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RECHERCHES HISTORIQUES
SUR LE COLLEGE
DES QUATRE-NATIONS
TIRÉ A 300 EXEMPLAIRES.
Papier vélin 254
— vergé 28
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Peau de vélin 2
Tous droits réservés.
PARIS. — IMPRIME CHEZ BONAYENTURR ET DUCESSOIS
55, QOAI BU ADCDITIII*.
L F s ORIGINES DU PALAIS D F L ' 1 N S T II U I
RECHERCHES HISTORIQUES
SUR LE COLLEGE
DES QUATRE-NATIONS
D*APRES DES DOCUMENTS ENTIEREMENT INEDITS
ALFRLD FRANKLIN
• ■ LA ■■■LIOnkyCB aXAtlBB
A PARIS
CHEZ AUGUSTE AUBRY
l'un DES LIBRAIRES DE LA SOCIETE DES BIBLIOPHILES FRANÇOIS
RUE DAUPHINE, 16
M.D.CCC.LXI!
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NTRB les nombreux fonc-
tionnaires du Collège des
Quatre -Nations figurait le
Procureur. Il avait droit au
titré de M^êiire, et occu-
pait dans la maison une po-
sition fort considérée*^ -car un. seul échelon le sé-
parait de la dignité si enviée de Orand-Haltre.
Ses attributions^ très-étendues^ embrassaient
toute l'administration matérielle de l'établisse-
ment, n percevait les revenus et réglait les dé-
penses. L'entretien des bâtiments^ les traités avec
— VI —
les fournisseurs, le réfectoire , la lingerie, étaient
exclusivement de son domaine.
Chaque année, il présentait à quatre Inspec-
teurs délégués par la Sorbonne un compte rendu
de la situation financière du Collège, et il était
tenu d'entrer à cet égard dans les détails les plus
minutieux. Avait-il, par exemple, à mentionner
l'achat d'une douzaine de serviettes, et leur our-
lage, il lui était interdit de faire figurer ces deux
articles sous un seul titre.
Si l'on réfléchit maintenant que, dans un éta-
blissement de ce genre, il n'est pas de fait, quelque
minime qu'il soit, qui ne se traduise par une dé-
pense, on comprendra quelle abondance de ren-
seignements, quelle richesse de détails intimes
doivent contenir les registres des Procureurs du
Collège des Quatre-Nations.
Or, tous ces registres, enlevés à l'époque de la
Révolution, ont été déposés aux Archives de l'Em-
pire. Nous les y avons trouvés par hasard, en
cherchant des matériaux pour un autre ouvrage,
auquel celui-ci sert de complément.
Cette découverte nous a paru précieuse à plus
d'un titre.
— VII —
Le Collège des Quatre-Nations doit son origine
à Fun de nos hommes d'État les plus célèbres; il
fut élevé sous la surveillance directe de Louis XIV^
et organisé par Colbert. De l'aveu de Mercier, qui
rencontre rarement des éloges sous sa plume^ c'é-
tait le plus fréquenté, le plus riche et le plus beau
des collèges de Paris. Enfin, les bâtiments dans
lesquels il était établi sont aujourd'hui occupés
par le premier de nos corps savants, et, à ce point
de vue encore, tous les documents qui en éclair-
cissent le passé acquièrent un grand intérêt.
On n'a, d'ailleurs, rien publié jusqu'ici sur le
Collège des Quatre-Nations. Par un privilège qui
devient chaque jour plus rare, nous nous trouvions
donc en présence d'un sujet entièrement neuf.
C'était là une difficulté, mais aussi un attrait de
plus ; et si cette circonstance nous oblige à récla-
mer l'indulgence du lecteur, elle nous permet en
revanche d'affirmer que tous les détails conteims
dans ce petit volume sont inédits.
Lemaire, dans son Paris ancien et nouveau,
est le premier qui ait consacré quelques pages à la
fondation de Hazarin; il s'est, du reste, borné à
donner une courte description des bâtiments tels
— VIII —
qu'il les avait sous les yeux. Sauvai, Félibien et
Piganiol de la Force ont suivi son exemple. Depuis
lors, tous les auteurs qui ont abordé ce sujet ont
copié ou abrégé Piganiol. Les histoires de l'Uni-
versité restent également muettes à cet égard; les
vastes compilations de Duboulay et de Crevier
s'arrêtent à l'année 1600, plus d'un demi-siècle
avant la mort de Hazarin ; et les écrivains mo-
dernes n'ont accordé à l'établissement qui nous
occupe que des paragraphes insignifiants dont les
éléments sont puisés dans Piganiol. Le seul travail
qui jette quelque lumière sur la construction du
Collège est une courte mais excellente brochure
de H. Léon de Laborde, publiée en 1842, et intitu-
lée : Projets pour l'amélioration et Vembellisse-
ment du X« arrondissement.
Les documents imprimés n'ont donc pu nous
être à peu près d'aucune utilité; et nous ne son-
geons point à nous en plaindre, car les registres
conservés aux Archives nous fournissaient, à eux
seuls, des renseignements assez nombreux pour
nous permettre de retrouver la physionomie, et
de reproduire la vie intime du plus beau collège
qu'ait jamais eu Paris.
— IX —
C'est à nous plutôt qu'à eux qu'il faut s'en pren-
dre si ce résultat n'a pas été atteint. Us contien-
nent en effets année par année^ et presque jour
par jour^ l'histoire du Collège depuis sa fondation.
Hais il fallait s'ouvrir une route à travers ce chaos ;
et plus d'une fois^ perdu au milieu de ces détails
infinis, nous avons été tenté de maudire l'abon-
dance des matériaux que le hasard avait fait tom-
ber entre nos mains^ de maudire même ces procu-
reurs si méticuleux et calligraphes si inhabiles.
Soyons juste, pourtant, ces braves comptables, en
alignant leurs chiffres, ne se doutaient guère qu'ils
travaillaient pour la postérité, et qu'après deux
siècles un humble chercheur viendrait, au nom
de l'histoire, examiner leurs livres et contrôler
leurs additions.
TABLE DES SOMMAIRES
CHAPITRE I
FONDATION.
Pâg«8.
Testament de Mazarin. — Réalisation de deux idées
de Richelieu. — Fondation du collège des Quatre-
Nations 1
CHAPITRE II
CHOIX DB l'BICPLACBMBNT.
Délibérations des exécuteurs testamentaires. — Pro-
jet de Colbert. — Le jardin des Plantes.— Réclama-
tions de l'Université. — Le palais du Luxembourg.
— L'hôtel de Nesle 15
CHAPITRE m
CONSTRUCTION.
Achat des terrains. — Indemnités accordées à la ville
de Paris et aux personnes expropriées. — Plan
général de Levau. — Traitement des architectes.
— Estimation des dépenses. — Benvenuto Cellini
à l'hôtel de Nesle 35
— XII —
CHAPITRE IV
DESCRIPTION.
Pages.
Physionomie du palais de l'Institut en 1689.— Bou-
tiques qui entouraient la façade. — Le quai des
Quatre -Nations. — La chapelle.— La bibliothèque.
— Logements des professeurs et des élèves. — Les
salles d'étude. — Le réfectoire. — La cuisine. — La
rue Mazarine 49
CHAPITRE V
OUVERTURE DBS CLASSES.
Le duc de Mazarin. — Le latin appris sans maître.
— Lettres patentes de Louis XIV. — Requête adres-
sée à l'Université. — Sous quelles conditions elle
admet le Collège dans son sein. — Le corps de
Mazarin est déposé dans la chapelle 67
CHAPITRE VI
PERSONNEL.
Employés, leur hiérarchie et leur traitement. — Le
Grand-Maître, le Bibliothécaire, le Procureur, le
Chien de cour. — Élèves, leur nombre. — Par qui
nommés. — Conditions d'admission. — Trousseau. 79
CHAPITRE VII
ORGANISATION INTERIEURE.
Chambres des élèves, leur mobilier. — Les repas :
couverts, linge, vaisselle. — Nourriture ; consom-
mation du Collège année moyenne ; prix des
denrées alimentaires en 1689. — Division des clas-
ses; professeurs. — Peines corporelles. — Les
martinets. — Règlement intérieur; emploi de la
journée. — Récréations , promenades , sorties. —
Exercices religieux. — Distribution des prix. —
Tragédie 101
— XIII —
CHAPITRE Vill
ADMINISTRATION PINANCIBRE.
État des recettes et des dépenses d'un collège au
XVII* siècle. — Traitement des employés, impôts,
éclairage, chaufifage, blanchissage; pain, yin,
viande, beurre, sel, lard, etc. — Les locataires du
Collège. — Augmentation que subissent les loyers
entre 1689 et 1789. — La Régence. — Contributions
patriotiques 115
CHAPITRE IX
l'institut db francb.
Suppression de la Sorbonne. — L'Université dispa-
raît. — L'instruction publique réorganisée. — Fon-
dation de l'Institut de France; son installation dans
les bâtiments du Collège 1S9
APPENDICE
i. Acte defondation du collège des Quatre-Nations. 141
II. Lettres patentes portant confirmation de la fon>
dation du collège des Quatre-Nations 160
III. Arrêt d'enregistrement de l'acte de fondation du
collège des Quatre-Nations et des lettres pa-
tentes qui le confirment 164
IV. Lettres patentes portant règlement pour le col-
lège des Quatre-Nations 166
V. Règlement intérieur du collège des Quatre-Na-
tions 176
FONDATION
FONDATION
TK8TAMBNT DK MAZARIH. — RÉALItATlON DB DBDX U>KK8
DB RICHELIBD*
FONDATIOK DU COLLÉOB UB8 qnATRB-MATIONS.
iR 6 février 1661^ douze médecins se
réunissaient dans une des salles du imlais
Mazarin, et le célèbre Guénaud se char-
geait d'annoncer au cardinal le résultat de la
consultation * ; c'était un arrêt de mort. Mazarin
l'entendit avec calme. L'inquiétude des uns, la joie
mal dissimulée des autres, tout lui avait fait com-
prendre déjà que le moment fatal approchait. Deux
jours auparavant, une main restée inconnue avait
1. L. de Brienne, Mémoires, t. 11, p. 114.
— 4 —
semé dans sa chambre des lettres de faire part
préparées d*avance^ et qui annonçaient son enter-
rement pour le 21 mars*. Enfln^ deux coïncidences
assez remarquables n'avaient certainement pu
échapper au ministre dont Richelieu avait été le
constant modèle : Richelieu était mort à cin-
quante-huit ans, Mazarin les avait atteints ; Riche-
lieu avait gouverné la France pendant dix-huit
ans^ Hazarin entrait dans la dix-huitième année
de son ministère. La Providence allait le forcer à
contmuer jusqu'au bout son rôle d'imitateur.
Hazarin manquait de cette foi chrétienne qui
permet d'envisager la mort sans crainte et sans
regret'. Une fortune très-réellement incalculable^
un pouvoir presque sans limites, ce sont là des
avantages terrestres dont il est difficile de se déta-
cher. Le comte de Rrienne nous a rapporté dans
ses Mémoires* une scène fort curieuse, et qui
prouve quel désespoir Mazarin cachait sous son
calme apparent. Il nous le montre, déjà brisé par
la maladie, se traînant, seul, dans les vastes gale-
ries du palais Hazarin, jetant un regard désespéré
1. G. Patin, Lettre du 4 février 1661, à Falconet, édit.
Reveillé-Parise, t. III , p. 320.
2. Voyez Mad. de Motteville, Mémoires^ t. X, p. 185. —
Choisj, Mémoires, ip. 215. — Ouchesse de Mazarin, Mémoires,
édit.Saint-Réql, t. V, p. 8.— L. deBrienne, Mémoires^ t. II,
p. 115. — Mad. de Lafajette, Histoire d'Henriette d Angle-
terre^ p. 5.
3. T. II, p. 115 à 117.
— 5 —
sur les merveilles artistiques qu'il y avait réunies,
et se désolant comme un enfant à Tidée de s'en
séparer. La faiblesse, plutôt que la résignation, lui
fit abréger cette triste visite, et il rentra dans ses
appartements, bien décidé à abandonner une de-
meure qui offrait tant d'aliments à ses regrets. Dès
le lendemain, il se faisait transporter au château
de Vincennes^
Des préoccupations de la même nature l'y assié-
gèrent. Au moment de disposer de cette fortune
qui va lui devenir inutile, il se sent arrêté par
d'étranges hésitations, par de douloureux remords.
Aujourd'hui, il avoue au roi qu'il a des sommes
considérables déposées à Brissac et à Sedan ; le
lendemain, il envoie demander deux millions au
receveur des gabelles qui les lui refuse •. Les souf-
frances physiques se joignent aux tortures morales.
11 a de continuelles suffocations ; son corps mai-
gre, sec, exténué, décoloré, exhale une odeur
affreuse ^ Ses pieds enflent à tel point qu'il faut
les lui envelopper dans la fiente de cheval ^ et sa
1. Aubery, Histoire du cardinal Mazaririt t. IV, p. 385. —
Poncet de la Grave y Tableau historique du château de
VincenneSt t. II, p. 119.
2. G. Patin, Lettre du 7 mars 1661, à Falconet, t. III,
p. 336.
3. G. Patin , Lettre du 7 mars 1661 , à Falconet, t. III,
p. 335.
4. G. Patin, Lettre du n février 1661, à Falconet, t. III,
p. 32ft.
— 6 —
faiblesse est si grande qu'on songe à le mettre au
lait de femme «.
Il a pourtant encore toutes les jouissances que
peuvent donner la vanité et l'amour-propre satis-
faits. La Cour, habituée h suivre tous ses mouve-
ments^ Ta accompagné à Vincennes ; il règne en-
core^ et les flatteries ne lui manquent point. L'état
de sa santé est le sujet de tous les entretiens ;
Loret^ dans sa Gazette, instruit religieusement le
public de toutes les phases de cette maladie^ qu'il
présente comme si funeste à la France. S'il (fallait
l'en croire^ dès le commencement de mars plus de
trente mille personnes se seraient rendues
au pié des Autels
Demander la convalêcence
De ce vray Miroir de Prudence ,
Qui seroit exempt du trépas,
Si les Sages ne mouroient pas *.
Mazarin qui est arrivé en France sans ressources
vient de marier sa nièce, et lui a remis en dot
douze cent mille écus d'argent comptant* ; il a
1. G. Pektin, Lettre du 25 février 1661, àFalconet, t. III,
p. 327.
2. Loret, Mvze historiqve, n" du 5 mars 1661.
a. Saint-Simon raconte qu'après la mort d.e celle-ci,
dans un procès que le duc de Mazarin eut à soutenir
contre son fils, il fut prouvé « en pleine grand'chambre »
que, tout calculé, elle lui avait apporté vingt-huit mil-
— 7 —
donné à chacune des deux reines une poignée de
diamants S il lui reste encore plus de cent millions.
Comment oser disposer d'une pareille fortune,
comment l'avouer même, dans un moment où la
France est épuisée par une longue guerre^ où le peu-
ple est accablé d'impôts^ écrasé sous les exactions
et les corvées ? Puis, Colbert est là, d'un côté, qui,
financier avant tout, voudrait faire rentrer ces
biens dans les coffres de l'État; d'un autre côté,
c'est la religion, représentée par H. Joly, curé de
Saint-Nicolas-des-Champs , celui-là hésite très-
fort à lui donner les sacrements, il rengage à res-
tituer une fortune qui ne peut avoir été bien ac-
quise.
Hais Hazarin est toujours le rusé négociateur
qui a triomphé de la Fronde. Il connaît mieux
cpie personne le caractère du roi, l'affection très-
réelle qu'il porte à son ministre ; il se décide à
jouer le tout pour le tout. Il appelle un notaire et
fait un testament par lequel il institue le roi son
lions. On connaît, au reste, le mot du duc de Mazarin,
héritier du cardinal et le plus étrange original qui ait
jamais paru à la cour; il était loin de nier l'origine illé-
gitime des richesses qui lui étaient venues de Mazarin,
et disait : « Je suis bien aise qu^on me fasse des procès
sur les biens que j'ai eus de M. le cardinal. Je les crois
tous mal acquis; et du moins, quand j'ai un arrêt en ma
faveur, c'est un titre, et ma conscience est en repos. »
Voyez Saint-Simon, Mémoires^ t. X, p. 278.
1. G. Patin, Lettre du l*»' mars 1661, à Falconet, t. III,
p. 329. — Voyez aussi une lettre sans date adressée à
Spon, t. II, p. 458.
— 8 -.
légataire universel'. Louis XIV était trop fier pour
accepter un pareil don^ il rend à Mazarin tous ses
biens. Dèslors^ leur origine est oubliée ; aux yeux
des contemporains^ le séjour qu'ils ont fait dans
les mains royales a suffi pour les purifier : Ma-
zarin peut désormais en disposer sans crainte.
Son testament révèle à la fois la jactance du
méridional et la vaniteuse ostentation du parvenu.
C'est ainsi qu'il lègue six cent mille livres tournois
au pape, afin qu'il puisse lever une armée contre
les Turcs, et qu'il donne à la couronne de France
dix-huit gros diamants, sous la condition qu'ils
porteront le nom du testateur : il veut qu'au Sancy,
au Richelieu, aux cinq Médicis, aux quatre Valois,
on ajoute les dix-huit Hazarins. Tout cela n'em*
pêche pas qu'après sa mort, on trouve encore
neuf millions dans le bois de Vincennes, cinq au
Louvre, sept à la Bastille, huit à la Fère, quinze
ou vingt à Brissac et à Sedan •. Un dernier senti-
ment de pudeur ou d'avarice l'avait empêché d'en
disposer, et Colbert les fit remettre au trésor.
Quand Mazarin eut terminé son testament, toutes
ses pensées se tournèrent vers l'accompUssement
d'un projet qu'il caressait depuis longtemps en
secret. Les mobiles qui l'avaient fait naître étaient
toujours les mêmes : le désir de voir son nom con-
1. Aubery, Histoire du cardinal Mazarin^ t. IV, p.l
2. L. de Brienne, Mémoires^ t. II, p. 145.
-. 9 —
serve par la postérité, et l'ambition d'égaler Riclie-
lieu.
Il poursuivit ce double but avec une inquiète et
âpre persistance. Déjà^ dix-huit années aupara-
vant, réalisant une idée conçue par son prédéces-
seur, il avait ouvert sa bibliothèque particulière
au public^ et fourni ainsi à la France le premier
modèle d'un établissement dont nos bibliothèques
actuelles ne sont que l'imitation ^ Son second pro-
jet était, en apparence, plus grandiose encore.
11 rêvait la fondation d'un collège exclusivement
destiné à de jeunes gentilshommes nés dans les
provinces conquises pendant son ministère. L'édu-
cation devait y être aussi complète, et l'instruction
aussi étendue que possible ; entièrement gratuite
d'aUleurs : la générosité du fondateur devait pour-
voir à tout.
Le nom l'embarrassait. Il flotta longtemps entre
Collège des conquêtes et Collège Mazarin; il se
décida enfin pour ce dernier. Il fit alors (6 mars
1661] appeler auprès de son lit Nicolas le Vasseur
et François le Fouïn, notaires gardes-notes auChâ-
telet de Paris, et, avec une lucidité admirable, leur
1. Il n*j avait alors en Europe que trois bibliothèques
publiques, et ces fondations étaient citées comme des
exemples d'une magnificence et d'une générosité inouïes.
C'étaient la bibliothèque Ambrosienne, fondée à Milan
vers 1608 par le cardinal Borromée ; la Bodleienne, à
Oxford, ouverte en 1612 ; et la bibliothèque Angélique,
qu'Angelo Rocca avait établie à Rome en 1620. Voyez
A. -F., Histoire de la bibliothèque Mazarine, p. 15.
— 10 —
dicta l'organisation complète et minutieuse de l'éta-
blissement qu'il fondait.
Il devait être divisé en deux parties, un Collège
et une Académie. Le Collège devait renfermer
soixante écoliers, quinze d'entre eux originaires du
territoire de Pignerol, quinze des États romains,
quinze de l'Alsace, quinze de la Flandre, de l'Ar-
tois, du Hainaut et de la Sardaigne. Mazarin voulait
que ces jeunes gens y reçussent une éducation
toute française, espérant qu'ils en reporteraient
ensuite dans leur famille tout l'esprit, avec des
sentiments de reconnaissance pour leur nouvelle
patrie'. L'Académie, destinée à compléter l'in-
struction reçue dans le Collège, était établie pour
quinze élèves seulement, auxquels on eût enseigné
réquitation, l'escrime et la danse. Le droit de choi-
sir les élèves devait appartenir à l'aîné de ceux
qui porteraient le nom du fondateur. Le cardinal
priait les douze plus anciens docteurs de Sorbonne
de désigner quatre d'entre eux qui, sous le titre
d'inspecteurs, seraient chargés de la haute sur-
veillance du Collège et de TAcadémie. 11 ordonnait
qu'au milieu des bâtiments s'élevât une chapelle.
1. Mercier envisage autrement cette idée : « Mazarin,
dit-il, pensa pouvoir racheter les brigandages de son mi-
nistère en fondant une école publique où l'on enseigne-
roit à la génération nouvelle à respecter et à bénir son
nom, si mal famé parmi ses contemporains. » Tableau de
Parts, t.V, p. 140. -Mais voyez les LcMres patentes données
par Louis XIY en juin 1665, Rectieil de la fondation^ p. 13;
elles sont reproduites à la fin de ce volume.
— 11 -
où serait déposé son tombeau. De plus^ il léguait
à cette fondation sa bibliothèque, une des plus
riches qui fût alors au monde , il réglait avec un
grand soin toutes les mesures à observer pour
en assurer la conservation, et exigeait qu'elle fût
deux jours par semaine mise à la disposition du
public. Enfin, il affectait une somme de deux
millions à la construction de l'établissement, et lui
assignait pour revenus annuels ceux de l'abbaye
de Saint-Hichel en l'Herm, alors de trente-quatre
mille livres, et quarante-cinq mille livres de rente
sur l'Hôtel de ville de Paris *.
Toutes ces dispositions sont fidèlement calquées
sur des idées de Richelieu. On sait qu'il fit bâtir
l'église de la Sorbonne, et voulut cpie son corps y
fût déposé. A l'égard de la bibliothèque, voici ce
que Mazarin avait pu lire dans le testament de
celui qu'il regardait avec raison comme son maî-
tre : a Mon dessein, dit-il, est de rendre ma biblio-
thèque la plus accomplie que ie pourray, et la
mettre en vn estât, qu'elle puisse, non-seulement
seruir à ma famille, mais encore au public le
veux et entends que, moyennant mil liures d'ap-
poinctement, le Bibliothaicaire soit tenu de con-
seruer ladite bibliothèque, la tenir en bon estât,
et donner l'entrée à certaines heures de iour aux
hommes de lettres et d'érudition, pour voir les
1. Voyez Recueil de la fondation du collège Mazarini^
passim.'
— 12 —
liures^ et en prendre communication dans le lieu
de ladite bibliothèque^ sans transporter les liures
ailleurs*. »
Enfin^ relativement à la fondation du Collège et
1. Ordonnance de dernière volonté de monsiewr le cardinal
dvc deRichelieVt en forme de testament, p.^OetSl. — Ce tes-
tament contient encore sur ce sujet d'autres dispositions
qui prouvent que Richelieu mérita réellement le titre de
bibliophile; tous ses biographes ont cependant laissé
cette tendance dans Tombre. On lit à la suite du passage
que nous venons de citer : « Et d'autant que pour la con-
seruatjon du lieu et des liures de ladite bibliothèque, il
sera besoin de les nettoyer souuent, i'entends qu'il soit
choisi par mondit neueu vn homme propre à cet effect,
qui sera obligé de balayer tous les iours vne fois ladite
bibliothèque, et d'essuyer les liures, ou les armoires dans
lesquelles ils seront, et pour luy donner moyen de s'eD-
tretenir et de fournir les ballais, et autres choses néces-
saires pour ledit nettoyement, ie veux qu'il ait quatre
cens liures de gages par an. . . . Et d'autant qu'il est né-
cessaire pour maintenir vne bibliothèque en perfection
d'y mettre de temps en temps les bons liures, qui seront
imprimez de nouueau, ou ceux des anciens, qui y peu-
uent manquer, ie veux et ordonne qu'il soit employé la
somme de mil liures par chacun an, en achapt de liures,
par l'aduis des Docteurs, qui seront députez tous les ans
par la Sorbonne, pour faire l'inuentaire de ladite biblio-
thèque » Sur la bibliothèque de Richelieu, voyez:
D. H. I, Supplément aux antiqvitex de Paris de Dubreuil,
p. 56. — Gr. Brice, Description de Paris, t. I, p. 237. — Lo-
meir, de Bihliothecis, p. 309. — M. de Marolles, Parts, ov
description succincte de cette ville, p. 42 et 45. — Mercure
de France de janvier 1682. — NovAjelle Biographie générale,
t. VI, p. 73; t. VII, p. 356; t. XIX, p. 146; t. XXIII,
p. 896. — L. Jacob, Traicté des Bihliotheqves, p. 478, 480,
485 — Hugenius, Epigrammata, lib. VI. — Leprince, Es-
sai historique sur la Bibliothèque du Roi, p. 42 et 349. — Tal-
lemant des Réaux, Historiettes, t. Il, p. 54.
- 13 —
de l'Académie, voici ce que nous trouvons dans un
manuscrit conservé à la bibliothèque Hazarine, et
intitulé : Erreciion dPvne academye Royalle faicte
par le Cardinal de Richelieu K a Comblé d'vne in-
finité d'honneurs^ dignités et bien faicts dont la
magnificence Royalle a daigné sans mesure reco-
gnoistre nos trauaux bien loing et au de la de leurs
mérites. Nous serions a jamais ingrat et vraye-
ment indigne de ses faneurs, sy comme les grands
fleuues renuoyent à locean les grandes eaues qu'ils
en ont receues, nous ne rendions a son seruice et a
Tutilité publicque une partie de ces mesmes bien
faicts en les employant en despence, comme nous
luy destinons auec ce qui nous reste de santé et de
vie, digne de la mémoire de son règne glorieux,
grandeur et réputation en cette monarchie puis-
sante. » En conséquence, voyant que la plupart
des a dottations, séminaires et collèges, semblent
seulement estre destinés aux jeunes gens de basse
estoffe et condition roturière, sans qu'on ayt pensé
a en faire part a ceux qui portent les armes, » il
dote de vingt-deux mille livres par an, à perpé-
tuité, une académie, créée dans la rue Vieille-du-
Temple, à Paris, et qui sera consacrée à l'éduca-
tion gratuite de vingt gentilshommes, choisis par
lui, ou par ses héritiers.
Mais les calculs de Mazarin pour imposer son
11
1, Bibliothèque M azari ne, manuscrite, in-folio, n"
— 14 —
nom à la postérité, et pour se placer sur la même
ligne que Richelieu, furent inutiles. La Providence
sembla s'étudier à les déjouer tous.
Richelieu repose sous les voûtes de la Sorbonne,
mais le tombeau de Hazarin n'a pas encore été rendu
à Tasile qui lui était réservé; il orne une galerie
de sculpture , et la foule qui l'entoure admire le
génie de l'artiste , sans que sa pensée remonte à
rhomme et aux événements qui l'ont inspiré. —
La bibliothèque Hazarine existe encore, mais qui
connaît son passé? qui sait, aujourd'hui, que Ma-
zarin créa, à ses frais, la première bibliothèque
publique qu'ait eue la France?— Enfin, le nouvel
établissement ne s'appela ni Collège des Conquêtes,
ni Collège Mazarin. Après avoir été pendant cent
ans le Collège des Qualre-Nations, il est aujour-
d'hui riNSTiTUT DE FRANCE, unc foudatiou du pre-
mier consul !
II
CHOIX DE L'EMPLACEMENT
II
CHOIX DE L'EMPLACEMENT
DÉLIBÉRATIONS DES EXÉCUTEURS TKSTAMKNTA1RE8*
PROJET DE COLBRRT.
LE JARDIN DBS PLANTES- — RÉCLAMATIONS DE L'UNIVBRSITÉ .
LE PALAIS DU LrXEMBOORO. — i/rOTEL DE NESLK,
AZARiN avait désigné pour ses exécu-
teurs testamentaires le premier prési-
dent Lamoignon^ le surintendant Fou-
quet, Zongo Ondedei, évêque de Fréjus, Letellier
et Colbert. L'intérêt que le roi paraissait prendre
à la nouvelle fondation stimula leur zèle, ils se
mirent aussitôt à l'œuvre.
Hazarin était mort le 9 mars ; dès le 20^ une réu-
nion avait lieu chez le premier président. Tous les
exécuteurs testamentaires y assistaient; ils s'étaient
adjoint le duc de Hazarin^ héritier du fondateur,
et le chancelier Boucherat.
~ 18 —
On délibéra avant tout sur le choix de rempla-
cement^ et le séjour de Nesle fut proposé. Quoique
Hazarin n'eût rien fixé à cet égard dans son tes-
tament S le bruit s'était déjà répandu que le nou-
veau Collège serait élevé sur les terrains vagues
dépendant de l'hôtel de Nesle. Dès le 9 mars^
G. Patin récrivait à Falconet*, et Colbert avait re-
gardé sans doute la question comme résolue^ car il
déclara à ses collègues « qu'il y avoit desia eu com-
mission du Conseil et commissaires nommez afûn
d'obliger les propriettaires des dernières maisons
et places situées à la pointe du Pré aux Clercs •,
1. « L'établissement dudit Collège sera fait en la Ville,
Cité ou Université, ou aux fauxbourgs de Paris. » Recueil
de la fondation du collège Mazarini, p. G.
2. « On dit que ce collège sera bâti vis-à-vis les gale-
ries du Louvre, sur le bord do la Seine. » G-, Patin,
Lettre du 9 mars 1661, t. III, p. 340.
3. Le Pré aux Clercs couvrait tout remplacement oc-
cupé de nos jours par les rues des Petits-Augustins, des
Marais-Saint-Germain, du Vieux-Colombier, Jacob , de
Verneuil, de l'Université, des Saints-Pères et Mazarine.
C'était une vaste prairie coupée en deux parties d'inégale
grandeur par la petite Seine, canal de quatorze toises de
large, qui commençait à la rivière, coulait le long du
terrain sur lequel s'élève la rue des Petits-Augustins, et
allait remplir les fossés de l'abbaye Saint-Germain-des-
Prés; ce canal fut comblé vers 1452. Le grand Préaux
Clercs appartenait déjà à l'Université au commencement
du XIII* siècle (voyez un règlement de 1215, et Dubreuil,
Théâtre des Antiqvitez de Paris^ p. 385) ; le petit Pré aux
Clercs lui fut cédé en 1368 par les religieux de Saint-
Germain-des-Prés. Sous Henri IV, cet immense terrain,
jusque-là consacré aux tumultueuses réunions des éco-
liers, commença à se couvrir de maisons, de couvents,
d'hôtels ; et de larges rues y furent percées.
~ 19 —
du costé de la Grenouilliere s de rapporter leurs
tiltres^ affin d'en auoir remboursement*. » Cent
ans auparavant 9 les mêmes formalités avaient
eu lieu au même endroit par l'ordre de Fran-
çois 1'% qui songea un instant à y établir le Collège
de France '.
On trouva que Colbert s'était trop pressé^ et son
l. Le quai de la Orenouillère occupait l'espace com-
pris aujourd'hui entre la rue du Bac et le pont de la
Concorde. Il était ainsi appelé, soit à cause des marais
qui l'obstruaient, soit à cause des nombreux établisse-
ments où le peuple allait grenouiller. ( « Grenouiller,
ivrogner en buvotant dans de méchants cabarets et à la
manière des gens de néant. » Dictionnaire de Trévoux ^
t. IV, p. 027.) En 1704, Louis XIV ordonna que ce quai
serait revêtu de pierres de taille, ('t que l'on y ménage-
rait un trottoir de neuf pieds de large (Félibien, Histoire
de Paris, t. IV, p. 414). Ces travaux furent commencés
sous l'administration du prévôt des marchands Boucher
d'Orçaj ; le quai prit d'abord son nom, qui fut changé
sous l'Empire en celui de quai Bonaparte.
3. Registre des délibérations du conseil de la fondation du
collège BiaMarini. Archives de l'Empire, MM^ 462, p. SI.
3. Félibien, Histoire de Paris, p. 836 et 940.— G. Brice,
Description de Paris, t. III, p. 43, et t. IV, p. 118. — Piga-
niol de la Force, Description de Paris, t. Y, p. .381, et t. VIII,
p. 190. Voici les termes mêmes de l'ordonnance royale :
« Voulant donner toutes les commoditez nécessaires aux
lecteurs et aux professeurs pour vaquer à leurs lectures,
avons résolu de leur construire en nôtre logis et place de
Nesle, à Paris, un beau et grand collège des trois lan-
gues, accompagné d'une belle et somptueuse église, avec
autres édifices, dont les desseins ont été faits. Avons
commis Audebert Catin pour tenir le compte et faire les
payemens de la dépense nécessaire pour les susdits bati-
mens. »
^20 —
projet rencontra une vive opposition. Un membre
proposa de construire les nouveaux bâtiments sur
une place de neuf ou dix arpents qui était située
entre les portes Saint-Jacques et Saint-Michel^ et
qui s'étendait vers le couvent des Chartreux S Cette
idée fut encore repousséc, et Ton se sépara sans
avoir rien décidé.
A la séance suivante^ le sieur Villedot^ a inten-
dant des œuvres de maçonnerie du roy, » soumit
à l'approbation des exécuteurs testatnentaires un
nouveau projet tendant à placer la fondation de
Hazarin^ soit dans les bâtiments du collège du
Cardinal- Lemoine S soit au jardin des Plantes. Le
premier point fut aussitôt rejeté^ a par la raison
qu'il ne faut pas esteindre une fondation pour en
establir une autre ^ » mais le second parut fort
acceptable. Le jardin des Plantes était de création
toute récente ; Richelieu en avait eu la première
1. La porte Saint-Jacques faisait partie de l'enceinte
de Philippe Auguste. Elle était située rue Saint-Jacques,
entre la rue Saint-Hyacinthe et la rue des Fossés-Saint-
Jacques. — La perte Saint-Michel fermait la rue de la
Harpe à son extrémité méridionale ; la fontaine qui vient
d'être démolie pour la continuation du boulevard de Se-
bastopol, indiquait très-exactement sa place. La .porte
Saint-Jacques et la porte Saint-Michel furent détruites
en 1684. — Enfin, le couvent des Chartreux s'élevait à
l'endroit où commence la dernière moitié du jardin ac-
tuel du Luxembourg, et il s'étendait le long de la ruo
d'Enfer.
2. Le collège du Cardinal-Lemoine était situé rue Saint
Victor, un peu au-dessus du séminaire Saint-Nicolas-du-
Chardonnet.
- 21 ~
pensée *, Mazarin avait beaucoup contribué à l'a-
grandir^ et il offrait alors une étendue de vingt
arpents. Fouquet se chargea de demander l'agré-
ment du roi j et Louis XIV arrêta que le jardin
des Plantes serait transporté au bois de Vin-
cennes •.
Le débat semblait donc vidé^ quand deux adver-
saires survinrent. C'était d'abord Vallot, premier
médecin du roi ' ^ il obtint que le jardin des Plantes
ne serait pas déplacé. C'était ensuite le recteur de
l'Université , celui-ci déclara qu'il ne souffrirait
point que le Collège fût construit en dehors des
limites de l'Université.
Les exécuteurs testamentaires durent s'incliner.
L'opposition de Vallot n'était pas décisive^ car on
aurait pu agir encore sur l'esprit du roi ; mais le
recteur s'était exprimé très-énergiquement^ et il
était tout à fait dans son droit.
L'Université ou le « Pais latin, » comme l'appe-
lait déjà Balzac S formait une des divisions ofQ-
1. Les lettres patentes de la fondation sont du 15 mai
1635.
2. Registre des délibérations du conseil de la fondation du
collège Mazarini, Archives de l'Empire, MM, 462, p. 23.
3. Antoine Vallot fut nommé médecin du roi en 1652,
à la mort de Vautier; s'il faut en croire Guy Patin, il
avait dû acheter cette charge 30>000 livres qui furent
payées à Mazarin. Vallot était directeur du jardin des
Fiantes, il y introduisit de grandes améliorations, et ce
fut là qu'il mourut en 1671.
4. Voyez encore G. Patin : « J'ai été aujourd'hui au pays
latin, qui est l'Université. » Lettre du 24 mai 1650, à Spon,
t. II, p. 15.
— 22 —
cielles de la capitale. Jusqu'à la Révolution^ elle
est^ sur les actes publics comme sur les plans ^
partagée en quatre sections : la Cité^ la Ville^
l'Université et les Faubourgs*. Chacune de ces sec-
tions avait ses limites très-nettement déterminées;
celles de l'Université avaient même été, sous Phi-
lippe Auguste, entourées de murailles. Au nord,
elle était bornée par la Seine, depuis la porte Saint-
Bernard jusqu'au domaine de Nesle; à l'est par les
portes Saint- Victor, Saint-Marcel, Saint-Jacques et
Saint-Michel ; enfin, à l'ouest, par les portes Saint-
Germain, de Buci et de Nesle*. Le collège des
1. Cette division n'était pas purement arbitraire, elle
était tout indiquée par le cours de la Seiiie. Palma Cayet
écrivait, quelques années seulement avant l'époque qui
nous occupe : « Paris est divisé comme en trois villes par
la rivière de Seine qui passe au milieu. La partie qui est
à la main dextre dans l'Isle de France se nomme la Yille,
et de ce costé est Sainct-Denis et le bois de Vincennes.
L'autre partie, qui est à gauche de ladicte rivière, est
nommée l'Université; et la troisiesme partie, qui est une
isle entre la Ville et l'Université, dans laquelle sont les
deux magnifiques bastiments de la grande église Nostre-
Dame et du Palais Royal, où se tient la Cour de Parle-
ment, siège des Pairs de France, se nomme la Cité. »
Chronologie novénaire, livre II.
2. La porte Saint-Bernard était placée à l'extrémité du
quai de la Tournelle, et avait pris son nom de la proximité
du collège des Bernardins. Henri IV la fit rebâtir en 1606,
elle fut démolie en 1670, et reconstruite en 1674 sur les
dessins de Blondel. — La porte Saint-Victor était située
rue Saint-Victor, entre les rues des Fossés-Saint-Victor et
des Fossés-Saint-Bernard. Élevée vers l'an 1200, pour
compléter le système de clôture ordonnée par Philippe
Auguste, elle fut réédifiée en 1570, et abattue en 1684. —
— 23 —
Quatre-Nations devant être agrégé à rUniversité,
ne pouvait être bâti hors de ces limites ; le choix
des exécuteurs testamentaires se trouva donc con-
sidérablement restreint.
On songea alors à acheter un pâté de maisons
qui se trouvait entre la rue de Sorbonne et la rue
des Maçons^ puis enfin ^ à commencer les con-
structions sur une petite place située entre le
collège de Lisieux * et Sainte-Geneviève ; Tespace
i — — — ■
La porte Saint-Marcel avait aussi fait partie de l'enceinte
de Philippe Auguste, et datait également de l'an 1300.
Elle s'appela d'abord porte Bordelle> du nom de la rue à
l'extrémité de laquelle elle était placée. Elle touchait au
bourg Saint-Marcel, situé alors hors de Paris. Elle fut
démolie en 1683. — La porte Saint-Germain s'élevait rue
de l'École-de-Médecine, entre la rue du Paon et la cour
du Commerce, à l'endroit précis où se trouve aujourd'hui
une fontaine. Dans l'origine, elle s'appelait porte des Cor-
dèles (desCordeliers) ou des Frères-Mineurs, parce qu'elle
était près du couvent de ces religieux; elle garda ce nom
jusqu'en 1350, et fut abattue en 1673. — La porte de Buci
fermait la rue Saint- Ândré-des-Arts, à la hauteur de la
rue Contrescarpe. En 1209, avant môme qu'elle fût ache-
vée, Philippe Auguste la vendit aux religieux de l'abbaye
de Saint-Germain, et elle s'appela porte Saint-Germain.
Elle doit son autre nom à Simon de Buci, premier prési-
dent au parlement de Paris, à qui les religieux de Saint-
Germain la cédèrent. Elle fut détruite en 1672. — La porte
de Nesle était située sur l'emplacement qu'occupe aujour-
d'hui la première cour du palais de l'Institut. Bâtie en
1200, elle s'appela primitivement porte Philippe-Hame-
lin. Elle était contiguë à la tour. — Nous ne pouvons ici
qu'indiquer la situation de chacune de ces portes ; pour
les détails, voyez dans DubreuiL Théâtre de» Antiqvitez de
Paris, p. 768, le chapitre intitulé : Des Portes de VVniuer-
sitéf tant anciennes que modernes.
1. Le collège de Lisieux était situé rue Saint-Jean-de-
— 24 —
libre a*était que de deux arpents^ mais on pouvait,
pour établir les cours, exproprier quelques vieilles
maisons de la rue de TEstrapade.
Colbert laissait discuter tous ces projets, mais
sans perdre le sien de vue. Au mois de décembre
1661, il fit consulter Tarcbitecte du roi, Levaû,
qui construisait alors la partie du Louvre élevée
sur les jardins de l'Infante. Levau proposa de
« bastir le Ck)llége proche la porte de Nesle, vis-à-
vis le Louure, au quel lieu on pourroit faire une
place publique , qui serviroit d'ornement à l'as-
pect du Louure *. »
De guerre lasse, les exécuteurs testamentaires
allaient céder,lorsqu'on leur remit une protestation
du prévôt des marchands, a II est à craindre,
disait-il, que ceste aduance de la demy lune,
venant à etrecir le canal de la Riuiere en cest en-
droit, uis-à-uis duquel la pluspart des batteaux
sont à l'encre, ne porte preiudice à la navigation
et au commerce, et que dans les grands desborde-
mens, lorsque les glaces viennent à rompre en
hyuer, que les batteaux n'en soient endommagés,
que le Louure mesme n'en reçoive des incommo-
dités. Et que celaestoit d'assez grande importance
Beauvais. Il touchait au collège des Cbolets, dont 'l'en-
trée était rue Saint-Jacques et la face droite rue Saint-
Étienne-des-Grés .
1. Registre des délibérations du consiil de la fondation du
coliége Alazarini. Archives de l'Empire, MM, 462, p. '88.
— 25 —
au public pour se donner le temps d'examiner ces
inconvénients*. »
Tout se trouva dès lors remis en question. Il y
avait un an et demi que Ton discutait^ et l'on
n'était pas plus avancé que le premier jour. Les
exécuteurs testamentaires commençaient à être
fort embarrassés^ quand en juin 1662^ le duc de
Hazarin proposa d'établir le Ck)llége dans les bâti-
ments du Luxembourg^ alors palais d'Orléans ; il
allait être mis en vente, et on pouvait l'avoir pour
onze à douze cent mille francs *. Cette nouvelle
fut accueillie avec enthousiasme, et le projet aussi-
tôt soumis au roi.
Mais, dans l'intervalle, Levau avait dressé un
plan qui représentait le Collège construit sur les
terrains de Nesle ; la chapelle s'élevait au milieu
1. Registre des délibéi'ations du conseil de la fondation du
collège Mazarini, Archives de TEmpire. MM, 462, p. 54.
Une autre protestation, conçue d'après les mômes idées,
se trouve à la bibliothèque de l'Institut, cartons de Go-
defroy, portefeuille n° 190. Elle a été publiée par M. de
Laborde dans la Revue de V Architecture, année 1847, p. 4
et suiv.
2< Dans une transaction qui eut lieu le 26 mai 1646
entre Louis XIV et Gaston, le Luxembourg, dix-huit ar-
pents de terre sis au Mont-Parnasse, et quelques autres
domaines qui avaient été constitués en dot à Marie de
Médicis, furent estimés 1,800,000 livres. Plus tard, le
Luxembourg fut cédé, moyennant 500,000 livres, à Anne-
Marie- Louise d'Orléans, duchesse de Montpensier; c'était
en réalité l'estimer un million, car la duchesse était déjà,
en vertu de ses droits personnels, propriétaire de la
moitié du fonds. .
— 26 -
d'une vaste place demi-circulaire^ et le portail se
trouvait faire face à celui du Louvre. Cette der-
nière considération avait paru toucher beaucoup
Louis XIV ; aussi, quand on lui parla du Luxem-
bourg^ éleva-t-il d'abord quelques objections fon-
dées sur la dépense qu'entraînerait l'appropriation
des bâtiments. 11 déclara ensuite que ce palais
étant MAISON royale S un collège ne pouvait y être
établi, et finit par ordonner l'adoption du projet
de Ck)lbert et des plans de Levau.
L'hôtel de Nesle faisait partie de l'enceinte de
Philippe Auguste ; et, dans l'origine, il couvrait
tout le terrain aujourd'hui circonscrit par le quai
Conti, la rue Mazarine et la rue Guénégaud. Peu
d'endroits dans Paris ont eu une histoire plus fer-
tile en événements.
En 1308, Amaury de Nesle le vendit à Philippe
le Bel moyennant c( cinq mille bons petits pa-
risis '. » Devenu la propriété de Philippe le Long,
il passa à Jeanne de Bourgogne, sa femme« et c'est
à elle que la tradition attribue les crimes qui ont
rendu fameuse la tour de Nesle. On raconte qu'elle
appelait les jeunes gens qui passaient sous ses
1. Le palais du Luxembourg avait été bâti par Marie
de Médicis. Le 2 avril 1602, elle acheta pour 90,000 livres
remplacement et les constructions légères qui le cou-
vraient. Les travaux commencèrent en 1615 et furent
achevés en 16^20. Marie de Médicis légua ce palais à Gas-
ton de France, son second fils.
2. Félibien, Histoire de la ville de Paris ^ p. 522.
— 27 —
fenêtres, se donnait à eux, les retenait toute la
nuit, et le lendemain matin les faisait jeter dans la
Seine. Brantôme n'ose pourtant affirmer le fait;
il parle bien d'une a reyne qui se tenoit à l'hostel
de Nesle à Paris, laquelle faisoit le guet aux pas*
sans, et ceux qui lui revenoient et agréoient le
plus, de quelque sorte de gens que ce fussent, les
faisoit appeler et venir à soy ; et, après en avoir
tiré ce qu'elle en vouloit, les faisoit précipiter du
haut delà tour, qui paroist encor, en bas en l'eau,
et les faisoit noyer ; » puis il ajoute : a Je ne puis
dire que cela soit vray, mais le vulgaire, au moins
la pluspart de Paris, l'affirme; et n'y a si com-
mun, qu*enluy monstrant la tour seulement, et en
l'interrogeant, que deluy-mesme ne le die*. » Le
poète Jean Second, dans une pièce de vers qu'il a
consacrée à l'hôtel de Nesle, est beaucoup plus affir-
matif que Brantôme '; et Villon appuie son asser-
tion dans ces trois vers :
Semblablement ou esl la Roync
Qui commanda que Buridau
Fut jette en ung sac en Seine'.
Mais le témoignage le plus important et le [)]us
1. Brantôme, Vies des Dames galantes^ discours II, ar-
ticle 2, de V Attouchement en amour,
2. Bayle, Dictionnaire historique, au mot Buridan^ noie A.
3. Villon, Ballade des Dames du temps jadis, 2« strophe,
p. 24.
précis est celui de Robert Gaguin^ qui écrivait,
comme Villon, au xvi« siècle. Après avoir parlé
des débauches auxquelles se livraient les trois
princesses épouses des trois fils de Philippe le
Bel, il ajoute que ces désordres donnèrent nais-
sance à une tradition injurieuse pour Jeanne de
Navarre, femme de Philippe IV. On prétend, dit-il,
que cette reine recevait des écoliers dans son lit;
et pour effacer toute trace de ce crime, les faisait
jeter dans la rivière par la fenêtre de sa chambre.
Un seul de ces écoliers, Jean Buridan, échappa
par hasard à ce supplice, et ce fut en souvenir du
danger qu'il avait couru qu'il publia ce sophisme :
« Ne craignez pas de tuer une reine si cela est né-
cessaire. » Gaguin défend avec raison Jeanne de
Navarre de l'accusation qu'on lui imputait alors;
car, quand cette princesse mourut, en 1304, Bu-
ridan venait de naître. Il croit que ces crimes doi-
vent être attribués à trois autres princesses, Mar-
guerite de Bourgogne, femme de Louis le Hutin,
Blanche qui avait épousé Charles le Bel et Jeanne
de Bourgogne, épouse de Philippe le Long. Elles
ont à cet égard des droits égaux, car toutes trois
furent emprisonnées comme coupables d'adul-
tère ; mais c'est sur la mémoire de Jeanne de
Bourgogne que la tradition a fait peser cette ter-
rible accusation de luxure suivie d'assassinat.
Jeanne de Bourgogne, en effet, déjà décriée par
ses débauches, était contemporaine de Buridan,
rhôlel de Neslc lui appartenait, et c'est là qu'elle
— 29 —
passa les huit années de son veuvage*. Elle y
mourut en 1329, el ordonna par testament qu'une
partie de ce domaine serait vendu et le prix affecté
à la construction d'un collège où seraient élevés
de pauvres écoliers nés dans le comté de Bourgo-
]. Voici le texte du curieux passage que nous venons
d'analyser. Nous le transcrivons d'après Tédition publiée
à Paris en 1504 par Jean Petit, car dans la plupart des
éditions postérieures on a retranché tout ce qui est rela-
tif au crime dont Jeanne de Bourgogne est accusée :
Fuerunt quoquc insignibus fœmineis sua faia, Nam vxores fi-
liorum Philippi très aduUerii insimulate sunt, Quainobrem
MargarethaLudouiciHuthiniNauarri régis coniunxj etBlanca
Caroli comitis Marchiani vxor régis edicto in caitello Gal-
liardireïegate sunt; quarum libido satis in aperto erat. lohanna
vero Philippo Pictauiensi nupta postquam apud Dordanum in
custodia aliquot diebus fuit^ innocens liberata est^ et uiro re-
stituta, Hostiarius Margarite adulterii conscius furca appensus
est, Stupratores autem Philippus et Galterus Dannoy fratres
{mentulis exsectis) pelle nudati apud Pontisaram ultimi sup-
plicii pasnas subierunt, Ob hanc impudicitiam insignium mu-
lierum natam fabulam reor, qua de lohanna Philippi Pulchri
vxore a rerum imperitis memorari solet, Eam videlicet aliquot
scholasticorum concubiluvsam, eosque {ne pateret scelus) pro-
tenus extinxisse et in Sequanam amnem de cubiculi sui fene-
stra abiecisse. Sed vnum tantum lohannem Buridanum eo pe^
riculo forte liberatum; et propterea sophisma ab eo editum
esse : Reginam interficere nolite timere, bonum est. Fuit siqui-
demBuridanu4 lohanna posterior, Quippe qui Philippo Valesio
regnum modérante cum liberalium artium nominatissimus
professer esset multa et in rationabili et morali philosophia
scripsit dum Parisinw ecclesiœ Fulco prœsidebat, anno Christia-
nsB reswrrectionis M.CCCXLVUI. Nec commeruit prsclara
mulierhuiusmodo diuicio taxari, Compendium Roberti 6a-
guini super Francorum gesti^:, Parisiis, Jehan Petit, 1504,
in-folio; liber VII, f» LXX.
^ 30 -
gne*. Bayle prétend qu'elle leur devait bien cette
réparation.
Pendant remprisonnement du roi Jean^ le ré-
gent Charles donna Thôtel de Nesie à son beau-
frère (1357), sous la condition que si ce prince
mourait sans enfant, l'hôtel reviendrait à la Cou-
ronne V Aussi, voyons-nous Charles VI le donner
en 1380 au duc de Berry, son oncle. Celui-ci, s'y
trouvant trop à l'étroit, acheta, en i 385, sept ar-
pents situés au delà du fossé de Nesle, et qui s'é-
tendaient jusqu'à la porte Buci'; il y installa ses
écuries, et les réunit au domaine principal par un
pont de quatre arches jeté sur le fossé. Du vivan:
même du duc de Berry, ces écuries furent dé-
truites ; et le terrain qu'elles couvraient, vendu à
des particuliers, fut transformé en près et terres
labourables. Le duc de Berry n'ayant pas laissé
d'enfants, Charles VU put, par lettres patentes du
24 mai 1446, donner l'hôtel de Nesle à Fran-
çois I", duc de Bretagne, en considération des ser-
vices qu'il lui avait rendus pendant la guerre contre
les Anglais*. Le duc mourut sans postérité, et
1. Crevier, Histoire de l'Université de Paris^ t. Il, p. 280.
— R. Graguin, CompendiumsuperFrancorumgestis,ï'*LX.Xl,
— Malingre, Antiquitez de Paris, p. 3il.
2. Piganiol de la Force, Description de Parts, t. VIII,
p. 188.
3. P. de Sainte-Foix, Essais sur Paris, t. L p. 185.
4. Félibien, Histoire delà ville de Paris^ t. III, p. 561.
— 31 —
riiôtel fut alors donné (1460) au duc de Charolais,
fils aine du duc de Bourgogne.
Le démembrement commença sous Henri H.
En 1552^ il ordonna que <c la maison^ place^ pour-
pris et tenue du grand Nesle^ ainsi qu'elle se pour-
suit et comporte » fussent mis hors de son do-
maine^ puis a Tendus à la charge de cens et rentes,
portant lods et ventes au profit du roi^ d Une
autre partie de ces terrains fut aliénée par
Charles IX en septembre 1570 a pour emploier les
deniers qui en proviendroient à payer et renvoier
les reistres^ suisses et autres troupes étrangères. * »
Le duc de Nevers acheta ce lot en entier et y
fit bâtir un hôtel qui conserva longtemps une ré-
putation méritée d*élégance. Les princesses de la
maison de Nevers-Gonzague l'ont rendu célèbre.
C'est là que Henriette de Clèves, duchesse de
Nevers^ pleura la mort de Coconas, son amant,
décapité en 1574, et dont elle conservait près de
son lit la tète embaumée*. Soixante ans après,
Marie de Gonzague, petite-fille de Henriette, pleu-
rait dans la même chambre la mort tragique de
son amant Cinq-Mars; ce qui ne Fempêcha pas,
d'ailleurs, d'épouser ensuite successivement deux
rois de Pologne. En 1641, elle fit démolir cet hôtel
1. Piganiol de la Force, Description de Paris, t. VIII,
p. 191.
2. Félibien, Histoire de la ville de Paris, p. 1129.
3. Mémoires de Nevers, t. I, p. 57.
— 32 —
et obtint des lettres patentes qui l'autorisaient à
vendre l'emplacement à des particuliers pour y
bâlir des maisons et y percer des rues*. Henri de
Guénégaud fut le principal acquéreur, il fit con-
struire par François Hansart un riche hôtel au-
quel il donna son nom, ainsi qu'à la rue qui fut
ménagée à droite des nouveaux bâtiments. L'hôtel
de Guénégaud devint bientôt le séjour le plus bril-
lant de Paris, Boileau y lut ses premières satires,
et Racine ses premières tragédies. Dans les dépen-
dances de cette splendide habitation se trouvait
l'hôtel Sillery qui fut habité par Gourville, le
célèbre intendant du duc de LaRochefoucault. En
1670, rhôlel de Nevers fut acheté par la princesse
de Gonti, et cette famille le conserva jusqu'en
1750, époque où il fut cédé à l'État moyennant
cent soixante mille livres. Après de longues hési-
tations, il fut démoli en 1768 pour faire place à
l'hôtel des Monnaies.
A l'époque qui nous occupe, le domaine de Nesle
avait donc perdu déjà beaucoup de son étendue
primitive : la partie orientale subsistait presque
seule. Callotnous a conservé l'aspect que présen-
tait le reste des bâtiments à la fin du règne de
Louis XIll, et aucune modification n'avait eu lieu
jusqu'au moment où les exécuteurs testamentaires
de Mazarin le choisirent pour y établir le collège
1. Jaillot, Recherches critiques sur la ville de Paris ^ quar-
tier Saint-Germain-des-Pr<'s, p. 54.
- 33 —
des Quatre-Nalions. Le domaine de Nesie se com-
posait alors d'un édifice flanqué de deux tours^
entre lesquelles s'ouvrait la porte de la ville ; on y
arrivait à travers le pré, très-large à cet endroit,
par un pont formé de quatre arches. La tour de
Nesle, située à quelques mètres et au nord de
cette porte, était ronde, très-élevée et accouplée à
une seconde tour plus haute, moins grosse et qui
contenait Tescalier à vis.
Ces derniers vestiges du vieil hôtel de Nesle
allaient eux-mêmes disparaître ; et nous verrons
les exécuteurs testamentaires de Mazarin ordon-
ner encore la démolition de plusieurs maisons
élevées sur les portions de terrains qui en avaient
été détachés et sur le territoire de l'ancien Pré aux
Clercs.
III
CONSTRUCTION
III
CONSTRUCTION
ACHAT DBS TKRaAINS. — INOBHMITÉS ACCOIOBBS A LA VILLB OB PARI!
BT ADX PBRSONNB8 BXPR0PRIBB8.
PLAN GéNÉRAL OB LBTAU.— TRAITBMBNT DBS ARCHITBCTBS.
BSTIMATION DBS DÉPBNSBS.
B CBLLINI A l'HOTBL DB NBBLB.
I 'emplacement choisi^ il fallait l'acqué-
rir; et^ ici encore^ on dut faire appel à
[ l'autorité du roi.
La superficie jugée nécessaire pour l'établisse-
ment du nouveau CoUége était d'environ trois miUe
huit cents toises. Levau s'entendit avec le prévôt
des marchands et les échevins , et le prix d'achat
de chaque toise de terrain fut fixé à cent vingt-
sept livres dix sds. Cette estimation ne portait
d'aiUeurs que sur le sol nu , le prix des lots sur
lesquels s'élevaient des constructions devait être
— 38 —
discuté à pai% et le montant des indemnités réglé
de gré à gré avec les propriétaires.
La ville de Paris se présenta la première. Le roi
lui avait donné les fossés de Nesle, sous la condi-
tion qu'elle remplacerait l'ancienne porte qui me-
naçait ruine^ et qu'elle continuerait le quai jus-
que-là *. Le prévôt des marchands ne demandait
1. Ces sortes de conventions étaient assez fréquentes.
Au commencement du règne de Louis XIV, les fossés et
les murailles de Paris se trouvaient dans un état de dégra-
dation qui les rendaient inutiles. Le 7 juillet 1646, le prévôt
des marchands obtint du roi des lettres patentes qui accor-
daient à la ville ces anciennes fortifications pour y établir
des rues et construire des maisons. On commença par
démolir les murailles et combler les fossés du côté de
l'Université; mais les événements politiques firent sus-
pendre ces travaux, et le roi, dans la suite, s'appropria
ces emplacements. — La cession dont il est ici question
avait été faite en mai 1659. L'hôtel de Nesle dépendait de
le censive de Saint-Germain-des-Prés, et les rois s'en dé-
chargeaient volontiers, afin de ne pas payer la rente dont
il était grevé. Le petit Nesle avait déjà été donné par
François I" au prévôt des marchands; mais un passage
des Mémoires de B. Cellini nous montre le cas qu'à cette
époque la ville de Paris pouvait faire des donations
royales ; « J'appris ensuite au roi, dit Cellini, que j'avais
trouvé un emplacement qui me semblait convenir parfai-
tement à nos travaux. — Cet endroit, continuai-je, se
nomme le Petit-Nesle et appartient à Votre Majesté, qui
l'a cédé au prévôt de Paris ; mais comme celui-ci ne l'u-
tilise point, Votre Majesté peut me le donner à moi qui
en tirerai bon parti pour son service. » — « Ce château
est à moi, répliqua le roi, et je sais très-bien que celui à
qui je l'ai laissé ne l'habite point. Ainsi, prenez-le donc
pour vos travaux. » — Et aussitôt il enjoignit à un de ses
lieutenants de m'en mettre en possession. Cet officier lui
représenta que cela était impossible; mais le roi se fâcha
— 39 —
pas mieux que d'abandonner le terrain aux exé-
cuteurs testamentaires, mais il en voulait cent
soixante et onze mille trois cent quatre-yingt-dix-
huit livres, et Golbert en offrait cent vingt mille
livres seulement. Après de longues discussions, la
ville fut dispensée d'exécuter les travaux qui, aux
termes de la donation, avaient été mis à sa charge ;
et, en retour, elle accepta la somme fixée par Gol-
bert. Celle-ci fut payée comptant à Nicolas Boucot,
receveur des domaines et octrois de la ville de
Paris*.
Le marquis de Coislin se conduisit en grand
seigneur , on lui donna seize mille livres qu'il
reçut sans compter. Hais H. de Guénégaud lésina
longtemps ; il possédait dans les fossés un espace
de quatre cents toises, et prétendait vendre chaque
toise deux cent cinquante livres; il demandait en
outre une forte indenmité pour la grosse tour de
Nesle, qui allait être démolie. Louis XIV intervint ;
et déclara qu'il entendait donner son bien à qui bon lui
semblait, et surtout aux gens qui trayaillaient pour lui;
que ce château ne servait à rien, et enfin qu'il roulait
qu'on ne lui parlât plus de cela. Le lieutenant ajouta qu'il
faudrait employer un peu de force. — « Allez, allez, s'é-
cria le roi^ et si un peu de force ne suffit pas, cmplojez-
en beaucoup. » Le lieutenant me conduisit alors au Petit-
Nesle, et fut en effet obligé d'employer la force pour
m'y installer. » Mémoires de Benvenuto Cellini, traduits par
L. Leclanché, p. 287.
1 . Registre des délibérations du conseil de la fondation du
collège Maxarini. Archives de l'Empire, MM , 462, p. 48
& 59.
— 40 -
H. de Guénégaud courba la tête^ laissa chaque
toise pour cent vingt livres et accepta en payement
une rente de quinze cents livres.
On donna encore vingt-deux mille deux cents
livres « à Jean Rupalley, bourgeois de Paris, » et
dix mille deux cent douze livres à l'architecte
Lambert, tous deux propriétaires de « places
vaines et vagues de l'ancien fossé et porte de Nesle,
contrescarpe et fossé d'icelle. »
Le garde-clef de la porte de Nesle, Estienne
Leguay, reçut une indemnité de huit cents livres
pour a son logement et charge de portier. » Les
échoppes qui existaient au pied de la tour appar-
tenaient à la ville. Depuis quarante ans elles étaient
louées à Hagdeleine Gruih, veuve de Guillaume
Sachet « premier vallet de chambre de la reyne
Marguerite ^ , » elle les sous-louait à de petits arti-
sans et se faisait ainsi un revenu de mille deux
cent quatre-vingt livres ; une indemnité de douze
mille livres lui fut accordée.
Les maisons bâties aux environs de la porte de
Nesle et qui durent être achetées par les exécuteurs
testamentaires, avaient, du reste, peu de valeur.
La plus chère fut payée trente-quatre mille livres,
elle faisait le coin de la rue de Seine et du quai,
et appartenait à François Popineau, procureur
au Parlement. Une autre, située petite rue de
1. Sans doute Marguerite de Navarre, première femme
de Henri IV, morte en 1615.
- 41 .-
Nesle*^ fut achetée trente millelivresà Pierre Ariste^
a premier commis de H. de Briemie, cy deyant
secrétaire d'Estat*. » On donna trente-cinq mille
livres à Tayocat Jean Hingot^ pour six maisons
a faisans Fancoignure de la rue du fossé de la
porte de Nesle et de la rue de Seine. » On accorda
encore onze mille livres à Marie Petite yeuve de
Christophle Cruchet, juré porteur de charbon ' ;
vingt mille livres à Jean Onfroy, a conseiller se-
crétaire du roy ; » douze mille livres à Geneviève
Jeallin^ veuve de Jean le Comte^ « fourrier des cent-
suisses de la garde du roy ; d et neuf mille cinq
cents livres à André Maurice^ a sergent à verge au
Chastelet; » tous quatre possédaient des bâtiments
sur le quai Halaquais. Bernard du Bus^ a mar-
chand espicier^ » reçut dix mille cinq cents livres
pour une maison t seize au coing de la petite rue
de Nesle. » Nous trouvons encore vingt-six mille
livres accordées à Antoine Tournaire^ a scellier ; »
1. La petite rue de Nesle occupait le retour d'équerre
qui Ta de l'extrémité de la rue Mazarine à la rue de
Seine. Elle conduisait à la porte de Nesle.
2. Henri-Auguste de Loménie, comte de Brienne ; il
était encore ministre des affaires étrangères pendant la
minorité de Louis XIV.
3. 11 y avait alors, devant le quai de Nesle, un dépôt
de charbon. On le vendait à la voie; chaque voie conte-
nait seize boisseaux; et le prix, dans l'espace de cent
ans^ varia entre 4 et 5 liv. L'usage était de donner 5 ou
6 sols au porteur. Il existait deux autres ports pour le
charbon, l'un à la porte Saint-Bernard, l'autre devant la
Grève.
— 42 —
dix-huit mille livres à Claude Robert, serrurier ;
et sept mille livres à Esloy Ântheaume, marchand
chandelier , dont les maisons étaient situées petite
ruedeNesie*.
En somme/ les dépenses faites pour Tachât du
terrain, les expropriations et les diverses indem-
nités, s'élevèrent à cinq cent soixante-quatorze
mille cinq cents livres'.
On commença aussitôt les constructions. Le
plan de Levau ayant été adopté, ce fut lui qui fut
chargé d'en diriger l'exécution. Deux autres archi-
tectes de mérite, Lambert et Dorbay, furent placés
sous ses ordres et conduisirent les travaux. Un
arrêté des exécuteurs testamentaires fixa à trois
mille livres les honoraires de Levau, qui devaient
lui être payés « par chacun an, tant et sy long
temps qu'il seroit employé pour conduire et con-
troller les bastimens de la fondation'. » Lam-
bert et Dorbay recevaient seulement douze cents
livres*.
Nous avons dit déjà en quoi consistait le plan
de Levau. La façade du Collège devait former une
place demi-circulaire ; au centre s'élevait le portail
1. Compte rendu par M. MariagCy trésorier du collège Ma-
zarinj de la recepte et despence des reuenus dudit collège.
Archives de l'Empire, H, 2822
2. Registre des délibérations du conseil de la fondation du
collège Ûazarini, Archives de l'Empire, MM, 462, p. 77.
3. Compte rendu par M. Mariage, etc., H. 2822.
4. Journal de la despence qui est faite par M, Mariage pour
le collège J^azarinj. Archives de l'Empire, H, 2824.
- 43 -
de la chapelle^ il faisait face au Louvre et se trou-
vait dans Taxe de la porte que Levau venait de
construire. Enfln^ deux pavillons massifs arrêtaient
les limites de la place. On a prétendu que le car-
dinal les avait fait bâtir « pour masquer la vue de
rhôtelConti, qui occupait l'emplacement que cou*
vre aujourd'hui l'hôtel des Monnaies^ aussi les
nommoit-on pavillons de la vengeance^ » 11 y a
deux bonnes raisons pour qu'il n'en ait pu être
ainsi : d'abord Hazarin fut tout à fait étranger au
choix de l'emplacement y nous l'avons sufQsam-
ment démontré y et ensuite les bâtiments qui com-
posaient l'hôtel Conti ne prirent ce nom qu'en
1670% c'est-à-dire plus de dix ans après que le
plan du collège des Quatre-Nations eût été adopté.
Dès l'origine^ le pavillon occidental^ où l'on
avait eu l'intention d'établir le manège et les salles
d'escrime et de danse ', porta le nom de Pavillon
1. p. Villiers, Manuel du voyageur à Paris, ou Paris an-
cien et moderne, p. 267.
2. Vojez ci-dessus, p. 32.
a. Mercier, Tableau de Paris, t. V, p. 140.— Ni le manège
ni les deux salles ne furent construits, quoique Mazarin
en eût formellement ordonné l'exécution. Voyez le cha-
pitre V. — Michel de Marolles, qui écrivait avant l'achève-
ment des travaux (1677;, dit dans son poëme sur Paris :
De quatre nations, on a fait le Coliege
Naissant des voloutez de monsieur Mazarin :
Le fond de sa depence a coûté maint florin ;
On y doit fuire ensuite un célèbre maneige.
M. de Marolles, Paris ov description svccincle et neaid-
moins a^ses ample de cette grande ville, § xxxviii, p. 9.
— 44 —
des arts, qu'il conserva jusqu'à la Révolution.
L'autre fut appelé Pavillon de la Bibliothèque; il
fut bâti le dernier et marque très-exactement l'en-
droit où se trouvait la fameuse tour de Nesie, car
la cage de l'escalier qui conduit à la Bibliothèque
a été construite sur l'emplacement de la grande
porte *.
Les travaux marchèrent fort lentement. En
1664^ rien n'était arrêté encore pour la distribu-
tion intérieure des logements; car l'architecte,
accompagné de H. Mariage^ alla visiter le collège
Saint-Lazare, dit séminaire Saint-Charles, qu'il
voulait prendre pour modèle.
Quant aux dépenses, d'après un devis dressé
par Levau lui-même, voici comment elles de-
vaient se répartir :
1. Certum fuit adificare collegiwn in loco vacuo et lihero
cujusmodi erant fosss quitus prope ripam SeqtMinsB Urhem
munientibus imperabat turris dicta de Nesle; atque hic uhi
tune temporis surgebat Tvrris hœCf nunc surgit sedificium Bi-
bliothecsB. — Prsfatio catalogi alphabetici hibliathecm Mazari-
neas, p. 3.
2. Simon Mariage était « Escuyer, Conseiller et Secré-
taire de Sa Majesté, Maison, Couronne de France, et de
ses Finances. * 11 avait été chargé de « régir, gouverner
et administrer les biens et revenus de l'Abbaye de Saint-
Michel en l'Herm , de recevoir les autres sommes de de-
niers destinées pour J a fondation du collège.... » Voyez
dans le RecueXl de la fondation^ p. 17, les lettres pat&Ues (]\ii
lui confèrent ces fonctions*
— 45
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1. Registre des délibérations du conseil de la fondation du
collège Mazarini. Archives de l'Empire, MM, 4G2, p. 77
et 78.
— 46 ~
On se rappelle que Mazarin avait laissé deux
millioDS pour la construction du collège , cette
somme se serait donc trouvée à peine dépassée.
Hais le devis de Levau est évidemment bien au-
dessous de la vérité. S'il mentionne, il est vrai, le
manège qui ne fut pas exécuté, il ne dit pas un
mot des travaux qui furent entrepris pour le, revê-
tement du quai, depuis l'hôtel de Nevers jusqu'à
la rue des Augustins, travaux qui coûtèrent cent
cinquante mille livres ; et il ne compte que trois
cent dix mille livres pour les seize maisons situées
rue Hazarine et rue Guènégaud. Or, du mois
d'août 1665 au mois d'octobre 1666, un million
deux cent quatre-vingt-quatre mille sept cent cin-
quante livres furent données à l'entrepreneur des
maçonneries. C'était là, au reste, la dépense prin-
cipale. Nous pourrions faire le relevé de toutes les
autres, car nous avons sous les yeux des regis-
tres qui mentionnent les sommes, même les plus
minimes^ payées aux ouvriers pendant tout le
cours des travaux. Mais, au milieu de ce dédale de
chiffres, les recherches sont loin d'être faciles.
Rappelons cependant que l'horloge du Collège fut
fournie par Henry Martinot « orlogeur, » et coûta
mille huit cent six liv. * Les deux cadrans solaires
1. Le payement fut fait en deux fois : Compte rendu par
M. Mariage f trésorier du collège Mazarinj. Archives de
l'Empire, H, 2822; et Compte que rend Simon Mariage au
nom et comme fondé de procuration de Nosseigneurs les exé-
cuteurs testamentaires Archives de l'Empire, H, 2823,
— 47 —
qui se voient encore dans la seconde cour de Tin-
stitut furent faits par le sieur Pierre Barthélémy,
tailleur de pierre^ et payés quarante-cinq livres \
Enfln^ on donna à Nicolas le Marinier cim] cents
livres « pour le cuivre rouge par luy fourni i>our
la boule et les cinq estoilles qui sont au-dessus du
dosme de l'église ; » et au sieur Jacques le Breton
trois cents livres a pour les lettres de cuiure doré
par luy fournies pour les inscriptions tant dedans
que dehors de TégUse ^
1. Journal de la despence qui est faite par M. Mariaffr
pour le collège Mazarinj. Archives de l'Eiiipire, H, 28-21.
2. Coxfipte rendu par M. Mariage, trésorier, oie. . Ar
chives de l'Empire. II. 2822.
IV
DESCRIPTION
IV
DESCRIPTION
PHTSIONOMIK DO PALAIS DB l/iNSTITOT KN lG8i).
BOUTIQr ES QUI KNTUU A A1KNT LA FAÇADE.— LE QUAI DBd QD AT AK-N ATIONS .
LA CHAPELLE. — LA BIRI.IOTnkQrC.
LOGEMENTS DES PROPESWOBS ET DBS ÉLÈTRM.— LKH SALLES n'ÉTCnK.
LE RÉFECTOIRE — LA CUUINB. — LA RUE MAZARINR.
I A façade actuelle du palais de l'Institut
ne donne qu*une idée très-inexacte de
\ ce qu'était celle du collège des Quatre-
Nations. Nous allons essayer d'en reproduire la
physionomie.
Replaçons d'abord au-dessus de la corniche su-
périeure les Tases en pierre qui Tiennent d'être
enlevés. Leur poids^ cpii surchargeait trop l'édi-
fice^ a seul nécessité leur suppression^ car ils
avaient été entièrement refaits en i7G3. A cette
époque^ nous voyons le procureur du Collège dé-
— 52 —
clarer que « les irases de pierre qui forment un
ornement autour du comble des deux pavillons
méritent d'être conservés^ tant parce qu'ils sont
nécessaires à la décoration extérieure de ces pa-
villons^ que parce qu'ils sont eux-mêmes d'une
très-belle forme ; mais quelques-uns de ces vases
paroissent inclinés sur le comble et d'autres sont
destitués de leurs flammes ^ Lé conseil vota les
fonds indispensables pour une réparation com*
plète.
La grille qui ferme l'entrée de la chapelle n'exis-
tait pas alors y les sept marches qui y conduisent
étaient entourées de lourdes bornes en pierre. Les
deux fontaines situées de chaque côté du perron
sont également récentes'. Au-dessus du portail^
entre les colonnes corinthiennes^ l'inscription sui-
vante rappelait que la chapelle avait été consacrée
sous l'invocation de Saint-Louis :
D. O. M.
SUB INVOCATIONE SANCTI LUOÛVICI.
Plus haut^ sur la frise du ft'onton^ à la place
1. ïie%iitre pour servir aux délit éraHofis et euhréiés de
MM. les inspecteurs et grand-maitre du coUége Mazarin, Ar-
chives de l'Empire, MM, 464.
2. Elles furent établies en vertu d'un décret impérial
du 2 mai 1806» Chacun des quatre lions de bronze a deux
mètres de longueur, et pèse seize cents kilogrammes.
— 53 —
qu'occupent aujourd'hui les mots Institot de
Fraucb^ on lisait :
JUL MAZARIN. S.R.E. GARD. BASIUCAM. QYMNAS. F.C.A. M.DC.UI.
Six massife de pierre^ qui se voient encore au
pied du dôme^ supportaient six groupes sculptés^
composés chacun de deux personnages : les quatre
éyangélistes d'abord; puis les pères de TÉglise
grecque^ saint Basile^ saint Athanase^ saint Jean-
Ghrysostome et saint Grégoire de Nazianze ; enûn^
quatre docteurs de l'Église latine^ saint Jérôme^
saint Augustin^ saint Ambroise et saint Grégoire
le Grand. Le dôme était a couTert d'ardoises tail-
lées en écailles de poisson^ avec des bandes de
plomb doré* ; » la lanterne qui a été récemment
reconstruite^ était plus large et moins élevée,
elle était entièrement à jour, soutenue par des con-
soles et surmontée d'un globe doré qui supportait
une croix*.
La porte qui conduit ai^ourd'hui dans la pre-
mière cour^ servait également d'entrée au Collège.
Hais toutes les autres baies étaient fermées par
des devantures vitrées, et formaient une série non
1. G. Brice, Description de Paris, t. IV, p. 120.
3. Bibliothèque Impériale, estampes , Va, 110. — Au
mois de mai 1756, on recouvrit le dôme et on fit redorer
la boule et la croix. La lanterne, les consoles, guir-
landes et autres ornements furent « peints de la couleur
la plus approchante de l'or qu'il fut possible. » Registre
pour servir aux délibérations , etc. Archives de l'Empire,
MM, 464.
- 54 -
interrompue de vingt-quatre boutiques. La loge
actuelle des portiers de Tlnstitut était alors coupée
en deux et on louait la pièce qui prenait jour sur
le quai^
Neuf boutiques étaient établies sous le pavillon
de la Bibliothèque et cinq d'entre elles donnaient
sur la place Conti. Les deux premières existent
encore et servent de dépôt à la bibliothèque Ma-
zarine > ^ elles étaient louées au sieur le Roux^
maître tailleur. La troisième était occupée par le
sieur Dor, vitrier. Les quatre suivantes, par le
sieur Valfontaine, limonadier. Les deux autres,
donnant sur la place du Collège, par un tapissier,
nommé Lamy.
Entre le pavillon de la Bibliothèque et la porte
d'entrée du Collège se trouvaient les dixième et
onzième boutiques, « Fhorlogeur, » Hanet y de-
meurait. La librairie classique d'Eclassan était
établie dans les deux suivantes qui formaient le
rez-de-chaussée de l'appartement occupé aujour-
d'hui par M. Silvestre de Sacy.
De la chapelle au pavillon des Arts, on voyait
1. Plan de l'Eglise dît Collège des Quatre-Nations et de ses
aisles et pavillons du coslé qui regarde la rivière. Archives
de l'Empire, N, 982.
2. On j conserve une quarantaine de bustes en marbre,
quelques vieux objets de menuiserie, portes, pilastres,
chambranles, échelles. C'est dans une petite pièce conti-
guë à la seconde boutique qu'est établi le calorifère des-
tiné au chauffage de la bibliothèque Mazarine. A.-F. His-
toire de la bibliothèque Mazarine, p. 254.
— 55 —
cinq autres boutiques louées aux sieurs Coquet,
chandelier^ le Blanc^ aubergiste^ et Taboureux^
vitrier. Sous le pavillon des Arts étaient six bouti-
ques partagées entre les sieurs Audiger et Lo-
pinot^ Enfin^ un peu plus tard^ trois autres
boutiques furent ouvertes en retour de ce pavillon
sur la rue de Seine ^ un charron et un menuisier
les occupèrent d'abord '.
La partie du quai qui se trouve devant le Collège
venait d'être entièrement refaite * ; nous avons vu
qu'une somme de 150^000 fr. avait été employée
à ces travaux. Une balustrade à jour^ en pierres de
taille, avait remplacé l'ancien parapet. En dehors^
sur le mur qui fait face au Louvre^ les armes de
Mazarin^ sculptées avec soin^ étaient répétées trois
fois à distances égales^ et au milieu, on lisait sur
une plaque de marbre noir l'inscription suivante :
LU DOVICO M AGNO
LUPARAM ABSOLVENTE
RIPAM HANC UT RIPAE ALTERIUS
DIGNITATI RESPONDERET,
OUADRO SAXO VESTIRI G. G.
PRAEF. ET AEDILES
ANNO M.DC.LXIX ET M.DC.LXX^
1. Compte que rend M' Charles Thareî (TAÎlo, procureur
du collège M azarin Archives de l'Empire, II, 2826.
2. Compte que rend messire Barthélémy de la Fleutrifif etc.
Archives de l'Empire^ H, 2833.
3. Félibien, Histoire de la ville de Paris, p. 1497.
4. Lemaire, Paris ancien et nouveau, t. III, p. 370. —
— 56 —
Faute de fonds suffisants^ on ne put jeter un pont
entre les deux mes. Mais^ en face du paTJIIondes
Arts, à l'endroit où se trouvait le port au charbon,
on installa de petits bateaux qui, moyennant
six deniers par personne, transportaient devant le
Louvre*.
La première cour du Collège des Quatre-Nations
offrait alors exactement le même aspect cpi'aujour-
d'hui. A droite et à gauche s'élèvent deux portails
dont l'un conduit à la chapelle et l'autre à la bi-
bliothèque.Tous deux, placés au-dessus d'un large
perron de pierre, sont composés de cpiatre pilas-
tres cannelés, d'ordre corinthien, qui supportent un
fronton ; et chacun de ces frontons représente deux
vertus cardinales, appuyées d'un côté sur les armes
de Hazarin, de l'autre sur le cadran d'une horloge.
La chapelle a été entièrement métamorphosée
sous l'Empire, lorsque l'Institut a pris possession
des bâtiments du Collège. Le sanctuaire était sous
la coupole du petit dôme qui se trouve au fond de
réghse, et aux deux côtés s'ouvraient deux cha-
pelles qui devaient servir de lieu de sépulture aux
Lerouge, Curiosités de PaHs, t. II, p. 137. — G. Brice, Des-
cripHon de Paris^ t. IV, p. 131. — L'endroit sur lequel
s'appuie aujourd'hui le pont des Arts avançait un peu sur
la rivière, de manière à donner plue de largeur au quai.
Voyez le Plan de Deharme, Ce quai, avec les balustrades
et les sculptures, est très-fidèlement représenté dans les
planches qui accompagnent les ouvrages de Sauvai, de
Félibien et de Piganiol.
1. Thiéry, Guide des amateurs et des étrangers voyageurs
à Paris, t. II, p. 487.
^57 -
membres de la famille Mazarin. Un peu plus loin^
une nef était réservée aux élères du Ck)llége*.
Gonune aujourd'hui^ on parvenait à quatre petites
tribunes par quatre escaliers à vis ; un autre mon-
tait jusqu'au-dessus du dôme^ c[ui présente une
particularité fort curieuse : sa forme^ parfaitement
circulaire au dehors^ est elliptique à l'intérieur^ et
c'est dans l'espace que laissent libre ces deux dispo-
sitions différentes qu*ont été pratiqués les escaliers*.
Le plan de cette église se prétait fort peu à sa nou-
velle destination. Des piliers énormes rompaient le
point de vue à chaque angle^ et la voix d'un orateur
se serait perdue dans les renfoncements des cha-
pelles et la hauteur excessive de la voûte. L'archi-
tecte Yaudoyer^ chargé de faire subir au local sa
transformation^ remplit la partie inférieure des
chapelles par des amphithéâtres^ et établit de vastes
tribunes dans la partie supérieure. Enfin^ il rédui-
sit de moitié la coupole du dôme^ en construisant
une coupole intermédiaire percée de huit lunettes
correspondant avec les huit croisées qui entourent
l'ancien dôme. Au-dessus de cette coupole se trouve
donc une seconde salle^ aussi vaste que celle du bas^
On n'avait d'ailleurs rien épargné pour la déco-
1. Lemaire, Paris ancien et nouveau, t. II, p. 558.
2. Thiéry, Guide des amateurs et des étrangers voyageurs
à Paris, t. II, p. 485. — Plan de VEgUse du Collège des Quatre-
Nations et de ses aisles et pavillons. Archives de l'Empire,
N,982.
3 Vaudoyer, Plan, coupe et élévation de V Institut impé-
rial de France, suivant sa nouvelle restauration, p. 5.
— 58 —
ration de cette chapelle. Le pavé, formé de com-
partiments de marbre blanc, noir et jaspé, était
semé d'étoiles, pièces principales des armoiries de
Mazarin. Sous les archivoltes des quatre grands
arcs de la nef principale. Desjardins avait sculpté
les huit béatitudes, et sur les clefs des voûtes
étaient les armes des quatre provinces en fa-
veur desquelles le Collège avait été fondé. Le
tableau du grand autel était de Paul Véronèse et
représentait la Circoncision. Tout autour de la
frise qui règne au-dessous du dôme, on lisait cette
inscription, qui s'aperçoit encore sous la couche de
badigeon dont on l'a recouverte :
SEDEBIT SUB UMBRACULO EJUS IN MEDIO NATIONUM.
Ezechiel, cap. 31, v. 17.
et sur les quatre fausses portes qui semblent sou-
tenir le dôme, se trouvaient les inscriptions sui-
Tantes :
PRAECEDEBAT SAPIENTIAM OMNIUM ORIENTAUUM.
Reg., lib. III, cap iv.
COR EJUS ADVERSUM REQEM AUSTRI.
David, XI.
AB ORIENTE PARET USQUE IN OCCIDENTEM.
Matth., cap. xziv.
EXTENDET MANUM SUAM SUPER AQUILONEM.
Sap. 11. 1
Le mausolée du cardinal Mazarin est le chef-
d'œuvre de Coysevox. Sur un sarcophage de mar-
1. Piganiol de la Force, Description de Paris, t. VI 11,
p. 222.
— so-
bre noir soutenu par des consoles en bronze doré^
se trouve la statue en marbre blanc du cardinal.
Il est représenté à genoux^ les mains jointes^ dans
Fattitude d'un homme en prière ; derrière lui un
ange supporte un faisceau^ une des pièces de son
blason* Là base du cénotaphe se compose de trois
marches de marbre blanc sur lesquelles sont assises
trois ûgures allégoriques en bronze^ qui représen-
tent la Prudence^ TAbondance et la Fidélité. Les
seules critiques que ce mausolée ait soulevées ont
été dirigées contre Hazarin plutôt que contre l'ar-
tiste. Dulaure prétend que le cardinal semble de-
mander à Dieu le pardon des maux qu'il a fait subir
à la France * ; enûn^ les figures allégoriques ayant
toutes trois la bouche close, on a dit que Coysevox
avait voulu rappeler ainsi le silence que Mazarin,
pendant son ministère, avait imposé à la Prudence,
à l'Abondance et à la Fidélité '. Sous Tare qui s'éle-
vait derrière ce mausolée, la Charité et la Religion,
sculptées en bas-relief, soutenaient les armes du
cardinal ; et au-dessus, on lisait rinscription sui-
vante gravée en or sur une longue et épaisse pla-
que de marbre noir ^ :
1. Dulaure, Histoire de Paris, t. V, p. 233.
2. P. Villiers, Manuel du voyageur à Paris, p. 268.
3. L'inscription, telle que nous la donnons ci-contre,
est fidèlement copiée sur l'original conservé au Louvre.
Piganiol de la Force, et tous les historiens qui ont écrit
après lui, n'en ont reproduit que le texte ; tous ont mo-
difié la disposition des lignes pour obéir aux nécessités du
format qu'ils avaient adopté.
— 60 —
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— 61 —
Le tombeau de Mazarin était placé au fond de
la petite chapelle qui existait à droite du maitre-
autel, précisément à l'endroit où se trouve aujour-
d'hui la statue de Napoléon P' ; le corps reposait
dans les vastes caveaux qui s'étendent sous toute
cette partie de l'édifice. Le niausolée, transporté
d*abord auMuséedes Petils-Augustins \ est aujour-
d'hui au Louvre, ainsi que l'inscription qui le sur-
montait; mais; lors du descellement ou pendant
le transport^ le plaque de marbre a été brisée en
trois morceaux dans le sens de la longueur.
Voici, d'après un des registres conservés aux
Archives, les dépenses qui furent faites pour le
mobilier de la chapelle, au moment où elle allait
être livrée au culte :
15 aunes de serge noire pour faire vnze camails, —
67 liv. 10 s.
6 surpliSy — 76 Uv, 8 *.
6 chandeliers et 3 croix de cuiure pour les iront
auUls, — 90 liv.
1 lampe de cuiure pour mettre devant le Saint Sacre-
ment, — 25 liv.
3 sonnettes pour la messe, — 2 liv. 5 s,
3 petits chandeliers de cuiure, — 9 '^^*
4 missels, — 80 liv.
1. A. Lenoir, Description historique et chronologique des
monuments de sculpture réunis au Musée des monuments
français, p. 274.
— 62
1 graduel, — il liv.
1 antiphonier, — 38 liv,
A processionnels, — 12 liv,
1 breuiaire en maroquin noir doré sur tranches, in-
quarto, — 26 liv.^.
Le portique cpii, dans la première cour, fait face
à la chapelle^ portait déjà au-dessous du fronton
ces mots :
BIBLIOTHECA . A . FVNDATORE . MAZARINAEA.
L'architecte chargé de la construction de la bi-
bliothèque avait reproduit aussi exactement que
possible la forme et l'aspect de celle que Mazarin
avait fait établir dans son palais'. L'imitation était
d'autant plus facile que le cardinal avait légué au
Collège, avec ses livres, les magnifiques boiseries
qui entouraient sa bibliothèque ^.
Mais la salle élevée par Dorbay a subi depuis lors
une modification importante. Comme la galerie du
palais Mazarin, elle était primitivement voûtée.
En 1739, on supprima les cintres de la voûte qui
se trouva transformée en un plafond ordinaire,
formant angle droit à sa rencontre avec les murs ;
1. Compte que rend M* Charles Tharel d'Allo, procureur
du collège Mazarin. Archives de l'Empire, H, 28*25.
2. A.-F. Histoire de la bibliothèque Mazarine, p. 125.
— De Laborde, Palais Mazarin, p. 368.
3. Recueil delà fondation du collège Mazarini, p. 9.
- 63 —
l'espace ainsi conquis permit de placer sur le
balcon qui règne tout autour de la pièce vingt
mille volumes de petit format ^
A gauche de la grande porte qui conduit à la
bibliothèque se trouve un appartement occupé
aujourd'hui par M. Philarète Chastes; c'est là que
demeurait le grand maître du Collège *.
Le bâtiment qui s'étend entre la première et la
seconde cour renfermait les logements de deux
professeurs et de deux sous-mattres^ avec le nom-
bre de chambres nécessaires pour les écoliers de
deux nations; les classes d'humanités occupaient
le rez-de-chaussée. Ce corps de logis n'a plus au-
jourd'hui que deux étages. Lorsqu'en janvier
1800, la partie supérieure fut accordée à la biblio-
thèque Hazarine^ on réunit le premier et le second
étage^ en supprimant le plancher de division ; on
obtint ainsi une galerie fort élevée et éclairée par
deux rangs de fenêtres placées l'une sur l'autre \
Cette salle renferme aujourd'hui la bibliothèque
particulière de l'Institut.
La seconde cour du collège des Quatre-Nations
passait alors pour a une des plus grandes qu'il y
1. Prsfatio Catalogi alphahetici hibliothecs MazarinesR ,
p. 6. — Compte que rend messire Barthélémy de la Fleutric.
Archives de l'Empire, H, 2832.
2. Lemaire, Par» ancien et nouveau^ t. II, p. 560.
3. A.-F. Htstoire de la hihliothèque Mazarine^ p. 151 et
suiv. — Voyez aux archives de l'Empire la liasse in-
ventoriée F'3 1176.
— 64 —
eût dans Paris *. » Elle n'était construite que d'un
seul côté^ un mur absolument nu la bornait à gau-
che dans toute la longueur *. Le grand bâtiment
qui s'étendait à droite était, comme le précédent,
partagé en chambres nombreuses, et cette distri-
bution se retrouve encore dans une partie des loge-
ments actuels. Le rez-de-chaussée a été complète-
ment modifié; on y voyait les deux classes de
philosophie, le réfectoire, une grande salle garnie
de tribunes où les élèves subissaient leurs examens
et soutenaient leurs thèses. Le premier et le second
étage étaient occupés par les principaux fonc-
tionnaires du Collège, quelques professeurs et
deux sous-maîtres. Au-dessus logeaient les éco-
liers des deux autres nations.
Une petite porte, située tout à fait à gauche du
mur du fond, donnait accès dans la troisième cour.
Elle avait alors la même largeur que les deux
autres; mais, pendant la Révolution, l'adminis-
tration de l'hôtel des Monnaies s'empara de la
moitié de cet espace, et malgré les réclamations de
M. Lebas, déjà architecte du Palais, l'Empire con-
firma cette prise de possession. La cour était con-
struite de deux côtés seulement, et au milieu se
trouvait un petit parterre planté d'arbres. Autour
se groupaient la cuisine, l'office, le garde-manger,
1. Piganiol de la Force, Description de Paris ^ U VIII,
p. 225.
2. Voyez le plan de Deharme et celui de ïurgot.
récurie, la buanderie et les chambres occupées
par les domestiques. Nous parlerons plus loin de
la manière dont les élèyes étaient nourris, cmsta-
tons seulement ici que la cuisine avait été montée
avec un très-grand soin. Nous ayons retrouvé la
liste des dépenses qui furent faites en 1688 pour
son organisation, dans le nombre figurent les
objets suivants dont rénumération off^ quelque
intérêt à cause des prix qui l'accompagnent :
4 towme-bnche, — 250 liv.
i eœquemardy — 16 liv, 4i s.
2 marmUes de outur», — 33 liv. 19 «.
5 casserolleSy — 31 liv.
A ehaudrùns, — 35 liv.
4 pot»ion,^2 liv. 40 «.
4 escumoire^^i liv.
2 pelles à feu, — 3 liv. A s.
4 gril à rostir, — 1 liv. 40 *.
6 eremaillères, — Î6 liv,
2 poisles à frire, — 3 liv.
40 cousteaux de cuisine, — 48 liv, 7 s,
2 cousteaux à hachis, — 3 liv. \0 s.
i couperet, — 4 liv.
4 lèchefriUe,—^ liv. 45 s,
4 arUonnoir, - 6 liv. 7 s.
4 fuzil dossier, — 15 liv. 15 «. '
1. Compte que rend M* Charles Tharel d*AUo, procureur
du collège Mazarin, Archives de r£mpire, H, 2825.
5
Le parterre, situé au milieu de cette cour, était
soigné par un jardinier payé à Tannée et qui rece-
vait 150 liv.* Le grand-maître Riballier affection-
nait beaucoup ce petit coin de terre; par ses ordres,
les arbres, qui étaient petits et malingres, furent,
vers 1770, abattus et remplacés par de beaux
tilleuls».
La porte de sortie qui ouvrait dans cette troi-
sième cour, donnait sur une rue alors toute nou-
velle et dont le nom n'était pas encore bien déter-
miné. En 1660, on arrivait à la porte de Nesle par
un pont jeté sur un long fossé. Le fossé fut comblé
et la rue qui s'éleva sur son emplacement s'appela
d'abord rue des fossés de Nesle. Ce nom existe en-
core sur le grand plan de Paris, dressé en 1 676 par
Builet, et même sur celui de 1692 par N. de Fer.
DeFejt^en 1707, et de la Caille, en 1714', écrivent
rue des fossez ou Mazarine; enfin, en 1717, appa-
raît la rue Mazarine. Sur un seul plan, qui ne porte
pas de date et qui a été dressé pour l'ouvrage de
Delamarre, on lit rue de Mazarin.
1. Compte que rendmessire Barthélémy de la FZeufrte, etc.
Archives de l'Empire, H, 2833.
2. Registre pour servir aux délibérations et arrêtés de
MM. les inspecteurs et grandr^maitre du collège Mazarin. Ar-
chives de l'Empire, MM, 464.
OUVERTURE DES CLASSES
V
OUVERTURE DES CLASSES
LB DUC DB HAZABIN.
LB LATIN ÀPPEIS BANB MAITBB.— LBTTRB8 PATBNTBI DB LOUIS XIV.
SOUS qUBLLBS CONDITIONS L* UNIVERSITÉ ADMET LB TOLLÉOB
DANS SON SEIN.
LE CORPS DE MAZARIN EST DÉPOSE DANS LA CHAPBLLB.
I N 1672^ les ouvriers travaillaient encore
au pavillon de la bibliothèque et à la
chapelley mais toutes les autres construc*
tions étaient terminées. U était temps de songer à
organiser définitivement le Collège.
Une première difflculté se présenta. A mesure
que les logements s'étaient achevés, ils avaient été
occupés par différentes personnes qui n'avaient
rien de commun avec l'administration du Collège.
Le plus embarrassant de tous ces envahisseurs
était le duc de Hazarin ; il s'était installé dans le
— 70 -
bâtiment situé entre Téglise et la bibliothèque et
refusait fonnellement de se retirer. Il prétendait
établir son droit sur ses titres d'héritier du fonda-
teur, de patron du Collège, et de coUateur des
bourses. Ses prétentions furent examinées en con-
seil et repoussées.
Colbert ordonna alors d'expulser tout locataire
étranger à la fondation. Dans lenombre se trou-
vait un brave professeur nommé Gandouin. Une
des salles de rétablissement lui avait été provisoi-
rement accordée, et il y avait réuni quelques
enfants de trois à quatre ans, auxquels il se pro-
posait d'apprendre le latin, en les entourant de
personnes qui ne leur parlassent jamais d'autre
langue*. Ce système, d'ailleurs, ne pouvait passer
pour nouveau, qu'eu égard à l'âge des enfants
que Gandouin y soumettait ; car, au fond, le prin-
cipe était déjà depuis longtemps admis par l'Uni-
versité. Les statuts de i598, qui ne sont, à cet
égard, que la reproduction des règlements anté-
rieurs, interdisaient dans les collèges l'usage de la
langue française. Les maîtres ne devaient parler
que le latin, et les écoliers étaient tenus de sui-
vre cet exemple, même quand ils causaient entre
eux*.
1. ^iceron. Mémoires pour servir à Vhistoire des hommes
illustres dans la république des lettres, i. VI, p. 185.
2. « Nemo scholasticorum in Collegio lingua vernacula lo
quatur, sed Latinus sermo eis sit vsitatus et familiaris, » S/a-
tvta facvltatis artivm, art. XVI, p. 20.
— 71 -
A la suite de ces petites exécutions^ le local se
trouva complètement libre. Mais l'établissement
ne pouvait entrer en exercice avant d'avoir obtenu
deux autorisations : celle du roi d'abord^ puis celle
de l'Université.
La première était accordée déjà. Par lettres |vi-
tentes du mois de juin 1665 ^, Louis XIV avait
a confirmé^ loué et approuvé le contract » dicté
par Hazarin la veille de sa mort^ il avait ordonné
qu'il fût a exécuté de point en point selon sa forme
et teneur; » et^ plein de reconnaissance pour
a l'infinité d'illustres marques d'une ardente affec-
tion » que lui avait données le cardinal, le roi en-
tendait a que ladite Fondation fût censée et réputée
Royale, et jouit des mesmes avantages, privilèges
et prérogatives que si elle avoit esté par Lui faite
et instituée ^ »
L'autorisation de l'Université fut beaucoup
moins facile à obtenir. Le 22 octobre 1674, les
exécuteurs testamentaires lui présentèrent une
requête par laquelle elle était très-humblement
suppliée d'admettre dans son sein le nouveau col-
lège*. Une assemblée générale eut lieu au couvent
1. Voyez à la fin du volume.
2. Recueil de la fondation du collège Mazarini^ p. 12 à 15.
3. Voyez dans le Recueil de la fondation du collège Ma-
zarini, la Requeste présentée à MM, de l'Université de Paris le
22 octobre 16'"4, pour Vaggrégation du collège Mazarini, et
mise entre les mains du procureur scindic de ladite Université
ledit jour.
— 72 —
des Haihurins^ où, depuis le xiu* siècle^ l'Univer-
sité tenait ses séances; les doyens des quatre
facultés et les procureurs des quatre nations^ pré-
sentèrent successivement leurs rapports. Tous
concluaient à Tadoption^ mais ils soumettaient en
même temps le Collège à des conditions qui en
modiSaient ridée fondamentale et en dénaturaient
le principe. On exigea avant tout la fermeture du
théâtre que la troupe de Molière venait d'établir
rueGuénégaud; l'article 19 des règlements de la
faculté des arts interdisait^ en efTet^ dans les limites
de l'Université^ la présence d'établissements de ce
genre ^ Quant au Collège^ il devait se conformer
aux statuts généraux de l'Université, et présenter
ses statuts particuliers à la censure de la compar-
1. L'Université se composait de quatre facultés : théo-
logie, droit, médecine, arts. La faculté de théologie avait
deux collèges , la maison de Sorbonne et celle de Na-
varre. L'école de droit venait (1771) d'être transférée
place Sainte-Geneviève, dans le local actuel. L'école de
médecine était installée rue Salct-Jean-de-Beauvais»
dans les bâtiments précédemment occupés par l'école de
droit. La faculté des arts embrassait l'enseignement des
lettres et des sciences en général, et comprenait neuf
collèges. Elle était divisée en quatre nations : France,
Picardie, Normandie et Allemagne, qui elles-mêmes se
subdivisaient en un grand nombre de provinces ou tribus;
chaque nation avait ses officiers particuliers, un procu-
reur, un censeur et un questeur.
2. « Omnes gladiatores^ tihicineSt sdltatores, et histrioneSt
ab AcademiaB finibus migrentf et vitra pontes ablegentur, »
Statvta facvltatis artivmj art. XIX, p. 21.
— 73 -
gaie \ Le principal et les professeurs seraient
membres de TUniTersité, ce qui, contre rordre
formel de Mazarin \ excluait les Théatins '. On
n'y enseignerait ni la théologie, ni la jurispru-
dence, ni la médecine. Enfin, il n'y aurait ni
manège, ni professeur de danse, ni maître d'es-
crime.
Cette dernière décision était de la plus haute
importance, et à cet égard, il y arait eu presque
unanimité au sein du conseil. Le rapport du doyen
de la faculté de théologie exigeait ut prœdiclum
CoUegium nullam habeat academiatn palœslricam,
et celui du procureur de la nation française por*
tait ut academia palmitrica removealur. Le pro-
cureur de Picardie déclara academiam gladiato-
riam arctri velle, et celui d'Allemagne demanda
simjdement ut ab eo Colkgio arceantur gladiatores
et $altatorei. Les autres membres de la commis-
sion, sans s'exprimer aussi nettement, ayaient
1. « ut cmterorum CoUegiorum morej Legibus, laudahilihus
InsHtutis, Utibus et Statutis Académie iubjaceat., . . Cum et
Statxita privata condentWf ea cum Universitate et cum singu-
lis Facultatibus communicentur. » — Excriptum ex actis Uni-
versitatis pariiiensis, p. 6.
2. ♦ Le principal et le sous-principal de Pignerolles. . .
seront de l'Ordre des religieux Théatins, et choisis par
les vocaux de la maison de Sainte-Anne-la-Royale. . . . »
Recueil de la fondation^ p. 7.
3. « Non Theatinumt non alium quemcnmque regularem
assumât in primarium, aut admini&tratorem ; non ullum de-
nique qui non sit ex Academix sinu. » — Excriptum ex actis
TJniversitatis parisiensis^ p. 6.
— 74 -
exprimé le même \œu; il se trouvait compris
dans une formule générale^ aux termes de laquelle
le nouveau collège devait être soumis à tous les
règlements de TUniversité, sans exception \
La manière dont fut accueillie cette idée si sen-
sée, si prévoyante, de compléter, par des cours
d'équitation, d'escrime et de danse, l'éducation
reçue dans le collège, est un fait réellement cu-
rieux. Tous les écrivains modernes qui ont écrit
sur cette époque ont reproché au cardinal la lé-
gèreté dont, à leur avis, il avait fait preuve dans
cette circonstance. Us sont, jusqu'à un certain
point, excusables, puisque les contemporains eux-
mêmes, placés dans le milieu le plus favorable
pour apprécier la sagesse de cette mesure, sem-
blent n'en avoir nullement compris la portée.
Il faut se rappeler qu'au xvu« siècle la noblesse
n'avait pas encore généralement adopté Téducation
universitaire. Plus désireuse de former des hom-
mes braves, intelligents et spirituels, que des sa-
vants, elle voyait très- bien à quel danger la vie de
collège eût exposé ses enfants. Avec raison , elle
redoutait pour eux, et l'asservissement à une règle
inflexible qui dénature et amollit le caractère, et
l'influence énervante d'un travail incessant et forcé,
qui enlève à l'esprit sa spontanéité, son originalité
et sa grâce. D'ailleurs, l'héritier du nom et des
armes de la famille devait, avant tout, prendre les
1. Excriptum ex actis Universitalis ParisiensiSt passim.
— 75 —
habitudes, le ton et les manières du monde dans
lequel il était destiné à Tivre, et il ne pouvait guère
les acquérir qu'à la demeure paternelle.
Mazarin montra qu'il avait senti tout cela, lors-
que, fondant un établissement spécialement destiné
à la noblesse, il ordonna, tout cardinal qu'il était,
que réquitation, l'escrime et la danse feraient
partie intégrante de l'éducation qu'on y recevrait.
Sa pensée fut si peu saisie, que les architectes
prirent d'abord sur eux de ne pas construire le
manège; puis vint l'UniTersiié qui se voila la face,
et, d'un trait de plume, annula la volonté de Ma-
zarin. Il en résulta que l'établissement, ainsi mu-
tilé, ne répondit plus du tout à son but. Aussi,
quoiqu'il présentât de grands avantages sur les
autres collèges, quoiqu'il eût été déclaré par
Louis XIV FONDATION ROYALE, les grandes familles
ne l'acceptèrent jamais, et la noblesse pauvre dai-
gna seule y envoyer ses enfants. De là le peu de
noms historiques que nous fournira la liste des
élèves qui, dans l'espace de cent ans, y firent leur
éducation.
Les exécuteurs testamentaires s'inquiétèrent peu
de faire respecter les intentions formelles du car-
dinal, ils acceptèrent la décision de FUniversité;
et le roi lui-même, qui, par ses lettres patentes de
1665, avait approuvé la création de cette acadé-
mie, ordonne, par celles de 1688, qu'elle ne sera
pas exécutée.
Le collège ne pouvait entrer en exercice avant
— 76 —
que le cardinal fût venu prendre place au milieu
de sa splendide fondation. Hazarin était mort à
Vincennes le 9 mars i66i ^; le lendemain^ son
corps fut exposé dans la chapelle du château^ et le
il le service religieux eut lieu « sans beaucoup de
cérémonies^ » dit madame de Hotteville^ quoique
un grand nombre de prélats et tous les membres de
la famille Hazarin y assistassent^. Les Théatins^
qui avaient été établis en France par le cardinal^
et qui lui devaient la construction de leur église,
consacrée sous le nom de Sainte-Anne-la-Royale,
obtinrent de posséder son cœur; il leur fut livré
dans la soirée du 28 mars ^. Le corps, qui avait
été provisoirement déposé à Vincennes, fut trans-
porté en grande pompe, le 6 septembre 1684, dans
la chapeUe du collège ^
C^est quatre ans après seulement, en octobre
1688, qu'eut lieu l'ouverture des classes. Nous
n'avons à cet égard d'autres renseignements que
ceux qui nous sont fournis par G. Brice; il nous
1. Gazette de France, n* du 12 mars 1661.
2. Mémoires pour servi/r à l'histoire d'Arme d* Autriche,
t. X, p. 201.
3. Aubery, Histoire du cardinal Mazarin, t. IV, p. 419.
4. G. Patin, Lettre du 29 mars 1661, à Falconet, t. III,
p. 350. — Aubery, Histoire du cardinal Mazarin, t. IV,
p. 418.--Piganiol de la Force, Description de Paris, t. VIII,
p. 300. — Jacquemart, Remarques sur les abbayes, collé-
giales , etc., p. 208.
5. Lemaire, Paris ancien et nouveau, t. II, p. 559. — Au-
bery, Histoire du cardinal Afaaam, t. IV, p. 420.
— 77 —
apprend que a cette cérémonie se fit avec un con-
cours considérable de personnes de distinction, et
fut honorée de la présence de plusieurs illustres
membres du Parlement ^ »
La bibliothèque était terminée, mais les classe-
ments Ultérieurs et les travaux d'inventaire ne
permirent pas d'en faire jouir le public avant 1691 .
Elle fut alors livrée aux gens de lettres deux jours
par semaine, les lundis et jeudis, le matin de huit
à dix heures et demie, et le soir de deux à quatre
heures *. Cet état de choses subsista jusqu'à la
Révolution.
1. G. Brice, Description de la ville de Paris, t. IV, p. 130.
2. Le livre commode ou les adresses de la ville de Paris. —
Prmfatio Catalogi alphabetici bihliothees Mazariner, p. 7. —
Lettres patentes de 1688, art. 24. — D. Maichclius, Intro-
ductio ad historiam literariam de prxcipuis hihliothecis pari-
siensiluSj p. 75. — A. -F., Histoire de la bibliothèque Ma-
zarine, p. 125 à 127.
VI
PERSONNEL
VI
PERSONNEL
EMPLOYÉS* LEUR BIBRÂRCBIR ET LEUR TRAITEMENT.
LE GRAND MAITRE. LE BIBLIOTHECAIRE.
LE «OUB-BIBLIOTBÉCAIRE. LE PROCUREUR. LE CHIEN DE COUR.
ELEVES. LEUR NOMBRE.
PAR QUI NOMMÉS. CONDITIONS D*ADMISSIOM. TROUSSEAU.
AZARiif^ dans l'acte de fondation du
collège^ avait réglé d'avance le nombre
et les attributions des fonctionnaires su-
périeurs. Ses volontés, à cet égard, furent scrupu-
leusement respectées.
Le nouvel établissement fut donc placé sous la
haute autorité de la Maison de Sorbonne. Chaque
année, quatre Docteurs de cette société étaient dé-
signés pour entendre et vérifier le rapport du pro-
cureur, qui rendait un compte exact des recettes
— 82-
et des dépenses. Cette organisation ne fut modifiée
qu'en juin 1791 ; à cette époque, les Docteurs dé-
signés ayant refusé de prêter serment à la consti-
tution civile du clergé n'entrèrent point en fonc-
tions '.
Les attributions des quatre inspecteurs se bor-
naient d'ailleurs à exercer sur la fondation une
surveillance générale. Un autre Docteur de la
Maison de Sorbonne était le chef réel du collège.
Il avait le titre de Grand-Maître, et cette qualifica-
tion un peu ambitieuse a excité la verve de plus
d'un écrivain, a C'est ainsi qu'Homère appelait
Jupiter, dit Mercier, summus moderatorOlympi*.s)
Le traitement du grand-maître, qui, à l'ouverture
du collège, était de quinze cents livres, fut porté
à deux mille en 1781 '; il avait en outre la table et
le logement. Suivant Mercier, ces fonctions «étaient
une retraite honorifique où l'on pouvait digérer
en paix *. » Ce qui est sûr, c'est que, dans Tespace
de plus de cent ans, sept grands -maîtres seulement
1. Registre pour servir aux délibérations et arrêtés de
MM, les inspecteurs et grand-maitre du collège Mazarin. Ar-
chives de TEmpire. MM, 464, p. 148.
2. Mercier^ Tableau de Paris, t. V, p. 141.
3. Lettres patentes du Roi portant règlement pour le collège
Mazarin^ données à Versailles le 30 mars 1781 . — Registre
pour servir aux délibérations et arrêtés de MM. les inspecteurs,
et grand-maitre du collège Mazarin. Archives de l'Empire.
MM, 464.
4. Mercier, Tableau de Paris, t. V, p. 141.
— 83 —
se sont succédé sur ce trône tranquille. Voici leurs
noms :
P. Jean le Chapelier de Moron^
1688 — décembre 1721.
Jean-ântoine Pastel^
janvier 1722 — juin 1724.
Jacques Rorre^
juin 1724 — juin 1742.
Louis-Charles de Brailles,
juin 1742 — décembre 1754.
André Salmon^
janvier 1755 — juillet 1765.
Amrroise Rie allier^
août 1765 — août 1785.
Euanuel-Clëbient-Chrétien Bruget^
août 1785 — .... 1791.
Riballier est le seul dont le nom ait échappé à
l'oubli, et il le doit presque exclusivement aux
attaques du parti encyclopédiste et aux plaisante-
ries de Voltaire. Riballier, comme syndic de la
faculté de théologie , avait présidé les assemblées
de Sorbonne où le Bilisaire de Marmontel avait
été censuré. Il lui en coûta cher. Dans les trois
— 84 —
Empereurs en Sorbonne, Voltaire Taffuble du nom
de Ribaudier^ el le traite ainsi :
Us entrent dans l'étable où les docteurs fourrés
Ruminaient saint Thomas et prenaient leurs degrés.
Au séjour de VErgo, Ribaudier en personne
Estropiait alors un discours en latin.
Ceci n'était rien. Mais le malheureux syndic s'a-
visa de répondre ; en 1758, il publia la Lettre d'un
docteur à un de ses amis au sujet de Bélisaire '.
Comme presque toutes les discussions théologi-
ques de cette époque, la querelle ne portait d'ail-
leurs que sur des futilités; il s'agissait de savoir
si les grands hommes de Tantiquité, ceux-là mêmes
qui avaient au suprême degré pratiqué la justice
et les bonnes œuvres, étaient damnés; etRitiallier
soutenait bravement* que tous étaient en enfer,
puisqu'ils n'avaient pu connaître ni la science du
salut, ni la sainte religion catholique. C'était si
naïf, que Marmontel dédaigna de se fâcher. Quant
à Voltaire, qui ne lâchait pas prise aussi facile-
ment, il continua à maltraiter le pauvre syndic.
A brûler les païens Riballier se morfond,
dit-il encore dans VÉpître au roi de la Chine.
Au reste, Riballier prouva qu'on peut être tout
1 . On a réuni sous le titre Pièces relatives à V examen de
Bélisaire : P Réponse à V apologie de Marmontel] 2^* Lettre de
Voltaire ; 3" Critique théologique du XV* chapitre de Béli-
saire; Paris, 1768, in-12.
— 85 —
à la fois un absurde théologien et un excellent
administrateur^ car le collège lui dut de très-
précieuses innoyations. En mourant, il légua cinq
cents livres en faveur de pauvres écoliers ^
Immédiatement au-dessous du grand-maitre,
venait le bibliothécaire. Le procureur avait long-
temps protesté, il prétendait aussi à la seconde
place; mais, en 1767, cette grave question hiérar-
chique fut définitivement vidée à l'avantage du
bibliothécaire*. Celui-ci devait, comme le grand -
maître, être Docteur de Sorbonne, et son titre in-
dique suffisamment en quoi consistaient ses fonc-
tions, n nommait le sous-bibliothécaire et les deux
serviteurs de la bibliothèque *. Avant d'entrer en
charge, il signait l'inventaire des livres dont la
garde lui était confiée ; à sa mort, un récolement
très-minutieux était fait, et plus d'une fois on a
pris sur la succession du bibliothécaire la somme
nécessaire pour remplacer quelques ouvrages qui,
pendant son administration, avaient été détruits
ou égarés.
1. Registre pour servir aux délibérations et arrêtés de MM. les
inspecteurs et grand-maitre du collège Magarin, Archives de
l'£mpire. MM, 464.
2. Compte que rend messire Emmanuel-Clément-Chrétien
Brugett etc. Archives de l'Empire. H, 2835. — Aux termes
de l'article 30 des Lettres patentes de 1688, le bibliothé-
caire n'avait la préséance sur le procureur que quand ce-
lui-ci était moins ancien.
3. Lettres patentes de 1688, article 22. — Recueil de la
fondation du collège Mazarini^ p. 8.
Lapoterie qui^ du vivant de Mazarin^ avait rempli
les fonctions de bibliothécaire^ donna sa démission
en 1688^ et une pension de doiize cents livres lui
fut accordée. Il eut pour successeurs :
L. Piques . . . avril 1688— 10 avril 1695.
P. CouleaU . . avril 1695— 27 novembre 1708.
J. B. Quinot. . nov. 1708— 14 août 1722.
P. Desmarais . août 1722 — 23 février 1760.
i. Vermond. . avril 1760— avril 1778.
L. J. Hooke . . avril 1778— 19 mai 1791.
L'abbé Hooke^ ayant refusé de prêter serment à
la constitution civile di; clergé^ fut remplacé en
mai 1791 par Fabbé Leblond * qui^ depuis vingt
ans^ exerçait les fonctions de sous-bibliothécaire.
Hais l'abbé Leblond fut nommé par le directoire
du département de Paris; le collège des Quatre-
Nations^ en fait^ n'existait donc plus.
Le traiteinent du bibliothécaire varia de douze
cents à dix-huit cents livres. Il était^ à cet égards
1. Consulter : A. Barbier, Examen critique et complément
des dictionnaires historiques^ t. I, p. 454. — Bailly, Notice
historique swr les bibliothèques anciennes et modernes, p. 119.
— Petit Radel, Recherches sw les bibliothèques anciennes et
modernes, p. 309. — Hooke, Requête au Roi, 1791, in-4" de
12 p. — Ceard, Mémoire à consulter et consultation pour le
sieur Ceard, Htoyen actif, garde national^ et l'un des gardes
de la bibliothèque Mazarine, 1791, in-4o de 12 p. Ces deux
dernières .pièces s'ont extrêmement rares, elles existent
à la Bibliothèque impériale.
— 87 —
placé sur le même pied que le procureur. Celui-ci
était chargé de tout ce qui concernait Tadminis-
tration matérielle du collège : le réfectoire et la
lingerie, les traités avec les fournisseurs, Fenlre-
tien des bâtiments, étaient exclusivement de son
domaine, et il présentait chaque année aux inspec-
teurs un compte détaillé des recettes et des dé-
penses de rétablissement. Tous ces comptes rendus
sont aiyourd'hui conservés aux Archives de l'Em-
pire, et c'est grâce à eux que nous avons pu retrou-
ver l'histoire et l'organisation du collège des
Quatre-Nations.
L'emploi de procureur était un premier pas pour
parvenir au grade de grand-maitre : aussi , deux
noms portés déjà sur la liste de ceux-ci vont-ils se
retrouver ici s
Charles Tharel d'Allo 1688—1702
Jean Rabouyn 1702—1712
Jean-Robert Golier 1712—1718
Nicolas Vamier 1718—1722
Barthélémy de la Fleutrie .... 1722—1760
Ambroise Riballier . . • 1761—1765
E. Clément-Chrétien Bruget ... 1766—1785
André Raulin 1786—1789
Brion 1790—1791
Après le procureur, se place le sous-principal.
Il avait dans ses attributions la surveillsoice directe
des élèves; de là le nom de chien de cour, sous le-
— 88 —
quel il était souvent désigné. Séyère maintien de
la discipline^ il remettait chaque soir au grand-
maître un rapport sur la conduite des écoliers
pendant la journée.
Le sous-bibliothécaire surveillait le service pu-
blic de la bibliothèque^ et avait la haute main sur
les deux gardiens chargés de donner les livres. Le
titre de docteur de Sorbonne n'était pas exigé pour
remplir ces fonctions; aussi^ comme on va le voir^
aucun sous-bibliothécaire nVt-il obtenu le grade
supérieur :
D. BaiUet 1688-1692
Pierre de Francastel 1692—4733
Marie- Antoine de la Forgue. . . . 1733 — 1767
Berthier 1767—1768
Mole 1768—1770
G.-M, Leblond 1770—1791
Venaient enfin dix professeurs ou régents ^ le
chapelain^ les sous- maîtres et les différents do-
mestiques. Voici au reste, quel était, en 1789, le
personnel du collège avec le traitement attribué à
chaque fonction :
Bkvget, grand-maître 2,000 liv.
HooKE, bibliothécaire 1,800
Raulin, procureur • . . 1,800
Forestier, sous-principal 800
Haughegorme, professeur de philo-
— 89 —
Sophie 1,000 liv.
Brion^ ^^ professeur de philosophie, i ,000
Cbàuyeau^ professeur de mathéma-
tiques 600
Geoffroy^ professeur de rhétorique, l,iOO
Charbonivet^ 'l^ professeur de rhé-
torique I,i00
Hennebert^ professeur de seconde. . 900
Fremois^ professeur de troisième. . 700
Daire, professeur de quatrième . . 700
PoTET, professeur de cinquième. . . 700
Labour^ professeur de sixième. . . 700
Leblonb^ sous-bibliothécaire .... 700
Daire^ chapelain 400
^EiEL y sous-maitre 600
Daire^ sous-maître 600
HauqueT; sous-maitre 600
Vagquerib^ sous-maitre 600
Hanet^ agent du collège 400
Cornet, officier 360
Dreux^ chef de cuisine 360
Ceard^ gardien de la bibliothèque. . 300
ÂHERNE^ ^'^ gardien delà bibliothèque 300
LoGQUET^ sacristain 100
MAmvEKsnHy aide de cuisine^ .... 150
CAzm, portier 150
PiÉDALUE, portier 150
1. Sur le compte de 1793, les différents domestiques
sont qualifiés hommes de confiance.
— 90 —
L'Épine, garçon de salle 150 liv.
Brisset, garçon de salle 150
THtJiLLiER, garçon de corridor.. . . 200
Tripot, garçon de corridor 200
Mathon, garçon de corridor .... 200
Chrétien, garçon de corridor . . . 200
DuGUET, jardinier 250
Chevallier, frotteur de la biblio-
thèque, et correcteur 150
Toussel, laveur 100
Monier, récureur 75 *
Dans le petit État qui nous occupe, les gouver-
nants étaient plus nombreux que les administrés.
Aux termes de la fondation, le nombre des élèves
devait être de soixante *; sous prétexte de la dureté
des temps, ce chiffre fut limité à trente; Tous de-
vaient, nous l'avons vu, être originaires d'uoe des
quatre provinces réunies à la France par les traités
de Munster et des Pyrénées '. Cependant les lettres
patentes de 1688* statuèrent que si ^es provinces
ne fournissaient pas un nombre suffisant d'écoliers,
on pourrait en choisir dans toute autre partie de la
France. Plus tard, des lettres patentes du 30 mars
1. Compte que rend messvre André Raulin, etc. Archives
de l'Empire. H, 2842.
2. Recueil de la fondation du collège Mazarini, p. 4.
3. Recueil de la fondation du collège Maza/rini, p. 2.
4. Article 7.
— 91 —
1781 confinnèrent une déclaration du 21 ayril
nu, aux termes de laquelle la noblesse de Bresse,
Bugey et Gex avait droit aux places antérieurement
réservées à la noblesse de Pignerol, et arrêtèrent
que la Lorraine et la Corse pourraient envoyer
huit pensionnaires au collège *. Dès lors, le nombre
des élèves varia sans cesse : en 1780, il était de
trente-deux •; en 1789, il s'éleva à trente-six; en
1791, rémigration qui commençait le réduisit à
vingt et un*.
Mazarin avait voulu que a les gentilshommes
fussent toujours préferez aux bourgeois ^; » mais
les lettres patentes de 1688> ordonnèrent que, les
élèves une fois admis, il ne serait plus fait entre
eux aucune distinction, à quelque classe sociale
qu'ils appartinssent.
Le candidat, après avoir établi de quel pays il
était originaire, devait donc encore prouver quatre
degrés de noblesse paternelle. Cette constatation,
sur laquelle on avait fini par se montrer fort in-
dulgent, fut rétablie dans toute sa rigueur sous
l'administration de Riballier. Le fameux d'Hozier,
1. Lettres patentes du Roi, portant règlement pour le collège
Mazarin, in-4* de 7 p.
2. Registre pour servir aux délibérations et arrêtés de MM, les
inspecteurs et grand^mattre du collège Mazarin, Archives de
l'Empire. MM, 464.
3. Compte rendu par le citoyen Brion, procureur du collège
desQuatre-Nations. Archives de l'Empire, H, 2842.
4. Recueil de la fondation du collège Mazarini, p. 5.
5. Article 3.
— 92 —
juge d'armes de la noblesse de France^ fut long-
temps chargé d'examiner les titres produits par
les candidats, et chaque vérification de ce genre
lui était payée soixante-neuf livres *. La formule
adoptée pour Tinscription d'un nouvel élève sur
les registres du collège était ordinairement conçue
en ces termes : « Vu le certificat du sieur d'Hozier,
généalogiste du roi; rapport fait des titres présen-
tés^ et examen d'iceux, qui ont été trouvés suffi-
sants tant pour la noblesse que pour les autres
qualités, X,... a été reçeu pour jouir de tous les
avantages de pensionnaire^. »
Chaque élève devait apporter en entrant un
trousseau composé de
2 habits neufs complets, un d'été et un d'hiver,
2 redingottes,
12 chemises.
12 cols.
12 coeffes de nuit.
12 mouchoirs.
12 serviettes.
12 paires de chaussons^.
1. Registre pour servir aux délibérations et arrêtés de MM. les
inspectewrs et grand-maître du collège Mazarin, Archives de
l'Empire. MM, 464.
2. Registre pou/r servir aux délibérations et arrestés de mes-
sieurs les inspecteurs et grand-maistre du collège Mazarin.
Archives de l'Empire. MM, 463, p. 21.
3. Registre pour servir aux délibérations et arrêtés de MM. les
inspecteurs et grand'maitre du collège Mazarin, Archives de
l'Empire. MM, 464.
— 93 —
On ne pouvait être admis au collège des Quatre-
Nations ayant Tâge de dix ans^ ni après quinze ans
révolus S et il fallait nécessairement professer la
religion catholique. C'était d'ailleurs là une des
règles générales adoptées par l'Université ; elle ne
souffrait d'exception qu'en faveur des élèves ex-
ternes^ et encore étaient-ils immédiatement chassés
s'ils se permettaient de s'entretenir, même avec
leurs camarades, des principes de la Réforme *.
Le cardinal avait très-expressément ordonné
que le droit de désigner les élèves appartiendrait
(c à l'aisné de ceux qui porteroient son nom et
ses armes'; » mais la fondation ayant été réputée
royale, les premières nominations furent faites par
Louis XIV. En mai 1714, un arrêt du conseil d'État
remit cette prérogative à Gui-Paul-Jules Mazarin,
pair de France, neveu du cardinal^. Celui-ci
étant mort le 30 janvier 1718, sans laisser de pos-
térité masculine, le roi, s'appuyant sur l'article 2
des lettres patentes de 1688, reprit le droit de no-
1. Lettres patentes delGQSf art. 5.
2. <c Nemo a Crymnasiarchis in collegia admittatur, et hos-
pitio eœcipiatur, quiReligionemCatholicam et Apostolicam non
amplectatur. Exteri quiadeunt collegia studij causa monean-
tuVy ne de noua religione sermones inter condiscipulos , aut
altos omnino conférant, Quod si neglexerint^ aditu collegij
prohibeatur. » — Statvta facvltatis arttvin, art. III.
3. Recueil de la fondation du collège Mazarini, p. 5.
4. Registre pour servir atkx délibérations et arrestés de mes-
sieurs les inspecteurs du collège Masarin, et grand-maistre .
Archives de l'Empire. MM^ 463.
— 94 —
mination; mais en décembre 1728 il le céda à
Philijppe-Juies-François Mancini, duc de Nivemois,
qui était petit-fils de Mazarin ^
La liste des pensionnaires qui, dans Tespace de
cent vingt ans, se succédèrent au collège des
Ûuaire-Nations, présente peu de particularités
intéressantes. Les registres de l'établissement sont
même à cet égard un guide fort insuffisant, car
ils indiquent rarement le prénom des élèves, et
nous n'avons pu retrouver qu'un très-petit nombre
des certificats délivrés par d'Hozier. Voici le ré-
sultat de consciencieuses recherches, faites un peu
partout.
En 1691, un de Beauforl*ei un de Sainle-Alde-
gonde sont admis comme pensionnaires; un de
Chaulnes en 1696. En 1717, apparaît « Philippe-
François Barly natif de Dunkerque, petit-fils de
Jean Bart, capitaine de vaisseau, et fils du sieur
Bart, capitaine de vaisseau et chevalier de Saint-
Louis '. » Trois ans plus tard, nous trouvons men-
tionné Gaspard-François Bart, sans doute le frère
1. Registre powr servir aux délibérations et arrêtés de MM. les
inspecteurs et grand-maitre du collège Mazarin, Archives de
l'Empire. M M, 464.
2. La famille de Beaufort était fort ancienne, et subdi-
visée en un grand nombre de branches, successivement
originaires du Limousin, de la Champagne, du Dauphiné,
du Languedoc, de la Savoie et de l'Artois.
3. Registre powr servir aux délibérations et arrestés de mes-
sieurs les inspecteurs du collège Mazarin y et grandrmaistre.
Archives de l'Empire. MM, 463.
— 95 —
du précédent^ mais rien ne i'indique^ Le xviii'' siè-
cle nous fournit encore : le savant compilateur
Jean-Pierre Niceron • ; un sieur Cambronne, entré
au collège en 1737; Torientaliste Etienne Four-
mont, et le célèbre avocat Henri Cochin; le poète
DestotieheSy dont d'Âlembert a prononcé l'éloge;
HelvéHuSy le père du philosophe; Crébillon ; Tabbé
Gaujet, ïaiuieuT delsL Bibliothèque française; l'as-
tronome Nie. de Lisle, le chirurgien François
Marandy Tacteur Lekain, le littérateur Nicolas
Charvey, et le médecin Pierre Demours. Le prési-
dent Hinaulty élevé chez les Jésuites^ vint faire sa
philosoqphie au collège des Quatre-Nations '. D'A-
lembert, fils naturel de M"' de Tencin, recueilli
par la femme d'un vitrier^ fut mis en pension à
douze ans^ et entra au collège Hazarin en 1730.
Le chimiste Lavoisier y fit aussi ses études. /ean-
Sylvain Bailly, le futur maire de Paris^ y étudia
les mathématiques sous Lacaille. Enfin^ en 1788^
apparaît un sieur Custines, fils peut-être du fa-
meux général.
De 1734 à 1753^ trois membres de la famille de
1. La famille Bart fut anoblie par Louis XIV; les lettres
de noblesse sont insérées dans le Mercure d'octobre 1694.
Le fils du fameux Jean Bart mourut à Dunkerque le 30 avril
1755, vice-amiral et grand-croix de Saint-Louis.
2. Goujet, Éloge de J, P. Nicerorit dans les Mémovres
pour servir à Vhistoire des hommes illustres de la république
des lettres, i, XL, p. 380.
3. Sainte-Beuve, Le président Eénaultt dans le Moniteur
universel du 18 décembre 1854.
- 96 -
Galonné prennent place parmi les pensionnaires^
ce sont : Charles-Alexandre de Calonne, le célèbre
contrôleur général des finances au début de la ré-
volution; JacqueS'Ladislas de Calonne, son frère*,
et Jean-Baptiste de Calonne. Cette période nous
fournit encore : Thistorien Anquetil, le poète Des-
forges yle chimiste Charles-Louis Cadet-Gassicourt,
le vétérinaire Desplas,le littérateurioms-Germam
Petitain, le chevalier d'^on, et le ipoèieEcouchard,
surnommé Lebrun-Pindare : son père était valet
de chambre du prince de Conti, dont Thôtel tou-
chait le collège. Le peintre David y étudia éga-
lement; on raconte que, pendant une récréa-
tion, une pierre lancée par un de ses camarades
l'atteignit au visage et lui cassa une dent; il
survint une tumeur contre laquelle les ressources
de la chirurgie furent impuissantes, et qui, en
déformant ses traits, lui occasionna un embarras
de prononciation qu'il conserva toute sa vie •.
Parmi les noms qui se sont illustrés pendant le
xix® siècle, citons : le géographe Barbier du Bo-
cage, Tarchéologue Alexandre Lenoir, fondateur
du Musée des monuments français; le littérateur
Mehée de la Touche, le mathématicien Legendre,
le chansonnier Désaugiers, le jurisconsulte Del-
1. Sur la fâcheuse aventure qui lui arriva à la fin de ses
études, voyez la Chasteté du clergé dévoilée, t. II, p. 220.
2. Miel, dans VEncyclopédie des gens du monde y article
David.
— 97 —
vincourlj l'auteur dramatique Jean-Armand Char-
lemagne; François É tienne Kellermann, duc de
Valmy, flls du célèbre maréchal de France ; l'avocat
Ferdinand Bonnet, défenseur du général Moreau ;
le peintre Barthélémy Garnier, Louis-Joseph-
Charles de Manne, qui mourut en 1832 conser-
vateur à la Bibliothèque royale ; le général Bil-
lard, mort en i855; Benoiston de Chateauneuf,
mort membre de l'Institut en 1856, et le savant
Jomard, mort il y a quelques mois.
Le collège des Quatre-Nations a eu peu de pro-
fesseurs qui aient laissé un nom célèbre. Nous ci-
terons pourtant le géomètre Pierre Varignon, qui
y enseigna longtemps les sciences, et fut enterré
dans les caveaux de la chapelle*. Le même hon-
neur fut accordé au savant astronome Lacaille *,
1. Savérien, Histoire des Philosophes modernes, t. V, p. 329.
— Brice, Description de Paris, t. IV, p. 126.
2. Voici un fragment des lettres de faire part qui furent
enyoyées à sa mort : Vous êtes priés d'assister au convoy
et enterrement de Messire Nicolas-Louis de la Caille, . . ,, pro-
fesseur de mathématiques au collège Mazarin^ décédé audit
collège; qui se fera ce jourd'huy lundi 22*'"« mars 1762 à 5 ^.
précises du soir^ en Véglise Saint-Sulpice, sa paroisse. Et au
transport qui se fera ensuite en la chapelle du collège Mazarin,
où il sera inhumé. Requiescat in pace.
Quelques jours après, un service eut lieu au collège
même, comme le constate le billet suivant ; Vous êtes
prié de la part de Messieurs du collège Mazarin de leur faire
l'honneur d'assister au service quiU célébreront mercredi
31 mars 1762 dans leur chapelle, à dix heures précises, pour
le repos de Vâme de Messire Nicolas-Louis de la Caille, pro-
fesseur de mathématiques audit collège
7
dont les cours de mathématiques étaient très-
appréciés et très-suivis. Quand il vint s'installer
au collège, on lui fit élever, dans l'établissement
même, un observatoire à toit tournant, a le plus
commode qu'il y eut à Paris*;» il reposait en
effet sur un des lourds massifs qui s*élèvent aux
côtés de réglise, ce qui contribuait à donner aux
instruments une complète immobilité. On voyait
alors à Paris six petits observatoires de ce genre :
au couvent des Capucins de la rue Saint-Honoré, à
l'hôtel Cluny, au Collège royal de la place Cambrai,
à l'abbaye de Sainte-Geneviève et à l'École mili-
taire*. Sous le Directoire, Lakanal fit décider que
celui du collège Mazarin serait mis à la disposition
du Bureau des longitudes : il a été démoli lors de
l'installation de l'Institut dans les bâtiments du
collège. Lacaille eut pour successeur l'abbé Joseph-
François- Marie, qui mourut en 1804.
La chaire de seconde fut occupée, à partir de
On trouve la mention suivante sur les registres de la
paroisse Saint-Sulpice pour 1762 : Le vingt-deux mars mil
sept cent soixante-deux, a été fait le convoy et ensuite le trans-
port en clergé en la chapelle des Quatre-Nations^ de messire
Nicolas-Louis la Caille..., professeur de mathématiques au
collège Mazarin. . . . mort la veille audit collège, âgé d'environ
qu4irante-huit ans; témoins M* Ambroise Rihallier, procureur
dudit collège, et Louis François de la Tour, libraire et impri-
meur, qui ont signé.
1, Jourruil historique du voyage fait au cap de Bonne-Es-
pérance par Vabbé de la Caille, p. 95.
2. Thiéry^ Guide des Amateurs et des Etrangers, t. Il,
p. 270.
4767, par Pierre-Charles Cosson qui, de son vivant,
jouit d'une certaine notoriété. Il avait adopté un
système d*enseignement fort original; convaincu
que c'est méconnattre la nature humaine que de
la conduire à la sagesse par la contrainte et la se*
vérité, il donnait ses leçons en forme de jeux. Son
Tite Live à la main, il divisait les élèves en Car-
thaginois et en Romains : le rôle était distribué à
chacun, le plan de campagne arrêté, les positions
fixées, et les manœuvres s'exécutaient tout en expli-
quant l'auteur, dont les expressions restaient gra-
vées dans la mémoire des jeunes combattants ^
A la fin du xviii** siècle, Geoffroy (Julien-Louis),
qui se fit plus tard un nom dans la critique lit-
téraire, passa comme professeur de rhétorique du
collège de Navarre au collège Hazarin.
1. Bouilliot, Biographie ardennaise^ article Cosson*
VII
ORGANISATION INTERIEURE
vil
ORGANISATION INTERIEURE
CHÂMBRB8 DBS BLkYBfl , LEUR MOBILIBR. — LBS RBPAS : 0OUTBRT8 ,
LINOB, TAISSBLLB.
NOURRITURB : CONSOMMATION DU OOLL^OB ÀNNÉB MOTBNNB,
PRIX DBS DBNRÉBS ALIMBNTÂIRBS BN 1689.
DIVISION DBS CLASSBS, PR0FB8SBUR8. — PBINBS CORPORBLLBS.
LBS MÂRTINBTS. — RÈOLBMBNT INTÉRIBUR.
KMPLOI DB LA JOURNBB. — RÉCRÉATIONS, PROMBNADBS, SORTIBS.
BXBRCICK8 RBLIOIBUX.
DISTRIBUTION DBS PRIX. — TRAOBDIB.
A fâcheuse coutume de rassembler la
nuit les élèves dans un dortoir commun
était inconnue du collège des Quatre-
Nations; chaque pensionnaire avait sa chambre.
La distribution des logements était faite au com-
mencement de Tannée par le grand-maitre qui^
autant que possible^ réglait le partage de manière
à placer ensemble les écoliers d'une même nation.
Les cl^ambres avaient toutes à peu près la même
— 104 —
grandeur^ et étaient éclairées par une seule fenê-
tre. Le mobilier^ semblable dans toutes^ se com-
posait d'un lit, d'une table^ et de trois chaises de
paille. Le lit^ en bois de cbêne^ avait six pieds de
long sur trois de large; un traversin rempli de
plumes, une paillasse et deux matelas recouverts
de futaine le garnissaient ^ Les rideaux étaient de
serge d'Aumale verte, et bordés par un large galon.
La serge avait été achetée à Saint-Denis, en 1688,
à la célèbre foire du Landy, il en avait fallu quinze
cent cinquante aunes ; on eut le même jour
soixante pièces de galon. Les matelas engloutirent
deux mille quarante-huit livres de laine, les tra-
versins quatre cents livres de plumes, et les pail-
lasses trois quarterons de bottes de paille. On
employa en outre deux cent quarante aunes de
futaine pour recouvrir les premiers, et quatre-
vingt-quatre aunes de coutil pour les seconds.
Chaque paire de draps représentait six aunes de
toile ; et chaque douzaine d'essuie-mains, quinze
aunes*.
1 . Registre pour servir aux délibérations et arrêtés de MM. les
inspecteurs et grand-maître du collège Mazarin, Archives de
l'Empire. MM, 464.
2. Les quinze cent cinquante aunes de serge coûtèrent
1880 liv. 10 s.; les soixante pièces de galon, 49 liv. 5 s.
6 d.; les deux mille quarante-huit livres de laine, 939 liv.
9 s. 9 d. ; les quatre cents livres de plumes, 300 liv. ; les
bottes de paille, 27 liv. 10 s. ; les deux cent quarante au-
nes de futaine, 230 liv.; et les quatre-vingt-quatre aunes
de coutil, 127 liv. 7 s. 7 d. Compte que rend M* Charles
Tharel d'Allo Archives de l'Empire. H, 2825.
- 105 —
Jusqu*en 1737, les élèves travaillaient dans leurs
chambres. A cette époque, on fit établir à Textré-
mité de chaque corridor, une salle d'étude qui
réunit les écoliers pendant la journée * .
Les chambres étaient d'ailleurs très- fréquem-
ment visitées parles sous-malt res, qui conflsquaient
sans pitié tous les objets défendus *. Après les mau-
vais livres et les bouteilles de liqueur, c'est sur les
pierres à fusil et l'amadou qu'avait le plus souvent
à se tourner leur colère.
Au réfectoire, les élèves se servaient de couverts
d'argent qui étaient fournis par le Collège, et qui
portaient les armes de Hazarin. Le service était fait
dans de la vaisselle d'étain, les nappes étaient
jaunes et les serviettes a demy-blanches. » Une
lecture à haute voix, que les élèves faisaient tour
à tour, avait lieu pendant chaque repas. Le pre-
mier ouvrage acheté dans ce but fut l'Histoire de
France de Cordemoy , on lut ensuite la Vie des
Saints, puis la Bible en latin.
1. Registre pour servir aux délibérations et arrestés de mes-
siev/rs les inspecteurs du collège Mazariny et grand-maistre . Ar-
chives de rSmpire. MM, 463.
2. C'était là une règle commune à tous les collèges de
Paris, et qui devait s'appliquer même aux professeurs :
Gymnasiarchœ et collegiorum prssfecti singulis mensibus Ivr-
strent cubicula, bibliothecas et libros magistrorumt quos ré-
gentes vocantf et scholasticorum^ vt certiores fiant, an apud
Hlos sint libri improbatœ doctrins, arma, aut alia eiusmodi
disciplina scholasticx repugnantia, — Statvta facvltatis ar-
tivm, art. XX.
— 106 —
L'analyse des registres qui renferment les dé-
penses de la cuisine fournissent des renseigne-
ments curieux sur Télévation toujours crois-
sante du prix des denrées alimentaires. En 4689,
le boulanger La Bretesche fournissait le pain au
Collège moyennant 1 sol 4 d. la livre ; un muid
de vinaigre coûtait 30 liv., et une voie de bois,
43 liv. 5 sols. La livre de viande se payait alors
3 sols 6 d. * ; en 4697, elle est augmentée de 6 d.';
en 4715, on la compte 6 sols 6 d.'; et en 4749,
9 sols*; en 4773, elle était descendue à 8 sols^ et
en 4786, elle valait 40 sols'; le prix avait donc
doublé en cent ans. En i696, la chandelle ne se
payait encore que 9 sols la livre \
Le Collège consommait, année moyenne, dix-
huit mille livres de viande, soixante-dix têtes de
1 . Compte que rend AP Charles Tharcl d'Allo, . . Archives
de l'Empire. H, 2825.
2. Compte que rend M* Charles Tharél d'Aïlo . . . Archives
de l'Empire. H, 2826.
3. Compte que rend Jean-Rohert Golier,,, Ar<?hives de
l'Empire. H, 2829.
4. Compte que rend Nicolas Vamier, . . Archives de l'Em-
pire. H, 2829.
5. Compte que rend messire Emmanuel-Clément-Chrétien
Bruget, . . Archives de l'Empire. H, 2835.
6 Compte que rend messire André Raulin, . . Archives de
l'Empire. H, 2842.
7. Compte que rend Af« Charles Tharél d'Allo.. . Archives
de l'Empire. jH, 2826.
— 107 —
Teau*, sept cent quatre-'vingl-cinq livres de
beurre*, cent trente-six livres de lard, et huit
minots de sel. Les autres dépenses se répartissent
ainsi : vin, sept mille livres environ, il provenait
toujours de Joigny, d'Auxerre ou d'Orléans; pain,
six mille livres; pois, lentilles^ haricots, trois cents
livres; vinaigre et moutarde, soixante livres ;
chauffage, dix-huit cents livres, cette consomma-
tion se subdivisait ordinairement ainsi : quatre-
vingt-quatorze voies de bois, quatre-vingts voies
de charbon et quatorze cents fagots; chandelles ,
cinq cents livres; blanchissage, cinq cents livres.
Nous verrons plus loin où le Collège puisait les
fonds nécessaires pour faire face à toutes ces dé-
penses. On sait, en effet, que l'éducation y était
entièrement gratuite ; les écoliers recevaient
même, sur les fonds de rétablissement, cent livres
pour leur entretien personnel et leurs menus
plaisirs*. La faiblesse des grands-maîtres laissa
peu à peu cette généreuse disposition s'altérer.
C'est à Riballier que revient Thonneur d'avoir
rendu à la fondation de Mazarin son véritable
caractère.
Par suite d'abus qui, tolérés d'abord, avaient
1. Compte que rend Jean-Rohert Golier,,, Archives de
l'Empire. H, 2828.
2. En 1776, le beurre coûtait vingt sols la livre. Compte
que rend messire Emmanuel^Clément-Chrétien Bruget,,, Ar-
chives de l'Empire. H, 2836.
3. Lettres j>atente8 de 1688, article 8.
— 108 —
fini par se convertir en usage, les élèves en étaient
arrivés à payer : en entrant, leurs meubles, sauf
le lit ; plus, soixante-douze livres pour un droit,
dit de bienvenue, qui se distribuait entre les sous-
maîtres et les domestiques. Puis, chaque année,
soixante-douze livres pour les étrennes, un louis
d'or pour le blanchissage, trente livres environ
pour papier, plumes, encre et livres de classe ;
trente livres au moins pour « la chandelle qui
sert à éclairer les élèves dans la salle d'éludé et
dans les chambres particulières; » enfin, en cas de
maladie, les visites du médecin, du chirurgien et
la note de l'apothicaire. Riballier supprima toutes
ces illégitimes redevances, mais il arrêta en même
temps que les élèves cesseraient de recevoir les
cent livres qui leur étaient attribuées par les lettres
patentes*.
Nemeitz, dans son ouvrage sur Paris, nous ap-
prend qu'au collège des Quatre-Nations les écoliers
« étaient nourris noblement et instruits fonda-
mentalement en toutes sortes de sciences*. » Nous
avons dit ce qu'était la nourriture, voyons com-
ment était organisée l'instruction.
Dans nos collèges actuels, chaque classe se com-
1. Registre pour servir av-x délibérations et arrêtés de MM. les
inspectev/rs et grand-maître du collège Mazarin. Archives de
l'Empire. MM, 464.
2. J. C. Nemeitz, Séjour de Paris, c'est-à-dire Instructions
fidèles pour les voyageurs de condition, t. II, p. 392.
— Im-
pose de cinquante ou soixante élèves ; au collège
des Quatre-Nations^ il y avait dix régents pour
trente écoliers. Au premier abords c'était tomber
dans Texcès contraire; bâtons-nous donc de dire
que les cours étaient suivis par un grand nombre
d'élèves externes^ qui n'avaient, d'ailleurs, aucun
autre lien avec l'établissement. Depuis le commen-
cement du xv* siècle, tous les collèges de Paris
ouvraient gratuitement leurs portes au public pen-
dant l'heure des leçons ; les écoliers qui profltaient
de cette faveur portèrent longtemps le nom de
Martinets \ parce que, comme les hirondelles,
ils volaient longtemps d'un endroit à Taulre avant
de se fixer. Au xvu" siècle, le coUége des Quatre-
Nations était celui de toute l'Université qui rece-
vait le plus d'auditeurs de ce genre». Il devait en
grande partie cette préférence à son cours de ma-
thématiques, car c'était le seul collège de Paris où
les sciences fussent réellement enseignées '.
La division des classes, leur dénomination même.
1. Les écoliers appelés martinets « sont ceux qui n'é-
tant enfermés dans aucun collège, mais logeant on maison
bourgeoise^ sortent de dessous les yeux du maître dès que
la leçon est finie. » Crevier, Histoire de VUniversité,
t. VI, p. 33. — Voyez aussi Félibien, Histoire de Paris,
t. Il, p. 1058.
2. Lerouge, Curiosités deParis^ t. II, p. 137. ~ Nemeitz,
Séjour de Paris, t. II, p. 392.
3. D'après les statuts de 1698, on devait, dans les col-
lèges, enseigner au± écoliers, pendant la seconde année
de philosophie, quelques livres d'Euclide.
— no —
étaient exactement celles qui sont adoptées aujour-
d'hui. L'ordre numérique se suivait sans interrup-
tion depuis la sixième jusqu'à la rhétorique; venait
ensuite la classe de mathématiques ; puis celles de
physique et de logique, toutes deux désignées sous
le nom de philosophie *.
Les mauvais^ traitements infligés parles profes-
seurs à leurs élèves étaient une des plus honteuses
traditions de l'Université. Rabelais, parlant des
écoliers du collège de Montaigu, déclarait que
a mieulx sont traictez les forcez (forçats) entre les
Maures, les meurtriers en la prison criminelle,
voyre certes chiens en vostre maison*. » Montai-
gne avait protesté aussi : a quelle manière, dit-il,
pour esveiller l'appétit envers leur leçon, à ces
tendres âmes, et craintives, de les y guider d'une
trogne effroyable, les mains armées de fouets !...
Combien leurs classes seroient plus décemment
jonchées de fleurs et de feuillées, que de tronçons
d'osiers sanglants M » Ce barbare système des peines
corporelles fut, dès Torigine, en usage au collège
des Quatre-Nations. Un des domestiques de l'éta-
blissement, le frotteur en général, faisait l'office
de correcteur ; ce titre ne figure cependant sur les
registres qu'à partir de 1782*. S'il faut en croire
1. Mercier, Tableau de Paris, t. V, p. 142.
2. Gargantua, liv. I, chap. 37.
3. Essais, liv. I, chap. 25.
4. Compte que rer^d messire Emmanuel-Clément- Chrétien
Bruget, . . Archives de l'Empire. H, 2835.
— 111 —
Mercier^ très mauvaise langue^ comme on sait, les
corrections engendraient souvent de graves désor-
dres, et même des scènes tragiques ; il raconte
qu'un écolier de rhétorique, transporté de colère,
se retourna contre l'exécuteur et le tua d'un coup
de canifs
Mercier ne nous dit pas quelle peine fut infligée
à l'auteur de ce meurtre, un peu atténué, au reste,
par la cause qui l'avait fait naître. Les exclusions
étaient d'ailleuis fort rares au collège des Quatre-
Nations , le premier exemple que nous en ayons
rencontré remonte à l'année 1719. Le S2 octobre,
le Conseil prononça cette sentence contre le jeune
Henri de Blasnes, a à cause de ses mauvaises
mœurs, d dit le procès- verbal. Le cas était même
si grave que le grand-maitre ne voulait pas faire
connaître à la famille le motif du renvoi ; H. de
Blasnes l'y força, car il intenta un procès au collège
pour le forcer à reprendre son flis*.
Lescolléges n'avaient pas encore adopté l'étrange
coutume de faire coucher les écoliers, ou de les
envoyer diner au son du tambour; une cloche
suffisait pour régler tous les exercices.
 cinq heures et demie du matin, un domesti-
que entrait dans chaque chambre, réveillait l'élève
1. Mercier, Tahleau de Parût t. V, p. 145.
2. Regiitre pour servir aux délibéraHont et arrestés de mes-
sieurs les inspecteu/rs du collège Mazarin^ et grand^maistre .
Archives de l'Empire. MM, 463, p. 26 et suiv.
— 112 —
et lui donnait de la lumière. Un quart d'heure
après^ tous les pensionnaires devaient être réunis
dans les salles d'étude; on faisait la prière, et le
travail n'était interrompu qu'à sept heures un
quart pour le déjeuner. Le dîner avait lieu à onze
heures trois quarts, et était suivi d'une récréation
qui durait jusqu'à une heure. Au milieu de la
journée, un goûter très-léger permettait d'atten-
dre sept heures, moment du souper. A neuf
heures, on conduisait les élèves dans leurs cham-
bres, et on les y enfermait à clef; dans la crainte
du feu, il leur était recommandé d'éteindre leur
chandelle au milieu de la pièce*.
Les récréations avaient lieu dans la deuxième
cour du Collège, la plus vaste qu'il y eût à Paris ;
et les élèves avaient, dans une salle spéciale, un
billard à leur disposition *. Deux fois par semaine,
de une à quatre heures et demie en hiver, et de
trois à sept heures en été, ils étaient conduits en
promenade. Les dimanches et jours de fête, les
permissions de sortie, délivrées en général par le
principal, étaient remises au portier; celui-ci y
inscrivait l'heure du départ et celle de la rentrée
qui devait avoir lieu au plus tard à sept heures.
1. Registre pour servir aux délibérations et arrestés de mes~
sieurs les inspecteurs du collège Mazarin^ et grand^maistre.
Archives de l'Empire. MM, 463.
2. Registre pou/r servir aux délibérations et arrestés de mes-
siev/rs les inspectev/rs du collège Mazarin, et grand-maistre ,
Archives de l'Empire. MM, 463, p. 13.
- 113-
Les exercices religieux s'accomplissaient sous la
surveillance du chapelain. Tous les dimanches à
huit heures^ les élèves allaient dans la chapelle du
collège entendre la messe. Elle était suivie d'une
lecture pieuse^ et d'une instruction faite par le
grand-maitre. Chaque pensionnaire devait se con-
fesser une fois par mois.
La clôture de l'année scolaire était marquée par
deux solennités : la distribution des prix et la tra-
gédie ^ Le libraire Thiboust fut très-longtemps
chargé de la fourniture et de la reliure des livres
donnés en prix ; leur nombre variait entre cent et
cent trente. Tous portaient sur les plats les armes
de Hazarin^ et leur reliure revenait en moyenne à
vingt sols par volume.
Les frais occasionnés par la tragédie étaient plus
considérables. L'impression des billets d'entrée et
d^s programmes coûtait vingt livres , on distri-
buait quarante livres aux musiciens et aux suisses
chargés de maintenir l'ordre; le tapissier, pour la
tenture de la salle, prenait cent livres , et le char-
pentier cent vingt livres environ pour la construc-
tion de la scène et des gradins '. La location des
1. Sur l'origine de ces représentations dans les collèges,
voyez Félibien, Histoire de Paris ^ t. II, p. 728; t. IV,
p. 634 et 674, et t. V, p. 25. On allait jusqu'à faire afficher
dans les carrefours le programme de la soirée.
2. Compte que rend messire Barthélémy de la Fleutrie, . .
Archives de l'Empire. H, 2831. — Compte que rend messire
Emmanuel-Clément'Chrétien Bruget, . . Archives de l'Em-
pire. H, 2835.
8
— 114 —
décors et des costumes était à la charge des élèves,
il en résulta que les parents défendirent parfois à
leurs enfants d'accepter des rôles. Le jeune Lekain,
dont le père était trop pauvre pour supporter les
frais de cette fête, n'y prenait part que comme souf-
fleur, et on raconte que l'instinct tragique qui se
révélait déjà chez lui lui inspirait des réflexions
et des conseils que ses camarades recherchaient
avec avidité*. Pendant quelques années, on dut
suspendre ces représentations, elles reprirent en
4763; à cette époque, on acheta au collège du
Plessis des décors et des costumes dont il n'avait
plus remploi *.
1. Ed. de Manne, dans la Nouvelle Biographie générale,
t. XXX, p. 523.
2. Registre pour servir auœ délibérations et crrêtés de MM., les
inspecteurs et grand-maître du collège MazaHn, Archives de
l'Empire. MM, 464.
VIII
ADMINISTRATION FINANCIERE
VIII
ADMINISTRATION FINANCIERE
ETAT DSa RICBTTBS BT DES DEPBNSKS DU COLLEGE AU XTII« IIÈCLB,
OAOB8 Dit EMPLOYÉS,
IMPOTS, ECLAIRAGE, CHAUFFAGE, BLANCHISSAGE,
PAIN, TIN, VIANDE, BEURRE, ETC.
LES L0CATAIEB8 DU COLLEGE
AUGMENTATION QOB SUBISSENT LES IX>TERS ENTRB 1689 BT 1789.
LA RÉGENCE — CONTBIBUTIONS PATRIOTIQUBS.
B collège des Quatre-Nations passait à
juste titre pour le plus riche de Paris.
Nous allons tâcher d'établir clairement
quelle était sa situation financière.
Ses recettes se composaient :
1* De la raense abbatiale ' de Saint-Hichel-en-
THerm,
I. On appelait mense abhcUiàle la partie des revenus d'un
monastère qui était spécialement affectée aux dépenses
de rabbé.
— 118 —
2« D'une rente sur les gabelles,
29 D'une rente sur le trésor,
4f* Du loyer des appartements situés sur la place
du Collège et dans le pavillon des Arts,
5* Du loyer des boutiques qui entouraient la
façade,
6^ Du loyer de seize maisons sises rue Hazarine
et rue Guénégaud.
La mense abbatiale de Saint-Hichel-en-l'Herm
avait été léguée au collège par Hazarin. Son revenu,
qui dépassa soixante mille livres, fut parfois aussi
inférieur à vingt mille. On peut l'évaluer, année
moyenne, à trente-cinq mille livres K
La rente sur les gabelles était également due à
la générosité du fondateur. Elle devait normale-
ment rapporter quinze mille livres.
La rente sur le trésor produisait douze mille
1. L'abbaye était alors occupée par des Bénédictins. En
1664, quatre des exécuteurs testamentaires, voulant pro-
céder à la réalisation des volontés de Mazarin, conclurent
le 18 août, avec les religieux, une transaction par laquelle
ils leur assignèrent des pensions de retraite, « moyennant
quoy ceux cy, par le même acte, consentirent que leurs
maisons, les lieux réguliers et autres batimens de l'ab-
baye, leur mense conventuelle, et tous les biens et droits
en dépendant, fussent unis et incorporés au collège Maza-
rin, avec promesse de leur part de laisser le monastère et
tous ses batimens libres dans les derniers jours de la même
année; et les parties convinrent que, en attendant l'éta-
blissement du collège, le tout seroit administré par M. Ma-
riage. ^ Mémoire poivr les InspecteurSy Grcmd-Maitre et procu-
reur du Collège Maxarin , contre les Prieur et religieux de
Vahbaye de Saint-MicheUen-VHermy in-folio, s. 1. n. d., p. 3.
— 119 —
livres. Le capital placé se composait de deux cent
quarante mille livres.
Deux appartements^ donnant sur la place du
Collège^ étaient loués à des particuliers.
Le premier s'étendait entre la porte d'entrée et
la chapelle; c'est celui qu'occupe aujourd'hui
M. S. de Sacy. Le loyer, qui était de sept cents
livres en 1699, fut porté à mille livres en 1732. A
cette date, il appartenait à H. de Bréhan, conseiller
au grand conseil *; celui-ci fut remplacé vers n45
par la comtesse de Raymond, et le prix de location
porté à treize cent cinquante livres '.
Le second de ces appartements était beaucoup
plus vaste; il comprenait toute la façade située
entre la chapelle et le pavillon des Arts. En 1674,
il était loué douze cents Uvres à H. de Villesdoin ';
en 1689, on l'augmenta de trois cents livres *; en-
fin, en 1789, le sieur Langlois, ancien administra-
teur des hôpitaux miUtaires, le payait seize cent
vingt livres *•
1 . Compte que rend mestire Barthélémy de la Fleutrie . . .
Archives de l'Empire. H, 2830.
2. Compte que rend messire Barthélémy de la Fleutrie...
. Archives de TEmpire. H, 2833.
3. Compte que rend Simon Mariage^ conseiller du Roy . . .
Archives de l'Empire. H, 2823.
4. Compte que rend M* Charles Tharel d^Allo.. , Archives
de l'Empire, H, 2825.
5. Compte que rend messire André Raulin. . . Archives de
l'Empire. H, 2842.
— 120 ~
Le revenu de deux logements établis dans le
pavillon des Arts varia entre quatre cents et neuf
cents livres. Pendant fort longtemps l'un fut oc-
cupé par le peintre Jouvenet * ; Tautre par un sieur
Roger, a secrétaire de messieurs les princes de
Conty. »
Le prix de location des vingt-quatre boutiques
qui bordaient la façade du collège fut plus que
doublé dans Tespace de cent ans. Les sept pre-
mières étaient louées ensemble douze cents livres
en 1698% douze cent quatre-vingt-dix livres en
1745', et deux mille sept cents livres en 1789*.
Le revenu des vingt-quatre boutiques était, en
1696, de huit mille livres environ*. Ce chitTre
comprend les sommes perçues pour le loyer de
quelques échoppes adossées au collège, près de la
rue de Seine, et pour plusieurs chambres et gre-
niers situés dans rétablissement, et qui servaient
de dépôt à différents commerçants ^
Nous n'avons encore mentionné qu'en passant
1. G. Brice, Description de Paris ^ t. IV, p. 132.
2. Compte que rend K' Chwrles Tharel d'Alîo, . . Archives
de l'Empire. H, 2826.
3. Compte que rend messire Barthélémy de la FleuUrie. . .
Archives de l'Empire. H, 2833.
4. Compte que rend messire André Raulin.,, Archives de
l'Empire. H, 2842.
5. Compte que rend M* Charles Tharel d'Allo . . . Archives
de l'Empire. H, 2825.
6. Registre pour servir aux délibérations et arrestés de mes-
sieurs les inspecteurs du collège Mazarin, et grand-maistre.
Archives de l'Empire. MM, 463.
- 121 —
les seize maisons que le collège possédait rue Ma-
zarine et rue Guénégaud. Elles avaient été prêtes
plus promptement que le collège^ car la plupart
des baux datentde 1664'. L'aspect des lieux qu'elles
occupaient n'ayant presque subi aucun change-
ment depuis cette époque^ il est facile de se rendre
un compte exact de leur situation.
La première a touchait la porte de la cour des
cuisines » qui^ de ce côté^ sert encore d'entrée au
palais de l'Institut. Elle était suivie de six autres
qui formaient toute la face gauche de la rue Ha-
zarine jusqu'à la rue Guénégaud. Les septième et
huitième maisons étaient adossées l'une à l'autre^
et faisaient le coin de ces deux rues; les quatre
maisons placées à la suite de la huitième apparte-
naient encore au collège. La treizième était située^
du côté opposé, à l'angle des deux mêmes rues; et
les trois dernières s'étendaient à la suite, ayant
leurs façades sur la rue Hazarine.
Le prix des loyers fut longtemps à peu près le
même pour chaque maison. En 1670, le premier
étage se payait ordinairement six cents livres; le
deuxième, trois cents livres; le troisième, cent
vingt livres; le quatrième, quatre-vingts, et les
boutiques, cent vingt*.
1. Compte rendu par M. Mariage^ trésorier du collège Ma-
zarinj»,. Archives de l'Empire. H, 2822.
2. Compte rendu par M, Mariage^ trésorier du collège Ma-
zarinj... Archives de l'Empire. H, 2622.
— 122 -1-
Ces prix furent successivement augmentés. En
1745, M. de Brehan, devenu doyen des conseillers
au grand conseil, quittait son logement de la place
du Collège et venait habiter le premier étage de la
quatrième maison, il le payait douze cent quatre-
vingts livres *. Soixante ans auparavant, le deuxiè-
me étage de la même maison était loué trois cents
livres seulement par « le sieur Lange et la damoi-
selle Diamantine sa femme, comédiens italiens '.»
La cinquième maison est presque partout dési-
gnée sous le nom d'Hôtel de Flandres, la quin-
zième était dite Hôlel d^ Anvers, et la seizième
Hôtel d'Orléans. Des dénominations de ce genre,
tirées souvent d'une circonstance particulière à la
maison^ étaient encore fréquentes au xvn* siècle,
et n'indiquaient nullement l'existence d'un hôtel
garni dans le sens que nous attachons aujourd'hui
à ce mot. (Constatons pourtant que la rue Hazarine
posséda toujours un grand nombre de ces établis-
sements. On y trouvait, en 1742, les hôtels : des
Qualre-NationSy de la Toison-d'Or, de Hollande,
de Bourgogne^ de Calais, de Picardie et de Flan-
dres '. Nous voyons encore mentionné Vhôtel de
Flandres, situé rue Mazarine, dans le chapitre
1. Compte que rend messire Ba/rthélemy de la Fleutrie, ,
Archives de l'Empire. H, 2833.
2. Compte que rend Simon Mariage^ conseiller du Roy..,
Archives de l'Empire. H, 2823.
3. Les rues de Paris, avec les quays. ponts, fauxhourgs,
portes, hôtels, hôtelleries, etc., p. 198 k 207.
— 123 -
« Hostels et chambres garnies^ o d'un ouvrage pu-
blié en 1760 ».
Les seize maisons rapportèrent dix-huit mille
livres en 1696 et dix-sept mille seulement en 1745.
Hais tous les appartements étaient loin d*être occu-
péS; et les locataires ne payaient pas toujours très-
exactement leur terme. Il est vrai que, dans ce cas,
le collège faisait sans pitié vendre leurs meubles '.
La bibliothèque avait ses revenus particuliers.
Ils se composaient d'une somme de mille livres
qui lui étaient allouées sur les fonds de l'établisse-
ment pour achats de livres, et de dix-sept mille
deux cent quarante-huit livres placées sur l'Hôtel
de Ville; cette somme provenait de la vente des
manuscrits de Hazarin qui, en 1684, avaient été
achetés par le roi '. En 1690, ces dix-sept mille
deux cent quarante-huit livres domiaient un inté-
rêt de sept cent cinquante-neuf livres; en 1760, il
était tombé à quatre cent trente-trois livres; et en
1792, elles ne rapportaient plus que quatre cent
trente-une livres dix sols *.
1. Etat ou Tableau de la ville de Paris , considérée relati-
vement au nécessaire, à Vutile^ à V agréable et à Vadministra-
tiony p. 68.
2. Registre pour servir aux délibérations et OArrétés de MM. les
inspecteurs et grand-maUre du collège Mazarin, Archives de
l'Empire. MM, 464, p. 47.
3. Voyez A.-F, histoire delà bibliothèque M azarine^ p. 118
à 122.
4. A.-F, Histoire de la bibliothèque Mazanne, p. 127, 133
et 140.
— 124 —
Les dépenses annuelles du collège étaient natu-
rellement soumises à des fluctuations très-nom-
breuses. Nous allons les indiquer en chiffres ronds^
calculés sur une moyenne de trente années^ que
nous avons fixée vers 1700. Réglées sur ces bases^
elles se décomposent ainsi :
Appointements des fonctionnaires
supérieurs et des professeurs 14,000 liv.
Gages des domestiques 3,000
Pension de 100 liv. à chaque élève *. 3,000
Réparations faites au collège et aux
seize maisons 3,000
Impôts, taxe des boues et lanter-
nes, etc 8,000
Frais de procès 1,000
Vin 7,000
Pain 6,000
Viande de boucherie 5,000
Beurre 800
Sel 500
Lard 250
Légumes, vinaigre, moutarde, hui-
le, verjus, épices 5,000
Éclairage 700
Chauffage 1,800
1. « Pour les habits et linges de leurs personnes )»,
disent les Lettres patentes de 1688, article 8.
— 126 —
Blanchissage 500
Entretien du mobilier, de la vais-
selle et du linge 600
Distribution des prix et tragédie. . 500
Sous la Régence^ le collège ressentit le contre-
coup de la crise financière qui bouleyersa Paris.
A cette époque^ les procès-verbaux des séances du
conseil sont remplis du récit des pertes causées à
rétablissement par les diminutions successives que
subissaient les espèces métalliques. En août 1719^
chaque louis d'or perd vingt sols; en décembre^
nouvelle diminution de vingt sols par louis et de
quatre sols par écu. Enfln^ en 1720^ la débâcle
devient complète; laissons parler le procès-ver-
bal : « Aiant tiré du thresor ^ les espèces d'or et
d'argent montant à la somme de i%SÂS liv.^ tant
en écus de 8 liv. qu'en louis d'or de 48 liv.^ et
2 liv. 8 sols en monnoie; on y a remis 500 liv.^
1. Le trésor de chaque collège était déposé dans un
coffre qui fermait à trois clefs, le supérieur en avait une,
le procureur une autre, et le plus ancien des boursiers la
troisième. « En iceluj coffre sont gardez les principaux
priuileges et tiltres de la Maison, l'argent monnoyé, et le
grand seau auquel est insculpée l'image du fondateur; et
toutes ces choses se doiuent visiter et inuentorier vne fois
ran.»DubreuiL Théâtre dês Antiqvitex de Ports, p. 531. — Au
collège des Quatre-Nations, ce coffre était remplacé par
une grande armoire de chêne qui était scellée dans l-anti-
chambre du logement du procureur. Voyez aux Archives
la liasse inventoriée^ Q, 1274.
— 126 —
on a donné 500 liv. à Varnier pour la dépense cou-
rante^ et on lui a laissé 500 liv. qu'il remettra au
sieur Ledoux^ officier du collège^ pareillement
pour la dépense courante. Quant à la somme de
11,348 liv. restante, Messieurs, pour obéira Tarret
du ^ qui deffend sous des peines griéuesde
garder plus de 500 liv., ont été d'auis de la faire
porter à la banque roiale pour être conuertië en
billets de banque «. »
Soixante ans plus tard, la Révolution vint à son
tour forcer le collège à ouvrir sa caisse en faveur
del'Élat.
L'Assemblée nationale avait fixé au quart du
revenu la contribution patriotique qu'elle im-
posait à la France. Une première assemblée des
inspecteurs arrêta que le collège ferait remettre au
trésor une somme de quatre mille livres '. Après
réflexion, oh craignit que ce chiffre ne fût jugé
par trop invraisemblable ; une seconde séance eut
lieu, et et un de messieurs les inspecteurs ayant
représenté que, quoique la somme de 4,000 liv. à
laquelle avoit été fixée la contribution patriotique
1. En blanc sur le registre.
2. Registre pow servir aux délibérations et arresiés de mes-
sieurs les inspecteurs du collège Mazarin, et grand-maistre.
Archives de l'Empire. MM, 463; séance du 16 mars 1720,
p. 29.
3. Registre pour servir aux délibérations et arrêtés de MM. les
inspecteurs et grand-maître du collège Mazarin. Archives de
l'Empire. MM, 464; séance du 28 octobre 1789.
— 1-27 —
du collège par la délibération précédente, fût avec
les revenus du collège dans la proportion fixée par
l'Assemblée nationale, il étoit cependant raisonable
que le collège fil un effort, et montrât par une
contribution plus forte un plus grand attachement
à la chose publique : après délibération, en pré-
sence de HM. les députés de la maison de Sorbonne
nommés à cet effet ', » on accorda huit mille li-
vres à la Révolution.
Pour prix des bienfaits qu'elle portait dans son
sein, elle allait bientôt exiger de nouveaux sacri-
fices.
1. Registre pour servir aux délibérations et arrêtés de MM, les
inspecteurs et grandr-maître du collège Mazarin. Archives de
l'Empire. MM, 464; séance du !•' février 1790.
IX
L'INSTITUT DE FRANCE
IX
L'INSTITUT DE FPANCE
l'université disparaît. — l'instruction PntLIQrK RK()R»ANISRR.
FONDATION DK l'INSTITFT DK FRANCK.
SON iNSTALIJkTION DANS LK8 BATIMENTS DC rOLLPriK.
Aucune loi spéciale ne prononça la suppression
de l'Université. Le monument était si vieux, si dé-
crépit, qu'il s'écroula de lui-même au milieu de
la tourmente révolutionnaire, et que le bruit de
sa chute fut à peine entendu.
Le 29 juillet 1789, M. Dumouchel, le dernier
recteur qu'ait eu l'Université ' se présenta, accom-
pagné des procureurs des quatre Facultés, à la
1. Ce Dumouchel, qui était alors député, fut élu éyéque
de Nîmes en 1791. Il rentra dans la vie civile en 1794, se
maria, devint chef de bureau au ministère de l'instruction
publique , fut mis à la retraite en 1814, et mourut en
1820. — Voyez Rabbe, Biographie universelle des Contem-
porains ; et P. Boiteau, État de la France en 1789, p. 453.
— 132 —
barre de rAssemblée nationale ; il fit acte d'adhé-
sion aux nouveaux principes politiques^ et pria les
représentants de jeter les bases d'une organisation
universitaire qui conduisit à une a éducation vrai-
ment nationale *. » « L'Université commence donc
à se douter^ dit à ce sujet Mirabeau^ que l'éduca-
tion des collèges ne répond ni aux besoins de
l'humanité^ ni aux vœux de la patrie '. »
L'Assemblée nationale déclara le 22 décembre
4789 qu'il serait « établi une instruction publique^
commune à tous les citoyens, et gratuite à l'égard
des parties de l'enseignement indispensables à tous
les hommes ; » mais, malgré les efforts de Talley-
rand, elle ajourna tous les projets de réorganisa-
tion qui lui furent présentés. Elle supprima la
Sorbonne , mais voulut conserver provisoirement
les établissements qui en dépendaient : de ce nom-
bre était le collège des Quatre-Nations. L'Assem-
blée législative, fidèle aux mêmes principes, plaça
les collèges sous la surveillance des autorités
administratives. Elle ordonna même, en janvier
1792, au ministre de l'intérieur d'allouer une
somme de cent cinquante mille francs pour l'en-
tretien de ceux qui auraient perdu leur revenu par
suite de la loi sur les dîmes, les bénéfices et les
redevances féodales.
1. Moniteur universel, n*» du 30 juillet 1789. — Lamoth,
Histoire de l'Assemblée constituante, t. I, p. 79.
2. Mirabeau, Courrier de Provence, n° 21, p. 25.
— 133 —
Le collège des Quatre-Nations^ quoique dominé
par lé sentiment de sa ruine prochaine^ subsistait
donc encore. Mais, en vérité, est-ce bien lui ? Le
titre si poétique de Messire, que prenait le grand-
maître, et même le procureur, est remplacé par
l'appellation égalitaire ; les locataires les plus
riches émigrent sans payer leurs loyers, et le cais-
sier se laisse donner deux faux assignats de mille
livres. Le pauvre homme, habitué à la monotone
comptabilité de l'ancien régime, avait bien un peu
le droit de perdre la tète en se voyant forcé d'in-
scrire sur ses livres des dépenses comme eelle-ci :
au citoyen Régnez, peintre, pour inscription civi-
que, 15 liv.; ou encore : pour l'équipement de qua-
tre volontaires envoyés aux frontières, 910 liv. *
Aussi, au lieu des beaux registres in-folio qui con-
tenaient, année par année, l'histoire financière du
Collège, ne trouvons-nous plus qu'une maigre
liasse de feuilles mal écrites. On lit sur la page qui
leur sert de couverture : a J'ai remis au citoyen
D'Outactaine, le 22 prairial an II, la déclaration
des biens du collège des Quatre-Nations, faite par
le citoyen Brion, procureur du Collège. » Au-
dessous d'une autre écriture : « iV«. Le compte
ci'joint, rendu pour Vannée 1791, annonce que le
précédefU a été rendu aux commissaires de IHn-
1. Compte du collège des Quatre-Nations, du 24 mat 1791 au
mois de mai 1793, à la suite des comptes de Rauli^, Ar-
chives de l'Empire, H, 2842.
- 134 -
slruction publique et arrêté par le département
au mois de juillet 1791 . » Puis, de la même main :
a Ce 1" thermidor an III, le citoyen Brton, ci-
devant procureur rendant compte, est à Paris, rue
de Seine, n® 1405, pour environ deux mois. En-
suite, il doit faire sa résidence à Saint-Mihel,
département de la Meust. » Les comptes de la
bibliothèque du Collège ne sont pas mieux tenus ;
il n'y a pas eu de rédaction, on s'est contenté de
ranger par ordre chronologique les mémoires des
fournisseurs''.
Le collège des Quatre-Nations étant dirigé exclu-
sivement par des ecclésiastiques , la constitution
civile du clergé lui porta un coup dont il ne se
releva point. Le grand-maître, les inspecteurs et le
bibliothécaire refusèrent de prêter serment à une
loi qui blessait leurs principes religieux ; ils furent
en conséquence considérés comme démission-
naires, et le Directoire de Paris dut pourvoir à
leur remplacement. Il plaça le Collège sous une
commission de surveillance composée de l'abbé
Leblond qui venait d'être nommé bibliothécaire,
et des professeurs Dupuis, Chapelain, Hauchecorne
et Letellier, auxquels fut adjoint le principal Fo-
restier*. Le Collège fut alors appelé Collège de
1. A.-F., histoire de la Bibliothèque Mazarine, p. 141 et 142.
2. Extrait des registres des délibérations du directoire du
département de Paris^ séance du 10 juin 1791. Archives de
l'Empire, MM, 464.
~ 135 —
V Unité y du nom donné à la section de Paris dans
laquelle il était sittlé^
Enfin^ la Convention^ dans sa séance du 8 mars
4793, ordonna de vendre, au profit de TÉtat, les
biens formant la dotation des Collèges. C'était, en
fait, les supprimer. Le palais des Quatre-Nations
fut alors transformé en maison d'arrêt, et le comité
central de salut public y tint ses séances. On aper-
cevait encore, il y a peu de temps, autour des
fenêtres de la seconde cour, les traces laissées par
les grilles de fer qui y avaient été posées à cette
époque. L'historien Hichaud, arrêté après le
i3 vendémiaire par ordre de Bourdon de l'Oise,
fut emprisonné au collège des Quatre-Nations'.
Une loi du ^ frimaire an II proclama la liberté
absolue de l'enseignement, et Tannée suivante,
rinstruction publique fut réorganisée dans toute
la France. Chaque canton devait posséder une
école primaire, et chaque agglomération de trois
cent mille habitants, une école centrale supé-
rieure*. On en ouvrit quatre à Paris, et Tune
d'elles fut installée dans les bâtiments du coUége
des Quatre-Nations. Nous avons peu de détails sur
1. Procès-ijerhal constatant la remise des titres de propriété
des biens appartenant au collège Mazarin. Archives de l'Em-
pire, P, 1274.
2. Poujoulat, dans la Nouvelle Biographie générale,
t. XXXV, p. 330.
3. Merlin, Questions de droit, t. XYIII, p. 231.
— 136 -
cette création éphémère; nous avons cependant
retrouvé le nom de deux élèves qui y étudièrent ;
ce sont l'ingénieur Guepratte^ qui vivait encore en
1859 S et Miilevoye qui y entra en i795, et y rem-
porta le premier prix de littérature ".
Un décret du li octobre 1801 affecta le palais
Mazarin aux Écoles des beaux-arts.
Ce ne devait pas être sa dernière transformation.
Le titre lY de la loi du 29 frimaire réorganisait les
anciennes académies, qu'un décret du 8 août 1793
avait supprimées. La Convention, dans son avant-
dernière séance, arrêta donc la formation de TIn-
STITUT NATIONAL DES SCIENCES ET DES ARTS, qui, établi
à Paris, était destiné, suivant les termes mêmes de
la loi c( à perfectionner les sciences et les arts par
des recherches non interrompues, par la publica-
tion des découvertes, par la correspondance avec
les sociétés savantes et étrangères; et à suivre les
travaux scientifiques et littéraires qui auraient
pour objet l'utilité générale et la gloire de la répu-
blique '. » Il était divisé en trois classes et composé
de cent quarante-quatre membres. Il fut installé
au Louvre*, dans le local qu'avait précédemment
1. Noitvelle Biographie générale, t. XXII, p. 389.
2. Pongerville, dans la Nouvelle Biographie générale y
t. XXXV, p. 231.
3. Loi du 3 hrumavre an IV, titre iv, art. 1".
4. La cour du Louvre était alors, comme aujourd'hui
celle du palais de l'Institut, occupée par plusieurs ar-
tistes qui avaient, au rez-de-chaussée, leurs ateliers et
- 137 -
occupé rAcadémie française; et^ jusqu'en 1805^ il
tint ses séances publiques dans la galerie du rez-
de-chaussée qui portait le nom de salle des
gardes^.
En 180i, llnstitut reçut du premier consul une
organisation nouvelle ; en même temps ^ on dut
songer à lui faire abandonner le Louvre^ dont
la restauration et Tachèvement venaient d'être
décidés.
On chercha longtemps un local convenable, vers
le centre de la capitale ; et le choix se fixa enfin sur
le palais des Quatre-Nations".
M. Vaudoyer fut alors chargé d'approprier les
bâtiments du Collège à leur nouvelle destination.
môme leur logement. Ces concessioDs datent de Henri IV.
G. Brice, dans un chapitre intitulé : Les illttstres logex sous
la grande galerie du Louvre^ donne la liste des personnes
qui jouissaient de cette faveur en 1725; nous y remar-
quons le célèbre ébéniste Boule, les peintres Cojpel et
Louis Sylvestre, les statuaires Coustou et Frémin, et Ger-
main, le fameux orfèvre. G. Brice, Description de Paris,
t. I,p. 159 à 162. — Voyez encore dans l'ouvrage de M. de
Marolles, Parts ov Description svccincte, et neantmoins assez
ample de cette grande ville, p. 53, le paragraphe qui a pour
titre : Qvelqves peintres, scvlptevrs et ingenievrs loget dans les
galeries du Louvre. — C'est en l'an XII que furent établis,
dans la seconde cour de l'Institut, les six premiers ate-
liers de sculpteurs. — Archives de l'Empire, carton F",
1176.
1. Vaudoyer, Plan, coupe et élévation de VInstitut impérial
de France, suivant la nouvelle restauration, p. 1.
2. Le décret qui ordonne la translation de Tlnstiiut
dans les bâtiments du collège est du 10 vont^sc an XIII.
— 138 -
Nous avons énuméré plus haut les modifications
qui furent faites alors dans ce but'. L'installation
définitive de l'Institut eut lieu en août 1806^ et
l'inauguration de la salle des séances publiques fut
faite le 4 octobre de la même année^ par la classe
des beaux-arts.
1. Voyez le chapitre iv.
APPENDICE
ACTE DK FONDATION
nu COLLÈGE DES QDATRE-NATIONS *
Pardevant Nicolas le Vasseur et François le
Fouïn Notaires Gardenotes du Roy nostre Sire au
Cbastelet de Paris^ soussignez. Fut présent Tres-
lUustre et Eminentissime Monseigneur Jules Cardi-
1. Cette pièce a été publiée pour la première fois dans
un volume qui est devenu à peu près introuvable et qui
a pour titre : Recueil de la fondation du collège Mazarini : Let-
tres patentes et arrests d* enregistrement ^ Concordat pour Vin-
troducHon des religieuss Réformez de la Congrégation de Saint'
Maw en V Abbaye de Saint Michel en VHerm^ Bulles de cour
de Rome de V Union de ladite Abbaye audit Collège Mazarini^
Sentence de Fulmination desdites Bulles ^L*acte d'aggregation
dudit Collège à V Université de Paris ^ et autres Actes concer-
nant ladite Fondation. C'est en effet bien réellement un
Recueil, car les différentes pièces qu'il contient ont été
— 142 —
nal Hazariniy Duc de Niyernois et Donziois^ Pair
de France, estant de présent en son appartement^
au Chasteau de Vincennes^ lequel a déclaré que
depuis long-temps il ayoit foit dessein d'employer
en des œuvres de piété et de charité une somme
considérable des grands biens qu'il a receûs de sa
divine Bonté» et de la magnificence du Roy^ depuis
qu*il a l'honneur d'estre employé aux plus impor-
tantes afiàires de Sa Majesté. Qu'afin de parvenir
à l'exécution de ce dessein, par une Fondation
qui pust estre à la gloire de Dieu» et à l'avantage
de l'Estat, il avoit fait de temps en temps un amas
de deniers comptans, par des (Economies et des
épargnes des eflTets à luy appartenans. Hais
qu'ayant connu par expérience^ qu'il estoit abso-
lument nécessaire d'avoir un fonds assuré de ré-
serve, pour subvenir aux incertitudes des éve-
nemens et aux occasions pressantes et inopinées,
principalement durant une guerre très-fâcheuse,
et contre de puissans ennemis; et son Eminence
imprimées séparément, et ont chacune leur pagination
distincte. Le texte que nous donnons ici est reproduit
d'après l'exemplaire de la bibliothèque Mazarine; cet
exemplaire a appartenu autrefois à la bibliothèque de la
Sorbonne , et est d'autant plus curieux que deux des
pièces qu'il renferme portent des signatures autographes :
celle de Simon Mariage, secrétaire du roi, délégué pour
le collège des Quatre-Nations, et celle d'Egasse Dubou-
lay, alors recteur de l'Université. On a enlevé le bas
d'une page qui possédait, selon toute apparence, une
troisième signature.
- 143 -
sçachant que les Finances du Roy n'esioient point
en estât de donner un si prompt secours, a con-
servé ses épargnes pour en secourir le Roy, s'il en
estoit besoin, et pour soutenir et défendre la gran-
deur du Royaume^ en cas de nécessité^ les succès
n'estant pas toujours avantageux. La guerre que
Sa Majesté avoit trouvée ouverte lors de son avè-
nement à la Couronne ayant esté terminée par une
Paix glorieuse, qui est entièrement deûë à la
Bonté divine, aux Victoires des Armes du Roy, à la
piété de Sa Majesté, et à la tendresse qu'EUe a pour
ses Peuples; ayant plû à Sa Majesté de donner part
de ce grand ouvrage à son Eminence, qui y a em-
ployé tout ce qui estoit en son pouvoir; mondit
Seigneur ne croyant plus que Sa Majesté puisse
estre pressée d'aucuns mauvais accidens, et pou-
vant mesme soulager notablement ses Peuples^ à
quoy elle a déjà travaillé par des retranchemens
de dépense de son Estât, au moyen de cette Paix
générale, qui produit un calme si heureux à toute
la Chrestienté, estime qu'il peut faire maintenant
l'employ de ses deniers, suivant ses premiers des-
seins de piété et de charité. Comme il a toujours ses
pensées attachées aux reconnoissances qu'il doit au
Roy, et à ce qui peut produire un plus grand bien^
et un plus grand honneur au Royaume, il a pro-
posé à Sa Majesté le dessein qu'il avoit d'étabUr de
ses effets un Collège * et une Académie pour Tin-
1. A ce que nous avons dit dans notre premier cha-
— 144 —
struction des Enfans qui auroient pris naissance à
PigneroUes, son territoire^ et aux vallées y jointes;
aux Provinces d'Alsace^ et aux païs d'Allemagne
contigus; en Flandres^ en Artois^ en Hainault^ et
en Luxembourg; enRoussillon^ en Conflans^ et
en Sardaigne, en ce qui en est réduit sous l'obéis-
sance du Roy, par le Traité fait à Munster le
U. Octobre i648. et par celuy de la Paix géné-
rale, fait en i'isle appellée des Faisans, le 7. No-
vembre 1659 ^ Que comme toutes ces Provinces
sont nouvellement venues ou retournées sous la
puissance du Roy, il estoit à propos de les y con-
server par les moyens les plus convenables. Qu'on
pouvoit les affermir et les lier au service de Sa
pitre, on peut ajouter le fait suivant, raconté par Tal-
lemant des Réauz : « Il {Richelieu, avoit, à ce que dit La
Mesnardière, dessein de faire à Paris un grand collège
avec cent mille livres de rente, oti il prétendoit attirer
les plus grands hommes du siècle. Là, il 7 eust eu un
logement pour l'Académie, qui eust été la directrice de
ce collège. C'estoit à Narbonne, un peu devant sa mort,
que La Mesnardière dit qu'il le fit venir sept ou huit fois
pour luj en parler ; et il avoit cela si fort dans la teste
que, malgré son mal et toutes les affaires qu'il avoit lors
sur les cspaules, il y pensoit fort souvent. Il avoit, ad-
jouste La Mesnardière, desja achepté quelque collège. »
Tallemant des Réaux, Historiettes^ t. II, p. 54.
1. Ils sont plus connus aujourd'hui sous les noms de
Traité de WestphaUe et Traité des Pyrénées. Ce sont là les
véritables titres de Mazarin à la reconnaissance de la
France ; bien au-dessous de Richelieu comme administra-
teur, on ne peut nier qu'il se soit toujours montré supé-
rieur à lui comme diplomate.
— 145 —
Majesté^ en établissant dans la ville de Paris ^ qui
est la Capitale du Royaume^ et le séjour ordinaire
des Rois Tres-€hrétiens^ un Collège et une Aca-
démie^ pour y nourrir, élever, et instruire gratui-
tement des Gentilshommes et des Enfans des prin-
cipaux Bourgeois des Villes des Nations cy-dessus.
Qu'on pouvoit aussi leur apprendre les véritables
sentimens du Christianisme , la pureté de la Reli-
gion, la conduite des mœurs, et les règles de la
discipline, n'y ayant point de lieu où toutes ces
choses soient avec tant d'avantages que dans ce
Royaume. Que pendant ces instructions, ceux des
Nations cy-dessus connoistront ce qui est néces-
saire à leur salut, aux sciences, et à la police, et
combien il est avantageux d'estre soumis à un si
grand Roy. Que ceux qui auroient ainsi pris leur
éducation en France, porteroient ce qu'ils y au-
roient appris au pais de leur naissance , quand ils
y retoumeroient, et que par leurs exemples ils y
en pourroient attirer d'autres, pour venir recevoir
successivement les mesmes instructions, et les pa-
reils sentimens. Qu'enfin toutes ces Provinces de-
viendroient Françoises par leur propre inclination,
aussi-bien qu'elles le sont maintenant par la domi-
nation de Sa Majesté. A quoy mondit Seigneur le
Cardinal Duc, par l'affection qu'il a eûë au lieu de
sa naissance, vouloit joindre les Italiens de TEstat
Ecclésiastique, pour les obliger de plus en plus à
continuer leur zèle au service de la France.
Le Roy ayant fait paroistre qu'il agréoit fort ce
10
— 146 —
dessein^ et que les deniers des épargnes de son
Eminence y fussent plûtost employez que non pas
à toutes autres choses; ayant aussi Sa Majesté ap-
prouvé la résolution qu'a prise son Eminence de
joindre audit Collège la Bibliothèque des Livres
dont il a fait Tamas depuis plusieurs années^ de
tout ce qui a esté trouvé de plus rare et de plus
curieux tant en France qu'en tous les Pais étran-
gers, où il a souvent envoyé des personnes très-ca-
pables pour en faire la recherches afin d'en faire
une Bibliothèque publique, pour la commodité et
pour la satisfaction des gens de Lettres*; son Emi-
nence ayant mesme pris le dessein d'élire sa sépul-
ture au Collège des Nations cy-dessus : Hondit
Seigneur Cardinal Duc a fondé et fonde par ces
Présentes, sous le bon plaisir de Sa Majesté, un
Collège et une Académie sous le nom et titre de
Mazarini. C'est à sçavoir : Le Collège de soixante
Ecoliers, qui seront des Enfans des Gentilshommes
1. Mazarin commença à rassembler des livres dans les
premiers mois de Tannée 1648. Gabriel Naudé, son bi-
bliothécaire, parcourut successivement la Flandre, l'Ita-
lie, l'Allemagne et l'Angleterre, achetant à peu près tous
les livres qu'il pouvait trouver. C'était encore là une
imitation de Richelieui qui avait, dans le même but, en-
voyé Jacques Gaffarel en Italie^ et Jean Tileman Stella
en Allemagne.
2. Mazarin ouvrit sa bibliothèque particulière au public
à la fin de Tannée 1643. Cette date a été fort contestée,
mais son exactitude nous parait hors de doute. Yojez à
cet égard A. F., Histoire de la bibliothèque Maxcmne, p. 9 et
suivantes.
— 147 —
>ou des principaux Bourgeois de PigneroUes^ son
territoire, et les vallées y jointes, et de TEstat Ec-
clésiastique en Italie ; des Proyinces d'Alsace , et
autres Pais d'Allemagne contigus; de Flandres,
d'Artois, de Hainault, et de Luxembourg ; de Roiis-
sillon, de Conflans, et de Sardaigne, en ce qui en
est réduit sous Tobeïssance du Roy, par les Traitez
faits à Munster, et en Tlsle appellée des Faisans, les
24. Octobre 1648. et 7. Novembre 4659. Et l'Aca-
démie de quinze personnes, qui seront tirées dudit
Collège des quatre Nations cy-dessus.
Que des soixante Ecoliers dudit Collège , il y en
aura quinze de Pignerolles, territoire et vallées y
jointes, et de l'Estat Ecclésiastique en Italie , pré-
férant ceux de Pignerolles, territoire et vallées y
jointes, à tous les autres; les Romains en suite, et
en défaut d'eux, ceux des autres Provinces de
l'Estat Ecclésiastique en Italie. Quinze du pais
d'Alsace, et autres païs d'Allemagne contigus.
Vingt du païs de Flandres, Artois, Hainault et
Luxembourg. Et dix du païs de Roussillon, Con-
flans, et Sardaigne.
Les quinze personnes pour l'Académie seront
tirées du Collège, sans aucune distinction desdites
Nations ; et si le Collège n'en peut fournir un si
grand nombre, le surplus jusques audit nombre
de quinze, sera pris de personnes d'icelles Nations,
encore qu'elles n'ayent point étudié audit Collège.
Les soixante Ecoliers du Collège, et les quinze
personnes de l'Académie seront logez, nourris, et
— 148 —
instruits gratuitement au moyen de la présente
Fondation.
Les Gentilshommes seront toujours préferez aux
Bourgeois^ tant pour le Collège que pour l'Acadé-
mie; et ceux qui auront le plus long-temps étudié
au Collège, préferez à ceux qui y auront moins
étudié, pour estre admis en l'Académie, pourveû
que ceux qui auront le plus étudié soient égale-
ment propres pour l'Académie.
Son Eminence se réserve le nom et le titre de
Fondateur dudit Collège et de l'Académie; et à
son défaut, l'aisné de ceux qui porteront son nom
et ses armes, aura les mesmes droits avec toutes
les prérogatives des Fondateurs.
Son Eminence, ou à son défaut l'aisné de ceux
qui porteront son nom et ses armes, aura la no-
mination des soixante Ecoliers du Collège, et des
quinze de l'Académie, sans néanmoins qu'il puisse
estre nommé aucune autre personne que des
Nations et qualitez cy-dessus, et aux conditions
cy-devant énoncées. Il aura pareillement la nomi-
nation de FEcuyer de l'Académie.
Mondit Seigneur le Cardinal Duc supplie très-
humblement Sa Majesté que la présente Fondation
soit en sa protection perpétuelle, et des Rois ses
successeurs.
Son Eminence prie aussi Messieurs les Gens du
Roy du Parlement de veiller à la conservation de
la présente Fondation, tant pour le Collège et pour
la Bibliothèque, que pour l'Académie, de les visl-
— 149 —
ter quand il leur plaira, et de s'en faire représenter
les Réglemens et les comptes; ce qu'ils pourront
faire à toujours, conjointement, ou séparément.
Son Eminence prie encore Messieurs de la Mai-
son et Société de Sorbonne, que les douze plus
anciens Docteurs de ladite Maison et Société, qui
y seront actuellement demeurans^ et non d'autres,
ayent la direction générale dudit Collège et de la
Bibliothèque; et que ces douze nomment;^ inconti-
nent après que l'établissement en sera fait, quatre
Docteurs tels qu'il leur plaira de ladite Maison et
Société de Sofbonne, pour estre les Inspecteurs
dudit Collège et de la Bibliothèque : desquels quatre
Inspecteurs, il y en aura deux qui n'en feront la
fonction que pendant deux années après l'établis-
sement; et que de deux ans en deux ans il y en
aura deux nommez au lieu des deux qui en devront
sortir; en sorte que desdits quatre Inspecteurs,
il y en ait toujours deux anciens et deux nou-
veaux.
Si aucuns des Inspecteurs décedoient durant le
temps de leurs fonctions, lesNominateurs en pour-
ront nommer d'autres pour achever le temps de
la fonction du décédé; et sont priez de ce faire
incessamment, afin que les places soient toujours
remplies.
1. Il 7 eut, dès l'origine, à la Sorbonne trente-six doc-
teurs logés dans rétablissement même. Ce nombre fut
porté à trente-sept lors de la reconstruction des bâti-
ments; c'était alors un droit accordé à l'ancienneté.
— 150 —
MoQdit Seigneur le Cardinal Duc prie que ledit
Collège soit du Corps de l'Université, pour en
faire un membre, et jouir des mesmes privilèges
et avantages on commun, outre ceux qu'il plaira
à Sa Majesté de luy attribuer en particulier; et
que l'Académie ait les mesmes droits que les autres
Académies.
L'établissement dudit Collège, auquel la Biblio-
thèque est jointe, et de F Académie, sera fait sous
le bon plaisir du Roy en la Ville, Cité ou Univer-
sité, ou aux Fauxbourgs de Paris, en mesme ou
divers lieux, le tout selon que les Exécuteurs de
la présente Fondation, cy-aprés nommez, le trou-
veront plus à propos.
Le Collège sera composé d'un Grand-Maistre,
qui sera Docteur de la Maison et Société de Sor-
bonne, et qui aura la supériorité, intendance et
direction sur tous les autres Officiers du Collège et
de la Bibliothèque, et sur tous les Ecoliers ; d'un
Procureur commun, qui sera Docteur ou Bachelier
de ladite Maison et Société de Sorbonne, selon
qu'il plaira aux Nominateurs; de quatre Princi-
paux, et quatre Sous-Principaux.
Le Grand-Maistre, en cas d'absence, maladie,
ou légitime empeschement , pourra commettre
telle personne que bon luy semblera, pour avoir
en son lieu pareille supériorité, intendance et
direction.
Le Procureur commun fera les receples et dé-
penses dudit Collège, sans toutefois qu'il puisse
— 151 —
faire aucune dépense extraordinaire^ que de Tordre
par écrit du Grand-Haistre^ dont l'ordre suffira
jusques à la somme de cent livres ; et en cas de
plus grande dé|)ense extraordinaire^ sera pris
Tordre par écrite tant du Grand-Maistre, que des
quatre Inspecteurs de la Maison de Sorbonne.
Le Principal et le Sous-PrinciiKil de PigneroUes^
territoire et vallées y jointes, et des Italiens de
TEstat Ecclésiastique^ seront de l'Ordre des Reli-
gieux Theatins^ et choisis par les Vocaux de la
Maison de Sainte Anne la Royale^ de la fondation
de son Eminfnce^ Et en cas qu'ils soient refusans
de nommer^ ou qu'il n'y ait pas nombre suffisant
de Religieux dudit Ordre^ soit de ladite Maison y
ou d'autres 9 les Nominateurs de la Société et
Maison de Sorbonne pourront aussi nommer le
Principal et le Sous-Principal, ou l'un d'eux pour
ladite Nation, ainsi que des autres.
Les Principaux des autres Nations seront Bache-
liers de la Maison de Sorbonne, et les Sous-Prin-
cipaux, tels qu'il plaira aux Nominateurs, pourveû
qu'ils soient du nombre des Supposts de TUniver-
sité de Paris ; les uns et les autres nommez par
1 . En 1643, Mazarin prit un Théatin pour confesseur,
et acheta sur le quai Malaquais une maison qu'il destina
à des religieux de cet ordre. Ils ne s'y installèrent qu'en
1648, et la chapelle fut consacrée, le 7 août, sous le vo-
cable de Sainte-Anne-la-Rojale. Mazarin, en mourant,
légua aux Théatins cent mille écus pour la construction
d'une nouvelle église.
— 152 —
les douze anciens de la Maison et Société de Sor-
bonne^ comme il est dit cy-dessus.
Plus il y aura audit Collège huit Classes et
autant de Régents: sçayoir^ six d'Humanitez^ et
deux de Philosophie ; tous lesquels Régents seront
BacheUers en Theolc^e, et nommez par le Grand-
Haistre.
11 y aura un Chappelain aussi nommé par le
Grand-Maistre, de telle qualité qu'il luy plaira.
Les serviteurs communs dudit Collège seront
aussi nommez par le Grand-Haistre ; et le Principal
de chacune Nation nommera les serviteurs parti-
culiers pour le service de sa Nation.
Ne sera fait aucune distinction des Nations pour
tous les Officiers cy-dessus^ tant conununs que
particuliers.
Les Nominateurs de la Maison et Société de
Sorbonne^ les Grands-Haistres et les Principaux
sont priez de n'avoir autres considérations que de
nommer les plus capables^ eu égard à la fonction
à laquelle ceux qui seront nommez devront estre
employez, et de prendre garde que les purs senti-
mens de la Religion, et la probité des mœurs
soient joints à la suffisance.
Les Ecoliers de chacune Nation seront régis et
gouvernez par les Principaux et Sous-Principaux
établis pour leurs Nations; chacun Sous-Principal
soumis à son Principal ; et les Principaux mesmes
des Religieux de l'Ordre des Theatins soumis au
Grand-Maistre.
- 153 —
Les Officiers d'une Nation seront indépendans
des autres^ et tous soumis à la supériorité^ inten-
dance et direction du Grand-Haistre^ comme dit
est.
Le Grand-Maistre sera soumis aux quatre Ins-
pecteurs^ et ceux-cy aux douze plus anciens
Docteurs de la Maison et Société de Sorbonne^ y
demeurans.
Les comptes du Collège seront rendus par le
Procureur commun d'iceluy, en la présence du
Grand-Maistre et des quatre Principaux, par-
deyantles quatre Inspecteurs^ qui pourront visiter
le Collège et la Bibliothèque quand bon leur sem-
blera.
A regard de la Bibliothèque^ il y aura un Bi-
bliothécaire^ qui sera aussi nommé par les douze
anciens Docteurs de la Maison et Société de Sor-
bonne y demeurans, un Sous-Bibliothecaire, et
deux serviteurs de la Bibliothèque ; lesquels Sous-
Bibliothecaire et serviteurs seront choisis par le
Bibliothécaire, qui en demeurera responsable.
Le Bibliothécaire sera tenu se charger des
Livres de la Bibliothèque, dont il fera inventaire,
ou recollement de celuy qui en aura esté fait, de-
quoy il donnera trois copies signées de luy, l'une
entre les mains de Messieurs les Gens du Roy du
Parlement, une autre qui sera mise en la Biblio-
thèque de la Maison et Société de Sorbonne, et
une autre entre les mains du Grand-Maistre du
Collège.
— 154 —
Sera fait pareillement va Inyentaire ou Mémoire
des manuscrits Grecs et Latins que mondit Sei-
gneur le Cardinal Duc donne audit Collège^ avec
sa Bibliothèque des Livres imprimez.
Sera aussi fait un mémoire des tablettes, tables,
armoires, bancs et sièges servans à ladite Biblio-
thèque, que son Eminence donne encore par ces
Présentes.
Veut son Eminence que ladite Bibliothèque soit
ouverte à tous les gens de Lettres deux fois par
chacune semaine, à tel jour qu'il sera avisé par
les quatre Inspecteurs, et par le Grand-Haistre
dudit Collège.
Il y aura à l'Académie un Ecuyer, un Créât, un
Haistre à danser, un Haistre tant à faire des armes
qu'à voltiger, un Haistre de Mathématiques, et les
serviteurs nécessaires.
L'Ecuyer sera nommé par son Eminence,
ou par Faisné de ceux qui porteront son nom et
ses armes, et les autres Officiers nommez par
l'Ecuyer.
Les quatre Inspecteurs et le Grand -Maistre
pourront faire les réglemens pour la police par-
ticulière du Collège^ et de la Bibliothèque, et
FEcuyer ceux de la police particulière de l'Aca-
démie.
Quant aux réglemens généraux, ils seront faits
1. Nous reproduisons plus loin un de ces règlements.
— 155 —
par son Eminence^ ou par l'aisné de ceux qui por-
teront son nom et ses armes^ à la charge d'estre
veùs ; sçavoir^ pour le Collège et la Bibliothèque^
par les douze anciens Docteurs de la Maison et
Société de Sorbonne^ y demeurans; et ceux de
rAcadémie^ par deux Ecuyers des Académies du
Roy.
Les réglemens; tant généraux que particuliers^
pourront estre changez^ suivant les occurrences,
par les personnes et selon les formes cy-dessus;
mais à la charge qu'il ne sera apporté aucun chan-
gement au dessein principal de la présente Fon-
dation^ ny aux intentions de mondit Seigneur
Cardinal Duc.
Mondit Seigneur supplie tres-humblement Sa
Majesté d'agréer et autoriser la présente Fondation
avec toutes ses circonstances et dépendances^ et
d'en accorder toutes Lettres nécessaires^ avec les
droits^ exemptions et privilèges qu'il luy plaira^
et que les Lettres en soient vérifiées et registrées
au Parlement de Paris^ aux autres Compagnies
Souveraines^ et par tout ailleurs où besoin sera^'
Pour faire l'achat des places nécessaires à l'éta-
blissement dudit Collège^ de la Bibliothèque et de
l'Académie^ payement des droits d'amortissement
et indemnité^ bastimens^ emmeublement^ ome-
mens^ linge d'Eglise, chevaux pour l'Académie,
1. Voyez les deux pièces suivantes. Les lettres pa-
tentes de Louis XIV sont surtout très-remarquables.
— 156 —
ustanciles^ et toutes autres dépenses^ et pour les
subsistances dudit Collège et de rAcadémie^
mesme pour Tachât de quelques Livres pendant
l'année^ afin d*estre ajoutez à la Bibliothèque *;
Mondit Seigneur le Cardinal Duc veut que sur les
plus clairs de ses deniers comptans de ses œcono-
mies et épargnes^ dont il est cy-devant fait men-
tion, et de ses autres effets^ il soit pris deux millions
de livres^ et icelle somme mise entre les mains des
sieurs Exécuteurs de la présente Fondation^ par
les ordres desquels seront faits les achats^ basti-
mens^ et autres dépenses^ selon qu'ils jugeront le
tout plus à propos^ et conformément aux intentions
que son Eminence leur a déclarées.
Que tout ce qui restera de ladite somme de deux
millions de livres^ après le payement des places^
bastimens^ et autres choses nécessaires pour l'en-
tier établissement^ sera mis en fonds d*beritages ou
rentes^ par les mains desdits sieurs Exécuteurs,
pour subvenir à la subsistance^ réparations et en-
tretenemens dudit Collège, de la Bibliothèque, et
de l'Académie.
Plus mondit Seigneur le Cardinal Duc donne
1. La bibliothèque touchait dans ce but 1,000 livres
par an sur les fonds du collège. Elle avait en outre le
revenu d'une somme de 17,248 liv. qui lui avait été don-
née en 1668 par le roi, en échange de livres et de ma-
nuscrits qu'elle avait été forcée de céder. Ces 17,248 liv.
étaient placées sur la ville de Paris; elles produisirent
d'abord un revenu de 900 liv. qui, de réduction en ré-
duction, tomba à 433 liv. en 1751.
- 157 -
audit Collège^ Bibliothèque et Académie quarante-
cinq mille livres de rente à luy appartenant^ sur
THostel de Ville de Paris, de la nature qu'elles
sont, dont il ne se paye à présent que quinze
mille livres effectifs par chacun an, sans autre
garantie desdites rentes, sinon qu'elles luy appar-
tiennent.
Et dautant que ce que dessus ne pourra satis-
faire à l'entier établissement et à la subsistance de
la présente Fondation, mondit Seigneur le Cardi-
nal Duc supplie tres-humblement Sa Majesté que
le revenu temporel de l'Abbaye de Saint Michel en
THerm, dont son Eminence est à présent titulaire,
en quoy que ledit revenu puisse consister, soit
uni audit Collège, Bibliothèque et Académie; et
que mesme le titre de ladite Abbaye soit supprimé,
y ayant assez de considérations particulières pour
ladite union et suppression, en réservant une
somme telle qu'il sera ordonné par Sa Majesté,
pour Tentretenement des bastimens, et pour le
nombre des Prestres séculiers que Sa Majesté ju-
gera nécessaire pour y faire le Service divin, et
subvenir aux frais dudit Service ; suppliant tres-
humblement Sa Majesté que les Prestres séculiers
y soient commis par les quatre Inspecteurs dudit
Collège, et que lesdits Prestres soient révocables
à volonté.
Et si tout ce que dessus n'estoit point encore
trouvé suffisant par les sieurs Exécuteurs de ladite
Fondation, mondit Seigneur le Cardinal Duc sup-
- 158 -
plie encore ires-bumblement Sa Majesté d'y join-
dre et unir quelque autre Bénéfice^ avec pareille
suppression de titre ou autres conditions^ afin que
ladite Fondation que son Eminence a estimé utile
et avantageuse à la Religion et au Royaume^ puisse
subsister à jamais.
Sa Majesté est aussi tres-humblement suppliée
de faire expédier les Brevets, Lettres, et autres
actes nécessaires pour l'exécution de tout ce que
dessus, d'en faire faire les instances à Rome par
ses Ambassadeurs, et que le tout soit fait, bomo-
logué, conflrmé, vérifié, et registre par tout où
besoin sera, afin que la présente Fondation, et
l'exécution d'icelle, puisse esirc faite, entretenue,
et exécutée à jamais.
Et pour Exécuteurs de ladite présente Fonda-
tion, jusques à l'actuel établissement du Ck)llege,
de la Bibliothèque et de TAcadémie, mondit Sei-
gneur le Cardinal Duc nomme Messire Guillaume
de la Moignon, Cbevalier, Conseiller du Roy en
tous ses Conseils, Premier Président au Parle-
ment ; Messire Nicolas Foucquet, aussi Conseiller
du Roy en tous ses Conseils, Procureur Général
de Sa Majesté, et Surintendant des Finances de
France; Messire Micbel le Tellier, Conseiller du
Roy en ses Conseils, Secrétaire d'Estat et des Com-
mandemens de Sa Majesté ; Messire Zongo On-
dedei Evesque de Frejus; et Messire Jean Bap-
tiste Colbert, Conseiller du Roy en ses Conseils,
Intendant des Maisons et affaires de son Eminence.
— 159 —
Ausquels sieurs Exécuteurs^ et à chacun d'eux^
les uns en l'absence des autres^ mondit Seigneur
le Cardinal Duc donne pouvoir de faire et agir tout
ce qui sera nécessaire pour l'entière exécution de
la présente Fondation^ tant pour l'achat des places
que pour les bastimens communs et particuliers^
Eglise^ et toutes les choses en dépendantes en la
forme et manière^ et en tel lieu que lesdits sieurs
Exécuteurs aviseront, et pour les nourritures, ré-
tributions, appointemens , gages, salaires des
Officiers du Ck)llege, de la Bibliothèque, et de l'A-
cadémie, et d'en faire le partage entre lesdits Offi-
ciers, ainsi que lesdits sieurs Exécuteurs verront
bon estre.
En cas de déceds d'aucuns desdits sieurs Exécu-
teurs, les survivans en nommeront d'autres en
la place des décédez, en telle sorte que le nombre
soit toujours complet, jusques à ce que la pré-
sente Fondation soit actuellement et entièrement
exécutée.
Ce qui a esté ainsi dicté et nommé par mondit
Seigneur le Cardinal Duc ausdits Notaires soussi-
gnez, et par l'un d'eux, l'autre présent, releû à
son Eminence, qui a déclaré que telle est sa vo-
lonté, pour valoir par forme de disposition testa-
mentaire à cause de mort ou autrement, en la
meilleure forme que faire se peul ; et que s'il
manque quelque chose pour l'exécution et inter-
prétation de sa volonté, il s'en remet entièrement
aux ordres qui seront donnez par lesdits sieurs
~ 160 —
Exécuteurs de la présente Fondation^ lesquels il
veut estre suivis entiéremeat^ et en toutes choses,
sans aucune réserve, tout ainsi que si son Emi-
nence Tavoit elle-mesme ordonné. Ce fut fait, dicté,
nommé et releû, comme dessus, audit Cbasteau de
Yincennes, en l'appartement de son Eminence, Tan
mil six cens soixante-un, le sixième jour de Mars
avant midy ^ Et a signé.
Signé, Le Vasseur, et Le Fouïn.
II
LKTTBES PATENTES PORTANT CONFIRMATION DE LA FONDATION
DU COLLEGE DES QUATRB-NATIONS.
LOUIS PAR LA GRACE DE DiEU, ROY DE FRANCE ET
DE Navarre : A tous presens et à venir. Salut. Bien
que la conduite que noslre Ires-cher et tres-amé
Cousin le feu sieur Cardinal Mazarini a tenue, soit
en paix, soit en guerre, pour l'administration de
nos affaires , soit remplie d'une infinité de grandes
actions, et d'autant d'illustres marques d'une ar-
dente aflection , par l'augmentation de nostre
gloire, l'agrandissement de nostre Estât, et les
1. Mazarin mourut deux jours après ; il expira le 9 mars,
vers deux heures et demie du matin. Voyez la Gazette
de France f numéro du 12 mars 1661.
— 161 -
avaulages particuliers de nos Sujets ; il faut néan-
moins avouer que rien n'a davantage signalé son
zèle pour la France, que le dessein qu'il a formé
pour rétablissement d'un Collège pour l'éducation
des jeunes Gentilshommes nez dans les pais nou-
vellement soumis à nostre obéissance. Car en effet,
quoy-que son grand courage se soit fait connoistre
à soutenir avec réputation une longue guerre pen-
dant nostre minorité contre des ennemis puissans,
sa sagesse à assoupir les mouvemens intérieurs de
nostre Royaume, et la prudente conduite de son
heureux génie dans la conclusion de la Paix gé-
nérale, qui a rendu à nos Estats ses premières
limites, et rétabli l'ancienne réputation des Fran-
çois : Néanmoins il paroîtra toujours bien plus
facile'de Nous conquérir des Provinces par la force
de nos armes, et de Nous aquerir de nouveaux Su-
jets, que d'en gagner les cœurs, et de les rendre
véritablement François. C'est cependant ce que
s'est heureusement proposé de faire nostredit
Cousin le Cardinal Hazarini, par l'établissement
dudit Collège, dans lequel faisant donner aux
jeunes Gentilshommes issus des païs réiinis à nos-
tre Couronne, une éducation Françoise, et leur
inspirant insensiblement la douceur de nostre
domination, il effacera dans leurs cœurs, par la
reconnoissance d'un traitement si favorable, tous
les sentimens d'une affection étrangère, et y gra-
vera profondément, par une noble institution, les
caractères d'un amour sincère et fldelle pour
11
— 16Î —
nostre personne et pour nostre Estât. Et voulant
favoriser en tout ce qui dépendra de Nous un si
grand et glorieux dessein^ et si digne du rang que
nostredit Cousin tenoit dans l'Eglise^ et prés nostre
Personne : A ces causes^ et autres considérations
à ce nous mouvans : De l'avis de nostre Conseil^
qui a veû le Contract cy-attaché sous le conlrescel
de nostre Chancelerie^ passé par nostredit Cousin
le feu sieur Cardinal Mazarini^ pardevant le Fouïn
et le Vasseur, Notaires au Chastelet de Paris, par
lequel nostredit Cousin auroit fondé un Collège et
Académie dans nostre bonne Ville de Paris, pour
y instruire gratuitement aux exercices de corps
et d'esprit convenables à la Noblesse, les jeunes
Gentilshommes qui auroient pris naissance à Pi-
gnerolles, son territoire, et vallées y jointes ; aux
Provinces d'Alsace, et Païs d'Allemagne qui y
sont contigus ; en Flandres, Ariois, Hainault; en
Luxembourg et Roussillon, Conflans et Sardaigne,
en ce qui nous appartient en tous lesdits Païs, et
ce qui en est demeuré sous nostre obéissance par
le Traité de Munster du 24-. Octobre 1648. et par
celuy de la Paix générale, conclue en l'Isle des
Faisans le 7. Novembre 4659. ensemble pour les
enfans nez en Italie dans l'Estat Ecclésiastique,
avec clause qu'une grande Bibliothèque apparte-
nante à nostredit Cousin demeureroit jointe et
unie audit Collège et Académie : Nous avons con-
firmé, loué, et approuvé, et par ces Présentes
signées de nostre main, confirmons, louons, et
— 163 —
approuvons la Fondation portée par ledit Contract,
que Nous voulons estre exécuté de point en point
selon sa forme et teneur ; lequel Collège et Acadé-
mie Nous voulons estre nommé et appelle du nom
de Mazarini. Et pour donner des marques plus
expresses de la satisfaction que Nous avons dudit
établissement) voulons et Nous plaist que ladite
Fondation soit censée et réputée Royale, et jouisse
des mesmes avantages, privilèges et prérogatives
que si elle avoit esté par Nous faite et instituée.
Si donnons en mandement à nos amez et féaux
Conseillers, les Gens tenans nostre Cour de Parle-
ment à Paris, Gens de nos Comptes, et Cour des
Aydes audit lieu, que ces Présentes ils ayent à re-
gistrer, et faire exécuter ledit Contract de Fonda-
tion portée par iceluy, selon sa forme et teneur ;
cessant, et faisant cesser tous troubles et empes-
chemens qui pourroient estre mis ou donnez au
contraire : Car tel est nostre plaisir. Et afin que
ce soit chose ferme et stable à toujours, nous
avons fait mettre nostre scel à cesdites Présentes.
Donné à Saint Germain en Laye, au mois de Juin,
Tan de grâce mil six cens soixante-cinq, et de
nostre Règne le vingt-troisième. Signé, LOUIS. Et
sur le reply. Par le Roy, De Guenegaud. Et scellé
du grand Sceau de cire verte. Et sur le mesme
reply est écrit. Visa, Seguier, Pour servir aux
Lettres Patentes, portant confirmation de la Fon-
dation du Collège Mazarini.
Begislrées, ouï le Procureur Général du Roy,
— 164 —
pour estre exécutées selon leur forme et teneur, aux
charges portées par l'Arrest de ce jour. A Paris,
en Parlement^ le 14. Aoust 1665. Signé, Robert.
III
ARR^ D*BNRiE61STRBMBNT DB L*ACTB DB FONDATION DD COLLÉOB
DBS QUATRB-NATION8
BT DBS LBTTRB8 PATBNTBS QUI LB CONFIRMENT.
Veu par la Cour les Lettres patentes du Roy,
données à Saint Germain au mois de Juin dernier,
signées, LOUIS, sur le reply. Par le Roy, De Gub-
NEGACD, et scellées du grand Sceau de cire verte;
par lesquelles, et pour les causes y contenues, ledit
Seigneur Roy auroit confirmé, loué, et approuvé
la Fondation faite par son Eminence, le sieur Car-
dinal Mazarini, par Contract passé pardevant le
Fouïn et le Vasseur, Notaires au Chastelet de
Paris; par lequel il auroit fondé un Ck)llege et Aca-
démie dans cette Ville de Paris, pour y instruire
gratuitement aux exercices de corps et d'esprit
convenables à la Noblesse, les jeunes Gentilshom-
mes qui auroient pris naissance à PigneroUes, son
territoire, et vallées y jointes; aux Provinces d'Al-
sace, et Païs d'Allemagne qui y sont contigus ; en
Flandres, Artois, Hainault; en Luxembourg et
RoussilloD, Conflans et Sardaigne, en ce qui appar-
— 165 -
tient et est demeuré sous l'obeissaDce de Sa Majesté
par le Traité de Munster du U. Octobre 1648. et
par celuy de la Paix génei-ale^ conclue en llsle des
Faisans le 7. Novembre 4659. ensemble pour les
enfans nez en Italie^ dans l'Estat Ecclésiastique ;
avec clause^ qu'une grande Bibliothèque^ apparte-
nante audit feu sieur Cardinal Mazarini, demeure-
roit jointe et unie audit Collège et Académie ,
soient nommez du nom de Hazarini^ et que ladite
Fondation soit censée et réputée Royale^ et jouisse
des mesmes avantages^ privilèges et prérogatives^
que si elle avoit esté faite par ledit Seigneur Roy^
ainsi que plus au long le contiennent lesdites
Lettres à la Cour adressantes. Yeû aussi ledit Con-
tract de Fondation du 6. Mars 1661. signé le Vas-
seur et le Fouïn^ Notaires : Conclusions du Procu-
reur Général : Ouï le rapport de M« Pierre de
Brilhac, Conseiller ; tout considéré : Ladite Cour
a ordonné et ordonne, que lesdites Lettres et Con-
tract de Fondation seront registrez au Greffé
d'icelle^ pour estre exécutez selon leur forme et
teneur ; à la charge que nul Principal ne pourra
estre receû qu'il ne soit né dans les terres dudit
Seigneur Roy, et qu'il n'ait obtenu Lettres de
naturalité bien et deûëment veriflées ; et outre
que les Lettres d'Oeconomat du 20. May 1662.
veriflées en ladite Cour le 23. May ensuivant,
seront exécutées selon leur forme et teneur, en
attendant que sur les consentemens portez par le
Contract du 18. Aoust 1664. les Bulles d'union
— 166 —
audit Collège de TAbbaye de S. Michel en rHemi,
ayent esté obtenues avec les Lettres patentes du
Roy, pour les autoriser*. Fait en Parlement le
quatorzième Aoust mil six cens soixante-cinq.
Signé, Robert.
IV
LBTTRB8 PATENTES PORTANT RÈGLEMENT POUR LE COLLÈGE
DBS QUATRE-NATIONS.
LOUIS, par la grâce de Dieu, Roy de France et
de Navarre ; à tous presens et à venir, salut. Les
importans services que nous a rendus et à nostre
Estât nostre Cousin le Cardinal Mazarin, nous
ayant engagez d'accorder nostre protection au Col-
lège qu'il a fondé dans nostre bonne Ville de Paris;
nous avons cru n'en pouvoir donner des marques
plus certaines qu'en faisant nous-mesmes les re-
glemens nécessaires pour rendre cet établissement
parfait. A ces causes, et après nous avoir fait re-
1. A cet égard, voyez : Concordat fait entre messieurs les
Exécuteurs de la Fondation faite pa/r Monseigneur le Cardinal
Masarini^ et les Religietux; de la Congrégation de Saint^Maur^
fowr Vunion de VAbbaye de Saint-Michel en THerm, 10 p.
in-folio. — Bulla unionis mensœ ahhatiaUs monasterii Sancti-
Michaelis inEremo collegio Mazarino^ 8 p. in-folio. — Sen-
tence de Vofficial de Luçon portant fulmination des huiles
d'union de Vahhaye de S. Michel en VHerm au collège Ma-
zarini, 12 p. in-folio.
— 167 —
présenter le testament de nostre Cousin^ Tacle de
Fondation, ensemble nos Lettres patentes du mois
de juin 1665. de nostre certaine science, pleine
puissance et authorilé royale, voulons et ordon-
nons ce qui ensuit : c'est à sçavoir que :
I. Le Collège sera composé à soixante écoliers
Gentils-hommes ou enfansdes principaux babitans
vivans noblement dans les lieux cy-après nommez,
sans que sous quelque prétexte que ce soit, on
puisse tenir d'autres pensionnaires dans ledit
Collège.
n. La nomination des écoliers appartiendra à
Taisné masle de la maison de Mazarini en qualité
de Fondateur, et au défaut de masle ou s'il ne rem-
plissoit point les |>laces de personnes capables,
quatre mois après qu'il sera averty de la vacance
par le grand-maistre, ladite nomination et entière
provision nous sera dévolue de plein droit.
III. Les nobles seront préférez pour la nomina-
tion à ceux qui ne le seront pas, quoyqu'il n'y ait
entr'eux aucune distinction dans le Collège, quand
ils y auront esté receûs.
IV. Les preuves de Tâge, du lieu de la naissance,
de la noblesse et des autres qualitez nécessaires
seront examinées par quatre docteurs de la Mai-
son et Société de Sorbonne et par le grand-mais-
tre du Collège.
V. Nul ne sera pourveu desdites places, s'il n'est
au moins âgé de dix ans accomplis ; et nul n'y sera
receu après avoir atteint l'âge de quinze
— 168 —
VI. Les soixante écoliers seront choisis : sçavoir
vingt de nos provinces d'Artois, Cambray, Flan-
dres, Haynault et Luxembourg : quinze d'Alsace,
Strasbourg et pays d'Allemagne et Franche-Comté :
quinze de PigneroUes et vallées qui y sont jointes,
Cazal et de l'Estat Ecclésiastique, en telle sorte que
ceux de PigneroUes et de Cazal soient préférez
aux autres ; et à leur défaut les Romains préférez
à ceux de l'Estat Ecclésiastique : dix de Roussillon,
Conflans et Sardaigne.
VIL S'il ne s'en trouve pas le nombre suffisant
desdites provinces, en ce cas nous pourrons en
choisir d'autres lieux de nostre royaume^ après
que pendant quatre mois les places auront vacqué,
et que l'aisné de la maison de Hazarini aura eu le
temps d'en nommer des lieux désignez dans la
Fondation.
VIII. Tous lesdits écoliers seront instruits, logez,
nourris et meublez gratuitement, tant en santé
qu'en maladie, pendant le cours ordinaire des
classes ; et leur sera donné à chacun la somme de
cent livres tous les ans, pour les habits et linges
de leurs personnes.
IX. Il y aura pour le gouvernement du Collège
un grand-maistre qui sera aussi principal, docteur
de la Maison et Société de Sorbonne : un procu-
reur, docteur ou bachelier de ladite Maison : un
sous-principal : quatre sous-maistres, et un cha-
pelain .
X. Le grand-jnaistre nomniera le sous-prin-
— 169 —
cipal^ les sous-maistres^ le chapelain et tous les
regens ; et pourra les destituer quand il le jugera
à propos.
XI. Le sous-principal sera au moins bachelier
de la Maison de Sorbonne; mais à Tesgard des
sous-maistres et des regens^ il suffit qu'ils soient
du corps de l'Université.
XII. Dérogeant à cet égard à l'article de la Fon-
dation^ par lequel il estoit dit que le principal et
les sous-principaux de la nation Italienne seroient
Theatins.
XIII. Le Collège ne sera point distingué par na-
tions, et il n'y aura d'autre différence entre les
écoliers que l'âge et les classes.
XIV. Les écoliers pourront estre renvoyez du
Collège pour leurs mauvaises mœurs par le grand-
maistre, de l'avis des quatre inspecteurs, après
avoir averty les parons et le nominateur de les
retirer.
XY. Il y aura neuf classes dans le Collège, six
d'humanitez, deux de philosophie et une de ma-
thématique ; mais il y aura deux regens de rhé-
torique, dont l'un enseignera le matin, et l'autre
l'apres-disnée, ainsi qu'il sera réglé parle grand -
maistre.
XVI. La nomination de tous les serviteurs ap-
partiendra au grand-maistre seul ; mais ceux qui
auront soin de l'œconomie de la Maison, seront
nommez de concert par le grand-maistre et le
procureur.
- 170 —
XVII. Le procureur fera les receptes et dépenses
ordinaires;
XVIII. Il ne pourra faire les extraordinaires que
par Tordre par écrit du grand-maistre et des qua-
tre inspecteurs ; pourra neantmoins, sur le sim-
ple ordre par écrit du grand-maistre, employer
jusques à la somme de cent livres.
XIX. Le procureur rendra ses comptes tous les
ans pardevant les quatre inspecteurs, en présence
du grand-maistre.
XX. Il aura sous luy un homme pour solliciter
les affaires et agir sous ses ordres, dont le choix et
la destitution luy appartiendra.
XXI. Le bibliothécaire sera nommé par la Mai-
son et Société de Sorbonne, et choisi autant qu'il
se pourra, du nombre des docteurs de la Maison.
XXII. Il y aura la nomination d'un sous-biblio-
thecaire et de deux serviteurs qui n'auront d'autre
soin que celuy de la Bibliothèque; lesquels il
pourra destituer, lors qu'il le jugera à propos.
XXIII. Le bibliothequaire se chargera par inven-
taire des livres de la Bibliothèque, des manuscrits
et des meubles qui y doivent estre destinez.
XXIV. La Bibliothèque sera ouverte au public
deux jours de la semaine, le lundy et le jeudy, de-
puis huit heures du matin jusques à dix heures et
demie, et depuis deux heures après midy jusques
à quatre en hyver, et jusques à cinq en esté.
XXV. Le bibliothécaire, le sous-bibliothecaire
et les deux serviteurs seront tenus de se trouver
— 171 —
dans la Bibliothèque aux jours et heures cy-dessus
marquez^ pour donner les livres qui seront de-
mandez, et pour veiller qu'ils ne soient gastez ou
emportez.
XXVI. Il sera fait aux frais du Collège quatre
exemplaires du catalogue de la Bibliothèque, dont
un demeurera dans la Bibliothèque, le second sera
donné à nos avocats et procureur gênerai du Par-
lement, le troisième sera mis dans la Bibliothèque
de Sorbonne, et le quatrième demeurera entre les
mains du grand-maistre du Collège.
XXVII. Le procureur du Collège donnera tous
les ans mil livres au bibliothécaire pour aug-
menter la Bibliothèque, à la charge de rendre
compte de Temploy pardevant le grand-maistre et
les quatre inspecteurs du Collège, qui pourront,
quand ils le jugeront à propos, visiter la Biblio-
thèque.
XXVIII. Le grand-maistre, le procureur et le
bibliothécaire seront perpétuels ; et leur nomina-
tion appartiendra à la Maison et Société de Sor-
bonne.
XXIX. La Maison et Société de Sorbonne aura
la direction générale de tout le Collège, à l'effet de
quoy elle nommera quatre docteurs qui auront la
qualité d'inspecteurs du Collège, et qui en feront
pendant quatre ans seulement les fonctions, s'il
n'est jugé à propos de les continuer.
XXX. Le grand-maistre aura la supériorité et
la préséance sur tous les officiers du Collège, et
— 172 —
après luy le procureur, si ce n'est que le biblio-
tbe(*âire estant docteur, soit plus ancien que le
procureur, auquel cas le bibliothécaire aura seu-
lement la préséance.
XXXI. Les inspecteurs visiteront le plus sou-
vent qu'ils pourront le Collège, y décideront avec
le grand-maistre toutes les affaires qui regarderont
la discipline, recevront les plaintes, entendront les
comptes du procureur, et tiendront la main à
l'exécution de la Fondation.
XXXII. Les quatre inspecteurs ne sortiront
point ensemble de charge, mais il en demeurera
toujours deux anciens avec les deux qui seront
nouvellement éleûs.
XXXIII. Les reglemens qui seront jugez néces-
saires dans la suite des temps seront faits par
l'aisné de la Maison de Mazarini, avec l'avis de la
Maison de Sorbonne ; mais ils ne pourront estre
exécutez qu'ils ne soieift confirmez par nos Lettres
patentes.
XXXIV. Enjoignons à nos avocats et procureur
gênerai de visiter le plus souvent qu'ils pourront
le Collège, soit séparément ou conjointement, et
de tenir la main à l'exécution de la Fondation; à
l'effet de quoy ils feront représenter les registres
et comptes du procureur ; sans qu'ils puissent
neantmoins commettre pour ladite visite personne
en leur place.
XXXV. On pourra recevoir dans les classes du
Collège d'autres écoliers que les pensionnaires.
— 173 —
sans qu'ils soieat tenus de donner aucun salaire
aux maistres qui les enseigneront.
XXXVI. Et pour engager d'avantage ceux qui
auront soin du Collège et qui y enseigneront^ nous
voulons qu'il soit donné sur les revenus dudit
Collège^ tous les ans^ au grand-maistre^ quinze-
cent livres : au sous-principal^ six-cent livres :
aux quatre sous • maistres ^ chacun quatre -cent
livres : aux deux regens de philosophie et deux de
rhethorique^ chacun mil livres : aux regens de
seconde et troisiesme^ chacun huit cens livres :
aux trois autres regens chacun six-cent livres : au
régent de mathématique^ six-cent livres : au bi-
bliothécaire^ onze-cent livres : au sous-bibliothe-
quaire^ cinq cens livres : aux deux garçons servans
à la bibliothèque^ chacun cent-cinquante livres :
au chapelain^ trois cens livres : au procureur onze-
cens livres : à un agent sous luy^ trois cens livres ;
le tout outre le logement dans le Collège qui leur
sera marqué^ et la nourriture qui leur sera fournie
convenablement en commun.
XXXVII. Sera aussi donné au sieur de la Po-
terie qui a eu soin des livres jusques à présent
]a somme de huit cens livres par chacun an pen-
dant sa vie^ en considération des services qu'il a
rendus au Collège.
XXXVIII. Voulons que le Collège porte le nom
de Mazarini^ et qu'il jouisse de tous les droits qui
appartiennent aux Maisons de Fondation royale;
et en conséquence l'avons déchargé de tous les
— 174 —
droits qui nous auroient pu appartenir ou à nos
fermiers, pour l'acquisition des places sur les-
quelles il est basti^ soit à titre de quint et de lots
et vente, d'amortissement ou d'indemnité.
XXXIX. Dérogeons à tout ce qui pourroit estre
contraire au présent règlement dans la Fondation,
et nommément à l'establissement d'une Académie
pour apprendre les exercices militaires , nonob-
stant ce qui est porté par nos Lettres patentes du
mois de juin 1665.
XL. Et pour les choses qui ne sont contenues
dans nos lettres, ordonnons que ledit Collège sera
gouverné par les statuts de l'Université de Paris,
dont il fait partie, et que tous les oflSciers dudit
Collège jouissent des droits et privilèges qui ap-
partiennent aux principaux et regens de l'Univer-
sité de Paris. Si donnons en mandement à nos
amez et féaux les gens tenans nostre Cour de Par-
lement, Chambre des comptes et Cour des aydes
à Paris, que ces présentes ils ayent à registrer et
faire exécuter selon leur forme et teneur : cessant
et faisant cesser tous troubles et empeschemens
qui pourroient estre mis ou donnez au contraire.
Car tel est notre plaisir. Et afin que ce soit chose
ferme et stable à toujours, nous avons fait mettre
nostre scel à cesdites présentes. Donné à Versailles
au mois de Mars Tan de grâce M. DC. LXXXVIII.
et de nostre règne le XLV. Signé, LOUIS; et plus
bas : par le Roy, Phelipeaux. Et à costé : visa, Bou-
GHERAT ; et audessous : pour Lettres patentes por-
— 175 -
tant règlement pour le Collège Mazarini. Et scellées
en lacs de soye du grand sceau de cire verte.
Registrées, ouy et ce requérant le procureur
gênerai du Roy, pour estre exécutées selon leur
forme et teneur, suivant Tarrest de ce jour. A Paris
en Parlement le XXIII. Mars M. DC. LXXXVIÏÏ.
Signéy Donglois.
Registrées en la Chambre des comptes, ouy et
ce requérant le procureur gênerai du Roy, pour
estre exécutées selon leur forme et teneur ; à la
charge que nul principal et régent ne pourra
estre reçeu qu'il ne soit naturel François, ou
qu'il n'ait obtenu Lettres de naturalité deûëment
vérifiées par la Chambre. Le VU. jour d'Avril
M. DC. LXXXVIII. Signé, Richer.
Registrées en la Cour des aydes, ouy ce requé-
rant et consentant le procureur gênerai du Roy,
pour estre exécutées selon leur forme et teneur;
à la charge que nul principal et régent ne pourra
estre receû qu'il ne soit naturel François, ou
qu'il n'ait obtenu des Lettres de naturalité bien et
et deûëment vérifiées. A Paris le VÏII. Avril
M. DC. LXXXVIII. Signé, Du Molin.
— 176 —
V
KBOLSMBKT INTÊRIBUR DU COLLÈGE DBS QUATRB-NATIONS < .
On sonnera le lever à cinq heures et demie, et
dans le grand froid à Theure fixée par M. le Prin-
cipal. Le domestique de chaque corridor éveillera
les pensionnaires et leur donnera de la lumière,
dans la saison qui l'exige.
Un quart d'heure après, au second coup de
cloche, les pensionnaires se rendront habillés
décemment à la salle d'étude, où ils seront reçus
par les sous-maîtres. La prière se fera toujours en
présence du maître et non du domestique.
Depuis la prière jusqu'à sept heures et un quart,
les élevés apprendront leurs leçons et les reciteront
toutes à leurs maîtres, qui après cela leur feront
expliquer littéralement Tauteur qui doit être expli-
qué en classe.
Depuis sept heures et un quart jusqu'aux trois
1. Nous avons trouvé ce règlement aux Archives de
l'Empire, à la fin du registre coté MM, 463, et qui porte
en titre : Registre pour servir aux délibérations et arrestés de
Messieurs les Inspecteurs du collège Mazarin et Grand Maistre,
Le règlement ne fait point partie du registre, où il a cer-
tainement été autrefois laissé par mégarde. Il est écrit sur
une feuille volante et avec très-peu de soin. On peut sup-
poser que chaque sous-maître était tenu d'en posséder
un exemplaire, qu'il devait copier lui-même.
— 177 —
quarts^ les élevés s'habilleront et déjeuneront; aux
trois quarts ils iront à la messe^ puis en classe.
A dix heures et demie ils se rendront^ sans
s'amuser soit dans la cour soit dans les escaliers,
à leur chambre commune, où ne manqueront point
de se trouver MM. les sous-maitres. Ceux-ci leur
feront faire leur devoir sur cahier, et exigeront que
la copie qui doit être portée en classe leur soit
remise avec le cahier qu'ils auront toujours soin
de confronter.
A onze heures trois quarts, les élevés descen-
dront sans tumulte au réfectoire, où doit toujours
se trouver des premiers le maître de garde pour y
dire le benedicite. Chaque maître doit, autant que
faire se peut, assister aux repas pour servir la
nourriture à ceux qui composent son plat, et les
contenir dans l'ordre.
Au commencement du repas, les pensionnaires
feront chacun à leur tour une lecture pendant au
moins dix minutes.
Après le dîner, la récréation durera jusqu'à une
heure.
Pendant la récréation , les élevés seront gardés
par un sous-maître toujours accompagné d'un
domestique qui tiendra le poste indiqué par le
sous-maître.
n sera défendu aux élevés, sous peine de puni-
tion, de sortir du lieu de la recréation, à moins
qu'ils n'en aient obtenu la permission du sous-
maître de garde.
12
— 178 —
La recréation fluie, les élevés remonteront dans
leurs salles d'étude pour y apprendre et réciter
leurs leçons, jusqu'à l'heure de la classe.
Après la classe, ils se rendront dans leurs salles
d'étude, où ils seront en recréation seulement
pendant un quart d'heure pour goûter. Après quoi,
chaque sous-maître les mettra à l'étude pour tra-
vailler au devoir donné en classe. Lequel devoir
sera, autant que faire se pourra, corrigé pour la
fin de l'étude, et la copie faite.
Le souper à sept heures ; en observant tout ce
qui a été prescrit pour le dîner.
Après le souper, recréation jusqu'à huit heures
trois quarts, en observant tout ce qui a été prescrit
pour la recréation de midi.
Nota, En quelque lieu que se passent les recréa-
tions, les sous-maîtres doivent apporter l'attention
la plus scrupuleuse pour que deux élevés n'en
sortent point à Ta fois; si ce n'est quand ils sont
demandés par leurs parens ou correspondans.
A huit heures trois quarts, la prière.
Après la prière, les élevés remonteront chacun
à leur chambre en silence, et suivis du sous-maître
de garde, qui s'assurera si les domestiques sont à
leurs postes, si les chambres sont ouvertes et les
chandelles allumées.
A neuf heures et un quart, toutes les chandelles
doivent être éteintes. Le sous-maître de garde doit
à cette heure faire sa ronde, et voir si tout est bien
fermé.
— 179 —
Nota. Dans cette circonstance , c'est un grand
inconvénient pour le mattre et les enfans qu'un
domestique qui a trop bu.
RÈGLEMENS POUR LES DIMANCHES^ FÊTES ET JOURS
DE CONGÉ PLEIN.
Le lever à six heures et demie ; à six heures trois
quarts la prière^ qui sera suivie d'une lecture de
quelque livre de piété pendant un quart d'heure^
de manière à ne sortir de la salle d'étude qu'à sept
heures et demie.
Depuis sept heures et demie jusqu'à huit heures^
les élevés seront dans leurs chambres pour s'ha-
biller.
Nota. En hiver^ ils ne restent qu'un quart d'heure
dans leurs chambres, et viennent se chauffer pen-
dant le dernier quart dans la salle d'étude.
A huit heures^ le sous-maitre de garde conduit
à la messe les élevés^ qui ensuite déjeunent dans
le lieu de la récréation^ où ils demeurent jusqu'à
neuf heures et demie les jours de congé plein ^ et
jusqu'à neuf heures trois quarts les jours de
dimanches et fêtes quand il y aura office chanté.
A neuf heures et demie les jours de congé plein^
les élevés remonteront à l'étude jusqu'au dtner;
les dimanches à neuf heures et demie ils entreront
au réfectoire^ pour y entendre une instruction; et
ensuite ils se rendront dans leurs salles d'étude
pour y travailler jusqu'au dîner.
— 180 —
Après le diner^ récréation jusqu'à une heure.
A une beure^ vêpres. Si elles sont chantées^
rétude ne commencera qu'à deux heures et ne
finira qu'à quatre heures. Recréation le reste de la
journée. Si elles sont simplement récitées à l'église
par leseleves toujours accompagnés du sous maître
de garde ^ l'étude commencera immédiatement
après vêpres, c'est-à-dire à une heure et quart, et
continuera jusqu'à deux heures et demie.
Ensuite récréation jusqu'à cinq heures et demie.
Depuis cinq heures et demie jusqu'au souper,
les élevés seront à l'étude chacun dans leurs salles
d'étude respectives. Le souper à l'ordinaire.
Les jours de congé plein, on observera dans la
matinée ce qui a été prescrit pour les jours de fête.
L'après dîner, les élevés remonteront dans leurs
chambres pour se préparer à la promenade. A une
heure et demie, promenade jusqu'à cinq heures.
Les jours de demi congé, la matinée se passera
selon ce qui est prescrit pour les jours de classe ;
et l'après midi, suivant ce qui est prescrit pour
l'après midi des jours de congé plein.
DES PROMENADES.
Jamais de promenades les dimanches et jours de
fêtes solennelles.
Les élevés sont conduits en promenade par le
sous-maître de garde, qui sera toujours accom-
pagné de son domestique, afin que la surveillance
- 181 —
soit plus exacte et plus sûre. Les élevés n'aclieierout
rien sans la permission de leur maître.
Depuis Pâques jusqu'à la rentrée des classes^ les
jours de congé, l'étude de Taprès dîner commen-
cera à une heure jusqu'à deux heures et demie. La
promenade depuis trois heures, toutes les fois
qu'elle pourra avoir lieu, jusqu'au souper.
DES SORTIES EN VILLE.
Jamais un eleve ne pourra sortir sans la permis-
sion de Monsieur le principal, et celuy-ci évitera le
plus qu'il pourra de la donner sans le satisfecit du
sous-maître qui en sera particulièrement chargé.
Monsieur le principal ne donnera de permission
que sur une lettre ou au moins un billet des parens
ou correspondans bien connus pour tels; ceux-ci
enverront rechercher, et feront reconduire au
Collège par leurs domestiques ceux des élevés
qu'ils voudront avoir.
Les permissions de sortir seront données par des
billets que les portiers Recevront en écrivant des-
sus l'heure à laquelle chaque billet luy a été remis,
et l'heure à laquelle Televe inscrit sur ce billet est
rentré. Les élevés devront être rentrés pour le
souper.
A neuf heures du soir, tous ces billets seront
reportés chez Monsieur le principal.
Nota. Il serait à souhaiter qu'un eleve ne pût
point aller en ville plus d'une fois en quinze jours.
- 182 —
VISITES DES CHAMBRES DES ELEVES.
Cet article est très-important.
Chaque sous-maitre fera de tems en tems la
visite des chambres des élevés^ tantôt en leur pré-
sence^ tantôt en leur absence. La visite même des
paillasses ne sera pas toujours inutile.
n faut examiner : i"" en quel état sont les croi-
sées; 2o s'il n'y a pas de mauvais livres ou de
pierres à fusil et amadou^ ou même des bouteilles
de liqueur.
Un sous-maitre doit être authorisé à se faire ou-
vrhr, par le serrurier de la maison^ toute cassette^
ou bibliothèque ou malle.
Tout domestique de corridor qui auroit vu ou
entendu des choses qui sont contre le bon ordre
ou la décence^ sans en avoir averti les maîtres^ doit
être renvoyé; ainsi que tout commissionnaire ou
garçon perruquier qui seroit reconnu pour colpor-
teur secret des élevés..
DE LA CHAPELLE.
Les élevés doivent se rendre à la chapelle en
même tems que le sous-maitre de garde^ et assister
aux offices avec la modestie convenable au lieu;
ils n'y chanteront point de manière à troubler le
chœur.
Les jours de confession, un des domestiques de
— 183 —
corridor se tiendra dans la chapelle pour y remar-
quer la conduite de chaque eleve^ et en rendra
compte directement à Monsieur le principal.
DE LA SALLE A MANGER.
n sera défendu aux garçons de corridor de se
mêler à la conversation des élevés entr'eux, ou du
maître avec les élevés; ils ne parleront que quand
ils seront interrogés parle maître. Tout domestique
qui manquera publiquement à un sous-maître qui
ne luy ordonnera que des choses raisonnables doit
être renvoyé.
DES PROMENADES.
Il est bon que le sous-maître > au moment de
partir du collège pour aller en promenade^ s'assure
avec son domestique du nombre des élevés qu'il
emmène avec. C'est un moyen de voir plus promp-
tement et plus sûrement si quelqu'un s'absente ou
s'écarte.
Au moment de partir du lieu de la promenade^
sur l'avis du msutre^ le domestique rassemble les
élevés auprès du maître qui doit compter son
monde comme en partant du collège.
DE l'infirmerie.
Pour prévenir les abus qui ont eu lieu jusqu'ici,
il faut choisir une garde-malade sur laquelle on
— 184 —
puisse compter; et ce sera celle qui ne se laissera
pas gagner par argent bu par quelques présens
d*une autre nature. Une garde -malade^ sous peine
d'être congédiée à l'heure méme^ ne doit laisser
entrer à l'infirmerie ni nourriture^ ni friandises
quelconques.
DOCUMENTS MANUSCRITS
MBLATIFt AU
COLLÈGE DES QUATRE-NATIONS
ARCHIVES DE L EMPIRE.
Registre des délibérations du conseil de la fondation
du collège Mazarini. 1 registre in-folio, coté MM, 462.
Ce registre, commencé en 166], année de la mort de
Mazarin, s*arréte en 1668, année de Touverture du Col-
lège.
Registre pour servir aux délibérations et arrestés de
Messieurs les Inspecteurs du collège Mazarin, et Grand-
Maistre. 1 registre in-folio, coté MM, 463.
C'est dans ce registre^ qui va de Tannée 1713 à Tannée
1738, que se trouve le Règlement que nous avons repro-
duit page 176.
— 186 —
Registre pour servir aux délibérations et arrêtés de
Messieurs les Inspecteurs et Grand-Maitre du collège
Mazarin. i registre in-folio, coté HH^ 464.
C'est la suite du précédent. Il commence au 6 février
1739, et se continue jusqu'au 10 juin 1791.
Arrest du Conseil qui déclare le terrain des portes,
tours, ramparts^ murs, fossez de Nesle et contrescarpes
estre dans la directe et seigneurie de Sa Majesté,
Cet arrêt fait partie d'une liasse cotée Q, 1273.
Compte rendu par M. Mariage, trésorier du Collège
Mazarinj de la recepte et despence desreuenus dud. Col^
lege, 1 registre in-folio, coté H^ 2822.
De l'année 1662 à l'année 1673.
Compte que rend Simon Mariage^ conseiller du Roy,
au nom et comme fondé de procuration de Nosseigneurs
les Exécuteurs testamentaires de la fondation faite par
feu Monseigneur l'Eminentissime Cardinal Mazarinj,
i registre in-folio, coté H, 2823.
Suite du précédent; il va de 1674 à 1683.
Journal de la despence qui est faite par M, Mariage
pour le Collège Mazarinj. i registre in-folio , coté H ,
2824.
Suite du précédent, et fin des comptes tenus par S. Ma-
riage.
Déclaration censuelle des bdtimens du collège Mazarin
et de plusieurs maisons et emplacemens y joignant, rue
Guénégaud et rue Mazarine,
Déclaration de maisons et emplacemens joignant le
collège Mazarin.
— 187 —
Ces deux pièces sont de l'année 1701, et font partie de
la liasse cotée Q, 1273.
Renseignemens sur la tctxe des propriétaires de mai-
sons pour le logement des mousquetaires.
Pièce relative aux maisons que le Collège possédait rue
Mazarine. Comprise dans la liasse cotée Q, 1274.
Comptes que rend Af« Charles Tharel d'Allo, prestre,
docteur de la Maison et Société de Sorbonne, Procureur
du collège Mazarin. 3 registres in-folio, cotés H, 2825,
2826, 2827.
Les comptes de d'AUo, qui embrassent les années 1588
à 1702, commencent la série des registres tenus par les
procureurs du Collège. Quinze comptes rendus.
Comptes que rend M^ Jean Rabouyn, prestre, docteur
de la Maison et Société de Sorbonne^ Procureur du col-
lège Mazarin. 2 registres in-folio, cotés II, 2827, 2828.
De l'année 1703 à l'année 1712. Neuf comptes rendus.
Comptes que rend Jean-Robert Golier^ agent des af-
faires du Collège Mazarin, 2 registres in-folio, cotés H,
2828, 2829.
Années 1713 à 1718. Cinq comptes rendus.
Comptes que rend Nicolas Vamier de la recepte et de-
pence qu'il a fait pour le collège Mazarin. i registre in-
folio, coté H, 2829.
Années 1719 à 1722. Comme l'indique le chiffre d'in-
scription, ces quatre comptes rendus sont compris dans
le registre précédent.
Comptes que rend messire Barthélémy de la Fleutrie,
prêtre, docteur de la Maison et Société de Sorbonne,
— 188 -
procureur du collège Mazarin, de la recette et dépenses
faites pour ledit collège, 5 registres in-folio, cotés H,
2829 à 2833.
Ces vingt-huit comptes rendus vont de l'année 1723 à
l'année 1750.
Comptes que rend messire Ambroise Riballier, prêtre,
docteur de la Maison et Société de Sorbonne, procureur
du collège Mazarin, 2 registres in-foiio, cotés H^ 2833
et 2834.
Les comptes de Riballier commencent en 1751 et s'ar-
rêtent en août 1765. Nous avons dit qu'il fut à cette
époque nommé Grand-Maitre du Collège.
Comptes que rend messire Emmanuel-Clément-Chrétien
Brugetj prêtre^ docteur de la Maison et Société de Sor-
bonncy procureur du collège Mazarin, 1 registre in-folio,
coté H, 2835.
De l'année 1765 à l'année 1784. Bru get fut fait Grand-
Maître en 1785.
Comptes que rend messire André Raulin, prêtre, doc-
teur de la Maison et Société de Sorbonne, chanoine de
l'église de PérigueuXy chapelain de madame Adélaïde de
France, procureur du collège Mazarin, 1 registre in-folio,
coté H, 2842.
Les comptes de Raulin s'ârrôtent à la fin de 1789. Pour
les années suivantes, il n'y a pas eu de rédaction. Le
Procureur Brion, successeur de Raulin, s'est contenté de
dresser un état sommaire des recettes et des dépenses.
Voyez à cet égard p. 133.
Procès-verbal pour la fixation de la directe du Roi sur
diverses maisons.
Pièce relative aux maisons que le Collège possédait
- 189 —
rue Mazarine et rue Guénégaud. Elle est datée de 1784,
et cotée Q , 1273.
Procès-verbal constatant la remise des titres de la
propriété de biens appartenant au collège Mazarin.
Pièce cotée Q, 1274.
Procès-verbal des commissaires députés par le dépar-
tement de Paris, constatant la remise de la propriété des
biens appartenant au collège Mazarin, cy-devant des
Quatre- Nations,
Pièce cotée Q, 1274.
Plan des Terrains et Maisons appartenants à Messieurs
du Collège Mazarin ou des Quatre-Nations ; levé et me-
suré par Thomas Arnoult, architecte juré, expert de Bâ-
timents,
Daté de 1759. Coté N, 981.
)
TABLE GENERALE DES MATIERES
TABLE GENERALE DES MATIERES
TABLE GENERALE
DFS MATIFRrS
Le mol Collé};^ placé seul el écrit a ver une majujicule désigne toujoari le
collège dei Qnalre-Nations.
AcADÉMiB FRANÇAisK, la sallc de
set séances, au Louvre, accor-
dée à rinsUtut, 137.
Académie fondée par Richeliea
rue Vieille-du-Temple, I3.-Dans
quel but, 144.
Académie unie par Mazarin au
Collège , sa destination , 10,
145.— L'idée première est due à
Richelieu, 13, 144. ->0ù elle de-
vait être établie, 43.— Où les
élèves devaient être pris, 147.—
De quoi devait se composer son
personnel, 154. — L'Université
s'oppose à sa création, 73 et s.,
174. — Absurdité de cette mesure,
74.— Sage prévoyance de Maza-
rin, 75.
Ahbrne, gardien de la biblioth.
du Collège, son traitement, 89.
Allô (Charles Tharel d'), procu-
reur du Collège, 87.— Ses comp-
tes rendus, 187.
Anne d'Autriche, son nom donné
à l'église des Théatins, 151.
Anquetil, historien, élevé au Col-
lège, 96.
Antheaume (Esloy), chandelier,
exproprié pour la construct. du
Collège, indemnité qui loi est
accordée, 43.
Appartements dépendant du Col-
lège, où situés, par qui occupés,
pnx des loyers, 119 et s.
Ariste (Pierre\ commis du C" de
Brienne; exproprié pour la con-
struct. du Collège, indemnité qui
lui est accordée, 41 .
Assemblée constituante, ses vues
sur l'instruct. publique, ISS;.
Assemblée législative, ses me-
sures relativ. à l'Université, 133.
Baillet (D.), sous-bibliothéc. au
Collège, 88.
— 194
Baillt (Jean -Sylvain), maire de
Paris, élevé aa Collège, 95.
Barbibb du Bocage, élevé aa Col-
lège, 96.
Bart (Phil.-Fran^.)* petit-fils de
Jean Bart, élevé aa Collège, 94.
Bart (Gaspard-Franc.), élevé au
Collège, 94.
Bart (Jean), amiral, qaand ano-
bli, 95.
Barthélémy (Pierre), tailleur de
pierre, fait les deux cadrans so-
laires de rinstitut, 47.
Bbacport (de), élevé au Collège ;
origine de sa famille, 94.
Bbngiston de Chasteaunettp ,
membre de Tlnstitut, élevé au
Collège, 97.
Berrt (duc de), agrandit Thâtel
de Nesle, 30.
BBRTHiBR,sous-bibliothèc au Col-
lège, 88.
Beurre, prix de la livre en 1776,
106 —Ce que le Collège en con-
sommait, année moyenne, 107,
134.
BiBLR, lue nu réfectoire par les
élèves du Collège. 105.
Hibliothécairrs du Collège par
qui nommés. 153, 170. — Leurs
fonctions. 85, 171 . — Leur res-
ponsabilité, a5, 153, 170.— Leur
traitement, 173. — Dans quel or-
dre ils se sont succédé, 86.
Bibliothèque de l'Institut, des*
tination primitive du local qu'elle
occupe. 63.
Bibliothèque Mazarinb, est lé-
guée au Collège, 11, 146, 154.—
Bâtie sur l'emplacement de la
tour de Nesle, 44 —Frais de sa
construct.. 45. — Sur quel mo-
dèle elle a été construite, 62. —
Modificat. faites au plan primitif,
63.— Sa description, 56.— Quand
terminée, 77. — Quand ouverte
ao public, 9, 14, 77, 146. 170.
—Voyages de Naudé pour l'en-
richir, 146. — Ses revenus, leur
origine, 123, 156, 171.— Son per-
sonnel, 153, 170.— Sa comptabi-
lité en 1791, 134— Par qui étaient
nommés les bibliothéc, les sous-
bibliothéc. et les gardiens, 153,
170,86.88,85.
Bibliothèques publiques qui exis-
taient en 1643,9.
Bienvenue (droit de), payé par les
élèves, Riballier le supprime,
Billard, les élèves en avaient un
à leur disposition, IIS.
Billard .général, élevé au Collège,
97.
Blanche de Bourgogne, ses débor-
dements, 38, 29.
Blanchissage, combien il coûtait
par année au Collège, 107, 135.
— Longtemps payé par les élè-
ves, 108.
Blasnes (Henri de), élève du Col-
lège, chassé pour inconduite, 111.
Bodlet, fonde la biblioth. d'Ox-
ford, 9.
BoiLBAU, lit ses prem. satires à
l'hôtel de Guènégaud, 33.
Bonnet [Ferdinand), avocat, élève
du Collège, 97.
Bordellb (Porte), voyez Saint-
Marcel (porte).
Borromée (cardinal), fonde la bi-
blioth. Ambrosienne, 9.
Boucher d'Orçat, prévôt des mar-
chands, le quai de la Grenouil-
lère prend son nom, 19.
Boucherat, chanct^ier, les exécut.
testament, de Mazarin s» l'ad-
joignent, 17.— Contre-signe les
lettres patentes de 1688, 174.
Boocot (Nicolas), receveur des do-
maines de la ville de Paris, 39.
Boutiques qui entouraient la fa-
çade du Collège, par qui occu-
pées en 1689, 54 et s. — Prix
auquel elles étaient louées, aug-
ment. successive des loyers, 130.
Brailles ( Louis - Charles de),
grand-maître du Collège, 83.
BRéHAN(de), conseiller, occupait
un des appart*» dépendant du
Collège, comb. il le louait, 119.
—Va habiter la r. Mazarine, 122.
Brienne (C^*' de), ministre des aff.
étrangères, 41.
Brifnne (L. de), scène curieuse
qu'il a rapportée au sujet de
Mazarin, 4.
Brilhac (Pierre de),consraaParî>,
présente le rapport tendant à
l'enregistra de Tacte de fondât.
du Collège, 165.
Brion. profess. de philosophie au
Collège, son traitement, 89.
Brion, procureur du Collège, 87.
—Son compte rendu pour 1791 »
133, lai.
195 —
Brissbt, garçon de salle au Gol-
loj?e, ses pages, 90.
BRUOET(Emm -Clém.-Chrét ), pro-
cureur au Collège, 87. — Son
traitement, 88.— Nommé grand-
maître, 83.
Rcci (porte de), où située, origine
de son nom, 23.
BuRiDAN (Jean), échappe aux at-
tentats de Jeanne de Bourgo-
gne, 28 et s.
Bus (Bernard du), épicier, eipro-
prié pour la construct. du Col-
lège, indemnité qui lui est ac-
cordée, 41.
Cadbt-Gassicodrt (Ch. L.), chi-
miste, élève du Collège, 96.
Càlonne (Charle';-Alex. de), con-
trôleur des finances, élève du
Collège, 96.
CAL0NNE(Jacq.-Ladi8las de), élève
du Collège, 96.
Calonne (Jean-Bapt. de), élève
du Collège, 96.
Cambronne, élève du Collège, 95.
Cazin, portier au CoU-ge, ses
gages, 89.
Ceard, gardien de la biblioth. du
Collège, ses gages, 89.
Cellini (Benven.)» comment il
s'installe dans Thâtel de Nesle,
38.
Chambres des élèves, où situées,
63, 64 -Comment s*en faisait la
distribution, 103. — Leur mobi-
lier, 104. — Souvent visitées par
les sous-maitres, 105, 189. — Los
élèves y étaien t enfermés la nuit,
112.
Chandelles , longtemps payées
par les élèves, 108. — A (quelle
heure elles devaient être étein-
tes, 178 — Comb. de livres le
Collège en consommait par an-
née, 107. — Prix de ,1a livre en
1696, 106. — Voyez Éclairage.
Chapelain du Collège, par qui
nommé, 152, 169. — Chargé de
surveiller les exercices relig.,
113.— Son traitement, 89.
Chapelain, professeur au Collège,
fait partie de la commission de
surveill. nommée en 1791, 134.
Chapelle du Collège, sa con-
struct. ordonnée par Mazarin,
10 — Frais qu'elle entraîne
d'après le devis de Levau. 45.—
Dépenses faites pour son mobi-
lier, 61.— Sa physionomie exté-
rieure, 52.— Sa description inté-
rieure, 57 et s. - Les cendres de
Mazarin y sont transportées, 76-
Professeurs qui y furent inhu-
més, 97.— Noms et trait" du chn-
pelain et du sacristain eu 1789.
89.
Charbon net, profess' de rhétori-
que au Collège, son traitement,
89.
Charlehagne (Jean-Armand), au-
teur dramat., élève du Collège,
97.
Charles VI, donne l'hdtel de
Nesle au doc de Berry, 30.
Charles Vil, donne l'hdtel de
Nesle à François I«^ duc de
BreUgne, 30.
Charles IX, aliène une partie du
domaine de Nesle, 31 .
Charolais (duc de), devient pro-
priétaire deThâtel de Nesle, 31.
Chartreux (couvent desj, où si-
tué, 20.
Charvet (Nicolas), élève du Col-
lège, 05.
Chasles (Philarète), destination
primitive de l'app' qu'il occupe à
l'Institut, 63.
Chauffage du Collège, combien
il coûtait par année, et de quoi
il se composait, 107, 124.— Long-
temps payé par les élèves, 108.
Chauveau, profess' de mathémat.
au Collège, son traitement, 89 .
Chevallier, frotteur et correcteur
au Collège, ses gages, 90.
Chrétien, garçon de corridor au
Collège,' ses gages, 90.
Cinq-Mars, amant de Marie de
Gonzague, 31.
Classes du ColIéRe, quand ouver-
tes, 77. — Où situées, 63, 64. —
Leurs dénominations et leur or-
ganisât., 109. 110, 169.
Clèvbs (Henriette de), sa passion
pour Cocon as, 31.
CocHiN (Henri), avocat, élève du
Collège, 95.
CocoNAS, amant d'Henriette de
Clèves, 31.
CoisLiN (M" de), exproprié pour
la construct. du Collège, indem-
nité qui lui est accordée, 89.
Colbrrt, engage Mazarin à resti-
- 196
lurr une partie de set biens, 7 .
"DeTient on de set exécat. tes-
Um . 17. 158. -Veut faire bâtir
le Colléffe sur le« terrains de
Neiile, 18 el s.— Son projet ren-
contre une Tire opposition, SO.
— Dirige les exnropriations, 39.
—Fait expulser du Collège toutes
les personnes étrangères «Teta-
bliftsement, 70.
CoLLROR DK BouaoooNB. SA fon-
dation, 99.
COLLÉOB DB FRANrB, Françoîs I«î
songe à l'établir sur les terrains
de Nesle. 19.
CoLLÉOB DB LisiBux, sa situaUon,
93.
CoLiioBDBNATARRB.J. L- Geof-
froy 7 enseigne la rhétorique,
99.
CoLLÉOB DB l*Unitb, nom donné
en 1799 au CoMéfi.e, 135.
CoLiioB DBS Bbrnardins, OÙ si-
tué. 99.
CoLLBOK DBS CoGLBTS, sa Situa-
tion. 94.
CoLLÉOB DBS Quatrb-Nations, hé-
sitât, de Maxarin sur le nom
qu'il doit lui donner, 9. — Dans
quel but et sous quelles condi-
tions il est fonde, 10. 145.—
Revenus que lui assigne Mazarin ,
11, 155 et s. — Quel nom lui est
resté, 14. — Diflterents emplace-
ments proposés pour sa constr.,
18 et s.— Le Recteur exige qu'il
soit éUbli dans l'Universilé. 91.
— Protestation du préTdt des
marchands, 94. — Louis XIV or-
donne qu'il soit bâti sur le
domaine de Nesle, 96.— Super-
ficie jugée nécess. pour sa con-
struct.. 37. — Expropriations,
indemnités accordées. 38 et s.—
Architectes chargés de la con-
struct. , 49.— Plan de Levau, 43.
— Devis des dépense8,45 .—Noms
donnés aux deux pavillons, 44.
— Descript. de la façade, 51 . —
Boutiques qui l'fcntouraient, 54.
— Descript de la première cour,
56. — Descript. de la chapelle,
59 et s.— De la biblioth., 69. -
Des deux dernières cours, 63. 64.
—De la cuisine, 05.— Logements
des professeurs et des élèves, 63 .
—Quand teiminé, 69, 77. — Ex-
périence qu'y fait le professeur
Gandooin, 70. — La fondât. ap>
prouvée par Louis XIV, 71, 160.
166.— L'Université est suppliée
de l'admettre dans son sehi, 79.
—Condit. qu'elle lui impose, 73
et s. — Elle supprime l'Acaidé-
mie, 74. — Absurdité de cette
mesure, 75. — Il est placé sous le
contrôle de la Sorbonne, 81;— et
du Parlement, 148. — Les cen-
dres de Mazarin y sont transpor-
tées, 76.— Ouverture des classes
et de la biblioth. , 77.— Fonctions
d«8 inspecteurs, 89 — Liste des
grands-maîtres, 83.— De8biblio-
théc.,86.— Desprocureurs. 87 —
Fonctions du sous-principal, 88.
—Liste des sous-bibliothéc. 88.
—Liste des fonctionnaires en
1789, 89.— Nombre des élèves à
diflr. époques, 90. — Conditions
d'admission, 91 et s.— Trousseau
à fournir, 99.— Elèvea et profes-
seurs devenus célèbres, 94, 97
et s. — Un observatoire y est
construit pour Lacaille, 98. —
Gomment se faisait la distribut,
des chambres aux élèves, 103. —
Leur mooilier, 104. — ^Réfectoire,
couverts, linge, vaisselle, 105.—
Nourriture, consommation du
Collège, année moyenne, prix
des denrées alimentaires en 1689,
106 et s.— Réformes opérées par
Riballier, 108 - Organisât, des
classes, 109 —Peines corporel-
les, 110.— Exclusions, 111, 169.
—Heures des repas, récréations,
promenades, sorties. 119. — Exer-
cices reli^eux, distribut, des
prix, tragédie, 113, 114.— Reve-
nus du Collège, 117 et s. — Ap-
part^ qui en dépendaient, ce
qu'ils étaient loues, 119. — Bou-
tiques et maisons qui lui appar-
tenaient, comment louées, 190
et s. — Origine et montant des
revenus de la biblioth., 193. —
Pépenses annuelles du Collège,
194. — Pertes qu'il éprouve sous
la Régence, 195.— Ses contribu-
tions patriotiques, 196. — Désor-
dres qu'y amène la Réyolut.,
133. — 11 e^t placé sous une com-
miss de surveill., 134. — Devient
Coll. de rCnité, transformé en
maison d'arrêt, puis en école
centrale, 135. — En école des
197 —
beaux arts, 136. — On y installe
l'Institut, 137.
Collège du cardinal Lehoine,
où situé , on songe à y établir
le Collège. 20
Collège du Plkssis» le Collège lui
achète des décors et des costu-
mes pour la tragédie, 114.
Collège Saint-Lazare, pris pour
modèle par l'architecte du Col-
lège, 44.
Constitution civile du clergé,
plus, profess. du Collège refu-
sent d*y adhérer, 82, 86.
CoNTi (princesse de), achète l'hô-
tel de Neyers, 32.
CoNTi (hôtel de , construit après
le Collège. 43.
Contention, fait vendre les biens
des collèges, 135 — Fonde l'In-
stitut de France, 136.
Coquet, chandelier, un des loca-
taires du Collège, 55
CoRDBUERs (porte des), voyez
Saint-Germain (porte).
CoRUKMOT, son Histoire de France
lue au réfectoire par les élèves,
105.
Cornet, domestique du Collège,
ses gages, 89.
Correcteur, nom donné au do-
mest. chargé d'administrer les
peines corporelles, 1 10. — Ses
gages, 90.
CossoN (P. Ch.), profess. de se-
conde au Collège, son système
d'enseignement, 99.
Coulbau (P.), bibliothécaire au
Collège, 86.
Couverts dont se servaient les
élèves du Collège au réfectoire,
105.
CoYSEVox, sculpteur, exécute le
mausolée de Mazarin, 59.
Crébillon, élève du Collège, 95.
Cuisine du Collège, où située, 64.
— Dépenses faites pour son in-
stallation , 65. — Gages du chef
de cuisine, de son aide, du la-
veur, du rècureur, 89, 90. —
Voyez Nourriture.
CusTiNES, élève du Collège, 95.
son
Paire, chapelain du CpUége,
traitement, 89.
Daire, professeur de 4e au Col-
lège, son traitement, 89.
Oaire, sous-maiire au Collège,
son traitement, 89.
Danse. Mazarin ordonne qu'elle
soit enseignée aux élèves du Col
lége, 10, 154.— L'Université s'y
oppose, 73; ainsi que les lettres
patentes de 1688, 174. — Absur-
dité de cette mesure, 74 et s. —
Où la salle devait être établie.
43.
David, peintre, élève du Collège,
accident qui lui arrive, 96.
Delaforoub (Mar.-Ant.), sous-
bibliothéc. au Collège, 88
Delisle ( Nicolas ) , astronome ,
élève du Collège, 95.
Delvincourt, jurisconsulte, élève
du Collège, 96.
Demours iPierre), médecin, élève
du Collège, 95.
DÉPENSES du Collège, comment
elles se répartissaient, 124 et s.
Désauoiers, poëte, élève du Col-
lège, 96.
Desforgrs, poëte, élève du Col-
lège, 90.
Desjaruins, sculpteur, travaille à
la chapelle du Collège, 58.
Dbsmarais (P.), bibliothécaire au
Collège, 86.
Dbsplacbs, vétérinaire, élève du
Collé-e,96
Destouchbs, poëie, élève du Col-
lège, 95.
DiAMANTiNB, oomédieune, une des
locataires du Collège, prix de
son loyer, 122.
Distribution des prix au Collège,
frais qu'elle occasionnait, 113,
125.
Domestiques du Collège, où logés,
65.— Leurs fonctions, 176 et s.—
Leur nombre et leurs gages en
1789, 89 et s, 124.
DoR» vitrier, occupait une des boa-
tiques qui dépendaient du Col- *
lége, 54.
DoRBAT, architecte, employé à la
construct. du Collège, ses bono«
raires, 42. -Construit la biblio-
thèque, 62.
Dreux, chef de cuisine au Collège,
ses gages, 89.
DuBOULAT (Egasse), recteur de
l'Université, signât, autographe,
112.
DuGUET, Jardinier du Collège, ses
gages, 90.
- 198
DoLAURK» comment il juge le maa-
■olée de Mazarin, 59.
DuMoncHBL, recteur de TUniv., sa
biographie, 131. — Sa démarche
à TAm. nationale, 132
DuPUis, profess. au Collège, mem-
bre de la commiss. de Durveill.
nommée en 1791, 134.
Eclairage, ce qu'il coûtait par
année au Collège, i'H,^ Voyez
Chandelles.
EcLA«8AN, libraire, occupait deux
boutiques appartenant au Col-
lège, 64-
Ecole de droit, quand installée
dans le local actuel, 7-2.
Ecole de médecine, où située en
1674, 72
Ecoles centrales, comment éta-
blies, 135.
EcoucHARD, poëte, élève du Col-
lège, 9G
Elèves du Collège, par qui nom-
més, 10, 93, 148, 167.— Chapelle
qui leur était réservée, 57.—
Tenus de parler latin , 70. —
Pourquoi parmi eux peu de noms
célèbres, 7 4, "75 . — Devaient faire
preuve de noblesse, 91. — D'où
devaient être originaires, 90,
147. 167, 168. — Leur nombre à
diff. époques, 91, 167. -- Age
d'admission, 93, 167. — Trous-
seau à fournir, 92. — Devaient
être catholiques. 93— Elèves qui
ont laissé un nom célèbre, 94 et
s.— Comment ou leur distribuait
les chambres, 104.— Leur mobi-
lier, 105. — Où ils travaillaient,
105. — Comment nourris, 106, —
Recevaient cent 11 V. par an, 107,
121.168. Redevances qui leur
furent imposées, 108.— Organi-
sation des classes, 109 et s. —
Heure du lever, 111; des repas,
des récréations, du coucher, etc.,
112. — Exercices religieux, con-
fession, 113.
EoN (le chevalier d' ) , élève du
Collège, 96.
Escrime, Mnzarin ordonne qu'elle
soit enseignée aux élèves, 10,
154. — L'Univ. s'y oppose, 73;
ainsi que les lettres patentes de
1688, 174 — Absurdité de cette
mesure, 74 et s. — Où la salle
d'escrime devait être placée, 43.
Etrbnnes payées par les élèves,
Riballier les supprime, 108.
Exclusions, comment réglée s, 169.
— Exemple cité, 111.
Exercices religieux, comment ré-
glés, 11.3. 182. — Prière ..u ma-
tin, 176, 179.- Béne-dicité, 177.
— Exercices du dimanche, 179,
180.
Expropriations faites pour la
construc. du Collège, indemni-
tés payées aux pers. expropriées,
37 et s. - Somme totale qu'elles
coûtèrent, 42,45.
Facultés dont se composait l'Uni-
versité, 72.
Fleutrie (Barth. de la), procureur
au Collège. 87.
Fontaines de l'Institut, quand
établies, 52.
Forestier, sous-principal au Col-
lège, son traitement, 88.
Fossés (rue des), un des noms pri-
mitifs de la rue Mazarine, 66.
Fouquet, un des exécut. testam.
de Mazarin, 17, 158. — Propose
de bâtir le Collège au jardin
des Plantes, 21.
FouRMONT (Etienne), orientaliste»
élève du Collège, 95.
Fournitures de classes, long-
temps payées par les élèves, 108.
FtiANCASTEL (Pierre de), sous-
bibliothécaire au Collège, 88.
François I", roi de France, songe
à établir le coll. de France sur
les terrains de Nesle, 19. — Donne
le domaine de Nesle à la ville
de Paris, 38. — Le lui reprend
pour y placer B. Cellini, 39.
François l^', duc de Bretagne,
Charles VII lui donne l'hôtel de
Nesle, 30.
Frbmois, profess. de 3* au Collège,
son traitement, 89.
Frotteur du Collège, ses gages,
90. — Chargé d'administrer les
peines corporelles, 110.
GAFFARBL(J.),biblioth. de Riche-
lieu, son voyage en Italie, 146.
Gaguin (Rob.), son témoignage
sur les attentats de Jeanne de
Bourgogne, 28 et s.
199 —
Gandouin, professeur, sa théorie
pour l'enseign' du latin, 70.
Gabçons de corridor, leur nom-
bre et leurs gages, 90. — Leurs
fonctions, 176,182.
Gardiens de la bibliothèque,
par qui non)més,85, 170.— Leurs
gages, 89, 173.
6ARNiKR(Barthel.), peintre, élève
du Collège, 97.
Geofitrot^JuI. L.), professeur de
rhétorique au coll. de Navarre,
puis aux Quatre-Nation.s, son
traitement, 89, 99.
GoLiER (.1 . R.), procureur du Col-
lège, 87.
GoNZAOUE (Marie de), maîtresse
de Cinq-Mars, 31. —Fait démolir
l'hôtel de Ne8le,32.
(roujET (l'abbé), élève du Collège,
95.
GouRviLLE, intendant du duc de
La Rochefoucault, 32.
Grand-maItre du Gollef;e, par qui
nomme, 171 . — Ses foiictious, 8es
prérogatives et son traitement,
82, 88, 150, 152, 1Ô3, 154, 168,
171, 173. — Appartement qu'il
occupait, 63.— Liste des grands-
maîtres du Collège, 83.
Grenouillère (quai de), sa situa-
tion, son histoire, etymologie de
son nom, 19.
Gruin (Magdeleine), expropriée
pour laconstruct. du Collège,
indemnité qui lui est accordée,
40.
Guénaud, médecin de Mazarin,
lui déclare que sa maladie est
mortelle, 3.
GuÉNÉGAUD (rue), maisons que le
Collège y possédait, 121.
GuÉNÉGAUD (Henri de), était pro-
priétaire de la tour de Nesle, 39.
— Indemnité qu il reçoit pour
l'expropriation, 40.— Fait bàiir
son hôtel sur un démembrement
du domaine de Nesle, 32. —
Contre-signe les lettres patentes
portant confirm. de la fondât,
du Collège, 163.
GuÉPRATTE, ingénieur, étudie à
l'école centrale établie au Col-
lège, 136.
Hanet, agent du Collège, son trai-
tement, 89.
Hanet, horloger, occupait deux
boutiques dépendant du Col-
lège, 54.
Haricots, ce que le Collège en
consommait, année moyenne,
107, 124.
Hauchbcorne, profess. de philoso-
phie au Collège, son traitement,
88.— Fait partie de la commiss.
de surveillance no u.mée en 1791,
134.
Hauqubt, sous-maître au Collège,
son traitement, 89.
Uelvetius, élève du Collège, 95.
Hénault Ue président), élève du
Collège, 95.
Hennedert. profess. de seconde
au Collège, son traitement, 89.
Henri 11, ordonne la vente d'une
partie du domaine de Nesle,
31.
HooKE (L . J . ), biblioth. au Collège,
son traitement, 88 — Refuse de
prêter serment à la constitution
civile du clergé, 86, 134.
HÔTELS d'Anvers, de Flandres et
d'Orléans, noms donnés à trois
maisons appartenant au Collège,.
HÔTELS MEUBLÉS situès ruc Maza-
rine uu xviiie siècle, 122, 123.
HoziER ^d'), chargé de vérifier le»
titres de noblesse des élèves uu
Collège, 92.
Impôts, ce que le Collège en payait
par année, 124.
Indemnités accordées aux pers.
expropriées potur la construct.
du Collège, 37 et s. — Somme
totale qu'elles atteignent, 42, 45 .
Inspecteurs du Collège, devaient
être docteurs de Sorbonne, 10,
81 . —Leurs fonctions, 82, 87, 149,
172.— Par qui nommés, 10, 171.
— Refusent de prêter serment à
la constitut. civ. da clergé,
134.
Institut de France, créé par la
Convention, dans quel but, où
installé, 136. — Reorganise par
le premier consul, 137 . — Trans-
féré au Collège, 138. — Change-
ments faits à la chapelle du
Collège lors de sa prise de pos-
session, 56 et s.
Instruction publiquk. mesures
— 200 —
prises à son égard par les ass.
rérolut., 133.— RéorgaDisée,135.
Jardin des Plantes, son origine,
SI . — On songe à y installer le
Collège, 30. — A ie transporter
au bois de Vincennes, Si .
Jardin du Collégb, où situé, re-
planté par Riballier, 66.— Nom
et gages du jardinier en 1789,90.
JiALUN (GenerièTe), expropriée
pour la construction du Collège,
indemnité qui lui estaocordée,41.
Jeanne de Bouroogne, attentats
qui lui sont imputes, 36 et s. — •
Fonde le collège de Bourgogne,
$9.
JoLT, curé, engage Mazarin à res-
tituer une partie de ses biens, 7.
JoMARD, élève du Collège, 97.
JouYBNBT, peintre, longtemps lo-
cataire du Collège, 130.
JoRispRUDENCE, 1* Université s'op-
pose à ce qu'on l'enseigne au Col-
lège, 73.
Kbllbrhann (François Etienne),
élève du Collège, 97.
l^BOUR, profess. de 6e au Collège,
son traitement, 89.
Lacaillb (Nie. -Louis de), profess.
de matbèm. au Collège, a Bailly
pour élève, 95. — Inhumé dans
la chapelle, extrait des lettres
envoyées lors de sa mort, 97.—
Observatoire qui lui est construit
au Collège, 98.
Lambert, architecte, exproprié
pour la construction du Collège,
indemnité qui lui est accordée,
40.— Employé à la construct. du
Collège, ses honoraires, 43.
Lamoionon(Gu111. de), un des exé-
cuteurs testament, de Mazarin,
réunions qui ont lieu chez lui,
17, 158.
LamT) tapissier, un des locataires
du Collège, 54.
Langb« comédien, habitait une
maison appartenant au Collège,
prix de son loyer, 133.
Langlois, occupait un apparte-
ment dépendant du Collège, prix
de son loyer, 119.
Lapoterib, biblioth. de Mazarin,
Çension qui lui est accordée, 86,
73.
Lard, ce que le Collège en con-
sommait chaque année, 107, 124.
Lavoisibr, chimiste, élève du Col-
lège, 95.
Lkbas, architecte de l'Institut, ses
réclamât, inutiles, 64.
Leblanc, aubergiste, un des loca-
taires du Collège, 55.
Leblond (Gaspai^Michel, dit), bi-
blioth. au Collège, 86, 88, 89.
—Fait partie de la commission
de surveill. nommée en 1791,
134.
Lbbrbton (J.), fournit les lettres
de cuivre pour les inscriptions
de la chapelle et du Collège, 47.
Lebrun, voyeM Ecouchabd.
Lefouin, un des notaires qui re-
çurent le testam. de Mazarin,
9, 141.
Legendre, mathématicien, élève
du Collège, 96.
LEGUAT (Etienne) , garde-def de
la porte de Nesie, indemnité qui
lui est accordée lors de la démo-
lition. 40.
Lekain, acteur, élève du Collège,
H5. — Prend part comme souf-
fleur aux représentations, 114.
Lbmarinier (Nie), fournit le cui-
vre nécess. pour la décoration
du Collège, 47 .
Lbnoir (Alex.), archéologue, élève
du Collège, 96.
Lentilles, ce que le Collège en
consommait par année, 107, 134.
Lé fine, garçon de salle, ses gages,
90.
Leroux, tailleur, un des locataires
du Collège, 54.
Letellier, un des exécut. testam.
de Mazarin, 17, 158.
Letellier, profess. au Collège,
fait partie de la commission de
surveill. nommée en 1791, 134.
Levassedr (Nie), un des notaires
qui reçurent le testament de
Mazarin, 9, 141 .
Leyad, architecte, propose de bâ-
tir le Collège en face du Louvre,
34. — Dresse un plan suivant cette
idée, 35.— Règle le prix d'achat
des terrains destinés au Collège,
37.— Dirige la construction, ses
honoraires, 43. — Son plan, 43.
- 201 —
- Dresse le deris des dépeoses,
44. — Inexactitude de ce devis,
46.
Lits des élèyes, leur grandeur, et
comment garnis, 104.
liOCQUBT, sacristain du Collège,
ses gages, 89.
LoRST. publie les nouvelles de la
maladie de Mazarin, 6.
Louis XIV, légat, univ. de Maza-
rin, 7.~]1 rend au cardinal tous
se« biens, 8. — Fait restaurer le
quai de la Grenouillère, 19. —
Consent à ce que le Collège soit
établi au jardin des Plantes, 31.
— S'oppose à ce qu*on Tinstalle
au Luxembourg, 96.— Règle l'in-
demnité à payer à M. de Guéné-
§aud, 39.— Approuve la fondât,
u Collège, 7Î, 75, 164.— Eloges
?u'il donne à Mazarin, 160,
61.
LouTBB, le tombeau de Mazarin y
est conservé, 14,61. —Mazarin
y avait caché cinq millions, 8.—
Levau propose de bâtir le Col-
lège vis à-vis, 34.— Ce plan est
adopté, 36.— Artistes qui l'habi-
taient au XYiii* siècle, 137. —
L'Institut y estinsUilé, 136.
Luxembourg (palais dn), son ori-
gine, 96. — On propose d'y in-
staller le Collège, 2ô. — Louis
XIV s'y oppose, 96.
Mainfbiuib, aide de cuisine au
Collège, ses gages, 89.
Maisons appartenant au Collège,
où situées, 131.— Portées à quelle
somme sur le devis de Levau, 45.
-Prix des loyers, 191, 199, 193.
—Locataires, 133, 133. — Frais
annuels de réparations, 134.
Malaquais (quai), Mazarin y in-
sUlle les Théatins, 151 .
MANéGB, Mazarin ordonne qu'il
en soit établi un au Collège, 10,
154.— Où il de^^ait être construit,
43. — Porté à quelle somme sur
le devis de Levau, 45.— L'Univ.
s'oppose À sa construction, 73;
ainsi que les lettres patentes de
1688, 174. — Absurdité de cette
mesure, 74 et s.
Manne ML. J. Ch. de), conservât,
à la Bibl. royale, élève du Col-
lège, 97.
M ANS ART, construit l'hôtel de
Guènégaud, 33.
BiAROUERITB DE BOUROOONB, SeS
débordements, 18, S9.
Mariage (Simon), ses titres et ses
fonctions, 44.— Signature auto-
graphe, 143.
Marie de Médicis, fait bâtir le
Luxembourg, 95, 36.
M ARMONTEL, dlsputes thèologlques
au sujet de son Bélùaire^ 83 et s.
Martinets, ce qu'ils étaient, 109.
— Admis au Collège. 179.
Martinot (Henri), fournit Thor-
loge du Collège, 46.
Mathématiques, étaient ensei-
gnées au Collège, 109, 154, 169.
— Ktai de cet euseignement au
xvii« siècle, 109. — Professeurs
qui les enseign. au Collège, 89,
97, 98.— Leur traitement. 89.
Matbon, garçon de corridor au
Collège, ses gages. 90.
MATnuRiNS (couvent des], l'Uni-
versité s'y reunit, 79.
Maurice (André), sergent à verge,
exproprié pour la construct. du
Collège, indemnité qui lui est
accordée, 41 .
Mausolée de Mazarin, porté à
Îuelle somme sur le devis de
.evau, 45. — Mazarin veut quil
soit déposé dans la chapelle, U.
—Sa description. 58.— Critiques
qu'il a soulevées, 59.— Epitaphe
qui Taccompaane, 60.
Mazarin ( cardinal ), circonst.
3ui précèdent sa mort, 3, 4. — Sa
ernière maladie, 5.— La Cour
le suit à Vincennes, 6. — Ses
richesses, 7, 8. — Son legs à
Louis XIV; son testament, 8,
141, 160. — Ouvre sa biblioth.
particul. an public, 9. —Dans
quel but il fonde le Collège, 10,
145, 161. — Revenus qull lui
lègue. 117, 118, 155 et s. —Réa-
lise deux idées de Richelieu, U
et s. — Où est auj . son tombeau ;
ses efforts pour égaler Richelieu,
14.— Ses exécut. testament., 17,
158. — Agrandit le jardin des
Plantes, 31 . —Frais de son mau-
solée. 45.— Ses armoiries sculpt.
sur le quai des Quatre-Nations,
54; sur le fronton de la biblioth.,
56. —Chapelle réservée pour sa
sépulture, 57. — Son mausolée,
— 202 —
59, 61 . — Son épitapbe. 60. —
Reconnais, qae lui témoigne
Louis X1V,71.160, 161.— LUni-
yersité s'oppose à ses volontés,
73. — Sa prévoyance restée in-
comprise, 74 —Fonde les Théa-
tin», 151. — Ses cendres trans-
portées au Collège, 76 — Or-
donne que la biblioth. du Coll.
soit ouverte au public, 146. 154.
—Ses titres à la reconnaiss. de
la France, 151 . — Les couverts
du Coll. étaient marqués à ses
armes, 105 ; ainsi que les livres
donnés en prix, 113.
Mazaein (duc de), dot que lui
apporte sa femme. 6. - Son
opinion sur les biens qu'il tenait
de Mazarin, 7. — Les exécuteurs
testam. de Mazarin se l'adjoi-
gnent, 17. — Propose d'établir le
Collège au Luxembourg, S5. —
Kefuse de quitter le Collège,
69.— Un arrêt l'y contraint, 70.
Mazarin (Gui* Paul -Jules), un
arrétlui rend le droit de désigner
les élèves du Collège, 93.
Mazabin (rue de), un des noms
primitifs de la r. Mazarine, 66.
Mazaeinb (rue), diff. noms qu'elle
porta, 66. — Maisons que le Col-
lège y possédait, 121.— Renfer-
mait plusieurs hôtels meubles,
122.
MÉDECINE, rUniy. s'oppose à ce
^u'on l'enseigne au Collège, 73.
Medée de La Touche, élève du
Collège, 96.
Mebcier, comment il juge la fon-
dation du Collège, 10; et les
fonctions de grand-maître, 82.
Meubles qui garnissaient les
chambres du Collège, 104. —
Longtemps p^yés parles élèves,
108.
Michaud, liistorien, emprisonné
au Collège, 135.
MiLLEVOTK. étudie à l'école cen-
trale établie au Collège^ 136.
MiNOOT (Jean), avocat, exproprié
pourlaconstruct. du Colle xe.in-
demnitèqui lui est accordée. 41.
Mirabeau, comment il juge l'anc.
Université, 132.
Mole, sous-biblioih. au Collège,
88.
Molière, l'Université fait fermer
son théâtre, 72.
MoNiEB, récureur au Collège, ses
gages, 90.
Monnaies (hôtel des), élevé sur
l'emplacement de l'hôtel Conti,
3'?. — Ses empiéements sur le
Collège, 64.
Morand (François*, chirurgien,
élève du Collège, 95.
Moron (P. J. Lechapelier de).
grand-maître du Collège, 83.
Moutarde, ce que le Collèf^'e en
consommait par année, 107, 124.
Musée des Petits-Augustin», son
fondât, élevé au ('oUege, 96. —
Le mausolée de Mazarin y est
transporté, 59, 61.
Napoléon !•', réorganise l'Insti-
tut 137.
Naudé (Gabr.),bibliothèc. de Ma-
zarin, ses voyages, 146.
Neslb (Amaury de), vend l'hôtel
de Nesle à Philippe le Bel, 26.
Nbsle (domaine de), François l"
veut y fonder le coll. de France,
19. — Donne au prévôt des mar^
chauds, 38. — Occupé par Ben.
Cellini, 39. — Son histoire, 26
et s.— Son état en 1661, 33.— On
songe à y établir le Collège, 18,
— Acheté par les exèc. testam.
de Mazarin , 40 et s.- La biblioth.
Mazar. construite sur Templac'
de la grosse tour, 44.
Nesle (porte de\ sa situation, 23.
— La ville de Paris chargée de
sa reconstruct., 38. — Comment
on y arrivait en 1660, 66. —
Achetée par les exècut. testam .
de Mazarin, 40.
Nesle (petite rue de), sa situa-
tion, 41.
Nesle (rue des Fossés de), où si-
tuée, 66.
Nevers (duc de^, achète une partie
du domaine de Nesle, 31.
Niceron (J. P. ), élève du Collège,
95.
Nivernois (Ph. J. Fr. duc de),
obtient le droit de nommer les
élèves du Collège, 94.
Nourriture, ce qu'elle était, ce
qu'elle coûtait, de quoi elle se
composait. Iu6 et huiv . , 124. —
Voyez Cuisine
— 203
Odsertatoire, élevé au Collège
pourLacaille; ceux qui existaient
alors à Paris, 98.
Onfroy (Jean), conseiller, expro-
prie (lour la construction du
Collège, indemnité qui lui est
accordée, 41 .
Orléans (Mar. L. d'), acquiert le
palais du Luxembourg, â5.
Orléans (Gaston d), Marie de
Médicis lai lègue le palais du
Luxembourg, 25,^6.
Orléans (palais d), voyes Luxem-
bourg.
Pain, ce que le Collège en con-
sommait par année, 107» 1S4. —
Variât, du prix de la livre depuis
1789, 106.
Pastbl (Jean-An t. ). un des grands-
maîtres du Coliése, 83.
Patin 'Guii, détails qu'il fournit
sur la drrn. maladie de Mazarin,
5. — Annonce où sera construit
le Collège, 18.
Peines corporelles, par qui ad-
ministrées au Collège, llO. —
Désordres qu'elles entre^naient,
111.
Petit (Marie), exproprié pour la
consiruct. du Collège, indemnité
qui lui est accordée, 41 .
Pbtitain (L. Germ.), élève du
Collège, 96.
Phélipbaux, contre-signe les let-
tres patentes de 1(>88, 174.
Philippe Auguste, entoure l'Uni-
versité de murailles, 23, 36.
Philippe le Bel, achète l'hôtel
de Nesle, 36.
Philippe-Hahelin (porte) , nom
primitif de la porte de Nesle,
23.
PiÉDALUE, portier au Collège, ses
gages. 89.
Piques (Louis), un des biblioth.
du Collège, 86.
Pois, ce que le Collège en con-
sommait par année, 107, 134.
PoPiNBAU IFr.), procureur, expro-
prié pour la construction du
Collège, indemnité qui lui est
accordée, 40.
Portiers du Collège, leurs noms
et leurs gages en 1789, 89. —
Recevaient les permissions de
sortie des élèves, 113, 181.
FoTEr. profess. de 5* au Collège,
son traitement, 89.
Pré aux Clercs, sou origine et sa
situation, 18.
Procès, ce qu'ils coûtaient chaque
année au Collège. 1V4.
Procureurs du Collège, par qui
nommés, 171. — Leur situation
hiérarchique, 86. — Leurs fonc-
tions, 87, 150. 151. 153, 170. —
Leur iraitement,86.— Rendaient
chaque année compte ae leur
gestion. 81, 87.— Liste des pro-
cureurs du Collège, 87.
Profeaseurs du Collège, par qui
nommés, 169. — Leur nombre,
109, 153. — Leurs noms et leurs
traitements en 1789, 88 et suiv.,
134, 173.
Promenades des élèves au dehors,
quels jours elles avaient lieu,
113 — Commentréglées. 180,181.
Quatre- Nations (quai des), la
ville chargée de le réparer. 38.
— Refait sur les fonds laissés par
Mazarin, 55.— Sa descript., 56.
Quinot (J. B.), un des biblioth.
du Collège, 86
Raboutn (J.), un des procureurs
du Collège, 87
Racine (J.J, lit ses premières tru-
gedies à l'hôiel de Guénégaud,
33.
Raulin (André), un des procureurs
du Collège, 87.— Son traitement,
88. — Refuse de prêter serment
à la const civ. du clergé, 134.
Raymond (c"" de), occupait une
des maisons appart' au Collège,
son loyer, 119.
RÉCRÉATIONS des élèves, à quelles
heures elles avaient lieu, et
comment réglées, 113, 177, 178,
179, 180.
RÉFECTOIRE, comment organisé,
105. — A quelles heures avaient
lit'U les repas, 112, 177, 17c<, 179.
Régnez, peintre, fait une inscript.
civique pour le Collège, 133.
Religion, règle de TUniversité à
cet égard, 93. Voyez Exercices
religieux.
RETf.L, sous -maître au Collège,
son traitement, 89.
- 204 —
Rbtbnus du Collège, de qaoi ils
se composaient, 117 et s., l£5
et s.
RiBALUiR. an des grands-maitres
du ColIége,dates de son exercice,
83.— Railleries que lui attire sa
critique de Bfligairej 84— Avait
été d abord procureur, 87.— Fait
replanter le jardin dn Ck>llége,
66.— Lègue 300 Uy. à de pauTret
écoliers, 85.— Rétablit les réri-
fications de noblesse, 91. —
Réformes utiles qu'il introduit,
107.
RiCHBLiBU (cardinal de), rappro-
chements entre lui et Mazarin,
4. — Ses intentions relative à sa
bibliotb . , 1 1.— Etait bibliophile.
12.— Fournit à Mazarin l'idée du
Collège, 13 —Enseveli à laSor-
bonne, 11, 14.— Fonde le jardin
des Plantes, 90. — Envoie ses
biblioihéc. à l'étranger, 146.
RoBBK (Jac), on des grands-mai-
tres du Collège, 83.
RoBBRT (Cl.), serrurier, exproprié
pour la construction du Collège,
indemnité qui lui est accordée,
49.
RoccA (Angelo), fonde la biblioth.
Angélique, 9 .
RooBR, un des locataires du Col-
lège, ISO.
RuPALLKT (Jean), bourgeois, ex-
proprié pour la construction du
Collège, indemnité qui lui est
accordée, 40.
Sact(8. de), origine de l'ap.
qu'U occupe à l'Institut, 54, 119.
Saint-Bbbnard (porte), où située,
33. — Un marché au charbon y
était établi, 41.
Saint-Germain (porte), où située,
23.
Saint-Germain dbs Prés (ab-
baye), cède le pelit Pré aux
clercs à l'CJniv., 18. — Cède la
g)rte Saint -Germain à S. de
uci, 33.— Le domaine de Nesle
en dépendait, 38.
S Al NT- Jacques (porte), où située,
20.
Saint-Marcel (porte), où située,
23.
Saint-Michel (porte), où située,
20.
Saint'Michbl en l'Herm (abbaye
de), ses revenus attribués au
Collège, 11, 117, 157.— En quoi
ils consistaient, 18 ^— S. Ma-
riage charge de l'administrer, 44.
SAiNT-yiCTOR(porte), où située, 23.
Salmon (André), on des grands-
maîtres du Collège, 83.
Sb&uikr contre-signe les lettres
patentes portant confirmât, de la
fondât, du Collège, 163.
Sel, ce que le Collège en consom-
mait par année, 107, 124.
Séminairb Saint-Charles, voyez
Colléob Saint-Lazare.
Sillbrv (hôtel), où situé, 33.
SoRBONNB, le Collège placé sous
son contrôle, 10, 81 , 149.— Char-
gée de veiller sur la biblioth. de
Lichelieo, 12. — Supprimée par
l'Assemblée nationale, 1S2. —
Richelieu y est enseveli, 11,
14.
Sorties des élèves, comment ré-
glées. 112, 181.
Sous - bibliothécaires , par qui
nommés, 85, 153, 170. — Leurs
fonctions, 88, 171 . — Leur trai-
tement, 89, 173. — Liste des sous-
bibliothèc. du Collège, 88.
Sous-maîtrbs, par qui nommés,
168.— Leurs fonctions, 105, 182,
177, 180.— Leur traitement, 89,
173
Sous-principal, par qui nommé,
168.— Ses fonctions, 87, 152.—
Titres qu'il devait posséder, 15 1 ,
169.— Son traitement, 173.
Stbllà (J. t.), voyage en Aile*
magne pour Richelieu, 146.
Tabourbux, vitrier, un des loca-
taires du Collège, 55.
Talletrand, ses efforts pour réor-
ganiser l'Université, 132.
Théatins, appelés en France par
Mazarin^ 76, 15 1 .— L'Univ . les
exclut du Collège, 73, 169.
Théâtres, interdits dans les li-
mites de l'Uni V., 72.— Théâtres
dans les Collèges, voyex Tra-
OÉDIE.
Théologie, l'Univ. s'oppose à ce
qu'on l'enseigne au Collège, 73.
— Comb. la faculté de théologie
avait de Collèges, 72.
Thiboust. libraire, fournissait les
— 205
livres donnes en prix au Collège,
113.
Thuilliee. garçon de corridor au
Collège, ses gages, 90.
ToDBNAiRE(Ant.)t sellier, expro-
prié pour la constr. du Collège,
indemnité qui lui est accordée.
41.
ToussEL, laveur au Collège, ses
gages, 90.
Tragédie jouée au Collège, com-
ment réglée, frais qu'elle occa-
sionnait, 113,114, 135.
Trésor des Collèges, ce que c'était,
125.
Tripot, garçon de corridor an Col-
lège, ses gages, 90.
Trousseau que devait apporter
chaque élève du Collège, 92
Université, ses limites, S2. — Ses
fossés comblés, 38 — Sa division
en nations, etc. , 79. — Voulait
que la langue latine fût seule
parlée dans les Collèges, 70. —
Faisait visiter même les cham-
bres des professeurs, 105.— Son
système des peines corporelles,
1 10.— Acquiert le pré aux Clercs,
18 —Devait surveiller le Col-
lège, 150 —Veut qu'il soit con-
struit dans ses limites, 31. —
Suppliée de l'admettre dans son
sein, 71. — Condition <m*elle lui
impose, 73 et suiv — S'écroule
d'elle-même, 131 . — Démarche
du dernier recteur à l'Assemblée
nationale, 133.
Valfontaine, limonadier, un des
locataires du Collège, 54.
Vallot. médecin de Louis XIV,
s'oppose au déplacement du jar-
din des Plantes. 31.
Valmy (duc de), voyex Kbllbr-
MANN.
Varionon (Pierre), professeur de
mathémat. au Collège, enseveli
dans la chapelle, 97.
Varnier (Nie), un des procureurs
du Collège, 87.
Vau DOTER, architecte, chargé de
l'installât, de l'Institut au Col-
loge, 57, 137.
Vbrmond (J.), biblioth. au Col-
lège, 86.
Viande, ce que le Collège en con-
sommait par année; variation
du prix de la livre en cent ans,
106, 134
ViLLEDOT, propose de construire
le Collège au jardin des Plantes,
30.
ViLLBSDOiN (de), un des locataires
du Collège, 119.
Vin, ce que le Collège en consom-
mait par année, sa provenance,
107, 134.
Vinaigre, ce qu'il coûtait en 1689,
1U6.— Ce que le Collège en con-
sommait par année, 107, 134.
ViNCBNNBS, Mazarin s'y fait trans-
porter, 5.— La Coup l'y suit, 6.
—il y meurt, 70.— On songe à y
établir le jardin des Plantes, 31.
Voltaire, poursuit Riballier de
ses plaisanteries, 84.
Vacquerie, sous-maitre au Col-
lège, son traitement, 89.
ZoNGO Ondbdsi, évéque de Frè-
jus, un des exècnt. testament,
de Mazarin. 17, 158.
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