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Full text of "Les Pélopides, ou, Atrée et Thieste : tragédie"

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OXFORD UNIVERSITY 



ST. GILES', OXFORD 0X1 SNA 



V3. PS. mifs) 



LES PÉLOPIDES, 

u 

ATRÉEETTHIESTE, 

T R A GÉDIE. 

J>«r M. DE VOLTAIRE. 



^ X GEWEKEJ 

Eifimmt, A PARIS; 

Chez Valade , Libraire , rue Saint- Jacques i 
vis-à-vis celle de U Parcheminerie. 

M. fi ce. LXXU. 



/ 






^ 
/ 



AVIS DE L'ÉDITEUR. 

-i QVT ce qui fin de la plume de M. de Voltaire 
ejl en droit d'interner ie Public. Il trient de paraître 
une Tragédie nouvelle dans Védition de t$us fis 
Çuyrages ijJu*on imprime actuellement à Laufimne^ 
en Suijfi , che^ François Graflet & G>mpagnie ; 
foi cru devoir imprimer cette Pièce fiparànent .• 
comme fiufiripteur de cette grande & riche eoïlec^ 
tion , fejpère que M. de Voltaire ne] me fiaura 
pas mauvais gfé d^ avoir mis ce nonyeau Dra^' 
portée d'être admiré p4r m pliai grand nomh, 
l4(tçurs. 




* ' l " ' ' '* 



FRAGMENT 

D' U N É L Ê t t M E. 

»JE n'ai jamak €ru que la Tragédie dû^étre 
n à Teau rt>fe* L'églogue en dialogue? , intitulée 
a? Bw-e/iîie là laquelle Madàtnt^Hmriette d'Angle* 
ar terre fit travailler Corneille Sc Racine | était in- 
à» digne du théâtre tragique^. Auffi Corneille n'en 
w fît qu'un ouvrage ridicule. Et ce grand rnaîtrr 
» Racine tut beaucoup de peine avec tou$ les 
»i charmes dé fà diftiôh éloquente j à feuver lar 
d»> ftérîle petîtéfle du fujet. J'ai toujours regardé 
^ la famille d'Atrée , depuis PetopY jufqû'à Iphi- 
«• géni€ , conime Fattelief où l'oh i du forger les 
ab poignards de Mdponiine. H hii faut des paf- 
9» QotiÈ ftirieti&s y de gnuKk criméi ^ des remords 
9» vk>te]^^ le fife la voufiraîs m fadement irfnou- 
«» reufe > ni rietifoéneulê. Si çlte h'eft pas terrible , 
3> fi elle ne trànfporte pas nos âmes ^ elle m'eft 
» infîpîde. 

» Je »'ai jamais eonçu: comment ces Romaim; 
*» qui devaient être fi bien inftruks par la poçîi- 
^ que d'Horace ^ otft pft p^MrVènir k faire de la 
» tragédie d'Ange &rdc TWe^ une déclamation 
a» fi plate & fi fartidieufe- J'aîme mieux ThoÉ^ 
» reur dont Crébillon a rempli fa pièce. 



4 FRAiîwfi^rif 

3» Cette hof reur mirait fort réuflTi farts qttttre 
9> défauts qu'on lui a reprochés; Le premier ,c'eft 
» la rage qu'un homme montre de fe venger 
» d'une ofFenfe qu^on lui a faite il y a vingt ans. 
» Kous ne nous intéreflbns à dételles foreurs^, 
» nous né les pardonnons que quand eUes font 
•» excitées par une injure récente qui doit trqu- 
9» hier l'ame de l'ofenfé , & qui émcUt la nôtre. 

» Le fécond , c'èft qu'un homme qui , au pre- 
»> rnier ade, médite une aftion déteftable , &quî 
» fans aucune intrigue y fans obfiacle & fans dan- 
» ger l'exécute au cinquième , eft beaucoup plus^ 
s> froidencor qu'il n'eft horrible. Et quand ilman- 
» gérait le fik de fon frère, fitibn- frère > mêmes 
•> tout cruds fur Iç théâtre , il n'en ferait que 
» plus froid & pkis dégoûtant y parce qu'il n'a 
*> aucune pa^Hon qui ait touché, parce qu'il 
» n'a point été en péril , parce qu'cm n'a riçn 
a» craint pour lui ^ rien foufaaité, rien fentî. 

Invente^ des rejjorts qui fuijfent ni attacher. 

» Le troifîéme Aéhxxt eft un amour inutile ;. 
» qui a paru frpid , & qui ne fert dit-on , qu'à 
» remplir le vuidé de la pièce. 

» Le quatrième vice , & le plus révoltant de 
8» tous, eft la diâîôn incorrede du poëme. Le 
9» premier devoir quand on écrit eft de bien 



\ 



to* tf H B Lettre; f 

» écrire. Quand votre J)icce ferait conduite 
•• comme Vipkigénie de Racine , les vers font-ik 
» mauvais , votre pièce ne peut être 'bonne. 

» Si ces^ quatre péchés capitaux m'ont ton-' 
3* Jours révolté; fi je rfai jamais pu; en qualité 
» de prêtre desmufes, leur donner rabfolution, 

» j'en ai commis vingt dans cette tragédie dw 
» Pélopides. Plus je perds de tems à pQmpofec 
a» des pièces de théâtre , plus |e vois combien 
• m Tart éft difficile. Mais -Dieu me préserve de 
» perdre eaçor plus dp tems à recorder des ac- 
a» teurs & des adrices. Leur art n'eft pas^ moins 
iM rare (jue celui de la poëfîe. 



V 



t f 








A C T E ORS. 

A T R ÉE. . 
THÎESTE. 

.'^ R O P E , filU (TEurlfiye , firnihe fAtrér.. 

H I P P O D A M I £ , jKfc ic Pétops. 

POLÊMON, archonte êtArgos , anckrt 
gouverneur dAtrée 6* de Thiejie^ 

M É G A R E , nourrice HMvofe. 

U D A S , oSucifX £Airie. 



ha Scène eji dans le Parvis du Temple. 



^^Si/Jli>u^3lf4iJf'VJIfAf^ 



'^^kWf^ jW-A' 




9 -^w V^^W 



^VT4NVT|(r^«T|NVj|f>rtfTirft»^^ 



LES PÈLOPI0ES, 



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ATRÉE ETTHII S T E , 

I^A Q i h l E. ■:■■ V 



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A GTE PRE M I E R. 



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'^"**«*-?»*^Hf"*"ii***'^f*" 



SCENE PREMIERE. 

HIP.PODAMIE, POLɻQN>, 

H I P P o D À M I E. 

V o ix A donc ti^t te finit es tes (bins ttgiljtllfl. 
Tu vois fi le (àng parle ^ cœu^ ^ mes enfans^ 
En vain , cher P^UiiMm^ ta «ni^i^fle éclairée 
Guida les f vcisiiets aas 4e Thiefie & d*Ajtrée«. 
Ils (ont nés poi^ q^i^ perte > Us abcégent mes. jours* 
X«eur haine ii^F^vée & kurs cruels aiaouis 
Ont prodiut ions Us 9iMi« rà men e^it fiiGCoaahe» 
Ma carrière dl fiHtte% iU eiit Grejttfè ma tombe^ 
Je me meurs ! 

Cl^éff 7 m pins dame Ttntâsi 
Deux frères divifes, pmnioat & lomû^. 



» :X1S s P É LO^ IDltSi . 

Ko^wiibntes font las de la guerre intèfline y 
Qui d^ peuples d'Argos annonçait la ruine» 
On voit éteindre un feu prêt à tout embrafêr 
Et fcijcer -, s>l iè ipeut ^ vos.fils ^ s'eçihraffert^ 

; ' ^ ■ H IP PQD AMIE. 
Us Ce ha'iflènt trop; Thiede eft trop coupable ; 
Le {ombre Bc dur A^rée. eft trop inexorable. 

'Aux a^elj'dr,l%4e«i i e^ ce temple , à mes fèu9\l > 

Bravant^ùtes les loix ^ outrageant tous les dieux » 

Thieile n'écoutant qu'un amour adulte • 

Ravit entre mes bras la fequne^de (on frère. 

•A garder Cz conquête il ofe s'obflîAer. 

Je connais î>ien Atr^e ^Mni pè6t pardonner» 

iErqge au milieu d'eux déplorable vidime , 

Dfes ftWïK'Ttel'aiflOUt , de la haine & du crime ;-■ ■ - 

'AttendfiÔt Ayn ^ftin du 4^.n dei. combats;^ 

Voit ençor (es beaux îpurs entourés du trépas» 

Et moî dans ce faint temple où je fins retirée ; • 

Dans les pleurs, d^ns les cris, dç tçrreursr dévorée ; 

Tremblante pour eux tous , je tends ces faibles bras 

A des (ieâx irrités qui ne m'écoutent pas* ' ' ' . 

•- P OpL É M O N. 

Malgré Tachamement de la guerre civile , '- - r ' 
Les deux partb d\i moins refpedent votre azife % 
Et mêntè entre mes^ mains vos enfans ont juré 
Que ce temple à tous deux (irait toujours écré. 
J'o(è elpérer bien plus. Depuis ptès d'une atmée; 
Que nous voyoïls A^gos au meurtre abandonnée , 
Peut-être ai-je amolli cette férocité . ;. 

Qui de nos &dions nourrit Tatrocité. 
Le (énat me fircbnde , on^propolènn partage 
Des états que Félop re^t poux hécttage ^ . 

Thiefte 



"\ 



i 11 



ji CT£ ^P R EJUIÈ k; 

^bit&e dans Micène , & Ton iîrere en ces lieux ; 

L'un de l'autre écartés n'auront plus fous leurs yçux 

Cet éternelobjet de difçorde de d'envie 

Qui défb^e une mère ainfi que la patrie. 

L'abfence affaiblira leurs fentimens jaloux i 

On rendra dès ce jour ^rope à (on époux ; 

On rétablit des loix le (âcré caraâ.ère» 

Vos deux ûU r^neront en révérant leut mère. 

Ce font là hos deflèins. PuilTent les dieux plus dowi 

Favorifêr mon zèle 9c s*apai(èr pour vous i 

HlFPODÀMlE. 
]E!(pérons : maU enftn'i la mhie dés Àtrides 
Voit rincefle autour d'elle avec les parricides; 
C'eft le Covt de mon fàng. Tes ibins & ta Venu 
Contre la deftinée ont en Vain combattu* 
Il eft donc en naiflant des races condanmées , 
Par un triile afcendant vèfs le crime entraînées ^^ 
Que formèrent des dieux les décrets éternels 
Pour êtt9 en épouvante aux malheureux mortels t 
X^a maison de Tantale eut ce noir caradère. ^ 
Il s'étendit fur mol. • . • Le trépas dç mon pèst 
Fut autrefois le prix de mpn fatal amour. 
Ce n'eil qu'à des forfaits que mon fang doit le jour; 
Mes fouvenirs affreux , mes allarmes timides » 
Tout me fait friflbner au nom des Pélopides. 

P O L é M 01^. 
Quelquefois la ûgelTe « maîtrifé le Cott ^ 
C'eft le tyran du fiiible & l'^fclave du fort* 
Koui fe(bns nos dedins , quoique, vous puiifîe;^ dire; 
L'homme « par (à railbn fur l'homme a quelque emplft» 
Letemords parle au cœur , on l'écoute à la iin ^ 

Ou bien cet univers eftlave du defUn , 

B 



. » 



Jouet des paffions l'une à l'autre contraires 
N€ (èraît qu'un amas de crimes néceffaires. 
Parlez en reine , en mère ; & ce double pouvoir 
Rapellera Thiefte à la voix du devoir, 

H I P ? O D A M I E. 

En vain je l'ai tenté ^ c'eft là ce qui m'accable, 

P O L É M O N. 

Plus criminel qu'Atrce il «û moins intraitable ; 
Il connaît fbn erreur. 

HlPPp D AMIE. ^ 
' Oui ,' mais il la chérit, ' 
Je haïs (on attentât^ Sa douleur m'âtertdric. 
je le blâme & le plains. 

P O L É M O N. 
Mais la cau(e fatale 
Du majjieur qui pourftit la race de Tantale ,* ' 
iErope^ cet objet d'afnbur & de doulfeur. 
Qui devrait s'arracher aux mains d'un raviflèor, 
Qui met la Grèce en feu par fes funeftes charmes t 

HiPPODAMIE. 

Jjç n'ai pu d'elle encor obtenir que des larmes» 
Je m'en fuis fépatée : & fiiyant les mortek 
J'ai cherché la retraite aux pieds de ces autels. 
J*y finirai des ]our9 que mes fils empoifonnent. 

P O L é M O N> 

Quand nous n'agiflbns point , les dieux nous abandonnent* 

Ranimez un courage éteint par U malheur. 

Le peuple me conferve un reilede faveur^ 

Le (ènat me confuhc , & nos trifics provinces 

Ont payé trop long-tems les fautes de leurs princeç^ 

Il eu tems que leur (àng ceffe enfin de couler» 

Les pères d« l'état Vont bientôt s'affemblen 



Ma &ible voix du moins , jointe à ce fang qui crie ^ 
Aut^ant que pour mes rois fera pour ma patrie. 
Mais je crains qu^eh ces lieux plus puifTante que nous^ 
La haine renaiffànte éveillant leur courroux , 
N'opofe à Rosconlêils (es trames homicides* 
Les méchans font hardis ; les fages font timidfSi 
Je les ferai rotigir d'abandonner l'état ^> 
Etpourfervirlesrois, jevrrole auf^iiat. 

HiPPODAMIE. 

Tu (êrVîras leur mère. Ah ! cours , & que ton zèle 
Lui rende (es enfkns qui (ont perdus pour eUe-. 



M 



SCENE IL 

HIPPOI>AMIEr {feule.) 



ES fîb, mon (èul e(poir , & mon cruel fléau i 
Si vos (ànglantes mains m'ont ouvert un tombeau^. 
Que j'y descende au moins , tranquile & con(blée« 
Venez fermer les yeux d'une mère accablée. 
Qu'elle expire en vos bras (ans trouble 8c (ans horreur;. 
A mes derniers momens mêlez quelque douceur. 
Le poi(bn des chagrins trop lomg-^tems me conlîime* 
Vous avez trop aigrîleur mortelle amertume» 

SCENE I I T. 

HIPPODAMIE, iEROPE,. MÉGARR 

-Πa o P E , ( 671 entrant , pleurant Gr embraj^^ 

fint Mégaré. ) 



V. 



A , te dis-je « Mégare , & cacfaç à tous les yeux,^^ 
Pu» ces vitres (tf^^j» tt dépôt pcécieOiic. . , 



îft LES P t L O P ID E^S; 

HtPPODAMik. 

Ciel ! £rope , efi-ce tous î qui ! vous dans ces aziles ! 
^ ^ R O P E. 

Cet objet odieux des discordes civiles ^ 

Celle i qui tant de maux doivent fe feprocbef i 

Sans doute à vos regards aurait dû Ce cacher. 

HiPPODAMIE. 
Qui vous ramène hélas ! dans ce temple iîinefie î 
Menacé par Atrée & (buiUé par Thiefte ! 
L*aipeâ de ce lieu &int doit vous épouvanter* 

iEnoPT. 

*A vos en£ins du moins , il fè fait re(peder< 
Laiflèz-moî ce refiijge , il eA inviolable. 
N'envi<z pas , ma mère , un azile au coupable; 

H I P P O D A M I E. 

Vous ne l'êtes que trop ; vos dangereux apas 
Ont produit de forfaits que vous n'expierez pas; 
Jf devrais vous haïr 9 vous |fi*éte$ toujoun chère ; 
Je vous plains ; vos malheurs acroiflênt nu misjèrt* 
Parlez ; vous arrivez vers ces dieux en couroiix 
Du théâtre de fàng oh Ton combat pour vous« 
Qe quelque ombr« de paix avez-vous l'efpérancc f 

iS K a P E. 

Je n*ai que mes terreurs. En vain par Gl prud^nc^ 

Polémon qui Ce Jette entre ces inhumains^ 

Prétendait arracher les armes de leun mains* 

Us (ont tous deux plus fiers & plus impitoyables ; 

Je cherche ainfi que vous des dieux moins implacable»^ 

Soufrez , en m'acu&nt de toutes vos douleurs 

Qu'à vos gémiflemens ji'oft mcler-ines pkucsi 



Que tCea puis-je être digne! 

H I P P O D A M I B. 

Ah ! trop cher* «flnemîê ; 

Ell-ce à vous de toMi joindre aux pleurs d*Hippodaiiiir! 
A vous qui les caufez ! plût au ciel qu'en vos yeux ^, 
Ces pleurs eufTent éteint le feu pernicieux ,. 
Dont le poilbn trop fur & les fiineiles charmes ,* 
Ont eu tant de puiflance & coûté tant dé larmes t 
Peut-être que (ans vous ceflant de Ce haïr 
Deux frères nvalheureux que le (âng doit unir i 
N'auraient point rejetté.les eforts d'une mère* 
Vous m*arrache2 deux fils pour avoir trop fij plaire* 
Mais voulez-vous me croire 8c vous joindre à ma Voix j^ 
Ou vous ai- je parlé pour la dernière fois î 

iE > O P £• 
Je voudrais que le jour où votre fils Thiefle^ 
Outragea (bus vos yeux la }uftlce> céleôe 9 
Le jour qu*il vous raVit Tobjet^ de fès amours ^ 
Eut été le dernier de me» malheureux jours» 
De tous mes ièntimens je vous rendrai Tarbitre^ 
Je vous chéris en mère \ & c'eft à ce faim titro- 
Que mon cœur défblé recevra votre loi. 
Vous jugerez , ô reine ! entre Hiiefle 8c taoU 
Après fën atentat, de troubles^ entourée 
J'ignorai jufqu'ici les (èntimens d'Atrée : 
Mais plus il ef| aigri contré mon raviilêur , 
Plus à (es. yeux (ans doute £rope eâ en horreur^ 

Hl PPOD AMIB. 
Je Gâs qu'avec fureur il pour(ûit fîi ytioguncti 

JE K O ? E. 
Vous avei (inr un fils encor quelque puifiaiiee; 



t4 p E S f" t t O P 1 D E r^ 

HiPPODAMIE. 
Sur les degrés du trône elle s*évanouit. 
L'enfance nous la donne Bf. Tâgé la ravit» 
Le conir de mes deux fils eft fburd à ma prière* 
Hélas ! c'eâ ^elquefois un malheur d^étre mère» 

iE R a p E. 

Sladanie. . »iIefftrop vrai. . • mais dans ce*Heu iâcr& 
Le (âgePolémon tout à Theure eft entré. ' 
NVt-il point con(blé vos allarmes cruellesT 
N'aurait-il ^poxté que de trifies nouvelles J 

HiPPODAMIE. 
Tattends beaucoup de lui ; mais malgré tous fès fotnr. 
Mes transports douloureux ne me troublent pas moins*. 
Je crains également la nuit ^ la lumière. 
Tout s'arme contre moi dans la nature entière. 
Et Tantale , & Pélops , & meï deux fils , & vous i 
Les enfers déchaînés , & les dieux en couroux ; 
Tout présente à mes yeux le» ânglantes images 
De mes manieurs pafTés & des plus noirs prétàges s 
Le (bmmeil.fuit de moi , 1^ terreur me pourluit ^ 
Les fantômes afreux , ces enfans de la nuit ^ 
Qui des içfortun& afliégent les pen(2es y 
Impriment l'épouvante en mes veines glacées* 
D'Oenomaiis mon père on déchire le flanc. 
Le glaive eft fiir ma tête ; on m'abreuve de (âng ^ 
Je vois les noirs détours de la rive in&rnale » 
L'exécrable feflin que prépara Tantale , 
Son fiipliçe aux enfers , & ces champs dé(ôlés 
Qui n'ofrent à (à faim que des troncs dépouillés ; 
Je m'éveille mourante aux cris des Eumenides> 
Ce temple a retenti du nom des parricides. 
Ah ! fi mes fils (avaient tout ce qu'ils m'ont coûté » 
Ils maudiraient Itui haine & leur férocité ; 



IBs tomberaient en plràrs aux pieds d'nippodamië* ' 

iE R P E. 

^Peut-être tin (ôft plus trifte empuifonne ma vie. 

-Les monftres 4,éckamés de Tempire des morts , 

^ont moins cruels pour moi que l'horreur des remords* 

•C'en efi fait» . . . Votre fils , & l'amour m'ont perdue. 

J'ai femé la difcorde en ces lieux répandue» 

Je fuis , je l'avouerai , criminelle en efet ; 

Un dieu vengeur me iUit. ... mais vous , qu'avez-vous £iit î 

Vous êtes innocente âc les dieux vous punifTent ? 

-Sur vous comme fiir moi leurs coups s'apefântiflènt* 

Hélas ! c'était à vous d'éteindre entre leurs m^ins 

Leurs fcxidres allumés iiir les trifles humains» 

C'était à vos vertus de m'obtenir la grâce. * 



m 



SCENE i V. 

BIPPODAMIE, ^ftOPE^ MÉGARE. 

Mé G A R £. 

X^KiMCESSC. ••• Les deux rois. •• • 

HlPPODAMIfe. 

Qu'eft-ce donc qui (ê paflê f 

iE a o p E. 

Quoî!-.Thiefte!...ce temple— Ah ! qu'efl-ce que j'e ntendi! 

M É G A R E. 
Les cris de la patrie & ceux des combattans. 
La mort (iiit en ces lieux les deux malheureux frères* 

iE R O P £• 
Allons, je l'obtiendrai de leurs mains Sanguinaires* 1 1 • 



If Jt#J FÈL-OHOMS^ 

Manon, tnbonont^ilauii'casdéfê^^rit. 
Us me fâciîfi«ront; mais voui ki calmarez. 
AlionS| je fiiît vos pas. 

HiPFODAMIK. 

Ah ! vous êtes in> £de ; 
Saurftfis de fisfiiieUH une trifie famille. 
Ou que mon fàng ver(2 par mes nutheureux fils i 
Cpule irec tom U fàng que je kut ai tta&fimt. 

Fat dupxmet aSe, 



ACTESECOIO, 



JÛTÈ SECOND, if 

ACTE SECOND. 
SCÈNE PREMIÈRE. 

HIPPODAMIE, ^RÔPE» POLÈMON. 

. P O L é M O N. 



o 



U couf éi-voUs f é . f 0fttrez, • . que vos larmes tarUIèût^ 

Que de vos coeurs glacés les terreurs Ce bannlllènt. 

Je me trompe , ou je vois ce grand jour arrivé v 

Qu'à finir îant de maux ïe ciel a réfèrvé, 

ii.es forfaits ont leur terme , & votre deftin change» 

X^a paix revient. 

Mk O 9 t. 

Comment f 

H I P P O î) A M I £. 

Quel dieu 9 quel Côtt étrange^ 
Quel mlratle a ^échi le cœur de mes eftfans? 

P O L é M O K. 

I^'équité , dont la voix triomphe avec le tems* 
Aveugle en fbn coufoux le violent Atrée 
Déjà de ce iaint temple allait forcer l'entrée. 
Son couroux (âcrilège oubliait (es (êrments. 
H en avait l'exemple : & (es fiers combattant 
Promts à (êrvir (es droits , à venger Ion outrage , 
Vers ces parvis (àcfés lui frayaient un p^flage, 

( à Mrope. ) 
Il venait ( je ne puis vous dîffimuler rîen ) 
Ravir fa propre cpoufè & reprendre (on bien» 

C 






* 



f 

- ; 



ï$ L ^Sr P É.L O P I B ^ T, 

Il le peut ; mais il doit refpeéier (à parole. 
Thieile eil allàrîfné ; vers lui Thjieilc vole ; 
On combat , le fahg coule ;.emporf<;s, furieux 
Les deux frcfes'pour vôtis s'égorgeaient a mes yeux»' 
Je m'avance > & ma^maln iai£t leur ^naiii barbare^ 
Je me livre à leurs coups : enfin je les fcpare. 
Le rinat qujjiie fiiit ^ (ècônde mes eforts. 
Ef^ ;^i;teflant Jçs Iplx nop^ ijiaKhons fut des- morts.. 
Le peuple en contemplant ces juges vénérables. 
Ces images des dieux aifx ittortels fevotables , 
Laifle tomber le fer à leur augufte afpeô. . , 
ïl-^liîentotpaflc des fureurs au relped. , 
Hconjuré a grands cris la difcorde ferouchc ; 
Et le faint nom de paix vole de bouche en bouche* 

H 1 r P O D A M 1 £• 

Tu nous as tous fauves. 

POLÉMON. 

I) faut bien <yi''une fois 
Le peuple en nos climats ïbit l'exemple des rois. 
Loff^renfîn la raiftn (eTalt par-tout .entendre,. 
Vos fils récoutéroht ,' vous les verrez fe rendre 
Le fang & la nature / & îeûrs vrais intérêts 
A leurs coeurs amolis parleront de plus près. 
Ils doivent accepter l'équitable partage 
Dont leur mère a tantôt reconnu rayanta,gç. 
La concorde aujourd'hui commence à fe montrer^ 
Mais elle ett chancçlknté ; il la faut afTurer. 
Thiefte en pofTédant la fertile Micène , 
Pourra faire à'fongré dans Sparte ou dans Athène , 
Des filles des héros qui leur donnent des loix 
Sans remords * fans cv«« ^ légitime choix. 






■ \> 



» 



t I 



■M^l^ 



>r TE s E C O N IT.^^ ri 

I#a veuve de Pélops heilren(e"&- triomphante, 

Voiant de tovLsrc61és fa race floriflante , - 

N'aura plus qu'à bénir au comble du boçHeur 

Le dieu qui de (on (àng efi le premier auteur, : 

H I PP O DAM I E. 
Je lui rénd^ déjà* grâce , 8t non moins à vous même. 
Et vouj ma fille , & vous que j'ai plainte & que j'aimè ; 
Unifiez vos tranfports à mes remerciments ; 
Aux dieux dont nous (brtons ofrez un pur encens. 
Qu'Hippodamie onfin , tranquileSc raflùrc^ 
Remette ^Erope heureufe eiitre les mains d'Atree». 
<jiu?îlpardoiHieà (on frère; • , ". 

/E K O P E. 

AJrdieux ?.'••& croyez-vous^ 
Qu'il Éiche pardonner? - * 

H 1 P P O b A M I E. 

. Daiis-;fes tranfports jalewfr 

11 (jît que parThiefle en tout tems re(peétée 
Il n'a point outragé la fille d'Eurifthce , 
Qu'au milieu de la guerre II prétendit en vain 
Au fimeôe bonÊeur de lui donner la main. 
Qu'enfin par les dieux même à leurs autels condutte 
Elle a dans la retraite évité fa pourfflite,- 

' iE R O P E. 
Voilà cette retraite où je prétends cacher 
Ce qu'ua remords afreux me partit ret>rochcr. 
C\ù, là qu^ux pieds des dieux on nourit mon enfance ;, 
C'efi là que je reviens implorer leur clémence. 
*JVveux vivre. & mourir, 

HiPPOMADIE. 

' Vivez pour un époux ,. 
.Cachez vous pour Thicffe y iï eft peçdu pour vous.: 

C 2. 



%i ' tjps P ELO P I D£S; 

/E R O P E. 

Dieux qui me confondez , vous anenez Thkâe ! 

HlP^ODAMIE. 
Fuyei-le. 

^Erope. 

Ah ! je Ta! 4&«>« • mon (ôrt «fi ixo^ fiinefie* 

(Elle fort.) 



S C E N El I. 
HIPPODAMIE, POLÉMON, THIEÎTB. 

HlPPODAMlE« 

J.VJl o m fils y qui vous ramène en mes bras maternel|^ 
01èz-v<;)iis reparaitre attx pieds de ces autels ? 

T H I E S T E. 

J'y viens. • . çt^rcher la paix , s'il en eft pour Atrce , 

S'il en edpour mon ame au défefpoir livrée , 

J'y viens mettre à vos pieds ce coeur trop combattu ^ , 

Embraflèr Polémon , relpeâer (à vertu , 

Expier envers vous ma criminelle ofenfe. 

Si de la réparer il eft en. ma puiflknce, 

Polémon^ 

Vous le pouvez (ans doute en Tachant vdus dompter» 
Lorsqu'à de tels excès Ce laiilknt emporter » 
On (uit des paffions l'empire illégitime , 
Quand on donne aux fumets les exemples du crime » 
On leur doit, croyez-moi , celui du repentir. 
la Grèce enfin s'éclaire , Se commuée à' lôrcir 



.i 



< ACTE SECONt^^ « 

De la férocité qui diatii nos premiers âges 

Fit des coeurs fans juftice ât des héros fkivagss; 

On n'eil rien (ans les mœurs. HercuW eft k ^•flib% 

Qui marchant quelquefbls djmç ce apW*ftwi« 

Ainiî <jue les brigands o(a dompter les \iç^%^ 

Son émule Théfée a £*it dçs inyoftices ^ . 

Le crime dansTidêc a fouillé la valeur ; 

Mais bientôt leur grande vsofi ib)urant leurcfiew 

N'en arpitatt que plus à def rertus tiouYelles. 

Ils ont réparé tout. • . . imitez voç modèles* , • • 

Soufrez encor un mot : fi ^r<m pefrévçTié£ ; 

Pouffi par le tof rem de vps inimitiés , 

Ou plutôt far leci feux d'un amour adultère > 

A refufèr encor iSrope à votre feère , 

Craignei que le parti que vous ayez gapié 

Ne tourne contre vous (on cpurage indigné. 

Vous pourîez pour tout prix (Tuoe ii^md^iK^ nilie i 

Abandonné d'Argos être exclus de Micène. 

T H I E S T E. 

J*al (enti mes malheurs plu$ que vous ne peniez; 
N'irritez point ma plaie ; elle eft cruelle aiTez* 
Madame ^ croyez-moi ,. )c vois da^s q^el abîme > 
m'a plongé cet amour que vous nommez ub crimes 
Je ne m'excu(ê point (devant vous condamné) 
Sur l'exemple éclatant que vingt rois m'ont donné i 
Sur l'exeniple de» dieux dont on nous ÎM dc(c«ndc^ 
Votre auflère vertu dédaigne de m'entendre* 
Je vous dirai pourtant qu'ave<c rhynfien fatal 
Que d^ns ce$ Ueuît (acres célébra mon rivij , 
J'aimais , j'idolâtrais la fiUe d'Euriftée ; ' 

Que par nàs, vœux ardents longtems r«Uicltét>^ 



rt LM s P ÈLO FI D E S y 

Sa mère dans Argos eut voulu nous unir ; ^ * 

Qu*enfin CQ-fut à moi qu^on ofà la ravir ; 
Que ^ie.defèipoir fut jamais excufable. • . • 

H I P P O D A M I E. 

Ne vous aveuglez point , rien n'excufe un coupable*] 

Oubliez avec moi de malheureux amours. 

Qui feraient votre honte- & Thorreur de vos jours , . 

Celle de*^T&re frère , fifd'^fope , & la mienne. 

C'eft l'honneur de mon' fang qu'il faut que* je foutlenne;. 

C'efl la paix que je veux ril n'importe à quel prix, 

Atrée ainfi que vous eft mon (ang , & mon fils. 

Tous les droits (but pour lui. Je veux dès l'heure même 

Remettre en (on pouvoir une époufè qu'il aime* 

Tenir uns la pencherla balance entre vous , 

Reparer vos erreurs , & vaincre forr^couroux* 






SCENE I I L 

T H I E S T E feui. 

\^u E devléns-tu Thîefte ! Eh quoi cette paix méme^ 
Cette paîx quf d'Argos eft le bonheur ftprénie , 
Va donc mettre le comble aux horreurs de mon fort! 
Cette paix pour^£rope efl un arrêt de mort^ 
C'eô peu- que pour jamais d'iErope on me fepare ; 
La vîdime eft livrée au pouvoir d'un barbare ; 
Je TTie vois dans ces lieux &ns armes , (ans amis ; 
On m'arrache ma femme , on peut fraper mon fîbw 
Mon rival triomphant s'empare de ùl proie. 
Tous mes maux font formés de la publique joie». 



N 



<^CTE SEX:0N2Xix 

^e pouraî-je aujourd'hui mourir jen i:ombatant? 
^Micène a des guerriers, înon amour les atend^ 
ït pour quelques momens ce tem|4e eii un axile» 



H 



«Mi 



' * r 



SCENE I V., 
. ; :;T H I E S T E , M É G A « Ei 



T"H lÉs TE. 



M 



£ G A R t , qu\W"On fait f ce temple «fi-il tranquUe ! 
Le defc^ndam des dieux eârilen (ureté ? 

M É G ÀllB. 

Sous c/?tfe Toute antique un (?)our écarté 

Au mflieu des tombeaux recèle (on enfatice« * 

T H I E s T £• 
X*azlle te, la mort efl fa feule afïïrrance \ ' 

M É G A R E^ 

Celle <|Kix 4}ans le fond de ces antres afreux i 

Veille aux premiers mon>efts dç fes jours malheureux i .^ 

Tremble qu'un oeil jaloux bientôt ne le découvre. 

^rope^'épouvahte : & cette an^ qui s'ouvre 

A toutes le^ douleurs qui viennent la chercher > 

En accroît la bleflure en voulant la cacher : 

Elle aime , elle maudit le jour qui le vît naître^ 

Elle craint dans Atrée un implacable maître j 

Et je tremble de vo^r Çq^ jours enfevelîs 

Dans le fein des ton^eau^ qui renferment (ôa fils». 



14 i JT S P Ë tOP ÎD È Si 

T H I E, S T E. 
ltpou(ê înfoTtiméé' ! 9c mftlhcuflHi(ê mère ! 
Mais mil ne paK fdrc^ (a ^i&n voiontaite« 
De cet azile (àint rien ne peut le tirer. 



T 



SCENE K 
THIESTE, AROPÈ, MÉGARE. 

^ R O P E. 



Oêi 



6 MSDk ) aux mains d'Atrée on va dôftc me lîwer! 
Votre mète l'ordonne. . . & je n*aî potir ektuft 
Que mon crime Ignoré , ma tougeur qui m\ccvkfé \ 
Un enfant malheureux qui fm découvert. 
Que je réR&e ou nm , c'en eft £iît , tout me perd- 
Auteur de unt dt maux » pourquoi m^as-tu ^uite { 

Thiistê. 

Oubliez mes fbrfkiés y n'en ctaignex point la fiûte» ; 

Cette fatale paix ne s'accomplira pas* 

Il me reùe pour vous des amis , des (ôldats i 

Mon amour , Aïoii courage : fir C'eft à vous de crôMf 

Que fî je meurs ici je meuts ^ur votfe gloire* 

Notre hymen clandeftin d'uAe mère ignoré , 

Tout malheureuit qu'il efl ^ h*en eô pas moins lacté* 

Je me fiiis trop , (ans doute , acCufé devaftt elle. 

Ce n'eft pa$ vous, du moins, qui fttes crimipelle. 

A mon fiét ennemi j'enlevai vos apas. 

Les dieux n'avaient point mis itrope entre Ces bras. 

J'éteignis les flambeaux de cette horrible fête. 

Malgré VOUS , eii uft mot , vous fiites nia conquête. 

Je 



ACTE SECOND. tf 

Je lus le (elil coupable , & je ne le fiiis plus, 
^btre cœur ailârmé>» vos vœux îiJ^Crtus , 
M'ont afTez reprathé ma flïiine fie tnon audace» 
A mon emportement le ciel même a fait grâce; 
Ses bontés ont fait Voir , en m*acç(Mrdîtot un fils ^' 
qu*il aprouve Thymen dont nous (bnunes unis* 
Et Micène bientôt , à (on prince fidèle , 
En pourra céltbrer la fête fôlemnelle* 

iE R O P E* 

Va , ne f éclamc point <:es noeuds infortunes ; 

Et ces dieux, & l'hymenè • • «ils nous ont cohdaodhâ; 

CKùns-nous nous parler ? . • , tremblante , confondue , 

Devant qui déformais puis-je lever la vue ? 

Dans ce ciel qui voit tout , & qui lit dans les cœurs , 

Le rapt & i^adultère ont^ils des protedeurs î 

En remportant fiir moi ta funefle vidoire ^ 

Cruel, t'cs-tu flaté de conferverma gloire ? 

Tu m'as £iit ta compiiceé ^ • , & la fatalité 

Qui flibjugue moii cœur contre moi révolté ," ' 

Me tient fi puifiamment à ton critne enchaînée i 

Qu'il efl devenu cher a mon ame étonnée , 



/ 



/ 



Que le (ang de ton fang qui s^eil formé dans moi i 

Ce gage de ton crime efi celui de ma foi , 

Qu'il rend indif&lùble un nœud que je détefie, .^ , 

Et qu'il n'eft plus pour moi d'auçre époux que Thi«fle# 

T H I jE S T E. 

C'eil un nom qu'un tyrant ne peut plus m'enleven 
La mort & les enfers pourront ftuls ïil'en priver. 
Le fçeptr^ <)e Miçène a pour moi moinu de cbarmeit 



y 



>^ • « , . 



U LX s P È lO P 1 JD £ Su, 



^mÊmmmmmmmtmmÊÊtÊÊmmmÊmmmmmm 



S C É N E V L 

^ROP.E» THIESTÏ, POLÉMOîî. 

P O L É M O N. 

Oeignexjr, Atréé aftîte *, il a ^té fes aiiiies. 
IDans ce temple avec vous il vient jurer la paix. 

Xjranck diettc ! vous me ferœE fk htïr Tdsbieiiiiiits. 

Po L Ê M ON. 
Vous allez à Tautel confirmer vos promeflês. 
X'endens s*élève aux cieuX des mains de nos prctreffo 
Des oliviers iieureux les feflons defirés 
Ont annoncé la Jfin de ces jours abhorres , 
Où la 4i^tde en feu dévoilait notre enceinte. 
On a lavé le (ang dont la ville fut teinte» 
Et le fàng des méchans qui voudraient nous troubler 
Eil ici défbrmaîs le (èul qui doit couler. 
IVladame , il n'âpartîent qu'à la reine elle même 
DevousVemettre aux mains d'un époux' qui vous àîme^ 
Et d'efliiier les pleurs qui coulent de vos yeux. 

iï R O P E. 

Mon (âi^g devait couler. . . vous le (avez , grands dieux ! 

Thi£ste à Polémon. 

11 me faat seâdf d ^Erope ! 

P O L l6 ]S O K. 

Oiii Tfaieâe ^ «c Arl^heure* 

C'efl la loi du traité. 

Thie s te. 

^ - Va , que plutôt je meure ^ 



> 






. actj^ S ^ c o if p^ ♦r 

Qu*kux monflres des enfers mes mânes (oient livrés ! . ... 

' ^ P o L É aro N.^ j 

Quoi ! voQS avW^rdiiIs, iS( vous vous ^arj&rez ! 

Qui ? moi î . » . qu*aî-je promis ? 

.POLÉMON. r 

yeut-eflc rallumer lîidi<cf(r4e P»|iîf ? 

ta di(corde vaut mieux qu'un fi fetal accord. ' " 
Il redemande itTrope ; îl l'aura par ma mort. 

P O L É M O N. 
Vous écoutîe^ tantôt ta voix de la jufficei 

Thieste. 

Je voyais de moins près rhorreur (fe moA ftj^Upt | 
Je ne le pub fbulnr » 

P O L È M O K. 

AhlcVittrop^dQfti^fs; ' 
C'eft trop d'^âMmensft de feUés «»f«iip9$ 
Mon amitié pour vous , qui fe laflè & s'irrite ,' 
Plaignait votre jeunefic imprudente & féduite i 
Je vous dtts ïleu de père , & ce père ofenft 
Ne voit qu'aveclioineitf tm ameuf lal^nH* 
Je fers Atrée & vous, mais l'état d'avantage; 
Et fi l'un de vous ^uii ktopt la Ibi 'qui l'engage ; 
Moi; même contre lui je cours me déclarer. 
Mais de votre railbn je v^ux mieux efpérer. 
Et bientôt dans ces lieux Theureufê Hippodamie 
Rêvera fa femille , en (èibras réunie. 

illfort.) 
Di 



«f 



lES Pt LO P T É> ES, 



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C 



SCENE Vfl. 
« R O P E , T H I E S T £• 

^ R Q P E. 



1 N efi donc hit , Thiefie , il £iut nous féparer; 

T H I B s T B. 
Moi ! vous , moti fils ! .9 • qtiel trouble a pu vous égarer ! 
Quçl efi votK^4eflèinf 

>E K O f E. 
C'eft dans Cette demeure ; 
C'efi dans cette prifôn qu'il efi tems ^ue ye mfixue , 
Que je meiire oubliée , inconnue aux mortels , 
Inconnue à l'amour , à Ces tourmens cruels, 
A Ce tfoUabl^ éternel qui ftiit le diadème , 
Au redoutable Atrée , & fùr-tout à vous même; 

. Th lESTE. 
Vous n'accoinplire^ point ce projet odieux. 
Je vous difputerai à tom fr^« » à bqs dieux* 
Suivez-moi, 

^ R O P E. ^ 

Nous marchons d'abimes en al^mes; 

C*efi-là votre part;^ge> amours iUégiûmes. 

Fin du Jècond aMe. 




\ 



4 



"jtCTE tK'OÏSliMEi 



X* 



ACTE TROISIÈME. 



SCENE PREMIERE. 

HIPPOPAMIE, ATRÉE, PQLÉMON, 
I D À S ., Gardes y Peuplé > Piètres» 



HlPPQDAMIE. 



G 



E N é R B nx Polémon ^ la paix efl votre ouvrage^ 
Régnez heiïreux , Attée^ & goûtez ravantage 
De pofféder fans trouble un trône où vos ayeux , 
Pout le bien des mortels , ont remplacé les dieux. 
Thîefîe avant la nuit partira peur Micène. 
J'ai vu s'éteindre enfin les flambeaux de la haine. 
Dans ma triile mzïConû iong'-tems ^llunKs; 
J'ai vu mes cbers enfans paifibles , défarmés , 
Dans ce parvis du temple étouÊint leur querella," 
Commencer dans mes bras leiir concorde éternelle* 
Vous en ferez témoins , vous peuples réunis ^ 
iPrêtres qui m'écoutez , dieuîç long-tems ennemis. 
Vous en (^rez garapts* Ma débile paupièrç 
Peut &ns crainte à la fin s'ouvrir à la lumière. 
J*attendrai dans la paix un fortuné trépas. 
Mes derniets Jours Côht beaux. ... je ne Telpétaîs pas^ 

A T R É É. 

Idas autour du temple étendez vos cohortes -, 
Vous, gardez ce parvis j vous | veîJiez à ces portes» 



jo LES et 10 PI JTFS^^ 

{à Hippodamie.y 

Qu'une mère pardonne à ces foins ombrageux;. 
A peine encor (brû de nos tems orageux 
D'Argos enfànglantéc , à peine encor le maître i 
Je préviens des dangers toujours promis à foiiakr€«L 
Thieiîe a trop pâli tandis qu'il m'embrafîàic. 
lia promis la paix ; mais il en lrémi(fàit- ^ 

D'où vieAt que devant moi la fille d'Euriftée 
Sur vos pas en ces lieux ne s'isft point présentée t 
Vous deviez l'amener dans ce (àeré pacYiis^ 

H I P PO D A M I E. 

Nos myftëres divins dans la Grèce établis ,' 
La retiennent encor au milieu 4o;s prétreflès-^ 
Qui de la paix des cœurs implorent les déeSes* 
Le ciel eft à nos vœux favorable aujourd'hui » 
Et vous (êrez (ans doute apalfé comme luL 

A T R i E. 

Rendez-nous » s'il fe peut , les immortels 'propices». 
Je ne dois point «wubler Yos.(ècrets (âcrifices* 

HiPPODAMIE» 
Ce froid & (ombre accueil était inattendu. 
Je penlais qu'à mes (oins vous auriez répondu* 
Aux ombres du bonheur imprudemment livrée 4 
Je vois trop que ma joie était prémiitUrée , 
Que j'ai dû peu compter (iir le cœur de moa fik« 

Atrée/ 

Atrée eft mécontent , mais il vous eâ (ôunûs* 

HlFPODAMIE. 

Ah ! je voulais de vous , après tant de (bufrance ,' 
Un peu moins de re(peas & plus ds comjlaifànce^ 



ACTE TKOlSîÈMt. 31 

J^attendais de mon fils une jui^e pitié. 

Je ne vous parle point des droits de l'amitié. 

Je fais que la nature en a peu (ar votre ame« 

A T R É E. 

m 

Thiefle vous eu cHer , U vous fufît , madame. 

HiPPODAMIE. 

Vous déchirez mon cœut après i'avoir pefcé, 
^1 ^t par mes enfkns affez long-tems bleffé. ... / 

Je n'ai peu de vos moeurs adoucir la rudeffe ; 
Vous avez en tout tems repouffé ma tendreffe ; 
Et Je n'ai mis au jour que des enfans ingrats. 
Allez , mon amitié ne (è rebute pas. 
Je conçois vos chagrins & je vous les pardonne. 
Je n'en bénis pas moins ce jour qui vous couronne ; 
Il n'a pas moins rempli mes dé/îrs emprôffés. 
-Connnainez votre mère, ingrat , & rougiflèz. 

fmtmimmmmmÊtmimmmmmÊm^mmimmiÊmmmatmmmmmmtmimmHmmmmKimm^ÊmmmiÊmmÊÊmmKm 

s c £ jyr £ î f. 

ATRÉE, POLE M ON, IDAS, Peuplé,' 

t 

/ 

AtréB (nK PeupU^ à PoUmon & tdas.) 

\^o ' o N (e retfre. ... Et ViHis, au fend de ma penfSe 
Voyez tous les tourments de ^iwn ame ofenfée , 
Et ceux dont je me plains > & ceux qu'il faut celer. 
Et jugez fi et traite a pu tnt coiUôler. 

P O L É M O N. 
Quels qu'ils (oient , vous (avez B mon zèle efl ^cère# 
U peut vous irriter. Mais ^ feigneur , um? mète 



3» LES PiLOflDESs 

Dafls ce temple , à Tafpçd des mortels & des dieux i 

Deyaît-elle eflùier l^ccueil injurieux 

Qu'à ma confufîon vous venez: de Ivii faire l 

Ah ! le ciel lui donna des fils dans (a colère. 

Tous les deux (ont cruels , & t(5us deux de leurs mains 

La mènent au tombeau par de tHftes chemifts». 

C'était de vous fiir-tout qu'elle ^vait attendre 

£t la reconnaifl^nce & l'amour le plus tendre^ ^ 

A T R É Ev 
Que Thiefle en confèrve : elle l'a préféré ; 
ÎElle accorde à Thiefle un apui déclaré. 
Contre mes intérêts pu i (qu'on le favori(è, 
Pui(qu'on a couronné (on indigne entreprife i 
Que Miccne efl le prix de (es emportements ^ 
Lui (èul à (es bontés doit des remerciments. 

r O L É M O N. 

Vous en devez tous deux ; & la ^eine , & moi ménie ," 
Nous avons de Pélops (iiivi l'ordre uiprême» 
Ke vous feuvient-il plus qu'au pur de (on trépas 
Pcicps entre (es fils partagea (es états ? 
Et vous en pofTédez la plus riche contrée. 
Par votre droit d'aineIK à Vous (èul aflurée. 

A T R É E. 
Dq mon frère en tout tems vous fûtes le (butien* 

P O L É M O N. 

.J'ai pris votre intérêt (ans négliger le fiem 
La loi (èule a parlé ; (èule elle a mon fiifrage» 

A T R É E. 
On rccompenfè en lui le crime qui m'outrage; 

POLÉMON^ 
On condaihne (on crime , il le doit expier. 
£t vous , s'il (è repend , vous devez l'oublier* 

Vott$ 






T" 



Vous n^ès point placé fiir un tf 6he d^AiSç ^ 

Xle ûége de l'orgaçil Ôc de la jaloufie , ' V 

Àpuic fur la oralnte & itit la cmauté , 

Et du fang le plus proche en tout tejns cimeméè 

Vers TEuphrate un defpote , ignorant la juftîce V 

Foulant (on peuple aux pied?, fuît en paix fon caprice; 

jci nous commençons à mieux (efttir nos droits; 

L- A/îe a Ces tyrans \ iftais h Grèce a des tois. 

Craignez qu'en s*éclaitiànt Argos ne fous haïilè. * • 4 

Petit-fils de Tahtale , écoutez la juffice. 

A t R E £• . 
tolémon , c'^ aflez , je conçois vos faifôns ; 
Je n'avais pas béfoîn de ces nobles leçons \ 
Vous, n'avez point perdu le grand talent d'inftruîré; 
Vos (bins dans ma jeunefle ont daigné me conduire ; / 
Je doi$ m'en {cftiviemr y maïs il eft d'autres tems. / - < 
Le cielouvtf 4 ^^ pas des (entiers diférents, ' t -. 
Je vous ai iù beaucoup , )e le (ais \ mai3 peut j^rd 
Oubliez-vous trop tôt que je fuis votre maître. 

P OLE]* ON» 

PuiflV te tître heureux long^^ms vous demeuiret i 
Et puifTent dans Argos vos vertus rbonorer. 



» 



c 



SCENE IlL 
À t R É È , I D A S* 

À T R K. E% 



• E $ T à toî feul , Idâs , que ma doidelir confie 
Les (bupçons malheureux qui Voiit cncdr aigrie v 
Le poifbn qui nourit rtia haine & mort couroux , 
La foule des t^utmeâs que je leur cache à tous. 



34 t£2P Pt Lu Plp^JSi^^. 

IWon cœur peijt fetirpmper; nçiajs :da|»tHi^o^amîe 

Je crains de rencontrer ma (êcrète ennemie* . : • 

Tolémon n'eft qu'un .traître , & (cm ambition ^ , ' 

Peut-être de Thîefte , armait la fàâibh* 

/■ 

Ïd A S. 

• • ^ "I 

Tel eft fbuvent des cours le manège perfide^ 
La vérité les fuit ^ l'impoSure y Tciîde^ 

Tout efi partie cabale , Injure ou trahi(bn , 
Vous voyez la difcordç y verfer fon t>oi(bn^ , 
Mais que craindricz-vous d'un parti iàns puiflincef 
Tout n'efl-ÎI pas {bumîs à votre obéiflàncç ? , , 

'Ce peuple Cous vos loix ne s'efl-il pas raqgc:? 
Vous êtes maître ici? 

A T R É E* 

Je* n'y fiiîs pas vengév , • 
J'y luis en proye , îdâs , à d'étranges fepHcesf. , 

Mes main* avec cftoî rouvrent mes cicatrices; i 

J'en parle avec hof reur ; & je ne puis juger 
Dans quel indigne (aog il faudra 'me plonger. . . .' 
Je veux, croire , 5c je crois ^*^rope avec motffsèc^ r 
N'a point ofé formef vtn byfien adultère. ,^ . 
iAo[ même je la vis contre un rapt odieux 
Implorer ma yengeance & les foudres des dieux. 
Mais il eft trop afreux qu'au jour de l'hyménée , 
Ma femme un feul moment ait été foupçonnée. 
Aprends des (intimens plus douloureux cent foi$% 
Je ne (àis fi l'objet indigne de moti choix , 
Sur me& fens réyottés que ia foreur déchire , 
N'aurait point en fecrjçt confervé quelque empire,' 
J'ignore R mon coeur ^ facile à l'exoufer ^ 
Pe$ feUx qu'il étQuSipcut'enoor s*einbralèjr| 



* - -»* 4/ 



jtcriE^ TRO ïsiÈ me: 

^ dans ce cœur ferouche , en proye'aux tdfbariès , 
L'amour habite eiKor au niilièu dés fùrîes. 

I- •• • [. -.^i ' , ; . ■ r 
D A S». 

'...'. ' • '" " '■ ' 

Vous pouvez (ans rougir la revoir & l'aimer» 
Contre vos (èntimens pourquoi vous animer t 
L'abfblu (ôuverain d'iErope ^ de l'empire , 
Doit s^écouter lui feul , & peut ce qu'il defire. 
De votre mère ettçor j'ignore Jes projets. 
Mais elle elî comme une autre au rang de vos nijètSi 
Votre gloire eft la (îenne ; & de tiSoiAlelaffce 
A vous rendre une époufë elle eft întéreffée. 
Son ame eft noble & juftè ; & jlif^u'à ce jour 
Nulle mère à fcn fâng vrz marqué tant d'amour^: 

A T R É E. 

Non i ma fatale époufe , entre mes bras ravie 
De û place en tiaoh cœur (êrt du moins bannie; 

I D A 5, 

A vos pîeds dans ce temple elïe doit fe jettera 
Hippodamie «nfin dbit vous la préfénter*. 

A T R É E. 

Pour .£rc^ , il c(| vraji , j'aurais pu fans fèîbleflê 
Garder le (ôuvenir d*un rcôe.de tendreflè. . * . 
Mais pour éteindre enfin tant de reflèmimens , 

Cette mère qui m^aime a tardé bien long-tem«i 
£rope n*a point pan au crime de mon frère ; 

£rope eut pu calmer les flots de ma colère , 
Je l'aimai , j'en rougis. • . . J'attendis dans Argo $ 
De ce fùnefte hymen ma gloire & mon repos* 
De toutes les* beautés ^rope eft l'aflemblage. 

Les vertus de (on fê^ étaient (iir fbn vifage , 

El. 



?*• 



îd LES F É LO P I P ES;. 

Et quand je b voyais ^ je les crus dans (on coeur*. 
Tu n^*as vu détefler & chérir mon erreur ; 
Et tu me vols encor floter dans ce|t orage , 
Incertain de mes vonix, incertain dans ma rage ; 
Nourriflànt en (ecret un afrcux (buvenîr^ 
Et redoutant fiir-tout d'avoir à la punir^ 



lA» 



SCENE ÎV. 
HIPPODAMIÉ, ATRËÉ, IDA S; 

4 
V 

Hl ÇPOD AM I£^ 



V. 



o D S tevoyez , mon fils , une mère âflîgée , 
Qui , toujours trop (ènfible & toujours outragée , 
Revient vous. dire, enfin du pied des (àints autels^^ 
Au nom cfiErope » aufiçn , des adieux éternels^ 
La malheureufe ^rope a défimi deux frcres; 
Elle alluma les &ux à» ces fuheftes guerres^ 
Source de tous les maipc , elle fuit tous le& yeux<^ 
Ses jours infortunés (ont conûcrés aux dieux. 
Sa douleur nous trompait : (es (ècrets (âcrifices 
De celui qu'elle fait n'étaient que les prémices. 
Libre au fond de ce temple , & loin de (es amants , . 
Sa bouclie a prononce Tes étemels (^rmens. 
Elle ne dépendra que du pouvoif- célefie. 
Des murs du fanchiaîre elle écarte Tiiiefie ; 
Son criminel a(peéi eut (ouille ce féjourè. 
Qu'il parte pour Micèn^ avant la fin du jouF» 
Vivez , régnez heure^ix. • . . Ma carrière eft rempilé^ 
Dans ce tombeau fàcré )e refie enfevelie. 
Je devais cet exemple au lieu de Timiter.. ^ • • 
Tout ce que je demande ayant de vous (^ù^tter ^ 



C'eft de vous voir iîgner cette pdxnéceflàire , 
D'une main qu'à mes yeux conduire un cœur&icèrei i 
Vous n'avez point encor accompli ce devcnr.. > 

Nous allons pour jamais renoncer à nous voir • • • : ' ^ 
Séparon»*aous:tous trois, (ans que d'un (èul murjnuia- 
Nous fafConsua montent (bupÂrer la namreji^ / : 

A T R' é- E. 

A cetafroHMiouveatt.jçnem'attendaî? pas*. ^ 

Ma femme ofe en ces lieux s'irradier à mes btas % 

Vos autels , je l'avoue , ont de grands {Jîivileges \ 

Thieile les fouilla de Ces mains (acrilèges. . , . 

iBais-, de quel droit iErope ofe-t-eliey porteç 

Ce téméraire voeu qu'ils do^ivéîit rejetter ? 

Par des voeux plus fàcrés elle me fut unie ; 

Voulez-vous que deux fois çUe me {bit, ravie î. 

Tantôt par un perfidç , & tantôt par les- dieux ?. 

Ces voeux fî mal connus , ceçièrmens odieux , 

Au roi comme à l'époux ibnt un trop grand outi^ge^ 

Vous pouvez accomplir le vàu qui vous engage 

Ces lieux faits pour votre dge, au cepos conûcrés-. 

Habités pour ma mère en feront honorés^ 

Mais iErope cft coupable en fùivant votre exemples 

^rope tn'apartient , & non pas à ce teinple. 

Ces dieux , ces mêmes dieux qui» m*ont donné fâ £?i ,, 

Lui commandent (ur-tout de n'pbéir qu'à moi. 

Eft-ce donc Poléfnon , o» pfipn frcr-e , ou vous- même ^ 

Quipcnfez la fbuftraireà mon pouvoir fbpréme ? 

Vous éies-vous tous trois en fècret accordes , 

Pour détruire une paix que vous me demandez ? 

Qu'on mnàe mon épcàfe au maître, qu'elle ofienfe ; 

Et il Ton me trahit qu'on craigne ma vengeance^ ./ . 



, M I Pi^Ô jVf A D I É. 
Vous tii«erprétef:?mal une jufte pitic 
Que donnait à les maux ma flérile amîtîé^ 
Votre mère pour vam du fond de ces retraites ;,' 
Forma toujours des voeux, tout cruel que voascteiii. 
Entre Thiefte & v«^s , JErojpe^ fens (ècouts y 
N'avait plus que le ciel. • . . il était ion recours.. 
Mais puifque vous daignez la recevoir encore , 
Puifque vous lui rendez cette main qui l*hoiiore i 

Et qu'enfin fbn époux daigne lui raporter 

Un coeur dont (es apas n'osèrent Ce flater ^ ' 

Elle doit en éflfêt chérir votre clémence. 

Je puis me plaindre à vous ; mais fbn bonlieur commencèi». 

Cette augufle retraite , azilé des douleurs > 

Où votre trifte époufe aurait caché Tes pleurs , 
• ■ 

Convenable à moi feule , à mon fort , à mon âge i. 
Doit s'ouvrir pour lajrendréà l'hymen qui l'engage*^ 
Vous l'aimez , c'efl aflTez. Sur moi , fur Polémo»^ 
Vous conceviez , môA fils , un injufle (bupçon. 
Quels amis trouvera ce coeur dur & fevère , 
Si vous vous déficz^ de l'amour d'une mère î 

A T R É E. 
Vous rendez quelque calme à mes efprits troublés^ 
> Vous m'otez un fardeau dont mes fens accablés 
N'auraient point fbutenu le poids înfiiportable. 
Oui , j'aime encor £rope ^ elle n'efl point coapabk*. 
Oubliez mon courroux ; c'eft à vouf que je dois 
Le jour plus épuré qui va hiire pour moi. 
Puifqu'^rope en ce temple à fbn devoir fidèle 
A fui d'un raviilèur l'audace criminelle , 
Je veux lui pardonner. Mais qu'en. ce même jour 
De (on fatal a^â il purge Ce féjbùr* ' 



•♦ ..... 



Ij~ 1« ' « 



ACTE TROIS lÉ M S. ^ 

Je Vais prefler la fête ^ & je la crois heureu(ê« 

Si Ton m'avait trompé. • • • Je la rendrais afireulê.^v 

H I p p o D A M ï g à liau ' ' * 

Idas , il vous con(ùlte , allez & confirmez 
Ces juflès (entimens dans (es esprits cabnès» 



AiiiÉÉMlÉr^ 

1 i " ■ " ■ I II ■ ■■ I II II i f i I III II i»ii i 



S C E,N,M. V. 



"•VI ^\X 



« i 



D 



H IP P O Dh^JZ.^fiuUi 






i$?AKAiksEZ^ enfin redoiîtaliles fréfàrgei^' ' '' 
Preflèntimens d'horreur , ïfrayahtes images , ' ! ' ' 

lQui pourfiiivicz par'-tout mon efprît incertain.* 
I-a race de Tantale a vaincu ftn deflin. 
tUe en a détourné la terrible influence. 



!• .•.'":; ;-3 



S CENE ri. ' : ^ ; ' 

H I> P O D A IVI I E ; ÎE R q' iÇ/Ç^ ;!, j 

H I p p D'I^A MI il 

NFiK, votre bonheur paflè votre «(pé]raa<^* cr î /. 
Ne pen(èz,pltis , ma fille , ^vgn funèbres «pféts, . ^;r-j 1 1 
Qui dans ce (ombre azile. enterraient vos attraits*' 
LaifTez-là ces bandeaux > ces voijes de tri^flk» . ' » - 
Dont j'ai vu friflbnner votrefaible j^uïieffe. 
Il n'efl ici de rang; ni de place pour vous 
Que le trône d'un maître & le lit d'un époux. 
Dans tous vos droits , ma fille , heureufèmeni; r.en|:rée; 
ArgQs chérit dans vous la compagne d'Atrée. 
Ne montrez à (es yeux que des yeux ' (aUsfaits , 
jD'un pas plus afSîré iipiarphei^ Ycrs le pabus* 



^ 



*40 .IP.S .PELOPlï>ES^ 

Sur un fron( plus 6 rein poftz le diadème* 

Atréee^vlgoiireux, violent; mais il ainie* .* . 

Ma fille, il ,^utlrégner« 

, ^ R O P E» , ^ ' 

^ Je Cuis perdue! • /. àh dieux t 

• HlîP POD AMIE. 

^^T^tnnfirds^ft? Et quel nuagfta- couvert vos bcau&iyeMg,! . 
N'éprouverai -je ici qu'un étemel paflàge 

De l'efpoir à la 4raintoV& ^ calme à l'orage! 

, JE K O? E. 
M^ mère ! i • , j'Qfe-eiicol: al'nfî Cous apelle^. ' 

Et de trône, -& d'hymen ceflèz: de me parier- . 

Ils ne Coût point pour moi, . . j Je vous en ferai juge* 

Vous m'arrachez , madame, à l'unique refuge 

Où je dus mir Àtrée , ScThieftè , 8c mon cœur* 

Vous me rendez au jour ^ le jour m'efl en horreur; 

Un dieu cruel , un dieu me fuit & nous raffèmble i 

Vous, vos enfans & moi, pour-nous fraper ensemble; 

Ne me confblez'plus; cra:^nez de partager 

Le fort qui me menace en voulant le clianger..«t 
C'eneflfôiti-' • ^ ^ " ^ 

Hl P ?OP A M lE. 

Je me perds dans votre defiinée. 
Mais on ife verra point '^rôpe abandonnée ' 
D'une mère elltdtft: tems prête à vous confelcN 

.>?; R O P E. 
Ah ! qui proiégb^viôus ? 

..Hl P p o D A M ï E% 

Où voulez-vous alief ? 
Je vous fiiis. 

. N iîl R O P E. 

<Jue de foins pour une criminelle î 

HiP P o p A Ml E. . 

Le fut-elle en effet, je ferai tout pou^ èlké, 

fî/2 du troijïème a£lç. ACTE 



ACTE qU4TKlt,M-E. 



'«(»tll«(tlflrQ<llr N«il|llt|(|lt7n'l 



tl^jkikiA 



^'i'iMiSliiié'iiir '> ■■tfliAttffVtf a» 



y 



ACTE QUATRIEME. 



'4* A 



D 



SCENE -BKEMÎEKE, 

V 

^RQPE, thie;ste. 

^ K O P E. 



ANS cçs aziles fiints j'étais enfevelîe;' 
J'y cachais înes totirmehs ! j'y terniinais ma vie ; 
C'eft toi qui ni'as rendue à Ce jout que je hais. 
Thiefle , en tous les tenis tu m'as ravi la paix. 

T H I E s TE, 
Ce funefte deïTeîn nous faifàit trop d'outrage, 

-/E R O P E. 

Ma faute & ton aniouï nous en font davantage; 

T H I E S T E. 
Quoi ! verrai-je en tout tems vos remords douloureux 
Empoifenner des jours que vous rendiez heureux ! 

iEROPE. 
Nous heureux ! nous cruels | ah dans mon fort fiineflô 
Le bonheur eft-il fait; pour iErope & Thiefle \ 

T H I E S T E. 
Vivez pour votre fils. 

^ R O P E, 
Ravifleur de ma foî y 
Tu VOIS trop que je vis pour mon fils & pour (oî. 
Thiefte, il t'a donné des droits inviolables. 
Et les nœud^ les plus faints ont uni deux coupables; 

P 



'V 



3 

SI'- 



4* Zl^S P ÈtO P ï D E s^ 

fj'j je t'ai fui , je l'ai dû : je fte puis te quitter; 

^1 Sans horreur avec toi je ne faurais refler , 

Je n« puis (butenir la préfence d'Atrée. 

T H I E S T E. 

La fatale entrevue efl encoT diférée. 

iE R O P E. 

Sous des prétextes vafns , la reine avec bonté 
Ecarte encor de moi ce moment redouté. 
jVIaisla paix dans vos coeurs eft-elle réfblue ? 

' T H I E S T E. 

Cette paix eft promise , elle n'eft point conclue. 
Mais j'aurais dans Argos encor des défenfeurs» 
Et Micène déjà m'a promis des vengeurs. 

iîl R Q P E. 

Me préfèrvent les cîeux d'une nouvelle guerre ! 
Le (ang pour nos amours a trop rougi la terre. 

Th lE STE. . 
Ce n'eft que par le fang qu'en cette extrémité 
Je puis (buftraire ^rope à fôn autorité. 
Jl faut tout dire enfin ; c'eft parmi le carnage 
Que dans une heure au moins je vo^us ouvre un paffage; 

Tu redoubles mes maux , ma honte , mon éfroî ^ 
Et l'éternelle horreur que je relTens pour moi* 
Thiefle , garde toi d'ofer rien entreprendre 
Avant qu'il ait daigné me parler & m'entendre. 

T H I E S T E. 
Lui vous parler ! . . . Mais vous , dans ce mortel ennm , 

Qu'avez -vous rcfblu? 

iE R O P £• 

De n'être point à lui. • • • 



ACTE qU AT'hîtM %. 4| 

Va « cruel , à t'aimer le ciel m'a condamnée. 

T H I E S T E. 

Je VOIS donc luire enfin ma plus belle journée. 
Ce mot à tous mes voeux en tout tems refufc . 
Pour la première fois vous l'avez prononcé , 
Et l'on oCe exiger que Thiefte vous cède ! 
Vaincu je (àis mourir,* vainqueur je vous po^ède* 
Je n'ai point d'autre choix ; on m'attend , & je cours 
Préparer ma viâoir.e ou termiiier me$ y>\its* 



A 



SCENE II. 

iE R O P E, M É G A RE. 

I 

M É G A H E, 



H Madame » le fàng va-t-îl couler encore t 

iE R O P E. 

J'attends mon Cirt ici , Mégare , & je l'îgnorc# 

M é G A R E. 

Quel apareil terrible & quelle trîfle paix ! 
On borde de (bldats le temple & le palais ? 
J'ai vu le fier Atrée : il fèmble qu'il médite 
Quelque profond deflêin qui le trouble & l'agite; 

iE R O P E. 

Je dois m'atténdre à tout (ans me plaindre de lui* 
Mégare , contre moi tout confpire aujourd'hui. 
Ce temple efl un azile & }« m'y réfugie , 
J'attendris fur mes maux le cceurd'Hippodamie ; 






44 *ï E S PÉLOPIDES^ 

J'y trouve une pitié qile les cœurs vertueux 

Ont pour les criminels quand ils font malheureux i 

Que tant d'autres hélas ! n'auraient pojnt éprouvée. 

Aux autels de nos dieux je me crois réfervée; 

Thiefle m'y pourfuit quand je veux m'y cachet ; 

Un époux menaçant vient encor ip'y chercher ; 

Soit qu'un refte d'amour vers moi le détermine ^ 

Soit que de (bn rival méditant la ruine , 

Il exerce avec lui l'art de dlifimuler. 

A (on trône, à fbn lit il olè m*apeller. 

Dans quel état , grands dieux ! quand le (brt qui m'oprîmç 

Peut remettre en fès mains lé gage de mon crime , 

Quand il peut tous les deux nous punir (ans retour , 

Moi d'être une infidèle , & mon fils d'être au jour! 

M É G A R E. 

Puisqu'il veut vous parler , croyez <Mie (a colère 
S'apai(e enfin pour vous & n'en veut qu'à fbn frcreV 
Vous êtes |a conquête. • • . il a fu l'obtenir. 

iï R O P E* 

C'en eft fait , fous fês loix je ne |^is revenir. 

I«a gloire de tous trois doh eneor m'ètre chère i 

Je ne lui rendrai point une époulê adultère , 

Je ne trahirai ppirit deux frèrc^ à la fois.. 

Je me donnais aux dieux , c'était mon dernier choix ; 

Ces dieux n'ont point reçu l'ofrande partagée 

D'une ame faible & tendre én^fes erreurs plongée. 

Je n'ai plus de refuge , îl faut flibir mon fort , 

Je fîiis entre la honte & le coup de la mort ; 

^on cœur efl à Thiefte ; & cet enfant lui même > . 

Cet enfant qui va pèj«dre une mère qui l'aime , 

Eft le fatal lien qui m'unit malgré moi 

Au criminel ^mant qui mV r^vi iwa fçâ» 



'ACTE Ql/ATRIÉMS. 45 

Mon deftin me pourfùit , il me ramène encof 
Entre deux w^emis dont l'un me déshonore ; 
Dont l'autfe eft mon tyran , mais un tyran facré. 



s 


CE 


NE III- 


EROPE, 


POL 


,É MON , 


MÉGAR 




P O L i M O N. 





Jr RtNCïSf E , en ce parvis votre époux Qfi Wtréj^ 
U s'apaife , il s'occupe avec Hippodamie 
De cette heureufe paix qui vous -réconcilie* 
Elle m'envoie à vous. Nous connaiflbns tous deux 
Les tranfports violents de Ton cœur foupçonneux. 
Quoiqu'il termine çnfin ce traité falutair^ ^ 
Il voit avec horreur un rival dans fon frère. 
Perfuadez Thiefte ; engagez-le à l'inflant 
À chercher dans Micène un trône qui l'attend ; 
A ne point dilerer par fa trifte préfence 
Votre réunion que ce traité commence. 
Vous me voiez chargé des intérêts d'Argos, ^ 
De la gloire d'Atrée & de votre repos. 
Tandis qu'Hippodamie avec çerféverance 
Adoucit de fon fils la fombre violence > 
Que Thiefte abandonne un féjour dangereux s 
Il deviendrait bientôt fatal à tous les deux. 
Vous devez. Cuv ce prince avoir quelque puIfTance \ 
Le falut de vos jours dépend de fon abfence. 

jÏ R O P E. 

L'Intérêt de ma vie eft peu cher à mes yeux. 

fçut-être il en eîl un plus grande plu? précieux 



• • « • 



^(S ZES P É L O P ID es; 

Allez, digne (butîen de nos triiles contrées. 
Que ma feule infortune au meurtre avait livrées; 
Je voudrais (èconder vos augufies deflèins ; 
J admire vos vertus ; je cède à mes deûins. 
Puiflàî-je mériter la pitié courageufe 
Que garde encor pour moi cette ame généreufe ! 
La reine a ju(qu*ici confblé mon malheur. . • • 
Elle n*en connaît pas Thorrible profondeur, 

P O L É M O N. 

Je retourne auprès d'elle ; & pour grâce dernière i 
Je vous conjure encor d'écouter (à prière. 



SCENE IV. 

iEROPEf MÉGARE. 

M é G A R E. 



V. 



O u S le voyez , Atrée eft terrible & jaloux ; 
Ne vous expofez point à fbn jufle couroux. 

-^ R O P E. 

Que prétends-tu de moi ? Tu connais (on injure ; 
Je ne puis à ma faute ajouter le parjure. 
Tout le couroux d'Atrée armé de (on pouvoir , 
L'amour même en un mot ( s'il pouvait en avoir ) 
N'obtiendront point de moi que je trompe mon maître^ 
Le fort en eft jette. 

M É G A R E. 

PrinceiTe , il va paraître* 
Vous n'avez qu'un moment» 



ACTE QUATkit M^. 47 

^ R O P E. 

Ce mot me fait trembler; 

M É G A R Ê. 

L'abîme efi (bus vos pas. 

iE R O P E. 

N'importe , il faut parler, 

M É G A R E. 
Le voici. 



SCENE V. 

iCROPE, MÉGARE, ATRÉE, GARDES. 

A T R É E ( après avoir fait Jîgnt âfes Gardes , 
Gr i Mégare défi retirer.) 

«I E la vois interdite , éperdue , 
D'un époux qu'elle craint elle éloigne ùl vue. 

iE R C P E, 
La lumière à mes yeux fèmble Ce dérober. • « ; 
Seigneur , votre viâime à vos pieds vient tomber; 
Levez le fer , frapez. Une plainte ofenfànte 
Ne s'échapera point de ma bouche expirante* 
Je fais trop que fiir moi vous avez tous les droits , 

Ceux d'un époux , d'un maître , & des plus (àinces loix« 
Je les ai tous trahis. Et quoique votre frère 
Oprimât de (es feux l'elclave involontaire , 
Quoique la violence ait ordonné mon fort , 
L'objet de tant d'aftonts a mérité la mort. . 

Éteignez (bus vos pieds ce flambeau de la haine ^ 
Dont la flambe embra(alt TArgolide i& Miccnet 



4S t E S PÉLOPIDÈS, 

Et puiflènt {bus ma cendre , après tant de fureurs i 
Deux frères réunis oublier leurs malheurs ! 

A T R É E. 
' Levez-vous : je rougis de vous revoir encore j 
Je A-émis de parler à qui me déshonore. 
Entre mon frère & moi vous n'avez point d'époux ; 
Qu'attendez-vous d'Atrée & que méritez-voUs î 

iîl R O P E. 

Je ne veux rien pour moi. 

A T R Ê £. 

Si ma jufle vengeance 

De Thiefle & de vous eût égalé Tofenfè , 

Les pervers auraient vu comme je fais punir , 

J'aurais épouvanté les fîècles à venir. 

}/lais quelque fentiment, quelque Coin qui meprefTe^ 

Vous pouriez défârmer cette main vengerefle ; 

Vous pouriez des replis de mon cœur ulcéré 

Écarter lei ferpens dont il ell dévoré. 

Dans ce coeur malheureux obtenir votre gracft > 
Y retrouver encor votre première place , 
Et me vengôr d'un frère en revenant à môî. 
Pouvez-vous , ofez-Vous me rendre Votre foi l 
Voici le temple même où vous fûtes ravie » 
L'autel qui fut (buillé de tant de pefidie , 
Où le flambeau d'hymen fut par vous allumé f 
Où ttos mains fe joignaient. ... où je crus être aimé; 
Du moins vous étiez prête à former les prome(&s 
Qui nous garantiiTaient les plus fàintes tendreflès* 
Jurez-y maintenant d'expier Ces forfaits » 
Et de haïr Thiefte autant que le hais. 
Si vous metèfulez vous êtes Cz complice; 
A tous deux ^ en un mot ,' venez rendre jullice; 



Je 



Je pardonne à ce prix ; répondez-moi. 

iE R O P E. 

Seigneur,' 
C'eft vpus qui me forcez à vous ouvrir mon coeur. 
La mort que j^attendais était bien moins cruelle 
Que le fatal (êcret qu'il faut que je révèle. 
Je n'examine point fi les dieux ofenfés 
Scélèrent mes (ermens à peine commencés. 
J'étais à vous , (ans doute , & mon père Eurîfiée 
m'entraina vers l'autel ou je fus préfentée. 
Sans feinte & fiins defleins fbumifé i fbn pouvoir ,* 
Je me livrais entière aux loix die mon devoir, ' 
Votre frère enivré de fa fi^reur )aloii(ê , 
A vous, à ma famille arracha votre époufe. 
Et bientôt Euriftée en terminant fe jours. 
Aux mains qui me gardaient meJaldà Cms (êcours. 
Je refiai fans ^reiis. . Je vis que votre ^oire 
I)e votre (buvenk banniflait ma n^émoire ^ 
Que disputant un, trône, 3c promt à vous armer,' 
Vous haiiCex uH frère » Se ne pouviez. m'aimer* .,. • 

Athée» 

Je ne le devais pas* • • • je vous aimai peut-être. 
Mais* . . . Achevez £rope , abjurez-vous un traître ? 
Aux pieds des inunçrtels remi(e entre mes bras , 
M'aportez-v#u$ un coeur qu'il ne mérite pas ? 

Je ne (aurais froitfpèr , je ne dois plus me taire. 
Mon deftin pçur jamais tftfe iivre i votre frère. 
Thîefle eft mon époux. 

^ A* Ré 2. 

' Lui^ 



$o LES P t LO PI Z> E Si 

. -S R O P £• 

Les dieux ennemis 
EremUênt ma iàute en me donnant un fils. 
Vous allez vous -venger de cette criminelle : 
Mais que le châtiment ne tombe que (ùr elle* 
Que ce fils Innocent ne (bit point condamné. 
Con<^û dans les for&its ," malheureux d'etiçe ne , 
XéTL mort entoure encor (on enfance première ; 
Il n'a vu que le criipe en ouvrant la paupière» 
Mais il ed après tout le (àng de vos ayeux ; 

Il e({ ainfî que vo^s de la race des dieux : 
Seigneur , avec ïbn père on vous réconcilie ; 
De mon fils au berceau n'attaquez point la rie* 
Il (ùfit de la mète à votre inimitiç. 
J'ai demandé la mort , & non votre pitié* 

A T R É E. 

Kaflùrez-vous, « . • le doute était mon (êul fûpjice. . ; ; 

Je crains peu qu^on m'éciaire* • • . & je me rends )u(Hce. • • ; 

Mon frère en tout l'emporte. ... il nnf*enlève aujourd'hui 

Et la moitié d'un trôné & vous méipe avec lui, . • • 

De Micène & d'i£rope i^ eft enfin le jnaitre. 

Dans (à pofiérité je le verrai renaître. • • • 

Il faut4)ien me (bumettre à la fatalité*. 

Qui confirme ma peste & (à félicité. 

Je ne puis m'opofer an noeud qui vous enchaine. 

Je ne puis lui ravir ^ope ni Micène.' 

Aux ordres du dedin je* fais me conformer. 

IVIon cœur n'-était pas fiiit pour la honte d'iiÛMr» 

Ne vous figurez pas qu'une vaine tendreflè > 

Deux fois pour une femme ensanglante la Grèce ; 

Je reconnais (bn fils pour (on feul héritier. 

Satisfait de vous perdre & de vous oublier ; 



ACTE QUATRIÈME. ft 

Je v;cux à mon rival vous rendre ici njoi-méme. • ,u« 
Vous tremblez. 

iÉ R O P E. 

Ah ! fèîgneur, ce changement çxtrême,; 
Ce paflàge inouï du-couroux aux borner^ 
Ont (aifi mes eQ^jits que vous épouvantez. 

A T R É E. 

Ne vou&allarmez. point ; le ciel parle , & je ccdev 

Que pourais-je opo(er à des maux ans remède ï 

Après tout, c'ell mon frète. .... & (on front couronné^^ 

A la fille des rois peut être defliné. • . • 

Vous auriez dû {^utôt- m'aprendre^ vlâoire < 

Et de vous pardonner me préparer la gloire. • . • 

Cet enfant dé Thiefle efl fans doute en ces lieux î 

iE R O P E| 
Mon fils. • • • ell loin de moi. • . . (bus la garde des dieux; 

A T R é E. 
Quelque lieu qui Tenferme il (êra (bus la mienne. 

^ R O P E. 
Sa mère doit^ (êigneur^ le conduire à Mtcène. 

A T R é E. 

A (es parens , à vous , les chemins (ont ouverts i 
Je ne regrette rien de tout ce que je perds ; 
La paix avec mon frère en eil plus aflûrée» 
AU^z. • • . 

^ R o P E (en poï^f.) 

Dieux ! s'il eft vraîi • /. mais dois- Je croire Atrée? 





iv LSS P ÈLOP IB M s; 



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ta 



% 



E 



SCENE V L 
A T R É E (jî«/.) 



N^ I N , de leurs complots j'ai connu la noirceur; 

La perfide , elle aimait (bn lâche raviflèur. 

Elle me &it, m'abhprre , die efi toute à TUeâe ; 

Du fàint npm de Thymen ils ont voilé Tincefte ; 

Ils îpuiflènt eu paix du fik qpi leirr eft né ; 

Le vil enfant du crin)^ aU trône %& deâiné. 

Tu ne goiitecas pas, rate iinpure & çoupab^^ 

Le fruit desw attentats dont Toprobre m'accable^ 

Par quel enchantement ^ p^ quel pre^gei afreux , 

Tous les cœurs contre mo| Te déclaraient pour eux! 

Polémon réprouvait Texccs de ma colère ; 

Une pitié crédule avait féduit ma mère ; 

On flatait leurs amours., on plaignait leur douleurs | 

On était attendri de leurs perfide^ pleius) 
Tout Argos favorable à leurs lâches tendreflei ,' 
Pardonne à des forfaits qu^il apelfe faibleflcs. 
Et je (bis h vlâîme k h. fable à h fois. 
D'un peuple qui méprifè , 8f. les mœurs & les loî^c» 
Je vous fer^i frémir Grèce légère & vaine 9 
Déteflable Thie/le , Infolenjte l\/(icène« * 

Soleil qui vois ce cnn^ & tottte ma fureur , 
Tu ne verras bientôt ces lieux qu'avec horreur, 
Ceflèz, filles du Stt^ ^ ceflS^z tsoupe infernale , 
D'éppuvanter les yeux de mon ayeul Tantale. 
Sur Thiefle & (ur moi venez vous acharner. 
Paraiflèz, dieux vengeurs > ji^ vais vous étonner. 



jiCTE qtrATRIÈMlL »j 






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I 



SCENE V J h 
ATRÉE, POLÉaiON^ IDA S. 



D A s , exécutez ce que je vais pre(crîre. 
Polémon , c'en eft feit, tout ce que je puis cKre,' 
C'efl que j'aurai l'orgueil d^ ne plus difputM , 
Un cœur dont la Conquête a dû peu me flater. 
JjÊ. pa!x efl préférable à l'amour d'une femme , 
Aln/i qu'à mes états je la rends à mon ame. 
Vous pouvez à mon frère annoncer mes bienfaits* « • » 
Si vous les aprouvez , mes vœux (ont fatisfaits. 

P O L é IVÏ O N. 

Puifle un pareil deffêîn , que je conçois à peine ,' • ^^ 
N*ctre point en efet înfpiré par la haine ! 

A T R Ê E {en fortanu ) 

Craignez^vous pour mon frère ? 

P O L é M ON. 

Oui , je crains pour tous deux; 
Seconde-moi , nature, éveiUe-toî dans eux ! 
Que de tpn feu (âcré quelque faible étincelle. 
Rallume dt ta cendre une. flamme, nouvelle» 
Du bonheur «b rétat (ki% l'augtifle lien ; 
Nature , tu peux tout, les cônTeik ne font rien« 

Fin du quattièms aSe. 



^ 



\ 



L 



54 



ZES P ELO P I D E S; 






^■■•tiftBiiiati 



ACTE CINQUIÈME. 



J 



SCENE PREMIERE. 
ROPE, THIESTE, MÉGARE. 
Thie&te (âJErope^) 



E ne puis vous blâmer de cet aveu fîncère i 
Injurieux , texribk , & pourtant nécelTalre, 
Il a réduit Atréc à ne plus réclamer 
Un hymen que le ciel ne fàurait confîrpier. 

iE R O P E. 
Ah ! j'aurais dû plutôt expirer & me taire. 

T H I E S T E, 
Quoi ! je vous vois (ans celle à vous-méiàe contraire l 

-ΠR O P E. 

Se frémis d*avoir dit la dure vérité» 

Th IESTE. 
Il doit fêntir au moins quelle dtalité , 
Difpbfê en tous les tems du (àng des Pélopides» 
II voit qu'après un an de troubles , d'homicide»» 
Apres tant d'atentats , trifie ffuit des amours » 
Un étemel oubli doit terminer leurs cours» 
Nous ne pouvons, enfin retourner en arrière ; 
II ne peut renverfer rétemelle barrière 
Que notre hymen élève entrç^ nous deux & lut. 
Mes defiins ont vaincu , je triomphe aujourd'hui» 



ACTE CINQUIEME. si 

- jE R O P E. ) 

Quel triomphe, Etes-vous hors de (à dépendance ? 

Votre frère avec vous eil-îl d*intelligence? 

Atrée en me parlant s 'eft^il bi«n expliqué ? ' 

Dans Ces regards afreux n'aî-je pas reniarquè 

L'égarement du trouble & de l'inquiétude t ^ 

Polcmon de Con ame a long*tems fait l'étude » 

Il femble être peu fiir de (à fincérité. ' 

Thieste. 

N'importe il faut qu'il cède à la néceflîtc. 

C'était le feul moyen (du moins )'o(ê le croire) 

Qui de nous trois enfin pût réparer la gloire. 

Mko? E. 
Il efi maître en ces lieux , nous (bmmes dans (è« mains* 

Thieste. 

Les dieux noft |>roteâeurs y font fèuls (buverains* 

JEkovie. 

Eti ! qui nous répondra que ces dieux nous protègent? 
Peut-être en ce moment les périls nous afliègeht. 

Thieste. 

Quels périls ? entre nous le peuple efi partagé , 
Et même autour du temple il eft déjà rangé. 
Mes amis raffemblcs , arrivent de Micène y 
Ils viennent adorer ôc défendre leur reine; 
Mais il n'éft pas befoin de ce nouveau fecoufs : 
Le ciel avec la paix veille ici fur vos jours ; 
La reine > Polémon', dans ce temple tranquile . 
Impofetit le rcfpeâ qu'on doit à cet azile. 

^ ^ROPE, 

Vous mêrte en m'cnlévant l'avez-vous refpeâé ? 

T H I E S T fi. 
Ah ! ne corrompez point tant de félicité. 
Pour la pnsinicre &i& la douceur en cû pprct 



^6 XE S PELOPIDE S^ 

m 



SCENE IL 

HIPPODAMIE, iEROPE, THIËSTE, 
PO LÉ MON, MÉGARE. 



E 



HiPPODAMIE. 



N F I N donc déformais tout çcde à la nature* 
BannifTez, Pélgmon, ces loupions recherchés , 
A vos conlèHs prudents quelquefois reprochés* 
Vous venez avec moi d'entendre les promeflès , 
Dont mon fils ranimait ma joie & mes tendrefTès* 
Pourquoi tromperait-il par tant de fauïïètc 
L'efpoir qu'il fait renaître au fein qui l'a porté ? 
Il cède à vos conlêils , il pardonne à (bft £rère | 
Il aprouve un hymen dçyenu nécéffaire ; 
]1 y, côn^èm du moins : la première des Iblx » 
L'intérêt de l'état lui parle à hnute voix* 
Il n'écoute plus qu'elle ; 6c s'il .vojt avec peine 
Dans ce fatj cniam l'hérîtier de Micène , 
Confblé par le tp6ne où JeS dieux l'om place p \ 
A la publique paix lui-même iotérefie, , 
Lié par fès (ermens , oubliant Con injure , 
Docile à vos le^i^s, mon fils n'eA point parjure*, 

P O L É Itt^O N. 

Reine ,')e ne ftuK point y dans mes foins défi^^its^ 
Jetterfiir fès defieins des yeux ttop |>rév^ian6s* : 
Mon cœur vous eft connu , vovis ùy^z s'il fouhaite 
Que cette heureu(è paix ne Coït point imparfaite*, 

HiPPODAMIE. 

La coupe de Tantale en eft Théiiteux garant* 
Nous l'attendons ici ; c'isft 6^ hkh> qu'il la prends 



.1 



Et 



Kt c^il même en ces lieux ^u'ii doit av^c foA frète 
Prononcer après moi ce l^rmeht néceflàire. 

( â jErope Gr à Thiejie. ) 

Ceft trop ce défier : goutéz entre mes bras. 

Un bonheur, mes enfans, que nous n'attendions pas* 

Vous êtes arrivés par une route afreuiè 

Au but que Vous marquait cette fin trop heuteufè» 

Sans outrager Thymen vous me donnez un fils , 

Il a fait nos malheurs , mais il les a finis ^ 

Et )e peux à la fin , fans rougir de ma joie ^ 

Remercier le ciel de ce don qu'il m'envoie* 

Si vos terreurs encor vous laiflèm des (oupçotts 5. ' 

Confiez-moi ce fils , ^rope ^ & j'en répoAds. 

T ;h I E S T E. 
.Eh tien , s'il eft ainfi , Thiefte & voire fille 
Vont remettre en vos mains l'efpoir de leur famille» 
Vous ma mère > & les dieux , vous ferez fbn apui , 
Ju(qu*à l'heureux momerit où je pars avec lui% 

JE K O V E. 

Ce mes triâes frayeurs à la fin délivrée , 

Je me confie en tout à la mère d'Âtrée* 
Coure > Mégare, 

M Ê G A R Ë» 
Ah princeil^, à quoi mVbligez-vousl 

iE R O P E. 
Va , dis-je , ne crains rien. • • • flir vos fâcrés genoux 
£m préfènce des dieux je met^'ai fâi^s allarmes , 
Ce dépôt pfécieux arrofé de mes larmes* 

T H I E S T E. 
C'efl vous qui l'adoptez & qui m'en répondez» 

H I P P O B A M I £. 

N'en doutez pas. 

P O L Ê M O K. 
Voyez ce que toui hazardei/ 

H 



58 LES PiLOPIDESi 

Je veillerai fur lui. 

>• ^^'Ç^ ûprotedrice: 

Ma mère , ^'il eft né fous un cruel au(pice 
Corrigez deipn Icrt le ^iftre aïcendant. 

HiPPODAMIE. 

On m'otera lé jouf avant ^ue cet enfant. . . • 
Vous (avez , belle iErope en cous les tems C\ chère , 
Si le ciel m'a doilné dès entrailles de mère. 



.^ ■_. A à. M_^ ^ ■ — ._• ■ * *j __'•*_ _ _ . 



^^L^^t^M^Êi^^^m II m > rt 



SCENE I IL 

HIPPOD AMIE, iEROPE, THIESTE, 
-.IXlA.S., .POLÉMO N, 



^ 1 D A S. 



R 



îiNES , -on vous atierfd^Afrée efl à l'i^uteU 

' JË\K OPE. ^ 

Atrée ?. 

I D A S. 



/: i 



, . Il,deit lui-m^me , en ce ipur ftlemnel , 
Commencer Tous vos yeu» qe^ Jif-ureux (acrifices , 
Immoler }afVi«âii?*f ^ e^ »frii; les prémices ^ - r , ' 

Les goûter avec vous , tandis quedans ces lieux , 
Pour confirmer la paiKJu^ée^au nom des 4i^ux , 
Je dois faire aporter la coupe jle Ces pères ^ 
jCe gage augufte & ïâint ie vos fermens fîncère^. . 
C'eft à Thieile , à vou»^ dp^eair conùnencer 
La fcte qu'il ordonne'&<ni'ii;feit annoncer. 



. Th I es te. 

Maïs il pouvait liiî-même ici nous en inflruire , 
Venir prendre fà mère , à l'autel nous conAilre. 
Il le devait. 

I D A S.. - 

Au temple un devoir plus ptefïe^ , 
De ces devoirs communs, fêlgneur, ra.dirpenfé» 
Vous favez que les dieux font aux rois plus pïQpices y 
Quand de leurs propres mains ik font les (acrifites.. 
Les rois des Argiens de ce droit font Jaloux. 

T H I E S T E. 
Allons donc chère ^rope. . • . à coté d*un époux . , 
Suivez (ans vous troubkr une mère adorée. * 
Je ne puis craindre ici l'inimitié d'Atréé 'y 
Engagé trop avant , il ne peut 'reéuîer% 

iE'R OPE. 
Pardonne , cher époux , C\ tu. me vois ^tr emblèi».; 

H I P P CV D A W I E. *^ 

Venez , ne tardons plus. ... Le (ang des Pélopîdes 
Dans ce jour fortuné n'aura ppint^de perfides. 



— > I 



SCENE I V. ... . ■--■ 
P O L É M O ^ , T D A S, 

I D A. S,. • r.\ "< 

V-, • . : . . . 
o ij s ne le (iiivez ,p^s ? ; 

Po'lèmo.n. . . 

Non , je refle eii ce» lieux ; 

Et ces libations qu'on y va faire auxdièux , ' ' 

Ces aprêts , ces (erments me tîeriAcnt en contrainte : 
Je vois trop de foldats emouTef tdtte'èhcëihfe*: "^ 

H* 



> 



é^ tESi PÈLOPÏDJ^S; 

Vous devez y Yeiller : je doit compic au fënat 
Des Alites de la|>àix qviUl donne à cet état^ 
Aj^ez fi)in d'empêcher que tous ces ûtellites 
Pe nos parvis fâcrés ne paflent les limites. 
Que font-ils en ces lieux ? ... & vous , répondez-moî,' 
Vous aimez la vertu , même en flataht le roî , 
Vous ne voudriez pas de la moindre injuftice , 
Fût-ce pour le feryiir , vous rendre le complice ? 

I D A S. 
C*efi m^outràgér ) feigneur,^'qvie mêle demander» 

; P O ^ É M O N^ 
Mais il règne, on Toutrage : il peut vous commander^ 
Ces àâes de rigueur ^ ces éfets de vengeance , 
Qui ne trouvent (pvivent que trop d'obéilEiàce» 

I P A S. 
11 n'o&rait } ftchez ^ s'il a de tels defféins 
Qu'il ne les confiera qu'aux plus vils des humains^^ 
O/ez-vau!^ accufer le roi, d'être parjure ? 

P a t É M a N. 

Il a diilUnulé l'excèsi de (bn injure;- 
il garde un froid filence : & depuis qu'il efî roî , 
Ce cœur que j'ai formé s\e(l éloigné de moi. 
La veiiges\;ice çn tput tems a l9uilji,é m^ patrie ^ 
La race djC Pélops tient de la barbarie. ■ 
Jamais prince en cfet ne fui ph« outragé. 
Ne Yous a-t-il p?is dît qu'on le verrait vengé ( 

I D A S^ 
Ouï; mais depuis, ftîgneqr, dans (on ame ulcérée,^ 
Aînfi que parmi nous , j'ai vu la paix rentrée. 
A ce ji;flç couroux dont il fut pofTédé , 
\^x degrés à tsi&i j'f u:ç le ca^ç 9 ftiççé^é;^ 



ACTE CINQU lÈME. 

n e(l devant les dieux ; déjà ée% ûcrifices 
Dans ce moment heureux on goute les prémicM. 
Sur la CQMpe (àcrée on va jurer la paix 
Que vos (bins ont donnée à nos ardensi fôuhalts* 

P O L K M O N. 

Achevons notre ouvrage ; entrons, la porte s'oowe ,' 
De ce Éiint apareil la pompe fe découvre (*)• 
JLa reine avec iErope avance en ce parvis» ' 

Au nom de nps deu^ rois à la fin réunis , 
On aporte en ces lieux la coupe de Tantale ; 
Puiffe-t-eUe. à Ces fils n^étrç jamais fatale* 



^r 



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SCENE V. 

Tous les perlônnages préccdens , ATRÉE dansle foad.' 



J, 



P O L É M O N^ 



E vois venir Atrce , & voici les moiftcns 
Où vous allez tous trois prononcer les fèrmens. 

(^ Atrie fe place derrière V autel.) 

H I p p o D A M I E. 

Vous les écouterez • dieux (buverains du monde. 
Dieux ! auteurs de ma race en malheurs fi fiêconde , 
Vous les voulez finir, & la religion 
Forme enfin les faints ncettds de la réunion , 
Qui rend, aprè^.dcs jours dç,Éing & de o^sère,' 
J-es peuples à leur» rois , les enfans à leur mèçe« 



mm. 



(*) Ici on aporte C autel avec la coupe. La reine ^ JErope^ 
& Tliicftep mettent à un des coté^r VoUmon & Idas en*Û 
.fylukintje placent de l'autr^^ 



r' 



6x .LES P È LO P I D E S y 

Si du trône des cieux vous ne dédaignez pasr 
D'honorer d'un coup^^œil les rois & les états ,^ 
Prodiguez vos faveurs à la vertu du juftè. 
Si le crime efl ici , que cette coupe» auguHe 
En lave la fouiilpre » 8l demeure à jamais 
Un mpnument ûcré de vos nouveaux bienfaits* 

A V Atrée. 
Aprochez-vous , mon fUs. D'oi'i naît cette contrainte ;, 
Et quelle horreur nouvelle en vos regards, eil peinte î 

Atrée. 

Peut-étne un peu de trouble a peu renaître en moi ^ 
F!n voyant que mon frcce a (bup^Dnné ma foi* 
Des fbldats de Micène il a mandé l'élite. 

T H I E S T E. 

Je veux que mes fiijets (è rangent à ma fiiite ^ 
Je les veux pour témoins de mes fèrmens (acres * 
Je les veux pour vengeurs fi vous vous parjurez. 

H I P P O D A M I E. 

Ah? bannirez, mes fils, ces fbupçons téméraires^ 
Honteux entre des rois , cruels entre des frères. 
Tout doit être oublié -, la plainte aigrit les cœurs. 
Rien ne doit de ce jour altérer les douceurs; 
Dans nos embraflemens qu^enfin tout fe répare^ 

A Poléman. 
Donnez-moi cette coupe, 

M É G A R E accourant. 

Arrêtez ! 
iîl R O P E. 

(Ah ! Mégare,. 
Tu reviens (ans mon fils ! 



ACTE ClNÇaiÈM E. ^3 

/ M É G A R E ye plaçant près à^JEropz. 

, De farouchds (ôldats 
Ont (àiii cet enfant dans mes débiles bras« 

iî! R O P E. 

Quoi , môri fils malheureux ! 

Mégare. 

Interdite & tcemblante , 

Les dieux <|ue j^tteftais m'ont laiffée expirante. 
Craignes tout. • • 

T H I E S T E. 

Ah mon frère , eft-ce ain/î que ta foi 

Se conferve à nos dieux , à tes (ermens , à moi ? . . . 

Ta main tremble en touchant à la coupe (acrée ! , • • 

A T K É E. 

Tremble «ftcor plus perfide ^ & reconnais Atrée. 

^ R O P E. 

Dieux , quels maux je reflens ! 6 ma mère ! ô nion fils ! • •; 
Je meurs ! . ' 

( Eliz tombe dans les bras d^Hippoiamic^ 
. ^ de Thiejle. ) 

P O L,Éjtf O K. 

'■il 

Afreux foupçons , vous êtes éçlaircis, 

A T R E E. -. „ : 

Tu meurs ^ indigne iErope , & tu mourras ThieAè. 
Ton déteftable fils eft celui de l'inceflé , 

/ 

Et ce va(e contient le fang du malheureux , 
J'ai voulu de ce fàng vous abreuver tous deux. 

( La nuit Je répand fur lafiènçy Çx on mtmd 

le tonnerre. ) 

Atrée tire fin épée» 
Ce poifbn m^ reirgé ^ glaire achevé. • » • 



,1 ' 






^ LES PÈLO PI 3ÈSy 

T JI I E s T E. 

Ah , barbare ! 
Tu mourras avant moi, • • . la foudre nous fêpàre. • . . 

( Lt$ deux frères veulent courir Vun fur Vautre le 
poignard à la maim PoISmon & Idas Us dé^ 
forment. ) 

A T R É E. 

, X f '^ « ' 

Crains la foudre & mon bras , tombe perfide 8c meurs I 

HltPÔbAMiE. 

• 

Monihrès , fiir votte mère êpuKêz vos fureurs. 
Mon fèin vous a portés ^ je fuis la plus coupable* 

( Elle efnbrajfe ^rope ù'Je laijfe tomber auprès d*elU 
far une banquette. Les éclairs Qr le tonnerre re- 
doublent.) 

T H I E s T E, 

Je ne i^is t*arracher ta vie abominable ^ 
Va 5 je finis la mienne. 

^ {Il Je tue.) 

A t R É E. 

Attend y rival cruel. • . ; 
Le jour fUît, Tenferm^ouvre un fépulcre éternel i~ 
Je porterai la liaine au fond de ces abîmes , 
Nous y difputerons de^ malheurs & de crimes* 
hé réjour des forfaits , le fé jouf des tourmens , 
O Tantale ! 6 mon père ! ell feit pour tes enfois. 
Je fiih cligne de toi , hi dois me reconnaître : 
Et mes derniers neveux m'égaleront peut-être. 

Fin du cinquième &* dermer aSe, 



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APPROBATION. 

J^A 1 lu , pâf ordre de Monfeigneur le Ghânce^ 
lier, les Pélopides^ on Atrét Cr ThieJIe j Tragédie 
de M. de Voltaire ; Se je n'y ai rien trouvé quî 
ne m'ait paru devoir en fevorifer rimprefîion. 
A JParis^ ce 7 Février 1772. 



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