.;  1816  B.  hospitaul  ;  1818  A.  bien 
nos  en  a  li  n.  m.  ;  1820  A.  partout  f.  s.  plenierement  ;  1821  A.  quil  nen  i 
a  point  ;  1827  A.  en  chante. 


LA  BIBLE  67 

s'il  ne  font  ceu  qu'il  ont  promis. 

En  grant  folie  se  sont  mis  : 

promis  ont  hospitalitei, 
1832         et  foi,  et  ordre,  et  charitei 

selui  qui  quiert  molt  [bien]  sa  daite. 

Molt  est  fous  qui  trop  s'i  endette 

ne  qui  guiller  lou  cuide  a  loig, 
1836         qu'il  ait  tout  enclos  en  son  poig. 

Bien  conoist  guilles  et  abes 

sil  qui  si  vuet  avoir  ses  dais: 

lui  ne  puet  on  mie  guiller, 
1840         ne  engignier,  ne  abeter  ; 

tout  conoist,  tout  seit,  et  tout  voit, 

et  tout  vodrait  jugier  a  droit. 

Le  Droit  devons  nos  bien  douter 
1844        quant  per  lui  nos  covient  aler  : 

per  lou  Droit  chescuns  s'en  irait 

au  grant  jugement  qui  serait, 

mais  sil  seront  laidement  mort 
1848        ou  li  Drois  troverait  lou  tort. 
Des  prodomes  est  il  asseiz 

en  l'ospitaul,  c'est  veriteiz, 

n'il  ne  lor  doit  mie  desplaire 
1852         se  je  di  ce  que  doieni  faire. 

Trestoutes  les  ordres  qui  sont 

hospitaliteiz  promis  ont, 

tuit  la  doient  ensi  con  il  ; 
1856         tesmoig  aroie  plus  de  mil 

que  je  di  de  ceu  veritei. 

Ordre  fut  faite  en  charitei, 

de  charitei  doit  estre  plainne. 
1860         Uns  moinnes  puet  soffrir  grant  painne, 

trop  puet  lire,  trop  puet  chanter 

et  travillier  et  jëuner, 

1833  B.-i;  1835  A.  au  1.  ;  1837  B.  g.  et  baras  ;  1838  A.  velt 
si  avoir  ses  dez,  B.  se  vuet;  1839  A.  p.  il  mie;  1840  B.  habiter;  1841  A. 
il  quenoist  tôt  et  set  et  voit;  1842  A.  il  v.  tout  j.  a;  1843  A.  ml't  amer, 
B.  les  drois  ;  1846  A.  droit  j.  ;  1847-48  A.  manquent  ;  1849  A.  a  il  ; 
1852  A.  quil  doivent  ;  1855  A.  et  la  d.  ;  1856  A.  tesmoing. 


68  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

mais  [se]  n'ait  charitei  en  soi, 
1864        molt  li  vaut  po,  si  con  je  croi. 

Ausi  est  comme  maison  vude, 

ou  l'yrangne  fille  et  deswude 

mais  tost  ront  quanqu'ele  ait  fillei. 
1868         De  l'orne  ou  il  n'ait  charitei 

di  je  ce  est  vude  maisons, 

que  Deus  n'est  en  lui  ne  raisons. 

En  maison  vude  bruit  bien  vens, 
1872         ausi  bruit  il  en  mainte  gens; 

l'orne  vos  tieg  je  bien  a  vut 

ou  il  n'ait  rien  mais  que  lou  brut. 

Por  bruire  ne  por  gëuner 
1876         ne  puet  on  bien  s'ame  sauver 

se  foi  et  charité  n'i  a. 

Nostre  Sires  bien  le  mostra 

celui  qui  tant  ot  gëuné 
1880        et  en  la  roche  demoré, 

qui,  por  ceu  qu'il  vit  d'un  lairon 

que  por  un  bienfait  ot  pardon, 

se  mescruit  et  désespérait  : 
1884        ansi  se  pert  cil  qui  foi  n'ait. 

Deus  n'aimmet  pas  folle  estinance 

ne  ypocritaZ  penitance. 

Molt  se  travaillet  de  folle  oevre 
1888         qui  de  pocresie  se  cuevre  : 

en  grant  besoig  gaire  ne  valt. 

Costume  qui  tost  ront  et  faut 

ausi  legierement  s'en  vait 
1892         con  l'uevre  que  l'araigne  fait. 
Si  con  li  ors  sor  tous  metaus 

est  plus  chiers,  fu  li  hospitaus 

1863  A.  sil  n.  ;  1865  A.  ainsinc  ;  1866  B.  une  yrangne,  A.  iregne  ; 
1867  B.  tout  ront  ;  1869  A.  vos  di  que  cest  ;  1872  A.  ainsi  ;  1874  A.  fors 
que  ;  1875-1880  B.  que  si  nait  charitei  en  soi  ;  ml't  li  valt  po  si  con  je  croi  ; 
nostre  sires  deus  bien  lor  touche  :  dun  hermite  quen  une  roche  :  ot  plus 
de-c-ans  demorei  :  et  jeunei  et  deu  orei  ;  1881  B.  et  por,  om.  d' ; 
1884  B.  et  ansi  ne  puet  q.  f.  n.  ;  1885  A.  abstinence  ;  1886  A.  ypocrite 
contenance  ;  1887  A.  de  povre  huevre  ;  1888  A.  dypocrisie  ;  1889  A.  gueres  ; 
1890  A.  sest  uevre  ;  1891  A.  ainsinc. 


LA  BIBLE  69 

dou  mont  la  plus  chiere  maison  : 
1896        chiers  fu  li  lieus,  chiers  fu  li  nons 

tant  con  chariteiz  lor  durait. 

Molt  sont  riche  bien  lor  estait. 

Li  hospitaus  fu  bien  assis, 
1900        por  c'i  a  tant  li  siècles  mis; 

bien  fut  assis  et  devisez, 

por  ceu  fut  ja  molt  honoreiz, 

mais  ce  que  fut  n'est  ore  mie. 
1904        Molt  tost  se  despiece  et  esmie 

la  foble  evre  qui  luit  defors, 

sor  lou  covre  est  biaus  li  ors 

mais  tost  faut  celle  doràure. 
1908         Oevre  [de  foi]  longuement  dure  ; 

li  covres  pert  quant  il  descuevre  ; 

tous  [jors]  dovroit  dureir  belle  oevre. 

L'ospitaul  vi  je  ja  dorei 
191 2         et  de  belle  oevre  enluminei  ; 

(mont  se  prove  malvesement 

qui  de  bone  huevre  se  repent) 

traverse  malement  et  tume, 
191 6        que  se  part  de  bone  costume. 

Riche  gent  sont  hospitelier; 

s'il  mantenissent  lor  mestier 

a  coi  il  furent  establi 
1920        nulle  millor  ordre  ne  vi  : 

forment  preoicheui,  forment  quierent, 

molt  porchessent,  et  molt  conquièrent, 

confraires  ont  et  grans  rentes. 
1924        Toutes  devraient  lor  ententes 

torneir  en  hospitalitei 

et  en  veraie  charitei. 


1898  B.  m.  fu  riches  ;  1899-1900  B.  manquent  ;  1900  A.  por  ia  tant  ;  1906  A. 
luist  bien  li  ors;  1908  B.—  2;  1909  A.  li  cuivers  p.  com  ;  1913-14  B.  man- 
quent ;  1915  A.  trop  verse  ;  1916  A.  qui  ;  1917  A.  r.  sont  li  h.  ;  192 1  A.  form. 
amassent  et  conquièrent  ;  1922  A.  forment  porchacent  forment  quierent  ; 
1924  A.  bien  i  devroient. 


70  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

Molt  fu  soutiz  et  soduans 
1928         Durans  Chapuis  et  boins  truans, 

qui  les  blans  chaperons  trova 

et  les  sëauz  as  gens  dona. 

Donait?     Non  fist;  il  les  vendoit; 
1932         maistrement  la  gent  decevoit  ; 

il  [en]  conquist  or  et  argent. 

Molt  per  savoit  guiller  la  gent, 

il  en  guillait  teiz  deus  cens  mille. 
1936         Puiz  ont  trovee  mainte  guille 

li  truant  qui  conver  se  font 

de  Saint  Antoine,  mais  il  sont 

tuit  li  plus  maistre  guilleor 

1940  c'onques  veïssiez  et  peor. 

En  la  vile,  lonc  dou  mostier, 

ont  fait  por  la  gent  engignier 

un  hospitaul  plain  de  contrais. 
1944         Ainz  teiz  baras  ne  fut  mais  fais; 

il  n'i  ont  ne  clerc  ne  provoire, 

si  font  a  la  simple  gent  croire 

ce  donc  je  sai  qu'il  sont  truant. 
1948         Mais  il  donent  de  l'argent  tant 

al  signor  en  cui  terre  il  sont 

qu'a  Saint  Antoinne  sougit  font. 

Bien  est  lor  baras  conëuz, 
1952         et  bien  apertement  vëuz. 

Saint  Antoinne  guerroient  il, 

estraigement  lou  tiennent  vil  ; 

de  rien  ne  lou  doivent  servir, 
1956         ne  honorer,  ne  obeïr. 

Ja  en  s'uevre  ne  en  s'englise 

nen  iert  une  meaille  mise 

1927  A.  cortois  et  bons  truanz,  B.  soduais  ;  1928  A.  chupuis  et 
soduianz,  B.  chapans  ;  1930  A.  et  les  seignauz  au  piz.  d.,  F.  signaux 
au  Pui  donna;  1931  A.  ainz  les  v.  ;  1932  A.  ml't  en  conq,  B.  — 1; 
1934  A.  sot  bien  g.  ;  1935  A.  bien  iic,  F.  plus  de  cent  m.  ; 
1936  A.   trovee   mainte  autre  g.  ;    1940  A.  qui  onques   fussent  sanz  paor  ; 

1941  A.  loing  d.  m.  ;  1943  B.  plains  ;  1946  A.  il  font  a  la  foie  g.  ; 
1947  ;  A.  ce  dont  il  sont  molves  truant  ;  1948  A.  de  lavoir  ;  1950  A.  sont, 
B.  que-s-antoinne  grant  tort  font  ;  1952  A.  li  baraz,  B.  per  tout  ap.  ; 
1956  A.  aorer  ;  1957  A.  il  en  huevre  ne  en  église  ;  1958  A.  ne  niert. 


LA  BIBLE 

de  tout  l'avoir  que  il  conquièrent. 
i960         Per  tout  porchascen/,  per  tout  quierenf  : 

il  n'est  citeiz,  il  n'est  chastials 

ou  l'on  ne  voie  lor  porceals 

d'Escosse  jusc'a  Antioche  ; 
1964        et  si  porte  chescuns  sa  cloche 

pandue  au  col  de  son  chival. 

Il  ait  bien  en  lor  hospitaul 

teis  quinze  convers  gros  et  grais  : 
1968         n'i  ait  selui  n'ait  deus  cens  mairs; 

iteil  i  ait  qui  en  ait  mil. 

De  trop  cointe  barat  sont  il  ; 

chescuns  ait  sa  femme  ou  s'amie; 
1972         mervelle  moinnenf  riche  vie  : 

tous  en  vait  per  goule  ou  per  ventre 

l'avoir  qui  en  teil  maison  entre. 
Moinnes  retrais,  nonnains  retraites 
1976        ont  trop,  et  contrais  et  contraites. 

Li  contrais  vait  a  la  contraite, 

et  li  retrais  a  la  retraite — 

des  contrais  fust  boins  li  baras 
1980        se  il  feïssent  contraitas, 

que  des  enfans  font  il  asseiz  : 

tous  li  pais  en  est  publeiz. 

Molt  sont  gros  et  grais  li  contrait, 
1984        qu'a  Saint  Antoine  nus  ne  vait 

qui  ne  lor  done  largement. 

Onques  nul  hospitaul  truant 

ne  veïstes  si  plain  de  gui  lie. 
1988         Li  contrait  prestent  en  la  vile, 

si  oi  dire,  molt  lor  deniers  : 

ne  sat  quans  contrais  usuriez 


i960  A.  preeschent  ;  1961  A.  ni  vile  ne  chastiaus  ;  1964  A.  et  puis  p.  ; 
A.  xv  tieus  ;  1968  A.  vc.mars  ;  1969  A.  et  tel  i  a.  ;  1972  A.  ml't  par 
demainnent  noble  vie  ;  1973  A.  touz  en  va  ;  et  p.  v.  1974  A.  li  avoirs 
qua-s-antoine  entre  ;  1979  A.  fust  biaus  ;  1980  A.  sil  f.  contrairaz  ;  1981  A. 
ont  il  ;  1983  A.  graz  et  groz  ;  1985  A.  doingne  ;  1986  B.  nuls  hospitaus 
truans;  1989  A.  ce  oi  dire;  B.  ml't  bien  1.  d.,+  z. 


72  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

i  ait  il,  se  n'est  pas  monçonge  ; 
1992         je  lou  tig  a  fable  et  a  songe 

quant  on  lou  me  conta  premiers. 

Les  contrais  tiennent  il  molt  chiers, 

por  coi  ?  que  c'est  lor  truandise  ; 
1996        il  les  envoient  querre  a  Pize. 

Quant  om  ait  un  villain  deffait, 

por  guerre,  ou  por  autre  menait, 

en  la  maison  est  bien  venus 
2000        et  a  grant  joie  recëus, 

(avant  jarcir  l'estuet  et  poindre 

icelui,  et  d'oignement  oindre 

por  rogir  et  por  raangler,) 
2004        et  leans  lo  font  sejorneir; 

et  quant  li  reangles  s'en  part 

sachiez  c'autre  feus  ne  les  art. 

Qui  croit  que  lai  sont  les  vertuz 
2008         molt  est  malement  decëuz, 

ainz  sont  la  ou  li  sains  cors  est. 

Molt  bien  puet  on  conoistre  a  taist 

si  l'oille  fust  bien  cuite  ou  faite  : 
2012         il  ont  tant  la  guille  avant  traite 

que  lor  fauceté  se  descuevre. 

Molt  sevent  bien  toute  lor  evre 

et  li  clergiet  et  li  evesque, 
2016        et  meismes  li  archevesque, 

mais  il  ne  font  nulle  justice, 

ains  partent  a  la  truandise  : 

onques  mais  guille  si  aperte 

2020  ne  fu  si  longement  souferte. 

Molt  vont  bien  [lou]  siècle  guillant 
per  tout  lou  mont  a  lor  talent. 

1992  A.  jou  tenoie  ;  1996  A.  en  p.  ;  1997  A.  con  lens  a  ces  chaitis 
deffaiz  ;  1998  A.  par  g.,  par  autre  méfiez  ;  1999  A.  sont  b.  venu; 
2000  A.  receu  ;  2001  A.  avant  les  font  laver  et  poindre,  B.  loustuet  ; 
2002  A.  de  coutiax  et  d-  ;  2003  A.  roigir,  raancler  ;  2004  A.  leanz 
les  font  tant  sej.,  B.  la  font;  2005  A.  que  li  raancles  sen  départ; 
2909  A.  cors  seinz  ;  2010  A.  m.  puet  en  b.  c.  en  test;  201 1  A.  se  luevre 
est  cointe  et  bien  faite;  2012  A.  lor  guile  sest  tant  av.  t.;  2013  A.  la 
fausetez  ;    2014    A.    m.    en    sevent    bien    toute    l'uevre;   2015  A.    jostise  ; 

2021  B.  — 1. 


LA  BIBLE  73 

Que  font  il  or  en  Alemainne  ? 
2024        Que  conquièrent  il  en  Espainne  ? 

Bien  ont  lou  pueble  afoleti  ; 

trop  sont  conquérant  et  hardi. 

Es  boins  truans  bien  enparleiz 
2028        acenssent  [il]  les  evesqués. 

Et  sil  vont  per  tout  preoichant 

et  lor  campenelle  sonant. 

Molt  preochent  a  haute  voix, 
2032         et  puez  portent  checes  et  croix, 

n'il  n'ont  mostier,  n'il  n'ont  chapelle — 

iceste  guille  est  bien  nouvelle  ! 

Et  ces  folles  gens  abaïes 
2036        se  mettent  en  lor  confraines  ! 

Il  n'ait  bon  oraour  en  foire, 

n'en  bone  vile,  c'est  la  voire, 

ou  lor  borce  ne  soit  pandue  : 
2040        ains  teil  guille  ne  fut  vëue. 

En  vendange  quierent  lou  vin  ; 

or  ne  voit  on  for  ne  mollin 

ou  ne  pende  un  de  lor  sachas — 
2044        ice  est  mervillous  abas  ! 

En  mainte  guise  font  deniers; 

il  enlosangent  les  pevriers  : 

chescuns  done  livre  de  poivre; 
2048         molt  seivent  bien  la  gent  desoivre. 

Les  femmes  ont  trovees  simples  : 

toelles,  et  aneals,  et  guinples, 

fermaus,  et  cintures  ferrées, 
2052         fromages,  et  jambes  salées 

en  traient,  avuec  la  monoie. 

Plus  conquièrent,  se  Deus  me  voie, 


2025  A.  le  siècle;  2027  A.  as  truanz  as  bien  enp.  2028  B.  —  j; 
2029  A.  icil  v.  ;  2030  A.  campeneles  ;  2032  A.  et  portent  et  ch.  et  cr.  ; 
2033  A.  il  nont  église  ne  ch.  ;  2034  A.  trop  est  la  lor  g.  n.  ;  2035  A, 
esbahies  ;  2037  A.  ovreor  ;  2038  A.  B.  ne  b.  ;  2041  A.  vendenges  ;  2042  A. 
on  ne  voit  en  for  nen  m.  ;  2043  B.  pendet,  sachat  ;  2044  A.  icest  uns  m. 
abez,  B.  abat  ;  2045  A.  il  les  vendent  sen  font  deniers  ;  2046  B.  muniers  ; 
2053   A.   empres  la  m. 


74  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

que  toutes  les  ordres  qui  sont  : 
2056         trois  mille  mars  d'argent  vadront 

en  ceste  année  li  porceil. 

D'ordre  lor  estait  bien  et  bel  : 

molt  mainjuent  et  molt  despendent, 
2060         [et]  molt  achatent  et  revendent  ; 

il  sont  mercheant  et  coson  ; 

et  s'uns  d'  aus  fait  une  maison 

il  la  lait  bien  a  son  enfant, 
2064        et  son  autre  conquerrement. 

Il  marient  molt  bien  lor  filles. 

Il  ne  prisent  mie  deus  billes 

Saint  Antoinne,  ne  son  pooir. 
2068         Trop  conquièrent,  trop  ont  avoir, 

trop  sovent  desoivent  la  gent. 

Mais  je  lo  c'on  pregne  l'argent 

des  porceaus  et  des  confrairies, 
2072         et  soit  commandé  en  parties 

es  prodomes  et  es  loaus; 

que  les  deniers  et  les  porceaus 

ait  l'on  Saint  Antoinne  promis; 
2076        a  l'uevre  dou  mostier  soit  mis 

li  argens  c'on  i  fait  belle  oevre. 
Truandise,  quant  se  descuevre, 

doit  on  haïr  et  mesprisier. 
2080        Saint  Antoinne  doit  on  prisier, 

et  bien  servir  et  bien  requerre  : 

aidier  puet  en  ciel  et  en  terre. 

A  Saint  Antoine,  a  son  mostier, 
2084         la  le  doit  l'en  aler  proiier; 

la  est  ses  cors,  la  est  s'englise, 

et  la  fait  on  lou  biau  servise, 

2055  A.  que  celés  autres  genz  ne  font  ;  2056  A.  vm.mars  ;  2057  A.  lor  p.  ; 
2059  A.  et  m.  revendent;  2060  A.  et  despendent,  B.  —  1  ;  2061  A.  ml't  sont 
m.  et  cocon  ;  2062  A.  sont  dans,  B.  mot  illisible  après  uns  ;  2063  A.  il  lesse 
bien,  B.  il  les  lait,  ses  enfans  ;  2064  A.  et  a  son  autre  conquérant  ;  2069  A. 
manque  ;  2070  A.  mesige  B.  pregnent  ;  2072  B.  et  sen  commandet  on 
partie;  2073  A  as  P-»  as  !•  J  2074  A.  qui  1.;  2075  A.  ont  a.s-a  p.; 
2076  A.  en  luevre  ;  2077  B.  on  il  f.  ;  2078  A.  qui  se  desc.  ;  2081-84  B. 
manquent;  2083  A.  mestier  ;  2085  B.  ait  s.  c.  ;  2086  B.  font  on. 


LA  BIBLE  75 

mais  cist  truant  ont  trop  guillei, 
2088         trop  sont  de  lor  barat  privei. 

Certes,  porvrement  se  revenge 

Sains  Antoinnes  quant  ne  s'en  vange. 
Des  converses  et  des  nonnains 
2092         ne  sui  je  mie  trop  certains 

que  j'en  saiche  dire  vertei. 

Li  plus  saige  sont  esgarei 

de  feme  jugier  et  reprendre, 
2096        por  ce  dout  je  molt  a  enprendre 

de  dire  lor  vie  et  lor  estre. 

Onques  femme  n'ot,  ce  cuit,  mestre; 

nuls  ne  la  poroit  maistroïer; 
2100        sil  qui  muez  la  cuide  gaitier 

il  pert  lou  sens  et  la  vëue, 

que  il  meïsmes  l'ait  tolue 

ou  il  la  cude  bien  tenir. 
2104        Nuls  ne  pot  onques  aemplir 

voloir  de  femme.      C'est  folie 

de  serchier  lor  estre  et  lor  vie 

quant  li  saige  n'i  voient  goûte. 
2108  Femme  ne  crient,  femme  ne  doute  ; 

femme  ne  fut  onques  vencue, 

ne  apertement  conëue  : 

quant  li  oeul  plorerct  li  cuer  rit, 
21 12         pou  pense  a  ce  que  ele  dit. 

[Ains  nulle  ne  sot  duel  avoir. 

Molt  lor  pert  bien  de  lor  savoir. 

Quant  que  elle  a  set  ans  amé 
21 16         ait  elle  en  un  jor  oblïei. 

Femme  est  lou  jor  de  sant  talens, 

plus  est  legiere  que  n'est  vens], 

molt  muet  sovent  son  coraige. 
2120        Tost  ait  decëu  lou  plus  saige  ; 

2087  A.  cil  tr.  ;  2090  A.  quil  ne  sen  v.  ;  2092  A.  ne  cuit  je  pos  estre  c.  ; 
2096  A.  mont,  B.  doi  je  m.  et  enp.  ;  2098  A.  ce  cuit  not  m.  ;  2099  A. 
devroit  m.  ;  2100  A.  aguetier  ;  2102  A.  il  meismes  li  a  tolue,  B.  et  quil 
perdue;  2103  A.  cil  cuide  bien  tenir, —  2;  2104  A.  nuns  ;  acomplir  ; 
21 11  A.  cuers  ;  21 12  A.  quele  me  dit;  21 13-2 118  A.  manquent;  2 114  B. 
lor  savoir;  2115  B.  quant  quelle  ait  en.vii.ans  ame. 


76  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

[car  lou  vie  fait  elle  suer, 
et  lou  jone  sens  froit  trambler, 
et  lou  cowart  fait  elle  herdi. 

2124         II  est  ensi  con  je  vos  di  : 

cil  qui  muez  s'en  cuide  garder, 
nuls  ne  l'en  poroit  desevrer, 
pues  qu'elle  lou  vorroit  tenir, 

2128        c'a  merci  nou  face  venir]. 

Quant  moi  membre  de  Salemont, 
de  Costantin  et  de  Sanson, 
cui  femmes  engegnairent  si, 

2132         molt  me  truis  d'elles  abahi. 
Je  saroie  ançois  dou  soloil 
tout  l'estre,  dont  molt  me  mervoil, 
et  lou  covine  de  la  lune, 

2136        que  j'en  pëusse  conoistre  une. 
On  aprent  bien  estrenormie, 
nigromance,  et  géométrie, 
et  ars  de  lois  et  de  fisique, 

2140        et  divinitei,  et  musique, 

mais  de  femme  n'i  ait  parolle  ; 
je  n'en  vi  onques  nulle  escolle 
dont  li  maistre  ne  fussent  fol. 

2144         Se  je  longuement  en  paroi 
je  reserai  por  fols  tenus, 
mais,  quant  je  m'i  sui  enbatus, 
dire  m'estuet  ce  que  j'en  sai, 

2148         si  que  tout  en  sui  en  esmai. 

Qui  fist  nonnain,  qui  fist  converse 
molt  fist  ordre  fiere  et  enverse. 
Comment  tient  nette  sa  maison 

2152  femme  sens  loaul  conpagnon  ? 
Quant  on  la  tient  et  on  la  garde 
n'est  elle  mie  si  cowarde, 


2121-28  A.  manquent;  2125  B.  oil  qui  maus  ;  2126  B.  neisen  ; 
2129  A.  Salemon,  B.  semble  de;  2132  A.  esbahi  ;  2137  A.  ice  aprent 
astr.  ;  2140  A.  divinitez  ;  2141  A.  oi  parole;  2144  A.  emparol  ;  2146  A. 
m.  puis  que  mi,  B.  me  suis  ;  2148  A.  se  je  touz  ;  2152  A.  son  loial. 


LA  BIBLE  77 

ne  por  paor  ne  por  manasse, 
2156         que  elle  teil  tresgit  ne  face 

que  nuls  ne  s'en  apenseroit. 

Ja  fait  li  colons  ce  qu'il  doit 

quant  il  ait  son  ni  ou  mostier; 
2160         ne  se  sot  mie  bien  gaitier 

qui  femme  cuida  ordeneir, 

ne  bien  tenir  ne  bien  gardeir. 

Une  costume,  sens  raison, 
2164        ont  les  nonnains  et  li  colon  : 

ne  tiennent  pas  lor  maison  nette  ; 

teius  est  lor  costume  et  lor  dette. 

En  leu  qu'on  netement  ne  tient, 
2168        ou  om  ne  dotte  Deu  ne  crient, 

la  comment  puet  avoir  église  ? 

Deus  !  que  de  gent  en  iteil  guise 

se  perdent,  et  lor  cors  destruent  ! 
2172         Assez  chantent  et  asseiz  bruent 

nonains,  et  de  jor  et  de  nuit; 

el  travail  n'ait  gaire  de  fruit  : 

sens  fruit  est  oevre  ou  il  n'ait  foi. 
2176         Li  faus  fruis,  ensi  con  je  croi, 

ne  valt  rien,  que  Deu  n'i  entent; 

bone  poire  se  prise  et  vent. 
De  cuer  de  foi,  c'est  veriteiz, 
2180        fut  fais  li  tenples  et  fundeiz  : 

li  boin  cuer,  se  sont  li  mostier  ; 

mais  Deus  rait  molt  un  net  leu  chier 

qui  en  son  non  est  honoreiz, 
2184        et  por  lui  netement  gardeiz. 

Mais  ou  lieu  ne  seit  pas  l'église, 

ains  est  et  fondée  et  assise 


2155  A.  que  por  p.  ;  2157  A.  que  ja  nus  hom  ni  penseroit  ;  2158  B. 
li  colons  la  f.  ;  2160  B.  ne  se  seit  mie  ;  2161-2  A.  manquent  ;  2161  B.  cuidet  ; 
2166  A.  la  c,  la  d.  2168  B.  ne  om  ;  2169  A.  las;  2170  A.  las; 
2173  A.  sil  na  foi  ou  chant  et  el  bruit;  2174  A.  ou  tr.  ;  2175  A.  est  ore  ; 
2176  A.  se  il  na  charité  en  soi,  B.  li  faus  bruis;  2177  A.  quant  d.  ; 
2178  A.  B.  labone,  A.  huevre;  2179  A.  de  cuer  et  de  corz  cest  vertez  ; 
2182  A.  deus  ra  bien  le  leu  net  chier;  2183  A.  en  son  leu;  2186  A.  mais 
sele  est  f . 


78  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

ens  es  cuers  de  la  bone  gent. 
2188         Bone  costume  bon  droit  rent; 

des  boins  sont  li  boin  droit  rendu, 

et  li  leu  netement  tenu. 

Je  n'aim  pas  ou  mostier  la  plume 
2192         dou  colon,  por  l'orde  costume, 

ne  point  de  femme  reonniée, 

se  la  costume  n'est  changiée 

dont  l'airme  est  en  si  grant  doutance. 
2196         Car  de  malvaise  acostumance 

rent  on  lou  det,  qui  pas  n'aquite 

ainz  encombre.     N'est  pas  madite 

dette  qui  n'aquite,  ains  encombre, 
2200         ne  nuls  for  Deu  n'en  seit  lou  nombre? 

Por  coi  ?  que  c'est  dete  qui  troble  : 

quant  on  la  rent  et  croist  et  doble  ; 

c'est  bien  dette  desconëue 
2204         qui  double  quant  on  l'ait  randue. 

Bien  doient  avoir  grant  paor 

de  tel  dete  li  randeor; 

et  molt  est  folle  la  costume 

2208  qui  art,  et  esprent,  et  eslume 
quant  on  la  dete  paie  et  rent, 
et  lou  detor  tient  si  et  prent 

qu'il  est  mors  se  Deu  ne  l'en  trait. 
2212  Nen  est  mie  bien  fors  de  plait 

femme  qui  en  teil  dette  chiet, 

mais  je  dout  molt  qu'il  ne  lor  griet 

se  je  m'en  vois  per  la  vertei. 
2216         Asseiz  lor  ai  dit  et  mostrei. 

Se  j'ai  blasmei  lou  fol  usaige, 

les  bones  n'i  ont  nul  damaige. 

2187  A.  ou  bon  cuer  ;  2192  A.  de  colomp  ;  2193  A.  ne  poil  de  f. 
rooingnie  ;  2194  A.  changie  ;  2196  A.  por  la  m.  a.  ;  2197  A.  le  droit  qui  en 
aquite  ;  2198  A.  bien  est  maudite  ;  2199  A.  que  de  ce  que  rendent  encombre  ; 
2200  A.  nus  forz  nombriers  nen  set  ;  B.  ne  seit  ;  2201  A.  por  ce  que  cest 
rente  q.  t.,  B.  por  coi  ceste  dete  q.  t.  ;  2202  A.  B.  on  la  tient,  A.  et  ele 
double  ;  2203  A.  descovenue  ;  2206  B.  de  tel  rendent  li  r.  ;  2208  A.  alume  ; 

2209  B.  lou  randeor  tient  si  et  pr.  ;  2210  A.  rent  si  esprent,  B.  et  lou 
detor  si  esprent,  —  7  ;  22 11  A.  qui  est  m.  ;  2212  A.  ne  rest  mie  tôt  hors  de 
pi.  ;  2213  B.  droit, -7  ;  2214  A.  que  trop  ne  li  gr.  ;  2217  B.  lor  faus  us.  ; 
2218  A.    li  homme. 


LA  BIBLE  79 

Je  sai  bien  que  la  bone  vaut  : 
2220        en  celi  nulle  rien  ne  faut. 

La  bone,  c'est  une  merveille, 

nuz  trésors  ne  s'i  aparoille. 

Puez  qu'ele  en  Saint  Eglise  met 
2224        lou  cuer  fin  et  loaul  et  net 

et  elle  tient  sa  maison  nete, 

dont  rent  elle  Deu  iteil  dette 

con  li  rendit  la  Magdaleinne. 
2228        Se  fut  dette  fine  et  certeinne  ; 

selle  dette  fut  bien  randue, 

et  veraiement  conëue  : 

se  fut  li  boins  repentemens. 
2232         Li  termes  ne  fut  mie  lens, 

que  elle  en  ot  isnel  mérite, 

que  de  toz  ces  péchiez  fu  quite. 

Qu'elle  de  ci  boin  cuer  plorait 
2236        que  Damedeus  li  perdonait  : 

bone  fu  l'uevre  et  bons  li  termes, 

molt  vindrent  de  boin  leu  les  lermes. 

Sa  paor  et  sa  repentance 
2240        nos  ont  donei  grant  espérance  ; 

sa  repentance  et  sa  paors 

doit  conforter  les  pecheors. 
De  bones  i  ot  il  asseiz 
2244        dont  Deus  fu  servis  et  ameiz  : 

molt  fut  vallans  l'Agicïenne, 

et  Sainte  Fois,  et  Sainte  Elainne, 

(et  la  veraie  Katherine, 
2248         Sainte  Agathe  et  Seinte  Crespine). 

Les  bones  ne  puet  on  prisier  ; 

Deus  n'ot  onques  avoir  tant  chier, 


2220 


A.      celui;      2221     A.      est     oultre      amerveille  ;     2224 


44*v>  n..  iciui  ;  2221  i\.  esi  ouure  amerveme  ;  2224.  t\.  e 
et  c.  ;  2230  A.  voirement  requeneue  ;  2232  A.  fu  pas  trop  lenz  ;  2234  B 
saquite  ;  2235-6  A.  intervertis  ;  2236  A.  (35)  dieus  erraument  li  perdona 
2237  A.  lore  fu  bone;  2238  B  —  1  ;  2240  A.  nos  doit  doner  ;  2242  A 
doivent  c.  p.  ;  2243  A.  des  b.  ;  2245  A.  legiptienne  ;  2247-8  B.  manquent 
2249  A.  pueent  pr. 


8o  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

ne  riens  qui  fut  en  tout  lou  monde, 
2252         con  il  ot  la  vierge  et  la  monde 

ou  il  lou  sanc  et  la  char  prist, 

dont  il  les  faus  Ebrieus  desdist 

et  aemplist  les  prophecies 
2256        qui  de  lui  furent  replanies. 

Et  de  celé  virge  pucelle 

nos  vint  la  grant  joie  novelle 

qui  tous  jors  novelle  serait, 

2260  dont  il  des  poinnes  délivrait 
les  grans  lignies  d'Abraham. 
Del  pechié  nostre  peire  Adam 
furent  tuit  dampnei  sens  merci, 

2264        mais  Deus  traist  la  pitiet  de  li 

et  la  force  et  la  veritei 

dont  il  furent  resucitei. 

Por  li   doit  on  plus  honorer 
2268        totes  les  bones   et  ameir  : 

molt  doit  [on]  amer  les  meillors 

et  bien  repanre  les  peors. 
Sor  les  devins,  sanz  deviner, 
2272         voldrai  adroitement  parler. 

Mais  la  gent  ne  sevent  pas  tuit 

que  devins  est,  si  con  je  cuit  : 

li  devin,  ise  sont  li  mestre 
2276        de  cel  art  qui  fait  lou  sens  nestre 

et  l'entendue  soverainne 

ou  est  divinitei  certainne. 

Qui  en  cel  art  entent  et  oevre 
2280        sachois  nostres  sires  li  oevre 

grant  partie  de  ses  secreiz. 

C'est  li  ars  sor  toz  honoreiz, 

2251  A.  de  rien  quil  ait  ;  2252  A.  il  a,  le  monde  ;  2253  A.  la  char 
et  le  sanc;  2254  B.  et  il  les  faus  arbres  desd.  ;  2255  A.  acompli,  B.  —  /  ; 
2256  B.   aemplies  ;  2258  A.   celé  joie  nov.  ;  2260  A.   de  vielle  painne  d.  ; 

2261  A.  la  grant  lignie  ;  2263  A.  quil  fussent  dampne  s.  m.  ; 
2266  A.  délivre;  2268  B.  toz;  2269  B.  —  1;  2270  A.  ml't  repenre  ; 
2273-4  B.  intervertis  ;  2273  A.  les  genz  ;  2274  A.  qui  est  devins  ;  2275  A. 
icil  devin  ce  ont  ;  2276  A.  dont  cil  ars  q.  ;  2278  B.  cest  la  d.  ;  2279  A.  qui 
en  celé  ent.  et  huevre  ;  2280  A.  nostre  sire  ;  2281  B.  granz  ;  2282  A.  de  toz 
hon. 


LA  BIBLE  81 

[ce]  est  veraie  lettraure, 
2284        c'est  la  coronee  escriture 

dont  conoissenf  joie  sens  fin 

sil  cui  nos  appelons  devin. 

C'est  li  ars  qui  l'orne  corone; 
2288        qui  sa  vie  et  son  cuer  li  done 

son  tens  ne  puet  mal  enploïer. 

Teil  art  fait  lengue  desploïer, 

et  lou  sens  et  la  foi  doubleir  : 
2292         sil  puet  saurement  parleir 

qui  en  teil  art  despent  sa  vie 

nettement,  sens  ypocrisie. 
Teil  soloient  li  devin  estre 
2296        que  li  boin  clerc  et  [li]  boin  mestre 

lisoient  por  Deu  purement, 

et  en  verai  entendement 

tenoient  escolles  loaus. 
2300        Or  les  vos  ont  si  desloaus 

que  ne  béent  mais  qu'a  l'avoir, 

et  comment  il  puissent  avoir 

ou  rentes  ou  richesces  granz. 
2304         Isil  perdent  molt  bien  lor  anz 

et  lor  grans  travals,  et  lor  tans 

ont  il  perdu,  si  con  je  pans. 

Sil  devin  de  ce  qu'il  ne  font 
2308         nos  parollent  si  en  parfont 

chascun  semble  Dyogenés, 

Aristotes   et  Socratés. 

Bien  ont  lor  lengues  agusies, 
2312         qu'il  ont  les  parolles  pusies 

es  escris  de  la  veritei. 

De  ceu  ne  sont  il  pas  blasmei  ; 

2283  A.  ce  est  la  vr.  1.,  B.  —  7;  2284  A.  qui  la  c.  ;  2285  A.  ou 
quenoissent  ;  2287  A.  lame  ;  2288  A.  i  done  ;  2289  A.  mieus  emp.  ;  2290  A. 
cil  ars  ;  2293  A.  cel  art  ;  2294  A.  ni  remaint  s.  yp.  ;  2296  A.  et  li  b.  ; 
2297-8  B.  manquent  ;  2298  A.  vraie  ;  2299  A.  trovoient,  B.  escolle  loaul  ; 
2300  A.  voit  on  si,  B.  sil  desloaul  ;  2301  A.  fors  qua  ;  2302  A.  comment 
il  le  p.  2303  A.  ou  croces  ;  2304  A.  icil,  tanz,  B.  et  sil  ;  2305  A.  et  1. 
travail  et  1.  porpans  ;  2307  B.  nos  font;  2310  A.  ou  aristote  ou  d.  ; 
2317  A.    aguisiees  ;   2312  A.   puisiees. 


82  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

s'il  nos  mostrent  la  droite  voie 
2316        je  ne  di  pas  c'on  ne  les  croie. 

Il  parollent  et  bien  et  beal  ; 

il  contrefont  lou  bureteal, 

selon  l'escriture  devine, 
2320        qui  gitet  la  blanche  farine 

fors  de  li,  et  retient  lou  bram. 

Des  lou  tens  nostre  peire  Adam 

ne  furent  amonesteor 
2324         ne  si  faul,  ne  si  tricheor. 

Ypocrite  est  et  traïsons. 

Certes,  en  ces  religions 

ait  molt  d'ipocrites  abbeis. 
2328         C'est  uns  vices  desespereis. 

Il  en  ait  molt  en  l'ordre  noire, 

et  en  la  blanche,  c'est  la  voire. 

Et  li  evesque,  et  li  legait, 
2332         isil  sevent  tout  lou  barat. 

Molt  parollent  parfondement 

des  decreiz  et  dou  testament. 

Il  font  ausi  con  les  coutieres 
2336         qui  dégoûtent  per  les  cherrieres  : 

les  ruées  lèvent  et  natoient, 

c'est  veriteiz,  et  tuit  lou  voient. 

Que  la  chenal  ressoit  [la]  plue 
2340        et  l'augue  gite  fors  et  rue  ; 

elle  se  gaste  et  se  porrist, 

et  les  cortis  moille  et  norrist. 

Certes,  li  preocheires  faus 
2344        est  ausi  comme  la  chenaus, 

qu'il  se  destruit  et  il  se  gaiste 

et  les  autres  preoiche  et  aiste 


2315  A.  se  il  most  ;  2318  A.  resemblent  I.  b.  ;  2321  A.  de  lui, 
bren  ;  2324  A.  faus  ;  2325  A.  Ypocrisie  et  tr.  ;  2327  A.  mont  ;  2329  B.  il  en 
an  ait,  + 1  ;  2332  A.  trop  de  b.  ;  2333  B.  parfondemenz  ;  2334  B.  des 
testamenz  ;  2335  A.  autel,  goutieres  ;  2338  A.  ce  set  en  bien  ;  2339  A. 
cheneus  retient,  B.  —  1  ;  2340  A.  eve  ;  2341  A.  gaste  et  por  ;  2342  A. 
mont  bien  nor.  ;  2344  A.  autez  ;  li  chenaus  ;  2345  A.  qui....  qui,  B.  que  se  ;. 
2346  A.   et  les  autrui  proesces  haste,    B.   proichet. 


LA  BIBLE  83. 

de  ceu  dont  il  n'ait  nul  talant. 
2348         Lou  bien  desploie,  et  lou  mal  prant  ; 

n'ait  mie  bone  conoissance 

quant  il  de  la  bone  semance 

qu'i/  nos  espant  point  ne  retient  : 
2352         de  lui  gaires  ne  li  sovient. 

Tant  per  sont  de  visces  chargié 

qu'il  ne  doutet  lait  ne  pechié  ; 

chescun  jor  vodroient  Deu  vendre, 
2356        et  les  autres  jugent  a  pandre. 

Per  Dieu  !  sil  devin  qui  devinent, 

qui  lor  oevre  follement  finent, 

por  preochier  et  por  parler 
2360        ont  fait  tout  lou  siècle  enverser, 

trop  per  est  lor  guille   embrasée 

et  de  covoitise  alumée. 

Or  siglent  il  a  plainne  voille  ; 
2364        mais  il  contrefont  la  chandoille, 

qui  se  gaiste  quant  elle  alume. 

Entre  lou  marteil  et  l'anclume 

sont  sil  devin,  qui  bien  nos  dïent 
2368        et  os  destruent  et  occïent. 

Il  sont  comble  d'ipocrisie, 

et  d'orguel,  et  de  simonie, 

et  d'autres  visces  encombrei, 
2372         et  sens  foi  et  sens  loautei. 

Molt  sont  malement  decëu, 

et  bien  ont  lor  travail  perdu 

et  lor  biaus  mos  et  lor  biaus  dis 
2376        que  il  recordet  es  escris. 

Quant  la  chandoile  est  alumée, 

tant  luit,  tant  s'art,  qu'elle  est  usée; 


2350  B.  sentance  ;  2351  B.  espoint  ;  2352  B.  meismes  ne,+  i; 
2354  A.  tort  ne  pechie  ;  2357  A.  por  d.  ;  B.  devienent  ;  2358  A.  laidement 
f.  ;  2360  A.  lor  voi  toz  le  siècle  amuser  ;  2363  A.  siglent  a  la  p.  ;  2365  A.  q. 
en  alalume  ;  2367  A.  le  bien  d.  ;  2368  A.  euls  d.  ;  2371  B.  encombreiz  ; 
2372  A.  s.  charité,  B.  foiz,  loauteiz  ;  2374  A.  ml't  ont  ;  2375  A.  les,  les.  ; 
2378  A.  tant  art  tant  luist  quele  est  gastee. 


84  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

toute  s'art  que  point  n'en  remaint; 
2380        molt  flaire  mal  quant  elle  estaint. 

C'est  semblance  des  ypocrites  : 

quant  il  ont  les  parolles  dites 

qui  bones  sont,  il  n'i  ont  preu — 
2384        bien  les  a  noeiz  au  droit  neu 

sil  qui  les  tient  et  qui  les  boute. 

Ypocresie  rien  ne  doute  ; 

quant  tout  lou  bien  ont  desploïé 
2388        en  aus  retiennent  lou  pechié, 

qui  molt  lor  porait  en  la  fin  ; 

se  seivent  tuit  li  boin  devin. 

Li  exemple  bien  lor  repreuve 
2392         de  la  chandoile  ;  bien  lor  prueve 

en  coi  lor  oevre  doit  fineir. 

En  la  fin  se  doit  on  mireir. 

S'il  ont  les  langues  bien  parlans 
2396        et  les  oevres  re-sont  puans 

per  foi  !  l'uevre  se  jugera, 

ja  la  lengue  riens  n'i  vadra  : 

l'uevre  porte  son  jugement, 
2400        se  savons  nos  certainnement. 

Lou  plus  certain  de  mes  chapitres 

covient  gésir  sor  les  legitres 

qui  devienent  faus  plaidoor 
2404        et  de  bone  oevre  tricheor, 

et  les  poins  faus  traient  des  boins. 

Je  sai  bien  s'uns  rois  ou  s'uns  coens 

savoit  des  lois  et  des  decreiz 
2408         il  en  seroit  plus  honoreiz. 

La  sont  li  point,  et  li  bia  dit, 

et  li  biau  mot,  et  li  escrit 


2379  A.  tant  sart  ;  i  rem.  ;  2380  B.  flairent  ;  2384  B.  b.  1.  aveiz  endroit 
veu  ;  2389  A.  purra  ;  2390  A.  sevent  bien;  2391  A.  cil  essamples  ; 
2392  A.  et  puis  lor  prove  ;  2394  A.  se  doivent  mirer  ;  2396  A.  les  langues  ; 
2398  A.  lores  s.  j.  ;  2399  A.  aporte  ;  2400  A.  ce  sachiez  bien  apertement  ; 
2402  A.  torner;  2406  B.  et  sai,  A.  se  uns  rois  ou  c.  ;  2408  A.  ml't  h.  ; 
2409  A.  la  sont  li  dit. 


LA  BIBLE  85 

don  l'on  doit  pueble  governeir 
2412         et  droiture  et  raison  gardeir. 

Tieus  mestiers  avient  bien  a  prince  ; 

cil  natoie,  lève  et  rince 

lou  boin  vaxeaul,  et  molt  l'amande. 
2416         Mais  ja  nus  hom  qui  soit  n'entende 

a  malvais  vaxeau  faire  net — 

fous  est  qui  son  travail  i  met. 

Li  malvais  vaxeaux  tost  enpirewi 
2420        quan  c'on  i  met,  ici  se  mirent 

tuit  sil  qui  folle  gent  anmusent 

es  bones  escoles,  et  usent 

lor  tens  por  tricherie  aprendre. 
2424        Legierement  puet  on  entendre 

lor  poins,  lor  dis  et  lor  mos  faus. 

De  ceu  dont  on  doit  estre  saus 

se  perdent  tout  apertement — - 
2428        sil  reportent  lor  jugement. 

Cist  chapitres  fut  faiz  sens  glose, 

mais  il  ferait  une  fort  glose 

es  lengues  fauses  deslïées, 
2432         qui  devraient  estre  liées 

de  ceu  que  j'oi  dire  es  decreiz. 

Ses  teig  je  por  désespérez, 

qu'iZ  n'ont  et  paor  et  vergoigne. 
2436        Si  sovent  vont  il  a  Boloigne 

es  lois  por  les  cors  maintenir — 

plus  les  en  voi  janglans  venir 

que  estornels  n'est  en  geolle. 
2440        Toute  lor  guile  et  lor  parolle 

241 1  A.  en  doit,  coroner  ;  2414  A.  cil  netoie  laigue  et  raince,  B.  cil 
n.  lame  et  r.,  Turin,  levé  et  r.  ;  2416  A.  natende  ;  2418  A.  avoir  i.  m.  ; 
2419  A.  tôt  empirent;  2421  A.  qui  foloient  et  musent;  2424  B.  bien 
entendre  ;  2425  A.  lor  d.  lor  m.  et  lor  p.  f.  ;  2426  B.  om.  on,  loaus  ; 
2428  A.  cil  respitent  lor  j.  ;  2429  A.  s.  lose  ;  2430  B.  chose  ;  2431  A.  au  1., 
B.  desloaus  ;  2432  A.  deussent,  B.  loaus  ;  2433  B.  de  ceu  quil  nat  ordre 
en  decreiz  ;  2434  A.  ceus  tieng  ;  2436  A.  cil  seignor  ;  2437  A.  as  lois, 
B.  es  lais  ;  2438  A.  jenglos  ;  2439  A.  que  nest  est  en  jaiole  ;  2440  A.  toute 
lor    huevre   tieng    a    foie. 


86  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

vers  la  tricherie  se  trait. 

Il  prennent  bien  de  deus  pars  plait — 

ce  n'est  pas  loiz,  ainz  est  desloiz; 
2444        ce  ne  truevent  il  pas  es  lois. 

On  trait  de  la  mine  l'argent, 

don  l'on  fait  maint  biau  vassal  gent 

et  mainte  oevre  et  belle  et  chiere, 
2448        et  lou  verre  de  la  fouchiere, 

dont  on  refait  maint  biau  vassal 

qui  sont  et  cleir  et  net  et  bial, 

et  des  hauz  livres  honoreiz 
2452         c'on  apelle  lois  et  decreiz 

nos  traient  engig  et  barat  ! 

Deus  !  con  il  sont  destroit  et  mat 

as  cors,  ou  il  n'esploitent  rien  ! 
2456        et  quant  il  sont  plus  ancien 

lors  ardent  il  de  covoitise. 

Bien  ont  folle  costume  aprise  : 

tous  jors  vuellent  vivre  de  tort  ; 
2460        bien  quierent  et  chescent  lor  mort — 

por  mors  teg  je  et  por  péris 

tansfaus  plaidoiors  lowaïs. 

Qui  ait  avoir  trop  bien  s'en  aide, 
2464        mais  l'euvre  est  trop  cruals  et  laide 

quant  li  avoirs  le  droit  encombre. 

Molt  vuellent  bien  savoir  le  nombre 

c'on  lor  donrait,  soit  tors  ou  drois; 
2468        trop  per  est  li  baras  destrois. 

Li  uns  sor  l'autre  ait  grant  envie; 

li  loiers  et  la  simonie 


2441  A.  vers  tr.  se  retrait  ;  2442  A.  ils  pr.  de  d.  le  plait  ;  2443  A.  beslois  ; 
2444  B.  on  pas  en  lois  ;  2445  A.  de  minière  ;  2446  A.  m.  vessel  dargent  ; 
P.  d.  on  nous  f.  m.  v.  g.  ;  2447  A.  autre  oevre  ;  2448  B.  et  en  après 
d.  1.  f.  ;  2449  A.  dont  je  revoi  mainz  b.  v.,  P.  faict  aussi  m.  v.  ;  2450  P. 
qui  moût  sont  net  et  clairet  bel;  2451  B.  hai  deus  des  1.  ;  2453  P. 
trayons  ;  2454  A.  estroit  ;  2455  A.  en  ce  dont  il  ;  2456  A.  corn  il  ; 
2458  A.  maie  c.  ;  2459  B.  ovrei  de  t.  ;  2460  A.  quil  quierent  por  voir  lor 
mort  ;  2462  A.  les  faus  pledeors  loeiz  ;  2463  A.  et  qui  au  voir  amon  san 
aide;  2464  A.  ml't  cruieus  ;  2465  A.  li  autres;  2468  A.  ml't  par,  lor  b.  ; 
2470  A.   ne  la  s. 


LA  BIBLE  87 

les  ait  liez  et  encombreiz — 
2472         s'uns  loaus  en  estoit  troveiz 

l'on  devrait  de  lui  faire  faiste. 

C'est  tormens,  c'est  une  tenpeste 

quant  il  assemblent  en  un  leu 
2476        ou  il  cudent  faire  lor  preu. 

De  ceu  font  il  plus  lor  damaige 

dont  il  cuident  estre  plus  saige — 

trop  sont  et  soutil  et  agu, 
2480        mais  lor  boin  sens  ont  il  perdu. 

Atant  aimment  tort  comme  droit  : 

mais  que  il  îacent  lor  esploit 

ne  lor  chaut  de  quel  part  il  pendent. 
2484         Molt  [a]  envis  lou  lor  despendent. 

Il  sont  cosson  et  guilleor, 

et  trop  herdi  demandeur  : 

et  avoir  et  provendes  quierent  ; 
2488         covoitous  sont,  et  trop  conquièrent — 

molt  per  aimmenf  rente  d'  englise, 

mais  pou  lor  membre  de  servise  ! 
Molt  devraient  boin  fruit  porteir, 
2492         et  lor  oevre  si  aaismeir 

qu'elle  fust  chiere  et  honorée. 

Et  boin  cuer  et  bone  pensée 

ont  il  quant  il  sont  escolier; 
2496         molt  feraient  il  a  prisier 

se  lor  sens  estoit  atorneiz 

selonc  lois  et  selonc  decreiz  ; 

c'est  clergïe  loaul  et  fine. 
2500         Molt  sont  sil  en  folle  doctrine 

qui  puisent  malvaise  science 

en  fontainne  de  sapience  ; 

2472  A.  sus  ;  2473  A.  f.  de  lui  feste  ;  2474  A.  uns  torm.  une  temp.  ; 
2475  A.  daus  oir  quant  il  sont  en  leu  ;  2476  A.  quant  il  ;  2479  A.  il  s.  et 
ag.  ;  2484  A.  mes  a  enviz,  B.  —  1  ;  2485  A.  coquin  et  jangleor  ;  2487  A.  et 
provendes  et  av.  ;  2490  A.  ml't  pou,  dou  s.  ;  2492  A.  esmerer  ;  2494  A. 
bon  senz  et  b.  p.  ;  2496  A.  proisier  ;  2497-8  A.  intervertis  ;  2498  A.  es 
bones  lois  et  es  decr.  ;  2501  B.  pensent. 


88  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

ne  sont  mie  bien  abevrei, 
2504        il  boivent  ou  rusiaul  troblei. 
*  *  *  * 

augue  douce  enmi  la  meir, 
et  si  rai  je  oï  conteir 
c'on  trait  triacle  d'un  serpent 
2508        qui  molt  ait  grant  mestier  sovent 
a  ceaus  qui  sont  envenimei. 
Sil  sont  malement  bestornei 
qui  ou  [sen]  puissent  la  folie. 

2512  Es  lois  apregnent  tricherie  : 
sor  les  poins  et  sor  les  biaus  dis 
que  il  conoissent  [es]  escris 
baratent  lou  siècle  et  engignenf. 

2516         II  ne  conpassent  pas  ne  lignent 

lor  oevre  si  con  il  devroient 

et  con  il  es  escris  lou  voient 

Or  sachiez  que  bone  clergie 
2520        est  en  teil  gent  morte  et  perie  : 

por  c'est  perdu  quant  c'om  i  met 

que  li  vaseau  ne  sont  pas  net. 
Des  fesicïens  me  mervoil  ; 
2524        de  lor  oevre  et  de  lor  consoil 

rai  je,  certes,  molt  grant  mervoille. 

Nulle  vie  ne  s'aparoille 

a  la  lor,  trop  per  est  diverse 
2528        et  sor  toutes  autres  perverse. 

"Mires"  les  nomme  li  communs, 

mais  je  ne  cuit  qu'il  en  soit  uns 

que  om  ne  doie  bien  douter. 
2532         II  ne  vodroient  ja  trover 

nul  home  sens  acun  mehaig. 

Maint  oignement  font  et  maint  baing 

2503     A.     ni  ;      2505     A.      aiguë     douce      torne     a    amer  ;    2507    A. 
de    serpent;    2509    B.    &    ceaus;    25 11     B.  —  ;  ;    2512    B.     se    lor    apr.  ; 

2513  A.  por,  por,  P.  per,  per;  2514  B.  quil,  om.  es;  2518  A.  enz  es 
decrez  v.  ;  2520  A.  mate  et  p.  ;  2522  A.  et  li  v.  met.  ;  Entre  2522  et  2523 
B.  ajoute  2  vers  :  cest  niant  ce  est  sens  péril  sist  sont  cest  de  raison 
parti  ;  2527  B.  &  la  loi,  denverse  ;  2528  B.  diverse  ;  2529  A.  bien  1.  n.  li 
communs  nons,  B.  nomment;  2530  A.  qui  ne  soit  hons  ;  2531  A.  qui  ne 
les  doie  ml't  d.,  B.  doient  ;  2534  A.  oingment. 


LA  BIBLE  89 

ou  il  n'ait  ne  sens  ne  raison — 
2536        sil  aeschappe  d'orde  prison 

qui  de  lor  mains  puet  eschapeir. 

Qui  bien  seit  mentir  et  guilleir 

et  faire  noble  contenance 
2540        tout  ait  trovei  ;  mais  la  créance 

que  les  gens  ont  lor  fait  grant  bien. 

Teil  mil  se  font  fesecïen 

qui  n'en  sevent  nés  plus  que  gié; 
2544        li  plus  maistre  sont  molt  chergié 

de  grant  ennui,  q'il  n'est  mestiers 

dont  il  soit  tant  de  mensongiers. 

Ja  ocïent  molt  de  la  gent  ; 
2548         ja  n'ont  ni  ami  ne  parant 

que  il  volsissent  troveir  sain  ; 

de  ceu  resont  il  trop  vilain. 

Molt  ait  ordure  en  ces  liiens 
2552         qui  en  mains  de  fesicïens 

se  met  ;  por  coi  ?  il  m'ont  au 

entre  lor  main — mais  il  ne  fu 

onques  nulle  plus  orde  vie. 

2556  Je  n'aim  mie  lor  conpaignie, 

se  m'ait  Deus,  con  je  sui  sains — 

honis  est  qui  chiet  en  lor  mains — 

per  foi  !  quant  je  malaides  sui 
2560         moi  covient  soffrir  lor  ennui. 

Qui  les  oroit  con  il  orinent, 

con  il  mentent,  con  il  devinent, 

con  il  jugent  lou  penseret 
2564        per  mos  qui  ne  sont  mie  net  ! 

En  chescun  home  truevenÊ  toche  : 

se  il  ait  fièvre  ou  toz  soiche 

2535  A.  sanz,  B.  raisons  ;  2536  A.  ordre  ;  2538  A.  fet  ;  2540  A.  ont  tr. 
fors  la  cr.  ;  2541  A.  lor  fait  a  bien  ;  2542  A.  tex  m.  ;  2543  A.  ne  s.  voir 
ne  que  gie  ;  2544  A.  changie  ;  2545  A.  envie  ;  2546  B.  que  donc,  om.  de  ; 
2547  A.  il  oc.  ;  2548  A.  il  nont  ne  ami  ;  2549  A.  cui  il  vousissent  ; 
2551  A.  dordure  ;  2552  A.  fis.,  B.  que  est  en  m.  ;  2553  A.  se  met  pars  els 
il    mont  eu  ;    2554   A.    mains  onques  ne   fu  ;    2555    A.    ce   cuit   nule   pi.  ; 

2557  A.  si  mait  d.  quant  ;  2559  A.  fui  ;  2560  A.  covint  ;  2561  A.  quant  il  ; 
2563  A.  pasceret  ;  2564  A.  par  moi  ;  2565  A.  teche,  B.  suns  chescuns 
home  ;  2566  A.  sil  a  fièvre  ou  la  touz  sèche,  B.  ou  il. 


90  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

lor  dïent  il  qu'il  est  tesiques, 
2568        ou  enlunduz,  ou  ydropiques, 

melancolious,  ou  fious, 

ou  corpeus,  ou  palasimous. 

Qui  les  oroit  de  colérique 
2572         despondrë,  ou  de  fleumatique  ! — 

li  uns  ait  lou  foie  eschaufei 

et  li  autre  ventosetei  ! 

Trop  per  sont  lor  oevres  repotes, 
2576        et  lor  parolles  si  enpotes 

n'i  ait  se  viloignie  non. 

Et  per  '  fi  '  commence  lor  nom  : 

Fisicïen  sont  apellei, 
2580        sens  '  fi  '  ne  sont  il  pas  nommei 

Por  c'ait  '  fi  '  au  commencement 

de  lor  nom  que  sens  finement 

de  '  fi  '  doit  toute  lor  oevre  estre, 
2584        et  de  '  fi  '  doit  phisique  nestre. 

(Sanz  '  fi  '  ne  les  puet  on  nommer 

ainsic  ne  s'i  doit  nus  fier.) 

De  fi,  phisique  me  défie  ; 
2588         fous  est  qui  en  teil  art  se  fie 

ou  il  n'ait  rien  que  n'i    ait  '  fi  ' — 

dont  sui  je  fous  se  je  m'i  fi. 
Uns  bons  truans  bien  enparleiz, 
2592         solement  qu'il  soit  bien  leitreiz, 

feroit  folle  gent  herbe  pestre. 

Tuit  sont  phisicïen  et  mestre  ! 

Li  uns  de  l'autre  molt  bien  guille 
2596         la  ou  il  sont  en  bone  vile, 

que  li  millor  fisicïen 

prisent  celui  qui  ne  seit  rien. 

2567  A.  tisiques  ;  2568  A.  enfonduz  ;  2569  A.  melcncorious, 
B.  frous  ;  2570  A.  palasineus  ;  2571  B.  fleumatique  ;  2572  A.  pledoier, 
B.  despongre  ou  de  tesique  ;  2574  A.  ventousete  ;  2575  A.  enpostes  ; 
2576  A.  repostes;  2578  A.  par  ce;  2581-2  P.  manquent;  2581  A.  por  ce, 
B.  p.  ceu  ;  2582  A.  por  le  vilain  definement  ;  2583  A.  om.  fi,  P.  de  fy  doit 
toute  ordure  naistre  ;  2584  P.  et  de  fy  fisique  doit  estre  ;  2585-6  B.  P. 
manquent;  2587  B.  et  de  fi, +  /  ;  2589  P.  qui  n'y  ait;  2591  A.  souz  tr.  ; 
2592  A.  ne  mes  quil  soit  un  pou  1. 


LA  BIBLE  91 

Li  maistres  les  mavais  consent, 
2600         por  coi  ?  por  engignier  la  gent  ; 

et  por  ce  qu'il  lou  teigne  en  pais 

li  rasches  consent  lou  punaix 

et  li  pugnais  lou  raches  bien — 
2604         ne  se  desconfortet  de  rien, 

por  coi  ?  que  l'uns  et  l'autre  put  ! 
Muez  fusse  je  pris  a  Barrut 

que  fisicïen  me  gardassent 
2608         un  an  antier  et  governassent. 

Trop  sont  costous,  et  trop  se  vendent, 

et  les  millors  maingiers  deffendent; 

je  lor  las  quite  lor  piletes, 
2612         certes,  qu'elles  ne  sont  pas  nettes  ! 

S'il  revienent  de  Monpallier 

lor  laituaire  sont  molt  chier  ; 

lors  dïent  il,  ce  m'est  a  vis, 
2616        qu'il  ont  gingebret  et  pliris, 

diadragagant  et  roset, 

penidium  et  violet — 

dou  dyarodo  julii 
2620        ont  il  maint  prodomme  menti  ! 

Trop  sont  prisié,  trop  sont  loei. 

Il  a  gengibre  et  aloei 

en  lor  dyamargariton, 
2624        ce  dient,  mais  un  graiz  chappon 

ameroie  plus  que  lor  boistes, 

trop  sont  et  coroses  et  moistes. 
Sil  qui  revient  dever  Salerne 
2628         nos  vent  vecies  por  lanterne  : 


2599  A.  li  miaures  le  pooir  consent  ;  2600  A.  por  ce  ont  il  et  lor  et 
largent  ;  2601  A.  li  t.  pais  ;  2602  A.  rachous  ;  Entre  2602  et  2603  A.  ajoute  : 
et  li  pugnais  bien  lo  rachat  certes  trop  i  a  de  barat  ;  2603  A.  li  rachaz 
le  punais  ml't  bien;  2605  B.  li  uns,  ont.  et;  2606  A.  ainz,  B  et  batuz  ; 
2608  B.  antier  me  gov.  ;  2610  A.  morsiaus  ;  261 1  A.  claim  ;  2613  B. 
revient;  2614  A.  leituaire  ;  2616  A.  gigimbrat  ;  2617  A.  et  diadragam  et 
rosat  ;  2618  A.  et  penidoin  et  violât;  2619  A.  do  diadaro  julii,  B.  dois  d. 

vili  ;  2621  A ame  ;  2622  A.  il  a  gigimbre  et  aloe,  B.  gengibrett  a  lamatt 

aloei  ;    2623   A.    digargariton  ;    2624    A.    cras  ch.  ;    2625    A.    am    mieus  ; 
2626  B.  escroses  ;  2627  A.  et  cil  qui  vient  ;  2628  A.  lor  vent  vecie. 


92  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

il  done  noir  brun  et  sidoine 

por  espices  de  Babiloine, 

que  s'uns  hom  en  pesse  lou  col 
2632         il  avrait  si  lou  ventre  mol 

que  maintenant  l'estuet  honir. 

As  boins  maingiers  me  vuel  tenir, 

es  boins  clers  vins  et  es  fors  sauces — 
2636        trop  sont,  voir,  les  lor  oevres  faces  ! 
Il  ne  sont  mie  tuit  igaul  : 

li  boin  fisicïen  loaul, 

li  boin  home,  li  bien  lettrei 
2640        ont  maint  verai  consoil  donei  ; 

mainte  gent  qui  se  desconforte 

en  lor  consoil  molt  se  conforte. 

(Quant  uns  hom  a  paor  de  mort 
2644        grant  mestier  a  de  bon  confort.) 

Li  bon  consoil  ont  confortei 

maint  prodome  desconfortei, 

et  quant  bone  oevre  est  conëue 
2648        bien  doit  estre  chiere  tenue. 

Mais  per  toutes  ses  bones  viles 

ont  si  espandues  lor  guilles 

le  guilleor,  li  mensongier, 
2652         que  li  prodomme  en  sont  moins  chier. 

Sovent  se  voient  et  s'asemblent 

mais  lor  oevres  prou  ne  se  semblent  ; 

les  oevres  sont  bien  départies. 
2656         Les  roses  deleiz  les  orties 

ne  perdent  mie  lor  biautei, 

ne  lor  odour,  ne  lor  bontei. 

J'ai  vëu  deleiz  l'ortïer 
2660         florir  et  croistre  lou  rosier  : 

se  les  orties  sont  poignans, 

et  annuouses,  et  puans 

2629  A.  il  vendent  orbrun  et  syphoine,  B.  il  donet  ;  2630  A.  espèce  ; 
2634  A.  sainz  m.  mestuet  ;  2635  A.  et  as  cl.  v.  et  as  f.  s.  ;  2636  A.  que 
trop  par  sont  lor;  2639  A.  li  prodomme;  2641  A.  maintes  genz,  descon- 
fortent ;  2642  A.  se  reconfortent  ;  2643-44  B.  manquent  ;  2648  A.  devroit, 
chier  ;  2653  A.  et  ass.  ;  2654  A.  m.  les  huevres  pas  ne  se  s.,  B.  les  semble  ; 
2656  A.  selonc  ;  2658  A.  flairor  ;  2659  B.  otuier. 


LA  BIBLE  93 

les  roses  sont  belles  et  chieres. 
2664         Les  bones  oevres,  les  entières, 

les  veraies,  et  les  loaus 

sont  ausi  comme  li  metaus 

qui  se  soivre  dou  mâchefer. 
2668         Molt  sont  bien  conëu  li  verr 

qui  font  la  soie  :  c'est  a  dire, 

que  malvaise  oevre  ni  enpire 

la  bone  oevre  de  nulle  rien. 
2672         Li  loaul  clerc  fisicïen 

doient  estre  molt  honorei, 

et  chier  tenu  et  molt  amei. 

Lou  boin,  lou  loaul  ai  je  chier 
2676        certes,  molt,  quant  j'en  ai  mestier; 

molt  désir  je  c'on  lou  m'amoint  : 

quant  maladie  me  destroint 

grant  confort  et  grant  bien  me  fait. 
2680         Mais  quant  m'anfermetei  me  lait 

et  je  ne  sent  ma  maladie, 

lors  voldroie  c'une  galie 

l'en  portaist  tost  ver  Salon ique, 
2684        et  lui,  et  toute  sa  flsique  ; 

lors  vuel  je  qu'il  tegnet  sa  voie 
2686        se  droit,  que  ja  mais  no  revoie  ! 

2664  A.  et  ent  ;  2667  A.  sevra  dou  malves  fer;  2670  A.  la  m.,  nenp.  ; 
2674  A.  et  ml't  servi  et  m.  a.  ;  2675  A-  li  b-  l°ial  ai  ge  ml't  ch.  ; 
2676  A.  om.  molt  ;  grant  mest  ;  2677  A.  et  ml't  désir  quen  ; 
2680  A.  et  quant  menfermetez  ;  2683  A.  droit  v.,  B.  salatique  ; 
2684  A.  la  faut  ses  sans  et  sa  fisique  ;  2685  A.  F.  vueil  que  il  ;  2686  A.  F. 
si  loing,  ne  le  voie. 


III. 

L'ARMEURE  DU  CHEVALIER. 

Molt  ai  alei,  molt  ai  venu, 

molt  m'ait  ma  volantei  tenu, 

molt  m'ait  penei  et  travillié. 
4         Molt  ai  de  penseir  grant  merchié, 

qu'en  une  forest  suis  entreis 

ou  j'ai  uns  forastriers  troveis 

trop  ombraiges  et  trop  divers, 
8        et  puez  portent  tuit  en  travers 

lor  chaperons  por  agaitier. 

Nuz  hom  ne  se  puet  d'aus  gaitier  : 

touz  jorz  agaitent,  il  ne  finent, 
12         et  ce  qu'il  ne  veient  devinent. 

Se  sont  gent  noires  et  défaites, 

et  ont  lor  robes  contrefaites — 

tuit  resemblent  ors  en  estant  ! 
16         Dieu  merci  !     Il  en  [i]  ait  tant 

d'un  drap  vestu  molt  noir  et  lait 

si  velu,  que  tout  m'unf  défait. 

Lou  chapiron  desoz  la  boiche 
20         m'ont  si  cosu   que  il  i  toiche. 

Sens  parler  m'estuet  ici  estre 

trois  jors,  ce  me  dient  li  mestre, 

et  trois  nuiz  m'afiert  sens  mot  dire. 
24         Or  me  consout  Deus  nostre  sire, 

T.  1-26  manquent;  2  Ar.  tant....  batu  ;  Pasquier,  batu  ;  3  Ar.  tant; 
4  Ar.  m'It  de  panser  a  grant  merchie  ;  5  B.  quant  u.  f.  ;  8  Ar.  et  si  port  ; 
9  Ar.  esgaitier  ;  12  Ar.  om.  il  ;  13  Ar.  genz  ;  14  Ar.  a  unes  robes  cont.  ; 
16  B.-i  ;  17  Ar.  de  drap  sont  v.  n.  e.  1.,  C.  et  noir  e  1.  ;  iq  B.  lor  ch., 
C.  li  ch.  desour;  20  C.  moult  sont  cosu,  B.  2  fois  il;  21  Ar.  ensi  estre; 
22  B.  C.  nos  d.  1.  m.  ;  23  Ar.  t.  n.  sera. 

94 


L'ARMEURE  DU  CHEVALIER  95 

qu'il  m'ont  atorné  comme  mort! 

Ne  sai  s'il  me  font  droit  ou  tort. 
Por  mon  coraige  conforteir 
28         m'estuet  iteil  chose  penseir 

que  m'esbate  ma  continance. 

C'une  molt  belle  remembrance 

s'est  entrée  dedens  mon  cuer  ; 
32         si  ne  poroit  estre  a  nul  fuer 

que  pensers  me  fust  defenduz  : 

en  pensant  me  suis  deffenduz 

ver  celui  qui  ja  ne  voldroit 
36        que  mes  pensers  alaist  a  droit. 

Por  lui  grever,  por  moi  aidier, 

m'estuet  une  chose  traitier 

qui  molt  iert  legiere  a  entendre, 
40        et  si  me  porroit  bien  deffendre 

ver  celu  qui  m 'assaut  sovent. 

Et  quant  li  hom  en  bien  entent 

plus  en  est  ses  cuers  a  grant  aise  ; 
44        molt  m'atrait  doloi  et  mesaise 

folle  pensée  quant  je  l'ai. 

Bien  cui  que  tant  com  je  vivrai 

me  covient  a  selui  combatre 
48         qui  chascun  jor  me  vuet  abatre. 

Mais  armëure  me  covient 

fort  et  dure;  bien  m'en  sovient 

que  il  m'ait  mainte  foi  trové 
52         flobe  et  cowart  et  desarmé. 

Or  me  doint  Deus  teille  armëure 

que  soit  fors  et  tenans  et  dure, 


26  C.  si  mont  fait  ;  28  Ar.  en  tel  chose  ;  29  Ar.  conciance,  B.  me  bâte, 
C.  qu'il  me  bâte,  T.  eslece  ma  consience  ;  30  Ar.  T.  ont.  c' ;  31  Ar.  est 
entr.  ;  32  Ar.  ce  ne  ;  33  Ar.  fut  ;  34  Ar.  combatuz,  C.  manque  ;  35  Ar.  a 
celui;  39  Ar.  C.  est;  40  Ar.  man  por.;  42  Ar.  que  quant;  43  Ar.  ml't  an 
est  ;  44  Ar.  me  fait  d.  ;  46  Ar.  sai  ;  C.  om.  que,  viverai  ;  48  Ar.  autre 
chose  ne  sai  quam  face,  C.  de  jor  en  jor  me  v.  a.  ;  49  Ar.  covint  ; 
50  Ar.  sovint,  Ar.  C.  me;  51  Ar.  maintes,  Ar.  C.  foiz  ;  52  Ar.  floible, 
C.  foible  ;  53  Ar.  tel,  C.  telle  ;  54  Ar.  C.  qui  s. 


96  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

que  cil  np  la  puisse  empirier 
56        qui  m'ait  trovei  fable  et  lenier. 

Es  Armes  dont  armeir  me  vuel 

n'a  covoitise,  ne  orguel, 

ne  desmesure,  ne  bonbance. 
60         Molt  par  ait  sutif  remembrance 

Sains  Poz  qui  ces  Armes  escrit  ; 

bien  les  nos  mostre,  et  bien  nos  dit 

la  vaillance  de  l'Armaure. 
64         Bien  doit  estre  entière  et  sëure 

et  fine  et  fors  et  esmeree  ! 

Deus  l'ait  toute  faite  et  contée 

a  ceals  qui  sont  de  sa  partie. 
68         Tuit  devrions  avoir  envie 

qu'elle  fust  en  nos  cuers  escrite. 

Ensi  com  Sains  Pois  [la]  nos  dite 

en  mon  cuer  l'ai  bien  recordee  ; 
72         mais  s'elle  iere  dite  et  mostree 

molt  seroit  chiere  entre  les  boens, 

qu'empereres  ne  rois  ne  cuens 

ne  nuz  hom  ne  la  puet  avoir, 
76         ne  per  engig,  ne  por  avoir, 

se  Deus  et  Raisons  ne  li  donne. 

Ma  conscience  me  sermonne 

que  je  la  die  es  entendans; 
80         mais  molt  dout  des  desconoissans, 

ou  li  boin  dit  sont  si  perdu 

comme  li  ors  en  la  palu  : 

tous  [jors]  i  soit,  n'i  vaut  il  rien. 
84         Et  por  ceu  sont  celei  maint  bien 

qu'on  n'ose  dire  ne  mostreir, 

qu'a  ennviz  puet  on  mais  troveir 

55  Ar.  me  puisse,  B.  C.  engignier  ;  56  Ar.  C.  floible,  C.  lanier  ;  58  Ar.  C. 
ot  ;  59  Ar.  C.  bobance  ;  60  Ar.  sotil,  C.  soutil  ;  61  Ar.  pos,  C.  pouz,  Ar.  escrist  ; 
62  B.  C.  lou  nos  m.  e.  b.  lou  dit  ;  65  Ar.  esmaree  ;  66  B.  ovrée  ;  67  B.  por, 
Ar.  ces,  C.  ceus  ;  Entre  66  et  67  Ar.  intercale  deux  vers  :  a  ces  qui  sont  de 
pacience,  et  qui  sugnent  sa  sapience  ;  68  Ar.  t.  an.  dev.  ;  69  Ar.  fut  ;  70  Ar. 
ainsinc,  B.  —  1,  deite,  Ar.  ditte  ;  71  C.  la  b.  ;  72  B.  m.  celle,  Ar.  ère.,  C.  ceille 
i  est  d.  c.  m.  ;  74  Ar.  om.  qu'  ;  75  Ar.  nuns  h.  ;  76  Ar.  por  argent  n.  p.  a., 
C.  manque  ;  77  Ar.  ou  rais  ;  78  C.  continence  ;  79  B.  lou,  C.  as  ent  ; 
80  Ar.  C.  les;  82  Ar.  con  mest  ;  83  B.  —  i,  C.  tout  jors,  ne  vaut; 
86  Ar.   om.  qu'. 


L'ARMEURE  DU  CHEVALIER  97 

qui  entende  ne  qui  reteigne. 
88         Or  pri  je  Deu  qu'il  me  manteigne 

mon  esperite,  et  ma  science, 

et  mon  cuer  et  ma  remembrance, 

que  mis  me  suis  en  avanture 
92         de  raconter  ceste  Ermâure. 

Et  si  je  nul  ami  avoie, 

molt  volantiers  li  prieroie 

que  il  s'armast  sens  demorer, 
96        ensi  con  je  me  doi  [armer] 

se  Deus  lou  me  vuet  consentir 

et  mon  penser  en  bien  tenir. 

Et  a  toz  [ceus]  qui  bien  entendent 
100        pri  je,  por  Deu,  que  il  n'atendent 

sens  ses  Armes  lor  enemis. 

Li  jugemens  est  toz  asis 

que  sil  des  boins  sevrei  seront 
104        qui  ces  armes  ne  porteront  : 

ceste  Armàure  vie  do  ne, 

et  li  jugemenz  abandone 

es  enemis  les  desarmeiz. 
108  D'armëure  vuel  estre  armez 

qui  a  l'orne  la  vie  garde  ; 

molt  me  demoret,  molt  me  tarde 

que  je  soie  armeiz  en  teil  guise 
112         com  li  sautiers  la  nos  devise. 

Sil  des  ordres  bien  s'en  devroienf 

armer  qui  ont  sautier  ou  voient. 

Se  toute  ne  la  puez  avoir, 
116         molt  me  doit  doneir  grant  pooir 

la  desierrance  que  j'en  ai  ; 

mon  cuer  en  teil  voie  métrai 

87  B.  et  q.  r.  ;  88  B.  C.  m 'enseignement  et  ma  doctrine; 
91  Ar.  car  mis;  92  Ar.  recorder;  96  Ar.  vuil  ar. ,  B.  doie,  —  2,  C.  manque; 
97  C.  veust  ;  99  B.  —  z;  101  C.  ses  en.;  102  Ar.  iert,  essis,  C.  tout; 
103  Ar.  savrez  ;  106  Ar.  B.  C.  lo,  lou,  le  jugement  ;  107  C.  as  e.  ; 
108  Ar.  B.  C.  de  ces  armes,  B.  mee  vuel  armer;  109  Ar.  B.  que; 
110  Ar.  ml't  ml't  dem.  ;  112  Ar.  l'escripture  le  dev.,  B.  C.  lou,  le  n.  ; 
113  Ar.  se  savroient,  C.  se;  114  Ar.  en  lescrit  lo.  v.,  C.  ou  sentier  les  v.  ; 
115  Ar.  et  se  je  n.,  B.  si;  117  Ar.  li  dessarrance,  jam.,  C.  je  lai; 
118  Ar.  joie 


98  LES  ŒUVRES  DE  GUIOÏ  DE  PROVINS 

que  j'en  arai  une  partie. 
120         En  boin  cuer  et  en  bone  vie 

me  mete  Deus,  et  en  teil  voie, 

ou  il  me  tiegne  et  il  me  voie. 

Qui  bone  voie  tient  s'esploite  ; 
124        or  me  doint  Deus  tenir  la  droite, 

et  tant  faire  que  j'a  lui  vigne 

et  que  ensemble  lui  me  tigne  ! 

Que  j'ai  molt  mon  jevent  usei 
128         et  pou  fait  de  sa  volentei, 

s'en  ai  plorée  mainte  larme  ; 

or  me  cornant  a  lui  sens  terme, 

et  toz  jors  a  lui  me  cornant. 
132  Ces  Armes  que  je  li  demant 

sont  de  vertuz  fors  et  entières  ; 

chauces  i  ait  nobles  et  fieres 

dont  les  mailles  sont  bien  sodées. 
136         Molt  atant  sil  riches  sodées 

qui  bien  les  puet  sor  lui  lassier. 

Mais  ne  sont  de  fer  ne  d'assier 

ains  vallent  muez  asseiz  que  d'or  : 
140         molt  par  i  ait  riche  trasor  ! 

D'une  vertu  sont,  voirement, 

que  Deus  aimme  molt  en  la  gent  : 

li  escrit  de  la  veritei 
144         la  nos  apeille  Chaiteé. 

Ensi  com  l'en  s'arme  defors 

cuevrent  près  de  demi  lou  cors. 

Chauces  bien  faites  por  armer 
148         doient  près  dou  sinteur  fermer  ; 

près  dou  sinteur  doient  venir, 

et  l'orne  garder  et  covrir 

119  C.  aie;  122  Ar.  ou  il  m.  v.  ;  123-4  C.  manquent; 
125  A.  om.  )\  B.  je;  126  Ar.  et  que  sanz  terme  me  retiegne  ;  127  Ar. 
auques  ai  mon  jovant  huse,  C.  car;  128  Ar.  ma;  129  Ar.  si  an  ai  plore  ; 
130  C.  convient;  131  C.  conviant;  132  C.  déviant;  133  Ar.  fors  et  entiers; 
134  chieres  ;  136  Ar.  bones  ;  140  Ar.  tressor  ;  141  Ar.  vertuz  ;  142  B.  C.  je 
aimme;  144  Ar.  las  n.  chasteté,  B.  charitei,  C.  le  non  apelon  chaaté  ; 
145  Ar.  ainsin  ;  146  Ar.  covenroit  près  de  lui  1.  c,  B.  covient  ;  148  C. 
couvient,  ceintur,  Ar.  centur  ;  149  Ar.  les  m. 


L'ARMEURE  DU  CHEVALIER  99 

toz  ses  membres  jusc'a  la  terre, 
152         c'anemis  nou  puisse  conquerre 

ne  par  desoz  envenimeir; 

por  ceu,  les  devons  appelleir 

Chaiteé,  nate,  fine  et  pure, 
156        selonc  la  devine  escriture. 
Encontre  les  temptations 

nos  covendroit  tes  Espérons 

qui  fussent  poignant  et  agu. 
160        D'une  molt  très  belle  vertu 

c'anemis  ne  seit  engignier 

sont  fait.     Mais  mervoille  sont  chier  ! 

Molt  est  riches  sil  qui  les  ait 
164         fors  et  sëurs  ;  ja  ne  fuirait 

desconforteiz  ni  entrepris  : 

molt  doute  peu  ses  enemis. 

Li  Espérons  sont  Patience  ; 
168        si  doit  avoir  molt  grant  fiance 

qui  fermement  les  puet  chaucier, 

c'anemis  nou  seit  enchaucier 

tant  durement  que  ja  l'ateigne. 
172         Pou  lou  prise,  molt  le  desdogne 

li  hom  qui  bien  est  patiens  : 

fors  est  encontre  lui  toz  tens, 

que  ja  ne  se  sejornerait 
176        por  grant  richesce,  se  il  l'ait, 

ne  pavretei  ne  mescheance 

ne  li  ploie  sa  contenance. 

La  force  et  la  vertu  li  done 
180         Patience  qui  l'esperonne, 

por  ceu  apel  par  raison  fine, 

celonc  l'escreture  devine, 

152  B.  non  puet,  C.  que,  nés  puit  ;  153  Ar.  environer,  C.  desour  ;  155  Ar. 
chasteté,  C.  chatee,  Ar.  sainte  f.,  C.  nete  et  f.  ;  157  B.  la  temptation  ; 
158  B.  as  esp.  ;  158  Ar.  tranchant  ;  161  Ar.  seust  ;  162  Ar.  f.  a  mervoilles, 
C.  merveilles  ;  163  Ar.  riches  est  ;  164  Ar.  ne  serai  ;  165  Ar.  C.  ne  entr.  ; 
166  Ar.  les  en;  167  Ar.  cil;  170  Ar.  om.  c',  Ar.  B.  C.  engignier; 
171  Ar.  si  dur.,  la  tigne,  B.  je  lou  tegne  ;  172  Ar.  desdoigne, 
C.  les,  les  desdeigne  ;  173  C.  lest  p.;  174  C.  tout  t.;  175  Ar.  jaii.sol 
jor  nés  ioira  ;  176  Ar.  ont.  se,  B.  que  il  ait,  C.  se  il  a.  ;  177  Ar.  provete  ; 
178  Ar.  conscience;   181  Ar.  om.  ceu,  B.  p.  c.  di  je,  C.   apel  je,  +  r. 


oo  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

Patience  les  Espérons. 

184  Contre  les  anemis  fêlions 

devons  toz  jors  esperonner; 
premièrement  doit  on  armer 
les  chambes  c'on  ne  fait  le  cors; 

188         mais  il  par  est  dou  tôt  estors 

qui  dedens  l'Abert  se  puet  mettre. 
Si  com  nos  tesmoigne  la  leitre 
c'est  des  vertus  la  soveroinne. 

192         Fors  est  de  travail  et  de  poinne 
cil  qui  l'Abert  puet  endouceir; 
nule  chose  ne  puet  douteir  : 
bien  est  armeiz,  bien  est  sëurs, 

196         com  s'il  estoit  toz  clos  de  murs. 
L'Abert  vos  sai  je  bien  nommer, 
c'est  Fois,  que  nos  devons  garder. 
Foi  devons  garder  et  tenir, 

200        et  Fois  nos  redoit  maintenir. 
Fois  est  la  dame  des  vertuz  ; 
cil  ne  puet  estre  confunduz 
qui  aimme  Foi  et  tient  et  garde  : 

204        de  nulle  rien  qui  soit  n'ait  garde. 
Molt  joste  sil  sagurement 
qui  son  haberc  sor  lui  fort  sent, 
plus  que  ne  fait  li  desermeiz. 

208  Ahi  !  com  cil  est  bien  armeiz 
qui  teil  haberc  portet  sor  soi 
qui  tous  est  fais  de  bone  foi. 
Cestu  ne  puet  fausser  nulle  arme  ; 

212         molt  per  est  fous  qui  ne  s'an  arme. 
Fors  et  dures  en  sont  les  mailles  : 
bien  puet  soffrir  toutes  batailles 


183-202  Ar.  manquent;  183  C.  esperonne  ;  187  C.  gembes  ;  189  C.  aubert  ; 
190  C.  le  tesm.  ;  191  B.  les,  s.,  C.  de  ver;  193  C.  endosser;  196  B.  mur, 
C.  ont.  toz;  197  B.  et  l'abert,  +  1  ;  200  C.  re  nos  doit;  201  B.  li  digne; 
204  Ar.  C.  ra  g.  ;  205  Ar.  m.  j.  bien  cil  sûrement,  C.  seurement  ; 
206  Ar  qui  ai  haubert  fort  et  luisant  ;  207  B.  desermer  ;  208  Ar.  est  cil, 
B.  il,  C.  cil  iert  ;  212  B.  C.  manque. 


L'ARMEURE  DU  CHEVALIER  101 

sil  qui  en  teil  haberc  se  met  ; 
216        per  tout  se  trueve  fort  et  net; 

pou  doute  malvaise  parolle, 

et  anveouse  gent  et  folle, 

encuseors,  et  maldisanz. 
220         Les  saiges  clers,  les  bien  disans 

ois  dire  que  tout  puet  soffrir, 

ne  rien  ne  li  doit  avenir 

dont  il  ne  soit  plus  fors  asseiz; 
224        que  la  sainte  deviniteiz, 

qui  me  donet  molt  grant  confort, 

lou  nos  tesmoigne  si  a  fort. 

Cestu  vos  claim  Habert  doblier, 
228         que  doblet  quant  il  est  mestier  ; 

cestu  ne  puet  arme  malmetre  ; 

en  cestu  nos  devons  tut  mettre  ; 

de  cestu  se  doit  hom  armeir — 
232         qui  de  boin  cuer  i  vuet  entreir 

troveir  lou  puet  a  sa  mesure. 
La  sainte  devine  escriture 

qui  l'Aberc  nos  appelle  Foi 
236         nos  devise,  si  con  je  croi, 

quels  est  l'Espée,  et  de  quel  taille. 

C'est  uns  bastons  faiz  por  bataille; 

c'est  uns  bastons  molt  droituriers. 
240         Douteiz  doit  estre,  et  fors  et  fiers, 

sil  qui  sor  lui  porte  l'Espee  : 

c'est  une  arme  molt  redoutée. 

C'est  li  plus  droituriers  bastons; 
244        molt  doit  estre  boins  champions 

li  hom  qui  teile  espee  porte. 

Ceste  n'est  pas  foble  ne  torte, 

216  Ar.  forz,  C.  nest  ;  217  Ar.   paroles;  218  Ar.  enviouses  genz,  foies, 

B.  aneouse,  C.  envenimeuse  ;  219  B.  encuseor,  maldisant;  220  Ar.  lisanz  ; 
221  Ar.  qui,  om.  tout,  B.  sovrir  ;  222  Ar  nule  riens  ne  li  pot  venir; 
224  B.  C.  et  la  s.  ;  226  Ar.  le  tesm.  se  mi  confort;  227  Ar.  claim  je  h., 

C.  cestui  h.  vos  cl.  ;  228  C.  a  mes.  ;  231  Ar.  Ion,  C.  hons  ;  232  C.  cuers  ; 
235  B.  appellent  ;  238  Ar.  nos  devisera  jai  sanz  faille  ;  239  B.  om. 
bastons;  240  C.  sor  touz  doit;  242  C.  fort  red.  ;  243  Ar.  cest  .i-ml't  dr.  ; 
245  Ar.  cel  esp.,  C.  tel;  246  Ar.  floible,  C.  floibe. 


io2  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

mais  droite   et  clere   et  esmolue, 

248  fors  et  trenchans  et  bien  ague. 
Iceste  Espee  ait  non  Droiture — 
molt  avient  bien  a  l'Armëure. 

Qui  bien  la  tient  bien  [puet]  atandre 
252         ses  anemis  :  a  soi  défendre 

force  li  done  et  hardement. 

L'escreture,  qui  pas  ne  ment, 

de  l' Espee  tant  nos  devise 
256        qu'elle  fut  faite  por  justice. 

En  l'Espee  ait  signe  de  crois; 

bien  doit  avoir  sëure  vois 

li  hom  qui  tient  l'Espee  droite; 
260        se  tout  trueve  la  voie  estroite 

ne  se  doit  pas  desconforteir, 

c'anemis  ne  puet  encombreir 

home  qui  moinne  droite  vie. 
264        Sa  parolle  doit  estre  oie, 

et  honorée,  et  traite  avant  ; 

sil  puet  bien  parleir  fièrement 

qui  tient  l'Espee  droituriere; 
268         sàurement  son  droit  requière 

par  tout,  que  bien  faire  lou  puet. 

Li  Sire  dont  Droiture  muet 

lou  doit  maintenir  par  toz  leus — 
272         de  ceu  ne  soit  nuz  hom  doteus — 

par  tous  leus  lou  doit  maintenir. 

Telle  Espee  fait  boin  tenir; 

molt  la  doutet  nostre  anemi. 
276         Et  ceu  savons  nos  bien  de  fi 

qu 'espee  fu  faite  premiers 

por  droit  maintenir;  droituriers 

doit  estre  sil  qui  tient  l'espee  ; 
280        por  ceu  la  nos  ai  apellee 

249  C.  ara  dr.  ;  250  Ar.  savient  m.  b.  ;  251  B.  —  1  ;  252  Ar.  et  lui, 
C.  et  soi  ;  256  Ar.  C.  par  ;  260  Ar.  si,  C.  treuve  tost  ;  262  Ar.  nu, 
B.  nou  ;  264  B.  C.  ma  parole  ;  266  Ar.  C.  om.  bien,  seurement  ; 
270  Ar.  C.  sires;  271  C.  la  d.,  tout  1.,  Ar.  maint,  quanquil  puet; 
272  Ar.  et  de  ce  ne  doit  iai  nus  duel,  C.  de  coi,  deceus  ;  273  C.  la  d.  ; 
274  Ar.  C.  tel;  277  B.  qui  esp.,  om.  f  u  ;  278  Ar.  por  maintenir  toz 
droituriers  ;  280  C.  om.  ait,  Ar.  ai. 


L'ARMEURE  DU  CHEVALIER  103 

Droiture.     Qui  Droiture  tient 

nulle  chose  for  Deu  ne  crient, 

nule  chose  for  Deu  ne  doute. 
284  L'  Armëure  n'ai  je  pas  toute 

devisee,  qu'asseiz  en  faut. 

Li  fellon  cop  viennent  de  haut  : 

plus  sont  doutei  que  sil  de  jus  ; 
288        or  nos  covient  mettre  a  desuz 

teil  chose  qui  nos  gart  lou  chief, 

c'autrement  nos  seroit  molt  grief 

de  combatre  a  l'anemi  ; 
292         se  nos  n'avons  lou  chief  garni 

tost  nos  ferroit  a  descovert. 

Un  Hiaume  fort,  cler  et  apert, 

avons  a  boin  merchié  trovei  ; 
296        bien  lou  nos  ait  fait  aduré 

nostre  maistre,  qui  cler  i  voit. 

Et  sil  Haumes  douter  ne  doit 

orguel,  ne  persécution, 
300        anemi,  ne  temptation. 

Sil  Hiaumes  est  d'Umilitei 

toz  fais.     Selonc  divinitei 

c'est  une  vertu  qui  molt  vaut  ; 
304        iceste  doit  om  mettre  en  haut. 

Tous  jors  doit  monter  sil  qui  l'ait — 

nostre  sire  bien  lou  mostrait, 

qui  montait  par  humilitei 
308         en  sa  divine  poëstei. 

Humiles  fut  bien  entre  nos; 

Humilitei  nos  ait  rescous 

des  mains  aus  morteus  enemis. 
312         Molt  nos  fut  Deus  verais  amis 

qui  se  livrait  por  nos  a  mort  : 

il  nos  savait  de  nostre  tort  : 


286  Ar.  col  ;  288  Ar.  C.  om.  a.  ;  290-565  C.  manquent  ;  291  Ar.  a  comb.. 
nos  henemis  ;  292  B.  nos  l'avons;  296  B.  aovrer  ;  297  Ar.  maistres,  bien 
i  v.  ;  298  Ar.  icist  h.  ;  301  Ar.  cist  h.  ;  304  Ar.  cestu  doit  l'on  mostrer  e.  h.  ; 
305  B.  om.  V  ;  306  Ar.  sires  ;  307  Ar.  quil  m.  ;  309-10  Ar.  manquent  ; 
311  B.  montez  en.  ;  312  B.  om.  nos,  —  /  ;  314  Ar.  sauva. 


104  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

lors  nos  mist  en  la  droite  voie. 
316        Humilitei  rescost  la  proie; 

Humilitei  nos  délivrait 

de  la  mort  qui  toz  jors  dur  rai  t. 

De  l'Eaume  sont  signor  et  mestre 
320        en  cui  Humilitei  puet  estre  : 

Hiaume  ont  eslit  et  fort  et  cler. 

Mais  qui  bien  vuet  un  home  ermer 

Escu  li  covient  par  raison. 
324         Molt  illuminent  li  blason 

armes,  et  donewt  conoissance. 

Escu  nos  traite  par  semblance 

Sains  Pois  d'une  vertu  si  fine 
328         que  la  clartei  tout  illumine 

l'Armëure.     Icest  Escuz 

serait  ici  très  chiers  vëuz  : 

tuit  sil  qui  bien  avront  ovré 
332         seront  de  lu  illuminei. 

Nés  li  forfait  molt  s'i  atenvent  ; 

et  tuit  sil  qui  raison  entendent 

ont  espérance  en  la  vertu 
336        dont  Sains  Pois  nos  trait  ait  l'Escu. 

Ja  sens  escu  ne  iert  sëurs 

chevaliers,  tant  soit  fors  ne  durs  : 

li  escuz  doit  soffrir  les  cols. 
340         Molt  est  sil  orguillous  et  fols 

qui  les  grans  cols  morteiz  ne  dote. 

Je  ne  di  pas  que  ja  soit  route 

ceste  Armâure  por  nul  col, 
344         mais  li  Escuz  doit  pendre  a  col, 

por  atendre,  et  por  retenir 

ce  que  li  cors  ne  puet  soffrir. 


315  Ar.  a  la,  B.  sa  ;  316  B.  reçoit  ;  319  Ar.  dou  aimme  ;  320  Ar.  naistre  ; 
321  Ar.  h.  avons  et  f.  et  c.  ;  322  Ar.  vot  bien;  324  Ar.  enlumine 
lo  baron;  325  Ar.  es  armes  done  conissance  ;  327  B.  om.  si,  —  1  ; 
328  Ar.  clartez,  enlumine  ;  330  Ar.  serai  si  treschier  venduz  ; 
332  Ar.  enluminez  ;  333  Ar.  nois,  Ar.  B.  atendent  ;  335  Ar.  une  esparance 
est  la  vertuz  ;  336  Ar.  traite  l'escuz  ;  337  Ar.  niert  bien  s.  ;  340  Ar.  li  hons 
est  tenuz  ml't  por  fox  ;  343  Ar.  celé  arm.  ;  344  Ar.  au  col  ;  345  Ar.  ont.  et. 


L'ARMEURE  DU  CHEVALIER  105 

Li  apostres  nos  ait  trovei 
348         Escu  bien  fait,  et  bien  ovrei, 

ce  nos  mostre  raisons  et  drois 

qu'il  est  asëurs  et  adroiz. 

Les  Armes  enlumine  mont  : 
352         il  n'ait  si  biaul  escu  ou  mont; 

fors  est,  nuz  ne  lou  puet  percier. 

Ensi  l'oi  Saint  Pol  tesmoignier, 

très  est  de  vertu  entérine  : 
356         selonc  l'escriture  devine, 

en  cest  Escu  n'ait  fust  ne  fer. 

De  l'orde  fumée  d'infer 

nos  doit  escremir  et  deffendre. 
360         Bien  puet  ses  enemis  atendre 

qui  ait  en  lui  ceste  vertu — 

ne  puet  avoir  si  fort  escu. 

Sainz  Pois  nos  ait  l'Escu  traitié, 
364        et  porvëu,  et  enseignié 

si  fort,  qu'il  n'ait  mie  doutance 

de  dens  et  de  glaive  et  de  lance  ; 

l'arme  defent  et  assâure 
368        et  la  vie  qui  toz  jors  dure. 

C'est  Pitiez,  la  digne,  la  sainte, 

qui  mainte  malice  ait  estainte  : 

sil  ait  fort  escu  joint  au  cors 
372         qui  pis  est  et  misericors  ; 

por  coi  ?  que  Deus  li  est  escus. 
Molt  per  est  fors  ceste  vertus  ; 

se  Pitiez  et  Mercis  n'estoit, 
376         por  Dieu  !  li  siècles  que  feroit  ? 

Pitiez  brisait  d'infer  les  portes 

ou  les  armes  estoient  mortes 


350  Ar.  qui  est,  B.  aseur,  adroit;  351  Ar.  ml't  ;  352  B.  se 
biaul;  353-4  Ar.  manquent;  354  B.  ensi  loti[?J;  355  B.  om.  de, 
vertuz  ;  361  Ar.  ou  lui  ;  362  Ar.  don  sainz  pos  traita  lescu  ; 
363-368  Ar.  manquent  ;  369  Avant  ce  vers  Ar.  donne  ces  deux  vers  : 
ceste  vertu  vuil  je  nommer  molt  la  doit  Ion  bien  recorder  ;  369  B.  et  d. 
et  s.;  370  B.  maint;  371  Ar.  ml't  ai;  372  Ar.  q.  pidoas.  +  z;  375-6 
manquent  Ar. 


io6  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

se  Merci  et  Pitieiz  ne  fust  : 
380        por  ceu  di  que  n'ait  fer  ne  fust 

en  cest  Escu,  et  s'est  molt  fors. 

Pitiez  est  li  plus  grans  confors 

que  nos  atendins  a  la  fin  ; 
384        or  redïent  li  bon  devin 

que  ja  pitié  ne  troverait 

sil  qui  pitié  en  son  cuer  n'ait  : 

ne  puet  estre  frans  ne  gentis 
388        s'il  n'est  misericors  et  pis. 

A  Pitié,  a  Miséricorde, 

PArmàure  forment  s'acorde  : 

sens  Pitié  ne  puet  estre  entière. 
392         Molt  a  ceste  Armâure  chiere 

li  sire  de  eu  elle  muet 

et  qui  toute  doneir  la  puet 

a  ceaus  qui  en  lui  ont  créance, 
396        qui  ont  fine  et  bone  science. 

Qui  de  ces  armes  ait  envie 

avoir  en  doit  une  partie. 

Deus  mete  en  nous  ceste  vertu 
400        dont  Sainz  Pois  nos  ait  trait  l'Escu. 

mais  une  Lance  nos  covient, 

c'est  uns  bastons  qui  molt  avient 

es  Armes,  et  forment  i  ciet. 
404        Sil  ne  baise,  sil  ne  deschiet 

en  cui  Deus  ait  le  vertu  mise 

ou  sainz  Pois  ait  la  Lance  prise. 

Sainz  Pois  ait  la  Lance  trovee 
408         fort  et  droite,  si  esprovee 

qu'elle  ne  faut  n'elle  ne  tort  : 

sil  qui  ne  conoisseni  lor  tort 

en  avroient  molt  grant  mestier. 
412         Bien  doit  on  teil  Lance  prisier 

380  Ar.  dis  ni  ai  f.  ;  381  B.  cest  m.  ;  383  Ar.  en  1.  f.  ; 
386  Ar.  en  soi  ne  ai  ;  387  B.  —  ;  ;  388  Ar.  se  nest  ;  389  Ar.  B.  e  pit.  e.  m.  ; 
390  Ar.  a  l'arm.  +  /;  392  Ar.  ml't  est,  B.  m.  a.;  395  Ar.  a  ces; 
396  Ar.  fine  amor  et  b.  s.  ;  397-8  Ar.  manquent;  397  B.  des  armes,  —  /  ; 
407  Ar.  nos  ai  lance  ;  408  Ar.  f.  e.  dure  ;  409  Ar.  0m.  n'. 


I 


L'ARMEURE  DU  CHEVALIER  107 

qui  ne  ploie  ne  qui  ne  brise. 

De  la  vertu  qui  plus  desprise 

orguel  et  outraige  est  la  Lance. 
416        Sil  ne  verse,  sil  ne  balance 

qui  ceste  vertu  puet  avoir  ; 

je  le  vos  fais  a  toz  savoir, 

bien  puet  et  soffrir  et  dureir 
420        et  bien  entendre  et  andurer. 

[Ceste  Lance  est  de  vertu 

qui  ait  mon  orguel  abatu  ;] 

c'est  la  vertu  c'ait  non  Mesure. 
424        Sil  vit,  et  croist,  et  monte,  et  dure 

qui  ceste  vertu  ait  en  lui. 

De  ceste  Lance  certains  sui 

qu'elle  est  contre  orguel  aguillons. 
428         Lance,  ce  est  douteiz  bâtons; 

aguillons  est  encontre  orgoel 

ceste  Lance,  por  ce  la  vuel 

torneir  contre  nos  anemis. 
432         Boin  baston  nos  ait  Sainz  Pois  pris  : 

nulle  vertu  n'est  plus  veraie; 

li  sire  vuelle  que  je  l'aie 

de  cui  elle  descent  et  muet. 
436         Sens  Mesure  nuz  hom  ne  puet, 

c'est  voirs,  nulle  oevre  maintenir 

qui  a  grant  bien  puisse  venir. 

De  la  lance  fait  on  compas, 
440        on  en  mesure  haut  et  bas  ; 

en  la  rigle  trueve  om  mesure  : 

on  en  rigle,  on  en  mesure 

les  terres  et  mainte  riche  oevre. 
444         Mesure  mostre  molt  et  oevre 

416  B.  si  ne  bal.  ;  417  B.  vertu  averont  ;  418  B.  tuit  cil  qui  ceste 
vertu  ont  ;  419  Ar.  b.  p.  s.  et  endurer  ;  420  Ar.  toz  les  cous  c'on  li 
puet  doner  ;  421-2  Ar.  manquent;  423  Ar.  quex  est  la  lance  cest  mesure; 
424  Ar.  cil  v.  et  monte  et  trait  e.  d.  ;  425  Ar.  vertu  ai  esleue  ;  426  Ar. 
intercale  et  qui  ou  soi  lai  retenue  ;  426  Ar.  de  ceste  vertu  certains  sui  ; 
427  Ar.  intercale  certainement  dire  le  puis  ;  428  Ar.  cest  ml't  ;  429  Ar. 
contre  ;  430  B.  lou  v.  ;  431  B.  tomei  ;  432  Ar.  quis  ;  434  Ar.  1.  s.  lo  vuet  ; 
437  Ar.  nulle  oevre  cest  voirs  m.  ;  439-40  Ar.  manquent  ;  441  Ar.  de  la 
lance  fait  Ion  mes  ;  443  Ar.  maint  baie  o.  ;  444  Ar.  ml't  aovre. 


108  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

maint  bel  art  et  maint  bel  engig  ; 

en  Mesure  n'ait  point  de  fin  : 

tant  par  est  et  fine  et  entière 
448         toz  jors  durrai,  tous  jorz  iert  chiere. 
Molt  enlumine  l'Armàure  ; 

iceste  Lance  et  asâure  ; 

tuit  la  devons  près  de  nos  joindre 
452         por  bien  aguilloneir  et  poindre 

nos  anemis  qui  nos  debotent. 

Molt  l'aïssent  et  molt  la  doutent, 

mais  Deus  la  garde,  Deus  la  tient, 
456         nulle  vertu  plus  ne  maintient. 

Devant  ses  euls  serait  Mesure 

al  grant  jor,  qui  pas  n'asegure 

ceaus  qui  contre  Mesure  vont. 
460        A  icel  jor  jugié  seront 

li  faus  et  li  demesurei  ; 

de  ceu  soient  tuit  apensé 

cil  qui  oient  ceste  Armàure, 
464        dont  la  Lance  trait  de  Mesure 

li  apostres  qui  tant  fut  clers. 

Que  ont,  per  tous  ses  dis  nompers, 

Saint  Pol  en  une  auctoritei  ; 
468         que  tuit  li  autre  sont  nomei 

en  lor  parolles,  en  lor  dis, 

mais  Sainz  Pois  est  comme  rabis 

de  bien  dire  ;  quant  on  recorde 
472         les  escris,  ou  Deus  molt  s'acorde, 

Saint  Pol  n'i  oi  gaires  nommeir  : 

quant  j'oi  de  l'Apostre  parleir, 

lors  sai  je  bien  que  c'est  Sainz  Pois 
476        qui  les  boins  cuers  met  en  repols. 

445  Ar.  engin  ;  448  Ar.  tôt  tans  d.  tôt  tans  iert  ch.,  B.  tous  est  chiere,  —  1  ; 
450  Ar.  escure  ;  453  B.  nos  an.  arrier  de  boute  ;  454  B.  m.  laidement  et 
m.  1.  boute  ;  455  Ar.  garde  et  dex  1.  t.  ;  456  B.  vertus  ;  457  B. 
dev.  cest  jor  ;  Ar.  eaz  ;  458  Ar.  a  gr.  ioie  qui  pas  na  se  hure,  4- 1  ; 
460  Ar.  en  icel  j.  ;  462  B.  soiez  ;  463  Ar.  dient  c.  mesure  ;  464  Ar.  a 
mesure  ;  466  Ar.  qui  fu  ;  467  Ar.  B.  sains  pois,  Ar.  de  une  a.  ; 
468  Ar.  ou  tuit  ;  469  B.  parolle  et  en  lor  dit  ;  470  Ar.  rubiz  ;  473  B.  s.  pois 
ni  ot.  nommei  ;  474  Ar.  q.  de  lap.  oi  p.  ;  475  Ar.  peus  ;  476  Ar.  mat  en 
repous. 


L'ARMEURE  DU  CHEVALIER  109 

Li  suen  bon  mot,  li  suen  boin  dit 

donet  as  entendans  délit. 

Molt  adouce  les  grans  paors, 
480        molt  conforte  les  pecheors  : 

maint  pecheor  mal  esperei 

fussent,  ce  cuit,  desesperei 

se  ne  fust  ses  [granz]  sens  agus. 
484         Tant  fut  clers,  tant  fut  agus 

que  sui  dit  sont  illuminei 

sor  les  autres  et  coronei. 

Ses  Armes  que  j'ai  ci  escrites 
488        sont  des  vertus  toutes  aslites; 

mais  une  vertu  me  conforte 

qui  trestoutes  ses  Armes  porte. 

Les  homes,  les  Armes  sostient  ; 
492         molt  est  bone,  molt  i  avient — 

la  Sainte  escriture  et  la  voire 

nos  fait  certainement  a  croire 

que  c'est  des  vertuz  la  plus  chiere 
496        et  sor  toutes  autres  lumière. 

Es  Armes  done  molt  grant  force  : 

tout  autreci  comme  l'acorse 

tient  l'arbre  sain  et  en  verdure 
500        tient  ceste  toute  l'Armàure 

en  sa  force  et  en  sa  vertu. 

Quant  li  hom  cuide  avoir  perdu 

son  cors,  et  il  cuide  estre  mors 
504        ceste  est  si  fine  et  si  fors 

que  de  la  mort  lou  gete  et  trait 

et  la  bone  fin  li  atrait. 

Iceste  vertuz  porte  fruit 
508        que  l'aimme  et  l'omme  a  Deu  conduit. 

477  Ar.  sien,  sien  ;  478  Ar.  es  ent.  ;  480  Ar.  et  conf.  ;  481  Ar. 
espaonte;  482  Ar.  desconforte;  483  B.  ce  ne  f.  otn.  granz,  — 1  ;  484  Ar.  H 
pluisor  an  fuissent  perduz,  B.  t.  f.  aveus  ;  485  Ar.  H,  sien  dit  ;  487-8  Ar. 
manquent  ;  490  Ar.  B.  que  ;  Ar.  les  ar.  ;  491-2  Ar.  manquent  ;  491  B.  et  les 
ar,  +  j  ;  493  Ar.  om.  et  ;  497  Ar.  done  grant  conforte  ;  498  Ar.  lescorce  ; 
504  Ar.  et  tant  fors  ;  506  Ar.  revenir  a  deu  lo  fait  ;  507-516  Ar.  manquent. 


no  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

Iceste  tient  sa  droite  voie, 

que  nulle  part  ne  pent,  ne  ploie  ; 

ceste  délivre  home  encombré, 
512         ceste  lou  moinne  a  savetei. 

Iceste  porte  l'orne  a  guie, 

et  croist  et  esloigne  sa  vie. 

Nulle  ne  puet  teil  faix  porter; 
516        vertu  ne  puet  on  tant  loer  : 

por  coi  ?  c'est  celle  qui  tout  porte. 

Sanz  li,  si  com  raisons  aporte, 

ne  puet  estre  nostre  Armâure 
520        fors  ne  entière  ne  sàure. 

Ja  sens  Chival  n'iert  honoreiz 

nuz  prodons,  tant  soit  bien  armeiz. 

S'il  vient  entre  ses  anemis 
524         sor  teil  Chival  doit  estre  assis, 

qui  soit  fors  et  saurs,  et  teix 

que  de  ses  anemis  morteiz 

lou  puisset  traire  sens  péril. 
528         Assez  est  plus  honorez  cil 

qu'est  a  cheval  que  cil  a  pié, 

por  c'ai  Chival  sainz  Pois  traitié 

a  celui  qui  mestier  en  ait. 
532         Qui  Charitei  en  son  cuer  ait 

n'est  pas  a  pié,  elle  lou  porte. 

Nulle  vertu  si  ne  conforte, 

ne  si  n'aface  lou  pechié. 
536         Molt  descombre  home  chargié 

et  relieve  les  abatus, 

et  les  navreiz  et  les  férus 

garit  et  saine  de  lor  plaies. 
540        Sor  toutes  les  vertuz  veraies 

511  B.  cest;  516  Ar.  doit  ont;  517  Ar.  tant  porte;  518  Ar. 
raison,  B.  et  que  trestoz  bien  nos  enorte;  520  Ar  entiers; 
521  B.  chivals;  523  Ar.  les  enemis;  525  B.  quil  soit;  526  B.  qui; 
527  B.  lor  puisset  eschaper  de  mort;  528  B.  Plus  se  trueve  honorei 
et  fort;  529  B.  a  grant  besoig  que  sil  a  pie;  530  Ar.  om.  ai  (habet)  s.  p. 
cheval  tr.  ;  531  Ar.  ai  a  cel.  q.  point  nan  a.;  533  Ar.  quale  lo  porte; 
534  Ar.  ne  nesfacit  si  1.  p.  ;  536  Ar.  m.  descharge,  B.  et  descom. 


L'ARMEURE  DU  CHEVALIER  m 

est  Charitei  la  coronee  ; 

c'est  voirs,  Deus  l'ait  si  honorée, 

qu'elle  est  en  lu  et  Deus  en  li  ; 
544        et  por  ce  sai  et  por  ce  di 

que  la  ou  Chariteiz  se  met 

qu'elle  fait  molt  lou  vasiau  net. 

Tout  voint,  tout  pesse  Chariteiz. 
548         Molt  doit  estre  sil  conforteiz 

qui  l'ait  en  soi,  que  Deus  i  est  ; 

et  saichiez  que  boin  sont  li  taist 

dou  vasiaul  ou  Chariteiz  entre— 
552         ja  en  faus  cuer  ne  en  faus  ventre 

n'anterait  nul  jor  Chariteiz. 

N'est  pas  a  pié,  bien  est  monteiz 

qui  en  son  cuer  Charitei  ait, 
556        que  Charitei  si  tresdroit  vait 

qu'elle  ne  ploie  ne  ne  tort. 

Et  sacheis  que  sil  vit  a  tort 

qui  ce  ne  croit;  n'il  ne  voit  goûte 
560        qui  ceste  parolle  ne  doute. 

Chariteiz  les  péchiez  estaint 

et  la  veraie  fin  ataint; 

bien  porte  celu  et  sostient 
564        cui  elle  s'arme  garde  et  tient. 
A  bone  fin,  et  a  droit  port 

vuellet  Deus  que  Chariteiz  port 

ceaus  qui  ceste  Armàure  oront, 
568        et  qui  de  boin  cuer  l'entendront. 

Car  des  bons  dis  li  bien  descendent 

es  cuers  de  ceaus  qui  les  entendent; 

por  coi  ?  par  foi  !  que  li  boin  dit 
572         viennent  tuit  dou  Saint  Esperit, 

et  li  biau  mot,  qui  que  les  die. 

L'escriture  qui  ne  ment  mie 

543  Ar.  est  en  soi  ;  544  B.  Et  por  ce  pri  ;  546  Ar.  om.  qu'  ;  547  Al.  et 
passe;  549  A.  en  lui;  550  Ar.  test;  554  Ar.  ml't  doit  estre  cil  confortez; 
556  Ar.  car  ch.  ;  557  Ar.  qUe  nulle  part  ne  point  ne  tort  ;  559  Ar.  om.  n'  ; 
560  Ar.  redoute,  om.  ne;  561-570  Ar.  manquent;  564  C.  reprend; 
569  B.  des  biens  dis. 


ii2  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

puet  estre  el  malvais  parchamin, 
576        que  sont  maint  clerc  et  maint  devin 

qui  ne  font  rien  de  ceu  qu'il  dïent. 

Lou  bien  desploient  et  deslïent, 

molt  lou  mostrent  et  dïent  bel  ; 
580         mais  quel  que  soient  li  vasel, 

les  parolles  dedens  sont  saintes. 

D'ordes  serpillières  destaintes 

trait  on  drap  de  bone  color. 
584         Li  solous,  qui  rent  la  chalor, 

en  un  vil  leu  lut  bien  et  raie, 

por  ce,  n'est  mie  moins  veraie 

ne  sa  chalor  ne  sa  bonteiz. 
588  La  certainne  deviniteiz 

nos  ait  ceste  Armàure  ovree 

que  je  vos  ai  ci  devisee. 

Sachiez  que  sil  en  bon  point  sont 
592         qui  desirier  et  talant  ont 

de  ces  saintes  Armes  avoir. 

En  boin  désir,  en  boin  voloir 

norrist  li  biens,  et  la  bone  oevre 
596        dont  Deus  son  cuer  et  ses  oeus  oevre. 

[Or  ait  Deus  pidié  de  nos  armes, 

et  si  nos  doingt  toutes  ses  Armes  ! 

Dites  '  Amen  !  que  Deus  lo  face  '  ! 
[600]  4  La  douce  Virge  per  sa  grâce 

nos  doint  tele  Armëure  tenir, 

que  nous  puissons  trestuit  venir 

a  la  grant  cort  de  paradis  ; 
[604]  8  et  nos  gart  de  nos  henemis 

tant  que  nous  sûmes  en  cest  monde  ; 

et  nos  gart  de  la  mort  seconde  ! 

575  Ar.  en  m.  c.  et  m.  ;  576  Ar.  B.  C.  qui  s.  ;  577  Ar.  de  quanquil 
dient  ;  579  B.  molt  lor  mos.  ;  583  Ar  de  bêle  col.,  B.  tient  on  trop  de  b.  ; 
585  Ar.  leu  descent  et  r.  ;  587  Ar.  clartez,  C.  biautez;  588  Ar.  li  cert, 
T.  saintime;  590  C.  je  vos  a  ci.;  591  Ar  en  pris  sont,  —  /,  T.  sont  en 
b.  p.  ;  592  Ar  ne  talant;  T.  talent  on;  593  C.  hautes  arm.,  T.  porter; 
594  T.  et  désir  del  bien  enorter  ;  595  T.  si  en  orist  toute  bone  oevre  ; 
596  Ar.  Ses  eaz  et  son  cuer.  Fin  de  B.  C.  T.  ;  Ar.  ajoute  16  vers;  v. 
introd.,  />.  xi. 


L'ARMËURE  DU  CHEVALIER  113 

La  mort  que  je  vos  ai  nommée, 
[608]  1 2  que  mort  seconde  est  apelee, 

ce  est  d'infer  la  grant  dolor. 

Or  deprions  lo  Creator, 

et  la  douce  Virge  Marie 
[612]  16  que  nos  moint  en  sa  compaignie  !] 


NOTES. 


I.   CHANSONS. 

I. 

27—29.  M.  Baudler  imprime,  telle  quelle,  la  leçon  de  U. 
Cependant  celle  de  C.  est  bien  supérieure  et  convient  mieux  au 
contexte  :  "on  continue  souvent  de  jouer  en  risquant,  avec 
l'espoir  de  rattraper  ses  pertes." 

35.  EU,  c.à  d.  amors. 

34 — 40.  Je  comprends  ainsi  :  "  L'Amour  me  fait  trembler,  moi 
qui  suis  un  amant  loyal  ;  car  en  toute  chose  j 'ai  agi  selon 
'  droiture.'  J'aurais  préféré  avoir  à  montrer  des  fautes;  j'eusse 
été  ainsi  exempt  de  peines." 

II. 

J'ai  imprimé  les  strophes  dans  l'ordfe  que  nous  donne  le 
ms.  C.     C'est  également  l'ordre  qu'a  adopté  M.  Baudler. 

26,  27.  Ces  deux  vers  sont  évidemment  corrompus.  Bartsch 
et  M.  Baudler  ont  proposé  des  émendations  que  je  n'ai  pas  cru 
bon  d'adopter. 

33.  Por  ceu  de  C.  ("  malgré  cela  ",  cf.  Ch.  iii,  5)  est  mieux, 
comme  sens,  que  par  ceu  de  U.  qu'imprime  M.B. 

III. 

On  pourrait  risquer  l'hypothèse,  en  se  fondant  sur  les  deux 
premières  strophes,  que  cette  chanson  a  été  composée  en  Terre- 
Sainte. 

23,  24.  Ces  vers  sont  peu  satisfaisants.  La  leçon  de  C. 
semble  indiquer  que  le  texte  est  ici  corrompu. 

V. 

24.  M.  Baudler  lit  :  a  gent  qui  soit  nen  a  nul  altre  don,  ce  qui 
n'est  guère  satisfaisant. 

114 


NOTES  115 

II  BIBLE. 

7.  1ère,  c.à  d.  iert,  confusion  fréquente. 

8.  Pour  les  cas  d'hiatus,  v.  introd.  p.  xlvii. 

9.  Losangier ,  B.,  simple  faute  de  lecture  due,  sans  doute,  au 
v-  5- 

14.  Raison  rendre  signifie  :  "  rendre  a  chacun  son  dû,  rendre 
justice  "  cf.  Livre  des  Manières  v.  77. 

A  chascun  deit  rendre  raison 
et  dreit  tenir  sanz  acheison; 
cf.  aussi  v.  295  du  même  poème. 

16.  Se  mirer  arrive,  par  un  passage  de  sens  tout  naturel,  à 
signifier  simplement  "  trouver  un  enseignement  "  dans  qqch. 
cf.  v.  549. 

39.  "  C'est  par  bêtise  qu'il  veut  qu'il  soit  question  de  lui." 

40,  41.  Cf.  Li  proverbe  au  vilain  xxx,  éd.  Tobler  :  ades 
brait  la  pire  ruée  dou  char. 

54.  Pour  cet  emploi  de  l'indicatif,  qui  a  un  peu  dérouté  B., 
cf.  le  v.  171. 

55,  56.  Pour  la  rime  v.  introd.  p.  xlii.  Appelloient  :  "  on  les 
appelait." 

60.  Au  moyen  âge,  on  attribuait  l'invention  du  nom  de 
"  philosophe  "  à  Pythagore;  v.  Jean  de  Salisbury,  Polycraticus 
VII,  iv.  V.  aussi  Leroux  de  Lincy,  Livre  des  prov.  fr.  pp.  xvi 
ss.,  où  l'on  trouvera  une  liste  de  noms  de  "  philosophes,"  tirée 
de  Guillaume  de  Tignonville,  bon  nombre  desquels  ne  sont  pas 
plus  connus  que  Cliges  et  Ostes  de  notre  texte. 

71.  Aujourd'hui  St.  Trophime  :  Trôphimus> Trophe,  comme 
Chnstôphorus>Christophe. 

73.  Generaus  nons  paraît  être  un  latinisme  :  nomen  générale. 
Toutefois  la  confusion  entre  général  et  généreux  a  été  faite  au 
moyen  âge  ;  v.  les  exx.  de  Godefroy,  s.v.  General. 

77.  Schulz,  s'étonnant  de  voir  figurer  Cléon  parmi  les  philo- 
sophes, se  demande  s'il  ne  faut  pas  lire  Caton.  Peut  être;  mais 
il  ne  faut  pas  chercher  trop  de  précision  dans  ces  souvenirs 
d'école.  D'autre  part,  il  y  a  bien  un  poète  grec  qui  s'appelle 
Cléon.  Il  est  mentionné  par  les  scholiastes  d'Apollonius  de 
Rhodes  comme  étant  l'auteur  d'un  poème  sur  les  Argonautes. 


n6  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

82.  Cliges  [?].  On  trouve  un  Clichon  parmi  les  quatre 
maîtres  du  jeune  Alexandre.  V.  P.  Meyer,  Alexandre  le 
Grand,  etc.,  I,  p.  122. 

88  et  suiv.  .  Peut-être  une  allusion  à  la  mort  de  Socrate  ou 
de  Boèce. 

89.  Oirs  :   pour  la  graphie,  v.     Introd.  p.   li. 

98.  Pour  la  leçon  de  B.,  v.     Introd.  p.  liii. 

113.  Avuglées  :  ce  mot  signifie-t-il  "  trahies  trompées," 
comme  dans  les  exemples  du  Lai  du  Conseil  et  du  Prestre  qui 
abevete  cités  par  Godefroy?  Ou  bien  "  privés  des  '  lumières  '  " 
dont  parle  le  poète  au  v.  384? 

115.  Cf.  vv.  263  et  ss.     Le  sujet  de  plorent  est  belles  maisons. 

132.  Dans  la  formule  :  Si  Deus  m'ait,  les  mss.  donnent  tantôt 
la  forme  tonique  si,  tantôt  la  forme  atone  se,  qui  se  confond  avec 
se<si. 

139.  Ce  vers,  dans  les  deux  mss.,  me  paraît  receler  une  faute 
commune.  Il  est  sans  attache  avec  ce  qui  précède  également 
dans  A.  et  dans  B.  A  modifie  le  vers  137  pour  exprimer  avec  les 
deux  vv.  137,  138  une  pensée  générale,  mais  il  laisse  139  dans 
son  isolement.     La  correction  est  facile. 

147  ss.  M.  Ch.  Langlois,  La  vie  en  France.  .  .,  pp.  25  et 
42,  voit  ici  une  allusion  au  thème  souvent  traité  des  complai- 
sances coupables  de  femmes  nobles  envers  les  jeunes  gens  le  leur 
"  maisniée."  Cela  est  très  possible,  mais  on  ne  voit  guère 
comment  Guiot  a  pu  faire  pareille  allusion  "  sauves  lor 
honors  "  ! 

157.  Loz  :  lisez  los  "  réputation,  gloire."  Etre  au  desoz  a 
comme  pendant  être  au  dessus;  on  n'y  sent  déjà  plus  l'image; 
témoin  ce  passage,  et,  pour  être  au  desstis,  les  Chansons  d'Adam 
de  la  Halle,  éd.  Berger,  ch.  X  str.  2,  et  XI  str.  3. 

160.  Pour  la  construction  cf.  vv.  2124,  25. 

171.  Fu  :  pour  l'indicatif  cf.  v.  54.  Pour  la  graphie  ui  —  u  v. 
Introd.  p.  li. 

174.  Estapes  et  crevices  :  "  des  soliveaux  et  des  écrevisses  "; 
une  allusion,  à  ce  qu'il  semble,  à  une  version  de  la  fable  des 
Grenouilles  qui  demandent  un  roi  où  une  écrevisse  aurait 
joué  le  rôle  du  "  hydrus  "  de  Phèdre.  Je  ne  trouve  pas  de 
version  semblable  dans  les  fabulistes  latins  du  moyen  âge  que 
j'ai  consultés.  Les  "  hydrus,"  les  *'  magnus  serpens,"  les 
"  coluber  "  abondent  :  d'écrevisses — point.  Dans  Hervieu,  Fab. 
lat.  II,  p.  389  c'est  une  cigogne,  et  p.  312,  un  brochet  (lucius)  ; 


NOTES  117 

de  sorte  que  l'écrevisse,  a  priori,  n'est  pas  impossible,  car  notre 
fable  a  subi  bien  d'autres  modifications  :  tantôt  ce  sont  des 
fourmis  qui  sont  mangées  par  des  serpents  (Herv.  iv,  pp.  177, 
334),  tantôt  des  poussins  par  un  milan  (ib.  p.  178).  En  ce  qui 
concerne  PÉcrevisse,  son  rôle  dans  le  monde  des  fables  n'est  ni 
grand  ni  très  honorable.  Elle  paraît  une  fois  dans  les  fables  de 
Jean  de  Capoue,  où  elle  donne  à  l'Oiseau  un  conseil  pour  faire 
tuer  son  vieil  ennemi  le  Serpent.  L'Oiseau  obéit  ;  le  Serpent 
est  dévoré — l'Oiseau  aussi;  (Herv.  iv,  6.  490). 

Je  ne  sais  que  faire  de  la  variante  de  B.  La  leçon  des,  c.à  d. 
avec  l'article,  qui  se  trouve  dans  les  deux  mss.,  confirme 
l'hypothèse  d'une  fable  connue.  La  correction,  "  [cari 
d'estoupes  et  d'autres  rinces  "  proposée  par  M.  Ch.  Langlois, 
La  Vie  en  Fr.  pp.  43,  44,  ne  me  paraît  pas  heureuse  ;  v.  plus  bas. 
Pour  l'assonance  v.  Introd.  p.  xliii. 

175.  A.  relie  ce  vers  au  suivant.  Mais  le  sujet  de  jont  est 
indéfini  :  "  ils  font,"  presque  "  on  fait,"  sens  très  admissible 
en  v.fr;  cf.  vv.  56,  543;  cf.  aussi  Erec  v.  291,  "Par  la  cort  en 
font  grant  murmure/'  et  l'usage  latin  et  italien.  Sont  .... 
rois  de  B.  serait  une  faute  unique  contre  la  déclinaison. 

176.  Pour  A.  ce  sont  les  Allemands  et  les  Tiois  qui  font 
maintz  empereurs  et  rois.  Cette  leçon,  comme  beaucoup 
d'autres  dans  A.,  est  très  bonne  en  apparence.  Elle  est  adoptée 
par  M.  Langlois  (op.  cit.,  p.  43)  qui  reproduit  l'explication  de 
Schulz  ;  ce  dernier  y  avait  très  bien  vu  une  allusion  aux 
querelles  entre  Philippe  de  Souabe  et  Othon  IV.  On  aurait  donc 
la  leçon  dont  voici  une  paraphrase  :  "  Nous  avons  tort  de  les 
appeler  '  princes.'  Les  Allemands  et  les  Tiois  font  beaucoup 
d'empereurs  et  de  rois  de(s)  soliveaux  et  d(es)  écrevisses." 
Ou  bien,  selon  M.  Langlois,  qui  a  vu  que  le  vers 
173  ne  doit  pas  rester  isolé  de  ce  qui  suit  :  "  car  les 
Allemands  et  les  Tiois  font  beaucoup  d'empereurs  et  de 
rois  d'étoupes  et  d'autres  chiffons  !  "  Pour  une  allusion 
historique,  destinée  sans  doute  à  être  comprise,  ces  deux 
leçons  manquent  un  peu  de  clarté.  Je  considère  que  Tiois  de 
A.  a  été  amené  par  Alemant.  En  effet  ces  deux  noms  de  peuples 
sont  souvent  confondus.  Chrétien  de  Troyes,  qui  en  sa  qualité 
de  romancier  ne  se  pique  pas  de  précision  géographique  ou 
historique,  ne  fait  aucune  distinction  entre  eux;  cf.  Cliges  v. 
2653  :  s'an  iront  an  tiesche  terre  La  fille  l'anpereor  querre  .  .  . 
Car  V  anperere  d'  Alemaigne  Est  m.  riches  et  m.  poissanz. 
La  même  confusion  se  trouve  vv.  2701  ss.,  3524  ss.,  3557  ss.,  où 
les  soldats  de  l'escorte  de  l'empereur  Alis  sont  appelés  tantôt 


n8  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

Tiois,  tantôt  Allemant,  selon  les  besoins  du  vers.  Même  les 
vers  2965  ss.  où  les  deux  noms  sont  réunis  dans  un  même  vers 
nous  montre  l'identification  des  deux  peuples.  Le  Rendus  de 
Moiliens,  au  contraire,  Car.  XXII  (éd.  Van  Hamel),  les  distin- 
gue. Dans  ses  voyages  à  la  recherche  de  Charité,  il  parcourt 
d'abord  les  pays  des  "  Hongres,"  "de  la  gent  grif  oigne,"  des 
"  Constantinoblois,"  des  Alemans,  de  "  chiaus  de  Sassoigne," 
des  Lombards  et  de  la  crasse  Bouloigne  et  ensuite  va  visiter 
Yrois,  Escot,  Danois,  Frison,  chil  de  Hollande,  Tyois,  Brabant, 
Avalois  (?  Néerlandais),  Flamant  et  la  gent  Vermande.  C'est 
que  le  Rendus  est  précis  dans  sa  géographie.  Pour  lui  les 
"  Tiois  "  sont  un  peuple  du  bas-Rhin,  et  le  nom  correspond 
étymologiquement,  et,  grosso  modo,  ethniquement  à  l'anglais 
"  Dutch."  Guiot  veut  être  précis  lui  aussi.  Il  y  a  donc  deux 
allusions  historiques  :  la  première,  aux  troubles  en  Allemagne 
déjà  indiqués,  la  seconde,  à  l'état  tourmenté  de  l'Angleterre  sous 
Jean-sans-Terre.  Je  comprends  donc  ainsi  :  "  On  a  tort  de  les 
appeler  des  princes  ;  de  nos  jours  les  empereurs  et  les  rois  sont 
faits  de  soliveaux  et  d'écre visses.  Je  vois  les  Allemands  et  les 
Anglais,  comme  ils  sont  tiraillés  par  les  princes,  et  je  vois  que 
les  autres  le  sont  assez  aussi  :  le  monde  est  plein  de  peuples 
affolés  par  les  méchants   princes  qu'ils  ont." 

181-7.  "  Les  chevaliers  aussi  sont  complètement  perdus;  leur 
époque  est  finie  ....  Quant  aux  délateurs  et  aux  flagorneurs, 
ceux-ci  subsistent  encore."  Il  y  a  opposition  évidente  entre  : 
"  cil  ont  perdu  lor  tens  "  et  "  cil  ont  passé."  Un  exemple  de 
perdre  son  tans  au  sens  de  "  mourir,"  se  trouve  dans  Godefroy, 
tiré  de  la  Chanson  d'Antioche  VIII,  855.  Cf.  aussi  l'expression 
fréquente  issir  del  tans  c.à  d.  "  mourir."  Le  sens  des  dérivés 
bien  connus  du  mot  passer  :  repasser,  respasser,  justifie  le 
sens  de  "  subsister,"  "  survivre,"  que  je  donne  au  mot  simple. 

Il  y  eut,  en  effet,  à  la  fin  du  Xlle  siècle,  grâce  au  contact 
des  troupes  européennes  avec  les  orientaux,  des  changements 
notables  dans  la  tactique  militaire  ;  v.  Delpech,  La  tactique  au 
XlIIe  siècle,  ii,  p.  325  (Paris,  1886).  Pour  l'importance  des 
pièces  de  tir  et  des  machines  de  siège  dans  l'armée  de  Philippe 
Auguste  v.  Lavisse-Luchaire,  Hist.  de  Fr.,  III  ;  p.  247. 

197.  Mors  ;  pour  le  sens,  cf.  v.  226. 

202.  Terrien  de  A.,  à  moins  qu'il  ne  cache  le  mot  enterin,  n'a 
pas  de  sens  ici.  Ce  mot  signifie  en  français  "  ayant  des  terres" 
et  en  fr.  ancien  "  terrestre  "  et  "  terreux."  Ce  sont  les  quasi- 
synonymes  libéral  et  doneor,  qui  ont  amené  la  retouche. 

205,  206.  Pour  la  Ille  pers.  du  sg.  en  -ent  v.  Introd.  p.  lv. 


NOTES  119 

207.  Le  premier  ex.  de  cette  expression  que  donne  Littré, 
s.v.  Figue,  est  tiré  de  Montaigne. 

212.  Aserveti  manque  dans  Godefroy;  il  paraît  synonyme  de 
acuiverti  que  nous  donne  A.,  et  doit  signifier  "  réduits  à  l'état 
de  serfs." 

213.  "  Plus  que  ceux  à  qui  on  impose  les  '  tailles.'  " 

214.  J'imprime  la  leçon  de  A.  qui  donne  cependant  joent  et 
non  pas  jueent.  Cette  dernière  forme  ressemble  davantage, 
paléographiquement,  à  viennent  de  B.  Je  n'ai  rencontré  nulle 
part  ailleurs  l'expression  jouer  a  toutes  failles.  On  peut 
conjecturer  qu'il  y  a  une  allusion  à  ces  jeux  à  rebours  où  le 
gagnant  est  celui  qui  a  perdu  le  plus  de  points,  dits  communé- 
ment "  à  qui  perd  gagne."  Godefroy  donne,  s.v.  Failles, 
l'expression  ferir  a  failles,  qui  paraît  signifier  "  donner  des 
coups  qui  ne  portent  pas  ";  "  S'en  ist  li  dus  o  -x-  batailles  Qui 
ne  sevent  ferir  a  failles,"  Athis,  Ars.  3312  fo  98^. 

216 — 226.  Passage  un  peu  alambiqué  qui  a  dérouté  les  scribes. 
En  voici  une  courte  paraphrase  :  "  Dans  leurs  actions  les 
princes  manquent-ils  à  ce  que  l'on  attend  d'eux  ?  Non.  Car 
des  hommes  'faillis'  ne  font  jamais  rien  'à  droit.'  Si,  au 
contraire,  le  '  failli  '  fait  chose  qui  vaille,  c'est  alors  qu'en 
réalité  il  manque  à  ce  que  l'on  attend  de  lui — c'est  alors  qu'en 
vérité  il  '  faut.'  Malheureusement,  nos  princes  ne  démentent 
pas  leur  réputation  en  '  faillant  '  de  la  sorte.  Je  serais  bien 
content  de  les  voir  ainsi  '  faillir,'  cela  me  redonnerait  de  la  vie." 

222.  Nule  rien  a  un  sens  positif  ici  :  "  quelque  chose." 

230.  On  est  tenté  de  voir  une  faute  commune  et  de  lire  qui  ou 
en  pour  il.  Solas  aux  deux  scribes  a  paru  jurer  avec  déport. 
L'emploi  "  courtois  "  de  ce  mot  ne  leur  était  pas  familier. 
Dans  B.  il  amène  confort,  dans  A.  il  est  remplacé  par  joie. 

239.  Faire  honor  et  faire  bien  signifient,  en  somme,  "  être 
généreux,"  cf.  w.  252,  3.  On  sait  que  faire  le  bien  est  fréquent 
aux  sens  de  "  faire  un  don,"  cf.  pour  notre  auteur  v.  1795,  et 
de  "  faire  l'aumône  "  cf.  Le  garçon  et  l'aveugle,  éd.  M.  Roques, 
v.  1. 

244.  Honir,  lui  aussi  a  son  sens  spécial  que  je  n'arrive  pas  à 
saisir  parfaitement;  cf.  v.  211.  Honir  qqn.  ou  lui  faire  honte 
(v.  262),  dans  le  langage  spécial  des  trouvères  de  cour,  paraît 
signifier  "  ne  rien  lui  donner,"  "  l'éconduire." 

246.  Tenir  cort,  expression  fréquente  que  l'on  traduit  souvent 
par  "  serrer  de  près,"  a  dû    à  l'origine    se  dire  d'une  façon  de 


120  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

tenir  un  cheval,  c.à  d.  à  bride  ou  à  licou  raccourcis,  pour  lui 
laisser  le  moins  de  liberté  possible. 

248.  Cf.  v.  115. 

275,  6.  Cf.  Esther  c.  1.  v.  4,  où  il  est  dit  que  la  "  cour  "  dura 
180  jours.  Schulz,  op.  cit.  p.  128,  fait  remarquer  que  Arnold 
von  Lùbeck,  dans  sa  chronique,  fait  une  comparaison  entre  la 
cour  de  Frédéric  Barberousse,  dont  il  sera  question  plus  bas,  et 
le  festin  d'Asuérus. 

277.  Ferri  :  Frédéric  ier,  qui  en  1184  réunit  à  Mayence  une 
cour  de  40,000,  selon  d'autres  de  70,000  chevaliers. 

285,  6.  Ces  deux  vers  se  trouvent  dans  le  passage  cité  par 
Pasquier;  v.  note  suivante.  L'identité  de  début  des  vv.  285  et 
287  a  trompé  le  scribe  de  B. 

285 — 296.  Ce  passage  a  jadis  provoqué  l'admiration  d'Estienne 
Pasquier.  Il  le  cite  en  entier  dans  l'amusant  chapitre  xxv  du 
livre  VI  de  ses  Recherches.  Voici  comment  il  en  parle  : 
"  Au  demourant,  encores  que  ce  soit  hors  de  propos,  si  est  ce, 
que  ayant  recité  quelques  vers  de  ce  gentil  Moine,  [Hugues  de 
Berzé  pour  Pasquier]  encores  ne  veux-je  oublier  ceux-cy  où  il 
se  plaint  que  tout  alloit  de  mal  en  pis  :  Car  paraventure  ailleurs 
ne  trouveray-je  lieu  pour  les  employer."  Suit  la  citation,  et, 
pour  finir,  ces  paroles  :  "  Fut  il  jamais  une  plus  hardie  et 
plaisante  hyperbole?  " 

298,  9.  Le  passage  me  paraît  altéré  dans  les  deux  mss.  Il 
est  d'ailleurs  assez  étrange.  J'ai  corrigé  dans  le  sens  des  vers 
499  ss,  dont  notre  couplet  semble  être  une  anticipation. 

300.  La  leçon  de  A.  paraît  ici  plus  satisfaisante,  car  on  ne 
voit  guère  ce  qui  est  le  sujet  de  vaut,  mais  il  est  fort  possible 
qu'elle  ne  soit  qu'une  simplification  de  celle  de  B.,  et  qu'il  faille 
lire  :  "  li  siècles,  trop  est  vis  et  ors  "  au  vers  suivant,  en 
faisant  siècles  sujet  de  vaut. 

313 — 475.  Pour  l'identification  des  nombreux  personnages 
mentionnés  ici  par  Guiot  je  me  suis  servi  de  l'excellent  travail 
de  M.  Baudler.  J'y  renvoie  le  lecteur  qui  y  trouvera  nombre 
d'intéressants  détails  sur  le  rôle  joué  par  ces  personnages  dans 
le  mouvement  littéraire  de  leur  époque,  détails  que  je  n'ai  pas 
cru  devoir  rapporter  dans  la  liste  des  noms  propres. 

319.  Li  jones  rois  :  surnom  bien  connu  du  fils  aîné  d'Henri  II, 
Henri   Court-Mantel. 

321.  M.  Baudler  défend  la  leçon  escharz  (eschars)  de  A.,  en 
affirmant  que  le  courage  militaire  n'est  pas  une  vertu  aux  yeux 


NOTES  121 

de  Guiot.  M.B.  attache  trop  d'importance  aux  plaisanteries  de 
Guiot  aux  vers  1700,  1714-22.  Un  coup  d'oeil  aux  vv.  330  et 
430,  pour  ne  mentionner  que  ceux-là,  suffit  pour  faire  justice 
de  son  objection.  En  outre,  notre  leçon  se  justifie  par  le  fait 
que  pour  Guiot  conarz  :  Richarz  faisait  une  meilleure  rime  que 
eschars  :  Richarz;  ce  qui  paraît  avoir  échappé  à  M.  Baudler. 

343.  Enploiez  :  fréquent  dans  ce  sens;  cf.  Adam  de  la  Halle, 
Chanson  ix,  str.  2  (édit.  Berger)  : 

Mais  li  dons  est  grans, 

Saiges  doit  estre  et  -vaillans 

Li  on  a  eux  on  l'enploie. 
Cf.  aussi  Auc.  et  Nicolette  (éd.  Suchier)  ii,  36. 

350.  Guiot  écrit  peu  de  temps  après  la  4e  croisade,  1203-1204. 
Cf.  vv.  776,  777. 

360,  1.  J'écarte  la  leçon  de  A.  (et  de  Turin),  admise-  par  M. 
Baudler,  pour  les  raisons  suivantes.  Io  :  à  cause  de  la  forme 
tesmoigne  qui  deviendrait  une  ie  pers.  au  lieu  d'une  3e.  M.  B. 
explique  la  présence  de  l'e  par  le  groupe  de  consonnes  qui  le 
précède  ;  mais  ce  groupe  n'est  en  réalité  qu'un  groupe  graphique 
et  n'exige  aucunement  une  voyelle  d'appui.  Ho  :  le  vers  361 
serait  ridicule.  IIIo  :  A.  et  Turin  ont  une  faute  commune  au 
v.  362  qu'ils  semblent  (avec  des  pour  les)  rattacher  abusivement 
au  v.  361.  Je  reconnais  l'étrangeté  du  v.  361  tel  que  le  donne 
B.  ;  mais,  à  la  rigueur,  on  peut  supposer  une  ellipse  : 
"  Certes,  le  siècle  témoigne  bien  de  ce  qu'il  était  et  [qu'il 
était]  un  des  meilleurs  ".  Si  cette  interprétation  ne  satisfait  pas, 
il  serait  facile  de  lire  fut  pour  et,  ce  qui  donnerait  un  texte 
irréprochable  :  ce  serait  encore  une  faute  commune  aux  deux 
mss. 

386.  Joffrois  de  Chandei  :  non  identifié.  M.  Baudler  lit 
Condé  avec  A.,  et  pense  à  Condé-en-Brie  (Marne).  On  peut 
penser  également  à  la  petite  ville  du  Vieux  Condé  sur  l'Escaut, 
près  de  Valenciennes,  lieu  d'origine  d'une  maison  fameuse;  v. 
St. -Allais,  Nobiliaire  vol.  xx,  p.  72. 

414  (A).  Cf.  ces  vers  de  la  Complainte  de  Jherusalem  contre 
la  cour  de  Rome  (ms.  Moreau  1727  f.  99)  : 

Que  li  legas  soit  confondus 

et  de  sa  gloire  sospendus 

ne  ja  isse  honores  de  l'an  ! 
L'expression    issir    del    tans    est    plus    fréquente    et    signifie, 
également,  "  trépasser  ";  cf.  Raoul  de  Cambrai  v.  3896  :   Qui  la 
chai  bien  est  del  tans  issus. 


122  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

446.  Ni  au  vers  429  ni  ici,  il  n'y  a  de  variantes.  S'agit-il  du 
même  personnage,  ou  bien  y  a-t-il  plutôt  une  faute  commune  ? 

464.  C'est  plutôt  truis  qu'il  faudrait  lire,  avec  A.,  comme 
au  vers  2132  ;  cf.  v.  496. 

484.  Le  sujet  de  ont,  dans  B.,  paraît  être  les  '  seigneurs  '  sus- 
nommés. 

495.  Cf.  Cliges  5377  :  Se  nel  feisons  sagement  Aie  somes  sanz 
recovrier. 

499  et  suiv.  Le  premier  ait  est  subjonctif,  le  second  indicatif. 
On  comprendra  :  "  Qui  que  ce  soit  qui  ait  des  richesses,  celui-là 
certes  n'en  a  point  qui  n'en  jouit  pas."  Pour  la  pensée  cf. 
Guillaume  d'Angleterre  (éd.  Fôrster)  vv.  933,  934. 

505.  Se,  des  deux  mss.  doit  être  considéré  comme  la  forme 
atone  de  si<sic. 

507.  NJ  manque  aux  deux  mss.  C'est  évidemment  une  faute. 
Selui  (celui)  se  trouve  comme  cas  sujet  à  partir  du  Xlle  siècle; 
v.  Nyrop  "  Gram.  histor.  II,  p.  394.  Couper  se  lui,  en  faisant 
de  se  une  conj.,  serait  aller  contre  les  deux  mss. 

513.  La  leçon  de  B.,  qui  pourrait  choquer  un  scribe,  est  con- 
forme à  la  manière  de  Guiot;  cf.  v.  1823. 

Pour  la  pensée,  cf.  Besant  de  Dieu  vv.  969-976. 

522.  Une  allusion  à  un  dicton  connu  :  cf.  Tobler,  Li  proverbe 
au  vilain,  xx  :  Plus  a  li  deables,  plus  convoite.  T.  renvoie  à 
Leroux  de  Lincy,  Prov.  fr.  I,  9  :  Plus  a  le  diable,  plus  veut 
avoir. 

526.  Autre  locution  proverbiale,  qui  signifie,  à  peu  près, 
"  permettre  c'est  autoriser."  La  phrase  est  intéressante  en  tant 
qu'elle  indique  nettement  la  valeur  des  deux  mots.  Cf.  Tobler 
op.  cit.  vi.  "  Asez  otrie  qui  se  taist."  T.  renvoie  à  Leroux  de 
L.  II,  175.  Pour  la  même  pensée  sous  une  forme  dévote  cf. 
Livre  des  Manières,  vv.  855,  856  :  Quar  dou  jet  et  de  la  consence 
sera  égal  la  pénitence. 

527.  Littré,  s.v.  Ecorcher,  cite  Benoît,  II  7372  :  Autresi  fait  il 
faute  et  force  qui  tient  le  pié  cum  qui  escorce."  Godf.  Compl., 
s.v.  Escorcher,  donne  assez  escorche  qui  le  pié  tient,  tiré  du 
ms.  B.N.  L  14961.    fo.  183  vo. 

528—540.  Passage  difficile.  N'arrivant  pas  à  y  voir  clair 
j'imprime  la  leçon  de  B.,  telle  quelle,  ou  à  peu  près.  Quelques 
remarques  de  détail  :    au   v.   533   il  serait  plus  naturel  de  lire 


NOTES  123 

ou  (<aut)  conte;  seignor  semble  avoir  son  sens  de  "  seigneur," 
tandis  que  sire,  qui  le  suit  presque  immédiatement,  signifie 
"  maître."  Il  y  aurait  un  moyen  un  peu  hardi  de  se  tirer 
d'affaire;  ce  serait  d'entendre  tout  comme>tollit,  et  de  lire  la 
tout  :  "  les  juifs  arrivent  chez  le  seigneur  ou  chez  le  comte.  Le 
maître  ("ou  le  seigneur]  leur  confie  le  capital  et  prend,  ou  si 
l'on  veut,  leur  arrache  l'intérêt  et  les  disciples  prêtent  alors  a 
des  tiers."  Il  y  aurait  opposition  voulue  entre  prendre  et 
tolre  :  ce  dernier  signifie  en  effet  "  prendre  avec  violence  " — 
ici,  "  avec  rapacité."  Lou  pour  la  serait  une  faute  commune  due 
au  scribe  qui  n'aurait  pas  compris  tout.  Seule  difficulté,  s'en 
veut  :  "  si  l'on  veut  ";  serait-ce  d'une  bonne  langue  en  v.  fr? 
Pourquoi  pas  ? 

V.  pour  une  autre  mention  de  la  pratique  de  prêter  aux  Juifs 
les  w.  970,  971. 

543.     Saront,  indéfini  :   "  on  saura." 

547,  8.  Cf.  Matth.  XXIII,  13.  La  leçon  de  A.  est  ici  plus 
naturelle. 

549.  Se  mirer;  cf.  v.  21. 

557.  Les  Romans,  c.à  d.  le  pape  et  son  entourage,  vv.  621-786. 
C'est  là  aussi,  en  passant,  que  Guiot  traitera  des  légats  ;  vv.  667 
et  ss. 

563.  Des  clers,  c.à  d.  du  clergé  séculier  et  des  chanoines;  w. 
925-1043. 

593.  Reson  :  "Justice,"  cf.  v.  14;  tôt  de  bout,  signifie,  non, 
comme  le  dit  Godefroy  en  citant  ce  passage,  "  tout  de  suite," 
mais  bien,  "  pleinement,"  "  franchement,"  "  entièrement."  Cf. 
Cliges  v.  4432  :  espoir  le  me  done  tôt,  Meis  ce  me  resmaie  de 
bot,  où  le  savant  éditeur  traduit  "  gànzlich."  On  trouvera  deux 
autres  exemples  chez  Littré,  s.v.   Debout. 

595.  Estendre  :  v.  Ducange,  Extendere  :  "aestimare,"  "appre- 
tiare,"  mot  qui  se  trouverait  uniquement  dans  des  textes 
anglais.     Godefroy  donne  estente  :  "  arpentage." 

628.  Il  y  a  3  autres  exemples  dans  Godefroy  du  mot  estache,  que 
nous  fournit  A.,  au  sens  de  "  appui."  Mais  la  leçon  de  B.,  plus 
simple,  est  aussi  celle  de  l'extrait  de  Pasquier. 

632 — 654.  On  a  dit  de  ce  passage  (cf.  Hist.  litt.  xvi,  m,  112 
que  c'était  la  première  mention  qui  ait  été  faite  en  occident  de 
l'usage  de  l'aiguille  aimantée.  Cette  assertion  ne  paraît  guère 
fondée.  Alexandre  Neckam,  dans  son  De  Natura  Reru  n  II, 
ch.  xcviii  (p.  181  de  l'édit.  Wright,  Rolls  séries,  1863),  composé 


124  EES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

selon  toute  probabilité  avant  la  fin  du  Xlle  siècle,  et  bien  connu 
à  l'époque  où  écrit  Guiot,  en  fait  la  description  suivante  : 
Nautœ  etiam  mare  legentes,  cum  beneficium  claritatis  solis  in 
tempore  nubilo  non  sentiunt  aut  etiam  cum  caligine  noctur- 
narum  tenebrarum  mundus  obvolvitur  et  ignorant  in  quem 
mundi  cardinem  prora  tendat,  acum  super  magnetum  (var. 
magnatem)  ponunt,  quœ  circulariter  circutnvolvitur  usque  dum, 
ejus  moto  cessante,  cuspis  ipsius  septentrionalem  plagam 
respiciat.  Sic  et  prœlatus  in  hoc  mari  suos  subditos  dirigere 
débet  ut  ratio  ejus  Aquiloni  Mi  sese  obviât  (var.  objiciat)  de 
quo  scriptum  est  :  '  Ab  Aquilone  pandetur  omne  malum.' 
L'exhortation  aux  prélats,  le  mot  '  Aquilon  '  qui  a  très  bien  pu 
suggérer  1'  "  Aiguillon  "  de  Guiot  (v.  729)  et  d'autres  ressem- 
blances de  ce  passage  avec  celui  de  notre  texte,  rend  assez 
vraisemblable  l'hypothèse  que  Guiot,  en  l'écrivant,  a  eu  sous 
les  yeux  le  livre  de  Neckam.  Wright,  op.  cit.  pp.  xxxv — 
xxxix,  donne  une  série  de  passages  tirés  d'auteurs  du  XHIe 
siècle  où  il  est  question  de  l'aiguille  aimantée.  Il  cite  notam- 
ment celui  du  Trésor  de  Brunetto  Latini,  qui,  chose  intéressante 
à  remarquer,  a  pour  source  évidente  le  texte  de  Guiot. 

636.  Je  ne  comprends  pas  bien  l'expression  es  garder  lor  (ou 
le)  droit  point. 

645.  Ténèbre  doit  être  une  faute  pour  tenerge  (ou  tenegre, 
avec  influence  de  niger)<*tenebricus.  Dans  un  des  textes  cités 
par  Godefroy,  s.v.  Tenegre,  ce  dernier  mot  figure  comme  un 
substantif  :  tenegre  ne  timbre  ;  il  s'agit  là  sans  doute  d'une  con- 
fusion analogue  à  celle  du  scribe  de  B. 

648.  Assarrer  (esserrer<*exiterare),  moins  fréquent  que 
esgarer,  a  pu  fort  bien  être  remplacé  par  celui-ci  indépendam- 
ment dans  A.  et  dans  Pasquier.  On  pourrait  en  dire  autant  de 
la  substitution  de  obscure  à  tenerge  au  vers  645. 

664.  Ce  vers  paraît  signifier  :  "la  religion  chrétienne  a 
changé  de  nature,  est  devenue  une  religion  à  rebours  "  car  le 
père  [le  pape  et  la  cour  de  Rome]  tue  se  enfants  [ruinent  ou 
oppriment  les  églises].  On  pourrait  songer  à  interpréter  :  "  Ce 
n'est  plus  le  tour  de  la  religion;  son  tour  est  fini  "  ;  mais  la  pre- 
mière interprétation  s'accorde  mieux  avec  la  pensée  du  poète 
aux  vv.  660,  661. 

Faire  le  tour  se  trouve  au  sens  de  "  faire  volte-face  "  ;  donc  : 
"  changer  de  disposition,  de  manière  d'être,"  dans  Caritê 
CXXIII  : 

O  carités  revien,  ravole, 
Et  rapareille  a  Diu  s'escole 


NOTES  125 

Car  si  desciple  ont  fait  le  tour  : 

Lampes  sont  sans  fu  et  sans  oie, 

Langues  de  prélat  sans  parole. 
où  Van  Hamel  traduit  par  "  changer  de  disposition  "  ? 

679.  Desapertir  ne  se  trouve  pas  à  l'infinitif  dans  Godefroy. 
H  y  a  un  exemple  du  participe  qui  semble  signifier  "en  désarroi, 
bouleversé." 

687.  Ou  c.à  d.  o<hoc  ;  0  lis.  oi<audio. 

688.  Ici  et  au  vers  700  se  est  la  forme  atone  de  si. 

691,  2.  J'ai  de  graves  doutes  sur  l'authenticité  de  ces  deux 
vers,  qui  ne  se  trouvent  que  dans  A.  :  ils  ne  sont  pas  nécessaires 
au  sens  et  le  premier  est  fort  bizarre.  Il  paraît  signifier  :  "  il  ne 
doit  pas  s'enrichir  en  vieillissant."  Il  est  vrai  que  la  rime  et 
l'étrangeté  même  des  vers  auraient  pu  les  faire  omettre  par  B. 

694.  Guiot,  ou  plutôt  les  mss.,  ne  se  trompent-ils  pas  en 
faisant  porter  au  pape  une  couronne  de  plumes  de  paon.  Je 
crois,  qu'ici  encore,  il  y  a  faute  commune,  et  qu'il  faudrait  lire 
flabelle.  Le  pape  portait  en  effet  dans  certaines  cérémonies  solen- 
nelles un  éventail  en  plumes  de  paon,  mais  je  ne  sache  pas  qu'on 
lui  ait  jamais  fait  porter  une  couronne. 

On  avait  donné  au  flabellum,  à  l'origine  simple  chasse- 
mouches  ou  éventail,  une  signification  emblématique.  D'après 
Macri,  Hiero-lexicon,  s.v.  Flabellum  (cit.  Moroni.  Diz.  Storico- 
Eccl.),  les  ocelles  nombreux  signifieraient  les  yeux  des  fidèles 
qui  observent  attentivement  le  pape,  ou  bien  (ceci  ressemble  à 
l'idée  de  Guiot),  les  nombreux  yeux  qui  lui  sont  nécessaires 
pour  surveiller  les  affaires  de  l'église.  Ajoutons  que  l'usage 
de  couronnes  en  plumes  de  paon  existait  bien  au  moyen  âge. 
Le  pape  Urbain  III  (Moroni  op.  cit.  vol.  xxxvi,  p.  113),  faisant 
gré  à  une  demande  d'Henri  II  d'Angleterre,  envoya  une 
couronne  royale  de  plumes  de  paon,  tissée  en  or,  pour  couronner 
vice- roi  d'Irlande  Jean,  fils  du  roi. 

697,  8.  L'ordre  de  A.  est  ici  plus  naturel  si  on  lit  couronne, 
celui  de  B.  si  on  lit  flabelle. 
700.  Lis  :  si  li. 
706.  Avugleiz;  cf.  v.  113. 
715.  Acorper,  c.à  d.  acoper  :  "  achopper." 

739.  Il  vaut  mieux  considérer  ait  comme  étant  de  l'indicatif, 
avec  A.  ;  cf.  v.  600. 

741.  Es  c.à  d.  as  (aux);  v.  Introd.  p.  1. 


126  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

763.  Cf.  Leroux  de  Lincy,  Prov.  fr.  II,  180.  Il  ne  sort  du  sac 
que  ce  qu'il  y  a.     Oudin,  Curiosités  françaises,  p.  491. 

777.  V.  Introd.  p.  xx. 

791.  Science  :  cf.  Armëure  v.  396. 

808.  "  Nous  devons  penser,  puisque  nous  sommes  à  découvert, 
à  suivre,  les  bonnes  traces,  le  long  des  droits  chemins  car.  .  .  J' 
L'image  est  d'un  troupeau  qui  avance  tout  en  broutant  l'herbe 
a  côté  de  la  route.  Tout  cela  a  disparu  dans  le  remaniement 
effectué  par  A.  A  ce  que,  cependant,  dans  le  sens  de  "  parce 
que,"  est  étrange.  A  a  peut-être  été  amené  par  penser,  du  vers 
précédent,  et  aurait  remplacé  por.  A  serait  donc  une  faute 
commune  aux  deux  mss. 

822.  Cf.  Armëure  v.  124. 

836.  Guiot  a  peut-être  écrit  tant  vilain  morsel.  Dès  les  plus 
anciens  textes  "  tant  "  avec  signification  numérique,  ainsi  que 
le  nom  qu'il  qualifie,  s'écrit  tantôt  au  sing.,  tantôt  au  plur.  Il 
en  est  de  même  de  "  maint,"  dont  on  a  négligé  la  valeur 
exclamative,  et  dont  l'origine  est  peut-être  à  chercher  dans  une 
fusion  de  l'ail.   "  manch  "  et  de  "  tant." 

S36— 838.   "  Dieu,  que  de  morceaux  peu  propres  ils  avalent, 
lorsque,  pour  s'éviter  des  dépenses,    ils    ruinent    des    maisons 
pauvres."     Cf.  Besant  de  Dieu  v.  641  [d'un  évêque]  : 
E  manga  eyi  ses  priories 
E  en  ses  povres  abeïes, 
E  od  cels  qui  ostels  li  durent 
Qui  par  estoveir  le  recurent. 

844.  Après  cette  kyrielle  de  reproches  des  vers  839-844,  à 
l'adresse  des  évêques  et  des  archevêques,  Guiot  s'arrête  :  "  c'est 
peine  perdue,  dit-il  en  substance,  ils  sont  vieux  et  ont  l'oreille 
trop  dure  pour  m'entendre." 

855,  56.  Ces  deux  vers  semblent  être  mis  dans  la  bouche  des 
"  clers  "  parvenus  aux  honneurs  ecclésiastiques,  qui  "  fuient, 
guilent  et  mentent."  Sont-ils  des  réponses  à  des  sollicitants? 
Et  que  veut  dire  "  chacier  son  pris  "  ? 

891,  92.  Ces  deux  vers,  qui  manquent  à  B.,  pourraient  bien 
être  interpolés.  Us  rendent  les  vers  893,  894  inutiles  et  même 
maladroits. 

901.  Aie;  cf.  vv.  495,  665. 

911,  912.  Encore  deux  vers  qui  sont  un  peu  suspects.  Ils 
semblent  trop  éloigner  le  v.  913  du  v.  908,  car  nul  autre  mestier 
se  rapporte  évidemment  à  mentir  et  à  guiler. 


NOTES  127 

914.  Ce  vers,  si  la  leçon  est  bonne,  signifie  sans  doute  : 
"  celui  qui  est  le  plus  habile  dans  le  métier  du  mensonge,  celui- 
là  a  le  plus  d'influence  à  la  cour  [épiscopalel." 

918.  A  première  vue  il  semblerait  que  c'est  1'  '  avoir  '  qui 
est  la  '  source  des  péchés  '  ;  mais  cette  pensée  ne  convient 
guère  à  Guiot,  et  les  w.  920-924  nous  prouvent  qu'en  réalité 
c'est  de  Rome  qu'il  s'agit.  Cf.  aussi  vv.  771,  772.  Je  lirais 
volontiers  au  v.  916  la  ne  vaut  comme  au  v.  923. 

947.  Cf.  pour  la  construction  v.  1519;  et  Armëure,  v.  518. 

950.  Désespère  de  A.  est  presque  certainement  d'un  remanieur. 
Se  fondant  sur  la  leçon  de  B.  on  peut  lire  :  li  vaillant,  li  bienëuré 
(ou  bienôuré). 

952.  L'expression  criement  honor  est  étrange;  il  faut  peut- 
être  lire  aimment  avec  A. 

957.  Forgegié  c.àd.  "forjugié";   v.   Introd.  p.  li. 

967,  8.  Cf.  pour  la  signification  de  attendre  les  termes  les 
vv.  807,  8  du  Livre  des  Manières  :  Estre  usurer  et  termeiant  Ce 
est  mestier  a  reckeant  (recréant).  Termeier  signifie  "  prêter  à 
échéance,"  et  les  termes  sont  les  jours  d'échéance,  où  on  devait 
payer  sous  peine  d'être  destraint. 

969.  C'était,  à  ce  qu'il  semble,  une  spéculation  assez  fréquente 
au  moyen  âge.  Pour  un  autre  exemple  d'un  prêtre  "accapareur" 
cf.  Rutebuef,  Montaiglon  et  Raynaud,  Fabliaux,  III,  fab.  82. 

Asseiz  ot  robes  et  derniers 
Et  de  bleif  toz  plains  ces  greniers 
Que  li  prestres  savoit  bien  vendre 
Et  pour  bien  la  vendue  atendre  F  ?] 
De  Pâques  à  la  Saint  Rémi. 

973.  C'est  itieus  gent  qu'il  faut  lire,  avec  A. 

980.  Li  se  rapporte  à  Deus  et  doit  signifier  "  vis-a-vis  de 
Dieu."     On  s'attendrait  plutôt  à  lor. 

981.  L'orthographe  raignes<*retinas  est  intéressante.  Il  y 
a  évidemment  influence  graphique  de  regnunKregne,  prononcé 
rêne. 

982.  Troveront  :  non  pas  "  considéreront  "  comme  on  pourrait 
être  tenté  de  traduire,  mais  bien  "  découvriront."  De  même 
aux  vv.  2549,  82.     Cf.  vv.  2049,  2568. 

984.  Regardent  est  au  subjonctif  et  ja  est  emphatique  : 
"  qu'ils  regardent  donc  seulement.   .  .   ." 

989»  997-  Pour  les  formes  citein,  citain  v.  Introd.  p.  lii. 


128  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

999,  iooo.  Ces  vers  qui  manquent  à  B.  sont  ici  nécessaires. 
L'omission  s'explique  par  le  fait  que  le  v.  iooi  commence  par 
le  mot  mais. 

1012.   "  Celui  que  ni  esprit  ni  naissance  ne  dirigent." 

1019.  Faut-il  voir,  dans  les  deux  mss.,une  lacune  après  le  vers 
1020  ?  Nous  avons  vu  que  le  ms.  original  de  la  famille  A.  B. 
était  peut-être  lacunaire  dans  deux  autres  endroits;  v.  Introd." 
p.  xxxvii.  A  la  rigueur  on  pourrait  supposer  une  ellipse  et  com- 
prendre :  "  même  le  fils  du  roi  s'il  la  faisait,  serait  '  vilain  '  " — 
interprétation  à  laquelle  on  ne  peut  guère  opposer  que  des 
raisons  subjectives. 

1031.  "  Dans  le  monde,  toujours  prêt  à  voir  le  mal  en  tout." 
M  es  croire  :  très  attesté  au  sens  de  "se  méfier  "  "  soupçonner," 

1045.  M.  Ch.  Langlois  (op.  cit.  pp.  32,  33)  exagère  l'impor- 
tance de  ce  vers.  L'expression  en  maintes  cors  [lis.  en  maiyite 
corfj,  ne  signifie  guère  autre  chose  que  en  mains  leus;  c'est  une 
expression  où  l'idée  de  cour  n'existe  pour  ainsi  dire  plus,  c'est 
du  langage.  "  usé."  Cf.  ces  vers  de  Guillaume  à' Angleterre 
(vv.  1600  ss.)  : 

Se  tu  ves  an  autrui  servise 
et  tu  iers  povres,  trestuit  cil 
qui  te  verront  te  tandront  vil, 
que  povre  sage  hui  est  li  jorz 
tient  an  por  fol  an  totes  corz. 
qui  ne  sont  q'un   développement  du  proverbe   "  Vis  est  tenu 
partout  qui  riens  n'a  :  Leroux  de  Lincy,  Pr.  fr.  II,  333. 

1056.  Abaïes,  c.à  d.  abahies,  esbahies. 

1057,  8.  "  •  C'est  par  les  abbés  qu'elles  sont  détruites  '  disent 
ils,  pourquoi  donc  se  moquent-ils  de  moi  ?  Que  serait-ce  si 
j'étais  vraiment  abbé  de  Cluny  ou  de  Cîteaux  !  "    Cf.  v.  1068. 

1060.  Les  exemples  de  re  avec  des  substantifs  sont  rares  en 
dehors  de  quelques  mots  bien  conus  comme  "  derechef,"  etc.  ; 
v.  Nyrop.  Gramm.  historique  III,  §  489.  Il  y  a  cependant  un 
exemple  chez  Froissait  tout  à  fait  semblable  au  nôtre.  Il  est 
cité  par  Meinecke,  Das  Pràfix  Re  im  Franzôsischen.  (Diss. 
Berlin,  1904)  p.  32; 

S'il  vos  plaist,  je  saray  les  noms 

d'entre  vos  deux  et  les  re-noms 

des  deux   dames.— Poésies,   éd.   Schéler,  vol.   iii, 
p.  57,  v.  144. 
Comme  on  le  voit,  l'artifice  poétique,  peu  louable  d'ailleurs,  est 
pareil  dans  les  deux  exemples. 


NOTES  129 

1065.  Obedianciers  ;  v.  Ducange  s.v.  Obedientia.  Ils  étaient 
chargés  de  la  gérance  d'une  "  grange  "  etc.,  ou  de  faire  rentrer 
les  revenus  des  terres  appartenant  au  monastère.  On  donnait 
quelquefois  ces  charges  à  ferme.  C'est  peut-être  une  allusion  à 
cette  pratique  qu'il  faut  voir  ici. 

1091.  Doze  de  A.  est  plus  vraisemblable.  V.  Introd.  p.  xvi, 
note  . 

1095,  6.  Le  passage  est  un  peu  elliptique.  Il  y  a  peut-être 
une  allusion  à  des  faits  de  la  vie  de  Guiot  que  nous  ignorons. 

1104.  Gent  a  ici  son  sens  de  "  bande  de  soldats." 

1109  et  suiv.  Ces  vers  signifient,  semble-t-il  :  "  Un  couvent 
où  l'on  tient  ses  engagements  peut  livrer  avec  succès  une  grande 
bataille  [car  chefs  et  subordonnés  c.à  d.  abbés,  prieurs  et 
cloîtriers,  font  tous  leur  devoir],  mais  aujourd'hui  on  fait  peu 
de  cas  des  engagements  pris."  La  bataille  serait  la  vie  monas- 
tique avec  toutes  ses  exigences,  avec  l'observance  entière  de  la 
règle.     B.  semble  ici  corrompu. 

1113.  Signor  :  dans  le  sens  fréquent  de  "  complètement 
heureux."  Cf.  la  note  de  Tobler,  Li  Proverbe  au  -vilain,  170,  où 
l'on  trouvera  d'autres  exemples  de  cet  emploi. 

1139.  Appellet  :  lis.  appelle  on,  ou  bien,  avec  A.,  apele  l'en. 

1167,  8.  Ces  vers  se  rapportent  dans  B.  aux  abbés,  prieurs  et 
obédienciers  qui  s'enrichissaient  aux  dépens  des  maisons  qui 
leur  étaient  soumises  ;  tandis  que  les  vers  qui  suivent  se  rappor- 
tent à  la  vie  misérable  des  cloîtriers,  du  nombre  desquels  était 
Guiot.     La  leçon  de  A.  laisse  le  v.  1171  trop  isolé. 

1170.  "  De  peur  d'être  privés  de  nourriture." 

1171.  On  ne  saurait  dire  laquelle  des  deux  leçons  est  la 
bonne.  La  désinence  -ornes  semble  être  assurée  pour  le  futur 
au  vers  799. 

11 73.  "  Dans  les  statuts  du  chapitre  général  de  Cîteaux  il  est 
souvent  question  des  conspirations  formées  par  les  moines  contre 
leurs  abbés,"  Lavisse,  Histoire  de  France,  III,  i,  p.  350.  Ce 
vers  nous  montre  qu'il  en  était  de  même  à  Cluny. 

1187,  8.  La  leçon  de  A.  est  préférable  à  cause  de  la  rime.  Cf. 
Introd.  p.  xlv. 

1190.  "  Et  il  est  vrai  que  j'ai  été  dans  l'ordre."  La  suite  des 
idées,  que  A.  a  entièrement  transformée,  paraît  être  la  suivante  : 
"  Ce  n'est  pas  parce  que  j'ai  été  Cistercien  qu'on  se  moque  de 
moi,  c'est  parce  que  je  ne  l'ai  été  que  quatre  mois.  On  dit  que 
je  m'y  suis  mal  conduit;  mais  si  j'étais  resté  deux  ou  trois  ans 


130  LES  OEUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

à  Clairvaux  jamais  on  n'aurait  eu  l'idée  de  me  '  rampogner.' 
J'en  vois  tant  [à  Clairvaux]  qui  se  conduisent  mal  [et  dont 
personne  ne  se  moque].  Du  reste,  celui  à  qui  chaque  jour  est 
un  jour  d'épreuve,  doit  bien  parfois  se  montrer  sous  un  très 
mauvais  jour." 

1203.  A  noter  la  forme  partai  qui  est  du  scribe. 

1207.  Cf.  au  v.  1173. 

1210.  Y  a-t-il  jeu  de  mots  :  lor,  l'or? 

1222.  Il  faut  entendre  ce  vers  au  sens  figuré,  mais  l'expression 
doit  conserver  assez  de  son  sens  propre  pour  donner  du  relief 
au  vers  suivant.  La  citation  qui  suit,  tirée  du  Gemma  Ecclesi- 
astica  de  Giraldus  Cambrensis,  Distinctio  II,  cap  XXXIV,  donne 
une  explication  édifiante  de  notre  expression,  avec  une  ample 
exégèse.  "Ad  hœc  etiam  audiant  prœlati,  qui  par  se  vel  per 
suos  ovium  tantopere  indulgent  tonsioni,  quœ  tonsoribus  ovium, 
in  quibus  subditorum  depilatores  dantur  intelligi,  accidere 
soient,  sicut  in  genesi  legitur.  "  Laban  in  tonsione  ovium 
suarum  amisit  societatem  Jacob/'  Item,  "  Judas,  cum  iret  ad 
tondendas  oves  obviam  habuit  Thamar  nurum  suam  cum  qua 
fomicationem  commisit."  Item,  sicut  legitur  in  Regum, 
"  Absalon  in  tonsione  ovium  conjurari  fecit,  quo  interfici  jussit 
fratrem  suum  Amon."  Item,  "  Nabal,  vit  stultus,  in  tonsione 
ovium  negavit  exennia  David,  cujus  comminationis  timoré 
mortuus  est.  Si  ergo  temporalium  tonsores  ovium  sic  tempora- 
liter  puniti  sunt,  quanto  magis  spiritualium  tonsores  ovium,  vel 
potius  excoriatores,  œternas  ubi  spiritus  simul  et  corpora  crucia- 
bantur  pœnas  timere  possxint."  Quelques  "  exemples  "  de 
"  tondaisons  spirituelles  "  suivent  ce  passage. 

1227,  28.  Ces  vers  font  difficulté.  Parroches  paraît  suspect, 
et  que  serait  une  maisiere  frouche  ?  D'autre  part  la  leçon  de  A. 
est  évidemment  une  lectio  facilior  et  n'a  guère  de  sens.  Je 
propose  de  lire  :  Par  tout,  en  viles  et  parroches,  ont  terres, 
maisieres  et  frouches.  L'original  de  A.  B.  aurait  été  trompé 
par  le  sens  que  comporte  le  mot  vile  de  "  propriété  rurale  "  et 
aura  fait  entre  ce  vers  dans  l'énumération  des  richesses  des 
Cisterciens.  Nous  sommes  éclairés  sur  le  mot  frouches  par  les 
articles  Frostium,  Fraustum,  dans  Ducange.  Dans  un.  des 
textes  qu'il  cite  il  est  même  question  de  "  qtwddam  frostium 
nostrum  situm  in  parochia  de  Guarranda."  "  C'était  de  la  terre 
en  friche,  ou  bien  de  la  terre  "  en  gast."  On  trouvera  d'autres 
formes  du  mot  chez  Ducange.  M.  Meyer-Liibke,  Etymo- 
logisches  Wôrterbuch  ne  donne  qu'un  type  *Froccus  (dont  on 
ignore  d'ailleurs  l'origine),  et  ne  parle  pas  de  notre  mot.        Il 


NOTES  131 

faudrait  pour  celui-ci  un  type  *frôcca,  *frôccia  ou,  à  la  rigueur, 
*frôccium.  La  série,  "  terres,  maisieres  (habitations),  et 
jrouches,"  forment  une  série  très  acceptable  et  on  aurait  ainsi 
une  place  pour  y  mettre  "  les  brebis  et  les  béliers,  les  taureaux 
et  les  vaches  qui  mugissent  à  faire  peur."  Notons  que  les  deux 
mss.  donnent  i  a  tant  au  vers  1230. 

1231.  A.  semble  avoir  introduit  les  truies  à  cause  de  son  mot 
essouent  (il  distingue  soigneusement  u  et  n)  qui  ne  se  trouve 
pas  dans  les  dictionnaires  mais  qu'on  doit  lire  essaient  et 
rattacher  au  latin  sûbare. 

1234.  Sois  (soz)  "  toits  à  cochons."  Sur  ce  mot  qui  est  très 
vivant  dans  les  patois  modernes  (cf.  Atlas  Linguistique,  Carte 
Ecurie)  v.  Antoine  Thomas,  Essais  d'Etym.  fr.  I,  p.  385. 

1235.  Les  Granges  (établies  d'après  Guiot  dans  les  églises, 
v.  1226)  contenaient  en  effet  des  étables  et  des  écuries  en  même 
temps  que  des  granges  proprement  dites,  v.  Ducange  :  Grangia. 

1251.  "A  s'emparer  de  tout  le  pays  qu'ils  voient  de  leur 
abbaye." 

1259,  1268.  Laissa  c.à  d.  laissai. 

1263.  Guiot  a  dû  écrire  confes,  avec  gaaignie  en  trois  syllabes. 
Quant  au  sens  du  passage,  si  sil  se  rapportait  aux  Cisterciens 
en  général,  les  "confesseurs"  seraient  les  supérieurs,  qui,  ayant 
une  vie  pleine  de  douceurs,  ne  sont  pas  véritablement  morts  au 
siècle.  Les  martyrs  seraient  les  cloîtriers,  moins  heureux.  Mais 
sil  par  sa  position  semble  bien  se  rapporter  à  clostriers,  ce 
qui  fait  difficulté.  Quoi  qu'il  en  soit  des  confesseurs,  les 
martyrs  sont  évidemment  des  cloîtriers  qui  mènent  une  vie 
pénible;  ils  sont  "  engigniés  "  s'ils  comptent  sur  des  récom- 
penses futures  de  leurs  peines,  car  le  martyre  subi  sans  résigna- 
tion ne  vaut  rien.  En  effet  les  cloîtriers  ne  sont  pas  résignés  ; 
cf.  aux  vv.  1260,  61. 

1264.  Sur  la  cupidité  des  Cisterciens  cf.  ces  deux  strophes  du 
Discipulus  Goliœ  Episcopi  de  grisis  monachis  (Poems  attrib.  to 
Walter  Mapes,  édit.  Wright  (Londres,  1841)). 

Duo  sunt  qui  nesciunt  satis  detestari, 
Quœ  exosa  sentio  cœlo,  terrœ,  mari, 
Quibus  omnis  regio  solet  devastari 
Quibus  nullo  studio  potest  obviari  : 

Pestis  animalium  quœ  "  shuta  "  vocatur 
Et  Cisteriensium  quœ  sic  dilatatur  : 
Duplex  hoc  contagiutn  arbem  populatur — 
Quod  sit  magis  noxium  prorstis  ignoratur. 


132  LES  CEUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

Cf.  aussi  Walter  Mapes,  De  Nugis  Curialium  I,  c.  XXV,  édit. 
Wright  (Londres,  1850),  et  Spéculum  Stultorum,  p.  84,  édit. 
Wright  (Londres,  1872). 

1271.  Aux  jours  où  les  moines  étaient  indisposés,  soit  par  la 
saignée  périodique,  soit  par  la  maladie,  ils  avaient  droit  à  une 
pitance  plus  copieuse  et  surtout  plus  savoureuse  que  d'ordinaire. 
C'est  la  saignée,  la  minutio  sanguinis,  qui  est  appelée  ici 
"  enfermerie."  On  la  considérait  comme  un  plaisir,  et  c'était 
une  punition  sévère  que  de  s'en  voir  privé.  V.  Ducange  : 
Infirmariae. 

1273-1275.  Ne  sachant  que  faire  du  texte  de  B.,  j'ai  corrigé. 
Ce  serait  pour  que  le  vin  mauvais  passât  inaperçu  qu'on  l'aurait 
donné  à  ceux  qu'un  rude  travail  avait  mis  en  nage.  Escumé 
est  attesté  par  Godefroy  au  sens  de  "  ruisselant  de  sueur  "  : 
"  N'i  a  si  bon  cheval  n'ait  la  croupe  escumee  ;  Gui  de  Nanteuil, 
1401. 

1284.  Ce  vers  se  rapporte  à  vie  du  v.  précédent  ;  enflé  signifie 
"  plein  d'orgueil." 

1286.  Partir  le  jeu  signifie  ici  "  assigner  le  parti  que  l'on  doit 
prendre,"  non,  comme  d'habitude,  "  donner  le  choix  entre  deux 
partis." 

1292.  Tirant;  le  français  paraît  avoir  abandonné  l'emploi  du 
verbe  tirer  dans  le  sens  de  "  chercher  à  s'accaparer  d'une  chose." 
L'expression  "  tirer  la  couverture  à  soi  "  peut  très  bien  être  une 
nouvelle  formation.  L'italien  populaire  connaît  '  tirare  '  au 
sens  de  "  marchander,"  et  l'espagnol  '  tirar  '  :  "  apropiarse  o 
comerse  alguna  cosa." 

1293.  A  Maie  geyit  :  "  comme  des  brigands,"  cf.  Montaiglon 
et  Raynaud  Fabliaux  III,  p.  228  :  forment  doute  la  maie  gent 
Que  ne  li  toillent  son  argent. 

1298.  Le  texte  se  comprend,  mais  il  est  fort  probable  qu'il 
faille  lire  :  ne  per  engig  ne  per  avoir,  en  rattachant  ce  vers  au 
suivant. 

1303.  Ait,  subjonctif. 

1304.  Je  ne  comprends  pas  bien  ce  vers,  et  la  suite  me  paraît, 
également,  peu  claire. 

1313.  Ont  fait  :  "on  a  fait,"  comme  font  :  "on  fait"  au  v.  175. 
Le  Cardinal  en  question  serait  Gui  de  Parai,  "  ancien  abbé  de 
Cîteaux,  dont  la  carrière  en  cour  de  Rome  fut  si  brillante  sous 
Innocent  III  :  légat  en  France  et  en  Allemagne,  évêque  de 
Palestrina,  archevêque  de  Reims.  Il  est  mort  le  30  juillet,  1206  "  ; 


NOTES  133 

v.  Ch.-V.  Langlois,  op.  cit.,  p.  55,  note.  Il  fut  fait  cardinal 
en  1200.  M.  L.  renvoie  pour  Gui  de  Parai  à  Hist.  Litt.  XVI, 
p.  499,  et  mentionne  en  outre  un  autre  cardinal  cistercien,  Girard 
abbé  de  Pontigni,  mort  "  vers  1210." 

1353-8.  Ces  vers  sont-ils  une  digression,  ou  considère-t-il  les 
Cartusiens  comme  de  véritables  emmurés  ?  Toute  la  suite  des 
idées  est  difficile  à  saisir.     Cf.  la  note  suivante. 

!359-  Qu'on  lise  sil  avec  B.,  ou  que  avec  A.,  il  y  a  évidemment 
trouble  dans  les  deux  mss.  On  est  tenté  de  croire  à  une  lacune, 
où  le  poète  aurait  parlé  d'une  maison  des  Cartusiens  autre  que 
celle  de  la  Grande  Chartreuse.  Mais,  dans  ce  cas,  où  repren- 
drait-il le  fil  de  son  discours,  car  il  est  certain  que  plus  loin,  il 
est  question  de  l'ordre  en  général  ?  Cette  incertitude  rend  très 
peu  sûre  la  ponctuation  du  passage.  Le  fait  que  B.  met  Char- 
trouses  au  pluriel  (w.  1327  et  1441)  semble  indiquer  que  Guiot 
a  dû  parler  de  plus  d'une  maison. 

1362.  Mostrees  et  parées;  Godefroy,  s.v.  Parer,  ne  nous 
éclaire  pas  sur  le  sens  qu'il  faut  donner  à  ce  mot  ici.  Mais  il 
donne  le  mot  Parée  :  "  préparatifs  faits,  pour  la  réception  des 
hôtes."  Dans  Ducange,  s.v.  Paratœ,  on  trouve  les  expressions 
parare  hospitium,  mansio  parata,  mansionaticos  parare,  dans 
lesquelles  le  verbe  parare  a  un  sens  technique  :  "  préparer  pour 
recevoir  des  invités."  Il  est  évidemment  question  dans  notre 
passage  du  mot  latin  francisé.  Cf.  sur  l'hospitalité  des  monas- 
tères, w.  1499  et  suiv. 

1367.  Amendé  a  ici  sa  signification  fréquente  :  "  améliorer  sa 
condition  matérielle,  s'enrichir."     Cf.  v.  1702,  etc. 

1370.  Cf.  v.  1451.  Le  nombre  des  animaux  domestiques 
permis  à  chaque  maison  de  Chartreux  fut  établi  par  le  chapitre 
général  de  l'ordre  convoqué  en  1141  par  St.  Anthelme.  On  leur 
permettait  1200  brebis  ou  chèvres,  110  vaches,  32  bœufs,  20 
veaux,  6  mulets,  12  chiens. 

1371.  Il  y  avait  chez  les  Chartreux  "  termes  des  moines  "  : 
lieu  où  la  promenade  et  la  récréation  étaient  permises  aux 
religieux,  et  "  termes  des  possessions  "  :  les  terres  qui,  par  une 
ordonnance  faite  au  commencement  de  l'ordre,  étaient  réduites 
à  l'étendue  nécessaire  à  l'alimentation  du  monastère.  Cf.  Helyot 
t.  VII,  p.  385. 

1392.  C'est  Inde  qu'il  faut  lire.  Cf.  la  rime  princes  :  crevises, 
v.  173. 

1398.  On  peut  peut-être  comprendre  :  "et  cela  continue  à  se 
faire  chez  eux  depuis  longtemps  [qu'ils  refusent  de  la  viande 


134  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

aux  malades]."     Si  on  lit  se   longuement  dure  quel  serait  le 
sujet  de  dure  ?     Malades,  au  vers  1399,  ne  serait  guère  possible. 
1404.  Guiot  se  trompe.     C'est  St.  Paul  qui  le  dit  aux  Corin- 
thiens :  Cor.  I,  c.  x,  vv.  25,  27. 

1408.  Fust;  lis.  fu,  avec  A. 

1417.  Cf.  pour  ce  sens  spécial  de  désirer,  Mort  Aym.  de  Narb. 
v.  2449  :  La  char  manjuent  et  lo  sanc  boivent,  plus  que  vin  le 
désirent. 

1422.  Ait;  ici  pour  ai. 
1435.  £5;  c.à  d.  as  :  aux. 

1437.  B.  ne  connaît  pas  dans  son  dialecte  ni  enseing  ni 
repreing,  de  là  son  changement  du  texte. 

1441.     Ne  faudrait-il  pas  lire  des  Chartrouses?  Cf.  au  v.  1359. 

1444.  Lis.  ceste. 

1452.  C'est  une  exagération.  La  fondation  de  l'ordre  des 
Grammontains  est  de  1083.  Il  leur  était  défendu,  selon  la  règle 
que  formula  définitivement  en  1141,  Etienne  de  Lisiac,  4e  prieur, 
de  posséder  des  terres  ou  du  bétail,  de  se  mêler  de  commerce  ou 
de  prendre  de  l'argent  pour  des  messes.  Cette  règle,  telle  que 
la  formula  Etienne,  étonna  et  attira  à  la  fois  par  sa  sévérité.  Le 
goût  de  l'époque  était  aux  austérités  et  à  l'ascétisme.  "  En 
moins  de  30  ans,  dit  Helyot  (t.  VII,  pp.  406-7),  on  fonda  plus  de 
60  maisons  en  divers  lieux,  principalement  en  l'Aquitaine,  en 
l'Anjou  et  dans  la  Normandie." 

1461.  Commandises;  v.  Ducange,  s.v.  Commendisia.  C'était 
d'abord  l'action  de  mettre  sous  la  protection  d'un  seigneur  ou 
d'un  monastère,  moyennant  une  prestation  annuelle,  une  terre 
que  l'on  ne  pouvait  surveiller  soi-même.  Le  nom  s'est  appliqué 
ensuite  à  la  somme  payée  pour  une  telle  protection. 

1463.  Comme  le  dit  Walter  Mapes,De  Nugis  Curialiuml,x.x.vi, 
"  conservationem  interius  arcanam  tenent,  prœter  episcopum  et 
summos  principes  non  admittunt  quempiam." 

1464.  La  leçon  de  A.  s'accorde  mieux  avec  le  v.  1509  que 
celle  de  B. 

1465.  Cf.  vv.  1547,  78.  La  règle  des  Grandmontains,  très 
sévère  pour  les  religieux,  l'était  beaucoup  moins  pour  les 
convers.  Ceux-ci,  chargés  de  toute  administration  temporelle, 
de  l'exploitation  des  terres,  etc.,  devinrent  fort  riches  et  com- 
mencèrent à  s'immiscer  dans  les  affaires  spirituelles.  Quelques- 
uns  arrivèrent  même  à  exercer  l'office  de  correcteur.     Cet  état 


NOTES  135 

de  choses  provoqua  la  rivalité  dont  parle  Guiot.  En  1185  les 
convers  mirent  en  prison  (cf.  v.  1570)  Guillaume  de  Treynac,  6« 
prieur,  et  voulurent  le  déposer.  Au  bout  de  trois  ans  le  pape 
Lucien  III  le  réintégra,  mais  les  querelles  continuèrent,  avec  des 
trêves  plus  ou  moins  longues,  jusqu'à  la  fin  du  XHIe  siècle. 
Cependant,  comme  il  sera  question  plus  bas  des  convers,  il  est 
possible  que  nous  ayons  ici  une  allusion  à  une  autre  querelle 
qui  "  vint  se  greffer  sur  celle  des  convers  et  des  clercs,"  et  qui 
partagea  l'ordre  en  deux  camps  opposés  :  les  fratres  Gallici 
d'une  part,  les  fratres  Anglici  de  l'autre.  Les  fratres  Gallici 
s'efforçaient  à  enlever  à  la  maison  de  Grandmont,  qui  était  dans 
le  territoire  de  Henri  II,  la  suprématie  de  l'ordre.  En  1187 
Philippe  Auguste  conclut  un  accommodement  entre  les  deux 
partis.  Cf.  Guibert,  Destruction  de  l'ordre  de  Grandmont  (Paris, 
1877),  P-  54  et  suiv. 

148g.   Tôt,  de  A,  est  peut-être  préférable. 

1490.  As  ;  c.à  d.  es. 

1494.  Se;  lis.  si. 

1501.  A.,  avec  par,  nous  instruit  sur  le  sens  qu'il  faut  donner 
à  de.  Hosteil;  v.  Ducange,  s.v.  Hospitalis ;  c'était  la  partie  du 
monastère  réservée  aux  hôtes. 

1509-11.  Malgré  la  maladresse  évidente  de  ces  vers,  il  se  peut 
fort  bien  qu'ils  soient  authentiques.  La  rime  en  un  mot 
identique  et  la  répétition  du  verbe  savoir  ont  pu  pousser  A.  à 
corriger. 

1514.  Ce  n'est  pas  un  reproche  que  Guiot  leur  fait;  mais 
signifie  "  malgré  cela." 

1545.  Crollent  :  "  font  boucler  ";  cf.  b.all.  krul,  anglais  curl. 
Ce  mot  manque  au  Dict.  Etym.  de  M.  Meyer-Lûbke. 

1552.  Guibert,  op.  cit.,  p.  54,  cite,  à  ce  propos,  Fleury, 
Histoire  Ecclés.  t.  xvi,  p.  74  :  "  suivant  leurs  occupations  ils  [les 
convers]  demandaient  qu'on  leur  célébrât  l'office  divin  quelque- 
fois plus  tôt,  quelquefois  plus  tard  que  la  règle  ne  l'ordonnait. 
Si  les  moines  de  chœur  le  refusaient,  ils  se  fâchaient  contre  eux, 
et  ne  leur  donnaient  point  les  choses  nécessaires  à  la  vie,  qu'ils 
ne  pouvaient  recevoir  que  de  la  main  des  frères  lais."  Cf.  aussi, 
W.  Meyer  (aus  Spier),  De  scismate  Grandimontanorum  (vier 
lateinische  Rhythmen  von  1187)  dans  :  Nachrichten  von  der 
Kôniglichen  Gesellschaft  der  Wissenchaften  zu  Gôttingen,  1906, 
Heft  1,  p.  49  et  suiv. 

1554.  Amandent;  cf.  v.  1367  et  note. 


136  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

1561,  62.  Ces  vers,  qui  manquent  à  B.,  n'ont  guère  d'autre 
défaut  que  d'être  inutiles.  Observons  cependant  que  A.  a 
changé  signor  en  graingnor  au  v.  1563,  taudis  que  les  vers  1564, 
65  semblent  exiger  signor.  De  mot  barbaran,  qui  contient  une 
allusion  évidente  aux  "  barbes  "  des  vers  1539-1545,  ressort  plus 
dans  B.  que  dans  A.  On  sait  que  l'on  appelait  les  convers 
"  fratres  barbati  ";  cf.  Ducange,  s.v.  Barbati,  où  l'on  trouvera 
deux  textes  sur  l'insolence  des  convers  Grandmontains. 

1574.  V.  Leroux  de  Lincy,  I,  p.  150,  pour  un  autre  exemple 
de  ce  dicton. 

1579.  Les  chanoines  de  Prémontré  portaient  une  robe  de  laine 
blanche  et  un  scapulaire  de  même  couleur.  Cf.  Carmina 
Burana,  xvii. 

Dicuntur  Norpertini  [lis.  NorbertinU 

et  non  Augustini 

in  cano  vestimento 

novo  gaudent  invento. 

1591.  Paraît  être  une  expression  proverbiale,  dont  je  ne  con- 
nais pas  d'autres  exemples.  Chapel  signifie  "  abri  de  branches, 
hangar,"  v.  Godef.  ;  cf.  Ducange,  s.v.  Capellus.  On  comprendra 
donc  :  "  s'ils  ne  sont  pas  encore  dans  le  dénûment  complet  ils 
font  tout  ce  qu'ils  peuvent  pour  y  parvenir."  Notons  cepen- 
dant que  A.  donne  cil. 

1601.  Je  ne  saurais  dire  à  quel  incident  il  est  fait  allusion  ici. 
Je  n'ai  pu  consulter  Winter,  Fr.,  Die  Pràmonstraten  im  uten 
Jahrhundert  (Breslau,  1865). 

1611.   La  correction,  si  simple,  paraît  s'imposer. 

1613.  Sermon  :  latinisme,  incompris  par  A.  Cf.  "  Monas- 
terium  sub  sua  tuitione  et  sermone  jubeant  gubernare," 
Ducange,  s.v.  Sermo  ;  cf.  aussi  l'emploi  analogue  de  Verbum. 

1615.  Chapes:  forme  orientale  de  chapeaus ;  de  là,  différence 
de  genre  de  l'adjectif  dans  A.  et  B.  et,  pour  les  besoins  du  vers, 
dénomination  différente  de  l'étoffe.  Les  chanoines  réguliers  de 
St.  Augustin  portaient  par  dessus  leurs  vêtements  blancs  une 
longue  cappa  noire  munie  d'un  capuchon  de  même  couleur  dont 
ils  se  coiffaient  pour  sortir  ;  Wetzer  et  Weste,  Kirchen-Lexicon 
II,  p.  1830.  Si  nous  conservons  la  leçon  de  B.  il  faudrait 
entendre  chapes  comme  "  capuchons  "  ou  simplement  "  couver- 
ture de  tête."  Partout  ailleurs  B.  écrit  -iaus,  ou  -ials  pour  -ellos. 
Il  est  donc  plus  que  probable  que  la  forme  chapes  se  trouvait 
déjà  dans  1'  original  de  B.  et  que  celui-ci  a  compris  "  cappas  " 
malgré  le  genre  de  l'adjectif.     Quant  aux  noms  wallebrun  et 


NOTES  137 

isanbrun,  ils  sont  fréquents  et  signifient  tous  deux  un  tissu 
assez  fin  de  couleur  noire.  Les  deux  mots  sont  souvent  réunis 
et  on  n'arrive  pas  à  saisir  ce  qui  les  distinguait.  V.  Ducange, 
s.v.     Isembrunus,  Galabrunus. 

1629.  Selon  la  légende,  St.  Augustin  apparut,  en  1121,  à  St. 
Norbert,  fondateur  de  l'ordre  des  chanoines  de  Prémontré,  et 
lui  montra  sa  règle,  écrite  en  lettres  d'or. 

1635.  Dont  il  a  été  question  v.  989  et  suiv. 

1636.  Il  y  a  un  jeu  de  mots  sur  réguler  et  reculer,  j'ai  donc 
gardé  l'orthographe  de  B. 

1648.  Schulz,  op.  cit.,  p.  147,  cite  à  propos  le  Spéculum  Stul- 
torum,  p.  97    : 

Qui  duce  Bernardo  gradiuntur,  vel  Benedicto, 
Aut  Augustino  sub  leviore  jugo, 
Omnes  sunt  jures 

1672.  Tens  de  A.  est  peut-être  à  préférer. 
1676.  Ai;  c.à  d.  a. 

1680.  Jambais;  c.à  d.  gambais  :  "des  fèves  en  gilet  de  laine"  ; 
expression  pittoresque  pour  qui  connaît  l'intérieur  velouté  de 
la  "  robe  "  de  certaines  fèves. 

1682.  Moilliez  de  A.  donne  peut-être  un  meilleur  sens,  et 
d'autre  part  Guiot  fait  rimer  irié  avec  gié  w.  1067-8. 

1684.  Lisez  :  as  buez;  es  pour  as,  et  réciproquement,  est 
fréquent  dans  B. 

1687.  Peut-on  donner  a  maintenant  le  sens  de  "  sans  discon- 
tinuer "  ?  Cf.  l'exemple  de  Renaud  de  Montauban  dans 
Godefroy  : 

Florant,  brace  levée,  va  baisier  son  enfant 
Et  puis  trestoz  les  autres  cent  fois  de  maintenant. 
Cf.   aussi  les  expressions  modernes  "  de  suite  "  et  "  tout  de 
suite." 

1689.  A  noter  le  jeu  de  mots. 

1700.  Siet;  cf.  Raoul  de  Cambrai  (Ane.  Textes),  v.  7471. 

il  doute  le  paumier 

et  ces  covinnes  malvoisement  li  siet. 

1702.  Amendent;  cf.  vers  1367,  note. 

1712.  Il  font.  .  .  .  :  "  On  s'en  sert  [contre  les  Turcs"!  comme 
d'un  château  ou  d'un  mur." 

M 


138  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

1718.  De  se;  c.à  d.  "  de  ne  pas  les  attendre."  On  pourrait  lire 
et  si,  car  se  pour  si  dans  B.  est  fréquent. 

1726.  Sainne  :  cf.  Cligés,  v.  278,  Au  mer  qui  ne  lor  fu  pas 
sainne. 

1741.  Raisons,  comme  ailleurs  :  "  justice."  Le  mot  justice 
au  moyen  âge  contient  à  un  degré  beaucoup  plus  sensible  que 
de  nos  jours  l'idée  de  punition.  Justisier  c'est  "  punir,"  et 
le  justiceor,  c'est  souvent  "  le  bourreau." 

1762.  Ventre;  cf.  Armëure,  v.  554.  Fermer  semble  signifier 
ici  "  donner  de  l'assurance  à." 

1764.  Pour  l'idée  cf.  Armëure,  vv.  263,  264. 
1780-82.  Pour  trois  vers    presque   verbalement    identiques   v. 
Armëure,  vv.  122-124. 

1792.  Sem;  c.à  d.  sen.  Guiot  semble  attacher  à  ce  mot  une 
idée  de  prudente  administration  des  affaires.  Il  y  a  un  rapport 
étroit  entre  ce  vers  et  les  deux  qui  le  suivent  ;  cf.  aussi  v.  1753. 

1795.  Pour  le  sens  de  biens  [il  se  peut  très  bien  que  A.  donne 
ici  la  bonne  leçon  avec  bien  :  rienl  cf.  v.  239,  note. 

1803.  Si  vienent  est  une  erreur  de  lecture  du  scribe  de  B.,  et 
qu'il  faille  lire  vivent,  l'erreur  a  dû  exister  dans  l'original  de 
A.,  qui,  lui,  nous  donne  vont.  Ce  serait  ainsi  un  nouvel  indice 
de  la  parenté  des  deux  mss. 

1808.  Le  vers  intercalé  par  B.  est  évidemment  faux  car  chez 
lui  il  n'y  a  pas  de  rime  à  mer. 

L'Hôpital, à  son  origine  [fondé en  1065]  n'avait  d'autre  fonction 
que  de  recevoir  et  de  soigner  les  pèlerins  des  deux  sexes  tombés 
malades  à  Jérusalem.  Il  se  composait  alors  d'une  compagnie  peu 
nombreuse  de  frères  laïques.  Lors  de  la  conquête  de  la  ville 
sainte  par  les  chrétiens,  en  1099,  beaucoup  de  croisés  entrèrent 
dans  l'ordre,  qui,  ainsi  agrandi,  prit  sur  lui  de  veiller  à  la 
sécurité  des  pèlerins  pendant  tout  leur  séjour  en  Terre-Sainte. 
Pendant  le  12e  siècle  l'ordre  prit  une  telle  extension  que  de 
nombreux  hôpitaux  affiliés  furent  fondés  dans  les  villes  de  la 
côte  méditerranéenne  :  au  13e  siècle  leurs  revenus  atteignaient 
un  chiffre  15  fois  plus  grand  que  ceux  du  roi  de  France.  C'est 
vers  la  fin  du  12e  siècle,  après  la  conquête  de  Jérusalem  par 
Saladin  en  1187,  que  les  frères  hospitaliers,  abandonnant  l'exer- 
cice de  l'hospitalité,  s'adonnèrent  presque  exclusivement  au 
métier  des  armes. 

1837.  B.  paraît  ne  pas  connaître  le  mot  abet.  Pour  le  verbe, 
il  écrit  au  v.  1840  habiter. 


NOTES  139 

1844.  Pour  le  sens  de  aler  par  le  droit  on  pense  à  l'expression 
aler  parmi  le  voir;  cf.  Ivain,  v.  526  : 

Parmi  le  voir,  ce  sachiez  bien, 

m'an  vois  par  ma  honte  covir ;  Ivain,  526 

ou  parmi  la  verte ;ci.  v.  2215  de  notre  poème.  Si  le  parallèle  était 
juste,  aler  par  le  droit  signifierait  "  agir  ou  vivre  selon  le  droit." 
Mais  il  est  difficile  de  séparer  aler  du  v.  1844  de  ira  du  v.  1845. 
On  doit  plutôt  comprendre  :  "  Nous  devons  beaucoup  redouter 
le  droit,  car  c'est  selon  le  droit  que  l'on  disposera  de  nous, — c'est 
le  droit  qui  veut  que  chacun  s'en  aille  devant  le  grand  tribunal  ; 
mais  ceux-là  seront  condamnés  à  une  mort  infâme  dans 
lesquels  le  Droit  aura  trouvé  le  tort." 

1860  et  suiv.  Voyez  sur  ce  passage  Lavisse,  Histoire  de 
France,  III,  1  (Luchaire),  p.  352. 

I875,  76.  Les  deux  vers  que  donne  ici  B.  sont,  à  un  mot  près, 
une  répétition  des  w.  1863,  64.  Ne  comprenant  pas  bien  lor 
touche  j'ai  cru  bon  de  prendre  la  leçon  de  A.  Quant  à  l'épisode 
en  question,  que  l'on  chercherait  en  vain  dans  les  évangiles 
canoniques,  on  le  trouvera  conté  tout  au  long  dans  un  texte 
publié  par  Méon,  Nouveau  Recueil,  II,  p.  202. 

1913,  14.  Ces  vers,  fournis  par  A.,  ne  sont  pas  indispensables; 
si  on  les  admet  dans  le  texte,  il  faudrait  écrire  qui  au  vers  1916. 
Avec  la  leçon  de  B.  traverse  a  comme  sujet  sous-entendu  li 
hospitaus.  Traverser  signifie  "  changer  de  direction,  de  ligne 
de  conduite,"  cf.  la  variante  de  A.  au  vers  1282;  cf.  aussi 
Partenop.  2202  (cit.  Godefroy)  : 

Ici  traverse  l'aventure  : 
Dont  ert  soes  et  ore  est  dure. 

1915.  Traverser  et  tumer;  l'image  parait  être  d'un  cheval 
qui  "  se  traverse  "  en  se  cabrant. 

1920.   Cf.  pour  la  construction  les  w.  54,  171,  etc. 

I927.  35-  La  ligue  des  Capuchonnés  fut  formée  au  Puy-en- 
Velai  à  la  fin  de  l'année  1182  et  au  commencement  de  l'année 
suivante.  Elle  avait  pour  but,  l'établissement  d'une  paix 
générale  visant  à  la  suppression  de  tout  acte  de  violence  ;  on 
cherchait  ainsi  à  mettre  fin  au  pillage  des  routiers,  Basques, 
Arragonais  et  Brabançons  qui  infestaient  les  régions  environ- 
nantes, aussi  bien  qu'aux  exactions  des  seigneurs.  Cette  ligue 
avait  un  caractère  religieux  très  marqué  qui  se  traduisait  dans 


140  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

ses  règlements,  et  était  à  l'origine  essentiellement  pacifique.! 
Chaque  adhérent  se  confessait  avant  de  jurer  la  Paix  et  payait 
à  la  confréries  une  cotisation,  de  douze  deniers  à  son  admission 
et  de  6  deniers  chaque  année  à  la  Pentecôte.  Il  abjurait  en 
outre  le  jeu  et  la  taverne,  ne  portait  plus  ni  couteau  à  pointe 
ni  vêtements  civils3  et  renonçait  aux  jurons  indécents.  Il  était 
prescrit  que  chaque  dimanche  et  jour  de  fête  les  membres  de  la 
ligue  assisteraient  à  la  messe  et  aux  heures  de  jour,  et  suivraient 
les  processions  revêtus  de  leurs  capuchons,  signe  distinctif  de 
leur  association  et  qui  donnait  à  leur  habillement  un  certain 
caractère  monacal.  Ces  capuchons  étaient  en  toile  ou  en  laine 
blanche,  garnis  de  deux  rubans  qui  tombaient,  l'un  dans  le 
dos,  l'autre  sur  la  poitrine.  Celui  de  devant  portait  une  image 
en  étain  représentant  la  Vierge  avec  l'enfant  Jésus,  et  l'inscrip- 
tion :  Agnus  dei  qui  tollis  peccata  mundi  dona  nobis  pacem. 
Les  membres  de  la  ligue  formaient,  comme  le  dit  Mr.  Luchaire, 
"  une  franc-maçonnerie  très  étroite  dont  les  membres  se  juraient 
un  dévoûment  absolu.  Quand  un  Capuchonné  avait  tué  quel- 
qu'un par  hasard,  si  le  frère  du  mort  était  de  la  confrérie  il 
devait  aller  chercher  le  meurtrier,  le  mener  dans  sa  propre 
maison  et,  oubliant  son  deuil,  lui  donner  avec  le  baiser  de  la 
paix,  à  manger  et  à  boire." 

Aussi  ne  tardèrent-ils  pas  à  acquérir  une  réputation  de 
sainteté,  et  des  miracles  se  produisirent  sur  les  tombes  de 
certains  d'entre  eux,  morts  par  la  main  des  routiers.  C'est  pré- 
cisément ce  sentiment  de  fraternité  et  d'égalité  qui  leur  valut 
par  la  suite  l'hostilité  du  haut  clergé    et    des    nobles,    et    qui 

1.  M.  Luchaire,  dans  la  Grande  Revue,  no.  du  1er  mai  1900,  (v.  aussi 
dans  Lavisse  Hist.  de  Fr.,  vol.  3,  i,  pp.  301-4)  ne  tient  pas  compte  de 
cet  aspect  clérical  et  pacifique  du  mouvement.  Le  chroniqueur  anonyme 
de  Laon  dit  expressément  (v.  Historiens  de  Fr.,  vol.  XVIII,  p.  705, 6) 
que  la  grande  majorité  des  gens  qui  affluèrent  au  Puy  pour  prendre 
part  à  la  "  Paix  de  la  Vierge  "  ne  voulurent  pas  porter  ni  capuchon  ni 
enseigne,  "  préférant  marcher  en  ennemis  contre  les  ennemis  de  la 
Paix."  Et,  plus  bas,  ce  sont  les  "  caputiati  sine  chapiron  "  qui,  stimulés 
par  les  exploits  des  jurés  de  l'Auvergne  qui  avaient  fait  grand  carnage 
de  routiers,  s'attaquèrent  à  un  certain  Curberand,  chef  de  bande,  tuèrent 
jusqu'  à  neuf  mille  de  ses  hommes  et  emportèrent  triomphalement  sa 
tête  au  Puy.  Il  est  vrai  que  le  chroniqueur  Geoffroi,  prieur  de 
Vigeois  (v.  ibid,  p.  219),  dans  son  récit,  pourtant  très  détaillé,  ne  fait 
pas  cette  distinction. 

2.  Confratria,  Geoffroi  de  Vigeois. 

3.  V estimenta  togata.      M.   Luchaire  traduit  :  "  vêtements  efféminés." 


NOTES  141 

finalement  provoqua  leur  suppression.  Leur  ligue  fut  traitée  de 
secte,  et  leurs  doctrines  égalitaires  de  présomptueuse  et  subver- 
sive hérésie.  Leur  mouvement  s'était  étendu  à  la  Bourgogne, 
voire  même  au  territoire  royal,  mais  ils  ne  surent  résister  aux 
mesures  rigoureuses  que  prirent  pour  les  détruire  les  représen- 
tants de  l'ordre  établi.  1 

Quel  rôle  joua  Durand  Dujardin  le  charpentier  dans  la 
formation  de  cette  ligue?  Il  est  difficile  de  s'en  faire 
une  idée  précise  à  cause  du  désaccord  complet  des  chroni- 
queurs. Selon  une  croyance  générale,  propagée  sans  doute 
par  les  sectaires  eux-mêmes,  Dieu  apparut  à  Durand  et  lui 
donna  une  image  de  la  Vierge  avec  l'inscription  "  Agnum  Dei, 
etc."  C'est  le  récit  de  Rigord  (v.  Duchesne,  Hist.  Fr.  Scrip- 
tores,  vol.  v)  et  du  continuateur  anonyme  de  la  chronique  de 
Robert  du  Mont  St.  Michel.  Mais  ceux-ci  diffèrent  entre  eux 
sur  plus  d'un  point  :  Rigord  prête  à  l'évêque  du  Puy  le  premier 
rôle  dans  la  formation  de  la  ligue  et  fait  de  Durand  un  simple 
instrument,  l'anonyme,  au  contraire,  fait  agir  l'évêque  à  l'initia- 
tive de  Durand.  Pour  le  chroniqueur  de  Laon  ce  soi-disant 
miracle  (sur  lequel  d'ailleurs  il  donne  de  tout  autres  détails) 
n'est  qu'une  duperie  habilement  agencée  par  un  chanoine  du 
Puy  :  le  chanoine  est  le  vrai  fondateur  de  la  ligue,  Durand  un 
bonhomme  simple  d'esprit  et  fort  pieux.  Robert,  moine 
d'Auxerre,  ne  parle  ni  de  l'évêque  ni  du  chanoine,  ni  d'un 
miracle  quelconque  :  Durand,  selon  lui,  prétendait  avoir  été 
chargé  par  Dieu  de  prêcher  la  paix  et,  en  peu  de  temps,  réunit 
un  nombre  infini  d'adhérents.  Le  chroniqueur  Geoffroi,  prieur 
de  Vigeois,  est  contemporain  des  événements  et  a  évidemment 
observé  les  Capuchonnés  de  très  près.  Son  récit  est  fort 
intéressant  par  les  détails  qu'il  donne  sur  l'habillement  et  les 
pratiques  des  assermentés,  et  paraît  être  en  général  digne  de  foi. 
Selon  lui  Durand  "  vir  vultu  abjectus  sed  simplex  et  timoratus  " 
se  serait  rendu,  dirigé  par  Dieu,  auprès  de  l'Evêque  du  Puy  et 
l'aurait  averti  de  la  nécessité  de  rétablir  la  Paix.  L'humilité  de 
son  aspect  provoqua  l'étonnement  de  l'évêque  et  le  mépris  du 
vulgaire,  mais  il  réussit  cependant  à  réunir  quelques  centaines 
d'adhérents  qui  devinrent,  après  Pâques  de  l'année  1183,  un 
"nombre  innombrable" — " numerus  innumerus ."  C'est  Durand 
qui  alors  établit  les  règlements  de  la  ligue,  mais  c'est  à  la  suite 
de  la  prédication  de  l'évêque,  aux  fêtes  de  l'Assomption  de  la 

1.  V.  pour  les  détails  de  cette  suppression  dans  l'évêehé  d'Auxerre, 
Luchaire,  op.  cit.,  p.  304,  et  la  Chronique  d'Auxerre,  dans  Historiens  d? 
la  Fr.,  vol.   XVIII,  pp.  729,  30. 


142  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

même  année,  qu'une  foule  de  nobles,  d'évêques,  de  moines  et 
même  de  femmes,  prit  joyeusement  les  enseignes  de  la  paix. 
Guiot  est  seul  à  faire  de  Durand  un  habile  escroc  s 'enrichissant 
de  la  crédulité  du  vulgaire  ;  son  récit  est  évidemment  inspiré  du 
même  esprit  rationaliste  que  celui  de  l'anonyme  de  Laon,  et, 
comme  celui-ci,  vise  à  détruire  la  croyance  à  l'origine  miraculeuse 
d'une  secte  que  l'on  avait  fini  par  considérer  comme  hérétique 
et  dangereuse. i 

1936  et  suiv.  Voir,  pour  la  fondation  des  hospitaliers  de  St. 
Antoine,  Dom  Maillet-Guy  dans  le  Bulletin  de  la  société 
d'archéologie  .  .  .  de  la  Drome,  années  1907-08.  Voici  les  faits 
qui  nous  concernent  plus  immédiatement.  En  1083  le  corps  de 
St.  Antoine  se  trouvait  dans  l'église  de  la  Motte,  petite  localité 
du  Viennois,  où,  selon  la  tradition,  il  avait  été  transporté  de 
Constantinople  par  Jocelin,  seigneur  du  pays.  Il  s'y  trouvait 
depuis  un  temps  assez  long  pour  que  le  nom  du  lieu,  déjà  à  cette 
époque,  ait  été  changé  en  St.  Antoine,  nom  qu'il  porte  encore 
aujourd'hui.  Peu  après  cette  date  une  colonie  des  Bénédictins 
de  Montmajour  fonda  un  prieuré  à  la  Motte;  cet  établissement 
fut  confirmé  en  1090  par  l'archevêque  de  Vienne.  Ce  fut  en  1095, 
au  plus  tôt,  que  Gaston,  seigneur  dauphinois,  et  son  fils  Gérin, 
ayant  été  guéris  du  feu  de  St.  Antoine  grâce  aux  saintes 
reliques,  consacrèrent  vie  et  biens  au  service  du  Saint  et  aux 
soins  des  malades  atteints  du  mal.  D'autres  se  joignirent  à 
eux  et  l'hôpital  fut  fondé. 

C'était  à  l'origine  une  corporation  uniquement  laïque  bien 
qu'elle  n'ait  pas  tardé  à  avoir  des  prêtres  parmi  ses  membres. 
11  Près  de  cent  vingt  ans,  dit  Dom  Maillet-Guy,  il  n'y  a  à  St. 
Antoine  qu'une  seule  église,  celle  des  Bénédictins  (cf.  Guiot  vv. 
2033, 2083), où  le  personnel  tout  entier  de  l'hôpital  doit  se  rendre." 
Les  hospitaliers,  chez  qui  le  nombre  des  prêtres  augmentait 
d'année  en  année,  cherchaient  à  se  soustraire  à  l'autorité  du 
Prieuré  et  parvinrent,  en  1209,  malgré  l'opposition  persistante 
des  Bénédictins,  à  obtenir  d'Humbert,  Archevêque  de  Vienne,  la 
permission  de  construire  un  oratoire  sous  le  nom  de  Notre 
Dame.  L'oratoire  devait  être  de  petites  dimensions,  et  ne  devait 
contenir  qu'un  seul  autel  pour  la  célébration  de  toutes  les 
messes  ;  tous  les  droits  de  l'église  mère  étaient  expressément 
maintenus.  Cette  mince  concession  n'aurait  pu  suffire  aux 
besoins  religieux  de  la  confrérie,  qui  prenait  de  plus  en  plus  un 
caractère  monastique,  et  qui  fut,  en  1247,  définitivement  soumise 

1.  V.  pour  une  autre  étude  sur  Durand  Chapuis,  Legrand  d'Aussy 
dans  Notices  et  Extraits  des  Mss,  v,  p.  290. 


NOTES  143 

à  la  règle  de  St.  Augustin.  Mais  malgré  l'importance  toujours 
croissante  du  nouvel  ordre,  le  différend  avec  les  Bénédictins  du 
prieuré  durait  toujours,  ceux-ci  ne  cessant  de  faire  valoir  leur 
autorité  et  de  réclamer  une  part  aux  produits  des  quêtes  des 
hospitaliers.  La  querelle  ne  prit  définitivement  fin  qu'en  1297, 
quand  le  pape  Boniface  VIII  transféra  à  ces  derniers  le  prieuré  de 
St.  Antoine,  avec  tous  ses  droits  et  ses  appartenances,  leur  ordon- 
nant de  payer  aux  Bénédictins  de  Montmajour,  en  compensation, 
une  pension  annuelle  de  1300  livres. 

Il  convient  peut-être  de  modifier  un  peu  le  récit  de  Dom 
Maillet-Guy  en  tenant  compte  des  abus  qui  s'étaient  introduits 
dans  l'hôpital,  et  qui  excitèrent  l'indignation  de  notre  poète. 
En  effet,  nous  savons  qu'en  1231,  seize  ans  avant  que  les  hos- 
pitaliers eussent  reçu  la  règle  de  St.  Augustin,  un  légat  du  pape, 
probablement  Gautier  de  Marris,  évêque  de  Tournai,  avait 
formulé  des  statuts  pour  régler  la  vie  en  commun  de  la  confrérie. 
Il  se  peut  fort  bien  que  l'extension  des  abus  signalés  par  Guiot 
ait  dans  une  certaine  mesure  provoqué  ce  règlement. 

1957.  S'tievre;  c.àd.  celle  du  prieuré  bénédictin,  car,  comme 
le  dit  Guiot,  les  convers  n'ont  encore  ni  église  ni  chapelle. 

1967,  68.  Pour  la  rime,  v.  Introd.,  p.  xliii. 

1980.  Contraitas ;  c'est  un  emploi  plaisant  du  suffixe 
-ai(<attus)  qui  sert  à  désigner  les  petits  des  animaux.  Con- 
trairaz,  donné  par  Godefroy,  et  qui  provient  de  A.,  est  à  rayer 
de  la  lexicographie. 

1992.  Tig;  celle-ci  est  pour  notre  scribe  la  forme  du  présent; 
je  ne  saurais  dire  quelle  était  pour  lui  la  forme  du  prétérit,  qu'il 
faudrait  introduire  ici. 

2001,  03.  Ces  vers  doivent  être  compris  comme  une  parenthèse  ; 
ce  qui  nous  est  indiqué  du  reste  assez  clairement  par  les  mots 
avant  et  icelui,  c.à  d.  "  le  vilain  "  mutilé  par  la  justice. 

2006.  La  "  truandise  "  consistait  à  s'enrichir  en  faisant  croire 
que  ces  bandits,  sortis  estropiés  des  mains  de  la  justice,  étaient 
atteints  du  feu  de  St.  Antoine.  On  les  guérissait,  on  criait  au 
miracle,  les  malades  accouraient  et  les  revenus  augmentaient. 

2007,  09.  Vertuz  signifie  "  miracles,"  et  sains  cors  "  le  corps 
saint  " — ce  qui  a  échappé  à  M.  Langlois,  qui  a  été,  à  propos  de 
ces  vers,  plus  dur  pour  Guiot  qu'il  n'aurait  dû  l'être  ;  v.  op.  cit. 
p.  32. 

2010,  11.  Oille<ol\am.  Cf.  Li  Prov.  au  Vilain,  160  :  Il  pert 
bien  aus   tez   quel   li  pot  furent.    V.   la  note  de  Tobler  à  ce 


144  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

passage.      Il   cite,   entre   autres,   le  proverbe   latin  :   Ex   testa 
qualis  fuerat  dinoscitur  olla.     Cf.  aussi  Armëure,  552. 
2017,18.  Lis.  fostise -.truandise. 
2027.  Lis.  as. 

2027.  Cette  exploitation  des  reliques,  qui  consistait  à  les  pro- 
mener d'un  endroit  à  l'autre,  était  souvent  pratiquée  au  moyen 
âge.  V.  Guibert  de  Nogent,  Gesta  Dei  per  Francos  I,  c.  v: 
(Opéra,  édit.  d'Achery,  p.  375)  ;  cit.  Franklin,  La  vie  privée  en 
France  au  temps  des  premiers  Capétiens,  vol.  i,  p.  7. 

2088.  "  Ils  s'entendent  trop  bien  au  sujet  de  leurs  trom- 
peries." 

2113-28.  Les  vers  2111,  12  et  2119,  20,  qui  se  trouvent  égale- 
ment dans  A.  et  dans  B.,  rappellent  les  vers  suivants  du  Roman 
de  Troie  : 

A  femme  dure  dueus  petit  : 

A  l'un  ueil  plore,  a  Vautre  rit. 

Moût  muent  tost  li  lor  cor  âge, 

Assez  est  joie  la  plus  sage. 
(Vv.  13441-44  de  l'édition  Constans  ;  13415-18  Joly).  Les  vers 
2113-16,  qui  ne  se  trouvent  que  dans  B.,  ne  sont  autre  chose  que 
les  vers  13445-48  du  Roman  de  Troie  dont  on  n'a  fait  que  trans- 
poser les  couplets.  La  version  qu'en  donne  M.  Constans  (v. 
aussi  Chrestomathie  de  l'ancien  français,  p.  67)  est  la  suivante  : 

Quant  que  ele  a  set  anz  amé 

A  elle  en  un  for  oblié  : 

One  nulle  ne  sot  duel  aveir. 

Mont  lor  pert  bien  de  lor  saveir  : 

[/a  n'avra  tant  nul  for  mesfait 

Chose  ne  rien  qui  tant  seit  lait, 

Ço  li  est  vis,  qui  que  les  veie, 

Que  l'on  ja  blasmer  les  en  doie.l 
Faut-il  croire  que  Guiot  a  plagié  Benoît  de  Sainte-Maure,  ou 
bien  est-ce  le  scribe  de  B.  qui  aura  fait  une  interpolation? 
Faut-il  rétablir  l'ordre  des  vers  tel  que  nous  le  donne  le  Roman 
de  Troie  ?  Les  vers  2121-28,  qui  manquent  également  dans  A, 
sont-ils  aussi  interpolés  ?  Autant  de  questions  auxquelles  il 
est  malaisé  de  répondre  avec  conviction  vu  l'état  défectueux  de 
la  tradition  manuscrite. 

2130.  V.  Tobler,  Kaiser  C.  als  betrogener  Ehemann,  Jahrbuch, 
xii,  p.  104,  et  Fôrster,  Cligés,  Introd.,  p.  xix. 

2158,  62.  La  clef  de  ce  passage,  qui  est  corrompu  dans  les  deux 
mss.,  nous  est  donnée  par  le  prétérit  sot  que  nous  fournit  A. 


NOTES  145 

(v.  2160),  mais  qui  chez  lui  est  inintelligible.  La  suite  des 
idées,  à  partir  du  vers  2149,  paraît  être  la  suivante  :  "  Celui  qui 
fit  l'ordre  des  nonnes  et  des  converses  fonda  une  institution 
contre  nature.  En  effet,  comment  la  femme  livrée  à  elle-même 
peut-elle  vivre  sagement  alors  que  celle  qui  est  sous  une  stricte 
surveillance  parvient  toujours  à  faire  des  folies  ?  Le  pigeon  (qui 
proverbialement  salit  les  églises)  agit  selon  sa  nature  en  y  faisant 
son  nid,  mais  il  était  bien  naïf  celui  qui  pensait  pouvoir  faire 
tenir  des  femmes  dans  les  ordres." 

2160.  Se  gaitier,  que  les  deux  scribes  semblent  avoir  mal  com- 
pris, arrive  à  signifier  "  s'apercevoir,  se  rendre  compte  de 
qqch.";  cf.  Le  Rendus,  Car.  xx.  6  éd.  Van  Hamel  : 

et  ele  ne  se  sot  gaitier 

por  coi  li  fait  senlant  si  lait. 
Mais  le  passage  suivant  du  Philomena,  v.  874  : 
Mal  s'i  sot  Tereus  gaitier 
Quant  a  garder  li  commanda, 
[c.à  d.  "  il  prit  mal  ses  dispositions  "],  nous  fournit  un  sens  plus 
voisin  du  nôtre;  v.  aussi  Philom.,  v.  1342. 

2164.  Cf.  Leroux  de  Lincy,  Prov.  fr.,  I,  125  : 

Qui  veut  tenir  nette  sa  maison 
N'y  mette  femme  prêtre  ne  pigeon. 

2165.  L'interprétation  que  donne  M.  Langlois,  op.  cit.,  p.  64, 
serait  aussi  erronée  que  celle  qu'il  reproche  à  VHist.  littéraire. 
M.  L.  interprète  "  leurs  cœurs."  On  doit  plutôt  comprendre, 
plus  littéralement,  "  ils  ne  maintiennent  pas  la  pureté  [L'Hist. 
litt.  dit  "  propreté  "]  dans  leurs  couvents.  Cf.  v.  1742  ss. 
Guiot  ajoute  plus  bas,  v.  2179  ss.  :  "  Il  est  vrai  que  c'est  le 
coeur  fidèle  qui  est  le  véritable  temple  de  Dieu,  mais  cependant 
Dieu  aime  aussi  qu'un  lieu  qui  est  honoré  en  son  nom  soit  pro- 
prement [c.à  d.  purement]  tenu." 

2166.  Costume,  en  plus  de  sa  signification  de  "  habitude," 
signifie  aussi  "  chose  due  "  ou  "  chose  rendue  habituellement." 
Dete,  lui  aussi,  a  deux  sens  :  "  chose  que  l'on  doit  "  et  "  chose 
que  l'on  rend,  ou  qu'on  a  rendu."  Cette  double  sémantique, 
dont  le  poète  ne  se  préoccupe  guère,  nuit  à  la  clarté  des  idées; 
cf.  plus  bas,  v.  2188. 

2176.  La  correction  est  facile  et  s'impose  ;  sans  elle  le  v.  2179 
n'aurait  guère  de  sens. 

2188.  Ex  consuetudine  constat  jus.  Il  va  sans  dire  que  le 
lien  qui  unit  ce  vers  au  suivant  n'est  que  verbal.  Tout  le  passage 


146  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

est  rendu  obscur  par  l'emploi  des  mots  dete,  droit,  costume, 
acostumance,  tantôt  dans  un  sens,  tantôt  dans  un  autre. 

2197.  Aquiter  et  encombrer  sont  souvent  opposés  dans  les 
textes  à  propos  du  paiement  de  dettes.  Cf.  Livre  des  Manières, 
v.  712  ;  Prov.  au  vilain,  122  ;  Rustebuef,  De  la  Griesche  d'Yver, 
v.  74  ss. 

2202.  Je  corrige  tient  en  rent.  A.  fait  la  faute  inverse  au.v. 
2210. 

2208.  Eslume.  Godefroy  donne  deux  exemples  de  ce  mot,  mais 
dans  les  mss.  lorrains,  es-  étant  souvent  remplacé  par  a-  [cf. 
Armëure,  v.  498  :  acorse  (écorce),  v.  587  :  aface  (efface)],  on 
trouve  aussi,  par  graphie  inverse  es-  pour  a-  ;  cf.  Orson  de 
Beauvais  (G.  Paris),  Introd.,  p.  x. 

2228.  Pour  le  sens  de  dette,  voir  v.  2166,  note. 

2297.  Lisoient  :  cf.  Ducange,  s.v.  Légère. 

2303.  Croces  de  A.,  c.à  d.  "  des  évêchés,"  est  une  leçon 
attrayante  mais  pas  plus  assurée  que  celle  de  B. 

2304.  Anz  de  B.  est  étrange  avec  tans  dans  le  vers  suivant.  Ne 
faudrait-il  pas  lire  :  aanz,  ahanz  ?  Tanz  (<tempus)  :  granz,  de 
A.,  serait  une  négligence  unique  chez  Guiot;  cependant  pour- 
pens  que  nous  donne  A.  au  v.  2305  est  assez  séduisant. 

2316.   Cf.  le  passage  de  V Armëure  vv.  574-89. 

2318  et  suiv.  Schulz,  op.  cit.,  p.  189,  cite  Rayn.  Lex  rom.  II, 
189  :  semblans  es  a  barutel — -Reten  lo  lach  e  laissa'l  ben,  mais  ne 
trouve  pas  de  passage  semblable  dans  la  Bible. 

2325.  Le  vers  est  étrange.  Faut-il  lire  :  Ypocrisie  est  et 
traïsons,  en  faisant  une  crase  à  la  4e  syllabe  ? 

2339.  Pour  le  genre  fém.  de  chenal,  dont  il  n'y  a  pas  d'ex, 
dans  Godefr.,v. l'article  1568,  Canalis,  dans  Meyer-Lùbke,  Etym. 
Worterbuch. 

2384.  Cf.  Lou  jeu  li  a  fait  au  droit  neu  :  Mont.  Rayn.FabJ.IV, 
148. 

2389.  Pora  ["fut.  de  porirl  de  B.  serait  une  allusion  à  la 
"  chenal  "  ;  purra  [de  puirj  que  nous  donne  A.  se  rapporterait  à 
la  "  chandelle." 

2399.  Cf.  Tobler,  Prov.  au  vil.  iii,  7  :  L'uevre  se  prueve;  v. 
Adam  de  le  Halle,  Canchons  et  Partures,  édit.  Berger,  p.  105,  où 
l'éditeur  a  réuni  sous  diverses  formes  de  nombreux  exemples  de 
cette  pensée. 


NOTES  147 

2404.  Les  legitres  sont  à  la  fois  ceux  qui  enseignent  le 
droit,  et  ceux  qui  l'exercent  ;  v.  Ducange,  Legista. 

2414.  Cf.  Armëure,  v.  548. 

2420  et  suiv.  La  leçon  de  B.,  où  il  est  question  de  ceux  qui 
enseignent  le  droit,  va  mieux  avec  les  vv.  2416,  17. 

2428.  Cette  allusion  évidente  au  vers  2399  a  été  méconnue  des 
éditeurs  de  la  Chrestomathie  de  Bartsch. 

2429,  30.  Il  y  a  divergence  entre  les  deux  mss.,  B.  donnant 
glose  au  premier  des  deux  vers,  A.  au  second.  A  lire  lose  avec 
A.  au  v.  2429  le  mot  mais  n'aurait  guère  de  raison  d'être,  car  il 
n'y  aurait  pas  opposition  d'idées,  mais  continuation  d'une  même 
pensée  dans  les  deux  vers.  Je  lis  donc  glose  dans  chaque  vers, 
lui  donnant  d'abord  le  sens  de  "  glose,"  ensuite  de  "  critique," 
"  réprimande."  La  rime  identique  suffirait  pour  expliquer  la 
gêne  des  scribes.  Mais  on  pourrait  à  la  rigueur  conserver  au  v. 
2430  la  leçon  chose  de  B.  et  l'entendre  comme  un  postverbal 
de  choser  signifiant  "  réprimande."  La  place  importante  que 
tenaient  les  gloses  dans  l'enseignement  du  droit  au  moyen  âge 
est  bien  connue.  Le  perfectionnement  que  les  professeurs  de 
l'école  de  Bologne  apportèrent  à  cette  méthode  leur  valut  le  nom 
de  Glossateurs. 

2431,  2,  3.  A  en  juger  d'après  le  v.  2433  l'original  de  B.  était 
ici  difficile  à  déchiffrer.  J'ai  donc  adopté  la  leçon  de  A.  qui  est 
supérieure  comme  sens.  Desliées  =  bien  pendues,  et  liées  = 
attachées.  Il  y  a  un  petit  jeu  de  mots  sur  les  deux  sens  de 
desliées.  On  peut  hésiter  sur  la  ponctuation,  le  vers  2433  se 
rattachant  tout  aussi  bien  à  ce  qui  le  suit  qu'à  ce  qui  le  pré- 
cède. 

2436.  Bologne-es-lois,  pour  distinguer  Bologne  de  Boulogne 
(Pas-de-Calais). 

2437.  Cors  :  nous  avons  évidemment  à  faire  à  un  Cursus, 
terme  universitaire.  On  trouve  cursus  theologicus  dans 
Ducange,  s.v.  Cursor.  Pour  le  sens  de  maintenir,  cf.  l'expres- 
sion "  maintenir  le  siècle  "  :  un  veil  chanu  Qui  a  le  siècle 
maintenu  Quatre  vinz  ans  ou  près  de  cent  :  Besant  de  Dieu, 
v.  910. 

2448.  On  connaît  l'emploi  poétique  du  mot  fougère  au  sens 
de  "  verre  à  boire." 

2451.  Deus  de  B.  semble  avoir  été  appelé  par  Deus  du  v.  2454. 

2455.  As  cors:  Cursus  ou  *curtes?  Cursus  convient  mieux 
aux  deux  vers  qui  suivent. 


148  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

2463.  Ait;  indicatif. 

2485.  Le  sens  semble  exiger  jugleor  qui  est  la  variante  de 
Turin.  B.  donne  ailleurs  guilleor  où  A.  nous  donne  jogleor, 
v.  124.  Cf.  au  sujet  de  la  vénalité  des  avocats,  Le  Dit  des 
Avocats  :  Rom.  XII,  p.  215  et  suiv.  Pour  mettre  fin  à  leur 
avidité,  plusieurs  conciles  (Monpellier  1162,  Tours  1163,  Paris 
1212)  interdirent  aux  moines  et  aux  chanoines  réguliers  l'étude 
du  droit  civil  ainsi  que  celle  de  la  médecine,  disciplines  plus 
lucratives,  partant  plus  populaires,  que  celle  du  droit  canonique. 
Cf.  Hist.  litt.  IX,  p.  218  ;  Lavisse  (Luchaire)  Hist.  de  Fr.  III, 
i,  329- 

2505.  Remarquons  qu'il  y  a  ici  divergence  entre  les  mss. 
[Turin  donne  convertie  en  amer],  qui  sont  cependant  d'accord 
pour  donner  (v.  2506)  "  et  si  rai  je  oï  conteir,"  dont  la  traduction 
naturelle  est  :  "  et  j'ai  entendu  dire  aussi."  Etant  donné  le 
caractère  conservateur  du  ms.  B.,  il  est  a  peu  près  assuré  qu'il  y 
avait  ici  une  lacune  dans  le  ms.  dont  paraît  descendre  notre  famille. 
Cette  lacune  aurait  été  comblée  par  A.,  qui,  nous  le  savons,  ne 
craint  pas  les  remaniements.  Le  couplet  qui  manque  a  dû 
contenir  plus  ou  moins  amplifié  l'équivalent  de  ces  mots  :  "on 
dit  que  l'on  trouve."  Que  la  légende  de  sources  d'eau  douce 
trouvées  dans  la  mer  existait,  c'est  ce  que  nous  prouve  la  jolie 
strophe  qui  suit.  Elle  est  tirée  du  Recueil  de  Chansons 
pieuses  du  XUIe  siècle,  publié  par  Edw.  Jârnstrôm  (Helsingfors, 
1910).     C'est  une  série  d'épithètes  de  la  Vierge  : 

Rose  cui  nois  ne  gelée 
Ne  fraint  ne  mue  colour, 
Dedenz  haute  mer  salée 
Fontenele  de  douçour, 

Clere  en  tenebrour, 

Joiouse  en  tristour, 

En  flamme  rousee.       [P.  44,  pièce  XII.] 

C'est  à  l'obligeance  de  M.  Artur  Lângfors  que  je  dois  la  connais- 
sance de  ce  texte. 

2507.  Triade  :  "  Dicamus  igitur  quod  tyriaca  potest  primo 
modo  dici  quasi  tyrie  caro  :  quoniam  in  ipsa  ponitur  caro 
tylie  •/"  serpentis  femine  taliter  nominati  :  que  etiam  vipera  et 
chidua  ab  autoribus  nuncupatur  :  propter  quam  precipue 
carnem  tyriaca  ponitur  valere  contra  venena  prœsertim 
animalium  venenosorum  :  Nicolai  Prsepositi,  Dispensarium, 
fol.  lxiii  v»  (Lyon,  1536). 

2512.  On  trouvera,  inversement,  loi  por  lor  dans  B.,  v.  2527. 


NOTES  149 

2522.  Je  ne  sais  que  faire  des  deux  vers  étranges  ajoutés 
par  B. 

2523-2686.  On  peut  consulter  sur  les  médecins  et  la  médecine 
du  moyen  âge  :  C.  Vieillard,  Gilles  de  Corbeil,  essai  sur  la  société 
médicale  et  religieuse  au  xii«  siècle  (Paris,  1909). 

2544.  Chergié  de  grant  ennui — à  cause  du  nombre  de  charla- 
tans. 

2551.  Ce  vers  paraît  se  rattacher  à  l'idée  déjà  exprimée  au  v. 
2536,  et  on  est  étonné  de  l'étrange  traduction  Liien  :  "  intestin  " 
du  glossaire  de  la  dernière  édition  de  la  Chrestomathie  de 
Bartsch.  Pour  d'autres  exemples  du  mot  liien,  où  le  sens  côtoie 
toujours  l'idée  de  "  entrave,"  ensuite  "  rapport,  relation  "  v. 
Cliges,  v.  67S3  ;  Tobler,  Prov.  Vil.  133  et  note;  Rom.  xli,  p.  230  : 
Poème  contre  les  femmes,  v.  82  ;  Livre  des  Manières,  v.  420. 

2552.  Qui,  etc.  :  "  Quant  on  se  met." 

2554.  Mais  est  adv. 

2563.  Penseret  ou  pasceretl  Le  sens  probable  est  celui  de 
"  malade  "  ou  de  "  maladie." 

2570.  On  est  tenté  de  voir  dans  corpeus  le  mot  cuerpous  [selon 
M.  Fôrster  de  cor  et  pulsus]  de  Cliges,  v.  3025  ;  mais  il  s'agit 
là  d'une  maladie  :  "  de  quinancie  et  de  cuerpous  "  tandis  que 
dans  notre  passage  le  mot  est  adjectif.  Peut-être  faut-il 
remonter  à  un  type  *corposus?  Notons  que  corporosus  est 
attesté  au  sens  de  "  corpulent  "  ;  corposus  serait  donc  une  forma- 
tion possible. 

2571,  72.  On  connaît  la  quadruple  division  des  tempéraments 
de  l'homme  en  :  Sanguinei,  Cholerici,  Flegmatici,  Melancholici ; 
cf.  Flos  Medicinœ  Salerni  w.  1167-97,  édit.  Renzi,  Collectio 
salernitana,  I  (Naples,  1852). 

2574.  Ventosité  :  Quatuor  [morbi]  ex  vento  veniunt  in  ventre 
retento  :  spasmus,  hy drops,  colica,  vertigo— quatuor  ista;  cf. 
Flos  Medic.  Sal. 

2575.  Enpotes  [empostes]  :  selon  la  Chrest.  de  Bartsch,  "trom- 
peuses." Mais  un  coup  d'œil  aux  exemples  de  Godef.  suffit  pour 
prouver  que  le  mot  signifie  plutôt  "  sale,"  "  vilain,"  interpréta- 
tion qui  convient  parfaitement  au  v.  2578  de  notre  texte.  Cf. 
aussi  Miserere  136,  8,  où  il  est  question  d'une  composte 
emposte.  Godefr.  traduit  par  "  impotent  "  (!),  et,  pour  notre 
exemple,  "trompeur." 

2580.  Fi  :  il  y  a  dans  les  Recherches  d'Estienne  Pasquier(l.  vi, 
c.  xxv),  un  chapitre  fort  amusant,  intitulé  "  De  ces  mots,  de 


150  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

Fy  entre  les  François,  et  de  Physicien  usurpé  pour  Médecin  par 
noz  ancestres,"  et  qui  commence  :  "  On  dit  en  commun  Proverbe 
que  les  paroles  ne  puent  point."  Après  avoir  constaté  que  chez 
Terénce  le  mot  "  Phi  "  n'exprimait  que  l'étonnement,  il  fait 
remarquer  que  le  mot  est  "  dégénéré  de  cette  ancienne  noblesse  " 
et  ne  s'applique  qu'aux  choses  les  plus  sales.  "  Et  c'est  pour- 
quoy  nos  appelions  Maistre  Fify  celui  qui  se  mesle  du  mestier 
de  curer  nos  latrines.  Mot  qui  a  esté  de  toute  ancienneté  ainsi 
usité  entre  nous,  comme  vous  entendez  des  vers  que  je  vous 
reciteray  maintenant."  Suit  alors  la  remarque  que  "  Physicien" 
signifiait  encore  "  médecin  "  au  temps  de  la  Farce  de  Pathelin, 
et  enfin  ces  mots  :  "Or  comme  ainsi  soit  qu'ils  fussent  ainsi 
appelez  des  le  temps  mesmes  de  S.  Louys,  Hugues  de  Bercy, 
Moine  de  Saint  Germain  les  Prez  en  sa  longue  satyre  ou  il  taxe 
tous  les  Estats  souz  le  titre  de  la  Bible  Guiot  après  n'avoir  par- 
donné aux  Advocats,  tombant  dessus  les  Médecins,  voicy  com- 
ment il  les  paye  en  l'orthographe  qui  s'ensuit."  Dans  sa 
citation  on  remarque  les  particularités  suivantes  :  les  v.  2581,  82 
manquent  ;  2583,  84  :  De  fy  doit  toute  ordure  naistre,  Et  de  fy 
Fisique  doit  estre  ;  2585,  86  manquent.  Sauf  ces  lacunes  la  cita- 
tion va  du  v.  2579  au  v.  2590.  Les  v.  2583,  84  sont  plus  forts 
chez  lui  que  dans  nos  mss.,  quant  aux  vv.  2585,  86,  ils  sont 
presque  certainement  une  interpolation  de  A. 

2592.  La  leçon  de  A.  est  ici  préférable;  cf.  v.  2639. 

2603.  Lis.  rachat. 

2609.  "  Ubi  indigentia  non  oportet  laborare  "  et  "  Dum  dolet 
accipe  "  sont,  selon  Jean  de  Salisbury  (Metalogicus,  1,  4),  les 
deux  règles  que  les  médecins  observent  le  mieux.  On  peut  citer 
à  ce  propos  les  sages  conseils  du  Flos  Medicinœ  : 

Est  Medicinalis  Medicis  data  régula  talis 
Ut  dicatur  :  da\  da\  dum  profert  languidus  :  ha\  ha\ 
Dum  dolet  infirmus  Medicus  sit  pignore  firmus 
Instanter  quœrat  nummos  vel  pignus  habere. 

2612.  L'école  de  médecine  de  Montpellier  était  aussi  fameuse 
que  celle  de  Salerne.  Il  faut  croire  que  son  prestige  était  grand 
même  auprès  de  sa  rivale  car  le  compilateur  du  Flos  Medicinœ 
de  Salerne  en  appelle  à  son  autorité  : 

Quidquid  enim  scribam  probat  ars  et  opus  medicinœ 
Est  que  mihi  testis  mons  physicus  pessulanus  ;  vv.  1425,  26. 

2614.  Les  électuaires  étaient  souvent,  en  même  temps  que  des 


NOTES  151 

médicaments,  des  friandises  que  l'on  servait  comme  dessert.  Le 
Pliris  archonticum  était  un  électuaire  aromatique,  employé  dans 
les  mêmes  cas  que  le  diamargariton,  lequel  paraît  avoir  été  plus 
coûteux  ;  cf.  Aegidius,  De  Comp.  Med.  III,v,  247  :  Nobilibus 
Diamargariton  stia  dona  ministrat;  Se  Pliris  axe  volans  medio 
mediocribus  offert;  cit.  San  Marte,  p.  331.  Pour  ses  propriétés 
v.  Flos  Medecinœ,  v.  1497  ss. 

2616.  Ne  faudrait-il  pas  lire  qu'i  ont!  Ce  qui  rendrait  plus 
faciles  les  vers  2619,  20. 

2617,  18.  Rosat,  Violât  :  il  faut  sous-entendre  sans  doute 
"  sucre."  Le  sucre  rosat  s'employait  surtout  dans  les  troubles 
gastriques,  le  sucre  violât  dans  les  affections  des  organes  respira- 
toires v.  Flos  Medicinœ  v.  1131  et  suiv. 

2619.  Nicolaus  Prepositus  distingue  trois  espèces  de  "  diar- 
hodon  "  :  le  diarhodon  proprement  dit,  le  diar.  abbatis,  et  le 
diar.  Julii.  C'est  ce  dernier  qui  semble  être  le  plus  important 
des  trois.  Il  contient  jusqu'à  45  ingrédients  dont  de  la  limaille 
d'or  et  d'argent,  des  perles,  de  l'ambre,  du  miel  et  un  nombre 
infini  d'épices.  Pour  les  propriétés  du  diarhodon  v.  Flos 
Medicinœ,  v.  887. 

2623.  Dyamargariton ;  la  poudre  de  perles  jouait  un  très 
grand  rôle  dans  la  composition  des  électuaires.  Nicolaus  Pre- 
positus donne  la  recette  de  deux  sortes  de  diamargariton  : 
"  calidum"  et  "frigidum"  ;  il  entrait  dans  tous  les  deux  du  gin- 
gembre et  de  l'aloès  ;  v.  Flos  Medic,  v.  889. 

2629.  Noir  brun  (B.)  et  or  brun  (A.)  me  sont  inconnus  l'un  et 
l'autre.  Sifoine  (A.)  :  "  ellébore  "  est  peut-être  la  bonne  leçon. 
Mais  on  pourrait  voir  dans  sidoine  de  B.  le  mot  cydonea,  autre 
forme  de  cotonea  "coing."  On  trouve  mentionné  comme 
purgatif  radix  citoniorum  dans  De  Renzi  :  Coll.  Salernitana  V, 
p.  231. 

2631.  Cf.,  pour  un  autre  exemple  de  l'expression  passer  lou  col. 
Mort  Aym.  de  Narb.  (Ane.  Textes),  v.  2005.  Les  morteus  plaies 
en  a  fait  aesmer  [var.  meciner~\,  Dedenz  tochier,  et  defors  adeser, 
Et  un  petit  l'en  fist  lo  col  passer,  Et  puis  drecier  et  en  estant 
lever — Ez  vos  lo  conte  gari  et  respassé  !  Le  sens  semble  être 
"  prendre  une  gorgée." 

2667.  Mâchefer.  La  Chrestomathie  de  Bartsch  relègue  ce  mot 
aux  variantes.  Pourquoi  ?  Notons  que  le  premier  exemple  qu'en 
donne  le  Dict.  Général  est  de  Villon. 


152  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 


III. 

L'ARMÈURE. 

22.  Li  mestre  :  il  s'agit  sans  doute  d'une  pénitence  imposée 
à  Guiot  par  les  supérieurs  du  monastère. 

149.  Sinteur,  c.à  d.  cinteur  :  "ceinture."  On  est  tenté  de 
voir  dans  ce  mot,  qui  manque  à  Godefroy,  le  cas  régime  du  mot 
cintre  (<cîntor  avec  traitement  irrégulier  de  la  ie  voyelle), 
malgré  l'étymologie  officielle  qui  voit  en  ce  dernier  mot  un 
postverbal  de  "  cintrer." 

170.  Engignier  des  mss.  est  une  faute  évidente. 

333.  Atendent  des  mss.  ne  donne  pas  de  sens. 

366.  Dens  de  glaive  :  "  coup,"  "  contusion."  Ce  mot  ne 
serait-il  pas  apparenté  à  l'anglais  dent,  dint,  v.  nor.  dynte  et 
suédois  mod.  dial.  dunt,  qui  tous  ont  la  même  signification? 

368.  Faut  il  lire  "  a  la  ■vie  ?  " 

444.   Oevre  :  "  expose,"  "  présente." 

466.  Avec  la  leçon  de  B.  on  comprendra  :  "  Car  on  accorde  a 
St.  P.  une  autorité  unique  à  cause  de  ses  paroles  nonpareilles 
puisque,  etc."  Cet  emploi  indéfini  de  la  3e  personne  du  pi.  : 
cmt- on  a,  est  affectionné  par  le  poète,  cf.  Bible,  vv.  175,  543, 
1081,  1313. 

518.  Pour  la  construction,  cf.  Bible,  vv.  947,  1519. 

[599 — 614].  Pour  ce  qui  est  de  l'authenticité  de  ces  vers  v. 
Introd.  p.  xl. 

Après  la  mise  en  page  de  mon  texte,  j'ai  eu  l'occasion  de 
m'occuper  du  ms.  Moreau  1727  de  la  Bibliothèque  Nationale. 
Là  j'ai  trouvé  une  copie  du  texte  de  l'Armëure  du  Chevalier 
faite  par  Sainte-Palaye  sur  le  ms.  G.I.  19  (L  V  32)  de  la  biblio- 
thèque de  Turin,  manuscrit  disparu,  on  le  sait,  et  que  nous 
désignons  par  la  lettre  T.  Je  donne  ici  les  variantes  que  nous 
offre  cette  copie,  découverte  malheureusement  trop  tard  pour 
être  utilisée  dans  l'établissement  du  texte. 

1-26  manquent.  28  a  tel.  29  eslece.  30  ont.  c.  31  om.  s'.  33 
men  soit  defensus.  34  me  vuelh  traire  en  sus.  35  de  celi.  37 
de  l.g.  ;  haitier.  40  ensi  me  vorai  je  défendre.  42  car  qant  ;  a 
bien.  45  ceste  p.  46  je  sai  bien  tant  que.  50  me  s.  54  t.  et  f. 
55  ne  me  puist  engignier.  60  tant  par.  61  q.  l'armeure  esist. 
62  et  bien  le  n.  m.  et  d.  64  doit  bien.  65  et  roide  et  f.  66  trovée. 
67  deveriens.    69  soit.     70  e.  que;  le  nos  d.     71  et  en  mon  lai 


NOTES  153 

b.  r.  72  et  s'ele  est  bien  d.  73  sera.  75  le.  76  par  savoir. 
78  tesmogne.  79,  80  manquent.  82  con  est  1.  o.  ens  el  p.  83  ne 
vara  rien.  84  son  nele  m.  b.  85  ne  l'ose  d.  n.  m.  85  mostrer. 
91  car  mis.  92  recorder;  aventure.  94  li  mostreroie.  96  vuelh. 
99  i  ent.  100  qu'il  ni  entendent.  101  les  en.  105  iceste  a.  me  d. 
108  de  tez  armes.  109  ki  az  âmes  les  vies  g.  110  et  m.  m.  t. 
ni  ke  j'en.  112  ke  li  spastiers  le  vos  d.  114  ki  es  lettres  les  v. 
115  toutes;  les  puis.  116  m'en;  espoir.  117  con  j'en.  122  ke  ilh. 
m.  t.  123  bien  s'esploite  + 1.  125  k'a  lui  parv.  126  et  ke  sens 
terme  me  retiengne.  127  quanque  en  ma  jovente  ai  usé.  131  et 
cors  et  ame  a  li  c.  132  les  a.  134  chantes  ja  [sic].  136  dont 
chil  at.  bonnes  s.  140  m.  i  par  a.  144  e.  con  same  d.  —  1.  146 
cuevre.  147  chantes  par  bien  fait  et  p.  a.  148  del  chanter.  149 
cantor.  151  des  le  chanto  près  de  la  t.  152  ke  e.  ne  puist.  153 
desus.  154  le  devons  nos  ap.  +  1.  155  et  p.  et  f.  156  l'escr. 
devine.  159  poindans.  161  sot.  162.  est  ch.  164  f.  ne  s.  ;  sera. 
167  c'est  p.  168  ki  doit  ;  sofïrance.  169  le  seit  chachier.  170 
om.  c'  ;  ne  le  seit  enchauchier.  171  si  d.  175  ja  ne  se  soi  esjoira. 
178  conscience.  181,  2  manquent.  183  de  teiz  armes  tos  nos 
armons.  184  nos  e.  185  tout  jors  esproner;  —1.  186  devons  a. 
188  chil  ;  destors.  193  ki  tel  a.  194  n'estuet  d.  196  encloz  d. 
197  voi  ge.  206  f.  s.  1.  s.  210  si  touz  est  fait.  211  celui.  212 
m.  est  cis  f.  213  fortes;  en  barré.  216  le  tr.  219  les  mesdisans. 
220  ne  s.  c.  ne  b.  221  ordene  con  tant  en  p.  s.  224  et  la  s.  225 
ml't  me  done.  226  si  affort.  228  et  d.  ;  on  na  m.  229  ame.  230 
toz.  231  nos  devons  a.  236  le  d.  237  om.  et.  239,  40  inter- 
vertis. 241,  42  intervertis.  241  kî  s.  1.  p.  tel.  246  celé  n'est  ne 
floibe.  247  esmolus.  249  cest;  —1.  252  et  lui  d.  259-66 
manquent.  269  car  b.  271  tôt  tans.  272  dotans.  273  en  t.  lies. 
274  celé  ;  bien  t.  280  vos.  281  que.  285  anseiz  en  i  f . .  287  om. 
de  ;  —  1.  288  vos  ;  om.  a.  289  vos  garde  ;  + 1  290  meschief . 
291  a  nostre  e.  293  en  d.  294  se  lerme  clert  fort  et  ap.  296  f. 
et  ovré.  297  cler  i  v.  298  icles  elmes  d.  n.  d.  304  cesti  devons 
bien  m.  305  d.  menbre.  306  seignor  ki  le  m.  308  majesté. 
309  humeles  fu  ilh  mit  entre  n.  311  nos  m.  312  fu  ores  vraisa. 
313  ki  p.  n.  s.  1.  315  et  nos  mist.  318  todis  dura.  319  el  mont 
sont  chil  sangnor  et  m.  321  el  mont  elliet  et  sui  teler.  322  ki 
un  home  vuet.  325  des  arme  et  donne  c.  326  nos  retrait  p.  s. 
329  chis  e.  330  de  tel  clarté  v.  331  tout.  333  li  forfaiteur  ml't 
s'i  amendent.  334  tôt  chil  qui  a  r.  335  desperance;  om.  en. 
336  a  trait.  337  n'iert  bien  s.  339  l'escu  doit  retenir  les  cols. 
343  nul  cop.  344  m.  1.  e.  i  parvant  trop.  349-52  manquent. 
353  riens  n.  1.  p.  355  fors  est  de  v.  357  fus.  361  ki  l'escu  a 
de  tel  v.    362  plus  f.     365  nule  d.     366  de  dart  de  quarel  ne  de  1. 

N 


154  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

368  de  la  grant  mort  q.  Entre  368  et  369  :  ceste  vertu  vuelh  je 
nomer  ml't  le  doit  on  bien  ramembrer.  370  dolor.  371  ml't  a 
fort  escut  a  son  col.  373  car  dix.  374  fols  c.  v.  376  pechieres 
q.  f.  379  n'avenist  se  p.  re.  f.  382  nos  est  mon  grant  c.  383 
entendons  en  1.  f .  384  nos  client.  385  no  tr.  386  e  s.  c.  p.  389 
et  m.  395  qui  ont  a  lui  entente.  396  fin  ;  atente.  404  n'abaisse. 
409  ne  ploie  ne  ne  t.  412  ml't  d.  417  c.  v.  averont.  418  tôt 
chil  qui  ceste  vertu  ont.  419  puent  atendre  et  endurer.  420"  et 
bien  soffrir  et  bien  durer.  421  de  grant  vertu.  422  si  a  maint 
orguel  abatu.  423  kez  est  la  v.  c'est  m.  424  chil  vient.  426 
d.  c.  vertu.  428  1.  est  uns  ml't  d.  432  quis.  433  vraie;  —1. 
437  nule  bone  enure  [sic]  m.  438  powist  v.  439  de  lance  f.  o. 
bon  c.  441  en  la  lance.  442  oir  menesterire  o.  e.  m.  443  et 
terres.  446  a  ml't  bêle  f.  447  et  dure  et  ent.  448  tôt  tans  dura 
toz  tans  iere  c.  ;  +  1.  449  ml't  en  abelist  1.  450  icele.  454  le 
heent  ml't  le  redotent.  456  ceste  v.  ml't  bien  m.  457  d.  s.  cous. 
458  al  jor  qui  nului  n'asëure.  459  iront.  460  a  ce  j.;  —  1.  462 
soient  assëuré.  465  ml't  f.  c.  466  qu'il  est;  nunpers.  467  sains 
pois  a  u.  a.  469  parole  et  en.  470  om.  est  ;  ravis.  471  de  b.  d. 
et  de  bien  mostrer.  472,  3  manquent.  476  a  repoz.  477  bel  m. 
479  adolchist.  481  p.  esporventé.  482  je  croi.  484  sages  et 
conëus.  488  de  v.  489  encore  une  me  reconf.  490  les  a.  491 
et  ame  et  cors  d'ornes  s.  492  et  m.  av.;  —  1.  493  om.  et.  494 
sëurement.  498  la  scorce.  499  t.  l'arbre  en  sève  et  en  v.  504 
ceste  vertus  par  est  s.  f .  508  ki  l'orne  et  ses  âmes  conduit.  509 
ceste  t.  ades  droite  v.  510  ki  de  nului  ne  p.  n.  p.  512  Pameine. 
513  en  guie.  514  alonge.  516  doit  nus  t.  1.  522  li  p.  ja  n'iert 
si  monteiz.  523  contre.  527  le  puisse  délivrer  de  mort.  528  pus 
se  trueve  honores  et  fort.  529  al  grant  besoing  de  cels  a  piet. 
530  por  cha  sains  pol  cheval  tr.  533  celé  l'enporte.  534  nule  si 
biele  si  la  conforte.  535  netoie.  540  vraies  ;  —  1.  542  de  la  tant 
h.  543  k'ilh  est  e.  1.  e.  ilh  e.  1.  544  vos  raconte  et  di.  547  et 
passe.  548-53  manquent.  556  car  c.  559  ne  ne  v.  g.  560 
redote.  561  estraint.  562  vraie  ;  atrait  ;  —  1.  564  la  cui  ame 
garde  ele  tient.  565  bon  port.  566  mete  d.  cui  cor.  port.  567 
et  ki  ;  aront.  568  le  tenront.  570  bien  ent.  571  por  ce  ke  li  b. 
d.  573  bon  mot  ki  ki  le  die.  575  en  m.  p.  576  il  sont.  581 
1.  p.  dieu  si  s.  s.  582  d'orde  sarpelhiere  destraintes.  583  bêle  c 
584  luor.  585  en  vilain  liu  luist  b.  e.  r.  586  ne  por  ce  pas  ne  se 
délaie.  587  color,  clarté.  588  saintime  d.  591  sont  e.  b.  p.  593 
s.  a.  porter.  594  et  désirs  del  bien  enorter.  595  si  enorist  tote 
b.o. 

Parmi  toutes  ces  variantes  il  n'y  a  que  celle  du  v.   108  qui 
pourrait  nous  amener  à  établir  une  parenté  quelconque  entre  le 


NOTES  155 

ms.  T.  et  les  mss.  de  Paris.  Si  nous  avons  affaire  à  un  manu- 
scrit indépendant  nous  serons  obligés,  chaque  fois  qu'il  y  aura 
divergence  entre  les  autres  manuscrits  et  que  telle  ou  telle  leçon 
se  trouve  appuyée  par  le  ms.  T.,  d'accepter  cette  leçon  comme 
bonne  et  de  l'admettre  dans  le  texte.  Le  cas  se  présente  assez 
rarement.  Voici  tous  les  changements  qui  paraissent  néces- 
saires : 

v.  126.  Lis.  :  et  que  sans  terme  me  retiegne  (Ar.  T.). 

v.  127.  Lis.  :  qu'auques  ai  (Ar.  T.). 

v.  368.  Admettre  après  ce  vers  le  couplet  '  ajouté  '  par  Ar.  T.  : 

Ceste  vertu  vuil  je  nommer, 
Molt  la  doit  l'on  bien  recorder. 

421,  22.  Leçon  de  T.  [?]. 

466,  67.  Leçon  douteuse. 

527-29.  Lis.  :  lou  puisset  eschaper  de  mort. 
Plus  se  trueve  honorei  et  fort 
a  grant  besoig  que  sil  a  pié,. 


GLOSSAIRE. 

Le  glossaire  est,  sauf  erreur,  en  même  temps  qu'un  lexique,  un  répertoire 
complet  des  formes.  Chacune  d'elles  est  accompagnée  d'au  moins  un  renvoi. 
Les  renvois  précédés  de  A  ou  de  C  se  rapportent  respectivement  aux  vers  de 
1'  Armëure  et  des  Chansons,  les  autres  à  ceux  de  la  Bible.  Les  substantifs 
figurent  sous  la  forme  du  cas  régime  singulier;  cette  forme,  ainsi  que  celle 
de  l'infinitif  mise  en  tête  des  verbes,  se  trouve  entre  parenthèses  [  ]  lorsqu' 
elle  ne  se  présente  pas  dans  les  textes. 

A,  prép.   marquant  :    I,   position  :    lieu,  Abat  v.  Abet. 

temps,    condition,    état,   etc.,   70,   86,  Abatre,  A  48;  -u,  1466;  -us,  A  539. 

279  375,  408;  accompagnement,  1680,  Abbé,  Abé,  114, 1125, 1142  ; -éz, -éiz,  564, 

1761  ;  instrument,  292,  1099,  C  II,  10  ;  1043,    1056,    1057,    1267,    1311,    1601, 

manière,     1389,     2000,     2031,     2363;  2327;  âbbes,  âbes,  sg.  suj.,  1059,  1060. 

moyen,     2010;     appartenance,     1827;  Abelestrier  :   arbalétrier,   1183. 

ressemblance,  1293,  C  V,  16;  II,  des-  Abert,   189  v.   Haberc. 

tination  :  lieu,  personne,  7,  102;  but,  [Abet],    [Abat]:     fraude,   ruse,     abas, 

1119,  1251;  fonction,  683,  1096,  1097,  2044;  abes,  1837. 

1377,  1650,  2615,  A  513  ;  en  composi-  Abeter  :   duper,  1840. 

tion  avec   "  jusque,"   574  ;   III,   avec  [Abevrer]  :   abreuver;  -éi,   2503. 

régime  indirect  d'un  verbe,  501  ;  idem,  Abstinance,  1401  ;  Estinance,  1885. 

avec  sens  plus  adverbial,  96,  97;  IV,  [Acenser]  :  donner  à  ferme;  -ent,  2028. 

avec  un  verbe,  formant  un  tout  verbal  Achater,  967  ;  -e,  993  ;  -ent,  868  ;  -erai, 

transitif,   1158,   1873,   1992;   V,   avec  q  m    30 

l'infinitif,  42,  584;  VI,  dans  des  locu-  Acointance  :    commerce,    fréquentation, 

lions    adverbiales  :    place,    698,    730,  ^526 

811;   manière,    173,   218,    1005,    1186,  [Acointier]  ,  faire  connaitre;  ind.  prés. 

1189,    1212,    1289,    1389,    1646,    1691,  j  acoint  ^ 

1733,  1816,  1842,  2022,  2031,  2484,  A  ^             '        \     ^   ;    ^    ^^ 

36,  A  226,  A  558,  C  I,  53,  C  II,  15,  .      ,       ,    , 

'  '  '  '  convenir  a;   s  adonner  a,  approuver, 

C  II,  24.     Avec  article:  al,  au,  382,        ^^  A    m.  ^    1536> 

512;  pi.,  as,  es,  45,  1614.  1622 

Aaismer  [aësmer]  :  diriger  vers  un  but,   A        ^  .  ach       e     715. 

2492. 
...    ,  .  .,     ,.        ,.       ,    ,  .    ...  .„.      Acorse  :  écorce,  A  498. 

[Abahir]:  étourdir;  abahi,  464;  -s,  104; 

-es,  1056;  autre  forme  de  Esbahir.  Acostumance  :  coutume,   redevance  due 
[Abaïe];  -s,   1055,  1596,  2035.  *PaT  une  coutume,    2196. 

[Abaissier];    -ent,    1317;    abassa,    1456;  Acun  v.  [Aucun]. 

-iée,  765.  Ades  :  de  suite,  C  II,  13  ;  toujours,  C 
[Abandoner]  ;  -e,  106  ;  -éiz,   1028  :   sans       II,  20. 

retenu.  [Adoucier]  :  mitiger;  -e,  A  479. 

*57 


LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 


[Adrescier]  :  faire  prendre  une  direc- 
tion; -e,    1012;  réfl.  -ent,   842. 

Adroit,  815;  -s,  -z,  1650,  A  350. 

Adroitement,   1500. 

Aduré  :  de  bonne  trempe,  A  296. 

Aé,  s. m.  :  existence,  C  III,  15. 

Aemplir  :  remplir,  exécuter,  2104  ; 
-issent,  1277;  prêt,  iii,  -ist,  2055; 
-ie,  C  I,  42. 

Aeschappe  v.  Eschaper. 

[Afacer]  :  effacer;  -e,  A  535. 

Afaire,  s. m.  :  genre  d'existence,  manière 
d'agir,  938,  1120,  1801. 

[Aferir]  :   convenir;  afiert,  A  23. 

[Afermer];  -e,  60. 

Affechier  (affichier)  :  déclarer,  376. 

[Afïer]  :  certifier;  ind.  prés,  i,  afi,  1652. 

[Afoletir]<follet  :  mystifier;  afoleti, 
2025. 

Agaitier  :  guetter,  A  9  ;  -ent,  A  11. 

Agolloigne  v.   Agulloigneir. 

[Agréer]  ;  -e,  C  III,  6. 

Agu  :  pointu,  A  159  ;  -e,  A  248  ;  affiné, 
perspicace,  87,  2479;  -s,  A  483. 

Aguille,  Agulle,  637,  647. 

[[Aguillon],  [Agullon]  ;  -s,  729,  A  426. 

Agulloigneir,  Argoilloneir,  Aguilloneir  : 
aiguilloner,  3,  732,  A  452;  ind.  prés, 
iii,   agolloigne,  1290. 

[Agusier];  agusies  :  affilées,  2311. 

Ahi,  Aï,  interj.,  112,  A  208. 

[Aibre]  :   arbre;  -s,   145. 

Aide,  1420. 

Aidier,  2082;  ind.  prés,  iii,  aide  (réfl.), 
2463,  aïde  C  IV,  8  ;  vi,  aident,  1475  ; 
subj.  prés,  iii,  aït,  132,. 

Aigle,  701. 

Aimme  :   âme,  A   508. 

Ains,  Ainz,  prép.  :  avant,  46;  adv., 
plutôt,  1300  ;  avec  nég.  :  jamais  aupara- 
vant, 1944  ;  avec  "  que  "  :  avant  que, 
849;  plutôt  que,  205. 

Ainsi,  Ainsic,  Ansi,  Enci,  Ensi,  26, 
717,  1096,  1478,  1884,  2586. 


Aiques  v.  Auques. 

Airme  v.  Ame. 

Aise,  947,   1075. 

Aispre  :  rude,  1375. 

Aisseiz  v.  Assez. 

Aïssent  v.  Haïr. 

[Aister]  :  hâter,  stimuler;  -e,  2346. 

Al  v.  A. 

Aler,  606;  ind.  prés,  i,  vois  (m'en), 
2215;  iii,  va,  649;  C  V,  40;  vait,  776, 
1891  (s'en),  1973  (en),  C  IV,  15;  vont, 
625  ;  fut.  iii,  irait  (s'en),  1845  ;  subj. 
impf.  iii,  -aist,  A  36;  impérat.  ii,  va 
(t'en[t]),  C  II,  43;  alei  :  fini,  perdu, 
495;    -eiz,    901. 

Aloei  :  alots,  2622. 

[Al]  :  ail;  -s,  1356. 

Altre  v.  Autre. 

Alumer,  -eir,  385;  -ée,  2377;  enflammer, 
-éi,  667;  -é,  2362;  illuminer,  -éi,  385; 
v.  neutre,  -e,  2365. 

[Amander,  Amender],  act.  :  améliorer; 
-e,  2415;  faire  fructifier,  -ent,  1702; 
réfl.  :  s'améliorer,  -ent,  22;  s'enrichir, 
-é,  1367  ;  neutre  :  s'améliorer,  -e,  1446  ; 
-ent,  106;  -eront,   108. 

[Amant];  -s,  -z,  59,  C  IV,  22. 

[Amaor]  :  qui  aime;  -s,  67. 

Ame,  Aimme,  Airme,  Arme,  Erme  : 
âme,  1876,  2195,  A  508,  C  III,  22; 
-s,    1130. 

Amen,  A  [599]. 

[Amener];  -eine,  C  I,  11;  -oint,  subj. 
prés,   iii,   2677. 

Amenuisement,  -usement  :  rapetisse- 
ment, 288,  289. 

Amer,  Ameir,  2268;  ind.  prés,  i,  aim, 
1366;  iii,  aimme,  -et,  1168,  1358 
(réfl.),  1885;  vi,  -ent,  230;  -oit,  62; 
prêt,  iii,  -ait,  316;  -eroie,  1280,  2625; 
aint,  subj.  prés,  iii,  C  IV,  24;  -é, -éi, 
1754,  2115;  -éiz,  2244;  -ée,  C  III,  8; 
-ées,   1538. 


GLOSSAIRE 


159 


Amerous  :  amoureux,  C  IV,  35. 

Ami,   1071;   -s,   417. 

Amie,  1971,  C  II,  44. 

Amoine  0.  Aumosne. 

Amonesteir  :  admonester,  829  ;  -ent,580. 

Amonesteor  :   qui  admoneste,  2323. 

Amor,  f.,  1214;  -s,  C  I,  17  (gén.  pi.); 

C  IV,  29. 
Amordre  :  allécher,  1508. 
Ampire    v.    Enpirer. 
An,  2608;  -s,  1091;  -z(?),  2303 
An  p.  En,  On. 

[Ancestre];  pi.   ancessor,   251. 
Ancien  :    âgé,  240. 
Anclume  :    enclume,  2366. 
Ançois  :  plus  tôt,  2133. 
Ancors  i\  Encor. 
Andurer  :    endurer,   A   420. 
[Anel]  :   anneau;   -eals,  2050. 
Anemis  v.  Enemis. 
Anfance,   102. 

Anfermetei  :  indisposition,  2680. 
Angoissous  :     dur,    parcimonieux,     143, 

498. 
[Anmuser]  :    occuper    avec    des    riens; 

-ent,  2421. 
Année,  2057. 
Annuous,    Anuous  :     déplaisant,     1079  ; 

-es,  2662. 
[Anoiantir]  :   anéantir;  pep.   passé,   -is, 

103. 
Ant  v.  En. 

[Antandre]  v.  Entendre. 
Anterait  v.  Entrer. 
Antier  v.  Entier. 
Anuous   v.   Annuous. 
[Anvëous]  :   envieux;  -e,  A  218. 
Anvie  v.  Envie. 
[Apareillier  s']  :  se  comparer;  aparoille, 

2222. 
[Apeler,   Appeler];    apel,   ind.   prés,    i, 

A    181;   -e,   -eille,   -et,    173,    1139,   A 

144;  -ent,  627;  -oient,  56;  -éi,  2579. 


[Apenser,   s',]  :    avoir   Vidée   de   qqch.; 

-eroit,  2157  ;  être  apensé  de  :  réfléchir 

à,  A  462. 
[Apersoivre]  :    remarquer  :   -oivent,   871. 
Apert  :  à  découvert,  évident;  -e,  1154; 

-es,  874;  accompli;  apers,  404;  habi- 
lement adjusté    (?)   A   294;   en  ap.  : 

clairement,  551. 
Apertement  :     clairement,    visiblement, 

867. 
[Apeticer]  v.  intr.  ;  -era,  290. 
Aplaignier  :  caresser;  -ent,  1545. 
[Aporter]  ;  -e,   1679,  A   518   {enseigne)  ; 

-erent,   746. 
Apostole  :    le    pape,   621,   758  ;    -s,   686, 

713,  783. 
Apostre,  A  474;  -s,  .4  347. 
Aprendre  :  apprendre,  enseigner,  2423  ; 

aprent,     2137;     -egnent,     2512;     -ist, 

prêt,  iii,  CI,  18;  -is,  1582. 
Apres,  adv.,  567;  prép.,  1683. 
[Aquiter]  :     décharger,    affranchir;    -e, 

2197. 
Araigne,  Yrangne  :  araignée,  1892, 1866. 
[Araster]    v.    neut.  :    se   fixer;    -eirent, 

745. 
Archevesque,  820,  895,  2016;  -s,  561. 
[Ardre]  :     brûler;    ind.    prés,    iii,    art, 

1486;    vi,    ardent,    2457;    -ans,    pcp. 

prés.,  1155;  ars,  pcp.  passé,  170. 
Ardure  :  feu,  passion,  C  I,  25. 
Argent,   309;  -s,  8. 
Argoilloneir  v.  Agulloigneir. 
Arme,  C  V,  30;  -es,  A  57,  etc. 
Armer,  A  57,  etc.  ;  -e,  A  145;  -ast  subj. 

impf.  iii,  A  95;  -éz,  A  108. 
Armëure,  Armâure,  Ermâure,  A  49,  A 

92,   etc. 
Arrière  :  en  arr.,  C  III,  36. 
Art  :    branche   d'études,  science,    1020  ; 

-s,  2141  ;  machine,  engin,  632  ;  objet 

d'art,  A  445;  -s,  652. 


i6o 


LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 


As  v.  A. 

[Asavorer]  :  goûter;  -éi,  1705. 

[Asegurer]  v.  [Assaurer]. 

Asembler,  Assembler  :  réunir,  amasser, 

196;  -e,  503;  -oient,  1176;  neut.,  -ent, 

1360. 
Aservetir  :  réduire  à  l'esclavage;  -i,  212. 
[Asëur]  :   rassuré;  -s,  A   350. 
Asis,  -es,  v.  [Asseoir]. 
Aslites  v.  [Eslire]. 
[Asne]  :   âne;  -s,   1215. 
Assaillir,   Assallir  :   attaquer,  14  ;   -aut, 

ind.  prés,  iii,  A  41;  -i,  pcp.,  797. 
Assarreir  [esserrer]  :  perdre  le  chemin, 

648. 
[Assaser]  :  rassasier;  -éiz,  521. 
[Assaurer]  :  rassurer;  -e,  A  367. 
[Asseoir]  :  établir,  instituer;  assis,  1633, 

-e,  1302;  -es,  90,  1144  (rassises). 
Assez,    Asseiz,    Aisseiz  :    suffisamment, 

adv.,  526(?),  527(?);  pronoun,  522, 

2216  (  ?)  ;  pas  mal,  considérablement, 

adv,     1369;    avec    comparatif,     685; 

pron.,  570;  avec  de  :  bon  nombre,  178. 
Assier  :  acier,  A  138. 
[Assoter]  :  assommer  (  ?)  ;  cf.   "  affoler  " 

en  v.  f  r.  ;  -e,  769. 
[Atachier]  :  fixer;  -iée,  628. 
Ataindre,  C  I,  21  ;  -aint,  A  562  ;  -eigne, 

A   171. 
Atant  :  autant,  adv.,  2481. 
Atendre,   Atandre,   968,   A   251;   atent, 
.ind.  prés,  i,  C  V,  21  ;  iii,  A  136;  iv, 

-dins,     A     383;     -roie,     1717;    -dent, 

subj.   prés,   vi,  A  100. 
[Atenvir]  :     affaiblir,    atténuer;    -vent, 

A   99. 
[Atiser,  Atisser]  :   tisonner;  -ent,  1338  ; 

exciter;   -e,    1290. 
Ator  ;    estre    de    bel    ator  :    porter    de 

beaux  habits,  1604. 
Atorneir  :    prendre,    donner    une    tour- 
nure, 1120;  -éiz,   2497;   -é,  C  II,  37. 


[Atraire]  :  provoquer,  attirer;  atrait, 
1411,  A  44. 

Au,  Aus,  v.  A. 

Auci  v.  Ausi. 

Aucun,  Acun,  adj.  :  quelque,  touj.  av. 
nég.,   516;   -e,   892. 

Augue  :    eau,   639. 

Aumosne,  Amoine  :  aumône,  544,  991. 

Auques,  Aiques  :  un  peu,  adv.,  182, 
1106. 

Aùr  :  destinée  (heureuse) ,  956. 

Aus  :   eux,  68  ;  os,  2368. 

Ausi,  Auci:  de  même  (en  comparant), 
1872;  avec  "con,  comme,"  502,  1865. 

Autre,  740,   1049;  -s,   178,  273. 

Autrement,  1559. 

Autrui,  dat.  et  gén.  de  Autre,  517, 
1294. 

Avant,  adv.  ;  temps,  185  ;  lieu,  921. 

Avenir:  arriver  (d'un  événement),  554; 
ind.  près,  iii,  avient,  505;  -enra,  296; 
convenir;   avient,    2413. 

Aventure,  Avanture  :  fortune,  C  I  22  ; 
événement,  319;  en  av.  :  pour  tenter 
sa  chance,  C  I  28;  se  mettre  en  av.  : 
se  risquer,  A  91. 

[Aver]  :   avare;  -s,  322. 

Avoi,  interj.  de  regret,  478. 

[Avoier]  :  guider;  -e,  C  IV  19  ;  -ent, 
624  (réfl.). 

Avoir,  v.  act.,  impers.,  auxil.,  497; 
ind.  prés,  i,  ai,  1054;  iii,  a,  ai,  ait, 
499,  237,  189;  iv,  avons,  792;  v,  avez, 
-eiz,  477;  vi,  ont,  17;  impf.  i,  -oie 
123;  iii,  -oit,  64;  vi,  -oient,  1229; 
prêt,  i,  oi,  1204  ;  iii,  ot,  387  ;  vi,  orent, 
395,  C  II  17;  fut.  i,  avrai,  arai,  C 
III  1,  A  119;  iii,  avra,  -ait,  arait, 
976,  1346;  vi,  avront,  aront,  1073, 
C  I  57;  cond.  i,  aroie,  1564;  vi,  -ent, 
1432;  subj.  prés,  iii,  ait,  1101;  vi, 
aient,  849;  impf.  i,  àusse,  1195;  iii, 
ëust,   658. 

Avoir,  subst.,  92;  -s,  118. 


GLOSSAIRE  161 

Avuec,  2053.  Bien,  sbst.,  59,  239  (v.  note)  ;  -s,  1795. 

[Avugler];  -éiz,  706;  -ées,  113;  v.  note.  Bienfait:   bonne  action,  1882. 

[Bille];   -s,    2066. 

Baillie  :   juridiction,    1550.  Blaimer,  Blaismer,  v.   Blasmer. 

Baing:   bain,  2532.  Blanc,  1616;  -che,  1187;  -s,  1509. 

Baisier,  s.m.  C  II  25.  [Blandir]  :    flatter;    ind.    prés,    i,    -is, 
[Baissier];  baise,  ind  prés,  iii,  A  404.  1034. 

Barat,    -ait  :    trafic,    pratique    fraudu-  Blasme,  Blaisme  :  blâme,  35,  38. 

lente,    manœuvre    louche,    708,    1288,  Blasmer,    29;    -e,    1333;    -éi   1746;    éiz, 

1970;   -s,    1121,    1944.  150;  ée,  1005. 

Barate  :   commerce  malhonnête,  994.  Blason,  A  324. 

[Barater]  :   exploiter;  -ent,  2515  ;   trafi-  Bleif  :   blé,  292. 

quer,  -ent,   966.  [Bleseier],  se  :   se  faire  mal;  -ent,  841. 

Barbaran,   1563;  v.   note.  [Bobant]  :  faste;  -s,  869. 

[Barbe]  ;   -s,   1541.  [Bocage]  :  lieu  boisé  ;  -s,  265. 

Barbis  :   brebis,  614.  Boche,  Boiche  :  bouche,  1656,  A  19. 

Baron  :    grand  seigneur,    homme   noble  Boen,  Boin,  v.  Bon. 

et  courageux,  142,  353;  -s,  116,  303.  Boiste  :  boîte  ;  -s,  2625. 

Bas,  adj.,   1008.  [Boivre]  :  boire;  boivent,  1272;  bovoie, 
Baston,  C  V  30;  -s,  A  238.  1686. 

Bataille,  1108;  -s,  4  214.  Boivre:   boisson,   1684. 

[Batre];    battent,    1601;    batront,    291;  Bon,  Boen,  Boin,  24,  144,  C  II  17;  -s, 

-oient,   1560.  116;   -e,   144;   -es,   267. 

Beal  v.   Bel.  Bonbance  :  vie  fastueuse,  A  59. 

[Béer]  :   aspirer  à;   ind.   prés,   iii,  bée,  Bontei,  1257  ;  -eiz,  A  587. 

497;  vi,  -ent,  241,  2301.  Borce  :   bourse,  pécune,   1707,  2039;  -s, 
Bel,  Beil,  Beal,  Bial,  Bia,  Biau,  Biaul  :        1383. 

beau,    noble,    248,    389,    1604,    2409,  Bout;  tôt  de  b.,  593;  v.  note. 

2450;    biaus,    biauz,    19,    285;    belle,  Bouteir  :     pousser,     heurter,     731;     -e, 

307;    -es,    115.     Adv.,    253;    bien    et       1172. 

bel,  452,   2317.  Bos  :    bois,   1310. 

Bêlement,  Bellement:  largement,  noble-  [Bovier]  :  bouvier;  -s,  734. 

ment,   1499,    1701.  [Braire]  :   crier;  brait,  40. 

Bendeir  :  nouer  d'un  ruban,  1542.  Bram  :   son,   2321. 

Besoig  :  besoin,  avoir  b.,  1431;  fatigue,  [Brisier];    -e,    A    413;    -ait,    prêt,    iii, 

1889.  A  377. 

Beste  :   bête,  1454  ;   -s,  807.  Bruell  :   bosquet,  C  II  2. 

[Bestorner]  :  dévoyer;  -éi,  1809.  Bruire,   Brure  :   faire   du   bruit;  jaser, 
Biautei  :    beauté,   2657.  1378  ;  bruit,  brut,  ind.  prés,  iii,  973, 

Bible,   2,   5,   8,   44,   47,   487,  584,   591;        1871;   vi,   -ent,   1065. 

v.  introd.,  p.  xxiii.  Bruit  :   bruit;  scandale,  1518,   1874. 

Bien,  adv.;  manière,  21;  quantité,  123;  [Bruller]  :  brûler;  -éi,  166. 

pour  appuyer,  ou  pour  attirer  l'atten-  Brun  :  obscur,  noir,  1616,  2629  ;  -e,  645. 

tion,   214,   595.  [Brunet]  :  foncé;  -ete,  f.  634. 


i62             LES  CEUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

[Buef]:   bœuf;  -z,  pi.,   1231.  [Chançon];  -s,  C  V  33. 

Bureteal  :   bluteau,  2318.  Chandoile,  -oille  :  chandelle,  1479,  2364. 

[Burre]  :    beurre;  -s,   1410.  Chanoine,  -oinne,  929,   997,  1612,   1625, 

1635,   1651,   1691;   -s,  563,  569,  1579, 

C  :   ce,  cela,  220,  652;  s',  1466.  1641 

C:    que    (rél.),   259.  ^^    ^    mo 

C  :  que  (conj.),  205;  car,  506;  rempla-    „.  .               .,,.-, 

+     .           j  »    ca*  Chanter,   -eir,  209,  ind.  prés.  î,  chant, 

çant     "  quand,      646.  _,  _  J          '                      r           ' 

r.      r-  ■          o  C  V  38  ;  -ent,  973  ;  -erai,  C  II  3. 

Ca,  Cai,   v.   Sa.  rn .,      icrii  ,.„ 

Campenelle  :   clochette,  2034. 


Chapeil  :    1591  ;  -es,   1615  ;  v.   notes. 
Chapelle,    2033. 


Car,  Quar,  598,  C  V  12;  si"  seulement/,  r/ 

„  jjj  „„  [Chaperon],  Chapiron,  A  19;  -s,  1929. 

r,  -,      „  [Chapistre,  -itre],  -s,  595,   787. 

Ce:    ce,   pron.    atone,    11;    v.    Se,    Ceu,  ~,  n 

t        t  t  >    ^.  Chappon,    2624. 

Ice,   Iceu,  le,  C.  "       ,      ', 

Ceas,   Ceaus,  Cel,  Celi,  Celui,  v.   Cil.  ^enal  :    cardmal,   666,    1313. 

Celeir,  Celer,  v.  Saleir.  [Charger,    Chergier],    -lé,     1216;    -u», 
„  ,     .            on-  54°5  chana,   1001. 

Celener  v.   Sallerier.  __      .     .       , 

r,  ,  0  ,  Chantai,    -e,    1434,    A    532,    etc.;    -éiz, 

Celonc    r.    Selonc. 

Cent,  Sant,  276,  2117;  -s,  1452. 

r,  -,  , „,     „  TT  ,  .  Chascun  r.   Chescun. 

Cerne:  piège  en  cerceau  (?),  C  II  14. 

Certain,    2401  ;    -s,    232  ;    -aine,    -ainne,  Chasteil  :  château,  428  ;  -ials,  932. 

-einne,   628,    723,   2228.  [Chastelain]  :     châtelain,    seigneur    qui 
Certainement  :  assurément,  2400.  possédait  ou  qui  occupait  un  château 

Certes:    assurément,    113;    sertes,    676.        et   qui  y   administrait  la  justice  au 
Cest,  Ceste,  Cestu,  Cestui,  v.  Cist.  nom  du  roi  ou  d'un  haut  feudataire; 

Ceu,   pron.,   forme  tonique  de  ce,   217.       -s,  231,  399,  446. 

Chacier    [Chescier]  :    chasser,    chercher  [Chastïer,    se]  :    se    corriger,    -e,    891  ; 

à  atteindre,   737;   chescent,   chessent,       -ent,   1757. 

1254,  1487  ;  -ié,  856.  Chateil  :    capital,   534. 

Chainge  :   échange,  1151.  Chauces,   A    134. 

Chaingier,    Changier  :    changer,    échan-  [Chauciée]  :   chaussée,  -s,  682. 

ger,  716,  C  V  23  ;  -ié,  284  ;  -iéz,  344  ;  Chaucier  :    chausser,    A  169  ;    -iet,    pcp. 

iée,   2194.  passé,   1644. 

Chair,  Char  :  chair,  1396,  1401.  Chaut  v.  [Chaloir]. 

Chair  [Cher]  :  char,  40  ;  -s,  1574.  [Chaut]  :   chaud,  -z,   1275  ;   -des,   1537. 

Chairait  v.    Cheoir.  Cheance  :   fortune,   1278. 

Chaitëé  :   chasteté,  A  144.  [Chece]  :  châsse,  -s,  2032. 

[Chaloir]    v.     impers,     ind.     prés,     iii,  Chenal,  f.  :  gouttière,  2339;  -aus,  2344. 

chaut,  2483.  Chëoir  :   choir,  tomber,  715;  ind.   prés. 
Chalor  :    chaleur,    1411.  iii,    chiet,    2213;   vi,   -ent,   718;   fut. 

[Chambe]  :   jambe;  -s,   4  187.  iii,   chairait   (cherra),   1089. 

Chamin  :  chemin,  738;  -s,  811.  [Cherriere]  :  rue,  route,  -s,  2336. 

[Champion]  ;   -s,   A  244.  [Cherroi]  :   chariot;  -s,   1247. 

Chancenette  :  chansonnette,  C  II  43.  Chers  v.   Chair. 


GLOSSAIRE 


163 


Chescun,  Chascun  :  chaque,  chacun, 
663,  2309;  -s,  1079;  -e,  596. 

Cheval,  Chival,  1965,  A  521. 

Chevalier,  181,  212,  457,  1704;  -s,  427, 
472. 

Chevallerie,   1709. 

Chiche:  avare,  512,  934. 

[Chief]:  chef,  -s,  1107;  tête,  A  292. 

Chier  :  estimé,  cher,  chéri,  précieux  : 
86,  185,  1583;  -e,  922;  -s,  1131; 
acheter  cMere,  C  III  30;  comparer, 
C  IV  11;  avoir  chier,  1661;  tenir 
chier,  1754;  -s,  1994;  -e,  2648. 

Chierement  :    affectueusement,    1115. 

Chierté  :   privation,   1324. 

Chose,  1220  (avec  nég.  :  rien),  1671, 
1745. 

Ci,  Si  :  ici,  364,  897,  1151  ;  pour  "  Si  " 
(sic),   2235. 

Ciel,  2082. 

Ciet   v.   Seoir. 

Cil,  Sil  :  ce,  celui-là;  ces,  ceux-là,  16; 
cel,  rég.  atone,  sg.,  86;  celui,  selui, 
rég.  tonique,  dir.  et  indir.,  865,  1158, 
1737;  ceaus,  ceas,  pi.  rég.,  363;  fém.  : 
celé,  celle,  selle,  625,  628,  631;  celi, 
rég.  indir.  sg.,  220,  C  II  4;  celles, 
1184;  cf.    Icil. 

[Cimitiere];   -s,   1233. 

[Cinture]  ;  -s,  2051. 

Cist  :  ce. ...-ci,  celui-ci,  ces. ..-ci,  ceux-ci, 
384,  2087,  2429;  cest,  rég.  sg.  atone, 
958;  cestu,  cestui,  rég.  sg.  tonique, 
949,  A  229;  ces,  ses,  pi.  rég.,  365, 
932;  fem.,  ceste,  8;  f.pl.,  ces,  ses, 
989,   1146;   cf.    Icist. 

Citain  :  d'une  ville,  997  ;  -einnes,  989. 

[Cité]  :    ville,  -eiz,  932. 

[Clamer]  quite  :  abandonner  toute  pré- 
tention à  qqch,  ind.  prés,  i,  claim, 
1737;  appeler,  A  227. 

Clartei,  A  328. 

Cler,  Cleir  :  clair,  693  ;  -s,  657  ;  -e,  655, 
A  247  (fourbie). 


Clerc  :   moine   (distingué  des  chanoines 

et  des  convers),  928,  1022,  1546,  1572, 

1945;    -s,    563,    1570;    ecclésiastique, 

847,  A  576;  étudiant,  2296;  -s,  1776; 

savant,  2672  ;  -s,  45,  A  465,  A  484. 
Clergïe  :   science,   2499. 
Clergie,   -iét  :   clergé,   925,   961,   2015. 
Cloche,    1964. 
Clore  :     enfermer,     807  ;     clos,    A  196  ; 

close,  795. 
Closon  :  enceinte,  803. 
Clostre:    cloître,    1281,    1517. 
Clostrier  :    cloîtrier,    1113,    1164,    1283, 

1319;    -s,    1097,    1259. 
Coens    v.    Conte. 
Coi  :    quoi,  66,   1919   (rél),   2393    (inter- 

rog.),  v.  Por  coi. 
Coig  :    coin,    128. 

Cointe  :  renseigné,  650;  rusé,  1970. 
[Coitier]  :  serrer  de  près.,  -e,  416. 
Coitous  :  ardent,  C  IV  14. 
Col  :  eau,  gorge,  1965,  2631. 
Col-    coup,  A   343;   -s,   1717. 
[Colée,  Collée]  :  coup,  -s,  603. 
Colérique,  2571,  v.  note. 
Colon  :  pigeon,  2164  ;  -s,  2158. 
Color  :  couleur,  A  583. 
[Colp]  :   coup;  cols,   1717. 
Com  v.  Con. 
Combatre  se  :  se  battre,  294  ;  ind.  prés. 

i,  -bat,   1077;  vi,  -bâtent,   1719;  fut. 

iii,   batront,   1788;   cond.   i,   -batroie, 

1698. 
Comble  :    rempli,    670. 
[Combler]  :  remplir,  -éi,  1605. 
[Commander]  :       commander,       confier, 

recommander;   cornant,   ind.    prés,    i, 

A  130  ;  -e,  1415  ;  -ent,  1553  ;  -é,  2072. 
[Commandement]:  ordre  (du  pape),  -s, 

659,    1573. 
[Commandise],  -s,   1461,  v.   note. 
Comme,  dans  des  comparaisons,  50. 
Commencement,   2581. 


164 


LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 


Commencier,  Comencier,  2,  1552;  ind. 
prés,  iii,  -e,  2578;  fut.   i,  -erai,  559. 

Comment,  Cornent,  108,  310. 

Commun,  38;   -s,   1708,  2529   (subst.). 

Communal,  1794. 

Compareir  :  payer,  C  IV  11. 

Compas   v.    Conpas. 

Con  :  comme,  que  (en  comparaison  :  si 
con,  ainsi  con,  tel  con,  etc.),  159,  482, 
1442;  502,  717;  prem.  terme  d'une 
compar.  corrél,  520;  combien,  comme, 
113,  114;  quand,  2557,  2561  (?); 
manière  :   comment,   1244. 

Conëu  v.   Conoistre. 

Confessor  :   confesseur,  1262,   1263. 

[Confondre],  confonde,  1292. 

Confort  :  soulagement,  secours,  conso- 
lation, 1420,  2644,  2679,  C  II  17; 
résignation   pieuse,   804. 

Conforter,  -eir  :  consoler,  encourager, 
2242,  A  27;  -e,  2642  (réfl.),  C  III  19; 
-éi,  -éit,  2645,   C  IV  10. 

[Confrairie]  -s,   1923. 

[Confondre]  ;   -f unduz,  A  202. 

Congié,  -iét  :   congé,  1424,  1426. 

[Congreer]  (concreer)  v.  neutre  :  pous- 
ser; ind.  prés,  iii,  congrie,  1042. 

[Conissant],  Conoissant,  adj.  et  subst.  : 
qui  sait  apprécier,  120;  -s,  355. 

Conoissance  :  connaissance,  1525  ;  juge- 
ment, 2349;  signe  distinctif,  A  325. 

Conoistre  :  connaître,  juger,  apprécier, 
36;  ind.  prés,  iii,  -oist,  -oit,  268,  987; 
iv,  -oissons,  1175;  vi,  -oissent,  105; 
pcp.  passé,  -eu,  2668;  -z,  1951;  -e, 
2110. 

Conpaignie  :  compagnie,  société,  1004, 
1344. 

Conpagnon,  2152;   -s,   1270. 

Conpas,  Compas  :  règle,  A  439  ;  a  droit 
conpas  :  avec  régularité,  proportion, 
1389. 

[Conpasser],  -ent,  2516. 


Conquerre  :     acquérir,    amasser,     1251  ; 

ind.   prés,   vi,  -ierent,  936;  prêt,  iii, 

-ist,    1933;   pcp.   prés.,   -erant,   2026; 

passé,  -is  {conquis),  751. 
Conquerrement  :   biens  acquis,  2064. 
Conscience,   A  78. 
Conseiller,  Consillier,  Consoillier,  832; 

-oient,  194  ;  parler  en  secret,  C  V  31  ; 

réfl.  :  prendre  conseil;  conspirer,  766  ; 

-e,   ind.   prés,   iii,  741. 
Consentir  v.  act.  :  approuver,  accorder, 

A  97;  consent,  ind.  prés,  iii,  1567. 
Consoil  :   conseil,  739  ;  façon  de  penser 

ou   d'agir,    1421,    2524;    concile,   con- 

sols,   768. 
Consoillier  :  conseiller  (subst.),  910. 
Consoilloour  :     conseilleur ,     192  ;     -sil- 

lieres,   suj.    sg.,    1179. 
[Consoler];  subj.  prés,  iii,  consot,  con- 

sout,   784,  A  24. 
Conte  :      comte,     261  ;     coens,     cuens, 

quiens,  324,  455,  2406. 
Contenance  :    maintien,    conduite,    839  ; 

-s,   1533. 
Contenir    se  :     se     conduire;    -tienent, 

-tiennent,    1701,    1727;    se    contenir, 

126. 
Conter;     raconter,     énumérer,    70;     -a, 

1993  ;   -eroie,  1225  ;  -ée,  A  66. 
Continance  :   privation,  restreinte   (état 

de),   A  29. 
Contrait  :  contrefait,  estropié,  1983  ;  -s, 

1943;  -e,  1977;  -es,   1976. 
[Contraitat]  :      petit      "  contrait  ";     -s, 

1980;  v.  note. 
Contre,  93;  vers,  642;  à  l'occasion  de, 

C  II  1. 
Contrée  :  pays,  C  III  2. 
[Contrefaire]:      imiter;     -font,      2318; 

-faites  :  de  déguisement,  A  14. 
Convaint  v.  Covenir. 
Conveir  v.  Convers. 
Convenant,     Covenant  :     accord,     1658, 

1685;    -s,    1663. 


GLOSSAIRE 


rô5 


Convent,    Covent,    -ant  :    engagement, 

991;    -s,    -z,    1110,    1112;    monastère, 

1109. 
Convers,  Conver,  -veir,  573,  1553,  1556, 

1560,  1561,  1569,  1937,  1967;  -e,2149; 

-es,   577,   2091. 
Cop  :  coup,  A  286  ;  cf.  Col. 
Coraige  :     disposition,    humeur,     1326  ; 

cœur,  A  27 
Corone  :   couronne,  415,  694. 
[Coroner]  :   glorifier,  exalter;  -e,  2287  ; 

-éi,   923;   -ée,  2284. 
[Coros]<Corrosum  (  ?)  :    pourri,    dégoû- 
tant;   -es,    2626.     Cf.    Ducange,    s.v. 

corrositas  :     "  putridine    aut    corrosi- 

tate." 
Corpe  :  faute,  1095  ;  -s,  1068. 
Corpeus  :  corpulent  (?),  2570. 
Corpus  Domini  :  l'hostie,  1223. 
Corresous  :  courroucé,  C  IV  6. 
[Corroussier]  ;   -ent,   1062. 
Cors  :  corps,  454. 
Cors  (cursus)  :  cours,  2437. 
Cort  :  cour,  245;  -s,  117;  -z,  911. 
Cort  :  court;  tenir  cort,  246;  -s,  1112; 

-z,  912. 
[Cortil]  :  jardin  attenant  à  une  maison; 

-z,   2342. 
Cortois  :   courtois,  noble,  65. 
Cortoisement  :    honnêtement,   1692. 
Coson,     Cosson  :     courtier,    homme    <f 

affaires,  1245,  2061,  2485. 
Costous  :    coûteux,   2609. 
Costume,  Custume  :   habitude,  pratique, 

1890;  -s,  1575;  redevance,  chose  due 

par  coutume,  2166;  usage  (juridique), 

2188. 
[Couart]  v.   Cowart. 
Couchier,    1539    (neutre);    -ent    (réfl.), 

1285. 
[Coudre]  ;  cosu,  A  20. 
[Coutiere]    (gouttière)  :     larmier    d'une 

maison;  -s,  2335. 


[Covenir]  :   falloir;  covient,   -vaint,  42, 

C   IV   10;   fut.    iii,   covendrait   833; 

cond.    iii,   -oit,    1667. 
[Coverner]   r.    Governeir. 
Covert  v.   Covrir. 
Coverture  :   dissimulation,  530. 
Covine,    -inné  :    système,    organisation, 

genre    de    vie,    986,    1335,    1447;    -s, 

1443. 
[Covoiter]  :   convoiter;  -e,  520. 
Covoitise  :    cupidité,   avidité,  668. 
Covoitous  :  avide  de  gain,  1749. 
Covre  :   cuivre,  1906  ;  -s,  1909. 
Covrir  :    cacher,    dissimuler,    41  ;    ind. 

prés,  iii,  cuevre,  722  ;  vi,  -ent,  1531  ; 

pcp.    passé,   covert,    1509;    -e,    1153; 

cuvertes,    873. 
Cowart,  Couart  :  poltron,  2123  ;  -s,  322  ; 

f.,  -de,  2154. 
Crassance  :   progrès,  avancement,   1786. 
Créance  :  foi,  croyance,  17,  A  395. 
[Creanter]  :  autoriser,  ind.  prés,  iii,  -et, 

526. 
Créature,  1488,  avec  nég.  :  personne. 
[Crembre]  :     craindre;    ind.     prés,     iii, 

crient,    1014;    vi,   criement,    -mment, 

835. 
[Crestiien]  :   chrétien  ;   -s,  46. 
Crestïentei,   664,  C  II  28. 
[Crever],  -éiz,  705. 
[Crevice]  :  écrevisse;  -s,  174. 
Criemment,    Crient,   v.    [Crembre]. 
[Crier]  :     accuser     publiquement;     -ei, 

1745. 
Criminal,   -s,   711. 
Croire,  1946,  4  494;  ind.  prés,  i,  croi, 

26;    iii,    croit,    760;    vi,    -ent,    168; 

subj.    prés,    iii,    croie,    2316;    avoir 

confiance,    1356;   croit,    (réfl.),    1358; 

je  me  croi,  C  I  17  ;  je  me  fie. 
Crois  v.    Croix. 
Croistre  :    pousser,   grandir,   2660  ;   ind. 

prés,  iii,  croist,  1042;  act.,  4  514. 


i66  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

Croix,  Crois,  1761  ;  être  en  la  cr.  :  être       rien;  avec  article  :  dou,  du,  1,  1670  ; 

torturé,    1100.  del,  2262;   des,   177,   850,  etc. 

Croller,    v.    neutre  :    bouger,    790  ;    -e,  Debonaire  :   gracieux,  bon,  242. 

654.  [Débouter]  :  pousser  à  bout;  -ent,  1047. 

[Croller];  -ent,  1545;  v.  note.  Deçà,    Deçai,    Desai,    400,    473,    1808, 
Crual,  Crueil,   Cruiel  :   cruel,  méchant,        1812. 

1151,   1755,   C  V  28;   -als,   -aus,  -els,  [Dechëoir],  dechient,  ind.  prés,  .vi,  551. 

200,  875,  1145,  C  III  26  (f.  sg.).  Deciple,  Disciple,  536,  1403;  -s,  532. 

Crualtei  :   cruauté,  748.  Décliner,  neut.  :   baisser;  -ent,   1471. 

Crui  :  cru,  172.  [Deçoivre],    Desoivre  :     tromper,    2048  ; 
Cude,  -ent,  v.   Cuidier.  ind.  prés,  iii,  déçoit,  1386;  vi,  desoi- 

Cuer,   387;   -s,   828;   bonne  disposition,       vent,  2069;  impf.  iii,  decevoit,  1932; 

2494.  pcp.  passé,  decëu,  800;  -z,  2008. 

Cui,    cas    indirect    de    qui;    réj.    d'un  [Décret]    au   pi.  :    le    droit    canonique; 

verbe,    677;    après   prép.,   561;    avec       -eiz,   2334. 

sens  génitif,  1949,  A  564.  Dedens,  Dedans,  adv.   1504;  prép.  589. 

Cuidier  [Cudier]  :  s'imaginer,  supposer,  Défaire  [Desfaire]  :   mutiler ,  avilir  ;  -ait, 

croire,   592;    ind.    prés,    i,   cui,    cuit,       1997,  A  18;  -e,  1619,  -es,  A  13. 

cuz,    124,    C   I   21,    A   46;   iii,   cuide,  [Deffendre]  :      protéger;     defent,     ind. 

cude,  1835,  2103  ;  vi,  -ent,  525  ;  prêt.        prés,     iii,    A  367  ;    interdire;    -dent, 

i,  -ai,  C  II  13;  iii,  -a,  2161.  2610;  -du,  954;  -uz,  4133. 

Cuire;  ind.  prés,  iii,  cuit  (réfl.),  1479;  [Défier]:   inspirer  de  la  méfiance;  ind. 

pcp.  prés.,  cuissans,  585;  passé,  cuit,       prés,   iii,   défie,   2587. 

166;  -e,  2011.  [Defoller]  :  fouler  aux  pieds;  -ent,  676. 

Cure;  avoir  c.  :  se  soucier,  1140.  Defors  :  dehors,  1501. 

Cusine  :   cuisine,   1336.  [Dégoûter]  :    dégoutter;   ent,    2336. 

Custumes,  1575,  v.  Costume.  Dehaitié  :   souffrant,  1073. 

Cuvertes,  873,  v.   Covrir.  Delà,  1529,   1808,   1811. 

Delaiier  :    retarder,    C   V   27  ;    deleant, 
D',  1039,  v.  De.  C  V  40. 

[Dait]:   dette;  -s,   1835;  v.  Det.  Deleiz,  :  à  côté  de,  2656. 

Daite,   v.   Dette.  Délit  :  plaisir,  A  478. 

Damaige  :   détriment,   1007  ;  -s,  200.  Delitous  :  agréable,  délicieux,  C  IV  21. 

Dame  [Damme]  :   dame,   C  III  25;   -s,  Delivreir  :  libérer;  -e,  A  511;  prêt,  iii, 

151  ;  maîtresse,  A  201  ;  -s,  1129,  1157.        -ait,   2260  ;   subj.   prés,   iii,   -e,   1181  ; 
Damedeus  :  le  bon  Dieu,  2236,  C  V  29.        faire  abandonner  (  ?),   1308. 

Dampner  :   damner;  -é,   161.  Déluge,   602. 

Darriere  :   derrière,  921.  [Demander],    demant    ind.    prés,    i,    A 
Davant,  1774;  v.  Devant.  132;   -e,   995;   -ent,   C  V  9;   demant, 

De  :   de,  avec,  à  cause  de,  concernant,       impérat.  ii,  C  V  37. 

en   vue    de,    39,    51,    939,    1047,   2088  Demandeur  :   quêteur,  2486. 

etc.  ;  dans  une  comparaison,  473  ;  de  [Démener]  ;  -eine  C  I  4. 

bout,  593  (v.  note)  ;  de  voir,  296  ;  de  Demesurei    v.    Desm. 

rien,    2604  ;    de   nule   rien,   2671  :    en  Demi,  A   146. 


GLOSSAIRE 


167 


Demorée  :  séjour,  C  III  13. 

[Demorer]  :  tarder,  A  95  ;  ind.  prés,  iii, 

-et,  1260;  vi,  -ent,  676;  séjourner,  -e, 
1880;  -é  C  III  2. 

[Denier]  :    (au  pi.)   argent,   971. 

[Dent],  A  366,  v.  note. 

Départie  :  séparation,  C  I  48. 

[Départir]  ;  départies  :   distinctes,  2655. 

Déport  :  amusement,  230. 

[Depriier]  :  supplier;  -ons,  A  [610]. 

Derendre  :  jeter  le  froc,  1064. 

Des  :    dès,   380,   2322. 

Des  r.  De. 

Desai,  1808;  v.  Deçà. 

Desapertir  :  déconcerter,  bouleverser  (  ?), 
679. 

[Desarmer,  -ermer];  -é,  52;  éiz,  A  107, 

[Descendre];  descent,  ind.  prés,  iii, 
A  435  ;  -dent,  A  569. 

[Deschëoir]  ;  -chiet,  ind.  prés,  iii,  A  404. 

Desclos:  ouvert;  -e,  796;  exposés,  809. 

[Descombrer]  :  décharger;  -e,  A  536. 

[Desconfire]  :  malmener,  mettre  à  bout 
de  ressources;  -is,  100,  1051. 

[Desconforter]  se  :  perdre  courage,  être 
gêné  ;  ind.  prés,  iii,  -e,  2641  ;  vi, 
-ent,  2604;  subj.  prés,  iii,  desconfort, 
1106;  -éi,  2646;  -éiz,  A  165. 

[Desconoistre]  ;  desconëue  :  méconnais- 
sable, 2203. 

[Desconoissant]  :   peu   éclairé;   -s,  A  80. 

[Descorder]  se  :  différer;  -ent,  1621. 

Descovert  (à)  :  à  découverte,  A  293. 

[Descovrir]  se  :  s'exposer,  se  dévoiler; 
ind.  prés,  iii,  -cuevre,  37;  vi,  -ent, 
1532;  pcp.  descoverte  (act.)   1464. 

[Desdeignier]  :  dédaigner;  -ogne  ind. 
prés,  iii,  A  172. 

[Desdire]:  réfuter;  prêt,  iii,  -dist, 
2254;  défendre;  pcp.  passé  dit,  959. 

[Deservir]  :  mériter  :   -i,  C  V  12. 

Désespérance  :    irréligion,    1030. 


Desespereir  :    désespérer,  perdre  la  foi, 

930,   1325;   prêt,   iii,  -ait,  1883;   pcp. 

passé,    -éi,    156,    496;    -éis,    éiz,    -éz, 

1027,   2328,  2434. 
[Desëuré]  :  malheureux,  C  III  33. 
Desevrer  :   détacher,  réfl.   2126. 
Deshonor,   1548. 
Desierrance,    Desirrance  :    envie    forte, 

désir:   1419,  A  117;  C  I  12. 
Désir,  A  594,  C  IV  30. 
[Désirer];    ind.    prés,    i,    désir,    2677; 

-ans  C  IV  12. 
Desirier  :  désir  :  A  592,  C  II  38. 
Desirous  :  désireux,  C  IV  13. 
[Desliier]  :   délier  ;  -lient,  4   578  ;   -iées, 

2431. 
Desloaul  :    faux,    infidèle,    1037;    -aus, 

130. 
[Desloi]  :   infidélité,  fausseté  ;   -z,   2443. 
[Desmesuré]  :    qui   dépasse   les    bornes  ; 

-z,  931. 
Desoivre,    -oivent    v.    Decoivre. 
[Desonoré];   -z,   999. 
Desordenement  :    désordre,   1577. 
Desous,  Desoz;  au  d.,  157,  1078. 
[Despecier]    se  :    s'effriter;    ind.    prés, 

iii,  -pièce,  1904. 
Despendre  :    dépenser,   253  ;    ind.    prés. 

iii,  -spent,  506;  vi,  -spendent,  951. 
Despens  :    dépense,   838. 
Desplaire,   1851. 
Desploier  :    délier,   2290  ;    répandre,    -e, 

2348  ;  -ent,  A  579  ;  -e,  2387. 
Despondre  :  discourir,  2572. 
Desprisier  :  déprécier,  31  ;  mépriser,  -e, 

A   414. 
Desraison   (à)  :   injustement,  C  I  46. 
[Desteindre];  -taintes,  .4  582. 
Destorbier  :   embarras,  C  V  25. 
Destraindre  :  contraindre,  faire  souffrir, 

C   I   31  ;   ind.    prés,   iii,   -aint,   -oint, 

C  IV  16,  2678. 
Destre;  a  d.,  730. 


i68 


LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 


Destroit  :   serré,  avare,   234;   -e,   1155; 

-s,   2468;   abattu,  affligé,  1219,   2454; 

sévère,  1335  ;  se  mettre  en  destroit  : 

se  priver  de  liberté,  1357. 
Destruire,    Destrure,    1119,    1593;    ind. 

prés,  iii,  -struit,  770,  2345  (réfl.);  vi, 

-struent,    837;   prêt,    i,    -strus,    1093; 

fut,   vi,   -struiront,  1163;   subj.   prés. 

iii,  -strusce,  779;  pcp.  passé,  -struit, 

1586  (réfl.);  -es,  1057. 
Desus,  -uz,  640,  A  288  (a  d.). 
Desvoier  :    s'égarer,    825;    -ent,    (réfl.), 

1224. 
[Deswuidier]  :   dévider;  -e,  1866. 
Det<debitum  :    dette,   2197  ;   v.    Dais. 
Dete,  Dette,  Daite,  1833,  2166,  2201. 
Detor  :  débiteur,  2210. 
Deu,   Dieu,   10;   voc.   426;   Deu  merci, 

444,  A   16;  Deus,  23;  voc.   119. 
Deus,  Deux,  434,  1617. 
Devant,    Davant,    1393,    1774;    (temps) 

1229. 
Devenir,  691  ;  -viennent,  2403  ;  fut.  iii, 

-venra,     295;     vi,     -venront,      1164; 

subj.   prés,   vi,   -viegnent,   1088;  pcp. 

passé,  -u,   282;   -s,   308,  478. 
Dever  :  du  côté  de,  2627. 
Devin  :  maître  en  théologie,  1476,  2275, 

2286,    2295,    2307,    2357,    2367,    2390, 

A  576;  -s,  579,  2271,  2274;  divin;  -e, 

774. 
Devinaille  :    invention,   592. 
Deviner  :   inventer,  2271  ;  -ent,  2357. 
Devinitei,  Div-;    théologie,    2140;     éiz, 

A    224;    divinité,    2278. 
Deviser  :  expliquer,  ind.  prés,  i,  devis, 

805;    iii,   -e,    A    112;    combiner;    -éz, 

1901  ;  -ée,  A  590. 
Devoir,  auxil.  ;  ind.  prés,  i,  doi,  C  18; 

iii,    doit,    210;    iv,    devons,    715;    vi, 

doient,     doivent,     16,     843;     fut.     i, 

dovrai,    32;    iii,    -ait,    678;   cond.    iii, 

-oit,    656,    devroit,    209;    vi,    -oient, 

767;   subj.   prés,   iii,   doie,  29;   impf. 


iii,    dëust,    690  ;    verbe   act  :    devoir; 

doit,     259;     doient,      1855;     exiger, 

réclamer;  doit,  744,  1436. 
[Dévorer],   -ent,   671. 
Di,   Die,  Dient,   etc.,   v.   Dire. 
[Diable,   Dyable];   -s,   522,   658. 
Diadragagant  :  médicament  émollient  à 

base     d'adragante,     2617;     v.     Flos 

Medicinae,  v.   925. 
Differance,    1623. 

Digne,  256,  A  367  ;  -s,  415  ;  juste,  1402. 
Dire  :    dire,   parler,    raconter,   nommer, 

11,  51;  ind.  prés,  i,  di,  221,  518,  dis, 

152;    iii,    dit,    dist,    548;   iv,    disson, 

887;   vi,   dient,   1055;  prêt,   iii,  dist, 

1404;  fut.  i,  dirai,  560;  iii,  -ai,  1243; 

iv,  -ons,  489  ;  subj.  prés,  i,  die,  1421  ; 

iii,    1355  ;   impérat.    ii,    di   C   II   45  ; 

v,   dites,  A   [699];   pcp.   prés.,   diant, 

1657  ;  passé,  dit,  897  ;  -s,  438  ;  -e,  587  ; 

-es,   2382. 
Disciple,  536,  v.  Deciple. 
Dit:  mot,  sentence,  récit,  etc.,  24;  -s, 

15. 
[Ditier]  :   dicter,  composer;  -e,  70. 
[Divers]     étrange,    farouche,    mauvais, 

A  7;  -e,  2527;  es,  578. 
Doble:  double;  -s,  1271. 
Doble,  2202;  v.  Doubleir. 
Doblier  :  à  double  tissu,  A  227. 
Doctrine:  étude  (?),  2500. 
Dognent,   Doignent,   Doingt,   Doint;    v- 

Doner. 
Doit  s.f.  :  fontaine;  -z,  771. 
Dolent,  C  IV,  28;  -s,  C  IV  6. 
Dolerous  :   douloureux,  C  II  36. 
Dolor:  douleur,  C  III  8;  -s,  C  II  42. 
Dolz  v.  Douz. 
Don  v.   Dont. 
Don,    195. 
Donc,  509,  v.  Dont. 
Doneor  :    aimant    à    donner,    généreux, 

202.. 


GLOSSAIRE  169 

Doner,   Doneir,   4,   195  ;   ind.   prés,   iii,  Droiturier  :  juste,  vrai,  équitable,  738  ; 

done,   881;    vi,   -ent,   257;   impf.    vi,  -s,  607;  -e,  6,   137. 

-oient,   118;   prêt,   iii,   -a,   -ait,    1930,  Duc,  261;  -s,  357. 

1931;  vi,  -erent,  1571;  fut.  iii,  -rait,  Duel:   chagrin,  C  IV  34;  deuil,  2113. 

2467;  cond.   i,   -roie,   1070;   iii,  -roit,  Dui  :  deux,  293,  v.  Deus. 

1406;    subj.     prés,     iii,     dogne,    205,  Dur,   235;    -e,   1072;   -es,   585. 

doigne,     1417,     done,     1985,     doignt,  Durement:    fortement,    464;    avec    vi- 

A  598,  doint,  1782;  impf.  iii,  donaist,  gueur,  A   171;  avec  difficulté,  845. 

992;  pcp.  passé,  -éi,  492;  -ée,  C  III  Dureir  :   durer,  subsister,  907;  -e,  818; 

16;  -ées,  882;  -éz,  C  III  35.  -ent,    228;    prêt,    iii,    -a,    -ait,    276, 

Dont,   Donc,    129,   1947;   d'où  ?,    1408;  1897;  fut.  iii,  durrai(t),  4  318,4  448. 

donc,   2590;   alors,  2226.  Durtei,    1206. 

Doraure  :   dorure,  1907.  [Dyable]   v.   [Diable]. 

Dorer;   -éi,   1911.  Dyamargariton,  2623;  v.  note. 

Dormir,   1666.  Dyarodo,  2619;  v.  note. 
Dortour  :    dortoir,    1516. 

Doteus  :   craintif,  A  272.  Eaume  v.   Hiaume. 

Dotte,  2168,  v.  Douter.  Eglise,   Englise,   71,  941;   -s,   965. 

Doubleir,   C  II  42;   -e,  doble  (neutre),  Eil,   [el];   autre  chose,   1502. 

2202,    2204.  El,  Ou  :   en  le,   128,  1053. 

[Douloir]  :  souffrir;  duet,  ind.  prés,  iii,  Ele,  Elle,  276,  1446  ;  -s,  578  ;  el,  C  II 

C   II   29;   réfl.  :    se   lamenter;   duell  26. 

ind.  prés,  i,  C  II  4.  Embleir,   Enbleir  :    voler,   enlever,   704, 

Doutance  :  crainte,  280.  878  ;   -ei,   448. 

Doute:  crainte,  111;  doute,  642.  [Em-,  Enbraser];  -é,  668;  -ée,  236. 

Douter,     -eir  :     craindre,    hésiter,    761,  Empereor,  277;  -s,  175,  362;  -ères,  313. 

806  ;  ind.  prés,  i,  dout,  1034  ;  iii,  -e,  Em-,    Enpirier  :     (neutre)    rétrograder, 

dotte,   1006,  2168;  iv,  -ons,  1527;  vi,  baisser;   (act.)   abîmer,   107;   -e,   583, 

-ent,   -et,   835,   2354;   fut.   iii,   -erait,  1752    (ampire)  ;    -ent,    106. 

644  ;    pcp.    prés,     -ans  :     circonspect,  [Emplir]  :    remplir;   -issent,    1277. 

690;  réfl.,  -ent,  236.  En,  An,  pron.,   74,   683. 

Douz,  Dous,  Douls,  Dolz  :  doux,  C  III  En,  Ant,  adv.,  1141,  C  II  43. 

6,  IV  2,  IV  8,  V  13;  -ce,  2505.  En,     prep.,     30;     en     apert,     551;     en 

Doze  :  douze,  1071.  destroit,   1357  ;  en  travers,   1560  ;  en 

Drap,  A  17  ;  h-abit,  robe,  -s,  1090.  estant,    1675  ;   en  parfont,   2308  ;   av. 

Droit  :    juste,  précis,   636  ;   droit,   831  ;  article  :   El,  Ou,  Es. 

-e,   30;   sbst.  :   le  Juste;  -s,   1848;  a  En  v.   On. 

droit,  adv.  :  comme  il  convient,  218.  [Enbatre]  s'  :  s'engager  dans  une  voie; 

Droit  :    droit,    ce    qui   est   dû,   260  ;    ce  -us,   2146. 

que   l'on   paye,    2189;    droit,   justice,  Enbleir,   v.  Embleir. 

51,    62,    1297;    un    droit,    2188;    -s,  Enbrase,  v.  Embraser. 

1473.  Enchaucier  :   poursuivre,  A    170. 

Droit,   adv.  :    directement,   2686.  Enci,  v.  Ainsi. 

Droiture:  probité,  59;  justice,  A  249.  [Enclore]:  enfermer;  -clos,  1836. 
O 


170 


LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 


[Encombrer]  :       embarrasser ,      charger, 

gêner  ;  -e,  2465  ;  -é,  -éi,  155,  A  509  ;  -z, 

1162  ;    augmenter    (d'une    dette)  ;    -e, 

2198. 
Encontre  :  contre,  A  157. 
Encor,   -e,   Ancors,  132,   350,   1509. 
Encuseor  :   délateur,  186  ;  -s,  A  219. 
Endemaim  :  lendemain,  C  I  24. 
[Endetter]  s';   -e,   1834. 
Endouceir  :  endosser,  A  193. 
Endurer,  C  I  26;   -é,  C  III  3;   subst., 

C  I  30. 
[Enemi],  -s,  806;  Satan,  -s,   1599. 
Enfant,    1116;    -s,    -z,    286,    660;    -fes, 

1478. 
Enfance,  C  I  18. 
[Enferm]  :  malade;  -s,   1435. 
[Enfermerie]  :   saignée;  -s,   1271. 
[Enfleir];  -eiz,  1284,  v.  note. 
Enfundu  :      malade      de      l'enfontëure 

(genre     d'hydropisie),      v.      Godefr., 

s.v.  En  fondu;  -z,  2568. 
Engegnairent,  2131,  v.  Engignier. 
Engegneor  :  ceux  qui  font  les  machines 

de  guerre,  184. 
Engendreor  :    celui    qui    engendre;    -s, 

152. 
Engendrëure  :  génération;  -s,  147. 
Engig  :     artifice,    1298  ;     œuvre    d'art, 

A  445. 
Engignier  :    tromper,    1840  ;    -e,    1387  ; 

-ent,    2515;    prêt,    vi,    -airent,    2131; 

-ié,  -éy,  800,  926. 
[Enlosangier]  :   enjôler;  -ent,  2046. 
Enlumineir  :    illuminer,    donner    de    F 

éclat  à;  -e,  A  351;  -éi,  1912. 
Enmi  :  au  milieu  de,  2505. 
Enmureir,  1353. 
Ennuble  :  nuageux,  1506. 
Ennui,  Enui,  2545,  A  III  3. 
[Enparlei]  :      éloquent,     hâbleur  ;     -éiz, 

2027,   2591. 
Enpirier  v.  Empirier. 


Enploier,  2289;  -e,  C  IV  32;  -iéz,  pcp., 
343. 

[Enpoignier]  ;   -e,   1478;   -iée,   1480. 

Enpoindre  :   frapper,  731. 

[Enporter];   -ent,  681. 

[Enpot]  (enpost)  :   trompeur;  -es,  2576. 

Enprendre  :    entreprendre,    2096. 

[Enquerre]  :  demander;  pcp.  passé,  -is, 
1407. 

Ens  :    dedans,   2187. 

Ensegnement,    25. 

Ensegnier  :  indiquer,  831  ;  ind.  prés,  i, 
-seing,  1437;  -ié  A  364. 

Ensemble,  504;  avec,  A  126. 

Ensi   v.    Ainsi. 

Entendement  :  intelligence,  discerne- 
ment,   2298. 

Entendre,  Entandre  :  comprendre,  dis- 
cerner, apprécier;  écouter  avec  atten- 
tion ;  à,  en  :  s'occuper  de,  se  donner 
la  peine  de:  98,  596  (subst.),  945; 
ind.  prés,  iii,  entent,  26;  vi,  -endent, 
21  ;  -oient,  96  ;  -dront,  A  568  ;  subj. 
prés,  iii,  -ende,  2416;  vi,  -endent, 
142;  pcp.  prés.,  -ans:  éclairé,  608, 
A  478. 

Entendue  :  discernement,  2277. 

Entente  :  application,  énergie;  -s,  1250. 

[Ententif]  :  absorbé,  appliqué;  -s,  C  II 
12. 

Enterain  :   intègre;  -ne,   394. 

[Enterin]  :  sans  alliage;  -e,  A  355. 

[Entier],  Antier,  2608;  -s,  812;  -e, 
1505  ;  consciencieux;  -es,  2664  ;  sin- 
cère, -e,  C  III  32. 

Entor  :   autour,  698. 

Entr',  Entre  :   entre,  parmi,  124,  126. 

[Entremeller]  :  mêler,  mélanger;  -ent,, 
1273;    -a,    1002. 

[Entremetre]  s'  :  prendre  part  à;  -ent, 
1321. 

Entrepris  :  poussé  à  bout,  188,  A  165. 

[Entrer];  -e,  1167;  pcp.  passé,  -eiz,  30; 
anterait,  f .  iii,  A  553  ;  réfl.,  -ée,  A  31. 


GLOSSAIRE  171 

Enui  v.   Ennui.  [Esfroier]  ;   -ent,   1252. 

[Envellir]  :   vieillir;  -issent,   846.  Esgardeir  :     noter,     remarquer,     1428  ; 

Envelopeir,     [Envoleper]  :     envelopper,  -ent,   636;   -ez   (impératif),   306. 

enrouler,  1541;  -éiz,  1092.  [Esgarer];  -éi,  2094;  -éiz,   177. 

[Envenimer]  :   empoisonner,  A  153  ;  -éi,  [Esjoïr  s']  :   se  réjouir;  -i,  prêt,   iii,  C 

2509.  V  14. 

[Envers]  :  à  rebours,  contre  nature  ;  -e,  [Eslire]  ;   pcp.    passé,   -it,  493  ;   aslites  : 

1280,  2155.  choisies,   A    488. 

Enverser  :  renverser,  2360.  Esloignier,    9. 

Envie,   Anvie,   64,   1315.  [Eslumer]  :   flamber  (?)  ;   -e,   2207. 

Envis  :   difficilement,   140  ;  a  envis  :   de  Esmai  :   effroi,  2148. 

mauvais   gré,   2484;    difficilement,    A  [Esmarrir];  esmarri  :  affligé,  1285. 

86.  [Esmeré]  :  à  l'épreuve  ;  -e,  A  65. 

[Envoiier]  :    envoyer;   envoi,   ind.   prés.  [Esmerillon]  :  émerillon,  702. 

i,   C  II  44.  [Esmiier]  s'  :   s'émietter  ;   -e,   1904. 

Envolepeiz,  1092,  v.  Envelopeir.  [Esmolu]  :  émoulu  ;  -e,  A  247. 

[Enwagier]  :  mettre  en  gage;  -ié,  1607.  [Esnesce]  :   ânesse;  -s,   1235. 

Ermàure  v.  Armàure.  [Espandre]  :    répandre;    ind.    prés,    iii, 

Erme  v.  Ame.  espant,  2351;  -u,  611;  -ues,  2650. 

Errer  :   voyager;  -ant,   1246.  Espee  :   épée,  A  237,  etc. 

Es  :  en  les,  19.  Espérance,   2240,  C  IV  30. 

Es  v.   As:   aux,  1614.  [Esperdre]  :    ruiner;   -us,    366;    éperdu, 

Esbahi,    179.  181. 

[Esbatre]  :    égayer;   -e,   subj.   prés,   iii,  Espéré  ;  mal  esp.  :  désespéré,  A  481. 

A   29.  Esperit  :    esprit,  23. 

Eschainge;  -s,  307.  Esperite,   A   89. 

Eschapeir,      2537;      aeschappe,      2536;  [Esperon];  -s,  A  158. 

-eroient,   160.  Esperonner,  A  185;  -e,  416,  A  180. 

Eschaquier  :   échiquier,  C  II  41.  [Espice];  -s,  2630. 

Eschars  :   avare,  169.  Esploit  :  avantage,  profit,  2482. 

Eschauféi,   2574  Esploitier  :     tirer    un    avantage;    -ent, 

Esclot  :  trace,  empreinte;  -s,  810.  2455;    réfl.  :     profiter,    avancer;    -e, 

Escole,   Escolle,   2142;   -s,  2299.  519,    1781. 

Escoher  :   étudiant,   2495.  Espoir  :   peut-être,  484,  525. 

[Escorcbier],  -e,  527;  -ent,  206.  Espoir,  C  V  23;  -s,  IV  8. 

[Escouter],  -ent,   610.  Esposer  :    épouser;    -airent    (prêt,    vi), 

Escremir:  garer,  A  359.  1127;  -ée,  C  III  24;  -ées,  1134. 

[Escrire]  ;  pcp.  passé,   -it,  494  ;  -s,   20  ;  [Esprendre]  :    s'enflammer;    ind.    prés. 

-e,    588.  iii,   esprent,  2208. 

Escrit  :   écrit,  écriture,  987  ;   -s,   821.  [Esprover]  :   se   rendre   compte;   -ai,   C 

Escriture,  60  ;  -s,  55.  II  10  ;  -ée  :  éprouvée,  A  408. 

Escu  :   bouchier,  330.  Esprueve  :   épreuve,  1199. 

Escumé  :  ruisselant  de  sueur;  -z,  1275.  [Estable],  adj.  :  ferme;  -s,  657. 

Esfroi  :  agitation,  C  I  13.  [Establir];   -i,   1919;   -ies,   1130. 


172 


LES  ŒUVRES  DE  GU10T  DE  PROVINS 


[Estaindre]  :  éteindre;  ind.  prés,  iii, 
-aint,  (neutre)  2380,  (actif)  A  561; 
-tainte,    A    370. 

Estallon  :   étalon,   141. 

Estape  :  poteau,  souche;  -s,  174.  Mot 
germanique,  cf.  v.  néerl.  stappe  ;  v. 
Verwijs  et  Verdam,  Middelnederl. 
Woordbk.,  s.v.  Stap,  4,  6,  où  l'on 
trouvera  les  deux  significations  que 
donne  Godef.   du  mot  "estape." 

Esteir,  lais  ester  :  je  laisse  aller,  555  ; 
ind.  prés,  iii,  estait:  va,  1887;  en 
estant  :  debout,  1675  ;  pcp.  passé 
esté  :  été,  189  ;  estoie,  1423  ;  -oit,  61  ; 
-oient,  87. 

Estendre,    595,  v.  note. 

Estinance  :  abstinence,   1885. 

Estoile,  Estoille,  Stole,  Stoile,  622,  625, 
646,   655;   -es,   717. 

Estordre  v.  neutre  :  se  dégager,  1124, 
1189;  -tors,  pcp.  passé:  hors  de  dan- 
ger, 188. 

[Estornel]  :    étourneau;   -s,   2439. 

[Estovoir]  :  falloir;  ind.  prés,  iii, 
estuet  :   il  faut,  2. 

Estraigement  :  d'une  façon  effrontée, 
1954. 

Estrainge  :  effronté,  sans  scrupule,  1152. 

Estre,  subst.  :  manière  d'être,  condi- 
tion, etc.,  43,  1333. 

Estre  v.  109  ;  ind.  prés,  i,  sui,  suis,  seux, 
30,  104,  C  IV  7;  ii,  es,  1179;  iii, 
est,  84;  iv,  somes,  sommes,  sûmes, 
284,  735,  A  [605];  v,  estes,  113;  vi, 
sont,  18  ;  impf .  estoie,  estoit,  estoient 
v.  Ester;  iere,  impf.,  A  72;  prêt,  i, 
fui,  1092,  fu,  1201;  iii,  fu,  81,  fut, 
65,  fuit,  415;  vi,  furent,  46;  fut  i, 
serai,  1721;  iii,  -a,  -ait,  487,  C  III 
39;  iere,  7,  iert,  5;  iv,  seromes  799; 
vi,  -ont,  185  ;  cond.  i,  seroie,  1350  ; 
iii,  -oit,  100;  vi,  -oient,  -ïent,  237, 
1184;  subj.  prés,  i,  soie,  1512;  iii, 
soit,    759;    v.    soiez,    C    III    26;    vi, 


soient,  897;  impf.  i,  fusse,  1197;  iii, 

fust,  343,  fut,  1454;  vi,  fussent,  161; 

pcp.   passé,   esté  ;   v.   Ester. 
Estreloi  :  crime,  forfait,  C  I  16. 
Estrenormie  :    astronomie,    2137. 
[Estroit]  :   étroit;  -e,  A  260. 
Esvellier  :    éveiller,   1806. 
Et,  conj.,  1,  3. 
Euls,  Eus,  Euz,  v.  Oeul. 
Euvre   v.    Uevre. 
Evesque:   évêque,  819,  859,  896,   2015, 

2331;   -s,   562. 
[Evesqué]  :   évêché;  -s,   1312,   2028. 
Evre  v.   Uevre. 
Exemple  4;  -s,  15;  parabole,  2391. 

Fable,   1992. 

Fable  v.    Foible. 

Faille:  faute,  manque,  220,  1699;  faire 
faille  :  faire  défaut,  1733  ;  joer  a 
totes   failles  (?),   214. 

Faillir,  Fallir  :  manquer,  tromper, 
tromper  l'espérance,  faire  défaut, 
dégénérer,  s'abîmer,  se  fausser,  225  ; 
ind.  prés,  iii,  faut,  217,  1111  (en  f.)  ; 
vi,  fall-,  faillent,  216,  1825;  fut.  iii, 
faudra,  fadrait,  288,  289;  cond.  i, 
fauroie,  faudroie,  1733,  1735  ;  subj. 
prés,  i,  faille,  591  ;  pcp.  passé,  failli, 
223;  subst.  -s,  218. 

Faire.  I,  Trans.  (a)  :  faire,  rendre, 
218;  ind.  prés,  iii,  fait,  144;  vi,  font, 
175;  impf.  iii,  faisoit,  1019;  vi, 
-oient,  1559;  prêt,  i,  fis,  1094;  iii, 
fist,  748;  vi,  firent,  252;  fut.  iii, 
ferait,  2430;  vi,  -ont,  187;  cond.  i, 
-oie,  1429;  iii,  -oit,  1687;  subj.  prés, 
iii,  face,  1383;  vi,  facent,  fasc-,  1495, 
2482;  impf.  iii,  feïst,  239;  vi,  -ïssent, 
1980;  impératif,  v,  faites,  480;  pcp. 
passé,  fait,  207;  -z,  -s,  1944,  2180; 
-te,  1620;  -tes,  1234.  (b)  :  Prendre 
l'allure  de,  933.  (c),  réfléchi,  1275  (  ?) 
1937.     II,    Avec     l'inf.,     1384.     III, 


GLOSSAIRE  173 

Intrans.,    2335;    feraient    à    proisier,  [Fier]:    rude,   pénible,    difficile,    redou- 

2496  :     mériter    l'estime.     IV,     Pour       table,  atroce  ;  -s,  A  240  ;   -e,  1506,  C 

remplacer  un   antre   verbe,    1116.     V.       V  5;  -es,  575. 

Impersonnel,    1688.  Fièrement  :   rudement,  vigoureusement. 
Fais,  Faix  :  fardeau,  1320,  A  515.  1711,   1719,  A   266. 

Faiste  v.  Feste.  Fièvre,   2566. 

Fait:  action,  775;  -z,  -s,  222,  953.  Figue;   faire  la  f.,   207. 

Farine,    2320.  [Fille]  -s,  2065. 

Fauce  v.   Faus.  [Filler]  :  filer;  -e,   1866;   -éi,   1867. 

Faucement  :  faussement,  C  IV  26.  Filz,   Fiz  :   fils,   319,   1019. 

Fauceté,   2013.  Fin,  subst.,   161. 

[Faukon]  -s,  701.  Fin  :   sincère,  véritable,   162  ;   -e,   6. 

Fa  ni,    Faus:    faux,    579,    2324;    f.    pi.,  Finement:   fin,  2582. 

fauces,    fauses,    147,    2431.  Finer,  -eir  :  achever;  -ent,  2358;  pren- 
Fausser,     A     211;     fut.     iii,    faucerait       dre  fin,  678;  -ent,  1472. 

(neutre),  643.  Fious  :  qui  a  le  fi  (espèce  de  ladrerie) 
Fautre:   feutre,  matelas  (?),   1218.  [?],  2569. 

Fellon  :  vil,  méchant,  traître,   167,  235,  Fis-,     Fesicïen,     Fesecïen,     Phisicïen  : 

C  I  47,  et<;.  ;  -s,  A  184.  médecin,  2542,  2579,  2594;  -s,  2523. 

Feloignie,  -oignoie,  -onie  :  bassesse,  mé-  Fisique,     Phisique  :      médecine,     2139, 

chanceté,   12,  510,   781.  2584. 

Feme,  Femme,  2095  ;  -s,  2049.  [Flael]  :   fléau;  -s,   292. 

Fenir  :    finir,   1261.  [Flairer]  :   sentir,  intr.  ;   -e,  2380. 

Fer,    A    138,    etc.;    -s,    635;    entraves,  Fleumatique  :   d'un  tempérament  carac- 

1570.  térisé  par  un  excès  de  flegme,  2572. 

[Ferir]  :  frapper;  se  fièrent  :  se  fêtent,  Florir  :     orner,    47  ;    fleurir,    n.     2660  ; 

1294;  cond.  iii,  ferrait,  A  293;  pcp.        -issent,   C   II   2. 

passé,  féru,  128  ;  -s,  A  536.  [Flor]  -s  :  la  fleur,  377. 

[Fermail]  :   boucle;  -aus,  2051.  Foble  v.   Foible. 

Fermer:  donner  de  l'assurance  à,  1762.  Foi,  54;  -s,  -z,  1474,  2375;  per  foi,  93. 

[Ferré]  :  garni  d'une  boucle;  -ées,  2051.  Foible,    Foble,    Flobe,    Faible,    Fable  : 
Feste,  Faiste  :  fête,  245,  2473  ;  -s,  252.        faible,  796,  986,  A  52,  A  56,  A  246. 

Festu  :  fétu,  638  ;  -z,  640.  Foie,   2573. 

Feu,  Fou,  1338;  -s,  171.  Foire,    1221;   -es,   1248. 

[Fève]   -s,   1680.  Fois,  Foiz,  892,  1188. 

Fi;  syllabe,  et  interj.  de  dégoût,  2578,  Fol:    fou,    insensé,    déréglé,    121;    fols 

etc.  fous,  509,  1718;  folle,  615;  -es,  1048. 

Fi  ;  de  fi.  :  en  vérité,  assurément,  2587,  Folie,  Follie  :  sottise,  folie,  sotte  action, 

A    276.  34;   -s,   1595. 

Fiance  :   confiance,  A   168.  Follement  :    sottement,   37,   611,    2358. 

[Fichier]  :    fixer;   -iée,   638.  Foloiier  :   faire   des  folies,   s'égarer,   C 
Fier   se,   2586  ;   ind.   prés,    i,   fi,    2590  ;        V  ;  ind.  prés,  i,  -oi,  C  I  20  ;  V  15. 

iii,  -e,  509;  fut.  i,  -erai,  134;  cond.  i,  [Fonder];  -eiz,   2180;  -ée,  2186. 

-eroie,  1352.  Fontaine,  -ainne  :  source,  918,  2502. 


174 


LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 


For  :   four,  291,  2042. 

[Forastrier]  :  forestier;  -s,  A  6. 

Force,   2265. 

Forest  :  forêt,  A  5. 

Forfait,  A   333. 

Forge,   135;  -s,   130. 

[Forgegier]     (forjugier)  :     bannir;     -ié, 

957. 
[Forgier];   for  je,  138;  -ié,  131. 
Forme  :  modèle,  653. 
Forment,  adv.   quantitatif,  1046. 
Fors,   for:    adv.,   dehors,   1503;    f.    de, 

1253;    prép.,    excepté,   hormis,    1239; 

fors  que,   1734. 
Fort,   fém.,   803;   fors,   fém.   pi.,   1537; 

adv.   C  II  29 
Fou  v.  Feu,  Fol. 
Fouchiere  :   fougère,   2448. 
[Franc]  :    noble,    généreux;    -s,    A    387, 

C  V  35. 
Franchement,    1203. 
Franchise,  1257. 
Fraternitei,   1211;  -z,   1279. 
Freire:  frère,  397;   -s,  338. 
Froit:  froid,  2122. 
[Fromage,  -aige]  -s,   1410,  2052. 
Frouches,  1228,  v.  note. 
Fruit,   145;   -s,   2176. 
Fuer  :   taux;  à  nul  f.,  A  32:   à  aucun 

prix. 
[Fuire];    fuent,    264   (tr.),    854    (intr.)  ; 

fut.    iii,    fuirait,    A    164;    vi   furont, 

1713;   cond.    i,    furoie,   1716. 
Fust  :   bois,  A  357. 

[Gab]  :  plaisanterie;  gas,  gais,  84,  1089. 
[Gaber]  :    se    moquer    de,    railler;    -ée, 

902;  -éiz,  1058. 
[Gaignier]  :   gagner;  -iéi,   1263,  v.  note. 
Gaire,  Gaires  :   guère,   1332,  1889. 
Gaiste  v.   Gaster. 
Gais  v.  Gab. 
Gais  :   bavardage,  367. 


Gaitier  :  surveiller,  protéger,  2100  ;  réfl. 

2160  (v.  note),  A  10. 
Galie  :  espèce  de  bateau;  2682. 
[Garçon]   -s,   286. 
Garde;  avoir  g.,  A  204. 
Garder,    -eir  :     garder,    protéger,    sur- 
veiller,   observer;    réfl.,    se"   garder, 

s'abstenir,   807;   -e,   2153;   -ent,   813; 

-oient,    48;    -erai,    1739;    subj.    prés. 

iii,  gart,  23,  C  III  36  ;  -essent,  2607  ; 

-éiz,   2184. 
Garir  :   défendre,  1394  ;  guérir,  C  V  3  ; 

ind.  prés,  iii,  -it,  A  539  ;  pcp.,  -i,  224. 
Garni  :   muni,   A   292. 
Gas  v.   Gab. 
[Gaster]  se  :  s'user;  gaste,  gaiste,  2341, 

2345. 
Ge,  Gié,  Je,  11,   132,   1054. 
[Gement]   v.    [Jument]. 
[General]  -s,  73;  v.  note. 
Gengibre  :   gingembre,  2622. 
Gent:    joli,    2446;    C   II    9;    adv.    70; 

noble,  -z,  317  (?). 
Gent,  54  ;  -s,  7  ;  maie  gent  :   brigands, 

1293  ;    gent  :    compagnie    de    soldats, 

1104;  gent,  genz  avecnég.  :  personne, 

947,    1519. 
Gentil  :   bien  né,  1010  ;   -s,   -z,  1000,  A 

388. 
Gentilesce  :   noblesse,   996. 
Gëolle  :    cage,   2439. 
Géométrie,   2138. 
Gésir  :  coucher,  être  couché,  1218  ;  ind. 

prés,   vi,  gisent,  gissent,   1337,   1591  ; 

impf.   gisoient,   89. 
Geteir,    -er,    762;    ind.    prés,    iii,    gite, 

-et,   1419,  2320;  vi,  -ent,  1253;  gete- 

roit,  613;   getées,  1141. 
Geu  :    jeu,    1286. 

Gëuner,  Jëuner,  1665,  1875;  -é,  1879. 
Gié  :  je,  v.  Ge,  Je. 
[Gigue]  :    violon;   -s,   208. 
Gingebret  :   médicament  et  friandise  à 

base  de  gingembre,  2616. 


GLOSSAIRE  175 

Gisent,  Gissent,  Gisoient,  v.  Gésir.  Guiler,  Guiller,  -eir  :  duper,  ruser,  125, 

Gite,   Gitet,   Gitent,   v.   Geteir.  etc.;   -e,   2595;   -ent,   854;  prêt,   -ait, 

Glaive,  A   366.  1935;  -ant,  2021;  -éi,  2087. 

[Glorious]  :   glorieux;  -e,  347.  [Guinple]  :  morceau  de  toile  ou  de  soie 

Glose  :  glose,  2429  ;  [réprimande,  2430].  avec  lequel  les  femmes  s'entouraient 

Glout  :    avide,   536.  le  visage;  -s,  2050. 

Gote,  Goûte  :   goutte,   709,   2107.  Guise  :  façon,  guise,  1128  ;  -s,  872. 

Goule  :   gueule,  1973. 

Governeir  [Coverner],  2411;  -ent,  1289;  Ha!    Hai  !    661,   882. 

-assent,   2608.  Haberc,    Habert,    Abert  :    haubert,    A 

[Governëor],   -ères,  1180.  206>  etc- 

Grâce,  Graice,  946,  A  [600].  Haïr>  295  md-   prés,   i,  he,   C  III  13; 

Grain     144.  heit,   1469;  vi,  aïssent,  A  454. 

Graindre  :  plus  grand,  C  I  24.  Hardement,       Herdement  :       bravoure, 

1720     1787 

[Grainge]    -s  :    entreprise   agricole    d'un  ' 

monastère,  1226;  v.  note  au  v.   1235.  Hardi'   Herdi'  50'  2026- 

rn     ■     .    ,          7-   ■            .       t    „     w  „  Haut;   -s,   305;   -z,  2451;   -e,   447;   -es, 

[Graingier]:    religieux   charge    de    lad-  2&2;  de  fa   ;  ^             A  ^ 

mimstration  d'une  grange;  -s,  1288.  Hautegce  ;   noUesse>  995 

Graine,  Grainne,  311,   1040.  He  lag ,  ^  m  33 

Grais,   Graiz  :    gras,   1967,   1983,   2624.  Heit  p    jjaïr 

Grant,   4;   -s,   -z,  82,   117.  Herbej    2593 

Gre;    de   son   g.:    librement    consenti,  Herbergeor  :    hospitalier,    201. 

C  II  25;  mal  g.  mien:   malgré  moi,  Herdement:   bravoure,  1720. 

C  II  34.  Herdi  r.  Hardi. 

Grever  :    charger,   peser,   ennuier;   C   I  Hermite,   1242. 

40  ;     ind.     prés,     iii,     grieve,     1670  ;  [Herpe]  :   harpe;   -s,   208. 

greueroit,  1714;  subj.  prés,  iii,  griet,  Hiaume,    Haume,    Eaume,    A    294,    A 

2214  ;  pcp.  passé,  éz,  -éiz,  540,  C  III  319  ;   -s,   A   298. 

31.  Hoi  v.  Hui. 

Grief  :  difficile,  pénible,  A  290.  tHoir]  :  descendant,  héritier  ;  -s,  553. 

Grijois:    grec,   57,   66.  [Homecide],   Homicide,   1391;   -s,   759. 

r/-,        ,     n                                          ,  Hom,  Hon,  325,  1345  ;  hons,  501  :  home, 

[Grondre]  :      murmurer,      gronder;      -e  '          '        *           '          •        *  •"""■"• 

,    ,  •         ,      ....     ..  homme,   ome,   omme,   28,   1418,   1763, 

(subj.  près,  m),  44.  ig68;    ^  ^ 

Gros,   396;   -ses,   882.  Honeste  :  WraWe,  63. 

Guerre:  lutte,  1465;  brigandage,  1998.  Honestéi  :   honorabim    996. 

Guerredon:  récompense,  C  I  57.  Honestement  :  honorablement,  992. 

[Guerroiier];  -e,  C  IV  9;  -ent,  1953.  Honir ,     ^^     ^     m.     ^     244; 

Guie  :  <7^e,  4  513.  euphém    pQur  Cûcare)  2633 

Guier:    guider,   816.  Honor)  239;  .s>  m 

Guile,  Guille  :  ruse,  fourberie,  duperie,  Honorer,     Onoreir,     1956,     C    IV    14; 

387;   -s,   268.  .oient>    204.     éi>   19Q.     ei^   3()5 .   ^ 

Guileor,  Guilleor  :  fourbe,  122,2485  (?).  2493;   -ées,   114. 


176  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

Hons,  501,  v.  Hom.  Irous,    Iroz  :    en    colère,    600;    triste, 

Honte  :    déshonneur,    262  ;    chose    dés-  1348. 

honorable;  -s,   560.  Ise   v.    Ice. 

Hospitalitei,   1802;   -z,   1799.  Isil  v.  Icil 

Hospitaul,     Ospitaul  :     hôpital,     1943  ;  Isnel,  -eil  :   rapide,   1592. 

-als,  682  ;  ordre  des  hospitaliers,  leur  Iteil  :   tel,  991  ;  -s,  295. 

hôpital  à  Jérusalem,  571,  1793,  1810,  Ivre,  1687. 

1850,   1911;  -aus,  1816,  1894,  1899.  j>  .   je>  2o. 

Hospitelier  :  hospitalier,  1805;  -s,  1789.  ja  .  jadis,  274;  avec  nég.  :  jamais,  100; 

Hosteil  :     annexe    réservée    aux    hôtes  simple   renforcement,    (a)    d'un   nég., 

d'un  monastère,   1501.  28,    160,    etc.,    (o)    d'une  affirmation, 

Hosteir,   1295,  v.   [Osteir].  200,   398,   etc.;    admettons   que,   quoi- 

Huevre  v.  Uevre.  que)  984j  2158  ;  ja  mais  :  jamais  plus, 

Hui,  Hoi  :  aujourd'hui,  214,  C  II  40.  435)   2686,  jamais,   134. 

Humiles  :   humble,  A   309.  jaIee  :  gelée,  C  III  12. 

Humilitei,    Umilité,    1770,    A    301  ;    -z,  Jambais  :     pourpoint    rembourré    porté 

1759.  sous  la  cuirasse,   1680. 

Jambe  :   jambon;   -s,  2052. 

I,  adv.  :  y,  22;  avec  "avoir,"  233;  av.  [Jangler]  :   bavarder;  -ans,  2438. 

"est,"  488;  pron.   704,  2222.  Jangleor  :  jaseur,  C  V  25. 

Iauz  v.   Oeul.  Jarcir  :   scarifier,   2001. 

le',  Ice,  Ise,  Iceu  :  ce,  280,  1020,  1174,  Je  v.  Ge. 

2275.  Jes  :  je  les,  1028,   1438. 

Ici,   994.  Jëuner  v.  Gëuner. 

Icil,   243;   icelui,   2002;   icelle  988;   cf.  Jevent  v.  Jovent. 

Cil-  Joer,  Juer  :  jouer,  1656,  C  127;  jueent, 

Icist,  819;  icist  pour  icest,  1562;  icest  214. 

pour    ices,     1617;     iceste,     2034;   cf.  Joie     247. 

Cist.  Joindre  :    attacher,   adjoindre,    A    451  ; 

Igaul  :   pareil,  2637.  réfl.    ind.    prés,    iii,   joint,   635  ;   pcp. 

Igaulment  :    sans   intermittence,    C    IV  passé,  joint,  A  371. 

16.  [Joint]  :   adapté;  -e,   726. 

Il:    il,    189;    ils,    53;    eux,    1239;    im-  Joious,   C  IV   7. 

personnel,  408.  Joïr  :  jouir,  C  IV  11  ;  pcp.  prés,  joianz, 

[Illuminer]  :    donner    de    V éclat    à;    -e,  C   IV,    35  ;    réfl.    ind.    prés,    iii,    jot, 

A  328;  -ent,  A  324;  -éi,  A  332.  500. 

Infer  :   enfer,  A   358.  Jone  :  jeune,  240,  2122  ;  -s,  319,  349. 

Ipocrisie   v.    Ypocrisie.  Jor  :    jour,    663  ;    -s,    276  ;    toute    jor  : 

[Ipocrite]  -s,  v.  Ypocrite.  toute   la  journée,    292  ;    ja   jor    (avec 

Iqui  :    ici,   457.  nég.)  :   jamais,   100;   hui  est  li  jors  : 

Ire  :   colère,   12.  de  nos  jours,  901  ;  tous  jors,  2259. 

[Iréi]  :    en   colère  ;   -eiz,   1681  ;   mais   v.  [Joster]  :   jouter;  -e,  A   205. 

note.  Jovent  :   jeunesse,  229. 

Irié  :    en  colère,  1067.  Jueent  v.  Joer. 


GLOSSAIRE 


177 


Jugement,  1846;  -z,  A  106. 

[Jugeor]  :  juge;  -ieres,  1180. 

Jugier  :  juger,  condamner,  punir,  158  ; 
-e,  601,  1477  (réfl.)  -ent,  2356;  -era, 
2397  (réfl.);  pcp.  passé,  -ié,  A  460; 
-iéz,  539. 

[Juïf];  -s,  523,  531,  971. 

Julii  v.  Dyarodo. 

[Jument],  [Gement];  -s,   1370,   1451. 

Jurer,   C  I  23. 

Jus;  de  j.  :   d'en  bas,  A  287. 

Jusc',  Jusqu',  Jusque,   334,  574,   1553. 

Justice:  punition,  269;  -s,  871. 

K'  :  que,  conj.  298. 

Kant   v.   Quant. 

Ke  v.  Que;  qui,  C  IV  32. 

Kel  que  :   quelconque,  C  I  15. 

Ki  v.  Qui. 

L',  article  et  pron.  m.  et  f.,  43,  60,  71, 
627  ;  l'avoir  mauvaise  :  être  mal  loti, 
1347;  pron.  m.  dat.,  1417. 

La,  lai,  adv.,  222,  2007. 

Labor,    1274. 

Laboreir  :  labourer,  1371;  travailler, 
-ent,   1374. 

Lac,   380. 

Laidement  :  honteusement,  avec  igno- 
minie,  1472,   1847. 

[Laire]  :  céder,  léguer,  quitter,  permet- 
tre; lait,  534;  cond.  i,  lairoie,   1392. 

Lairon  :    larron,    1881. 

Lais   v.  Laissier. 

Lais,   Las:   hélas!  424,   C  I  3. 

Laissier  :  laisser,  abandonner,  s'abs- 
tenir de,  153;  ind.  prés,  i,  lais,  las, 
555,   2611;  vi,   1318;  prêt,  i,   1205. 

Lait,  Leit  :  ignoble,  honteux,  laid,  919, 
A  17;  -s,  1036;  -de,  634;  -es,  1145. 

Lait  :  punition,  action  honteuse,  857, 
2354. 

[Lait]  :   lait;  laiz,   1410. 

Laituaire  :    électuaire,  2614. 

Lance,  A   366. 


[Langaige]  :   langue;  -s,   1528. 

Langue,  Lengue,  828;  -s,  2395. 

Languir,  C  II  18. 

Lanterne,   2628. 

[Large]:  généreux;  -s,  325. 

Largement  :   généreusement,  1985. 

Larme,  Lerme,   C  III,   10;  -s,   1259. 

Las   r.   Lais. 

[Lasser];  -ez,  C  III  39. 

Lassier  :   lacer,  A   137. 

Latin,   57. 

Laver,  1540;  ind.  prés,  iii,  levé,  2414; 

vi,  -ent,  2337. 
Le  v.  Lou. 

Lealment  :   loyalement,  C  I  37. 
Leans  :  là  dedans,  2044. 
Légat,   -ait,   -aut,   707,   896;   -s  [ligals], 

562. 
Legier,  Ligier  :  facile,  1295;  -e,  A  39; 

léger    (moralmt.),    -e,    2118;    de    1.  : 

facilement,  C  IV  7. 
Legierement  :    facilement,    1891,   2424. 
[Legistre]  :   légiste  ;   -s,  2402   (v.  note)  ; 

logistres,  581. 
Leial    v.   Loal. 
Leiauté  v.  Loaultéi. 
Leiçon  :    leçon,    1772. 
Leitre   p.  Lettre. 
Leitréiz   r.   Lettré. 
Lenier  :  lâche,  mou,  A  56. 
[Lent];   lens,   2232. 
Lermes   v.   [Larme]. 
Les,  art.  et  pron.,  18,  46,  56,  802. 
Les  :  à  côté  de  (al.),  811. 
Lesche  :  lâche,  122. 
Lettràure  :   étude,  instruction,  2283. 
Lettre:   écriture,   1776;  écriture  sainte, 

A    190. 
Lettréi  :  instruit,  2639  ;  leitréiz,  2592. 
Leu,    Lieu  :    lieu,    place,    moment    pro- 
pice, 382;  -s,  489. 
Lez  :  auprès  de,  C  II  44. 
Li,  art.  m.  s.,  57;  pi.,  22;  f.s.,  645. 
Li,  pron.  dat.  m.,  694;  f.,  259, 
Libéral  :  généreux,  202. 


i78 


LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 


[Liier],  part,  passé,  lié,  859;  -iéz,  1600; 
liées,   2432. 

Ligals  v.  Légat. 

Lignaige,  1008. 

Ligne,    1388. 

[Ligner];    -ent,    2516. 

Liiens,  2551,  v.  note. 

Lion,   50. 

Lire  :  lire,  faire  un  cours,  943  ;  lisoient, 
2297. 

Livre,  s.f.,  2047. 

[Livre]  s. m.  ;   -s,  2451. 

[Livrer]  se;  -ait,  prêt,  iii,  A  313. 

Lo  v.   Lou. 

Lo  v.  Loer. 

Loal,  Loaul,  Leial,  [Leal]  :  honnête, 
juste,  véritable,  etc.,  607,  2152,  C  V 
16;   -s,  C  V  17,   129  (loaus). 

Loaultéi,  Loautéi,  Leiauté  :  bonne  foi, 
honnêteté,  1256,  2372,  C  II  48. 

Loer  :  louer,  conseiller,  877,  A  516  ; 
ind.  prés,  i,  lo,  1374;  vi,  -ent,  55; 
pcp.   passé,  -éi,   2621. 

Logistres  v.   Legistre. 

Loi,  94  ;  -s,  -z,  2443,  2444  ;  religion,  53  ; 
race,  C  V  11;  coutume,  1482;  pi.  : 
étude  du  droit,  2139;  droit  civil, 
2407. 

[Loier]  :  gain,  salaire  ;  -s,  2470. 

Loig  :   loin;  au  loig,   1835. 

Loisir;  à  1.  :  à  volonté,  C  II  24. 

Lon,  Lonc;  adj.  :  loin,  C  III  1,  etc.;  -s, 
-z,  1185,  C  V  2;  adv.  1941;  prép.  : 
selon,  C  II  3. 

Longuement,  Longement,  1103,  2020. 

Lor,  pron.  poss.  m.  et  f.  sg.  et  pi.,  71, 
151  ;  pron.  pers.  cas  oblique  pi.  m. 
et  t.,  125,  199;  le  lor:  leur  sub- 
stance, leur  argent,  838. 

Lor  v.  Lors. 

Lorain  :  "  courroie  façonnée  qui  orne 
le  poitrail  et  la  croupe  d'un  cheval, 
et  qui  sert  en  même  temps  à  main- 
tenir la  selle,"  981. 


Lors,  Lor  :  alors,  267,  647. 
Los,  Loz  :  renommée,  157,  395. 
Losangier  :   flatteur,   faux,   186  ;   -e,   5  ; 

-s,   C  I  47. 
Lou,  Lo,  Le,  art.  et  pron.  m.  sg.  rég., 

13,  124,  152,  466. 
Loz  v.  Los. 
Lowaïs    [loeïz]  :    mercenaire,    intéressé, 

2462. 
Lui,  Lu,  pron.  m.  rég.   indir. ,  24,  35  ; 

dir.,  tonique,  A  37. 
[Luire],  Lure,  1209;  ind.  prés,  iii,  luit, 

lut,  1905,  A  585;  lusans,   1543. 
Lumière,   1485;  -s,  384. 
Lune,   646. 
Luxure,   1412. 

M'  :   me,   2. 

M'  :   ma,  2680. 

Ma,  1076. 

Mâchefer,  2667. 

Madite  v.   Maudire. 

[Maigre]  -s,   691. 

[Maille];  -s,  A   135. 

Main,  2554;  -s,  1018. 

Maingier  :  manger,  1499  ;  ind.  prés,  iii, 

-jue,    1655  ;    vi,    -juent,    841  ;    -erent, 

1404. 
Maingier  :   repas,   1515  ;   appétit,   1399  ; 

-s  :    choses  à  manger,   1276. 
Maint,  662;  -s,  999;  -e,  576;  -es,  586. 
Maintenant  :    tout   de    suite,    1686    (v. 

note),  2633. 
Maintenir  :     soutenir,    observer,     1050, 

2437    (suivre    des    cours,    v.    note)  ; 

-tient,  -taint,  528,  C  IV  8;  -tienent, 

524;  -tenoient,  94;  manteigne,  A  88; 

mantenissent,   1918. 
[Maire]  v.   [Marc]. 
Mais,    Mas,    Maix,    Mes,    6   C   IV    10, 

1464  ;  désormais,  175  ;  av.  nég.  :  plus, 

245  ;   jamais,    244  ;   maix   que  :    sauf, 

97,    pourvu    que,    2482;    ne    pouvoir 

mais,  1319;  v.  Ja. 


GLOSSAIRE 


179 


[Maisiere]  :   habitation;  -s,  1228. 
Maison,  1329;  maison  religieuse,  1895; 

-s,   115. 
Maistre,   Mestre  :    maître,  savant,  529, 

794;  -s,  1459;  fém.  maîtresses,  1129. 
Maistrement  :    savamment,    1932. 
Maistroïer  :       commander,      gouverner, 

2099;  -e,  C  IV  16. 
Mal    adv.    1193  ;    adj.  :    mauvais,    735  ; 

méchant,    1755;   -e,    1293;   mal   cuer, 

1683;   mal  gré   v.    Gré;    subst.,   572; 

-s,  -z,  1202,  C  IV  24. 
Malade,  Malaide,   1219;   -s,   1391. 
Maladie,   2678. 
Maldit,  etc.,  v.  Maudire. 
Maleïçon  :  malédiction,  C  I  54. 
Malement,    Mallement  :    durement,    la- 
mentablement, 284,  539. 
[Malëuré]  :  malheureux;  -e,  C  III  4. 
Malice  :  méchanceté,  771. 
Malicious  :  méchant,  743. 
Malmetre  :   détraquer,  abîmer,  A   229. 
[Malparlier]  :  médisant;  -e,  C  III  38. 
Malvais,  Mavais  :  mauvais,  88;  -e,  311. 
Malvaisement,  Mav-  :  mal,  813,  1913. 
Manasse  :  menace,  2155. 
Manate,  s.f.  :   aimant,  633. 
[Mander]  :  envoyer;  mant,  ind.  prés,  i, 

C  II  45,  v,  34. 
Manière  :   manière,   coutume,   genre   de 

vie,  847,  966,  975. 
[Manoir]  :  demeurer;  maint,  ind.  prés. 

iii,  C  IV  31. 
Manteal,    -eil  :    manteau,    1767,    1773  ; 

-eaus,    1761,    1769. 
Manteigne,  Mantenissent,  r.  Maintenir. 
Mantir  v.   Mentir. 
Mar  :  interjection  de  regret,  271. 
[Marc,  Maire]  :  marc  ;  le  marc  d'argent 

pesait  245  grammes  et  valait  10  sous 

(45  frs.  env.)  ;  -s,  1968. 
Marenier  :  marin,  624  ;  -s,  644. 
[Marier],  -ent,  2065;  -ées,  1133. 
Marteil  :  marteau,  2366. 


Martir  :  martyr,  1262. 

Martire  :   martyre;  -s,  1266. 

Mat  :     triste,    renfrogné,    2454  ;    mes  : 

abattu,   C   IV   6. 
Matière,  588. 
[Maudire];    ind.    prés,    iii,    -dit,    547; 

pcp.     passé,     maldit,     954;     madite, 

2195;  prés.,  maldisanz,  A  219. 
Màur  :  digne,  sage,  1021  ;  -e,  839. 
Mavais  v.    Malvais. 
Me,    23. 
Mëaille  :  maille,  monnaie,  en  valeur  la 

moitié  d'un  denier,   1958. 
Medixant  :  médisant,  C  IV  34. 
Mehaig  :    défaut  physique,   2533. 
Meillor  v.  Millor. 
Meir,    Mer,     Merr  :     la    Méditerranée, 

350,  400,  1790;  mer,  2502. 
Meire  :  mère,  337. 
Meïsmes  :   même,  820. 
Meïst  v.   Mettre. 
Melancolious  :    mélancolique,    qui  a  un 

excès  de  bile  noire;  cf.   fleumatique, 

colérique,    2569. 
[Meller]  :    mêler  ;    -eiz,    1682  ;    mais    v. 

note. 
Mellors   v.    Millor. 
[Membre];  -s,  A  151. 
Membreir,   v.   impers.  :    souvenir,   883; 

-e,   271. 
Mençonge,   Monçonge,   587,    1991. 
Meneour  :    mineur,    183. 
Mener,    Moneir,    254,    C    IV    4;    ind. 

prés,     iii,    moinne,     1763;     vi,    -ent, 

1247;    menoit,    63;    subj.    prés,    iii, 

moint,  .4  64. 
Menjuent  v.   Maingier. 
Menoiier  :  manier;  -ent,  1223. 
Menoie,   v.   Monoie. 
Mensongier,  1662;  -s,  2546. 
Mentir,   Mantir,  48,   125;  ind.   prés,   i, 

ment,  1823;  iii,  A  254;  vi,  ent,  854; 

subj.  prés,  i,  mente,  591  ;  menti,  513. 
Merchëant  :  marchand,  1221. 


180  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

Merchié   [marché]:    affluence,   foule,  A        fut.    i,    métrai,    A    118;    cond.     iii, 

4;   a  bon  m.,   A   295.  metroit,    1405;   subj.    pr.    iii,    mette, 

Merchis  :    marquis,   368.  mettet,    822,    1780;    subj.    impf.    iii, 

Merci;     Dieu     m.,     444;     miséricorde,       meïst,  732;  pcp.  passé,  mis,  504;   -e, 

pitié,  480;   -s,  A   375;   soumission    (à       780;    -«s,    1143;   mettre   de  l'argent: 

une  dame),  2128.  l'employer    à    qqch,    mis,    1900;    -e, 

Mérite  :   récompense,  2233.  1958. 

Merr  v.  Meir.  Meuz,   Mielz,   Muez  :   mieux,  plutôt,  C 

Merveille,    -elle,    -oille,    398,    2221;    -s,       I  21,  C  II  24,  172. 

598;   adv.   étonnamment,   1972.  Mi  :  mes>  cas-  suj.,  371. 

[Mervillier]    se:    s'émerveiller,    s'éton-    Mie-    second    élément    d'une    négation, 

ner;  ind.   prés,   i,  -oil,  740.  ^4- 

Mervillous  :    extraordinaire,   admirable,    Ml€n  v-  Gre. 

599-  -e    269  -^  :  m^e>  508i  "e>  l935- 

Mes  -.'mes,  417;  mon,  1354.  Millor>    [Meillor],    [Mellor]  :     meilleur, 

Mes  v.  Mais,  Mat.  9035   *.  *™>   361. 

Mesaise:    désagrément,   1076,   A   44.  Mine>  2445- 

Meschëance  :  malheur,  A  177.  [Mire]  :   médecin,  2529. 

Mescroire:     abandonner    la    foi,     927;    tMireor]  :   miroir;   -s,   9. 

-ent,    1032;    prêt,    -cruit,    1883;    être    Mirer'     "eir'     Se  :     Se     mirer>    Prendre 
soupçonneux:  -ent,  1031;  v.  note.  exemple,  s'instruire,   16,   1766;   subj. 

,,  „  ,   .    ^ ;     _   _       prés,  vi,  -ent,  21. 

Mesestance  :    qene,    inconvénient,    C    I    ,,. 

Miséricorde,  A   389. 
15. 
r_r     ,,  .     ,      ,   .  .  .  [Miséricort]  :   miséricordieux;   -s,  879. 

[Mesfaire]  :  /cnre  une  mauvaise  action;    ,,  .  .  .„„.    olof. 

L     „  J     7  '    Moi  :  moi,  me,  1074,  2129. 

-fis     1095 
_,     „'.         '.  Moie  :  ma,  1095;  mienne,  C  IV  30. 

Mesfait  :  cnme,  1998.  [Moillier]  :   mouiller;   -e,   2342. 

[Mesprendre]    v.    neutre:    se    tromper;    [Moinne]  :   m0î>le;   .B>  564>    1043j    1050) 

mespns,    1386.  m0t   l860j   1975 

Mesprisier  :   mépriser,  2079.  Moinnent  ».  Mener. 

Mesprison  :  parole  outrageuse,  C  I  50.    Moins    806. 
[Messe];  -s,  1236,  1368.  M0is    1192. 

Mestier:    métier,    vocation,    542,    913;    [Moiste]  :   fade;  -s,  2626. 
-s,    545;    avoir   mestier:    être    utile.    Mol:    mou     122. 
768;   être   nécessaire,    2644;   être  m.,    Molle:  moule    653. 
même  sens,  898  ;  av.  m.  :  av.  besoin,    Mollin  :   moulin,  2042. 
A  531-  Molt  :    beaucoup,    très;    adv.,    13,    65; 

Mestre  v.   Maistre.  pron.,  503;  molt  de,  931;  adj.,  72. 

Mesure,  A  233;  modération,  A  423.         Mon,   23. 
[Mesurer];   -e,  A   440.  Monçonge  v.   Mençonge. 

[Métal];   -aus,   1893.  Monde:    le    monde,    43;    -s,    935;    cf. 

Mettre  :  mettre,  817,   1775   (réfl.)  ;  ind.        Mont, 
pr.    iii,   met,    39;    vi,    mettent,    639;    Monde:  pur,  1158. 
prêt,  iii,  mist,  1630  ;  vi,  mirent,  1570  ;    Moneir   v.    Mener. 


GLOSSAIRE 


181 


Monoie,   [Menoie]  :    monnaie,   2053  ;   -s, 

129. 
Mont  (montem),  414;  Grand  mont,  566, 
1443,    1444,    1489,    1491,    1534,    1571; 
-s,   681. 
Mont   (mundum)  :    le  monde,   179,   325, 
751,    872,    1210,    1237    (tout    le   m.), 
1722,    1895;    -s,    342. 
Mont     (mundum    ou    montem)  :     beau- 
coup, 565. 
Monte  :  les  intérêts,  534. 
Monter,  1317;  -e,  A  424;  -ait,  prêt,  iii, 

A  307;  -eiz,  A  554. 
Morciaus  v.  [Morsel]. 
Morir:  mourir,  1393;  ind.  pr.  i,  muir, 
C  II  21;  vi,  muèrent,  1472;  morrai, 
fut.  i,  C  V  6;  vi,  moront,  C  IV  34; 
mort,   229;   -s,   197;   -e,   2520;   trans. 
tuer,  799;  -s,  90. 
[Morsel]  :    morceau    (à    manger)  ;    -aus, 

836,  -ciaus,  1690. 
Mort,  sbst.  f.  416;  s.m.,  A  25. 
[Mortel];  -eus,  -eiz,  A  311,  A  341. 
Mostier  :  église,  chapelle,  1516  ;  monas- 
tère; -s,   972,   1098. 
Mostrer,  -eir  :  montrer,  démontrer,  11  ; 
-e,   1741    (réfl.);   -ent,   1381;   -a,   -ait, 
prêt,  iii,  1878,  A  306;  mosterai,  fut. 
iii,  34;  -éi,  1587;  -ées,  1362. 
Mot,  618;  -s,  20,  99. 
Mouton  :    bélier;   -s,   1230. 
Movoir,  réfl.,  790;  ind.  prés,  iii,  muet, 
623  ;    neutre  :    provenir,    muet,    10  ; 
mue  vent,   24. 
[Mu]  :   muet;  -e,   1656. 
Muer:   changer;  -e,  2119;   -ent,  630. 
Mueble  :   bien  meuble;  -s,   862. 
Muet  v.   Movoir. 
Muez   v.    Meuz. 

Mur  :    mur    de    fortification,    1712  ;    -s 

1349. 
[Murer];    -e,    1357. 
Murmure  :   dissension,   1207. 


[Murtrir]  :    assassiner;   pcp.    passé,    -is, 

750. 
Musique,   2140. 


N'  :    ne,    5. 

Naist,   Nasqui,  v.   Nestre. 
Nate  v.   Net. 
Natement   v.   Netement. 
.    Natoiier  :     nettoyer;     -e,     2414;     -ent, 
2337. 
Nature,    1012. 

[Na%Ter]  :  blesser;  -eiz,  A  538. 
Ne,    Nei  :    ne,    ni;    et,    ou,    dans    des 
phrases   négatives,    8,   29;    dans    une 
comparaison,  A  187,  C  II  5. 
Nei  v.  Nestre,  Ne. 
Nen,  autre  forme  de  Ne,  263. 
Nés  :    ne  les,   91. 
Nés  :     même,    A    333  ;    nés    que  :    pas 

même  autant  que,   1215. 
Nestre  ;   naître,   541  ;   prêt,    iii,   nasqui, 

337;  vi,  nesquirent,  227;  née,  72. 
Net,    Nat  :    propre,   pur,    738  ;    -e,    -te, 

1492,  A   155;  -es,   1131. 
Netement,  Nette-,   Nate-  :  proprement, 

purement,    1643,    2167,    2294. 
Neu  :  nœud,  2384. 
Ni  :  ni,  702;  ne  (?),  2670. 
Ni  :   nid,  2159. 
Nice,    Nisce  :    grossier,    ignorant,    121, 

449. 
Nigromance  :   nécromancie,  2138. 
No  v.   Nou. 

Noble,   Nouble,  428,   459;   -s,   45. 
Noblement,   940. 
[Noer]  :   nouer;  -éiz,   2384. 
Noir,  [Nor],    1625,   2629  (  ?)  ;   -8,   1090  ; 

-e,   1696;  -es,  A   13. 
Noia  :   neige,   C  III   12. 
Nom  v.  Non. 
Nombre  :   chiffre,   2200. 
Nomer,   -eir:    nommer,    364,    1136;    -e, 

2529;  -erai,  28;  -éi,  491;  -éiz,  61. 
[Nomper]  :  nonpareil  ;  -s,  A  460. 


i82  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

Non,   Nom,  58,   1807;   -s,   65.  Oindre,  2002. 

Non,  216;  se  non,  2577.  Oïr  :     ouir,     entendre,     1728     (subst.), 

None,  574.  863;  ind.  prés,  i,  oi,  ois,  125,  A  221; 

Nonnain  [Nonain],  2149;  -s,  577,  1975,  iii,    ot,    C   I    34;    vi,   oient,    A    463; 

2091,   2164,   2173.  prêt,    i,    oï,    70;    fut.    v,    oreiz,   578; 

[Norrir]  :    nourrir;   ind.   prés,   iii,   -ist,  cond.  iii,  oroit,  2561  ;  pcp.  passé,  oï, 

2342;  neutre:  croître,  -ist,  A  595.  363;  -s,  487;  -e,   1764. 

Nors  v.    Noir.  Oirs  v.  Ort. 

Nos  :  nous,  149  ;  nos,  1055.  Olleit  [oeillet]  :   ocelle,  696. 

Nostre  :  notre,  157  ;  -s,  688.  Om,  Orne,  Omme  v.  Hom,  On. 

Nou,  No:  ne  le,  525,  1811.  [Ombraige]  :    obscur,    triste;    -s,    266; 

Nouble  v.   Noble.  louche,  A  7. 

Novel  [Nouvel]  :  nouveau,  récent,  C  II  On,    Om,    En,    173,    381,    535(?),    906; 

i;  -le,  2034;  -es,  1184.  l'on,   213. 

[Nuef]  :   neuf;  -z,  1573.  Onor  :  honneur,  352. 

Nuire,   1609.  Onoreir  v.  Honorer. 

Nuit,   1100;   -s,   645.  Onques  ;     avec    ne:     jamais     (dans    le 

Nul:    nul,    personne,    64;    nuls,    nus,  passé),   171. 

nulz,  nuz,  9,  497,  1355,   1672;  nulle,  Opitaul  v.  Ospitaul. 

54;    -s,    941;    affirm.,    A    93;    nulle  Or,    Ore;    à    présent,    maintenant,    23, 

rien:   quelque  chose,  222;  nullui,  cas  445;  -es,  911;  orent  (sic),  483. 

rég.  :  personne,  885.  Or,  subst.  680;  -s,  8. 

Oraur  :  oratoire,  2037. 

O  :   avec,   1485.  Orcirrais  v.   Ocire. 

[Obediancier]  -s,   1065;  v.  note.  Orde,  Ordes,   v.   Ort. 

Obéir,  1956.  Ordeneir  :  soumettre  à  une  règle,  2161  ; 

Oblïer:  oublier,  C  II  30;  subj.  prés,  i,  -ei,    1634. 

obli,  582;  impérat.  v,  -ez,  C  III,  25;  [Ordoner];    ordone,    1771. 

pcp.  passé,  é,  -éi,  1810,  C  III  5.  Ordre     s.f.  :     ordre,     ordre     religieux, 

Ocire:    tuer,    1418;    ind.    prés,    i,    oci  règle    monastique,    596;    -s,    18;    par 

(m'),  C  V  4;  iii,  ocist,  -it,  660,  988;  ordre,  605. 

v,  -ïez,  663;  vi,  occïent,  orient,  2368,  Ordure:  saleté,  malpropreté,  977,  2551. 

2547;    prêt,    iii,    ocist,    747;    fut.    ii,  Ore,  -s,  v.   Or. 

orcirrais,  662;  pcp.  passé,  occis,  1721.  Ore,    Oure  :    office   divin,    1729;   heure, 

Odour  :   odeur,   2658.  1734,  C  V  3;  -s  :  heures,  1731. 

[Oef]  :  œuf  ;  pi.  oez,  1679.  Oréi  ;   bien  oréi   (ëuré  ?)  :    bienheureux, 

Oeul,  Oil,  Uell  :  œil,  371,  823,  C  II  7  ;  950. 

euls,  eus,  euz,  oeus,  iauz,  699,  1777,  [Oreille],  [Oroille],  -s,  597,  609. 

A  596,  C  II  10,  692.  Orent  v.  Or. 

Oevre  v.   Uevre,  [Ovrer],   Ovrir.  Orgoil,  Orgoel,  Orguel  :  arrogance,  781, 

[Offrir];  offrent,   1498.  1316,   1365;   -s,    198. 

Oï  [ahi]  interj.  de  compassion,  476.  Orgoillous,    Orguilloz,    -ous  :    arrogant, 

Oignement  :   onguent,   2002.  934,  1455,  A  340. 

Oille  :  pot  de  terre,  2011.  Orible  :   horrible,   1. 


GLOSSAIRE 


183 


[Oriner]  :    examiner    les    urines;    -ent, 

2561. 
[Orison]  :  oraison,  'prière  ;  -s,  786. 
Ors  :  ours,  A   15. 
Ort  :    sale,  ignoble,   156  ;   ors,   oirs,   89, 

1576;  orde  1039;  ordes,  ordres  (sic), 

1144,  A  582. 
[Ortie]  -s,  2656. 

Ortïer  :  la  plante  de  l'ortie,  2659. 
Os  :  eux  [-même],  2368. 
Oscur  :   indigne  (  ?)  ;   -s,   148. 
[Oser];    ind.     prés,     iii,     -e,     247;     iv, 

-ommes,    1171;   vi,   -ent,   1551;   subj. 

impf.    vi,    -aisent,    91. 
Ospitaul,   Opitaul,   v.   Hospitaul. 
[Oster]  :   ôter  ;  -oient,  1433  ;  pcp.  passé, 

-eiz,    720;   hosteir,    1295. 
Otroie  v.   Outroiier. 
Ou  :    oui,    687. 
Ou,  adv.  :  où,  131  ;  pron.  :  auquel,  dans 

lequel,  etc.,  16. 
Ou  :  v.  El. 
Ou,  conj.,  146. 
Outraige,   A   415;   -s,   199. 
Outre  :  au  delà  de,  350  ;  adv.,  378. 
[Outroiier]  :    permettre;    ind.    prés,    i, 

outroi,  1787;  iii,  -e,  526. 
[Ovrer]  :  travailler  (tr.  et  intr.)  ;  oevre, 

136  ;  -é,  A  331  ;  ée,  A  589. 
Ovrier  :  ouvrier,  133  ;  -s,  136. 
Ovrir  :     ouvrir,    montrer,     42  ;     oevre, 

ouvre,   2280,  A   444. 
Pacience,     Patience  :     résignation,     17, 

789. 
Païen,   685;   -s,  45. 
[Paiier]  :  payer  ;  -e,  2209. 
Pain,   1254. 
Painne  v.  Poinne. 
Pais  :   pays,   317. 
Pais  :  paix,  2601. 
Pais  v.  Pas. 

Palasinous  :   paralytique,  2570. 
Pallais,   249. 
Palu  :  bourbier,  A  82. 


Pandre,     Pendre  :     pendre,     dépendre, 

pencher,  2356,    A    344;    ind.    pr.    iii, 

pent,    A    510;    subj.    prés,    iii,    -det, 

2043;   vi,   -ent,   2483;   -ue,   1965. 
[Panir]  :  dépouiller;  -iz,  1011. 
Panre,     [Penre],     Prendre,     [Prandre], 

886,    889;    prant,    prent,    38,    2348; 

prennent,    pregnet,    653,    2442;    prêt. 

iii,  prist,   2253  ;   fut.   iii,  penrai,  35  ; 

cond.  i,  penroie,  1424;  subj.  prés,  iii, 

pregne,  2070;  impf.  vi,  preïssent,  92; 

pris,   664;  -e,  A  406. 
Pans   v.   Penseir. 
Pansé  :  pensée,  C  III  21. 
Pansif,      Pensif  :      chagrin,     souffrant, 

1219;    -s,    1348. 
Paor,    Paour  :    peur,   frayeur,    110;    -s, 

2241. 
Papelon  •.  papillon,  1483. 
Par  :  part,  1406. 
Par  v.  Per. 
Paradis,   936. 
Parant,   2548. 
Parantei,   1526. 
Parc,  808;  -s,   12. 
Parchamin,  A  575. 
Pardon,  Perdon,  1882,  C  I  49. 
[Parer];   -ées,   1362,  v.   note. 
Parfait,   1037. 
Parfondement,  2333. 
Parfont  ;  en  p.  :  avec  profondeur,  2308. 
[Parlant]  :  causeur,  bavard;  -s,  1527. 
Parleir,    -er;    363,    557;    ind.    prés,    i, 

paroi,    2144;    vi,    -ollent,    1515;    fut- 

-erai,   27;   -erons,   574. 
[Paroil]  :   pareil;   -le,   281. 
[Paroir]  :  paraître;  ind.  prés,  iii,  pert, 

1909;   id.   impers.,   1599. 
[Parole],   Parolle,   2141;   -e,  585. 
[Parroche]  :  paroisse;  -e,  1227. 
Pars  v.  Parc. 
Part  :  part,  505  ;  côté,  parti,  1484  ;  -s, 

2442. 
Partie,  2281;  -s,  1542. 


i84  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

[Partir]:  -partager;  ind.  prés,   iii,  part    Perdre:    perdre,    détruire,    1593;    ind. 

687;  vi,  -ent,  2018;  pcp.  passé,  parti,        prés,    iii,   pert,   552;   vi,   -dent,   852; 

1286,  v.  note;  réfl.  :  se  séparer;  part,       -dront,   1729;   -droie,    124;   -du,   deu, 

1916;    prêt,    i,    parti,    1255;    partai,        127,    300. 

1203  ;  pcp.  passé,  parti,  1186  ;  -s,  756.    Péril,  A  527. 
Pas,  Pais,  Pes,  avec  nég.,  5,  C  IV  18,   [Périr];  pcp.  passé,  -is,  2461;  -ie,  2520. 

1370.  Permi  :    parmi,   1248. 

[Passer]:  passer,  dépasser;  pesse,  2631    Perrier  :   qui  fait  jouer  les  "perrieres  " 

(v.  note),  A  547;  passent,  1315;  -éiz,        (machines  d'attaque  pour  lancer  des 

1091;  survivre,  éi,  187  (v.  note).  pierres),  artilleur,  184. 

Pastor  :  berger,  814.  Persécution,  A   299. 

Pasture  :  pâture,  817.  Pert  v.  Paroir,  Perdre. 

Patience  v.   Pacience.  [Pervers];    -e,   2528. 

[Patient];  -s,  A   173.  Pes  v.  Pas. 

Pau,  1644,  v.   Pestre.  Pesance  :  ennui,  1053. 

[Pecheor]  :    pécheur;   -s,    2249.  [Pesant]  :  lourd,  gênant;  -s,  603,  1528. 

Pechié  :   péché,  510;  -z,  89;  dommage,    Peschier  :   pêcher,   1122. 

739.  Pesse  v.   Passer. 

Peire  :  père,  660  ;  le  pape,  621  ;  -s,  720.    Pestre  :  paître,  2593  ;  pcp.  passé,  pâu  : 
[Pendre]  v.  Pandre.  repu,    1644. 

[Pener]  :  harceler;  -éi,  A  3;  -éiz,  1044.    Petit:    peu,   704. 
Penidium,     v.     Littré,     s.v.     Penide  :    Pëussent,  Pëust,  v.  [Pooir]. 

sucre  d'orge,  2618.  [Pevrée]  :   poivrade;   -s,   1537. 

Penitance,  -ence,  1054,  1771.  [Pevrier]  :     marchand     de     poivre     et 

[Penre]   v.    Panre.  autres  épices;  -s,  2046. 

Pensée:  pensée,  souci,  2494;  -s,  1282.      Philosophe,  58;  -s,  56,  61. 
Penseir,  808;  ind.  prés,  i,  pans,  pens,    Phisicïen  v.   Fisecien. 

2306;    iii,    -e,    2112;    -era,    1345;    inf.    Pie  :  pied,  1102;  à  p.,  A  529. 

comme  sbst.  :  pensée,  A  4  ;  -s,  A  33.    Piere,  634. 
Penseret  ?,   2563.  Pignier  :   peigner,  1540. 

Pensis  v.   Pansif.  [Pilete]  :   pillule;   -s,   261. 

Peor,    Poor,    Poiour  :    pire,    109,    904,   [Pi]  :  bon,  clément;  -s,  879. 

1940;    -s,    905.  Pis,  684. 

Per,   Par,   33,   395;   per  tout,   554,  per   Pitié,    -iét,    Pidié,    1074,    1217,   A    599; 

trestout,   583.  -s,  -z,  1430,  A  369. 

Per,    renforçant    (1)    une   parole,    molt    [Plaidoior]  -oor  :  avocat,  2403;  -s,  2462. 

p.  515  ;  tant  p.  290  ;  trop  p.  961  ;  (2)    [Plaie]  ;  -s,  A  539. 

une  phrase,  1612,  A   188.  Plain  :  plein,  669;  -s,  773;   -ne,  711. 

Per,  partem,  per  lui  :  à  part  lui,  1329.    [Plaindre]    v.n.    et    réfl.  :    pleurer,    se 
Percier  :  percer,  A  353.  plaindre;  ind.  prés,  i,  plain,  153;  iii, 

Perde  :  perte,  C  I  29.  plaint,  C  I  51  ;  vi,  plaignent,  1546. 

Perdon  v.  Pardon.  Plaine-,   Plainnement  :   pleinement,   en- 

[Perdoner]  :   pardonner;  prêt,   iii,   -ait,       tièrement,  1645,  1735. 
2235.  Plaint  :  plainte,  C  IV  29. 


GLOSSAIRE  185 

[Plaire];   plait,   plaist,    1052,   C  IV  7  ;  pueent,    109;    impf.    i,    pooie,    1394; 

-ront,    586;    -subj.    prés,    iii,    plasse,  prêt,    iii,   pot,   2104;   fut.   iii,    porra, 

1512.  C  II  49;  iv,  porons,  1124;  vi,  -ont, 

[Plaisant],  [Plaixant]  :  agréable;  -s,  33,  19;  cond.  i,  -oie,  1631;  iii,  -oit,  -roit, 

C  IV  21.  508,  1308;  vi,  -oient,  107;  subj.  prés. 

Plait  :  cause,  plaidoirie,  discussion,  39,  iii,  puisse,  -et,  A  55  ;  iv,  -ons,  A  602  ; 

2212,   2442;   -z,   1299.  vi,  -ent,  544;  impf.   i,  pëusse,  2136; 

Plantéi,    a    grant    pi.  :    en    abondance,  iii,  -ust,  704;  vi,  -ussent,  703. 

1212.  Pooir  :  pouvoir,  force,  658,  A  116. 

Pliris  :  sorte  d'électuaire,  2616,  v.  note.  Poon  :   paon,   695. 

[Ploiier]  :    plier,    s'écarter;    -s,    A    178,  Poor  v.   Peor. 

A  510,  A  557.  Por:   pour,  3,  66;  malgré,  1875,   2155, 

[Pion]  :   plomb;  -s,  308.  C  II  33,  C  III  5  ;  por  coi  :  pourquoi, 

[Plor]  :  pleur;  -s,  1259.  pour  cela(t),  66,  227;  por  pou  que: 

[Plorer]  :  pleurer;  -e,  C  I  51  ;  -ent,  115,  peu   s'en   faut   que,    1064;   por   que: 

prêt,  iii,  -ait,  2235;  -ée,  C  III  10.  parceque,  907. 

Plue  :    pluie,   2339.  Porait  v.   [Puir]. 

Plume,   695.  Porceil  :    pourceau,   2057  ;    -eals,    -eaus, 

Plus,   36.  1962,  2071. 

Plusors  :  la  plupart,  850.  [Porchascier,  -chescier,  -chessier]  :  cher- 

Po  v.  Pou.  cher    à    procurer,    briguer,    aller    en 

Pocresie  v.   Ypocrisie.  quête;  -ent,  1076. 

Poestei  :   puissance,  A   308.  Porches  :  profit  d'une  quête,  1369. 

Poig  :  poing,   1836.  [Porpenser]  :  se  proposer;  -éi,  490. 

Poignant  :  piquant,  A  159  ;  -s,  2661.  [Porré]  :  soupe  {aux  poireaux)  ;  -z,  1276. 

Poindre:  piquer,  3  ;  ind.  prés,  iii,  point,  [Porrir]  :    pourrir;   ind.    prés,    iii,    -ist, 

736.  2341   (réfl.). 

[Poinne],     Painne  :     peine,     tourment,  [Porc]  -s,  614. 

1860;  -s,   1189.  Port,  A  565. 

Point  :     point,     endroit     précis,     636  ;  [Porte]  -s,  42. 

carré,  C  II  41  ;  condition,  état,  situa-  Porteir,    -er,    694,    2491  ;    ind.    prés,    i, 

tion,   736,    1069,    1255,    1304  (?)  ;   mot  port,    1090;    -e,   et,    145,    1964;    -ent, 

piquant,    2409;    -s,    2405;    avec   nég.,  2032;  -eront,  A   105;  subj.   prés,   iii, 

499-  port,  A  566  ;  impf.  iii,  -aist,  2683. 

Pointe,  641.  [Porvëoir]  :  pourvoir  ;  -u,  A  364 

Poire,  2178.  Porvrement  :  pauvrement,  2089. 

[Poison]  :  soupe  (  ?)  ;  -s,  1536.  [Possession]  -s,   1598. 

[Poisson]  -s,  1269.  Pot  v.  Pooir. 

Poivre,   2047.  Pou>  Po  .  peu>  477j  841 

[Pollain]  :  poulain;  -s,   141.  Pout  :   pot,  294. 

[Pont]  -s,   682.  Povre:   pauvre,   1252;   -s,  266. 

[Pooir]  :    pouvoir;    ind.    prés,    i,   puex,  [Premerain]  :  premier;  -e,  Cil. 

puez,   puis,   153,   255,   376;   iii,   puet,  Premier,    1424;    -e,    1137;    -s:    la   pre- 

9;  iv,  poons,   793;  v,  poez,   297;  vi,  mitre  fois,  1993. 


i86 


LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 


Premièrement,  A   186. 

Prendre  v.   Panre. 

Prëoichent  v.   Proochier. 

Près  (de)  compar.,  A  146;  place,  A  451. 

[Prester]  :  prêter;  -ent,  971  ;  -é,  C  III 

23. 
Preu  v.   Prou. 
Prevoire  v.    Provoire. 
Pri  v.  Proiier. 
Primes  :  tout  d'abord,  745. 
Prince,   88;   -s,   104. 
Prior  :   prieur,   1114;   -s,   1080. 
Pris  :  valeur,  estime,  renommée,  140,  C 

V  36. 
Prise  :  prise,  droit  de  prélèvement  des 

denrées,  etc.,  1495;  -s,  1249. 
Prisier  :  estimer,  apprécier,  32;  -e,  2178 

(réfl.),  -ent,  2066;  -ié,  1606;  -z,  1723. 
Prison  :  emprisonnement,  2536  ;  prison, 

C  V  18. 
Privéi  :  intime,  2088  ;  v.  note. 
Prodom,     Prodon  :     homme     honnête, 

honorable,    311,    1243;    -s,    460;    -e, 

-me,  485,  902;  -s,  1849. 
Proesce  :    bonté,    générosité,    387,    394  ; 

-s,  852. 
Proie,  A  316. 

Proiere  :  prière,  C  III  34. 
Proiier  :  prier,  2084  ;  ind.  prés,  i,  pri, 

1414;  iii,  proie,   C  IV   26;   vi,   -ent, 

1166;    prieroie,   cond.    i,    A    94;    -et, 

pcp.,  C  V  39. 
[prometre]     -ent,     -tent,     1660,     1664; 

-irent,   1665  ;  pcp.   passé,   -is,   1826. 
[Proocheor]  :    prédicateur;    -eires    (cas. 

suj.   sg.),  2343. 
Proochier  :  prêcher,  2359  ;  ind.  prés,  vi, 

prëoichent,     1921  ;     prooichet,     2346  ; 

pcp.  prés.,  proïchant,  2029. 
[Prophecie]  -s,  2255. 
[Proposer]  :    exprimer    l'intention;    -éi, 

1826. 
Prou,  Preu  :    (1)  adj.   noble,  bon,  pré- 
cieux,  etc 119;   -s,  -z,   139,   C  V 


35;  suffisant,  1672;  suffisamment, 
2654;  (2)  subst.  :  profit,  avantage, 
1052. 

Prover  :  prouver,  1296;  ind.  prés,  i, 
pruix,  1020  ;  iii,  prueve,  2392  ;  réfl.  : 
se  révéler  comme....,  prueve,  prove, 
1200,  1913;  prêt,  i,  -ai,  1193;_-éi,  568, 
1036;   -z,  1198. 

[Provende]  :  prébende,  bénéfice  ecclé- 
siastique; -s,  965. 

Provoire,  Prevoire  :  prêtre,  rég.  sing. 
et  suj.  pi.,  928,  1222. 

Prueve  :  preuve,  220. 

[Publer]  :  peupler;  -éiz,  1982. 

Pucelle  :  jeune  fille,  vierge,  2257  ;  -s, 
1128. 

Pueble  :  peuple,  2025. 

Pugnais,  -z  ,  Punaix  :  puant,  1679  ; 
punais,  2602,   2603. 

Puez,  Pues,  Puis,  Puiz  :  puis,  641,  648, 
1077;  p.  que:  puisque,  dès  que,  136, 
2127. 

[Puïr]  :  puer;  ind.  prés,  iii,  put,  2605  ; 
fut.  iii,  porait,  2389;  subj.  prés,  iii, 
puent,  1086  ;  -ant  :  puant,  répugnant, 
dégoûtant,  1,   978,  1088;   -s,  545. 

Punaix  v.  Pugnais. 

Pur,   1022. 

Purement,   2297. 

[Pusier]  :  puiser;  puisent,  puissent, 
2501,  2511;  -ies  (fém.),  2312. 


Qu',  conj.  :  que,  97;  car,  puisque,  68; 
afin  que,  544. 

Qu',   pron.,   193. 

Quanque,  Quant  que  :  tout  ce  que,  484. 

[Quant]  :  combien  !  ;  -s,  1990. 

Quant,  comparatif  :  que  (la  totalité  de), 
1462;  corrél.,  C  V  2. 

Quant  :  quand,  lorsque,  303,  etc.  ;  puis- 
que,  1844. 

Quar  v.  Car. 

Quatre,    293. 


GLOSSAIRE  187 

Que,  conj.,  123,  ete.  ;  pour  que,  658;  de  [Rechaingier]  ;  -ent,  630. 

sorte  que,  de  façon  à  ce  que,  29,  161  ;  [Reçoivre]  :     recevoir;     ressoit,     2339  ; 

car,   10.  pcp.   passé   -eus,   2000. 

Que,    pron.    rel.    et   interrog.    11,    etc.;  Recordeir  :    rappeler,  apprendre,    1135; 

que  de!,  2170;  nom.   35,  148,  etc.  -e,  A  569;  -ent,  -et,   1023,   2376;  in- 

Quel,    275;    quels,   queius,    queus,    307,        scrire,  -ée,  A  71. 

408,  1068.  [Recroire  se]  :   renoncer;  subj.   pr.   iïi, 
Quel  que,  Kel  que  :   quelconque,   quel-       -croie,   C  IV  25. 

que,  485,  A  I  15.  [Redoter]  :   radoter;  -outent,   846. 

Querre  :   chercher,  demander,  mendier,  Redouter,  C  I  36  ;  -ée,  A  242. 

802;    ind.    prés,    i,    quier,    558;    iii,  Refrettour,  Refroitor  :  réfectoire,  1273, 

quiert,   259;  vi,  quierent,  260.  1678. 

Qui  :  qui,  qui  ?,  celui  qui;  qui  que,  av.  Regarder,  1778  ;  -ent,  984. 

subj.  :     quiconque,    44,    A     573  ;     qui  Regart  :   regard,  C  V  13. 

(seul),    même    sens,    499;    qui,    avec  Règle,  1629,  r.  Rigle. 

indic.  :     quand    on,    58,    2552  ;    avec  Réguler  :  régulier,   1636. 

condit.  :  si  Ton,  158,  613  ;  sens  analo-  Reigne  :  règne,  358. 

gue,  2561,  2571,  A  297,  A  322.  [Relever];  -lieve,  ind.  pr.  iii,  A  537. 

Quiens  v.   Conte.  Religion,  672  ;  vie  monastique,  1425  ;  -s  : 
Quinze,   1967.  monastères  (  ?),  2326. 

Quite  :  acquitté,  2234;  clamer  quite,  r.  Relure  :  reluire,  1208. 

Clamer.  [Remaindre]  :     rester;    ind.     prés,     iii, 
R'  pour  Re,  370  ;  avec  un  subst.,  1060,        -ai"t,  2379. 

v.  note.     Cf.  Re.  Remanant  :  reste,  C  II  27 

Raangler  :   suppurer,  2003.  Remembrance  :   souvenir,   101  ;   idée,  A 
Rabis  :  rubis,  A  470.  30. 

[Rachat]:  teigneux  -es,  2602;  -es  (pour  Remuer:   changer,  déplacer,  716;  -ent, 

-at),  2603.  629   (réfl.),  -ant,   1087;   -s,   719   (neu- 

[Raigne]  :  rêne;  -s,  981.  tre). 

[Raiier]  :  rayonner  ;  -s,  A  585.  Rendus,  1356. 

Raison:   justice,  raison;  parole,  10,   C  Rendre,  Randre,   14,  946;  ind.  pr.   iii, 

V  20;  -s,  193.  rent,   617;   prêt,   iii,   -it,   2227;   pcp. 

Raïz  :  racine,  1613.  passé,     -u,    2189  ;    -ue,    2204  ;    réfl.  : 

Randeor  :   qui  fournit  une  rente,  2206.        entrer    dans    un    ordre    monastique  ; 
Randre  r.  Rendre.  -ent,   1704;  -us,  1639. 

[Raner]  :  suivre  de  nouveau;  subj.  prés.  [Renon]  :  renommée;  -s,  1458. 

iv,  rannions,  810.  [Renouveller]  ;  -ent,  537. 

[Ranponer]  :  railler;  -éiz,  1191;  -ognéiz,  Rente:    revenu,   2489;   -es,   1923. 

1197.  [Renverdoiier]  :  reverdir;  -e,  C  IV  2. 

Raonde  :  ronde,  à  la  r.,  698.  [Reoignier,  Reonnier]  :  râper;  -ent,  206; 
Rasches  r.  Raches.  tonsurer,  -iée,  2193. 

Re,   avec  verbe  :    de  même,   aussi,  76  ;  Repaire  :   retraite,  demeure,  248. 

d'autre  part,  de  son  (leur)  côté,  57.  Repanre,  2270,  v.  Reprendre. 

[Reangle]  :   suppuration;  -s,  2005.  Repentance  :    repentir,   2239. 


188  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

Repentement  :  repentir;  -s,  2231.  Rigléi  :    soumis   à   une    règle,    régulier, 

[Repentir  se];  repent,  894;   -ent,  853.  1633;  -éiz,  569,  1641. 

[Replanir]  :  remplir;  -ies,  2256.  [Rigler]  :  mesurer;  -e,  A  442. 

[Replanter];    -ent,    1523.  [Rincer];   -e,  2414. 

Repondre  se:    se   cacher,   834;   -nnent,  Rire,  209;  ind.  prés,  iii,  rit,  2111. 

265  ;     pcp.     passé  :     obscur,     louche,  [Robe]  ;  -s,  A  14. 

repotes,  2575.  Roche:  rocher,  1880. 

[Reposer]  neutr.  :   se  reposer;  -e,  1672.  R0gir  .  rougir,  2003. 

Repoz,  Repols  :  repos,  1677,  A  476.  Rq^  261  ;  -s,  175. 

Reprendre,  Repanre  :   reprendre,  corn-  j^i   (mot  germanique)  ;   de  moi  ne  sai 

ger,   13,   2270;  ind.   prés,   i,   -preing,       nul  roi .    ce  que  je  vajs   devenir,   C 

1438;  iii,  -ent  (réfl.),  893;  vi,  -egnent       j  9 

1237;  pcp.  passé,  repris,  1187.  j^  .  sillon>  m 

[Reprover]:    reprocher;   ind.    prés,    iii,  rompre];    ind.    prés,    iii,    ront,    1867, 

-preuve,  2391;  -éi,  590.  1890 .  routej  pcp    f  (  A  342 

Requerre:   prier,  2081;  subj.   prés,   iii,  j-j^-j.  _Sj  2656. 

-quiere,  A  268.  Roset  :  rosat,  s.d.  sucre  rosat,  employé 
[Rescourre]  :    délivrer;    -cost.    prêt.    111,        ^  ^  affections  de  VttUmM  et  de 

A  316;  -cous  pcp.,  A  310.  l'intestin,  2617. 

[Resortir];    -ort,    1488.  .        M7„ 

t,  1       #j  1.  ^     ooq      4.  ■  Rosier,  2660. 

Respondre     de   qqch.  ,    833;    faire   une     _        ',        „  .  ,      .      ,.,. 

,  v         ,        ''  [Rostir]  :  rôtir;  pcp.  passe,  -îs,  755. 

réponse:   -spont,   1084.  ^  '       ,      .*  -r, 

_  .  .    .      n   T  Rote  :  bande,  1195  ;  v.  Rompre. 

Restorer  :    rattraper    (ses   pertes),    Cl   —  .,  . .  ',„ 

Rubiz  :  rwèîs,  613. 

29. 

_.         .,         r-D       •       i  Ruée  :   roue,  40. 
Ressoit  v.  [Reçoivre].  _       ,  nnnrr 

[Resuciter];  -ei,  2266.  L  ;      . 

Retenir,  .4  345;  -tient,  2321;  -tiennent,  ^er]  :  7e*er;  -e,  2340 

523;  -teigne,  4  87.  Rusiaul  :   nnwea»,  2504. 
Retor  :   retour,  1603. 

[Retrait]  :    gm  s'es£  reiiVé   des  ordres;  S'  :  se,  pron.,  22. 

-s,   1300;   -te,  1978;  -tes,   1975.  S':   ri,  conj.,  53. 

Revendre,  967;  -ent,  2060.  S'  :  si  (sic),  et,  et  aussi,  81. 

[Revengier  se]  :  revendiquer  ses  droits;  S'  :  sa,  352. 

-e,   2089.  S'  :   ce,   1466. 

[Revenir];    -vient,    -vaint,   2627,    C   IV  Sa,  34. 

15  ;   -viennent,  2613.  Sa,  Sai  :   ça,  473,  667. 

[Revoir];  subj.  prés,  i,  -voie,  2686.  Sac,  762. 

Riche,   120;   -s,  196.  [Sachet]:  petit  sac;  -as,  2043. 

Richesce,  356;  -s,  851.  Sagurement  v.  Sâurement. 

Rien  :  chose,  quelque  chose,  96  ;  -s,  222  ;  Sai  v.  Sa,  Savoir. 

av.  nég.  :  personne,  -s,  693,  2251  (?);  Saige  :   savant,  prudent,  sensé,  22;   -s, 

rien,  218.  320. 

Rigle,   Règle:   règle,  règle  monastique,  Sain,  2549;  -s,  2557;  -ne,  1015  (pure  ?), 

1385,  A  441.  1726. 


GLOSSAIRE 


189 


Saint,  -s,  2009;  -e,  1434;  v.  Liste  des 
noms  propres,  s.v.   Saint. 

Saisir,   1296;   -i,   1569. 

Saler,  -eir,  Seler,  Celeir,  Celer  :  celer, 
cacher,  41  (réfl.),  210,  1390,  1520,  C 
II  35;  -éz,  III  37;  -ées,  1361. 

[Salé],  -ées,  2052. 

[Sale]  :   salle;  -s,   263. 

[Sale]  :  sale;  -s,  264. 

[Sallerier],  Celerier  :  cellérier,  1382  ;  -s, 
1267,  1287. 

Salver  :  sauver,  C  I  33;  -ée,  C  III  22. 

Sambelin  :  zibeline,  martre,  979. 

Sanc  :  sang,  2253. 

Saner  :  guérir,  C  I  33  ;  saine,  ind.  pr. 
iii,  A  539. 

Sans  v.  Sens. 

Sant  v.    Cent. 

Santé,  C  III  7. 

Sapience  :   sagesse,  67. 

Saroie,   Saront,   v.   Savoir. 

[Sauce],  -s,   1537. 

[Sauf],   -s,   2426;  saves,   151. 

Saur  :  sûr,  955  ;  -s,  1350  ;  -e,  A  520; 

Sàure-,  Sëurement,  Sagurement  :  sûre- 
ment, 1765,  2292,  A  205. 

Saut,  1429. 

Sautier  :  psautier,  984  ;  -s,  A  112. 

[Sauvaige]  :  sauvage;  -s,  1530. 

Sauver,  1807;  savait,  prêt,   iii,  A  314. 

Saves  v.  [Sauf]. 

Savetéi  :  sauveté,  A  512. 

Savoir,  700;  ind.  prés,  i,  sai,  126;  iii, 
seit,  335;  iv,  savons,  546;  v,  -eiz, 
482;  vi,  sevent,  seivent,  816,  2048, 
savoit,  1934,  -oient,  193;  prêt,  iii, 
sot,  2113;  fut.  vi,  saront,  543;  cond. 
i,  saroie,  884;  subj.  prés,  i,  saiche, 
1511  ;  v,  saich-,  sachiez,  sachois,  280, 
287,  2280;  vi,  saichent,  -ient,  575, 
1758;  pcp.  passé,  sëu,  750. 

Savoir,  sbst.  :  sagesse,  1589,  2114. 

Science,  791. 

Se,  pron.  réfl.,  16. 


Se:   si  conj.,   123;  se  tout:   bien  que, 

A  260  ;  se  non  :  excepté,  C  V  32. 
Se:  si  (sic),  dans  des  invocations,  684; 

et,    et   aussi,    etc.,    700,    1494;    telle- 
ment, 1105,  1165,  2686. 
Se:  ce,  5. 

[Sec];  fém.,   Soiche,   2566. 
[Second];  -e,  A  [606]. 
[Secorre]  :     secourir;     subj.     prés,     iii, 

-corre,  1730. 
[Secret];   -eiz,  2281. 
Seculeir:  séculier,  925,  929,  1635. 
[Secund]  :  second;  -s,  552;  -de,  1138. 
[Sëel]  :  sceau,  enseigne;  -auz,  1930. 
Seignor  v.   Signor. 
Seignoris  :  seigneurial,  C  II  9. 
Seinte  v.  Noms  propres. 
Sejorneir,  2004;  ind.  prêt,  i,  sesjornai, 

1194;  réfl.  :  se  délasser,  fut.  iii,  -erait 

A  175. 
Seler  v.  Saler. 
Selle  v.  Cil. 

Selonc,  Celonc  :  selon,  49,  A  182. 
Sem,  Sen  :  raison,  bon  sens,  1792,  2511  ; 

cf.   Sens. 
Semance,  2350;  -ence,  144. 
Semblance  :     apparence,     1624  ;    image, 

2381. 
Sembleir  :  sembler,  ressembler,  727  ;  -e, 

2309;    -ent,    1339;    subj.    impf.    iii, 

-aist,  622. 
Semence  ».  Semance. 
[Semer];  -e,  311;  -ment,  1040. 
[Semondre]  :     inviter;    ind.     prés,     iii, 

semont,  C  IV  19;  vi,  -onent,  -onnent, 

258,  1396. 
Sen  v.  Sem  et  Sens. 
[Senefiier]  :  signifier;  -e,  1769. 
Senestre  :  gauche,  730. 
Sennéi  :   avisé,  1753. 
Sens  :  sens,  intelligence,  sentiment,  123, 

C   II    13;    direction,    626;    cf.    Sem, 

Sen. 


igo  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

Sens,    Senz,    Sans,    Sanz,    12,    C   I   40,  Signorie,  Seignorie  :  autorité,  861,  C  I 

672,  2271.  45. 

[Sentir];   ind.    prés,    i,   sent,   2681;   iii,  SU  v.  Cil. 

sent,  A  206.  Silence,   1514. 

[Seoir]    convenir;    ind.    prés,    iii,    siet,  Simonie,  Symonie,  669,  1150. 

ciet,    1700,    A   404;    être   assis:    siet,  Simple,   1946;  -s,  2049. 

2185.  Sinteur  :  ceinture,  A  149. 

Serchier  :   examiner,  85  ;  fut.  iii,  -erai,  Sire  v.  Signor. 

486.  [Sodée]  :  solde;  -s,  A  136. 

Sermon  :  protection,  patronage,  1613.  [Soder]  :  souder;  -ées,  A  135. 

[Sermonner]  ;   -e,   A   78.  [Soduant]<souduire  :   fourbe;  -s,   1927. 

Serpent,   2507.  [Soffler]  :    souffiler;    ind.    prés,    vi,    et, 

[Serpillière]  ;  -s,  A  582.  1338. 

Servir,  1955  ;  -ent,  1099  ;  pcp.  passé,  -is,  Soffrir  :     supporter,     endurer,     tolérer, 

2244.  1299;  cond.  i,  -eroie,  1640;  souferte, 

Servise  :  service  religieux,  942.  2020. 

Ses:   son   (c.  suj.),  ses,  222,  603;   Ces,  Sogit,  Sosgit,   Sougit  :   soumis,  en  sub- 

2234.  jection,  514,  1572,   1950. 

Ses  v.  Cist.  Soi,  517. 

Sescors  :   secours,  798.  Soiche  v.  Sec. 

Sesjornai  v.  Sejorner.  [Somme]  :  charge;  -s,  1246 

Set  :  sept,  2115.  Soie,  2669. 

Sëurement  v.    Sàurement.  [Soit]:   toit  à  porcs;  -s,  1234. 

[Sevrer]  :   séparer;  ind.   prés,   iii,  réfl.,  Soivre  v.  Sevrer. 

soivre,  2667;  sevrei,  A  103.  Sol:  seul,  1337;  -s,  sous,  1336,  1342. 

Si  :     si,     aussi,     tellement  !,     de     telle  Solas  :  plaisir  (de  société) ,  230. 

manière,    ainsi,    etc.,    121;    si    corn:  Solement,  Sollement  :  seulement,  1239; 

autant  que,  ainsi  que,  C  IV  14  ;  dans  av.  que  :  pourvu  que,  1783. 

des  invocations,  132;  et,  et  aussi,  et  Soloil  :  soleil,  2133;  -ous,  A  584. 

en  effet,  178;  cependant,  887;  cf.  Se,  [Soloir]  :   avoir  coutume  de;  ind.  prés. 

S'.  i  (avec  sens     d'imparf.),  suel,  suell, 

Si  pour  Se  (ce),   1058,   1989;  pour  Ci,  1366,   C  II  5;   impf.   iii,   -oit,   1236; 

1151;  pour  Se  (conj.),  2011.  vi,  -oient,  2295. 

Sidoine,  2629,  v.  note.  Soltil,    Soutil,    Sutil  :   subtil,   87,   2479; 

Siècle,  [Sicle]  :  monde,  1;  -s,  103.  -s,  880,  -z,  1927;  sutif,  f.,  A  60. 

Siet  v.   Seoir.  Son,  adj.  poss.,  382;  v.   Ses,  Sui. 

[Sigler]  :    naviguer;  ind.   prés,   vi,   -et,  [Soner]  :   prononcer;  -ne,  58  ;  signifier, 

2363.  -ne,  57;  faire  du  bruit,  -nent,  1231; 

Signe,  676,  A  257.  sonner,   -ant,   2030. 

Signor,     Seignor,    Seingnor  :     seigneur,  Songe,  1992. 

409,  533,  1949;  voc.  Seigneur  !  1068;  Sor  :  sur,  au  sujet  de,  etc....,  27;  dans 

maître,  794;  -s,  911;  heureux,  1113;  une  comparaison:  au  dessus  de,  plus 

Sire   (cas.   suj.   sg.)  :   Seigneur,   310;  que,  598. 

maître,    seigneur,    529.  [Sorboivre]  :   boire  à  l'excès;  -ent,  844. 


GLOSSAIRE 


191 


[Sordre]  :   jaillir;  -ent,  772. 

[Sormaingier]  :  manger  à  V  excès  ;  -main- 
juënt,   844. 

Sorpeliz  :   surplis,   1614. 

Sosgit  v.  Sogit. 

Sospir  :  soupir,  C  IV  29. 

[Sospirer]  :  soupirer;  ind.  prés,  i,  sos- 
pir,  249. 

[Sostenir]  :   soutenir;  -tiennent,  1320. 

Sot  v.  Savoir. 

[Souef]  :   doucement;  -eiz,  936. 

Souferte  v.  Soffrir. 

Sougit  v.   Sogit. 

Sous  v.  Sol. 

[Sovenir]  :  souvenir  (v.  impers.)  ;  -vient, 
-vaint,  2352,  C  IV  3. 

Sovent,   505. 

[Soverain]  :  souverain;  -aine,  -oinne, 
2227,  A   191. 

Soz  :  sous,   1591. 

Stole   v.   Estoile. 

Subtilitéi,  85. 

Suel   v.   Soloir. 

Suen  :  sien,  A  477. 

Suer,  2121. 

Sui  :  ses  (cas.  suj.  m.),  1691. 

Sus  :  sus,  contre,  777. 

Sutif,  Sutil,  v.  Soltil. 

Symoniaul  :    simoniaque,    1038. 

Symonie   v.    Simonie. 

T  :   te,  C  II  43. 

[Taille]  :  imposition  levée  sur  les  serfs; 

-s,   213. 
Taist,  [test]  :  tesson,  2010,  .4  550. 
Talant,     Talent  :     désir,     bon    plaisir, 

humeur,  1646,  2022  ;  -s,  2117. 
Tans  v.  Tant,  Tens. 
Tant  adv.,   de  quantité,  94,   246,   882; 

durée,    1194;    adj.,    -s,    2462;    pron. 

255  ;  tant  i  a,  1084  ;  tant  de,  54. 
[Tarder]  impers.  ;  -e,  A  110. 
[Taster]  :     faire     f     expérience     d'une 

chose;  -é,  éi,  970,  1706. 
Teg,  Teig,  v.  Tenir. 


Teil,  Tel,  adj.,  95,  333,  2040;  telle  973 
(v.  note)  ;  teils,  teis,  teius,  teiz,  teus, 
tes,  73,  344,  371,  427,  482,  1556,  2166 
(f.  sj.)  ;  avec  un  chiffre,  2542;  pron., 
1173. 

Temple,  Tenple  :  temple;  ordre  des 
templiers,  571,  1695;  -s,  2180. 

Templier,  1703,  1724,  1729,   1766,  1779. 

Temptation,  A  300;  -s,  A  157. 

[Tenant]  :  solide,  résistant;  -s,  A  54. 

Tençon  :  querelle,  C  V  22. 

[Tendre];  subj.  prés,  vi,  tendent,  609. 

Ténèbre  :   obscur,   645,   v.   note. 

Tenir  :  tenir,  posséder,  suivre,  con- 
sidérer, 250,  1104  (réfl.)  ;  ind.  prés,  i, 
teng,  teig,  teg,  tieg,  tig,  464,  617, 
1158,  1873,  2434,  2461;  iii,  tient, 
taint,  527,  C  IV  1;  vi,  tienent,  tien- 
nent, 246,  912;  impf.  vi,  tenoient, 
2299  ;  prêt,  i,  tig,  1992  ;  iii,  tint,  275  ; 
vi,  tindrent,  tiendrent,  251;  cond.  i, 
tenroie,  224;  subj.  prés,  iii,  tegnet, 
teigne,  2601,  2685;  pcp.  passé,  tenu, 
243;  -s,  2145;  -e,  1453. 

Tenpeste  :   tempête,  2474. 

Tens,  Tans  :  temps,  époque,  saison,  86, 
182,  C  II  1. 

[Terme]  :  époque  fixée  pour  le  paye- 
ment d'une  dette,  etc.  ;  -s,  968  ;  sens 
t.  :  pour  toujours,  A  130;  chez  les 
Chartreux  :  la  terre  assignée  à  une 
maison  de  moines,  1371,  v.  note. 

Terre  :  la  terre,  2082  ;  pays,  348,  1253  ; 
-s,    1228. 

Terrier  :   rempart,   330. 

[Tesique]  :  phtisique;  -s,  2567. 

Tesmoig  :  témoin,  1856  ;  réputation, 
1432. 

Tesmoignier  :  certifier,  déclarer,  1409  ; 
ind.  prés,  iii,  -oigne,  360. 

Testament:  le  nouveau  testament^.), 
2334. 

[Testemoinne]  :  témoin;  -s,  1049. 

Tiers,  552;  -ce,  1139. 


192 


LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 


Tirant  :  avide,  1292,  v.  note. 

[Tirer];  tire,   1172. 

Toche  [teche]  :   tache,  2565. 

[Tochier]  :  toucher  ;  toiche,  ind.  prés, 
iii,  A  20;  touchiée,  637. 

[Toelle]  :  linge  de  maison;  -s,  2050. 

[Toldre]  :  enlever;  ind.  prés,  iii,  tôt, 
205  (tout,  535  ?)  ;  vi,  tollent,  1671  ; 
pcp.   passé,  tolut,   417;  -ue,   2102. 

[Tondre];   -ent,   1222. 

Tor,  664,   v.   note. 

Tordre,  v.  intr.  :  se  tordre,  dévier,  606  ; 
tort,  ind.  prés,  iii,  A  409;  pcp.  f., 
torte,   A    246. 

Torment  :  tourment,  1204;  tourmente, 
-s,  2474. 

Torneir  :  tourner,  diriger,  changer, 
1925;  ind.  prés,  iii,  -e  (réfl.),  641; 
fut.  i,  -erai  (neut.),  555;  -éi,  921, 
1304  (sens  ?)  ;  -éiz,  102. 

Tort,  64;  -s,  197;  a  tort,  173. 

Tost  :  vite,  36. 

Tout,  Tôt,  adj.  27;  pron.  neutre,  sj. 
et  rég.  sgg.,  300,  484;  adv.,  102; 
tous,  toz,  90,  158;  tous  jors,  699;  toz 
tens,  A  174;  tuit,  tut,  16,  551  (adv.)  ; 
toute,  2014,  1673  (sans  art.),  641 
(adv.);  toute  jorn,  292;  toute  voie, 
C  IV  12;  toutes,  totes,  7,  2268;  a 
tôt  :  avec,  1680;  dou  tout,  del  tout  : 
complètement,  1027,  A  188,  C  V  18  ; 
cf.  Per. 

Toz  :    toux,   2566. 

[Traïr];  ind.  prés,  iii,  traït,  770;  vi, 
-issent,  674. 

Traire  :  extraire,  tirer,  avancer,  543  ; 
ind.  prés,  iii,  trait,  2211;  vi,  traient, 
2053;  prêt,  iii,  traist,  2264;  subj. 
prés,  iii,  traie,  C  V  36  ;  réfl.  :  s'avan- 
cer, marcher,  trait,  2441;  pcp.  passé, 
très,  A   355;   fém.,  traite,  2012. 

Traïson,  1152,  C  V  26;  -s,  1148. 

Traitier  :  décrire,  traiter  de,  A  38  ;  -e, 
ind.  pr.  iii,  A  326;  ié,  A  363. 


Trambler,  2122. 

[Transglotre]  :  engloutir,  avaler;  ind. 
prés,  iii,  -glout,  769  ;  vi,  -glotent,  836. 

Trasor  :   trésor,  A   140. 

Travail  :  tourment,  peine,  travail,  tra- 
cas, 1053,  A  192;  -als,  2305. 

Travillier  :  harceler;  neutr.  et  réfl., 
peiner,  1862  (neutre)  ;  -ent,  1061, 
1887  (réfl.);  pcp.  passé,  -ié,  A  3; 
-éiz,  1862. 

Travers,  en  tr. ,  adv.  A  8  ;  aller  en  tra- 
vers :  s'égarer,  1562. 

[Traverser]  :  aller  de  travers;  -e,  1915. 

Trecherie  v.  Tricherie. 

[Trenchant];  -s,  A  248. 

Trente,    1091. 

Très,  A   160. 

Très  v.  Traire. 

Tresbuchier  :  se  précipiter,  983. 

[Tresgeter]  :  changer  (par  un  tour  d' 
escamotage,  ou  de  magie)  ;  pcp.  passé, 
-éiz,  149. 

Tresgit,  postverbal  du  précédent  :  tour, 
(d'escamotage),   2156. 

Tresmontainne  :  l'étoile  polaire,  627. 

[Trésor],  -s,  2222. 

Trestout,  renforcement  de  Tout  :  tout, 
sans  exception,  698  adv.  ;  -z,  adj. 
1089;  -tuit,  adj.  924;  -toutes  adj. 
598;  per  trestout,  583. 

Triade  :    thériaque,   2507. 

Tricheor  :  fourbe,  2324. 

Tricherie,  Trecherie  :  fourberie,  782, 
2423. 

[Troble]  adj.  :   trouble;  -s,   1272. 

[Trobler]  :  troubler,  brouiller;  ind.  prés, 
iii,  troble,  trouble,  619,  1122;  pcp. 
passé,    -ei,   2504;   -ee,    1123. 

Trois,  1128;  troi  (cas.  suj.),  160. 

Trop,  adv.  ;  s'emploie,  à  peu  d'excep- 
tions près,  avec  une  nuance  péjora- 
tive, 154,  157  ;  trop  per,  961  ;  avec 
comparatif,  1229;  avec  idée  d'excès, 
873  ;  trop  de,  417. 


GLOSSAIRE 


193 


[Trouser]  :  préparer,  accomoder ;  -e, 
1328. 

Trover,  -eir  :  trouver,  inventer,  découv- 
rir, 2532,  2549;  ind.  prés,  i,  trues, 
trois,  496,  2132;  vi,  truevent,  2444; 
prêt,  iii,  trova,  1929;  fut.  iii,  -erait, 
1848;  vi,  -eront,  982;  pcp.  passé,  -éi, 
249;  -éiz,  2472;  -ée,  1936;  -ées,  2049. 

Truant  :  imposteur,  charlatan,  1242, 
1937;  -s,  1928;  adj.  1986;  -de,  1169. 

Truandie,  Truandise  :  imposture;  le 
revenu  que  Ton  en  tire,  1995,  2018, 
2078. 

Tu,  662. 

[Tumer]  :   tomber  (?)  ;   -e,   1915. 

Uell   v.   Oeul. 

Uevre,  Oevre,  Euvre,  Evre,  Huevre  : 
œuvre,  ouvrage,  action,  objet  tra- 
vaillé, 135,  139,  721;  œuvre  (d'une 
église),   1957,  2076;  -s,  2396. 

Uit:  huit,  291. 

Umilitéi  r.  Hum-. 

Un,  164;  -s,  358;  pi.  1579,  A  6;  -e,  2; 
une  même,  1482;  unique,  A  467. 

Usaige,  2217. 

[User]  :  passer;  -ent,  2422  ;  -é,  A  127  ; 
-ée  :  épuissée,  23. 

Usure,  529;  -s,  524. 

[Usurier],  -s,  531;  -iez,  1990. 

Uz  :  prêt,  537. 

Va  o.  Aler. 

[Vaiche,  Vaige]  :  vache;  -s,  1231,  1370. 

Vaillance  :  valeur,  A  63. 

Vaillant,   Vallant,   Valant  :    courageux, 

estimable,    noble    etc....,      119,      189, 

242;   -s,   233. 
[Vaincre];   voint,   ind.   pr.   iii,  A   547; 

vancu,  799;  (moralemt.),  88;  -e,  2109. 
Vaint  v.  Venir. 
Vair  :    fourrure    de    prix,    de    couleurs 

variées,  979. 
Vaireiz,   Vairois,   v.  Veoir. 


[Valoir];  ind.  prés,  iii,  valt,  vaut,  222, 
300;  vi,  valent,  vallent,  684,  A  139; 
fut.  iii,  vadra,  2398;  vi,  -ont,  vau- 
dront, 980,  2056  ;  cond.  vi,  valdroient, 
172;  subj.  prés,  iii,  valle,  219;  pcp., 
valut,  C  IV  31. 

Vais  v.  Clairvaux. 

[Vangier]  se;  ind.  prés,  iii,  vange,  2090. 

Vanjance,  880. 

Vante,  969. 

[Vanter];  -ent,  C  V  26. 

Vaseau,  Vasiau,  Vasiaul,  Vassal,  Vasel, 
Vaxeau,  Vaxeaul  :  vase,  2415,  2417, 
2446,  2449,  2522,  A  546,  .4  551;  -s, 
2419. 

Vauve  :  veuve,  352. 

Vavass-,  Vavessour  :  qui  tient  un 
arrière-fief,  191;  -s,  197. 

[Vecie]  :  vessie;  -s,  2628. 

Vellier:   veiller,  1667. 

Velu,  A  18. 

Vendange,  2041. 

Vendre,  2355;  ind.  prés,  iii,  vent,  993; 
vi,  vendent,  673  ;  impf .  iii,  -oit,  1931  ; 
pcp.  passé,  -u,  1607. 

Venir,  2128;  ind.  prés,  iii,  vient,  vaint, 
915,  C  IV  17;  vi,  -ent,  -nent,  533, 
625;  impf.  iii,  venoit,  1408;  prêt,  iii, 
vint,  1589  (?),  2258;  vi,  -drent,  2238; 
subj.  prés,  i,  vigne,  A  125  ;  pcp. 
passé,  venu,  666;  -s,  1999. 

[Vent],   -s,   1871 

Ventosetéi  :  flatulence,  2574. 

Ventre,   1168. 

Vëoir,  Vëor,  91,  693;  ind.  prés,  i,  voi, 
177;  iii,  voit,  554;  v,  vëez,  719;  vi, 
voient,  623  ;  impf.  i,  vëoie,  225  ;  prêt, 
i,  vi,  114;  iii,  vit,  347;  v,  veïstes, 
1987;  vi,  virent,  371;  fut.  v,  vairez, 
vairois,  1104,  1314;  subj.  prés,  i,  voie, 
1183;  iii,  voie,  voiet,  525,  822;  impf. 
v,  veïssiez,  1940;  vi.  veïssent,  C  H 
7;  part,  passé,  vëu,  188;  -s,  -z,  365, 
1952;  -e,  1454. 


194 


LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 


Vëoir,  subst.  :  la  vue,  863. 

Ver  v.  Vers. 

Verai  :  vrai,  fidèle,  2298  ;  -e,  1926  ;  -es, 
2665. 

Veraiement  :   fidèlement,  2230. 

Verdure,  A  499. 

Vergoigne,   111. 

Veritéi,  594;  -z,  1138;  v.  Vertéi. 

Vermine,  773. 

Verr  :  ver,  2668. 

Verre,   2448. 

Vers,  Ver,  prép.  :  vers,  envers,  468, 
601. 

[Verser],  v.n.  ;  -e,  A  416. 

Verte,  Vertéi:  vérité,  589;  -z,  1161. 

Vertu:  propriété,  633;  miracle,  -z, 
2007;  vertue,  A  141. 

[Vestir]  :  vêtir;  vestu,  1643. 

Vëue  :  la  vue,  2102. 

Viande  :  nourriture,  1170. 

Viauz,  v.  [Vie]. 

Vice,  772;  -s,  52. 

Viconte,   458;   visquiens,   393. 

Vie,  63. 

Vie  :  vieux,  2121  ;— z,  77. 

[Vieil];  viauz,  691;  vielles,  1144. 

[Viele]  :  vielle;  -s,  208. 

Vierge,  Virge,  2252,  2257. 

[Vif]  :  vivant;  vis,  350. 

Vil  :  méprisable,  1954  ;  vis,  301  ;  tenir 
vil  :   mépriser,  1240. 

Vilain,  Villain,  subst.  :  homme  du 
peuple,  998;  -s,  1003;  adj.  :  bas, 
méchant,  triste,  etc.,  143;  -e,  -aigne, 
312,   1013;  -es,  148. 

Vile:  ville,  576;  -s,  267;  -s,  2649;  pro- 
priété rurale,  1227. 

Vilment  :   pauvrement,  tristement,  270. 

Viloignie  :  grossièreté,  action  basse,  33. 

Vin,   1269;  -s,   1272. 

Violet  :  violât,  2618  ;  v.  note. 

Vis  v.  Vif,  Vil. 

Vis  :  avis,  139,  1341. 

Vivandier  :  qui  tient  une  bonne  table, 
1653. 


[Vivier]  -s,   773. 

Vivre,  270;  ind.  prés,  vi,  vivent;  impf. 
vi,  -oient,  49;  cond.  i,  -roie,  226. 

Voie  :  voie,  chemin,  30  ;  toute  voie  : 
tout  de  même,  C  IV  12. 

Voille  :  voile,  2363. 

Voint  v.   Vaincre. 

[Voir]  adj.:  vrai,  -e,  6;  -s,  750;  la 
voire,  1695;  adv.  d'affirmation,  voir, 
513;  de  v.,  296;  voire,  293. 

Voirement  :  vraiement,  168. 

Vois,  Voix,  Voiz  :  voix,  916,  917,  1762. 

Volantiers,  -entiers,  635,  1696. 

Volentéi,  Volantéi,  447,  A  2. 

[Voler];  voilent,   718. 

[Voloir];  ind.  prés,  i,  vuel,  11;  iii, 
veult,  vuet,  535,  C  IV  5  ;  vi,  vuel-, 
vuellent,  945,  1296;  impf.  iii,  voloit, 
C  II  26;  vi,  -oient,  1427;  fut.  i, 
vodr-,  voit-,  voldrai,  13,  47,  2272  ;  iii, 
-ait,  1842;  iv,  -ons,  557;  vi,  -ont, 
1556;  cond.  i,  -oie,  150;  iii,  -oit,  99; 
vi,  -oient,  238;  subj.  pr.  iii,  vuelle, 
-et,  A  434,  A  566  ;  impf.  i,  volsisse, 
622;  iii,  -ist,  C  I  31;  vi,  -issent,  90. 
Le  futur  s'emploie  comme  un  auxili- 
aire pour  exprimer  une  simple  inten- 
tion. L'impf.  du  subj.  est  plutôt  un 
optatif;  le  conditionnel  conserve  bien 
le  sens  primitif  du  verbe. 

Voloir  subst.  :  désir,  volonté,  2105,  A 
594. 

Vos  :   vous,   114. 

Vostre,  C  I  45. 

[Vudier]  de  :  devenir  vide;  -e,  317. 

Vut,  [Vuit]:  vide,  1873;  -z,  317;  -de, 
1865. 

Wallebrun  :  gallebrun,  1615  ;  v.  note. 

[Ydropique],    -s,   2568. 

Ypocresie,    -crisie,    Ipocrisie,    Pocresie, 

1149,  1888,  2294,  2369. 
Ypocrital,  adj.  :  hypocrite,  1886. 
Ypocrite,  [Ipocrite],   1241;   -s,  2327. 
Yrangne  v.  Araigne. 


LISTE    DES    NOMS    PROPRES. 

Abes  v.  Ebbes,  A.  Biaugeu,  408  :  Beaujeu  (Rhône).    Hum- 

Abraham,   2261.  bert  II,  baron  1187  à  1174  (+  àCluny 

Adam,  2262,  2322.  1193)   et  Humbert  III  (t  1189),  son 

Alexandre,  272.  fils  et  successeur,  sont  l'un  et  Vautre 

Allemagne,  2023.  chronologiquement  possible.     La  fille 

Allemands,   176.  du  premier  épousa  Renaud  de  Xevers 

Amauri,  346;  roi  de  Jérusalem,  1162  à  dont  il  est  question  v.  Ifi3. 

1173.  Berars  de  Marseille,  396  :  Barrai,  der- 

Amiez  de  Monfacon,  453  :  Amédée  II,  nier  vicomte  de  M.  ;  t  1193. 

seigneur     de     Montfaucon     (Doubs)  Bernart  d'Armagnac,  379  :  Bernard  IV 

comte    de    Montbéliart    (Doubs);    t  comte  d'Armagnac,  1160  à  1190  env.; 

après  1188.  prit  part  à  la  3e  croisade. 

Anglais,  176.  Bernars  de  Saint  Vallery,  373  :  Bernard 

Anceri   de   Monraeil,   463;   Anséri  sei-  III    de    Saint-Valéry;    mort    av.    le 

gneur  de  Montréal  (Yonne);  i  1192.  21  oct.  1190,  peu  de  temps  après  son 

Antioche,  1963.  retour  de  St.-Jean-d'Acre. 

Aquitainne,  333.  [Bertrand     de     Verdun]     v.     Guis     de 

Aristippe,  79.  Verdun. 

Aristote,   75,  2310.  Boèce,   81. 

Arles,  70.  Bologne,  2436. 

Arragon,  le  roy  de,  336  :  Alphonse  II;  Borbon,    432  :    Bourbon    VArchambaud 

t  1196.  (Allier),  duché-pairie  qui  relevait  du 

Arthur,  271.  comte    de    Champagne.     Il    s'agit    d' 

Aymon  de  Marigny  v.   Haimmes.  Archimbaut  VII,  1116  à  1171,  et  d" 

Ayman  (Aymon)  de  Verton,  443,  [?].  Archimbaut   VIII,  seigneur  de   1171 

Azuerus,  275.  à  1172. 

Bourgogne,  112,  1522;  le  comte  de,  332  : 

Babylone,  2630.  Othon  II,  comte  de  la  Haute  Bour- 

Barral  de  Marseille  v.  Berars.  gogne  (+  1200).    Il  avait  épousé  Mar- 

Bartholomier   de   Vaignorri,   423,    Bar-  guérite,  fille  de  Thibaut   V  de  Blois 

thélémi  de   Vignory  (Haute  Marne)  ;  (v.  327). 

mort  en  Terre-Sainte  1191.  Bourguignons  (Grammontains) ,  1524. 

Barut,  2606.  Brienne,  ceux  de,  466  :  Erard  11,  comte 

Bauduins  de  Hainou,  437  :  Baudouin  V  de  Brienne  (Aube),  père  de  Jean  1er., 

de    Hainaut,   le   Courageux,    dont  la  roi  de  Jérusalem  et  empereur  de  Con- 

fille  Isabelle  épousa  en  1189  Philippe  stantinople    (t    1237),   et   de   Gautier 

Auguste.  III,  successeur  de  son  père  au  comté 
195 


196  LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 

de    Brienne.      Erard    11    mourut    en  Cortenai,  li  chastelains  de,  446;  cf.  v. 

1192,   Gautier  III  en  1205;  le  frère  429. 
d' Erard    II,    André   II,   seigneur   de 

Ramérupt    (t  1189)    peut    aussi    con-  Droon  d'Amiens,  444  :  Dr  eue  ou  Dr  eus 

venir  au  point  de  vue  chronologique.  d'Amiens  qui  prit  part  à  la  Se  croi- 

Broies,  ceux  de,   467;   Broyés   (Marne)  sade. 

une  des  plus  importantes  seigneuries  Durand  Chapuis,  1928  ss. 

de  la  Champagne.  Diogène,  78,  2309. 

Challon,  li  quiens   de,  354  :    Guillaume  Ebbes  de  Charenton,   411  :    Charenton- 

II,  comte  de  Chalon-sur-Saône  (1168  du-Cher     (Cher);     peut-être     Ebbes 

à  1203).    Il  prit  part  à  la  3e  croisade.  VII>    cetui   aui   aida    à    détruire    les 

Champagne,  476.  Cottereaux  en  juillet  1183. 

Chartreuse,  566,  1327,  1359,  1441.  Ebrieus  :  Hébreux,  2254. 

Chasteildun,  lou  viconte  de,  458  :  pro-  Ecosse,  1963. 

bablement  Raoul,  vicomte  de  Château-  Espagne,  1521,  2024. 

dun   (Eure-et-Loire),  qui  prit  part  a  Estainnes  dou  mont  Saint  Jehan,  414  : 

la  3e  croisade.  M  ont-Saint- Jean     (Côte     d'Or,     arr. 

Cîteaux,  565,  1060.  Beaune-en-montagne)  ;  les     renseigne- 

Clairvaux,   1192,   1201.  ments  manquent  sur  ce  personnage. 

Clarambaut  de  Chappes,  468  :   Clarem-  Esteine  le  Sansserois,  465  :  Etienne  1er, 

baut   de    Chappes    (Aube).       Clarem-  comte    de    Sancerre    (Cher),    qui    fut 

baut  II  est  mentionné  (1170  et  1173)  plusieurs  fois  en  Palestine  et  mourut 

comme  ayant  fait  des  dons  à  l'abbaye  au  siège  de  St.-Jean-d'Acre,  av.  h  21 

de  Larivour.    Clarembaut  III  mourut  oct-   119°- 

en  1201f,  Clarembaut  IV  en  1205.     M.  Esteines  de  Borgoigne,  359  :  Etienne  II 

Baudler,     sans     doute     avec     raison,  comte      de      la     Haute     Bourgogne, 

penche  pour  le  premier.  vicomte    d'Auxonne,    qui    épousa    la 

Clermont    en   Basegni,    433  :    Clef  mont  fille  du  duc  de  Lorraine  (v.  357).     Il 

(Haute-Marne),     dont    les    seigneurs  prit  la  croix  en   1171   et  mourut  en 

étaient  vassaux  des  comtes  de  Bour-  1197.     C'est  sa  fille  Béatrice,  ajoute 

gogne.  M.    Baudler,    qui    épousa    Simon    de 

Cleobolus,  88.  Joinville   et  devint  mère   du  chroni- 

Cleon,   77.  queur. 

Clermont,  li  quiens  de,  326  :  Raoul  1er  Eu,  li  conte  d',  407  :   les  trois  comtes 

le  Roux,  comte  de  Clermont   (Oise)  ;  d'Eu    (Seine-lnf.)    dont   il  peut   être 

mort  pendant  la  famine  devant  St.-  question     sont:      Jean,      lllfi — 1176, 

Jean-d'Acre,  av.  le  13  juillet  1191.  Henri   11,   1176—1183   et   Raoul   1er, 

Cliges,  83.  1183—1186. 

Cluny  (Cleni,  Clini),   1060,   1655,   1657.  Eudes,  li  Champenois,  470  :   Eudes  1er 

Conrais,  li  merchis,  368  :   Conrad,  mar-  le    Champenois,    seigneur    de    Cham- 

quis  de  Montferrat,  assassiné  en  1192  plitte  (Haute-Saône)  de  1189  à  1200. 

après  avoir  été  élu  roi  de  Jérusalem.  Il  était  fils  de  Hugo  1er  de   Cham- 

Constantin,   empereur,   2130.  pagne,   seigneur  de   Troyes,   Bar-sur- 


LISTE  DES  NOMS  PROPRES  197 

Aube   et   Vitry,  qui,  le  croyant  adul-  part  aux  3e  et  4e  croisades  et  mourut 

térin,  refusa  de  le  reconnaître.     Son  en  Palestine  en  1805. 

fils,  Eudes  II,  prit  la  croix  en  1201  Geoffroi     de     Lançon,      392  :      Lançon 

et  mourut  en  1204.     Il  se  peut,  à  la  [Bouches-du-Rhône)  [?]. 

rigueur,  qu'il  sait  question  dans  notre  Geoffroi  de  Pons,  442  :  Geoffroi  III  de 

passage  de  ce  dernier  Pons    [Charente-Inf .)  ;    t  1191. 

_  _„  7  ,     Gerars  de  Rançon,  412  :    on  trouve  chez 

Far,    473  :    le    phare    de    Messine;   cf.        »         .       .  , 

tes     chroniqueurs     contemporains     de 
Baudler,  op.  cit.,  p.  48,  note.  ,  ,  *         .  *Z     _    .   , 

,,      .     .,  „        „,„       „  ,,,  .      „  fréquentes  mentions  dun  Geoffroi  de 

Fem,   lenipereor,    313:    Frédéric   Bar-       '     *  .     ". 

Rançon   [Haute- Marne)   qui  prit  part 

à  la  2e  et  à  la  3e  croisade. 

comte 

de  Vienne  et  de  Mâcon,  de  1156  env. 

à  1184. 
Goberz    d'Aispremont,    436  :    Gobert    d' 

Aspremont  (Ardennes),  qui  prit  part 

à  la  3e  croisade. 
Grandmont,  566,  1444,  1489,  1492,  1534, 

1571. 
Griffons  :    Grecs,  777. 


berousse,  t  1190;  sa  cour  à  Mayence 

277. 
_.      .'     .      ..    .      Â.„      ,      M     .     ,       .„       Gerars  de  Viainne,  333  :  Gérard 
Flavigni,  cil  de,  406  :  des  trois  familles       ^     T7-  7     %tA         j 

de  ce  nom,  de  la  Picardie,  du  Cam- 
brésis  et  de  la  Champagne  respective- 
ment, M.  Baudler  penche  pour  celle 
de  la  Champagne  [Marne,  arr.  Eper- 
nay,  ca.  Arize). 
Fousigney,  Hanris  de,  405  :  Henri, 
baron  de  Faucigny   [Savoie)  ;   t  1196 

env.     Sa  femme  était  soeur  de  Guil-    _ 
,  **.«,/•.,,  Guillaumes  de  Mandeville,   388:    Guil- 

laume 1er  de  Genève  (v.  351). 


France,  112,  315,  1522,  1579,  C  iii,  16. 


laume  de  Magneville  [Manche),  comte 


-p,           .  cIEssex  et  d'Aumâle;  partit  pour  la 

-r,  ,  , ,  .         „      .  Terre-Sainte  avec  Philippe  de  Flan- 

Irederic  v.  hem.  :                                         \f 

dres   en  1177;  mort  à  Rouen,   1189. 

Gachier  v.  Gaucnier.  Qn    trouve    concurremment    pour    ce 

Gascogne,  1521.  nom    ^e    lieu    les    graphies    latines, 

Gascons,  378.  Mannavilla,     ilandevilla    et    Magna- 

Gauchier,  de  Salins,  375  :  Gauchier  III,  villa. 

seigneur  de  Salins   [Jura)  de  1133  à  Guillaumes  li  gros  de  Marseille,   396  : 

1175  env.  Guillaume    de     Marseille,     frère     de 

Genauve,     li     grans     quiens     de,     351  :  Barrai,   f   1191. 

Guillaume    1er,  comte   de   Genève   de  Guillaumes  de  Merlo,  419  :  Guillaume  de 

1175  à  1195  env.  MtUo  [Oise)  ;  prit  part  à  la  Se  croi- 

Geoffroi  de  Bretagne,  323  :  Geoffroi  II,  sade;  f  après  1198. 

duc  de  Bretagne,  3e  fils  d'Henri  II  Guillaume    de    Monpalier,    425  :     Guil- 

(T Angleterre;   f  1186.  laume  m,  seigneur  de  Montpellier; 

Geoffroi  de  Chandei  [?]  386;  v.  note.  f  1202.     Sa    fille    épousa    Barrai    de 

Geoffroi  de  Charelan  [?]  413.  Marseille    (v.   396). 

Geoffroi    de    Joinville,    471  :    on    peut  Guioz,  C  I,  51. 

choisir    entre    Geoffroi   III   le    Gros,  Guis    de    Chasteillon,    369:     Guy    II, 

t  1184,  Geoffroi  IV  Valet,  le  Jeune,  seigneur  de  Châtillon  [Marne),  Trois- 

mort  devant  St.-Jean-d'Acre  en  1191  sy,  Montjay  et  Crécy;  époux  d'Alice, 

et    Geoffroi    V    Trouillard,    qui   prit  nièce  de  Louis  VII;  +  av.  1178. 


igS 


LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 


Guis  de  Monjai,  430  :  Guy  111  de 
Châtïllon,  seigneur  de  M  ont  jay -la- 
Tour  (Seine-et-Marne),  fils  du  'précé- 
dent; t  1191,  devant  St.-Jean-d'Acre. 

Guis  de  Trichasteil,  461  :  Gui  de  Thil- 
Châtel  (Côte-d'Or),  personnage  peu 
connu. 

Guis  de  Verdun,  460  :  une  erreur,  selon 
M.  Baudler,  pour  Bertrand  de  V. 
M.  B.  renvoie  à  Ambroise,  Estoire 
de  la  guerre  sainte,  v.  4723.  Ber- 
trand de  V.  était  ami  de  Richard 
Coeur-de-lion. 

Haimmes  de  Maregney,  421  :  probable- 
ment Marigny-le-Châtel  (Aube). 

Hanris  li  quiens  de  Bar,  474  :  Henri 
1er,  comte  de  Bar-le-Duc;  t  devant 
St.-Jean-d'Acre,  1191  env. 

[Hanri  Court  Mantel],  li  jones  rois, 
319  ;  +  1183. 

Hanris,  li  riches  rois,  318  :  Henri  II 
d'Angleterre;  t  1189. 

Hanris,  li  quiens  de  Champagne,  324  : 
Henri  1er,  comte  de  Ch.  et  de  Brie; 
t  1180.  Il  était  frère  de  Thibaut  le 
Bon  (v.  327),  et  d'Etienne  de  San- 
cerre  (vv.  465,  466)  ;  sa  femme  était 
la  fameuse  Marie  de  France,  fille 
d'Aliénor  d'Aquitaine  et  de  Louis 
Vil. 

Hanris,  li  jones  quiens,  349  :  Henri  11, 
le  Jeune,  comte  de  Champagne, 
t  1197.  Il  était  devenu  roi  de  Jéru- 
salem en  1192,  grâce  à  son  mariage 
avec  Isabelle,  2e  fille  du  roi  Amauri 
1er. 

Hanris  de  Fousigny,  405  :  Henri,  baron 
de  Faucigny  (Savoie)  ;  t  1196  env. 
Sa  femme  était  soeur  de  Guillaume 
1er  de  Genève  (v.  351). 

Herviers  de  Donsy,  440  :  Hervé  111, 
baron  de  Donzy  (Nièvre),  t  après 
1187. 


Herviers  de  Verzon,  431  :  Hervé  de 
Vierzon  (Cher).  On  connait  un 
Hervé  de  V.  qui  épousa  Mathilde, 
fille  du  comte  de  Clermont,  Raoul  1er 
le  Roux  (v.  326). 

Horace,  82. 

Hues  de  Chasteil,  390  :  sans  doute  le 
père  du  poète  Hugues  de  Berzé, 
Hugues  III,  seigneur  de  Berzé-le- 
Châtel    près  de  Mâcon. 

Jaikemon,  370  :  Jacques  d'Avesne-sur- 
Helpe  (Nord)  ;  prit  part  à  la  Se 
croisade;  t  1191. 

Jérusalem,  1791. 

Jésus  Christ,  784,  1403. 

Joffrois  v.  Geoffroi. 

Juliu,  Julius  César,  272,  749. 

Lanceloi  [Lancelot]  dou  lac,  380. 
Loregne,  li  grans  dus  de,  357  :  Mathieu 

1er,  duc  de  Lorraine,  1189  à  1176. 
Lowis,    li    rois,    314  :     Louis    Vil,    le 

Jeune;  t  1180. 
Lucain,  78. 

Masconois,  le  comte  du,  C  V  33;  v. 
Introd.,  p. 

Matheus  de  Bologne,  331  :  Mathieu  1er 
d'Alsace,  comte  de  Boulogne,  fils 
posthume  de  Thierry  de  Flandres  et 
frère  de  Philippe  (v.  329)  ;  t  1173. 
C'est  à  son  mariage  avec  Marie,  fille 
du  roi  Etienne  de  Blois  et  de  la 
comtesse  Mahaud  de  Boulogne,  qu'il 
doit  son  nom  de  comte  de  Boulogne. 
Rien  n'empêche  cependant,  de  voir 
ici  le  second  mari  de  Marie,  Mathieu 
II,  qui  mourut  en  1180. 

Morises  de  Creon,  402  :  Maurice  II  de 
Craon  (Mayenne)  ;  prit  part  à  Se 
croisade;  t  1196. 

Mayence,  279. 


LISTE  DES  NOMS  PROPRES  199 

Milles  de  Chaalons,  475  :  Milon,  vidante  Precïens  :   Priscien,  79. 

de    Châlons-sur-Marne,    seigneur    de  Prémontré,  567,   1588. 

Nogent-sur-Seine;  t  1191.  Raimmons   Berengiers,    328  :    Raymond 

Montpellier,  2613.  Berengier,    frère    d'Alphonse    II    d' 

Arragon;  devint  comte  de   Provence 

Noiers,    nouble    chasteil    de,    428  :    .1/.  en  1168. 

Baudler  mentionne  un  Clarembaut  de  Raimmons    d'Ango,    420  :    selon    toute 

Noyers  qui  prit  part  à  la  Se  croisade  probabilité      ce     Raymond     d'Anjou 

et  renvoie  en  outre  à  Lavisse  :   His-  (Dauphiné)    dont   parle    M.    Antoine 

toire  de  France,  t.  III  i,  p.  321,  où  Thomas,   Francesco   da  Barberino  et 

il  est  question  de  Hugues  de  Noyers,  la  litt.  provençale  en  Italie,  pp.  130- 

évêque  (FAuxerre.  1^3    (cit.    Baudler).        Cf.    Langlois, 

Noirons  :  Néron,  753.  op.  cit.,  p.  1^5,  note. 

Raimmons  de  Toullouse,  341  :  Raymond 

Oisi,   li  signor  d',   409  :   surtout  Huon  V  de  T<>ulouse,  t  1191>. 

III     d'Oisy     (Nord),     seigneur     de  Raous   de   Cousey>   410  :    Raoul  ler  de 

Montmirail,    Châtelain    de    Cambrai,  Coucy-le-Château     (Aisne),     seigneur 

l'un    des    plus    anciens    truvères     et  de    MaTh>    ™>rt    devant    St.-Jean-d' 

maître    de    Conon    de    Béthune,  son  Acre'  1191' 

parent.     Il   fut   le   premier   mari   de  Raous   de  F<>uchieres,   383  :    Raoul  II, 

Marguerite,  fille  de  Thibaut  de  Blois  har°n    de    Fou9'^es    (Isle-et-V  Haine) , 

(v.  327),  qui  épousa  en  secondes  noces  115^  a  1196' 

Othon    II    de    Bourgogne    (v.    332)  ;  Raous  de  Melion'  391  :  Raoul  de  Mau' 

t  1191  env  ^on'    baron    de    Châtillon-sur-Sèvre; 

Ostes     76  1>ri*'  l>art  à  ^a  ^e  croisade  et  mourut 

Oudes   v.   Eudes.  aPrès  lm- 

Renart   de  Jëoigny,   456  :    Renard   IV, 
comte    de   Joigny    (Yonne),    seigneur 

Perse,   1280.  de    Cézy,     Château-Renart    (Loiret), 

Phelippes,   li  quiens,   329  :   Philippe  d'  etc.;    il    prit    part    avec    son    frère 

Alsace    et    de    Flandres,     comte     d'  Renart  III  à  la  2e  croisade;  t  1179. 

Amiens  et  de   Vermandois;  mort  de  Renaus  de  Moucon,  328  :  Renaud  II  le 

la  peste  au  siège  de  St.-Jean-d'Acre,  Jeune,  comte  de  Mousson  (Meurthe), 

1W1-  1150  env.  à  1170. 

Pierefons,  li  quiens  de,  441  :  peut-être  Renaus    de    Nevers,    403  :    sans    doute 

Nevelon   111,    comte   de   Pierrefonds  Renaud,    fils    de    Guillaume    III    de 

{^ise)-  Nevers   et  Auxerre,   et  de   son   chef 

Piere    de    Cortenai,    429  :     Pierre    de  comte  de  Tonnerre;  mort  devant  St.- 

France,    ler    de    Courtenay    (Loiret),  Jean-cTAcre,  1191. 

Montargis,    Conches,    etc.;    frère    de  Retrou  dou  Perche  :  Rotrou  111,  comte 

Louis   VU;   t  1183  env.  du   Perche,   qui   épousa  la  soeur   de 

Pise>  1996-  Thibaut   V  de   Champagne   (v.   327). 

Pitagoras  :  Pythagore,  83.  U   mourut    en    1191,    peu    de    temps 

Platon,  74.  apres  son  ar^ée  en  Terre-Sainte. 


LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 


Richars,  li  rois,  321  :  Richard  Coeur- 
de-lion;  t  1199.  Sa  largesse,  comme 
sa  bravoure,  était  proverbiale. 

Robers  de  Sabruel,  372  :  Robert  III  de 
Sablé  (lai.  Sabolium)  du  dép.  de  la 
Sarthe;  prit  part  à  la  Se  croisade; 
t  1196. 

Romains,  557,  742,  757,  760,  1033. 

Rome,  661,  710,  764,  769,  770,  771,  780, 
915,   1567,   1578. 

Romulus,  747. 

Saint  Antoine  573,  1938,  1953,  2067, 
2075,  2080,  2090;  1950,  1984,  2083. 

Saint  Augustin,  1629,  1647,  1689. 

Saint  Benoît,   1385,  1388,  1649,  1689. 

Sainte  Agathe,  2248. 

Sainte  Catherine,  2247. 

Sainte  Crispine,   2248. 

Sainte  Foi,  2246. 

Sainte  Hélène,   2246. 

Sainte  Marie,  A  [611]. 

Sainte  [Marie]  l'Egyptienne,  2245. 

Sainte  [Marie]  Madeleine,  2227. 

Saint  Gilles,  472. 

Saint  Jean,   1793. 

Saint  Laurent,  755. 

Saint  Martin,  1648. 

Saint  Orner,  li  chastelains  de,  399  : 
Guillaume  IV,  châtelain  de  Saint- 
Omer  (Pas-de-Calais).  Mort  en  Terre- 
Sainte,  1191. 

Saint  Paul,  Poz,  Pois,  754,  A  61,  A  70, 
etc. 

Saint  Pierre,  754,  1070. 

Saint  Pol,  li  quiens  de,  450  :  Hugues 
IV  comte  de  St.-Pol-sur-Ternoise 
(Pas-de-Calais)  ;  t  à  Constantinople 
1205. 


Saint  Trophe,  l'église,  71  :  St.  Tro- 
phime  d'Arles. 

Salerne,  2627. 

Salomon,   888,   2129. 

Salonique,   2683. 

Samson,   2130. 

Sénèque,    75. 

Socrate,   77,  2310. 

Stace,  81. 

Symons  de  Commercis,  418  :  Simon  de 
Commercy  (Meuse).  Nous  manquons 
de  renseignements  sur  ce  personnage. 

Syrie,   348,   1710. 

Terence,   74. 

Thiebaus,  li  quiens,  327  :  identifié  par 
M.  B.  avec  Thibaut  V  le  Bon,  comte 
de  Blois  et  de  Chartres,  sénéchal  de 
France  en  1151f.;  t  le  20  janvier,  1191. 

Torainne,  li  visquiens  de,  393  :  Ray- 
mond II,  vicomte  de  Turenne;  prit 
part  à  la  3e  croisade;  t  1190. 

Trianeil,  cil  de,  451  :  Traînel  (Aube)  ; 
surtout  Anseau  ler}  bouteiller  de  la 
Champagne;  f  après  1181.  En  lllfi 
il  alla  en  Terre-Sainte  avec  son  frère 
Garin,  seigneur  de  Marigny-châtel; 
(t  après  1182).  Dans  Longnon,  Rôles 
des  fiefs  (cit.,  Baudler)  on  trouve  les 
graphies:  Triaignel,  Triangnel  et 
Trieignel. 

Tristant,  C  II  48. 

Troyes,   468. 

Tulles  :   Cicéron,  82. 

Tur  :  les  Turcs,  1711. 

Virgile,   76. 

Yde  [lis.  Inde],  1392. 


INDEXE    COMPLET    DES    RIMES    PAR  VOYELLES 
ACCENTUÉES  RAMENEES  AU  TYPE  FRANCIEN.1 


A,  35,  289,  295,  485,  501,  61,3,  763,  1001, 
1243,  1345,  1455,  1529,  1811,  181,5 
1877,  1883,  1897,  1929,  2235,  2259, 
2397,  A  163,  A  175,  A  305,  A  317, 
A   385,  A  531,  A   555. 

abes,  1059. 

ables,  657. 

ac,  379. 

ace,  2153,  [A  599]. 

aces,  81. 

âge,  1007,  2119,  2217,  2477. 

âges,  199,  265,  1409. 

ai,  27,  429,  445,  555,  559,  1193,  17S9, 
2147,  A  45,  A  117,  C  II  ii. 

aide,  2463. 

aie,  A  433,  A  585. 

aies,  A  538. 

aille,  219,  591,  1699,  1733,  A  237. 

ailles,  213,  A  213. 

ain  (\-anum),  143,  981,  997,  2549;  ains, 
231,   1017,   2091,   2557. 

aindre  :  eindre,  C  I  iii,  iv. 

aine  (l-ana),  311,  398,  627,  728,  827, 
1015,  1039,  1725,  2277;  aine:  eine, 
2227,  A  191,  C  I  i,  ii. 

aine  :  ene,  333. 

aing,  2533. 

aingne,  324,  2023. 

aingnent,    1545. 

aingne  :  eingne,  A  171. 

aint,  C  IV,  iv,  v. 

aint  :  eint,  2379,  A  561. 

ainte  :  einte,  A  369. 

aintes  :  eintes,  A  581. 


aire,  241,  247,  543,  937,  1851. 

ais,  133,  1319,  1679,  2601. 

aise,   1075,  A  43. 

aissent,  1317. 

aistre  v.   estre. 

ait,  39,  775,  857,  1323,  1411,  1469,  1891, 
1983,  1997,  2211,  2441,  2679,  A  17, 
A  503. 

aite,  1619,  1977,   2011. 

aites,  1975,  A  13. 

aiz,  1299,  1943,  1997. 

al,  571,  1037,  1313,  1755,  1793,  1965, 
2637. 

aies,  263. 

ans,  129,  711,  875,  1145,  1201,  1815, 
1893,  2299,  2343,  2425,  2665  ;  dis  : 
ellos    2073;  (ellos  :  ellos    1961). 

am,  2261  ;  am  :  en,  2321. 

âmes,   1131. 

an,  413. 

ance<l.  antia,  entia  entium  67,  101, 
279,  339,  791,  963,  1041,  1053,  1277, 
1401,  1513,  1525,  1579,  1623,  277/, 
1785,  1885,  2195,  2239,  2349,  2501, 
2539,  A  29,  A  59,  A  89,  A  167,  A  177, 
A  325,  A  365,  A  395,  A  1,15   CI  i,  ii. 

ande,  1169,  11,15,  1799;  ende,  2415. 

andent,  1557  ;  andent :  endent,  1553  ; 
endent,  21,  105,  609,  1413,  2059,  21,83, 
2609,  A  99,  A  569. 

ange,  1151. 

ans,  1309. 

ant,  119,  1087,  1229,  1245,  1675,  1685, 
1747,  1947,  A  15,  A  131,  C  V  v. 


1.  Les  numéros  imprimés  en  italique  indiquent  une  rime  riche. 
201 
Q 


202 


LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 


ant:  ent,  1115,  1203,  1657,  1685,  1985, 
2063;  2021  (talent:  guilant),  4  265, 
C   II  vii. 

ent,  25,  37,  69,  269,  287,  309,  505,  611, 
617,  679,  867,  893,  991,  1203,  1339, 
1363,  1499,  1567,  1577,  1645,  1719, 
1735,  1819,  1823,  1913,  1933,  2069, 
2177,  2187,  2209,  2297,  2333,  2347, 
2399,  2^27,  2U5,  2507,  2547,  2581, 
2599,  A  41,  A  141,  A  205,  A  253. 

anz,  273,  285,  355,  603,  689,  869,  1155, 
1527,  1927,  2303  (v.  note),  2395,  2661, 
A  79,  A  219. 

anz  :  enz,  585,  659,  1451,  1543. 

enz,  7,  1109,   1871,  2117,  2231. 

enz  :  ens,  A  173. 

ar,  475. 

arde,  2153,  A  109,  A  203. 

ardent,  813. 

aime,  A  211. 

[armes,  A   597.] 

ars,  169. 

art,  455,  687,  2005. 

arz,  321  (v.  note). 

as,  83,  367,  1089,  1369,  1389,  A  439. 

as  :  ars,  1967. 

assent,  1495,  2607. 

aste,  2345. 

at,  707,  2327,  2453,  2617. 

ate,  993. 

atent,  965. 

atre,   293,  A  47. 

aus,  129,  711,  875,  1145,  1201,  1815, 
1893,  2299,   2343,  2425,  2665. 

aus  :  eaus  (alis  :  ellos),   2073. 

auses,  2625. 

aut,  221,  1107,  1265,  1429,  1889,  2219, 
A  285,  A  303. 

autre,  1217. 

auz,  327. 

az,  1979. 

é,  155,  189,  385,  447,  491,  495,  567,  589, 
667,  901,  949,  969,  1035,  1125,  1211, 


1433,  1497,  1587,  1605,  1691,  1705, 
1745,  1753,  1809,  1813,  1815,  1831, 
1857,  1867,  1879,  1911,  1925,  2087, 
2093,  2115,  2215,  2265,  2313,  2371. 
2503,  2509,  2573,  2579,  2621,  2639, 
2645,  2657,  2673,  A  51,  A  127,  A  143, 
A  295,  A  301,  A  307,  A  331,  A  347, 
A  461,  A  467,  A  481,  A  485,  A  512, 
C  II  iv,  III  i,  ii,  iii. 

ée,  2361,  2377,  2493,  A  65,  A  71,  A  241, 
A  279,  A  407,  A  541,  A  589,  [A  607], 
C  III  i,  ii,  iii. 

ées,  113,  881,  1133,  1361,  1537,  2051, 
4  135. 

eaus,  1961. 

eche,  2565. 

egne,  357. 

eil,  739,  2133,  2523. 

eille,  397,  741,  1173,  2221,  2525. 

eilles,  597. 

eine  (1.  êna,  cena),   1859;  v.  aine. 

eing,  1437. 

eint,  2677. 

el,  389,  451,  461,  1501,  1591,  1767,  1797, 
2057,  2317,  2449,  A   579. 

ele,  2033,  2257. 

eles,  1131,  1183. 

em  :  en,  1791. 

emblent,  1359,  2653 

ence  v.   ance. 

emble,  503. 

ende,  endent,  v.   ande,  andent. 

endre,  1397,  595,  889,  945,  967,  1063, 
2095,   2355,  2423,  A  39,  A  251,  A  359. 

ene,  2245  (?)  ;  v.   aine. 

enge,  2089. 

ens,  477,  2305,  C   II  i. 

ent  v.   ant. 

entent,  853. 

entes,  1923. 

entre,  1167,  1973.  A   551. 

envent  :  endent,  A  333. 

enz  v.  anz. 


INDEXE 


203 


er.  S,  15,  51,  195,  209,  253,  363,  399, 
549,  557,  647,  677,  693,  703,  715,  727, 
761,  807,  829,  877,  883,  907,  929, 
1119,  1135,  1295,  1307,  1325,  1353, 
1375,  1427,  1519,  1541,  1635,  1669, 
1765,  1807,  1839,  1843,  1861,  1875, 
2003,  2121,  2125,  2161,  2267,  2271, 
2291,  2359,  2393,  2411,  2491,  2505, 
2531,  2537.  2585,  2667.  A  27,  A  85, 
A  95,  A  llf7,  A  153,  A  185,  A  193, 
A  197,  A  231,  A  261.  A  321,  A  357, 
A  419,  A  473,  A  515,  C  I  iii,  iv,  II  v. 

ère,  337,  655,  673,  753,  783,  1069;  erre, 
1253,  2081.     A   149. 

erent,  745 

erme,  A  129. 

ennes,   2261,    2237. 

erne,  2627. 

ers,  1561,  1569,  A  7,  A  465. 

erse,   1279,  9149,  2527. 

erses,  577 

ert,  551,   1399,   A  293. 

erte,  1153,  1463,  2019. 

ertes,  873. 

erz,  403. 

es,   77,   2309. 

esces   (1.   Ttias),  851,  995,  1011. 

escent,   841. 

esque,  819,  895,  2015. 

esques,  561. 

esses  (1.  issas),  1235. 

est,  2009.     A  549. 

este,  255,  2473. 

estre,  729,  1333,  1509  ;  estre  :  aistre, 
793,  1381,  2097,  2295,  2583,  A  21, 
A  319  ;  aistre,  541,  2275,  2593. 

et   (het  :  set),   1469. 

et  (<1.  7),  2223,  2417,  2521,  2563,  A  215, 
A   545. 

ete,  633,  1833,   2165,  2225. 

etent,  1659 

êtes..  2611. 

être,  1775,  A  189,  A  229. 

eu  v.   ou. 


eus(els),  A  525. 

eure  v.   oure. 

eus  v.   ous. 

euse  v.  ouse. 

eve,  351. 

ez,  149,  177,  305,  481,  521,  569,  705, 
719,  931,  999,  1027,  1043,  1057,  1091, 
1137,  1161,  1197,  1275,  1311,  1601, 
1633,  1641,  1759,  1837,  1849,  1901, 
1981,  2027,  2043,  2179,  2183,  2243, 
2281,  2327,  2407,  2433,  2451,  2471, 
2497,  2591,  A  5,  A  107,  A  207,  A  223, 
A   523,  A  547,  A  553,  A  585.    C  III 


i,  211,  223,  277,  345,  375,  405,  409,  421, 
433,  439,  463,  479,  615,  797,  975, 1075, 
1185,  1285,  1651,  1817,  1919,  2025, 
2123,  2131,  2263,  2589,  2619,  A  275, 
A  291,  A   543,  C  V  i,  ii. 

ible,  1. 

ice,  771. 

ice  :  ince,  173. 

iche,  511,  933. 

ide  :  inde,  1391. 

ie,  33,  63,  347,  509,  669,  781,  865,  891, 
1003,  1117,  1149,  1205,  1283,  1305, 
1315,  1331,  1343,  1375,  1421,  1549, 
1709,  1763,  1769,  1903,  1971,  2105, 
2293,  2369,  2469,  2555,  2587,  A  67, 
A  119,  A  263,  A  397,  A  513,  A  573, 
[A   611],  C  I  v,  vi. 

ies,  1055,  1595,  2035,  2071,  2137,  2255, 
2511,  2519,  2655,   2681. 

ié,  131,  283,  859,  919,  925,  961,  1073, 
1101,  1215,  1263,  1281,  1425,  1607, 
1801,  2353,  2387,  2543,  A  3,  A  363, 
A   529,  A   535. 

ée,  637,   2193. 

ées,  2311,  2431. 

ef,  A  289. 

en,  239,  299,  515,  685,  1095,  1321,  1491, 
1731,  1795,  2455,  2541,  2597,  2603, 
2671,  A  83. 


204 


LES  ŒUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS 


iene,  465;  cf.  aine;  A  125. 

ienent,  523,  625,  1701,  A  87 

iens,  45,  581,  2553. 

ïent,  A   577. 

ient,  527,  1013,  1159,  1757,  2167, 
2367,  A  49,  A  281,  A  401,  A 
A  491,  A  563,  C  IV  i-iii. 

ier,  5,  31,  85,   153,  185,  375,   423, 
737.  767,  825,  831,  865,  909,  939 


2351, 
^55, 


607, 


1515,  1539,  1551,  1653,  1661, 

1667, 

1673,    1703,  1805,    1917,  1941, 

2079, 

2083,  2099,  2159,    2181,  2249, 

2289, 

2495,  2613,  2651,  2659,  2675, 

A    9, 

A   37,  A   55,  A   137,  A   161,  A   169, 

A   227,  A   353,  A   441,  C   II  vi 

,  C   V 

iii,  iv. 

iere,  921,  1485,  1505,  1743,  2447, 

A  267, 

A  391,  A  447,  A  495,  C  III  iv, 

V. 

ierent,  1293,  1921,  1959,  2487 

ieres,  384,  1179,  2045,  2335,  2663, 

A  133. 

iers,  427,  531,  545,  811,  971,  1097 

,  1267, 

1287,  1789,  1989,  1993,  2545, 

4  239, 

A  277. 

iert,  2213. 

iet,  403. 

[ieuz,  691.] 

iez,  343,  539,   1599,  1681. 

igné,  1387. 

ignent,  2513. 

igné,  207. 

il,  107,  505,  1009,    1239,  1855, 

1953, 

1969,  A   527. 

ile,  387,  471,  575,  1935,  1987,  2555. 

iles,  267,  2649. 

illes,  2065. 

impies,  2049. 

in,  161,    979,  1475,  1647,    2041, 

2285, 

2389,  A   383,  A  445,  A  575. 

ince,  2413. 

ine,  773,  985,    1335,  1447,  2249, 

2319, 

2499,  A  181,  A  327,  A  355. 

inent,  1471,  2357,  2561,  A  11. 

ins,  1689. 

ique,  2139,   2571,  2683. 

iques,  2567. 

ir,  41,  47,  125,  249,  553,  651,  863,  1261, 
1393,  1631,  1665,  1693,  1955,  2103, 
2127,  2437,  2633,  A  97,  A  149,  A  199, 
A  221,  A  273,  A  345,  A  437  [A  603], 
C   II  iii,  iv. 

ire,  13,  583,  757,  943,  1171,  1417,  1445, 
1751,  2669,  A   23. 

irent,  2419. 

is,  139,  313,  317,  349,  417,  683,  751, 
805,  855,  953,  1097,  1187,  1341,  1407, 
1581,  1721,  1737,  1829,  1899,  2075, 
2615,  A  101,  A  165,  A  431,  A  523, 
[.4  603],  C  II  ii. 

ise,  779,  941,  1029,  1127,  1143,  1181, 
1225,  1257,  1289,  1301,  1367,  1461, 
1727,  1773,  1957,  1995,  2017,  2085, 
2169,  2185,  2457,  2489,  A  111,  A  255, 
A  311,  A   405,  A   413;  ises,  871,  989. 

isent,  1337. 

ist,  547,   747,  1403,  1629,  2253,  2341. 

it,  23,  493,  787,  897,  953,  987,  2111, 
2409,  A   61,  A   477,  A   571. 

ite,  587,  1241,  2197,  2235,  A   69. 

ites,  2381,  A   487. 

itres,  2401. 

i[u]s,  879,  A  387. 

iz,  19,  99,  103,  487,  613,  755,  1613, 
2375,  2461,  2513,  A  469. 

o,  1373. 

oble  (ouble),  619,  1121,  2201. 

obles,  1271. 

oche,  1963. 

oches,  1227. 

oent  :  oient,  55. 

oi,  53,  93,  159,  765,  1481,  1565,  1787, 

1863,  2175,  A  209,  A  235,  C  I  i,  ii, 

II  vii,  V  i,  ii. 
oie,  29,  123,  225,  525,  733,  821,   1351, 

1423,  1511,  1639,  1697,  1715,  1779, 

2053,  2315,  2685,  A  93,  A  121,  A   315, 

A   509,  C   IV  i-v. 


INDEXE  205 

oient,  95,  117,  167,  203,  237,  623,  1031,  ondre,  833. 

1165,  1223,  1251,  1559,  2337,  2517,  one,  57,  $15,   2287,  A  77,  A  106,  A   179. 

A  113.  onent,  25 t,   1231,  1395. 

oies,  467.  onge,  1991. 

oile,  622,   2363.  ons,  73,  115,  193,  303,  307,  341,  377, 

oindre,  731,   2001,  A   451.  475,  489,  579,   701,  777,  785,  801,  887, 

oine  :  one,  2629.  1081,    1147,  1269,  1457,  1523,  1535, 

oing,  1431,  1835.  1597,  1741,   1869,    1895,  2325,  .4  157, 

oingne,  111,   205,  331,  359,  1477,  1521,  A  183,  A  243,  A  427. 

2435.  ont,  17,  179,  187,  325,   435,  483,  565, 

oinnes,  563,  1051  717,  847,  947,  957,  1083,  1141,  1163, 

oint,  499,  635,  735,  1255,  1303,  1821.  1207,  1237,  1439,  1443,    1489,    1533, 

ointe,  650,  725.  1555,  1571,  1575, 1611,  1617,  1723, 1827, 

oir,  91,  297,  497,  513,   699,  789,   1297,  1853,  1937,  1949,  2055,  2307,  A  103, 

1383,    1U1,    1503,  1589,    1625,  1777,  A  351,  A   459,  A   567,  A   591. 

2067,  2113,  2301,  A  75,  A   115,  A  417,  onte,  261,  457,   533. 

A   593.  onz,  341,   681. 

oire,  927,  1221,  1695,  1945,  2037,  2329,  ophe,  71. 

A  493.  ôr,  A  139. 

oirs,  1459.  ôr    (our),  109,  183,  191,  201,  251,  291, 

ois,  65,  175,  319,  469,  2443,  C  V  v.  663,  903,  923,  1113,  1273,  1547,  1563, 

oistes,  2625.  1603,    1637,  1677,  1939,  2205,  2323, 

oit,  61,  217,  233,  259,  713,  759,  815,  2403,  2485,  A  583  [A   609]. 

1019,  1219,  1357,  1385,  1405,  1435,  6rce,  A  497. 

1841,  1931,  2157,  2481,  A  35,  A   297,  ôrde,  A  389,  A  471. 

A   375.  ordent,  1023,  1621. 

oite,  519,  1781,  A   123,  A   259.  ordre,  605,  1123,  1189,  1507. 

oivent,  843.  ôrent  (ourent),  675. 

oivre,  2047.  orge,  137. 

oiz,  917,  1099,  1473,  1649,  1761,  2031,  ôrs,  1233,  1905,  A  145,  A  187,  A  371, 

2467,  A  257,  A  349.  A  381,  A  503. 

çl,  121,  449,  2143,  2631,  A  343.  ôrs  (ours),  151,  361,  849,  2241,  2269, 

ois,  1717,  A  39.  A  479,  C   II  vi. 

oie,  2141,  2439,  A  217.  ôrt,  229,  803,    1005,  1105,    1175,  1419, 

olea,  1047.  1487,  1847,  2459,  2643,  A   25,  A  225, 

ombre,  2199,  2465,  A  511.  A   313,  A  409,  557,  A  565,  C   II  iii. 

orne,  661,  915.  ort,  245,  1045. 

om(m)es,  1247.  ôrte,  A   245,  A   489,  A  517,  A  532. 

on,  49,  141,  215,  235,  335,  353,  369,  391,  ortent,  2641. 

401,  411,  431,  443,  453,  671,  695,  899,  ôrtes,  A   377. 

1483,  1803,  1881,  2061,  2129,  2151,  ôrz,  89,  197,  301. 

2163,  2535,  2577,   2623,  A  299,  A  323,  ôrz,  911,  1111,  1583. 

C  I  v,  vi,  V  iii,  iv.  os,  395,  809,  A  475. 

onde,  43,  697,  1157,  1291,  2251,  [A   605].  6s  (ous),  A   309. 


206 


LES  ŒUVRES  DE  GUIOÏ  DE  PROVINS 


ose,  795,   1671,  2429. 

ostes,  2575  ;  otes  :  ostes,  75. 

ou,  419,  437. 

ou  (eu),  163,  381,  407,  905,  1052,  2383, 

2477. 
ouche,  A  19. 
ouïe,  653. 

oure  (eure),  1727,  C  I  v,  vi. 
ous  (eus),  599,  743,  1079  (  :ours),  13iV, 

2569,  A  271,   C  IV  i-v. 
ouse  (euse),  1327. 
out,  535,  593,  769,  1033. 
oute,  641,  709,  1195,  2107,  2385,  A  283. 

A  341,  A  559. 
outent,  835,  845,  A  455. 
ouz,   157,   1077. 


u,  87,  127,  171,  181,  243,  271,  281,  329, 
425,  665,  749,  799,  959,  1177,  1465, 
1643,  1999,  2189,  2373,  2379,  2553, 
Al,  A  81,  A  159,  A  335,  A  361, 
A   399,  [A  421],  A   501. 

ue,  1453,  1655,  2039,  2101,  2109,  2203, 
2229,  2647,  A  247. 

ûent,  629,   1085,  1449. 

ueil,  371,  823,  1783,  A  57,  A  429,  C  II  i. 

uens  (ons),  2405,  A  73. 

uer,  A  31. 

ues,  1473,  1683. 

uet,  9,  631,  913,  A  269,  A  393,  A  435, 
C   II  v. 

ueve,  1199,   2391. 

uevent,  629. 


uevre,  135,  721,  1025,  1365,  1379,  1467, 
1627,  1887,  1909,  2013,  2077,  2279, 
A   443,  .4  595. 

uevrent,  1531. 

uge,  601. 

ui,  315,  517,  885,  1191,  1329,  2559, 
A  425. 

uide,   1865. 

uie,  2339. 

uient,  837,  1065,  2171. 

uire,  1593,  1609  ;  uire  :  ure,  1207,  1377. 

uit,  145,  165,  973,  1479,  1517,  1585, 
1749,  1873,  2173,  2273,  A  507. 

urne,  1915,  2191,  2207,  2365. 

un,  459,  1615. 

une,  645,  2135. 

uns,   1707,  2529. 

ur,  955,   1021,   1711. 

ure,  59,  529,  817,  839,  977,  1139,  1207 
(v.  supra),  1377  (v.  supra),  1397, 
1493,  1907,  2283,  A  53,  A  63,  A  91, 
A  155,  A  233,  A  249,  A  367,  A  423, 
A  Ul,  A  449,  A  457,  A  463,  A  499, 
A  519,  C  I  iii,  iv. 

urent,  227. 

ures,  147. 

urs,   1349,  A  195,  A  337. 

us,  79,  275,  537,  639,  1355,  A  287,  A  483, 
A  537. 

usent,  2421. 

ust,   A  379. 

ut,  2605. 

uz,  365,  1951,  2007,  2145,  A  33,  A  201, 
A  329,  A  373,  A  537. 


Sherratt  and  Hughes,  Printers,  London  and  Manchester. 


Publications 

OF   THE 

University  of  Manchester 


A  CATALOGUE 

OF    THE    PUBLICATIONS    OF    THE 

UNIVERSITY    OF    MANCHESTER 


ISSUED  AT 

THE    UNIVERSITY    PRESS 
12    LIME    GROVE    OXFORD    ROAD    MANCHESTER 

LONGMANS    GREEN    &    COMPANY 
39  PATERNOSTER  ROW  LONDON  E.C. 

FOUKTH  AVENUE   AND  THIRTIETH  STREET  NEW  YORK 

PRAIRIE   AVENUE  AND  TWENTY-FIFTH   STREET    CHICAGO 

BOMBAY    CALCUTTA    MADRAS 


Publications  of  the  Manchester  University 
Press. 


ANATOMICAL  SERIES 

No.  I.  STUDIES  IN  ANATOMY  from  the  Anatomical  Depart- 
ment of  the  University.  Vol.  iii.  Edited  by  the  late 
Professor  Alfred  H.  Young,  M.B.  (Edin.),  F.R.C.S.  8vo, 
pp.  ix,  289,  23  plates.     10s.  net.  1906. 

ARCHITECTURAL    SERIES 

No.  I.    THE  HALL  I'  TH'  WOOD,  BOLTON,  LANCASHIRE. 

A  portfolio  of  Measured  Drawings,  with  a  descriptive  notice. 

Folio,  4  plates.    3s.  net.  191 2. 

No.  IL    MANCHESTER     SCHOOL     OF     ARCHITECTURE 

SKETCH  BOOK.    No.  I.  :  The  Old  Town  Hall,  Manchester. 

Containing  about  20   plates,   size    13  by   19J.       Bound   in 

portfolio,     ios.  6d.  net.  [In  the  Press. 

BIBLIOGRAPHICAL    SERIES 

No.  I.  CATALOGUE  OF  THE  CHRISTIE  COLLECTION. 
Comprising  the  Printed  Books  and  Manuscripts  bequeathed 
to  the  University  of  Manchester  by  the  late  Richard  Copley 
Christie,  LL.D.  Compiled  under  the  direction  of  Charles 
W.  E.  Leigh,  Librarian  of  îhe  University  of  Manchester. 
Half-buckram,  Cr.  4to,  pp.  xvi.  536,  with  2  plates.  £1  is. 
net  ;  50  Copies  on  hand-made  paper  bound  in  half-morocco, 
£2  2s.  net.  1915. 

BIOLOGICAL  SERIES 

No.  I.  THE  HOUSE  FLY.  Musca  domestica  (Linnaeus).  A 
Study  of  its  Structure,  Development,  Bionomics  and 
Economy.  By  C.  Gordon  Hewitt,  D.Sc,  Dominion  Ento- 
mologist,  Ottawa,  Canada,  and  late  Lecturer  in  Economie 
Zoology  in  the  University.     8vo,  pp.  xiv.   200,   10  plates. 

1910.     \Out  of  Print. 

CELTIC  SERIES 

No.  I.  AN  INTRODUCTION  TO  EARLY  WELSH.  By  the 
late  Professor  J.  Strachan,  LL.D.  8vo,  pp.  xvi.  294. 
7s.  6d.  net.  1908. 


PUBLICATIONS   OF    THE 


CELTIC  SERIES 

No.  II.  THE  LANGUAGE  OF  THE  ANNALS  OF  ULSTER. 
By  Tomas  Ô'MÂille,  M. A.,  Professor  of  Irish  in  University 
Collège,  Gahvay.    8vo,  pp.  xiii.  220.    7s.  6d.  net.        1910. 

No.  III.  A  GLOSSARY  OF  MEDIEVAL  WELSH  LAW 
BASED  UPON  THE  BLACK  BOOK  OF  CHIRK.  By 
Timothy  Lewis,  M. A.,  Lecturer  in  Welsh  and  Comparative 
Philology  in  University  Collège  of  Wales,  Aberystwyth. 
8vo,  pp.  xxii.  304.     15s.  net.  1913. 

CLASSICAL  SERIES 

No.  I.  THE  RIDDLE  OF  THE  BACCHAE.  By  G.  Norwood, 
M. A.,  Professor  of  Greek  in  University  Collège,  Cardifï, 
and  late  Assistant  Lecturer  in  Classics  in  the  University. 
8vo,  pp.  xx.  188.     5s.  net.  1908. 

No.  II.  THE  AUTHORSHIP  OF  THE  PLATONIC  EPISTLES. 
By  R.  Hackforth,  M. A.,  Fellow  and  Classical  Lecturer  of 
Sidney  Sussex  Collège,  Cambridge,  and  late  Assistant 
Lecturer  in  Classics  in  the  University.  Cr.  8vo,  pp.  ix.  199. 
6s.  net.  1913. 

COMPARATIVE    LITERATURE    SERIES 

No.  I.  CASTELVETRO'S  THEORY  OF  POETRY.  By  H.  B. 
Charlton,  M. A.,  Assistant  Lecturer  in  English  Language 
and  Literature  in  the  University.  Cr.  8vo,  pp.  xvi.  221. 
5s.  net.  1913. 

ECONOMIC    SERIES 

No.  I.    THE  LANCASHIRE  COTTON  INDUSTRY.     By  S.  J. 
Chapman,    M. A.,    M.Com.,    Stanley    Jevons    Professor    of 
Political  Economy  and  Dean  of  the  Faculty  of  Commerce 
in  the  University.    8vo,  pp.  vii.  309.     7s.  6d.  net.      1904. 
(Gartside  Report,  No.  i.)     1905. 

No.  II.     COTTON  SPINNING   AND   MANUFACTURING  IN 
THE  UNITED  STATES  OF  AMERICA.    By  T.  W.  Uttley, 
B.A.,  Gartside  Scholar.     8vo,  pp.  xii.  70.     is.  net. 
(Gartside  Report,  No.  2.)     1906. 

No.  III.  SOME  MODERN  CONDITIONS  AND  RECENT 
DEVELOPMENTS  IN  IRON  AND  STEEL  PRODUCTION 
IN  AMERICA.  By  Frank  Popplewell,  B.Sc,  Gartside 
Scholar.     8vo,  pp.  xii.  126.     is.  net. 


MANCHESTER    UNIYERSITY    PRESS  5 

ECONOMIC  SERIES 

(Gartside  Report,  No.  3.)     1906. 
No.  IV.      ENGINEERING   IN  THE  UNITED  STATES.     By 

Frank  Foster,  M. Se,  Gartside  Scholar.    8vo,  pp.  ix.  106. 

is.  net. 
No.  V.      THE    RATING    OF    LAND    VALUES.      By    J.    D. 

Chorlton,  M. Se.     Demy  8vo,  pp.  viii.  177.     3s.  6d.  net. 

1907. 
(Gartside  Report,  No.  4.)    1907. 
No.  VI.       DYEING    IN    GERMANY    AND    AMERICA.      By 

Sydney  H.  Higgins,  M.Sc.,  Gartside  Scholar.     Demy  8vo, 

pp.  xiii.   112.     is.  net. 
No.  VII.      THE  HOUSING  PROBLEM  IN  ENGLAND.      By 

Ernest    Ritson    Dewsnup,    M. A.,    Professor    of    Railway 

Economies  in  the  University  of  Chicago.    Demy  8vo,  pp.  vii. 

327.    5s.  net.  1907. 

(Gartside  Report,  No.  5.)     1907. 
No.    VIII.       AMERICAN    BUSINESS    ENTERPRISE.        By 

Douglas    Knoop,    M. A.,    Gartside    Scholar,    Lecturer    in 

Economies  in  the  University  of  Sheffield,  and  late  Assistant 

Lecturer  in   Economies   in  the  University  of  Manchester. 

8vo,  pp.  viii.  128.     is.  6d.  net. 

(Gartside  Report,  No.  6.)     1908. 
No.   IX.       THE   ARGENTINE  AS  A  MARKET.       By  N.   L. 
Watson,  M. A.,  Gartside  Scholar.    8vo,  pp.  viii.  64.    is.  net. 

(Gartside  Report,  No.  7.)     1908. 
No.  X.    SOME  ELECTRO-CHEMICAL  CENTRES.     By  J.  N. 
Pring.  D.Sc,  Gartside  Scholar,  and  Lecturer  and  Demon- 
strator  in  Electro-Chemistry  in  the  University.    Demy  8vo, 
pp.  xiv.  137.    is.  6d.  net. 

(Gartside  Report,  No.  8.)     1909. 

No.  XL  CHEMICAL  INDUSTRY  ON  THE  CONTINENT.  By 
Harold  Baron,  B.Sc,  Gartside  Scholar.  Demy  8vo,  pp.  xi. 
71.     is.  6d.  net. 

No.  XII.  UNEMPLOYMENT  IN  LANCASHIRE.  By  Professor 
S.  J.  Chapman,  M. A.,  M.Com.,  and  H.  M.  Hallsworth, 
M.A.,  B.Sc,  Professor  of  Economies,  Armstrong  Collège, 
Newcastle-on-Tyne,  and  late  Assistant  Lecturer  in  Econ- 
omies in  the  University.  8vo,  pp.  xvi.  164.  2s.  net,  paper, 
2s.  6d.  net,  cloth.  1909. 


PUBLICATIONS   OF    THE 


ECOIMOMIC  SERIES 

(Gartside  Report,  No.  9.)     1910. 
No.  XIII.    THE  COTTON  INDUSTRY  IN  SWITZERLAND, 
VORARLBERG  AND  ITALY.     A  Technical  and  Economie 
Study.      By   S.  L.   Besso,   LL.B.,   Gartside  Scholar.      8vo, 
pp.  xv.   229.     3s.  6d.  net. 

(Gartside  Report,  No.  10.)     1913. 
No.  XIV.     THE  GERMAN  COTTON  INDUSTRY.    ByR.M.R. 
Dehn,  B.A.,   Gartside  Scholar.      Demy  8vo,   pp.   viii.  102. 
2s.  net. 

EDUCATIONAL   SERIES 

No  1.  CONTINUATION  SCHOOLS  IN  ENGLAND  AND 
ELSEWHERE.  Their  place  in  the  Educational  System  of 
an  Industrial  and  Commercial  vState.  By  Michael  E. 
Sadler,  M. A.,  LL.D.,  Vice-Chancellor  of  the  University  cf 
Leeds,  and  late  Professor  of  the  History  and  Administration 
cf  Education  in  the  University  of  Manchester.  8vo, 
pp.  xxvi.  779.    8s.  6d.  net.  1907. 

No.  II.  THE  DEMONSTRATION  SCHOOLS  RECORD.  No. 
I.  Being  Contributions  to  the  Study  of  Education  from 
the  Department  of  Education  in  the  University.  Edited 
by  J-  J-  Findlay,  M. A.,  Ph.D.,  Sarah  Fielden  Professor  of 
Education  in  the  University.  8vo,  pp.  viii.  126.  is.  6d. 
net.  1908. 

No.  III.  THE  TEACHING  OF  HISTORY  IN  GIRLS' 
SCHOOLS  IN  NORTH  AND  CENTRAL  GERMANY.  A 
Report  by  Eva  Dodge,  M. A.,  Gilchrist  Student.  8vo, 
pp.    x.   149.      is.   6d.  net.  1908. 

No.  IV.  THE  DEPARTMENT  OF  EDUCATION  IN  THE 
UNIVERSITY  OF  MANCHESTER,  1890-1911.  8vo,  146 
pp.,  with  12  plates.     2s.  6d.   net,  cloth.  1911. 

Published  in  commémoration  of  the  twenty-first  anniversary 
of  the  Education  Department. 

No.  V.  OUTLINES  OF  EDUCATION  COURSES  IN  MAN- 
CHESTER  UNIVERSITY.     8vo,   pp.    viii.    190.      3s.    net. 

1911. 


MANCHESTER    UNIYERSITY    PRESS  7 

EDUCATIONAL   SERIES 

No.  VI.  THE  STORY  OF  THE  MANCHESTER  HIGH 
SCHOOL  FOR  GIRLS,  1871-1911.  By  Sara  A.  Burstaix, 
M. A.,  Head  Mistress,  Spécial  Lecturer  in  Education  in  the 
University.     Svo,  pp.  xx.  214,  18  plates.     5s.  net.      1911. 

No.  VII.  THE  DEMONSTRATION  SCHOOL  RECORD, 
No.  II.  The  Pursuits  of  the  Fielden  School.  Edited  by 
Professor  J.  J.  Findlay.  8vo,  pp.  xxxvi.  284,  8  plates.  5s. 
net.  1913- 

ENGLISH  SERIES 

No.  I.  THE  LITERARY  PROFESSION  IN  THE  ELIZA- 
BETHAN  AGE.  By  Phœbe  Sheayyn.  M. A.,  D.Lit.,  Spécial 
Lecturer  in  English  Literature  and  Senior  Tutor  for  Women 
Students  in  the  University.      8vo,   pp.  xii.  221.      5s.  net. 

1909. 

No.  IL  BEOVYULF  :  Edited,  with  Introduction,  Bibliography, 
Notes,  Glossary,  and  Appendices,  by  W.  J.  Sedgefield. 
Litt.D.,  Professor  of  English  Language  in  the  University. 
Second  édition,  revised  and  enlarged.  Svo,  pp.  liii.  271. 
9s.  net.  I9Ï3- 

No.  III.  PATIENCE:  A  West  Midland  Poem  of  the  Four- 
teenth  Century.  Edited  with  Introduction,  Bibliography, 
Notes,  and  Glossary,  by  Hartley  Bateson,  B.A.,  Faulkner 
Fellow.     Cr.  8vo,  pp.  x.   150.     4s.  6d.  net.  1912. 

No.  IV.  THE  EARLY  LIFE  AND  DEVELOPMENT  OF 
GEORGE  ELIOT.  By  Mary  H.  Deakix,  M. A.,  formerly 
John  Bright  Fellow.  With  au  Introductory  Note  by  C.  H. 
Herford,  Litt.D.,  Professor  of  English  Literature  in  the 
University.     8vo,  pp.   xviii.   188.     6s.   net.  19*3- 

Nos.  V  and  VL  THE  POETICAL  WORKS  OF  WILLIAM 
DRUMMOND  OF  HAWTHORNDEN.  With  "A  Cypresse 
Grove."  Edited,  with  Introduction,  Bibliography,  Icono- 
graphy,  and  Notes,  also  a  List  of  Variants  in  the  différent 
éditions  hitherto  published,  by  L.  E.  Kastner,  M.A.,  Pro- 
fessor of  French  Language  and  Literature  in  the  University. 
Illustrated  by  29  Collotype  plates.  Two  vols.,  8vo,  pp. 
cxliv.  688.     21s.  net.  1913. 

No.  VIL  THE  PLACE  NAMES  OF  CUMBERLAND  AND 
WESTMORLAND.  By  Professor  W.  J.  Sedgefield.  Demy 
8vo,  pp.  xlviii.  208.     10s.  6d.  net.  1915. 


PUBLICATIONS   OF    THE 


FRENCH   SERIES 

No.  I.  LES  OEUVRES  DE  GUIOT  DE  PROVINS.  Edited 
by  John  Orr,  M. A.,  Lecturer  in  French  Language  and 
Literature  in  the  University.  [In  the  Press. 

No.  II.  LES  POEMES  DE  JEAN  DE  LINGENDES.  Edited 
by  E.  T.  Griffiths,  M. A.,  Lecturer  in  French  Language 
and  Literature  in  the  University.  [In  the  Press. 

GERMANIC  SERIES 

No.  I.  VOWEL  ALLITERATION  IN  THE  OLD  GERMANIC 
LANGUAGES.  By  E.  Classen,  M. A.,  Ph.D.,  Lecturer 
in  English  Language  in  East  London  Collège  and  late 
Assistant  Lecturer  in  English  Language  and  Literature  in 
the  University.     8vo,  pp.  xvi.   90.     3s.  6d.  net.         1913. 

HISTORICAL   SERIES 

No.  I.  MEDLEVAL  MANCHESTER  AND  THE  BEGIN- 
NINGS  OF  LANCASHIRE.  By  James  Tait,  M.A.,  Professor 
of  Ancient  and  Mediaeval  Histoiy  in  the  University.  8vo, 
pp.  x.  211,  with  3  Illustrations.    7s.  6d.  net.  1904. 

No.  II.  INITIA  OPERUM  LATINORUM  QUAE  SAECULIS 
XIIL,  XIV.,  XV.  ATTRIBUUNTUR.  By  A.  G.  Little, 
M. A.,  Lecturer  in  Palseography  in  the  University.  8vo, 
pp.  xiii.  273  (interleaved) .  1904.     [Out  of  print. 

No.  III.  THE  OLD  COLONIAL  SYSTEM.  By  Gerald 
Berkeley  Hertz,  M. A.,  B. CL.,  Lecturer  in  Colonial  History 
in  the  University.     8vo,  pp.  xi.   232.     5s.  net.  1905. 

No.  IV.  STUDIES  OF  ROMAN  IMPERIALISM.  By  W.  T. 
Arnold,  M. A.  Edited  by  Edward  Fiddes,  M. A.,  Lecturer 
in  Ancient  History  in  the  University,  with  Memoir  of  the 
Author  by  Mrs.  Humphry  Ward  and  C.  E.  Montague. 
With  a  Photogravure  portrait  of  W.  T.  Arnold.  8vo,  pp. 
cxxiii.    281.      7s.    6d.  net.  1906. 

THE  MEMOIR  MAY  BE  HAD  SEPARATELY,  PRICE 
2s.  6d.  NET. 

No.  V.  CANON  PIETRO  CASOLA'S  PILGRIMAGE  TO 
JERUSALEM  IN  THE  YEAR  1494.  By  M.  Margaret 
Newett,  B.A.,  formerly  Jones  Fellow  of  the  University. 
8vo,  pp.  viii.  427,  with  3  Illustrations.    7s.  6d.  net.     1907. 


MANCHESTER    UNIYERSITY    PRESS  9 

HISTORICAL    SERIES 

No.  VI.  HISTORICAL  ESSAYS.  Edited  by  T.  F.  Tout, 
M. A.,  F.B.A.,  Bishop  Fraser  Professor  of  Mediaeval  and 
Ecclesiastical  History  in  the  University,  and  Professor 
James  Tait,  M. A.  8vo,  pp.  xv.  557.  6s.  net.  Reissue  of 
the  Edition  of  1902  with  index  and  New  Préface.        1907. 

THE  INDEX  CAN  BE  PURCHASED  SEPARATELY, 
PRICE  6d.  NET. 

No.  VII.  STUDIES  SUPPLEMENTARY  TO  STUBBS*  CON- 
STITUTIONAL  HISTORY.  Vol.  I.  By  Ch.  Petit- 
Dutaiixis,  Litt.D.,  rector  of  the  University  of  Grenoble. 
Translated  from  the  French  by  W.  E.  Rhodes,  M.A., 
formerly  Jones  Fellow  of  the  University,  and  edited  by 
Professor  James  Tait,  M. A.     8vo,  pp.  xiv.   152.     4s.  net. 

Second  Edition,   191 1. 
See    also   Nos.    XXII.    and   XXIII. 

No.  VIII.  MALARIA  AND  GREEK  HISTORY.  ByW.H.S. 
Jones,  M. A.  To  which  is  added  the  History  of  Greek 
Therapeutics  and  the  Malaria  Theory  by  E.  T.  Withington, 
M.A.,  M.B.    8vo,  pp.  xii.  176.     5s.  net.  1909. 

No.  IX.  HANES  GRUFFYDD  AP  CYNAN.  The  Welsh  text 
with  translation,  introduction,  and  notes  by  Arthur  Jones, 
M. A.,  Lecturer  in  Modem  History  in  Birkbeck  Collège, 
London,  and  late  Assistant  Lecturer  in  History  in  the 
University.  Demy  8vo,  pp.  viii.  204,  with  3  Illustrations. 
6s.    net.  1910. 

No.  X.  THE  CIVIL  WAR  IN  LANCASHIRE.  By  Ernest 
Broxap,   M. A.     8vo,  pp.  xv.  226,  6  plates.      7s.  6d.   net. 

1910. 

No.  XL    A    BIOGRAPHY    OF    THOMAS    DEACON,    THE 

MANCHESTER  NON-JUROR.     By  Henry  Broxap,  M.A. 

8vo,  pp.  xix.  215,  2  plates.     7s.  6d.  net.  1911. 

No.  XII.    THE  EJECTED  OF  1662  :   Their  Predecessors  and 

Successors    in     Cumberland    and    Westmorland.      By    B. 

Nightingale,  M. A.,  Litt.D.     Two  volumes,  8vo,  pp.  xxiv. 

1490.    28s.  net.  1911. 

No.  XIII.     GERMANY  IN  THE  NINETEENTH  CENTURY. 

Lectures   by  J.   Holland   Rose,  Litt.D.,   Professor   C.   H. 

Herford,  Litt.D.,  Professor  E.  C.  K.  Gonner,  Litt.D.,  and 

M.  E.  Sadler,  M.A.,  C.B.,  LL.D.     With  a  Prefatory  Note 

by  Professor  T.  F.  Tout.    Demy  8vo,  pp.  xxi.  142.    2s.  6d. 

net.     Third  Edition.  1915- 

See  also  Nos.   XXIV.   and  XXV. 


io  PUBLICATIONS   OF   THE 

HISTORICAL    SERIES 

No.  XIV.  A  HISTORY  OF  PRESTON  IN  AMOUNDERNESS. 
By  H.  W.  Clemesha,  M. A.  8vo,  pp.  xii.  344,  5  maps. 
7s.  6d.  net.  1912. 

No.  XV.  A  SHORT  HISTORY  OF  TODMORDEN.  By  J. 
Holden,  M. A.  Crown  8vo,  pp.  xiv.  242,  with  25  illustra- 
tions.   Cloth,  2S.  net;  or  cloth  extra,  2s.  6d.  net.       1912. 

No.  XVI.  THE  LOSS  OF  NORMANDY,  1189-1204.  Studies 
in  the  History  of  the  Angevin  Empire.  By  F.  M.  Powicke, 
M.  A.,  Prof  essor  of  Modem  History  in  the  Queen's  Univer- 
sity,  Belfast,  and  late  Langton  Fellow  and  Leeturer  in 
History  in  the  University  of  Manchester.  8vo,  pp.  xx.  604. 
With  6  maps.      15s.   net.  1913- 

Nos.  XVII  and  XVIII.  IRELAND  UNDER  THE  COMMON- 
WEALTH,  Being  a  Sélection  of  Documents  relating  to  the 
Government  of  Ireland  from  1651-1659.  Edited,  with 
Historical  Introduction  and  Notes,  by  Robert  Dunlop, 
M. A.,  Leeturer  in  Irish  History  in  the  University.  Two 
vols.,  8vo,  pp.   ccliv.    753.      25s.   net.  1913. 

No.  XIX.  THE  NAVAL  MUTINIES  OF  1797.  By  Conrad 
Gill,  M. A.,  Leeturer  in  Economie  History  in  the  University 
of  Belfast,  late  Assistant  Leeturer  in  History  in  the  Univer- 
sity of  Manchester.  8vo,  pp.  xx.  410,  with  2  maps.  10s.  6d. 
net.  1913- 

No.  XX.  CHRONICA  JOHANNIS  DE  READING  ET 
ANONYMI  CANTUARIENSIS.  Edited  with  Introduction 
and  Notes  by  Professor  James  Tait,  M. A.  8vo,  pp.  xii.  394, 
with  2  plates.    10s.  6d.  net.  1914. 

No.  XXI.  THE  PLACE  OF  THE  REIGN  OF  EDWARD  IL 
IN  ENGLISH  HISTORY.  Based  upon  the  Ford  Lectures 
delivered  in  the  University  of  Oxford.  By  Professor  T.  F. 
Tout,  M. A.,  F.B.A.  8vo,  pp.  xvi.  422.    10s.  6d.  net.     1914- 

No.  XXII.  STUDIES  AND  NOTES  SUPPLEMENTARY  TO 
STUBBS'  CONSTITUTION  AL  HISTORY.  Vol.  IL  By 
Charles  Petit-Dutaillis,  Litt.D.,  Rector  of  the  University 
of  Grenoble.  Translated  by  W.  T.  Watjgh,  M. A.,  Leeturer 
in  History  in  the  University  of  Manchester,  and  edited  by 
Professor  James  Tait,  M. A.     8vo,  pp.  viii.   170.     5s.  net. 

1914. 

No.  XXIII.  STUDIES  AND  NOTES  SUPPLEMENTARY  TO 
STUBBS'  CONSTITUTIONAL  HISTORY.  Vols.  I.  and  IL, 
Consisting  of  Nos.  VIL  and  XXII.  of  the  Historical  Séries 
in  one  vol.    8vo,  pp.  xx.  316,  9s.  net.  1914- 


MANCHESTER    UNIYERSITY    PRESS        u 


HISTORICAL  SERIES 

No.  XXIV.  GERMANY  IN  THE  NINETEENTH  CENTURY. 
A  Second  Séries  of  Lectures  containing  contributions  by 
Professor  A.  S.  Peake  on  Theology,  Dr.  Bernard  Bosanquet 
on  Philosophy,  and  F.  Boxa  vu  on  Music.  With  a  Prefatory 
Note  by  Professor  T.  F.  Tout,  M. A.,  F.B.A.  8vo,  pp.  xxi. 
124.     3s.  6d.  net.  1015- 

No.  XXV.  GERMANY  IN  THE  NINETEENTH  CENTURY. 
Consisting  of  Nos. XIII.  and  XXIV  of  the  Historical  Séries 
in  one  vol.    8vo,  pp.  xxiii.  266,    6s.  net.  1915- 

No.  XXVI.  THE  INCENDIUM  AMORIS  OF  RICHARD 
ROLLE  OF  HAMPOLE.  Edited  with  Introduction  and 
Notes  by  Margaret  Deaxesly,  History  Mistress  in  the 
Manchester  High  School  for  Girls.  8vo,  pp.  xxiii.  284, 
with  a  plate.     10s.  6d.   net.  IQI5- 

No.  XXVII.  BELGIAN  DEMOCRACY,  ITS  EARLY  HIS- 
TORY. Being  a  translation  of  "  Les  Anciennes  Démocraties 
des  Pays  Bas."  By  H.  Pirexxe,  Professor  of  Mediseval 
and  Belgian  History  in  the  University  of  Ghent.  Translated 
by  J.  V.  Saunders,  M. A.    Cr.  8vo.    4s.  6d.  net.  1915. 

No.  XXVIII.    A  SHORT  HISTORY  OF  MANCHESTER.    By 

F.  A.  Bruton,  M.A.  [In  the  Press. 

MEDICAL    SERIES 

No.  I.  SKETCHES  OF  THE  LIVES  AND  WORK  OF  THE 
HONORARY  MEDICAL  STAFF  OF  THE  ROYAL 
INFIRMARY.  From  1752  to  1830.  By  E.  M.  Brockbank, 
M.D.,  M.R.C.P.  Crown  4to  (illustrated),  pp.  vii.  311.  15s. 
net.  1904. 

No.  IL  PRACTICAL  PRESCRIBING  AND  DISPENSING. 
For  Médical  Students.  By  William  Kirkby,  sometime 
Lecturer  in  Pharmacognosy  in  the  Owens  Collège,  Man- 
chester.    Crown  8vo,  pp.  iv.  194.     5s.  net. 

Second  Edition,  1906. 

No.  III.     HANDBOOK     OF     SURGICAL     ANATOMY.       By 

G.  A.  Wright,  B.A.,  M.B.  (Oxon.),  F.R.C.S.,  Emeritus 
Professor  of  Systematic  Surgery,  and  C.  H.  Preston,  M.D., 
F.R.C.S.,  L.D.S.,  Lecturer  on  Dental  Anatomy  in  the  Univer- 
sity.    Crown  8vo,  pp.  ix.  205.    5s.  net.    Second  édition. 

1905. 


PUBLICATIONS   OF    THE 


MEDICAL  SERIES 

No.  IV.  A  COURSE  OF  INSTRUCTION  IN  OPERATIVE 
SURGERY  in  the  University  of  Manchester.  By  William 
Thorburn,  M.D.,  B.S.  (Lond.),  F.R.C.S.,  Professor  of 
Operative  Surgery  in  the  University.  Crown  8vo,  pp.  75 
(interleaved) ,  26  Figures  in  the  Text.    2s.  6d.  net.    1906. 

No.    V.     A   HANDBOOK    OF   LEGAL   MEDICINE.     By    W.' 
Sellers,  M.D.  (London),  Professor  of  Forensic  Medicine  in 
the  University.     With  7  Illustrations.     Crown  8vo,  pp.  vii. 
233.     7s.  6d.  net.  1906. 

No.  VI.  A  CATALOGUE  OF  THE  PATHOLOGICAL 
MUSEUM  OF  THE  UNIVERSITY  OF  MANCHESTER. 
Edited  by  J.  Lorrain  Smith,  M. A.,  M.D.  (Edin.),  Professor 
of  Pathology  in  the  University  of  Edinburgh  ;  late  Professor 
of  Pathology  in  the  University  of  Manchester.  Crown  4to, 
1260  pp      7s.  6d.  net.  1906. 

No.  VIL  TEXT  BOOK  ON  DISEASES  OF  THE  HEART. 
By  Graham  Steell,  M.D.,  F.R.C.P.,  Emeritus  Professor  of 
Medicine  in  the  University.  Crown  8vo,  pp.  xii.  389,  n 
plates  (5  in  colours),  and  100  illustrations  in  the  text. 
7s.  6d.   net.  1906. 

No.  VIII.  JULIUS  DRESCHFELD.  IN  MEMORIAM. 
Médical  Studies  by  his  colleagues  and  pupils  at  the  Man- 
chester University  and  the  Royal  Infirmary.  Impérial  8vo, 
pp.  vi.  246.     With  44  Plates.     10s.  6d.  net.  1908. 

No.  IX.  HANDBOOK  OF  INFECTIOUS  DISEASES.  By 
R.  W.  Marsden,  M.D.     Crown  8vo,  pp.  vi.  296.    5s.  net. 

1908. 

No.  X.  LECTURES  ON  THE  PATHOLOGY  OF  CANCER. 
By  Charles  Powell  White,  M. A.,  M.D.,  F.R.C.S.,  Spécial 
Lecturer  in  Pathology  in  the  University.  Impérial  8vo,  pp. 
x-  83,  33  plates.      3s.  6d.   net.  1908. 

No.  XL  SEMMELWEIS  :  HIS  LIFE  AND  HIS  DOCTRINE. 
A  chapter  in  the  history  of  Medicine.  By  the  late  Professor 
Sir  William  J.  Sinclair,  M. A.,  M.D.  Impérial  8vo,  pp.  x. 
369,  2  plates.     7s.  6d.  net.  1909. 

No.  XII.  MODERN  PROBLEMS  IN  PSYCHIATRY.  By  E. 
Lugaro,  Professor  of  Nervous  and  Mental  Diseases  in  the 
University  of  Modena.  Translated  from  the  Italian  by 
David  Orr,  M.D.,  Assistant  Médical  Officer  and  Pathologist 
to  the  County  Asylum,  Prestwich;  and  R.  G.  Rows,  M.D., 
Assistant  Médical  Officer  and  Pathologist  to  the  County 
Asylum,  Lancaster.  With  an  Introduction  by  Sir  T.  S. 
Clouston,  M.D.,  late  Physician  Superin tendent,  Royal 
Asylum,  Morningside,  Edinburgh.  Impérial  8vo,  pp.  viii. 
305,  8  plates.    7s.  6d.  net.  Second  Impression,  1913. 


MANCHESTER    UNIYERSITY    PRESS         13 

MEDICAL  SERIES 

No.  XIII.  FEEBLEMINDEDNESS  IN  CHILDREN  OF 
SCHOOL  AGE.  By  C.  Paget  Lapage,  M.D.,  M.R.C.P., 
Lecturer  in  Diseases  of  Children  in  the  University.  With 
an  Appendix  on  Treatment  and  Training  by  Mary  Dendy, 
M. A.     Crown  8vo.    Second  édition  in  préparation.    5s.  net. 

No.  XIV.  DISEASES  OF  THE  NERVOUS  SYSTEM.  By 
Judson  S.  Bury,  M.D.  (Lond.),  F.R.C.P.,  late  Professor  of 
Clinical  Medicine.  Demy  8vo,  pp.  xx.  788,  with  216  Illus- 
trations.    15s.  net.  1912. 

No.  XV.  THE  CLINICAL  ANATOMY  OF  THE  GASTRO- 
INTESTINAL  TRACT.  By  T.  Wingate  Todd,  M.B.,  Ch.B., 
F.R.C.S.,  Professor  of  Anatomy  in  the  Western  Reserve 
University,  Cleveland,  U.S.  A.  ;  late  Lecturer  in  Anatomy  in 
the  University  of  Manchester.  Crown  8vo,  with  32  illus- 
trations.   6s.  net.  1915- 

PHYSICAL  SERIES 

No.  I.  THE  PHYSICAL  LABORATORIES  OF  THE  UNI- 
VERSITY OF  MANCHESTER.  A  record  of  25  years' 
work.  Demy  8vo,  pp.  viii.  142,  with  a  Photogravure, 
10  Plates,  and  4  Plans.    5s.  net.  1906. 

This  volume  contains  an  illustrated  description  of  thePhysical 
Electrical  Engineering,  and  Electro-Chemistry  Laboratories  of 
the  Manchester  University,  also  a  complète  Biographical  and 
Bibliographical  Record  of  those  who  hâve  worked  in  the  Physics 
Department  of  the  University  during  the  past  25  years. 

No.  II.  LABORATORY  EXERCISES  IN  PHYSICAL 
CHEMISTRY.  By  J.  N.  Pring,  D.Sc,  Lecturer  and 
Demonstrator  in  Electro-Chemistry  in  the  University. 
Crown  8vo,  pp.  xiv.  164,  with  27  diagrams.     4s.  net. 

1912. 

PUBLIC   HEALTH   SERIES 

No.  I.  ARCHIVES  OF  THE  PUBLIC  HEALTH  LABORA- 
TORY OF  THE  UNIVERSITY  OF  MANCHESTER. 
Edited  by  A.  Sheridan  Delepine,  M. Se,  M.B.,  Ch.M., 
Director  of  the  Laboratory  and  Proctor  Professor  of  Com- 
parative Pathology  and  Bacteriology  in  the  University. 
Crown  4to,  pp.  iv.  451.     £1.   is.  net.  1906. 


14  PUBLICATIONS   OF    THE 

THEOLOGICAL  SERIES 

No.  I.  INAUGURAL  LECTURES  delivered  during  the  Session 
I9°4-5»  by  the  Prof  essors  and  Lecturers  of  the  Faculty  of 
Theology,  viz.  :  — 

Prof.  T.  F.  Tout,  M.A.  ;  Prof.  A.  S.  Peake,  D.D.  ;  Prof. 
H.  W.  Hogg,  M.A.;  Prof.  T.  W.  Rhys  Davids,  LL.D.  ;- 
Rev.  W.  F.  Adeney,  D.D.  ;  Rev.  A.  Gordon,  M.A.  ;  Rev.  L. 
Hassé,  B.D.  ;  Rev.  Canon  E.  L.  Hicks,  M.A.  ;  Rev.  H.  D. 
Lockett,  M.A.  ;  Rev.  R.  Mackintosh,  D.D.  ;  Rev.  J.  T. 
Marshall,  D.D.  ;  Rev.  J.  H.  Moulton,  D.Litt. 
Edited  by  A.  S.  Peake,  D.D.,  Dean  of  the  Faculty. 
8vo,  pp.  xi.  296.     7s.  6d.  net.  1905. 

No.  II.  THE  ARIAN  MOVEMENT  IN  ENGLAND.  By  Rev. 
J.  Hay  Colligan,  M.A.  Crown  8vo,  pp.  x.  176.     3s.  6d.  net. 

1913- 

LECTURES 

No.  I.  GARDEN  CITIES  (Warburton  Lecture).  By  Ralph 
Neville,  K.C.    6d.  net.  (1905.) 

No.  IL  THE  BANK  OF  ENGLAND  AND  THE  STATE. 
By  Sir  Feux  Schuster.    6d.  net.  (Ï905-) 

No.  III.  BEARING  AND  IMPORTANCE  OF  COMMERCIAL 
TREATIES  IN  THE  TWENTIETH  CENTURY.  By  Sir 
Thomas  Barclay.    6d.  net.  (1906.) 

No.  IV.  THE  SCIENCE  OF  LANGUAGE  AND  THE  STUDY 
OF  THE  GREEK  TESTAMENT.  By  James  Hope  Moulton, 
M.A.,  Litt.D.    6d.  net.  (1906.) 

No.  V.  THE  GENERAL  MEDICAL  COUNCIL  :  ITS 
POWERS  AND  ITS  WORK.  By  Sir  Donald  Macalister. 
6d.  net.  1906. 

No.  VI.  THE  CONTRASTS  IN  DANTE.  By  the  Hon. 
William  Warren  Vernon,  M.A.    6d.  net.  (1906.) 

No  VIL  THE  PRESERVATION  OF  PLACES  OF  INTEREST 
OR  BEAUTY.    By  Sir  Robert  Hunter.    6d.net.     (1907.) 

No.  VIII.  ON  THE  LIGHT  THROWN  BY  RECENT  IN- 
VESTIGATIONS ON  ELECTRICITY  ON  THE  RELATION 
BETWEEN  MATTER  AND  ETHER  (Adamson  Lecture). 
BySirJ.J.  Thomson,  O.M.,  D.Sc,  F.R.S.  6d.net.    (1908.) 

No.  IX.  HOSPITALS,  MEDICAL  SCIENCE,  AND  PUBLIC 
HEALTH.  By  Sir  Clifford  Allbutt,  K.C.B.,  M.D. 
6d.  net.  (1908.) 


MANCHESTER    UNIYERSITY    PRESS         15 

LECTURES 

No.  X.  ENGLISH  POETRY  AND  GERMAN  PHILOSOPHY 
IN  THE  AGE  OF  WORDSWORTH  (Adamson  Lecture). 
By  A.  C.  Bradley,  Litt.D.    6d.  net.  (1909.) 

No.  XI.  THE  EVOLUTION  OF  SURGERY.  By  William 
Thorburn,  F.R.C.S.    6d.  net.  (1910.) 

No.  XII.  LEIBNIZ  AS  A  POLITICIAN  (Adamson  Lecture). 
By  Sir  A.  W.  Ward,  Litt.D.,  F.B.A.    6d.  net.  (19"-) 

Nos.  XIII  and  XIV.  OLD  TOWNS  AND  NEW  NEEDS,  by 
Paul  Waterhouse,  M.A.,  F.R.I.B.A.,  and  THE  TOWN 
EXTENSION  PLAN,  by  Raymond  Unwin,  F.R.I.B.A. 
(Warburton  Lectures) .    ivol.    lllustrated.    is.net.     (1912.) 

No.  XV.  UNIVERSITY  EDUCATION  FOR  WOMEN.  By 
Mrs.  Henry  Sidgwick,  Litt.D.    6d.  net.  (1913O 

No.  XVI.  THE  DISTINCTION  BETWEEN  MIND  AND  ITS 
OBJECTS  (Adamson  Lecture).  By  Bernard  Bosanquet, 
M.A.,  F.B.A.     Cr.  8vo,  cloth.     is.  6d.  net.  (i9!3-) 

No.  XVII.  EDUCATION  AS  THE  TRAINING  OF  PERSON- 
ALITY.  An  Inaugural  Lecture.  By  H.  Bompas  Smith, 
M. A.    6d.  net.  (i9*3-) 

No.  XVIII.  LECTURES  ON  HOUSING  (Warburton  Lectures). 
By  B.  Seebohm  Rowntree  and  A.  C.  Pigou.  Cr.  8vo,  cloth. 
is.  6d.  net.  1914. 

Publications    relating  to  the  University  of 
Manchester. 

CALENDAR  OF  THE  UNIVERSITY  OF  MANCHESTER. 
Issued  at  the  beginning  of  each  Session.     Demy  8vo,  cloth. 

Session  1904-5  -            3s.  od.  net. 

Session  1905-6  -            3s.  od.  net. 

Session  1906-7  -            3s.  od.  net. 

Session  1907-8  -           3s.  od.  net. 

Session  1908-9  -            3s.  od.  net. 

Session  1909-10  -           3s.  od.  net. 

Session  1910-11  -           3s.  od.  net. 

Session  1911-12  -            3s.  od.  net. 

Session  1912-13  -            2s.  6d.  net. 

Session  1913-14  -            2S.  6d.  net. 

THE    OWENS    COLLEGE,  ITS    FOUNDATION    AND    ITS 

GROWTH  AND  ITS  CONNECTION  WITH  THE 
VICTORIA  UNIVERSITY.  By  Joseph  Thomson.  With 
7  illustrations.    Demy  8vo,  pp.  xvi.  671    18s.  net.       1886. 


i6  PUBLICATIONS    OF    THE 

THE  UNIVERSITY  OF  MANCHESTER  MEDICAL  SCHOOL. 
pp.  56,  with  17  illustrations.     Cloth  6d.  net. 

THE  UNIVERSITY  MAGAZINE.  Published  fortnightly  during 
Term.  3d.  each  number.  Annual  subscription,  2s.  6dv  or 
3s.  4d.  post  free. 

A  SELECTION  OF  VERSES  FROM  *'  THE  MANCHESTER" 
UNIVERSITY  MAGAZINE,"  from  1868  to  191 2.  Edited 
by  H.  B.  Charlton,  B.A.,  and  O.  C.  de  C.  Ellis,  B.Sc., 
with.  a  Préface  by  Sir  Alfred  Hopkinson,  Vice-Chancellor 
from  1898  to  1913.     Crown  8vo,  pp.  xvi.  235.     4s.  6d.  net. 

1913- 

STUDIES  FROM  THE  ANATOMICAL  DEPARTMENT. 
Edited  by  the  late  Prof  essor  A.  H.  Young,  F.R.C.S.  Demy 
8vo,  paper  covers. 

Vol.  I.      Pp.  iv.  257,  with  7  plates.     7s.  6d.  net.  (1891.) 

Vol.  IL    Pp.  vi.  257,  with  6  plates.     7s.  6d.  net.  (1900.) 

For  Vol.  III,  see  page  3. 

STUDIES  FROM  THE  BIOLOGICAL  LABORATORIES. 
Vol.  I.    Pp.  viii.  330,  with  14  plates,  edited  by  Professor 

Milnes  Marshall.    7s.  6d.  net.  (1886.) 

Vol.  IL      Pp.  iv,  268,  with  15  plates,  edited  by  Professor 

Milnes  Marshall.  [Out  of  print. 

Vol.  III.     Pp.  viii.  288,  with  16  plates,  edited  by  Professor 

S.  J.  Hickson.     7s.  6d.  net.  (!895-) 

Vol.  IV.     Pp.  viii.  233,  with  22  plates,  edited  by  Professor 

S.  J.  Hickson.    7s.  6d.  net.  1899. 

STUDIES  FROM  THE  PHYSICAL  AND  CHEMICAL  LABO- 
RATORIES. Vol.  I.  Pp.  viii.  320,  illustrated.  Edited  by 
Professors  A.  Schuster  and  H.  B.  Dixon.    5s.  net.      (1893.) 

EXAMINATION  PAPERS  SET  FOR  THE  VARIOUS 
DEGREES  AND  SCHOLARSHIPS  OF  THE  UNIVER- 
SITY are  now  published  annually,  starting  from  Session 
1911 — 1912,  at  the  following  priées  :  — 

Scholarships  and  Prizes        ...    Price  6d.  net;  Post  2d. 
Faculties  of  Law,  Music  and  Theology 
Entrance  Scholarships    -        -        -        - 
Faculties  of  Art  and  Commerce  - 

(in  one  volume) 
Department  of  Education     - 
Faculty  of  Medicine       - 


6d.      „ 

„      2d. 

6d.      „ 

„      2d. 

1/-      „ 

„     6d. 

4d.      „ 

„     id. 

1/-      „ 

„    2d. 

MANCHESTER    UNIYERSITY    PRESS         17 

Faculties  of  Science  and  Technology   -  „  1/-  „  „  4d. 

(1911 — 1912  only,  in  one  volume) 

Faculty  of  Science         -        -        -        -  ,,  6d.  „  ,,  3d. 

Faculty  of  Technology  ...  „  6d.  „  „  3d. 

THE  REGISTER  OF  GRADUATES  OF  THE  UNIVERSITE 
OF  MANCHESTER  UP  TO  JULY,  1908.  2s.  6d.  net; 
cloth,  3s.  6d.  net. 


Publications  of  the  John   Rylands  Library 

CATALOGUE  OF  THE  PRINTED  BOOKS  AND  MANU- 
SCRIPTS  IN  THE  JOHN  RYLANDS  LIBRARY,  MAN- 
CHESTER.    1899.    3  vols.  4to.    31s.  6d.  net. 

CATALOGUE  OF  BOOKS  IN  THE  JOHN  RYLANDS 
LIBRARY  .  .  .  PRINTED  EN  EXGLAND,  SCOTLAND, 
AND  IRELAND,  AND  OF  BOOKS  IN  ENGLISH 
PRINTED  ABROAD,  TO  THE  END  OF  THE  YEAR  1640. 
1895.    4*0,  pp.  iii-  147.     ios.  6d.  net. 

THE  ENGLISH  BIBLE  IN  THE  JOHN  RYLANDS  LIBRARY, 
1525  to  1640.  With  26  facsimiles  and  39  engravings. 
[Printed  for  private  circulation.]  1899.  Folio,  pp.  xvi.  275. 
In  levant  Morocco,  5  guineas  net. 

THE  JOHN  RYLANDS  LIBRARY.  ...  A  brief  historical 
description  of  the  Library  and  its  contents,  with  Catalogue 
of  the  sélection  of  early  printed  Greek  and  Latin  Classics 
exhibited  on  the  occasion  of  the  visit  of  the  Classical 
Association.  .  .  .  1906.    8vo,  pp.  89.     Illus.     is.  net 

THE  JOHN  RYLANDS  LIBRARY.  .  .  .  Catalogue  of  an 
Exhibition  of  Illuminated  Manuscripts,  principally  Biblical 
and  Liturgical,  on  the  occasion  of  the  Church  Congress. 
1908.    8vo,  pp.  vi.  82.    6d.  net. 

THE  JOHN  RYLANDS  LIBRARY.  .  .  .  Catalogue  of  an 
Exhibition  of  original  éditions  of  the  principal  works  of 
John  Milton  arranged  in  célébration  of  the  tercentenary  of 
his  birth.     1908.    8vo,  pp.  24.    6d.  net. 

THE  JOHN  RYLANDS  LIBRARY.  .  .  .  Catalogue  of  an 
Exhibition  of  the  works  of  Dante  Alighieri  [with  list  of  a 
sélection  of  works  on  the  study  of  Dante].  1909.  8vo,  pp. 
xii.  55.     6d.  net. 

THE  JOHN  RYLANDS  LIBRARY.  .  .  .  Catalogue  of  an 
Exhibition  of  original  éditions  of  the  principal  English 
Classics  [with  list  of  works  for  the  study  of  English  litera- 
ture].     1910.    8vo,  pp.  xvi.  86.    6d.  net. 


PUBLICATIONS   OF    THE 


A  CLASSIFIED  CATALOGUE  OF  THE  WORKS  ON 
ARCHITECTURE  AND  THE  ALLIED  ARTS  IN  THE 
PRINCIPAL  LIBRARIES  OF  MANCHESTER  AND 
SALFORD,  with  Alphabetical  author  list  and  subject 
index.  Edited  for  the  Architectural  Committee  of  Man- 
chester by  Henry  Guppy  and  Guthrie  Vine.  1909.  8vo, 
pp.  xxv.  310.     3s.  6d.  net,  or  interleaved  4s.  6d.  net. 

THE  JOHN  RYLANDS  LIBRARY.  ...  An  analytical  cata-" 
logue  of  the  contents  of  the  two  éditions  of  "  An  English 
Garner,"  compiled  by  Edward  Arber  (1877-97),  an<i  re- 
arranged  under  the  editorship  of  Thomas  Seccombe  (1903-04). 
1909.     8vo,  pp.  viii.  221.     is.  net. 

BULLETIN  OF  THE  LIBRARY. 

Vol.  I.  (1903-08).     4to,  pp.  468.    6s.  net. 
Vol.  IL,  No.  1  (October,  1914).    Ryl.  8vo,  pp.  98,  1  plate. 
6d.  net. 

AN  ACCOUNT  OF  A  COPY  FROM  THE  FIFTEENTH 
CENTURY  [now  in  the  John  Rylands  Library]  of  a  map  of 
the  world  engraved  on  métal,  which  is  preserved  in 
Cardinal  Stephen  Borgia's  Muséum  at  Velletri.  By  A.  E. 
Nordenskiôld  (copied  from  "  Ymer,"  1891).  Stockholm, 
1891.     4to,  pp.  29,  and  facsimile  of  map.     7s.  6d.  net. 

CATALOGUE  OF  THE  COPTIC  MANUSCRIPTS  IN  THE 
JOHN  RYLANDS  LIBRARY.  By  W.  E.  Crum.  1909. 
4to,  pp.  xii.  273.  12  plates  of  facsimiles,  in  collotype 
1  guinea  net. 

CATALOGUE  OF  THE  DEMOTIC  PAPYRI  IN  THE  JOHN 
RYLANDS  LIBRARY.  With  facsimiles  and  complète 
translations.  By  F.  Ll.  Griffith.  1909.  3  vols.  4to 
3  guineas  net. 

1.  Atlas  of  facsimiles  in  collotype. 

2.  Lithographed  hand  copies  of  the  earlier  documents. 

3.  Key-list,     translations,     commentaries,     and     indexes. 
CATALOGUE   OF   THE   GREEK   PAPYRI   IN   THE   JOHN 

RYLANDS  LIBRARY.     By  Arthur  S.  Hunt. 
Vol.  I.     Literary  Texts  (Nos.  1-61).     1911. 
4to,  pp.  xii.  204.     10  plates  of  facsimiles  in  collotype. 
1  guinea  net. 
Vol.  IL     Non-Literary  Documents.  [In  Préparation. 

Vol.  III.    Non-Literary  Documents.  [In  Préparation. 

CATALOGUE  OF  AN  EXHIBITION  ILLUSTRATING  THE 
HISTORY  OF  THE  TRANSMISSION  OF  THE  BIBLE. 
Arranged  for  the  Tercentenary  of  the  Authorised  Version. 
With  plates  in  facsimile.     Demy  8vo.     6d.   net. 

CATALOGUE  OF  AN  EXHIBITION  OF  MEDIEVAL  MANU- 
SCRIPTS AND  BOOK  COVERS.  Arranged  for  the 
occasion  of  the  Manchester  Meeting  of  the  Historical 
Association.     Demy   Svo.     6d.  net 


MANCHESTER    UNIYERSITY    PRESS         19 

THE  JOHN  RYLANDS  LIBRARY.  A  Brief  Historical 
Description  of  the  Library  and  its  contents,  with  Illustrated 
Catalogue  of  a  Sélection  of  Manuscripts  and  Printed  Books 
exhibited  in  the  main  Library,  with  Plates.  Demy  8vo. 
6d.  net. 

THE  MODERN  GREEK  AND  HIS  ANCESTRY.  By  Professor 
Albert  Thtjmb.  Reprinted  from  the  Bulletin.  8vo,  paper 
covers.     6d.  net. 

THE  ORIGIN  OF  THE  CULT  OF  DIONYSOS.  By  Dr.  J. 
Rexdel  Harris.  Reprinted  from  the  Bulletin.  8vo,  paper 
covers.    6d.  net. 

BIBLIOGRAPHICAL  NOTES  FOR  STUDENTS  OF  THE 
NEW  TESTAMENT.  By  Professor  A.  S.  Peake.  Reprinted 
from  the  Bulletin.    8vo,  paper  covers.     3d.  net. 


The  John  Rylands  Facsimiles. 

A  séries  of  reproductions  of  unique  and  rare  books  in  the 
possession  of  the  John  Rylands  Library. 

The  volumes  consist  of  minutely  accurate  facsimile  pro- 
ductions of  the  works  selected,  preceded  by  short  biblio- 
graphical  introductions. 

The  issue  of  each  work  is  limited  to  five  hundred  copies, 
of  which  three  hundred  are  ofïered  for  sale. 

1.  PROPOSITIO  JOHANNIS  RUSSELL,  printed  by  William 

Caxton,  circa  a.d.  1476.  Reproduced  from  the  copy  pre- 
served  in  the  John  Rylands  Library.  .  .  .  With  an  introduc- 
tion by  Henry  Guppy.     1909.     8vo,  pp.  36,  8.     3s.  6d.  net. 

2.  A  BOOKE  IN  ENGLYSH  METRE,  of  the  Great  Marchaunt 

man  called  "  Dives  Pragmaticus  ".  .  .  .  1563.  Reproduced 
in  facsimile  from  the  copy  in  the  John  Rylands  Library. 
With  an  introduction  by  Percy  E.  Newbery  ;  and  remarks 
on  the  vocabulary  and  dialect,  with  a  glossary  by  Henry  C. 
Wyld.     1910.     4to,  pp.  xxxviii.  16.     5s.  net. 

3.  A  LITIL  BOKE  the  whiche  traytied  and  reherced  many  gode 

thinges  necessaries  fer  the  .  .  .  Pestilence  .  .  .  made  by 
the  .  .  .  Bisshop  of  Arusiens.  .  .  [Londou],  [1485  ?]  Repro- 
duced in  facsimile  from  the  copy  in  the  John  Rylands 
Library.  With  an  introduction  by  Guthrie  Vine.  1910. 
4to,  pp.  xxxvi.  18.     5s.  net. 


PUBLICATIONS    OF    THE 


Miscellaneous. 

BRITAIN'S  CASE  AGAINST  GERMANY.  An  Examination 
of  the  Historical  Background  of  the  German  Action  in  1914. 
By  Ramsay  Muir,  Professor  of  Modéra  History  in  the 
University.  Cr.  8vo,  pp.  x.  198.  Paper  covers,  2s.  net  ; 
cloth,  2s.  6d.  net.  1914.     - 

A  POCKET  SYNOPSIS  OF  THE  FAMILIES  OF  BRITISH 
FLOWERING  PLANTS  :  Based  upon  the  System  of  Engler. 
By  W.  B.  Grove,  M. A.,  Lecturer  in  Botany  at  the  Bir- 
mingham Municipal  Technical  School.  Paper  boards.  is. 
net.  1915. 

THE   ELLESMERE    CHAUCER  :    Reproduced   in    Facsimile. 

Price  ^50  net. 
LE  PELERIN  DE  VIE  HUMAINE.     (Privately  printed  for  the 

Roxburghe  Club). 

TRANSACTIONS  OF  THE  INTERNATIONAL  UNION  FOR 

CO-OPERATION  IN  SOLAR  RESEARCH. 

Vol.  I,  First  and  Second  Conférences.    Demy  8vo,  260  pp. 
and  plate.     7s.  6d.  net. 

Vol.  II,  Third  Conférence.     Demy  8vo,  244  pp.     7s.  6d.  net. 

Vol.  III,  Fourth  Conférence.    Demy  8vo,  232  pp.   7s.  6d.  net. 

Vol.  IV,  Fifth  Conférence.     Demy  8vo,  pp.  — .     10s.  net. 
EXCAVATION  OF  THE  ROMAN  FORTS  AT  CASTLESHAW 

(near  Delph,  West  Riding),  by  Samuel  Andrew,  Esq.,  and 

Major  William  Lees,  J.P.    First  Intérim  Report,  prepared 

by  F.  A.  Bruton,  M. A.     Demy  8vo,  pp.  38,  20  plates  and 

plans,     is.  net. 
EXCAVATION  OF  THE  ROMAN  FORTS  AT  CASTLESHAW 

(near  Delph,  West  Riding),  by  Samuel  Andrew,  Esq.,  and 

Major  William  Lees,  J.P.    Second  Intérim  Report,  prepared 

by  F.  A.  Bruton,  M. A.     Demy  8vo,  pp.  93,  45  plates  and 

plans.     3s.  6d.  net. 
THE  ROMAN  FORT  AT  MANCHESTER.      Edited  by  F.  A. 

Bruton,  M. A.    Demy  8vo.    6s.  net. 
THE  ROMAN  FORT  AT  RIBCHESTER.      Edited  by  J.  H. 

Hopkinson,  M. A.     Demy  8vo.     6d.  net. 
THE  MOSTELLARIA  OF  PLAUTUS.     Acting  édition  with  a 

translation   into   English   verse.      Edited  by  Professor  G. 

Norwood,  M. A.    is.  net. 


MANCHESTER    UNIYERSITY    PRESS        21 

THE  BOOK  OF  RUTH  (Unpointed  Text).     and  edn.,  8vo,  half 

cloth.    gd.  net. 
THE  BOOK  OF  AMOS  (Unpointed  Text).    6d.  net. 
THE  BOOK  OF  JUDGES  (Unpointed  Text) .     is.  net. 

THE  SECOND  BOOK  OF  KINGS.  Cap.  15— Cap.  17.  (Un- 
pointed Text.)     4d.  net. 

SCENES  FROM  THE  RUDENS  OF  PLAUTUS,  with  a  Trans- 
lation into  English  verse.  Edited  by  Prof  essor  R.  S. 
Conway,  Litt.D.    6d.  net. 

THE  POEMS  OF  LEOPARDI.  By  Francis  Brooks,  M.A. 
3s.  6d.  net. 

A  TARDINESS  IN  NATURE  AND  OTHER  PAPERS.  By 
Mary  Christie.  Edited,  with  Introductory  Note  and 
Memoir,  by  Maud  Withers.     Crown  8vo,  331  pp.    3s.  net. 

MUSICAL  CRITICISMS.  By  Arthur  Johnstone.  With  a 
Memoir  of  the  Author  by  Henry  Reece  and  Oliver  Elton. 
Crown  8vo,  225  pp.    5s.  net. 

MANCHESTER  BOYS.  By  C.  E.  B.  Russell.  With  an  Intro- 
duction by  E.  T.  Campagnac.  Crown  8vo,  pp.  xvi.  176,  19 
plates.     2s.  6d.  net.     Cheap  édition,  is.  net. 

MANCHESTER  BANKS  :  ANALYSIS  OF  THE  PUBLISHED 
BALANCE  SHEETS  FOR  1908,  1909,  191°,  19".  and  *9"- 
By  D.  Drummond  Fraser,  M. Corn.     is.  net  each. 

MATERIALS  FOR  THE  STUDY  OF  HEBREW  COMPOSI- 
TION. Adapted  and  arranged  by  M.  A.  Canney,  M. A., 
Prof  essor  of  Semitic  Languages  and  Literatures.  One  vol. 
pp.  viii.  52,  interleaved.     Paper  covers,  is.  net. 

JOURNAL  OF  THE  MANCHESTER  ORIENTAL  SOCIETY, 
No.  1,  191 1.  Pp.  xvi.  162,  with  8  illustrations.  Paper 
cover,  5s.  net. 

JOURNAL  OF  THE  MANCHESTER  EGYPTIAN  AND 
ORIENTAL  SOCIETY.  8vo,  paper,  5s.  net.  Published 
annually,  beginning  with  the  year  1912-13. 

THE  POETRY  OF  CATULLUS.  A  Lecture  by  Professor  D.  A. 
Slater.    6d.  net. 

THE  REPAYMENT  OF  LOANS  OF  LOCAL  AUTHORITIES 
and  of  Commercial  and  Financial  Undertakings.  By  E. 
Hartley  Ttjrner,  A.C.A.   Demy8vo,536pp.   Cloth,  21s.  net. 


22  PUBLICATIONS   OF    THE 

LIST  OF  PAST  AND  PRESENT  MEMBERS  OF  THE 
UNIVERSITY  SERVING  WITH  H.M.  FORCES  IN  THE 
WAR.     Oblong,  4*0,  paper  covers.    6d.  net. 

ADDRESS     PRESENTED      TO     THE     UNIVERSITY      OF 
LOUVAIN  BY  THE  UNIVERSITY  OF  MANCHESTER. 
Written  at  the  request  of  the  Senate  by  Prof  essors  R.  S. . 
Conway  and  W.  B.  Anderson.    Crown  8vo,  paper  covers. 
6d.  net. 

MUSEUM     HANDBOOKS 

W.  E.  HoylE.     Handy  Guide  to  the  Muséum  [15] id. 

W.  E.  Hoyle.     General  Guide  to  the  Natural  History 

Collections  (Illustrated)  [26]      6d. 

S.   J.    Hickson.     Outline   Classification   of   the   Animal 

Kingdom  [14]    New    (4th)    Edition,   interleaved 

6d.  each,  5/-  doz. 
F.   E.   Weiss.     Outline  Classification  of  the  Vegetable 

Kingdom  [5]  (out  of  print) 2d. 

S.  J.  Hickson.     Catalogue  of  the  Embryological  Models 

[40]         2S. 

H.   Bolton.     Catalogue  of  the  Type  Fossils  [6]  (out  of 

Print)      2S. 

—  Supplementary  List  of  Type  Fossils 6d. 

W.  E.  Hoyle.     Catalogue  of  the  Muséum  Library  [12]  ...  2s.  6d. 
J.    C.    Melvill   and    R.    Standen.        Catalogue    of   the 

Hadfield  Collection  of  Shells  (Part  I.)  2  Plates  [n] 

{Out  of  print) is. 

J.    C.    Melvill   and    R.    Standen.        Catalogue    of    the 

Hadfield   Collection   of  Shells    (Parts   II   &   III.)     3 

Plates  [16]         2S. 

J.  C.  Melvill  and  R.  Standen.    The  Marine  Mollusca 

of  Madras,  Marine  Shells  from  Lively  Island,  Falk- 

lands,  etc.  [24] is. 

C.  D.  Sherborn.     Index  to  the  "  Systema  Naturse  "  of 

Linnaeus  [25]      3s.  6d. 

H.   Bolton.     Nomenclature  of  the  Seams  of  the   Lan- 

cashire  Lower  Coal  Measures  [22] is. 

B.  Hobson.     Corrélation  Tables  of  British  Strata  [34]  ...  5s. 

H.  Bolton.    The  Palseontology  of  the  Lancashire  Coal 

Measures  (Part  I.)  [50]  is.     (Parts  II.  and  III.)  [56] 

{Out  of  print)   

J.  C.  Melvill.     A  Brief  Account  of  the  Cosmo  Melvill 

Herbarium    [54]        6d. 

F.  E.  Weiss.     Chapters  from  the  Evolution  of  Plants  [64]        6d. 
W.  H.  Pearson.     Catalogue  of  Hepaticœ  (Anacrogynae) 

in  the  Manchester  Muséum  [67]      6d. 

Margaret  A.  Murray.    The  Tomb  of  Two  Brothers,  an 

account  of  two  mummies  unrolled  at  the  Muséum 

in    1908    [68]    5S- 

A.  S.  Griffith.     Catalogue  of  Egyptian  Antiquities  [70]  is.6d. 


MANCHESTER    UNIYERSITY    PRESS        23 


MUSEUM    LABELS 

The  following  setr.  of  Labels  hâve  been  published  by  the 
Muséum,  and  may  be  had  at  the  priées  affixed  on  application 
to  the  Keeper,  post  free  if  cash  is  sent  with  order  :  — 
Descriptive  Labels  of  the  Sub-classes  and  Orders  of 

Mammals,  on  sheets  about  10  inches  by  8  inches         15s. 
The  Families  of  Mammals,  according  to  Flower  and 

Lydekker,  in  £-inch  block  letters,  red  ink 10s.  6d. 

The    Families    of    Birds    according    to    the    British 

Muséum  Catalogue,  in  similar  style      ios.6d. 

The    Principal    Families    of    Fishes,    according    to 

Boulenger,  Camb.  Nat.  Hist.,  in  similar  style     ...  10s.  6d. 
Map  of  the  World,  illustrating  distribution  in  space 

and   time   (per  hundred)       5s. 

The  Principal   Divisions  of   Coleoptera,   in   labels  4 

inches  long,  red  or  black  [29] 3d. 

The  Principal   Divisions  of  Lepidoptera,   in  similar 

style  [35]       3d. 

The  Families  of  Worms,  in  similar  style  [32] 6d. 

The  Principal  Divisions  of  the  Cœlenterata  [61] is. 

The  Principal  Divisions  of  Amphibians  and  Reptiles 


Notes  from  the  Manchester  Muséum 

1— T.  H.  Huxley.    Suggestions  for  a  Natural  History 

Muséum  in  Manchester  [17]    6d 

2 — Thomas  Hick.     On  Rachiopteris  cylindrica  Will.  [18]        6d. 

3— S.  J.  Hickson.    On  the  Ampullae  of  Millepora  [19]  ...        6d. 

4 — H.  Bolton.    Descriptions  of  Brachiopoda  and  Mol- 

lusca  from  the  Millstone  Grit,  etc.  [20] is. 

5— H.  Bolton.    Palaeontology  of  the  Manx  Slates  [27]  ...         is 
6 — A.  C.  Seward.     Notes  on  some  Jurassic  Plants  in 

the  Manchester  Muséum  [30]  (out  of  print)  

7— W.  Boyd  Dawkins.     On  the  Cairn  and  Sepulchral 

Cave  at  Gop,  near  Prestatyn  [36]  (out  of  print)  ...  6d. 
8 — F.  E.  Weiss.  On  Xenophyton  radiculosum  (Hick)  [37]  is. 
9— W.  E.  Hoyle.  British  Cephalopoda  [39]  (oui  of  print)  6d 
10— W.  Boyd  Dawkins.    The  Red  Sandstone  Rocks  of 

Peel  (Isle  of  Man)  [41]     is 

11— W.   Boyd   Dawkins.      Carboniferous,   Permian  and 

Triassic  Rocks  of  the  Isle  of  Man  [42]     6d. 

12— W.  Boyd  Dawkins.     On  Bigbury  Camp  and  the  Pil- 

grim's  Way  [43] is. 


24        MANCHESTER    UNIYERSITY    PRESS 

13 — W.  E.  Hoyle.    The  Use  of  Muséums  in  Teaching 

[44]  (out  of  print) 

14 — W.    E.    Hoyle.       The   Type    Spécimen    of    Loligo 

eblanse  [45]     6d 

15 — J.  R.  Hardy.      The  Macro-Lepidoptera  of  Sherwood 

Forest  [46]  (out  of  print) 

16 — W.    Boyd    Dawkins.     Discovery    of   an    Ossiferous 

Pliocène  Cavern  at  Doveholes  [47]      is. 

17 — W.  Boyd  Dawkins.    On  the  Discovery  of  Elephas 

antiquus  at  Blackpool  [51]     6d. 

18 — W.  E.  Hoyle.     A  Diagnostic  Key  to  the  Gênera  of 

Récent   Dibranchiate   Cephalopoda  [52]    is.  6d. 

19 — Theophilus  D.  Pinches.  The  Hymns  to  Tammuz  [55]  3s.  6d. 

20 — W.  E.  A.  Axon.     Votive  Rag-Branches  and  Prayer- 

Stick  [58]        is. 

21 — W.  E.  Hoyle.    The  Education  of  a  Curator  [60]  ...        6d. 
22 — R.  Standen.     Glue  and  Turpentine  Cernent  for  Alco- 

holic  Mounts  [65] 6d. 

Reports  on  the  Progress  of  the  Muséum 

1889-1914    (Published    Yearly)      (each)  6d. 


PQ 

Guiot,  de  Provins 

H83 

Les  oeuvres  de  Guiot  de 

G8 

Provins 

1915 

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