COLLECTION
D'OUVRAGES ORIENTAUX
PUBLIEE
PAR LA SOCIÉTÉ ASIATIQUE.
SE VEND A PARTS
CHEZ BENJAMIN DUPRAT, LIBRAIRE,
RUK DU CI.OÎTRE-SA1NT-BENOÎT, n" 7 ;
A LONDRES
CHEZ WILLIAMS AND NORGATE.
l4, HENniETTA STREET ( COVF.NT-GABDEN ).
PRIX: 7 fr. 50 c.
SOCIÉTÉ ASIATIQUE.
MACOUDI.
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LES PRAIRIES D'OR.
TEXTE ET TRADUCTION
PAU
C. BARBIER DE MEYNARD ET PAVET DE COURTEILLE.
TOME PREMIER
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PARIS.
IMPRIMÉ PAH ArTORISATIO> Dli LIÎMFKHUMB
A L'IMPRIMERIE IMPÉRIALE.
M DCCC LX.1.
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AVANT-PROPOS DES EDITEURS.
En présentant au public le premier volume dos Prai-
ries d'or de Macoudi, nous ne pouvons passer sous si-
lence les circonstances qui en ont retardé la publication.
Dans le courant de 1862, tandis que les éditeurs d'Ibn
Batoutab inauguraient, avec un zèle si promptement cou-
ronné par le succès, l'importante collection d'auteurs
orientaux dont l'initiative appartient à la Société asiatique
de Paris, M. Derenbourg, chargé de l'édition des Prai-
ries d'or, se mettait immédiatement à l'œuvre; et, dès
l'année suivante, un tiers du tome I" était sous presse.
M. Derenbourg, consacrant à ce travail tout le temps
que lui laissait la rédaction du catalogue des manuscrits
hébreux à la Bibliothèque impériale, avait déjà copié la
moitié de l'ouvrage et relevé les variantes sur plusieurs
manuscrits, lorsque des devoirs impérieux le mirent
dans l'obligation de renoncer à une entreprise pour
laquelle il était si bien préparé. En continuant la tâche
de notre prédécesseur, nous sommes heureux de pou-
voir le remercier ici des utiles matériaux qu'il nous a
transmis , et du concours qu'il a bien voulu nous pro-
mettre pendant la durée de notre publication. Cepen-
II AVANT-PROPOS.
dant les remaniements inévitables qu'entraîne un chan-
gement d'auteur ont ralenti notre marche pendant ces
deux dernières années. Désireux de ne pas accroître les
dépenses de la Société, nous avons dû placer une tra-
duction nouvelle en regard de toute la partie du texte
qui était déjà clichée, nous créant par là des entraves
dont nous avons eu quelquefois beaucoup de peine à
nous affranchir. Si plusieurs passages de notre traduc-
tion ont une allure contrainte, si l'expression arabe n'est
pas rendue partout avec toute la fidélité ou la précision
désirables , nous prions le lecteur de tenir compte de ces
difficultés, contre lesquelles, heureusement, nous n'au-
rons plus à lutter.
Nous réservons pour le dernier volume, consacré à
l'index développé de tout l'ouvrage, les détails qu'on s'at-
tendrait à trouver ici sur la personne et les écrits de
Maçoudi. Notre but, en dérogeant à un usage généra-
lement adopté, n'est pas seulement d'éviter de nouveaux
retards-, nous voulons surtout ne rien livrer au hasard
dans l'examen d'un livre qui occupe une place si impor-
tante dans le domaine scientifique des Arabes. La vie
nomade et studieuse de Maçoudi, son génie, ses défauts
ou, pour parler avec plus d'équité, les préjugés et les
superstitions de son siècle, tant de notions, souvent
exactes, parfois aussi conl'uses ou absolument fausses,
c'est dans l'œuvre même à laquelle il a attaché son nom
qu'il faut les étudier; et, pour se renseigner sur la foule
de questions accessoires qu'entraîne un si vaste sujet,
on interrogerait vainement les biographies arabes ou
les écrivains qui ont suivi de loin les traces de leur il-
lustre devancier. Mais si la variété de ses connaissances
et les richesses inestimables qu'il dut à ses lectures ou à
AVANT-PROPOS. m
ses voyages donnent une haute valeur à son livre , l'exa-
men critique des matériaux de toute sorte qu'il mit en
œuvre nous entraînerait loin des bornes d'une préface.
Nous ne saurions nous entourer de trop de secours dans
l'étude d'une question si large et si compliquée; et, en
prenant, dès ce moment, l'engagement de soumettre au
lecteur, sous forme de mémoire, le résultat de ces re-
cherches consciencieuses, nous ne nous dissimulons pas
combien est délicate la tâche dont nous assumons la
responsabilité. Bornons-nous aujourd'hui à résumer en
quelques lignes la vie de Maroudi, le caractère général
de son livre et les matériaux qui ont été mis à notre
disposition.
Abou'l-Haçan Ali, fils d'el-Huçein,fds d'Ali, el-Maçoudi,
appartenait aune famille originaire du Hedjaz, et il devait
son surnom de Maçoudi à un de ses ancêtres, Maçoud,
contemporain de Mahomet. Il vit le jour à Bagdad
dans les dernières années du iii^ siècle de l'hégire. A
peine sorti de l'adolescence, il s'exila volontairement afin
de satisfaire son goût pour les voyages. Dès l'an .Soo
(912), il visita le Moullan et la ville de Mansourah.
Trois ans plus tard , après avoir parcouru le Fars et le
Kerman , il pénétra dans l'Inde et habita successivement
Cambaye, Saïmour (3o/i, 916 de J. C), et passa peut-
être à la même époque par l'île de Ceylan; puis il s'em-
barqua à Kanbalou, qui n'est autre que Madagascar, et
fit voile vers le pays d Oman. D'après un passage un peu
vague des Prairies d'or, on peut conjecturer qu'il navigua
dans les parages de la Malaisie et jusqu'au littoral de la
Chine; quant à la mer Caspienne et aux côtes orientales
de la mer Rouge , il n'est pas douteux qu'il ne les connût
parfaitement. Après avoir consacré ses plus belles années
IV AVANT-PROPOS.
à ces lointaines explorations, il rentra sur le territoire
musulman pour coordonner les matériaux qu elles lui
avaient procurés. Il nous apprend lui-même qu'il était
à Tibériade (Palestine) l'an 3iZi {926), et qu'ii séjourna
successivement à Antioche , sur les frontières de la Syrie
et à Bassorah, en 332 (g/iS), date signalée par la publi-
cation des Prairies d'or. Des circonstances qui nous sont
peu connues le forcèrent à quitter l'Irak, et il passa les
dix dernières années de sa vie tantôt en Syrie, tantôt
en Egypte. En 3/i/i (gSS), il était à Fostat ou vieux
Caire, et y rédigeait le dernier de ses ouvrages, celui
qu'il a surnommé le Livre de l'Avertissement ( Kitab et-
tenbih). Ce fut dans cette même ville qu'il mourut l'année
suivante à un âge peu avancé, s'il faut en croire Abou'l-
Mebasin ^ Maçoudi nous a laissé, dans la belle préface
de ses Prairies d'or, la liste de ses principaux ouvrages.
En rapprochant cette liste de certains passages du Livre
de l'Avertissement , on retrouve les titres de vingt-trois
compositions de tout genre, dont quelques-unes, comme
les Annales historiques [Akhbar ez-zeman) et le Livre
moyen [Kitab el-awsat), n'avaient pas moins de vingt à
trente volumes. En présence de cette masse énorme
de documents réunis pendant une existence si courte
et dont les voyages absorbèrent la plus grande partie ,
' Le lecteur qui voudrait des renseignements plus étendus
pourra consulter la notice publiée par Deguignes dans le tome I"
des Notices et extraits , celle de S. de Sacy dans le tome VIII du
même recueil; un mémoire d'E. Quatremère dans le Journ. usiat.
1889, t. VII, p. 5 et suiv. d'Ohsson, Des peuples du Caucase, p. 3
et suiv. M. Reinaud, Introduction à la géographie des Orientaux,
p. A4 et suiv. et l'article Masoudy , du même savant, dans la
Biographie générale de F. Didot, t. XXXIV, p. 1A7.
AVANT-PROPOS. v
on ne peut se défendre d'un sentiment d'incrédulité,
et l'on serait porté à croire, avec S. de Sacy, que plu-
sieurs de ces écrits étaient, non pas des traités spéciaux,
mais différents chapitres d'un même ouvrage. Cependant,
indépendamment de la distinction si nettement établie
par l'auteur lui-même entre ses autres ouvrages et les
Prairies d'or (voyez ci-dessous, p. 6 et suiv.), il serait
facile de retrouver, dans les beaux âges de la littérature
arabe, des exemples d'une aussi étonnante fécondité, et
de citer, à côté du nom de Maçoudi, ceux de Bokhari,
d'ibn el-Athir et de Mohammed el-Bosti. D'ailleurs, à en
juger d'après les Prairies d'or et le Livre de l'Avertisse-
ment , les seuls de ses écrits qui existent en Europe \ notre
auteur écrivait avec une extrême précipitation; son style
heurté et quelquefois incorrect, ses redites, ses contra-
dictions prouvent la rapidité et le laisser-aller de son tra-
vail. On voit que l'abondance de ses matériaux le gêne,
et qu'il ne s'est pas donné le temps de faire un choix
judicieux parmi tant de trésors. Sa vive imagination
embrasse d'un coup d'oeil mille objets divers : histoire,
géographie, étude des races et des religions, sciences et
arts, traditions et contes populaires; il a tout appris,
tout retenu, et il veut tout dire en même temps au lecteur.
Malgré un certain ordre dans la classification des ma-
tières, il ne suit pas un plan méthodique, et l'art si dé-
licat des transitions ne l'embarrasse guère; c'est ainsi que
dans le chapitre xvi du MoroaJJ (ci-dessous, p. 32 5), après
avoir promené le lecteur dans toutes les mers du globe ,
' M. de Kremer a trouvé , en 1 8/I9 , à Alep une copie ancienne
qui, selon Rédiger, renferme le premier volume de YA/thbur ez-
zeman. (Voyez \e. Tournai do la Société asiatique allemande, toine V,
p. A29.)
VI AVANT-PROPOS.
lui avoir fait traverser ïes steppes du Thibet et du Kho-
raçan, il le ramène brusquement en Espagne, puis dans
i'Inde, etclôt cette course vagabonde par une incroyable
digression sur la médecine indienne , dont la naïveté met
le traducteur au supplice et ne dispose pas le lecteur
à l'indulgence.
Hàtons-nous de dire que, pour apprécier sainement
la valeur des Prairies d'or, il faut tenir compte de la
place que Maçoudi leur avait assignée dans la série de
ses travaux. Rien n'est plus défavorable à la réputation
d'un auteur qui a beaucoup produit que d'établir un ju-
gement définitif sur l'examen partiel de son œuvre.
Le Livre de l'Avertissement, que Quatremère nomme
un peu trop poétiquement le chant du cygne, à le consi-
dérer isolément, n'est qu'un résumé froid et décharné,
une fastidieuse nomenclature de noms et de dates dont
la lecture otfre aussi peu d'attraits que celle d'une table
des matières. Mais, dès qu'on le rapproche des Prairies
d'or, il acquiert soudain une valeur inespérée : les faits
laissés dans l'ombre s'illuminent d'une vive clarté, l'es-
quisse incolore s'anime, et mille renseignements inat-
tendus naissent de cette double étude. Sans nul doute,
les Prairies d'or n'auraient pas moins gagné à un pareil
examen , si le temps ne nous en avait pas ravi les élé-
ments. On sait que les Annales historiques de Maçoudi,
son œuvre capitale, et l'Histoire moyenne, ([ui en était
le complément, olfraient le répertoire complet de l'éru-
dition musulmane au iv^ siècle de l'hégire. Mais l'étendue
de ces deux ouvrages en rendit, du vivant même de l'au-
teur, la reproduction difficile et très-coûteuse. Il com-
prit la nécessité de réunir tous ces matériaux dans un
abrégé où les faits généraux seraient analysés avec assez
AVANT-PROPOS. vu
de précision pour satisfaire la curiosité du public, sans
dispenser les érudits de recourir, pour les dévelop-
pements, à ses précédents écrits. Telle lut la pensée qui
lui inspira la composition des Prairies d'or; il se mit à
l'œuvre avec ardeur, en 332, et, ce qui serait à peine
croyable s'il ne mettait une alTectation très significative
à répéter sans cesse cette date, une année lui suffit pour
terminer la première rédaction de son livre, la seule
qui nous soit parvenue. Cette nouvelle production fut
accueillie avec faveur, et les copies se multiplièrent
avec une rapidité qui dut nuire à leur bonne exécution;
car, peu d'années avant sa mort, nous voyons l'auteur en
publier une seconde édition corrigée et augmentée de
près du double. Mais la première, malgré ses imperfec-
tions, avait pris place dans toutes les bibliothèques, et
le lecteur la jugeait moins sévèrement que l'auteur;
aussi continua-t-elle à circuler au détriment de la se-
conde, et c'est la seule que les écrivains postérieurs à
Maçoudi paraissent avoir eue sous les yeux.
L'opinion du public savant sur le mérite réel de notre
auteur est fixée depuis la fin du xvnf siècle, et il serait
oiseux aujourd'hui de défendre Maçoudi contre les ac-
cusations gratuites dont il a été l'objet de la part de
Reiske. Les observations de l'auteur des Prolégomènes
sont, il est vrai, plus fondées; mais elles ne portent
que sur des erreurs de détail, et il est juste de recon-
naître que si Ibn-Klialdoun est plus profond dans ses
déductions historiques, c'est à Maçoudi, l'imam des écri-
vains, pour nous servir de ses propres expressions, qu'il
emprmite ordinairement ses exemples et les éléments
de ses discussions philosophiques ^
' Un écrivain dont l'ériuiilion est rehaussée par l'éclat du
VIII AVANT-PROPOS.
Un grand nombre d'extraits et de citations avaient déjà
valu parmi nous une certaine popularité aux Prairies
d'or, lorsqu'un savant orientaliste , le docteur Aloys
Sprenger, entreprit de les traduire entièrement aux frais
du Comité des traductions de Londres. Le premier vo-
lume, renfermant la traduction des dix-sept premiers
chapitres, accompagnés de notes abondantes, parut
en 1 84 1. Dans une préface pleine de vues ingénieuses
et empreinte de cette originalité qui s'allie quelquefois
si bien aux conceptions les plus sérieuses, cet érudit
s'efforce de démontrer l'absolue nécessité de demander
à l'étude de l'Orient la connaissance des origines et des
progrès de l'humanité. Se plaçant sous ce point de vue
grandiose, le docteur Sprenger se proposait de grouper
autour de sa traduction et dans une série de mémoires
les renseignements les plus précieux, puisés dans nos
collections de manuscrits orientaux. Il avait déjà réuni ,
à cet effet , plusieurs centaines d'extraits , lorsque son
départ pour l'Inde vint interrompre un travail qui pro-
mettait une ample moisson à la science. L'exécution du
style, M. E. Renan, a établi entre Maçoudi et Pausanias une
sorle de parenté qu'il nous semble difficile d'admettre. Le voya-
geur grec est un artiste, un poète plein d'amour pour les ilctions
de la mythologie et d'admiration pour les chefs-d'œuvre de la
Grèce; sa description ne dépasse pas les limites de son pays na-
tal. Le voyageur musulman est un auteur cosmopolite, moins
enthousiaste, mais plus curieux, et qui a pris la terre pour champ
d'observations. Pausanias , Grœcorum omnium mendacissimas ,
comme le nommait Scaliger, ne craint pas de se donner comme
le témoin oculaire d'une foule de faits merveilleux. La bonne foi
de Maçoudi ne peut jamais être révoquée en doute; ses souvenirs
l'égarent quelquefois, mais il n'est jamais la dupe de son imagi-
nation. Il y a du sophiste dans l'un, il n'y a dans l'autre qu'une
curiosité naïve, mais toujours sincère.
AVANT-PROPOS. ix
programme tracé par le traducteur anglais absorberait
les années d'une existence plus que moyenne, lors
môme qu'elle ne dépasserait pas le plan adopté par la
Société asiatique.
Donner un texte aussi pur que possible , soigneuse-
ment revu sur plusieurs manuscrits, et accompagné
d'une traduction aussi fidèle que le permet le génie de
notre langue, telle est la tâcbe qui nous est imposée et
à laquelle nous consacrerons tous nos efforts. Quoique
peu d'auteurs exigent plus que le nôtre des éclaircisse-
ments de toute sorte, nous avons, suivant en cela l'exemple
des traducteurs des Voyages d'Ibn-Batoutab , usé d'une
grande sobriété dans la liste de nos variantes comme
dans nos annotations.
A l'exception des leçons les plus importantes que
nous ne pouvions nous dispenser de relever, ou do
quelques erreurs graves qu'il était urgent de signaler,
ordinairement une parenthèse ouverte dans la traduc-
tion indique, d'une manière suffisante, les rectifications
dont les développements nous sont interdits. Si, dans
un grand nombre de cas, notre traduction diffère de la
version anglaise , nous ne nous sommes déterminés à tran-
cher la difficulté à notre point de vue qu'à bon escient
et d'après une étude plus attentive des manuscrits. La
même observation s'applique aux passages de ce volume
dont la traduction existait déjà, notamment au chapitre
de ÏInde, publié en entier par M. Gildemeister \ et à
divers fragments cités par M. Reinaud ^. Nous avons
' Dans l'ouvrage inlilulé Scriptorum Arabum de rébus indicis
îoci et opuscala. Bonn, i838, i" lascicule.
" Mémoire sur l'Inde; Relation des voyages faits par les Arabes
cl les Persans dans l'Inde et à la Chine, cl au Ires ouvrages.
X AVANT-PROPOS.
consulté ces savantes publications avec toute l'attention
dont elles sont clignes, et nous nous empressons de re-
connaître les services qu elles nous ont rendus.
Nous terminons ces courtes observations par la des-
cription des matériaux qui nous ont servi à établir notre
texte.
Des trois manuscrits des Prairies d'or que possède la
Bibliothèque impériale, un seul est complet et presque
toujours correct, c'est le n° y i 4 du supplément arabe
mis en ordre par M. Reinaud. Cette copie, que nous
désignons par la lettre A , a été apportée de Constanti-
nople , il y a trente ans environ , et se compose de deux
volumes in-i 2. Le tome V"^ a /iy3 feuillets, et le second
359 ; il est de deux mains différentes. Le tome P', à
partir du feuillet 272, et le tome II en totalité , ont été
copiés par un Africain, Mohammed, fds d'Ahmed el-
Benderi, qui termina son travail en 1120 (1708). Ce
manuscrit est, sans contredit, un des meilleurs et le
plus complet de tous ceux que possèdent les biblio-
thèques de l'Europe; il présente peu de lacunes, et
l'orthographe des noms propres y est moins défigurée
que partout ailleurs : nous n'avons donc pas hésité à le
prendre comme base de notre travail.
La seconde copie, que nous désignons par l'initiale B,
lait partie de l'ancien fonds arabe n° 698. C'est un in-
folio de 187 pages, écrit à Safed , l'an 97/1 (i566),
par un certain Ibrahim , fils d'Abou'l-Yemen ; il est
d'une bonne écriture, mais peu correct et incomplet :
une partie de la préface est omise , et le volume finit au
chapitre xxxv.
Le manuscrit 679 ancien fonds (lettre C dans nos
variantes) se compose de trois volumes petit m-lx°. Les
AVANT-PROPOS. xi
erreurs grossières et les lacunes innombrables qui le
déparent le rendent à peu près inutile.
Nous indiquons par D une copie appartenant à la
Société asiatique de Paris. C'est un exemplaire complet,
de 3 1 2 feuillets in-folio, terminé , au mois de redjeb Sg i
(i 19/1), par Hibet Allah, fds de Mohammed, fds d'Ali,
fds d'IIaçan, le koreïchite. L'exécution de celte copie ne
justifie pas la confiance que son ancienneté pourrait ins-
pirer. De nombreuses transpositions qui détruisent le
sens , une grande négligence dans la ponctuation des
noms propres, et souvent l'omission des points diacri-
tiques , en rendent la lecture difficile. Nous ne l'avons
donc consultée qu'avec réserve, et principalement pour
ce qui concerne le Khoraçan et l'Inde. Dans ces pas-
sages , une main persane a tracé en marge des corrections
dont nous avons fait notre profit. Cet ancien manuscrit
a été acheté, il y a quelques années, à Bénarès, par
M. Lees, qui se proposait de le faire imprimer en entier.
Nous ne saurions assez reconnaître la libéralité avec la-
quelle ce savant, non content de renoncer à son entre-
prise en faveur de la nôtre , s'est empressé aussi de nous
céder la copie qu'il possédait.
M. Derenbourg a dû à la bienveillance de MM. les
administrateurs de la bibliothèque de Leyde la commu-
nication des deux manuscrits portant dans le catalogue
de M. Dozy les numéros SSy et 282, et les a coila-
tionnés soigneusement avec les copies de la Bibliothèque
impériale. Le docteur Sprengcr, qui a fait principale-
ment usage, pour sa traduction, de la copie n" SSy, la
considère comme la meilleure de toutes celles qu'il a
consultées; malheureusement elle ne va pas au delà du
chapitre xxxiii. La comparaison de cette copie avec le
XII AVANTPROPOS.
manuscrit A nous a presque toujours fourni les leçons
les plus satisfaisantes. Le n° 282 , d'une exécution moins
irréprochable, nous a pourtant été d'un grand secours
dans plusieurs passages douteux. Le manuscrit 53 7 est
désigné dans nos variantes par L, et le manuscrit 282
par L^.
Citons enfin, et seulement pour mémoire, des ex-
traits d'une copie africaine exécutés par un taleb pour
M. Cherbonneau, professeur d'arabe à Constantine, et
que M. Defrémery a bien voulu nous confier. Ce cahier,
d'une centaine de feuillets m-[\°, commence par le cha-
pitre de l'Inde, et s'arrête au début de la description
de l'Egypte. L'écriture en est soignée , mais il est à re-
gretter que chacun de ces chapitres n'y soit reproduit
que par extraits plus ou moins étendus ; car l'original
sur lequel cette copie a été faite paraît ancien et d'une
bonne exécution.
Si l'on songe à la diversité des sujets traités par l'au-
teur et à l'imperfection des textes sur lesquels nous avons
travaillé, on jugera peut-être avec moins de sévérité les
erreurs inséparables d'une publication aussi étendue.
Nous accueillerons avec une vive reconnaissance toutes
les observations qui tendraient à rendre notre ouvrage
plus digne des suffrages du monde savant et du but que
la Société asiatique s'est proposé en nous confiant cette
tâche honorable.
^_^;-J^^-:=sJ) ^c>V-X^ ^^>c-JÛjs!) y^y^
LIVRE DES PRAIRIES D'OR
ET DES MINES DE PIERRES PRÉCIEUSES.
AU NOM DU DIEU CLÉMENT, MISÉRICORDIEUX
ET SECOURABLE.
Louanges à Dieu, qui est digne d'être Joué, et qu'on doit
célébrer et glorifier! Que Dieu accorde sa bénédiction et sa
paix à Mohammed, ie sceau des prophètes, et à sa sainte
postérité J
2 LES PRAIRIES D'OR.
LgX.£blJL« oLjLuglj l^^\jt.« uI<Xjj Lti^l^l^ l^JUs»^ U5jl^t^
iUÀj^l jlAàfcl^^lxuaJ) c:*|^j.A,^05^j^«^S-Ii ï-'îj^^ ^-6-wU^ jW*-îj
cKamJJÎ J^-«fi>l_5 l«X-xi! yLwj5i>^ iCi^-idl (^.^sLJlij ^^.JâjtLl
t-^Êjî^jft (jotys? pcJlï^l -LJijt^ ^n»,» la îtj c^UjUI x*xw^
CHAPITRE PREMIER.
GÉNÉRALITÉS SUR LE BDT DE CE LIVRE.
L'auteur dit : Dans Tintroduction de notre ouvrage inti-
tulé «Annales historiques» [Akhbar ez-zeman), nous avons
décrit la forme de la terre, ses villes et ses merveilles; les
mers, les vallées, les montagnes et les fleuves qu'elle ren-
ferme; le produit des mines, les différents cours d'eau, les
marais, les îles situées dans les mers ou les lacs; les grands
monuments et les édifices vénérés. Nous y avons exposé l'ori-
gine des êtres et le principe des générations, la différence
des pays entre eux; nous avons dit que tel fleuve était de-
venu mer, telle mer continent; que tel continent s'était
changé en mer dans le cours des âges et la succession des
siècles, par suite d'influences astronomiques ou physiques.
Nous avons expliqué la division de la terre en climats, l'in-
fluence des astres, la direction des chaînes de montagnes et
CHAPITRE PREMIER. 3
»jJL«JI obi^jJaJlj *AJLiI yjjJiJl^ 5^i*xJI ^i;i^ a^UJl
U3 A-gjlj:>i o^^'^^**-^^ (»^'^^ j-f!^^ AQ^xU^a.! o^Vxifc.1 ^^
ft«XJtt.^ b>5«XJ |t^«w<^ ^^^V^ ^^ (.^^•*<^ ''^^S^ I<Xj^ AjuLmijo Oj>^*
l'étendue relative des contrées. En citant les opinions di-
verses émises par les Indiens et d'autres peuples païens sur
les temps primitifs, sur l'origine et les commencements de
l'histoire, nous avons enregistré aussi les théories des lé-
gistes, fournies par les livres saints et soutenues par les dif-
lerentes religions.
A cette introduction succèdent l'histoire des anciens rois,
des peuples tombés dans l'oubli, des nations et des tribus
qui ont disparu de la scène du monde; les variétés de races
et d'espèces, les différences de culte (jui les distinguaient;
leurs sages maximes , les opinions de leurs philosophes ,
l'histoire de leurs rois et de leurs empereurs, telles que le
temps nous les a transmises.
Nous avons ajouté à ces faits généraux la biographie des
prophètes, des apôtres et des saints jusqu'au moment oîi
Dieu a élevé par sa grâce et illustré du don de la prophétie
Mohammed, son envoyé (qu'il soit béni et sanctifié!); nous
avons raconté la naissance du Prophète, sa jeunesse, sa
mission, sa fuite; les expédilions militaires coujmandées
4 LES PRAIRIES D'OR.
A^J A_jIî^ u'j>' ti' *y|,;-**'J *:?)^-*— *^ ^^^i^^^ AAJWuSj 8Ui.A^^
(j>«^^ yw» JjjlJi— «^ ^j^jj (l^^■^ iULfrilî ^ijU»ol_5 iLi^il JUajî
î«Xiû Là_jLaJj oLaaasj x\9 iXsij^ (S^^ c:^^! <il (jjvjçjJUaiî
Uj ^IjcJî j^jUifciil tj ia^jiJl UjUXj sUxfjÎ Aj iùUvAjj
IàjIj la^jiiî l-jIx^! CJ-» o!5^o Uj jeJiôfii)! UoUj iît^Jol o«XÀ£
-îtcijj OtAlaJ t_>L>LJ ,5 oUlaAwi^ U jUaJCifcij »Uk*Mwj U JlîJTÎ
par lui-même ou par ses lieutenants, jusqu'à l'époque de
sa mort; entin l'histoire du khalifat et de l'empire musul-
man à chaque période , ainsi que les guerres suscitées par
les T'/ia/e'6jYÉ'5 ou descendants d'Ali, jusqu'au moment où nous
avons entrepris la rédaction de ce livre, c'est-à-dire sous le
règne d'el-Mottaki lillah, prince des croyants, l'an 332 de
l'hégire {ç)^5 de J. C).
A la suite de ce premier ouvrage, nous avons écrit notre
Histoire moyenne (Kitab el-awsat), où sont racontés, en sui-
vant l'ordre chronologique, les événements du passé, de-
puis la création du monde jusqu'à l'époque où se terminent
notre grand ouvrage et cette Histoire moyenne, qui en est le
complément.
Nous croyons utile aujourd'hui de donner le résumé et
l'abrégé de ces développements dans un livre moins consi-
dérable, qui ne renfermera que l'esquisse des matières
contenues dans les deux compositions précédentes, mais où
nous ajouterons un certain nombre de faits scientifiques ou
de renseignements relatifs à l'histoire omis dans ces deux
ouvrages.
CHAPITRE PREMIER. 5
à^ UxkJiS' iuoUJLi^ f^U^t (jo|>^ C:^^'*;^ s«Xi&mL ^^i
cj«jcJl^ \%i>*ù^\ \jL«o^j^ ^\y\^ {j^jiCûS^ OtAAoJlj ;^1)^^^ «Xj^mJ!
jijljiil i tjy-A-*i |.UJl? IjijJsj 0>!>*^^ b^J (j^Asî^îj ulPb
5)\ » â^V fuJl jLIa-^i A .ç> .">
Nous réclamons l'indulgence du lecteur en faveur des
erreurs ou des négligences qui peuvent se présenter dans
ce livre; car notre mémoire s'est atTaiblie et nos forces se
sont épuisées par suite des fatigues résultant de longs et
pénibles voyages à travers les niers et le continent. Avide
de connaître par nous- même ce qu'il y a de remarquable
chez tous les peuples, et d'étudier de nos propres yeux les
particularités de chaque pays, nous avons visité dans ce
but le Sind, le Zanguebar, le Sinf (sud de la Cochin-
chine), la Chine et le Zabedj (Java) ; passant de l'Orient à
l'Occident, nous avons couru des dernières limites du Kho-
raçan au centre de l'Arménie, de l'Aderbaïdjan, de l'Erran,
de Bcïlakan, et exploré tour à tour l'Irak et la Syrie. Nous
pouvons comparer cette course à travers le monde à la
marche que le soleil décrit dans les cieux, et nous appli-
quer ces vers du poëte :
Nous parcourons le monde en tous sens; aujourd'liui nous sonnnes
dans l'extrême Orient et demain dans l'Occident.
G LES PRAIRIES D'OR.
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Tel le soleil , dans sa marche infatigable, s'avance vers des contrées oii
jamais caravane n'osa pénétrer.
L'auteur ajoute : Dans ces voyages nous avons fréquenté
plusieurs rois, aussi différents par leurs mœurs et leurs
opinions que par ia situation géographique de leur pays,
et progressivement nous avons trouvé chez eux le même
accord à reconnaître que les vestiges de la science ont dis-
paru et que sa splendeur est éteinte; l'étude, en se géné-
ralisant, a perdu de sa profondeur; on ne voil plus que
des gens pleins de vanité et d'ignorance, savants imparfaits,
qui se contentent d'idées superficielles et méconnaissent la
vérité.
Aussi une pareille étude et une érudition de ce genre
nous parurent si peu dignes de nos efforts, que nous pré-
férâmes composer nos ouvrages sur les doctrines et les
• croyances différentes; tels sont : le Livre de l'exposition des
principes de la religion, le Discours sur les bases des
croyances, le Livre du secret de la vie et l'Arrangement
CHAPITRE PREMIER 7
jiyij ê^^^i J^^S^^y r^b Lf'^ *i;JC«3 «JùsiûUj ^Ijr^l
C-»L^I (j^ dJi i (j-UI Jj^li»! v-JU>jj X*Uill ijUxAÙLwiJI
des preuves louchant les principes religieux. Ce dernier
renferme les principes et les règles à suivre dans les arrêts
et jugements; la certitude que fournissent le recueil des
lois apostoliques et la jurisprudence des moudjtehid (inter-
prètes sacrés); les règles pour apprécier et décider ce qui
est préférable; la connaissance des versets du Koran qui
sont abrogés et de ceux qui leur sont substitués; ce qu'il
faut entendre par l'unanimité (idjma), et ce qui la consti-
tue; le moyen de discerner Je particulier du général, les
ordres des interdictions, les choses permises de celles qui
sont défendues; les traditions générales et celles qui ont été
transmises par une seule autorité; les actes du Prophète et
les conséquences qui en dérivent pour la juridiction; on y
trouve enfin l'exposé des doctrines de nos adversaires, au-
tant quand ils nous combattent que lorsqu'ils sont d'accord
avec nous.
Nous écrivîmes ensuite le Livre des réflexions sur la qua-
lité d'imam , ou examen des doctrines professées par ceux
qui restent attachés à la lettre du texte religieux et ceux qui
admettent la libre interprétation (au sujet de l'hérédité de
l'imam), les arguments de chaque parti, etc. et enhn le
8 LES PRAIRIES D'OR.
aXJL) ^!).>) j*LJi3l^ Ai»*i».»IaJt IgxV^j iCJoJJtt ^^j=?-^i iUj«xXt
iùjUuJî -U»»^illj^lytîî t-ysS^-* *^V*^ t^^Wt' (^ Â-jLillj
Livre de la sincérité, qui traite également de l'imamat. Nous
mentionnerons encore nos autres traités sur les différentes
sciences extérieures et intimes , visibles et occultes , passées
et existantes. Nous y avons éveillé l'attention du lecteur sur
les conjectures de ceux qui remontent le cours des âges pour
étudier le passé, et sur les prévisions de ceux qui interro-
gent l'avenir; nous avons reproduit leurs opinions à l'égard
d'une lumière qui brillerait sur la terre et se répandrait
pendant les époques de stérilité et d'abondance, enfin sur
les suites des prédictions historiques dont l'origine est ma-
nifeste et dont les commencements ne sont un mystère
pour personne.
Citons aussi nos écrits politiques, études sur le gouver-
nement de l'Etat et de ses parties, sur son organisation na-
turelle et ses subdivisions; enfin nos recherches sur l'origine
et la composition de l'univers et des corps célestes, sur les
matières épaisses ou subtiles qui tombent ou ne tombeni.
pas sous le sens, et les théories philosophiques relatives à
ce sujet.
En composant ces ouvrages sur l'histoire universelle, en
CHAPITRE PREMIER. 9
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AJùUftjlvXJLç 3wlis? IxMMJi O^ô-tj JJÎ5 tfiXJî (^AJi t^ ^M
recueillant les faits que le temps nous a transmis sur les
prophètes, les rois et leur règne, les nations et leur place
sur le iïlobe, nous avons été désireux de suivre la voie tracée
par les savants et les sages, el de laisser après nous un sou-
venir glorieux, un monument solide et construit avec art.
Les auteurs qui nous ont précédé nous paraissent pécher
ou par une trop grande abondance de détails, ou, au con-
traire, par une concision exagérée. Bien que les matériaux
aient augmenté avec le temps et en raison des événements
qui les ont fait naître, les esprits les plus judicieux en ont
souvent négligé des partiels importantes; chacun d'eux a
consacré ses soins à un objet spécial et s'est borné à étudier
les particularités que lui offrait son pays natal. Or celui qui
n'a pas quitté ses foyers, limitant ses recherches au champ
borné que lui présentait l'histoire de sa patrie, ne peut être
comparé au voyageur courageux qui a consumé sa vie dans
les explorations lointaines et affronté chaque jour un danger
pour fouiller avec persévérance les mines (de la science) et
arracher de l'oubli les restes précieux du passé.
10 LES PRAIRIES D'OR.
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y
Le nombre des ouvrages qui traitent de l'histoire est
considérable; parmi les différents auteurs qui ont écrit les
annales des temps anciens ou qui ont raconté les événements
des âges modernes , les uns ont réussi , les autres , au contraire,
sont restés inférieurs à leur tâche; mais on est obligé de re-
connaître que tous ces écrivains s'y sont appliqués dans la
mesure de leurs forces, et ont déployé toutes les ressources
de leur talent.
Tels sont :
Wahb, fils de Monabbih; Abou Mikhnaf Lout, fils de
Yahia el-Amiri ; Mohammed , fils d'ishak el -Wakidi ; Ibn
el-Kelbi; Abou Obeidah Mamer, fils d'el-Motanni; Ibn
Aïach; el-Haïtem, fils d'Adi et-Tayi; Gharki, fils d'el-Kitami;
Hammad « le conteur »; el-Asmayi; Sehl,fils d'Haroun; Abd
Allah , fils d'el-Mokaffa ; el-Yezidi ; Otbi el-Omawi ; Abou Zeïd
Saïd, fils d'Aws l'Ausarien; Nadhar, fils de Chomeïl; Abd
Allah, fils d'Aiechah; Abou Obeid el-Kaçem, fils deSellam;
Ali, fils de Mohammed de Médaïn; Dammad, (fils de) Rafi,
CHAPITRE PREMIER. il
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fils (le Selmah; Mohammed, fils deSellam el-Djomhi; Abou
Otrnan Amr, fils de Bahr el-Djahiz; Abou Zeid Omar, fils
de Chebbah en-Noraairi ; Zoraki i'Ansarien; Abou-Saib el-
Makhzoumi; Ali, fils de Mohammed, fils de Soleiman en-
Nawfeli; Zobeir, fils de Bekkar; el-Indjili; er-Riachi; Ibn
Abid Ommarah, fils de Watimah l'Egyptien; Iça, fils de
Loheiah l'Égyptien; Abd er-Rahman, fils d'Abd Allah, fils
d'Abd el-Hukm l'Egyptien; Abou Haçan ez-Ziadi; Moham-
med, fils de Mouça le Kharezmien ; Abou Djafar Moham-
med, fils d'Abou's-Seri ; Mohammed, fils d'el-Heilem, fils
de Chebabah le Khoraçanien, auteur du Livre de la Dy-
nastie; Ishak, fils d'Ibrahim de Moroul, auteur du Livre des
chansons, etc. Khalil, fils d'el-Heitem el-Hartémi, auteur
des Ruses et stratagèmes de guerre et d'autres ouvrages;
Mohammed , fils de Yezid el-Mouberred el-Azdi ; Mohammed ,
fils de Suleïman el-Minkari el-Djewheri; Mohammed, fils de
12 LES PRAIRIES D'OR.
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Zakaria el-Gallabi l'Égyptien , auteur du Livre des hommes
généreux [Kilab el-adjwad) , etc. Ibn Abi'd-douniah , précep-
teur du khalife el-Moktaii-billah ; Ahmed , fils de Mohammed
el-Khozayi , surnouimé el-Khakani, originaire d'Antioche;
Abd Allah, fils de Mohammed, fils de iMahfouz el-Belawi
l'Ausarien, ami d'Abou Yezid Ommarah, fils de Zeïd el-
Medini; Ahmed , fils de Mohammed, fils de Khaled el-Barki
l'Ecrivain, auteur du Livre de la Démonstration [Kitah et-
Tibian] ; Ahmed, fils d'Abou Taher, auteur d'une chronique
de la ville de Bagdad, etc. Ibn el-Wecha; Ali, fils de Mod-
jahid, auteur de l'Histoire des Oméiades, etc. Mohammed,
fils de Saleh, fils de Nitah, auteur de l'Histoire des Abba-
rides, etc. Yousef, fils d'Ibrahim, auteur de l'Histoire d'Ibra-
him, fils d'el-Mehdi, etc. Mohammed, fils d'el-Haret le Ta-
glébite, auteur du livre intitulé «Mœurs royales» {Kitab
aklilak el ■ molouk) , qu'il a composé pour el-Fath, fils de
CHAPITRE PREMIER. 1.)
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Khaltan, etc. Ahou Saïd es-Soulckari , auteur des Poésies des
Arabes; Obeid Allah, fils d'Abd Allah, fils de Khordadbeh.
Ce dernier est un écrivain distingué et remarquable parla
beauté de son style, aussi a-t-iî eu un grand nombre d'imi-
tateurs qui lui ont fait des emprunts et suivi fidèlement la
voie qu'ilavait tracée. On peut s'en convaincre en examinant
son grand ouvrage historique. Ce livre se distingue entre
tous par le soin et l'ordre de si méthode, l'abondance de
ses renseignemenls sur l'histoire des peuples, et la biogra-
phie des rois de la Perse ou d'autre race. Un autre ouvrage
non moins précieux du même auteur, c'est son traité Des
Routes et des royaumes, etc. mine inépuisable de faits que
l'on explore toujours avec fruit. Nous devons mentionner
également l'Histoire du Prophète, depuis sa naissance jusqu'à
sa mort, des khalifes et des rois ses successeurs, jusqu'au
règne d'el-Motadhed-billah , avec le détail des événements
qui ont signalé ces époques, par Mohammed , fils d'Ali,
el-Hoçeini, l'Alide, originaire de Dinawer. La Chronique
^
14 LES PRAIRIES D'OR.
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j,! oLjkJb o«x_x_J3 j.^X-wi^5 J-jijLaft^l i ^^\^\^ J<j<s^^\
cV Ahmed ben Yahia eî-Beladori, ainsi que son livre intitulé
Des Pays et de leur soumission par les armes ou par capi-
tulation depuis l'hégire, avec le récit des conquêtes du Pro-
phète et de ses successeurs, les circonstances qui les ont
accompagnées, la description des contrées de l'Orient et de
l'Occident, du Nord et du Sud. Nous ne connaissons pas un
meilleur travail sur l'histoire de la conquête musulmane,
La Grande Chronique des Perses et autres nations, par
Dawoud, fils d'el-Djerrah, grand-père du vézir Ali ben Iça
ben Dawoud ben el-Djerrah. Le Recueil comprenant l'his-
torique de tous les événements survenus pendant les siècles
qui ont précédé ou suivi l'islam, par Abou Abd Allah Mo-
hammed, fds d'el-Hoçein, fds deSewar, surnommé le neveu
d'Iça ben Ferhanchah, travail qui va jusqu'à l'an 320. L'His-
toire d'Abou Iça , fds de l'Astrologue, d'après les révélations
du Pentateuque, avec la chronologie des prophètes et des
rois, L'Histoire des Oméiades, leurs vertus, leurs talents,
CHAPITRE PREMIER. 15
^jjij_j^_^iil jLal:*.!^ ^UcJI t_>Ljc5^ tiJyLltj ^Lujii) jg^b y^
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j! ^b Ulj ^jUIas^ ij^ *r^^ o;Wi v^^ ^J^'
les exemples qu'ils ont suivis et leurs innovations, par Abou
Abd er-Rahman Klialed, fils d'Hicham, l'Oméiade. L'Histoire
d'Abou Bechr ed-Dawlahi. Le Livre illustre [Kilah ech-chérif)
sur l'histoire et d'autres sujets, par Abou Bekr Mohammed
ben Khaled ben Wakia le Juge. Le Livre de biographie et
d'histoire [Kilah es-sier ive akhhar) , par Mohammed, (ils de
Khaled le Hachémite. Un ouvrage qui porte le niéme nom,
par Abou Ishak, fils de Soleiman le Hachémite. La Biogra-
phie des khalifes [Kilah siej- el-khoulafa] , par Abou Bekr
Mohammed , fils de Zakaria er-Razi , auteur du livre intitulé
Kitab el-Mansouri et d'autres livres de médecine. Les œuvres
d'Abd Allah, fils de Moslem, fils de Kotaïbah de Dina-
wer, qui se distinguent par leur étendue et leur nombre,
comme son Traité des connaissances [Kitab el-mearif) et
d'autres écrits.
La Chronique d'Abou Djafar Mohammed, fils de Djerir
et-Tabari. Ce livre brille entre tous les autres et leur est
IG LES PUAIRIES D'OR.
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jLA-i.i «j ol;^>yî V^-*-^^ ^J^^ ^li-^5 i ci^AiJI ^^asT ^^3
bien supérieur; la variété des renseignements, des tradi-
tions, des documents scientifiques qu'il renferme le rendent
aussi utile qu'instructif. Comment pourrait-il en être autre-
ment, puisque l'auteur était le premier jurisconsulte et le
plus saint personnage de son siècle, et qu'il réunissait à la
connaissance de toutes les écoles de jurisprudence celle de
tous les historiens et traditionnistes.
Telle est aussi l'Histoire d'Abou Abd Allah Ibrahim, fîls
de Mohammed, fils d'Arafah , le grammairien de Warit.
connu sous le nom de Naftaweïh. Ce livre, plein de beautés
de premier ordre et rempli des meilleurs passages et des
plus utiles renseignements fournis par les bons écrivains,
prouve que son auteur surpassait ses contemporains par son
savoir et son style.
Mohammed , fils de Yahia es-Souli , a suivi la même voie
dans ses Feuillets sur l'histoire des khalifes abbassides, leurs
vézirs et leurs poètes ; il raconte plusieurs particularités qu'on
chercherait vainement ailleurs, et que lui seul pouvait con-
CHAPITRE PREMIER. 17
^ (^jA«Jl j.^ *1;>^' j^' V^^^^» ^«>«5^ oUJbJl (j^--j».^
AjU t^'UTl yUra- (jjj iUl Js» ^y^' ^5 JJJsS^ aMI» iytà\ji\
cjIaÇ ojîjjdl jUi-^i i ajUS'JI^jU JJi k* i^i>j\ lilj
çjUS^^UJL xoLÎj :>;j^ ii^jjPl t_>U^» aui tjo;^ t5*>Jl
naître , parce qu'il en a été le témoin oculaire. Celait d'ail-
leurs un homme instruit, d'une érudition variée et un habile
écrivain.
L'Histoire des vézirs ( Kitab akhhar cl-ivuzcra) , par Abou'l-
Haçan Ali, fils d'el-Haçan, plus connu sous le nom cïlhn
el-Machitah , offre les mêmes qualités; il va jusqu'à la (in du
règne de Radi-billah. On reconnaît le même mérite dans
Abou'l-Faradj Kodamah, fils de Djafar el-Katib, écrivain
élégant et original, dont le style, quoique concis, est tou-
jours clair. On en trouve la preuve dans son histoire inti-
tulée « Les Fleurs du printemps » ( Kitab zahr er-rebi) , ainsi
que dans son Traité du Kharadj; on verra dans ces deux
écrits la vérité de ce que nous avançons et la justesse de
noire appréciation.
Abou'lKaçem Djafar, fils de Mohammed, fils d'Hamdan
de Moçoul le Jurisconsulte, a composé son recueil histo-
rique qu'il intitula «L'Admirable» {Kitab el-bahir) , pour
réfuter le Livre du jardin {Kitab er-rouda] , par el-Mobarred.
18 LES PRAIRIES D'OR.
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j.il U^^A=^J J««i>jJlî jUâi-lj g;^' V^^^ t-o'UTl «Xjum jjj
On doit aussi à Ibrahim , fils de Mahaweïh le Persan , une
réfutation du Kamil, d'el-Mobarred. Ibrahim, fils de Mouça,
el-Waçiti ei-Katib, a donné une histoire des vézirs, où il
attaque l'ouvrage de Mohammed, fils de Dawoud, fils d'el-
Djerrah, sur le même sujet. Ali, fils d'el-Fath l'Ecrivain,
surnommé el-Moatawak, a raconté l'histoire de quelques-
uns des vézirs de Moktadir.
Citons encore le livre nommé « La Fleur des yeux et l'é-
panouissement des cœurs » {Zehret el-ouïoun wèdjela el-Koa-
loub) , par el-Misri. Une chronique, par Abd er-Rahman , fils
d'Abd er-Rezzak, surnommé el-Djordjani, es-Saadi. L'His-
toire des Abbassides, etc. par Ahmed, fils de Yakoub l'E-
gyptien. Une Histoire des Abbassides et autres princes, par
Abd Allah , fils d'el-Hoçeïn , fils de Saad l'Écrivain. L'Histoire
de Moçoul et d'autres villes, par Abou Zokrah (?), de Mo-
çoul. Un recueil d'histoire, etc. par Mohammed, fils d'A-
bou'l-Azhar, et son livre intitulé « Révoltes et séditions » [Ki-
tab el-heradj ivcl ahdath).
CHAPITRE PREMIER. 19
fjj ^J\j^ ^-^b-? c:>i*>v:>-^ij ^^^ *^^^*^ 5^^JC-ll ^U5^
txXjSi^ AAj'j4*«J'j XAA-kaxJt^ ioilsljJî (^y* L^Uoî^ (j*.yiJl
Je considère Senan, fils de Tabit, fils de Korrah el-Har-
rani, comme ayant entrepris une œuvre hors de sa compé-
tence et suivi une voie qui n'était pas la sienne, quand il a
composé ce livre, qu'il adresse sous forme d'épître à un de
ses amis, secrétaire du Divan. Il débute par des généralités
sur la nature des âmes, leur division en âme raisonnable,
irascible et concupiscente; il donne une esquisse du gou-
vernement, d'après les théories que Platon a émises dans sa
République en dix séances; il énumère rapidement les de-
voirs des rois et des ministres , et passe au récit d'événements
(juil ne révoque pas en doute, bien qu'il n'en ait pas été le
témoin. Il arrive ainsi à l'histoire de Motadhed-billah, nous
parle de la faveur dont il jouissait et des années qu'il a pas-
sées à sa cour, puis il remonte d'un khalife à l'autre , et, par
cette marche rétrograde, il s'écarte de la vraie méthode his-
torique. Quel que soit donc le mérite de l'exécution et la
véracité de l'auteur, on ne peut que le blâmer d'être sorti
20 LES PRAIRIES D'OR.
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Oj.^£«j:.4wI «XJii :>\^l yli o«^^-fti^î «^J IjUj **>5 (j-« J**^^
de sa sphère et de s'être chai'gé d'un travail pour lequel il
n'était pas fait. Que n est-il resté dans le domaine scientifique ,
où il n'avait pas de rivaux, la connaissance d'Euclide, des
sections de TAlmageste (astronomie) ou des cercles! Que
n'a-t-il développé les vues de Socrate , de Platon et d'Aristote
surlesystème dessphères, des phénomènes météorologiques,
des tempéraments, des relations et des compositions, des
conclusions, des prémisses et des syllogismes, la différence
entre le monde physique et surnaturel, la matière, les pro-
priétés et la mesure des figures , ou quelque autre problème
philosophique! Il se serait acquitté avec honneur de cette
tâche, et son œuvre aurait répondu à son talent. Mais où est
l'homme qui connaît la limite de ses forces et les bornes de
son aptitude? Abd Allah, fils d'el-Mokaffa , a dit avec raison:
« Tout auteur poursuit un but; en l'atteignant, il s'illustre;
s'il le manque, il se déshonore. »
Abou'i-Haçan el-Maçoudi ajoute : Les chroniques, les an-
nales, les recueils de biographies et de traditions mention-
CHAPITRE PREMIER. 21
f^ Uol «xs llS'il cjU^î I*xi5 i d^ <^ jb ^jl (j^^^jl51
(^jubJî (j^ i^:î\J ^j^ Aj iul^ftJl^^-wafc y^ k*J| J^l cyliûîo^
-oLgJii (j^ /o^L)' À ^^^-^5 fi-^^y^ o!:5Vilâ-t <_^^^* «XtKtf»îj
<il JoJi, t-u£>l*xJLî^ J^^^-Iîj 4i^' ^^ i^ ji^j jUi-«^l
(jU^IjIas».! V^^^ ^y^ '^V^^i *ïîWv^^ (^jviXjj (i5V.ÀjI iu.M
XA.À-ft JyCAwl U jiiÀ. /oià£^ ot^^» u iLv>i\ÀÀ} jjt>y^ 0:>\jc«^
nés ici appartiennent à des auteurs célèbres, ou du moins
connus; nous avons passé sous silence les livres des écoles
traditionnaires relatifs aux noms, à l'époque et à la classi-
fication des principaux personnages de rislamisme, parce
que ces développements excéderaient les limites de cet ou-
vrage. D'ailleurs, ce qui concerne le nom des docteurs qui,
à diverses époques, ont transmis les traditions, recueilli les
faits biographiques et historiques; les catégories de savants
de chaque siècle, depuis les compagnons du Prophète et
leurs successeurs {tabis) , les subdivisions d'école, les diver-
gences d'opinion qui ont surgi entre les jurisconsultes des
grandes villes, les philosophes, les sectaires et les contro-
versistes, tous ces faits en un mot, jusqu'à la date de l'an-
née 332 (de l'hégire) , sont consignés dans nos Annales histo-
riques [ Akhhar ez-zeman) et notre Histoire moyenne [Kitab
el-awsat).
J'ai donné à ce livre le titre de Prairies d'or et de mines
de pierres précieuses, à cause de la haute valeur et de l'im-
22 LES PRAIRIES D'OR.
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JL-ôIj ti)^-LJLI tj^ o|;-w!^ R-k-^ AaXxs»^ 6Î)jt« ^ UjUJ^
^^ l^£ J^iUxll ^ j Jvjtj i)^ \4X*jjc« 4-oi^l JjjUJL ^^t^*^.
portance des matières qu'il renferme, puisque, pour le sens
elle contexte, il reproduit les parties saillantes et les pas-
sages principaux de nos œuvres précédentes.
J'en fais hommage aux rois illustres et aux savants, per-
suadé que je n'y ai rien omis de ce qu'il est utile de con-
naître et de ce qui peut satisfaire un esprit curieux d'étudier
le passé.
Ce livre est, en quelque sorte, le mémento de mes pre-
miers écrits, le résumé des connaissances que doit posséder
un homme instruit, et qu'il serait inexcusable d'ignorer; il
n'y a pas, en effet, une seule branche de la science, un ren-
seignement quelconque, une source de traditions qui n'y
soient contenus en détail ou en abrégé, ou tout au moins
indiqués par de rapides allusions et par quelques observa-
tions sommaires.
Quant à celui qui oserai t dénaturer le sens de ce livre , ren-
verser une des bases sur lesquelles il repose, obscurcir la
clarté du texte ou jeter du doute sur un passage, par suite
d'altérations ou de changements, par des extraits ou des ré-
CHAPITRE PREMIER. 23
U «l;!:^ r^^>*3 A_^-> ifSijMt^ 4Mt cAAag (J.4 oUl^ bl^.M (jt
Ak_jL« ^ Uàlj ij!^^ îr*"'-? '*^ d^^^-^» <Jj' «i ouj-iJUî
sûmes; celui enfin qui se permettrait de l'attribuer à un
autre auteur, qu'il soit l'objet de la colère divine et d'un
prompt châtiment!
Puisse-t-il être accablé de calamités qui épuiseront sa pa-
tience et dont la pensée seule frappera son esprit de terreur!
Qu'il devienne un exemple pour ceux qui savent , une leçon
pour les intelligents, un signe pour ceux qui réfléchissent]
Que Dieu lui retire tous les bienfaits dont il l'avait comblé!
Que le créateur du ciel et de la terre lui enlève les facultés
et les dons qu'il lui avait accordés, à quelque secte et à
quelque opinion qu'il appartienne! Dieu est tout-puissant!
Nous avons placé cette menace au début de ce livre, et
nous l'avons répétée à la fin (voy. chap. dernier), pour
qu'elle retienne celui qui pourrait céder à une pensée cou-
pable ou qui succomberait à un désir criminel.
Qu'il redoute Dieu, son Seigneur, qui le voit! qu'il
tremble devant l'avenir qui l'attend ! car le temps est res-
treint, la distance est courte, et c'est vers Dieu qu'il faut
retourner.
24 LES PRAIRIES D'OR,
Il est temps de donner la liste des chapitres dont se com-
pose cet ouvrage et d'indiquer le contenu de chacun de ces
chapitres.
CHAPITRE II.
TABLE DES CHAPITRES QDE RENFERME CET OUVRAGE.
Dans ce qui précède nous avons fait connaître le but de
ce livre ; nous allons maintenant donner une table du nombre
de ses chapitres, suivant l'ordre méthodique que nous
avons adopté dans notre récit, afin de faciliter les re-
cherches.
Ch. III, Du commencement des choses, de la création
et de la génération de tous les êtres, depuis Adam jusqu'à
Abraham.
CHAPITRE II. 25
^V_J (j^j ^^\i> (j-J fj\~,ff^-y~Alit ty^ «o.,,KAJfc.j) wÎXa^O ji5^ d (_»U
xh(ji.*X£ «Ixù^t jUà.! (^ k^Tj J^l/-^^ C^ (ii[^-L« (^ OjJOS-
jfluJbiJIj JLjL-iij jW~»yt 4^il.AX|^^l^SJI^ (jb^^ij5S A cÀf
Ch. IV. Histoire d'Abraham, des prophètes et des rois
d'Israël qui ont vécu après lui.
Ch. V. Règne d'Arkhoboam , fils de Salomon, fils de Da-
vid; des rois d'Israël ses successeurs; aperçu de l'histoire
des prophètes.
Ch. VI. Des hommes qui ont vécu dans l'intervalle (fitreh) ,
c'est-à-dire entre le Messie et Mohammed.
Ch. VII. Généralités sur l'histoire de l'Inde , ses doctrines,
l'origine de ses royaumes, les mœurs et les pratiques reli-
gieuses de ce pays.
Ch. VIII. Description du continent et des mers; sources
des fleuves; les montagnes, les sept climats, astres qui exer-
cent sur eux leur influence, etc.
Ch. IX. Renseignements généraux sur les migrations des
mers et sur les principaux fleuves.
26 LES PRAIRIES D'OR.
^\ ■» j* 1^ j^^ <^j (ij-^^ ^j^^i (:jy^' tyjX«j5^ lô cjI*
Ch. X. Renseignements sur la mer d'Abyssinie, son éten-
due, ses golfes et ses détroits.
Gh. XI. Opinions diverses sur le flux et le reflux; résumé
des systèmes proposés.
Ch. XII. La mer de Roum (Méditerranée); opinions di-
verses sur sa longueur, sa largeur, les lieux où elle com-
mence et où elle finit.
Ch. XIII. La mer Nitas [Pontas] , la mer Mayotis et le dé-
troit de Constantinople.
Ch. XIV. Mer de Bab el-Abwab, de Khazaret de Djordjan
(mer Caspienne); de la place que les mers occupent sur le
globe.
Ch. XV. Rois de la Chine et des Turcs; dispersion des
descendants d'Amour ; histoire résumée de la Chine ; ses rois ;
généralités sur leur vie, leur système politique, et autres
renseignements analogues.
CHAPITRE IL 27
( dUi ^^^3 ^y^ i^\y>^ (»-*^^J <-*j\^3l (jw«
J^i/I o-j-J-^^ (:^^ l^j (jU^^ij oJtjJaJl d)jX<»j.5S r»- v^
Cn. XVI. Rapide exposé des mers; leurs particularités;
les peuples qui habitent les îles et le littoral; classification
des Etals riverains.
Ch. XVII. Le mont Caucase (el-Kabkh); renseignements
sur les peuplades nommées AUan (Alains); les habitants
d'es-Serir, les Khazars; les tribus turques et bulgares (Bor-
ghoz); description de Bab el-Abwab (Derbend); les rois et
les peuples du voisinage.
Ch. XVIII. Rois syriens.
Cn. XIX. Rois de Moçoul et de Ninive , nommés aussi rois^
assyriens.
Ch. XX. Rois de Babel, nabatéens ou d'autre origine,
nommés aussi chaldéens.
Ch. XXI. Rois perses de la première époque; résumé de
leur règne et de leur histoire.
Ch. XXII. Rois des Satrapies et Achgans qui ont vécu
entre la première et la seconde époque.
28 LES PRAIRIES D'OR.
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Qojb j<N„JL C^^ cjj-s- jl.A àfct (j^ %^\y.^ jSb M (_>U
Ch. XXIII. Généalogie des Perses; opinions différentes des
historiens à cet égard.
Ch. XXIV. Rois sassanides ou de la seconde époque; leur
règne et leur histoire.
Ch. XXV. Histoire des rois grecs; opinions diverses sur
leur généalogie.
Ch. XXVI. Histoire abrégée de l'expédition d'Alexandre
dans l'Inde.
Ch. XXVII. Rois grecs qui ont régné après Alexandre.
Ch. XXVIII, Peuples de Roum; opinions historiques sur
leur généalogie; le nombre de leurs rois, leur chronologie
et leur règne.
Ch. XXIX. Rois chrétiens de Roum, c'est-à-dire rois de
Constantinople; résumé des principaux événements de leur
temps.
CHAPITRE II. 29
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Uû^Uiwî (j;^ ^\^^ 1^5^^ iiJiJ5X.4j x:*?^ii| ^j5i> re ol*
Ch. XXX. Rois de Roum (Byzantins) depuis l'apparition
de l'islamisme jusqu'à Romauus, qui règne aujourd'hui
(332 de l'hégire).
Cii. XXXI. Renseignements sur l'Egypte, le Nil, les cu-
riosités et les rois de ce pays.
Ch. XXXII. Histoire d'Alexandrie, sa fondation, ses rois,
ses curiosités et autres détails analogues.
Ch. XXXIII. Les nègres, leur origine, leur variété de races
et d'espèces; la position respective de leurs contrées; his-
toire de leurs rois.
Ch. XXXIV. Les Slaves, leurs établissements, leurs rois,
leurs migrations.
Ch. XXXV. Les Francs et les Galiciens ; leurs rois; résumé
de leur histoire et de leurs guerres avec les habitants de
l'Espagne (Mores).
Ch. XXXVI. Les Longobards [Noukohard] , leurs rois, le
pays qu'ils habitent.
30 LES PRAIRIES D'OR.
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^ Lds^lAikl
<f jL^3 -UJlj ijjl^jJîj Uc
Ch. XXXVII. Les Adites et leurs rois ; abrégé de leur his-
toire; opinions sur la durée de leur existence.
Ch. XXXVIII. Les Thamoudites et leurs rois; leur pro-
phète Salih ; résumé de leur histoire.
Ch. XXXIX. La Mecque et son histoire; fondation de la
Maison sainte [Kaahah] ; domination successive desDjorho-
mites et autres tribus, avec plusieurs faits qui se rapportent
à ce chapitre.
Ch. XL. Renseignements généraux sur la description de
la terre et des différentes contrées; de l'amour de l'homme
pour son pays natal.
Ch. xli. Opinions diverses sur le motif pour lequel le
Yemen, l'Irak, la Syrie (Cham) et le Hedjaz ont été ainsi
nommés.
Ch. xlii. Le Yemen ; généalogie de ses habitants; opinions
diverses sur ce sujet.
CHAPITRE II. 31
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Ui^l t
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:>:iUJI i ^s^ÀJj A^^U^ i W»b'j sir*^' c:»bL»i j5^ fv «jI*
Ch. xliii. Rois du Yemen , nommés Tohha, et autres rois
de ce pays; leur vie et la durée de leur règne.
Ch. xliv. Rois de Hirah, d'origine yemenite ou autre;
histoire de ce pays.
Ch. xlv. Renseignements historiques sur les rois de Sy-
rie d'origine yemenite, les Gassanides, etc.
Ch. xlvi. Tribus nomades chez les Arabes et autres
peuples; pourquoi elles vivent de préférence dans le désert,
comme les Kurdes dans les montagnes; origine de ces der-
niers, résumé de leur histoire et autres renseignements ana-
logues.
Ch. xlvii. Croyances et opinions des Arabes dans les
âges d'ignorance ( Djahelich) ; leurs migrations; histoire
des compagnons de l'Eléphant; invasion des Abyssins et
d'autres peuples; Abd el-Mottaleb, et autres renseignements
analogues.
32 LES PRAIRIES D'OR.
iiiUxitj j.;?-)Jtj iijUjiJî (j^ ^ri^*^' *^' o>-\i&i> U^5i> 01 cjI*
je»}\jJî »[^ V^ J.aS Uj (j*^iÀ)î (j^ U^AS ij^ AJilsUJl «X»>^
^ V^^ ^*^^ cKAâj't U^
Cii. XLViii. Opinion des Arabes sur l'âme, qu'ils croyaient
ressembler au hibou et au chat-huant, avec quelques ren-
seignements sur le même sujet.
Ch. xlix. Récits des Arabes sur les ghouls (ogres) et
leur transformation, comparés aux récits analogues d'autres
peuples, ainsi que divers détails qui se rapportent au même
sujet.
Ch. l. Récits que font les Arabes et d'au 1res peuples sur
les oracles et les génies, soit pour en affirmer l'existence,
soit pour la nier.
Ch. li. Opinions des Arabes sur la science de la physio-
nomie, les augures, les pronostics fondés sur le vol des oi-
seaux de droite à gauche et de gauche à droite, etc.
Ch. lu. L'art divinatoire; en quoi il consiste; opinions
émises à cet égard; distinction entre l'âme raisonnable et
les autres âmes; détails relatifs aux songes et à d'autres su-
jets analogues.
CHAPITRE II. 33
La-**» ^Jc;;y (V~*^' cV-a-w^j (jW^^ j^-*^' CJ-* S^ j^^ ***' V^
^ (^jtX,\ i*Xyj J.xaXj Le (iUi> ws^j ■^^î (j-«
/ «t^^it iCiwK^^ iU^I ^Lî :>4X£^
Ch. lui. Renseignements généraux sur les devins et sur la
rupture de la digue d'Aram dans le pays de Saba et de Ma-
reb. Dispersion des Azdites et leur établissement dans di-
verses contrées.
Ch. liv. Les années et les mois chez les Arabes et les
peuples étrangers; analogies et différences qu'on y remarque.
Ch. lv. Mois des Coptes et des Syriens; différences de
leurs dénominations; résumé de leur chronologie et autres
renseignements analogues.
Ch. lvi. Mois des Syriens; leur concordance avec les
mois grecs; nombre des jours de l'année; définition des
Amva.
Ch. lvii. Mois des Persans, et autres détails sur ce sujet.
Ch. lviii. Jours des Persans , et autres détails sur ce sujet.
Ch. lix. Années et mois des Arabes; noms qu'ils donnent
aux jours et aux nuits.
I. 3
34 LES PRAIRIES D'OR.
J^l U \ji>j*s-^ iL>j4l\ jy^^\ JIJ ^ Vj*^' JjJ^jSs ^- tjL
/ (->UII !«x^ «.V^kâjl U^ dU^ ^ J.Ad
(j-« liUi j— A-ftj f^<S^^ ^^yJS^*^\^ ijj^\^ (^j-Mt}\ (j^ <îiÀJ0 sys»-
yLAJJl «^y^^ Xi^UiJli J^Ia-^Î^ iCUaxl! cy^^î^^Si H»*' t_jL»
Ch. lx. Traditions des Arabes sur les nuits des mois lu-
naires, et autres renseignements qui se rattachent au même
sujet.
Ch. lxi. Influence du soleil et de la lune sur ce monde;
résumé des opinions émises à cet égard, et autres détails
analogues.
Ch. lxii. Des quarts du monde, des éléments et des vents;
connaissance des propriétés de chaque partie du monde,
l'est, l'ouest, le sud et le nord, par suite de l'influence des
astres.
Ch. lxiii. Edifices consacrés, monuments religieux,
temples voués au culte du soleil, de la lune et des idoles;
religion particulière des Indiens; les astres et autre mer-
veilles du monde.
Ch, lxiv. Edifices consacrés chez les Grecs, et leur des-
cription.
CHAPITRE II. 35
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(^^\jij]jJL (jM» iLoUâA! Ai^wMwo JoUifii^ iL«Jaxjo c:j^aj «,5i> iv c^L
jL.».ifc i^ ^-^-J^ *^*^ (j[)"^»J5 cy^j (^ jUifc.,y|j5i 1A cAt
«>v4^ UÂxi iXjt^ <Jt o^«>o (j>^ ^lx3l i^U ^^» j^i 'l'I <-»L»
^ Ajj-^ JI »iUi> i yl^ U^ ^ *Axv» j5i. VI çjL
Ch. lxv. Edifices consacrés chez les anciens Romains, et
leur description.
Ch. lxvi. Edifices consacrés chez les Slaves, et leur des-
cription.
Ch. lxvii. Edilices consacrés, monuments religieux chez
les Sabéens de Harran et d'autres villes; curiosités qu'ils
renferment; renseignements à cet égard.
Ch. lxviii. Renseignements sur les temples du feu ; leur
description; tradition des Mages à cet égard, et autres dé-
tails de même nature.
Ch. Lxix. Résumé de chronologie universelle, depuis le
commencement du monde jusqu'à la naissance de notre
prophète Mohammed, et autres détails analogues.
Ch. lxx. Naissance du Prophète; sa généalogie, et tout
ce qui se rapporte à ce chapitre,
Ch. lxxi. Mission du Prophète; son histoire jusqu'à sa
fuite (hégire).
36 LES PRAIRIES D'OR.
rf'ÔjA^j ÎJ^Ui».! (j-« ^j AA-M*.J3 CjUail (J-^^^ m^s^jSii Vi <_>1j
Sj\.xik.t (j-« ^j Aaa»*jj t-^llo jî 0.J t^ iii!5Xi». j5i> va cjL
Ch. lxxii. Fuite du Prophète , résumé des principaux faits
historiques jusqu'à sa mort.
Ch. lxxiii. Récit abrégé de tous les événements et faits
historiques survenus entre la naissance et la mort de notre
saint Prophète.
Ch. lxxiv. Des locutions nouvelles introduites par le Pro-
phète, et inconnues avant cette époque.
Ch. lxxv. Khalifat d'Abou Bekr, le véridique [es-siâdik)',
sa généalogie; abrégé de sa vie et de son histoire.
Ch. lxxvi. Khalifat d'Omar, fils de Khattab; sa généalo-
gie; abrégé de sa vie et de son histoire.
Ch. lxxvii. Khalifat d'Otman, fils d'Affan; sa généalogie;
abrégé de sa vie et de son histoire.
Ch. lxxviii. Khalifat d'Ali, fils d'Abou Taleb; sa généa-
logie; abrégé de sa vie et de son histoire; généalogie de ses
frères et sœurs.
CHAPITRE II. 37
r *^j t-JLIa j! (jjo ^^ JjJi9jSl> Ar t_>l.
Ch. lxxix. Récit de la journée du Chameau; ses causes;
combats livrés pendant cette journée, et autres détails ana-
logues.
Ch. lxxx. Résumé de ce qui s'est passé à Siffin entre les
habitants de l'Irak et de la Syrie.
Ch. lxxxi. Les deux arbitres; causes qui ont amené l'ar-
bitrage.
Ch. lxxxii. Guerre d'Ali avec les habitants de Nehrewan ,
surnommés Chorat (hérétiques), et autres faits qui s'y rap-
portent.
Ch. lxxxiii. Meurtre d'Ali, fils d'Abou Taleb.
Ch. Lxxxiv. Paroles mémorables d'Ali; sa piété, et autres
anecdotes sur le même sujet.
Ch. lxxxv. Khalifat d'el-Haçan, fils d'Ali; résumé de son
histoire et de sa vie.
38 LES PRAIRIES D'OR.
t vJèi^ cJUs jjl 0J 4^ «Xjf^ *Uu(t jS'i 11 t_>l»
Ch. lxxxvi. Portrait de Moawîah; sa politique; particu-
larités intéressantes tirées de son histoire.
Ch. lxxxvii. Règne de Moawiah, fils d'Abou Sofîan; his-
toire abrégée de ce prince.
Ch. lxxxviii. Les compagnons du Prophète et leur pané-
gyrique; Ah", fils d'Abou Taleb ; el-Abbas; leurs vertus, etc.
Ch. lxxxix. Règne de Yezid , fils de Moawiah , fils d'Abou
Sofian (que Dieu le maudisse!).
Ch. xc. Meurtre d'el-Hoçeïn, fils d'A!i, fils d'Abou Taleb,
avec plusieurs de ses parents et de ses partisans.
Ch. xci. Nomenclature des enfants d'Ali, fils d'Abou
Taleb.
Ch. xcii. Résumé de l'histoire et de la vie de Yezid;
quelques-unes de ses actions remarquables, sa conduite à
Horrah, etc.
Ch. xciii. Règne de Moawiah, fils de Yezid; Merwan, fils
CHAPITRE II. 39
ijiAXJ^ ^j-^^ 1^^' cj^ t^^j^' (:r? ^^ ^"^i «i^^^a'
d'el-Hukm; Mokhtar, fils d'Abou Obeïd ; Abd Allah, fils de
Zobeir; quelques détails sur leur histoire et leur vie; prin-
cipaux événements de cette époque.
Ch, xciv. Règne d'Abd el-Melik, fils de Merwan; récit
abrégé de son histoire et de sa vie; el-Hadjadj, fils de
Yousouf ; particularités curieuses ayant trait à sa vie et à son
histoire.
Ch. xcv. Résumé historique de la vie d'el-Hadjadj ; ses
discours, ses actions remarquables.
Ch. xcvi. Règne del-Welid, fils d'Abd el-Melik ; résumé
de son histoire et de sa vie.
Ch. xcvii. Règne de Soleiman, fils d'Abd el-Melik; ré-
sumé de son histoire et de sa vie.
Ch. xcviii. Khalifat d'Omar, fils d'Abd el-Aziz, fils de
Merwan, fils d'el-Hukm; détails sur son histoire, sa vie et
sa piété.
Ch. xcix. Règne de Yezid, fils d'Abd el-Melik; résumé
de son histoire et de sa vie.
40 LES PRAIRIES D'OR.
Ch. c. Règne de Hicham, fils d'Abd el-Melik, résumé
de son histoire et de sa vie.
Ch. ci. Règne de Welid, fds de Yezid, fils d'Abd el-Me-
lik, résumé de son histoire et de sa vie.
Ch. cii. Règne de Yezid, fils d'el-Welid, fils d'Abd el-
Melik, et de son frère Ibrahim; principaux événements de
leurs règnes.
Ch. cm. Esprit de parti qui se déclare parmi les tribus
du Yemen et de Nizar; révolte contre les Ommiades qui en
est le résultat.
Ch. civ. Règne de Merwan , fils de Mohammed , fils de
Merwan , fils d'el-Hukm.
Ch. cv. Du nombre d'années pendant lesquelles régnè-
rent les Ommiades.
Ch. cvi. De la noble dynastie des Abbassides; quelques
détails sur Merwan; sa mort violente; résumé de son his-
toire et de son règne.
CHAPITRE H. ai
^ /o-^l»l i /o.^ (jJ^ Uj J^Ui-i^ iC5Coîj.AJ| j5i> III- cjL
U çlj ^j*-»^i SjW^' (iM J«-5^j (J^-«^l iii^Xcfc j5i) lir cjL
Ch. cvii. Khalifat d'es-Saflah ; résumé de son histoire,
de sa vie et des événements de cette époque.
Cii. cviii. Khalifat d'Abou Djafar el-Mansour; résumé de
son histoire, de sa vie et des événements de cette époque.
Ch. cix. Khalifat d'el-Mehdi; résumé de son histoire, de
sa vie et des événements de cette époque.
Cii. ex. Khalifat d'ei-Hadi; résumé de son histoire, de sa
vie et des événements de cette époque.
Ch. cxi. Khalifat d'er-Rechid; résumé de son histoire,
de sa vie et des événements de cette époque.
Ch. cxii. Histoire des Barmékides; rôle qu'ils ont joué à
cette époque.
Ch. cxiii. Khalifat d'el-Amin; résumé de son histoire, de
sa vie; abrégé des principaux événements de celte époque.
42 LES PRAIRIES D'OR.
Utf kJ,^ oj.*^^ oj\*â,\ (j^ cK-!?^j J^jdl iiJt^Kcfc jjÎ llv cjU
Ch. cxiv. Khalifat d'el-Mamoun ; résumé de son histoire,
de sa vie, et récit abrégé des principaux événements de cette
époque.
Ch. cxv. Khalifat d'ei-Motaçem ; résumé de son histoire,
de sa vie , et récit abrégé des principaux événements de cette
époque.
Ch. cxvi. Khalifat d'el-Watiq; résumé de son histoire , de
sa vie, et récit abrégé des principaux événements de cette
époque.
Ch. gxvii. Khah'fat d'el-MotewakItil ; résumé de son his-
toire, de sa vie, et récit abrégé des principaux événements
de cette époque.
Ch. cxviii. Khalifat d'el-Mountasir, résumé de son his-
toire, de sa vie, et récit abrégé des principaux événements
de cette époque.
Ch. cxix. Khalifat d'el-Mostaïn; résumé de son histoire,
de sa vie; abrégé des principaux événements de cette époque.
CHAPITRE II. 43
Ch. cxx. Khalifat d'el-Motazz ; résumé de son histoire, de
sa vie; abrégé des principaux événements de celle époque.
Ch. cxxi. Khalifat del-Mohladi, résumé de son histoire,
de sa vie, et récit al)régé des principaux événements de cette
époque.
Cii. cxxii. Kholifat d'cl-Motamid , résumé de son histoire,
de sa vie, et récit abrégé des principaux événements de celte
époque.
Ch. cxxiii. Khalifat d'el-Motaded; résumé de son histoire,
de sa vie, et récit abrégé des principaux événements de cette
époque.
Ch. cxxiv. Khalifat d'el-Moklafi ; résumé de son histoire,
de sa vie, et récit abrégé des principaux événements de cette
époque.
Ch. cxxv. Khalifat d'el-Moktadir; résumé de son histoire,
de sa vie et des principaux événements de cette époque.
44 LES PRAIRIES D'OR.
(T A^l
OiJ»pi Î*XJB Jî »)^^î (J-» à^i g;^' ^^^ J^^ "*'' V^^
Gh. cxxvi. Khalifat d'el-Kaher; résumé de son histoire,
de sa vie, et récit abrégé des principaux événements de cette
époque.
Ch. cxxvii. Khalifat d'er-Radi; résumé de son histoire,
de sa vie , et récit abrégé des principaux événements de cette
époque.
Ch. cxxviii. Khalifat d'el-Mottaki; résumé de son his-
toire, de sa vie, et récit abrégé des principaux événements
de cette époque.
Gh. cxxix. Khalifat d'el-Mostakfi; résumé de son histoire,
de sa vie, et récit abrégé des principaux événements de cette
époque.
Ch. cxxx. Khalifat d'el-Mouti; résumé de son histoire,
de sa vie, et récit abrégé des principaux événements de cette
époque.
Ch. cxxxi. Second résumé chronologique depuis l'hégire
jusqu'à la présente époque, c'est-àdire le mois de djomada
CHAPITRE II. 45
Iàa^ajI <\Ai ^*>JI iùUU'jj ^aÀj^ c>-iw iU^» Jj^i j^àlç^ ^^^
jb.y| ^j^-»->J -jAxJI ^i^5 (J-» bj5i> Ltf t_>b Ja i <jt» «Xi Xit ^^
J^lSl^liXji^j *UÀ~I ;<'^U Ia^ Js^u^Àj 4^ <Xj5j,jÎ (j>« U>«<Xi U
premier, l'an trois cent trente-six. C'est à cette date que nous
avons terminé ce livre.
Ch. cxxxii. Nomenclature des chefs du Pèlerinage, de-
puis l'origine de l'islamisme jusqu'à l'année trois cent trente-
cinq.
L'auteur ajoute : Tel est le sommaire des chapitres con-
tenus dans ce livre; mais on trouvera, en cuire, dans cha^
cun de ces chapitres, différents faits relatifs aux sciences, à
la tradition et à l'histoire, qui ne sont pas énoncés dans le
tilre. Fidèle à la classification qui précède, nous consacrons
à la chronique des khalifes et à la durée de leur vie un pa-
ragraphe distinct de leur biographie et de leur histoire.
Nous passons ensuite en revue les faits principaux de leur
règne, les traits remarquables de leur vie; nous résumons
enfin les événements importants de l'époque, l'histoire de
leurs vézirs, et les sciences qui étaient l'objet de leurs réu-
nions académiques. Nous faisons aussi de fréquentes allu-
sions aux sujets analogues que nous avons développés dans
^6 LES PRAIRIES D'OR.
>* 4Mt yî p^Um^î J^î ^ ijcçr iLUî j^î ^^-1 ^^i^t^JL! Jb
ceux de nos ouvrages précédents qui se rapportent aux
mêmes matières.
Le nombre total des chapitres que renferme ce livre est
décent trente-deux. Le premier a pour titre, « Généralités sur
le but de ce livre; » le second est intitulé, « Table des cha-
pitres que renferme cet ouvrage, » et le dernier : « Nomen-
clature des chefs qui ont conduit les pèlerins à la Mecque,
depuis l'origine de l'islamisme jusqu'à l'année trois cent
trente-cinq. »
CHAPITRE m.
DD COMMENCEMENT DES CHOSES; DE LA CREATION ET DE LA
GÉNÉRATION DES ÊTRES.
Toutes les sectes musulmanes s'accordent à dire que
Dieu, le tout-puissant, créa l'univers sans modèle et le tira
du néant. D'après une tradition qui remonte à Ibn Abbas et
CHAPITRE m. 47
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à d'autres docteurs, la première chose créée par Dieu fut
l'eau, et le trône divin était porté par cet élément. Lorsque
Dieu voulut entreprendre l'œuvre de la création , il fit sor-
tir de l'eau une vapeur qui s'éleva au-dessus d'elle et forma
le ciel; puis il dessécha la masse liquide et la transforma en
une terre qu'il partagea ensuite en sept. Cette œuvre fut ter-
minée en deux jours, le dimanche et le lundi. Dieu, en
créant la terre, la plaça sur un poisson, ainsi qu'il le dit
dans son Koran (lxviii, i) : « Par la plume et ce qu'ils écri
vent, par le poisson, etc. » Il mit le poisson et l'eau sur des
blocs de pierre, ces blocs sur le dos d'un ange, l'ange sur
un rocher, et le rocher sur le vent. Il est fait mention de
ce rocher dans le Koran , lorsque Lokman dit à son fds :
«O mon enfant, le moindre grain de sénevé, fût-il sur le
rocher, au ciel ou dans la terre, sera produit au grand jour
par Dieu, car Dieu pénètre et sait toutes choses. » (xxi, i5.)
Les mouvements du poisson donnant à la terre de violentes
secousses, Dieu y fixa les montagnes et elle devint stable,
Zt8 LES PRAIRIES D'OR.
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ainsi qu'il est dit dans le Koran (xvi, i5) : « Il a jeté de so-
lides montagnes sur la terre, pour qu'elle ne vous entraîne
pas dans ses secousses. » Les montagnes, la nourriture des
habitants de la terre, les arbres et tout ce qui était néces-
saire , furent créés en deux jours, le mardi et le mercredi ; aussi
on lit dans le Koran (xli, 8-io) : «Dis-leur : Pourriez-vous
méconnaître celui qui a créé la terre en deux jours, et ose-
riez-vous lui donner des égaux, à lui, le maître de l'univers?
Il a placé de solides montagnes sur la terre, il l'a bénie, et
il a pourvu à la subsistance de ceux qui l'implorent , et cet
ouvrage a été terminé en quatre jours. » Puis Dieu remonta
vers le ciel, qui n'était qu'une vapeur, et il lui dit ainsi qu'à
la terre : « Venez de gré ou de force. » Tous deux répondirent :
« Nous venons avec obéissance. » De cette vapeur provenant
des exhalaisons de l'eau, Dieu fit un seul ciel, qu'il divisa
en sept autres cieux, en l'espace de deux jours, le jeudi et
le vendredi. Ce dernier n'a été nommé Djoiima, ou réu-
nion , que parce que la création des cieux fut réunie à celle
de la terre pendant ce jour. Dieu dit ensuite {Koran, xli,
CHAPITRE III. 49
4J-» iUjUjI *l.fuJîj *ry,AJaifc. i^^j^j CJ^ tojJl *l.çw (jî^ i»>««Jl
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^ *X-^^I uijjtît ^i 4MÎ iiî Ail ii tj^yb -Pj uii,Jtlî (JJIaS
11), «Et il révéla à chaque ciel ce qui le concernait;» ce
qui signifie qu'il créa dans chaque ciel les anges, les mers
et les montagnes de glace qu'il renferme.
Le ciel placé au-dessus de la terre est en émeraude verte;
le second ciel est en argent; le troisième en rubis rouge; le
quatrième en perle; le cinquième en or pur; le sixième en
topaze; le septième est une masse de feu et est couvert d'an-
ges qui, debout sur un seul pied, chantent les louanges de
Dieu parce qu'ils sont près de lui. Leurs jambes traversent
la septième terre, et la plante de leur pied repose au-des-
sous de celte terre, à une profondeur qu'il faudrait cinq
cents ans pour atteindre, tandis que leurs têtes se trouvent
sous le trône, sans pourtant le toucher. Ils disent : «Il n'y
a de dieu que Dieu, le maître du trône glorieux! » [Koran,
Lxxxv, i5.) Placés là depuis leur création, ils y resteront
jusqu'à l'heure du jugement. Sous le trône est une mer,
d'où descend la subsistance de tous les êtres vivants. Obéis-
sant à la volonté divine, elle transmet d'un ciel à l'autre la
50 LES PRAIRIES D'OR.
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quantité de pluie fixée par Dieu, jusqu'à l'endroit nommé
el-Abram. Dieu commande ensuite au vent, et il porte l'eau
aux nuages, qui la tamisent comme un crible. Sous le ciel
qui recouvre la terre est une nier toute remplie d'animaux
qui ressemblent à ceux qui vivent dans les mers de notre
globe, et ils y sont retenus par la puissance divine.
Après avoir terminé la création de la terre, Dieu la peu-
pla de génies [Djins] avant d'y placer Adam; « il les créa du
feu le plus pur» [Koran, Lv, lA), et parmi eux se trouvait
Iblis (le diable). Dieu leur défendit de verser le sang des
animaux et de se révolter les uns contre les autres; mais ils
répandirent le sang et se combattirent mutuellement. Lors-
qu'Iblis vit que les génies ne s'abstenaient d'aucune mau-
vaise action, il pria Dieu de l'élever au ciel, où il unit ses
ferventes adorations à celles des anges. Dieu envoya contre
les génies, qui sont de la race d'Iblis, une troupe d'anges
qui les repoussèrent jusque dans les îles des différentes
mers, après avoir exterminé ceux dont Dieu ordonna la
mort. Iblis, qui avait été institué par Dieu comme gardien
CHAPITRE III. 51
Î^LiL» iuuXi- (jb^i^l i tKftW" à' ii5o:5>wtJ Jliii -it i^Ai»? yî
du ciel voisin de la terre, laissa envahir son cœur par l'or-
gueil. Lorsque Dieu voulut créer Adam, il dit aux anges: « Je
vais établir mon vicaire sur la terre. » Les anges répondirent:
« Seigneur, qui sera ce vicaire? » Dieu dit alors : « H aura des
descendants qui feront le mal; ils se haïront et s'extermine-
ront les uns les autres. » Les anges reprirent : «Seigneur,
veux-tu donc placer sur la terre une créature qui la couvrira
de désordres et de sang, tandis que nous célébrons tes
louanges et que nous te bénissons? » Dieu répondit : « Je sais
ce que vous ignorez. » {Koran, ii, 28.) Puis il envoya Gabriel
sur la terre pour qu'il lui en rapportât de l'argile; mais la
terre dit à l'ange: « J'invoque Dieu contre toi si tu as l'inten-
tion de me nuire. »
Gabriel s'éloigna donc sans remplir sa mission. Dieu en-
voya Michel , auquel la terre adressa les mêmes paroles, et
qui partit aussi sans prendre d'argile. Dieu envoya enfin l'ange
de la mort, contre lequel la terre invoqua encore l'appui
divin; mais l'ange lui dit, « Que Dieu me préserve de m'en
relourner sans avoir exécuté son ordre ! » puis il prit de la
52 LES PRAIRIES D'OR.
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terre noire, rouge et blanche, et c'est pour cette raison que
les hommes diffèrent de couleur. Le premier homme fut
nommé Adam, parce qu'il a été tiré de la surface [adim)
de la terre ; mais on donne aussi d'autres explications à ce
nom. Dieu confia la mort à l'ange de la mort. Puis il pétrit
cette argile et la laissa pendant quarante ans , pour qu'elle
formât une masse unie et compacte; il la laissa encore pen-
dant le même espace de temps, jusqu'à ce qu'elle devînt
fétide et se corrompît. Ainsi il est dit dans le Koran (xv, 26):
«Formé d'une argile masnoun,» c'est-à-dire fétide. Dieu
donna à ce limon la forme humaine, mais le laissa sans âme
comme un vase de terre, pendant cent vingt ans, ou, selon
d'autres, pendant quarante ans. Voilà pourquoi il est dit
dans le Koran (lxxxvi, 1) : « L'homme n'esl-il pas demeuré
longtemps sans qu'il fût digne d'avoir un nom? » Les anges,
en passant devant ce corps, furent saisis de frayeur. Iblis,
plus effrayé encore, le heurta du pied en passant près de lui ,
ce qui produisit un son semblable à celui d'un vase de terre;
c'est ainsi qu'il faut entendre le mot salsal, dans ce passage
CHAPITRE III. 53
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^jj^ àj-j^Jb j.iiij-«l aS*-=»I (j^j 2^ (^«Xll 4^L«l! (j**JS^t 4^
du Koran (lv, i3) « d'un bruit analogue à celui d'un vase
d'argile; » on explique aussi ce terme d'une manière diffé-
rente de la nôtre. Iblis pénétra dans la bouche et ressortit
du côté opposé , en disant: « Dans quel but as-tu été créé? »
Lorsque Dieu voulut animer ce corps du souffle de la vie,
il ordonna aux anges de se prosterner devant Adam; tous
obéirent à l'exception d'Iblis, qui, dans l'excès de son or-
gueil, s'écria : «Seigneur, je suis meilleur que lui, car tu
m'as créé de feu, tandis que tu l'as formé d'argile. » {Koran,
XXXVIII, 77.) Or le feu est plus noble que l'argile; c'est moi
que tu avais établi comme ton vicaire sur la terre; j'ai des
ailes, une auréole de lumière, et ma tète est couronnée de
noblesse; c'est moi qui t'ai adoré au ciel et sur la terre. »
Dieu lui répondit : «Sors d'ici, car tu es lapidé; que ma
malédiction pèse sur toi jusqu'au jour du jugement! » {Ibid.
XXXVIII, 78 et seq.) Iblis demanda un répit jusqu'au jour
de la résurrection, et Dieu le lui accorda «jusqu'au terme
fixé. » [Ibid. 82.) Ce fut ainsi que le nom d'Iblis reçut le
54 LES PRAIRIES D'OR.
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x-viixj ,i o-Lï*. L.t*-J (j^i ^^^-JD tJ-* ''^ ''^^ ^ fi^ ^^
sens qu'on lui attribue [diaholus) , et à cause de lui fut donné
l'ordre de se prosterner devant Adam. Quelques personnes
pensent qu'Adam n était que le mihrab ou la direction vers
laquelle devaient se tourner les anges qui avaient reçu cet
ordre, mais que le véritable objet de l'adoration était le
Créateur, et que c'est ainsi que les serviteurs de Dieu doivent
se soumettre et obéir à sa volonté dans l'examen et les
épreuves qu'il leur impose. H y a encore d'autres opinions
à cet égard. Dieu fit pénétrer son souffle dans l'homme, et
à mesure qu'une partie du corps était animée par ce souffle ,
elle tendait à s'asseoir; Dieu dit alors : a L'homme est créé
trop prompt.» [Koran, xvii, 12.) Lorsque le souffle divin
l'eut rempli entièrement, l'homme éternua, et Dieu lui dit :
« Prononce les mots : « Louanges à Dieu , pour que ton Sei-
« gueur te fasse miséricorde, ô Adam! »
Le récit qu'on vient de lire sur l'origine de la création
nous est donné par la révélation; il a été transmis orale-
ment de génération en génération , et l'antiquité l'a légué
aux âges modernes. Nous le rapportons tel que nous l'avons
CHAPITRE III. 55
recueilli de la bouche des anciens, tel que nous l'avons
trouvé dans leurs livres; il est accompagné des arguments
qui prouvent d'une manière évidente que le monde est créé
et tiré du néant. Mais nous ne voulons mentionner ici ni
l'opinion des sectes religieuses qui acceptent et soutiennent
le système de la création, ni les arguments qu'elles oppo-
sent aux sectes dissidentes qui affirment l'éternité du monde;
nous avons traité ces matières dans nos écrits précédents.
On trouvera d'ailleurs dans plusieurs passages de ce livre
un résumé des sciences spéculatives, des arguments et des
discussions relatives à un grand nombre d'opinions philo-
sophiques; mais ces renseignements suivront toujours la
marche des faits historiques.
Une tradition qui remonte au prince des croyants, Ali,
filsd'Abou Taleb, dit que lorsque Dieu voulut établir les
lois de l'univers, jeter les germes des êtres et produire ia
création, il donna à ces germes la forme d'atomes, avant
d'étendre la terre et d'élever les cieux. Au sein de sa royauté
sans partage et de sa glorieuse unité, il prit un rayon de sa
56 LES PRAIRIES D'OR.
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lumière, une étincelle de son foyer de splendeur. Cette lu-
mière , en se répandant , se concentra au milieu de ces atomes
invisibles et s'unit à la forme de notre saint prophète Mo-
hammed.
Dieu prononça alors ces augustes paroles : « Tu es l'élu
et le choisi; je dépose en toi ma lumière et les trésors de
ma grâce; pour toi j'étendrai le lit des vallées, je donnerai
un libre cours à l'eau , j'élèverai le ciel , et je distribuerai
les récompenses et les châtiments, le Paradis et l'Enfer.
En ta faveur, je ferai des membres de ta famille les guides
du salut, je leur révélerai les secrets de ma science, afin
qu'il n'y ait plus pour eux de subtilités ou de mystères ; ils
seront la preuve de ma création , les apôtres de ma toute-
puissance et de mon unité. » Dieu prit ensuite le témoi-
gnage de sa toute-puissance et la croyance pure en son unité,
et à ces deux dogmes , qu'il disposa selon sa sagesse, il ajouta,
dans l'intelligence des créatures , la notion de l'élection de
Mohammed et de sa famille ; il montra à la création que la
direction dans le salut et la lumière de la foi appartenaient
CHAPITRE III. 57
j^J AaXc 4M! ^^^-o <Xj^ »yj o«Xx&-jJÙ y^j l^Jt,Jii.t r'ij'^
à Mohammed, comme la suprématie religieuse [imameh.)
à sa famille, en devançant ainsi la loi de la justice (le Ko-
ran) et en prévenant toute excuse. Puis Dieu ensevelit la
créature dans le monde invisible et la cacha dans les mys-
tères de sa science. Il posa les mondes, déroula le temps,
souleva les flots et fit surnager l'écume et monter la vapeur.
Le trône divin flottait encore sur l'eau; Dieu étendit la
terre sur cette surface liquide, et tira de l'eau une vapeur
dont il forma le ciel. Il somma le ciel et la terre de lui obéir,
et ils reconnurent sa puissance. Dieu créa ensuite les anges,
qu'il forma des lumières et des esprits tirés par lui du néant,
et il unit au dogme de son unité celui de la mission pro-
phétique de Mohammed. Cette croyance fut ainsi répandue
dans le ciel avant que le Prophète accomplît sa mission sur
la terre.
Après avoir créé Adam, Dieu fit connaître aux anges la
haute dignité de l'homme et la supériorité de science qu'il
lui avait accordée sur eux; pour le prouver, il lui fît nom-
mer tous les objets de la création. Adam fut donc désigné
58 LES PRAIRIES D'OR.
ojLv-j j-jç^ (j^ j,it làj». yl<3 iiXj^Uî «XÀfi UUt »Uw y{
J-»a3 yl Jî ijU)Jt o^'jUil Uis? 4MÎ J;^ ^j ^bjy ^i>yKMéje,
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X«Jo t5*>Jî ♦>^-^i t^ ^■M^t -^LnwJI ifjXs. ^ù>JJm\^ b^K*!^
par Dieu comme un mihrah, une kaabàh, une porte sainte
ou une Jtiblah vers laquelle les purs esprits et les anges de
lumière devaient se tourner pour prier.
Dieu avertit le premier homme du dépôt qui lui était
confié et lui révéla le précieux trésor qu'il avait confié à sa
garde, après l'avoir désigné comme imam en présence des
anges. Adam eut ainsi le glorieux privilège d'être honoré
comme le gardien de la lumière divine; mais Dieu conti-
nua à cacher cette lumière sous le voile du temps, jusqu'à
ce qu'il daignât tirer Mohammed du canal de la grâce (voy.
ci-après). Celui-ci appela les hommes (à la foi) en public
ou en particulier, il prêcha en secret et ouvertement; il ne
cessa de rappeler aux hommes l'époque antérieure à sa ve-
nue, mais où il existait déjà comme un germe céleste. Ceux
à qui s'était communiquée une étincelle du flambeau de la
lumière primitive pénétrèrent dans ce secret et le com-
prirent clairement; ceux qui conservèrent le bandeau de
l'ignorance furent l'objet de sa colère. Après Mohammed, la
lumière a été transmise aux plus nobles d'entre nous (les
Alides) , et elle a brillé dans nos imams. Nous sommes donc
CHAPITRE III. 59
lÀAji'j-j «^Lamuc (j-é iUj»ÀJ{ (j4^ (:3^-i^5 <-fj S-j ^jjJij^jJLI
^^ \XXi\ «Xi bi^ Vgivisj jLjk^iil »«Xi^ «XajUmI qj^ jjuiSjSù^
les lumières du ciel et celles de la terre; en nous est le sa-
lut, de nous sort le secret de la science, et c'est vers nous
que tout doit aboutir. Un guide, pris parmi nous, fournira
les preuves décisives; il sera le sceau des imams, le sauveur
de la nation, le foyer de la lumière et la source de toutes
choses. Nous sommes les plus nobles des créatures, l'élite
des êtres et la preuve vivante du maître des mondes. Heu-
reux donc celui qui s'attache à notre suprématie et qui se
laisse guider par nous!
Telle est la tradition enseignée par Abou Abd Allah Dja-
far ben Mohammed, d'après son père Mohammed ben Ali,
d'après son père Ali ben el-Horein , d'après son père el-Ho-
çein, d'après son père l'émir des croyants, Ali, fils d'Abou
Taleb.
Nous ne chercherons pas à citer toutes les autorités qui
appuient cette tradition, ni ses variantes; nous l'avons déjà
développée dans nos ouvrages précédents, en la rattachant
historiquement à toutes les sources auxquelles nous l'avons
puisée. Mais dans ce livre nous craindrions les répétitions et
les longueurs.
Voici ce qu'on lit dans le Pentateuque ( Tourah) , « Dieu
60 LES PRAIRIES D'OR.
viU«kJ àj^l «NJCls CAXwJl -^ ^b^' *T^AJÎ y^^ (Jr-ÂJ'i'i
»^^ CJ-* -lij ^-*Jlt yî cKa^-^Î J^I /oJt;^ t«5s** <^«^V>*Jt h»^
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(jMAJ^j AJvià. (^«xJi ^^^t ^^'*^i ij$^^^ cKsr» c^ <-AJtXj^
commença la création le lundi, et la termina le jour du sab-
bat; » voilà pourquoi les Juifs ont fait du sabbat un jour con-
sacré. Les sectateurs de l'Évangile , croyant que le Messie est
sorti de son tombeau le dimanche, ont adopté ce jour comme
jour de fête. Mais la plupart des jurisconsultes et des tradi-
tionnistes pensent que la création commença le dimanche
et finit le vendredi. Ce jour-là, c'est-à-dire le 6 du mois
d'avril, le souffle de la vie anima le premier homme. Eve
[Hawa) fut ensuite créée d'Adam. Ils furent placés dans le
Paradis terrestre à la troisième heure de ce jour, et ils y sé-
journèrent trois heures, ou un quart de jour, ce qui égalait
deux cent cinquante années terrestres. Après sa chute, Adam
fut relégué par Dieu à Serendib (Ceylan), Eve à Djeddah,
Iblis à Beiçan et le serpent à Isfahan. Adam fut précipité
dans l'Inde, sur le mont Rahoun , situé dans l'île de Ceylan.
Quelques feuilles (du Paradis) , cousues ensemble, couvraient
son corps; quand elles furent desséchées, le vent les dis-
persa dans l'Inde, On prétend (Dieu sait mieux la vérité)
CHAPITRE TH. 61
«JJ^yJj JJS j-A^ JjO^ ^jl^î dUi (j^ «XÀ^iî ij:,j\t t-yJaJl
j-jL-»w_5 dl^î^ iù^UiJlj JsiyyjJî^ ^_^l» «Xa^JÎ qojI c^-AaÀi
^y (j*<Lil^Lâr|j o«jLjî_yJl AxVfi c:^ Sa ^iUtXS^ v^Wl
laAiftt U 2s. -iî ^jtj ^^i qûjU^ Hjjià jj^ ^àUÀ^JI dj.jlj>i».
jw^è (j^ Ua-»^ /jjçtXjj iUoÀial (jj-» ÀjJulO if>*A ^i-**"^ ^^^4^ (j^
^y^ Si *'^ *^b^ *H^* V^-^ Is^aJIj j^l^ ^V^ U^^^^
<_>LàjJÎj jj,^jjt)Jlj t>'^*J|3 I/W*^'^ <-A=>j^^s ijoW"^'j (j^i^vim^
que ces feuilles ont donné naissance aux parfums qui naisr
sent dans ce pays; mais d'autres donnent une raison diffé-
rente. Telle serait donc l'origine de diverses productions
propres à l'Inde : l'aloès, le giroflier, les aromates, le musc
et tous les parfums. Sur cette même montagne brillent les
rubis et les diamants ; les îles de l'Inde produisent l'émeri , et
la mer qui l'entoure recèle les perles dans son sein. Adam,
chassé de son premier séjour, emporta une provision de fro-
ment et trente rameaux détachés des arbres fruitiers du
Paradis. Dix de ces fruits ont une écorce : la noix, l'amaude,
l'aveline ou noisette, la pistache, le pavot, la châtaigne, la
grenade, la noix d'Inde, la banane et la noix de galle; dix
autres sont des fruits à noyaux, savoir : la pêche, l'abricot,
la prune, la datte, la sorbe, le fruit du lotus (voy. Fors-
kal , Flor. Egjpt. p. lxiii), la nèfle, le jujube, le fruit du
doum (palmier éventail du Saïd) et du cerisier; dix autres
enfin, dont la pulpe n'est recouverte ni d'une écorce, ni
62 LES PRAIRIES D'OR.
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oU^4Xj> u «.^.U^^)^ (jmUjI (^ (5*^;^ J>^ l«x^^ Jsv?*^ ^.«w! ^t
d'une pelure , et qui n'ont pas de noyaux ; ce sont : la pomme ,
le coing, le raisin, la poire, la figue, la mûre, l'orange, le
concombre, la courge et le melon.
On raconte qu'Adam et Eve furent séparés après avoir
été chassés du Paradis, el qu'ils se retrouvèrent au lieu
nommé Arafat (reconnaissance) : c'est ainsi du moins qu'on
explique le nom de celte montagne (à vingt-quatre kilo-
mètres de la Mecque) ; mais il y a d'autres opinions à cet
égard. Eve, rendue à l'amour d'Adam, lui donna un enfant
mâle et une fille ; le premier fut nommé Caïn, et la fille
Loubeda. Devenue mère pour la seconde fois, Eve mit en-
core au monde un fils et une fille; l'un fut nommé Ahel,
et l'autre Iklimia. On n'est pas d'accord sur le nom du fils
aîné d'Adam, mais l'opinion générale parmi ceux qui sui-
vent l'autorité de l'Écriture, et d'autres encore le nomment
Caîn, comme nous l'avons dit; quelques-uns ont adopté le
nom (ïAhel, mais cette version est peu répandue, tandis
que la première a pour elle la majorité. C'est ce que con-
CHAPITRE III. 63
JULi viUi
A.fi |.it *.tfyi ool^ »4>a^J (j%ÀlaxII (jo ^ISCiJl i (jj^j J^^
firme le passage suivant d'une poésie sur l'origine du monde,
par Ali , fils d'el-Djohm :
Ils obtinrent un fils nommé Caïn, qui grandit sous leurs yeux.
Abel parvint à radolescence à côté de Caïn, et rien ne séparait les
deux frères.
Ceux qui admettent l'Ecriture sainte disent qu'Adam,
afin d'éviter le mariage eutre les enfants issus de la même
grossesse, unit Caïn à la sœur (jumelle) d'Abel, et celui-
ci à la sœur (jumelle) de Caïn. Le but d'Adam, dans cette
double union, était d'établir une séparation dans les liens
du sang, autant du moins que cela était possible en l'absence
de race éloignée ou étrangère. Les Mages prétendent cepen-
dant qu'Adam n'a pas interdit le mariage entre enfants issus
de la même grossesse, et que cette défense eût été blâmable.
Ils ont, à cet égard, certain dogme mystérieux d'après lequel
ils soutiennent qu'il est préférable qu'un frère épouse sa
sœur, ou une mère son propre fils. Nous en avons parlé
64 LES PRAIRIES D'OR.
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^j^ /jii«^»J) y) jVÀAJ^^j~S^ Ci:^«X^ A\aÀ yo_5 *UiJj (jpjl (j^*
dans le quatorzième chapitre de notre ouvrage intitulé :
« Annales historiques relatives aux peuples de l'antiquité, aux
races éteintes et aux rois qui ont disparu de la scène du
monde. »
Abel et Caïn offrirent chacun un sacrifice; Abel fit choix,
pour ce sacrifice, de ses plus belles brebis et de ses aliments
les plus délicats; Gain offrit, au contraire, la part la plus
mauvaise de son bien. Ce qui arriva alors, c'est-à-dire le
meurtre d'Abel par Caïn, est raconté dans le Koran (sur.
XXX, V. 33). On dit que Caïn surprit son frère dans une
plaine déserte, située sur le territoire de Damas, en Syrie,
et qu'il le tua en lui frappant la tête avec une pierre. On
ajoute que les bêtes sauvages ont appris ainsi de l'homme à
être cruelles, puisqu'il leur donna le premier exemple du
crime et du meurtre. Après avoir tué son frère, Caïn, em-
barrassé de cacher le corps, le chargea sur ses épaules et
parcourut la terre. Dieu lança alors deux corbeaux, dont
l'un tua et enterra le second. A cette vue, Caïn, au déses-
poir, prononça ces paroles rapportées dans le Koran [ïbià.
CHAPITRE m. 65
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^ (>j>,-àJ| (j^ 4^ lis? It-k-ç-j 5\il L^J J*x«,j
V. 34) : « Malheureux que je suis! Ne pouvais-je pas même
imiter ce corbeau, et cacher mon crime contre mon frère? »
Puis il l'ensevelit. Quand Adam fut instruit de ce meurtre,
il fut en proie à une sombre tristesse et tomba dans un pro-
fond désespoir.
Il existe une poésie fort populaire, que l'on dit avoir été
composée par Adam, sous l'impression de la douleur et du
deuil que lui causait la perle de son fils. Voici cette lamen-
tation poétique :
Quel changement dans ce pays cl dans ceux qui l'habitent! Une sombre
poussière ternit la face de la terre.
Tout a perdu sa saveur et son éclat-, le deuil a succédé au sourire et
à la joie.
Les hommes ont substitué le tamaris et d'autres plantes vénéneuses à
la riche végétation qui couvrait les jardins célestes.
Près de nous veille un ennemi implacable, un être maudit, dont la
mort seule nous laisserait respirer.
Caïn a tué Abcl injustement; ô regrets! Oà. est ce gracieux visage?
I. 5
60 LES PRAIRIES D'OR.
Pourrais-je ne pas répandre des torrents de larmes, quand le tombeau
renferme Abel ?
La vie n'est plus pour moi qu'une longue suite de maux, et cette vie
est un fardeau dont je ne puis me délivrer!
J'ai iu dans plusieurs recueils d'histoire, de biographie
et de généalogie, que lorsque Adam eut prononcé ces pa-
roles, Iblis, caché de façon que sa voix fût entendue sans
qu'on pût voir son corps, lui répondit par les vers sui-
vants :
Fuis ce pays et ceux qui l'habitent; la terre maintenant est trop étroite
pour toi.
A côté d'Eve , ton épouse , tu t'y croyais , ô Adam ! à l'abri des maux de
la vie.
Mais mes ruses et mes artiGces n'ont pas eu de trêve que ces biens
précieux ne te fussent ravis.
Si la pitié du Tout-Puissant ne te protégeait, un souffle aurait suffi
pour t'arracher aux jardins de l'éternité.
Enfin, dans un manuscrit différent, j'ai trouvé, au lieu
des vers qui précèdent, ce vers isolé que, la voix d'un être
CHAPITRE III. 67
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(^yS" -il J*l^* ^*-«^J (J-'^'^' <XJ|^! Jl 1$^ JJiXÀj ^pJt>i>^ jjU
caché de façon à n'être pas aperçu aurait adressé à Adam :
Père d'Abel , tes deux fils ont péri ensemble : le survivant tombe sa-
crifié à celui qui est mort.
A ces mots , la douleur et le chagrin d'Adam redoublèrent ,
autant pour le fils qui n'était plus que pour celui qui lui
restait; car il comprit que tout meurtrier doit périr. Dieu
lui révéla alors ces paroles : « Je ferai sortir de toi ma lu-
mière, qui traversera les canaux purs et les races illustres;
son éclat ternira toute autre clarté, et j'en ferai le sceau du
Prophète. Ce prophète (Mahomet) aura pour successeurs
les plus illustres imams, qui se transmettront cet héritage
jusqu'à la fin des temps. La terre tressaillera à leur appel,
et leurs sectateurs resplendiront de lumière. Aussi pré-
pare-toi , par des purifications et des prières , célèbre les
louanges de Dieu et approche ensuite de ta femme, quand
elle sera dans un état de pureté (légale); car de vous deux
mon dépôt passera à l'enfant qui naîtra de votre union.
Adam fit ce qui lui était ordonné, et Eve devint mère aussi-
5.
68 LES PRAIRIES D'OR.
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tôt: son front resplendit, des rayons de lumière illuminèrent
ses traits et sortirent de l'orbite de ses yeux. Arrivée au terme
de sa grossesse, elle mit au monde Cheit (Seth) , i'enfant le
plus noble, le plus majestueux, le plus beau, le plus par-
fait et le mieux proportionné qu'on eût jamais vu; une au-
réole lumineuse le couronnait, la majesté et la grandeur
étaient empreintes sur son visage. La lumière divine, pas-
sant d'Eve en cet enfant, scintillait autour de son front et re-
haussait l'éclat de sa beauté. Adam le nomma Cheitou « Dieu
donné ^y {hib et Allah).
Lorsque l'âge, en développant sa taille, eut mûri son in-
telligence et sa raison , il fut instruit par Adam de la mis-
sion et du précieux dépôt dont il allait être chargé; il apprit
qu'il serait la preuve de Dieu et son représentant sur la
terre, qu'il transmettrait la vérité divine à ses successeurs,
et qu'il serait le second dépositaire « de la semence pure et
du rameau toujours vert.» Cheit, après avoir recueilli les
dernières volontés d'Adam, les mit de côté et ne les divul-
gua point avant l'heure où son père fut près de quitter ce
CHAPITRE III. 69
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monde. Adam mourut le vendredi 6 avril , à l'heure même
à laquelle il avait été créé; il avait alors neuf cent trente ans.
Cheit, son héritier, devint ensuite le chef de sa postérité,
qu'on dit avoir été de quarante mille enfants et petits-enfants.
On n'est pas d'accord sur l'emplacement du tombeau d'A-
daai. Les uns croient qu'il est situé à Mina, dans la mosquée
d'el-Khaïf; les autres le placent dans une caverne du mont
Abou Kobaïs , et il existe encore d'autres versions (Dieu
sait mieux la vérité).
Cheit rendit la justice parmi les hommes; il établit comme
lois les feuilles qui avaient été transmises du ciel à Adam,
ainsi que les livres et les prescriptions que Dieu lui révéla à
lui-même. La femme de Cheit devint mère d'Enos ( Anouch),
et la lumière qui brillait en elle pendant sa grossesse passa
dans cet enfant au moment de sa naissance. Quand Enos
eut atteint l'âge de raison, son père lui révéla le précieux
dépôt qui était la gloire de la famille; il lui recommanda
d'enseigner un jour à son fils la vérité et l'importance de
70 LES PRAIRIES D'OR.
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leur noblesse, afin que cette tradition, transmise par ce
dernier à ses enfants , passât de père en fils , tant que vivrait
leur race. C'est ainsi, en effet, que cet ordre se perpétua
d'une génération à l'autre, jusqu'à ce que la lumière divine
parvînt à Abd el-Mottaleb et à son fils Abd Allah , père de
notre saint Prophète.
Mais ce qui précède est un objet de discussion entre les
sectes religieuses qui s'en tiennent à la désignation textuelle,
et celles qui sont pour l'élection. Les premières, c'est-à-dire
les imamites ou sectateurs (chiites) d'Ali, fils d'Abou Taleb,
et de sa sainte postérité , prétendent qu'à aucune époque Dieu
n'a privé le genre humain ou d'un prophète, ou d'un léga-
taire (imam), expressément et nominativement désigné par
Dieu et son Prophète, et chargé de la garde de la vraie re-
ligion. Au contraire, les partisans de l'élection qui se re-
crutent parmi les jurisconsultes des capitales, les Motazé-
lites, quelques fractions des Kharédjites ou hétérodoxes,
les Mourdjites (qui proclament la foi sans les œuvres) , plu-
sieurs traditionnistes , le peuple en général, et une partie
CHAPITRE III. 71
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des Zeïdites (disciples de Zeïd, quatrième imam) soutien-
nent que Dieu et son Prophète ont prescrit à la nation le
devoir d'élire dans son sein un homme qui aura qualité
d'imam; mais ils ajoutent que certaines époques peuvent
être privées de « la preuve de Dieu , » c'est-à-dire d'un imam
exempt de toute tache, comme disent les chiites. On trou-
vera plus loin quelques éclaircissements sur les doctrines
de ces écoles et les différences qui les séparent.
Enos se consacra à la culture de la terre. Quelques per-
sonnes considèrent Cheit comme le père du genre humain ,
à l'exclusion des autres enfants d'Adam; mais il y a encore
d'autres opinions à cet égard. Dieu sait la vérité. Cheit mou-
rut à l'âge de neuf cent douze ans ; ce fut de son temps que
fut tué Cain, fils d'Adam et meurtrier de son frère Abel;
la mort de Gain fut accompagnée de circonstances curieuses
que nous avons racontées dans nos Annales historiques et
dans l'Histoire moyenne. Enos mourut le 3 octobre, à l'âge
72 LES PRAIRIES D'OR.
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de neuf cent soixante ans, après avoir engendré Kaïnan.
Celui-ci reçut, avec la lumière prophétique, le pacte fait
avec sa famille, et cultiva la terre jusqu'à ce qu'il mourût,
âgé de neuf cent vingt ans. On croit que ce fut au mois de
juillet, après avoir donné le jour à Mahalaïl. Ce dernier
vécut huit cents ans et fut père de Loud (Yared?). La lu-
mière prophétique, le pacte religieux et la vérité conti-
nuaient à se transmettre ainsi sans interruption. On pré-
tend que plusieurs instruments de musique furent inventés
vers cette époque par un 61s de Caïn. On peut voir, dans
nos Annales historiques, le récit des guerres et des événe-
ments survenus entre la postérité de Caïn et Loud, ainsi
que la lutte des fils de Cheit avec une branche de la fa-
mille de Caïn, de laquelle une race d'Indiens, qui recon-
naît Adam (voy. chap. vu), tire son origine. Elle occupe
dans l'Inde le pays de Komar (aujourd'hui Assam) , qui a
donné son nom à l'aloès Komari. Loud vécut neuf cent
CHAPITRE m. 73
A-jLa-j tj aMI jjk^t (^<xJI jjûj .Vjllac y^.«^ 4^^"**^ (j^*wo*^
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& -
soixante-deux ans et mourut dans le mois de mars. Il eut
pour successeur son fils Enoch (Akhnoukb) , qui n'est autre
qu'Edris, le prophète. Les Sabéens le confondent avec Her-
mès, et ce dernier nom signifie Mercure (Outarid). C'est
d'Enoch que Dieu a dit dans son livre [Koran, xix, 58)
qu'il l'a élevé « à une place éminente. » Il vécut en ce monde
trois cents ans, et on dit même un plus grand nombre
d'années : on lui attribue l'art de coudre et l'usage de l'ai-
guille. Il reçut du ciel trente feuillets, comme Adam en avait
reçu trente et un, et Cheit vingt-neuf; ils contenaient les
louanges de Dieu et des prières. Son fils Malhusalem (Ma-
touchalekh) continua après lui à cultiver la terre, et reçut la
lumière prophétique sur son front. Il eut, dit-on, un très-
grand nombre d'enfants, parmi lesquels on range les Bul-
gares, les Russes et les Slaves. Il mourut au mois de sep-
tembre, après avoir vécu neuf cent soixante ans. Ce fut du
vivant de son fils Lamek que survinrent les événements qui
74 LES PRAIRIES D'OR.
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J*-S=»- t^iy^'j iS^y4- c^ iUwuJl cj»yU(l^ çUj yl *UwJlj
amenèrent la confusion des races; Lamek mourut âgé de
neuf cent quatre-vingt-dix-neuf ans.
Son fds Noé (Nouh) lui succéda, et de son temps la cor-
ruption et l'injustice la plus effrénée régnèrent parmi les
hommes. En vain Noé chercha à les ramener vers Dieu ; ils
persévérèrent dans leur révolte et leur infidélité. Dieu les
maudit et ordonna à Noé de se construire un vaisseau, et,
quand il fut terminé, Gabriel lui apporta le cercueil qui
renfermait les ossements d'Adam. Noé et ses compagnons
entrèrent le vendredi, 19 du mois de mars, dans ce vais-
seau, qui flotta sur la surface des eaux, tandis que la terre
fut submergée pendant cinq mois. Dieu ordonna enfin à la
terre d'absorber l'eau, il ferma les cataractes du ciel (sur. xi,
vers. /i6), et l'arche se reposa sur le mont Djoudi, situé
dans le pays de Baçoura (Baçourin) et Djezireh ibn Omar,
dans la province de Moçoul, à huit parasanges du Tigre. On
montre encore aujourd'hui, sur le sommet de cette mon-
CIIAPITP.E III. 75
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(j-JiJjîj (jvJuLSi iU^M _^j (•J^^ ti^ ^^-«>*'î ^j (JV^ liûji^vw^
tagne, l'endroit où l'arche s'arrêta; s'il faut en croire une
autre version, certaines portions de la terre tardèrent à
absorber l'eau du déluge, et les autres rabsorl)èrent dès
qu'elles en reçurent Tordre. Les premières donnent de l'eau
douce quand on les creuse; mais les terres rebelles reçurent
conmie châtiment l'eau salée; elles devinrent arides et
furent envahies par le sel et par les sables. L'eau qui ne
fut pas absorbée pénétra dans les bas-fonds de la terre et
forma les mers, qui ne sont donc que le reste des eaux
dans lesquelles Dieu fit périr les nations. Nous aurons oc-
casion ci-après de parler des mers et de les décrire. (Voy.
chap. VIII.)
Noé sortit de l'arche avec ses trois fils, Sem, Cham (Ham)
et Jafet, ses trois brus, quarante hommes et un même
nombre de femmes. Ils s'arrêtèrent sur un plateau de la
montagne de Djoudi et y bâtirent une ville, qu'ils nommè-
rent Temanin (quatre-vingts) , nom qu'elle a conservé jus-
qu'à ce jour (332 del'hég.). La postérité de ces quatre-vingts
7C LES PRAIRIES D'OR.
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U <_^.***.£*. (^ jjJîj j.^1 (J>* /e-^^Sl,.**»^ i ljJ).À3 «*X3^ <ÎI.*«*JJ
personnes s'éteignit , et Dieu repeupla ia terre avec les trois
fils de Noé, c'est ainsi qu'il le dit lui-même dans le Koran
(xxxvii, yô) : «Nous avons établi sa race et nous avons as-
suré sa durée. » Dieu sait mieux le vrai sens de ce passage. Le
nom du fils de Noé qui refusa l'offre de son père, quand il
lui dit, « O mon fils, embarque-toi avec nous » [ibid. xi, l\^),
est Yam. Noé partagea la terre entre ses fils, et assigna à
chacun sa propriété. Il maudit Cham à cause de l'injure
qu'il recul de ce fils, ainsi qu'on le sait, et s'écria, « Maudit
soit Cham ! puisse-t-il être l'esclave de ses frères ! » et il ajouta :
«Je bénis Sem; que Dieu augmente (la famille de) Jafet,
et qu'il habite dans le pays de Sem! » [Gen. ix, 25-27.) ^'^^
lu dans la Bible que Noé vécut encore trois cent cinquante
ans après le déluge, ce qui fait pour sa vie entière neuf
cent cinquante ans ; mais on n'est pas d'accord sur ce point.
Cham s'éloigna, suivi de ses enfants, et ils se fixèrent dans
différentes portions de la terre ou dans des îles, ainsi que
nous le dirons plus loin (voy. chap. xlvii).
CHAPITRE III. 77
«Um Uli f»^^ f»^J '-^l» *M? 'i'^ W^* yO-^AJ l.*M-«j O^'^' i
1^1 *Xj_j (j>«j *v_*« ^ *>.-i»jiji^ «Uw 0j j^) 8*XJ^ (j^j JXs-
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UjÎ jm*jJs-s>-^ f*^**^^ f.^X-*Jl /O-^-A^ •*'^^^5 (j-« ^^-**jW*^Î3
Parlons maintenant de la dispersion des races ainsi que
du partage de la terre entre les enfants de Jafet, Seni et
Cham.
Seni s'établit au centre de la terre, depuis le territoire
sacré (la Mecque et Médine ) jusqu'à l'Hadramout, l'Oman et
Alidj. Parmi ses descendants on cite Aram et Arfakhchad,
tous deux fds de Sem; parmi ceux d'Arani, Ad, fdsd'Aws,
lils d'Aram.Les Adites occupèrent les déserts d'el-Ahkaf, 011
le prophète Houd leur fut envoyé. Témoud, fils d'Abir, fils
d'Aram, s'établit dans le Hidjr (Arabie Pétrée) , entre la Sy-
rie et le Hedjaz; Dieu envoya aux Témoudites leur frère
Salih. Les faits relatifs à la vie et à l'histoire de ce prophète
sont connus de tout le monde. Nous reviendrons d'ailleurs,
dans le courant de notre récit (chap. xxxviii), sur les prin-
cipaux traits de sa biographie , et nous raconterons l'histoire
d'autres prophètes.
Tasm et Djadis, fils de Loud , fils d'Arum se fixèrent dans
le Yeniamah et le Bahrein , et les descendants de leur frère
78 LES PRAIRIES D'OR.
^Jt!^^ ^ cKjI» (jbji r»^ (J^ pî (^ (jii^ J>J_J /fcxiiO J^A«yî
»ilX« k^j iUA»» -KjU (j*w^ dlXej cyljXÎÎ ^^ui ^^ J.jLj.<i*fcrs-_5
(JVjÎlAS» iO^AW tioL» «XJ^ jjj bU»*J >.*M^ iCxAAw -l*. «XJj ijj UUM.i
Amalik, fils de Loucl , fils d'Aram , vinrent habiter, soit le ter-
ritoire sacré, soit la Syrie. Il est le père des Amalécites, qui
se répandirent dans différents pays. Un autre frère, Omaim,
fils de Loud, fils d'Aram occupa la Perse.
Dans le chapitre (xxiii) intitulé «Généalogie des Perses,
opinions différentes des historiens à cet égard , » nous dis-
cuterons l'opinion qui identifie Keioumert avec Oniaim, fils
de Loud; d'autres auteurs pensent qu'Omaim se fixa dans le
Wabar, pays qui , s'il faut en croire les conteurs arabes , fut
soumis par les Djins (Génies). La postérité d'Abil , fils d'Aws,
frère d'Ad, fils d'Aws, habita la ville du Prophète (Médine).
Mach , fils d'Aram, fils de Sem, s'empara du pays de Babel,
sur les bords de l'Euphrate; son fils Nemrod construisit la
tour de Babel et un pont sur le fleuve; il régna cinq cents
ans et fut roi des Nabatéens.
De son temps, Dieu divisa les langues; les descendants
de Sem en eurent dix-neuf, ceux de Cham dix-sept, et
ceux de Jafet trente-six. Par la suite les langues se subdivi-
CHAPITRE m. 79
«Xxj j5\XAamj (jj^^yî cxi^j cyUXll dUi tXjt> ocwciio. bUwJ
^Jii ^*-w «XJ^ i.Uw ^_jj (jj |*Lm ^JJ iX^ikiS-jl «xJj^ (^^lï^gt
sèrenl en un grand nombre d'autres dialectes, comme nous
le dirons ci-après en parlant de la dispersion des honirces,
et des poëmes qui furent composés lorsqu'ils quittèrent le
pays de Babel. Mais quelques-uns croient que ce fut Faleg
qui partagea la terre entre les peuples, et que c'est à cette
circonstance même qu'il doit son nom de Faleg, ou plutôt
Faledj, c'est-à-dire répartiteur.
Arfakhchad, fils de Sem, fils de Noé, engendra Chalih,
qui fut le père du même Faleg, le répartiteur, et l'aïeul
d'Abraham. Abir, autre fils de Chalih, eut pour fils Kahtan,
qui engendra Yarob. Celui-ci fut le premier que ses enfants
saluèrent de la félicitation royale conçue en ces termes : « Que
ta matinée soit heureuse! Que les malédictions s'écartent de
ta personne 1 »
Mais, selon d'autres, ce fut un roi de Hirah qui fut le
premier salué de la sorte. Kahtan est le père de tous les
Yéménites, comme nous le prouverons plus loin en parlant
des discussions relatives aux origines du Yemen (ch, xlii).
Il fut aussi le premier qui parla arabe, c'est-à-dire qui dé-
80 LES PRAIRIES D'OR.
aX_jJu tj^kjjj J^LxJ».! (j^ «i;)_jj U tj«^»*h»- (_^ l^ tjjl^
Jv.,.^ A_X_Xj t^JJl ^\ pU« Ji ^5C*.ji JUjj d)jU3 AMi ^^
dl-Jij .JJt«.iI -jJ J.U» Slsj «^>j\(5 »^J feU (Xjj (jc'j^' ^î^^J
jfljili M^ ^^J^ ^^ ^-^^'^-^^ ^^ AAtflAi yt (jl O^- (jl^5 J^AjÎ ^
signa les choses d'une manière claire [araba) et distincte.
Yaktan, fils d'Abir, fils de Clialih, fut le père des Djorho-
mites, qui étaient, par conséquent, cousins de Yarob. Cette
tribu, qui habitait d'abord le Yemen et parlait l'arabe, énii-
gra plus tard à la Mecque et s'y fixa, comme nous le racon-
terons lorsque nous aurons occasion de parler de son his-
toire ( chap. XXXIX ). Les fils de Katoura sont aussi leurs
cousins. Lorsque, par la suite, Ismaïl vint, d'après l'ordre
de Dieu, habiter la Mecque, il se choisit une femme dans
la tribu des Djorhomites, qui devinrent ainsi les oncles
maternels des enfants d'Ismaïl.
Ceux qui admettent les Écritures disent que Lamelc,
petit-fils de Noé, est encore vivant, parce que Dieu aurait
révélé à Sem les paroles suivantes : « Celui à qui je confierai
la garde du corps d'Adam vivra jusqu'à la fin des siècles. » Or
Sem, après avoir déposé le cercueil d'Adam au centre de la
terre, en avait laissé la garde à Lamek. Sem mourut un
vendredi, dans le mois de septembre, à l'âge de six cents
CHAPITRE in. 81
^D^ «Xàîâ»^) /^ ^Lw SiX;^ S«Xxj «ac <XAMki£|)i aXS{ (jâA* \X»
(jjvxjjtj iiÀA- iCjU eUS ^t AAJîAi ^j) J| »^jj yl<» ^^I (j^
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ans. Il fut remplacé par son fils Arfaklichad , qui mourut
âgé de quatre cent soixante-cinq ans, au mois d'avril. Son
fils Chalih, qui lui succéda, atteignit l'âge de quatre cent
trente ans, et laissa en mourant un fils nommé Abir, qui
cultiva la terre.
Cette époque fut signalée par de graves événements et des
discordes dans différentes contrées. Abir laissa en mourant,
à l'âge de trois cent quarante ans, son fils Faleg, qui suivit
la voie tracée par ses ancêtres, et vécut deux cent trente-
neuf ans. Nous avons déjà parlé de ce dernier, et de la con-
fusion des langues dont Babel fut alors le théâtre (voyez
P- 78. 79)-
Son successeur fut son fils Argou (Reou), et c'est à cette
époque que l'on place la naissance de Nemrod, le tyran.
Argou mourut à l'âge de deux cents ans, dans le mois
I. 6
82 LES PRAIRIES D'OR.
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d'avril, et laissa après lui son fils Saroug (ou Charoukh).
On présume que c'est du vivant de celui-ci que le culte
des idoles et des images, dû à différentes causes, fut in-
troduit sur la terre. Saroug, après avoir vécu deux cent
trente ans , fut remplacé par son fils Nakhour, qui suivit
l'exemple de ses pères. Cette époque fut signalée par des
commotions physiques et des tremblements de terre, phéno-
mènes inconnus jusqu'alors; on inventa aussi plusieurs ma-
chines et instruments. On place , dans cette même période , de
grandes guerres et la formation de plusieurs nations chez les
Indiens et d'autres peuples. Lorsque Nakhour mourut, âgé
de cent quarante-six ans , son filsTarikh (Terah), qui n'est
autre qu'Azer, père d'Abraham, lui succéda. Ce fut sous
le règne de Nemrod ben Kanan, contemporain de Tarikh,
que parurent sur la terre le culte du feu et des astres , et les
différentes catégories introduites dans ce culte. Des guerres
CHAPITRE IV. 83
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ti> U^ ^ (<S^^i W» «^j CS^i Xx*Ji vJlls J! r»,^.^^' c_>l:È«l
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^ iCÀM (jjvjc*»(j (iJ^j^^ *^î xiâAi ^jl tjl oJj yl^ zy* i^i jj^
terribles ravagèrent le monde, de nouveaux empires et de
nouvelles provinces furent fondés en Orient et en Occi-
dent, etc. Les étoiles et leur influence sur la destinée de-
vinrent alors un objet d'étude; on traça des sphères, et l'on
inventa des instruments pour faciliter ces travaux et les
rendre accessibles à l'intelligence. Les astrologues obser-
vèrent l'horoscope de l'année dans laquelle Abraham vint
au monde, et ils avertirent Nemrod qu'un enfant allait
naître qui traiterait leurs rêveries religieuses de folie et
renverserait leur culte. Nemrod ordonna de tuer tous les en-
fants, mais Abraham fut caché dans une caverne. Son père
Azer ou Tarikh mourut à l'âge de deux cent soixante ans.
CHAPITRE IV.
HISTOIRE D'ABRAHAM, L'AMI DE DIEU, DES PROPHÈTES ET DES ROIS
D'ISRAËL QUI ONT VECU APRÈS LUI.
Lorsque Abraham eut grandi, et qu'il fui sorti de la ca-
6.
84 LES PRAIRIES D'OR.
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cylij.:S^JL! i^ili^l^ ^6-QJiU* cj-« j^îp U <5w»^* 4^ (<V*;j' t->Uà
verne où il s'était caché, il jeta ses regards sur le monde et
il y reconnut les preuves de la création et d'une influence
supérieure. Observant d'abord la planète Vénus, qui se le-
vait à l'horizon, il dit : «Voici mon Seigneur. » 11 vit en-
suite la lune, qui jetait plus d'éclat, et dit : « Voici mon Sei-
gneur. » Enfin, ébloui par les rayons du soleil, il s'écria
encore : « Voici mon Seigneur. » Ces paroles d'Abraham sont
diversement commentées; les uns pensent qu'il ne faut les
considérer que comme une sorte d'induction ayant un sens
interrogatif ; d'autres croient que , lorsque Abraham les pro-
nonça, il n'avait pas encore l'âge de raison, et par consé-
quent la responsabilité de ses actes; il y a encore d'autres
explications à cet égard. Puis Gabriel vint lui enseigner la
vraie religion , et Dieu le choisit pour son prophète et son
ami {khalil). (Je dois pourtant faire remarquer que) Abra-
ham avait déjà reçu de Dieu « la direction spirituelle. » {Ko-
ran, xxi, 52.) Or celui qui a obtenu ce secours est à l'abri
de tout péché et de toute chute, et ne peut altérer le cuite
dû au Dieu unique et éternel. Abraham s'éleva contre l'ido-
lâtrie de son peuple et lui reprocha d'ériger en divinités des
CHAPITRE IV. 85
^y (•>* u'^ !;>>^j b^^^ b>*ii^ tj^j P^<x»v ^3 iÙM-«JI
figures sculptées. Ces reproches devenant plus vifs chaque
jour, et faisant impression sur le peuple, Nemrod fit jeter
Abraham dans un brasier ardent; mais Dieu lui donna au
milieu des llammesla fraîcheur et le bien-être (A^omn,v, 20) ,
et le même jour le feu s'éteignit sur toutes les parties de la
terre.
Abraham était âgé de quatre-vingt-six ans, ou, selon
d'autres, de quatre-vingt-dix ans, lorsqu'il eut Ismaïl de
Agar (Hadjar), esclave de Saïah. Sarah, qui adopta la pre-
mière la croyance de son mari, était fdle de Befouël, fils
de Nakhour, el cousine d'Abraham; mais ce point est con-
troversé, comme nous le montrerons plus loin. Lot, fils de
Haran, fils de Tarikh, fils de Nakhour, et par conséquent
neveu d'Abraham, crut aussi en sa mission et fut envoyé
par Dieu dans les cinq villes (Penlapole), c'est-à-dire So-
doum, Amoura (Gomorrhe), Admoula (Admah), Saoura
(Ségor) et Saboura (Seboïm). Le peuple de Lot était «les
86 LES PRAIRIES D'OR.
tfjL^ U:>)1» «.=>-U& (^ eÇsJb\jJ^ J^A>XJi\té\ ùJj L^ /fr^jUi! (j^
hommes de la Moutafiheh.» [Koran, lui, 5/i), mot qui dé-
rive de ifk, mensonge, d'après les partisans de l'étymolo-
gie. Il en est fait mention dans ce passage du Koran {ihid.) :
« La Moutajïkeli a été renversée. « Ces cinq villes sont situées
entre la Syrie et le Hedjaz, du côté du Jourdain et de la Pa-
lestine, mais elles dépendent de la Syrie. On en voit en-
core (332 de l'hég.) l'emplacement dans un aride désert,
où le voyageur remarque des pierres « marquées d'em-
preintes » [Koran, xi, 8/i) et d'un noir brillant. Lot vécut
parmi ces peuples pendant plus de vingt ans, et leur prê-
cha la vraie religion; mais ils restèrent incrédules et furent
punis comme Dieu nous l'apprend dans son saint Livre.
Lorsque Agar eut donné le jour à Ismaïl, Sarah en con-
çut de la jalousie, Abraham conduisit donc Ismaïl et Agar
à la Mecque, et les y établit. C'est ce que dit le Koran, qui
met les paroles suivantes dans la bouche d'Abraham : « J'ai
donné pour demeure à une partie de ma famille une vallée
CHAPITRE IV. 87
J^ U: Ai /rfvJÈl^î tK^ ^ ia^ j,^5 4MI (ilXj:»!^ /fc^' (5,^ft^
•^j^ rfiJà* ;^*Jv '^W^ »I<>Jt» (^n-xa^ a}oj *j; ii^ftlia Jl jôUi
tXj»^ 6Jè Qf^ Xmm i^>t»^ /jj^Uwif /<<*^3^ <Xxj k^^j i^-^l 8jUm*
sans culture , près de ta maison sainte , etc. » ( xiv, ào. ] Dieu ,
exauçant leurs prières, peupla leur solitude en y amenant
les Djorhomites et les Amalécites, « dont il leur concilia les
cœurs. » [Ihid.) Le peuple de Lotfut détruit du temps d'Abra-
ham à cause de sa corruption, ainsi qu'on le sait. Dieu or-
donna ensuite à Abraham d'immoler son fds; Abraham
s'empressa d'obéir « et il coucha son fds le front contre
terre » (xxxvii, io3) ; mais Dieu le racheta « par un sacrifice
précieux » [ibid. 107), et Abraham éleva, « de concert avec
Ismaïl , les fondements du temple. » (11 , 121.) Abraham avait
atteint fâge de cent vingt ans lorsque Sarah, sa femme,
lui donna son fils Isaac (Ishak). Le sacrifice d'Abraham a
donné lieu à diverses opinions : les uns disent que la vic-
time avait dû être Isaac. les autres nomment Ismaïl. Si
l'ordre d'accomplir le sacrifice fut donné à Mina, ce fut Is-
maïl, puisque Isaac n'est jamais entré dans le Hedjaz; si,
au contraire, cet ordre a été donné en Syrie, il faut croire
que ce fut Isaac, puisque Ismaïl ne retourna jamais en Sy
88 LES PRAIRIES D'OR.
AjU <^Î <ÎUilAJ> yî Jî 5^ y^ -L-JU çÇsJî>\j^\ i,y3^ Ty^i (J^"*^J
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(ji-.*^! j—Aa-j tj^^i^j XV.M ^j_jJU« 1^4>J^ caSj i tjj^"^ U°^
g^j g »>i>,.< /^_j-s> j.oi_5-«j J'*^^ -î^^' J-* i^^i ^^^^^ i^ry^s
rie après en avoir été expulsé. Après la mort de Sarah,
Abraham épousa Keitoura, qui lui donna six fils : Maran
(Zimran), Yakach (Yakchan), Madan.Midian, Sanan (Sab-
baq-Ychbak) et Souh (Souah). Abraham mourut en Syrie.
Lorsque Dieu l'appela à lui, il avait cent soixante et quinze
ans, et il avait reçu du ciel dix feuillets.
Après la mort de son père, Isaac épousa Rafaka (Rébecca) ,
fille de Betouël; elle donna le jour en même temps à Esaû
(Elis) et à Jacob (Yakoub); mais Esaû vint au monde avant
son frère. Isaac avait alors soixante ans , et sa vue s'était af-
faiblie; il élut Jacob chef de ses frères et son successeur dans
sa mission prophétique; à Esaû il donna la royauté sur ses
enfants. Isaac fut rappelé par Dieu à l'âge de cent quatre-
vingt-cinq ans, et on l'enterra avec son père « l'ami de Dieu. »
Leur tombeau, situé dans un lieu bien connu, est à dix-
huit milles de Jérusalem, dans une mosquée qui est sur-
nommée Moscjuée d'Abraham et pâturages d'Ahraham (Hé-
bron).
CHAPITRE IV. 89
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aJUl ool<» UU (jvw*^_5 iùUw.^^ liJ^xJj U^JÛCc (joAxîl jJj
fsaac avait ordonné à son fils Jacob de se rendre en Sy-
rie, en lui annonçant qu'il serait prophète et qu'il transmet-
trait cette dignité à ses do;'.ze fils Ruben (Roubil), Sinoéon
(Chaiiioun), Lévi, Juda (Yahouda), Issachar (Yechsahar),
Zabulon, Joseph, Benjamin, Dan,Neftali, Gad et Acher
(Achrouma). Tel est le nom des douze tribus, dont quatre
ont conservé le don de prophétie et la royauté: ce sont celles
de Lévi, Juda, Joseph et Benjamin. Jacob redoutait beau-
coup son frère Esaù; mais Dieu lui promit sa protection.
Cependant Jacob, qui possédait cinq mille cinq cent bre-
bis, en donna la dixième partie à son frère, en cédant à la
peur que lui inspiraient sa méchanceté et sa violence, et
oubliant que la protection divine le mettait à l'abri des
agressions d'Esaù. Aussi Dieu le châtia dans ses enfants
pour avoir contrevenu à la promesse divine, et il lui révéla
ces paroles : « Tu ne l'es pas reposé sur ma promesse, aussi
les fils d'Esaù régneront sur les liens pendant cinq cent cin-
90 LES PRAIRIES D'OR.
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M *w«J (j^ yOij dl.Ji 4^ «Xj^Àkt SJsmmj^ v_Aa«jj «JiAjl (_;iyix;>
ii.^^ <XÀ£ (^iOMéXi ^^A^ <90L»4>O oLmi^ A)w.«^ iCÂAW (;;?<x^lj
quante ans. Telle a été, en effet, la durée de la période
comprise entre la destruction du temple de Jérusalem par
les Romains et la captivité des Israélites, jusqu'à la prise
de Jérusalem par Omar, fils d'el-Khattab. Joseph était le fils
préféré de Jacob , aussi ses frères en devinrent jaloux , et leur
haine suscita entre eux et Joseph les événements que Dieu
a racontés dans son Livre (sur. xii) par l'intermédiaire de
son Prophète , et qui ont une grande notoriété chez ce peuple.
Jacob mourut en Egypte, à l'âge de cent quarante ans. Jo-
seph fit transporter et ensevelir son corps en Palestine , près
des tombeaux d'Abraham et d'Isaac. Il fut lui-même rappelé
par Dieu en Egypte, à l'âge de cent dix ans, et déposé dans
un cercueil de marbre, soudé de plomb et enduit d'un ver-
nis qui en interceptait le passage à l'eau et à l'air; puis ce
cercueil fut jeté dans le Nil , près de Memphis (Menf ) , à l'en-
droit où s'élève la mosquée qui porte son nom. D'autres
croient que Joseph ordonna que son corps fût transporté et
enterré près de son père Jacob, dans la mosquée d'Abraham.
A la même époque vivait Job (Eyoub) , dont la généa-
CHAPITRE IV. 91
i^^o (J-» iUÀiyJlj uU>"^*" (J^^ t^* t»^^' ^^^^ <iUi>j (<Vi&|^i
iLJL^ yJ^^ liXi^ Ua3^ (^ Igj^ (.^dMwJL^I (^I (^jvjJl^ fitX^^^
(jv_j l .tf» ■» y^l^Ji} \j^ ^"^^ *;j-ft**^ iùUl^Sj (j-i^5 (:J?^*J^
ïogie est : Job, fils d'Amous, fils de Zarih (Zerah), fils de
Rawil, fils d'Ésaû, fils d'Isaac, fils d'Abraham. Il habitait
eu Syrie le territoire du Hauran et de Bataniah, dans le
district du Jourdain, entre Damas et cl-Djabiah. Il était
riche et possédait un grand nombre d'enfants ; Dieu l'éprouva
dans sa personne, sa fortune et ses enfants; mais, touché de
sa patience, il lui rendit tout, et mit fin à ses maux. Cette
histoire est racontée dans le Koran (sur. xj:i, 83, etxxviii,
!xo). La mosquée de Job et la source où il se lavait sont en-
core connues aujourd'hui (332) dans le pays de Nawa et
de Djawlan , situé dans le district du Jourdain , entre Damas
et Tibériade; elles sont à trois milles environ de la ville
de Nawa. La pierre sur laquelle il se reposait pendant son
malheur, auprès de sa femme Rohma, est encore conservée
dans cette mosquée.
Ceux qui acceptent l'autorité du Pentateuque et des livres
anciens disent qu'un prophète du nom de Moaça (Makhir.^)»
92 LES PRAIRIES D'OR.
/jj *>y^^_^M ^^_j <!(-;uAi> /eJa..ftj ^j^ JUa yl^ Joj j-iâx iiXftîjj
fils de Micha (Manassé) , fils de Joseph, fils de Jacob, pré-
céda Moïse (Mouça) , fils d'Amran, et que c'est ce Mouça qui
se mit à la recherche de Kliidr, fils de Malkan , fils de Fa-
leg, fils d'Abir, fils de Chalih, fils d'Arfakchad, fils de
Sem, fils de Noé. D'autres, parmi eux, identifient Khidr
avec Khidroun , fils d'Amaïl , fils d'Alnifar ( Alifaz ) , fils
d'Esaû, fils d'Isaac, fils d'Abraham; ils ajoutent qu'il fut en-
voyé par Dieu à son peuple et le convertit. Moïse, fils d'Am-
ran, fils de Kahet, fils de Lévi, fils de Jacob, vivait en
Egypte du temps dé Pharaon le tyran. Celui-ci, le qua-
trième des Pharaons d'Egypte, était alors très-âgé et d'une
haute stature; il s'appelait el-Walid, fils de Moçab, fils de
Moawiah, fils d'Abou Nomaïr, fils d'Abou'l-Hilwas, fils de
Leit, fils de Haran, fils d'Amr, fils d'Amlak.
A la mort de Joseph, les Israélites tombèrent dans l'es-
clavage et souffrirent de grands maux. Les devins, les as-
trologues et les magiciens annoncèrent à Pharaon qu'an
enfant allait naître qui le précipiterait de son trône, et sus-
CHAPITRE IV. 93
JUIoiiî j;^jo woîj U^t/* '^'^♦^ ^j-^ iLffJiàs- \j^jo\ jjto^ ^^5^
A^ «X»^ ^l>^JÙ ^UaJ (^ <X^^jt^ 2(^-Sâk. (j^ aMI QâJCi) U /<!nJ! ^
{j^-^j-* U-* yj^ <S"y^ ^r^ ^-5 (j^.'^'^ J^^ <i^ '^>*<-* (j^
«Xi U iJUÀjÎ <îts»5\J5 *** Sw«î (j-« (j^^ (frA C^y^^ <r*^****^ J^
l-i(y.AXj^ (j^y^ ^^'■f^y SiX^i&S «XimIj L^JSCj j^^^ ^) K5^ jSi>
citerait de graves événements en Egypte. Pharaon, effrayé
de cette prédiction, fit périr tous les enfants; mais Dieu
ordonna à la mère de Moïse d'exposer son fils sur l'eau,
ainsi qu'il nous l'apprend par la bouche de Mohammed , son
prophète (sur. xx, Sg).
A cette époque vécut le prophète Choaïb, fils de Nawil,
fils de Rawaïl, fils de Mour, fils d'Anka, fils de Madian,
fils d'Ibrahim; ce prophète, qui parlait arabe, fut envoyé
vers les Madianites. Moïse , fuyant la colère de Pharaon ,
se rendit auprès de. Choaïb, dont il épousa la fille, comme
il est dit dans le Koran (vu, 83).
Puis Dieu parla directement à Moïse (iv, 162), lui donna
l'assistance de son frère Aaron (Haroun), et les envoya tous
deux auprès de Pharaon, qui leur résista et périt dans les
flots. Dieu ordonna alors à Moïse de conduire au désert
[ci-tili) les fils d'Israël, dont le nombre s'élevait à six cent
mille adultes, sans compter les enfants. Les tables que Dieu
donna à son prophète Moïse, sur le mont Sinaï [tour Sina),
94 LES PRAIRIES D'OR.
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iXJLo 9^/^. <^I࣠(^3^ (i^^^ U^^^ CJ-* W^ M^*^ ^^^ 8^1à«
étaient d emeraude , et les caractères y étaient gravés en or.
En descendant de la montagne, Moïse vit les Israélites pros-
ternés devant un veau qu'ils adoraient; il fut saisi d'effroi,
et les tables s'échappèrent de sa main et se brisèrent. Il en
réunit les fragments et les déposa avec d'autres objets dans
î'arclie « de la majesté divine » (ii, 2^9) , qu'il plaça dans le
tabernacle. Il en confia la garde à Aaron , qu'il institua son
successeur; puis Dieu acheva de révéler le Pentateuque à
Moïse pendant qu'il était dans le désert. Aaron mourut et
fut enterré dans la montagne de Moab, près de la chaîne
de Cherat, non loin du Sinaï. On montre son tombeau
dans une antique caverne, d'oii l'on entend souvent, pen-
dant la nuit, sortir un grand bruit qui épouvante tous les
êtres vivants. On dit encore qu' Aaron n'a pas été enterré,
mais seulement déposé dans cette caverne. Les particula-
rités étranges qui se rapportent à ce lieu sont bien connues
de tous ceux qui l'ont visité.
Aaron mourut sept mois avant Moïse, et âgé selon les uns
CHAPITRE IV. 95
y5j«tf> (jàAJj j.^aÏ| AX«u**0 iâ^'y^ *^J «-^^ vJji (JD^ »UÂa»()
dUj tXXJ (JâAd l_£^^ {J^ cX^^ «XJ»^ iïÂAW {^j-**'^i ^^ (^^ ^^.^
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.^LjLÂ_^ (j.MUi.y'j i^.j\.«.jtA*w^ JU/L« (.jt-ll is)Lc\.w (^ (.^ijibtXJt
de cent vingl-trois ans, ou de cent vingt ans selon les autres.
D'autres croient que Moïse ne mourut que trois ans après
son frère, qu'il pénétra en Syrie, et envoya de l'intérieur
du pays des expéditions contre les Amaléciles, les Korba-
nites, lesMadianites, et d'autres peuples dont il est fait men-
tion dans le Pcnlateuque. Dieu donna à Moïse dix feuillets,
qui complétèrent le nombre de cent feuillets. Puis il lui
révéla en hébreu le Pentateuqne [Tourah) , avec les com-
mandements et les défenses, les permissions et les interdic-
tions, les décrets et les décisions que renferment ses cinq
s*?/^/- (idd), c'est-à-dire cinq livres.
L'arche où reposait la majesté divine et que construisit
Moïse était en or, du poids de six cent mille sept cent cin-
quante miskal, et, après Aaron, la garde en fut confiée à
Josué (Youcha), fils de Noun, de la tribu de Joseph. Moïse
mourut à l'âge de cent vingt ans; mais ni lui, ni Aaron
n'éprouvèrent les infirmités de la vieillesse, et ils jouirent
d'une jeunesse continuelle.
96 LES PRAIRIES D'OR.
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l^j»w:^ iUjCÀli 8^.^05 (iî {J^J^^ ■*'^-* <-*JkA.« ts'fr^^ 5^^ (3-**^^
Après la mort de Moïse, Josué, fils de Noun , conduisit les
Israélites en Syrie, où régnaient alors les géants, race de
rois amalécites, ainsi que d'autres princes. Il envoya contre
eux quelques expéditions et eut avec eux plusieurs engage-
ments ; il conquit tout le territoire dépendant de Jéricho et
de Zogar, dans le Gour, ou contrée basse du lac Fétide (mer
Morte).
Ce lac repousse ce qu'on y jette, et ne renferme ni pois-
sons, ni aucun être vivant, comme l'ont remarqué l'auteur
de la Logique [Météorol. II, cap. m) et d'autres philosophes
qui ont vécu avant ou après Aristote. Le Jourdain verso dans
ce lac les eaux du lac de Tibériade; ce dernier sort du lac
Keferla et el-Karoun (?) , aux environs de Damas. Arrivé au
lac Fétide, le Jourdain le traverse jusqu'à la moitié, sans
mélanger ses eaux avec celles du lac, dans le centre duquel
il s'engouffre. On ne s'explique pas comment un fleuve aussi
CHAPITRE I\. 97
u^'^^j^' -^-^ '-e-H^ ïr^^ »;^*^' sisjài/i »jjLS.:^j yiLsw
considérable que le Jourdain n'influe pas sur la crue ou la
diminution des eaux du lac. D'ailleurs, on a fait relativement
au lac Fétide de longs récits que nous avons reproduits dans
nos Annales historiques et dans l'Histoire movenne. Nous v
avons parlé aussi des pierres qu'on retire de ce lac. et qui
ont deux formes analogues à celle du melon. Ces pierres,
connues sous le nom de pierres de Judée, ont été décrites par
les philosophes, et sont employées en médecine contre les
calculs urinaires. On les di\"ise en deux espèces : les mâles
et les femelles; les premières sont employées pour le trai-
tement des hommes et les autres pour celui des femmes.
On extrait également de ce lac le bitume nommé elhomar
(■"trn . Il n'y a pas, dit-on, dans le monde d'autre lac qui
ne renferme ni poissons, ni, en général, aucun être vivant,
excepte celui dont nous parlons, et un autre lac sur lequel
j'ai navigué dans TAderbaîdjan : il est situé entre les \-illes
d'Ourmiah et de Méragah, et reçoit dans le pavs le nom de
Keboudan. Plusieurs auteurs anciens ont expliqué les causes
98 LES PRAIRIES D'OR.
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yj j-^^-TÎ ^«^ oolsC» -UJI (jiTji? cjÎjUJI (j-ij ^3HsJU^t^
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de cette absence complète d'êtres animés dans le lac Fétide;
mais, bien qu'ils n'aient fait aucune mention de celui de Ke-
boudan, il est permis de conclure, par analogie, que ce phé-
nomène est déterminé par les mêmes causes dans les deux
lacs.
Le roi de Syrie esSomeida, fils de Houbar, fils de Malek,
marcha contre Josué, fils de Noun, et, après plusieurs com-
bats, fut tué par ce dernier, qui s'empara de son royaume;
mais bientôt plusieurs autres géants alliés aux Amalécites
l'attaquèrent, et la Syrie devint le théâtre d'une longue
guerre. Josué gouverna les Israélites , après la mort de Moïse ,
pendant vingt-neuf ans. Sa généalogie était Josué, fils de
Noun, fils d'Ephraim, fils de Joseph, fils de Jacob, fils
d'Isaac, fils d'Abraham. On croit que le premier combat que
Josué livra à es-Someida , roi des Amalécites , eut lieu dans le
pays d'Eïiah, près de Madian. Cette circonstance est men-
tionnée dans les vers suivants de Awf , fils de Saad , le Djer-
homite :
CHAPITRE IV. 99
JULj J^-s^ -Lii-Jî i^ (j^ UAJl ^^ (^^ i^jJ^ ij^ <yji^
^^ pL^JsJI <^ X-«^i aK.*^ »^«XJI t_>Uiu*iw« yli'^ yl;L*
N'as-tu pas vu à Eïlah la chair de l'Amalécite (Someida) , fils de Hou-
bar, mise en lambeaux ,
Lorsqu'il fut attaqué parune armée de quatre-vingt mille Juifs, protégés
ou non par des boucliers?
Ces cohortes d'Amalécites, qui se traînaient péniblement et grimpaient
sur ses traces ,
On ne les a plus rencontrées entre les montagnes de la Mecque, et
personne depuis lors n'a revu es-Someida.
Dans une bourgade du district de Balka, en Syrie, vivait
un homme nommé Balam, fils de Baour, fds de Samoun ,
fils de Ferestam, fils de Mab , fils de Lout, fils de Haran, et
dont les prières étaient exaucées par Dieu. Son peuple le
poussa à appeler les malédictions du ciel sur Josué, fils de
Noun ; mais , ses imprécations étant restées stériles , il engagea
un des rois amalécites à envoyer les plus belles de ses femmes
dans le camp de Josué. L'armée des Israélites se précipita ,
en effet, sur ces femmes; mais la peste se déclara parmi
eux et enleva quatre-vingt-dix mille hommes, et même un
plus grand nombre, d'après le dire de quelques auteurs.
C'est de ce Bahun que Dieu a dit dans le Koran « qu'il re(;ut
7.
100 LES PRAIRIES D'OR.
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yUiS'-i.^jsXfi ^\ tiUi dUi «X*j cy^S'joî^î ^ yî^ ^ t^U.
les signes (de la grâce divine) , mais qu'il devint apostat. «
(vu, 174.) Josué, fils de Noun, mourut, dit-on, à l'âge de
cent dix ans. Après lui les enfants d'Israël furent gouver-
nés par Kaleb, fils de Youfanna, fils de Bared (Pères), fils
de Juda. Josué et Kaleb sont les deux hommes « auxquels
Dieu a accordé ses bienfaits. » [Kor. v, 26.)
J'ai trouvé dans un autre texte qu'après la mort de Josué
Kouchan el-Koufri (Gouchan Richataïn?) fut le chef des en-
fants d'Israël pendant huit ans, et à sa mort il eut pour suc-
cesseur Amy ail , filsdeKabil (Athaniel, fils de Kenaz?), delà
tribu de Juda, lequel régna quarante ans et tua Kouch, le
géant, qui résidait à Mab (Debbah), dans le pays de Balka.
Après lui les Israélites tombèrent dans l'infidélité, et Dieu
les assujettit à Kanaan pendant vingt ans. Quand ce roi
mourut, Amlal el-Ahbari (Eli, le grand prêtre.^) les gou-
verna durant quarante ans. Samuel (Ghamwil) lui suc-
céda jusqu'à l'avènement de Saiil (Talout), sous le règne
duquel eut lieu l'invasion de Goliath (Djalout), le géant,
roi des Berbers de Palestine.
CHAPITRE IV. 101
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iLjv-it» ïjj^p L^-JS-J> «jLli-* lilj o».>yAjlj xjUj Jus vilJi^
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^ XÀAw (j\_X_j^l li|^J iaAAw (j^ <^^ y^\ IâJ^ ^ J-ajUàC
D'après la première tradition que nous avons déjà citée,
le chef des Israélites, après Josué, fut Kaleb, fils de You-
fanna; puis ils furent gouvernés par Fenhas, fils d'EIéazar,
filsd'Aaron, fils d'Amran, pendant trente ans. Fenhas,
pour préserver les livres de Moïse, les déposa dans un coffre
de cuivre dont il souda lorifice avec du plomb, et qu'il
porta sur le rocher où le temple devait être élevé plus tard.
Ce rocher se fendit et laissa voir une caverne renfermant
un second rocher, sur lequel le coffre fut déposé : puis le
rocher se referma et reprit sa forme première. A la mort
de Fenhas, fils d'EIéazar, les Israélites furent soumis par
Kouchan el-Atim (Richalaïm), roi delà Mésopotamie, qui
les asservit et les persécuta pendant huit ans.Anyaïl (Atinel),
fils de Youfanna, frère de Kaleb, de la tribu de Juda, fut
leur chef durant quarante ans. Ils passèrent ensuite sous le
joug oppressif d'Aloun (Eglon), roi de Moab, qui régna dix-
huit ans. Après lui Ehoud, de la tribu d'Ephraim , fut leur
102 LES PRAIRIES D'OR.
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^iLJi^;^ J^^ ^Mé (3^\ iixj^î^U^ aJ ^i-«l»\ ^j^ oJifc. iU.»
(^À*»( x,A.Aw LjiLa..«0^ i^'^^ ■■jy*^i *?*"J>J3 '^^'iJ.?* (j)i?*^*^ tf*^
juge pendant cinquante-cinq ans. La trente-cinquième an-
née de son règne coïncide avec la quatre millième du
monde; mais ceci est matière à controverse parmi leschro-
nologistes. Chaan (Chamgar), fils d'Ehoud, gouverna du-
rant vingt-cinq ans. Failach (Yabin), le Cananéen, roi de
Syrie, assujettit les Israélites pendant vingt ans. Il eut pour
successeur une femme du nom de Débora , que l'on consi-
dère comme sa fille; celle-ci régna pendant quarante ans,
et associa à son pouvoir un homme de la tribu de Neftali,
qui se nommait Barak. Après elle les Israélites obéirent à
des cliefs madianites , tels que Ourib , Zawib , Banioura , Dara
et Salta, pendant une période de sept ans et trois mois. Gé-
déon (Djidaoun), de la tribu deManassé, qui extermina ces
cliefs madianites, régna quarante ans. Le règne de son fils
Abimélech (Abou-Malikh) fut de trois ans et trois mois. Ses
successeurs furent Toula, de la tribu d'Ephraïai, qui régna
vingt- trois ans;Yamin (Yaïr) , de la tribu de Manassé, vingt-
deux ans; les roisd'Ammon, dix-huit ans; Nahchoun (Ab-
CHAPITRE IV. 103
iiÀAw (jJj-^*^ (jy*****^ (^ (JV-*^ ,5'^^ (>-*■ '-^^ <i^* ijy*'^ ^^
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Jl;û JoS*>i t^^Ui |i^U Jî ï_j*>; 45^:^ Jo_^ jAii- ^ 0l(j
«an), de Betlehem, sept ans; Chinchoun (Samson), vingt
ans; Amlah, dix ans, et Adjran, huit ans. Les rois des Phi-
listins les tinrent ensuite sous leur joug pendant quarante
ans, et après eux Ailan (Elie), le grand prêtre, les gou-
verna pendant quarante ans.
De son temps, les Babyloniens vainquirent les Israélites,
leur enlevèrent l'arche, qui avait été l'instrument de leurs
victoires, et la transportèrent à Babel; ils arrachèrent les
Israélites à leurs foyers et à leurs familles. A la même époque
arriva ce qui est raconté du peuple d'Ezéchiel (Hizkicl) « qui,
au nombre de plusieurs milliers d'hommes, quittèrent leur
pays de peur de mourir, et que Dieu, après leur avoir dit,
Mourez, rappela à la vie. «(Koran, 11, 2/i/i.)Lapestelesdécima,
et il ne resta que trois tribus, dont l'une se réfugia au milieu
des sables, l'autre dans une île, et la troisième sur le som-
met des montagnes. Après de longues épreuves, ils revin-
rent dans leurs demeures, et dirent à Ezéchiel : « As-lu ja-
mais vu un peuple souffrir ce que nous avons souffert.^ « —
104 LES PRAIRIES D'OR.
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Jw)^L<^il yUj dUi 0^ l^aiii J^l ^j jUiJî >6.^
(1) *
^^Uj (^yo ^.y-s^ (J>J y^SC» «^^Uo J^ dJJi JjJ» ^(}x«..-<
«Non, répondit-il, je n'ai jamais entendu parler d'un peuple
qui ait fui devant Dieu comme vous l'avez fait. » Sept jours
après, Dieu leur envoya la peste, et ils moururent tous jus-
qu'au dernier d'entre eux.
Après Ailan le grand prêtre, régna Samuel (Ichmawil), fils
de Barouhan (Yerouham), fils de Nahour. Ce prophète sé-
journa vingt ans parmi les Israélites; Dieu éloigna d'eux la
guerre et rétablit leur fortune. Mais ils retombèrent dans de
nouveaux troubles et ils dirent à Samuel : « Donne-nous un
roi, afin que nous combattions dans la voie de Dieu. » {Ko-
ran, ii, 2/17.) Dieu lui ordonna de conférer la royauté à
Talout, qui est le même que Saùl (Chaoul), fils de Kicb,
fils d'Atial (Abïel), fils de Saroun (Seror), fils de Nahou-
rab (Bakhorad) , fils d'Afiah, fils de Benjamin, fds de Jacob,
fils d'Isaac , fils d'Abraham. Dieu le revêtit donc de l'auto-
rité, et jamais les Israélites n'avaient été unis comme ils le
furent sous Saûl. Entre la sortie des enfants d'Israël de
l'Egypte , sous la conduite de Moïse, et le règne de Saùl,
on compte une période de cinq cent soixante et douze ans
CHAPITRE IV. 105
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AJiXj^ oii^^ SjSL-i^ ^^'^ »^y W- (j^ia)u« «Xa*ÏÎj cy^bJî
et trois mois. Saiil fut d'abord tanneur, et il préparait le
cuir; aussi lorsque le prophète Samuel dit aux Israélites,
« Dieu vous envoie Saùl en qualité de roi, » ils répondirent,
ainsi que Dieu nous Tapprend dans son livre : « Comment
pourrait-il régner sur nous? Nous sommes plus dignes de la
souveraineté que lui, car il ne possède pas même des ri-
chesses, etc. » {Koraii,n, 2 48.) — « Le signe de la royauté, ré-
pondit le prophète , sera le retour de l'arche , qui es t pour vous
un gage de sécurité de la part de Dieu, etc.» {Ibid. 2àg.)
En effet, l'arche sainte était à Babel depuis dix ans; mais
dès le lendemain, au point du jour, ils entendirent le frôle-
ment des anges, qui la rapportaient.
Goliath (Djalout) avait affermi sa puissance et accru le
nombre de ses soldats et de ses généraux. Jaloux de l'obéis-
sance des Israélites envers Saûl , il sortit de la Palestine et
marcha contre lui à la tête de différentes races de Berbers.
Ce Djalout était fds de Maloud, fils de Debal, fils de Hat
tan, fds de Farès. Lorsqu'il eut envahi les plaines des Israé-
106 LES PRAIRIES D'OR.
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Htes, Saûl, d'après Tordre de Samuel, sortit avec son armée
pour combattre Goliath. Ce fut alors que Dieu leur envoya
une épreuve auprès d'une rivière qui sépare le Jourdain de
la Palestine, et qu'il leur infligea les tourments de la soif,
ainsi qu'il est raconté dans le Koran (ii, 25o). Les Israé-
lites furent instruits de la manière dont ils devaient boire;
ceux qui doutèrent lapèrenl l'eau à la façon des chiens, et
furent exterminés jusqu'au dernier par Goliath. Saûl choi-
sit ensuite trois cent treize de ses plus vaillants soldats , parmi
lesquels se trouvaient David et ses frères. Les deux armées
se rencontrèrent, et, le sort de la bataille restant indécis,
Saùl, pour encourager ses troupes, promit le tiers de son
royaume et la main de sa fdle à celui qui combattrait Go-
liath. David marcha contre cet ennemi, et le tua avec une
pierre qu'il avait dans son sac de berger, et qu'il lança au
moyen d'une fronde. Goliath périt sur-le-champ, comme on
lit encore dans le livre saint : « Et David tua Goliath. » {Ibid.
2 52.) On raconte que David avait dans son sac trois pierres
qui se réunirent et formèrent une seule pierre, avec laquelle
CHAPITRE IV. 107
^J^^ jjj^\ j{x->.\^ cj'^lla cdUfjUi^t^ jSJ t^JJl '^'j^l
*-j (j*.L-LJ| iù^JiJi^ j«Xit «iUoj *jU4^ <i*Aj x\l\ p^Akij <îOuu5
il tua Goliath. Quant aux différents récits qui se rattachent
à ce fait, ou peut consulter nos ouvrages précédents. On dit
aussi que ce fut Saùl qui extermina ceux qui lapèrent l'eau
de la rivière et désobéirent ainsi aux ordres qu'ils avaient
reçus. Nous avons déjà raconté l'histoire de la cotte de mailles
au sujet de laquelle le prophète des Israélites leur annonça
que celui-là seul qui pourrait la revêtir tuerait Goliath; et,
en effet, David seul put s'en couvrir. Pour ce qui concerne
le détail de ces guerres, l'histoire du fleuve qui tarit, le ré-
cit du règne de Saùl, les Berhers et leur origine, nous ren-
voyons le lecteur à nos Annales historiques. Plus bas, et
dans un chapitre plus approprié à ce sujet, nous donnerons
un résumé de l'histoire des Berbers et de leur dispersion
sur la terre.
Dieu grandit le nom de David cl abaissa celui de Saùl,
qui avait refusé de remplir ses engagements envers David.
Cependant, voyant la popularité qui entourait celui-ci, Saùl
lui donna sa fille en mariage et lui concéda un tiers de ses
revenus, de son autorité et de ses sujets. Mais la jalousie
108 LES PRAIRIES D'OR.
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2>^ yjyMt ^cyjjlla c:*Ui ijî:> j^! Lfj D^a i A-«^Iaj ^.|
i-j^yi^ «Xa^^j (^^^:>^ iUaej^ «iJjj ^y\ ^S (j^ yyiAj U
que lui inspirait David l'aurait porté à le faire périr dans
une embûche, si Dieu ne l'en avait empêché. David, au
contraire, ne chercha jamais à lui disputer le pouvoir, et sa
gloire ne fit que s'accroître tant que Saûl resta sur le trône.
Ce roi mourut une nuit dans un violent désespoir, et les Is-
raélites se soumirent à David. La durée du règne de Saùl
fut de vingt ans. On dit que c'est près de Beisan, dans le
Gour ou région inférieure du Jourdain , que Goliath fut tué.
Dieu ramollit le fer sous les mains de David, qui en fit des
cottes de mailles; Dieu lui soumit aussi les montagnes, et
permit aux oiseaux de chanter ses louanges avec David. Ce
roi combattit le peuple de Moab, dans le pays d'el-Balka. Il
reçut du ciel le psautier en hébreu, composé de cent cin-
quante chapitres, et divisé en trois parties : la première
prédit les rapports des Israélites avec Bokhtnaçar (Nabucho-
donosor) et l'histoire de ce roi; ia^seconde, le sort que leur
réservaient les Assyriens; la troisième renferme des prédi-
cations et des exhortations, ainsi que des cantiques et des
prières. On ne trouve dans ce livre ni commandement, ni
CHAPITRE IV. 109
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ocaaJî^j ^tXJiil o»^ ^iftj ^"ikAnt j^Si» «iUxM buj ijti Uj^
Oj-X-Jj <JùUvXj^ ^aAjj (ijviuiji iUi*»» ^j {j^J^ Uxij ^ tSW^
t-»^l^ UL?-*>***^ (»*■<} -^^j (3-«**^xîl «X.«j»j5 ^^.«ôl*ll -t'iAxiii! /wC
défense, ni aucune prescription ou interdiction. Le règne
de David fut prospère, et sa puissance inspira du respect
aux peuples infidèles jusqu'aux extrémités du monde. Il
bâtit un temple pour le culte de Dieu dans le Kour Selam ,
c'est-à-dire à Jérusalem {beit el-moqaddes]; ce temple, qui
existe encore aujourd'hui, 332 de l'hégire, est connu sous
le nom d'Oratoire (Mihrab) de David. C'est maintenant le
point culminant de la ville, et l'on aperçoit de là le lac Fétide
et le Jourdain , dont nous avons parlé ci-dessus (p. 96 et 97),
L'histoire de David et des deux plaideurs est racontée par
Dieu dans le Koran, ainsi que la sentence que ce roi pro-
nonça avant d'avoir entendu l'autre plaideur : « Il a agi ini-
quement à son égard, etc.» (xxxviii, 23.) On n'est pas
d'accord sur la nature du crime commis par David. Les
uns, adoptant notre manière de voir, nient tout acte de ré-
volte ou d'impiété volontaire de la part des prophètes, parce
qu'ils sont présanctiHés [nidsouin); ils croient donc que 1(î
péché de David consiste dajis cette sentence inique. C'est
110 LES PRAIRIES D'OR.
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c^ «xJjj j-Mt—ry yj (JV*^ ti^-^ ^Jjj y^ U^^ (Jt» *N^
ce que confirme ce verset : «O David, nous t'avons établi
notre vicaire sur la terre, juge les hommes selon la vérité. »
(Sur.xxvni, 2 0.) D'autres allèguent l'histoire et le meurtre de
Ouria (Urie) , fils de Haïan , comme le racontent « les livres des
origines, etc. » Le repentir de David fut exaucé après qua-
rante jours de jeûne et de larmes. Il épousa cent femmes.
Salomon, son fils, ayant grandi, assista son père dans l'exer-
cice de la justice, et reçut de Dieu les dons de prophétie et
de sagesse , comme le dit le saint livre : « Nous avons donné
à chacun d'eux la sagesse et la science, etc. » (xxi, 79.) Da-
vid avant de rendre son âme à Dieu désigna son fils Salo-
mon comme son successeur. Il avait régné quarante ans sur
la Palestine et le Jourdain. Son armée se camposait de
soixante mille hommes portant l'épée et le bouclier; elle ne
comptait que des jeunes gens encore imberbes, mais pleins
de courage et de vigueur.
A cette époque vivait , dans le pays d'Aïlah et de Madian ,
Lotman le Sage, dont le nom entier est Lokman, fils d'Ânko ,
I
CHAPITRE IV. 111
xjs-^-g aMI y_i liU? itXAfi ^jl^^j ij!:> jJ.L« (j^ (jvjc4Mjyà^
IJuft ^ 0^jt>jJ]j iL^.JfJ [;4ià-« (joji'î i UiL J^^j xS^L»
^«XJI _^^ L*^-> XwmxJ UajI &jUj <^v>UvI Ltsi Ay^ aMI ii);l«
fils de Mezid, fils de Saroun; c'était un Nubien, alTranchi
de Lokaïn , fils de Djesr. Il naquit dans la dixième année du
règne de David. Ce fut un esclave vertueux auquel Dieu ac-
corda le don de la sagesse; il vécut, et ne cessa de donner
au monde Texemple de la sagesse et de la piété, jusqu'à
l'époque de la mission -de Jouas, fils de Matta, chez les ha-
bitants de Ninive, dans le pays de Moçoul.
Après la mort de David, Salomon, son fils, hérita, de son
caractère prophétique et de sa sagesse. Il étendit sa justice
sur tous ses sujets, rendit ses Etats florissants et maintint
la discipline dans son armée. Ce fut Salomon qui bâtit « la
maison de la sainteté, » c'est-à-dire la mosquée elAksa, que
Dieu a entourée de ses bénédictions. Après avoir terminé
cet édifice, il bâtit pour lui-même une maison qu'on nomme
aujourd'hui Keniçet el-Komamah . et qui est la principale
église (Saint-Sépulcre) des chrétiens de Jérusalem; mais ils
ont encore dans cette ville d'autres églises vénérées, telles
que l'église de Sien , nom que mentionne déjà David , l'église
112 LES PRAIRIES D'OR.
JJ^J (jài .«L-jj iLX.AM (;5v*J)l tk?|^î <^ <^ y^-fV^ wiJXo ylsCi
d'el-Djesmanieh (rincarnation) , qui renferme, selon eux,
le tombeau de David, etc. Dieu rendit Salomon plus puis-
sant que tous ses prédécesseurs; il soumit à son pouvoir
les hommes, les génies, les oiseaux et les vents, ainsi qu'il
l'a révélé dans son saint livre. [Koran, xxi etxxxviii). Salo-
mon régna sur les Israélites pendant quarante ans, et il
mourut à l'âge de cinquante-deux ans.
CHAPITRE V.
RÈGNE D'ARKHOBOAM, FILS DE SALOMON, FILS DE DAVID ; ROIS D'ISRAËL
SES SUCCESSEURS; APERÇU DE L'HISTOIRE DES PROPHÈTES.
Après la mort de Salomon, Arkhoboam, son fils, régna
sur les enfants d'Israël; mais les tribus, qui lui avaient été
toutes soumises, se séparèrent de lui, excepté celles de Jucla
et de Benjamin. Il mourut après un règne de dix-sept ans.
CHAPITRE V. 113
^^^-^ iXitf'I^ <_>jj^^ ^Î_j5^*i c:aJ|^j A)-*->jy ls\AMi3\ S^-ijJî
f»\)^. S<X-j»_j (iiX*^ XicM» (JJ*J;Ï t_>lr*-5 o<Xx> vii>.Lo ^oo (jJuw
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\$LA.^ -liîlj (jvJk.»»» J-^^ *^^ vii-^JJ :>jîi t}sA»*J (J-* ^^ tj^tS*^^^
A.Jik« y^-J La-aïI-^Î »«K)t> vilX«5 (iUi ^jji tl"iV*j ^-^^ (^*^î
L^_!i-w^^ ÔjS. ^^v-Jl Iax.wÎ S^â* ij (j\^ AÀAw {;y<*t*J^^ (Jri^'5
Les dix autres tribus furent gouvernées par Bouriam (Jéro-
boam) , qui eut à soutenir d'importantes guerres et qui adora
un veau d'or ei)richi de perles. Dieu le fit mourir après un
règne de vingt ans. Après lui Abya, fils d'Arkhoboam, fils
de Salomon , fut roi pendant trois ans ; puis Ahab , qui régna
quarante ans. Youram (Jehoram), qui lui succéda, rétablit
le culte des idoles, des statues et des images, et régna un
an. Les Israélites furent ensuite gouvernés par une femme
du nom ôi'Ailaii (Athalie), qui extermina tous les descen-
dants de David; un seul enfant échappa au massacre. Le
peuple, révolté de la cruauté de celte reine, la tua après un
règne de sept ans (mais on n'est pas d'accord sur ce chiffre) ,
et mit à sa place cet enfant, seul rejeton de David. Il monta
sur le trône à l'âge de sept ans, et régna quarante ans, ou
moins, selon quelques historiens. Son successeur, Amadia,
régna cinquante-deux ans; le prophète Isaïe (Achaiah), qui
vivait à cette époque, eut de fréquents rapports avec ce roi.
114 LES PRAIRIES D'OR.
^ Li^j-ji Je V-*-*-j^ «XS Vj?;-** ^ c:aj\0 Ïjm^ j\xgt^\ Ax^
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â^K.o iL>l.«vXS^ (^jiL^^ (^XJol iUiAié ^^ t«Xi^ UjCJj^ jj Swel^wilî^j
Nous avons raconté, dans nos Annales historiques, les guerres
qui éclatèrent sous Amadia. Son successeur fut Yokam (Jo-
tam), fds d'Oziah; il régna dix ans, ou, selon d'autres,
seize ans. Après lui Ahar (Aliaz) releva les idoles, et se
montra aussi impie que cruel. Un des plus puissants rois du
pays de Babel, Falaifas (Teglatpileser), marcha contre lui;
après de longues guerres, le Babylonien fit prisonnier le
roi d'Israël et détruisit les villes et les établissements des
tribus.
A la même époque, des querelles religieuses s'élevèrent
parmi les Juifs et amenèrent le schisme des Samaritains.
Ces derniers rejetèrent la prophétie de David et de ses suc-
cesseurs, soutinrent qu'il n'y avait plus eu de prophète de-
puis Moïse, et choisirent leur chef parmi les descendants
d'Aaron, fils d'Amran; aujourd'hui (332 de l'hég.) ils ha-
bitent des bourgades séparées sur le territoire de la Pales-
tine et du Jourdain, comme Ara, entre Ramlah etTibériade,
CHAPITRE V. 115
^jjS\^ (J*^w iiAJ*N~« Jl f£^\ (j-t \jÎ>jjS'^ iLijAs^ *X-«pi {j^
«XÀf l^Ai ^^ iUiuUI (^ '^^yi fi^i W-'^j' d «^I^Xo <!uA£
et d'autres bourgs, jusqu'à Naplouse, où ils sont en plus
grand nombre. Ils ont une montagne qu'ils nomment Tour-
Berid, sur laquelle ils prient dans les temps prescrits par
leur religion. Ils ont des trompettes d'argent dont ils son-
nent aux heures de la prière. Ce sont eux qui disent : « Ne
me touchez pas. » [Koran, xx, 97.) Ils donnent le nom de
Maison sainte (nom de Jérusalem) à Naplouse, ville de Ja-
cob, où se trouvaient ses pâturages. Ils sont divisés en deux
sectes, aussi séparées l'une de l'autre qu'elles le sont des
Juifs; l'une s'appelle Kouchan et l'autre Doustan. Une de
ces deux sectes soutient l'éternité du monde et d'autres
dogmes que nous ne mentionnons pas ici pour éviter les
longueurs; d'ailleurs notre ouvrage est un livre d'histoire,
et non un traité d'opinions et de doctrines.
Ahaz avait régné dix-sept ans avant d'être fait prisonnier
par le roi de Babel. Durant sa captivité, son fils Hizkiel
(Ezéchias) monta sur le trône. Celui-ci fut fidèle au culte
du vrai Dieu et fit briser les statues et les idoles. Sous son
8.
IIG LES PRAIRIES D'OR.
/j,^-_j,jL wi5j (jLuiJjJî j-^ls tiÀA^ (:)^ JJ^' *^ "^^ '^■^3 iiU>*«
règne, Sendjarib (Sennachérib ) , roi deBabel , marcha contre
Jérusalem; il fit longtemps la guerre aux Israélites, perdit
une partie de son armée, raiais assujettit la plupart des tri-
bus d'Israël.
Hizkiel mourut après un règne de vingt -neuf ans, et
son fils Micha (Manassé) monta après lui sur le trône. Ce
roi, qui persécuta avec rigueur tous ses sujets, fit aussi périr
!e prophète Isaïe. Dieu dirigea contre lui Constantin, roi de
Roum. Manassé alla à sa rencontre avec son armée , mais ses
soldats prirent la fuite, et lui-même fut fait prisonnier. Il
resta vingt ans dans le pays de Roum, dépouillé de toute sa
puissance, puis il fut mis en liberté; il revint dans ses États
et mourut après un règne de vingt -cinq ans, ou, selon
d'autres, de trente ans.
Son successeur fut Amour (Amon) , qui se révolta, renia
le vrai Dieu, et rétablit le culte des idoles. Sa tyrannie étant
devenue excessive , Pharaon le boiteux sortit de l'Egypte
à la tête de son armée et marcha contre lui. Après avoir
ClIAPITUE V. 117
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c-ou J<JS^ i yl< U^ *y^yiJ5 *>vi.l^ ^ir*^' O^' tii ^0-6^3
répandu des flots de sang, il s'empara d'Amon et le con-
duisit en Egypte, où ce roi mourut prisonnier. Son règne
avait duré cinq ans, mais on n'est pas d'accord à cet égard.
Son frère Youfiham, père du prophète Daniel, lui succéda.
Du temps de ce roi vivait Nabuchodonosor (Bokhtnaçar)
gouverneur (satrape) de l'Irak et des Arabes pour le roi de
Perse, dont Balkh était alors la capitale. Ce chef étranger
massacra ou amena captifs dans l'Irak un grand nombre
d'Israélites; il prit le Pentateucjue {Tourah), les autres
livres des Prophètes et les Choniques des rois, qui étaient
conservés dans le temple de Jérusalem, et les jeta dans
un puits; il s'empara aussi de l'arche sainte et la mit en
lieu sûr dans son pays. Le nombre des Israélites qui furent
emmenés en captivité s'éleva, dit-on, à dix-huit mille. Le
prophète Jérémie vivait à la même époque. Nabuchodono-
sor, après avoir envahi l'Egypte et tué Pharaon le boiteux.
118 LES PRAIRIES D'OR.
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f^^ KjjijjfS'j oJtXjj OwS^j:*. wiUjj Zs- (j|^ (jjJ (^_j>^ Uû:>;jl
qui régnait alors dans cette contrée, marcha contre l'Occi-
dent, lit périr plusieurs rois et conquit un grand nombre
de villes.
Le roi de Perse avait épousé une jeune fille juive qui
était parmi les captifs , et dont il eut un enfant. Ce roi permit
aux Israélites de retourner dans leur pays quelques années
après. Rentrés dans leurs foyers, ils furent gouvernés par
Zorobabel , fils de Salathiel (Salsal) , qui rétablit Jérusalem et
tout ce qui avait été ruiné. Les Israélites retirèrent le Pen-
tateuque du puits où il était enfoui; leur royaume redevint
florissant, et ce roi consacra un règne de quarante-six ans
à rendre leurs terres à la culture, et à rétablir les prières et
les prescriptions qu'ils avaient oubliées pendant leur cap-
tivité.
Les Samaritains prétendent que le Pentateuque qui est
entre les mains des Juifs n'est pas celui que Moïse leur a
apporté; que celui-là a été brûlé, changé et corrompu, et
CHAPITRE V. 119
yt <jî daai I Joû wiLL« ^j\<-» ji^ y^i iu^LJî t^OoL
<^-! Juk*Us«5l oJ^_j A^ y*^s f^ '^^ o^^l^ ^jbj^l
AivAt^t iixoj c>j\(5 U*XiLj jjiijbj j_^j l^'i^ 2>ΫXj»-^ L*^^
que l'autre est dû à Zorobabel , qui l'a recueilli de la bouche
des Israélites qui l'avaient retenu par cœur. Ils se croient
donc les seuls et uniques possesseurs du texte authentique.
Ce roi mourut après un règne de quarante-six ans. D'après
une autre version , ce fut Nabuchodonosor lui-même qui
épousa une lille juive, rétablit les Israélites dans leur pays
et les protégea.
Ismaïl, fils d'Abraham, l'ami de Dieu, fut chargé de la
garde de la Maison (la Kaabah) après son père. Dieu lui
accorda le don de prophétie, et l'envoya chez les Amaléciles
et les tribus du Yemen pour les détourner de l'idolâtrie.
Quelques-uns acceptèrent la foi, mais le plus grand nombre
persévéra dans l'infidélité. Ismaïl eut douze fils : Nabet,
Kidar, Arbil , Mibsam, Michmà, Douma, Masa, Haddad^
Atima, Yetour, Nafech et Bakedma. Abraham avait désigné
comme son successeur son fils Ismaïl; celui-ci élut à son
tour son frère Isaac, ou, selon d'autres, son fils Kidar. Is-
120 LES PRAIRIES D'OR.
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yljJJ ci»-Ào /o-^ cxi*.î yl^î o».V ?W*îî ^J)>-> U^-5 '^>*^
maïl avait cent trente-sept ans quand il mourut, et il fut
enterré dans la mosquée el-Haram, à l'endroit où était la
pierre noire. Nabet, son fils, garda la maison sainte, comme
l'avait fait son père; on croit même qu'il fut désigné par
Ismaïl.
Entre l'époque de Salomon et celle du Messie, vécurent
des prophètes et de pieux serviteurs de Dieu; tels sont Jé-
rémie, Daniel, Ozaïr, que tous n'acceptent pas comme pro-
phète. Job, Isaïe, Ezéchiel , Elias, Elisée (ellça) , Jonas,
Dou'l-kifl,el-Khidr,qui, selon Ibn Ishak, n'est autre que Jé-
rémie, ou, selon d'autres, un pieux serviteur de Dieu, et
enfin Zacharie, Ce dernier, fils d'Adak , descendant de David
et de la tribu de Juda, épousa Elisabeth (Ichba) , fille d'Am-
ran, sœur de Marie (Miriam), fille d'Amran et mère du
Messie. Cet Amran, fils de Maran, fils de Yoakim, était
aussi de la famille de David. La mère d'Elisabeth et de Ma-
rie se nommait Hannah (Anne). Elisabeth donna à Zacha-
CHAPITRE V. 121
i^^S^ Xjl ij^4-isJt c>-cU;îj t;l:< lj)5) ;jl(j ^-«^ii ^*^ (jj5
jjàxj (J-» x> *-iVj^ ^J^J <^ CiS^ ^^**^' (•' (^-J""* *-*^' u!/*
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lie un fils du nom de Jean (Yabia), qui était donc le fils
de la tante maternelle du Messie. Zacharie était charpentier.
Les Juifs répandirent le bruit qu'il avait eu un commerce
coupable avec Marie , et résolurent de le tuer. Averti de leur
projet, Zacharie se réfugia dans le creux d'un arbre; mais,
sur l'indication que leur en donna Iblis, l'ennemi de Dieu,
ils abattirent cet arbre et fendirent du même coup le corps
de Zacharie.
Elisabeth , fille d'Amran , sœur de Marie , la mère du
Messie, ayant mis au monde Jean, fils de Zacharie, s'en-
fuit avec son enfant en Egypte, pour éviter la colère d'un
roi. Devenu homme, Jean fut envoyé par Dieu aux Israélites;
il leur prêcha la loi divine et la soumission aux volontés de
Dieu , mais il fut mis à mort par ceux-ci. Après plusieurs
événements, les Israélites reçurent de la colère céleste un
roi de l'Orient nommé Khardoucli (Hérode), qui vengea
le sang de Jean, fils de Zacharie, en immolant un grand
nombre de coupables, et ce crime ne fut expié qu'après de
longues calamités.
122 LES PR/ilRIES D'OR.
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«\j»3 jUmJI 0^1 (^ aMI iC^ c:>u(^ (j^i Jyb yft^ ^r^i iU^sÀMi
Quand Marie, fille d'Amran, eut dix-sept ans, Dieu lui
envoya Gabriel, qui souffla en elle l'esprit, et elle devint
grosse du Messie , Jésus (Iça) , fils de Marie. Jésus naquit dans
un village nommé Betléhem (Beit-laham), à quelques milles
de Jérusalem, le mercredi 2 à décembre. Son histoire a été ré-
vélée par Dieu et racontée par l'intermédiaire de son Prophète ,
dans le Koran (sur. m, etc.). Les chrétiens prétendent que
Jésus, le Nazaréen, c'est-à-dire le Messie, suivit la religion de
ses ancêtres , et qu'il étudia , pendant vingt-neuf ou trente ans,
le Pentateuque et les livres anciens dans une synagogue
appelée el-Midras (u7-nDn )• Un jour, en lisant le livre d'Isaïe,
il y vit ces mots tracés en caractères de feu : « Tu es mon
fils et mon essence, je t'ai élu pour moi. » (S. Matth. xii, 1 8;
cf. Isaïe, XLii, 1.) Il ferma le livre, le remit au serviteur du
temple et sortit en disant : « Maintenant la parole de Dieu
s'est accomplie dans le fils de l'homme. » D'autres disent
CHAPITRE V. 123
yl^ j^^UajJl *j *i)yAXj Cj^l^ (JV-J*^ *-^^ W-*-* J-A-*^ J>i^
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j_jXAj| JlSj aMI JÎ -?*l*»>o ^^UâJJî i^jJi*^ Uj>5^ I«>o)
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^...M*JL\ jjLs^ *Ai tyiîlj Jys^i'i i^^ t^«>Ji iùoji)! yjH;i>^
^^vj? _j^j Lj5^ (jj-J i^J? 5»X.«*C uX-A-5^ 5«XJ^ 4J-» (jls Uj
aussi que le Messie habitait le bourg de Nazareth (Naçarah) ,
situé sur le territoire d'el-Ladjoun, dépendant du district
du Jourdain, et que c'est ce qui a valu aux chrétiens le
nom de Nazaréens.
J'ai visité dans ce bourg une église très-vénérée par les
chrétiens; elle renferme des ossements humains dans des
cercueils de pierre, et il en découle de l'huile épaisse comme
un sirop; les chrétiens croient se sanctifier en la recueil-
lant.
Le Messie, en passant devant le lac de Tibériade, y vit
quelques pêcheurs qui étaient les fils de Zebeda, et douze
foulons; il les appela vers Dieu et leur dit : « Suivez-moi et
vous pécherez des hommes. » Trois de ces pêcheurs, fils de
Zebeda, et douze foulons le suivirent. Matthieu (Matta), Jean
(Yohanna), Marc (Markoch) et Luc (Louka) sont les quatre
apôtres qui ont écrit l'Évangile et raconté l'histoire du Mes-
sie, sa naissance, le baptême qu'il reçut de Jean, fiis de
Zacharie, ou Jean Baptiste, dans le lac de Tibériade, et,
12/1 LES PRAIRIES D'OR.
u^ ^-j? i^^^ u^j^' j-*-* '^ J^^'^j^ ^j^ «i t^tx.*«Xt
_J.i^J ^aJ5 JUj 4MÎ iUO; ^jl Jî i-J-^ï (J-» ^l^ ^^ cyîj.^il (j^
yi^.>à JUj aMÎ yiJ J^ii 0^ U^àj^l jV^I uXi«^3 (••'ir*^
A^Ur «jOJïJi i /o-Ao ^^j ■^**>^ (jH y^ «^^ ^i>^K^ Jb
selon d'autres, dans le Jourdain, fleuve qui sort de ce lac
et se jette dans le lac FétiderOn trouve aussi dans ce livre
le récit des prodiges et les miracles accomplis par le Mes-
sie, et le traitement que les Juifs lui infligèrent, enfin son
ascension à l'âge de trente-trois ans. L'Evangile fournit en
outre de longs détails sur le Messie, Marie, et Joseph le
charpentier; mais nous croyons devoir les passer sous si-
lence, parce que ni Dieu, ni son prophète Mohammed ne
les ont rapportés (dans le Koran).
CHAPITRE VI.
DES HOMMES QUI ONT VECU DANS L'INTERVALLE, C'EST-À-DIRE ENTRE
LE MESSIE ET MOHAMMED
On compte dans l'intervalle [el-fitreh) qui sépare le Mes-
sie de Mohammed plusieurs personnages qui ont cru en un
CHAPITRE VI. 125
j^Js j^ i^\j ij^ fi-^^i *^-^ï fi-^ cj' isb <i^ u*W {jÀ
js^ij (j^ ^j-»K? o^' oLj^i Jî J«-»<i;'j cK-*-*^ r^^^^' (j^
aMI ^l» (j!j-jL-o (jj Alaii»- (6-6^ f»^ (j^^^ »iUi>j J«t?>-*t)
dij<Xi ^».^AAf jjU /o-^i jL*iJ /o>^jt j~^*^. {j^ vwaj CA.i>sJt ^L»
Jl ^j^.j»aJ5^ l^ju j^bl Ua«L» I_jJ1»-I Usi S^a-^ys. 4Ml Jjj»
-A^ (j^ i^l^ r*.y^^ IJ^ J^^ (jJ*^-*^ Ij^-tnc*. J^UXjtri aJ^*
Dieu unique et en la résurrection; mais c'est une question
controversée que de savoir s'il y eut ou non des prophètes
parmi eux. Un de ceux à qui l'on donne ce nom est Han-
zalah, fils de Safwan, descendant d'Isniaïl, fds d'Abraham.
Il lut envoyé chez les Ashab er-ras {Koran, xxv, 4o), qui
avaient la même origine, et qui se divisèrent en deux tri-
bus, les Kadman et les Yamen ou Rawil, habitant toutes
deux le Yemen. Hanzalah, (ils de Safwan, exécuta l'ordre
de Dieu et fut tué. Dieu révéla alors à un prophète israé-
lite, de la tribu de Juda, qu'il enverrait Bol^hlnarar contre
ce peuple. En effet, ce roi les attaqua à la tête de son ar-
mée. Tel est le sens de cctle parole divine , « Mais quand
ils ont senti notre force, ils ont cherclié à fuir, » et des ver-
sels suivants jusqu'aux mots : « Nous les avons rendus sem-
blables au blé moissonné et se desséchant, » {Ibid. xxr, 12-
i5.) On dit aussi que ce peuple était himiarite,el c'est ce
(jue prouve le passa^'e suivant d'une élégie composée par
un poëte de cette nation :
126 LES PRAIRIES D'OR.
-jj^l^ (jvjôbj^i ci)jAl bjJSi iX-À^ *x-*J^ (j-« 1^*1 j.^3 «XJLwj
jLi-wj dUi^^ (^!j (j^ r*-fr*^j »^^l i lyl^ /B.4JÎ A^j (j~»
\JS' ^\j v^5 '*^ S cj»yi '^^^■^ l'j^^ i (^'-^=^' (^ ^
Mes yeux répandent des larmes sur le peuple d'er-Ras, sur Rawil et
Kadman.
Fuis le courroux d'Abou Dira, qui est le châtiment de la tribu de
Kahtan.
On croit, sur l'autorité de Wahb, fils de Monabbih, que
Dou'l-Karnein, c'est-à-dire Alexandre, vécut après le Messie,
dans l'ère de l'intervalle. îl eut un songe dans lequel il lui
sembla être assez près du soleil pour en saisir les deux ex-
trémités à l'ouest et à l'est; il raconta son rêve à son peuple,
qui le surnomma Doul-Karnein ou le maître des deux cornes.
Cependant ce personnage est l'objet de discussions que
nous avons insérées dans nos Annales historiques et dans
l'Histoire moyenne; nous donnerons en outre un abrégé de
son histoire en parlant des rois grecs et byzantins. (Voy.
chap. XXV.)
Le même désaccord existe sur l'époque oià vécurent « les
hommes de la caverne» [Koran, xviii); les uns les placent
dans l'ère d'intervalle, les autres sont d'un avis différent.
CHAPITRE Vf. 127
t_>L>LS'(j>* \JiJuM L.«v_ij la^jiii lj\jm\ i viUS 4^ UajI «xi
dXJi M\ di—Ltftlà AXr>.à i »!jil^ Ai^j».!^ iiJj\j:Jl ^ »^uiJb
A.) cyij^ U c,^^-*. 4^ A*s>r ç^ iUU.Jll J^l çA^Tj JvUl
f_- .-^ if -^ S^j-iLill i ^Jl^ (jj-tfj *r^^ AAX« (jJ c^^ jju*Jl^
Nous donnerons aussi un aperçu de leur histoire dans le
chapitre consacré aux rois de Roum (ch. xxvii) ; on peut en-
core consulter notre Histoire moyenne et nos Annales his-
toriques.
Parmi ceux qui vécurent dans l'intervalle, après le Mes-
sie, on cite Djordjis (George) , qui fut contemporain de quel-
ques apôtres. Envoyé auprès d'un roi de Moçoul pour lo
convertir au vrai Dieu, il fut mis à mort; Dieu le ressuscita
et lui donna la même mission; le roi le tua encore, mais
Dieu lui rendit la vie et le renvoya auprès du roi. Celui-ci
le fit brûler et jeta ses cendres dans le'Tigre. Dieu détruisit
ensuite ce roi et tous ses partisans. Tel est le récit fait par
ceux qui suivent les Ecritures et rapporté dans les livres
intitulés. De VOrufmc et des coutumes, par Wahb, fds de
Monabbih, et d'autres auteurs.
Un autre personnage de l'ère d'intervalle est Habib le
charpentier. Il habitait Antioche de Syrie, où régnait un ty-
ran qui adorait les idoles et les images. Deux disciples du
128 LES PRAIRIES D'OR.
C^^3 lÂAâJI (JjA9^ iCjÙyMMjL^ ^Iaçvu iU^wxJL <X«wl^ ÏLf^tyllf
«iJUJl ^jî iUji^.*ajJ| ^V*^L« tj-uJûi xxJlj (j*(UJ! (j^j.AA^9
L.«^ J~)^ «.yJar*. dl.m iiUi> &i« /s^ (j^i fjèéjhj^ Uy> 1$
Messie lui furent envoyés pour le convertir; mais il les fit
mettre en prison et frapper de verges. Dieu leur donna un
troisième auxiliaire, dont le nom a soulevé des discussions;
le plus grand nombre des auteurs cite un apôtre nommé
Botros (Petrus) en latin, Siman en arabe, et en syriaque
Chimoun alsefa (JLsJLû yO-V^aA,)-
Plusieurs auteurs cependant, d'accord avec toutes les
sectes chrétiennes, disent que ce troisième apôtre était Paul,
et que les deux autres qui furent jetés en prison étaient
Thomas et Pierre. Ils demeurèrent longtemps auprès de ce
roi et prouvèrent leur mission par des miracles, en guéris-
sant des aveugles et des lépreux, et en ressuscitant des
morts. Paul, ayant obtenu un libre accès auprès de ce roi
et capté sa faveur, fit mettre en liberté ses deux compa-
gnons.
Habib le charpentier vint ensuite et crut aux apôtres en
voyant leurs miracles. Dieu a raconté cette histoire dans son
livre, au verset : «Nous leur avons envoyé deux hommes,
CHAPITRE Vi. 129
v$"->*^> t-K^j ^y* ti' «i^Uj ki)** ^^*>^-» (^5^^^^^ (•■^'5 UXwji
*-<y^ u^ cj?ï'*»',j'^'*-* y^'««3 ''^^jy -î^*^"^ Lr~^^ c^j-^ J^^
yûj (j-ly <^i> dix» i ^^1 yl;j*? iiJu«x^ i ij^jjtîi i lyl<j
et ils les traitèrent d'imposteurs; nous leur donnâmes l'ap-
pui d'un troisième, etc. » jusqu'aux mots « Un homme vint
en toute hâte, » ( Kor. xxxvi , 1 3 , 19.) Pierre et Paul périrent
à Rome , où ils furent crucifiés la tête en bas , après avoir eu
de longs rapports avec le roi et Simon (Sima) le magicien.
Quand le christianisme eut triomphé, leurs reliques furent
mises dans des' châsses de cristal , que l'on conserve dans
une église de Rorne. En parlant des curiosités de cette ville
dans notre Histoire moyenne, nous avons donné ces détails
ainsi que l'histoire des disciples du Messie et de leur dis-
persion en différents pays. Nous reviendrons encore sur ce
sujet.
Pendant cette ère d'Intervalle vécurent aussi» les hommes
de la fosse, » qui habitaient Nedjran, dans le Yemen, sous
le règne de Dou-Nowas, le même qui fit périr Dou-Chena-
tir. Ce roi, qui professait le judaïsme, apprenant qu'il y
avait à Nedjran des sectateurs du Messie, se rendit lui-même
dans cette ville, (it creuser des fosses, qu'il remplit de char-
130 LES PRAIRIES D'OR.
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•^î -«^Lw (jî -!U»Ai?_j^ i viUi cj-t LItJL ^i=3 JsjLwj ia-wjiil <_>\jci!l
bons ardents, et ordonna aux habitants d'embrasser le ju-
daïsme; il relâcha ceux qui obéirent et fit jeter les récalci-
trants dans le feu. On amena une femme avec son enfant âgé
de sept mois, et elle refusa d'abjurer sa religion. Lorsqu'on
l'approcha du feu elle fut saisie d'effroi; mais Dieu donna la
parole à l'enfant, qui s'écria : «Ma mère, persévère dans ta
religion, car après ce feu il n'y en aura pas d'autre. » lis péri-
rent ensemble dans les flammes: c'étaient des croyants mo-
nothéistes et non des chrétiens (trinitaires) , comme ceux de
notre siècle. Un homme de la même nation, nommé Dou
Tâleban, alla invoquer le secours de César, roi de Roum
(Byzance); l'enipereurécrivitauNedjachi (roi d'Abyssinie),
dont le pays était plus voisin du Yemen. On trouvera
dans nos Annales historiques et dans l'Histoire moyenne
le récit de l'invasion et de la conquête du Yemen par les
Abyssiniens, jusqu'à l'époque où Seif Dou Yezen invoqua
l'appui de plusieurs rois, et obtint celui d'Anouchirwan ;
nous y reviendrons en outre en temps opportun en parlant
CHAPITRE VI. 131
iàyJ^-^^ ^i^^^l jLa-:^^ b^^ «XÂP c^UUi \>yj> i^j^ :>^ U>J
«^LJs JLa3 AjtXjus (^Jo\ o«5i> «Xj»j ly*"^ m^ '^^^-^^ />^ u^*'^
Lr^ . l^oCJùiU <7^^>K^i «i «i^;^^-^ [;l> (jf t^i>^ <Xxy> «S^Lél ^^
Ajuw^^s^JI I^aXs V*>^J O'^'^^^^^ U^ S>^^ c:>:>1^ JJUÂJ u:<jl^^
(^<X-(b cK t«^ t«^ 4? * •• >'^-? l^.Xrfc..:>j ii^\yjt> «xJlik. «x^U
w * w * '-
des DoMs et des rois du Yemen (voy. chap. xliii). Dieu
a raconté dans son livre l'aventure des hommes du fossé ,
au verset, «Les hommes du fossé ont été tués, etc. » jus-
qu'aux mots : «le Puissant, le Glorieux» [Koran, lxxxv,
Parmi les personnages de l'Intervalle on cite encore Kha-
led, fds de Sinan el-Absi , ou bien Khaled , fils de Sinan , fils de
Geit , fils d'Abs , désigné par ces paroles de Mohammed : « C'est
un prophète que sa nation a perdu. » Voici son histoire:
le culte du feu s'était introduit chez les Arabes , et se pro-
pageait à la faveur des troubles religieux , au point que ce
peuple était à la veille de se soumettre à l'idolâtrie des Mages.
Khaled, un bâton à la main, se jeta dans les flammes en
s'écriant : « La voilà, la voilà, la route qui conduit vers le
Dieu suprême! Certes, je pénétrerai dans ce brasier ardent
et j'en sortirai les vêtements humides de rosée. » En effet, il
éteignit le feu. Sur le point de mourir, il dit à ses frères :
'I Lorsque je serai enterré , un troupeau d'ânes sauvages , con-
132 LES PRAIRIES D'OR.
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Jv-»>i aXII ^ J-i r^ .aCCXAui AJbLs ^1 J^-m; XXJyt Owij
8^^ JI^ AjçJ! X>UL ^JO' U 8;^:^) (j^ Ijd iJ^\ i«Xi5
^Aà» (^VjJI ^Ù^JtM J^ ^U>aJI (^;.4 c^^^ ljâlL« lyb(W»> MtJtXjlO
duit par un onagre sans queue, viendra frapper ma tombe
de son pied; dès que vous serez témoins de ce fait, ouvrez
ma tombe, j'fin sortirai et je vous instruirai de tout ce qui
existe. » Après que Rhaled fut enterré, ses compagnons virent
s'accomplir ce qu'il avait prédit, et voulurent exhumer son
corps; mais quelques-uns d'entre eux s'y opposèrent, dans
la crainte que les Arabes ne leur reprochassent d'avoir pro-
fané le tombeau d'un de leurs morts. Plus tard , la fdle de
Khaled vint trouver le prophète de Dieu , au moment où il
récitait : «Dis, il est le Dieu unique, le Dieu éternel»
[Koran, cxii, i, 2) , et elle s'écria : « Mon père prononçait les
mêmes paroles. » Dans le courant de notre récit nous au-
rons encore l'occasion de revenir sur ce personnage.
Riab ech-Channi , de la tribu d'Abd Kais et de la branche
de Chann, vécut aussi dans l'ère d'Intervalle; il suivait la
religion du Messie Jésus, fils de Marie, avant la venue du
prophète de Dieu. On entendit, antérieurement à la prédi-
cation de l'islam, une voix qui criait dans le ciel : « Lesmeil-
CHAPITRE VI. 133
>J >-^^ J-*-J^ t-U£.ipî \jMfi?^ f^\ L^lj iCib^ (jojiil JiftI
^) <7»r; «^J (J^ tX^I 0>^ i' yfe^ ijC <^y^t 4^»*? ♦^JV »^l»
ylSj «Xx^ ^jj ii /^ il») CiT* ts-^y^' il*x«fiL-w ^ j*wj» a,(jà<^
leurs des hommes sont au nombre de trois : Riab ech-Cbanni ,
Bohaira, le moine, et un autre qui n'est pas encore venu »,
c'est-à-dire le Prophète. Jamais un des enfants de Riab n'est
mort sans que la rosée ait rafraîchi sa tombe.
Citons aussi Açâd Abou Kerb , l'Himiarite, vrai croyant,
qui proclama le Prophète sept siècles avant sa venue; il dit :
J'attesle qu'Ahmed (Mohammed) est l'envoyé du Dieu créateur de
la vie ;
Si je pouvais vivre jusqu'à son siècle, je serais son vézir et son cousin.
Ce fut Açâd qui , le premier, revêtit la Kâbah de tapis
et d'étoffes précieuses; c'est ce qui a fait dire à un Hi-
miarite :
Nous avons couvert le temple que Dieu a consacré de tapis ornés de
broderies et de franges.
Parmi les hommes de l'Intervalle vécut Koss, fils de Sai-
dah, descendant d'Yad, fils d'Odd, fds de Mâdd, et juge des
Arabes. Il croyait en la résurrection, et disait sans cesse :
134 LES PRAIRIES D'OR.
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^W*j ^.>*)-* v.>Juwjjj*j ^y^ijyJi j^ ^y^ dv^^ ^ u'-5
« Quiconque vit , doit mourir ; celui qui meurt , passe ; tout ce
qui doit venir, viendra. » Sa sagesse et sa science sont prover-
biales chez les Arabes ; c'est ce qui a fait dire à el-Acha :
Plus sage que Koss, plus fougueux que celui (le lion) qui veille au
fond de sa tanière dans le fourré du bois de HafTan.
Lorsque les délégués du peuple d'Yad se rendirent auprès
du Prophète, il s'informa de Koss, et dit en apprenant sa
mort : « Que Dieu lui fasse miséricorde! Je crois encore le
voir à la foire d'Okaz , monté sur son chameau roux , et di-
sant à la foule : Hommes, réunissez-vous, écoutez et retenez
ceci : Quiconque vi t , doitmourir ; celui qui meurt , passe ; tout
ce qui doit venir, viendra. Le ciel est plein d'enseignements
et la terre d'exhortations; voyez la mer se gonfler, les astres
disparaître, le firmament s'étendre comme une toiture, et
la terre comme un lit. J'en atteste le Dieu de Koss, la
religion de ce Dieu vaut mieux que la vôtre. Pourquoi les
hommes partent-ils et ne reviennent-ils plus.^Soit qu'ils ob-
tiennent de rester, soit qu'on les abandonne au sommeil,
CIIAPITKE VI. 135
JLJi-i
aMI «Jùul» yl y-^rj^ (S-^^ ^ -^^^ ^ *jcUj aMI J^j-iM; JUi
jls*-i^ (S^^ 5^AJ j\jt,wl (j*J^5 (^i^«*>*lt JliJ 5.X;fc.^ iji^l
ils suivent la même route , et ne diffèrent que par leurs actes.
Quant aux vers de Koss (ajouta le Prophète), je les ai ou-
bliés. » — Abou Bekr, le juste, se leva et dit : « Envoyé de
Dieu, ces vers, je les sais. — Eh bien! récite-les, dit le Pro-
phète. » Abou Bekr reprit :
Dans ces premières géoérations qui ont disparu, quelle leçon pour
nous !
Quand je vois que tout aboutit sans retour à la morl;
Que, petits et grands, tout mon peuple suit cette route;
Que l'absent ne revient plus, et que celui qui demeure passera sou-
dain,
Je suis sûr que, moi aussi, je rejoindrai infailliblement mon peuple.
Le Prophète dit alors : « Que Dieu ait pitié de Koss ! je sou-
haite que le Seigneur le ressuscite comme une seule nation ! »
— Maçoudi ajoute : On attribue à Koss un grand nombre
de poésies, de sentences et d'anecdotes relatives à la méde-
cine, à la divination par le vol des oiseaux et d'autres pro-
J3G LES PRAIRIES D'OR.
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Lg_A_j v_À-u3_) iuLjJl Ju&) .cî^î (^ )j\x^\ Jyb ^j\<j tJjjJl
nostics, etc. dont nous avons parlé dans nos Annales histo-
riques et dans l'Histoire moyenne.
Un autre personnage de l'ère d'Intervalle est Zeid, fils
d'Anir, fils de Nofeïl, le père de Sâid, fils de Zeid, et l'un
des dix (Zeid) , copsin germain d'Omar, fils d'el-Khattab. Ce
Zeid réprouva le culte des idoles, mais son oncle el-Khattab
excita contre lui la populace de la Mecque et le leur livra.
Cette persécution l'obligea à se réfugier dans une caverne
du inontHira, d'où il se rendait secrètement à la Mecque.
Puis il passa en Syrie pour faire des recherches sur la vraie
religion, et il y mourut empoisonné par les chrétiens. Ses
rapports avec le roi et l'interprète, et avec un des rois Gas-
sanides de Damas, forment un long récit que nous avons
rapporté dans nos précédents écrits.
On cite encore Oniayah , fils d'Abou's-Salt et-Takefi , poëte
intelligent, qui faisait le commerce avec la Syrie; il fré-
quenta le clergé juif et chrétien, étudia les livres saints et
reconnut qu'un prophète serait envoyé aux Arabes. Dans
CHAPITRE VI. 137
O^ a.*mjUj l^Xiù^ (^ /i] di-j^ ^ aM »x ♦,..41
(X**.!^ lyL»- Jl? *Ô «iy» jjj JvCJ -yiJi JUi c:>^ ^^ji=^ iuJUH
« %v .Cm., i xds. ^1 icl*î Jl iCtJUJi ^l^i ow^l U^ UyLÏ
ses poésies, il suit les doctrines de la vraie religion; il dé-
crit les cieux et la terre, le soleil, la lune, les anges et les
prophètes; il chante la résurrection, le paradis, l'enfer, et
célèbre l'unité de Dieu, comme dans ce vers :
Louanges à Dieu, qui n'a pas d'égal; ne pas proclamer cette vérité,
c'est être injuste envers soi-même ;
et dans cet autre, où il parle des élus :
Là plus d'erreur, plus de faute; le bonheur qui leur est promis est
éternel.
L'annonce de l'apparition de notre saint Prophète lui ins-
pira autant de colère que de chagrin ; il se rendit à Médine
pour se faire musulman; mais la jalousie l'en détourna, et
il revint à Taïf. Un jour qu'il était à boire avec quelques
jeunes gens, un corbeau s'abattit près de lui, croassa trois
fois, et s'envola. « Savez-vous ce que dit cet oiseau .^demanda
Omayah à ses compagnons. — Non , répondirent-ils. — Il
dit qu'Omayah ne boira pas une troisième coupe sans mou-
rir. — Prouvons qu'il a menti, s'écrièrent les jeunes gens. »
138 LES PRAIRIES D'OH.
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JyL> LumJI
^^-5^ «Xj^ ^£:»ytu*é.^^ Jui XmJÏj I^aj ool^ AJi^ 1^-4^ (0^'
Omayah fit promptement remplir les coupes; à la troisième
rasade il tomba et resta longtemps sans connaissance; puis
il revint à lui et dit : « J'obéis, j'obéis, me voici auprès de
VOUS; moi que la grâce environnait, je ne l'ai pas payée de
mes remercîments :
« Si tu pardonnes , ô mon Dieu ! puisse ton pardon être complet. Est-il
un de tes serviteurs qui soit sans tache?»
Il répéta encore : « Moi que la grâce avait comblé , j'ai né-
gligé d'en témoigner ma reconnaissance, » et il ajouta ces
vers :
Jour du jugement, jour terrible, où l'enfant vieillira soudain d'une ra-
pide vieillesse!
Que ne puis-je échanger mon sort contre celui du berger qui fait
paître ses chèvres agrestes au sommet des montagnes!
Toute vie , quelle que soit sa durée , aboutit au terme où elle doit Gnir ?
Puis il rendit le dernier soupir dans un râle suprême.
Plusieurs écrivains qui connaissent bien les hommes et
les événements du passé, tels que : Ibn Dab, el-Heitem, fils
CHAPITRE VI. 139
^!)-*^ i^J)j (j-^b ^y*^j ^-^ t^J"^^ (J*^f^3 v-'*'*^' (J-* ^y-*-> À
Ai.QÀ,< ^:J^ji (Jli»' SjjJLiO AA>> CxAaaI ^i a^LmOU I_^«^..S»|^
*j -o-^XiM Î^«X^^ ovxs-y Lg-g-^^ i t^Cio ^*^x} \.Q».*n-i.
^^i xJLjv-X-^..1î A^yi i^-ff^j tj.»itla:< yl («XxJws U oJUi
«X-À-^ CA-jëjt ^l_^-j(Jl ^1 u^Jb owil (^^ 1^1; xaam^ (»^.aI->.
d'Adi; Abou Mikhnef Lout, fils de Yahia , et Mohammed, fils
de Saïb el-Kelbi, expliquent de la manière suivante l'habi-
tude qu'avaient les Koreichites d'inscrire en tête de leurs
écrits la formule : En ton nom, ô mon Dieu! Omayah, fils
d'Abou's-Salt et-Takefi fit un voyage en Syrie avec des gens
de Takef, de Koreich et d'autres tribus. Au retour, leur ca-
ravane s'arrêta dans une certaine station pour y prendre les
repas du soir, lorsqu'un petit serpent se montra et s'appro-
cha de la troupe i mais, atteint à la tête par du gravier qu'on
lui jeta, il rebroussa chemin. Le repas terminé, les voya-
geurs rattachèrent leur bagage sur les chameaux et quittè-
rent cette station. Ils n'en étaient qu'à une petite distance,
quand une vieille femme, appuyée sur un bâton, apparut
sur un tertre de sable et leur dit : « Qui vous a empêchés de
donner à manger à Rahimah, la pauvre servante qui est ve-
nue vous trouver ce soir? — Qui es-tu toi-même. Mui deman-
dèrent les voyageurs. — Je suis la mère du reptile, veuve
depuis des années. Mais vous, par ie Dieu qu'on adore, vous
serez dispersés sur la terre ! » Puis elle frappa le sol de son
140 LES PRAIRIES D'OR.
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A^\^ (^yb^ MH^) ij-^^ UaJUU; «^:)U^ ^^t I^AjùS^UiaJI*
4xX>y«)j «K» (^ UUjc»j2. Lui; l^JL* dUx U JoM cxs-^
0.» XiJ 4,;<{^ caJo U ^1 cxLflJt jt /jj iùye^ UXaj» b^^Is
j^_a5Jt 49uL« jb c:aJ1^ (^«>JI C;A.AÂir{ dUi> Jl As-^ù» JuJl»
bâton , et en souleva la poussière en disant : « DifFère leur re-
tour et dissémine leurs montures. » Aussitôt les chameaux
bondirent comme si chacun d'eux portait un diable sur sa
bosse; rien ne put les retenir, et ils se dispersèrent dans la
vallée. Nous passâmes toute la nuit (disent ces voyageurs)
à les réunir avec la plus grande difficulté, et nous les fai-
sions agenouiller pour les charger, quand la vieille se mon-
tra encore, fit le même manège avec son bâton, et répéta
les mêmes paroles : « Diffère leur retour et dissémine leurs
montures. » Les chameaux rompirent aussitôt leurs freins et
s'enfuirent. Après les avoir réunis à grand'peine pour le
lendemain, nous les fîmes agenouiller, mais la vieille nous
apparut une troisième fois, et, avec une conjuration sem-
blable à celle des deux jours précédents, elle dispersa nos
bêtes. Nous veillâmes cette nuit à la clarté de la lune et en
désespérant de les retrouver. Nous demandâmes ensuite à
Omayah, fils d'Abou's-Salt : « Que nous disais-tn donc de ta
science.^ » Omayah se rendit sur la colline où la vieille s'était
montrée à nous, et descendit de l'autre côté; il franchit une
CHAPITRE VI. Ul
eyjdl JjI JU» A^Ij %j>j OObj U<i AjÇ«t Jl? iU^t^ {J»é\ji\
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^i-^l (j^ ^'XA.M'^ (^yi (J-* Ux4w ij>^jA* JoÛj c:^!^ U oJjci»
seconde colline, et aperçut devant lui une église éclairée
pardes lampes; surleseuil étaitun homme dont la chevelure
et la barbe étaient blanches. Je m'arrêtai près de lui, ra-
conte Omayah, il leva la tête et me dit : « Tu es un chef de
secte? — Oui, répondis-je. — Par oii ton Seigneur se ré-
vèle-t-il à toi? — Par mon oreille gauche. — Et quel vête-
ment t'ordonne-t-il? — Le noir. — Ainsi font les génies,
reprit-il, toi tu as failli être prophète; mais le possesseur de
la prophétie recevra l'inspiration par l'oreille droite, et pré-
férera les vêtements blancs. Enfin que désires-tu ? » Je lui
racontai mon aventure avec la vieille femme, et il reprit :
« Tu dis vrai, toi; mais elle a menti. C'est une juive, dont le
mari est mort depuis longtemps, et elle ne se lassera pas de
répéter cette manœuvre pour vous perdre , si elle le peut. —
A quel moyen recourir? demanda Omayah. — Réunissez vos
bêtes de somme, ajouta le vieillard, et quand la vieille re-
commencera ses sortilèges , dites sept fois à haute voix
142 LES PRAIRIES D'OR.
l3^ U^ ^^*■^^ I^Ui J^jec ov3\^ iX ocXxi» .e^'.f'lj^ >3 Jjù» Le.
cî)^.££C> Jo^ljj ^ Uo ^yh:s JM Ai^Ail wiUnwL JJuwl (^ Lumw^
(«X-cb tjikJS^ iLx-jo t^.^<>o l^ aVjLmi! :iyMi\^ iij)Sj>o^ ^^^^j^
et sept fois à voix basse : « En ton nom, ô mon Dieu ! » elle
ne pourra plus vous nuire. » Omayah revint auprès de ses
compagnons et leur communiqua ce qui lui avait été dit.
En effet, la vieille revint et fit comme les jours précédents;
ils répétèrent alors sept fois tout haut et sept fois à demi-
voix : « En ton nom , ô mon Dieu ! » et déjouèrent ses enchan-
tements. Voyant que les chameaux demeuraient immobiles,
elle dit : « Je connais votre chef, le haut de son corps blan-
chira, et le reste sera noir. » On se mit en marche; le lende-
main matin, on vit que les joues, le cou et la poitrine
d'Omayah étaient blanchis par la lèpre, tandis que la par-
tie inférieure de son corps était noire. Arrivés à la Mecque,
ils racontèrent cette aventure, et ce fut alors que les Mec-
quois adoptèrent la formule en question, jusqu'à la venue
de rislam. A cette époque elle fut abolie et remplacée par
celle-ci : « Au nom du Dieu clément et miséricordieux! » Les
autres récits concernant Omayah se retrouvent dans nos An-
nales historiques et nos ouvrages précédents.
Un autre personnage de l'Intervalle fut Warakah, fils de
CHAPITRE VI. lZi3
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ww-a^sjLIIj /<\4mJ| «XJLfi ia^AJu! ^»^\;«
Nawfel, fils d'Açad, fils d'Abc! el-Ozza, fils de Koçayi, cou-
sin germain de Khadidjah, fille de Khowailed et femme du
Prophète. U avait lu les Ecritures, recherché la science et
rejeté le culte des idoles. Il annonça à Khadidjah la venue
du Prophète dans cette nation, les persécutions et l'incré-
dulité qui devaient l'accueillir. Plus tard il rencontra le Pro-
phète et lui dit : « Fils de mon frère , persévère dans tes des-
seins; j'en atteste celui qui tient Tàme de Warakah entre ses
mains, tu es le prophète de cette nation; tu seras persécuté,
traité de menteur, chassé et combattu. Puissé-je voir ce jour,
et Dieu saitsi je soutiendrai sa cause. « Cependantla croyance
de Warakah a soulevé des doutes; les uns croient qu'il
mourut chrétien avant la venue du Prophète et dans l'im-
possibilité de se convertir; d'autres le font mourir nmsul-
man, et citent ces vers, qu'il aurait composés en l'honneur
du Prophète :
Plein d'indulgence et de pardon, il ne rend jamais le mal qu'on lui
fait; il réprime sa colère et son ressentiment quand on l'insulte.
U'i LES PRAIRIES D'OR.
jjS.^ r3^*^' (j*^j «r*^^ U^ '^^ J^^^^ (S^ (j^ jUâjilI (^
iuotXXt AJtLe 4^uJi ^<Xi Ul^ r(N<<^i Si; «^^^^ J^J^? <r*'Âs* ^3
On cite encore Odaçah, affranchi d'Otbah, fils de Rebiâh
et originaire de Ninive. Il vit ie Prophète à Taïf, lorsque
celui-ci était venu prêcher la foi aux habitants. Odaçah eut
de longs démêlés avec eux dans le verger, et périt dans la foi
chrétienne , à la bataille de Bedr ; il fut pourtant du nombre
de ceux qui annoncèrent la venue du Prophète.
Abou Kais Sormah , fils d'Abou Anas , l'Ansarien , de la
famille des BenouNadjar, vécut aussi dans l'Intervalle. Il
s'était adonné à la vie ascétique , avait revêtu le cilice et re-
nié les idoles. Il s'était fait une mosquée de la maison qu'il
habitait, et personne ne pouvait y pénétrer en état d'impu-
reté légale; il professait hautement le culte du Dieu d'Abra-
ham. Après l'entrée du Prophète à Médine, il se fit musul-
man, et se signala par sa piété; c'est pour lui que fut révélé
le verset sur la collation avantle jour: « Mangez et buvez jusqu'à
ce qu'à la lueur de l'aurore vous puissiez distinguer un fil
blanc d'un fil noir. » [Koran, 11, i83.) On cite ces vers d'Abou
Kaïs sur le Prophète :
CHAPITRE VI. 1/15
jjL«»»AJt ^ j^-*-^ (j^ jj/^ vXxC A.«wl^ (5*'^^^ j-*^ y?^ (*-6~*-*5
i 'Tf^ cK^J-t? <-^i*- 'X.Jt^ *i (j^ Ajo*>JL! /0-«^ (Sr*^^ f**^
^VAAAi^ j«i S«XÀ£ C:aJ6^ iCifVifc. QJ ♦X.uil ^J (j^ j^tX.*«(ii| (ji*.^
^jbjî Jl ».>l£6 /».*Ltf> c^yJt <^i**j ^-^ «NAjI^Aa-Jl Jl JU t>«j:.Ml
H a (ait plus de dix pèlerinages à la Mecque, au milieu des Koreichitcs.
Que n'a-t-il rencontré un ami dévoué !
Tel est aussi Abou Aniir elAwsi, dont le vrai nom est
Abd Amr, fils de Seifi , fils de Nôman, de la famille des
Béni Amr ben Awf, de la tribu d'Aws; il est connu aussi
sous le nom d'/46ou Hanzalnh, et le sol)riquet de Gaçil eh
Melaïkeh. Ce seïd se fit moine au temps du paganisme, et
revêtit le ciliée. Il eut un long entretien avec le Prophète,
après son entrée à Modine; puis il quitta cette ville avec cin-
quante jeunes gens, et mourut dans la foi chrétienne, en Syrie.
A la même ère appartient Abd Allah , fils de Djahch el-
Açedi, de la famille des Béni Ared ben Khozaimah. Il
était marié avec Oumm Habibah, fille d'Abou Sofian ben
Harb, avant qu'elle fût unie au Prophète. Abd Allah con-
naissait les Écritures et inclinait vers le christianisme; mais
après la vocation du Prophète il émigra en Abyssinie avec
d'autres musulmans et sa femme Oumm Habibah. Il aban-
146 LES PRAIRIES D'OR.
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Uj aKj.^^^ AJùikâ^ AjtK^s 4^31 o^-û Aax^_^.o (i ^^ !^.^Vo
donQa l'islam pour se faire chrétien , et mourut dans ce
pays. C'est lui qui disait aux musulmans : « Nous avons les
yeux ouverts, mais vous, vous remuez à peine vos pau-
pières, » c'est-à-dire, nous voyons clair et vous cherchez la
lumière. Cette expression , qu'il employait comme un pro-
verbe, s'applique à un jeune chien qui ouvre les yeux
[fàkah) après sa naissance, ou qui cherche vainement à
les ouvrir [sa'sa]. Après la mort d'Abd Allah, le Nedjachi
unit Oumm Hahibah au Prophète, avec une dot de quatre
cents dinars.
Un des personnages de l'Intervalle fut, enfin, Bohaira le
moine. C'était un chrétien zélé, dont le nom, dans les livres
chrétiens, est Serdjes (Sergius), et il descendait des Abd
el-Kaïs. Lorsque le Prophète, âgé de douze ans, se rendit
en Syrie pour une affaire commerciale aA'ec son oncle Abou
Taleb, accompagné d'Abou Bekr et de Belal , ils passèrent
devant la cellule où vivait Bohaira, Celui-ci reconnut le
Prophète à ses traits et à certains signes particuliers, tels
CHAPITUE VI. 1^7
A^yj\j ^Jt*^'^ Un-a^*- AKiôj -L*Jtjl «Jl jJûjj XOL.J i oJ\iSp. yW
LAJLfi aAII ^gM:>j <^^^ tXj 1>I Jt^i^ /OJkXiW ^^yJl? C:^«t^ \xa0^
que ses livres le lui avaient révélé; il vit le nuage qui l'om-
brageait quand il s'asseyait. Il fit descendre ces voyageurs
chez lui , les reçut avec honneur et leur prépara un repas.
Il sortit de sa cellule pour reconnaître le sceau de la pro-
phétie entre les épaules du Prophète, posa la main sur ce
signe, et crut à sa mission. Il révéla ensuite à Abou Bekr
et à Belal ce qui devait arriver à Mohammed, qu'il pria de
renoncer à ce voyage , en mettant ses parents en garde contre
les tentatives des juifs et des chrétiens. Abou Taleb, l'oncle
du Prophète , averti de ce danger, ramena son neveu. C'est
à la suite de ce voyage que commence l'histoire du Pro-
phète avec Khadidjah, et que celle-ci fut éclairée par les
révélations que Dieu lui envoya, et par la narration qui lui
fut faite de ce voyage.
Tel est le récit abrégé de la création du monde jusqu'à
l'époque où nous sommes parvenus ; nous n'avons rien pris
en dehors des faits révélés par la religion et les livres saints ,
ou expliqués par les prophètes. Nous allons examiner les
148 LES PRAIRIES D'OR.
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origines des royaumes de l'Inde, et étudier rapidement leurs
croyances; puis nous passerons en revue les autres pays,
comme nous l'avons fait pour les rois israélites, d'après les
sources que nous offraient les Ecritures. Puisse Dieu nous
venir en aide !
CHAPITRE Vil.
GÉNÉRALITÉS SUR L'HISTOIRE DE L'INDE, SES DOCTRINES
ET L'ORIGINE DE SES ROYAUMES.
Parmi les hommes d'observation et de science qui ont
étudié avec attention la nature de ce monde et son origine,
plusieurs s'accordent à dire que l'Inde fut, dans les âges re-
culés, la portion de la terre où régnaient l'ordre et la sa-
gesse. Lorsque les sociétés et les nations se formèrent, les
Indiens cherchèrent à donner de l'unité à leur pays, et à
le soumettre à une métropole qui serait le centre de l'auto-
rité. Leurs chefs dirent : « Nous sommes le peuple primitif,
ciiApnni: vu. 1^9
en nous est la fin et la limite des choses, le principe et le
terme; le père de Thumanité tire de nous son origine. Ne
soufTrons donc ni la révolte, ni la désobéissance, ni les mau-
vais desseins; marchons contre les rebelles; réduisons-les,
et faisons-leur accepter notre puissance. Pour atteindre ce
but, ils se donnèrent un roi, Brahman le Grand, leur puis-
sant monarque et leur chef absolu. La sagesse fleurit sous
son règne, et les savants occupèrent le premier rang. On
apprit à extraire le fer de la mine, à forger des épées, des
poignards et diverses armes de guerre; on éleva des temples
et on les orna de pierreries étincelantes. On y retraça les
sphères, les douze signes du zodiaque et les astres. La pein-
ture reproduisit l'image du monde et représenta l'action des
astres sur ce monde et la manière dont ils produisent les
corps animés, doués ou non d'intelligence. Brahman ex-
pliqua aussi la nature du moteur suprême, c'est-àdire du
soleil; il réunit toutes les preuves de ce système dans un
150 * LES PRAIRIES D'OR.
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livre destiné à être compris du vulgaire , et communiqua aux
intelligences d'élite des vérités d'un ordre plus élevé, en leur
montrant une cause première qui donne à tout l'existence,
et qui pénètre tout de sa bonté. Les Indiens se soumirent
à ce roi, leur pays devint florissant et ils acquirent l'expé-
rience pratique de la vie. Un congrès de sages, réuni par
ordre du roi, composa le livre de Sindhind [Siddhanta) , ce
qui signifie « l'âge des âges. » Ce livre servit de base à la com-
position de l'Ardjabehd [Aryabhatta] et de l'Almageste; de
même que l'Ardjabehd donna naissance à l'Arkend, et l'Al-
mageste au livre de Ptolémée , et plus tard aux Tables as-
tronomiques. Ils inventèrent aussi les neuf chiffres qui for-
ment le système numérique indien. Brahman définit le
premier l'apogée du soleil , et démontra que cet astre reste
trois mille ans dans chaque signe du zodiaque, et qu'il par-
court la sphère entière en trente-six mille ans. Aujourd'hui
(332 de l'hégire) l'apogée, au dire des Brahmines, est dans
CHAPITRE VII. 151.
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le signe des Gémeaux; mais quand le soleil aura passé dans
les signes de l'hémisphère austral, la face de la terre chan-
gera, la portion habitée deviendra déserte, et réciproque-
ment; le nord prendra la place du sud, et le sud celle du
nord. Ce roi déposa dans la maison d'or (à Moultan) les
calculs relatifs à l'origine des choses et à l'histoire primi-
tive, sur lesquels les Indiens se fondent pour évaluer les
ères anciennes, étude qui s'est plus développée chez eux que
chez tout autre peuple. Nous ne les suivrons pas dans ces
longues théories, parce que notre livre est consacré à l'his-
toire et non aux recherches philosophiques; on en trouve
d'ailleurs un résumé dans notre Histoire moyenne.
Quelques Indiens croient que le monde se renouvelle à
chaque Hazarwan, c'est-à-dire tous les soixante et dix mille
ans; et que, cette période écoulée, les êtres revivent, les gé-
nérations renaissent, les animaux se raniment, l'eau re-
prend son cours, la terre se couvre de rei^liles, la verdure
152 - LES PRAIRIES D'OR.
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pare le sol, et un doux zéphyr rafraîchit l'atmosphère. Mais
la plupart adoptent des cycles périodiques, point de départ
des forces; ces cycles vont en décroissant, bien (|u'ils aient
la même force, et qu'ils conservent leur puissance d'action
et leur essence. Les Indiens assignent une période et un
terme précis à leur développement; c'est ce qu'ils considè-
rent comme le cycle principal ou la grande révolution,
et ils nomment ce système la vie du monde. Le temps qui
s'écoule entre la naissance et la fin de cette période est, se-
lon eux, de trente-six mille ans, multipliés par douze mille,
et c'est ce qu'ils appellent Hazarwaa , foyer et moteur des
ioixes universelles. Les cycles ressentent ou élargissent tous
les principes qu'ils contiennent. Ainsi la durée de la vie est
plus grande dans le premier, parce que la circonférence est
plus grande, et que les forces ont le champ plus libre; au
contraire elle diminue dans le dernier cycle, parce que ce
cycle est plus étroit, et que les périodes antérieures exercent
une pression fatale k la vie. En voici la raison : dans la pre-
CHAPITRK VII. 153
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iLoLA.5_5^!^j«Jî er« (^ ^ l^JLoji ^ u-jÀà^S Ï jj^'j j^-t)
mière période, les forces physiques naissent et se dévelop-
pent dans toute leur pureté, attendu que la pureté précède
le trouble, et l'unité devance le mélange; la vie est donc
proporlionnée à la pureté de son tempérament et à la per-
fection des forces auxquelles sont soumises la naissance, les
transformations, la corruption et la ruine des éléments. De
même , à la lin du grand cycle ou de la période principale,
la forme s'altère, la vie dépérit, les tempéraments se nié-
lantrent, les forces diminuent, les liens se relâchent, et, la
matière se trouvant comprimée dans des cercles étroits et
renversés, la vie ne peut plus atteindre à son complet dé-
veloppement.
Les Indiens soutiennent, par une foule de preuves et d'ar-
guments, ce système de l'origine des choses que nous ve-
nons d'exposer. A cette succession de cycles et de Hazarwans ,
telle que r.oiis l'avons développée, ils rattachent de mysté-
rieuses subtilités sur l'àme, sur ses rapports avec le monde
métaphysique, sa tendance à descendre des hauteurs de son
origine, et d'autres théories établies par Brahman au premier
âge du monde.
154 LES PRAIRIES D'OR.
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^IxjI iLuai U JâAÀi^IsUju ^^Lc»- i^ljtj (jâJuJ ft.^*hxj JUij,
-♦Xfi ij-« U>î^.ifc.| J^^jJC 0j| Jt^ UAaSI ^I (j^^ 0^ Uj
Lk^Uàj ^«N; J>^ (•( (Sxxm UiiXis? «^.wXjc^ U^Uw^s-^ (^cïxÀlt^
Brahman mourut après un règne de trois cent soixante-
six ans. Ses descendants ont conservé jusqu'à nos jours le
nom de brahmines; ils sont honorés par les Indiens comme
formant la caste la plus noble et la plus illustre. Ils ne man-
gent de la chair d'aucun animal, et ils portent, hommes et
femmes, des fils jaunes suspendus autour du cou comme
des baudriers d'épée, pour se distinguer des autres castes
de l'Inde.
Dans les temps anciens, sous le règne de Brahman, sept
des plus sages et des plus considérés d'entre eux s'assemblè-
rent dans la maison d'or (àMoultan) , et se dirent les uns aux
autres : « Réunissons nos recherches pour découvrir l'état et
le secret du monde, pour savoir d'où nous venons et où
nous allons; si la cause qui nous a tirés du néant est sagesse
ou folie; si le Créateur, qui est l'auteur de notre existence,
et qui la développe , en retire un avantage, ou bien s'il écarte
lin danger de sa personne, en nous faisant disparaître de
(J-»
CHAPITRE MI 155
CîJ^:>t (J-LiJi CJ-» î»X.=»-i ^<jj' /♦■(t.»'* <s->Ji j,_yIàÀil^ J^iJl (<^^^
jLjuUsJLjÀJai ci)|^iiJI AJUAs.. (J-ft *-yjiJl_5 a^LJI *LUii/I
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x^tMJÏJ A-iwJc« (Jl Ajki ^L*.>-l uù^ u^ ,^j-« ^yi^ -^^ «^^
ce monde. Sachons s'il ressent comme nous des besoins et
des privations, ou s'il se suffit sous tous les rapports, et
pourquoi, après nous avoir donné l'être et la vie, il nous
fait rentrer dans la mort et le néant? Le premier sage, qui
était le plus respecté parmi eux, dit : « Quel est l'homme qui
a jamais pu arriver à la science réelle des choses visibles et
occultes, eu arracher le secret et se reposer sur une convic-
tion certaine ? » Le second sage dit : « Si l'intelligence humaine
pouvait embrasser la sagesse divine, ce serait un défaut dans
cette sagesse. Non, ce but est hors de notre portée, et notre
raison est trop bornée pour l'atteindre, » Le troisième sage
dit : « Notre premier devoir, avant de rechercher ce qui est
hors de nous, est de nous appliqiltr à nous connaître nous-
mêmes, puisque rien ne nous touche de plus près, et que
nous sommes faits pour cette étude comme elle est faite
pour nous. » Le quatrième reprit: • Malheur à celui qui se
trouve dans une situation où il ait besoin de se connaître
156 LES PRAIRIES D'OR.
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(^y-M«JI vi).JJ6^ <^i?îj4j J^U«.lî ^j^jHS* t^US'i^i ^^aio.JS
lui-même. De là, dit le cinquième, le devoir pour nous de
nous attacher aux sages qui ont la science pour auxiliaire. »
Le sixième ajouta : « Celui qui recherche la félicité doit y con-
sacrer tous ses efforts, puisque nous ne pouvons demeurer
dans ce monde, et qu'il est certain que nous en sortirons. »
Le septième dit enfin : «J'ignore ce que vous voulez dire;
tout ce que je sais, c'est que je suis entré dans ce monde
malgré moi, que j'y vis dans la stupeur et que j'en sortirai
de force. »
Ces diverses doctrines ont divisé les Indiens de tous les
siècles; chacun a suivi et complété l'une d'elles; puis les
écoles, en se multipliant, ont accru les divergences d'opi-
nions, et l'on ne compte pas moins de soixante et dix sectes
dans ce pays. • •
Abou'l-Kaçem, de Balkh, dans son livre intitulé Sources
de questions et de réponses, et el-Haçan, fils de Moura , en-Nou-
bakhti, dans son ouvrage nommé Livre des opinions et des
croyances, parlent l'un et l'autre des sectes et des théories
CHAPITUI": vu. 157
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Jju=»j l^ ç^xMi el>*Xj>.!_5 2>jX]\ (.L^SS; A>oL>| ^j i;À^ ioU tilAi^
de l'Inde; des motifs qui portent le peuple à périr dans les
flanimes, ou à s'infliger toutes sortes de tourments; mais ils
ne disent rien de ce que nous avons rapporté, et passent
sous silence tout ce qui précède.
On n'est pas d'accord sur Brahman : les uns prétendent
que c'était Adam et un prophète envoyé par Dieu aux In-
diens; les autres ne le considèrent que comme un roi, ainsi
que nous l'avons dit plus haut. Cette dernière opinion est la
plus répandue.
A la mort de Brahman, les Indiens témoignèrent la plus
vive douleur; puis ils donnèrent la couronne à son fds aîné,
el-Bahboud, déjà désigné par Brahman comme son suc-
cesseur et son héritier. Fidèle imitateur de son père, il pro-
tégea ses sujets, bàlit un grand nombre de temples, honora
les sages et les encouragea par des distinctions et des ré-
compenses dans l'étude et la recherche de la sagesse. 11
mourut après avoir régné cent ans. C'est à cette époque qu'on
inventa le trictrac {ncrd) et les règles de ce jeu. Celait une
158 LES PRAIRIES D'OR.
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sorte d'emblème des biens de ce monde, qui ne sont pas la
récompense de l'intelligence ni du savoir-faire , de même que
la richesse n'est pas acquise à l'habileté. On a fait honneur
aussi à Ardéchir, fils de Babek, de l'invention et de la dé-
couverte de ce jeu , qui lui fut suggéré par le spectacle des
vicissitudes et des caprices de la fortune. Il divisa la table,
en douze cases, d'après le nombre des mois, et il établit
trente chiens (dames) , selon les jours du mois. Les deux dés
représentent la destinée et son action capricieuse sur les
hommes. Le joueur, si le sort le favorise, obtient , en jouant,
ce qu'il désire; au contraire, l'homme habile et prudent ne
peut réussir à gagner ce qu'une chance heureuse a donné
à son adversaire. C'est ainsi que les biens de ce monde sont
dus à un hasard fortuné.
Le successeur d'el-Bahboud fut Zaman (Ramah?), qui
régna près de cinquante ans. Les principaux faits de ce règne,
et ses guerres avec les rois de Perse et de Chine sont résu-
més dans nos précédents ouvrages.
CHAPITRE VU. 159
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Aj^jttXJCj !âCl=>- ijfvl^ CJ»>J*>> «^^nÂ^ uljO dUjsJ oo;^ l^Lv.£»>
Il eut pour successeur Por (Porus), qui livra bataille à
Alexandre et fut tué par ce prince dans un combat singu-
lier; il avait régné cent quarante ans.
Après lui régna Dabchelim, l'auteur du livre de Kalilah
et Dimnah, traduit en arabe par Ibn el-Mokaffa. Sebl, fils
de Haroun, a aussi composé pour el-Mamoun un livre inti-
tulé Tâlah et Afrah, analogue, par son plan et la nature de
ses fables, au livre de Kalilah et Dimnah, mais supérieur à
celui-ci par l'élégance du style. Le règne de Dabchelim fut
de cent dix ans ; mais on n'est pas d'accord à cet égard.
Après lui régna Balhit. On inventa, à cette époque, le jeu
d'échecs, auquel ce roi donna la préférence sur le trictrac,
en démontrant que l'habileté l'emporte toujours dans ce jeu
sur l'ignorance. Il fit des calculs mathématiques sur les
échecs, et composa, à ce sujet, un livre nommé Tarak-
Djenka, qui est resté populaire chez les Indiens. Il jouait
souvent aux échecs avec les sages de sa cour, et ce fut lui
160 LES PRAIRIES D'OR.
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Oulî yjjtj;!^ ! iijLt.*)L»M_5 o«Jî oi-ît o«Jl olJI u»Ji tjytj^'j»
qui donna aux pièces des figures d'hommes et d'animaux,
leur assigna des grades et des rangs, assimila le roi [Chah]
au chef qui dirige, et ainsi de suite des autres pièces. Il fit
aussi de ce jeu une sorte d'allégorie des corps élevés, c'est-
à-dire des corps célestes, tels que les sept planètes et les
douze signes du zodiaque, et consacra chaque pièce à un
astre. L'échiquier devint une école de gouvernement et de
défense; c'était lui que l'on consultait en temps de guerre,
quand il fallait recourir aux stratagèmes militaires, pour
étudier la marche plus ou moins rapide des troupes. Les
Indiens donnent un sens mystérieux au redoublement des
cases de l'échiquier; ils établissent un rapport entre cette
cause première, qui plane au-dessus des sphères et à la-
quelle tout aboutit, et la somme du carré de ces cases. Ce
nombre est égal à 18, /i46, 7/10, oyS, 707, 55i, 6i5, où se
trouvent six fois mille après les chiffres de la première sé-
rie, cinq fois mille après ceux de la seconde, quatre fois
ClIAPITUE Vil. Ifil
c-«Jl ajUj«a*mj olII olÎ! v_jLÎi yytv*«^ iuUjj OlJî oJl oiJt
j^jJl i l^jj,^.^) Js> jljt* J^l *>J^ ««Xi,»!^ ^ (J^Xj\
^■«y^b «i»^*^'^ Jy^l Jt ^i^ |.<xaj (^ ^s^jisS'i g=4i-iJî
caa^Aj iiLL» yKj^,ja*Jî I4XA i g:^k*iJL (_,ot>îî *l-jJu! (j^
c:)UL>«xJt ti «t;i «X_L.<^ c::>«X,>.U {J*j^ ft«Xjtj ti)X« «.S AJLtw
mille après ceux de la troisième, trois fois mille après ceux
de la quatrième , deux fois mille après ceux de la cinquième ,
et une fois mille après ceux de la sixième. Les Indiens ex-
pliquent par ces calculs la marche du temps et des siècles,
les influences supérieures qui s'exercent sur ce monde, et
les liens qui les rattachent à l'âme humaine. Les Grecs, les
Romains et d'autres peuples ont des théories et des méthodes
particulières sur ce jeu, comme on peut le voir dans les
traités des joueurs d'échecs, depuis les plus anciens jusqu'à
es-Souli et el-Adli, les deux joueurs les plus habiles de notre
époque. Le règne de Balhit, jusqu'à sa mort, dura quatre-
vingts ans, ou, selon d'autres manuscrits, cent trente ans.
Korech (Harcha?) , son successeur, abandonnant les doc-
trines du passé, introduisit dans l'Inde de nouvelles idées
religieuses, plus conformes aux besoins de son époque et
162 LES PRAIRIES D'OR.
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4^^-^-LxJlj ^^é-»*»^ -o-^;S_jX* (j^ dix» Jjl yû^ (^^^■^^^ cr*^*^
aux tendances de ses contemporains. Sous sou règne vivait
Sindbad, auteur du Livre Des sept Vézirs, du Maître, du Jeune
homme et de la Femme du roi; c'est le livre intitulé Kitah
Sindhad. On composa aussi dans la bibliothèque de Korech
un Grand traité de pathologie et de thérapeutique, avec des
figures et des dessins de diverses plantes. Ce roi mourut après
un règne de cent vingt ans.
A sa mort, la discorde s'éleva parmi les Indiens; ils se
divisèrent en plusieurs nations et tribus, et chaque contrée
eut un chef particulier. C'est ainsi que se formèrent les
royaumes de Sind, de Kanoudj, de Kachmir; la ville de
Mankir, qui était le grand centre de l'Inde, se soumit à un roi
nommé le Balhara, et le nom de ce premier roi est resté à
tous ses successeurs qui ont régné dans cette capitale jusqu'à
ce jour (332 de l'hégire).
L'Inde est un vaste pays qui s'étend sur la mer, le conti-
CHAPITnK VII. 103
^jUwl^j.^ (J^ • J'"^4' ;J-r? ^ AxaX^ *XJLgJlj «Xji4Ji (Jl o^->j
'^iy-^'i (j-i»W-^ «^^U^l a*xjû (jvjj ojjJi ^jo;l jjl jsJL«Jl_5
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j^-AJUioj ,^, L-^ i>\y*M^ <X-A— =». y^-iJ ylÀ^*»^! i«X^^ (^jOCJUio)
nent et au milieu des montagnes ; ce royaume est limitrophe
de celui de Zabedj , qui est l'empire du Maharadja, roi des
Iles. Le Zabedj, qui sépare la Chine de l'Inde, est compris
dans cette dernière contrée. Du côté des montagnes, l'Inde
a pour limite le Khoraran et le Sind, jusqu'au Tibet.
Ces royaumes sont continuellement en guerre, et dilTè-»
rent autant par leur langue que par leurs croyances. La
plupart (le ces peuples croient à la métempsycose ou trans-
migration des âmes, comme nous l'avons dit un peu plus
haut. Mais par leur intelligence, leur gouvernement, leur
philosophie, par leur robuste constitution, autant que par
la pureté de leur teint, les Indiens diflerent de toutes les
races nègres, telles que lesZendjis, les Demdemès, etc. Ga-
lien signale dix propriétés particulières aux noirs, à savoir :
les cheveux crépus, les sourcils rares, les narines dilatées,
les lèvres épaisses, les dents aiguës, la puanteur do la peau ,
la noirceur du teint, la longueur des pieds et des mains, le
164 LES PRAIRIES D'OR.
AJU wdJiXJ outia» ^U:> :>UwjI) (y^^i^i :>^^^l^<^.^ L^l^
/8-frj4* r/-*^' V^^ ylà^^l <7>^l3 i ^ykfl\jS>' jJfS- Jlij «xs^
W » f lu
développement des parties génitales et une pétulance exces-
sive. Cet auteur explique cette dernière qualité chez le noir
par l'organisation imparfaite de son cerveau, d'où résulte la
faiblesse de son intelligence. La vivacité du nègre, l'em-
pire que prend sur lui la joie, et la pétulance extraordinaire
qui distingue les Zendjis parmi toutes les races noires , ont
inspiré à d'autres auteurs des observations que nous avons
insérées daus nos ouvrages précédents.
Yâkoub, fils d'Ishak el-Kendi, dans un de ses traités, re-
latif à l'action des corps élevés et des sphères célestes sur
notre monde, ajoute : «Dieu a établi un enchaînement de
causes dans toutes les parties de la création; la cause exerce
sur la créature qui la subit une influence qui la rend cause
à son tour; mais cette créature purement subjective ne peut
pas réagir sur sa cause ou son agent. Or, l'âme étant la cause
et non pas l'effet de la sphère, la sphère ne peut réagir sur
l'âme; mais il est dans la nature de l'âme de suivre le tem-
pérament du corps , tant qu'elle ne rencontre pas d'obstacle ,
CilAPlTKE VU. 1(35
k_j JI*XJLt^l ^^ <î^Ui ^[y« JJJsj ujLllii XJOy (jLftI Jl
ii!Ls vj^y-i^bj -OsJLJ ^j^tf jj*,\jJî Jb^^j «Xij IfJ^ aaXjuJI JUi^l
AA* ^y^ (^«>«Xt t*)^ l:>w)L« t<Xi& \joIxS^^jmuJ^ |O.^Lm^I ^
et c'est ce qui a lieu chez les Zendjis. Leur pays étant très-
chaud, les corps célestes y exercent leur influence et atti-
rent les humeurs dans la partie supérieure du corps. De là
les yeux à fleur de tête de ces peuples, leurs lèvres pen-
dantes, leur nez aplati et gros, et le développement de la
tête par suite de ce mouvement ascensionnel des humeurs.
Le cerveau perd son équilibre, et l'âme ne peut plus exer-
cer sur lui son action complète; le vague des perceptions
et l'absence de tout acte de l'intelligence en sont la con-
séquence. »
Les anciens comme les modernes ont discuté les causes
de la conformation des noirs et de leur position par rap-
port à la sphère; on a recherché si l'une des sept planètes,
le soleil, la lune ou les cinq autres président à leurs actions,
et ont une influence particulière sur leur naissance et leur
développement physique. Mais notre ouvrage n'étant pas
consacré à ce genre d'études, nous ne pouvons rapporter
ce qui a été dit à cet égard; le lecteur trouvera dans nos
10(j LES PRAIRIES D'OR.
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Annales historiques les théories et les arguments qui ont
été proposés; il y trouvera encore l'exposé du système de ces
astronomes anciens et modernes qui ont placé les nègres
sous l'action de Saturne. Telle est aussi l'opinion d'un poète
et astrologue musulman contemporain , bien instruit de ce
qui concerne les sphères :
Le doyen (de ces astres) est le sublime Saturne, vieillard majestueux,
puissant monarque.
Son tempérament est noir et froid; noir comme l'âme en proie au dé-
sespoir.
Son influence s'exerce sur les Zendjis et les esclaves, et aussi sur le
plomb et le fer.
Taoas el-Yemani , compagnon d'Abdallah , fils d'el-Abbas,
ne touchait pas à la chair d'un animal tué par un Zendji,
parce que, disait-il, le Zendji est un être hideux. J'ai en-
tendu dire qu Abou'1-Abbaser-Radi billah , fils d'el-Moktadir,
n'acceptait rien de la main d'un noir, parceque c'était un
esclave hideux. J'ignore s'il se conformait, en agissant
ainsi, à la doctrine de Taous, ou s'il suivait quelque pré-
CHAPlTKt Vil. 167
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cepte philosophique particulier. Amr, fils de Bahr el-Djahiz
a composé un livre Sur la supériorité des noirs, et leur latte
avec la race blanche.
Dans l'Inde un roi ne peut monter sur le trône avant
quarante ans révolus; il ne se montre au peuple qu'à des
époques déterminées, et seulement pour examiner les af-
faires de l'Etal; car, dans leurs idées, un roi porterait at-
teinte à sa dignité et n'inspirerait plus le même respect s'il
se montrait constamment au peuple. Le pouvoir ne se main-
tient chez eux que par le despotisme et le respect de la
hiérarchie politique.
Voici ce que j'ai vu dans le pays de Serendib (Ceylan),
île de la mer de l'Inde : quand un roi meurt, on l'expose
sur un chariot bas, à petites roues, et destiné à cet usage,
de manière à ce que les cheveux traînent par terre. Une
femme, un balai à la main, jette de la poussière sur la tète
du mort, en criant : « Peuple, voilà votre roi d'hier! il était
168 LES PRAIRIES D'OR.
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votre maître; ses moindres volontés étaient obéies. Voyez-
le maintenant; il a quitté la terre, et son âme est entre les
mains du roi des rois, le vivant, l'éternel, qui ne meurt
pas! Ne cédez donc pas aux illusions de la viej » Elle conti-
ime ainsi ses exhortations en faveur de la retraite et du dé-
tachement des biens de ce monde ; puis , après avoir promené
le corps par toutes les rues de la ville, on le coupe en quatre
morceaux, on le brûle sur un bûcher fait de bois de sandal,
de camphre et d'autres parfums, et enfin on jette ses cendres
au vent. Telles sont les cérémonies que presque tous les
Indiens observent pour les rois et les grands, et ils croient
ainsi suivre le but qu'ils se proposent dans l'avenir.
La royauté appartient exclusivement à la même famille,
et ne passe jamais à une autre; il existe de même une dy-
nastie de vézirs, de kadis et d'autres fonctionnaires, qui
tous sont inamovibles.
Les Indiens s'abstiennent de boire du vin, et blâment
CHAPITRE Vil. 169
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ceux qui en font usage, non que leur religion le défende,
mais dans la crainte qu'il ne trouble leur raison et ne la
prive de l'usage de ses facultés. Si un de leurs rois est con-
vaincu d'en avoir bu , il mérite d'être destitué , car il doit
lui être impossible de gouverner l'Etat quand sa raison est
obscurcie. Ils aiment le chant et la musique, et ils ont di-
vers instruments d'harmonie qui produisent sur l'homme
des effets gradués, depuis le rire jusqu'aux larmes. Souvent
ils font boire et danser devant eux des jeunes fdles esclaves,
afin de s'exciter à la joie par ce spectacle.
Les Indiens ont un grand nombre d'institutions que nous
avons décrites, ainsi que leur histoire et leurs usages dans
nos Annales historiques et notre Histoire moyenne; nous
n'en donnerons donc ici qu'une esquisse. Voici une anec-
dote intéressante pour l'étude de l'histoire et des mœurs des
anciens rois de l'Inde et des rois de Komar ( Comorin ). C'est
de ce pays qu'on exporte l'aloès , nommé pour cette raison
170 LES PRAIRIES D'OR.
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aloès komari. Cette contrée n'est pas une île, mais elle est
située sur le bord de la mer, et couverte de montagnes.
Peu de pays dans l'Inde ont une population plus nombreuse ;
ses habitants se distinguent par la pureté de leur haleine,
parce qu'ils font, comme les musulmans, usage du cure-
dent. Ils ont aussi l'adultère en horreur, évitent tout acte
impudique, et s'abstiennent de boissons spiritueuses ; dans
cette dernière pratique, ils ne font d'ailleurs que se confor-
mer à un usage général dans l'Inde. Leurs troupes se com-
posent surtout d'infanterie, parce que leur pays renferme
plus de montagnes et de vallées que de plaines et de pla-
teaux. Il est sur le chemin des Etats du Maharadja, roi des
îles de Zabedj (Java), de Kalah (Malaka.^), de Serendib
(Ceylan ) , etc. On raconte donc qu'un roi jeune et irréfléchi ré-
gnait jadis dans le Komar. Un jour il était assis sur son trône,
dans un château situé à un jour de marche de la mer, et
qui dominait un grand fleuve d'eau douce comme le Tigre
CHAPITRE VII. 171
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el l'Euphrate. Son ministre se tenait devant lui, et ils s'en-
tretenaient du royaume riche et puissant du Maharadja, et
du grand nombre d'îles qu'il possédait. Le roi dit alors :
« Que je voudrais réaliser le projet que j'ai formé en moi-
même! — Quel est-il, sire? demanda le vézir, homme sage
qui connaissait la légèreté de son maître. — Je voudrais
que la tête du Maharadja, roi de Zabedj, fût exposée sur
un plat devant moi. » Le vézir, comprenant que la jalousie
avait inspiré cette pensée au roi et l'avait fomentée dans
son cœur, lui dit : « Sire, je n'aurais pas cru que le roi s'en-
tretînt dans de pareilles pensées. Jamais nous n'avons eu de
différends avec cette nation, ni dans le passé ni aujour-
d'hui, et elle ne nous a donné aucun sujet de plainte; en
outre, elle habite des îles lointaines, fort éloignées de nos
frontières, et elle n'a aucune vue de conquête sur notre
pays. (En effet, une distance de dix à vingt jours de navi-
gation sépare le royaume de Komar de celui du Maharadja.)
Il vaut donc mieux , sire, ajouta le vézir, que personne n'ait
172 LES PRAIRIES D'OR.
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connaissance de ce projet, el que le roi lui-même n'en re-
parle plus. » Le roi s'irrita et ne tint aucun compte de cet
avis. Il fit part de ses desseins à ses généraux et à ses prin-
cipaux courtisans; la nouvelle passa de bouche en bouche,
et finit par arriver jusqu'au Maharadja. Ce dernier était un
prince sage, expérimenté et d'un âge déjà mûr. Il fit venir
son vézir, l'informa de ce qu'il avait appris, et ajouta: « Ce
que la renommée rapporte de ce fou, le projet que sa jeu-
nesse et son orgueil lui ont inspiré, la publicité de ses pa-
roles, tout nous oblige à sévir contre lui, car l'impunité
porterait atteinte à notre dignité et à notre pouvoir. » Il or-
donna donc à son vézir de tenir cet entretien secret, d'équi-
per mille vaisseaux de moyenne force, et de pourvoir cha-
cun de ces vaisseaux des armes et des troupes nécessaires.
On fit courir le bruit que le roi voulait faire une prome-
nade de plaisir dans les îles du royaume; on écrivit même
aux rois de ces îles, (]ui étaient vassaux du Maharadja, que
CHAPITRE VII. 173
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le monarque allait faire une excursion d'agrément sur leurs
terres, et, à cette nouvelle, chaque roi se prépara à bien
recevoir le Maharadja. Ces ordres étant bien exécutés, et
les armements terminés, le Maharadja s'embarqua et vint
aborder avec son armée dans le royaume de Komar. Le roi
deKomarne sut cette expédition qu'en voyant la flotte re-
monter le fleuve et arriver sous sa capitale. Pris à l'inipro-
viste , ses soldats furent défaits , ses généraux faits prisonniers,
la ville investie, et le royaume tout entier tomba au pou-
voir du Maharadja. Celui-ci fit proclamer l'aman, puis il se
plaça sur le trône du roi de Komar, et se fit amener ce roi
prisonnier et son vézir. « Qui t'a inspiré, demanda-t-il au roi,
un projet si au-dessus de tes forces, un projet dont la réa-
lisation ne t'aurait pas rendu plus heureux, et qui n'a pas
même pour excuse la possibilité de l'entreprise? » Le roi se
tut, et le Maharadja ajouta : • Si , au vœu de voir ma tête dans
un bassin devant loi tu avais ajouté le désir de t'emparer
174 LES PRAIRIES D'OR.
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ItXjfr JoU) liU^ ^^^'^ (j^ Jôjli dlx;« J^ ^ (^Ml? j).AC»>l.O
de mes Etats et d'y porter la destruction, j'aurais usé ici de
représailles ; mais tu n'as formé précisément qu'un projet, et
c'est moi qui le réaliserai à tes dépens. Puis je rentrerai
dans mon pays, sans toucher aux biens de tes sujets, petits
ou grands. Je veux que tu serves d'exemple à tes succes-
seurs, afin qu'ils ne franchissent pas les limites que la ibr-
tune leur a assignées, et qu'ils connaissent le prix de la sé-
curité. » Puis il lui fit trancher la tête. Il s'adressa ensuite au
vézir et lui dit : « Je te remercie, vézir; je sais les bons con-
seils que tu donnais à ton maître, qui aurait dû les accep-
ter. Désigne celui que tu crois digne de gouverner après cet
insensé, et place-le sur le trône. Le Maharadja retourna
aussitôt dans ses Etats, sans que lui ou ses troupes eussent
exercé le moindre ravage dans ce pays. Rentré dans son
royaume, il s'assit sur son trône , qui dominait l'étang sur-
nommé Vétang des barres cVor, et fit placer devant lui le plat
où était posée la tête du roi vaincu. Il assembla tous les
CHAPITRE VIL 175
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grands du royaume, et leur raconta son expédition el le
naotif qui l'avait rendue nécessaire. Ses sujets répondirent
par des acclamations et des vœux.
Sur son ordre, on lava la tête du roi, on l'embauma, et,
après l'avoir enfermée dans un vase, on l'envoya à son
successeur dans le Komar, avec la lettre suivante : • Notre
expédition a été motivée par l'insolence de ton prédéces-
seur, et par la nécessité de donner une leçon à ses pareils.
Maintenant que nous avons atteint notre but, nous croyons
devoir te renvoyer cette tête, car nous n'avons aucun inté-
rêt à la garder, et une pareille victoire n'ajoute rien à notre
gloire. » Les rois de l'Inde et de la Chine, instruits de ces
événements, n'en eurent qu'une plus haute idée du Maha-
radja, et, depuis lors, les rois de Komar, en se levant le
matin , se tournaient vers le pays de Zabedj , et se proster-
naient en proclamant avec respect la grandeur du Maha-
radja.
Nous devons expliquer ce que signifie l'étang des barres
176 LES PRAIRIES D'OR.
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d'or. Le palais du Maharadja domine un petit étang, qui com-
munique avec le principal golfe du Zabedj ; le flux amène
l'eau de mer dans ce golfe, et le reflux en enlève l'eau douce.
Tous les matins, le trésorier du roi arrive porteur d'une
barre d'or fondu pesant un certain nombre de livres, dont
je ne puis évaluer le poids exact, et la jette dans l'étang
en présence du roi. A l'heure du flux, l'eau monte et re-
couvre cette barre avec celles qui y sont déjà déposées;
mais la marée basse les laisse à découvert, et elles brillent
aux rayons du soleil, sous les yeux du roi, qui est assis dans
sa salle d'audience , située au-dessus de cet étang. On con-
tinue ainsi, pendant toute la durée de son règne, à jeter
chaque jour une barre d'or, et personne n'ose y toucher;
mais à la mort du roi, son successeur fait retirer tous ces
lingots , sans en laisser un seul. On les compte , on les fond , et
on les distribue aux membres de la famille royale, tant aux
CHAPITRE VII. 177
^>yj^^ ^:>\^^ (^-^^j'^ |0^^^ fi-^^j ^ii-Ui c:-yo J^î
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*KÀ^I tî)jX« jX^si^^^-AjC^ULl iobvX^ c..o».L3 (^v^XJl î«Xi6
hommes qu'aux femmes et aux enfants, aux ofTiciers et aux
serviteurs, en observant le rang et les prérogatives de chaque
classe. Le surplus est distribué aux pauvres et aux infirmes.
Le nombre et le poids de ces barres sont inscrits dans un
registre, et l'on dit que tel roi a vécu tant d'années, et qu'il
a laissé dans l'étang royal tant de barres d'or, pour être
distribuées après sa mort entre ses sujets. C'est une gloire,
à leurs yeux, d'avoir régné longtemps et d'avoir laissé un
grand nombre de ces barres.
Le plus puissant roi qui règne aujourd'hui dans l'Inde
est le Balhara, souverain de la ville d'el-Mankir; la plu-
part des chefs de l'Inde tournent leur visage vers lui en
priant, et adressent des prières à ses ambassadeurs, quand
ils arrivent à leur cour. Les Etats du Balhara sont entourés
par plusieurs principautés. Quelques-uns de ces rois habi-
tent la région des montagnes, loin de la mer; tels sont le
Raya, maître du Kachmir, le roi de Tafen et d'autres chefs
178 LES PRAIRIES D'OR.
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^^ydl ^Lj Uax5^(j^j-« \^ dUi UiX^I «Xi U3 yt^ kiUi
indiens. D'autres Étals s'avancent sur la mer et dans le con-
tinent. La capitale du Balhai-a est éloignée de la mer de
quatre'vingts parasanges sinài, et chaque parasange vaut
huit milles. Ses armées ej; ses éléphants sont innombrables;
mais presque toutes ses troupes se composent d'infanterie,
à cause de la nature du pays. Un de ses voisins, parmi les
rois de l'Inde éloignés de la mer, est le maître de la ville de
Kanoudj, le Baourah, titre donné à tous les souverains de
ce royaume. Il a de fortes garnisons cantonnées au nord,
au sud, à l'ouest et à l'est, parce que chacun de ces côtés
est menacé par un voisin belliqueux.
Nous donnerons plus tard de nouvelles notions sur les
souverains du Sind, de l'Inde et d'autres rois de la ten-e,
dans le chapitre relatif aux mers, à leurs particularités, aux
nations et aux rois qui les environnent, etc. On trouvera aussi
ces renseignements dans nos précédents ouvrages. Puisse
Dieu nous aider ! en lui seul sonl la force et le pouvoir.
CIIAPITUE VIII. 179
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^jj^l kiUi iX.lft l^jlj «^^-^4^ J^ (j^ U^ iaA^ l_^4Jt^ JAiJl
CHAPITRE VIII.
DESCRIPTION DU CONTINENT ET DES MERS; SOURCES DES FLEUVES;
LES MONTAGNES; LES SEPT CLIMATS, ASTRES QUI EXERCENT SU
EUX LEUR INFLUENCE; ORDRE DES« SPHÈRES, ETC.
Les savants partagent la terre entre les quatre points car-
dinaux, l'est, l'ouest, le nord et le sud; ils la divisent aussi
en deux parties, celle qui est habitée et celle qui est déserte,
cultivée OU inculte. La terre, disent-ils, est ronde, son centre
passe par l'axe de la sphère , l'air l'entoure de tous les côtés ,
et, comparée à la sphère du zodiaque, elle estpelile comme
un point mathématique. La portion habitée s'étend depuis
un groupe de six îles nommées les îles Eternelles (Fortunées),
et siUiées dans l'océan Occidental, jusqu'à l'extrémité de la
Chine. Cette étendue correspondant à douze heures (de la
révolution journalière du soleil), ils ont reconnu que le
810 LES PRAIRIES D'OR.
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J^Ja _5-£&j (j<=)^' iJ^li uÀ-Aâj dlJij (JV>aJl ^^Aail ^ l^^AL
(J^ 5^_^^^ tjl ^^>_ajL> jlfwJÎ iUi»-b til -pljjùiw^l laÀ. j-o^
soleil se lève pour les îles Eternelles, situées dans l'océan
Occidental, quand il se couche à l'extrémité de la Chine,
et qu'il se lève pour cette partie reculée delà terre quand il
se couche pour ces îles. Cette portion est la moitié de la cir-
conférence terrestre, et c'est l'étendue longitudinale qu'ils
disent avoir observée. Si on l'évalue en milles employés pour
la mesure du globe, on obtient un total de treize mille cinq
cents miilles.
Leurs recherches sur la latitude de la terre ont prouvé
que la portion habitée s'étend, de l'équateur vers le nord,
jusqu'à l'île de Toulé [QoijXr}) dans la (Grande-) Bretagne,
oia la durée du jour le plus long est de vingt heures. Selon
eux , l'équateur passe , entre l'est et l'ouest , par une île située
entre l'Inde et l'Abyssinie, et un peu au sud de ces deux
contrées. Ce point intermédiaire entre le nord et le midi est
coupé par le point intermédiaire entre les îles Eternelles et
CHAPITUE Vill. 811
(j*»*>w»»Ji !*Xi^ 4';-*=' ^•^^^ o^^^ *)-»ii CJ-* (j«'<^»-*« vj)jij ^'-y^
I..J-J»-* Jj^î pOwUi^ls <x*AMfcJl j<0lJ5^l Uls (j^^^ *^l:> (j*.vK^
,jb)îj J-«o_^l_5 ji^j-iû^il^ (J^^^ (jl.^î^^-=w A-À^ J^L (jb)l ^j_t6
^■*.A.»<uII /o--:^^! <j^j U*^*^'^ tX-^ ^V^^ ^^ (^-^ '^^■^
l'extrémité de la Chine ; c'est ce que l'on uoumie la coupole
de la terre, déjà connue parce que nous en avons rapporté.
On compte environ soixante degrés de latitude do l'équa-
teur à l'île de Toulé : c'est un sixième de la circonférence
de la lerre. En nmllipliant ce sixième, qui est la mesure de
la latitude, par une moitié qui représente la longitude, on
obtient, pour la portion habitée de l'hémisphère septentrio-
nal, un douzième de la surface du globe.
Voici la division des sept climats. Premier climat : le pays
de Babel, le Khoraçan, el-Ahwaz, Moçoul et le Djebal; ce
climat a pour signes du zodiaque le Bélier et le Sagittaire;
pour planète, Jupiter. Second climat : le Sind, llnde et le
Soudan; signe du zodiaque, le Capricorne; pour planète,
Saturne. Troisième climat : la Mecque, Médine, le Yemen ,
le Taïf, le Hedjaz et les pays intermédiaires; signe du zo-
diaque, le Scorpion; planète, Vénus l'heureuse. Quatrième
182 LES PRAIRIES D'OR.
^jj^-jJl (i^« jB-Y"^ aj.r)JIj (•J5/^'j [«UJi jj<*w»\.iil j^nAj^JÎ :>;Ua*
j^vAi^t ë"/^^ A*VmJÏ tj^^ fjWojj**^\ ^jj^i o^ /s-fti iùJUuaJl^
A-JTA ■*M>Jt (j^j ub^' S-S^' <i»^ (*"V^ (:J.V*^5j tKî«xJ! fcjUnJi
climat: l'Egypte, l'Ifrikyah, le pays des Berbers, l'Espagne
et les provinces comprises dans ces limites; signe du zo-
diaque, les Gémeaux; planète, Mercure. Cinquième climat :
la Syrie, le pays de Roum, la Mésopotamie (el-Djezireh);
signe du zodiaque, le Verseau; planète, la Lune. Sixième
climat : les pays habités par les Turcs, les Khazars, les
Deilemiens et les Slaves; signe du zodiaque, le Cancer;
planète, Mars. Septième climat : le pays de Daïl et la
Chine; signe du zodiaque, la Balance; planète, le Soleil.
L'astronome Hoçein, auteur du livre des Tables astrono-
miques, rapporte, d'après Khaled, fils d'Abd-el-Melik, origi-
naire de Merw, et d'autres savants qui, par ordre d'el-Ma-
moun, avaient pris la hauteur du soleil dans la plaine de
Sendjar, contrée de Diar-Rebiàh (sud de la Mésopotamie) ,
que la mesure d'un degré terrestre est de cinquante-six
milles; en multipliant ce nonibre par trois cent soixante.
CHAPITRE VIII. 183
.S—f;-^ iL)U_j tK-A— « v_-ii) Qjj-is* vjsOij JjJl* iiiaA^.5! (jcm^I
jijoi— *_jj6 i£<y^\ j<waM ^^;J^ ^^^ (JîO"****'^ CJr^' t^ '^■^^
i^-fi^ Ci'^l iiiAj ,jbj.i)l »Iaï oi-*Aij 4ç.o^JiiJb J.X* j-iî** v.ju<aj_j
qjXj iùjli' (^j\jL^j àouià »-û^ aXmj JW«Î ^i***"^ cX^ ^^^
à^^^l ctjjo ç^lji O'i'l ^J^iM^ tK^^j 1^-^ y^^ ^J3 cK^ Ji>
«'IJUJl X:».Lmxj cjUXJI ç-jà^ ^^\X^ A;toj t5*>J! tîj*>Ji jjft^
ils trouvèrent, pour la circonférence du globe, continent et
mer, vingt mille cent soixante milles. Cette circonférence de
la terre , multipliée par sept , donne cent quarante et un mille
cent vingt milles. En divisant ce produit par vingt-deux , on
a, pour le diamètre de la terre, six mille quatre cent qua-
torze milles et demi, plus un vingtième de mille environ. La
moitié du diamètre de la terre est donc de trois mille deux
cent sept milles, plus seize minutes trente secondes, soit :
un quart, plus un quarantième de mille. I.e mille vaut
quatre mille coudées noires; on nomme ainsi la coudée éta-
blie par el-Mamoun pour la mesure des étoiles, des mai-
sons et l'arpentage; elle se compose de vin^t-quatre doigts.
Le philosophe (Ptoléniée), dans son livre intitulé Djo-
grafia (rswypa^/a) , décrit la terre, les villes, les montagnes,
les mers, les îles, les fleuves et sources (juclle renferme; il
184 LES PRAIRIES D'OR.
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U y^:» dUi (j-« jjL^îi^ iiiXi!l_5 ^j^i^î ^j^j^ *^' *^"^)^ iJ^
parle des villes habitées et des pays cultivés, évalue le
nombre de ces villes à quatre mille cinq cent trente pour
son époque, et les cite par ordre de climats. Il distingue,
dans le même ouvrage, les montagnes de la terre par leur
couleur rouge, jaune, verte, etc. et en porte le nombre à
plus de deux cents; il mentionne aussi leur hauteur, les
mines et les pierres précieuses qu'elles renferment. Ce phi-
losophe compte cinq mers autour du globe, et parle des
îles cultivées ou incultes, connues ou inconnues, qui y sont
situées. La mer d'Abyssinie, par exemple, renferme, entre
autres, un groupe d'un millier d'îles, nommées Dibaihat,
qui sont toutes habitées, et à une distance de deux, trois
ou plusieurs milles l'une de l'autre. D'après le même au-
teur, la mer qui baigne l'Egypte et le pays de Rouu) sort
de la mer des idoles de cuivre (Colonnes d'Hercule); les
CHAPITKE Vll[. 185
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O-w^ O^î «îi^^ -Aj^^xJÎ (^ dUi> (j^J ^ >-» «^^j O^^ U^'^'
grandes sources de la terre, sans tenir compte des petites,
sont au nombre de deux cent trente; deux cent quatre-vingt-
dix fleuves coulent sans interruption dans les sept climats;
chaque climat, comme on l'a vu plus haut, a une étendue
de neuf mille parasanges carrés ; certaines mers renferment
des êtres animés , tandis que d'autres , comme le grand Océan ,
n'en ont pas. Du reste on trouvera plus loin une descrip-
tion détaillée de chaque mer en particulier. Dans la Géogra-
phie (dePtolémée), ces mers sont enluminées de couleurs
variées, et difterent par leur étendue et leur aspect. Les
unes ont la forme d'un manteau couri [taïleçan,], les autres
celle d'un harnais, ou celle d'un boyau; d'autres sont trian-
gulaires; mais leurs noms sont en grec dans cet ouvrage,
et, par conséquent, inintelligibles.
Le diamètre de la terre est de deux mille cent parasanges ,
ce qui donne, en réalité (pour la tirconférence, à raison
186 LES PRAIRIES D'OR.
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dUÀJÎ ^^*.-w*j ^j^aJI viUii (ja*j Oiy=r i W^*^ jJ i'I iuA4^3
de 7 : 22), six mille six cents parasanges , chaque para-
sange étant de seize mille coudées. La circonférence du
cercle inférieur des astres, c'est-à-dire la sphère de la lune,
est de cent vingt-cinq mille six cent soixante parasanges ; le
diamètre de la sphère, depuis la limite de la tête du Bélier
jusqu'à celle de la tête delà Balance, mesure quarante mille
parasanges.
Les sphères (ou cieux) sont au nomhre de neuf: la pre-
mière, qui est aussi la plus petite et la plus rapprochée de
la terre, est la sphère de la lune; la seconde, celle de Mer-
cure; la troisième, celle de Vénus; la quatrième, celle du
soleil; la cinquième, celle de Mars; la sixième, celle de Ju-
piter; la septième, celle de Saturne; la huitième, celle des
étoiles fixes, et la neuvième, celle du zodiaque. Toutes ces
sphères ont la forme de globes renfermés l'un dans l'autre.
Celle du zodiaque est nommée sphère universelle, et sa ré-
volution produit le jour et la nuit; cardans un jour et une
nuit elle entraîne le soleil, la lune et tous les astres de l'est
CHAPITRE VIII. 187
(jjoti cylÀj t-Jai ^^ JU>iJt Jlj Itf \4 Jvm=».| (jviôb (jv-Jûi j^
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^Ms\y.^ (Jij-jLJL^ *U>*"^Î «*>^ c^jJii s*o\y> ^ Leij dUiJi
Uj Qo^JJ ^^♦-»- vy^=^ ti' JUw.il (j^ ijs^T JJàJI (j^ ^j\^ U
JsjL» Ifrix^vy i (j^^j^lj u^-^' Jr^3^ ^ j^'>^' t$j ^^*ib iUa^sî^
à l'ouest autour de deux pôles immobiles, dont l'un, situé
au nord, est le pôle arctique, et l'autre, le pôle austral, ou
de Canope. Les signes du zodiaque ne sont autre chose que
la sphère universelle, et leurs noms particuliers servent seu-
lement à désigner la place que les étoiles y occupent. La
sphère du zodiaque se rétrécit nécessairement vers les pôles,
et s'élargit au centre du globe.
La ligne qui coupe ce globe en deux moitiés, de l'est à
l'ouest, se nomme ligne éqainoxiale, parce que , lorsque le
soleil est sur cette ligne, le jour et la nuit sont d'une égale
longueur dans tous les pays. La partie de cette sphère qui
va du nord au sud est nommée latitude, celle qui se dirige
de l'ouest à l'est, longitude. Les sphères sont rondes, elles
entourent le monde et tournent autour du centre de la terre,
qui se trouve au milieu d'elles, conmie le point central delà
circonférence. Parmi les neul sphères, la plus voisine de la
terre est celle de la Lune; au dessus est la sphère de Mer-
188 LES PRAIRIES D'OR.
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U-«*Xi <^i iixA-Jî d)^XiiJl UU Lsi'jSi» j.Jouil J^iil tj^
j-jU«5 lj*«>jûUij ^1 i<*:ijX\ <^S\^\j l^j 4,JaiI JpX) 2^
cure, puis celle de Vénus, et ensuite celle du soleil, qui est
au milieu des sept sphères. Au-dessus de la sphère du so-
leil est celle de Mars, puis les sphères de Jupiter et de
Saturne. Chacune d'elles ne renferme qu'une étoile. Au-
dessus de Saturne est la huitième sphère , qui renferme les
douze constellations et les autres étoiles. La neuvième sphère
est la plus élevée et la plus vaste; c'est la grande sphère qui
enveloppe toutes celles que nous avons nommées, ainsi que
les quatre éléments et toute la création. Elle n'a pas d'étoiles ,
et accomplit tous les jours une révolution de l'est à l'ouest,
en entraînant dans sa course circulaire toutes les sphères
inférieures. Les sept sphères (des planètes) tournent, au
contraire, de l'ouest à l'est. Les anciens prouvent ce sys-
tème par des arguments qu'il serait trop long de rappor-
ter ici.
Les étoiles ainsi placées el visibles à l'œil comme celles
CHAPITRE VIII. 189
J3J0 cj^^Â^i y> <^*>Ji ^iU^Ji i*>^^ (j^^' ^iJJ^5 i 4-*5J^l
L^_5 AJl*-Ia3 àSyS^ <S^<^ iiSjS>. \%M «Xi^-tj J^ iÏAXMji
<îGî J^ô^^xs. A)Jô\ iXa-j Jl^wJi i jvi-i L^^ v.yU^ tl «j^^i
tKi dUxîî jiaJij^ v.J»-waj^ (J^^ S-^^ "^ i^r-f-J' f»^ aàXaJ^
de la huitième sphère, et cette sphère elle-même, tournent
sur deux pôles, qui ne sont pas ceux de la sphère générale.
Pour prouver la diiïérence du mouvement entre la sphère
zodiacale et les autres sphères, on montre que les douze
constellations se suivent dans leur marche, sans quitter
leur place respective, ni altérer leur mouvement, en se le-
vant ou en se couchant. Chaque planète, au contraire, a
son mouvement propre, qui n'est pas celui des autres, et ce
mouvement est inégal, plus rapide, et tantôt dans la direc-
tion du sud, tantôt dans celle du nord.
Les astronomes définissent la sphère comme la limite de
l'espace qui réunit les éléments supérieurs ou inférieurs.
Considérée dans sa nature même, elle est ronde et la plus
vaste des sphères, puisqu'elle renferme toutes les autres.
Ces planètes ne se meuvent pas dans leur orbite avec la
même rapidité. La lune séjourne deux jours et demi dans
190 LES PRAIRIES D'OR.
j^^jùiJLî pUU^ U^ (J!>T*?j^^ x*«^ ^^ J^i gJli pUUj Ujj
^e^i^ ^iV^^ U^^^ <^Xw^ AjU <^J^Aié^ o^t iùcçw V^Ji^_^ l^AÏ?^
i tiUNiJi t^UaJJî clÂj;! !^ JvÀ»l As^jL JJi I^JOUvI Ul
iLi^Jl iLkjtS^ JXoj -U*Jl_j ^]5|;J«Jî (:j:^ ^j^^ i ^pJl^^«XJ
iL-i^l (jvj U I^^^H.x aÔ -^).=» <i^^ "t)^ *^l»J) Wy*^? î^>^
chaque constellation, et traverse la sphère eu un mois; le
soleil demeure un mois dans chaque constellation; Mer-
cure, quinze jours; Vénus, vingt-cinq jours; Mars, quarante-
cinq jours; Jupiter, un an; Saturne, trente mois.
Ptolémée, l'auteur de l' A Imageste, évalue la circonférence
de la terre, avec ses montagnes et ses mers, à vingt-quatre
mille milles, et son diamètre, c'est-à-dire sa largeur et sa
profondeur, à sept mille six cent trente-six milles. Pour trou-
ver cette mesure, on a pris l'élévation du pôle arctique dans
deux villes situées sous le même méridien , la ville de Tad-
mor (Palmyre) , située dans les plaines qui séparent l'Irak
de la Syrie, et la ville de Rakkah. On trouva que cette élé-
vation était à Rakkah 35° 7 et à Tadmor 3/i°, ce qui fait
une différence d'un degré et un tiers; puis on mesura la dis-
CHAPITRE VIII. 191
Xîs^y:si= iUufcj »*ki!ij t***^' '*^ «i ^^1^' ^>vs^ «5*-**j U^J^J5i
j-i^ 4^ji)I ^Jjv^i AJCfwiJi*! *Xâ kilAiJl 1j«Xs.-j *-^^ P>^*A
^UaJLÎI^ »5^l Is^ ^^JJI Id\JÂ^j\^\ (Sjy^ *|>^. ^'^
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^Ijj ti^jJl oUm A^toJ^ ^'^^ «^I^Lm CJi^JUwl I^JÛM^t Jai» tl^
Lji-aJT: ^_^J»4^ cJaxIt^ Jl^wJt c/Jaiil ^^1 j^j^^^:^! (jj <Xi6
tance entre ces deux villes, qu'on reconnut égale à soixante-
sept milles; le degré de la sphère qu'on avait observé ré-
pondait donc à une superficie terrestre de soixante-sept
milles. Or la sphère entière , comme on le démontre par des
preuves que nous ne pouvons citer ici, est divisée en trois
cent soixante degrés (donc 67 x par 36o^ 24,120, me-
sure de la circonférence terrestre). Cette division leur parut
certaine, parce qu'ils trouvèrent que la sphère est partagée
en douze portions par les douze signes du zodiaque, et que
le soleil , traversant chaque signe en un mois, parcourt toute
ia sphère en trois cent soixante jours.
La sphère accomplit sa révolution autour de deux pivots
ou deux pôles, qu'on peut comparer aux chevilles du char-
pentier ou du tourneur qui fabrique des boules, des écuelles
et d'autres objets en bois. Pour celui qui habite le milieu
de la terre, sous Téquateur, les jours et les nuits sont d'une
égale longueur pendant toute l'année, et il voit à la fois ces
deux axes, c'est à-dire le pôle boréal et le pôle austral; tan-
192 LES PRAIRIES D'OR.
^«w» A,(}.)U Jl<\iJl ^i^-^-l» Jt cxiU 45i-JI (jttKXJI J^j^i UU
Obî^ ç.jUj «Xi^ Ig.Aé' iLuwJl i ^^ Aols iUjyiJi (jîtXXJl Ub
^^_j^j Js fM-^ ^ t^ *"*^^ *^*j 0"^^M-^^^ j-** ^-<yjî *"6'*»«
dis que les habitants de l'hémisphère septentrional voient
le pôle boréal et la constellation de l'Ourse, mais ne peuvent
voir le pôle austral ni les étoiles qui l'avoisinent. Ainsi Ca-
nope, qui n'est jamais visible dans le Khoraçan, peut être
observé dans l'Irak pendant quelques jours de l'année, et un
chameau ne peut voir cette étoile sans mourir, ainsi que nous
l'avons rapporté ailleurs avec les raisons par lesquelles on
explique cette influence exclusivement fatale à cet animal.
Dans les régions méridionales, Canope est visible toute
l'année. Les écoles astronomiques sont partagées sur la ques-
tion de savoir si ces pivots, sur lesquels tourne la sphère,
sont immobiles ou doués de mouvement. L'opinion géné-
rale est qu'ils sont immobiles, et nous avons donné, dans
nos premiers ouvrages, les preuves incontestables de leur im-
mobilité, que l'on considère ou non ces pivots comme étant
de la njôme nature que les sphères elles-mêmes.
CHAPITRE VIII. 193
^ii i AjUûi^ o^AxJ ^jj ioU (j-« ^^ yU.i«^l3j ^^yi à:5X.j
iLxJlài. j^ XaIs- X»i>\jXj9 ^^XaJIj yU>.jJt »i/V.il (j^ ?^J^-3
La configuration des mers a soulevé aussi des discussions.
La plupart des anciens philosophes de l'Inde et des sages
de la Grèce, à l'exception de ceux qui adoptent la révéla-
tion, soutiennent que la nier suit le mouvement sphérique
de la terre, et ils le prouvent par de nombreux arguments.
Ainsi, quand on gagne le large, la terre d'abord, puis les
montagnes s'efTacent graduellement, et leur sommet finit
par disparaître ; au contraire, si l'on se rapproche de la côte,
ces montagnes reparaissent insensiblement, et, quand on
est près du rivage, on peut distinguer la terre et les arbres.
Tel est le cas de la montagne de Donbawend (Detna-
vend) , entre Rey et le Tabaristan. On aperçoit de cent para-
sanges (cinq cents kilomètres) le sommet de cette montagne,
qui se perd dans la nue; une épaisse fumée s'en échappe,
et des neiges éternelles le couronnent. De la base sort une
grande rivière, dont l'eau sulfureuse est jaune comme l'or;
pour parvenir à la cime de la montagne, il faut monter
I. i3
194 LES PRAIRIES D'OR.
oiJi j^ x«Ji)l (jA.lj iC^.Lww« Os^»-^ AJCo ^jl^^ AxJt >\£ (^^
i ylj ij— fcj{ ij*>.-^j >l^_^| j Liûy«w^ rW **^'**^ jr^iaJi
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La.«j6j iixÀAaiJ ?5^î i çAj <-^-*«>vJi 2fJ^ yuoS Uj^-p cjUCàJI
pendant trois jours et trois nuits; parvenu là, on trouve un
plateau large d'environ mille coudées carrées, bien que, vu
d'en bas, il ait une forme conique. Ce plateau est couvert
d'un sable rouge, dans lequel le pied enfonce; les animaux
sauvages et l'oiseau lui-même ne peuvent atteindre ce som-
met, à cause de son élévation, du vent et du froid rigou-
reux qui y régnent. On y remarque aussi une trentaine de
fissures, d'où s'échappent une épaisse vapeur de soufre et
des nmgîssements semblables au roulement du tonnerre le
plus violent; ce bruit provient du feu qui s'enflamme. Celui
qui expose sa vie pour gravir ce sommet recueille souvent
à l'orifice de ces cavernes des morceaux de soufre , jaune
comme de l'or, qui servent à l'alchimie et à d'autres arts.
Vues de cette hauteur, les plus hautes montagnes environ-
nantes ressemblent à des collines ou à des m-amelons. Le
CHAPITRE VIII. 195
j-^i Ja4^ \^ (jo^ I^aA^ ojJjJ SS}^^ lj\jj \^\^ ic^UuJl
'^^^y^î Jc^UJt ^^ \^ji U^ JoJI lioft ^X*! (^^.A^l
ciJi ^ y«j-iJ! c>Jiï Ujj JOjUj:> J.AS.- jJ^i»- cjUJil I jsjft jj
Donbawend est à vingt parasanges environ de la mer du
Tabaristan [Caspienne). Les liâtinients qui s'avancent vers
le large le perdent complètement de vue; mais à une ciis-
tance de cent parasanges, et quand ils se rapprochent des
montagnes du Tabaristan, ils voient d'abord une partie de
la cime du Donbawend, qui devient de plus en plus appa-
rent à mesure qu'ils s'approchent du i ivage. Ce fait prouve,
dit-on , la thèse de la sphéricité de la mer.
On peut faire la même observation sur la mer de Rouni
(Méditerranée), nommée aussi mer de Syrie et d'Egypte,
à l'égard du mont el-Akrâ , dont on ne connaît pas la hau-
teur, et qui domine le territoire d'Antioche, de Latakieh,
de Tripoli, de l'île de Chypre, etc. Il disparaît aux yeux de
ceux qui naviguent, parce qu'en avançant en pleine mer
ils se trouvent au-dessous de son point de vue. Nous aurons
plus lard occasion de reparler du Donbawend, des légendes
i3.
196 LES PRAIRIES D'OR.
l^U^^ (jp;i)l -Ual (j^ <Ji.<Nlâfii AhJoÎ Ja4 t*kit> JUI i (^f
que racontent les Persans à ce sujet, et de Dohhaic sur-
nommé Doul-Efivah, qui est enchaîné à la cime de cette mon-
tagne (chap. XXI ). Le sommet du Donbawend est un des
principaux volcans et l'une des merveilles de la ten-e.
Les dimensions du globe ne sont pas moins controver-
sées; l'opinion générale admet entre le centre de la terre,
et les limites de l'air et du feu (l'atmosphère), une distance
de cent soixante-huit mille milles.
La terre est trente-sept fois et une fraction plus grande
que la lune ; elle est vingt-trois fois plus grande que Mer-
cure et vingt-quatre fois plus grande que Vénus. Le soleil a
cent soixante (six) fois, plus trois huitièmes, la dimension
de la terre, et deux mille six cent quarante fois celle de la
lune; la terre n'est donc que le ytj c^u soleil. Le diamètre
du soleil est de quarante-deux mille milles. Mars a soixante-
trois fois la gi'andeur de la terre, et un diamètre de huit
mille sept cents milles et demi. Jupiter a quatre-vingt-une
CHAPITRE VIII. 197
yUSÎ »pai_5 v_À-uajj »js/o (jv.x**o^ ii»MO (jip^iil (j-« ^.Ingt cK»-Jj_5
iLjft^l tX«j «Xxji^ c)-S»* oui (j^^i^^ iLjL».xA.wj oUl iCjU %,m^
Joç« ii-jU «_>-wi^ L)LÎIj.Ais£ <V)Cm*jj v_jlÎI cji/| iùïj^î jjisji'l (j^
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^jyUSj iCiXj p^3^t «Jow <Xxi»lj J-A^ oi>A>j tKv Otil M5>-*i**^
fois trois quarts la grandeur de la terre, et un diamètre de
trente-trois mille deux cent seize milles. Saturne est quatre-
vingl-dix-neuf fois et demie plus grand que la terre; son
diamètre est de trente-deux mille sept cent quatre-vingt-six
milles. Les étoiles fixes de première grandeur sont au nom-
bre de quinze, et ont chacune quatre-vingt-quatorze fois et
demie la dimension de la terre.
Distance des astres à la terre. — La lune, quand elle est
le plus rapprochée de la terre , en est éloignée de cent dix-
huit mille milles, sa distance extrême est de cent vingt-
quatre mille milles. La plus grande distance de Mercure à
la terre est de neuf cent mille sept cent trente milles ; celle
de Vénus, de quatre millions dix-neuf mille six cents milles;
celle du soleil, de quatre millions huit cent vingt mille
milles et demi; celle de Mars, de trente-trois millions six
198 LES PRAIRIES D'OR.
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^^^^|<^^ Uaa^ (^ uJLLm UsAi aU! bâlol ^«XAj l^ ^^J^ ^ ^
cent mille milles et une fraction; celle de Jupiter, d'un peu
moins de cinquante-quatre millions cent soixante-six mille
milles; enfin, celle de Saturne, d'un peu moins de soixante-
dix-sept millions de milles. Telle est à peu près la distance
extrême des étoiles fixes à la terre.
C'est sur la division, les degrés et les mesures que nous
venons de mentionner, que sont établis les calculs relatifs
au temps et aux éclipses. Plusieurs instruments et astro-
labes ont servi à cette étude, et un grand nombre de traités
ont été composés dans ce but. Ce sujet est si vaste que nous
ne pourrions le traiter, même partiellement, sans entrer
dans de longs développements. Bornons-nous donc à ces
explications sommaires, qui peuvent faciliter l'étude plus
approfondie de ces sciences auxquelles nous avons donné
une plus grande place dans nos ouvrages précédents. Le pré-
sent livre ne doil présenter que des aperçus et des géné-
ralités.
Les Sai)éens de Harran , qui ne sont que les disciples gros-
CIIAPITUE VlU. lyj
^jjli>_5^ eJLSJi^ k-.^! jUJij kJuoJl l^j:ii c:,UkJl ^\jX\
3C-jL.A>»-ji^ iO^^yi ^^UmJI^ /M^.AwM*J» /Mk^Lskj ^V—^ luKJI^
v_AJL*x.yi (j-»L_A_J!j (..ji—Ji-^^t <JiX^. t^txJi ^j (j*JaÀAulj[^^
(jjj-i j^«Xj|^ <x_À_j<xJt) jjAi^Ajj ^juJa^ wA*x^j^ (jKJa^ x-*«(IaJIj
Î<k-i5 ^o-4^!j-t3 jiii^l (^^« i^V^iij t-O-î^! «_>La:«! (j^ f^^'^
siers des Grecs, et la lie des philosophes anciens, ont établi
dans leurs temples une hiérarchie de prêtres qui corres-
pond aux neuf sphères; le plus élevé porte le nom de Ras
Kouinra (chef des prêtres, ""NIDID tl?"'")). Les chrétiens, qui
leur ont succédé, ont conservé dans la hiérarchie ecclésias-
ti([ue l'ordre institué par la secte sabéenne. Ils donnent à ces
différents degrés de dignité le nom (Xaliaat. La première
est celle des as-salat [osliarius, portier) ; la seconde, celle des
agsal [àvayvùxrlrjs, lecteur); la troisième, celle des yoiidaqoun
(exorciste) ; la quatrième, celle des chcinas (acolyte) ; la cin-
quième, celle des kasis (diacre) ; la sixième, celle des bardoui
( -srpeffêvTepos , prêtre); la septième, celle des hourasfdos [ar-
chipreshyter) ou vicaire de l'évêque; la huitième est celle
d'ashaf [episcopus) ; la neuvième, celle de mitran, ce qui veut
dire chef de la ville (métropolitain). Enfin - au-dessus de
tous ces grades est celui de balrik, c'est-à-dire le père des
pères (patriarche) , ou bien de tous les dignitaires que nous
venons d'cnuiiurer, et d'autres encore qui ont un rang infé-
200 LES PRAIRIES D'OR.
^^UajJl «X5 J^ iUiul <-*Ajjo iioij ^JUsj Jl Lio iCs-U»- "i
ij-* "^^ t^^-^-a^JJ c:* Jviwl Lflj !^*x-w (>-^j^^ !,^■*^^*^ ^il^Ufc y*
(j«L(U«j{^ ^jMkA^M^AJt^ iLA^LkâJi (j^ b^^^ U ^ <^[yiS s«x^
IjuLcS'^ Uxii jo^ (jvÀj^i cjI^pI m^j^ tiLL« ^^^ ^-^^^^j
rieur. Telle est l'opinion des chrétiens instruits relativement
à celte hiérarchie; mais le vulgaire a des traditions différentes
à cet égard; il parle de l'apparition d'un ange, et raconte
différentes choses que nous n'avons pas besoin de rapporter.
Cette institution existe chez les Melkites, qui sont comme la
colonne et la base du christianisme, tandis que les chrétiens
orientaux , c'est-à-dire les Abadites , surnommés Nestoriens
et Jacohites, se sont séparés d'eux et ont fait schisme. Il est
hors de doute que les chrétiens ont emprunté l'idée première
de cette hiérarchie aux Sabéens et que le hasis, lechemas, etc.
sont dus à l'influence des Manichéens. Il faut en excepter
cependant les Masdekites , les Ghemmaïtes , et d'autres sectes.
Manès, le fondateur du manichéisme, vécut après le Mes-
sie; il en est de même d'Ibn Daisan et de Markiou, chefs des
Daisaniles (Bardéçanites) et des Aiarkionites; plus tard les
Masdekites et d'autres partisans des doctrines dualistes se sé-
parèrent de ces première sectes.
On trouvera dans les Annales historiques et l'Histoire
CllAPlTKE Vlll. 201
U (jj<^ iL-gn_JL-<n-U A^mJIj <XÀ^.i>i^A4l c:>lj{«i^ u^ ^^^J^^ ^^
UjUS'i fc^tjsll ajsjft c^^^ -^1;^' »j^j.m5'^ »b^ U^j
»*k_iû i^^.^ïJv_j l_xîj AjLoJl J_^! i AjLiil oldTj iryd!
moyenne de curieux renseignements sur ces différentes
sectes, les contes puérils et les inventions fabriquées par
elles. Nous en avons parlé également dans notre ouvrage
intitulé Discours sur les hases des croyances, et nous avons
réfuté ces opinions et renversé ces théories dans un autre
livre, qui a pour titre Explication des principes de la re-
ligion. Ici nous ne pouvons traiter ces matières qu'inci-
demment, et dans le rapide exposé que nous en donnons,
nous cherchons à faire l'historique de la secte et de la doc-
trine, pour que ce livre n'offre pas de lacunes; mais nous
écartons toute espèce d'examen et de controverse.
202 LES PRAIRIES D'OR.
iL^lsjJ! tji^'^î 2^1^* (j^^ iiÀjUw 1^1^ cyjUîî Uftj3^ *^^*J^
CHAPITRE IX.
RENSEIGNEMENTS GÉNÉRAUX SUU LES MIGRATIONS DES MERS,
ET SUR LES PRINCIPAUX FLEUVES.
L'auteur de la Logique (Aristote, Mcteorologica, t. I,
ch. xiv) dit que les mais se transportent d'un lieu à un autre
dans le cours des âges, et la suite des siècles. En effet, toutes
les mers ont un mouvement constant; mais, comparé à la
masse des eaux , à l'étendue de leur surface et à la profon-
deur de leur lit, ce mouvement est insensible. Cependant
il n'y a aucune partie de la terre qui reste éternellement
humide ou sèche; mais elle change et se modifie sous l'ac-
tion des fleuves , qui tantôt s'y déversent et tantôt s'en retirent.
Telle est la cause de la transformation de la mer et du con-
tinent; loin de rester constamment l'un et l'autre dans leur
état primitif, le continent vient occuper la place envahie par
la mer, et réciproquement. Ces révolutions sont détermi
CIIAPITHE IX. 203
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(^jv-«à)iiî i Igjl iijbUo Oc$)_j (j^oIaSÎ j.:s? yfc ,jt*A ljù\£.j^
Ji ^Ul jL^I kj W^ ii^î W^ u^ o^j^^ c^aUiwI U.i
nées par le cours des fleuves; en effet, le lit des fleuves a
ses périodes de jeunesse et de déclin, ou de vie et de mort;
il se développe et dépérit comme l'animal et la plante, avec
cette différence, toutefois, que dans ceux-ci la croissance et
le déclin ne se manifestent pas partiellement, mais que toutes
les parties de leur être dépérissent et meurent en même
temps. La terre, au contraire, décroît et vieillit successive-
ment sous l'influence de la révolution du soleil.
L'origine des fleuves et des sources a soulevé des dis-
cussions. Selon les uns, ils proviennent tou.s de la grande
mer, c'est-à-dire de la mer d'eau douce, qu'il ne faut pas
confondre avec l'Océan. D'autres prétendent que l'eau se
trouve dans la terre, comme les veines dans le corps. D'autres
font le laisonnement suivant : c'est une loi de la nature que
l'eau soit toujours de niveau, mais à cause de l'inégalité de
la terre, qui est élevée d'un côté et déprimée de l'autre,
Teau s'est retirée dans les bas-fonds. Retenue dans ces pro-
204 LES PRAIRIES D'OR.
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fondeurs, elle tend à se répandre au dehors par suite de
la compression que la terre exerce sur elle; des crevasses
se forment dans le sol , et livrent passage aux sources et aux
fleuves. Souvent aussi l'eau est le produit de l'air renfermé
dans les entrailles de la terre; elle ne doit pas être considé-
rée alors comme un élément, mais seulement comme en-
gendrée par la corruption et les exhalaisons du sol. Nous ne
citerons pas toutes les opinions auxquelles ce sujet a donné
lieu, car nous cherchons à être bref et concis; nous ren-
voyons donc, pour les détails, à nos autres ouvrages.
On a cherché depuis longtemps la source , l'embouchure
et l'étendue du parcours des grands fleuves, tels que le Nil,
l'Ëuphrate, le Tigre, le fleuve de Balkh ou Djeihoun, le
Mehran, qui arrose le Sind; le Gange, fleuve important de
l'Inde; le Sabbato, qui n'est pas moins grand; le Tanabis
(Tanaïs), qui se jette dans la mer Nitas (mer Noire) , etc.
J'ai vu dans la Géographie (de Plolémée) une figure re-
CHAPITRE IX. 205
^j>^ »ji_j-gJi I«X^jl/o^ aaaJL*^ j^I tKî^ o^^ (j^ Iwiftlib tj_y>A«
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iiJ^4>Jl t5*^»<*Jj iijuwljjJl aÎ^JJ! ItXJCx* i viUij ^^^j}\ j„:£^l\
présentant le Nil sortant du pied de la montagne el-Komr.
Ses eaux, qui jaillissent d'abord de douze sources, se dé-
versent dans deux lacs semblables aux étangs (de Basrah);
elles se réunissent au sortir de là , et traversent des régions
sablonneuses et des montagnes. Le Nil poursuit sa marche
à travers cette partie du Soudan qui avoisine le pays des
Zendj et donne naissance à un bras qui va se jeter dans la
mer de Zendj. Celte mer baigne l'île de Kanbalou (Madagas-
car?), île bien cultivée, et habitée par des musulmans qui
parlent la langue des Zendj. Ils s'emparèrent de cette île en
faisant captive toute la population zendjite, à l'époque de
la conquête de l'île de Crète, dans la Méditerranée, par les
musulmans, au commencement de la dynastie abbasside et
vers la fin du règne des Ommiades. De cette ville à Oman
il y a environ cinq cents parasanges, d'après ce que disent
les marins; mais c'est une simple conjecture et non une
206 LES PRAIRIES D'OR.
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i tjUS'yfc^ ^IOsAaJI c-ol^^ jLcuoiJÎ V^^ Ty^ AjUS'i
évaluation rigoureuse. Plusieurs patrons [nakhoda] de Si-
raf et d'Oman, qui fréquentent ces parages, disent avoir
observé dans cette mer, lors de la crue du Nil, en Egypte,
ou peu de temps avant cette époque, un courant d'eau qu'il
est difficile de couper, à cause de sa rapidité extrême. Ce
courant, qui sort des montagnes du Zendj et s'étend sur
un mille de largeur, est formé d'une eau douce et limpide,
qui se trouble au moment de la crue du Nil en Egypte et
dans le Sâid. On trouve dans cette mer le ckouhman, ou
crocodile, si commun dans le Nil; on le nomme aussi
el-waral.
El-Djahez prétend que le Mehran [Indus], fleuve du
Sind, provient du Nil, et donne comme preuve l'existence
des crocodiles dans le Mebran. J'ignore où il a été chercher
un pareil argument. Il a avancé cette thèse dans son livre
des Grandes villes et des merveilles de la terre. C'est un excel-
lent travail; mais l'auteur, n'ayant pas navigué, ni assez
voyagé pour connaître les royaumes et les cités, ignorait que
CHAPITRE IX. 207
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Lx*>w5 ci>jly:>» (jUJjXi ,_^i^lo JX«5 -«^ii^U i vilJJLî i^^yi^t
iUCtf (j^ Ij^^iiXJLo ^A_^ c^U^skil (^jj^î '«^ u'>=^'
le Mohran du Sind sort de sources bien connues, situées
dans la haute région du Sind, le territoire de Kanoudj, le
royaume de Baourah, les pays de Kachniir, de Kandahar
et de Tafen, et qu'il entre ensuite dans le Moultan, où il
reçoit le nom do Mehran d'or, de même que le mot Moul-
tan signifie la frontière d'or. Ce royaume obéit à un Korei-
chite de la famille d'Oçamah , fils de Lowayi , fils de Galib ,
et c'est le rendez-vous général des caravanes qui se dirigent
vers le Khoraçan. Un autre Koreichite de la brandie de
Habbar, fils d'el-Aswad, règne dans le pays d'el-Mansou-
rah; la couronne du Moultan est héréditaire dans la môme
famille depuis la naissance de l'islamisme. Le Mehran,
après avoir traversé le pays d'el-Mansourah , se jette dans
la mer de l'Inde, non loin du territoire deDeiboul. Les cro-
codiles abondent, il est vrai, dans les adjwan ou baies for-
mées par cette mer, telles que la baie de Sindiiboura, dans
le royaume indien de Baguirah , ou la baie de Zabedj (Java) ,
208 LES PRAIRIES D'OR.
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(jy-i^-*w~it (jj-*-«< (:Jh->5 J*^*j1 «s iuîoAiàl (jXw K^l^ (:5>-^^^
dans les Etats du Maharadja, et la baie des Aguiab, dans le
voisinage de l'île de Serendib (Ceylan). Les crocodiles vi-
vent surtout dans l'eau douce, et les bras de mer que nous
venons de citer dans l'océan Indien sont ordinairement
formés d'eau douce, parce qu'ils reçoivent les eaux plu-
viales.
Revenons maintenant à la description du Nil. Les savants
disent qu'il parcourt une éteu due de neuf cents , et , selon quel-
ques-uns, de mille parasanges, à travers des contrées culti-
vées et stériles, habitées ou désertes , jusqu'à ce qu'il arrive à
Aswan (Syène) , dans la haute Egypte. C'est là que s'arrêtent
les navires qui remontent le fleuve depuis Fostat ( vieux Caire ) ;
car, à quelques milles d'Aswan, le Nil traverse des mon-
tagnes et des rochers qui rendent la navigation impossible.
Ces montagnes forment la ligne de démarcation entre la
portion du fleuve parcourue par les bâtiments abyssiniens
et celle que fréquentent les musulmans; c'est ce que l'on
désigne sous le nom de cataractes (littéral, les pierres et les
CHAPITKE IX. 209
-^^î ^1 (j^ (j_jift!!5^3î J^.? (j^-M^i J^l:*'^^ *XA*AaJi tiai
A ylfl'v»,» Âjk otAw^ Ut*>sJ<r| <^jJl «^4-1^ '-'j^;^' (î^^^ >*J
4,M*-^ J^ iSj^^ c:A->AJi Lfiîji) ïjM*^ jLç iiÀA»Jî ô*Xiû jj ii',
rochers). Le Nii arrive à Fostat, après avoir traversé la
haute Egypte (Sâid), passé devant la montagne de Taile-
moun et franchi l'écluse d'el-Lahoun dans le Faïoum ; cet
endroit que le fleuve traverse est nommé Vile de Vhahitalioa
de Joseph. Nous parlerons plus bas (chap. xxi) de l'histoire
de l'Egypte, de ses districts et des monuments que ce pays
doit à Joseph. Le Nil se partage ensuite en plusieurs bran-
ches, qui se dirigent sur Tennis, Damiette et Rosette, jus-
qu'à Alexandrie, et il se décharge dans la Méditerranée; il
forme plusieurs lacs dans ces parages. Cependant le Nil s'est
relire du territoire d'Alexandrie avant la crue de la présente
année (332 de l'hégire). Je me trouvais à Antioche et sur
les frontières de la Syrie, lorsque je reçus la nouvelle que
le fleuve venait d'atteindre dix-huit coudées; mais je ne
pus savoir si l'eau avait pénétré ou non dans le canal
d'Alexandrie.
1. U
210 LES PRAIRIES D'OR.
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^^-jLjLII (^ jjb;î_j-*J Ijxc *Uî jiaiiîj ^^^3 j^^i^ iLoJ^ll
b»5i> «Xa£ <_>\.;JS! \ù\jb (j^ i^ v<v* ^^.^î *x.**v j (°*V^ Ty^- i^
Alexandre, fils de Philippe de Macédoine, bâtit cette ville
sur ce bras du Nil; la plus grande partie du fleuve péné-
trait dans ce canal et arrosait les campagnes d'Alexandrie et
de Mariout (Maréotis). Le pays de Mariout, en particulier,
était cultivé avec le plus grand soin , et offrait une suite non
interrompue de jardins jusqu'à Barkah, dans le Magreb.
Les bâtiments qui descendaient le Nil arrivaient jusqu'aux
marchés d'Alexandrie, dont les quais étaient formés de
dalles et de blocs de marbre. Plus tard des éboulements ont
bouché ce canal et empêché l'eau d'y entrer; d'autres obs-
tacles encore n'ont pas permis, dit-on, de nettoyer le canal
et de donner un libre cours à l'eau; mais nous ne pouvons
admettre tous ces détails dans un livre qui n'est qu'un ré-
sumé. Depuis lors les habitants boivent de l'eau de puits,
car ils sont à une journée environ du fleuve. On trouvera
plus bas, dans le chapitre consacré à Alexandrie, d'autres
CIIAPITilE IX 211
^\ X r*-\ i^Ao ^^AstJÎ (J^-J_5 ifj^^ -*^ C:J^jy^J ??0^' <-AAaw«
détails sur cette ville et sa fondation (voy. chap, xxxii). Quant
au bras du Nil qui, ainsi que nous l'avons dit, se jette dans
la mer du Zendj , ce n'est qu'un canal qui sort du bassin
supérieur du Zendj et sépare ce pays des frontières habi-
tées par les races abyssiniennes. Sans ce canal, de vastes
déserts et les sables mouvants, les hordes turbulentes et
innombrables des Zendj auraient chassé les Abyssiniens de
leur pays natal.
Le fleuve de Balkh, ou Djeihoun (Oxus), sort de diffé-
rentes sources, traverse le pays de Termed, Esferaïn et
d'autres parties du Khoraçan, et entre dans le Kharezm. Là
il se divise en plusieurs branches, qui arrosent le pays; le
surplus de ses eaux se jette dans le lac (lac d'Aral ) , sur les
bords duquel est le bourg de Djordjanieh, au-dessous de la
ville de Kharezm. C'est le plus grand lac de cette contrée,
et, au dire de quelques-uns, du monde habité, car il ne
faut pas moins d'un mois pour le parcourir en long et en
a.
212 LES PRAIRIES D'OR.
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»Ju^\^jJt*s. ii*jtp! ^UXî i o^j^ V^'^^«j (>J^5 (_^j»-U?
(j-« ll*-Jl w5\XjL-u»^ ^^-AJÎ^-jiJL» ojj;-*iî j-^iaJî j-^-^ C:J>i*- j-*^
iLJLj)«Xjij bjJCÀxtj ^5^ tjlxMÎ tjsjû (j.^ i^ Un» (iJ^jdl jUi^l
large. Il est navigable, et reçoit le fleuve de Ferganah et de
Chach qui traverse le pays de Farab, la ville de Djedis, et
quiest accessible aux bâtimentsjusqu'à son embouchure. Sur
ses bords s'élève une ville turque nommée la Ville-Nouvelle
[Yengui-Kent] , où vivent plusieurs musulmans. La plupart
des Turcs qui habitent cette contrée, tant nomades que ci-
tadins, appartiennent à la tribu des Gozz, qui se divisent
en trois hordes nommées la grande , la petite et la moyenne.
Ils se distinguent des autres Turcs par leur valeur, leurs
yeux bridés et l'exiguïté de leur taille. Cependant l'auteur
de la Logique (Aristote), dans le quatorzième et le dix-
huitième livre de son Traité des animaux, parlant de l'oi-
seau nommé grue [yépavos] , dit qu'il y a des Turcs d'une
stature encore plus petite. On trouvera d'autres détails sur
les Turcs dans divers passages de notre livre, et dans le
chapitre qui leur est consacré.
La ville de Balkh possède un poste [rihat) nommé d-
Akhchehan , et situé à vingt jours de marche environ. En
CHAPITRE IX. 213
S^'^ U^' .^'♦-fi-^ J^ j-s»'^ LT-*-^ i^^Liû (j^ (Jr^5 <icj|
Jû-L& »X_ïj (jUjÎ ^j tiJ^tj^ IJvXx» ^-i iJoU *jjl Jyvi^
w*-»âj ^j^^^> ^jl l^jj c^*i5 \S^ j, «-«(jc^i ^jJLa3.< (j^ -jJ»
(j^ (j*^À-=?- fi^^ jy*^ »i)U\j iUktf y_^" *-iv^ (S^^ o^JSJ^'
%»y^' QirV"^^' (ij^^^^ <^i uy'^^^ y^s é^j^ "h^ 4>^^^
face vivent deux tribus de Turcs infidèles, les Oukhan et les
Tibétains, et à leur droite d'autres Turcs nommés Igan.
C'est dans le territoire de ceux-ci qu'est la source d'un grand
fleuve nommé aussi fleuve d'Igan. Plusieurs personnes ins-
truites prennent ce fleuve pour le commencement du Djei-
houn, ou fleuve de Balkh. liC Djeilioun a un parcours de
cent cin(|uante parasanges, selon les uns, et de quatre cents
parasanges selon ceux qui le confondent avec le fleuve des
Turcs ou Igan. Quant aux auteurs qui avancent que le
Djeihoun se jette dans le Mehran (Indus), ils sont dans
l'erreur.
Nous ne parlerons ni de l'Aracht noir, ni de l'Aracbt
blanc, sur les bords duquel est le royaume des Keimak-
Haigour (Ouigour?) , tribu turque originaire du pays au delà
du fleuve de Balkh ou Djeihoun. Une autre tribu turque,
les (jouriles, habitent les bords de ces deux fleuves, qui sont
l'objet de récits détaillés, .l'i'^'nnrc et, par conséquent, je ne
puis déterminer l'étendue de leur parcours.
214 LES PRAIRIES D'OR.
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:>^Vo jj Ajl»^>>jî«Xx«5 ^ JU (j^ 1»^ _5.^ (^ (j*i-s».i^î ^<Xj
Le Gange est un fleuve de Jlnde qui sort des montagnes
situées dans la partie la plus reculée de l'Inde, du coté de
la Chine , et près du pays habité par la peuplade turque
des Tagazgaz. Après un parcours de quatre cents para-
sanges, il se jette dans la mer Abyssinienne sur la côte de
l'Inde.
L'Euphrate prend sa source dans le territoire de Kalikala
(Erzeroum), ville frontière de l'Arménie; il sort des mon-
tagnes d'Afradohos, à un jour de marche de cette ville. Il a
une étendue de centparasanges, et traverse le pays deRoum
avant d'arriver à Malatiyeh. Un de nos coreligionnaires,
qui a été prisonnier chez les chrétiens, m'a assuré que l'Eu-
phrate, dans sa course à travers le pays de Roum, reçoit
plusieurs affluents, entre autres un fleuve qui sort du lac
el-Marzeboun , le lac le plus vaste de cette contrée; il est
navigable et n'a pas moins d'un mois de navigation en long
CHAPITRE IX. 215
xjtXi o^^ j^^^^ '^^ jfv-* j-^^î?" <i' c^r^xii ^^JiÀ,}j (j*^^
ii,f.s^jj\^ xJiji\ i}\ ^d'iCÀ.Tj |«LmJ{j ^I^^jcJI ,,^1 S^/^*" 7^y^
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^ -i iùU (j*ta^ o^'^' ""^^-î <^ ajIm.:?- jltXJU ijy^ Ja,*MÎ^^
^^^iuo AjU (j-«^^JLSi/j c:>!yiîj (jl^ Joj j)Ji> (j^ jjt^jî tK**^
et en large. L'Euphrate arrive ensuite au pont de Manbedj ,
après avoir passé sous le château de Somaisat (Samosate),
nommé aussi le Château de terre. Il continue sa course vers
Balès, et Siffîn , signalé par une bataille entre les habitants
de l'Irak et de la Syrie; il passe successivement devant I\ak-
kah , er-Rahbah , Hit et elAnbar, où il donne naissance à
plusieurs canaux, comme le Nehr-Yça, etc. qui coulent du
côté de Bagdad et se jettent dans le Tigre. L'Euphrate se
dirige ensuite vers le pays de Soura, le château d'Ibn Ho-
beirah, Koufah, el-Djameeïn, Ahnied-Abad, en-Ners, et et-
Tofouf, et se jette enfin dans l'étang qui est entre Basrah
et Waçit. Son parcours entier est de cinq cents parasanges,
ou davantage, selon d'autres. Le bras principal de l'Eu-
phrate se dirigeait autrefois sur Hirah, où son ancien lit,
encore visible aujourd'hui, est nommé el-Atil: (l'ancien);
c'est là qu'eut lieu la fameuse bataille de Kadiçieh , entre les
musulmans et Roustem. De Hirah, le fleuve se jetait dans
216 LES PRAIRIES D'OR.
Ot^^i^ L>*ij*^ t^^^' ^ ♦^^'A^JJj-^^' ij^i t$>SAA:^j.i£»Ji i
^Àj^_jj|j ^^y^^aJI <Xj^ yj -Ui.^ (*■•&•*-* SiH*^^ f»l?^ (^' t5J>^3
iL«L(?Jl jsiù» «Xxj (j.«jXj j;Î yUa^Aw i «y-Ail *>s?^ J^^ ^
j^j^^ ^L«wi StXfb^ iUXitS' (^ ^yaij iLjij)M^\ju\ y*ai^ (jàAj^i
<x]\à. jlàj L^ JU^I iiÂXS* Ai^t (^jvj'j ^4ÀAj^ ^j (j«^ji '^ vLH*^
la mer d'Abyssinie, qui recouvrait à cette époque rempla-
cement nommé aujourd'hui en-Nedjef; c'étaient là qu'arri-
vaient les bâtiments venus de la Chine et de l'Inde, à desti-
nation des rois de Hirah.
Plusieurs historiens anciens, parfaitement instruits des
Journées des Arabes, tels que Hicham, fils de Mohammed
el-Kelbi, Abou Mikhnef Lout, fils de Yahia, et Charki, fils
d'el-Kitami , racontent ce qui suit : Khaled, fils d'ei-Walid
el-Makhzoumi, maixha contre ïlirah, sous le règne d'Abou
Bekr, après la conquête du Yemamah et la mort du faux
prophète des Beni-Hanifah ; mais les habitants se fortifièrent
dans le château Blanc, le château de Kadiçieh et celui
des Beni-Tâlabah, situés tous trois à trois milles de Kou-
fah, et complètement déserts et i^uinés aujourd'hui (332 de
l'hégire). Khaled, fils d'el-Walid, voyant que l'ennemi s'était
retranché dans ces forteresses, dressa son camp près de Ned-
CHAPITRE IX. 217
jVjill (j_j j|w.*i> <JUt-«^ *i U*^ (i^ -xJlsfc. J^î^ oi-^^l j-^
,^jc=2. XcVxS (^yjAi jUr». liijj SiH"^^ O^'*^^ (J-* (J^ t^^j'^^
cyji ^/-s^ ''^'^ ^^^^ 4^^^ U<a^^' jJxaiJi Là_j (^«xJI y^^
XK.AAJ ^t 5«Xj& U <X^_^ JUi wvi^ ^J^JJlàÀ. C^US' AaAuS.^ ^^
Qi&l<]| jLwjlJl l^^iaAu JÎ t5«>Ji ^'^î *Xxfc_^iûj iO>.AJij cs^^*^
jef et marcha en avant, à cheval et accompagné d'un célèbre
cavalier arabe , Dirar, fils d'el-Azwar, l'Azdite. Parvenus sous
le château des Beni-Tàlabah, ils furent assaillis par des ma-
tières enflammées que leur lançaient les chrétiens abbadites,
et le cheval de Khaled se mit à fuir. « Que Dieu te protège,
dit Dirar à son compagnon, voilà le plus fort de leurs strata-
gèmes. « Khaled retourna au camp et fit demander aux as-
siégés de lui envoyer un homme mûri par l'âge et l'expé-
rience, afin qu'il l'interrogeât sur ce qui les concernait. Ils
lui députèrent Abd el-Meçih, fils d'Amr, fils de Kaïs, fils de
Hayan , fils de Bokaïlah , le Gassanide. Ce Bokaïlah , qui avait
construit le château Blanc, devait son surnom à ce qu'étant
sorti un jour revêtu d'une étoffe de soie verte, les gens de
sa tribu s'écrièrent en le voyant: « En vérité, il ressemble à
un petit chou {bokaïlah)l » C'est Abd el-Meçih qui se rendit
auprès du célèbre devin Satih, le Gassanide, pour l'inter-
roger sur les songes des Moubed , sur les secousses du palais
ou Eiwan (à Ctésiphon) , el sur le sort qui était réservé aux
218 LES PRAIRIES D'OR.
^j^ JUL* ^^AJi/» xJî <XÎli. ^lâii tgcîuc J^U **.»« y_5-Mifc^j
Jb ^jb^^I t^ Jb kiUj^ ovil j^^Vjo Jb 4^î jjjlaj (j^ Jb u*A^
4MJ^ t^t Jb oJJis i/ JJi*j1 Jb j,Uj jj Jb cxaS"^ ooI j<Ni
Jb ^Jy>AJ^\ ù<>ut> JL U Jb Jfcww Jo ii Jb k^M -1 e>^j»-l Jb
rois sassanides. Ce même Abd el-Meçih , qui se présenta à
Khaled, était alors âgé de trois cent cinquante ans. Khaled,
en le voyant marcher lentement, lui demanda : « Vieillard,
de quel lieu descends-tu? — Des reins de mon père, répon-
dit le cheikh. — D'où viens-tu? — Du sein de ma mère. —
Malheur à toi! sur quoi es-tu? (c'est-à-dire, pourquoi es-tu
venu?) — Je suis sur la terre. — Que Dieu te confonde! où
es-tu? — Dans mes vêtements. — As-tu perdu la tête? puisses-
tu la perdre ! — Certes, par Dieu, elle est solidement atta-
chée.— Le fils de combien es-tu? (c'est-à-dire quel âge as-
tu?) — Le fils d'un seul homme. — Mon Dieu , s'écria
Khaled, maudis les gens de ce pays, pour le trouble qu'ils
nous causent! Je lui demande une chose, et il m'en répond
une autre. — Non certes, répliqua le vieillard , j'ai répondu
avec précision à tes questions. Interroge-moi à ton gré. —
Etes-vous Arabes ou Nabatéens? demanda Khaled. — ■ Des
Arabes devenus Nabatéens, ou des Nabatéens devenus Arabes.
— Que préférez-vous, la paix ou la guerre? — La paix. —
CHAPITRE IX. 219
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Pourquoi donc ces forteresses? — Nous les avons bâties pour
y enfermer les fous jusqu'à ce qu'un sage vienne les dé-
livrer. — Quel est ton âge? — Trois cent cinquante ans.
— Qu'as-tu vu dans ta vie? — J'ai vu les vaisseaux arriver
jusqu'à nous sur cette hauteur [nedjef) chargés de marchan-
dises du Sind et de l'Inde, et les vagues se briser sur le sol
que tu foules à tes pieds. Vois aujourd'hui quel espace nous
sépare de la mer J Je me souviens d'avoir vu une femme de
Hirah prendre son panier, le placer sur sa tête, et n'em-
porter qu'un pain comme provision , parce que, jusqu'à son
arrivée en Syrie, elle ne traversait que des villages floris-
sants, des champs bien cultivés, des vergers couverts de
fruits et arrosés par des étangs et des canaux d'eau vive. Tu
le vois aujourd'hui , ce n'est plus qu'un désert aride. C'est
ainsi que Dieu en use avec le monde et ses habitants. » Ces
paroles jetèrent Khaled et tous les assistants dans un muet
étonnement, car Abd el-Meçih était célèbre parmi les Arabes
autant pour son extrême vieillesse, que pour sa sagesse con-
220 LES PRAIRIES D'OR.
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sommée. On prétend qu'il portait sur lui un poison fou-
droyant, et qu'il le tournait entre ses mains. Khaled lui
demanda ce qu'il tenait. « C'est un poison , dit-il , qui tue
instantanément. — Quel usage veux-tu en faire? — En ve-
nant près de toi j'ai résolu que, si tu prenais une décision
favorable à mes compatriotes et à moi, je l'accepterais et
j'en remercierais Dieu; sinon, ne voulant pas rapporter à
mes compatriotes la honte et Taflliction, je prendrais ce
poison et quitterais ce monde; je n'ai d'ailleurs que peu de
temps à vivre. — Donne-moi ce poison » , dit Khaled , puis il
le plaça dans la paume de sa main, prononça ces mots :
• Au nom de Dieu, par l'aide de Dieu, au nom de Dieu,
le maître de la terre et des cieux , par ce saint nom avec le-
quel rien ne peut nuire! » et il avala le poison sans hésiter.
Il s'évanouit sur-le-champ, et son menton se pencha sur sa
poitrine; puis il revint à lui et reprit ses forces, comme un
homme qui a brisé ses chaînes. Le vieillard, qui était Ab-
badile , c'est-à dire chrétien nestorien , revint auprès des siens
CHAPITUE IX. 221
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et leur dit : « Peuple, je viens de quitter Satan ; il a avalé un
poison qui tue sur l'heure, et il n'en a éprouvé aucun mal.
Hâtez-vous donc de conclure la paix et de l'éloigner. Une
influence supérieure veille sur cette nation; sa fortune va
s'élever sur les ruines de la famille de Sassan. La croyance
qu'elle apporte se répandra sur la terre et changera la face
du monde. » Ils firent, en eflet, la paix avec Khaled , à la con-
dition de payer cent mille drachmes, et de porter le saàj,
ou turban (des chrétiens). Après le départ de Khaled, Abd
el-Meçih récita ces vers :
Devais-je donc, après le règne des deux Moiindir, voir un autre dra-
peau flotter sur Khawarnak et Sedir,
Et les cavaliers de toutes les tribus le fuir en redoutant la colère du
lion , au rugissement terrible?
Devais-je , après les exploits des guerriers de Nôman , voir les troupeaux
brouter entre Marrah et el-Halir?
222 LES PRAIRIES D'OR,
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Mais la mort d'Abou Kobaïs nous a dispersés comme des brebis dans
un jour d'orage.
Nous qui nous partagions librement les tributs de Mâdd, comme les
membres d'un cbameau immolé,
Nous payons un tribut aussi onéreux que celui du Kosroès, ou des en-
fants de Koraizah et de Nadir!
Ainsi le veulent les caprices de la fortune; un jour elle apporte la pros-
périté, et le lendemain le malbeur.
Nous n'avons rapporlé ici cette anecdote que comme une
preuve évidente de ce que nous avons avancé relativement
aux migrations des mers, et au mouvement des cours d'eau
€t des fleuves, dans la suite des âges. C'est ainsi que, l'eau
s'élant retirée de cette localité, la mer a fait place à la terre
ferme, et qu'aujourd'hui une distance de plusieurs jours
sépare Hirah de la mer. Quiconque a vu et examiné avec
CHAPITRE IX. 223
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soin le Nedjef sera convaincu de Texaclitude de notre as-
sertion.
Il en est de même du Tigre de Basrah [el-Aiurah) , qui a
changé de place, et se trouve aujourd'hui à une grande dis-
tance du Tigre. Il était nommé le ravin de Djoukha, et s'éten-
dait depuis Badbin, dans le district de Waçit, jusqu'au ter-
ritoire de Dour er-Raçebi, près de Sous (Chouster), dans
le Khouzistan. Un fait analogue a eu lieu sur la rive orien-
tale de Bagdad, dans une localité nommée Rakkah ech-
Chemmaçieh, où le fleuve a quitté brusquenient le rivage
occidental, les terrains cultivés entre Katrabbol et Bagdad,
le bourg d'el-Kobb , el-Bochra, el-Ain et d'autres bourgades
qui dépendent de Katrabbol. C'est ce qui a donné lieu à des
contestations entre les habitants de cette rive et ceux de la
rive orientale qui possèdent Rakkah ech-Chemmaçieh. L'af-
faire fut portée devant le vézir Ali, fils d'Yra; la décision
224 LES PRAIRIES D'OR.
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iJwdSîLJî 4J.» ftA*w iLLwi ^^^ ^£yM*.^s <it ao-x^-o ^Î Jj-*^ W^
que rendit alors ce ministre et le fait que nous rapportons
sont de notoriété publique à Bagdad.
Si l'eau avance en trente ans d'environ un septième de
mille, ce qui fait un mille en deux siècles, lorsque le fleuve
s'esl retiré de quatre mille coudées hors de son ancien lit,
certains territoires deviennent par conséquent arides, et
d'autres sont rendus à la culture. Si l'eau rencontre un ter-
ritoire déprimé d'où elle puisse s'écouler, elle prend un cours
plus rapide et plus impétueux, et charrie à de grandes dis-
tances les terres qu'elle a rongées. Si elle trouve une vallée
étendue, elle la remplit sur son passage, et le courant donne
naissance à des lacs, des étangs et des marais. C'est ainsi
que certains territoires deviennent incultes et d'autres fer-
tiles. Il suffit d'un peu d'attention pour comprendre ce que
nous disons.
Plusieurs historiens, qui ont étudié avec soin les annales
du monde et des monarchies, assurent qu'à l'époque où le
Prophète envoya un message au roi de Perse, c'est-àdire
CHAPITRE IX. 225
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0«Jl uJtli ^^-isfi }i^j*J^ IfjSs- cxjiXj U -^liaAÎl» yvi*p)^l (j^ aJ
l'an 7 de l'hégire, l'Euphrate et le Tigre éprouvèrent une
crue excessive, et telle qu'on n'en avait jamais vu. D'énormes
fissures sillonnèrent le rivage, plusieurs fleuves sortirent
(le leur lit, rompirent leurs digues et leurs barrières, et
inondèrent les plaines du pays. Ce fut en vain que le roi
Eberwiz (Perviz) chercha à contenir les eaux, en relevant
les digues et en rétablissant les écluses : le fleuve renversa
tous les obstacles et se répandit sur l'emplacement actuel
des étangs. Les fermes et les moissons furent submergées;
l'inondation envahit les districts et les cantons [taçoudj) en-
vironnants, et tous les eflbris tentés pour maîtriser l'élément
furent inutiles. Plus tard, pendant que les Persans étaient
absorbés par leur lutte contre les Arabes, l'eau étendit ses
ravages sans que l'on cherchât à y remédier, et les étings
gagnèrent chaque jour du terrain.
Sous le règne de Moâwiah , Abd Allah , lils de Daradj ,
affranchi du khalife et chargé de percevoir l'impôt de l'Irak,
gagna sur les étangs une étendue de terrain dont le pro-
duit s'éleva à quinze millions (de drachmes), en faisant
I. i5
226 LES PRAIRIES D'OR.
couper les roseaux qui couvraient ces étangs et en refoulant
l'eau à l'aide de digues et de barrières. Par la suite , Haran
le Nabatéen, affranchi des Beni-Dabbah, sous le khalifat
d'el-Walid, dessécha de nouveaux terrains dans les étangs , au
profit d'el-Haddjadj. Aujourd'hui le Batijah, c'est-à-dire le
territoire couvert et envahi par l'eau , est évalué à environ
cinquante parasanges en long et en large. Le centre de l'étang
est occupé par un grand nombre de terres en friche, comme
Kâr-el-Djamideh , ville entourée d'eau, et d'autres localités.
On remarque dans le fond, lorsque l'eau est claire, des dé-
bris de constructions en pierres ou en briques, les unes de-
bout, les autres renversées, mais encore visibles. On peut
faire la même observation dans le lac de Tinnis et de Da-
miette, qui renferme plusieurs villes et fermes, ainsi que
nous le disons dans différents passages de ce livre et dans
d'autres ouvrages.
Mais revenons au Tigre et décrivons sa source, son par-
cours et son embouchure. Ce fleuve sort du territoire d'Amid ,
CIIAPITHE IX. 227
^ItX^ (^J j^.^ j^.*^^ ô*XJft^ ^^i^ c^-xs^i^ ^^J Cir»c5*^j'^^
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5Js jtX A .» l—JÛ^—ia. Uij^^-j2.
dans la province de Diarbekr; mais ses sources sont situées
dans le pays de Khilat, en Arménie. Tl reçoit diiïérents af-
fluents, tels que la rivière de Sarit et celle de Satidama,
qui sort du pays d'Arzen et de Miafarikin. Il reçoit égale-
ment le Doucha et le Khabour. Celui-ci, venu de l'Armé-
nie, se réunit au Tigre, entre la ville de Baçourin et le tom-
beau de Sahour, sur le territoire de Bakirda et de Bazibda,
province de Moçoul. Ce pays appartient aux Beni-Hamdan,
et il en est fait mention dans les vers suivants :
Bakirda et Bazibda, délicieux séjour au printemps et pendant l'été!
l'eau qui l'arrose est pure et fraîche comme celle du Paradis.
Ne parlez plus de Bagdad , de son sol brûlant comme du charbon et de
sa chaleur accablante!
Il ne faut pas confondre le Khabour, dont il est question
ici, avec un fleuve du même nom qui prend sa source près
de la ville de Baçâïn et se décharge dans TEuphrale, au-
i5.
228 LES PRAIRIES D'OR.
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jîJsJU la,A*<ij^ c>î«Xjb tj.^ i^Aa*)! fjXMi jjiS\ f^j^ Aa*^ ^jJaJjJl
dessous de Kirkiçiah. Le Tigre passe ensuite à Moçoul , et
en sortant de cette ville, au-dessus de l'endroit nommé
Hadit-el-Moçoul, il reçoit le grand Zab, qui vient de l'Ar-
ménie; l'autre Zab, originaire de l'Arménie et de l'Azerbaï-
djan, se réunit aussi au Tigre, en amont de la ville d'es-
Sinn. Le fleuve continue sa route vers Tekrit, Samarra et
Bagdad , en recevant les eaux du Khandak , du Sorat et de
Nehr-Yça, canaux qui partent de l'Euphrate pour aboutir
au Tigre, comme nous l'avons dit plus haut. Sorti de Bag-
dad, le Tigre reçoit plusieurs affluents, comme le Dialeh,
le Nehr-Bin, le Nehr-Rewan (Nahrouan) , non loin de la con-
trée de Djardjaraia, d'es-Sib et de Nômanieh. Après avoir
traversé la ville de Waçit, il se partage en plusieurs fleuves
(canaux) qui se dirigent vers l'étang de Basrah; tels sont
le Nehr-Sabès, le Yahoudi, le Chami, ainsi que le bras qui
se dirige vers Koutr, et que suivent ordinairement les bâti-
ments qui, dp Bagdad et de Waçit, se rendent à Basrah.
CHAPITRE IX. 229
J^S ^r* ^^ <^^" y^ (j^^^ *^j c^ iiKi>.i {jy.y^ AiL*^
«XJ» Lo il viUi j5i> /j_*. U^aI *ji.AaJi i!5Xj (jVJ_j ^4ÀAJ
j^l ^j>:£vjj Qj^ xUwi ^^^ »;[;.^^ ^J>^"^' t*^>^' J-^^3 .nAj^II^
Le parcours entier du Tigre est de trois cents, et, selon
d'autres, de quatre cents parasanges. Nous avons passé ici
sous silence un grand nombre de fleuves, nous bornant à
nommer les plus importants et les plus connus. Nous ren-
voyons le lecteur, pour de plus amples détails, à nos An-
nales historiques et à notre Histoire moyenne. Nous aurons
encore occasion de revenir sur les fleuves nommés plus haut,
et de parler de ceux que nous avons omis.
La province de Basrah possède aussi plusieurs fleuves im-
portants, comme leNehr-Chirin, leNehr ed-Deir et le fleuve
dTbn Omar. Il en est de même de la province d'el-Ahwaz
et du pays situé entre elle et le territoire de Basrah et d'Obol-
lah; ce que nous en avons dit ailleurs nous dispense d'y
revenir ici. Par la même raison nous ne parlerons pas de
l'extrémité du golfe Persique vers Basrah et Obollah, ni du
lieu connu sous le nom de Djerrarah, qui forme une baie
non loin d'Obollah; c'est ce voisinage qui rend salée l'eau
de la plupart des rivières de Basrah. En vue de cette baie.
230 LES PRAIRIES D'OR.
iJbM Jl_» Vj: j.j£^\' ^ i ^^J<AÂ cyjsjsr'î h^j~-4- ^^^
aML il
on a établi à l'entrée de la rade, près d'Obollah et d'Abba-
dan, trois échafaudages en bois sur lesquels on allume des
feux pendant la nuit. Ils s'élèvent comme trois immenses
sièges au milieu de la mer, et préservent les bâtiments ve-
nus de l'Oman, de Siraf, etc. de se jeter dans cette baie de
Djerrarah et les parages voisins, où ils trouveraient une perte
assurée. Toute cette côte est remarquable par le nombre de
ses cours d'eau et leur jonction avec la mer. A Dieu seul est
la puissance!
CHAPITRE X. ^ '
RENSEIGNEMENTS GENERAUX SDR EA MER D'ABYSSINIE; OPINIONS
DIVERSES SUR SON ETENDUE, SES GOLFES ET SES DETROITS.
On a déterminé les dimensions de la mer de l'Inde, qui
n'est autre que la mer d'Abyssinie : sa longueur, de l'ouest
CHAPITRE X. 23 J
Xclufl.j| »*>s^ J«d>l JsJLc AXi^ (^ Jo^^xJl -Ui -Jvx! «yS'i
(^r^^ CJ-* Si)-*-^^ À C5^5 j~:»j-^J5 (jiy' W-^ ^1^ ^J-^J^ sisjû
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à l'est, c'est-à-dire de l'extrémité de l'Abyssinie aux limites de
l'Inde et de la Chine, est de huit mille milles; sa largeur dif-
fère selon les localités, et elle varie entre deux mille sept
cents milles et dix-neuf cents milles. On donne encore, re-
lativement à l'étendue de cette mer, dilTérentes évaluations
que nous passerons sous silence, parce que, aux yeux des
gens du métier, elles ne reposent sur aucune preuve satis-
faisante. Quoi qu'il en soit, cette mer est la plus vaste du
monde habité.
Elle l'orme sur les côtes d'Abyssinie un canal qui s'avance
dans la contrée de Berbera, portion du pays habité par les
Zendjs et les Abyssins. Ce canal, connu sous le nom de
Berhcri, a cinq cents milles de longueur, et sa largeur, d'une
rive à l'autie, est de cent milles. Il ne faut pas confondre
ce terriloirede Berbera avec le pays desBerbers, situé dans
le pays nommé Ifrikiyah, pays bien distinct de celui dont
Jious parlons, et qui n'a de commun avec lui que le nom.
Les pilotes de l'Oman traversent co canal pour gagner l'île
232 LES PRAIRIES D'OR.
AiUdl i ^j.a51 tJ^jÀrs- i^Xj^ l^jj^ J-^^ ^y^j^. A t^^_/-«Jl*
^^t —^ Ajî_5 ^3«f^l_J--iJ! JU^l^ (<>ià* a«>^^ «Uy»5i> L*
de Kanbalou (Madagascar?), située dans la mer de Zan-
guebar, et habitée par une population mélangée de musul-
mans et de Zendjs idolâtres. Ces mêmes marins de l'Oman
prétendent que ce détroit de Berbein, qu'ils désignent par
le nom de mer de Berbera et de pays de Djafouna, est
d'une étendue plus grande que celle que nous venons d'in-
diquer; ils ajoutent que ses vagues ressemblent à de hautes
montagnes, et ils les nomment des l'adules av^a^/es, sans doute
parce que , après s'être enflées comme d'énormes montagnes ,
elles se creusent en forme de profondes vallées; mais elles ne
se brisent pas, et ne sont jamais couvertes d'écume, comme
on le remarque dans les autres mers. Ils leur donnent aussi
le nom de vagues folles. Les marins qui fréquentent ces pa-
rages sont des Arabes de l'Oman et de la tribu de Azd; lors-
qu'ils ont gagné le large, et qu'ils montent et descendent
au gré de celle mer agitée, ils chantent en cadence le re-
frain suivant :
Berbera et Djafouna, que vos vagues sont folles !
CHAPITRE X. 233
w^05 l«3sjû o«-»5^ *Xïj (j^il wu*Ji j^^vJi l<Xi5 ji^J_j t^V^
AjLm *Ai OyiS^ iK-,« vi».!^ gjSyA ^ iUt^ ^J^ (j^^ OlAj jjtfVji
^LC*^ ^\jJ^\jXx£>- qj /i\s»-pi *X)bft t5j-=fc"i «X.«<J»<aJi Oyyfij
lwÀ.1 A-jU< JV; (J^^*^ C^^' «X^a3.J| «Xvftj *x.^l 4^*1
Djafouna et Berbcra , voilà leurs vagues.
Le ternie de leur course sur la mer de Zendj est l'île de Kan-
balou , dont nous avons déjà parlé, et le pays de Sofalah et
des Wakwaks, situé sur les confins du Zanguebar et au fond
de ce bras de nier. Les Sirafiens font aussi celle traversée, et
j'ai moi-même navigué sur celte mer en partant de Sendjar,
capitale de l'Oman, en compagnie de plusieurs nakhoda, ou
pilotes siraliens, entre autres Mohammed, lils de Zeïdboud
et Djewher, fds d'Ahmed, surnommé Ibn Sirah; celui-ci y
périt plus tard avec tout son équipage. Ma dernière traver-
sée de l'île de Kanbalou à l'Oman remonte à l'année 3o^.
J'étais à bord d'un bâtiment appartenant à Ahmed et à Abd
es-Samed, tous deux frères d'Abd er-Rahim, fils de Djâfar
le Sirahen, habitant de Mikan, qui est un des quartiers de
Siraf, et ces deux mêmes personnages, Ahmed el Abd es-
Samed, fils de Djâfar, ont péri ensuite corps et biens dans
234 LES PRAIRIES D'OR.
^^!j ^jXâJ\j jy^]^ f'iJ-^^J (:J>>û^5^^^^S^^^Î Cj^ »«Xft
(j^ U^lo^lâAJ j-^S^Î '«^^ ^^^j ?-îj'i> ^^ *i^^ tjî dJ>.cu*.)î
^Uwî^^,lô..; li^gj tL*iJl^.iûj pçvIaxJî c.!5XJiJl^ y_j,jCjLi A_a_:*.\jv>
A^-yJI Jl^ ij^jJiS] y ^ Ai] t^i£> js.A* AX,\ ^ *|»XxAaJi ^-s>3
cette mer. Lors de mon dernier voyage, l'émir de l'Oman
était Ahmed, fils deHelal, fils d'une sœur d'el-Kaïtal. Certes,
j'ai navigué sur bien des mers, la mer de Chine, de Roum,
des Khazars, de Rolzoum et du Yemen, j'y ai couru des
dangers sans nombre; mais je n'en connais pas de plus pé-
rilleuse que cette mer de Zendj , dont nous venons de parler.
C'est là aussi qu'on rencontre le poisson nommé el-owal
(baleine), qui atteint quelquefois une longueur de quatre à
cinq cents coudées omari, mesure usitée dans le pays; mais
sa longueur ordinaire est de cent coudées. Souvent, par les
"temps de calme, il sort hors de l'eau l'extrémité de ses na-
geoires, qu'on peut comparer à la grande voile d'un navire;
par intervalles , il dresse la tête et lance par ses ouïes une co-
lonne d'eau qui s'élève au-dessus d'une portée de flèche.
Les marins, qui nuit et jour redoutent son approche, heur-
tent des morceaux de bois ou battent le tambour pour le
tenir à distance. C'est à l'aide de sa queue et de ses na-
geoires qu'il saisit et porte à sa gueule les poissons dont il
CHAPITRE X. 235
i^jJi (^gi^- Am«JÎÀJ t_^Ai.J^jl^Sj5 Jl^j» »_^ÂiaAi jjc^Xifc. Aji>» y_J^:»
iiJC^wJt o«X^ 0>^ ^JJ (<vià.xlî J^A^I^ Or^ *^' |J>' ^^laVii
«_,*5\II (j^ lgJiU.I⣠%^ J!ji/I ^<Xj ^\.i t^SLiU dLik^îU iCijj^jïII
se nourrit; il la dilate de façon à ce que sa proie tombe au
fond de son ventre. Dieu, pour réprimer les excès de ce
monstre, dirige contre lui un poisson qui n'a qu'une
coudée de long, et qu'on nomme lechk (peut-être la leiche,
famille des squales). Celui-ci s'attache à la racine de l'oreille
(évent) de la baleine, qui, ne pouvant se débarrasser de
son ennemi, plongeàunegrande profondeur, se heurte contre
le fond et finit par expirer; on voit alors son cadavre flot-
ter à la surface de l'eau, semblable à une haute montagne.
Lorsque le poisson nommé lechk s'attache à un bâtiment,
la baleine, malgré sa haute stature, n'ose s'aj)procher du
navire, et prend la fuite à la vue de ce faible ennemi, dont
l'attaque est toujours la cause de sa mort.
Il en est de même du crocodile, qui a pour ennemi un
petit reptile vivant sur le rivage ou dans les îles du Nil (le
ncnis, ou mangouste). Le crocodile n'ayant pas d'orifice in-
testinal, ses aliments se convertissent en vers dans son es-
tomac; lorsque ces animaux le tourmentent, il sort du lleuve
et se renverse sur le dos, en tenant sa gueule béante. La
Providence lui envoie alors quelques oiseaux aquatiques,
236 LES PRAIRIES D'OR.
^J^ i^iy^ i *.^Jâj Lt^j JoUi dUi AJL* Ijibc^l «XijjkjdaJî
Jc^Pl i owjJ» «Xi iCAjjjJl dJj y_>Jij j^vlâxi! i^jJl JJi
comme le taïtawi, le haçani, le chamirek, etc. qui, habi-
tués à le voir dans cette situation , dévorent tous les gros
vers qui ont pris naissance dans le corps de cet animal. Le
petit reptile, qui se tient en embuscade dans le sable, pro-
fite de ce moment pour sauter dans son gosier et s'introduire
dans l'intérieur de son corps. En vain le crocodile se heurte
contre le sol et regagne le fond du Nil ; son adversaire , maître
de la cavité où il s'est logé, lui déchire l'abdomen et sort
par cette ouverture; il arrive souvent que le crocodile se
donne volontairement la mort avant d'être délivré du rep-
tile, qui sort ensuite de son corps. Ce reptile, qui n'a guère
qu'une coudée de long , ressemble à la belette , et il est pourvu
d'un grand nombre de pieds et de griffes.
La mer de Zendj renferme encore plusieurs sortes de
poissons, qui présentent les formes les ])lus variées. Sans la
tendance qu'a l'esprit humain à nier ce qu'il ignore, et à
rejeter tout ce qui soi't du cercle habituel de ses connais-
sances, nous pourrions parler d'un grand nombre de mer-
veilles qu'offre cette mer, des serpents et des animaux qu'elle
CHAPITRE X. 237
(jwj l^^ÀAjj j,.*.^.<« j\jji (j^ kA*^^ iCÀJtX^ <JI ^,(^iu»,o ^^ufcAil
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y* o' y'^3-***^'j jjibjl:*.^^! (_jbji (0^' *"î?yi iy=>j^^ y*^^^ t^j^uo
renferme, et, en général, de tous les phénomènes que re-
cèlent les mers.
Mais revenons à notre sujet et décrivons les ramifications
de la mer d'Abyssinie, ses détroits, les baies et les langues
de terre qu'elle forme. Un autre canal, dérivé de la mer
d'Abyssinie, pénètre jusqu à la ville de Kolzoum, sur le ter-
ritoire égyptien , et à trois jours de Fostat (vieux Caire). Ce
canal, qui longe la ville d'Eïlah, le Hedjaz, Djeddah et le
Yemen, a une longueur de quatorze cents milles, sur deux
cents milles de large dans sa moindre largeur et sept cents
milles au point de sa largeur extrême. En face du Hedjaz
et de la ville d'Eïlab , sur la rive occidentale de ce golfe, on
rencontre le pays d'Allaki, le territoire d'Aïdab, situé dans
la haute Egypte et dans le pays des Bedjab ; puis vient le
pays des Abyssins et des nègres, jusqu'à l'endroit où le golfe
rejoint l'extrémité inférieure du pays des Zendjs, non loin
du pays de Sofalah.
238 LES PRAIRIES D'OR.
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Un autre bras de la même mer forme la mer Persique,
qui s'étend jusqu'à Obollah, les Barrages et Abbadan, dans
la province de Basrah. Ce golfe a quatorze cents milles de
long, et à son orifice il n'a pas moins de cinq cents milles
de large; mais en dilférents endroits ses deux rives ne sont
qu'à une distance de cent cinquante milles. La forme de ce
golfe est un triangle, dont le sommet est situé à Obollah. A
l'est il longe la côte du Fars, depuis la contrée de Dawrak
el-Fours, la ville de Mahruban, Siniz où se fabriquent les
tissus brochés et autres étoffes nommées siiiizi, la ville de
Djennaba, qui donne son nom aux étoffes dites djennabi.
la ville de Nadjirem, qui dépend de Siraf, et la contrée des
Beni-Amarah. On rencontre ensuite la côte du Kerman, ou
pays d'Hormuz , ville située en face de Scndjar, dans l'Oman ;
en suivant toujours le bord oriental du golfe, on arrive dans
le Mekran , habité par les hérétiques nommés Choral; ce
CHAPITRE X. 239
/o*ji fj^jS^-* jXi ioo' J<^ (j^^ W^ ^»Xi^J at^-sJI m>^j ^^jS^^
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pays abonde en palmiers. Après Tiz (capitale) du Mekran
commence le littoral du Sind, où sont les bouches du Meh-
ran (Indus), principal fleuve de cette contrée, dont nous
avons fait mention précédemment (voy. p. 207). Dans ces
parages s'élève la ville de Deïboul; c'est là que la côte in-
dienne se joint au territoire de Baroud, où l'on fabrique les
lances dites haroudi; enfin la côte se prolonge sans interrup-
tion, tantôt cultivée, tantôt stérile, jusqu'en Chine. Sur la
rive opposée aux côtes du Fars, au Mekran et au Sind, se
trouvent le pays d'el-Bahreïn , les îles de Kotor, le littoral
des Beni-Djodaïmah, l'Oman, le Mahrah jusqu'au promon-
toire de Djomhamah, situé dans le pays d'ech-Chihret d'el-
Ahkaf. Le golfe renferme plusieurs îles, telles que l'île de
Kharek, nommée aussi pays de Djennaba, parce qu'elle fait
partie de ce territoire et qu'elle est à peu de parasanges de
Djennaba; c'est dans cette île que l'on pêche les perles con-
nues sous le nom de khareki. Telle est aussi l'île d'Owal, ha-
bitée par lesBeni-Maan, lesBeni-Mismar et plusieurs autres
240 LES PRAIRIES D'OR.
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lil ,j*,jjLiJl l^À^ ?-y^ A-^io^VjO» ^i^lj Ul^« *Jia^ >^^^
tribus arabes-, elle n'est qu'à une journée ou mêmemoins des
villes d'el-Bahreïn. Sur cette côte, qui prend le nom de côle
de Hedjer, s'élèvent les villes de Zareh et d'el-Katif; à la suite
de l'île d'Owal viennent plusieurs autres îles, entre autres
celle de Lafet, ou île des Beni-Kawan, qui fut conquise par
Amr, fils d'el-Ass, et l'on y voit encore une mosquée qui
porte son nom; cette île est bien peuplée, couverte de vil-
lages et de plantations. Dans son voisinage est l'île deHen-
djam où les marins font leur approvisionnement d'eau; non
loin de là sont les récifs désignés par le dicton Koçeïr, Owaïr
et un troisième (récif) qui n'est pas moins funeste ; et enfin le
Dordour (tourbillon) ou Dordour Moçendam, auquel les
marins donnent le sobriquet d'Abou-Homaïr (?). Ces écueils
sont formés par de sombres rochers, qui se dressent hors
de l'eau; ils ne renferment ni végétation ni être animé, et
sont entourés par une mer profonde, dont les vagues fu-
rieuses frappent d'épouvante le navigateur qui s'en approche.
CHAPITHE X. 2^1
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P^Xilij jlzs!^ iui*AiL^ (j^'j (:^^/^^'j «jukâ-Jl^ u^*^ u*:;^^
Ces dangereux parages, compris entre l'Oman et Siraf , sont
sur la route directe des bâtiments , qui ne peuvent éviter de
s'y engager; les uns y périssent, les autres s'en retirent sains
et saufs.
Celte mer ou golfe du Fars, nommée mer Persique,
baigne, ainsi qu'on vient de le voir, le Bahrein, la Perse,
Basrah, Oman et le Kernian, jusqu'au promontoire de
Djomhamab. Elle est séparée du canal de Kolzoum (mer
Rouge) par Eïlah, le Iledjaz et le Yemen, c'est-à-dire par
un continent dont la largeur est évaluée à quinze cents
milles, et qui est formé par une langue de terre que la
mer environne de presque tous les côtés ; nous en avons déjà
parlé.
Telle est la configuration des mers qui baignent la Chine,
l'Inde, la Perse, Oman, Basrah, le Bahreïn, le Yemen,
l'Abyssinie, le Hedjaz, Kolzoum, le Zanguebar et le Sind.
Quant aux nombreuses populations qui vivent dans leurs
îles ou sur leurs côtes, Dieu seul qui les a créées en connaît
I. 16
242 LES PRAIRIES D'OR.
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Jo ^<y^ 45wJî Axio* (j>« UjUoj u r -Jl? c^'»'"»-^ >^v" t^«^s?
le nombre, et pourrait les décrire. Bien que chacune de ces
mers soit distinguée par un nom particulier, elles ne forment,
en réalité, qu'une seule mer sans aucune interruption. C'est
là que sont les fameuses pêcheries de perles; on tire du lit-
toral la cornaline, le madindj (alamandine) , qui est une des
variétés du grenat, plusieurs sortes de rubis, le diamant et
le corendon. Aux environs de Kalah et de Serirah, on
trouve des mines d'or et d'argent; des mines de fer dans
le voisinage du Kerman , et du cuivre dans l'Oman. Ces
pays produisent aussi différents parfums , des aromates , de
l'ambre , des plantes médicinales et des simples , le bois de
teck, un autre bois nommé darzendji (Dracœna ferrea) , le jonc
et le bambou. Nous aurons encore occasion d'énuméreravec
plus de détails les localités qui dépendent de cette mer, et
qui produisent des pierres précieuses, des parfums et des
étoffes.
Cette mer est donc connue sous le nom collectif de mer
d'Abyssinie; mais ses subdivisions, qui ont des noms parti-
CHAPITRE X. 243
-)-UJl jj*r^ ^J^\ j^^ jj*jU j^ Uyts» tj_*? I4À-4 .Xs^lj
j-^j «îJé'jj*?^ jsjL^I ^^^ .XjuJi^^j ^l}\j^^ ^j^jfAjj^^
^l_j--« (;j-» IflJLsS" U L^ÀîsL» Uj_jX> j*XxJi^ Ar»-^ (•■'^J'îîJ -XJkXxxi
culiers, comme la mer du Fars, la mer du Yemen , de Kol-
zoum, d'Abyssinie, de Zendj, deSind, de l'Inde, de Kalah,
de Zabedj et de Chine, sont souoiises à des vents diflerents.
Ici le vent qui sort du fond même de la mer gonfle et sou-
lève les vagues, comme l'eau d'une chaudière placée sur des
matières combustibles. Ailleurs le vent, si redoutable au na-
vigateur, sort du fond et se combine avec la brise de terre.
Eniin , en d'autres lieux le vent souffle constamment de terre
. et ne provient pas du fond sous marin. Quand nous parlons
du vent qui sort des profondeurs de la mer, nous entendons
par là les exhalaisons engendrées par la terre, et qui, du
fond de l'eau, montent à sa surface. Dieu seul connaît la
réalité de ce phénomène!
Tous les marins qui fréquentent ces parages rencontrent
ces moussons dont ils connaissent parfaitement les époques.
Cette science est chez eux le fruit de l'observation et d'une
longue expérience , et ils se la transmettent par l'enseigne-
ment et la pratique. Ils se guident d'après certains indices
16.
244 LES PRAIRIES D'OR.
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•pUï (jÎ lAjUi«.tj l^Us»^! «-^Ijèj jl^vJl »»Xift HJijJUo Ls. (j^
*lJLl f-ys^j y^ Jiy^3 ^J-^ (:5^-**'J «î^^^J^J •*'Uî 45-»^*^ ^^ <>^'
et phénomènes particuliers, pour reconnaître l'approche
d'une tempête, les temps de calme et les orages. Ce que
nous disons ici à propos de la mer d'Abyssinie est également
vrai des marins grecs ou musulmans qui parcourent la Mé-
diterranée, et des Khazars de la mer Caspienne qui font la
traversée du Djordjan , du Tabaristan et du Deïlem. Nous
donnerons ailleurs de plus grands détails sur la théorie gé-
nérale des mers, leur description particulière et leur his-
toire. Puisse Dieu, en qui seul est la force, nous assister
dans notre œuvre!
CHAPITRE XI.
OPINIONS DIVERSES SUB LE FLUX ET LE REFLUX; RESUME
DES SYSTÈMES PROPOSES.
Le flux est la marche naturelle et le cours régulier de
l 'eau ; le reflux est le mouvement rétrograde de l'eau au re-
CHAPITRE XI. 245
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4^lJ| jl_sxj| j^lill v_ÀAAâJ!^ ^j^-**Jl^ jL^iit ^jw« AAJ <_AAaJL>
bours de sa marche régulière, et à l'inverse de sa route ha-
bituelle. Ce phénomène existe sur la mer d'Abyssinie, au-
trement dite mer de la Chine , mer de l'Inde, mer de Basrah ,
mer de Perse, et dont il a été question dans le chapitre pré-
céilenl. Les mers se présentent, à cet égard, de trois ma-
nières différentes : ou le flux et le reflux y régnent très-vi-
siblement, ou l'action de la marée est occulte et invisible à
l'œil, ou bien encore elle est absolument nulle. Dans les
mers qui n'ont point de flux et de reflux, l'absence de ce
phénomène est due à trois causes, d'après lesquelles ces
mers se subdivisent elles-mêmes en trois autres classes. Pre-
mièrement, celles dont les eaux presque toujours stagnantes
s'épaississent , s'iniprègnent fortement de sel , et sur lesquelles
les vents se chargent d'exhalaisons. Tels sont ces amas d'eaux
(|ui, pour plusieurs raisons, forment comme des lacs dans
certains endroits : leur baisse, en été, et leur crue, en hi-
ver, dépendent évidemment du tribut plus ou moins consi-
dérable qu'y apportent les fleuves et les sources qui s'y jet-
246 LES PRAIRIES D'OR.
tent. Deuxièmement, celles qui sont trop éloignées du cercle
que parcourt la lune clans ses révolutions , pour pouvoir en
subir l'influence. Troisièmement enfin , celles dont les côtes
sont coupées par de fréquentes interruptions; leurs eaux,
n'étant pas resserrées par des barrières continues, pénètrent
dans d'autres mers , ne forment plus une masse compacte
et unie, et les vents qui viennent de terre, soufflant pro-
gressivement, exercent sur elles une influence victorieuse.
Ce phénomène se remarque surtout dans les parages où se
trouvent des îles.
Les opinions ne sont pas d'accord sur les causes du flux
et du reflux. Les uns lattribuent à la lune et disent, qu'étant
homogène avec l'eau, elle la chaufle et la dilate. Il en
est exactement de même, ajoutent-ils, du feu, lorsqu'il
chaufle et fait bouillir le contenu d'une chaudière. L'eau,
qui n'occupait d'abord que la moitié ou les deux tiers de la
chaudière, étant une fois en ébullition, se dilate, s'élève et
monte jusqu'à ce qu'elle déborde. Son volume alors a dou-
CHAPITRE XI. 247
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blé à l'œil, tandis que son poids a diminué; car c'est uqe des
propriétés de la chaleur de dilater les corps, et une des
propriétés du froid de les contracter. Or le fond de la mer
étant constanmient à une température assez élevée, l'eau
douce qui s'y engendre se transforme peu à peu et s'échauffe,
comme cela arrive dans les citernes et dans les puits. Cette
eau, une fois chauffée, se dilate et augmente de volume,
chacune de ses molécules se poussant et se pressant mutuel-
lement ; puis sa nappe s'étend , sort des profondeurs de l'abîme
et cherche un lit plus large que le sien. Gomme la pleine
lune communique à l'air une chaleur excessive, l'augmen-
tation de l'eau devient surtout sensible à cette époque; c'est
ce qu'on appelle la marée du mois. Lamerd'Abyssinie, ayant
son inclinaison de Testa l'ouest, se trouve sous le cercle de
l'équateur; les sphères des planètes sont placées au-dessus
d'elle, ainsi que les étoiles fixes. Soit donc que les planètes,
dans leurs révolutions, se tiennent directement au-dessus
de la mer pendant une partie de la nuit, soit qu'elles s'en
éloignent en effet, leur déclinaison n'estjamais telle qu'elles
248 LES PRAIRIES D'OR.
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*m ij-« ^jk^ U 9y=>-j *J^-*-^ tjt^)Ixc»l %f^y* Ax^kj Qo^'i'î (3-$
^Lm tf«X^ iLX^ jM.(\«J{ c:aj\^^^ ïJy^ <>Jii\ ^mkh^wjIj ^Im
ne conservent leur influence sur toute son étendue le jour
et la nuit. Il faut noter, en outre, que l'augmentation de
l'eau se présente rarement dans les régions correspondantes
à cette mer dans l'autre hémisphère; et dans les fleuves où
le flux a lieu d'une manière sensible, on ne le remarque
que près des côtes, et à cause des affluents qui s'y déversent.
D'autres disent au contraire : Si la marée était due à une
influence semblable à celle du feu, lorsque chauffant le li-
quide contenu dans une chaudière, il le dilate et augmente
son volume; si l'eau, débordant, abandonnant les profon-
deurs de la terre et y retournant ensuite, comme poussée
par une force irrésistible, se comportait exactement comme
l'eau qui, après avoir bouilli et s'être échappée sous l'im-
pulsion incessante des molécules du feu, rentre dans le
vaisseau qui la contenait; ce phénomène devrait surtout
se produire sous la chaleur plus puissante du soleil : si le
flux était déterminé par le soleil, il devrait commencer
avec le lever de cet astre, tandis que le reflux coïnci-
derait avec son coucher. Ils prétendent donc que le flux
CHAPITRE XI. 249
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diAj cytXJjJ »»JM Jl fr^3 <\ifeU^ «^li iiî j-iS^Jl yl iJJi>^
et le reflux doivent être attribués aux vapeurs qui s'en-
gendrent dans l'intérieur de la terre, et qui, acquérant
sans cesse plus de densité, exercent sur les eaux de celle
mer une pression violente, et les chassent devant elles;
ce qui dure jusqu'à ce que ces vapeurs venant à diminuer
d'intensité, les eaux rentrent dans leur lit naturel; et c'est
ce qui explique pourquoi le flux et le reflux ont lieu
la nuit comme le jour, l'hiver comme l'été, que la lune
soit cachée ou visible, au coucher du soleil aussi bien
(ju'à son lever. Ils ajoutent : L'œil lui-môme peut s'assurer
de la vérité de cette explication, puisqu'il est manifeste que
le reflux n'a jamais atteint son ternie quand le flux com-
mence, et que la fin du flux n'est pas accomplie quand le
reflux reparaît déjà. C'est que , en effet , les exhalaisons se pro-
duisenl sans interruption, et qu'à peine dissipées, d'autres
s'engendrent à leur place; et il ne peut en être autrement,
puisque toutes les fois que l'eau descend et retourne dans
son lit ces vapeurs s'exhalent de la partie de la terre xjuiest
250 LES PRAIRIES D'OR.
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^^C^- ^^^ ^^>^^ (j^^*^* (^' ow>^'<^ <i^^^ (^^3 Jl»> «Xaj if\j>-
en contact avecl'eau. Ainsi chaque retour de l'eau engendre
les exhalaisons, et chaque débordement en produit i évapo-
ra tion.
Des hommes religieux soutiennent, au contraire, que,
pour toutes ces choses, qui dans la nature n'ont rien d'ana-
logue ni rien de semblable, il faut reconnaître l'action di-
vine, qui montre l'unité et la sagesse de Dieu; or le flux et
le reflux n'ont ni cause ni analogie dans la nature.
D'autres comparent le soulèvement des eaux de la mer
à celui de certains tempéraments. Gomme vous voyez les
tempéraments bilieux, sanguins ou autres s'agiter, puis en-
suite se calmer; de même certaines matières, étendant suc-
cessivement la nappe des eaux , lui donnent une force qui
la fait gonfler; puis elle se calme peu à peu, et retourne
dans son lit.
D'autres encore, n'admettant aucune des explications que
nous avons énumérées, prétendent que l'air qui plane sur
la mer se transforme continuellement. Cette transformation
CHAPITRE XI. 251
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jLJô ii jJLI «^Jjf iLi-ft ^1 Uîj viUi Jyj» Ja.s^.-**j ^j\^ u
augmente le volume de l'eau, qui bouillonne et ensuite dé-
borde : c'est ce que l'on appelle le flux. L'eau , à son tour, ve-
nant à se transformer par l'évaporation , se change en air,
et l'eau retourne dans son lit; c'est ce que l'on appelle le
reflux. Ces deux phénomènes se suivent sans interruption
aucune, et tantôt l'eau se transforme en air, et tantôt l'air
en eau. Or il est tout naturel que la marée soit plus forte
pendant la pleine lune , puisque , à cette époque , les variations
de l'atmosphère sont plus considérables que jamais. Ainsi la
lune détermine une marée plus forte, mais non la marée
elle-même, puisqu'elle peut bien se montrer pendant que
la lune est en décroissance, et que, dans la mer de Perse,
le flux et le reflux ont presque toujours lieu vers l'aurore.
Plusieurs des nakhoda, ou patrons de Siraf ou d'Oman,
qui naviguent dans ces parages et visitent alternativement
tous les endroits habités par les tribus disséminées dans les
252 LES PRAIRIES D'OR.
^j^ùS ^jjLiwo i *Ul LJo viUi ^j\^ tils j^i iiL- JUûJL
tj ^jl^ îiU j-^l iuU« ^^yXÀ^J "ùjS. UvJmJI j^^ i «J^ ^yi
^ sLaJLî Jjijj aaJ^ iU^Us JlcviJt v.y^ uAAAoli i vy^
<_*^_À-JI i (j*s<\iJl ciwl^liî JJJsJS^ iUJl^wJt j^js^Jt i^^s-
îles ou sur les côtes voisines, prétendent que le flux et le
reflux, dans la plus grande partie de cette mer, se divisent en
deux saisons; l'une d'été, dansladirection du nord-est, durant
six mois; alors la mer hausse dans les régions orientales,
en Chine et dans les parages environnants où elle se con-
centre, pour ainsi dire, à l'exclusion des régions occiden-
tales; l'autre d'hiver, dans la direction du sud-ouest, durant
six autres mois. De sorte qu'au retour de l'été, l'eau qui
était très-haute dans les régions occidentales vient de nou-
veau se concentrer dans les parages de la Chine. La mer
obéit à l'action des vents. Lorsque le soleil prend sa course
vers le nord, un courant d'air s'établit dans la direction du
midi, pour des causes que la science explique; alors l'eau
de la mer prend aussi celte direction méridionale; c'est
ainsi que pendant l'été, sous l'influence du vent du nord,
la masse des eaux de l'Océan s'accumule et s'élève dans le
sud, tandis qu'elle diminue dans les mers septentrionales.
De même, quand le soleil est au midi et que le courant de
l'air a lieu du sud au nord, leau, suivant cette môme direc-
CHAPITRE XI 253
^jss* cjy» *I »X^ yl kiUi^ I Jw»5 l^j^ tr*^*^ V>M^5 JtoiuJl
tjOl^l QOJt) ^j_iUI (3-»l^ (jlï vy*^jj^ JUw-Jl *><-«^ JlffuJl
ii^4 Ji^^^i *U v^s*^' »jJ*>J «xx-i!^ I_^î ^J:kfr^ dJjJ
tion, quitte les régions méridionales, poui venir aflluer dans
les régions septentrionales. Or le déplacement des eaux de
la mer, dans ces deux directions septentrionale et méridio-
nale, est précisément ce qu'on appelle flux et reflux; car
il est à remarquer que ce qui est flux au sud est reflux au
nord, et que ce qui est flux au nord est reflux au sud. Quand
la lune vient à se rencontrer avec l'une des planètes pendant
l'un de ces déplacements, les deux actions, celle de la cha-
leur et celle du vent, venant se corroborer mutuellement,
le roulement des eaux de la mer sur le côté opposé à celui
où se trouve le soleil en devient plus violent. Cette opinion,
que la mer subit l'influence du mouvement des vents, est
celle d'el-Kendi et d'Ahmed, fils d'et-Taib es-Sarakhsi.
Voici ce ([ue j'ai vu dans l'Inde, sur le territoire de la
ville de Gambaye, célèbre par ses sandales, nommées san-
dales de Gambaye, qui y sont d'usage, ainsi que dans les
254 LES PRAIRIES D'OR.
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«xJLI J-S>i «X_5^ î^-^î-ii^jU» «Xij -f^li! ^À* v-»^ *^* (S^^
villes voisines, telles que Sendan et Soufareh (Soufalali).
J'étais à Cambaye dans l'année 3o3, alors qu'un brahme
nommé Bania y régnait au nom du Balhara, souverain de
Mankir. Ce Bania traitait avec la plus grande faveur les
musulmans et les sectateurs d'autres religions qui arrivaient
dans son pays. La ville de Cambaye est située sur une baie
profonde, plus large que le Nil, que le Tigre, ou que
l'Euphrate, dont les bords sont parsemés de villes, de mé-
tairies, de champs cultivés, de jardins plantés de cocotiers,
et où se trouvent des paons, des perroquets et d'autres es-
pèces d'oiseaux de llnde qui habitent ces parages. Entre la
ville et la mer qui forme cette baie il y a un peu moins de
deux journées. Cependant le reflux s'y fait sentir avec tant de
force, que Ton dislingue sans peine le saille qui est au fond,
et qu'il ne reste que peu d'eau au milieu même du canal. Je
vis un chien couché sur ce sable que l'eau avaii laissé à ser,
CHAPITRE XI. 255
iS^^3 ^jUAij -ïfîS-^?^ *i <_<ojJI liLIUift ^^.«wj^ j«XjuUI i5>o^
(j^ Xiy,_*_j %yiioyX\ I^X-fi^^ qJUwJI C-jL^ÛpI <ÎÙ^ ?-y-*~^. (<!^*
^jUjum <^i*^ (j-^u (jbj'^ C5>)^^ ^^ ti' kiU^Ajft jiXwwj
et qui ressemblait à la plaine aride du désert. Tout à coup
le flux s'avança de l'ouverture de la baie, pareil à une haute
montagne. Le chien, s'apercevant du danger qu'il courait,
ramassa toutes ses forces pour gagner la terre ferme; mais
le flot rapide et impétueux l'atteignit dans sa course et le
submergea.
Il en est de même de la marée entre Basrah et el-Ahwaz ,
dans les parages appelés el-Bacian el le territoire de Koun-
dour (Condol). Là on a surnommé eclDib «le loup» les
mugissements, les bouillonnements et les bruits terribles
que fait entendre la mer, et qui effrayent les bateliers. Au
surplus , cet endroit est connu de tous ceux qui le traversent
pour aller dans le pays de Dawraq et la Perse.
256 LES PRAIRIES D'OR.
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(^j\_j U ^?S^ii l«X_iÛ ^ fc*b^_^ ^^Aàî^ j^Uil j.>? (jw« ^<-s?
CHAPITRE XII.
LA MER DE ROHM ( MÉDITERRANÉE ) ; OPINIONS DIVERSES SUR SA
LONGUEUR, SA LARGEUR, LES LIEUX OÙ ELLE COMMENCE ET OÙ
ELLE FINIT.
La mer de Roum (Méditerranée) baigne Tarsons, Ada-
nah, Massissah, Antioche, Latakieh, Tripoli, Saida, Sour
(Tyr) et d'autres villes de la côte de Syrie, l'Egypte,
Alexandrie et la côte du Magreb. Plusieurs auteurs des
Tables, dans leurs ouvrages astronomiques, comme Mo-
hammed fils de Djabir el-Boutani et d'autres, disent que la
longueur de cette mer est de cinq mille milles, et que sa
largeur varie de huit cents à sept cents et même à six cents
milles et moins, selon que la mer est resserrée par le con-
tinent ou le continent resserré par la mer. Cette mer com-
mence par un bras qui se détache de l'Océan, et dont la
CFIAPITKE Xll. 257
f^ (jvX=«-l<M*.Jl (^j l ic> » <5Ui7^j ^^a^*»*J *«-Jj>/*^^ t**J^' J^^
j.^5«xjL»uj ij**^'^'^ <-5^-^ *Ti^*^' ti' (_j<wJ«x.j>yi tj-«j jjMJ«xj,yi ji
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*l»l JjlyiJi S^Mi^ qAj^! (jbji^ 0*^;-^* *^î>^ (iJ-^ Jwxiidt
}^ JOIi J^>û UW ^i «jL^j ^J*.U^JI jU.il u^Uil
partie la plus étroite est située entre la côte de Tanger et
de Ceuta , dans le Magreh, et la côte d'Espagne. Cet en-
droit, connu sous le nom de Syta, n'a qu'une largeur
d'environ dix milles, qu'il faut traverser pour aller du Ma-
greb en Espagne et d'Espagne au Magreb. On le nomme 62-
Zohik >' le détroit ». Dans la suite de cet ouvrage (quand nous
traiterons de l'Egypte) nous parlerons du pont qui reliait
les deux côtes d'Europe et d'Afrique, et nous dirons com-
ment il fut submergé. Nous ferons aussi mention du passage
qui existe entre l'île de Chypre et le territoire d'el-Arich,
et qui était fréquenté par les caravanes.
Au point de jonction de la mer de Roum et de l'Océan
se trouvent les phares de cuivre et de pierre bâtis par Her-
cule le héros; ils sont couverts de caractères et surmontés
de statues qui semblent dire du geste : « 11 n'y a ni route
ni voie derrière nous, pour ceux qui, de la mer de Roum,
voudraient entrer dans l'Océan. » En effet, aucun navire ne
258 LES PRAIRIES D'OR.
JUj j^Jjsjiil tK^Î (j^ kX=*^ («"fr*-^ ^5j 'j[; ^j *■*-* îj«i^Uï
jy^Mt>ji SvAâk.^ iùcuit^ iO^Ux^ (^^i ^ i(tX^ <3uj olx* JaA-<v.Jt
le parcourt; on n'y trouve pas de terre cultivée et habitée
par des êtres raisonnables; on n'en connaît ni l'étendue ni
la fin; on ignore le but où elle conduit, et on la nomme
mer des Ténèbres, mer Verte ou mer Environnante. On a
soutenu que ces phares ne s'élevaient pas sur ce détroit,
mais sur des îles de la mer Environnante situées près de la
côte. C'est une opinion assez généralement répandue, que
celte mer est la source de toutes les autres mers. On en ra-
conte des choses merveilleuses, que nous avons rapportées
dans notre ouvrage intitulé, les Annales historiques , en par-
lant de ce qu'ont vu les hommes qui y ont pénétré au
risque de leur vie, et dont les uns sont revenus sains et saufs,
tandis que les autres ont péri. Ainsi un habitant de l'Es-
pagne nonuiié Khachkhach, et natif de Cordoue, réunit une
troupe déjeunes gens , ses compatriotes, et voyagea aveceux
sur l'Océan dans des embarcations qu'il avait équipées. Après
une absence assez longue, ils revinrent tous chargés de bu-
CHAPITRE XII. 259
*j>^>^ *i?;«ivAXwi/i tNJ^*-* u**^^ ^y^iy^^ T^y^'^i (•UïJi ^j».L*(
^-Ô^JLl i«XJÎ> (JSnS^ XAAÀaO v^ «XJLiU > iiAAJCtfi &w>\.>a /Mii^JiJ^Î
pU.^s-t l^i^^LJi isjut jj^ t^J^ii (j^^t JW- b)5i JOv*
tin. Au surplus cette histoire est connue de tous les Espa-
gnols.
Entre l'endroit où ce phare est établi et le point où com-
mencent les deux mers, la distance est longue, tant qu'on
reste dans ce détroit et qu'on est sous l'influence de son
courant, parce que l'eau qui passe de l'Océan à la nier de
Rouru a un courant sensible et un mouvement considé-
rable.
De la mer de Roum, de Syrie et d'Egypte se détache un
canal d'environ cinq cents milles, qui va rejoindre la ville
de Rome , et s'appelle dans la langue du pays Adras (Adria-
tique).
Dans la mer de Roum il y a beaucoup d'îles, comme celle
de Chypre, entre la côte de Syrie et celle de Roum, Rhodes
en face d'Alexandrie, l'île de Crète et la Sicile. Nous par-
lerons de cette dernière lorsque nous traiterons de la mon-
tagne el-Borkan (l'Etna) , qui lance des feux accompagnésde
corps et de matières considérables.
Iakoub, fils d'Ishak el-Kendi , et Ahmed, fils de Taib es-
'7-
260 LES PRAIRIES D'OR.
*Aij Jjs« i^>\— «^-A-i" J-»«^' i xo^^ J-*^ ^U^ i-aJÎ ^y^^
Sarakhsi, ne s'accordent pas avec ce que nous avons dit
quand ils décrivent la longueur et la largeur de cette mer.
Au surplus, nous en parlerons ci-dessous dans cet ou-
vrage, et nous en donnerons une description d'après l'ordre
et la disposition de ce livre.
CHAPITRE XIII.
LA MER NITAS (PONTDS), LA MER MAYOTIS ET LE DETROIT
DE CONSTANTINOPLE.
La mer Nitas s'étend du pays de Lazikah (Laz) jusqu'à
Conslantinopie, sur une longueur de onze cents milles et
une largeur qui , à son origine , n'a pas moins de trois cents
milles. Elle reçoit les eaux d'un grand fleuve, connu sous
le nom de Tanabis (Don), et dont nous avons déjà parlé.
Il a sa source daus les régions septentrionales; ses bords sont
habités par de nombreux descendants de Jafet, fils de Noé.
Il sort d'un lac considérable situé au nord , et formé par des
CHAPITRE XIII. 261
iùlxJl i£^i> (,j^ ^y3 ^-^j MN» yoJajU j^ (^.aîUaj i^^l» «xJ^
^]â£. j^ J.^\ ijsJfcj ^J*JaaJ^^-^ JI i-A^aj (;^Ù5*. yl*i.iî I«X4j
^^.jisÀJ AÂ^^ Joy» *jU iîUàjXj J^yo ajUUo ^i^Is JjtS?^ *j-iS>;
sources nombreuses et les eaux venant des montagues. Après
avoir coulé l'espace cVenviron trois cent mille parasanges,
au milieu d'une suite non interrompue de pays cultivés ap-
partenant aux enfants de Jafet, il traverse la mer Mayotis,
suivant l'opinion de plusieurs personnes versées dans ces
connaissances, puis enfin se décharge dans la mer Nitas.
C'est un cours d'eau considérable, dont plusieurs philo-
sophes anciens ont fait mention. On y trouve différentes es-
pèces de minéraux , d'herbes et de drogues. H y a des per-
sonnes qui ne considèrent la mer Mayotis que comme un
lac, ne lui donnant en longueur que trois cents milles sur
cent milles de largeur.
De la mer Nitas se détache le canal de Constantinople,
qui se décharge dans la mer deRoum, après un cours d'en-
viron trois cent cinquante milles. Con^itantinople est située
sur ce canal dont les bords, dans toute leur étendue, sont
couverts d'habitations. La ville se trouve sur le côté ouest
et fait partie des pays de l'Occident, qui de ce détroit s'éten-
dent jusqu'à ceux de Rome, de l'Espagne et autres. D'après
262 LES PRAIRIES D'OR.
jl:^l » J^ i «-*5^ (j^^ (^^ JUo^tj /i^i (J-* UsUùsi^i
l'opinion des astronomes qui ont dressé des tables, et d'autres
savants anciens, la merdes Bulgares, cl es Russes, des Becljna?
des Bedjnak (Petchenègues) et des Bedjgourd (Bachkird),
dont les trois derniers sont des races turques, est la même
que la mer Nitas. Nous reviendrons sur ces peuples, plus
bas dans cet ouvrage, s'il plaît à Dieu, à l'endroit où nous
croyons devoir les mentionner. Nous énumérerons alors
tous leurs établissements, et nous parlerons de celles de ces
tribus qui naviguent sur ces mers comme de celles qui n'y
naviguent pas. Au surplus, Dieu seul possède la science, et
il n'y a de force qu'en lui , l'être suprême et puissant.
CHAPITRE XIV.
mer de bab-el-abwab, des khazars et de djordjan ( mer
Caspienne) ; de la place que les mers occupent sur le
GLOBE.
La mer des Barbares (Caspienne) qui ont couvert ces
CHAPITHE \1V 263
j>-=^^ v'^^'^ t_>LJ!^.^Sj o3(^jcLl^4* *ijl4i3-^jLw ij^ ij*UJIj
parages de leurs établissements, est connue sous le nom de
mer de Bab-el-Abwab, mer des Kbazars , de Djil (Guilan) , de
Deïlem, de Djordjau, de Tabarestan. Ses côtes, qui sontoc-
cupéespar plusieurs tribus turques, se prolongent d'un côté
jusqu'au pays de Kbarezm et du Kboraçan. Elle a une lon-
gueur de huit cents n)illes, sur une largeur de six cents milles,
et représente à peu près un ovale dans le sens de sa longueur.
Nous donnerons ci-dessous , dans cet ouvrage , quelques dé-
tails sur les populations qui entourent ces mers si fréquen-
tées. Cette mer, que nous avons nommée mer des Barbares,
renferme dans son sein des monstres qu'on appelle tenanin,
dont le singulier est lennin.
11 en est de même de la Méditerranée, où les monstres
marins sont en grand nombre, surtout dans les parages de
Tripoli de Syrie, de Latakieh et de la n)ontagne el-Akra ,
qui fait partie des dépendances d'Antioclie. C'est sous cette
montagne que se trouvent les plus grands amas d'eau de toute
cette mer; aussi est-elle appelée par excellence le fondement
26/1 LES PRAIRIES D'OR.
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J»(**xJi ^i^_5 i^UJî j^jO j.^0! I jsjfc <J1 <-r*'*<iJ ^-tf (•5;—^' (j^'
de la mer. La Méditerranée s'étend jusqu'aux côtes d'An-
tiocbe, de Rousis (Rhosus), d'Alexandrie, d'Aias, de Hisn
ei-Motakkab située au pied du mont Lokkam; elle baigne
la côte de Massissa, où sont les bouches du Djihan, la
côte d'Adanah, où se jette le Sihan, et la côte de Tarsous,
où se jette l'el-Baredan (Cydnus), appelé aussi fleuve de
Tarsous. Le pays qui suit est privé de toute culture et dé-
sert; il forme la limite entre les terres des musulmans et
celles des Grecs, du côté de la ville de Kalamieh jusqu'à
Chypre, Candie et Karaçia; puis on rencontre le territoire
de Seloukia (Seleucia Trachea) et son grand fleuve (Caly-
cadnus) qui s'y jette dans la mer, et toutes les places fortes
du pays de Roum jusqu'au canal de Constantinople. Nous
passerons sous silence les nombreux fleuves de cette région
qui versent leurs eaux dans la Méditerranée, tels que le fleuve
el-Barid, le fleuve el-Arel, etc. Les côtes de celte mer com-
mencent au détroit dont nous avons parlé plus haut, et sur
lequel est situé Tanger, dont le territoire se relie au littoral
CHAPITRE XIV. 265
^jMk-A_À_J>^ Js_A_^^ iÙj4XAX.W^I ^^J^ ii3ljt.J!^ ^y^ (.K^^^^
du Magreb; puis viennent la région appelée Ifrikiyah, es-
Sous, Tripoli de Barbarie, Kairowan, la côte de Barkah ,
er-Rifadeli, Alexandrie, Rosette, Tunis, Damielle, la côte
deSyrie et de ses villes frontières, la côte du pays de Rouin,
s'étendant juscju'aux terres habitées par les Latins, puis se
reliant à la côte d'Es[)agnc, qui vient elle-infîme aboutir
au rivage opposé à Tanger, sur le détroit de Ceuta, Sur
tonte cette ligne, le continent et le pays habité, soit par
des nuisidnians, soit par des Grecs, ne sont interrompus
que par le cours des fleuves, par le canal de Constanii-
nople, dont la largeur est d'environ un mille, et par quel-
. ques autres canaux qui, se déchargeant dans la Méditerra-
née, ne pénètrent pas bien avant dans les terres. Ainsi donc,
toutes les contrées riveraines de cette mer forment une suite
non interrompue de côtes, se reliant entre elles sans inter-
ruption, sauf les échancrures que produisent les fleuves et le
canal de Constantinople. La Méditerranée, avec les pays qui
266 LES PRAIRIES D'OR.
iv.f-i&l6 -t'Ij^i! «i uaJIJax,miI /»>j «^UjJt^ iJv^^ /<v(M>i&^ jUxJl
l'entourent jusqu'à ce détroit qui sort de l'Océan, et où se
trouve le phare, puis la côte de Tanger et celle d'Espagne,
ressemble à une coupe dont le détroit sérail la poignée. En
effet, une coupe figure assez exactement cette mer, qui ce-
pendant n'est pas ronde, d'après ce que nous avons dit de
sa longueur.
On ne connaît point de monstres marins dans la mer de
l'Abyssinie , ni dans les golfes qui en dépendent et que nous
avons décrits; mais ils abondent du côté de l'Océan. Au sur-
plus, les opinions varient sur leur origine et leur nature. Les
uns pensent que le tennin est un vent noir qui se forme au
fond des eaux, monte vers les couches supérieures de l'at-
mosphère et s'attache aux nuages, semblable au zouhaah
(trombe de terre) , qui se soulève sur le sol et fait tournoyer,
avec lui la poussière et tous les débris de plantes des-
séchées et arides. Ce vent s'étend sur un plus grand es-
pace à mesure qu'il s'élève dans les airs, de sorte qu'en
voyant ce sombre nuage accompagné d'obscurité et de tem
pètes, on a cru que c'était un serpent noir sorti delà mer
CHAPITRE XIV. 267
<^1; (j-* /••^À^.j r^^' Ls^^j-^^ *yaii t->l^i^ ijL:à**.Jl ii_j-*«J
^i^àS \^yi^^ U"-*^ ^;;^ tKSr* j'^>^ (J-* (^N^^ *^ (j-« ^^•(V^
D'autres pensent que le tennin est un reptile qui vit dans
les profondeurs de l'Océan; devenu fort, il fait la guerre aux
poissons, et alors Dieu lui envoie les nuages et les anges,
qui le font sortir de l'abîme sous la forme d'un serpent noir,
brillant et luisant, donl la queue renverse sur son passage
les édifices les plus solides, les arbres , même les montagnes,
et dont le soufile seul déracine une multitude de troncs vi-
goureux. Le nuage le jette dans le pays de Yadjoudj et Ma-
djoudj , où il fait pleuvoir sur lui une grêle qui le tue, après
quoi sa chair sert de nourriture aux peuplades de Yadjoudj
et Madjoudj. Telle est l'opinion qui est attribuée à Ibn Ab-
bas. Il existe encore d'autres opinions sur le tennin. Les his-
toriens et les compilateurs d'anecdotes fournissent à cet égard
beaucoup de détails du même genre, que nous nous abstien-
drons de mentionner ici. Ainsi les lennins seraient des ser-
pents noirs, vivant d'abord dans les plaines et les mon-
tagnes, où les torrents et les pluies, les surprenant, les
268 LES PRAIRIES D'OR.
L^_LjJL> ^^ (j^-yUJi (j^ vAA^» L^lb jUil o*k^ jj jUi^-i^l^
iuî:> j-^.Ij ^^ ws^Jl j.A^^ a:cjI* liJ^ilj Jov^t i <XjtA3 4^«>J'{
entraînent dans la mer. Là, nourris des nombreux reptiles
qu'elle renferme, leurs corps deviendraient énormes, et leur
vie d'une grande durée. Celui de ces serpents qui aurait
atteint cinq cents ans serait le maître de tous les autres
serpents de la mer, et alors arriverait ce que nous venons
de rapporter d'après Ibn Abbas. Enfin il y aurait des ten-
nins noirs et d'autres blancs comme le sont les serpents eux-
mêmes.
Les Persans, bien loin de nier l'existence du tennin dans
la mer, prétendent qu'il a sept têtes et l'appellent adjdu-
han. Ils y font souvent allusion dans leurs récits. Dieu seul
sait la vérité dans tout cela. Au surplus, comme beaucoup
d'esprits rejettent les histoires de ce genre, et que bien des
intelligences ne les acceptent pas, nous ne nous risquerons
pas à les rapporter. Telle est l'aventure d'Amran, fils de
Djabir, qui remonta le Nil jusqu'à sa source et traversa la
mer sur le dos d'un animal qu'il tenait fortement par la
crinière. C'est un animal marin d'une telle dimension, qu'à
le mesurer seulement jusqu'à une petite partie de ses jambes ,
CHAPITRE XIV. 269
U^ i^b ^J CA_)*X»iI c_>L=fip| i\jj^&. ci>lsîj-sfc. (J-» (iLJi> wA^j
(J-» ^j^^ ^^j^ (^ j x^ j^ ^i ^.â^J! Ixiw^ i (_,u&*xJt (j^ xo
(j'^M J» ij-* jàs.^^ijXto'^S^ ^<yù\^ j^%^ yis.st^'^S k^yiUJl
il dépasse le disque du soleil, depuis le commencement de
son lever jusqu'à son coucher. Le monstre avait la gueule
ouverte dans la direction du soleil, comme pour l'aspirer.
Amran passa la mer en se cramponnant à la crinière de cet
animal, tandis qu'il était en mouvement; il vit ainsi l'eau
du Nil venant du paradis et jaillissant de certains châteaux
d'or. Après avoir leçu du roi une grappe de raisin, il re-
tourna chez l'homme qui l'avait vu partir, et qui lui avait
enseigné comment il devait faire pour remonter à la source
du Nil; mais il le trouva mort. Ensuite Amran, avec sa
grappe de raisin, eut affaire au diable. Ce récit, et d'autres
plus merveilleux encore inventés après coup, sont dus à
l'imaginalion des traditionnistes. II en est ainsi d'une pré-
tendue coupole d'or située au milieu de la mer Verte, et
portée sur quatre colonnes de rubis vert, rouge, bleu et
jaune. De ces quatre colonnes suinte une grande quantité
d'eau qui se répand dans la mer Verte, vers les quatre
poinls cardinaux, sans jamais se mêler ni se perdre. Arri-
270 LES PRAIRIES D'OR.
JlU! y! l^j e>t^J| ^î;.iî^ U^-^*^V=- «^^aJÎj U^'îStS*- â^i^
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j-Jftj V^b "^^ ^^ Ç;*^ J-f^ bjJjï Uj^^jyil \j^^ W**>ï?
vée aux côtés différents du iittoral delà mer, cette eau forme
le Nil, ailleurs le Sihan, en un troisième lieu le Djihan, et
enfin l'Euphrate. Un autre conte du même genre nous re-
présente l'ange chargé de la surveillance des mers, posant
le pied sur l'extrémité de la mer de Chine; l'eau fuit devant
lui en bouillonnant, et il en résulte le flux; lorsque l'ange
retire son pied, l'eau, revenant à sa première place et ren-
trantdansson lit , produit le reflux. C'est exactement comme
un vase à moitié rempli d'eau. Si l'on y place la main ou
le pied, l'eau monte jusqu'aux bords du vase; si on les re-
tire, elle rentre dans ses limites. D'autres prétendent que
l'ange met seulement le pouce de sa main droite dans la
mer pour produire le flux, et qu'il l'en retire pour faire
naître le reflux.
Les choses que nous venons de raconter ne sont ni ab-
solument impossibles, ni imposées à notre croyance, mais
entrent dans la catégorie de ce qui est possible et admis-
sible. Comme tradition elles proviennent de simples indi-
vidus, et ne portent pas le caractère de ces histoires qui ont
CHAPITRE XIV. 271
^J\à JoUll i j«XjiW xnioUil J-^l^ (fcoiW &Ar>._^i jUiwiJI (J-.
U Ji :>Ux>^i^ l^ j<vLwjJl <-.«.=?-^ l(}A-<<' t-oa-jj Joii:> ^xi^li
j_c /i^yiJ I4J J..««ikJIj xjjtjjMj\ j\j<À^^\ ^j^ UAs aM{ «...w-a-^I
^jU t^^Julî AÀ« «B-^^l^j Uj »j*Xiê. J^jiAwpi x).^>ui Uj *M*3
Ui^ JJi i (j-UIl »j5i> u Ujl UjUïj «XJii b^i U !«-) ^
U A^i Ut tJ^ y^j I^VIt^ (^ V^^ t_>UJiî \ùUb ^ b:>jjl
été transmises par une suite non interrompue d'hommes
dignes de foi, ni de celles qui se sont répandues sans con-
testation parmi les musulmans, qui deviennent obligatoires
dans la théorie comme dans la pratique, et qu'il n'est pas
permis de rejeter. Lorsque des traditions de cette espèce sont
accompagnées de preuves qui en démontrent la vérité, on
doit les accepter avec soumission, et s'y conformer; quant
aux récits contenus dans l'Ecriture et aux règles de conduite
qu'ils nous tracent, il faut obéir à ce précepte du Koran
(lix, 7) : b Ce que le Prophète vous apporte, acceptez-le ; ce
qu'il vous refuse abstenez-vous-en. » Quant aux légendes
que nous avons rapportées, quoique dénuées de preuves,
nous avons voulu en faire mention afin de bien convaincre
le lecteur ([ue dans ce livre, comme dans nos autres écrits,
nous avons examiné scrupuleusement les faits que nous
avons recueillis, et que les sujets que nous y traitons ne nous
sont pas étrangers.
Quant aux mers qui se trouvent sur la partie habitée de
ce globe, on fixe généralement leur nombre à quatre;
272 LES PRAIRIES D'OR.
^•y, », ii j--AJt l^ijU iiKxoX,* w*i. ^xaiJL/o iow-w l^i ^^ ^w,«
8«X_iû jj^^w-A-Jj l.gj6\jç« jUa-jii l«X_.^-Î3 U—*? l*i*wj U U-^^
^j*,JaA3 ♦.^S* (jA'-Î^J'^Sj J«Aa^ jfe^-*' ^'^ ^4^ (5^ ^j 2>Uii
&Môt U iU.(v«A,3 (jw^j -#xUfc.i^ ^j^m (jjyj kiUi jUo^ KAbl^i
d'autres en comptent cinq, d'autres six, d'autres, enfin, en
reconnaissent jusqu'à sept, toutes bien distinctes les unes des
autres et sans communication. Nous citerons d'abord la mer
d'Abyssinie, puis la Méditerranée, puis la mer Nitas, puis
la mer Mayotis, puis la mer des Khazars, puis enfin l'O-
céan, dont on ne connaît pas les limites, et qui est aussi
nommé mer Verte, mer Ténébreuse ou mer Environnante.
La mer Nitas communique avec la mer Mayotis , et se joint
à la Méditerranée par le canal de Constantinople qui s'y
décharge. Comme nous l'avons dit, cette dernière tirant elle-
même son origine de la mer Verte, toutes ces mers ne for-
meraient, suivant cette description, qu'une seule et même
masse d'eau, dont toutes les parties se relient entre elles.
Toutefois ces mers ni aucun de leurs affluents n'ont de com-
munication avec la mer d'Abyssinie.
Le Nitas et le Mayotis ne doivent être qu'une seule et
même mer, quoique le continent les resserre à un certain en-
droit, et qu'il y ait un canal qui les réunit l'une à l'autre. Si
CHAPITRE \IV. 273
^j*»JaAj ^-tfuo o^u J^'i^ ^À^ (jj^ ^-? t_yob.>Lg s^U^jiAj^ xk*
..M •*"
dans l'usage on a appelé Mayotis la portion la plus large de
cetle mer, celle où l'eau est le plus abondante, el Nitas la
partie resserrée et peu prolbnde, il n'en est pas moins cer-
tain que chacune de ces dénominations les désigne toutes
deux, et si dans certains passages de ce livre nous disons
Mayotis ou Nilas , nous entendrons toujours par là aussi bien
!a portion large de cette mer que celle qui est étroite.
Bien des personnes ont avancé, mal à propos, que la mer
des Rhazars communiquait avec la mer Mayolis. Quant à
moi, parmi tous les négociants qui avaient parcouru le pays
des Kbazars ou qui avaient traversé la mer Mayotis et la mer
Nitas pour se rendre chez les Russes et les Bulgares, je n'en
ai vu aucun qui prétendît que la mer des Khazars commu-
niquât avec l'une de ces mers, ou bien avec l'un de leurs
aflluents ou des canaux cjui les réunissent; elle n'a de com-
munication qu'avec le fleuve des Khazars, ce dont nous par-
lerons plus bas, lorsqu'il sera question du mont Kabk (Cau-
case ) , de la ville d'el-Bab wel-abwab , du royaume des Khazars ,
274 LES PRAIRIES D'OR.
j^jjio (j^ ô^3li (jjI (j^ iJj dUi uÀ-9 <^^i5 c>-i*J5^^jya.jsS^o
et de la manièredont les Russes, dans ieiv^siècle(derhégire),
pénétrèrent avec des vaisseaux dans cette nier. Je sais aussi
que la plupart des auteurs anciens ou modernes qui se sont
occupés de la description des mers affirment que le canal de
Constanlinople, qui se détache delà mer Mayotis, commu-
nique avec la mer des Khazars; mais j'ignore comment cela
est possible et sur quoi ils fondent cette opinion , si elle est
le résultat de leurs propres observations, ou s'ils y ont été
conduits par l'induction ou l'analogie. Peut-être aussi ont-
ils confondu les Russes et les populations riveraines de la
mer Mayotis avec les Khazars. J'ai fait moi-même le voyage
par mer d'Abeskoun, port du Djordjan, au pays de Tabares-
tan et ailleurs, et j'ai interrogé sans cesse à ce sujet tous
les négociants un peu intelligents et les patrons de navire:
tous m'ont affirmé qu'il est impossible d'arriver dans ces
parages autrement que par la mer des Khazars et par la
voie que les vaisseaux des Russes ont prise. Ces habitants
de l'Azerbaidjan , d'Erran, de Beilakan, du territoire de
CHAPITKK XIV. 27r)
Berdah et des autres villes; ceux du Deilem, du Djebel
(Irak persan) et du Tabarestan avaient fui de ce côté, parce
que jamais, de mémoire d'homme, dans les temps passés
un ennemi ne s'y était présenté, et que rien dans leur his-
toire ancienne ne le leur rappelait. Ce que nous avançons
est connu dans ces contrées et parmi ces peuplades, et d'une
notoriété si manifeste, que personne ne songe à la contester.
Au surplus, cet événement avait eu lieu dans le temps d'Ibn
Abi-es-Sadj.
Dans certains ouvrages attribués à el-Kendi et à son dis-
ciple es-Sarakhsi, l'ami d'el-Moladed billah, j'ai lu qu'aux
limites de la terre habitée, vers le nord , se trouvait un grand
lac situé sous le pôle arctique, et près de ce lac une ville,
la dernière des régions connues, et qui s'appelle Toulieh.
Il est également faiL mention de ce lac dans l'un des traités
des Béni Muneddjim.
Dans son traité des mers, des eaux et des montagnes,
Ahmed, fils de Taïb es-Sorakhsi, avance, d'après el-Kendi,
18.
276 LES PRAIRIES D'OR.
aK-jI* JI silJj» (jj^ J^ Jo L>j>>*^ (O*^^ (3^1^"* '^ 4?^ w^^s-^
que la Méditerranée a six mille milles de long à partir de
Sour, Tripoli, Antioche, el-Motakkab, la côte de Massissa,
de Tarsous, de Kalamiyeh, jusqu'aux phares d'Hercule, et
que sa plus grande largeur est de quatre cents milles. Nous
avons rapporté en totalité l'opinion des deux écoles, et
nous avons fait ressortir la différence qui existe à cet égard
entre elles et les auteurs des tables astronomiques, telle
que nous l'avons trouvée dans leurs ouvrages ou en-
tendu exposer par leurs partisans. Mais nous laisserons
de côté les preuves que chacun donne à l'appui de ses
opinions, parce que nous nous sommes fait une loi dans
ce livre d'être bref et concis. Il en est autrement pour
les explications contradictoires qui ont été données par
les anciens, tels que les premiers Grecs et les philosophes
des temps passés, sur l'origine et la formation primitive des
mers. Bien que nous ayons traité ce sujet avec étendue dans
le second des trente livres qui composent nos Annales histo-
riques, où nous avons exposé les différents systèmes, en
CHAPITRE XTV. 277
jo^^Jjj (j^ xJi, :s[j— ~»i u^ ljUMI i *Xi^ Jjs? yti^
Mt.^j<^^ AiljJCï*-^ Jl^iLwiî <XÀ^ ^^ Uj /ooUJi Uû^_jr>-^yi^3l
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Jb A^Aiutv» .îUiJi. <\jjs.fij AÀjdaJ t^^ ^_j*.^<viU.3lj (jv=>«^yjrf bfe'
les rapportant à ceux qui les avaient imaginés, nous ne pou-
vonspasnousdispensercl'enprésentericiun résumé succinct.
Les uns disent que la mer est un reste de rhumidité pri-
mitive, dont la plus grande partie a été desséchée par le
feu, et dont le surplus s'est transformé sous l'influence de
la chaleur; d'autres soutiennent que l'humidité primitive
tout entière ayant été soumise à l'action dévorante du so-
leil dans ses révolutions, toutes les parties pures en ont été
exprimées, et le reste s'est converti en une matière salée et
amère; d'autres encore pensent que les mers ne sont que des
sécrétions, qui découlent de la terre brûlée par la chaleur
du soleil accomplissant autour d'elle sa révolution constante.
Quelques-uns croient que la mer n'est autre chose que l'humi-
dité primitive dégagée de tout principe terrestre et grossier,
exactement comme l'eau douce mélangée avec de la cendre
perd sa douceur et conserve un goût salin, même après
qu'elle a été liltrée. On a prétendu aussi que dans l'eau les
parties douces et salées étaient mélangées, que; le soleil vo
278 LES PRAIRIES D OR.
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l^j^j^ (jbji^î j^ii jjÇr çj^^.^\ Jî (>a^ <^t>Ji pLJLÎ j^sST
^<p;iit^ jjol^fl^ (j*<Ulft ^LiU ii^^Iâ*Ji i^À^ dLb Jl jltf> \b>\
latilisait les parties douces à cause de leur subtilité, soit
qu'il les absorbât lui-même, soit qu'une fois parvenues à de
hautes régions où le froid les condense et leur donne , pour
ainsi dire, une forme, elles se changent une seconde fois en
eau. On a avancé que l'eau étant un élément, les molécules
qui se trouvent dans l'air et sous l'action du froid ont une
saveur douce, tandis que les molécules qui restent à terre
contractent une saveur amère, sous l'influence de la chaleur
qui les pénètre. Plusieurs savants ont soutenu que la masse
d'eau qui s'écoule dans la mer , soit de la surface du sol ,
soit de ses entrailles, étant une fois arrivée dans ce vaste
réservoir, sollicite partout, pour les absorber, les principes
salins que la terre décharge sur elle. Les molécules de feu
que renferme l'eau , et la chaleur qui la pénètre au sortir
de la terre, en dégagent les parties les plus subtiles et les
font monter en nuages de vapeurs; puis ces nuages, selon
une loi rigoureuse et constante, retombent sous forme de
pluie dont l'eau reprend une saveur amère. La terre lui don-
CHAI>ITKE XIV. '279
*-»-* cMaX> il^ j^ .«^m (j^ J^*^:? u*HV^ J^' ^^•^ J' J-M^j'
lil yî^^-A-sfc. ^UifiL -yi viUi <îu*»; <xij ^àJî ki^^ tjî o^^^.
«^«X-ft U A-j*_* UA-j JOCs^lî «XjIJOC^! i *;|^ oJjJj (^JOlit
y>à Jiî^ lUî _j.^^ xi» Joij u oaXii^j, iù Jocxit *Uifti/l J!
nant un goût salé et le feu la dégageant de ses principes
doux et subtils, elle revient nécessairement à sa première
amertume. Il ne faut donc pas s'étonner si l'eau de la mer
conserve toujours le même poids et la même mesure, puis-
que les parties subtiles que la chaleur lui enlève se changent
en rosée et en eau d'où naissent les torrents qui cherchent
les rigoles, les étangs, et coulent dans les parties humides
de la terre, jusqu'à ce qu'ils arrivent entin au vaste gouffre
de l'Océan. C'est ainsi qu'il ne se perd absolument rien de
celte eau, et que les sources sont comme les machines qui,
puisant l'eau d'un fleuve, la versent dans une rigole d'où
elle s'écoule de nouveau dans ce fleuve. On a comparé ce
phénomène à ce qui se passe dans le corps d'un être animé
au moment de la nutrition; sous l'influence de la chaleur,
elle attire vers les membres les parties douces des aliments
consommés, et laisse les parties lourdes imprégnées de sel
et d'amertume, telles que l'urine et la sueur. Ces résidus
sans douceur proviennent cependant de matières humides
280 LES PR/VIRIES D'OR.
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*^^ jsÂ.1 ij\ Ajîj c^*) o^ <_>*>ot5l -pLIIj IoaJ^jJO J.Ut
et douces que la chaleur a rendues amères et salées. Si la
chaleur interne croissait outre mesure, l'amertume aug-
menterait en proportion dans la sueur et dans l'urine, parce
que tout ce qui a été soumis à l'action de la chaleur devient
amer. Cette opinion a été émise par un grand nombre d'au-
teurs anciens; mais on peut voir de ses yeux, par expé-
rience, que toutes les matières humides et douées d'une
certaine saveur, ayant passé par la cornue et l'alambic,
conservent dans leur sublimé la même odeur et la même
saveur, comme le vinaigre , le vin de dattes , la rose , le safran ,
la giroflée, excepté toutefois les matières salées qui changent
de goût et d'odeur, surtout lorsqu'on les soumet deux fois
à l'opération du feu et de l'alambic. L'auteur de la Logique
(Aristote) est entré dansbeaucoup de détails à ce sujet. Ainsi,
par exemple, il affirme que l'eau salée est plus pesante que
l'eau douce, et il en allègue pour preuve que la première
est trouble et épaisse, tandis que l'autre est pure et limpide.
Il fait encore remarquer que si l'on fait un vase de cire dou»
CHAPITRE XIV. 281
i Lj^^ *L>ii| J^^U lit Jcoj ^5*xJi *Ul J^Ji <X=*j^^l
j^. y^ -«^m aIL»^ U^^ '^'^=*'i dJ?-* J-6^ *^î J^ '^^^WS»-^
-»X£:_5 LgJlAoijij (J^i*^ W*^*^ JUaji^ W^U iCs>-_j-Lo ^ A.«ÀÀiî_j
on bouche l'orifice, el qu'on le plonge dans la mer, on pourra
constater que l'eau qui aura pénétré clans le vase sera douce
et légère, tandis que l'eau qui entoure les parois extérieures
du vase aura cru en amertume et en salure.
Toute eau courante est un fleuve; l'endroit d'où jaillit
l'eau est une source; un lieu où se trouve une grande quan-
tité d'eau est une mer.
On a longuement discuté sur la nature des eaux et sur
leur composition. Dans le deuxième des trente livres dont
se composent nos Annales historicpes, nous avons rap-
porté tout ce qui a été dit sur la mesure et l'étendue des
mers, sur l'utilité queprésente la salure des eaux de la mer,
sur l'existence ou sur le manque de communications entre
ces mêmes eaux. Nous avons expliqué pourquoi elles ne
subissent ni augmentation ni diminution apparentes, pour
quoi le flux et le reflux sont plus sensibles dans la mer
d'Abyssinie que partout ailleurs. J'ai remarqué que les na-
vigateurs d(> Siraf el d'Onian, qui parcoiirtMif Ic^ mers de
282 LES PRAIKIES D'OU.
^^j\jviivAM»-3l (j^ XA^ij ^^X%j\j (j-fr^^ if r^^^ <XÀ*iJtj «X.'LgJl^
l^ Sl^^^ «r^^'j-l'j^**^^ (J-.-î U-»^ ^i)^'^ t^ss-j'^î t_»l;^®î^
*UJl ijhJ^\jXd <-aj».Lô ^iijj [«^^ v:i>;lil jL ^^li ^^jiJ JXo
^y:^y 5 J^jls CJ.>^'^*^ *^^ eb!5\jiJi *X»j tiUi^ (^^«^ ^i».l^ (j>.
•Xa£ i^tXs»^ i4>sJ& ^^ XytiMOj Ail^sÀ. ^'^^ \*o>S-^ (^3p^
la Chine, de l'Inde, de Sind, du Zendj (Zanguebar), du
Yenien , de Kolzoum et de l'Abyssinie , n'étaient point gé-
néralement d'accord avec les philosophes, dont nous avons
retracé les opinions, sur l'étendue et la mesure de ces
mers; ils soutiennent même qu'à certains endroits, l'im-
mensité des eaux n'a pas de limites. J'ai fait la même ob-
servation dans la Méditerranée, auprès des nawatieh, ou
capitaines des vaisseaux de guerre et de commerce, au-
près des officiers et des pilotes, enfin auprès de ceux qui
sont préposés dans ces parages à la surveillance de la
marine militaire, comme Lawi, surnommé Aboulharis,
serviteur de Zorafah et gouverneur, vers l'an 3oo, de
Tripoli de Syrie, sur la côle de Damas. Tous exagèrent
la longueur et la largeur de la Méditerranée, le nombre
de ses canaux et de ses ramifications. Au surplus, cette
vérité m'a été confirmée par Abdallah ben Wezir, gouver-
neur de la ville de Djebelah, sur la côte de Hems, en
Syrie, homme qui passe aujourd'hui, en 332 , pour le plus
CHAPITRE XIV. 283
XAJ ^«XJtli ^1^3 AjLtXJl QJ-» \jfXs. ySi> Uj (^ù^^jjauS[» 9^
«X.K_^ :>^^^jLui^ UaX^s (j^ uàXm l^ l^jo l^iXiftUw Uj ^jI?)^
dLJ«X-i y;Ï^AAM.iI (^ C;;>-^i^ «\jiAjl^ (.^*MaÀ}\ LJ^^M »\X\ ^x»
4XxJî Ju«i JJi l«X* U yt^j^il iiji (jJL *tll tj^ (^ *J>yi
entendu et Je plus habile marin de la Méditerranée, puis-
qu'il n'y a pas un capitaine de bâtiment de guerre ou de
commerce, naviguant sur cette mer, qui ne se laisse gui-
der par ses paroles, et qui ne rende hommage à la supé-
riorité de son intelligence, de son habileté, à son jugement
sain, à son expérience incontestable. Nous avons parlé dans
nos ouvrages précédents des merveilles de ces mers, et nous
y avons consigné les aventures extraordinaires et périlleuses
que les personnes mentionnées plus haut nous avaient ra-
contées comme témoins oculaires; plus tard nous donnerons
encore quelques détails sur ce sujet.
Parlons maintenant des signes indicateurs de la présence
de l'eau dans certains endroits. C'est une opinion assez
accréditée que partout où croissent des roseaux, des
joncs et d'autres plantes flexibles, on n'a qu'à creuser à une
profondeur peu considérable pour rencontrer l'eau. Dans
toute autre condition il faudrait pénétrer très-avant dans
la terre pour la trouver. Voici ce que j'ai lu dans le Livre de
l'agriculture : « Celui qui veul savoir si l'eau est peu ou très-
284 LES PRAIRIES D'OR.
.»X_i *X~=»-L! A— i' *-*-Jji ^i 9-j^^ iiSt^Xj j»Xi ij^'^' àj-^^^
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^uXfr Ofe,^! dUS oiAi iùâA^ ^«XJ» ij<^ «X.âi>^ Aj^^MikX^ ikJZ^XM
tf^jùï^ Juuwt i I^aS'a.j ^^jl (j^'Xj AXUÛà Jv»(^*>Jl dUi>
Aj UXjw ^y»S' ^jlXJtjJSAaj^ *^»^ fy^^i ^aA** u.^^ ciyâ^i (jls
j' (:j:!*i;^ ^' ^b^ J*^ *'^ 0*^^*-^ v|;^^' *^^' c^ tiw>-i
LkS J^-sfc.î:> (j^ -«'bi'L UùaX^ <^>^)j (ji* -*'L>i'l ji;î^ *Àfi <-J^j-*-^^
éloignée de la surface du sol, doit creuser ia terre à une
profondeur de trois à quatre coudées. Il choisira un vase de
cuivre ou un bassin d'argile ayant un large orifice, et gar-
nira ses parois intérieures d'une couche de graisse égale par-
tout. Au soleil couché, il prendra de la laine blanche cardée
et lavée, et une pierre de la grosseur d'un œuf qu'il enve-
loppera de cette laine , de manière à lui donner la forme
d'une boule. Ensuite il enduira les côtés de cette boule de
cire fondue, la fixera au fond du vase qu'il aura graissé avec
de l'huile ou tout autre corps gras, puis il descendra le tout
dans la fosse ; la laine doit être bien attachée et fortement
retenue par la cire, de sorte qu'elle enveloppe hermétique-
ment la pierre. Alors il jettera de la terre sur ce vase, et
l'enfouira à la hauteur d'une, deux, ou plusieurs coudées,
et le laissera ainsi pendant toute la nuit; le lendemain, avant
le lever du soleil, il ôtera la terre et enlèvera le vase. Si ses
parois intérieures sont parsemées de gouttelettes nombreuses
ef rapprochées les unes des autres, si la laine est impré-
CHAPITRE XIV. 285
cjjUjdL» ^^ ^.«Oaïl» (jwyvîj e^jLiLo jJaJtJ î fj^ (jU ,.^ji yà>^ H^
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Ail ^^vxll !*>Ji i <X>.^XjiJt cjIaJ /w/fl ^^jJl (j<aj»j ^ c:>«Xs»-^»
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^^ l.-g-À-* ^Ul» (^JsO' :>l^.j ii t^vikii \KijjM J^î »X>j (jl^
(j^_X_J jli3i *tlLl_5 Uxis L>*X^ y_jio J_jiiî -«^lii^ Uiji (J>r«J;i
gnée crhiiinidité, il laut en conclure que l'eau n'est pas
éloignée. Si les gouttelettes ne sont pas groupées les unes
autour des autres, si la laine n'est que médiocrement hu-
mectée, c'est une preuve que l'eau n'est ni très-près ni très-
loin; si les gouttelettes sont dispersées à de rares intervalles,
et que la laine soit à peine mouillée, l'eau doit se tenir à
une grande distance; mais s'il n'y a aucune trace d'iiumi-
dilé. soitdans le vase, soit sur la laine, ce serait peine per-
due que de creuser dans cet endroit pour y chercher de l'eau. »
Dans quelques exemplaires du Livre de l'agriculture j'ai
trouvé cet autre renseignement sur le même sujet : «Pour
savoir si l'eau est à une distance plus ou moins grande, il
faut examiner attentivement les fourmilières. Si les fourmis
sont grosses, noires, peu agiles, l'eau est d'autaut plus proche
qu'elles sont plus lourdes à se mouvoir. Si elles sont si lé-
gères dans leur course qu'à peine peut-on les atteindre,
l'eau doit être à une distance de (|uarante coudées. Autant
dans le premier cas l'eau sera honne et douce, autant dans
le second elle sera pesante et salée. C'est d'après cet indice
286 LES PRAIRIES D'OR.
^ij_j_ÀJ^ '4^'-? C:?^*^^ tyjXfljSi
Ai^jL* »JwL5 j5tX3 jO-gjJVj C:J?r*^' cM^ tjL**j5 i jj*.IâJ| çjUj
Q_> iJlj xwjj U ^_jj 0j '^^y (jJ J^.^-**» (j^ J^^ *^^ (J^
que se guidera celui qui veut trouver de l'eau. » Nous avons
traité cette matière avec étendue dans nos Annales histo-
riques. Nous nous bornerons, dans le présent ouvrage, à
mentionner brièvement tout ce qu'il sera indispensable de
faire connaître. Après avoir traité des meis en général , nous
parlerons, s'il plaît à Dieu, de l'histoire de la Chine, et de
tout ce qui concerne ce sujet.
CHAPITRE XV.
ROIS DE LA CHINE ET DES TURCS; DISPERSION DES DESCENDANTS
D'AMOUR; HISTOIRE BÉSUMÉE DE LA CHINE, ET AUTRES DETAILS
RELATIFS À CE SUJET.
On n'est pas d'accord sur la généalogie et l'origine des
habitants de la Chine. Plusieurs disent qu'à l'époque où
Phaleg,fds d'Abir, (ils d'Arfakhchad,fils de Sam, fils de Noé,
CHAPITRE XV 287
l^jLiw ^y^ <yo^ (jjjj i^j^' 'ry-> (j^ f»^ (^ <y.A<^j\ ^^ j^^s.
Jl<>i*JÎ ocçw ^^ '.j^' *^|j CiT* fi-^^ f»^* t^'^ Ij/'**^^ *;-*«^
J«aJ^j ^-J*>Ji (O'-ÔJ»--* dUltf a<X5i \^j\-*a-3 (jb;^'! i Ijj^UiJJjl^
Ajî jXA!l p^I^jjI (^^ t5-*-*Jî J''*—* J-fi^5^ U**>^-J J~^^^ y^-»^'*'I^5j
jjl^iAw ^.<,.À.«^ t}^=^ z*^-*^ jy»^'5 dlAi' jj îjjwiJLiî^ i>^^»AJÎ (iUj
partagea la terre entre les descendants de Noé, les enfants
d'Amour, fils de Soubil, filsde Jafel , fils de Noé, prirent la
direcliou du nord-est. De là une partie d'entre eux, les des-
cendants d'Arou, s'avancèrent vers le nord, où ils se ré-
pandirent au loin et fondèrent plusieurs royaumes , tels quele
Deilem, le Djil (Guilan), le Teileçan,le Teber, leMoukan,
sans compter ceux fondés par les peuplades du Caucase,
telles que les Lakz, les Alains, les Khazars, les Abkbazes,
les Serirs, les Kosaks, et par les autres nations dispersées
dans ces contrées, jusqu'à Tarrazzobdeh (Trebizonde), les
mers Mayotis et Nitas d'un côté, et celle des Khazars de
l'autre côté, jusqu'aux Bulgares, et aux peuples qui se sont
réunis à eux. D'autres descendants d'Amour traversèrent le
fleuve de Balkh (Djeïhoun) , et se dirigèrent pour la plupart
vers la Chine. Là ils se répartirent entre plusieurs états, et
s'établirent dans ces diverses contrées, comme les Khot-
tals, qui habitent Khotlolan , Rouçan, el-Ochrousneh et le
Sogd, entre Bokhara et Samaïkaiid; les Ferganides, les ha-
288 LES PRAIRIES D'OR.
Jt>5 <^:>îyJ! î_j-Â.X««j t^ii^Ljt jAft y*,bl /B.^^ i^ij ^LuàJl^
iLXlU ^$^ tjU^ «joJ^x v^^' (^J >ijjikJl_5 ^^^-^^ 4)^^
tr (^ ^ -« «X-Âit ioL<v^5 (^aAjj (j:^Àji iiÀAu _j-£fc^ ÎJvfù Uji:ij ^
(jj\_iî^_iL ^jlîliw fC-^k^^ di-A-Lî yo /d«-^-AJj oi.v»<a,j| dUi ^J_j
bitantsdeCbach, d'IstidjaJ) et du territoire trAlfarab. Ceux-
ci fondèrent des villes et des bourgs; d'autres se séparèrent
d'eux pour habiter les plaines, comme les Turcs, les Koz-
lodjs, les Tagazgaz , qui occupent la ville de Kouchan (Kao-
tchang), située entre le Kboraçan et la Chine, et qui sont
aujourd'hui, en 332 , de toutes les races et tribus turques, la
plus valeu reuse , la plus puissante et la mieux gouvernée. Leurs
rois portent le titre dlrkhan, et .seuls entre tous ces peuples
ils professent la doctrine de Manès. Parmi les Turcs il y a
les Keimaks, les Varsaks, les Bediyehs, les Djariyehs, les
Gouzes (Ouzes), cjui sont les plus braves de tous, et les
Khozlodjs, qui se distinguent par leur beauté, leur haute
stature et la perfection de leurs traits. Ces derniers sont ré-
pandus sur le territoire de Ferganah, de Chach et des en-
virons. Ils dominaient autrefois sur toutes les autres tri-
bus; de leur lace descendait le Khakan des kbakans, qui
réunissait sous son empire tous les royaumes des Tuics, et
commandait à tous leurs rois.
CHAPITF\E XV. 289
^^^ \^yX.x> \jÔ\ iUjo^ d)yJ! dUU^LM dLU j^^ y((5
^J*JU vilXo 4^ ^l*JI i^^SjjÙ\ 4_>UAy!^3 (jl^ (^iy^ 'iijU>
l^^S^À^ ajv-I' i^' '*i^-'^ ^JJ^i i tiJ^—xJl ylili»- i'j Ajl^ (»4^j
<Xij *XÀi^-fw j^li* i ^^ cyL«^j iii^^^-xii iC^Jv^i c:^j.iw «XJL«
IjoUS^i JJi i t^^-»-Jt_j iOj^il » J^ ^ liLUi JUcuî bj5i
Ai^r^Aj ci>^ili «XÀ^5 ^y^^ jy^^ s '^^ (i^j^ i^^j la^^i/î
^\^il \yi^3 4)^^ U^ ^"^^^ fV'-^^' v::>;U3i ^UJl viL-b
Parmi ces khakans se trouvèrent Afrasiab le Turc, le
conquérant de la Perse, et Chaneh. Aujourd'hui les Turcs
n'ont plus de khakan auquel leurs autres rois obéissent,
depuis la ruine de la ville d'Amat, dans les déserts de Sa-
markand. Nous avons raconté dans notre Histoire moyenne
dans quelles circonstances celte ville perdit la souveraineté.
Une fraction des descendants d'Amour atteignit les fron-
tières de l'Inde, dont le climat exerça une telle influence
sur eux qu'ils n'ont plus la couleur des Turcs, mais plutôt
celle des Indiens. Ils habitent soit dans les villes, soit sous la
tente. Une autre portion encore alla se fixer dans le Thibet
et se donna un roi qui était soumis à l'autorité du khakan;
mais depuis que la suprématie de ce souverain a cessé,
comme nous venons de le dire, les habitants du Thibet
donnent à leur chef le titre de khakan , en mémoire des an-
ciens rois turcs, qui portaient le titre de Khakan des kha-
kans.
1. 19
290 LES PRAIRIES D'OR.
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La majorité des descendants d'Amour suivit le littoral de
la mer et arriva ainsi jusqu'aux extrémités de la Chine. Là
ils se répandirent dans ces contrées, y fondèrent des habi-
tations , cultivèrent la terre , établirent des districts , des chefs-
lieux et des villes , et y prirent pour capitale une grande ville
qu'ils nommèrent Anmou. De cette capitale à la mer d'Abyssi-
nie ou mer de Chine, sur un parcours de trois mois de dis-
tance, on rencontre une suite non interrompue de villes et
de pays cultivés. Le premier roi de ce pays qui ait résidé
à Anmou fut Nostartas, lils de Baour, fds de Modtedj, fils
d'Amour, fils de Jafet, fils de Noé. Durant un règne de plus
de trois cents ans, il répartit la population dans ces contrées,
creusa des canaux, extermina les bêles féroces, planta des
arbres et rendit général l'usage de se nourrir de fruits. Il
eut pour successeur son fils Aoun. Ce prince , voulant té-
moigner de sa douleur, et rendre hommage à la mémoire de
son père, fit placer le corps dans une statue d'or rouge,
qu'on posa sur un trône d'or incrusté de pierreries, et qui
CHAPITRE XV. 291
JU«\JI JJi>:o3^ i y^i ''«HS?^ '>v^siV> lKaj'^ *Jj^ iuJ^
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dominait son propre siège ; lui-même et ses sujets se proster-
naient respectueusement matin et soir devant cette image
qui renfermait la dépouille mortelle du roi. Après un règne
de deux cent cinquante ans, il mourut et laissa l'empire à
son fds Aitdoun. Celui ci enferma aussi le corps de son père
dans une statue d'or qu'il plaça sur un trône de même métal ,
au-dessous du rang qu'occupait son grand-père; puis il avait
coutume de se prosterner d'abord devant ce dernier et en-
suite devant son père, et ses sujets l'imitaient. Ce roi gou-
verna ses sujets avec sagesse, les traita en toutes choses sur
le pied de l'égalité, et se montra juste envers tous. Par ses
soins la population et la fertilité du pays s'accrurent dans
une large proportion. Son règne dura près de deux cents
ans; puis son fils Aitnan lui succéda. Ce prince, se con-
formant à l'exemple de ses prédécesseurs, enferma le corps
de son père dans une statue d'or, et rendit toutes sortes
d'hommages à sa mémoire. Pendant son règne, qui fut d'une
longue durée, il recula les frontières de son pays jusqu'à
»9-
292 LES PRAIRIES D'OR.
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celui des Turcs ses cousins. Il vécut quatre cents ans , et ce fut
sous lui que les Chinois trouvèrent plusieurs de ces pro-
cédés ingénieux qui donnent tant de délicatesse à leurs ou-
vrages. Son Uls Haratan, qui monta sur le trône après lui,
fit construire des vaisseaux sur lesquels il embarqua des
hommes chargés d'exporter les produits les plus précieux
de la Chine dans le Sind, l'Hindostan, la Babylonie et tous
les pays plus ou moins éloignés du littoral de la mer. Ils
devaient offrir de sa part aux souverains de ces contrées
des présents merveilleux et de la plus grande valeur, et lui
rapporter, à leur retour, ce que chaque province renferme-
rait de plus délicat et de plus rare même, en fait de co-
mestibles, de boissons, d'étoffes et de végétaux. Ils avaient
en outre pour commission de s'appliquer à connaître le gou-
vernement de chaque roi, la religion, les lois et les cou-
tumes de toutes les nations qu'ils visiteraient, et d'inspirer
aux étrangers le goût des pierreries, des parfums et des ins-
truments de leur patrie. Les vaisseaux se dispersèrent dans
toutes les directions, parcoururent les pays étrangers, et
CHAPITRE XV. 293
l
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0jwJ| ^j-« cb»X_j>-!^ ^y-^iii À -UaawIî Jl»^j d).m itX-iÛ nA*,î
exécutèrent les ordres qui leur avaient été donnés. Partout
où ils abordaient, ces envoyés excitaient l'admiration des
habitants par la beauté des échantillons qu'ils avaient ap-
portés avec eux. Les princes dont les Etats étaient ])aignés
par la mer firent aussi construire des vaisseaux qu'ils ex-
pédièrent en Chine avec des produits étrangers à ce pays,
entrèrent en correspondance avec son roi, et lui adressè-
rent des cadeaux en retour de ceux qu'ils avaient reçus de
lui. C'est ainsi que la Chine devint llorissanleet que le sceptre
se consolida dans les mains de ce souverain. Il njourut après
un règne d'environ deux cents ans. Ses sujets, inconsolables
de sa perte, portèrent le deuil pendant un mois; puis ils
confièrent leur sort à son fils aîné, qu'ils prirent pour roi.
Celui-ci, qui s'appelait Toutal, renferma le corps de son
père dans une statue d'or, et suivit, en fidèle imitateur,
l'exenqjle de ses ancêtres. Durant son règne, (|ui fut pros-
père, il introduisît dans l'Elal de sages coutumes, ignorées
des premiers rois. Il disait que la seule base de l'enjpirc était
294 LES PRAIRIES D'OR.
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Jj^jWI dl._À_j »^\_ftl i <_,vkaj aJU c.^-i Lu» SiU*Il* :>jÀji}\
l'équité, parce qu'elle est la balance du Créateur, et que l'ap-
plication à faire le bien ainsi que l'activité incessante fai-
saient partie de l'équité. Il donna à ses sujets des distinctions,
créa des degrés de noblesse et leur décerna des couronnes
d'honneur. Il les classa ainsi suivant leur rang, et leur ou-
vrit à tous une carrière bien distincte. Gomme il se fut mis
à la recherche d'un emplacement propre à la construction
d'un temple, il trouva un lieu fertile, émaillé de fleurs et
bien arrosé, où il jeta les fondements de cet édifice. II y fit
apporter toutes sortes de pierres de différentes couleurs,
dont on bâtit le temple au sommet duquel on éleva une
coupole garnie de ventilateurs ménagés avec symétrie. On
pratiqua des cellules dans la coupole, pour ceux qui vou-
draient se consacrer entièrement au service de Dieu. Lors-
que le tout fut achevé, le roi fit placer au faîte du monu-
ment les statues qui renfermaient les corps de ses ancêtres,
et dit : « Si je n'agissais pas ainsi, j'enfreindrais les règles
de la sagesse, et le temple ne serait d'aucune utilité. » II or-
CHAPITRE XV. 295
(•«X^ ^^i— « A-ils f»UaiJl l^j (^y!^*^Jj tK-c^i W-^ t*^^ Wa^^
iLvAJLfr (jà_>l^^ ïLKAy^ A_^Luw /o— (}-J <-:^J;<'» J^^-^^j ^sUt^iJi
i.^]j^ L^Xi>^ çjUmJ^I aj ^o^ fj\^Mt^ju\ ^j ^Lomwo ^mi
^«J uy^-s? J^5y U-^^ W^ i uy^j-^ '^=ry> p;5_^ U-*^
l^AJ c.^ ^ J^iykX-o Ji i^yù /o-^xîli cjl_yA^ /o-^.*-^ c-A^jîj
donna donc de vénérer ces corps placés au soniniel de la
coupole.
Ayant appelé auprès de lui les principaux personnages
de rÉlat, il leur dit qu'il jugeait indispensable de réunir
tous les peuples sous le joug d'une seule et unique croyance
qui leur servirait de lien, et garantirait parmi eux l'ordre et
la sécurité; qu'un empire où ne régnaient ni l'ordre ni les
lois était exposé à toutes sortes de dommages et menacé d'une
ruine prochaine. 11 institua donc un code destiné à régir ses
sujets, et leur prescrivit comme obligatoires des règles de
conduite fondées sur la raison. Il mil en vigueur la peine
du talion pour les meurtres, les blessures, et il jironiulgua
des règlements qui déterminaient la légitimité des alliances
et Ijxaient les droits des enfants qui en étaient issus. Parmi
les lois qu'il créa, les unes étaient obligatoires, absolues;
on ne pouvait les transgresser sans crime; les autres étaient
surérogatoires et iacultatives. Il prescrivit comme un devoir
à ses sujets de se mettre en relation avec leur Créateur par
des prières tju'ils lui adresseraient à certaines lieures du jour
296 LES PRAIRIES D'OR.
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J^^lj (^j_4A*ÀAâj (jjJtVj^j 0..g_jl^^\i iù>b\ (j^ (jl^ Uj Ijokxtj
<-Oij3 J.W J»*^J t_OÎ_jj3S *j.i^i_J 0_a^i_5 J^Ck^I (jnjl^
et de la nuit, sans toutefois s'incliner ni se prosterner. Il y
avait d'autres prières annuelles ou mensuelles, dans les-
quelles les inclinations et les prosternations étaient de ri-
gueur. En outre il institua des fêtes solennelles. Il fit des
règlements sur la prostitution, et astreignit à payer une
taxe les femmes qui vivaient dans le désordre, en leur per-
mettant toutefois de se racheter par le mariage ou par le
retour à des mœurs plus régulières. Leurs enfants mâles ap-
partenaient au roi comme soldats ou esclaves, et les lllles
restaient auprès de leurs mères et se consacraient au même
métier. Il ordonna aussi qu'on offrirait des sacrifices dans
les temples, et qu'on brûlerait de l'encens en l'honneur des
étoiles, en déterminant d'avance à quelles époques, et avec
quels parfums et quelles plantes aromatiques on rendrait
le culte à chacun des astres. Le règne de ce prince fut heu-
reux; il mourut, entouré d'une nombreuse postérité, à l'âge
d'environ cent cinquante ans. Ses sujets, très-aflligés de sa
perte, placèrent ses restes dans une statue d'or incrustée de
pierreries, et bâtirent en son honneur un temple magni-
CHAPITRE XV. 297
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S^jAxs»-^ «_,«J&i tj-« ^_jJ X If^^iyKm^ If^jyjio ^^j_yo^ J^-^â-'' ^-^^
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iMrJof iubtX^ fi'~^3 ^^^ IjL««XJ9 U c^w^j». (^ tiUS (j^
fique, au sommet duquel ils mirent sept pierres précieuses
dilTcrentes, qui représentaient la couleur et la forme du
soleil, de la lune et des cinq autres planètes. Le jour de sa
mort devint un jour de prières et un anniversaire où l'on se
réunissait dans ce temple. Au somniet, en vue de tout le
monde, fut fixée une table d'or sur laquelle étaient gravés
l'image du défunt et le récit de ses plus belles actions, pour
servir de modèle à tous ceux qui, après lui, se chargeraient
de gouverner les peuples et de les policer. On grava aussi
son image sur les portes de la ville, sur les pièces d'or, sur
la menue monnaie de cuivre et de bronze, qui était très-
abondante, et on l'imprima sur des étoffes.
Le siège du gouvernement chinois fut définitivement fixé
à Anmou, grande ville située, comme nous l'avons déjà dit,
à plus de trois mois de marche de la mer. Il y a vers le
couchant, dans la direction du Thibet, une autre grande
ville appelée Med. Ses habitants sont conlinuellemenl en
298 LES PRAIRIES D'OR.
Jyo k_i tii-^ ouùJl i!5V-j (jvj^ *X^ :>^ J^l (jo *T>=^^
^o.^t^>lj iUia;^^ f^^^ *^^ ! Jviù «Xxj l^ ^jj^ dl^il
jLsfv.J|^^!i :>3-U^ (^ yiJLp'j iC3^.iï^ (^y*^J ^^ f^J*^^ (^
v:i\y\^^ i\j \jSi^^ {jy^^y^-3 ^\k«o^\ ^^«Xaxj ^^\m^I ,yxi
guerre avec les Thibétains. Les rois qui succédèrent à Toutal
se virent sans cesse dans l'état le plus prospère ; l'abondance
et la justice régnèrent dans leur empire, dont la violence
était bannie, car ces princes observèrent fidèlement les lois
que leur prédécesseur avait prescrites. Dans la guerre ils
furent victorieux de leurs ennemis; la sécurité régna sur
leurs frontières, la solde fut régulièrement payée à leurs
troupes , et les négociants de tous les pays affluèrent par terre
et par mer avec toutes sortes de marchandises.
Le culte des Chinois , c'est-à-dire le culte ancien , n'était
autre que le culte samanéen; il avait beaucoup d'analogie
avec les pratiques religieuses des Koreïchites avant l'isla-
misme, lesquels adoraient les idoles et leur adressaient des
prières. Ces prières , il est vrai , étaient adressées d'intention
au Créateur lui-même; les images et les idoles servaient
seulement de Kiblah , ou de point vers lequel on se tourne
en priant. Mais les ignorants et les gens sans intelligence
associaient les idoles à la divinité du Créateur, et les ado-
CHAPITUE XV. 299
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l^^fe' iXJjj iCMiJl^ jyJL Jyiilj -JUjUii c-Ai£>*k-« -PiUu^l
raient également. Le culte des idoles était une manière de
s'approcher insensiblement de Dieu, et, bien que cette ma-
nière de le servir fût une dérogation à la majesté, à la gran-
deur et à la puissance du Créateur, le culte rendu à ces
idoles n'était cependant qu'une marque de soumission et un
intermédiaire pour s'élever jusqu'à la divinité.Il en était ainsi
en Chine, jusqu'à ce que les théories, les systèmes des sectes
dualistes et des innovateurs se fissent jour. Avant celte époque,
les croyances et les opinions des Chinois, ainsi que le culte
qu'ils rendaient aux idoles, étaient conformes aux idées et aux
pratiques religieuses de toutes les classes de la population
dans l'Inde. Quelque considérables que fussent les chan-
gements qui s'opérèrent dans leur état social, quelque nom-
breuses que fussent chez eux les discussions soulevées par
l'esprit d'investigation, ils se conformèrent toujours dans
leurs décisions juridiques aux anciennes lois qu'ils tenaient
de la tradition. Leur royaume est contigu à celui des Ta-
gazgaz, qui, comme nous l'avons dit plus haut, sont mani-
chéens et proclament l'existence simultanée des deux prin-
300 LES PRAIRIES D'OR.
A^^ Uy^ /e-gJ Oj-à.;^ iUjlAil (jvJaU^ (j-» yUa^^i ^e^ «j
iL-^P^ *^^S=*"j c;yj-« (j^ /ui U^j ^\.*îl 5«XJÛ jj U iiUàj' Xaj
JLxa-j'îj (jjl^^_A_iî_5 c.l.«\_>ij [«^iVJô^ ■*'^^_j ,)^J •ï^Llffj -Uaw^
«^î^ J-f^^J^J cK^^ f»*^^ ^y?'ii VJLJ^J OaH**-? J^-'-aiji^j
Ak_jJi^ jlàJs!^ ^jo^-*-? u^ ^y^s (^jUoUîi tj^ (j'y^=^
cipes de la lumière et des ténèbres. Ces peuples vivaient
dans la simplicité et dans une foi semblable à celle des races
turques , lorsque vint à tomber parmi eux un démon de la
secte dualiste, qui, dansunlangageplein de séduction, leur fit
voir deux principes contraires dans tout ce qui existe au
monde : comme la vie et la iiiort , la santé et la maladie, la ri-
chesse et la pauvreté, la lumière et l'obscurité, l'union et la
séparation, la jonction et la scission, le levant et le cou-
chant, l'être et le néant, la nuit et le jour, etc. Puis il leur
parla des incommodités diverses qui atteignent les êtres rai-
sonnables, les animaux, les enfants, les idiots, les fous, et il
ajouta que Dieu ne pouvait pas être responsable de ce mal,
qu'il y avait là une contradiction choquante avec le bien
qui distingue ses œuvres, et qu'il était au-dessus d'une pa-
reille imputation. Par ces subtilités et d'autres semblables,
il entraîna les esprits et leur lit adopter ses erreurs. Aussi
longtemps que le prince régnant en Chine était samanéen et
sac: ifiail des animaux, il était en guerre continuelle avec l'Ir
CHAPITRE XV. 301
viLL* (jl< lil^ ^1^ U^^^ '^y^^ t-v=^Lo (j^^ \Àxj cjj^
iUJijIj t*^"^^ »Ia^JlÎI <_A^aj ^ J*XxH (;jJ»-*«j JJuJi iU-kaï /wC
JoljJi^î cl^WjJj V>*^ (J^'*^^' J»^'^ ^-^ <i' r*'^'^ (Jp!>^
khan, roi des Turcs; mais depuis qu'il est dualiste, ils vivent
en bonne intelligence. Malgré la diversité de leurs opinions et
de leurs croyances, les rois de la Chine ne cessaient de secon-
lornier aux jugements de la saine raison dans le choix qu'ils
faisaient des juges et des gouverneurs, et les grands comme
les petits se réglaient d'après les principes de la sagesse.
Les Chinois se divisent en tribus et en branches, comme
les Arabes, et leurs généalogies présentent autant de ramifi-
cations. Ils en font grand cas et les conservent précieusement
dans leur mémoire, au point que quelques-uns remontent
par près de cinquante générations jusqu'à Amour. Les gens
d'une tribu ne se marient pas entre eux. C'est ainsi qu'un
homme de Modar épouserait une femme de Rebiah, ou un
homme de Rel)iah une femme de Modar, qu'un descendant
de Kahian s'unirait à une fenune de Ilimiar, et un homme
de Ilimiar à une femme de Kahhui. Les Chinois prétendent
que le croisement des races donne une progéniture plus
302 LES PRAIRIES D'OR.
^l^-ûJl JS^\ IL) ovAaJùlj -UâjJî iXj Jî) J^t wilUl À ci>Jsj».
kjj) \ju\i ^j\^ iùUOji^ (jvaXSj (:5^Àjit kkMi yJb^ \iyjb lÂXi»^ (jl
À JLJLj (JV-AûJI y<X^ O^aXJ jj (jl^ liLUi OCAJ jiA^ (J-» /B-giAi
s^L£«X-J{ J^t ^x!t ^^f^-i iuAx!! c^^ikj C.j)»£ u^ y^l?
AJÎ^ «>^5l> Jj4- -^J»^ iiXi^jjuJsJiJi vkj'j ^^^^ ^^j^JlûJlj
saine, un corps plus solide, une vie plus longue, une santé
plus robuste et d'autres avantages encore.
La situation de la Chine resta dans un état de prospérité
continuelle, grâce aux sages institutions des anciens rois,
jusqu'à l'année 264- Depuis cette époque jusqu'à nos jours
( 3 3 2 ), il y est survenu des événements qui ont troublé l'ordre
et renversé l'autorité des lois. Un intrus nommé Yanchou ,
qui n'était pas de la famille royale, et qui demeurait dans
une ville de la Chine, surgit tout à coup. Homme d'une na-
ture perverse, artisan de discorde, il vit la lie de la popula-
tion et les malfaiteurs se grouper autour de lui, et grâce à
l'obscurité de son nom et au peu d'importance de sa per-
sonne, ni le roi ni ses ministres ne s'en préoccupèrent. Il
en devint plus fort; sa renommée grandit, et en même
temps il redoubla d'arrogance et d'audace. Les malfaiteurs,
franchissant les obstacles qui les séparaient de lui , vinrent
grossir son armée; alors il décampa et ravagea par ses in-
cursions les pays cultivés du royaume, jusqu'à ce qu'il éta-
CHAPITRE XV. 303
\jt>y^ jî *X>4>J| (^j^jj<^s\ ççiJâS'j^ (^ ïLffdûS' iiÀjJw« ^^^
j»l»! iixAw vJS^Ji (joj iuuJm »Ja^^^J^J^ (jv-koJ! »^ <jt ty<.A<aj
fj^^ ur^^-5 ^y^-i isj^h ij^^^***-^ (j«UJl (^ ^3->^vi^ W^»^
^ \..i y ,<, \^Xjt>\ (j^ J-J^J iyJ>S- oJs^ lybl:^ XVjtX^ f^^^^3
^^jL^â-iJl^ i^^-g^t^ (j^-l^-Jbî CJ-« ^^Aa-a-lj /Oi-^J^jIM U>*^^
Lclj ^l\ IajU i_ÀA*Jl o^iw ci)^J t-^ (:J-* Lh^^^^J
i5
})Ht son camp devant Khankou , ville imporlanle, située
sur un fleuve qui est plus considérable, ou du moins aussi
important que le Tigre. Ce fleuve se jette dans la mer de
Chine, à six ou sept journées de Khankou, et les bâtiments
venus dé Basrab, de Siraf, d'Oman, des villes de l'Inde,
des îles de Zabedj, de Sinf et d'autres royaumes, le re-
montent avec leurs marchandises et leur cargaison. Le
rebelle marcha donc rapidement sur la ville de Khankou,
dont la population se composait de musulmans, de chré-
tiens, de juifs, de mages et de Chinois, et l'assiégea étroi-
tement. Attaqué par l'armée du roi, il la mit en fuite et
livra son camp au pillage; puis se trouvant à la tête de sol-
dats plus nombreux que jamais, il s'empara par force de
la place, dont il massacra une quantité prodigieuse d'habi-
tants. On évalue à deux cent mille le nombre des nmsul-
mans, chrétiens, juifs et mages qui périrent par le fer ou
par l'eau , en fuyant devant l'épée. Cette évaluation peut être
304 LES PRAIRIES D'OR.
X^ji^sXi é> LJ-* <y^^ (JV^5 *i|^ y^ i«X*îl ij^ \ij^s':i U
ci^Uls^ 4j-« iiJbJsJlî J^ii*- (j^^ j*Xjtî! ÎJs-ô t^-? fi-^^^ -JiXçA
Ufili> *^^l î«Xii cjUbi ^liTi w^^ X*^ jsi^j j^ JJî^yJl 5j«>J
«. -iî J^==-i;_5 (J^^ ^^' ^^^ ci>!iVj; jj dlAil ji.:> ^j ijjsl xij«X^
UJUJI^ ^Uoîj-i^ (J-» AJW jJ.-J ^ U^^^ iùU ^,:^ ^ LilAiî ^«^î
parfaitement exacte, attendu que les rois de la Chine font
inscrire sur des registres les noms des sujets de leur empire
et des individus appartenant aux nations voisines leurs tri-
butaires, et qu'ils chargent des agents de ce recensement, qui
doit toujours les tenir au courant de l'état des populations
soumises à leur sceptre. L'ennemi coupa les plantations de
mûriers qui entouraient la ville de Khankou et qu'on y en-
tretenait avec soin , parce que les feuilles de cet arbi-e ser-
vent de nourriture aux vers qui produisent la soie; aussi
la destruction des mûriers arrêta l'exportation des soies de
Chine dans les pays musulmans. Yanchou poursuivit sa
marche victorieuse d'une ville à l'autre; des tribus entières,
vouées à la guerre et au pillage, et d'autres qui craignaient
la violence des insurgés, se joignirent à lui, et il se dirigea
vers Anmou, capitale de l'empire, avec trois cent mille
hommes, cavaliers et fantassins. Le roi marcha à sa ren-
contre avec près de cent mille soldats d'élite qui lui restaient
CHAPITRE XV. 305
Aj Ij^çr ^jUj^^i J.X40J j..|^ _5-^ «yLsi («-fr*^ 'r^^ c:^!^
jl^!^ XyUa ^ *.jVn*J| 3f;\i:l (:J-*^^^ ^j-ft^ <i^» t^i-U,' <^ OoK
^1 iob«X-lî (j^ dLUi <_^l<^ U»*xJi viXjLw^ JÎ_5.^J5il its»-U:UMij
encore. Pendant environ un mois, les chances de la guerre
furent éî^ales entre les deux armées, qui eurent tour à tour
à supporter des revers. Enfin la fortune se déclara contre
le roi, qui fut mis en fuite, et, vivement poursuivi, vint
se jeter dans une ville frontière. Le rebelle, maître de l'in-
térieur de Tempire et de la capitale, fit main basse sur tous
les trésors que les anciens rois avaient réservés pour les
mauvais jours; puis il promena la dévastation dans les cam-
pagnes, et détruisit les villes par la force. Sachant bien que
sa naissance ne lui permettait pas de se soutenir à la tête
du gouvernement, il se hâta de ravager toutes les provinces,
démettre les fortunes au pillage et de répandre des torrents
de sang. De la ville de Med dans laquelle il s'était enfermé
et qui était limitrophe du Thibet, le roi écrivit au souverain
des Turcs, Irkhan, pour lui demander du secours. Il l'in-
forma de ce qui lui était arrivé, et lui rappela les devoirs
(|ui lient les rois envers les rois, leurs frères, lorsqu'on ré-
clame leur assistance, qu'ils ne peuvent refuser sans man-
quer à l'une des obligations absolues de leur rang. Irkhan
1. 20
300 LES PRAIRIES D'OR.
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(y*jX^\ dlXo i^li> (^ iji:> ^3j*xjiil ^JuSAÀ ^..j j*XÀX^il( jLx*
lui envoya son fils avec un secours d'à joeu près quatre
cent mille fantassins et cavaliers contre Yanchou, dont les
progrès devenaient menaçants. Pendant près d'une année ,
les deux armées eurent entre elles des engagements sans ré-
sultat décisif, mais très-meurtriers. Yanchou disparut enfin ,
sans cjue l'on sache positivement s'il périt par l'épée ou s'il
se noya. Son fils et ses principaux partisans furent faits pri-
sonniers, et le roi de la Chine retourna dans sa capitale et
reprit les rênes du gouvernement. Ce prince reçut de ses
sujets le titre honorifique de Baghour (Fagfour) , c'est-à-dire
fils du ciel. Toutefois le titre qui appartient aux souverains
de la Chine, et qu'on leur donne toujours en leur parlant,
est Tamgama djaban, et non pas Bagbour.
Pendant cette guerre, les gouverneurs de chaque contrée
s'étaient rendus indépendants dans leur province, comme
les chefs des Satrapies après qu'Alexandre, fils de Philippe
de Macédoine, cul tué Dara, fils de Dara, roi de Perse, et
comme cela se passe encore aujourd'hui chez nous, en 332.
CHAPITRE XV. 307
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,ji^^! ^\ ^^.s^- jjf^^s c-Um) XXjO^ »i!^ (j>^ ^ -ifc v^gjul ^ijj
Le roi de Chine dut se contenter de robcissance purement
nominale que les gouverneurs lui accordaient, et du titre
de roi qu'ils lui donnaient dans leurs lettres; mais il ne put
pas se porter de sa personne dans toutes ses provinces, ni
combattre ceux qui s'en étaient rendus maîtres. Il se résigna
donc à n'exiger d'eux qu'un simple hommage , et, bien qu'ils
ne lui payassent aucun tribut, il les laissa vivre en paix;
il fut même obligé de permettre que chacun de ces nouveaux
maîtres attaquât, selon ses forces et son pouvoir, ses voisins.
Ainsi l'ordre et l'harmonie qui avaient régné sous les an-
ciens rois cessèrent d'exister.
Les anciens rois avaient un système régulier de gouver-
nement, et se laissaient guider par la raison dans les juge-
ments équitables qu'ils rendaient. On raconte qu'un mar-
chand de Samarkande, ville de la Transoxiane, ayant quitté
son pays avec une riche pacotille, était venu dans l'Irak. De
là il .s'était rendu avec ses marchandises à Basrah, où il
s'était embarqué pour le pays d'Oman; puis il était allé par
308 LES PUAIRIES D'OR.
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mer à Killah , qui est à peu près à moitié chemin de la Chine.
Aujourd'hui cette ville est le rendez-vous général des vais-
seaux umsulmans de Siraf et d'Oman, qui s'y rencontrent
avec les bâtiments de la Chine; mais il n'en était pas ainsi
autrefois. Les navires de la Chine se rendaient alors dans le
pays d'Oman, à Siraf, sur la côte de Perse et du Bahrein, à
Obollah et à Basiah, et ceux de ces pays naviguaient à leur
tour directement vers la Chine. Ce n'est que depuis qu'on
ne peut plus compter sur la justice des gouvernants et sur
la droiture de leurs intentions, el que l'état de la Chine est
devenu tel que nous l'avons décrit, qu'on se rencontre sur ce
point intermédiaire. Ce marchand s'était donc embarqué sur
un bâtiment chinois pour aller de Killah au port de Khan-
fou. Le roi avait alors, parmi les serviteurs attachés à sa
personne, un eunuque en qui il avait confiance. Les Chi-
nois donnent aux eunuques des emplois, comme ceux de
receveurs de contributions et autres; il y en a même qui font
CIIAlM'l r»K XV. 'M)\)
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v_À.iL>3 (j\,-4sI:àiL-l' CJ-* •^^ tj-* (^ (joAJi^ s|>-*^5 <i[j,X^ U«-«i>
châtrer leurs enlanls, alin de les faire parvenir au\ cligiii-
lés. L'eunuque du roi alla donc à Kliani'ou, où il fil appe-
ler en su présence les marchands, et parmi eux celui de
Samarkande. Tous lui présentèrent les marchandises dont
il avait besoin. Après avoir mis de côté ce qui pouvait servir
au roi, il offrit aa Samarkandien un prix dont celui-ci ne
se contenta pas; de là une discussion qui alla assez loin pour
que l'eunuque donnât l'ordre d'emprisonner el de maltrai-
ter le marchand. Le Samarkandien, ayant plus de confiance
dans la justice du roi, se rendit aussitôt à Anmou, la rési-
dence royale, et se plaça à l'endroit où se mettaient les plai-
gnants. Quiconque avait à se plaindre d'une injustice, (lu'il
lût ou non d'un pays éloigné, se revêtait d'une sorte de tu-
nique en soie rouge, et se transportait dans un lieu destiné
aux plaignants. Là un des grands dignitaires des provinces,
commis à cet etfet, le transportait par la poste à une dis-
tance d'environ un mois. On en agit ainsi avec le marchand,
310 LES PRAIRIES D'OR.
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a^^Xj x^j Aj*^ (:J?rJ ^-**5^ vii-Ut SjAja^. <jî J.^ «JuXc ^iû
y^s- \jLs2 â^îj^ ii-«>XlàJÎ3 ii^Uiail é> i^-^^^j-e^^ ^-^-^o U»i
s-ol^i (jàjo Ji Aj^^î 2f>'jjti:>^ ^^^i^ yl^TjjcJi aaJî b:> Uo
et on le conduisit devant le gouverneur du pays chargé de
ces fonctions, qui lui dit : «Tu entreprends là une grave
affaire, où tu cours risque de la vie. Considère bien si tu es
fondé dans ta plainte, sinon je regarderai tout comme non
avenu et te ferai ramener au pays d'où tu viens. » Si le plai-
gnant ainsi apostrophé baissait la voix, si on le voyait se
troubler et se rétracter, on lui appliquait cent coups de
bâton , et on le ramenait là d'où il était venu ; mais s'il per-
sistait, on le conduisait au château royal, en présence du roi
qui entendait sa réclamation. Comme le Samarkandien per-*
sévérait dans sa demande, et comme on vit qu'il disait la
vérité sans se troubler et sans mentir, on le mena devant le
roi, auquel il raconta ce qui lui était arrivé. Lorsque le
drogman eut fait comprendre au roi ce dont il était ques-
tion, ce prince donna des ordres pour que le marchand fût
logé dans un des quartiers de la ville et qu'il y fût bien traité.
Ensuite il manda auprès de lui le vézir, le maître de la
droite et le maître de la gauche. Ces hauts dignitaires, qui
(;ii/\i»rrnE xv. 311
^1 ^m /^-*lj ^^^ iiJti^ XJiAjy^ fi"\r^ «Xsfc.1^ Jo (Jj»-t «Xi^
4j^ lj\,LaJl j.jU« ^ (j^-^ai! ui)_j.H5 *.^UJî 2s11j U >A.iNJo «XjjaJI
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«Xi^ juwIaw oXaj u-* ?r /-^ <XJj ws-li» 43) (.:^»X5 >j j\i a.S" 2^aX£
connaissaient parfaitement leurs atlributions et leurs devoirs ,
exerçaient leur charge dans les circonstances critiques et en
temps de guerre. Le roi leur ordonna d'écrire séparément
à leurs représentants à Kliaulou; car chacun d'eux avait un
agent dans toutes les provinces. Ils leur écrivirent donc pour
leur demander un rapport sur ce qui s'était passé entre le
marchand et l'eunuque. Le roi, de son côté, écrivit dans le
même sens à son lieutenant. Cependant l'aflaire s'était ébrui-
tée dans le pays, en sorte que les lettres apportées par les
uiulels de la poste confirmèrent la déposition du marchand.
Les souverains de la Chine ont sur toutes les routes de leurs
provinces des mulets a longue queue ponr la poste et le
transport des groups d'argent. Le roi lit aussitôt venir l'eu-
nuque, lui ôta tous les biens qu'il tenait de sa munificence,
et lui dit : « Tu as nui à un marchand qui venait d'un pays
éloigné, et qui, après avoir traversé sans accident bien des
royaumes et vécu sous la protection de plusieurs souverains
de la mer et du contiuent, espérait arrivt:r sans encondjre
312 LES PRAIRIES D'OR.
tj (♦^'^ «.^iwli iiî_5 t^>4»' (J-«^V i-i^^cU.* (j~» \jj jAjis%^\ U JtAAJ
jUâ.! v-ÀjI^ (j^^ (^:>yt.»m Jlï J^jUi^U^ Jî *i>li=i <-^^-^^
dans ce pays, plein de confiance dans ma justice; mais,
grâce à Ion iniquité, peu s'en est fallu qu'il n'ait quitté mes
Etats en semant partout sur moi le blâme et le reproche.
Sans tes services antérieurs, je t'aurais fait mettre à mort;
mais je l'infligerai un châtiment qui, si tu le comprends,
est plus sévère que la mort. Je te charge de la garde des
sépulcres des anciens rois, parce que tu as été incapable
d'administrer les vivants et de remplir la tâche que je t'a-
vais confiée. » Le roi combla ensuite le marchand de bien-
faits, le fit retourner à khanfou, et lui dit: «S'il te plaît
de nous céder celles de tes marchandises qui nous con-
viennent, nons t'en donnerons un bon prix; sinon, tu es
le maître de ta fortune; séjourne ici tant que tu le vou-
dras, vends à ton gré, et va où il te plaira. » Quant à l'eu-
nuque, il fut préposé à la garde des sépulcres royaux.
Voici encore une anecdote piquante sur les rois de la
Chine, A l'époque où se passa à Basrah l'aventure du chef
des Zendjs, dont tout le monde a eu connaissance, un
Koraichite noble et riche, descendant de Habbar, fils d'el-
CHAIMTUE XV. 313
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ilft ^'^ J^ aA^J(^ 2*J (jili Aa-w^ ii-SSU l_j.Àjli»- c-*J*-L«> AaJ!
Aswad , se rendit à la ville de Siraf. De là il s'embarqua
pour les mers de l'Inde, et, après un long voyage par eau
et parterre, il arriva enfin à la Chine, et alla à Klianfou.
Ensuite la fantaisie lui prit de visiter la résidence royale qui
était alors Ilamdan , l'une des cités les plus considérables de
ces pays. Le Koraichite se tint longtemps à la porte du pa-
lais, en présentant des requêtes dans lesquelles il déclarait
qu'il était de la famille du prophète des Arabes. A la hn le
roi donna des ordres pour qu'on l'installât dans une maison
où il ne manquerait de rien et où l'on pourvoirait à tous
ses besoins. Il écrivit ensuite au gouverneur de Khanfou
de lui comnmniquer le résultat de ses recherches et des in-
forniafions qu'il aurait prises auprès des négociants sur la
prétention de cet homme d'être un des parents du prophète
des Arabes. Le gouverneur de Khanfou avant confirmé
314 LES PRAIRIES D'OR.
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yUr^xW Jlij Kfi tiU«x.j J u Jls /c»i ù»xs. ti^jAiî j.jLw aI^m) u
d)^m d)X« btXÀf <\.omI (j^j ^? ^<^»^ cl)pJLi3 IajjJI \ûmu^ <\j^
par sa dépêche l'assertion du Koraichite sur sa parenté, le
roi l'admit à son audience et lui donna des richesses consi-
dérables qu'il rapporta dans l'Irak. Or cet homme était un
vieillard intelligent qui racontait que le roi de Chine, après
lui avoir accordé une audience, l'avait interrogé sur les
Arabes, et sur les moyens par lesquels ils avaient détruit le
royaume des Perses ; à quoi il avait répondu : « C'est avec
l'assistance du vrai Dieu, tandis que les Perses adoraient,
à l'exclusion du créateur, le soleil et la lune, et se proster-
naient devant les deux grands luminaires. » i.e roi ajouta :
« Les Arabes ont conquis le royaume le plus noble, le
plus fertile, le plus riche, le plus remarquable par l'intel-
ligence de ses peuples et le plus célèbre. Mais conmient
classez-vous tous les souverains du monde?» — «Je n'en
sais rien,» répondit le Koraichite. Là -dessus le roi s'a-
dressant à son interprète: «Dis-lui que nous comptons cinq
rois; le plus puissant de tous est celui qui gouverne l'Irak,
car il occupe le milieu du monde et les autres puissances
l'entourent; aussi le nommons-nous roi des rois. Après cet
empire vient le nôtre; nous le regardons comme celui des
hommes, parce qu'aucun royaume n'est mieux gouverné,
(:ilAt>lT]\E XV. :^15
yib^ c.La*wJJ ii)_j,X« biX*_» (j-«j (J*.IàjI dJyk* Ly^<i ^'rî^-^ GT*
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wels J-^t c>Ajii IfCi^^MS wJ^jl Ljfl I*XJÛ :>jI ^ Jb tM»^ j.£
(jl:?r\.xAî Jb_5 ^î*^^ -î^À-* J^UaJ -î^j^Xj (^jvj S*^i 7:r^^ iiÀMfcj
ni plus régulièrement administré; nulle part aussi les su-
jels ne sont plus obéissants, et voilà pourquoi nous sommes
les rois des hommes. Apiès nous, vient le roi des bêles fé-
roces; c'est notre voisin, le roi des Turcs, qui sont parmi
les hommes ce que les bctes féroces sont parmi les ani-
maux. Il est suivi du roi des éléphants, ou celui de l'Inde,
que nous reconnaissons comme le roi de la sagesse, parce
que la sagesse est originaire de ce pays. Le dernier enfin
est le roi de Roum, que nous regardons comme le roi des
fantassins, car aucun pays ne possède des hommes d'une
laille plus parfaite et d'une figure plus belle. Tels sont les
principaux rois; les autres sont au-dessous d'eux. » Le roi,
ajouta le Koraichile, m'adressa ensuite cette question par
son interprète : «Reconnaîtrais-tu ton maître, c'est-à-dire
le Prophète, si tu le voyais? » — « Comment pourrais -je
le voir, répondis-je, puisqu'il est avec Dieu? » — «Je ne
parle pas de sa personne, reprit le roi, je parle de son
portrait.» — «Très-bien,» dis-je. Le roi fit apporter une
cassette ([u'on plaça devant lui. Il \ prit un cahier, cl dil
316 LES PRAiniES D'OR.
JUi *ljWJ^I (^ J^-*»5 (.^icXjii ^Jl<»«Ai A..AAÀ-ii iSjy^ /w& A^AW
W«^ -cLil cK^^ j^ 4WÎ j^l U AX^ qjC ^^^_ è<X^fXMj\ i ^^
*>oi* -.^ U! Jlïj kils-^i AXrO 0.jf 4MÎ *.Jt»Ag^ l^Ai yjf l^ iy=D^^
cN.»*fcJÎ_j tXÀgJÎj (^y^fia.1] j^\x^ (j'^* ^^^^aJi-^i 8*Xj(û ^j~» \^\.:^P
à l'interprète : « Montre-lui son maître. » J'aperçus aussitôt
dans le cahier les images des prophètes, et je les saluai à
voix basse. Le roi, ne se doutant pas que je les reconnusse,
chargea l'interprète de me demander pourquoi je remuais
les lèvres. « Je salue les prophètes par une invocation, » ré-
pondis-je. — « Comment les reconnais-tu? » dit-il. — « Par
les traits de leur histoire qui sont ici représentés: voici Noé
qui se réfugie avec les siens dans un vaisseau, lorsque Dieu,
<[ui avait commandé à l'eau de submerger la terre tout en-
tière, le sauva avec ceux qui l'accompagnaient, » Le roi
se mit à rire et dit : « Pour le nom de Noé, tu es dans le
vrai; mais quant au fait de l'inondation de la terre tout
entière, nous ne le connaissons pas; le déluge n'a atteint
qu'une partie de la terre et n'est pas arrivé jusqu'à notre
pays. Si l'histoire que vous racontez est vraie touchant cette
partie du monde, toujours est-il que nous autres habitants
de la Chine, de l'Inde, du Sind et d'autres pays encore,
nous n'en avons pas connaissance, et que nos ancêtres ne
nous en ont rien légué par tradition; et cependant, un évé-
CIIAPITHK W. 317
^.^i)i A.\ji<Xj^ ddàxs— <i! ,j*.yi.ÀJI j^/-*J (S^^^ -lloxil (jjji^Mt
^^ A.Xi JlJCi Jolw»»<5 (^OO Sl-elX.^ lS*'y^ \>SJi OcU Ajr' ^Js.J
»^i yW Ui iJ*xXi j.A/^3 ^j\^ <XJii JUi Ajc* y^-J^'j^jj^ <ic
0»».xLl j^iwwjiî! ijs-i6 /0*Ç;j <ÎUil*j vJi <_^ bj-»AXïi u jPjlA.Sfc.1^
Igjki ^j^;> *Xi iiAjj,lo iolxJj iJ;^.o Jo (Ji_5-9 (^5^ -^^^ jW^ (^l^
A-^\y<j t_>l.AA«î^ J^l5'5^il.J"Lo^ A^jÎvXAj %M>\^^ ^^^\jimJ) jS i>
nemenl tel que riuondaliou de la lerrc est assez imporlant
pour frapper les esprits, se graver dans la mémoire, et pour
<|ue les peuples se le transmettent par tiadilion. » Le Ko-
raicliite ajouta : « Je craignis de le réfuter et d'exposer nos
arguments, parce que je savais qu'il les repous.>>erait. Je
continuai : « Voilà Moïse et son hâton, avec les enfants d'Is-
raël. » Le roi dit ; « Oui, il fut prophète, malgré les limites
étroites de son pays et les révoltes de son peuple contre
lui.» — «Voilà Jésus, repris-je; il monte un àne, et les
apôtres l'accompagnent. " — « Sa ])rophétie, dit le roi, dura
peu de temps; elle ne dépassa guère trente mois. » Il passa
ainsi en revue tous les prophètes et leur histoire, et dit
heaucoup d'autres choses dont nous n'avons rapporté qu'une
partie. Ce Koraichite, qui est connu sous le nom d'Ihn Ilab-
bar, prétendait même avoir vu au-dessus de la figure de
chaque personnage une longue épigraphe qui contenait une
mention de sa généalogie, de son pays, de l'âge (|u'il avait
atteint et de tout ce qui concernait ses prophéties et sa vie.
" A la fin, ajoutait-il, je reconnus la figure de notre pro-
318 LES PRAIRIES D'OR.
*_jL.^PÎj J— 5^ t^ aaLo «X_^ lÀJUkJ &jy£) iJJ<j\j *o f^**<^
Jlij^^/«.*.A««i3 ^-* (^^j L»«Xa'*»'j ^-m-!^ î*>^ ci^AjL» aj^^ />ft
l)t«l> StXAJ jLiî «Xi /e>4A^ t^AÂJj ^UAJii5j^,o ooî^^ AjIâA^
jÎJou» ^ isJiAXii yî v-ÀAaj A,3\^ iuLLs.\^ <îcfll.§j5^ AajUau (j^
phète Mohammed, monté sur un chameau et entouré de
ses compagnons qui porlaient à leurs pieds des chaussures
dites iVAden, faites de peau de chameau , et des cure-dents
suspendus à leurs ceintures formées de cordes en fdaments
de palmier. Je pleurai. Le roi m'en fit demander la cause
par son interprète. « Voilà mon prophète, répondis-je, mon
maître et mon cousin Mohammed, fils d'Ahd Allah! » —
«Tu dis la vérité, repartit le roi. Il a régné, et sur le plus
noble de tous les peuples; seulement il n'a pas vu de ses
yeux l'empire soumis à sa loi; ce bonheur a été réservé aux
khalifes, ses successeurs, qui ont gouverné son peuple après
lui. » En examinant les portraits des prophètes, j'en vis
plusieurs qui, en joignant l'index avec le pouce en forme
d'anneau, semblaient indiquer par la position de leurs
mains que la création est comme un cercle; d'autres tour-
naient l'index et le pouce vers le ciel, comme s'ils avaient
voulu inspirer à la créature la crainte de ce qui est au-
dessus d'elle. Le roi m'adressa ensuite des questions sur
CHAPITRE XV. 319
Iaj«xJ| j^i /cJ Jli /©.s l^À^ c>-fcs^ Uj«Xi ^^ AJùkS^-là «oK-iJl
/\>iAw o^i iLjUu Jyb (ja**i lilii jj ^jy^ >^J> oJJii a5«XJ^c
<-:^iii (♦XAAJ 0-c dUi Jlx» Igjji Jyb jàhj^ ^^•^ Jy^ (>**^j
_j.^si^ -XA^a:*' (jî A.f-A-w^ ijvjû jJv.:».ij 1>,J ^w**^ yû J^ Axi
les khalifes, sur leur costume et sur un grand nombre de
leurs institutions. Je lui répondis dans la mesure de mes con-
naissances. Puis il dit : « Quel âge donnez-vous au monde. ^ »
— «Les opinions diflerent à ce sujet, répondis-je; les uns
lui donnent six mille ans, les autres plus ou moins. » —
« Cette opinion vient-elle de votre prophète.^ » reprit-il. —
« Oui, • lui dis-je. Il éclata de rire ainsi que son vézir, (jui
se tenait debout, ce qui prouvait leur incrédulité; puis il
ajouta : « Je ne pense pas que votre prophète ait émis cet
avis. » Je revins à la charge et lui dis : « C'est le prophète
lui-même. » Je vis alors l'incrédulité se peindre sur sa
figure, et il ordonna à son interprète de m'adresser les pa-
roles suivantes: « Fais bien attention à ce que tu dis,
car on ne parle aux rois qu'après avoir eu la certitude de
ce qu'on avance. Tu as prétendu qu'il existait parmi vous
une dinérence d'opinion à ce sujet : ce désaccord tombe
donc sur une parole de votre prophète. Cependant lorsqu'il
s'agit de ce que les prophètes ont dit, il n'est plus permis
d'avoir des avis dilTérents; bien loin de là, tout le monde
doit se soumettre sans contestation. Prends donc bien ffarde
320 LES PRAIRIES D'OR.
J Jli j^ ««Xil JjiaJ ,;^Lff 0».=-^ »«Xi£>jAi «^A^3 ^^S-it
oi^A-ïj U*wkjj ljî:> \JL« dL^Jt t_>^l _5.-^^ dl.J(r,« Q* oJtX*^
5^x5^ di.jj.A-ui ^j„*«*.s»-j lillLo ic^UjUwi i^yk (^Ji^J U dLllî Iw-jÎ
vilUi 1>_)I kil.^-i o-**»-^ J»xxîi i Jvi5 -^3 i:5Xj| » Jviû iu^^
" U/ w C f I
&jM*J tkV'5^ J^J <^"'^'^ (J"**"-=^ <-1>* J^.' J_^^3 AJij>X.i^ Si)^.^i
*X^yAÎ5 ^^ ij~^ J"^^3 ^^-^^ ^•M*'J "^^-^ *>-jWr <ij-*5^ vilii
de parler de cela ou de choses semblables. » Il m'entretint
encore sur d'autres sujets que le temps a effacés de ma
mémoire. Il me demanda ensuite : « Pourquoi as-tu aban-
donné ton pays dont le séjour et la population ont plus
d'analogie avec toi que n'en a le nôtre?» Je lui racontai les
événements de Basrah, et comment j'étais arrivé à Siraf.
«Là, continuai-je, je désirais te voir, ô roi! car j'avais en-
tendu parler de l'état prospère de ton royaume, de ta sa-
gesse, de ta justice et de la perfection d'un gouvernement
qui régit à la fois tous les sujets. J'ai voulu voir cet empire
et le connaître de mes propres yeux. Maintenant, s'il plaît
à Dieu, je retournerai dans mon pays, dans le royaume de
mon cousin; j'y raconterai ce que j'ai vu de l'état florissant
de cet empire, de sa vaste étendue, de l'équité de l'admi-
nistration, qui s'étend à tous, et de tes grandes qualités,
ô excellent prince! je répéterai chaque belle parole et j'y
vanterai chaque bonne action.» Le roi, flatté de ce dis-
cours, me fit donner de riches présents et de magnifiques
CIIAIMTHE XV. 321
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xjI vkA«UI^ J»Ajkâ,^vJi i^K^i ij^ u^ o|v>^»M (.^v^-Lo LCwLxAM>j
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vêtements; on me conduisit par la poste à Khanfou, et le
roi écrivit à son gouverneur de me bien traiter, de nie
mettre au premier rang parmi les personnages distingués
qui l'entouraient, et de me combler de faveurs jusqu'à mon
départ. Je restai donc auprès de lui, vivant dans l'abon-
dance et dans les plaisirs jusqu'au moment où je quittai la
Chine. »
AbouZeïd Mohammed, fils de lezid, originaire de Siraf,
cousin de Mezid Mohammed, fils d'Ebred, fils de Bestacha,
gouverneur de celte même ville, honmic d'expérience et do
discernement, causant avec moi, Maroudi, à Basrah où il
était venu se fixer l'an 3o3, me dit qu'il avait interrogé ce
Koraichite, Ibn Habbar, sur la ville de Ilamdan , résidence
du roi , sur sa physionomie et son aspect. Ibn Habbar lu: avait
parlé de l'étendue de cette capitale et du grand nombre de
ses habitants, ajoutant qu'elle était divisée en deux parties,
séparées par un long et large boulevard. Le roi , son vézir,
le grand juge, les troupes, les eunuques et tout ce qui fient
322 LES PRAIRIES D'OR.
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^^ (iJ^rAaJl J«*l Uî^ l^ -j«Xjc« Ails tK^^Jl ^1 'éi>J^2jo j\^\^
au gouvernement occupent la partie de droite située à l'o-
rient; aucun homme de la basse classe n'habite parmi eux;
on n'y voit pas de marchés, mais les rues sont sillonnées,
dans toute leur longueur, de canaux bordés d'arbres plantés
avec symétrie, et de vastes maisons. La partie gauche, à
l'ouest, est affectée au peuple, aux commerçants, aux maga-
sins d'approvisionnements et aux marchés. A la pointe du
jour, je voyais les intendants du roi, ses domestiques, les
esclaves et les agents des gouverneurs se rendre , soit à pied ,
soit à cheval, dans la moitié de la ville où se trouvent les
marchés et les négociants; ils prenaient là les marchandises
et les objets dont ils avaient besoin, et s'en retournaient
sans plus remettre le pied dans ce quartier jusqu'au lende-
main. La Chine est un pays charmant, à la végétation luxu-
riante, et entr^ecoupé d'innombrables canaux; toutefois le
palmier ne s'y rencontre pas. Les habitants de cet empire
sont, parmi les créatures de Dieu, les plus habiles dans la
CHAPITKK XV 32S
^ jU^t »ô]j 8«X^ V^^' (^^ jy^*^^ W^S^ lilXw aXauLm l^(
J^«-»»<j \.{^ xJ)\jks j.Ah,-*'^ wiUil <jl Jo».:>l3 l^-jlxi <_j*Xr>.| S^j
peinture et clans tous les arts. Aucune autre nation ne
pourrait rivaliser avec eux pour quelque ouvrage que ce
soit. Lorsqu'un Chinois a fait un travail qu'il croit inimi-
table, il l'apporte au palais du roi et demande une récom-
pense pour son chef-d'œuvre. Le roi ordonne aussitôt que
cet ouvrage reste exposé au palais pendant une année, et si ,
dans tout ce temps, personne n'y trouve de défaut, le roi
accorde à l'auteur une récompense et l'admet au nombre de
ses artistes; mais si l'on découvre un défaut dans l'ouvrage ,
celui qui l'a fait est renvoyé sans salaire. Un homme avait
représenté sur une étoffe de soie un épi avec un moineau
perché dessus; telle était la perfection du travail que l'œil
du spectateur s'y trompait forcément. Ce chef d'œuvro resta
longtemps exposé. Un jour un bossu, en passant devant lui,
se permit de !e critiquer. Introduit auprès du roi, ainsi que
l'artiste, on lui demanda sur quoi portaient ses reproches.
« Tout le monde sait, répondit-il, qu'un moineau en s'abal-
tant sur un épi le fait plier; ici le peintre a représenté l'épi
21 .
324 LES PRAIRIES D'OR.
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(j^ io 1.4JO ^^jjw» xàj^jUâ^t J^-i^X^ij iÙAjè jlvà».| (j^Aa^îi
droit et nullement penché, bien qu'il ait posé dessus un
oiseau. » L'observation fut trouvée juste, et le peintre ne
reçut aucune récompense. Par cette coutume et d'autres
semblables, ils veulent stimuler le zèle des artistes, les for-
cer à beaucoup de circonspection et de prudence, et les
obliger à réfléchir longuement dans l'exécution des ouvrages
qu'ils entreprennent.
Il nous resterait encore beaucoup de renseignements cu-
rieux et de choses intéressantes à communiquer sur les Chi-
nois et sur leur pays ; mais nous y reviendrons plus bas dans
cet ouvrage , et nous en parlerons en gros , bien que nous
ayons déjà traité ce sujet d'une manière très-complète dans
nos Annales historiques et dans notre Histoire moyenne.
Au surplus nous avons consigné surtout dans le présent livre
tous les détails que nous avions omis dans ceux que nous
venons de citer.
CHAPITRE XVI. 325
*l^j-*ï>!^ >^»laJi yàL«-«^ jj^Jsjiil jlx>sfc.l^ liJj-m t-ol^j
^ji i/i bjji U ^^ ^j^olXm jji^ l^Lç« A\<wajL« M"*i^'^ U*L)k?
W^b^* U • ^-? W*"';?; vW* O'^'^ii^^^ v_jtXxii? Uûi_j5^j l^L^iyû
CHAPITRE XVI.
IVAPIDE EXPOSÉ DES MERS, LEURS PARTICULARITES; LES PEUPLES
ET LES DIFFÉRENTES PUISSANCES; RENSEIGNEMENTS SUR L'ES-
PAGNE; LES CONTRÉES D'OU PROVIENNENT LES PARFUMS, LEURS
DIFFÉRENTES ESPÈCES, ET AUTRES SUJETS.
Nous avons déjà parlé plus haut, d'une manière générale,
des mers qui communiquent entre elles et de celles qui
sont isolées; nous donnerons dans ce chapitre des notions
sommaires sur les communications de la mer d'Abyssinie
avec les autres mers, sur les royaumes, les rois, les diffé-
rents rangs qu'ils occupent, et sur d'autres faits intéres-
sants.
Les eaux des mers de la Chine , de l'Inde , de la Perse et
tlu Yémen communiquent entre elles sans interruption,
comme nous l'avons dit; mais l'agitation et le calme y sont
variables et dépendent de la diversité des vents qui y souf
fient, des époques où elles sont soulevées par la tempête.
326 LES PRAIRIES D'OR.
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J^.À_^I j-rtf" ^^-^5 *>^~** Xiy^sj J^Mt^_^ XS!"]^] tMj_5 0*yls
et d'autres ciixonstances encore. Ainsi la mer de Perse est
houleuse et d'une navigation difficile quand la mer de
l'Inde est paisible, très-peu agitée et très-facile à traverser.
La mer de Perse, à son tour, est calme, presque sans vagues
et d'un parcours facile, lorsque la mer de l'Inde est pro-
fondément troublée, et que le choc de ses vagues et ses
brouillards opposent de grandes difficultés aux navigateurs.
La mer de Perse commence à devenir orageuse lorsque le
soleil entre dans le signe de l'Epi . et à l'approclie de l'équi-
iioxe d'automne; les vagues augmentent continuellement
jusqu'à ce que le soleil se trouve dans le signe du Poisson;
elles sont surtout violentes vers la fin de l'automne, quand
il est dans le Sagittaire, et elles se calment ensuite, pour
reparaître de nouveau, quand il revient à la constellation
de l'Epi; les dernières vagues s'y montrent vers la fin du
printemps, lorsque le soleil séjourne dans les Gémeaux.
Quant à la mer de l'Inde, elle est très-grosse jusqu'à ce que
le soleil entre dans l'Épi, seule époque où elle devient na-
CHAPITRE XVI. 327
^J,^,Jlî y^.^ (J-yiJ^ À (_fW-CW.il (J^ «XJvC (J_^r? ^ l♦Xi^\^ «XaÀXS»-
U-M^JI yftj '&j\m*j^\ AAi ^j_jXj «Xà^Î jjS?^ tXÂ^I i^Vj (jî ^ij
iJw éfiiS—À—S' oixo U«XÀ* joIa-Cw^^ U^°^ U^ i >i^' (•'^^.5
vigable; les plus grands calmes y régnent lorsque le soleil se
trouve dans le Sagittaire. Sur la mer de Perse on navigue
toute l'année d'Oman à Siraf pendant une traversée de cent
soixante parasanges, et, de Siral à Basrah, distante de cent
quarante parasanges; mais on ne dépasse pas ces deux lo-
calités ou leurs alentours. L'astronome Abou Mâchar, dans
son ouvrage intitulé Grande introduction à rastronomie,
rapporte ce que nous venons de raconter sur l'agitation et le
calme alternatifs de ces mers, selon la constellation dans
laquelle séjourne le soleil. Aucun bâtiment d'Oman, saul"
les bateaux qui se risquent avec une petite charge, ne tra-
verse la mer de l'Inde pendant le tirmah (mois de juin);
ces bateaux, qui ont osé se rendre à cette époque dans
l'Inde, s'appellent à Onian tirniahyyeh. Or il faut savoir que
pour les régions de l'Inde et la mer des Indes, le ie<^areh,
c'est-à-dire l'hiver, et les pluies continuelles qui, chez nous,
tombent pendant les mois de décembre, janvier et février,
328 LES PHAIUIES D'OR.
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jj (j*iL»Jl cjUj} ppSÎ ^j_j.^j fi^fJuS^ [ij.^t>^j.^<l\ \<>^ (j^
correspondent à Tété, de même que chez nous la chaleur
se fait sentir pendant les mois de juin, juillet, août, en
sorte que l'été règne chez eux pendant notre hiver, et récipro-
quement. 11 en est de môme dans toutes les villes de l'Inde
et du Sind et dans tous les pays limitrophes jusqu'aux ex-
trémités de cette mer. On se sert du mot iaçara pour dési-
gner le séjour d'hiverque quelqu'un fait dans l'Inde, tandis
([ue l'été règne dans nos climats. Cette différence de saisons
provient du plus ou moins de distance ou de proximité du
soleil.
La pêche des perles, dans le golfe Persique, n'a lieu que
depuis le commencement d'avril jusqu'à la fin de sep-
tembre; elle cesse pendant les autres mois. Dans nos ouvra-
ges antérieurs nous avons nommé tous les endroits de cette
mer où il existe des pêcheries; car les perles se trouvent
exclusivement dans lamer d'Abyssinie, au pays de Kharek,
de Rotor, d'Oman, de Serendib, et sur d'autres points de
ces parages. Nous y avons aussi parlé de la manière dont
la perle se forme, et des différentes opinions émises à ce
CHAPITRE XVI. 329
yî^jxs*- yûj *.^Jl^ o*>^>^' i t5*^^ (^-^'j tXAfJ^^ <-^J?/*^^
^^il^ ^ iuaUiî Qjl^ C^y*^' i^AJU^s jii^i ^^ UjO''^ U>*xJ^
(iULi-tû (j^ (jwbAÀJÎ ^jjy*- /o-^jîiî J_^l ^3-<i (j^ ^».4Ji^L> Uj
sujet; les uns la faisant naître de la pluie, et les autres lui
attribuant une origine toute différente. Nous avons dit qu'on
distinguait dans les perles les anciennes et les nouvelles, ap-
pelées aussi el-niahar et connues sous le nom (Xel-halbal. Quant
à l'animal lui-même, il se compose d'une agglomération de
chair et de graisse qui se trouve dans la coquille; il redoute
pour la perle l'approclie des plongeurs, comme une mère
craindrait pour son enfant. Nous avons expliqué aussi la
manière dont on plonge. Les plongeurs, ainsi que nous l'a-
vons dit , ne se nourrissent que de poissons et de dattes, et
d'autres aliments du même genre; on leur fend le bas de
l'oreille pour laisser passage à la respiration, attendu qu'ils
bouchent leurs narines avec un appareil taillé en fer de
flèche, fait de zebel, qui est l'écaillé de la tortue marine dont
on fiibri(jue les peignes, ou bien encore en corne, mais ja-
mais de bois; ils portent dans leurs oreilles du coton im-
prégné d'huile dont ils expriment une faible partie lorsqu'ils
:i30 LES PRAIRIES D'OR.
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j^ yâ>^ (^jvAôJlj.^ <oÔ 5i>^\j JI^ ^AaJî iyJt cjt»^ -JuJI^
sont au fond de la mer, ce qui les éclaire comme une lu-
mière. Ils enduisent leurs pieds et leurs cuisses d'une matière
noire qui fait fuir au loin les monstres marins par lesquels
ils craindraient d'être engloutis. Quand ils sont au fond de
la mer ils poussent des cris semblables aux aboiements des
chiens, et dont le bruit perçant leur sert à communiquer
les uns avec les autres. Enfin nous avons encore rapporté
d'autres détails curieux concernant les plongeurs et leur art,
l'huître à perle et son animal, les qualités, le caractère
distinctif, le prix et le poids de la perle.
Cette mer commence du côté de Basrah, d'Obollah et du
Bahrein , à partir des estacades de Basrah ; puis vient la mer
Larewi, qui baigne les territoires de Seïmour, Soubareh,
Tabeh, Sindan , Kambaye et autres , faisant partie de l'Inde
et du Sind; puis la mer d'Herkend; puis la mer de Killâh
ou Kalah et l'archipel; puis la mer de Kerdendj; puis la
mer de Siuf , dont les côtes produisent l'aloès appelé de
son nom sinfi, et enfin la mer de Chine ou Sindji, qui est
CHAPITRE XVI. 331
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la dernière de toutes. La mer de Perse, ainsi que nous
l'avons dit, commence auxestacades de Basrab, à l'endroit
même connu sous le nom d'el-Kenkelà; ce sont des madriers
enfoncés dans la mer et servant de signaux aux bâtiments.
De là à Oman, en suivant la côte de Perse et du Bulirein ,
il y a trois cents parasanges.De l'Oman, dont la capitale s'ap-
pelle Sohar, ou Mezoen, d'après les Persans, à Maskat, ville
qui possède des puits où les marins viennent faire de l'eau
douce, il y a une distance de cinquante parasanges. Il y en
a autant de Maskat au cap el-Djomdjomali, limite extrême
de la mer de Perse, dont la longueur est de quatre cents
parasanges, ce qui est conforme, du reste , à l'évaluation des
patrons (jui fré(|uentent ces parages. Le cap el-Djomdjo-
mali est formé par une montagne qui va rejoindre le Yemen
par le pays d'ech-Ghihr, d'el-Ahkaf et des sables, et qui
se prolonge ensuite dans les profondeurs de la mer jusqu'à
mie limite inconnue. Toutes les fois qu'une montagne s'é-
332 LES PRAIRIES D'OR.
4^^yij.^^.J! i (^^^ jj^\ c:a^ ff.M^ j^\ ^ J<a (j^ UjU?^
À^ j^ ^\^ l4^>^Xi5j [•Jz—'I' 4^.»51^^jJL^9) <_^kft ViV^*^
^^j4*iJ! ^^ iCÂXSJl^ (jjj.4^J! ^ (jJuJl A*kJb' LjCjj AAjUio
lend ainsi au loin sous les eaux, on lui donne dans la
Méditerranée le nom de Sofalah; tel est le Sofalah qui,
de l'endroit connu sous le nom de côte de Séleucie, dans
le pays de Roum, s'étend sous la mer dans la direction de
l'île de Chypre, et sur lequel tant de vaisseaux grecs ont
échoué et péri. Nous aurons toujours soin de rapporter les
termes dont les navigateurs de chaque mer se servent entre
eux et dont ils comprennent parfaitement le sens. — Du
cap el-Djomdjomah les vaisseaux, quittant le golfe Persique,
passent dans la seconde mer, ou merLarewi. On n'en con-
naît pas la profondeur, et on n'en peut déterminer exacte-
ment les limites à cause de l'abondance de ses eaux et de
son immensité; bien des marins prétendent qu'il est dif-
ticile d'en donner une description géographique, tant est
grande la multitude de ses ramifications. Toutefois les vais-
seaux la traversent communément en deux ou trois mois,
quelquefois même en un mois , lorsque le vent est favorable
CHAPITRE XVI. 333
/•^Jy» wiUi JX»^ o^XJI (j^ iivXj (jv-Jî u.?^*^ (*^' viLîi^
et l'équipage en bonne santé, bien que ce soit la plus con-
sidérable et la plus orageuse de toutes les mers réunies
sous le nom collectif de mer d'Abyssinie. Elle comprend
dans son immensité la mer de Zendj , et baigne les côtes de
ce pays. L'ambre est rare dans la mer Larewi, mais il se
trouve en grande quantité sur les côtes de Zendj et sur le
littoral d'echChihr en Arabie. Les habitants de ce dernier
pays sont tous des descendants de Kodaâh , fils de Malik, fils
de Himiar, mêlés à d'autres Arabes ; on les comprend tous sous
le nom de Maharah. Ils ont une chevelure épaisse et tonj-
bant sur les épaules; leur langage dilTère de celui des Ara-
bes. Ainsi ils mettent le chin à la place du kef et disent,
par exemple, hel lechjimn koulta U (as-tu le pouvoir de faire
ce que tu m'as dit.^) , pour lek; ou bien , koultou lech en tedjâla
ellezi mai filiez i mâech (je t'ai dit de mettre ce qui est chez
moi avec ce qui est chez toi) , pour lek et ma/c;ils ont encore
d'autres locutions étranges dans leur conversation. Ils sont
pauvres et misérables, mais ils ont une race excellente de
334 LES PRAIRIES D'OR.
«JJjJ OQgt^ «XJ» iXA^ft i^jSyi j,^^\ &i«Xj» 4X3 wAÀxjL 4^><>^0l
jàUJl ^ij^ill j^*>m _5i_J&5 <îi_X_r».L*M^ j^jJl^î^s..^ iut^UJl
(^ <^\^. ^ <i«^-^ V.A.ÀJU) i^ySa-j.^is.Mt^^ ^ÙJaj (^J-^ (J>^^ÀmJ^
chameaux, connue sous le nom de mahariieh, qu'ils mon-
tent la nuit, et qui, pour la vitesse , égalent les chameaux du
Bodja el les dépassent même, d'après l'avis de bien des per-
sonnes. Ils se rendent avec eux au rivage de la mer, et aussitôt
que le chameau aperçoit l'ambre que les flots ont rejeté , il
s'agenouille, ainsi qu'il y est dressé, et le cavalier ramasse
cette substance. Le meilleur ambre est celui qui se trouve
dans les îles et sur les côtes de la mer de Zendj ; il est rond,
d'un bleu pâle, quelquefois de la grosseur d'un œuf d'autru-
che ou d'un volume un peu moindre. Il y a des morceaux
qui sont avalés par le poisson appelé el-aoual, dont nous avons
déjà parlé ; lorsque la mer est très-agitée elle vomit de son
sein des fragments d'ambre presque aussi gros que des
quartiers de roche. Ce poisson les engloutit, en meurt
étouffé, et surnage ensuite sur les flots. Aussitôt des hommes
de Zendj ou d'autres pays, qui attendent sur des canots le
moment favorable, attirent à eux l'animal avec des harpons
et des câbles, lui fendent le ventre et en retiient l'ambre;
CHAPITRE XVI. 33.)
U^ vXàJIj (j*)Wj (j|^_*_Jl» (jjjjliaxJl Ai^.*.j3 l^-^-M» (j^X) xÀiij
ylaj jj AiJ 4yW»o-J>. 4^ IiX_rs- Ujij ^j\<' AjU CJ;^:^ j^ JJ
_j^^ ^jliJl wS^Jl^ ù^SjJb y-Jb^ CivJLxJl w:^Jl yv-Jj CJ»_j.iI
M^j^-^^5 Lr-» ^-'^^j ol^-v^^j (j^-«**^ (JV^»^-«**j5j (J^-**^^^^5
celui qui était dans les entrailles exhale une odeur nauséa-
bonde, et les droguistes de l'Irak et de la Perse le sur-
nomment neàà; mais les fragments qui se trouvent près du
dos sont d'autant plus purs qu'ils ont séjourné plus long-
temps dans l'intérieur du corps.
Entre la troisième mer ou celle d'Herkend et la mer de
Lar, il y a, comme il a été dit, un grand nombre d'îles qui
en forment comme la séparation; on en compte deux mille
ou plus exactement dix-neuf cents. Elles sont toutes très-
bien peuplées et obéissent à une reine; car, depuis les
temps les plus reculés, les habitants ont pour coutume de
ne pas se laisser gouverner par un homme. L'ambre qu'on
trouve dans ces parages, et que la mer y rejette, atteint le
volume des plus gros quartiers de roche. Plusieurs naviga-
teurs et bien des négociants de Siraf et d'Oman, qui ont
fait le voyage de ces îles , m'ont assuré que l'ambre croît au
fond de la mer, et s'y forme comme les différentes espèces
336 LES PRAIRIES D'OR.
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U«y-* ^VV=*- *^-*^î ''^^^-J ''^ *^j^\ Wl^ Jjdt j-£^ J.a:>-^UJI
de bitume blanc et noir, comme les champignons et autres
substances du même genre; quand la mer est agitée, elle
rejette de son sein des fragments de roche, des galets, et en
même temps des morceaux d'ambre.
Les habitants de ces îles sont tous soumis à un même
gouvernement; ils sont très-nombreux, et peuvent mettre
sur pied une armée innombrable. Chaque île est séparée de
sa voisine par une distance d'un mille, d'une, de deux ou trois
parasanges; les cocotiers y réussissent, mais on n'y trouve
pas le dattier. Parmi les savants qui s'occupent de la re-
production des animaux et de la greffe des arbres à fruit il
en est plusieurs qui prétendent que le cocotier n'est autre
chose que l'espèce de palmier appelé el-moM, lequel, sous
l'influence du sol de l'Inde où il a été transporté, est devenu
ce que nous le voyons aujourd'hui. Dans notre ouvrage qui
a pour titre les Questions et les expériences, nous avons
traité de l'influence qu'exercent sur les êtres doués ou pri-
CHAPITRE \VI. 337
, ^-j! j— a_j;\jlS :>L«^r-l J.a^ -Iàj j^^J U_5 c:>UÀii (j^ t^UJl »j
»X..=-j.j (j^aJj, b^-5iï U ^ J><X>_5 t_J^^)j |j^^.(im (J-» QojJ'l
jol^ J,^_j!j^L Svkii J.î5i ^J^ i>;«^o v-Àkil j-^i jjl).> i
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J^-stf* oJJtM» (j-« l^>jc_ia-JLi j.j!jj.4i 5>>.^ cK-i'>S cj^i l^U Jo
U ^j.v.^uJl (j^-=^ ^_J».L>mJÎ J^^ (_^ ^^lajj X-#.^S^J yi_j,Ai
vés de raison chaque région et son climat, et nous avons
parlé des effets que produit le sol sur les organiques comme
les végétaux et sur les inorganiques comme les minéraux.
C'est ainsi cju'on doit attribuer au climat habité par les
Turcs les traits caractéristiques de leur physionomie et la
petitesse de leurs yeux, et cette influence s'exerce jusque
sur leurs chameaux, qui ont les jambes courtes, le cou gros
et les poils blancs. Il en est de même pour les peuples éta-
blis dans le pays de Yadjoudj et Madjoudj , et aucune de ces
remarques n'a pu échapper à personne de ceux qui ont fait
des observations sur les Orientaux et les Occidentaux. Pour
en revenir à ces îles, il n'y en a pas d'autres dont les naturels
soient plus habiles artisans, qu'il s'agisse de la fabrication des
étoffes, des instruments ou d'autres objets, La reine n'a
pas d'autres monnaies que les cauris , qui sont des espèces
de mollusques. Lorsqu'elle voit son trésor diminuer, elle
ordonne aux insulaires de couper des rameaux de cocotier
avec leurs feuilles et de les jeter sur la surface de l'eau; ces
338 LES PRAIRIES D'OR.
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Jjii;yJl_5 o^^JUÎj oL.=>-jJI_5 ;3^j.aJ53 ^3^|yAÎI S^a^O ^^^
animaux y montent, on les ramasse el on les étend sur le
sable (lu rivage où le soleil les consume et ne laisse que
les coquilles vides que Ton porte au trésor. De ces îles , qui
sont connues sous le nom de Dahihat, on exporte une grande
quantité de zandj ou coco. La dernière de toutes est celle
de Serendib. A une distance d'environ mille parasanges,
se rencontrent encore d'autres îles, nomriiées er-Ramin,
bien peuplées et gouvernées par des rois. Elles sont abon-
dantes en mines d'or et voisines du pays de Kansour, cé-
lèbre par son camphre, qui ne s'y trouve jamais en plus
grande quantité que les années où il y a beaucoup d'orages,
de secousses et de tremblements de terre.
Le coco sert de nourriture aux habitants dans la plupart
des îles que nous venons de nommer; on en exporte le bois
de Bokkam (bois du Brésil), le bambou el l'or. Les élé-
phants y sont nombreux, et quelques-unes sont habitées
par des anthropophages. Près de ces îles sont celles d'Elen-
CHAPITRR \V(. 339
j.Ajb<xJî_5 J'^I^jJl» ciUi y_j,xxo ^_5 vW^Jî tir* t£^^ *XjOs-s.L»
jj^xaJl i^jjLA.^ i^^j-w ^j*bi Ig-s» (jUiJvJi 1^1 Jlx>jjK.> ^o-^aXj^
jj \^ jM*.^=> «Xjj (jjtf (ft-^î l^-tï*^^ t*5 '^^ (*^ V^'L)'-* ^
«Lç ^xaJO (^v—ï*- ^^^jJo (j<a<V^5 (j^-*w.J <\jL« ^ ^jf? ljlx«o lnJai
djmaloiis, où vivent des peuples d'une figura bizarre qui
marchent entièrement nus. Ils vont sur leurs canots au-de-
vant des vaisseaux qui passent, portant avec eux de l'ambre,
des noix de coco et autres objets qu'ils échangent contre du
fer et des étolTes, car ils ne connaissent pas les monnaies
d'or ou d'argent. Près de là se trouvent les îles Andaman.
Elles sont peuplées par des noirs d'un aspect étrange; ils
ont des cheveux crépus et le pied plus grand qu'une cou-
dée. Ils ne possèdent pas de barques; ils dévorent les ca-
davres que la mer jette sur leurs côtes, et traitent de même
les équipages que le hasard fait tomber entre leurs mains.
Plusieurs navigateurs m'ont raconté qu'ils ont vu souvent
dans la mer de Herkend se former de petits nuages clairs
dont se détachait une sorte de langue blanche et allongée
qui allait se joindre à l'eau de la mer; aussitôt celle-ci com-
mençait à bouillonner, et d'énormes trombes s'élevaient,
engloutissant tout sur leur passage, et retombant en pluie
340 LES PRAIRIES D'OR.
wOLj _5".^3 AjLAÏi. «X_^î^ Ajbil v..Joi ^b j.j^yî ^Ix» ij^i iiîj)
jJa_il^î^3 ^U5 Jok^ï y^i^j^Wl ^tojj_^KJî l^ij-j^^JI^
<e^ J^J'J (J*«»"^^ (e-fiÀ^ /ù^^i'î CJ-* O*'^'*^^ '^^ "î^À»^ ^j^-^-S? ^lio i)
d'une odeur désagréable et mêlée d'immondices arrachées
à la mer.
La quatriènje mer est, comme nous l'avons dit, celle de
Kalâh-bar, c'est-à-dire mer de Kalah. Gomme toutes les
mers qui ont peu d'eau, elle est dangereuse et d'une navi-
gation difficile. On y rencontre beaucoup d'îles et de ce que
les marins appellent soarr et au pluriel saraïr, qui est le
point de jonction de deux détroits ou canaux. Elle renferme
encore des îles et des montagnes très-curieuses dont nous
ne parlerons pas, parce c|ue notre but est de donner des
notions sommaires, mais nullement d'entrer dans les dé-
tails.
La cinquième mer, nommée mer de Kerdendj , renferme
aussi beaucoup de montagnes et d'îles, où se trouve le cam-
phre et ïeau de camphre. Elle n'est pas riche en eaux , bien
que la pluie n'y cesse presque jamais. Parmi les insulaires,
qui sont divisés en plusieurs peuplades, il y en a qui sont
appelés el-Fendjab; ils ont des cheveux crépus et des figures
CHAPlTUt: \V1. Mal
^:>Ik^ i<)é :>>\j (j??j^ *-<ïl| »»Xiû (jv.j^ ftvj^JI 4^-i«i <Xi *-/»A^
wU^:> (jiL-Xwo Ltiijt A-o^ <\aÏjUI ,j-» jl«»-^ (jàjo^i ^Lijpî
i*>OÛ jls»- <Xji^ (^jyCJi-iw ^ '&yi\y:f! t_olvil (j-* ^*^ ^ fT*"^
étranges. Montés sur leurs barques, ils vont allenclrc les
vaisseaux qui passenl. dans leurs parages, et lancent sui
eux des flèches enipoisonnées d'une espèce particulière.
Entre le pays qu'ils habitent et le territoire de Kalah il y a
des mines de plomb blanc, et des montagnes qui renier
ment de l'argenl. Cette contrée possède aussi des mines
d'or et de plomb, mais dont l'exploitalion ofï're de giandes
dillicultès.
La mer de Sauf est contiguë à celle deKerdendj,en suivant
l'ordre que nous avonsdonné au commencement. On y trouve
l'empire du Maharadja, roi des îles, qui connnande ;i un
empire sans limites et à des Iroupcs innombrables. Le bâti-
ment le plus rapide ne pourrait ("aire en deux ans le tour
des îles qui sont sous sa domination. Les terres de ce prince
produisent toutes sortes d'épices et d'aromates, et aucun
souverain du monde ne lire uutanlde richesses d(;son pays.
On en exporte le camphre, l'aloès, le girolle, le bois de
sandal, l'arec, la noix de muscade, le cardamome, le eu-
342 LES PRAIÎIIES D'OR.
j.^lâj" U»jJ^^ j^t (j^ j-jt-JiJl jij^ u f^jy*^ U3J^- ^j^^
U «x—iiL» o *^-*-j" _^-4^ i IgjUûi^j I^^jmUj UwJI yUxj (3.»o5
\^^ j-f^"^ <:s*--5î */:?/^ ^•ô^'^^ j^' o^^^ (*^^ «Xc».î «j\jûj
bèbe, ainsi que d'autres produits que nous ne mentionne-
rons pas. Ces îles, dans la direction de la mer de Chine,
touchent à une mer dont on ne connaît ni les limites ni
l'étendue. Dans leurs parties les plus reculées se trouvent
des montagnes halntées par de nombreuses tribus , au visage
blanc, aux oreilles échancrées comme les boucliers dou-
blés de cuir, aux cheveux taillés en gradins comme les poils
d'une outre. De ces montagnes sort un feu continuel dont
les flammes , rouges le jour et noirâtres la nuit, s'élèvent si
haut qu'elles atteignent les nuages. Ces éruptions sont ac-
compagnées des éclats de tonnerrelesplus terribles; souvent
aussi il en sort une voix étrange et effrayante annonçant la
mort du roi ou simplement d'un chef, suivant qu'elle est
plus ou moins retentissante; c'est ce qu'ils savent parfaite-
ment discerner, instruits qu'ils sont par une expérience de
longue date et (jui ne s'égare jamais. Ces montagnes font
partie des grands volcans de la terre. Non loin se trouve une
CHAPITHE XVI. 3'i3
j^Lm.^ jLXaxÎI^ Cyl>b^«*]i^ Jj-A^Jl <^\yJks\ t^ljjj^l -!j:> ^^
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(^■i?^ j_^S-J 0^:?J ^^ '-i»^ ^ i^ CJÎÎ^Ï J-^ ^J-'^^ X^ImJI
île clans laquelle on entend continuellement résonner le
bruit des tambours, des flûtes, des luths et de toute espèce
d'instruments aux sons doux et agréables, ainsi que les pas
cadencés et les battements de mains; en prêtant une oreille
attentive on distingue parfaitement tous les sons sans les
confondre. Les marins qui ont traversé ces parages préten-
dent que c'est là que Dedjdjal (l'Antéchrist) a établi son
séjour. Dans renq)ire du Maharadja est l'île de Serireh, (|ui
est située à environ quatre cents parasanges du continent
et entièrement cultivée. Ce prince possède aussi les îles de
Zandj et de Ratnni, et bien d'autres encore que nous ne
mentionnerons pas; au surplus, sa domination s'étend sur
toute la sixième mer ou mer deSani.
La septième mer, ainsi <\ue nous l'avons déjà dit, est la
mer de (^hine, nommée aussi mer Sandji. Les lames y sont
très-grosses, et il \j règne une agilation extrême, ([ue nous
appellerons Kliibb, pour liiire connaître les termes dont les
marins se servent entre eux. On y trouve iieaucoup de ro-
344 LES PRAIRIES D'OR.
««.vj^J ii-o'5Lfi J^_5_^l3 ylî »4XÀliJl lyouj dl-Ji (jA.Uil <Xiî>U;
tX-iûL^ \.£>-» tJ^Ji yl^ liU Ul)t«j J^-^aÀ i^JtXJ y^4X*AM<a,i»
chers entre lesquels les vaisseaux ne peuvent éviter de pas-
ser. Toutes les fois que la mer est grosse, et que les lames
s'y multiplient, on en voit sortir des êtres noirs d'une taille
de quatre ou cinq empans, semblables à de petits Abyssi-
niens, tous de la même forme et de la même stature; ils
montent sur les vaisseaux et, quel que soit leur nombre,
restent complètement inolï'ensifs; mais les équipages, sa-
chant que cette apparition présage une tourmente où ils
vont être en perdition, manœuvrent de leur mieux pour
échapper à la mort qui les menace. Ceux qui en sont sortis
sains et saufs ont souvent vu paraître sur le haut du mât,
que les patrons appellent ed-douli dans la mer de Chine et
dans d'autres parages de la mer d'Abyssinie, et es-saii dans
la Méditerranée, un objet qui a la forme d'un oiseau lumi-
neux, et qui jette une clarté si vive, que l'œil ne peut ni le
regarder ni en distinguer la forme. Ce phénomène ne s'est
pas plutôt fait voir que la mer se calme , les vagues diminuent
CHAPITRE XVI. 3^5
qXawo c^iLj) ^juoj ^^_^Ml^ ÎOv^j^j^i jjyo JJijJî ^fil (^£
Jv;* aa* j5Uj- ^Xi b^ U_j «Ir^it J-*J-^^ 0^^=^ 1^^ vii.) js.â
^3 ^jLvjfjj^ (jjCà /o^À^ »b^ UjjUsv.]! »JvMdi jkj> ^jj-^
«^LoJljJS i^ j\jiO^ }sSj£»' i>>S-jMt^ f-\X\ (j& (jUi liUj^^jî^
et la tourmente s'apaise; l'objet lumineux disparaît alors,
sans qu'il soit possible de savoir comment il est venu, ni
comment il s'est évanoui; mais c'est un signe certain que le
péril a complètement cessé. Ce fait n'a jamais été contesté par
aucun des marins et des négociants de Basrab , Oman, Sirai
et autres villes, qui ont navigué dans ces eaux; au surplus, il
n'est pas impossible, sans être absolument nécessaire, puis-
qu'il est tout naturel que le Dieu tout-puissant retire ses
serviteurs du péril qui menace leur existence. H y a aussi
dans ces parages une espèce d'écrevisses longues, ou à peu
près, d'une coudée ou d'un empan; elles sortent de l'eau
et se meuvent rapidement; mais elles n'ont pas plutôt
touché la terre que, toute fonction animale cessant, elles
se changent en pierres que l'on emploie dans la composi-
tion des collyres et des remèdes qui s'appliquent sur les
yeux; ce fait est d'une notoriété incontestable. Celte sep-
tième mer, connue sous le nom de mer de Chine ou Sandji ,
340 LES PRAIRIES D'OR.
ij-» J^ (i^ Là_a_5Î ^i iUxrS' jUiwî ^^Ua.j OjjjJïXi ^UM.Ji
^j^ i>j^_ \^ (JJ?^ CJ^3 (S^^^ 5<Xià jj Ujuâaoj (^ ^.jX^i^
0»-AS>^' i^Xj i)j Ôj-*J dlJlrf w^sJi (J-J \jtf (Jr*^î •^^^ '^^^^
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l^Xd>î^ ^;*LàJI (j^ j^I-àJI :iil U^jsà- *y>-^ W^iy^ *^y?-;>
wvMkO- (^ dUlA^ S_^ÂX.M« <t_^l£ <^3 C:^^ t.'Ot^ (e>^t cX^ <Xj»^
otTre bien d'autres parlicularités remarquables, dont nous
avons parlé en général , quand nous l'avons décrite , ainsi
que les mers adjacentes, dans ceux de nos ouvi-ages précé-
dents que nous avons cités plus haut. Nous donnerons dans
la suite de ce traité des notions sommaires sur les rois de
ces contrées.
Au delà de la Chine il n'y a plus, du côté de la mer, ni
royaume connu, ni contrée qui ait été décrite, excepté le
territoire d'es-Sila et les îles qui en dépendent. Il est rare
qu'un étranger qui s'y est rendu de l'Irak ou d'un autre pays,
l'ait quitté ensuite, tant l'air y est sain, l'eau limpide, le sol
fertile, et tous les biens abondants. Les habitants vivent en
bons rapports avec les populations de la Chine et leurs rois
auxquels ils envoient continuellement des présents. Ils t'ont
partie, dit-on, delà grande famille des descendanls d'Amour,
et se sont établis dans ce pays de la tnème manière que les
Chinois ont occupé le lenr.
CHAPITRE \V1. 3^7
tj^ (j^ ^-'^•**V* >— *-*î?^ "^«^ (ji ljj>5»- ''^•M^ U-?^^'''^ cs*^*^^
La Chine est arrosée par des fleuves aussi considérables
que le Tigre et l'Euplirale, et qui prennent leur source
dans le pays des Turcs, dans le Tliibet et dans les terres des
Sogds, peuple établi entre Bokhara et Samarkand, là où se
trouvent les n)ontagnes qui produisent le sel ammoniac. Du-
rant l'été , j'ai vu , à une distance d'environ cent parasanges,
des feux qui brillaient la nuit au-dessus de ces montagnes;
[)endant le jour, grâce aux rayons éclatants du soleil, on ne
tiisliiigue que de la fumée; c'est dans ces montagnes qu'on
recueille le sel ammoniac. Lorsque vient la belle saison,
((uiconque veut aller du Klioracan en Chine doit se rendre
à cet endroit où se trouve une vallée qui se prolonge, entre
les monlagnes, pendant quarante ou cinquante milles. A
l'entrée de cette vallée il fait marché avec des porteurs qui,
pour un prix élevé, chargent ses bagages sur leurs épaules.
Us tiennent à la main un bùlon, avec lequel ils stimidenl
des deux côtés le voyageur marchant devant eux, de crainte
/CKjl^îj
348 LES PRAIRIES DO IV
-o-ç^Àjl fjj^O'jJb.-ji-a I4J >^\xÂXjiu*,^^ i^b^s- d^i\À£>^ j^ii^-ii
^ilj, jSLwj-àJ! ^y-=»-_5 ljjm\ »*X-Ci (^ Ks^lii ùs'à U Ai\ v*i.]i ^
à5^-j ij-* :>j_5 cj>-« viLJjOj »;—=»" CJ-* [>j-^i> U ^^ L^^jjk.»© iJ
(jwe _j— s^ (jv-'iaJî i^\_j tjî Uj^i> j^tSJj %^yi,\ ^^ ij\mi\j^
que, vaincu par ia fatigue, il ne s'arrête et ne périsse dans
ce passage dangereux. Arrivés au bout de la vallée, ils ren-
contrent des terrains marécageux et des eaux stagnantes dans
lesquelles tous se précipitent pour se rafraîchir et se
reposer de leurs fatigues. Les betes de somme ne suivent
point cette route , parce que l'ammoniaque s'enflamme pen-
dant l'été et la rend, pour ainsi dire, impraticable. Mais
l'hiver, la grande quantité de neige qui tombe dans ces lieux
et l'humidité éteignent cet embi'asement, de sorte que les
hommes peuvent les traverser; mais les bêtes ne peuvent
endurer cette insupportable chaleur. On exerce la même vio-
lence avec le bâton sur les voyageurs qui viennent de la
Chine. La distance du Khoraçan à la Chine, en suivant
cette route, est d'environ quarante journées de marche, en
passant alternativement par des pays cultivés et des déserts,
des terres fertiles et des sables. Il y a une autre route, ac-
cessible aux bêtes de somme , qui est d'environ quatre mois ;
f
CFIAPITI'.E W'I. o/il)
la-S^r^JÎ w-a5j^ ^j SvAJL^a ijL.-^ (jN.Aa-'î cK=»-^ *X»_5 /o-ô-s^
i^ùA^Ail (_^ V_^ >X_À— ,>M.-Jîj yl_.4yK~.jiw ,i!^V.A.J ^Aj2JwO »Xa.^Î
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'vjyj /^ CIa-jU 4X_Jj,_J A.^À.ii. (J-» ««-JÀ,^ a^^La^JÎ jS (JaWI
les voyageurs y sont sous la protection de plusieurs tribus
turques. J'ai rencontre à Balkli un beau vieillard , aussi dis-
tingué par son discernement que par son esprit, qui avait fait
plusieurs fois le voyage de la Chine, sans jamais prendre
la voie de mer; j'ai connu également, dans le Khoraçan,
plusieurs personnes qui s'étaient rendues du pays de Sogd
au Thibet et en Chine, en passant par les mines d'ammo-
niaque.
L'Inde se relie au Khoraçan et au Sind du côté de Man-
sourah et de Moultan, et les caravanes vont du Sind dans le
Khoraçan et de même dans l'Inde. Ces pays sont contigus à
l'Aboulislan ou plutôt Zaboulistan , vaste contrée connue
sous le nom de royaume de Firouz , fils de Kebk; on y trouve
des châteaux d'une force merveilleuse, et elle est habitée
par de nombreuses tribus parlant différents dialectes et
dont la généalogie n'est pas connue d'une manière certaine,
les uns la rattachant aux enfants de Japhet, fils de Noé, les
autres la faisant xenionter jusc[u'aux anciens Perses par une
longue série de générations.
350 LES PRAIRIES D'OR.
CAAxiî i>V?^ J-!?y3 <-*-»*^ i, J^^i (J*1^W (^4*=* tr« (fr-^À-^^
i)j byJiS d)j*Xj i) tiLj -».^j>i)5_j.j^ jtKjj wkiars- *i^.Î3 ii*j\,XlJî
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jjîv,^.i)î *1 (JOJ.JSJ '^^ Sj^yM*^ U»-%.i Î<Xj5 lSo»-Ui7 l.^ ^jl-WkJilt
Le Thibel est un royaume distinct de la Chine; la popu-
lation se compose, en grande partie, de Himiarites mêlés h
quelques descendants des Tobba, comme nous le dirons
plus bas dans cet ouvrage, en traitant des rois du Yemen , cl
comme on le lit dans l'Histoire des Tobba. Parmi les Thibé-
lains, les uns sont sédentaires et habitent dans les villes, les
autres vivent sous la tente. Ces derniers. Turcs d'origine,
sont les plus nombreux, les plus puissants et les plus illus-
tres de toutes les tribus nomades de la même race, parce
que le sceptre leur appartenait autrefois, et que les autres
peuplades turques croient qu'il leur reviendra un jour. Le
Thibet est un pays privilégié pour son climat, ses eaux, son
sol , ses plaines et ses montagnes. Les habitants y sont tou-
jours souriants, gais et contents, et on ne les voit jamais
tristes, chagrins ou soucieux. On ne saurait énumérer la
variété merveilleuse des fruits et des fleurs de ce royaume ,
CHAPITKE XVI. 351
l-açv.-4i ^liVaJl 5<XiC. ^ ^jj >,t<j ^^ (j^y^Â u^ ^J-^^i ^^JoWl
<^c-s»- Qûi^Jl ^UjI ^5_^i^ «;jl*i!^ ;§^-ii JUjUm<I ÀjjiS^ ^
1»^ /«~6-^* fi^.^^^ u^*J {^si «tt.,(}^^,Kj j..aaS f^'i^ (*-^^ t_j^ia^
AAJ OVAJ (j-jf ^^5_.<W «XXaJI I jv-iftj A^X'tgJ (j^j..giil-J jiJjvi^
qLxX lMJ'^ *-*-• <e. <^.jy*J»J c:a.aj JwaJUjjv^ J^^ (j-» -^ *— ^■•i;^
non plus que toutes les richesses de ses pâturages et de ses
neuves. Le climat donne un tempérament sanguin à tout ce
((ui a vie, soit parmi les hommes, soit parmi les animaux;
aussi n'y rencontre-ton presque pas de vieillard morose de
l'un ou de l'autre sexe; la bonne humeur y règne généra-
lement dans la vieillesse et dans l'âge mûr, tout comme dans
la jeunesse et dans l'adolescence. La douceur du naturel, la
gaieté, la vivacité qui sont l'apanage de tous les Thibétains
les portent à cultiver la musique avec passion, et à s'adon-
ner à toute espèce de danses. La mort elle-même n'inspire
pas aux membres de la famille cette profonde tristesse que
les autres honmies ressentent lorsqu'un être chéri leur est
enlevé, et qu'ils regrettent un objet aimé. Ils n'en ont pas
moins une grande tendresse les uns pour les autres, et l'a-
doption des orphelins est un usage général parmi eux. Les
animaux sont également doués d'un bon naturel. Ce pays a
été nommé Thibet à cause de l'installation des Himiarites
((ui s'y sont établis, la racine tahat signifiant se fixer, s'éta-
blir. Cette élymologie est encore la plus probable de toutes
352 LES PRAIRIES D'OR.
IaaaaaJÎ liJLÀJÛ Î^.Agw^ -f^j j„.fww.j ît>s_Àisw«v« )ji..«w J^_5
4;>^aJ5 i^J^ 4_>\juMÎ î<Xi& (jw« iijj L«vi i!i\Aj| ,*.4À^ cj^ia (j-«j
«XÀ>-J5 (J^"^3 A-jI^S»- «X-Sa-Î ^j-« l^AÏJ^Î^ (JV.Ai2JÎ ii!i\-*J /6~afc.wL«
iCxjc* c:>î^i ^îHS-*-^ J^^^J y*X^ (*"1r^3 ci^Aji iTjlAij ^jl,*g) wii^jj
IaUj! \*xi A—^^X^ ijy.i\j,Ki ^UyJi /o^vXï ^ l_jjl^ «x*_j *y>5
celles qui ont été proposées. C'est ainsi que Dîbal, fils d'Ali
el-Kliozaî, se vante de ce fait dans une Kacideh où, disputant
contre el-Komaït, il exalte les descendants de Kahtan au-
dessus de ceux de Nizar :
Ce sont eux qui se sont signalés par leurs compositions à la porte de
Merw, et qui étaient des écrivains à la porte de la Chine.
Ils ont donné à Sainarkand le nom de Chemr, et ils y ont trans-
planté les Thibétains.
Dans le chapitre des rois du Yemen , nous donnerons ci-
dessous quelques détails historiques sur les princes qui ont
régné au Tliibet, et sur ceux d'entre eux qui ont fait de
longs voyages. Le Thibet touche à la Chine d'un côté, et
des autres côtés à l'Inde , au Khoraçan , et aux déserts des
Turcs. On y trouve beaucoup de villes populeuses, floris-
santes et bien fortifiées. Dans les temps anciens les rois
portaient le titre de tolla du nom de Tobba, roi du Yemen.
Puis, les vicissitudes du temps ayant fait disparaître le lan-
CHAPITRE XVI. 353
^Ulà yi U.-^j»X-=»-l ^^yXJi^Â. ^^v_A_AaJl ^^ (:^H>^Î >il.*-JLi Joiîi
?^ (JV»«^' ^Uis^ <îo_5lj^l tî_j>j|j 4»,v-AiiiJl Joù«t« ^J oy^iJl
ç.i_j_3l (j^ &y.xs-^ r»*^y U^**^' <îVy*^^^ ^^j"*^' <j^ ^^y^y^-
gage des Himiarites, pour y substituer la langue des peuples
voisins, les rois ont reçu le titre de khakan.
Le canton où vit la chèvre à musc du Thil)et et celui
où vit la chèvre à musc de la Chine sont contigus l'un à
l'autre et ne forment qu'une seule et même contrée; toute-
fois la supériorité du musc du Thibet est incontestable et
tient à deux causes. Premièrement, la chèvre du Thibet se
nourrit de lavande et d'autres plantes aromatiques, tandis
que la chèvre de Chine broute des herbes d'une tout autre
espèce ; en second lieu , les Thibétains ne retirent pas le musc
de sa vessie et le laissent dans son état naturel, tandis que
les Chinois le retirent et en altèrent la pureté par un mé-
lange de sang, ou de toute autre matière. Ajoutez à cela
qu'on lui fait traverser les mers que nous avons décrites, et
qu'il est exposé à l'humidité et à tous les changements de
température. On peut donc croire que, si les Chinois n'al-
téraient pas la pureté de leur musc, s'ils le déposaient dans
1. :>3
354 LES PRAIRIES D'OR
\^As\À& (♦X_»»l^ ^Ls^JI jî^_A_j| ^^^'^ A-T-Xm»»* ^ (jà»*l5
^^i^ U AAjdai^ dLw^^ii ^J^'j (;^aJ\^ yl^jUa^^i (j^ vii.Js
XÀ_& J5W C^'-*- w^) tJ-S*^ iO_j,^^^ AOC^I».] (.^jX*i *i|^*N? ^
des vases de verre hermétiquement bouchés, et qu'on le
transportât ainsi dans les pays musulmans, tels que l'Oman ,
la Perse, l'Irak et d'autres provinces, il serait égal par sa
qualité à celui du Thibet. Le musc le plus parfumé et le
meilleur est celui qui sort de la chèvre au moment où il est
arrivé à sa plus complète maturité. Nos gazelles ne se dis-
tinguent des chèvres à musc, ni par la forme, ni par la
taille, ni par les cornes; toute la différence consiste dans les
dents, que ces dernières ont semblables à celles de l'élé-
phant. Chaque individu en porte deux blanches et toutes
droites, longues d'un empan environ, qui sortent des deux
mandibules. Au Thibet on tend des lacs, des pièges ou des
filets pour prendre les chèvres, ou bien on les abat à coups
de flèches; on coupe la vessie, et le sang qui est dans le
nombril, n'étant pas encore arrivé à maturité, est trop frais
et nullement propre à être recueilli. Il s'en exhale une odeur
désagréable et nauséabonde, qui ne disparaît entièrement
CHAPITRE \V1. 355
Jl -^xJl :>!_^ 5"**^ iixAAlaii yl viJJisj 5iî_j-« -Ltj Ajl^yisr*.
^Lr^l^'^LS-^l dUo <^ Joo<«^^ ^^ÀAâ dlJ*>0 î JJa-mi-kwO 14^
_^_5 «^-.M-Ji iJ^Ji y>M*Xi^ (îOCjib 5 U è-jl liU 5*XJ <Xr=-5j.ji.
qu'après que la matière s'est transformée sous l'influence de
l'air, et s'est changée en musc. Il en est de ce musc comme
des fruits qu'on a cueillis et détachés des arbres avant qu'ils
aient atteint sur la branche un degré complet de maturité,
et qu'ils soient arrivés à point. Le musc de qualité supé-
rieure est celui qui a mûri dans sa poche, qui a séjourné
assez de temps dans le nombril, et qui a acquis toute sa
perfection pendant la vie de la chèvre; car la nature porte
des matières sanguines vers le nombril de cet animal, et
lorsqu'elles y ont séjourné longtemps et qu'elles sont arri-
vées à leur maturité, elles lui causent une douleur et une
démangeaison dont il cherche à se soulager en se frottant
contre les rochers échaufl'és par les rayons du soleil; il se
débarrasse ainsi de cette sérosité , qui coule sur les pierres ,
comme se vident une tumeur ou un clou , lorsque l'accu-
nmlation continuelle des matières purulentes les ont fait
mûrir et crever, et il en éprouve du soulagement. Lorsque
tout le suc contenu dans le nombril , appelé par les Persans
nafuljeh.sest écoulé, la plaie se cicatrise; puis les matières
23.
356 LES PRAIRIES D'OR.
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sanguines s'y portent comme la première fois. Les Tbibé-
tains se mettent à la recbercbe des endroits où paissent les
chèvres, au milieu des rochers et des montagnes, et ils trou-
vent sur les pierres le sang qui s'y est desséché. Cette subs-
tance est alors solidifiée, car la nature l'a nourrie de la vit!
de l'animal, le soleil l'a séchée et l'atmosphère lui a fait
subir son influence. Ils recueillent ce musc, qui est le meil-
leur de tous , et le déposent dans des vessies préparées à l'a-
vance et enlevées à des chèvres prises à la chasse. Leurs rois
s'en servent pour leur usage personnel, et se l'envoient
mutuellement en cadeau; mais les commerçants l'exportent
rarement à l'étranger. D'ailleurs le Tliibet compte beaucoup
de villes dont chacune donne son nom à une espèce de
musc.
Les rois de la Chine, des Turcs, de l'Inde, de Zandj et
des autres parties du monde, reconnaissent tous la supré-
matie du roi de Babel; ils avouent qu'il est le premier sou-
CHAPITRE XVI. :Sbl
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verain de l'univers, et qu'il occupe parmi eux le rang de la
lune parmi les étoiles, parce que le pays qu'il gouverne est
le plus excellent de tous , que lui-même est le prince le plus
opulent, le plus riche en bonnes qualités, celui enfin dont
le gouvernement est le plus ferme et le plus vigilant. Du
moins en était-il ainsi autrefois; mais de nos jours, en Tan
332, on n'en peut plus dire autant. On lui décernait par
excellence le titre de chahaii chah, c'est-à-dire roi des rois,
et on conq)arait sa place dans le monde à celle du cœur
dans le corps, ou au rang que la perle principale occupe au
milieu du collier. Après lui vient le roi de l'Inde ou le roi
de la sagesse et des éléphants; car il était reconnu parnji les
Kosroùs de Perse que la sagesse sort originairement de l'Inde.
Le troisième rang appartient au roi de la Chine. En effet,
aucun prince ne s'applique avec plus de vigilance à bien
gouverner ses sujets, soit uiiiitaires, soit civils; brave lui-
358 LES PRAIRIES D'OR.
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même et tout-puissant , il est à la tête de troupes bien équi-
pées, parfaitement armées, et qui reçoivent une paye régu-
lière comme celles du roi de Babel. Ensuite il faut compter
celui des rois turcs qui possède la ville de Kouchan et qui
commande aux Tagazgaz. On lui donne le titre de roi des
bêtes féroces et de roi des chevaux, parce qu'aucun prince
de la terre n'a sous ses ordres des guerriers plus valeureux
et plus disposés à répandre le sang, et qu'aucun d'eux ne
possède un plus grand nombre de chevaux. Son royaume
est isolé entre la Chine et les déserts du Khoraçan; quant à
lui, il porte le titre de irkhan, et bien qu'il y ait chez les
Turcs plusieurs princes et beaucoup de peuples qui ne sont
pas soumis à un roi , aucun n'a la prétention de rivaliser avec
lui. Ensuite vient le roi deRoum, qui est nommé le roi des
hommes , parce qu'aucun prince ne commande à des hommes
plus beaux. Les autres rois du monde se trouvent sur une
même ligne et sont égaux entre eux par le rang. Un poète,
qui s'est beaucoup occupé de l'histoire du monde et des
princes qui l'ont gouverné, décrit sommairement les noms
CHAPITUE XVI. 559
p
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des rois el des royaumes, et le rang qu'ils occupent, dans les
vers suivants :
Il y a deux palais : Eiwan et Goindan-, deux royaumes : Sassan el
Kahtan.
La terre, c'est la Perse; le climat [>ar excellence, c'est Babel; l'isiaiii,
c'est la Mekkc; le monde, c'est le klioraçàn.
Ses deux côtés durs et rudes sont Bokliara et Balkli, la résidence des
rois.
Beïlakan et le Tabarcslan sont les frontières du monde; Reï ou est le
Clierwan, puis viennent Djil et Djilan.
Tous les hommes sont divisés en plusieurs classes; il y a des satrapes ,
des patrices, des tarkhan.
Les Perses ont leurs Kosroès; le pays de Roum , ses Césars; les Abyssi-
niens, leurs Ncdjacliis; les Turcs, leius Ivliakans.
Le maître de la Sicile el de l'ifrikiiah, dans le Magreb,
avant l'islamisme, s'appelait Djerdjes; celui de l'Espagne,
Loderik, ([ui était un nom commun à tous les rois de cette
contrée. Certains auteurs prétendent que ces derniers liiaient
360 LES PRAIRIES D'OR.
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leur origine des Echban, peuple descendant de Japhet, fils
de Noé, dont il ne reste plus aucun vestige; mais l'opinion
la plus répandue parmi les musulmans qui habitent l'Espagne
est que Loderik appartenait par sa naissance aux Galiciens,
Tune des nations franques. Le dernier Loderik fut tué par
Tarik, affranchi de Mouça, fils de Nossaïr, lorsqu'il fit la
conquête de l'Espagne (méridionale), et s'empara de To-
lède , la capitale. Cette ville est traversée par un grand fleuve ,
nommé Tage, qui vient de la Galice et du pays des Basques ,
peuple puissant, dont le roi était en. guerre avec les habi-
tanls de l'Espagne , comme les Galiciens et les Francs. Le
Tage, qui se jette dans la Méditerranée, est un des fleuves
les plus célèbres du monde; il passe devant la ville de Tala-
vera, à une certaine distance de Tolède, et dans cette ville
même les anciens rois ont construit sur lui un grand pont,
nommé Rantarat-es-Seif (le pont du sabre). C'est un édifice
célèbre et dont les arches sont encore plus remarquables
CHAPITRE XVI. 361
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que celles du pont de Sendjeh , à la frontière du Diar-Modar
du côté de Samosate et du pays de Serdjch. La ville de
Tolède est entourée de murailles très-fortes. Après la con-
quête de l'Espagne et sa soumission aux Oumiiadcs, les ha-
bitants de cette ville se lévoltèrent contre eux, et parvinrent,
pendant plusieurs années, à se soustraire à leur autorité. Ce
ne fut qu'en l'an 3i5 que cette place fut reprise par Abd-
cr-Rahman, fds de Mohammed, fils d'Abd-AUah, fils de
Mohammed, fils d'Abd-er-Rahman , fils d'el-Hafcem, fils de
Hicham, fils d'Abd-er-Rahman, fils de Moawiah, fils de
Hicham , fils d'Abd-el-Melik, fils de Merwan , fils d'el-Hakem ,
rOmmiade, lequel Abd-er-Rahman est aujourd'hui, en 332,
maître de l'Espagne. Comme Tolède eut beaucoup à souffrir
de ce siège, Cordoue est restée depuis cette époque la capi-
tale du royaume. Cette ville est éloignée de Tolède d'environ
362 LES PRAIRIES D'OR.
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«X.^ (J_j^ *X.j^ Qj Q_^«-^i «Xxt l,.<_«bSfcUo yi bj._Si U j_^
sept journées de marche, et de trois journées seulement de
la Méditerranée, On doit encore citer Séville, qui est située
à une journée de la côte. U faut près de deux mois pour
parcourir ce royaume florissant, qui ne compte pas moins
de c[uarante villes remarquables. Les princes Ommiades ,
qui y régnent, y sont traités de fils des khalifes, mais non
pas de khalifes, parce que ce titre n'appartient qu'aux souve-
rains des deux villes saintes. Toutefois on leur accorde le
titre à'emir-el-moumenin (émir des croyants).
Abd-er-Rahman , fils de Moawiah , fds de Hicham, fils
d'Abd-el-Melik, fils de Merwan, était parti pour l'Espagne
en iSg. Il y régna trente-trois ans et quatre mois; puis il
moui'ut et laissa le trône à son fils Hicham, fils d' Abd-er-
Rahman , qui l'occupa pendant sept ans. Son fils el-Hakem ,
fils de Hicham, lui succéda et tint les rênes du gouverne-
ment pendant environ vingt ans. L'un de ses descendants,
Abd-er-Rahman, fils de Mohammed, règne aujourd'hui.
CHAPITRE XVI. 363
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(JJy.fcw*ii <^ Î_J-JU Lg-^i (ji /ftj' (^.^^ l .Q.À-^ f^^^3 -JiXAwl^
ainsi que nous l'avons dit plus haut. L'héritier présomptif
de la couronne est son fils el-Hakem , le plus sage et le plus
équitable de tous les hommes. Ce même Abd-erRahman,
qui règne en Espagne, fit de nos jours, en 827, une expé-
dition contre les infidèles. A la tête d'une armée de plus de
cent mille soldais, il alla mettre le siège devant Zamora,
capitale de la Galice. Cette place est entourée de sept mu-
railles d'une construction remarquable , et que les anciens
rois ont cherché à rendre inaccessibles, en établissant entre
chacune d'elles des talus et de vastes fossés remplis d'eau.
Abd-er-Rahman se rendit d'abord maître des deux premières
enceintes; mais les habitants firent ensuite une sortie contre
les musulmans, et leur firent subir une perte que les états
officiels portent à quarante mille, et suivant d'autres, à
cinquante mille hommes. Les Galiciens et les Basques prirent
alors TofTcnsive et arrachèrent aux musulmans les villes
situées sur la frontière de l'Espagne du côté des Francs,
telles qu'Arbouna (Narbonne), qu'ils perdirent en 33o avec
364 LES PRAIRIES D'OR.
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d'autres places et châteaux qu'ils avaient eus en leur pos-
session. De nos jours, eu 332 , la frontière des musulmans,
à l'est de l'Espagne, passe à Tortos:i, sur la côte de la Mé-
diterranée, puis dans la même direction, en tirant vers le
nord, à Afragah (Fraga), bâtie sur une grande rivière, et
enfin à Lerida. C'est à partir de ce point, où l'Espagne est
le plus resserrée, que commencent, ainsi que je l'ai appris,
les terres appartenant aux Francs.
Antérieurement à l'an 3oo, des vaisseaux portant des
milliers d'honunes ayant abordé en Espagne, où ils com-
mirent beaucoup de ravages sur les côtes , les habitants pré-
tendirent que ces ennemis étaient des Mages qui venaient
les attaquer tous les deux cents ans et pénétraient dans la
Méditerranée par un autre canal que celui sur lequel sont
bâtis les phares d'airain. Quant à moi , je pense (Dieu seid
sait la vérité) qu'ils arrivaient par un canal communiquant
CHAPITRE XVI. 305
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avec les mers Mayotis et Nitas, et que c'étaient des Russes
dont nous avons parlé dans cet ouvrage; car ces peuples
étaient les seuls cjui naviguassent sur ces mers ([ue certains
détroits relient à l'Océan. On a déjà trouvé dans la Méditer-
ranée, du côté de l'île de Crète, des planches de bois de
tek , percées de ti^ous et reliées ensemble par des attaches
faites de filaments de cocotier; elles provenaient de vais-
seaux naufragés qui avaient été le jouet des vagues. Or ce
genre de structure n'est en usage que sur les côles de la mer
d'Abyssinie. Les vaisseaux (|ui naviguent dans la Méditer-
ranée et ceux des Arabes sont tous pourvus de clous ; tandis
que dans la mer d'Abyssinie les clous de fer n'offrent aucune
solidité, parce que l'eau les ronge, les fait fendre et les rend
cassants , ce qui force les constructeurs à les remplacer, pour
joindre les planches, par des filaments enduits de graisse
et de goudron. Il faut donc conclure de tout cela que les
mers conimuni([uenl entre elles, et que, du côté de la Chine
et du pays de Sila, les eaux, tournant autour des régions
366 LES PRAIRIES D'OR.
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occupées par les Turcs, coulent vers le Magreb par l'un
des canaux qui viennent de l'Océan. On a trouvé aussi sur
les côtes de Syrie de l'ambre rejeté par la mer, et cependant
la présence de cette substance dans la Méditerranée est
inexplicable , puisqu'on ne l'y a jamais rencontrée depuis
les temps les plus reculés ; elle n'a donc pu y arriver que
par la même voie qu'ont suivie les planches des vaisseaux
dont nous parlions tout à l'heure. Au surplus , Dieu seul sait
comment tout cela s'est passé. Du reste, l'ambre est abon-
dant sur la côte (occidentale) de l'Espagne, et on l'expédie en
Egypte et dans d'autres pays ; on l'apporte à Cordoue des deux
ports de Santarem et de Sidonia; il est d'une qualité infé-
rieui'e. L'ocque de Bagdad se vend en Espagne trois mit-
kals d'or, et en Egypte dix dinars. Il est possible que l'ambre
qu'on a trouvé dans la Méditerranée y ait été porté de la
mer d'Espagne par la communication qui existe entre elles.
CHAPITRE XVI. 367
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L'Espagne possède des mines considérables d'argent et de
vif-argent; les produits , qui sont de qualité inférieure, sont
expédiés dans tous les pays musulmans et infidèles. On en
exporte aussi le safran et la racine de gingembre. Les cinq
parfums principaux, le musc, le canjphre. l'aloès, l'ambre
et le safran, viennent de l'Indi; et des contrées limitrophes,
sauf le safran et l'ambre qui se trouvent aussi dans le pays
de Zendj, dans l'ech-Chibr et l'Espagne. Quant aux aro-
mates, on en compte vingt-cinq espèces principales : la ja-
cinthe, le girofle, le bois de sandal, la muscade , la rose,
la casse, le salix œgyptiaca, la canelle, le karnoua, le carda-
mome, le cubèbe, le cardamome vulgaire, la graine de
nienchem, la racine du nymphœa, le mehJeb, le wars (safran
du Yemen), le costus, Vazfar, le bernedj (drogue médici-
nale), la gomme de lentisque, le ladanum ou ciste, ie sty-
rax, la graine du satonicum, le jonc odorant et la civette.
Nous avons déjà donné une description des mines d'argent,
d'or et de vif-argent, ainsi que de toutes les espèces de par-
368 LES PRAIRIES D'OR.
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yl*»*^ ù)"^ g^ (^J.i^\ IjOj] ^j^ <_JUi. J,î (J:? (i^ (:J^ (Ji^**^
fums, dans nos Annales historiques, ce qui nous dispense
de nous étendre sur le même sujet dans cet ouvrage.
La mer du Magreb, dans le voisinage des côtes du Sou-
dan et de l'extrême Occident, offre beaucoup de particulari-
tés remarquables. Un savant qui s'est adonné à l'étude de la
géographie prétend qu'il ne faut pas moins de sept ans de
marche pour parcourir l'Abyssinie et tout le Soudan; que
l'Egypte n'est que la soixantième partie du Soudan, qui
n'est lui-même que la soixantième partie de la terre; enfin
qu'on ne peut mettre moins de cinq cents ans pour parcourir
la terre, dont un tiers est cultivé, un tiers désert et sans
habitations, et un tiers couvert par les eaux. Les confins du
pays des nègres qui vont nus touchent au royaume d'Idris ,
fils d'Abd-Allah, fils de Haçan, fils de Hoçein, fils d'Ali, fils
d'Abou Taleb, dans le Magreb, savoir : les territoires de
Tiemsan, de Tahart et d'el-Fas. Ensuite vient le pays de Soiis-
el'Adna, qui est distant de Kaïrowan d'environ deux mille
CHAPITRE XVI. ^m
(j\._j_j tK-^-« XjI^Ajj JsA^ \l\ y^ ^î»wSXÎi ^^ icJ^r^i (j-^^''
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Jv-A_i J^Jjj (j^Ui *i^iJsJC_> cjUo jj viUSjSi «Xï^ t^lisS^Ji
«J-tS-aJII (jb;ii! i§^ j^JtKjiil i>X.AJ J-«AXJ" )^bU i JJi> y!
>iLA_j'j-jf yLA-Awiii L»Uj (j^ (0.^! cKaï tXij ,^j\y=L c^^»x^
trois cents milles, et tVenviron vingt journées de marche de
Sous-el-Aksa, sur un parcours constamment fertile et cultivé;
mais au delà de ce dernier point on arrive au Wadi-er-Re-
mel, puis au château Noir et aux déserts de sable dans les-
quels se trouve la ville connue sous le nom de Medinet-en-
Nouhas (la ville de cuivre) et les coupoles de plomh. C'est à
cet endroit que se rendit Mouça, fds de Nossaïr, du temps
d'Abd-el-Melik, fils de Merwan, et qu'il y vit toutes les mer-
veilles dont il a donné la description dans un livre que
tout le monde connaît. D'autres disent que cette ville se
trouvait dans les déserts qui avoisinent l'Espagne et que l'on
appelle la grande terre. Meimoun, fils d'Abd-el-Wahhab, fils
d'Abd er-Rahman , fils de Rustem le Persan , qui était Ibadite
et avait propagé dans ce pays la secte des Kharedjites, qu'on
dit être des restes des Echban , avait le premier rendu ce
pays florissant, bien qu'il eût eu plusieurs guerres àsoutenir
I. 2 4
370 LES PRAIRIES D'OR.
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»j««l cj^ cj^ ^j *^/-*' à^s\i_A_j <îi.*Uj«^ S1;J^' t^ *1 jiyAÀiJ
contre les Talébites. Nous parlerons plus bas, dans cet ou-
vrage, des opinions différentes qui régnent sur les Ecbban,
que quelques personnes soutiennent être des Persans venus
d'Ispahan. Dans cette partie du Magreb vivent beaucoup de
Sofarides hérétiques, qui y possèdent des villes très-popu-
leuses, comme celle de Torguiah, où il y a une riche mine
d'argent. Cette ville est située vers le midi , sur les con-
fins de l'Abyssinie, avec laquelle elle est continuellement
en guerre. Nous avons déjà donné des renseignements, dans
nos Annales historiques, sur tout ce qui concerne le Ma-
greb, ses villes, ses habitants hérétiques, tels que les Iba-
dites et les Sofarides, ainsi que les Motazales, avec lesquels
ils vivent en rapports d'hostilité. Nous y avons parlé aussi
d'Ibn el-Aglab-et-Temimi. qui, placé par el-Mansour comme
gouverneur du Magreb, se fixa daus l'Ifrikiiah ; nous avons
dit comment, à la suite des événements qui eurent lieu du
temps d'er-Rechid, ses descendants se sont transmis la pos-
session de l'Ifrikiiah et d'autres parties du Magreb, jusqu'au
CHAPITRE XVI. 371
t'y} «S (JVS!^^ CJV***^J (^■"*''^ ''^'*^ ^ «^^"^JJ^P^^ *^rV=*-^ (j-«
^ L_i_c^— »i e;*^i c5vi<-s^ j"=^' c^ dlil^ii (j-« 4^ L» 't5.-**.j^
dix* SjiUii^ iUjLtJtÀÎi j-AaJ (^^ (j^ *j"^ dix* — t«X-0^.^3
moment où Abou-Nasr-Ziadet-Allab , fils d'Abd-Allah, fils
d'Ibrahim, fils d'Ahmed, fils d'el-Aglab, fils d'Ibrahim, fils
de Mohammed, fils d'el-Aglab, fils d'Ibrahim, fils de Salim,
fils de Sowadeh et-Temimi, chef des missionnaires des Abbas-
sides, prit les rênes du gouvernement. Il fut dépossédé en 2 9 7 ,
du temps d'el-Moktadir-BiHah, lorsqu'il se rendait à er-Ra-
iikah, par l'inspecteur des poids et mesures, Abd-Allah es-
Soufi , missionnaire du chef des Mehdites, qui commença
ses prédications à Kelameh et parmi les autres tribus ber
bères. Ce dernier était originaire de Ram-Hormuz, ville du
district d'el-Ahwaz.
Revenons aux différents rois de la terre et à l'énuméra-
tion des royaumes qui nous restent à décrire sur le littoral
de la mer d'Abyssinie. Le roi de Zendj s'appelle Flimi ;
celui des Alains, Kerkendadj ; celui de Hirah, de la famille
des Beni-Nasr, Noman et Mondir; celui des montagnes du
Tabarestan , Karen ; une de ces montagnes est nommée en-
2/».
572 LES PRAIRIES D'OR.
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core Karen ou Ben-Karen. Celui de l'Inde s'appelle Balhara ;
celui de Kanoudj, dans le Sind, Baourah, et c'est là le nom
que portent tous les princes de ce pays; on y trouve aussi
la ville de Baoura qui, aujourd'hui, est dans le giron de
l'islamisme et est dans les dépendances du Moultan. C'est
d'elle que sort un des fleuves dont la réunion forme le Meh-
ran du Sind, dérivé du Nil, suivant el-Djahiz, et du Djeïhoun
du Khoraçân, suivant d'autres écrivains. Le roi de Kanoudj
Baourah est l'adversaire du Balhara, roi de l'Inde. Le roi de
Kandahar, l'un des rois du Sind et de ses montagnes , porte
toujours et généralement le nom de Hahadj ; c'est de son
territoire que coule le Raid, l'un des cinq fleuves dont la
réunion forme le Mehran. Kandahar est connu sous le nom
de pays des Rahpout. Un troisième fleuve sur les cinq sort
de la montagne appelée Behatil, dans le Sind, et traverse le
CIIAI'ITKE XVI. 37.^
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territoire des Rahpout ou le Kandahar. Le quatrième fleuve
prend son origine dans les montagnes de Kaboul, sur la
frontière du Sind, dans la direction de Bost et de Gaznin ,
de Deroun, de Rokhedj et du pays de Dawer, du côté du
Sedjeslan. Le cinquième prend naissance dans le Kachmir,
dont le roi porte généralement le nom de Raï. Kachmir fait
aussi partie du Sind ; c'est un pays montagneux, formant un
grand royaume, qui ne renferme pas moins de soixante ou
soixante et dix mille villes ou villages. Il est inaccessible , ex-
cepté d'un côté, et l'on n'y peut pénétrer que par une seule
porte. En effet, il est renfermé entre des montagnes escar-
pées et inabordables, que personne ne saurait gravir, puisque
les bétes fauves même n'en atteignent point le Koinmet, et
(|ue les oiseaux seuls peuvent y parvenir. Là où les mon-
tagnes cessent, il y a des vallées impraticables, d'épaisses
forêts, d'js jungles et des fleuves dont le cours impétueux est
374 LES PRAIRIES D'OR.
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infranchissable. Ce que nous disons ici de l'impossibilité de
gravir ces remparts naturels du Kaclimir est connu de tout
le monde dans le Khoraçan et ailleurs, ce qui fait de ce
royaume une des merveilles de la terre.
Le royaume du Baourah, roi de Kanoudj, a une étendue de
près de cent vingt parasanges carrées, en parasanges du Sind
mesurant chacune huit milles de ce pays. Ce roi , dont nous
avons déjà parlé, a quatre armées, selon les quatre direc-
tions des vents; chacune d'elles compte sept cent mille ou
même neuf cent mille hommes. L'armée du nord est destinée
à faire la guerre au prince du Moultan et aux musulmans ,
ses sujets, qui sont établis sur cette frontière ; l'armée du sud
opère contre le Balhara, roi de Mankir; quant aux deux
autres armées, elles se portent partout où un ennemi vient
à se présenter. On dit que son royaume, dans l'étendue que
nous avons indiquée plus haut, comprend un chiffre ofliciel
de dix-huit cent mille villes, villages ou bourgs, situés au mi-
lieu d'un pays boisé, bien arrosé, montagneux et riche en
CHAPITRE XVt 375
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c^U ^j-j 4^^ ;^jj iULwî jJ^ i di.m yl UAï «XJb yUJjIÎ
prairies. Ce prince ne possède que peu deléphants en com-
paraison des autres rois; il en a deux mille dressés pour le
combat. Un éléphant agile, attentif, courageux, monté par
un bon cavalier, la trompe armée d'une espèce de sabre ap-
pelé kartal, et recouverte d'une cotte de mailles, le corps
garni d'une armure de corne et de fer, flanqué de cinq cents
hommes qui le défendent et le protègent par derrière, peut
lutter contre six mille cavaliers; il n'en est point qui, avec
une semblable escorte, ne puisse en attaquer au moins cinq
mille, pénétrer dans leurs rangs, en ressortir et les harceler
de toutes paris, exactement comme pourrait le faire un
honmie maniant un cheval; c'est ainsi que ces peuples font
manœuvrer les éléphants dans toutes leurs guerres.
Quant à la royauté duMoultan , nous avons déjà dit qu'elle
appartenait aux descendants de Orama, fils de Lowai, fils de
Gaieb , qui commandent à une puissante armée. Moultan est ,
pour les musulmans, une place frontière, autour de Ia(|uelle
376 LES PRAIRIES D'OR.
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on compte officiellement cent vingt mille bourgs et villages.
Nous avons aussi parlé de l'idole qu'elle renferme dans ses
murs et qui est connue sous le nom de Moultan. On y vient
des parties les plus reculées du Sind et de l'Inde, pour dé-
poser à ses pieds de riches ex-voto, en argent, en pierres pré-
cieuses, en bois d'aloès et en toute espèce de parfums; des
milliers de personnes font ce pèlerinage. Le roi du Moultan
tire la plus grande partie de son revenu de l'aloès pur de
Komar, le premier de tous en qualité, qu'on apporte à celte
idole, dont un man vaut deux cents dinars, et qui reçoit
l'empreinte du cachet, comme la cîre, sans compter les
autres merveilles dont on lui fait présent. Toutes les fois
que les rois infidèles marchent contre Moultan, et que les
musulmans se voient hors d'état de leur résister, ils les me-
nacent de briser l'idole ou de la mutiler, ce qui suffit pour
décider les ennemis a ia retraite. Lors de mon arrivée dans
cette ville après l'an 3oo, le prince régnant s'appelait Aboiil
CHAPITRE XVI. 377
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Leliab el-Munebbih, fils d'Açad le Koreïchite, descendant
de Orama.
C'était à la même épocjue que je visitai le territoire de
Mansourah. Abou'l-Moundir-Omar, fils d'Abd- Allah, y ré-
gnait alors; j'y vis son vézir Riiah ainsi que ses deux fils
Mohammed et Ali. J'y connus encore un seid arabe, d'un
très-haut rang , appelé Hamzah. Un grand nombre des
descendants d'Ali, fils d'Abou-Taleb, par Omar et Moham-
med, Y avaient fixé leur résidence. Entre les rois de Man-
sourah et la famille du kadi Abou-ech-Chewarib il y a
une parenté étroite et une origine commune; en effet, les
princes qui occupent aujourd'hui le trône de ce pays des-
cendent de Habbar, fils d'el-Aswad, et ils sont connus sous
le nom de fils d'Omar, fils d'Abdou'1-Aziz, le Koreïchite,
(ju'il ne faut pas confondre avec Omar, fils d'Abdou'i-Aziz,
fils de Merwan, l'Ommiade.
Lorsque les cinq fleuves que nous avons nommés ont
dépassé lu porte de la maison d'Or, ou Moultan, ils se réu-
378 LES PRAIRIES D'OR.
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Dissent à trois journées de cette ville, entre elle et Mansou-
rah, dans un endroit appelé Douchai. Arrivé ensuite à l'ouest
de la ville de Rour, qui est une dépendance de Mansourali,
le fleuve prend le nom de Mehran. Plus tard il se divise en
deux branches , et les deux branches du grand fleuve, appelé
Mehran du Sind, se jettent dans la mer de l'Inde à la vifle de
Chakirah, dépendance de Mansourah, à deux journées de dis-
tance de la ville de Deïboul. De Moultan à Mansourah il y a
soixante et quinze parasanges sindiennes, c'est-a-dire des para-
sanges de huit milles. Le territoire de Mansourah comprend
trois centmille fermes ou villages, situés dans un pays fertile,
bien planté et bien cultivé. Ce royaume est en guerre conti-
nuelle avec un peuple appelé El-Meid, originaire du Sind, et
avec d'autres races. Il est situé sur la frontière du Sind, comme
Moultan et ses dépendances. Son nom de Mansourah lui
CHAPITRE XVI. 379
fi\Jj SJy-AAJ^J^ OwA^sw^ ^t>sJLi^ ^WxJI (j^ l^xSi ^.^.AasI \jS y
vient de Mansour, fils de Djemhour, que les Ominiades y
avaient placé comme gouverneur. Le roi possède quatre-
vingts éléphants de guerre. Il est d'usage que chaque élé-
phant soit entouré de cinq cents fantassins, et qu'il com-
batte ainsi des milliers de cavaliers, comme nous l'avons
déjà expliqué. J'ai vu chez ce prince deux éléphants d'une
taille colossale, et qui étaient renommés chez tous les rois
du Sind et de l'Inde pour leur force, leur courage et leur
intrépidité dans le combat. L'un s'appelait Manfaraklas et
l'autre Ilaïdarah. On raconte du premier des traits remar-
quables et dont tous les habitants de ces contrées et des pays
environnants ont entendu parler. Une fois qu'il avait perdu
un de ses cornacs, il resta plusieurs jours sans vouloir pren-
dre aucune nourriture ; il s'abandonnait à sa douleur et pous-
sait des gémissements comme un homme profondénienl
ainigé; les larmes coulaient continuellement de ses yeux. Une
autre fois, Manfaraklas, suivi de Haïdarah et du reste des
380 LES PRAIRIES D'OR.
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quatre-vingts éléphants, sortit de la daïrah ou écurie. Arrivé
à une rue étroite de Mansourah , il se trouva subitement face
à face avec une femme , qui était loin de s'attendre à une pa-
reille rencontre. Frappée de terreur à sa vue, cette malheu-
reuse perdit la tête, et tomba à la renverse au milieu de la
rue, en découvrant les parties les plus secrètes de son corps.
Aussitôt Manfaraklas s'arrêta, et, se posant en travers de la
rue , il présenta son côté droit aux éléphants qui le suivaient,
pour les empêcher d'avancer. Puis, agitant sa trompe comme
pour faire signe à la femme de se relever, il ramena sur elle
ses vêtements et l'en recouvrit. Ce ne fut qu'après qu'elle se
lut soulevée pour lui faire place, et qu'elle eut repris ses
sens, qu'il poursuivit son chemin avec tous ses compagnons.
11 y aurait encore bien d'autres choses extraordinaires à ra-
conter, non-seulement sur les éléphants de gueiTe, mais en-
core sur les éléphants employés aux travaux , tels que tirer
CHAPITRE XVI. 381
Sj-Si -JsJij *Xi^ iSiS^ ^i ^-iV^ (^c5^l^-^^^i <i' iCiUi^
les voitures, porter des fardeaux, battre le riz et d'autres
grains encore, comme font les bœufs qui travaillent dans
l'aire. Plus bas dans ce livre, lorsqu'il sera question du pays
de Zendj , nous parlerons de l'éléphant et de sa manière do
vivre dans cette contrée, où il est plus multiplié qu'en tout
autre endroit, et où il vit à l'état sauvage. Pour le moment,
nous nous bornons à des notions sommaires sur les rois du
Sind et de l'Inde.
La langue du Sind est différente de celle de l'Inde. Lo
Sind est le pays qui avoisine les contrées musulmanes ;
l'Inde est située plus à l'orient. Les habitants de Mankir, ca-
pitale du royaume du Balhara, parlent le kiriali, langue ainsi
appelée du pays de karah, où elle est en usage. Sur le litto-
ral, comme à Saïmour, à Soubarah, à Tanah, etc. on parle
le lari; ces provinces empruntent leur nom à la mer La-
rewi, sur les côtes de laquelle elles sont situées, et dont nous
avons parlé plus haut ; elles sont arrosées par de grands
fleuves qui, par une anomalie remarquable, viennent du
midi : il est à remarquer, en effet, que de tous les fleuves au-
382 LES PRAIRIES D'OR.
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(;jv.fc»*m JjclS'^iU c^vo 4j^ :>_j-*4^ ^jj_jj kil-^ yt»^ (:J>-4S^5
cun ne coule du midi au nord, excepté le Nil de l'Egypte, le
Mehran du Sind et quelques autres encore; le reste se dirige
du nord au midi. Dans nos Annales historiques nous avons
expliqué les causes de ce phénomène, et nous avons rap-
porté les différents systèmes qu'ont imaginés les géographes
pour en donner la raison ; nous y avons aussi parlé de la
dépression ou de l'élévation des divers plateaux du globe.
Parmi les rois du Sind et de l'Inde, aucun ne traite les mu-
sulmans avec plus de distinction que le Balhara. Dans son
royaume l'islamisme est honoré et protégé ; de toutes parts
s'élèvent des chapelles et des mosquées spleodides où l'on
peut faire les cinq prières du jour. Les souverains de ce pays
régnent jusqu'à quarante, cinquante ans et plus ; leurs sujets
attribuent cette longévité aux sentiments de justice qui les
animent et aux honneurs qu'ils rendent aux musulmans. Le
roi entretient les troupes à ses frais, comme le font les princes
musulmans. Leur monnaie consiste en drachmes appelées
tahiriyeh, pesant chacune une drachme et demie des nôtres;
CHAPITRE XVI. 383
iJxS^ i^iojs^ iJ if^y^ ^'^^i (t-^*^^ i^J^ **^ *A>A»( ouaj^
/*.-*>-» ^ ^.y-*-4j Jj'^î^ Jjjsii ^^AiS' dlA^ yfi^ AjJ^ *^W=^
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j-A-^i iJ^ <6^L«J (j^ (:^'**=*-' <Xa^I *U*J ^ (j**A^J c^j-m
elles portent la date de l'avènement du prince régnant. Le
Balhara possède un nombre considérable d'éléphants de
guerre. Son royaume porte aussi le nom de pays de Kem-
ker; une partie de ses frontières est exposée aux attaques du
roi de Djozr (Guzerat). Ce dernier est riche en chevaux,
en chameaux, et commande à une nombreuse armée; on
prétend qu'à part le roi de Babel, qui règne sur le quatrième
climat, aucun roi de la terre ne lui est comparable en puis-
sance. 11 se montre plein d'orgueil et de violence dans ses
rapports avec les autres princes, et nourrit contre les mu-
sulmans une haine implacable. Il a beaucoup d'éléphants.
Son royaume, situé sur une langue de terre, renferme des
mines d'or et d'argent, dont le produit sert dans les transac-
dons commerciales.
Ensuite vient le roi de Tafen , qui vil en paix avec tous
ses voisins , honore les musulmans et n'entretient pas d'ar-
mée comme celles des autres princes. Les femmes de ce
pays sont les plus gracieuses, les plus belles et les plus
blanches de l'Inde; elles sont recherchées dans les harems.
384 LES PRAIRIES D'OR.
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-(K^S^U iUw »«x^j ^j '^a dJXi i «x.iù J^j ^ cuUiilklL
^_Sè;3 ^U^i ^bu xtCsj jj^_4i aKjUjj *-^UvwI (j.« /e.-ftiJ|j
et il en est question dans tous les livres erotiques; aussi les
marins , qui savent tout ce que valent ces femmes qu'on
nomme Tafinijat, tiennent-ils beaucoup à s'en procurer à
quelque prix que ce soit.
Près de ce royaume est celui duRahma, titre qui est gé-
néralement donné aux princes de ce pays. Ceux-ci sont en
guerre avec le Guzerat, dont le territoire les touche, et
avec le Balhara, qui est leur voisin d'un côté. Le Rahma
possède plus d'hommes, d'éléphants et de chevaux que le
Balhara, le prince de Guzerat et celui de Tafen. Lorsqu'il
part pour une expédition, il est entouré de cinquante
mille éléphants; au surplus il n'entreprend jamais rien que
pendant la saison d'hiver, parce que ces animaux ne sup-
portent pas la soif et ne peuvent endurer de longues haltes.
On n'a pas craint d'exagérer le nombre de ses troupes,
au point de prétendre que dans son armée il n'y avait
pas moins de dix à quinze mille louions et blanchisseurs.
Les rois que nous venons de nommer disposent leurs trou-
CHAPITRE XVI. 385
âjjyiî oi-«*jJ tjLçiJij iùàAJÎj c-.^«>Jl_j iytJi ««xXj i^ «XA>Jl
j^«X_Ji ^.-«^jiaJL oj— »»_^15 j-«^5 J^-^ »«>Jo 4j^^ iCij^ Ai:>
yU*jJL o_y-*Jli (jiyv^ »*>^ ^j ^-«J''-s: i J_^il (j*.jj <^
pes en carrés de vingt mille hommes, chaque côté pré-
sentant, de front, cinq mille combattants. Les transactions
commerciales se font avec des cauris, qui sont la monnaie
du pays. On y trouve i'aloès, l'or et l'argent; on y fabrique
des étoffes d'une finesse et d'une délicatesse supérieures.
On en exporte le crin nommé ed-Domar, dont on fait des
émouchoirs à manches d'ivoire et d'argent, que les domes-
tiques tiennent sur la tête des rois pendant leurs audiences.
C'est dans ces contrées que se rencontre l'animal appelé
en-nichan (marqué) , nommé vulgairement eZ-/ier/fcc?e;i (rhino-
céros); il porte une corne sur le front. Plus petit de taille
que l'éléphant, il est plus grand que le bufile; sa couleur
tire sur le noir, et il rumine comme les bœufs et les autres
ruminants. L'éléphant fuit devant lui, à ce qu'il paraît,
comme devant le plus fort de tous les animaux. La plupart
de ses os sont comme soudés ensemble, sans articulation
386 LES PRAIRIES D'OR.
«XàmJ)^ *^i-J^ O^^ ^^ (J*^'A-*'[54^jjJ^J5 U-* 9-y^ ^^ (iJ^-fc*-»**!^
ut ^LA_«kJt dU^ (j^ l:>^i.^ ^>^ ^dxM^ ^ O^Ajl Aj^ ^I
^j^-»^ ji aKw^-aw^ AlaAja-'Sv.j ^^^Lis ^9-*^ ^> ^UmjI J|jf» iitf>
\ÙyS-Ji il>M*jdjiâ iut£2jUl^ «^.UbvXJt (j^ ^^aX^ ^.^-^ <i^j^-^^^
dans les jambes, de sorte qu'il ne peut ni s'accroupir ni
se livrer au sommeil à moins de s'appuyer contre les arbres
au milieu des jungles. Les Indiens et les musulmans qui
habitent ces pays mangent sa chair, parce que c'est une
espèce de buffle de l'Inde et du Sind. Cet animal se trouve
dans la plupart des lieux boisés de l'Inde, miais nulle part
en aussi grande quantité que dans l'étendue du royaume du
Rahma, où sa corne est d'une beauté et d'un poli remar-
quables. La corne du rhinocéros est blanche, avec une
figure noire au milieu, qui représente l'image d'un homme,
ou d'un paon avec les lignes et la forme de sa queue, ou
d'un poisson, ou du rhinocéros lui-même, ou enfin celle
d'un autre animal de ces régions. On achète ces cornes et,
à l'aide de courroies, on en fait des ceintures sur le modèle
des ornements d'or et d'argent; les rois et les grands de la
Chine estiment cette parure pardessus tout, au point qu'ils
la payent quelquefois jusqu'à deux et même quatre mille
CHAPITRE XVI. 387
(jbLjçj »j ài_j.-*»*-J XajS^ Jya^\ dLAj »_j^_5_5 t-*,i6<XJÎ yUAiJb
yl Iâ-=»-L4i (»-J^ «XJJj jiy^-îî (iH Ij^-^si U yUi^l y^ i
dinars. Les agrafes sont d'or, el le tout est d'une beauté et
d'une solidité extraordinaires; souvent on y enfonce diffé-
rentes sortes de pierres précieuses avec de longs clous d'or.
Les images dont nous avons parlé sont ordinairement
tracées en noir sur la partie blanche de la corne; quelque-
fois elles se détachent en blanc sur un fond noir; du reste,
la corne du rhinocéros ne présente pas ces signes dans tous
les pays. El-Djahiz prétend que la femelle porte pendant
sept ans, durant lesquels le petit sort la tête du vontre de
sa mère pour paître, et l'y rentre ensuite; il a consigné ce
fait, comme une particularité remarquable, dans son Traité
des animaux. Désirant m'éclairer à cet égard, j'ai interrogé
les habitants de Siraf el d'Oman qui fréquentaient ces con-
trées, ainsi que les négociants que j'ai connus dans l'Inde:
tous se sont montrés également surpris de la question que
je leur faisais. Us m'ont affirmé que le rhinocéros porte et
u5.
388 LES PRAIRIES DOR.
j^u «u»;^ yîii»? l-i-^ w.»=-v -"'^^ -^L» vj--^' «ii-'^
.v-<..;>^^>^'j ^^r* "^'-^ "^'-•' '"'^*-^ J^ (^ ''^'^ ..r»j^^^^»^
met bas exactement comme la vache et le buffle: et ji^nore
d'où ei-Djahiz a puisé ce conte, et s'il est le résultat de se?
lectures ou de ses informations.
Le royaume du Bahma s'étend à la fois sur le continent
et sur la mer. Il est limitrophe d'un antre Etat situé dans
les terres, et qui s'appelle royaume de Kamea. Les habitants
sont blancs et ont les oreilles fendues: ils possèdent des élé-
phants, des chameaux et des chevaux. Les individus des
deux sexes y sont généralement beaux.
Vient ensuite le royaume de Firendj , dont la puissance
est à la fois continentale et maritime. B est situé sur une
langue de terre qui s avance dans la mer. d'où il sort une
grande quantité dambre. Le pays produit du poivre en pe-
tite quantité: mais on y trouve beaucoup d'éléphants. Le roi
est brave , superbe et orgueilleux : mais , à dire \Tai . il a plus
de fierté que de force, et plus d'oigueil encore que de bra-
Toure.
Ensuite vient le royaume de Mondjah , dont les habitants
sont blancs, généralement beaux, et nont pas les oreilles
fendues. Ds possèdent beaucoup de chevaux et une armée
CHAPITRE XVI. 389
X«UkO iL«^l otXifii^ c->UMi i «Xit> (^ ot-^-Aw U ^ AjUIb olLo*k
Jb>— x-j -^ (j<^A-) i^^iftl^^ iCxAÀ^ J^:»"^^ ^.^^IrJ (j (^<tâJ| JsibL
oj^;-«-ii kiL^JL) j-é5j ^y<^i viUi J.^ <;^ ^ ^yi_y£^\
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yLwaial j.JsJaI J»*j«Xa*«J ^o^-^^S^L^^ i^Jôft ^^^3 iijt*»(!j »jljjj
U^HS^^ ^Ij^yi^ Jl^^l iùU>-_5 (j:>Uil cj-, -?*X)^J c:>iiU i
-B-^ÀiO^ UtX^Ju /6.^-Uj uJiAxi^ J-wjJi^j (j>AnJl <Ji.)0 (jjy^l;S2
considérable. Le pays est très-riche en musc, que fournissent
les gazelles et les chèvres dont nous avons parlé plus haut
dans cet ouvrage. Le costume de ce peuple ressemble à celui
des Chinois. Le royaume est défendu par des montagnes
escarpées et couvertes de neige, dont la chaîne est plus lon-
gue et plus inaccessible que toutes celles du Sind et de
rinde. Le musc est estimé et porte le nom du pays; les ma-
rins, qui font métier de l'exporter, le connaissent bien et
l'appellent musc de Moudjah.
Le royaume limitrophe est celui de Mand, qui renferme
des villes nombreuses, de vastes plaines bien cultivées, et
qui possède une nombreuse armée. Les rois confient volon-
tiers à des eunuques l'exploitation des mines, la perception
des impôts et en général le soin de l'administration , comme
le font les rois de la Chine dont nous avons déjà parlé. Le
pays de Mand est voisin de cet empire, dont il est séparé
par une haute chaîne de montagnes d'un accès difTicile; les
390 LES PKAIRIES D'OR.
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deux souverains s'envoient réciproquement des ambassa-
deurs avec des présents. Les habitants de Mand joignent
une grande force à beaucoup de courage et d'audace; aussi,
lorsque leurs envoyés viennent en Chine, on leur donne un
surveillant, et on ne leur permet pas de se promener libre-
ment dans le pays, de peur qu'ils ne fassent des observations
sur les routes et les parties faibles du royaume; tant est grande
l'idée que les Chinois se font delà puissance de leurs voisins.
Tous ces peuples nommés plus haut , soit de l'Inde , soit de
la Chine, soit d'autres pays, ont des usages et des coutumes
à eux concernant les repas, les mariages, les vêtements, le
traitement des maladies et l'emploi des remèdes, tels que
la cautérisation, etc. Plusieurs de leurs rois, dit-on, ne
pensent pas qu'on doive garder les vents dans le corps,
parce qu'ils regardent cette contrainte comme pouvant oc-
casionner une maladie dangereuse; aussi ne s'imposent-ils
aucune gêne à cet égard, dans quelque circonstance que ce
soit. Tel est aussi l'avis de leurs médecins, qui soutiennent
que cette violence faite à la nature est nuisible à la santé,
CHAPITRE XVI. 391
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y-^^ Jlil cyt«Xj Aijjjjtlt
que rien n'est plus salutaire que de se soulager en pareil
cas, et que ceux qui souffrent de coliques dans la consti-
pation , ou sont affligés de maladies de la rate, en éprouvent
du bien-être. C'est pour cela qu'il n'est point incivil , chez eux ,
de lâcher un vent quand on est en compagnie. Il est du
reste à remarquer que les Indiens se sont appliqués de bonne
heure à la médecine, et qu'ils l'ont cultivée avec beaucoup
d'art et d'intelligence. Le même auteur qui nous a donné
ces renseignements sur l'Inde ajoute : Chez ces peuples il
est plus incivil de tousser que de lâcher un vent; l'éruc-
tation peut s'assimiler à l'émission de ces vents qui s'échap-
pent sans bruit; le son qui accompagne un vent bruyant
n'est autre chose que le retentissement de l'air chassé au
dehors par un travail intérieur. L'auteur prouve la vérité
de ce qu'il rapporte sur les Indiens, par des témoignages
aussi nombreux que répandus, et qui se retrouvent dans les
récits, les contes, les anecdotes et les poésies. C'est ainsi
qu'Aban, fils d'Abdoul-Hamid, dans une Kacideh connue
sous le nom de Choses licites, a dit :
392 LES PRAIRIES D'OR.
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U&5L.çwl oouXjLi-l Wlj *Xc^îj cr^^ Ujlîlj (_j*,l^t j.ii^^
Un Indien, instruit et sage, a dit une parole que j approuve complète-
ment :
N'empi'isonne pas un vent lorsqu'il se présente; laisse-le libre et ouvre-
lui l'issue qu'il recherche.
Le retenir est le plus grand des maux; le chasser, c'est se donner repos
et tranquillité.
Il est incivil de tousser et de se moucher; éternuer est de mauvais au-
gure, mais non pas lâcher un vent.
L'éructation n'est qu'une émission de l'air vers le haut du corps ; mais
l'odeur en est plus fétide que celle du vent qui s'échappe sans bruit par
le bas.
Les vents qui sont clans le corps n'ont qu'une seule et
même nature , mais leurs noms diffèrent suivant les issues
par lesquelles ils s'échappent; ceux qui sont chassés par en
haut sont nommés djechâ, ceux qui s'échappent par en bas
sont appelés /efa. U en est de même pour les coups ; on se
sert du mot latmah pour ceux qui sont portés sur la figure,
et du mot safâh pour ceux qui sont appliqués sur la nuque;
l'espèce est la même, mais le nom varie suivant les parties
CHAPITRE XVI. 393
^Jt^_iU\<' X>oSj-^i oJ^aj)^ ^^'^^^ ovJ:>Lj^ A}si£ c:^piâ>
du corps qui sont lésées. De tous les animaux l'homme est
le plus exposé à de nombreuses maladies et à des affections
qui se suivent et s'enchaînent, pour ainsi dire, sans inter-
ruption, telles que les coliques, les douleurs d'estomac et
autres incommodités accidentelles; cela vient de ce qu'il
emprisonne, en quelque sorte, le mal dans son corps, et
qu'il néglige de l'expulser au moment où il se présente, et
où la nature lutte vigoureusement pour le rejeter au dehors.
Les autres animaux, privés de raison, ne sont pas exposés à
toutes ces incommodités, parce que, bien loin de retenir
dans leur corps les maladies qui y ont fait irruption, ils les
laissent sortir promptement.
Les anciens philosophes et les sages de la Grèce, comme
Démocrite, Pythagore, Socrate, Diogène, ainsi que les sages
des autres nations , n'étaient pas d'avis qu'il fallût retenir au-
cun gaz dans le corps, parce qu'ils savaient combien de
soufl'rances et d'accidents pouvaient résulter de cette con-
trainte; ils pensaient que tout être doué de sensations était
394 LES PRAIRIES D'OK.
JJi> ^jûUm\ Wi^ JJix)t 'ij*fjMa-i àj<i>j>^ Ç^fJ^i; |U» kiU^ (jl^
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^l)-4^ &js^ Job Ltf JU4 <i|^X« (j^ *j^3 «r*'^^^^ 5^j
J— rjf! ^IjLw^ ^^«XjIxI) ^^-fu*-? (^ij^«XÀ^ i^ dLLc iJ\Xa Jaj
à même de vérifier sur sa personne ce fait, dont la nature
autant que le raisonnement démontrent la réalité. Les
hommes qui ont des lois et des livres révélés ont seuls re-
gardé ces choses comme indécentes, parce que les lois les
ont interdites, que la coutume les a prohibées et qu'elles
n'ont pas passé dans les mœurs.
Nous avons déjà parlé des peuples de l'Inde et donné des
renseignements sur leur caractère, leurs usages singuliers et
leurs coutumes, dans nos Annales historiques et notre His-
toire moyenne. Nous y avons aussi parlé du Maharadja, roi
des îles , ainsi que des parfums et des plantes aromatiques , et
des autres princes de l'Inde, tels que le roi de Kandjab et
plusieurs d'entre les rois des montagnes de la Chine qui font
face aux îles de Zabedj et autres; enfin nous y avons exposé
l'histoire des rois de Chine et de ceux de Serendib, et de
leurs relations avec le roi de Mandourafin. Ce pays est situé
vis-à-vis de Serendib, comme le pays de Komar 1 est des
CHAPITRE XVI. 395
^J^ itjj, Uff^ (^«M^j <S^^^ 'r'J^^^ (i/^^ Jy^jUi-l (j^
îles du Maharadja, telles que Zabedj et les autres. Les rois
de Mandourafin s'appellent tous el-Kaïda.
Plus bas, dans cet ouvrage, nous donnons encore un ré-
sumé de l'histoire des rois de l'est, de l'ouest, du midi et
du nord , tels que les rois du Yenien , de la Perse , de Roum ,
des Grecs, duMagreb, des races abyssiniennes, du Soudan,
des descendants de Japhet, ainsi que d'autres notions sur
le monde et ses merveilles.
VARIANTES ET NOTES.
Page 3 (i). Cette expression présente une certaine obscurité, et nous
n'avons traduit ^u'aJl par «montagnes» que pour nous rapprocher du
sens donné par le Koran, xxi, 3i. (Voy. ï' Inlroducliun générale à la Gdo-
(jraphie des Orientaux, par M. Reinaud, page CLxxvii.) Le manuscrit L
porte jljj^l, et le D"^ Sprenger traduit, «the lines on the globes, en
considérant sans doute ce mot comme un terme d'astronomie.
Ibid. (2) Tout ce membre de phrase est omis dans le manuscrit A.
Nous avons adopté , pour combler cette lacune , la leçon fournie par le
manuscrit L*.
P. 6 (1). Les trois copies, B, L et L^, portent distinctement ULjLjf,
et, d'après cette variante, il faudrait traduire : «les erreurs se sont mul-
tipliées , etc. » Nous ne savons d'après quelle autorité le D' Sprenger a lu
UiJf «the wealth».
P. 7 (i). Les termes techniques que présente ce passage ont été expli-
qués par de Sacy dans sa notice sur le Traité des définitions [tarifât).
(Voyez Notices et extraits, etc. p. 28 et suiv.) Deux manuscrits, au lieu
de (jfjjf «J., donnent (_$ljjf /t5 3, ce qui signifierait alors «la réfuta-
lion des doctrines philosophiques».
P. 8 (i). La concision de ce passage et les expressions philosophiques
dont il est rempli nuisent à la clarté du sens ; cependant notre traduc-
tion ne dilTère pas essentiellement de celle du D' Sprenger. On peut con-
sulter, sur le mot ^T-«^.W-a , pluriel de iit^A^ , la définition que Ibn Khal-
doun en donne dans le livre III de ses Prolégomènes. (Conf. Silv. de
Sacy, Chrestomathie arabe, 2" édit, t. II, p. 298.)
P. 10 (i). Nous n'avons pas à insister ici sur les variantes que fournis-
sent les manuscrits dans cette longue nomenclature de noms propres. Les
sources principales qui ont servi à la rédaction des Prairies d'or seront
analysées et, autant que possible, discutées dans le mémoire qui termi-
nera la présente publication.
P. 20 (1). Cette phrase, jusqu'au mot jj^liLoft, est omise dans le ma-
398 VARIANTES ET NOTES.
nuscrity4; mais elle se trouve dans trois autres copies. Les mots L^-^i^t
i/jClfijf désignent, d'après le D' Sprenger, le livre de Cœlo d'Aristote, et
ju^IjJf sLl-^l les Meteorolociica du même auteur,
P. 58 (i). Ce passage, depuis _^M <ù / jusqu'à Lct\i , est altéré
dans les manuscrits. Le D' Sprenger en a donné , d'après la copie de
Leyde, une interprétation qui s'écarte de la nôtre (p. 55). Nous renvoyons
le lecteur à la noie dans laquelle le savant anglais cherche à justifier sa
lecture par des arguments tirés de la doctrine des tliéologiens modernes
relativement aux figures de l'Ancien Testament.
P. 62 (1). Plusieurs de ces noms, et tout ce qui est dit ici de la double
génération mâle et femelle attribuée à Adam , paraissent avoir été em-
pruntés par Maçoudi à la Chronique de Tuhari, liv. I"^, c. xxi.
P. 94 (i). Quoique toutes les copies donnent CiU'» ou (jL-». nous
n'avons pas hésité à rétablir le nom de Moab dans notre traduction , car
il n'est pas possible de douter que Maçoudi ne désigne ainsi le mont Hor
qui, de toute antiquité, a été considéré comme le sépulcre d'Aaron.
[Nombres, xx, 22-29.) Cette montagne n'est qu'à deux heures de marche
des ruines de Pétra, et les Arabes lui donnent encore le nom de Djébel-
Nébi-Haroun. (Cf. Burckhardt, Traveb, etc. p. 43 1 , et Laborde, Voyage
de l'Arabie Pétrée, p. 61 .)
P. 95 (1). Maçoudi réunit sans doute sous ce nom les petites princi-
pautés du pays de Canaan, et peut-être veut-il désigner en particulier les
Gabaonites , qui formaient une des plus importantes tribus cananéennes.
P. 97 (1). C'est le XlBos îovSaïKÔs de Galien. (Voy. les Œuvres d'Ori-
base, édit. de M. Darenberg, t. II, p. 709, et Dioscoride , liv. V, p. i54.)
/6k/. (2) Tous les manuscrits portent iUÀ-»si ou iôyU»J. Nous avons
rétabli la leçon Jù^J, d'après le Tenbih (f. 49 v°). Ce que l'auteur dit ici
du lac d'Ourmyah est confirmé par le témoignage d'Istakhri et de Yakout.
Dans ce dernier, au lieu de Kendewan, on trouve Kebouhhan, leçon qui
s'éloigne moins de Khaboudan, nom sous lequel les Arméniens désignent
ce lac. (Cf. Saint-Martin, Mémoire sur l'Arménie, I, p. 17.) La descrip-
tion du lac d'Ourmyah par différents auteurs musulmans est résumée
dans un ouvrage que l'un de nous a publié récemment, sous le titre de
Dictionnaire géographique , etc. de la Perse, p. 85. (Voyez aussi une note
d'Et, Quatremère, dans son Histoire des Mongols, p. 3 16.)
P. 98 (i). Someida et Houbar rappellent d'une manière assez bizarre
VARIANTES ET NOTES. 399
les noms de yi^DC^ et "icn . deux frères de la tribu de Manassé qui sont
mentionnés dans les Nombres, xxiv, Sa, et ailleurs.
P. loo (i). Confusion de Kouchan avec Eglon. (Voy. /u^e5, m, 10-12.)
P. 10^ (1). Les noms propres doivent plier sous le génie de la langue
arabe, qui cherche partout des allitérations ( oLof). C'est ainsi que Caïn
et Abel se sont transformés, chez les auteurs musulmans, en Kabil et
Habil, Gog et Magog en Yadjoudj et Madjoudj , Saùl et Goliath en Taloat
et Djalout. On pourrait faire la même observation chez certains auteurs
chrétiens du moyen âge. Voy. Soliman et Doliman, ce dernier nom à la
place de Danischmend; Michaud, Bibliothèque des croisades, i" partie,
p. 71. (Note de M. Derenbourg. )
P. 106 (1). On a suivi ici la leçon du manuscrit I,*, tandis que les
autres copies portent (^J[]g. Mais ce qui prouve que Maçoudi veut par-
ler de Goliath, c'est que quelques lignes plus loin il cite une autre tra-
duction , d'après laquelle Saûl aurait exterminé les Israélites rebelles.
P. 107 (1). Ceux qui lapèrent l'eau rappellent le passage, Juges, V,
VII, 5, confondu avec Sam. I, xiv, 24 et suiv. La cotte de mailles de Da-
vid est le fait raconté, Sam. I, xvii, 38, 89, et travesti par l'imagination
musulmane. Le fleuve qui tarit doit-il se rapporter à Josué, m, i3 et
suiv. ?
P. 110 (1). Ou, d'après le manuscrit de Leyde, ^u^k, Hanan. H est
possible que l'expression biblique , ^prin H^TIK {Samuel, 11, 12), Ouria
le Hélhite, ait donné naissance au ajL/v,^ ^>_j V?)3'' P^'" '^"^ altération
analogue à celle du nom de Bathséba ou Bctsabé, transformé par Ta-
bat-i en *
P. 11 4 (1). Dans deux manuscrits, on lit ^J^Ks^J] , qui n'est peut-être
que la forme abrégée de D^î"13. Garizim. [Deuiéron. xxvii, 12.)
P. 1 15 (1). Les manuscrits L et L^ donnent distinctement 00 W )9^>
et la copie de Cambridge (j{j jAi. (Sprenger, p. n5. ) Dans le Modjem
el-bouldan et son abrégé le Meraçid el-ittila, on trouve seulement JL«^
NoJ?. S. de Sacy a lu Caj o % Js «la montagne bénie».
Ibid. (2) De Sacy a donné les variantes de ces noms dans la traduction
de ce passage de Maçoudi, qu'il a publiée dans sa Chresfomathie arabe.
400 VARIANTES ET NOTES.
2° édit. I, p. 343. (Cf. Munk, Palestine, p. 481 , collection de Ylhivcrs
pittorescjue.)
P. 1 16 (i). Le traducteur anglais a déjà signalé le ridicule anachro-
nisme que présente ce passage , et il est porté à croire que Maçoudi a été
induit en erreur par Tabari , qui place la fondation de Byzance sous le
règne de Manassé. Nous ajouterons, si c'est une excuse en faveur de Ma-
çoudi, que le verset du livre des Chroniques (11, 33), d'après lequel le
royaume de Juda aurait péri sous une nouvelle invasion assyrienne, est
considéré comme interpolé et apocryphe par de graves autorités.
P. 126 (1). Cette citation poétique est si défigurée dans la copie de
Leyde , que nous aurions mauvaise grâce de reprocher au traducteur an-
glais de rendre ainsi le second vers : «le châtiment infligé à la tribu de
« Kahtan soumit à la volonté de Dieu ceux qui s'étaient révoltés contre
« elle. » Sur les Ashab er-rass, voyez Koran, xxv, Ao , et l'explication qu'en
donne Yakout [Dictionnaire ijéocjraphique de la Perse, p. 281 et suiv.).
P. iSg (1). Manuscrit B, <uiu ; manuscrit L, ilkj. Dans la version an-
glaise, on lit : ûxXfC't^ i^JUj «the fox and the boar. » S. de Sacy avait,
avant nous , adopté la leçon du manuscrit A. ( Voy. Notices et extraits, etc.
p. 160 et suiv.)
P. 161 (1). On peut consulter, sur ces deux célèbres joueurs d'échecs ,
le curieux ouvrage de Jîyde,Historia Schahiludii , et l'édition anglaise des
œuvres de W. Jones, t. I, p. 621.
P. 177 (1). Manuscrits B eiU, (J\^- On trouve aussi |v30 et ,v.sLST
M. Reinaud , comparant diverses relations de voyageurs musulmans , pense
que le pays de Thafec répond à la province actuelle d'Aureng-Abad. [Re-
lation des voyages. Discours prélim. p. c.)
P. 178 (1). Le morceau auquel Maçoudi fait allusion est à la fin du
présent volume, de la page 372 à la page Sgo.
P. 180 (1). Ou <JyJ , d'après le manuscrit de Leyde, ce qui se rap-
proche davantage de la prononciation grecque. (Cf. Géogr. d'AboulJéda,
t. I, p. 267,) Dans un mémoire publié à Leipsig en i855, M. Redslob
cherche à démontrer que, chez les auteurs orientaux, Thulé répond à une
île voisine de Halmstad ou Halland, petite ville sur le Cattegat (Suède).
P. 184 (1). Manuscrit B, c:}l^jj.Jf; manuscrit L, c^l^TijJf. Toutes
ces leçons ne sont que des altérations plus ou moins sensibles du mot
VARIANTES ET NOTES. 401
s.mscrit douipa uîlc», et c'est ainsi que les voyageurs arabes désignent les
îles Maldives et Laquedives. (Conf. M. Reinaud, op. supra laud. p. I.v, et
Voycujes d'Ibn Batoutah, t. IV, p. i lO et suiv.)
P. i85 (i). Manuscrit L et L^, vojLuJi «jy-' ^j^ . on «.jvL*J|. (Voy.
Géographie d'Aboulféda, t. II, traduction française, p. 22.)
P. 191 (1). L'une des deux copies de Leyde porte ^j^-u^ , au lieu de
^jsJC«. Le D"^ Sprenger a lu ^jîyCwa Lu^ , et il traduit, par conséquent,
«tbree hundrcd and sixty five days».
P. 193 (1). Le manuscrit 4, au lieu de Démavend, porte tV-J5L^_j
«Néhavend», ce qui est inadmissible, puisque cette dernière montagne
est, comme on le sait, dans le voisinage d'Hamadan. Deux autres copies
présentent la forme arcbaïque ooaLo^, Donhavend, que les Persans, au
rapport de Yakout, expliquent par une légende ridicide. (Voy. Diction-
naire géographique de la Perse, p. 236.)
P. 195 (1). Les manuscrits B et L, au lieu de yj-wl , donnent yÀ«^l, cl
ce terme rend avec une certaine vérité l'aspect que présente la neige du
pic de Démavend sous les rayons du soleil. ,
P. 196 (1). Cette distance du centre de la terre au point extrême de
l'atmospbère , à 168,000, fait exactement vingt-deux fois le diamètre de
la terre, à 7,636 milles, ou plutôt à 7,636 y^. Eu doublant ce nombre
pour avoir le diamètre du périmètre formant fatmosphèrc, on obtient
44 fois le diamètre de la terre. Ce nombre répond aussi à 4 fois le dia-
mètre du soleil, tel qu'il est donné ci-dessous, à 4,200 milles.
(Note de M. Derenbourg.)
P. 197 (i). Manuscrit B, ^^l ^_^f ^lju.«,; manuscrit L, *_jI,^««ç«.
P. 199 (1). Manuscrits D et L, lUa^i::^. Ce mot signifie littéralement
«doublure», et il est employé ici comme terme^de mépris. Nous avons
cru pouvoir lui donner un équivalent plus usité en français.
Ibid. (2). Manuscrit A, lyAj^ if'')'^ manuscrit L, ^j._u/wi , jvL. Le
D' Sprenger transcrit ras Komorr, et appuie cette leçon sur une base ingé-
nieuse, mais bien fragile. (Voyez p. 221, en note.)
Ihid. (3) Voyez Chwolsobn , Die Ssabier und S.mbismns , f . I , p. 2 1 o.
I. Jih
Zi02 VARIANTES ET NOTES.
P. 2 33 (i). Au lieu de Zeidboud, on lit dans le manuscrit B ^^o^/J] \
dans le manuscrit L, 2>^(yjj. La copie de Cambridge porte ^ o^*^
j, jjj . [sic], Sprenger, p. 262. Enfin, dans ie manuscrit de l'Inde, on
trouve ^^j^j^^-
P. 235 (1). Manuscrit L, (A^\; manuscrit B, (Jx«Jf. M. Et. Quatre-
mère, qui a traduit ce passage dans ses Mémoires sur l'Egypte, a lu sal.
D'après ie D' Roulin , le poisson décrit ici par Maçoudi n'est autre que le
rémora. (Voyez Relation des vojacjes , etc. t. II, p. 86.)
P. 236 (1). Au lieu de j; „ U .. -k> , le manuscrit ^4 écrit ^J^.^, et
j_5La.2k au lieu de j,L<i:^. Manuscrit L, ^j Lo;^. Voyez aussi Calilah et
Dimnah, édit. de S. de Sacy, p. izlv.
P. 238 (1). Manuscrit A, ^Lyt>Lo; manuscrit B, (^\j^- Ce nom se
trouve souvent écrit /jL 4s*l^ dans les éci'ivains arabes, et en particu-
lier chez l'auteur du Modjem el-Bouldan.
P. 287 (1). Le manuscrit de l'Inde donne la rédaction suivante : ijjJf
y^\^ QUXyJf. (jjJ^y Le D' Sprenger a luyjjf; mais il ajoute en
note (p. Sog) que cette leçon lui paraît suspecte, et qu'il préférerait le
nom JsJ I , tel qu'il est écrit dans une géographie arabe conservée au
BrUish muséum.
P. 3o2 (i). Ce personnage est appelé Banschoua dans la Chine de
M. Pauthier, p. 329, collection de Y Univers pittoresque.
P. 335 (i). Il s'agit encore , dans ce passage, des îles Laquedives et
Maldives. Ptolémée n'en comptait que treize cent soixante et dix-huit.
(Voy. Relat. des voyages, etc. Discours préliminaire, p. lv.)
P. 338 (1). Sur les différentes orthographes de ce mot et sur sa signi-
fication, on peut consulter l'ouvrage de M. Reinaud, déjà cité, p. 55 et
suiv.
Ibid. (2) Le manuscrit B porte v^^v^îytLi. Ces îles qui, peut-être, cor-
respondent à Sumatra, sont encore appelées Al-Uamy et Al-Ramnj.
(Voyez le même ouvrage, p. 68 et suiv.)
Ihid. (3) Le manuscrit B porte n. Jt>JLa.; le manuscrit L, ^ JL.4.I.
Le marchand Soieïman les appelle Lendjebalons. [Oper. sup. laiid. p. 72.)
P. 359 (1). Le quatrième vers présente des difficultés; nous ne l'avons
VARIANTES ET NOTES. 403
traduit que par conjecture. Le traducteur anglais rend ljiLjL^_i par
«frontière militaire « , et il omet l'expression si obscure (j^XÔ^ (Uat^
(P-369).
P. 36o (i). Les manuscrits B et L* portent ovol «Ebre». L'origine
dans la Galice et l'embouchure dans la Méditerranée ne sont applicables
qu'à ce fleuve. Cependant les villes nommées sont situées sur le Tage.
Il y a donc confusion de la part de l'auteur entre ces deux fleuves.
36 1 (i). Le manuscrit B porte {jjj^; le manuscrit L, (js'jil, ce
qui est une faute manifeste.
P. 867 (1). Nous n'avons pu réussir à déterminer d'une manière pré-
cise toutes les espèces de drogues mentionnées dans ce passage. Dans ce
cas, nous avons préféré transcrire simplement, en caractères européens,
le mot arabe qui nous offrait des doutes. La nomenclature donnée par la
version anglaise (p. 376) diffère un peu de la nôtre, ce qui provient sur-
tout de l'imperfection des manuscrits en cet endroit.
P. 378 (i). Le manuscrit U porte o^i].
P. 382 (i). Le manuscrit L* porte ijJhXh. Dans Ibn-Haukal, la mon-
naie de la vallée de l'Indus est nommée kandahari et thatheri. (Cf. M. Rei-
naud. Mémoire sur l'Inde, p. 235, et le recueil de M. Gildemeister, p. 28.)
P. 384 (1). Ce passage n'est pas très-clair. Peut-être vaut-il mieux tra-
duire l^ijJ ils» par II et ne peuvent rester longtemps dans cette situa-
tion 1) , en prenant ces mots comme complément du membre de phrase
précédent : ^jCJuJi ^J^c (J;>^i r-^^ «-Ifti.
P. 388 (1). Le manuscrit L porte -• ajuuf. Dans l'ouvrage déjà cité,
t. I", p. 3o, M. Reinaud a lu Ai-Kyrendj. Tome II, p. 21 , il pense que
c'est la côte de Coromandel.
P. 39/1 (1). Le manuscrit L porte (JnjJiX*, le manuscrit L^ v^-a-à.^
^o/
CORRECTIONS.
Page 3, ligne 8 du texte, au lieu de y£>\XaJ] , lisez w^LiiJi.
P. 1 1 , i. 6 de la traduction , au lieu de Ibn Abid Onimarah , lisez Ibn
Abid; Ommarah.
P. 1 1 4, 1. 2 du texte, substituez «J à AJ.
P. iSg, 1. 7 de la traduction, au lieu de les, lisez le.
P. 177, 1. 8 du texte, au lieu de yA^JU,] , lisez ^y^X-jU,\ .
P. 178, 1. 5 du texte, au lieu de ^ oÀaJ , Ixsez j^aÀJLJ).
P. 208, 1. 1 du texte, au lieu de c_>Li^l, lisez cjUc<^l; et 1. 1 de
la traduction , au lieu de baie des Aguiab, Usez baie des Gobbs (vallée
large et étendue qui s'avance dans la mer). Même page, 1. 1 1 et 1 3 de là
traduction, remplacez Aswan par Oswan.
P. 261 , 1. 2 de la traduction, au lieu de trois cent mille, lisez trois
cents.
P. 286, 1. 7 (titre), au lieu de i_)^\ , lisez cjUjÎ-
P. 288 , 1. 1 du texte, au lieu de c^l^Oiu^] , Usez <_>LsiJuui , et 1. 1 de
la traduction, Esfidjab, au lieu de Istidjab.
P. 3o2, 1. 9, p. 3o3 et 3o4 et passini, au lieu de IJui:», lisez \^sù^,
et dans la traduction de ce passage, substituez Khanfou à Khankou.
/Od-
TABLE
DES PRINCIPALES MATIÈRES
CONTENUES DANS LE TOME PREMIER.
Pages.
Avant-propos des éditeurs '
Préface de Maçoudi
Coup d'oeil sur ses autres écrits , p. 8. — Énumération et
examen des sources auxquelles il a puisé pour les Prai-
ries d'or, lo.
Chapitre II. Table des chapitres que renferme cet ouvrage. 24
Chapitre III. Du commencement des choses; de la création
et de ia génération des êtres ^O
Création du monde , d'après le Koran, p. 46. — Les génies
et Iblis, 5o. — Adam, 5i. — Mohammed, 56. — Abel
et Caïn, 62. — Seth, 68. — Énos, 69. — Enoch ou
Édris, 73. — Noé, 74. — Dispersion des races, 77. —
Kahtan, 79. — Yaktan, 80.
Cliapitre IV. Histoire d'Abraham, l'ami de Dieu; des pro-
phètes et des rois d'Israël qui ont vécu après lui ..... . 83
Abraham, 83. — Ismaïl, 85. — Isaac, 87. — Esaû et Ja-
cob, 88. — Job , 90. — Moïse, 93. — Le Jourdain et la
mer Morte, 96. — Balam, 99. — Différents chefs des
Israélites , 1 00. — David , 1 06. — Lokman , 110. — Sa-
lomon ,111.
Chapitre V. Règne d'Arkhoboam, fds de Salomon, fds de
David; rois d'Israël ses successeurs; aperçu de l'histoire
des prophètes " -
Abya, Ailan, Amadia, etc. p. ii3. — Schisme des Sama-
ritains, i i4. — Hizkiel (Ezéchias), 1 15. — Micha (Ma-
nassé), 116. — Invasion de Nabuchodonosor, 117. —
406 TABLE DES MATIERES.
Pages.
Opinion des Samaritains , 118. — Les prophètes , Jéré-
mie, Daniel, etc. 120. — Jean, 121. — Marie et Jé-
sus, 122.
Chapitre VI. Des hommes qui ont vécu dans l'intervalle,
c'est-à-dire entre le Messie et Mohammed 124
Hanzalah, p. laS. — Dou'l-Karnein , 126. — Les apôtres
Pierre et Paul, 128. — Les hommes de la fosse, 129.
— Khaled , 1 3 1 , — Koss , 1 33. — Zeid et Omayah , 1 36.
— Warakah, i42. — Odaçah, Abou-Kaïs Sormah, i44.
— Abou Amir el-Awsi, i45. — Bohaira le Moine, 1 46.
Chapitre VII. Généralités sur l'histoire de l'Inde, ses doc-
trines et l'origine de ses royaumes 148
Brahman le Grand, p. 1/19. — Hezarwan ou période de sept
mille ans, i5i. — Bahboud, fils de Brahman, 1 67. —
Lejeudunerd, 167. — Zaman (Rama?), i58. — Dab-
chelim , 1 Sg. — Le jeu des échecs , 1 69. — Korech ,161.
— Sindbad, 162. — Races nègres, i63. — Mœurs des
habitants de l'Inde, 167. — Anecdote sur un roi de Ko-
mar, 169. — Etang des Barres d'or, 175. — Le Bal-
hara, 177.
Chapitre VIII. Description du continent et des mers ; sources
des fleuves; les montagnes; les sept climats; astres qui
exercent sur eux leur influence ; ordre des sphères , etc . 1 79
Notions générales sur le globe terrestre, p. 179. — Les sept
climats, 181. — Théorie de Ptolémée, i83. — Nombre
des sphères, 186. — Circonférence et diamètre de la
terre, 190. — Révolutions de la sphère, 191. — Confi-
guration des mers, 193. — Dimensions du globe, 196.
— Distance des astres à la terre, 1 97. — Hiérarchie des
Sabéens, 199.
Chapitre IX. Renseignements généraux sur les migrations
des mers et sur les principaux fleuves 202
Opinion d'Aristote, p. 202. — Origine des fleuves, 2o3. —
Le Nil, 2o5. — L'indus, 206. — Encore le Nil, 208.
— L'Oxus , 2 11. — Le Gange et l'Euphrate , 2 1 4. — Le
château blanc ,216. — Bokailah ,217. — Le Tigre ,223.
— Estacades d'OboHah, 23o.
Chapitre X. Renseignements généraux sur la mer d'Abys-
TABLE DES MATIERES. 407
Pago».
sinie ; opinions diverses sur son étendue , ses golfes el ses
détroits 230
kanbalou, p. 232. — Mer de Zendj , 282. — Pays de So-
falah, 233. — El-Owal (le cachalot), 234. — Le croco-
dile et la mangouste, 235. — Mer Rouge, 237. — Golfe
persique, 2 38. — Les moussons, 243.
(Chapitre XL Opinions diverses sur le flux et le reflux; ré-
sumé des systèmes proposés 2kll
(Chapitre XIL La mer de Roum (Méditerranée); opinions
diverses sur sa longueur, sa largeur, les lieux où elle com-
mence et où elle fmit 256
Colonnes d'Hercule, p. 267. — Mer des Ténèbres, 258.
Chapitre XIII. La mer Nytas (Pontus) , la mer Mayotis et le
détroit de Constantinople 260
Le Don, p. 260. — Le canal de Constantinople, 261.
Chapitre XIV. Mer de Bab-el-Abwab, des Khazars et de
Djordjan (mer Caspienne) ; de la place que les mers occu-
pent sur le globe , 262
Le tennin, p. 266. — Amran, fils de Djabir, 268. — Com-
munication entre la mer Mayotis et la mer des Kbazars ,
273. — Formation des mers, 277. — Indices de la pré-
sence des sources, 283. — Extrait du Livre de l'agricul-
ture (des Nabatéens), 283, 285.
Chapitre XV. Rois de la Chine et des Turcs; dispersion des
descendants d'Amour; histoire résumée de la Chine, et
autres détails relatifs à ce sujet 286
Afrasiab, p. 289. — Descendants d'Amour, Nostartas , Aoun ,
290. — Aïtdoun, 291. — Aïtnan, 291. — Haratan,
292. — • Toutal, 293. — La ville de Med, 297. — Culte
des Chinois, 298. — Yancbou, 3o2. — La ville de Khan-
fou, 3o3. — Gouvernement des rois de la Chine et anec-
dote à ce sujet, 307. — Autre anecdote concernant Ibn-
Ilabbar, 3i 2. — La ville de Hamdan, 32 1 . — Habileté
des Chinois dans les arts, 323.
Chapitre XVI. Rapide exposé des mers; leurs particularités;
les peuples et les dilTérentes puissances; renseignements
408 TABLE DES MATIERES.
Page».
sur l'Espagne ; îes contrées d'où proviennent les parfums ;
leurs différentes espèces , etc 3"25
Pêche des perles, p. 828. — Mer de Perse, 33 j. — So-
falah,332. — Mer Lare vi, 332. — Arabes Maharah , 333.
— L'ambre, 334. — Mer de Herkend, 335. — Mer de
Kalah, 34o. — Mer de Kerdendj , 34o. — Mer de Sanf,
3/ii. — Le Maharadjah, 3Ai. — Mer Sandji, 343. —
Phénomènes particuliers à cette mer, 344. — Route du
Khoraçan à la Chine, 347. — Le Thibet, 35o. — La
chèvre à musc, 353. — Classification des rois du monde,
356. — Rois indigènes d'Espagne, 359. — Rois musid-
mans, 362. — Productions de l'Espagne, 367. — Mer
du Magreb, 368. — Sous el-Aksa, Medinet en-Nouhas,
369. — Des différents rois de l'Inde, 872. — Kanoudj,
874. — Moultan ,375. — Mansourah ,877. — Anecdote
sur deux éléphants célèbres, 879. — Le Sind, 38 1. —
Roi de Tafen, 383. — Le Rahma, 384. — Le rhinocé-
ros, 385. — Usages particuliers aux Indiens, 390.
Variantes et notes 397
Correclions 404
FIN DU TOME PREMIER.
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1
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