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Full text of "Les prairies d'or"

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COLLECTION 
D'OUVRAGES  ORIENTAUX 


PUBLIEE 


PAR  LA  SOCIÉTÉ  ASIATIQUE. 


SE  VEND  A  PARTS 
CHEZ  BENJAMIN  DUPRAT,  LIBRAIRE, 

RUK  DU  CI.OÎTRE-SA1NT-BENOÎT,  n"  7  ; 

A  LONDRES 
CHEZ  WILLIAMS  AND  NORGATE. 

l4,  HENniETTA  STREET  (  COVF.NT-GABDEN  ). 


PRIX:  7  fr.  50  c. 


SOCIÉTÉ   ASIATIQUE. 

MACOUDI. 


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LES  PRAIRIES  D'OR. 

TEXTE  ET  TRADUCTION 

PAU 

C.  BARBIER  DE  MEYNARD  ET  PAVET  DE  COURTEILLE. 


TOME  PREMIER 

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PARIS. 

IMPRIMÉ    PAH    ArTORISATIO>    Dli   LIÎMFKHUMB 

A   L'IMPRIMERIE  IMPÉRIALE. 


M  DCCC  LX.1. 


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AVANT-PROPOS  DES  EDITEURS. 


En  présentant  au  public  le  premier  volume  dos  Prai- 
ries d'or  de  Macoudi,  nous  ne  pouvons  passer  sous  si- 
lence les  circonstances  qui  en  ont  retardé  la  publication. 
Dans  le  courant  de  1862,  tandis  que  les  éditeurs  d'Ibn 
Batoutab  inauguraient,  avec  un  zèle  si  promptement  cou- 
ronné par  le  succès,  l'importante  collection  d'auteurs 
orientaux  dont  l'initiative  appartient  à  la  Société  asiatique 
de  Paris,  M.  Derenbourg,  chargé  de  l'édition  des  Prai- 
ries d'or,  se  mettait  immédiatement  à  l'œuvre;  et,  dès 
l'année  suivante,  un  tiers  du  tome  I"  était  sous  presse. 
M.  Derenbourg,  consacrant  à  ce  travail  tout  le  temps 
que  lui  laissait  la  rédaction  du  catalogue  des  manuscrits 
hébreux  à  la  Bibliothèque  impériale,  avait  déjà  copié  la 
moitié  de  l'ouvrage  et  relevé  les  variantes  sur  plusieurs 
manuscrits,  lorsque  des  devoirs  impérieux  le  mirent 
dans  l'obligation  de  renoncer  à  une  entreprise  pour 
laquelle  il  était  si  bien  préparé.  En  continuant  la  tâche 
de  notre  prédécesseur,  nous  sommes  heureux  de  pou- 
voir le  remercier  ici  des  utiles  matériaux  qu'il  nous  a 
transmis ,  et  du  concours  qu'il  a  bien  voulu  nous  pro- 
mettre pendant  la  durée  de  notre  publication.  Cepen- 


II  AVANT-PROPOS. 

dant  les  remaniements  inévitables  qu'entraîne  un  chan- 
gement d'auteur  ont  ralenti  notre  marche  pendant  ces 
deux  dernières  années.  Désireux  de  ne  pas  accroître  les 
dépenses  de  la  Société,  nous  avons  dû  placer  une  tra- 
duction nouvelle  en  regard  de  toute  la  partie  du  texte 
qui  était  déjà  clichée,  nous  créant  par  là  des  entraves 
dont  nous  avons  eu  quelquefois  beaucoup  de  peine  à 
nous  affranchir.  Si  plusieurs  passages  de  notre  traduc- 
tion ont  une  allure  contrainte,  si  l'expression  arabe  n'est 
pas  rendue  partout  avec  toute  la  fidélité  ou  la  précision 
désirables ,  nous  prions  le  lecteur  de  tenir  compte  de  ces 
difficultés,  contre  lesquelles,  heureusement,  nous  n'au- 
rons plus  à  lutter. 

Nous  réservons  pour  le  dernier  volume,  consacré  à 
l'index  développé  de  tout  l'ouvrage,  les  détails  qu'on  s'at- 
tendrait à  trouver  ici  sur  la  personne  et  les  écrits  de 
Maçoudi.  Notre  but,  en  dérogeant  à  un  usage  généra- 
lement adopté,  n'est  pas  seulement  d'éviter  de  nouveaux 
retards-,  nous  voulons  surtout  ne  rien  livrer  au  hasard 
dans  l'examen  d'un  livre  qui  occupe  une  place  si  impor- 
tante dans  le  domaine  scientifique  des  Arabes.  La  vie 
nomade  et  studieuse  de  Maçoudi,  son  génie,  ses  défauts 
ou,  pour  parler  avec  plus  d'équité,  les  préjugés  et  les 
superstitions  de  son  siècle,  tant  de  notions,  souvent 
exactes,  parfois  aussi  conl'uses  ou  absolument  fausses, 
c'est  dans  l'œuvre  même  à  laquelle  il  a  attaché  son  nom 
qu'il  faut  les  étudier;  et,  pour  se  renseigner  sur  la  foule 
de  questions  accessoires  qu'entraîne  un  si  vaste  sujet, 
on  interrogerait  vainement  les  biographies  arabes  ou 
les  écrivains  qui  ont  suivi  de  loin  les  traces  de  leur  il- 
lustre devancier.  Mais  si  la  variété  de  ses  connaissances 
et  les  richesses  inestimables  qu'il  dut  à  ses  lectures  ou  à 


AVANT-PROPOS.  m 

ses  voyages  donnent  une  haute  valeur  à  son  livre ,  l'exa- 
men critique  des  matériaux  de  toute  sorte  qu'il  mit  en 
œuvre  nous  entraînerait  loin  des  bornes  d'une  préface. 
Nous  ne  saurions  nous  entourer  de  trop  de  secours  dans 
l'étude  d'une  question  si  large  et  si  compliquée;  et,  en 
prenant,  dès  ce  moment,  l'engagement  de  soumettre  au 
lecteur,  sous  forme  de  mémoire,  le  résultat  de  ces  re- 
cherches consciencieuses,  nous  ne  nous  dissimulons  pas 
combien  est  délicate  la  tâche  dont  nous  assumons  la 
responsabilité.  Bornons-nous  aujourd'hui  à  résumer  en 
quelques  lignes  la  vie  de  Maroudi,  le  caractère  général 
de  son  livre  et  les  matériaux  qui  ont  été  mis  à  notre 
disposition. 

Abou'l-Haçan  Ali,  fils  d'el-Huçein,fds  d'Ali,  el-Maçoudi, 
appartenait  aune  famille  originaire  du  Hedjaz,  et  il  devait 
son  surnom  de  Maçoudi  à  un  de  ses  ancêtres,  Maçoud, 
contemporain  de  Mahomet.  Il  vit  le  jour  à  Bagdad 
dans  les  dernières  années  du  iii^  siècle  de  l'hégire.  A 
peine  sorti  de  l'adolescence,  il  s'exila  volontairement  afin 
de  satisfaire  son  goût  pour  les  voyages.  Dès  l'an  .Soo 
(912),  il  visita  le  Moullan  et  la  ville  de  Mansourah. 
Trois  ans  plus  tard  ,  après  avoir  parcouru  le  Fars  et  le 
Kerman  ,  il  pénétra  dans  l'Inde  et  habita  successivement 
Cambaye,  Saïmour  (3o/i,  916  de  J.  C),  et  passa  peut- 
être  à  la  même  époque  par  l'île  de  Ceylan;  puis  il  s'em- 
barqua à  Kanbalou,  qui  n'est  autre  que  Madagascar,  et 
fit  voile  vers  le  pays  d  Oman.  D'après  un  passage  un  peu 
vague  des  Prairies  d'or,  on  peut  conjecturer  qu'il  navigua 
dans  les  parages  de  la  Malaisie  et  jusqu'au  littoral  de  la 
Chine;  quant  à  la  mer  Caspienne  et  aux  côtes  orientales 
de  la  mer  Rouge ,  il  n'est  pas  douteux  qu'il  ne  les  connût 
parfaitement.  Après  avoir  consacré  ses  plus  belles  années 


IV  AVANT-PROPOS. 

à  ces  lointaines  explorations,  il  rentra  sur  le  territoire 
musulman  pour  coordonner  les  matériaux  qu  elles  lui 
avaient  procurés.  Il  nous  apprend  lui-même  qu'il  était 
à  Tibériade  (Palestine)  l'an  3iZi  {926),  et  qu'ii  séjourna 
successivement  à  Antioche ,  sur  les  frontières  de  la  Syrie 
et  à  Bassorah,  en  332  (g/iS),  date  signalée  par  la  publi- 
cation des  Prairies  d'or.  Des  circonstances  qui  nous  sont 
peu  connues  le  forcèrent  à  quitter  l'Irak,  et  il  passa  les 
dix  dernières  années  de  sa  vie  tantôt  en  Syrie,  tantôt 
en  Egypte.  En  3/i/i  (gSS),  il  était  à  Fostat  ou  vieux 
Caire,  et  y  rédigeait  le  dernier  de  ses  ouvrages,  celui 
qu'il  a  surnommé  le  Livre  de  l'Avertissement  (  Kitab  et- 
tenbih).  Ce  fut  dans  cette  même  ville  qu'il  mourut  l'année 
suivante  à  un  âge  peu  avancé,  s'il  faut  en  croire  Abou'l- 
Mebasin  ^  Maçoudi  nous  a  laissé,  dans  la  belle  préface 
de  ses  Prairies  d'or,  la  liste  de  ses  principaux  ouvrages. 
En  rapprochant  cette  liste  de  certains  passages  du  Livre 
de  l'Avertissement ,  on  retrouve  les  titres  de  vingt-trois 
compositions  de  tout  genre,  dont  quelques-unes,  comme 
les  Annales  historiques  [Akhbar  ez-zeman)  et  le  Livre 
moyen  [Kitab  el-awsat),  n'avaient  pas  moins  de  vingt  à 
trente  volumes.  En  présence  de  cette  masse  énorme 
de  documents  réunis  pendant  une  existence  si  courte 
et  dont  les  voyages  absorbèrent  la  plus  grande  partie , 

'  Le  lecteur  qui  voudrait  des  renseignements  plus  étendus 
pourra  consulter  la  notice  publiée  par  Deguignes  dans  le  tome  I" 
des  Notices  et  extraits ,  celle  de  S.  de  Sacy  dans  le  tome  VIII  du 
même  recueil;  un  mémoire  d'E.  Quatremère  dans  le  Journ.  usiat. 
1889,  t.  VII,  p.  5  et  suiv.  d'Ohsson,  Des  peuples  du  Caucase,  p.  3 
et  suiv.  M.  Reinaud,  Introduction  à  la  géographie  des  Orientaux, 
p.  A4  et  suiv.  et  l'article  Masoudy ,  du  même  savant,  dans  la 
Biographie  générale  de  F.  Didot,  t.  XXXIV,  p.  1A7. 


AVANT-PROPOS.  v 

on  ne  peut  se  défendre  d'un  sentiment  d'incrédulité, 
et  l'on  serait  porté  à  croire,  avec  S.  de  Sacy,  que  plu- 
sieurs de  ces  écrits  étaient,  non  pas  des  traités  spéciaux, 
mais  différents  chapitres  d'un  même  ouvrage.  Cependant, 
indépendamment  de  la  distinction  si  nettement  établie 
par  l'auteur  lui-même  entre  ses  autres  ouvrages  et  les 
Prairies  d'or  (voyez  ci-dessous,  p.  6  et  suiv.),  il  serait 
facile  de  retrouver,  dans  les  beaux  âges  de  la  littérature 
arabe,  des  exemples  d'une  aussi  étonnante  fécondité,  et 
de  citer,  à  côté  du  nom  de  Maçoudi,  ceux  de  Bokhari, 
d'ibn  el-Athir  et  de  Mohammed  el-Bosti.  D'ailleurs,  à  en 
juger  d'après  les  Prairies  d'or  et  le  Livre  de  l'Avertisse- 
ment ,  les  seuls  de  ses  écrits  qui  existent  en  Europe  \  notre 
auteur  écrivait  avec  une  extrême  précipitation;  son  style 
heurté  et  quelquefois  incorrect,  ses  redites,  ses  contra- 
dictions prouvent  la  rapidité  et  le  laisser-aller  de  son  tra- 
vail. On  voit  que  l'abondance  de  ses  matériaux  le  gêne, 
et  qu'il  ne  s'est  pas  donné  le  temps  de  faire  un  choix 
judicieux  parmi  tant  de  trésors.  Sa  vive  imagination 
embrasse  d'un  coup  d'oeil  mille  objets  divers  :  histoire, 
géographie,  étude  des  races  et  des  religions,  sciences  et 
arts,  traditions  et  contes  populaires;  il  a  tout  appris, 
tout  retenu,  et  il  veut  tout  dire  en  même  temps  au  lecteur. 
Malgré  un  certain  ordre  dans  la  classification  des  ma- 
tières, il  ne  suit  pas  un  plan  méthodique,  et  l'art  si  dé- 
licat des  transitions  ne  l'embarrasse  guère;  c'est  ainsi  que 
dans  le  chapitre xvi  du  MoroaJJ (ci-dessous,  p.  32  5),  après 
avoir  promené  le  lecteur  dans  toutes  les  mers  du  globe , 

'  M.  de  Kremer  a  trouvé ,  en  1 8/I9 ,  à  Alep  une  copie  ancienne 
qui,  selon  Rédiger,  renferme  le  premier  volume  de  YA/thbur  ez- 
zeman.  (Voyez  \e. Tournai  do  la  Société  asiatique  allemande,  toine  V, 
p.  A29.) 


VI  AVANT-PROPOS. 

lui  avoir  fait  traverser  ïes  steppes  du  Thibet  et  du  Kho- 
raçan,  il  le  ramène  brusquement  en  Espagne,  puis  dans 
i'Inde,  etclôt  cette  course  vagabonde  par  une  incroyable 
digression  sur  la  médecine  indienne ,  dont  la  naïveté  met 
le  traducteur  au  supplice  et  ne  dispose  pas  le  lecteur 
à  l'indulgence. 

Hàtons-nous  de  dire  que,  pour  apprécier  sainement 
la  valeur  des  Prairies  d'or,  il  faut  tenir  compte  de  la 
place  que  Maçoudi  leur  avait  assignée  dans  la  série  de 
ses  travaux.  Rien  n'est  plus  défavorable  à  la  réputation 
d'un  auteur  qui  a  beaucoup  produit  que  d'établir  un  ju- 
gement définitif  sur  l'examen  partiel  de  son  œuvre. 
Le  Livre  de  l'Avertissement,  que  Quatremère  nomme 
un  peu  trop  poétiquement  le  chant  du  cygne,  à  le  consi- 
dérer isolément,  n'est  qu'un  résumé  froid  et  décharné, 
une  fastidieuse  nomenclature  de  noms  et  de  dates  dont 
la  lecture  otfre  aussi  peu  d'attraits  que  celle  d'une  table 
des  matières.  Mais,  dès  qu'on  le  rapproche  des  Prairies 
d'or,  il  acquiert  soudain  une  valeur  inespérée  :  les  faits 
laissés  dans  l'ombre  s'illuminent  d'une  vive  clarté,  l'es- 
quisse incolore  s'anime,  et  mille  renseignements  inat- 
tendus naissent  de  cette  double  étude.  Sans  nul  doute, 
les  Prairies  d'or  n'auraient  pas  moins  gagné  à  un  pareil 
examen ,  si  le  temps  ne  nous  en  avait  pas  ravi  les  élé- 
ments. On  sait  que  les  Annales  historiques  de  Maçoudi, 
son  œuvre  capitale,  et  l'Histoire  moyenne,  ([ui  en  était 
le  complément,  olfraient  le  répertoire  complet  de  l'éru- 
dition musulmane  au  iv^  siècle  de  l'hégire.  Mais  l'étendue 
de  ces  deux  ouvrages  en  rendit,  du  vivant  même  de  l'au- 
teur, la  reproduction  difficile  et  très-coûteuse.  Il  com- 
prit la  nécessité  de  réunir  tous  ces  matériaux  dans  un 
abrégé  où  les  faits  généraux  seraient  analysés  avec  assez 


AVANT-PROPOS.  vu 

de  précision  pour  satisfaire  la  curiosité  du  public,  sans 
dispenser  les  érudits  de  recourir,  pour  les  dévelop- 
pements, à  ses  précédents  écrits.  Telle  lut  la  pensée  qui 
lui  inspira  la  composition  des  Prairies  d'or;  il  se  mit  à 
l'œuvre  avec  ardeur,  en  332,  et,  ce  qui  serait  à  peine 
croyable  s'il  ne  mettait  une  alTectation  très  significative 
à  répéter  sans  cesse  cette  date,  une  année  lui  suffit  pour 
terminer  la  première  rédaction  de  son  livre,  la  seule 
qui  nous  soit  parvenue.  Cette  nouvelle  production  fut 
accueillie  avec  faveur,  et  les  copies  se  multiplièrent 
avec  une  rapidité  qui  dut  nuire  à  leur  bonne  exécution; 
car,  peu  d'années  avant  sa  mort,  nous  voyons  l'auteur  en 
publier  une  seconde  édition  corrigée  et  augmentée  de 
près  du  double.  Mais  la  première,  malgré  ses  imperfec- 
tions, avait  pris  place  dans  toutes  les  bibliothèques,  et 
le  lecteur  la  jugeait  moins  sévèrement  que  l'auteur; 
aussi  continua-t-elle  à  circuler  au  détriment  de  la  se- 
conde, et  c'est  la  seule  que  les  écrivains  postérieurs  à 
Maçoudi  paraissent  avoir  eue  sous  les  yeux. 

L'opinion  du  public  savant  sur  le  mérite  réel  de  notre 
auteur  est  fixée  depuis  la  fin  du  xvnf  siècle,  et  il  serait 
oiseux  aujourd'hui  de  défendre  Maçoudi  contre  les  ac- 
cusations gratuites  dont  il  a  été  l'objet  de  la  part  de 
Reiske.  Les  observations  de  l'auteur  des  Prolégomènes 
sont,  il  est  vrai,  plus  fondées;  mais  elles  ne  portent 
que  sur  des  erreurs  de  détail,  et  il  est  juste  de  recon- 
naître que  si  Ibn-Klialdoun  est  plus  profond  dans  ses 
déductions  historiques,  c'est  à  Maçoudi,  l'imam  des  écri- 
vains, pour  nous  servir  de  ses  propres  expressions,  qu'il 
emprmite  ordinairement  ses  exemples  et  les  éléments 
de  ses  discussions  philosophiques  ^ 

'  Un  écrivain  dont  l'ériuiilion  est  rehaussée  par  l'éclat  du 


VIII  AVANT-PROPOS. 

Un  grand  nombre  d'extraits  et  de  citations  avaient  déjà 
valu  parmi  nous  une  certaine  popularité  aux  Prairies 
d'or,  lorsqu'un  savant  orientaliste ,  le  docteur  Aloys 
Sprenger,  entreprit  de  les  traduire  entièrement  aux  frais 
du  Comité  des  traductions  de  Londres.  Le  premier  vo- 
lume, renfermant  la  traduction  des  dix-sept  premiers 
chapitres,  accompagnés  de  notes  abondantes,  parut 
en  1 84  1.  Dans  une  préface  pleine  de  vues  ingénieuses 
et  empreinte  de  cette  originalité  qui  s'allie  quelquefois 
si  bien  aux  conceptions  les  plus  sérieuses,  cet  érudit 
s'efforce  de  démontrer  l'absolue  nécessité  de  demander 
à  l'étude  de  l'Orient  la  connaissance  des  origines  et  des 
progrès  de  l'humanité.  Se  plaçant  sous  ce  point  de  vue 
grandiose,  le  docteur  Sprenger  se  proposait  de  grouper 
autour  de  sa  traduction  et  dans  une  série  de  mémoires 
les  renseignements  les  plus  précieux,  puisés  dans  nos 
collections  de  manuscrits  orientaux.  Il  avait  déjà  réuni , 
à  cet  effet ,  plusieurs  centaines  d'extraits ,  lorsque  son 
départ  pour  l'Inde  vint  interrompre  un  travail  qui  pro- 
mettait une  ample  moisson  à  la  science.  L'exécution  du 

style,  M.  E.  Renan,  a  établi  entre  Maçoudi  et  Pausanias  une 
sorle  de  parenté  qu'il  nous  semble  difficile  d'admettre.  Le  voya- 
geur grec  est  un  artiste,  un  poète  plein  d'amour  pour  les  ilctions 
de  la  mythologie  et  d'admiration  pour  les  chefs-d'œuvre  de  la 
Grèce;  sa  description  ne  dépasse  pas  les  limites  de  son  pays  na- 
tal. Le  voyageur  musulman  est  un  auteur  cosmopolite,  moins 
enthousiaste,  mais  plus  curieux,  et  qui  a  pris  la  terre  pour  champ 
d'observations.  Pausanias  ,  Grœcorum  omnium  mendacissimas , 
comme  le  nommait  Scaliger,  ne  craint  pas  de  se  donner  comme 
le  témoin  oculaire  d'une  foule  de  faits  merveilleux.  La  bonne  foi 
de  Maçoudi  ne  peut  jamais  être  révoquée  en  doute;  ses  souvenirs 
l'égarent  quelquefois,  mais  il  n'est  jamais  la  dupe  de  son  imagi- 
nation. Il  y  a  du  sophiste  dans  l'un,  il  n'y  a  dans  l'autre  qu'une 
curiosité  naïve,  mais  toujours  sincère. 


AVANT-PROPOS.  ix 

programme  tracé  par  le  traducteur  anglais  absorberait 
les  années  d'une  existence  plus  que  moyenne,  lors 
môme  qu'elle  ne  dépasserait  pas  le  plan  adopté  par  la 
Société  asiatique. 

Donner  un  texte  aussi  pur  que  possible ,  soigneuse- 
ment revu  sur  plusieurs  manuscrits,  et  accompagné 
d'une  traduction  aussi  fidèle  que  le  permet  le  génie  de 
notre  langue,  telle  est  la  tâcbe  qui  nous  est  imposée  et 
à  laquelle  nous  consacrerons  tous  nos  efforts.  Quoique 
peu  d'auteurs  exigent  plus  que  le  nôtre  des  éclaircisse- 
ments de  toute  sorte,  nous  avons,  suivant  en  cela  l'exemple 
des  traducteurs  des  Voyages  d'Ibn-Batoutab ,  usé  d'une 
grande  sobriété  dans  la  liste  de  nos  variantes  comme 
dans  nos  annotations. 

A  l'exception  des  leçons  les  plus  importantes  que 
nous  ne  pouvions  nous  dispenser  de  relever,  ou  do 
quelques  erreurs  graves  qu'il  était  urgent  de  signaler, 
ordinairement  une  parenthèse  ouverte  dans  la  traduc- 
tion indique,  d'une  manière  suffisante,  les  rectifications 
dont  les  développements  nous  sont  interdits.  Si,  dans 
un  grand  nombre  de  cas,  notre  traduction  diffère  de  la 
version  anglaise ,  nous  ne  nous  sommes  déterminés  à  tran- 
cher  la  difficulté  à  notre  point  de  vue  qu'à  bon  escient 
et  d'après  une  étude  plus  attentive  des  manuscrits.  La 
même  observation  s'applique  aux  passages  de  ce  volume 
dont  la  traduction  existait  déjà,  notamment  au  chapitre 
de  ÏInde,  publié  en  entier  par  M.  Gildemeister  \  et  à 
divers  fragments  cités  par  M.  Reinaud  ^.  Nous  avons 

'  Dans  l'ouvrage  inlilulé  Scriptorum  Arabum  de  rébus  indicis 
îoci  et  opuscala.  Bonn,  i838,  i"  lascicule. 

"  Mémoire  sur  l'Inde;  Relation  des  voyages  faits  par  les  Arabes 
cl  les  Persans  dans  l'Inde  et  à  la  Chine,  cl  au  Ires  ouvrages. 


X  AVANT-PROPOS. 

consulté  ces  savantes  publications  avec  toute  l'attention 
dont  elles  sont  clignes,  et  nous  nous  empressons  de  re- 
connaître les  services  qu  elles  nous  ont  rendus. 

Nous  terminons  ces  courtes  observations  par  la  des- 
cription des  matériaux  qui  nous  ont  servi  à  établir  notre 
texte. 

Des  trois  manuscrits  des  Prairies  d'or  que  possède  la 
Bibliothèque  impériale,  un  seul  est  complet  et  presque 
toujours  correct,  c'est  le  n°  y  i  4  du  supplément  arabe 
mis  en  ordre  par  M.  Reinaud.  Cette  copie,  que  nous 
désignons  par  la  lettre  A ,  a  été  apportée  de  Constanti- 
nople  ,  il  y  a  trente  ans  environ ,  et  se  compose  de  deux 
volumes  in-i  2.  Le  tome  V"^  a  /iy3  feuillets,  et  le  second 
359  ;  il  est  de  deux  mains  différentes.  Le  tome  P',  à 
partir  du  feuillet  272,  et  le  tome  II  en  totalité ,  ont  été 
copiés  par  un  Africain,  Mohammed,  fds  d'Ahmed  el- 
Benderi,  qui  termina  son  travail  en  1120  (1708).  Ce 
manuscrit  est,  sans  contredit,  un  des  meilleurs  et  le 
plus  complet  de  tous  ceux  que  possèdent  les  biblio- 
thèques de  l'Europe;  il  présente  peu  de  lacunes,  et 
l'orthographe  des  noms  propres  y  est  moins  défigurée 
que  partout  ailleurs  :  nous  n'avons  donc  pas  hésité  à  le 
prendre  comme  base  de  notre  travail. 

La  seconde  copie,  que  nous  désignons  par  l'initiale  B, 
lait  partie  de  l'ancien  fonds  arabe  n°  698.  C'est  un  in- 
folio de  187  pages,  écrit  à  Safed  ,  l'an  97/1  (i566), 
par  un  certain  Ibrahim ,  fils  d'Abou'l-Yemen  ;  il  est 
d'une  bonne  écriture,  mais  peu  correct  et  incomplet  : 
une  partie  de  la  préface  est  omise ,  et  le  volume  finit  au 
chapitre  xxxv. 

Le  manuscrit  679  ancien  fonds  (lettre  C  dans  nos 
variantes)  se  compose  de  trois  volumes  petit  m-lx°.  Les 


AVANT-PROPOS.  xi 

erreurs  grossières  et  les  lacunes  innombrables  qui  le 
déparent  le  rendent  à  peu  près  inutile. 

Nous  indiquons  par  D  une  copie  appartenant  à  la 
Société  asiatique  de  Paris.  C'est  un  exemplaire  complet, 
de  3 1  2  feuillets  in-folio,  terminé ,  au  mois  de  redjeb  Sg  i 
(i  19/1),  par  Hibet  Allah,  fds  de  Mohammed,  fds  d'Ali, 
fds  d'IIaçan,  le  koreïchite.  L'exécution  de  celte  copie  ne 
justifie  pas  la  confiance  que  son  ancienneté  pourrait  ins- 
pirer. De  nombreuses  transpositions  qui  détruisent  le 
sens ,  une  grande  négligence  dans  la  ponctuation  des 
noms  propres,  et  souvent  l'omission  des  points  diacri- 
tiques ,  en  rendent  la  lecture  difficile.  Nous  ne  l'avons 
donc  consultée  qu'avec  réserve,  et  principalement  pour 
ce  qui  concerne  le  Khoraçan  et  l'Inde.  Dans  ces  pas- 
sages ,  une  main  persane  a  tracé  en  marge  des  corrections 
dont  nous  avons  fait  notre  profit.  Cet  ancien  manuscrit 
a  été  acheté,  il  y  a  quelques  années,  à  Bénarès,  par 
M.  Lees,  qui  se  proposait  de  le  faire  imprimer  en  entier. 
Nous  ne  saurions  assez  reconnaître  la  libéralité  avec  la- 
quelle ce  savant,  non  content  de  renoncer  à  son  entre- 
prise en  faveur  de  la  nôtre  ,  s'est  empressé  aussi  de  nous 
céder  la  copie  qu'il  possédait. 

M.  Derenbourg  a  dû  à  la  bienveillance  de  MM.  les 
administrateurs  de  la  bibliothèque  de  Leyde  la  commu- 
nication des  deux  manuscrits  portant  dans  le  catalogue 
de  M.  Dozy  les  numéros  SSy  et  282,  et  les  a  coila- 
tionnés  soigneusement  avec  les  copies  de  la  Bibliothèque 
impériale.  Le  docteur  Sprengcr,  qui  a  fait  principale- 
ment usage,  pour  sa  traduction,  de  la  copie  n"  SSy,  la 
considère  comme  la  meilleure  de  toutes  celles  qu'il  a 
consultées;  malheureusement  elle  ne  va  pas  au  delà  du 
chapitre  xxxiii.  La  comparaison  de  cette  copie  avec  le 


XII  AVANTPROPOS. 

manuscrit  A  nous  a  presque  toujours  fourni  les  leçons 
les  plus  satisfaisantes.  Le  n°  282  ,  d'une  exécution  moins 
irréprochable,  nous  a  pourtant  été  d'un  grand  secours 
dans  plusieurs  passages  douteux.  Le  manuscrit  53 7  est 
désigné  dans  nos  variantes  par  L,  et  le  manuscrit  282 
par  L^. 

Citons  enfin,  et  seulement  pour  mémoire,  des  ex- 
traits d'une  copie  africaine  exécutés  par  un  taleb  pour 
M.  Cherbonneau,  professeur  d'arabe  à  Constantine,  et 
que  M.  Defrémery  a  bien  voulu  nous  confier.  Ce  cahier, 
d'une  centaine  de  feuillets  m-[\°,  commence  par  le  cha- 
pitre de  l'Inde,  et  s'arrête  au  début  de  la  description 
de  l'Egypte.  L'écriture  en  est  soignée  ,  mais  il  est  à  re- 
gretter que  chacun  de  ces  chapitres  n'y  soit  reproduit 
que  par  extraits  plus  ou  moins  étendus  ;  car  l'original 
sur  lequel  cette  copie  a  été  faite  paraît  ancien  et  d'une 
bonne  exécution. 

Si  l'on  songe  à  la  diversité  des  sujets  traités  par  l'au- 
teur et  à  l'imperfection  des  textes  sur  lesquels  nous  avons 
travaillé,  on  jugera  peut-être  avec  moins  de  sévérité  les 
erreurs  inséparables  d'une  publication  aussi  étendue. 
Nous  accueillerons  avec  une  vive  reconnaissance  toutes 
les  observations  qui  tendraient  à  rendre  notre  ouvrage 
plus  digne  des  suffrages  du  monde  savant  et  du  but  que 
la  Société  asiatique  s'est  proposé  en  nous  confiant  cette 
tâche  honorable. 


^_^;-J^^-:=sJ)   ^c>V-X^     ^^>c-JÛjs!)    y^y^ 

LIVRE  DES   PRAIRIES  D'OR 

ET  DES  MINES  DE  PIERRES  PRÉCIEUSES. 


AU  NOM  DU  DIEU  CLÉMENT,  MISÉRICORDIEUX 
ET  SECOURABLE. 

Louanges  à  Dieu,  qui  est  digne  d'être  Joué,  et  qu'on  doit 
célébrer  et  glorifier!  Que  Dieu  accorde  sa  bénédiction  et  sa 
paix  à  Mohammed,  ie  sceau  des  prophètes,  et  à  sa  sainte 
postérité  J 


2  LES  PRAIRIES  D'OR. 

LgX.£blJL«  oLjLuglj  l^^\jt.«  uI<Xjj  Lti^l^l^  l^JUs»^  U5jl^t^ 

iUÀj^l  jlAàfcl^^lxuaJ)  c:*|^j.A,^05^j^«^S-Ii  ï-'îj^^  ^-6-wU^  jW*-îj 
cKamJJÎ  J^-«fi>l_5  l«X-xi!  yLwj5i>^  iCi^-idl   (^.^sLJlij  ^^.JâjtLl 

t-^Êjî^jft  (jotys?  pcJlï^l  -LJijt^  ^n»,»  la  îtj  c^UjUI  x*xw^ 
CHAPITRE  PREMIER. 

GÉNÉRALITÉS  SUR  LE  BDT  DE  CE  LIVRE. 

L'auteur  dit  :  Dans  Tintroduction  de  notre  ouvrage  inti- 
tulé «Annales  historiques»  [Akhbar  ez-zeman),  nous  avons 
décrit  la  forme  de  la  terre,  ses  villes  et  ses  merveilles;  les 
mers,  les  vallées,  les  montagnes  et  les  fleuves  qu'elle  ren- 
ferme; le  produit  des  mines,  les  différents  cours  d'eau,  les 
marais,  les  îles  situées  dans  les  mers  ou  les  lacs;  les  grands 
monuments  et  les  édifices  vénérés.  Nous  y  avons  exposé  l'ori- 
gine des  êtres  et  le  principe  des  générations,  la  différence 
des  pays  entre  eux;  nous  avons  dit  que  tel  fleuve  était  de- 
venu mer,  telle  mer  continent;  que  tel  continent  s'était 
changé  en  mer  dans  le  cours  des  âges  et  la  succession  des 
siècles,  par  suite  d'influences  astronomiques  ou  physiques. 
Nous  avons  expliqué  la  division  de  la  terre  en  climats,  l'in- 
fluence des  astres,  la  direction  des  chaînes  de  montagnes  et 


CHAPITRE  PREMIER.  3 

»jJL«JI  obi^jJaJlj  *AJLiI  yjjJiJl^  5^i*xJI  ^i;i^  a^UJl 
U3  A-gjlj:>i  o^^'^^**-^^  (»^'^^  j-f!^^  AQ^xU^a.!  o^Vxifc.1  ^^ 

ft«XJtt.^  b>5«XJ  |t^«w<^  ^^^V^  ^^  (.^^•*<^  ''^^S^   I<Xj^  AjuLmijo    Oj>^* 

l'étendue  relative  des  contrées.  En  citant  les  opinions  di- 
verses émises  par  les  Indiens  et  d'autres  peuples  païens  sur 
les  temps  primitifs,  sur  l'origine  et  les  commencements  de 
l'histoire,  nous  avons  enregistré  aussi  les  théories  des  lé- 
gistes, fournies  par  les  livres  saints  et  soutenues  par  les  dif- 
lerentes  religions. 

A  cette  introduction  succèdent  l'histoire  des  anciens  rois, 
des  peuples  tombés  dans  l'oubli,  des  nations  et  des  tribus 
qui  ont  disparu  de  la  scène  du  monde;  les  variétés  de  races 
et  d'espèces,  les  différences  de  culte  (jui  les  distinguaient; 
leurs  sages  maximes ,  les  opinions  de  leurs  philosophes , 
l'histoire  de  leurs  rois  et  de  leurs  empereurs,  telles  que  le 
temps  nous  les  a  transmises. 

Nous  avons  ajouté  à  ces  faits  généraux  la  biographie  des 
prophètes,  des  apôtres  et  des  saints  jusqu'au  moment  oîi 
Dieu  a  élevé  par  sa  grâce  et  illustré  du  don  de  la  prophétie 
Mohammed,  son  envoyé  (qu'il  soit  béni  et  sanctifié!);  nous 
avons  raconté  la  naissance  du  Prophète,  sa  jeunesse,  sa 
mission,  sa  fuite;  les  expédilions  militaires  coujmandées 


4  LES  PRAIRIES  D'OR. 

A^J    A_jIî^    u'j>'    ti'     *y|,;-**'J    *:?)^-*— *^    ^^^i^^^    AAJWuSj    8Ui.A^^ 

(j>«^^  yw»  JjjlJi— «^  ^j^jj  (l^^■^  iULfrilî  ^ijU»ol_5  iLi^il  JUajî 
î«Xiû  Là_jLaJj   oLaaasj  x\9  iXsij^  (S^^  c:^^!  <il  (jjvjçjJUaiî 

Uj  ^IjcJî  j^jUifciil  tj  ia^jiJl  UjUXj  sUxfjÎ  Aj    iùUvAjj 

IàjIj  la^jiiî  l-jIx^!  CJ-»  o!5^o  Uj  jeJiôfii)!  UoUj  iît^Jol  o«XÀ£ 
-îtcijj  OtAlaJ  t_>L>LJ   ,5  oUlaAwi^  U  jUaJCifcij  »Uk*Mwj  U  JlîJTÎ 

par  lui-même  ou  par  ses  lieutenants,  jusqu'à  l'époque  de 
sa  mort;  entin  l'histoire  du  khalifat  et  de  l'empire  musul- 
man à  chaque  période ,  ainsi  que  les  guerres  suscitées  par 
les  T'/ia/e'6jYÉ'5  ou  descendants  d'Ali,  jusqu'au  moment  où  nous 
avons  entrepris  la  rédaction  de  ce  livre,  c'est-à-dire  sous  le 
règne  d'el-Mottaki  lillah,  prince  des  croyants,  l'an  332  de 
l'hégire  {ç)^5  de  J.  C). 

A  la  suite  de  ce  premier  ouvrage,  nous  avons  écrit  notre 
Histoire  moyenne  (Kitab  el-awsat),  où  sont  racontés,  en  sui- 
vant l'ordre  chronologique,  les  événements  du  passé,  de- 
puis la  création  du  monde  jusqu'à  l'époque  où  se  terminent 
notre  grand  ouvrage  et  cette  Histoire  moyenne,  qui  en  est  le 
complément. 

Nous  croyons  utile  aujourd'hui  de  donner  le  résumé  et 
l'abrégé  de  ces  développements  dans  un  livre  moins  consi- 
dérable, qui  ne  renfermera  que  l'esquisse  des  matières 
contenues  dans  les  deux  compositions  précédentes,  mais  où 
nous  ajouterons  un  certain  nombre  de  faits  scientifiques  ou 
de  renseignements  relatifs  à  l'histoire  omis  dans  ces  deux 
ouvrages. 


CHAPITRE  PREMIER.  5 

à^  UxkJiS' iuoUJLi^  f^U^t  (jo|>^  C:^^'*;^  s«Xi&mL  ^^i 
cj«jcJl^  \%i>*ù^\  \jL«o^j^  ^\y\^  {j^jiCûS^  OtAAoJlj  ;^1)^^^  «Xj^mJ! 

jijljiil  i  tjy-A-*i  |.UJl?  IjijJsj  0>!>*^^  b^J     (j^Asî^îj  ulPb 
5)\ »  â^V fuJl  jLIa-^i   A  .ç>  ."> 

Nous  réclamons  l'indulgence  du  lecteur  en  faveur  des 
erreurs  ou  des  négligences  qui  peuvent  se  présenter  dans 
ce  livre;  car  notre  mémoire  s'est  atTaiblie  et  nos  forces  se 
sont  épuisées  par  suite  des  fatigues  résultant  de  longs  et 
pénibles  voyages  à  travers  les  niers  et  le  continent.  Avide 
de  connaître  par  nous- même  ce  qu'il  y  a  de  remarquable 
chez  tous  les  peuples,  et  d'étudier  de  nos  propres  yeux  les 
particularités  de  chaque  pays,  nous  avons  visité  dans  ce 
but  le  Sind,  le  Zanguebar,  le  Sinf  (sud  de  la  Cochin- 
chine),  la  Chine  et  le  Zabedj  (Java)  ;  passant  de  l'Orient  à 
l'Occident,  nous  avons  couru  des  dernières  limites  du  Kho- 
raçan  au  centre  de  l'Arménie,  de  l'Aderbaïdjan,  de  l'Erran, 
de  Bcïlakan,  et  exploré  tour  à  tour  l'Irak  et  la  Syrie.  Nous 
pouvons  comparer  cette  course  à  travers  le  monde  à  la 
marche  que  le  soleil  décrit  dans  les  cieux,  et  nous  appli- 
quer ces  vers  du  poëte  : 

Nous  parcourons  le  monde  en  tous  sens;  aujourd'liui  nous  sonnnes 
dans  l'extrême  Orient  et  demain  dans  l'Occident. 


G  LES  PRAIRIES  D'OR. 

^^^t  ^(3«xJu  dLàÂj  ^  (jM»-cwbJI  isy** 
4,*     "^j^Xa  j,  <n    ■»_■>  ^b  ,3~-»i  (il 

(j^  dLX_Aw^^  v^L-LmU;  b«X-àk.i3  ^j\»>   «XxUj^  (H^  (:)^^3 

(^  IjLauX.J  UâXo  <5h»>  t-^l^^t  (^  ^iJi  l«X^  éylXJI^  r*3^^ 
^y^>o\  (^  iLjL^t  cjbcXJ^  c:>bUjJi  9^y\^  ^^i^LxJS  Vj^^ 
»La_:^3-**'  V^-^^  cybbjJl  ^yo\   À  c:>i)UH   cj^^  ajLjJI 

Tel  le  soleil ,  dans  sa  marche  infatigable,  s'avance  vers  des  contrées  oii 
jamais  caravane  n'osa  pénétrer. 

L'auteur  ajoute  :  Dans  ces  voyages  nous  avons  fréquenté 
plusieurs  rois,  aussi  différents  par  leurs  mœurs  et  leurs 
opinions  que  par  ia  situation  géographique  de  leur  pays, 
et  progressivement  nous  avons  trouvé  chez  eux  le  même 
accord  à  reconnaître  que  les  vestiges  de  la  science  ont  dis- 
paru et  que  sa  splendeur  est  éteinte;  l'étude,  en  se  géné- 
ralisant, a  perdu  de  sa  profondeur;  on  ne  voil  plus  que 
des  gens  pleins  de  vanité  et  d'ignorance,  savants  imparfaits, 
qui  se  contentent  d'idées  superficielles  et  méconnaissent  la 
vérité. 

Aussi  une  pareille  étude  et  une  érudition  de  ce  genre 
nous  parurent  si  peu  dignes  de  nos  efforts,  que  nous  pré- 
férâmes composer  nos  ouvrages  sur  les  doctrines  et  les 
•  croyances  différentes;  tels  sont  :  le  Livre  de  l'exposition  des 
principes  de  la  religion,  le  Discours  sur  les  bases  des 
croyances,  le  Livre  du  secret  de  la  vie  et  l'Arrangement 


CHAPITRE  PREMIER  7 

jiyij   ê^^^i  J^^S^^y   r^b  Lf'^  *i;JC«3  «JùsiûUj  ^Ijr^l 
C-»L^I   (j^  dJi   i   (j-UI   Jj^li»!   v-JU>jj   X*Uill   ijUxAÙLwiJI 


des  preuves  louchant  les  principes  religieux.  Ce  dernier 
renferme  les  principes  et  les  règles  à  suivre  dans  les  arrêts 
et  jugements;  la  certitude  que  fournissent  le  recueil  des 
lois  apostoliques  et  la  jurisprudence  des  moudjtehid  (inter- 
prètes sacrés);  les  règles  pour  apprécier  et  décider  ce  qui 
est  préférable;  la  connaissance  des  versets  du  Koran  qui 
sont  abrogés  et  de  ceux  qui  leur  sont  substitués;  ce  qu'il 
faut  entendre  par  l'unanimité  (idjma),  et  ce  qui  la  consti- 
tue; le  moyen  de  discerner  Je  particulier  du  général,  les 
ordres  des  interdictions,  les  choses  permises  de  celles  qui 
sont  défendues;  les  traditions  générales  et  celles  qui  ont  été 
transmises  par  une  seule  autorité;  les  actes  du  Prophète  et 
les  conséquences  qui  en  dérivent  pour  la  juridiction;  on  y 
trouve  enfin  l'exposé  des  doctrines  de  nos  adversaires,  au- 
tant quand  ils  nous  combattent  que  lorsqu'ils  sont  d'accord 
avec  nous. 

Nous  écrivîmes  ensuite  le  Livre  des  réflexions  sur  la  qua- 
lité d'imam ,  ou  examen  des  doctrines  professées  par  ceux 
qui  restent  attachés  à  la  lettre  du  texte  religieux  et  ceux  qui 
admettent  la  libre  interprétation  (au  sujet  de  l'hérédité  de 
l'imam),  les  arguments  de  chaque  parti,  etc.  et  enhn  le 


8  LES  PRAIRIES  D'OR. 

aXJL)  ^!).>)  j*LJi3l^  Ai»*i».»IaJt  IgxV^j  iCJoJJtt  ^^j=?-^i  iUj«xXt 
iùjUuJî  -U»»^illj^lytîî  t-ysS^-*  *^V*^  t^^Wt'  (^  Â-jLillj 

Livre  de  la  sincérité,  qui  traite  également  de  l'imamat.  Nous 
mentionnerons  encore  nos  autres  traités  sur  les  différentes 
sciences  extérieures  et  intimes ,  visibles  et  occultes ,  passées 
et  existantes.  Nous  y  avons  éveillé  l'attention  du  lecteur  sur 
les  conjectures  de  ceux  qui  remontent  le  cours  des  âges  pour 
étudier  le  passé,  et  sur  les  prévisions  de  ceux  qui  interro- 
gent l'avenir;  nous  avons  reproduit  leurs  opinions  à  l'égard 
d'une  lumière  qui  brillerait  sur  la  terre  et  se  répandrait 
pendant  les  époques  de  stérilité  et  d'abondance,  enfin  sur 
les  suites  des  prédictions  historiques  dont  l'origine  est  ma- 
nifeste et  dont  les  commencements  ne  sont  un  mystère 
pour  personne. 

Citons  aussi  nos  écrits  politiques,  études  sur  le  gouver- 
nement de  l'Etat  et  de  ses  parties,  sur  son  organisation  na- 
turelle et  ses  subdivisions;  enfin  nos  recherches  sur  l'origine 
et  la  composition  de  l'univers  et  des  corps  célestes,  sur  les 
matières  épaisses  ou  subtiles  qui  tombent  ou  ne  tombeni. 
pas  sous  le  sens,  et  les  théories  philosophiques  relatives  à 
ce  sujet. 

En  composant  ces  ouvrages  sur  l'histoire  universelle,  en 


CHAPITRE  PREMIER.  9 

^UJÎ  J.-)uo  ^jlj  ^IS^l  UUs^  *l^5  Uo^AaS  45JI  iO^UJî 
i  4j.oc_^î  jIa<x«  bos^^  ^\i  J  Joy:*  Ujiâ^  U>*j  J^:>^  |/Si 
»jJlj,jU£^iil  b«Xr>.jj  l3"Aâ:c:^j  (^«-N^j  !^AaJU3  jWs^  ^Ui 
^jUJî  oL^  l^jj  u^j^ï  »ii>jJv=^  j^  iiSiU.  j.l.ii5  «àlj;  ç* 
AJùUftjlvXJLç  3wlis?  IxMMJi  O^ô-tj  JJÎ5  tfiXJî  (^AJi  t^  ^M 

recueillant  les  faits  que  le  temps  nous  a  transmis  sur  les 
prophètes,  les  rois  et  leur  règne,  les  nations  et  leur  place 
sur  le  iïlobe,  nous  avons  été  désireux  de  suivre  la  voie  tracée 
par  les  savants  et  les  sages,  el  de  laisser  après  nous  un  sou- 
venir glorieux,  un  monument  solide  et  construit  avec  art. 
Les  auteurs  qui  nous  ont  précédé  nous  paraissent  pécher 
ou  par  une  trop  grande  abondance  de  détails,  ou,  au  con- 
traire, par  une  concision  exagérée.  Bien  que  les  matériaux 
aient  augmenté  avec  le  temps  et  en  raison  des  événements 
qui  les  ont  fait  naître,  les  esprits  les  plus  judicieux  en  ont 
souvent  négligé  des  partiels  importantes;  chacun  d'eux  a 
consacré  ses  soins  à  un  objet  spécial  et  s'est  borné  à  étudier 
les  particularités  que  lui  offrait  son  pays  natal.  Or  celui  qui 
n'a  pas  quitté  ses  foyers,  limitant  ses  recherches  au  champ 
borné  que  lui  présentait  l'histoire  de  sa  patrie,  ne  peut  être 
comparé  au  voyageur  courageux  qui  a  consumé  sa  vie  dans 
les  explorations  lointaines  et  affronté  chaque  jour  un  danger 
pour  fouiller  avec  persévérance  les  mines  (de  la  science)  et 
arracher  de  l'oubli  les  restes  précieux  du  passé. 


10  LES  PRAIRIES  D'OR. 

^  "  '"    j  fil 

y 

Le  nombre  des  ouvrages  qui  traitent  de  l'histoire  est 
considérable;  parmi  les  différents  auteurs  qui  ont  écrit  les 
annales  des  temps  anciens  ou  qui  ont  raconté  les  événements 
des  âges  modernes ,  les  uns  ont  réussi ,  les  autres ,  au  contraire, 
sont  restés  inférieurs  à  leur  tâche;  mais  on  est  obligé  de  re- 
connaître que  tous  ces  écrivains  s'y  sont  appliqués  dans  la 
mesure  de  leurs  forces,  et  ont  déployé  toutes  les  ressources 
de  leur  talent. 

Tels  sont  : 

Wahb,  fils  de  Monabbih;  Abou  Mikhnaf  Lout,  fils  de 
Yahia  el-Amiri  ;  Mohammed ,  fils  d'ishak  el  -Wakidi  ;  Ibn 
el-Kelbi;  Abou  Obeidah  Mamer,  fils  d'el-Motanni;  Ibn 
Aïach;  el-Haïtem,  fils  d'Adi  et-Tayi;  Gharki,  fils  d'el-Kitami; 
Hammad  «  le  conteur  »;  el-Asmayi;  Sehl,fils  d'Haroun;  Abd 
Allah ,  fils  d'el-Mokaffa  ;  el-Yezidi  ;  Otbi  el-Omawi  ;  Abou  Zeïd 
Saïd,  fils  d'Aws  l'Ausarien;  Nadhar,  fils  de  Chomeïl;  Abd 
Allah,  fils  d'Aiechah;  Abou  Obeid  el-Kaçem,  fils  deSellam; 
Ali,  fils  de  Mohammed  de  Médaïn;  Dammad,  (fils  de)  Rafi, 


CHAPITRE  PREMIER.  il 

t^  (j^^'  '^"^i  <4r*^'  **^  (j^  i^^^^i  (sy^^  *^>  (:^' 

(j?  15—^^3  ixJ^jJl  c.>LjO  <_.^»>U0  ^Liwi^^iïL  iùl^uw  ^  f^VS^I 

<q^>juiii  tr*  ^y-^i  j^^î  t->U-^>  t;,^i».Lo  J^^^l  j<vÉû;JÎ 
À  Os?teUî^  X-j^  i->\jiS'  ^.;.^\j>o  ^>^l  i^A^Î  (^  Jys^3 

Q-fyL*v   ^   *X4^^   iS^'j-^^   ^J*^^   «N^   (jJ   «X-^^   ^J^i   Vj?/=^ 

cjIaxM  v_û*nU  <5jj^'  dt"^^  k>^  (J^  '^^^j  t$;^>^  t^y'^A' 

fils  (le  Selmah;  Mohammed,  fils  deSellam  el-Djomhi;  Abou 
Otrnan  Amr,  fils  de  Bahr  el-Djahiz;  Abou  Zeid  Omar,  fils 
de  Chebbah  en-Noraairi  ;  Zoraki  i'Ansarien;  Abou-Saib  el- 
Makhzoumi;  Ali,  fils  de  Mohammed,  fils  de  Soleiman  en- 
Nawfeli;  Zobeir,  fils  de  Bekkar;  el-Indjili;  er-Riachi;  Ibn 
Abid  Ommarah,  fils  de  Watimah  l'Egyptien;  Iça,  fils  de 
Loheiah  l'Égyptien;  Abd  er-Rahman,  fils  d'Abd  Allah,  fils 
d'Abd  el-Hukm  l'Egyptien;  Abou  Haçan  ez-Ziadi;  Moham- 
med, fils  de  Mouça  le  Kharezmien  ;  Abou  Djafar  Moham- 
med, fils  d'Abou's-Seri ;  Mohammed,  fils  d'el-Heilem,  fils 
de  Chebabah  le  Khoraçanien,  auteur  du  Livre  de  la  Dy- 
nastie; Ishak,  fils  d'Ibrahim  de  Moroul,  auteur  du  Livre  des 
chansons,  etc.  Khalil,  fils  d'el-Heitem  el-Hartémi,  auteur 
des  Ruses  et  stratagèmes  de  guerre  et  d'autres  ouvrages; 
Mohammed ,  fils  de  Yezid  el-Mouberred  el-Azdi  ;  Mohammed , 
fils  de  Suleïman  el-Minkari  el-Djewheri;  Mohammed,  fils  de 


12  LES  PRAIRIES  D'OR. 

Jvj^^  ^l'Ua-i^l  jlïUlL  oj^l  jl;^  <X4î-  ^^  *X^!j  aML 

«>s^^  Uû^Aff^  (^«X^î  ^  /<>J&^!  jUiwt  t_>ULJ  (^A-^-Uo  (<>^>jl 
«i'j— LXI    ^jj^^o^l*  cjjy— *-i'   <_»LxJil  t;.«J»-lo   ^^yXjciJl   tiJ^Ul  /ot 

A^ât:»^-=k>  (j-p  ^1  «Xa£  ^  aXSI  «>yu^^  SiH^^  *^^{  c-'Ul^ï 

Zakaria  el-Gallabi  l'Égyptien  ,  auteur  du  Livre  des  hommes 
généreux  [Kilab  el-adjwad) ,  etc.  Ibn  Abi'd-douniah ,  précep- 
teur du  khalife  el-Moktaii-billah  ;  Ahmed ,  fils  de  Mohammed 
el-Khozayi ,  surnouimé  el-Khakani,  originaire  d'Antioche; 
Abd  Allah,  fils  de  Mohammed,  fils  de  iMahfouz  el-Belawi 
l'Ausarien,  ami  d'Abou  Yezid  Ommarah,  fils  de  Zeïd  el- 
Medini;  Ahmed ,  fils  de  Mohammed,  fils  de  Khaled  el-Barki 
l'Ecrivain,  auteur  du  Livre  de  la  Démonstration  [Kitah  et- 
Tibian]  ;  Ahmed,  fils  d'Abou  Taher,  auteur  d'une  chronique 
de  la  ville  de  Bagdad,  etc.  Ibn  el-Wecha;  Ali,  fils  de  Mod- 
jahid,  auteur  de  l'Histoire  des  Oméiades,  etc.  Mohammed, 
fils  de  Saleh,  fils  de  Nitah,  auteur  de  l'Histoire  des  Abba- 
rides,  etc.  Yousef,  fils  d'Ibrahim,  auteur  de  l'Histoire  d'Ibra- 
him, fils  d'el-Mehdi,  etc.  Mohammed,  fils  d'el-Haret  le  Ta- 
glébite,  auteur  du  livre  intitulé  «Mœurs  royales»  {Kitab 
aklilak  el ■  molouk) ,  qu'il  a  composé  pour  el-Fath,  fils  de 


CHAPITRE  PREMIER.  1.) 

!il^  ô^jI  ^yiJ»^  *AJi*  (^  C5^^J  *^  <X_tfcl^  »^jXs  54>.-£û  ^j^ 
Xilî  irjUll   i_;JV+î^5   «JoUS'til^jls  JJi  iC^P  loC>  ^J\   c:*:>jî 

^^^j.^.1^  L-^i  \j>j.aS\^  Uiàj  ^^5j  !*Xr=»  c-ocMÎ  ôjsjft  ^:?:î 

Khaltan,  etc.  Ahou  Saïd  es-Soulckari ,  auteur  des  Poésies  des 
Arabes;  Obeid  Allah,  fils  d'Abd  Allah,  fils  de  Khordadbeh. 
Ce  dernier  est  un  écrivain  distingué  et  remarquable  parla 
beauté  de  son  style,  aussi  a-t-iî  eu  un  grand  nombre  d'imi- 
tateurs qui  lui  ont  fait  des  emprunts  et  suivi  fidèlement  la 
voie  qu'ilavait  tracée. On  peut  s'en  convaincre  en  examinant 
son  grand  ouvrage  historique.  Ce  livre  se  distingue  entre 
tous  par  le  soin  et  l'ordre  de  si  méthode,  l'abondance  de 
ses  renseignemenls  sur  l'histoire  des  peuples,  et  la  biogra- 
phie des  rois  de  la  Perse  ou  d'autre  race.  Un  autre  ouvrage 
non  moins  précieux  du  même  auteur,  c'est  son  traité  Des 
Routes  et  des  royaumes,  etc.  mine  inépuisable  de  faits  que 
l'on  explore  toujours  avec  fruit.  Nous  devons  mentionner 
également  l'Histoire  du  Prophète,  depuis  sa  naissance  jusqu'à 
sa  mort,  des  khalifes  et  des  rois  ses  successeurs,  jusqu'au 
règne  d'el-Motadhed-billah  ,  avec  le  détail  des  événements 
qui  ont  signalé  ces  époques,  par  Mohammed ,  fils  d'Ali, 
el-Hoçeini,  l'Alide,  originaire  de  Dinawer.  La  Chronique 


^ 


14  LES  PRAIRIES  D'OR. 

A^^U   i  ^Li  Uj  **Lo   ^^yi^i   ^^^  (j-«  »j^^  V^vMo  l4a-^ij 

^jt*X-L-AJt  ^yÀ  ^  kxJ  ^_5  LJyM.^  Jl^ûJlj  *r>*^'j  Oi)^'  «i 
jM^\  ^^-4^  7^^^^  «^  Sll^  ^  ^-5^'^  V^-^'^^'J  **-*  (J**'^"' 
^^    ^j^jyj\   «X=-  _^j   /e-*^'!    CJ-*  ^^^*^  U*_^5  ^lAi»»5    CJ-* 

j,!  oLjkJb  o«x_x_J3  j.^X-wi^5  J-jijLaft^l  i  ^^\^\^  J<j<s^^\ 

cV Ahmed  ben  Yahia  eî-Beladori,  ainsi  que  son  livre  intitulé 
Des  Pays  et  de  leur  soumission  par  les  armes  ou  par  capi- 
tulation depuis  l'hégire,  avec  le  récit  des  conquêtes  du  Pro- 
phète et  de  ses  successeurs,  les  circonstances  qui  les  ont 
accompagnées,  la  description  des  contrées  de  l'Orient  et  de 
l'Occident,  du  Nord  et  du  Sud.  Nous  ne  connaissons  pas  un 
meilleur  travail  sur  l'histoire  de  la  conquête  musulmane, 
La  Grande  Chronique  des  Perses  et  autres  nations,  par 
Dawoud,  fils  d'el-Djerrah,  grand-père  du  vézir  Ali  ben  Iça 
ben  Dawoud  ben  el-Djerrah.  Le  Recueil  comprenant  l'his- 
torique de  tous  les  événements  survenus  pendant  les  siècles 
qui  ont  précédé  ou  suivi  l'islam,  par  Abou  Abd  Allah  Mo- 
hammed, fds  d'el-Hoçein,  fds  deSewar,  surnommé  le  neveu 
d'Iça  ben  Ferhanchah,  travail  qui  va  jusqu'à  l'an  320.  L'His- 
toire d'Abou  Iça ,  fds  de  l'Astrologue,  d'après  les  révélations 
du  Pentateuque,  avec  la  chronologie  des  prophètes  et  des 
rois,  L'Histoire  des  Oméiades,  leurs  vertus,  leurs  talents, 


CHAPITRE  PREMIER.  15 

^jjij_j^_^iil  jLal:*.!^  ^UcJI  t_>Ljc5^  tiJyLltj  ^Lujii)  jg^b  y^ 

«X-!l_sfc.  ^^  «X.«.^J  jUài-l^  j^*«Jl   cjU^jj  jlv=i.i)l   (j^  •^^J 
^^•-^IgJî  (^ye:X>*t  ^  i>^i  d"^  J-^^^J  ë^^^  V^^^  45^ W 

x>UX!5^  A.i»Jun:>  «-*«kjîj  -îuJcS  cy^j  tj^  <4;>*î><^t  -jùlax*  /v> 
j!  ^b  Ulj  ^jUIas^  ij^  *r^^  o;Wi  v^^  ^J^' 


les  exemples  qu'ils  ont  suivis  et  leurs  innovations,  par  Abou 
Abd  er-Rahman  Klialed,  fils  d'Hicham,  l'Oméiade.  L'Histoire 
d'Abou  Bechr  ed-Dawlahi.  Le  Livre  illustre  [Kilah  ech-chérif) 
sur  l'histoire  et  d'autres  sujets,  par  Abou  Bekr  Mohammed 
ben  Khaled  ben  Wakia  le  Juge.  Le  Livre  de  biographie  et 
d'histoire  [Kilah  es-sier  ive  akhhar) ,  par  Mohammed,  (ils  de 
Khaled  le  Hachémite.  Un  ouvrage  qui  porte  le  niéme  nom, 
par  Abou  Ishak,  fils  de  Soleiman  le  Hachémite.  La  Biogra- 
phie des  khalifes  [Kilah  siej-  el-khoulafa] ,  par  Abou  Bekr 
Mohammed ,  fils  de  Zakaria  er-Razi ,  auteur  du  livre  intitulé 
Kitab  el-Mansouri  et  d'autres  livres  de  médecine.  Les  œuvres 
d'Abd  Allah,  fils  de  Moslem,  fils  de  Kotaïbah  de  Dina- 
wer,  qui  se  distinguent  par  leur  étendue  et  leur  nombre, 
comme  son  Traité  des  connaissances  [Kitab  el-mearif)  et 
d'autres  écrits. 

La  Chronique  d'Abou  Djafar  Mohammed,  fils  de  Djerir 
et-Tabari.  Ce  livre  brille  entre  tous  les  autres  et  leur  est 


IG  LES  PUAIRIES  D'OR. 

f-J^y^  ^  ^Jt^\^  j^^iS  ^JyS  4^^i».j jUiwiit  f'^î  Ç^  *>^ 
AMI    «XAfi    jl    g;l»    dU  JwS^  jbiil^  ^->*JI    iiX:p-j  jl^A^i/l    *tgJU 

Aj_j-Ja-ÀJo  tijyjtli  4^_j,^vJî  Jû^^jJt  iii^  ^  «Xj^  qj  rtN^'^î 

«Xj^     «^IAaW     I^JO^     buJuâJ     >Oi.^aâs.«t^     ^ÂjJb     OjJtOS.  ^yM     /yMfcS^I 

jLA-i.i  «j  ol;^>yî  V^-*-^^  ^J^^  ^li-^5  i  ci^AiJI  ^^asT  ^^3 

bien  supérieur;  la  variété  des  renseignements,  des  tradi- 
tions, des  documents  scientifiques  qu'il  renferme  le  rendent 
aussi  utile  qu'instructif.  Comment  pourrait-il  en  être  autre- 
ment, puisque  l'auteur  était  le  premier  jurisconsulte  et  le 
plus  saint  personnage  de  son  siècle,  et  qu'il  réunissait  à  la 
connaissance  de  toutes  les  écoles  de  jurisprudence  celle  de 
tous  les  historiens  et  traditionnistes. 

Telle  est  aussi  l'Histoire  d'Abou  Abd  Allah  Ibrahim,  fîls 
de  Mohammed,  fils  d'Arafah ,  le  grammairien  de  Warit. 
connu  sous  le  nom  de  Naftaweïh.  Ce  livre,  plein  de  beautés 
de  premier  ordre  et  rempli  des  meilleurs  passages  et  des 
plus  utiles  renseignements  fournis  par  les  bons  écrivains, 
prouve  que  son  auteur  surpassait  ses  contemporains  par  son 
savoir  et  son  style. 

Mohammed ,  fils  de  Yahia  es-Souli ,  a  suivi  la  même  voie 
dans  ses  Feuillets  sur  l'histoire  des  khalifes  abbassides,  leurs 
vézirs  et  leurs  poètes  ;  il  raconte  plusieurs  particularités  qu'on 
chercherait  vainement  ailleurs,  et  que  lui  seul  pouvait  con- 


CHAPITRE  PREMIER.  17 

^  (^jA«Jl  j.^  *1;>^'  j^'  V^^^^»  ^«>«5^  oUJbJl  (j^--j».^ 

AjU  t^'UTl  yUra-   (jjj    iUl  Js»   ^y^'  ^5    JJJsS^    aMI»   iytà\ji\ 

cjIaÇ  ojîjjdl  jUi-^i  i  ajUS'JI^jU  JJi  k*  i^i>j\  lilj 

çjUS^^UJL  xoLÎj  :>;j^  ii^jjPl  t_>U^»  aui  tjo;^  t5*>Jl 

naître ,  parce  qu'il  en  a  été  le  témoin  oculaire.  Celait  d'ail- 
leurs un  homme  instruit,  d'une  érudition  variée  et  un  habile 
écrivain. 

L'Histoire  des  vézirs  (  Kitab  akhhar  cl-ivuzcra) ,  par  Abou'l- 
Haçan  Ali,  fils  d'el-Haçan,  plus  connu  sous  le  nom  cïlhn 
el-Machitah ,  offre  les  mêmes  qualités;  il  va  jusqu'à  la  (in  du 
règne  de  Radi-billah.  On  reconnaît  le  même  mérite  dans 
Abou'l-Faradj  Kodamah,  fils  de  Djafar  el-Katib,  écrivain 
élégant  et  original,  dont  le  style,  quoique  concis,  est  tou- 
jours clair.  On  en  trouve  la  preuve  dans  son  histoire  inti- 
tulée «  Les  Fleurs  du  printemps  »  (  Kitab  zahr  er-rebi) ,  ainsi 
que  dans  son  Traité  du  Kharadj;  on  verra  dans  ces  deux 
écrits  la  vérité  de  ce  que  nous  avançons  et  la  justesse  de 
noire  appréciation. 

Abou'lKaçem  Djafar,  fils  de  Mohammed,  fils  d'Hamdan 
de  Moçoul  le  Jurisconsulte,  a  composé  son  recueil  histo- 
rique qu'il  intitula  «L'Admirable»  {Kitab  el-bahir) ,  pour 
réfuter  le  Livre  du  jardin  {Kitab  er-rouda] ,  par  el-Mobarred. 


18  LES  PRAIRIES  D'OR. 

A-j\jL^9  ti  ^jA^   ^  U^^  (S^^  (5-yU55  «îUj^U  /jj  j^sJ^wî 

2:1^^  (:y?  ^3^^  (:JJ  «M^  V^^*^  0°^^  45*^^  ■^'bj^^'  jW^Î 
^Ui^l  i  (iy^  Gij*l\  t-oUTî     ^î  ^^  ^  oU5^  ÎjJjP)  ^ 

cj^Jj!  »%~^y  U-J^'  Ï>^J>  v'^^-^j  j«^^^^  -''iy^  tr*  **^^ 
«x^l  ouJb  ^^Uî!  v^  t^-xjuJl  àW->il?  cjjjjjdl  ^iljyi 

g;;bJî  V^^  ^^i^^^J  (J?r'*^W«^5  J^-Sâ^-Î  ï  t^/*^'  *r>**:?  (J^ 
^jjv.,»*^  ^  aMÎ   iX-XjJ  j^^;^^  U-W«^'   ^   (j^  J'tiXil  jUi^tj 

j.il  U^^A=^J  J««i>jJlî  jUâi-lj  g;^'  V^^^  t-o'UTl  «Xjum  jjj 

On  doit  aussi  à  Ibrahim ,  fils  de  Mahaweïh  le  Persan ,  une 
réfutation  du  Kamil,  d'el-Mobarred.  Ibrahim,  fils  de  Mouça, 
el-Waçiti  ei-Katib,  a  donné  une  histoire  des  vézirs,  où  il 
attaque  l'ouvrage  de  Mohammed,  fils  de  Dawoud,  fils  d'el- 
Djerrah,  sur  le  même  sujet.  Ali,  fils  d'el-Fath  l'Ecrivain, 
surnommé  el-Moatawak,  a  raconté  l'histoire  de  quelques- 
uns  des  vézirs  de  Moktadir. 

Citons  encore  le  livre  nommé  «  La  Fleur  des  yeux  et  l'é- 
panouissement des  cœurs  »  {Zehret  el-ouïoun  wèdjela  el-Koa- 
loub) ,  par  el-Misri.  Une  chronique,  par  Abd  er-Rahman ,  fils 
d'Abd  er-Rezzak,  surnommé  el-Djordjani,  es-Saadi.  L'His- 
toire des  Abbassides,  etc.  par  Ahmed,  fils  de  Yakoub  l'E- 
gyptien. Une  Histoire  des  Abbassides  et  autres  princes,  par 
Abd  Allah ,  fils  d'el-Hoçeïn ,  fils  de  Saad  l'Écrivain.  L'Histoire 
de  Moçoul  et  d'autres  villes,  par  Abou  Zokrah  (?),  de  Mo- 
çoul.  Un  recueil  d'histoire,  etc.  par  Mohammed,  fils  d'A- 
bou'l-Azhar,  et  son  livre  intitulé  «  Révoltes  et  séditions  »  [Ki- 
tab  el-heradj  ivcl  ahdath). 


CHAPITRE  PREMIER.  19 

fjj  ^J\j^  ^-^b-?       c:>i*>v:>-^ij  ^^^  *^^^*^  5^^JC-ll  ^U5^ 

txXjSi^  AAj'j4*«J'j  XAA-kaxJt^  ioilsljJî  (^y*  L^Uoî^  (j*.yiJl 

Je  considère  Senan,  fils  de  Tabit,  fils  de  Korrah  el-Har- 
rani,  comme  ayant  entrepris  une  œuvre  hors  de  sa  compé- 
tence et  suivi  une  voie  qui  n'était  pas  la  sienne,  quand  il  a 
composé  ce  livre,  qu'il  adresse  sous  forme  d'épître  à  un  de 
ses  amis,  secrétaire  du  Divan.  Il  débute  par  des  généralités 
sur  la  nature  des  âmes,  leur  division  en  âme  raisonnable, 
irascible  et  concupiscente;  il  donne  une  esquisse  du  gou- 
vernement, d'après  les  théories  que  Platon  a  émises  dans  sa 
République  en  dix  séances;  il  énumère  rapidement  les  de- 
voirs des  rois  et  des  ministres ,  et  passe  au  récit  d'événements 
(juil  ne  révoque  pas  en  doute,  bien  qu'il  n'en  ait  pas  été  le 
témoin.  Il  arrive  ainsi  à  l'histoire  de  Motadhed-billah,  nous 
parle  de  la  faveur  dont  il  jouissait  et  des  années  qu'il  a  pas- 
sées à  sa  cour,  puis  il  remonte  d'un  khalife  à  l'autre ,  et,  par 
cette  marche  rétrograde,  il  s'écarte  de  la  vraie  méthode  his- 
torique. Quel  que  soit  donc  le  mérite  de  l'exécution  et  la 
véracité  de  l'auteur,  on  ne  peut  que  le  blâmer  d'être  sorti 


20  LES  PRAIRIES  D'OR. 

j^jJUC-uiî  ^^  cyrj_5»>«Jlî_5  ^^Xmhh:^!^  tolxIaAiîj  jj*.tKAXSl  ki  ^j^ 

^\XJ^\j  c:>UjJbJt3  (^.wwwjJl^  àUxA^Jo)!  u:>U>-l^t^  ^,^^1  jb^l^ 
c:}\jygj^l  (j^  c:>UxAAkJt   'àjijXA^      e^US^t  uU^âJl^  c:>UtXAlt^ 

Oj.^£«j:.4wI  «XJii  :>\^l  yli  o«^^-fti^î  «^J  IjUj   **>5  (j-«  J**^^ 

de  sa  sphère  et  de  s'être  chai'gé  d'un  travail  pour  lequel  il 
n'était  pas  fait.  Que  n  est-il  resté  dans  le  domaine  scientifique , 
où  il  n'avait  pas  de  rivaux,  la  connaissance  d'Euclide,  des 
sections  de  TAlmageste  (astronomie)  ou  des  cercles!  Que 
n'a-t-il  développé  les  vues  de  Socrate ,  de  Platon  et  d'Aristote 
surlesystème  dessphères,  des  phénomènes  météorologiques, 
des  tempéraments,  des  relations  et  des  compositions,  des 
conclusions,  des  prémisses  et  des  syllogismes,  la  différence 
entre  le  monde  physique  et  surnaturel,  la  matière,  les  pro- 
priétés et  la  mesure  des  figures ,  ou  quelque  autre  problème 
philosophique!  Il  se  serait  acquitté  avec  honneur  de  cette 
tâche,  et  son  œuvre  aurait  répondu  à  son  talent.  Mais  où  est 
l'homme  qui  connaît  la  limite  de  ses  forces  et  les  bornes  de 
son  aptitude?  Abd  Allah,  fils  d'el-Mokaffa ,  a  dit  avec  raison: 
«  Tout  auteur  poursuit  un  but;  en  l'atteignant,  il  s'illustre; 
s'il  le  manque,  il  se  déshonore.  » 

Abou'i-Haçan  el-Maçoudi  ajoute  :  Les  chroniques,  les  an- 
nales, les  recueils  de  biographies  et  de  traditions  mention- 


CHAPITRE  PREMIER.  21 

f^  Uol  «xs  llS'il  cjU^î  I*xi5  i  d^  <^  jb  ^jl  (j^^^jl51 

(^jubJî  (j^  i^:î\J  ^j^  Aj  iul^ftJl^^-wafc  y^  k*J|  J^l  cyliûîo^ 
-oLgJii  (j^  /o^L)'  À  ^^^-^5  fi-^^y^  o!:5Vilâ-t  <_^^^*  «XtKtf»îj 

<il  JoJi,  t-u£>l*xJLî^  J^^^-Iîj  4i^'  ^^  i^  ji^j  jUi-«^l 

(jU^IjIas».!  V^^^  ^y^  '^V^^i  *ïîWv^^  (^jviXjj  (i5V.ÀjI  iu.M 

XA.À-ft  JyCAwl  U  jiiÀ.  /oià£^  ot^^»  u  iLv>i\ÀÀ}  jjt>y^  0:>\jc«^ 

nés  ici  appartiennent  à  des  auteurs  célèbres,  ou  du  moins 
connus;  nous  avons  passé  sous  silence  les  livres  des  écoles 
traditionnaires  relatifs  aux  noms,  à  l'époque  et  à  la  classi- 
fication des  principaux  personnages  de  rislamisme,  parce 
que  ces  développements  excéderaient  les  limites  de  cet  ou- 
vrage. D'ailleurs,  ce  qui  concerne  le  nom  des  docteurs  qui, 
à  diverses  époques,  ont  transmis  les  traditions,  recueilli  les 
faits  biographiques  et  historiques;  les  catégories  de  savants 
de  chaque  siècle,  depuis  les  compagnons  du  Prophète  et 
leurs  successeurs  {tabis) ,  les  subdivisions  d'école,  les  diver- 
gences d'opinion  qui  ont  surgi  entre  les  jurisconsultes  des 
grandes  villes,  les  philosophes,  les  sectaires  et  les  contro- 
versistes,  tous  ces  faits  en  un  mot,  jusqu'à  la  date  de  l'an- 
née 332  (de  l'hégire) ,  sont  consignés  dans  nos  Annales  histo- 
riques [  Akhhar  ez-zeman)  et  notre  Histoire  moyenne  [Kitab 
el-awsat). 

J'ai  donné  à  ce  livre  le  titre  de  Prairies  d'or  et  de  mines 
de  pierres  précieuses,  à  cause  de  la  haute  valeur  et  de  l'im- 


22  LES  PRAIRIES  D'OR. 

jj^^  dLjL*-«  i  iuLÎLJi  Iâ-*JL5  AXâ.»i^  U  ^.j\yi  ^|^  cj-« 
JL-ôIj   ti)^-LJLI  tj^  o|;-w!^  R-k-^  AaXxs»^  6Î)jt«  ^  UjUJ^ 

^^  l^£  J^iUxll  ^  j  Jvjtj  i)^  \4X*jjc«  4-oi^l  JjjUJL  ^^t^*^. 

portance  des  matières  qu'il  renferme,  puisque,  pour  le  sens 
elle  contexte,  il  reproduit  les  parties  saillantes  et  les  pas- 
sages principaux  de  nos  œuvres  précédentes. 

J'en  fais  hommage  aux  rois  illustres  et  aux  savants,  per- 
suadé que  je  n'y  ai  rien  omis  de  ce  qu'il  est  utile  de  con- 
naître et  de  ce  qui  peut  satisfaire  un  esprit  curieux  d'étudier 
le  passé. 

Ce  livre  est,  en  quelque  sorte,  le  mémento  de  mes  pre- 
miers écrits,  le  résumé  des  connaissances  que  doit  posséder 
un  homme  instruit,  et  qu'il  serait  inexcusable  d'ignorer;  il 
n'y  a  pas,  en  effet,  une  seule  branche  de  la  science,  un  ren- 
seignement quelconque,  une  source  de  traditions  qui  n'y 
soient  contenus  en  détail  ou  en  abrégé,  ou  tout  au  moins 
indiqués  par  de  rapides  allusions  et  par  quelques  observa- 
tions sommaires. 

Quant  à  celui  qui  oserai  t  dénaturer  le  sens  de  ce  livre ,  ren- 
verser une  des  bases  sur  lesquelles  il  repose,  obscurcir  la 
clarté  du  texte  ou  jeter  du  doute  sur  un  passage,  par  suite 
d'altérations  ou  de  changements,  par  des  extraits  ou  des  ré- 


CHAPITRE  PREMIER.  23 

U  «l;!:^   r^^>*3   A_^->  ifSijMt^  4Mt  cAAag  (J.4   oUl^  bl^.M  (jt 

Ak_jL«  ^  Uàlj  ij!^^  îr*"'-?  '*^  d^^^-^»  <Jj'  «i  ouj-iJUî 

sûmes;  celui  enfin  qui  se  permettrait  de  l'attribuer  à  un 
autre  auteur,  qu'il  soit  l'objet  de  la  colère  divine  et  d'un 
prompt  châtiment! 

Puisse-t-il  être  accablé  de  calamités  qui  épuiseront  sa  pa- 
tience et  dont  la  pensée  seule  frappera  son  esprit  de  terreur! 
Qu'il  devienne  un  exemple  pour  ceux  qui  savent ,  une  leçon 
pour  les  intelligents,  un  signe  pour  ceux  qui  réfléchissent] 
Que  Dieu  lui  retire  tous  les  bienfaits  dont  il  l'avait  comblé! 
Que  le  créateur  du  ciel  et  de  la  terre  lui  enlève  les  facultés 
et  les  dons  qu'il  lui  avait  accordés,  à  quelque  secte  et  à 
quelque  opinion  qu'il  appartienne!  Dieu  est  tout-puissant! 
Nous  avons  placé  cette  menace  au  début  de  ce  livre,  et 
nous  l'avons  répétée  à  la  fin  (voy.  chap.  dernier),  pour 
qu'elle  retienne  celui  qui  pourrait  céder  à  une  pensée  cou- 
pable ou  qui  succomberait  à  un  désir  criminel. 

Qu'il  redoute  Dieu,  son  Seigneur,  qui  le  voit!  qu'il 
tremble  devant  l'avenir  qui  l'attend  !  car  le  temps  est  res- 
treint, la  distance  est  courte,  et  c'est  vers  Dieu  qu'il  faut 
retourner. 


24  LES  PRAIRIES  D'OR, 


Il  est  temps  de  donner  la  liste  des  chapitres  dont  se  com- 
pose cet  ouvrage  et  d'indiquer  le  contenu  de  chacun  de  ces 
chapitres. 

CHAPITRE  II. 

TABLE  DES  CHAPITRES  QDE  RENFERME  CET  OUVRAGE. 

Dans  ce  qui  précède  nous  avons  fait  connaître  le  but  de 
ce  livre  ;  nous  allons  maintenant  donner  une  table  du  nombre 
de  ses  chapitres,  suivant  l'ordre  méthodique  que  nous 
avons  adopté  dans  notre  récit,  afin  de  faciliter  les  re- 
cherches. 

Ch.  III,  Du  commencement  des  choses,  de  la  création 
et  de  la  génération  de  tous  les  êtres,  depuis  Adam  jusqu'à 
Abraham. 


CHAPITRE  II.  25 


^V_J    (j^j    ^^\i>     (j-J    fj\~,ff^-y~Alit     ty^     «o.,,KAJfc.j)    wÎXa^O  ji5^       d    (_»U 
xh(ji.*X£    «Ixù^t  jUà.!    (^   k^Tj   J^l/-^^    C^    (ii[^-L«    (^    OjJOS- 

jfluJbiJIj    JLjL-iij  jW~»yt    4^il.AX|^^l^SJI^    (jb^^ij5S       A   cÀf 

Ch.  IV.  Histoire  d'Abraham,  des  prophètes  et  des  rois 
d'Israël  qui  ont  vécu  après  lui. 

Ch.  V.  Règne  d'Arkhoboam ,  fils  de  Salomon,  fils  de  Da- 
vid; des  rois  d'Israël  ses  successeurs;  aperçu  de  l'histoire 
des  prophètes. 

Ch.  VI.  Des  hommes  qui  ont  vécu  dans  l'intervalle  (fitreh) , 
c'est-à-dire  entre  le  Messie  et  Mohammed. 

Ch.  VII.  Généralités  sur  l'histoire  de  l'Inde ,  ses  doctrines, 
l'origine  de  ses  royaumes,  les  mœurs  et  les  pratiques  reli- 
gieuses de  ce  pays. 

Ch.  VIII.  Description  du  continent  et  des  mers;  sources 
des  fleuves;  les  montagnes,  les  sept  climats,  astres  qui  exer- 
cent sur  eux  leur  influence,  etc. 

Ch.  IX.  Renseignements  généraux  sur  les  migrations  des 
mers  et  sur  les  principaux  fleuves. 


26  LES  PRAIRIES  D'OR. 


^\  ■»  j*  1^  j^^  <^j  (ij-^^  ^j^^i  (:jy^'  tyjX«j5^    lô  cjI* 

Ch.  X.  Renseignements  sur  la  mer  d'Abyssinie,  son  éten- 
due, ses  golfes  et  ses  détroits. 

Gh.  XI.  Opinions  diverses  sur  le  flux  et  le  reflux;  résumé 
des  systèmes  proposés. 

Ch.  XII.  La  mer  de  Roum  (Méditerranée);  opinions  di- 
verses sur  sa  longueur,  sa  largeur,  les  lieux  où  elle  com- 
mence et  où  elle  finit. 

Ch.  XIII.  La  mer  Nitas  [Pontas] ,  la  mer  Mayotis  et  le  dé- 
troit de  Constantinople. 

Ch.  XIV.  Mer  de  Bab  el-Abwab,  de  Khazaret  de  Djordjan 
(mer  Caspienne);  de  la  place  que  les  mers  occupent  sur  le 
globe. 

Ch.  XV.  Rois  de  la  Chine  et  des  Turcs;  dispersion  des 
descendants  d'Amour  ;  histoire  résumée  de  la  Chine  ;  ses  rois  ; 
généralités  sur  leur  vie,  leur  système  politique,  et  autres 
renseignements  analogues. 


CHAPITRE  IL  27 


(  dUi  ^^^3  ^y^  i^\y>^  (»-*^^J  <-*j\^3l  (jw« 

J^i/I  o-j-J-^^  (:^^  l^j   (jU^^ij  oJtjJaJl  d)jX<»j.5S    r»-  v^ 

Cn.  XVI.  Rapide  exposé  des  mers;  leurs  particularités; 
les  peuples  qui  habitent  les  îles  et  le  littoral;  classification 
des  Etals  riverains. 

Ch.  XVII.  Le  mont  Caucase  (el-Kabkh);  renseignements 
sur  les  peuplades  nommées  AUan  (Alains);  les  habitants 
d'es-Serir,  les  Khazars;  les  tribus  turques  et  bulgares  (Bor- 
ghoz);  description  de  Bab  el-Abwab  (Derbend);  les  rois  et 
les  peuples  du  voisinage. 

Ch.  XVIII.  Rois  syriens. 

Cn.  XIX.  Rois  de  Moçoul  et  de  Ninive ,  nommés  aussi  rois^ 
assyriens. 

Ch.  XX.  Rois  de  Babel,  nabatéens  ou  d'autre  origine, 
nommés  aussi  chaldéens. 

Ch.  XXI.  Rois  perses  de  la  première  époque;  résumé  de 
leur  règne  et  de  leur  histoire. 

Ch.  XXII.  Rois  des  Satrapies  et  Achgans  qui  ont  vécu 
entre  la  première  et  la  seconde  époque. 


28  LES  PRAIRIES  D'OR. 


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PJo  ^  (jAtljJi  Jli»  U^  |i^lAÂ.tj  (^3\JobjjJ{   cî}^Xo^^5i>     fd  oL 
Qojb j<N„JL  C^^  cjj-s- jl.A  àfct  (j^  %^\y.^ jSb     M  (_>U 


Ch.  XXIII.  Généalogie  des  Perses;  opinions  différentes  des 
historiens  à  cet  égard. 

Ch.  XXIV.  Rois  sassanides  ou  de  la  seconde  époque;  leur 
règne  et  leur  histoire. 

Ch.  XXV.  Histoire  des  rois  grecs;  opinions  diverses  sur 
leur  généalogie. 

Ch.  XXVI.  Histoire  abrégée  de  l'expédition  d'Alexandre 
dans  l'Inde. 

Ch.  XXVII.  Rois  grecs  qui  ont  régné  après  Alexandre. 

Ch.  XXVIII,  Peuples  de  Roum;  opinions  historiques  sur 
leur  généalogie;  le  nombre  de  leurs  rois,  leur  chronologie 
et  leur  règne. 

Ch.  XXIX.  Rois  chrétiens  de  Roum,  c'est-à-dire  rois  de 
Constantinople;  résumé  des  principaux  événements  de  leur 
temps. 


CHAPITRE  II.  29 


y^J  (jMyJ^j\  Jt  -^Uw^îj^^Ii  «xx>  *jpi  *ù^  ^i>   v  cjI» 

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U5  I^ajL^^  ^^5y^j  W^^j  iùj«xjiX^iiI  jUà*.{  jS'i   rr  ol* 

j9-ô*'yîj  |0.4a»(U&-I  Cs^Xia^!^  a4jL*J!j  ylàj-»Jî  j5i     P'K'  ol* 


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Uû^Uiwî  (j;^  ^\^^  1^5^^  iiJiJ5X.4j  x:*?^ii|  ^j5i>    re  ol* 

Ch.  XXX.  Rois  de  Roum  (Byzantins)  depuis  l'apparition 
de  l'islamisme  jusqu'à  Romauus,  qui  règne  aujourd'hui 
(332  de  l'hégire). 

Cii.  XXXI.  Renseignements  sur  l'Egypte,  le  Nil,  les  cu- 
riosités et  les  rois  de  ce  pays. 

Ch.  XXXII.  Histoire  d'Alexandrie,  sa  fondation,  ses  rois, 
ses  curiosités  et  autres  détails  analogues. 

Ch.  XXXIII.  Les  nègres,  leur  origine,  leur  variété  de  races 
et  d'espèces;  la  position  respective  de  leurs  contrées;  his- 
toire de  leurs  rois. 

Ch.  XXXIV.  Les  Slaves,  leurs  établissements,  leurs  rois, 
leurs  migrations. 

Ch.  XXXV.  Les  Francs  et  les  Galiciens  ;  leurs  rois;  résumé 
de  leur  histoire  et  de  leurs  guerres  avec  les  habitants  de 
l'Espagne  (Mores). 

Ch.  XXXVI.  Les  Longobards  [Noukohard] ,  leurs  rois,  le 
pays  qu'ils  habitent. 


30  LES  PRAIRIES  D'OR. 


(j;^  ^^  ^Zit  \  fl  .1»  A  j  ^L«3  Lg-5^A-*5  i>^'j5i   rA  c->l 


^  Lds^lAikl 


<f  jL^3  -UJlj  ijjl^jJîj  Uc 


Ch.  XXXVII.  Les  Adites  et  leurs  rois  ;  abrégé  de  leur  his- 
toire; opinions  sur  la  durée  de  leur  existence. 

Ch.  XXXVIII.  Les  Thamoudites  et  leurs  rois;  leur  pro- 
phète Salih  ;  résumé  de  leur  histoire. 

Ch.  XXXIX.  La  Mecque  et  son  histoire;  fondation  de  la 
Maison  sainte  [Kaahah]  ;  domination  successive  desDjorho- 
mites  et  autres  tribus,  avec  plusieurs  faits  qui  se  rapportent 
à  ce  chapitre. 

Ch.  XL.  Renseignements  généraux  sur  la  description  de 
la  terre  et  des  différentes  contrées;  de  l'amour  de  l'homme 
pour  son  pays  natal. 

Ch.  xli.  Opinions  diverses  sur  le  motif  pour  lequel  le 
Yemen,  l'Irak,  la  Syrie  (Cham)  et  le  Hedjaz  ont  été  ainsi 
nommés. 

Ch.  xlii.  Le  Yemen  ;  généalogie  de  ses  habitants;  opinions 
diverses  sur  ce  sujet. 


CHAPITRE  II.  31 


'.(^> 


Ui^l  t 


C:^» 


:>:iUJI  i  ^s^ÀJj  A^^U^  i  W»b'j  sir*^'  c:»bL»i  j5^   fv  «jI* 

Ch.  xliii.  Rois  du  Yemen ,  nommés  Tohha,  et  autres  rois 
de  ce  pays;  leur  vie  et  la  durée  de  leur  règne. 

Ch.  xliv.  Rois  de  Hirah,  d'origine  yemenite  ou  autre; 
histoire  de  ce  pays. 

Ch.  xlv.  Renseignements  historiques  sur  les  rois  de  Sy- 
rie d'origine  yemenite,  les  Gassanides,  etc. 

Ch.  xlvi.  Tribus  nomades  chez  les  Arabes  et  autres 
peuples;  pourquoi  elles  vivent  de  préférence  dans  le  désert, 
comme  les  Kurdes  dans  les  montagnes;  origine  de  ces  der- 
niers, résumé  de  leur  histoire  et  autres  renseignements  ana- 
logues. 

Ch.  xlvii.  Croyances  et  opinions  des  Arabes  dans  les 
âges  d'ignorance  (  Djahelich)  ;  leurs  migrations;  histoire 
des  compagnons  de  l'Eléphant;  invasion  des  Abyssins  et 
d'autres  peuples;  Abd  el-Mottaleb,  et  autres  renseignements 
analogues. 


32  LES  PRAIRIES  D'OR. 

iiiUxitj  j.;?-)Jtj  iijUjiJî  (j^  ^ri^*^'  *^'  o>-\i&i>  U^5i>    01  cjI* 

je»}\jJî  »[^  V^  J.aS  Uj  (j*^iÀ)î  (j^  U^AS  ij^  AJilsUJl  «X»>^ 

^  V^^  ^*^^  cKAâj't  U^ 

Cii.  XLViii.  Opinion  des  Arabes  sur  l'âme,  qu'ils  croyaient 
ressembler  au  hibou  et  au  chat-huant,  avec  quelques  ren- 
seignements sur  le  même  sujet. 

Ch.  xlix.  Récits  des  Arabes  sur  les  ghouls  (ogres)  et 
leur  transformation,  comparés  aux  récits  analogues  d'autres 
peuples,  ainsi  que  divers  détails  qui  se  rapportent  au  même 
sujet. 

Ch.  l.  Récits  que  font  les  Arabes  et  d'au  1res  peuples  sur 
les  oracles  et  les  génies,  soit  pour  en  affirmer  l'existence, 
soit  pour  la  nier. 

Ch.  li.  Opinions  des  Arabes  sur  la  science  de  la  physio- 
nomie, les  augures,  les  pronostics  fondés  sur  le  vol  des  oi- 
seaux de  droite  à  gauche  et  de  gauche  à  droite,  etc. 

Ch.  lu.  L'art  divinatoire;  en  quoi  il  consiste;  opinions 
émises  à  cet  égard;  distinction  entre  l'âme  raisonnable  et 
les  autres  âmes;  détails  relatifs  aux  songes  et  à  d'autres  su- 
jets analogues. 


CHAPITRE  II.  33 


La-**»  ^Jc;;y  (V~*^'  cV-a-w^j  (jW^^  j^-*^'   CJ-*  S^  j^^     ***'  V^ 


^  (^jtX,\  i*Xyj  J.xaXj  Le  (iUi>  ws^j  ■^^î  (j-« 
/  «t^^it  iCiwK^^  iU^I  ^Lî  :>4X£^ 


Ch.  lui.  Renseignements  généraux  sur  les  devins  et  sur  la 
rupture  de  la  digue  d'Aram  dans  le  pays  de  Saba  et  de  Ma- 
reb.  Dispersion  des  Azdites  et  leur  établissement  dans  di- 
verses contrées. 

Ch.  liv.  Les  années  et  les  mois  chez  les  Arabes  et  les 
peuples  étrangers;  analogies  et  différences  qu'on  y  remarque. 

Ch.  lv.  Mois  des  Coptes  et  des  Syriens;  différences  de 
leurs  dénominations;  résumé  de  leur  chronologie  et  autres 
renseignements  analogues. 

Ch.  lvi.  Mois  des  Syriens;  leur  concordance  avec  les 
mois  grecs;  nombre  des  jours  de  l'année;  définition  des 
Amva. 

Ch.  lvii.  Mois  des  Persans,  et  autres  détails  sur  ce  sujet. 

Ch.  lviii.  Jours  des  Persans ,  et  autres  détails  sur  ce  sujet. 

Ch.  lix.  Années  et  mois  des  Arabes;  noms  qu'ils  donnent 
aux  jours  et  aux  nuits. 

I.  3 


34  LES  PRAIRIES  D'OR. 


J^l  U  \ji>j*s-^  iL>j4l\  jy^^\  JIJ  ^  Vj*^'  JjJ^jSs    ^-  tjL 
/  (->UII  !«x^  «.V^kâjl  U^  dU^  ^  J.Ad 

(j-«  liUi  j— A-ftj  f^<S^^  ^^yJS^*^\^  ijj^\^  (^j-Mt}\   (j^  <îiÀJ0  sys»- 
yLAJJl  «^y^^  Xi^UiJli  J^Ia-^Î^  iCUaxl!  cy^^î^^Si    H»*'  t_jL» 


Ch.  lx.  Traditions  des  Arabes  sur  les  nuits  des  mois  lu- 
naires, et  autres  renseignements  qui  se  rattachent  au  même 
sujet. 

Ch.  lxi.  Influence  du  soleil  et  de  la  lune  sur  ce  monde; 
résumé  des  opinions  émises  à  cet  égard,  et  autres  détails 
analogues. 

Ch.  lxii.  Des  quarts  du  monde,  des  éléments  et  des  vents; 
connaissance  des  propriétés  de  chaque  partie  du  monde, 
l'est,  l'ouest,  le  sud  et  le  nord,  par  suite  de  l'influence  des 
astres. 

Ch.  lxiii.  Edifices  consacrés,  monuments  religieux, 
temples  voués  au  culte  du  soleil,  de  la  lune  et  des  idoles; 
religion  particulière  des  Indiens;  les  astres  et  autre  mer- 
veilles du  monde. 

Ch,  lxiv.  Edifices  consacrés  chez  les  Grecs,  et  leur  des- 
cription. 


CHAPITRE  II.  35 


f  L^À*3jj  (•JlP^  à^^^^  «Xa*  iC^JâxILi  cj>jAAil  v5i>  1(5  t_>L, 

(^^\jij]jJL  (jM»  iLoUâA!  Ai^wMwo  JoUifii^  iL«Jaxjo  c:j^aj  «,5i>  iv  c^L 

jL.».ifc  i^  ^-^-J^  *^*^  (j[)"^»J5  cy^j  (^ jUifc.,y|j5i  1A  cAt 

«>v4^  UÂxi  iXjt^  <Jt  o^«>o  (j>^  ^lx3l    i^U  ^^»  j^i  'l'I  <-»L» 


^  Ajj-^  JI  »iUi>  i  yl^  U^  ^  *Axv» j5i.    VI  çjL 

Ch.  lxv.  Edifices  consacrés  chez  les  anciens  Romains,  et 
leur  description. 

Ch.  lxvi.  Edifices  consacrés  chez  les  Slaves,  et  leur  des- 
cription. 

Ch.  lxvii.  Edilices  consacrés,  monuments  religieux  chez 
les  Sabéens  de  Harran  et  d'autres  villes;  curiosités  qu'ils 
renferment;  renseignements  à  cet  égard. 

Ch.  lxviii.  Renseignements  sur  les  temples  du  feu  ;  leur 
description;  tradition  des  Mages  à  cet  égard,  et  autres  dé- 
tails de  même  nature. 

Ch.  Lxix.  Résumé  de  chronologie  universelle,  depuis  le 
commencement  du  monde  jusqu'à  la  naissance  de  notre 
prophète  Mohammed,  et  autres  détails  analogues. 

Ch.  lxx.  Naissance  du  Prophète;  sa  généalogie,  et  tout 
ce  qui  se  rapporte  à  ce  chapitre, 

Ch.  lxxi.  Mission  du  Prophète;  son  histoire  jusqu'à  sa 
fuite  (hégire). 


36  LES  PRAIRIES  D'OR. 


rf'ÔjA^j  ÎJ^Ui».!  (j-«  ^j  AA-M*.J3  CjUail  (J-^^^  m^s^jSii      Vi    <_>1j 

Sj\.xik.t  (j-«  ^j  Aaa»*jj  t-^llo  jî  0.J  t^  iii!5Xi».  j5i>     va  cjL 

Ch.  lxxii.  Fuite  du  Prophète ,  résumé  des  principaux  faits 
historiques  jusqu'à  sa  mort. 

Ch.  lxxiii.  Récit  abrégé  de  tous  les  événements  et  faits 
historiques  survenus  entre  la  naissance  et  la  mort  de  notre 
saint  Prophète. 

Ch.  lxxiv.  Des  locutions  nouvelles  introduites  par  le  Pro- 
phète, et  inconnues  avant  cette  époque. 

Ch.  lxxv.  Khalifat  d'Abou  Bekr,  le  véridique  [es-siâdik)', 
sa  généalogie;  abrégé  de  sa  vie  et  de  son  histoire. 

Ch.  lxxvi.  Khalifat  d'Omar,  fils  de  Khattab;  sa  généalo- 
gie; abrégé  de  sa  vie  et  de  son  histoire. 

Ch.  lxxvii.  Khalifat  d'Otman,  fils  d'Affan;  sa  généalogie; 
abrégé  de  sa  vie  et  de  son  histoire. 

Ch.  lxxviii.  Khalifat  d'Ali,  fils  d'Abou  Taleb;  sa  généa- 
logie; abrégé  de  sa  vie  et  de  son  histoire;  généalogie  de  ses 
frères  et  sœurs. 


CHAPITRE  II.  37 


r  *^j  t-JLIa  j!   (jjo  ^^  JjJi9jSl>     Ar  t_>l. 


Ch.  lxxix.  Récit  de  la  journée  du  Chameau;  ses  causes; 
combats  livrés  pendant  cette  journée,  et  autres  détails  ana- 
logues. 

Ch.  lxxx.  Résumé  de  ce  qui  s'est  passé  à  Siffin  entre  les 
habitants  de  l'Irak  et  de  la  Syrie. 

Ch.  lxxxi.  Les  deux  arbitres;  causes  qui  ont  amené  l'ar- 
bitrage. 

Ch.  lxxxii.  Guerre  d'Ali  avec  les  habitants  de  Nehrewan , 
surnommés  Chorat  (hérétiques),  et  autres  faits  qui  s'y  rap- 
portent. 

Ch.  lxxxiii.  Meurtre  d'Ali,  fils  d'Abou  Taleb. 

Ch.  Lxxxiv.  Paroles  mémorables  d'Ali;  sa  piété,  et  autres 
anecdotes  sur  le  même  sujet. 

Ch.  lxxxv.  Khalifat  d'el-Haçan,  fils  d'Ali;  résumé  de  son 
histoire  et  de  sa  vie. 


38  LES  PRAIRIES  D'OR. 


t  vJèi^  cJUs  jjl    0J  4^  «Xjf^  *Uu(t  jS'i     11   t_>l» 

Ch.  lxxxvi.  Portrait  de  Moawîah;  sa  politique;  particu- 
larités intéressantes  tirées  de  son  histoire. 

Ch.  lxxxvii.  Règne  de  Moawiah,  fils  d'Abou  Sofîan;  his- 
toire abrégée  de  ce  prince. 

Ch.  lxxxviii.  Les  compagnons  du  Prophète  et  leur  pané- 
gyrique; Ah",  fils  d'Abou  Taleb ;  el-Abbas;  leurs  vertus,  etc. 

Ch.  lxxxix.  Règne  de  Yezid ,  fils  de  Moawiah ,  fils  d'Abou 
Sofian  (que  Dieu  le  maudisse!). 

Ch.  xc.  Meurtre  d'el-Hoçeïn,  fils  d'A!i,  fils  d'Abou  Taleb, 
avec  plusieurs  de  ses  parents  et  de  ses  partisans. 

Ch.  xci.  Nomenclature  des  enfants  d'Ali,  fils  d'Abou 
Taleb. 

Ch.  xcii.  Résumé  de  l'histoire  et  de  la  vie  de  Yezid; 
quelques-unes  de  ses  actions  remarquables,  sa  conduite  à 
Horrah,  etc. 

Ch.  xciii.  Règne  de  Moawiah,  fils  de  Yezid;  Merwan,  fils 


CHAPITRE  II.  39 

ijiAXJ^  ^j-^^  1^^'  cj^  t^^j^'  (:r?  ^^  ^"^i  «i^^^a' 


d'el-Hukm;  Mokhtar,  fils  d'Abou  Obeïd  ;  Abd  Allah,  fils  de 
Zobeir;  quelques  détails  sur  leur  histoire  et  leur  vie;  prin- 
cipaux événements  de  cette  époque. 

Ch,  xciv.  Règne  d'Abd  el-Melik,  fils  de  Merwan;  récit 
abrégé  de  son  histoire  et  de  sa  vie;  el-Hadjadj,  fils  de 
Yousouf  ;  particularités  curieuses  ayant  trait  à  sa  vie  et  à  son 
histoire. 

Ch.  xcv.  Résumé  historique  de  la  vie  d'el-Hadjadj  ;  ses 
discours,  ses  actions  remarquables. 

Ch.  xcvi.  Règne  del-Welid,  fils  d'Abd  el-Melik  ;  résumé 
de  son  histoire  et  de  sa  vie. 

Ch.  xcvii.  Règne  de  Soleiman,  fils  d'Abd  el-Melik;  ré- 
sumé de  son  histoire  et  de  sa  vie. 

Ch.  xcviii.  Khalifat  d'Omar,  fils  d'Abd  el-Aziz,  fils  de 
Merwan,  fils  d'el-Hukm;  détails  sur  son  histoire,  sa  vie  et 
sa  piété. 

Ch.  xcix.  Règne  de  Yezid,  fils  d'Abd  el-Melik;  résumé 
de  son  histoire  et  de  sa  vie. 


40  LES  PRAIRIES  D'OR. 


Ch.  c.  Règne  de  Hicham,  fils  d'Abd  el-Melik,  résumé 
de  son  histoire  et  de  sa  vie. 

Ch.  ci.  Règne  de  Welid,  fds  de  Yezid,  fils  d'Abd  el-Me- 
lik, résumé  de  son  histoire  et  de  sa  vie. 

Ch.  cii.  Règne  de  Yezid,  fils  d'el-Welid,  fils  d'Abd  el- 
Melik,  et  de  son  frère  Ibrahim;  principaux  événements  de 
leurs  règnes. 

Ch.  cm.  Esprit  de  parti  qui  se  déclare  parmi  les  tribus 
du  Yemen  et  de  Nizar;  révolte  contre  les  Ommiades  qui  en 
est  le  résultat. 

Ch.  civ.  Règne  de  Merwan ,  fils  de  Mohammed ,  fils  de 
Merwan ,  fils  d'el-Hukm. 

Ch.  cv.  Du  nombre  d'années  pendant  lesquelles  régnè- 
rent les  Ommiades. 

Ch.  cvi.  De  la  noble  dynastie  des  Abbassides;  quelques 
détails  sur  Merwan;  sa  mort  violente;  résumé  de  son  his- 
toire et  de  son  règne. 


CHAPITRE  H.  ai 


^  /o-^l»l  i  /o.^  (jJ^  Uj  J^Ui-i^  iC5Coîj.AJ|  j5i>     III-  cjL 
U  çlj  ^j*-»^i  SjW^'  (iM  J«-5^j  (J^-«^l  iii^Xcfc  j5i)     lir  cjL 

Ch.  cvii.  Khalifat  d'es-Saflah  ;  résumé  de  son  histoire, 
de  sa  vie  et  des  événements  de  cette  époque. 

Cii.  cviii.  Khalifat  d'Abou  Djafar  el-Mansour;  résumé  de 
son  histoire,  de  sa  vie  et  des  événements  de  cette  époque. 

Ch.  cix.  Khalifat  d'el-Mehdi;  résumé  de  son  histoire,  de 
sa  vie  et  des  événements  de  cette  époque. 

Cii.  ex.  Khalifat  d'ei-Hadi;  résumé  de  son  histoire,  de  sa 
vie  et  des  événements  de  cette  époque. 

Ch.  cxi.  Khalifat  d'er-Rechid;  résumé  de  son  histoire, 
de  sa  vie  et  des  événements  de  cette  époque. 

Ch.  cxii.  Histoire  des  Barmékides;  rôle  qu'ils  ont  joué  à 
cette  époque. 

Ch.  cxiii.  Khalifat  d'el-Amin;  résumé  de  son  histoire,  de 
sa  vie;  abrégé  des  principaux  événements  de  celte  époque. 


42  LES  PRAIRIES  D'OR. 


Utf  kJ,^  oj.*^^  oj\*â,\  (j^  cK-!?^j  J^jdl  iiJt^Kcfc  jjÎ     llv  cjU 

Ch.  cxiv.  Khalifat  d'el-Mamoun ;  résumé  de  son  histoire, 
de  sa  vie,  et  récit  abrégé  des  principaux  événements  de  cette 
époque. 

Ch.  cxv.  Khalifat  d'ei-Motaçem ;  résumé  de  son  histoire, 
de  sa  vie ,  et  récit  abrégé  des  principaux  événements  de  cette 
époque. 

Ch.  cxvi.  Khalifat  d'el-Watiq;  résumé  de  son  histoire ,  de 
sa  vie,  et  récit  abrégé  des  principaux  événements  de  cette 
époque. 

Ch.  gxvii.  Khah'fat  d'el-MotewakItil  ;  résumé  de  son  his- 
toire, de  sa  vie,  et  récit  abrégé  des  principaux  événements 
de  cette  époque. 

Ch.  cxviii.  Khalifat  d'el-Mountasir,  résumé  de  son  his- 
toire, de  sa  vie,  et  récit  abrégé  des  principaux  événements 
de  cette  époque. 

Ch.  cxix.  Khalifat  d'el-Mostaïn;  résumé  de  son  histoire, 
de  sa  vie;  abrégé  des  principaux  événements  de  cette  époque. 


CHAPITRE  II.  43 


Ch.  cxx.  Khalifat  d'el-Motazz ;  résumé  de  son  histoire,  de 
sa  vie;  abrégé  des  principaux  événements  de  celle  époque. 

Ch.  cxxi.  Khalifat  del-Mohladi,  résumé  de  son  histoire, 
de  sa  vie,  et  récit  al)régé  des  principaux  événements  de  cette 
époque. 

Cii.  cxxii.  Kholifat  d'cl-Motamid ,  résumé  de  son  histoire, 
de  sa  vie,  et  récit  abrégé  des  principaux  événements  de  celte 
époque. 

Ch.  cxxiii.  Khalifat  d'el-Motaded;  résumé  de  son  histoire, 
de  sa  vie,  et  récit  abrégé  des  principaux  événements  de  cette 
époque. 

Ch.  cxxiv.  Khalifat  d'el-Moklafi  ;  résumé  de  son  histoire, 
de  sa  vie,  et  récit  abrégé  des  principaux  événements  de  cette 
époque. 

Ch.  cxxv.  Khalifat  d'el-Moktadir;  résumé  de  son  histoire, 
de  sa  vie  et  des  principaux  événements  de  cette  époque. 


44  LES  PRAIRIES  D'OR. 


(T   A^l 


OiJ»pi   Î*XJB  Jî    »)^^î    (J-»  à^i    g;^'    ^^^  J^^      "*''    V^^ 

Gh.  cxxvi.  Khalifat  d'el-Kaher;  résumé  de  son  histoire, 
de  sa  vie,  et  récit  abrégé  des  principaux  événements  de  cette 
époque. 

Ch.  cxxvii.  Khalifat  d'er-Radi;  résumé  de  son  histoire, 
de  sa  vie ,  et  récit  abrégé  des  principaux  événements  de  cette 
époque. 

Ch.  cxxviii.  Khalifat  d'el-Mottaki;  résumé  de  son  his- 
toire, de  sa  vie,  et  récit  abrégé  des  principaux  événements 
de  cette  époque. 

Gh.  cxxix.  Khalifat  d'el-Mostakfi;  résumé  de  son  histoire, 
de  sa  vie,  et  récit  abrégé  des  principaux  événements  de  cette 
époque. 

Ch.  cxxx.  Khalifat  d'el-Mouti;  résumé  de  son  histoire, 
de  sa  vie,  et  récit  abrégé  des  principaux  événements  de  cette 
époque. 

Ch.  cxxxi.  Second  résumé  chronologique  depuis  l'hégire 
jusqu'à  la  présente  époque,  c'est-àdire  le  mois  de  djomada 


CHAPITRE  II.  45 

Iàa^ajI  <\Ai  ^*>JI  iùUU'jj  ^aÀj^  c>-iw  iU^»  Jj^i  j^àlç^  ^^^ 

jb.y|  ^j^-»->J  -jAxJI  ^i^5  (J-»  bj5i>  Ltf  t_>b  Ja  i  <jt»  «Xi  Xit  ^^ 
J^lSl^liXji^j  *UÀ~I  ;<'^U  Ia^  Js^u^Àj  4^  <Xj5j,jÎ  (j>«  U>«<Xi  U 

premier,  l'an  trois  cent  trente-six.  C'est  à  cette  date  que  nous 
avons  terminé  ce  livre. 

Ch.  cxxxii.  Nomenclature  des  chefs  du  Pèlerinage,  de- 
puis l'origine  de  l'islamisme  jusqu'à  l'année  trois  cent  trente- 
cinq. 

L'auteur  ajoute  :  Tel  est  le  sommaire  des  chapitres  con- 
tenus dans  ce  livre;  mais  on  trouvera,  en  cuire,  dans  cha^ 
cun  de  ces  chapitres,  différents  faits  relatifs  aux  sciences,  à 
la  tradition  et  à  l'histoire,  qui  ne  sont  pas  énoncés  dans  le 
tilre.  Fidèle  à  la  classification  qui  précède,  nous  consacrons 
à  la  chronique  des  khalifes  et  à  la  durée  de  leur  vie  un  pa- 
ragraphe distinct  de  leur  biographie  et  de  leur  histoire. 
Nous  passons  ensuite  en  revue  les  faits  principaux  de  leur 
règne,  les  traits  remarquables  de  leur  vie;  nous  résumons 
enfin  les  événements  importants  de  l'époque,  l'histoire  de 
leurs  vézirs,  et  les  sciences  qui  étaient  l'objet  de  leurs  réu- 
nions académiques.  Nous  faisons  aussi  de  fréquentes  allu- 
sions aux  sujets  analogues  que  nous  avons  développés  dans 


^6  LES  PRAIRIES  D'OR. 

>*  4Mt  yî  p^Um^î  J^î  ^  ijcçr  iLUî  j^î  ^^-1  ^^i^t^JL!  Jb 

ceux  de  nos  ouvrages  précédents   qui  se  rapportent  aux 
mêmes  matières. 

Le  nombre  total  des  chapitres  que  renferme  ce  livre  est 
décent  trente-deux.  Le  premier  a  pour  titre,  «  Généralités  sur 
le  but  de  ce  livre;  »  le  second  est  intitulé,  «  Table  des  cha- 
pitres que  renferme  cet  ouvrage,  »  et  le  dernier  :  «  Nomen- 
clature des  chefs  qui  ont  conduit  les  pèlerins  à  la  Mecque, 
depuis  l'origine  de  l'islamisme  jusqu'à  l'année  trois  cent 
trente-cinq.  » 

CHAPITRE  m. 

DD  COMMENCEMENT  DES  CHOSES;  DE  LA  CREATION  ET  DE  LA 
GÉNÉRATION  DES  ÊTRES. 

Toutes  les  sectes  musulmanes  s'accordent  à  dire  que 
Dieu,  le  tout-puissant,  créa  l'univers  sans  modèle  et  le  tira 
du  néant.  D'après  une  tradition  qui  remonte  à  Ibn  Abbas  et 


CHAPITRE  m.  47 

Aw  (j^  ^j^^  t>->-^  c>^  u'  ■=*!;'  ^  *^'  (^  *r;*  u^ 

cy^-il  çj^Ja^lsjjULs*.  uÀAkJ  4>\|   ^jî  ^î  l^  cyL»  (jb)^'!  i  jl 
JLJÎj  (Jlxï   AÎ^    dUS^   K^jÀi  JUil  ^4^^  Qg*;U  (jb^'i't   LjJyUyià 

à  d'autres  docteurs,  la  première  chose  créée  par  Dieu  fut 
l'eau,  et  le  trône  divin  était  porté  par  cet  élément.  Lorsque 
Dieu  voulut  entreprendre  l'œuvre  de  la  création ,  il  fit  sor- 
tir de  l'eau  une  vapeur  qui  s'éleva  au-dessus  d'elle  et  forma 
le  ciel;  puis  il  dessécha  la  masse  liquide  et  la  transforma  en 
une  terre  qu'il  partagea  ensuite  en  sept.  Cette  œuvre  fut  ter- 
minée en  deux  jours,  le  dimanche  et  le  lundi.  Dieu,  en 
créant  la  terre,  la  plaça  sur  un  poisson,  ainsi  qu'il  le  dit 
dans  son  Koran  (lxviii,  i)  :  «  Par  la  plume  et  ce  qu'ils  écri 
vent,  par  le  poisson,  etc.  »  Il  mit  le  poisson  et  l'eau  sur  des 
blocs  de  pierre,  ces  blocs  sur  le  dos  d'un  ange,  l'ange  sur 
un  rocher,  et  le  rocher  sur  le  vent.  Il  est  fait  mention  de 
ce  rocher  dans  le  Koran ,  lorsque  Lokman  dit  à  son  fds  : 
«O  mon  enfant,  le  moindre  grain  de  sénevé,  fût-il  sur  le 
rocher,  au  ciel  ou  dans  la  terre,  sera  produit  au  grand  jour 
par  Dieu,  car  Dieu  pénètre  et  sait  toutes  choses.  »  (xxi,  i5.) 
Les  mouvements  du  poisson  donnant  à  la  terre  de  violentes 
secousses,  Dieu  y  fixa  les  montagnes  et  elle  devint  stable, 


Zt8  LES  PRAIRIES  D'OR. 

tr*  c^^^JD  ^-ft-*-9  cK«=*j  (J?4.^î   <r^  >^^  tiltXJÎ  iJ  U!>^*^j 

^îllî  (jrt.-ij  (j.«  ^jLsfc«xJI  iil3i  y!so  ^jtjUo  Uaj\  IajIjj  I1ûj.i 

A.AJ    «Jj:    AJ^     ii**4l  ^;^»-»w    Lci^    ***.4^5    (J*''-^-«'==^    f»^:?  i    (Jr-^ 

ainsi  qu'il  est  dit  dans  le  Koran  (xvi,  i5)  :  «  Il  a  jeté  de  so- 
lides montagnes  sur  la  terre,  pour  qu'elle  ne  vous  entraîne 
pas  dans  ses  secousses.  »  Les  montagnes,  la  nourriture  des 
habitants  de  la  terre,  les  arbres  et  tout  ce  qui  était  néces- 
saire ,  furent  créés  en  deux  jours,  le  mardi  et  le  mercredi  ;  aussi 
on  lit  dans  le  Koran  (xli,  8-io)  :  «Dis-leur  :  Pourriez-vous 
méconnaître  celui  qui  a  créé  la  terre  en  deux  jours,  et  ose- 
riez-vous  lui  donner  des  égaux,  à  lui,  le  maître  de  l'univers? 
Il  a  placé  de  solides  montagnes  sur  la  terre,  il  l'a  bénie,  et 
il  a  pourvu  à  la  subsistance  de  ceux  qui  l'implorent ,  et  cet 
ouvrage  a  été  terminé  en  quatre  jours.  »  Puis  Dieu  remonta 
vers  le  ciel,  qui  n'était  qu'une  vapeur,  et  il  lui  dit  ainsi  qu'à 
la  terre  :  «  Venez  de  gré  ou  de  force.  »  Tous  deux  répondirent  : 
«  Nous  venons  avec  obéissance.  »  De  cette  vapeur  provenant 
des  exhalaisons  de  l'eau,  Dieu  fit  un  seul  ciel,  qu'il  divisa 
en  sept  autres  cieux,  en  l'espace  de  deux  jours,  le  jeudi  et 
le  vendredi.  Ce  dernier  n'a  été  nommé  Djoiima,  ou  réu- 
nion ,  que  parce  que  la  création  des  cieux  fut  réunie  à  celle 
de  la  terre  pendant  ce  jour.  Dieu  dit  ensuite  {Koran,  xli, 


CHAPITRE  III.  49 

4J-»  iUjUjI  *l.fuJîj  *ry,AJaifc.  i^^j^j  CJ^  tojJl  *l.çw  (jî^  i»>««Jl 
iL»jipi    *UuJ!^  ■'^Lt*^  *^y»l»  (J-*  -NiîUJi  ^UwJij  ^^AàAJ  AAài 

AjlfW^  ïj-ffM*^  (^  *.^î«Xjj|    cy^jijUMÎj   AXjLnJI  (jb^i'î   A-^XiS-jt 

^  *X-^^I   uijjtît  ^i  4MÎ  iiî  Ail  ii  tj^yb  -Pj  uii,Jtlî  (JJIaS 

11),  «Et  il  révéla  à  chaque  ciel  ce  qui  le  concernait;»  ce 
qui  signifie  qu'il  créa  dans  chaque  ciel  les  anges,  les  mers 
et  les  montagnes  de  glace  qu'il  renferme. 

Le  ciel  placé  au-dessus  de  la  terre  est  en  émeraude  verte; 
le  second  ciel  est  en  argent;  le  troisième  en  rubis  rouge;  le 
quatrième  en  perle;  le  cinquième  en  or  pur;  le  sixième  en 
topaze;  le  septième  est  une  masse  de  feu  et  est  couvert  d'an- 
ges qui,  debout  sur  un  seul  pied,  chantent  les  louanges  de 
Dieu  parce  qu'ils  sont  près  de  lui.  Leurs  jambes  traversent 
la  septième  terre,  et  la  plante  de  leur  pied  repose  au-des- 
sous de  celte  terre,  à  une  profondeur  qu'il  faudrait  cinq 
cents  ans  pour  atteindre,  tandis  que  leurs  têtes  se  trouvent 
sous  le  trône,  sans  pourtant  le  toucher.  Ils  disent  :  «Il  n'y 
a  de  dieu  que  Dieu,  le  maître  du  trône  glorieux!  »  [Koran, 
Lxxxv,  i5.)  Placés  là  depuis  leur  création,  ils  y  resteront 
jusqu'à  l'heure  du  jugement.  Sous  le  trône  est  une  mer, 
d'où  descend  la  subsistance  de  tous  les  êtres  vivants.  Obéis- 
sant à  la  volonté  divine,  elle  transmet  d'un  ciel  à  l'autre  la 


50  LES  PRAIRIES  D'OR. 

J^S  (j4^  ^JiXsfc  (j^  èjj  LljjbjiJ!  j^  (jj^'  <i^'  '^l  (jîj 

t«X^J    !^-Ci«M3    <B>^ÂAJ    AAAOm    ]jJ^J    y {3    /»>>^^i    1»^    l^^^tMO 

quantité  de  pluie  fixée  par  Dieu,  jusqu'à  l'endroit  nommé 
el-Abram.  Dieu  commande  ensuite  au  vent,  et  il  porte  l'eau 
aux  nuages,  qui  la  tamisent  comme  un  crible.  Sous  le  ciel 
qui  recouvre  la  terre  est  une  nier  toute  remplie  d'animaux 
qui  ressemblent  à  ceux  qui  vivent  dans  les  mers  de  notre 
globe,  et  ils  y  sont  retenus  par  la  puissance  divine. 

Après  avoir  terminé  la  création  de  la  terre,  Dieu  la  peu- 
pla de  génies  [Djins]  avant  d'y  placer  Adam;  «  il  les  créa  du 
feu  le  plus  pur»  [Koran,  Lv,  lA),  et  parmi  eux  se  trouvait 
Iblis  (le  diable).  Dieu  leur  défendit  de  verser  le  sang  des 
animaux  et  de  se  révolter  les  uns  contre  les  autres;  mais  ils 
répandirent  le  sang  et  se  combattirent  mutuellement.  Lors- 
qu'Iblis  vit  que  les  génies  ne  s'abstenaient  d'aucune  mau- 
vaise action,  il  pria  Dieu  de  l'élever  au  ciel,  où  il  unit  ses 
ferventes  adorations  à  celles  des  anges.  Dieu  envoya  contre 
les  génies,  qui  sont  de  la  race  d'Iblis,  une  troupe  d'anges 
qui  les  repoussèrent  jusque  dans  les  îles  des  différentes 
mers,  après  avoir  exterminé  ceux  dont  Dieu  ordonna  la 
mort.  Iblis,  qui  avait  été  institué  par  Dieu  comme  gardien 


CHAPITRE  III.  51 

Î^LiL»  iuuXi-  (jb^i^l  i  tKftW"  à'  ii5o:5>wtJ  Jliii  -it  i^Ai»?  yî 

du  ciel  voisin  de  la  terre,  laissa  envahir  son  cœur  par  l'or- 
gueil. Lorsque  Dieu  voulut  créer  Adam,  il  dit  aux  anges:  «  Je 
vais  établir  mon  vicaire  sur  la  terre.  »  Les  anges  répondirent: 
«  Seigneur,  qui  sera  ce  vicaire?  »  Dieu  dit  alors  :  «  H  aura  des 
descendants  qui  feront  le  mal;  ils  se  haïront  et  s'extermine- 
ront les  uns  les  autres.  »  Les  anges  reprirent  :  «Seigneur, 
veux-tu  donc  placer  sur  la  terre  une  créature  qui  la  couvrira 
de  désordres  et  de  sang,  tandis  que  nous  célébrons  tes 
louanges  et  que  nous  te  bénissons?  »  Dieu  répondit  :  «  Je  sais 
ce  que  vous  ignorez.  »  {Koran,  ii,  28.)  Puis  il  envoya  Gabriel 
sur  la  terre  pour  qu'il  lui  en  rapportât  de  l'argile;  mais  la 
terre  dit  à  l'ange:  «  J'invoque  Dieu  contre  toi  si  tu  as  l'inten- 
tion de  me  nuire.  » 

Gabriel  s'éloigna  donc  sans  remplir  sa  mission.  Dieu  en- 
voya Michel ,  auquel  la  terre  adressa  les  mêmes  paroles,  et 
qui  partit  aussi  sans  prendre  d'argile.  Dieu  envoya  enfin  l'ange 
de  la  mort,  contre  lequel  la  terre  invoqua  encore  l'appui 
divin;  mais  l'ange  lui  dit,  «  Que  Dieu  me  préserve  de  m'en 
relourner  sans  avoir  exécuté  son  ordre  !  »  puis  il  prit  de  la 


52  LES  PRAIRIES  D'OR. 

^  (^j%.jL-LaJ^  -iî  y>i  ZJ"^  «iUtXAi  '-'tfï^j  ^J'^i  ^i>yM  ^oj^i 

U/ia^U»  (Jjis^  JUjj   ti);Ui'  ^1  «J^^^Ars-^  ^^_^^  «^^î    viU^  4MÎ 

yKJL^^    (^yCj   (£^-^    iOy'j    A$    »^AU    (^XJj)     (JâAO     XÙlXi     (JJV*J   lAi' 

iL>U  A^A-Lft  jl  ^^rw  jL^l^  JIaûA^  (j-*  ^jy  ^  ^i^i  ^jy^ 

terre  noire,  rouge  et  blanche,  et  c'est  pour  cette  raison  que 
les  hommes  diffèrent  de  couleur.  Le  premier  homme  fut 
nommé  Adam,  parce  qu'il  a  été  tiré  de  la  surface  [adim) 
de  la  terre  ;  mais  on  donne  aussi  d'autres  explications  à  ce 
nom.  Dieu  confia  la  mort  à  l'ange  de  la  mort.  Puis  il  pétrit 
cette  argile  et  la  laissa  pendant  quarante  ans ,  pour  qu'elle 
formât  une  masse  unie  et  compacte;  il  la  laissa  encore  pen- 
dant le  même  espace  de  temps,  jusqu'à  ce  qu'elle  devînt 
fétide  et  se  corrompît.  Ainsi  il  est  dit  dans  le  Koran  (xv,  26): 
«Formé  d'une  argile  masnoun,»  c'est-à-dire  fétide.  Dieu 
donna  à  ce  limon  la  forme  humaine,  mais  le  laissa  sans  âme 
comme  un  vase  de  terre,  pendant  cent  vingt  ans,  ou,  selon 
d'autres,  pendant  quarante  ans.  Voilà  pourquoi  il  est  dit 
dans  le  Koran  (lxxxvi,  1)  :  «  L'homme  n'esl-il  pas  demeuré 
longtemps  sans  qu'il  fût  digne  d'avoir  un  nom?  »  Les  anges, 
en  passant  devant  ce  corps,  furent  saisis  de  frayeur.  Iblis, 
plus  effrayé  encore,  le  heurta  du  pied  en  passant  près  de  lui , 
ce  qui  produisit  un  son  semblable  à  celui  d'un  vase  de  terre; 
c'est  ainsi  qu'il  faut  entendre  le  mot  salsal,  dans  ce  passage 


CHAPITRE  III.  53 

tj<X:St|  icXïîUJ  JliJ  ^jj^î  ***  ^-*J  u'  ^î  ^b'  ^  ooiXi.  U 

^y-^i  LTH^^^  U*^-*^i  bl^  (jo;^i  i  ULsJw^  ovàS"^^  JJl 
JLw;!^   j)oUw  i  Ji^jJ^-v-ft  ^^OJI   bîj  iujIjjTb  ^ydlj  jjjJl» 

^jjj«xJt  -^  cil  (s^  ^i^-iy^  tjîj  (<N^j  ^^  W*^  S-^'  ^  "^^ 

4-*J&i>^  ry^'  CAi^î  -^  «jî  «>^JàjU  (j^ïxfcj  j»^  (il  A^l  JU»fci 
^jj^  àj-j^Jb  j.iiij-«l   aS*-=»I  (j^j  2^  (^«Xll  4^L«l!   (j**JS^t  4^ 

du  Koran  (lv,  i3)  «  d'un  bruit  analogue  à  celui  d'un  vase 
d'argile;  »  on  explique  aussi  ce  terme  d'une  manière  diffé- 
rente de  la  nôtre.  Iblis  pénétra  dans  la  bouche  et  ressortit 
du  côté  opposé ,  en  disant:  «  Dans  quel  but  as-tu  été  créé?  » 
Lorsque  Dieu  voulut  animer  ce  corps  du  souffle  de  la  vie, 
il  ordonna  aux  anges  de  se  prosterner  devant  Adam;  tous 
obéirent  à  l'exception  d'Iblis,  qui,  dans  l'excès  de  son  or- 
gueil, s'écria  :  «Seigneur,  je  suis  meilleur  que  lui,  car  tu 
m'as  créé  de  feu,  tandis  que  tu  l'as  formé  d'argile.  »  {Koran, 
XXXVIII,  77.)  Or  le  feu  est  plus  noble  que  l'argile;  c'est  moi 
que  tu  avais  établi  comme  ton  vicaire  sur  la  terre;  j'ai  des 
ailes,  une  auréole  de  lumière,  et  ma  tète  est  couronnée  de 
noblesse;  c'est  moi  qui  t'ai  adoré  au  ciel  et  sur  la  terre.  » 
Dieu  lui  répondit  :  «Sors  d'ici,  car  tu  es  lapidé;  que  ma 
malédiction  pèse  sur  toi  jusqu'au  jour  du  jugement!  »  {Ibid. 
XXXVIII,  78  et  seq.)  Iblis  demanda  un  répit  jusqu'au  jour 
de  la  résurrection,  et  Dieu  le  lui  accorda  «jusqu'au  terme 
fixé.  »  [Ibid.  82.)  Ce  fut  ainsi  que  le  nom  d'Iblis  reçut  le 


54  LES  PRAIRIES  D'OR. 

ayâilî^  :>^f^if  i^jy>^  '^^/^  U^  p^'  u'  tsb  fcJ^  U-^' 

x-viixj  ,i  o-Lï*.  L.t*-J   (j^i  ^^^-JD  tJ-*  ''^  ''^^  ^  fi^  ^^ 


sens  qu'on  lui  attribue  [diaholus) ,  et  à  cause  de  lui  fut  donné 
l'ordre  de  se  prosterner  devant  Adam.  Quelques  personnes 
pensent  qu'Adam  n  était  que  le  mihrab  ou  la  direction  vers 
laquelle  devaient  se  tourner  les  anges  qui  avaient  reçu  cet 
ordre,  mais  que  le  véritable  objet  de  l'adoration  était  le 
Créateur,  et  que  c'est  ainsi  que  les  serviteurs  de  Dieu  doivent 
se  soumettre  et  obéir  à  sa  volonté  dans  l'examen  et  les 
épreuves  qu'il  leur  impose.  H  y  a  encore  d'autres  opinions 
à  cet  égard.  Dieu  fit  pénétrer  son  souffle  dans  l'homme,  et 
à  mesure  qu'une  partie  du  corps  était  animée  par  ce  souffle , 
elle  tendait  à  s'asseoir;  Dieu  dit  alors  :  a  L'homme  est  créé 
trop  prompt.»  [Koran,  xvii,  12.)  Lorsque  le  souffle  divin 
l'eut  rempli  entièrement,  l'homme  éternua,  et  Dieu  lui  dit  : 
«  Prononce  les  mots  :  «  Louanges  à  Dieu ,  pour  que  ton  Sei- 
«  gueur  te  fasse  miséricorde,  ô  Adam!  » 

Le  récit  qu'on  vient  de  lire  sur  l'origine  de  la  création 
nous  est  donné  par  la  révélation;  il  a  été  transmis  orale- 
ment de  génération  en  génération ,  et  l'antiquité  l'a  légué 
aux  âges  modernes.  Nous  le  rapportons  tel  que  nous  l'avons 


CHAPITRE  III.  55 

recueilli  de  la  bouche  des  anciens,  tel  que  nous  l'avons 
trouvé  dans  leurs  livres;  il  est  accompagné  des  arguments 
qui  prouvent  d'une  manière  évidente  que  le  monde  est  créé 
et  tiré  du  néant.  Mais  nous  ne  voulons  mentionner  ici  ni 
l'opinion  des  sectes  religieuses  qui  acceptent  et  soutiennent 
le  système  de  la  création,  ni  les  arguments  qu'elles  oppo- 
sent aux  sectes  dissidentes  qui  affirment  l'éternité  du  monde; 
nous  avons  traité  ces  matières  dans  nos  écrits  précédents. 
On  trouvera  d'ailleurs  dans  plusieurs  passages  de  ce  livre 
un  résumé  des  sciences  spéculatives,  des  arguments  et  des 
discussions  relatives  à  un  grand  nombre  d'opinions  philo- 
sophiques; mais  ces  renseignements  suivront  toujours  la 
marche  des  faits  historiques. 

Une  tradition  qui  remonte  au  prince  des  croyants,  Ali, 
filsd'Abou  Taleb,  dit  que  lorsque  Dieu  voulut  établir  les 
lois  de  l'univers,  jeter  les  germes  des  êtres  et  produire  ia 
création,  il  donna  à  ces  germes  la  forme  d'atomes,  avant 
d'étendre  la  terre  et  d'élever  les  cieux.  Au  sein  de  sa  royauté 
sans  partage  et  de  sa  glorieuse  unité,  il  prit  un  rayon  de  sa 


56  LES  PRAIRIES  D'OR. 

jf.  n  ^  -^  «X4^  ^'ÀAAj  iijy<*o  wlJi>  ^1^  iujUljyâjl  dXXj  lo^^ 

»i)*XJL*j  t-wr^V-J-ll  jUli^î  OOÎ  Job  (j^  J^^J*  4MI  JUi 
tj,oaj|jjljJî_5  ^4^5  v'*XjJ!^  Vl>*^^  cX^^'j  -«ttfuJt  ^îj  -^^îlil 

iuyji^j^U  it^>\.^AMJl  X>l.^S^  ^S  «Xi^t  a!»  (^(.Aj|«>s.»>^j  (X)*^  c^ 

lumière,  une  étincelle  de  son  foyer  de  splendeur.  Cette  lu- 
mière ,  en  se  répandant ,  se  concentra  au  milieu  de  ces  atomes 
invisibles  et  s'unit  à  la  forme  de  notre  saint  prophète  Mo- 
hammed. 

Dieu  prononça  alors  ces  augustes  paroles  :  «  Tu  es  l'élu 
et  le  choisi;  je  dépose  en  toi  ma  lumière  et  les  trésors  de 
ma  grâce;  pour  toi  j'étendrai  le  lit  des  vallées,  je  donnerai 
un  libre  cours  à  l'eau ,  j'élèverai  le  ciel ,  et  je  distribuerai 
les  récompenses  et  les  châtiments,  le  Paradis  et  l'Enfer. 
En  ta  faveur,  je  ferai  des  membres  de  ta  famille  les  guides 
du  salut,  je  leur  révélerai  les  secrets  de  ma  science,  afin 
qu'il  n'y  ait  plus  pour  eux  de  subtilités  ou  de  mystères  ;  ils 
seront  la  preuve  de  ma  création ,  les  apôtres  de  ma  toute- 
puissance  et  de  mon  unité.  »  Dieu  prit  ensuite  le  témoi- 
gnage de  sa  toute-puissance  et  la  croyance  pure  en  son  unité, 
et  à  ces  deux  dogmes ,  qu'il  disposa  selon  sa  sagesse,  il  ajouta, 
dans  l'intelligence  des  créatures ,  la  notion  de  l'élection  de 
Mohammed  et  de  sa  famille  ;  il  montra  à  la  création  que  la 
direction  dans  le  salut  et  la  lumière  de  la  foi  appartenaient 


CHAPITRE  III.  57 

j^J  AaXc  4M!  ^^^-o  <Xj^  »yj  o«Xx&-jJÙ  y^j  l^Jt,Jii.t  r'ij'^ 


à  Mohammed,  comme  la  suprématie  religieuse  [imameh.) 
à  sa  famille,  en  devançant  ainsi  la  loi  de  la  justice  (le  Ko- 
ran)  et  en  prévenant  toute  excuse.  Puis  Dieu  ensevelit  la 
créature  dans  le  monde  invisible  et  la  cacha  dans  les  mys- 
tères de  sa  science.  Il  posa  les  mondes,  déroula  le  temps, 
souleva  les  flots  et  fit  surnager  l'écume  et  monter  la  vapeur. 
Le  trône  divin  flottait  encore  sur  l'eau;  Dieu  étendit  la 
terre  sur  cette  surface  liquide,  et  tira  de  l'eau  une  vapeur 
dont  il  forma  le  ciel.  Il  somma  le  ciel  et  la  terre  de  lui  obéir, 
et  ils  reconnurent  sa  puissance.  Dieu  créa  ensuite  les  anges, 
qu'il  forma  des  lumières  et  des  esprits  tirés  par  lui  du  néant, 
et  il  unit  au  dogme  de  son  unité  celui  de  la  mission  pro- 
phétique de  Mohammed.  Cette  croyance  fut  ainsi  répandue 
dans  le  ciel  avant  que  le  Prophète  accomplît  sa  mission  sur 
la  terre. 

Après  avoir  créé  Adam,  Dieu  fit  connaître  aux  anges  la 
haute  dignité  de  l'homme  et  la  supériorité  de  science  qu'il 
lui  avait  accordée  sur  eux;  pour  le  prouver,  il  lui  fît  nom- 
mer tous  les  objets  de  la  création.  Adam  fut  donc  désigné 


58  LES  PRAIRIES  D'OR. 

ojLv-j  j-jç^  (j^  j,it  làj».  yl<3     iiXj^Uî  «XÀfi  UUt  »Uw  y{ 

J-»a3  yl  Jî  ijU)Jt  o^'jUil  Uis?  4MÎ  J;^  ^j   ^bjy  ^i>yKMéje, 

\jMi  A4jJsj_5  UlsU^  I^Uâ  (j*,UJ|  UtXi  cyl^jjijiîl  j-IûUo  i  IJv^ 
X«Jo  t5*>Jî   ♦>^-^i   t^  ^■M^t   -^LnwJI    ifjXs.  ^ù>JJm\^  b^K*!^ 

par  Dieu  comme  un  mihrah,  une  kaabàh,  une  porte  sainte 
ou  une  Jtiblah  vers  laquelle  les  purs  esprits  et  les  anges  de 
lumière  devaient  se  tourner  pour  prier. 

Dieu  avertit  le  premier  homme  du  dépôt  qui  lui  était 
confié  et  lui  révéla  le  précieux  trésor  qu'il  avait  confié  à  sa 
garde,  après  l'avoir  désigné  comme  imam  en  présence  des 
anges.  Adam  eut  ainsi  le  glorieux  privilège  d'être  honoré 
comme  le  gardien  de  la  lumière  divine;  mais  Dieu  conti- 
nua à  cacher  cette  lumière  sous  le  voile  du  temps,  jusqu'à 
ce  qu'il  daignât  tirer  Mohammed  du  canal  de  la  grâce  (voy. 
ci-après).  Celui-ci  appela  les  hommes  (à  la  foi)  en  public 
ou  en  particulier,  il  prêcha  en  secret  et  ouvertement;  il  ne 
cessa  de  rappeler  aux  hommes  l'époque  antérieure  à  sa  ve- 
nue, mais  où  il  existait  déjà  comme  un  germe  céleste.  Ceux 
à  qui  s'était  communiquée  une  étincelle  du  flambeau  de  la 
lumière  primitive  pénétrèrent  dans  ce  secret  et  le  com- 
prirent clairement;  ceux  qui  conservèrent  le  bandeau  de 
l'ignorance  furent  l'objet  de  sa  colère.  Après  Mohammed,  la 
lumière  a  été  transmise  aux  plus  nobles  d'entre  nous  (les 
Alides) ,  et  elle  a  brillé  dans  nos  imams.  Nous  sommes  donc 


CHAPITRE  III.  59 

lÀAji'j-j  «^Lamuc  (j-é  iUj»ÀJ{  (j4^  (:3^-i^5  <-fj  S-j  ^jjJij^jJLI 
^^  \XXi\  «Xi  bi^  Vgivisj  jLjk^iil  »«Xi^  «XajUmI  qj^  jjuiSjSù^ 

les  lumières  du  ciel  et  celles  de  la  terre;  en  nous  est  le  sa- 
lut, de  nous  sort  le  secret  de  la  science,  et  c'est  vers  nous 
que  tout  doit  aboutir.  Un  guide,  pris  parmi  nous,  fournira 
les  preuves  décisives;  il  sera  le  sceau  des  imams,  le  sauveur 
de  la  nation,  le  foyer  de  la  lumière  et  la  source  de  toutes 
choses.  Nous  sommes  les  plus  nobles  des  créatures,  l'élite 
des  êtres  et  la  preuve  vivante  du  maître  des  mondes.  Heu- 
reux donc  celui  qui  s'attache  à  notre  suprématie  et  qui  se 
laisse  guider  par  nous! 

Telle  est  la  tradition  enseignée  par  Abou  Abd  Allah  Dja- 
far  ben  Mohammed,  d'après  son  père  Mohammed  ben  Ali, 
d'après  son  père  Ali  ben  el-Horein ,  d'après  son  père  el-Ho- 
çein,  d'après  son  père  l'émir  des  croyants,  Ali,  fils  d'Abou 
Taleb. 

Nous  ne  chercherons  pas  à  citer  toutes  les  autorités  qui 
appuient  cette  tradition,  ni  ses  variantes;  nous  l'avons  déjà 
développée  dans  nos  ouvrages  précédents,  en  la  rattachant 
historiquement  à  toutes  les  sources  auxquelles  nous  l'avons 
puisée.  Mais  dans  ce  livre  nous  craindrions  les  répétitions  et 
les  longueurs. 

Voici  ce  qu'on  lit  dans  le  Pentateuque  (  Tourah) ,  «  Dieu 


60  LES  PRAIRIES  D'OR. 

viU«kJ  àj^l  «NJCls  CAXwJl  -^  ^b^'  *T^AJÎ  y^^  (Jr-ÂJ'i'i 
»^^  CJ-*  -lij  ^-*Jlt   yî  cKa^-^Î  J^I  /oJt;^  t«5s**  <^«^V>*Jt  h»^ 

W 

(^jvmi^^  iU>M>  (5Ù>1«  r»^   %^j  y^^  c:>\.&Um  CaAS'  lÂXJi  »Xi9  i^ka^* 

(jMAJ^j  AJvià.  (^«xJi    ^^^t   ^^'*^i  ij$^^^  cKsr»  c^  <-AJtXj^ 

commença  la  création  le  lundi,  et  la  termina  le  jour  du  sab- 
bat; »  voilà  pourquoi  les  Juifs  ont  fait  du  sabbat  un  jour  con- 
sacré. Les  sectateurs  de  l'Évangile ,  croyant  que  le  Messie  est 
sorti  de  son  tombeau  le  dimanche,  ont  adopté  ce  jour  comme 
jour  de  fête.  Mais  la  plupart  des  jurisconsultes  et  des  tradi- 
tionnistes  pensent  que  la  création  commença  le  dimanche 
et  finit  le  vendredi.  Ce  jour-là,  c'est-à-dire  le  6  du  mois 
d'avril,  le  souffle  de  la  vie  anima  le  premier  homme.  Eve 
[Hawa)  fut  ensuite  créée  d'Adam.  Ils  furent  placés  dans  le 
Paradis  terrestre  à  la  troisième  heure  de  ce  jour,  et  ils  y  sé- 
journèrent trois  heures,  ou  un  quart  de  jour,  ce  qui  égalait 
deux  cent  cinquante  années  terrestres.  Après  sa  chute,  Adam 
fut  relégué  par  Dieu  à  Serendib  (Ceylan),  Eve  à  Djeddah, 
Iblis  à  Beiçan  et  le  serpent  à  Isfahan.  Adam  fut  précipité 
dans  l'Inde,  sur  le  mont  Rahoun ,  situé  dans  l'île  de  Ceylan. 
Quelques  feuilles  (du  Paradis) ,  cousues  ensemble,  couvraient 
son  corps;  quand  elles  furent  desséchées,  le  vent  les  dis- 
persa dans  l'Inde,  On  prétend  (Dieu  sait  mieux  la  vérité) 


CHAPITRE  TH.  61 

«JJ^yJj  JJS  j-A^  JjO^  ^jl^î  dUi  (j^  «XÀ^iî  ij:,j\t  t-yJaJl 
j-jL-»w_5  dl^î^  iù^UiJlj  JsiyyjJî^  ^_^l»  «Xa^JÎ  qojI  c^-AaÀi 
^y  (j*<Lil^Lâr|j  o«jLjî_yJl  AxVfi  c:^  Sa  ^iUtXS^  v^Wl 
laAiftt  U  2s.  -iî  ^jtj  ^^i  qûjU^  Hjjià  jj^  ^àUÀ^JI  dj.jlj>i». 

jw^è  (j^  Ua-»^   /jjçtXjj   iUoÀial  (jj-»   ÀjJulO   if>*A  ^i-**"^    ^^^4^   (j^ 

^y^  Si  *'^  *^b^  *H^*  V^-^  Is^aJIj  j^l^  ^V^  U^^^^ 
<_>LàjJÎj  jj,^jjt)Jlj  t>'^*J|3  I/W*^'^  <-A=>j^^s  ijoW"^'j  (j^i^vim^ 

que  ces  feuilles  ont  donné  naissance  aux  parfums  qui  naisr 
sent  dans  ce  pays;  mais  d'autres  donnent  une  raison  diffé- 
rente. Telle  serait  donc  l'origine  de  diverses  productions 
propres  à  l'Inde  :  l'aloès,  le  giroflier,  les  aromates,  le  musc 
et  tous  les  parfums.  Sur  cette  même  montagne  brillent  les 
rubis  et  les  diamants  ;  les  îles  de  l'Inde  produisent  l'émeri ,  et 
la  mer  qui  l'entoure  recèle  les  perles  dans  son  sein.  Adam, 
chassé  de  son  premier  séjour,  emporta  une  provision  de  fro- 
ment et  trente  rameaux  détachés  des  arbres  fruitiers  du 
Paradis.  Dix  de  ces  fruits  ont  une  écorce  :  la  noix,  l'amaude, 
l'aveline  ou  noisette,  la  pistache,  le  pavot,  la  châtaigne,  la 
grenade,  la  noix  d'Inde,  la  banane  et  la  noix  de  galle;  dix 
autres  sont  des  fruits  à  noyaux,  savoir  :  la  pêche,  l'abricot, 
la  prune,  la  datte,  la  sorbe,  le  fruit  du  lotus  (voy.  Fors- 
kal ,  Flor.  Egjpt.  p.  lxiii),  la  nèfle,  le  jujube,  le  fruit  du 
doum  (palmier  éventail  du  Saïd)  et  du  cerisier;  dix  autres 
enfin,  dont  la  pulpe  n'est  recouverte  ni  d'une  écorce,  ni 


62  LES  PRAIRIES  D'OR. 

U  -àî  yl  JUj^  gJaJî^}  ^Uiîj  Ujiilj  S"/-*^'^  '^y^'j  (:JvJ5j 
^^t-tMj  t5<Xjl  **aj.iU  lrj\j«x9  (^S^Jùbo  UûaA  (£^s^^  i^=?-  ij-»  la^itl 
^jî_5  liUi  j^  J^j  iixfUkidi  5*X^  i^*-*«  *^  Wv-»)^-*J^j  cyU^ 
£*•—***-•  c^îjj^^  t^  o^.^^U  l^iA-il*»  tSLy*"  <^^  lï^  fi^  f*^^ 
o«Acv.wl9  ^LawmOUI   ^^Ifi  A^'  ItXo^   ^M>'  i^^-^i   {^^ ^'^^ 

(j^    îiASii!    )S«Xi    Vfy>Â^  Jj^yl     «XÎ^I    rfVwî   ^  c.jy^3    «Xij         WfV^t 

oU^4Xj>  u  «.^.U^^)^  (jmUjI  (^  (5*^;^  J>^  l«x^^  Jsv?*^  ^.«w!  ^t 

d'une  pelure ,  et  qui  n'ont  pas  de  noyaux  ;  ce  sont  :  la  pomme , 
le  coing,  le  raisin,  la  poire,  la  figue,  la  mûre,  l'orange,  le 
concombre,  la  courge  et  le  melon. 

On  raconte  qu'Adam  et  Eve  furent  séparés  après  avoir 
été  chassés  du  Paradis,  el  qu'ils  se  retrouvèrent  au  lieu 
nommé  Arafat  (reconnaissance)  :  c'est  ainsi  du  moins  qu'on 
explique  le  nom  de  celte  montagne  (à  vingt-quatre  kilo- 
mètres de  la  Mecque)  ;  mais  il  y  a  d'autres  opinions  à  cet 
égard.  Eve,  rendue  à  l'amour  d'Adam,  lui  donna  un  enfant 
mâle  et  une  fille  ;  le  premier  fut  nommé  Caïn,  et  la  fille 
Loubeda.  Devenue  mère  pour  la  seconde  fois,  Eve  mit  en- 
core au  monde  un  fils  et  une  fille;  l'un  fut  nommé  Ahel, 
et  l'autre  Iklimia.  On  n'est  pas  d'accord  sur  le  nom  du  fils 
aîné  d'Adam,  mais  l'opinion  générale  parmi  ceux  qui  sui- 
vent l'autorité  de  l'Écriture,  et  d'autres  encore  le  nomment 
Caîn,  comme  nous  l'avons  dit;  quelques-uns  ont  adopté  le 
nom  (ïAhel,  mais  cette  version  est  peu  répandue,  tandis 
que  la  première  a  pour  elle  la  majorité.  C'est  ce  que  con- 


CHAPITRE  III.  63 

JULi  viUi 


A.fi  |.it  *.tfyi  ool^  »4>a^J  (j%ÀlaxII  (jo  ^ISCiJl  i  (jj^j  J^^ 

firme  le  passage  suivant  d'une  poésie  sur  l'origine  du  monde, 
par  Ali ,  fils  d'el-Djohm  : 

Ils  obtinrent  un  fils  nommé  Caïn,  qui  grandit  sous  leurs  yeux. 
Abel  parvint  à  radolescence  à  côté  de  Caïn,  et  rien  ne  séparait  les 
deux  frères. 

Ceux  qui  admettent  l'Ecriture  sainte  disent  qu'Adam, 
afin  d'éviter  le  mariage  eutre  les  enfants  issus  de  la  même 
grossesse,  unit  Caïn  à  la  sœur  (jumelle)  d'Abel,  et  celui- 
ci  à  la  sœur  (jumelle)  de  Caïn.  Le  but  d'Adam,  dans  cette 
double  union,  était  d'établir  une  séparation  dans  les  liens 
du  sang,  autant  du  moins  que  cela  était  possible  en  l'absence 
de  race  éloignée  ou  étrangère.  Les  Mages  prétendent  cepen- 
dant qu'Adam  n'a  pas  interdit  le  mariage  entre  enfants  issus 
de  la  même  grossesse,  et  que  cette  défense  eût  été  blâmable. 
Ils  ont,  à  cet  égard,  certain  dogme  mystérieux  d'après  lequel 
ils  soutiennent  qu'il  est  préférable  qu'un  frère  épouse  sa 
sœur,  ou  une  mère  son  propre  fils.  Nous  en  avons  parlé 


64  LES  PRAIRIES  D'OR. 

^  (jwb  iSy^*)  *J)-**  ^i^ljJo  J.Aiiiîj  X^  ^^■=?-î  cKaj^  (SJ^'^ 
^j^  /jii«^»J)    y)  jVÀAJ^^j~S^  Ci:^«X^  A\aÀ  yo_5  *UiJj  (jpjl   (j^* 

dans  le  quatorzième  chapitre  de  notre  ouvrage  intitulé  : 
«  Annales  historiques  relatives  aux  peuples  de  l'antiquité,  aux 
races  éteintes  et  aux  rois  qui  ont  disparu  de  la  scène  du 
monde.  » 

Abel  et  Caïn offrirent  chacun  un  sacrifice;  Abel  fit  choix, 
pour  ce  sacrifice,  de  ses  plus  belles  brebis  et  de  ses  aliments 
les  plus  délicats;  Gain  offrit,  au  contraire,  la  part  la  plus 
mauvaise  de  son  bien.  Ce  qui  arriva  alors,  c'est-à-dire  le 
meurtre  d'Abel  par  Caïn,  est  raconté  dans  le  Koran  (sur. 
XXX,  V.  33).  On  dit  que  Caïn  surprit  son  frère  dans  une 
plaine  déserte,  située  sur  le  territoire  de  Damas,  en  Syrie, 
et  qu'il  le  tua  en  lui  frappant  la  tête  avec  une  pierre.  On 
ajoute  que  les  bêtes  sauvages  ont  appris  ainsi  de  l'homme  à 
être  cruelles,  puisqu'il  leur  donna  le  premier  exemple  du 
crime  et  du  meurtre.  Après  avoir  tué  son  frère,  Caïn,  em- 
barrassé de  cacher  le  corps,  le  chargea  sur  ses  épaules  et 
parcourut  la  terre.  Dieu  lança  alors  deux  corbeaux,  dont 
l'un  tua  et  enterra  le  second.  A  cette  vue,  Caïn,  au  déses- 
poir, prononça  ces  paroles  rapportées  dans  le  Koran  [ïbià. 


CHAPITRE  m.  65 

a^^-^  c^^î^lî  t_>[,.Àil  IvXjû  JJu  ^j_j5T  ^J\  K^jTfJ^]  UX>_5  L»  AÀt 

_y_4>j  »*XjL»  ^^  v^i^lj  «J^Jj  4^  ^j^  ^jv^  Jb  AjJ  -àt  til 

-^s^  ^>^  JyM 

^A^l  Ar*.yi   iU;U*^  jUj  yjj^  jo^jtis   ^^i   JK  JUj 

^  (>j>,-àJ|  (j^  4^ lis?       It-k-ç-j  5\il  L^J  J*x«,j 

V.  34)  :  «  Malheureux  que  je  suis!  Ne  pouvais-je  pas  même 
imiter  ce  corbeau,  et  cacher  mon  crime  contre  mon  frère?  » 
Puis  il  l'ensevelit.  Quand  Adam  fut  instruit  de  ce  meurtre, 
il  fut  en  proie  à  une  sombre  tristesse  et  tomba  dans  un  pro- 
fond désespoir. 

Il  existe  une  poésie  fort  populaire,  que  l'on  dit  avoir  été 
composée  par  Adam,  sous  l'impression  de  la  douleur  et  du 
deuil  que  lui  causait  la  perle  de  son  fils.  Voici  cette  lamen- 
tation poétique  : 

Quel  changement  dans  ce  pays  cl  dans  ceux  qui  l'habitent!  Une  sombre 
poussière  ternit  la  face  de  la  terre. 

Tout  a  perdu  sa  saveur  et  son  éclat-,  le  deuil  a  succédé  au  sourire  et 
à  la  joie. 

Les  hommes  ont  substitué  le  tamaris  et  d'autres  plantes  vénéneuses  à 
la  riche  végétation  qui  couvrait  les  jardins  célestes. 

Près  de  nous  veille  un  ennemi  implacable,  un  être  maudit,  dont  la 
mort  seule  nous  laisserait  respirer. 

Caïn  a  tué  Abcl  injustement;  ô  regrets!  Oà.  est  ce  gracieux  visage? 

I.  5 


60  LES  PRAIRIES  D'OR. 


Pourrais-je  ne  pas  répandre  des  torrents  de  larmes,  quand  le  tombeau 
renferme  Abel  ? 

La  vie  n'est  plus  pour  moi  qu'une  longue  suite  de  maux,  et  cette  vie 
est  un  fardeau  dont  je  ne  puis  me  délivrer! 

J'ai  iu  dans  plusieurs  recueils  d'histoire,  de  biographie 
et  de  généalogie,  que  lorsque  Adam  eut  prononcé  ces  pa- 
roles, Iblis,  caché  de  façon  que  sa  voix  fût  entendue  sans 
qu'on  pût  voir  son  corps,  lui  répondit  par  les  vers  sui- 
vants : 

Fuis  ce  pays  et  ceux  qui  l'habitent;  la  terre  maintenant  est  trop  étroite 
pour  toi. 

A  côté  d'Eve ,  ton  épouse ,  tu  t'y  croyais ,  ô  Adam  !  à  l'abri  des  maux  de 
la  vie. 

Mais  mes  ruses  et  mes  artiGces  n'ont  pas  eu  de  trêve  que  ces  biens 
précieux  ne  te  fussent  ravis. 

Si  la  pitié  du  Tout-Puissant  ne  te  protégeait,  un  souffle  aurait  suffi 
pour  t'arracher  aux  jardins  de  l'éternité. 

Enfin,  dans  un  manuscrit  différent,  j'ai  trouvé,  au  lieu 
des  vers  qui  précèdent,  ce  vers  isolé  que,  la  voix  d'un  être 


CHAPITRE  III.  67 

J^-*5  «sWj  i5^^5  c^  '^j^^  'Cjj».  :>i:>jl  -àl  *iUi>  ç<v-  Uo 
t^jJl  <5j^  J>.Ji-«  ^r^  à'  *^^  '^^  ts**'^^  4^***.  «^^^  u' 
^l*tj  iùb^l  i^ltjj^]^  S^UaJl   c:>l_^ÀJiJ|  i  J^jX-Jl  «j  «XjjÎ 

(^yS"  -il  J*l^*  ^*-«^J    (J-'^'^'    <XJ|^!  Jl    1$^  JJiXÀj  ^pJt>i>^    jjU 

caché  de  façon  à  n'être  pas  aperçu  aurait  adressé  à  Adam  : 

Père  d'Abel ,  tes  deux  fils  ont  péri  ensemble  :  le  survivant  tombe  sa- 
crifié à  celui  qui  est  mort. 

A  ces  mots ,  la  douleur  et  le  chagrin  d'Adam  redoublèrent , 
autant  pour  le  fils  qui  n'était  plus  que  pour  celui  qui  lui 
restait;  car  il  comprit  que  tout  meurtrier  doit  périr.  Dieu 
lui  révéla  alors  ces  paroles  :  «  Je  ferai  sortir  de  toi  ma  lu- 
mière, qui  traversera  les  canaux  purs  et  les  races  illustres; 
son  éclat  ternira  toute  autre  clarté,  et  j'en  ferai  le  sceau  du 
Prophète.  Ce  prophète  (Mahomet)  aura  pour  successeurs 
les  plus  illustres  imams,  qui  se  transmettront  cet  héritage 
jusqu'à  la  fin  des  temps.  La  terre  tressaillera  à  leur  appel, 
et  leurs  sectateurs  resplendiront  de  lumière.  Aussi  pré- 
pare-toi ,  par  des  purifications  et  des  prières ,  célèbre  les 
louanges  de  Dieu  et  approche  ensuite  de  ta  femme,  quand 
elle  sera  dans  un  état  de  pureté  (légale);  car  de  vous  deux 
mon  dépôt  passera  à  l'enfant  qui  naîtra  de  votre  union. 
Adam  fit  ce  qui  lui  était  ordonné,  et  Eve  devint  mère  aussi- 

5. 


68  LES  PRAIRIES  D'OR. 

^    %Xj   L^.XJL:^   ,jj)^Â_ji    iJ^Vj^    1^-Iaas>-    (i)j^^^    ^^J^^  OsXtijî. 

jyjj]  JJUils  %.i)!_j  J^L  l^_j^  AAA^Jlj  ji^jJL  ^Usî  lidi^ 
AaxAJo  5^  i   (i''*^3   *^+^   >!?3^5   li   ^  i5^*-   ^^^î    U^*"   (j«* 

lûÀXa^ljl^AiiXsi-!  CA.A*i  J5  M-op!  ^c,i>^   (;)"*>=»»  f»iî   yî^   iJ^i).Jl 

tôt:  son  front  resplendit,  des  rayons  de  lumière  illuminèrent 
ses  traits  et  sortirent  de  l'orbite  de  ses  yeux.  Arrivée  au  terme 
de  sa  grossesse,  elle  mit  au  monde  Cheit  (Seth) ,  i'enfant  le 
plus  noble,  le  plus  majestueux,  le  plus  beau,  le  plus  par- 
fait et  le  mieux  proportionné  qu'on  eût  jamais  vu;  une  au- 
réole lumineuse  le  couronnait,  la  majesté  et  la  grandeur 
étaient  empreintes  sur  son  visage.  La  lumière  divine,  pas- 
sant d'Eve  en  cet  enfant,  scintillait  autour  de  son  front  et  re- 
haussait l'éclat  de  sa  beauté.  Adam  le  nomma  Cheitou  «  Dieu 
donné  ^y  {hib et  Allah). 

Lorsque  l'âge,  en  développant  sa  taille,  eut  mûri  son  in- 
telligence et  sa  raison ,  il  fut  instruit  par  Adam  de  la  mis- 
sion et  du  précieux  dépôt  dont  il  allait  être  chargé;  il  apprit 
qu'il  serait  la  preuve  de  Dieu  et  son  représentant  sur  la 
terre,  qu'il  transmettrait  la  vérité  divine  à  ses  successeurs, 
et  qu'il  serait  le  second  dépositaire  «  de  la  semence  pure  et 
du  rameau  toujours  vert.»  Cheit,  après  avoir  recueilli  les 
dernières  volontés  d'Adam,  les  mit  de  côté  et  ne  les  divul- 
gua point  avant  l'heure  où  son  père  fut  près  de  quitter  ce 


CHAPITRE  III.  69 

otXjj  «^^J  o<xJ^  (jv«  LxJl  (j\_«_>jî  ^jS-  v::>U  -it  ^jî  J^J 
cMj  U**-^S»   ci'   «-^-^^  «^   ^^i   AJÎ  t^K   vJ^  |0-fr-*-«J  v_XJS-^ 

Jf^    *    »\    SXkJ]^    {Jiy>V(    CAiX.».-S.    Xjt^î     «5^    ^j^^    yi^    cit-îîiilj 

monde.  Adam  mourut  le  vendredi  6  avril ,  à  l'heure  même 
à  laquelle  il  avait  été  créé;  il  avait  alors  neuf  cent  trente  ans. 
Cheit,  son  héritier,  devint  ensuite  le  chef  de  sa  postérité, 
qu'on  dit  avoir  été  de  quarante  mille  enfants  et  petits-enfants. 
On  n'est  pas  d'accord  sur  l'emplacement  du  tombeau  d'A- 
daai.  Les  uns  croient  qu'il  est  situé  à  Mina,  dans  la  mosquée 
d'el-Khaïf;  les  autres  le  placent  dans  une  caverne  du  mont 
Abou  Kobaïs  ,  et  il  existe  encore  d'autres  versions  (Dieu 
sait  mieux  la  vérité). 

Cheit  rendit  la  justice  parmi  les  hommes;  il  établit  comme 
lois  les  feuilles  qui  avaient  été  transmises  du  ciel  à  Adam, 
ainsi  que  les  livres  et  les  prescriptions  que  Dieu  lui  révéla  à 
lui-même.  La  femme  de  Cheit  devint  mère  d'Enos  (  Anouch), 
et  la  lumière  qui  brillait  en  elle  pendant  sa  grossesse  passa 
dans  cet  enfant  au  moment  de  sa  naissance.  Quand  Enos 
eut  atteint  l'âge  de  raison,  son  père  lui  révéla  le  précieux 
dépôt  qui  était  la  gloire  de  la  famille;  il  lui  recommanda 
d'enseigner  un  jour  à  son  fils  la  vérité  et  l'importance  de 


70  LES  PRAIRIES  D'OR. 

o«j!^_3  J<-i*làjI  -!i  U  *XJUÀ.«  (fr-^ÀAj  iijUfi'J  ^i^^  tK^-^j  *jv^ 
jj^^l  4M|  j^iî  ^t  <J5  y^^  Jî  y^  (j^  JJiXÀJ  ii:?;U»  iïjuojJl 

leur  noblesse,  afin  que  cette  tradition,  transmise  par  ce 
dernier  à  ses  enfants ,  passât  de  père  en  fils ,  tant  que  vivrait 
leur  race.  C'est  ainsi,  en  effet,  que  cet  ordre  se  perpétua 
d'une  génération  à  l'autre,  jusqu'à  ce  que  la  lumière  divine 
parvînt  à  Abd  el-Mottaleb  et  à  son  fils  Abd  Allah ,  père  de 
notre  saint  Prophète. 

Mais  ce  qui  précède  est  un  objet  de  discussion  entre  les 
sectes  religieuses  qui  s'en  tiennent  à  la  désignation  textuelle, 
et  celles  qui  sont  pour  l'élection.  Les  premières,  c'est-à-dire 
les  imamites  ou  sectateurs  (chiites)  d'Ali,  fils  d'Abou  Taleb, 
et  de  sa  sainte  postérité ,  prétendent  qu'à  aucune  époque  Dieu 
n'a  privé  le  genre  humain  ou  d'un  prophète,  ou  d'un  léga- 
taire (imam),  expressément  et  nominativement  désigné  par 
Dieu  et  son  Prophète,  et  chargé  de  la  garde  de  la  vraie  re- 
ligion. Au  contraire,  les  partisans  de  l'élection  qui  se  re- 
crutent parmi  les  jurisconsultes  des  capitales,  les  Motazé- 
lites,  quelques  fractions  des  Kharédjites  ou  hétérodoxes, 
les  Mourdjites  (qui  proclament  la  foi  sans  les  œuvres) ,  plu- 
sieurs traditionnistes ,  le  peuple  en  général,  et  une  partie 


CHAPITRE  III.  71 

fj\  pb}^\jb  ^y»  x>«x^l  (j^  (i)ji^  (•'y*^'-5  e^»xil  tj\^9l  (j-, 

bXw  yl  J^^t  -<Ml^  J«a3  «Xij    l<^y.«OtJ  (jo;^î    i    «i*AJ    U^J^'    u'^ 

w-AÂ.  AÏOCxij  J^t£5  *Ai^l  Job  pit  0j  ^U  J.a5  (J*^'   (j-î) 
Xj«Xjo  exilai  ^^^\  i^j-^  (J-*  «J-?*^^  ci*AÂJ   jjiljijl  »l»j  CivJbij 


des  Zeïdites  (disciples  de  Zeïd,  quatrième  imam)  soutien- 
nent que  Dieu  et  son  Prophète  ont  prescrit  à  la  nation  le 
devoir  d'élire  dans  son  sein  un  homme  qui  aura  qualité 
d'imam;  mais  ils  ajoutent  que  certaines  époques  peuvent 
être  privées  de  «  la  preuve  de  Dieu ,  »  c'est-à-dire  d'un  imam 
exempt  de  toute  tache,  comme  disent  les  chiites.  On  trou- 
vera plus  loin  quelques  éclaircissements  sur  les  doctrines 
de  ces  écoles  et  les  différences  qui  les  séparent. 

Enos  se  consacra  à  la  culture  de  la  terre.  Quelques  per- 
sonnes considèrent  Cheit  comme  le  père  du  genre  humain , 
à  l'exclusion  des  autres  enfants  d'Adam;  mais  il  y  a  encore 
d'autres  opinions  à  cet  égard.  Dieu  sait  la  vérité.  Cheit  mou- 
rut à  l'âge  de  neuf  cent  douze  ans  ;  ce  fut  de  son  temps  que 
fut  tué  Cain,  fils  d'Adam  et  meurtrier  de  son  frère  Abel; 
la  mort  de  Gain  fut  accompagnée  de  circonstances  curieuses 
que  nous  avons  racontées  dans  nos  Annales  historiques  et 
dans  l'Histoire  moyenne.  Enos  mourut  le  3  octobre,  à  l'âge 


72  LES  PRAIRIES  D'OR. 

jy-Ji  (i    M°    2f^y^  fj)    cM^   *^^9   AÂaw    AWj.MK£k    iL)V.»)Cx>o'   2l<3<S,j« 

AJMw  ioU  ^Lc  J^^\^  i(«x^  ocjljo  J.aj!^X.^  >\  «xJ^  U  «Xxj 

_^y^^\S  (3^^  i>^J^U  «X^aII^  iùij\yji^  \yJUi\^  ^yl  À  jJ'j  ù\3y 
Jl   y^A*»*Xx>    -il»  JjU    (j^    tXÂ^Î    ij^    c^Ài    0jtj    «XJj    (j^  (^^^ 

i>yj   ÏLas-  OcJteLi  t^LjjJî  i-ytJt  CjUïJ  -POsAj  Jtj  4XÂ^| 

de  neuf  cent  soixante  ans,  après  avoir  engendré  Kaïnan. 
Celui-ci  reçut,  avec  la  lumière  prophétique,  le  pacte  fait 
avec  sa  famille,  et  cultiva  la  terre  jusqu'à  ce  qu'il  mourût, 
âgé  de  neuf  cent  vingt  ans.  On  croit  que  ce  fut  au  mois  de 
juillet,  après  avoir  donné  le  jour  à  Mahalaïl.  Ce  dernier 
vécut  huit  cents  ans  et  fut  père  de  Loud  (Yared?).  La  lu- 
mière prophétique,  le  pacte  religieux  et  la  vérité  conti- 
nuaient à  se  transmettre  ainsi  sans  interruption.  On  pré- 
tend que  plusieurs  instruments  de  musique  furent  inventés 
vers  cette  époque  par  un  61s  de  Caïn.  On  peut  voir,  dans 
nos  Annales  historiques,  le  récit  des  guerres  et  des  événe- 
ments survenus  entre  la  postérité  de  Caïn  et  Loud,  ainsi 
que  la  lutte  des  fils  de  Cheit  avec  une  branche  de  la  fa- 
mille de  Caïn,  de  laquelle  une  race  d'Indiens,  qui  recon- 
naît Adam  (voy.  chap.  vu),  tire  son  origine.  Elle  occupe 
dans  l'Inde  le  pays  de  Komar  (aujourd'hui  Assam) ,  qui  a 
donné  son  nom  à  l'aloès  Komari.  Loud  vécut  neuf  cent 


CHAPITRE  m.  73 

A-jLa-j  tj  aMI  jjk^t  (^<xJI  jjûj  .Vjllac  y^.«^  4^^"**^  (j^*wo*^ 
«^AJ»^  iuMv  iùL«vlj  (jo;.^!  (i  ^j'Ia,>>  c:>oI^  HV^  lil^  imij  xi\ 

^J*,J.M^^  i£<i-^  -àt  t^  kiUi>  J-s»  Jyî  ^jl^  ^^JU;^  u^*^'  ^'^■f^ 
oiiiji  (jw«  ^y_^JL j  ij  (j*.UJl  K5^'  *>^^j  i'^jî  *i  «^-J^j  ''*^'^=?'  i 

iL;L#jt*Mo  X>Ua».  ool^  ajJj  (j^  iixîUuaJi^  ^jwjjJlj  jjtUJi  -jî^ 


&  - 


soixante-deux  ans  et  mourut  dans  le  mois  de  mars.  Il  eut 
pour  successeur  son  fils  Enoch  (Akhnoukb) ,  qui  n'est  autre 
qu'Edris,  le  prophète.  Les  Sabéens  le  confondent  avec  Her- 
mès, et  ce  dernier  nom  signifie  Mercure  (Outarid).  C'est 
d'Enoch  que  Dieu  a  dit  dans  son  livre  [Koran,  xix,  58) 
qu'il  l'a  élevé  «  à  une  place  éminente.  »  Il  vécut  en  ce  monde 
trois  cents  ans,  et  on  dit  même  un  plus  grand  nombre 
d'années  :  on  lui  attribue  l'art  de  coudre  et  l'usage  de  l'ai- 
guille. Il  reçut  du  ciel  trente  feuillets,  comme  Adam  en  avait 
reçu  trente  et  un,  et  Cheit  vingt-neuf;  ils  contenaient  les 
louanges  de  Dieu  et  des  prières.  Son  fils  Malhusalem  (Ma- 
touchalekh)  continua  après  lui  à  cultiver  la  terre,  et  reçut  la 
lumière  prophétique  sur  son  front.  Il  eut,  dit-on,  un  très- 
grand  nombre  d'enfants,  parmi  lesquels  on  range  les  Bul- 
gares, les  Russes  et  les  Slaves.  Il  mourut  au  mois  de  sep- 
tembre, après  avoir  vécu  neuf  cent  soixante  ans.  Ce  fut  du 
vivant  de  son  fils  Lamek  que  survinrent  les  événements  qui 


74  LES  PRAIRIES  D'OR. 

jXj    «Xâ^   Z^fi   dH  ^jjj   ^jii   S<>V»   -bj       XK^M  (^jijXmS^  IjUmï^ 

«àt  c:>^Uj  Jo^s»  ftlj'i  iuAiwJi  (^  c^  l^  wdAÂlI  ^À<4ol  (j\ 
it^jJ  8^w>m£  ^^mwJcI  i4x,«.4I  ^yj  \ÀjJimi\  (j  Mt^^j  ^\^  AJùe^  ^Ui 
Jn5^  *\JLI  j.^^^  iiÀAJUy*iî  iS,  »JM  (j^^  <i^yj  Jii\^  j\i]  ij^  (-«Aâfc 

(j<aA)b*  yl  QbjiJI  ^t  ^î  Aj  j^*il  iU*^  o^'^î  %j^.  4M)  ^ij»* 
J*-S=»-  t^iy^'j  iS^y4-  c^  iUwuJl  cj»yU(l^  çUj  yl  *UwJlj 

amenèrent  la  confusion  des  races;  Lamek  mourut  âgé  de 
neuf  cent  quatre-vingt-dix-neuf  ans. 

Son  fds  Noé  (Nouh)  lui  succéda,  et  de  son  temps  la  cor- 
ruption et  l'injustice  la  plus  effrénée  régnèrent  parmi  les 
hommes.  En  vain  Noé  chercha  à  les  ramener  vers  Dieu  ;  ils 
persévérèrent  dans  leur  révolte  et  leur  infidélité.  Dieu  les 
maudit  et  ordonna  à  Noé  de  se  construire  un  vaisseau,  et, 
quand  il  fut  terminé,  Gabriel  lui  apporta  le  cercueil  qui 
renfermait  les  ossements  d'Adam.  Noé  et  ses  compagnons 
entrèrent  le  vendredi,  19  du  mois  de  mars,  dans  ce  vais- 
seau, qui  flotta  sur  la  surface  des  eaux,  tandis  que  la  terre 
fut  submergée  pendant  cinq  mois.  Dieu  ordonna  enfin  à  la 
terre  d'absorber  l'eau,  il  ferma  les  cataractes  du  ciel  (sur.  xi, 
vers.  /i6),  et  l'arche  se  reposa  sur  le  mont  Djoudi,  situé 
dans  le  pays  de  Baçoura  (Baçourin)  et  Djezireh  ibn  Omar, 
dans  la  province  de  Moçoul,  à  huit  parasanges  du  Tigre.  On 
montre  encore  aujourd'hui,  sur  le  sommet  de  cette  mon- 


CIIAPITP.E  III.  75 

«.A.^  J!    9jM*^  >éî  O^^^  0<**^  u' J^'^^   *:?^*^'   5«Xi6  Jl  Js*:^ 

lu  êU.  ^l  ^«AJUI  J^AJiJt  (^yfi^^b  Uj  jju»-t  lil  L«kfc  »jU 

^\    Xj    JJoût    X«>;î    (^JKMXS.   t^«Xil    *lJli    iiAJÙ  y^J  J^-^i    ^^ 

5\-£s^  11%  *  .M^j  Sài^jl  ^ijn^  i±>!5\— aJÎ   AjU5_j      ti*-»l»^  (•''^"J 

(j-JiJjîj  (jvJuLSi  iU^M  _^j  (•J^^  ti^  ^^-«>*'î  ^j  (JV^  liûji^vw^ 

tagne,  l'endroit  où  l'arche  s'arrêta;  s'il  faut  en  croire  une 
autre  version,  certaines  portions  de  la  terre  tardèrent  à 
absorber  l'eau  du  déluge,  et  les  autres  rabsorl)èrent  dès 
qu'elles  en  reçurent  Tordre.  Les  premières  donnent  de  l'eau 
douce  quand  on  les  creuse;  mais  les  terres  rebelles  reçurent 
conmie  châtiment  l'eau  salée;  elles  devinrent  arides  et 
furent  envahies  par  le  sel  et  par  les  sables.  L'eau  qui  ne 
fut  pas  absorbée  pénétra  dans  les  bas-fonds  de  la  terre  et 
forma  les  mers,  qui  ne  sont  donc  que  le  reste  des  eaux 
dans  lesquelles  Dieu  fit  périr  les  nations.  Nous  aurons  oc- 
casion ci-après  de  parler  des  mers  et  de  les  décrire.  (Voy. 
chap.  VIII.) 

Noé  sortit  de  l'arche  avec  ses  trois  fils,  Sem,  Cham  (Ham) 
et  Jafet,  ses  trois  brus,  quarante  hommes  et  un  même 
nombre  de  femmes.  Ils  s'arrêtèrent  sur  un  plateau  de  la 
montagne  de  Djoudi  et  y  bâtirent  une  ville,  qu'ils  nommè- 
rent Temanin  (quatre-vingts) ,  nom  qu'elle  a  conservé  jus- 
qu'à ce  jour  (332  del'hég.).  La  postérité  de  ces  quatre-vingts 


7C  LES  PRAIRIES  D'OR. 

R'ifXÉL  Ju^  M\  eK«?-j  U»*ji3  yvjV^sJi  i)y£>  t:.^jic  yj":>_5  iol^^ 

jojijJl  1  jv^  j^\  4Mî_5  cjï^W'  1^  ^i^^  ^-^^^T*^  <i^-»  ^yi^ 

A.(p.<  «Xi».îj  cP  (j'aifc.J  UU«J>!  ^«XJj  (jvj  (ji^i'î  /»i*  ^^J  ;*^*^J 

4MI j;î5oj  -Lm  ti);U«  Jlïj  Ajyi-iJ  y^  Oy^s  -l=>.  ^j^j**^  JU* 

la»-jj  yJ  ^^yJ5  i  cjJvrs-^^  *lu»  (jX**^  d  «^il»  J-*rj  ti**l» 
-U>.  jjiiajt^   dUi  j^  J^  «XS^  iiÀAw  tjymJ^^  ïUam  ibU  j^**j 

U    <_^.***.£*.   (^  jjJîj  j.^1     (J>*    /e-^^Sl,.**»^   i    ljJ).À3    «*X3^     <ÎI.*«*JJ 

personnes  s'éteignit ,  et  Dieu  repeupla  ia  terre  avec  les  trois 
fils  de  Noé,  c'est  ainsi  qu'il  le  dit  lui-même  dans  le  Koran 
(xxxvii,  yô)  :  «Nous  avons  établi  sa  race  et  nous  avons  as- 
suré sa  durée.  »  Dieu  sait  mieux  le  vrai  sens  de  ce  passage.  Le 
nom  du  fils  de  Noé  qui  refusa  l'offre  de  son  père,  quand  il 
lui  dit,  «  O  mon  fils,  embarque-toi  avec  nous  »  [ibid.  xi,  l\^), 
est  Yam.  Noé  partagea  la  terre  entre  ses  fils,  et  assigna  à 
chacun  sa  propriété.  Il  maudit  Cham  à  cause  de  l'injure 
qu'il  recul  de  ce  fils,  ainsi  qu'on  le  sait,  et  s'écria,  «  Maudit 
soit  Cham  !  puisse-t-il  être  l'esclave  de  ses  frères  !  »  et  il  ajouta  : 
«Je  bénis  Sem;  que  Dieu  augmente  (la  famille  de)  Jafet, 
et  qu'il  habite  dans  le  pays  de  Sem!  »  [Gen.  ix,  25-27.)  ^'^^ 
lu  dans  la  Bible  que  Noé  vécut  encore  trois  cent  cinquante 
ans  après  le  déluge,  ce  qui  fait  pour  sa  vie  entière  neuf 
cent  cinquante  ans  ;  mais  on  n'est  pas  d'accord  sur  ce  point. 
Cham  s'éloigna,  suivi  de  ses  enfants,  et  ils  se  fixèrent  dans 
différentes  portions  de  la  terre  ou  dans  des  îles,  ainsi  que 
nous  le  dirons  plus  loin  (voy.  chap.  xlvii). 


CHAPITRE  III.  77 

«Um  Uli       f»^^    f»^J   '-^l»   *M?   'i'^  W^*  yO-^AJ  l.*M-«j  O^'^'  i 

1^1  *Xj_j  (j>«j  *v_*«  ^  *>.-i»jiji^  «Uw  0j  j^)  8*XJ^  (j^j  JXs- 
ly\(j  j^l  (^  ^U  (^  •=».>-^^  (éi  '^^-^  (0— 6-*Ji  J-wjl3  cK^5 

g»,  I»   ■'fc    w.^.A.  ^Ij    Sw^^    ^f^l    «Xi   U    J.L0    &^  (^^^^^    (:^*  (J^ 
UjÎ  jm*jJs-s>-^   f*^**^^        f.^X-*Jl    /O-^-A^  •*'^^^5  (j-«  ^^-**jW*^Î3 

Parlons  maintenant  de  la  dispersion  des  races  ainsi  que 
du  partage  de  la  terre  entre  les  enfants  de  Jafet,  Seni  et 
Cham. 

Seni  s'établit  au  centre  de  la  terre,  depuis  le  territoire 
sacré  (la  Mecque  et  Médine )  jusqu'à  l'Hadramout,  l'Oman  et 
Alidj.  Parmi  ses  descendants  on  cite  Aram  et  Arfakhchad, 
tous  deux  fds  de  Sem;  parmi  ceux  d'Arani,  Ad,  fdsd'Aws, 
lils  d'Aram.Les  Adites  occupèrent  les  déserts  d'el-Ahkaf,  011 
le  prophète  Houd  leur  fut  envoyé.  Témoud,  fils  d'Abir,  fils 
d'Aram,  s'établit  dans  le  Hidjr  (Arabie  Pétrée) ,  entre  la  Sy- 
rie et  le  Hedjaz;  Dieu  envoya  aux  Témoudites  leur  frère 
Salih.  Les  faits  relatifs  à  la  vie  et  à  l'histoire  de  ce  prophète 
sont  connus  de  tout  le  monde.  Nous  reviendrons  d'ailleurs, 
dans  le  courant  de  notre  récit  (chap.  xxxviii),  sur  les  prin- 
cipaux traits  de  sa  biographie ,  et  nous  raconterons  l'histoire 
d'autres  prophètes. 

Tasm  et  Djadis,  fils  de  Loud ,  fils  d'Arum  se  fixèrent  dans 
le  Yeniamah  et  le  Bahrein ,  et  les  descendants  de  leur  frère 


78  LES  PRAIRIES  D'OR. 

^Jt!^^  ^  cKjI»  (jbji  r»^  (J^  pî  (^  (jii^  J>J_J  /fcxiiO  J^A«yî 
»ilX«  k^j  iUA»»  -KjU  (j*w^  dlXej  cyljXÎÎ  ^^ui  ^^  J.jLj.<i*fcrs-_5 

(JVjÎlAS»    iO^AW    tioL»    «XJ^  jjj    bU»*J     >.*M^    iCxAAw     -l*.   «XJj     ijj     UUM.i 

Amalik,  fils  de  Loucl ,  fils  d'Aram  ,  vinrent  habiter,  soit  le  ter- 
ritoire sacré,  soit  la  Syrie.  Il  est  le  père  des  Amalécites,  qui 
se  répandirent  dans  différents  pays.  Un  autre  frère,  Omaim, 
fils  de  Loud,  fils  d'Aram  occupa  la  Perse. 

Dans  le  chapitre  (xxiii)  intitulé  «Généalogie  des  Perses, 
opinions  différentes  des  historiens  à  cet  égard ,  »  nous  dis- 
cuterons l'opinion  qui  identifie  Keioumert  avec  Oniaim,  fils 
de  Loud;  d'autres  auteurs  pensent  qu'Omaim  se  fixa  dans  le 
Wabar,  pays  qui ,  s'il  faut  en  croire  les  conteurs  arabes ,  fut 
soumis  par  les  Djins  (Génies).  La  postérité  d'Abil ,  fils  d'Aws, 
frère  d'Ad,  fils  d'Aws,  habita  la  ville  du  Prophète  (Médine). 
Mach ,  fils  d'Aram,  fils  de  Sem,  s'empara  du  pays  de  Babel, 
sur  les  bords  de  l'Euphrate;  son  fils  Nemrod  construisit  la 
tour  de  Babel  et  un  pont  sur  le  fleuve;  il  régna  cinq  cents 
ans  et  fut  roi  des  Nabatéens. 

De  son  temps,  Dieu  divisa  les  langues;  les  descendants 
de  Sem  en  eurent  dix-neuf,  ceux  de  Cham  dix-sept,  et 
ceux  de  Jafet  trente-six.  Par  la  suite  les  langues  se  subdivi- 


CHAPITRE  m.  79 

«Xxj  j5\XAamj  (jj^^yî   cxi^j  cyUXll  dUi  tXjt>  ocwciio.  bUwJ 

^Jii  ^*-w  «XJ^  i.Uw  ^_jj  (jj  |*Lm  ^JJ  iX^ikiS-jl  «xJj^      (^^lï^gt 


sèrenl  en  un  grand  nombre  d'autres  dialectes,  comme  nous 
le  dirons  ci-après  en  parlant  de  la  dispersion  des  honirces, 
et  des  poëmes  qui  furent  composés  lorsqu'ils  quittèrent  le 
pays  de  Babel.  Mais  quelques-uns  croient  que  ce  fut  Faleg 
qui  partagea  la  terre  entre  les  peuples,  et  que  c'est  à  cette 
circonstance  même  qu'il  doit  son  nom  de  Faleg,  ou  plutôt 
Faledj,  c'est-à-dire  répartiteur. 

Arfakhchad,  fils  de  Sem,  fils  de  Noé,  engendra  Chalih, 
qui  fut  le  père  du  même  Faleg,  le  répartiteur,  et  l'aïeul 
d'Abraham.  Abir,  autre  fils  de  Chalih,  eut  pour  fils  Kahtan, 
qui  engendra  Yarob.  Celui-ci  fut  le  premier  que  ses  enfants 
saluèrent  de  la  félicitation  royale  conçue  en  ces  termes  :  «  Que 
ta  matinée  soit  heureuse!  Que  les  malédictions  s'écartent  de 
ta  personne  1  » 

Mais,  selon  d'autres,  ce  fut  un  roi  de  Hirah  qui  fut  le 
premier  salué  de  la  sorte.  Kahtan  est  le  père  de  tous  les 
Yéménites,  comme  nous  le  prouverons  plus  loin  en  parlant 
des  discussions  relatives  aux  origines  du  Yemen  (ch,  xlii). 
Il  fut  aussi  le  premier  qui  parla  arabe,  c'est-à-dire  qui  dé- 


80  LES  PRAIRIES  D'OR. 

aX_jJu    tj^kjjj    J^LxJ».!         (j^   «i;)_jj    U  tj«^»*h»-    (_^   l^    tjjl^ 

Jv.,.^  A_X_Xj  t^JJl  ^\  pU«  Ji  ^5C*.ji  JUjj  d)jU3  AMi  ^^ 
dl-Jij   .JJt«.iI   -jJ   J.U»    Slsj   «^>j\(5    »^J   feU  (Xjj  (jc'j^'   ^î^^J 

jfljili     M^    ^^J^    ^^    ^-^^'^-^^    ^^    AAtflAi    yt     (jl     O^-    (jl^5   J^AjÎ     ^ 

signa  les  choses  d'une  manière  claire  [araba)  et  distincte. 
Yaktan,  fils  d'Abir,  fils  de  Clialih,  fut  le  père  des  Djorho- 
mites,  qui  étaient,  par  conséquent,  cousins  de  Yarob.  Cette 
tribu,  qui  habitait  d'abord  le  Yemen  et  parlait  l'arabe,  énii- 
gra  plus  tard  à  la  Mecque  et  s'y  fixa,  comme  nous  le  racon- 
terons lorsque  nous  aurons  occasion  de  parler  de  son  his- 
toire (  chap.  XXXIX  ).  Les  fils  de  Katoura  sont  aussi  leurs 
cousins.  Lorsque,  par  la  suite,  Ismaïl  vint,  d'après  l'ordre 
de  Dieu,  habiter  la  Mecque,  il  se  choisit  une  femme  dans 
la  tribu  des  Djorhomites,  qui  devinrent  ainsi  les  oncles 
maternels  des  enfants  d'Ismaïl. 

Ceux  qui  admettent  les  Écritures  disent  que  Lamelc, 
petit-fils  de  Noé,  est  encore  vivant,  parce  que  Dieu  aurait 
révélé  à  Sem  les  paroles  suivantes  :  «  Celui  à  qui  je  confierai 
la  garde  du  corps  d'Adam  vivra  jusqu'à  la  fin  des  siècles.  »  Or 
Sem,  après  avoir  déposé  le  cercueil  d'Adam  au  centre  de  la 
terre,  en  avait  laissé  la  garde  à  Lamek.  Sem  mourut  un 
vendredi,  dans  le  mois  de  septembre,  à  l'âge  de  six  cents 


CHAPITRE  in.  81 

^D^  «Xàîâ»^)   /^  ^Lw    SiX;^  S«Xxj  «ac  <XAMki£|)i  aXS{  (jâA*  \X» 

(jjvxjjtj  iiÀA-  iCjU  eUS  ^t  AAJîAi  ^j)  J|  »^jj  yl<»  ^^I  (j^ 
v^AM  (j.«  go  4^  ^Is  5<xJ^  5«Xj»j  -U^lft  aMÎ  (joaS  Lij  iCju». 
(;Jv.a)6^  Ifc^Mjj  iiÀ^  45^?^  '^I   *AiîAi  (j\  J!   »jJÎ  ^jlSo  ^jU   ^^^ 

^j^l  ««xJj  »<Xx^  -lï  ^lî  4XJÎ  (jà:-*-*  Ulj  çjM*^^\  JuXo'  «XÂc 

yJ  JI  j-è,!j-5  ^jlC»  jiyi  ij5^  ^3^  yl^  x*Ll  i  y!  J^j 

ans.  Il  fut  remplacé  par  son  fils  Arfaklichad ,  qui  mourut 
âgé  de  quatre  cent  soixante-cinq  ans,  au  mois  d'avril.  Son 
fils  Chalih,  qui  lui  succéda,  atteignit  l'âge  de  quatre  cent 
trente  ans,  et  laissa  en  mourant  un  fils  nommé  Abir,  qui 
cultiva  la  terre. 

Cette  époque  fut  signalée  par  de  graves  événements  et  des 
discordes  dans  différentes  contrées.  Abir  laissa  en  mourant, 
à  l'âge  de  trois  cent  quarante  ans,  son  fils  Faleg,  qui  suivit 
la  voie  tracée  par  ses  ancêtres,  et  vécut  deux  cent  trente- 
neuf  ans.  Nous  avons  déjà  parlé  de  ce  dernier,  et  de  la  con- 
fusion des  langues  dont  Babel  fut  alors  le  théâtre  (voyez 

P-  78.  79)- 

Son  successeur  fut  son  fils  Argou  (Reou),  et  c'est  à  cette 

époque  que  l'on  place  la  naissance  de  Nemrod,  le  tyran. 

Argou  mourut  à  l'âge  de  deux  cents  ans,  dans  le  mois 

I.  6 


82  LES  PRAIRIES  D'OR. 

*_A_wj  ^jbj^l   li  c:*j*X-»-î   J^XxJl   ij^  i^^yà.) jya.]]^  -Luo^l 
l_^  iCJLMi  (j-aAS^  iiÀAv  ^^U  4MÎ  ^uiu*  ^J^  (},\  oj.5  ylii  viUi 

J^\   ijàxi  \Xj     »>J<Mi  ç^y^JUj]^  bUw^  ëJi,Mi  iùU  4Mt  ifjiiXKÎ  ^t   Jl 

JJljJj  j^-S'vi»!  Jvï».{j  V^^  0-*  f^^'*  ^j^  o^^'  «S  y'^ 

d'avril,  et  laissa  après  lui  son  fils  Saroug  (ou  Charoukh). 
On  présume  que  c'est  du  vivant  de  celui-ci  que  le  culte 
des  idoles  et  des  images,  dû  à  différentes  causes,  fut  in- 
troduit sur  la  terre.  Saroug,  après  avoir  vécu  deux  cent 
trente  ans ,  fut  remplacé  par  son  fils  Nakhour,  qui  suivit 
l'exemple  de  ses  pères.  Cette  époque  fut  signalée  par  des 
commotions  physiques  et  des  tremblements  de  terre,  phéno- 
mènes inconnus  jusqu'alors;  on  inventa  aussi  plusieurs  ma- 
chines et  instruments.  On  place ,  dans  cette  même  période ,  de 
grandes  guerres  et  la  formation  de  plusieurs  nations  chez  les 
Indiens  et  d'autres  peuples.  Lorsque  Nakhour  mourut,  âgé 
de  cent  quarante-six  ans ,  son  filsTarikh  (Terah),  qui  n'est 
autre  qu'Azer,  père  d'Abraham,  lui  succéda.  Ce  fut  sous 
le  règne  de  Nemrod  ben  Kanan,  contemporain  de  Tarikh, 
que  parurent  sur  la  terre  le  culte  du  feu  et  des  astres ,  et  les 
différentes  catégories  introduites  dans  ce  culte.  Des  guerres 


CHAPITRE  IV.  83 

jlàjj  y*.ljJl  V3^  ti^  '^■^•^  (*^  'r>^J  cy^i'!  1^3  ocV^j  *i)!5Xjiiî 
ti>  U^  ^  (<S^^i  W»  «^j  CS^i  Xx*Ji   vJlls  J!   r»,^.^^'    c_>l:È«l 

tl^^^j  ^».^^X>>-t    «SXxKkJ    «^^  li_jJ)^  (jl   i^^^.^!   IjjjJlJ^Ij    (.fAS^'yi 

^  iCÀM  (jjvjc*»(j  (iJ^j^^  *^î  xiâAi  ^jl  tjl  oJj  yl^  zy*  i^i  jj^ 

terribles  ravagèrent  le  monde,  de  nouveaux  empires  et  de 
nouvelles  provinces  furent  fondés  en  Orient  et  en  Occi- 
dent, etc.  Les  étoiles  et  leur  influence  sur  la  destinée  de- 
vinrent alors  un  objet  d'étude;  on  traça  des  sphères,  et  l'on 
inventa  des  instruments  pour  faciliter  ces  travaux  et  les 
rendre  accessibles  à  l'intelligence.  Les  astrologues  obser- 
vèrent l'horoscope  de  l'année  dans  laquelle  Abraham  vint 
au  monde,  et  ils  avertirent  Nemrod  qu'un  enfant  allait 
naître  qui  traiterait  leurs  rêveries  religieuses  de  folie  et 
renverserait  leur  culte.  Nemrod  ordonna  de  tuer  tous  les  en- 
fants, mais  Abraham  fut  caché  dans  une  caverne.  Son  père 
Azer  ou  Tarikh  mourut  à  l'âge  de  deux  cent  soixante  ans. 

CHAPITRE  IV. 

HISTOIRE  D'ABRAHAM,   L'AMI   DE  DIEU,  DES   PROPHÈTES  ET  DES  ROIS 
D'ISRAËL  QUI  ONT  VECU  APRÈS  LUI. 

Lorsque  Abraham  eut  grandi,  et  qu'il  fui  sorti  de  la  ca- 

6. 


84  LES  PRAIRIES  D'OR. 

^j  î*Xiû  Jbi  l.r,A.«j)jji  j>^î  (^\j   Uo  ^j  Ϋ>vi5  JUi   l^ii^lj, 

cjLàj  *>oj  ^^  ttXjû  jUi  ^^\j  U  Sv^go  (jrti><\i*.JÎ  j_^  j^l^  LJt»-À 

A^i  Jo^ss-  oblî  (ii3i>  »^  ^^1^  (jw«  /6-g^^  («^A5saJS  Jl.r>-j  J^J-^S 
<Jji^  tJ-«^  J^  (l^♦  o«i^-*wj  <j^i  y^  ^^-*^^3  ^■S'  '^^  olila*ol^  «î^^ 

cylij.:S^JL!   i^ili^l^  ^6-QJiU*  cj-«  j^îp  U  <5w»^*  4^  (<V*;j'   t->Uà 

verne  où  il  s'était  caché,  il  jeta  ses  regards  sur  le  monde  et 
il  y  reconnut  les  preuves  de  la  création  et  d'une  influence 
supérieure.  Observant  d'abord  la  planète  Vénus,  qui  se  le- 
vait à  l'horizon,  il  dit  :  «Voici  mon  Seigneur.  »  11  vit  en- 
suite la  lune,  qui  jetait  plus  d'éclat,  et  dit  :  «  Voici  mon  Sei- 
gneur. »  Enfin,  ébloui  par  les  rayons  du  soleil,  il  s'écria 
encore  :  «  Voici  mon  Seigneur.  »  Ces  paroles  d'Abraham  sont 
diversement  commentées;  les  uns  pensent  qu'il  ne  faut  les 
considérer  que  comme  une  sorte  d'induction  ayant  un  sens 
interrogatif  ;  d'autres  croient  que ,  lorsque  Abraham  les  pro- 
nonça, il  n'avait  pas  encore  l'âge  de  raison,  et  par  consé- 
quent la  responsabilité  de  ses  actes;  il  y  a  encore  d'autres 
explications  à  cet  égard.  Puis  Gabriel  vint  lui  enseigner  la 
vraie  religion ,  et  Dieu  le  choisit  pour  son  prophète  et  son 
ami  {khalil).  (Je  dois  pourtant  faire  remarquer  que)  Abra- 
ham avait  déjà  reçu  de  Dieu  «  la  direction  spirituelle.  »  {Ko- 
ran,  xxi,  52.)  Or  celui  qui  a  obtenu  ce  secours  est  à  l'abri 
de  tout  péché  et  de  toute  chute,  et  ne  peut  altérer  le  cuite 
dû  au  Dieu  unique  et  éternel.  Abraham  s'éleva  contre  l'ido- 
lâtrie de  son  peuple  et  lui  reprocha  d'ériger  en  divinités  des 


CHAPITRE  IV.  85 

^y  (•>*  u'^  !;>>^j  b^^^  b>*ii^  tj^j  P^<x»v  ^3  iÙM-«JI 


figures  sculptées.  Ces  reproches  devenant  plus  vifs  chaque 
jour,  et  faisant  impression  sur  le  peuple,  Nemrod  fit  jeter 
Abraham  dans  un  brasier  ardent;  mais  Dieu  lui  donna  au 
milieu  des  llammesla  fraîcheur  et  le  bien-être  (A^omn,v,  20) , 
et  le  même  jour  le  feu  s'éteignit  sur  toutes  les  parties  de  la 
terre. 

Abraham  était  âgé  de  quatre-vingt-six  ans,  ou,  selon 
d'autres,  de  quatre-vingt-dix  ans,  lorsqu'il  eut  Ismaïl  de 
Agar  (Hadjar),  esclave  de  Saïah.  Sarah,  qui  adopta  la  pre- 
mière la  croyance  de  son  mari,  était  fdle  de  Befouël,  fils 
de  Nakhour,  el  cousine  d'Abraham;  mais  ce  point  est  con- 
troversé, comme  nous  le  montrerons  plus  loin.  Lot,  fils  de 
Haran,  fils  de  Tarikh,  fils  de  Nakhour,  et  par  conséquent 
neveu  d'Abraham,  crut  aussi  en  sa  mission  et  fut  envoyé 
par  Dieu  dans  les  cinq  villes  (Penlapole),  c'est-à-dire  So- 
doum,  Amoura  (Gomorrhe),  Admoula  (Admah),  Saoura 
(Ségor)  et  Saboura  (Seboïm).  Le  peuple  de  Lot  était  «les 


86  LES  PRAIRIES  D'OR. 

tfjL^  U:>)1»    «.=>-U&    (^   eÇsJb\jJ^   J^A>XJi\té\    ùJj   L^         /fr^jUi!   (j^ 

hommes  de  la  Moutafiheh.»  [Koran,  lui,  5/i),  mot  qui  dé- 
rive de  ifk,  mensonge,  d'après  les  partisans  de  l'étymolo- 
gie.  Il  en  est  fait  mention  dans  ce  passage  du  Koran  {ihid.)  : 
«  La  Moutajïkeli  a  été  renversée.  «  Ces  cinq  villes  sont  situées 
entre  la  Syrie  et  le  Hedjaz,  du  côté  du  Jourdain  et  de  la  Pa- 
lestine, mais  elles  dépendent  de  la  Syrie.  On  en  voit  en- 
core (332  de  l'hég.)  l'emplacement  dans  un  aride  désert, 
où  le  voyageur  remarque  des  pierres  «  marquées  d'em- 
preintes »  [Koran,  xi,  8/i)  et  d'un  noir  brillant.  Lot  vécut 
parmi  ces  peuples  pendant  plus  de  vingt  ans,  et  leur  prê- 
cha la  vraie  religion;  mais  ils  restèrent  incrédules  et  furent 
punis  comme  Dieu  nous  l'apprend  dans  son  saint  Livre. 

Lorsque  Agar  eut  donné  le  jour  à  Ismaïl,  Sarah  en  con- 
çut de  la  jalousie,  Abraham  conduisit  donc  Ismaïl  et  Agar 
à  la  Mecque,  et  les  y  établit.  C'est  ce  que  dit  le  Koran,  qui 
met  les  paroles  suivantes  dans  la  bouche  d'Abraham  :  «  J'ai 
donné  pour  demeure  à  une  partie  de  ma  famille  une  vallée 


CHAPITRE  IV.  87 

J^  U:  Ai  /rfvJÈl^î  tK^  ^  ia^  j,^5  4MI  (ilXj:»!^  /fc^'  (5,^ft^ 
•^j^  rfiJà*  ;^*Jv  '^W^  »I<>Jt»  (^n-xa^  a}oj  *j;  ii^ftlia  Jl  jôUi 
tXj»^   6Jè  Qf^  Xmm  i^>t»^   /jj^Uwif  /<<*^3^  <Xxj   k^^j  i^-^l    8jUm* 

sans  culture ,  près  de  ta  maison  sainte ,  etc.  »  (  xiv,  ào.  ]  Dieu , 
exauçant  leurs  prières,  peupla  leur  solitude  en  y  amenant 
les  Djorhomites  et  les  Amalécites,  «  dont  il  leur  concilia  les 
cœurs.  »  [Ihid.)  Le  peuple  de  Lotfut  détruit  du  temps  d'Abra- 
ham à  cause  de  sa  corruption,  ainsi  qu'on  le  sait.  Dieu  or- 
donna ensuite  à  Abraham  d'immoler  son  fds;  Abraham 
s'empressa  d'obéir  «  et  il  coucha  son  fds  le  front  contre 
terre  »  (xxxvii,  io3)  ;  mais  Dieu  le  racheta  «  par  un  sacrifice 
précieux  »  [ibid.  107),  et  Abraham  éleva,  «  de  concert  avec 
Ismaïl ,  les  fondements  du  temple.  »  (11 ,  121.)  Abraham  avait 
atteint  fâge  de  cent  vingt  ans  lorsque  Sarah,  sa  femme, 
lui  donna  son  fils  Isaac  (Ishak).  Le  sacrifice  d'Abraham  a 
donné  lieu  à  diverses  opinions  :  les  uns  disent  que  la  vic- 
time avait  dû  être  Isaac.  les  autres  nomment  Ismaïl.  Si 
l'ordre  d'accomplir  le  sacrifice  fut  donné  à  Mina,  ce  fut  Is- 
maïl, puisque  Isaac  n'est  jamais  entré  dans  le  Hedjaz;  si, 
au  contraire,  cet  ordre  a  été  donné  en  Syrie,  il  faut  croire 
que  ce  fut  Isaac,  puisque  Ismaïl  ne  retourna  jamais  en  Sy 


88  LES  PRAIRIES  D'OR. 

AjU  <^Î   <ÎUilAJ>  yî  Jî  5^  y^  -L-JU  çÇsJî>\j^\  i,y3^  Ty^i  (J^"*^J 

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(ji-.*^!  j—Aa-j  tj^^i^j  XV.M  ^j_jJU«  1^4>J^  caSj  i  tjj^"^  U°^ 

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rie  après  en  avoir  été  expulsé.  Après  la  mort  de  Sarah, 
Abraham  épousa  Keitoura,  qui  lui  donna  six  fils  :  Maran 
(Zimran),  Yakach  (Yakchan),  Madan.Midian,  Sanan  (Sab- 
baq-Ychbak)  et  Souh  (Souah).  Abraham  mourut  en  Syrie. 
Lorsque  Dieu  l'appela  à  lui,  il  avait  cent  soixante  et  quinze 
ans,  et  il  avait  reçu  du  ciel  dix  feuillets. 

Après  la  mort  de  son  père,  Isaac  épousa  Rafaka  (Rébecca) , 
fille  de  Betouël;  elle  donna  le  jour  en  même  temps  à  Esaû 
(Elis)  et  à  Jacob  (Yakoub);  mais  Esaû  vint  au  monde  avant 
son  frère.  Isaac  avait  alors  soixante  ans ,  et  sa  vue  s'était  af- 
faiblie; il  élut  Jacob  chef  de  ses  frères  et  son  successeur  dans 
sa  mission  prophétique;  à  Esaû  il  donna  la  royauté  sur  ses 
enfants.  Isaac  fut  rappelé  par  Dieu  à  l'âge  de  cent  quatre- 
vingt-cinq  ans,  et  on  l'enterra  avec  son  père  «  l'ami  de  Dieu.  » 
Leur  tombeau,  situé  dans  un  lieu  bien  connu,  est  à  dix- 
huit  milles  de  Jérusalem,  dans  une  mosquée  qui  est  sur- 
nommée Moscjuée  d'Abraham  et  pâturages  d'Ahraham  (Hé- 
bron). 


CHAPITRE  IV.  89 

^^^£k£  ^.j,y|  oii/jl  *.^j  ^y^^  ^j^i  f»UiJl  Qoj!  Jl  wA*JLL 

^-*-*^>-^j  u^,?-^-)^  .^^''"^J  ^^y^-i  iS3^i  U-?**^J  ^-y  1^^ 
yJitA  ^^^\  isU^i/J  ^i^^l^i  U^^lj  iljj  JUjb^  u''^-?  (Jr-^^j^^ 

(jV»Wi^j  v_Xu»^^  ^^y^.3  tSJ^  (0-4^  ''^O'  '^•^**  ^  ^iUllj  »^AjJi^ 

^JX»>^X3  ti_^  JI  (^A.Jaj^  aJI  4MÎ  ^jj»-^!^  so^y  A^xlli^j 

aJUl  ool<»  UU  (jvw*^_5  iùUw.^^  liJ^xJj  U^JÛCc  (joAxîl   jJj 


fsaac  avait  ordonné  à  son  fils  Jacob  de  se  rendre  en  Sy- 
rie, en  lui  annonçant  qu'il  serait  prophète  et  qu'il  transmet- 
trait cette  dignité  à  ses  do;'.ze  fils  Ruben  (Roubil),  Sinoéon 
(Chaiiioun),  Lévi,  Juda  (Yahouda),  Issachar  (Yechsahar), 
Zabulon,  Joseph,  Benjamin,  Dan,Neftali,  Gad  et  Acher 
(Achrouma).  Tel  est  le  nom  des  douze  tribus,  dont  quatre 
ont  conservé  le  don  de  prophétie  et  la  royauté:  ce  sont  celles 
de  Lévi,  Juda,  Joseph  et  Benjamin.  Jacob  redoutait  beau- 
coup son  frère  Esaù;  mais  Dieu  lui  promit  sa  protection. 
Cependant  Jacob,  qui  possédait  cinq  mille  cinq  cent  bre- 
bis, en  donna  la  dixième  partie  à  son  frère,  en  cédant  à  la 
peur  que  lui  inspiraient  sa  méchanceté  et  sa  violence,  et 
oubliant  que  la  protection  divine  le  mettait  à  l'abri  des 
agressions  d'Esaù.  Aussi  Dieu  le  châtia  dans  ses  enfants 
pour  avoir  contrevenu  à  la  promesse  divine,  et  il  lui  révéla 
ces  paroles  :  «  Tu  ne  l'es  pas  reposé  sur  ma  promesse,  aussi 
les  fils  d'Esaù  régneront  sur  les  liens  pendant  cinq  cent  cin- 


90  LES  PRAIRIES  D'OR. 

iSJl^   «^,v9>!    ij°^   jj*(«X_A_A)    0^-*-J    A»c>^    C_>liiiL   /jj    w5   ^NJ   /jl 
M  *w«J   (j^  yOij    dl.Ji  4^  «Xj^Àkt    SJsmmj^  v_Aa«jj  «JiAjl    (_;iyix;> 

ii.^^   <XÀ£  (^iOMéXi  ^^A^    <90L»4>O   oLmi^   A)w.«^   iCÂAW   (;;?<x^lj 

quante  ans.  Telle  a  été,  en  effet,  la  durée  de  la  période 
comprise  entre  la  destruction  du  temple  de  Jérusalem  par 
les  Romains  et  la  captivité  des  Israélites,  jusqu'à  la  prise 
de  Jérusalem  par  Omar,  fils  d'el-Khattab.  Joseph  était  le  fils 
préféré  de  Jacob ,  aussi  ses  frères  en  devinrent  jaloux ,  et  leur 
haine  suscita  entre  eux  et  Joseph  les  événements  que  Dieu 
a  racontés  dans  son  Livre  (sur.  xii)  par  l'intermédiaire  de 
son  Prophète ,  et  qui  ont  une  grande  notoriété  chez  ce  peuple. 
Jacob  mourut  en  Egypte,  à  l'âge  de  cent  quarante  ans.  Jo- 
seph fit  transporter  et  ensevelir  son  corps  en  Palestine ,  près 
des  tombeaux  d'Abraham  et  d'Isaac.  Il  fut  lui-même  rappelé 
par  Dieu  en  Egypte,  à  l'âge  de  cent  dix  ans,  et  déposé  dans 
un  cercueil  de  marbre,  soudé  de  plomb  et  enduit  d'un  ver- 
nis qui  en  interceptait  le  passage  à  l'eau  et  à  l'air;  puis  ce 
cercueil  fut  jeté  dans  le  Nil ,  près  de  Memphis  (Menf  ) ,  à  l'en- 
droit où  s'élève  la  mosquée  qui  porte  son  nom.  D'autres 
croient  que  Joseph  ordonna  que  son  corps  fût  transporté  et 
enterré  près  de  son  père  Jacob,  dans  la  mosquée  d'Abraham. 
A  la  même  époque  vivait  Job  (Eyoub) ,  dont  la  généa- 


CHAPITRE  IV.  91 

i^^o  (J-»  iUÀiyJlj  uU>"^*"  (J^^  t^*  t»^^'  ^^^^  <iUi>j  (<Vi&|^i 

iLJL^  yJ^^  liXi^  Ua3^  (^  Igj^  (.^dMwJL^I  (^I  (^jvjJl^  fitX^^^ 
(jv_j  l  .tf»  ■»  y^l^Ji}  \j^  ^"^^  *;j-ft**^  iùUl^Sj  (j-i^5  (:J?^*J^ 

ïogie  est  :  Job,  fils  d'Amous,  fils  de  Zarih  (Zerah),  fils  de 
Rawil,  fils  d'Ésaû,  fils  d'Isaac,  fils  d'Abraham.  Il  habitait 
eu  Syrie  le  territoire  du  Hauran  et  de  Bataniah,  dans  le 
district  du  Jourdain,  entre  Damas  et  cl-Djabiah.  Il  était 
riche  et  possédait  un  grand  nombre  d'enfants  ;  Dieu  l'éprouva 
dans  sa  personne,  sa  fortune  et  ses  enfants;  mais,  touché  de 
sa  patience,  il  lui  rendit  tout,  et  mit  fin  à  ses  maux.  Cette 
histoire  est  racontée  dans  le  Koran  (sur.  xj:i,  83,  etxxviii, 
!xo).  La  mosquée  de  Job  et  la  source  où  il  se  lavait  sont  en- 
core connues  aujourd'hui  (332)  dans  le  pays  de  Nawa  et 
de  Djawlan ,  situé  dans  le  district  du  Jourdain ,  entre  Damas 
et  Tibériade;  elles  sont  à  trois  milles  environ  de  la  ville 
de  Nawa.  La  pierre  sur  laquelle  il  se  reposait  pendant  son 
malheur,  auprès  de  sa  femme  Rohma,  est  encore  conservée 
dans  cette  mosquée. 

Ceux  qui  acceptent  l'autorité  du  Pentateuque  et  des  livres 
anciens  disent  qu'un  prophète  du  nom  de  Moaça  (Makhir.^)» 


92  LES  PRAIRIES  D'OR. 

/jj   *>y^^_^M  ^^_j  <!(-;uAi>   /eJa..ftj  ^j^  JUa  yl^  Joj  j-iâx  iiXftîjj 

fils  de  Micha  (Manassé) ,  fils  de  Joseph,  fils  de  Jacob,  pré- 
céda Moïse  (Mouça) ,  fils  d'Amran,  et  que  c'est  ce  Mouça  qui 
se  mit  à  la  recherche  de  Kliidr,  fils  de  Malkan ,  fils  de  Fa- 
leg,  fils  d'Abir,  fils  de  Chalih,  fils  d'Arfakchad,  fils  de 
Sem,  fils  de  Noé.  D'autres,  parmi  eux,  identifient  Khidr 
avec  Khidroun ,  fils  d'Amaïl ,  fils  d'Alnifar  (  Alifaz  ) ,  fils 
d'Esaû,  fils  d'Isaac,  fils  d'Abraham;  ils  ajoutent  qu'il  fut  en- 
voyé par  Dieu  à  son  peuple  et  le  convertit.  Moïse,  fils  d'Am- 
ran, fils  de  Kahet,  fils  de  Lévi,  fils  de  Jacob,  vivait  en 
Egypte  du  temps  dé  Pharaon  le  tyran.  Celui-ci,  le  qua- 
trième des  Pharaons  d'Egypte,  était  alors  très-âgé  et  d'une 
haute  stature;  il  s'appelait  el-Walid,  fils  de  Moçab,  fils  de 
Moawiah,  fils  d'Abou  Nomaïr,  fils  d'Abou'l-Hilwas,  fils  de 
Leit,  fils  de  Haran,  fils  d'Amr,  fils  d'Amlak. 

A  la  mort  de  Joseph,  les  Israélites  tombèrent  dans  l'es- 
clavage et  souffrirent  de  grands  maux.  Les  devins,  les  as- 
trologues et  les  magiciens  annoncèrent  à  Pharaon  qu'an 
enfant  allait  naître  qui  le  précipiterait  de  son  trône,  et  sus- 


CHAPITRE  IV.  93 

JUIoiiî  j;^jo  woîj  U^t/*  '^'^♦^  ^j-^  iLffJiàs-  \j^jo\  jjto^  ^^5^ 

A^  «X»^  ^l>^JÙ  ^UaJ  (^  <X^^jt^   2(^-Sâk.  (j^  aMI   QâJCi)   U  /<!nJ!  ^ 

{j^-^j-*  U-*  yj^  <S"y^  ^r^  ^-5  (j^.'^'^  J^^  <i^  '^>*<-*  (j^ 
«Xi  U  iJUÀjÎ  <îts»5\J5  ***  Sw«î  (j-«  (j^^  (frA  C^y^^  <r*^****^  J^ 
l-i(y.AXj^  (j^y^  ^^'■f^y   SiX^i&S  «XimIj  L^JSCj  j^^^  ^)  K5^  jSi> 

citerait  de  graves  événements  en  Egypte.  Pharaon,  effrayé 
de  cette  prédiction,  fit  périr  tous  les  enfants;  mais  Dieu 
ordonna  à  la  mère  de  Moïse  d'exposer  son  fils  sur  l'eau, 
ainsi  qu'il  nous  l'apprend  par  la  bouche  de  Mohammed ,  son 
prophète  (sur.  xx,  Sg). 

A  cette  époque  vécut  le  prophète  Choaïb,  fils  de  Nawil, 
fils  de  Rawaïl,  fils  de  Mour,  fils  d'Anka,  fils  de  Madian, 
fils  d'Ibrahim;  ce  prophète,  qui  parlait  arabe,  fut  envoyé 
vers  les  Madianites.  Moïse ,  fuyant  la  colère  de  Pharaon , 
se  rendit  auprès  de. Choaïb,  dont  il  épousa  la  fille,  comme 
il  est  dit  dans  le  Koran  (vu,  83). 

Puis  Dieu  parla  directement  à  Moïse  (iv,  162),  lui  donna 
l'assistance  de  son  frère  Aaron  (Haroun),  et  les  envoya  tous 
deux  auprès  de  Pharaon,  qui  leur  résista  et  périt  dans  les 
flots.  Dieu  ordonna  alors  à  Moïse  de  conduire  au  désert 
[ci-tili)  les  fils  d'Israël,  dont  le  nombre  s'élevait  à  six  cent 
mille  adultes,  sans  compter  les  enfants.  Les  tables  que  Dieu 
donna  à  son  prophète  Moïse,  sur  le  mont  Sinaï  [tour  Sina), 


94  LES  PRAIRIES  D'OR. 

0.;)  ^g*5-^   *-^S»   t^   -^î   Wb*»'   (S^^    ^\^^\    Osj\<^   jxUj^    ^ 

ov^«>Jl*  ibbuJ  IgAàj  ^^AJaifci  ^^  (j>^  Uxam  j^jls  J^>.  ^^  yljjj 
(^  |^i_5LAft5  *>si  JwjÎj.*«Î  ^j  çj^  Uj5  j^tj  tK-*.^^  (i^  J^  l^ 
c:^.AM^_X_Â  **N.-J  (jw«  ^î^jJiil  <-:Aixi*MJ  «X»3jlî  a.^  Jb  Sil^fi 

i^vj^Jl  Jlyl  ^1  ieJl_5  yU)Jî  r^*^J  J^^^  cKil^  U5^^  U^ 

iXJLo  9^/^.   <^I࣠ (^3^  (i^^^  U^^^  CJ-*  W^  M^*^  ^^^  8^1ૠ

étaient  d  emeraude ,  et  les  caractères  y  étaient  gravés  en  or. 
En  descendant  de  la  montagne,  Moïse  vit  les  Israélites  pros- 
ternés devant  un  veau  qu'ils  adoraient;  il  fut  saisi  d'effroi, 
et  les  tables  s'échappèrent  de  sa  main  et  se  brisèrent.  Il  en 
réunit  les  fragments  et  les  déposa  avec  d'autres  objets  dans 
î'arclie  «  de  la  majesté  divine  »  (ii,  2^9) ,  qu'il  plaça  dans  le 
tabernacle.  Il  en  confia  la  garde  à  Aaron ,  qu'il  institua  son 
successeur;  puis  Dieu  acheva  de  révéler  le  Pentateuque  à 
Moïse  pendant  qu'il  était  dans  le  désert.  Aaron  mourut  et 
fut  enterré  dans  la  montagne  de  Moab,  près  de  la  chaîne 
de  Cherat,  non  loin  du  Sinaï.  On  montre  son  tombeau 
dans  une  antique  caverne,  d'oii  l'on  entend  souvent,  pen- 
dant la  nuit,  sortir  un  grand  bruit  qui  épouvante  tous  les 
êtres  vivants.  On  dit  encore  qu' Aaron  n'a  pas  été  enterré, 
mais  seulement  déposé  dans  cette  caverne.  Les  particula- 
rités étranges  qui  se  rapportent  à  ce  lieu  sont  bien  connues 
de  tous  ceux  qui  l'ont  visité. 

Aaron  mourut  sept  mois  avant  Moïse,  et  âgé  selon  les  uns 


CHAPITRE  IV.  95 

y5j«tf>    (jàAJj  j.^aÏ|     AX«u**0    iâ^'y^    *^J    «-^^     vJji    (JD^  »UÂa»() 

dUj    tXXJ    (JâAd  l_£^^  {J^  cX^^    «XJ»^    iïÂAW    {^j-**'^i    ^^    (^^  ^^.^ 

0jwJlj  -oj^-^^Ji^  J.aJ>jSvJIj  ^^4À3l^j.,«i)|  Igxi  iUj|^*JL»  iujydl 

.^LjLÂ_^  (j.MUi.y'j  i^.j\.«.jtA*w^  JU/L«  (.jt-ll  is)Lc\.w  (^  (.^ijibtXJt 

de  cent  vingl-trois  ans,  ou  de  cent  vingt  ans  selon  les  autres. 
D'autres  croient  que  Moïse  ne  mourut  que  trois  ans  après 
son  frère,  qu'il  pénétra  en  Syrie,  et  envoya  de  l'intérieur 
du  pays  des  expéditions  contre  les  Amaléciles,  les  Korba- 
nites,  lesMadianites,  et  d'autres  peuples  dont  il  est  fait  men- 
tion dans  le  Pcnlateuque.  Dieu  donna  à  Moïse  dix  feuillets, 
qui  complétèrent  le  nombre  de  cent  feuillets.  Puis  il  lui 
révéla  en  hébreu  le  Pentateuqne  [Tourah) ,  avec  les  com- 
mandements et  les  défenses,  les  permissions  et  les  interdic- 
tions, les  décrets  et  les  décisions  que  renferment  ses  cinq 
s*?/^/- (idd),  c'est-à-dire  cinq  livres. 

L'arche  où  reposait  la  majesté  divine  et  que  construisit 
Moïse  était  en  or,  du  poids  de  six  cent  mille  sept  cent  cin- 
quante miskal,  et,  après  Aaron,  la  garde  en  fut  confiée  à 
Josué  (Youcha),  fils  de  Noun,  de  la  tribu  de  Joseph.  Moïse 
mourut  à  l'âge  de  cent  vingt  ans;  mais  ni  lui,  ni  Aaron 
n'éprouvèrent  les  infirmités  de  la  vieillesse,  et  ils  jouirent 
d'une  jeunesse  continuelle. 


96  LES  PRAIRIES  D'OR. 

(jl    (.I^U-uil  ^JU  y4<**^,    viUi    «X*J    ykJ    ryJ   Jt.*«^  jUo  (5*3"*   '^^ 

«jliJj  /N^JC^  *i  ool^  ^^^  ?^y^-  ("*&"  ^  t^,?'^*'  f»uiJi  iiJy\^  (j-« 

«jwA_&  ^j  wii..€w  (j-«  ^^j  ji  \^-A3  {jy^.  ^_5  iS)*^'  cMJij  -^  4^5 
**X_JLj  0.-tf  iLA-»«:5Xjl!5  (jw«  *^3  ^^JaÀil  c-*i^-Lo  Ixùpi  tXï^ 
^ji^^t  ^j  iLj^Ja  i^^  ■«'U  ^XÀj  V^ajIj  &jx£i&  0^  j.i*.li^ 

l^j»w:^  iUjCÀli    8^.^05  (iî  {J^J^^  ■*'^-*  <-*JkA.«  ts'fr^^    5^^  (3-**^^ 

Après  la  mort  de  Moïse,  Josué,  fils  de  Noun ,  conduisit  les 
Israélites  en  Syrie,  où  régnaient  alors  les  géants,  race  de 
rois  amalécites,  ainsi  que  d'autres  princes.  Il  envoya  contre 
eux  quelques  expéditions  et  eut  avec  eux  plusieurs  engage- 
ments ;  il  conquit  tout  le  territoire  dépendant  de  Jéricho  et 
de  Zogar,  dans  le  Gour,  ou  contrée  basse  du  lac  Fétide  (mer 
Morte). 

Ce  lac  repousse  ce  qu'on  y  jette,  et  ne  renferme  ni  pois- 
sons, ni  aucun  être  vivant,  comme  l'ont  remarqué  l'auteur 
de  la  Logique  [Météorol.  II,  cap.  m)  et  d'autres  philosophes 
qui  ont  vécu  avant  ou  après  Aristote.  Le  Jourdain  verso  dans 
ce  lac  les  eaux  du  lac  de  Tibériade;  ce  dernier  sort  du  lac 
Keferla  et  el-Karoun  (?) ,  aux  environs  de  Damas.  Arrivé  au 
lac  Fétide,  le  Jourdain  le  traverse  jusqu'à  la  moitié,  sans 
mélanger  ses  eaux  avec  celles  du  lac,  dans  le  centre  duquel 
il  s'engouffre.  On  ne  s'explique  pas  comment  un  fleuve  aussi 


CHAPITRE  I\.  97 

u^'^^j^'  -^-^  '-e-H^  ïr^^  »;^*^'  sisjài/i  »jjLS.:^j  yiLsw 


considérable  que  le  Jourdain  n'influe  pas  sur  la  crue  ou  la 
diminution  des  eaux  du  lac.  D'ailleurs,  on  a  fait  relativement 
au  lac  Fétide  de  longs  récits  que  nous  avons  reproduits  dans 
nos  Annales  historiques  et  dans  l'Histoire  movenne.  Nous  v 
avons  parlé  aussi  des  pierres  qu'on  retire  de  ce  lac.  et  qui 
ont  deux  formes  analogues  à  celle  du  melon.  Ces  pierres, 
connues  sous  le  nom  de  pierres  de  Judée,  ont  été  décrites  par 
les  philosophes,  et  sont  employées  en  médecine  contre  les 
calculs  urinaires.  On  les  di\"ise  en  deux  espèces  :  les  mâles 
et  les  femelles;  les  premières  sont  employées  pour  le  trai- 
tement des  hommes  et  les  autres  pour  celui  des  femmes. 
On  extrait  également  de  ce  lac  le  bitume  nommé  elhomar 
(■"trn  .  Il  n'y  a  pas,  dit-on,  dans  le  monde  d'autre  lac  qui 
ne  renferme  ni  poissons,  ni,  en  général,  aucun  être  vivant, 
excepte  celui  dont  nous  parlons,  et  un  autre  lac  sur  lequel 
j'ai  navigué  dans  TAderbaîdjan  :  il  est  situé  entre  les  \-illes 
d'Ourmiah  et  de  Méragah,  et  reçoit  dans  le  pavs  le  nom  de 
Keboudan.  Plusieurs  auteurs  anciens  ont  expliqué  les  causes 


98  LES  PRAIRIES  D'OR. 

ij^Uii  cj^  «>;js*  -î^  i>^^  ^^  ^^'  <^  (Sy^^^^i  ^y^-  ^'^'^  u^ 
yj  j-^^-TÎ  ^«^  oolsC»  -UJI  (jiTji?  cjÎjUJI  (j-ij  ^3HsJU^t^ 

(jY^  o%*  Jy^?  ^^  ^^  (^«^^-*.^^  ^:?5  ^^^Xjj  t«xx<^'  y^3 

de  cette  absence  complète  d'êtres  animés  dans  le  lac  Fétide; 
mais,  bien  qu'ils  n'aient  fait  aucune  mention  de  celui  de  Ke- 
boudan,  il  est  permis  de  conclure,  par  analogie,  que  ce  phé- 
nomène est  déterminé  par  les  mêmes  causes  dans  les  deux 
lacs. 

Le  roi  de  Syrie  esSomeida,  fils  de  Houbar,  fils  de  Malek, 
marcha  contre  Josué,  fils  de  Noun,  et,  après  plusieurs  com- 
bats, fut  tué  par  ce  dernier,  qui  s'empara  de  son  royaume; 
mais  bientôt  plusieurs  autres  géants  alliés  aux  Amalécites 
l'attaquèrent,  et  la  Syrie  devint  le  théâtre  d'une  longue 
guerre.  Josué  gouverna  les  Israélites ,  après  la  mort  de  Moïse , 
pendant  vingt-neuf  ans.  Sa  généalogie  était  Josué,  fils  de 
Noun,  fils  d'Ephraim,  fils  de  Joseph,  fils  de  Jacob,  fils 
d'Isaac,  fils  d'Abraham.  On  croit  que  le  premier  combat  que 
Josué  livra  à  es-Someida ,  roi  des  Amalécites ,  eut  lieu  dans  le 
pays  d'Eïiah,  près  de  Madian.  Cette  circonstance  est  men- 
tionnée dans  les  vers  suivants  de  Awf ,  fils  de  Saad ,  le  Djer- 
homite  : 


CHAPITRE  IV.  99 

JULj  J^-s^  -Lii-Jî  i^  (j^  UAJl  ^^  (^^  i^jJ^  ij^  <yji^ 
^^  pL^JsJI  <^   X-«^i  aK.*^   »^«XJI   t_>Uiu*iw«  yli'^  yl;L* 

N'as-tu  pas  vu  à  Eïlah  la  chair  de  l'Amalécite  (Someida) ,  fils  de  Hou- 
bar,  mise  en  lambeaux , 

Lorsqu'il  fut  attaqué  parune  armée  de  quatre-vingt  mille  Juifs,  protégés 
ou  non  par  des  boucliers? 

Ces  cohortes  d'Amalécites,  qui  se  traînaient  péniblement  et  grimpaient 
sur  ses  traces , 

On  ne  les  a  plus  rencontrées  entre  les  montagnes  de  la  Mecque,  et 
personne  depuis  lors  n'a  revu  es-Someida. 

Dans  une  bourgade  du  district  de  Balka,  en  Syrie,  vivait 
un  homme  nommé  Balam,  fils  de  Baour,  fds  de  Samoun , 
fils  de  Ferestam,  fils  de  Mab  ,  fils  de  Lout,  fils  de  Haran,  et 
dont  les  prières  étaient  exaucées  par  Dieu.  Son  peuple  le 
poussa  à  appeler  les  malédictions  du  ciel  sur  Josué,  fils  de 
Noun  ;  mais ,  ses  imprécations  étant  restées  stériles ,  il  engagea 
un  des  rois  amalécites  à  envoyer  les  plus  belles  de  ses  femmes 
dans  le  camp  de  Josué.  L'armée  des  Israélites  se  précipita , 
en  effet,  sur  ces  femmes;  mais  la  peste  se  déclara  parmi 
eux  et  enleva  quatre-vingt-dix  mille  hommes,  et  même  un 
plus  grand  nombre,  d'après  le  dire  de  quelques  auteurs. 
C'est  de  ce  Bahun  que  Dieu  a  dit  dans  le  Koran  «  qu'il  re(;ut 

7. 


100  LES  PRAIRIES  D'OR. 

5u.wk„->  «X_*_j  ^}.j|^»\»(î    ^^   ^   -b^  (jvÀ-w  ^^-àkfi^   *-!>^  (j-?)  yi^^ 

yUiS'-i.^jsXfi  ^\   tiUi  dUi  «X*j  cy^S'joî^î  ^  yî^  ^  t^U. 

les  signes  (de  la  grâce  divine) ,  mais  qu'il  devint  apostat.  « 
(vu,  174.)  Josué,  fils  de  Noun,  mourut,  dit-on,  à  l'âge  de 
cent  dix  ans.  Après  lui  les  enfants  d'Israël  furent  gouver- 
nés par  Kaleb,  fils  de  Youfanna,  fils  de  Bared  (Pères),  fils 
de  Juda.  Josué  et  Kaleb  sont  les  deux  hommes  «  auxquels 
Dieu  a  accordé  ses  bienfaits.  »  [Kor.  v,  26.) 

J'ai  trouvé  dans  un  autre  texte  qu'après  la  mort  de  Josué 
Kouchan  el-Koufri  (Gouchan  Richataïn?)  fut  le  chef  des  en- 
fants d'Israël  pendant  huit  ans,  et  à  sa  mort  il  eut  pour  suc- 
cesseur Amy  ail ,  filsdeKabil  (Athaniel,  fils  de  Kenaz?),  delà 
tribu  de  Juda,  lequel  régna  quarante  ans  et  tua  Kouch,  le 
géant,  qui  résidait  à  Mab  (Debbah),  dans  le  pays  de  Balka. 
Après  lui  les  Israélites  tombèrent  dans  l'infidélité,  et  Dieu 
les  assujettit  à  Kanaan  pendant  vingt  ans.  Quand  ce  roi 
mourut,  Amlal  el-Ahbari  (Eli,  le  grand  prêtre.^)  les  gou- 
verna durant  quarante  ans.  Samuel  (Ghamwil)  lui  suc- 
céda jusqu'à  l'avènement  de  Saiil  (Talout),  sous  le  règne 
duquel  eut  lieu  l'invasion  de  Goliath  (Djalout),  le  géant, 
roi  des  Berbers  de  Palestine. 


CHAPITRE  IV.  101 

(jwtXJLli  o»-xj  iJ^-i^  l^  jl^  ^-»«î;   O'**^^  (J*^  *^^  «S 

iLjv-it»  ïjj^p  L^-JS-J>  «jLli-*  lilj  o».>yAjlj  xjUj  Jus  vilJi^ 
l^^  ^^1  \^jS^  ^Ji>  (^  »^.^a%Jt  cx.«.Aail9  l^jçU  AAjli^  ^^ 

^  XÀAw   (j\_X_j^l   li|^J  iaAAw   (j^  <^^ y^\  IâJ^  ^  J-ajUàC 

D'après  la  première  tradition  que  nous  avons  déjà  citée, 
le  chef  des  Israélites,  après  Josué,  fut  Kaleb,  fils  de  You- 
fanna;  puis  ils  furent  gouvernés  par  Fenhas,  fils  d'EIéazar, 
filsd'Aaron,  fils  d'Amran,  pendant  trente  ans.  Fenhas, 
pour  préserver  les  livres  de  Moïse,  les  déposa  dans  un  coffre 
de  cuivre  dont  il  souda  lorifice  avec  du  plomb,  et  qu'il 
porta  sur  le  rocher  où  le  temple  devait  être  élevé  plus  tard. 
Ce  rocher  se  fendit  et  laissa  voir  une  caverne  renfermant 
un  second  rocher,  sur  lequel  le  coffre  fut  déposé  :  puis  le 
rocher  se  referma  et  reprit  sa  forme  première.  A  la  mort 
de  Fenhas,  fils  d'EIéazar,  les  Israélites  furent  soumis  par 
Kouchan  el-Atim  (Richalaïm),  roi  delà  Mésopotamie,  qui 
les  asservit  et  les  persécuta  pendant  huit  ans.Anyaïl  (Atinel), 
fils  de  Youfanna,  frère  de  Kaleb,  de  la  tribu  de  Juda,  fut 
leur  chef  durant  quarante  ans.  Ils  passèrent  ensuite  sous  le 
joug  oppressif  d'Aloun  (Eglon),  roi  de  Moab,  qui  régna  dix- 
huit  ans.  Après  lui  Ehoud,  de  la  tribu  d'Ephraim ,  fut  leur 


102  LES  PRAIRIES  D'OR. 

(^jïk^^  j*».,«.jL^  *_À-w  (j<Mê^^  Lt^-y-  ^\ji\  »>J^  ^J^  ijiûî 
^iLJi^;^  J^^  ^Mé  (3^\  iixj^î^U^  aJ  ^i-«l»\  ^j^  oJifc.  iU.» 

(^À*»(  x,A.Aw  LjiLa..«0^  i^'^^  ■■jy*^i  *?*"J>J3  '^^'iJ.?*  (j)i?*^*^  tf*^ 

juge  pendant  cinquante-cinq  ans.  La  trente-cinquième  an- 
née de  son  règne  coïncide  avec  la  quatre  millième  du 
monde;  mais  ceci  est  matière  à  controverse  parmi  leschro- 
nologistes.  Chaan  (Chamgar),  fils  d'Ehoud,  gouverna  du- 
rant vingt-cinq  ans.  Failach  (Yabin),  le  Cananéen,  roi  de 
Syrie,  assujettit  les  Israélites  pendant  vingt  ans.  Il  eut  pour 
successeur  une  femme  du  nom  de  Débora ,  que  l'on  consi- 
dère comme  sa  fille;  celle-ci  régna  pendant  quarante  ans, 
et  associa  à  son  pouvoir  un  homme  de  la  tribu  de  Neftali, 
qui  se  nommait  Barak.  Après  elle  les  Israélites  obéirent  à 
des  cliefs  madianites ,  tels  que  Ourib ,  Zawib ,  Banioura ,  Dara 
et  Salta,  pendant  une  période  de  sept  ans  et  trois  mois.  Gé- 
déon  (Djidaoun),  de  la  tribu  deManassé,  qui  extermina  ces 
cliefs  madianites,  régna  quarante  ans.  Le  règne  de  son  fils 
Abimélech  (Abou-Malikh)  fut  de  trois  ans  et  trois  mois.  Ses 
successeurs  furent  Toula,  de  la  tribu  d'Ephraïai,  qui  régna 
vingt- trois  ans;Yamin  (Yaïr) ,  de  la  tribu  de  Manassé,  vingt- 
deux  ans;  les  roisd'Ammon,  dix-huit  ans;  Nahchoun    (Ab- 


CHAPITRE  IV.  103 

iiÀAw  (jJj-^*^  (jy*****^  (^  (JV-*^  ,5'^^   (>-*■  '-^^  <i^*  ijy*'^  ^^ 


tr» 


Jl;û  JoS*>i  t^^Ui  |i^U  Jî  ï_j*>;  45^:^  Jo_^  jAii-  ^  0l(j 

«an),  de  Betlehem,  sept  ans;  Chinchoun  (Samson),  vingt 
ans;  Amlah,  dix  ans,  et  Adjran,  huit  ans.  Les  rois  des  Phi- 
listins les  tinrent  ensuite  sous  leur  joug  pendant  quarante 
ans,  et  après  eux  Ailan  (Elie),  le  grand  prêtre,  les  gou- 
verna pendant  quarante  ans. 

De  son  temps,  les  Babyloniens  vainquirent  les  Israélites, 
leur  enlevèrent  l'arche,  qui  avait  été  l'instrument  de  leurs 
victoires,  et  la  transportèrent  à  Babel;  ils  arrachèrent  les 
Israélites  à  leurs  foyers  et  à  leurs  familles.  A  la  même  époque 
arriva  ce  qui  est  raconté  du  peuple  d'Ezéchiel  (Hizkicl)  «  qui, 
au  nombre  de  plusieurs  milliers  d'hommes,  quittèrent  leur 
pays  de  peur  de  mourir,  et  que  Dieu,  après  leur  avoir  dit, 
Mourez,  rappela  à  la  vie.  «(Koran, 11, 2/i/i.)Lapestelesdécima, 
et  il  ne  resta  que  trois  tribus,  dont  l'une  se  réfugia  au  milieu 
des  sables,  l'autre  dans  une  île,  et  la  troisième  sur  le  som- 
met des  montagnes.  Après  de  longues  épreuves,  ils  revin- 
rent dans  leurs  demeures,  et  dirent  à  Ezéchiel  :  «  As-lu  ja- 
mais vu  un  peuple  souffrir  ce  que  nous  avons  souffert.^  «  — 


104  LES  PRAIRIES  D'OR. 

(^  uKjjWûÎ  ^^^]  (j!iW  Jou  Jot^l  (^j^:>y      J^t  ^ 

Jw)^L<^il  yUj  dUi  0^  l^aiii  J^l  ^j  jUiJî  >6.^ 
(1)  * 

^^Uj   (^yo  ^.y-s^    (J>J   y^SC»  «^^Uo  J^  dJJi  JjJ»  ^(}x«..-< 

«Non,  répondit-il,  je  n'ai  jamais  entendu  parler  d'un  peuple 
qui  ait  fui  devant  Dieu  comme  vous  l'avez  fait.  »  Sept  jours 
après,  Dieu  leur  envoya  la  peste,  et  ils  moururent  tous  jus- 
qu'au dernier  d'entre  eux. 

Après  Ailan  le  grand  prêtre,  régna  Samuel  (Ichmawil),  fils 
de  Barouhan  (Yerouham),  fils  de  Nahour.  Ce  prophète  sé- 
journa vingt  ans  parmi  les  Israélites;  Dieu  éloigna  d'eux  la 
guerre  et  rétablit  leur  fortune.  Mais  ils  retombèrent  dans  de 
nouveaux  troubles  et  ils  dirent  à  Samuel  :  «  Donne-nous  un 
roi,  afin  que  nous  combattions  dans  la  voie  de  Dieu.  »  {Ko- 
ran,  ii,  2/17.)  Dieu  lui  ordonna  de  conférer  la  royauté  à 
Talout,  qui  est  le  même  que  Saùl  (Chaoul),  fils  de  Kicb, 
fils  d'Atial  (Abïel),  fils  de  Saroun  (Seror),  fils  de  Nahou- 
rab  (Bakhorad) ,  fils  d'Afiah,  fils  de  Benjamin,  fds  de  Jacob, 
fils  d'Isaac ,  fils  d'Abraham.  Dieu  le  revêtit  donc  de  l'auto- 
rité, et  jamais  les  Israélites  n'avaient  été  unis  comme  ils  le 
furent  sous  Saûl.  Entre  la  sortie  des  enfants  d'Israël  de 
l'Egypte ,  sous  la  conduite  de  Moïse,  et  le  règne  de  Saùl, 
on  compte  une  période  de  cinq  cent  soixante  et  douze  ans 


CHAPITRE  IV.  105 

tj^^Uo  (4sJ  cu«j  <xj»  AMi  ^j\  J->_jUiî  /o»4^  f^^^*-^  p^^' 

jm      (J^     JLX  A»     Ci>^yéJ^     AJm)     dUli*     t3-»-i     (J^^'j    U4*     viUit 

CJ>»_jLaJÎ  4i*X«  U  a*>«w«  ylSCj  AJ'S'I  *AJb^  (♦^^  (iT*  ^^-*'*^ 
Jk.<^  iCjlj5m  OUÀs».  ^;J^I  «XJi*  lyuuo  (jv-^u.  j.*«^  cK^W 
AJiXj^  oii^^  SjSL-i^  ^^'^  »^y  W-  (j^ia)u«  «Xa*ÏÎj      cy^bJî 

et  trois  mois.  Saiil  fut  d'abord  tanneur,  et  il  préparait  le 
cuir;  aussi  lorsque  le  prophète  Samuel  dit  aux  Israélites, 
«  Dieu  vous  envoie  Saùl  en  qualité  de  roi,  »  ils  répondirent, 
ainsi  que  Dieu  nous  Tapprend  dans  son  livre  :  «  Comment 
pourrait-il  régner  sur  nous?  Nous  sommes  plus  dignes  de  la 
souveraineté  que  lui,  car  il  ne  possède  pas  même  des  ri- 
chesses, etc.  »  {Koraii,n,  2  48.)  —  «  Le  signe  de  la  royauté,  ré- 
pondit le  prophète ,  sera  le  retour  de  l'arche ,  qui  es  t  pour  vous 
un  gage  de  sécurité  de  la  part  de  Dieu,  etc.»  {Ibid.  2àg.) 
En  effet,  l'arche  sainte  était  à  Babel  depuis  dix  ans;  mais 
dès  le  lendemain,  au  point  du  jour,  ils  entendirent  le  frôle- 
ment des  anges,  qui  la  rapportaient. 

Goliath  (Djalout)  avait  affermi  sa  puissance  et  accru  le 
nombre  de  ses  soldats  et  de  ses  généraux.  Jaloux  de  l'obéis- 
sance des  Israélites  envers  Saûl ,  il  sortit  de  la  Palestine  et 
marcha  contre  lui  à  la  tête  de  différentes  races  de  Berbers. 
Ce  Djalout  était  fds  de  Maloud,  fils  de  Debal,  fils  de  Hat 
tan,  fds  de  Farès.  Lorsqu'il  eut  envahi  les  plaines  des  Israé- 


106  LES  PRAIRIES  D'OR. 

XjUûj  i  «^Ji  ^î  (jai  Js-S^  yii».la*îl  ^.^As.  hX^^  (jvia-M*Aij 

-^.^Axii*  u»!i^JJÎ   c^Jj  ^ix?^t  J.At  ^^  Ax*  y^j^Aj  (.^i^i  Ijj^t^ 

^l-MM-A-4^  ^jfyci  Aj^^i^b  d^tà  (5^J  ^^ià  i(^À.I  /o-gjvi  ^^^=7*;; 
J_)t.^j  (j^ljJt  oplL  V*^.^  ^\^  fi-^^  'ri^  cxjtâ  Ws7 
àjlà  A-aJI  ^^;jj  XAJbt   ^.>)j^^  «î^^  '^J  ^^j«î^^  <JI  S^H*^  <J^ 

jS^  JsJij    *J^I   wiyjJW"  ^^^^  J^^  ^^   AjUS'^   dU«3y  aMÎ 

LLaJcS^  (j^  OiXmi  Li^^  IjbpS  LL««Xi  jUài.!   l^j  t«X.s»>t^  ]j^ 

Htes,  Saûl,  d'après  Tordre  de  Samuel,  sortit  avec  son  armée 
pour  combattre  Goliath.  Ce  fut  alors  que  Dieu  leur  envoya 
une  épreuve  auprès  d'une  rivière  qui  sépare  le  Jourdain  de 
la  Palestine,  et  qu'il  leur  infligea  les  tourments  de  la  soif, 
ainsi  qu'il  est  raconté  dans  le  Koran  (ii,  25o).  Les  Israé- 
lites furent  instruits  de  la  manière  dont  ils  devaient  boire; 
ceux  qui  doutèrent  lapèrenl  l'eau  à  la  façon  des  chiens,  et 
furent  exterminés  jusqu'au  dernier  par  Goliath.  Saûl  choi- 
sit ensuite  trois  cent  treize  de  ses  plus  vaillants  soldats ,  parmi 
lesquels  se  trouvaient  David  et  ses  frères.  Les  deux  armées 
se  rencontrèrent,  et,  le  sort  de  la  bataille  restant  indécis, 
Saùl,  pour  encourager  ses  troupes,  promit  le  tiers  de  son 
royaume  et  la  main  de  sa  fdle  à  celui  qui  combattrait  Go- 
liath. David  marcha  contre  cet  ennemi,  et  le  tua  avec  une 
pierre  qu'il  avait  dans  son  sac  de  berger,  et  qu'il  lança  au 
moyen  d'une  fronde.  Goliath  périt  sur-le-champ,  comme  on 
lit  encore  dans  le  livre  saint  :  «  Et  David  tua  Goliath.  »  {Ibid. 
2  52.)  On  raconte  que  David  avait  dans  son  sac  trois  pierres 
qui  se  réunirent  et  formèrent  une  seule  pierre,  avec  laquelle 


CHAPITRE  IV.  107 

^J^^  jjj^\  j{x->.\^  cj'^lla  cdUfjUi^t^  jSJ  t^JJl  '^'j^l 

*-j  (j*.L-LJ|  iù^JiJi^  j«Xit  «iUoj  *jU4^  <i*Aj  x\l\  p^Akij  <îOuu5 

il  tua  Goliath.  Quant  aux  différents  récits  qui  se  rattachent 
à  ce  fait,  ou  peut  consulter  nos  ouvrages  précédents.  On  dit 
aussi  que  ce  fut  Saùl  qui  extermina  ceux  qui  lapèrent  l'eau 
de  la  rivière  et  désobéirent  ainsi  aux  ordres  qu'ils  avaient 
reçus.  Nous  avons  déjà  raconté  l'histoire  de  la  cotte  de  mailles 
au  sujet  de  laquelle  le  prophète  des  Israélites  leur  annonça 
que  celui-là  seul  qui  pourrait  la  revêtir  tuerait  Goliath;  et, 
en  effet,  David  seul  put  s'en  couvrir.  Pour  ce  qui  concerne 
le  détail  de  ces  guerres,  l'histoire  du  fleuve  qui  tarit,  le  ré- 
cit du  règne  de  Saùl,  les  Berhers  et  leur  origine,  nous  ren- 
voyons le  lecteur  à  nos  Annales  historiques.  Plus  bas,  et 
dans  un  chapitre  plus  approprié  à  ce  sujet,  nous  donnerons 
un  résumé  de  l'histoire  des  Berbers  et  de  leur  dispersion 
sur  la  terre. 

Dieu  grandit  le  nom  de  David  cl  abaissa  celui  de  Saùl, 
qui  avait  refusé  de  remplir  ses  engagements  envers  David. 
Cependant,  voyant  la  popularité  qui  entourait  celui-ci,  Saùl 
lui  donna  sa  fille  en  mariage  et  lui  concéda  un  tiers  de  ses 
revenus,  de  son  autorité  et  de  ses  sujets.  Mais  la  jalousie 


108  LES  PRAIRIES  D'OR. 

:>^\:»  jt^  J-Ji  tr*  ^î  A*Âi  *iljÇ;il  àijî^  dJi  Jsjt>  s, 

2>^  yjyMt  ^cyjjlla  c:*Ui  ijî:>  j^!  Lfj  D^a  i  A-«^Iaj       ^.| 

i-j^yi^  «Xa^^j  (^^^:>^  iUaej^  «iJjj  ^y\  ^S  (j^  yyiAj  U 

que  lui  inspirait  David  l'aurait  porté  à  le  faire  périr  dans 
une  embûche,  si  Dieu  ne  l'en  avait  empêché.  David,  au 
contraire,  ne  chercha  jamais  à  lui  disputer  le  pouvoir,  et  sa 
gloire  ne  fit  que  s'accroître  tant  que  Saûl  resta  sur  le  trône. 
Ce  roi  mourut  une  nuit  dans  un  violent  désespoir,  et  les  Is- 
raélites se  soumirent  à  David.  La  durée  du  règne  de  Saùl 
fut  de  vingt  ans.  On  dit  que  c'est  près  de  Beisan,  dans  le 
Gour  ou  région  inférieure  du  Jourdain ,  que  Goliath  fut  tué. 
Dieu  ramollit  le  fer  sous  les  mains  de  David,  qui  en  fit  des 
cottes  de  mailles;  Dieu  lui  soumit  aussi  les  montagnes,  et 
permit  aux  oiseaux  de  chanter  ses  louanges  avec  David.  Ce 
roi  combattit  le  peuple  de  Moab,  dans  le  pays  d'el-Balka.  Il 
reçut  du  ciel  le  psautier  en  hébreu,  composé  de  cent  cin- 
quante chapitres,  et  divisé  en  trois  parties  :  la  première 
prédit  les  rapports  des  Israélites  avec  Bokhtnaçar  (Nabucho- 
donosor)  et  l'histoire  de  ce  roi;  ia^seconde,  le  sort  que  leur 
réservaient  les  Assyriens;  la  troisième  renferme  des  prédi- 
cations et  des  exhortations,  ainsi  que  des  cantiques  et  des 
prières.  On  ne  trouve  dans  ce  livre  ni  commandement,  ni 


CHAPITRE  IV.  109 

à^ljJ  iLAjjb  U^J^^  CjijJol^^UJr!  (j^  ^j'>=^  CAJiJ.^  i^îtxJ 

ocaaJî^j  ^tXJiil  o»^  ^iftj  ^"ikAnt  j^Si»  «iUxM  buj  ijti  Uj^ 

Oj-X-Jj   <JùUvXj^  ^aAjj   (ijviuiji   iUi*»»  ^j  {j^J^   Uxij   ^    tSW^ 

t-»^l^  UL?-*>***^  (»*■<} -^^j   (3-«**^xîl   «X.«j»j5  ^^.«ôl*ll  -t'iAxiii!   /wC 

défense,  ni  aucune  prescription  ou  interdiction.  Le  règne 
de  David  fut  prospère,  et  sa  puissance  inspira  du  respect 
aux  peuples  infidèles  jusqu'aux  extrémités  du  monde.  Il 
bâtit  un  temple  pour  le  culte  de  Dieu  dans  le  Kour  Selam  , 
c'est-à-dire  à  Jérusalem  {beit  el-moqaddes];  ce  temple,  qui 
existe  encore  aujourd'hui,  332  de  l'hégire,  est  connu  sous 
le  nom  d'Oratoire  (Mihrab)  de  David.  C'est  maintenant  le 
point  culminant  de  la  ville,  et  l'on  aperçoit  de  là  le  lac  Fétide 
et  le  Jourdain ,  dont  nous  avons  parlé  ci-dessus  (p.  96  et  97), 
L'histoire  de  David  et  des  deux  plaideurs  est  racontée  par 
Dieu  dans  le  Koran,  ainsi  que  la  sentence  que  ce  roi  pro- 
nonça avant  d'avoir  entendu  l'autre  plaideur  :  «  Il  a  agi  ini- 
quement à  son  égard,  etc.»  (xxxviii,  23.)  On  n'est  pas 
d'accord  sur  la  nature  du  crime  commis  par  David.  Les 
uns,  adoptant  notre  manière  de  voir,  nient  tout  acte  de  ré- 
volte ou  d'impiété  volontaire  de  la  part  des  prophètes,  parce 
qu'ils  sont  présanctiHés  [nidsouin);  ils  croient  donc  que  1(î 
péché  de  David  consiste  dajis  cette  sentence  inique.  C'est 


110  LES  PRAIRIES  D'OR. 

c:?«.>a.a>.  Uo  iù^l  Lt*^^  l$«>-  oUaj'I  ^^  ^yi^  <-^'^J  Jr^  U>4À£ 

(jjvjwjî  aJQLjo  yl^  u^^j  uWy^  ««xJ^  (il  ^5^_55  ilî^i  ^j\i> 
^_>t  à!5^  ^j^^     éùs^^  (j*<L  oL^J  à^  i^  ^i^  ouaw 

c^  «xJjj  j-Mt—ry  yj   (JV*^   ti^-^  ^Jjj   y^   U^^   (Jt»   *N^ 

ce  que  confirme  ce  verset  :  «O  David,  nous  t'avons  établi 
notre  vicaire  sur  la  terre,  juge  les  hommes  selon  la  vérité.  » 
(Sur.xxvni,  2  0.)  D'autres  allèguent  l'histoire  et  le  meurtre  de 
Ouria  (Urie) ,  fils  de  Haïan ,  comme  le  racontent  «  les  livres  des 
origines,  etc.  »  Le  repentir  de  David  fut  exaucé  après  qua- 
rante jours  de  jeûne  et  de  larmes.  Il  épousa  cent  femmes. 
Salomon,  son  fils,  ayant  grandi,  assista  son  père  dans  l'exer- 
cice de  la  justice,  et  reçut  de  Dieu  les  dons  de  prophétie  et 
de  sagesse ,  comme  le  dit  le  saint  livre  :  «  Nous  avons  donné 
à  chacun  d'eux  la  sagesse  et  la  science,  etc.  »  (xxi,  79.)  Da- 
vid avant  de  rendre  son  âme  à  Dieu  désigna  son  fils  Salo- 
mon comme  son  successeur.  Il  avait  régné  quarante  ans  sur 
la  Palestine  et  le  Jourdain.  Son  armée  se  camposait  de 
soixante  mille  hommes  portant  l'épée  et  le  bouclier;  elle  ne 
comptait  que  des  jeunes  gens  encore  imberbes,  mais  pleins 
de  courage  et  de  vigueur. 

A  cette  époque  vivait ,  dans  le  pays  d'Aïlah  et  de  Madian , 
Lotman  le  Sage, dont  le  nom  entier  est  Lokman,  fils  d'Ânko  , 


I 


CHAPITRE  IV.  111 

xjs-^-g  aMI  y_i  liU?  itXAfi  ^jl^^j  ij!:>  jJ.L«  (j^  (jvjc4Mjyà^ 
IJuft  ^  0^jt>jJ]j  iL^.JfJ  [;4ià-«  (joji'î  i  UiL  J^^j  xS^L» 

^«XJI  _^^    L*^->  XwmxJ  UajI   &jUj  <^v>UvI  Ltsi  Ay^  aMI   ii);l« 

fils  de  Mezid,  fils  de  Saroun;  c'était  un  Nubien,  alTranchi 
de  Lokaïn ,  fils  de  Djesr.  Il  naquit  dans  la  dixième  année  du 
règne  de  David.  Ce  fut  un  esclave  vertueux  auquel  Dieu  ac- 
corda le  don  de  la  sagesse;  il  vécut,  et  ne  cessa  de  donner 
au  monde  Texemple  de  la  sagesse  et  de  la  piété,  jusqu'à 
l'époque  de  la  mission  -de  Jouas,  fils  de  Matta,  chez  les  ha- 
bitants de  Ninive,  dans  le  pays  de  Moçoul. 

Après  la  mort  de  David,  Salomon,  son  fils,  hérita,  de  son 
caractère  prophétique  et  de  sa  sagesse.  Il  étendit  sa  justice 
sur  tous  ses  sujets,  rendit  ses  Etats  florissants  et  maintint 
la  discipline  dans  son  armée.  Ce  fut  Salomon  qui  bâtit  «  la 
maison  de  la  sainteté,  »  c'est-à-dire  la  mosquée  elAksa,  que 
Dieu  a  entourée  de  ses  bénédictions.  Après  avoir  terminé 
cet  édifice,  il  bâtit  pour  lui-même  une  maison  qu'on  nomme 
aujourd'hui  Keniçet  el-Komamah .  et  qui  est  la  principale 
église  (Saint-Sépulcre)  des  chrétiens  de  Jérusalem;  mais  ils 
ont  encore  dans  cette  ville  d'autres  églises  vénérées,  telles 
que  l'église  de  Sien ,  nom  que  mentionne  déjà  David ,  l'église 


112  LES  PRAIRIES  D'OR. 

JJ^J  (jài  .«L-jj  iLX.AM  (;5v*J)l  tk?|^î  <^  <^  y^-fV^  wiJXo  ylsCi 

d'el-Djesmanieh  (rincarnation) ,  qui  renferme,  selon  eux, 
le  tombeau  de  David,  etc.  Dieu  rendit  Salomon  plus  puis- 
sant que  tous  ses  prédécesseurs;  il  soumit  à  son  pouvoir 
les  hommes,  les  génies,  les  oiseaux  et  les  vents,  ainsi  qu'il 
l'a  révélé  dans  son  saint  livre.  [Koran,  xxi  etxxxviii).  Salo- 
mon régna  sur  les  Israélites  pendant  quarante  ans,  et  il 
mourut  à  l'âge  de  cinquante-deux  ans. 

CHAPITRE  V. 

RÈGNE  D'ARKHOBOAM,  FILS  DE  SALOMON,  FILS  DE  DAVID  ;  ROIS  D'ISRAËL 
SES  SUCCESSEURS;  APERÇU  DE  L'HISTOIRE  DES  PROPHÈTES. 

Après  la  mort  de  Salomon,  Arkhoboam,  son  fils,  régna 
sur  les  enfants  d'Israël;  mais  les  tribus,  qui  lui  avaient  été 
toutes  soumises,  se  séparèrent  de  lui,  excepté  celles  de  Jucla 
et  de  Benjamin.  Il  mourut  après  un  règne  de  dix-sept  ans. 


CHAPITRE  V.  113 

^^^-^  iXitf'I^  <_>jj^^  ^Î_j5^*i  c:aJ|^j  A)-*->jy  ls\AMi3\  S^-ijJî 
f»\)^.  S<X-j»_j  (iiX*^  XicM»  (JJ*J;Ï  t_>lr*-5  o<Xx>  vii>.Lo  ^oo  (jJuw 

-!5V-i_Jl  ^-^jJ^  ^.y^S  '^^  J-^  cIhS*j  (J>-*<*»'  J-M*"  ^J^  tj^ 
\$LA.^  -liîlj  (jvJk.»»»  J-^^  *^^  vii-^JJ  :>jîi  t}sA»*J  (J-*  ^^  tj^tS*^^^ 
A.Jik«  y^-J  La-aïI-^Î  »«K)t>  vilX«5  (iUi  ^jji  tl"iV*j  ^-^^  (^*^î 
L^_!i-w^^   ÔjS.  ^^v-Jl   Iax.wÎ    S^â*  ij   (j\^   AÀAw  {;y<*t*J^^  (Jri^'5 

Les  dix  autres  tribus  furent  gouvernées  par  Bouriam  (Jéro- 
boam) ,  qui  eut  à  soutenir  d'importantes  guerres  et  qui  adora 
un  veau  d'or  ei)richi  de  perles.  Dieu  le  fit  mourir  après  un 
règne  de  vingt  ans.  Après  lui  Abya,  fils  d'Arkhoboam,  fils 
de  Salomon ,  fut  roi  pendant  trois  ans  ;  puis  Ahab ,  qui  régna 
quarante  ans.  Youram  (Jehoram),  qui  lui  succéda,  rétablit 
le  culte  des  idoles,  des  statues  et  des  images,  et  régna  un 
an.  Les  Israélites  furent  ensuite  gouvernés  par  une  femme 
du  nom  ôi'Ailaii  (Athalie),  qui  extermina  tous  les  descen- 
dants de  David;  un  seul  enfant  échappa  au  massacre.  Le 
peuple,  révolté  de  la  cruauté  de  celte  reine,  la  tua  après  un 
règne  de  sept  ans  (mais  on  n'est  pas  d'accord  sur  ce  chiffre) , 
et  mit  à  sa  place  cet  enfant,  seul  rejeton  de  David.  Il  monta 
sur  le  trône  à  l'âge  de  sept  ans,  et  régna  quarante  ans,  ou 
moins,  selon  quelques  historiens.  Son  successeur,  Amadia, 
régna  cinquante-deux  ans;  le  prophète  Isaïe  (Achaiah),  qui 
vivait  à  cette  époque,  eut  de  fréquents  rapports  avec  ce  roi. 


114  LES  PRAIRIES  D'OR. 

^  Li^j-ji  Je  V-*-*-j^  «XS  Vj?;-**  ^  c:aj\0  Ïjm^  j\xgt^\  Ax^ 
(^X.M>i  ^^-Àî»-ft  -r^  (i^?  (•<*5^  o«X*j  diXoj  ^jUy  î  jlxi^I  c_>lx^j 

^^x-^  (J^lwMi^  CAj\$l»  Job  dljX«  A  .«^Inc  (^  ^\^  j^ÀAxAi 
a.^JoLnm^^  IsUam^!   (j<X^   4-»^.:^^   (JLjUjI    3iyM>»\   ^J\    (jl    <->9w»> 

â^K.o  iL>l.«vXS^  (^jiL^^  (^XJol  iUiAié  ^^  t«Xi^  UjCJj^  jj  Swel^wilî^j 

Nous  avons  raconté,  dans  nos  Annales  historiques,  les  guerres 
qui  éclatèrent  sous  Amadia.  Son  successeur  fut  Yokam  (Jo- 
tam),  fds  d'Oziah;  il  régna  dix  ans,  ou,  selon  d'autres, 
seize  ans.  Après  lui  Ahar  (Aliaz)  releva  les  idoles,  et  se 
montra  aussi  impie  que  cruel.  Un  des  plus  puissants  rois  du 
pays  de  Babel,  Falaifas  (Teglatpileser),  marcha  contre  lui; 
après  de  longues  guerres,  le  Babylonien  fit  prisonnier  le 
roi  d'Israël  et  détruisit  les  villes  et  les  établissements  des 
tribus. 

A  la  même  époque,  des  querelles  religieuses  s'élevèrent 
parmi  les  Juifs  et  amenèrent  le  schisme  des  Samaritains. 
Ces  derniers  rejetèrent  la  prophétie  de  David  et  de  ses  suc- 
cesseurs, soutinrent  qu'il  n'y  avait  plus  eu  de  prophète  de- 
puis Moïse,  et  choisirent  leur  chef  parmi  les  descendants 
d'Aaron,  fils  d'Amran;  aujourd'hui  (332  de  l'hég.)  ils  ha- 
bitent des  bourgades  séparées  sur  le  territoire  de  la  Pales- 
tine et  du  Jourdain,  comme  Ara,  entre  Ramlah  etTibériade, 


CHAPITRE  V.  115 

^jjS\^  (J*^w  iiAJ*N~«  Jl  f£^\  (j-t  \jÎ>jjS'^  iLijAs^  *X-«pi  {j^ 

«XÀf  l^Ai  ^^  iUiuUI   (^  '^^yi  fi^i  W-'^j'   d  «^I^Xo  <!uA£ 

et  d'autres  bourgs,  jusqu'à  Naplouse,  où  ils  sont  en  plus 
grand  nombre.  Ils  ont  une  montagne  qu'ils  nomment  Tour- 
Berid,  sur  laquelle  ils  prient  dans  les  temps  prescrits  par 
leur  religion.  Ils  ont  des  trompettes  d'argent  dont  ils  son- 
nent aux  heures  de  la  prière.  Ce  sont  eux  qui  disent  :  «  Ne 
me  touchez  pas.  »  [Koran,  xx,  97.)  Ils  donnent  le  nom  de 
Maison  sainte  (nom  de  Jérusalem)  à  Naplouse,  ville  de  Ja- 
cob, où  se  trouvaient  ses  pâturages.  Ils  sont  divisés  en  deux 
sectes,  aussi  séparées  l'une  de  l'autre  qu'elles  le  sont  des 
Juifs;  l'une  s'appelle  Kouchan  et  l'autre  Doustan.  Une  de 
ces  deux  sectes  soutient  l'éternité  du  monde  et  d'autres 
dogmes  que  nous  ne  mentionnons  pas  ici  pour  éviter  les 
longueurs;  d'ailleurs  notre  ouvrage  est  un  livre  d'histoire, 
et  non  un  traité  d'opinions  et  de  doctrines. 

Ahaz  avait  régné  dix-sept  ans  avant  d'être  fait  prisonnier 
par  le  roi  de  Babel.  Durant  sa  captivité,  son  fils  Hizkiel 
(Ezéchias)  monta  sur  le  trône.  Celui-ci  fut  fidèle  au  culte 
du  vrai  Dieu  et  fit  briser  les  statues  et  les  idoles.  Sous  son 

8. 


IIG  LES  PRAIRIES  D'OR. 

/j,^-_j,jL    wi5j  (jLuiJjJî  j-^ls  tiÀA^  (:)^  JJ^'   *^  "^^  '^■^3   iiU>*« 

règne,  Sendjarib  (Sennachérib  ) ,  roi  deBabel ,  marcha  contre 
Jérusalem;  il  fit  longtemps  la  guerre  aux  Israélites,  perdit 
une  partie  de  son  armée,  raiais  assujettit  la  plupart  des  tri- 
bus d'Israël. 

Hizkiel  mourut  après  un  règne  de  vingt -neuf  ans,  et 
son  fils  Micha  (Manassé)  monta  après  lui  sur  le  trône.  Ce 
roi,  qui  persécuta  avec  rigueur  tous  ses  sujets,  fit  aussi  périr 
!e  prophète  Isaïe.  Dieu  dirigea  contre  lui  Constantin,  roi  de 
Roum.  Manassé  alla  à  sa  rencontre  avec  son  armée ,  mais  ses 
soldats  prirent  la  fuite,  et  lui-même  fut  fait  prisonnier.  Il 
resta  vingt  ans  dans  le  pays  de  Roum,  dépouillé  de  toute  sa 
puissance,  puis  il  fut  mis  en  liberté;  il  revint  dans  ses  États 
et  mourut  après  un  règne  de  vingt -cinq  ans,  ou,  selon 
d'autres,  de  trente  ans. 

Son  successeur  fut  Amour  (Amon) ,  qui  se  révolta,  renia 
le  vrai  Dieu,  et  rétablit  le  culte  des  idoles.  Sa  tyrannie  étant 
devenue  excessive  ,  Pharaon  le  boiteux  sortit  de  l'Egypte 
à  la  tête  de  son  armée  et  marcha  contre  lui.  Après  avoir 


ClIAPITUE  V.  117 

{J}-^J^   O^lj  Jjjiîl    i    (J*«l9  (jii.^^   .îj-^-*  -^^    (j-«   ^/^^^ 

J-jvJ»j  (jycw  (j**^  -îJC»  fjé^  Jli^  kiU^ijjkâ^  Jl  -jo  (j*i^^ 

CX-j\(5   Aju)    <Xa^^o    yl^^    (J*;;U    viLU  J-Ai    (j^   tTlr*^S    6!^-*^' 
c-ou  J<JS^  i  yl<  U^  *y^yiJ5   *>vi.l^   ^ir*^'   O^'   tii   ^0-6^3 


répandu  des  flots  de  sang,  il  s'empara  d'Amon  et  le  con- 
duisit en  Egypte,  où  ce  roi  mourut  prisonnier.  Son  règne 
avait  duré  cinq  ans,  mais  on  n'est  pas  d'accord  à  cet  égard. 
Son  frère  Youfiham,  père  du  prophète  Daniel,  lui  succéda. 
Du  temps  de  ce  roi  vivait  Nabuchodonosor  (Bokhtnaçar) 
gouverneur  (satrape)  de  l'Irak  et  des  Arabes  pour  le  roi  de 
Perse,  dont  Balkh  était  alors  la  capitale.  Ce  chef  étranger 
massacra  ou  amena  captifs  dans  l'Irak  un  grand  nombre 
d'Israélites;  il  prit  le  Pentateucjue  {Tourah),  les  autres 
livres  des  Prophètes  et  les  Choniques  des  rois,  qui  étaient 
conservés  dans  le  temple  de  Jérusalem,  et  les  jeta  dans 
un  puits;  il  s'empara  aussi  de  l'arche  sainte  et  la  mit  en 
lieu  sûr  dans  son  pays.  Le  nombre  des  Israélites  qui  furent 
emmenés  en  captivité  s'éleva,  dit-on,  à  dix-huit  mille.  Le 
prophète  Jérémie  vivait  à  la  même  époque.  Nabuchodono- 
sor, après  avoir  envahi  l'Egypte  et  tué  Pharaon  le  boiteux. 


118  LES  PRAIRIES  D'OR. 

^yJ^J,Al»^  ^j  y*"!"**'  (J-*  *^^^  '^^y^  u^"*  ki*A,*  yo  «xj»^  ^o)4>wo 

JUkwXm»  0J  tK*Jwj»;  W^-^  c:AiX»  liûi^  Jt  J.jl^t  ^j-v  civjts»^ 

^^k«J|  JC-jj^  'k  IS  Ok->*fcAJ  ^^^.^AJt  <^«XjÎ  «i  4$i-j|  -Kjj^ajI  y\  (°>^*' 
f^^   KjjijjfS'j  oJtXjj   OwS^j:*.   wiUjj   Zs-  (j|^  (jjJ  (^_j>^  Uû:>;jl 

qui  régnait  alors  dans  cette  contrée,  marcha  contre  l'Occi- 
dent, lit  périr  plusieurs  rois  et  conquit  un  grand  nombre 
de  villes. 

Le  roi  de  Perse  avait  épousé  une  jeune  fille  juive  qui 
était  parmi  les  captifs ,  et  dont  il  eut  un  enfant.  Ce  roi  permit 
aux  Israélites  de  retourner  dans  leur  pays  quelques  années 
après.  Rentrés  dans  leurs  foyers,  ils  furent  gouvernés  par 
Zorobabel ,  fils  de  Salathiel  (Salsal) ,  qui  rétablit  Jérusalem  et 
tout  ce  qui  avait  été  ruiné.  Les  Israélites  retirèrent  le  Pen- 
tateuque  du  puits  où  il  était  enfoui;  leur  royaume  redevint 
florissant,  et  ce  roi  consacra  un  règne  de  quarante-six  ans 
à  rendre  leurs  terres  à  la  culture,  et  à  rétablir  les  prières  et 
les  prescriptions  qu'ils  avaient  oubliées  pendant  leur  cap- 
tivité. 

Les  Samaritains  prétendent  que  le  Pentateuque  qui  est 
entre  les  mains  des  Juifs  n'est  pas  celui  que  Moïse  leur  a 
apporté;  que  celui-là  a  été  brûlé,  changé  et  corrompu,  et 


CHAPITRE  V.  119 

yt  <jî  daai  I  Joû  wiLL«  ^j\<-»  ji^  y^i  iu^LJî  t^OoL 

<^-!  Juk*Us«5l  oJ^_j  A^  y*^s  f^  '^^  o^^l^  ^jbj^l 
AivAt^t  iixoj  c>j\(5  U*XiLj  jjiijbj  j_^j  l^'i^  2>ΫXj»-^  L*^^ 

que  l'autre  est  dû  à  Zorobabel ,  qui  l'a  recueilli  de  la  bouche 
des  Israélites  qui  l'avaient  retenu  par  cœur.  Ils  se  croient 
donc  les  seuls  et  uniques  possesseurs  du  texte  authentique. 
Ce  roi  mourut  après  un  règne  de  quarante-six  ans.  D'après 
une  autre  version ,  ce  fut  Nabuchodonosor  lui-même  qui 
épousa  une  lille  juive,  rétablit  les  Israélites  dans  leur  pays 
et  les  protégea. 

Ismaïl,  fils  d'Abraham,  l'ami  de  Dieu,  fut  chargé  de  la 
garde  de  la  Maison  (la  Kaabah)  après  son  père.  Dieu  lui 
accorda  le  don  de  prophétie,  et  l'envoya  chez  les  Amaléciles 
et  les  tribus  du  Yemen  pour  les  détourner  de  l'idolâtrie. 
Quelques-uns  acceptèrent  la  foi,  mais  le  plus  grand  nombre 
persévéra  dans  l'infidélité.  Ismaïl  eut  douze  fils  :  Nabet, 
Kidar,  Arbil ,  Mibsam,  Michmà,  Douma,  Masa,  Haddad^ 
Atima,  Yetour,  Nafech  et  Bakedma.  Abraham  avait  désigné 
comme  son  successeur  son  fils  Ismaïl;  celui-ci  élut  à  son 
tour  son  frère  Isaac,  ou,  selon  d'autres,  son  fils  Kidar.  Is- 


120  LES  PRAIRIES  D'OR. 

^uot  ^^_5  y^  *-j5  ^^>^^  J^  «^^  J^Uwi   ^  (^  J^a^WvmÎ 

^jwJjjj   iUwjJtj  (jA.U]î^  JmaS^j.^^  Iax^Ij  *rL?!?^J  *^3+'  d  (j«liJÎ 

^AKMi  çj-t  ijtà  i>Jj  ij^  (jjit  (jo  1:?;^  y^J  kr^-9  Is-Uo  Î*Xa& 
yljJJ  ci»-Ào   /o-^  cxi*.î   yl^î  o».V  ?W*îî  ^J)>->  U^-5  '^>*^ 

maïl  avait  cent  trente-sept  ans  quand  il  mourut,  et  il  fut 
enterré  dans  la  mosquée  el-Haram,  à  l'endroit  où  était  la 
pierre  noire.  Nabet,  son  fils,  garda  la  maison  sainte,  comme 
l'avait  fait  son  père;  on  croit  même  qu'il  fut  désigné  par 
Ismaïl. 

Entre  l'époque  de  Salomon  et  celle  du  Messie,  vécurent 
des  prophètes  et  de  pieux  serviteurs  de  Dieu;  tels  sont  Jé- 
rémie,  Daniel,  Ozaïr,  que  tous  n'acceptent  pas  comme  pro- 
phète. Job,  Isaïe,  Ezéchiel ,  Elias,  Elisée  (ellça) ,  Jonas, 
Dou'l-kifl,el-Khidr,qui,  selon  Ibn  Ishak,  n'est  autre  que  Jé- 
rémie,  ou,  selon  d'autres,  un  pieux  serviteur  de  Dieu,  et 
enfin  Zacharie,  Ce  dernier,  fils  d'Adak ,  descendant  de  David 
et  de  la  tribu  de  Juda,  épousa  Elisabeth  (Ichba) ,  fille  d'Am- 
ran,  sœur  de  Marie  (Miriam),  fille  d'Amran  et  mère  du 
Messie.  Cet  Amran,  fils  de  Maran,  fils  de  Yoakim,  était 
aussi  de  la  famille  de  David.  La  mère  d'Elisabeth  et  de  Ma- 
rie se  nommait  Hannah  (Anne).  Elisabeth  donna  à  Zacha- 


CHAPITRE  V.  121 

i^^S^  Xjl   ij^4-isJt   c>-cU;îj  t;l:<  lj)5)  ;jl(j   ^-«^ii    ^*^   (jj5 

jjàxj  (J-»  x>  *-iVj^  ^J^J  <^  CiS^  ^^**^'   (•'  (^-J""*  *-*^'  u!/* 

^jà^-iw  aÎ  JLjLj  ^jj;-ûJl  *-A.j*.b  (j^  ls3u^  /o-jaJI  aMÎ  e*Aô 

lie  un  fils  du  nom  de  Jean  (Yabia),  qui  était  donc  le  fils 
de  la  tante  maternelle  du  Messie.  Zacharie  était  charpentier. 
Les  Juifs  répandirent  le  bruit  qu'il  avait  eu  un  commerce 
coupable  avec  Marie ,  et  résolurent  de  le  tuer.  Averti  de  leur 
projet,  Zacharie  se  réfugia  dans  le  creux  d'un  arbre;  mais, 
sur  l'indication  que  leur  en  donna  Iblis,  l'ennemi  de  Dieu, 
ils  abattirent  cet  arbre  et  fendirent  du  même  coup  le  corps 
de  Zacharie. 

Elisabeth ,  fille  d'Amran ,  sœur  de  Marie ,  la  mère  du 
Messie,  ayant  mis  au  monde  Jean,  fils  de  Zacharie,  s'en- 
fuit avec  son  enfant  en  Egypte,  pour  éviter  la  colère  d'un 
roi.  Devenu  homme,  Jean  fut  envoyé  par  Dieu  aux  Israélites; 
il  leur  prêcha  la  loi  divine  et  la  soumission  aux  volontés  de 
Dieu ,  mais  il  fut  mis  à  mort  par  ceux-ci.  Après  plusieurs 
événements,  les  Israélites  reçurent  de  la  colère  céleste  un 
roi  de  l'Orient  nommé  Khardoucli  (Hérode),  qui  vengea 
le  sang  de  Jean,  fils  de  Zacharie,  en  immolant  un  grand 
nombre  de  coupables,  et  ce  crime  ne  fut  expié  qu'après  de 
longues  calamités. 


122  LES  PR/ilRIES  D'OR. 

iLàJLAKil  cjU^I^  iù^yJ!  iJb  n^^  ^j^  oi-Uw  (j^  ^^j:)  ^^  «lët 

«âV:^   4^1    XÙ^^    «JtNMk'i    (^•aJoIï  ^^v«*jLiJ  LllXAÀ!a><0l  ^^wkâJLàk.^  ^^ 

«\j»3  jUmJI  0^1  (^  aMI  iC^  c:>u(^  (j^i  Jyb  yft^  ^r^i  iU^sÀMi 

Quand  Marie,  fille  d'Amran,  eut  dix-sept  ans,  Dieu  lui 
envoya  Gabriel,  qui  souffla  en  elle  l'esprit,  et  elle  devint 
grosse  du  Messie ,  Jésus  (Iça) ,  fils  de  Marie.  Jésus  naquit  dans 
un  village  nommé  Betléhem  (Beit-laham),  à  quelques  milles 
de  Jérusalem,  le  mercredi  2  à  décembre.  Son  histoire  a  été  ré- 
vélée par  Dieu  et  racontée  par  l'intermédiaire  de  son  Prophète , 
dans  le  Koran  (sur.  m,  etc.).  Les  chrétiens  prétendent  que 
Jésus,  le  Nazaréen,  c'est-à-dire  le  Messie,  suivit  la  religion  de 
ses  ancêtres ,  et  qu'il  étudia ,  pendant  vingt-neuf  ou  trente  ans, 
le  Pentateuque  et  les  livres  anciens  dans  une  synagogue 
appelée  el-Midras  (u7-nDn  )•  Un  jour,  en  lisant  le  livre  d'Isaïe, 
il  y  vit  ces  mots  tracés  en  caractères  de  feu  :  «  Tu  es  mon 
fils  et  mon  essence,  je  t'ai  élu  pour  moi.  »  (S.  Matth.  xii,  1 8; 
cf.  Isaïe,  XLii,  1.)  Il  ferma  le  livre,  le  remit  au  serviteur  du 
temple  et  sortit  en  disant  :  «  Maintenant  la  parole  de  Dieu 
s'est  accomplie  dans  le  fils  de  l'homme.  »  D'autres  disent 


CHAPITRE  V.  123 

yl^  j^^UajJl  *j  *i)yAXj  Cj^l^  (JV-J*^  *-^^  W-*-*  J-A-*^  J>i^ 
_^JLj  a  (jjiUxaJî  (j-«  y*.Ut  l^^^j  ^j-^  »/*^s^J  J-*  ^-^' 
j_jXAj|  JlSj  aMI  JÎ  -?*l*»>o  ^^UâJJî  i^jJi*^  Uj>5^  I«>o) 

^i  y^  uH5^3  ^-*^^J  (S-^J^^  *^^  (iT^j^J^i  (j^yH^ 
^...M*JL\  jjLs^  *Ai  tyiîlj  Jys^i'i  i^^  t^«>Ji  iùoji)!  yjH;i>^ 

^^vj?  _j^j  Lj5^   (jj-J   i^J?   5»X.«*C  uX-A-5^   5«XJ^  4J-»  (jls   Uj 

aussi  que  le  Messie  habitait  le  bourg  de  Nazareth  (Naçarah) , 
situé  sur  le  territoire  d'el-Ladjoun,  dépendant  du  district 
du  Jourdain,  et  que  c'est  ce  qui  a  valu  aux  chrétiens  le 
nom  de  Nazaréens. 

J'ai  visité  dans  ce  bourg  une  église  très-vénérée  par  les 
chrétiens;  elle  renferme  des  ossements  humains  dans  des 
cercueils  de  pierre,  et  il  en  découle  de  l'huile  épaisse  comme 
un  sirop;  les  chrétiens  croient  se  sanctifier  en  la  recueil- 
lant. 

Le  Messie,  en  passant  devant  le  lac  de  Tibériade,  y  vit 
quelques  pêcheurs  qui  étaient  les  fils  de  Zebeda,  et  douze 
foulons;  il  les  appela  vers  Dieu  et  leur  dit  :  «  Suivez-moi  et 
vous  pécherez  des  hommes.  »  Trois  de  ces  pêcheurs,  fils  de 
Zebeda,  et  douze  foulons  le  suivirent.  Matthieu  (Matta),  Jean 
(Yohanna),  Marc  (Markoch)  et  Luc  (Louka)  sont  les  quatre 
apôtres  qui  ont  écrit  l'Évangile  et  raconté  l'histoire  du  Mes- 
sie, sa  naissance,  le  baptême  qu'il  reçut  de  Jean,  fiis  de 
Zacharie,  ou  Jean  Baptiste,  dans  le  lac  de  Tibériade,  et, 


12/1  LES  PRAIRIES  D'OR. 

u^  ^-j?  i^^^  u^j^' j-*-*  '^  J^^'^j^  ^j^  «i  t^tx.*«Xt 

_J.i^J    ^aJ5    JUj    4MÎ    iUO;    ^jl   Jî   i-J-^ï   (J-»  ^l^   ^^    cyîj.^il  (j^ 

yi^.>à  JUj  aMÎ  yiJ  J^ii  0^  U^àj^l  jV^I  uXi«^3  (••'ir*^ 
A^Ur  «jOJïJi  i  /o-Ao  ^^j  ■^**>^  (jH  y^  «^^  ^i>^K^  Jb 

selon  d'autres,  dans  le  Jourdain,  fleuve  qui  sort  de  ce  lac 
et  se  jette  dans  le  lac  FétiderOn  trouve  aussi  dans  ce  livre 
le  récit  des  prodiges  et  les  miracles  accomplis  par  le  Mes- 
sie, et  le  traitement  que  les  Juifs  lui  infligèrent,  enfin  son 
ascension  à  l'âge  de  trente-trois  ans.  L'Evangile  fournit  en 
outre  de  longs  détails  sur  le  Messie,  Marie,  et  Joseph  le 
charpentier;  mais  nous  croyons  devoir  les  passer  sous  si- 
lence, parce  que  ni  Dieu,  ni  son  prophète  Mohammed  ne 
les  ont  rapportés  (dans  le  Koran). 

CHAPITRE  VI. 

DES  HOMMES  QUI  ONT  VECU  DANS  L'INTERVALLE,  C'EST-À-DIRE  ENTRE 
LE  MESSIE  ET  MOHAMMED 

On  compte  dans  l'intervalle  [el-fitreh)  qui  sépare  le  Mes- 
sie de  Mohammed  plusieurs  personnages  qui  ont  cru  en  un 


CHAPITRE  VI.  125 

j^Js  j^  i^\j  ij^  fi-^^i  *^-^ï  fi-^  cj'  isb  <i^  u*W  {jÀ 
js^ij  (j^  ^j-»K?  o^'  oLj^i  Jî  J«-»<i;'j  cK-*-*^  r^^^^'  (j^ 

aMI  ^l»  (j!j-jL-o  (jj  Alaii»-  (6-6^  f»^  (j^^^  »iUi>j  J«t?>-*t) 
dij<Xi  ^».^AAf  jjU  /o-^i  jL*iJ  /o>^jt  j~^*^.  {j^   vwaj  CA.i>sJt  ^L» 

Jl  ^j^.j»aJ5^  l^ju  j^bl  Ua«L»  I_jJ1»-I  Usi  S^a-^ys.  4Ml  Jjj» 

-A^  (j^  i^l^  r*.y^^   IJ^  J^^  (jJ*^-*^  Ij^-tnc*.   J^UXjtri  aJ^* 

Dieu  unique  et  en  la  résurrection;  mais  c'est  une  question 
controversée  que  de  savoir  s'il  y  eut  ou  non  des  prophètes 
parmi  eux.  Un  de  ceux  à  qui  l'on  donne  ce  nom  est  Han- 
zalah,  fils  de  Safwan,  descendant  d'Isniaïl,  fds  d'Abraham. 
Il  lut  envoyé  chez  les  Ashab  er-ras  {Koran,  xxv,  4o),  qui 
avaient  la  même  origine,  et  qui  se  divisèrent  en  deux  tri- 
bus, les  Kadman  et  les  Yamen  ou  Rawil,  habitant  toutes 
deux  le  Yemen.  Hanzalah,  (ils  de  Safwan,  exécuta  l'ordre 
de  Dieu  et  fut  tué.  Dieu  révéla  alors  à  un  prophète  israé- 
lite,  de  la  tribu  de  Juda,  qu'il  enverrait  Bol^hlnarar  contre 
ce  peuple.  En  effet,  ce  roi  les  attaqua  à  la  tête  de  son  ar- 
mée. Tel  est  le  sens  de  cctle  parole  divine ,  «  Mais  quand 
ils  ont  senti  notre  force,  ils  ont  cherclié  à  fuir,  »  et  des  ver- 
sels  suivants  jusqu'aux  mots  :  «  Nous  les  avons  rendus  sem- 
blables au  blé  moissonné  et  se  desséchant,  »  {Ibid.  xxr,  12- 
i5.)  On  dit  aussi  que  ce  peuple  était  himiarite,el  c'est  ce 
(jue  prouve  le  passa^'e  suivant  d'une  élégie  composée  par 
un  poëte  de  cette  nation  : 


126  LES  PRAIRIES  D'OR. 

-jj^l^  (jvjôbj^i   ci)jAl  bjJSi   iX-À^  *x-*J^   (j-«  1^*1  j.^3 «XJLwj 

jLi-wj  dUi^^  (^!j  (j^  r*-fr*^j  »^^l  i  lyl^  /B.4JÎ  A^j  (j~» 
\JS'  ^\j  v^5  '*^  S  cj»yi  '^^^■^  l'j^^  i  (^'-^=^'  (^  ^ 

Mes  yeux  répandent  des  larmes  sur  le  peuple  d'er-Ras,  sur  Rawil  et 
Kadman. 

Fuis  le  courroux  d'Abou  Dira,  qui  est  le  châtiment  de  la  tribu  de 
Kahtan. 

On  croit,  sur  l'autorité  de  Wahb,  fils  de  Monabbih,  que 
Dou'l-Karnein,  c'est-à-dire  Alexandre,  vécut  après  le  Messie, 
dans  l'ère  de  l'intervalle.  îl  eut  un  songe  dans  lequel  il  lui 
sembla  être  assez  près  du  soleil  pour  en  saisir  les  deux  ex- 
trémités à  l'ouest  et  à  l'est;  il  raconta  son  rêve  à  son  peuple, 
qui  le  surnomma  Doul-Karnein  ou  le  maître  des  deux  cornes. 
Cependant  ce  personnage  est  l'objet  de  discussions  que 
nous  avons  insérées  dans  nos  Annales  historiques  et  dans 
l'Histoire  moyenne;  nous  donnerons  en  outre  un  abrégé  de 
son  histoire  en  parlant  des  rois  grecs  et  byzantins.  (Voy. 
chap.  XXV.) 

Le  même  désaccord  existe  sur  l'époque  oià  vécurent  «  les 
hommes  de  la  caverne»  [Koran,  xviii);  les  uns  les  placent 
dans  l'ère  d'intervalle,  les  autres  sont  d'un  avis  différent. 


CHAPITRE  Vf.  127 

t_>L>LS'(j>*  \JiJuM  L.«v_ij  la^jiii   lj\jm\  i  viUS  4^  UajI  «xi 

dXJi  M\  di—Ltftlà  AXr>.à  i  »!jil^  Ai^j».!^  iiJj\j:Jl  ^  »^uiJb 

A.)  cyij^  U  c,^^-*.  4^  A*s>r  ç^  iUU.Jll   J^l  çA^Tj  JvUl 

f_-    .-^  if    -^     S^j-iLill    i   ^Jl^  (jj-tfj        *r^^  AAX«  (jJ    c^^ jju*Jl^ 

Nous  donnerons  aussi  un  aperçu  de  leur  histoire  dans  le 
chapitre  consacré  aux  rois  de  Roum  (ch.  xxvii)  ;  on  peut  en- 
core consulter  notre  Histoire  moyenne  et  nos  Annales  his- 
toriques. 

Parmi  ceux  qui  vécurent  dans  l'intervalle,  après  le  Mes- 
sie, on  cite  Djordjis  (George) ,  qui  fut  contemporain  de  quel- 
ques apôtres.  Envoyé  auprès  d'un  roi  de  Moçoul  pour  lo 
convertir  au  vrai  Dieu,  il  fut  mis  à  mort;  Dieu  le  ressuscita 
et  lui  donna  la  même  mission;  le  roi  le  tua  encore,  mais 
Dieu  lui  rendit  la  vie  et  le  renvoya  auprès  du  roi.  Celui-ci 
le  fit  brûler  et  jeta  ses  cendres  dans  le'Tigre.  Dieu  détruisit 
ensuite  ce  roi  et  tous  ses  partisans.  Tel  est  le  récit  fait  par 
ceux  qui  suivent  les  Ecritures  et  rapporté  dans  les  livres 
intitulés.  De  VOrufmc  et  des  coutumes,  par  Wahb,  fds  de 
Monabbih,  et  d'autres  auteurs. 

Un  autre  personnage  de  l'ère  d'intervalle  est  Habib  le 
charpentier.  Il  habitait  Antioche  de  Syrie,  où  régnait  un  ty- 
ran qui  adorait  les  idoles  et  les  images.  Deux  disciples  du 


128  LES  PRAIRIES  D'OR. 

C^^3        lÂAâJI  (JjA9^  iCjÙyMMjL^  ^Iaçvu    iU^wxJL   <X«wl^  ÏLf^tyllf 

«iJUJl  ^jî  iUji^.*ajJ|  ^V*^L«  tj-uJûi  xxJlj  (j*(UJ!  (j^j.AA^9 
L.«^  J~)^  «.yJar*.   dl.m   iiUi>   &i«  /s^  (j^i  fjèéjhj^  Uy>  1$ 

Messie  lui  furent  envoyés  pour  le  convertir;  mais  il  les  fit 
mettre  en  prison  et  frapper  de  verges.  Dieu  leur  donna  un 
troisième  auxiliaire,  dont  le  nom  a  soulevé  des  discussions; 
le  plus  grand  nombre  des  auteurs  cite  un  apôtre  nommé 
Botros  (Petrus)  en  latin,  Siman  en  arabe,  et  en  syriaque 
Chimoun  alsefa  (JLsJLû  yO-V^aA,)- 

Plusieurs  auteurs  cependant,  d'accord  avec  toutes  les 
sectes  chrétiennes,  disent  que  ce  troisième  apôtre  était  Paul, 
et  que  les  deux  autres  qui  furent  jetés  en  prison  étaient 
Thomas  et  Pierre.  Ils  demeurèrent  longtemps  auprès  de  ce 
roi  et  prouvèrent  leur  mission  par  des  miracles,  en  guéris- 
sant des  aveugles  et  des  lépreux,  et  en  ressuscitant  des 
morts.  Paul,  ayant  obtenu  un  libre  accès  auprès  de  ce  roi 
et  capté  sa  faveur,  fit  mettre  en  liberté  ses  deux  compa- 
gnons. 

Habib  le  charpentier  vint  ensuite  et  crut  aux  apôtres  en 
voyant  leurs  miracles.  Dieu  a  raconté  cette  histoire  dans  son 
livre,  au  verset  :  «Nous  leur  avons  envoyé  deux  hommes, 


CHAPITRE  Vi.  129 

v$"->*^>  t-K^j  ^y*  ti'  «i^Uj  ki)**  ^^*>^-»  (^5^^^^^  (•■^'5  UXwji 
*-<y^  u^  cj?ï'*»',j'^'*-*  y^'««3  ''^^jy  -î^*^"^  Lr~^^  c^j-^  J^^ 

yûj  (j-ly  <^i>  dix»  i  ^^1  yl;j*?  iiJu«x^  i  ij^jjtîi  i  lyl<j 

et  ils  les  traitèrent  d'imposteurs;  nous  leur  donnâmes  l'ap- 
pui d'un  troisième,  etc.  »  jusqu'aux  mots  «  Un  homme  vint 
en  toute  hâte,  »  (  Kor.  xxxvi ,  1 3 ,  19.)  Pierre  et  Paul  périrent 
à  Rome ,  où  ils  furent  crucifiés  la  tête  en  bas ,  après  avoir  eu 
de  longs  rapports  avec  le  roi  et  Simon  (Sima)  le  magicien. 
Quand  le  christianisme  eut  triomphé,  leurs  reliques  furent 
mises  dans  des'  châsses  de  cristal ,  que  l'on  conserve  dans 
une  église  de  Rorne.  En  parlant  des  curiosités  de  cette  ville 
dans  notre  Histoire  moyenne,  nous  avons  donné  ces  détails 
ainsi  que  l'histoire  des  disciples  du  Messie  et  de  leur  dis- 
persion en  différents  pays.  Nous  reviendrons  encore  sur  ce 
sujet. 

Pendant  cette  ère  d'Intervalle  vécurent  aussi»  les  hommes 
de  la  fosse,  »  qui  habitaient  Nedjran,  dans  le  Yemen,  sous 
le  règne  de  Dou-Nowas,  le  même  qui  fit  périr  Dou-Chena- 
tir.  Ce  roi,  qui  professait  le  judaïsme,  apprenant  qu'il  y 
avait  à  Nedjran  des  sectateurs  du  Messie,  se  rendit  lui-même 
dans  cette  ville,  (it  creuser  des  fosses,  qu'il  remplit  de  char- 


130  LES  PRAIRIES  D'OR. 

0jI  JJils  \^x^  ii\jM>  ^^^li  jUJî  i  AiJsS  jl  (J.4J  *5^  X)«a:>î 

o«-ft)-^jU3l  (j.«cuAJilj  l^Jo^  (j^  (J-^^  (j'  ^^i*  y^*»'  iixAAw 
wilX«jjkâjwi  Jl  yUX*J'  j'^  ^  <J^  (*4*^  >^^^J  <s^^  tii^^jJl  l«Xiû 

«ij  (jU^Î  jW«=»-5  t_>^-^'^-^  i  iijSi>  ys-  UajI  «Xi  U  (jtjj^-Cij-ii 
•^î   -«^Lw   (jî    -!U»Ai?_j^  i    viUi    cj-t  LItJL  ^i=3  JsjLwj  ia-wjiil    <_>\jci!l 

bons  ardents,  et  ordonna  aux  habitants  d'embrasser  le  ju- 
daïsme; il  relâcha  ceux  qui  obéirent  et  fit  jeter  les  récalci- 
trants dans  le  feu.  On  amena  une  femme  avec  son  enfant  âgé 
de  sept  mois,  et  elle  refusa  d'abjurer  sa  religion.  Lorsqu'on 
l'approcha  du  feu  elle  fut  saisie  d'effroi;  mais  Dieu  donna  la 
parole  à  l'enfant,  qui  s'écria  :  «Ma  mère,  persévère  dans  ta 
religion,  car  après  ce  feu  il  n'y  en  aura  pas  d'autre.  »  lis  péri- 
rent ensemble  dans  les  flammes:  c'étaient  des  croyants  mo- 
nothéistes et  non  des  chrétiens  (trinitaires) ,  comme  ceux  de 
notre  siècle.  Un  homme  de  la  même  nation,  nommé  Dou 
Tâleban,  alla  invoquer  le  secours  de  César,  roi  de  Roum 
(Byzance);  l'enipereurécrivitauNedjachi  (roi  d'Abyssinie), 
dont  le  pays  était  plus  voisin  du  Yemen.  On  trouvera 
dans  nos  Annales  historiques  et  dans  l'Histoire  moyenne 
le  récit  de  l'invasion  et  de  la  conquête  du  Yemen  par  les 
Abyssiniens,  jusqu'à  l'époque  où  Seif  Dou  Yezen  invoqua 
l'appui  de  plusieurs  rois,  et  obtint  celui  d'Anouchirwan ; 
nous  y  reviendrons  en  outre  en  temps  opportun  en  parlant 


CHAPITRE  VI.  131 

iàyJ^-^^   ^i^^^l  jLa-:^^   b^^    «XÂP   c^UUi    \>yj>    i^j^  :>^    U>J 

«^LJs  JLa3  AjtXjus  (^Jo\  o«5i>  «Xj»j  ly*"^  m^  '^^^-^^  />^  u^*'^ 

Lr^ .  l^oCJùiU  <7^^>K^i  «i  «i^;^^-^  [;l>  (jf  t^i>^  <Xxy>  «S^Lél  ^^ 
Ajuw^^s^JI  I^aXs  V*>^J  O'^'^^^^^  U^  S>^^  c:>:>1^  JJUÂJ  u:<jl^^ 
(^<X-(b  cK  t«^  t«^  4?  *  ••  >'^-?  l^.Xrfc..:>j  ii^\yjt>  «xJlik.  «x^U 

w  *  w  *  '- 

des  DoMs  et  des  rois  du  Yemen  (voy.  chap.  xliii).  Dieu 
a  raconté  dans  son  livre  l'aventure  des  hommes  du  fossé , 
au  verset,  «Les  hommes  du  fossé  ont  été  tués,  etc.  »  jus- 
qu'aux mots  :  «le  Puissant,  le  Glorieux»  [Koran,  lxxxv, 

Parmi  les  personnages  de  l'Intervalle  on  cite  encore  Kha- 
led,  fds  de  Sinan  el-Absi ,  ou  bien  Khaled ,  fils  de  Sinan ,  fils  de 
Geit ,  fils  d'Abs ,  désigné  par  ces  paroles  de  Mohammed  :  «  C'est 
un  prophète  que  sa  nation  a  perdu.  »  Voici  son  histoire: 
le  culte  du  feu  s'était  introduit  chez  les  Arabes ,  et  se  pro- 
pageait à  la  faveur  des  troubles  religieux ,  au  point  que  ce 
peuple  était  à  la  veille  de  se  soumettre  à  l'idolâtrie  des  Mages. 
Khaled,  un  bâton  à  la  main,  se  jeta  dans  les  flammes  en 
s'écriant  :  «  La  voilà,  la  voilà,  la  route  qui  conduit  vers  le 
Dieu  suprême!  Certes,  je  pénétrerai  dans  ce  brasier  ardent 
et  j'en  sortirai  les  vêtements  humides  de  rosée.  »  En  effet,  il 
éteignit  le  feu.  Sur  le  point  de  mourir,  il  dit  à  ses  frères  : 
'I  Lorsque  je  serai  enterré ,  un  troupeau  d'ânes  sauvages ,  con- 


132  LES  PRAIRIES  D'OR. 

U    %^*J^   ^Sj^àJ\i  ^-jÎ-Lm   j^lj   ^^   I^awjJIs   (iUi   Pt<^\j   iils 

Jv-»>i  aXII  ^  J-i  r^  .aCCXAui  AJbLs  ^1  J^-m;  XXJyt  Owij 
8^^   JI^   AjçJ!    X>UL  ^JO'  U  8;^:^)    (j^  Ijd  iJ^\   i«Xi5 

^Aà»  (^VjJI     ^Ù^JtM    J^    ^U>aJI     (^;.4    c^^^    ljâlL«    lyb(W»>    MtJtXjlO 

duit  par  un  onagre  sans  queue,  viendra  frapper  ma  tombe 
de  son  pied;  dès  que  vous  serez  témoins  de  ce  fait,  ouvrez 
ma  tombe,  j'fin  sortirai  et  je  vous  instruirai  de  tout  ce  qui 
existe.  »  Après  que  Rhaled  fut  enterré,  ses  compagnons  virent 
s'accomplir  ce  qu'il  avait  prédit,  et  voulurent  exhumer  son 
corps;  mais  quelques-uns  d'entre  eux  s'y  opposèrent,  dans 
la  crainte  que  les  Arabes  ne  leur  reprochassent  d'avoir  pro- 
fané le  tombeau  d'un  de  leurs  morts.  Plus  tard ,  la  fdle  de 
Khaled  vint  trouver  le  prophète  de  Dieu ,  au  moment  où  il 
récitait  :  «Dis,  il  est  le  Dieu  unique,  le  Dieu  éternel» 
[Koran,  cxii,  i,  2) ,  et  elle  s'écria  :  «  Mon  père  prononçait  les 
mêmes  paroles.  »  Dans  le  courant  de  notre  récit  nous  au- 
rons encore  l'occasion  de  revenir  sur  ce  personnage. 

Riab  ech-Channi ,  de  la  tribu  d'Abd  Kais  et  de  la  branche 
de  Chann,  vécut  aussi  dans  l'ère  d'Intervalle;  il  suivait  la 
religion  du  Messie  Jésus,  fils  de  Marie,  avant  la  venue  du 
prophète  de  Dieu.  On  entendit,  antérieurement  à  la  prédi- 
cation de  l'islam,  une  voix  qui  criait  dans  le  ciel  :  «  Lesmeil- 


CHAPITRE  VI.  133 

>J  >-^^  J-*-J^  t-U£.ipî  \jMfi?^  f^\  L^lj  iCib^  (jojiil  JiftI 
^)     <7»r;    «^J    (J^    tX^I    0>^    i'    yfe^    ijC    <^y^t    4^»*?    ♦^JV    »^l» 

ylSj  «Xx^  ^jj  ii  /^  il»)  CiT*  ts-^y^'  il*x«fiL-w  ^  j*wj»  a,(jà<^ 

leurs  des  hommes  sont  au  nombre  de  trois  :  Riab  ech-Cbanni , 
Bohaira,  le  moine,  et  un  autre  qui  n'est  pas  encore  venu  », 
c'est-à-dire  le  Prophète.  Jamais  un  des  enfants  de  Riab  n'est 
mort  sans  que  la  rosée  ait  rafraîchi  sa  tombe. 

Citons  aussi  Açâd  Abou  Kerb ,  l'Himiarite,  vrai  croyant, 
qui  proclama  le  Prophète  sept  siècles  avant  sa  venue;  il  dit  : 

J'attesle  qu'Ahmed  (Mohammed)  est  l'envoyé  du  Dieu  créateur  de 
la  vie  ; 

Si  je  pouvais  vivre  jusqu'à  son  siècle,  je  serais  son  vézir  et  son  cousin. 

Ce  fut  Açâd  qui ,  le  premier,  revêtit  la  Kâbah  de  tapis 
et  d'étoffes  précieuses;  c'est  ce  qui  a  fait  dire  à  un  Hi- 
miarite  : 

Nous  avons  couvert  le  temple  que  Dieu  a  consacré  de  tapis  ornés  de 
broderies  et  de  franges. 

Parmi  les  hommes  de  l'Intervalle  vécut  Koss,  fils  de  Sai- 
dah,  descendant  d'Yad,  fils  d'Odd,  fds  de  Mâdd,  et  juge  des 
Arabes.  Il  croyait  en  la  résurrection,  et  disait  sans  cesse  : 


134  LES  PRAIRIES  D'OR. 

<x-jc_$^-^  SiH*^'  '~^j"*^  '^j  ^  ^  y^  ^  <-K?  "^^  '^^  ij^i 

î         «,        ^ 

cjU  (jiil-c  tr«  !>-*L5  î^  *  gNwt^  |^-Jt«vs>-i  (j*.\jJl  Igjî  Jyb  _jJÛ^ 
K-uL  -(^UwJt   (j  /jU  «Xju  U{  i^)  c:>)  m^  U  Jok   c:>U  c:jU   çj-*% 

^W*j  ^.>*)-*  v.>Juwjjj*j  ^y^ijyJi j^  ^y^  dv^^  ^  u'-5 

«  Quiconque  vit ,  doit  mourir  ;  celui  qui  meurt ,  passe  ;  tout  ce 
qui  doit  venir,  viendra.  »  Sa  sagesse  et  sa  science  sont  prover- 
biales chez  les  Arabes  ;  c'est  ce  qui  a  fait  dire  à  el-Acha  : 

Plus  sage  que  Koss,  plus  fougueux  que  celui  (le  lion)  qui  veille  au 
fond  de  sa  tanière  dans  le  fourré  du  bois  de  HafTan. 

Lorsque  les  délégués  du  peuple  d'Yad  se  rendirent  auprès 
du  Prophète,  il  s'informa  de  Koss,  et  dit  en  apprenant  sa 
mort  :  «  Que  Dieu  lui  fasse  miséricorde!  Je  crois  encore  le 
voir  à  la  foire  d'Okaz ,  monté  sur  son  chameau  roux ,  et  di- 
sant à  la  foule  :  Hommes,  réunissez-vous,  écoutez  et  retenez 
ceci  :  Quiconque  vi  t ,  doitmourir  ;  celui  qui  meurt ,  passe  ;  tout 
ce  qui  doit  venir,  viendra.  Le  ciel  est  plein  d'enseignements 
et  la  terre  d'exhortations;  voyez  la  mer  se  gonfler,  les  astres 
disparaître,  le  firmament  s'étendre  comme  une  toiture,  et 
la  terre  comme  un  lit.  J'en  atteste  le  Dieu  de  Koss,  la 
religion  de  ce  Dieu  vaut  mieux  que  la  vôtre.  Pourquoi  les 
hommes  partent-ils  et  ne  reviennent-ils  plus.^Soit  qu'ils  ob- 
tiennent de  rester,  soit  qu'on  les  abandonne  au  sommeil, 


CIIAPITKE  VI.  135 

JLJi-i 

aMI  «Jùul»  yl  y-^rj^  (S-^^  ^  -^^^  ^  *jcUj  aMI  J^j-iM;  JUi 

jls*-i^   (S^^  5^AJ  j\jt,wl    (j*J^5  (^i^«*>*lt   JliJ     5.X;fc.^  iji^l 

ils  suivent  la  même  route ,  et  ne  diffèrent  que  par  leurs  actes. 
Quant  aux  vers  de  Koss  (ajouta  le  Prophète),  je  les  ai  ou- 
bliés. »  —  Abou  Bekr,  le  juste,  se  leva  et  dit  :  «  Envoyé  de 
Dieu,  ces  vers,  je  les  sais.  —  Eh  bien!  récite-les,  dit  le  Pro- 
phète. »  Abou  Bekr  reprit  : 

Dans  ces  premières  géoérations  qui  ont  disparu,  quelle  leçon  pour 
nous  ! 

Quand  je  vois  que  tout  aboutit  sans  retour  à  la  morl; 

Que,  petits  et  grands,  tout  mon  peuple  suit  cette  route; 

Que  l'absent  ne  revient  plus,  et  que  celui  qui  demeure  passera  sou- 
dain, 

Je  suis  sûr  que,  moi  aussi,  je  rejoindrai  infailliblement  mon  peuple. 

Le  Prophète  dit  alors  :  «  Que  Dieu  ait  pitié  de  Koss  !  je  sou- 
haite que  le  Seigneur  le  ressuscite  comme  une  seule  nation  !  » 
—  Maçoudi  ajoute  :  On  attribue  à  Koss  un  grand  nombre 
de  poésies,  de  sentences  et  d'anecdotes  relatives  à  la  méde- 
cine, à  la  divination  par  le  vol  des  oiseaux  et  d'autres  pro- 


J3G  LES  PRAIRIES  D'OR. 

C~*  (j^jÎ  ^j  Hjm^m]  «Xi»-!  «Xjj  (jJ  «XAX.M»  ^1  Jjob  ^  «w4 
*lJL-»o^l  aiLjb*  ^^  c^j  «Xjj  (jl^  4X3^  L:^  tjUaal  {^iji 

(j.«  (j#*jU^I  J-£&I  J>Jjç»   -UJI  Ji ^.çro  y\(5  ^XSU  r^lw  (jl^ 

Lg_A_j  v_À-u3_)  iuLjJl  Ju&)  .cî^î  (^  )j\x^\  Jyb  ^j\<j  tJjjJl 

nostics,  etc.  dont  nous  avons  parlé  dans  nos  Annales  histo- 
riques et  dans  l'Histoire  moyenne. 

Un  autre  personnage  de  l'ère  d'Intervalle  est  Zeid,  fils 
d'Anir,  fils  de  Nofeïl,  le  père  de  Sâid,  fils  de  Zeid,  et  l'un 
des  dix  (Zeid) ,  copsin  germain  d'Omar,  fils  d'el-Khattab.  Ce 
Zeid  réprouva  le  culte  des  idoles,  mais  son  oncle  el-Khattab 
excita  contre  lui  la  populace  de  la  Mecque  et  le  leur  livra. 
Cette  persécution  l'obligea  à  se  réfugier  dans  une  caverne 
du  inontHira,  d'où  il  se  rendait  secrètement  à  la  Mecque. 
Puis  il  passa  en  Syrie  pour  faire  des  recherches  sur  la  vraie 
religion,  et  il  y  mourut  empoisonné  par  les  chrétiens.  Ses 
rapports  avec  le  roi  et  l'interprète,  et  avec  un  des  rois  Gas- 
sanides  de  Damas,  forment  un  long  récit  que  nous  avons 
rapporté  dans  nos  précédents  écrits. 

On  cite  encore  Oniayah ,  fils  d'Abou's-Salt  et-Takefi ,  poëte 
intelligent,  qui  faisait  le  commerce  avec  la  Syrie;  il  fré- 
quenta le  clergé  juif  et  chrétien,  étudia  les  livres  saints  et 
reconnut  qu'un  prophète  serait  envoyé  aux  Arabes.  Dans 


CHAPITRE  VI.  137 

O^  a.*mjUj  l^Xiù^  (^      /i]  di-j^  ^  aM  »x  ♦,..41 

(X**.!^  lyL»-  Jl?  *Ô  «iy»  jjj  JvCJ  -yiJi  JUi  c:>^  ^^ji=^  iuJUH 
«  %v  .Cm.,  i  xds.  ^1  icl*î  Jl  iCtJUJi  ^l^i  ow^l  U^  UyLÏ 

ses  poésies,  il  suit  les  doctrines  de  la  vraie  religion;  il  dé- 
crit les  cieux  et  la  terre,  le  soleil,  la  lune,  les  anges  et  les 
prophètes;  il  chante  la  résurrection,  le  paradis,  l'enfer,  et 
célèbre  l'unité  de  Dieu,  comme  dans  ce  vers  : 

Louanges  à  Dieu,  qui  n'a  pas  d'égal;  ne  pas  proclamer  cette  vérité, 
c'est  être  injuste  envers  soi-même  ; 

et  dans  cet  autre,  où  il  parle  des  élus  : 

Là  plus  d'erreur,  plus  de  faute;  le  bonheur  qui  leur  est  promis  est 
éternel. 

L'annonce  de  l'apparition  de  notre  saint  Prophète  lui  ins- 
pira autant  de  colère  que  de  chagrin  ;  il  se  rendit  à  Médine 
pour  se  faire  musulman;  mais  la  jalousie  l'en  détourna,  et 
il  revint  à  Taïf.  Un  jour  qu'il  était  à  boire  avec  quelques 
jeunes  gens,  un  corbeau  s'abattit  près  de  lui,  croassa  trois 
fois,  et  s'envola.  «  Savez-vous  ce  que  dit  cet  oiseau  .^demanda 
Omayah  à  ses  compagnons.  —  Non ,  répondirent-ils.  —  Il 
dit  qu'Omayah  ne  boira  pas  une  troisième  coupe  sans  mou- 
rir. —  Prouvons  qu'il  a  menti,  s'écrièrent  les  jeunes  gens.  » 


138  LES  PRAIRIES  D'OH. 

jSJiJ]  <yj^.  ^^  X»*âJ|   ^j  oui:». 

JyL>  LumJI 

^^-5^  «Xj^  ^£:»ytu*é.^^  Jui  XmJÏj  I^aj  ool^  AJi^  1^-4^  (0^' 


Omayah  fit  promptement  remplir  les  coupes;  à  la  troisième 
rasade  il  tomba  et  resta  longtemps  sans  connaissance;  puis 
il  revint  à  lui  et  dit  :  «  J'obéis,  j'obéis,  me  voici  auprès  de 
VOUS;  moi  que  la  grâce  environnait,  je  ne  l'ai  pas  payée  de 
mes  remercîments  : 

«  Si  tu  pardonnes ,  ô  mon  Dieu  !  puisse  ton  pardon  être  complet.  Est-il 
un  de  tes  serviteurs  qui  soit  sans  tache?» 

Il  répéta  encore  :  «  Moi  que  la  grâce  avait  comblé ,  j'ai  né- 
gligé d'en  témoigner  ma  reconnaissance,  »  et  il  ajouta  ces 
vers  : 

Jour  du  jugement,  jour  terrible,  où  l'enfant  vieillira  soudain  d'une  ra- 
pide vieillesse! 

Que  ne  puis-je  échanger  mon  sort  contre  celui  du  berger  qui  fait 
paître  ses  chèvres  agrestes  au  sommet  des  montagnes! 

Toute  vie ,  quelle  que  soit  sa  durée ,  aboutit  au  terme  où  elle  doit  Gnir  ? 

Puis  il  rendit  le  dernier  soupir  dans  un  râle  suprême. 
Plusieurs  écrivains  qui  connaissent  bien  les  hommes  et 
les  événements  du  passé,  tels  que  :  Ibn  Dab,  el-Heitem,  fils 


CHAPITRE  VI.  139 

^!)-*^  i^J)j  (j-^b  ^y*^j  ^-^  t^J"^^  (J*^f^3  v-'*'*^'  (J-*  ^y-*->  À 

Ai.QÀ,<   ^:J^ji    (Jli»'    SjjJLiO    AA>>    CxAaaI    ^i    a^LmOU    I_^«^..S»|^ 

*j  -o-^XiM  Î^«X^^  ovxs-y  Lg-g-^^  i  t^Cio  ^*^x}  \.Q».*n-i. 

^^i  xJLjv-X-^..1î  A^yi  i^-ff^j  tj.»itla:<  yl  («XxJws  U  oJUi 
«X-À-^  CA-jëjt  ^l_^-j(Jl  ^1  u^Jb  owil  (^^  1^1;  xaam^  (»^.aI->. 

d'Adi;  Abou  Mikhnef  Lout,  fils  de  Yahia ,  et  Mohammed,  fils 
de  Saïb  el-Kelbi,  expliquent  de  la  manière  suivante  l'habi- 
tude qu'avaient  les  Koreichites  d'inscrire  en  tête  de  leurs 
écrits  la  formule  :  En  ton  nom,  ô  mon  Dieu!  Omayah,  fils 
d'Abou's-Salt  et-Takefi  fit  un  voyage  en  Syrie  avec  des  gens 
de  Takef,  de  Koreich  et  d'autres  tribus.  Au  retour,  leur  ca- 
ravane s'arrêta  dans  une  certaine  station  pour  y  prendre  les 
repas  du  soir,  lorsqu'un  petit  serpent  se  montra  et  s'appro- 
cha de  la  troupe i  mais,  atteint  à  la  tête  par  du  gravier  qu'on 
lui  jeta,  il  rebroussa  chemin.  Le  repas  terminé,  les  voya- 
geurs rattachèrent  leur  bagage  sur  les  chameaux  et  quittè- 
rent cette  station.  Ils  n'en  étaient  qu'à  une  petite  distance, 
quand  une  vieille  femme,  appuyée  sur  un  bâton,  apparut 
sur  un  tertre  de  sable  et  leur  dit  :  «  Qui  vous  a  empêchés  de 
donner  à  manger  à  Rahimah,  la  pauvre  servante  qui  est  ve- 
nue vous  trouver  ce  soir? — Qui  es-tu  toi-même. Mui  deman- 
dèrent les  voyageurs.  — Je  suis  la  mère  du  reptile,  veuve 
depuis  des  années.  Mais  vous,  par  ie  Dieu  qu'on  adore,  vous 
serez  dispersés  sur  la  terre  !  »  Puis  elle  frappa  le  sol  de  son 


140  LES  PRAIRIES  D'OR. 

fi^^^J   iSj^3   ^M^lî'    (i-*l=>î   <^l*^   J^'    W?   ^J^l»  (jbj^l 

A^\^  (^yb^  MH^)  ij-^^  UaJUU;  «^:)U^  ^^t  I^AjùS^UiaJI* 
4xX>y«)j  «K»  (^  UUjc»j2.  Lui;  l^JL*  dUx  U  JoM  cxs-^ 

0.»  XiJ  4,;<{^  caJo  U  ^1  cxLflJt  jt  /jj  iùye^  UXaj»  b^^Is 
j^_a5Jt  49uL«  jb  c:aJ1^  (^«>JI  C;A.AÂir{  dUi>  Jl  As-^ù»  JuJl» 

bâton ,  et  en  souleva  la  poussière  en  disant  :  «  DifFère  leur  re- 
tour et  dissémine  leurs  montures.  »  Aussitôt  les  chameaux 
bondirent  comme  si  chacun  d'eux  portait  un  diable  sur  sa 
bosse;  rien  ne  put  les  retenir,  et  ils  se  dispersèrent  dans  la 
vallée.  Nous  passâmes  toute  la  nuit  (disent  ces  voyageurs) 
à  les  réunir  avec  la  plus  grande  difficulté,  et  nous  les  fai- 
sions agenouiller  pour  les  charger,  quand  la  vieille  se  mon- 
tra encore,  fit  le  même  manège  avec  son  bâton,  et  répéta 
les  mêmes  paroles  :  «  Diffère  leur  retour  et  dissémine  leurs 
montures.  »  Les  chameaux  rompirent  aussitôt  leurs  freins  et 
s'enfuirent.  Après  les  avoir  réunis  à  grand'peine  pour  le 
lendemain,  nous  les  fîmes  agenouiller,  mais  la  vieille  nous 
apparut  une  troisième  fois,  et,  avec  une  conjuration  sem- 
blable à  celle  des  deux  jours  précédents,  elle  dispersa  nos 
bêtes.  Nous  veillâmes  cette  nuit  à  la  clarté  de  la  lune  et  en 
désespérant  de  les  retrouver.  Nous  demandâmes  ensuite  à 
Omayah,  fils  d'Abou's-Salt  :  «  Que  nous  disais-tn  donc  de  ta 
science.^  »  Omayah  se  rendit  sur  la  colline  où  la  vieille  s'était 
montrée  à  nous,  et  descendit  de  l'autre  côté;  il  franchit  une 


CHAPITRE  VI.  Ul 

eyjdl     JjI    JU»    A^Ij    %j>j    OObj    U<i   AjÇ«t    Jl?    iU^t^    {J»é\ji\ 

eA^«X»-   AJC-S<X_^   dULr-l^  U  ^^UJl  AaJI   V^^'   <r*-=^'^ 
dL.A_^  iL)^^^  slw«l  ^  <io:>Uaj  ommuJ^  c:>c>«X.ri0  jUi  ji^js&Jt 

jX%J    4^ù».    (X)     wiUi  JÂ*AJ   Ji^*    (jjJ    1^1^    -1^1    i^M   l^^jj) 

^i-^l   (j^  ^'XA.M'^  (^yi  (J-*  Ux4w  ij>^jA*  JoÛj  c:^!^  U  oJjci» 


seconde  colline,  et  aperçut  devant  lui  une  église  éclairée 
pardes  lampes;  surleseuil  étaitun  homme  dont  la  chevelure 
et  la  barbe  étaient  blanches.  Je  m'arrêtai  près  de  lui,  ra- 
conte Omayah,  il  leva  la  tête  et  me  dit  :  «  Tu  es  un  chef  de 
secte?  — Oui,  répondis-je.  —  Par  oii  ton  Seigneur  se  ré- 
vèle-t-il  à  toi?  —  Par  mon  oreille  gauche.  —  Et  quel  vête- 
ment t'ordonne-t-il?  —  Le  noir.  —  Ainsi  font  les  génies, 
reprit-il,  toi  tu  as  failli  être  prophète;  mais  le  possesseur  de 
la  prophétie  recevra  l'inspiration  par  l'oreille  droite,  et  pré- 
férera les  vêtements  blancs.  Enfin  que  désires-tu  ?  »  Je  lui 
racontai  mon  aventure  avec  la  vieille  femme,  et  il  reprit  : 
«  Tu  dis  vrai,  toi;  mais  elle  a  menti.  C'est  une  juive,  dont  le 
mari  est  mort  depuis  longtemps,  et  elle  ne  se  lassera  pas  de 
répéter  cette  manœuvre  pour  vous  perdre ,  si  elle  le  peut.  — 
A  quel  moyen  recourir?  demanda  Omayah.  —  Réunissez  vos 
bêtes  de  somme,  ajouta  le  vieillard,  et  quand  la  vieille  re- 
commencera ses  sortilèges ,  dites  sept   fois  à  haute  voix 


142  LES  PRAIRIES  D'OR. 

l3^  U^  ^^*■^^  I^Ui  J^jec  ov3\^  iX  ocXxi»  .e^'.f'lj^  >3  Jjù»  Le. 
cî)^.££C>  Jo^ljj  ^  Uo  ^yh:s  JM  Ai^Ail  wiUnwL  JJuwl  (^  Lumw^ 

(«X-cb  tjikJS^  iLx-jo  t^.^<>o  l^  aVjLmi!  :iyMi\^  iij)Sj>o^  ^^^^j^ 

et  sept  fois  à  voix  basse  :  «  En  ton  nom,  ô  mon  Dieu  !  »  elle 
ne  pourra  plus  vous  nuire.  »  Omayah  revint  auprès  de  ses 
compagnons  et  leur  communiqua  ce  qui  lui  avait  été  dit. 
En  effet,  la  vieille  revint  et  fit  comme  les  jours  précédents; 
ils  répétèrent  alors  sept  fois  tout  haut  et  sept  fois  à  demi- 
voix  :  «  En  ton  nom ,  ô  mon  Dieu  !  »  et  déjouèrent  ses  enchan- 
tements. Voyant  que  les  chameaux  demeuraient  immobiles, 
elle  dit  :  «  Je  connais  votre  chef,  le  haut  de  son  corps  blan- 
chira, et  le  reste  sera  noir.  »  On  se  mit  en  marche;  le  lende- 
main matin,  on  vit  que  les  joues,  le  cou  et  la  poitrine 
d'Omayah  étaient  blanchis  par  la  lèpre,  tandis  que  la  par- 
tie inférieure  de  son  corps  était  noire.  Arrivés  à  la  Mecque, 
ils  racontèrent  cette  aventure,  et  ce  fut  alors  que  les  Mec- 
quois  adoptèrent  la  formule  en  question,  jusqu'à  la  venue 
de  rislam.  A  cette  époque  elle  fut  abolie  et  remplacée  par 
celle-ci  :  «  Au  nom  du  Dieu  clément  et  miséricordieux!  »  Les 
autres  récits  concernant  Omayah  se  retrouvent  dans  nos  An- 
nales historiques  et  nos  ouvrages  précédents. 

Un  autre  personnage  de  l'Intervalle  fut  Warakah,  fils  de 


CHAPITRE  VI.  lZi3 

iSi'*^^  ^S'j  '^•^.y^  <-^  »>J^.'y>.s^  »■£■  f^S  yib^  f^tei»  ^J3  i£yil\ 

\J>\^  iL-«^i  otX-^  ^^  -î^'j)  ^  (S:*^^  iès»«X^  j-ii.jj  m^^'^Î 
<;»^!>^:>l  (^-Ij  ^^j-Aj"\JcJj  ^jr>.^^.^u^  ^4X5jJj  O^^J^J  */«i)| 
JUi  jOokXas  CSi^^  ^<X^  Xjl^  Lt«.Mta^  cjl»  «Jùl  ^^K  ^j^  <o.qJL^^  tfw«l 


ww-a^sjLIIj  /<\4mJ|   «XJLfi  ia^AJu!  ^»^\;« 

Nawfel,  fils  d'Açad,  fils  d'Abc!  el-Ozza,  fils  de  Koçayi,  cou- 
sin germain  de  Khadidjah,  fille  de  Khowailed  et  femme  du 
Prophète.  U  avait  lu  les  Ecritures,  recherché  la  science  et 
rejeté  le  culte  des  idoles.  Il  annonça  à  Khadidjah  la  venue 
du  Prophète  dans  cette  nation,  les  persécutions  et  l'incré- 
dulité qui  devaient  l'accueillir.  Plus  tard  il  rencontra  le  Pro- 
phète et  lui  dit  :  «  Fils  de  mon  frère ,  persévère  dans  tes  des- 
seins; j'en  atteste  celui  qui  tient  Tàme  de  Warakah  entre  ses 
mains,  tu  es  le  prophète  de  cette  nation;  tu  seras  persécuté, 
traité  de  menteur,  chassé  et  combattu.  Puissé-je  voir  ce  jour, 
et  Dieu  saitsi  je  soutiendrai  sa  cause.  «  Cependantla  croyance 
de  Warakah  a  soulevé  des  doutes;  les  uns  croient  qu'il 
mourut  chrétien  avant  la  venue  du  Prophète  et  dans  l'im- 
possibilité de  se  convertir;  d'autres  le  font  mourir  nmsul- 
man,  et  citent  ces  vers,  qu'il  aurait  composés  en  l'honneur 
du  Prophète  : 

Plein  d'indulgence  et  de  pardon,  il  ne  rend  jamais  le  mal  qu'on  lui 
fait;  il  réprime  sa  colère  et  son  ressentiment  quand  on  l'insulte. 


U'i  LES  PRAIRIES  D'OR. 

jjS.^  r3^*^'  (j*^j  «r*^^  U^  '^^  J^^^^  (S^  (j^  jUâjilI  (^ 
iuotXXt    AJtLe  4^uJi   ^<Xi  Ul^  r(N<<^i   Si;  «^^^^  J^J^?  <r*'Âs*  ^3 

On  cite  encore  Odaçah,  affranchi  d'Otbah,  fils  de  Rebiâh 
et  originaire  de  Ninive.  Il  vit  ie  Prophète  à  Taïf,  lorsque 
celui-ci  était  venu  prêcher  la  foi  aux  habitants.  Odaçah  eut 
de  longs  démêlés  avec  eux  dans  le  verger,  et  périt  dans  la  foi 
chrétienne ,  à  la  bataille  de  Bedr  ;  il  fut  pourtant  du  nombre 
de  ceux  qui  annoncèrent  la  venue  du  Prophète. 

Abou  Kais  Sormah ,  fils  d'Abou  Anas ,  l'Ansarien ,  de  la 
famille  des  BenouNadjar,  vécut  aussi  dans  l'Intervalle.  Il 
s'était  adonné  à  la  vie  ascétique ,  avait  revêtu  le  cilice  et  re- 
nié les  idoles.  Il  s'était  fait  une  mosquée  de  la  maison  qu'il 
habitait,  et  personne  ne  pouvait  y  pénétrer  en  état  d'impu- 
reté légale;  il  professait  hautement  le  culte  du  Dieu  d'Abra- 
ham. Après  l'entrée  du  Prophète  à  Médine,  il  se  fit  musul- 
man, et  se  signala  par  sa  piété;  c'est  pour  lui  que  fut  révélé 
le  verset  sur  la  collation  avantle jour:  «  Mangez  et  buvez  jusqu'à 
ce  qu'à  la  lueur  de  l'aurore  vous  puissiez  distinguer  un  fil 
blanc  d'un  fil  noir.  »  [Koran,  11,  i83.)  On  cite  ces  vers  d'Abou 
Kaïs  sur  le  Prophète  : 


CHAPITRE  VI.  1/15 

jjL«»»AJt  ^  j^-*-^  (j^  jj/^  vXxC  A.«wl^  (5*'^^^  j-*^  y?^   (*-6~*-*5 

i    'Tf^   cK^J-t?   <-^i*-    'X.Jt^   *i    (j^  Ajo*>JL!    /0-«^    (Sr*^^   f**^ 
^VAAAi^    j«i    S«XÀ£    C:aJ6^    iCifVifc.    QJ    ♦X.uil    ^J  (j^  j^tX.*«(ii|  (ji*.^ 

^jbjî  Jl  ».>l£6  /».*Ltf>  c^yJt  <^i**j  ^-^  «NAjI^Aa-Jl  Jl  JU  t>«j:.Ml 

H  a  (ait  plus  de  dix  pèlerinages  à  la  Mecque,  au  milieu  des  Koreichitcs. 
Que  n'a-t-il  rencontré  un  ami  dévoué  ! 

Tel  est  aussi  Abou  Aniir  elAwsi,  dont  le  vrai  nom  est 
Abd  Amr,  fils  de  Seifi ,  fils  de  Nôman,  de  la  famille  des 
Béni  Amr  ben  Awf,  de  la  tribu  d'Aws;  il  est  connu  aussi 
sous  le  nom  d'/46ou  Hanzalnh,  et  le  sol)riquet  de  Gaçil  eh 
Melaïkeh.  Ce  seïd  se  fit  moine  au  temps  du  paganisme,  et 
revêtit  le  ciliée.  Il  eut  un  long  entretien  avec  le  Prophète, 
après  son  entrée  à  Modine;  puis  il  quitta  cette  ville  avec  cin- 
quante jeunes  gens,  et  mourut  dans  la  foi  chrétienne,  en  Syrie. 

A  la  même  ère  appartient  Abd  Allah ,  fils  de  Djahch  el- 
Açedi,  de  la  famille  des  Béni  Ared  ben  Khozaimah.  Il 
était  marié  avec  Oumm  Habibah,  fille  d'Abou  Sofian  ben 
Harb,  avant  qu'elle  fût  unie  au  Prophète.  Abd  Allah  con- 
naissait les  Écritures  et  inclinait  vers  le  christianisme;  mais 
après  la  vocation  du  Prophète  il  émigra  en  Abyssinie  avec 
d'autres  musulmans  et  sa  femme  Oumm  Habibah.  Il  aban- 


146  LES  PRAIRIES  D'OR. 

l.A^,^vjb  yî  «X^  {j^  lilj  JfJ  <XJ>  *>J^  U  «Xxj  *AÂA^  ^  !i> 
^giLj^vJl  »b!  l  4  -^jij;  (jUj^  J,i  ^^^*^  ^-fW-s»-  (•'  /»-«^  "^Wl 
^J^  ijWj  ^ji*,^jAu  j^UaAJi  4^>Jl3  ^  [_j«*^  f*^'j  ^''^^   O^^  <^ 

^LwJl  (jl  x$<_aJU3  j,!  m  <o.xX«?  ^àJI  ^#i^  ^^  (.jm'-^aJI  j^Afi 

Uj  aKj.^^^    AJùikâ^  AjtK^s   4^31   o^-û  Aax^_^.o  (i  ^^  !^.^Vo 

donQa  l'islam  pour  se  faire  chrétien ,  et  mourut  dans  ce 
pays.  C'est  lui  qui  disait  aux  musulmans  :  «  Nous  avons  les 
yeux  ouverts,  mais  vous,  vous  remuez  à  peine  vos  pau- 
pières, »  c'est-à-dire,  nous  voyons  clair  et  vous  cherchez  la 
lumière.  Cette  expression ,  qu'il  employait  comme  un  pro- 
verbe, s'applique  à  un  jeune  chien  qui  ouvre  les  yeux 
[fàkah)  après  sa  naissance,  ou  qui  cherche  vainement  à 
les  ouvrir  [sa'sa].  Après  la  mort  d'Abd  Allah,  le  Nedjachi 
unit  Oumm  Hahibah  au  Prophète,  avec  une  dot  de  quatre 
cents  dinars. 

Un  des  personnages  de  l'Intervalle  fut,  enfin,  Bohaira  le 
moine.  C'était  un  chrétien  zélé,  dont  le  nom,  dans  les  livres 
chrétiens,  est  Serdjes  (Sergius),  et  il  descendait  des  Abd 
el-Kaïs.  Lorsque  le  Prophète,  âgé  de  douze  ans,  se  rendit 
en  Syrie  pour  une  affaire  commerciale  aA'ec  son  oncle  Abou 
Taleb,  accompagné  d'Abou  Bekr  et  de  Belal ,  ils  passèrent 
devant  la  cellule  où  vivait  Bohaira,  Celui-ci  reconnut  le 
Prophète  à  ses  traits  et  à  certains  signes  particuliers,  tels 


CHAPITUE  VI.  1^7 

A^yj\j  ^Jt*^'^   Un-a^*-  AKiôj  -L*Jtjl  «Jl  jJûjj  XOL.J   i  oJ\iSp.    yW 

LAJLfi  aAII   ^gM:>j  <^^^  tXj  1>I  Jt^i^   /OJkXiW   ^^yJl?   C:^«t^  \xa0^ 

que  ses  livres  le  lui  avaient  révélé;  il  vit  le  nuage  qui  l'om- 
brageait quand  il  s'asseyait.  Il  fit  descendre  ces  voyageurs 
chez  lui ,  les  reçut  avec  honneur  et  leur  prépara  un  repas. 
Il  sortit  de  sa  cellule  pour  reconnaître  le  sceau  de  la  pro- 
phétie entre  les  épaules  du  Prophète,  posa  la  main  sur  ce 
signe,  et  crut  à  sa  mission.  Il  révéla  ensuite  à  Abou  Bekr 
et  à  Belal  ce  qui  devait  arriver  à  Mohammed,  qu'il  pria  de 
renoncer  à  ce  voyage ,  en  mettant  ses  parents  en  garde  contre 
les  tentatives  des  juifs  et  des  chrétiens.  Abou  Taleb,  l'oncle 
du  Prophète ,  averti  de  ce  danger,  ramena  son  neveu.  C'est 
à  la  suite  de  ce  voyage  que  commence  l'histoire  du  Pro- 
phète avec  Khadidjah,  et  que  celle-ci  fut  éclairée  par  les 
révélations  que  Dieu  lui  envoya,  et  par  la  narration  qui  lui 
fut  faite  de  ce  voyage. 

Tel  est  le  récit  abrégé  de  la  création  du  monde  jusqu'à 
l'époque  où  nous  sommes  parvenus  ;  nous  n'avons  rien  pris 
en  dehors  des  faits  révélés  par  la  religion  et  les  livres  saints , 
ou   expliqués  par  les  prophètes.  Nous  allons  examiner  les 


148  LES  PRAIRIES  D'OR. 

t 

îoLuJI  c_>L<Jl 

c-«Xç#''U  *-il^  iiX^^  »>VixaJl  I^a*  ^I  iiï^JI  ^jU)Ji  /eo«>«.i 
is.  .JjT..»  U   ifr.Aiij  ^1   «XjL^I   oJjU»-   (->lji»-^l  iijSj^^  JU>^t 

origines  des  royaumes  de  l'Inde,  et  étudier  rapidement  leurs 
croyances;  puis  nous  passerons  en  revue  les  autres  pays, 
comme  nous  l'avons  fait  pour  les  rois  israélites,  d'après  les 
sources  que  nous  offraient  les  Ecritures.  Puisse  Dieu  nous 
venir  en  aide  ! 

CHAPITRE  Vil. 

GÉNÉRALITÉS  SUR  L'HISTOIRE  DE   L'INDE,  SES   DOCTRINES 
ET  L'ORIGINE     DE    SES    ROYAUMES. 

Parmi  les  hommes  d'observation  et  de  science  qui  ont 
étudié  avec  attention  la  nature  de  ce  monde  et  son  origine, 
plusieurs  s'accordent  à  dire  que  l'Inde  fut,  dans  les  âges  re- 
culés, la  portion  de  la  terre  où  régnaient  l'ordre  et  la  sa- 
gesse. Lorsque  les  sociétés  et  les  nations  se  formèrent,  les 
Indiens  cherchèrent  à  donner  de  l'unité  à  leur  pays,  et  à 
le  soumettre  à  une  métropole  qui  serait  le  centre  de  l'auto- 
rité. Leurs  chefs  dirent  :  «  Nous  sommes  le  peuple  primitif, 


ciiApnni:  vu.  1^9 

en  nous  est  la  fin  et  la  limite  des  choses,  le  principe  et  le 
terme;  le  père  de  Thumanité  tire  de  nous  son  origine.  Ne 
soufTrons  donc  ni  la  révolte,  ni  la  désobéissance,  ni  les  mau- 
vais desseins;  marchons  contre  les  rebelles;  réduisons-les, 
et  faisons-leur  accepter  notre  puissance.  Pour  atteindre  ce 
but,  ils  se  donnèrent  un  roi,  Brahman  le  Grand,  leur  puis- 
sant monarque  et  leur  chef  absolu.  La  sagesse  fleurit  sous 
son  règne,  et  les  savants  occupèrent  le  premier  rang.  On 
apprit  à  extraire  le  fer  de  la  mine,  à  forger  des  épées,  des 
poignards  et  diverses  armes  de  guerre;  on  éleva  des  temples 
et  on  les  orna  de  pierreries  étincelantes.  On  y  retraça  les 
sphères,  les  douze  signes  du  zodiaque  et  les  astres.  La  pein- 
ture reproduisit  l'image  du  monde  et  représenta  l'action  des 
astres  sur  ce  monde  et  la  manière  dont  ils  produisent  les 
corps  animés,  doués  ou  non  d'intelligence.  Brahman  ex- 
pliqua aussi  la  nature  du  moteur  suprême,  c'est-àdire  du 
soleil;  il   réunit  toutes  les  preuves  de  ce  système  dans  un 


150  *     LES  PRAIRIES  D'OR. 

C^lxXJ     4^JÙNi     O^^     <iÙ^^  J^ftiXit      w(&:ï     SvAamJC»^     4X.À^»y..»OIM.Ji 

cyL:^;)Jl   viUi   «X«j  l^JU  J^  Aj  ^j*,^„tfyUaj   i^\sS ^^i^*t^\ 
^J^^  ^^>X.À<j  Ji  o\  w>  4rL  ^loiV^I  Oyifc-i'l  iixMfcOiî  ijj«Xfi».î_5 


:,i/l 


livre  destiné  à  être  compris  du  vulgaire ,  et  communiqua  aux 
intelligences  d'élite  des  vérités  d'un  ordre  plus  élevé,  en  leur 
montrant  une  cause  première  qui  donne  à  tout  l'existence, 
et  qui  pénètre  tout  de  sa  bonté.  Les  Indiens  se  soumirent 
à  ce  roi,  leur  pays  devint  florissant  et  ils  acquirent  l'expé- 
rience pratique  de  la  vie.  Un  congrès  de  sages,  réuni  par 
ordre  du  roi,  composa  le  livre  de  Sindhind  [Siddhanta) ,  ce 
qui  signifie  «  l'âge  des  âges.  »  Ce  livre  servit  de  base  à  la  com- 
position de  l'Ardjabehd  [Aryabhatta]  et  de  l'Almageste;  de 
même  que  l'Ardjabehd  donna  naissance  à  l'Arkend,  et  l'Al- 
mageste au  livre  de  Ptolémée ,  et  plus  tard  aux  Tables  as- 
tronomiques. Ils  inventèrent  aussi  les  neuf  chiffres  qui  for- 
ment le  système  numérique  indien.  Brahman  définit  le 
premier  l'apogée  du  soleil ,  et  démontra  que  cet  astre  reste 
trois  mille  ans  dans  chaque  signe  du  zodiaque,  et  qu'il  par- 
court la  sphère  entière  en  trente-six  mille  ans.  Aujourd'hui 
(332  de  l'hégire)  l'apogée,  au  dire  des  Brahmines,  est  dans 


CHAPITRE  VII.  151. 

(jsi^^  (JV^I  A.*-»*»  yû_j  i*X-£Û  Là_XJ»3  ,i  (j\__*_^^|  ^]j  ^^ 
oJjijul  i^y^  S^r^'  ti^  cM^ji  i^i  *j'j  r^y^'  Z.r^  ^  iùUJljj 
L>^Ji-=>-  J'u-cwJij  îj_*lcj^LjUi^  Ij^U  w«UJi  jUai  »)UjJ| 
Jjiil  *=«>^aJ!   cjLns».  t^4>Jt  cicjçj  i  tr*^jj  ^Uw  I  cjj-i-ii^ 

»*«X-fcJl  gjb  i  JU^i  <  >U  j  &xU  tgJOl  j.«xi^i  ic^bJ!^ 

»*J^|  i  /(K-ftJj  dULtl  j->U«  ;jji  *X^i  ^jb;l  i  ^jy^i 
(:3^**^  cP  ti  ^1*11  |4>ocjI  fj\  JSùsj,  ^J^  JsJi-gJl  (j^^      la^j^l 

le  signe  des  Gémeaux;  mais  quand  le  soleil  aura  passé  dans 
les  signes  de  l'hémisphère  austral,  la  face  de  la  terre  chan- 
gera, la  portion  habitée  deviendra  déserte,  et  réciproque- 
ment; le  nord  prendra  la  place  du  sud,  et  le  sud  celle  du 
nord.  Ce  roi  déposa  dans  la  maison  d'or  (à  Moultan)  les 
calculs  relatifs  à  l'origine  des  choses  et  à  l'histoire  primi- 
tive, sur  lesquels  les  Indiens  se  fondent  pour  évaluer  les 
ères  anciennes,  étude  qui  s'est  plus  développée  chez  eux  que 
chez  tout  autre  peuple.  Nous  ne  les  suivrons  pas  dans  ces 
longues  théories,  parce  que  notre  livre  est  consacré  à  l'his- 
toire et  non  aux  recherches  philosophiques;  on  en  trouve 
d'ailleurs  un  résumé  dans  notre  Histoire  moyenne. 

Quelques  Indiens  croient  que  le  monde  se  renouvelle  à 
chaque  Hazarwan,  c'est-à-dire  tous  les  soixante  et  dix  mille 
ans;  et  que,  cette  période  écoulée,  les  êtres  revivent,  les  gé- 
nérations renaissent,  les  animaux  se  raniment,  l'eau  re- 
prend son  cours,  la  terre  se  couvre  de  rei^liles,  la  verdure 


152  -  LES  PRAIRIES  D'OR. 

i_^ls  *>^\i  *X*4Ji  S^\  jXS\  Ulî  *\j.^l  j<v»*^àJI  ^ï^j-=»-^ 

^  .  w  .  w 

Cty-iy-MS    '^kSsA    v^JO    i^<X=k>^     C:;|jO!    ÀAàOaJL*    SytJI     ïi>^S^yji 

â*X-«  LgJCjiij^  **X/Jl  (^jvo  iiimi   îjA*s-_5  ^>îlj«Jt   wtjo  dlJi 

JL:ssJ!  (j^  ti:,^-Jt-ii  o-^^  »^!*)J!  ^l**jbiJj!^l  J^l  i  J_^- 

pare  le  sol,  et  un  doux  zéphyr  rafraîchit  l'atmosphère.  Mais 
la  plupart  adoptent  des  cycles  périodiques,  point  de  départ 
des  forces;  ces  cycles  vont  en  décroissant,  bien  (|u'ils  aient 
la  même  force,  et  qu'ils  conservent  leur  puissance  d'action 
et  leur  essence.  Les  Indiens  assignent  une  période  et  un 
terme  précis  à  leur  développement;  c'est  ce  qu'ils  considè- 
rent comme  le  cycle  principal  ou  la  grande  révolution, 
et  ils  nomment  ce  système  la  vie  du  monde.  Le  temps  qui 
s'écoule  entre  la  naissance  et  la  fin  de  cette  période  est,  se- 
lon eux,  de  trente-six  mille  ans,  multipliés  par  douze  mille, 
et  c'est  ce  qu'ils  appellent  Hazarwaa ,  foyer  et  moteur  des 
ioixes  universelles.  Les  cycles  ressentent  ou  élargissent  tous 
les  principes  qu'ils  contiennent.  Ainsi  la  durée  de  la  vie  est 
plus  grande  dans  le  premier,  parce  que  la  circonférence  est 
plus  grande,  et  que  les  forces  ont  le  champ  plus  libre;  au 
contraire  elle  diminue  dans  le  dernier  cycle,  parce  que  ce 
cycle  est  plus  étroit,  et  que  les  périodes  antérieures  exercent 
une  pression  fatale  k  la  vie.  En  voici  la  raison  :  dans  la  pre- 


CHAPITRK  VII.  153 

àJi>yit.X^  iijya}\  j-^^jjjSi^]  *4XaJI  \j\s-^  Alot^î  J^Ij-swÎ  ^jI^ 
^^^i  Jxac'  5^  iL^:>^  iwJotL*  wjÎ^oJI  i  :>!^i  ij.jj  viL»(ljii 

iLoLA.5_5^!^j«Jî  er«  (^  ^  l^JLoji   ^  u-jÀà^S   Ï  jj^'j  j^-t) 

mière  période,  les  forces  physiques  naissent  et  se  dévelop- 
pent dans  toute  leur  pureté,  attendu  que  la  pureté  précède 
le  trouble,  et  l'unité  devance  le  mélange;  la  vie  est  donc 
proporlionnée  à  la  pureté  de  son  tempérament  et  à  la  per- 
fection des  forces  auxquelles  sont  soumises  la  naissance,  les 
transformations,  la  corruption  et  la  ruine  des  éléments.  De 
même  ,  à  la  lin  du  grand  cycle  ou  de  la  période  principale, 
la  forme  s'altère,  la  vie  dépérit,  les  tempéraments  se  nié- 
lantrent,  les  forces  diminuent,  les  liens  se  relâchent,  et,  la 
matière  se  trouvant  comprimée  dans  des  cercles  étroits  et 
renversés,  la  vie  ne  peut  plus  atteindre  à  son  complet  dé- 
veloppement. 

Les  Indiens  soutiennent,  par  une  foule  de  preuves  et  d'ar- 
guments, ce  système  de  l'origine  des  choses  que  nous  ve- 
nons d'exposer.  A  cette  succession  de  cycles  et  de  Hazarwans , 
telle  que  r.oiis  l'avons  développée,  ils  rattachent  de  mysté- 
rieuses subtilités  sur  l'àme,  sur  ses  rapports  avec  le  monde 
métaphysique,  sa  tendance  à  descendre  des  hauteurs  de  son 
origine,  et  d'autres  théories  établies  par  Brahman  au  premier 
âge  du  monde. 


154  LES  PRAIRIES  D'OR. 

«XJ^I  ^lyl  tr*  |i^^  (:jjfJ^  fi-ê^  !i>-»  O^^î  J^^-^  Wj 

^IxjI  iLuai  U  JâAÀi^IsUju  ^^Lc»-  i^ljtj  (jâJuJ  ft.^*hxj  JUij, 
-♦Xfi  ij-«  U>î^.ifc.|  J^^jJC  0j|  Jt^  UAaSI  ^I  (j^^  0^  Uj 

Lk^Uàj  ^«N;  J>^  (•(  (Sxxm  UiiXis?  «^.wXjc^  U^Uw^s-^  (^cïxÀlt^ 

Brahman  mourut  après  un  règne  de  trois  cent  soixante- 
six  ans.  Ses  descendants  ont  conservé  jusqu'à  nos  jours  le 
nom  de  brahmines;  ils  sont  honorés  par  les  Indiens  comme 
formant  la  caste  la  plus  noble  et  la  plus  illustre.  Ils  ne  man- 
gent de  la  chair  d'aucun  animal,  et  ils  portent,  hommes  et 
femmes,  des  fils  jaunes  suspendus  autour  du  cou  comme 
des  baudriers  d'épée,  pour  se  distinguer  des  autres  castes 
de  l'Inde. 

Dans  les  temps  anciens,  sous  le  règne  de  Brahman,  sept 
des  plus  sages  et  des  plus  considérés  d'entre  eux  s'assemblè- 
rent dans  la  maison  d'or  (àMoultan) ,  et  se  dirent  les  uns  aux 
autres  :  «  Réunissons  nos  recherches  pour  découvrir  l'état  et 
le  secret  du  monde,  pour  savoir  d'où  nous  venons  et  où 
nous  allons;  si  la  cause  qui  nous  a  tirés  du  néant  est  sagesse 
ou  folie;  si  le  Créateur,  qui  est  l'auteur  de  notre  existence, 
et  qui  la  développe ,  en  retire  un  avantage,  ou  bien  s'il  écarte 
lin  danger  de  sa  personne,  en  nous  faisant  disparaître  de 


(J-» 


CHAPITRE  MI  155 

CîJ^:>t    (J-LiJi     CJ-»    î»X.=»-i    ^<jj'    /♦■(t.»'*    <s->Ji  j,_yIàÀil^    J^iJl    (<^^^ 

jLjuUsJLjÀJai  ci)|^iiJI   AJUAs..  (J-ft  *-yjiJl_5  a^LJI  *LUii/I 

I4J  <jjl   (j^j  ^  *ytiii)l   tJvii    ^  (^\   Iw^JJÎ   AJyjcC  ^JsJUJ 

x^tMJÏJ  A-iwJc«  (Jl    Ajki  ^L*.>-l   uù^   u^   ,^j-«  ^yi^  -^^  «^^ 

ce  monde.  Sachons  s'il  ressent  comme  nous  des  besoins  et 
des  privations,  ou  s'il  se  suffit  sous  tous  les  rapports,  et 
pourquoi,  après  nous  avoir  donné  l'être  et  la  vie,  il  nous 
fait  rentrer  dans  la  mort  et  le  néant?  Le  premier  sage,  qui 
était  le  plus  respecté  parmi  eux,  dit  :  «  Quel  est  l'homme  qui 
a  jamais  pu  arriver  à  la  science  réelle  des  choses  visibles  et 
occultes,  eu  arracher  le  secret  et  se  reposer  sur  une  convic- 
tion certaine  ?  »  Le  second  sage  dit  :  «  Si  l'intelligence  humaine 
pouvait  embrasser  la  sagesse  divine,  ce  serait  un  défaut  dans 
cette  sagesse.  Non,  ce  but  est  hors  de  notre  portée,  et  notre 
raison  est  trop  bornée  pour  l'atteindre,  »  Le  troisième  sage 
dit  :  «  Notre  premier  devoir,  avant  de  rechercher  ce  qui  est 
hors  de  nous,  est  de  nous  appliqiltr  à  nous  connaître  nous- 
mêmes,  puisque  rien  ne  nous  touche  de  plus  près,  et  que 
nous  sommes  faits  pour  cette  étude  comme  elle  est  faite 
pour  nous.  »  Le  quatrième  reprit:  •  Malheur  à  celui  qui  se 
trouve  dans  une  situation  où  il  ait  besoin  de  se  connaître 


156  LES  PRAIRIES  D'OR. 

•^^À^\^    t  ol^   V^AA  (,:i\M*A^    Sy^ûMXA  Uj«XJi  (Jl  0«.S>>yÂ.i     ^i    yJfS- 

(^y-M«JI   vi).JJ6^  <^i?îj4j  J^U«.lî   ^j^jHS*  t^US'i^i   ^^aio.JS 

lui-même.  De  là,  dit  le  cinquième,  le  devoir  pour  nous  de 
nous  attacher  aux  sages  qui  ont  la  science  pour  auxiliaire.  » 
Le  sixième  ajouta  :  «  Celui  qui  recherche  la  félicité  doit  y  con- 
sacrer tous  ses  efforts,  puisque  nous  ne  pouvons  demeurer 
dans  ce  monde,  et  qu'il  est  certain  que  nous  en  sortirons.  » 
Le  septième  dit  enfin  :  «J'ignore  ce  que  vous  voulez  dire; 
tout  ce  que  je  sais,  c'est  que  je  suis  entré  dans  ce  monde 
malgré  moi,  que  j'y  vis  dans  la  stupeur  et  que  j'en  sortirai 
de  force.  » 

Ces  diverses  doctrines  ont  divisé  les  Indiens  de  tous  les 
siècles;  chacun  a  suivi  et  complété  l'une  d'elles;  puis  les 
écoles,  en  se  multipliant,  ont  accru  les  divergences  d'opi- 
nions, et  l'on  ne  compte  pas  moins  de  soixante  et  dix  sectes 
dans  ce  pays.  •         • 

Abou'l-Kaçem,  de  Balkh,  dans  son  livre  intitulé  Sources 
de  questions  et  de  réponses,  et  el-Haçan,  fils  de  Moura ,  en-Nou- 
bakhti,  dans  son  ouvrage  nommé  Livre  des  opinions  et  des 
croyances,  parlent  l'un  et  l'autre  des  sectes  et  des  théories 


CHAPITUI":  vu.  157 

tyiy-»-!  L^-Lra-I  (j^j  I4J  ^i  Âxl]^  (^^b^J  *>^l  vwd>î<X^ 
\.Abj.jt^  kj  ç^l<Xit!t    ç-^y^^  (»'4^^'=^'  ^y^^  U^J-!^.*^^  <tt.ft*ii»Ot 

0^Mh»>i^    «î^-j'    ^j-*:^   /0»^-*J   iUi*i  :»^i6LJi  _j.£û^   ûOj^    (j^   XvJl 

Jju=»j  l^  ç^xMi  el>*Xj>.!_5  2>jX]\  (.L^SS;  A>oL>|  ^j  i;À^  ioU  tilAi^ 

de  l'Inde;  des  motifs  qui  portent  le  peuple  à  périr  dans  les 
flanimes,  ou  à  s'infliger  toutes  sortes  de  tourments;  mais  ils 
ne  disent  rien  de  ce  que  nous  avons  rapporté,  et  passent 
sous  silence  tout  ce  qui  précède. 

On  n'est  pas  d'accord  sur  Brahman  :  les  uns  prétendent 
que  c'était  Adam  et  un  prophète  envoyé  par  Dieu  aux  In- 
diens; les  autres  ne  le  considèrent  que  comme  un  roi,  ainsi 
que  nous  l'avons  dit  plus  haut.  Cette  dernière  opinion  est  la 
plus  répandue. 

A  la  mort  de  Brahman,  les  Indiens  témoignèrent  la  plus 
vive  douleur;  puis  ils  donnèrent  la  couronne  à  son  fds  aîné, 
el-Bahboud,  déjà  désigné  par  Brahman  comme  son  suc- 
cesseur et  son  héritier.  Fidèle  imitateur  de  son  père,  il  pro- 
tégea ses  sujets,  bàlit  un  grand  nombre  de  temples,  honora 
les  sages  et  les  encouragea  par  des  distinctions  et  des  ré- 
compenses dans  l'étude  et  la  recherche  de  la  sagesse.  11 
mourut  après  avoir  régné  cent  ans.  C'est  à  cette  époque  qu'on 
inventa  le  trictrac  {ncrd)  et  les  règles  de  ce  jeu.  Celait  une 


158  LES  PRAIRIES  D'OR. 

J,«s»^j(^4*îiJI  àJv»  jUMkft  ^^î  ^^^J  cK«=?-_5  Uûj^l  o^î^Jiki».!j 
^LjL^  (jvjfcaxîl  J^Jtsa-^  j^:  (]-<ii>-j|   ^Ll  ^Oviu  Ixfe'  (^jvjs^"  ^-J^ 

^UKJ^  xILm*  ajU^  (^4^»J^  (^^  \y^  »^s^  (j^^  â^^A^U)!  <xx^ 

sorte  d'emblème  des  biens  de  ce  monde,  qui  ne  sont  pas  la 
récompense  de  l'intelligence  ni  du  savoir-faire ,  de  même  que 
la  richesse  n'est  pas  acquise  à  l'habileté.  On  a  fait  honneur 
aussi  à  Ardéchir,  fils  de  Babek,  de  l'invention  et  de  la  dé- 
couverte de  ce  jeu ,  qui  lui  fut  suggéré  par  le  spectacle  des 
vicissitudes  et  des  caprices  de  la  fortune.  Il  divisa  la  table, 
en  douze  cases,  d'après  le  nombre  des  mois,  et  il  établit 
trente  chiens  (dames) ,  selon  les  jours  du  mois.  Les  deux  dés 
représentent  la  destinée  et  son  action  capricieuse  sur  les 
hommes.  Le  joueur,  si  le  sort  le  favorise,  obtient ,  en  jouant, 
ce  qu'il  désire;  au  contraire,  l'homme  habile  et  prudent  ne 
peut  réussir  à  gagner  ce  qu'une  chance  heureuse  a  donné 
à  son  adversaire.  C'est  ainsi  que  les  biens  de  ce  monde  sont 
dus  à  un  hasard  fortuné. 

Le  successeur  d'el-Bahboud  fut  Zaman  (Ramah?),  qui 
régna  près  de  cinquante  ans.  Les  principaux  faits  de  ce  règne, 
et  ses  guerres  avec  les  rois  de  Perse  et  de  Chine  sont  résu- 
més dans  nos  précédents  ouvrages. 


CHAPITRE  VU.  159 

<-Ajm  X.A£>l^il  ^^  JM^^  O JS.JU  lii^L»  Aj!  A.À..W  iùUj  (J>JVj{ 
(j»wd>  /yj  (.Kfi-**»  ^— *Àa3  «Xij  5***^  (jJ^  ^*j  tS^^'î  *-*^i^  aKjçV 
AkjJi^  cjUj  AAJ  (jo;  W      ^.^^3  aJ^'  V^''^  A-TjJ  IjUo  y_^l^ 

c:*».A-Q-X-j  ft<Xxj  viLA»«  ^frJ)  \iXiS  jjS'  J^^  (^jvJLw  wMkf^  <\jU 
Aj^jttXJCj  !âCl=>-   ijfvl^  CJ»>J*>>  «^^nÂ^  uljO    dUjsJ  oo;^  l^Lv.£»> 

Il  eut  pour  successeur  Por  (Porus),  qui  livra  bataille  à 
Alexandre  et  fut  tué  par  ce  prince  dans  un  combat  singu- 
lier; il  avait  régné  cent  quarante  ans. 

Après  lui  régna  Dabchelim,  l'auteur  du  livre  de  Kalilah 
et  Dimnah,  traduit  en  arabe  par  Ibn  el-Mokaffa.  Sebl,  fils 
de  Haroun,  a  aussi  composé  pour  el-Mamoun  un  livre  inti- 
tulé Tâlah  et  Afrah,  analogue,  par  son  plan  et  la  nature  de 
ses  fables,  au  livre  de  Kalilah  et  Dimnah,  mais  supérieur  à 
celui-ci  par  l'élégance  du  style.  Le  règne  de  Dabchelim  fut 
de  cent  dix  ans  ;  mais  on  n'est  pas  d'accord  à  cet  égard. 

Après  lui  régna  Balhit.  On  inventa,  à  cette  époque,  le  jeu 
d'échecs,  auquel  ce  roi  donna  la  préférence  sur  le  trictrac, 
en  démontrant  que  l'habileté  l'emporte  toujours  dans  ce  jeu 
sur  l'ignorance.  Il  fit  des  calculs  mathématiques  sur  les 
échecs,  et  composa,  à  ce  sujet,  un  livre  nommé  Tarak- 
Djenka,  qui  est  resté  populaire  chez  les  Indiens.  Il  jouait 
souvent  aux  échecs  avec  les  sages  de  sa  cour,  et  ce  fut  lui 


160  LES  PRAIRIES  D'OR. 

viLÎ<>0^  (jiAfc^t  ^«Xiu   iuiJI  J>Xa^  c-*jtj««5  tiyUs-ji  A.^*s»« 
«Mji)Lftt  (j^  j«X*  yl^  liU  iiU^  XkjUà  l^Axs^j  <-^^^  W*^ 

À-A-iLe    -^  Ja-àJl    CiW>l    iiiXxî    iXy»    yl    i    Jji^î     iOvx)|     (jw. 

iLX^wj  v_j»Jl  iLjl— «^j«_jjlj  uàJî  v—vîi  o»Ji  otll  oiJi  otiî  j-ù.* 
Oulî  yjjtj;!^    !   iijLt.*)L»M_5  o«Jî  oi-ît  o«Jl  olJI   u»Ji  tjytj^'j» 


qui  donna  aux  pièces  des  figures  d'hommes  et  d'animaux, 
leur  assigna  des  grades  et  des  rangs,  assimila  le  roi  [Chah] 
au  chef  qui  dirige,  et  ainsi  de  suite  des  autres  pièces.  Il  fit 
aussi  de  ce  jeu  une  sorte  d'allégorie  des  corps  élevés,  c'est- 
à-dire  des  corps  célestes,  tels  que  les  sept  planètes  et  les 
douze  signes  du  zodiaque,  et  consacra  chaque  pièce  à  un 
astre.  L'échiquier  devint  une  école  de  gouvernement  et  de 
défense;  c'était  lui  que  l'on  consultait  en  temps  de  guerre, 
quand  il  fallait  recourir  aux  stratagèmes  militaires,  pour 
étudier  la  marche  plus  ou  moins  rapide  des  troupes.  Les 
Indiens  donnent  un  sens  mystérieux  au  redoublement  des 
cases  de  l'échiquier;  ils  établissent  un  rapport  entre  cette 
cause  première,  qui  plane  au-dessus  des  sphères  et  à  la- 
quelle tout  aboutit,  et  la  somme  du  carré  de  ces  cases.  Ce 
nombre  est  égal  à  18,  /i46,  7/10,  oyS,  707,  55i,  6i5,  où  se 
trouvent  six  fois  mille  après  les  chiffres  de  la  première  sé- 
rie, cinq  fois  mille  après  ceux  de  la  seconde,  quatre  fois 


ClIAPITUE  Vil.  Ifil 

c-«Jl  ajUj«a*mj  olII  olÎ!  v_jLÎi  yytv*«^  iuUjj  OlJî  oJl  oiJt 

j^jJl   i  l^jj,^.^)  Js>   jljt*  J^l   *>J^  ««Xi,»!^  ^  (J^Xj\ 

^■«y^b     «i»^*^'^  Jy^l  Jt  ^i^  |.<xaj  (^  ^s^jisS'i  g=4i-iJî 
caa^Aj  iiLL»  yKj^,ja*Jî  I4XA  i   g:^k*iJL  (_,ot>îî  *l-jJu!  (j^ 

c:)UL>«xJt  ti  «t;i    «X_L.<^  c::>«X,>.U  {J*j^  ft«Xjtj  ti)X«  «.S  AJLtw 

mille  après  ceux  de  la  troisième,  trois  fois  mille  après  ceux 
de  la  quatrième ,  deux  fois  mille  après  ceux  de  la  cinquième , 
et  une  fois  mille  après  ceux  de  la  sixième.  Les  Indiens  ex- 
pliquent par  ces  calculs  la  marche  du  temps  et  des  siècles, 
les  influences  supérieures  qui  s'exercent  sur  ce  monde,  et 
les  liens  qui  les  rattachent  à  l'âme  humaine.  Les  Grecs,  les 
Romains  et  d'autres  peuples  ont  des  théories  et  des  méthodes 
particulières  sur  ce  jeu,  comme  on  peut  le  voir  dans  les 
traités  des  joueurs  d'échecs,  depuis  les  plus  anciens  jusqu'à 
es-Souli  et  el-Adli,  les  deux  joueurs  les  plus  habiles  de  notre 
époque.  Le  règne  de  Balhit,  jusqu'à  sa  mort,  dura  quatre- 
vingts  ans,  ou,  selon  d'autres  manuscrits,  cent  trente  ans. 
Korech  (Harcha?) ,  son  successeur,  abandonnant  les  doc- 
trines du  passé,  introduisit  dans  l'Inde  de  nouvelles  idées 
religieuses,  plus  conformes  aux  besoins  de  son  époque  et 


162  LES  PRAIRIES  D'OR. 

JJJLi  ji\j^\^  [.iXxJt^  J^'3  iUuiJl  ljj,y!  cjUS'^i^  :>I.JUm/ 

jiUî  ^«xi^  iijî;^  i  j^j  iL«xxNji  v*^  ^*^'  v^'  y'j 

^JJJJi*£■  dLL*  ^jî  Jl  dUiJ  I  j>^  JJuo  yl^  *^.,>-«'j  (jSoUiil 

4^  (iU^  iUa-Uj  (jM-vj;   cP   ^/*jl^  JUj!»^I   «.^Xx:^^   t_>lj,.s».^! 

4^^-^-LxJlj  ^^é-»*»^  -o-^;S_jX*  (j^  dix»  Jjl  yû^  (^^^■^^^  cr*^*^ 

aux  tendances  de  ses  contemporains.  Sous  sou  règne  vivait 
Sindbad,  auteur  du  Livre  Des  sept  Vézirs,  du  Maître,  du  Jeune 
homme  et  de  la  Femme  du  roi;  c'est  le  livre  intitulé  Kitah 
Sindhad.  On  composa  aussi  dans  la  bibliothèque  de  Korech 
un  Grand  traité  de  pathologie  et  de  thérapeutique,  avec  des 
figures  et  des  dessins  de  diverses  plantes.  Ce  roi  mourut  après 
un  règne  de  cent  vingt  ans. 

A  sa  mort,  la  discorde  s'éleva  parmi  les  Indiens;  ils  se 
divisèrent  en  plusieurs  nations  et  tribus,  et  chaque  contrée 
eut  un  chef  particulier.  C'est  ainsi  que  se  formèrent  les 
royaumes  de  Sind,  de  Kanoudj,  de  Kachmir;  la  ville  de 
Mankir,  qui  était  le  grand  centre  de  l'Inde,  se  soumit  à  un  roi 
nommé  le  Balhara,  et  le  nom  de  ce  premier  roi  est  resté  à 
tous  ses  successeurs  qui  ont  régné  dans  cette  capitale  jusqu'à 
ce  jour  (332  de  l'hégire). 

L'Inde  est  un  vaste  pays  qui  s'étend  sur  la  mer,  le  conti- 


CHAPITnK  VII.  103 

^jUwl^j.^  (J^  •    J'"^4'   ;J-r?   ^  AxaX^    *XJLgJlj    «Xji4Ji  (Jl   o^->j 

'^iy-^'i  (j-i»W-^  «^^U^l  a*xjû  (jvjj  ojjJi  ^jo;l  jjl  jsJL«Jl_5 

^UxJL  Jyb  *.^jL«  yi5ii|^  »SxjJi> yKS.  /^*i;l_j  iotUl^  («-ftj'^^ 

là-Lij    ^jJj-SÀ»Xl  jLûJu^j   (;JVA=?-^   AX^^^y*iJl    JjIUj    «jjçè 
j^-AJUioj    ,^,  L-^    i>\y*M^    <X-A— =».    y^-iJ    ylÀ^*»^!    i«X^^    (^jOCJUio) 


nent  et  au  milieu  des  montagnes  ;  ce  royaume  est  limitrophe 
de  celui  de  Zabedj ,  qui  est  l'empire  du  Maharadja,  roi  des 
Iles.  Le  Zabedj,  qui  sépare  la  Chine  de  l'Inde,  est  compris 
dans  cette  dernière  contrée.  Du  côté  des  montagnes,  l'Inde 
a  pour  limite  le  Khoraran  et  le  Sind,  jusqu'au  Tibet. 

Ces  royaumes  sont  continuellement  en  guerre,  et  dilTè-» 
rent  autant  par  leur  langue  que  par  leurs  croyances.  La 
plupart  (le  ces  peuples  croient  à  la  métempsycose  ou  trans- 
migration des  âmes,  comme  nous  l'avons  dit  un  peu  plus 
haut.  Mais  par  leur  intelligence,  leur  gouvernement,  leur 
philosophie,  par  leur  robuste  constitution,  autant  que  par 
la  pureté  de  leur  teint,  les  Indiens  diflerent  de  toutes  les 
races  nègres,  telles  que  lesZendjis,  les  Demdemès,  etc.  Ga- 
lien  signale  dix  propriétés  particulières  aux  noirs,  à  savoir  : 
les  cheveux  crépus,  les  sourcils  rares,  les  narines  dilatées, 
les  lèvres  épaisses,  les  dents  aiguës,  la  puanteur  do  la  peau , 
la  noirceur  du  teint,  la  longueur  des  pieds  et  des  mains,  le 


164  LES  PRAIRIES  D'OR. 

AJU  wdJiXJ  outia»  ^U:>  :>UwjI)  (y^^i^i  :>^^^l^<^.^  L^l^ 

/8-frj4*   r/-*^'    V^^    ylà^^l    <7>^l3   i    ^ykfl\jS>' jJfS-  Jlij   «xs^ 

W  »  f  lu 

développement  des  parties  génitales  et  une  pétulance  exces- 
sive. Cet  auteur  explique  cette  dernière  qualité  chez  le  noir 
par  l'organisation  imparfaite  de  son  cerveau,  d'où  résulte  la 
faiblesse  de  son  intelligence.  La  vivacité  du  nègre,  l'em- 
pire que  prend  sur  lui  la  joie,  et  la  pétulance  extraordinaire 
qui  distingue  les  Zendjis  parmi  toutes  les  races  noires ,  ont 
inspiré  à  d'autres  auteurs  des  observations  que  nous  avons 
insérées  daus  nos  ouvrages  précédents. 

Yâkoub,  fils  d'Ishak  el-Kendi,  dans  un  de  ses  traités,  re- 
latif à  l'action  des  corps  élevés  et  des  sphères  célestes  sur 
notre  monde,  ajoute  :  «Dieu  a  établi  un  enchaînement  de 
causes  dans  toutes  les  parties  de  la  création;  la  cause  exerce 
sur  la  créature  qui  la  subit  une  influence  qui  la  rend  cause 
à  son  tour;  mais  cette  créature  purement  subjective  ne  peut 
pas  réagir  sur  sa  cause  ou  son  agent.  Or,  l'âme  étant  la  cause 
et  non  pas  l'effet  de  la  sphère,  la  sphère  ne  peut  réagir  sur 
l'âme;  mais  il  est  dans  la  nature  de  l'âme  de  suivre  le  tem- 
pérament du  corps ,  tant  qu'elle  ne  rencontre  pas  d'obstacle , 


CilAPlTKE  VU.  1(35 

k_j  JI*XJLt^l  ^^  <î^Ui  ^[y«  JJJsj  ujLllii  XJOy  (jLftI  Jl 
ii!Ls  vj^y-i^bj  -OsJLJ  ^j^tf  jj*,\jJî  Jb^^j  «Xij   IfJ^  aaXjuJI  JUi^l 

AA*    ^y^    (^«>«Xt    t*)^    l:>w)L«    t<Xi&   \joIxS^^jmuJ^    |O.^Lm^I    ^ 

et  c'est  ce  qui  a  lieu  chez  les  Zendjis.  Leur  pays  étant  très- 
chaud,  les  corps  célestes  y  exercent  leur  influence  et  atti- 
rent les  humeurs  dans  la  partie  supérieure  du  corps.  De  là 
les  yeux  à  fleur  de  tête  de  ces  peuples,  leurs  lèvres  pen- 
dantes, leur  nez  aplati  et  gros,  et  le  développement  de  la 
tête  par  suite  de  ce  mouvement  ascensionnel  des  humeurs. 
Le  cerveau  perd  son  équilibre,  et  l'âme  ne  peut  plus  exer- 
cer sur  lui  son  action  complète;  le  vague  des  perceptions 
et  l'absence  de  tout  acte  de  l'intelligence  en  sont  la  con- 
séquence. » 

Les  anciens  comme  les  modernes  ont  discuté  les  causes 
de  la  conformation  des  noirs  et  de  leur  position  par  rap- 
port à  la  sphère;  on  a  recherché  si  l'une  des  sept  planètes, 
le  soleil,  la  lune  ou  les  cinq  autres  président  à  leurs  actions, 
et  ont  une  influence  particulière  sur  leur  naissance  et  leur 
développement  physique.  Mais  notre  ouvrage  n'étant  pas 
consacré  à  ce  genre  d'études,  nous  ne  pouvons  rapporter 
ce  qui  a  été  dit  à  cet  égard;  le  lecteur  trouvera  dans  nos 


10(j  LES  PRAIRIES  D'OR. 

=î        ^  5  f  =; 

JoL  ^  ^jjuLjutîl  ^jj  4MI  J^a£  tj*.»-Uo   (jUîyî  (j*j>^  ^j6  4X5^ 

bt    ^i    IJiJLLj^    <9uUik.    &yMt^    iXA£   Xjt   JyM^    ^F*/^^    ^^"^^^    Cl^* 

^  Lm^Us  «xAdi  ^^i  oimmA»  ^ûiÀj^  &j.A.«  «Xa£  ^i  Jyij^  ^^^1 

Annales  historiques  les  théories  et  les  arguments  qui  ont 
été  proposés;  il  y  trouvera  encore  l'exposé  du  système  de  ces 
astronomes  anciens  et  modernes  qui  ont  placé  les  nègres 
sous  l'action  de  Saturne.  Telle  est  aussi  l'opinion  d'un  poète 
et  astrologue  musulman  contemporain ,  bien  instruit  de  ce 
qui  concerne  les  sphères  : 

Le  doyen  (de  ces  astres)  est  le  sublime  Saturne,  vieillard  majestueux, 
puissant  monarque. 

Son  tempérament  est  noir  et  froid;  noir  comme  l'âme  en  proie  au  dé- 
sespoir. 

Son  influence  s'exerce  sur  les  Zendjis  et  les  esclaves,  et  aussi  sur  le 
plomb  et  le  fer. 

Taoas  el-Yemani ,  compagnon  d'Abdallah ,  fils  d'el-Abbas, 
ne  touchait  pas  à  la  chair  d'un  animal  tué  par  un  Zendji, 
parce  que,  disait-il,  le  Zendji  est  un  être  hideux.  J'ai  en- 
tendu dire  qu  Abou'1-Abbaser-Radi  billah ,  fils  d'el-Moktadir, 
n'acceptait  rien  de  la  main  d'un  noir,  parceque  c'était  un 
esclave  hideux.  J'ignore  s'il  se  conformait,  en  agissant 
ainsi,  à  la  doctrine  de  Taous,  ou  s'il  suivait  quelque  pré- 


CHAPlTKt  Vil.  167 

i\<J  ^j   ii-ÀAM  C:J>*?;'   »^  (j-«  (JXaj  <^;j»-  W*^  "^•*^'   ^^^  ^ 

(jisj^î    (^  jJ^VJ    A-Jt-X-^'iij     ^    K-J,\     î«XgJ     *»XjC*    yX/JÎ     5j-OtA3 

L.^,_>)  ^^^Lioj  <îum|;  (_^  t_>LjJJ  ^^'^  iUwJLx*  Uùjsjo  ilL.«1^ 

cepte  philosophique  particulier.  Amr,  fils  de  Bahr  el-Djahiz 
a  composé  un  livre  Sur  la  supériorité  des  noirs,  et  leur  latte 
avec  la  race  blanche. 

Dans  l'Inde  un  roi  ne  peut  monter  sur  le  trône  avant 
quarante  ans  révolus;  il  ne  se  montre  au  peuple  qu'à  des 
époques  déterminées,  et  seulement  pour  examiner  les  af- 
faires de  l'Etal;  car,  dans  leurs  idées,  un  roi  porterait  at- 
teinte à  sa  dignité  et  n'inspirerait  plus  le  même  respect  s'il 
se  montrait  constamment  au  peuple.  Le  pouvoir  ne  se  main- 
tient chez  eux  que  par  le  despotisme  et  le  respect  de  la 
hiérarchie  politique. 

Voici  ce  que  j'ai  vu  dans  le  pays  de  Serendib  (Ceylan), 
île  de  la  mer  de  l'Inde  :  quand  un  roi  meurt,  on  l'expose 
sur  un  chariot  bas,  à  petites  roues,  et  destiné  à  cet  usage, 
de  manière  à  ce  que  les  cheveux  traînent  par  terre.  Une 
femme,  un  balai  à  la  main,  jette  de  la  poussière  sur  la  tète 
du  mort,  en  criant  :  «  Peuple,  voilà  votre  roi  d'hier!  il  était 


168  LES  PRAIRIES  D'OR. 

y^)^  nS-»-  fXvi  jLs-_j  (XKCo  «xj»  (j/*^^l  j^JlC»  )<yjt>  ^UI) 

cil^Ui   viU^  ^'^^'^j  U*^*J  Uj«xJî  ti)^  (jw«  yjj^-  U  Ji  jl*3  »Xi 

qM  ^«XjuI    AX^^   (^  ^   AJ;Uw   4;AAXj^    C^I^^^I    t->^    (j-t    %JJi 

votre  maître;  ses  moindres  volontés  étaient  obéies.  Voyez- 
le  maintenant;  il  a  quitté  la  terre,  et  son  âme  est  entre  les 
mains  du  roi  des  rois,  le  vivant,  l'éternel,  qui  ne  meurt 
pas!  Ne  cédez  donc  pas  aux  illusions  de  la  viej  »  Elle  conti- 
ime  ainsi  ses  exhortations  en  faveur  de  la  retraite  et  du  dé- 
tachement des  biens  de  ce  monde  ;  puis ,  après  avoir  promené 
le  corps  par  toutes  les  rues  de  la  ville,  on  le  coupe  en  quatre 
morceaux,  on  le  brûle  sur  un  bûcher  fait  de  bois  de  sandal, 
de  camphre  et  d'autres  parfums,  et  enfin  on  jette  ses  cendres 
au  vent.  Telles  sont  les  cérémonies  que  presque  tous  les 
Indiens  observent  pour  les  rois  et  les  grands,  et  ils  croient 
ainsi  suivre  le  but  qu'ils  se  proposent  dans  l'avenir. 

La  royauté  appartient  exclusivement  à  la  même  famille, 
et  ne  passe  jamais  à  une  autre;  il  existe  de  même  une  dy- 
nastie de  vézirs,  de  kadis  et  d'autres  fonctionnaires,  qui 
tous  sont  inamovibles. 

Les  Indiens  s'abstiennent  de  boire  du  vin,  et  blâment 


CHAPITRE  Vil.  169 

iLjvla.^  to.^^!  (j^  ^sy^  &^i  ($-^'j  c.UwJ{  i^^KC'jM.  ^o*^^ 
^j j  '■  »-  .;  ^-«^^  -^^^j  iii>.=s^  (;^  iLtkJ^^  ^Ixjl  (jmUJI  ^  Jotib 

*XÀgAîj  iS^^  V^^  JW;>^'  <r>^*^  (MÏT*^*^  (Jt^^^  tSj'y^ 
j   J^A.^^   J^L^L-à^i   (^  W.A-A-J    ^  Ux»!    «Xj>  ïyifJi^  c;>Lm\juw 

UUi  :>^*JI  J^.«J?  «XJ^I  Qb;l  o^  jjuxllj  iUQrl  »«xtf»  ti^j 


t^J 


ceux  qui  en  font  usage,  non  que  leur  religion  le  défende, 
mais  dans  la  crainte  qu'il  ne  trouble  leur  raison  et  ne  la 
prive  de  l'usage  de  ses  facultés.  Si  un  de  leurs  rois  est  con- 
vaincu d'en  avoir  bu ,  il  mérite  d'être  destitué ,  car  il  doit 
lui  être  impossible  de  gouverner  l'Etat  quand  sa  raison  est 
obscurcie.  Ils  aiment  le  chant  et  la  musique,  et  ils  ont  di- 
vers instruments  d'harmonie  qui  produisent  sur  l'homme 
des  effets  gradués,  depuis  le  rire  jusqu'aux  larmes.  Souvent 
ils  font  boire  et  danser  devant  eux  des  jeunes  fdles  esclaves, 
afin  de  s'exciter  à  la  joie  par  ce  spectacle. 

Les  Indiens  ont  un  grand  nombre  d'institutions  que  nous 
avons  décrites,  ainsi  que  leur  histoire  et  leurs  usages  dans 
nos  Annales  historiques  et  notre  Histoire  moyenne;  nous 
n'en  donnerons  donc  ici  qu'une  esquisse.  Voici  une  anec- 
dote intéressante  pour  l'étude  de  l'histoire  et  des  mœurs  des 
anciens  rois  de  l'Inde  et  des  rois  de  Komar  (  Comorin  ).  C'est 
de  ce  pays  qu'on  exporte  l'aloès ,  nommé  pour  cette  raison 


170  LES  PRAIRIES  D'OR. 

J^  j-^^Jî  jM>lj).>  (j^  ^J^j^  :>!5X^5  »*X;û  U*^J  CJ^-wij  \^l\^ 

^1^1  iUU  i!^  -U*.^  \«XiûjU  «xLj  Cïlr^i)!^  iO_j4*Jt  '^^ 

aloès  komari.  Cette  contrée  n'est  pas  une  île,  mais  elle  est 
située  sur  le  bord  de  la  mer,  et  couverte  de  montagnes. 
Peu  de  pays  dans  l'Inde  ont  une  population  plus  nombreuse  ; 
ses  habitants  se  distinguent  par  la  pureté  de  leur  haleine, 
parce  qu'ils  font,  comme  les  musulmans,  usage  du  cure- 
dent.  Ils  ont  aussi  l'adultère  en  horreur,  évitent  tout  acte 
impudique,  et  s'abstiennent  de  boissons  spiritueuses ;  dans 
cette  dernière  pratique,  ils  ne  font  d'ailleurs  que  se  confor- 
mer à  un  usage  général  dans  l'Inde.  Leurs  troupes  se  com- 
posent surtout  d'infanterie,  parce  que  leur  pays  renferme 
plus  de  montagnes  et  de  vallées  que  de  plaines  et  de  pla- 
teaux. Il  est  sur  le  chemin  des  Etats  du  Maharadja,  roi  des 
îles  de  Zabedj  (Java),  de  Kalah  (Malaka.^),  de  Serendib 
(Ceylan  ) ,  etc.  On  raconte  donc  qu'un  roi  jeune  et  irréfléchi  ré- 
gnait jadis  dans  le  Komar.  Un  jour  il  était  assis  sur  son  trône, 
dans  un  château  situé  à  un  jour  de  marche  de  la  mer,  et 
qui  dominait  un  grand  fleuve  d'eau  douce  comme  le  Tigre 


CHAPITRE  VII.  171 

k.^  <>vj»^  L^ob  y^_^Jj_jJ'  ^  J^  ^^  4^=>-l  t^-ovS' »^,<-;i 

U  J.-Ui  1^1  jUj  *llo  I Js-d>^^Jai^lj  <)u*ij  ijioiJi  iJ^^^bl 
LjL^L_a_)^^^   il  liX^j   iWJb  d^Ul   cy-Xjf  ^jl   ^jibl  o»jL,^> 

^J^■A.g  (jl  pU  »^-i^  slrft^'  idiCf^  jLjJî  aJQu?  (;j>j_5  UJiC*  i 

el  l'Euphrate.  Son  ministre  se  tenait  devant  lui,  et  ils  s'en- 
tretenaient du  royaume  riche  et  puissant  du  Maharadja,  et 
du  grand  nombre  d'îles  qu'il  possédait.  Le  roi  dit  alors  : 
«  Que  je  voudrais  réaliser  le  projet  que  j'ai  formé  en  moi- 
même! —  Quel  est-il,  sire?  demanda  le  vézir,  homme  sage 
qui  connaissait  la  légèreté  de  son  maître.  —  Je  voudrais 
que  la  tête  du  Maharadja,  roi  de  Zabedj,  fût  exposée  sur 
un  plat  devant  moi.  »  Le  vézir,  comprenant  que  la  jalousie 
avait  inspiré  cette  pensée  au  roi  et  l'avait  fomentée  dans 
son  cœur,  lui  dit  :  «  Sire,  je  n'aurais  pas  cru  que  le  roi  s'en- 
tretînt dans  de  pareilles  pensées.  Jamais  nous  n'avons  eu  de 
différends  avec  cette  nation,  ni  dans  le  passé  ni  aujour- 
d'hui, et  elle  ne  nous  a  donné  aucun  sujet  de  plainte;  en 
outre,  elle  habite  des  îles  lointaines,  fort  éloignées  de  nos 
frontières,  et  elle  n'a  aucune  vue  de  conquête  sur  notre 
pays.  (En  effet,  une  distance  de  dix  à  vingt  jours  de  navi- 
gation sépare  le  royaume  de  Komar  de  celui  du  Maharadja.) 
Il  vaut  donc  mieux ,  sire,  ajouta  le  vézir,  que  personne  n'ait 


172  LES  PRAIRIES  D'OR. 

kJUU   yl    fciU^  <3«+*s?  {J^ J-rtj^^    ^   J^  /ooj-î^l    i   Usj^  Ujj 

ajL^pî  'y^?'^  cj^  aj^>?  y\<'  (j-*j  SilyiJ  vilii  et  ils  ^Ull 

,.|.Aâol  Le,  d^A^t^  't^'JL?  ^«^  Uxm^Lo  lxXx«  (j^i   (i  À^   «X» 

u  J\j&--jJl  iLsft^j  p.!iV*iJt  iiXjy:  (j-«  l^^  '-r^j^  <-^  V^^^ 

connaissance  de  ce  projet,  el  que  le  roi  lui-même  n'en  re- 
parle plus.  »  Le  roi  s'irrita  et  ne  tint  aucun  compte  de  cet 
avis.  Il  fit  part  de  ses  desseins  à  ses  généraux  et  à  ses  prin- 
cipaux courtisans;  la  nouvelle  passa  de  bouche  en  bouche, 
et  finit  par  arriver  jusqu'au  Maharadja.  Ce  dernier  était  un 
prince  sage,  expérimenté  et  d'un  âge  déjà  mûr.  Il  fit  venir 
son  vézir,  l'informa  de  ce  qu'il  avait  appris,  et  ajouta:  «  Ce 
que  la  renommée  rapporte  de  ce  fou,  le  projet  que  sa  jeu- 
nesse et  son  orgueil  lui  ont  inspiré,  la  publicité  de  ses  pa- 
roles, tout  nous  oblige  à  sévir  contre  lui,  car  l'impunité 
porterait  atteinte  à  notre  dignité  et  à  notre  pouvoir.  »  Il  or- 
donna donc  à  son  vézir  de  tenir  cet  entretien  secret,  d'équi- 
per mille  vaisseaux  de  moyenne  force,  et  de  pourvoir  cha- 
cun de  ces  vaisseaux  des  armes  et  des  troupes  nécessaires. 
On  fit  courir  le  bruit  que  le  roi  voulait  faire  une  prome- 
nade de  plaisir  dans  les  îles  du  royaume;  on  écrivit  même 
aux  rois  de  ces  îles,  (]ui  étaient  vassaux  du  Maharadja,  que 


CHAPITRE  VII.  173 

»j^  Js_jv_A-*«i  (^  »àl^  «Ki-I^  *i^->:;  r/^-îj^-*^'  viU^jli 

Ul  — l^^^^l  >I  JLiLi  IjI^j^  *X-s?  jM  *^'''  J**-*^'  S-^t***^.  <r*^'*»' 


le  monarque  allait  faire  une  excursion  d'agrément  sur  leurs 
terres,  et,  à  cette  nouvelle,  chaque  roi  se  prépara  à  bien 
recevoir  le  Maharadja.  Ces  ordres  étant  bien  exécutés,  et 
les  armements  terminés,  le  Maharadja  s'embarqua  et  vint 
aborder  avec  son  armée  dans  le  royaume  de  Komar.  Le  roi 
deKomarne  sut  cette  expédition  qu'en  voyant  la  flotte  re- 
monter le  fleuve  et  arriver  sous  sa  capitale.  Pris  à  l'inipro- 
viste ,  ses  soldats  furent  défaits ,  ses  généraux  faits  prisonniers, 
la  ville  investie,  et  le  royaume  tout  entier  tomba  au  pou- 
voir du  Maharadja.  Celui-ci  fit  proclamer  l'aman,  puis  il  se 
plaça  sur  le  trône  du  roi  de  Komar,  et  se  fit  amener  ce  roi 
prisonnier  et  son  vézir.  «  Qui  t'a  inspiré,  demanda-t-il  au  roi, 
un  projet  si  au-dessus  de  tes  forces,  un  projet  dont  la  réa- 
lisation ne  t'aurait  pas  rendu  plus  heureux,  et  qui  n'a  pas 
même  pour  excuse  la  possibilité  de  l'entreprise?  »  Le  roi  se 
tut,  et  le  Maharadja  ajouta  :  •  Si ,  au  vœu  de  voir  ma  tête  dans 
un  bassin  devant  loi  tu  avais  ajouté  le  désir  de  t'emparer 


174  LES  PRAIRIES  D'OR. 

^iUi  UAX»JtAAM^  l^À.*  (^  i  :>L*àJî^  ^^J^^  i5^'  iia*-l>l  ii)o*N> 

^  i^j^]   JX-j\  ^gJsi-».^  ^  Joii  oji^  (^  It'A^  (^'^'^^  JUl» 

ItXjfr    JoU)    liU^   ^^^'^    (j^    Jôjli    dlx;«   J^  ^    (^Ml?    j).AC»>l.O 

de  mes  Etats  et  d'y  porter  la  destruction,  j'aurais  usé  ici  de 
représailles  ;  mais  tu  n'as  formé  précisément  qu'un  projet,  et 
c'est  moi  qui  le  réaliserai  à  tes  dépens.  Puis  je  rentrerai 
dans  mon  pays,  sans  toucher  aux  biens  de  tes  sujets,  petits 
ou  grands.  Je  veux  que  tu  serves  d'exemple  à  tes  succes- 
seurs, afin  qu'ils  ne  franchissent  pas  les  limites  que  la  ibr- 
tune  leur  a  assignées,  et  qu'ils  connaissent  le  prix  de  la  sé- 
curité. »  Puis  il  lui  fit  trancher  la  tête.  Il  s'adressa  ensuite  au 
vézir  et  lui  dit  :  «  Je  te  remercie,  vézir;  je  sais  les  bons  con- 
seils que  tu  donnais  à  ton  maître,  qui  aurait  dû  les  accep- 
ter. Désigne  celui  que  tu  crois  digne  de  gouverner  après  cet 
insensé,  et  place-le  sur  le  trône.  Le  Maharadja  retourna 
aussitôt  dans  ses  Etats,  sans  que  lui  ou  ses  troupes  eussent 
exercé  le  moindre  ravage  dans  ce  pays.  Rentré  dans  son 
royaume,  il  s'assit  sur  son  trône ,  qui  dominait  l'étang  sur- 
nommé Vétang  des  barres  cVor,  et  fit  placer  devant  lui  le  plat 
où  était  posée  la  tête  du  roi  vaincu.  Il  assembla  tous  les 


CHAPITRE  VIL  175 

»j»^_s-^  ^A-ÏLjg  J^l  *i  U^Xi  AaXc  -Jvi!  U  ^^  aK^  (^«^JÎ 

UJùb  Je  IlL^  ^^  JJ!  yî  aJ!  t-^xù  jUMl  à5>aj  -luJI  JiX» 

sb^ji   u  XA-»  UàXj  <XJ>^  Ji^ljiL«^  Luàb^  bÀjçXf  Aaxj   dL»jfc-La.> 

grands  du  royaume,  et  leur  raconta  son  expédition  el  le 
naotif  qui  l'avait  rendue  nécessaire.  Ses  sujets  répondirent 
par  des  acclamations  et  des  vœux. 

Sur  son  ordre,  on  lava  la  tête  du  roi,  on  l'embauma,  et, 
après  l'avoir  enfermée  dans  un  vase,  on  l'envoya  à  son 
successeur  dans  le  Komar,  avec  la  lettre  suivante  :  •  Notre 
expédition  a  été  motivée  par  l'insolence  de  ton  prédéces- 
seur, et  par  la  nécessité  de  donner  une  leçon  à  ses  pareils. 
Maintenant  que  nous  avons  atteint  notre  but,  nous  croyons 
devoir  te  renvoyer  cette  tête,  car  nous  n'avons  aucun  inté- 
rêt à  la  garder,  et  une  pareille  victoire  n'ajoute  rien  à  notre 
gloire.  »  Les  rois  de  l'Inde  et  de  la  Chine,  instruits  de  ces 
événements,  n'en  eurent  qu'une  plus  haute  idée  du  Maha- 
radja,  et,  depuis  lors,  les  rois  de  Komar,  en  se  levant  le 
matin ,  se  tournaient  vers  le  pays  de  Zabedj ,  et  se  proster- 
naient en  proclamant  avec  respect  la  grandeur  du  Maha- 
radja. 

Nous  devons  expliquer  ce  que  signifie  l'étang  des  barres 


176  LES  PRAIRIES  D'OR. 

^\^  làU  wtXjUt  dUs  ^  tixm  ^«x^  (jvj  ig^i> JâLAj  i^^^  M^^ 

^  Jaj  /liU-  viLb  Jljo  ^  W^  cMai'  (T-^^'  i  Km^^=>-  <Xift 

^  OO^j  Os.0^t    /oJ!  CyUtfliTwjj   XxJm  1^X4   &«>o  J^  IgJ^  S«>ot> 

d'or.  Le  palais  du  Maharadja  domine  un  petit  étang,  qui  com- 
munique avec  le  principal  golfe  du  Zabedj  ;  le  flux  amène 
l'eau  de  mer  dans  ce  golfe,  et  le  reflux  en  enlève  l'eau  douce. 
Tous  les  matins,  le  trésorier  du  roi  arrive  porteur  d'une 
barre  d'or  fondu  pesant  un  certain  nombre  de  livres,  dont 
je  ne  puis  évaluer  le  poids  exact,  et  la  jette  dans  l'étang 
en  présence  du  roi.  A  l'heure  du  flux,  l'eau  monte  et  re- 
couvre cette  barre  avec  celles  qui  y  sont  déjà  déposées; 
mais  la  marée  basse  les  laisse  à  découvert,  et  elles  brillent 
aux  rayons  du  soleil,  sous  les  yeux  du  roi,  qui  est  assis  dans 
sa  salle  d'audience ,  située  au-dessus  de  cet  étang.  On  con- 
tinue ainsi,  pendant  toute  la  durée  de  son  règne,  à  jeter 
chaque  jour  une  barre  d'or,  et  personne  n'ose  y  toucher; 
mais  à  la  mort  du  roi,  son  successeur  fait  retirer  tous  ces 
lingots ,  sans  en  laisser  un  seul.  On  les  compte ,  on  les  fond ,  et 
on  les  distribue  aux  membres  de  la  famille  royale,  tant  aux 


CHAPITRE  VII.  177 

^>yj^^  ^:>\^^  (^-^^j'^  |0^^^  fi-^^j  ^ii-Ui  c:-yo  J^î 

tj^  ^_X-Li.j  iLkAk,  I  JvS'yUpI  (j^  yiiU  viUiî  ^j^Xi  ^jl  J^j 
<îsJ(X--«  -Lî   uy*>Où^l   y-l  J^J^J^jjiJî^   AJCjQuf  J^;ù|   (jvj  Ajijj 

IàaSj  i  «x;^!  J^L»  /Jôfttj  <î0l5^  i  t^JJ!  (^  ^  js,^  i!j^ 
*KÀ^I  tî)jX« jX^si^^^-AjC^ULl  iobvX^  c..o».L3  (^v^XJl  î«Xi6 

hommes  qu'aux  femmes  et  aux  enfants,  aux  ofTiciers  et  aux 
serviteurs,  en  observant  le  rang  et  les  prérogatives  de  chaque 
classe.  Le  surplus  est  distribué  aux  pauvres  et  aux  infirmes. 
Le  nombre  et  le  poids  de  ces  barres  sont  inscrits  dans  un 
registre,  et  l'on  dit  que  tel  roi  a  vécu  tant  d'années,  et  qu'il 
a  laissé  dans  l'étang  royal  tant  de  barres  d'or,  pour  être 
distribuées  après  sa  mort  entre  ses  sujets.  C'est  une  gloire, 
à  leurs  yeux,  d'avoir  régné  longtemps  et  d'avoir  laissé  un 
grand  nombre  de  ces  barres. 

Le  plus  puissant  roi  qui  règne  aujourd'hui  dans  l'Inde 
est  le  Balhara,  souverain  de  la  ville  d'el-Mankir;  la  plu- 
part des  chefs  de  l'Inde  tournent  leur  visage  vers  lui  en 
priant,  et  adressent  des  prières  à  ses  ambassadeurs,  quand 
ils  arrivent  à  leur  cour.  Les  Etats  du  Balhara  sont  entourés 
par  plusieurs  principautés.  Quelques-uns  de  ces  rois  habi- 
tent la  région  des  montagnes,  loin  de  la  mer;  tels  sont  le 
Raya,  maître  du  Kachmir,  le  roi  de  Tafen  et  d'autres  chefs 


178  LES  PRAIRIES  D'OR. 

^b  (jvA*  (Sj-^^  ^'^ij^-i  y.  *^  0-*  Hs^i  «3vv^i  iiljX« 

iLAjUfi'  ^-iiîj  i^JsJLw  làiî^  C:JVi^  *;-^'>***«j.^^5  C:!^'^^  ^-^ 

JJi  iL.«w  /rfvjill  ItXJft^  r-^j-iJi-J   ii-À_j*X-*  ««.«-^-L-o   ^J>>~^ 
viJJu  »Ulj  *>=?'^'  **^  CJ^  *^-?  «^  ^i^*  *^^j(>J«^'j  UaôJî^ 

AjkPj  iXÀ^I^  JsJLnJ!  Jy^jUÀ.1  (^  :5\J7:  j^^J^A-^j  *i  *t1;^ 

jU^Jî  b;-Si  JsJsft      t_>U^I  IJsJfc  (i^é  à^  Uyi  ^joji^l  é^  (j^ 

^^ydl  ^Lj  Uax5^(j^j-«  \^  dUi  UiX^I  «Xi  U3  yt^  kiUi 

indiens.  D'autres  Étals  s'avancent  sur  la  mer  et  dans  le  con- 
tinent. La  capitale  du  Balhai-a  est  éloignée  de  la  mer  de 
quatre'vingts  parasanges  sinài,  et  chaque  parasange  vaut 
huit  milles.  Ses  armées  ej;  ses  éléphants  sont  innombrables; 
mais  presque  toutes  ses  troupes  se  composent  d'infanterie, 
à  cause  de  la  nature  du  pays.  Un  de  ses  voisins,  parmi  les 
rois  de  l'Inde  éloignés  de  la  mer,  est  le  maître  de  la  ville  de 
Kanoudj,  le  Baourah,  titre  donné  à  tous  les  souverains  de 
ce  royaume.  Il  a  de  fortes  garnisons  cantonnées  au  nord, 
au  sud,  à  l'ouest  et  à  l'est,  parce  que  chacun  de  ces  côtés 
est  menacé  par  un  voisin  belliqueux. 

Nous  donnerons  plus  tard  de  nouvelles  notions  sur  les 
souverains  du  Sind,  de  l'Inde  et  d'autres  rois  de  la  ten-e, 
dans  le  chapitre  relatif  aux  mers,  à  leurs  particularités,  aux 
nations  et  aux  rois  qui  les  environnent,  etc.  On  trouvera  aussi 
ces  renseignements  dans  nos  précédents  ouvrages.  Puisse 
Dieu  nous  aider  !  en  lui  seul  sonl  la  force  et  le  pouvoir. 


CIIAPITUE  VIII.  179 

<_>^jLÎ)^  (J)--»**J'    ^^^4^  <i^   O^'^'  *\^$^  Ci»-fUfci  j^i^**»fcii  Jb 

fj^Xjé*^  j./iS-^  jjjS^iMuA    ^.(\aO  (^i     wiU^     !^.£Wjli    CJ>^À4>'^    JUwJl^ 

^jj^l   kiUi  iX.lft  l^jlj  «^^-^4^  J^  (j^  U^  iaA^  l_^4Jt^  JAiJl 
CHAPITRE  VIII. 

DESCRIPTION    DU    CONTINENT   ET   DES  MERS;  SOURCES   DES    FLEUVES; 
LES  MONTAGNES;  LES    SEPT  CLIMATS,  ASTRES    QUI    EXERCENT    SU 
EUX  LEUR  INFLUENCE;  ORDRE  DES«  SPHÈRES,  ETC. 

Les  savants  partagent  la  terre  entre  les  quatre  points  car- 
dinaux, l'est,  l'ouest,  le  nord  et  le  sud;  ils  la  divisent  aussi 
en  deux  parties,  celle  qui  est  habitée  et  celle  qui  est  déserte, 
cultivée  OU  inculte.  La  terre,  disent-ils,  est  ronde,  son  centre 
passe  par  l'axe  de  la  sphère ,  l'air  l'entoure  de  tous  les  côtés , 
et,  comparée  à  la  sphère  du  zodiaque,  elle  estpelile  comme 
un  point  mathématique.  La  portion  habitée  s'étend  depuis 
un  groupe  de  six  îles  nommées  les  îles  Eternelles  (Fortunées), 
et  siUiées  dans  l'océan  Occidental,  jusqu'à  l'extrémité  de  la 
Chine.  Cette  étendue  correspondant  à  douze  heures  (de  la 
révolution  journalière  du  soleil),  ils  ont  reconnu  que  le 


810  LES  PRAIRIES  D'OR. 

p  .. 

J^Ja  _5-£&j  (j<=)^'   iJ^li   uÀ-Aâj  dlJij  (JV>aJl  ^^Aail  ^  l^^AL 

(J^  5^_^^^  tjl  ^^>_ajL>  jlfwJÎ  iUi»-b  til  -pljjùiw^l  laÀ.  j-o^ 

soleil  se  lève  pour  les  îles  Eternelles,  situées  dans  l'océan 
Occidental,  quand  il  se  couche  à  l'extrémité  de  la  Chine, 
et  qu'il  se  lève  pour  cette  partie  reculée  delà  terre  quand  il 
se  couche  pour  ces  îles.  Cette  portion  est  la  moitié  de  la  cir- 
conférence terrestre,  et  c'est  l'étendue  longitudinale  qu'ils 
disent  avoir  observée.  Si  on  l'évalue  en  milles  employés  pour 
la  mesure  du  globe,  on  obtient  un  total  de  treize  mille  cinq 
cents  miilles. 

Leurs  recherches  sur  la  latitude  de  la  terre  ont  prouvé 
que  la  portion  habitée  s'étend,  de  l'équateur  vers  le  nord, 
jusqu'à  l'île  de  Toulé  [QoijXr})  dans  la  (Grande-)  Bretagne, 
oia  la  durée  du  jour  le  plus  long  est  de  vingt  heures.  Selon 
eux ,  l'équateur  passe ,  entre  l'est  et  l'ouest ,  par  une  île  située 
entre  l'Inde  et  l'Abyssinie,  et  un  peu  au  sud  de  ces  deux 
contrées.  Ce  point  intermédiaire  entre  le  nord  et  le  midi  est 
coupé  par  le  point  intermédiaire  entre  les  îles  Eternelles  et 


CHAPITUE  Vill.  811 

(j*»*>w»»Ji  !*Xi^  4';-*='  ^•^^^  o^^^  *)-»ii  CJ-*  (j«'<^»-*«  vj)jij  ^'-y^ 

I..J-J»-*  Jj^î  pOwUi^ls  <x*AMfcJl  j<0lJ5^l  Uls  (j^^^  *^l:>  (j*.vK^ 
,jb)îj  J-«o_^l_5  ji^j-iû^il^  (J^^^  (jl.^î^^-=w  A-À^  J^L  (jb)l  ^j_t6 
^■*.A.»<uII   /o--:^^!   <j^j   U*^*^'^  tX-^  ^V^^   ^^  (^-^  '^^■^ 

l'extrémité  de  la  Chine  ;  c'est  ce  que  l'on  uoumie  la  coupole 
de  la  terre,  déjà  connue  parce  que  nous  en  avons  rapporté. 
On  compte  environ  soixante  degrés  de  latitude  do  l'équa- 
teur  à  l'île  de  Toulé  :  c'est  un  sixième  de  la  circonférence 
de  la  lerre.  En  nmllipliant  ce  sixième,  qui  est  la  mesure  de 
la  latitude,  par  une  moitié  qui  représente  la  longitude,  on 
obtient,  pour  la  portion  habitée  de  l'hémisphère  septentrio- 
nal, un  douzième  de  la  surface  du  globe. 

Voici  la  division  des  sept  climats.  Premier  climat  :  le  pays 
de  Babel,  le  Khoraçan,  el-Ahwaz,  Moçoul  et  le  Djebal;  ce 
climat  a  pour  signes  du  zodiaque  le  Bélier  et  le  Sagittaire; 
pour  planète,  Jupiter.  Second  climat  :  le  Sind,  llnde  et  le 
Soudan;  signe  du  zodiaque,  le  Capricorne;  pour  planète, 
Saturne.  Troisième  climat  :  la  Mecque,  Médine,  le  Yemen  , 
le  Taïf,  le  Hedjaz  et  les  pays  intermédiaires;  signe  du  zo- 
diaque, le  Scorpion;  planète,  Vénus  l'heureuse.  Quatrième 


182  LES  PRAIRIES  D'OR. 

^jj^-jJl  (i^«  jB-Y"^  aj.r)JIj  (•J5/^'j  [«UJi  jj<*w»\.iil  j^nAj^JÎ  :>;Ua* 

j^vAi^t  ë"/^^  A*VmJÏ  tj^^  fjWojj**^\  ^jj^i  o^  /s-fti  iùJUuaJl^ 
A-JTA  ■*M>Jt  (j^j  ub^'  S-S^'  <i»^  (*"V^  (:J.V*^5j  tKî«xJ!  fcjUnJi 


climat:  l'Egypte,  l'Ifrikyah,  le  pays  des  Berbers,  l'Espagne 
et  les  provinces  comprises  dans  ces  limites;  signe  du  zo- 
diaque, les  Gémeaux;  planète,  Mercure.  Cinquième  climat  : 
la  Syrie,  le  pays  de  Roum,  la  Mésopotamie  (el-Djezireh); 
signe  du  zodiaque,  le  Verseau;  planète,  la  Lune.  Sixième 
climat  :  les  pays  habités  par  les  Turcs,  les  Khazars,  les 
Deilemiens  et  les  Slaves;  signe  du  zodiaque,  le  Cancer; 
planète,  Mars.  Septième  climat  :  le  pays  de  Daïl  et  la 
Chine;  signe  du  zodiaque,  la  Balance;  planète,  le  Soleil. 
L'astronome  Hoçein,  auteur  du  livre  des  Tables  astrono- 
miques, rapporte,  d'après  Khaled,  fils  d'Abd-el-Melik,  origi- 
naire de  Merw,  et  d'autres  savants  qui,  par  ordre  d'el-Ma- 
moun,  avaient  pris  la  hauteur  du  soleil  dans  la  plaine  de 
Sendjar,  contrée  de  Diar-Rebiàh  (sud  de  la  Mésopotamie) , 
que  la  mesure  d'un  degré  terrestre  est  de  cinquante-six 
milles;  en  multipliant  ce  nonibre  par  trois  cent  soixante. 


CHAPITRE  VIII.  183 

.S—f;-^  iL)U_j  tK-A— «  v_-ii)  Qjj-is*  vjsOij JjJl*  iiiaA^.5!  (jcm^I 

jijoi— *_jj6  i£<y^\   j<waM   ^^;J^  ^^^  (JîO"****'^  CJr^'  t^  '^■^^ 

i^-fi^  Ci'^l  iiiAj  ,jbj.i)l  »Iaï  oi-*Aij  4ç.o^JiiJb  J.X*  j-iî**  v.ju<aj_j 
qjXj  iùjli'  (^j\jL^j  àouià  »-û^  aXmj  JW«Î  ^i***"^  cX^  ^^^ 
à^^^l  ctjjo  ç^lji  O'i'l  ^J^iM^  tK^^j  1^-^  y^^  ^J3  cK^  Ji> 
«'IJUJl   X:».Lmxj   cjUXJI   ç-jà^  ^^\X^  A;toj  t5*>J!   tîj*>Ji  jjft^ 

ils  trouvèrent,  pour  la  circonférence  du  globe,  continent  et 
mer,  vingt  mille  cent  soixante  milles.  Cette  circonférence  de 
la  terre ,  multipliée  par  sept ,  donne  cent  quarante  et  un  mille 
cent  vingt  milles.  En  divisant  ce  produit  par  vingt-deux ,  on 
a,  pour  le  diamètre  de  la  terre,  six  mille  quatre  cent  qua- 
torze milles  et  demi,  plus  un  vingtième  de  mille  environ.  La 
moitié  du  diamètre  de  la  terre  est  donc  de  trois  mille  deux 
cent  sept  milles,  plus  seize  minutes  trente  secondes,  soit  : 
un  quart,  plus  un  quarantième  de  mille.  I.e  mille  vaut 
quatre  mille  coudées  noires;  on  nomme  ainsi  la  coudée  éta- 
blie par  el-Mamoun  pour  la  mesure  des  étoiles,  des  mai- 
sons et  l'arpentage;  elle  se  compose  de  vin^t-quatre  doigts. 
Le  philosophe  (Ptoléniée),  dans  son  livre  intitulé  Djo- 
grafia  (rswypa^/a) ,  décrit  la  terre,  les  villes,  les  montagnes, 
les  mers,  les  îles,  les  fleuves  et  sources  (juclle  renferme;  il 


184  LES  PRAIRIES  D'OR. 

iL.x-ij\  Uû:>«X-c  (jî_5  «^UJî  ^\yl^^  isôj>^M*X^  y^'  ^-*^J3 

,j.^Uj«xJI  jUi^  (j5_jJ'  t-jUwî  I  jsjû  àj^^^  c^^  (^sS  ti  '^js?»*^» 

U  y^:»  dUi  (j-«  jjL^îi^  iiiXi!l_5  ^j^i^î  ^j^j^  *^'  *^"^)^  iJ^ 

parle  des  villes  habitées  et  des  pays  cultivés,  évalue  le 
nombre  de  ces  villes  à  quatre  mille  cinq  cent  trente  pour 
son  époque,  et  les  cite  par  ordre  de  climats.  Il  distingue, 
dans  le  même  ouvrage,  les  montagnes  de  la  terre  par  leur 
couleur  rouge,  jaune,  verte,  etc.  et  en  porte  le  nombre  à 
plus  de  deux  cents;  il  mentionne  aussi  leur  hauteur,  les 
mines  et  les  pierres  précieuses  qu'elles  renferment.  Ce  phi- 
losophe compte  cinq  mers  autour  du  globe,  et  parle  des 
îles  cultivées  ou  incultes,  connues  ou  inconnues,  qui  y  sont 
situées.  La  mer  d'Abyssinie,  par  exemple,  renferme,  entre 
autres,  un  groupe  d'un  millier  d'îles,  nommées  Dibaihat, 
qui  sont  toutes  habitées,  et  à  une  distance  de  deux,  trois 
ou  plusieurs  milles  l'une  de  l'autre.  D'après  le  même  au- 
teur, la  mer  qui  baigne  l'Egypte  et  le  pays  de  Rouu)  sort 
de  la  mer  des  idoles  de  cuivre  (Colonnes  d'Hercule);  les 


CHAPITKE  Vll[.  185 

_j,jb  U  jL_s^Ji  ij^  L^XiL*  j,  ^  »j  ibU  «->«J  xx**«  l^jc«  j<\A5î 

jLj^S-JI   ^y^MiXi  (j^  Jj^T  (^   t-jboSl    t«XJÛ    (j><  :)^    l^po   ^Ia^j 

cIxXa^  W^J  (.IXûjÎ  j^lwxa^  >-S-»-*^        iJ^^l*iJî    ^jy*o  ^   H^**^ 

O-w^   O^î    «îi^^   -Aj^^xJÎ  (^  dUi>  (j^J  ^  >-»  «^^j  O^^  U^'^' 

grandes  sources  de  la  terre,  sans  tenir  compte  des  petites, 
sont  au  nombre  de  deux  cent  trente;  deux  cent  quatre-vingt- 
dix  fleuves  coulent  sans  interruption  dans  les  sept  climats; 
chaque  climat,  comme  on  l'a  vu  plus  haut,  a  une  étendue 
de  neuf  mille  parasanges  carrés  ;  certaines  mers  renferment 
des  êtres  animés ,  tandis  que  d'autres ,  comme  le  grand  Océan , 
n'en  ont  pas.  Du  reste  on  trouvera  plus  loin  une  descrip- 
tion détaillée  de  chaque  mer  en  particulier.  Dans  la  Géogra- 
phie (dePtolémée),  ces  mers  sont  enluminées  de  couleurs 
variées,  et  difterent  par  leur  étendue  et  leur  aspect.  Les 
unes  ont  la  forme  d'un  manteau  couri  [taïleçan,],  les  autres 
celle  d'un  harnais,  ou  celle  d'un  boyau;  d'autres  sont  trian- 
gulaires; mais  leurs  noms  sont  en  grec  dans  cet  ouvrage, 
et,  par  conséquent,  inintelligibles. 

Le  diamètre  de  la  terre  est  de  deux  mille  cent  parasanges , 
ce  qui  donne,  en   réalité   (pour  la  tirconférence,  à  raison 


186  LES  PRAIRIES  D'OR. 

y^^^-Affj  "Ji-^-^j  g/^  otî5  *!»^  j-if^'îî  kiL^  yû'j  c^f^î  »j-)î:> 

L^r^tj  IdSyU?!  yiij  W^j^  iC*-»<Mj  iil^iil  :>«X£.j  ^tj-iJl  où^ 
j^ljJîj  »;.-£&>JI  eJli)!^  :>jlkjJ  jIaJIj^'I  dUi  ^_^^ii;  Jî 

^}>_r»-^_AÎ  ^_jL**Jt^  ^..AÀM^tJ  j*.iU»Jlj    J^jT^  0*^"**^^   jj*v.u;\i*jS 

vi):sKjii!  » jvrf»  iuxtf»j  z^y^  j^UJlj  iijuliîî  tj^jJû  (j^liJlj 

dUÀJÎ  ^^*.-w*j  ^j^aJI   viUii  (ja*j  Oiy=r  i  W^*^  jJ  i'I  iuA4^3 

de  7  :  22),  six  mille  six  cents  parasanges ,  chaque  para- 
sange  étant  de  seize  mille  coudées.  La  circonférence  du 
cercle  inférieur  des  astres,  c'est-à-dire  la  sphère  de  la  lune, 
est  de  cent  vingt-cinq  mille  six  cent  soixante  parasanges  ;  le 
diamètre  de  la  sphère,  depuis  la  limite  de  la  tête  du  Bélier 
jusqu'à  celle  de  la  tête  delà  Balance,  mesure  quarante  mille 
parasanges. 

Les  sphères  (ou  cieux)  sont  au  nomhre  de  neuf:  la  pre- 
mière, qui  est  aussi  la  plus  petite  et  la  plus  rapprochée  de 
la  terre,  est  la  sphère  de  la  lune;  la  seconde,  celle  de  Mer- 
cure; la  troisième,  celle  de  Vénus;  la  quatrième,  celle  du 
soleil;  la  cinquième,  celle  de  Mars;  la  sixième,  celle  de  Ju- 
piter; la  septième,  celle  de  Saturne;  la  huitième,  celle  des 
étoiles  fixes,  et  la  neuvième,  celle  du  zodiaque.  Toutes  ces 
sphères  ont  la  forme  de  globes  renfermés  l'un  dans  l'autre. 
Celle  du  zodiaque  est  nommée  sphère  universelle,  et  sa  ré- 
volution produit  le  jour  et  la  nuit;  cardans  un  jour  et  une 
nuit  elle  entraîne  le  soleil,  la  lune  et  tous  les  astres  de  l'est 


CHAPITRE  VIII.  187 

(jjoti  cylÀj  t-Jai  ^^  JU>iJt  Jlj  Itf  \4  Jvm=».|  (jviôb  (jv-Jûi  j^ 

j-f^  S-tH^'  (J*^-J  cKiSô^  t-JaS  yûj  <r>^  (J-:?  ^  ^H^'^^J 
^Ms\y.^  (Jij-jLJL^  *U>*"^Î  «*>^  c^jJii  s*o\y>  ^  Leij  dUiJi 

Uj  Qo^JJ  ^^♦-»-  vy^=^  ti'  JUw.il  (j^  ijs^T  JJàJI  (j^  ^j\^  U 

JsjL»  Ifrix^vy  i  (j^^j^lj  u^-^' Jr^3^  ^  j^'>^'  t$j  ^^*ib  iUa^sî^ 

à  l'ouest  autour  de  deux  pôles  immobiles,  dont  l'un,  situé 
au  nord,  est  le  pôle  arctique,  et  l'autre,  le  pôle  austral,  ou 
de  Canope.  Les  signes  du  zodiaque  ne  sont  autre  chose  que 
la  sphère  universelle,  et  leurs  noms  particuliers  servent  seu- 
lement à  désigner  la  place  que  les  étoiles  y  occupent.  La 
sphère  du  zodiaque  se  rétrécit  nécessairement  vers  les  pôles, 
et  s'élargit  au  centre  du  globe. 

La  ligne  qui  coupe  ce  globe  en  deux  moitiés,  de  l'est  à 
l'ouest,  se  nomme  ligne  éqainoxiale,  parce  que  ,  lorsque  le 
soleil  est  sur  cette  ligne,  le  jour  et  la  nuit  sont  d'une  égale 
longueur  dans  tous  les  pays.  La  partie  de  cette  sphère  qui 
va  du  nord  au  sud  est  nommée  latitude,  celle  qui  se  dirige 
de  l'ouest  à  l'est,  longitude.  Les  sphères  sont  rondes,  elles 
entourent  le  monde  et  tournent  autour  du  centre  de  la  terre, 
qui  se  trouve  au  milieu  d'elles,  conmie  le  point  central  delà 
circonférence.  Parmi  les  neul  sphères,  la  plus  voisine  de  la 
terre  est  celle  de  la  Lune;  au  dessus  est  la  sphère  de  Mer- 


188  LES  PRAIRIES  D'OR. 

j^f-i}  dwi>j  ^4^^*^  i^xf^Ji  iJliVs^  iikAwyL*  j**..«\iJlj  (jw.<\iJî 

JwSk.Jj  dLX_i  ^^^^  kJL»  «>v».|^  <-^!^  XxamJI  cî)^.^!  StXjb 
i^.^s\^\  j^\Mi^  j*i»A   (^^\    ^yjJ^^    *A*   <3«>-Ji    (j-«U]î    viUxîl 

I  jsjûj  Uvww.î=-  *Iàclj  ^î  yî>  ^Ul  dUiJIj  4^UJ!  dUiJi  ^j 

U-«*Xi  <^i  iixA-Jî  d)^XiiJl  UU  Lsi'jSi»  j.Jouil  J^iil  tj^ 

j-jU«5  lj*«>jûUij  ^1  i<*:ijX\  <^S\^\j  l^j  4,JaiI  JpX)  2^ 

cure,  puis  celle  de  Vénus,  et  ensuite  celle  du  soleil,  qui  est 
au  milieu  des  sept  sphères.  Au-dessus  de  la  sphère  du  so- 
leil est  celle  de  Mars,  puis  les  sphères  de  Jupiter  et  de 
Saturne.  Chacune  d'elles  ne  renferme  qu'une  étoile.  Au- 
dessus  de  Saturne  est  la  huitième  sphère ,  qui  renferme  les 
douze  constellations  et  les  autres  étoiles.  La  neuvième  sphère 
est  la  plus  élevée  et  la  plus  vaste;  c'est  la  grande  sphère  qui 
enveloppe  toutes  celles  que  nous  avons  nommées,  ainsi  que 
les  quatre  éléments  et  toute  la  création.  Elle  n'a  pas  d'étoiles , 
et  accomplit  tous  les  jours  une  révolution  de  l'est  à  l'ouest, 
en  entraînant  dans  sa  course  circulaire  toutes  les  sphères 
inférieures.  Les  sept  sphères  (des  planètes)  tournent,  au 
contraire,  de  l'ouest  à  l'est.  Les  anciens  prouvent  ce  sys- 
tème par  des  arguments  qu'il  serait  trop  long  de  rappor- 
ter ici. 

Les  étoiles  ainsi  placées  el  visibles  à  l'œil  comme  celles 


CHAPITRE  VIII.  189 

J3J0  cj^^Â^i  y>  <^*>Ji  ^iU^Ji  i*>^^  (j^^'  ^iJJ^5  i  4-*5J^l 

L^_5     AJl*-Ia3    àSyS^    <S^<^    iiSjS>.    \%M    «Xi^-tj    J^    iÏAXMji 

<îGî  J^ô^^xs.  A)Jô\  iXa-j  Jl^wJi  i  jvi-i  L^^  v.yU^  tl  «j^^i 

tKi  dUxîî  jiaJij^  v.J»-waj^  (J^^  S-^^  "^  i^r-f-J'  f»^  aàXaJ^ 

de  la  huitième  sphère,  et  cette  sphère  elle-même,  tournent 
sur  deux  pôles,  qui  ne  sont  pas  ceux  de  la  sphère  générale. 
Pour  prouver  la  diiïérence  du  mouvement  entre  la  sphère 
zodiacale  et  les  autres  sphères,  on  montre  que  les  douze 
constellations  se  suivent  dans  leur  marche,  sans  quitter 
leur  place  respective,  ni  altérer  leur  mouvement,  en  se  le- 
vant ou  en  se  couchant.  Chaque  planète,  au  contraire,  a 
son  mouvement  propre,  qui  n'est  pas  celui  des  autres,  et  ce 
mouvement  est  inégal,  plus  rapide,  et  tantôt  dans  la  direc- 
tion du  sud,  tantôt  dans  celle  du  nord. 

Les  astronomes  définissent  la  sphère  comme  la  limite  de 
l'espace  qui  réunit  les  éléments  supérieurs  ou  inférieurs. 
Considérée  dans  sa  nature  même,  elle  est  ronde  et  la  plus 
vaste  des  sphères,  puisqu'elle  renferme  toutes  les  autres. 
Ces  planètes  ne  se  meuvent  pas  dans  leur  orbite  avec  la 
même  rapidité.  La  lune  séjourne  deux  jours  et  demi  dans 


190  LES  PRAIRIES  D'OR. 

j^^jùiJLî  pUU^  U^  (J!>T*?j^^  x*«^  ^^  J^i  gJli  pUUj  Ujj 

^e^i^  ^iV^^  U^^^  <^Xw^  AjU  <^J^Aié^  o^t  iùcçw  V^Ji^_^  l^AÏ?^ 
i  tiUNiJi  t^UaJJî   clÂj;!  !^ JvÀ»l  As^jL  JJi  I^JOUvI  Ul 

iLi^Jl   iLkjtS^  JXoj  -U*Jl_j  ^]5|;J«Jî  (:j:^  ^j^^  i  ^pJl^^«XJ 


iL-i^l  (jvj  U  I^^^H.x  aÔ  -^).=»  <i^^  "t)^  *^l»J)  Wy*^?  î^>^ 

chaque  constellation,  et  traverse  la  sphère  eu  un  mois;  le 
soleil  demeure  un  mois  dans  chaque  constellation;  Mer- 
cure, quinze  jours;  Vénus,  vingt-cinq  jours;  Mars,  quarante- 
cinq  jours;  Jupiter,  un  an;  Saturne,  trente  mois. 

Ptolémée,  l'auteur  de  l' A Imageste, évalue  la  circonférence 
de  la  terre,  avec  ses  montagnes  et  ses  mers,  à  vingt-quatre 
mille  milles,  et  son  diamètre,  c'est-à-dire  sa  largeur  et  sa 
profondeur,  à  sept  mille  six  cent  trente-six  milles.  Pour  trou- 
ver cette  mesure,  on  a  pris  l'élévation  du  pôle  arctique  dans 
deux  villes  situées  sous  le  même  méridien ,  la  ville  de  Tad- 
mor  (Palmyre) ,  située  dans  les  plaines  qui  séparent  l'Irak 
de  la  Syrie,  et  la  ville  de  Rakkah.  On  trouva  que  cette  élé- 
vation était  à  Rakkah  35°  7  et  à  Tadmor  3/i°,  ce  qui  fait 
une  différence  d'un  degré  et  un  tiers;  puis  on  mesura  la  dis- 


CHAPITRE  VIII.  191 

Xîs^y:si=  iUufcj  »*ki!ij  t***^'  '*^  «i  ^^1^'  ^>vs^  «5*-**j  U^J^J5i 

j-i^  4^ji)I  ^Jjv^i  AJCfwiJi*!  *Xâ  kilAiJl  1j«Xs.-j  *-^^  P>^*A 
^UaJLÎI^  »5^l   Is^  ^^JJI  Id\JÂ^j\^\  (Sjy^  *|>^.  ^'^ 

^jbp^l  io^M^  t^  X.»...V-^»«fc*  ^6  (j^  ^Ij  (.AÀMkàl  c:>^i  (j>«  Ub^jçf^ 
^Ijj   ti^jJl    oUm   A^toJ^  ^'^^  «^I^Lm  CJi^JUwl    I^JÛM^t   Jai»    tl^ 

Lji-aJT:  ^_^J»4^  cJaxIt^  Jl^wJt  c/Jaiil  ^^1  j^j^^^:^!  (jj <Xi6 

tance  entre  ces  deux  villes,  qu'on  reconnut  égale  à  soixante- 
sept  milles;  le  degré  de  la  sphère  qu'on  avait  observé  ré- 
pondait donc  à  une  superficie  terrestre  de  soixante-sept 
milles.  Or  la  sphère  entière ,  comme  on  le  démontre  par  des 
preuves  que  nous  ne  pouvons  citer  ici,  est  divisée  en  trois 
cent  soixante  degrés  (donc  67  x  par  36o^  24,120,  me- 
sure de  la  circonférence  terrestre).  Cette  division  leur  parut 
certaine,  parce  qu'ils  trouvèrent  que  la  sphère  est  partagée 
en  douze  portions  par  les  douze  signes  du  zodiaque,  et  que 
le  soleil ,  traversant  chaque  signe  en  un  mois,  parcourt  toute 
ia  sphère  en  trois  cent  soixante  jours. 

La  sphère  accomplit  sa  révolution  autour  de  deux  pivots 
ou  deux  pôles,  qu'on  peut  comparer  aux  chevilles  du  char- 
pentier ou  du  tourneur  qui  fabrique  des  boules,  des  écuelles 
et  d'autres  objets  en  bois.  Pour  celui  qui  habite  le  milieu 
de  la  terre,  sous  Téquateur,  les  jours  et  les  nuits  sont  d'une 
égale  longueur  pendant  toute  l'année,  et  il  voit  à  la  fois  ces 
deux  axes,  c'est  à-dire  le  pôle  boréal  et  le  pôle  austral;  tan- 


192  LES  PRAIRIES  D'OR. 

^«w»  A,(}.)U  Jl<\iJl  ^i^-^-l»  Jt  cxiU  45i-JI  (jttKXJI  J^j^i  UU 

Obî^  ç.jUj  «Xi^  Ig.Aé'  iLuwJl  i  ^^  Aols  iUjyiJi  (jîtXXJl  Ub 

^^_j^j  Js  fM-^  ^  t^  *"*^^  *^*j  0"^^M-^^^ j-**  ^-<yjî  *"6'*»« 

dis  que  les  habitants  de  l'hémisphère  septentrional  voient 
le  pôle  boréal  et  la  constellation  de  l'Ourse,  mais  ne  peuvent 
voir  le  pôle  austral  ni  les  étoiles  qui  l'avoisinent.  Ainsi  Ca- 
nope,  qui  n'est  jamais  visible  dans  le  Khoraçan,  peut  être 
observé  dans  l'Irak  pendant  quelques  jours  de  l'année,  et  un 
chameau  ne  peut  voir  cette  étoile  sans  mourir,  ainsi  que  nous 
l'avons  rapporté  ailleurs  avec  les  raisons  par  lesquelles  on 
explique  cette  influence  exclusivement  fatale  à  cet  animal. 
Dans  les  régions  méridionales,  Canope  est  visible  toute 
l'année.  Les  écoles  astronomiques  sont  partagées  sur  la  ques- 
tion de  savoir  si  ces  pivots,  sur  lesquels  tourne  la  sphère, 
sont  immobiles  ou  doués  de  mouvement.  L'opinion  géné- 
rale est  qu'ils  sont  immobiles,  et  nous  avons  donné,  dans 
nos  premiers  ouvrages,  les  preuves  incontestables  de  leur  im- 
mobilité, que  l'on  considère  ou  non  ces  pivots  comme  étant 
de  la  njôme  nature  que  les  sphères  elles-mêmes. 


CHAPITRE  VIII.  193 

^ii  i  AjUûi^  o^AxJ  ^jj  ioU  (j-«  ^^  yU.i«^l3j  ^^yi  à:5X.j 

iLxJlài.  j^    XaIs-   X»i>\jXj9    ^^XaJIj    yU>.jJt     »i/V.il    (j^    ?^J^-3 

La  configuration  des  mers  a  soulevé  aussi  des  discussions. 
La  plupart  des  anciens  philosophes  de  l'Inde  et  des  sages 
de  la  Grèce,  à  l'exception  de  ceux  qui  adoptent  la  révéla- 
tion, soutiennent  que  la  nier  suit  le  mouvement  sphérique 
de  la  terre,  et  ils  le  prouvent  par  de  nombreux  arguments. 
Ainsi,  quand  on  gagne  le  large,  la  terre  d'abord,  puis  les 
montagnes  s'efTacent  graduellement,  et  leur  sommet  finit 
par  disparaître  ;  au  contraire,  si  l'on  se  rapproche  de  la  côte, 
ces  montagnes  reparaissent  insensiblement,  et,  quand  on 
est  près  du  rivage,  on  peut  distinguer  la  terre  et  les  arbres. 

Tel  est  le  cas  de  la  montagne  de  Donbawend  (Detna- 
vend) ,  entre  Rey  et  le  Tabaristan.  On  aperçoit  de  cent  para- 
sanges  (cinq  cents  kilomètres)  le  sommet  de  cette  montagne, 
qui  se  perd  dans  la  nue;  une  épaisse  fumée  s'en  échappe, 
et  des  neiges  éternelles  le  couronnent.  De  la  base  sort  une 
grande  rivière,  dont  l'eau  sulfureuse  est  jaune  comme  l'or; 
pour  parvenir  à  la  cime  de  la  montagne,  il  faut  monter 
I.  i3 


194  LES  PRAIRIES  D'OR. 

oiJi  j^  x«Ji)l  (jA.lj  iC^.Lww«  Os^»-^  AJCo  ^jl^^  AxJt  >\£  (^^ 

i  ylj  ij— fcj{  ij*>.-^j  >l^_^|  j  Liûy«w^  rW  **^'**^  jr^iaJi 

uyy'*:  .»  'i  w<v^Aj  cjSkiA?  jJJibk  «XfJI  f^j^  uy^-  «^wCwd  /<^J£^.> 
La.«j6j  iixÀAaiJ   ?5^î  i  çAj  <-^-*«>vJi  2fJ^ yuoS  Uj^-p  cjUCàJI 

pendant  trois  jours  et  trois  nuits;  parvenu  là,  on  trouve  un 
plateau  large  d'environ  mille  coudées  carrées,  bien  que,  vu 
d'en  bas,  il  ait  une  forme  conique.  Ce  plateau  est  couvert 
d'un  sable  rouge,  dans  lequel  le  pied  enfonce;  les  animaux 
sauvages  et  l'oiseau  lui-même  ne  peuvent  atteindre  ce  som- 
met, à  cause  de  son  élévation,  du  vent  et  du  froid  rigou- 
reux qui  y  régnent.  On  y  remarque  aussi  une  trentaine  de 
fissures,  d'où  s'échappent  une  épaisse  vapeur  de  soufre  et 
des  nmgîssements  semblables  au  roulement  du  tonnerre  le 
plus  violent;  ce  bruit  provient  du  feu  qui  s'enflamme.  Celui 
qui  expose  sa  vie  pour  gravir  ce  sommet  recueille  souvent 
à  l'orifice  de  ces  cavernes  des  morceaux  de  soufre ,  jaune 
comme  de  l'or,  qui  servent  à  l'alchimie  et  à  d'autres  arts. 
Vues  de  cette  hauteur,  les  plus  hautes  montagnes  environ- 
nantes ressemblent  à  des  collines  ou  à  des  m-amelons.  Le 


CHAPITRE  VIII.  195 

j-^i  Ja4^  \^  (jo^  I^aA^  ojJjJ  SS}^^  lj\jj  \^\^  ic^UuJl 

'^^^y^î  Jc^UJt  ^^  \^ji  U^  JoJI  lioft  ^X*!  (^^.A^l 

ciJi  ^  y«j-iJ!  c>Jiï  Ujj  JOjUj:>  J.AS.-  jJ^i»-  cjUJil  I  jsjft  jj 

Donbawend  est  à  vingt  parasanges  environ  de  la  mer  du 
Tabaristan  [Caspienne).  Les  liâtinients  qui  s'avancent  vers 
le  large  le  perdent  complètement  de  vue;  mais  à  une  ciis- 
tance  de  cent  parasanges,  et  quand  ils  se  rapprochent  des 
montagnes  du  Tabaristan,  ils  voient  d'abord  une  partie  de 
la  cime  du  Donbawend,  qui  devient  de  plus  en  plus  appa- 
rent à  mesure  qu'ils  s'approchent  du  i  ivage.  Ce  fait  prouve, 
dit-on ,  la  thèse  de  la  sphéricité  de  la  mer. 

On  peut  faire  la  même  observation  sur  la  mer  de  Rouni 
(Méditerranée),  nommée  aussi  mer  de  Syrie  et  d'Egypte, 
à  l'égard  du  mont  el-Akrâ ,  dont  on  ne  connaît  pas  la  hau- 
teur, et  qui  domine  le  territoire  d'Antioche,  de  Latakieh, 
de  Tripoli,  de  l'île  de  Chypre,  etc.  Il  disparaît  aux  yeux  de 
ceux  qui  naviguent,  parce  qu'en  avançant  en  pleine  mer 
ils  se  trouvent  au-dessous  de  son  point  de  vue.  Nous  aurons 
plus  lard  occasion  de  reparler  du  Donbawend,  des  légendes 

i3. 


196  LES  PRAIRIES  D'OR. 

l^U^^  (jp;i)l  -Ual  (j^  <Ji.<Nlâfii  AhJoÎ  Ja4  t*kit>  JUI  i  (^f 

que  racontent  les  Persans  à  ce  sujet,  et  de  Dohhaic  sur- 
nommé Doul-Efivah,  qui  est  enchaîné  à  la  cime  de  cette  mon- 
tagne (chap.  XXI ).  Le  sommet  du  Donbawend  est  un  des 
principaux  volcans  et  l'une  des  merveilles  de  la  ten-e. 

Les  dimensions  du  globe  ne  sont  pas  moins  controver- 
sées; l'opinion  générale  admet  entre  le  centre  de  la  terre, 
et  les  limites  de  l'air  et  du  feu  (l'atmosphère),  une  distance 
de  cent  soixante-huit  mille  milles. 

La  terre  est  trente-sept  fois  et  une  fraction  plus  grande 
que  la  lune  ;  elle  est  vingt-trois  fois  plus  grande  que  Mer- 
cure et  vingt-quatre  fois  plus  grande  que  Vénus.  Le  soleil  a 
cent  soixante  (six)  fois,  plus  trois  huitièmes,  la  dimension 
de  la  terre,  et  deux  mille  six  cent  quarante  fois  celle  de  la 
lune;  la  terre  n'est  donc  que  le  ytj  c^u  soleil.  Le  diamètre 
du  soleil  est  de  quarante-deux  mille  milles.  Mars  a  soixante- 
trois  fois  la  gi'andeur  de  la  terre,  et  un  diamètre  de  huit 
mille  sept  cents  milles  et  demi.  Jupiter  a  quatre-vingt-une 


CHAPITRE  VIII.  197 

yUSÎ  »pai_5  v_À-uajj  »js/o  (jv.x**o^  ii»MO  (jip^iil  (j-«  ^.Ingt  cK»-Jj_5 

iLjft^l  tX«j  «Xxji^  c)-S»*  oui  (j^^i^^  iLjL».xA.wj  oUl  iCjU  %,m^ 
Joç«  ii-jU  «_>-wi^  L)LÎIj.Ais£  <V)Cm*jj  v_jlÎI  cji/|  iùïj^î  jjisji'l  (j^ 

uJ»-Jl  XjLfljfj  o«Jl  O^î  ^^î  O^^^  CJ-*  (J<*>~f^i«Jl  *><■*?  «^^-«J^^ 
^jyUSj  iCiXj  p^3^t  «Jow  <Xxi»lj  J-A^  oi>A>j  tKv  Otil  M5>-*i**^ 

fois  trois  quarts  la  grandeur  de  la  terre,  et  un  diamètre  de 
trente-trois  mille  deux  cent  seize  milles.  Saturne  est  quatre- 
vingl-dix-neuf  fois  et  demie  plus  grand  que  la  terre;  son 
diamètre  est  de  trente-deux  mille  sept  cent  quatre-vingt-six 
milles.  Les  étoiles  fixes  de  première  grandeur  sont  au  nom- 
bre de  quinze,  et  ont  chacune  quatre-vingt-quatorze  fois  et 
demie  la  dimension  de  la  terre. 

Distance  des  astres  à  la  terre.  —  La  lune,  quand  elle  est 
le  plus  rapprochée  de  la  terre ,  en  est  éloignée  de  cent  dix- 
huit  mille  milles,  sa  distance  extrême  est  de  cent  vingt- 
quatre  mille  milles.  La  plus  grande  distance  de  Mercure  à 
la  terre  est  de  neuf  cent  mille  sept  cent  trente  milles  ;  celle 
de  Vénus,  de  quatre  millions  dix-neuf  mille  six  cents  milles; 
celle  du  soleil,  de  quatre  millions  huit  cent  vingt  mille 
milles  et  demi;  celle  de  Mars,  de  trente-trois  millions  six 


198  LES  PRAIRIES  D'OR. 

^^yum  <>oo  «^Jtjlj  ig*5  J"'*-*  k-AÎ!  ibU  o-wj  J«A^  v_àJ|  ^^I 
(_JiJt  {jy^*  if<MM^  oui  «JoUj  i^ÀÎI  v-Jul  (^d**J^^  «J^ji  u<^^l  (il-* 
i'I  Joy«  oiJi  o»Jl  0yV-»*'j  ^w«A^  *-^**V  **^*^  «^^^^^^  ^"A^  '^^  J^-A^ 

cyUUJI  i^  -jjiil  3j4yjiUk,\  y<*jUiî_5  *|^=>-i)îj  iUuJiJi  (j^  bySl> 

j^  l^j  J«XjJ  y_j»^À^l  »*>»-'û  CJ-*  Sd  bj5i  ljci_j  AA*  j,:^i  fc*Mj!j 
^^^^|<^^  Uaa^    (^  uJLLm  UsAi  aU!  bâlol   ^«XAj  l^  ^^J^  ^  ^ 

cent  mille  milles  et  une  fraction;  celle  de  Jupiter,  d'un  peu 
moins  de  cinquante-quatre  millions  cent  soixante-six  mille 
milles;  enfin,  celle  de  Saturne,  d'un  peu  moins  de  soixante- 
dix-sept  millions  de  milles.  Telle  est  à  peu  près  la  distance 
extrême  des  étoiles  fixes  à  la  terre. 

C'est  sur  la  division,  les  degrés  et  les  mesures  que  nous 
venons  de  mentionner,  que  sont  établis  les  calculs  relatifs 
au  temps  et  aux  éclipses.  Plusieurs  instruments  et  astro- 
labes ont  servi  à  cette  étude,  et  un  grand  nombre  de  traités 
ont  été  composés  dans  ce  but.  Ce  sujet  est  si  vaste  que  nous 
ne  pourrions  le  traiter,  même  partiellement,  sans  entrer 
dans  de  longs  développements.  Bornons-nous  donc  à  ces 
explications  sommaires,  qui  peuvent  faciliter  l'étude  plus 
approfondie  de  ces  sciences  auxquelles  nous  avons  donné 
une  plus  grande  place  dans  nos  ouvrages  précédents.  Le  pré- 
sent livre  ne  doil  présenter  que  des  aperçus  et  des  géné- 
ralités. 

Les  Sai)éens  de  Harran ,  qui  ne  sont  que  les  disciples  gros- 


CIIAPITUE  VlU.  lyj 

^jjli>_5^  eJLSJi^  k-.^!  jUJij  kJuoJl  l^j:ii  c:,UkJl  ^\jX\ 

3C-jL.A>»-ji^  iO^^yi    ^^UmJI^    /M^.AwM*J»    /Mk^Lskj    ^V—^    luKJI^ 

v_AJL*x.yi  (j-»L_A_J!j  (..ji—Ji-^^t  <JiX^.  t^txJi  ^j  (j*JaÀAulj[^^ 

(jjj-i  j^«Xj|^  <x_À_j<xJt)  jjAi^Ajj  ^juJa^  wA*x^j^  (jKJa^  x-*«(IaJIj 

Î<k-i5  ^o-4^!j-t3  jiii^l  (^^«  i^V^iij  t-O-î^!   «_>La:«!   (j^  f^^'^ 

siers  des  Grecs,  et  la  lie  des  philosophes  anciens,  ont  établi 
dans  leurs  temples  une  hiérarchie  de  prêtres  qui  corres- 
pond aux  neuf  sphères;  le  plus  élevé  porte  le  nom  de  Ras 
Kouinra  (chef  des  prêtres,  ""NIDID  tl?"'")).  Les  chrétiens,  qui 
leur  ont  succédé,  ont  conservé  dans  la  hiérarchie  ecclésias- 
ti([ue  l'ordre  institué  par  la  secte  sabéenne.  Ils  donnent  à  ces 
différents  degrés  de  dignité  le  nom  (Xaliaat.  La  première 
est  celle  des  as-salat  [osliarius,  portier)  ;  la  seconde,  celle  des 
agsal  [àvayvùxrlrjs,  lecteur); la  troisième,  celle  des yoiidaqoun 
(exorciste)  ;  la  quatrième,  celle  des  chcinas  (acolyte)  ;  la  cin- 
quième, celle  des  kasis  (diacre)  ;  la  sixième,  celle  des  bardoui 
( -srpeffêvTepos ,  prêtre);  la  septième,  celle  des  hourasfdos  [ar- 
chipreshyter)  ou  vicaire  de  l'évêque;  la  huitième  est  celle 
d'ashaf  [episcopus) ;  la  neuvième,  celle  de  mitran,  ce  qui  veut 
dire  chef  de  la  ville  (métropolitain).  Enfin  -  au-dessus  de 
tous  ces  grades  est  celui  de  balrik,  c'est-à-dire  le  père  des 
pères  (patriarche) ,  ou  bien  de  tous  les  dignitaires  que  nous 
venons d'cnuiiurer,  et  d'autres  encore  qui  ont  un  rang  infé- 


200  LES  PRAIRIES  D'OR. 

^^UajJl  «X5  J^  iUiul  <-*Ajjo  iioij  ^JUsj  Jl  Lio  iCs-U»-  "i 

ij-*  "^^  t^^-^-a^JJ  c:* Jviwl  Lflj  !^*x-w  (>-^j^^  !,^■*^^*^  ^il^Ufc  y* 
(j«L(U«j{^  ^jMkA^M^AJt^  iLA^LkâJi  (j^  b^^^  U  ^  <^[yiS  s«x^ 

IjuLcS'^  Uxii  jo^  (jvÀj^i  cjI^pI  m^j^  tiLL«  ^^^  ^-^^^^j 

rieur.  Telle  est  l'opinion  des  chrétiens  instruits  relativement 
à  celte  hiérarchie;  mais  le  vulgaire  a  des  traditions  différentes 
à  cet  égard;  il  parle  de  l'apparition  d'un  ange,  et  raconte 
différentes  choses  que  nous  n'avons  pas  besoin  de  rapporter. 
Cette  institution  existe  chez  les  Melkites,  qui  sont  comme  la 
colonne  et  la  base  du  christianisme,  tandis  que  les  chrétiens 
orientaux ,  c'est-à-dire  les  Abadites ,  surnommés  Nestoriens 
et  Jacohites,  se  sont  séparés  d'eux  et  ont  fait  schisme.  Il  est 
hors  de  doute  que  les  chrétiens  ont  emprunté  l'idée  première 
de  cette  hiérarchie  aux  Sabéens  et  que  le  hasis,  lechemas,  etc. 
sont  dus  à  l'influence  des  Manichéens.  Il  faut  en  excepter 
cependant  les  Masdekites ,  les  Ghemmaïtes ,  et  d'autres  sectes. 
Manès,  le  fondateur  du  manichéisme,  vécut  après  le  Mes- 
sie; il  en  est  de  même  d'Ibn  Daisan  et  de  Markiou,  chefs  des 
Daisaniles  (Bardéçanites)  et  des  Aiarkionites;  plus  tard  les 
Masdekites  et  d'autres  partisans  des  doctrines  dualistes  se  sé- 
parèrent de  ces  première  sectes. 

On   trouvera   dans  les  Annales  historiques  et  l'Histoire 


CllAPlTKE  Vlll.  201 

U   (jj<^    iL-gn_JL-<n-U    A^mJIj    <XÀ^.i>i^A4l   c:>lj{«i^   u^   ^^^J^^   ^^ 

UjUS'i  fc^tjsll  ajsjft  c^^^  -^1;^'  »j^j.m5'^  »b^  U^j 
»*k_iû  i^^.^ïJv_j  l_xîj  AjLoJl  J_^!  i  AjLiil  oldTj  iryd! 

moyenne  de  curieux  renseignements  sur  ces  différentes 
sectes,  les  contes  puérils  et  les  inventions  fabriquées  par 
elles.  Nous  en  avons  parlé  également  dans  notre  ouvrage 
intitulé  Discours  sur  les  hases  des  croyances,  et  nous  avons 
réfuté  ces  opinions  et  renversé  ces  théories  dans  un  autre 
livre,  qui  a  pour  titre  Explication  des  principes  de  la  re- 
ligion. Ici  nous  ne  pouvons  traiter  ces  matières  qu'inci- 
demment, et  dans  le  rapide  exposé  que  nous  en  donnons, 
nous  cherchons  à  faire  l'historique  de  la  secte  et  de  la  doc- 
trine, pour  que  ce  livre  n'offre  pas  de  lacunes;  mais  nous 
écartons  toute  espèce  d'examen  et  de  controverse. 


202  LES  PRAIRIES  D'OR. 

iL^lsjJ!  tji^'^î  2^1^*  (j^^  iiÀjUw  1^1^  cyjUîî  Uftj3^  *^^*J^ 


CHAPITRE  IX. 

RENSEIGNEMENTS  GÉNÉRAUX  SUU  LES  MIGRATIONS  DES  MERS, 
ET  SUR  LES  PRINCIPAUX  FLEUVES. 

L'auteur  de  la  Logique  (Aristote,  Mcteorologica,  t.  I, 
ch.  xiv)  dit  que  les  mais  se  transportent  d'un  lieu  à  un  autre 
dans  le  cours  des  âges,  et  la  suite  des  siècles.  En  effet,  toutes 
les  mers  ont  un  mouvement  constant;  mais,  comparé  à  la 
masse  des  eaux ,  à  l'étendue  de  leur  surface  et  à  la  profon- 
deur de  leur  lit,  ce  mouvement  est  insensible.  Cependant 
il  n'y  a  aucune  partie  de  la  terre  qui  reste  éternellement 
humide  ou  sèche;  mais  elle  change  et  se  modifie  sous  l'ac- 
tion des  fleuves ,  qui  tantôt  s'y  déversent  et  tantôt  s'en  retirent. 
Telle  est  la  cause  de  la  transformation  de  la  mer  et  du  con- 
tinent; loin  de  rester  constamment  l'un  et  l'autre  dans  leur 
état  primitif,  le  continent  vient  occuper  la  place  envahie  par 
la  mer,  et  réciproquement.  Ces  révolutions  sont  détermi 


CIIAPITHE  IX.  203 

y-xJyJî^  i.jA.^io  L^jJi  t)'^  *^^^  ^/^  (J.?^^  '^  c:>UàjÎj  yl^JI 

(^jv-«à)iiî   i  Igjl   iijbUo  Oc$)_j  (j^oIaSÎ  j.:s?  yfc  ,jt*A  ljù\£.j^ 

Ji  ^Ul  jL^I  kj W^  ii^î  W^  u^  o^j^^  c^aUiwI  U.i 


nées  par  le  cours  des  fleuves;  en  effet,  le  lit  des  fleuves  a 
ses  périodes  de  jeunesse  et  de  déclin,  ou  de  vie  et  de  mort; 
il  se  développe  et  dépérit  comme  l'animal  et  la  plante,  avec 
cette  différence,  toutefois,  que  dans  ceux-ci  la  croissance  et 
le  déclin  ne  se  manifestent  pas  partiellement,  mais  que  toutes 
les  parties  de  leur  être  dépérissent  et  meurent  en  même 
temps.  La  terre,  au  contraire,  décroît  et  vieillit  successive- 
ment sous  l'influence  de  la  révolution  du  soleil. 

L'origine  des  fleuves  et  des  sources  a  soulevé  des  dis- 
cussions. Selon  les  uns,  ils  proviennent  tou.s  de  la  grande 
mer,  c'est-à-dire  de  la  mer  d'eau  douce,  qu'il  ne  faut  pas 
confondre  avec  l'Océan.  D'autres  prétendent  que  l'eau  se 
trouve  dans  la  terre,  comme  les  veines  dans  le  corps.  D'autres 
font  le  laisonnement  suivant  :  c'est  une  loi  de  la  nature  que 
l'eau  soit  toujours  de  niveau,  mais  à  cause  de  l'inégalité  de 
la  terre,  qui  est  élevée  d'un  côté  et  déprimée  de  l'autre, 
Teau  s'est  retirée  dans  les  bas-fonds.  Retenue  dans  ces  pro- 


204  LES  PRAIRIES  D'OR. 

owjils  l^ji^3  O^j^l  O^^  <i  *^^  cyj-Aâ^i  Jilà  (jbjiJj  ^3l5l 

ij^  *xJy^>  Ulj  (j*Jik*«L  (j*HsJ  -^Ut  yî^  viUUift  ^Uii  ^^^\ 

(^N-J^ï-*^;^  3-*^  LT^^^J  Os-i^Jî  y{/^j  U>*ÎV^  y'^J  ^ 
^^«XJI  (j^iKi- j UÀ-b  j-gj^  /<>Jàft  j^  j.Aj  iajLw  »-^_j  «XÂ^i  (jbjL? 

fondeurs,  elle  tend  à  se  répandre  au  dehors  par  suite  de 
la  compression  que  la  terre  exerce  sur  elle;  des  crevasses 
se  forment  dans  le  sol ,  et  livrent  passage  aux  sources  et  aux 
fleuves.  Souvent  aussi  l'eau  est  le  produit  de  l'air  renfermé 
dans  les  entrailles  de  la  terre;  elle  ne  doit  pas  être  considé- 
rée alors  comme  un  élément,  mais  seulement  comme  en- 
gendrée par  la  corruption  et  les  exhalaisons  du  sol.  Nous  ne 
citerons  pas  toutes  les  opinions  auxquelles  ce  sujet  a  donné 
lieu,  car  nous  cherchons  à  être  bref  et  concis;  nous  ren- 
voyons donc,  pour  les  détails,  à  nos  autres  ouvrages. 

On  a  cherché  depuis  longtemps  la  source ,  l'embouchure 
et  l'étendue  du  parcours  des  grands  fleuves,  tels  que  le  Nil, 
l'Ëuphrate,  le  Tigre,  le  fleuve  de  Balkh  ou  Djeihoun,  le 
Mehran,  qui  arrose  le  Sind;  le  Gange,  fleuve  important  de 
l'Inde;  le  Sabbato,  qui  n'est  pas  moins  grand;  le  Tanabis 
(Tanaïs),  qui  se  jette  dans  la  mer  Nitas  (mer  Noire) ,  etc. 

J'ai  vu  dans  la  Géographie  (de  Plolémée)  une  figure  re- 


CHAPITRE  IX.  205 

^j>^  »ji_j-gJi  I«X^jl/o^  aaaJL*^  j^I  tKî^  o^^  (j^  Iwiftlib  tj_y>A« 

j»>-*  ^^  *r*^  *X^^  il^  .y^  *^>^  j^  y^i  t^^  ^ 

lyLAW^     *^':>   •       **^    (1^    '.^-f^    ''^■*^j     /QiftAKJ    lj\     ^i     (J>ts*m     (j>« 

iiJ^4>Jl   t5*^»<*Jj   iijuwljjJl    aÎ^JJ!  ItXJCx*   i    viUij   ^^^j}\  j„:£^l\ 

présentant  le  Nil  sortant  du  pied  de  la  montagne  el-Komr. 
Ses  eaux,  qui  jaillissent  d'abord  de  douze  sources,  se  dé- 
versent dans  deux  lacs  semblables  aux  étangs  (de  Basrah); 
elles  se  réunissent  au  sortir  de  là  ,  et  traversent  des  régions 
sablonneuses  et  des  montagnes.  Le  Nil  poursuit  sa  marche 
à  travers  cette  partie  du  Soudan  qui  avoisine  le  pays  des 
Zendj  et  donne  naissance  à  un  bras  qui  va  se  jeter  dans  la 
mer  de  Zendj.  Celte  mer  baigne  l'île  de  Kanbalou  (Madagas- 
car?), île  bien  cultivée,  et  habitée  par  des  musulmans  qui 
parlent  la  langue  des  Zendj.  Ils  s'emparèrent  de  cette  île  en 
faisant  captive  toute  la  population  zendjite,  à  l'époque  de 
la  conquête  de  l'île  de  Crète,  dans  la  Méditerranée,  par  les 
musulmans,  au  commencement  de  la  dynastie  abbasside  et 
vers  la  fin  du  règne  des  Ommiades.  De  cette  ville  à  Oman 
il  y  a  environ  cinq  cents  parasanges,  d'après  ce  que  disent 
les  marins;  mais  c'est  une  simple  conjecture  et  non  une 


206  LES  PRAIRIES  D'OR. 

««Xjç  ^jljill  Js«  ^i  ^^-kûx.  J>A*>Ji  «^l'j  ^y^.  (S^^  ciOjJt  i 

Aib^^  i(4>^  (j^  XÀ^  X)til3  ^^.mOj  ji.:âsJi  l«X^  i^jJSf:  -fLo  JIvjUwu) 
jiXXaj  )kA^  l^«X£  «.K^  CJ^ O*^^   X«^«X  ;^[Vi  J^^  (J-*  7TJ^ 

i  tjUS'yfc^  ^IOsAaJI  c-ol^^  jLcuoiJÎ  V^^  Ty^  AjUS'i 

évaluation  rigoureuse.  Plusieurs  patrons  [nakhoda]  de  Si- 
raf  et  d'Oman,  qui  fréquentent  ces  parages,  disent  avoir 
observé  dans  cette  mer,  lors  de  la  crue  du  Nil,  en  Egypte, 
ou  peu  de  temps  avant  cette  époque,  un  courant  d'eau  qu'il 
est  difficile  de  couper,  à  cause  de  sa  rapidité  extrême.  Ce 
courant,  qui  sort  des  montagnes  du  Zendj  et  s'étend  sur 
un  mille  de  largeur,  est  formé  d'une  eau  douce  et  limpide, 
qui  se  trouble  au  moment  de  la  crue  du  Nil  en  Egypte  et 
dans  le  Sâid.  On  trouve  dans  cette  mer  le  ckouhman,  ou 
crocodile,  si  commun  dans  le  Nil;  on  le  nomme  aussi 
el-waral. 

El-Djahez  prétend  que  le  Mehran  [Indus],  fleuve  du 
Sind,  provient  du  Nil,  et  donne  comme  preuve  l'existence 
des  crocodiles  dans  le  Mebran.  J'ignore  où  il  a  été  chercher 
un  pareil  argument.  Il  a  avancé  cette  thèse  dans  son  livre 
des  Grandes  villes  et  des  merveilles  de  la  terre.  C'est  un  excel- 
lent travail;  mais  l'auteur,  n'ayant  pas  navigué,  ni  assez 
voyagé  pour  connaître  les  royaumes  et  les  cités,  ignorait  que 


CHAPITRE  IX.  207 

tH  "^r^-  *>^-**-J^  uL)-t^  u'  i^  ^J  j^-»^*-*^'j  JJlirî  tjJu  ^3 

Lx*>w5  ci>jly:>»  (jUJjXi  ,_^i^lo  JX«5  -«^ii^U  i  vilJJLî  i^^yi^t 

iUCtf  (j^  Ij^^iiXJLo  ^A_^  c^U^skil  (^jj^î  '«^  u'>=^' 

le  Mohran  du  Sind  sort  de  sources  bien  connues,  situées 
dans  la  haute  région  du  Sind,  le  territoire  de  Kanoudj,  le 
royaume  de  Baourah,  les  pays  de  Kachniir,  de  Kandahar 
et  de  Tafen,  et  qu'il  entre  ensuite  dans  le  Moultan,  où  il 
reçoit  le  nom  do  Mehran  d'or,  de  même  que  le  mot  Moul- 
tan signifie  la  frontière  d'or.  Ce  royaume  obéit  à  un  Korei- 
chite  de  la  famille  d'Oçamah ,  fils  de  Lowayi ,  fils  de  Galib , 
et  c'est  le  rendez-vous  général  des  caravanes  qui  se  dirigent 
vers  le  Khoraçan.  Un  autre  Koreichite  de  la  brandie  de 
Habbar,  fils  d'el-Aswad,  règne  dans  le  pays  d'el-Mansou- 
rah;  la  couronne  du  Moultan  est  héréditaire  dans  la  môme 
famille  depuis  la  naissance  de  l'islamisme.  Le  Mehran, 
après  avoir  traversé  le  pays  d'el-Mansourah ,  se  jette  dans 
la  mer  de  l'Inde,  non  loin  du  territoire  deDeiboul.  Les  cro- 
codiles abondent,  il  est  vrai,  dans  les  adjwan  ou  baies  for- 
mées par  cette  mer,  telles  que  la  baie  de  Sindiiboura,  dans 
le  royaume  indien  de  Baguirah ,  ou  la  baie  de  Zabedj  (Java) , 


208  LES  PRAIRIES  D'OR. 

jUa^^I   «Ia^  4y<.AaJ  iùiXifi  U!>^  W  li^3>.«i  (^  ^«Aà^lj  «Xa^( 

Jj^S^  ^^  iL>U  *-»«*j  ^_^^l  *>^  t^  <4>^  *^'  AJUw^Viîî  *j^5i> 

(jy-i^-*w~it  (jj-*-«<  (:Jh->5  J*^*j1  «s  iuîoAiàl  (jXw  K^l^  (:5>-^^^ 

dans  les  Etats  du  Maharadja,  et  la  baie  des  Aguiab,  dans  le 
voisinage  de  l'île  de  Serendib  (Ceylan).  Les  crocodiles  vi- 
vent surtout  dans  l'eau  douce,  et  les  bras  de  mer  que  nous 
venons  de  citer  dans  l'océan  Indien  sont  ordinairement 
formés  d'eau  douce,  parce  qu'ils  reçoivent  les  eaux  plu- 
viales. 

Revenons  maintenant  à  la  description  du  Nil.  Les  savants 
disent  qu'il  parcourt  une  éteu  due  de  neuf  cents ,  et ,  selon  quel- 
ques-uns, de  mille  parasanges,  à  travers  des  contrées  culti- 
vées et  stériles,  habitées  ou  désertes ,  jusqu'à  ce  qu'il  arrive  à 
Aswan  (Syène) ,  dans  la  haute  Egypte.  C'est  là  que  s'arrêtent 
les  navires  qui  remontent  le  fleuve  depuis  Fostat  (  vieux  Caire  )  ; 
car,  à  quelques  milles  d'Aswan,  le  Nil  traverse  des  mon- 
tagnes et  des  rochers  qui  rendent  la  navigation  impossible. 
Ces  montagnes  forment  la  ligne  de  démarcation  entre  la 
portion  du  fleuve  parcourue  par  les  bâtiments  abyssiniens 
et  celle  que  fréquentent  les  musulmans;  c'est  ce  que  l'on 
désigne  sous  le  nom  de  cataractes  (littéral,  les  pierres  et  les 


CHAPITKE  IX.  209 

-^^î  ^1  (j^  (j_jift!!5^3î  J^.?  (j^-M^i  J^l:*'^^  *XA*AaJi  tiai 
A  ylfl'v»,»  Âjk  otAw^  Ut*>sJ<r|  <^jJl  «^4-1^  '-'j^;^'  (î^^^  >*J 

4,M*-^  J^  iSj^^   c:A->AJi  Lfiîji)   ïjM*^  jLç  iiÀA»Jî   ô*Xiû  jj  ii', 

rochers).  Le  Nii  arrive  à  Fostat,  après  avoir  traversé  la 
haute  Egypte  (Sâid),  passé  devant  la  montagne  de  Taile- 
moun  et  franchi  l'écluse  d'el-Lahoun  dans  le  Faïoum  ;  cet 
endroit  que  le  fleuve  traverse  est  nommé  Vile  de  Vhahitalioa 
de  Joseph.  Nous  parlerons  plus  bas  (chap.  xxi)  de  l'histoire 
de  l'Egypte,  de  ses  districts  et  des  monuments  que  ce  pays 
doit  à  Joseph.  Le  Nil  se  partage  ensuite  en  plusieurs  bran- 
ches, qui  se  dirigent  sur  Tennis,  Damiette  et  Rosette,  jus- 
qu'à Alexandrie,  et  il  se  décharge  dans  la  Méditerranée;  il 
forme  plusieurs  lacs  dans  ces  parages.  Cependant  le  Nil  s'est 
relire  du  territoire  d'Alexandrie  avant  la  crue  de  la  présente 
année  (332  de  l'hégire).  Je  me  trouvais  à  Antioche  et  sur 
les  frontières  de  la  Syrie,  lorsque  je  reçus  la  nouvelle  que 
le  fleuve  venait  d'atteindre  dix-huit  coudées;  mais  je  ne 
pus  savoir  si  l'eau  avait  pénétré  ou  non  dans  le  canal 
d'Alexandrie. 

1.  U 


210  LES  PRAIRIES  D'OR. 

^<ws?  (ji-xJi  ool^  Si^*^'  ^^  CJ^  ''^*;^  U^  •  ^^^^^'i**^  U^^3 
,j  Lx^^AaJ  (y3;t  laAj  Jo^  iijjtXJiX^iiî  iJjl^^L»  J.AâXXi  ^^-Axlt  ^j 
^^-jLjLII  (^  jjb;î_j-*J  Ijxc  *Uî  jiaiiîj  ^^^3 j^^i^  iLoJ^ll 

b»5i>  «Xa£  <_>\.;JS!  \ù\jb  (j^  i^  v<v* ^^.^î *x.**v j  (°*V^  Ty^- i^ 

Alexandre,  fils  de  Philippe  de  Macédoine,  bâtit  cette  ville 
sur  ce  bras  du  Nil;  la  plus  grande  partie  du  fleuve  péné- 
trait dans  ce  canal  et  arrosait  les  campagnes  d'Alexandrie  et 
de  Mariout  (Maréotis).  Le  pays  de  Mariout,  en  particulier, 
était  cultivé  avec  le  plus  grand  soin ,  et  offrait  une  suite  non 
interrompue  de  jardins  jusqu'à  Barkah,  dans  le  Magreb. 
Les  bâtiments  qui  descendaient  le  Nil  arrivaient  jusqu'aux 
marchés  d'Alexandrie,  dont  les  quais  étaient  formés  de 
dalles  et  de  blocs  de  marbre.  Plus  tard  des  éboulements  ont 
bouché  ce  canal  et  empêché  l'eau  d'y  entrer;  d'autres  obs- 
tacles encore  n'ont  pas  permis,  dit-on,  de  nettoyer  le  canal 
et  de  donner  un  libre  cours  à  l'eau;  mais  nous  ne  pouvons 
admettre  tous  ces  détails  dans  un  livre  qui  n'est  qu'un  ré- 
sumé. Depuis  lors  les  habitants  boivent  de  l'eau  de  puits, 
car  ils  sont  à  une  journée  environ  du  fleuve.  On  trouvera 
plus  bas,  dans  le  chapitre  consacré  à  Alexandrie,  d'autres 


CIIAPITilE  IX  211 

^\  X  r*-\  i^Ao  ^^AstJÎ  (J^-J_5  ifj^^  -*^  C:J^jy^J  ??0^'  <-AAaw« 

détails  sur  cette  ville  et  sa  fondation  (voy.  chap,  xxxii).  Quant 
au  bras  du  Nil  qui,  ainsi  que  nous  l'avons  dit,  se  jette  dans 
la  mer  du  Zendj ,  ce  n'est  qu'un  canal  qui  sort  du  bassin 
supérieur  du  Zendj  et  sépare  ce  pays  des  frontières  habi- 
tées par  les  races  abyssiniennes.  Sans  ce  canal,  de  vastes 
déserts  et  les  sables  mouvants,  les  hordes  turbulentes  et 
innombrables  des  Zendj  auraient  chassé  les  Abyssiniens  de 
leur  pays  natal. 

Le  fleuve  de  Balkh,  ou  Djeihoun  (Oxus),  sort  de  diffé- 
rentes sources,  traverse  le  pays  de  Termed,  Esferaïn  et 
d'autres  parties  du  Khoraçan,  et  entre  dans  le  Kharezm.  Là 
il  se  divise  en  plusieurs  branches,  qui  arrosent  le  pays;  le 
surplus  de  ses  eaux  se  jette  dans  le  lac  (lac  d'Aral  ) ,  sur  les 
bords  duquel  est  le  bourg  de  Djordjanieh,  au-dessous  de  la 
ville  de  Kharezm.  C'est  le  plus  grand  lac  de  cette  contrée, 
et,  au  dire  de  quelques-uns,  du  monde  habité,  car  il  ne 
faut  pas  moins  d'un  mois  pour  le  parcourir  en  long  et  en 

a. 


212  LES  PRAIRIES  D'OR. 

JUb  (iKjcIÎ  iuo»>-«  W^V^5   *)-A-^5  O  JsJft  til    (j^uJt    XAJ  iÇ,yS^.^ 

»Ju^\^jJt*s.  ii*jtp!  ^UXî  i  o^j^  V^'^^«j  (>J^5  (_^j»-U? 
(j-«  ll*-Jl  w5\XjL-u»^  ^^-AJÎ^-jiJL»  ojj;-*iî  j-^iaJî  j-^-^  C:J>i*- j-*^ 
iLJLj)«Xjij  bjJCÀxtj  ^5^   tjlxMÎ  tjsjû  (j.^  i^  Un»  (iJ^jdl  jUi^l 

large.  Il  est  navigable,  et  reçoit  le  fleuve  de  Ferganah  et  de 
Chach  qui  traverse  le  pays  de  Farab,  la  ville  de  Djedis,  et 
quiest  accessible  aux  bâtimentsjusqu'à  son  embouchure.  Sur 
ses  bords  s'élève  une  ville  turque  nommée  la  Ville-Nouvelle 
[Yengui-Kent] ,  où  vivent  plusieurs  musulmans.  La  plupart 
des  Turcs  qui  habitent  cette  contrée,  tant  nomades  que  ci- 
tadins, appartiennent  à  la  tribu  des  Gozz,  qui  se  divisent 
en  trois  hordes  nommées  la  grande ,  la  petite  et  la  moyenne. 
Ils  se  distinguent  des  autres  Turcs  par  leur  valeur,  leurs 
yeux  bridés  et  l'exiguïté  de  leur  taille.  Cependant  l'auteur 
de  la  Logique  (Aristote),  dans  le  quatorzième  et  le  dix- 
huitième  livre  de  son  Traité  des  animaux,  parlant  de  l'oi- 
seau nommé  grue  [yépavos] ,  dit  qu'il  y  a  des  Turcs  d'une 
stature  encore  plus  petite.  On  trouvera  d'autres  détails  sur 
les  Turcs  dans  divers  passages  de  notre  livre,  et  dans  le 
chapitre  qui  leur  est  consacré. 

La  ville  de  Balkh  possède  un  poste  [rihat)  nommé  d- 
Akhchehan ,  et  situé  à  vingt  jours  de  marche  environ.  En 


CHAPITRE   IX.  213 

S^'^  U^'  .^'♦-fi-^  J^  j-s»'^  LT-*-^  i^^Liû  (j^  (Jr^5  <icj| 
Jû-L&  »X_ïj  (jUjÎ  ^j    tiJ^tj^  IJvXx»  ^-i  iJoU  *jjl  Jyvi^ 

w*-»âj  ^j^^^>  ^jl  l^jj  c^*i5  \S^  j,  «-«(jc^i  ^jJLa3.<  (j^  -jJ» 

(j^  (j*^À-=?-  fi^^  jy*^  »i)U\j  iUktf  y_^"  *-iv^  (S^^  o^JSJ^' 
%»y^'  QirV"^^'  (ij^^^^  <^i  uy'^^^  y^s  é^j^  "h^  4>^^^ 

face  vivent  deux  tribus  de  Turcs  infidèles,  les  Oukhan  et  les 
Tibétains,  et  à  leur  droite  d'autres  Turcs  nommés  Igan. 
C'est  dans  le  territoire  de  ceux-ci  qu'est  la  source  d'un  grand 
fleuve  nommé  aussi  fleuve  d'Igan.  Plusieurs  personnes  ins- 
truites prennent  ce  fleuve  pour  le  commencement  du  Djei- 
houn,  ou  fleuve  de  Balkh.  liC  Djeilioun  a  un  parcours  de 
cent  cin(|uante  parasanges,  selon  les  uns,  et  de  quatre  cents 
parasanges  selon  ceux  qui  le  confondent  avec  le  fleuve  des 
Turcs  ou  Igan.  Quant  aux  auteurs  qui  avancent  que  le 
Djeihoun  se  jette  dans  le  Mehran  (Indus),  ils  sont  dans 
l'erreur. 

Nous  ne  parlerons  ni  de  l'Aracht  noir,  ni  de  l'Aracbt 
blanc,  sur  les  bords  duquel  est  le  royaume  des  Keimak- 
Haigour  (Ouigour?) ,  tribu  turque  originaire  du  pays  au  delà 
du  fleuve  de  Balkh  ou  Djeihoun.  Une  autre  tribu  turque, 
les  (jouriles,  habitent  les  bords  de  ces  deux  fleuves,  qui  sont 
l'objet  de  récits  détaillés,  .l'i'^'nnrc  et,  par  conséquent,  je  ne 
puis  déterminer  l'étendue  de  leur  parcours. 


214  LES  PRAIRIES  D'OR. 

wiJJUjû  JU>  (y^  iUAA^Ijytî  (j^  5\S  JlS  i>^(^  »î<>«-!à  cyj^î 

:>^Vo  jj  Ajl»^>>jî«Xx«5  ^  JU  (j^  1»^  _5.^  (^  (j*i-s».i^î  ^<Xj 

Le  Gange  est  un  fleuve  de  Jlnde  qui  sort  des  montagnes 
situées  dans  la  partie  la  plus  reculée  de  l'Inde,  du  coté  de 
la  Chine ,  et  près  du  pays  habité  par  la  peuplade  turque 
des  Tagazgaz.  Après  un  parcours  de  quatre  cents  para- 
sanges,  il  se  jette  dans  la  mer  Abyssinienne  sur  la  côte  de 
l'Inde. 

L'Euphrate  prend  sa  source  dans  le  territoire  de  Kalikala 
(Erzeroum),  ville  frontière  de  l'Arménie;  il  sort  des  mon- 
tagnes d'Afradohos,  à  un  jour  de  marche  de  cette  ville.  Il  a 
une  étendue  de  centparasanges,  et  traverse  le  pays  deRoum 
avant  d'arriver  à  Malatiyeh.  Un  de  nos  coreligionnaires, 
qui  a  été  prisonnier  chez  les  chrétiens,  m'a  assuré  que  l'Eu- 
phrate,  dans  sa  course  à  travers  le  pays  de  Roum,  reçoit 
plusieurs  affluents,  entre  autres  un  fleuve  qui  sort  du  lac 
el-Marzeboun ,  le  lac  le  plus  vaste  de  cette  contrée;  il  est 
navigable  et  n'a  pas  moins  d'un  mois  de  navigation  en  long 


CHAPITRE  IX.  215 

xjtXi  o^^  j^^^^  '^^  jfv-*  j-^^î?"  <i'  c^r^xii  ^^JiÀ,}j  (j*^^ 

ii,f.s^jj\^  xJiji\  i}\  ^d'iCÀ.Tj  |«LmJ{j  ^I^^jcJI  ,,^1  S^/^*"  7^y^ 

A^Jkf^     ^^MkA£    «^    J^JC*  jlvji     kiJujft    g^KA   *>v:^L>^   jly^îj    O-Aifcj 

c:>UjiJl  ^^^^K^uL)^  i^s»^  ^  c^^vh^AJ  ^^VmJI  iCÀJtX^  (Ji   ^qX.»;  UT 

^ -i  iùU  (j*ta^  o^'^'  ""^^-î  <^  ajIm.:?- jltXJU  ijy^  Ja,*MÎ^^ 
^^^iuo  AjU  (j-«^^JLSi/j  c:>!yiîj  (jl^  Joj  j)Ji>  (j^  jjt^jî  tK**^ 

et  en  large.  L'Euphrate  arrive  ensuite  au  pont  de  Manbedj , 
après  avoir  passé  sous  le  château  de  Somaisat  (Samosate), 
nommé  aussi  le  Château  de  terre.  Il  continue  sa  course  vers 
Balès,  et  Siffîn ,  signalé  par  une  bataille  entre  les  habitants 
de  l'Irak  et  de  la  Syrie;  il  passe  successivement  devant  I\ak- 
kah ,  er-Rahbah ,  Hit  et  elAnbar,  où  il  donne  naissance  à 
plusieurs  canaux,  comme  le  Nehr-Yça,  etc.  qui  coulent  du 
côté  de  Bagdad  et  se  jettent  dans  le  Tigre.  L'Euphrate  se 
dirige  ensuite  vers  le  pays  de  Soura,  le  château  d'Ibn  Ho- 
beirah,  Koufah,  el-Djameeïn,  Ahnied-Abad,  en-Ners,  et  et- 
Tofouf,  et  se  jette  enfin  dans  l'étang  qui  est  entre  Basrah 
et  Waçit.  Son  parcours  entier  est  de  cinq  cents  parasanges, 
ou  davantage,  selon  d'autres.  Le  bras  principal  de  l'Eu- 
phrate  se  dirigeait  autrefois  sur  Hirah,  où  son  ancien  lit, 
encore  visible  aujourd'hui,  est  nommé  el-Atil:  (l'ancien); 
c'est  là  qu'eut  lieu  la  fameuse  bataille  de  Kadiçieh ,  entre  les 
musulmans  et  Roustem.  De  Hirah,  le  fleuve  se  jetait  dans 


216  LES  PRAIRIES  D'OR. 

Ot^^i^   L>*ij*^    t^^^'    ^    ♦^^'A^JJj-^^'    ij^i    t$>SAA:^j.i£»Ji    i 

^Àj^_jj|j  ^^y^^aJI  <Xj^  yj  -Ui.^  (*■•&•*-*  SiH*^^  f»l?^  (^'  t5J>^3 

iL«L(?Jl  jsiù»  «Xxj  (j.«jXj   j;Î  yUa^Aw  i  «y-Ail  *>s?^  J^^  ^ 

j^j^^  ^L«wi  StXfb^  iUXitS'  (^ ^yaij  iLjij)M^\ju\  y*ai^  (jàAj^i 

<x]\à.  jlàj  L^  JU^I  iiÂXS*  Ai^t  (^jvj'j  ^4ÀAj^  ^j  (j«^ji  '^  vLH*^ 

la  mer  d'Abyssinie,  qui  recouvrait  à  cette  époque  rempla- 
cement nommé  aujourd'hui  en-Nedjef;  c'étaient  là  qu'arri- 
vaient les  bâtiments  venus  de  la  Chine  et  de  l'Inde,  à  desti- 
nation des  rois  de  Hirah. 

Plusieurs  historiens  anciens,  parfaitement  instruits  des 
Journées  des  Arabes,  tels  que  Hicham,  fils  de  Mohammed 
el-Kelbi,  Abou  Mikhnef  Lout,  fils  de  Yahia,  et  Charki,  fils 
d'el-Kitami ,  racontent  ce  qui  suit  :  Khaled,  fils  d'ei-Walid 
el-Makhzoumi,  maixha  contre  ïlirah,  sous  le  règne  d'Abou 
Bekr,  après  la  conquête  du  Yemamah  et  la  mort  du  faux 
prophète  des  Beni-Hanifah  ;  mais  les  habitants  se  fortifièrent 
dans  le  château  Blanc,  le  château  de  Kadiçieh  et  celui 
des  Beni-Tâlabah,  situés  tous  trois  à  trois  milles  de  Kou- 
fah,  et  complètement  déserts  et  i^uinés  aujourd'hui  (332  de 
l'hégire).  Khaled,  fils  d'el-Walid,  voyant  que  l'ennemi  s'était 
retranché  dans  ces  forteresses,  dressa  son  camp  près  de  Ned- 


CHAPITRE  IX.  217 

jVjill  (j_j  j|w.*i>  <JUt-«^  *i  U*^  (i^  -xJlsfc.  J^î^  oi-^^l  j-^ 
,^jc=2.  XcVxS  (^yjAi  jUr».  liijj  SiH"^^   O^'*^^  (J-*  (J^  t^^j'^^ 

cyji  ^/-s^  ''^'^  ^^^^  4^^^  U<a^^'  jJxaiJi  Là_j  (^«xJI  y^^ 
XK.AAJ  ^t  5«Xj&  U  <X^_^  JUi  wvi^  ^J^JJlàÀ.  C^US'  AaAuS.^  ^^ 
Qi&l<]|  jLwjlJl  l^^iaAu  JÎ  t5«>Ji  ^'^î  *Xxfc_^iûj  iO>.AJij  cs^^*^ 

jef  et  marcha  en  avant,  à  cheval  et  accompagné  d'un  célèbre 
cavalier  arabe ,  Dirar,  fils  d'el-Azwar,  l'Azdite.  Parvenus  sous 
le  château  des  Beni-Tàlabah,  ils  furent  assaillis  par  des  ma- 
tières enflammées  que  leur  lançaient  les  chrétiens  abbadites, 
et  le  cheval  de  Khaled  se  mit  à  fuir.  «  Que  Dieu  te  protège, 
dit  Dirar  à  son  compagnon,  voilà  le  plus  fort  de  leurs  strata- 
gèmes. «  Khaled  retourna  au  camp  et  fit  demander  aux  as- 
siégés de  lui  envoyer  un  homme  mûri  par  l'âge  et  l'expé- 
rience, afin  qu'il  l'interrogeât  sur  ce  qui  les  concernait.  Ils 
lui  députèrent  Abd  el-Meçih,  fils  d'Amr,  fils  de  Kaïs,  fils  de 
Hayan ,  fils  de  Bokaïlah ,  le  Gassanide.  Ce  Bokaïlah ,  qui  avait 
construit  le  château  Blanc,  devait  son  surnom  à  ce  qu'étant 
sorti  un  jour  revêtu  d'une  étoffe  de  soie  verte,  les  gens  de 
sa  tribu  s'écrièrent  en  le  voyant: «  En  vérité,  il  ressemble  à 
un  petit  chou  {bokaïlah)l  »  C'est  Abd  el-Meçih  qui  se  rendit 
auprès  du  célèbre  devin  Satih,  le  Gassanide,  pour  l'inter- 
roger sur  les  songes  des  Moubed  ,  sur  les  secousses  du  palais 
ou  Eiwan  (à  Ctésiphon) ,  el  sur  le  sort  qui  était  réservé  aux 


218  LES  PRAIRIES  D'OR. 

^j^  JUL*  ^^AJi/»  xJî  <XÎli.  ^lâii  tgcîuc  J^U  **.»«  y_5-Mifc^j 

Jb  ^jb^^I  t^  Jb  kiUj^  ovil  j^^Vjo  Jb  4^î  jjjlaj  (j^  Jb  u*A^ 
4MJ^  t^t  Jb  oJJis  i/  JJi*j1  Jb  j,Uj  jj  Jb  cxaS"^  ooI  j<Ni 

Jb  ^Jy>AJ^\  ù<>ut>  JL  U  Jb  Jfcww  Jo  ii  Jb  k^M  -1  e>^j»-l  Jb 

rois  sassanides.  Ce  même  Abd  el-Meçih ,  qui  se  présenta  à 
Khaled,  était  alors  âgé  de  trois  cent  cinquante  ans.  Khaled, 
en  le  voyant  marcher  lentement,  lui  demanda  :  «  Vieillard, 
de  quel  lieu  descends-tu?  —  Des  reins  de  mon  père,  répon- 
dit le  cheikh.  — D'où  viens-tu?  —  Du  sein  de  ma  mère.  — 
Malheur  à  toi!  sur  quoi  es-tu?  (c'est-à-dire,  pourquoi  es-tu 
venu?)  — Je  suis  sur  la  terre.  —  Que  Dieu  te  confonde!  où 
es-tu? — Dans  mes  vêtements.  —  As-tu  perdu  la  tête?  puisses- 
tu  la  perdre  !  —  Certes,  par  Dieu,  elle  est  solidement  atta- 
chée.—  Le  fils  de  combien  es-tu?  (c'est-à-dire  quel  âge  as- 
tu?)  —  Le  fils  d'un  seul  homme.  —  Mon  Dieu ,  s'écria 
Khaled,  maudis  les  gens  de  ce  pays,  pour  le  trouble  qu'ils 
nous  causent!  Je  lui  demande  une  chose,  et  il  m'en  répond 
une  autre.  —  Non  certes,  répliqua  le  vieillard ,  j'ai  répondu 
avec  précision  à  tes  questions.  Interroge-moi  à  ton  gré.  — 
Etes-vous  Arabes  ou  Nabatéens?  demanda  Khaled.  — ■  Des 
Arabes  devenus  Nabatéens,  ou  des  Nabatéens  devenus  Arabes. 
—  Que  préférez-vous,  la  paix  ou  la  guerre? — La  paix.  — 


CHAPITRE  IX.  219 

dJ  oiJ>l  <S  ^\i  ttl^ÀAi  1^:^  (jl;  C5v>-  i^****'*^  AaÀ^mJ!  1<&Ujvo 

^Jj_«!^  ♦^j^l^  *XÀM<.il  cUjc  oL^I  itX-i^  ,s  luJl  ^^j^.s^JI 
^^  l^jwaxi  L^AjJC«  Ov«j^b  »^xJI  Jufil  (j-«  ijî^t  *^^1;^  ^^-s^^ 

/•  J  w  .....       w      * 

^p,a»  AJ)«X£'  (j[;«'^^^  *!0^^  J^^'J  *>"*^  J*^'^  ^yMaJùo  oLjj 

(->t:>  ^i>^  ^*^  ^^I;-^  cx^S>«ol  «>«^  [«^aJI  \J>\j3^  «UmJI  :>^j 

Pourquoi  donc  ces  forteresses?  —  Nous  les  avons  bâties  pour 
y  enfermer  les  fous  jusqu'à  ce  qu'un  sage  vienne  les  dé- 
livrer. —  Quel  est  ton  âge?  —  Trois  cent  cinquante  ans. 
—  Qu'as-tu  vu  dans  ta  vie? —  J'ai  vu  les  vaisseaux  arriver 
jusqu'à  nous  sur  cette  hauteur  [nedjef)  chargés  de  marchan- 
dises du  Sind  et  de  l'Inde,  et  les  vagues  se  briser  sur  le  sol 
que  tu  foules  à  tes  pieds.  Vois  aujourd'hui  quel  espace  nous 
sépare  de  la  mer  J  Je  me  souviens  d'avoir  vu  une  femme  de 
Hirah  prendre  son  panier,  le  placer  sur  sa  tête,  et  n'em- 
porter qu'un  pain  comme  provision  ,  parce  que,  jusqu'à  son 
arrivée  en  Syrie,  elle  ne  traversait  que  des  villages  floris- 
sants, des  champs  bien  cultivés,  des  vergers  couverts  de 
fruits  et  arrosés  par  des  étangs  et  des  canaux  d'eau  vive.  Tu 
le  vois  aujourd'hui ,  ce  n'est  plus  qu'un  désert  aride.  C'est 
ainsi  que  Dieu  en  use  avec  le  monde  et  ses  habitants.  »  Ces 
paroles  jetèrent  Khaled  et  tous  les  assistants  dans  un  muet 
étonnement,  car  Abd  el-Meçih  était  célèbre  parmi  les  Arabes 
autant  pour  son  extrême  vieillesse,  que  pour  sa  sagesse  con- 


220  LES  PRAIRIES  D'OR. 

U   «xJLsk.   ^  JLxi   <90<Xj   i   xJJM  ^L^Um  /^  AA4^  JI0  Jouit 

ir^  »«>Jj  J<jû!  (j!  ^jjliM  jj,^  Jjl  (j^s'  ^  <4)-^^'  (j-^  (j^^ 

tS^  (J-*  <1^  \— <cl?  Uj*xJl  jj-t  j^jJCawIj  xwJl  î«Xiû  Ja|^  ^^Ji 
^CVaj  Je  ioJ»  Kiis-Aj  (^  ifJUà^  S«Xik.l3  Aj'Ub  «xJ\^  Jl)>  «_a.^m«.jçJ( 

sommée.  On  prétend  qu'il  portait  sur  lui  un  poison  fou- 
droyant, et  qu'il  le  tournait  entre  ses  mains.  Khaled  lui 
demanda  ce  qu'il  tenait.  «  C'est  un  poison ,  dit-il ,  qui  tue 
instantanément.  —  Quel  usage  veux-tu  en  faire?  —  En  ve- 
nant près  de  toi  j'ai  résolu  que,  si  tu  prenais  une  décision 
favorable  à  mes  compatriotes  et  à  moi,  je  l'accepterais  et 
j'en  remercierais  Dieu;  sinon,  ne  voulant  pas  rapporter  à 
mes  compatriotes  la  honte  et  Taflliction,  je  prendrais  ce 
poison  et  quitterais  ce  monde;  je  n'ai  d'ailleurs  que  peu  de 
temps  à  vivre.  —  Donne-moi  ce  poison  » ,  dit  Khaled ,  puis  il 
le  plaça  dans  la  paume  de  sa  main,  prononça  ces  mots  : 
•  Au  nom  de  Dieu,  par  l'aide  de  Dieu,  au  nom  de  Dieu, 
le  maître  de  la  terre  et  des  cieux ,  par  ce  saint  nom  avec  le- 
quel rien  ne  peut  nuire!  »  et  il  avala  le  poison  sans  hésiter. 
Il  s'évanouit  sur-le-champ,  et  son  menton  se  pencha  sur  sa 
poitrine;  puis  il  revint  à  lui  et  reprit  ses  forces,  comme  un 
homme  qui  a  brisé  ses  chaînes.  Le  vieillard,  qui  était  Ab- 
badile ,  c'est-à  dire  chrétien  nestorien ,  revint  auprès  des  siens 


CHAPITUE  IX.  221 

♦X-iJij  ^(}vc  «xJls».  J-s»-^  ^jU«XdaJl  _^^  ^^^  (^^  '>-*J^  *r>^ 

j^j*X_^JI_j    (y^jy^\   ^    ^j,^j 

45 =^    «X  (J*jî^j *    «l»\ rtf* 

^     «    < — =1_5  *^j — «  (jv — ^  ^-^In 

et  leur  dit  :  «  Peuple,  je  viens  de  quitter  Satan  ;  il  a  avalé  un 
poison  qui  tue  sur  l'heure,  et  il  n'en  a  éprouvé  aucun  mal. 
Hâtez-vous  donc  de  conclure  la  paix  et  de  l'éloigner.  Une 
influence  supérieure  veille  sur  cette  nation;  sa  fortune  va 
s'élever  sur  les  ruines  de  la  famille  de  Sassan.  La  croyance 
qu'elle  apporte  se  répandra  sur  la  terre  et  changera  la  face 
du  monde.  »  Ils  firent,  en  eflet,  la  paix  avec  Khaled ,  à  la  con- 
dition de  payer  cent  mille  drachmes,  et  de  porter  le  saàj, 
ou  turban  (des  chrétiens).  Après  le  départ  de  Khaled,  Abd 
el-Meçih  récita  ces  vers  : 

Devais-je  donc,  après  le  règne  des  deux  Moiindir,  voir  un  autre  dra- 
peau flotter  sur  Khawarnak  et  Sedir, 

Et  les  cavaliers  de  toutes  les  tribus  le  fuir  en  redoutant  la  colère  du 
lion  ,  au  rugissement  terrible? 

Devais-je ,  après  les  exploits  des  guerriers  de  Nôman ,  voir  les  troupeaux 
brouter  entre  Marrah  et  el-Halir? 


222  LES  PRAIRIES  D'OR, 

ï 

^jMb.jÇ«J»    ^1    tiLLcft    iXjO   \ij,*nà 
p 

jlxifcUj  Uiuo^  U  '^'J^Ajb  J-05XÎ  î«Xiû  iyiM.  IJs^A  b^  Ul_5 

Mais  la  mort  d'Abou  Kobaïs  nous  a  dispersés  comme  des  brebis  dans 
un  jour  d'orage. 

Nous  qui  nous  partagions  librement  les  tributs  de  Mâdd,  comme  les 
membres  d'un  cbameau  immolé, 

Nous  payons  un  tribut  aussi  onéreux  que  celui  du  Kosroès,  ou  des  en- 
fants de  Koraizah  et  de  Nadir! 

Ainsi  le  veulent  les  caprices  de  la  fortune;  un  jour  elle  apporte  la  pros- 
périté, et  le  lendemain  le  malbeur. 

Nous  n'avons  rapporlé  ici  cette  anecdote  que  comme  une 
preuve  évidente  de  ce  que  nous  avons  avancé  relativement 
aux  migrations  des  mers,  et  au  mouvement  des  cours  d'eau 
€t  des  fleuves,  dans  la  suite  des  âges.  C'est  ainsi  que,  l'eau 
s'élant  retirée  de  cette  localité,  la  mer  a  fait  place  à  la  terre 
ferme,  et  qu'aujourd'hui  une  distance  de  plusieurs  jours 
sépare  Hirah  de  la  mer.  Quiconque  a  vu  et  examiné  avec 


CHAPITRE  IX.  223 

(^   viXJ^^  3>^  (^W?  ^0^^  c:>jLo^  SiXaju   X>Lwmw4  ^(Xr>-4>J| 
4^v.4»»|^ljji  ^•^  <^^  6]/*^'  ia*><lj  JL$I  (j^  (j»Jilj  *JbiX-«  Osjfc. 

^^j^M^L  OJ^/kXI  V«9^t^  <-aJl!L>    XijjJtl,]    ÏL)^^  ^>km}\    Ax>tXj«^ 
^jl^  *XJ»^  J^j.  !r>,  '»  cIai»  ^j*  kiUi   »aPj  (J?r*îu  CJjj^jJ»!!    fc«s>^lj 

soin  le  Nedjef  sera  convaincu  de  Texaclitude  de  notre  as- 
sertion. 

Il  en  est  de  même  du  Tigre  de  Basrah  [el-Aiurah) ,  qui  a 
changé  de  place,  et  se  trouve  aujourd'hui  à  une  grande  dis- 
tance du  Tigre.  Il  était  nommé  le  ravin  de  Djoukha,  et  s'éten- 
dait depuis  Badbin,  dans  le  district  de  Waçit,  jusqu'au  ter- 
ritoire de  Dour  er-Raçebi,  près  de  Sous  (Chouster),  dans 
le  Khouzistan.  Un  fait  analogue  a  eu  lieu  sur  la  rive  orien- 
tale de  Bagdad,  dans  une  localité  nommée  Rakkah  ech- 
Chemmaçieh,  où  le  fleuve  a  quitté  brusquenient  le  rivage 
occidental,  les  terrains  cultivés  entre  Katrabbol  et  Bagdad, 
le  bourg  d'el-Kobb ,  el-Bochra,  el-Ain  et  d'autres  bourgades 
qui  dépendent  de  Katrabbol.  C'est  ce  qui  a  donné  lieu  à  des 
contestations  entre  les  habitants  de  cette  rive  et  ceux  de  la 
rive  orientale  qui  possèdent  Rakkah  ech-Chemmaçieh.  L'af- 
faire fut  portée  devant  le  vézir  Ali,  fils  d'Yra;  la  décision 


224  LES  PRAIRIES  D'OR. 

iiJUM  ^^^C-jl»^«XJ»  jj  ^La^  j.A>âj  Ajli  t^-M  f'^'**'  (J-*  y^^^  'r^*N> 

^\aaaw  *UI  «x^j  litj  o^'^^  (j~*  t**l>-*  ^-i)^i  voîj-*  «-AiV»*" 

«jL>Lâî_5  iîUwJUJ  ^S?>-4^  ««X-Û^  iijS^^U  ^-«*>^  Sljaajl^  Xj^xài^jt 
IjbMÙwo  Ijusi^  «^"^j  ^>^  W'y*^  «Xxj!  (j^  (jo;'^'  dr*  J^!^^ 
c^La^  cK-««*J  tf^-^"  ^j^  ïiSjii^  i^j-^  li  *^5\^  iLiûyl  (J-» 

iJwdSîLJî   4J.»  ftA*w  iLLwi  ^^^  ^£yM*.^s  <it   ao-x^-o  ^Î  Jj-*^  W^ 

que  rendit  alors  ce  ministre  et  le  fait  que  nous  rapportons 
sont  de  notoriété  publique  à  Bagdad. 

Si  l'eau  avance  en  trente  ans  d'environ  un  septième  de 
mille,  ce  qui  fait  un  mille  en  deux  siècles,  lorsque  le  fleuve 
s'esl  retiré  de  quatre  mille  coudées  hors  de  son  ancien  lit, 
certains  territoires  deviennent  par  conséquent  arides,  et 
d'autres  sont  rendus  à  la  culture.  Si  l'eau  rencontre  un  ter- 
ritoire déprimé  d'où  elle  puisse  s'écouler,  elle  prend  un  cours 
plus  rapide  et  plus  impétueux,  et  charrie  à  de  grandes  dis- 
tances les  terres  qu'elle  a  rongées.  Si  elle  trouve  une  vallée 
étendue,  elle  la  remplit  sur  son  passage,  et  le  courant  donne 
naissance  à  des  lacs,  des  étangs  et  des  marais.  C'est  ainsi 
que  certains  territoires  deviennent  incultes  et  d'autres  fer- 
tiles. Il  suffit  d'un  peu  d'attention  pour  comprendre  ce  que 
nous  disons. 

Plusieurs  historiens,  qui  ont  étudié  avec  soin  les  annales 
du  monde  et  des  monarchies,  assurent  qu'à  l'époque  où  le 
Prophète  envoya  un  message  au  roi  de  Perse,  c'est-àdire 


CHAPITRE  IX.  225 

u'  j^Jl/^^  *^^J  0^1^'  CJ-*  ^^>55  *U'  «--wUaj  »^-vaJ   c:>Iàa,»(w-^^ 

f-jy^^^  djIjL^jtJI  ^^  L«iai  l»x_£&  Luij  »j  j^U^aJ!  ^^\y^  Jl 

<i^  V  i^  j  c;a.^i0^~£>^  iLs^vJxJl  uviumJI;  ^^I  c^AjLxio  ^V_i  (^.aaAj 
^  »..^v.^U  ^jjî^yJ^Jl  ^l)""^  S^_j-^  ^b"^  (iJ*^  ^^  <Xsc.  ti^  io^lic/o 
0«Jl  uJtli  ^^-isfi  }i^j*J^  IfjSs-  cxjiXj  U   -^liaAÎl»  yvi*p)^l   (j^  aJ 

l'an  7  de  l'hégire,  l'Euphrate  et  le  Tigre  éprouvèrent  une 
crue  excessive,  et  telle  qu'on  n'en  avait  jamais  vu.  D'énormes 
fissures  sillonnèrent  le  rivage,  plusieurs  fleuves  sortirent 
(le  leur  lit,  rompirent  leurs  digues  et  leurs  barrières,  et 
inondèrent  les  plaines  du  pays.  Ce  fut  en  vain  que  le  roi 
Eberwiz  (Perviz)  chercha  à  contenir  les  eaux,  en  relevant 
les  digues  et  en  rétablissant  les  écluses  :  le  fleuve  renversa 
tous  les  obstacles  et  se  répandit  sur  l'emplacement  actuel 
des  étangs.  Les  fermes  et  les  moissons  furent  submergées; 
l'inondation  envahit  les  districts  et  les  cantons  [taçoudj)  en- 
vironnants, et  tous  les  eflbris  tentés  pour  maîtriser  l'élément 
furent  inutiles.  Plus  tard,  pendant  que  les  Persans  étaient 
absorbés  par  leur  lutte  contre  les  Arabes,  l'eau  étendit  ses 
ravages  sans  que  l'on  cherchât  à  y  remédier,  et  les  étings 
gagnèrent  chaque  jour  du  terrain. 

Sous  le  règne  de  Moâwiah ,  Abd  Allah ,  lils  de  Daradj , 
affranchi  du  khalife  et  chargé  de  percevoir  l'impôt  de  l'Irak, 
gagna  sur  les  étangs  une  étendue  de  terrain  dont  le  pro- 
duit s'éleva  à  quinze  millions   (de  drachmes),  en  faisant 
I.  i5 


226  LES  PRAIRIES  D'OR. 

couper  les  roseaux  qui  couvraient  ces  étangs  et  en  refoulant 
l'eau  à  l'aide  de  digues  et  de  barrières.  Par  la  suite ,  Haran 
le  Nabatéen,  affranchi  des  Beni-Dabbah,  sous  le  khalifat 
d'el-Walid,  dessécha  de  nouveaux  terrains  dans  les  étangs ,  au 
profit  d'el-Haddjadj.  Aujourd'hui  le  Batijah,  c'est-à-dire  le 
territoire  couvert  et  envahi  par  l'eau ,  est  évalué  à  environ 
cinquante  parasanges  en  long  et  en  large.  Le  centre  de  l'étang 
est  occupé  par  un  grand  nombre  de  terres  en  friche,  comme 
Kâr-el-Djamideh ,  ville  entourée  d'eau,  et  d'autres  localités. 
On  remarque  dans  le  fond,  lorsque  l'eau  est  claire,  des  dé- 
bris de  constructions  en  pierres  ou  en  briques,  les  unes  de- 
bout, les  autres  renversées,  mais  encore  visibles.  On  peut 
faire  la  même  observation  dans  le  lac  de  Tinnis  et  de  Da- 
miette,  qui  renferme  plusieurs  villes  et  fermes,  ainsi  que 
nous  le  disons  dans  différents  passages  de  ce  livre  et  dans 
d'autres  ouvrages. 

Mais  revenons  au  Tigre  et  décrivons  sa  source,  son  par- 
cours et  son  embouchure.  Ce  fleuve  sort  du  territoire  d'Amid , 


CIIAPITHE  IX.  227 

^ItX^  (^J  j^.^  j^.*^^  ô*XJft^  ^^i^  c^-xs^i^  ^^J  Cir»c5*^j'^^ 

$  $.  ■;     1      ^0  .. 

5Js jtX         A   .»    l—JÛ^—ia.    Uij^^-j2. 

dans  la  province  de  Diarbekr;  mais  ses  sources  sont  situées 
dans  le  pays  de  Khilat,  en  Arménie.  Tl  reçoit  diiïérents  af- 
fluents, tels  que  la  rivière  de  Sarit  et  celle  de  Satidama, 
qui  sort  du  pays  d'Arzen  et  de  Miafarikin.  Il  reçoit  égale- 
ment le  Doucha  et  le  Khabour.  Celui-ci,  venu  de  l'Armé- 
nie, se  réunit  au  Tigre,  entre  la  ville  de  Baçourin  et  le  tom- 
beau de  Sahour,  sur  le  territoire  de  Bakirda  et  de  Bazibda, 
province  de  Moçoul.  Ce  pays  appartient  aux  Beni-Hamdan, 
et  il  en  est  fait  mention  dans  les  vers  suivants  : 

Bakirda  et  Bazibda,  délicieux  séjour  au  printemps  et  pendant  l'été! 
l'eau  qui  l'arrose  est  pure  et  fraîche  comme  celle  du  Paradis. 

Ne  parlez  plus  de  Bagdad ,  de  son  sol  brûlant  comme  du  charbon  et  de 
sa  chaleur  accablante! 

Il  ne  faut  pas  confondre  le  Khabour,  dont  il  est  question 
ici,  avec  un  fleuve  du  même  nom  qui  prend  sa  source  près 
de  la  ville  de  Baçâïn  et  se  décharge  dans  TEuphrale,  au- 

i5. 


228  LES  PRAIRIES  D'OR. 

iLÀj«X>e  ^k^  «À.'^i  <^|vJI  ^^J  c,<i<>aj  aJ)  ,,^M4£>j.it  iuLj«y..«  cIx>«X;tI 
<S^J  (^V44A*  j^j  »!^^«»nJ|^   ijj «XÀisL  1^1  (^KO-xi  iÎJobj  ^o-«Lui_5 

Jl    CrÔ-^   t^»*^'    (-.wcxllj    t^ti.Jî_J    (^^.^«^î^    0"»-^^^-^-»   tKx* 

jîJsJU  la,A*<ij^  c>î«Xjb  tj.^  i^Aa*)!  fjXMi  jjiS\  f^j^  Aa*^  ^jJaJjJl 

dessous  de  Kirkiçiah.  Le  Tigre  passe  ensuite  à  Moçoul ,  et 
en  sortant  de  cette  ville,  au-dessus  de  l'endroit  nommé 
Hadit-el-Moçoul,  il  reçoit  le  grand  Zab,  qui  vient  de  l'Ar- 
ménie; l'autre  Zab,  originaire  de  l'Arménie  et  de  l'Azerbaï- 
djan,  se  réunit  aussi  au  Tigre,  en  amont  de  la  ville  d'es- 
Sinn.  Le  fleuve  continue  sa  route  vers  Tekrit,  Samarra  et 
Bagdad ,  en  recevant  les  eaux  du  Khandak ,  du  Sorat  et  de 
Nehr-Yça,  canaux  qui  partent  de  l'Euphrate  pour  aboutir 
au  Tigre,  comme  nous  l'avons  dit  plus  haut.  Sorti  de  Bag- 
dad, le  Tigre  reçoit  plusieurs  affluents,  comme  le  Dialeh, 
le  Nehr-Bin,  le  Nehr-Rewan  (Nahrouan) ,  non  loin  de  la  con- 
trée de  Djardjaraia,  d'es-Sib  et  de  Nômanieh.  Après  avoir 
traversé  la  ville  de  Waçit,  il  se  partage  en  plusieurs  fleuves 
(canaux)  qui  se  dirigent  vers  l'étang  de  Basrah;  tels  sont 
le  Nehr-Sabès,  le  Yahoudi,  le  Chami,  ainsi  que  le  bras  qui 
se  dirige  vers  Koutr,  et  que  suivent  ordinairement  les  bâti- 
ments qui,  dp  Bagdad  et  de  Waçit,  se  rendent  à  Basrah. 


CHAPITRE  IX.  229 

J^S  ^r*  ^^  <^^"  y^  (j^^^  *^j  c^  iiKi>.i  {jy.y^  AiL*^ 

«XJ»  Lo   il   viUi j5i>  /j_*.  U^aI  *ji.AaJi  i!5Xj  (jVJ_j  ^4ÀAJ 

j^l  ^j>:£vjj   Qj^  xUwi  ^^^   »;[;.^^  ^J>^"^'  t*^>^' J-^^3  .nAj^II^ 

Le  parcours  entier  du  Tigre  est  de  trois  cents,  et,  selon 
d'autres,  de  quatre  cents  parasanges.  Nous  avons  passé  ici 
sous  silence  un  grand  nombre  de  fleuves,  nous  bornant  à 
nommer  les  plus  importants  et  les  plus  connus.  Nous  ren- 
voyons le  lecteur,  pour  de  plus  amples  détails,  à  nos  An- 
nales historiques  et  à  notre  Histoire  moyenne.  Nous  aurons 
encore  occasion  de  revenir  sur  les  fleuves  nommés  plus  haut, 
et  de  parler  de  ceux  que  nous  avons  omis. 

La  province  de  Basrah  possède  aussi  plusieurs  fleuves  im- 
portants, comme  leNehr-Chirin,  leNehr  ed-Deir  et  le  fleuve 
dTbn  Omar.  Il  en  est  de  même  de  la  province  d'el-Ahwaz 
et  du  pays  situé  entre  elle  et  le  territoire  de  Basrah  et  d'Obol- 
lah;  ce  que  nous  en  avons  dit  ailleurs  nous  dispense  d'y 
revenir  ici.  Par  la  même  raison  nous  ne  parlerons  pas  de 
l'extrémité  du  golfe  Persique  vers  Basrah  et  Obollah,  ni  du 
lieu  connu  sous  le  nom  de  Djerrarah,  qui  forme  une  baie 
non  loin  d'Obollah;  c'est  ce  voisinage  qui  rend  salée  l'eau 
de  la  plupart  des  rivières  de  Basrah.  En  vue  de  cette  baie. 


230  LES  PRAIRIES  D'OR. 

iJbM  Jl_»  Vj: j.j£^\' ^  i  ^^J<AÂ  cyjsjsr'î  h^j~-4-  ^^^ 

aML  il 

on  a  établi  à  l'entrée  de  la  rade,  près  d'Obollah  et  d'Abba- 
dan,  trois  échafaudages  en  bois  sur  lesquels  on  allume  des 
feux  pendant  la  nuit.  Ils  s'élèvent  comme  trois  immenses 
sièges  au  milieu  de  la  mer,  et  préservent  les  bâtiments  ve- 
nus de  l'Oman,  de  Siraf,  etc.  de  se  jeter  dans  cette  baie  de 
Djerrarah  et  les  parages  voisins,  où  ils  trouveraient  une  perte 
assurée.  Toute  cette  côte  est  remarquable  par  le  nombre  de 
ses  cours  d'eau  et  leur  jonction  avec  la  mer.  A  Dieu  seul  est 
la  puissance! 

CHAPITRE  X.  ^   ' 

RENSEIGNEMENTS    GENERAUX  SDR   EA   MER   D'ABYSSINIE;    OPINIONS 
DIVERSES  SUR  SON    ETENDUE,  SES  GOLFES  ET  SES  DETROITS. 

On  a  déterminé  les  dimensions  de  la  mer  de  l'Inde,  qui 
n'est  autre  que  la  mer  d'Abyssinie  :  sa  longueur,  de  l'ouest 


CHAPITRE  X.  23 J 

Xclufl.j|    »*>s^  J«d>l   JsJLc  AXi^  (^  Jo^^xJl  -Ui  -Jvx!  «yS'i 

(^r^^  CJ-*  Si)-*-^^  À  C5^5  j~:»j-^J5  (jiy'  W-^  ^1^  ^J-^J^  sisjû 
«_oK.lt  Vv^J  /<u->yi  l<Xg_>  ^ù^  jÀ.\  %.Ms^  lOsjfc  yii  XAJijjjl 

à  l'est,  c'est-à-dire  de  l'extrémité  de  l'Abyssinie  aux  limites  de 
l'Inde  et  de  la  Chine,  est  de  huit  mille  milles;  sa  largeur  dif- 
fère selon  les  localités,  et  elle  varie  entre  deux  mille  sept 
cents  milles  et  dix-neuf  cents  milles.  On  donne  encore,  re- 
lativement à  l'étendue  de  cette  mer,  dilTérentes  évaluations 
que  nous  passerons  sous  silence,  parce  que,  aux  yeux  des 
gens  du  métier,  elles  ne  reposent  sur  aucune  preuve  satis- 
faisante. Quoi  qu'il  en  soit,  cette  mer  est  la  plus  vaste  du 
monde  habité. 

Elle  l'orme  sur  les  côtes  d'Abyssinie  un  canal  qui  s'avance 
dans  la  contrée  de  Berbera,  portion  du  pays  habité  par  les 
Zendjs  et  les  Abyssins.  Ce  canal,  connu  sous  le  nom  de 
Berhcri,  a  cinq  cents  milles  de  longueur,  et  sa  largeur,  d'une 
rive  à  l'autie,  est  de  cent  milles.  Il  ne  faut  pas  confondre 
ce  terriloirede  Berbera  avec  le  pays  desBerbers,  situé  dans 
le  pays  nommé  Ifrikiyah,  pays  bien  distinct  de  celui  dont 
Jious  parlons,  et  qui  n'a  de  commun  avec  lui  que  le  nom. 
Les  pilotes  de  l'Oman  traversent  co  canal  pour  gagner  l'île 


232  LES  PRAIRIES  D'OR. 

AiUdl  i  ^j.a51  tJ^jÀrs-  i^Xj^  l^jj^  J-^^  ^y^j^.  A   t^^_/-«Jl* 

^^t  —^  Ajî_5  ^3«f^l_J--iJ!  JU^l^  (<>ià*  a«>^^  «Uy»5i>  L* 

de  Kanbalou  (Madagascar?),  située  dans  la  mer  de  Zan- 
guebar,  et  habitée  par  une  population  mélangée  de  musul- 
mans et  de  Zendjs  idolâtres.  Ces  mêmes  marins  de  l'Oman 
prétendent  que  ce  détroit  de  Berbein,  qu'ils  désignent  par 
le  nom  de  mer  de  Berbera  et  de  pays  de  Djafouna,  est 
d'une  étendue  plus  grande  que  celle  que  nous  venons  d'in- 
diquer; ils  ajoutent  que  ses  vagues  ressemblent  à  de  hautes 
montagnes,  et  ils  les  nomment  des  l'adules  av^a^/es,  sans  doute 
parce  que ,  après  s'être  enflées  comme  d'énormes  montagnes , 
elles  se  creusent  en  forme  de  profondes  vallées;  mais  elles  ne 
se  brisent  pas,  et  ne  sont  jamais  couvertes  d'écume,  comme 
on  le  remarque  dans  les  autres  mers.  Ils  leur  donnent  aussi 
le  nom  de  vagues  folles.  Les  marins  qui  fréquentent  ces  pa- 
rages sont  des  Arabes  de  l'Oman  et  de  la  tribu  de  Azd;  lors- 
qu'ils ont  gagné  le  large,  et  qu'ils  montent  et  descendent 
au  gré  de  celle  mer  agitée,  ils  chantent  en  cadence  le  re- 
frain suivant  : 

Berbera  et  Djafouna,  que  vos  vagues  sont  folles  ! 


CHAPITRE  X.  233 

w^05   l«3sjû  o«-»5^  *Xïj  (j^il  wu*Ji  j^^vJi  l<Xi5  ji^J_j  t^V^ 

AjLm    *Ai    OyiS^    iK-,«    vi».!^    gjSyA    ^    iUt^    ^J^   (j^^    OlAj  jjtfVji 

^LC*^    ^\jJ^\jXx£>-  qj  /i\s»-pi  *X)bft  t5j-=fc"i  «X.«<J»<aJi   Oyyfij 

lwÀ.1  A-jU<   JV;  (J^^*^  C^^'  «X^a3.J|  «Xvftj  *x.^l  4^*1 

Djafouna  et  Berbcra  ,  voilà  leurs  vagues. 
Le  ternie  de  leur  course  sur  la  mer  de  Zendj  est  l'île  de  Kan- 
balou ,  dont  nous  avons  déjà  parlé,  et  le  pays  de  Sofalah  et 
des  Wakwaks,  situé  sur  les  confins  du  Zanguebar  et  au  fond 
de  ce  bras  de  nier.  Les  Sirafiens  font  aussi  celle  traversée,  et 
j'ai  moi-même  navigué  sur  celte  mer  en  partant  de  Sendjar, 
capitale  de  l'Oman,  en  compagnie  de  plusieurs  nakhoda,  ou 
pilotes  siraliens,  entre  autres  Mohammed,  lils  de  Zeïdboud 
et  Djewher,  fds  d'Ahmed,  surnommé  Ibn  Sirah;  celui-ci  y 
périt  plus  tard  avec  tout  son  équipage.  Ma  dernière  traver- 
sée de  l'île  de  Kanbalou  à  l'Oman  remonte  à  l'année  3o^. 
J'étais  à  bord  d'un  bâtiment  appartenant  à  Ahmed  et  à  Abd 
es-Samed,  tous  deux  frères  d'Abd  er-Rahim,  fils  de  Djâfar 
le  Sirahen,  habitant  de  Mikan,  qui  est  un  des  quartiers  de 
Siraf,  et  ces  deux  mêmes  personnages,  Ahmed  el  Abd  es- 
Samed,  fils  de  Djâfar,  ont  péri  ensuite  corps  et  biens  dans 


234  LES  PRAIRIES  D'OR. 

^^!j  ^jXâJ\j  jy^]^  f'iJ-^^J  (:J>>û^5^^^^S^^^Î   Cj^  »«Xft 

(j^  U^lo^lâAJ  j-^S^Î  '«^^  ^^^j  ?-îj'i>  ^^  *i^^  tjî  dJ>.cu*.)î 
^Uwî^^,lô..;  li^gj  tL*iJl^.iûj  pçvIaxJî  c.!5XJiJl^  y_j,jCjLi  A_a_:*.\jv> 
A^-yJI  Jl^  ij^jJiS]  y  ^  Ai]  t^i£>  js.A*  AX,\  ^  *|»XxAaJi  ^-s>3 

cette  mer.  Lors  de  mon  dernier  voyage,  l'émir  de  l'Oman 
était  Ahmed,  fils  deHelal,  fils  d'une  sœur  d'el-Kaïtal.  Certes, 
j'ai  navigué  sur  bien  des  mers,  la  mer  de  Chine,  de  Roum, 
des  Khazars,  de  Rolzoum  et  du  Yemen,  j'y  ai  couru  des 
dangers  sans  nombre;  mais  je  n'en  connais  pas  de  plus  pé- 
rilleuse que  cette  mer  de  Zendj ,  dont  nous  venons  de  parler. 
C'est  là  aussi  qu'on  rencontre  le  poisson  nommé  el-owal 
(baleine),  qui  atteint  quelquefois  une  longueur  de  quatre  à 
cinq  cents  coudées  omari,  mesure  usitée  dans  le  pays;  mais 
sa  longueur  ordinaire  est  de  cent  coudées.  Souvent,  par  les 
"temps  de  calme,  il  sort  hors  de  l'eau  l'extrémité  de  ses  na- 
geoires, qu'on  peut  comparer  à  la  grande  voile  d'un  navire; 
par  intervalles ,  il  dresse  la  tête  et  lance  par  ses  ouïes  une  co- 
lonne d'eau  qui  s'élève  au-dessus  d'une  portée  de  flèche. 
Les  marins,  qui  nuit  et  jour  redoutent  son  approche,  heur- 
tent des  morceaux  de  bois  ou  battent  le  tambour  pour  le 
tenir  à  distance.  C'est  à  l'aide  de  sa  queue  et  de  ses  na- 
geoires qu'il  saisit  et  porte  à  sa  gueule  les  poissons  dont  il 


CHAPITRE  X.  235 

i^jJi  (^gi^-  Am«JÎÀJ   t_^Ai.J^jl^Sj5  Jl^j»  »_^ÂiaAi  jjc^Xifc.  Aji>»  y_J^:» 

iiJC^wJt  o«X^  0>^  ^JJ  (<vià.xlî  J^A^I^  Or^  *^'  |J>'  ^^laVii 
«_,*5\II  (j^  lgJiU.I⣠ %^  J!ji/I  ^<Xj  ^\.i  t^SLiU  dLik^îU  iCijj^jïII 

se  nourrit;  il  la  dilate  de  façon  à  ce  que  sa  proie  tombe  au 
fond  de  son  ventre.  Dieu,  pour  réprimer  les  excès  de  ce 
monstre,  dirige  contre  lui  un  poisson  qui  n'a  qu'une 
coudée  de  long,  et  qu'on  nomme  lechk  (peut-être  la  leiche, 
famille  des  squales).  Celui-ci  s'attache  à  la  racine  de  l'oreille 
(évent)  de  la  baleine,  qui,  ne  pouvant  se  débarrasser  de 
son  ennemi, plongeàunegrande  profondeur,  se  heurte  contre 
le  fond  et  finit  par  expirer;  on  voit  alors  son  cadavre  flot- 
ter à  la  surface  de  l'eau,  semblable  à  une  haute  montagne. 
Lorsque  le  poisson  nommé  lechk  s'attache  à  un  bâtiment, 
la  baleine,  malgré  sa  haute  stature,  n'ose  s'aj)procher  du 
navire,  et  prend  la  fuite  à  la  vue  de  ce  faible  ennemi,  dont 
l'attaque  est  toujours  la  cause  de  sa  mort. 

Il  en  est  de  même  du  crocodile,  qui  a  pour  ennemi  un 
petit  reptile  vivant  sur  le  rivage  ou  dans  les  îles  du  Nil  (le 
ncnis,  ou  mangouste).  Le  crocodile  n'ayant  pas  d'orifice  in- 
testinal, ses  aliments  se  convertissent  en  vers  dans  son  es- 
tomac; lorsque  ces  animaux  le  tourmentent,  il  sort  du  lleuve 
et  se  renverse  sur  le  dos,  en  tenant  sa  gueule  béante.  La 
Providence  lui  envoie  alors  quelques  oiseaux  aquatiques, 


236  LES  PRAIRIES  D'OR. 

^J^  i^iy^  i  *.^Jâj  Lt^j  JoUi  dUi  AJL*  Ijibc^l  «XijjkjdaJî 
Jc^Pl  i  owjJ»  «Xi  iCAjjjJl   dJj  y_>Jij  j^vlâxi!  i^jJl  JJi 

comme  le  taïtawi,  le  haçani,  le  chamirek,  etc.  qui,  habi- 
tués à  le  voir  dans  cette  situation ,  dévorent  tous  les  gros 
vers  qui  ont  pris  naissance  dans  le  corps  de  cet  animal.  Le 
petit  reptile,  qui  se  tient  en  embuscade  dans  le  sable,  pro- 
fite de  ce  moment  pour  sauter  dans  son  gosier  et  s'introduire 
dans  l'intérieur  de  son  corps.  En  vain  le  crocodile  se  heurte 
contre  le  sol  et  regagne  le  fond  du  Nil  ;  son  adversaire ,  maître 
de  la  cavité  où  il  s'est  logé,  lui  déchire  l'abdomen  et  sort 
par  cette  ouverture;  il  arrive  souvent  que  le  crocodile  se 
donne  volontairement  la  mort  avant  d'être  délivré  du  rep- 
tile, qui  sort  ensuite  de  son  corps.  Ce  reptile,  qui  n'a  guère 
qu'une  coudée  de  long ,  ressemble  à  la  belette ,  et  il  est  pourvu 
d'un  grand  nombre  de  pieds  et  de  griffes. 

La  mer  de  Zendj  renferme  encore  plusieurs  sortes  de 
poissons,  qui  présentent  les  formes  les  ])lus  variées.  Sans  la 
tendance  qu'a  l'esprit  humain  à  nier  ce  qu'il  ignore,  et  à 
rejeter  tout  ce  qui  soi't  du  cercle  habituel  de  ses  connais- 
sances, nous  pourrions  parler  d'un  grand  nombre  de  mer- 
veilles qu'offre  cette  mer,  des  serpents  et  des  animaux  qu'elle 


CHAPITRE  X.  237 

(jwj   l^^ÀAjj  j,.*.^.<«   j\jji    (j^  kA*^^    iCÀJtX^  <JI    ^,(^iu»,o   ^^ufcAil 

/y^l^     84X£>-^ jL^^   ^jf     i^ÀJtX^    «''-^'^3   r*y^    XÂ^'    )Jâw«  Ull^^i 

*-^t  _J-^J   J^A^  ^U   A.Ai^  ^J-^S  <.^"i^  *!?^-<>*^'j  ^-*^'    *^^^ 
<j>*    »>JOjS-    (j^    *-^-r?ï    i^3  j^~^    CJ-*    ^J^^    ^    tS^J    *-iS»     U^î/*^^ 

y*  o'  y'^3-***^'j  jjibjl:*.^^!  (_jbji  (0^'  *"î?yi  iy=>j^^  y*^^^  t^j^uo 

renferme,  et,  en  général,  de  tous  les  phénomènes  que  re- 
cèlent les  mers. 

Mais  revenons  à  notre  sujet  et  décrivons  les  ramifications 
de  la  mer  d'Abyssinie,  ses  détroits,  les  baies  et  les  langues 
de  terre  qu'elle  forme.  Un  autre  canal,  dérivé  de  la  mer 
d'Abyssinie,  pénètre  jusqu  à  la  ville  de  Kolzoum,  sur  le  ter- 
ritoire égyptien ,  et  à  trois  jours  de  Fostat  (vieux  Caire).  Ce 
canal,  qui  longe  la  ville  d'Eïlah,  le  Hedjaz,  Djeddah  et  le 
Yemen,  a  une  longueur  de  quatorze  cents  milles,  sur  deux 
cents  milles  de  large  dans  sa  moindre  largeur  et  sept  cents 
milles  au  point  de  sa  largeur  extrême.  En  face  du  Hedjaz 
et  de  la  ville  d'Eïlab ,  sur  la  rive  occidentale  de  ce  golfe,  on 
rencontre  le  pays  d'Allaki,  le  territoire  d'Aïdab,  situé  dans 
la  haute  Egypte  et  dans  le  pays  des  Bedjab  ;  puis  vient  le 
pays  des  Abyssins  et  des  nègres,  jusqu'à  l'endroit  où  le  golfe 
rejoint  l'extrémité  inférieure  du  pays  des  Zendjs,  non  loin 
du  pays  de  Sofalah. 


238  LES  PRAIRIES  D'OR. 

jijikAâl  ÎJs^j  ^-v  (ij^-***^^  ^^^  *^<»>*3  lY'y^ j'f'!*^.  ^.jj  tins-* 

^ j-ûJi    ^Jk.5>   Ltf   <i^A£^   iOvjill    ôMjJ)   5^1.^)    ^j^Â^  JSjiJ]    (^XjLa 

iUjJwo^  f***"*  ^^  */^J  cé)Ly^^  t^)^"**^^  V^^^'  O^-*^  W^'j 
i!!5X_j  (^  r*r^!^   XjL)«X_«_j  iLAjljLii  c-jUjIJI  o^J'  W^^  ^^^^^ 

jy^y^  i^  j$j  u^y^^  J«s^L-M(  *j  'éj\ji  0j|  i!î\^  iOJ'  oi^^'»»' 

^.;*.l-*«   (Jl_>   A-i"  M^  itîKj    (j.«jL^v«-iw  iiAJiXX  ^j\x«  jfc-owfftj 

Un  autre  bras  de  la  même  mer  forme  la  mer  Persique, 
qui  s'étend  jusqu'à  Obollah,  les  Barrages  et  Abbadan,  dans 
la  province  de  Basrah.  Ce  golfe  a  quatorze  cents  milles  de 
long,  et  à  son  orifice  il  n'a  pas  moins  de  cinq  cents  milles 
de  large;  mais  en  dilférents  endroits  ses  deux  rives  ne  sont 
qu'à  une  distance  de  cent  cinquante  milles.  La  forme  de  ce 
golfe  est  un  triangle,  dont  le  sommet  est  situé  à  Obollah.  A 
l'est  il  longe  la  côte  du  Fars,  depuis  la  contrée  de  Dawrak 
el-Fours,  la  ville  de  Mahruban,  Siniz  où  se  fabriquent  les 
tissus  brochés  et  autres  étoffes  nommées  siiiizi,  la  ville  de 
Djennaba,  qui  donne  son  nom  aux  étoffes  dites  djennabi. 
la  ville  de  Nadjirem,  qui  dépend  de  Siraf,  et  la  contrée  des 
Beni-Amarah.  On  rencontre  ensuite  la  côte  du  Kerman,  ou 
pays  d'Hormuz ,  ville  située  en  face  de  Scndjar,  dans  l'Oman  ; 
en  suivant  toujours  le  bord  oriental  du  golfe,  on  arrive  dans 
le  Mekran ,  habité  par  les  hérétiques  nommés  Choral;  ce 


CHAPITRE  X.  239 

/o*ji  fj^jS^-*  jXi  ioo'  J<^  (j^^  W^  ^»Xi^J  at^-sJI  m>^j  ^^jS^^ 

<J!   «XjLgj!   Js_:».La«  tK*û-*J  *^  J>^!?*^'   iCÀJ<X-«  (iUlxtf»^   lj»5i  U 

itXx^  (jw«  bpi  U  JoUjj  \j^\à-^  l^lc  liXrs-î^j  !5Xifc.L»A*  (^jv^tnJ! 

(jl^  »j»aJLS  jJjj^Xà.^  jl.^uA»  _^^   (j,x^_j.Àj  ^ij  Jl^î   Sjjjs>-^ 

pays  abonde  en  palmiers.  Après  Tiz  (capitale)  du  Mekran 
commence  le  littoral  du  Sind,  où  sont  les  bouches  du  Meh- 
ran  (Indus),  principal  fleuve  de  cette  contrée,  dont  nous 
avons  fait  mention  précédemment  (voy.  p.  207).  Dans  ces 
parages  s'élève  la  ville  de  Deïboul;  c'est  là  que  la  côte  in- 
dienne se  joint  au  territoire  de  Baroud,  où  l'on  fabrique  les 
lances  dites  haroudi;  enfin  la  côte  se  prolonge  sans  interrup- 
tion, tantôt  cultivée,  tantôt  stérile,  jusqu'en  Chine.  Sur  la 
rive  opposée  aux  côtes  du  Fars,  au  Mekran  et  au  Sind,  se 
trouvent  le  pays  d'el-Bahreïn ,  les  îles  de  Kotor,  le  littoral 
des  Beni-Djodaïmah,  l'Oman,  le  Mahrah  jusqu'au  promon- 
toire de  Djomhamah,  situé  dans  le  pays  d'ech-Chihret  d'el- 
Ahkaf.  Le  golfe  renferme  plusieurs  îles,  telles  que  l'île  de 
Kharek,  nommée  aussi  pays  de  Djennaba,  parce  qu'elle  fait 
partie  de  ce  territoire  et  qu'elle  est  à  peu  de  parasanges  de 
Djennaba;  c'est  dans  cette  île  que  l'on  pêche  les  perles  con- 
nues sous  le  nom  de  khareki.  Telle  est  aussi  l'île  d'Owal,  ha- 
bitée par  lesBeni-Maan,  lesBeni-Mismar  et  plusieurs  autres 


240  LES  PRAIRIES  D'OR. 

tr*  J>j»i  J^  f»^  >"^  (:J;?/^^'  J.j»»U«  y*>w»  (j>Jj  ^-gjyu  t^Jl 

j<»j>j  y*L»Jl  (j^  (3-J^-=*-  ^4^j  iL)UJI  ««Xi&  Jl  &<y.j:f^\^  ^-*^ 

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lil   ,j*,jjLiJl  l^À^  ?-y^  A-^io^VjO»  ^i^lj  Ul^«  *Jia^  >^^^ 

tribus  arabes-,  elle  n'est  qu'à  une  journée  ou  mêmemoins  des 
villes  d'el-Bahreïn.  Sur  cette  côte,  qui  prend  le  nom  de  côle 
de  Hedjer,  s'élèvent  les  villes  de  Zareh  et  d'el-Katif;  à  la  suite 
de  l'île  d'Owal  viennent  plusieurs  autres  îles,  entre  autres 
celle  de  Lafet,  ou  île  des  Beni-Kawan,  qui  fut  conquise  par 
Amr,  fils  d'el-Ass,  et  l'on  y  voit  encore  une  mosquée  qui 
porte  son  nom;  cette  île  est  bien  peuplée,  couverte  de  vil- 
lages et  de  plantations.  Dans  son  voisinage  est  l'île  deHen- 
djam  où  les  marins  font  leur  approvisionnement  d'eau;  non 
loin  de  là  sont  les  récifs  désignés  par  le  dicton  Koçeïr,  Owaïr 
et  un  troisième  (récif)  qui  n'est  pas  moins  funeste  ;  et  enfin  le 
Dordour  (tourbillon)  ou  Dordour  Moçendam,  auquel  les 
marins  donnent  le  sobriquet  d'Abou-Homaïr  (?).  Ces  écueils 
sont  formés  par  de  sombres  rochers,  qui  se  dressent  hors 
de  l'eau;  ils  ne  renferment  ni  végétation  ni  être  animé,  et 
sont  entourés  par  une  mer  profonde,  dont  les  vagues  fu- 
rieuses frappent  d'épouvante  le  navigateur  qui  s'en  approche. 


CHAPITHE  X.  2^1 

tXo   ^  o|hS-^J   (J^'$  :>^Xb_>  (^j^    %.Mà\yX\    a«Xit^   ^^^'C  LJ<3jJ^\ 

^■kflcv.3  IftiiAuj  i  Jj-sfc*xJlj  l_g,_A_A_fi  jUA>i)|  (j-«  <.j-.^>!jJfi 

aKo!    *^j-LiLÎt     jjA-Ls».^    ^gyw^ljLJl    -J^^   t«Xi^    (J>^J    iU.^^   fj^U 

P^Xilij  jlzs!^  iui*AiL^  (j^'j  (:^^/^^'j  «jukâ-Jl^  u^*^  u*:;^^ 

Ces  dangereux  parages,  compris  entre  l'Oman  et  Siraf ,  sont 
sur  la  route  directe  des  bâtiments ,  qui  ne  peuvent  éviter  de 
s'y  engager;  les  uns  y  périssent,  les  autres  s'en  retirent  sains 
et  saufs. 

Celte  mer  ou  golfe  du  Fars,  nommée  mer  Persique, 
baigne,  ainsi  qu'on  vient  de  le  voir,  le  Bahrein,  la  Perse, 
Basrah,  Oman  et  le  Kernian,  jusqu'au  promontoire  de 
Djomhamab.  Elle  est  séparée  du  canal  de  Kolzoum  (mer 
Rouge)  par  Eïlah,  le  Iledjaz  et  le  Yemen,  c'est-à-dire  par 
un  continent  dont  la  largeur  est  évaluée  à  quinze  cents 
milles,  et  qui  est  formé  par  une  langue  de  terre  que  la 
mer  environne  de  presque  tous  les  côtés  ;  nous  en  avons  déjà 
parlé. 

Telle  est  la  configuration  des  mers  qui  baignent  la  Chine, 
l'Inde,  la  Perse,  Oman,  Basrah,  le  Bahreïn,  le  Yemen, 
l'Abyssinie,  le  Hedjaz,  Kolzoum,  le  Zanguebar  et  le  Sind. 
Quant  aux  nombreuses  populations  qui  vivent  dans  leurs 
îles  ou  sur  leurs  côtes,  Dieu  seul  qui  les  a  créées  en  connaît 
I.  16 


242  LES  PRAIRIES  D'OR. 

^â\jM  »)Î^.A>^  So^j  AJ^  :>^  ^^  iUài^  (_A^^  (jâljc«  AAi^ 
ç.1^1  AAJi^  ylS  (_jo;w  0*''"^J  U^'V^'    '*^  c^  ^  »X_j«X_». 

^^^t^^   (j^   Li^*=^^    U    jo    ^l(^  ^1     .iOi^    X^!^^    J.AAâjb    &i«>^i 

Jo  ^<y^  45wJî  Axio*  (j>«  UjUoj  u  r -Jl?  c^'»'"»-^  >^v"  t^«^s? 

le  nombre,  et  pourrait  les  décrire.  Bien  que  chacune  de  ces 
mers  soit  distinguée  par  un  nom  particulier,  elles  ne  forment, 
en  réalité,  qu'une  seule  mer  sans  aucune  interruption.  C'est 
là  que  sont  les  fameuses  pêcheries  de  perles;  on  tire  du  lit- 
toral la  cornaline,  le  madindj  (alamandine) ,  qui  est  une  des 
variétés  du  grenat,  plusieurs  sortes  de  rubis,  le  diamant  et 
le  corendon.  Aux  environs  de  Kalah  et  de  Serirah,  on 
trouve  des  mines  d'or  et  d'argent;  des  mines  de  fer  dans 
le  voisinage  du  Kerman ,  et  du  cuivre  dans  l'Oman.  Ces 
pays  produisent  aussi  différents  parfums ,  des  aromates ,  de 
l'ambre ,  des  plantes  médicinales  et  des  simples ,  le  bois  de 
teck,  un  autre  bois  nommé  darzendji  (Dracœna  ferrea) ,  le  jonc 
et  le  bambou.  Nous  aurons  encore  occasion  d'énuméreravec 
plus  de  détails  les  localités  qui  dépendent  de  cette  mer,  et 
qui  produisent  des  pierres  précieuses,  des  parfums  et  des 
étoffes. 

Cette  mer  est  donc  connue  sous  le  nom  collectif  de  mer 
d'Abyssinie;  mais  ses  subdivisions,  qui  ont  des  noms  parti- 


CHAPITRE  X.  243 

-)-UJl  jj*r^  ^J^\  j^^  jj*jU  j^  Uyts»  tj_*?  I4À-4  .Xs^lj 
j-^j  «îJé'jj*?^  jsjL^I  ^^^  .XjuJi^^j  ^l}\j^^  ^j^jfAjj^^ 

^l_j--«  (;j-»  IflJLsS"  U  L^ÀîsL»  Uj_jX>  j*XxJi^  Ar»-^  (•■'^J'îîJ  -XJkXxxi 

culiers,  comme  la  mer  du  Fars,  la  mer  du  Yemen ,  de  Kol- 
zoum,  d'Abyssinie,  de  Zendj,  deSind,  de  l'Inde,  de  Kalah, 
de  Zabedj  et  de  Chine,  sont  souoiises  à  des  vents  diflerents. 
Ici  le  vent  qui  sort  du  fond  même  de  la  mer  gonfle  et  sou- 
lève les  vagues,  comme  l'eau  d'une  chaudière  placée  sur  des 
matières  combustibles.  Ailleurs  le  vent,  si  redoutable  au  na- 
vigateur, sort  du  fond  et  se  combine  avec  la  brise  de  terre. 
Eniin ,  en  d'autres  lieux  le  vent  souffle  constamment  de  terre 
.  et  ne  provient  pas  du  fond  sous  marin.  Quand  nous  parlons 
du  vent  qui  sort  des  profondeurs  de  la  mer,  nous  entendons 
par  là  les  exhalaisons  engendrées  par  la  terre,  et  qui,  du 
fond  de  l'eau,  montent  à  sa  surface.  Dieu  seul  connaît  la 
réalité  de  ce  phénomène! 

Tous  les  marins  qui  fréquentent  ces  parages  rencontrent 
ces  moussons  dont  ils  connaissent  parfaitement  les  époques. 
Cette  science  est  chez  eux  le  fruit  de  l'observation  et  d'une 
longue  expérience ,  et  ils  se  la  transmettent  par  l'enseigne- 
ment et  la  pratique.  Ils  se  guident  d'après  certains  indices 

16. 


244  LES  PRAIRIES  D'OR. 

(j^  luçvM  Uîj  l<xi^  ^^b^'j  *^^  «^l»*''.^  ''*-'^-*  u'^'  <i  W? 

•pUï    (jÎ   lAjUi«.tj  l^Us»^!   «-^Ijèj  jl^vJl    »»Xift  HJijJUo  Ls.  (j^ 

*lJLl  f-ys^j  y^  Jiy^3  ^J-^  (:5^-**'J  «î^^^J^J  •*'Uî   45-»^*^  ^^  <>^' 

et  phénomènes  particuliers,  pour  reconnaître  l'approche 
d'une  tempête,  les  temps  de  calme  et  les  orages.  Ce  que 
nous  disons  ici  à  propos  de  la  mer  d'Abyssinie  est  également 
vrai  des  marins  grecs  ou  musulmans  qui  parcourent  la  Mé- 
diterranée, et  des  Khazars  de  la  mer  Caspienne  qui  font  la 
traversée  du  Djordjan ,  du  Tabaristan  et  du  Deïlem.  Nous 
donnerons  ailleurs  de  plus  grands  détails  sur  la  théorie  gé- 
nérale des  mers,  leur  description  particulière  et  leur  his- 
toire. Puisse  Dieu,  en  qui  seul  est  la  force,  nous  assister 
dans  notre  œuvre! 


CHAPITRE  XI. 

OPINIONS   DIVERSES  SUB  LE    FLUX  ET  LE    REFLUX;  RESUME 
DES  SYSTÈMES  PROPOSES. 

Le  flux  est  la  marche  naturelle  et  le  cours  régulier  de 
l 'eau  ;  le  reflux  est  le  mouvement  rétrograde  de  l'eau  au  re- 


CHAPITRE  XI.  245 

p^Juil   <J*;;l95    a^-WaJl  j-^Tj  4^«XÀ^Ij  4^i-*AaJl  yS>    ^^  JJl    (ji»-îJI 

oU«ol  iwlj  <JI  As-yu  JU^Jl  (jl  diJi^  vWî  î*>^  J^  oi^'i 
Jm  L^À^  j^juî  <xil  ^^  ^j^  l^  ^^  il  ^)  ^lisvjl  j.^  i;^ 

4^lJ|  jl_sxj|   j^lill  v_ÀAAâJ!^  ^j^-**Jl^  jL^iit  ^jw«  AAJ  <_AAaJL> 

bours  de  sa  marche  régulière,  et  à  l'inverse  de  sa  route  ha- 
bituelle. Ce  phénomène  existe  sur  la  mer  d'Abyssinie,  au- 
trement dite  mer  de  la  Chine  ,  mer  de  l'Inde,  mer  de  Basrah , 
mer  de  Perse,  et  dont  il  a  été  question  dans  le  chapitre  pré- 
céilenl.  Les  mers  se  présentent,  à  cet  égard,  de  trois  ma- 
nières différentes  :  ou  le  flux  et  le  reflux  y  régnent  très-vi- 
siblement, ou  l'action  de  la  marée  est  occulte  et  invisible  à 
l'œil,  ou  bien  encore  elle  est  absolument  nulle.  Dans  les 
mers  qui  n'ont  point  de  flux  et  de  reflux,  l'absence  de  ce 
phénomène  est  due  à  trois  causes,  d'après  lesquelles  ces 
mers  se  subdivisent  elles-mêmes  en  trois  autres  classes.  Pre- 
mièrement, celles  dont  les  eaux  presque  toujours  stagnantes 
s'épaississent ,  s'iniprègnent  fortement  de  sel ,  et  sur  lesquelles 
les  vents  se  chargent  d'exhalaisons.  Tels  sont  ces  amas  d'eaux 
(|ui,  pour  plusieurs  raisons,  forment  comme  des  lacs  dans 
certains  endroits  :  leur  baisse,  en  été,  et  leur  crue,  en  hi- 
ver, dépendent  évidemment  du  tribut  plus  ou  moins  consi- 
dérable qu'y  apportent  les  fleuves  et  les  sources  qui  s'y  jet- 


246  LES  PRAIRIES  D'OR. 

tent.  Deuxièmement,  celles  qui  sont  trop  éloignées  du  cercle 
que  parcourt  la  lune  clans  ses  révolutions ,  pour  pouvoir  en 
subir  l'influence.  Troisièmement  enfin  ,  celles  dont  les  côtes 
sont  coupées  par  de  fréquentes  interruptions;  leurs  eaux, 
n'étant  pas  resserrées  par  des  barrières  continues,  pénètrent 
dans  d'autres  mers ,  ne  forment  plus  une  masse  compacte 
et  unie,  et  les  vents  qui  viennent  de  terre,  soufflant  pro- 
gressivement, exercent  sur  elles  une  influence  victorieuse. 
Ce  phénomène  se  remarque  surtout  dans  les  parages  où  se 
trouvent  des  îles. 

Les  opinions  ne  sont  pas  d'accord  sur  les  causes  du  flux 
et  du  reflux.  Les  uns  lattribuent  à  la  lune  et  disent,  qu'étant 
homogène  avec  l'eau,  elle  la  chaufle  et  la  dilate.  Il  en 
est  exactement  de  même,  ajoutent-ils,  du  feu,  lorsqu'il 
chaufle  et  fait  bouillir  le  contenu  d'une  chaudière.  L'eau, 
qui  n'occupait  d'abord  que  la  moitié  ou  les  deux  tiers  de  la 
chaudière,  étant  une  fois  en  ébullition,  se  dilate,  s'élève  et 
monte  jusqu'à  ce  qu'elle  déborde.  Son  volume  alors  a  dou- 


CHAPITRE  XI.  247 

j-^jûj  r*XjJ^  1^-*^  ^^*i*-'  ^î^-^i  li>îj.jjJî  ^j!j  AjJoû^  (j^ 

jSî^l  jjà^  S-^*^^    ti'  ^X**^    ^Hr^    CJ-*  '<Xs»-ijL^I   J*>OC« 

blé  à  l'œil,  tandis  que  son  poids  a  diminué;  car  c'est  uqe  des 
propriétés  de  la  chaleur  de  dilater  les  corps,  et  une  des 
propriétés  du  froid  de  les  contracter.  Or  le  fond  de  la  mer 
étant  constanmient  à  une  température  assez  élevée,  l'eau 
douce  qui  s'y  engendre  se  transforme  peu  à  peu  et  s'échauffe, 
comme  cela  arrive  dans  les  citernes  et  dans  les  puits.  Cette 
eau,  une  fois  chauffée,  se  dilate  et  augmente  de  volume, 
chacune  de  ses  molécules  se  poussant  et  se  pressant  mutuel- 
lement ;  puis  sa  nappe  s'étend ,  sort  des  profondeurs  de  l'abîme 
et  cherche  un  lit  plus  large  que  le  sien.  Gomme  la  pleine 
lune  communique  à  l'air  une  chaleur  excessive,  l'augmen- 
tation de  l'eau  devient  surtout  sensible  à  cette  époque;  c'est 
ce  qu'on  appelle  la  marée  du  mois.  Lamerd'Abyssinie,  ayant 
son  inclinaison  de  Testa  l'ouest,  se  trouve  sous  le  cercle  de 
l'équateur;  les  sphères  des  planètes  sont  placées  au-dessus 
d'elle,  ainsi  que  les  étoiles  fixes.  Soit  donc  que  les  planètes, 
dans  leurs  révolutions,  se  tiennent  directement  au-dessus 
de  la  mer  pendant  une  partie  de  la  nuit,  soit  qu'elles  s'en 
éloignent  en  effet,  leur  déclinaison  n'estjamais  telle  qu'elles 


248  LES  PRAIRIES  D'OR. 

ajJI  t-oAio  U^  Ail^î  (j^  UÂj  «xJLI  L^a»  (jo)*j  4^t  jl.<_>ii|  ^ 

^UJ!  '<AjJuS,  ù'^X^^jy.  y\^y  t^/à^'  iUjUo  oJlïj    »Ui'^l*«  tJ-« 

*m  ij-«  ^jk^  U  9y=>-j  *J^-*-^  tjt^)Ixc»l  %f^y*  Ax^kj  Qo^'i'î  (3-$ 
^Lm  tf«X^  iLX^  jM.(\«J{  c:aj\^^^  ïJy^  <>Jii\  ^mkh^wjIj  ^Im 

ne  conservent  leur  influence  sur  toute  son  étendue  le  jour 
et  la  nuit.  Il  faut  noter,  en  outre,  que  l'augmentation  de 
l'eau  se  présente  rarement  dans  les  régions  correspondantes 
à  cette  mer  dans  l'autre  hémisphère;  et  dans  les  fleuves  où 
le  flux  a  lieu  d'une  manière  sensible,  on  ne  le  remarque 
que  près  des  côtes,  et  à  cause  des  affluents  qui  s'y  déversent. 
D'autres  disent  au  contraire  :  Si  la  marée  était  due  à  une 
influence  semblable  à  celle  du  feu,  lorsque  chauffant  le  li- 
quide contenu  dans  une  chaudière,  il  le  dilate  et  augmente 
son  volume;  si  l'eau,  débordant,  abandonnant  les  profon- 
deurs de  la  terre  et  y  retournant  ensuite,  comme  poussée 
par  une  force  irrésistible,  se  comportait  exactement  comme 
l'eau  qui,  après  avoir  bouilli  et  s'être  échappée  sous  l'im- 
pulsion incessante  des  molécules  du  feu,  rentre  dans  le 
vaisseau  qui  la  contenait;  ce  phénomène  devrait  surtout 
se  produire  sous  la  chaleur  plus  puissante  du  soleil  :  si  le 
flux  était  déterminé  par  le  soleil,  il  devrait  commencer 
avec  le  lever  de  cet  astre,  tandis  que  le  reflux  coïnci- 
derait avec  son  coucher.  Ils  prétendent  donc  que  le  flux 


CHAPITRE  XI.  249 

\<yjb  ^U  «XaJuv^  xiJvAJ  jjiXjj  V.JU1XJ  (5i.>-  «XJ^Jo  JI^  ^  ^-(/-^^ 

l^jtufl'j  ïbuii^  Jj^jj  "Slu)  jUîj  kiUi  Je*l  cj^j>4  u^J  J^^' 

8^.-:^)  j\.^  JJ^-sXMiO  jMuJ   <9lJ^  w.A<xJl   (JmL^  cî);«X-j  I«X_^^ 

iùii^j^JI  Jjî  l*s-*j  i^cj»-  <xJLI  j.^)  ^^!>*;>  ^^  *^'  Jj'  ^»^y4?  ^î^.^- 

diAj   cytXJjJ   »»JM   Jl   fr^3   <\ifeU^  «^li   iiî  j-iS^Jl  yl    iJJi>^ 

et  le  reflux  doivent  être  attribués  aux  vapeurs  qui  s'en- 
gendrent dans  l'intérieur  de  la  terre,  et  qui,  acquérant 
sans  cesse  plus  de  densité,  exercent  sur  les  eaux  de  celle 
mer  une  pression  violente,  et  les  chassent  devant  elles; 
ce  qui  dure  jusqu'à  ce  que  ces  vapeurs  venant  à  diminuer 
d'intensité,  les  eaux  rentrent  dans  leur  lit  naturel;  et  c'est 
ce  qui  explique  pourquoi  le  flux  et  le  reflux  ont  lieu 
la  nuit  comme  le  jour,  l'hiver  comme  l'été,  que  la  lune 
soit  cachée  ou  visible,  au  coucher  du  soleil  aussi  bien 
(ju'à  son  lever.  Ils  ajoutent  :  L'œil  lui-môme  peut  s'assurer 
de  la  vérité  de  cette  explication,  puisqu'il  est  manifeste  que 
le  reflux  n'a  jamais  atteint  son  ternie  quand  le  flux  com- 
mence, et  que  la  fin  du  flux  n'est  pas  accomplie  quand  le 
reflux  reparaît  déjà.  C'est  que ,  en  effet ,  les  exhalaisons  se  pro- 
duisenl  sans  interruption,  et  qu'à  peine  dissipées,  d'autres 
s'engendrent  à  leur  place;  et  il  ne  peut  en  être  autrement, 
puisque  toutes  les  fois  que  l'eau  descend  et  retourne  dans 
son  lit  ces  vapeurs  s'exhalent  de  la  partie  de  la  terre  xjuiest 


250  LES  PRAIRIES  D'OR. 

lot»  ^  U  Jo  ^jî  cybL»«>Jl  J^\  (j^  fjjjÀ.)  <-^^j    LiKj*tXJ  (Joli 

4.»  >-».Liwgj  iylkâit  <^.4s»L0  ^^  «^U  KjUlaJl  (jàxj  (^^^^Sâ^* 
^^C^-  ^^^  ^^>^^  (j^^*^*  (^'  ow>^'<^  <i^^^  (^^3  Jl»>  «Xaj  if\j>- 

en  contact  avecl'eau.  Ainsi  chaque  retour  de  l'eau  engendre 
les  exhalaisons,  et  chaque  débordement  en  produit  i évapo- 
ra tion. 

Des  hommes  religieux  soutiennent,  au  contraire,  que, 
pour  toutes  ces  choses,  qui  dans  la  nature  n'ont  rien  d'ana- 
logue ni  rien  de  semblable,  il  faut  reconnaître  l'action  di- 
vine, qui  montre  l'unité  et  la  sagesse  de  Dieu;  or  le  flux  et 
le  reflux  n'ont  ni  cause  ni  analogie  dans  la  nature. 

D'autres  comparent  le  soulèvement  des  eaux  de  la  mer 
à  celui  de  certains  tempéraments.  Gomme  vous  voyez  les 
tempéraments  bilieux,  sanguins  ou  autres  s'agiter,  puis  en- 
suite se  calmer;  de  même  certaines  matières,  étendant  suc- 
cessivement la  nappe  des  eaux ,  lui  donnent  une  force  qui 
la  fait  gonfler;  puis  elle  se  calme  peu  à  peu,  et  retourne 
dans  son  lit. 

D'autres  encore,  n'admettant  aucune  des  explications  que 
nous  avons  énumérées,  prétendent  que  l'air  qui  plane  sur 
la  mer  se  transforme  continuellement.  Cette  transformation 


CHAPITRE  XI.  251 

*>s«^  SJ.\  y^Y^  (jo^j^  '^l*  "^^  «>Ovfi  jUj  j-jtfvJl  -pL«  aJo^ 

^L-II  (j^  <_^l«ji>  ô^l^^jw*  JotâJC^jjcÀj  .^  Aijiâ  j.<&j  jv4>  %i^^ 

UyS-Ji  (jl  jy-^.    «XJ»    Aj!^   *L«  J.*rtfi*MO  1j^î_j  î^  J>j<^LiM,j 

jLJô  ii  jJLI  «^Jjf  iLi-ft  ^1  Uîj  viUi  Jyj»  Ja.s^.-**j  ^j\^  u 

augmente  le  volume  de  l'eau,  qui  bouillonne  et  ensuite  dé- 
borde :  c'est  ce  que  l'on  appelle  le  flux.  L'eau ,  à  son  tour,  ve- 
nant à  se  transformer  par  l'évaporation ,  se  change  en  air, 
et  l'eau  retourne  dans  son  lit;  c'est  ce  que  l'on  appelle  le 
reflux.  Ces  deux  phénomènes  se  suivent  sans  interruption 
aucune,  et  tantôt  l'eau  se  transforme  en  air,  et  tantôt  l'air 
en  eau.  Or  il  est  tout  naturel  que  la  marée  soit  plus  forte 
pendant  la  pleine  lune ,  puisque ,  à  cette  époque ,  les  variations 
de  l'atmosphère  sont  plus  considérables  que  jamais.  Ainsi  la 
lune  détermine  une  marée  plus  forte,  mais  non  la  marée 
elle-même,  puisqu'elle  peut  bien  se  montrer  pendant  que 
la  lune  est  en  décroissance,  et  que,  dans  la  mer  de  Perse, 
le  flux  et  le  reflux  ont  presque  toujours  lieu  vers  l'aurore. 

Plusieurs  des  nakhoda,  ou  patrons  de  Siraf  ou  d'Oman, 
qui  naviguent  dans  ces  parages  et  visitent  alternativement 
tous  les  endroits  habités  par  les  tribus  disséminées  dans  les 


252  LES  PRAIRIES  D'OR. 

^j^ùS   ^jjLiwo  i  *Ul   LJo  viUi  ^j\^  tils  j^i  iiL-  JUûJL 
tj  ^jl^  îiU  j-^l  iuU«  ^^yXÀ^J  "ùjS.  UvJmJI  j^^  i  «J^  ^yi 

^  sLaJLî  Jjijj  aaJ^  iU^Us  JlcviJt  v.y^  uAAAoli  i  vy^ 
<_*^_À-JI  i  (j*s<\iJl  ciwl^liî  JJJsJS^  iUJl^wJt  j^js^Jt  i^^s- 

îles  ou  sur  les  côtes  voisines,  prétendent  que  le  flux  et  le 
reflux,  dans  la  plus  grande  partie  de  cette  mer,  se  divisent  en 
deux  saisons;  l'une  d'été,  dansladirection  du  nord-est,  durant 
six  mois;  alors  la  mer  hausse  dans  les  régions  orientales, 
en  Chine  et  dans  les  parages  environnants  où  elle  se  con- 
centre, pour  ainsi  dire,  à  l'exclusion  des  régions  occiden- 
tales; l'autre  d'hiver,  dans  la  direction  du  sud-ouest,  durant 
six  autres  mois.  De  sorte  qu'au  retour  de  l'été,  l'eau  qui 
était  très-haute  dans  les  régions  occidentales  vient  de  nou- 
veau se  concentrer  dans  les  parages  de  la  Chine.  La  mer 
obéit  à  l'action  des  vents.  Lorsque  le  soleil  prend  sa  course 
vers  le  nord,  un  courant  d'air  s'établit  dans  la  direction  du 
midi,  pour  des  causes  que  la  science  explique;  alors  l'eau 
de  la  mer  prend  aussi  celte  direction  méridionale;  c'est 
ainsi  que  pendant  l'été,  sous  l'influence  du  vent  du  nord, 
la  masse  des  eaux  de  l'Océan  s'accumule  et  s'élève  dans  le 
sud,  tandis  qu'elle  diminue  dans  les  mers  septentrionales. 
De  même,  quand  le  soleil  est  au  midi  et  que  le  courant  de 
l'air  a  lieu  du  sud  au  nord,  leau,  suivant  cette  môme  direc- 


CHAPITRE  XI  253 

^jss*  cjy»  *I  »X^  yl  kiUi^  I  Jw»5  l^j^  tr*^*^  V>M^5  JtoiuJl 

tjOl^l  QOJt) ^j_iUI  (3-»l^  (jlï  vy*^jj^  JUw-Jl  *><-«^  JlffuJl 
ii^4  Ji^^^i  *U  v^s*^'  »jJ*>J  «xx-i!^  I_^î  ^J:kfr^  dJjJ 


tion,  quitte  les  régions  méridionales,  poui  venir aflluer  dans 
les  régions  septentrionales.  Or  le  déplacement  des  eaux  de 
la  mer,  dans  ces  deux  directions  septentrionale  et  méridio- 
nale, est  précisément  ce  qu'on  appelle  flux  et  reflux;  car 
il  est  à  remarquer  que  ce  qui  est  flux  au  sud  est  reflux  au 
nord,  et  que  ce  qui  est  flux  au  nord  est  reflux  au  sud.  Quand 
la  lune  vient  à  se  rencontrer  avec  l'une  des  planètes  pendant 
l'un  de  ces  déplacements,  les  deux  actions,  celle  de  la  cha- 
leur et  celle  du  vent,  venant  se  corroborer  mutuellement, 
le  roulement  des  eaux  de  la  mer  sur  le  côté  opposé  à  celui 
où  se  trouve  le  soleil  en  devient  plus  violent.  Cette  opinion, 
que  la  mer  subit  l'influence  du  mouvement  des  vents,  est 
celle  d'el-Kendi  et  d'Ahmed,  fils  d'et-Taib  es-Sarakhsi. 
Voici  ce  ([ue  j'ai  vu  dans  l'Inde,  sur  le  territoire  de  la 
ville  de  Gambaye,  célèbre  par  ses  sandales,  nommées  san- 
dales de  Gambaye,  qui  y  sont  d'usage,  ainsi  que  dans  les 


254  LES  PRAIRIES  D'OR. 

yl^  ijliy^y  ^jI«Xa*m  Jsmù^  J.a^  y «^5  (j^  U-^  ^y  S-tJtS 

i^Uil?  *J^  i*^-^  ^W^  yKîJ-*^^'  «.j*j>i.\-o  (SJ-^^^  cK*J»  Cil-* 

(jvjj  iCjlxio  iuj<X^  (JH3   *^î^  y^-*^'  «-i^  (J?r^  «i^-*^î^^^ 

dUi    (j^   J^l  jl    [J^yi    ^S^  '«^    AJW9   ^/— =?   ^^*>J|  jj^t 

«xJLI  J-S>i    «X_5^  î^-^î-ii^jU»  «Xij   -f^li!  ^À*  v-»^  *^*  (S^^ 

villes  voisines,  telles  que  Sendan  et  Soufareh  (Soufalali). 
J'étais  à  Cambaye  dans  l'année  3o3,  alors  qu'un  brahme 
nommé  Bania  y  régnait  au  nom  du  Balhara,  souverain  de 
Mankir.  Ce  Bania  traitait  avec  la  plus  grande  faveur  les 
musulmans  et  les  sectateurs  d'autres  religions  qui  arrivaient 
dans  son  pays.  La  ville  de  Cambaye  est  située  sur  une  baie 
profonde,  plus  large  que  le  Nil,  que  le  Tigre,  ou  que 
l'Euphrate,  dont  les  bords  sont  parsemés  de  villes,  de  mé- 
tairies, de  champs  cultivés,  de  jardins  plantés  de  cocotiers, 
et  où  se  trouvent  des  paons,  des  perroquets  et  d'autres  es- 
pèces d'oiseaux  de  llnde  qui  habitent  ces  parages.  Entre  la 
ville  et  la  mer  qui  forme  cette  baie  il  y  a  un  peu  moins  de 
deux  journées.  Cependant  le  reflux  s'y  fait  sentir  avec  tant  de 
force, que  Ton  dislingue  sans  peine  le  saille  qui  est  au  fond, 
et  qu'il  ne  reste  que  peu  d'eau  au  milieu  même  du  canal.  Je 
vis  un  chien  couché  sur  ce  sable  que  l'eau  avaii  laissé  à  ser, 


CHAPITRE  XI.  255 

iS^^3  ^jUAij  -ïfîS-^?^  *i  <_<ojJI  liLIUift  ^^.«wj^  j«XjuUI  i5>o^ 

(j^  Xiy,_*_j    %yiioyX\    I^X-fi^^    qJUwJI    C-jL^ÛpI    <ÎÙ^   ?-y-*~^.  (<!^* 

^jUjum  <^i*^  (j-^u  (jbj'^  C5>)^^  ^^  ti'  kiU^Ajft  jiXwwj 

et  qui  ressemblait  à  la  plaine  aride  du  désert.  Tout  à  coup 
le  flux  s'avança  de  l'ouverture  de  la  baie,  pareil  à  une  haute 
montagne.  Le  chien,  s'apercevant  du  danger  qu'il  courait, 
ramassa  toutes  ses  forces  pour  gagner  la  terre  ferme;  mais 
le  flot  rapide  et  impétueux  l'atteignit  dans  sa  course  et  le 
submergea. 

Il  en  est  de  même  de  la  marée  entre  Basrah  et  el-Ahwaz , 
dans  les  parages  appelés  el-Bacian  el  le  territoire  de  Koun- 
dour  (Condol).  Là  on  a  surnommé  eclDib  «le  loup»  les 
mugissements,  les  bouillonnements  et  les  bruits  terribles 
que  fait  entendre  la  mer,  et  qui  effrayent  les  bateliers.  Au 
surplus ,  cet  endroit  est  connu  de  tous  ceux  qui  le  traversent 
pour  aller  dans  le  pays  de  Dawraq  et  la  Perse. 


256  LES  PRAIRIES  D'OR. 

iUJ»:>^(^    A^5uiJU    iÙâJUâli^    »^i>\^    ^yJM^^    *^y\\  j^.     UU 

o^iO»*.''*-  ^^  wîXJi  0^  ,,^lj  t^-A^  <Jijl^^   ^À^^   cKiS*  ^^  î^'^^ 
(^j\_j  U    ^?S^ii  l«X_iÛ    ^    fc*b^_^   ^^Aàî^   j^Uil  j.>?    (jw«  ^<-s? 

CHAPITRE  XII. 

LA  MER  DE  ROHM  (  MÉDITERRANÉE  )  ;  OPINIONS  DIVERSES  SUR  SA 
LONGUEUR,  SA  LARGEUR,  LES  LIEUX  OÙ  ELLE  COMMENCE  ET  OÙ 
ELLE  FINIT. 

La  mer  de  Roum  (Méditerranée)  baigne  Tarsons,  Ada- 
nah,  Massissah,  Antioche,  Latakieh,  Tripoli,  Saida,  Sour 
(Tyr)  et  d'autres  villes  de  la  côte  de  Syrie,  l'Egypte, 
Alexandrie  et  la  côte  du  Magreb.  Plusieurs  auteurs  des 
Tables,  dans  leurs  ouvrages  astronomiques,  comme  Mo- 
hammed fils  de  Djabir  el-Boutani  et  d'autres,  disent  que  la 
longueur  de  cette  mer  est  de  cinq  mille  milles,  et  que  sa 
largeur  varie  de  huit  cents  à  sept  cents  et  même  à  six  cents 
milles  et  moins,  selon  que  la  mer  est  resserrée  par  le  con- 
tinent ou  le  continent  resserré  par  la  mer.  Cette  mer  com- 
mence par  un  bras  qui  se  détache  de  l'Océan,  et  dont  la 


CFIAPITKE  Xll.  257 

f^  (jvX=«-l<M*.Jl  (^j  l  ic>  »  <5Ui7^j  ^^a^*»*J   *«-Jj>/*^^  t**J^'  J^^ 

j.^5«xjL»uj  ij**^'^'^  <-5^-^  *Ti^*^'  ti'  (_j<wJ«x.j>yi  tj-«j  jjMJ«xj,yi  ji 

0\j  ool^^^l  g^^JL'Ot  j.*a^  jUà-I  i  u>Uijl  !«Xi£>  jj^  iw)  L<v» 
*l»l  JjlyiJi  S^Mi^  qAj^!  (jbji^  0*^;-^*  *^î>^  (iJ-^  Jwxiidt 
}^  JOIi  J^>û  UW  ^i  «jL^j  ^J*.U^JI  jU.il  u^Uil 

partie  la  plus  étroite  est  située  entre  la  côte  de  Tanger  et 
de  Ceuta  ,  dans  le  Magreh,  et  la  côte  d'Espagne.  Cet  en- 
droit, connu  sous  le  nom  de  Syta,  n'a  qu'une  largeur 
d'environ  dix  milles,  qu'il  faut  traverser  pour  aller  du  Ma- 
greb  en  Espagne  et  d'Espagne  au  Magreb.  On  le  nomme  62- 
Zohik  >'  le  détroit  ».  Dans  la  suite  de  cet  ouvrage  (quand  nous 
traiterons  de  l'Egypte)  nous  parlerons  du  pont  qui  reliait 
les  deux  côtes  d'Europe  et  d'Afrique,  et  nous  dirons  com- 
ment il  fut  submergé.  Nous  ferons  aussi  mention  du  passage 
qui  existe  entre  l'île  de  Chypre  et  le  territoire  d'el-Arich, 
et  qui  était  fréquenté  par  les  caravanes. 

Au  point  de  jonction  de  la  mer  de  Roum  et  de  l'Océan 
se  trouvent  les  phares  de  cuivre  et  de  pierre  bâtis  par  Her- 
cule le  héros;  ils  sont  couverts  de  caractères  et  surmontés 
de  statues  qui  semblent  dire  du  geste  :  «  11  n'y  a  ni  route 
ni  voie  derrière  nous,  pour  ceux  qui,  de  la  mer  de  Roum, 
voudraient  entrer  dans  l'Océan.  »  En  effet,  aucun  navire  ne 


258  LES  PRAIRIES  D'OR. 

JUj  j^Jjsjiil  tK^Î  (j^  kX=*^  («"fr*-^  ^5j  'j[;  ^j  *■*-*  îj«i^Uï 

jy^Mt>ji  SvAâk.^  iùcuit^  iO^Ux^  (^^i  ^  i(tX^  <3uj  olx*  JaA-<v.Jt 

le  parcourt;  on  n'y  trouve  pas  de  terre  cultivée  et  habitée 
par  des  êtres  raisonnables;  on  n'en  connaît  ni  l'étendue  ni 
la  fin;  on  ignore  le  but  où  elle  conduit,  et  on  la  nomme 
mer  des  Ténèbres,  mer  Verte  ou  mer  Environnante.  On  a 
soutenu  que  ces  phares  ne  s'élevaient  pas  sur  ce  détroit, 
mais  sur  des  îles  de  la  mer  Environnante  situées  près  de  la 
côte.  C'est  une  opinion  assez  généralement  répandue,  que 
celte  mer  est  la  source  de  toutes  les  autres  mers.  On  en  ra- 
conte des  choses  merveilleuses,  que  nous  avons  rapportées 
dans  notre  ouvrage  intitulé,  les  Annales  historiques ,  en  par- 
lant de  ce  qu'ont  vu  les  hommes  qui  y  ont  pénétré  au 
risque  de  leur  vie,  et  dont  les  uns  sont  revenus  sains  et  saufs, 
tandis  que  les  autres  ont  péri.  Ainsi  un  habitant  de  l'Es- 
pagne nonuiié  Khachkhach,  et  natif  de  Cordoue,  réunit  une 
troupe  déjeunes  gens ,  ses  compatriotes,  et  voyagea  aveceux 
sur  l'Océan  dans  des  embarcations  qu'il  avait  équipées.  Après 
une  absence  assez  longue,  ils  revinrent  tous  chargés  de  bu- 


CHAPITRE  XII.  259 

*j>^>^  *i?;«ivAXwi/i  tNJ^*-*  u**^^  ^y^iy^^  T^y^'^i  (•UïJi  ^j».L*( 

^-Ô^JLl    i«XJÎ>    (JSnS^     XAAÀaO    v^  «XJLiU >    iiAAJCtfi    &w>\.>a    /Mii^JiJ^Î 

pU.^s-t    l^i^^LJi   isjut jj^  t^J^ii  (j^^t   JW-  b)5i   JOv* 

tin.  Au  surplus  cette  histoire  est  connue  de  tous  les  Espa- 
gnols. 

Entre  l'endroit  où  ce  phare  est  établi  et  le  point  où  com- 
mencent les  deux  mers,  la  distance  est  longue,  tant  qu'on 
reste  dans  ce  détroit  et  qu'on  est  sous  l'influence  de  son 
courant,  parce  que  l'eau  qui  passe  de  l'Océan  à  la  nier  de 
Rouru  a  un  courant  sensible  et  un  mouvement  considé- 
rable. 

De  la  mer  de  Roum,  de  Syrie  et  d'Egypte  se  détache  un 
canal  d'environ  cinq  cents  milles,  qui  va  rejoindre  la  ville 
de  Rome ,  et  s'appelle  dans  la  langue  du  pays  Adras  (Adria- 
tique). 

Dans  la  mer  de  Roum  il  y  a  beaucoup  d'îles,  comme  celle 
de  Chypre,  entre  la  côte  de  Syrie  et  celle  de  Roum,  Rhodes 
en  face  d'Alexandrie,  l'île  de  Crète  et  la  Sicile.  Nous  par- 
lerons de  cette  dernière  lorsque  nous  traiterons  de  la  mon- 
tagne el-Borkan  (l'Etna) ,  qui  lance  des  feux  accompagnésde 
corps  et  de  matières  considérables. 

Iakoub,  fils  d'Ishak  el-Kendi ,  et  Ahmed,  fils  de  Taib  es- 

'7- 


260  LES  PRAIRIES  D'OR. 

*Aij  Jjs«  i^>\— «^-A-i"  J-»«^'   i  xo^^  J-*^  ^U^  i-aJÎ  ^y^^ 

Sarakhsi,  ne  s'accordent  pas  avec  ce  que  nous  avons  dit 
quand  ils  décrivent  la  longueur  et  la  largeur  de  cette  mer. 
Au  surplus,  nous  en  parlerons  ci-dessous  dans  cet  ou- 
vrage, et  nous  en  donnerons  une  description  d'après  l'ordre 
et  la  disposition  de  ce  livre. 

CHAPITRE  XIII. 

LA  MER  NITAS  (PONTDS),  LA  MER  MAYOTIS  ET  LE  DETROIT 
DE  CONSTANTINOPLE. 

La  mer  Nitas  s'étend  du  pays  de  Lazikah  (Laz)  jusqu'à 
Conslantinopie,  sur  une  longueur  de  onze  cents  milles  et 
une  largeur  qui ,  à  son  origine ,  n'a  pas  moins  de  trois  cents 
milles.  Elle  reçoit  les  eaux  d'un  grand  fleuve,  connu  sous 
le  nom  de  Tanabis  (Don),  et  dont  nous  avons  déjà  parlé. 
Il  a  sa  source  daus  les  régions  septentrionales;  ses  bords  sont 
habités  par  de  nombreux  descendants  de  Jafet,  fils  de  Noé. 
Il  sort  d'un  lac  considérable  situé  au  nord ,  et  formé  par  des 


CHAPITRE  XIII.  261 

iùlxJl  i£^i>  (,j^  ^y3  ^-^j  MN»  yoJajU  j^  (^.aîUaj  i^^l»  «xJ^ 

^]â£.  j^  J.^\    ijsJfcj    ^J*JaaJ^^-^    JI    i-A^aj    (;^Ù5*.    yl*i.iî    I«X4j 

^^.jisÀJ  AÂ^^  Joy»  *jU  iîUàjXj  J^yo  ajUUo  ^i^Is  JjtS?^  *j-iS>; 

sources  nombreuses  et  les  eaux  venant  des  montagues.  Après 
avoir  coulé  l'espace  cVenviron  trois  cent  mille  parasanges, 
au  milieu  d'une  suite  non  interrompue  de  pays  cultivés  ap- 
partenant aux  enfants  de  Jafet,  il  traverse  la  mer  Mayotis, 
suivant  l'opinion  de  plusieurs  personnes  versées  dans  ces 
connaissances,  puis  enfin  se  décharge  dans  la  mer  Nitas. 
C'est  un  cours  d'eau  considérable,  dont  plusieurs  philo- 
sophes anciens  ont  fait  mention.  On  y  trouve  différentes  es- 
pèces de  minéraux ,  d'herbes  et  de  drogues.  H  y  a  des  per- 
sonnes qui  ne  considèrent  la  mer  Mayotis  que  comme  un 
lac,  ne  lui  donnant  en  longueur  que  trois  cents  milles  sur 
cent  milles  de  largeur. 

De  la  mer  Nitas  se  détache  le  canal  de  Constantinople, 
qui  se  décharge  dans  la  mer  deRoum,  après  un  cours  d'en- 
viron trois  cent  cinquante  milles.  Con^itantinople  est  située 
sur  ce  canal  dont  les  bords,  dans  toute  leur  étendue,  sont 
couverts  d'habitations.  La  ville  se  trouve  sur  le  côté  ouest 
et  fait  partie  des  pays  de  l'Occident,  qui  de  ce  détroit  s'éten- 
dent jusqu'à  ceux  de  Rome,  de  l'Espagne  et  autres.  D'après 


262  LES  PRAIRIES  D'OR. 

jl:^l  »  J^  i  «-*5^  (j^^  (^^  JUo^tj  /i^i  (J-*  UsUùsi^i 

l'opinion  des  astronomes  qui  ont  dressé  des  tables,  et  d'autres 
savants  anciens,  la  merdes  Bulgares,  cl  es  Russes,  des  Becljna? 
des  Bedjnak  (Petchenègues)  et  des  Bedjgourd  (Bachkird), 
dont  les  trois  derniers  sont  des  races  turques,  est  la  même 
que  la  mer  Nitas.  Nous  reviendrons  sur  ces  peuples,  plus 
bas  dans  cet  ouvrage,  s'il  plaît  à  Dieu,  à  l'endroit  où  nous 
croyons  devoir  les  mentionner.  Nous  énumérerons  alors 
tous  leurs  établissements,  et  nous  parlerons  de  celles  de  ces 
tribus  qui  naviguent  sur  ces  mers  comme  de  celles  qui  n'y 
naviguent  pas.  Au  surplus,  Dieu  seul  possède  la  science,  et 
il  n'y  a  de  force  qu'en  lui ,  l'être  suprême  et  puissant. 

CHAPITRE  XIV. 

mer  de   bab-el-abwab,  des  khazars  et  de  djordjan  (  mer 
Caspienne)  ;  de  la  place  que  les  mers  occupent  sur  le 

GLOBE. 

La  mer  des  Barbares  (Caspienne)  qui  ont  couvert  ces 


CHAPITHE  \1V  263 

j>-=^^  v'^^'^  t_>LJ!^.^Sj  o3(^jcLl^4*  *ijl4i3-^jLw  ij^  ij*UJIj 

parages  de  leurs  établissements,  est  connue  sous  le  nom  de 
mer  de  Bab-el-Abwab,  mer  des  Kbazars ,  de  Djil  (Guilan) ,  de 
Deïlem,  de  Djordjau,  de  Tabarestan.  Ses  côtes,  qui  sontoc- 
cupéespar  plusieurs  tribus  turques,  se  prolongent  d'un  côté 
jusqu'au  pays  de  Kbarezm  et  du  Kboraçan.  Elle  a  une  lon- 
gueur de  huit  cents  n)illes,  sur  une  largeur  de  six  cents  milles, 
et  représente  à  peu  près  un  ovale  dans  le  sens  de  sa  longueur. 

Nous  donnerons  ci-dessous ,  dans  cet  ouvrage ,  quelques  dé- 
tails sur  les  populations  qui  entourent  ces  mers  si  fréquen- 
tées. Cette  mer,  que  nous  avons  nommée  mer  des  Barbares, 
renferme  dans  son  sein  des  monstres  qu'on  appelle  tenanin, 
dont  le  singulier  est  lennin. 

11  en  est  de  même  de  la  Méditerranée,  où  les  monstres 
marins  sont  en  grand  nombre,  surtout  dans  les  parages  de 
Tripoli  de  Syrie,  de  Latakieh  et  de  la  n)ontagne  el-Akra , 
qui  fait  partie  des  dépendances  d'Antioclie.  C'est  sous  cette 
montagne  que  se  trouvent  les  plus  grands  amas  d'eau  de  toute 
cette  mer;  aussi  est-elle  appelée  par  excellence  le  fondement 


26/1  LES  PRAIRIES  D'OR. 

j._g_j    Cj-vkâ.-*    <X-*-»^    iijiî    J*J*.Uiw  y^^    (jl^sA^s».  j.^j    0*UA^  ^^% 

J»(**xJi  ^i^_5  i^UJî  j^jO  j.^0!  I  jsjfc  <J1  <-r*'*<iJ  ^-tf  (•5;—^'  (j^' 

de  la  mer.  La  Méditerranée  s'étend  jusqu'aux  côtes  d'An- 
tiocbe,  de  Rousis  (Rhosus),  d'Alexandrie,  d'Aias,  de  Hisn 
ei-Motakkab  située  au  pied  du  mont  Lokkam;  elle  baigne 
la  côte  de  Massissa,  où  sont  les  bouches  du  Djihan,  la 
côte  d'Adanah,  où  se  jette  le  Sihan,  et  la  côte  de  Tarsous, 
où  se  jette  l'el-Baredan  (Cydnus),  appelé  aussi  fleuve  de 
Tarsous.  Le  pays  qui  suit  est  privé  de  toute  culture  et  dé- 
sert; il  forme  la  limite  entre  les  terres  des  musulmans  et 
celles  des  Grecs,  du  côté  de  la  ville  de  Kalamieh  jusqu'à 
Chypre,  Candie  et  Karaçia;  puis  on  rencontre  le  territoire 
de  Seloukia  (Seleucia  Trachea)  et  son  grand  fleuve  (Caly- 
cadnus)  qui  s'y  jette  dans  la  mer,  et  toutes  les  places  fortes 
du  pays  de  Roum  jusqu'au  canal  de  Constantinople.  Nous 
passerons  sous  silence  les  nombreux  fleuves  de  cette  région 
qui  versent  leurs  eaux  dans  la  Méditerranée,  tels  que  le  fleuve 
el-Barid,  le  fleuve  el-Arel,  etc.  Les  côtes  de  celte  mer  com- 
mencent au  détroit  dont  nous  avons  parlé  plus  haut,  et  sur 
lequel  est  situé  Tanger,  dont  le  territoire  se  relie  au  littoral 


CHAPITRE  XIV.  265 

^jMk-A_À_J>^    Js_A_^^     iÙj4XAX.W^I     ^^J^     ii3ljt.J!^     ^y^    (.K^^^^ 

du  Magreb;  puis  viennent  la  région  appelée  Ifrikiyah,  es- 
Sous,  Tripoli  de  Barbarie,  Kairowan,  la  côte  de  Barkah , 
er-Rifadeli,  Alexandrie,  Rosette,  Tunis,  Damielle,  la  côte 
deSyrie  et  de  ses  villes  frontières,  la  côte  du  pays  de  Rouin, 
s'étendant  juscju'aux  terres  habitées  par  les  Latins,  puis  se 
reliant  à  la  côte  d'Es[)agnc,  qui  vient  elle-infîme  aboutir 
au  rivage  opposé  à  Tanger,  sur  le  détroit  de  Ceuta,  Sur 
tonte  cette  ligne,  le  continent  et  le  pays  habité,  soit  par 
des  nuisidnians,  soit  par  des  Grecs,  ne  sont  interrompus 
que  par  le  cours  des  fleuves,  par  le  canal  de  Constanii- 
nople,  dont  la  largeur  est  d'environ  un  mille,  et  par  quel- 
.  ques  autres  canaux  qui,  se  déchargeant  dans  la  Méditerra- 
née, ne  pénètrent  pas  bien  avant  dans  les  terres.  Ainsi  donc, 
toutes  les  contrées  riveraines  de  cette  mer  forment  une  suite 
non  interrompue  de  côtes,  se  reliant  entre  elles  sans  inter- 
ruption, sauf  les  échancrures  que  produisent  les  fleuves  et  le 
canal  de  Constantinople.  La  Méditerranée,  avec  les  pays  qui 


266  LES  PRAIRIES  D'OR. 

iv.f-i&l6  -t'Ij^i!  «i  uaJIJax,miI  /»>j  «^UjJt^  iJv^^  /<v(M>i&^  jUxJl 

l'entourent  jusqu'à  ce  détroit  qui  sort  de  l'Océan,  et  où  se 
trouve  le  phare,  puis  la  côte  de  Tanger  et  celle  d'Espagne, 
ressemble  à  une  coupe  dont  le  détroit  sérail  la  poignée.  En 
effet,  une  coupe  figure  assez  exactement  cette  mer,  qui  ce- 
pendant n'est  pas  ronde,  d'après  ce  que  nous  avons  dit  de 
sa  longueur. 

On  ne  connaît  point  de  monstres  marins  dans  la  mer  de 
l'Abyssinie ,  ni  dans  les  golfes  qui  en  dépendent  et  que  nous 
avons  décrits;  mais  ils  abondent  du  côté  de  l'Océan.  Au  sur- 
plus, les  opinions  varient  sur  leur  origine  et  leur  nature.  Les 
uns  pensent  que  le  tennin  est  un  vent  noir  qui  se  forme  au 
fond  des  eaux,  monte  vers  les  couches  supérieures  de  l'at- 
mosphère et  s'attache  aux  nuages,  semblable  au  zouhaah 
(trombe  de  terre) ,  qui  se  soulève  sur  le  sol  et  fait  tournoyer, 
avec  lui  la  poussière  et  tous  les  débris  de  plantes  des- 
séchées et  arides.  Ce  vent  s'étend  sur  un  plus  grand  es- 
pace à  mesure  qu'il  s'élève  dans  les  airs,  de  sorte  qu'en 
voyant  ce  sombre  nuage  accompagné  d'obscurité  et  de  tem 
pètes,  on  a  cru  que  c'était  un  serpent  noir  sorti  delà  mer 


CHAPITRE  XIV.  267 

<^1;  (j-*  /••^À^.j  r^^'  Ls^^j-^^  *yaii  t->l^i^  ijL:à**.Jl  ii_j-*«J 

^i^àS   \^yi^^  U"-*^  ^;;^  tKSr*  j'^>^  (J-*  (^N^^  *^  (j-«  ^^•(V^ 

D'autres  pensent  que  le  tennin  est  un  reptile  qui  vit  dans 
les  profondeurs  de  l'Océan;  devenu  fort,  il  fait  la  guerre  aux 
poissons,  et  alors  Dieu  lui  envoie  les  nuages  et  les  anges, 
qui  le  font  sortir  de  l'abîme  sous  la  forme  d'un  serpent  noir, 
brillant  et  luisant,  donl  la  queue  renverse  sur  son  passage 
les  édifices  les  plus  solides,  les  arbres ,  même  les  montagnes, 
et  dont  le  soufile  seul  déracine  une  multitude  de  troncs  vi- 
goureux. Le  nuage  le  jette  dans  le  pays  de  Yadjoudj  et  Ma- 
djoudj ,  où  il  fait  pleuvoir  sur  lui  une  grêle  qui  le  tue,  après 
quoi  sa  chair  sert  de  nourriture  aux  peuplades  de  Yadjoudj 
et  Madjoudj.  Telle  est  l'opinion  qui  est  attribuée  à  Ibn  Ab- 
bas.  Il  existe  encore  d'autres  opinions  sur  le  tennin.  Les  his- 
toriens et  les  compilateurs  d'anecdotes  fournissent  à  cet  égard 
beaucoup  de  détails  du  même  genre,  que  nous  nous  abstien- 
drons de  mentionner  ici.  Ainsi  les  lennins  seraient  des  ser- 
pents noirs,  vivant  d'abord  dans  les  plaines  et  les  mon- 
tagnes, où  les  torrents  et  les  pluies,    les  surprenant,   les 


268  LES  PRAIRIES  D'OR. 

L^_LjJL>  ^^  (j^-yUJi  (j^  vAA^»  L^lb  jUil  o*k^  jj  jUi^-i^l^ 
iuî:>  j-^.Ij  ^^  ws^Jl  j.A^^  a:cjI*  liJ^ilj  Jov^t  i  <XjtA3  4^«>J'{ 

entraînent  dans  la  mer.  Là,  nourris  des  nombreux  reptiles 
qu'elle  renferme,  leurs  corps  deviendraient  énormes,  et  leur 
vie  d'une  grande  durée.  Celui  de  ces  serpents  qui  aurait 
atteint  cinq  cents  ans  serait  le  maître  de  tous  les  autres 
serpents  de  la  mer,  et  alors  arriverait  ce  que  nous  venons 
de  rapporter  d'après  Ibn  Abbas.  Enfin  il  y  aurait  des  ten- 
nins  noirs  et  d'autres  blancs  comme  le  sont  les  serpents  eux- 
mêmes. 

Les  Persans,  bien  loin  de  nier  l'existence  du  tennin  dans 
la  mer,  prétendent  qu'il  a  sept  têtes  et  l'appellent  adjdu- 
han.  Ils  y  font  souvent  allusion  dans  leurs  récits.  Dieu  seul 
sait  la  vérité  dans  tout  cela.  Au  surplus,  comme  beaucoup 
d'esprits  rejettent  les  histoires  de  ce  genre,  et  que  bien  des 
intelligences  ne  les  acceptent  pas,  nous  ne  nous  risquerons 
pas  à  les  rapporter.  Telle  est  l'aventure  d'Amran,  fils  de 
Djabir,  qui  remonta  le  Nil  jusqu'à  sa  source  et  traversa  la 
mer  sur  le  dos  d'un  animal  qu'il  tenait  fortement  par  la 
crinière.  C'est  un  animal  marin  d'une  telle  dimension,  qu'à 
le  mesurer  seulement  jusqu'à  une  petite  partie  de  ses  jambes , 


CHAPITRE  XIV.  269 

U^  i^b  ^J  CA_)*X»iI  c_>L=fip|  i\jj^&.  ci>lsîj-sfc.  (J-»  (iLJi>  wA^j 
(J-»  ^j^^  ^^j^  (^  j  x^  j^  ^i  ^.â^J!  Ixiw^  i  (_,u&*xJt  (j^  xo 
(j'^M  J»   ij-*  jàs.^^ijXto'^S^  ^<yù\^  j^%^ yis.st^'^S   k^yiUJl 

il  dépasse  le  disque  du  soleil,  depuis  le  commencement  de 
son  lever  jusqu'à  son  coucher.  Le  monstre  avait  la  gueule 
ouverte  dans  la  direction  du  soleil,  comme  pour  l'aspirer. 
Amran  passa  la  mer  en  se  cramponnant  à  la  crinière  de  cet 
animal,  tandis  qu'il  était  en  mouvement;  il  vit  ainsi  l'eau 
du  Nil  venant  du  paradis  et  jaillissant  de  certains  châteaux 
d'or.  Après  avoir  leçu  du  roi  une  grappe  de  raisin,  il  re- 
tourna chez  l'homme  qui  l'avait  vu  partir,  et  qui  lui  avait 
enseigné  comment  il  devait  faire  pour  remonter  à  la  source 
du  Nil;  mais  il  le  trouva  mort.  Ensuite  Amran,  avec  sa 
grappe  de  raisin,  eut  affaire  au  diable.  Ce  récit,  et  d'autres 
plus  merveilleux  encore  inventés  après  coup,  sont  dus  à 
l'imaginalion  des  traditionnistes.  II  en  est  ainsi  d'une  pré- 
tendue coupole  d'or  située  au  milieu  de  la  mer  Verte,  et 
portée  sur  quatre  colonnes  de  rubis  vert,  rouge,  bleu  et 
jaune.  De  ces  quatre  colonnes  suinte  une  grande  quantité 
d'eau  qui  se  répand  dans  la  mer  Verte,  vers  les  quatre 
poinls  cardinaux,  sans  jamais  se  mêler  ni  se  perdre.  Arri- 


270  LES  PRAIRIES  D'OR. 

JlU!  y!  l^j  e>t^J|  ^î;.iî^  U^-^*^V=-  «^^aJÎj  U^'îStS*-  â^i^ 

^JL*AX}\  j\ôJl^  ^U  l^i  -PbL  kiUi  îj.XjiL«3  jj4^  <!OÎj  ^^**  «r^il;?^ 

1«yJLw  liU  ^tl!  .«'b^t  5\.jN»  -^^M^j  3'  **N»  W^  yl***j^l  jj*-^ 

j-Jftj  V^b  "^^  ^^  Ç;*^  J-f^  bjJjï  Uj^^jyil  \j^^  W**>ï? 

vée  aux  côtés  différents  du  iittoral  delà  mer,  cette  eau  forme 
le  Nil,  ailleurs  le  Sihan,  en  un  troisième  lieu  le  Djihan,  et 
enfin  l'Euphrate.  Un  autre  conte  du  même  genre  nous  re- 
présente l'ange  chargé  de  la  surveillance  des  mers,  posant 
le  pied  sur  l'extrémité  de  la  mer  de  Chine;  l'eau  fuit  devant 
lui  en  bouillonnant,  et  il  en  résulte  le  flux;  lorsque  l'ange 
retire  son  pied,  l'eau,  revenant  à  sa  première  place  et  ren- 
trantdansson  lit ,  produit  le  reflux.  C'est  exactement  comme 
un  vase  à  moitié  rempli  d'eau.  Si  l'on  y  place  la  main  ou 
le  pied,  l'eau  monte  jusqu'aux  bords  du  vase;  si  on  les  re- 
tire, elle  rentre  dans  ses  limites.  D'autres  prétendent  que 
l'ange  met  seulement  le  pouce  de  sa  main  droite  dans  la 
mer  pour  produire  le  flux,  et  qu'il  l'en  retire  pour  faire 
naître  le  reflux. 

Les  choses  que  nous  venons  de  raconter  ne  sont  ni  ab- 
solument impossibles,  ni  imposées  à  notre  croyance,  mais 
entrent  dans  la  catégorie  de  ce  qui  est  possible  et  admis- 
sible. Comme  tradition  elles  proviennent  de  simples  indi- 
vidus, et  ne  portent  pas  le  caractère  de  ces  histoires  qui  ont 


CHAPITRE  XIV.  271 

^J\à  JoUll  i  j«XjiW  xnioUil  J-^l^  (fcoiW  &Ar>._^i  jUiwiJI  (J-. 
U  Ji  :>Ux>^i^  l^  j<vLwjJl  <-.«.=?-^  l(}A-<<'  t-oa-jj  Joii:>  ^xi^li 
j_c  /i^yiJ  I4J  J..««ikJIj  xjjtjjMj\  j\j<À^^\  ^j^  UAs  aM{  «...w-a-^I 
^jU  t^^Julî  AÀ«  «B-^^l^j  Uj  »j*Xiê.  J^jiAwpi  x).^>ui  Uj  *M*3 
Ui^  JJi  i  (j-UIl  »j5i>  u  Ujl  UjUïj  «XJii  b^i  U  !«-)  ^ 

U   A^i   Ut   tJ^  y^j   I^VIt^   (^  V^^   t_>UJiî   \ùUb  ^   b:>jjl 

été  transmises  par  une  suite  non  interrompue  d'hommes 
dignes  de  foi,  ni  de  celles  qui  se  sont  répandues  sans  con- 
testation parmi  les  musulmans,  qui  deviennent  obligatoires 
dans  la  théorie  comme  dans  la  pratique,  et  qu'il  n'est  pas 
permis  de  rejeter.  Lorsque  des  traditions  de  cette  espèce  sont 
accompagnées  de  preuves  qui  en  démontrent  la  vérité,  on 
doit  les  accepter  avec  soumission,  et  s'y  conformer;  quant 
aux  récits  contenus  dans  l'Ecriture  et  aux  règles  de  conduite 
qu'ils  nous  tracent,  il  faut  obéir  à  ce  précepte  du  Koran 
(lix,  7)  :  b  Ce  que  le  Prophète  vous  apporte,  acceptez-le  ;  ce 
qu'il  vous  refuse  abstenez-vous-en.  »  Quant  aux  légendes 
que  nous  avons  rapportées,  quoique  dénuées  de  preuves, 
nous  avons  voulu  en  faire  mention  afin  de  bien  convaincre 
le  lecteur  ([ue  dans  ce  livre,  comme  dans  nos  autres  écrits, 
nous  avons  examiné  scrupuleusement  les  faits  que  nous 
avons  recueillis,  et  que  les  sujets  que  nous  y  traitons  ne  nous 
sont  pas  étrangers. 

Quant  aux  mers  qui  se  trouvent  sur  la  partie  habitée  de 
ce    globe,   on    fixe   généralement  leur   nombre  à   quatre; 


272  LES  PRAIRIES  D'OR. 

^•y,  »,  ii j--AJt  l^ijU  iiKxoX,*  w*i.  ^xaiJL/o  iow-w  l^i  ^^  ^w,« 

8«X_iû  jj^^w-A-Jj  l.gj6\jç«  jUa-jii  l«X_.^-Î3  U—*?  l*i*wj  U  U-^^ 
^j*,JaA3  ♦.^S*  (jA'-Î^J'^Sj  J«Aa^  jfe^-*'   ^'^  ^4^  (5^  ^j  2>Uii 

&Môt  U  iU.(v«A,3  (jw^j    -#xUfc.i^  ^j^m  (jjyj    kiUi  jUo^   KAbl^i 

d'autres  en  comptent  cinq,  d'autres  six,  d'autres,  enfin,  en 
reconnaissent  jusqu'à  sept,  toutes  bien  distinctes  les  unes  des 
autres  et  sans  communication.  Nous  citerons  d'abord  la  mer 
d'Abyssinie,  puis  la  Méditerranée,  puis  la  mer  Nitas,  puis 
la  mer  Mayotis,  puis  la  mer  des  Khazars,  puis  enfin  l'O- 
céan, dont  on  ne  connaît  pas  les  limites,  et  qui  est  aussi 
nommé  mer  Verte,  mer  Ténébreuse  ou  mer  Environnante. 
La  mer  Nitas  communique  avec  la  mer  Mayotis ,  et  se  joint 
à  la  Méditerranée  par  le  canal  de  Constantinople  qui  s'y 
décharge.  Comme  nous  l'avons  dit,  cette  dernière  tirant  elle- 
même  son  origine  de  la  mer  Verte,  toutes  ces  mers  ne  for- 
meraient, suivant  cette  description,  qu'une  seule  et  même 
masse  d'eau,  dont  toutes  les  parties  se  relient  entre  elles. 
Toutefois  ces  mers  ni  aucun  de  leurs  affluents  n'ont  de  com- 
munication avec  la  mer  d'Abyssinie. 

Le  Nitas  et  le  Mayotis  ne  doivent  être  qu'une  seule  et 
même  mer,  quoique  le  continent  les  resserre  à  un  certain  en- 
droit, et  qu'il  y  ait  un  canal  qui  les  réunit  l'une  à  l'autre.  Si 


CHAPITRE  \IV.  273 

^j*»JaAj  ^-tfuo  o^u  J^'i^  ^À^  (jj^  ^-?  t_yob.>Lg  s^U^jiAj^  xk* 

..M  •*" 

dans  l'usage  on  a  appelé  Mayotis  la  portion  la  plus  large  de 
cetle  mer,  celle  où  l'eau  est  le  plus  abondante,  el  Nitas  la 
partie  resserrée  et  peu  prolbnde,  il  n'en  est  pas  moins  cer- 
tain que  chacune  de  ces  dénominations  les  désigne  toutes 
deux,  et  si  dans  certains  passages  de  ce  livre  nous  disons 
Mayotis  ou  Nilas ,  nous  entendrons  toujours  par  là  aussi  bien 
!a  portion  large  de  cette  mer  que  celle  qui  est  étroite. 

Bien  des  personnes  ont  avancé,  mal  à  propos,  que  la  mer 
des  Rhazars  communiquait  avec  la  mer  Mayolis.  Quant  à 
moi,  parmi  tous  les  négociants  qui  avaient  parcouru  le  pays 
des  Kbazars  ou  qui  avaient  traversé  la  mer  Mayotis  et  la  mer 
Nitas  pour  se  rendre  chez  les  Russes  et  les  Bulgares,  je  n'en 
ai  vu  aucun  qui  prétendît  que  la  mer  des  Khazars  commu- 
niquât avec  l'une  de  ces  mers,  ou  bien  avec  l'un  de  leurs 
aflluents  ou  des  canaux  cjui  les  réunissent;  elle  n'a  de  com- 
munication qu'avec  le  fleuve  des  Khazars,  ce  dont  nous  par- 
lerons plus  bas,  lorsqu'il  sera  question  du  mont  Kabk  (Cau- 
case ) ,  de  la  ville  d'el-Bab  wel-abwab ,  du  royaume  des  Khazars , 


274  LES  PRAIRIES  D'OR. 

j^jjio  (j^  ô^3li  (jjI  (j^  iJj  dUi  uÀ-9  <^^i5  c>-i*J5^^jya.jsS^o 

et  de  la  manièredont  les  Russes, dans  ieiv^siècle(derhégire), 
pénétrèrent  avec  des  vaisseaux  dans  cette  nier.  Je  sais  aussi 
que  la  plupart  des  auteurs  anciens  ou  modernes  qui  se  sont 
occupés  de  la  description  des  mers  affirment  que  le  canal  de 
Constanlinople,  qui  se  détache  delà  mer  Mayotis,  commu- 
nique avec  la  mer  des  Khazars;  mais  j'ignore  comment  cela 
est  possible  et  sur  quoi  ils  fondent  cette  opinion ,  si  elle  est 
le  résultat  de  leurs  propres  observations,  ou  s'ils  y  ont  été 
conduits  par  l'induction  ou  l'analogie.  Peut-être  aussi  ont- 
ils  confondu  les  Russes  et  les  populations  riveraines  de  la 
mer  Mayotis  avec  les  Khazars.  J'ai  fait  moi-même  le  voyage 
par  mer  d'Abeskoun,  port  du  Djordjan,  au  pays  de  Tabares- 
tan  et  ailleurs,  et  j'ai  interrogé  sans  cesse  à  ce  sujet  tous 
les  négociants  un  peu  intelligents  et  les  patrons  de  navire: 
tous  m'ont  affirmé  qu'il  est  impossible  d'arriver  dans  ces 
parages  autrement  que  par  la  mer  des  Khazars  et  par  la 
voie  que  les  vaisseaux  des  Russes  ont  prise.  Ces  habitants 
de  l'Azerbaidjan ,   d'Erran,  de  Beilakan,   du   territoire  de 


CHAPITKK  XIV.  27r) 


Berdah  et  des  autres  villes;  ceux  du  Deilem,  du  Djebel 
(Irak  persan)  et  du  Tabarestan  avaient  fui  de  ce  côté,  parce 
que  jamais,  de  mémoire  d'homme,  dans  les  temps  passés 
un  ennemi  ne  s'y  était  présenté,  et  que  rien  dans  leur  his- 
toire ancienne  ne  le  leur  rappelait.  Ce  que  nous  avançons 
est  connu  dans  ces  contrées  et  parmi  ces  peuplades,  et  d'une 
notoriété  si  manifeste,  que  personne  ne  songe  à  la  contester. 
Au  surplus,  cet  événement  avait  eu  lieu  dans  le  temps  d'Ibn 
Abi-es-Sadj. 

Dans  certains  ouvrages  attribués  à  el-Kendi  et  à  son  dis- 
ciple es-Sarakhsi,  l'ami  d'el-Moladed  billah,  j'ai  lu  qu'aux 
limites  de  la  terre  habitée,  vers  le  nord ,  se  trouvait  un  grand 
lac  situé  sous  le  pôle  arctique,  et  près  de  ce  lac  une  ville, 
la  dernière  des  régions  connues,  et  qui  s'appelle  Toulieh. 
Il  est  également  faiL  mention  de  ce  lac  dans  l'un  des  traités 
des  Béni  Muneddjim. 

Dans  son  traité  des  mers,  des  eaux  et  des  montagnes, 
Ahmed,  fils  de  Taïb  es-Sorakhsi,  avance,  d'après  el-Kendi, 

18. 


276  LES  PRAIRIES  D'OR. 

aK-jI*  JI  silJj»  (jj^  J^  Jo  L>j>>*^  (O*^^  (3^1^"*  '^  4?^  w^^s-^ 

que  la  Méditerranée  a  six  mille  milles  de  long  à  partir  de 
Sour,  Tripoli,  Antioche,  el-Motakkab,  la  côte  de  Massissa, 
de  Tarsous,  de  Kalamiyeh,  jusqu'aux  phares  d'Hercule,  et 
que  sa  plus  grande  largeur  est  de  quatre  cents  milles.  Nous 
avons  rapporté  en  totalité  l'opinion  des  deux  écoles,  et 
nous  avons  fait  ressortir  la  différence  qui  existe  à  cet  égard 
entre  elles  et  les  auteurs  des  tables  astronomiques,  telle 
que  nous  l'avons  trouvée  dans  leurs  ouvrages  ou  en- 
tendu exposer  par  leurs  partisans.  Mais  nous  laisserons 
de  côté  les  preuves  que  chacun  donne  à  l'appui  de  ses 
opinions,  parce  que  nous  nous  sommes  fait  une  loi  dans 
ce  livre  d'être  bref  et  concis.  Il  en  est  autrement  pour 
les  explications  contradictoires  qui  ont  été  données  par 
les  anciens,  tels  que  les  premiers  Grecs  et  les  philosophes 
des  temps  passés,  sur  l'origine  et  la  formation  primitive  des 
mers.  Bien  que  nous  ayons  traité  ce  sujet  avec  étendue  dans 
le  second  des  trente  livres  qui  composent  nos  Annales  histo- 
riques,  où    nous  avons  exposé  les  différents  systèmes,  en 


CHAPITRE  XTV.  277 

jo^^Jjj  (j^  xJi,  :s[j— ~»i  u^  ljUMI  i *Xi^  Jjs?  yti^ 

Mt.^j<^^  AiljJCï*-^   Jl^iLwiî   <XÀ^  ^^  Uj   /ooUJi   Uû^_jr>-^yi^3l 
jj*»,<\i*.Jt  ylj_j<>v  t:^i^.Ji=».|  li  Àx^,3sJl  (}^^\  iù^jIsjJl  (jl  Jl»  ij-* 

^ijî^_=*l   (j^  W^Lij  Li  ^yoj:^\   ^^:iy^3  ^^_*  jl^i   ^ji   ^^Ij   (j^ 
^À_)  U_5_t^J.:^Jl    y!   ç^\j  ^jjo  (e»^-*-*3  ^^^-^    JUaJ^  jj«».Cu*-îî 

Jb  A^Aiutv»  .îUiJi.   <\jjs.fij   AÀjdaJ  t^^  ^_j*.^<viU.3lj  (jv=>«^yjrf  bfe' 

les  rapportant  à  ceux  qui  les  avaient  imaginés,  nous  ne  pou- 
vonspasnousdispensercl'enprésentericiun  résumé  succinct. 
Les  uns  disent  que  la  mer  est  un  reste  de  rhumidité  pri- 
mitive, dont  la  plus  grande  partie  a  été  desséchée  par  le 
feu,  et  dont  le  surplus  s'est  transformé  sous  l'influence  de 
la  chaleur;  d'autres  soutiennent  que  l'humidité  primitive 
tout  entière  ayant  été  soumise  à  l'action  dévorante  du  so- 
leil dans  ses  révolutions,  toutes  les  parties  pures  en  ont  été 
exprimées,  et  le  reste  s'est  converti  en  une  matière  salée  et 
amère;  d'autres  encore  pensent  que  les  mers  ne  sont  que  des 
sécrétions,  qui  découlent  de  la  terre  brûlée  par  la  chaleur 
du  soleil  accomplissant  autour  d'elle  sa  révolution  constante. 
Quelques-uns  croient  que  la  mer  n'est  autre  chose  que  l'humi- 
dité primitive  dégagée  de  tout  principe  terrestre  et  grossier, 
exactement  comme  l'eau  douce  mélangée  avec  de  la  cendre 
perd  sa  douceur  et  conserve  un  goût  salin,  même  après 
qu'elle  a  été  liltrée.  On  a  prétendu  aussi  que  dans  l'eau  les 
parties  douces  et  salées  étaient  mélangées,  que;  le  soleil  vo 


278  LES  PRAIRIES  D  OR. 

MjSiji,^  aa*  ^y*^^  «yJAS?  tgtXit  5^3-1^  <i^  if^sXxïyj  j)\jio  lii  ^1-* 

^jrj^iJt  i  *JL«  y\^  Uj  IjAj>-  (j,j^  ^î^5  *^  O^îl?^  ^J  ^^y^^ 
(jt  Jla  (J-»  (j*.\.àJÎ  t^y*^  \j^  (J^î?  *j1/^J  Ijljjus»-^)!  y-«  2*iuj  H 
l^j^j^  (jbji^î  j^ii  jjÇr  çj^^.^\  Jî  (>a^  <^t>Ji  pLJLÎ  j^sST 
^<p;iit^  jjol^fl^  (j*<Ulft  ^LiU  ii^^Iâ*Ji  i^À^  dLb  Jl  jltf>  \b>\ 

latilisait  les  parties  douces  à  cause  de  leur  subtilité,  soit 
qu'il  les  absorbât  lui-même,  soit  qu'une  fois  parvenues  à  de 
hautes  régions  où  le  froid  les  condense  et  leur  donne ,  pour 
ainsi  dire,  une  forme,  elles  se  changent  une  seconde  fois  en 
eau.  On  a  avancé  que  l'eau  étant  un  élément,  les  molécules 
qui  se  trouvent  dans  l'air  et  sous  l'action  du  froid  ont  une 
saveur  douce,  tandis  que  les  molécules  qui  restent  à  terre 
contractent  une  saveur  amère,  sous  l'influence  de  la  chaleur 
qui  les  pénètre.  Plusieurs  savants  ont  soutenu  que  la  masse 
d'eau  qui  s'écoule  dans  la  mer ,  soit  de  la  surface  du  sol , 
soit  de  ses  entrailles,  étant  une  fois  arrivée  dans  ce  vaste 
réservoir,  sollicite  partout,  pour  les  absorber,  les  principes 
salins  que  la  terre  décharge  sur  elle.  Les  molécules  de  feu 
que  renferme  l'eau ,  et  la  chaleur  qui  la  pénètre  au  sortir 
de  la  terre,  en  dégagent  les  parties  les  plus  subtiles  et  les 
font  monter  en  nuages  de  vapeurs;  puis  ces  nuages,  selon 
une  loi  rigoureuse  et  constante,  retombent  sous  forme  de 
pluie  dont  l'eau  reprend  une  saveur  amère.  La  terre  lui  don- 


CHAI>ITKE  XIV.  '279 

*-»-*  cMaX>    il^   j^   .«^m    (j^  J^*^:?   u*HV^   J^'    ^^•^    J' J-M^j' 

lil  yî^^-A-sfc.  ^UifiL  -yi  viUi  <îu*»;  <xij  ^àJî  ki^^  tjî  o^^^. 

«^«X-ft  U  A-j*_*  UA-j  JOCs^lî  «XjIJOC^!  i  *;|^  oJjJj  (^JOlit 
y>à  Jiî^  lUî  _j.^^  xi»  Joij  u  oaXii^j,  iù  Jocxit  *Uifti/l  J! 

nant  un  goût  salé  et  le  feu  la  dégageant  de  ses  principes 
doux  et  subtils,  elle  revient  nécessairement  à  sa  première 
amertume.  Il  ne  faut  donc  pas  s'étonner  si  l'eau  de  la  mer 
conserve  toujours  le  même  poids  et  la  même  mesure,  puis- 
que les  parties  subtiles  que  la  chaleur  lui  enlève  se  changent 
en  rosée  et  en  eau  d'où  naissent  les  torrents  qui  cherchent 
les  rigoles,  les  étangs,  et  coulent  dans  les  parties  humides 
de  la  terre,  jusqu'à  ce  qu'ils  arrivent  entin  au  vaste  gouffre 
de  l'Océan.  C'est  ainsi  qu'il  ne  se  perd  absolument  rien  de 
celte  eau,  et  que  les  sources  sont  comme  les  machines  qui, 
puisant  l'eau  d'un  fleuve,  la  versent  dans  une  rigole  d'où 
elle  s'écoule  de  nouveau  dans  ce  fleuve.  On  a  comparé  ce 
phénomène  à  ce  qui  se  passe  dans  le  corps  d'un  être  animé 
au  moment  de  la  nutrition;  sous  l'influence  de  la  chaleur, 
elle  attire  vers  les  membres  les  parties  douces  des  aliments 
consommés,  et  laisse  les  parties  lourdes  imprégnées  de  sel 
et  d'amertume,  telles  que  l'urine  et  la  sueur.  Ces  résidus 
sans  douceur  proviennent  cependant  de  matières  humides 


280  LES  PR/VIRIES  D'OR. 

8^UXt    «><bjv^   iCÀ^J!    9^1^    (^^W^l^    *^^~=?*^   ^  ^^   l«4>Jtj   /w;( 

J^  ^    J\j)k    iiw«    «XX^     SwO    CUJ«£^Ik   ^^^w«    C:jJsjt.»   /.)     l_f»,..w    .^j 

*^^  jsÂ.1  ij\  Ajîj  c^*)  o^  <_>*>ot5l  -pLIIj  IoaJ^jJO  J.Ut 

et  douces  que  la  chaleur  a  rendues  amères  et  salées.  Si  la 
chaleur  interne  croissait  outre  mesure,  l'amertume  aug- 
menterait en  proportion  dans  la  sueur  et  dans  l'urine,  parce 
que  tout  ce  qui  a  été  soumis  à  l'action  de  la  chaleur  devient 
amer.  Cette  opinion  a  été  émise  par  un  grand  nombre  d'au- 
teurs anciens;  mais  on  peut  voir  de  ses  yeux,  par  expé- 
rience, que  toutes  les  matières  humides  et  douées  d'une 
certaine  saveur,  ayant  passé  par  la  cornue  et  l'alambic, 
conservent  dans  leur  sublimé  la  même  odeur  et  la  même 
saveur,  comme  le  vinaigre ,  le  vin  de  dattes ,  la  rose ,  le  safran , 
la  giroflée,  excepté  toutefois  les  matières  salées  qui  changent 
de  goût  et  d'odeur,  surtout  lorsqu'on  les  soumet  deux  fois 
à  l'opération  du  feu  et  de  l'alambic.  L'auteur  de  la  Logique 
(Aristote)  est  entré  dansbeaucoup  de  détails  à  ce  sujet.  Ainsi, 
par  exemple,  il  affirme  que  l'eau  salée  est  plus  pesante  que 
l'eau  douce,  et  il  en  allègue  pour  preuve  que  la  première 
est  trouble  et  épaisse,  tandis  que  l'autre  est  pure  et  limpide. 
Il  fait  encore  remarquer  que  si  l'on  fait  un  vase  de  cire  dou» 


CHAPITRE  XIV.  281 

i  Lj^^  *L>ii|  J^^U  lit  Jcoj  ^5*xJi  *Ul  J^Ji  <X=*j^^l 

j^.    y^    -«^m     aIL»^    U^^    '^'^=*'i    dJ?-*  J-6^   *^î    J^    '^^^WS»-^ 

-»X£:_5   LgJlAoijij  (J^i*^   W*^*^  JUaji^  W^U  iCs>-_j-Lo  ^  A.«ÀÀiî_j 

on  bouche  l'orifice, el  qu'on  le  plonge  dans  la  mer,  on  pourra 
constater  que  l'eau  qui  aura  pénétré  clans  le  vase  sera  douce 
et  légère,  tandis  que  l'eau  qui  entoure  les  parois  extérieures 
du  vase  aura  cru  en  amertume  et  en  salure. 

Toute  eau  courante  est  un  fleuve;  l'endroit  d'où  jaillit 
l'eau  est  une  source;  un  lieu  où  se  trouve  une  grande  quan- 
tité d'eau  est  une  mer. 

On  a  longuement  discuté  sur  la  nature  des  eaux  et  sur 
leur  composition.  Dans  le  deuxième  des  trente  livres  dont 
se  composent  nos  Annales  historicpes,  nous  avons  rap- 
porté tout  ce  qui  a  été  dit  sur  la  mesure  et  l'étendue  des 
mers,  sur  l'utilité  queprésente  la  salure  des  eaux  de  la  mer, 
sur  l'existence  ou  sur  le  manque  de  communications  entre 
ces  mêmes  eaux.  Nous  avons  expliqué  pourquoi  elles  ne 
subissent  ni  augmentation  ni  diminution  apparentes,  pour 
quoi  le  flux  et  le  reflux  sont  plus  sensibles  dans  la  mer 
d'Abyssinie  que  partout  ailleurs.  J'ai  remarqué  que  les  na- 
vigateurs d(>  Siraf  el  d'Onian,  qui  parcoiirtMif  Ic^  mers  de 


282  LES  PRAIKIES  D'OU. 

^^j\jviivAM»-3l  (j^  XA^ij  ^^X%j\j  (j-fr^^  if  r^^^  <XÀ*iJtj  «X.'LgJl^ 

l^  Sl^^^  «r^^'j-l'j^**^^  (J-.-î  U-»^  ^i)^'^  t^ss-j'^î  t_»l;^®î^ 
*UJl  ijhJ^\jXd  <-aj».Lô  ^iijj  [«^^  v:i>;lil  jL  ^^li  ^^jiJ  JXo 
^y:^y  5  J^jls  CJ.>^'^*^  *^^  eb!5\jiJi  *X»j  tiUi^  (^^«^  ^i».l^  (j>. 
•Xa£  i^tXs»^  i4>sJ&  ^^  XytiMOj  Ail^sÀ.  ^'^^  \*o>S-^  (^3p^ 

la  Chine,  de  l'Inde,  de  Sind,  du  Zendj  (Zanguebar),  du 
Yenien ,  de  Kolzoum  et  de  l'Abyssinie ,  n'étaient  point  gé- 
néralement d'accord  avec  les  philosophes,  dont  nous  avons 
retracé  les  opinions,  sur  l'étendue  et  la  mesure  de  ces 
mers;  ils  soutiennent  même  qu'à  certains  endroits,  l'im- 
mensité des  eaux  n'a  pas  de  limites.  J'ai  fait  la  même  ob- 
servation dans  la  Méditerranée,  auprès  des  nawatieh,  ou 
capitaines  des  vaisseaux  de  guerre  et  de  commerce,  au- 
près des  officiers  et  des  pilotes,  enfin  auprès  de  ceux  qui 
sont  préposés  dans  ces  parages  à  la  surveillance  de  la 
marine  militaire,  comme  Lawi,  surnommé  Aboulharis, 
serviteur  de  Zorafah  et  gouverneur,  vers  l'an  3oo,  de 
Tripoli  de  Syrie,  sur  la  côle  de  Damas.  Tous  exagèrent 
la  longueur  et  la  largeur  de  la  Méditerranée,  le  nombre 
de  ses  canaux  et  de  ses  ramifications.  Au  surplus,  cette 
vérité  m'a  été  confirmée  par  Abdallah  ben  Wezir,  gouver- 
neur de  la  ville  de  Djebelah,  sur  la  côte  de  Hems,  en 
Syrie,  homme  qui  passe  aujourd'hui,  en  332  ,  pour  le  plus 


CHAPITRE  XIV.  283 

XAJ  ^«XJtli  ^1^3  AjLtXJl  QJ-»  \jfXs. ySi>  Uj  (^ù^^jjauS[»  9^ 
«X.K_^  :>^^^jLui^  UaX^s  (j^  uàXm  l^  l^jo  l^iXiftUw  Uj  ^jI?)^ 

dLJ«X-i    y;Ï^AAM.iI    (^    C;;>-^i^    «\jiAjl^    (.^*MaÀ}\     LJ^^M    »\X\     ^x» 

4XxJî  Ju«i  JJi  l«X*  U  yt^j^il  iiji  (jJL  *tll  tj^  (^  *J>yi 

entendu  et  Je  plus  habile  marin  de  la  Méditerranée,  puis- 
qu'il n'y  a  pas  un  capitaine  de  bâtiment  de  guerre  ou  de 
commerce,  naviguant  sur  cette  mer,  qui  ne  se  laisse  gui- 
der par  ses  paroles,  et  qui  ne  rende  hommage  à  la  supé- 
riorité de  son  intelligence,  de  son  habileté,  à  son  jugement 
sain,  à  son  expérience  incontestable.  Nous  avons  parlé  dans 
nos  ouvrages  précédents  des  merveilles  de  ces  mers,  et  nous 
y  avons  consigné  les  aventures  extraordinaires  et  périlleuses 
que  les  personnes  mentionnées  plus  haut  nous  avaient  ra- 
contées comme  témoins  oculaires;  plus  tard  nous  donnerons 
encore  quelques  détails  sur  ce  sujet. 

Parlons  maintenant  des  signes  indicateurs  de  la  présence 
de  l'eau  dans  certains  endroits.  C'est  une  opinion  assez 
accréditée  que  partout  où  croissent  des  roseaux,  des 
joncs  et  d'autres  plantes  flexibles,  on  n'a  qu'à  creuser  à  une 
profondeur  peu  considérable  pour  rencontrer  l'eau.  Dans 
toute  autre  condition  il  faudrait  pénétrer  très-avant  dans 
la  terre  pour  la  trouver.  Voici  ce  que  j'ai  lu  dans  le  Livre  de 
l'agriculture  :  «  Celui  qui  veul  savoir  si  l'eau  est  peu  ou  très- 


284  LES  PRAIRIES  D'OR. 

.»X_i  *X~=»-L!  A— i'  *-*-Jji  ^i  9-j^^  iiSt^Xj  j»Xi  ij^'^'  àj-^^^ 

UàAJ  }f>iy*o  «Xiâ.  (jwwvwJI  c;u.jlff  lilr  -o«Àj)  *^*miI_5 j<XJlJÎ  ^JJ■*-AJ^ 
^uXfr  Ofe,^!   dUS  oiAi  iùâA^  ^«XJ»  ij<^  «X.âi>^  Aj^^MikX^  ikJZ^XM 

tf^jùï^  Juuwt  i  I^aS'a.j  ^^jl  (j^'Xj  AXUÛà  Jv»(^*>Jl  dUi> 
Aj  UXjw  ^y»S'  ^jlXJtjJSAaj^  *^»^  fy^^i  ^aA**  u.^^  ciyâ^i  (jls 
j'  (:j:!*i;^  ^'  ^b^  J*^  *'^  0*^^*-^  v|;^^'  *^^'  c^  tiw>-i 

LkS  J^-sfc.î:>   (j^  -«'bi'L  UùaX^  <^>^)j  (ji*  -*'L>i'l  ji;î^  *Àfi  <-J^j-*-^^ 

éloignée  de  la  surface  du  sol,  doit  creuser  ia  terre  à  une 
profondeur  de  trois  à  quatre  coudées.  Il  choisira  un  vase  de 
cuivre  ou  un  bassin  d'argile  ayant  un  large  orifice,  et  gar- 
nira ses  parois  intérieures  d'une  couche  de  graisse  égale  par- 
tout. Au  soleil  couché,  il  prendra  de  la  laine  blanche  cardée 
et  lavée,  et  une  pierre  de  la  grosseur  d'un  œuf  qu'il  enve- 
loppera de  cette  laine ,  de  manière  à  lui  donner  la  forme 
d'une  boule.  Ensuite  il  enduira  les  côtés  de  cette  boule  de 
cire  fondue,  la  fixera  au  fond  du  vase  qu'il  aura  graissé  avec 
de  l'huile  ou  tout  autre  corps  gras,  puis  il  descendra  le  tout 
dans  la  fosse  ;  la  laine  doit  être  bien  attachée  et  fortement 
retenue  par  la  cire,  de  sorte  qu'elle  enveloppe  hermétique- 
ment la  pierre.  Alors  il  jettera  de  la  terre  sur  ce  vase,  et 
l'enfouira  à  la  hauteur  d'une,  deux,  ou  plusieurs  coudées, 
et  le  laissera  ainsi  pendant  toute  la  nuit;  le  lendemain,  avant 
le  lever  du  soleil,  il  ôtera  la  terre  et  enlèvera  le  vase.  Si  ses 
parois  intérieures  sont  parsemées  de  gouttelettes  nombreuses 
ef  rapprochées  les  unes  des  autres,  si  la   laine  est  impré- 


CHAPITRE  XIV.  285 

cjjUjdL»  ^^  ^.«Oaïl»  (jwyvîj  e^jLiLo  jJaJtJ î  fj^  (jU  ,.^ji  yà>^  H^ 

i)^  i^HS-x.^^   ^i^  5Uli  î^  ^bili   t:^j~>^  ^J\^  Jyotj  *Ul   ^jU 

Ail  ^^vxll  !*>Ji  i  <X>.^XjiJt  cjIaJ  /w/fl  ^^jJl    (j<aj»j   ^  c:>«Xs»-^» 
Uà^V*  J.^,!l   *X»=3-3  yljtKtfJi  i^yi  liijJûjLJj   jiJi  J^£  ^>l^l   y^ 
^1  Q   »  ■<  t-^Jj^  *Uiî   (j''â-*'<*^  JJLj  jtXi  tj-*»  c5***-^'   ^^^J  li'_^ 
^^  l.-g-À-*  ^Ul»  (^JsO'  :>l^.j  ii  t^vikii  \KijjM  J^î  »X>j  (jl^ 
(j^_X_J   jli3i    *tlLl_5   Uxis    L>*X^   y_jio  J_jiiî    -«^lii^   Uiji    (J>r«J;i 

gnée  crhiiinidité,  il  laut  en  conclure  que  l'eau  n'est  pas 
éloignée.  Si  les  gouttelettes  ne  sont  pas  groupées  les  unes 
autour  des  autres,  si  la  laine  n'est  que  médiocrement  hu- 
mectée, c'est  une  preuve  que  l'eau  n'est  ni  très-près  ni  très- 
loin;  si  les  gouttelettes  sont  dispersées  à  de  rares  intervalles, 
et  que  la  laine  soit  à  peine  mouillée,  l'eau  doit  se  tenir  à 
une  grande  distance;  mais  s'il  n'y  a  aucune  trace  d'iiumi- 
dilé.  soitdans  le  vase,  soit  sur  la  laine,  ce  serait  peine  per- 
due que  de  creuser  dans  cet  endroit  pour  y  chercher  de  l'eau.  » 
Dans  quelques  exemplaires  du  Livre  de  l'agriculture  j'ai 
trouvé  cet  autre  renseignement  sur  le  même  sujet  :  «Pour 
savoir  si  l'eau  est  à  une  distance  plus  ou  moins  grande,  il 
faut  examiner  attentivement  les  fourmilières.  Si  les  fourmis 
sont  grosses, noires, peu  agiles,  l'eau  est  d'autaut  plus  proche 
qu'elles  sont  plus  lourdes  à  se  mouvoir.  Si  elles  sont  si  lé- 
gères dans  leur  course  qu'à  peine  peut-on  les  atteindre, 
l'eau  doit  être  à  une  distance  de  (|uarante  coudées.  Autant 
dans  le  premier  cas  l'eau  sera  honne  et  douce,  autant  dans 
le  second  elle  sera  pesante  et  salée.  C'est  d'après  cet  indice 


286  LES  PRAIRIES  D'OR. 

^ij_j_ÀJ^  '4^'-?   C:?^*^^  tyjXfljSi 

Ai^jL*  »JwL5  j5tX3  jO-gjJVj  C:J?r*^'  cM^  tjL**j5  i  jj*.IâJ|  çjUj 
Q_>   iJlj  xwjj  U    ^_jj  0j   '^^y  (jJ  J^.^-**»  (j^  J^^  *^^   (J^ 

que  se  guidera  celui  qui  veut  trouver  de  l'eau.  »  Nous  avons 
traité  cette  matière  avec  étendue  dans  nos  Annales  histo- 
riques. Nous  nous  bornerons,  dans  le  présent  ouvrage,  à 
mentionner  brièvement  tout  ce  qu'il  sera  indispensable  de 
faire  connaître.  Après  avoir  traité  des  meis  en  général ,  nous 
parlerons,  s'il  plaît  à  Dieu,  de  l'histoire  de  la  Chine,  et  de 
tout  ce  qui  concerne  ce  sujet. 

CHAPITRE  XV. 

ROIS  DE  LA  CHINE  ET  DES  TURCS;  DISPERSION  DES  DESCENDANTS 
D'AMOUR;  HISTOIRE  BÉSUMÉE  DE  LA  CHINE,  ET  AUTRES  DETAILS 
RELATIFS  À  CE  SUJET. 

On  n'est  pas  d'accord  sur  la  généalogie  et  l'origine  des 
habitants  de  la  Chine.  Plusieurs  disent  qu'à  l'époque  où 
Phaleg,fds  d'Abir,  (ils  d'Arfakhchad,fils  de  Sam,  fils  de  Noé, 


CHAPITRE  XV  287 

l^jLiw  ^y^  <yo^  (jjjj  i^j^'  'ry->  (j^  f»^  (^  <y.A<^j\  ^^  j^^s. 
Jl<>i*JÎ  ocçw  ^^  '.j^'   *^|j  CiT*  fi-^^  f»^*  t^'^  Ij/'**^^  *;-*«^ 

J«aJ^j    ^-J*>Ji    (O'-ÔJ»--*    dUltf    a<X5i    \^j\-*a-3    (jb;^'!    i    Ijj^UiJJjl^ 

Ajî  jXA!l  p^I^jjI  (^^  t5-*-*Jî  J''*—*  J-fi^5^  U**>^-J  J~^^^  y^-»^'*'I^5j 
jjl^iAw    ^.<,.À.«^  t}^=^  z*^-*^ jy»^'5    dlAi'  jj  îjjwiJLiî^  i>^^»AJÎ    (iUj 

partagea  la  terre  entre  les  descendants  de  Noé,  les  enfants 
d'Amour,  fils  de  Soubil,  filsde  Jafel ,  fils  de  Noé,  prirent  la 
direcliou  du  nord-est.  De  là  une  partie  d'entre  eux,  les  des- 
cendants d'Arou,  s'avancèrent  vers  le  nord,  où  ils  se  ré- 
pandirent au  loin  et  fondèrent  plusieurs  royaumes ,  tels  quele 
Deilem,  le  Djil  (Guilan),  le  Teileçan,le  Teber,  leMoukan, 
sans  compter  ceux  fondés  par  les  peuplades  du  Caucase, 
telles  que  les  Lakz,  les  Alains,  les  Khazars,  les  Abkbazes, 
les  Serirs,  les  Kosaks,  et  par  les  autres  nations  dispersées 
dans  ces  contrées,  jusqu'à  Tarrazzobdeh  (Trebizonde),  les 
mers  Mayotis  et  Nitas  d'un  côté,  et  celle  des  Khazars  de 
l'autre  côté,  jusqu'aux  Bulgares,  et  aux  peuples  qui  se  sont 
réunis  à  eux.  D'autres  descendants  d'Amour  traversèrent  le 
fleuve  de  Balkh  (Djeïhoun) ,  et  se  dirigèrent  pour  la  plupart 
vers  la  Chine.  Là  ils  se  répartirent  entre  plusieurs  états,  et 
s'établirent  dans  ces  diverses  contrées,  comme  les  Khot- 
tals,  qui  habitent  Khotlolan  ,  Rouçan,  el-Ochrousneh  et  le 
Sogd,  entre  Bokhara  et  Samaïkaiid;  les  Ferganides,  les  ha- 


288  LES  PRAIRIES  D'OR. 

Jt>5  <^:>îyJ!  î_j-Â.X««j   t^ii^Ljt  jAft  y*,bl  /B.^^  i^ij  ^LuàJl^ 
iLXlU  ^$^  tjU^  «joJ^x  v^^'  (^J  >ijjikJl_5  ^^^-^^  4)^^ 

tr  (^  ^  -«  «X-Âit  ioL<v^5  (^aAjj  (j:^Àji  iiÀAu  _j-£fc^  ÎJvfù  Uji:ij  ^ 

(jj\_iî^_iL  ^jlîliw   fC-^k^^   di-A-Lî    yo    /d«-^-AJj    oi.v»<a,j|    dUi   ^J_j 

bitantsdeCbach,  d'IstidjaJ)  et  du  territoire  trAlfarab.  Ceux- 
ci  fondèrent  des  villes  et  des  bourgs;  d'autres  se  séparèrent 
d'eux  pour  habiter  les  plaines,  comme  les  Turcs,  les  Koz- 
lodjs,  les  Tagazgaz ,  qui  occupent  la  ville  de  Kouchan  (Kao- 
tchang),  située  entre  le  Kboraçan  et  la  Chine,  et  qui  sont 
aujourd'hui,  en  332  ,  de  toutes  les  races  et  tribus  turques,  la 
plus  valeu  reuse ,  la  plus  puissante  et  la  mieux  gouvernée.  Leurs 
rois  portent  le  titre  dlrkhan,  et  .seuls  entre  tous  ces  peuples 
ils  professent  la  doctrine  de  Manès.  Parmi  les  Turcs  il  y  a 
les  Keimaks,  les  Varsaks,  les  Bediyehs,  les  Djariyehs,  les 
Gouzes  (Ouzes),  cjui  sont  les  plus  braves  de  tous,  et  les 
Khozlodjs,  qui  se  distinguent  par  leur  beauté,  leur  haute 
stature  et  la  perfection  de  leurs  traits.  Ces  derniers  sont  ré- 
pandus sur  le  territoire  de  Ferganah,  de  Chach  et  des  en- 
virons. Ils  dominaient  autrefois  sur  toutes  les  autres  tri- 
bus; de  leur  lace  descendait  le  Khakan  des  kbakans,  qui 
réunissait  sous  son  empire  tous  les  royaumes  des  Tuics,  et 
commandait  à  tous  leurs  rois. 


CHAPITF\E  XV.  289 

^^^  \^yX.x>  \jÔ\  iUjo^  d)yJ!  dUU^LM  dLU  j^^  y((5 

^J*JU     vilXo    4^    ^l*JI    i^^SjjÙ\    4_>UAy!^3    (jl^  (^iy^   'iijU> 

l^^S^À^  ajv-I'  i^'  '*i^-'^  ^JJ^i  i  tiJ^—xJl  ylili»-  i'j  Ajl^  (»4^j 

<Xij  *XÀi^-fw  j^li*  i  ^^  cyL«^j  iii^^^-xii  iC^Jv^i  c:^j.iw  «XJL« 

IjoUS^i  JJi  i  t^^-»-Jt_j  iOj^il  »  J^  ^  liLUi  JUcuî  bj5i 
Ai^r^Aj  ci>^ili  «XÀ^5  ^y^^  jy^^      s  '^^  (i^j^  i^^j  la^^i/î 

^\^il   \yi^3   4)^^   U^   ^"^^^  fV'-^^'   v::>;U3i   ^UJl   viL-b 

Parmi  ces  khakans  se  trouvèrent  Afrasiab  le  Turc,  le 
conquérant  de  la  Perse,  et  Chaneh.  Aujourd'hui  les  Turcs 
n'ont  plus  de  khakan  auquel  leurs  autres  rois  obéissent, 
depuis  la  ruine  de  la  ville  d'Amat,  dans  les  déserts  de  Sa- 
markand. Nous  avons  raconté  dans  notre  Histoire  moyenne 
dans  quelles  circonstances  celte  ville  perdit  la  souveraineté. 

Une  fraction  des  descendants  d'Amour  atteignit  les  fron- 
tières de  l'Inde,  dont  le  climat  exerça  une  telle  influence 
sur  eux  qu'ils  n'ont  plus  la  couleur  des  Turcs,  mais  plutôt 
celle  des  Indiens.  Ils  habitent  soit  dans  les  villes,  soit  sous  la 
tente.  Une  autre  portion  encore  alla  se  fixer  dans  le  Thibet 
et  se  donna  un  roi  qui  était  soumis  à  l'autorité  du  khakan; 
mais  depuis  que  la  suprématie  de  ce  souverain  a  cessé, 
comme  nous  venons  de  le  dire,  les  habitants  du  Thibet 
donnent  à  leur  chef  le  titre  de  khakan  ,  en  mémoire  des  an- 
ciens rois  turcs,  qui  portaient  le  titre  de  Khakan  des  kha- 
kans. 

1.  19 


290  LES  PRAIRIES  D'OR. 

^IjJsJI  dlAj  ijjsJaS^  tUùJij  i.:^*^!  dLXj-  jj  î^^^yAX»  (îjvjkiil 
j.^)^\  (,!.>■  Lw  (j7--^_9  W^^^  î^^'-ft  Ld|^.^w  iLffJi£i£.  iuoJv^  dlX^ 

c.L«uMiJl  J^^  jlgjiii  ^^.JUijjUoJl  kiiXj  ^  ^d^l  ^3JjJ  ^-ijy^  iiÀ*»» 

(j_j^_fi  >i  JUj  *1   JsJj   dlXà   vilXiûj  jUvii    Ajtlsj  jl:âEilî   (;«;^_5 

La  majorité  des  descendants  d'Amour  suivit  le  littoral  de 
la  mer  et  arriva  ainsi  jusqu'aux  extrémités  de  la  Chine.  Là 
ils  se  répandirent  dans  ces  contrées,  y  fondèrent  des  habi- 
tations ,  cultivèrent  la  terre ,  établirent  des  districts ,  des  chefs- 
lieux  et  des  villes ,  et  y  prirent  pour  capitale  une  grande  ville 
qu'ils  nommèrent  Anmou.  De  cette  capitale  à  la  mer  d'Abyssi- 
nie  ou  mer  de  Chine,  sur  un  parcours  de  trois  mois  de  dis- 
tance, on  rencontre  une  suite  non  interrompue  de  villes  et 
de  pays  cultivés.  Le  premier  roi  de  ce  pays  qui  ait  résidé 
à  Anmou  fut  Nostartas,  lils  de  Baour,  fds  de  Modtedj,  fils 
d'Amour,  fils  de  Jafet,  fils  de  Noé.  Durant  un  règne  de  plus 
de  trois  cents  ans,  il  répartit  la  population  dans  ces  contrées, 
creusa  des  canaux,  extermina  les  bêles  féroces,  planta  des 
arbres  et  rendit  général  l'usage  de  se  nourrir  de  fruits.  Il 
eut  pour  successeur  son  fils  Aoun.  Ce  prince ,  voulant  té- 
moigner de  sa  douleur,  et  rendre  hommage  à  la  mémoire  de 
son  père,  fit  placer  le  corps  dans  une  statue  d'or  rouge, 
qu'on  posa  sur  un  trône  d'or  incrusté  de  pierreries,  et  qui 


CHAPITRE  XV.  291 

JU«\JI  JJi>:o3^  i  y^i  ''«HS?^  '>v^siV>  lKaj'^  *Jj^  iuJ^ 

^j^«XAxt  >i  JUL)  Ai  jJ^  JJi  viUiû  Aj  iL^M  (jv-*^^  ''^^^  65S>^ 

s<y^  !«X-Aujj  2<ii  *)s>:^%)  (j^-S^  »Jv=»  A-v;-*  (j^j'î»  c-uûjJl  (_j^ 
iuLc^  xu.U*«Jl  0->*«j*.|^  xJÛuf  Joftl  JJ  Js5^  <îooL  *:>  Jj^l 

dominait  son  propre  siège  ;  lui-même  et  ses  sujets  se  proster- 
naient respectueusement  matin  et  soir  devant  cette  image 
qui  renfermait  la  dépouille  mortelle  du  roi.  Après  un  règne 
de  deux  cent  cinquante  ans,  il  mourut  et  laissa  l'empire  à 
son  fds  Aitdoun.  Celui  ci  enferma  aussi  le  corps  de  son  père 
dans  une  statue  d'or  qu'il  plaça  sur  un  trône  de  même  métal , 
au-dessous  du  rang  qu'occupait  son  grand-père;  puis  il  avait 
coutume  de  se  prosterner  d'abord  devant  ce  dernier  et  en- 
suite devant  son  père,  et  ses  sujets  l'imitaient.  Ce  roi  gou- 
verna ses  sujets  avec  sagesse,  les  traita  en  toutes  choses  sur 
le  pied  de  l'égalité,  et  se  montra  juste  envers  tous.  Par  ses 
soins  la  population  et  la  fertilité  du  pays  s'accrurent  dans 
une  large  proportion.  Son  règne  dura  près  de  deux  cents 
ans;  puis  son  fils  Aitnan  lui  succéda.  Ce  prince,  se  con- 
formant à  l'exemple  de  ses  prédécesseurs,  enferma  le  corps 
de  son  père  dans  une  statue  d'or,  et  rendit  toutes  sortes 
d'hommages  à  sa  mémoire. Pendant  son  règne,  qui  fut  d'une 
longue  durée,  il  recula  les  frontières  de  son  pays  jusqu'à 

»9- 


292  LES  PRAIRIES  D'OR. 

c:**)sjs?lj    iiÀAw  .\jUjïjjÎ   (jiiUi  \i  ^j   q.^  vil^ii  ^^aj   »:>^Xj 

JL>Pî   U,Ai  J..^_j   dLUJî  c:**Xi».l5  (jbî_j.r».  ««XJ^   »«X*j    dJXo 

^^Ji  ^  *Xxjj  c^  Itf  JJmî  ^U«  (Ji_5  J.jIj  /fliii  (j5  <Xa^])^ 
yl  <i^5^  '^J-U.î  Jî  iU-u^À^Î  L^[s.^l\^  "SCxA^Î  LîiX^Jl  î*)s-£5Î_j 
JjjSlJlîj  v-ÀJsJvJî^    u^î^il   (jw.  ^X  JO    J,  U  ^uJî   î^j-A^X:*? 

i  <-^j-li  LJ^j^iCLà  i^b)^]^  4^.odaiî_5  j.^î_j„4  cj-»  (^*5^  d  Uv* 

celui  des  Turcs  ses  cousins.  Il  vécut  quatre  cents  ans ,  et  ce  fut 
sous  lui  que  les  Chinois  trouvèrent  plusieurs  de  ces  pro- 
cédés ingénieux  qui  donnent  tant  de  délicatesse  à  leurs  ou- 
vrages. Son  Uls  Haratan,  qui  monta  sur  le  trône  après  lui, 
fit  construire  des  vaisseaux  sur  lesquels  il  embarqua  des 
hommes  chargés  d'exporter  les  produits  les  plus  précieux 
de  la  Chine  dans  le  Sind,  l'Hindostan,  la  Babylonie  et  tous 
les  pays  plus  ou  moins  éloignés  du  littoral  de  la  mer.  Ils 
devaient  offrir  de  sa  part  aux  souverains  de  ces  contrées 
des  présents  merveilleux  et  de  la  plus  grande  valeur,  et  lui 
rapporter,  à  leur  retour,  ce  que  chaque  province  renferme- 
rait de  plus  délicat  et  de  plus  rare  même,  en  fait  de  co- 
mestibles, de  boissons,  d'étoffes  et  de  végétaux.  Ils  avaient 
en  outre  pour  commission  de  s'appliquer  à  connaître  le  gou- 
vernement de  chaque  roi,  la  religion,  les  lois  et  les  cou- 
tumes de  toutes  les  nations  qu'ils  visiteraient,  et  d'inspirer 
aux  étrangers  le  goût  des  pierreries,  des  parfums  et  des  ins- 
truments de  leur  patrie.  Les  vaisseaux  se  dispersèrent  dans 
toutes  les  directions,  parcoururent  les  pays  étrangers,  et 


CHAPITRE  XV.  293 

l 
^J^  iiX'Xjtf  <^  \^:>jj,  kj  »sj  ijj^î  U  i_^«^  ^UU  l^j'^j  ^^' 

(j^     ^jl^  U    ^^    »_jjl^J     A^Ji^    !_J-A-jl^    J^ù^^    (Jt^~K.l    U    /S-^aJI 

lj<«lj5Î^  xJÔiJi  Jdi>\  aaXc  ?^:^  kiU.£ûj  iU^é  (JjiAv  ^J^  \^  m^ 

0jwJ|    ^j-«   cb»X_j>-!^  ^y-^iii    À  -UaawIî  Jl»^j  d).m  itX-iÛ   nA*,î 

exécutèrent  les  ordres  qui  leur  avaient  été  donnés.  Partout 
où  ils  abordaient,  ces  envoyés  excitaient  l'admiration  des 
habitants  par  la  beauté  des  échantillons  qu'ils  avaient  ap- 
portés avec  eux.  Les  princes  dont  les  Etats  étaient  ])aignés 
par  la  mer  firent  aussi  construire  des  vaisseaux  qu'ils  ex- 
pédièrent en  Chine  avec  des  produits  étrangers  à  ce  pays, 
entrèrent  en  correspondance  avec  son  roi,  et  lui  adressè- 
rent des  cadeaux  en  retour  de  ceux  qu'ils  avaient  reçus  de 
lui.  C'est  ainsi  que  la  Chine  devint  llorissanleet  que  le  sceptre 
se  consolida  dans  les  mains  de  ce  souverain.  Il  njourut  après 
un  règne  d'environ  deux  cents  ans.  Ses  sujets,  inconsolables 
de  sa  perte,  portèrent  le  deuil  pendant  un  mois;  puis  ils 
confièrent  leur  sort  à  son  fils  aîné,  qu'ils  prirent  pour  roi. 
Celui-ci,  qui  s'appelait  Toutal,  renferma  le  corps  de  son 
père  dans  une  statue  d'or,  et  suivit,  en  fidèle  imitateur, 
l'exenqjle  de  ses  ancêtres.  Durant  son  règne,  (|ui  fut  pros- 
père, il  introduisît  dans  l'Elal  de  sages  coutumes,  ignorées 
des  premiers  rois.  Il  disait  que  la  seule  base  de  l'enjpirc  était 


294  LES  PRAIRIES  D'OR. 

Oj^j  U'^'^^  J»«^l  (j  *i>is?)Jî  v«  yLy>j».^l  jj  *il»;^t  J«XxJi 

^^H  S-?"*"-?  f*'^-^^  tA^  (**^-**J^  <*-â-f^  i  (j*<UJt  fc-ojj  ^^^ 
(^y^é^s^    u:>IaàjL  l^lfi  bc^àt^  d^^  "^S^sSi  iX_a^  c^>-^^^  Ixas>^ 

iUuS  «_JJ^c  ^^  J^^j  cM^'iSfr'î  *XAAiJ  (jiy^i  iÙl^AJ^i  jL^iiî 
i>\j\  (^^  b^A^  L^^AJ  (_<j>rt.jj  io^Lwùwe  Î^^^^mM  (^IJ^  ^(^  Jots»^ 
Jj^jWI  dl._À_j    »^\_ftl  i  <_,vkaj  aJU  c.^-i  Lu»  SiU*Il*  :>jÀji}\ 

l'équité,  parce  qu'elle  est  la  balance  du  Créateur,  et  que  l'ap- 
plication à  faire  le  bien  ainsi  que  l'activité  incessante  fai- 
saient partie  de  l'équité.  Il  donna  à  ses  sujets  des  distinctions, 
créa  des  degrés  de  noblesse  et  leur  décerna  des  couronnes 
d'honneur.  Il  les  classa  ainsi  suivant  leur  rang,  et  leur  ou- 
vrit à  tous  une  carrière  bien  distincte.  Gomme  il  se  fut  mis 
à  la  recherche  d'un  emplacement  propre  à  la  construction 
d'un  temple,  il  trouva  un  lieu  fertile,  émaillé  de  fleurs  et 
bien  arrosé,  où  il  jeta  les  fondements  de  cet  édifice.  II  y  fit 
apporter  toutes  sortes  de  pierres  de  différentes  couleurs, 
dont  on  bâtit  le  temple  au  sommet  duquel  on  éleva  une 
coupole  garnie  de  ventilateurs  ménagés  avec  symétrie.  On 
pratiqua  des  cellules  dans  la  coupole,  pour  ceux  qui  vou- 
draient se  consacrer  entièrement  au  service  de  Dieu.  Lors- 
que le  tout  fut  achevé,  le  roi  fit  placer  au  faîte  du  monu- 
ment les  statues  qui  renfermaient  les  corps  de  ses  ancêtres, 
et  dit  :  «  Si  je  n'agissais  pas  ainsi,  j'enfreindrais  les  règles 
de  la  sagesse,  et  le  temple  ne  serait  d'aucune  utilité.  »  II  or- 


CHAPITRE  XV.  295 

(•«X^  ^^i— «  A-ils  f»UaiJl  l^j  (^y!^*^Jj  tK-c^i  W-^  t*^^  Wa^^ 
iLvAJLfr  (jà_>l^^  ïLKAy^  A_^Luw  /o— (}-J  <-:^J;<'»  J^^-^^j   ^sUt^iJi 

i.^]j^  L^Xi>^  çjUmJ^I  aj  ^o^  fj\^Mt^ju\  ^j  ^Lomwo  ^mi 
^«J  uy^-s?  J^5y  U-^^  W^  i  uy^j-^  '^=ry>  p;5_^  U-*^ 

l^AJ  c.^  ^  J^iykX-o  Ji  i^yù  /o-^xîli  cjl_yA^  /o-^.*-^  c-A^jîj 

donna  donc  de  vénérer  ces  corps  placés  au  soniniel  de  la 
coupole. 

Ayant  appelé  auprès  de  lui  les  principaux  personnages 
de  rÉlat,  il  leur  dit  qu'il  jugeait  indispensable  de  réunir 
tous  les  peuples  sous  le  joug  d'une  seule  et  unique  croyance 
qui  leur  servirait  de  lien,  et  garantirait  parmi  eux  l'ordre  et 
la  sécurité;  qu'un  empire  où  ne  régnaient  ni  l'ordre  ni  les 
lois  était  exposé  à  toutes  sortes  de  dommages  et  menacé  d'une 
ruine  prochaine.  11  institua  donc  un  code  destiné  à  régir  ses 
sujets,  et  leur  prescrivit  comme  obligatoires  des  règles  de 
conduite  fondées  sur  la  raison.  Il  mil  en  vigueur  la  peine 
du  talion  pour  les  meurtres,  les  blessures,  et  il  jironiulgua 
des  règlements  qui  déterminaient  la  légitimité  des  alliances 
et  Ijxaient  les  droits  des  enfants  qui  en  étaient  issus.  Parmi 
les  lois  qu'il  créa,  les  unes  étaient  obligatoires,  absolues; 
on  ne  pouvait  les  transgresser  sans  crime;  les  autres  étaient 
surérogatoires  et  iacultatives.  Il  prescrivit  comme  un  devoir 
à  ses  sujets  de  se  mettre  en  relation  avec  leur  Créateur  par 
des  prières  tju'ils  lui  adresseraient  à  certaines  lieures  du  jour 


296  LES  PRAIRIES  D'OR. 

!*XÂ=>-  liJJJS  CJLJ-^  bj^  (j'^^'^j'  (^  CL?^  ^J  *^^  (j^^ 
J^^lj  (^j_4A*ÀAâj  (jjJtVj^j  0..g_jl^^\i  iù>b\  (j^  (jl^  Uj  Ijokxtj 

<-Oij3    J.W  J»*^J   t_OÎ_jj3S    *j.i^i_J    0_a^i_5   J^Ck^I    (jnjl^ 

et  de  la  nuit,  sans  toutefois  s'incliner  ni  se  prosterner.  Il  y 
avait  d'autres  prières  annuelles  ou  mensuelles,  dans  les- 
quelles les  inclinations  et  les  prosternations  étaient  de  ri- 
gueur. En  outre  il  institua  des  fêtes  solennelles.  Il  fit  des 
règlements  sur  la  prostitution,  et  astreignit  à  payer  une 
taxe  les  femmes  qui  vivaient  dans  le  désordre,  en  leur  per- 
mettant toutefois  de  se  racheter  par  le  mariage  ou  par  le 
retour  à  des  mœurs  plus  régulières.  Leurs  enfants  mâles  ap- 
partenaient au  roi  comme  soldats  ou  esclaves,  et  les  lllles 
restaient  auprès  de  leurs  mères  et  se  consacraient  au  même 
métier.  Il  ordonna  aussi  qu'on  offrirait  des  sacrifices  dans 
les  temples,  et  qu'on  brûlerait  de  l'encens  en  l'honneur  des 
étoiles,  en  déterminant  d'avance  à  quelles  époques,  et  avec 
quels  parfums  et  quelles  plantes  aromatiques  on  rendrait 
le  culte  à  chacun  des  astres.  Le  règne  de  ce  prince  fut  heu- 
reux; il  mourut,  entouré  d'une  nombreuse  postérité,  à  l'âge 
d'environ  cent  cinquante  ans.  Ses  sujets,  très-aflligés  de  sa 
perte,  placèrent  ses  restes  dans  une  statue  d'or  incrustée  de 
pierreries,  et  bâtirent  en  son  honneur  un  temple  magni- 


CHAPITRE  XV.  297 

y^^  (J-»  ^îyi  xxkm  5^£i  i  \^its^^  \^Jâ,^  "^^^^  *i  îyv^ 

S^jAxs»-^  «_,«J&i   tj-«  ^_jJ   X  If^^iyKm^  If^jyjio  ^^j_yo^   J^-^â-''    ^-^^ 

/yi   ^KjL»     dUjsj    ^jjXaJ    ^Uaji^l     5ÎwJ    CiAAi*.     ^j^    J^-A^l    !i>w£i     jj 

c_>l^_j|  (^  »Ci^ya   ^*i)^^>oj  5wçmJI  '^j  i4.MlA^)Mwj|  ^  tftXx^  ^w> 

Lf-^XàJi    A^Jl^^^ot  ^jjil^si^  t-jUiJlj    y«jAAJljjJSit»«>Jl    i^J  iUjJvit 

^jJOl^^^^l  iCSliXo  (j-«  ^^  w^Ol  (J>^^  W*^^  ^y^^   iiÀjiXvO  ^§^ 
iMrJof  iubtX^  fi'~^3  ^^^  IjL««XJ9  U  c^w^j».  (^  tiUS  (j^ 


fique,  au  sommet  duquel  ils  mirent  sept  pierres  précieuses 
dilTcrentes,  qui  représentaient  la  couleur  et  la  forme  du 
soleil,  de  la  lune  et  des  cinq  autres  planètes.  Le  jour  de  sa 
mort  devint  un  jour  de  prières  et  un  anniversaire  où  l'on  se 
réunissait  dans  ce  temple.  Au  somniet,  en  vue  de  tout  le 
monde,  fut  fixée  une  table  d'or  sur  laquelle  étaient  gravés 
l'image  du  défunt  et  le  récit  de  ses  plus  belles  actions,  pour 
servir  de  modèle  à  tous  ceux  qui,  après  lui,  se  chargeraient 
de  gouverner  les  peuples  et  de  les  policer.  On  grava  aussi 
son  image  sur  les  portes  de  la  ville,  sur  les  pièces  d'or,  sur 
la  menue  monnaie  de  cuivre  et  de  bronze,  qui  était  très- 
abondante,  et  on  l'imprima  sur  des  étoffes. 

Le  siège  du  gouvernement  chinois  fut  définitivement  fixé 
à  Anmou,  grande  ville  située,  comme  nous  l'avons  déjà  dit, 
à  plus  de  trois  mois  de  marche  de  la  mer.  Il  y  a  vers  le 
couchant,  dans  la  direction  du  Thibet,  une  autre  grande 
ville  appelée  Med.  Ses  habitants  sont  conlinuellemenl  en 


298  LES  PRAIRIES  D'OR. 

Jyo  k_i  tii-^  ouùJl  i!5V-j  (jvj^  *X^  :>^  J^l  (jo  *T>=^^ 
^o.^t^>lj  iUia;^^  f^^^  *^^  !  Jviù  «Xxj  l^  ^jj^  dl^il 

jLsfv.J|^^!i  :>3-U^  (^  yiJLp'j  iC3^.iï^  (^y*^J  ^^  f^J*^^  (^ 

v:i\y\^^  i\j  \jSi^^  {jy^^y^-3  ^\k«o^\  ^^«Xaxj  ^^\m^I  ,yxi 

guerre  avec  les  Thibétains.  Les  rois  qui  succédèrent  à  Toutal 
se  virent  sans  cesse  dans  l'état  le  plus  prospère  ;  l'abondance 
et  la  justice  régnèrent  dans  leur  empire,  dont  la  violence 
était  bannie,  car  ces  princes  observèrent  fidèlement  les  lois 
que  leur  prédécesseur  avait  prescrites.  Dans  la  guerre  ils 
furent  victorieux  de  leurs  ennemis;  la  sécurité  régna  sur 
leurs  frontières,  la  solde  fut  régulièrement  payée  à  leurs 
troupes ,  et  les  négociants  de  tous  les  pays  affluèrent  par  terre 
et  par  mer  avec  toutes  sortes  de  marchandises. 

Le  culte  des  Chinois ,  c'est-à-dire  le  culte  ancien ,  n'était 
autre  que  le  culte  samanéen;  il  avait  beaucoup  d'analogie 
avec  les  pratiques  religieuses  des  Koreïchites  avant  l'isla- 
misme, lesquels  adoraient  les  idoles  et  leur  adressaient  des 
prières.  Ces  prières ,  il  est  vrai ,  étaient  adressées  d'intention 
au  Créateur  lui-même;  les  images  et  les  idoles  servaient 
seulement  de  Kiblah ,  ou  de  point  vers  lequel  on  se  tourne 
en  priant.  Mais  les  ignorants  et  les  gens  sans  intelligence 
associaient  les  idoles  à  la  divinité  du  Créateur,  et  les  ado- 


CHAPITUE  XV.  299 

-L^L-^oiJI  A^jiU*  ylj  Ujçt  U*)yut)j  t^JLil  iiAi^iJL  j.UA3:iiI 

»i>Uc  (j^t  o'a*^»^'  »^W*^'  «î  (*'€^J>^  u'^  (^J  ^^  <^'  (*^t/*^' 

«U/to^i  SJs^  ^()^,:>Ia£  ^f^  .XjlixLw^  ^^l^gj  AjJ!)\^  (0^-!^t 
A-aJuC  UyMMj».   ^^  J^'UUî   «iUe^  J-^î^  ■«'|;>yi   d  <iUi>  J^ 

ilî     Î^^^JàUjj     Î^^JL^^     A^]|_yS».|     ^^jjfjù^     A.^}ooijÀ.J    «XÂ^Ji     f»i_5i* 

(jM*  Là.a)«XJ»  L(yMb»-  ^  j.£j)jUai)  di.Juj(  J^^oXj  ^J(Lo^  l««XJiAXt 
l^^fe'  iXJjj  iCMiJl^  jyJL  Jyiilj  -JUjUii  c-Ai£>*k-«  -PiUu^l 

raient  également.  Le  culte  des  idoles  était  une  manière  de 
s'approcher  insensiblement  de  Dieu,  et,  bien  que  cette  ma- 
nière de  le  servir  fût  une  dérogation  à  la  majesté,  à  la  gran- 
deur et  à  la  puissance  du  Créateur,  le  culte  rendu  à  ces 
idoles  n'était  cependant  qu'une  marque  de  soumission  et  un 
intermédiaire  pour  s'élever  jusqu'à  la  divinité.Il  en  était  ainsi 
en  Chine,  jusqu'à  ce  que  les  théories,  les  systèmes  des  sectes 
dualistes  et  des  innovateurs  se  fissent  jour.  Avant  celte  époque, 
les  croyances  et  les  opinions  des  Chinois,  ainsi  que  le  culte 
qu'ils  rendaient  aux  idoles,  étaient  conformes  aux  idées  et  aux 
pratiques  religieuses  de  toutes  les  classes  de  la  population 
dans  l'Inde.  Quelque  considérables  que  fussent  les  chan- 
gements qui  s'opérèrent  dans  leur  état  social,  quelque  nom- 
breuses que  fussent  chez  eux  les  discussions  soulevées  par 
l'esprit  d'investigation,  ils  se  conformèrent  toujours  dans 
leurs  décisions  juridiques  aux  anciennes  lois  qu'ils  tenaient 
de  la  tradition.  Leur  royaume  est  contigu  à  celui  des  Ta- 
gazgaz,  qui,  comme  nous  l'avons  dit  plus  haut,  sont  mani- 
chéens et  proclament  l'existence  simultanée  des  deux  prin- 


300  LES  PRAIRIES  D'OR. 

A^^  Uy^  /e-gJ  Oj-à.;^  iUjlAil  (jvJaU^  (j-»  yUa^^i  ^e^  «j 
iL-^P^  *^^S=*"j  c;yj-«  (j^  /ui  U^j  ^\.*îl  5«XJÛ  jj  U  iiUàj'  Xaj 
JLxa-j'îj  (jjl^^_A_iî_5  c.l.«\_>ij  [«^iVJô^  ■*'^^_j  ,)^J  •ï^Llffj  -Uaw^ 
«^î^  J-f^^J^J  cK^^  f»*^^  ^y?'ii  VJLJ^J  OaH**-?  J^-'-aiji^j 

Ak_jJi^  jlàJs!^  ^jo^-*-?  u^  ^y^s  (^jUoUîi  tj^  (j'y^=^ 

cipes  de  la  lumière  et  des  ténèbres.  Ces  peuples  vivaient 
dans  la  simplicité  et  dans  une  foi  semblable  à  celle  des  races 
turques ,  lorsque  vint  à  tomber  parmi  eux  un  démon  de  la 
secte  dualiste,  qui,  dansunlangageplein  de  séduction,  leur  fit 
voir  deux  principes  contraires  dans  tout  ce  qui  existe  au 
monde  :  comme  la  vie  et  la  iiiort ,  la  santé  et  la  maladie,  la  ri- 
chesse et  la  pauvreté,  la  lumière  et  l'obscurité,  l'union  et  la 
séparation,  la  jonction  et  la  scission,  le  levant  et  le  cou- 
chant, l'être  et  le  néant,  la  nuit  et  le  jour,  etc.  Puis  il  leur 
parla  des  incommodités  diverses  qui  atteignent  les  êtres  rai- 
sonnables, les  animaux,  les  enfants, les  idiots,  les  fous,  et  il 
ajouta  que  Dieu  ne  pouvait  pas  être  responsable  de  ce  mal, 
qu'il  y  avait  là  une  contradiction  choquante  avec  le  bien 
qui  distingue  ses  œuvres,  et  qu'il  était  au-dessus  d'une  pa- 
reille imputation.  Par  ces  subtilités  et  d'autres  semblables, 
il  entraîna  les  esprits  et  leur  lit  adopter  ses  erreurs.  Aussi 
longtemps  que  le  prince  régnant  en  Chine  était  samanéen  et 
sac:  ifiail  des  animaux,  il  était  en  guerre  continuelle  avec  l'Ir 


CHAPITRE  XV.  301 

viLL*  (jl<  lil^  ^1^  U^^^  '^y^^  t-v=^Lo  (j^^  \Àxj  cjj^ 

iUJijIj  t*^"^^  »Ia^JlÎI  <_A^aj  ^  J*XxH  (;jJ»-*«j  JJuJi  iU-kaï  /wC 
JoljJi^î  cl^WjJj  V>*^  (J^'*^^'  J»^'^  ^-^  <i'  r*'^'^  (Jp!>^ 

khan,  roi  des  Turcs;  mais  depuis  qu'il  est  dualiste,  ils  vivent 
en  bonne  intelligence.  Malgré  la  diversité  de  leurs  opinions  et 
de  leurs  croyances,  les  rois  de  la  Chine  ne  cessaient  de  secon- 
lornier  aux  jugements  de  la  saine  raison  dans  le  choix  qu'ils 
faisaient  des  juges  et  des  gouverneurs,  et  les  grands  comme 
les  petits  se  réglaient  d'après  les  principes  de  la  sagesse. 

Les  Chinois  se  divisent  en  tribus  et  en  branches,  comme 
les  Arabes,  et  leurs  généalogies  présentent  autant  de  ramifi- 
cations. Ils  en  font  grand  cas  et  les  conservent  précieusement 
dans  leur  mémoire,  au  point  que  quelques-uns  remontent 
par  près  de  cinquante  générations  jusqu'à  Amour.  Les  gens 
d'une  tribu  ne  se  marient  pas  entre  eux.  C'est  ainsi  qu'un 
homme  de  Modar  épouserait  une  femme  de  Rebiah,  ou  un 
homme  de  Rel)iah  une  femme  de  Modar,  qu'un  descendant 
de  Kahian  s'unirait  à  une  fenune  de  Ilimiar,  et  un  homme 
de  Ilimiar  à  une  femme  de  Kahhui.  Les  Chinois  prétendent 
que  le  croisement  des  races  donne  une  progéniture  plus 


302  LES  PRAIRIES  D'OR. 

^l^-ûJl  JS^\  IL)  ovAaJùlj  -UâjJî  iXj  Jî)  J^t  wilUl  À  ci>Jsj». 
kjj)   \ju\i  ^j\^  iùUOji^  (jvaXSj  (:5^Àjit  kkMi  yJb^  \iyjb  lÂXi»^  (jl 

À    JLJLj    (JV-AûJI     y<X^    O^aXJ    jj    (jl^   liLUi    OCAJ  jiA^    (J-»    /B-giAi 

s^L£«X-J{  J^t  ^x!t  ^^f^-i  iuAx!!  c^^ikj  C.j)»£  u^   y^l? 
AJÎ^  «>^5l>  Jj4-  -^J»^  iiXi^jjuJsJiJi  vkj'j  ^^^^  ^^j^JlûJlj 

saine,  un  corps  plus  solide,  une  vie  plus  longue,  une  santé 
plus  robuste  et  d'autres  avantages  encore. 

La  situation  de  la  Chine  resta  dans  un  état  de  prospérité 
continuelle,  grâce  aux  sages  institutions  des  anciens  rois, 
jusqu'à  l'année  264-  Depuis  cette  époque  jusqu'à  nos  jours 
(  3  3  2  ),  il  y  est  survenu  des  événements  qui  ont  troublé  l'ordre 
et  renversé  l'autorité  des  lois.  Un  intrus  nommé  Yanchou , 
qui  n'était  pas  de  la  famille  royale,  et  qui  demeurait  dans 
une  ville  de  la  Chine,  surgit  tout  à  coup.  Homme  d'une  na- 
ture perverse,  artisan  de  discorde,  il  vit  la  lie  de  la  popula- 
tion et  les  malfaiteurs  se  grouper  autour  de  lui,  et  grâce  à 
l'obscurité  de  son  nom  et  au  peu  d'importance  de  sa  per- 
sonne, ni  le  roi  ni  ses  ministres  ne  s'en  préoccupèrent.  Il 
en  devint  plus  fort;  sa  renommée  grandit,  et  en  même 
temps  il  redoubla  d'arrogance  et  d'audace.  Les  malfaiteurs, 
franchissant  les  obstacles  qui  les  séparaient  de  lui ,  vinrent 
grossir  son  armée;  alors  il  décampa  et  ravagea  par  ses  in- 
cursions les  pays  cultivés  du  royaume,  jusqu'à  ce  qu'il  éta- 


CHAPITRE  XV.  303 

\jt>y^  jî  *X>4>J|  (^j^jj<^s\  ççiJâS'j^  (^  ïLffdûS'  iiÀjJw«  ^^^ 
j»l»!   iixAw   vJS^Ji   (joj  iuuJm  »Ja^^^J^J^  (jv-koJ!   »^  <jt  ty<.A<aj 

fj^^  ur^^-5  ^y^-i  isj^h  ij^^^***-^  (j«UJl  (^  ^3->^vi^  W^»^ 

^   \..i  y  ,<,    \^Xjt>\    (j^  J-J^J    iyJ>S-  oJs^   lybl:^    XVjtX^   f^^^^3 

^^jL^â-iJl^  i^^-g^t^   (j^-l^-Jbî   CJ-«  ^^Aa-a-lj  /Oi-^J^jIM   U>*^^ 
Lclj  ^l\   IajU   i_ÀA*Jl  o^iw   ci)^J  t-^  (:J-*  Lh^^^^J 


i5 

})Ht  son  camp  devant  Khankou ,  ville  imporlanle,  située 
sur  un  fleuve  qui  est  plus  considérable,  ou  du  moins  aussi 
important  que  le  Tigre.  Ce  fleuve  se  jette  dans  la  mer  de 
Chine,  à  six  ou  sept  journées  de  Khankou,  et  les  bâtiments 
venus  dé  Basrab,  de  Siraf,  d'Oman,  des  villes  de  l'Inde, 
des  îles  de  Zabedj,  de  Sinf  et  d'autres  royaumes,  le  re- 
montent avec  leurs  marchandises  et  leur  cargaison.  Le 
rebelle  marcha  donc  rapidement  sur  la  ville  de  Khankou, 
dont  la  population  se  composait  de  musulmans,  de  chré- 
tiens, de  juifs,  de  mages  et  de  Chinois,  et  l'assiégea  étroi- 
tement. Attaqué  par  l'armée  du  roi,  il  la  mit  en  fuite  et 
livra  son  camp  au  pillage;  puis  se  trouvant  à  la  tête  de  sol- 
dats plus  nombreux  que  jamais,  il  s'empara  par  force  de 
la  place,  dont  il  massacra  une  quantité  prodigieuse  d'habi- 
tants. On  évalue  à  deux  cent  mille  le  nombre  des  nmsul- 
mans,  chrétiens,  juifs  et  mages  qui  périrent  par  le  fer  ou 
par  l'eau  ,  en  fuyant  devant  l'épée.  Cette  évaluation  peut  être 


304  LES  PRAIRIES  D'OR. 

X^ji^sXi  é>  LJ-*  <y^^   (JV^5   *i|^  y^  i«X*îl    ij^  \ij^s':i   U 

ci^Uls^  4j-«  iiJbJsJlî  J^ii*-  (j^^  j*Xjtî!  ÎJs-ô  t^-?  fi-^^^  -JiXçA 
Ufili>  *^^l  î«Xii  cjUbi  ^liTi  w^^  X*^  jsi^j  j^  JJî^yJl  5j«>J 

«.  -iî  J^==-i;_5  (J^^  ^^'  ^^^  ci>!iVj;  jj  dlAil  ji.:>  ^j  ijjsl  xij«X^ 
UJUJI^   ^Uoîj-i^   (J-»   AJW   jJ.-J   ^  U^^^  iùU  ^,:^   ^    LilAiî  ^«^î 

parfaitement  exacte,  attendu  que  les  rois  de  la  Chine  font 
inscrire  sur  des  registres  les  noms  des  sujets  de  leur  empire 
et  des  individus  appartenant  aux  nations  voisines  leurs  tri- 
butaires, et  qu'ils  chargent  des  agents  de  ce  recensement,  qui 
doit  toujours  les  tenir  au  courant  de  l'état  des  populations 
soumises  à  leur  sceptre.  L'ennemi  coupa  les  plantations  de 
mûriers  qui  entouraient  la  ville  de  Khankou  et  qu'on  y  en- 
tretenait avec  soin ,  parce  que  les  feuilles  de  cet  arbi-e  ser- 
vent de  nourriture  aux  vers  qui  produisent  la  soie;  aussi 
la  destruction  des  mûriers  arrêta  l'exportation  des  soies  de 
Chine  dans  les  pays  musulmans.  Yanchou  poursuivit  sa 
marche  victorieuse  d'une  ville  à  l'autre;  des  tribus  entières, 
vouées  à  la  guerre  et  au  pillage,  et  d'autres  qui  craignaient 
la  violence  des  insurgés,  se  joignirent  à  lui,  et  il  se  dirigea 
vers  Anmou,  capitale  de  l'empire,  avec  trois  cent  mille 
hommes,  cavaliers  et  fantassins.  Le  roi  marcha  à  sa  ren- 
contre avec  près  de  cent  mille  soldats  d'élite  qui  lui  restaient 


CHAPITRE  XV.  305 

Aj  Ij^çr  ^jUj^^i  J.X40J  j..|^  _5-^  «yLsi  («-fr*^  'r^^  c:^!^ 
jl^!^    XyUa  ^  *.jVn*J|  3f;\i:l  (:J-*^^^   ^j-ft^  <i^»   t^i-U,'  <^   OoK 

^1  iob«X-lî   (j^  dLUi   <_^l<^  U»*xJi   viXjLw^  JÎ_5.^J5il   its»-U:UMij 

encore.  Pendant  environ  un  mois,  les  chances  de  la  guerre 
furent  éî^ales  entre  les  deux  armées,  qui  eurent  tour  à  tour 
à  supporter  des  revers.  Enfin  la  fortune  se  déclara  contre 
le  roi,  qui  fut  mis  en  fuite,  et,  vivement  poursuivi,  vint 
se  jeter  dans  une  ville  frontière.  Le  rebelle,  maître  de  l'in- 
térieur de  Tempire  et  de  la  capitale,  fit  main  basse  sur  tous 
les  trésors  que  les  anciens  rois  avaient  réservés  pour  les 
mauvais  jours;  puis  il  promena  la  dévastation  dans  les  cam- 
pagnes, et  détruisit  les  villes  par  la  force.  Sachant  bien  que 
sa  naissance  ne  lui  permettait  pas  de  se  soutenir  à  la  tête 
du  gouvernement,  il  se  hâta  de  ravager  toutes  les  provinces, 
démettre  les  fortunes  au  pillage  et  de  répandre  des  torrents 
de  sang.  De  la  ville  de  Med  dans  laquelle  il  s'était  enfermé 
et  qui  était  limitrophe  du  Thibet,  le  roi  écrivit  au  souverain 
des  Turcs,  Irkhan,  pour  lui  demander  du  secours.  Il  l'in- 
forma de  ce  qui  lui  était  arrivé,  et  lui  rappela  les  devoirs 
(|ui  lient  les  rois  envers  les  rois,  leurs  frères,  lorsqu'on  ré- 
clame leur  assistance,  qu'ils  ne  peuvent  refuser  sans  man- 
quer à  l'une  des  obligations  absolues  de  leur  rang.  Irkhan 

1.  20 


300  LES  PRAIRIES  D'OR. 

^  jjfcj  ^j^-=>^j-jÎ  »«>«-^lj  AjU>i^j  ki)«Ai5  ij^^jji  i  kiUi  ^Ij 

,^-9  Aji  tK^-J'j  |%*^y  «XJii^  p>:\La.fi  (^-A-i*.  ^^jvA;?»jui  (j-»  IjlÀ-j^ 
dlii>  vA-vwji.j  j_j~«^j  «K.A.'tfwj  iCflUJl^  A-iLo  (i!  ilc^  <îoJ(ktf  j!i)  <Ji 

(y*jX^\  dlXo  i^li>  (^  iji:>  ^3j*xjiil  ^JuSAÀ  ^..j  j*XÀX^il(  jLx* 

lui  envoya  son  fils  avec  un  secours  d'à  joeu  près  quatre 
cent  mille  fantassins  et  cavaliers  contre  Yanchou,  dont  les 
progrès  devenaient  menaçants.  Pendant  près  d'une  année , 
les  deux  armées  eurent  entre  elles  des  engagements  sans  ré- 
sultat décisif,  mais  très-meurtriers.  Yanchou  disparut  enfin , 
sans  cjue  l'on  sache  positivement  s'il  périt  par  l'épée  ou  s'il 
se  noya.  Son  fils  et  ses  principaux  partisans  furent  faits  pri- 
sonniers, et  le  roi  de  la  Chine  retourna  dans  sa  capitale  et 
reprit  les  rênes  du  gouvernement.  Ce  prince  reçut  de  ses 
sujets  le  titre  honorifique  de  Baghour  (Fagfour) ,  c'est-à-dire 
fils  du  ciel.  Toutefois  le  titre  qui  appartient  aux  souverains 
de  la  Chine,  et  qu'on  leur  donne  toujours  en  leur  parlant, 
est  Tamgama  djaban,  et  non  pas  Bagbour. 

Pendant  cette  guerre,  les  gouverneurs  de  chaque  contrée 
s'étaient  rendus  indépendants  dans  leur  province,  comme 
les  chefs  des  Satrapies  après  qu'Alexandre,  fils  de  Philippe 
de  Macédoine,  cul  tué  Dara,  fils  de  Dara,  roi  de  Perse,  et 
comme  cela  se  passe  encore  aujourd'hui  chez  nous,  en  332. 


CHAPITRE  XV.  307 

c^<<w.  j*.  t^  'î*-^^  CJ-*  t^  fi— 6^  &^j^  J^ j^-s-\)  ^'^J  uLa*^ 

U  (..«iM^b:»-  (^  <\->L^UjùmI^  <\J[V^Î  ^llaJCjl  ^Jsjù  \iSjij  i^JiyJi 
,ji^^!    ^\    ^^.s^- jjf^^s    c-Um)   XXjO^    »i!^    (j>^    ^  -ifc    v^gjul   ^ijj 

Le  roi  de  Chine  dut  se  contenter  de  robcissance  purement 
nominale  que  les  gouverneurs  lui  accordaient,  et  du  titre 
de  roi  qu'ils  lui  donnaient  dans  leurs  lettres;  mais  il  ne  put 
pas  se  porter  de  sa  personne  dans  toutes  ses  provinces,  ni 
combattre  ceux  qui  s'en  étaient  rendus  maîtres.  Il  se  résigna 
donc  à  n'exiger  d'eux  qu'un  simple  hommage ,  et,  bien  qu'ils 
ne  lui  payassent  aucun  tribut,  il  les  laissa  vivre  en  paix; 
il  fut  même  obligé  de  permettre  que  chacun  de  ces  nouveaux 
maîtres  attaquât,  selon  ses  forces  et  son  pouvoir,  ses  voisins. 
Ainsi  l'ordre  et  l'harmonie  qui  avaient  régné  sous  les  an- 
ciens rois  cessèrent  d'exister. 

Les  anciens  rois  avaient  un  système  régulier  de  gouver- 
nement, et  se  laissaient  guider  par  la  raison  dans  les  juge- 
ments équitables  qu'ils  rendaient.  On  raconte  qu'un  mar- 
chand de  Samarkande,  ville  de  la  Transoxiane,  ayant  quitté 
son  pays  avec  une  riche  pacotille,  était  venu  dans  l'Irak.  De 
là  il  .s'était  rendu  avec  ses  marchandises  à  Basrah,  où  il 
s'était  embarqué  pour  le  pays  d'Oman;  puis  il  était  allé  par 


308  LES  PUAIRIES  D'OR. 

(jv«MaJ|  jjbjl  (j^  :>j_5  ^j^  %^  ^j_^^:^vi  cujjJi  I  jsjû  t^  (^iajUjJî^ 

ylxAaisL    ,_X««JÎA-**0     (J^*a.i\^     Aj     ,^JL)    U^ai».     iJOSiXi».    ^j:Ay.i:>^     ^^J^ 

mer  à  Killah ,  qui  est  à  peu  près  à  moitié  chemin  de  la  Chine. 
Aujourd'hui  cette  ville  est  le  rendez-vous  général  des  vais- 
seaux umsulmans  de  Siraf  et  d'Oman,  qui  s'y  rencontrent 
avec  les  bâtiments  de  la  Chine;  mais  il  n'en  était  pas  ainsi 
autrefois.  Les  navires  de  la  Chine  se  rendaient  alors  dans  le 
pays  d'Oman,  à  Siraf,  sur  la  côte  de  Perse  et  du  Bahrein,  à 
Obollah  et  à  Basiah,  et  ceux  de  ces  pays  naviguaient  à  leur 
tour  directement  vers  la  Chine.  Ce  n'est  que  depuis  qu'on 
ne  peut  plus  compter  sur  la  justice  des  gouvernants  et  sur 
la  droiture  de  leurs  intentions,  el  que  l'état  de  la  Chine  est 
devenu  tel  que  nous  l'avons  décrit,  qu'on  se  rencontre  sur  ce 
point  intermédiaire.  Ce  marchand  s'était  donc  embarqué  sur 
un  bâtiment  chinois  pour  aller  de  Killah  au  port  de  Khan- 
fou.  Le  roi  avait  alors,  parmi  les  serviteurs  attachés  à  sa 
personne,  un  eunuque  en  qui  il  avait  confiance.  Les  Chi- 
nois donnent  aux  eunuques  des  emplois,  comme  ceux  de 
receveurs  de  contributions  et  autres;  il  y  en  a  même  qui  font 


CIIAlM'l  r»K  XV.  'M)\) 

w-rs-uJi   fs^fuo^  jXj^W   wkir»-lj  IkÀiLifc.   ^Aj«X^  («iliaL   jjt    45w:>- 

j_^<XÀj^.<\*J|   ^y>^  (jXm  J*Xxj   Xi.^  isJCi  w_>lxJl    iljj  AiùUS^Ij 
(^-Ià.X-11   Oisj.^  0».ï_^   iiJsAii   -Ji   ^§j  !_jjfi    iUj*X^  <jt    ôji^i  (j^ 

v_À.iL>3    (j\,-4sI:àiL-l'  CJ-*  •^^  tj-*  (^  (joAJi^  s|>-*^5  <i[j,X^  U«-«i> 

châtrer  leurs  enlanls,  alin  de  les  faire  parvenir  au\  cligiii- 
lés.  L'eunuque  du  roi  alla  donc  à  Kliani'ou,  où  il  fil  appe- 
ler en  su  présence  les  marchands,  et  parmi  eux  celui  de 
Samarkande.  Tous  lui  présentèrent  les  marchandises  dont 
il  avait  besoin.  Après  avoir  mis  de  côté  ce  qui  pouvait  servir 
au  roi,  il  offrit  aa  Samarkandien  un  prix  dont  celui-ci  ne 
se  contenta  pas;  de  là  une  discussion  qui  alla  assez  loin  pour 
que  l'eunuque  donnât  l'ordre  d'emprisonner  el  de  maltrai- 
ter le  marchand.  Le  Samarkandien,  ayant  plus  de  confiance 
dans  la  justice  du  roi,  se  rendit  aussitôt  à  Anmou,  la  rési- 
dence royale,  et  se  plaça  à  l'endroit  où  se  mettaient  les  plai- 
gnants. Quiconque  avait  à  se  plaindre  d'une  injustice,  (lu'il 
lût  ou  non  d'un  pays  éloigné,  se  revêtait  d'une  sorte  de  tu- 
nique en  soie  rouge,  et  se  transportait  dans  un  lieu  destiné 
aux  plaignants.  Là  un  des  grands  dignitaires  des  provinces, 
commis  à  cet  etfet,  le  transportait  par  la  poste  à  une  dis- 
tance d'environ  un  mois.  On  en  agit  ainsi  avec  le  marchand, 


310  LES  PRAIRIES  D'OR. 

ri>  Ufc^^.M  o^^ià^jtj  *X5  J^sa^yj]  \^j)  Jlïj  AaLï  cKaïI?  bOi  IX 

L«  (^  wAiitp  _j~£^  (jlj  -c^Ls»  tiAAj».  (j.«  tK**3  iyUiikà».  iL>L»  (-Jj-^ 
a^^Xj  x^j  Aj*^  (:J?rJ  ^-**5^  vii-Ut  SjAja^.  <jî  J.^  «JuXc  ^iû 
y^s-  \jLs2  â^îj^  ii-«>XlàJÎ3  ii^Uiail  é>  i^-^^^j-e^^  ^-^-^o  U»i 

s-ol^i  (jàjo  Ji  Aj^^î  2f>'jjti:>^  ^^^i^  yl^TjjcJi  aaJî  b:>  Uo 

et  on  le  conduisit  devant  le  gouverneur  du  pays  chargé  de 
ces  fonctions,  qui  lui  dit  :  «Tu  entreprends  là  une  grave 
affaire,  où  tu  cours  risque  de  la  vie.  Considère  bien  si  tu  es 
fondé  dans  ta  plainte,  sinon  je  regarderai  tout  comme  non 
avenu  et  te  ferai  ramener  au  pays  d'où  tu  viens.  »  Si  le  plai- 
gnant ainsi  apostrophé  baissait  la  voix,  si  on  le  voyait  se 
troubler  et  se  rétracter,  on  lui  appliquait  cent  coups  de 
bâton ,  et  on  le  ramenait  là  d'où  il  était  venu  ;  mais  s'il  per- 
sistait, on  le  conduisait  au  château  royal,  en  présence  du  roi 
qui  entendait  sa  réclamation.  Comme  le  Samarkandien  per-* 
sévérait  dans  sa  demande,  et  comme  on  vit  qu'il  disait  la 
vérité  sans  se  troubler  et  sans  mentir,  on  le  mena  devant  le 
roi,  auquel  il  raconta  ce  qui  lui  était  arrivé.  Lorsque  le 
drogman  eut  fait  comprendre  au  roi  ce  dont  il  était  ques- 
tion, ce  prince  donna  des  ordres  pour  que  le  marchand  fût 
logé  dans  un  des  quartiers  de  la  ville  et  qu'il  y  fût  bien  traité. 
Ensuite  il  manda  auprès  de  lui  le  vézir,  le  maître  de  la 
droite  et  le  maître  de  la  gauche.  Ces  hauts  dignitaires,  qui 


(;ii/\i»rrnE  xv.  311 

^1   ^m  /^-*lj  ^^^  iiJti^   XJiAjy^  fi"\r^  «Xsfc.1^  Jo   (Jj»-t  «Xi^ 

4j^  lj\,LaJl  j.jU«  ^  (j^-^ai!  ui)_j.H5  *.^UJî  2s11j  U  >A.iNJo  «XjjaJI 
S  ^M>f  c:Ajt_\J  lojl^il^  iS^j^xii  Lj[iii^\  iL»^.Uwwo  Jbb  ^llj^î 

«Xi^   juwIaw  oXaj  u-*  ?r /-^  <XJj  ws-li»  43)  (.:^»X5  >j  j\i  a.S"  2^aX£ 

connaissaient  parfaitement  leurs  atlributions  et  leurs  devoirs , 
exerçaient  leur  charge  dans  les  circonstances  critiques  et  en 
temps  de  guerre.  Le  roi  leur  ordonna  d'écrire  séparément 
à  leurs  représentants  à  Kliaulou;  car  chacun  d'eux  avait  un 
agent  dans  toutes  les  provinces.  Ils  leur  écrivirent  donc  pour 
leur  demander  un  rapport  sur  ce  qui  s'était  passé  entre  le 
marchand  et  l'eunuque.  Le  roi,  de  son  côté,  écrivit  dans  le 
même  sens  à  son  lieutenant.  Cependant  l'aflaire  s'était  ébrui- 
tée dans  le  pays,  en  sorte  que  les  lettres  apportées  par  les 
uiulels  de  la  poste  confirmèrent  la  déposition  du  marchand. 
Les  souverains  de  la  Chine  ont  sur  toutes  les  routes  de  leurs 
provinces  des  mulets  a  longue  queue  ponr  la  poste  et  le 
transport  des  groups  d'argent.  Le  roi  lit  aussitôt  venir  l'eu- 
nuque, lui  ôta  tous  les  biens  qu'il  tenait  de  sa  munificence, 
et  lui  dit  :  «  Tu  as  nui  à  un  marchand  qui  venait  d'un  pays 
éloigné,  et  qui,  après  avoir  traversé  sans  accident  bien  des 
royaumes  et  vécu  sous  la  protection  de  plusieurs  souverains 
de  la  mer  et  du  contiuent,  espérait  arrivt:r  sans  encondjre 


312  LES  PRAIRIES  D'OR. 

tj    (♦^'^    «.^iwli    iiî_5    t^>4»'    (J-«^V     i-i^^cU.*    (j~»   \jj  jAjis%^\    U     JtAAJ 

jUâ.!  v-ÀjI^  (j^^  (^:>yt.»m  Jlï  J^jUi^U^  Jî   *i>li=i  <-^^-^^ 

dans  ce  pays,  plein  de  confiance  dans  ma  justice;  mais, 
grâce  à  Ion  iniquité,  peu  s'en  est  fallu  qu'il  n'ait  quitté  mes 
Etats  en  semant  partout  sur  moi  le  blâme  et  le  reproche. 
Sans  tes  services  antérieurs,  je  t'aurais  fait  mettre  à  mort; 
mais  je  l'infligerai  un  châtiment  qui,  si  tu  le  comprends, 
est  plus  sévère  que  la  mort.  Je  te  charge  de  la  garde  des 
sépulcres  des  anciens  rois,  parce  que  tu  as  été  incapable 
d'administrer  les  vivants  et  de  remplir  la  tâche  que  je  t'a- 
vais confiée.  »  Le  roi  combla  ensuite  le  marchand  de  bien- 
faits, le  fit  retourner  à  khanfou,  et  lui  dit:  «S'il  te  plaît 
de  nous  céder  celles  de  tes  marchandises  qui  nous  con- 
viennent, nons  t'en  donnerons  un  bon  prix;  sinon,  tu  es 
le  maître  de  ta  fortune;  séjourne  ici  tant  que  tu  le  vou- 
dras, vends  à  ton  gré,  et  va  où  il  te  plaira.  »  Quant  à  l'eu- 
nuque, il  fut  préposé  à  la  garde  des  sépulcres  royaux. 

Voici  encore  une  anecdote  piquante  sur  les  rois  de  la 
Chine,  A  l'époque  où  se  passa  à  Basrah  l'aventure  du  chef 
des  Zendjs,  dont  tout  le  monde  a  eu  connaissance,  un 
Koraichite  noble  et  riche,  descendant  de  Habbar,  fils  d'el- 


CHAIMTUE  XV.  313 

<-^j  /©.J  /»-»Àj|  cjUjÎj    SwwaAJt  -pLoi    ^j>^  (J^  o|>-V**'   xJwjtX^  (Jl 

(jV^t  :>^^)  Ji  ^:oi  (jl  Jl  *Kji4Jî  dUU  (^jJs^  JsJo  <Ji  jjj 
kiLLojli  JÎ^Lo  (j!  tji  <\A^  .JOLCi  joj  i^ÀjU»-  iUj»X^  Jijl^ai 

<o^<x^jU3  ^J^  ^^  yî*x_^  iiAjtXjc;  «Xa^o^  tiUJLI  ^jl^^  (^.v*^' 

cbyJi  ^-9;-»  ^^.^^  8vX^  jlAIÎ  cjUj  ^^lïls  Jj\àaa\  fO'iàs.  (^j^^ 
sixii   «*X_tf>   «Xjtj   dLLIÎ  ^lî  CJj-J«Jî    Sj-AJ  ovVJ  Jw££>i    CJ.4  <X_il 

ilft  ^'^  J^  aA^J(^  2*J  (jili  Aa-w^  ii-SSU  l_j.Àjli»-  c-*J*-L«>    AaJ! 

Aswad  ,  se  rendit  à  la  ville  de  Siraf.  De  là  il  s'embarqua 
pour  les  mers  de  l'Inde,  et,  après  un  long  voyage  par  eau 
et  parterre,  il  arriva  enfin  à  la  Chine,  et  alla  à  Klianfou. 
Ensuite  la  fantaisie  lui  prit  de  visiter  la  résidence  royale  qui 
était  alors  Ilamdan ,  l'une  des  cités  les  plus  considérables  de 
ces  pays.  Le  Koraichite  se  tint  longtemps  à  la  porte  du  pa- 
lais, en  présentant  des  requêtes  dans  lesquelles  il  déclarait 
qu'il  était  de  la  famille  du  prophète  des  Arabes.  A  la  hn  le 
roi  donna  des  ordres  pour  qu'on  l'installât  dans  une  maison 
où  il  ne  manquerait  de  rien  et  où  l'on  pourvoirait  à  tous 
ses  besoins.  Il  écrivit  ensuite  au  gouverneur  de  Khanfou 
de  lui  comnmniquer  le  résultat  de  ses  recherches  et  des  in- 
forniafions  qu'il  aurait  prises  auprès  des  négociants  sur  la 
prétention  de  cet  homme  d'être  un  des  parents  du  prophète 
des   Arabes.  Le  gouverneur  de   Khanfou    avant    confirmé 


314  LES  PRAIRIES  D'OR. 

ij^j.i>)^^  fjt*^<^  :>yjâ^\j  lj\j.xX}\  iJiUfi  (j^  ^ic  (Oo-^l  Civile 

yUr^xW  Jlij  Kfi  tiU«x.j  J  u  Jls  /c»i  ù»xs.  ti^jAiî  j.jLw  aI^m)  u 

d)^m  d)X«  btXÀf  <\.omI  (j^j  ^?  ^<^»^  cl)pJLi3  IajjJI  \ûmu^  <\j^ 

par  sa  dépêche  l'assertion  du  Koraichite  sur  sa  parenté,  le 
roi  l'admit  à  son  audience  et  lui  donna  des  richesses  consi- 
dérables qu'il  rapporta  dans  l'Irak.  Or  cet  homme  était  un 
vieillard  intelligent  qui  racontait  que  le  roi  de  Chine,  après 
lui  avoir  accordé  une  audience,  l'avait  interrogé  sur  les 
Arabes,  et  sur  les  moyens  par  lesquels  ils  avaient  détruit  le 
royaume  des  Perses  ;  à  quoi  il  avait  répondu  :  «  C'est  avec 
l'assistance  du  vrai  Dieu,  tandis  que  les  Perses  adoraient, 
à  l'exclusion  du  créateur,  le  soleil  et  la  lune,  et  se  proster- 
naient devant  les  deux  grands  luminaires.  »  i.e  roi  ajouta  : 
«  Les  Arabes  ont  conquis  le  royaume  le  plus  noble,  le 
plus  fertile,  le  plus  riche,  le  plus  remarquable  par  l'intel- 
ligence de  ses  peuples  et  le  plus  célèbre.  Mais  conmient 
classez-vous  tous  les  souverains  du  monde?»  —  «Je  n'en 
sais  rien,»  répondit  le  Koraichite.  Là -dessus  le  roi  s'a- 
dressant  à  son  interprète:  «Dis-lui  que  nous  comptons  cinq 
rois;  le  plus  puissant  de  tous  est  celui  qui  gouverne  l'Irak, 
car  il  occupe  le  milieu  du  monde  et  les  autres  puissances 
l'entourent;  aussi  le  nommons-nous  roi  des  rois.  Après  cet 
empire  vient  le  nôtre;  nous  le  regardons  comme  celui  des 
hommes,  parce  qu'aucun  royaume  n'est  mieux  gouverné, 


(:ilAt>lT]\E    XV.  :^15 

yib^  c.La*wJJ  ii)_j,X«  biX*_»  (j-«j  (J*.IàjI  dJyk*  Ly^<i  ^'rî^-^  GT* 
«xJyUiî  Lii.A^  5Jsj»jjj  ji^^i  ç.l.^4«  _5.iûj  UaAj  ^^tXji  til^i  JXo 
<.  ^X  ^  L^Xoi   yi/  ii$^   J>X«  bOs-ilc   »<X^_5  Js^^l    diXoyû^j 

tiJjAXl    ^jUti    *^.^^   ^J"^J   (:J^^'    •^^    ^^-^J    CJ^  IJLAi*.   joJÎ 

aMI  <Xa£  jJÛj  ^Jj-i  <i  >— *«*^  CxXjij  -cxLo  ^^yJî  4^îjt>  -î^ajL 
wels  J-^t  c>Ajii  IfCi^^MS  wJ^jl  Ljfl  I*XJÛ  :>jI  ^  Jb  tM»^  j.£ 
(jl:?r\.xAî  Jb_5  ^î*^^  -î^À-*  J^UaJ  -î^j^Xj  (^jvj  S*^i  7:r^^  iiÀMfcj 

ni  plus  régulièrement  administré;  nulle  part  aussi  les  su- 
jels  ne  sont  plus  obéissants,  et  voilà  pourquoi  nous  sommes 
les  rois  des  hommes.  Apiès  nous,  vient  le  roi  des  bêles  fé- 
roces; c'est  notre  voisin,  le  roi  des  Turcs,  qui  sont  parmi 
les  hommes  ce  que  les  bctes  féroces  sont  parmi  les  ani- 
maux. Il  est  suivi  du  roi  des  éléphants,  ou  celui  de  l'Inde, 
que  nous  reconnaissons  comme  le  roi  de  la  sagesse,  parce 
que  la  sagesse  est  originaire  de  ce  pays.  Le  dernier  enfin 
est  le  roi  de  Roum,  que  nous  regardons  comme  le  roi  des 
fantassins,  car  aucun  pays  ne  possède  des  hommes  d'une 
laille  plus  parfaite  et  d'une  figure  plus  belle.  Tels  sont  les 
principaux  rois;  les  autres  sont  au-dessous  d'eux.  »  Le  roi, 
ajouta  le  Koraichile,  m'adressa  ensuite  cette  question  par 
son  interprète  :  «Reconnaîtrais-tu  ton  maître,  c'est-à-dire 
le  Prophète,  si  tu  le  voyais?  »  —  «  Comment  pourrais -je 
le  voir,  répondis-je,  puisqu'il  est  avec  Dieu?  »  —  «Je  ne 
parle  pas  de  sa  personne,  reprit  le  roi,  je  parle  de  son 
portrait.»  —  «Très-bien,»  dis-je.  Le  roi  fit  apporter  une 
cassette  ([u'on  plaça  devant  lui.  Il  \   prit  un  cahier,  cl  dil 


316  LES  PRAiniES  D'OR. 

JUi  *ljWJ^I  (^  J^-*»5  (.^icXjii  ^Jl<»«Ai  A..AAÀ-ii  iSjy^  /w&  A^AW 
W«^    -cLil    cK^^  j^    4WÎ  j^l     U    AX^    qjC  ^^^_    è<X^fXMj\   i     ^^ 

*>oi*  -.^  U!  Jlïj  kils-^i  AXrO  0.jf  4MÎ  *.Jt»Ag^  l^Ai  yjf  l^  iy=D^^ 

cN.»*fcJÎ_j  tXÀgJÎj  (^y^fia.1]  j^\x^  (j'^*  ^^^^aJi-^i    8*Xj(û  ^j~»  \^\.:^P 

à  l'interprète  :  «  Montre-lui  son  maître.  »  J'aperçus  aussitôt 
dans  le  cahier  les  images  des  prophètes,  et  je  les  saluai  à 
voix  basse.  Le  roi,  ne  se  doutant  pas  que  je  les  reconnusse, 
chargea  l'interprète  de  me  demander  pourquoi  je  remuais 
les  lèvres.  «  Je  salue  les  prophètes  par  une  invocation,  »  ré- 
pondis-je.  —  «  Comment  les  reconnais-tu?  »  dit-il.  —  «  Par 
les  traits  de  leur  histoire  qui  sont  ici  représentés:  voici  Noé 
qui  se  réfugie  avec  les  siens  dans  un  vaisseau,  lorsque  Dieu, 
<[ui  avait  commandé  à  l'eau  de  submerger  la  terre  tout  en- 
tière, le  sauva  avec  ceux  qui  l'accompagnaient,  »  Le  roi 
se  mit  à  rire  et  dit  :  «  Pour  le  nom  de  Noé,  tu  es  dans  le 
vrai;  mais  quant  au  fait  de  l'inondation  de  la  terre  tout 
entière,  nous  ne  le  connaissons  pas;  le  déluge  n'a  atteint 
qu'une  partie  de  la  terre  et  n'est  pas  arrivé  jusqu'à  notre 
pays.  Si  l'histoire  que  vous  racontez  est  vraie  touchant  cette 
partie  du  monde,  toujours  est-il  que  nous  autres  habitants 
de  la  Chine,  de  l'Inde,  du  Sind  et  d'autres  pays  encore, 
nous  n'en  avons  pas  connaissance,  et  que  nos  ancêtres  ne 
nous  en  ont  rien  légué  par  tradition;  et  cependant,  un  évé- 


CIIAPITHK  W.  317 

^.^i)i  A.\ji<Xj^  ddàxs—  <i!  ,j*.yi.ÀJI   j^/-*J  (S^^^  -lloxil  (jjji^Mt 

^^     A.Xi    JlJCi    Jolw»»<5     (^OO     Sl-elX.^     lS*'y^    \>SJi     OcU     Ajr'     ^Js.J 

»^i  yW  Ui   iJ*xXi  j.A/^3  ^j\^  <XJii  JUi  Ajc*  y^-J^'j^jj^  <ic 

0»».xLl  j^iwwjiî!  ijs-i6  /0*Ç;j  <ÎUil*j  vJi  <_^  bj-»AXïi  u  jPjlA.Sfc.1^ 
Igjki  ^j^;>  *Xi  iiAjj,lo  iolxJj  iJ;^.o  Jo  (Ji_5-9  (^5^  -^^^  jW^  (^l^ 
A-^\y<j  t_>l.AA«î^  J^l5'5^il.J"Lo^  A^jÎvXAj  %M>\^^  ^^^\jimJ)  jS i> 

nemenl  tel  que  riuondaliou  de  la  lerrc  est  assez  imporlant 
pour  frapper  les  esprits,  se  graver  dans  la  mémoire,  et  pour 
<|ue  les  peuples  se  le  transmettent  par  tiadilion.  »  Le  Ko- 
raicliite  ajouta  :  «  Je  craignis  de  le  réfuter  et  d'exposer  nos 
arguments,  parce  que  je  savais  qu'il  les  repous.>>erait.  Je 
continuai  :  «  Voilà  Moïse  et  son  hâton,  avec  les  enfants  d'Is- 
raël. »  Le  roi  dit  ;  «  Oui,  il  fut  prophète,  malgré  les  limites 
étroites  de  son  pays  et  les  révoltes  de  son  peuple  contre 
lui.»  —  «Voilà  Jésus,  repris-je;  il  monte  un  àne,  et  les 
apôtres  l'accompagnent.  "  —  «  Sa  ])rophétie,  dit  le  roi,  dura 
peu  de  temps;  elle  ne  dépassa  guère  trente  mois.  »  Il  passa 
ainsi  en  revue  tous  les  prophètes  et  leur  histoire,  et  dit 
heaucoup  d'autres  choses  dont  nous  n'avons  rapporté  qu'une 
partie.  Ce  Koraichite,  qui  est  connu  sous  le  nom  d'Ihn  Ilab- 
bar,  prétendait  même  avoir  vu  au-dessus  de  la  figure  de 
chaque  personnage  une  longue  épigraphe  qui  contenait  une 
mention  de  sa  généalogie,  de  son  pays,  de  l'âge  (|u'il  avait 
atteint  et  de  tout  ce  qui  concernait  ses  prophéties  et  sa  vie. 
"  A  la  fin,   ajoutait-il,  je  reconnus  la  figure  de  notre  pro- 


318  LES  PRAIRIES  D'OR. 

*_jL.^PÎj  J— 5^  t^  aaLo    «X_^   lÀJUkJ    &jy£)   iJJ<j\j    *o   f^**<^ 

Jlij^^/«.*.A««i3  ^-*  (^^j  L»«Xa'*»'j  ^-m-!^  î*>^  ci^AjL»  aj^^  />ft 

l)t«l>  StXAJ  jLiî  «Xi  /e>4A^  t^AÂJj  ^UAJii5j^,o  ooî^^  AjIâA^ 
jÎJou»  ^  isJiAXii  yî  v-ÀAaj   A,3\^  iuLLs.\^  <îcfll.§j5^  AajUau  (j^ 

phète  Mohammed,  monté  sur  un  chameau  et  entouré  de 
ses  compagnons  qui  porlaient  à  leurs  pieds  des  chaussures 
dites  iVAden,  faites  de  peau  de  chameau  ,  et  des  cure-dents 
suspendus  à  leurs  ceintures  formées  de  cordes  en  fdaments 
de  palmier.  Je  pleurai.  Le  roi  m'en  fit  demander  la  cause 
par  son  interprète.  «  Voilà  mon  prophète,  répondis-je,  mon 
maître  et  mon  cousin  Mohammed,  fils  d'Ahd  Allah!  »  — 
«Tu  dis  la  vérité,  repartit  le  roi.  Il  a  régné,  et  sur  le  plus 
noble  de  tous  les  peuples;  seulement  il  n'a  pas  vu  de  ses 
yeux  l'empire  soumis  à  sa  loi;  ce  bonheur  a  été  réservé  aux 
khalifes,  ses  successeurs,  qui  ont  gouverné  son  peuple  après 
lui.  »  En  examinant  les  portraits  des  prophètes,  j'en  vis 
plusieurs  qui,  en  joignant  l'index  avec  le  pouce  en  forme 
d'anneau,  semblaient  indiquer  par  la  position  de  leurs 
mains  que  la  création  est  comme  un  cercle;  d'autres  tour- 
naient l'index  et  le  pouce  vers  le  ciel,  comme  s'ils  avaient 
voulu  inspirer  à  la  créature  la  crainte  de  ce  qui  est  au- 
dessus  d'elle.  Le  roi  m'adressa  ensuite  des  questions  sur 


CHAPITRE  XV.  319 

Iaj«xJ|  j^i  /cJ  Jli  /©.s  l^À^  c>-fcs^  Uj«Xi  ^^  AJùkS^-là  «oK-iJl 
/\>iAw  o^i  iLjUu  Jyb  (ja**i  lilii  jj  ^jy^  >^J>  oJJii  a5«XJ^c 
<-:^iii  (♦XAAJ  0-c  dUi  Jlx»  Igjji  Jyb  jàhj^  ^^•^  Jy^  (>**^j 

_j.^si^   -XA^a:*'  (jî   A.f-A-w^  ijvjû  jJv.:».ij   1>,J  ^w**^  yû  J^   Axi 

les  khalifes,  sur  leur  costume  et  sur  un  grand  nombre  de 
leurs  institutions.  Je  lui  répondis  dans  la  mesure  de  mes  con- 
naissances. Puis  il  dit  :  «  Quel  âge  donnez-vous  au  monde. ^  » 
—  «Les  opinions  diflerent  à  ce  sujet,  répondis-je;  les  uns 
lui  donnent  six  mille  ans,  les  autres  plus  ou  moins.  »  — 
«  Cette  opinion  vient-elle  de  votre  prophète.^  »  reprit-il.  — 
«  Oui,  •  lui  dis-je.  Il  éclata  de  rire  ainsi  que  son  vézir,  (jui 
se  tenait  debout,  ce  qui  prouvait  leur  incrédulité;  puis  il 
ajouta  :  «  Je  ne  pense  pas  que  votre  prophète  ait  émis  cet 
avis.  »  Je  revins  à  la  charge  et  lui  dis  :  «  C'est  le  prophète 
lui-même.  »  Je  vis  alors  l'incrédulité  se  peindre  sur  sa 
figure,  et  il  ordonna  à  son  interprète  de  m'adresser  les  pa- 
roles suivantes:  «  Fais  bien  attention  à  ce  que  tu  dis, 
car  on  ne  parle  aux  rois  qu'après  avoir  eu  la  certitude  de 
ce  qu'on  avance.  Tu  as  prétendu  qu'il  existait  parmi  vous 
une  dinérence  d'opinion  à  ce  sujet  :  ce  désaccord  tombe 
donc  sur  une  parole  de  votre  prophète.  Cependant  lorsqu'il 
s'agit  de  ce  que  les  prophètes  ont  dit,  il  n'est  plus  permis 
d'avoir  des  avis  dilTérents;  bien  loin  de  là,  tout  le  monde 
doit  se  soumettre  sans  contestation.  Prends  donc  bien  ffarde 


320  LES  PRAIRIES  D'OR. 

J  Jli  j^  ««Xil  JjiaJ  ,;^Lff  0».=-^  »«Xi£>jAi  «^A^3  ^^S-it 
oi^A-ïj  U*wkjj  ljî:>  \JL«  dL^Jt  t_>^l  _5.-^^  dl.J(r,«  Q*  oJtX*^ 

5^x5^    di.jj.A-ui  ^j„*«*.s»-j    lillLo  ic^UjUwi   i^yk  (^Ji^J  U   dLllî    Iw-jÎ 

vilUi  1>_)I  kil.^-i  o-**»-^  J»xxîi  i  Jvi5  -^3  i:5Xj|  »  Jviû  iu^^ 

"  U/  w  C  f  I 

&jM*J  tkV'5^  J^J  <^"'^'^  (J"**"-=^  <-1>*  J^.'  J_^^3  AJij>X.i^  Si)^.^i 

*X^yAÎ5    ^^    ij~^  J"^^3    ^^-^^    ^•M*'J    "^^-^    *>-jWr   <ij-*5^     vilii 

de  parler  de  cela  ou  de  choses  semblables.  »  Il  m'entretint 
encore  sur  d'autres  sujets  que  le  temps  a  effacés  de  ma 
mémoire.  Il  me  demanda  ensuite  :  «  Pourquoi  as-tu  aban- 
donné ton  pays  dont  le  séjour  et  la  population  ont  plus 
d'analogie  avec  toi  que  n'en  a  le  nôtre?»  Je  lui  racontai  les 
événements  de  Basrah,  et  comment  j'étais  arrivé  à  Siraf. 
«Là,  continuai-je,  je  désirais  te  voir,  ô  roi!  car  j'avais  en- 
tendu parler  de  l'état  prospère  de  ton  royaume,  de  ta  sa- 
gesse, de  ta  justice  et  de  la  perfection  d'un  gouvernement 
qui  régit  à  la  fois  tous  les  sujets.  J'ai  voulu  voir  cet  empire 
et  le  connaître  de  mes  propres  yeux.  Maintenant,  s'il  plaît 
à  Dieu,  je  retournerai  dans  mon  pays,  dans  le  royaume  de 
mon  cousin;  j'y  raconterai  ce  que  j'ai  vu  de  l'état  florissant 
de  cet  empire,  de  sa  vaste  étendue,  de  l'équité  de  l'admi- 
nistration, qui  s'étend  à  tous,  et  de  tes  grandes  qualités, 
ô  excellent  prince!  je  répéterai  chaque  belle  parole  et  j'y 
vanterai  chaque  bonne  action.»  Le  roi,  flatté  de  ce  dis- 
cours, me  fit  donner  de  riches  présents  et  de  magnifiques 


CIIAIMTHE  XV.  321 

S^j-^  OO^  ti^   ti  JyiJÎ  <Ji««bl^  ^J*lUJJ   ^^i^^iw^Lw  (^^   (^AXSfc-b 

xjI  vkA«UI^  J»Ajkâ,^vJi  i^K^i  ij^  u^  o|v>^»M  (.^v^-Lo  LCwLxAM>j 

^^  iL«yM*jL«  Lgj|^  IgAjil  HjJ^y  ViJiLxMi  J5j\.»  \..i-jixjj  I^ajLp^ 
^^^lij^   *^^-?   »i*-v!LU   o^aJ)-C  tVrî^»  ^'-**'    ^-<Y"*^J   tX*3.ij[  (jv-fu^i 

vêtements;  on  me  conduisit  par  la  poste  à  Khanfou,  et  le 
roi  écrivit  à  son  gouverneur  de  me  bien  traiter,  de  nie 
mettre  au  premier  rang  parmi  les  personnages  distingués 
qui  l'entouraient,  et  de  me  combler  de  faveurs  jusqu'à  mon 
départ.  Je  restai  donc  auprès  de  lui,  vivant  dans  l'abon- 
dance et  dans  les  plaisirs  jusqu'au  moment  où  je  quittai  la 
Chine.  » 

AbouZeïd  Mohammed,  fils  de  lezid,  originaire  de  Siraf, 
cousin  de  Mezid  Mohammed,  fils  d'Ebred,  fils  de  Bestacha, 
gouverneur  de  celte  même  ville,  honmic  d'expérience  et  do 
discernement,  causant  avec  moi,  Maroudi,  à  Basrah  où  il 
était  venu  se  fixer  l'an  3o3,  me  dit  qu'il  avait  interrogé  ce 
Koraichite,  Ibn  Habbar,  sur  la  ville  de  Ilamdan  ,  résidence 
du  roi ,  sur  sa  physionomie  et  son  aspect.  Ibn  Habbar  lu:  avait 
parlé  de  l'étendue  de  cette  capitale  et  du  grand  nombre  de 
ses  habitants,  ajoutant  qu'elle  était  divisée  en  deux  parties, 
séparées  par  un  long  et  large  boulevard.  Le  roi ,  son  vézir, 
le  grand  juge,  les  troupes,  les  eunuques  et  tout  ce  qui  fient 


322  LES  PRAIRIES  D'OR. 

«Xj»  tM*!;^  <r*'^='b  (Jr^  (j>^  ^^'^SS  il^j-iJl  U^^^  Ajibud^ 

^^  (iJ^rAaJl  J«*l  Uî^  l^  -j«Xjc«  Ails  tK^^Jl  ^1    'éi>J^2jo j\^\^ 

au  gouvernement  occupent  la  partie  de  droite  située  à  l'o- 
rient; aucun  homme  de  la  basse  classe  n'habite  parmi  eux; 
on  n'y  voit  pas  de  marchés,  mais  les  rues  sont  sillonnées, 
dans  toute  leur  longueur,  de  canaux  bordés  d'arbres  plantés 
avec  symétrie,  et  de  vastes  maisons.  La  partie  gauche,  à 
l'ouest,  est  affectée  au  peuple,  aux  commerçants,  aux  maga- 
sins d'approvisionnements  et  aux  marchés.  A  la  pointe  du 
jour,  je  voyais  les  intendants  du  roi,  ses  domestiques,  les 
esclaves  et  les  agents  des  gouverneurs  se  rendre ,  soit  à  pied , 
soit  à  cheval,  dans  la  moitié  de  la  ville  où  se  trouvent  les 
marchés  et  les  négociants;  ils  prenaient  là  les  marchandises 
et  les  objets  dont  ils  avaient  besoin,  et  s'en  retournaient 
sans  plus  remettre  le  pied  dans  ce  quartier  jusqu'au  lende- 
main. La  Chine  est  un  pays  charmant,  à  la  végétation  luxu- 
riante, et  entr^ecoupé  d'innombrables  canaux;  toutefois  le 
palmier  ne  s'y  rencontre  pas.  Les  habitants  de  cet  empire 
sont,  parmi  les  créatures  de  Dieu,  les  plus  habiles  dans  la 


CHAPITKK  XV  32S 

^  jU^t  »ô]j  8«X^  V^^'  (^^  jy^*^^  W^S^  lilXw  aXauLm  l^( 
J^«-»»<j  \.{^ xJ)\jks  j.Ah,-*'^  wiUil  <jl  Jo».:>l3  l^-jlxi  <_j*Xr>.|  S^j 

peinture  et  clans  tous  les  arts.  Aucune  autre  nation  ne 
pourrait  rivaliser  avec  eux  pour  quelque  ouvrage  que  ce 
soit.  Lorsqu'un  Chinois  a  fait  un  travail  qu'il  croit  inimi- 
table, il  l'apporte  au  palais  du  roi  et  demande  une  récom- 
pense pour  son  chef-d'œuvre.  Le  roi  ordonne  aussitôt  que 
cet  ouvrage  reste  exposé  au  palais  pendant  une  année,  et  si , 
dans  tout  ce  temps,  personne  n'y  trouve  de  défaut,  le  roi 
accorde  à  l'auteur  une  récompense  et  l'admet  au  nombre  de 
ses  artistes;  mais  si  l'on  découvre  un  défaut  dans  l'ouvrage , 
celui  qui  l'a  fait  est  renvoyé  sans  salaire.  Un  homme  avait 
représenté  sur  une  étoffe  de  soie  un  épi  avec  un  moineau 
perché  dessus;  telle  était  la  perfection  du  travail  que  l'œil 
du  spectateur  s'y  trompait  forcément.  Ce  chef  d'œuvro  resta 
longtemps  exposé.  Un  jour  un  bossu,  en  passant  devant  lui, 
se  permit  de  !e  critiquer.  Introduit  auprès  du  roi,  ainsi  que 
l'artiste,  on  lui  demanda  sur  quoi  portaient  ses  reproches. 
«  Tout  le  monde  sait,  répondit-il,  qu'un  moineau  en  s'abal- 
tant  sur  un  épi  le  fait  plier;  ici  le  peintre  a  représenté  l'épi 

21  . 


324  LES  PRAIRIES  D'OR. 

Jcii^j  »«>»-AJ  «><«s»-tj  <X  J*-»^  Uyà^^Jl  JUl^^jil^  jjî^si-iil 
(j^  io  1.4JO  ^^jjw»  xàj^jUâ^t  J^-i^X^ij  iÙAjè  jlvà».|  (j^Aa^îi 

droit  et  nullement  penché,  bien  qu'il  ait  posé  dessus  un 
oiseau.  »  L'observation  fut  trouvée  juste,  et  le  peintre  ne 
reçut  aucune  récompense.  Par  cette  coutume  et  d'autres 
semblables,  ils  veulent  stimuler  le  zèle  des  artistes,  les  for- 
cer à  beaucoup  de  circonspection  et  de  prudence,  et  les 
obliger  à  réfléchir  longuement  dans  l'exécution  des  ouvrages 
qu'ils  entreprennent. 

Il  nous  resterait  encore  beaucoup  de  renseignements  cu- 
rieux et  de  choses  intéressantes  à  communiquer  sur  les  Chi- 
nois et  sur  leur  pays  ;  mais  nous  y  reviendrons  plus  bas  dans 
cet  ouvrage ,  et  nous  en  parlerons  en  gros ,  bien  que  nous 
ayons  déjà  traité  ce  sujet  d'une  manière  très-complète  dans 
nos  Annales  historiques  et  dans  notre  Histoire  moyenne. 
Au  surplus  nous  avons  consigné  surtout  dans  le  présent  livre 
tous  les  détails  que  nous  avions  omis  dans  ceux  que  nous 
venons  de  citer. 


CHAPITRE  XVI.  325 

*l^j-*ï>!^  >^»laJi   yàL«-«^  jj^Jsjiil  jlx>sfc.l^  liJj-m   t-ol^j 

^ji  i/i  bjji  U  ^^  ^j^olXm  jji^    l^Lç«  A\<wajL«  M"*i^'^  U*L)k? 

W^b^*  U  •  ^-?  W*"';?;  vW*  O'^'^ii^^^  v_jtXxii?  Uûi_j5^j  l^L^iyû 
CHAPITRE  XVI. 

IVAPIDE  EXPOSÉ  DES  MERS,  LEURS  PARTICULARITES;  LES  PEUPLES 
ET  LES  DIFFÉRENTES  PUISSANCES;  RENSEIGNEMENTS  SUR  L'ES- 
PAGNE; LES  CONTRÉES  D'OU  PROVIENNENT  LES  PARFUMS,  LEURS 
DIFFÉRENTES  ESPÈCES,  ET  AUTRES  SUJETS. 

Nous  avons  déjà  parlé  plus  haut,  d'une  manière  générale, 
des  mers  qui  communiquent  entre  elles  et  de  celles  qui 
sont  isolées;  nous  donnerons  dans  ce  chapitre  des  notions 
sommaires  sur  les  communications  de  la  mer  d'Abyssinie 
avec  les  autres  mers,  sur  les  royaumes,  les  rois,  les  diffé- 
rents rangs  qu'ils  occupent,  et  sur  d'autres  faits  intéres- 
sants. 

Les  eaux  des  mers  de  la  Chine ,  de  l'Inde ,  de  la  Perse  et 
tlu  Yémen  communiquent  entre  elles  sans  interruption, 
comme  nous  l'avons  dit;  mais  l'agitation  et  le  calme  y  sont 
variables  et  dépendent  de  la  diversité  des  vents  qui  y  souf 
fient,  des  époques  où  elles  sont  soulevées  par  la  tempête. 


326  LES  PRAIRIES  D'OR. 

(jv_j  *XÀi:  ^^^J  L.^nta:jj  A:>-î_j-«5 j.aXj  ^j*ijU^^y»  viUij.AS^^ 
J^.À_^I  j-rtf"  ^^-^5   *>^~**  Xiy^sj  J^Mt^_^  XS!"]^]   tMj_5  0*yls 

et  d'autres  ciixonstances  encore.  Ainsi  la  mer  de  Perse  est 
houleuse  et  d'une  navigation  difficile  quand  la  mer  de 
l'Inde  est  paisible,  très-peu  agitée  et  très-facile  à  traverser. 
La  mer  de  Perse,  à  son  tour,  est  calme,  presque  sans  vagues 
et  d'un  parcours  facile,  lorsque  la  mer  de  l'Inde  est  pro- 
fondément troublée,  et  que  le  choc  de  ses  vagues  et  ses 
brouillards  opposent  de  grandes  difficultés  aux  navigateurs. 
La  mer  de  Perse  commence  à  devenir  orageuse  lorsque  le 
soleil  entre  dans  le  signe  de  l'Epi .  et  à  l'approclie  de  l'équi- 
iioxe  d'automne;  les  vagues  augmentent  continuellement 
jusqu'à  ce  que  le  soleil  se  trouve  dans  le  signe  du  Poisson; 
elles  sont  surtout  violentes  vers  la  fin  de  l'automne,  quand 
il  est  dans  le  Sagittaire,  et  elles  se  calment  ensuite,  pour 
reparaître  de  nouveau,  quand  il  revient  à  la  constellation 
de  l'Epi;  les  dernières  vagues  s'y  montrent  vers  la  fin  du 
printemps,  lorsque  le  soleil  séjourne  dans  les  Gémeaux. 
Quant  à  la  mer  de  l'Inde,  elle  est  très-grosse  jusqu'à  ce  que 
le  soleil  entre  dans  l'Épi,  seule  époque  où  elle  devient  na- 


CHAPITRE  XVI.  327 

^J,^,Jlî  y^.^  (J-yiJ^    À  (_fW-CW.il    (J^  «XJvC    (J_^r?    ^    l♦Xi^\^  «XaÀXS»- 

U-M^JI  yftj  '&j\m*j^\  AAi  ^j_jXj  «Xà^Î  jjS?^  tXÂ^I  i^Vj  (jî   ^ij 

iJw  éfiiS—À—S'  oixo  U«XÀ*  joIa-Cw^^  U^°^  U^      i  >i^'  (•'^^.5 

vigable;  les  plus  grands  calmes  y  régnent  lorsque  le  soleil  se 
trouve  dans  le  Sagittaire.  Sur  la  mer  de  Perse  on  navigue 
toute  l'année  d'Oman  à  Siraf  pendant  une  traversée  de  cent 
soixante  parasanges,  et,  de  Siral  à  Basrah,  distante  de  cent 
quarante  parasanges;  mais  on  ne  dépasse  pas  ces  deux  lo- 
calités ou  leurs  alentours.  L'astronome  Abou  Mâchar,  dans 
son  ouvrage  intitulé  Grande  introduction  à  rastronomie, 
rapporte  ce  que  nous  venons  de  raconter  sur  l'agitation  et  le 
calme  alternatifs  de  ces  mers,  selon  la  constellation  dans 
laquelle  séjourne  le  soleil.  Aucun  bâtiment  d'Oman,  saul" 
les  bateaux  qui  se  risquent  avec  une  petite  charge,  ne  tra- 
verse la  mer  de  l'Inde  pendant  le  tirmah  (mois  de  juin); 
ces  bateaux,  qui  ont  osé  se  rendre  à  cette  époque  dans 
l'Inde,  s'appellent  à  Onian  tirniahyyeh.  Or  il  faut  savoir  que 
pour  les  régions  de  l'Inde  et  la  mer  des  Indes,  le  ie<^areh, 
c'est-à-dire  l'hiver,  et  les  pluies  continuelles  qui,  chez  nous, 
tombent  pendant  les  mois  de  décembre,  janvier  et  février, 


328  LES  PHAIUIES  D'OR. 

^-^XKMS^   /O.^»-*^    bjbLilO    Lj]^jyji^    ub'd>'*"     *^  J^   b*X»i*  jj_jX> 

^}.-^i-i   *X-vg-5l   (JC^Ij    ^"*>*^'»^   li    VJC-*i    (^j   w^SJ)    î«Xi6   ^j-*»»?    (iî 

jj*fc_çww_]|  t_>yO  dUij  dUUjû  b;^  ^^î  «XÀ^I  ijojif  j.j*>-i  {j^ 

^jci^.xJÎ  t*e>Î^^Lw  (^  UajuS  q>«  (^jikiM  L^fvi  li-Ajl  *xj>j  l^Aj 
jjc^lifc  yû^  lgjL9  py  ^jlj^l  (j^  ôi«X*  U  fj^  b,]j.^\  I  jsJ^  i 

jj  (j*iL»Jl  cjUj}  ppSÎ  ^j_j.^j  fi^fJuS^  [ij.^t>^j.^<l\  \<>^  (j^ 

correspondent  à  Tété,  de  même  que  chez  nous  la  chaleur 
se  fait  sentir  pendant  les  mois  de  juin,  juillet,  août,  en 
sorte  que  l'été  règne  chez  eux  pendant  notre  hiver,  et  récipro- 
quement. 11  en  est  de  môme  dans  toutes  les  villes  de  l'Inde 
et  du  Sind  et  dans  tous  les  pays  limitrophes  jusqu'aux  ex- 
trémités de  cette  mer.  On  se  sert  du  mot  iaçara  pour  dési- 
gner le  séjour  d'hiverque  quelqu'un  fait  dans  l'Inde,  tandis 
([ue  l'été  règne  dans  nos  climats.  Cette  différence  de  saisons 
provient  du  plus  ou  moins  de  distance  ou  de  proximité  du 
soleil. 

La  pêche  des  perles,  dans  le  golfe Persique,  n'a  lieu  que 
depuis  le  commencement  d'avril  jusqu'à  la  fin  de  sep- 
tembre; elle  cesse  pendant  les  autres  mois.  Dans  nos  ouvra- 
ges antérieurs  nous  avons  nommé  tous  les  endroits  de  cette 
mer  où  il  existe  des  pêcheries;  car  les  perles  se  trouvent 
exclusivement  dans  lamer  d'Abyssinie,  au  pays  de  Kharek, 
de  Rotor,  d'Oman,  de  Serendib,  et  sur  d'autres  points  de 
ces  parages.  Nous  y  avons  aussi  parlé  de  la  manière  dont 
la  perle  se  forme,  et  des  différentes  opinions  émises  à  ce 


CHAPITRE  XVI.  329 

yî^jxs*-  yûj  *.^Jl^  o*>^>^'  i  t5*^^  (^-^'j  tXAfJ^^  <-^J?/*^^ 
^^il^  ^  iuaUiî  Qjl^  C^y*^'  i^AJU^s  jii^i  ^^  UjO''^  U>*xJ^ 
(iULi-tû  (j^  (jwbAÀJÎ  ^jjy*-  /o-^jîiî  J_^l  ^3-<i  (j^  ^».4Ji^L>  Uj 

sujet;  les  uns  la  faisant  naître  de  la  pluie,  et  les  autres  lui 
attribuant  une  origine  toute  différente.  Nous  avons  dit  qu'on 
distinguait  dans  les  perles  les  anciennes  et  les  nouvelles,  ap- 
pelées aussi  el-niahar  et  connues  sous  le  nom  (Xel-halbal.  Quant 
à  l'animal  lui-même,  il  se  compose  d'une  agglomération  de 
chair  et  de  graisse  qui  se  trouve  dans  la  coquille;  il  redoute 
pour  la  perle  l'approclie  des  plongeurs,  comme  une  mère 
craindrait  pour  son  enfant.  Nous  avons  expliqué  aussi  la 
manière  dont  on  plonge.  Les  plongeurs,  ainsi  que  nous  l'a- 
vons dit ,  ne  se  nourrissent  que  de  poissons  et  de  dattes,  et 
d'autres  aliments  du  même  genre;  on  leur  fend  le  bas  de 
l'oreille  pour  laisser  passage  à  la  respiration,  attendu  qu'ils 
bouchent  leurs  narines  avec  un  appareil  taillé  en  fer  de 
flèche,  fait  de  zebel,  qui  est  l'écaillé  de  la  tortue  marine  dont 
on  fiibri(jue  les  peignes,  ou  bien  encore  en  corne,  mais  ja- 
mais de  bois;  ils  portent  dans  leurs  oreilles  du  coton  im- 
prégné d'huile  dont  ils  expriment  une  faible  partie  lorsqu'ils 


:i30  LES  PRAIRIES  D'OR. 

cyyaJî  Oi)"^J  c_»^i^j.^:Oi  ».j«  jj  iLolxJî  ^^a?j  ii_j-wyJî  (j-* 
<iUA.^j\.A^|    iy^y*i^^   iiA:>lÀM^  Iaoxj   ^.^A£SX^  ^«-^««0  ^f***^.  (S^"^ 

Jjlj  I^aJiL:^  (j-*  v-i-^.Aw  Ltfvi  Ajlj^i   oiU^^  <\jLcl^  X)U^Vi*5 

yJiM£ll\j.^  ^-  ^:>j.^,j.^  ^jj\yÂ^   A^,  y.^.  ylb^  )i'% j^ 

j^  yâ>^  (^jvAôJlj.^  <oÔ  5i>^\j  JI^  ^AaJî  iyJt   cjt»^  -JuJI^ 

sont  au  fond  de  la  mer,  ce  qui  les  éclaire  comme  une  lu- 
mière. Ils  enduisent  leurs  pieds  et  leurs  cuisses  d'une  matière 
noire  qui  fait  fuir  au  loin  les  monstres  marins  par  lesquels 
ils  craindraient  d'être  engloutis.  Quand  ils  sont  au  fond  de 
la  mer  ils  poussent  des  cris  semblables  aux  aboiements  des 
chiens,  et  dont  le  bruit  perçant  leur  sert  à  communiquer 
les  uns  avec  les  autres.  Enfin  nous  avons  encore  rapporté 
d'autres  détails  curieux  concernant  les  plongeurs  et  leur  art, 
l'huître  à  perle  et  son  animal,  les  qualités,  le  caractère 
distinctif,  le  prix  et  le  poids  de  la  perle. 

Cette  mer  commence  du  côté  de  Basrah,  d'Obollah  et  du 
Bahrein ,  à  partir  des  estacades  de  Basrah  ;  puis  vient  la  mer 
Larewi,  qui  baigne  les  territoires  de  Seïmour,  Soubareh, 
Tabeh,  Sindan ,  Kambaye  et  autres ,  faisant  partie  de  l'Inde 
et  du  Sind;  puis  la  mer  d'Herkend;  puis  la  mer  de  Killâh 
ou  Kalah  et  l'archipel;  puis  la  mer  de  Kerdendj;  puis  la 
mer  de  Siuf ,  dont  les  côtes  produisent  l'aloès  appelé  de 
son  nom  sinfi,  et  enfin  la  mer  de  Chine  ou  Sindji,  qui  est 


CHAPITRE  XVI.  331 

*^*wÙwiLl>     \iyka.M    C:>U^^^C    j^J    'iidC.ÀMlj    OjJ^Jllî     xXs^^    «^aoaJS 

j-i».î  î*>aûj  \jài:jÀ  [jy**^  iUi^J^  u-l;  J^  iaJu4î  (jw«j  U^i 
y^W  (jbjl  (,j^  (i)^^5  ^^^  J">^j^  J-*=*  ^^••^4^  0*1;^  '--^^^ 

u  yi<  liij  '^^••'^^  o"!^-^  <>s/*^'  <-^^  <^>— ci  *Lii  i  aajI^ 

la  dernière  de  toutes.  La  mer  de  Perse,  ainsi  que  nous 
l'avons  dit,  commence  auxestacades  de  Basrab,  à  l'endroit 
même  connu  sous  le  nom  d'el-Kenkelà;  ce  sont  des  madriers 
enfoncés  dans  la  mer  et  servant  de  signaux  aux  bâtiments. 
De  là  à  Oman,  en  suivant  la  côte  de  Perse  et  du  Bulirein , 
il  y  a  trois  cents  parasanges.De  l'Oman,  dont  la  capitale  s'ap- 
pelle Sohar,  ou  Mezoen,  d'après  les  Persans,  à  Maskat,  ville 
qui  possède  des  puits  où  les  marins  viennent  faire  de  l'eau 
douce,  il  y  a  une  distance  de  cinquante  parasanges.  Il  y  en 
a  autant  de  Maskat  au  cap  el-Djomdjomali,  limite  extrême 
de  la  mer  de  Perse,  dont  la  longueur  est  de  quatre  cents 
parasanges,  ce  qui  est  conforme,  du  reste  ,  à  l'évaluation  des 
patrons  (jui  fré(|uentent  ces  parages.  Le  cap  el-Djomdjo- 
mali  est  formé  par  une  montagne  qui  va  rejoindre  le  Yemen 
par  le  pays  d'ech-Ghihr,  d'el-Ahkaf  et  des  sables,  et  qui 
se  prolonge  ensuite  dans  les  profondeurs  de  la  mer  jusqu'à 
mie  limite  inconnue.  Toutes  les  fois  qu'une  montagne  s'é- 


332  LES  PRAIRIES  D'OR. 

4^^yij.^^.J!  i  (^^^  jj^\  c:a^  ff.M^  j^\  ^  J<a  (j^  UjU?^ 

À^  j^     ^\^     l4^>^Xi5j     [•Jz—'I'    4^.»51^^jJL^9)     <_^kft    ViV^*^ 

^^j4*iJ!   ^^   iCÂXSJl^   (jjj.4^J!    ^   (jJuJl   A*kJb'  LjCjj   AAjUio 

lend  ainsi  au  loin  sous  les  eaux,  on  lui  donne  dans  la 
Méditerranée  le  nom  de  Sofalah;  tel  est  le  Sofalah  qui, 
de  l'endroit  connu  sous  le  nom  de  côte  de  Séleucie,  dans 
le  pays  de  Roum,  s'étend  sous  la  mer  dans  la  direction  de 
l'île  de  Chypre,  et  sur  lequel  tant  de  vaisseaux  grecs  ont 
échoué  et  péri.  Nous  aurons  toujours  soin  de  rapporter  les 
termes  dont  les  navigateurs  de  chaque  mer  se  servent  entre 
eux  et  dont  ils  comprennent  parfaitement  le  sens.  —  Du 
cap  el-Djomdjomah  les  vaisseaux,  quittant  le  golfe  Persique, 
passent  dans  la  seconde  mer,  ou  merLarewi.  On  n'en  con- 
naît pas  la  profondeur,  et  on  n'en  peut  déterminer  exacte- 
ment les  limites  à  cause  de  l'abondance  de  ses  eaux  et  de 
son  immensité;  bien  des  marins  prétendent  qu'il  est  dif- 
ticile  d'en  donner  une  description  géographique,  tant  est 
grande  la  multitude  de  ses  ramifications.  Toutefois  les  vais- 
seaux la  traversent  communément  en  deux  ou  trois  mois, 
quelquefois  même  en  un  mois ,  lorsque  le  vent  est  favorable 


CHAPITRE  XVI.  333 

/•^Jy»  wiUi  JX»^  o^XJI  (j^  iivXj  (jv-Jî  u.?^*^  (*^'  viLîi^ 

et  l'équipage  en  bonne  santé,  bien  que  ce  soit  la  plus  con- 
sidérable et  la  plus  orageuse  de  toutes  les  mers  réunies 
sous  le  nom  collectif  de  mer  d'Abyssinie.  Elle  comprend 
dans  son  immensité  la  mer  de  Zendj ,  et  baigne  les  côtes  de 
ce  pays.  L'ambre  est  rare  dans  la  mer  Larewi,  mais  il  se 
trouve  en  grande  quantité  sur  les  côtes  de  Zendj  et  sur  le 
littoral  d'echChihr  en  Arabie.  Les  habitants  de  ce  dernier 
pays  sont  tous  des  descendants  de  Kodaâh ,  fils  de  Malik,  fils 
de  Himiar,  mêlés  à  d'autres  Arabes  ;  on  les  comprend  tous  sous 
le  nom  de  Maharah.  Ils  ont  une  chevelure  épaisse  et  tonj- 
bant  sur  les  épaules;  leur  langage  dilTère  de  celui  des  Ara- 
bes. Ainsi  ils  mettent  le  chin  à  la  place  du  kef  et  disent, 
par  exemple,  hel  lechjimn  koulta  U  (as-tu  le  pouvoir  de  faire 
ce  que  tu  m'as  dit.^) ,  pour  lek;  ou  bien ,  koultou  lech  en  tedjâla 
ellezi  mai  filiez  i  mâech  (je  t'ai  dit  de  mettre  ce  qui  est  chez 
moi  avec  ce  qui  est  chez  toi) ,  pour  lek  et  ma/c;ils  ont  encore 
d'autres  locutions  étranges  dans  leur  conversation.  Ils  sont 
pauvres  et  misérables,  mais  ils  ont  une  race  excellente  de 


334  LES  PRAIRIES  D'OR. 

«JJjJ    OQgt^     «XJ»     iXA^ft    i^jSyi  j,^^\     &i«Xj»    4X3     wAÀxjL    4^><>^0l 

jàUJl   ^ij^ill  j^*>m  _5i_J&5  <îi_X_r».L*M^  j^jJl^î^s..^  iut^UJl 

(^    <^\^.    ^    <i«^-^    V.A.ÀJU)     i^ySa-j.^is.Mt^^     ^ÙJaj    (^J-^    (J>^^ÀmJ^ 

chameaux,  connue  sous  le  nom  de  mahariieh,  qu'ils  mon- 
tent la  nuit,  et  qui,  pour  la  vitesse ,  égalent  les  chameaux  du 
Bodja  el  les  dépassent  même,  d'après  l'avis  de  bien  des  per- 
sonnes. Ils  se  rendent  avec  eux  au  rivage  de  la  mer,  et  aussitôt 
que  le  chameau  aperçoit  l'ambre  que  les  flots  ont  rejeté ,  il 
s'agenouille,  ainsi  qu'il  y  est  dressé,  et  le  cavalier  ramasse 
cette  substance.  Le  meilleur  ambre  est  celui  qui  se  trouve 
dans  les  îles  et  sur  les  côtes  de  la  mer  de  Zendj  ;  il  est  rond, 
d'un  bleu  pâle,  quelquefois  de  la  grosseur  d'un  œuf  d'autru- 
che ou  d'un  volume  un  peu  moindre.  Il  y  a  des  morceaux 
qui  sont  avalés  par  le  poisson  appelé  el-aoual,  dont  nous  avons 
déjà  parlé  ;  lorsque  la  mer  est  très-agitée  elle  vomit  de  son 
sein  des  fragments  d'ambre  presque  aussi  gros  que  des 
quartiers  de  roche.  Ce  poisson  les  engloutit,  en  meurt 
étouffé,  et  surnage  ensuite  sur  les  flots.  Aussitôt  des  hommes 
de  Zendj  ou  d'autres  pays,  qui  attendent  sur  des  canots  le 
moment  favorable,  attirent  à  eux  l'animal  avec  des  harpons 
et  des  câbles,  lui  fendent  le  ventre  et  en  retiient  l'ambre; 


CHAPITRE  XVI.  33.) 

U^  vXàJIj  (j*)Wj   (j|^_*_Jl»  (jjjjliaxJl   Ai^.*.j3  l^-^-M»  (j^X)  xÀiij 

ylaj  jj  AiJ  4yW»o-J>.  4^  IiX_rs-  Ujij  ^j\<'  AjU  CJ;^:^  j^  JJ 
_j^^    ^jliJl    wS^Jl^   ù^SjJb  y-Jb^   CivJLxJl    w:^Jl   yv-Jj      CJ»_j.iI 

M^j^-^^5  Lr-»  ^-'^^j  ol^-v^^j  (j^-«**^  (JV^»^-«**j5j  (J^-**^^^^5 

celui  qui  était  dans  les  entrailles  exhale  une  odeur  nauséa- 
bonde, et  les  droguistes  de  l'Irak  et  de  la  Perse  le  sur- 
nomment neàà;  mais  les  fragments  qui  se  trouvent  près  du 
dos  sont  d'autant  plus  purs  qu'ils  ont  séjourné  plus  long- 
temps dans  l'intérieur  du  corps. 

Entre  la  troisième  mer  ou  celle  d'Herkend  et  la  mer  de 
Lar,  il  y  a,  comme  il  a  été  dit,  un  grand  nombre  d'îles  qui 
en  forment  comme  la  séparation;  on  en  compte  deux  mille 
ou  plus  exactement  dix-neuf  cents.  Elles  sont  toutes  très- 
bien  peuplées  et  obéissent  à  une  reine;  car,  depuis  les 
temps  les  plus  reculés,  les  habitants  ont  pour  coutume  de 
ne  pas  se  laisser  gouverner  par  un  homme.  L'ambre  qu'on 
trouve  dans  ces  parages,  et  que  la  mer  y  rejette,  atteint  le 
volume  des  plus  gros  quartiers  de  roche.  Plusieurs  naviga- 
teurs et  bien  des  négociants  de  Siraf  et  d'Oman,  qui  ont 
fait  le  voyage  de  ces  îles ,  m'ont  assuré  que  l'ambre  croît  au 
fond  de  la  mer,  et  s'y  forme  comme  les  différentes  espèces 


336  LES  PRAIRIES  D'OR. 

&L«m\^  ij-»»»ii!^  u^oill  (jw«jiaxll  c|^î  Qj53;j  y^Aj^j.^Jt 

ii^l  lyUXvo  I^^a:?:  j^î>4  »*>»^  J-^î^  j^»^^  jki_j  ^l^Ji)!^ 

yî^L^VI  ^sfàû^i^  i^yj^  ^^*fiyL>  (£fA  0-tf  (j*.b!  /o*S^  <Xi^ 
U«y-*  ^VV=*-  *^-*^î   ''^^^-J  ''^  *^j^\  Wl^  Jjdt  j-£^  J.a:>-^UJI 

de  bitume  blanc  et  noir,  comme  les  champignons  et  autres 
substances  du  même  genre;  quand  la  mer  est  agitée,  elle 
rejette  de  son  sein  des  fragments  de  roche,  des  galets,  et  en 
même  temps  des  morceaux  d'ambre. 

Les  habitants  de  ces  îles  sont  tous  soumis  à  un  même 
gouvernement;  ils  sont  très-nombreux,  et  peuvent  mettre 
sur  pied  une  armée  innombrable.  Chaque  île  est  séparée  de 
sa  voisine  par  une  distance  d'un  mille,  d'une,  de  deux  ou  trois 
parasanges;  les  cocotiers  y  réussissent,  mais  on  n'y  trouve 
pas  le  dattier.  Parmi  les  savants  qui  s'occupent  de  la  re- 
production des  animaux  et  de  la  greffe  des  arbres  à  fruit  il 
en  est  plusieurs  qui  prétendent  que  le  cocotier  n'est  autre 
chose  que  l'espèce  de  palmier  appelé  el-moM,  lequel,  sous 
l'influence  du  sol  de  l'Inde  où  il  a  été  transporté,  est  devenu 
ce  que  nous  le  voyons  aujourd'hui.  Dans  notre  ouvrage  qui 
a  pour  titre  les  Questions  et  les  expériences,  nous  avons 
traité  de  l'influence  qu'exercent  sur  les  êtres  doués  ou  pri- 


CHAPITRE  \VI.  337 

,  ^-j!  j— a_j;\jlS   :>L«^r-l  J.a^   -Iàj   j^^J   U_5    c:>UÀii    (j^  t^UJl    »j 
»X..=-j.j  (j^aJj,    b^-5iï   U  ^   J><X>_5   t_J^^)j   |j^^.(im    (J-»  QojJ'l 

jol^  J,^_j!j^L  Svkii  J.î5i  ^J^  i>;«^o  v-Àkil  j-^i  jjl).>  i 

iils  ^Î_^A^  CJ-»  f^^-J  ^-^=*"  ^^j""^*  u^  <tylb>^  c.:>yl  iUuî  » jsJ^ 
J^-stf*  oJJtM»  (j-«  l^>jc_ia-JLi  j.j!jj.4i  5>>.^  cK-i'>S  cj^i  l^U  Jo 

U    ^j.v.^uJl     (j^-=^    ^_J».L>mJÎ     J^^    (_^    ^^lajj     X-#.^S^J    yi_j,Ai 

vés  de  raison  chaque  région  et  son  climat,  et  nous  avons 
parlé  des  effets  que  produit  le  sol  sur  les  organiques  comme 
les  végétaux  et  sur  les  inorganiques  comme  les  minéraux. 
C'est  ainsi  cju'on  doit  attribuer  au  climat  habité  par  les 
Turcs  les  traits  caractéristiques  de  leur  physionomie  et  la 
petitesse  de  leurs  yeux,  et  cette  influence  s'exerce  jusque 
sur  leurs  chameaux,  qui  ont  les  jambes  courtes,  le  cou  gros 
et  les  poils  blancs.  Il  en  est  de  même  pour  les  peuples  éta- 
blis dans  le  pays  de  Yadjoudj  et  Madjoudj  ,  et  aucune  de  ces 
remarques  n'a  pu  échapper  à  personne  de  ceux  qui  ont  fait 
des  observations  sur  les  Orientaux  et  les  Occidentaux.  Pour 
en  revenir  à  ces  îles,  il  n'y  en  a  pas  d'autres  dont  les  naturels 
soient  plus  habiles  artisans,  qu'il  s'agisse  de  la  fabrication  des 
étoffes,  des  instruments  ou  d'autres  objets,  La  reine  n'a 
pas  d'autres  monnaies  que  les  cauris ,  qui  sont  des  espèces 
de  mollusques.  Lorsqu'elle  voit  son  trésor  diminuer,  elle 
ordonne  aux  insulaires  de  couper  des  rameaux  de  cocotier 
avec  leurs  feuilles  et  de  les  jeter  sur  la  surface  de  l'eau;  ces 


338  LES  PRAIRIES  D'OR. 

kiUi  ij-t  %^  àj^^  (j^  ^J»  W^  ^^^^  ij^^  cj^y-^~^  (J-»  i<^ 

s- 
OyJti    ^«--9    0*-J'    (^  $~^  J — '1^-^    «r^*^*"!^    O^"^    t_AjJs.3^^ 

5»-Aji3  4^^i  yiU^  Lg,-*.35  d)^_L^  ^"f,^  i>ji_j«*.JCo  "  (^y^\jj\j 
Jjii;yJl_5  o^^JUÎj  oL.=>-jJI_5  ;3^j.aJ53  ^3^|yAÎI   S^a^O   ^^^ 

animaux  y  montent,  on  les  ramasse  el  on  les  étend  sur  le 
sable  (lu  rivage  où  le  soleil  les  consume  et  ne  laisse  que 
les  coquilles  vides  que  Ton  porte  au  trésor.  De  ces  îles ,  qui 
sont  connues  sous  le  nom  de  Dahihat,  on  exporte  une  grande 
quantité  de  zandj  ou  coco.  La  dernière  de  toutes  est  celle 
de  Serendib.  A  une  distance  d'environ  mille  parasanges, 
se  rencontrent  encore  d'autres  îles,  nomriiées  er-Ramin, 
bien  peuplées  et  gouvernées  par  des  rois.  Elles  sont  abon- 
dantes en  mines  d'or  et  voisines  du  pays  de  Kansour,  cé- 
lèbre par  son  camphre,  qui  ne  s'y  trouve  jamais  en  plus 
grande  quantité  que  les  années  où  il  y  a  beaucoup  d'orages, 
de  secousses  et  de  tremblements  de  terre. 

Le  coco  sert  de  nourriture  aux  habitants  dans  la  plupart 
des  îles  que  nous  venons  de  nommer;  on  en  exporte  le  bois 
de  Bokkam  (bois  du  Brésil),  le  bambou  el  l'or.  Les  élé- 
phants y  sont  nombreux,  et  quelques-unes  sont  habitées 
par  des  anthropophages.  Près  de  ces  îles  sont  celles  d'Elen- 


CHAPITRR  \V(.  339 

j.Ajb<xJî_5  J'^I^jJl»  ciUi  y_j,xxo  ^_5  vW^Jî   tir*  t£^^    *XjOs-s.L» 
jj^xaJl  i^jjLA.^  i^^j-w  ^j*bi  Ig-s»  (jUiJvJi  1^1  Jlx>jjK.>  ^o-^aXj^ 

jj  \^  jM*.^=>  «Xjj  (jjtf   (ft-^î  l^-tï*^^  t*5  '^^  (*^  V^'L)'-*  ^ 
«Lç  ^xaJO   (^v—ï*-  ^^^jJo  (j<a<V^5  (j^-*w.J  <\jL«  ^  ^jf?  ljlx«o  lnJai 

djmaloiis,  où  vivent  des  peuples  d'une  figura  bizarre  qui 
marchent  entièrement  nus.  Ils  vont  sur  leurs  canots  au-de- 
vant des  vaisseaux  qui  passent,  portant  avec  eux  de  l'ambre, 
des  noix  de  coco  et  autres  objets  qu'ils  échangent  contre  du 
fer  et  des  étolTes,  car  ils  ne  connaissent  pas  les  monnaies 
d'or  ou  d'argent.  Près  de  là  se  trouvent  les  îles  Andaman. 
Elles  sont  peuplées  par  des  noirs  d'un  aspect  étrange;  ils 
ont  des  cheveux  crépus  et  le  pied  plus  grand  qu'une  cou- 
dée. Ils  ne  possèdent  pas  de  barques;  ils  dévorent  les  ca- 
davres que  la  mer  jette  sur  leurs  côtes,  et  traitent  de  même 
les  équipages  que  le  hasard  fait  tomber  entre  leurs  mains. 
Plusieurs  navigateurs  m'ont  raconté  qu'ils  ont  vu  souvent 
dans  la  mer  de  Herkend  se  former  de  petits  nuages  clairs 
dont  se  détachait  une  sorte  de  langue  blanche  et  allongée 
qui  allait  se  joindre  à  l'eau  de  la  mer;  aussitôt  celle-ci  com- 
mençait à  bouillonner,  et  d'énormes  trombes  s'élevaient, 
engloutissant  tout  sur  leur  passage,  et  retombant  en  pluie 


340  LES  PRAIRIES  D'OR. 

wOLj  _5".^3  AjLAÏi.  «X_^î^  Ajbil  v..Joi    ^b  j.j^yî  ^Ix»  ij^i  iiîj) 

jJa_il^î^3  ^U5  Jok^ï  y^i^j^Wl  ^tojj_^KJî  l^ij-j^^JI^ 

<e^  J^J'J  (J*«»"^^  (e-fiÀ^  /ù^^i'î  CJ-*  O*'^'*^^    '^^   "î^À»^  ^j^-^-S?  ^lio  i) 

d'une  odeur  désagréable  et  mêlée  d'immondices  arrachées 
à  la  mer. 

La  quatriènje  mer  est,  comme  nous  l'avons  dit,  celle  de 
Kalâh-bar,  c'est-à-dire  mer  de  Kalah.  Gomme  toutes  les 
mers  qui  ont  peu  d'eau,  elle  est  dangereuse  et  d'une  navi- 
gation difficile.  On  y  rencontre  beaucoup  d'îles  et  de  ce  que 
les  marins  appellent  soarr  et  au  pluriel  saraïr,  qui  est  le 
point  de  jonction  de  deux  détroits  ou  canaux.  Elle  renferme 
encore  des  îles  et  des  montagnes  très-curieuses  dont  nous 
ne  parlerons  pas,  parce  c|ue  notre  but  est  de  donner  des 
notions  sommaires,  mais  nullement  d'entrer  dans  les  dé- 
tails. 

La  cinquième  mer,  nommée  mer  de  Kerdendj ,  renferme 
aussi  beaucoup  de  montagnes  et  d'îles,  où  se  trouve  le  cam- 
phre et  ïeau  de  camphre.  Elle  n'est  pas  riche  en  eaux ,  bien 
que  la  pluie  n'y  cesse  presque  jamais.  Parmi  les  insulaires, 
qui  sont  divisés  en  plusieurs  peuplades,  il  y  en  a  qui  sont 
appelés  el-Fendjab;  ils  ont  des  cheveux  crépus  et  des  figures 


CHAPlTUt:  \V1.  Mal 

^:>Ik^  i<)é  :>>\j  (j??j^  *-<ïl|  »»Xiû  (jv.j^  ftvj^JI  4^-i«i   <Xi  *-/»A^ 
wU^:>  (jiL-Xwo  Ltiijt  A-o^   <\aÏjUI  ,j-»  jl«»-^  (jàjo^i  ^Lijpî 

i*>OÛ  jls»-   <Xji^    (^jyCJi-iw   ^   '&yi\y:f!   t_olvil    (j-*   ^*^  ^  fT*"^ 

étranges.  Montés  sur  leurs  barques,  ils  vont  allenclrc  les 
vaisseaux  qui  passenl.  dans  leurs  parages,  et  lancent  sui 
eux  des  flèches  enipoisonnées  d'une  espèce  particulière. 
Entre  le  pays  qu'ils  habitent  et  le  territoire  de  Kalah  il  y  a 
des  mines  de  plomb  blanc,  et  des  montagnes  qui  renier 
ment  de  l'argenl.  Cette  contrée  possède  aussi  des  mines 
d'or  et  de  plomb,  mais  dont  l'exploitalion  ofï're  de  giandes 
dillicultès. 

La  mer  de  Sauf  est  contiguë  à  celle  deKerdendj,en  suivant 
l'ordre  que  nous  avonsdonné  au  commencement.  On  y  trouve 
l'empire  du  Maharadja,  roi  des  îles,  qui  connnande  ;i  un 
empire  sans  limites  et  à  des  Iroupcs  innombrables.  Le  bâti- 
ment le  plus  rapide  ne  pourrait  ("aire  en  deux  ans  le  tour 
des  îles  qui  sont  sous  sa  domination.  Les  terres  de  ce  prince 
produisent  toutes  sortes  d'épices  et  d'aromates,  et  aucun 
souverain  du  monde  ne  lire  uutanlde  richesses  d(;son  pays. 
On  en  exporte  le  camphre,  l'aloès,  le  girolle,  le  bois  de 
sandal,  l'arec,  la    noix   de   muscade,  le  cardamome,  le  eu- 


342  LES  PRAIÎIIES  D'OR. 

j.^lâj"  U»jJ^^  j^t   (j^  j-jt-JiJl  jij^  u  f^jy*^  U3J^-   ^j^^ 

U  «x—iiL»  o *^-*-j"  _^-4^  i  IgjUûi^j  I^^jmUj  UwJI  yUxj  (3.»o5 

\^^  j-f^"^  <:s*--5î  */:?/^  ^•ô^'^^  j^'  o^^^  (*^^  «Xc».î  «j\jûj 

bèbe,  ainsi  que  d'autres  produits  que  nous  ne  mentionne- 
rons pas.  Ces  îles,  dans  la  direction  de  la  mer  de  Chine, 
touchent  à  une  mer  dont  on  ne  connaît  ni  les  limites  ni 
l'étendue.  Dans  leurs  parties  les  plus  reculées  se  trouvent 
des  montagnes  halntées  par  de  nombreuses  tribus ,  au  visage 
blanc,  aux  oreilles  échancrées  comme  les  boucliers  dou- 
blés de  cuir,  aux  cheveux  taillés  en  gradins  comme  les  poils 
d'une  outre.  De  ces  montagnes  sort  un  feu  continuel  dont 
les  flammes ,  rouges  le  jour  et  noirâtres  la  nuit,  s'élèvent  si 
haut  qu'elles  atteignent  les  nuages.  Ces  éruptions  sont  ac- 
compagnées des  éclats  de  tonnerrelesplus  terribles;  souvent 
aussi  il  en  sort  une  voix  étrange  et  effrayante  annonçant  la 
mort  du  roi  ou  simplement  d'un  chef,  suivant  qu'elle  est 
plus  ou  moins  retentissante;  c'est  ce  qu'ils  savent  parfaite- 
ment discerner,  instruits  qu'ils  sont  par  une  expérience  de 
longue  date  et  (jui  ne  s'égare  jamais.  Ces  montagnes  font 
partie  des  grands  volcans  de  la  terre.  Non  loin  se  trouve  une 


CHAPITHE  XVI.  3'i3 

j^Lm.^    jLXaxÎI^    Cyl>b^«*]i^    Jj-A^Jl    <^\yJks\    t^ljjj^l    -!j:>    ^^ 

iijjJaJll  ^^^^î  ér«  ;?^.J--*  <J^  cj>_j-.A3  (J^-J  >*-f;  kiU^  t*^*^    <J^^ 

L^jiL»L**-«  (j>^:?  *H;-'»«  ^/D"^  ^Ir^^  "iUi-tf  ij^  *^i>^  ^iLLo 

».^0l   AJ     v.jiJUaJl    w^_j^^   (j*iL«Jl  ^^jtfOi   <_Ar».Lo_jiû^  A.U^^ 

(^■i?^  j_^S-J  0^:?J    ^^    '-i»^    ^    i^    CJÎÎ^Ï  J-^  ^J-'^^     X^ImJI 

île  clans  laquelle  on  entend  continuellement  résonner  le 
bruit  des  tambours,  des  flûtes,  des  luths  et  de  toute  espèce 
d'instruments  aux  sons  doux  et  agréables,  ainsi  que  les  pas 
cadencés  et  les  battements  de  mains;  en  prêtant  une  oreille 
attentive  on  distingue  parfaitement  tous  les  sons  sans  les 
confondre.  Les  marins  qui  ont  traversé  ces  parages  préten- 
dent que  c'est  là  que  Dedjdjal  (l'Antéchrist)  a  établi  son 
séjour.  Dans  renq)ire  du  Maharadja  est  l'île  de  Serireh,  (|ui 
est  située  à  environ  quatre  cents  parasanges  du  continent 
et  entièrement  cultivée.  Ce  prince  possède  aussi  les  îles  de 
Zandj  et  de  Ratnni,  et  bien  d'autres  encore  que  nous  ne 
mentionnerons  pas;  au  surplus,  sa  domination  s'étend  sur 
toute  la  sixième  mer  ou  mer  deSani. 

La  septième  mer,  ainsi  <\ue  nous  l'avons  déjà  dit,  est  la 
mer  de  (^hine,  nommée  aussi  mer  Sandji.  Les  lames  y  sont 
très-grosses,  et  il  \j  règne  une  agilation  extrême,  ([ue  nous 
appellerons  Kliibb,  pour  liiire  connaître  les  termes  dont  les 
marins  se  servent  entre  eux.  On  y  trouve  iieaucoup  de  ro- 


344  LES  PRAIRIES  D'OR. 

««.vj^J  ii-o'5Lfi  J^_5_^l3  ylî  »4XÀliJl  lyouj  dl-Ji  (jA.Uil  <Xiî>U; 
tX-iûL^  \.£>-»  tJ^Ji  yl^  liU  Ul)t«j  J^-^aÀ  i^JtXJ  y^4X*AM<a,i» 

chers  entre  lesquels  les  vaisseaux  ne  peuvent  éviter  de  pas- 
ser. Toutes  les  fois  que  la  mer  est  grosse,  et  que  les  lames 
s'y  multiplient,  on  en  voit  sortir  des  êtres  noirs  d'une  taille 
de  quatre  ou  cinq  empans,  semblables  à  de  petits  Abyssi- 
niens, tous  de  la  même  forme  et  de  la  même  stature;  ils 
montent  sur  les  vaisseaux  et,  quel  que  soit  leur  nombre, 
restent  complètement  inolï'ensifs;  mais  les  équipages,  sa- 
chant que  cette  apparition  présage  une  tourmente  où  ils 
vont  être  en  perdition,  manœuvrent  de  leur  mieux  pour 
échapper  à  la  mort  qui  les  menace.  Ceux  qui  en  sont  sortis 
sains  et  saufs  ont  souvent  vu  paraître  sur  le  haut  du  mât, 
que  les  patrons  appellent  ed-douli  dans  la  mer  de  Chine  et 
dans  d'autres  parages  de  la  mer  d'Abyssinie,  et  es-saii  dans 
la  Méditerranée,  un  objet  qui  a  la  forme  d'un  oiseau  lumi- 
neux, et  qui  jette  une  clarté  si  vive,  que  l'œil  ne  peut  ni  le 
regarder  ni  en  distinguer  la  forme.  Ce  phénomène  ne  s'est 
pas  plutôt  fait  voir  que  la  mer  se  calme ,  les  vagues  diminuent 


CHAPITRE  XVI.  3^5 

qXawo  c^iLj)  ^juoj  ^^_^Ml^  ÎOv^j^j^i   jjyo  JJijJî  ^fil  (^£ 

Jv;*  aa*  j5Uj-  ^Xi  b^  U_j  «Ir^it  J-*J-^^  0^^=^  1^^  vii.)  js.â 
^3  ^jLvjfjj^  (jjCà  /o^À^  »b^  UjjUsv.]!  »JvMdi  jkj>  ^jj-^ 

«^LoJljJS    i^  j\jiO^    }sSj£»'    i>>S-jMt^    f-\X\    (j&    (jUi    liUj^^jî^ 

et  la  tourmente  s'apaise;  l'objet  lumineux  disparaît  alors, 
sans  qu'il  soit  possible  de  savoir  comment  il  est  venu,  ni 
comment  il  s'est  évanoui;  mais  c'est  un  signe  certain  que  le 
péril  a  complètement  cessé.  Ce  fait  n'a  jamais  été  contesté  par 
aucun  des  marins  et  des  négociants  de  Basrab ,  Oman,  Sirai 
et  autres  villes,  qui  ont  navigué  dans  ces  eaux;  au  surplus,  il 
n'est  pas  impossible,  sans  être  absolument  nécessaire,  puis- 
qu'il est  tout  naturel  que  le  Dieu  tout-puissant  retire  ses 
serviteurs  du  péril  qui  menace  leur  existence.  H  y  a  aussi 
dans  ces  parages  une  espèce  d'écrevisses  longues,  ou  à  peu 
près,  d'une  coudée  ou  d'un  empan;  elles  sortent  de  l'eau 
et  se  meuvent  rapidement;  mais  elles  n'ont  pas  plutôt 
touché  la  terre  que,  toute  fonction  animale  cessant,  elles 
se  changent  en  pierres  que  l'on  emploie  dans  la  composi- 
tion des  collyres  et  des  remèdes  qui  s'appliquent  sur  les 
yeux;  ce  fait  est  d'une  notoriété  incontestable.  Celte  sep- 
tième mer,  connue  sous  le  nom  de  mer  de  Chine  ou  Sandji , 


340  LES  PRAIRIES  D'OR. 

ij-»  J^  (i^  Là_a_5Î    ^i   iUxrS' jUiwî   ^^Ua.j  OjjjJïXi   ^UM.Ji 
^j^  i>j^_  \^  (JJ?^         CJ^3  (S^^^  5<Xià  jj  Ujuâaoj  (^  ^.jX^i^ 

0»-AS>^'   i^Xj   i)j   Ôj-*J    dlJlrf  w^sJi    (J-J   \jtf    (Jr*^î    •^^^    '^^^^ 

c 

l^Xd>î^  ^;*LàJI  (j^  j^I-àJI  :iil  U^jsà-  *y>-^  W^iy^  *^y?-;> 

wvMkO-   (^    dUlA^   S_^ÂX.M«    <t_^l£  <^3    C:^^   t.'Ot^    (e>^t    cX^    <Xj»^ 


otTre  bien  d'autres  parlicularités  remarquables,  dont  nous 
avons  parlé  en  général ,  quand  nous  l'avons  décrite ,  ainsi 
que  les  mers  adjacentes,  dans  ceux  de  nos  ouvi-ages  précé- 
dents que  nous  avons  cités  plus  haut.  Nous  donnerons  dans 
la  suite  de  ce  traité  des  notions  sommaires  sur  les  rois  de 
ces  contrées. 

Au  delà  de  la  Chine  il  n'y  a  plus,  du  côté  de  la  mer,  ni 
royaume  connu,  ni  contrée  qui  ait  été  décrite,  excepté  le 
territoire  d'es-Sila  et  les  îles  qui  en  dépendent.  Il  est  rare 
qu'un  étranger  qui  s'y  est  rendu  de  l'Irak  ou  d'un  autre  pays, 
l'ait  quitté  ensuite,  tant  l'air  y  est  sain,  l'eau  limpide,  le  sol 
fertile,  et  tous  les  biens  abondants.  Les  habitants  vivent  en 
bons  rapports  avec  les  populations  de  la  Chine  et  leurs  rois 
auxquels  ils  envoient  continuellement  des  présents.  Ils  t'ont 
partie,  dit-on,  delà  grande  famille  des  descendanls  d'Amour, 
et  se  sont  établis  dans  ce  pays  de  la  tnème  manière  que  les 
Chinois  ont  occupé  le  lenr. 


CHAPITRE  \V1.  3^7 

tj^  (j^  ^-'^•**V*  >— *-*î?^  "^«^  (ji  ljj>5»-  ''^•M^  U-?^^'''^  cs*^*^^ 

La  Chine  est  arrosée  par  des  fleuves  aussi  considérables 
que  le  Tigre  et  l'Euplirale,  et  qui  prennent  leur  source 
dans  le  pays  des  Turcs,  dans  le  Tliibet  et  dans  les  terres  des 
Sogds,  peuple  établi  entre  Bokhara  et  Samarkand,  là  où  se 
trouvent  les  n)ontagnes  qui  produisent  le  sel  ammoniac. Du- 
rant l'été ,  j'ai  vu ,  à  une  distance  d'environ  cent  parasanges, 
des  feux  qui  brillaient  la  nuit  au-dessus  de  ces  montagnes; 
[)endant  le  jour,  grâce  aux  rayons  éclatants  du  soleil,  on  ne 
tiisliiigue  que  de  la  fumée;  c'est  dans  ces  montagnes  qu'on 
recueille  le  sel  ammoniac.  Lorsque  vient  la  belle  saison, 
((uiconque  veut  aller  du  Klioracan  en  Chine  doit  se  rendre 
à  cet  endroit  où  se  trouve  une  vallée  qui  se  prolonge,  entre 
les  monlagnes,  pendant  quarante  ou  cinquante  milles.  A 
l'entrée  de  cette  vallée  il  fait  marché  avec  des  porteurs  qui, 
pour  un  prix  élevé,  chargent  ses  bagages  sur  leurs  épaules. 
Us  tiennent  à  la  main  un  bùlon,  avec  lequel  ils  stimidenl 
des  deux  côtés  le  voyageur  marchant  devant  eux,  de  crainte 


/CKjl^îj 


348  LES  PRAIRIES  DO IV 

-o-ç^Àjl  fjj^O'jJb.-ji-a  I4J   >^\xÂXjiu*,^^  i^b^s-  d^i\À£>^  j^ii^-ii 

^ilj,  jSLwj-àJ!  ^y-=»-_5  ljjm\  »*X-Ci  (^  Ks^lii  ùs'à  U  Ai\  v*i.]i  ^ 

à5^-j  ij-*  :>j_5  cj>-«  viLJjOj  »;—=»"  CJ-*  [>j-^i>  U  ^^  L^^jjk.»©  iJ 
(jwe  _j— s^  (jv-'iaJî  i^\_j  tjî  Uj^i>  j^tSJj   %^yi,\  ^^  ij\mi\j^ 

que,  vaincu  par  ia  fatigue,  il  ne  s'arrête  et  ne  périsse  dans 
ce  passage  dangereux.  Arrivés  au  bout  de  la  vallée,  ils  ren- 
contrent des  terrains  marécageux  et  des  eaux  stagnantes  dans 
lesquelles  tous  se  précipitent  pour  se  rafraîchir  et  se 
reposer  de  leurs  fatigues.  Les  betes  de  somme  ne  suivent 
point  cette  route ,  parce  que  l'ammoniaque  s'enflamme  pen- 
dant l'été  et  la  rend,  pour  ainsi  dire,  impraticable.  Mais 
l'hiver,  la  grande  quantité  de  neige  qui  tombe  dans  ces  lieux 
et  l'humidité  éteignent  cet  embi'asement,  de  sorte  que  les 
hommes  peuvent  les  traverser;  mais  les  bêtes  ne  peuvent 
endurer  cette  insupportable  chaleur.  On  exerce  la  même  vio- 
lence avec  le  bâton  sur  les  voyageurs  qui  viennent  de  la 
Chine.  La  distance  du  Khoraçan  à  la  Chine,  en  suivant 
cette  route,  est  d'environ  quarante  journées  de  marche,  en 
passant  alternativement  par  des  pays  cultivés  et  des  déserts, 
des  terres  fertiles  et  des  sables.  Il  y  a  une  autre  route,  ac- 
cessible aux  bêtes  de  somme ,  qui  est  d'environ  quatre  mois  ; 


f 


CFIAPITI'.E   W'I.  o/il) 

la-S^r^JÎ    w-a5j^  ^j  SvAJL^a  ijL.-^  (jN.Aa-'î  cK=»-^  *X»_5  /o-ô-s^ 

i^ùA^Ail      (_^     V_^     >X_À— ,>M.-Jîj    yl_.4yK~.jiw    ,i!^V.A.J    ^Aj2JwO    »Xa.^Î 

l^Ai_5  >iLA.S  (^^î  jj^â  «nIT.*^  o^*-'"  -^^-^wSj  :>!5X.j  ^^^  yl;Uw.Ajtj 
ç.JjUj  «X-ï    Ôv_aJC_j    (»■— *i^  i^ÀAjCJ^  Ci>LxJ(5  i\xÀA^  ^•>-^-?'  ç-li^^ 

'vjyj    /^     CIa-jU    4X_Jj,_J     A.^À.ii.    (J-»    ««-JÀ,^    a^^La^JÎ     jS    (JaWI 

les  voyageurs  y  sont  sous  la  protection  de  plusieurs  tribus 
turques.  J'ai  rencontre  à  Balkli  un  beau  vieillard ,  aussi  dis- 
tingué par  son  discernement  que  par  son  esprit,  qui  avait  fait 
plusieurs  fois  le  voyage  de  la  Chine,  sans  jamais  prendre 
la  voie  de  mer;  j'ai  connu  également,  dans  le  Khoraçan, 
plusieurs  personnes  qui  s'étaient  rendues  du  pays  de  Sogd 
au  Thibet  et  en  Chine,  en  passant  par  les  mines  d'ammo- 
niaque. 

L'Inde  se  relie  au  Khoraçan  et  au  Sind  du  côté  de  Man- 
sourah  et  de  Moultan,  et  les  caravanes  vont  du  Sind  dans  le 
Khoraçan  et  de  même  dans  l'Inde.  Ces  pays  sont  contigus  à 
l'Aboulislan  ou  plutôt  Zaboulistan ,  vaste  contrée  connue 
sous  le  nom  de  royaume  de  Firouz ,  fils  de  Kebk;  on  y  trouve 
des  châteaux  d'une  force  merveilleuse,  et  elle  est  habitée 
par  de  nombreuses  tribus  parlant  différents  dialectes  et 
dont  la  généalogie  n'est  pas  connue  d'une  manière  certaine, 
les  uns  la  rattachant  aux  enfants  de  Japhet,  fils  de  Noé,  les 
autres  la  faisant  xenionter  jusc[u'aux  anciens  Perses  par  une 
longue  série  de  générations. 


350  LES  PRAIRIES  D'OR. 

CAAxiî      i>V?^        J-!?y3     <-*-»*^     i,     J^^i     (J*1^W     (^4*=*     tr«     (fr-^À-^^ 

i)j   byJiS  d)j*Xj  i)   tiLj   -».^j>i)5_j.j^  jtKjj   wkiars-   *i^.Î3  ii*j\,XlJî 

%-  f. 

Jljjj   iij   AK_»,i&-,    aK^au^    <S.^jÎ^    AjU^    Ajî_j.i&    tj   'JUA.Ji   j^îj.i*. 

jjîv,^.i)î    *1    (JOJ.JSJ    '^^    Sj^yM*^    U»-%.i    Î<Xj5    lSo»-Ui7    l.^    ^jl-WkJilt 

Le  Thibel  est  un  royaume  distinct  de  la  Chine;  la  popu- 
lation se  compose,  en  grande  partie,  de  Himiarites  mêlés  h 
quelques  descendants  des  Tobba,  comme  nous  le  dirons 
plus  bas  dans  cet  ouvrage,  en  traitant  des  rois  du  Yemen ,  cl 
comme  on  le  lit  dans  l'Histoire  des  Tobba.  Parmi  les  Thibé- 
lains,  les  uns  sont  sédentaires  et  habitent  dans  les  villes,  les 
autres  vivent  sous  la  tente.  Ces  derniers.  Turcs  d'origine, 
sont  les  plus  nombreux,  les  plus  puissants  et  les  plus  illus- 
tres de  toutes  les  tribus  nomades  de  la  même  race,  parce 
que  le  sceptre  leur  appartenait  autrefois,  et  que  les  autres 
peuplades  turques  croient  qu'il  leur  reviendra  un  jour.  Le 
Thibet  est  un  pays  privilégié  pour  son  climat,  ses  eaux,  son 
sol ,  ses  plaines  et  ses  montagnes.  Les  habitants  y  sont  tou- 
jours souriants,  gais  et  contents,  et  on  ne  les  voit  jamais 
tristes,  chagrins  ou  soucieux.  On  ne  saurait  énumérer  la 
variété  merveilleuse  des  fruits  et  des  fleurs  de  ce  royaume , 


CHAPITKE  XVI.  351 

l-açv.-4i   ^liVaJl   5<XiC.   ^  ^jj    >,t<j  ^^  (j^y^Â   u^  ^J-^^i   ^^JoWl 

<^c-s»-  Qûi^Jl  ^UjI  ^5_^i^  «;jl*i!^  ;§^-ii  JUjUm<I  ÀjjiS^ ^ 
1»^  /«~6-^*  fi^.^^^  u^*J  {^si  «tt.,(}^^,Kj  j..aaS  f^'i^  (*-^^  t_j^ia^ 

AAJ    OVAJ    (j-jf    ^^5_.<W    «XXaJI     I  jv-iftj     A^X'tgJ     (j^j..giil-J    jiJjvi^ 

qLxX  lMJ'^  *-*-•  <e.  <^.jy*J»J  c:a.aj  JwaJUjjv^  J^^   (j-»  -^  *— ^■•i;^ 

non  plus  que  toutes  les  richesses  de  ses  pâturages  et  de  ses 
neuves.  Le  climat  donne  un  tempérament  sanguin  à  tout  ce 
((ui  a  vie,  soit  parmi  les  hommes,  soit  parmi  les  animaux; 
aussi  n'y  rencontre-ton  presque  pas  de  vieillard  morose  de 
l'un  ou  de  l'autre  sexe;  la  bonne  humeur  y  règne  généra- 
lement dans  la  vieillesse  et  dans  l'âge  mûr,  tout  comme  dans 
la  jeunesse  et  dans  l'adolescence.  La  douceur  du  naturel,  la 
gaieté,  la  vivacité  qui  sont  l'apanage  de  tous  les  Thibétains 
les  portent  à  cultiver  la  musique  avec  passion,  et  à  s'adon- 
ner à  toute  espèce  de  danses.  La  mort  elle-même  n'inspire 
pas  aux  membres  de  la  famille  cette  profonde  tristesse  que 
les  autres  honmies  ressentent  lorsqu'un  être  chéri  leur  est 
enlevé,  et  qu'ils  regrettent  un  objet  aimé.  Ils  n'en  ont  pas 
moins  une  grande  tendresse  les  uns  pour  les  autres,  et  l'a- 
doption des  orphelins  est  un  usage  général  parmi  eux.  Les 
animaux  sont  également  doués  d'un  bon  naturel.  Ce  pays  a 
été  nommé  Thibet  à  cause  de  l'installation  des  Himiarites 
((ui  s'y  sont  établis,  la  racine  tahat  signifiant  se  fixer,  s'éta- 
blir. Cette  élymologie  est  encore  la  plus  probable  de  toutes 


352  LES  PRAIRIES  D'OR. 

IaaaaaJÎ     liJLÀJÛ   Î^.Agw^    -f^j  j„.fww.j    ît>s_Àisw«v«    )ji..«w    J^_5 

4;>^aJ5    i^J^   4_>\juMÎ  î<Xi&  (jw«  iijj  L«vi  i!i\Aj|   ,*.4À^  cj^ia  (j-«j 

«XÀ>-J5    (J^"^3     A-jI^S»-    «X-Sa-Î     ^j-«    l^AÏJ^Î^    (JV.Ai2JÎ     ii!i\-*J     /6~afc.wL« 

iCxjc*  c:>î^i    ^îHS-*-^    J^^^J   y*X^    (*"1r^3    ci^Aji   iTjlAij  ^jl,*g) wii^jj 

IaUj!  \*xi  A—^^X^  ijy.i\j,Ki  ^UyJi  /o^vXï  ^  l_jjl^  «x*_j  *y>5 

celles  qui  ont  été  proposées.  C'est  ainsi  que  Dîbal,  fils  d'Ali 
el-Kliozaî,  se  vante  de  ce  fait  dans  une  Kacideh  où,  disputant 
contre  el-Komaït,  il  exalte  les  descendants  de  Kahtan  au- 
dessus  de  ceux  de  Nizar  : 

Ce  sont  eux  qui  se  sont  signalés  par  leurs  compositions  à  la  porte  de 
Merw,  et  qui  étaient  des  écrivains  à  la  porte  de  la  Chine. 

Ils  ont  donné  à  Sainarkand  le  nom  de  Chemr,  et  ils  y  ont  trans- 
planté les  Thibétains. 

Dans  le  chapitre  des  rois  du  Yemen ,  nous  donnerons  ci- 
dessous  quelques  détails  historiques  sur  les  princes  qui  ont 
régné  au  Tliibet,  et  sur  ceux  d'entre  eux  qui  ont  fait  de 
longs  voyages.  Le  Thibet  touche  à  la  Chine  d'un  côté,  et 
des  autres  côtés  à  l'Inde ,  au  Khoraçan ,  et  aux  déserts  des 
Turcs.  On  y  trouve  beaucoup  de  villes  populeuses,  floris- 
santes et  bien  fortifiées.  Dans  les  temps  anciens  les  rois 
portaient  le  titre  de  tolla  du  nom  de  Tobba,  roi  du  Yemen. 
Puis,  les  vicissitudes  du  temps  ayant  fait  disparaître  le  lan- 


CHAPITRE  XVI.  353 

^Ulà  yi  U.-^j»X-=»-l   ^^yXJi^Â.  ^^v_A_AaJl  ^^  (:^H>^Î  >il.*-JLi  Joiîi 
?^  (JV»«^'  ^Uis^  <îo_5lj^l   tî_j>j|j  4»,v-AiiiJl   Joù«t«  ^J  oy^iJl 

ç.i_j_3l  (j^  &y.xs-^  r»*^y  U^**^'  <îVy*^^^  ^^j"*^'  <j^  ^^y^y^- 

gage  des  Himiarites,  pour  y  substituer  la  langue  des  peuples 
voisins,  les  rois  ont  reçu  le  titre  de  khakan. 

Le  canton  où  vit  la  chèvre  à  musc  du  Thil)et  et  celui 
où  vit  la  chèvre  à  musc  de  la  Chine  sont  contigus  l'un  à 
l'autre  et  ne  forment  qu'une  seule  et  même  contrée;  toute- 
fois la  supériorité  du  musc  du  Thibet  est  incontestable  et 
tient  à  deux  causes.  Premièrement,  la  chèvre  du  Thibet  se 
nourrit  de  lavande  et  d'autres  plantes  aromatiques,  tandis 
que  la  chèvre  de  Chine  broute  des  herbes  d'une  tout  autre 
espèce  ;  en  second  lieu ,  les  Thibétains  ne  retirent  pas  le  musc 
de  sa  vessie  et  le  laissent  dans  son  état  naturel,  tandis  que 
les  Chinois  le  retirent  et  en  altèrent  la  pureté  par  un  mé- 
lange de  sang,  ou  de  toute  autre  matière.  Ajoutez  à  cela 
qu'on  lui  fait  traverser  les  mers  que  nous  avons  décrites,  et 
qu'il  est  exposé  à  l'humidité  et  à  tous  les  changements  de 
température.  On  peut  donc  croire  que,  si  les  Chinois  n'al- 
téraient pas  la  pureté  de  leur  musc,  s'ils  le  déposaient  dans 

1.  :>3 


354  LES  PRAIRIES  D'OR 

\^As\À&    (♦X_»»l^     ^Ls^JI     jî^_A_j|    ^^^'^    A-T-Xm»»*    ^    (jà»*l5 

^^i^  U  AAjdai^   dLw^^ii  ^J^'j  (;^aJ\^  yl^jUa^^i   (j^  vii.Js 

XÀ_&  J5W  C^'-*-  w^)  tJ-S*^  iO_j,^^^  AOC^I».]  (.^jX*i  *i|^*N?  ^ 

des  vases  de  verre  hermétiquement  bouchés,  et  qu'on  le 
transportât  ainsi  dans  les  pays  musulmans,  tels  que  l'Oman , 
la  Perse,  l'Irak  et  d'autres  provinces,  il  serait  égal  par  sa 
qualité  à  celui  du  Thibet.  Le  musc  le  plus  parfumé  et  le 
meilleur  est  celui  qui  sort  de  la  chèvre  au  moment  où  il  est 
arrivé  à  sa  plus  complète  maturité.  Nos  gazelles  ne  se  dis- 
tinguent des  chèvres  à  musc,  ni  par  la  forme,  ni  par  la 
taille,  ni  par  les  cornes;  toute  la  différence  consiste  dans  les 
dents,  que  ces  dernières  ont  semblables  à  celles  de  l'élé- 
phant. Chaque  individu  en  porte  deux  blanches  et  toutes 
droites,  longues  d'un  empan  environ,  qui  sortent  des  deux 
mandibules.  Au  Thibet  on  tend  des  lacs,  des  pièges  ou  des 
filets  pour  prendre  les  chèvres,  ou  bien  on  les  abat  à  coups 
de  flèches;  on  coupe  la  vessie,  et  le  sang  qui  est  dans  le 
nombril,  n'étant  pas  encore  arrivé  à  maturité,  est  trop  frais 
et  nullement  propre  à  être  recueilli.  Il  s'en  exhale  une  odeur 
désagréable  et  nauséabonde,  qui  ne  disparaît  entièrement 


CHAPITRE  \V1.  355 

Jl  -^xJl  :>!_^  5"**^  iixAAlaii  yl  viJJisj  5iî_j-«  -Ltj  Ajl^yisr*. 

^Lr^l^'^LS-^l  dUo  <^  Joo<«^^  ^^ÀAâ  dlJ*>0  î  JJa-mi-kwO  14^ 
_^_5   «^-.M-Ji    iJ^Ji  y>M*Xi^    (îOCjib   5   U    è-jl    liU    5*XJ   <Xr=-5j.ji. 

qu'après  que  la  matière  s'est  transformée  sous  l'influence  de 
l'air,  et  s'est  changée  en  musc.  Il  en  est  de  ce  musc  comme 
des  fruits  qu'on  a  cueillis  et  détachés  des  arbres  avant  qu'ils 
aient  atteint  sur  la  branche  un  degré  complet  de  maturité, 
et  qu'ils  soient  arrivés  à  point.  Le  musc  de  qualité  supé- 
rieure est  celui  qui  a  mûri  dans  sa  poche,  qui  a  séjourné 
assez  de  temps  dans  le  nombril,  et  qui  a  acquis  toute  sa 
perfection  pendant  la  vie  de  la  chèvre;  car  la  nature  porte 
des  matières  sanguines  vers  le  nombril  de  cet  animal,  et 
lorsqu'elles  y  ont  séjourné  longtemps  et  qu'elles  sont  arri- 
vées à  leur  maturité,  elles  lui  causent  une  douleur  et  une 
démangeaison  dont  il  cherche  à  se  soulager  en  se  frottant 
contre  les  rochers  échaufl'és  par  les  rayons  du  soleil;  il  se 
débarrasse  ainsi  de  cette  sérosité ,  qui  coule  sur  les  pierres , 
comme  se  vident  une  tumeur  ou  un  clou  ,  lorsque  l'accu- 
nmlation  continuelle  des  matières  purulentes  les  ont  fait 
mûrir  et  crever,  et  il  en  éprouve  du  soulagement.  Lorsque 
tout  le  suc  contenu  dans  le  nombril ,  appelé  par  les  Persans 
nafuljeh.sest  écoulé,  la  plaie  se  cicatrise;  puis  les  matières 

23. 


356  LES  PRAIRIES  D'OR. 

^^jvj  L^xtL.^  ^jj<>w»A*j  oyuuî  JU>^  «.-.^vj  )i*Xj  Lj-JkXj  ÀAjb 

<îùl_jjy5»-  <j  ■x.T.».»k)i  A.  A.-yi-jl^  :>l»-i!  ^  .y  »-.-•»- i  »x^  il^iii^ 

JsAàiî    ^JtX_i  ^Ljj<X_âfcLA^  ^Imt^'   AJLj^ji^  j*b.cviJI    ^UijLs»_j 

fi.^^)^  AK^«..a-X.^M>0'  (^«xJi  tAjiXi  A^K.^  il4XxAJMw«  l^j:>ll;2A7f 
^i  ooJLÎij  -Pi>!sV?   cj^j:>UÎ|  4J  jl^il  Ak^j  (*V^  sli^^^ 

o|^-A««  j^jUiwj   -sriJI^  «XÀ^t^   liVjjJlj   0'%jkajî   dj^X^  cyol   *Xjj_j 

sanguines  s'y  portent  comme  la  première  fois.  Les  Tbibé- 
tains  se  mettent  à  la  recbercbe  des  endroits  où  paissent  les 
chèvres,  au  milieu  des  rochers  et  des  montagnes,  et  ils  trou- 
vent sur  les  pierres  le  sang  qui  s'y  est  desséché.  Cette  subs- 
tance est  alors  solidifiée,  car  la  nature  l'a  nourrie  de  la  vit! 
de  l'animal,  le  soleil  l'a  séchée  et  l'atmosphère  lui  a  fait 
subir  son  influence.  Ils  recueillent  ce  musc,  qui  est  le  meil- 
leur de  tous ,  et  le  déposent  dans  des  vessies  préparées  à  l'a- 
vance et  enlevées  à  des  chèvres  prises  à  la  chasse.  Leurs  rois 
s'en  servent  pour  leur  usage  personnel,  et  se  l'envoient 
mutuellement  en  cadeau;  mais  les  commerçants  l'exportent 
rarement  à  l'étranger.  D'ailleurs  le  Tliibet  compte  beaucoup 
de  villes  dont  chacune  donne  son  nom  à  une  espèce  de 
musc. 

Les  rois  de  la  Chine,  des  Turcs,  de  l'Inde,  de  Zandj  et 
des  autres  parties  du  monde,  reconnaissent  tous  la  supré- 
matie du  roi  de  Babel;  ils  avouent  qu'il  est  le  premier  sou- 


CHAPITRE  XVI.  :Sbl 

<Xji-w  _j-£û^  c:aJj^JÎ  !»Xi6  ij  ^  /«î>Jiii!  !  Jsjû  ciijX»  <..Juo^  (^*^-^  Uîy* 
c**AJLÎ5  iiJjjjL*  ^LxJl  ^j-«   AJcJ^y-_\_-«j  ci)^m   d).X«  (JJi  wv*»*jL>^ 

>i)X«    8fti_A_A-^    iOiJ}     5^^JUI     ^|.«    aJ^  AvIaJi^    /jLmO.^1     Ù<m*.S>-     (^ 

verain  de  l'univers,  et  qu'il  occupe  parmi  eux  le  rang  de  la 
lune  parmi  les  étoiles,  parce  que  le  pays  qu'il  gouverne  est 
le  plus  excellent  de  tous ,  que  lui-même  est  le  prince  le  plus 
opulent,  le  plus  riche  en  bonnes  qualités,  celui  enfin  dont 
le  gouvernement  est  le  plus  ferme  et  le  plus  vigilant.  Du 
moins  en  était-il  ainsi  autrefois;  mais  de  nos  jours,  en  Tan 
332,  on  n'en  peut  plus  dire  autant.  On  lui  décernait  par 
excellence  le  titre  de  chahaii  chah,  c'est-à-dire  roi  des  rois, 
et  on  conq)arait  sa  place  dans  le  monde  à  celle  du  cœur 
dans  le  corps,  ou  au  rang  que  la  perle  principale  occupe  au 
milieu  du  collier.  Après  lui  vient  le  roi  de  l'Inde  ou  le  roi 
de  la  sagesse  et  des  éléphants;  car  il  était  reconnu  parnji  les 
Kosroùs  de  Perse  que  la  sagesse  sort  originairement  de  l'Inde. 
Le  troisième  rang  appartient  au  roi  de  la  Chine.  En  effet, 
aucun  prince  ne  s'applique  avec  plus  de  vigilance  à  bien 
gouverner  ses  sujets,  soit  uiiiitaires,  soit  civils;  brave  lui- 


358  LES  PRAIRIES  D'OR. 

ii)w/Jl    (j^Jj-^jiiaJl    di.X^  .>-^^    yUij.5' iCÂJ<X^  «>.v»-U5    fci)^l 

jL^Î  v«ÎW  ^j^^  i  Lr*^  ^5  J^=^  '■iJ^^  cIa*JI  d)X«  jjo 

^1^  ^U«xJt  jijUw  (^  /e>ng,À»  !^Lw.A>Uwl  «X^l  ^^  ^^-=r^  (j-*  ^i^ 
yLwiL.i».  j^Ux-^  (:JV*^-'Î  ^^  (z^  ^^j.9  AJdXitf^  <XÀ^  ^\Ai».jjiL5l 
(j(wlÀr>-l^    dj-Af-iS  S^A  lil^JCMj    (jLi»-^î    AiiSi)!    pA*,i)lj   ^<Xj^ 

même  et  tout-puissant ,  il  est  à  la  tête  de  troupes  bien  équi- 
pées, parfaitement  armées,  et  qui  reçoivent  une  paye  régu- 
lière comme  celles  du  roi  de  Babel.  Ensuite  il  faut  compter 
celui  des  rois  turcs  qui  possède  la  ville  de  Kouchan  et  qui 
commande  aux  Tagazgaz.  On  lui  donne  le  titre  de  roi  des 
bêtes  féroces  et  de  roi  des  chevaux,  parce  qu'aucun  prince 
de  la  terre  n'a  sous  ses  ordres  des  guerriers  plus  valeureux 
et  plus  disposés  à  répandre  le  sang,  et  qu'aucun  d'eux  ne 
possède  un  plus  grand  nombre  de  chevaux.  Son  royaume 
est  isolé  entre  la  Chine  et  les  déserts  du  Khoraçan;  quant  à 
lui,  il  porte  le  titre  de  irkhan,  et  bien  qu'il  y  ait  chez  les 
Turcs  plusieurs  princes  et  beaucoup  de  peuples  qui  ne  sont 
pas  soumis  à  un  roi ,  aucun  n'a  la  prétention  de  rivaliser  avec 
lui.  Ensuite  vient  le  roi  deRoum,  qui  est  nommé  le  roi  des 
hommes ,  parce  qu'aucun  prince  ne  commande  à  des  hommes 
plus  beaux.  Les  autres  rois  du  monde  se  trouvent  sur  une 
même  ligne  et  sont  égaux  entre  eux  par  le  rang.  Un  poète, 
qui  s'est  beaucoup  occupé  de  l'histoire  du  monde  et  des 
princes  qui  l'ont  gouverné,  décrit  sommairement  les  noms 


CHAPITUE  XVI.  559 

p 

y^AwAS»-     J^Jf,^^    \^\^^    iSJ^^i  y^i^jjo    yLA—M^A-loj    (jUAaaJÎj 

l«Xi£>^     ^^^«XJ    ^«X-J    ywib.J*>wii|    «»^-.Sfc.U3j    /|**»=»-»u>    4^«^J    (JO 

des  rois  el  des  royaumes,  et  le  rang  qu'ils  occupent,  dans  les 
vers  suivants  : 

Il  y  a  deux  palais  :  Eiwan  et  Goindan-,  deux  royaumes  :  Sassan  el 
Kahtan. 

La  terre,  c'est  la  Perse;  le  climat  [>ar  excellence,  c'est  Babel;  l'isiaiii, 
c'est  la  Mekkc;  le  monde,  c'est  le  klioraçàn. 

Ses  deux  côtés  durs  et  rudes  sont  Bokliara  et  Balkli,  la  résidence  des 
rois. 

Beïlakan  et  le  Tabarcslan  sont  les  frontières  du  monde;  Reï  ou  est  le 
Clierwan,  puis  viennent  Djil  et  Djilan. 

Tous  les  hommes  sont  divisés  en  plusieurs  classes;  il  y  a  des  satrapes , 
des  patrices,  des  tarkhan. 

Les  Perses  ont  leurs  Kosroès;  le  pays  de  Roum ,  ses  Césars;  les  Abyssi- 
niens, leurs  Ncdjacliis;  les  Turcs,  leius  Ivliakans. 

Le  maître  de  la  Sicile  el  de  l'ifrikiiah,  dans  le  Magreb, 
avant  l'islamisme,  s'appelait  Djerdjes;  celui  de  l'Espagne, 
Loderik,  ([ui  était  un  nom  commun  à  tous  les  rois  de  cette 
contrée.  Certains  auteurs  prétendent  que  ces  derniers  liiaient 


360  LES  PRAIRIES  D'OR. 

^Jcii  (^jv>.  ^j.AA<aj  0j5  i£*'y^  (ly^  Oi)^  aKX5  ,^«XjÎ  y^J^Xj^l! 

«XÀ5-w_j.Ji_5  ioU^^j^  i!5\_j  /j.^  Z_r-^-  '-r^^^  tJ*^  p!\ià*j..(,.i 

j»>-i  _j,^j  '  (^jjwJî  j-_^S-Jî  Jt  j.>jjJl  IJv_A  tt-vdoj  ifsS^ji^]^ 
iÙ^JfSjo  iCÀJ4>we  (j^  fcSjEJ  (^  AaA*^  ^1*JÎ  jLr,jî  /»-«  ^jiymsy^ 
l.|Jwo  oiA«M.J{    ilkiâÀ^  ^«X_j'  ii.^vl⣠ iù.iâÂJ»   /e>'J''  2(«.aaAI3  x«o«X,« 

«■.V^é-Î    ^rJ^3   JIJ-J  <Xit    C3j— *S>^^I     yUÀAJî     ^     ^^     <JUJU*.     li[j-X-« 

leur  origine  des  Echban,  peuple  descendant  de  Japhet,  fils 
de  Noé,  dont  il  ne  reste  plus  aucun  vestige;  mais  l'opinion 
la  plus  répandue  parmi  les  musulmans  qui  habitent  l'Espagne 
est  que  Loderik  appartenait  par  sa  naissance  aux  Galiciens, 
Tune  des  nations  franques.  Le  dernier  Loderik  fut  tué  par 
Tarik,  affranchi  de  Mouça,  fils  de  Nossaïr,  lorsqu'il  fit  la 
conquête  de  l'Espagne  (méridionale),  et  s'empara  de  To- 
lède ,  la  capitale.  Cette  ville  est  traversée  par  un  grand  fleuve , 
nommé  Tage,  qui  vient  de  la  Galice  et  du  pays  des  Basques , 
peuple  puissant,  dont  le  roi  était  en.  guerre  avec  les  habi- 
tanls  de  l'Espagne ,  comme  les  Galiciens  et  les  Francs.  Le 
Tage,  qui  se  jette  dans  la  Méditerranée,  est  un  des  fleuves 
les  plus  célèbres  du  monde;  il  passe  devant  la  ville  de  Tala- 
vera,  à  une  certaine  distance  de  Tolède,  et  dans  cette  ville 
même  les  anciens  rois  ont  construit  sur  lui  un  grand  pont, 
nommé  Rantarat-es-Seif  (le  pont  du  sabre).  C'est  un  édifice 
célèbre  et  dont  les  arches  sont  encore  plus  remarquables 


CHAPITRE  XVI.  361 

^î^.*wî    LgA^ft^    iLfLÀ.^    Cjii    AJ^aXI^    i\_Â-J*X^    Ik-S^yMiè    :>')K-j^ 

/o   (♦xii  /jj  (j-?-p5  «X^ff  yo  «XJ^  ^   <î<Jî!  *Xa^  ^  4X4^  0ji 

»!:>  cyjUsj  l-^^iivjc*!  Q_A->.  i<Aj*xiî  5«XJ^  ^Uà^  cj-*  t^^ryL^s 


(j-« 


que  celles  du  pont  de  Sendjeh ,  à  la  frontière  du  Diar-Modar 
du  côté  de  Samosate  et  du  pays  de  Serdjch.  La  ville  de 
Tolède  est  entourée  de  murailles  très-fortes.  Après  la  con- 
quête de  l'Espagne  et  sa  soumission  aux  Oumiiadcs,  les  ha- 
bitants de  cette  ville  se  lévoltèrent  contre  eux,  et  parvinrent, 
pendant  plusieurs  années,  à  se  soustraire  à  leur  autorité.  Ce 
ne  fut  qu'en  l'an  3i5  que  cette  place  fut  reprise  par  Abd- 
cr-Rahman,  fds  de  Mohammed,  fils  d'Abd-AUah,  fils  de 
Mohammed,  fils  d'Abd-er-Rahman ,  fils  d'el-Hafcem,  fils  de 
Hicham,  fils  d'Abd-er-Rahman,  fils  de  Moawiah,  fils  de 
Hicham ,  fils  d'Abd-el-Melik,  fils  de  Merwan ,  fils  d'el-Hakem , 
rOmmiade,  lequel  Abd-er-Rahman  est  aujourd'hui,  en  332, 
maître  de  l'Espagne.  Comme  Tolède  eut  beaucoup  à  souffrir 
de  ce  siège,  Cordoue  est  restée  depuis  cette  époque  la  capi- 
tale du  royaume.  Cette  ville  est  éloignée  de  Tolède  d'environ 


362  LES  PRAIRIES  D'OR. 

Ajî  ^yjs^  (:JV''^/^  ^■^  y^  (^  •^J  J^-y-Xs.  l^xsiwj  ii  iL*5X.iL 

viL^i^    iO.J    j-^— ûî    iwtVjl^    AÀam    (^aAjj  b^VjJ'  IftwU   ^:»^J    (:J^^*^^ 

<9ùji  l,^ik«  /o>:i'  (^À.Aw  MMi  fy^y}]  «Xa^  /yj  p^Lm»^  xjLjI  l^Jilji 

«X.^  (J_j^   *X.j^  Qj   Q_^«-^i   «Xxt  l,.<_«bSfcUo  yi   bj._Si  U  j_^ 

sept  journées  de  marche,  et  de  trois  journées  seulement  de 
la  Méditerranée,  On  doit  encore  citer  Séville,  qui  est  située 
à  une  journée  de  la  côte.  U  faut  près  de  deux  mois  pour 
parcourir  ce  royaume  florissant,  qui  ne  compte  pas  moins 
de  c[uarante  villes  remarquables.  Les  princes  Ommiades , 
qui  y  régnent,  y  sont  traités  de  fils  des  khalifes,  mais  non 
pas  de  khalifes,  parce  que  ce  titre  n'appartient  qu'aux  souve- 
rains des  deux  villes  saintes.  Toutefois  on  leur  accorde  le 
titre  à'emir-el-moumenin  (émir  des  croyants). 

Abd-er-Rahman ,  fils  de  Moawiah ,  fds  de  Hicham,  fils 
d'Abd-el-Melik,  fils  de  Merwan,  était  parti  pour  l'Espagne 
en  iSg.  Il  y  régna  trente-trois  ans  et  quatre  mois;  puis  il 
moui'ut  et  laissa  le  trône  à  son  fils  Hicham,  fils  d' Abd-er- 
Rahman  ,  qui  l'occupa  pendant  sept  ans.  Son  fils  el-Hakem , 
fils  de  Hicham,  lui  succéda  et  tint  les  rênes  du  gouverne- 
ment pendant  environ  vingt  ans.  L'un  de  ses  descendants, 
Abd-er-Rahman,  fils   de   Mohammed,  règne  aujourd'hui. 


CHAPITRE  XVI.  363 

ij-f-Mé  ^UJ!  (♦x_^.l  (♦x_il  <xÂj5  c-ojJl  l*Xiû  ^J^  ij^j^^  «Xa^ 

*X-:M^  d  iùlcNAjI^  rwjwMkP^  ^Mk'««'  <!^Àmw  iv~f  &jSl:>  ^^xll  C^vji^l 
kjIaJuJÎ  c-w^  (j-«jÎ_j.*mI  iixj-w  ^-(,-*-^   ij^—ç^  IgJ  JUo   iJiJLitX^ 

(JJy.fcw*ii     <^     Î_J-JU     Lg-^i     (ji      /ftj'    (^.^^    l  .Q.À-^    f^^^3    -JiXAwl^ 

ainsi  que  nous  l'avons  dit  plus  haut.  L'héritier  présomptif 
de  la  couronne  est  son  fils  el-Hakem  ,  le  plus  sage  et  le  plus 
équitable  de  tous  les  hommes.  Ce  même  Abd-erRahman, 
qui  règne  en  Espagne,  fit  de  nos  jours,  en  827,  une  expé- 
dition contre  les  infidèles.  A  la  tête  d'une  armée  de  plus  de 
cent  mille  soldais,  il  alla  mettre  le  siège  devant  Zamora, 
capitale  de  la  Galice.  Cette  place  est  entourée  de  sept  mu- 
railles d'une  construction  remarquable ,  et  que  les  anciens 
rois  ont  cherché  à  rendre  inaccessibles,  en  établissant  entre 
chacune  d'elles  des  talus  et  de  vastes  fossés  remplis  d'eau. 
Abd-er-Rahman  se  rendit  d'abord  maître  des  deux  premières 
enceintes;  mais  les  habitants  firent  ensuite  une  sortie  contre 
les  musulmans,  et  leur  firent  subir  une  perte  que  les  états 
officiels  portent  à  quarante  mille,  et  suivant  d'autres,  à 
cinquante  mille  hommes.  Les  Galiciens  et  les  Basques  prirent 
alors  TofTcnsive  et  arrachèrent  aux  musulmans  les  villes 
situées  sur  la  frontière  de  l'Espagne  du  côté  des  Francs, 
telles  qu'Arbouna  (Narbonne),  qu'ils  perdirent  en  33o  avec 


364  LES  PRAIRIES  D'OR. 

^l  À.  U    AaXs  t5<XJ|    -^=i  ij-*  ij*^^  (J^^ï5  ,^~^  ii^*  (jÇ;^*-*!? 
^j*>  k.iU  %.^S^  J,,-kaA^  ^-^  l«X-£û  (jî  l>~fft  4W!j  t^^ij  ^l.^vJi 

d'autres  places  et  châteaux  qu'ils  avaient  eus  en  leur  pos- 
session. De  nos  jours,  eu  332  ,  la  frontière  des  musulmans, 
à  l'est  de  l'Espagne,  passe  à  Tortos:i,  sur  la  côte  de  la  Mé- 
diterranée, puis  dans  la  même  direction,  en  tirant  vers  le 
nord,  à  Afragah  (Fraga),  bâtie  sur  une  grande  rivière,  et 
enfin  à  Lerida.  C'est  à  partir  de  ce  point,  où  l'Espagne  est 
le  plus  resserrée,  que  commencent,  ainsi  que  je  l'ai  appris, 
les  terres  appartenant  aux  Francs. 

Antérieurement  à  l'an  3oo,  des  vaisseaux  portant  des 
milliers  d'honunes  ayant  abordé  en  Espagne,  où  ils  com- 
mirent beaucoup  de  ravages  sur  les  côtes ,  les  habitants  pré- 
tendirent que  ces  ennemis  étaient  des  Mages  qui  venaient 
les  attaquer  tous  les  deux  cents  ans  et  pénétraient  dans  la 
Méditerranée  par  un  autre  canal  que  celui  sur  lequel  sont 
bâtis  les  phares  d'airain.  Quant  à  moi ,  je  pense  (Dieu  seid 
sait  la  vérité)  qu'ils  arrivaient  par  un  canal  communiquant 


CHAPITRE  XVI.  305 

il«X_j  v_jLsWL  iUsUiH  LJ^I  iXitf'lj  KjuiMî:jiii  jj:^\  é,  j.xAm*X\ 
JL»AJÎ  ^^  ^\   4Mîj  J*Xj  îiX^i  ïjyij]^  (N^^w  c^AjJdrj  1^jL« 

avec  les  mers  Mayotis  et  Nitas,  et  que  c'étaient  des  Russes 
dont  nous  avons  parlé  dans  cet  ouvrage;  car  ces  peuples 
étaient  les  seuls  cjui  naviguassent  sur  ces  mers  ([ue  certains 
détroits  relient  à  l'Océan.  On  a  déjà  trouvé  dans  la  Méditer- 
ranée, du  côté  de  l'île  de  Crète,  des  planches  de  bois  de 
tek ,  percées  de  ti^ous  et  reliées  ensemble  par  des  attaches 
faites  de  filaments  de  cocotier;  elles  provenaient  de  vais- 
seaux naufragés  qui  avaient  été  le  jouet  des  vagues.  Or  ce 
genre  de  structure  n'est  en  usage  que  sur  les  côles  de  la  mer 
d'Abyssinie.  Les  vaisseaux  (|ui  naviguent  dans  la  Méditer- 
ranée et  ceux  des  Arabes  sont  tous  pourvus  de  clous  ;  tandis 
que  dans  la  mer  d'Abyssinie  les  clous  de  fer  n'offrent  aucune 
solidité,  parce  que  l'eau  les  ronge,  les  fait  fendre  et  les  rend 
cassants ,  ce  qui  force  les  constructeurs  à  les  remplacer,  pour 
joindre  les  planches,  par  des  filaments  enduits  de  graisse 
et  de  goudron.  Il  faut  donc  conclure  de  tout  cela  que  les 
mers  conimuni([uenl entre  elles,  et  que,  du  côté  de  la  Chine 
et  du  pays  de  Sila,  les  eaux,  tournant  autour  des  régions 


366  LES  PRAIRIES  D'OR. 

iiA.^!  ^jmhjUïI  yU^si».  ijàjtj  ^.  <-jj*L\  i^j  <ii  ^Aax>^  ci)jJC3S 

A-5>«X_5     (J^     X^     «^^S^J   ^     Cé*^î     <^jV^  J-^VÎ      d  ^AA-Wl*it     (J-0 

»_Aa_*  (iljjM.^_:s?  j«vJ*XJi)î   ^.^^o^yéAJLj  w«,À«Jl^  dlji    -xaÀaSo 
_^„_tfij  j_jV-jb^  5^...ÀM_x^  XXAJ»j)  jjkâjÇ  ^W>5  ^:>f«>NJ(AjU  iixi^^\^ 


occupées  par  les  Turcs,  coulent  vers  le  Magreb  par  l'un 
des  canaux  qui  viennent  de  l'Océan.  On  a  trouvé  aussi  sur 
les  côtes  de  Syrie  de  l'ambre  rejeté  par  la  mer,  et  cependant 
la  présence  de  cette  substance  dans  la  Méditerranée  est 
inexplicable ,  puisqu'on  ne  l'y  a  jamais  rencontrée  depuis 
les  temps  les  plus  reculés  ;  elle  n'a  donc  pu  y  arriver  que 
par  la  même  voie  qu'ont  suivie  les  planches  des  vaisseaux 
dont  nous  parlions  tout  à  l'heure.  Au  surplus ,  Dieu  seul  sait 
comment  tout  cela  s'est  passé.  Du  reste,  l'ambre  est  abon- 
dant sur  la  côte  (occidentale)  de  l'Espagne,  et  on  l'expédie  en 
Egypte  et  dans  d'autres  pays  ;  on  l'apporte  à  Cordoue  des  deux 
ports  de  Santarem  et  de  Sidonia;  il  est  d'une  qualité  infé- 
rieui'e.  L'ocque  de  Bagdad  se  vend  en  Espagne  trois  mit- 
kals  d'or,  et  en  Egypte  dix  dinars.  Il  est  possible  que  l'ambre 
qu'on  a  trouvé  dans  la  Méditerranée  y  ait  été  porté  de  la 
mer  d'Espagne  par  la  communication  qui  existe  entre  elles. 


CHAPITRE  XVI.  367 

<Xajs.Ij  ^jm^aJ  (^jf-i\ii  ^tXx.«^  iùjtAX!  /olàS'  Q«X«^  fjuJty>J^[>^ 

^^  LiJLo  (jjj^jUi^j  ii-*Afa;^  Ajjlsiil  ^y^i  ^^à^)i\^  ji^\^ 
ii_s»v»^A^5_j  ijjyJi^  i^_jj)^:sij  JtXÀAaJî^j  ,_K-*-J^J5^  J.AA**]! 
t;^»»ï»-j  !_j-jJL^Jl_j  iùUMtj  iiXiUii^  i^jtîî^  Ai^iJij  ^j,j}]^ 
J^^^tj  jljUài'ij  kiA^iJl^  U"Jp'j  <»Â:^ii^  y^UJij  ^ci^i 
»i>l^l^  àj^j*xJ!  c;^^a-ij  JyuJvJiJ!^  ^*Ait^   (j^"^^'^  V^^^ 

L'Espagne  possède  des  mines  considérables  d'argent  et  de 
vif-argent;  les  produits ,  qui  sont  de  qualité  inférieure,  sont 
expédiés  dans  tous  les  pays  musulmans  et  infidèles.  On  en 
exporte  aussi  le  safran  et  la  racine  de  gingembre.  Les  cinq 
parfums  principaux,  le  musc,  le  canjphre.  l'aloès,  l'ambre 
et  le  safran,  viennent  de  l'Indi;  et  des  contrées  limitrophes, 
sauf  le  safran  et  l'ambre  qui  se  trouvent  aussi  dans  le  pays 
de  Zendj,  dans  l'ech-Chibr  et  l'Espagne.  Quant  aux  aro- 
mates, on  en  compte  vingt-cinq  espèces  principales  :  la  ja- 
cinthe, le  girofle,  le  bois  de  sandal,  la  muscade  ,  la  rose, 
la  casse,  le  salix  œgyptiaca,  la  canelle,  le  karnoua,  le  carda- 
mome, le  cubèbe,  le  cardamome  vulgaire,  la  graine  de 
nienchem,  la  racine  du  nymphœa,  le  mehJeb,  le  wars  (safran 
du  Yemen),  le  costus,  Vazfar,  le  bernedj  (drogue  médici- 
nale), la  gomme  de  lentisque,  le  ladanum  ou  ciste,  ie  sty- 
rax, la  graine  du  satonicum,  le  jonc  odorant  et  la  civette. 
Nous  avons  déjà  donné  une  description  des  mines  d'argent, 
d'or  et  de  vif-argent,  ainsi  que  de  toutes  les  espèces  de  par- 


368  LES  PRAIRIES  D'OR. 

-^   liLii    (^-^^    (jUvjÎ  jL<i.ifc.î    Là-jUJO    ^    c^aaJoÎÎ    c.|jjî    wjL*^ 

«X.s_j  <_jj— i-il  (joj!  ^^g_xa-â!^  yîi)_j-w*ji  ^15"  o*  «î^^  s^y^  W>* 

j— >L-wj  »,Mitj<JL  (jàj)  (j\  ^^SLjt-Ii  jUifc.1  (jliSfcj  AjU*JI  ^i>  jSi> 
*X-=».!j  ^s»  j.*fl-«  M^"'  {j^3  i^*"^  ^^r*^  ^y-^r'**^  \^)é  ^\:>ym^\ 

f^,jic\s\  «.K-'tâ-JC-jj  jL.^  CaAS^  \j^uité-*j^  iSjl^  t^Joj  (j|^5 

yl*»*^    ù)"^    g^    (^J.i^\     IjOj]     ^j^    <_JUi.    J,î     (J:?    (i^    (:J^     (Ji^**^ 

fums,  dans  nos  Annales  historiques,  ce  qui  nous  dispense 
de  nous  étendre  sur  le  même  sujet  dans  cet  ouvrage. 

La  mer  du  Magreb,  dans  le  voisinage  des  côtes  du  Sou- 
dan et  de  l'extrême  Occident,  offre  beaucoup  de  particulari- 
tés remarquables.  Un  savant  qui  s'est  adonné  à  l'étude  de  la 
géographie  prétend  qu'il  ne  faut  pas  moins  de  sept  ans  de 
marche  pour  parcourir  l'Abyssinie  et  tout  le  Soudan;  que 
l'Egypte  n'est  que  la  soixantième  partie  du  Soudan,  qui 
n'est  lui-même  que  la  soixantième  partie  de  la  terre;  enfin 
qu'on  ne  peut  mettre  moins  de  cinq  cents  ans  pour  parcourir 
la  terre,  dont  un  tiers  est  cultivé,  un  tiers  désert  et  sans 
habitations,  et  un  tiers  couvert  par  les  eaux.  Les  confins  du 
pays  des  nègres  qui  vont  nus  touchent  au  royaume  d'Idris , 
fils  d'Abd-Allah,  fils  de  Haçan,  fils  de  Hoçein,  fils  d'Ali,  fils 
d'Abou  Taleb,  dans  le  Magreb,  savoir  :  les  territoires  de 
Tiemsan,  de  Tahart  et  d'el-Fas.  Ensuite  vient  le  pays  de  Soiis- 
el'Adna,  qui  est  distant  de  Kaïrowan  d'environ  deux  mille 


CHAPITRE  XVI.  ^m 

(j\._j_j    tK-^-«   XjI^Ajj    JsA^    \l\  y^    ^î»wSXÎi    ^^    icJ^r^i    (j-^^'' 

,£MyA  lg.x)l  _;Us>  4^1  (jrl.«oy I  v^*.^  ,J-.lJS^J!  ÀÀj<>.jf  iCiçoiil 
Jv-A_i  J^Jjj  (j^Ui  *i^iJsJC_>  cjUo   jj   viUSjSi  «Xï^  t^lisS^Ji 

«J-tS-aJII    (jb;ii!    i§^    j^JtKjiil    i>X.AJ    J-«AXJ"  )^bU    i    JJi>    y! 

>iLA_j'j-jf  yLA-Awiii  L»Uj  (j^  (0.^!  cKaï  tXij  ,^j\y=L  c^^»x^ 

trois  cents  milles,  et  tVenviron  vingt  journées  de  marche  de 
Sous-el-Aksa,  sur  un  parcours  constamment  fertile  et  cultivé; 
mais  au  delà  de  ce  dernier  point  on  arrive  au  Wadi-er-Re- 
mel,  puis  au  château  Noir  et  aux  déserts  de  sable  dans  les- 
quels se  trouve  la  ville  connue  sous  le  nom  de  Medinet-en- 
Nouhas  (la  ville  de  cuivre)  et  les  coupoles  de  plomh.  C'est  à 
cet  endroit  que  se  rendit  Mouça,  fds  de  Nossaïr,  du  temps 
d'Abd-el-Melik,  fils  de  Merwan,  et  qu'il  y  vit  toutes  les  mer- 
veilles dont  il  a  donné  la  description  dans  un  livre  que 
tout  le  monde  connaît.  D'autres  disent  que  cette  ville  se 
trouvait  dans  les  déserts  qui  avoisinent  l'Espagne  et  que  l'on 
appelle  la  grande  terre.  Meimoun,  fils  d'Abd-el-Wahhab,  fils 
d'Abd  er-Rahman ,  fils  de  Rustem  le  Persan ,  qui  était  Ibadite 
et  avait  propagé  dans  ce  pays  la  secte  des  Kharedjites,  qu'on 
dit  être  des  restes  des  Echban ,  avait  le  premier  rendu  ce 
pays  florissant,  bien  qu'il  eût  eu  plusieurs  guerres  àsoutenir 

I.  2  4 


370  LES  PRAIRIES  D'OR. 

iLjL_>Js «  J^JLwo  iij<Xjtf  (j*^^-*  (*-G^  ^J^^^^"^  iuj.AAa.JI   (j^  (3-^-=»- 

Jw-Aâ-A-j  (->j.  rs.  (Jo  Ltf^j^j  iUJutMj-JUJ  (j«X«^  W^3  ^^^' 
jLajjwJ  LoLcJ  i  bj5i>  «X»3  JL^  (s^J^  't'J-^J  iijM-J<Â.  i^AJ 
iuuoU^!^  ^  y^^^  (J-*  l^À^^  ^^^  l^«X^^  ^ri;^^  J'^^  U^^ 

iL-A_J^_jj  ^^<nJ|  t-«Asiiî   0-j|jjki».  "L''     J  VJJ/^  ^^  2^^'-?" 

»j««l  cj^  cj^  ^j  *^/-*'  à^s\i_A_j  <îi.*Uj«^  S1;J^'  t^  *1  jiyAÀiJ 

contre  les  Talébites.  Nous  parlerons  plus  bas,  dans  cet  ou- 
vrage, des  opinions  différentes  qui  régnent  sur  les  Ecbban, 
que  quelques  personnes  soutiennent  être  des  Persans  venus 
d'Ispahan.  Dans  cette  partie  du  Magreb  vivent  beaucoup  de 
Sofarides  hérétiques,  qui  y  possèdent  des  villes  très-popu- 
leuses, comme  celle  de  Torguiah,  où  il  y  a  une  riche  mine 
d'argent.  Cette  ville  est  située  vers  le  midi ,  sur  les  con- 
fins de  l'Abyssinie,  avec  laquelle  elle  est  continuellement 
en  guerre.  Nous  avons  déjà  donné  des  renseignements,  dans 
nos  Annales  historiques,  sur  tout  ce  qui  concerne  le  Ma- 
greb, ses  villes,  ses  habitants  hérétiques,  tels  que  les  Iba- 
dites  et  les  Sofarides,  ainsi  que  les  Motazales,  avec  lesquels 
ils  vivent  en  rapports  d'hostilité.  Nous  y  avons  parlé  aussi 
d'Ibn  el-Aglab-et-Temimi.  qui,  placé  par  el-Mansour  comme 
gouverneur  du  Magreb,  se  fixa  daus  l'Ifrikiiah  ;  nous  avons 
dit  comment,  à  la  suite  des  événements  qui  eurent  lieu  du 
temps  d'er-Rechid,  ses  descendants  se  sont  transmis  la  pos- 
session de  l'Ifrikiiah  et  d'autres  parties  du  Magreb,  jusqu'au 


CHAPITRE  XVI.  371 

t'y}   «S   (JVS!^^   CJV***^J   (^■"*''^   ''^'*^   ^    «^^"^JJ^P^^   *^rV=*-^    (j-« 

^  L_i_c^— »i  e;*^i  c5vi<-s^  j"=^'  c^  dlil^ii  (j-«  4^  L»  't5.-**.j^ 

dix*   SjiUii^  iUjLtJtÀÎi  j-AaJ  (^^    (j^  *j"^  dix*  — t«X-0^.^3 

moment  où  Abou-Nasr-Ziadet-Allab ,  fils  d'Abd-Allah,  fils 
d'Ibrahim,  fils  d'Ahmed,  fils  d'el-Aglab,  fils  d'Ibrahim,  fils 
de  Mohammed,  fils  d'el-Aglab,  fils  d'Ibrahim,  fils  de  Salim, 
fils  de  Sowadeh  et-Temimi,  chef  des  missionnaires  des  Abbas- 
sides,  prit  les  rênes  du  gouvernement.  Il  fut  dépossédé  en  2  9  7 , 
du  temps  d'el-Moktadir-BiHah,  lorsqu'il  se  rendait  à  er-Ra- 
iikah,  par  l'inspecteur  des  poids  et  mesures,  Abd-Allah  es- 
Soufi ,  missionnaire  du  chef  des  Mehdites,  qui  commença 
ses  prédications  à  Kelameh  et  parmi  les  autres  tribus  ber 
bères.  Ce  dernier  était  originaire  de  Ram-Hormuz,  ville  du 
district  d'el-Ahwaz. 

Revenons  aux  différents  rois  de  la  terre  et  à  l'énuméra- 
tion  des  royaumes  qui  nous  restent  à  décrire  sur  le  littoral 
de  la  mer  d'Abyssinie.  Le  roi  de  Zendj  s'appelle  Flimi  ; 
celui  des  Alains,  Kerkendadj  ;  celui  de  Hirah,  de  la  famille 
des  Beni-Nasr,  Noman  et  Mondir;  celui  des  montagnes  du 
Tabarestan ,  Karen  ;  une  de  ces  montagnes  est  nommée  en- 

2/». 


572  LES  PRAIRIES  D'OR. 

Î<XJû  ^3^^  O^l^'^  Uy^^  tJ^  *^^  ^^^  ("**)3  i^'*'*-J5  (j>^ 
jO^iJI   <X^v-l   !«>s^3  ^  ^«Xj  UJU>3  Jsj»->*Jt    lil^Xx)  (j-.jUfcJs^ 

l-^Jl-s-s-^  *XjLs*JI  ^^  (j^  S!  r^  iù.*.»^  (j^j.^3  lojA^&jJl 

,l-jCi>^_ÀJLJi   i^j   j^3  Jc5j-s£&^Jl    i^-SJ  '}^^i  d^^s*)-^  0>*? 

core  Karen  ou  Ben-Karen.  Celui  de  l'Inde  s'appelle  Balhara  ; 
celui  de  Kanoudj,  dans  le  Sind,  Baourah,  et  c'est  là  le  nom 
que  portent  tous  les  princes  de  ce  pays;  on  y  trouve  aussi 
la  ville  de  Baoura  qui,  aujourd'hui,  est  dans  le  giron  de 
l'islamisme  et  est  dans  les  dépendances  du  Moultan.  C'est 
d'elle  que  sort  un  des  fleuves  dont  la  réunion  forme  le  Meh- 
ran  du  Sind,  dérivé  du  Nil,  suivant  el-Djahiz,  et  du  Djeïhoun 
du  Khoraçân,  suivant  d'autres  écrivains.  Le  roi  de  Kanoudj 
Baourah  est  l'adversaire  du  Balhara,  roi  de  l'Inde.  Le  roi  de 
Kandahar,  l'un  des  rois  du  Sind  et  de  ses  montagnes ,  porte 
toujours  et  généralement  le  nom  de  Hahadj  ;  c'est  de  son 
territoire  que  coule  le  Raid,  l'un  des  cinq  fleuves  dont  la 
réunion  forme  le  Mehran.  Kandahar  est  connu  sous  le  nom 
de  pays  des  Rahpout.  Un  troisième  fleuve  sur  les  cinq  sort 
de  la  montagne  appelée  Behatil,  dans  le  Sind,  et  traverse  le 


CIIAI'ITKE  XVI.  37.^ 

w*<wj>   kiLLo^   wxcwwi  i^^Xo    (j-«  ^  —à?  Xwwto^iïfc  (^  >^J   (J*^'^'***-^ 
(j^  I  tX^  j.A.«\::U^^   ^^yk^  yX*HJ    /o-C'^l    /«*.^l    |Jsj5  (^^IJ   0/*t> 

Hj.-^^  »^,:>^\s  A-A-»  J-f-=?-  ^  l»^j-<^^  ^t  W*«^  -^j  Ld>^Aij 

Ub^.JÇ.é'j    yLyliiÀ.    ^_y?jl>  j^g*w  t    tX-S^*    î*>^    A**^    tj^    lAji    Uj 

territoire  des  Rahpout  ou  le  Kandahar.  Le  quatrième  fleuve 
prend  son  origine  dans  les  montagnes  de  Kaboul,  sur  la 
frontière  du  Sind,  dans  la  direction  de  Bost  et  de  Gaznin , 
de  Deroun,  de  Rokhedj  et  du  pays  de  Dawer,  du  côté  du 
Sedjeslan.  Le  cinquième  prend  naissance  dans  le  Kachmir, 
dont  le  roi  porte  généralement  le  nom  de  Raï.  Kachmir  fait 
aussi  partie  du  Sind  ;  c'est  un  pays  montagneux,  formant  un 
grand  royaume,  qui  ne  renferme  pas  moins  de  soixante  ou 
soixante  et  dix  mille  villes  ou  villages.  Il  est  inaccessible ,  ex- 
cepté d'un  côté,  et  l'on  n'y  peut  pénétrer  que  par  une  seule 
porte.  En  effet,  il  est  renfermé  entre  des  montagnes  escar- 
pées et  inabordables,  que  personne  ne  saurait  gravir,  puisque 
les  bétes  fauves  même  n'en  atteignent  point  le  Koinmet,  et 
(|ue  les  oiseaux  seuls  peuvent  y  parvenir.  Là  où  les  mon- 
tagnes cessent,  il  y  a  des  vallées  impraticables,  d'épaisses 
forêts,  d'js  jungles  et  des  fleuves  dont  le  cours  impétueux  est 


374  LES  PRAIRIES  D'OR. 

i^X^ift}  Jo45  '<>w^  JW*i  *^^^'  ^/^'  iùOOuM  g-i^  l^Ax«  ^ 

-xjU  f-xKO  i}^^  oui  «JijU»  fAi*»'  (j*!ys^  J*  ^j^^  rkn'  vW"* 
kiUi  tj  <Jow  (j^^  yljJ^i  <_^j».U?  JUwJi  /Ji-f!^  cjjlsr^  v_x)î 
^^iAXiUi  tiXA^  c5_;-6-Mî  Sl?-*^  (J*HS^  S^^^J  CJr-l*<***i5  (_j^jjtju\ 

oLÎ!  ajLcLçj  otJl  o»Jl  i«Xjtî!j  «^Ua^ill  iî<5^«Xj  Itf  tlwiiîlj 

infranchissable.  Ce  que  nous  disons  ici  de  l'impossibilité  de 
gravir  ces  remparts  naturels  du  Kaclimir  est  connu  de  tout 
le  monde  dans  le  Khoraçan  et  ailleurs,  ce  qui  fait  de  ce 
royaume  une  des  merveilles  de  la  terre. 

Le  royaume  du  Baourah,  roi  de  Kanoudj,  a  une  étendue  de 
près  de  cent  vingt  parasanges  carrées,  en  parasanges  du  Sind 
mesurant  chacune  huit  milles  de  ce  pays.  Ce  roi ,  dont  nous 
avons  déjà  parlé,  a  quatre  armées,  selon  les  quatre  direc- 
tions des  vents;  chacune  d'elles  compte  sept  cent  mille  ou 
même  neuf  cent  mille  hommes.  L'armée  du  nord  est  destinée 
à  faire  la  guerre  au  prince  du  Moultan  et  aux  musulmans , 
ses  sujets,  qui  sont  établis  sur  cette  frontière  ;  l'armée  du  sud 
opère  contre  le  Balhara,  roi  de  Mankir;  quant  aux  deux 
autres  armées,  elles  se  portent  partout  où  un  ennemi  vient 
à  se  présenter.  On  dit  que  son  royaume,  dans  l'étendue  que 
nous  avons  indiquée  plus  haut,  comprend  un  chiffre ofliciel 
de  dix-huit  cent  mille  villes,  villages  ou  bourgs,  situés  au  mi- 
lieu d'un  pays  boisé,  bien  arrosé,  montagneux  et  riche  en 


CHAPITRE  XVt  375 

J.^lj  iijUwJç-  A*-*  ^jl^  ii>!  liûb:>I^  /o~ftj  (•bj  (j«;lî  o^î  if-^^^ 
,}.s>^J^Y  Ig-A^C  J^'S-j  Zf^3  S^^^  U*j^  CJ'^J  ioM*^  ^JI^ 

c^U  ^j-j  4^^  ;^jj  iULwî  jJ^  i  di.m  yl  UAï  «XJb  yUJjIÎ 

prairies.  Ce  prince  ne  possède  que  peu  deléphants  en  com- 
paraison des  autres  rois;  il  en  a  deux  mille  dressés  pour  le 
combat.  Un  éléphant  agile,  attentif,  courageux,  monté  par 
un  bon  cavalier,  la  trompe  armée  d'une  espèce  de  sabre  ap- 
pelé kartal,  et  recouverte  d'une  cotte  de  mailles,  le  corps 
garni  d'une  armure  de  corne  et  de  fer,  flanqué  de  cinq  cents 
hommes  qui  le  défendent  et  le  protègent  par  derrière,  peut 
lutter  contre  six  mille  cavaliers;  il  n'en  est  point  qui,  avec 
une  semblable  escorte,  ne  puisse  en  attaquer  au  moins  cinq 
mille,  pénétrer  dans  leurs  rangs,  en  ressortir  et  les  harceler 
de  toutes  paris,  exactement  comme  pourrait  le  faire  un 
honmie  maniant  un  cheval;  c'est  ainsi  que  ces  peuples  font 
manœuvrer  les  éléphants  dans  toutes  leurs  guerres. 

Quant  à  la  royauté  duMoultan  ,  nous  avons  déjà  dit  qu'elle 
appartenait  aux  descendants  de  Orama,  fils  de  Lowai,  fils  de 
Gaieb ,  qui  commandent  à  une  puissante  armée.  Moultan  est , 
pour  les  musulmans,  une  place  frontière,  autour  de  Ia(|uelle 


376  LES  PRAIRIES  D'OR. 

^j<X_àJL>  J^i^iL^   ^jjwa.*!   (j^  Js,Â^lj   <XÀ^Î   SJvwaJb  yUJj.iL 

(j^  o^^5  «x-aJ'  g^-j  <-»iAkii  ?îy'j  -^_^*Ji^  ^ij.4^^  Jij^iii  (J-» 

a_jL-«  àXaj  t^<xJl  ^jaJUI  t^jl^Ji  iyiîl  tr*  «^^^--^5  il^j^i^î  (j-« 
J^JJll    O^.J>j    îiîj    <îuJi    J<^    j^JJl   4^jI:^I    e^*   ^i>j.Ai._5 

liLJ^     «X_À»£     ^■^S-    ^JiyJfJL    ^y^»'y^^À     }iyJyX3^     rtfVtâj)     \  li>jb  jj*tS>J 

on  compte  officiellement  cent  vingt  mille  bourgs  et  villages. 
Nous  avons  aussi  parlé  de  l'idole  qu'elle  renferme  dans  ses 
murs  et  qui  est  connue  sous  le  nom  de  Moultan.  On  y  vient 
des  parties  les  plus  reculées  du  Sind  et  de  l'Inde,  pour  dé- 
poser à  ses  pieds  de  riches  ex-voto,  en  argent,  en  pierres  pré- 
cieuses, en  bois  d'aloès  et  en  toute  espèce  de  parfums;  des 
milliers  de  personnes  font  ce  pèlerinage.  Le  roi  du  Moultan 
tire  la  plus  grande  partie  de  son  revenu  de  l'aloès  pur  de 
Komar,  le  premier  de  tous  en  qualité,  qu'on  apporte  à  celte 
idole,  dont  un  man  vaut  deux  cents  dinars,  et  qui  reçoit 
l'empreinte  du  cachet,  comme  la  cîre,  sans  compter  les 
autres  merveilles  dont  on  lui  fait  présent.  Toutes  les  fois 
que  les  rois  infidèles  marchent  contre  Moultan,  et  que  les 
musulmans  se  voient  hors  d'état  de  leur  résister,  ils  les  me- 
nacent de  briser  l'idole  ou  de  la  mutiler,  ce  qui  suffit  pour 
décider  les  ennemis  a  ia  retraite.  Lors  de  mon  arrivée  dans 
cette  ville  après  l'an  3oo,  le  prince  régnant  s'appelait  Aboiil 


CHAPITRE  XVI.  377 

UXcj  I«x_4^  xxÀj]^  ^yj  *ji)j  W^  *-^bj  ^^  <Xa.*  (^  j-^ 
*r^^  aj  {J-?  (^  '^^  u^  t>^  ^j  *>-^  ojj/*iî  yt^^  ^-^^^ 

^.*O^J    A_jÎ^^    ^^^UjI     CJ>j\yj!M,i\     jî    Jîj     *J_JiX2xlLî     li)_j.X^    (J^'^J 

c53-*^'   u'^^  (:^>>>^^'   *^^^  {J^J^>^  U^'^^  iS^J-^^  yj*^^ 

Leliab  el-Munebbih,  fils  d'Açad  le  Koreïchite,  descendant 
de  Orama. 

C'était  à  la  même  épocjue  que  je  visitai  le  territoire  de 
Mansourah.  Abou'l-Moundir-Omar,  fils  d'Abd- Allah,  y  ré- 
gnait alors;  j'y  vis  son  vézir  Riiah  ainsi  que  ses  deux  fils 
Mohammed  et  Ali.  J'y  connus  encore  un  seid  arabe,  d'un 
très-haut  rang ,  appelé  Hamzah.  Un  grand  nombre  des 
descendants  d'Ali,  fils  d'Abou-Taleb,  par  Omar  et  Moham- 
med, Y  avaient  fixé  leur  résidence.  Entre  les  rois  de  Man- 
sourah et  la  famille  du  kadi  Abou-ech-Chewarib  il  y  a 
une  parenté  étroite  et  une  origine  commune;  en  effet,  les 
princes  qui  occupent  aujourd'hui  le  trône  de  ce  pays  des- 
cendent de  Habbar,  fils  d'el-Aswad,  et  ils  sont  connus  sous 
le  nom  de  fils  d'Omar,  fils  d'Abdou'1-Aziz,  le  Koreïchite, 
(ju'il  ne  faut  pas  confondre  avec  Omar,  fils  d'Abdou'i-Aziz, 
fils  de  Merwan,  l'Ommiade. 

Lorsque  les  cinq  fleuves  que  nous  avons  nommés  ont 
dépassé  lu  porte  de  la  maison  d'Or,  ou  Moultan,  ils  se  réu- 


378  LES  PRAIRIES  D'OR. 

I  jsJÛ  <;j^  (jv-^wJiîi  y^  4-^.>âj_5  (^.fu*J>  jC^wJiÀJ  A.5  y^)^  dlJlÀ^ 
^j^  Xj-  *=^1.  -'I^  iooJ«wo  jj  *X_i_-*Jl  (jtj,.^  Oj5;.*iî  jfNlôxJî  -«'Uî 

ft  w  y-  g^^-Aa-,A.  .U  <ii  yLxJjJLl  (j^  iiiLJll^  J^AjtXJl  <îUj(X^ 


Dissent  à  trois  journées  de  cette  ville,  entre  elle  et  Mansou- 
rah,  dans  un  endroit  appelé  Douchai.  Arrivé  ensuite  à  l'ouest 
de  la  ville  de  Rour,  qui  est  une  dépendance  de  Mansourali, 
le  fleuve  prend  le  nom  de  Mehran.  Plus  tard  il  se  divise  en 
deux  branches ,  et  les  deux  branches  du  grand  fleuve,  appelé 
Mehran  du  Sind,  se  jettent  dans  la  mer  de  l'Inde  à  la  vifle  de 
Chakirah,  dépendance  de  Mansourah,  à  deux  journées  de  dis- 
tance de  la  ville  de  Deïboul.  De  Moultan  à  Mansourah  il  y  a 
soixante  et  quinze  parasanges  sindiennes,  c'est-a-dire  des  para- 
sanges  de  huit  milles.  Le  territoire  de  Mansourah  comprend 
trois  centmille  fermes  ou  villages,  situés  dans  un  pays  fertile, 
bien  planté  et  bien  cultivé. Ce  royaume  est  en  guerre  conti- 
nuelle avec  un  peuple  appelé  El-Meid,  originaire  du  Sind,  et 
avec  d'autres  races.  Il  est  situé  sur  la  frontière  du  Sind,  comme 
Moultan  et  ses  dépendances.  Son  nom  de  Mansourah  lui 


CHAPITRE  XVI.  379 

fi\Jj    SJy-AAJ^J^     OwA^sw^    ^t>sJLi^  ^WxJI    (j^   l^xSi    ^.^.AasI    \jS y 

vient  de  Mansour,  fils  de  Djemhour,  que  les  Ominiades  y 
avaient  placé  comme  gouverneur.  Le  roi  possède  quatre- 
vingts  éléphants  de  guerre.  Il  est  d'usage  que  chaque  élé- 
phant soit  entouré  de  cinq  cents  fantassins,  et  qu'il  com- 
batte ainsi  des  milliers  de  cavaliers,  comme  nous  l'avons 
déjà  expliqué.  J'ai  vu  chez  ce  prince  deux  éléphants  d'une 
taille  colossale,  et  qui  étaient  renommés  chez  tous  les  rois 
du  Sind  et  de  l'Inde  pour  leur  force,  leur  courage  et  leur 
intrépidité  dans  le  combat.  L'un  s'appelait  Manfaraklas  et 
l'autre  Ilaïdarah.  On  raconte  du  premier  des  traits  remar- 
quables et  dont  tous  les  habitants  de  ces  contrées  et  des  pays 
environnants  ont  entendu  parler.  Une  fois  qu'il  avait  perdu 
un  de  ses  cornacs,  il  resta  plusieurs  jours  sans  vouloir  pren- 
dre aucune  nourriture  ;  il  s'abandonnait  à  sa  douleur  et  pous- 
sait des  gémissements  comme  un  homme  profondénienl 
ainigé;  les  larmes  coulaient  continuellement  de  ses  yeux.  Une 
autre  fois,  Manfaraklas,  suivi  de  Haïdarah  et  du  reste  des 


380  LES  PRAIRIES  D'OR. 

c:»-^..(fe:>    X^  c;^.*<i  .il  l^  ^Ir*-^  ^(Xa^  (^J^-iS^  <^  iil^l  2^^^^» 
'>^jÇ%XMé.«  cjIànJI  (jb;-«J  oi-*_5  (j*pJi^.AJL«  dUi  ^^ij  Uo  (^oyJaJl 

(J*.);i>    <i   J.,K«Jù*0_5    JULj'i/î    ^^aA*   J«^;5    J^^I  J-^JO    tJjl^ 

quatre-vingts  éléphants,  sortit  de  la  daïrah  ou  écurie.  Arrivé 
à  une  rue  étroite  de  Mansourah ,  il  se  trouva  subitement  face 
à  face  avec  une  femme ,  qui  était  loin  de  s'attendre  à  une  pa- 
reille rencontre.  Frappée  de  terreur  à  sa  vue,  cette  malheu- 
reuse perdit  la  tête,  et  tomba  à  la  renverse  au  milieu  de  la 
rue,  en  découvrant  les  parties  les  plus  secrètes  de  son  corps. 
Aussitôt  Manfaraklas  s'arrêta,  et,  se  posant  en  travers  de  la 
rue ,  il  présenta  son  côté  droit  aux  éléphants  qui  le  suivaient, 
pour  les  empêcher  d'avancer.  Puis,  agitant  sa  trompe  comme 
pour  faire  signe  à  la  femme  de  se  relever,  il  ramena  sur  elle 
ses  vêtements  et  l'en  recouvrit.  Ce  ne  fut  qu'après  qu'elle  se 
lut  soulevée  pour  lui  faire  place,  et  qu'elle  eut  repris  ses 
sens,  qu'il  poursuivit  son  chemin  avec  tous  ses  compagnons. 
11  y  aurait  encore  bien  d'autres  choses  extraordinaires  à  ra- 
conter, non-seulement  sur  les  éléphants  de  gueiTe,  mais  en- 
core sur  les  éléphants  employés  aux  travaux  ,  tels  que  tirer 


CHAPITRE  XVI.  381 

Sj-Si  -JsJij  *Xi^  iSiS^  ^i  ^-iV^  (^c5^l^-^^^i   <i'  iCiUi^ 

les  voitures,  porter  des  fardeaux,  battre  le  riz  et  d'autres 
grains  encore,  comme  font  les  bœufs  qui  travaillent  dans 
l'aire.  Plus  bas  dans  ce  livre,  lorsqu'il  sera  question  du  pays 
de  Zendj ,  nous  parlerons  de  l'éléphant  et  de  sa  manière  do 
vivre  dans  cette  contrée,  où  il  est  plus  multiplié  qu'en  tout 
autre  endroit,  et  où  il  vit  à  l'état  sauvage.  Pour  le  moment, 
nous  nous  bornons  à  des  notions  sommaires  sur  les  rois  du 
Sind  et  de  l'Inde. 

La  langue  du  Sind  est  différente  de  celle  de  l'Inde.  Lo 
Sind  est  le  pays  qui  avoisine  les  contrées  musulmanes  ; 
l'Inde  est  située  plus  à  l'orient.  Les  habitants  de  Mankir,  ca- 
pitale du  royaume  du  Balhara,  parlent  le  kiriali,  langue  ainsi 
appelée  du  pays  de  karah,  où  elle  est  en  usage.  Sur  le  litto- 
ral, comme  à  Saïmour,  à  Soubarah,  à  Tanah,  etc.  on  parle 
le  lari;  ces  provinces  empruntent  leur  nom  à  la  mer  La- 
rewi,  sur  les  côtes  de  laquelle  elles  sont  situées,  et  dont  nous 
avons  parlé  plus  haut  ;  elles  sont  arrosées  par  de  grands 
fleuves  qui,  par  une  anomalie  remarquable,  viennent  du 
midi  :  il  est  à  remarquer,  en  effet,  que  de  tous  les  fleuves  au- 


382  LES  PRAIRIES  D'OR. 

(jâiitf'l   U   b;5i>^   yUj.JI  jUi-l  \jo\jiS'  ^   4^*11  ΫXjû  »j  y*UJl 

J_^^>lj  Jj^_j«Jl  ^JL^i  «.^S^^jUI  ciJUs  Uî  -\3l  tjyî)-> 

(;jv.fc»*m  JjclS'^iU  c^vo  4j^  :>_j-*4^  ^jj_jj  kil-^  yt»^  (:J>-4S^5 

cun  ne  coule  du  midi  au  nord,  excepté  le  Nil  de  l'Egypte,  le 
Mehran  du  Sind  et  quelques  autres  encore;  le  reste  se  dirige 
du  nord  au  midi.  Dans  nos  Annales  historiques  nous  avons 
expliqué  les  causes  de  ce  phénomène,  et  nous  avons  rap- 
porté les  différents  systèmes  qu'ont  imaginés  les  géographes 
pour  en  donner  la  raison  ;  nous  y  avons  aussi  parlé  de  la 
dépression  ou  de  l'élévation  des  divers  plateaux  du  globe. 
Parmi  les  rois  du  Sind  et  de  l'Inde,  aucun  ne  traite  les  mu- 
sulmans avec  plus  de  distinction  que  le  Balhara.  Dans  son 
royaume  l'islamisme  est  honoré  et  protégé  ;  de  toutes  parts 
s'élèvent  des  chapelles  et  des  mosquées  spleodides  où  l'on 
peut  faire  les  cinq  prières  du  jour.  Les  souverains  de  ce  pays 
régnent  jusqu'à  quarante,  cinquante  ans  et  plus  ;  leurs  sujets 
attribuent  cette  longévité  aux  sentiments  de  justice  qui  les 
animent  et  aux  honneurs  qu'ils  rendent  aux  musulmans.  Le 
roi  entretient  les  troupes  à  ses  frais,  comme  le  font  les  princes 
musulmans.  Leur  monnaie  consiste  en  drachmes  appelées 
tahiriyeh,  pesant  chacune  une  drachme  et  demie  des  nôtres; 


CHAPITRE  XVI.  383 

iJxS^  i^iojs^  iJ  if^y^  ^'^^i  (t-^*^^  i^J^  **^  *A>A»(  ouaj^ 

/*.-*>-»  ^  ^.y-*-4j  Jj'^î^  Jjjsii  ^^AiS' dlA^  yfi^  AjJ^  *^W=^ 

^_£ù^  JoL  jtîvllil  (»,v»-Lfi>  iil  <5iJi-«  J.=?-I  >«JljJt  *i)_jXo  ^  (j^  iô\ 
j^L^  f^  '^yia^  »jJ^  ji  viUiî  l*N-tf>  yî  dlJij  Ô*!^^  |rf\^^i 
.kIC»^  ^(XaàJI  >^^s  ^^  (^}^>jm}^  {Jolxm  iJJi>  K^  ^3  vil^AX^ 
*i.^I*jU.*j  iu^xli^  c^jJI  jj^ilit*  «îuiyî  jj  i^j^^  ij-*  tj^*  <A^ 
(j-«  2J_^»-  (jJL  ç.:>i_5-^  ^UûJî  tiLLs  kiLUi  l*XJ>  (J>j  /e-j   l^ 

(J-*  Uj-^»i  CJ-»  U^.,J-^^  'î'-^"*^  c:*^w>..vîj  (^.^^»*JS  fV^"*  tyjAiî 
j-A-^i  iJ^  <6^L«J   (j^  (:^'**=*-'    <Xa^I  *U*J   ^  (j**A^J  c^j-m 

elles  portent  la  date  de  l'avènement  du  prince  régnant.  Le 
Balhara  possède  un  nombre  considérable  d'éléphants  de 
guerre.  Son  royaume  porte  aussi  le  nom  de  pays  de  Kem- 
ker;  une  partie  de  ses  frontières  est  exposée  aux  attaques  du 
roi  de  Djozr  (Guzerat).  Ce  dernier  est  riche  en  chevaux, 
en  chameaux,  et  commande  à  une  nombreuse  armée;  on 
prétend  qu'à  part  le  roi  de  Babel,  qui  règne  sur  le  quatrième 
climat,  aucun  roi  de  la  terre  ne  lui  est  comparable  en  puis- 
sance. 11  se  montre  plein  d'orgueil  et  de  violence  dans  ses 
rapports  avec  les  autres  princes,  et  nourrit  contre  les  mu- 
sulmans une  haine  implacable.  Il  a  beaucoup  d'éléphants. 
Son  royaume,  situé  sur  une  langue  de  terre,  renferme  des 
mines  d'or  et  d'argent,  dont  le  produit  sert  dans  les  transac- 
dons  commerciales. 

Ensuite  vient  le  roi  de  Tafen ,  qui  vil  en  paix  avec  tous 
ses  voisins ,  honore  les  musulmans  et  n'entretient  pas  d'ar- 
mée comme  celles  des  autres  princes.  Les  femmes  de  ce 
pays  sont  les  plus  gracieuses,  les  plus  belles  et  les  plus 
blanches  de  l'Inde;  elles  sont  recherchées  dans  les  harems. 


384  LES  PRAIRIES  D'OR. 

ij  i^[)^  .■^tXwo   cyî^^_=i  «^U^-.»»^  (:y^3  ^^^  iilÇT  IgjL* 

-(K^S^U  iUw  »«x^j  ^j  '^a  dJXi  i «x.iù  J^j  ^  cuUiilklL 

^_Sè;3   ^U^i  ^bu  xtCsj  jj^_4i  aKjUjj  *-^UvwI   (j.«  /e.-ftiJ|j 

et  il  en  est  question  dans  tous  les  livres  erotiques;  aussi  les 
marins ,  qui  savent  tout  ce  que  valent  ces  femmes  qu'on 
nomme  Tafinijat,  tiennent-ils  beaucoup  à  s'en  procurer  à 
quelque  prix  que  ce  soit. 

Près  de  ce  royaume  est  celui  duRahma,  titre  qui  est  gé- 
néralement donné  aux  princes  de  ce  pays.  Ceux-ci  sont  en 
guerre  avec  le  Guzerat,  dont  le  territoire  les  touche,  et 
avec  le  Balhara,  qui  est  leur  voisin  d'un  côté.  Le  Rahma 
possède  plus  d'hommes,  d'éléphants  et  de  chevaux  que  le 
Balhara,  le  prince  de  Guzerat  et  celui  de  Tafen.  Lorsqu'il 
part  pour  une  expédition,  il  est  entouré  de  cinquante 
mille  éléphants;  au  surplus  il  n'entreprend  jamais  rien  que 
pendant  la  saison  d'hiver,  parce  que  ces  animaux  ne  sup- 
portent pas  la  soif  et  ne  peuvent  endurer  de  longues  haltes. 
On  n'a  pas  craint  d'exagérer  le  nombre  de  ses  troupes, 
au  point  de  prétendre  que  dans  son  armée  il  n'y  avait 
pas  moins  de  dix  à  quinze  mille  louions  et  blanchisseurs. 
Les  rois  que  nous  venons  de  nommer  disposent  leurs  trou- 


CHAPITRE  XVI.  385 

âjjyiî  oi-«*jJ  tjLçiJij  iùàAJÎj  c-.^«>Jl_j  iytJi   ««xXj  i^  «XA>Jl 
j^«X_Ji  ^.-«^jiaJL  oj— »»_^15  j-«^5  J^-^  »«>Jo  4j^^  iCij^  Ai:> 

yU*jJL  o_y-*Jli  (jiyv^  »*>^  ^j  ^-«J''-s:  i  J_^il  (j*.jj  <^ 

pes  en  carrés  de  vingt  mille  hommes,  chaque  côté  pré- 
sentant, de  front,  cinq  mille  combattants.  Les  transactions 
commerciales  se  font  avec  des  cauris,  qui  sont  la  monnaie 
du  pays.  On  y  trouve  i'aloès,  l'or  et  l'argent;  on  y  fabrique 
des  étoffes  d'une  finesse  et  d'une  délicatesse  supérieures. 
On  en  exporte  le  crin  nommé  ed-Domar,  dont  on  fait  des 
émouchoirs  à  manches  d'ivoire  et  d'argent,  que  les  domes- 
tiques tiennent  sur  la  tête  des  rois  pendant  leurs  audiences. 
C'est  dans  ces  contrées  que  se  rencontre  l'animal  appelé 
en-nichan  (marqué) ,  nommé  vulgairement  eZ-/ier/fcc?e;i  (rhino- 
céros); il  porte  une  corne  sur  le  front.  Plus  petit  de  taille 
que  l'éléphant,  il  est  plus  grand  que  le  bufile;  sa  couleur 
tire  sur  le  noir,  et  il  rumine  comme  les  bœufs  et  les  autres 
ruminants.  L'éléphant  fuit  devant  lui,  à  ce  qu'il  paraît, 
comme  devant  le  plus  fort  de  tous  les  animaux.  La  plupart 
de  ses  os  sont  comme  soudés  ensemble,  sans  articulation 


386  LES  PRAIRIES  D'OR. 

«XàmJ)^  *^i-J^  O^^  ^^  (J*^'A-*'[54^jjJ^J5  U-*  9-y^  ^^  (iJ^-fc*-»**!^ 

ut  ^LA_«kJt  dU^  (j^  l:>^i.^  ^>^  ^dxM^  ^  O^Ajl  Aj^  ^I 
^j^-»^  ji  aKw^-aw^  AlaAja-'Sv.j  ^^^Lis  ^9-*^  ^>  ^UmjI  J|jf»  iitf> 

\ÙyS-Ji   il>M*jdjiâ   iut£2jUl^  «^.UbvXJt    (j^  ^^aX^   ^.^-^  <i^j^-^^^ 

dans  les  jambes,  de  sorte  qu'il  ne  peut  ni  s'accroupir  ni 
se  livrer  au  sommeil  à  moins  de  s'appuyer  contre  les  arbres 
au  milieu  des  jungles.  Les  Indiens  et  les  musulmans  qui 
habitent  ces  pays  mangent  sa  chair,  parce  que  c'est  une 
espèce  de  buffle  de  l'Inde  et  du  Sind.  Cet  animal  se  trouve 
dans  la  plupart  des  lieux  boisés  de  l'Inde,  miais  nulle  part 
en  aussi  grande  quantité  que  dans  l'étendue  du  royaume  du 
Rahma,  où  sa  corne  est  d'une  beauté  et  d'un  poli  remar- 
quables. La  corne  du  rhinocéros  est  blanche,  avec  une 
figure  noire  au  milieu,  qui  représente  l'image  d'un  homme, 
ou  d'un  paon  avec  les  lignes  et  la  forme  de  sa  queue,  ou 
d'un  poisson,  ou  du  rhinocéros  lui-même,  ou  enfin  celle 
d'un  autre  animal  de  ces  régions.  On  achète  ces  cornes  et, 
à  l'aide  de  courroies,  on  en  fait  des  ceintures  sur  le  modèle 
des  ornements  d'or  et  d'argent;  les  rois  et  les  grands  de  la 
Chine  estiment  cette  parure  pardessus  tout,  au  point  qu'ils 
la  payent  quelquefois  jusqu'à  deux  et  même  quatre  mille 


CHAPITRE  XVI.  387 

(jbLjçj  »j  ài_j.-*»*-J  XajS^  Jya^\  dLAj  »_j^_5_5  t-*,i6<XJÎ  yUAiJb 
yl  Iâ-=»-L4i    (»-J^  «XJJj  jiy^-îî  (iH  Ij^-^si  U  yUi^l   y^  i 

dinars.  Les  agrafes  sont  d'or,  el  le  tout  est  d'une  beauté  et 
d'une  solidité  extraordinaires;  souvent  on  y  enfonce  diffé- 
rentes sortes  de  pierres  précieuses  avec  de  longs  clous  d'or. 
Les  images  dont  nous  avons  parlé  sont  ordinairement 
tracées  en  noir  sur  la  partie  blanche  de  la  corne;  quelque- 
fois elles  se  détachent  en  blanc  sur  un  fond  noir;  du  reste, 
la  corne  du  rhinocéros  ne  présente  pas  ces  signes  dans  tous 
les  pays.  El-Djahiz  prétend  que  la  femelle  porte  pendant 
sept  ans,  durant  lesquels  le  petit  sort  la  tête  du  vontre  de 
sa  mère  pour  paître,  et  l'y  rentre  ensuite;  il  a  consigné  ce 
fait,  comme  une  particularité  remarquable,  dans  son  Traité 
des  animaux.  Désirant  m'éclairer  à  cet  égard,  j'ai  interrogé 
les  habitants  de  Siraf  el  d'Oman  qui  fréquentaient  ces  con- 
trées, ainsi  que  les  négociants  que  j'ai  connus  dans  l'Inde: 
tous  se  sont  montrés  également  surpris  de  la  question  que 
je  leur  faisais.  Us  m'ont  affirmé  que  le  rhinocéros  porte  et 

u5. 


388  LES  PRAIRIES  DOR. 

j^u  «u»;^  yîii»?  l-i-^  w.»=-v  -"'^^  -^L»  vj--^'  «ii-'^ 

.v-<..;>^^>^'j  ^^r*    "^'-^  "^'-•'  '"'^*-^  J^  (^     ''^'^  ..r»j^^^^»^ 

met  bas  exactement  comme  la  vache  et  le  buffle:  et  ji^nore 
d'où  ei-Djahiz  a  puisé  ce  conte,  et  s'il  est  le  résultat  de  se? 
lectures  ou  de  ses  informations. 

Le  royaume  du  Bahma  s'étend  à  la  fois  sur  le  continent 
et  sur  la  mer.  Il  est  limitrophe  d'un  antre  Etat  situé  dans 
les  terres,  et  qui  s'appelle  royaume  de  Kamea.  Les  habitants 
sont  blancs  et  ont  les  oreilles  fendues:  ils  possèdent  des  élé- 
phants, des  chameaux  et  des  chevaux.  Les  individus  des 
deux  sexes  y  sont  généralement  beaux. 

Vient  ensuite  le  royaume  de  Firendj ,  dont  la  puissance 
est  à  la  fois  continentale  et  maritime.  B  est  situé  sur  une 
langue  de  terre  qui  s  avance  dans  la  mer.  d'où  il  sort  une 
grande  quantité  dambre.  Le  pays  produit  du  poivre  en  pe- 
tite quantité:  mais  on  y  trouve  beaucoup  d'éléphants.  Le  roi 
est  brave ,  superbe  et  orgueilleux  :  mais ,  à  dire  \Tai .  il  a  plus 
de  fierté  que  de  force,  et  plus  d'oigueil  encore  que  de  bra- 
Toure. 

Ensuite  vient  le  royaume  de  Mondjah ,  dont  les  habitants 
sont  blancs,  généralement  beaux,  et  nont  pas  les  oreilles 
fendues.  Ds  possèdent  beaucoup  de  chevaux  et  une  armée 


CHAPITRE    XVI.  389 

X«UkO  iL«^l  otXifii^  c->UMi  i «Xit>  (^  ot-^-Aw  U  ^  AjUIb  olLo*k 
Jb>— x-j  -^  (j<^A-)  i^^iftl^^  iCxAÀ^  J^:»"^^  ^.^^IrJ  (j  (^<tâJ|  JsibL 

oj^;-«-ii  kiL^JL)  j-é5j  ^y<^i  viUi  J.^  <;^  ^  ^yi_y£^\ 
ij^  .K  'i . *=>  tj'>^  ^^  «xjUI  hS^  -î^^i  «ii«^  J^j  /oô  s^l> 

yLwaial  j.JsJaI  J»*j«Xa*«J  ^o^-^^S^L^^  i^Jôft  ^^^3  iijt*»(!j  »jljjj 
U^HS^^  ^Ij^yi^  Jl^^l   iùU>-_5   (j:>Uil    cj-,  -?*X)^J  c:>iiU  i 

-B-^ÀiO^  UtX^Ju  /6.^-Uj   uJiAxi^  J-wjJi^j  (j>AnJl  <Ji.)0  (jjy^l;S2 

considérable.  Le  pays  est  très-riche  en  musc,  que  fournissent 
les  gazelles  et  les  chèvres  dont  nous  avons  parlé  plus  haut 
dans  cet  ouvrage.  Le  costume  de  ce  peuple  ressemble  à  celui 
des  Chinois.  Le  royaume  est  défendu  par  des  montagnes 
escarpées  et  couvertes  de  neige,  dont  la  chaîne  est  plus  lon- 
gue et  plus  inaccessible  que  toutes  celles  du  Sind  et  de 
rinde.  Le  musc  est  estimé  et  porte  le  nom  du  pays;  les  ma- 
rins, qui  font  métier  de  l'exporter,  le  connaissent  bien  et 
l'appellent  musc  de  Moudjah. 

Le  royaume  limitrophe  est  celui  de  Mand,  qui  renferme 
des  villes  nombreuses,  de  vastes  plaines  bien  cultivées,  et 
qui  possède  une  nombreuse  armée.  Les  rois  confient  volon- 
tiers à  des  eunuques  l'exploitation  des  mines,  la  perception 
des  impôts  et  en  général  le  soin  de  l'administration ,  comme 
le  font  les  rois  de  la  Chine  dont  nous  avons  déjà  parlé.  Le 
pays  de  Mand  est  voisin  de  cet  empire,  dont  il  est  séparé 
par  une  haute  chaîne  de  montagnes  d'un  accès  difTicile;  les 


390  LES  PKAIRIES  D'OR. 

^  Vl  ^J\j    /ivlâJtJl  (jmUJI   «Xjl^j  XAJtAa  v'^^J   ^^Jt<^Â^  <3Ur>' 

|rfv-ûj  (ij!sX-i*.l  /ft-^^î  (^  ^j^3  (:JV*^5^  *>vÀ4Jî  (j-4  bj5i>  ^Ij 
JCJL  iLjj:>iJlj  ^:5>^-*-l5j  (j*-J^5^  £^'j  'rlH^b  ^^^  «^ 

deux  souverains  s'envoient  réciproquement  des  ambassa- 
deurs avec  des  présents.  Les  habitants  de  Mand  joignent 
une  grande  force  à  beaucoup  de  courage  et  d'audace;  aussi, 
lorsque  leurs  envoyés  viennent  en  Chine,  on  leur  donne  un 
surveillant,  et  on  ne  leur  permet  pas  de  se  promener  libre- 
ment dans  le  pays,  de  peur  qu'ils  ne  fassent  des  observations 
sur  les  routes  et  les  parties  faibles  du  royaume;  tant  est  grande 
l'idée  que  les  Chinois  se  font  delà  puissance  de  leurs  voisins. 
Tous  ces  peuples  nommés  plus  haut ,  soit  de  l'Inde ,  soit  de 
la  Chine,  soit  d'autres  pays,  ont  des  usages  et  des  coutumes 
à  eux  concernant  les  repas,  les  mariages,  les  vêtements,  le 
traitement  des  maladies  et  l'emploi  des  remèdes,  tels  que 
la  cautérisation,  etc.  Plusieurs  de  leurs  rois,  dit-on,  ne 
pensent  pas  qu'on  doive  garder  les  vents  dans  le  corps, 
parce  qu'ils  regardent  cette  contrainte  comme  pouvant  oc- 
casionner une  maladie  dangereuse;  aussi  ne  s'imposent-ils 
aucune  gêne  à  cet  égard,  dans  quelque  circonstance  que  ce 
soit.  Tel  est  aussi  l'avis  de  leurs  médecins,  qui  soutiennent 
que  cette  violence  faite  à  la  nature  est  nuisible  à  la  santé, 


CHAPITRE  XVI.  391 

ij*fj->  ^j  iy  ><**'  »  {j^j  i^i*?  ^j  ÏsXdjjio  ^jyM-^aP  (jMuAA*  J^^zBJLi 
AillaXIt  AAi  *-^^  c^Jo^l  »jtjua  «S  ^^«XJuJLt   «XJ»^)^  Ua£  dJ^ 

y*.UI  i^j^jj^jS i,  viUi  i  J^jJlIî  xwUx^L  «XÀ4JI  (^  »\X». 

^■:>)j,ÀJt^ jL»-À.^ij ^is-^JI  i  /o»^fi  dUijOi  ^^Cj*.  m^ 

y-^^  Jlil  cyt«Xj  Aijjjjtlt 

que  rien  n'est  plus  salutaire  que  de  se  soulager  en  pareil 
cas,  et  que  ceux  qui  souffrent  de  coliques  dans  la  consti- 
pation ,  ou  sont  affligés  de  maladies  de  la  rate,  en  éprouvent 
du  bien-être.  C'est  pour  cela  qu'il  n'est  point  incivil ,  chez  eux , 
de  lâcher  un  vent  quand  on  est  en  compagnie.  Il  est  du 
reste  à  remarquer  que  les  Indiens  se  sont  appliqués  de  bonne 
heure  à  la  médecine,  et  qu'ils  l'ont  cultivée  avec  beaucoup 
d'art  et  d'intelligence.  Le  même  auteur  qui  nous  a  donné 
ces  renseignements  sur  l'Inde  ajoute  :  Chez  ces  peuples  il 
est  plus  incivil  de  tousser  que  de  lâcher  un  vent;  l'éruc- 
tation peut  s'assimiler  à  l'émission  de  ces  vents  qui  s'échap- 
pent sans  bruit;  le  son  qui  accompagne  un  vent  bruyant 
n'est  autre  chose  que  le  retentissement  de  l'air  chassé  au 
dehors  par  un  travail  intérieur.  L'auteur  prouve  la  vérité 
de  ce  qu'il  rapporte  sur  les  Indiens,  par  des  témoignages 
aussi  nombreux  que  répandus,  et  qui  se  retrouvent  dans  les 
récits,  les  contes,  les  anecdotes  et  les  poésies.  C'est  ainsi 
qu'Aban,  fils  d'Abdoul-Hamid,  dans  une  Kacideh  connue 
sous  le  nom  de  Choses  licites,  a  dit  : 


392  LES  PRAIRIES  D'OR. 

^4X_Â_ft  L.g-A-i  :>Lrs-J  is3UL«        ^^«XÀ^!  ^jaJ^\  k«il  ji  Jt»  «Xi 

.>. >lj   ^\ M — )LJ|  (^  A-JL-X-j^         ^X-^La»  :êL-w*._À-i  ^î  iY   4^   Uî 

^  .t-.4M  <,^A.Jft<X^  U^  'l-ÀM^>  ^5-<^  S<Xx.o  <_.^<Xj  li  lgi£>^\i^ 

d  iixùaJI^j  <K->jJi  i   iC«.kWI  ^il  ic«Ja.>î!j   iUÀAâJl  Jyù  U^ 
U&5L.çwl  oouXjLi-l  Wlj  *Xc^îj  cr^^  Ujlîlj  (_j*,l^t  j.ii^^ 

Un  Indien,  instruit  et  sage,  a  dit  une  parole  que  j  approuve  complète- 
ment : 

N'empi'isonne  pas  un  vent  lorsqu'il  se  présente;  laisse-le  libre  et  ouvre- 
lui  l'issue  qu'il  recherche. 

Le  retenir  est  le  plus  grand  des  maux;  le  chasser,  c'est  se  donner  repos 
et  tranquillité. 

Il  est  incivil  de  tousser  et  de  se  moucher;  éternuer  est  de  mauvais  au- 
gure, mais  non  pas  lâcher  un  vent. 

L'éructation  n'est  qu'une  émission  de  l'air  vers  le  haut  du  corps  ;  mais 
l'odeur  en  est  plus  fétide  que  celle  du  vent  qui  s'échappe  sans  bruit  par 
le  bas. 

Les  vents  qui  sont  clans  le  corps  n'ont  qu'une  seule  et 
même  nature ,  mais  leurs  noms  diffèrent  suivant  les  issues 
par  lesquelles  ils  s'échappent;  ceux  qui  sont  chassés  par  en 
haut  sont  nommés  djechâ,  ceux  qui  s'échappent  par  en  bas 
sont  appelés /efa.  U  en  est  de  même  pour  les  coups  ;  on  se 
sert  du  mot  latmah  pour  ceux  qui  sont  portés  sur  la  figure, 
et  du  mot  safâh  pour  ceux  qui  sont  appliqués  sur  la  nuque; 
l'espèce  est  la  même,  mais  le  nom  varie  suivant  les  parties 


CHAPITRE  XVI.  393 

^Jt^_iU\<'  X>oSj-^i   oJ^aj)^   ^^'^^^   ovJ:>Lj^  A}si£  c:^piâ> 

du  corps  qui  sont  lésées.  De  tous  les  animaux  l'homme  est 
le  plus  exposé  à  de  nombreuses  maladies  et  à  des  affections 
qui  se  suivent  et  s'enchaînent,  pour  ainsi  dire,  sans  inter- 
ruption, telles  que  les  coliques,  les  douleurs  d'estomac  et 
autres  incommodités  accidentelles;  cela  vient  de  ce  qu'il 
emprisonne,  en  quelque  sorte,  le  mal  dans  son  corps,  et 
qu'il  néglige  de  l'expulser  au  moment  où  il  se  présente,  et 
où  la  nature  lutte  vigoureusement  pour  le  rejeter  au  dehors. 
Les  autres  animaux,  privés  de  raison,  ne  sont  pas  exposés  à 
toutes  ces  incommodités,  parce  que,  bien  loin  de  retenir 
dans  leur  corps  les  maladies  qui  y  ont  fait  irruption,  ils  les 
laissent  sortir  promptement. 

Les  anciens  philosophes  et  les  sages  de  la  Grèce,  comme 
Démocrite,  Pythagore,  Socrate,  Diogène,  ainsi  que  les  sages 
des  autres  nations ,  n'étaient  pas  d'avis  qu'il  fallût  retenir  au- 
cun gaz  dans  le  corps,  parce  qu'ils  savaient  combien  de 
soufl'rances  et  d'accidents  pouvaient  résulter  de  cette  con- 
trainte; ils  pensaient  que  tout  être  doué  de  sensations  était 


394  LES  PRAIRIES  D'OK. 

JJi>  ^jûUm\  Wi^  JJix)t  'ij*fjMa-i  àj<i>j>^  Ç^fJ^i;  |U»  kiU^  (jl^ 
ciotiwoj  *jL*îJI  *j  «^^j  ^  'r^'j  %j\jJitj\  <_>l:^f=!  jj-«  jj*,y| 

jL*.i^î^i  c^Uaj-î  JJj^S^  ia^^iJîj  yUyijUiwI  lubLS'i 
^l)-4^  &js^  Job  Ltf  JU4  <i|^X«  (j^  *j^3  «r*'^^^^  5^j 

J— rjf!   ^IjLw^   ^^«XjIxI)    ^^-fu*-?  (^ij^«XÀ^  i^    dLLc   iJ\Xa  Jaj 

à  même  de  vérifier  sur  sa  personne  ce  fait,  dont  la  nature 
autant  que  le  raisonnement  démontrent  la  réalité.  Les 
hommes  qui  ont  des  lois  et  des  livres  révélés  ont  seuls  re- 
gardé ces  choses  comme  indécentes,  parce  que  les  lois  les 
ont  interdites,  que  la  coutume  les  a  prohibées  et  qu'elles 
n'ont  pas  passé  dans  les  mœurs. 

Nous  avons  déjà  parlé  des  peuples  de  l'Inde  et  donné  des 
renseignements  sur  leur  caractère,  leurs  usages  singuliers  et 
leurs  coutumes,  dans  nos  Annales  historiques  et  notre  His- 
toire moyenne.  Nous  y  avons  aussi  parlé  du  Maharadja,  roi 
des  îles ,  ainsi  que  des  parfums  et  des  plantes  aromatiques ,  et 
des  autres  princes  de  l'Inde,  tels  que  le  roi  de  Kandjab  et 
plusieurs  d'entre  les  rois  des  montagnes  de  la  Chine  qui  font 
face  aux  îles  de  Zabedj  et  autres;  enfin  nous  y  avons  exposé 
l'histoire  des  rois  de  Chine  et  de  ceux  de  Serendib,  et  de 
leurs  relations  avec  le  roi  de  Mandourafin.  Ce  pays  est  situé 
vis-à-vis  de  Serendib,  comme  le  pays  de  Komar  1  est  des 


CHAPITRE  XVI.  395 

^J^  itjj,  Uff^  (^«M^j  <S^^^  'r'J^^^  (i/^^  Jy^jUi-l  (j^ 

îles  du  Maharadja,  telles  que  Zabedj  et  les  autres.  Les  rois 
de  Mandourafin  s'appellent  tous  el-Kaïda. 

Plus  bas,  dans  cet  ouvrage,  nous  donnons  encore  un  ré- 
sumé de  l'histoire  des  rois  de  l'est,  de  l'ouest,  du  midi  et 
du  nord ,  tels  que  les  rois  du  Yenien  ,  de  la  Perse ,  de  Roum , 
des  Grecs,  duMagreb,  des  races  abyssiniennes,  du  Soudan, 
des  descendants  de  Japhet,  ainsi  que  d'autres  notions  sur 
le  monde  et  ses  merveilles. 


VARIANTES  ET  NOTES. 


Page  3  (i).  Cette  expression  présente  une  certaine  obscurité,  et  nous 
n'avons  traduit  ^u'aJl  par  «montagnes»  que  pour  nous  rapprocher  du 
sens  donné  par  le  Koran,  xxi,  3i.  (Voy.  ï' Inlroducliun  générale  à  la  Gdo- 
(jraphie  des  Orientaux,  par  M.  Reinaud,  page  CLxxvii.)  Le  manuscrit  L 
porte  jljj^l,  et  le  D"^  Sprenger  traduit,  «the  lines  on  the  globes,  en 
considérant  sans  doute  ce  mot  comme  un  terme  d'astronomie. 

Ibid.  (2)  Tout  ce  membre  de  phrase  est  omis  dans  le  manuscrit  A. 
Nous  avons  adopté ,  pour  combler  cette  lacune ,  la  leçon  fournie  par  le 
manuscrit  L*. 

P.  6  (1).  Les  trois  copies,  B,  L  et  L^,  portent  distinctement  ULjLjf, 
et,  d'après  cette  variante,  il  faudrait  traduire  :  «les  erreurs  se  sont  mul- 
tipliées ,  etc.  »  Nous  ne  savons  d'après  quelle  autorité  le  D'  Sprenger  a  lu 
UiJf  «the  wealth». 

P.  7  (i).  Les  termes  techniques  que  présente  ce  passage  ont  été  expli- 
qués par  de  Sacy  dans  sa  notice  sur  le  Traité  des  définitions  [tarifât). 
(Voyez  Notices  et  extraits,  etc.  p.  28  et  suiv.)  Deux  manuscrits,  au  lieu 
de  (jfjjf  «J.,  donnent  (_$ljjf  /t5  3,  ce  qui  signifierait  alors  «la  réfuta- 
lion  des  doctrines  philosophiques». 

P.  8  (i).  La  concision  de  ce  passage  et  les  expressions  philosophiques 
dont  il  est  rempli  nuisent  à  la  clarté  du  sens  ;  cependant  notre  traduc- 
tion ne  dilTère  pas  essentiellement  de  celle  du  D'  Sprenger.  On  peut  con- 
sulter, sur  le  mot  ^T-«^.W-a ,  pluriel  de  iit^A^ ,  la  définition  que  Ibn  Khal- 
doun  en  donne  dans  le  livre  III  de  ses  Prolégomènes.  (Conf.  Silv.  de 
Sacy,  Chrestomathie  arabe,  2"  édit,  t.  II,  p.  298.) 

P.  10  (i).  Nous  n'avons  pas  à  insister  ici  sur  les  variantes  que  fournis- 
sent les  manuscrits  dans  cette  longue  nomenclature  de  noms  propres.  Les 
sources  principales  qui  ont  servi  à  la  rédaction  des  Prairies  d'or  seront 
analysées  et,  autant  que  possible,  discutées  dans  le  mémoire  qui  termi- 
nera la  présente  publication. 

P.  20  (1).  Cette  phrase,  jusqu'au  mot  jj^liLoft,  est  omise  dans  le  ma- 


398  VARIANTES  ET  NOTES. 

nuscrity4;  mais  elle  se  trouve  dans  trois  autres  copies.  Les  mots  L^-^i^t 
i/jClfijf  désignent,  d'après  le  D'  Sprenger,  le  livre  de  Cœlo  d'Aristote,  et 
ju^IjJf  sLl-^l  les  Meteorolociica  du  même  auteur, 

P.  58  (i).  Ce  passage,  depuis  _^M  <ù  /  jusqu'à  Lct\i ,  est  altéré 
dans  les  manuscrits.  Le  D'  Sprenger  en  a  donné ,  d'après  la  copie  de 
Leyde,  une  interprétation  qui  s'écarte  de  la  nôtre  (p.  55).  Nous  renvoyons 
le  lecteur  à  la  noie  dans  laquelle  le  savant  anglais  cherche  à  justifier  sa 
lecture  par  des  arguments  tirés  de  la  doctrine  des  tliéologiens  modernes 
relativement  aux  figures  de  l'Ancien  Testament. 

P.  62  (1).  Plusieurs  de  ces  noms,  et  tout  ce  qui  est  dit  ici  de  la  double 
génération  mâle  et  femelle  attribuée  à  Adam ,  paraissent  avoir  été  em- 
pruntés par  Maçoudi  à  la  Chronique  de  Tuhari,  liv.  I"^,  c.  xxi. 

P.  94  (i).  Quoique  toutes  les  copies  donnent  CiU'»  ou  (jL-».  nous 
n'avons  pas  hésité  à  rétablir  le  nom  de  Moab  dans  notre  traduction ,  car 
il  n'est  pas  possible  de  douter  que  Maçoudi  ne  désigne  ainsi  le  mont  Hor 
qui,  de  toute  antiquité,  a  été  considéré  comme  le  sépulcre  d'Aaron. 
[Nombres,  xx,  22-29.)  Cette  montagne  n'est  qu'à  deux  heures  de  marche 
des  ruines  de  Pétra,  et  les  Arabes  lui  donnent  encore  le  nom  de  Djébel- 
Nébi-Haroun.  (Cf.  Burckhardt,  Traveb,  etc.  p.  43 1 ,  et  Laborde,  Voyage 
de  l'Arabie  Pétrée,  p.  61 .) 

P.  95  (1).  Maçoudi  réunit  sans  doute  sous  ce  nom  les  petites  princi- 
pautés du  pays  de  Canaan,  et  peut-être  veut-il  désigner  en  particulier  les 
Gabaonites ,  qui  formaient  une  des  plus  importantes  tribus  cananéennes. 

P.  97  (1).  C'est  le  XlBos  îovSaïKÔs  de  Galien.  (Voy.  les  Œuvres  d'Ori- 
base,  édit.  de  M.  Darenberg,  t.  II,  p.  709,  et  Dioscoride ,  liv.  V,  p.  i54.) 

/6k/.  (2)  Tous  les  manuscrits  portent  iUÀ-»si  ou  iôyU»J.  Nous  avons 
rétabli  la  leçon  Jù^J,  d'après  le  Tenbih  (f.  49  v°).  Ce  que  l'auteur  dit  ici 
du  lac  d'Ourmyah  est  confirmé  par  le  témoignage  d'Istakhri  et  de  Yakout. 
Dans  ce  dernier,  au  lieu  de  Kendewan,  on  trouve  Kebouhhan,  leçon  qui 
s'éloigne  moins  de  Khaboudan,  nom  sous  lequel  les  Arméniens  désignent 
ce  lac.  (Cf.  Saint-Martin,  Mémoire  sur  l'Arménie,  I,  p.  17.)  La  descrip- 
tion du  lac  d'Ourmyah  par  différents  auteurs  musulmans  est  résumée 
dans  un  ouvrage  que  l'un  de  nous  a  publié  récemment,  sous  le  titre  de 
Dictionnaire  géographique ,  etc.  de  la  Perse,  p.  85.  (Voyez  aussi  une  note 
d'Et,  Quatremère,  dans  son  Histoire  des  Mongols,  p.  3 16.) 

P.  98  (i).  Someida  et  Houbar  rappellent  d'une  manière  assez  bizarre 


VARIANTES  ET  NOTES.  399 

les  noms  de  yi^DC^  et  "icn .  deux  frères  de  la  tribu  de  Manassé  qui  sont 
mentionnés  dans  les  Nombres,  xxiv,  Sa,  et  ailleurs. 

P.  loo  (i).  Confusion  de  Kouchan avec  Eglon.  (Voy. /u^e5, m,  10-12.) 

P.  10^  (1).  Les  noms  propres  doivent  plier  sous  le  génie  de  la  langue 
arabe,  qui  cherche  partout  des  allitérations  (  oLof).  C'est  ainsi  que  Caïn 
et  Abel  se  sont  transformés,  chez  les  auteurs  musulmans,  en  Kabil  et 
Habil,  Gog  et  Magog  en  Yadjoudj  et  Madjoudj ,  Saùl  et  Goliath  en  Taloat 
et  Djalout.  On  pourrait  faire  la  même  observation  chez  certains  auteurs 
chrétiens  du  moyen  âge.  Voy.  Soliman  et  Doliman,  ce  dernier  nom  à  la 
place  de  Danischmend;  Michaud,  Bibliothèque  des  croisades,  i"  partie, 
p.  71.  (Note  de  M.  Derenbourg.  ) 

P.  106  (1).  On  a  suivi  ici  la  leçon  du  manuscrit  I,*,  tandis  que  les 
autres  copies  portent  (^J[]g.  Mais  ce  qui  prouve  que  Maçoudi  veut  par- 
ler de  Goliath,  c'est  que  quelques  lignes  plus  loin  il  cite  une  autre  tra- 
duction ,  d'après  laquelle  Saûl  aurait  exterminé  les  Israélites  rebelles. 

P.  107  (1).  Ceux  qui  lapèrent  l'eau  rappellent  le  passage,  Juges,  V, 
VII,  5,  confondu  avec  Sam.  I,  xiv,  24  et  suiv.  La  cotte  de  mailles  de  Da- 
vid est  le  fait  raconté,  Sam.  I,  xvii,  38,  89,  et  travesti  par  l'imagination 
musulmane.  Le  fleuve  qui  tarit  doit-il  se  rapporter  à  Josué,  m,  i3  et 
suiv.  ? 

P.  110  (1).  Ou,  d'après  le  manuscrit  de  Leyde,  ^u^k,  Hanan.  H  est 
possible  que  l'expression  biblique ,  ^prin  H^TIK  {Samuel,  11,  12),  Ouria 

le  Hélhite,  ait  donné  naissance  au  ajL/v,^  ^>_j  V?)3''  P^'"  '^"^  altération 
analogue  à  celle  du  nom  de  Bathséba  ou  Bctsabé,  transformé  par  Ta- 
bat-i  en  * 


P.  11 4  (1).  Dans  deux  manuscrits,  on  lit  ^J^Ks^J] ,  qui  n'est  peut-être 
que  la  forme  abrégée  de  D^î"13.  Garizim.  [Deuiéron.  xxvii,  12.) 

P.  1 15  (1).  Les  manuscrits  L  et  L^  donnent  distinctement  00  W  )9^> 
et  la  copie  de  Cambridge  (j{j  jAi.  (Sprenger,  p.  n5.  )  Dans  le  Modjem 
el-bouldan  et  son  abrégé  le  Meraçid  el-ittila,  on  trouve  seulement  JL«^ 
NoJ?.  S.  de  Sacy  a  lu  Caj  o  %  Js  «la  montagne  bénie». 

Ibid.  (2)  De  Sacy  a  donné  les  variantes  de  ces  noms  dans  la  traduction 
de  ce  passage  de  Maçoudi,  qu'il  a  publiée  dans  sa  Chresfomathie  arabe. 


400  VARIANTES  ET  NOTES. 

2°  édit.  I,  p.  343.  (Cf.  Munk,  Palestine,  p.  481  ,  collection  de  Ylhivcrs 
pittorescjue.) 

P.  1 16  (i).  Le  traducteur  anglais  a  déjà  signalé  le  ridicule  anachro- 
nisme que  présente  ce  passage ,  et  il  est  porté  à  croire  que  Maçoudi  a  été 
induit  en  erreur  par  Tabari ,  qui  place  la  fondation  de  Byzance  sous  le 
règne  de  Manassé.  Nous  ajouterons,  si  c'est  une  excuse  en  faveur  de  Ma- 
çoudi, que  le  verset  du  livre  des  Chroniques  (11,  33),  d'après  lequel  le 
royaume  de  Juda  aurait  péri  sous  une  nouvelle  invasion  assyrienne,  est 
considéré  comme  interpolé  et  apocryphe  par  de  graves  autorités. 

P.  126  (1).  Cette  citation  poétique  est  si  défigurée  dans  la  copie  de 
Leyde ,  que  nous  aurions  mauvaise  grâce  de  reprocher  au  traducteur  an- 
glais de  rendre  ainsi  le  second  vers  :  «le  châtiment  infligé  à  la  tribu  de 
«  Kahtan  soumit  à  la  volonté  de  Dieu  ceux  qui  s'étaient  révoltés  contre 
«  elle.  »  Sur  les  Ashab  er-rass,  voyez  Koran,  xxv,  Ao ,  et  l'explication  qu'en 
donne  Yakout  [Dictionnaire  ijéocjraphique  de  la  Perse,  p.  281  et  suiv.). 

P.  iSg  (1).  Manuscrit  B,  <uiu  ;  manuscrit  L,  ilkj.  Dans  la  version  an- 
glaise, on  lit  :  ûxXfC't^  i^JUj  «the  fox  and  the  boar.  »  S.  de  Sacy  avait, 
avant  nous ,  adopté  la  leçon  du  manuscrit  A.  (  Voy.  Notices  et  extraits,  etc. 
p.  160  et  suiv.) 

P.  161  (1).  On  peut  consulter,  sur  ces  deux  célèbres  joueurs  d'échecs , 
le  curieux  ouvrage  de  Jîyde,Historia  Schahiludii ,  et  l'édition  anglaise  des 
œuvres  de  W.  Jones,  t.  I,  p.  621. 

P.  177  (1).  Manuscrits  B  eiU,  (J\^-  On  trouve  aussi  |v30  et  ,v.sLST 
M.  Reinaud ,  comparant  diverses  relations  de  voyageurs  musulmans ,  pense 
que  le  pays  de  Thafec  répond  à  la  province  actuelle  d'Aureng-Abad.  [Re- 
lation des  voyages.  Discours  prélim.  p.  c.) 

P.  178  (1).  Le  morceau  auquel  Maçoudi  fait  allusion  est  à  la  fin  du 
présent  volume,  de  la  page  372  à  la  page  Sgo. 

P.  180  (1).  Ou  <JyJ ,  d'après  le  manuscrit  de  Leyde,  ce  qui  se  rap- 
proche davantage  de  la  prononciation  grecque.  (Cf.  Géogr.  d'AboulJéda, 
t.  I,  p.  267,)  Dans  un  mémoire  publié  à  Leipsig  en  i855,  M.  Redslob 
cherche  à  démontrer  que,  chez  les  auteurs  orientaux,  Thulé  répond  à  une 
île  voisine  de  Halmstad  ou  Halland,  petite  ville  sur  le  Cattegat  (Suède). 

P.  184  (1).  Manuscrit  B,  c:}l^jj.Jf;  manuscrit  L,  c^l^TijJf.  Toutes 
ces  leçons  ne  sont  que  des  altérations  plus  ou  moins  sensibles  du  mot 


VARIANTES  ET  NOTES.  401 

s.mscrit  douipa  uîlc»,  et  c'est  ainsi  que  les  voyageurs  arabes  désignent  les 
îles  Maldives  et  Laquedives.  (Conf.  M.  Reinaud,  op.  supra  laud.  p.  I.v,  et 
Voycujes  d'Ibn  Batoutah,  t.  IV,  p.  i  lO  et  suiv.) 

P.  i85  (i).  Manuscrit  L  et  L^,  vojLuJi  «jy-'  ^j^  .  on  «.jvL*J|.  (Voy. 
Géographie  d'Aboulféda,  t.  II,  traduction  française,  p.  22.) 

P.  191  (1).  L'une  des  deux  copies  de  Leyde  porte  ^j^-u^ ,  au  lieu  de 
^jsJC«.  Le  D"^  Sprenger  a  lu  ^jîyCwa  Lu^ ,  et  il  traduit,  par  conséquent, 
«tbree  hundrcd  and  sixty  five  days». 

P.  193  (1).  Le  manuscrit  4,  au  lieu  de  Démavend,  porte  tV-J5L^_j 
«Néhavend»,  ce  qui  est  inadmissible,  puisque  cette  dernière  montagne 
est,  comme  on  le  sait,  dans  le  voisinage  d'Hamadan.  Deux  autres  copies 
présentent  la  forme  arcbaïque  ooaLo^,  Donhavend,  que  les  Persans,  au 
rapport  de  Yakout,  expliquent  par  une  légende  ridicide.  (Voy.  Diction- 
naire géographique  de  la  Perse,  p.  236.) 

P.  195  (1).  Les  manuscrits  B  et  L,  au  lieu  de  yj-wl ,  donnent  yÀ«^l,  cl 
ce  terme  rend  avec  une  certaine  vérité  l'aspect  que  présente  la  neige  du 
pic  de  Démavend  sous  les  rayons  du  soleil.  , 

P.  196  (1).  Cette  distance  du  centre  de  la  terre  au  point  extrême  de 
l'atmospbère ,  à  168,000,  fait  exactement  vingt-deux  fois  le  diamètre  de 
la  terre,  à  7,636  milles,  ou  plutôt  à  7,636  y^.  Eu  doublant  ce  nombre 
pour  avoir  le  diamètre  du  périmètre  formant  fatmosphèrc,  on  obtient 
44  fois  le  diamètre  de  la  terre.  Ce  nombre  répond  aussi  à  4  fois  le  dia- 
mètre du  soleil,  tel  qu'il  est  donné  ci-dessous,  à  4,200  milles. 

(Note  de  M.  Derenbourg.) 

P.  197  (i).  Manuscrit  B,  ^^l  ^_^f  ^lju.«,;  manuscrit  L,  *_jI,^««ç«. 

P.  199  (1).  Manuscrits  D  et  L,  lUa^i::^.  Ce  mot  signifie  littéralement 
«doublure»,  et  il  est  employé  ici  comme  terme^de  mépris.  Nous  avons 
cru  pouvoir  lui  donner  un  équivalent  plus  usité  en  français. 

Ibid.  (2).  Manuscrit  A,  lyAj^  if'')'^  manuscrit  L,  ^j._u/wi  ,  jvL.  Le 
D'  Sprenger  transcrit  ras  Komorr,  et  appuie  cette  leçon  sur  une  base  ingé- 
nieuse, mais  bien  fragile.  (Voyez  p.  221,  en  note.) 

Ihid.  (3)  Voyez  Chwolsobn ,  Die  Ssabier  und  S.mbismns ,  f .  I ,  p.  2  1  o. 

I.  Jih 


Zi02  VARIANTES  ET  NOTES. 

P.  2  33  (i).  Au  lieu  de  Zeidboud,  on  lit  dans  le  manuscrit  B  ^^o^/J]  \ 
dans  le  manuscrit  L,  2>^(yjj.  La  copie  de  Cambridge  porte  ^  o^*^ 
j,  jjj  .  [sic],  Sprenger,  p.  262.  Enfin,  dans  ie  manuscrit  de  l'Inde,  on 
trouve  ^^j^j^^- 

P.  235  (1).  Manuscrit  L,  (A^\;  manuscrit  B,  (Jx«Jf.  M.  Et.  Quatre- 
mère,  qui  a  traduit  ce  passage  dans  ses  Mémoires  sur  l'Egypte,  a  lu  sal. 
D'après  ie  D'  Roulin ,  le  poisson  décrit  ici  par  Maçoudi  n'est  autre  que  le 
rémora.  (Voyez  Relation  des  vojacjes ,  etc.  t.  II,  p.  86.) 

P.  236  (1).  Au  lieu  de  j;  „  U  ..  -k> ,  le  manuscrit  ^4  écrit  ^J^.^,  et 
j_5La.2k  au  lieu  de  j,L<i:^.  Manuscrit  L,  ^j  Lo;^.  Voyez  aussi  Calilah  et 
Dimnah,  édit.  de  S.  de  Sacy,  p.  izlv. 

P.  238  (1).  Manuscrit  A,  ^Lyt>Lo;  manuscrit  B,  (^\j^-  Ce  nom  se 
trouve  souvent  écrit  /jL  4s*l^  dans  les  éci'ivains  arabes,  et  en  particu- 
lier chez  l'auteur  du  Modjem  el-Bouldan. 

P.  287  (1).  Le  manuscrit  de  l'Inde  donne  la  rédaction  suivante  :  ijjJf 
y^\^  QUXyJf.  (jjJ^y  Le  D' Sprenger  a  luyjjf;  mais  il  ajoute  en 
note  (p.  Sog)  que  cette  leçon  lui  paraît  suspecte,  et  qu'il  préférerait  le 
nom  JsJ  I ,  tel  qu'il  est  écrit  dans  une  géographie  arabe  conservée  au 
BrUish  muséum. 

P.  3o2  (i).  Ce  personnage  est  appelé  Banschoua  dans  la  Chine  de 
M.  Pauthier,  p.  329,  collection  de  Y  Univers  pittoresque. 

P.  335  (i).  Il  s'agit  encore ,  dans  ce  passage,  des  îles  Laquedives  et 
Maldives.  Ptolémée  n'en  comptait  que  treize  cent  soixante  et  dix-huit. 
(Voy.  Relat.  des  voyages,  etc.  Discours  préliminaire,  p.  lv.) 

P.  338  (1).  Sur  les  différentes  orthographes  de  ce  mot  et  sur  sa  signi- 
fication, on  peut  consulter  l'ouvrage  de  M.  Reinaud,  déjà  cité,  p.  55  et 
suiv. 

Ibid.  (2)  Le  manuscrit  B  porte  v^^v^îytLi.  Ces  îles  qui,  peut-être,  cor- 
respondent à  Sumatra,  sont  encore  appelées  Al-Uamy  et  Al-Ramnj. 
(Voyez  le  même  ouvrage,  p.  68  et  suiv.) 

Ihid.  (3)  Le  manuscrit  B  porte  n. Jt>JLa.;  le  manuscrit  L,  ^  JL.4.I. 
Le  marchand  Soieïman  les  appelle  Lendjebalons.  [Oper.  sup.  laiid.  p.  72.) 

P.  359  (1).  Le  quatrième  vers  présente  des  difficultés;  nous  ne  l'avons 


VARIANTES  ET  NOTES.  403 

traduit  que  par  conjecture.  Le  traducteur  anglais  rend  ljiLjL^_i  par 
«frontière  militaire  « ,  et  il  omet  l'expression  si  obscure  (j^XÔ^  (Uat^ 
(P-369). 

P.  36o  (i).  Les  manuscrits  B  et  L*  portent  ovol  «Ebre».  L'origine 
dans  la  Galice  et  l'embouchure  dans  la  Méditerranée  ne  sont  applicables 
qu'à  ce  fleuve.  Cependant  les  villes  nommées  sont  situées  sur  le  Tage. 
Il  y  a  donc  confusion  de  la  part  de  l'auteur  entre  ces  deux  fleuves. 

36 1  (i).  Le  manuscrit  B  porte  {jjj^;  le  manuscrit  L,  (js'jil,  ce 
qui  est  une  faute  manifeste. 

P.  867  (1).  Nous  n'avons  pu  réussir  à  déterminer  d'une  manière  pré- 
cise toutes  les  espèces  de  drogues  mentionnées  dans  ce  passage.  Dans  ce 
cas,  nous  avons  préféré  transcrire  simplement,  en  caractères  européens, 
le  mot  arabe  qui  nous  offrait  des  doutes.  La  nomenclature  donnée  par  la 
version  anglaise  (p.  376)  diffère  un  peu  de  la  nôtre,  ce  qui  provient  sur- 
tout de  l'imperfection  des  manuscrits  en  cet  endroit. 

P.  378  (i).  Le  manuscrit  U  porte  o^i]. 

P.  382  (i).  Le  manuscrit  L*  porte  ijJhXh.  Dans  Ibn-Haukal,  la  mon- 
naie de  la  vallée  de  l'Indus  est  nommée  kandahari  et  thatheri.  (Cf.  M.  Rei- 
naud.  Mémoire  sur  l'Inde,  p.  235,  et  le  recueil  de  M.  Gildemeister,  p.  28.) 

P.  384  (1).  Ce  passage  n'est  pas  très-clair.  Peut-être  vaut-il  mieux  tra- 
duire l^ijJ  ils»  par  II  et  ne  peuvent  rester  longtemps  dans  cette  situa- 
tion 1) ,  en  prenant  ces  mots  comme  complément  du  membre  de  phrase 
précédent  :  ^jCJuJi  ^J^c  (J;>^i  r-^^  «-Ifti. 

P.  388  (1).  Le  manuscrit  L  porte  -•  ajuuf.  Dans  l'ouvrage  déjà  cité, 
t.  I",  p.  3o,  M.  Reinaud  a  lu  Ai-Kyrendj.  Tome  II,  p.  21  ,  il  pense  que 
c'est  la  côte  de  Coromandel. 

P.  39/1  (1).  Le  manuscrit  L  porte  (JnjJiX*,  le  manuscrit  L^  v^-a-à.^ 


^o/ 


CORRECTIONS. 


Page  3,  ligne  8  du  texte,  au  lieu  de  y£>\XaJ] ,  lisez  w^LiiJi. 

P.  1 1 ,  i.  6  de  la  traduction ,  au  lieu  de  Ibn  Abid  Onimarah ,  lisez  Ibn 
Abid;  Ommarah. 

P.  1 1 4,  1.  2  du  texte,  substituez  «J  à  AJ. 

P.  iSg,  1.  7  de  la  traduction,  au  lieu  de  les,  lisez  le. 

P.  177,  1.  8  du  texte,  au  lieu  de  yA^JU,] ,  lisez ^y^X-jU,\ . 

P.  178,  1.  5  du  texte,  au  lieu  de  ^  oÀaJ  ,  Ixsez  j^aÀJLJ). 

P.  208,  1.  1  du  texte,  au  lieu  de  c_>Li^l,  lisez  cjUc<^l;  et  1.  1  de 
la  traduction ,  au  lieu  de  baie  des  Aguiab,  Usez  baie  des  Gobbs  (vallée 
large  et  étendue  qui  s'avance  dans  la  mer).  Même  page,  1.  1  1  et  1 3  de  là 
traduction,  remplacez  Aswan  par  Oswan. 

P.  261 ,  1.  2  de  la  traduction,  au  lieu  de  trois  cent  mille,  lisez  trois 
cents. 

P.  286,  1.  7  (titre),  au  lieu  de  i_)^\ ,  lisez  cjUjÎ- 

P.  288 ,  1.  1  du  texte,  au  lieu  de  c^l^Oiu^] ,  Usez  <_>LsiJuui ,  et  1.  1  de 
la  traduction,  Esfidjab,  au  lieu  de  Istidjab. 

P.  3o2,  1.  9,  p.  3o3  et  3o4  et passini,  au  lieu  de  IJui:»,  lisez  \^sù^, 
et  dans  la  traduction  de  ce  passage,  substituez  Khanfou  à  Khankou. 


/Od- 


TABLE 
DES  PRINCIPALES  MATIÈRES 

CONTENUES  DANS  LE  TOME  PREMIER. 


Pages. 

Avant-propos  des  éditeurs ' 

Préface  de  Maçoudi 

Coup  d'oeil  sur  ses  autres  écrits ,  p.  8.  —  Énumération  et 
examen  des  sources  auxquelles  il  a  puisé  pour  les  Prai- 
ries d'or,  lo. 

Chapitre  II.  Table  des  chapitres  que  renferme  cet  ouvrage.     24 

Chapitre  III.  Du  commencement  des  choses;  de  la  création 

et  de  ia  génération  des  êtres ^O 

Création  du  monde ,  d'après  le  Koran,  p.  46.  —  Les  génies 
et  Iblis,  5o.  —  Adam,  5i.  —  Mohammed,  56.  —  Abel 
et  Caïn,  62.  —  Seth,  68.  —  Énos,  69.  —  Enoch  ou 
Édris,  73.  —  Noé,  74.  —  Dispersion  des  races,  77.  — 
Kahtan,  79.  —  Yaktan,  80. 

Cliapitre  IV.  Histoire  d'Abraham,  l'ami  de  Dieu;  des  pro- 
phètes et  des  rois  d'Israël  qui  ont  vécu  après  lui .....  .      83 

Abraham,  83.  —  Ismaïl,  85.  —  Isaac,  87.  —  Esaû  et  Ja- 
cob, 88.  —  Job ,  90.  —  Moïse,  93.  —  Le  Jourdain  et  la 
mer  Morte,  96.  —  Balam,  99.  —  Différents  chefs  des 
Israélites ,  1 00.  —  David ,  1 06.  —  Lokman ,  110.  —  Sa- 
lomon  ,111. 

Chapitre  V.  Règne  d'Arkhoboam,  fds  de  Salomon,  fds  de 
David;  rois  d'Israël  ses  successeurs;  aperçu  de  l'histoire 

des  prophètes "  - 

Abya,  Ailan,  Amadia,  etc.  p.  ii3.  —  Schisme  des  Sama- 
ritains, i  i4.  —  Hizkiel  (Ezéchias),  1 15.  —  Micha  (Ma- 
nassé),   116.  — Invasion  de  Nabuchodonosor,   117.  — 


406  TABLE  DES  MATIERES. 

Pages. 

Opinion  des  Samaritains ,  118.  —  Les  prophètes ,  Jéré- 
mie,  Daniel,  etc.  120.  —  Jean,  121.  —  Marie  et  Jé- 
sus, 122. 

Chapitre  VI.  Des  hommes  qui  ont  vécu  dans  l'intervalle, 
c'est-à-dire  entre  le  Messie  et  Mohammed 124 

Hanzalah,  p.  laS.  —  Dou'l-Karnein ,  126.  —  Les  apôtres 
Pierre  et  Paul,  128.  —  Les  hommes  de  la  fosse,   129. 

—  Khaled ,  1 3 1 ,  —  Koss ,  1 33.  —  Zeid  et  Omayah ,  1 36. 

—  Warakah,  i42.  —  Odaçah,  Abou-Kaïs  Sormah,  i44. 

—  Abou  Amir  el-Awsi,  i45.  —  Bohaira  le  Moine,  1  46. 

Chapitre  VII.  Généralités  sur  l'histoire  de  l'Inde,  ses  doc- 
trines et  l'origine  de  ses  royaumes 148 

Brahman  le  Grand,  p.  1/19.  —  Hezarwan  ou  période  de  sept 
mille  ans,  i5i.  —  Bahboud,  fils  de  Brahman,  1  67.  — 
Lejeudunerd,  167. —  Zaman  (Rama?),  i58.  —  Dab- 
chelim ,  1  Sg.  —  Le  jeu  des  échecs ,  1  69.  —  Korech  ,161. 

—  Sindbad,  162.  —  Races  nègres,  i63.  —  Mœurs  des 
habitants  de  l'Inde,  167.  —  Anecdote  sur  un  roi  de  Ko- 
mar,  169.  —  Etang  des  Barres  d'or,  175.  —  Le  Bal- 
hara,  177. 

Chapitre  VIII.  Description  du  continent  et  des  mers  ;  sources 
des  fleuves;  les  montagnes;  les  sept  climats;  astres  qui 
exercent  sur  eux  leur  influence  ;  ordre  des  sphères ,  etc .    1 79 

Notions  générales  sur  le  globe  terrestre,  p.  179.  —  Les  sept 
climats,  181.  —  Théorie  de  Ptolémée,  i83.  —  Nombre 
des  sphères,  186.  —  Circonférence  et  diamètre  de  la 
terre,  190.  —  Révolutions  de  la  sphère,  191.  —  Confi- 
guration des  mers,  193.  —  Dimensions  du  globe,  196. 

—  Distance  des  astres  à  la  terre,  1 97.  —  Hiérarchie  des 
Sabéens,  199. 

Chapitre  IX.  Renseignements  généraux  sur  les  migrations 

des  mers  et  sur  les  principaux  fleuves 202 

Opinion  d'Aristote,  p.  202.  —  Origine  des  fleuves,  2o3.  — 
Le  Nil,  2o5.  —  L'indus,  206.  —  Encore  le  Nil,  208. 

—  L'Oxus ,  2  11.  —  Le  Gange  et  l'Euphrate ,  2 1 4.  —  Le 
château  blanc  ,216.  —  Bokailah  ,217.  —  Le  Tigre  ,223. 

—  Estacades  d'OboHah,  23o. 

Chapitre  X.  Renseignements  généraux  sur  la  mer  d'Abys- 


TABLE  DES  MATIERES.  407 

Pago». 

sinie  ;  opinions  diverses  sur  son  étendue ,  ses  golfes  el  ses 
détroits 230 

kanbalou,  p.  232.  —  Mer  de  Zendj ,  282.  —  Pays  de  So- 
falah,  233.  —  El-Owal  (le  cachalot),  234.  —  Le  croco- 
dile et  la  mangouste,  235.  —  Mer  Rouge,  237.  —  Golfe 
persique,  2  38.  —  Les  moussons,  243. 

(Chapitre  XL  Opinions  diverses  sur  le  flux  et  le  reflux;  ré- 
sumé des  systèmes  proposés 2kll 

(Chapitre  XIL  La  mer  de  Roum  (Méditerranée);  opinions 
diverses  sur  sa  longueur,  sa  largeur,  les  lieux  où  elle  com- 
mence et  où  elle  fmit 256 

Colonnes  d'Hercule,  p.  267.  —  Mer  des  Ténèbres,  258. 

Chapitre  XIII.  La  mer  Nytas  (Pontus) ,  la  mer  Mayotis  et  le 

détroit  de  Constantinople 260 

Le  Don,  p.  260.  —  Le  canal  de  Constantinople,  261. 

Chapitre  XIV.  Mer  de  Bab-el-Abwab,  des  Khazars  et  de 
Djordjan  (mer  Caspienne)  ;  de  la  place  que  les  mers  occu- 
pent sur  le  globe , 262 

Le  tennin,  p.  266.  —  Amran,  fils  de  Djabir,  268.  —  Com- 
munication entre  la  mer  Mayotis  et  la  mer  des  Kbazars , 
273.  —  Formation  des  mers,  277.  —  Indices  de  la  pré- 
sence des  sources,  283.  —  Extrait  du  Livre  de  l'agricul- 
ture (des  Nabatéens),  283,  285. 

Chapitre  XV.  Rois  de  la  Chine  et  des  Turcs;  dispersion  des 
descendants  d'Amour;  histoire  résumée  de  la  Chine,  et 

autres  détails  relatifs  à  ce  sujet 286 

Afrasiab,  p.  289.  — Descendants  d'Amour,  Nostartas ,  Aoun , 
290.  —  Aïtdoun,  291.  —  Aïtnan,  291.  —  Haratan, 
292.  — •  Toutal,  293.  —  La  ville  de  Med,  297.  —  Culte 
des  Chinois,  298.  —  Yancbou,  3o2.  —  La  ville  de  Khan- 
fou,  3o3.  —  Gouvernement  des  rois  de  la  Chine  et  anec- 
dote à  ce  sujet,  307.  —  Autre  anecdote  concernant  Ibn- 
Ilabbar,  3i  2.  —  La  ville  de  Hamdan,  32  1 .  —  Habileté 
des  Chinois  dans  les  arts,  323. 

Chapitre  XVI.  Rapide  exposé  des  mers;  leurs  particularités; 
les  peuples  et  les  dilTérentes  puissances;  renseignements 


408  TABLE  DES  MATIERES. 

Page». 

sur  l'Espagne  ;  îes  contrées  d'où  proviennent  les  parfums  ; 

leurs  différentes  espèces ,  etc 3"25 

Pêche  des  perles,  p.  828.  —  Mer  de  Perse,  33 j.  —  So- 
falah,332.  —  Mer  Lare  vi,  332. —  Arabes  Maharah ,  333. 
—  L'ambre,  334.  —  Mer  de  Herkend,  335.  —  Mer  de 
Kalah,  34o.  —  Mer  de  Kerdendj  ,  34o.  —  Mer  de  Sanf, 
3/ii.  —  Le  Maharadjah,  3Ai. —  Mer  Sandji,  343.  — 
Phénomènes  particuliers  à  cette  mer,  344.  —  Route  du 
Khoraçan  à  la  Chine,  347.  —  Le  Thibet,  35o.  —  La 
chèvre  à  musc,  353.  —  Classification  des  rois  du  monde, 
356.  —  Rois  indigènes  d'Espagne,  359.  —  Rois  musid- 
mans,  362.  —  Productions  de  l'Espagne,  367.  —  Mer 
du  Magreb,  368.  —  Sous  el-Aksa,  Medinet  en-Nouhas, 
369.  —  Des  différents  rois  de  l'Inde,  872.  —  Kanoudj, 
874.  —  Moultan  ,375.  —  Mansourah  ,877.  —  Anecdote 
sur  deux  éléphants  célèbres,  879.  —  Le  Sind,  38 1.  — 
Roi  de  Tafen,  383.  —  Le  Rahma,  384.  —  Le  rhinocé- 
ros, 385.  —  Usages  particuliers  aux  Indiens,  390. 

Variantes  et  notes 397 

Correclions 404 


FIN  DU  TOME  PREMIER. 


< 


1 


BÎNBING  SECT.   Mr^^ 


Hnîversily  of  Toronto 
Lîbrary 


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THE 

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