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Full text of "Les prairies d'or"

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COLLECTION 


D'OUVRAGES  ORIENTAUX 


PUBLIEE 


PAR  LA  SOCIÉTÉ  ASIATIQUE. 


SE  VEND  A  PARIS 
CHEZ  V^  BENJAMIN  DUPRAT,  LIBRAIRE 

RDE  DU  CLOÎTRE-SAINT-BENOÎT,  N°  7  ", 

A  LONDRES 

CHEZ  WILLIAMS  AND  NORGATE. 

l4,   HEKRIETTA  STREET   (  COVENT-GAHDEn)  . 


PRIX:  7  fr.  50  c. 


OCIÉTÉ  ASIATIQUE. 

MACOUDI. 
LES  PRAÏRIES  D'OR 

TEXTE  ET  TRADUCTIOrS 

PAR 

C.  BARBIER  DE  MEYNARD. 


TOJTR  OUATRIÈME. 


PARIS. 


IMPRIME   PAU    AliTOIUSATIOA    DK    l/liMPEKEUK 

A   L'IMPRIMERIE  IMPÉRIALE. 


M  DCCC  LXV. 


;)-^ 


fe-* 


AVEUTISSEMEINT. 


Mon  collaborateur  et  ami  M.  Pavet  (je  Coiuteille  dé- 
sirant donner  tout  son  temps  à  des  travaux  commencés 
avant  la  publication  des  Prairies  d'or,  je  reste  désormais 
seul  chargé  de  conlinuer  et  de  mener  à  bonne  lin  la 
tâche  que  la  Société  asiatique  a  bien  voulu  nous  con- 
fier. C'est  un  devoir  pour  moi  de  redoubler  d'apphca- 
tion  et  de  zèle  dans  l'accomplissement  d'une  entreprise 
dont  la  responsabihté  n'est  plus  partagée,  et  je  ne  né- 
gligerai rien  pour  que  cette  dernière  moitié  de  l'ou- 
vrage soit  digne  de  l'accueil  favorable  que  les  trois  pre- 
miers volumes  ont  o])tenu  du  public.  Moins  éléc;a!ite, 
moins  libre  d'allures,  mu  traduction,  par  cela  même 
qu'elle  sera  le  Iruit  d'un  travail  individuel,  aura  peul 
être  h  un  plus  haut  degré  ce  caractère  d'homogénéité 
qu'une  collaboration,  si  unie  qu'elle  soit,  ne  saurait  lui 
donner  entièrement. 

On  trouvera  dans  ce  volume  la  Un  des  généralités 
auxquelles  ont  été  consacrés  les  volumes  précédents, 
puis  l'histoire  rapide,  mais  substantielle,  de  Mahomet  et 
de  ses  quatre  premiers  succ(;sseurs.  Après  avoir  rappelé 
les  vieilles  théories  grecques  sur  la  constitution  phy- 
sique du  globe,  théories  dont  l'analyse  un  peu  sèclie  se 


VIII  AVERTISSEMENT. 

trouve  dans  le  Livre  des  routes  d'Ibn  Khordadbeh;  après 
nous  avoir  mis  au  courant  des  fables  répandues  de  son 
temps  sur  les  génies  et  les  monstres,  Macoiidi  décrit, 
dans  six  chapitres  d'une  étendue  fort  inégale,  les  mo- 
numents du  paganisme  tels  qu'il  pouvait  les  connaître. 
Ses  informations  sur  les  temples  grecs ,  romains  et  slaves , 
comme  sur  les  pagodes  chinoises,  n'ont  pas  pour  nous 
plus  de  valeur  que  les  renseignements  analogues  re- 
cueillis par  Kazwini  dans  YAtharel-Bilad.  En  revanche, 
ce  qu'il  dit  du  cuite  et  des  monuments  sabéens  présente 
un  caractère  d'authenticité  incontestable.  On  connaît 
déjà  ce  curieux  fragment  par  les  extraits  et  la  traduc- 
tion que  M.  Cbwolsohn  a  insérés  dans  son  livre  sur  le 
sabéisme  [Die  Ssabier  and  der  Ssabismus,  t.  II).  Je  n'ai 
point  négligé  de  consulter  ce  savant  ouvrage,  ni  de 
mettre  à  prolit  les  notes  el  éclaircissements  qui  en  re- 
liaussent  la  valeur.  Les  détails  relatifs  aux  pyrées  et  au 
culte  de  Zoroastre  ne  méritent  pas  moins  de  fixer  notre 
attention ,  et  viennent  heureusement  corroborer  ou  com- 
pléter la  description  donnée  par  Isthakhri,  par  Kazwini 
et  les  compilateurs  persans  cités  dans  le  grand  diction- 
naire de  Yakout.  Après  un  résumé  de  chronologie  uni- 
verselle qui  a  dû  lui.  coûter  beaucoup  de  peine,  mais 
que  les  copistes  ont  mutilé  impitoyablement,  Maçoudi, 
dans  le  chapitre  lxx,  aborde  l'histoire  musulmane  qu'il 
n'abandonnera  plus  jusqu'à  la  dernière  page. 

Ici  surtout  il  importe  de  se  rappeler  que,  dans  la 
pensée  de  leur  auteur,  les  Prairies  d'or  sont  simplement  le 
résumé,  findex  des  deux  grands  ouvrages  dus  à  son  in- 
croyable fécondité.  On  s'explique  de  la  sorte  pourquoi 
la  biographie  de  Mahomet,  qui  devait  occuper  une 
large  place  dans  les  Annales  historiques  et  le  Livre  moyen, 


AVERTISSEMENT  ix 

est  esquissée  à  grands  traits  sous  forme  de  précis  histo- 
rique; pourquoi  les  adages  attribués  par  la  tradition  au 
fondateur  de  l'islamisme  sont  dépouillés  de  leurs  isnad , 
marques  d'origine  sans  lesquelles  ils  perdent  tout  leur 
prix  aux  yeux  de  la  critique.  En  ce  qui  concerne  le  kha- 
lifat,  l'auteur  suit  sans  y  déroger  le  plan  qu'il  s'est  tracé. 
Après  avoir  mentionné  en  quelques  lignes  lâge,  les 
dates  principales  et  la  famille  de  chaque  khalife,  il  passe 
soit  au  récit  d'un  des  grands  événements  de  son  règne, 
soit  à  des  particularités  de  sa  vie  privée.  C'est  de  l'his- 
toire à  la  façon  de  Suétone,  mais  avec  plus  de  sincérité, 
sans  caquetage  ni  recherche  de  scandale.  C'est  ainsi 
qu'après  nous  avoir  offert  de  nouveaux  documents  sur 
la  conquête  de  Syrie  et  de  Perse,  il  nous  dépeint  en 
traits  ineffaçables  la  vie  austère  et  frugale  d'Abou  Bekr; 
le  génie  politique,  les  mœurs  âpres  d'Omar;  l'incapa- 
cité d'Otmân,  les  intrigues  de  son  règne  et  la  sanglante 
tragédie  qui  en  fut  le  dénoùment.  La  lecture  des  sept 
chapitres  consacrés  à  Ali  confirmera  sans  doute  l'opi- 
nion que  la  critique  moderne  s'était  formée  de  ce  type 
achevé  des  âges  héroïques  de  l'islamisme;  on  s'expli- 
quera mieux  la  fortune  extraordinaire  de  ce  nom  que  la 
réaction  persane  a  divinisé;  on  jugera,  pièces  en  main, 
cet  esprit  élevé,  ce  cœur  passionné  plein  d'une  piété 
ardente  et  enclin  au  mysticisme,  ce  lion  de  Dieu  in- 
domptable sur  le  champ  de  bataille,  faible,  hésitant, 
presque  inintelligent  dans  le  gouvernement  des  alfaires. 
Sans  se  défendre  d'une  prédilection  marquée  pour  ce 
grand  homme,  ni  dissimuler  la  sympathie  que  lui  ins- 
pirent les  malheurs  de  sa  postérité,  Maçoudi  n'est  point 
schiite  ;  on  le  voit  à  l'impartialité  avec  laquelle  il  cri- 
tique  les  exagérations  de  cette  secte:  on  sent  même 


X  AVERTISSEMENT 

qu'il  ne  cherche  pas  à  atténuer  les  fautes  politiques  d'Ali 
et  de  ses  partisans.  Je  n'en  veux  d'autre  preuve  que  la 
réflexion  qui  termine  ce  volume  :  u  Le  rôle  que  jouèrent 
les  Compagnons  du  Prophète,  après  la  mort  de  Maho- 
met et  à  la  fin  de  la  révélation,  est  trop  incertain  pour 
qu'il  soit  permis  de  l'apprécier  en  parfaite  connaissance 
de  cause,  etc.»  (Plus  loin,  p.  /iSy.)  Cet  aveu  sincère, 
quoique  un  peu  timide,  ne  doit-il  pas  ajouter  plus  d'au- 
torité à  ses  paroles,  plus  de  certitude  aux  documents 
réunis  par  ses  soins  sur  cette  phase  critique  de  l'isla- 
misme naissant?  Enfin  il  est  bon  de  signaler  deux  épi- 
sodes extraits  des  matériaux  qui  ont  servi  à  la  rédaction 
du  Kitab  el-Agliani,  deux  récils  charmants  par  leur  naï- 
veté et  infiniment  précieux  pour  l'histoire  des  vieilles 
mœurs  arabes;  je  veux  parler  de  l'aventure  du  poète 
Abou  Mihdjan  à  la  bataille  de  Kadiçyeh  (p.  2  i3)  et  du 
duel  d'Amr  et  de  Rébyâh  (p.  ilii  et  5/17),  voleurs, 
amoureux  et  poètes,  ce  qui  ne  faisait  qu'un  au  désert. 
Ces  fragments,  auxquels  Maçoudi  a  su  conserver  toute 
leur  saveur,  se  liront  avec  plaisir,  même  après  les  spi- 
rituelles lettres  de  Fresnel  sur  les  Arabes  avant  fisla- 
misme. 

Je  devais  naturellement  rencontrer,  au  seuil  de  l'his- 
toire musulmane,  une  plus  grande  abondance  de  do- 
cuments propres  à  fixer  les  leçons  de  mon  texte,  et 
aussi  à  éclaircir  plusieurs  passages  obscurs  k  force  de 
concision.  Sans  parler  de  l'excellent  et  trop  rare  ou- 
vrage de  M.  C.  de  Perceval,  non  moins  utile  à  consulter 
pour  les  vingt  premières  années  de  fhégire  que  pour 
les  faits  antérieurs  à  la  prédication  prophétique,  j'ai 
trouvé,  dans  les  deux  versions  de  Tabari  et  dans  les 
Annales  d'Abou '1-Féda,  soit  la  confirmation,  soit  une 


AVEIVnSSEME-NT.  xi 

autre  rédaction  des  faits  racontés  par  Maçoiidi.  Les 
traités  d'Ibn  Kotaiba  et  d'Ibn  Doreid  m'ont  permis  de 
fixer  avec  certitude  l'orthographe  des  noms  propres  et 
la  suite  des  généalogies.  Enfin  M.  le  docteur  A.  Spren- 
ger  a  bien  voulu  me  communiquer  le  texte  autograpbic 
de  quelques  chapitres  des  Prairies  relatifs  à  AH  et  aux 
Omevades,  d'après  un  ancien  manuscrit  de  rindc(Dchii, 
i8/i6,  in- 12).  Ce  premier  fascicule  d'une  pubbcation 
trop  tôt  interrompue,  et  qui,  sous  le  titre  de  Historical 
sélections  from  arabic  aatliors ,  était  destinée  à  enrichir  la 
science  de  documents  inédits,  m'a  fourni  plusieurs  va- 
riantes et  leçons  importantes.  Je  dois  dojic  remercier 
publiquement  le  savant  orientaliste  de  Berne  de  facilite: 
aujourd'hui,  par  sa  libéralité,  l'achèvement  d'une  œuvre 
qu'il  a  eu  l'un  des  premiers  l'honneur  de  faire  connaître 
en  Europe. 

Cette  seconde  partie,  incontestablement  la  plus  cu- 
rieuse du  livre  de  Maçoudi,  ne  nous  consolera  pas  de 
la  perte  des  deux  grands  monuments  élevés  à  la  science 
par  cet  écrivain  infatigable;  cependant  on  peut  affirmer 
sans  présomption  qu'elle  répandra  de  vives  (îlartés  sur 
fhistoire  politique  et  littéraire  des  Arabes.  Si  l'on  s'est 
plu  à  retrouver  dans  fabrégé  de  Justin  les  traces  de  la 
pensée  puissante  qui  inspira  à  Trogue  Pompée  la  vaste 
épopée  des  Phdippiqaes ,  il  me  semble  qu'on  doit  ac- 
cueillir avec  le  même  intérêt  un  livre  qui  se  recom- 
mande non-seulement  par  la  nouveauté  des  détails, 
mais  aussi  par  le  soin  avec  lequel  l'auteur  a  corrigé  cl 
quehjuefois  complété  son  œuvre  en  la  réduisant  à  d(^ 
[)lu,s  modestes  proportions. 


^i^  iijy&il|^  t5*^4'3  (j-fyJ'j  'rir*^'^  0!i^.H*^^ 
l*X— 4«5  JuojÎ^  c_>1_a_j1  I«X_^_^ 

iLxAjJa-Jl  ^^  ''i***jl>  «;la»-  jUJl*  ^jl  WjLjJaJ!  ^^i^-^M^-ll   Jb 

LIVRE   DES   PRAÏRIES  D^OR 

ET   l)i:S   MINES  DE  PIERRES  PRÉCIEUSES. 


CHAPITRE  LXII. 

DKS  QUARTS  DC  MONDE;  DES  ÉLÉMENTS;  DES  CARACTÈRES  DISTINCTIFS 
DE  CHAQUE  PARTIE  DE  LA  TERRE,  AU  LEVANT,  AU  COUCHANT,  AU 
SUD  ET  AU  nord;  DES  VENTS  ;  DE  LA  PUISSANCE  EXERCEE  PAU 
LES  ASTRES,  ET  AUTRES  DETAILS  QUI  SE  RATTACHENT  À  CE  CHA- 
PITIU;   ET   SE   RAPPORTENT   AI!    MEME   SUJET. 

Jl  \  a  fjiKitrc  cléincnls,  a  savoir  :  le  IVmi  cjui  est  chaïul  cl. 
sec,  c'est    le    prciiiiei     elémeiil;    le    second,    1  caii  ,  clcmeiil 


2  LES  PRAIRIES  D'OR. 

^jL^f^  yUjîj  *i^lj  jUJi  1$^  i*X*»aJl  ^jU^*Xj  l^i^  ^jUils 
<_jj^  X3?;^j.il_5  j.«xJi^  •*'1^4^5  J**-*  t^Jsj  J^   ^-s   ^  J^'^^ 

c^Jai^  *t^^  ^b^J  jy^^  ^-^  S:5^■^^^  tr*^  »;J&y!j^4J^Jî 
jjL»  U^  ^^_AJî_^  U   ^  JJÎT  l^À.^  P^wj'^î    aJvJft  uÀmA»^  »j  Jj^-ia 

*t_iî  j^_^  «r^-^j  ^j^  -5^  ^  t*^  j^*^^  j^5  y^j  St?^'-? 

iijiliL^  5^1*31   i^lcUJl  (j^  ^ij  j_jjjJî  *^j  bCÀiuJij  /eJiUiîj 


froid  et  humide  ;  le  troisième ,  l'air,  élément  chaud  et  hu- 
mide; le  quatrième,  la  terre,  élément  froid  et  sec.  Deux  de 
ces  éléments,  le  feu  et  l'air,  tendent  à  monter;  les  deux 
autres,  la  terre  et  l'eau,  tendent  à  descendre.  La  terre  est 
divisée  en  quatre  parties  :  le  premier  quart  de  la  terre  est 
l'Orient;  tout  ce  qu'il  renferme  est  chaud  et  hun)ide  comme 
l'air,  le  sang  et  le  printemps;  le  vent  de  sud  y  domine; 
ses  heures  sont  la  première ,  la  seconde  et  la  troisième 
heure;  sa  force  physique  pi'épondérante,  la  faculté  diges- 
tive;  sa  saveur  principale  le  doux;  ii  est  soumis  à  la  lune 
et  à  Vénus,  parmi  les  planètes;  au  Bélier,  au  Taureau  et 
aux  Gémeaux,  parmi  les  signes  du  zodiaque.  La  description 
des  quarts  de  la  terre  a  été  donnée  dans  tous  ses  détails 
par  plusieurs  savants;  nous  avons  résumé  leurs  théories 
dans  ce  qui  précède  et  clans  ce  qui  va  suivre.  L'Occident 
forme  le  second  quart  de  la  terre ,  il  est  froid  et  humide 
comme  l'eau,  la  pituite  et  l'hiver;  le  vent  dominant  est  le 
vent  d'ouest;  les  heures,  la  dixième,  la  onzième  et  la  don- 


CHAPITHE  LXIl.  3 

ciJUJI  ^yi  y6_5  t^-tfyJl^  "-^.j-^j  _^»xJl^  tS'M^  Z^J^^  ^^i 

JJu  (j^L»  i>^L  aa*  U  jhsîT'  f?!/^'  t^<^^'  y^^  (S'^^s  ii^AjL«J!^ 

(j.«  >i^  aXawUI  ytXxIl  ^^yà  ^j^  ^^  »jtMi[jii\^  iuL«UJi_j  iùïjLiJl 


zième;  la  saveur  salée  et  les  autres  saveurs  analogues  y 
dominent;  parmi  les  forces  naturelles,  la  force  de  sécré- 
tion ;  ses  planètes  sont  Jupiter  et  Mercure;  ses  signes  du  zo- 
diaque, le  Chevreau  et  le  Verseau.  Le  troisième  quart  est 
le  Sud;  tout  ce  qu'il  renferme  est  chaud  et  sec  comme  la 
bile  et  l'été;  les  caractères  particuliers  du  Sud  sont  :  le  vent 
d'est,  la  quatrième,  la  cinquième  et  la  sixième  heure  du 
jour;  parmi  les  forces  organiques,  la  force  vitale  et  ani- 
male; parmi  les  saveurs,  l'amer;  ses  j)lanèles  sont  Mars  et 
le  Soleil;  ses  constellations  zodiacales,  l'Kcrevisse,  le  Lion 
et  l'Epi.  Le  Nord  est  le  quatrième  quart  du  monde;  dans 
toutes  ses  parties  régnent  le  froid  et  le  sec  comme  l'atrabile 
et  l'automne;  caractères  distinclifs  ;  le  venl  du  Nord,  la  sep- 
tième, la  huitième  et  la  neuvième  heure;  parmi  les  forces 
organiques,  l'absorption  ;  parmi  les  saveurs,  l'àcrelé;  planète, 
Saturne;  signes  du  zodiatfue,  la  Balance,  le  Scorpion  et  le 
Sagittaire. 


k  LES  PHAIRÏES  D'OR. 

^j*,ib<CiJI    r-  *iaj    U»  y^^^il    (j..*    fcAêljJLI  (.K*^-*'^    *ï~?w**-«  ^A*^*^-* 

AÀjUaii  5*Xiû  *>vÀi.  ^^^JCÀJ  fJ^5  rfsAsilt  Jl^   <îuJl   l^U^  *^^ 
(jy_>L^.j»J  ^^jr**Jl  o».^4X*  AÂjlkJi   »*Xiû  Jsji.£  (j.C*fcj  ^  <^JI 

^^    l^U^i^i^    Ïj-aS^    ^jt*,^<iKi\     (^\j.S>^\^  J.     JsL.3l     L(yj*>_5fc| 
lg_iûLA.^    CiMèL^i^     iLA.^«Mk.Xj5    l^gJCXxs»     *Xi    4$VS».    ^^jil|     ijjs^ 

r<(s_X_3^!  0^  j^,k..«UA.j!  •x.x-j  ^<^£»^l  xV_x-J!^  oumJJI  HyiS-j 

Mais,  indépendamment  de  ce  que  nous  venons  de  dire, 
la  terre  se  présente  sous  une  infinité  d'aspects  et  subit  tou- 
tes sortes  d'influences  déterminées  par  sa  position  géogra- 
phique; ainsi  une  contrée  éloignée  dei'équateur  est  soumise 
àuneinfluence  opposée  à  celle  des  pays  voisins  de  récjiiateur; 
en  un  mot,  de  la  proximité  ou  de  l'éloignement  de  ce  point 
résultent  des  eftets  totalement  contraires.  Le  pins  favorisé 
des  pays  dans  la  partie  habitable  de  la  terre,  au  rapport  des 
astronomes,  est  celui  où  le  soleil  darde  directement  ses 
rayons;  en  d'autres  termes,  c'est  sur  le  quatrième  climat 
ou  l'Irak  que  ses  rayons  arrivent  purs  el  dégagés  de  nébu- 
losités, puisqu'ils  y  tombent  également. 

Dans  l'opinion  des  mêmes  savants,  deux  causes  rendent 
certaines  parties  de  la  terre  inhabitables  :  la  première  est 
l'excès  de  chaleur,  l'ardeur  continuelle  des  rayons  solai- 
res qui  tombent  sur  le  sol ,  le  calcinent  et  en  tarissent  les 
eaux  par  une  évaporalion  énergique;  la  seconde  est  l'éloi- 
gnemenl  du  soleil  et  sa  trop  grande  élévation  par  rapport 
à  certaines  contrées.  IÀ\  le  froid  règne  constammeni:  tout 


CHAPITRE  LXII.  5 

^-^-^  J!^!  4<jc^^  i  :>j-si!  Wyl  i|>»  j^^jJiJi  I^aX* 

Ulï  :>^Uil   JJj  c:>;Uad -jiJUiû  ji>>S:^  -«^Uî  i  \i^j}\  j^j 

»i_j,_ij    AAiaAJ^  ^l_«Ji   «^Ùà  ^  jjyLj  -^X.5  iiÀjlkJt   »«X^^ 

/.  ^"^^L-Jii    «.Lai    yj.jO    i  ^Ixli  Àjlgj  ^ij^^JoJî  ij  4^iL«m 

^jCJî  ii-iUm   %.hi  J.$OCamI  lii^  t^y^lj  iUUÎ!  iiiUm  a^jJLi 

disparaît  sous  la  glace  et  la  gelée,  la  température  de  l'air 
s'abaisse  à  ce  point  que  toute  égalité  dans  les  saisons  est 
rompue,  les  bienfaits  de  la  végétation  disparaissent,  les 
corps  perdent  leur  chaleur,  et  l'absence  de  l'élément  humide 
arrête  le  développement  de  l'animal.  On  n'y  voit  que  d'im- 
menses steppes  privés  d'animaux  et  de  végétation.  Ainsi, 
tous  les  pays  dans  lesquels  le  froid  ou  le  chaud  prédomine  , 
présentent  les  caractères  que  nous  venons  de  signaler  dans 
ces  contrées  désertes. 

On  trouve  dans  le  système  que  nous  exposons  ici  de 
longs  détails  sur  la  manière  dont  le  monde  dégénère,  périt 
et  reprend  ensuite  une  vie  nouvelle.  Suivant  ce  système, 
l'astre  qui  domine  actuellement  est  l'Kpi;  son  pouvoir  dure 
depuis  sept  mille  ans,  ce  qui  représente  l'âge  de  ce  monde; 
l'Épi  est  secondé  dans  son  action  par  Jupiter.  La  limite  de 
la  vie  du  monde  est  la  limite  même  de  l'espace  (pie  les 
astres  dominateurs  parcourent  par  letu  ibrce  d'impulsion. 
Quand  celle  distance  (\u<ni  a  évaluée  est  entièremenl  par- 


6  LES  PRAIRIES  D'OR. 

«_^-^jt^^îj  ^IjiîL  jl^S-jJ!  ^j^j  iljUJt  jjù  dUlj^  \ji>*ij^i> 

j-«^  yUûXvw  yî  îy^3  l*k^A«  ^l»Jt  yl^  (4;-^  -«'i'J^  iJ^Àfi 

iLJk-Mi  k_xJI  ^^.MÀ£  (^<X&.i  j_j,aJI  yliaXwfj  RÀMà  o»Jl  j.Àll*fi  ^^1 

t,^^-JL*.j|  yLkXAuj  iiÀ-»M  ô-^i  ^.JU»*  ^j5j-AiI  yUoUwj  iCJLiw  (jii! 
cy^il  ^jUaXi«_5  -JiAAw  UJÎ  ^]*xJl   ylkA^wj  iij»^  O'i'l  ^i^'  t5*^>4^ 

courue,  l'influence  du  corps  céleste  s'évanouit  et  le  monde 
rentre  dans  le  néant.  Après  que  les  étoiles  ont  parcouru  le 
cycle  de  leur  course  et  accompli  leur  évolution  circulaire, 
la  première  de  ces  constellations  reprend  son  action  ;  aus- 
sitôt les  formes  et  les  substances  reviennent  dans  le  monde 
par  l'agrégation  des  éléments  qui  le  composaient,  lorsque 
l'influence  de  l'étoile  qui  le  dominait  agissait  directement 
sur  lui.  Telle  est,  d'après  les  mêmes  savants,  la  loi  éternelle 
qui  régit  le  monde.  Voici  la  durée  qu'ils  assignent  à  l'in- 
fluence de  chaque  étoile  :  le  Bélier,  douze  mille  ans;  le  Tau- 
reau, onze  mille  ans;  les  Gémeaux,  dix  mille  ans;  l'Ecre- 
visse,  neuf  mille  ans;  le  Lion,  huit  mille  ans;  l'Epi,  sept 
mille  ans;  la  Balance,  six  mille  ans;  le  Scorpion,  cinq  mille 
ans;  le  Sagittaire,  quatre  mille  ans;  le  Chevreau,  trois 
mille  ans;  le  Verseau,  deux  mille  ans  ;  les  Poissons,  mille 
.ins;  ce  qui  forriK'  un  total  de  soixante  et  dix-huit  mille  an- 


CHAPITRE  LXll.  7 

fi^p^  kjTjj      Xi^S'ji   ss.y=^j^  \x»  U  (jàiij  ^IxJl  *UiaAj|  ^iû 

jM^j  -vj^i  t^^jiTi  (j^  ^^^ ^  Jydi  yl_j  Qojiiî  i  i»i 

Jyr^j  ^U^  V^•*4^J   ^>^  JUwJl   (jj^^  >*)ljtSi   i  cyJvj^  U^y 

nées.  Durant  cette  période,  tout  ce  qui  compose  le  monde 
doit  dégénérer  graduellement  et  périr,  puis  reprendre  sa 
forme  primitive. 

Ceux  qui  soutiennent  ces  théories  disent  qu'avant  que 
Dieu  eût  créé  Adam  et  l'eût  institué  son  vicaire  ici-bas,  la 
terre  élait  peuplée  de  Génies  soumis  à  l'action  d'une  des 
étoiles  de  feu.  Dans  l'une  et  l'autre  école,  on  discute  le 
problème  de  l'apogée  du  soleil ,  dans  sa  marche  vers  les  man- 
sions  situées  au  sud  du  zodiaque,  la  révolution  qui  s'ac- 
complira alors  dans  le  monde,  le  changement  du  nord  en 
midi,  et  du  midi  en  nord,  des  contrées  habitables  en 
contrées  inhabitables  et  réciproquement;  ce  sujet  a  déjà  été 
traité  dans  notre  ouvrage  intitulé  des  Degrés. 

D'autres  philosophes,  parmi  les  anciens,  ont  prétendu 
que  les  cléments  primordiaux,  principes  de  toutes  les  créa- 
tures, et  auxquels  on  a  donné  le  nom  de  premier,  second, 
cl  troisième,  d'après  leur  rang,  sont  :  l'àme,  la  liguro  cl  la 
substance.  Telle  est  la  classification  des  premiers  princi- 
pes, ainsi  que  nous  l'avons  déjà  établi  dans  nolic  livre  des 


8  LES  PRAIRIES  D'OR. 

-L**>i^ij    C:>l_A_À.Jî^     (^-Isl^iî  j-A^     ^J\y^.Â^     j^JoUJl     yî_j.Aii_J 

i)  U  sb^S'i  U  <y.^\^  J^'  Juif?  U>3  >:5iJ.i£)  jM3^  o^j^5^  *Ut^ 
dLXj    3^L«  JjÊ^  ii_j*-x.A.AJbJl  ^-{^-^^j  ^-6->  !>•=?-'  iiX.S'j}  iiAJ^ii 


Degrés.  Puis  viennent  les  corps,  que  l'on  divise  en  six  caté- 
gories :  le  corps  céleste,  le  corps  terrestre,  l'horume ,  la 
brute ,  les  plantes  et  les  corps  inertes  ou  minéraux.  Les 
éléments  sont  au  nombre  de  quatre  :  le  feu,  Pair,  l'eau  et 
la  terre.  Les  philosophes  ont  discuté  les  propriétés  de  cha- 
que classe  d'êtres  et  sont  entrés  à  cet  égard  dans  des  déve- 
loppements que  nous  ne  pourrions  admettre  dans  le  pré- 
sent ouvrage,  sans  nous  écarter  des  limites  que  nous  nous 
sommes  tracées.  Mais  nous  avons  étudié  cette  question  dans 
le  livre  des  Sepl  Chapitres,  dans  la  section  intitulée  :  Le 
(jouvernement  politique;  ses  subdivisions;  ses  causes  natu- 
relles. Nous  avons  recherché  dans  ce  livre  si  le  gouverne- 
ment d'un  Etat  se  rattache  aux  éléments  prin)ordiaux  ou 
à  des  principes  d'un  autre  ordre,  et  si,  comme  l'a  éta- 
bli Porphyre  dans  le  traité  où  il  expose  la  controverse  entre 
Platon  et  Arislole  sur  ce  sujet,  la  forme  du  gouvernement 
n'est  que  le  résultat  de  ces  principes  conslitutils. 

Nous  avons  expliqué  ailleurs  pourquoi  Tliiver  règne  dans 


CHAPITRE  LXH.  9 

luiJl  l»  J^£  l^â  (j^  ^Jl  isiUI}  b*XÀ*  i.>AAaJI  l^j  (j_^j  ^1 
AA-Vft  y^-£^l  ^■^J^  ^^^  ^*  k)^^  '^■*  (^*^^^   uXaa^I    (j_^j 

^,_A_ij   ^jy»^  JwUàj_j    (jàjt-Ji   yji  ^jiJt   tr»  ^UaJÎ   tja«j  ^ 
J^j-j»-i  <\j_j4^^   -o~gJ^JUi_5  i<_AJLAAaJl  (jîyl  ^^À^^  O^*^  C:JJ^ 

0^_^_c    ^o-«-tfy^_5    i    éj.^^    ^jyS^    J-Ji    i    ^-^Jj^^-lûJî 


riiule  tandis  que  nous  sommes  en  été,  et  pourquoi  notre 
hiver  coïncide  avec  l'été  dans  l'Inde;  nous  avons  démontré 
(jue  ce  phénomène  est  dû  à  la  distance  du  soleil,  selon 
qu'il  est  éloigné  ou  proche.  On  a  vu  aussi  pourquoi  certai- 
nes contrées  sont  peuplées  exclusivement  de  noirs  aux 
cheveux  crépus  et  d'une  conformation  ditïérente  de  la  no- 
ire, tandis  que  d'autres  sont  habitées  seulement  par  des 
hlancs;  pourquoi  les  Slaves  ont  le  teint  blanc  et  les  che- 
veux blonds  tirant  sur  le  rouge;  pourquoi  les  Turcs  ont  les 
articulations  souples ,  les  jambes  arquées  et  la  charpente 
osseuse  tellement  molle,  qu'ils  peuvent  tirer  de  l'arc  par-des- 
sus leurs  épaules,  en  se  tournant.el  que,  grâce  à  la  souplesse 
des  vertèbres  dorsales,  leur  corps  semble  être  entièrement 
rclourué.  On  a  vu  enfin  conunent,  sous  l'aclion  d'un  froid 
rigoureux,  la  chaleur  se  porte  cl  se  concentie  dans  la  par 
lie  supérieure  de   Icni    coriJS,  ce   (jui   leur   doiinc  un  Iciut 


10  LE8  PRAIRIES  D'OR. 

j^*kJ  i^j-f-i  yùi  l^5i  ^jsJiJLi  ,jUll  »*kiû  i  lÀAAS'y^ 
^j_jjj  jj  iUUJi  jUih.1^  viUiJS  ^i^)-«^  ^r'^ij-^  U3li_5  j*>ot)î  Lnlolï 

j.aaS   Ajtj  tXïj  t7^;>^   UaC   ^J£.   J^,UbwI_j    y^-^   (»^j'j    V^' 

jj*LÀ-t*fcj^  ^j*b  ,j*l_À_i>.|  icXLJ  ^^UJi  yîj^^  ^ji  (j*UJl  (j^ 

fortement  coloré.  Nous  avons,  grâce  à  Dieu ,  résolu  toutes  ces 
questions  dans  nos  précédents  ouvi-ages,  à  l'aide  d'une  série 
d'arguments  propres  à  entraîner  la  conviction  du  lecteur. 

Nous  avons  passé  sous  silence  une  classe  d'êtres  dont  l'exis- 
tence en  ce  monde  ne  nous  est  révélée  ni  par  le  témoi- 
gnage des  sens,  ni  par  des  autorités  incontestables  qui 
écartent  le  doute  et  détruisent  toute  incertitude;  nous  vou- 
lons parler  des  contes'débités  par  le  peuple  sur  les  nesnas, 
sur  leur  figure  dont  une  moitié  seule  ressemble  à  la  ligure 
humaine,  et  leurs  dents  en  forme  de  défenses,  avec  les- 
quelles ils  s'entre-dévorent.  Plaçons  aussi  au  nombre  des 
labiés  VAnka  ravisseur.  Plnsieui's  personnes  admettent  trois 
classes  d'êtres  raisonnables  :  les  hommes,  les  nesnas  et  les 
nesas;  mais,  sur  une  telle  question,  la  discussion  est  im- 
possible ;  car  l'expression  nesnas  ne  s'applique  qu'aux  gens 
du  commun.  El-Haçan  a  dit  :  <•  C'en  est  fait  de  la'  rare  hu- 
maine, il  ne  reste  plus  que  des  nesnas.  >•  Un  poète  s'est  ex- 
primé rians  le  mémo  sens 


CHAPITRE  LXII.  II 

L'espèce  Inimaine  est  partie,  elle  a  disparu,  et  nous  sommes  les  reje- 
tons des  ignobles  nesnas. 

Le  poète  entend  par  là  que  l'homme,  en  se  dégradant, 
n'a  laissé  après  lui  que  des  êtres  dépourvus  de  toute  noble 
([ualité.  Selon  une  autre  opinion  non  moins  accréditée,  il 
y  a  deux  espèces  de  Génies,  les  Djinn,  d'une  nature  supé- 
rieure et  plus  puissante,  et  les //ma,  plus  humbles  et  plus 
faibles.  On  cite  ce  vers  d'un  poëme  didactique  : 

Les  Djinn  et  les  Hinn  qui  dilTtrcnt  par  leur  forme  extérieure. 

Mais  cette  distinction  sur  les  deux  classes  de  Génies  ne 
repose  ni  sur  une  tradition  authentique,  ni  sur  des  preu- 
ves dignes  de  foi.  11  faul  en  chercher  l'origine  dans  les 
contes  débités  par  les  Arabes,  contes  dont  nous  avons  parlé 
plus  haut  (l.  III,  p.  323).  Cependant  un  grand  nombre  de 
personnes  sont  convaincues  que  l'on  a  vu  des  nesnas  el  (pi'ils 
rxisleni     liés coilaincnicnl    (juehiiu'   pari,   en    Chine,  par 


12  LES  PRAIUiES  D'OH. 

S'i>ys^^  ijS.j^-g^  ^^^Aàjtx»  iU.oUJl  jlxa>«ii|j  iil>U)\  JJUri  (j-* 

exemple,  ou  dans  des  régions  non  moins  lointaines,  aux  ex- 
trémités du  monde.  Les  uns  les  placent  dans  les  contrées 
deTOrient,  les  autres  dans  TOccident,  et  il  est  à  remarquer 
que  ce  sont  les  peuples  de  l'Orient  qui  les  relèguent  en  Oc- 
cident, tandis  que  les  habitants  de  l'Occident  leur  donnent 
l'Orient  pour  séjour.  En  un  mot,  chaque  peuple  fait  habiter 
aux  nesnas  les  conti^ées  les  plus  éloignées,  les  régions  les 
plus  lointaines.  D'après  une  autre  tradition,  qui  est  loin  de 
présenter  un  caractère  d'uniformité ,  on  les  place  dans  le 
Hadramaut,  dans  la  province  de  Chihr.  Cette  tradition  a 
pour  auleur  Abd  Allah,  fils  de  Sâïd,  fds  de  Rélir,  tils  d'O- 
faïr  el-Misri,  qui  la  tenait  de  son  père  à  qui  elle  avait  été 
transmise  par  Yâkoub,  fils  d'el-Harit,  fils  de  Nodjaïm,  d'a- 
près le  récit  suivant  fait  par  Cheïb,  fils  de  Cheïbah,  fils 
d'el-Harit  le  Témimite.  Voici  ce  que  raconlail  celui-ci  : 
«  Quand  j'arrivai  à  Chihr,  je  descendis  chez  le  gouverneur 
de  cette  ville.  Nous  parlâmes  des  nesnas,  et  il  me  pria  d'al- 
ler à  la  chasse  de  ces  animaux  et  de  lui  en  rapporter, 
.le  partis  avec  (juelcjues- uns  de  ses  soldais,  originaires  du 


CHAPITRE  LXII  13 

»^X^ï>-j   (jL*<*.ji)I   l}-=rj  J^-«3   »j<>-»©   i  (^*>^Jî  J.iUj   AÂii 


Mahrah,  et  je  rencontrai  bientôt  un  nesnas,  qui  me  dit  :  «  Je 
place  ma  confiance  en  Dieu  et  en  toi.  »  J'ordonnai  à  mes 
compagnons  de  le  laisser  aller,  et  ils  lui  rendirent  la  liberté. 
[.0  lendemain,  le  gouverneur  leur  demanda  s'ils  lui  rap- 
portaient un  nesnas.  «  Nous  en  avions  pris  un ,  répondirent- 
ils,  mais  votre  hôte  lui  a  rendu  la  liberté.  » —  «  Faites  vos 
préparatifs,  reprit  leur  chef,  je  veux  prendre  part  à  cette 
chasse.  «  Nous  partîmes  le  jour  suivant,  dès  l'aube,  et  nous 
vîmes  un  nesnas  marcher  à  notre  rencontre  :  il  avait  la 
l'ace  d'un  homme,  de  la  ])arl)e  au  menton,  quelque  chose 
connue  des  mamelles  à  la  poitrine,  et  deux  jambes  sembla- 
J)les  à  celles  de  l'homme.  Aussitôt  deux  chiens  s'étant  jetés 
sur  lui,  il  prononça  ces  vers  : 

Malheur  à  moi!  Que  de  maux,  (juc  de  clia<,Miiis  minilige  la  lorluuel 
Arrêtez    un    instant,  vous  les  deux  cliicus,  écoulez  mes  paroles  et 

tioyez-moi  : 

Rii   vous  ôlaiiranl  sur  moi,   vous  vous  alla(|MC7.  à  uu  cnucuii  ^\\\v  le 

'lan<^er  n'épouvante  point. 


14  LES  PIUIP.1ES  D'OR. 

Uiijl  s^-^tXi  ,\>oi  *^^  «x.<it  u  <Oiî  ^l^s^  ^■*-*  J^l*  J^ 

l^lï   viLAwl;    Là_À-*.î    ^^-**^   b   t5^5    «)^   (j-^J-^î   JUi  Jb 
»^,-^'  tK-^5  U^J— ^^  ''^■'^  '^  '>*>  *X=^b  »3.Xi^  ^U-»MJ 


Ah!  si  j'étais  jeune,  vous  seriez  morts  ou  dispersés  avant  de  me  saisir. 

Je  ne  suis  ni  méprisable  ni  lâche,  et  jamais  la  crainte  n'a  fait  battre 
mon  cœur  ; 

Mais  j'obéis  à  la  volonté  du  roi  clément  qui  renverse  l'homme  fort  et 
puissant. 

«  Les  deux  chiens  (dit  le  narrateur)  s'acharnèrent  sur  lui  et 
le  saisirent.  »  D'autres  racontent  que  les  chasseurs  ayant 
égorgé  un  nesnas,  un  autre  de  ces  monstres  dit  :  «c  Dieu 
soit  béni!  comme  son-sang  est  rouge!  »  11  fut  égorgé  à  son 
tour.  Un  troisième,  caché  dans  le  feuillage  d'un  arbre,  s'é- 
cria :  «  Il  mangeait  une  baie  de  sumac.  »  —  «  Un  nesnas  !  criè- 
rent les  chasseurs,  prenons-le!  »  Et  ils  s'en  emparèrent  en 
disant  :  «  S'il  avait  gardé  le  silence,  on  n'aurait  pas  su  le  dé- 
nicher. » — «  Moi  je  ne  parlerai  pas ,  »  dit  un  autre  nesnas  du 
haut  de  son  arbre.  —  "Encore  un,  dirent  les  chasseurs, 
prenons-le  !  »  et  il  fut  pris.  Un  cinquième  nesnas  (ajoute  le 
narrateur)  dit  du  milieu  de  l'arbre  oii  il  était  perché  :  «  Eh  ! 
ma  langue,  prends  garde  à  toi!  »  il  fut  découvert  et  pris 
comme  ses  compagnons.  Ceux  qui  font  ce  récit  prétendent 


CHAPITRE  LXII.  15 

(jb^lj    ^jLj   (j^   Lfi^^-A-t^   (;J^5    O^'    (iJ-*  jl!*^j'    **>^-4-^   Jw«âjî 

/9-â-»-t  j^b  *Xi  Ltf  ^jbj^î  ^Uj  (jax*j  ^oî  ^j^j^yL)^  W»^j  (j-« 
Jjw>   ivXJÛj  -.^jLc  JJtXj  :i%jà\   Jjûî    ^j^   J^^  ^Uu».5'*Xjïjj 

(^J^  (j^^Uî  ^  jiUi  wo^i  (jî^^  (if^^^î  tiX^j  J.*ajl 

que  les  habitants  du  Mahrah  donnent  la  chasse  à  ces  ani- 
maux dans  leur  pays  et  en  mangent  la  chair. 

J'ai  remarqué  que  les  gens  originaires  de  Chihr  dans  le 
Hadramaut,  de  Lahsa,  ville  située  sur  le  bord  de  la  mer,  dans 
le  pays  des  Ahkaf,  c'est-à-dire  des  monticules  de  sable,  dans 
la  partie  du  Yémen  qui  confine  à  cette  contrée,  enfin  ceux 
de  rOmànet  du  Mahrah  écoutent  avec  surprise  les  questions 
qu'on  leur  adresse  sur  les  nesnas,  et  paraissent  étonnés  de 
la  peinture  qu'on  leur  en  fait.  Ils  supposent  que  ces  êtres 
exti'aordinaires  vivent  dans  des  régions  lointaines  et  per- 
dues, opinion  qui  est  d'ailleurs  partagée  par  tous  les  autres 
peuples.  Ceci-  démontre  que  les  nesnas  n'existent  pas  en  ce 
monde,  et  qu'ils  ont  été  enfantés  par  l'imagination  ignorante 
du  peuple.  On  peut  en  dire  autant  de  \ Anka  ravisseur,  mal- 
gré le  témoignage  que  la  tradition  attribue  à  Ibn  Abbas. 

Ce  n'est  pas  que  notre  raison  rejette  d'une  manière  ab- 
solue l'existence  du  nesnas,  de  l'anka  et  de  toute  cette 
classe  d'êtres  merveilleux  et   rares,  r:n-  ils  ne  sont   pas  in- 


10  LES  PUAiniES  D'or.. 

^J^  l_*l_5-il   u^^^  y<   (.^i   i'^*'   J->û^'   ^^   *Xji^i^  UUxJij 
4^^Sfc   (^   *^l_^jU    ;jl_j-^^   LT^^?-'   CJ-*   ^J^  '<y>^i   *^^   4^' 


compatibles  avec  la  puissance  divine;  mais  nous  refusons 
d'y  croire,  parce  que  leur  existence  ne  nous  est  révélée 
par  aucune  autorité  irréfragable.  Ceci  rentre  dans  l'ordre 
des  choses  qui  sont  possibles  et  licites  en  elles-mêmes, 
sans  être  ni  interdites  ni  nécessaires.  Peut-être  aussi,  les 
nesnas,  l'anka,  les  irbid  et  tous  les  monstres  de  ce  genre, 
qui  ont  donné  lieu  à 'de  si  étranges  récits,  appartiennent-ils 
à  une  espèce  particulière  d'animaux  que  la  nature  a  créés 
sans  achever  son  œuvre,  et  sans  les  doter  des  facultés  qu'elle 
a  accordées  aux  autres  créatures.  Leur  isolement,  leur  ca- 
ractère sauvage,  leur  petit  nombre,  le  soin  qu'ils  mettent 
à  rechercher  les  contrées  les  plus  éloignées  du  globe,  et  à 
éviter  l'approche  de  l'homme  el  des  animaux,  s'explique- 
raient, dans  ce  cas,  par  l'infériorité  à  laquelle  la  nature  les 
a  condamnés,  et  par  les  dilîérences  si  profondes  qu'elle  a 
mises  entre  eux  et  le  reste  des  êtres  vivants.  C'est  une  re- 
marque que  nous  avons  df'jà   faite  dans  un   des  cha|)ilres 


CHAPITRE  LXII  17 

iL«L^i  J!  Js^jî   y«^  jjiii.  liXift  r^)-*^  (^  ^-iSJ'^   *^^3   ^-^  (j-« 
L^  J^-ii  iwjtj  «xJuLil  _^iii_j   -^-jjî^;  (ji  Hjjjù  fj\j  JoiàJI  i)î 


précédents  en  pariant  des  goules  (ogres).  Mais  nous  ne  poui- 
rions  insisler  plus  longtemps  là-dessus  sans  nous  écarter 
du  sujet  principal  de  ce  livre.  (Voyez  t.  III,  p.  3i/|.) 

Nous  avons  rapporté  dans  nos  autres  ouvrages  une  tra- 
dition d'après  laquelle  le  khalife  Motewekkel  aurait  chargé 
Honaïn,  lilsd'Ishak,  ou  bien  un  autre  savant  de  son  temps 
qui  s'occupait  de  recherches  de  ce  genre,  de  faire  en 
sorte  de  se  procurer  des  nesnas  et  des  irbid  dans  le  Yéma- 
mah;  on  ajoute  que  Honaïn  en  apporta  quelques-uns  au 
khalife.  On  trouvera  dans  nos  Annales  historiques  des  détails 
circonstanciés  sur  l'expédition  qui  fut  envoyée  dans  le  Yé- 
maniah,  à  la  recherche  des  irbid,  et  celle  qui  explora  le  pays 
de  Chihr,  à  la  recherche  des  nesnas.  Dieu  seul  sait  ce  qu'il 
y  a  de  vrai  dans  cette  relation.  Pour  nous,  nous  avons  dû 
nous  borner  à  la  recueillir  d'après  le  témoignage  de  celui  (pii 
la  raconte,  et  nous  lui  laissons  la  responsabilité  entière  de 
son  récit,  nous  bornant  à  lui  donner  place  dans  le  chapitre 


18  LES  PRAIRIES  D'OU. 

J.AJU  (^1  ^^  IgJé'jlAiwilt  SiXifc  ^^^^  (jj^*^  J^-'^jÎ^  UàxJI 

le  plus  approprié  à  ce  genre  de  renseignements.  La  protec- 
tion vient  de  Dieu  ! 

La  tradition  qui  a  pour  auteur  Ibn  Abbas  se  rattache  à 
l'histoire  de  Khaled ,  fils  de  Sinân  el-Absi,  histoire  qu'on 
peut  lire  dans  un  des  chapitres  qui  précèdent  (t.  I,  p.  i3i). 
Ce  Khaled  vécut,  dit-on,  dans  l'ère  d'intervalle,  entre  l'é- 
poque de  Jésus  et  celle  de  Mahomet.  Nous  avons  raconté 
comment  il  se  précipita  au  milieu  des  flammes  et  les  étei- 
gnit. Occupons-nous  maintenant  de  l'anka,  d'après  la  des- 
cription qu'on  en  fait,  et  ici  encore  il  nous  faut  revenir  à 
Khaled,  à  cause  de  la  connexion  qui  existe  entre  ces  deux 
traditions  et  de  la  source  identique  d'oii  elles  émanent, 
c'est-à-dire  le  témoignage  d'Ibn  Ofaïr. 

Le  récit  qui  va  suivre  a  été  transmis  à  ol-Haran,  (ils 
d'Ibrahim,  par  Mohammed,  fils  d'Abd  Allah  elMerwazi;  à 
celui-ci  par  Aced,  fils  de  Sâïd,  fils  de  Rétir,  fils  d'Ofaïr;  à 
Ofaïr  par  son  père  et  son  grand-père  Kétir;  à  ce  dernier  par 
son  père  Ofaïi,  sur  l'autorité  (i'Akramah,  qui  le  tenait  d'Ibn 


CHAPITRE  LXFI.  19 

(JjAsfcj  UâHMitJ»  (jjM.;>'   jo    ^j^  Aa3  ^}^s>-^  ^^i^'    (j-^fc'S^Î  CJ-*  J^^' 

Iûa)**  cjlJuJî  jUà-«  RÀjto  ^^  j\am  >ij  t^^U^  Wv-^*  M^"^:?  ^ 
\jS  uji.AJ  v<yj    liXx-tAfcjlj  jj*<JsJiil  c>^j  (jii^jfc.3  jj  Aiyj  oAx>3 

Vbbas  en  personne.  "Le  Prophète  (racontait  Ibn  Abbas) 
nous  dit  un  jour  :  Dans  les  premiers  âges  du  monde,  Dieu 
(  réa  un  oiseau  d'une  beauté  merveilleuse  et  lui  donna  tou- 
tes les  perfections  en  partage;  un  visage  semblable  à  celui 
(lerhomme,  un  plumage  resplendissant  des  plus  riches 
couleurs;  chacun  de  ses  quatre  membres  était  pourvu  d'ai- 
les, ses  deux  mains  étaient  armées  de  serres,  et  l'extrémité 
(le  son  bec  était  solide  comme  celui  de  l'aigle.  Dieu  créa 
une  femelle  à  l'image  du  mâle  et  donna  à  ce  couple  le  nom 
(VAnka.  Puis  il  révéla  ces  paroles  à  Moïse,  fds  d'Amràn  : 
•■  J'ai  donné  la  vie  à  un  oiseau  d'une  forme  admirable  ,  j'ai 
créé  le  mâle  et  la  femelle;  je  leur  ai  livré  pour  se  nourrir  les 
animaux  sauvages  de  Jérusalem  et  je  veux  établir  des  rap- 
ports do  familiarité  entre  toi  et  ces  deux  oiseaux,  comme 
prouve  tlo  la  suprénjatio  f[ue  je  t'ai  accordée  parmi  les  en- 
fants d'Israol.  »  De  ces  deux  oiseaux  sortit  une  lignée  nom- 
l)roust;.  Ensuite  Moïse  et  les  Israélites  furent  conduits  par 
l)i«'u  dans  lo  désert  de  ri'^garonicnl  (  /VA)  et  y  donionrèrent 


20  LES  PRAIRIES  D'OR. 

(jb  (j-«  jt^i?r^  <x-*-j>Ji  i  Mî^^  '3"^  «^jU»  (^s*-  ii*.^  ^^*jjl 

l-j^Xfi  aMÎ  lft»Xi  ^La-«ua^I>  J^juLj  Ixwtit  c-*.jl^  U  (j^ljJi  AaJI 
jj  ^^^  V^jy.Ao  o»-AJi_*j  L4.X_«»fc.j  <)iMi  jiaxs  lgÀ**j  f^-*??  u' 

quarante  ans.  Après  la  mort  de  Moïse,  d'Aaron  et  de  tous 
les  Israélites  qui  avaient  accompagné  Moïse,  au  nombre  de 
six  cent  mille,  leur  postérité  resta  dans  le  désert,  jusqu'à  ce 
que  Dieu  leur  permît  d'en  sortir  sous  la  conduite  de  Josué, 
fils  de  Noun ,  le  disciple  de  Moïse  et  l'héritier  de  sa  mission. 
Ce  fut  alors  que  la  race  des  Anka  abandonna  ce  pays  pour 
leNedjd,  le  Hédjaz  et  le  pays  de  Kaïs-Aïlân,  où  ils  dévo- 
raient les  enfants,  les  bêtes  sauvages  et  les  bestiaux.  Enfin 
dans  la  période  de  temps  qui  sépare  Jésus  de  Mahomet, 
un  prophète  nommé  Rhaled,  fils  de  Sinân,  parut  parmi  la 
tribu  des  Abs,  et,  touché  de  la  douleur  des  habitants,  dont 
les  enfants  étaient  décimés  par  les  Anka ,  il  supplia  Dieu 
d'anéantir  cette  race  d'oiseaux.  Alors  Dieu  les  fit  périr,  et 
c'est  depuis  cette  époque  qu'on  retrace  leur  image  sur  les 
tapis  et  d'autres  objets.  Au  rapport  de  plusieurs  personnes 
instruites ,  l'expression  proverbiale  VAnka  rav/sseur  s'applique 
à  une  chose  étonnante,  à  un  événement  extraordinaire. 
Quand  on  dit,  par  exemple,  un  tel  a  apporté  VAnka  ravis- 


CHAPITRE  LXII.  21 

w^L    <»L>    Kj\    (JJ*X>^^    S^*-*  ^■'V    (J-^'9   *^=r"    fi-^^^^    ^'^3^^ 

X^^JLI  Jlf   sU^jI    i^y>ils>'   l^   ^aLo   ^t    J^'M^   |w^Cwwiu«  (jMkAf 
^^-XifcAJi   Aj  i_j-x^>lî  <J^vi  ^^^*  t5*^-'î   v^ÀsL  J_^;»-  j^«Xj jjoi 

seur,   c'est  comuic   si  Ton  disait  :  il  a  apporté  une  chose 
extraordinaire.  Tel  est  le  sens  de  ce  vers  : 

L'Anka  ravisseur  leur  amena  le  matin  une  nomlireuse  armée. 

Le  mot  anak  a  aussi  le  sens  de  «  se  hâter.  »  Reprenons  le 
récit  d'Ibn  Abbas.  Le  prophète  des  Béni-Abs,  Khaled ,  fils 
de  Sinân,  avait  annoncé  la  venue  de  l'apôtre  de  Dieu.  A 
son  heure  dernière,  il  dit  i\  son  peuple  :  «Lorscjue  je  serai 
mort,  enterrez-moi  dans  un  de  ces  i4/t/£^</'( c'est-à-dire  un  de 
ces  nionticules  de  sable)  et  veillez,  pendant  quelques  jours, 
auprès  de  mon  tombeau.  Dès  que  vous  verrez  un  àne  au 
poil  gris  et  sans  queue  tourner  autour  de  la  colline  de  sable 
où  je  reposerai,  réunissez-vous,  déterrez  mon  corps  et  dé- 
posez-le sur  le  bord  de  la  tombe.  Puis  vous  irez  chercher 
un  scribe  pourvu  de  ce  qu'il  laut  pour  écrire  ,  et  je  dicterai 
tout  ce  qui  doit  arriver  et  s'accomplir  jusqu'au  jour  de  la 
résurrection.  '■ 

D'après  ses  ordies,  ses  compagnons  veillèrent  auprès  de 


22  -  LES  PRAIRIES  D'OR. 

Jk-sfc.   ^v-J  jl^sl  iiij   ULLj    a3   LaAo    aj!   U)o    AjIs^    *Xxj    »j-{i 

>i  iLÀ_ji  i^:>jj^  (j^W^  (j-:»'  <-5*^  *J>-%K?  '*'"*^  l_^^*ajlj  ji^AÀii 

son  tombeau  pendant  trois  périodes  de  trois  jours.  Ils  virent 
enfin  un  âne  qui  liroutait  aux  alentours  de  la  colline  de 
sable,  non  loin  du  tombeau ,  et  ils  se  rassemblaient  déjà  pour 
déterrer  le  corps  de  leur  maître,  ainsi  qu'il  le  leur  avait 
ordonné,  lorsque  les  enfants  de  Khalecl  accoururent  le 
sabre  à  la  main,  et  leur  dirent  :  "  Dieu  nous  est  témoin  que 
nous  ne  vous  laisserons  pas  ouvrir  cette  tombe.  Voulez-vous 
donc  que  nous  soyons  déshonorés  demain,  et  que  les  Ara- 
bes disent  en  nous  montrant  :  Voilà  les  fds  du  déterré?» 
Ils  furent  obligés  de  s.'éloigner  sans  toucher  à  sa  sépulture. 
Ibn  Abbas  ajoute  que  la  fille  de  Khaled  parvint  à  un  âge 
avancé ,  et  qu'elle  vivait  encore  loi's  de  la  prédication  du 
Prophète.  Mahomet  l'accueillit  avec  bonté  et  considération, 
il  la  convertit  à  l'islam  et  lui  adressa  ces  paroles  :  «  Soyez  la 
, bienvenue,  ô  fille  d'un  prophète  (jue  son  peuple  a  perdu.  » 
((jomparez  ce  passage  avec  le  récit  du  tome  I,  p.  i32.)  Un 
poète  des  Béni-Abs  a  dit  : 

Fils  de  Kbaled,  si,  pendant  voire  réunion,  vous  avez  exliumc  le 
mort  caché  au  fond  du  tombeau , 

Il  vous  aurait  laissé,  parmi  la  race  des  Abs ,  un  nionumcut  do  science 
<|ue  les  siècles  ne  pourraient  détruire. 


CHAPITRE  LXII.  23 

AiûL«Mil^    <^<J»i5    îsXtf»    jj    SyAjlS j\as^\  j^Sa    (^I     ^^    "-^JJJ     '■^^ 

^.*.*i*Jt     (trs_iûj_jl    ^jj    ^^*N«JI   A-)   liyvXs-   U  ^^   J*^^   tjj-^ 

Aj  iL»À*-i  L^j»-«  *Xi^l3  A^  Ju5_j.A.r=- ^ii  c-*j».«vs-lî  ^§->«\r>-U 
Jii  j6o  UaJ^  l..w^  l^jL«  aMI  (3-U^  /0.J  Jlï  iiy^Xf^  ^'^^^  *vX5i  Jlï 

On  rappoilo  encore,  d'après  Ibn  Olaïr,  une  foule  d'a- 
necdoles  sur  ce  sujet  et  des  récits  du  même  genre  qui  ont 
trait  aux  Israélites.  Telle  est,  par  exemple,  la  tradition  sur 
la  création  du  cheval.  Elle  a  été  transmise  à  el-Haçan,  fils 
d'Ibrahim  ech-Chàbi  le  juge,  par  Abou  Abd  Allah  Moham- 
med, fils  d'Abd  AUah  el - Merwazi ,  à  celui-ci  par  Abou'l- 
llarit  Açed,  fds  de  Said,  fils  de  Kétir,  fils  d'Ofaïr;  celui-ci 
la  tenait  de  son  père  el  de  son  aïeul  Rétir  ;  ce  dernier  d'Olaïr 
son  père ,  d'après  le  témoignage  d'Akramah ,  à  qui  son  maître 
Ibn  Abbas  l'avait  transmise  de  la  manière  suivante.  •  Voici 
<e  (jue  nous  racontait  le  Prophète.  Lorsque  Dieu  voulut 
(  réer  le  cheval ,  il  dit  aux  vents  du  sud  :  «  Rassemblez-vous 
afin  que  je  tire  de  vous  une  créature  vivante.  »  Les  vents 
obéirent  et  Gabriel,  sur  l'ordre  de  Dieu,  prit  une  poignée 
do  vent.  Dieu  dit,  «Ceci  est  ma  poignée,  »  (îl  il  créa  un 
cheval  alezan.  Puis  il  lui  dit  :  «Je  fais  de  toi  un  cheval  et 
je  le  donne  les  Arabes  pour  famille;  je  veux  que  tu  rem- 
portes sur  les  autres  animaux  (pie  j'ai  créés,  en  coiitribiianl 


24  LES  PRAIRIES  D'OR. 

*  

l^-M-.Js-i     Ci^yAÀ-l    t_>;    l,    *i\    JUd    <^ji     ii^jS'i     i)    J*f)l     Sjy^S 

^^  <x_A_i  j^vufcJi   kiJJ*X*  y*.l_A.*  0.JÎ  Jli  îj«xX£»._5  iyij  U  Uib 

plus  qu'eux  à  l'aisance  de  la  vie  et  au  succès  des  expédi- 
tions. Un  cavalier  monté  sur  ton  dos  te  dirigera,  et  le  bon- 
heur sera  attaché  à  ton  front,  »  Dès  que  le  cheval  fut  en 
liberté,  il  hennit.  Dieu  ajouta  :  «  Sois  béni  pour  ton  hennis- 
sement; effraye  les  impies,  remplis  leurs  oreilles  de  terreur 
et  rends  leurs  pieds  chancelants.  »  Alors  il  lui  imprima  une 
marque  blanche  sur  le  front  et  les  jambes.  Quand  le  premier 
homme  fut  créé,  Dieu  lui  demanda  ce  qu'il  préférait  du 
cheval  ou  de  Borak.  (Borak,  disait  le  narrateur,  avait  la  forme 
du  mulet,  et  il  était  privé  de  sexe.)  Adam  répondit,  «  Sei- 
gneur, je  choisis  le  plus  beau  des  deux,  »  et  il  donna  la  pré- 
férence au  cheval.  Dieu  reprit  :  «  ()  Adam,  tu  as  choisi  ce 
([ui  sera  une  gloire  durable  pour  toi  et  pour  tes  enfants  , 
tant  (ju'ils  vivront  et  se  perpétueront.  »  Voilà  pourquoi , 
ajoutait  Ibn  Abbas,  la  race  du  cheval  est  marquée  d'un 
signe  qu'elle  conservera  jusqu'à  la  fin  du  monde.  Il  enten- 
dait par  là  les  poils  blancs  que  les  chevaux  ont  au  front  et 
aux  jambes. 

Y(-a ,   (ils    (ic    Loluiyàli    cl-Misri,    rbnis   son    li\i<'   inlilnic 


CHAPITRE  LXII.  25 

i   JOV-i^   L^-AJ   C^V^-^i   iLiJ-ri*   J^  «jSlj   c-^^UI^   V^^UI 

De*  étalons  et  des  hippodromes ,  livre  où  il  décrit  tous  les 
champs  de  course  célèbres,  avant  et  depuis  l'islam,  raconte 
que  Saloiuon,  fils  de  David,  fournit  à  des  Arabes  d'Azd  un 
cheval  dressé  pour  la  chasse,  auquel  on  donna  le  surnom 
de  provision  du  cavalier.  On  trouve  le  même  renseignement 
dans  le  traité  d'Ibn  Doreid  sur  le  cheval ,  etc.  Pour  les 
nombreuses  légendes  qui  se  rapportent  au  cheval,  nous  ren- 
voyons le  lecteur  à  nos  autres  ouvrages. 

Sans  la  tendance  qui  porte  un  auteur  à  parler  de  tout, 
comme  le  bûcheron  nocturne  (qui  fait  ses  fagots  à  l'aventure. 
Cf.  la  préface  arabe  de  Hariri),  nous  aurions  certainement 
passé  sous  silence  de  semblables  anecdotes.  Il  y  a  parmi  les 
honmjcs  instruits  et  éclairés  plusieurs  manières  de  voir  sur 
le  degré  de  confiance  qu'on  doit  accorder  aux  relations. 
Pour  les  uns,  une  seule  classe  de  relations  ne  laisse  au- 
cune prise  au  doute  et  a  force  de  loi  en  théorie  comme 
en  pratique;  ce  sont  celles  qui  ont  un  caractère  d'universa- 
lité, qui  ont  été  transmises  et  reçues  par  tous.  Celles,  au 
contraire,  (pii    ne   réniiisscnl  pas  ces  conditions,   peuvent 


26  LES  PRAIRIES  D'OR. 

^Ui».i     jj    Jsi»-i:>^^uA*9    J«*^'     t^"^^    Uà*Î!j    (j*»lA,*«~iJi    «iAJ*Xia- 

^»-xît   ^j^:)  J.^xJl  w^>-jî  U  iCÀ»-!^l^  Jw.«^  iiAi«-^ii  ^j|_5.xJi 

être  rejetées.  Les  jurisconsultes  des  grandes  écoles  ,  tout  en 
admettant  qu'une  relation  qui  a  ce  caractère  d'universalité, 
c'est-à-dire  de  transmission  constante,  esl  obligatoire  en  théo- 
rie et  en  pratique,  ajoutent  et  démonirent,  par  des  argu- 
ments spéciaux  ,  qu'une  tiadition  émanant  d'une  autorité 
unique  doit  être  admise  dans  la  pratique,  quand  bien  même 
la  science  ne  pourrait  la  démontrer.  D'autres  enfin  sont 
d'un  avis  difFérent  et  divisent  les  relations  en  plusieurs 
classes,  celles  qui  sont  nécessaires,  etc.  Bien  certainement 
les  récits  relatifs  aux  nesnas,  à  l'anka,  à  la  création  du 
cheval,  ne  peuvent  être  rangés  parmi  les  traditions  trans- 
mises sans  interruption ,  et  obligatoires  dans  la  pratique,  lors 
même  qu'elles  échappent  à  une  démonstration  scientifique. 
Ce  n'est  pas  non  plus  une  de  celles  qu'il  faut  acbuettre  ab- 
solument et  considérer  comme  authentiques,  à  cause  de  la 
source  dont  elles  émanent.  Ainsi  que  nous  le  disions  plus 
haut,  les  faits  de  cette  nature  rentrent  dans  un  ordre  d<' 
choses  licites  et  possibles,  qui  ne  sont  ni  défendues  ni  né- 
cessaires; ils  se   laKachent  potn-    la   plupart    aux  légendes 


CHAPITRE  LXII.  27 

Lw^j  cx_j\^  t5«>»-îl  j**.^'  (^  U*^-»-*  i^A-Ii  ^i^    ^yf^  (•'■^b^ 

Jj» jJI  ^ijjJL  jovj  ^j^  t^j^^  yû^  Jo j^Jî  :iV*3  ^\^à^\ 

iJ*X^    iJ>t.J<à    t-JWkJ    iC,«Jol*    vA*   oi^^     <XÏ     »iU«X5_j     <0JtA,C>     ^ÀJI     /yi^ 

Israélites  (  rabbiniques  )  et  à  la  description  des  merveilles 
de  la  nier. 

Si  nous  n'avions  pas  pris  l'engagement  d'être  bref  et  con- 
cis, nous  pourrions,  sans  nous  écarter  de  notre  sujet,  citer 
plusieurs  relations  émanées  du  Prophète  et  adoptées  una- 
nimement et  avec  une  entière  adhésion  par  les  tradition- 
nistes  qui  nous  ont  transnn's  le  dépôt  des  Iraditions  écrites 
et  orales.  A  cette  classe  appartient  la  tradition  concernant 
le  singe  qui,  du  temps  des  Israélites,  se  trouvait  sur  un 
vaisseau  avec  un  homme  c|ui  vendait  du  vin  à  l'équipage. 
Cet  homme  coupait  son  vin  avec  de  l'eau  et  réalisait ,  par  ce 
moyen,  de  beaux  bénéfices.  Un  jour,  le  singe,  s'emparant  de 
la  bourse  où  le  marchand  avait  mis  son  argenl ,  grimpa  au 
sommet  du  grand  màt  que  l(!s  matelots  de  l'Irak  nomment 
AaUal ,  dénoua  la  bourse  et  s(î  mil  à  jeter  une  pièce  dans  la 
mer,  une  autre  sur  le  j)ont,  et  ainsi  de  suite,  jus(ju'à  ce 
(|n'il  eût  partagé  la  somme  en  deux  moitiés.  Telle  es!  en- 
«orc   la  tradition  tiiinsmisc    \\   Cliàbi  p.ir  Kalimah,  lille  de 


28  LES  PRAIRIES  D'OR 

If^S:  j,Xs^\  /0»*X*P  4^àJ(  yl  (_^jl«Xji  çÇsJi  jj^  yi>^  iol.:2^i  (j^ 
t^Ui  U&^xaw  c:^^3  «XJ»  (3^=1  <\.<rvl⣠ AjI:>  <Jt  ta^JoÂi  ^y^V^ 

(«x_A^£  oJljj  Lg-jl^  i*Xi^  J..AJ.  U^iXj  l^JL*  »ji^  (jU^I  ).i».i 

I<XjÛ  ^j._5i>   \ji   vilJi  j._*^j   /o^AS»   c^Àit   AÀ->«X^  J.^i.4X-)  ii 

Kaïs,  qui  la  tenait  du  Prophète.  Indépendamment  de  la 
fille  de  Kaïs,  plusieurs  Compagnons  de  Mahomet  l'ont  re- 
cueillie. Le  Prophète  la  racontait  en  ces  termes,  comme  la 
tenant  de  Témim  ed-Dari  lui-même  :  Témim  s'était  em- 
barqué sur  un  bâtiment  avec  plusieurs  de  ses  cousins;  ils 
furent  assaillis  parla  tempête  et  jetés  sur  une  île  où  ils  dé- 
barquèrent. Là,  ils  rencontrèrent  un  monstre  d'une  taille 
gigantesque  et  couverf  de  longs  poils.  Ils  lui  demandèrent 
son  nom.  "Je  suis,  répondit  le  monstre,  la  Djessasah  (l'es- 
pionne) et  je  paraîtrai  à  la  fin  des  temps.  »  Elle  leur  adressa 
encore  d'autres  paroles  et  ajouta  :  «  Faites  attention  au 
maître  du  château.  »  Alors  s'offrit  à  leurs  regards  un  homme 
chargé  de  chaînes  de  fer  et  attaché  à  une  colonne  égale- 
ment en  fer.  Le  narrateur  décrit  sa  figure,  et  raconte  que 
cet  homme  leur  parla,  les  questionna  et  leur  apprit  qu'il 
était  le  Daddjal  (Antéchrist).  Il  leur  révéla  plusieurs  pré- 
dictions et  assura  qu'il  n'entrerait  pas  à  Médine.  La  tradi- 
tion   que    nous   riions   et  d'autres    relations   sur  la  même 


CHAPirnE  Lxn.  29 

JsJ>^  (^i!  \ù^  J<*aj\  U_5  j^UkJij^UIÎ  ^Lji^i  (j^  Uiî 

-«si^  *>oj       A  1j^  ^  .y» j  çjUJI  l«Xi£>  xJai  <_^  Aaàj  U  Uû^^j 

'  f- 

-0-J  J>.-**Jr!  *îl.«  JJLo  S^juAiLs  Ajji  tXiwUi  -Ixkii  /0-kiig.J 
U^   jc^^tj   UJ>  /o^l    /6.-^«-î^   tii    Sj.^*^^   iiJUi    *X^ 

aventure  ajoutent  ici  de  plus  grands  détails.  On  fait  à  ce 
sujet  de  longs  récits  qui  exigeraient  d'amples  commentaires. 

Revenons  à  la  question  qui  nous  occupait  plus  haut,  les 
quarts  du  n)onde,  les  éléments  et  tout  ce  qui  s  y  rattache. 
Nous  avons  donné  d'ailleurs,  dans  un  des  chapitres  qui  pré- 
cèdent, un  résumé  des  théories  relatives  aux  éléments,  etc. 
suffisant  pour  appeler  l'attention  sur  ce  sujet  aussi  impor- 
tant que  vaste.  (T.  I,  rhap.  viii  et  suiv.) 

Plusieurs  médecins  et  auteurs  de  traités  physiologiques, 
parmi  les  anciens  et  les  modernes,  signalent  trois  organes 
dans  l'appareil  digestif.  En  premier  lieu,  l'estomac,  qui  ah- 
sorbe  les  aliments,  en  tire  le  suc  alin)entaire  et  le  réduit  en 
une  matière  semblable  à  la  bouillie  d'orge  (le  chyle).  En- 
suite, cette  matière  est  poussée  dans  le  foie,  du  foie  dans 
les  vaisseaux  et  se  distribue  dans  tout  le  corps,  comme  l'eau 
d'une  rivière  qui  se  répand  dans  les  canaux  et  les  rigoles. 
Les  organes  voisins  l'absorbent  à  leur  tour  et,  par  un  tra- 
vail d'assin)ilation ,  ce  suc  se  convertit  en  chair  et  en  graisse. 
Les  veines,   les  nerfs  et  d'autres    organes    analogues  ron- 


30  LES  PRAIRIES  D'OR. 

^_j,_JiJl  cj^^Awi  iil^  kilJi  AA^i  U_5  wvwa*Jj_j  ijjM-»Jî    kili«x5^ 

(^_j-ji_j   -^-A*^  UxaJi   *l.M*il   Axj^î   yl,>i*oii|  j^  fS^**-J'j>^.  ^   j»«xJl 
ïjX]    iSy^^  ^^i   J^■^^•''^    *^î>*'^i    ''^ajiaaI3_5  ^^XrsLj   j»*Xji    t^^iij 

(0«*^^5  (S^-  ^^i  ^^^j^^i  ^^iy^^  ^AXA^io^  tjjjJij  ^t^^AM^Jt 


courent  à  cette  fonction  ,  et  s'ils  l'accomplissent  dans  la 
plénitude  de  leurs  forces,  le  corps,  par  la  volonté  de  Dieu  , 
conserve  son  équilibre  et  sa  santé.  (Il  faut  aussi  tenir  compte 
de  l'influence  des  quatre  saisons)  l'été,  l'automne,  l'hiver 
et  le  printemps.  L'été  augmente  la  force  et  le  mouvemeni 
de  la  bile  jaune;  l'automne  agit  de  la  même  manière  sur 
l'atrabile;  l'hiver  sur  l'a  pituite,  et  le  printemps  sur  le  sang. 
La  vie  de  l'homme  se  divise  en  quatre  âges.  Dans  l'enfance, 
c'est  le  sang  qui  domine;  dans  la  jeunesse,  la  bile  jaune; 
dans  l'âge  viril,  l'atrabile,  et  la  pituite  dans  la  vieillesse. 

La  terre,  comme  la  vie  de  l'homme,  se  divise  en  quatre 
parties.  Dans  l'est,  oii  dominent  la  chaleur  et  l'humidité,  le 
sang  prend  une  force  plus  grande;  dans  le  nord,  où  régnent 
le  froid  et  le  sec,  l'atrabile  se  développe;  dans  l'ouest,  où 
dominent  le  froid  et  l'humidité,  la  pituite;  et  dans  le  sud, 
où  régnent  la  chaleur  et  la  sécheresse,  la  bile  jaune.  L'édi- 
fice du   corps  humain  repose  sur  les  humeurs  cardinales; 


CHAPITRE  LXII.  31 

^^.j^i/j    AJ<XJot«   i^^yÀM*^   i«:a.jI^  ^Oi   Jy>o^\    (j-«    *X**fcsl   '^■*JV 

^jl  43»A-À->  lol^^l  Jls      ^liû  iii  kAil  dUtXJ  L>yi^  u^^"  <^**" 

JjLis    Lgjjî     \K>fJ>M     yLwJii!     (jLLwIj    iÙW-U»     jeL>^l_J    ikKKJM    ^i\s^\ ^ 

^S'  iuLiw  ^^AAj^  u^^  o'  *^yv^'  c^•^*:?^  ^r*^*s  -li  U»  t-»^^»;  /^j 

^.jji  *l_j-^î    c:^i)lafc  *jVXj   jI   isi^Jbî    /<NXiI  Jiï   «Xjjji    dLJi>    y_y^J 

tantôt  elles  sont  égales  et  en  équilibre,  tantôt  Tune  d'elles 
prenant  le  dessus,  elle  manifeste  sa  puissance  par  des  phé- 
nomènes partiruliors  et  puise  de  nouvelles  forces  dans  son 
ai;itation. 

Voici  ce  que  dit  Hippocrate  :  Toute  chose  en  ce  monde 
est  fatalement  basée  sur  le  nombre  sept.  H  y  a  sept  pla- 
nètes, sept  climats,  sept  jours  dans  la  semaine.  La  vie  de 
l'homme  se  divise  en  sept  périodes  :  l'allaitement;  l'en- 
fance, qui  dure  jusqu'à  quatorze  ans;  l'adolescence ,  jusqu'à 
vingt  et  un  ans;  la  jeunesse,  oii  le  corps  ne  cesse  de  se  for- 
tifier, jusqu'à  trente-cinq  ans;  l'âge  viril,  jusqu'à  quarante- 
neufans;  puis  la  vieillesse  el  la  décrépitude, jusqu'au  terme 
de  la  vie.  Toutes  les  modifications  qui  se  remarquent  dans 
l'homme  et  les  animaux  dépendent  du  climat.  Ce  sont  les  va- 
riations climatériques,  dit  l<*  même  savant,  qui  déterminent 
chez  l'homme  des  dispositions  dillércntcs,  et  le  font  passer 
de  la  colère  au  calme,  de   la  tristesse  à  l;i  joie,  etc.   Aussi, 


32  LES  PRAIRIES  D'OR. 

iLjt-^lï  (j^iJ-Jî  (^yj  yi  Jlij^  A-gJ^ji-lj  (j*.UJi  c;>i)ls».  cj>_j.A^i 
lil    *î»-gJî   cj>j,*Ajù   »Jtj[i  fj\<y.jiù\   cyU»-^^^   yiiXjill   c:jU>.!jj.i 

ji^«-to  viUikSjjuiJUi  lijL  yj~*^  b^*^  *j^j  ^^*^  *^^  ^^^ 

i^*XX_jt*   s^;j-î5   ^J"-^  -^|>^'  J^XJC^i^  (Sy^^^   '•^'^   (»4^^^|>*.^ 

U.3   ji^j-^    o^^jl-i^  (^*V-^  cjyCAwl   U^Aû^  J^î    ^  Js5^ 

jj    ^Imov-JU  î_j,^A*io^  jo-gji*>ol   Ocjii^   «o^^j-^   c:>^i5   -ù^l»Xji 

tant  que  l'air  reste  en  repos,  l'humeur  et  le  moral  de 
l'homme  conservent  leur  stabilité.  Hippocrate  fait  observer 
que  les  facultés  de  l'âme  dépendent  de  la  santé  du  corps, 
comme  la  santé  dépend  des  variations  atmosphériques. 
Selon  que  la  température  est  froide  ou  chaude,  la  semence 
sort  plus  ou  moins  mûre,  plus  ou  moins  abondante,  tantôt 
chaude,  tantôt  froide,  et  c'est  là  ce  c(ui  modifie  les  formes 
et  le  tempérament  du  corps.  Si,  au  contraire,  le  climat 
est  doux  et  égal ,  la  semence  et,  par  conséquent,  le  corps  et 
le  tempérament  sont  en  parfait  équilibre. 

Le  caractère  d'uniformité  qu'on  remarque  dans  la  race 
lurque  s'explique  par  la  régularité  d'un  climat  constam- 
ment froid;  de  là  le  type  invariable  de  cette  race.  La  même 
uniformité  existe  chez  les  Egyptiens,  et  tient  à  une  cause 
analogue.  Sous  l'empire  de  ce  climat  glacial ,  où  l'humidité 
du  corps  ne  peut  s'évaporer,  faute  de  chaleur,  les  Turcs 
deviennent  gras  et  mous  ;  leur  caractère  offre  beaucoup  d'a- 
nalogie avec  celui  des  femmes.  Grâce  à  leur  tempérament 


CHAPITRE  LXII.  33 

o»._A.-cv-  U  (^'L-^-i  JJ*>v5^  Jvsii  v^'Ç  iiy^  \*^\  iiy^lS 

^U=iJi   CJÎ^Î    ijî    vilJ.i   jU^^   «)-«.^  tii^xU?   »ij5jjJî  AaX^ 

^   :>^5\_j  ilX^I  kiLb  jjii  A_AAacw  ^^  iJ^yLa^  l^jlji^  X)<y>,s^ 

froid  cl  aux  principes  liumides  qui  y  domiuenl,  ils  montrent 
))eu  d'aptitude  pour  le  coït  et  n'ont  par  conséquent  ([u'uu 
petit  nombre  d'enfants.  L'exercice  continuel  du  cheval  aflai- 
blit  encore  chez  eux  les  désirs  amoureux.  Chez  les  femmes, 
rembonpoint  et  l'huujidité  entravent  l'absorption  de  la  se- 
mence par  les  organes  de  la  génération.  C'est  le  froid  qui 
donne  à  celte  race  un  teint  roufjfoàlrc,  comme  nous  l'avons 
dit  déjà;  car  l'etTel  d'un  froid  persistant  est  de  colorer  en 
rouge  ce  qui  est  blanc;  il  sulïit,  pour  s'en  convaincre,  de 
voir  comment  un  froid  rigouniiix  rougit  le  bout  des  doigts, 
les  lèvres  et  le  nez. 

Hippocrale  parle  d'un  pays  situé  dans  la  région  méri- 
dionale de  la  terre,  oii  les  |)luies  sont  fré(|uenles;.la  végé- 
tation et  les  prairies  )  abondent;  les  arbres  y  prennent  un 
grand  développement;  l'eau  y  est  très-douce,  et  les  quadru- 
pèdes (ju'il  produii  ont  une  tailh.'  élevée.  Ce  pays  n'est  si 
lertile  que  parce  cpi'il  n'est  exposé  ni  aux.  rayons  ardents  du 
soleil,  ni  à  l'action  desséchante  de  la  |^clée.  Ses  habitants 
IV.  3 


;14  LES  PRAIRIES  D'OR. 

l»-4-^5  j~A*  J*t^^'  u^;  JI*Xa*U  ^i^j^aAj  a^jUÎo  J'*Xa«I^ 

^/»«XJLj  (jjÀ  *(^  Jo   »;-AXJCj  jJS*-'    ^^j^^î  ^*->  ^•^5j  ^-êJ'^^J-^ 

sont  grands,  bien  faits,  et  doués  de  qualités  généreuses. 
Leur  aspect,  leur  taille  et  leur  constitution  présentent  la 
même  régularité  que  la  température  du  printemps;  mais 
ils  sont  enclins  à  la  mollesse,  et  ne  savent  endurer  ni  le 
danger,  ni  la  fatigue.  Hippocrale  a  porté  aussi  son  attention 
sur  le  sujet  qui  nous  occupe  dans  ce  chapitre,  les  vents  et 
leur  influence  sur  les  animaux  et  les  plantes.  Selon  ce  méde- 
cin, c'est  l'âme  placée  en  eux  qui  aspire  l'air;  les.  variations 
atmosphériques  agissent  alterna tivenient  sur  les  corps  ani- 
més, et  leur  font  subir  des  sensations  diverses,  de  chaleur,  de 
froid,  de  sec,  d'humidité,  de  joie  ou  de  tristesse.  Elles  exer- 
cent leur,  action,  dans  les  maisons,  sur  les  grains,  le  miel,  l'ar- 
gent, le  vin  et  le  beurre,  les  échaulTent  ou  les  refroidissent, 
les  amollissent  ou  les  dessèchent.  Cela  s'explique  lacilemcnt.: 
les  mouvements  du  soleil  et  des  planètes  amènent  des  per- 
turbations dans  l'air,  et  ces  perturbations  en  exercent,  à  leur 
tour,  sur  la  nature  entière.  Quiconffuc  a  pénétré  dans  l'étude 


CHAPITRE  LXII.  35 

l^kAm*}]  ij>j-^  ^^  45vJ'  Ji^»xJlj   Uû^Ajijj  àU^ji^t  JI_jJ»-l   ôv*j 

jl^Jl  (-:a.às^j  ^^y^s   ^^^^  oolil  c:Ajaû  iil  t_>y^  (j'  ^:^' 

«^j-g-*iJl  c5_5-*-j^   0*'.^^  4^-*^^J  U>^'  ij*'*^3  iCx^iiiî  ^ftjj 

(le  l'atmosphère,  de  ses  chanj^emcnls  et  des  inductions 
qu'on  en  peut  tirer,  connaît  un  des  agents  les  plus  puis- 
sants de  la  nature  et  a  fail  déjà  de  grands  progrès  dans  la 
science  de  l'hygiène.  Hippocrate  ajoute  :  Le  vent  du  sud 
adoucit  la  rigueur  de  la  température,  échaufFe  la  mer,  les 
Meuves  et  tout  ce  qui  renferme  de  l'humidité;  il  altère  les 
couleurs  et  modilie  chaque  chose;  il  détend  le  corps  et  le 
système  nerveux,  engendre  la  torpeur,  allourdit  le  sens  de 
rouie  et  obscurcit  la  vue,  parce  qu'il  met  la  bile  en  mouve- 
ment et  amoncelle  l'humidité  à  la  base  des  nerfs  qui  sont  le 
siège  de  la  sensation.  Le  vent  du  nord  durcit  les  corps,  et 
purilic  la  matière  cérébrale;  il  embellit  le  teint,  rend  les 
sensations  plus  nettes,  accroît  les  désirs  et  les  mouvements 
du  corps;  mais  il  provoqui?  la  toux  et  les  allections  de  poi- 
trine. Un  médecin  nmsulnian,  parmi  les  modernes,  dit  que 
le  vent  du  sud,  lorsqu'il  souille  dans  l'Irak,  altère  l'incar- 
nat des  roses,  les  (.'(Teuillc  et  dilate  les  plantes  de  la  fann'lle 
des  biassicees.  (le  \eiit  échaullr  l'iiau,  énerve  le  corps  el 

:5. 


36  LES  PRAIRIES  D'OU. 

isili  Li  \-X.^  jX-Jij  Jlï  ^tj-g-Ji  j«xXj^  y|4Xj^l  Civsw^JCA»<i^ 
ti<>^.    ijvjû^    J.j«*M|     <ÎU3   iiJtXsfc^    y«^A'5    3^.AAwîj    (i'-y^    /NJ'lia. 

Jt<xj:fiiJ)  p^^J j^î  ^3Î;J^iL  JJ->  y\^  ^1^  yÎJ^UJi^  ^^iJl 

iLx.j)i   iUWî  ^l»p5  (j'  bpi  U  (^xji  jj  IoI^jI  |<\XiI  Jb  Aj 

Irouble  la  pureté  du  ciel.  Tout  cela,  ajoute  ce  savant,  con- 
firme l'opinion  formulée  par  Hippocrate,  à  savoir  que  l'été 
est  plus  malsain  que  l'hiver,  parce  que  l'été  échauffe  le 
corps,  l'amollit  et  alTaiblit  les  facultés  organiques.  Aussi  les 
habitants  de  l'hak  distinguent  aisément,  niènic  quand  ils 
sont  couchés,  quel  vent  règne  dans  l'atmosphère  :  si  c'est 
le  vent  de  nord,  la  bague  qu'ils  portent  au  doigt  se  refroidit 
et  s'élargit,  parce  que  le  froid  contracte  les  corps;  si  au 
contraire  c'est  le  vent  de  sud,  la  bague  s'échauffe  et  devient 
plus  étroite,  par  l'effet  de  la  chaleur  qui  dilate  et  amollit  les 
corps.  C'est  une  expérience  qui  peut  être  faite,  dans  l'Irak, 
par  tout  homme  doué  de  ses  facultés  et  qui  dirigera  son  at- 
tention sur  ces  phénomènes.  Elle  se  vérifie  aussi  dans  toutes 
les  villes,  dans  toutes  les  contrées  de  la  terre;  mais  elle  est 
plus  évidente  dans  l'Irak,  parce  que  le  climat  de  ce  pays  est 
ordinairement  tempéré.  Hippocrate  distingue,  comme  nous 
l'avons  fait,  quatre  vents  cai'dinaux  :  le  preniier  vient  (ki 
levant,  c'est  le  vent  de  devant  {kehoiil);  le  second,  ilu  cou- 


cil  \I>ITHE  LXll  ;i7 

^-<>-à  L^-^4>s^  «Xi  j^:>ytAMJll  Jis      iù^xX^Jl    -^  Jî   ^^-(wJ  Ijflj 

jAxl\  ^  ^^iJi  ^L;i^  yl^xAJî^  %^^!j  ^UkJî  ^j£^Ui^iii 
(j^  j_^!_j_;sr  vW^i  i•XJ^  ^itf^  ^jl  Lioijj  »i>î^-jl  4XSI  «x_:^ 

(allant,  c'est  le  vent  de  derrière  [debour]  ;  le  troisième  souille 
(le  la  droite,  c'est  le  vent  de  sud  [djenoub)\  le  quatrième,  de 
la  gauche,  c'est  le  vent  du  nord  [chiinal).  Le  vent  qui  règne 
plus  particulièrement  dans  un  pays  se  nomme  veni  local 
[bélédi). 

Après  avoir  consacré  quelques-uns  des  chapitres  qui  pré- 
cèdent à  l'étude  de  la  terre,  des  mers,  des  principaux  Ktnts 
et  royaumes,  nous  avons  donné  dans  le  présent  chapitre  des 
notions  généiales  sur  les  éléments,  les  vents,  les  pays,  les 
((uarls  de  la  terre,  ses  contrées  habitables  ou  désertes,  en 
un  mot,  sur  tout  ce  f[ue  comportaient  le  plan  et  le  déve- 
loppement régulier  de  notre  ouvrage.  Dieu  en  soit  louél 
Terminons  ce  chapitre  par  un  aperçu  de  la  superficie  et 
des  distances  relatives  des  |)ays.  Nous  empruntons  ces  ren- 
scignemenls  à  el-Fizari ,  auteur  d'une  table  astronomique 
et  d'un  pocMuc  sur  les  astres  et  la  sphère.  La  force  est  on 
Dieu  ! 

D'après  cl  l'"i/;ii  i ,  rcriipii  <•  du  prince  des  crovanls ,  rlcpuis 


38  LES  PRAIRIES  IVOR. 

^.Lâ-jI  »4X.s^  <il   «x-O  (j^^   ^^  iL>\^J  ilOsjàj  ci'   V^^' 

v_xSl^y-ix  t5*xa-i  ijjj^S  »j  <XÀ«)Î  à<S  ^y  ^J'  ^'i**  t5*5^^5 
(jlJCjU    i   ^^  ii-jUu/^  c:^Aj  Si   i^ji  o^i   ii«A^  i   g>* 

iÙjU  ^-w  u^'jJ>-^  ^*  '£J^  ^?\-e^^  S  -^j^  ^^  i*^ 
jj  ^jj  iL>l-cw.^3  ^ii  ij'=ry)  ^y^  ^j-*  ^:^^  U^^  ^  '^J^ 
i  ^-j  ^Uvkfc-ç-^  (Jj^l  ci>:s\j  iuJUAolî  J<5  ^^i  iijU  cij^j 

Ferganah  et  la  limite  extrême  du  Khoraçân  jusqu'à  Tanger 
dans  le  Maroc,  a  une  étendue  de  trois  mille  sept  cents  pa- 
rasanges,  et  de  Bab  el-Abwab  à  Djeddah,  de  six  cenls  para- 
sanges.  De  la  ville  d'el-Bab  (Derbend)  à  Bagdad,  on  compte 
trois  cents  parasangcs_,  et  de  la  Mecque  à  Djeddab,  trente- 
deux  milles.  Dans  la  partie  orientale  du  monde,  la  Chine  a 
trente  et  un  mille  parasanges,  sur  onze  mille  parasanges; 
rinde,  onze  mille  parasanges,  sur  sept  mille;  le  Tibet,  cinq 
cents  parasanges,  sur  deux  cent  trente;  l'Etat  du  roi  de 
Kaboul,  quatre  cents  parasanges,  sur  soixante;  celui  des 
Tagazgaz,  peuple  d'origine  turque,  mille  parasanges,  sur 
cinq  cents;  l'empire  du  Khakân  des  Turcs ,  sept  cents  para- 
sanges, sur  cinq  cents;  la  contrée  habitée  par  les  Khozar 
elles  Allàn,  sept  cents  parasanges,  sur  cinq  cents;  le  pays 
des  Bordjân,  mille  cinq  cents  parasanges,  sur  trois  cents; 
le  pays  dos  Slaves,   trois  mille  cinq  cenls  parasanges,  sur 


CHAPITRE  LXII.  30 

3>    -f  r-*   CJ^yi    k-m^    ii-AjVslx*ia**AJ  r^jj^'    S^    ^^   *^^   ''^''^^ 

^5  ^-j  O'^i  ^iJLÀj  r»j^i  -'^-^^x?  «-^  ^s^^  {^■y*'*^i  ^Uj«j^5 

À_)U  iO^-itf*  ^  Us:^^  (j^-j^"  i  ^/-*  ^^  pl;^  J^  ^=sv^ 

sept  cents;  l'enjpire  byzantin,  cin(|  milk-  parasanges,  sur 
quatre  cent  vingt;  l'empire  romain,  trois  mille  parasanges, 
sur  sept  cents;  le  royaume  d'Espagne,  qui  appartient  à  Abcl 
••r-Rahman,  iils  de  Moâwiah,  trois  cents  parasanges,  sur 
quatre-vingts;  les  Etats  d'Idris  le  Fatimite,  douze  cents  pa- 
rasanges sur  cent  vingt;  le  littoral  de  Sidjilmaçah,  où  ré- 
gnent les  liéni-Moun  tarir,  quatre  cents  parasanges,  sur  (jualre- 
vingts;  l'Etat  d'Enbyah,  deux  mille  cinq  cents  parasanges, 
sur  six  cents  ;  l'Etat  de  Ganah ,  pays  de  l'or,  mille  parasanges , 
sur  quatre-vingts;  l'État  de  VVaram  deux  cents  parasanges, 
sur  quatre-vingts;  le  pays  de  Nakhlah ,  cent  vingt  parasanges , 
sur  soixante;;  le  pays  des  Wah  (Oasis) ,  soixante  parasanges, 
'surcjuaranlc;  le  pays  des  Bodjah,  deux  c(>nts  parasanges,  sur 
(jualreviiigls;  le  pays  des  Nubiens,  dont  le  roi  se  nonnne 
Nédjaclii,  mille  cinq  «enls  parasanges,  sur  (paire  cents;  le 
pays  ries  /,('it(lj«'s,  à  roiicnl,  scpl   mille  six  cents   parasan- 


liO  LES  PRAIIUES  D'OI\. 

^J^   J^^i)  iiyaAwi  J^  ç^Jb  ajU  ^yt.i^  i   ç^i  iùUvAw^  O^y* 

i*xjû  ij-«  i^  Uvi  sbi;^!  4Xi  bi)  t_>^'  ^'^  «i  Sj^j^'J^Î  jUil 

SJij.*à^.  ^^^ys»-  Uv3  ^l-«iJ^t  Ja  4XSb  (3i-yt  jU^Î  i  t_>UMl 
c._j-iiwAJCJsr^    juj-^mU  (jj.ji^  (3-^'   (Jt"  (J??*=^  \jttX^ jjh^>-  »Xi^ 

ges,  sur  cinq  cents;  le  pays  d'Ostoula,  qui  appartient  à  Ah- 
med fils  d'el-Mountaçir,  quatre  cents  parasanges,  sur  deux 
cent  cincjuante.  Ce  qui  fait  en  tout  soixante  et  douze  mille 
quatre  cent  quatre-vingts  parasanges  de  long,  sur  vingt 
cinq  mille  deux  cent  cinquante  parasanges  de  large. 

L'examen  des  fondements  de  la  médecine ,  la  question  de 
savoir  si  elle  doit  avoir  pour  base  la  pratique  et  l'examen  ou 
d'autres  principes,  les  controverses  qui  en  sont  résultées,  ce 
sont  là  autant  de  questions  que,  pour  le  moment,  nous  lais- 
serons de  côté ,  malgré  l'afiinité  étroite  qu'elles  ont  avec 
l'étude  des  éléments  et  les  autres  thèses  qui  font  l'objet  de 
ce  chapitre.  Mais  nous  y  reviendrons  plus  tard,  en  détail, 
en  racontant  l'histoire  de  Watik-billah  et  ce  qui  se  passa, 
en  sa  présence,  entre  plusieurs  philosophes  et  médecins  de' 
la  cour,  comme  Honaïn,  fds  d'ishak,  Ihn  Maçawedi,  Bakh 
tiechouâ,  Mikhaïl,  elc.  Il  csl  donc  inulile  que  nous  en  par- 
lions maintenant. 


CHAPITRE  LXII.  'il 

AiJU^st  ^v-i>i  c^  ^j^.  v^î^i  u^  V^     vWï  i«^  i  s^Lj^' 

il^il  i  (^Udi_j  j^jUlaJi  oliUii-)  cj^  ^^  (^  ^  t^  U-^'  o- 

Si  un  livre  comme  le  nôtre  ne  devait  répondre  aux  exi- 
i^ences  d'une  foule  de  lecteurs  différents  d'inclinations  et 
de  goûts,  nous  n'aurions  pas  touché  à  tant  de  sciences  et 
à  des  études  si  diverses,  dans  la  crainte  que,  fatigués  d'y 
rencontrer  des  détails  sans  intérêt  pour  eux,  ils  ne  renoncent 
à  cet  ouvrage  pour  en  consulter  un  autre.  Nous  avons  réuni 
ici  tout  ce  qu'un  homme  sérieux  ne  pouvait  se  dispenser 
de  savoir,  et  nous  avons  ajouté  à  ces  notions  générales 
j)lusieurs  renseignements  qui  s'y  rattachent ,  et  dont  nous 
iTovions  pas  encore  fait  mention.  Pour  de  plus  amples  dé- 
tails et  (les  développeinents  plus  étendus,  on  pourra  con- 
sulter nos  Annales  hislori(pies  et  notre  Histoire  moyenne, 
(doiie  à  Dieu,  f(ui  nous  a  accordé  son  aide  1 


^12  LES  PRAIRIES  D'OR. 

(jI^-^àJI  i^yKi^  iC*j-i*il  tKU.<.Ji^  ii.«Jâ*!tî  cj|^ajI  JS':> 

aM5  (jIj  pLt  lg.J  ^l-N^rs-î  iiJ3^î  ^j!j  iCw^^  ^î  ^jl  ^j^*XJU*j 
I^^XiS-î    yi    Jî    dLJi   i^lcJs,»  *UuJL  c^.sK.a^|   <îU5C5^U^  Jlxj 

l^i:^iw  ^^^  jjl*MJiîi   »;_5-*=>   (^  ^4^  JKaÎ!!^Î^  i^tXJiJI  ioiÀA^i 

kiLJi    ^^  î^--oblj  »J^^  ^^J^J  AjWs^  ti;_;^-î^  J^»yj^  l^„^AÀÏk3 
CHAPITRE  LXIII. 

liuiFlCES  CONSACRÉS;  MONUMENTS  RELIGIEUX;  TEMPLES  DESTINES 
AU  CULTE  DU  FEU  ET  DES  IDOLES.  LES  ASTRES  ET  AUTRES  MER- 
VEILLES DU  MONDE. 

Plusieurs  peuples  dans  l'Inde,  la  Chine  et  d'autres  con- 
liées  donnaient  à  Dieu  un  corps,  aux  anges  des  formes 
matérielles  et  parfaites,  et  croyaienl  qu'ils  se  cachaient 
dans  le  ciel.  Voilà  pourquoi  ils  façonnèrent  des  figures 
et  des  idoles  à  l'image  du  créateur  el  de  ses  anges.  Ces 
ligures  variaient  de  dimensions  et  d'aspect;  les  unes  repré- 
sentaient l'homme,  les  autres  des  êtres  dillércnts.  Elles 
devinrent  l'objet  d'un  culte;  on  leur  offrit  des  sacrifices, 
et  on  leur  adressa  des  vœux  et  des  prières,  dans  la  ron- 
xiclion  (urellcs  servaicnl  d'iiilcrmédiaiK'  ciilic  l'homnie  el 


CH AI'ITRE  LMII.  'i3 

4^  îyïC*^  /o.^*ii^î  (jwl^i  W  '>J>>^  Itfy^làx»  4Ml  j-oi  ^j* 

l(!  créateur,  dont  elles  rappelaient  Tiniage.  Ce  culte  durait 
depuis  une  longue  suite  de  siècles,  lorsqu'un  sage  en- 
seigna que,  de  toutes  les  choses  visibles,  les  sphères  et  les 
astres  étaient  les  plus  rapprochées  de  la  Divinité;  que 
les  corps  célestes  étaient  doués  de  vie  et  de  raison  ;  que 
les  auges  servaient  d'intermédiaire  entre  eux  et  Dieu;  enfin 
que  tous  les  événements  de  ce  monde  s'accomplissaient,  avec 
la  permission  de  Dieu,  par  la  révolution  des  astres.  Depuis 
ce  moment,  on  adressa  aux  astres  des  hommages  et  des 
sacrifices  pour  se  les  rendre  favorables.  Cette  idolâtrie  était 
déjà  ancienne,  lorsque  les  hommes  remarquèrent  c|u'cn 
venu  des  lois  qui  régisseni  le  ciel,  les  étoiles  se  cachaient 
pendant  le  jour  et  à  certaines  heures  de  la  nuit.  Alors,  à 
l'instigation  d'un  autre  sage,  ils  labriquèrent  autant  d'idoles 
qu'ils  avaient  observé  dv  planètes;  cluupie  peuple  eut  sa 
planète,  à  laquelle  il  olVrit  des  sacrifices  particuliers  cl  un 
culte  distinct.  Mais  tous  élaienl  conxaincus  <|ue,  grâce  aux 
idoles  (aconnées  par  eux,  les  pl.inèlcs,  en  parconiani  l'es 


M  LE8  PRAIRIES  D'OR. 

J^ù\.k^  JUo  I-jcI^  tX»-jj  *^^'*-i'  ^•'^  f*Lj~^  '^^^■^■î'  tj^  ti'  (C"6"*-* 

\^j,^3b>^  tK-jLo-  pTuiijlAJl  /j£  ^j  »oii  ^^  Joîjj  J.AX9  >i  M^  ^ 
^^A^fi  JIL  \\^  ^JUs»^  iisUji*]  Uft^S^  (^  XiuàysS  &jjX!^]jy<i\ 
âiLx-^    Î^jkJïJI^  4X1!   JJ   -o.^Jj.JC>  l^i  <_^  «lÀAsili  Ij«Xa*  «X^xJl 


pace,  réalisaient  les  vœux  qu'on  leur  adressait.  Chaque  idole 
eut  son  temple  et  ses  autels,  qui  portaient  le  nom  de  la 
planète  à  laquelle  ils  étaient  consacrés. 

Quelques  personnes,  parmi  les  idolâtres,  ont  prétendu 
que  la  maison  sainte  (la  kaabali)  fut  d'abord  un  temple  dédié 
à  Saturne,  et  que  si  elle  a  traversé  tant  de  siècles,  entourée 
de  témoignages  constants  de  respect,  elle  doit  ce  privilège  à 
la  protection  de  Saturne,  parce  que  la  durée  et  la  conser- 
vation dépendent  de  cette  planète  et  que  tout  ce  qui  est 
placé  sous  son  influence  ne  peut  ni  décroître  ni  périr,  cl 
ne  cesse,  au  contraire,  d'être  respecté.  Les  détails  dans  les- 
quels on  est  entré  à  ce  sujet  sont  trop  impies  pour  que  nous 
les  reproduisions.  Avec  le  temps,  les  idoles  lurent  adorées 
comme  le  symbole  de  la  Divinité,  et  le  culte  des  astres 
tomba  on  désuétude.  Cet  étal  de  choses  continua  jusqu'au 
moment  où  Boudasf  parut  dans  l'Jndc,  sa  patrie.  De  l'Inde, 
il  se  rciulil  dans  Ir  Sind,  puis  dans  le  Sédjrslân  el  le  Zaboii- 


CHAPITUE  L\m.  i5 

c:*x=i^  lK-s-^  ij-*  Vjtr*^  L^'^La^  <o.^_5Jifi  Jî  s^^  U^ySi 
dlUl  ^  ^jl  xS^^UiwI^^UJî  IJ^  ylxi.j  «yA=i  ji^^ 
xjUié^  Lg-jl  Jlïj  l_^,gJà.xj  Jl  ^JAxl\  lfti_5  jUJî  ^oJtà*  (j.«  J^i 

iislàii ,  pa)s  (le  Firouz,  (Ils  de  Kebk.  U  retourna  ensuite  ilans 
le  Sind  et  parcourut  le  Kermân,  se  faisant  passer  pour  pro- 
phète cl  se  donnant  connue  un  envoyé  du  ciel ,  chargé  du 
rôle  de  médiateur  entre  Dieu  et  rhonime.  Il  se  montra  aussi 
en  Perse,  au  début  du  règne  de  Tahmourel,  roi  de  ce  pays, 
ou,  selon  d'autres,  sous  le  règne  de  Djem.  Boudasffut  le  Ion- 
dateur  de  la  religion  sabéenne,  comme  nous  l'avons  dit  dans 
un  des  chapitres  qui  précèdent  (t.  II,  j).  1 1 1  )  ;  il  prêcha  aux 
hommes  le  renoncement  et  la  contemplation  intime  des 
mondes  supérieurs  d'où  émanent  les  âmes  et  le  monde 
d'ici-bas.  Il  restaura  aussi,  à  l'aide  de  théories  conjecturales, 
le  culte  des  idoles  et  ses  cérémonies,  en  employant  des  ruses 
cl  des  stratagèmes  de  toutes  sortes,  |)our  rendre  ce  culle  ac- 
cessible à  l'intelligence  luiniaine. 

S'il  laut  en  croire  un  savant  versé  dans  l'histoire  du 
monde  et  des  dynasties,  Djem  fut  le  prenncr  roi  (pii  éta- 
blit le  culle  du  l'eu  <!  le  propagea  parmi  les  lionmies,  Il  leur 


40  LES  PUAIHIËS  D'OU. 

(^J-^   tP    /0.1â*j    âkX..«»l    *ii^.i2>    Ç-j^Àj'    /O-J    »-Aj!^^  j|_j.À)5    cK*^_J 

Lj{jj\  s«x^  I^jUL»  IgJ^  ^^jIamji  ^U.O'M!  ^^(Xaxj  Uy»  (^^t-» 

A-jjLtâ^  J4>^  ''^Aii  lyû<>s.À  l,^wo  /e>^À^  4;.^AliÀ  Jf^'^  /e»^AA<MO 
<Ji  (J*,IjUI  Lcij  ^*bj  Ô^'*«5  Ajc^j  AA«îîi  (_^  AAAOJj  iCx^  <JÎ 
^/^^.iwi'l    4M|  ^.rjil   (ji  <jt   dUi  IjAjtjli  l(}^Ià*jj   l4ji.Ufi 

enseigna  que  le  feu  était  l'image  de  la  lumière  du  soleil  et 
des  étoiles,  il  démontra  la  supériorité  de  la  lumière  sur  les 
ténèbres  et  lui  assigna  des  degrés.  Plus  tard,  ses  sujets  se 
divisèrent  et  chaque  secte  adopta  un  symbole  particulier, 
pour  se  rapprocher  de  Dieu  par  son  intervention.  Ensuile 
parut  Amr,  fds  de  Lohayi,  dont  la  famille  s'empara  du  pou- 
voir à  la  Mecque  et  se  rendit  maîtresse  de  la  Kaabah,  Amr, 
dans  un  voyage  à  Balka,  ville  de  la  province  de  Damas  en 
Syrie,  vil  des  gens  qui  adoraient  les  idoles  cl  les  interrogea. 
Ils  lui  répondirent  :  «  Ce  sont  nos  dieux;  quand  nous  leur 
demandons  la  victoire,  ils  nous  la  donnent;  la  pluie,  ils 
nous  l'accordent;  en  un  mot,  toutes  les  prières  que  nous 
leur  adressons  sont  exaucées.  »  Amr  leur  ayant  demandé 
une  de  ces  images,  ils  lui  donnèrent  Hobal;  il  emporta  celle 
idole  à  la  Mecque  et  la  plaça  dans  le  temple  de  la  Kaabah , 
à  côté  d'Asaf  et  de  Naïlah.  Il  invita  les  Arabes  à  lui  rendre 
hommage;  ils  y  consentirent,  et  celte  coulume  se  maintint 
jusqu'au  jour  où  Dieu  révéla  la  \raic  loi,  el  chargea  son 


CHAPITHE  LXIII.  47 

^L«vui  (^   8«X^v^i   iwlÂxli   xjkamJ!   ti:;^.A-J!   (jw*  1*],^=^  '-^'«-M^t 

^1»    ^^     /oJà*^    j^LiJi     CJcA^Jij     ^Ùxwo.S.^     jj-^-AÀjî     ^j_.    u^i_5^i 

<ji  ,j*j_^î  ^xÀfi  fJàx^  t-i^i^l  l<Xiû^  yl^jk^l  tj^  ^1^  \jik) 

(j*  *-A-»3  *-*^'  'r^y^  (:J^^|/*  *^J  «XÀ-rJi   A.«Ja*j  <--\^l  |js^^ 


prophète  Mahomet  tle  purifier  le  monde  et  de  relever 
l'homme  déchu. 

Au  dire  des  idolâtres,  la  Kaabah  était  un  des  sept  tem- 
ples placés  sous  l'invocation  des  planètes,  c'est-à-dire  du 
soleil,  de  la  lune  et  des  cinq  autres.  Le  second  temple  s'éle- 
vait à  Ispahàn,  sur  le  sommet  d'une  montagne  nommée 
Mares.  Lorsque  le  roi  Youstasf  (Hyslaspe)  adopta  la  religion 
des  mages,  il  enleva  les  idoles  que  renfermait  ce  temple,  el 
le  convertit  en  pyrée.  Il  est  à  trois  parasanges  d'Ispahân ,  el 
aujourd'hui  encore  les  mages  l'ont  en  grande  vénération.  Le 
troisième  temple,  nommé  Mandousàn  et  situé  dans  l'Inde, 
est,  de  la  part  des  Indiens,  l'objet  d'un  culte  assidu;  on  y 
offre  des  sacrifices.  Il  renferme  des  pierres  d'aimant  dont 
la  verlu  est  d'aUirer  ou  de  repousser  les  corps.  Nous  ne 
pouvons  en  |)arler  ici;  mais  le  leclcur  curieux  de  détails  de 
ce  genre  les  trouvera  dans  la  description  qui  a  été  donnée 
de  ce  temple,  fort  célèbre  dans  l'Inde. 

Le  quatrième  était   !<■   Nauhcliar  bAli  par  VIcMiouclichr  ;i 


Zi8  LES  PUAIHIES  D'OH. 

JJi  A-«l&  iL«w  I«xi3^  iii.^jJI^*Xj  aj;jî»x*mo  tKjJL!  *Iâ«JLt 

\.^_ji.  U  ftiji  iijU  iOÙCiJî  J^j-AàisL  jj^;^  ^^-«i  W^^   ^U^iî 

jjiSî  JjsJ>j  ^^^y»  (J>'*«>'^  iCiU*-^  (^  i_aa.oIj  -So  <-i*-^j  ^[jUUifcJI 

Balkh,  clans  le  Khoraçân,  et  consacré  à  la  Lune.  Celui  qui 
y  exerçait  les  fonctions  de  grand  prêtre  était  respecté  des 
rois  de  ce  pays  ;  ils  obéissaient  à  ses  ordres  et  se  soumet- 
taient à  ses  jugements  ;  enfin  il  avait  Tadminislration  des 
richesses  qu'on  olFrait  au  temple.  Le  nom  du  grand  prêtre 
était  Barmek,  on  le  donnait  à  tous  ceux  qui  étaient  investis 
de  celte  dignité:  de  là  vient  le  nom  des  Barmécides  ;  car 
khaled  ben  Barmek  était  fils  d'un  de  ces  grands  pontilos. 
Le  Naubéhar  était  remarquable  par  son  élévation  et  sa  so- 
lidité. Sur  le  iaîtc  du  temple  on  avait  arboré  des  lances 
surmontées  de  banderoles  de  soie  veiie  d'une  longueur  de 
cent  coudées,  ou  moins  longues;  placées  a  l'extrémité  de 
ces  lances  et  de  ces  mâts,  elles  flottaient  au  gre  du  vent. 
On  raconte  (Dieu  sait  la  vérité)  qu'un  jour  une  violente 
bourrasque  enqiorla  ces  bannières,  et  qu'on  les  retrouva\à 
cin((uanle  parasanges  de  là,  d'autres  disent  phis  loin.  Ceci 


CHAPITRE  LXIII.  49 

iî  Uj.^,JO  yù  ^\js^\  ^1>vàJI  ÎJs^j  kA^t  jHS^  tj<j  AjUàj 
jlii       A—tsj^—Cj  j^*»,wli  _j— ^-t  Uuo^   (j^  b><î '**'•'*   ^-^  ^^    U^ 

A-iL^"  5i>ij  JU_5  j^s^j,  J^JLi  JUAà^  v:iJ6-  <ji  ^U^"  vil^il 
c:a_3Is  iii^^_il  ^^  c^>l^î  v.ju*uii^j  <_j *X.5   t_>»JilXo  iwAjjjJL 

i^X^  (j^  Lx-i-o  ^x>4Xx  (^*>^-Jl  (ji*>>>5  c:aaj  ^j^w^lil  owxJl^j 
(J.-J  ^jL«v-ft  <!Oj_=^j  5j_fl^JI  ^\  ^^  »Làj   ci)l-^!   yl^j  (jHtv'' 
iLjL«\Ajj  (^aAjj  (;^Ji;JLjÎ  xÀaw  _y^j  ItKtû  lÀJCij  t^  ^Ir'  U^** 

prouve  à  quelle  hauteur  s'élevait  le  temple,  et  combien  il 
était  solidement  bâti.  Le  mur  qui  l'entourait  avait  plusieurs 
milles  de  circuit  ;  nous  ne  parlerons  ni  de  sa  hauteur,  ni 
de  ses  dimensions ,  parce  que  ces  détails  sont  bien  connus. 

Au  rapport  d'un  savant  qui  s'est  livré  à  des  recherches 
approfondies  sur  ce  sujet,  on  lisait  sur  la  porte  du  temple 
de  Balkh  une  inscription  en  langue  parsi  dont  voici  la  tra- 
duction :  «  Boudasf  dit  :  Il  faut  à  la  cour  des  rois  trois  qua- 
lités :  l'intelligence,  la  patience  et  la  richesse.  »  Au-dessous 
on  lisait  en  langue  arabe  :  «  lioudasf  a  menti.  Lorsqu'un 
homme  libre  possède  une  de  ces  trois  qualités  ,  il  doit 
luir  le  séjour  des  rois.  » 

Le  cinquième  temple  était  le  Cioumdàn  ,  à  Sanaa,  dans 
le  Yénien.  Bâti  par  Dahhak,  qui  le  consacra  à  Vénus,  il  fut 
détruit  par  Otniân ,  fils  d'Affàn.  A.ujourd'hui ,  en  332  de 
l'hégire,  ce  n'est  plusfiii'un  nionrcMu  de  r'n'nes  qui  forment 
un  tertre  rnnsidérable. 

IV.  h 


50  LES  PHAIUIES  D'OR. 

XnÇwîj     ÏLa-^Î     C^-XaûJI   ^I   yjii    S^S    C-Aa^JÎ     J,I     ^    \\j9\     *X.iï»- 

jkJij  ciAjv.^.  i^ÀA.»»'  /jW   ^T^r^   j^«X*^  wxàiJ) 


Le  vizir  Ali,  fils  d'Yca,  fils  de  Djerrah,  ayant  été  exilé 
dans  le  Yénien ,  se  rendit  à  Sanaa  ;  il  fit  construire  une  sahya 
et  creuser  un  puits  dans  le  Gounidân.  J'ai  vu  moi-même 
les  ruines  de  cet  édifice  :  ses  décombres  amoncelés  ont 
formé  un  vaste  tumulus,  une  montagne  de  terre  qui  paraît 
avoir  toujours  existé.  Açàd,  fils  de  Yâfar,  maître  de  la 
forteresse  de  Kelilân,'où  il  réside,  le  souverain  acluel  des 
Mikhlaf  du  Yémen  et  le  chef  le  plus  important  de  cette 
contrée,  voulait  rebâtir  le  Goumdân;  mais  Yahia,  fils  de 
Huçeïn  el-Haçani  l'en  dissuada,  en  lui  apprenant  que  cette 
entreprise  était  réservée  à  un  jeune  homme  qui  sorlirait, 
un  jour,  du  pays  de  Saba  et  de  Mareb,  et  qui  jouerait  un 
rôle  important  en  ce  monde.  L'aïeul  d'Omeyah,  fils  d'A- 
bou's-Sall,  ou,  selon  d'autres,  Abou's-Sall  Onieyah,  dont  le 
vrai  nom  élail  Rébyâh,  a  fait  mention  de  cet  édifice  dans 
une  pièce  de  vers  en  l'honneur  soit  de  Seïf,  fils  de  Dou- 
Yéz(>n  ,  soit  de  Màdi-Karih  ,  fils  de  ^g\Ï  : 


CHAPITRE  LXIII.  51 

^        ^        ^      p 


(1) 


(jUiyJt  I  JsJS  U&l  i  i^vXj«  liî  5y\<  (j^l\  dl^  ^î  JkAi  Jvj>j 
jrfwl  ^^  Ij^Ajé  *Uj  vilUt   (j*<_5^  «Uj   yl*-^!^  jj*.i.LJi   c^vuJlj 
I  Js^J  &-«<X^^  ^Ij  A><aA;t.U  \jy^^  (jUwL.ifc.  (j«X.^  (j^  iijlff».à 


Le  front  ceint  du  diadème ,  bois  gaiement  sur  le  sommet  du  Goumdân , 
et  qiie  le  vin  circule  à  la  ronde  ! 

Abou  Omeyah  vivait  avant  l'islam;  c'est  lui  qui  a  dit  en 
parlant  des  compagnons  de  l'Eléphant  : 

Emprisonné  au  Ibnd  d'une  fosse  obscure,  l'élépliant  se  cache  dans 
les  ténèbres  comme  s'il  était  blessé. 

Autour  de  lui  sont  les  jeunes  guerriers  kindites,  nobles  soldats,  vau- 
tours sur  le  ciiamp  de  bataille. 

On  raconte  que,  lorsque  les  rois  du  Yémen  se  reposaient 
sur  la  terrasse  du  Goumdân  ,  la  lueur  des  torches  qui  les 
éclairaient,  pendant  la  nuit,  se  voyait  à  une  distance  de 
plusieurs  journées  de  marche. 

Le  sixième  temple,  nommé  Kaouçdn  à  cause  du  roi  Kaons 
son  Ibndateur,  était  un  édifice  d'une  beauté  remarquable, 
et  consacré  au  soleil ,  le  moteur  suprême  des  corps  célestes. 
Ce  temple,  situé  à  Fergaiiab  dans  le  Khoraçàn  ,  fut  déiruil 
])ar  Môlarembillali  ;  nous  avons  lapporle  dans  nos  Annales 


52  LES  PUAiaiES  DOH. 

.iUil  i«Xi&  U*À^  j\^  il  ci^i)!  *^JcM  »:>y»l^  ^^  (^  ti^iL»  (^j5 
i  ci)^l  ci)_>^  o^**^  *^  ^'  1-^^  aaJî  j!_jjiil  e*.*L^  sitXA/B^ 

^^5       X^AW     \^X^    4^>-*J     J^    i     *^^l      iiXA-iW     aK*=>-^     (J^/'^      («»!?*^ 

iC-«*fcH»isL  (j^  <_.^^5^3    â;^^-*»  (^  ii jyAÂ^   *;.>^   *5-^  «X  J>J  '-JM 

AjJs^'  <^ *xil  (j^i  ^l*J  ^^«t^  iù^Uu*.Jl  -U^wjs-iil  JUajî  i 

historiques  les  circonstances  singulières  qui  signalèrent  cet 
événement. 

Le  septième  temple  fut  bâti  aux  extrémités  de  la  Chine 
par  un  fils  d'Amour,  fils  de  Soubil,  fils  de  Japhet,  fils  de 
Noé,  en  l'honneur  de  la  cause  première  qui  avait  donné 
naissance  à  cet  empire  et  qui  répandait  sur  lui  la  lumière. 
D'autres  rapportent  qu'il  lut  construit,  à  une  époque  recu- 
lée, par  un  roi  turc  qui  le  partagea  en  sept  étages  éclairés 
chacun  par  sept  grandes  fenêtres  ;  en  face  de  cha([ue  fe- 
nélre  s'élevait  une  idole  représentant  une  des  sept  planètes. 
Elle  était  ornée  des  pierres  précieuses  sur  lesquelles  on  sup- 
posait que  la  planète  agissait,  comme  le  rubis ,  la  corna- 
line, l'émeraufle,  suivant  la  différence  de  leurs  couleurs. 
Ce  temple  est  l'objet  de  légendes  mystérieuses  et  de  récils 
mensongers  que  le  démon  a  suggérés  aux  Chinois.  Ils  y 
conservent  le  dépôt  de  leurs  connaissances  sur  la  conjonc- 
tion des  astres,  leur  action  sur  le  monde  des  créatures  (|ui 


CHAPITRE  LXIII.  53 

(j^  i/li«  A^  J-Jts»   ^jL>  jo-^iyifi  Ji    kiUi   <_^i  J»^^       io^UwJl 

(-^^..^    iÙitS^  /iÇNawwj^I   ls^»A.ilL^  ^Awr^   wiUjso    xjUsJI    c:)\^j.:»> 

jj\Xs    ^U>>     «.^lâj    lo\^^  ij^   LJ>jJiàj<À    2>^  jyAolS    LJiUi    ^LotXj! 

Lj5i  U  illJL*  Jlxiiil  (j^  J>.J»Xj  %j\*a}\  AjiXjs?  U^  ^ii  aJTj 
i^^jJL  ^J^  LJjj^AÀ  iij^l.fwJ!  p»U»(,>iii  ^^  io^Xxît  fc^STjJîi  (j^ 
wiUjsJ^  p.  _i  j.ifc.b^  iiAÔAj  j,i»^ I  t_J».>kilJ_j  jjUaJI  ^Ixil    jj  ti>4X,>. 

en  émanent,  les  révolutions  et  les  phénomènes  qui  y  soni 
déterminés  par  la  marche  des  corps  célestes,  etc. 

Pour  rendre  évidente  à  l'esprit  l'influence  secrète  des 
astres  sur  le  monde,  les  Chinois  ont  imaginé  un  emblème 
uiatériel,  c'est  le  métier  de  bois  sur  lequel  on  tisse  le  bro- 
cart. Lorsque  l'artisan ,  muni  de  son  métier  et  de  ses  bobines 
de  soie,  combine  et  multiplie  les  mouvements  de  sa  navette 
sur  le  tissu,  l'image  se  forme  sous  ses  doigts.  Un  coup  de 
navette  donne  naissance  à  l'aile,  un  autre  à  la  tête,  un 
troisième  aux  pattes,  et  ainsi  de  suite,  jusqu'à  ce  que  l'image 
s'achève  au  gré  de  l'ouvrier.  De  cette  conibinaison  des  fds 
sur  le  métier,  et  des  mouvements  divers  du  tisserand,  les 
Chinois  ont  tiré  le  symbob.'  des  corps  célestes  et  de  leur  ac- 
tion sur  la  terre.  Le  mouvement  d'un  astre  a  lormé  l'oiseau , 
un  second  l'oeul,  un  troisième  le  petit;  en  un  mot,  la  na- 
lure  t'ulièro,    mobib;  el   iuert<',  vivante  et   inanimée,  tout 


54  LES  PHAIRIES  D'OR. 

^^JsJCJ^  *>VÏ3-fc.Jj  ok.jS;Vj^  q5>-w*Jj  ^LxJi  ij  ciîvXjC"  U  w>U« 
C:*IaJ  jI    il^   (jw«    jjOAÀj^     JsoVJj  j^^AJj    W\J^J   ^AflÀÀ-)^  ^AOijj 

l*x_^j  a^^î  Axlaii  t^yij  yt  (^jjj51à:cj  iJ  r^^-^i  c^Ulju» 
A-i--^  "-Ks»-)  «Ua-ftl^  ^*-Mi.JI  \^^Ms^  «^ÏaSkJ!  ^-ii  »lLa«!^ 
sLk^lj  <Ji*À*aJ5  iii:>  àjlixft  »Uafi5j  (^aaxJî   lôj^^  (jv^Uil 

ce  qui  s'agrège  et  se  sépare,  s'unit  et  se  désunit,  croît  et 
décroît,  les  minéraux,  les  plantes,  l'homme  et  les  autres 
animaux,  tout  cela,  disent-ils,  résulte  des  révolutions  sidé- 
rales ,  comme  la  broderie  résulte  des  procédés  employés 
par  le  tisserand.  Au  surplus,  ceux  qui  s'occupent  d'astro- 
logie ne  font  aucune  difficulté  de  dire  :  Vénus  lui  a  donné 
telle  qualité;  Mars  lui  a  donné  le  teint  blanc,  des  cheveux 
d'un  blond  roux;  Saturne,  un  visage  maigre  et  des  yeux  à 
fleur  de  tête;  Mercure,  l'adresse;  Jupiter,  la  modestie,  la 
piété  et  la  science;  enfin  le  soleil  et  la  lune,  telle  et  telle 
qualité.  Nous  serions  obligé  d'entrer  dans  de  longs  dévelop- 
pements, si  nous  voulions  dire  tout  ce  que  ce  sujet  a  inspiré 
à  différentes  sectes. 


CHAPITUE  LXIV. 


t^_^  i<j;>Vj  ^^jvAJy^jjJi  (j^  ^X^  ij-.  <jl  UJUj  oUiaXî  v^^^Ji 
CHAPITRE  LXIV. 

DES    ÉDIFICES    RELIGIEUX    CHEZ    LES    GRECS. 

Les  leiiiples  dont  l'origine  remonte  aux  Grecs  anciens 
sont  an  nombre  de  trois.  L'un  était  à  Antioche,  en  Syrie, 
sur  une  montagne  comprise  dans  Tenceinte  de  la  ville  et 
entourée  d'un  rempart.  Les  Musulmans  ont  construit  sur  le 
même  emplacement  un  poste  d'observation,  d'où  les  vigies 
surveillent  les  mouvements  des  Byzantins  sur  terre  et  au 
large.  Ce  temple  était  en  grande  vénération ,  et  l'on  y  célé- 
l)rail  des  sacrifices;  il  fut  détruit  lors  de  l'apparition  de 
rishim.  D'autres  prétendent  qu'il  fut  démoli  par  Constan- 
tin le  Grand,  fils  d'Hélène ,  cette  reine  qui  propagea  le  chris- 
tianisme. Il  était  rempli  île  statues  et  d'images  en  or,  en 
argent  et  en  pierres  précieuses.  D'autres  soutiennent  (juc 
('était  un  vaste  édifn  <•  (pii  s'étendait  à  gauche  fie  la  grande 


56  LES  PRAIRIES  D'OR. 

(jjwjl-jfj  |^-*«»J  iLA^  j^  ^L  tX^AxLI  jiîj  (J?-*»-  jU^'  d:^*^''' 
jMfcifcîj  A,«Jià«  Jés-A^JI    Î4X^   jjt    -ilii   *,.jL*.*05    <»aXÎo  jj   (JVajLoj 

(^  isUaMfcijI  (j.«  <<>-!?  yJi^^  y^^~i^  ^^^  ^J^  -iviû^i  viLAj  (j^axj 

-x_jî_5  (jLiaUl  »Là_j  t^*xJi   ^ji  fi^j"'^  U"^^^^  '"•■^^   *^-?  *^*^ 

mosquée  d'Antioche.  Les  Sabéens  en  attribuent  la  fonda- 
tion à  Saklabious,  En  la  présente  année  332  de  l'hégire, 
cet  emplacement  est  connu  sous  le  nom  de  «  bazar  des  mar- 
chands de  lances  et  de  cottes  de  mailles.  »  Tabit,  fds  de  Kor- 
rah,  fils  de  Kerana  le  Sabéen ,  originaire  de  Harrân ,  s'étant 
rendu  auprès  de  Môtaded-billah,  l'an  289  (de  J.  C.  863), 
pour  réclamer  i'ennuqufc  Waçif,  vint  visiter  ce  temple  avec 
la  plus  grande  vénération,  et  donna  les  détails  qu'on  vient 
de  lire. 

Le  second  temple,  dans  l'antiquité  grecque,  était  une  des 
pyramides  d'Egypte;  on  les  voit  de  Fostat  dont  elles  ne  sont 
éloignées  que  de  ([uelques  milles. 

Le  troisième,  d'après  l'opinion  populaire,  était  le  temple 
de  Jérusalem,  qui,  d'après  les  docteurs  canoniques,  fui 
commencé  par  David  et  terminé  par  Salomon  après  la 
mort  de  son  père.  T^es  Mages  en  font  remonter  l'origine 
à  Dabliak;  ils  prélondont  que    ce   lomplo  sera  pins  tard  le 


CHAPITUE  LXV.  57 

A*^^  î*x.j  L(}X.iug  ^j-«  iJJij  ^^    (J>rJ^'*^ j^4^  *XÀ»c  dLîij  (<\iic 

i*X^    j    (j*.».4?Ji     l,w,JSC<Xj    jaA.olj5i_5    i«Xxît    y^    i<Xj     (j*,UJî    ;j^ 

-jç^il  Joî^l  «XÀfi  iL«Jâj»iî  ciJ^AA^t  j5i 

(J~^^JJ  <i  tj  cX-f-S  (•5;—^'  J>^'^'  JsJvft  iUJâ^li  ci>_j.^AJi  uj>J^ 
^j~*  ^ji*J^-j  j^j  <\Às»U3».Jj  iiÀjtXjf  (;^vÀ«  :>!5^mO  t;i*-o  <îCAoL.Aajoi 

théâtre  de  graves  événements,  et  qu'un  roi  puissant  l'habi- 
tera, à  l'époque  où  Choubîn  fera  son  apparition,  monté 
sur  une  vache  d'une  forme  particulière  et  entouré  d'un 
certain  nombre  d'hommes.  Les  contes  et  les  inventions  sans 
fin  auxquels  cette  prédiction  a  donné  lieu  parmi  les  Ma- 
ges ne  méritent  pas  de  figurer  dans  notre  livre.  Dieu  est  un 
guide  sûr. 

CHAPITRE  LXV. 

DES   KDIFICKS  «El.IGIRUX   ClIE/   I.ES  ANCIENS   HOMAINS. 

Parmi  les  édifices  vénérés  chez  les  premiers  Romains, 
avant  l'apparition  du  christianisme,  on  cite  dans  le  Ma- 
greb  le  temple  de  Garthagc,  aujourd'hui  Tunis,  au  delà  de 
Kaïrowân,  pays  qui  appartenait  alors  aux  Francs.  Ce  mo 
nument,  bâli  on  marbre  de  difTérenles  couleurs,  était  con- 
sacré à  Vénus,    l'n   second    temple  siliH'   dans   l(>  p.ivs  des 


58  LES  PHAIHIES  D'OR. 

iLj^[^\  ^UJi  JU>  *xr^i  ^ji  iU^:5UJ;  ci.^S'i  ^*>Ji  juJI 

Francs  était  en  grande  vénération  chez  eux.  Le  troisième 
se  voyait  en  Macédoine  ;  la  beauté  de  ce  monument  et  son 
histoire  sont  des  faits  bien  connus;  d'ailleurs  nous  en  avons 
déjà  parlé  dans  nos  ouvrages  précédents,  où  l'on  trouvera 
des  détails  sur  plusieurs  autres  temples. 

CHAPITRE  LXVI. 

DES   ÉDIFICES   RELIGIEUX  CHEZ   LES   SLAVES. 

Il  y  avait  chez  les  Slaves  plusieurs  monuments  sacrés. 
L'un  était  bâti  sur  une  des  montagnes  les  plus  hautes  de  la 
terre,  au  dire  des  philosophes.  On  vante  l'architecture  de  ce 
monument,  la  disposition  habile  et  les  couleurs  variées  des 
pierres  qu'on  y  avait  emplovées,  les  mécanismes  ingénieux 
placés  sur  le  faîte  de  l'édilicc,  de  façon  à  être  mis  en  jeu 
p;u    le  soleii   levant;    les  jiicMrrs   précieuses  cl    les   (riivres 


CHAPITRE  LXVI.  59 

S^X-isrl  ovV-J^  ^.i  fUw  »Xji^  («"^Aï^  U^  ^-?  (*^  -î^^' 
cijiji  ii_A_A-:^  »W-*  -îS»  ia>ss?  ij-»»*^!  J«!4^  lA^  fi~^y^  U^^J 

i^f^  f '^^'  J.?^  C5^-f>^'  ^=rj  '-*^J  Lr*^3^^'   C:r*  J^'  pUis 

d'art  qui  s'y  conservaient,  lesquelles  annonçaient  l'avenir 
et  mettaient  en  garde  contre  les  calamités  de  la  fortune 
avant  leur  accomplissement;  on  cite  enfin  les  voix  (oracles) 
qui  se  faisaient  entendre  du  haut  du  temple  et  l'eflet 
qu'elles  produisaient  sur  les  assistants 

Un  autre  temple  avait  été  construit  par  un  de  leurs  rois 
sur  la  montagne  Noire;  il  était  entouré  de  sources  merveil- 
leuses, dont  les  eaux  différaient  de  couleur  et  de  goût  et 
renfermaient  toutes  sortes  de  propriétés  bienfaisantes.  La 
divinité  adorée  dans  ce  temple  était  une  statue  colossale, 
représentant  un  vieillard  tenant  un  bâton  avec  lequel  il 
évoquait  des  squelettes  hors  de  leurs  tombeaux;  sous  son 
pied  droit,  on  voyait  des  espèces  de  fourmis;  sous  son  pied 
gauche,  des  oiseaux  au  phimage  noir,  tels  (juc  des  corbeaux 
et  d'autres  oiseaux  ,  et  des  hommes  aux  formes  étranges  qui 
appartenaient  à  la  race  des  Abyssins  el  des  Zendjes. 

In  Iroisiènic  Icinplc  s'élevait  sur  tiii  promontoire  entouré 
par   INI  bias  de  nu'r  ;   il  «'lail  bàli  en   bhus  de   corail   lougc 


60  LES  PRAIRIES  D'OR. 

j.Xjia\  ^^^JLft^  j— ^t  t^^\jj  j.Mii>,\  ù<^=s-j.yj  i<xjj\  jJ>]^s^  (j^ 

iijyo  f^j.i^\  /Aa»  X))j[f  j,^^\  <_Aiû«XJÎ  (j-«  iXamIj^  0«2''*j5  jy^^ 

et  d'émeraude  verte.  Au  centre,  se  dressait  une  haute  cou- 
pole sous  laquelle  on  avait  placé  une  idole,  dont  les  mem- 
bres étaient  formés  de  quatre  pierres  précieuses  :  de  béryl, 
de  rubis  rouge,  d'agate  jaune  et  de  cristal  de  roche;  la  tête 
était  en  or  pur.  Une  autre  statue,  placée  en  face,  représen- 
tait une  jeune  fdle  qui  lui  offrait  des  sacrifices  et  des  par- 
fums. Les  Slaves  attribuaient  l'origine  de  ce  temple  à  un  de 
leurs  sages  qui  vivait  à  une  époque  reculée.  Nous  avons  ra- 
conté son  histoire  et  ses  aventures  dans  le  pays  des  Slaves , 
les  sortilèges ,  les  stratagèmes  et  les  mécanismes  de  son 
invention,  à  l'aide  desquels  il  sut  captiver  le  coeitr,  maî- 
triser et  dominer  l'esprit  de  ce  peuple,  malgré  son  humeur 
sauvage  et  versatile.  Voyez  pour  ces  détails  nos  ouvrages 
précédents. 


CHAPITRE  LXVil.  01 

iUjUaA!  iij^-ikii  J^U^i^  ii^loni!  cji^jaaJI  j5i> 
^ — X — It   Ij^ — g — i  J<.Aa—j\^ 

Ji  l^yUiî  ^^jil  iij  jOuJl  J<^iû_j  J_5iJi  iU^Jî  jC.i£>  diJi  (^ 
jLUi   JouJj^j  Jllill  JjiJ!  jOuJi  j_^ÀJi  v^^"^^  (j^  *^^5 

Ak_5   (^tXJi    (j*.OuJi    C-jlxJi    AJfc^^    ^        j**Alx*«w<>b    vJ i    eUjsSj 

CHAPITRE  LXVII. 

DES  ÉDIFICES  CONSACRES  ET  DES  MONUMENTS  RELIGIEUX  CHEZ  LES 
SABÉENS  ET  D'AUTRES  SECTES  ;  RENSEIGNEMENTS  DIVERS  QUI  SE 
r.ATTACHENT  AU  SUJET  TRAITÉ  DANS  CE   CHAPITRE. 

Il  y  avait,  chez  les  Sabéens  de  Harràn,  des  temples  consa- 
crés aux  substances  intellecluelles  et  aux  astres,  entre 
autres,  le  temple  de  la  Cause  première  et  le  temple  de  la 
Kaison.  J'ignore  s'ils  désignaient  ainsi  la  raison  première 
ou  la  raison  seconde.  Aristole ,  dans  le  troisième  discours 
de  son  Traité  de  l'âme,  distingue  la  raison  première  et  agis- 
sante de  la  raison  seconde.  Thémistius  en  a  parlé  aussi 
dans  son  commentaire  sur  le  Traité  de  l'âme  par  Aristote. 
Enfin  l'analyse  de  la  raison  première  et  de  la  raison  seconde 
lait  l'objet  d'un  traité  spécial,  composé  par  Alexandre 
Apbrodisins  ,  et  traduit  par  Tshak  ,  (ils  de  llonaïn. 


0,2  LES  PRAllUES  D'OU. 

J6^i>j    éjy*n.}\   J^HV^j   ^*«»^-w.^3!   J^^  isAjUaJî  J^Uit  ^j^^ 

^_i*i^<\iwJî  J^sii^  JsaIoX*»*.^  it^*  ^^'  J^^^j  ci*.AS^      ^^^^^jCà.lî 
^  ci\_XJL«  »w_iKJ!   J^JV^j  JéC*ikJî   ci^Xi*  :>;Ua.ff  J^-6^_5  JtT* 

(^jIaûàj!  iuAk^  (^  (J»>"j  c^-î*-  *^i^      ^■6"'.^'*^  jL^***^-'3J"^  bj-ji 

w^_^  C:?^^^  ij^y-^  (J-*  ^yij-^rt  i:^]yi  u^  li&pi>  -«=\.x,<ii 

iL*jJi  t->U  i  (jI^*-  'Ji'W'Xjf  «^J  <-^«^^  ioUvAj»  (jvSAj^  (jvJlÀSl 

11  y  avait  aussi  chez  les  8abéens  le  temple  de  la  Chaîne  , 
celui  de  la  Matière,  celui  de  l'Ame;  ces  trois  édifices  étaient 
de  forme  circulaire.  Le  temple  de  Saturne  décrivait  un 
hexagone;  le  temple  de  Jupiter,  un  triangle;  le  temple  de 
Mars,  un  carré  long;  celui  du  Soleil ,  un  carré  ;  celui  de  Mer- 
cure, un  triangle;  celui  de  Vénus,  un  triangle  inscrit  dans 
un  carré  long;  le  temple  de  la  Lune  était  octogone.  Ces 
formes  diverses  se  rattachaient  à  des  allégories  et  à  des 
mystères  que  les  Sabéens  ne  divulguaient  jamais.  . 

Un  chrétien  melkite  deHarràn,  nommé  el-Harit,  (ils  (.le 
Sonbat,  a  donné  des  renseignements  sur  les  Sabéens  de 
Harrân ,  sur  les  victimes  qu'ils  offraient  en  sacrillcc,  l'en- 
cens qu'ils  brûlaient  en  fhonneur  des  astres,  et  d'autres 
détails  que  nous  passerons  sous  silence  pour  éviter  les 
longueurs. 

De  tous  les  édifices  religieux  élevés  par  eux,  il  ne  reste 
aujourd'hui,  en  332  de  l'Iu'îgire,  que  le  temple  nommé 
MmjJitya.  Il  est  situé  dans  la  \  iilr  de  Harràn  ,  [)rès  do  la  porte 


CH  APITUE  LXVIl.  Oci 

^,yi>5j  J^Js.À£-  >>iili  j^v^j"^'  jjjj'  J^-*-''>y^j  ^>;-isW  o>^ 

vil_Lj   (j^    c:>L*_A!î    y^».ÀJ^   uyl^-oi'l   ^1^'  JL^ft*^   (J^  (J_J^-«^*^ 

de  Rikkah  ;  les  gens  de  celte  secte  le  nomment  temple  d'Azer, 
père  d'Abraham  l'ami  de  Dieu,  et  ils  rapportent  sur  Azer  et 
Abraham,  son  fils,  de  longues  légendes  qui  seraient  dépla- 
cées ici.  Le  kadi  Ibn  Aïchoun  de  Harrân ,  homme  intelligeni 
et  instruit,  qui  mourut  postérieurement  à  l'au  3oo,  a  com- 
posé une  longue  Kacjdeh  sur  les  croyances  des  Flarraniens 
dits  Sabéens.  Ce  poëte,  parlant  de  ce  temple  et  de  ses  qua- 
tre souterrains,  où  s'élevaient  des  idoles  faites  à  l'image  des 
corps  célestes  et  des  divinités  supérieures,  nous  divulgue 
les  mystères  de  ces  idoles.  Il  raconte  que  les  Sabéens  intro- 
duisaient leurs  jeunes  enfants  dans  ces  souterrains  et  les 
conduisaient  en  face  des  idoles.  Une  pâleur  subite,  suivie 
de  rougeur,  se  répandait  sur  les  traits  de  ces  enfants, 
lorsqu'ils  entendaient  les  sons  étranges  et  les  paroles  in- 
connues qui  semblaient  sortir  de  ces  idoles,  grâce  aux 
mécanismes  et  conduits  secrets  pratiqués  à  cet  effet.  Des 
prêtres,  cachés  derrière  le  mur.  pronouraieut  différentes  pa 


(]ti  LES  PKAIHIES  D'OF.. 

t^L-toi'i  c5>^^  »!^Jiî  (J-*  ^'^^  J^XilX*  j*Xrs-  ^)j^  (^  iij«X*«.it 
i  J^  <XJ>  U  i^s^s^  i}s.  (3ia3  l^A^  j-ftJà->L3  ii^a^àf^li  pl.^«i)i_j 
ii^UJij  (:jvxil;.2l  iojj^jdi  AÀ^^yî  »^^^  ^''  ctUai^  dlUî  l^ 

iuLw^Ki  (juvjbjjsil  tK  ij^3  i^^yi>.  ^^^  ^^^  iiilAC'i  ^  c^-^-w-J 

•      (3)  •■-'  Ml  ... 


.Ai 


rôles;  le  son  de  leur  voix,  transmis  par  des  tubes  et  un 
appareil  d'anches  et  de  tuyaux  aboutissant  à  l'intérieur  de 
ces  statues  creuses  et  construites  sur  une  forme  humaine, 
semblait  sortir  des  idoles  mêmes.  Par  ce  stratagème  em- 
prunté à  l'antiquité,  ils  captaient  la  raison ,  s'assuraient 
l'obéissance  des  fidèles  et  dominaient  à  la  fois  le  roi  et  le 
peuple.  La  secte  dite  des  Harraniens  et  Sabéens  compte  des 
philosophes,  mais  ce  sont  des  éclectiques,  dont  le  plus  grand 
nombre  est  fort  éloigné  de  la  doctrine  des  sages.  En  les 
appelant  philosophes,  nous  avons  égard  non  à  la  doctrine 
dont  la  Grèce  fut  le  berceau,  mais  à  la  communauté  d ori- 
gine; or  tous  les  Grecs  ne  sont  pas  philosophes,  et  ce  nom 
ne  convient  réellement  qu'à  leurs  sages. 

J'ai  vu  à  Harrân,  sur  le  chambranle  de  la  porte  du  tem- 
ple appartenant  aux  Sabéens,  une  inscription  en  caractères 
syriaques:  elle   est  tirée  rie  Platon,  ef  ni'a  été  expliquée 


CHAPITRE  LXVII.  fi5 

^j%-,AjU^_^t  ^j^  pL^*kx!î  iiju*)!:5>ji]i  (j^  («>"(r*'*  ^ÀjUai  (j:-^^* 

j-^y^  (j*^À-^î  tji  ij-5j  ^-|^î  ^-(^  t^^  ^^A^  /olf  (j^j 

^-'^HV-ït-j  ^^■'•^  cM^-y  «JH^  -Jii^  ^i**-  U-JÎ_j  j«^^  t^^-^*-^ 

par  Malik,  fils  d'Okboun ,  et  d'autres  personnes  de  la  même 
secte.  Elle  portait  :  «  Celui  qui  connaît  Dieu,  le  redoute.  > 
C'est  Platon  qui  disait  aussi  :  «  L'homme  est  une  plante 
céleste.  En  effet,  l'homme  ressemble  à  un  arbre  renversé, 
dont  la  racine  est  tournée  vers  le  ciel ,  et  dont  les  branches 
plongent  dans  le  sol.  » 

La  nature  de  l'àme  raisonnable,  la  question  de  savoir  si 
elle  est  renfermée  dans  le  corps ,  ou  si ,  au  contraire ,  le  corps 
est  contenu  dans  l'âme,  conmie  la  lumière  dans  la  maison  , 
ou  la  maison  dans  la  lumière,  voilà  ce  que  Platon  et  son 
école  ont  traité  d'une  manière  approfondie.  Ce  sujet  nous 
amène  ù  parler  d'un  autre  problème,  celui  de  la  transmi- 
gration des  âmes.  Les  philosophes  qui  l'ont  étudié  se  divi- 
sent en  deux  écoles.  A  la  première  apparticnmint  les  anciens 
philosophes  de  la  Grèce  et  de  l'Inde,  qui  rejettent  l'autorité 
de  tout  livre  révélé  et  de  tout  prophète.  Tels  sont  Platon 
et  ses  disciples;  on  dit  que  ces  philosophes  considéraient 
l'âme  comme  une  suhsinncc  imnialcricllc,  vivante,  sachant 


6()  LES  PUAIHIES  D'OR. 

Jl   j^^  l^»riU  ii.^3j-it  (j.«  l-*.:>;-Jj   ^>-m*j:U   j.llâAJîj  ii^JU^5 

l^liujl  ji^^X;;^  ^-^V^  ^^*3  >>î^j  *^'  ^t^^  '^*;j  iUlâAÀiî 


l5-' 


et  discernant  par  sa  propre  substance.  L'âme,  disaient-ils, 
gouverne  les  corps  composés  d'éléments  terrestres  et  hété- 
rogènes; son  rôle  est  de  les  diriger  avec  justice,  et  de  les  con- 
duire vers  cet  état  de  perfection  qui  résulte  d'un  sage  gou- 
vernement et  d'un  ordre  bien  établi,  en  réduisant  à  une 
harmonie  parfaite  les  mouvements  désordonnés  du  corps. 
L'âme,  selon  eux ,  jouit,  souffre  et  meurt,  c'est-à-dire ,  passe 
d'un  corps  dans  un  autre,  en  vertu  d'une  loi  régulière,  et 
après  l'anéantissement  du  corps  corruptible  qu'elle  habitait. 
Ainsi,  en  disant  que  l'âme  meurt,  on  entend  par  là  la  dé- 
composition de  l'enveloppe  terrestre  et  la  transmigration  du 
principe  immatériel.  Ils  admettent  que  l'âme  sait  par  elle- 
même  et  par  sa  substance  propre ,  et  que ,  par  la  vertu  de  cette 
substance,  elle  perçoit  les  idées.  Ils  admettent  aussi  que  les 
choses  sensibles  nous  sont  révélées  par  la  sensation.  Les  dé- 
veloppements que  Platon  a  donnés  à  ces  théories  nous  mè- 
neraient trop  loin,  lors  môme  que  leur  profondeur  et  leur 
obscurité  n'en  rendraient  pas  l'exposition  impossible.  Il  en 


L^' 


CHAPITRE  LXVII.  67 

d);*K_j  iJ  L_|^U   iy^^  V*V^   iilsU-i'^  ^Ia^^I   » *>s-d>  JioJ 

iLAî>LiIl_5  JowajUij  ç-^-Sî^  (j^*4^  1$^  (j^.^  lilÀJiiî  iiij.*>»  ^^ 
A_AÀ_jOji^  iCA$.JI^  jjûj,4^  »j-is*  (^3  c:>ilyiii  iiijjto  aj  (jo).xJI^ 
cjL*-5\^  j.À.^i  cjt.Aw.il3  lajLwo  v>^i  ^3  iùuwjJl  ^3  i^iUb^J!^ 
JoUm^}  J^UJI_j  iwoûjJlj  dlU!  ^^3  »*M^^  (jKiij  cjUj^-î!  ^§3 

est  de  même  du  système  d'Aristote,  de  Pytbagore  et  de 
plusieurs  autres  philosophes  anciens  et  modernes.  Car  ce- 
lui qui  voudrait  connaître  de  telles  questions,  les  bien  com- 
prendre et  les  pénétrer  jusqu'au  fond ,  ne  le  pourrait  pas ,  à 
cause  des  écrits  élémentaires  et  des  ouvrages  composés  par 
ces  philosophes  sur  les  sciences  qui  doivent  préparer  à  la 
connaissance  de  leurs  systèmes  et  du  but  qu'ils  se  sont  pro- 
posé dans  leurs  traités.  Telle  est  la  démonstration  des  cinq 
définilions ,  c'est-à-dire  :  le  genre,  l'espèce,  la  distinction,  les 
propriétés  et  l'accident;  puis  la  démonstration  des  dix  caté- 
cjories,  à  savoir  :  la  substance,  la  quantité,  la  modalité, 
l'annexion,  c'est-à-dire,  la  relation.  Ces  quatre  premières 
sont  hjs  éléments  simples;  les  six  autres  sont  complexes,  à 
savoir  :  le  temps,  le  lieu,  l'habitude  ou  qualité  acquise,  la 
situation,  l'action  et  la  passion.  De  là  le  disciple  passe  à 
l'étude  de  vérités  d'un  ordre  plus  élevé,  et  arrive  progres- 
sivement à  la  connaissance  de  la  métaphysique,  ou  do  la 
cause  première  et  des  causes  secondes. 

Mais  revenons  au   rulle  des  Sabéens  dr  llarràn  et  aux 


68  LES  PRAIRIES  D'OR. 

A..^-jL©|  J<wo  f^jj^\   (j^jSb)^  (j^j\jM.  (j^  iujUâJi  4-u6|*)o» 

(j.*  ^j^yi  -ow^i^-x)  (^Ajl^jJI  iUjUaJl  <_,v;ûl*X.«  <>uj^^»-^  ^^^ 
JjJa_j  ^t-A-^t  jj^Sj       yj_j->^UvMt  -Pj  iUjUa.il  (j.*  A^ÀJli- 

IgJCjl^rr».  ^wff  U-cvj-CÎ  ^Jl-*»^  (j*UJl  (^t~»  jJijiS  «X£  fî?-'^^  Uû^i 
^»^jLo    *>JS^j   U-?""'^  (J^   wyJU  c^aaIoU».  iXij  c::*ijL><Xj|^  -«^!^>yî 

^«X-j  ^0^'  sIjLa^  u:>«X^  !;>I  -^^  '^'6'^^  S^/^^  ^^  :>^-M^i 

auteurs  qui  ont  exposé  leurs  croyances  et  scruté  leurs  mys- 
tères. J'ai  vu,  parmi  les  ouvrages  de  ce  genre,  un  livre 
d'Abou  Bekr  Mohammed,  fils  de  Zakaria  er-Razi,  le  philo- 
sophe, auteur  du  Kitdb  el-Mansouri  sur  la  médecine  et 
d'autres  écrits.  Dans  le  livre  en  question,  Razi  s'occupe 
des  Sabéens  de  Harrân  exclusivement,  et  ne  dit  rien  des 
sectes  dissidentes,  comme  celle  des  Kimariens.  Les  détails 
dans  lesquels  il  est  entré  nous  mèneraient  trop  loin  et 
choqueraient  un  grand  nombre  de  lecteurs.  En  outre,  en 
faire  mention  ce  serait  nous  écarter  du  sujet  principal  de 
ce  livre,  pour  nous  livrer  à  l'étude  des  croyances  et  des  reli- 
gions. J'ai  consulté  Malik ,  fils  d'Okboun,  et  plusieurs  de  ses 
coreligionnaires,  sur  les  choses  qui  ont  été  mentionnées  ici, 
ou  dont  il  a  été  parlé  ailleurs.  Plusieurs  d'entre  eux  ont 
admis  certains  détails  sqr  les  sacrifices ,  etc.  et  rejeté  le  reste , 
comme  la  cérémonie  du  taureau  noir  que  l'on  aspergeait  de 
sel,  après  lui  avoir  bandé  les  veux,  et  qu'on  égorgeait,  pour 


! 


CHAPITRE  LXVII.  69 

iLcUfT^yi^i   .Xi^  (^iyu(^i  Jlï       ^.^ÀAji^  Jt^^lj   ^i^ll^j 

^jL»  gjlA  -^1  ^  ci\.^yJî^  ^l«Jt  I  jsjÊ  j_j^!  y^^  J^^'  *^  (^ 
iùj»  AK.^Ii  ^  V^^'  ii**-w  À  j^ùs^  J^-iS^  (:J?r^i  ^^  ts'**'^!^ 
il^_^  Aa^  iùJiil  (jlft!  «i  viL^wJI  iUiU  ^lâJi  <x.«yl࣠ axxmwo 

o».^!^  ^;-S*j  ^UjJl^  JI_jiaJl  cjii^i  (j^  *t5vi^J   ^^^^  ^à^ 


examiner  ses  membres  et  rechercher,  dans  leurs  contrac- 
tions et  leurs  frémissements,  les  événements  futurs  de  Tan- 
née. Ils  rejettent  cette  pratique  et  d'autres  cérémonies  mys- 
térieuses relatives  aux  sacrifices. 

Au  rapport  de  plusieurs  savants  curieux  de  connaître 
ce  njonde  et  d'en  étudier  l'histoire,  on  trouve,  aux  confins 
de  la  Chine,  un  temple  de  forme  circulaire,  entouré  de  sept 
portes  et  surmonté  d'un  dôme  heptagone,  remarquable  par 
son  développement  et  soq  élévation.  Au  sommet  du  dôme 
est  placée  une  espèce  de  pierre  précieuse  plus  grosse  que 
la  tête  d'un  veau,  et  dont  l'éclat  illumine  les  alentours  du 
temple.  Plusieurs  rois  ont  tenté  sans  succès  de  s'emparer 
de  cette  pierre;  tous  ceux  qui  s'en  approchent,  à  une  distance 
de  dix  coudées,  tombent  roides  morts;  si  l'on  emploie  des 
lances  ou  d'autres  instruments  de  cette  taille,  arrivés  à 
la  même  distance,  ils  se  retournent  et  retombent  inertes; 
les  projectiles  lancés  contre  cette  i)i(M  re  oui  le  même  sort  ; 


70  LES  PRAIRIES  D'OR. 

^J^  c:,»-X5  «XJ»  iLx.ili   éyjà   éy^â.  Joût   ^^^  -K^l:?:  JsJLft  î  J^i>^ 

jiiûJsJi  (j^  i5*'i-*  W>*  U^^^  -f'UwJl  ^y^i  UjjJi  pSi^y^  c-OUXÎ 
/j_jK_i*.   Jl   L^iiaji  ^.iwJi   »«XA  iS^^i   ^'^^  cï'ïî  W*  U-^  -  W 

AA$Ok>    (^Uoj    U.^XJ    »J^    ^Aûj'i^    LaJ;«X*    Ajj»Xi    UJ)'.^    CJ-*   '^' 


en  un  mot,  aucun  expédient,  de  quelque  nature  qu'il  soit, 
ne  peut  réussir,  et  quiconque  cherche  à  démolir  le  temple 
expie  son  audace  par  une  mort  subite.  D'après  certains  sa- 
vants, ce  phénomène  est  produit  par  l'emploi  de  pierres 
magnétiques,  douées  de  propriétés  répulsives.  Le  même 
lemple  renferme  un  puits  dont  l'orifice  est  heptagone;  celui 
qui  a  l'imprudence  de  s'e  trop  pencher  sur  le  bord  est  en- 
traîné ,  et  tombe ,  la  tête  la  première ,  jusqu'au  fond.  Le  puits 
est  entouré  d'une  sorte  de  collier,  autour  duquel  on  lit  cette 
inscription  antique,  que  je  crois  en  caractères  inosned  :  «  Ce 
puits  conduit  aux  Archives  des  livres,  là  où  se  trouvent  la 
chronologie  du  monde,  la  connaissance  des  cieux,  l'histoire 
du  passé  et  la  révélation  de  l'avenir.  Ce  puits  mène  au  dé- 
pôt de  Ions  les  trésors  de  la  terre.  Mais  l'homme  qui  veut 
y  pénétrer  et  puiser  à  ses  trésors  doit  nous  égaler  en  pou- 
voir, en  science  et  sagesse.  Que  celui  qui  pourra  arriver  au 
but  sache  qu'il  est  notre  égal;  que  celui  dont  les  tentatives 


CHAPITRE  LXVII.  71 

(jb;^lj    «Ji-!»^   /0->5j    iùîji   <-*^^^   tfc^iC  ^jjOi^    ffS'.s»'   (£yi>\i    UvL 

iUJU  «XX»  »^j^  {jàj\  ^)^1^  iùJùîlj  cK-iVfr"  \^^  W^S^  45^' 
aaj*?"  u  t^JUJ  jUJ!  iH^  <x*Xj>  -|^  3  ^LiJl  J^\<  ^jiil  (j^ 

*X-À-*    4^1^    ^3  j^lj    iUJiJî^    J^JV^JI     JJi^AÔAJi    tï)jàl    iilj 


échoueront  sache  que  notre  puissance  est  supérieure  à  la 
sienne,  notre  sagesse  plus  grande,  notre  science  plus  éten- 
due, notre  sagacité  plus  profonde  et  notre  vigilance  plus 
complète.  »  Le  temple  ainsi  que  sa  coupole  et  le  puits  reposent 
sur  un  bloc  de  silex  massif  et  escarpé  comme  une  mon- 
tagne, il  est  également  impossible  de  le  renverser  et  d'y 
pratiquer  des  excavations.  Dès  qu'on  aperçoit  le  temple,  la 
coupole  et  le  puits,  on  éprouve  à  cette  vue  un  sentiment 
d'efl'roi  et  de  tristesse,  et  en  même  temps  une  sorte  d'at- 
traction inquiète  vers  cet  édifice,  et  la  crainte  qu'il  ne  soit 
endommagé  ou  détruit. 


72  LES  PRAIRIES  D'OR. 

iuS\jÙ\^  (J^yi  (j«jx!i  <i)j.)>^  cj-  W-«^j  cj-v  ul)-^'  "^.^  ^^ 
î^b  *X.=*^  ^ji  JJi^  dlUî  ^j^  Jv^5   ^^  -'^^  li^  tr«  J^^ 

^_^As-  (j^  l^î^  xJiU-  (ijvjj  ^i  (J.J  iCia^-ij  l^^ij  l^':>Us^ 
L|_^U^^  Lifc^Ss  (^  U^fti  Uj);5l>  *U-ilj  iùjiyii  i^J^MÎ 

jSllaJl  umIj.àJI^'  -îUMjb  (ijr^^  i^jy-^^  *J*^  u'.^^  u'  ^^Ji 
CHAPITRE  LXVIII. 

RENSEIGNEMENTS  SUR  LES  TEMPLES  DU  FEU,  ETC. 

Parlons  maintenant  des  temples  du  feu,  et  des  rois  de 
la  première  et  de  la  seconde  dynastie  perse  auxquels  ils 
doivent  leur  origine.  Le  premier  nom  cité  par  l'histoire 
est  celui  d'Aféridoun.  Ce  roi  ayant  vu  une  troupe  d'hommes 
prosternés  devant  le  feu,  dans  l'attitude  de  l'adoration,  les 
interrogea  sur  l'origine  et  le  sens  caché  du  culte  qu'ils  pro- 
fessaient. Ceux-ci  réussirent  à  l'entraîner  dans  leur  croyance, 
en  lui  démontrant  que  le  feu  participait  de^la  nature  des 
divinités  lumineuses,  et  qu'il  servait  d'intermédiaire  entre 
le  Dieu  suprême  et  la  création.  Sans  vouloir  insister  ici  sur 
une  doctrine  aussi  mystérieuse ,  nous  ferons  remarquer  que 
les  ignicoles  établissent  différents  degrés  dans  la  lumière,  et 
distinguent  le  principe  lumineux  du  principe  igné.  Ils  pré- 
tendent que  tout  être  animé  est  attiré  par  la  flamme  et  con- 
sumé par  elle.  C'est  ainsi  que  le  papillon  léger,  qui  voltige 


CHAPITRE  LXVIII.  73 

w-**.^  \^j.^\i  ^\j-^^  i  ».mJû  ^jioj  *-«u*.s-  v,^iJaJ  U  J.a)J!j 
Ur^*-^'j  J^-^^'-?  U^6-*-^'  ^  ^^'  '^'^  i  JJM  ^  wiJJi» 

(jlj  <î<-.aJ!_j.:>-  Ci»Axs>-  *K»  ^  /-*^'j  V"^^^  '"-^.^^^  "^  t*^  (S"^^ 
[^i   AoiUb-*j  iCtsLaJî  t^Jtj-^^  <^J^^  ^^^  i*>^  ^ISUs  j_j^i> 

pendant  la  nuit,  se  jette  sur  le  flambeau  et  meurt  dans  la 
flamme;  c'est  en  vertu  de  la  même  attraction  que  les  ga- 
zelles, les  oiseaux,  les  animaux  sauvages  tombent,  la  nuit, 
au  pouvoir  des  chasseurs.  Il  en  est  de  même  de  la  pèche 
aux  flambeaux,  telle  qu'elle  se  pratique  dans  la  province  de 
Basrah  :  le  poisson,  attiré  par  la  clarté,  monte  à  fleur  d'eau 
et  se  précipite  au  fond  des  barques  autour  desquelles  bril- 
lent des  torches  allumées.  «La  lumière,  disent  ses  adora- 
teurs, est  la  source  de  tous  les  biens  de  ce  monde;  elle  est 
plus  noble  que  les  ténèbres  et  combat  leur  influence;  l'eau, 
élément  opposé  au  feu,  lui  est  supérieure,  puisqu'elle 
l'éteint;  elle  est  ie  principe  de  tout  ce  qui  vit,  et  elle  fé- 
conde la  nature  entière.  » 

Aféridoun,  une  fois  instruit  de  ces  doctrines,  trans- 
porta dans  le  Khoraçân  une  portion  de  ce  feu  sacré;  il 
lui  bâtit  un  temple  à  Tous,  et  un  autre  temple  à  Bou- 
khara,  lequel  fut  nommé  lù'rdasourek.  Un  troisième  temple, 
nommé  Kerakcrkàii ,  fui  bàli,  dans  leSedjestùn,  par  Bah- 


74  LES  PRAIRIES  D'OR. 

iCS^L»  o_yJtii  jAi'_j.il  <ji  IgÀJuà  iwlàitojL»  <>u*_5  oysJî  i»>s-fû 

^^1^5    dLm   _y_*»OS^^3    »Iàj    if^y^S    >i    JUj  ^^î  jUM    C:>UUj 
Xj|   JUj_5   l^ikj  ^3   l^J   l^xU   t^U*   Uj^XÀ^Akiill    yl   JUj_j 

^LjLaJÎ  iL*-A-i^  A.^^Iafc  iLiot>w»  (is*=*-*  W*  J*^^^   ^^  «^  U° 


man,  fils  d'Isfendiar,  fils  de  Youstasf.  Un  quatrième  se 
trouvait  dans  la  contrée  de  Chiz  et  d'Errân  ;  il  était  pri- 
mitivement consacré  à  des  idoles  qu'Anouchirvvân  fit  en- 
lever. D'autres  racontent  qu'Anouchirvvân  ayant  trouvé 
dans  ce  temple  un  autel  où  brûlait  le  feu  sacré,  le  fit 
transporter  dans  la  ville  nommée  el-Birkeh  [le  bassin,  près 
de  Chiraz).  Le  roi  Key-Khosrou  bâtit  un  temple  qui  fut 
connu  sous  le  nom  de  Kousoudjeh.  Un  autre  temple,  dont 
l'auteur  est  ignoré,  existait  dans  la  Comisène,  sous  le  nom 
de  Djéiich;  on  raconte  qu'Alexandre,  quand  il  s'empara 
de  cette  contrée,  défendit  de  le  détruire  et  d'éteindre  le 
feu  sacré.  On  prétend  aussi  que,  dans  le  même  lieu,  s'éle- 
vaient jadis  une  ville  grande  et  magnifique  et  un  temple 
d'idoles,  remarquable  par  ses  proportions  et  sa  beauté.  Lors- 
que cette  ville  et  les  monuments  religieux  qu'elle  renfer- 
mait furent  détruits,  on  bâtit  sur  leur  emplacement  le  pyrée 
dont  nous  parlons.  Un  autre  temple,  nommé  Kemljeh,  fut 
bâti  par  Sia\vul(hs,  fils  de  Key-Raous,  le  Héros,  pendant 


CHAPITRE  LXVIII.  75 

cÀAwIjugj  -L»î  i  »Xi^|  (j«jls  ^jcj\  (J-*  y^^*^5  iujiXjÇ  jb  Oy^j^ 
^LiÇ-x»xl    0j   o»»wiljj  ;i_5-frîi  J>'*j>  Ci<»il^  Sjuinxîl    «^^ajÎ    5*Xi6j 

j_-«l   CA-Ciàl^j   y(^  *XJ»^   U*^^  C^J^    tJ^  ■*'*''*^'^5^   ^-*^   ^^.<^^. 

(J!  viiLJ^  Jsjt_j  ^.À-awLjLaiiO  L^XÀjL»  ^jj\^i^  iobtXjC;  u:i>«Xr>>^ 
jj  ^^<u«o  t-:'vS*ii  Î<X^  ^J^^J  U^J^  lJ^'  '^  ^^1;^^  iiJs>*X^ 
yMtXi^   iSy^JJ*   iS>l.«vAj^   (^jv^iAjj   ^çjOCÀjr'i   HJum  uJ!>^  l*Xi5  IajCJ»^ 

soD  séjour  dans  l'orient  de  la  Chine,  du  côté  de  Birkend, 
Enfin,  il  y  avait  à  Erradjân,  ville  du  Fars,  un  temple  dont 
l'origine  remontait  au  règne  de  Bohrasf  (Lohraspe). 

Les  dix  pyrées  que  nous  venons  de  mentionner  dataient 
d'une  époque  antérieure  à  l'apparition  de  Zoroastre,  fils 
d'Espimàn,  le  prophète  des  mages.  Du  vivant  de  Zoroastre, 
plusieurs  temples  furent  consacrés  au  culte  du  feu;  un, 
entre  autres ,  à  Neïçabour,  dans  le  Khora(^ân ,  d'autres  à  Ni<ja 
et  el-Beïdà,  dans  le  Fars.  Sur  l'invitation  de  Zoroastre, 
le  roi  Youslasf  lit  rechercher  le  feu  vénéré  par  Djemchid; 
après  de  longues  investigations,  il  le  découvrit  dans  la  ca- 
pitale du  Khàrezm,  et  le  fit  transporter  à  Darahdjord  ,  chef- 
lien  d'un  district  de  la  Perse.  Le  temple  (|u'il  y  bàtil  est 
nommé  aujourd'hui,  en  332  de  l'hégire,  Azerdjouï,  ce  qui 
signifie  «  le  feu  du  lleuve;  »  azer  étant  un  des  noms  du  feu, 
(Ijouï  un  des  noms  signifiant  (leuve,  dans  la  langue  primitive 
de  la  Perso.  Les  mages  ont  plus  de  respect  pour  ce  temple 
que  pour  tous  les  antres  (''difues  religieux,  Cependant  une 


76  LES  PRAIRIES  D'OR. 

t^y.tM.s^S  (j!   (j*yiJl  cy»iji>^  c:.«^aaJ|j  ^jI^aJ!  (^yt  ^^j^  /o.Iâ*J 

l^iikj  (jî  (j«j.:s^ii  ov.iys'  j.!5\.A«^!  j^îb  Uo  yl»;^^'  J5  W^ 

/\_X-L*>j  jUJvjUa»»!  /o  (><y-J  o»Jb  iùl^  l^Xis-^^^U  *Lâ,«>^ 
y-^^    \ù>Jb  LJUSj    ^    (jwUJt^    tJjjS.^ljJ5    AÀ*    Ow^iij    («»J' jb   OcAJ 

/jj  (j\i-4rvA.»v  *X^^^  Ait  (j%^5\>o  ioltfvASj  (jvaaSj  (^jCaS'I  ààa« 

tradition  persane  rapporte  que  ce  fut  Key-Khosrou  qui ,  s'é- 
tant  rendu  dans  le  Khàrezm,  pendant  son  expédition  contre 
les  Turcs,  prit  des  informations  sur  le  feu  sacré,  le  retrouva 
et  lui  rendit  hommage.  D'autres  disent  qu'Anouchirwân  le 
fit  transporter  à  Kariân  (petite  ville  de  la  Perse).  A  l'épo- 
que de  la  conquête  musulmane,  les  mages,  craignant  que  le 
feu  vénéré  dans  ce  temple  ne  fût  éteint  par  les  musulmans, 
n'en  laissèrent  qu'une  partie  à  Kariân,  et  transportèrent  le 
reste  à  Niça  et  el-Beïdâ,  district  du  Fars,  afin  de  conserver 
l'un  des  deux  autels  si  l'autre  était  détruit. 

Un  des  pyrées  les  plus  vénérés  des  Guèbresost  celui  d'is- 
takhr,  dans  le  Fars  (Persépolis).  C'était  primitivement  un 
temple  consacré  au\  idoles;  la  reine  Iloumayeh,  tille  de 
Baliman ,  fils  d'Isfendiar,  le  convertit  en  temple  du  feu ,  après 
avoir  détruit  les  idoles.  Plus  tard,  le  feu  fut  enlevé  et  l'édi- 
fice tomba  en  ruines.  Aujourd'hui  (332  de  l'hégire),  on  le 
considère  comme  l'ancienne  mosquée  do  Salomon,  fils  de 
David  ,  et  on  le  nomme,  à  cause  de  cela,  Mesdjid  Souleïmân. 


CHAPITRE  LXVIII.  77 

tl>-£-j-r>.  ^^>*-o  CAjiX>l_5  ciO>-**  <Xi  ^Is^^i  j|^»*£>  i^^i^j^'  (j^ 

j «tX-j  xÀjiXjf  Wy-*^  4)^J  «Xj^iî  !*>s-£î)  j  (^vm.*Xj^  -Li.J! 


Je  l'ai  visité.  Il  est  à  une  parasange  environ  de  la  ville  d'Is- 
takhr.  C'est  un  monument  admirable  et  un  temple  impo- 
sant; j'y  ai  remarqué  des  piliers,  formés  de  blocs  d'une  di- 
mension étonnante,  et  surmontés  de  figures  singulières  de 
chevaux  et  d'autres  animaux,  aussi  remarquables  par  leur 
stature  que  par  leurs  formes.  Autour  de  l'édifice  régnent  un 
vaste  retranchement  et  une  muraille  en  blocs  massifs,  la- 
quelle est  couverte  de  bas-reliefs  d'une  exécution  très-ha- 
bile. Les  habitants  du  voisinage  y  voient  les  images  des 
prophètes.  Ces  ruines  sont  situées  au  pied  d'une  montagne 
où  le  vent  souflle,  nuit  et  jour,  avec  impétuosité  ;  c'est  ce  qui 
fait  dire  aux  musulmans  de  l'endroit  que  les  vents  ont  été 
emprisonnés  en  ce  lieu  par  Salomon.  Ce  prophète,  ajou- 
tent-ils, prenait  son  repas  du  matin  à  Bâlbek,  en  Syrie,  et 
son  repas  du  soir  dans  cette  mosquée;  il  s'arrêtait  à  moitié 
chemin  dans  la  ville  de  Tadmor  (Palmyrc),  sur  l'hippo- 
drome qui  l'entoure.  Tadmor  s'élève  au  milieu  du  désert, 
f'nlre  l'Irak,  Damas  ol  lloms  (hlmèse),  ville  de  Syrie,  à  cin([ 


78  LES  PRAIRIES  D'OR. 

8«X_i^l  J^»X_JL£  Ajià*»«jl— À^  <-i^^^  U*;^  O^j'^  J!>?*"**'  iiÀj'^-^ 
^^jsJI  *xX*.j!  ^^  iJ^J^  O^^  Cj^J^^  iiÀJ<X*o  jj^  Ijli  /yj  ijii 
jjk^ijl    sUj  jljvW  oyo  ci^J  ^i*^!^   «iyj'^  ^J3  **-^'  '*'^  J>-#-:^ 

Jl^^Jî  >i  JIaj  (j«vÀ3I   <N..«Jàjïj  oo\^  rfsiàft  (jIaàj  j^j-s»  iiÀj*X^ 

Jj„*Jti5   i;j  ptii    i«X.dj   UijÎ   Ci^J  ^■^■Jîj  téj'^'    ^jy  *^i'   J^-«J«:> 

OU  six  journées  de  marche  de  cette  dernière  contrée.  On  y 
remarque  un  édifice  en  pierres  des  plus  curieux  et  un  vaste 
hippodrome.  Ces  parages  sont  habités  maintenant  par  des 
Arabes  de  la  tribu  de  Kahtàn. 

La  ville  de  Sabour,  dans  le  Fars ,  possédait  un  temple  con- 
sacré au  feu  par  Dara ,  fils  de  Dara\  Il  y  avait  aussi  à  Djour 
(aujourd'hui  Firouz-Abâd),  ville  du  Fars  où  se  fabrique 
l'eau  de  rose  connue  sous  le  nom  de  djouri,  un  temple  du 
feu,  construit  par  Ardéchir,  fils  de  Babek.  J'ai  visité  cet 
édifice;  il  est  situé  à  une  heure  de  la  ville,  près  d'une 
source  fort  curieuse  où  se  célèbre  tous  les  ans  une  fête  qui 
est  un  des  grands  divertissements  de  la  Perse.  On  voyait 
jadis,  au  centre  de  la  ville  de  Djour,  un  monument  très- 
élevé  que  les  Persans  nommaient  Tirhal  (synonyme  d'Eï- 
wân)  ;  il  a  été  détruit  par  les  musulmans.  De  Djour  à  Kowar 
(autre  ville  du  Fars),  on  compte  dix  parasanges  ;  on  fabrique 
aussi  à  Kowar  de  l'eau  de  rose ,  nommée  pour  cette  raison 
korvari.  I/essence  préparée  à  Djour  et  à  Kowar  l'emporte 


CHAPITilE  LXVIII.  79 

j_j.Jj    Q^  Li^^.»|çC._j  jîj.A^^  j!j5^  ^jiS-j   ^^  *^-i**  UV'^  AAAai 
*X3  Uûj-^si  JjJa-j  ijajuoijjt  ^jLaàxÎÎ   (j^  l^i  UjjU^t   ij*>j\s 

J>J_5   (j>*»-   dLAJLl   jjii;^:^  ij^  J^"^  ^<-A^  4^  «>oJ>j      ^^^i 
tji_5  y^AJ   ^j^  Swo   S'à^s-]   (Jî  /^■'^J  jA^ÀJÎ   (JliJ^Xjib  «iou   ^^^**iî 

/0>-^WO     A-^lj      ^AwJLI      ^1      itt_gjui      (^U^     !^^liWMi     Ai^i     <Xii40^     fi"^^ 


sur  celle  qu'on  prépare  partout  ailleurs,  à  cause  des  con- 
ditions favoiables  du  sol  et  du  climat  de  ce  district.  Les 
habitants  ont  un  teint  blanc  et  rose  qu'on  ne  remarque  pas 
chez  les  autres  peuples.  Kowar  est  à  dix  parasanges  de 
Chiraz,  capitale  du  Fars.  Ces  trois  villes,  Djour,  Kowar  et 
Chiraz,  ainsi  cpie  plusieurs  autres  localités  du  Fars,  ren- 
ItTuient  des  monuments  antiques,  auxquels  se  rattachent 
des  légendes  qu'il  serait  trop  long  de  rapporter  ici;  elles 
ont  été  recueillies  dans  les  divans  de  la  Perse.  On  cite, 
par  exemple,  dans  la  même  province  du  Fars,  une  source 
nommée  source  de  feu,  auprès  de  latiuelle  était  bâti  un 
temple.  Lorsque  le  Messie  vint  au  monde,  le  roi  Korech  lui 
envoya  trois  messagers,  porteurs,  le  pren)ier,  d'un  sac  d'en- 
cens, le  second,  d'un  sac  de  myrrhe,  et  le  troisièa\e,  d'un 
sac  rempli  d'or.  Ils  se  mirent  en  roule,  guidés  par  une  étoile 
que  le  roi  leur  avait  décrite,  et  arrivèrent  en  Syrie,  auprès 
du  Messie  et  de  Marie,  sa  mère.  Cette  anecdote  des  trois 
messagers  est  rapportée  par  les  chrétiens  avec  des  détails 
empreints  d'exagération  ;  elle  se  trouve  aussi  dans  les  E\an- 


80  LES  PUAIUIES  D'OR. 

je._:S^Jl    dUi    *->^3u«jL-i«  i_5j^A«  lit   \y>^i  ^'^^   *^^^  J^^ 

*.v^>j  J-«^^î  cj-*  u^  ^-?  f^^"*  f^'  le^^^  4^^'  u^^**;^^ 

j.Xs>-    UuS^   {J-J^i    ^^•^J    dV^^    '^    W-»^^^^    S;.^!    <^^  jaA 

al_À-j  r._5^-Jl  ^^  cj-*  ii.AÀ_^ia_^a*>*ï  ^^  c^j^^  '^^^-A^j  U*iJ^ 

giles.  Ainsi  on  raconte  que  l'étoile  avait  apparu  à  Korech 
au  moment  de  la  naissance  du  Christ;  qu'elle  marchait 
lorsque  les  envoyés  du  roi  étaient  en  route,  qu'elle  s'arrê- 
tait lorsqu'ils  s'arrêtaient,  etc.  On  trouvera  de  plus  amples 
détails  dans  nos  Annales  historiques,  où  nous  avons  rap- 
porté les  versions  des  Guèbres  et  des  chrétiens  sur  cette 
légende.  On  y  verra  que  Marie  ayant  donné  aux  messagers 
du  roi  un  pain  rond,  ce'ux-ci,  après  différentes  aventures, 
le  cachèrent  sous  un  rocher;  ce  pain  disparut  au  fond  de  la 
terre,  dans  la  province  du  Fars;  puis  on  creusa  un  puits  en 
cet  endroit,  et  l'on  vit  jaillir  deux  gerbes  de  feu  qui  brillaient 
à  la  surface  du  sol;  en  un  mot,  tout  ce  qui  concerne  cette 
légende  se  trouve  dans  nos  Annales. 

Ardécliir,  le  lendemain  de  la  victoire  qui  lui  assura  la 
possession  de  la  Perse,  bâtit  un  pyrée  qu'il  nomma  Bar- 
nawa  (?).  Un  autre  pyrée  fut  élevé  sur  les  bords  du  canal 
de  Constantinople,  dans  le  pays  des  Grecs,  par  Sabour  el- 
Djunoud,  fils  d'Ardéchir,  lils  de  Babek  ,  pendant  que  Sabour 


CHAPITRE  LXVIII.  81 

A_jjLS^  <^>HS-*-Ii  I*>^-«^  -^^  fjj^Jî  (ifi  lsjX^\  :»^àÂj^\^  ^J\^ 

campait  sur  les  rives  du  canal  el  qu'il  assiégeait  Constan- 
tinople  avec  toute  son  armée.  Le  pyrée  a  subsisté  long- 
temps, et  sa  ruine  ne  date  que  du  règne  d'elMchdi.  L'his- 
toire qui  le  concerne  est  intéressante.  Lorsque  Sabour 
el-Djunoud,  à  la  lêle  des  Persans,  des  Turcs  et  de  plusieurs 
autres  chefs  étrangers,  mit  le  siège  devant  Constantinople, 
il  obligea  les  Grecs,  par  traité,  à  bâtir  ce  temple  et  à  pour- 
voir à  son  entretien. 

Ce  même  Sabour,  qui  devait  son  surnom  de  Dou'l-dju- 
noud  aux  armées  nombreuses  qui  marchaient  à  sa  suite, 
ayant  envahi  la  Mésopotamie,  se  détourna  de  son  chemin, 
pour  assiéger  la  place  forte  nommée  cl-Hadr  (Atra).  Cette 
place  était  au  pouvoir  deSatiroun,  fds  d'Asaïliroun,  roi  des 
Syriens,  qui  habitait  un  district  de  la  province  de  Moroul, 
nommé  Aïadjir.  (V.  C.  de  Perceval ,  t.  II,  p.  lio  et  suiv.)  Les 
poêles  arabes  ont  célébré  la  gloire  de  son  règne,  le  grand 
nombre  de  ses  troupes  et  la  beauté  de  la  citadelle  d'el-Iladr, 
qui   fut  bAtio    par   lui.    l/un   d'eux,   AbouDaoud,    hls  de 

IV.  ») 


82  LES  PRAIRIES  D'OH. 

J^ *— ^ 

cjLxJI  ^5jJaAAwt_5  jjjj^IsImJI^  y^^ia^Avî  ^j  (jj^k)l*»iJi  ^^j.a2j 

Houmrân,  fils  de  Hadcljadj  el-Viadi,  s'est   exprimé  en  ces 
termes  : 

Je  vois  la  mort  descendre  des  murs  d'el-Hadr  et  pianer  sur  la  tête  du 
souverain  issu  des  Satiroun. 

Il  vivait  insouciant  des  disgrâces  de  la  fortune,  au  sein  de  l'abondance 
et  parmi  ses  trésors  enfouis,  etc. 

On  prétend  que  Nôman,  fils  d'el-Moundir,  descendait  des 
Satiroun ,  et  on  lui  donne  lagénéalogie  suivante  :  Nôman,  fils 
d'el-Moundir,  fils  d'Imroii'1-Kaïs,  filsd'Amr,  filsd'Adi,  fils  de 
Nasr,  fils  d'es-Satiroun ,  fils  d'Asaïtiroun.  Ces  deux  derniers 
noms  sont  une  épithète  commune  à  tous  les  rois  qui  possé- 
daient la  Syrie.  Lorsque  le  destin  renversa  cette  dynastie,  le 
pouvoir  passa  aux  mains  de  Daïzen,  fils  de  Djebbalah  ;  Djeb- 
halah  était  le  nom  de  sa  mère  ;  son  père  s'appelait  Moâwiab. 
Daïzen  fui  le  chef  de  la  tribu  de  Tannoukh  ,  fils  de  Malik, 
fils  de  Fahm,  fils  deTeïni-Allab ,  fils  d'Açed,  fils  de  Wabrah, 
fils  de  Tagleb ,  fils  de  Houlwân ,  fils  d'Ymrân,  fils  d'Elhaf ,  fils 


CHAPITRE  LXVIII.  83 

de  Kodâah.  Par  conséquent,  Daïzen  était  fils  de  Moâwiah, 
fils  d'el-Atik,  fils  de  Haram,  fils  de  Saad,  fils  de  Salih , 
fils  de  Houlwân ,  fils  d'Ymran,  fds  d'Elhaf,  fils  de  Ko- 
dâah. Ce  Daïzen,  maître  d'une  armée  nombreuse,  s'était 
allié  aux  Romains  et  leur  était  entièrement  dévoué,  f^es  ra- 
vages exercés  par  ses  soldats  dans  l'Irak  et  le  Sawad  exci- 
tèrent le  ressentiment  de  Sabour,  qui  vint  assiéger  ce  roi 
dans  la  forteresse  d'el-Hadr  oîi  il  sétait  retranché.  Depuis 
un  mois,  Sabour  l'assiégeait  sans  succès,  et  tous  ses  strata- 
gèmes restaient  infructueux,  lorsque,  un  jour,  Nadirah,  fille 
de  Daïzen,  étant  montée  sur  les  remparts,  aperçut  le  roi  de 
Perse,  qui  était  un  des  plus  beaux  hommes  et  des  mieux  laits 
de  son  temps.  Elle  en  devint  amoureuse  et  lui  fit  dire  en  secret 
que,  s'il  promettait  de  l'épouser  et  de  lui  donner  le  premier 
rang  parmi  ses  lémmes,  elle  ferait  tondx'r  la  ville  en  son 
pouvoir.  Ayant  obtenu  la  parole  de  Sabour,  elle  lui  envoya 
un  second  message  pour  l'avertir  de  remonter  le  Tertar  (c'est 
le  canal  qui  passe  au-dessus  d'el-Hadr  ) ,  d'y  jeter  des  brins  de 
paille ,  de  les  suivre  à  la  dérive  et  de  remarquer  par  oii  ils  en- 

(1. 


84  LES  PRAIRIES  D'OR. 

yl  *X_x_j  (>->û-=^  f»*^-!^^  J!^'*^  j-*'?  ^^y5  j!^"?^'*^  ^JS^-*  à>  ^^-*^ 

j^jLw    -«?>A£>I    Lio    -UaJI    t-^Jt)J    «_j„*iKr».    yl^    Usjl    ^3    ^^A^    (^JvJî 

j^tXj  ^ji  l-frÀkj  ilsCi  l^J^UXâ  L.aÀaJ>  (^jvj  <j*i  iii;^  îils^Iàj 

traient  clans  la  ville;  car  c'était  par  cette  issue  secrète  qu'il 
devait  introduire  ses  soldats.  Sabour  se  conforma  à  cet  avis, 
et,  prenant  le  commandement  de  son  armée,  il  pénétra  au 
cœur  de  la  place,  sans  être  aperçu  de  la  garnison.  De  son 
côté,  Nadirah,  impatiente  de  devenir  son  épouse,  le  secon- 
dait en  enivrant  son  père.  Sabour,  après  avoir  égorgé  le  roi 
Daïzen  et  la  garnison,  fit  raser  la  citadelle;  puis  il  épousa 
Nadirah.  Une  nuit,  comme  elle  s'agitait  sans  pouvoir  dor- 
mir, Sabour  lui  demanda  ce  qui  la  tenait  éveillée.  —  «  Votre 
lit  me  meurtrit  les  flancs,  répondit  la  jeune  fille.  —  Est-ce 
possible?  reprit  Sabour,  il  est  cependant  fait  de  duvet  d'au- 
truche, et  nul  monarque  n'a  une  couche  plus  délicate  ni 
plus  moelleuse.  »  f.e  lendemain,  il  trouva  sous  les  épaules  de 
Nadirah  une  feuille  de  myrte;  comme  elle  se  plaignait  d'ê- 
tre meurtrie  jusqu'au  sang,  il  lui  présenta  cette  feuille  en 
lui  (lisant  :  .(  Malheureuse,  de  quoi  le  nourrissaient  donc  tes 
parents?  —  De  crème,  de  moelle,  de  neige,  de  miel  et  de 


CHAPITRE  LXVIH.  85 

J^js-Ls.  dljJLsfc  ool<j  y^-«y^  «i^^î  J^UkI  <>v)t>  Jy-iou»*! 

(jv  .*M^i   f  Jî    Liftai  «X_X-J    L^aIoj^  l^j  j-*«\j  (^jvJUOj   <^I   Jl±I 

Jli  t5v*»-A*J'  liè*>Ji  (jj  (4^=»-  Jy^>  tj*ail  jj  *.fc«  (j\<  (^^ 


vin  exquis,  répondit-elle.  —  Mon  devoir  est  de  te  faire 
mourir,  s'écria  Sabour,  puisque  tu  as  payé  par  le  meurtre  de 
ton  père  et  de  ta  famille  les  bontés  qu'ils  avaient  pour  toi  et 
dont  tu  me  fais  le  récit.  »  Il  ordonna  qu'on  l'attachât  par  les 
cheveux  entre  deux  étalons  fougueux  auxquels  on  donna  la 
liberté,  et  elle  fut  déchirée  en  lambeaux. Hari,  fils  deDahma 
de  la  tribu  des  Béni-Abs,  a  parlé  dans  ses  vers  du  roi  Daïzen 
et  de  ses  compagnons  massacrés  dans  la  citadelle  : 

N'as-tu  pas  appris  avec  douleur  le  triste  sort  des  nobles  Benou'l-Obaïd, 
Le  meurtre  de  Daïzen  et  de  ses  frères  et  la  dc'-failci  des  soldats  issus 
de  Yé/.id, 

Lorsrpi'ils  furent  attaqués  par  Sabour  el-Djunoud  ;\  la  lùlo  de  ses  élé- 
phants bardés  de  l'er  et  de  ses  vaillants  guerriers? 

(jii  autre  poète,  Adi,  lils  de  Zeïd  el-Ybadi,  a  l'ait  allusion 
à  la  trahison  de  Nadirah,  lillc  de  Daïzen,  et  au  supplice  (ptc 
lui  infligea  Sabour  : 


86  LES  PHAIRIES  D'OR. 

L^l-A-*»*  c4^=^  *^^    ^-*^       JtjUïo».  il  jj*^^*ÎIIàs».y\iC» 

jj  iiJCm  jj~_j5^5  isr-***^  ^^^  ub^  *"*'*^  l»^*«Ji  *ÀJ»X^  (j-« 
A.«JLà.A.j    l^  »^-jç.Â.J    ylj_AÀJl  <^_5^J_5  ^^^ÀAJiLwL  oj>^*l'  t*^->^' 

»X-À_*M^iij    ^XjL-^Jl    ^j   (jb-3l_5   U^t)'^^^  JU4^  (j^'*«;^^3 

La  catastrophe  dont  Hadr  a  (^té  victime  eut  pour  auteur  une  femme 
dont  l'amour  coupable  a  sacrifié  ceux  qui  la  protégeaient; 

Une  jeune  fille  qui,  dans  sa  criminelle  ardeur,  n'a  respecté  ni  son  père, 
ni  la  vie  de  son  gardien. 

Elle  a  vendu  sa  famille  à  l'espérance  de  devenir  pour  une  nuit  l'épouse 
du  clief  (Sabour). 

Mais,  au  retour  de  la  lumière,  traînée  par  des  chevaux  libres  d'entra- 
ves, elle  a  expié  dans  son  propre  sang  la  joie  de  son  hymen. 

Cette  aventure  a  inspiré  un  grand  nombre  de  poètes. 

H  y  avait  en  Irak,  près  de  Bagdad,  un  temple  du  feu  bâti 
par  la  reine  Pourân,  fille  de  Kesra-Perviz,  dans  une  localité 
nommée  htiiiia.  Les  mages  vénèrent  encore  plusieurs  py- 
rées  eu  Irak,  dans  le  Fars,  le  Rcrmân,  le  Sédjestàn,  le 
Khoraràn ,  le  Tabaristân ,  le  Djebal ,  l'Azerbaïdjàn  ,  l'Erràn  , 
l'Inde,  le  Sind  et  la  Chine.  Nous  n'en  ferons  pas  mention 
ici,  nous  bornant  à  |)arler  des  plus  célèbres. 

On  cite  un  grand  nombre  d».'  l(Mnples  cIh'/,  les  (trecs  cl 


CHAPITRE  LXVIII.  87 

j 
Lji— *&^— «  A_j<Xi^lî  fcA-iv-Mi  J»*^_5  (j^àaJ  cK^>  (:J?-j  o^"^^   cj^ 

i  AJi-^yUfc.  j^Uj  ^  (^*>^iî  ^'  i  »^_^À^I  xvaj^î  (jiyiJi 

*_Av^j  L(^  ■»  A.LjLwÎ  J>^^  Uûjl^l  /oJi^_5  tô^<>*«  _5-^  {-<  (^M^ri 
Uj   Jo  La^I    S<X-^  J"^   <i^  ^^^'    *^^   ^-'^'^   'T'VS^^  ^-6"^^ 

d'autres  peuples.  Tel  est  le  temple  do  Baai,  ou  de  l'idole 
dont  Dieu  a  parlé  dans  ce  verset  du  Koran  :  «  Invoquez-vous 
Baal,  et  abandonnez -vous  le  meilleur  des  créateurs?» 
(Ch.  xxxvii,  V.  125.)  Ce  temple  se  trouve  à  Baalbek,  ville 
du  district  de  Sanîr,  en  Syrie.  Les  Grecs  avaient  choisi  une 
certaine  portion  de  terrain  comprise  entre  le  Liban  et  le 
mont  Sanîr  pour  y  bâtir  un  temple  d'idoles.  Ce  temple  se 
compose  de  deux  corps  d'édifices  immenses  dont  l'un  est 
plus  ancien  que  l'autre.  On  y  voit  des  bas-reliels  sculptés 
dans  le  roc  avec  un  art  qu'on  ne  saurait  imiter  même  sur 
le  bois.  Les  dimensions  de  ces  monuments,  leurs  assises 
énormes,  leurs  colonnes  élancées,  leur  vaste  porticjue,  tout 
cet  ensend)le  de  constructions  excite  rélonnemenl.  Il  en  a 
été  parlé  ailleurs,  et  nous  avons  raconté  riiisloirc  de  la  prin- 
cesse (|ui  Caillil  périr,  ainsi  (jue  le  massacre  de  la  population 
de  cette  ville. 

Le  ffraiid   Icniplr  di-  D.inias.  romiii  smis  le  iinrn  de  Djvi 


88  LES  PRAIRIES  D'OR. 

<X_A_J|  tK-jij_5  j^iljtîi  ô^XMi  ^J.J  iJJJ^^  *^^  IJ^^  i->\jM\  \iSjb 
<_.<.i&jJi    (j^   L^IaÀJ    i^K^ jSi>^   \j>jj^    ^jft   AjUmj    y^AÀ^W    ^^^ 

^  J^S'jJi]  iLtlsf  jS^i>^  ^-f^^  jAiV»  U\fA"^  li  ^z-^-*  iS^^'  *^ 
j.î_^i)|    yl^j  Jw-rs-j.Jî  j»d>  î<Xi£>  JUii  -JU^A*  y*A:^   ^  «LxjUJi 

(JVAJj  UjI-J  iCjyC*  jl>lî  aKoÎ  (jw4  *XJ  U»  <_^Ai3  i  l,^Aifc.i  «XS 
«_aX.5    (j.£    v_Aii    I<Xi&    ^jl^   /jlî   '*■     ,^jlj&W   ^Uiljî^j    AaJUl*    ^^<Xmo 

roun,  a  été  cité  dans  un  des  chapitres  précédents  [t.  III, 
p.  271)  ;  nous  avons  dit  qu'il  fut  bâti  par  Djeiroun,-  fils  de 
Saad  l'Adite,  lequel  y  fit  transporter  des  colonnes  de  marbre  ; 
enfin,  nous  avons  identifié  ce  monument  avec  Iremauxpi- 
Uers  dont  il  est  parlé  dans  le  Koran  (ch.  lxxxix,  5  et  suiv. ). 
Mais  il  y  a  une  autre  explication  à  ce  sujet,  donnée  par  Kaab 
el-Ahbar,  lorsqu'il  vint  à  la  cour  de  Moâwiah,  fils  d'Abou 
Sofiân.  Interrogé  par  le  {)rince  sur  Irem,  Kaab  fit  la  des- 
cription de  cet  édifice  merveilleux,  couvert  d'or  et  d'argent, 
rempli  de  musc  et  d'aromates  ;  il  ajouta  qu'un  Arabe  cher- 
chant ses  deux  chameaux  égarés  retrouverait  Item,  et  il 
donna  le  signalement  de  cet  homme.  Puis,  se  retournant 
vers  l'assemblée,  il  s'écria:  «  Voilà  l'homme  dont  je  parle!  » 
En  elTet  cet  Arabe  avait  découvert  Irem,  tandis  qu'il  était 
en  quête  de  ses  chameaux  égarés.  Alors  Moâwiah ,  enchanté 
de  la  véracité  de  Kaab  et  de  l'évidence  de  ses  preuves,  lui 
accorda  le  droit  d'enseigner  publiquement  la  tradition.  Si 
celte  histoire  avait  réellement  Kaab  pour  auteur,  ce  serait  à 
merveille.  Malheureusement  elle  est  suspecte  par  sa  Irans- 


CHAPITRE  LXVIII.  8« 

t^.U^i  J.AA*M  l^.^.*A*M  y'^  W^  spitXiij  l^LàJU^  SyAAt  J^l  ç^ 
'ikKA^yi\^        iùtXÀ^Ji^  icx-M^Uii  ^j-«  UJ  x^T^îj  UJ!  AjyUi! 

mission,  et  pour  d'autres  raisons;  il  faut  la  considérer  comme 
une  invention  due  aux  romanciers.  L'existence  même  d'Irem 
et  son  en)placement  ont  soulevé  bien  des  discussions.  Parmi 
les  traditionnistes  de  la  cour  de  Moàuiah  les  mieux  rensei- 
gnés sur  les  choses  de  l'anliquilé ,  sur  rhisloire  des  Arabes 
et  d'autres  peuples  anciens,  aucun  n'a  admis  la  fable  d'Irem , 
à  l'exception  d'Obeïd,  fds  de  Chariah,  qui  donna  à  Moâwiah 
des  détails  sur  les  temps  primitifs  et  sur  les  événements  et  les 
faits  généalogiques  des  anciens  âges.  L'ouvrage  decetObeïd 
est  entre  les  mains  du  public  et  parfaitement  connu.  Au  sur- 
plus, un  grand  nombre  de  .^avants  considèrent  les  relations 
de  ce  genre  comme  apocryphes  et  remplies  de  mensonges 
inventés  à  plaisir  par  des  conteurs  admis  auprès  des  rois. 
Ceux-ci  ont  suggéré  à  leurs  contemporains  l'idée  de  les  re- 
tenir et  de  les  raconter  à  leur  tour.  Jl  en  est  de  ces  recueils 
comme  des  ouvrages  ([iii  nous  sont  pai  venus  a|)rès  avoir  été 
traduits  des  texlesde  la  l'erse,  de  l'Inde  ou  de  la  Grèce.  Nous 


90  LES  PRAllUES  D'OR. 

y-^^  xX^^  A^  v_ÂJi  (-i>UMi  \<yjs>  fjyç\j^,  jm\jJ!_^  <xjLi*jl  l^i 

îLa— >|w»<3juI    ci>v^ji   Aj  kXs.**»  JJUo^  (^JC<i*4i   ^i   ^^  (^  ^6 

avons  dit  ce  qu'il  faut  penser  des  compositions  de  cette  na- 
ture. Tel  est  le  livre  intitulé  Hézar  efsanehoxx  les  Mille  Contes, 
car  c'est  là  le  sens  du  mot  efsaneh  en  persan.  Ce  livre  est 
connu  dans  le  public  sous  le  nom  de  Mille  et  une  nuits  ;  c'est 
l'histoire  d'un  roi,  de  son  vizir,  de  sa  fille  et  de  son  esclave, 
Chirazad  et  Dinazad.  Tel  est  aussi  le  livre  qui  a  pour  titre 
Ferzeh  o  Simas,  et  qui  renferme  des  détails  sur  les  rois  et  les 
vizirs  de  Tlnde;  le  livre  de  Sindbad,  et  d'autres  recueils  du 
même  genre. 

La  mosquée  de  Damas  élait,  avant  l'apparition  du  chris- 
tianisme, un  vaste  temple  renfermant  des  images  et  des 
idoles;  on  en  voyait  jusque  sur  la  coupole;  il  était  consacré 
à  Jupiter  et  à  une  planète  favorable.  Les  chrétiens  le  con- 
vertirent en  église;  après  la  conquête  musulmane,  cette 
église  fut  changée  en  mosquée  et  réparée  par  Walid,  lîls 
d'Abd  el-Mélik.  Les  tours  de  l'église  ancienne,  conservées 
intartes,  snni  deveiuies  des  minarets  où  les  muezzins  arinoii- 


CHAPITRE  LXVIII.  91 

yLsJi  j<\Ià*jd^  î  j^^^  ^^àUJ)  j_:slj  4^La^  t^^  «X-:^r^^  (^-C 
<\— j)k^)   (j^  (_>u  (;^  A-fk-A-Is   «XJLft  «1.^1  ,,|.Â.«>o  ikA.Mi  J^  ^ 

cent  la  prière.  On  voit  aussi,  à  Damas,  une  construction  re- 
n)arquabie  qu'on  nomme  el-Béris;  elle  est  encore  debout 
au  centre  de  la  ville.  Autrefois  cet  édifice  répandait  du  vin; 
il  en  est  fait  mention  dans  les  poésies  arabes  en  l'honneur 
des  Gassanides  émigrés  du  Mareb,  et  d'autres  familles.  Il  y 
a  dans  la  ville  d'Antioche ,  à  droite  de  la  mosquée  cathédrale , 
un  édifice  qu'on  nomme  dimas  (crypte,  catacombe);  il  est 
bâti  en  pierres  adites,  c'est-à-dire  en  blocs  massifs.  Tous 
les  ans,  dans  certaines  nuits  d'été,  la  lune,  en  se  levant, 
entre  par  une  des  portes  situées  au  faîte.  On  prétend  que  le 
monument  nonnné  dimas  était  primitivement  un  temple 
du  feu  bâti  par  les  Perses,  quand  ils  possédaient  An- 
tioche. 

L'astronome  AbouMâchar,  dans  son  livre  intitulé  Kitab-el- 
OidouJ  {Li\ m  des  milliers),  parle  des  temples  et  des  grands 
monuments  (jui  ont  été  construits  sur  tout  le  globe,  dans 
'iiiqnr  période  de  inilli!  ans.  Sou  rjèvi-  Ihn  *'l  Ma/.iar  ;t  traité 


<J2  LES  PRAIRIES  D'OR, 

(J*.LàJI  vji  Uj  t_>ui*ll   iiAJ*X*«  jUi*.!j  *««a^  O^'   'i'^  «Xx*>tAJl 

(jbjl  »,  *n  fi^  çj^X-Mi^   <_j>lj«xJ!  j*Xj  ^^  t5<xJi  J^l  ^l  A  ,-^  tj 

le  même  sujet  dans  les  extraits  qu'il  a  publiés  de  l'ouvrage 
précédent.  Enfin ,  d'autres  auteurs  qui  écrivaient  avant  ou 
après  ces  deux  savants  ont  décrit  les  édifices  principaux  et  les 
merveilles  du  monde.  Nous  ne  dirons  rien  ici  de  la  grande 
muraille  de  Gog  et  Magog,  dont  la  construction  a  fait 
naître  autant  de  discussions  que  Irem  aux  piliers,  dont  nous 
parlions  tout  à  l'heure.  Nous  ne  parlerons  pas  non  plus  des 
pyramides  d'Egypte  ni  des  inscriptions  qui  y  sont  gravées, 
ni  des  berba  construits  dans  le  Sâïd  et  dans  d'autres  provinces 
de  l'Egypte  (voyez  t.  Il,  p.  li.02),  ni  de  la  ville  de  l'Aigle  et 
des  récits  qui  se  rapportent  à  cette  cité,  située  dans  les  Oasis, 
du  côté  de  l'occident  et  de  l'Abyssinie  [ihid.  p.  382).  Nous 
ne  parlerons  ni  de  la  colonne  du  pays  de  Ad,  du  sommet 
de  laquelle  l'eau  jaillissait  pendant  une  saison  de  l'année, 
ni  des  fourmis  qui  sont  grosses  comme  des  loups  ou  des 
chiens,  ni  du  pays  de  l'or,  situé  derrière  Sidjilmaçah,  dans 
le  Magieb.  C'est  dans  cette  contrée,  de  l'autre  côté  d'un 
grand  fleuve,  que  vitune  peuplade  qui  trafiquesans  se  mon- 


CHAPITRE  LXVIII.  93 

fc^d>JJi_j  cLa-L!  ^j^  s^Ij)^'  .^M  /ji^  t-vii JJI  tl)^j^  ^ifibi^ 
jL^vJl  tl-*.^  W*^^  iCwl-fc^jâ:;  ^^j  S^j"*-^'  (j^^  J^'ft**^  ijv^^ 

■*! — ii  |j-«iî_j  j^.Lb-c  ^^J>  _5>-£ûj   w-j-aJ  î  I  jv.^  J^-=*Lw  <jS  iùoUiiî 

trer  ni  communiquer  avec  les  marchands  étrangers.  Ceux- 
ci  déposent  leurs  marchandises  et  se  retirent;  le  lendemain  , 
ils  trouvent,  à  côté  de  chaque  colis,  une  certaine  quantité 
d'or.  S'ils  acceptent  le  marché,  ils  prennent  l'or  et  laissent 
leur  pacotille;  dans  le  cas  contraire,  ils  l'emportent  sans  tou- 
cher à  l'or;  pour  faire  entendre  qu'ils  veulent  un  prix  plus 
élevé,  ils  laissent  à  la  fois  l'or  et  la  marchandise.  Ce  genre 
d'échange  est  bien  connu  dans  le  Magreb,  à  Sidjilmaçah; 
c'est  de  cette  ville  que  sont  expédiées  les  marchandises  qu'on 
dépose  sur  les  bords  du  grand  et  large  fleuve  près  duquel 
vit  cette  peuplade.  Il  y  a  dans  la  région  la  plus  éloignée  du 
Khoraçân,  aux  limites  du  pays  habité  par  les  Turcs,  une 
nation  qui  emploie  un  pareil  mode  de  trafic;  comme  dans 
le  Magreb,  ce  peuple  évite  de  parier  et  tie  se;  montrer,  et  vit 
sur  les  bords  d'un  fleuve  immense.  Passons  également  sous 
silence  l'histoire  du  «  puits  comblé  et  du  rliàteau  fortifié  » 
(Koran,  .\xii,  kk],  dans  la  province  de  Chihr  qui  fait  partie 
des  y4/jfca/ (monticules  de  sable),  enlie  le  Yémen  et  le  Ha- 


9Zi  LES  PRAIRIES  D'OR. 

li>^K-ftl  ^J~*  LkiuUij  ^àJ^^  l^Uajl^  (i,j^  ij^  l^i  U^  _^l\^ 

\.■KJi^\^ y^j»^l  ^\jX\  My  ^^^'  li^^  J^.}^  i  (j-W  *i^*  ^^ 

ii.A-«5;   ii_iL)«X^  jL^-i.l_5    L*^_5   J^  a.xXxS'  fjya.Â^  ^i^otîî 

jLa-s^I  i^  »ij)56  U  t-^***>j»-  t^  »iJ>Ji>  t^«  ^^J3  *"(^-*j>j  (jy!Î> 
ii_JLj<X^  j-A-à-^    Q;v^J«XJ^i    i.^AJ    ^^Jl    ÀXA**Jî   c:>_j^l  jUi^l 

dramaut.  Ce  puits  est  percé  (à  ses  deux  extrémités)  d'orifices 
qui  communiquent  avec  les  villages  et  les  champs  voisins. 
On  a  donné  différentes  explications  du  verset  où  il  est  parlé 
du  puits  et  du  château  ;  mais  ou  ne  sait  s'il  s'agit  de  ceux  dont 
nous  parlons,  ou  d'autres.  Nous  ne  dirons  rien  des  mikhlaf 
du  Yémen ,  c'est-à-dire  de  ses  citadelles  et  de  ses  forts,  comme 
la  citadelle  de  l'Abeille, .etc.  Nous  laisserons  de  côté  l'histoire 
et  la  description  de  Rome,  de  ses  monuments  célèbres,  de 
ses  églises,  et  ce  que  l'on  rapporte  de  la  colonne  surmontée 
d'une  figure  de  bronze  représentant  une  espèce  de  grive.  A 
l'époque  de  la  récolte  des  olives  en  Syrie  et  ailleurs,  on 
porte  devant  cette  colonne  des  olives  et  des  grives  suspen- 
dues par  le  bec  et  les  serres,  et  on  les  jette  devant  l'oiseau 
de  bronze;  le  but  de  cette  cérémonie  est  d'augmenter  la  ré- 
colte des  olives  et  de  l'huile  à  Rome.  Nous  en  avons  déjà 
parlé  dans  nos  Annales  historiques,  en  nous  occupant  des 
talismans,  d'après  Relinous  (Apollonius  de  Tyane)  et  d'au- 
tres autours.  Il  a  été  question,  dans  le  même  ouvrage,  des 


CHAPITKE  LXVIII.  <,)5 

^-i^   ^j~*  jjW  Uj   j*J»>Oii!  Jj^U^  (J^\  ^\mj}\   aa3^  ^JUaJl 
j^-*\  ij^  ij^  U  ^  L4-A-Ji  J_y*s>yi  ^*X*J3  l^  iaJl*Ji  J^jAil 

Lg-A-j  4X^_4.]|  JyLojUà-i  (j^  yl^  Uj  Jsj^JI  j^liU  cjl^i 
àj^^^  cic  ^Ji  pL;^:i\!  »*x^il  J^Liç4Jl  ^j^  jv^^i  :>:5,y.^ 

J-^s^J  .Xa^JI  ^jojL  (jUjyil  /»->*XJj  jj  '•^jt^li»  -«XJuit  5j<XJi 
.XÀ^I  J^^  iOsjÛ^  4i;j:>i^L,  o_j^*it   -yJ<^\  S.ÀS.  Jàxi\   4KA4JI 

sept  édinces  de  l'Espagne,  de  la  ville  de  cuivre  et  do  la 
coupole  de  plonih  qui  se  trouvent  sur  les  frontières  de  ce 
pays;  nous  avons  raconté  les  aventures  de  ses  anciens  rois, 
les  obstacles  qui  défendaient  l'accès  de  cette  ville,  comment 
elle  fut  envahie  par  le  général  d'Abd  el-Mélik  ben  Mervvân, 
comment  plusieurs  musulmans  furent  précipités  du  haut 
des  murs,  en  montant  à  l'assaut,  et  comment,  d'après  leur 
propre  récit,  ils  goûtèrent  ensuite  les  délices  de  ce  monde 
et  de  l'autre.  Nous  avons  mentionné  une  autre  ville  entourée 
de  remparts  de  cuivre,  et  située  près  de  la  mer  d'Abyssinie, 
sur  la  limite  des  déserts  de  l'Inde;  nous  avons  parlé  des 
aventures  des  rois  de  l'Inde  dans  ce  pays,  où  il  leur  était 
impossible  de  pénétrer;  enfin  ,  des  eaux  qui  sortent  de  la  val- 
lée (les  sables  et  se  dirigent  vers  cette  ville.  Nous  avons  décrit 
les  temples  de  l'Inde  consacrés  aux  idoles  qui  ont  la  forme 
du  hfidrah  (sans  doute  le  pradjapati) ,  c'est-à-dire  du  germe 
<[ui  parut  dans  l'Inde  à  l'origine  des  temps;  le  grand  temple 
nommé  Aladra  (Ellora?)  où  les  Indiens  se  rendent  en  pèle- 


96  LES  PRAIRIES  D'OR. 

(j^  (jv-k«Uj__5  :>!$X.AJ  ^-*<**^  yj  Js.^  ^yiAji.^  *KÀ*i>*,j|  ^jbji  (J-. 

yU A-il    ^jw«    fj..y>^    (jw«    A^   U    &ji*Xj_5    a1U=>-^    AAAÀji_5    ^^^•i' 

rinage  des  régions  les  plus  éloignées.  Ce  temple  a  une  ville 
entière  à  titre  de  fondation  pieuse,  et  il  est  entouré  de  mille 
cellules  où  vivent  les  dévots  qui  se  consacrent  à  l'adoration 
particulière  de  cette  idole.  Nous  avons  cité  le  temple  élevé  en 
l'honneur  d'une  autre  idole  dans  le  Moultân ,  sur  les  bords  de 
l'Indus  (Mehrân)  qui  arrose  leSind;  le  Sindân-Kesra  (prison 
du  Cosroës)  à  Karmasîji,  ville  du  district  de  Dinawer,  dans 
le  Mah  el-Koufah  (c'est  le  Tak-é-Bostân ,  près  de  Kirman- 
chah).  Enfin  nous  avons  recueilli  une  foule  de  détails  sur 
les  particularités  de  chaque  contrée,  ses  monuments,  ses 
montagnes,  ses  animaux,  etc.  dans  nos  ouvrages  précédents. 
On  y  trouvera  aussi  des  notions  sur  les  productions  particu- 
lières à  chaque  pays  soit  musulman,  soit  étranger;  sur  le 
costume  et  les  mœurs  propres  à  chaque  peuple;  sur  les  ali- 
ments et  les  boissons  dont  il  fait  usage  et  les  qualités  qui  le 
distinguent  des  autres  peuples;  sur  les  curiosités  des  villes, 
la  description  des  mers  et  la  discussion  relative  aux  lieux 
où  leurs  eaux  se  mêlent  et  se  confondent;  sur  les  monstres 


CHAPITHE  LXVllI.  97 

JJi  Jot.>  JOi  4X51  yl^  pjj^Jl^^  (^^Uitf*î_j  pj^AjiJl  ^bb;^ 

J^^b  j-î?>-*j'     -JulX^J    i  ^-i^-î     ^    ..^>-w*.=.-    (^    Ijy^U»-    l^yÀAj 

CJ-*  i>-rS— «  (^  ^W^Jî  i_^j*\_)  CJ).J»j  |*^AjiJi  w.^j  SyXs»-  (^*xJI 
^*^"  ^^^  l-4-Ai^  jU^  iWJàfi  S^kÀi  l^Aifi  -j^-UJt  iiAj*X^ 

([u'ellos  recèlent,  et  les  substances  précieuses  que  chaque  mer 
possède  exclusivement,  comme  le  corail  qui  ne  se  trouve  que 
dans  la  mer  occidentale,  et  la  perle  dans  la  mer  d'Ahys- 
sinie. 

Un  certain  roi  avait  entrepris  de  creuser  un  canal  entre 
la  mer  de  Kolzoum  (mer  Rouge)  et  la  mer  de  Roum  (Médi- 
terranée); niais  le  niveau  de  la  première  étant  plus  élevé 
que  celui  de  la  mer  de  Roum, .il  dut  abandonner  ce  projet. 
C'est  Dieu  lui-même  qui  a  placé  cette  barrière  entre  les 
deux  mers,  ainsi  qu'il  nous  l'apprend  dans  son  saint  livre. 
(Koran  ,xxv,  55;  xxii,  loi.)  La  prise  d'eau,  du  coté  de  la  mer 
de  Kolzoum,  se  nomme  Dounh  et-Timsah,  à  un  mille  de  la 
ville  de  Kolzoum  (ancien  Clisma)  :  c'est  là  que  se  trouve 
un  grand  pont  que  traversent  les  pèlerins  de  l'Kgypte.  Le 
canai,  partant  de  la  mer  de  Kolzoum,  se  dirigeait  sur  un 
point  de  la  province  de  Misr,  nommé  clllameh,  terriloiic 
afferme  aujourd'hui  (en  :\^o.  de  rin'gire)  à  Mohammed,  fils 
d'Ali  cl  \lad<'ràiii.  I.;i  joiiclion  des  deux  mers  avant  etc  kuoii 


98  LES  PRAIRIES  D'OR. 

w^^ls  iiAAisij  J^L  ^-^^i  ^♦^  Oj^Jj  ^^^-^^^J  i^W^^^  (J'^ÀJ 
JowiKj  u-o|^!  c:^1^3   ii^l^iî  i)"^  y^J  S*a3]    (^£*-  (jlxÂxÀj 


tiue  impossible,  le  roi  fit  creuser  un  autre  canal  sur  la  côte 
de  la  nier  de  Roum ,  vers  le  district  de  Tinnis ,  Damiette  et  le 
lac.  Ce  canal ,  nommé  Zabar  et  el-Khabïeh,  était  alimenté  par 
la  mer  et  le  lac  de  Tinnis;  il  se  prolongeait  parNânaân  jus- 
(|u'au  territoire  d'el-FIameh.  Près  de  ce  village  se  rencon 
traient  les  navires  venus  de  la  mer  de  Roum  et  ceux  qui  de 
la  mer  de  Kolzoum  remontaient  par  le  canal  de  Dounb 
et-Timsah  ;  c'est  là  qu'avaient  lieu  les  transactions  commer- 
ciales, et  la  distance  entre  l'une  et  l'autre  mer  était  ainsi 
notablement  diminuée.  Dans  le  cours  des  siècles,  les  sables 
|)oussés  par  le  vent  du  désert  et  d'autres  causes  encore  dé- 
truisirent ces  travaux.  Plus  tard,  Haroun  er-Récbid  lenla  la 
jonction  des  deux  mers,  en  établissant  une  prise  d'eau  sur 
le  cours  supérieur  du  Nil,  vers  l'Abyssinie  et  la  limite  méri- 
dionale du  Sàïd.  Ne  pouvant  réussir  à  partager  les  eaux  du 
Nil,  il  résolut  d'unir  une  mer  à  l'autre,  en  faisant  dévier  le 


CHAPITKK  LXVIII.  99 

A_il  j-^a^  yi<'  (jva>-  ^V'^-îi   (^  ji^î  (j^   S^  'S.ï^   viiii  (^ 

(j~Jj-^-îl    (^^^^  (j>jj-i^jb)j  <îujj;  tjllail  (^j-J  io>A^^ 

iU*ii  ^A*3  iiXxii  t^^A^i^^  ^^^i)l  a;U*J  IxAis  ioiJl-Jl  d)yat 

Nil  du  côté  de  Farama  (Péluse)  et  du  pays  de  Tinnis.  Mais 
Yahia,  fils  de  Khaled,  lui  représenta  que  les  Grecs  vien- 
draient capturer  les  pèlerins  pendant  leurs  processions 
rituelles  autour  de  la  kaabah,  En  effet,  une  fois  maîtres  du 
passage  entre  la  mer  de  Roum  et  la  mer  du  Hédjaz,  ils 
tomberaient  sur  Djeddah  et  feraient  des  prisonniers  jusque 
sur  le  territoire  sacré,  à  la  Mecque  et  à  Médine.  Réchid 
renonça  donc  à  ses  projets.  On  raconte  que  Anir,  lils  d'el- 
Assi ,  avait  conçu  la  même  entreprise ,  lors(|u'il  se  Irouvaiteu 
Egypte,  mais  qu'Omar  (ils  d'el-KhaHal)  l'en  détourna  par 
de  sendilables  raisons,  c'est-à-dire  en  lui  faisant  craindre 
une  invasion  des  Grecs.  Ceci  se  passait  au  moment  de  la 
conquête  de  l'Egypte  par  Amr,  sous  le  kbalifc  Omar.  Les 
traces  des  travaux  de  canalisation  entre  les  deux  mers  sont 
encore  visibles  sur  les  points  que  nous  avons  nommés;elles 
attestent  les  efforts  tentés,  pai-  les  rois  fie  l'antiquité,  pour 
auguienter  la  civilisation  et  la  prospérité  du  pays  et  amélio- 


100  LES  l'l\AIRIES  D'OFV 

tjî^AoAÎ  (^-s^-*'  ^ij  ^î^l  Ci_y^>o^  jtiUIl  Vi>>*^  cj^ 

rer  le  sort  des  habitants  ,  en  facilitant  rechange  des  denrées 
et  de  tout  ce  qui  développe  la  richesse  et  l'aisance  générales. 
Dieu  favorise  les  bonnes  entreprises. 

CHAPITRE  LXIX. 

RÉSUMÉ  DE  CHRONOLOGIE  UNIVERSELLE  DEPUIS  LE  COMMENCEMENT 
DU  MONDE  JUSQU'À  LA  NAISSANCE  DE  NOTRE  PROPHIÎTE',  ET  AU- 
TRES DÉTAILS  SUR  CE  SUJET. 

Nous  avons  exposé  dans  nos  ouvrages  précédents  les  di- 
vers systèmes  relatifs  à  l'origine  du  monde,  selon  qu'on  l'a 
considéré  comme  créé  ou  comme  incréé;  nous  avons  n)ontré 
quelles  routes  différentes  ont  suivies,  dans  l'étude  de  ce 
problème,  les  écoles  de  l'Inde,  de  la  Grèce  et,  plus  tard,  les 
astronomes  et  les  physiciens  qui  ont  adopté  l'opinion  de  ces 
écoles  sur  l'éternité  du  monde.  La  thèse  soutenue  par  les 
astronomes  est  celle-ci  :  Le  principe  créateur,  celui  qui  forme 


CHAPITRE  LXIX.  101 

ii  a5(Cm;Î    4_>j)^-0_5   Sjj-^î'J   XoU^Î_5   XJLjLa^^s   ^t)\   »o   «^i*Xj 

iXi  *L-Uii)i  :>y-^i  \.^_:>^s='yj  ^J^  y!  JJJÎ  *-va-*JI^  iiKx!l  c>Jl< 

<.^j^  S^à^'ss.  *jt.xxlaii   yil  l^>>aiwi_5  ^jUiaJî  ci>\^^j.j^  J.Aij 
c:*i i^:>._y!Ll  j5 Lwj  cijUàJI^  {J^y*r^  ^^j-^^  c:*Ja.Xxifclj  U6j*Xj  »j 

la  matière  et  lui  donne  la  vie,  n'est  autre  que  le  moteur 
universel,  lorsqu'il  accomplit  sa  révolution  et  revient  à  son 
point  de  départ;  puis,  dans  une  seconde  révolution  sem- 
blable à  la  première,  il  produit  une  nouvelle  création  ,  dont 
les  êtres  sont  identiques  de  formes  et  d'attributs  à  ceux  de 
la  première  création.  En  elTet ,  le  principe  créateur  et  la 
cause  efficiente,  sources  de  toute  existence,  restant,  durant 
leur  période  de  retour,  tels  qu'ils  étaient  en  commençant 
leur  révolution,  il  s'ensuit  que  la  nature  doit  conserver  ses 
forces  créatrices  jusqu'à  ce  qu'elle  soit  ramenée  à  son  ori- 
gine, c'est-à-dire  à  son  point  de  départ.  A  cette  thèse  suc- 
cède celle  des  physiciens,  l^a  nature  entière,  disent  ces 
derniers,  la  matière,  comme  les  êtres  immatériels,  doivent 
leur  existence  au  mouvement  et  à  la  fusion  des  éléments. 
Dès  l'origine  des  choses,  une  grande  commotion,  une  fu- 
sion universelle  ont  formé  les  animaux,  les  plantes  et  tout 
ce  qui  existe  en  ce  monde  et,  en  n)éme  temps,  ont  déposé  en 
eux  un  principe  reproducteui-,  com[)('usant  ainsi,  par  celte 
l'rxcullé  (l(;    reproduf  lion ,   ranéanlissfmeiil    au(|uel  chaciue 


102  LES  PRAIRIES  D'OR. 

Jl  j-*jpî  i  ^^^  (j**<\iJi  y!  dUij  -«^1^5  c:*.^'  X)^  ^4)^^ 

^jW  LJ^  LàL^-îsf^Jl  (j^ji^^IàJi  i  ^j-«Ul  <xi»-L>^  c:>LuJ!  ^U**! 
;j^  s^jj  ^'**^.^  -«^U^Jî  i  !*Xj  «Xi  t^*xJî  J^^l  JliiL  Ijjûlli 

individu  est  condamné.  Les  élémenls  passent  de  l'état  com- 
posé à  l'élat  simple ,  et  de  l'état  simple  à  l'élat  composé. 
Lorsque  les  corps  organiques  ont  épuisé  la  force  qui  était 
en  eux,  la  nature  retourne  à  l'état  simple  et  une  nouvelle 
création  se  manifeste,  suivant  cetle  loi  constante.  Car  le 
principe  créateur  restant  immuable,  il  faut  que  le  monde 
émanant  de  ce  principe  présente  les  mêmes  caractères 
d'immutabilité.  On  cite  comme  exemple  de  cotte  loi  la  ger- 
mination des  plantes  et  le  mouvement  latent  de  la  sève  au 
printemps.  C'est  dans  cette  saison  que  le  soleil  atteint  la 
tête  du  Bélier  et  commence  à  s'élever,  à  travers  l'espace, 
vers  le  zénith.  Le  soleil  devenant  le  foyer  d'oii  jaillit  la  vie 
des  végétaux,  le  fruit  renaît  et  apparaît  sur  l'arbre,  exacte- 
ment tel  qu'il  était  lors  de  sa  première  formation,  lorsque 
l'hiver  survint  avec  sa  sécheresse  et  ses  frimas.  En  ellel, 
la  chaleur  et  l'humidité  étant  les  principes  de  la  germina- 
tion ,  le  froid  et  la  sécheresse  étant,  au  contraire,  les  prin 
cipes  de  la  destruction  ,  lorsque  la  nature  |)asse  île  l'élément 


CHAPITRE  LXIX.  103 

oliiViL^l^'  iCïjjU^  JULnJl  o!$X,AiwL  Ki^'À'^  S^^\  IgAOJtj  c>»i^^ 
a:>_^s>-j-ll  -plA-Ci^î  yî  «»^^y>  jja^sJvJi  ivyiaï^y  Ajix  yl»i^  *»XJiJl* 

chaud  el  humide  à  l'élément  froid  et  sec,  le  développement 
de  la  vie  s'arrête  pour  faire  place  au  principe  de  destruc- 
tion. Dès  que  celui-ci  a  épuisé  sa  force  destructive  et  at^ 
teint  ses  dernières  limites,  l'élément  créateur  reparaît  au 
jnoment  où  le  soleil  entre  dans  le  Bélier;  alors  la  nature 
renaît  telle  qu'elle  était  d'abord,  et  passe  d'un  anéantisse- 
ment momentané  à  l'expansion  d'une  vie  nouvelle.  Si  les 
sens  pouvaient  pénétrer  le  mysière  de  l'organisation  el  des 
transformations  successives  des  corps,  ils  les  verraient  ac- 
complissant, dans  le  cycle  des  âges,  la  révolution  (jui  les  ra- 
mène à  leur  origine,  et  revêtant,  dans  leur  marche  à  travers 
le  temps,  des  formes  tantôt  identiques,  tantôt  op[)Osées  et 
dissemblables,  selon  la  diversité  des  causes  créatrices. 

On  le  voit,  le  système  de  celte  école  lend  à  établir  et  à 
démontrer  l'éternilé  du  monde.  Mais  un  examen  sérieux 
|)rouve  que  tous  les  êtres  créés  sont  soumis  à  celle  alter- 
native :  ou  ils  ont  un  commencemerit  cl  une  lin,  ou  ils 
sont  incréés  el  clernels.  .S'ils  n'ont  ni  connneuccmenl ni  lin. 


104  LES  PRAIRIES  D'OR. 

(jl    «--v->^  _5-J^   »X..»«.lj  Jl.;^3  J-is^   dLîij   iCjli  ^_5  («XajÎ   l^J 

il  est  évident  que  les  molécules  qui  les  composent  sont  in- 
destructibles, et  que  le  temps  ne  peut  ni  les  anéantir,  ni 
les  désagréger.  Or  nous  voyons  les  dilTérentes  parties  qui 
constituent  un  corps  soumises  à  une  loi  constante  qui  les  lait 
naître  et  mourir.  Chaque  jour,  la  nature  nous  présente  de 
nouvelles  créations;  des  êtres  qui  n'existaient  pas  hier  vien- 
nent remplacer  ceux  qui  avaient  été  formés  précédemment. 
Nous  sommes  donc  forcé  de  conclure  que  la  matière  est. 
bornée,  qu'elle  est,  sous  toutes  ses  formes,  enfermée  dans 
de  certaines  limites,  et  condamnée  à  naître,  puis  à  périr. 
Nous  devons  par  conséquent  rejeter  l'opinion  de  ceux  qui 
n'admettent  pour  le  monde  ni  commencement,  ni  fin,  ni 
limites,  et  considérer  leurs  théories  comme  vaines,  impos- 
sibles et  vicieuses.  D'ailleurs,  si  la  matière  était  incréée  et 
éternelle,  il  faudrait  admettre  que  chaque  être  reste  im- 
muable dans  sa  sphère,  et  à  l'aliri  de  tout  déplacement;  il 
n'y  aurail  alors  dans  ce  monde  ni  cliangeîiienls  ni  cou 
trasles,  ce  ([ui  est  absmde.  Kniin  ,  si  l'on  acceplail  l'iiypotlièse 


CHAPITRE  LXIX  105 

<iytX-^   (j-t  l^  Jo  ^  /jij  ^   /^i   ^xj   l^Jî  iii'*X^  ^Ly^ii^î 

«^♦Là^aJu  liya^  (ji  JyixJi j>^j  «Li>UASi  Ajii  /jjtjM\*j'  ii  ^j_. 

tkjjlji   v-*.oj^  ^L»Jî   ic'j b  j..*ac»-   i^   -I^A^i   (ji   jiiî  j=>-^à 

(le  la  matière  élernclJe,  les  mots  Iiier,  aajoarcVhm,  demain, 
n'auraient  plus  de  sens,  puisqu'ils  désignent  des  espaces  de 
temps  bornés,  et  supposent  la  distinction  entre  le  moment 
qui  n'est  pas  encore  et  celui  ([ui  est  actuellement.  Il  faut 
donc  conclure  de  ces  transformations  successives  que  la 
matière  est  créée.  Les  preuves  de  cette  vérité  sont  fournies 
par  le  témoignage  des  sens,  ella  logique  les  impose  à  larai- 
son.  La  conséquence  qui  endécouli;  iiaturellement,  c'est  que 
le  monde  n'a  pu  être  tiré  du  néant  et  créé  que  par  un  être 
qui  en  dilfère  j)ar  son  essence  et  sa  forme;  car  la  raison  ne 
reconnaît  qu'une  chose  est  égale  à  une  autre  que  si  elle  trouve 
ces  deux  choses  égales  en  étendue,  en  poids,  en  Ibrme  et 
en  ligure.  Mais  la  substance  divine  de  l'être  tout-puissant 
et  glorieux  ne  peut  être  délinie  par  le  langage;  ses  (|ualités 
ne  peuvent  cire  ni  limitées  par  la  raison  ni  même  indiquées 
par  des  signes  sensibles,  cl  sa  sn!)stan(e  est  sans  bornes  el 
sans  lin. 

l'assons  mainlcnanl  au  lo^umc  (l<;  la  chronologie  univer- 


106  LES  PRAIRIES  D'OR. 

«^ivij  ^j^  (j!  (j*.fc.^^l   t;ivSj_5  cyliii)^  j3w*iJi   (j-«  UaA^Oo  î^Xj 

selle  et  à  l'opinion  adoptée  par  différents  peuples  sur  cette 
question;  car  si  nous  avons  démontré  que  le  monde  avait 
été  créé,  c'est  que  l'examen  de  la  thèse  contraire  nous  a 
entraîné  dans  cette  discussion.  On  a  vu  dans  un  des  chapi- 
tres précédents  ce  que  pensent  les  philosophes  indiens  de 
l'âge  du  monde  (t.  I",  p'.  i5i).  Les  Juifs,  suivant  la  donnée 
de  leur  livre  saint,  prétendent  que  le  monde  existe  depuis 
six  mille  ans,  et  cette  croyance  a  été  adoptée  par  les  Chré- 
tiens. Parmi  les  Sabéens,  les  Harranites  et  les  Rimarites 
professent  une  doctrine  dont  nous  avons  parlé  déjà,  en 
citant  sommairement  l'opinion  des  Grecs.  Les  Mages  re- 
culent l'origine  du  monde  jusqu'à  une  limite  inconnue; 
leur  théorie  repose  sur  l'extension  de  la  puissance  et  des 
stratagèmes  qu'ils  attribuent  à  Hermend  (Ahrinian),  c'est- 
à-dire  au  démon.  Cependant  quelques  Mages,  acceptant  le 
système  des  dualistes  sur  le  mélange  et  la  dclivrancc,  préten- 
dent que  le  monde,  en  revenant  à  son  point  de  départ,  sera 


CHAPITRE  LXIX.  107 

(j>^  (iUJo  iJi-À-w  ^j^JÙ*»»^   ^J^i         'J^îUvA»-!?'  ilj.:^Ut  <JI    i.AAi:>)J 
<\.jLaw  ^i\^^  iLit-Mê   iji^\  <\a.m  /q>xAa9  ^àjI  ii>>  (ii  r*^)  ^%-M^ 

délivré  de  tous  les  maux  ,  de  toutes  les  calamités  qui  Tacca- 
blent.  Les  Mages  comptent  entre  leur  prophète  Zoroastre, 
liJs  d'Espimàn,  et  Alexandre,  une  période  de  deux  cent  cin- 
quante-huit ans;  entre  Alexandre,  qu'ils  font  régner  six  ans, 
et  ravéneuient  d'Ardéchir,  cinq  cent  dix-sept  ans;  enfin, 
entre  Ardéchir  et  Thégire,  cinq  cent  soixante-quatre  ans.  Do 
la  chute  d'Adam  à  Thégire,  on  compte  six  mille  cent  vingt- 
six  années  ainsi  réparties:  de  la  chute  d'Adam  au  déluge, 
deux  mille  deux  cent  cinquante-six  ans;  du  déluge  à  la  nais- 
sance d'Abraham  V ami  de  Dieu,  mille  soixanlc  et  dix-neuf 
ans;  de  la  naissance  d'Abraham  à  la  venue  de  Moïse,  fils 
d'Anuàn,  c'est-à-dire  jusqu'à  l'époque  où  Moïse,  alors  âgé 
de  (juatreviiigts  ans,  sortit  de  If^gyple  avec  les  Israéliles  et 
les  conduisit  dans  le  déserl ,  cincj  cent  soixante-cin(|  ans; 
«le  la  sortie  d'Mgvplc  à  la  (pialricme  année  du  règne  de  Sa  • 
l«>mon  ,  (ils  de  i)a\i(l,  dale  de  la  foudalion    du   lemplc    de 


108  LES  PRAIRIES  D'OR. 

(JI  ^j*.Joiii  owAj  *Uj  (J-.J  iiÀAw  (jj^i^jj  os.^^  'JS»l<\A«  (j«.*XJiil 

♦^-Jj— «  (j-«j  iiÂAw  y^jXiwjj  XMfcj^  <xÀ.w  iioL«vAj  '«^S'mJII  «x!L-«  ^^5 
(j^.A^_j  ^^*Xs«.|j  iCÀAw  ioUwJ^  ^xAa=>  ^ÀJÎ   *XJj,^  Jî   f!i-^**X^ 

AÀ.iw  fj^»A**,'J^    f  v^ l?    «XJV-fiW-^    *^Aas    (^aJ)     ^>^^     ;*?S'**'*5     iÙ^JtA^ 

<j!  -ii  is^A-^  t^  icjl_x_]!  '^:^  f-iV-^  Jj-A-!5  5*k_;ii  J^x.* 

(^*X-=*-lj  iïjWljf}  iiÂAw  ci^^î  -i^^^jl  /o.xXa»  W-V  cUxa^  JÎ  /  v^i^i 

Jérusalem,  six  cent  trente-six  ans;  de  la  fondation  du  tem- 
ple au  règne  d'Alexandre,  sept  cent  dix-sept  ans;  du  règne 
d'Alexandre  à  la  naissance  du  Messie,  trois  cent  soixante- 
neuf  ans;  de  la  naissarrce  du  Messie  à  celle  du  Prophète, 
cinq  cent  vingt  et  un  ans.  Ou  bien  ,  entre  le  jour  où  le  Mes- 
sie âgé  de  trente-trois  ans  fut  enlevé  au  ciel  et  la  mort  du 
Prophète,  cinq  cent  quarante-six  ans;  entre  la  prédication 
du  Messie  et  l'iiégire,  cinq  cent  (piatre-vingt-quatorze  ans. 
Le  Prophète  niourut  l'an  neuf  cent  trente-cinq  de  l'ère  des 
Séleucides  (Dou'l-Karneïn).  Entre  David  et  Mahomet,  on 
compte  dix-sept  cent  deux  ans,  six  mois  et  dix  jours;  entre 
Abraham  et  Mahoniet,  deux  mille  sept  cent  vingt  ans,  six 
mois  et  dix  jours.  D'après  le  calcul  ([ui  précède,  depuis  la 
chute  d'Adam  juscpi'à  la  mission  du  Prophète,  il  s'est  écoulé 
qualrc  mille  huit  cent  onze  ans,  six  n)ois  et  dix  jours.  Le 


CHAPITRE  LXIX.  100 

Jt-  (j^^    aSLl»^  ^Ijtîl  *Jv  i  ajULmJI  i^ji^iaJl  ij^^j^  <iî^ 

chiffre  total  clos  années  comprises  entre  la  chute  d'Adam  et 
la  présente  année  332,  date  de  l'établissement  du  khalife 
Mottaki-Billah  à  Rikkah,  dans  le  Diar-Modar,  s'élève  à  cinq 
mille  cent  cinquante-six. 

Nous  avons  déjà  donné  un  aperçu  de  chronologie  dans 
quelques-uns  dos  chapitres  précédents,  et  nous  n'y  revien- 
drons pas.  Il  serait  oiseux  de  rapporter  ici  les  contes  débités 
par  les  Mages  sur  la  chronologie,  sur  le  retour  de  la  domi- 
nation universelle  entre  leurs  mains  et  chez  d'autres  peuples 
qui  n'existent  plus,  sur  l'origine  et  la  lin  du  monde,  sur 
lacroyancede  ceux  d'entre  eux  qui  admettent  que  lemonde 
n'a  ni  commencement  ni  fin,  cl  de  ceux  qui  prélendenl  que 
le  monde  a  eu  un  conmiencemenl,  mais  qu'il  n'aura  point 
de  fin.  Les  détails  que  nous  avons  donnés  dans  nos  autres 
livres  nous  dispensent  de  revenir  sur  ce  sujet,  car  nous 
nous  sommes  l'ait  une  loi  de  rester  concis  el  bref,  en  ren- 
voyant pour  l(,'s  développements  à  nos  ouvrages  précédents. 


110  LES  PUAIRIES  D'OR. 

(jOJ^Ji  cijUrï-^^j  JyixJ!  ci^ljuâi  ctyta.^  3^  Ajii\  AxXfr  fi-:^>^ 

j.Jji    «X-jJ^    Jy»r>    ti^    ^i^    ^ijW    O'^'     »JtJ<Mt    UjjJJj^    *^^_>:> 

Les  partisans  de  l'examen  et  de  la  recherche  scientifiques, 
parmi  les  Musulmans ,  disent  qu'on  arrive,  par  voie  d'induc- 
tion ,  à  la  preuve  que  le  monde  a  eu  un  commencement,  qu'il 
a  été  tiré  du  néant  et  formé  par  le  créateur,  le  Dieu  tout- 
puissant  qui  l'a  créé  de  rien  et  le  fera  rentrer  dans  le  néant 
lorsqu'il  lui  plaira;  car  c'est  par  là  que  seront  confirmées 
les  promesses  et  les  menaces  de  ce  Dieu  véridique  dans  ses 
promesses  et  ses  menaces  et  immuable  dans  ses  paroles. 
L'origine  du  monde  (ajoutent-ils)  remonte  à  Adani  ;  mais  il 
est  impossible  d'en  déterminer  ni  d'en  évaluer  Vk^e.  On 
a  beaucoup  discuté  sur  l'origine  du  monde;  mais  le  livre 
saint  ne  fournit  aucune  donnée  de  calcul,  aucune  lumière 
sur  le  nombre  des  siècles  écoulés.  C'est  une  question  in- 
terdite aux  recherches  de  l'esprit  humain ,  en  dehors  du  rai- 
sonnement ,  des  déductions  de  l'examen  et  du  témoignage 
des  sens,  aussi  loin  qu'ils  sondent  la  nature.  De  quel  droit 
donnerait-on  au  monde  sept  mille  ans  d'âge,  lorsque  Dieu, 
parlant  des  nations  et  des  peuples  qui  ont  cessé  d'être,  dit  : 


CHAPITRE  LXIX.  111 

\it)pi^  y«^Jl    4>L^I_^    '"^>^i    ^^-*i    ^^-frî'    ''^-•-«^    CJ-«J    JU>^î 

*(^viJI  i  i)i  jJsSiTi  Jyù  ^  SjSi)  JUj  4MÎ^  l^i^»  »iUi  (Ç^ 

i^jjji..^)  (jirjiJi    (jt^  c:j^Là_a-«  Xi-o^   ^-*-»-*J   t5«^5    (j5   U^  U 

«  (Nous avons  anéanti)  Ad,  Témoud,  les  habitants d'er-Rass 
et  les  nombreuses  générations  qui  ont  vécu  dans  cet  espace 
de  temps?"  (Koran,  xxv,  lio.)  Évidemment  Dieu  n'a  pu 
employer  le  mot  nombreuses  que  pour  désigner  un  nombre 
considérable.  Le  Koran  nous  révèle  la  création  du  premier 
homme,  son  histoire,  celle  des  prophètes  qui  sont  venus 
après  lui ,  les  circonstances  de  la  création ,  etc.  mais  il  ne 
nous  donne  sur  la  date  et  la  durée  de  ces  événements  au- 
cun éclaircissement  sur  lequel  nous  puissions  établir  notre 
certitude,  comme  nous  l'établissons  sur  les  autres  faits  ré 
vélés.Nous  savons  d'ailleurs  (ju'un  espace  de  lemps  immense 
nous  sépare  de  celte  époque  et  que,  dans  cet  intervalle,  un 
grand  nombre  de  villes,  de  rois,  de  laits  merveilleux  ont 
surgi  dans  le  monde.  Mais  ne  cberchons  pas  à  déterminer 
ce  que  Dieu  a  laissé  dans  le  vague,  et  rejetons  les  légendes 
juives  puisque  le  Koran  dit  :  «  ils  déplacent  les  mots  dans 
les  Ecritures  "  {Ib.  iv,  48) ,  et  «  ils  déguisent  à  dessein  la  vé 
rilé»  (il,  i/|i).  Enlin  ils  nient  les  pi()j)hélics  et  repoussent 
les  signes  les  plus  certains  de  l'intervention  ilivine,  en  n'ad- 


112  LES  PRAIRIES  D'OR. 

J^^ys.  4Wi^  c:jU5Xj»JIj  J^i)*xJlj  c:>îj-tf>l^l  (jvJûl^î  ^j^ 
Jls  /O-^jJ    f^*-^   f^^**   CJ^  ^jli'U  ^:^i    (J-.  dlUl   UjjJs? 

Jjjj    iftJÎ    rf  A-*J»U    (J-»    /O.^    i£,yi    uK^*    *i^    <i'  <<■    '^S\S.  y*OykS    ^, ^ 

^^-<_jj   tXx^  (J)  <.-»-«*Àj  (jS   )~*'j   y^UnfcÀji   c->4>s3   /eJ(X<o  ^^ywt 

ruetlant  ni  les  miracles  opérés  par  Jésus,  fils  de  Marie,  ni 
les  preuves  éclatantes,  les  arguments  et  les  démonstrations 
fournies  par  notre  Prophète.  Dieu  a  fait  périr  certains  peu- 
ples pour  les  punir  de  leurs  crimes  et  de  leur  infidélité; 
c'est  ce  qu'il  nous  apprend  par  ces  paroles  :  «  Le  jour  iné- 
vitable! Qu'est-ce  que  le  jour  inévitable?  Qui  te  fera  com- 
prendre ce  que  c'est  que  le  jour  inévitable  [el-hakkah]? 
Témoud  et  Ad  traitèrent  de  mensonge  ce  jour  de  terreur 
(le  jugement  dernier);  Témoud  a  été  détruit  par  un  cri 
terrible,  Ad  a  été  détruit  par  un  ouragan  impétueux,  etc.  « 
jusqu'au  verset  :  «  Aurais-tu  trouvé  parmi  eux  un  seul  homme 
sain  et  sauf?  »  (Koran ,  lxix,  1  -8.)  «  Les  généalogistes  sont  des 
imposteurs,  >■  a  dit  le  Prophète;  et  il  a  autorisé  les  recherches 
généalogiques  jusqu'à  Maadd  seulement,  avec  défense  de  les 
pousser  plus  loin,  sachant  conibien  de  siècles,  combien  de 
nations  avaient  précédé  l'époque  de  Maadd.  Si  l'homme  n'a- 
vait un  faible  pour  le  merveilleux  et  une  prédilection  mar- 
quée pour  le  surnaturel ,  si  les  traditions  les  plus  éloignées  de 
ia vérité  u'oxercaicnlsurlui  uncatlractionirrésistible,  il  nous 


CHAPITRE  [,\IX.  113 

»X_i_5  oj— i^  tX  tj-*  iLw«^X.-t«*Jl  <^  ^jUi  ^XAnill  aJUjCs»-_»  i^A^Ji 
c_>îà^l  ^j-.  cjU  Jo_j  t»^*^'  CJ-*  (J*  «-'^  (J-*  V^'  i  jvit»  j  [ijSi> 
LxJ.jL:s:^\^j\*n  ï  -^^Ij   il^Xr^^i   ^a^^j   iiSUaJl   c^w^^^  ^^ 

j^vi  C  ci)^— Li!_5   J^LÀ-Lbi   f.U_5   30'ls^_5   ^*^r^^   -Jk-ijcvo^   »jjj^_5 

sérail  lacile  de  donner  sur  les  peuples  et  les  rois  de  l'antiquité 
(les  détails  que  nous  omettons  à  dessein.  Mais  nous  n'avons 
accueilli  dans  cet  ouvrage  que  des  sujets  d'un  accès  facile,  et 
nous  en  avons  présenté  la  simple  esquisse,  non  le  détail  et 
le  commentaire,  en  renvoyant  le  lecteur  pour  les  dévelop- 
pements à  nos  ouvrages  d'une  date  plus  ancienne.  Dieu 
préserve  de  tout  péril  ceux  dont  il  connaît  les  intentions 
pures  et  les  projets  sincères.  Dans  le  présent  livre,  nous 
avons  passé  en  revue,  d'une  manière  concise  et  succincte 
et  dans  la  mesure  de  nos  forces,  toutes  les  branches  des 
sciences  et  toutes  les  connaissances  littéraires;  le  résumé 
que  nous  en  avons  présenté  est  sulFisanl  pour  éclairer  le 
lecteur  et  tenir  sa  curiosité  éveillée. 

Maintenant  ([ue  nous  avons  épuisé  l'examen  rapide  des 
connaissances  liuinaines,  de  manière  à  satisfaire  le  com- 
mençant el  l'érutlil,  nous  allons  j)asser  à  la  généalogie  du 
l^rophèle  ,  raconter  sa  naissance,  sa  niission  ,  sa  fuite  el  sa 
mort;  puis  étudier  l'hisldire  des  khalifes  el  des  rois,  siècle 
n.  8 


114  LES  PRAIRIES  D'OR. 

t-jfcÀJ  \MiX)^  j-f^^  V  •   '*^-^3  W'^^iV^'^  W^'^^  ^-'^^^iii  lib^iCi 

t-jl„,  A    Ji   i*>.^ g-J     (3-_i  l-tf   J-Ji 

par  siècle,  jusqu'à  nos  jours.  Nous  éviterons  les  détails,  pour 
ne  nous  occuper  que  de  l'ensemble,  dans  la  crainte  de  fa- 
tiguer l'attention  par  un  récit  trop  prolixe.  Car  un  sage 
écrivain  ne  s'embarrasse  pas  d'une  œuvre  qui  dépasse  ses 
forces  et  ne  s'engage  pas  dans  une  entreprise  pour  laquelle 
il  n'est  point  préparé.  La  rédaction  d'un  livre  doit  être  ap- 
propriée au  sujet,  abondante  si  les  faits  abondent,  sobre 
pour  un  résumé.  Ces  courtes  explications  sur  un  sujet  aussi 
vaste  suffiront  ici  pour  en  faire  comprendre  les  données  gé- 
nérales. La  protection  vient  de  Dieu! 

CHAPITRE  LXX. 

NAISSANCE  DU   PROPHETE;   SA  GENEALOGIE  ET  TOUT  CE  QUI 
SE  RAPPORTE  À  CE  SUJET. 

Nous  avons,  dans  nos  ouvrages  précédents,  recueilli  les 
plus  anciens  souvenirs  historiques  sur  la  création  du  monde; 


CHAPITRE  LXX.  115 

^jUJi  j-«!_^>_j  ^^5_5  ^J!  ^jU^^  JjAil_j  *Ua3^;  jUi^t_5 

ùsJy^  CJ-  (j^  ^J    k-^J^Ji_J  p^y^  Jij4^^  WaJ'^   fJ>yb   U*;;^ 


(J' 


nous  avons  parlé  des  prophètes,  des  rois,  des  merveilles  de 
la  terre  et  de  la  mer.  Nous  avons  présenté  le  résumé  des 
chroniques  relatives  aux  Perses,  aux  peuples  de  Roum,  et 
aux  Coptes;  le  système  du  calendrier  roumi  et  copte;  le 
récit  des  événements  survenus  entre  la  naissance  du  Pro- 
phète et  sa  mission;  enfin  le  norii  de  ceux  qui  ont  cru  au 
Prophète  avant  (ju'il  prêchât  la  vraie  lelif^ion.  Dans  le  pré- 
sent ouvrage,  nous  avons  parlé  des  personnages  qui  ont 
vécu  dans  l'ère  cV intervalle,  c'est-à-dire  entre  le  Messie  et  Ma- 
homet. Nous  allons,  dans  ce  chapitre,  raconter  la  naissance 
de  ce  prophète  pur  et  sans  tache,  de  cet  apôtre  glorieux  et 
brillant  qui  a  couvert  le  monde  de  l'étendard  de  sa  prophé- 
tie, et  dont  la  sainte  mission,  attestée  par  une  succession 
non  interrompue  de  preuves,  a  été  annoncée  aussi  par  les 
témoignages  les  plus  anth('nli(|U('s. 

Voici  sa  généalogie  :  Mohammed,  lils  d'Abd  Allah,  his 
d'Abd  el-Mottalih,  fils  do  llachem,  lils  d'Ahd  Menai',  fils  de 
Koçayi,  lils  de  Kilab,  lils  de  VIonrrah,  lils  de  kaah,  fils  de 
Lowavi,  lils  de  (ialib,  lils  de  Fihr,  lils  do  Malik,  fils  de 
Nadr,  fils  de  kinanah,  fils  de  kho/aïmah,  fils  de  Vloudri- 

8. 


IIG  LES  PRAIRIES  D'OR. 

jj]  jjû^  ^_^b  Q.J  (j"î^^'  cKA=»"  c^v^^î  (j-^  J^*U>«i  (j^  c>^l> 

(^    ^y.iwi    ^J^   ;^y*^  (^J    ^l  (^>J    ^_^    yo    pUv  ^   iX^i^^i 

«Xjt-x»   (^  jij^j   (j-«  4_A.<»*ÀJi    i   ^Uvw^î    kxkiJ^  ^^-*3î^   i>^l 

.  ■« 

kah,  fils  d'Elyas,  fils  de  Modar,  fils  de  Nizar,  fils  de  Maadd, 
fils  d'Adnân,  fils  d'Adad,  fils  de  Nakhour,  fils  de  Soud(?), 
fils  de  Yârob,  fils  de  Yachdjob,  fils  de  Tabit,  fils  d'Ismâïl, 
fils  d'Abraham  l'ami  de  Dieu ,  fils  de  Tareh  lequel  est  nommé 
aussi  Azèr,  fils  de  Nakhour,  fils  de  Saroukh  (Sarudj),  fils 
d'Arâwa  [Genèse,  xi,  20-21),  fils  de  Falig  [ibid.  18-19),  ^^'^ 
d'Abir  (Héber),  fils  de  Salikh  [Genèse,  xi,  12-1 3),  filsd'Arfa- 
khchad,  fils  de  Sem,  filsde  Noé,  fils  de  Lamek,  filsdeMatou- 
salikh ,  fils  d'Ekhnoukh ,  fils  deYared ,  fils  de  Mahalil  [Genèse, 
V,  16),  filsde  Kainân  ,  fils  d'Enoiich ,  fils  de  Cheït,  fils  d'Adam. 
Cette  généalogie  est  tirée  du  manuscrit  des  Expéditions  et  des 
guerres  par  Ibn  Hicham,  qui  l'a  empruntée  à  Ibu  Ishak. 

Mais  les  copies  présentent  de  nombreuses  variantes  pour 
les  noms  de  ce  tableau  généalogique ,  à  partir  de  Nizar.  Ainsi 
on  lit  que  Nizar  était  fils  de  Maadd,  fils  d'Adnàn ,  fils  d'Adad, 
fils  de  vSam ,  fils  de  Yachdjob,  fils  de  Yârob,  fils  d'el-Homaïçâ, 
filsde  Sanoùa ,  fils  de  Yamed,  fils  de  Kaïdar,  fils  d'Ismâïl ,  fils 
d'Abraham,   fils  de  Tareh,  fils  de  Nakhour,  fils  d'Arâwa, 


CHAPITRE  LXX.  117 

(:W  ^^  t^  'j-*jl   liT^  J>-^^   (J^    Z^^  ^   cM^   (^>-'^'    (Jj' 

(j^^jJ  (j^  uW*  y-?  J^-^^^^-o  (j'j  ^j  (^  ^j-*^'  Q^  ■^^y^ 

icÀ-w  (j>XA^j  'i^^Jjî^   'j'^^^  iùljffUr  (jjI   /o-ft  ^jj  jj!  ^j-éûj  kiii 

fils  d'Asrouh  ,  fils  de  Falig,  fils  de  Salikh ,  (ils  d'Arfakhchad  , 
fils  de  Seri),  fils  de  Noé,  fils  de  Matousalikh,  fils  d'Ekh- 
noukh,  fils  de  Mahalayil,  fils  de  Kaïnàn,  fils  d'Enos,  fils  de 
Cheïl,  fils  d'Adam.  Selon  la  tradition  transmise  par  Ibn  el- 
Arabi  d'après  Hicham,  fils  de  Mohammed  elkelbi,  Nizar 
était  fils  de  Maadd,  fils  d'Adnân,  fils  d'Ad,  fils  d'Adad,  (ils 
d'el-Homaïrà,  fils  deNahit,  fils  de  Salamàn,  fils  de  Kaïdar, 
fils  d'Ismàïl,  fils  d'Abraham,  fils  de  Tareh,  fils  de  Nakhour, 
fils  d'Aràwa,  fils  de  B'alig,  fils  d'Abir,  fils  de  Salikh,  fils 
d'Arlakhchad,  fils  deSem,  fils  de  Noé,  fils  de  I.amek ,  fils 
de  Matoucbalikh,  fils  d'Ekhnoukh,  fils  de  Yared,  fils  tle  Ma- 
halayil,  fils  de  Kaïnàn,  fils  d'Enouch,  fils  de  Cheït,  fils 
d'Adam. 

La  Thorah  rapporte  cju'Adam  vécut  neul  cent  trente  ans 
{Genèse,  v,  5).  Il  en  résulte  (Dieu  sait  la  vérité)  (ju'Adam 
était  âgé  de  huit  cent  soixante  et  (juatorze  ans  au  moment  de 
la  naissance  de  Lamek,  père  de  Noé,  et  que  Cheït  avait 
alors  sept  cent  (iuaranlc-(|uatreans.  On  trouve  aussi,  d'après 


118  LES  PRAIRIES  D'OR. 

iwU:  *iî  ilîj  «>o»j  (j^  as.  ^^  *xJji^  jjl  t_^L*ii.  (J-»  ^_XojJi 

bo^  l>«  i_>%Ato\^  (_^  Mt.x.Kia  ^^^'1  (sV^  <y^^  AÂaw  /Omm^^  ^OÛ*w^ 
<_»»-t*<-iJi     »j    t5-*jJ    y^    CAAJ    «XJiâ    >>.A.<0    ^j^  j^L^J    (jî    <3U.^    (j.* 

c,^i>-î  Jiî  bj5i>  U  (^  i^».*mÂ}\  Jjftl  v_jtXxifcl  *X5^  iaii  Jsjc«  <^ 
t^iyt^i  Jls  *"^frj^  -!5X.**J1^  S^XxaJi  aaXs-  &j^\  ùJ^s.  otïy^l 
A-X-A-Sl    (^*XJ)   j»A.*«K.Jî    li   ybtXft  /jj    «Xjc«  »_/wM»J   c:><Xs=-_5   <Xij 

iil    /yJ     /jL»<X£    ry3     <J^JCO    ^I    ^^ÀJ)     Iai^I    (_^j'6     U^U    /vjI     T^  ÎJW 

0j  JjjL»mJU   yJ  jj^J   (^  jpj..£^  (jJ   ^jU5>w^   (jj  ^-**A^i    (jjI 

ce  calcul,  que  Noé  naquit  cent  vingt-six  ans  après  la  mort 
d'Adam.  Du  reste,  nous  le  répétons,  le  Prophète  a  interdit 
de  pousser  les  recherches  généalogiques  au  delà  de  Maadd, 
et  ce  n'est  qu'à  partir  de  Maadd  que  ces  recherches  ont  une 
base  solide,  comnie  le  prouvent  les  contradictions  qui  ré- 
gnent parmi  les  généalogistes  sur  tous  les  faits  antérieurs. 
C'est  donc  une  obligation  rigoureuse  pour  nous  «le  nous  con- 
former aux  ordres  et  aux  défenses  émanant  du  Prophète. 

J'ai  trouvé  dans  le  livre  rédigé  par  Barpukh ,  fils  de  Naria , 
secrétaire  de  Jérémic  le  prophète,  la  liste  suivante  des  an- 
cêtres de  Maadd:  Maadd,  fds  d'Adnân,  fils  d'Adad,  lils 
d'el-Homaïçà ,  fils  de  Salaniân,  fils  d'Awas,  fils  de  Barou, 
fils  de  Matasawil,  fils  d'Abou'l-Awwam,  fils  de  Naçil,  fils  de 
llara,  fils  de  Yaldaram,  fils  de  Badlân,  fils  de  kalih,  fils 
de  Fadjini,  fils  de  Nakhoiir,  fils  de  Mahi,  fils  d'Aska,  fils 
d'Anaf,  fils  d'Obeid,  fils  d'er-Kaâ,  fils  de  lloumrân,  fils 
d'Yaçen ,  fils  de  llnri ,  fils  de  Bahri ,  fils  d'Yalkhi,  (ils  rf  Aràwa , 


CHAPITRE  LXX.  119 

-oJtL»   -X.A-Aji-5^       jUacili    sJxJÛ   Jj.l3    ^j    tljiil    «j.i5^     t-jUoiJi 

fils  d'Anfa,  fils  de  Haçâu,  fils  d'Aïça,  fils  d'Aflad,  fils  d'Eï- 
ham,  fils  de  Môçar,  fils  de  Nadjib,  fils  de  Razzah,  fils 
deSaniaï,  fils  de  Mour,  fils  d'Awas,  fils  d'Awwam,  fils  de 
Kaïdar,  fils  d'Ismâïl,  fils  d'Abraham  el-Khalil.  Il  serait  trop 
long  de  raconter  les  rapports  de  Jérémie  avec  Maadd,  fils 
d'Adnàn,et  leurs  aventures  en  Syrie; mais  on  en  trouvera  les 
détails  dans  nos  ouvrages  précédents.  Nous  n'avons  donné 
ici  cet  aperçu  de  généalogie  que  pour  montrer  (piol  désac- 
cord présente  ce  genre  de  recherches,  et  avec  quelle  sagesse 
le  Prophète,  comprenant  rincertiltide  qui  naissait  de  la  dis- 
tance et  do  l'antiquité  des  races,  a  défendu  de  remonter 
au  delà  de  Maadd.  Le  surnom  du  Prophète  était  Abou'l  Ka- 
çim,  comme  ou  le  voit  par  les  vers  suivants  : 

Gloire  à  Dieu  (|iii  a  cn-é  dus  cires  [mi's  :  la  race  la  plus  pure  est  celle 
de  llacliem, 

Et  le  rejeton  sans  laclu-  de  rcttr  fainiili'  pure  est  iVloliaiiimcd  Ahmi'l 
Kac-im ,  la  Imnurc. 


120  LES  PHAIRIES  D'OR. 

j_jû  ^;-^W^  iL^5j»X-«  yû  jj-«^  b"^J  L^*^5  1^  (j-W  *^3 


C'est-à-dire  Mohaiiinied  ou  Ahmed,  surnommé  el-Mahi 
parce  que  les  péchés  sont  efTacés  par  ses  mérites;  el-Akib  et 
el-Hachir,  parce  que  lous  les  hommes  se  réuniront  sur  ses 
traces  au  jugement  dernier.  (Mour.  d'Ohsson,  I,  200.) 

Mahomet  naquit  l'année  de  l'Eléphant;  or,  entre  l'an- 
née de  l'Eléphant  et  l'ère  de  Fidjar,  il  y  a  un  intervalle  de 
vingt  ans.  On  a  donné  le  nom  de  fidjar  (sacrilège)  à  la 
guerre  qui  éclata  entre  les  Kaïs-Aïlân  et  les  Benou-Kina- 
.nah  :  elle  fut  nommée  ainsi  parce  que  les  hostilités  con- 
tinuèrent pendant  les  mois  sacrés.  Kinanah  était  fils  de 
Khozaïmah,  fils  de  Moudiikah  nommé  aussi  Amr,  fils 
d'Elyas,  fils  de  Modar,  fils  de  Nizar.  Elyas  eut  trois  fils, 
Amr,  surnommé  Moudrikah;  Amir,  surnommé  Tahihhah, 
et  Oraair,  surnommé  Kamâh.  Leur  mère  était  Leïlah,  fille 
de  Houhvân,  fils  d'Ymrân,  fils  d'Elhaf,  fils  de  kodâah. 
Leïlah  fut  nommée  Kh'mdif,  et  ses  trois  fils,  désignés  cha- 
cun par  le  sobriquet  que  nous  venons  d'indiquer,  sont 
réunis  sous  la  dénonii nation  collective  de  Khindif,  à  cause 
de  leur  nière. 


CHAPITRE  LXX.  121 

/j_j   ci>w_rs».  ^jÀJ    o**^    *Xa£  /jJ   t}j^  ^j-V   jjM.^  *Xa£   /jJ    <\a^5 

<i'j  ^"^  >-*^  (O"^'*^  >^  <-^*5  ^^  (^«Xfi _j-^j  iK.^  ^j  iilajij  _jjo 

Voilà  pourquoi  Koçayi,  (ils  de  Kilab,  fils  de  Mourrah, 
a  dit  : 

Par  le  Dieu  vivant!  lorsque  la  guerre  relate,  lorsqu'on  appelle  à  grands 
cris  la  famille  de  Wahb, 

J'attaque  avec  intrépidité;  car  je  suis  un  guerrier  de  liante  lignée  :  ma 
mère  est  Khindif  et  mon  père  Elyas. 

Les  Koreicliites  étaient  partagés  en  vingt-cinq  branches  : 
i"  les  lienou-Hachim,  fds  d'Abd-Ménaf;  2"  les  lienou'l-Mot- 
taUb,  nis  d'Abd-Ménaf;  3°  les  Benou'l-IIarit,  fils  d'Abd- 
xMoltalib;  /j"  les  BenouOnieyah,  lils  d'Abd-Chems;  5"  les 
Benou-Navviil,  fils  d'Abd-Ménaf;  ()"  les  Benon'I-Harit,  fils 
de  l''ilir;  7"  les  Benou-Ared,  lils  d'Abd  el-Oz/a;  8"  les 
Bcnou-Abd  ed-dar,  lils  do  Korayi;  celte  sous-lribu  avait 
la  garde  des  clefs  de  la  kaabah;  9"  les  Benou-Zrdirab,  lils 
de  Kilab;  10°  les  Benou-Témiiu,  fils  de  Mourrab;  11°  les 
Benou-Makbzoum  ;  12"  les  Benou-Yakzab  ;  i3°  les  Benou- 
Moiirrah;  \(\"  les  Bcnou-Adi ,  fds  de  Kaab;  1  5"  b's  Benoii- 
Sclun;    1  H"  les  Bcnonnjnninl).    'Voiih  s    <  es    branches    for- 


122  LES  PRAIRIES  D'OR. 

oi-^««'  ^-^*  UxitXi  U  c-vAM-:».  ^^  —  LiaAj!  ^jii'JJ^'i  (^^jiXj  lJLrf>li^ 

^w-iût^IàJl    jji»>^^    4J    JoIaJUÎ  J.à».i    (il     kil-JU    ^^Lj    ^j-«J    ^^_j,Î 

niaient  les  Koreïchites  des  vallons,  surnom  que  nous  avons 
expliqué  précédemment  (voyez  tome  III,  p.  119);  17°  les 
Benou-Malik,  fils  de  Hanbal;  18°  les  Benou-Màïs,  fils  d'A- 
mir,  fils  de  Lowayi;  19°  les  Benou-Nizar,  lils  d'Amir;  20°  les 
Benou-Oçamah,  fils  de  Lowayi;  21°  les  Benou'l-Adram ; 
Adram  est  le  même  que  Taïm,  fils  de  Galib;  22°  les  Benou- 
Moharib,  fils  de  Fihr;  23"  les  Benou  1-Harit,.fils  d'Abd-Al- 
lah,  fils  de  Kinanah;  24°  les  Benou-Aydah ,  c'est-à-diie  les 
fils  de  Khozaïmah,  fils  de  Lowayi;  2  5°  les  Benou-Nabatah 
ou  Benou-Saad,  fils  de  Lowayi;  ces  sous-tribus,  depuis  les 
Benou-Malik  jusqu'aux  Benou-Saad,  étaient  nommées  Ko- 
reïch  ez-zaxoaliir  (les  Roreichites  de  la  banlieue)  ;  il  en  a  été 
question  déjà  dans  un  autre  chapitre  (voy.  ibid.  p.  120),  à 
propos  des  Koreïchites  surnommés  Moulayihoun  «  les  parfu- 
meurs, »  etc.  La  guerre  de  Fidjar  dont  nous  avons  parlé  eut 
pour  cause  une  rivalité  de  gloire  et  de  force  numérique 
entre  les  tribus.  Elle  se  termina  au  mois  de  chawal,  et  la 
fédération  des  Foudoul  eut  lieu  après  le  retour  des  tribus 
belligérantes.  Un  fie  leurs  poc-tcïs  n  dit  • 


CHAPITRE  LXX.  123 

L:>Uv<»  Aj^.»o  Ixdl^  AA^^^Ui  AAJ  oiAOj  jjuikj  (^:>Uà  iUxMl  Ji 


Nous  sommes  de  la  l'amille  royale  du  Nedjd  ;  nous  protégeons  nos  clients 
contre  les  disgrâces  de  la  fortune. 

Nous  avons  interdit  le  ravin  de  Hadjoun  à  toutes  les  tribus  et  empêché 
le  sacrilège  même  pendant  la  guerre  impie  [fuljar). 

Khiclacli ,  (ils  de  Zoheïr  cl-Ainiii,  a  dit,  sur  le  même 
sujet  : 

Ne  me  menace  pas  du  souvenir  de  Kidjar,  car  le  plus  glorieux  de  nos 
faits  d'armes  s'est  accompli  alors  dans  le  ravin  d'el-Hadjoun. 

Le  serment  des  Foudoul  lut  prononcé  pcndauL  le  mois  de 
Dou'l-Kaadeh,  voici  à  quelle  occasion.  Un  homme  de  Zé- 
l)id,  ville  du  Yémen,  avait  vendu  des  maichandises  à  El-Assi , 
lils  de  Waïl  cs-Sehrai,  qui  en  dilléia  le  payement.  Le  mar- 
«•hand,  désespérant  de  recevoir  ce  (pii  lui  était  dû,  se  ren- 
dit sur  le  mont  Ahou-Kobeïs,  à  l'Iieurc;  où  les  KoreiVhites 
étaient  réunis  autour  de  l.i  k.iahali.  Là  il  r(''(ila  (ruuc  voix 
retcnlissaiilr  des  \(fis  iiii  il  laionfail  l'iiiinsiicc  donl  il  flail 
victime  : 


12^  LES  PRAIRIES  D'OH. 

jJsjlJI  (jm-j^J  t^y^i  fL)-^  '^^       -3uJC-«[j-s..  c^jc  ^JX  ^^j-^  (ji 

j.Aj^l   dUi  ^  ,^^  tt-*  Jji  (j^j  (JÀxj   Ji   l^xaxj  (jiV^  c^-ii^i 
0^-À-««  4XA-t  ^j  <_AXiaJlî  yXjj  oU-«  *Xa*  ^  jrftil^  _j»\j  ij^-^j^ 

Venez  (disait -il)  au  secours  d'uii  liomme  spolié  dans  ses  biens,  au 
milieu  delà  Mecque;  il  invoque  la  tribu  et  cbaque  guerrier. 

Le  territoire  inviolable  appartient  à  celui  dont  l'bonneur  est  intact; 
mais  i'iïomme  revêtu  d'opprobre  doit  en  être  banni. 

Alors  les  Koreïcliites  se  réunirent,  h  Tinstigation  de  Zobeïr, 
fils  d'Abd  el-Mottalib,.fils  de  Hachem,  fils  d'Abd-Ménaf. 
Parmi  les  membi^es  de  cette  tribu  qui  se  rassemblèrent 
dans  le  dar-en-nadwah,  ou  hôtel  du  conseil,  se  trouvaient 
les  Benou-Hachem ,  fils  d'Abd-Ménaf;  les  Benou'l-Mottalib, 
fils  d'Abd-Ménaf;  lesZolirah,  lilsdekilab;  lesTéniim,  fiisde 
Mourrah,  et  les  Benou'l-Harit,  fils  de  Fjlir.  Ils  s'engagèrent 
à  prendre  la  défense  de  l'opprimé  contre  l'oppresseur,  et  en 
firent  le  serment  solennel  dans  une  seconde  réunion  chez 
Abd-AUah,  fils  de  Djoudàn.  Zobeïr,  fils  d'Abd  el-Mollalib,  a 
(lit  à  propos  de  ce  serment  : 

Les  ilotes  de  la  maison  sainte  savent  que  nous  exécrons  rinjuslicc  et 
que  nous  repoussons  înin  do  nous  tonte  artion  infâme. 


CHAPITRE  LXX.  125 

cjr,l_jsJs_JU  o:5X^=«-i)I  jLA_iw!  k-^^iJ!  t_»ljcjri  j  ljM»<xi  4>«j_j 

(jt«  (j^  iiLJL.A««  j^£  iLj**.j^  iùjOiî  ylAÀj  (J^-^J  jbJUi   AAJ  /.l^ 

<JI    1^  f=^    ^'     <i'     ^|»J1  ^^■^=^5     AjJsjftUiwOj    /0»xXo    ^^yJl     \y*à.^' 

IJsJÛ  Jlx9   iL«\i   AJcAiii    tXij   ï».*w«*^  %^  «oJtLo   4^y^Jlj   AAjt«fc.o 
y»^-^ik^_j  iCxjj)^   (j'^4^  '^^.y^  c:^Àj  <\jtf'*X,i».  ^5)-J  yi   (Jî^ 

**3_J      li     tjA>^?^    <\i)U>9  j.AJSj»-^     ÀAxMi     yVVV     *X^.vi    jjl     (J!j     UjO 

On  trouvera  dans  notre  Histoire  moyenne  des  détails  sur 
les  assermentés  [ahlaf]  et  sur  les  quatre  guerres  de  Fidjar 
nommées  Jidjar  er-ridjl  «  guerre  du  pied  »  ou  de  Bedr,  fils  de 
Mâchar;  Jidjar  el-mrat  «  guerre  de  la  femme;  »  fuljar  el-hird 
«guerre  du  singe,  »  et  fidjar  el-berrad  qui  est  la  quatrième. 
(  Voy.  Essai  sur  Vllisl.  des  Arabes  avant  l'Islam.  I,  296  et  suiv.) 
Un  intervalle  de  quinze  ans  sépare  cette  quatrième  guerre,  à 
laquelle  le  Prophète  assistait  comme  témoin,  et  la  recons- 
truction de  la  Kaabah.  Puis  il  entreprit  un  voyage  en  Syrie 
dans  l'intérêt  du  commerce  de  Khadidjah,  et  visita  le  moine 
Nestor  dans  son  couvent,  avec  Maïçarali  (domestique  de 
Khadidjah).  Le  moine,  apercevant  le  nuage  (jui  ombiageait 
la  tête  de  Mahomet  (cf.  t.  1 ,  p.  1/17),  s'écria  :  «  Voilà  un  pro- 
phète et  le  dernier  des  prophètes  !  »  Ceci  se  passait  quatre 
ans,  neuf  mois  et  si.x  jours  après  la  guerre  de  Berrad.  Deux 
mois  et  vingt -quatre  jours  plus  tard,  Mahomet  épousait 
khadidjah.  fille  ch' Khowaïk'd.  Dix  ans  après  son  mariage, 
il  était  témoin  de  la  reconstruction  de  la  kaabah  et  de  la 
contestation  qui  s'éleva  parmi  les  Koreichites  au  sujet  de  la 


126  LES  PRAIRIES  D'OR. 

Q.     -A  »  iLfcxJiî  -tX.^  tKv»^^^  ij^  '^j  (j^^Mi  j./it.S'  :i^^^\  j^ 

«,^-o  1>-LUjj  -iiji)!  »<Xj  ^  J-AÀil  r(^jj\  hy^  ^"^  ^-^^ 

jy-~)KS  &j^.*ri..l\   5Juû  *X.xoj  /»-4a<»  «C^Aj  (j-Uii   «Xij  ^^  Ajb 

pose  de  la  pierre  noire.  Les  inondations  ayant  détérioré  le 
temple,  des  voleurs  avaient  pénétré  par  le  côté  en  ruine  et 
enlevé  des  gazelles  d'or,  des  ornements  et  des  pierres  pré- 
cieuses. Les  Roi'eïcliites  démolirent  alors  le  vieil  édifice.  On 
trouva  sur  les  murs  toutes  sortes  de  figures  peintes  et  d'un 
coloris  merveilleux.  D'abord  l'image  d'Abraham  tenant  à  la 
main  les  flèches  divinatoires  [azlam)\  en  face  d'Abraham, 
l'image  d'Ismaïl  son  fds,  à  cheval,  et  accordant  sa  protec- 
tion au  peuple;  plus  loin  el-Farouk  debout  faisait  un  par- 
tage au  milieu  de  la  foule  qui  fenvironnait.  On  retrouva 
ensuite  plusieurs  de  leurs  descendants,  jusqu'à  Koçayi,  fds 
de  Kilab,  etc.  en  tout  environ  soixante  figures.  A  côté  de 
chaque  personnage,  on  voyait  le  Dieu  qu'il  adorait,  les  rites 
de  son  culte  et  le  récit  des  faits  les  plus  notables  de  sa  vie. 
Les  Koreichites  se  mirent  à  l'œuvre,  et  le  nouveau  temple 
s'éleva  bientôt  à  une  certaine  hauteur;  les  travaux  furent 
facilités  par  la  découverte  de  bois  de  construction  capturé 
sur  un  bâtiment  jelé  à  la  côte.  C'était  le  roi  de  Byzance  qui 


CHAPITRE  LXX.  127 

xjUji>lj   *jC^LÎ  jj*>w*i>^  »^*Xj&j  *;^^  (Jt^'^Ij  ^y^Y*-'.  'jj^ 

#6-S    »X_=».ij    ^JJ^Uo    -^l. *«<>•=—•>    J-Aij    ^ii;    ij-«    AaXc    jjI^  U   1a«mul» 

expédiait  ce  bois  par  la  mer  de  Kolzoum  aux  Abyssiniens, 
afin  de  construire  une  église  dans  leui'  pays.  Lorsque  les 
murs  furent  élevés  jusqu'à  l'endroit  où  devait  être  placée  la 
pierre  noire,  les  Koreichites  se  disputèrent  l'honneur  de  la 
poser.  Ils  convinrent  enfin  de  prendic  pour  arbitre  la  pre- 
mière personne  qui  entrerait  par  la  porte  des  Benou-Cheï- 
bah.  Cette  personne  fut  le  Prophète  lui-même,  que  l'on  dé- 
signait par  l'épithète  (Ïel-Anu'n  à  cause  de  sa  gravité,  de  sa 
douceur,  de  son  langage  sincère,  du  soin  avec  lequel  il 
évitait  toute  action  impure  et  déshonnéte.  Ils  le  firent  juge 
(lu  différend,  et  promirent  de  s'en  rapporter  à  sa  décision. 
Le  Prophète  étendit  à  terre  son  manteau,  d'autres  disent 
un  voile  de  soie  {taroiini),  il  prit  la  pierre  et  la  plaça  au 
centre,  puis  il  appela  quatre  personnages  d'entre  les  chefs 
et  les  notables  de  la  tribu  :  Otbah,  fils  de  Rébyàh,  fils 
d'Abd-Chems,  lils  d'Abd-Ménaf;  el-Aswad,  filsd'el-Mottalil), 
fils  d'Açed,  fils  d'Abd  el-Ozza,  fils  de  koçayi;  Abou  lio- 
daifah,  fils  d'elMogaïrah ,  fils  d'Ann-,  fils  de  Makh/oum,  et 


128  LES  PRAIRIES  D'OR. 

e:>\AÀî=>-   (j.*  <-*.À:^   (0-6-*^  »X>.i^  Jo   «Xji»\.AJ  ^.<Y-«*j|  ^^<XP  j^Î 

(>-tf  Joli  JlJLà  <îu«\ilrfc!j  Akua-i^  A}sjii  (j^^là  U  Jji   dUi 

(^jj-i]|_5  cj^i^  Uî  U.l.r*^  Lam^-a^j^  /e-^*  *^^*^  ^^  (»-6^'j 
*i   (jJjXaJ^  i:sj«Xi»._5  Vli^iaj».   /«•^'Aj  0»<w-XaJj  Iàaaw   a-^^Xm 

J^ULI!  tOsjû  ,5  9-jy^'>  «^^  jAlâ^  *^"fj^  (j^'**'  f».^'  I<X£&  .x*j 

^jifcj^  c:*illr=»j  o^*J  -5^5  (^1^  (j-«  (6~6"*-*J   «X>-*w.il    kiU«XJ  <\JUs».i 

Kaïs,  fils  d'Adi  es-Sehmi.  Il  leur  prescrivit  de  saisir  chacun 
un  coin  du  manteau,  de  soulever  la  pierre,  et  de  la  tenir  à 
la  hauteur  convenable;  alors  il  la  prit  entre  ses  mains  et 
la  mit  en  place,  en  présence  des  Koreïchites  réunis.  Ce  fut 
la  première  de  ses  nobles  actions  et  le  premier  jugement 
qu'il  prononça.  Un  des  assistants,  frappé  de  l'obéissance 
des  siens  et  de  la  soumission  avec  laquelle  ils  prenaient 
pour  chef  et  pour  arbitre,  en  cette  circonstance,  un  honmie 
qui  leur  était  inférieur  par  l'âge  et  la  fortune,  s'écria:  «  Par 
el-Lat  et  el-Ozza!  ce  jeune  homme  les  dépassera  bientôt; 
il  distribuera  seul  les  faveurs  et  les  peines  et  il  acquerra 
prochainement  un  rang  et  un  nom  considérables.  »  On  ne 
sait  pas  au  juste  qui  prononça  ces  paroles;  les  uns  croient 
(jue  ce  fut  Iblis  qui  apparut  alors  au  milieu  de  l'assemblée, 
sous  les  traits  d'un  Koreïchile  mort  depuis  longtemps,  et  le 
bruit  courut  que  el-Lat  et  el-Ozza  avaient  ressuscité  le 
vieillard  à  l'occasion  de  cette  réunion.  Les  autres  attribuent 
ces  paroles  à  quelqu'un  des  chefs  koreïchites.  célèbre  par 


CHAPITKK  LXX.  129 

iLA-xJTl   *L;j  (ji^^  <-^*^'  U»*  AÀlai  aÎ  <->J^<  (j_^  a.^'ÎÎ^j 
c:*-i\^  <^'l  j^^l  IjàUlj  JoLo^i  ^^^  *t$>Jl  iûi^t  I^ju-S' 

^  t^*>Jl_5  j._jj^  iCU.  (j_^jt  /o-fcL»  aaxa^  -^  Ji   »jjj^  (j^^ 

(jvAÀji^  x>u  (jLc  X.L-W  fy-:^^I  (j-«  <-;-v^J^>  *M  »;-i**  ci>:5\AJ 

j-\mJ  iC^a^  ^_f^^i  pjJo  yl<i  (:^J^'  c$-^  *>^^  (j-«  (JV^U"^ 
S>*^'    gD*^'    (J-*  (J^^^   »j^-i^    (-:^-«Jj    f^:^J!    CJ-«    C^-Xi-    iy*U.S. 

sa  sagesse  et  sa  pénétration.  La  Kaabah  terminée,  on  la  re- 
vêtit fl'étoffes  rayées  du  Vémen  [waqaïl]  que  les  nobles  por- 
taient par- dessus  leurs  vêtements;  on  y  replaça  aussi  les 
anciennes  images  qu'on  reproduisit  avec  une  exactitude 
parfaite. 

Il  s'écoula  cinq  années  entre  la  restauration  de  la  Kaabah , 
telle  que  nous  venons  de  la  décrire,  et  la  mission  du  Prophète  ; 
quarante  ans  et  un  jour  entre  sa  naissance  et  le  moment  de 
sa  mission.  D'après  les  autorités  les  plus  véridiques,  Maho- 
met naquit  cinquante  jours  après  l'entrée  des  Compagnons 
de  l'Eléphant  sur  le  territoire  de  la  IMecque.  Or  ils  l'enva- 
hirent dans  la  nuit  du  lundi,  i3  do  moharrem,  l'an  huif 
cent  quatre-vingt-deux  de  l'ère  des  Sélcucides  {Doiil-Kar- 
neïn),  et  Abrahah  arriva  le  17  du  même  mois,  ce  qui 
forrespond  à  l'an  deux  cenl  seize  de  l'ère  des  Arabes  qui 
part  du  pèlerinage  de  la  perfidie  (vers  ."io/t  de  .(.  C),  et  à  la 
(juarantième  année  du  règne  de  Kesra  Anouchirwân.  Le  Pro- 


130  LES  PRAIRIES  D'OR. 

^_^il^l   -I  fjl)jjJl   I^XÀJ    dlîi    «XXJ    *»J   v->-»v^J    CJi?' j'^    »^  ^^-^ 
c3*jkajlj  f»Ui.Ji  (jbjl*  lyli  »y\  aMÎ  *Xa£  (j\<'^  itXj^^  «XA.ipi^ 

^j.^  *.^jL«5  wr,Àli* J  <e>£  4ii^5  iXij^  »Xrj  ci>U  Xiî  jli  ij~»  /(s-|^-*^ 
owÀ_>   A-À-^l   -^^.««l^  «»>^J_j^  (j.»  i^Ajl^Ji   xLwJl   j,  c:>U  *jî  jlï 

phète  vint  au  inonde  ie  8  de  rébi  premier  de  la  même  année , 
dans  ia  maison  d'Ibn  Youçouf,  à  la  Mecque.  Plus  tard 
cette  maison  fut  rebâtie  et  convertie  en  mosquée  par  Rliaï- 
zourân,  mère  des  khalifes  Mebdi  et  Réchid.  Le  Prophète 
était  encore  dans  le  sein  de  sa  mère,  lorsque  Abd  Allah  son 
père,  qui  s'était  rendu  en  Syrie,  en  revint  malade  et  mourut 
à  Médine.  Mais  il  y  a  désaccord  sur  ce  point  :  Abd  Allah 
mourut  un  mois,  selon  les  uns,  dans  le  cours  de  la  seconde 
année,  selon  les  autres,  après  la  naissance  de  son  fds.  La 
mère  de  Mahomet  était  Aminah,  fille  de  Wahb,  fds  d'Abd 
Ménaf,  fds  de  Zohrab,  (ils  de  Kilab,  fds  de  Mourrah,  fds 
de  Kaab.  L'année  de  sa  naissance,  il  fut  confié  à  Halimah, 
fdle  d'Abd  Allah,  tils  d'el-llarit,  qui  le  nourrit  de  son  lait. 
L'année  suivante,  lorsqu'il  était  chez  les  Benou-Saad  (tribu 
de  Halimah) ,  son  père  Abou  Abd  Allah  prononça  ces  vers: 

Gloire  à  Dieu  qui  m'a  donné  ce  bel  enfant  an  teini  vermeil' 


CHAPITRE  LXX.  131 

U^j^\  ^s^  '->^-^-!l^    »*XA£.t         jUoill  j_^  Jv4i!  ,i  :>L».  Jsji 

A_x-«lj   *^-iiJ)j  _5-5  •^î^j  JLiLi  oi-5^5   xAj  <^5C:*-   «>«^f)^  Jijj  t»   -OiJ 
,,K-*-i_J    A-<>X*-     ifJJtniisy^    A-«t    <JÎ    ^"i;    iwfc-«lisl    iiÀ**Jl    ij^j    W^ij^ 

(^ji;_À-w  ^J>*^^  S^^^  (*^  (iî^^  liiJi  {^y^^  *.M(iU*JI  J»^*wb^  jj 

Couché  dans  son  berceau,  c'est  le  roi  des  enlants.  Que  le  temple  aux 
colonnes  (la  Kaabah)  le  protège  1 

A  l'âge  de  ([ualre  ans,  deux  anges  lui  ouvrirent  la  poi- 
trine et  le  cœur,  en  retirèrent  un  caillot  de  sang  noir  et  lui 
lavèrent  le  cœur  et  la  poitrine  avec  de  l'eau  de  neige.  L'un 
des  deux  anges  dit  à  l'autre  :  «  Pèse  l'enfant  avec  dix  hommes 
de  sa  nation  ;  »  le  plaleau  penclia  du  côté  de  Mahomet.  L'ange 
augmenta  le  nombre  d'hommes  et,  arrivé  à  mille,  il  s'écria  : 
-  Si  je  le  pesais  avec  sa  nation  entière,  le  poids  serait  égal.  » 
Il  était  dans  sa  cinquième  année,  ou,  selon  d'autres,  au 
commencement  de  sa  sixième,  lorsqu'il  lut  rendu  à  sa  mère 
par  sa  nourrice  Halimah;  cinq  ans,  deux  mois  et  dix  jours 
s'étaient  écoulés  depuis  l'année  de  rKIéphanl.  \  l'âge  de 
sept  ans,  il  fut  conduit  par  sa  rnère  auprès  de  ses  oncles. 
\minah  étant  morte  à  el-AI)wà,  reniant  Int  ramené  à  la 
Mecque  par  Oumm-lîïmen,  cinq  jours  après  la  tnori  de  sa 
meio.  Dans  sa  liuiticinr  anncf,  il  perdit  son  aïetd,  Ahd  el- 

'I- 


132  LES  PRAIRIES  D'Ol\. 

Xju.^    *J"**^    ki>!5\..j;    AJ^    -l.*iJi    «Ji    XS    ^    t^jj:»^^    ^J^    i    (J^* 

AJ^^   (j.«  Aj   AAoXiwi  \.jC  i<.«jS\^   /e»A«o  *i_j-My   aMÎ   (iAxXjl   *.j 

/vjI  y-^3    l.À.3i   U^«XS    U    (^    (J>Àa«    yrt».^J^    AA^wi    (jWv    «Xxj 

»w.j«i  ^-jwij  iiJv-u<  »^*i.fi  ci>^X.j  *-XjC  plïl_5  aL»I^  iLÀAw  (^«J;' 

Mottalib;  il  fut  recueilli  par  son  oncle  Abou  Talib,  vécut 
dans  sa  famille  et  fit  avec  lui  un  voyage  en  Syrie,  à  1  âge  de 
treize  ans.  A  vingl-cinq  ans,  il  retourna  en  Syrie,  pour  le 
commerce  de  Khadidjah,  fille  de  Khowaïled;  il  était  accom- 
pagné de  Maïçarah,  serviteur  de  cette  veuve.  Pour  le  déve- 
loppement des  faits  résumés  dans  ce  chapitre,  voyez  nos 
Annales  historiques  et  l'Histoire  moyenne. 

CHAPITRE  LXXI. 

MISSION  DU    prophète;  SON    HISTOinE  JUSQU'A   1,'HÉGIRE. 

Ainsi  qu'on  l'a  vu  dans  le  chapitre  précédent,  cinq  ans 
après  la  reconstruction  de  la  Kaabah,  Mahomet  reçut  de  la 
grâce  divine  la  mission  et  le  caractère  sacré  de  prophète; 
il  avait  alors  quarante  ans  accomplis.  Il  demeura  treize  ans 
à  la  Mecque  el  ne  divulgua  son  secrel  à  personne  durani 


CHAPITRE  LXXT.  133 

j^j^^  *;•>— **•  u^''^J  u*-*-'^  (j!/*^^  'i'^  *^.  *"^^  '-^^J  '^^^^ 

/        •  ^  -  --       ' 

aX-J  jj  Aj  omVmJI  aKJ  j  joi^  J^j^jis»  obl^  t5-^  t^*^'  ^j 
J^l  ^j  *lr^  JJi_j  yvÀj^t  -^j  ^j  ^L«y.]L  aaIsUwj  «Xd-iil 

les  trois  premières  années.  Lorsqu'il  épousa  Khadidjah, 
fille  de  Khowaïled ,  il  avait  vingt-cinq  ans.  Il  reçut  à  la  Mecque 
la  révélation  de  quatre-vingt-deux  chapitres,  et  la  fin  de  quel- 
ques-uns à  Médine.  Le  premier  verset  révélé,  qui  commence 
par  «  Lis  au  nom  de  ton  Dieu  qui  a  créé,  etc.  »  (Koran, 
cwi,  V.  i)  lui  fut  apporté  par  l'ange  Gal)riel,  dans  la  nuit 
du  samedi  et  la  nuit  du  dimanche;  le  lundi,  l'ange  le  salua 
du  titre  d'envoyé  de  Dieu.  C'est  à  Hirâ  qu'eut  lieu  cette  pre- 
mière révélation  du  Koran,  mais  seulement  jusqu'aux  mots: 
"  Il  a  appris  aux  hommes  ce  qu'ils  ne  savaient  pas.  »  {Ibid. 
V.  5.)  Gabriel  lui  apporta  ensuite  le  complément  de  ce  cha- 
pitre; il  lui  enseigna  l'ohligalion  rigoureuse  de  la  prière  à 
deux  rikàl  alternés  (inclinations),  et  lui  apprit  successive- 
ment le  complément  de  la  prière,  les  deux  rikât  imposés  au 
voyageur  et  les  rites  plus  nombreux  de  la  prière  faite  à  de- 
meure fixe. 

La  mission  de  Mahomet  correspond  au  commencement 
lie  la  vingtième  année  tlu  règne  de  kesra-Pervviz,  ou  au 
•  ommenccment  de  la  deux  centième  année  après  le  scr- 


134  LES  PRAIRIES  D'OR. 

<jà_«j   ^j^  l<X.;&  J.iU  w^si  «Xij   A,.ff  j.i>)  Isj-*-^  (j>^  iiÀ^  j.*i^ 

jXÀ^s  L^^<^i  **«^i*»il^  **"^   t-^il-io  ^1    /yj  ^^  li  PJ3^  '^^ 

fi 


ment  de  Rabadah ,  c'est-à-dire  six  mille  cent  treize  ans  après 
la  chute  d'Adam.  Cette  date  est  confirmée  par  le  témoignage 
d'un  savant  du  premier  siècle  de  l'hégire,  qui  a  publié  le 
résultat  de  ses  recherches  sur  d'anciens  ouvrages.  Ce  savant 
s'expj'ime  ainsi  dans  un  long  poëme  du  mètre  redjez  : 

Sans  aucun  doute,  c'est  au  ciébut  de  la  dixième  aiuiée  aioutée  à  trois, 
Et  dans  la  somme  du  nombre  cent  ajoutée  à  six  de  la  colonne  des  mille 

(eest-à-dire  6, 1 1  3) , 

Que  Dieu  nous  a  envoyé  son  apôtre  pour  nous  guider  dans  la  voie  du 

salut. 

On  n'est  pas  d'accord  sur  la  date  de  la  conversion  d'Ali, 
lils  d'Abou  Talib.  Les  uns  ne  pouvant  admettre  qu'Ali  ait 
vécu  dans  l'erreur  et  soit  entré  ensuite  dans  l'islam,  préten- 
dent (|u'il  imita  toujours  le  Prophète  et  conforma  sa  con- 
duite à  la  sienne;  qu'il  avait  atteint  l'âge  de  raison,  au  mo- 
ment de  la  mission;  que  Dieu  le  prémunit  contre  rerrcur 
et  le  dirii»('a  par  sa  grâce,  au  juême  degré  que  Mahomet; 


'  CHAPITRE  LXXI  135 

ç-*»^  y£>j  sUi  3^^ji\  ^îj  (j^)  cj^  Jji  Aji  tgi^  (j-«  /»4^j 

y 

i- 

(j-«   /j**Là.<)    XaJ    C.JUÀ.J   *Xi    f.j^ày'-^    )<XJÛ»    LàJLo_5    "^  J'^    t^'j    (J^ 

enfin  que  l'un  et  l'autre  ne  lurent  point  poussés  latalenient 
et  malgré  eux  à  l'obéissance,  mais  qu'ils  firent  usage  de  leur 
volonté  et  de  leur  libre  arbitre,  en  se  soumettant  aux  ordres 
de  Dieu  et  en  évitant  de  lui  désobéir.  Les  autres,  au  con- 
traire ,  disent  qu'Ali  endjrassa  le  premier  l'islam ,  mais  après  y 
avoir  été  invité  parle  Prophète.  Pour  soutenir  leur  opinion, 
ils  donnent  un  sens  forcé  à  la  lettre  du  verset,  «  Prêche  tes 
plus  proches  parents»  [Koran,  xxv,  21 4),  ce  qui  démontre, 
selon  eux,  que  Mahomet  a  dû  commencer  par  Ali,  son  pa- 
rent le  plus  proche  et  son  compagnon  intime.  Il  y  a  encore 
d'autres  opinions  sur  ce  sujet,  surtout  chez  les  Chiites. 
(Chaque  secte  parmi  celles  qui  adoptent  la  lettre  du  livre 
saint  relativement  à  Viinamat  et  à  l'élection  argumente  et  dé- 
ujonlre  à  sa  façon  la  conversion  d'Ali  et  son  âge.  On  trou- 
vera les  détails  de  cette  controverse  dans  noire  livre  de  la 
Pureté  sav  l'Imamat,  dans  le  livre  de  l'Kxamen,  dans  le 
Kilab  ez-zahi  et  dans  nos  autres  écrits  sui"  les  matières  re- 
liiîieuses. 


136  LES  PRAIRIES  D'OR. 


L'islam  fut  ensuite  adopté  par  AbouBekr,  qui  le  transmit 
aux  hommes  de  sa  tribu  :  à  Otmân,  fils  d'Affân;  à  Zobeïr, 
fils  d'el-Awam;  à  Abd  er-Rahman,  fils  d'Awf;  à  Saad,  fils 
d'Abou  Wakkas,  et  à  Talhah,  fils  d'Obeïd  Allah.  Ces  néo- 
phytes furent  amenés  au  Prophète  par  Abou  13ekr,  et  firent, 
avant  tous  les  autres,  leur  profession  de  foi  en  sa  présence. 
Un  poète  contemporain  de  la  naissance  de  l'islam  a  parlé  en 
ces  termes  de  ceux  qui  donnèrent  le  premier  exemple  aux 
Musulmans: 

O  toi  qui  m'interroges  sur  l'élite  des  serviteurs  de  Dieu,  tu  t'adresses 
à  un  homme  instruit  et  bien  informé. 

De  tous  les  adorateurs  de  Dieu  les  Koreïchites  sont  les  meilleurs,  cl 
parmi  les  Koreïcliites,  les  émigrés. 

Mais  au  premier  rang  des  émigrés  marchent  huit  croyants  (]ui  valent 
cliacun  une  forteresse  : 

Ali,  Otmân,  Zobeïr,  Taihali,  les  deux  Zohrites 

Lt  les  deux  cheikhs  voisins  d'Ahmed  pendant  leur  vie  ci  juscpu'  dans  le 
tombeau  (Abou  P>cl,r  cl  Omar). 


CHAPITRE  LXXII.  137 

Qui  oserait,  après  eux,  aspirer  à  la  gloire,  sans  reconnaître  la  supé- 
riorité de  la  leur? 

Quoi  qu'il  en  soit,  on  ne  s'accorde  pas  sur  la  conversion 
des  premiers  disciples  de  l'islam.  Selon  les  uns,  la  religion 
nouvelle  fui  adoptée  par  Abou  Bokr  avant  tous  les  autres, 
puis  parBélal,  fils  de  Ilamamah,  fils  d'Amr,  fils  d'Anbaçali. 
D'autres  nomment  Khadidjah  parmi  les  femmes,  et  Ali  parmi 
les  hommes.  D'autres  désignent  d'abord  Zeïd ,  fils  de  Ha- 
ritah,  puis  khadidjah,  puis  Ali.  On  verra  dans  nos  écrits 
cités  plus  haut  et  relatifs  aux  doctrines  religieuses,  à  laquelle 
de  ces  opinions  nous  avons  donné  la  préférence. 

CHAPITRE  LXXII. 
'fuite  du  l'HOPui'nE  (iiégiui;);  nÉsuMÉ  dks  rniNciPAU.x 

KAITS   HISTORIQUES  JUSQU'À   SA    MOUT. 

Dieu  onlonna  a  son  l'i opiictc  dt;  liiirà  Médino  etd'accom- 


138  LES  PRAIRIES  D'OR. 

Jj— wj    tivxj  Jyb  (j*.Uc  qjI   ij^j  (i^xxLi   (j^  a^^ik*  ^1  i^'Xm) 
iL*.**  «;-*«>^   »±>!5Xj  iiCf  -lïU  ^iA-w   (J^^j^   (;y^î  ^■'^^  /o.*X*5  ^i 

y   ^^;    /jji   J,_j.^   *»-iyfr*   (^  J^^5  J"^?  ^?'    *X^j    *>>^  (j-«   /<s*A.o 

plir  les  obligations  du  djiliaà  (guerre  sainte),  l'an  premier 
de  l'hégire.  Les  rites  de  Xizân  (appel  à  la  prière)  furent 
révélés  à  la  même  époque,  c'est-à-dire  quatorze  ans  après 
la  mission  de  Mahomet.  Au  rapport  d'Ibn  Abbas,  le  Pro- 
phète reçut  sa  mission  à  l'âge  de  quarante  ans;  il  vécut 
treize  ans  à  la  Meccjue  -et  dix  ans  dans  l'émigration  :  il 
mourut  donc  à  soixante-trois  ans.  L'an  premier  de  l'hégire 
correspond  à  la  trente-deuxième  année  du  règne  de  Kesra- 
Perwiz,  à  la  neuvième  année  du  règne  d'Héraclius,  roi  des 
Chrétiens,  et  à  l'an  neuf  cent  trente-trois  de  l'ère  d'Alexan- 
dre le  Macédonien. 

Nous  avons  donné  dans  l'flistoiro  moyenne  les  détails 
relatifs  à  la  fuite  du  Prophète  hors  de  la  Mecque,  où  il  laissa 
Ali  endormi  à  sa  place  dans  son  lit.  Le  Prophète  était  accom- 
pagné d'Abou  Bekr  et  d'Amir  ben  Foheïrah,  affranchi 
d'Abou  Bekr;  leur  guide  était  un  Arabe  idolâtre  nommé 
Abd  Allah,  fils  d'Oraïkit,  de  la  famille  des  Dad.  Ali  resia 


CHAPITRE  LXXII.  [39 

55K-*aJi   A-j^Xc  *i^,i^^  (jl^  (OJ»^  <5V*^^  c5^  (*^  *->!iU^I 

/w«     CA^tl^.^     *J^     SmwX     (JJUU^     ^^Ju^\      -kJ     i\ÀJ«XJL|      ti!      |*5\<t*fcJ)j 

<JuXft   a1j)J^>    y\^       Jw«|j5^^j\jLw  j-Ci^    l^    -tjl;  Jjiiî    jAJ^j.^^ 

li^X^JLJij  (^j\j»jill  r»_j-j  Uaj  A^lJL*  yl^  <Xj^v4l  ^^lxjIj  iC«vA<^ 
j)Ock».|j   (•^■^VJ  UiO  AaA£  <Jj>>Àj5  («'"ir*^  (fi^y"^  '-^  >iUi*j  ts*-  Uj»- 

trois  jours  à  la  Mecque  pour  exécuter  les  ordres  ([ue  lui 
avait  donnés  Mahomet;  puis  il  vint  le  rejoindre.  Le  Pro- 
phète entra  à  Médine  le  lundi  douze  du  mois  de  rébi 
premier,  et  y  séjourna  pendant  dix  années  entières.  En  se 
rendant  à  Médine,  il  s'arrêta  à  Koba  chez  Saad,  fils  de  Khaï- 
lamah,  où  il  lit  bâtir  la  (première)  mosquée.  Il  séjourna 
en  ce  lieu  du  lundi  au  jeudi ,  et  se  remit  en  route  le  ven- 
dredi, au  lever  du  jour.  Toutes  les  tribus  d'Ansar  vinrent 
par  troupes  sur  son  passage  et,  saisissant  la  bride  de  sa 
chamelle,  le  supplièrent  de  s'arrêter  chez  elles;  mais  il 
les  écarta  en  leur  disant  :  «  Laissez  aller  ma  chamelle, 
car  elle  obéit  aux  ordres  de  Dieu.  «  Comme  il  passait  dans 
la  tribu  des  lîenou-Salim  ;i  l'heure  de  la  [)rière ,  il  lit 
avec  eux  la  prière  dominicale  [salai  cd-djunid].  Ce  fui  la 
première  fois  (prelle  fut  célébrée  dc|)(iis  la  naissance  de 
l'islau). 

Sifriialoiis  ici  le  désaccord  des juiisconsuiles  rclalivenienl 


140  LES  PRAIRIES  D'OR. 

Aj^Xa?  ci*j(^^  t^J-^i  iii^i  J»-^î  (J-*  *t^iUJ!  jj^  »j.Ai  ^UjUwj 

^^:U«I  /6^  iuliJl  »*Xiû  J!  L^i  c5^'^  Ojj^^Jïii  45^5>î'   (j^  S 

i 

/YJy»^^Jb!  «Xa^^    juio^!^   a^^XmmJI^   S^Xaoj!   ^u^  S<X:^'^^  7^^"^ 

-\$C*-I  ^_f[_j~?  *.*A.«>  C^*^'j  ooUJoi^  c>S\-o  \^5wç*  Jl   c:^ile 
t_»^_j|    jl   J)— *-•«  tji  j^^   W-^*  Jv-»j   *i    *AAJjj[5    AA3  (^jW 


au  nombre  d'assistants  nécessaires  pour  rendre  valide  la 
prière  du  vendredi.  Ghafey  et  les  légistes  qui  ont  adopté  son 
opinion  déclarent  qu'elle  ne  peut  être  accomplie  qu'avec  le 
concours  de  quarante  fidèles  au  moins,  et  qu'au-dessous  de 
ce  nombre  elle  est  nulle.  Cette  décision  est  combattue  par 
les  jurisconsultes  de  Koufah  et  d'autres  écoles.  Le  Prophète, 
après  avoir  récité  la  prière  au  fond  de  la  vallée  nommée 
encore  aujourd'hui  Wadi-donouha,  remonta  sur  sa  chamelle, 
qui,  sans  broncher  et  sans  être  guidée,  arriva  droit  à  l'em- 
placement où  il  bâtit  sa  mosquée;  ce  terrain  appartenait 
alors  à  deux  jeunes  orphelins  des  Bcnou-Naddjar.  Là, 
elle  s'agenouilla,  puis  se  releva,  fit  encore  quelques  pas, 
revint  au  premier  endroit,  s'y  agenouilla  de  nouveau  et 
demeura  immobile.  Le  Prophète,  obéissant  aux  décrets  de 
Dieu ,  qui  lui  manifestait  ainsi  sa  protection ,  mit  pied  à  terre 
et  se  rendit  chez  Abou  Eyoub  l'Ansar,  nommé  aussi  Khalid, 
(ils  de  Koloïb,  fds  d<>  Tàlabah,  fils  d'Abd  Awf,  fils  d'Otbàn, 


CHAPITRE  LXXir.  UI 

La.^?!^    iL.A_A_l3-J   )jji^_Mi   ^«x-tol^  <X — À— J^   ^1    «I— .«^.—Isl   but  l— ^À 

iLjLj«xXu  AaX£  J^  Ixl  uX^i  tXJ»^  t^i^^  wM>£  iLAjl«vJ  ^«^«Xj» 
(jyAÀj'ill   j»^  X*Jl  ^i  If^Aîixi  joo   *;_5-i«'  y^-'^^  y^^   yU^^t   ^j-» 

fils  de  Malik,  fils  de  Naddjar.  11  demeura  un  mois  dans  cette 
maison,  attendant  que  la  mosquée  bùtiesur  le  terrain  acheté 
par  lui  fût  terminée.  Il  était  sans  cesse  entouré  d'Ansars  qui 
lui  témoignaient  leur  joie  de  l'avoir  parmi  eux  et  aussi  le 
regret  de  n'avoir  pu  coopérer  plus  lot  à  sa  cause.  C'est  ce 
sentiment  qui  a  inspiré  Sormah,  filsd'Abou  Anas,  issu  d'Adi 
ben  Naddjar,  dans  une  élégie  dont  voici  un  fragment  : 

n  a  vécu  pendant  plus  de  dix  pèlerinages  (années)  au  milieu  des  Ko- 
reïchites,  y  cliercLant  vainement  les  consolations  d'un  ami. 

Mais  lorsqu'il  est  venu  parmi  nous,  Dieu  lui  a  révélé  la  vraie  religion, 
et  le  séjour  de  Taïbah  (Médine)  a  rempli  son  cœur  d'une  douce  allé- 
gresse. 

Tous  ses  ennemis,  sans  exception,  sont  les  nôtres,  lors  même  qu'ils 
auraient  été  nos  meilleurs  amis. 

Dix-huit  mois  après  son  arrivée,  le  Prophète  institua  le 
jeûne  du  mois  de  ramadan,  et  prescrivit  de  prier  en  se 
tournant  vers  la  kaabali  [Kibla).  On  croit  (ju'il  ne  recul  à 
Médine  que  trente-deux  chapitres  du  Koran.  Dieu  le  rappela 


142  LES  PRAIRIES  D'OR. 

iLfiL«*Jl  i  j.^s.  ii^w  JjiJÎ  jAJ;  CJ-*  '•^^^•=^  *M  Sj-i^  ^ÀSii 
iuS^Vj  ^OcA.fi  c:-ofe3  ii/ii.jU  Jj.À-«  À  iiÀjiXiî  l^  J.i^:>  4^Jî 

L^t  t^  î_^-»-^^  (j-;?'^^^^  (ijt?;--**5  *^*^-*^  W^'  tsb  tr*  ro-^-*-*^ 

l%— Lus»-    yjjwii.*^    Ua*«   Ltfl^Xxrs-    QO*>Ji_5    5<X».|^    i>_5^    (^^) 

«jj^i  wfcA^  ^^  t5>**-'   ^1>^  té/*'''   iS^^33  é^jXi^  jj^s^   ^ij^ 

«jjj-è  -0^"  ^l^j-ji)!   SjjJH*^  iki^yti]  g^  (jlij  <il   Js.**ÀÀj  iOj^xil 

à  lui  le  lundi  douze  rébi  premier  de  la  dixième  année  deThé- 
gire,  à  la  même  heure  où  il  était  entré  à  Médine;  il  mourut 
dans  la  demeure  d'Aïchah,  après  une  maladie  de  treize  jours. 
Les  guerres  commandées  par  le  Prophète  en  personne 
sont  au  nombre  de  vingt-six,  selon  les  uns,  de  vingt-sept, 
selon  les  autres.  Ce  désaccord  provient  de  ce  que  les  pre- 
miers considèrent  sa  marche  de  Khaïber  sur  Wadi'1-Rora 
commeune  seule  et  même  campagne ,  tandis  que  les  seconds 
comptent  séparément  la  campagne  de  Khaïber  et  celk;  de 
Wadi'1-Kora.  Celte  différence  d'évaluation  s'explique  par  ce 
fait  que  le  Prophète,  après  avoir  triomphé  à  Khaïber  avec 
l'aide  de  Dieu,  se  dirigea  immédiatement  sur  Wadi'1-Kora, 
sans  passer  par  Médine.  La  première  affaire  commandée  par 
le  Prophète,  quand  il  sortit  de  Médine  pour  aller  à  Wed- 
dân,  est  nommée  guerre  iKel-Abwà.  Puis  vier.nciil  la  guerre 
de  Bowat,  on  il  s'avança  jusqu'au   district    de  Radwa;  la 


.      CHAPITRE  LXXTI.  .    \li5 

s^ys.   A.Sj>jLr>  ^  jj^UAlo  xs'^jÂ.  ^^^  Jj^l  jj^j  iijijs- 

j 

guerre  d'el-Ochaïrah ,  dans  la  vallée  de  Yanboà;  la  pre- 
mière campagne  de  Bcdr  contre  Kourz,  fils  de  Djabir;  la 
grande  bataille  de  Bedr,  ou  seconde  guerre  dans  laquelle  Dieu 
extermina  les  pi  us  vaillants  champions  de  Koreïch  et  réduisit 
plusieurs  de  leurs  chefs  à  l'esclavage;  la  guerre  des  Benou- 
Solaïm ,  où  les  Musulmans  arrivèrent  au  réservoir  nommé 
el-Kédid  que  possédait  cette  tribu;  la  guerre  de  Sawik 
contre  Abou  SoGàn,  fils  de  Ilarb  ,  où  les  Musulmans  s'avan- 
cèrent juscju  à  Karkarat  el-Kodr;  la  guerre  de  Gatafàn  dans 
le  Nedjd,  nommée  aussi  guerre  de  Dou-Amar;  la  guerre  de 
Bahràn,  nom  d'une  mine  située  dans  le  Hédjaz,  au-dessus 
d'el-Forà;  la  guerre  d'Ohod  ;  la  guerre  de  llouira  el-Aced  ;  des 
Benou-Madir;  de  Dal  er-rikàa,  c'est  le  nom  d'un  palmier; 
la  dernière  guerre  de  Bedr  (ou  Petit  Bedr);  la  guerre  de 
Dauraat  el-djandal;  la  guerre  du  Fossé;  celle  des  Benou- 
Koreizah;  celle  des  licnou-Lihiân ,  fils  de  Hodeil,  fils  de 
Moudrikah;  la  guerre  de  Dou-karad;  celle  des  Benou'1-Mos- 


\kk  LES  PRAIRIES  D'OR. 

Sif^-s-  4tJ>  (^jv— iL».  iJj^  AJ  iiC»  ^  /0.J  ^Uiiîl  ïj^  -!5X«*Jlj 
*X-&.|^j*Xj  »^Îj5)^  J--«^  i  ^-^  J^»*  i^^^  *5>*  (»^"  uÀjUxII 
i«Xrf>  «4?^^  ouUoSt^  C:3S*^^^  ^>aJ'j  j-M^j  y^>>5  li*^-^^ 

ojj^5  x«:5X^  fj\  dUi^  t^;^'^'  t^^b  *b'^  <^  ^^  /ckx^  c^' 
^^jv5j^|  (^  Jojii  ioUJI  -jj  i  JoliJ^  JJCAi  /o.Q*«*;  «^j  /*^*>^. 

talik,  branche  des  Khozâïtes;  ia  guerre  d'el-Hodaïbyah ,  où 
les  Musulmans,  quoique  animés  d'intentions  pacifiques,  fu- 
rent attaqués  par  les  idolâtres;  la  guerre  de  Khaïber;  l'ex- 
pédition armée  au  pèlerinage  dit  visite  d'accomplissement; 
la  prise  de  la  Mecque;  la  guerre  de  Honaïn;  la  guerre  de 
Taïf ,  et  la  guerre  de  Tabpuk.  Il  combattit  dans  neuf  de  ces 
guerres  :  à  Bedr,  à  Ohod ,  au  Fossé ,  contre  les  fils  de  Korai- 
zah,  à  Khaïber,  à  la  Mecque,  à  Honaïn,  à  Taïf  et  à  Tabouk. 
Telle  est  l'opinion  de  Mohammed,  fils  d'Ishak.  Quant  à 
Wakidi,  tout  en  admettant  avec  Ibn  Ishak  que  le  Prophète 
a  combattu  en  personne  dans  ces  neuf  batailles,  il  en  ajoute 
deux  autres  :  l'affaire  de  Wadi'1-Kora ,  où  il  vengea  par  la 
force  des  armes  la  mort  de  son  serviteur  Moudgam,  tué 
d'un  coup  de  flèche,  et  l'affaire  d'el-Gabeh,  où  il  tua  de 
sa  main  six  idolâtres.  Dans  cette  même  journée  péril  Mouh- 
riz,  fils  de  Nadlah.  Ainsi  Wakidi  compte  onze  batailles  et 
Ibn  Ishak  neuf  seulement  :  l'un  el  l'autre  sont  d'accord  sur 


CHAPITRE  LXXII.  U5 

yi  J<xi  4X35  kA^  ^  t^  tâ»^'^'  ^b^  Wy-^  (i^^  ^t*«jJl  i 
»XJ»j       S^-i-*Ji   v::>!i   -.^V«Jl^  «5Xj>aJi   AaAa  U&I^  «jjjyfi  J^l 

Jls^y.^3j  j!  ^jj  4W!  fX**  (jj  (j^^  (^j  J^ j.^s<>s^  *^y<jj 
u'  CiJ^^^^^*^*-»'  f»*^^  M^  C:jîr^  ^y^s  ftjuij^o  ^^yJ)  y|>-**'  ^^-*Jo 

LK— *v  Civile  j_g<X*ikJI  «Jj  iyj  «X^  Jb  jli'  »X*Mi  /vjt  lJo«X*. 
X-j^   n   ij    8Llw_«M  1,)^  4X3^   ^j-^  (J"!^^j'^  W^  /oJbLio  4^ÀJ{ 

les  neuf  premières,  et  les  deux  autres  sont  ajoutées  par  Wa- 
kidi.  Quelques  auteurs  disent  que  la  première  campagne  du 
Prophète  fut  celle  de  Dat  el-Ochaïrah. 

Les  biographes  et  les  chroniqueurs  diffèrent  sur  le  nombre 
des  expéditions  et  des  reconnaissances  dirigées  par  ses  lieu- 
tenants. Ainsi  Mohammed,  fils  d'Ishak,  fils  d'Abd-Âllah,  fils 
d'Abou  Bekr,  en  compte  trente-cinq,  tant  expéditions  que 
razias,  depuis  le  départ  de  Médine  jusqu'à  la  mort  du  Pro- 
phète. Mohammed ,  fils  de  Djérir  Tabari,  cite  dans  sa  Chro- 
nique le  témoignage  de  Wakidi,  transmis  par  el  Harit,  et 
à  ce  dernier  par  Ibn  Saad ,  d'où  il  résulterait  que  ces  expédi- 
tions s'élèvent  à  quarante-huit;  d'autres  enfin  en  comptent 
soixante-six ,  y  compris  les  reconnaissances. 

Mahomet  mourut  âgé  de  soixante-trois  ans,  d'après  le  té- 
moignage d'Ibn  Abbas,  cité  au  début  de  ce  chapitre;  il  ne 
laissait  qu'un  seul  enfant  survivant,  sa  fille  Fatimah,  qui 


|/j()  LES  PHAlhlEt)  DUR. 

X.J  jo— kwî^  /wA_*-iw  cy^JL»  ^CAXy»  *Xjtj  Ji_^^  jj  ^.^lîj  c-vibj 
L»fc_j  /%_>j— *i.i^  J»^^'  ^S^"^*^,}  'ji-*'*»'  (j)^'**^^  t^*^'^'  (j"^'  ,5^^ 
fc^*_Xiaiî   OvAff  ^j  oU^  «Xa£  A4V-Î3  t^lL  jl   ^5  «lj5  c:*.3i^ 

*  j  ..y  .     ■■    I    ^      .. 

mourut  quarante  jours,  ou  soixante  et  dix  jours  après  lui.  Il 
y  a  encore  d'autres  versions  sur  cette  date.  Fatimah  avait 
épousé  Ali,  fils  d'Abou  Talib,  une  année  après  i'hégire,  ou 
un  peu  plus  tôt,  selon  quelques  auteurs.  La  première  femme 
du  Prophète,  Khadidjah,  fille  de  Khowaïled,  fils  d'Açed,  fils 
d'Abd  el-Ozza,  fils  de  Koçayi,  mourut  au  mois  de  chawal , 
trois  ans  après  la  première  révélation. 

Mahomet  était  âgé  de  cinquante  et  un  ans,  huit  mois  et 
vingt  jours  quand  il  fit  son  voyage  nocturne  au  ciel  [mîradj). 
Son  oncle  Abou  Talib,  dont  le  nom  est  Abd-Ménaf,  fils 
d'Abd  el-Mottalib,  mourut  trois  jours  après  Khadidjah,  à 
l'âge  de  quarante-neuf  ans  et  huit  mois.  Quelques  auteurs 
disent  que  son  véritable  nom  était  Ahou  Talib.  Après  la 
mort  de  Khadidjah,  Mahomet  épousa  Sawadah  ,  fille  de  Za- 
maâh,  fils  de  Kaïs,  fils  d'Abd-Wudd,  fils  de  Nadr,  fils  de 
Malik;  enfin  il  épousa  Aichah,  deux  ans  après  l'hégire; 
d'autres  prétendent  qu'il  l'épousa  après  la  mort  de  Khadi- 
djah,  mais  qu'il  no  consomma  son  mariage  que  sept  mois 


CHAPITRE  LXXII.  I/|7 

JL*-:»  JlJi-j  AAj:>b  (j.**«».li  I«x4^  t_>il  J^s-j  j.,ft  aWI  ^ji  Jb 
(^  Jo^J»  Uo  rf^i^là^  ^^IjL  JlxÎ  iljî^  JUj  <\MÎ  Jli  dUJsS" 

et  neuf  jours  après  sa  fuite  de  la  Mecque.  Nous  avons  parlé 
de  tous  ses  mariages  dans  l'Histoire  moyenne;  nous  n'y  re- 
viendrons donc  pas  dans  ce  chapitre. 

Au  rapport  d'une  tradition  transmise  à  Djàlar  par  son 
père  Mohammed;  à  celui-ci  par  Ali,  son  père;  à  Ali  par  el- 
Haçan,  et  à  el-Haçan  par  Ali,  lilsd'Abou  Talib,  Dieu  a  révélé 
à  son  prophète  lapins  pure  morale  dans  le  verset  :  «  Sois  clé- 
ment, prescris  l'aumône  et  détourne-toi  des  infidèles.  «  [Ko- 
ran,  vu,  198.)  Lorsque  Mahomet  s'y  fut  conformé.  Dieu 
ajouta:»  Certes  tu  es  d'un  caractère  sublime  »  [lhid.i.\y\u,l\,)  ; 
et  quand  il  vit  que  le  Prophète  remplissait  fidèlement  sa 
mission  ,  il  dit  :  «  Accepte/,  ce  que  l'apôtre  vous  apporte,  et 
abstenez-vous  de  ce  qu'il  inlerdit,  »  [Ibid.  lix,  7.)  Mahomel 
a  reçu  de  Dieu  même  l'autorisation  de  promettre  en  son  nom 
le  paradis  aux  croyants. 

Quoiqu'il  eût  épousé  quinze  femmes,  il  n'eut  de  rapports 
qu'avec  onze  d'entre  elles,  et  ne  se  rapprocha  jamais  des 
quatre  antres;  neuf  de  ses  femmes  lui  survécurenl. 

10. 


148  LES  PRAIRIES  D'OR. 

jkjj  iwï**  <!iÀj<Xilj^    Iwi**  <XX^  f»^^^  AÀ.W  (i5>-*J;5_j  cb^Xjj  /wî 

On  n'est  pas  d'accord  sur  l'âge  véritable  du  Piophète. 
L'assertion  d'Ibn  Abbas  citée  plus  haut  a  pour  garant  Ham- 
mad ,  fils  de  Salaniah ,  d'après  Ibn  Hanizah ,  qui  la  tenait 
d'Ibn  Abbas  lui-même.  Cette  opinion  est  confirmée  par  celle 
toute  semblable  d'Abou  Horeïrah.  On  rapporte  que  Yahia, 
fils  de  Saïd ,  tenait  de  Saïd ,  fils  d'el-Mouçayiab ,  le  renseigne- 
ment suivant  :  «  Le  Prophète  avait  quarante-trois  ans  quand 
il  reçut  le  (  premier  chapi  Ire  du  )  Koran  ;  il  demeura  dix  ans  à 
la  Mecque,  dix  ans  à  Médine,  et  mourut  âgé  desoixante-trois 
ans.  »  Aïchah  a  dit  aussi  :  «  Le  Prophète  est  mort  à  l'âge  de 
soixante -trois  ans.  »  D'autre  part,  une  tradition  provenant 
également  d'Ibn  Abbas,  mais  par  une  voie  ditTérente,  en- 
seigne que  le  Prophète  mourut  à  soixante-cinq  ans.  Ibn  His- 
cham,  qui  l'a  transmise,  la  tenait  d'Ali,  fils  de  Zeïd;  Ali,  de 
Youçouf,  fils  de  Mehran  ,  et  ce  dernier,  d'Ibn  Abbas. 

Katadah,  citant  l'autorité  de  Haçan,  d'après  Dîbil ,  c'est- 


CHAPITRE  LXXII.  U9 

s- 


(1). 


l^CiM 


jjàAi   *j|  ->X*>Ji  /o.^^  à^  Jt  aAc  b*X>^  c^«^-^i_j      Jj 


à-dire  Ibn  Hanzalah ,  fait  mourir  le  Prophète  à  soixanle-cinq 
ans;  d'aulres  auteurs  disent  soixante  ans.  Les  trois  person- 
nages dont  on  invoque  l'autorité  sur  ce  point  sont  Ibn  Abbas, 
Aïcbah  et  Orwab,  fils  de  Zobeïr.  Or  ce  dernier  (d'après  ce 
que  Amr  ben  Dinar  a  transmis  à  Hammad  )  disait  :  «  Maho- 
met avait  quarante  ans  au  moment  de  sa  mission,  et  soixante 
ans  quand  il  mourut.  »  Enfin  Cheïbàn  rapporte  que  Yiahia, 
fils  d'Abou  Kétir,  a  entendu  dire  à  Abou  Selamah  :  «  Aïcbah  et 
Ibn  Abbas  m'ont  enseigné  que  le  Prophète,  ayant  quarante 
ans  quand  il  reçut  sa  mission  divine,  demeura  dix  ans  à  la 
Mecque,  dix  ans  à  Médine  et  mourut  âgé  de  soixante  ans.  >> 
En  citant  ces  différentes  versions,  notre  but  est  de  mon- 
trer au  lecteur  que  nous  n'avons  négligé  aucun  renseigne- 
ment, aucune  source  de  traditions,  en  tant  que  nous  avons 
pu  le  faire  sans  nous  départir  de  la  forme  concise  et  abrégée 
doni  nous  n(jns  sommes  fait  une  loi.  Mais  nous  avons  entendu 
la  ramill<-(lu  Proplièlcanirmcr  (ju'il  nioinnl  ;'ig('' do  soixanlr 


150  LES  PRAIRIES  D'OR. 

l>ljii  l^A*  ^^^^  »;-S=»-  V^l^  (:y^>)^^^  i:X^y^  vl>^'   Aj^XS  Î 
l.«i  (ji)l    w^sJsJLXï   ^iUi   ÏUÀaSo   k^l   ^1^   b^5l>   U^^   (:^*^ 

_^Lj«JI    L^-j  ,jJC^=.j  (X-<i_j.^   ^Iî33  -îCixy»^  p^X..«Ji_5  5!5\AaJl 

trois  ans.  Sou  corps,  après  avoir  été  lavé,  fut  enveloppé 
dans  trois  linceuls  superposés,  deux  en  étoffe  de  Sohar  et  le 
troisième  en  soie  rayée  (du  Yémen).  Ceux  qui  descendirent 
dans  sa  fosse  furent  Ali,  fils  d'Abou  Talib,  Fadl  et  Kotam, 
tous  deux  fils  dVVbbas,  ot  Choukràn,  affranchi  du  Prophète. 
On  donne  des  détails  différents  sur  le  nombre  de  linceuls 
dont  son  corps  fut  revêtu.  Dieu  sait  mieux  la  vérité.  Passons 
maintenant  en  revue  les  principaux  traits  de  son  histoire, 
depuis  sa  naissance  jusqu'à  sa  mort. 

CHAPITRE  LXXIIl. 

PRÉCIS     DES    ÉVÉNEMENTS    ET    DES    FAITS    HISTORIQUES    SURVENUS 
ENTIIE  LA  NAISSANCE  ET  LA  MORT  DE  NOTllE  SAINT  PROPHETE. 

Dans  ce  qui  précède,  nous  avons  donné  sur  la  naissance, 
la  mission  ot  la  mort  du  Prophète,  un  résumé  propre  à  sa- 


CHAPITKE  LXXUl.  151 

5  js-.=wU  J^*»o^  »*>s^  (^û  ^^  J^^  so^  *'*'!?'  »i  '^^^ 

c_>L{uJî    l*>Oû  Id^-m-^v»  (j^  ^  (^  WjÎ    *>^ï  ^^ IJ^3   xJUo  (^ 

tisfaire  les  exigences  de  l'érudition  et  à  guider  le  lecteur 
qui  recherche  la  vérité  historique.  Après  avoir  analysé  les 
principaux  événements  liés  à  l'histoire  de  Alahomet,  nous 
allons  donner,  dans  le  présent  chapitre,  le  tableau  rapide  de 
sa  vie  et  des  faits  les  plus  importants  de  son  époque,  en 
suivant  l'ordre  chronologique,  alin  que  le  lecteur  ait  sous  la 
main  un  travail  de  nature  à  faciliter  ses  investigations, 
indépendamment  des  aperçus  plus  détaillés  qu'il  peut  trou- 
ver dans  les  chapitres  précédents. 

L'an  premier  de  sa  naissance,  le  Prophète  est  confié  à 
Halimah,  fdlc  d'Abd-Allah,  fils  d'el-Harit,  fils  do  Sakhnah, 
lils  de  Djahir,  (ils  de  Dirani,  lils  de  Narir,  lils  de  Saad, 
lils  de  Bekr,  fds  de  Hawazin,  fils  de  Mansour,  lils  d'Akra- 
mah,  fils  de  llafsah,  fils  de  kaïs,  fils  d'Aïlàn,  fils  de  Modar, 
lils  de  Nizar,  (ils  de  Maadd,  fils  (rAdnàii.  A  l'àgc  de  (  inq  ans, 
il  est  rendu  à  sa  mère  par  Halimah,  connue  nous  l'avons 
dit  plus  hauL  A  six  ans,  il  accompagne  sa  mère  cluv.  ses 


152  LES  PRAIRIES  D'OR. 

j,l  <5lJî  «^  S/-^  ''^^^  "^"^^  r^'  ti'  «-JUa  j,l  à:J  t^  SJ"*^ 
/6.J1L0  ^^wàJI^L  JjD    dJ«X.b  <\^l^   «JUj^  CSf*^^   d}  '^^   '^+* 

c:A.iw^  ^•'^^itf^  C:^  i«^  j[^  ^  8^Um£  I «XJ^  yi».s-  iOCAw  (_vAja!Li  tXtvxJ 

oncles;  elle  meurt  à  el-Abwâ,  bourgade  entre  la  Mecque  et 
Médine.  Oumm-Eïmen ,  afFranchie  d'Aminah  el  passée  en 
l'héritage  du  Prophète,  est  informée  de  la  mort  de  sa  maî- 
tresse: elle  vient  chercher  l'enfant  et  le  ramène  à  la  Mecque. 
A  neuf  ans,  il  accompagne  en  Syrie  son  oncle  Abou  Talib; 
selon  d'autres,  il  fit  ce  voyage  à  treize  ans.  Abou  Talib  était 
frère  consanguin  et  utérin  d'Abd- Allah,  père  de  Mahomet. 
Voilà  pourquoi  il  eut  la  tutelle  de  l'orphelin,  de  préférence 
à  ses  autres  frères  nommés  el-Abbas ,  Hamzah ,  Zobéïr,  Djahl , 
el-Moukawam,  Dirar,  el-Harit  et  Abou-Lahab,  tous  fils  d'Abd 
el-Mottalib.  Outre  les  dix  enfants  dont  nous  venons  de  don- 
ner les  noms,  Abd  el-Mottalib  eut  six  filles  :  Atikah ,  Safyah , 
Omeïmah,  el-Beïdâ,  Kourrah  (ou  Barrah) ,  et  Arwa.  Safyah  , 
qui  donna  le  jour  à  Zobeïr,  fils  d'el-Avvam,  fut  la  seule  de 
ses  filles  qui  devint  musulmane  ;  cependant  certains  auteurs 
prétendent  qu'Arwa  adopta  aussi  l'islam ,  d'autres  le  nient  ; 
v\\  un  moi,  cette  question   est  douteuse.  Durant  ce  voyage 


CHAPITRE  LXXIII.  153 

/»  *  X  .>e>  «Xs^j  ^^^î  (:j>j  y^  (^  «^JOiJI  J.i^t  cjL>  ^  dl.]ij 

ySta-j?^  (jvj  c;^\^  S^;-=^  '^'^  (j^*«i^Cj  (^tXj»!  ^JLw  ^  dUi^ 
Ï*>>-^J  ^_iv^-«>^    ^-^'j   oUiîl   !«Xjû   (j^  \^J)X>m  l^îv»  (j5Va£  u**^^ 

en  Syrie  avec  son  oncle,  Mahomet  rencontre  le  moine  Bo- 
haïra;  celui-ci  les  met  en  garde  contre  les  mauvais  desseins 
des  Juifs  qui  savaient  cet  enfant  destiné  à  devenir  prophète. 
Dans  le  chapitre  intitulé,  Des  personnages  qui  ont  vécu  dans 
l'intervalle,  c'est-à-dire  entre  le  Messie  et  Mohammed,  nous 
avons  parlé  de  ce  moine  Bohaïra  et  de  ses  prédictions  concer- 
nant le  futur  prophète  (t.  I"  p,  làO). 

A  rage  de  vingt  et  un  ans,  comme  nous  l'avons  dit  ci-dessus 
(voy.  p.  125),  Mahomet  assiste  à  l'une  des  journées  de  la 
guerreentre  les  tribus  de  Koreïch  et  de  Kaïs  Ailàn,  nommée 
fidjar  à  cause  de  la  violation  dos  mois  sacrés.  La  victoire, 
après  avoir  penché  du  côté  des  Kaïs,  se  déclare  pour  les  Ko- 
reïchites,  dès  que  Mahomet  se  trouve  sur  le  lieu  de  l'action. 
Le  chef  des  Koreïchites  était  Ahd-Allah,  (ils  do  Djoudân 
el-ToyJMii,  qui,  avant  l'islam,  exerçait  le  métier  do  ma(|ui 
gnon  ol  de  marchand  d'esclaves.  Celte  vicloiro  est  un  d(\s 


154  LES  PRAIRIES  D'OR. 

SjyH^  (:Hy^^'^  -^X-Ji^  «^î^wWilJt   -}U>*  AjyJs?  »;«>-m  JS^jJl 

t*0  tr*  U^^  yîoJ  C:5>rJ«'yt  -^  dUi^  (j*.Wl  iCil^'  Jl  ^j^^^j 
iJ^jkâJi   *-A-^  -îLÂJCyB   g;b  i  ^UJl  ^jUj  t^-**a«-   ^^  Jj^l 

^J\^  (J^^^^   iLi^w    ij   tj/JwiJî    i   ovkkit    *Na*   ^3    rAiiU»   <^^ 

Jî  f^rr^j   -^   ^j^  ^r-^-*^  *~*Xic>  <;^À.3I  ii-=?-^>  iks^.<y.s^  »lî^ 

indices  de  la  mission  prophétique  de  Mahomet  et  des  bé- 
nédictions qui  s'attachent  à  ses  pas.  A  vingt-six  ans,  il 
épouse  Khadidjah,  fille  de  Khowaïled;  elle  avait  alors  qua- 
rante ans;  mais  il  y  a  discussion  sur  l'âge  de  Khadidjah.  A 
trente-six  ans,  il  assiste  à- la  restauration  de  la  Kaabah  par 
les  Koreïchites,  il  est  pris  pour  arbitre  et  replace  lui-même 
la  pierre  noire  (voy.  ci -dessus,  p.  127).  A  quarante  et  un 
ans,  il  est  choisi  par  Dieu,  comme  son  prophète  et  son  en- 
voyé, et  chargé  de  prêcher  la  foi  au  genre  humain.  Cette 
révélation  a  lieu  le  lundi,  dixième  jour  du  mois  de  rébi  pre- 
mier ;  mais  il  faut  tenir  compte  des  discussions  relatives  à 
cette  date.  A  quarante-six  ans,  le  Prophète,  accompagné  des 
Benou-Hachim  et  des  fds  d'Abd  el-Mottalib ,  est  bloqué  dans 
une  gorge  de  montagne,  par  les  Koreïchites.  A  cinquante 
ans,  il  sort  de  cette  retraite  avec  ses  compagnons.  La  même 
année,  Khadidjah,  sa  première  épouse,  meurt.  Le  Prophète 


CHAPITRE  LXXlir.  155 

Ly-s»-j>)o  ''iJi  cX^ij  (*A^  c:^  ^$3  »^^1  J^  U^  23>>  J**^ 
4^y-i_jt   Ci^-io   À-^Jobb    X*3j   c^ua  j;î    /jJ  ^^    ;?^A)^  (J^  ^-4-!^-•^ 

serendàTaïf ,  ainsi  que  nous  l'avons  raconté  précédemment. 
A  cinquante  et  un  ans,  il  est  enlevé  au  ciel,  à  Jérusalem, 
comme  l'atteste  le  Koran  (chap.xvii,  1).  A  cinquante-quatre 
ans,  il  fuit  de  la  Mecque  à  Médine  ;  il  construit  la  première 
mosquée,  et  consomme  son  mariage  avec  Aïchah,  fille  d'A- 
bou  Bekr,  âgée  de  neuf  ans.  11  l'avait  épousée,  avant  l'hégire, 
à  l'âge  de  sept  ans ,  selon  les  uns ,  de  six  ans ,  selon  les  autres. 
Ce  qui  est  avéré,  c'est  qu'il  n'eut  de  relations  avec  elle  que 
sept  mois  après  sa  fuite  à  Médine.  Aïchah  disait  elle-même 
qu'elle  avait  dix-huit  ans  à  la  mort  du  Prophète;  elle  mou- 
rut presque  septuagénaire  à  Médine,  l'an  58  de  l'hégire, 
sous  le  règne  deMoàwiah,  fils  d'Abou  Sofiân;  la  prière  de 
ses  funérailles  fut  récitée  par  Abou  Horeirah. 

An  I  de  l'hégire.  Le  Prophète  charge  Bilal  de  \ezdn  (appel 
à  la  prière),  confortnémenl  aux  inslruclions  (|u'AI)d-Allah 
hcn   Yézid  avait  reçues  en  songe.   Ali.  lils  d'Abou   Talib, 


156  LES  PRAIRIES  D'OR. 

iLjyj^j   *Jubî   c>.A3j.j  ^-ô^j   iwjJil   Ji   ii.s>-yj[i   /o-»A.o   4^^^'  J-*^ 

(•jJ  i  ^i)Ji^  ^«^^^   ^^J  c:aj\<'  l^j  ^^  ^'  C5^J  iUJoUj  (^ 
vi»^'  AJLui  jjj     y^*^  _^^--'  Cj-«  4^^  ^■^^  iJ^ff  t^  AX^Ji. 

ij  /o^.w  «x*j  ^\i^  ool^_5  iU;j^=»-  tii*^  v'-vi)^  ^^^y^  U^ 

A-oj   c^Liail  (j-J  j-5  o»JL>  iUaxs?  ^^JJj-'  U^  i>i^\   »*>^ 

épouse  Fatimah,  fille  du  Prophète;  mais  la  date  de  cet  évé- 
nement est  controversée. 

An  IL  Le  Prophète  institue  le  jeûne  du  mois  de  rama- 
dan, et  ordonne  aux  Musulmans  de  se  tourner,  en  priant, 
vers  la  Kaabah.  Mort  de  sa  fille  Rokayah.  Vers  la  fin  de  la 
même  année,  Ali  consomme  son  mariage  avec  Fatimah. 
Bataille  de  Bedr,  le  vendredi  dix-sept  du  mois  de  rama- 
dan. 

An  IIL  Le  Prophète  épouse  Zeyneb,  fille  de  Khozaïmah, 
et  la  perd  au  bout  de  deux  mois;  il  épouse  alors  Hafsah, 
fille  d'Omar  ben  Khattab.  Mariage  d'Otmân,  fils  d'Afîàn, 
avec  Oumm-Koltoum,  fille  du  Prophète.  Naissance  d'el-Ha- 
(■an,  fils  d'Ali;  la  date  de  ce  dernier  événement  n'est  pas 
certaine.  Bataille  d'Ohod  dans  laquelle  Hainzah ,  fils  d'Abd 
«'1  Moltalih,  trouve  le  martyre. 

An  IV.  Halaillc  de  Dal  er-rikâ.  A  celle  occasion ,  le  Pro- 


CHAPITRE  LXXIII.  157 

^j_vàî^  A^^  ;»-«^  5-^*-**  &-\r'-^*^'^  ^^^  i_^xÀJOol^j.A>aJl 

^  a^js.  o^i<'  i-^^-Mj  »_^ALo  J-Ji  \^\j  Usj  *.^*^uii 

aM!  ^_^^  ^^  ^  (:J>^^  <^^  (j^  ^j5  ^^  ê:  ^i  tijikAoXî 
ij-*  ^•\r^  \j^  ^^  0*^^-*^  *-5>*  ^-^^  u*^  "^^-^  '^-5     (i^^^-*** 

phèle  récite  la  j)rière  de  la  crainte  (voyez  Mour.  d'Ohsson, 
t.  Il,  p.  253)  \  l'origine  de  cette  prière  a  donné  lieu  à  quel- 
ques discussions.  Mariage  du  Prophète  avec  Ounim-Sala- 
mah,  fille  d'Abou  Omeyah.  Expédition  contre  la  tribu  juive 
des  Benou-Nadir,  qui  se  retranchent  dans  leurs  forteresses; 
leurs  palmiers  et  leurs  vergers  sont  détruits  et  leurs  champs 
incendiés;  réduits  à  cette  extrémité,  ils  implorent  la  paix. 
Expédition  contre  les  Benou-.Mostaiik.  Même  année,  nais- 
sance d'el-Huçeïn,  fils  d'Ali:  on  croit  que  Fatimah  sa  mère 
naquit  huit  ans  avant  l'hégire. 

An  V.  Guerre  du  Fossé,  ainsi  nommée  à  cause  du  re- 
tranchement creusé  par  les  Musulmans.  Expédition  contre 
la  tribu  juive  des  Benon-Koraizah.  L'historique  de  cet  évé- 
nement est  bien  connu.  Mariage  du  Prophète  avec  Zeyneb, 
fille  de  Djahch.  Accusation  dirigée  contre  Aïchah  par  des 
calomniateurs. 

An  VI.  hogalions  du  Prophète  à  l'occasion  de  la  sèche- 


158  LES  PRAIRIES  D'OU. 

jjL.A_i_.u«    ^i    OC^^    ÎLmAS*'    -I    TjJjH    W^J    li/Jo  «Xi^i    UriSJ^ 
r— ^— *-^    tv_^   ^T'î'^    iiÀiiV  j,J        l^J    ''^^iKî    "^^^^    U-OvJ    i^OyiyS^- 

l^Ai^  ^w*ÀÀJ  ««^taiwl  ^^  <^i>-  c:a^  iUÀ^c»  ^^Ja^pl^  L<..sïOCilî 
«j  cJjLjLaJI  (j-»^yj^i  U  <^  *LjsJLÎ!  'ij.i j.,ç\sS  (jvs»-  jj^à-w  J, 

iij^U  »jLA^  ytiOua  tiiA^  (jw^Syiil  tXÀ£  (jw«  ijccL  j;l  ^  «««Jsl». 

resse  et  de  la  disette.  Il  visite  les  lieux  saints  [omrah] ,  c'est 
ce  qu'on  nomme  l'expédition  de  Hodeïbiyah  ou  Vadieu  aux 
infidèles.  Prise  du  bourg  de  Fadak.  Le  Prophète  épouse 
Oumm-Habibah,  fille  d'Abou  Sofiân.  Il  envoie  des  ambas- 
sadeurs au  Cosroès  et  au  César.  Il  paye  de  ses  deniers  l'af- 
franchissement de  Djowaïryah,  fille  d'el-Harit,  et  la  prend 
pour  femme. 

An  VII.  Expédition  de  Khaïber  et  prise  de  cette  ville. 
Le  Prophète  se  réserve  parmi  les  captives  Safyah,  fille  de 
Hoyaya,  fils  d'Akhtab.  Pendant  sa  visite  aux  lieux  saints 
nommée  visite  d'accomplissement,  il  épouse  Meïmounah, 
fille  d'el-Harit  des  Benou-Hilal,  et  tante  maternelle  d'Abd- 
Allah,  fils  d'Abbas.  On  ne  sait  pas  exactement  s'il  eut  com- 
merce avec  elle  avant  d'avoir  revêtu  le  manteau  d'ihram,  ou 
pendant  qu'il  en  était  revêtu.  Cette  question  est  débattue 
par  les  jurisconsultes,  et  elle  a  donné  lieu  à  différentes 
opinions  sur  le  mariage  du  pèlerin  en  état  pénitentiel 
(/^mm).  Même  année  :Hatib,  fils  d'Abou  Baltaab,  revient  de 


CHAPITRE  LXXUI.  159 

kiiJi  y-^-s-^  -iV.^Î  Lsy^KA^ft  aMI  Sy>»j  {j->^  f^j-^^  p'  iULiAxIl 

iù>,^  ^jb^l*  xm3j  a^*-5j)j  (jj  aMI  Os^^y  icijU.-  ^  *Nî;^  4-JU3 

JJi>  wA*  Jys»^  A.jiXAi>  ^^yJi  Ok-ÀJ  «.-vÀoj  *ljj  o»j\^  W^J  pj^y^ 
-v^^^  >oJtX*=>  (^ÀJi  ^Ixxii  ,j\^  ^jJi  iiÀ^  ^^^  IftAi^  gL)^'  'i^* 

Î_j-fci6i>i  Jlij  ^j'^:»  ^'  (^îj  (*"=':^  s:'  ^^^  '-^^  (^^  '^'^^  «^' 

chez  le  Makaukus,  roi  d'Egypte.  Parmi  les  présents  (ju'il 
apporte  de  la  part  de  ce  roi,  se  trouve  Marie  la  Copte,  dont 
le  Prophète  eut  ensuite  un  fiis  nommé  Ibrahim.  Djâfar,  fils 
d'Abou  Talib,  revient  d'Abyssinie,  où  il  avait  émigré  avec 
ses  enfants,  sa  femn)e  et  un  certain  nombre  de  Musulmans 
établis  dans  cette  contrée. 

An  VIII.  Ce  même  Djàiar,  fils  d'Aboii  Talib,  Zcïd,  lils  de 
Haritah,  et  Abd  Allah,  fils  deRawahah ,  reçoivent  le  niartyre 
en  combattant  contre  les  Grecs,  à  Moulah ,  nom  d'une  bour- 
gade de  la  Syrie,  dépendant  du  pays  de  Balka,  dans  la  pro- 
vince de  Damas.  Mort  de  Zeyneb,  fille  du  Prophète;  cette 
date  est  contestée.  Même  année  :  le  Prophète  s'empare  de  la 
Mecque;  on  ne  sait  pas  précisément  si  elle  fut  [)rise  d'as- 
saut ou  par  capitulation.  Les  idoles  sont  renversées,  le 
temple  d'Ozza  est  détruit.  Le  Prophète,  s'adrcssant  aux  Ko- 
reichites,  leur  dit  :  «  Famille  do  Koreïch,  comment  pensez- 
vous  que  j'agirai  à  votre  égard? —  Avec  bonté,  répondi- 
renl-ils,  car  lu  es  un  frère  généreux  et  le   fils  d'un  frère 


160  LES  PRAIRIES  D'OR. 

OU>Ua!l  *J5^^  ^^^  tj^  iU.AaJl  ^  «Xjji  <M^3  ^C)-»âÀJî  o;^ 
[^  j-^^  yU-»-«  >>^  /«>-ft*^j  <o*^*  iiiJ^J  5^^*'  U^  W^.5 

0«mO   çej.A-ié'  1*1    Sls^    Ojl^  W*^^    UV^      '^^^•Î^V    0_jJilJ    ■^J    viL**^ 

généreux.  —  Allez ,  reprit-il ,  vous  êtes  amnistiés.  »  Expédition 
de  Honaïn  contre  les  Hawazin  commandés  par  Malik  ben 
Awfen-Nasri  et  parDoreïd,filsdeSinmiah.  Guerre  de  Taïf  et 
partage  du  butin  entre  «  ceux  dont  on  voulaitgagner  lecœur.  » 
[Essai  sur  llàst.  des  Arabes,  t.  III,  p.  261.)  De  ce  nombre 
étaient  Abou  Sofia n ,  Sakhr,  fils  de  Harb ,  et  son  fils  Moâwiab. 
Naissance  d'Ibrahim,  fils  du  Prophète  et  de  Marie  la  Copte. 

An  IX.  Abou  Bekr  le  Véridique  conduit  le  pèlerinage. 
Ali,  fils  d'Abou  Talib,  lit  aux  pèlerins  le  chapitre  du  koran 
intitulé  :  l'immunité.  [Koran,  ch.  ix.)  L'accès  des  lieux  saints 
est  interdit  aux  idolâtres;  désormais  nul  n'est  admis  à  faire, 
sans  être  vêtu,  les  tournées  rituelles  autour  de  la  Kaabab. 
Mort  de  Oumm-Koltoum ,  fille  du  Prophète. 

An  X.  Le  Prophète  accomplit  le  pèlerinage  d'adieu  et 
prononce  ces  paroles  :  «  Certes  le  temps,  dans  sa  révolution , 
est  revenu  au  point  où  il  était  le  jour  où  Dieu  créa  les  cieux 
et  la  terre  »  (c'est  une  allusion  à  l'abolition  du  naçi).  Mort 
d'Ibrahim,  son  fils,  âgé  d'un  an,  dix  mois  et  huit  jours;  il 


CHAPITRE  LXXIII.  161 

^J^   v^«_Aa».     l^jy»   U^»Xi   U    ^.w^jw    (^    ifrALs    -îoUj    c:aj\^  iwiwA 

^-ol  *X-xj  l^lv  s-y^^  [Jij^  j\ùJu>  ^  ^Ul  c.jjUj  ^J^  b^5i> 

J^-^-^    '-^' ci    yj:>   tgJ^'Jl    J^^  AJ^    (^X^^iw    (j^  f Uv>i    J^ 

y  a  d'autres  versions  sur  l'âge  de  cet  enfant.  Ali,  envoyé 
dans  le  Yémen  en  qualité  d'ambassadeur,  est  admis  à  parti- 
ciper avec  le  Prophète  au  privilège  de  Vihram. 

An  XI.  Mort  du  Prophète.  Les  détails  relatifs  à  sa  mort 
ainsi  qu'à  son  âge,  et  les  différentes  traditions  qui  s'y 
rapportent,  se  trouvent  dans  le  chapitre  précédent  (ci-des- 
sus, p.  i/i6).  Mort  de  Fatimah,  sa  fille;  nous  avons  cité  ail- 
leurs les  débats  auxquels  ont  donné  lieu  son  âge,  le  laps 
de  temps  qu'elle  survécut  à  son  père,  et  nous  avons  recher- 
ché si  la  prière  des  funérailles  fut  récitée  par  son  époux 
Ali  ou  par  Abbas,  fils  d'Abd  cl-Mottalib.  La  mort  de  la  fdle 
du  Prophète  jeta  Ali  dans  un  violent  désespoir,  il  versa  des 
larmes  abondantes  et  témoigna  une  douleur  et  un  accable- 
ment don  ton  trouve  la  preuve  dans  ce  passage  do  ses  poésies: 

Iv'imion  (le  deiiv  amis  intinirs  linil  toujours  par  l'Iro  lirisi'C  :  toiil  ce 
qui  fsl  soumis  au  trépas  a  peu  de  valeur'. 

I'jU  perdant  coup  sur  eou|)  Ahmed  et  Falimali.  |'ai  acipiis  la  cerhhule 
ijuc  la  nu)rl  u"('pargiie  pas  l'aïuilii'. 


162  LES  PUAIKIES  D'UH. 

/Àji  <\jMJC*_j  i^AXt  c:a.:S:'  Ixjl^  -j,AJé^  «!^  'J^'iVS^j  ^-^  '^■Vj^' 
^j  ^jpl-jtii  ji  c^.:*?'  o^\(j  t^J3  c5;-==-î  «>^  iJ^Xj»-!^  ylift 
4^„j»^  ^   »i>j    AjUa^)   i  ^*îl   J^-£ÛÎ   (^J  o^i».  J^J-*  JtXJl»^ 

^  j^  ic)^  "^-^j  A-^ui  ijt^^-x^'  aj  (J-*  ^«^^j  o^^'  jj  (A^ 

<x_aXS'  2h]  '^J^_5  ii^Ialî  cj»^^  Js-x-j  ii_^Ui  ^_y-J"  i-^-J^o  J,l 
ii-jl^XJJî  j-J>UaJlj  fc-oJûil  _ji^^  -=^1  «Xa*  <i^:>  U  *X*j  »^\-Ji 
i  LhSjI   JOJj       |^N-iÛy.J^3  A^U_j   -^^-«^1    i  JJ_5   ^iJ  *i  ^Uw5 

Tous  les  enfants  du  Prophète,  à  l'exception  d'Ibrahim, 
curent  pour  mère  Rhadidjah.  Ce  fut  à  cause  de  son  fils  aîné 
el-Kaçem  que  Mahomet  a  été  surnommé  Ahoiil-Kaçem.  Ses 
deux  filles  Rokayah  et  Oumm-Koltoum  avaient  épousé  d'à 
bord  Otbah  etOteïbah,  tous  deux  fils  d'Abou  Lahab,  oncle 
de  Mahomet.  Plus  tard ,  ayant  été  répudiées  pour  des  rai- 
sons qu'il  serait  trop  long. d'expliquer,  elles  furent  épousées, 
l'une  après  l'autre,  par  Otmân,  fds  d'Affàn.  Sa  troisième 
fille  Zeyneb  devint  la  femme  d'Abou'1-Assi ,  lils  de  Rébî; 
l'islam  les  sépara  un  moment;  mais  Abou'I-Assi,  s'étant  fait 
musulman ,  fut  réintégré  dans  ses  droits  d'époux;  les  circons- 
tances qui  déterminèrent  le  Prophète  à  lui  rendre  sa  fille  sont 
diversement  commentées  par  les  légistes.  De  ce  mariage  na- 
quit Omamah  ,  qui  devint  l'épouse  d'Ali,  iils  d'Abou  Talib. 
après  la  mort  de  Fatimah.  Depuis  le  commencement  de  sa 
mission,  le  Prophète  eut  encore  un  fils  qui,  étant  né  dans 
l'islam,  portait  trois  noms,  Ahd  Allah,  (serviteur  de  Dieu;, 
Tayih  (le  bon)  el  Tahcr  (le  pur);  puis  Fatimah  et  enfin  Ibrahim. 


CHAPITRE  LXXIV.  163 

^j^  iL-i-^  *_À.^  i  yl<  U  ^^  k-^w^i^Ij  y^^î  J^*s*-'   UjU^> 

/jA-S.-Lj5  yA_:C-À_jî   ii^^  y^^  Ijuû  UjCij  (Jl  iîO'Ijj  (j-i^  AjIsj 
cyy»xîl_5   l>i^y-N«Jîj  ^^jJCxIij  tâj^*^'   u^  ^^  li  y'^  ^^  iùUvASj 

Dans  les  Annales  historiques  et  l'Histoire  moyenne,  nous 
avons  raconté,  année  par  année,  les  guerres,  les  conquêtes, 
les  expéditions  petites  ou  grandes,  en  un  mot  tous  les  évé- 
nements survenus  entre  la  naissance  et  la  mission  du  Pro- 
phète, entre  sa  mission  et  son  hégire,  entre  son  hégire  et 
sa  mort,  et  depuis  sa  mort  jusqu'à  la  présente  année  332. 
Le  résumé  succinct  que  nous  donnons  ici  est  destiné  à  rap- 
peler au  lecteur  qu'il  doit  consulter,  pour  les  détails,  ces 
deux  grands  ouvrages  et  nos  écrits  plus  anciens. 

CHAPITRE  LXXIV. 

DES  LOCUTIONS  (sENTENCEs)  NOUVELLES  INTRODUITKS 
PAR  LE  l'IiOl'IIKTE   ET  INCONNUES  AVANT  LUI. 

Voici  ce  (|ue  dit  Ahou'l-Haçan  Ali,  fils  d'cl-IInçeïn,  (ils 
d'Ahd  Allah  el-Maçoudi  :  Lorscjuc  Dieu,  prenant  pitié  du 
monde,  envoya  son  prophète  Mahoniel  annoncer  la  bonne 


164  LES  PRAIRIES  D'OR 

^Uàfcil|_5  (^ÀXjC;i?Jl  J^J^lï!  OUoj   t_*UMi  l*X^  Qj^  Lf!^^  U^J 

nouvelle  au  genre  humain,  il  confirma  sa  mission  par  des 
preuves  et  des  signes  éclatants,  et  lui  envoya  le  Koran  ini- 
mitable, pour  diriger  son  peuple.  Or  les  Arabes  étaient  maî- 
tres en  l'art  de  bien  dire;  ils  connaissaient  tous  les  secrets 
de  l'éloquence  et  du  beau  langage;  ils  possédaient  tous  les 
genres  de  style  :  l'épître,  le  sermon,  le  discours  rimé  et  ca- 
dencé ,  la  prose  et  la  poésie.  Ils  savaient ,  dans  leurs  vers 
sur  les  actions  d'éclat,  exciter  ou  réprimer  leurs  auditeurs, 
stimuler  leur  émulation,  promettre  ou  menacer,  distribuer 
la  louange  ou  le  blâme.  En  même  temps  que  la  parole  du 
Prophète  charmait  leur  oreille,  et  réduisait  leur  génie  à 
l'impuissance,  elle  savait  condamner  leurs  mœurs,  com- 
battre leurs  préjugés,  abolir  les  vaines  croyances  et  renverser 
les  idoles.  Il  nous  apprend  lui-même  comment  il  mit  les 
Arabes  au  défi  de  produire,  à  eux  tous  et  en  réunissant  leurs 
cfforis,  une  œuvre  comparable  à  son  livre  rédigé  pourtant 
dans  l'arabe  le  plus  clair.  Il  y  a  dilFérentes  opinions  sur  la 
rédaction  du  Koran  et  les  qualités  qui  le  rendent  inimitable  ; 
mais  nous  n'avons  pas  à  nous  occuper  ici  des  arguments 


CHAPITRE  LXXIV.  165 

y  \r\  <j  ti*-^  (_>bLJ  il  wiii».  ujUj  y\^  it  (jv^UaXI  *!^  /wfc 
^sIaJI  JoLj^j   '^i)y^  )t-'^^.   r»>Vw»Ji^  iJ^UaJl  XjJ*  ^GL^  c^" 

wjuaJLJI  -'^A^I^  ^a^aJI  LiiMij  xi^il  ^j^  *^  ajsjj5  ^  >^3 
/yM^^-î  /o-xXo    ifsS^^b  ikijJCÀXl    5_j.>jiJîj  i>>-^«'   cJ^'-tJ  *ÏVSÀiï 

proposés  pour  ou  contre,  car  notre  livre  est  consacré  à  l'his- 
toire ,  et  non  à  Texamen  des  discussions  et  des  confro- 
V erses. 

Le  témoignage  de  la  tradition  la  plus  authentique,  trans- 
mise de  génération  en  génération,  nous  apprend  qu'après 
avoir  établi  les  preuves  de  sa  sincérité  par  des  miracles,  des 
signes  et  des  manifestations  extérieures  émanant  de  Dieu, 
afin  de  répandre  l'enseignement  prophétique  parmi  les 
hommes,  Mahomet  a  dit:  «  J'ai  reçu  tous  les  dons  de  la  pa- 
role, »  ou  bien  :  «  En  moi  s'est  résumé  le  langage.  »  Il  nous 
fait  entendre  par  là  qu'indépendamment  du  Koran  inimi- 
table il  avait  reçu  la  sagesse  et  l'éloquence;  que  cette  sagesse 
s'exprimait  en  un  style  sobre  et  concis,  mais  plein  de  pen- 
sées cl  de  vues  diverses.  En  effet,  son  langage  était  à  la 
fois  le  plus  beau  et  le  plus  concis  des  langages,  et  renfer- 
mait en  peu  de  mots  un  grand  nombre  de  pensées.  Nous  en 
trouvons  un  exemple  dans  le  discours  qu'il  prononça,  lors- 
<|u"il  se  présenta  avec  Abou  Bekr  <'l  Ali  devant  les  tribus 
réunies  à  la  Mecque;  c'est  alors  que ,  plaçant  Abou  Bekr  au- 


X 


166  LES  PHAIUIES  D'OR. 

p^XaJI  t-*.MfcÀJî  i  j.'^ldCÎI  tj-»  J.Ài^  i:5^3  ^^■^  <^J^  ^J  (""Ir^^' 

ii**X.i».  «7^:^  ^3^5  *T>^  (^'*;W-=»-^  fi^  ^  l»lj^5   CJ-»  *)^  ti' 

t-J^ii  *>^j(<^j-à-t  ^jj  jjS^j.Jî   J))i^]\^j.KM*J^l\   lâÀW!    ÎJs-^J   <oAx* 

it  A.A.iûj  La.*î  fc>jju*j  yl  <«^ib!^>S  JyiJî  îtX^j  l/^?'^  *^  «^ 
/p..  jt-X.»o    A^^Ab  i)w>î  *5*Xj  Lç^i  jjbj,*Ji   LCij       J^'P.y^  t^as^^ 

dessus  de  la  tribu  de  Bekr  ben  Waïl,  il  eut  avec  Dagfai  un 
entretien  relatif  à  la  noblesse  et  prononça  cette  sentence 
inconnue  avant  lui  et  qu'il  n'avait  empruntée  à  pei^sonne  : 
«  Les  malheurs  résultent  de  la  parole.  »  {Meïdani,  t.  1,  p.  19.) 
Le  Prophète  a  défini  la  guerre  par  ces  mots:  «  La  guerre 
est  un  stratagème,  »  donnant  à  entendre  par  cette  expression 
si  brève  et  si  concise  que  la  lutte  à  main  armée  est  1*  der- 
nier expédient  de  la  guerre,  lorsqu'elle  a  débuté  parla  ruse. 
Tout  homme  d'État  doué  d'un  jugement  sain  appréciera  la 
justesse  de  cette  maxime.  —  «  Celui  qui  reprend  ce  qu'il  a 
donné  ressemble  à  l'homme  qui  reprend  ce  que  son  estomac 
a  rejeté.  »  Par  ces  paroles,  le  Prophète  condamne  le  dona- 
teur qui  revendique  son  propre  don  ;  car  l'estomac  repousse 
avec  horreur  ce  qu'il  a  expulsé.  Cette  maxime  a  été  l'objet 
d'un  grand  nombre  de  commentaires;  mais  bornons-nous 
à  citer  les  paroles  mêmes  du  Prophète  et  celles  de  ses  sen- 
tences on  il  n'eut  pas  de  modèle.  —  «  Jetez  do  la  poussière 


CHA1MTI\K   LXXIV.  167 

A_À-o^   ^1    sJiijI   U   »j-isi  yL^jiJI^^  iii   <o-C  i^  ^3    ^iUi 

Jj-ji-j     t-XAJ».    J-^jJ^\     Xj    ^^S>-     U    (Jj^Xi*.    iiXjij     <_>î^jjj|     3tA.#w4 


à  la  lace  des  panégyristes.  »  Ceci  s'ap[)li(|ue  sans  doule  aux 
éloges  mensongers,  et  non  à  l'élan  do  reconnaissance  qui 
porte  riionune  à  remercier  son  hienJaiteur  et  à  célébrer  le 
vrai  mérite.  Car  si  les  mots  :  «Jetez  de  la  poussière,  etc.  » 
.ivaient  ce  sens  absolu  et  .s'appliquaient  aux  éloges  vrais  ou 
Taux,  rbonnne  ne  pourrait  jiius  louer  son  semblable,  sans 
s'exposer  à  un  pareil  outrage,  ce  qui  est  en  contradiction 
avec  le  passage  du  Koran  révélé  au  Propliète,  où  Josepli 
s'adressanl  au  loi  lui  dit  :  «  Conlio/.-moi  les  trésors  de  la 
terre,  car  je  suis  un  sage  gardien  »  {Kuran ,  xu,  55),  ne  crai- 
gnant |)as  de  faire  ainsi  son  propre;  éloge  et  de  vanter  ses 
(|ua!ilés  personnelles,  ((^f.  t.  Il,  p.  3(io.) 

lit'S  maximes  que  nous  rapportons  ici  se  trouvent  dans 
les  recueils  d(;  biogiapbies  (;l  les  cbroniciues,  elles  sont  bien 
connues  des  savants  et  réj)aiulues  parmi  les  j)liilosoplies, 
ol  (îlies  ont  cours  dans  la  prali(pj(î  de  la  vi(!;  le  peuple  lui- 
même  (>n    l'iiil    un  (Véipiml  usngr  cl    h-s  inrjc  ;i  ses  adages; 


168  LES  PRAIRIES  D'OR. 

U  iù^Jk^  ^.?-»-=^  ^'-?;^^  ^^'^  "^  j-*>i^^  (^  <iû  ^!  e^j 

^^  ^jii    ^  iLJL_^l»  t^r^^^  Ciï'^'J^   '^^  '-^-^  ^  '^  ^'  ^J*^ 

mais  peu  criiouimes  savent  qu'elles  remontent  au  Prophète 
et  qu'il  en  est  le  premier  auteur.  Citons  encore  les  suivantes  : 
Ne  pas  payer  un  créancier,  parce  qu'il  est  riche,  est  une 
action  injuste;  mais  on  peut  poursuivre  le  riche,  s'il  est  dé- 
hiteur.  —  Les  âmes  sont  comme  des  troupes  armées  :  celles 
qui  se  connaissent  font  alliance;  celles  qui  ne  se  connais- 
sent pas  se  combattent.  —  Le  principe  de  la  sagesse  est  la 
connaissance  de  Dieu. — Allons,  cavaliers  de  Dieu,  à  cheval, 
le  paradis  est  devant  vous  !  — Quand  le  four  est  chaud ,  deux 
chèvres  ne  s'y  battent  plus  à  coups  de  cornes.  —  Le  vrai 
croyant  n'est  pas  blessé  deux  fois  dans  le  même  trou  de 
serpent.  —  L'homme  ne  commet  le  crime  que  par  ses 
mains.  —  Entendre  et  voir  sont  deux.  —  L'homme  fort 
est  celui  qui  remporte  la  victoire  sur  lui-même,  —  Béni 
soit  mon  peuple,  parce  qu'il  est  matinal.  —  Celui  (|ui  verse 
a  boire,  boit  le  dernier.  —  La  loyauté  est  la  base  des  assem- 
blées.—  Si  deux  montagnes  se  révoltent,  celle  qui  se  révolte 
sera  abaissée.  —  Il  est  mort  halfa  iinfihi,  c'est-à-dire  à  l'im- 
proviste,   el    non    à    la    suite    d'une    maladie    <n\    par   une 


CHAPITUE  LXXIV.  169 

JtoLJi  l^0v!-i  «^  U^  i^yi^  Lffvjw  AjUiii  jj  ^  U»  ^-i*?  (s~*^ 

SK-^  ^t^„«*o   .It    ^  iC-^b    (jAJtJ    iK.i&lw    ^^^A£   JULI  jjçik.    (  AjUmL 
wçtj   *vll   (  iwM*>i  c>Xw  ^î   (<>jb  1^-=^  Jl^  CJ-»  '^^    5j   ^^wwJLt 

(jLçj!    (j_.    y!j     iii^sS».     wJUiJi     (:j^    yî     (    «XaJiJ     <X=w1^   (J-*Jiil     5<Xft 

tîes  causes  qui  entraînent  la  fin  de  l'existence.  —  Mon 
peuple  sera  heureux  tant  (ju'il  ne  considérera  pas  la  loyauté 
comme  un  butin,  ni  l'aumône  comme  une  dette  onéreuse. 

—  Attachez  le  Calcni  à  l'écriture.  —  L'œil  qui  veille  sur  l'œil 
(jiii  dort  est  le  plus  précieux  des  biens.  —  Le  musulman 
est  le  miroir  du  musulman.  —  Que  Dieu  pardonne  à  celui 
qui  profite  en  parlant  bien,  ou  (jui  se  sauve  en  se  taisant! 

—  L'homme  entouré  de  ses  frères  est  puissant.  —  Il  vaut 
mieux  lever  la  main  que  la  baisser.  —  Renoncer  au  mal , 
c'est  faire  l'aumône.  — Trop  de  science  est  préférable  à  trop 
«le  dévotion.  —  La  véritable  richesse  est  celle  de  l'àme.  — 
L'intention  vaut  le  fait,  —  Y  a-t-il  une  maladie  plus  dan- 
f^ereuse  que  l'avarice P  —  'l'ont  est  bon  dans  la  modestie. 

—  Le  bonheui'  est  attaché  au  front  du  cheval.  —  Heureux 
celui  qui  profite  de  Texcnq^le  d'autrui.  —  Quanti  le  c  royant 
promet  une  chose,  c'est  comme  si  on  la  tenait.  —  Il  y  a  de 
la  sa^'csse  dans  la  poésie,  et  de  la  magie  dans  l'éloipience. — 
La  clémence  du  roi  assure  la  durée  du  royau nu-.  —  Par- 
donne sur  la  lerrc,  :\\\i\  r|n'il  le  soil  |)ardonnc  diins  fi;  ciel. 


170  LES  PUAUUES  DUK. 

iC  WvAaS     1*»-     ci)-*-'    ^3     bvAX.»^     ^^^r!  >*5     (J-*    ^^    (J'*"fi^    ^  <«A-MfcAJ  I 
(jw«»JL   Js^   ^   <  <XA.<-iw  _»i^    *jI«     yj"*    <-^^*     tr»    ^   ij^y^  ^Ui*A*«ifc4) 

<r  >y^A...,=«-     -vJa-    3I    UivS»    J^J»-I    Isj.^    ^î     A.^3^     vXÀ^    y^^*M.Xî 

—  La  l'ourberie  et  la  ruse  sont  coiuiainuées  au  leu  éternel. 

—  L'homme  va  avec  qui  lui  plaît  et  dispose  de  ce  qu'il  a 
ij;agué,  —  Celui  qui  n'a  pas  pitié  des  faibles  et  qui  ne  res- 
pecte pas  les  droits  des  puissants  parmi  nous,  celui-là 
n'est  pas  des  nôtres.  —  L'homme  sûr  est  celui  qu'on  con- 
sulte. —  Le  martyr  est  celui  qui  donne  sa  vie  pour  autre 
chose  que  pour  sa  fortune.  —  Le  fidèle  ne  peut  accuser 
son  frère  plus  de  trois  fois,  - —  Faciliter  une  bonne  œuvre , 
c'est  encore  la  faire. — Le  regret  est  le  repentir  de  l'enfant. — 
Jetez  des  pierres  au  lion  et  à  l'adultère.  —  Toute  bonne  action 
est  une  aumône.  —  L'homme  ingrat  envers  son  semblable 
l'est  envers  Dieu.  —  Le  voyageur  égaré  ramène  la  chamelle 
égarée.  —  L'homme  devient  sourd  et  aveugle  à  l'égard  de 
l'objet  qu'il  aime.  —  Le  voyage  est  une  partie  des  tourments 
(de  l'enfer).  — Vous  autres,  (disait-il  aux  Ansars,)  vous  êtes 
peu  nombreux  au  profil,  vous  accourez  quand  on  invoque 
votre  aide.  —  Les  musulmans  doivent  tenir  leurs  ])r()- 
messes,  excepté  celles  qui  permettent  ce  qui  esl  défendu, 
ol  f|ni  défondenl  vo  qui  osl  permis.  —  T/liommr  esl  maître 


CHAPITRE  LXXIV.  171 

iL-^Jf!  ^  v^  cj^  ^-^'  'ir*^  ^  ^J-^  (3^.  ^i  }^^  'y^' 

dans  sa  demeure  el  sur  son  cheval.  —  Les  hommes  sont 
comme  des  mines  d'or. —  L'injustice  deviendra  ténèbres  au 
jugement  dernier.  —  Une  accolade  complète  une  bonne 
réception.  —  Le  cœur  de  l'homme  est  enclin  à  aimer  son 
bienfaiteur. —  Celui  qui  te  pardonne  a  confiance  en  toi. — 
On  ne  nuit  jamais  à  sa  fortune  en  faisant  raumone.  — 
Celui  qui  se  repent  est  comme  celui  qui  n'a  pas  péché.  — 
Le  témoin  voit  ce  que  ne  voit  pas  l'absent.  —  Use  de  tes 
droits,  en  tout  ou  en  partie,  mais  toujours  avec  honnêteté. 
—  Donnez  son  salaire  à  l'homme  de  peine,  avant  que  la 
sueur  se  soit  séchée  sur  son  front.  —  Los  gens  bienfai- 
sants dans  ce  monde  seront  comblés  de  bienfaits  dans 
l'autre.  —  Le  paradis  est  à  l'ombre  des  sabres.  —  Celui-là 
n'est  pas  un  vrai  croyant,  dont  le  voisin  redoute  les  violences. 

Craignez  le  feu  (de  l'enfer),  nu'me  pour  une  moitié  de 

datte  (pour  une  chose  minime).  —  Honorez  les  lemmes 
qui  ne  quittent  pas  leur  voile.  —  Une  bonne  parole  est 
une  aumône.  —  Dangereuse  est  la  société  de  celui  qui 
n'agit  pas  envers  lf)i  conjuie  il  agirail  pour  lui  mémo. — 
Ce  monde  est  In  prison  dn  crovnni  cl  le  par.ulis  de  l'inli 


172  LES  PRAIRIES  D'OR. 

/^3*x^^^b  (3.X«I  U  ^jjlJil  iUs-j  u-*p,^  0j^  U>«>JI  -camjuJ 

é'i^ytii,^  {^&'  %y»\  dL^iû  U  ^  iij^jt«  (^XÀAïîiî  *.5\.Aifc.  ^  AcfcLfvwJL 
j-A^s   u  j^à^  J-^»^  Jjj  u  <r  ^jU^I  4^1^  cj^xJTi  <f  t^XiJJ 

dèle.  —  Le  marchand,  quand  il  est  ruiné,  devient  sincère. 
— La  prière  est  l'arme  du  fidèle. —  En  toutes  choses,  le  juste 
milieu  est  ce  qu'il  y  a  de  meilleur.  —  Quand  un  hôte  vous 
rend  visite,  honorez-le.  —  Qu'on  vous  loue  ou  qu'on  vous 
critique,  soyez  indulgents.  — Patience  et  générosité,  voilà 
la  foi.  —  Le  meilleur  d'entre  vous  est  le  plus  savant.  —  On 
ne  meurt  pas  pour  avoir  demandé  un  conseil.  —  L'homme 
modéré  ne  dévie  jamais.  —  Celui  dont  le  mérite  est  connu 
ne  meurt  pas.  —  Le  plus  funeste  aveuglement  est  celui  du 
cœur.  —  Le  mensonge  est  voisin  de  la  foi.  —  Modeste 
aisance  vaut  mieux  que  dangereuse  abondance.  —  L'impu- 
deur est  de  l'infidélité.  —  Les  vrais  croyanis  sont  doux  et 
faciles.  —  Le  pire  des  repentirs  est  celui  du  jour  du  juge- 
ment. —  La  pire  excuse  est  celle  qui  se  produit  à  l'heure 
de  la  mort. —  Pardonnez  aux  erreurs  des  hommes  généreux. 
—  Recherchez  le  bien  parmi  ceux  qui  sont  beaux.  —  Le 
monde  csl  un  IVuil  savoureux  et  frais,  Dieu  vous  l'a  prêté 
pour  voir  rommenl  vous  en  jouirez.  —  î/allentc  du  salut 


<^v 


CMAPITUE  LXXIV.  173 

j-A^  ^\s  ji  ^j*.LfcJi  ij^ j^'JL^s  Ijy-Ai  ^_5-S«-«  yU.<o«J  fly^'j 
6  \^j..M3-ï  ^^LjiLa.J    Ij  Jli  viLîij^  JjJ  (j^^  ^ù^  Si'>;  i5^~i^  l» 

U  .JJL«  <r^l  aMIj   viUijj^  J^  «Xjjij  yiJiJl   0*  C5^^3 

est  le  propre  de  la  piété.  —  Pauvreté  n'est  pas  loin  de  de- 
venir infidélité.  —  il  ne  reste  de  ce  monde  que  tourments 
et  désastres.  —  Chaque  année  vous  devenez  pires.  —  Visite 
rarenKMil,  on  t'en  aimera  davantage.  — Santé  et  loisir  sont 
deux  biens  qui  ont  perdu  une  foule  de  gens,  ou,  (selon  une 
autre  version,)  tous  les  hommes.  —  On  ne  se  présente  de- 
vant Dieu  que  le  remords  dans  le  cœur.  —  Après  une  bonne 
œuvre,  l'homme  dit  :  «  Ah  !  si  j'avais  pu  en  faire  davantage  !  » 
après  une  mauvaise  action  :  Ah!  si  j'avais  pu  en  faire 
moins!  »  Ce  qui  rappelle  cette  autre  parole  :  Ne  vous  fiez 
pas  à  la  durée  du  temps,  car  cette  conhance  a  perdu  bien 
des  nations.  —  Celui  qui  nous  trompe  n'est  pas  des  nôtres. 
Cette  sentence  comporte  plusieurs  explications  :  ou  bien  elle 
s'applique  à  ceux  qui  trompèrent  les  musulmans,  dans  une 
circouslance  donnée,  aux  gens  du  livre  et  aux  hypocrites 
dont  le  Prophète  dénonçait  les  perfides  intentions;  ou  bien, 
dans  un  sens  plus  absolu,  elle  défend  toute  espère  de  trom- 
perie. Il  y  a  encore  d'autres  explications  à  cet  égard.  Dieu 
sait  la  vérité.  Il  en  est  de  même  de  relie  parole  de  Maho- 


174  LES  PRAIRIES  D'OB. 

^<X«43     JUi-à    Aa»;    4^    tji     jXii     ^^j^ij.AJ^5    ^"^    /O-JcU»    4^)i 

je>JcLiS  ^A-Ii  i^^;  (jj^-tf  -is?^  O^b  *^*^  *Xj».|  ^aj  ii  yî  /e>xX<0 
^^^    jo^XJij   0.^j— aJIJS    ^iJT   Jsâj   j_^i^*^l  Jlï  cuU  ^i 

ji  <.;.vï*.lo  (^^j-^Uî    ^Lrs-yJt    ijjl^l  ^i\  j.^st>   dlJJvSij   /o.*^*» 

met  rapportée  par  Abou  Maçoud  el-Beclri  :  «  Dans  cent  ans, 
il  ne  restera  pius  ici-bas  un  seul  être  vivant.  »  Lorsque  Abou 
Maçoud  répandit  cette  prédiction  émanée  du  Prophète ,  elle 
excita  uoe  terreur  générale.  Ali  en  fut  informé  et  dit  :  «  Abou 
Maçoud  a  fidèlement  rapporté  les  paroles ,  mais  il  n'en  a 
pas  compris  le  sens  ;  car  le  Prophète  voulait  dire  seulement 
que,  dans  cent  ans,  aucun  de  ceux  qui  l'avaient  connu  ne 
serait  encore  vivant.  » 

Plusieurs  auteurs  anciens  et  contemporains  ont  recueilli 
les  adages  du  Prophète,  les  ont  rapportés  dans  leurs  écrits 
et  en  ont  fait  mention  dans  leurs  ouvrages.  Ainsi,  Abou 
Mohammed,  fils  d'el-Haçan,  fils  de  Doreïd,  en  a  réuni  un 
grand  nombre  dans  un  traité  spécial,  qu'il  a  intitulé  le 
Livre  choisi.  D'autres  citations  du  même  genre  sont  dues  à 
Abou  Ishak  Zadjadji  le  grammairien,  disciple  d'Abou'l- 
Abbas  el-Mouberred,  à  Abou  Abd  Allah  Niftaweïh ,  à  Djâfar, 
fils  de  Mohammed,  fils  de  lïoumdân  el-Moçouli,  et  à  plu- 


CHAPITI\E  LWV.  175 

^A,;^:  ^  UajI  Osi  U-j  ^ji^  ^  ^'-♦^^i'  (jjU.:tf>.-wiîj  -xaJî  iL>Ui 

A fc— jf 

»j-àfciil   ^i>Lj5T   ^j^   (^jvJb    ;jU^^  l»>XiJl    -^j   «^1*^-0 ^.So  _^l    j5,^j_j 

sifiurs  autres  écrivains  anciens  et  modernes.  Nous  avons  cité 
seuiemenl  les  plus  simples,  celles  qu'il  est  le  plus  néces- 
saire de  connaître  et  qui  trouvaient  naturellement  leur 
place  ici.  Mais  clans  nos  ouvraj^es  précédents,  nous  avons 
réuni  tout  ce  que  Ton  peut  désirer  de  savoir  sur  ce  sujet, 
et  c'est  ce  qui  nous  dispense  d'y  revenir.  Que  Dieu  nous  pro- 
tège, et  que  sa  grâce  nous  préserve  du  mal! 

CHAPITRE  LXXV 

KIIAI.IFAT  D'ABOI'    ItEKH   I.E  VKniDIQUK. 

Abou  Bekr  lui  élu  dans  la  Sahifah  (veslibule)  dosBenou- 
Saîdah,  fils  de  Kaal),  lils  de  Kliazradj  el-Ansari,  le  jour 
mêm(!  de  la  rnori  du  Prophète ,  c'est-à-dire  le  lundi.  Abou 
Bekr  mourut  dans  la  soirée  du  maidi  .  \  ii)L,'l-d(>u\  du  mois 


170  LES  PRAIRIES  D'OR. 

^  cyLî»vJ!^-jL»»<  i  (jjUjI  5*Xi&_5  /6^A3  ^^\  j^xl  (J,y.M*^ 
c:^jl^j  CJsJ^-»»»  cy!5\.S-J  cK*^'  *X«jjio  jl  jJ_j-«  y^_j  UjJi  U 
Jj^j  <^>  Ji  [j»>i  fl»^   »^,-Si*ftjj^l  i4j:i^o^  (J>*À^  A-JiJ-^^ 

/y_jj._-i*^j ^^i   iiS'^^  (JvJiÀ^  *ji*!5X.i^  Ciol^jio  UÎ  y!  tks» 

ij-«  jLiîî  ^jI-aJI  j-«W-  AA3 j5jo  LL  (j*,U*Ji  ^^  iu^i  ^^ 


de  djouuiada  second,  l'an  treize  de  l'hégire  (23  août  63d  de 
J.  C.);  il  avait  exactement  l'âge  du  Prophète,  soixante-trois 
ans;  toutes  les  traditions  s'accordent  sur  ces  dates.  Il  naquit 
trois  ans  après  la  guerre  de  l'Éléphant,  exerça  l'autorité  pen- 
dant deux  ans,  trois  mois  et  dix  jours,  et  fut  enterré  à  côté 
de  Mahomet;  sa  tête  fut  placée  à  la  hauteur  des  épaules  de 
l'Apôtre  deDieu  ;c'est  ce  qui  résulte  du  témoignage  d'Aïchah. 
D'après  une  autre  version,  le  khalifat  d'Abou  Bekr  aurait 
duré  deux  ans,  trois  mois  et  vingt  jours.  Nous  reviendrons 
plus  tard  sur  la  chronologie  des  khalifes  et  la  dui'ée  de  leur 
règne.  Après  avoir  terminé  l'histoire  des  Omeyyades  et  des 
Abbassides,  nous  donnerons,  dans  un  chapitre  spécial,  un 
second  résumé  chronologique,  depuis  l'hégire  jusqu'à  la 
présente  année  332  ,  sous  le  règne  d'Abou  Ishak  el-Motlaki- 
lillah,  ou,  pour  mieux  dire,  jusqu'à  l'année  où  nous  termine- 
rons la  rédaction  de  ce  livre.  Nous  étudierons  l'évalualioii 
des  années,   des  mois  et  des  jours,  éfablie  par  les  lal)les 


CHAPITRE  LXXV.  177 

J^-uy  yjLui^  i>^vi*  *^j  /oJt^  *^i  'J.r*!;  ^r'-'*^  ^  t"*^ 

Sj^l^j  v_jL-LsJv.-«.l^   Ajlô-«i   j.iJ«J   UaJC*  ^<w   UI   J^Sj  ^"=^' 

astronomiques,  et  le  désaccord  qui  règne  entre  ces  ouvrages 
et  les  biographies  ainsi  que  les  annales  et  les  chroniques; 
car  il  y  a  désaccord  manifeste  entre  ces  dilTérentes  sources 
d'informations.  Nous  prenons  ici  pour  règle  le  calcul  des 
tables  astronomiques. 

GÉNKALOGIE  D'ABOU  BEKR;  ABRÉGÉ  DE  SA  VIE  ET  DE  SON  HISTOIRE. 

Son  nom  était  Ahd  Allah,  fils  d'Olmân.  Otmân,  nommé 
aussi  Abou  Kohafah,  était  (ils  d'Amir,  fils  d'Amr,  (ils  de 
Kaal),  filsdeSaad,  lilsdeTaïnj,  (ils  de  Morrah,  fds  doKaab; 
c'est  par  Morrah  que  cette  famille  se  rattachait  à  celle  du 
Prophèle.  Abou  Bckr  fut  surnommé  Atik.  depuis  le  jour  où 
l'Apôtre  de  Dieu  lui  annonça  (ju'il  était  préservé  [atik)  du 
feu  de  l'enfer;  telle  est  l'origine  authentique  de  ce  surnom  ; 
d'autres  copendanl  l'expliquent  par  la  noblesse  (itk)  de  sa 
ligne  malcrnelle.  Abou  kohafah  vivait  encore  lorsque  son 
fils  fui  élu  klialile. 


178  LES  PRAIRIES  D'OR. 

*15^  AjJI  f»»Xi5  «UaII^  *X.,f\iJi  XXi^Vài.  ^  <JU<»^x)  y\^  X^oJaxi^ 

j^^i    ^i)j-J^  J^=^^    wUil   ^e.^A£^    (J"^^    tiJjA^j    l^lwiilj    tjwxîi 
iLAHS~(^^i^  j«^^i    C^  l>^>}s>  ^  U^   dLtMjJt^   V40|ydt^  «Xibyi!^ 

(j^   A-A-^'^    "^^J    {^    (J^    («'^'^^    (J^  ^    l^'^^^    /U^«X^    '^A''^-^ 

(j-«  ^J^:>  ,s.j<s-  oOI  &.jt-«5  j.A^  kiiX»  c.'^)^!  ^i  y-<>Ji  d[jXo 

L^j    JXÂ^    ^^y«l<i\    Cj-»   UÀaSj    U^   ^^^    ^■^_5    *J/^*i*-^    CJ^   y^ 

^^c^  ^^^>?  ^y'^  ^^^^  M°  ^  c^JI  Iàà.^'j  U»  ».xj  ^I  (j^  <XiûLii 

Abou  Bekr  surpassait  tous  les  Musulmans  par  son  austé- 
rité, la  simplicité  de  sa  vie  et  de  son  extérieur,  et  sa  fruga- 
lité. Durant  son  khalifat,  il  ne  porta  qu'une  simple  chemise 
[chemlah]  et  un  manteau  [âbah).  C'est  dans  cet  accoutrement 
qu'il  reçut  les  cbefs  des  plus  nobles  tribus  arabes  et  les 
rois  du  Yémen.  Ceux-ci  se  présentèrent  vêtus  de  riches 
étoffes  en  soie  rayée  du  Yémen,  de  manteaux  surchargés  de 
broderies  d'or,  et  une  couronne  sur  la  tête;  mais  à  la  vue  de 
ce  khalife  à  la  mise  si  pauvre,  étonnés  de  ce  mélange  de 
pieuse  humilité  et  de  gravité  imposante,  ils  suivirent  son 
exemple,  et  renoncèrent  à  leur  fastueuse  parure.  Au  nombre 
de  ces  rois  du  Yémen ,  se  trouvait  Dou'1-Kilâ,  prince  himya- 
rite,  entouré  de  sa  famille  et  de  mille  esclaves,  le  front  paré 
d'une  couronne,  et  vêtu  d'étoffes  d'un  grand  prix.  Dès  qu'il 
remarqua  l'humble  accoutrement  d'Abou  Bekr,  il  se  dé- 
pouilla de  ses  riches  vêlements  et  se  conforma  si  exacte- 
ment au  genre  de  vie  du  khalife,  que  des  gens  de  sa  tribu 
le  rencontrant  un  jour  dans  un  marché  de  Médine,  les 
épaules  couvertes  d'une  peau  de  mouton,  et  lui  reprochant 


CHAPITRE  LXXV.  179 

j,!  (^  a]  JLjLi  ^^î   fh*^.  (j-«  t^  »«>oUJ  JUijJo  j,i   ^Uas 

de  les  déshonorer,  par  sa  mise,  aux  yeux  desMohadjir,  des 
Ansars  et  des  autres  Arabes,  il  leur  répondit:  «  Voulez-vous 
donc  que  je  sois,  au  sein  de  l'islam,  un  orgueilleux  tyran 
comme  je  l'étais  dans  l'âge  d'ignorance?  Non,  de  par  Dieu! 
La  vraie  dévotion  repose  sur  l'humilité  et  le  renoncement 
aux  biens  de  ce  monde.  »  C'est  ainsi  que  l'orgueil  et  la 
vanité  firent  place  à  la  simplicité  et  à  la  modestie  chez  tous 
les  rois  qui  abordèrent  Abou  Bokr. 

On  raconte  que  ce  khalife  fit  venir  un  jour  Abou  Sofiàn 
Sakhr,  fils  de  Harb,  dont  on  lui  avait  signalé  une  action 
blâmable,  et  l'apostrnplia  avec  véhémence,  tandis  qu'Abou 
Sofiàn  se  confondait  en  marques  de  respect  et  d'humilité. 
Sur  ces  entrefaites,  arrive  Abou  Kohafah;  surpris  des  cris 
poussés  par  son  fils,  il  demande  à  un  officier  à  qui  s'a- 
dressaient ces  bruyant(!S  apostrophes.  Apprenant  tjue  c'était 
à  Abou  Sofiàn,  il  s'approche  d'Abou  Bekr  et  lui  dit  :  «  Atik 
Allah,  oses-tu  bien  élever  la  voix  contre  Abou  Sofiàn, 
(onlre  un  homme  qui,  hier  encore,  avant  la  naissance  de 
l'islam,  était  le  chef  des  Koreïchiles?  ■>  Cette  observation  fil 

ï  1 . 


180  LES  PRAIRIES  D'OR. 

<X>>I  «XXiCCj  ^j  /wwi».l  Aj  Ji!^  Ujj  -5X-wi^L»  xij  <Xi  4>Jl 
/J.J  ptvJ  /jj  «X.X..W  0j  <-'*>-*-^  (jJ^)-**-*  (J^  J5^  dX^J"^^  ci»-ij 
«x^   ^gU  aWÎ  «Xa*  UU  *X^^  (J^^'  '^•S^^  •^^  *^"î^  *xJjJî 

L-tf  jL-S-  iLA^-L»   J,    wwil:».^  j«Xj  jJuiS  t-O»^  2«i^  jUiwI    (j-^^t 

sourire  Abou  Bekr,  ainsi  que  les  Mohadjir  et  les  Ansars  qui 
étaient  auprès  de  lui.  «  O  mon  père,  répondit-il,  sachez  que 
l'islam  a  élevé  les  uns  et  abaissé  les  autres.  » 

Abou  Bekr  est  le  seul  khalife  qui  soit  arrivé  au  pouvoir 
du  vivant  de  son  père.  Sa  mère  Salma ,  surnommée  Oumm 
el-Khaïr<^  la  mère  du  bien,  »  était  fille  de  Sakhr,  fils  d'Amr, 
fils  d'Amir,  fils  de  Kaab,  fils  de  Saad,  fils  de  Taïm,  fils  de 
Mourrah.  —  Les  Arabes  se  révoltèrent  dix  jours  après  l'a- 
vénenient  d'Abou  Bekr.  —  Ce  khalife  avait  eu  trois  fils  :  Abd 
Allah,  Abd  er-Rahman  et  Mohammed.  Abd  Allah  combattit 
à  Taïf,  sous  les  ordres  du  Prophète.  Atteint  d'une  blessure 
grave,  il  survécut  jusqu'à  l'avènement  de  son  père,  et  mou- 
rut peu  de  temps  après,  laissant  pour  tout  bien  sept  dinars, 
somme  qu'Abou  Bekr  trouva  considérable.  Abd  Allah  mou- 
rat  sans  postérité.  Abd  er-Rahman,  second  fils  du  khalife, 
prit  part  à  la  journée  de  Bedr,  dans  les  rangs  des  infidèles. 
Après  sa  conversion,  il  se  signala  par  la  pureté  de  sa  foi  et 
figura  dans  divers  événements.  Sa  nombreuse  postérité  vit. 


CHAPITRE  LXXV.  181 

UjJjls  Xo;  c-JUs  jl  (^-(^  L^s-jjj^-  *J;  |<X4^  1>,À^  oiiiS- 

à  l'état  nomade  ou  sédentaire,  dans  la  partie  du  Hédjaz 
contiguë  à  la  grande  route  qui  mène  en  Irak,  dans  le  pays 
nonnué  Safinyat  et  el-Ma{:ali.  Mohammed,  le  troisième  fils 
d'Abou  Bekr,  avait  pour  mère  Asmâ,  fille  d'Omaïs ,  des  Benou- 
Khatàm  :  c'est  à  elle  que  se  rattache  la  postérité  de  Djàfar, 
fils  d'Abou  Talib  (son  premier  mari).  Djàfar  laissa,  en  mou- 
rant martyr  de  la  foi,  trois  fils  nés  d'Asmà,  à  savoir:  Abd 
Allah,  Awn  et  Mohanjmed;  ces  deux  derniers  furent  tués 
à  la  bataille  de  Taff,  avec  Huçeïn ,  fils  d'Ali  ;  ils  ne  laissaient 
pas  d'enfants.  Leur  frère  Abd  Allah,  devenu  par  leur  mort 
le  seul  rejeton  de  la  maison  de  Djàfar,  eut  quatre  fils  :  Ali, 
Ismaïl,  Ishak  et  Moàwiah.  Asmà  fut  épousée  en  secondes 
noces  par  Abou  Bekr  et  donna  le  jour  à  Mohammed. 
Devenue  plus  tard  la  femme  d'Ali,  fils  d'Abou  Talib,  elle 
mit  au  monde  plusieurs  enfants  qui  ne  laissèrent  pas  de 
postérité.  La  mère  d'Asmà,  connue  sous  le  nom  d'el-Ad- 
jouz  el-IIarichieh  «  la  vieille  Ilarichite,  «  est  célèbre  par  l'il- 
lustration de  ses  alliances.  En  ellèt,  de  ses  quatre  filles,  la 
première,  Vlaïmounah  la  Hilalite,  épousa  le  Prophète;  la  se- 


182  LES  PRAIRIES  D'OR. 

^^wUaiS    J^AS.  (jj  u*U*JS  o«^  JwAiaÀJi   -5_5  /oJ»)-o  i^\  o».^' 

a'  o-^  t^  o^  (ji-*^  tj-?  (i=  Qj  <x^  ^^J.kx==-  J^  JoJijX) 
t-JUs  jî  yj  (^  s'jj^  sjsjûj^  »xjmJ^  {y*^j^  «Xjlft  ^  Jvj  «Xj^ 

conde ,  Oumm  el-FacH ,  épousa  Abbas ,  fils  d'Abd  el-Mottalib  ; 
la  troisième,  Salma,  fut  unie  à  Hamzah,  fils  d'Abd  el-Mot- 
talib, auquel  elle  donna  une  fille;  enfin  la  quatrième,  Asmâ, 
comme  nous  venons  de  le  dire,  épousa  successivement 
Djâfar,  Abou  Bekr  et  Ali;  Mohammed,  le  fils  qu'elle  eut 
d'Abou  Bekr,  ne  laissa  pas  une  postérité  nombreuse.  La 
mère  de  Djâfar,  fils  de  Mohammed,  fils  d'Ali,  fils  de  Huçeïn, 
fils  d'Ali,  fils  d'Abou  Talib,  était  Oumm-Ferwah,  fille  de 
Karem,  fils  de  Mohammed,  fils  d'Abou  Bekr,  le  véridique. 
Mohammed  (fils  d'Abou  Bekr)  fut  élevé  par  Ali,  fils  d'Abou 
Talib  ;  il  dut  à  sa  vie  austère  et  monacale  le  surnom  de 
dévot  koreïchite.  On  trouvera  des  détails  sur  la  vie  et  le 
meurtre  de  Mohammed  dans  le  chapitre  consacré  au  règne 
de  Moâwiah  ,  fils  d'Abou  Soffiàn.  Abou  Kohafah  (  père 
d'Abou  Bekr)  mourut  sous  le  khalifat  d'Omar,  à  l'âge  de 
quatre-vingt-dix-neuf  ans,  l'an  treize  de  l'hégire,  l'année 
même  où  Omar  succéda  à  Abou  Bekr;  selon  d'autres,  il 
mourut  l'ai»  quatorze  de  l'hégire. 


CHAPJTI\K  LXXV.  .  183 

jXj  yj\  JUi  Uir»-  U  C.JS  y^^  j.,i*JJ^*j  ^^  \jj^\  WaXs.  cxJUil 

(^«Xj^~*^I  JjûI   iii   t-J^^I   u:*«Xj,Î  Uj  À^-lolî  c^U  ,^$<-s».  j^viUû 

Abou  Bekr  ayant  éle  élu  le  jour  de  la  sakifah  (voy.  ci-dessus 
|).  175)  et  son  élection  reconnue  par  le  peuple,  le  mardi  sui- 
vant, Ali  vint  reprocher  au  khalile  de  l'avoir  trompé,  d'avoir 
agi  sans  le  consulter  et  méconnu  ses  droits.  «  C'est  vrai,  ré- 
pondit Abou  Bekr;  mais  je  craignais  la  guerre  civile.  »  La 
nomination  du  nouvel  imam  souleva  des  discussions  et  des 
(juerelles  interminables  parmi  les  Mohadjiret  les  Ansars  réu- 
nis dans  la  sakifah.  Saad,  lils  d'Obadah,  n'ayant  pas  été  élu, 
se  relira  en  Syrie,  oîi  il  fut  tué,  l'an  quinze  de  l'hégire.  Ce 
n'est  pas  ici  le  lieu  de  raconter  cet  événement.  Personne 
parmi  les  Hachémites  ne  reconnut  l'élection  d'Abou  Bekr 
jusqu'à  la  mort  de  Fatim.tb.  Au  moment  de  l'insurrection 
générale,  alors  qu'Abou  Bekr  n'avait  d'autres  partisans  que 
les  tribus  des  deux  mosquées,  celles  du  pays  enclavé  entre 
les  deux  mosquées  et  un  j)etil  nombre  d'Arabes,  Atli,  lils  de 
Hatim  ,  vint  offrir  au  khalife  le  chameau  de  la  dîme.  Le  poëte 
Harit,  lils  deMalik,  des  Benou  Tayi,  dit  à  ce  sujet  : 

Nous  avons  fait  prciivo  truue  liclclilt';  à  nulle  autre  p.iieillc,  cl  (notre 
aïeul)  Arli ,  (ils  'le  lialim  .  nous  a  enveloppes  de  gloire. 


184  LES  PRAIRIES  D'OR. 

^_A_^  jS]j  -UiaJl  (J-.  f^  ^  ^y^^  ^^.iiv^*  *Xï^^_jo!  ij^^ 

J^-aJ»  jSj  ^\    {JOJ^^    i<XM*.i     rfW.ji     y\^    (^*-*>    **^^-^(>J    Ojl^ 

UU  L-o_À_£  *-*^  ^I  J^-*»y  c:ajIaw  jl  ci>i)ij  v±>^^   I^aXm 
c:>i:sjj       U?^  AaAaJ»  ^Î   UiVj:<  AxJiXIsl^j   SpU^I   ovSjj*.  /JSI 

Les  Juifs  jetèrent  du  poison  dans  les  mets  servis  à  Abou 
Bekr.  Harit,  fds  de  Keladah,  qui  partageait  son  repas,  en 
devint  aveugle.  Les  effets  du  poison  ne  se  produisirent 
qu'au  bout  d'un  an,  et  enlevèrent  le  khalife  après  une  mala- 
die de  quinze  jours.  A  son  lit  de  mort,  il  prononça  ces  pa- 
roles :  «  Je  regrette  dans  toute  ma  vie  trois  choses  que  j'ai 
faites  et  dont  j'aurais  dû  m'abstenir,  trois  choses  que  j'ai 
négligées  et  que  j'aurais  dû  accomplir,  trois  choses  sur. les- 
quelles j'aurais  voulu  consulter  l'apôtre  de  Dieu.  Les  trois 
choses  que  j'ai  faites  et  dont  j'aurais  dû  m'abstenir  sont  d'a- 
voir ordonné  une  perquisition  dans  la  maison  de  Fatimah 
(et  il  entra  dans  plusieurs  détails  sur  ce  sujet);  d'avoir  fait 
brûler  el-Foudjat,  au  lieu  de  le  mettre  en  liberté  ou  de  le 
tuer  sans  le  torturer;  en  troisième  lieu,  le  jour  de  l'élection 
chez  les  Benou-Saîdah,  j'aurais  dû  abandonner  le  pouvoir 
à  l'un  des  deux  candidats,  et  me  contenter  d'être  le  ministre 
de  celui  qui  aurait  été  proclamé.  Les  trois  choses  c|ue  je 
n  aurais  pas  dû  négliger  sont:  premièrement,  de  n'avoir  pas 


CHAPITRE  LXXV.  185 

.  ..V>^.  tXi  cj«JvC»  <_>UaiïI  Qj  j»»xj  ^jj^^-S**!  cio«Xi  jî  v::*iij^ 

ejii^^j  ALfûlj-«J5il  ^jW  !5Xj^i^!  l<Xiû  ^^^3  AjJLw  CAÀ.5   jî 

£ 

L^A_i  (^woLJLj    ylj  ^iJ|  c:*-»-Jj    'iL^\  elyî^A^  (^^  ^oJLv  j5 

mis  k  mort  Achat,  fils  de  Rais,  lorsque  je  le  fis  prisonnier, 
car  je  savais  que  cet  homme  était  le  fauteur  de  tous  les 
projets  coupables;  secondement,  de  n'avoir  pas  abandonné 
à  Omar  le  gouvernement  de  l'Orient,  afin  de  consacrer  mes 
deux  bras  à  la  cause  de  Dieu;  troisièmement,  lorsque  je  ras- 
semblai une  armée  contre  les  rebelles,  au  h*eu  de  reve- 
nir et  de  rester  inaclif,  j'aurais  dû  commander  les  Musul- 
mans, pour  partager  leur  victoire,  ou  pour  les  guider  et  les 
encourager,  s'il  fallait  périr.  ■»  En  effet,  Abou  Bekr  n'avait 
accompagné  ses  troupes  que  jusqu'à  une  journée  de  Mé- 
dine,  à  Dou'l-Kassah.  «  Les  trois  choses  sur  lesquelles  j'au- 
rais souhaité  de  consulter  le  Prophète  sont  :  le  choix  de 
l'héritier  de  son  pouvoir,  afin  de  ne  pas  en  dépouiller  sa 
lamille;en  second  lieu,  la  question  concernant  la  partd'hé- 
ritage  revenant  à  la  tante  et  à  la  nièce,  fût-ce  même  à  mes 
dépens;  en  troisième  lieu ,  j'aurais  voulu  savoir  de  lui  quels 
étaient  les  droits  légitimes  des  Ansars,  aliu  de  les  mettre  en 
possession  de  ce  qui  leur  était  dû.  » 


186  LES  PRAIRIES  D'OR. 

A-ÀM-jl^j    ^^-^5   (Jf-^-    "^A-w   iijU    '•^yij  J^i^^^   (J^    *^'    «Xa^    f,\ 

^^-«l^     lAiaX.J     (^W».ÂJ     AAiXJ     (jlî    -'^Jl     XS^aA^    (J^L^J     ii^j^lj 
P^^jU     dJ^iX*    J.A.-^     ^ii-^^    [*«XÏ    lilj     dl.J     ;J*.IàJÎ     ^'»^.-Î     ki)'«-«*ÀJ 

U^^J-^  4P-=*-    /C.^A»»w»a>-   cUïl_j   /e.4AJi    liJ^-AÀ.   Jjl    ^ols  /^'y*-« 

Abou  Bekr  laissa  deux  filles;  l'une ,  Asmâ,  surnom  niée  Dat 
en-noutakaùi,  «  la  femme  aux  deux  ceintures,  »  fut  mère  d'Abd 
Allah,  fils  de  Zobeïr;  elle  mourut  aveugle,  à  l'âge  de  cent  ans; 
l'autre,  Aïchah,  épousa  le  Prophète.  On  n'est  pas  d'accord 
sur  l'époque  de  la  reconnaissance  de  l'élection  d'Abou  Bekr 
par  Ali,  fils  d'Abou  Talib  :  les  uns  disent  dix  jours  après  la 
mort  de  Fatimah,  ou,  en  d'autres  termes,  soixante-dix  et 
quelques  jours  après  la  mjQrt  du  Prophète;  d'autres  trois 
mois,  d'autres  six  mois,  etc. 

Lors  du  départ  des  généraux  chargés  d'envahir  la  Syrie, 
Abou  Bekr  accompagna  Yézid ,  fds  d'Abou  Sofîâu,  et  lui  fit 
les  recommandations  suivantes  :  «  Quand  tu  seras  au  milieu 
de  tes  subordonnés,  place  devant  leurs  yeux  les  faveurs  et  ce 
(jui  les  suit.  Sois  toujours  fidèle  à  les  promesses.  Dans  les 
rapports  avec  eux,  sois  sobre  de  paroles  :  la  suite  d'un  long 
discours  en  fait  oublier  le  commencement.  Que  ta  cou- 
duite  soit  irréprochable,  afin  qu'elle  serve  d'exemple  au 
peuple.  Si  lu  reçois  des  parlementaires,  donne-leur,  par  Ion 
-Hcueil,    une  première  marque  de  Ion  bon  vouloir;  ne  les 


CHAPITRE  LXXV.  187 

JiJjjLsswi;!  J^.X-^  ij.->i^\^  W-^'y  ci^*-  ^<v^»l3 

^^j^L>  «^.AÀ-  ^j^  ^j(<  U^  ^«•A*J  OJ!^'   tjî*X«l  ^^v*vÀ*il  j-*i^ 

i  j'tjoiit  (j^  »riS^j  JJir^  ^^  u^  ^J  A:JU^  *-m>*j5  *Uà^^ 

retiens  pas  longtemps,  afin  qu'ils  partent  ignorant  ce  qui  se 
passe  dans  ton  camp,  Empôclie  ton  entourage  tle  communi- 
quer avec  eux,  et  poursuis  toi-même  les  conférences.  Ne 
mêle  pas  à  tes  proclamations  tes  projets  secrets,  car  tu  por- 
terais le  trouble  clans  tes  affaires.  Si  tu  délibères,  expose 
l'affaire  avec  sincérité,  afin  que  la  délibération  soit  sincère; 
ne  cache  rien  à  tes  conseillers  et  tâche  qu'ils  puissent  lire 
au  fond  de  ta  pensée  {Meïdani,  III,  p.  620).  Si  tu  es  ins- 
truit des  cotés  faibles  de  l'ennemi,  ne  divulgue  rien  avant 
d'en  avoir  acquis  la  certitude.  Cache  les  nouvelles  à  ton  ar- 
mée. Surveille  tes  postes  et  surprends-les  souvent,  de  nuit 
et  de  jour.  Sur  le  champ  de  bataille,  paye  bravement  de 
ta  personne  et  songe  que,  si  tu  tremblais,  ta  peur  se  com- 
nmnifjuerail  à  ton  armée  tout  entière.  » 

Les  bornes  de  cet  ouvrage  nous  obligent  d  omettre  ici 
plusieurs  événements  d'un  grand  intérêt,  conmie  l'histoire 
de  la  révolte  de  l'imposteur  el-Ansi  (Aswad),  surnommé 
Ayhalah,  dans  le  Yémen  et  à  Sanàa,  où  il  se  lit  passer  pour 
l)i()phèle  et  fut  lue,  grâce  à  la  coopération  de  Kirouz  el 


188  LES  PRAIRIES  D'OR. 

«>0_j-»«    ^jj    ClJjl:^    CXAJ    ^^  J-^^^    ^^■^!^^    R^^lo  ^)-S=»>J    *>-*i 

\j\jSi>  ^UJI    ^UaJ^   c:A.^y.<olj       l^  Otjdli  ^jLj\   IvXÂxJ  oc^t 

(jl  /fi-i^'  <xÀ^;c^  JI^AÀJÎ  lg,jl£ât  J^  o«jl^  AjjAÀj  c:aJc«)  <oJ» 
ià   (:J^  J?;--*^    cb^   Cjy^^3    ^"^  (:J^'j    ^^'^^  JrM-*»'   W^W^ 

d'autres  Ebîia  (nobles  de  race  persane-arabe).  Nous  ne  di- 
rons rien  de  l'histoire  du  faux  prophète  Tolaïhah,  ni  de 
celle  de  Sedjah,  fille  d'el-Harit,  fils  de  Sowaïd,  ou  selon 
d'autres,  fille  de  Gatafân;  elle  était  surnommée  Oamm-Sa- 
dir.  Le  poète  Kaïs,  fils  d'Açim ,  l'a  célébrée  en  ces  termes  : 

Notre  prophète  à  nous  est  une  femme  que  nous  entourons  de  nos  hom- 
mages, tandis  que  les  autres  peuples  ont  des  hommes  pour  prophètes. 

Un  autre  poète  a  dit  : 

Que  Dieu  confonde  les  projets  des  Benou-Témim  comme  il  a  confondu 
la  prédication  de  Sedjah  ! 

Lorsqu'elle  se  fit  passer  pour  inspirée,  elle  refusa  d'a- 
bord le  titre  de  prophète  à  l'imposteur  Moçaïlamah;  plus 
tard  elle  crut  en  sa  mission.  Avant  de  se  dire  envoyée  du 
ciel,  elle  était  devineresse  et  prétendait  exercer  le  même 
art  que  Satih,  Ibn  Salamah,  Mamoun  el-Hareti,  Amr,  fils  de 
Lohayi  et  d'autres  devins  célèbres.  Elle  se  rendit  chez  Mo- 
çaïlamah, qui  l'épousa.  Nous  passerons  aussi  sous  silence 


CHAPITRE  LXXV.  189 

(j^  ^jK  U^  ^4^Ài  ii^*M^  Ji  c:>;Lmj  yW^'   tr*  ^J^3 
j^w.».^  tMJ»^  tXAjyl  0j  «XjUL  a^w».^  iL<Lçjl  tjî*x5  JLfe>.<u>«i.< 

^j\  ^Ij  U!  t-»-=>-^!  l^jijj^i^  jXseJ!  I^jtx4*  1>1  v^  C:^^ 

(j)     Ij^-jfci      *>SiX.*V      â<>^_Ai>l-.*-«     />*     (J*l^ji)      (^-^^      «XX.W     /yi    jjjit^ 

l'histoire  de  cet  imposteur  dans  le  Yémamali,  la  guerre  que 
lui  fit  Khalid,  fils  de  Walid,  enfin  comment  il  fut  tué  par 
Wahchi  et  par  un  des  Ansars,  l'an  xi  de  l'hégire.  Nous  ne 
dirons  rien  du  rôle  joué  par  les  Ansars  et  les  Mohadjir  dans 
la  sakifah  desBenou-Saîdah,  ni  du  dicton  suivant  prononcé 
par  Moundir,  fils  de  Khabbab  :  •  Je  suis  le  billot  contre  le- 
quel se  frotte  le  chameau,  je  suis  le  rameau  de  palmier 
qu'on  attache;  mais  certes,  si  vous  le  désirez,  un  jeune 
chevreau  pourra  le  plier»  (proverbe  dans  le  sens  de  :  «Je 
suis  un  homme  utile.  »  Cf.  Mcïdani,  t.  I,  p.  lij).  Nous  ne 
dirons  pas  ce  que  firent  Saad,  fils  d'Obadah  et  Béchir,  fils 
de  Saad;  comment  les  Aws,  craignant  d'assurer  la  supré- 
matie aux  Kha/radj,  abandonnèrent  le  parti  de  Saad;  quels 
furent  ceux  qui  refusèrent  le  serment  (à  Abou  Bekr]  et 
ceux  rjui  le  prêtèrent;  les  réclamations  dos  Ilacliémiles  et 
la  question  relative  à  Fedek  (propriété  particulière  du  Pro- 
phète). Nous  laisserons  de  côté  l'opinion  des  partisans  du 
texte  religieux  cl  tie  ceux  de  la  libre  inlcrprétalion  ,  au  sujet 
de   l'imamat;  la   Ihese   do  ceux   (jui   se  sont  déclarés  pour 


190  LES  PRAIRIES  D'OR. 

co^AjaXl  «XalP  c:aiAj  ^ÙJUtf  JkJ»   (^)^  /e>xX«9 

A-jvC  Jlxj   4MI    ^rtè;    cjliaiiL   /wjjf  iiiSVa».  j-5i> 

rimamat  du  préféré,  etc.  entin  le  sens  qu'on  a  voulu  donner 
à  ce  vers  de  Safyah,  fille  d'Abd  elMottalib ,  récité  par  Fati- 
niah,  lorscju'elle  visita  le  tombeau  de  son  père  : 

Après  ta  mort,  ont  surgi  des  réclamations  et  d'obscures  discussions.  Si 
tu  étais  présent,  les  discours  ne  seraient  pas  si  longs-, 

etc.,  jusqu'à  la  fin  du  morceau.  Tous  ces  détails  et  d'autres 
encore  se  trouvant  en  entier  dans  nos  Annales  historiques 
et  notre  Histoire  moyenne,  il  nous  a  paru  inutile  de  les 
reproduire  ici. 

CHAPITRE  LXXVI. 


Omar,  fils  de  Khattab,  fut  ensuite  proclamé  khalife.  L'an 
vingt-trois  de  l'hégire,  il  sortit  do  Médine  et  accomplit  les 
cérémonies  du  pèlerinage.  A  son  retour  à  Médine,  il  fut 


CHAPITRE  LXXVI.  191 

wifc*  à^^^  c:ajI^  ^jjj-iibfij  ci«>\S'  aa^  pLir  A^  (^i  (J-»  (jvÀj 
yyjt  _j-*^  ^xaJt   »^i>w«»  i  J^^  JW   t^J^^  J"^'  xiUwj  i:^-^ 

jo-xLo  4^yJî  w^-As-  Jt  j^  _jj1   gjla*w.,^  1^.?^  u'  à^)  (S^^ 

^jjjJl    «-.^.*4^    ^^As   (J-«_j   Oj^   (jJ   (:J^^'    *^'-V^   O*'^'*'''^    J^"*^ 

assassiné  par  Firouz,  surnommé  /4feou  Loulouah,  esclave  de 
Mogaïrah,  fils  de  Scliôbah,  le  mercredi  26^  jour  de  dou'l- 
hiddjeh,  à  la  fin  de  la  vingt-troisième  année  de  l'hégire.  Son 
khalifat  avait  duré  dix  ans,  six  mois  et  quatre  jours  entiers. 
Omar  lut  tué  pendant  la  prière  du  matin;  il  était  âgé  de 
soixante- trois  ans.  Son  corps  fut  déposé  à  côté  de  celui 
d'Abou  Bekr,  aux  pieds  du  Prophète.  On  dit  que  les  trois 
tombeaux  sont  sur  la  même  ligne  :  Abou  Bekr  à  côté 
du  Prophète  et  Omar  à  côté  d'Abou  Bekr,  Il  fit  neuf  fois  le 
pèlerinage  de  la  Mecque  pendant  son  khalifat.  Après  sa 
mort,  Abd  er-Bahman  ,  fils  d'Awf,  récita  la  prière  en  public, 
et  Sohaïb,  le  Grec,  la  prière  des  funérailles.  Le  conseil  qui 
se  réunit  trois  jours  après  le  meurtre  du  khalife  était  com- 
posé de  six  membres  :  Ali,  Otinân,  Talhah,  Zobcïr,  Saad 
et  Abd  er-Bahman,  fils  d'Vwl. 


192  LES  PRAIRIES  D'OR. 


<ij  <-«*-«    (^  (^«^^^  (^    («Ij;  (^  ^1   «XAft  ^ 

5^— A*il     0j     |«lAiû    iJ.\M    \Jp<A^    i^^     /O-AA.»    (S^^    4-A*»0    XfMMi 

^j»_£û^  jjaJ-fifc  ^-jI   <XJUÀ.5^  JJoUJlj   ^^^  (^jvj  (j%j  y^  ,^^jUJt 
*>HV*  J>aSj    AJls»-   ^   t5«^-fi   5Wy«    (^j:^M^\ j,K«[f   ^^«-iu    (j-«  J_jl 

(j^  J^5j  iUx*i  (^  «^.Ajiii  I4J  aaX^  ,fc«iw  (j^  Jjî  yfe^  kfiî  «!\Mlj 

GÉNÉALOGIE  D'OMAR;  ABREGE  DE  SA  VIE  ET  DE  SES  GUERRES. 

Omar  était  fils  de  Khattab ,  fils  de  Nofaïl ,  fils  d'Abd  el-Ozza , 
fils  de  Karit,  fils  deRiah,  fils  d'Abd  Allah,  fils  de  Rizam,  fils 
d'Adi,  fils  de  Kaab;  sa  famille  se  rattachait  par  Kaab  à 
celle  du  Prophète.  Il  eut  pour  mère  une  négresse  nommée 
Khaïtamah,  fille  de  Hicham,  fils  de  Mogaïrah,  fils  d'Abd 
Allah,  fils  d'Amr,  fils  de  Makhzoum.  Ou  le  surnomma  Fa- 
rouk,  parce  qu'il  sut  discerner  le  vrai  du  faux;  son  surnom 
était  Abou  Hafs,  Ce  fut  le  premier  khalife  qui  prit  le  nom 
d'émir  des  croyants,  à  l'instigation  d'Adi,  fils  de  Hatim; 
mais  on  n'est  pas  d'accord  sur  ce  point,  et  Dieu  seul  sait  la 
vérité.  Le  premier  qui  le  salua  de  ce  titre  fut  Mogaïrah, 
fils  de  Chôbah;  Abou  Moura  el-Achâri  le  lui  donna,  pour 
la  première  fois,  en  priant  pour  lui  du  haut  de  la  chaire. 
Ce  même  Abou  Mouça  est  le  premier  qui  lui  écrivit  en  ces 
termes  :  «  A  Abd  Allah  Omar,  émir  des  croyants,  de  la  pari 
d'Abou  Mouça  ol-Achâri.  »  Omar,  (piand  il  lut  cette  suscrip- 


CHAPITRE  LXXVI.  193 

ii-^^JLÎt  J..*^^  «IwikxîL  J^^^  *,^^^^  /o^^-^^  i<xijX^  ci^^l 

tioi),  s'écria  :  «Oui,  je  suis  Abd  Allah  (serviteur  de  Dieu), 
je  suis  Omar,  je  suis  l'émir  des  croyants.  Gloire  à  Dieu,  le 
maître  des  uiondesl  »  Omar  vivait  simplement,  portait  des 
vêlements  grossiers  et  se  montrait  sévère  pour  tout  ce  qui 
concernait  le  cuite  de  Dieu.  Ses  a<,'ents,  qu'ils  fussent  près 
de  lui  ou  éloignés,  imitaient  scrupuleusement  sa  conduite 
et  prenaient  exemple  sur  son  caractère  et  ses  mœurs.  Sa 
mise  consistait  en  une  djulihé,  chemise  de  laine  rapiécée  de 
morceaux  de  cuir  et  d'autres  haillons,  et  en  un  abâh,  man- 
teau. Malgré  la  majesté  de  son  rang,  il  allait  lui-même  puiser 
de  l'eau,  une  cruche  sur  l'épaule.  Il  avait  hahiluellenient 
pour  monture  un  chameau,,  sur  lequel  il  attachait  son  ba- 
gage avec  une  corde  en  filamenls  de  palmier.  Telle  était 
aussi  la  coutume  de  ses  agents,  au  sein  du  vaste  empire  et 
au  milieu  des  lichesses  iiuiombrahlcs  (|ue  Di(Mi  avait  ac- 
cordés aux  Musulmans. 

Un  jour,  les  habitants  d'Emèse    vinrent  se  plaindre  de 
Saïd  heu  Amir,  leur  gouverneur,  el  demander  sa  révocation. 
'  OmonDieu,  dit  le  khalilc,  ne  démens  pas  la  bonne  opinion 
iT.  I  :< 


194  LES  PKAIHIES  D'OB. 

y^l\  ii  f»jj  *ij  J^>  i<Xsfcî  u-^iA;^  ^^^I^àJ!  ^J^.  (^^  UaII 
XJ<X3^  /o^ÀAj   j;r   *\.>   l^i  x>  ^^J^  JUi  UJi   *-Ai  ^ /--as?  i) 

j-^sil    Sj5l  c^A5'*Xi   Jlï  J.aA>  «-r***^  ^  ^^^^  |0-fr*^5   ^^in-ij, 

jH  iS.,^Jlj^i  M.X-9  (^w*^lî  ^i.À->î  xkS  jjj  Js*^\i  -ils*,  (i 

que  j'ai  conçue  de  cet  homme!  »  Puis  il  fit  venir  la  dépula- 
tion  et  lui  permit  d'exposer  ses  griefs.  Saïd  était  accusé  de 
ne  se  présenter  à  ses  administrés  qu'après  le  lever  du  jour, 
de  n'accorder  aucune  audience  quand  la  nuit  était  venue, 
et  de  rester  chez  lui  un  jour  entier  chaque  mois,  Omar  le 
fit  venir,  le  mit  en  présence  des  plaignants  et  leur  fit  répéter 
l'accusation.  Sur  le  premier  chef,  qui  était  de  ne  s'occuper 
d'affaires  qu'après  le  lever  du  jour,  Saïd,  sommé  par  le 
khalife  de  se  justifier,  répondit  en  ces  termes  :  «  Émir  des 
croyants,  je  n'ai  pas  de  serviteur  chez  moi,  il  faut  donc  que 
je  pétrisse  moi-même  ma  pâte,  que  je  la  laisse  lever  et  que 
je  cuise  mon  pain;  puis  je  fais  mes  ablutions  et  je  m'occupe 
des  affaires  publi(iues.  »  A  l'accusation  de  ne  pas  donner 
d'audience  la  nuit  venue,  il  répondit  :  «  C'est  un  point  sur 
lequel  j'aurais  désiré  ne  pas  m'expliqner  :  ma  nuit  tout 
entière  appartient  à  Dieu  ,  et  ma  journée  au  peuple. —  Que 
lui  reprochez-vous  encore?  demanda  Omar.  —  Un  jour  par 
mois,  dirent  les  envoyés,  il  reste  enfermé  chez  lui.  —  C'est 
vrai,  répliqua  Saïd;  comme  je  n'ai  pas  de  serviteur,  c'est 
moi-même  qui  lave  mes  effets  et  les  fais  sécher;  cette  be- 
sogne me  conduit  jusqu'au  soir.  —  Dieu  soil  loué!  s'écria 


CHAPITRE  LXXVI.  195 

Jl  »^V-frj^  ylSV»  <il  iyaJl  «iX^j  ^^kil  JU»  *j  ^^  ti^  ti' 
Ai  oJUi  x>L«tXiL  iU  Aj  I  Jsji  ^Àj|  Jlij  X)l^l  tj!  L-««xi 

Omar,  tu  as  justifié  la  bonne  opinion  que  j'avais  de  loi. 
Habitants  d'Enièse,  estimez -vous  heureux  d'avoir  un  gou- 
verneur  tel  que  lui.  »  En  congédiant  cet  agent,  il  lui  donna 
mille  dinars  pour  subvenir  à  ses  besoins.  La  femme  de  Saïd, 
en  voyant  cette  sonmie,  dit  à  son  mari  :  «Maintenant  que 
Dieu  nous  a  rendus  riches,  tu  ne  te  serviras  plus  toi-même. 
—  Si  l'ait,  répliqua  celui-ci;  il  vaut  mieux  donner  cet  ar- 
gent à  ceux  (jui  en  ont  plus  besoin  que  nous.  »  Alors,  avec 
l'assentiment  de  sa  femme,  il  le  réj);irtit  dans  plusieurs  sacs, 
appela  un  homme  de  confiance  et  lui  dit  :  «  Porte  ce  sac  à 
un  tel.  celui-ci  à  un  tel,  qui  est  orphelin,  cet  autre  à  tel 
pauvre,  »  et  ainsi  de  suite,  justp'à  ce  qu'il  ne  restât  qu'une 
somme  modique  qu'il  remit  à  sa  femme,  en  l'autorisant  à 
la  dépenser;  puis  il  continua  à  s'occuper  des  soins  du  mi'- 
nage.  «Ne  m'as-tu  pas  donnt"  cet  argent  pour  acheter  un 
esclave?  lui  demanda  sa  femme.  —  Garde-le,  reprit  Saïd, 
tu  recevras  bientôt  des  gens  plus  nécessiteux  que  toi.  » 

lîn  autre  agent  d'Omar,  Selmân  le  Persan,  gouverneur 
de  Médaïn,  portail  des  vêlcmenls  de  laine,  avait  pour  nion- 

i3. 


196  LES  PRAIRIES  D'OR. 

lit  ti)o^_)  *X_vL^3  cuX-»-  lit  viLjLJ  *X;ixj  o^^  !ii  di4 
liL^Xx»  Lv  ^\  Js^£  Ll  l»  *i  (irS**  iJ^.  ij^-^  S*=^^  c:a^<wJ>I 
L^jJaJij  i!  AAJu.  »j-=»-^l  ,S  yl  Jyij  /oJtL»  aMI  J^^  om-jw  Jiî 
i  ljy._>  kj  l_5^Ji-JLJ  (Jj-s»  »i)jL«^l  5*XJÛ  ^jIj  ^jyiis^Jî  iJI 
^^1  -Ui*_Jî  t^  aNw«U  ij^^      »^^ia^3  ijjblj  »^5^  iJl  c>-AA^i 

*T*X-*ilî  LJLJ^_»-_5  (jii.«^  ^^.jy>î_5  j.U.iL  ^1  >i  J^_5  JJi  i 
U  Sj^\  t5'>JL  o^-À-S"  U  JUi  djdl  (j^  ^*^b  "^j  a^♦^^*** 

ture  un  âne  couvert,  non  d'une  selle,  mais  d'un  simple  bat, 
vivait  de  pain  d'orge  et  se  distinguait  par  son  austérité  et  sa 
dévotion.  A  l'heure  de  sa  morl,  il  reçut  la  visite  de  Saad, 
fils  d'Abou  Wakkas,  à  Médaïn;  Saad  lui  dit  :  «Père  d'Abd 
Allah,  donne-moi  un  conseil.  »  Selmân  répondit  ainsi  :  «  In- 
voque Dieu  en  faveur  de  ta  pensée  quand  tu  médites,  en 
faveur  de  ta  langue  quand  tu  rends  la  justice,  en  faveur  de 
ta  main  quand  tu  prêtes  serment;  »  puis  il  répandit  des 
larmes,  et,  comme  on  lui  en  demandait  la  cause,  il  ajouta  : 
«  J'ai  entendu  dire  à  l'apôtre  de  Dieu  qu'il  y  a  dans  l'autre 
monde  une  montagne  escarpée  que  ceux-là  seuls  pourront 
gravir  qui  ont  peu  de  bagage;  or  je  me  vois  entouré  ici  de 
tous  ces  biens.  »  Les  assistants  eurent  beau  examiner  sa  de- 
meure, ils  n'y  trouvèrent  qu'une  cruche,  un  vase  et  un 
bassin  pour  les  ablutions. 

Abou  Obeïdah,  fils  de  Djerrah,  qui  gouvernait  la  Syrie 
pour  Omar,  se  montrait  en  public  vêtu  d'une  robe  de  bure; 
on  lui  en  fit  des  reproches  :  «  Vous  êtes,  lui  dit-on ,  gouver- 
neur de  la  Syrie  et  général   en  chef;   l'ennemi   est   à   nos 


CHAPITRE  LXXVl.  *  197 

i  /<v^^t  »X5  (Xi!  Jlïj  -XaXc  *.4Aaj«.j   ^^^4^  <ii   (j*<UJI  Uà  40 

wç«!    l»  JUt»  :iyut*^  ^jj  *X.*Aft  _j-)i   -Ui  (j*;lî  {jf>j^   <i'   ljyr^*»*j 
JVH^  ^1   tJkXXjl  ^o  (JA.UJI   (J-»  t_>JsJ6l    (j^  J^î   bî   (jJL/»^l 

Oys**  ljîj-«U  <_>*>OCJÎ  (j>«  Jjl  iJI  *-^a)^^^Î  i)  JUi^UajiJI  ^] 

4Xjj    «JLaJjJ  cJiXJLji    (^j^  J^l   y\^  JUi  jUaii!!^   0_;?^,s»mî 

portes;  ayez  donc  un  coslun)e  et  un  équipage  plus  dignes 
de  votre  rang.  —  En  renonçant  à  ces  vêtements,  répliqua 
Abou  Obeidah ,  je  ne  serais  plus  ce  que  j'étais  du  vivant  de 
l'apotre  de  Dieu.  » 

On  lit  dans  le  livre  intitulé  Conquête  des  villes,  par  Wa- 
kédi  :  Omar  monta  en  chaire  dans  la  mosquée  (de  Mé- 
(line),  et,  après  avoir  invoqué  et  loué  Dieu,  il  prêcha  la 
guerre  sainte  et  exhorta  le  peuple  à  y  prendre  part.  »  O 
vous,  dit-il,  qui  ne  possédiez  même  pas  une  demeure  dans 
le  Flédjaz,  Dieu  a  prot)iis  de  vous  donner  le  royaume  des 
Cosroès  et  celui  des  Césars.  Allez ,  envahissez  la  Perse.  »  Abou 
Obeïd,  (ils  de  Maroud,  se  leva  ot  dit  :  «  Emir  des  croyants, 
je  m'enrôle  le  premier.  »  Son  exemple  fut  aussitôt  suivi  par 
l'assemblée.  Comme  on  engageait  Omar  à  donner  le  com- 
mandement (le  l'armée  à  un  Mohadjir  ou  à  un  Ansar,  il 
répondit  qu'il  le  donnerait  à  celui  qui  s'était  enrôlé  le  pre- 
mier et  désigna  Abou  Obeïd.  D'après  une  autre  tradition, 
on  denjanda  à  Omar:  «  l'Iacerezvous  donc  un  homme  des 
Ronou  T;iki(  ;mi dessus  des  Mohadjir  el  dos  Ansars?  »  1.0  kha- 


198  LES  PRAIRIES  D'OR. 

JL-X-^  <J,J-*^^  lÀJlJliS^  0«.jl^   (^j  l^  ^   dU   j^aJ   Xj\   S=f-^\ 

t->yt!l  (jl  Ixfl^  Jlï^  (^^j  U  ^  ♦xjiâ  cVjUâ  **xJl>  cM-yS  W:?' 
-o^J  J.xs»lî  »iU  xi-ftjUx>  I4J  ^J\<'  i)j  ki  y*-jU  j^  Ja^  ^5-b  ^ 

life  répondit  :  «  Abou  Obeïd  s'est  levé  le  premier  à  mou 
appel,  c'est  à  lui  que  je  confie  le  commandement;  mais  je 
lui  ai  prescrit  de  ne  rien  décider  sans  avoir  consulté  Mas- 
lamah,  fils  d'Aslam,  fils  de  Djérich,  et  Salit,  fils  de  Kais; 
et  je  l'ai  informé  que  ces  deux  hommes  ont  combattu  à 
Bedr.  » 

Abou  Obeïd  rencontra  d'abord  une  troupe  persane  com- 
mandée par  Djalinous;  il  la  mit  en  fuite,  traversa  l'Euphraté 
sur  un  pont  de  bois  construit  par  un  dihkân,  et,  parvenu 
sur  l'autre  rive ,  il  fit  détruire  ce  pont.  Maslamab ,  fils  d'Aslam , 
lui  dit  :  «Homme  imprudent,  tu  ne  sais  ce  que  tu  fais  en 
agissant  contre  notre  avis.  Les  Musulmans  qui  t'accompa- 
gnent vont  être  bientôt  victimes  de  tes  funestes  combinai- 
sons. En  faisant  couper  le  pont,  tu  enlèves  toute  chance  de 
salut  à  nos  soldats,  au  milieu  de  ces  plaines  et  de  ces  déserts. 
—  Marche  et  combats,  lui  l'épondit  Abou  Obeïd;  ce  que 
j'ai  décidé  est  irrévocable.  »  A  son  tour.  Salit  fit  observer  au 
général  que  les  Arabes  n'avaient  jamais  rencontré  un  si  gros 
parti  de  Persans ,  qu'ils  n'avaient  pas  l'habitude  de  leur  faire 


CHAPITRE  LXXVl.  199 

l_*»«oLj  kiLÀ_*  |^=-5  Iji^j  <-*^»"S=-  ^  ^^^  ia^A-u»  JUi  iaxLv  L> 
A.^Ot^  j^M*^:^  JvS-A-fc  _j,j!  »iii  U^  t^l^^^  c:>^î  (jyiS^  ^•«'i^ 
^^jUil^l  1^-4*  ii^Axli  <ji  cj^i  cj^làj  JUjiJi  4X;LwIj  (j*.UJi 
^  c:jU  (oo  l-Jt-A-JJT  j^^LiJ!   *yftjlï  io*  aKX/o  ijj^j^   >— :^-«'  '^|;j 

ia-X^AW    Jt^     <ÎUUU5.  ^*M.4»'    jii^Jb    iij     AaJÎ     IjJ^-WlJ     (^^^*.J.AXJ    i/    yl 

i^^  (j*.UJb  cjj^js^ii  iC^lkJi  o>^^  »y5l  jl  iy  >]yi  (jàx)  j 
JLjij   ^ii«;»^j.5  ^J^-*wî_5   ejliaiwi    vXjj  c;*»^  (jl^j  J^'^   f'*^' 

la  guerre,  qu'il  était  sage  par  conséquent  de  leur  ménager 
un  refuge  et  une  chance  de  salut,  en  cas  de  défaite.  «  Par 
Dieu,  s'écria  Abou  Obeïd,  je  n'en  ferai  rien.  Salit,  tu  es  un 
lâche! — Moi  un  lâche!  reprit  Salit,  je  vaux  mieux  que  toi 
jiar  mon  mérite  et  ma  noblesse;  mais  je  devais  te  donner  ce 
conseil."  Aussitôt  le  pont  coupé,  les  deux  armées  s'atta- 
quèrent avec  furie.  Des  éléphants  bardés  de  fer  se  précipi- 
tèrent sur  les  Arabes;  elfrayés  à  la  vue  de  ces  animaux  nou- 
veaux pour  eux,  ils  rompirent  les  rangs  et  la  déroule  devint 
générale.  Plus  de  soldats  périrent  dans  les  flots  de  l'Euphrale 
que  par  le  glaive.  Tel  lut  le  résultat  de  la  résistance  d'Abou 
Obeïd  au  conseil  de  Salit,  bien  fpi'Omar  lui  eût  recommandé 
de  le  consulter  et  de  se  conformer  à  ses  avis.  Le  plan  re- 
poussé par  Abou  Obeïd  était  de  ne  pas  traverser  le  fleuve, 
d'attendre  les  Persans  et  de  ne  point  détruire  le  pont.  Salit 
avaitdil,  entre  autres  choses,  au  général  :  «  Si  je  ne  craignais 
de  donner  l'exemple  de  l'insounn'ssion  ,  je  m'éloignerais  à  la 
tête  de  l'armée;  mais  mon  devoir  est  d'obéir  aveuglément. 
Bien  que  lu  coninielles  une  faille,  j«'  consens  ;»  en  être  so- 


200  LES  PRAIRIES  D'OR. 

A-À-A-ff    tj   ^.wiiij   5*Xj   j,   Xsij^  Jt^àJI    (j^   UJv»  o^yS   ffJJM  y^ 
y^k-i  o^*.r>-i^;^   Q^**il  Jl>^   »«Xaj   *XAAft  Ll  J^àJî  La-Ï 

f-6-*-'*L?  'j>^-*-'^r*^  Îj«xa*  c5^=*-  (j*.UJI  ^^^  tK»!^  {^  j^-? 

Lciji  _^i  ^^1  \^i^  jyc>}\   i_jAs>-   (j.^  c:a,j\^  U"J^  iJ*^^'^ 

(j*jlj    OcJ6_5   J^^_j^'   jt_j-J3    4-v-S»i».    ^^    cjil    iLjuiLje   (JO)-C    À 

lidaire  aux  yeux  d'Omar.  —  Attaque,  lui  dit  Abou  Obeïd. 
—  J'obéis,  »  répondit-il.  Ils  attaquèrent  l'ennemi  et  périrent 
ensemble.  Six  mille  Persans  jonchaient  le  champ  de  bataille, 
lorsque  Abou  Obeïd  mit  pied  à  terre,  s'avança,  la  lance  en 
arrêt,  contre  un  éléphant  et  lui  en  porta  un  coup  aux  yeux; 
l'animal  furieux  l'écrasa  sous  ses  pieds.  La  mort  du  général 
fut  le  signal  de  la  déroute, -et  lelite  des  guerriers  persans 
poursuivit  les  Musulmans,  l'épée  dans  les  reins.  Un  Arabe 
de  la  tribu  de  Bekr  benWaïl,  prenant  les  devants  avec  quel- 
ques soldats  dont  il  avait  rallumé  le  courage,  reconstruisit  le 
pont,  et  les  débris  de  l'armée  passèrent  le  fleuve  avec  Mo 
tanna,  fils  de  Haritah,  laissant  quatre  mille  des  leurs,  tant 
noyés  que  tués.  L'armée  persane  était  commandée  à  cette 
affaire  (bataille  de  Kous  cn-nalif)  par  Djadou\veïh  ,  qui  por- 
tait le  célèbre  étendard  arboré  jadis  par  Aféridoun,  quand 
la  Perse  se  révolta  coiilre  Dahhak.  Cet  étendard  nommé 
Direfch-Kawiân  était  en  peau  de  panthère  :  il  mesurait  douze 
coudées  (le  Idii"  sur  huit  de  Iar<'P;  il   était   monté    sur  des 


ov 

^ 


CHAPITRE  LXXVI.  201 

^''  c^lxJTl  iJuà  cj^  oLL«  l^N»  <jj^i  (j-^î  ^^î  À  *^'yî  »«>^ 

^j^  ™.  _=».j  uA-iùji_5  _5«XxM  4^.««*i6l    ^U   viLwfcXio  j-w  JwJ  ciA*j|   -i 

hampes  de  bois,  emmanchées  les  unes  dans  les  autres.  La 
vue  de  ce  drapeau  encourageait  et  fortifiait  les  Perses,  au 
moment  du  danger.  Nous  en  avons  parlé  précédennneut, 
dans  le  chapitre  consacré  à  fhisloire  de  la  première  dynastie 
des  rois  de  Perse.  La  nouvelle  de  la  mort  d'Abou  Obeïd  le 
Takifite  à  la  bataille  du  Pont  impressionna  Omar  et  les  Mu- 
sulmans. Le  khalife  fil,  du  haut  de  la  chaire,  de  nouveaux 
appels  à  la  guerre  sainte  et  leva  des  recrues  pour  l'armée 
d'Irak.  L'armée  était  caujpée  alors  à  Sirar,  et  le  khalife  pa 
raissail  disposé  à  la  commander  en  personne.  Talhah,  lils 
d'Obeid  yVIlah.  dirigeait  l'avant  garde;  Zobeïr,  fils  d'el-Av\'- 
vvam,  l'aile  droite;  Abd  er  Rahman  ,  fils  d'Awf,  l'aile  yauche. 
A  la  suite  d'un  conseil  général  (|ui  se  pronon(ja  pour  le  dépari 
d'Omar,  ce  dernier  lil  appeler  Ali  et  lui  dit  :  «  Père  de  llaçan , 
quel  est  ton  avis?  Dois-je  prendre  le  commandement,  ou  le 
déléguer  à  un  autre?  —  Commandez  vous  ujénn;,  répon- 
dit Ali;  votre;  présence  inspirera  plus  de  respect  et  de 
crainte  à  renncmi.  -  Abbas  cl  les  piiniipaux  cheikhs  de  Ko- 
icidi ,  îippclcs  apics  le  (lc|),irl  d'Mi  cl  coiisidlés  siii  le  même 


202  LES  PRAIRIES  D'OR. 

'>->)-=^^  iLA,j  \y^y-^]  yl  (jvJ^wkM^  (jy^*^  >^j^  '•^^^^^^^  fi^^ 

^^_^_jî  (jl  A_j'ii  dij-x^  '^^^^«jij  /»it  ;^i_5  jIj  osjJo  (>^*^1 
yl  (^— *'  *^«-i  j-î^  J^  O^rJ  tîj  O^  »X**w  c:a.Xj»  Je?  clujtjî   /jy« 

objet,  dirent  à  Omar:  «Demeurez  et  nommez  un  général, 
afin  que  les  Musulmans  trouvent  auprès  de  vous  un  asile, 
en  cas  d'insuccès.  »  Omar  interrogea  ensuite  Abd  er-Rahman , 
fils  d'Awf.  «  Que  la  vie  de  mon  père  et  de  ma  mère  soit  la 
rançon  de  votre  existence!  dit  Abd  er-Rahman;  restez  et  dé- 
léguez vos  pouvoirs  militaires.  La  fuite  de  l'armée  n'aurait 
pas  les  mêmes  conséquences  que  la  vôtre.  Si  vous  étiez 
vaincu  ou  tué,  les  Musulmans  retomberaient  dans  l'erreur 
et  oublieraient  à  tout  jamais  la  profession  de  foi:  il  n'y  a 
d'autre  Dieu  que  Dieu.  —  A  qui  puis-je  donner  lo  comman- 
dement.^» demanda  Omar.  Abd  er-Rahman  proposa  Saad, 
fils  d'Abou  Wakkas.  —  Je  conviens,  reprit  Omar,  que  Saad 
est  un  bravo  soldat;  mais  je  crains  qu'il  n'ait  pas  tous  les  ta- 
lents qu'exige  l'art  militaire.  —  Saad  est  aussi  brave  que  vous 
le  dites,  répondit  Abd  er-Rahman;  il  a  suivi  le  Prophète,  et 
combattu  à  Bedr.  Vous  pouvez  donc  prendre  des  engagements 
avec  lui;  mais  consultez-nous  avant  de  lui  donner  vos  ins- 
tructions, et  soyez  sûr  qu'il  n'y  désobéira  point.  »  Le  klialile 
lo  rongrdia,  fit  appeler  Olmân  el  lui  dil  :  >■  Père  d'Abd  Allah, 


CHAPITRE  LXXVI.  203 

^1  ijt  tiLjyXs  ij^\  ^  jlî  ^jiijAii'  «■:^i**ji^  (j^P»^  j-^^  y  ajI 

jJlj  yL<v*  s/"^-?  ^  r'  ''^'  f>r**^  *i^  ^^  "^"^  «yS'i^i^ 

penses-lu  que  je  doive  partii-  ou  demeurer? — Emir  des 
croyants,  répondit  Otmàn,  vous  devez  rester  et  nommer  un 
général;  car  je  redoute,  si  un  malheur  vous  arrivait,  que 
les  Arabes  n'abandonnent  l'islam.  Donnez  le  signal  du  dé- 
part et  faites  arriver  les  corps  d'armée  l'un  après  l'autre, 
en  ayant  soin  de  confier  le  commandement  à  un  honmie 
expérimenté  dans  le  métier  des  armes  et  d'une  prudence 
consommée.  —  Quel  est  cet  honjme?»  demanda  le  kha- 
life. Otmân  lui  désigna  Ali,  fils  d'Abou  Talib.  «Eh  bien, 
reprit  Omar,  va  le  trouver,  fais-lui  cette  proposition,  et  vois 
s'il  l'accueille  avec  empressement  ou  s'il  la  repousse.  » 
Otmân  se  rendit  auprès  d'Ali,  lui  fit  part  des  intentions  du 
khalife  et  reçut  un  refus  formel.  Il  courut  en  instruire  le 
khalife,  qui  lui  demanda  s'il  avait  un  autre  chef  à  proposer. 
Otmàn  nomma  Saad,  fils  de  Zeid,  fils  d'Amr,  fils  de  No 
feïl.  «  Ce  n'est  pas  l'homme  qu'il  nous  faut,  »  ol)j(;cla  Omar. 
Otmàn  mil  alors  on  avant  le  nom  de  Tiilliali,  fils  d'Obéïd 
Allah.  Omar  l'interrompant  :  «  Quv  j)enses  tu.  lui  dit  il, 
(Vwn    guerrier    iiilrépidr.    mani.inl    aussi    hicn     Ti^pt'c    (\ur 


20a  LES  PRAIRIES  D'OR. 

C:v\3  3I   ^1   Sw^ii   i^jut   (^XM  Lvj  t^Sli.  tX^?;^    XiuS^    (iUi    C»v£»-Ia3 

yj  A-A-Ji   c^^JiL^slj    -î^*^^'   yi   t^j' J^  «^^  «^^  «S  <r^^  lX>5 
JwXjLi  c^^Lmo  ^^v>>ji^^I  ^i^Jir!  ^^  ^^^^.  y*^^^i  ^.y^^^ 

l'arc,  mais  qui  n'a  pas,  je  le  crains,  de  grandes  connais- 
sances stratégiques?  —  De  qui  voulez-vous  parler,  prince 
des  croyants  ?  —  De  Saad ,  fils  d'Abou  Wakkas.  —  C'est 
bien  l'homme  qui  nous  est  nécessaire,  dit  Otmân,  et  si  je 
n'en  parlais  pas,  c'est  que  je  le  savais  absent,  quoique 
son  absence  soit  motivée  par  le  service  de  l'Etat.  —  Mon 
intention,  reprit  Omar,  est,  en  lui  donnant  le  commande- 
ment, de  lui  laisser  désigner  ceux  qui  devront  l'accompa- 
gner. —  Ordonnez -lui  aussi,  ajouta  Otmân,  de  consulter 
les  soldats  mûris  dans  les  conil)ats,  et  de  ne  jamais  prendre 
une  décision  avant  de  vous  l'avoir  soumise.  »  Omar  adopta 
ce  parti,  et  ordonna  à  Saad  de  marcher  sur  l'Irak.  —  Djérir, 
fils  d'Abd  Allah  el-Bédjéli,  qui  était  venu,  à  la  tète  des 
Benoii-Bédjilah,  olTrir  ses  services  au  khalife,  eut  ordre  de 
rejoindre  l'armée  d'Irak,  avec  la  promesse  d'avoir  le  quart 
des  terres  qu'il  prendrait  dans  leSawad,  indépondannnent 
do  la  part  qui  reviendrait  à  sa  tribu  dans  le  butin  général. 
Après  avoir  pris  rongé  (\\\  khalife,  Djérir  ol  ses  Rfnon 


CHAPITRE  LXXVI.  205 

Ay.r>.»xilj-S^l  j-Jj^  *-^JS*r  oJUi  iaA*«^  ->W»^  J,'  J>^-*^j-*^ 

JJi  ^  ^J  ^^Aà»  »x.ij  ^l^Jl*  JJi  (j^j^j^  JUi^i  JU.!  cil 
^jU  f.3Ji-!i  i^y^S  ^J^^JJ,^  j.^  (Xji^j-à-l  t^«  J^  (j^.  iij-*s- 

^^j  oLuJi   i^i^^i^   U^)/^'  ^^^^  ^^  l?-^^  ^^-^  t:^ 

Bédjilah  se  rendirent  dans  le  district  d'Obollah,  et  conti- 
nuèrent leur  marche  sur  le  district  de  Madar.  Le  Merzehdn 
deMadar,  qui  avait  sous  ses  ordres  dix  mille  chevaliers  per- 
sans, fut  averti  de  l'approche  des  Arabes.  C'était  après  la 
bataille  du  Pont,  dans  laquelle  Obeïd  et  Salit  furent  tués. 
Les  Benou-Bédjilah  voulaient  traverser  le  Tigre  et  marcher 
sur  Madar;  mais  Djérir  leur  dit  :  «  La  prudence  s'y  oppose, 
n'avez -vous  pas  pour  vous  en  convaincre  l'exemple  de  v.os 
frères,  qui  ont  péri  à  la  journée  du  Pont?  L'ennemi  a  des 
forces  imposantes;  laissez-le  traverser  le  fleuve,  et  quand  il 
sera  de  ce  coté,  avec  l'aide  de  Dieu ,  nous  en  triompherons.  » 
Kn  effet,  après  une  halle  de  quelques  jours  dans  Madar. 
les  Persans  traversèrent  le  Tigre.  Dès  que  la  moitié  environ 
de  leur  armée  eut  atteint  l'autre  rive,  Djérir,  à  la  tête  de  sa 
tribu,  fondit  sur  eux,  et,  après  une  résistance  d'une  heure, 
tua  le  Merzebàn,  massacra  les  uns,  culbuta  le  plus  grand 
nombre  dans  le  fieuve  et  pilla  leur  camp.  Les  Benou-Bédji- 
lah firent  ensuite  leur  jonction  avec  les  troupes  de  Motanna, 
fils  de  Harilah  Cheïbani.  Une  armée  persane ,  sous  les  ordres 


206  LES  PRAIRIES  D'OR. 

(ji/fr«  J^  <^'^>=»-  W^  (j^j-^^  y!^i  lyixJlî  (;jv.U«m  (^  ^503 
xaLm*^  AJCJilaAX.  j-^>  jUj  i^yiaiî  -xÀxisj  J^-^'  ^yïi  C^-»^5 

kJ^    *— ft-À-*    ^-A-tt^J-J^S»    jj  jUi».ii|j  jiA*M.ii    J.^î     çjUj    (XJS^ 

de  Mihrân,  vint  à  leur  rencontre.  Voyant  que  les  Musulmans 
restaient  sur  l'autre  rive,  les  Persans  traversèrent  le  fleuve 
et  les  provoquèrent  avec  insolence.  On  en  vint  aux  mains; 
après  une  résistance  opiniâtre  des  deux  côtés,  Mihrân  fut 
tué  par  Djérir,  fils  d'Abd  Allah  el-Bédjéli,  et  par  Haçân, 
fils  de  Moundir,  fils  de  Dirar,  des  Benou-Dabba.  Haçân  le 
perça  de  sa  lance  ;  Djérir  l'acheva  d'un  coup  d'épée  et  le 
dépouilla  de  sa  ceinture  et  de  ses  armes.  Ces  deux  guerriers 
se  sont  disputé  l'honneur  d'avoir  tué  le  général  persan  ;  mais 
la  vérité  est  que  Haçân  lui  porta  d'abord  un  coup  de  lance, 
et  que  Djérir  l'acheva  avec  son  sabre.  Haçân  a  parlé  de  cet 
exploit  dans  une  poésie  qui  commence  ainsi  : 

Ne  sais-tu  pas  que  j'ai  arraché  ia  vie  à  Mihrân  d'un  coup  de  lance,  qui 
pénétra  dans  les  chairs  comme  la  pointe  acérée  du  hhilal? 

Les  auteurs  de  chroniques  et  d'annales  ne  sont  pas  d'ac- 
cord sur  le  grade  de  Djérir  et  de  Molauna:  les  uns  pré- 
tendent que  Djérir  était  investi  du  commandement  en  chef, 
les  autres  croient  qu'il  rommandail  sa  propre  tribu,  et  Mo 


CHAPITRE  LXXVI.  207 

/t<\^  A,g-«Uil  *JsJuj  i(j^l.4«,i)!  5^^.^^  t_AjD  ^ij  (j b^  ''***-*-*-^^ 

L<-J^Ai  -^UJàlio  j-i^-r*  (>^*  SyA**^  /fi"^*^^  U  y_^^^5  (^^'■^ 

tanna  la  sienne.  La  mort  de  Mihrân  impressionna  vivement 
les  Persans.  Chirzad,  dont  le  nom  de  famille  était  Pourân, 
réunit  une  armée  considérable  et  enrôla  tout  le  corps  de  ca- 
valerie de  la  noblesse  (a5a?ojr«^), dont Roustem  commanda 
Tavant-garde.  A  Tapprocbe  de  Roustem,  les  Musulmans 
durent  se  replier:  Djérir  alla  camper  à  Kaziiuah;  Motanna, 
avec  sa  tribu,  les  Bekrites  issus  de  Wad,  se  rendit  à  Siraf, 
où  se  trouvaient  plusieurs  puits.  Siraf  est  situé  entre  Kou- 
fah  et  Zobalah,  à  trois  milles  de  la  station  nommée  Waki- 
çah.  C'est  là  que  mourut  Motanna,  des  suites  des  blessures 
qu'il  avait  reçues  au  combat  du  Pont  et  dans  d'autres  affaires, 
fque  Dieu  ait  pitié  de  lui!)  Sur  ces  entrefaites,  Saad,  fds 
d'Abou  Wakkas,  lequel  venait  de  recevoir  une  lettre  d'Omar, 
alla,  d'après  les  ordres  du  kbalife,  campera  Zobalab,  puis 
à  Siraf,  où  il  fut  rejoint  par  les  auxiliaires  de  Syrie  et  d'autres 
pays.  Il  se  dirigea  alors  sur  el-Odaïh,  localité  à  l'embou- 
chure du  golfe,  sur  la  limite  du  Sawad,  dans  le  voisinage  de 
kadiçyeh.  La  bataille  s'engagea  ,  en  cet  endroit ,  enlrc  Tannée 


208  LES  PRAIRIES  D'OR. 

^_j^^i^  ^^j  ^^^^  (j*^I  tj>-^^i  (j>-fe»^5  (>^^  (^^ 

^j^    A^l^î    /©.-g-VÎ    'Zf^^   Jbjuî    l_j-«Uiolî   Ui>î*X:^Jî    Jjûi  jo^ 

JsA*  (j^  .^li  SH*"-?  'O^b  (J'*^'   'jJJL?"^^^  U^^  *XjiLiuo 

JjJu  _jJ^_5  -_^l   >iUi  ^^.^i-  (j-i?vi  tg»X,^iii   4M| 

^lyi  (jUM^_5    yl.À-«Jl   cili         11 — **_ii    a^^i^  (-Al-t*  g  *X^ 

musulmane,  forte  de  trenle-huit  mille  hommes,  el  les  Per- 
sans, au  nombre  de  soixante  mille,  sous  les  ordres  de  Rous- 
tem.  Des  éléphants  qui  portaient  plusieurs  soldats  formaient 
le  front  de  l'armée  des  infidèles.  L'alTaire  commença  par 
des  défis  et  des  combats  singuliers.  Les  plus  braves  guerriers 
arabes  provoquèrent  les  champions  de  la  Perse,  et  échan 
gèrent  avec  eux  des  coups  de  lance  et  d'épée.  Un  de  ces  héros , 
Galib,  fils  d'Abd  Allah  el-Acédi,  s'avança  en  chantant  : 

Celle  qui  conduit  les  guerriers  à  la  citerne,  celte  belle  aux  doigts 
agiles,  au  sein  éclatant  de  blancheur. 

Sait  que  je  suis  un  loup,  parmi  les  soldais  alertes,  un  lion  qui  se  jcltf 
joyeux  dans  la  mêlée. 

Honnuz,  un  des  rois  du  Bab  el-Abwab,  vint  à  sa  ren- 
contre, la  tête  ornée  d'une  couronne.  Galib  le  fit  prisonnier, 
le  conduisit  à  Saad  et  retourna  rapidement  au  combat.  On 
était  au  plus  fort  de  faclion,  lorsque  Açim,  fils  d'Amr, 
s'avança  on  chantant: 


CHAPITUE  LXXVl.  209 

> 

k^iftjJi     »LUkXaJ      r^JV.^J|    JJLo  ww«kl!î   *KjU3    *^^AiîAJ   (->1^   ^5 

i._^_«ll  J^***J!^  iiAOAiwiii  (j^  viXXil   oUai  (^jilUaJl   i^   ^lUl 

Une  jeune  fille  au  teint  blanc,  au  cou  jauni,  pareiili'  à  un  bijou  d'ar- 
gent sur  une  monture  d'or. 

Sait  qu'un  iiomme  tel  que  moi  ne  se  prévaut  pas  de  la  noblesse  de  sa 
race. 

Un  chevalier  persan  marche  contre  lui,  et,  après  quelques 
passes,  il  j)rend  la  fuite.  Arini  h;  poursuit  jusque  dans  les 
rangs  ennouu's,  qui  le  laissent  pénétrer  et  se  referment  sur 
lui.  On  le  croyait  perdu,  lorsqu'on  le  vit  reparaître  sur  le 
IVonl  des  bataillons  du  centre,  chassant  devant  lui  un  mulet 
chargé  de  cantines  j)leines  d'objets  précieux.  Il  se  présenta 
ainsi  devant  Saad,  avec  son  mulet,  sur  lequel  se  tenait 
un  jeune  homme  vêtu  de  brocart  et  coiffé  d'un  cliaperou 
doré  :  c'était  le  panctier  du  roi ,  et  les  caisses  renfermaient . 
parmi  les  friandises  destinées  à  la  lable  du  roi,  du  nougat 
fait  de  lait,  de  dattes  et  de  micîl  couni.  Saad  y  jeta  les  yeux 
et  dit  :  <>  Portez  cela  à  ses  compagnons  d'onice,  et  dites-leur  : 
Voilà  ce  que  le  général  vous  envoie;  régale/vous.  »  Ce  qui 
fut  fait. 


•210  LES  PRAIRIES  D'OR. 

»j._Um,_p  %-Jj\   ii-À-w  (V^'  '^  c:*.j^  iiAAwiuUl   iixï^  jl  t^j-à»-' 

iikArsr_j^  ^W*>^^L>  RiX^  oiJ^^^  Jsj*xiL  v-XAàLs?  aXaàJ!  ^j 

Li    <X_Awi    <^-J     Ji     ^>**«    CiA.X-*.À    J>A=ij    J^S-^Î    iikxiJi    ^yS>'^, 

^5  ,j*.LÀ_3i  .(?.A»\  l_^-â  cyl_^^l  j._5^A_)  o^  p^-îî  i*>^^j  (j*,LiJi 
^^L«;Jl  (^^  (j>_.t*_-*-iî  J_j-Ac^  u-^^î  <ie  0;-«i^  j^^'  py^-'' 
(j.j   j^lil»   L^-iS-*^  (j^<xi/^ii   lôAÀ-»vi   CAta,è  ^â  «yiw  il<X^i)i^ 

J'ai  lu  ce  qui  suit  dans  une  autre  relation.  La  bataille  de 
Kadiçyeh  fut  livrée  dans  le  mois  de  moharrem.  Tan  quatorze 
de  rhégire.  Dix-sept  éléphants,  portant  chacun  vingt  soldats, 
s'avancèrent  bardés  de  fer,  les  défenses  enveloppées  de  bro- 
cart, etmarchèrenl,  au  milieu  des  fantassins  et  des  cavaliers, 
contre  les  Benou-Bédjilah,  Saad,  voyant  le  danger  que  cou- 
rait cette  tribu,  envoya  demander  aux  Benou-Açèddeleur  prê- 
ter main-forte.  Vingt  éléphants  s'avançaient  contre  le  centre 
des  Musulmans ,  lorsque  Talhah ,  fds  de  Khowaïled  el-Açèdi , 
piqua  droit  aux  éléphants ,  avec  quelques  hommes  de  sa  tribu , 
et  les  tint  en  respect.  L'honneur  de  cette  journée,  connue 
sous  le  nom  de  journée  d'Agwat,  appartint  aux  Benou-Açèd. 
Le  lendemain  matin,  les  Musulmans  virent,  au  loin,  des 
lances  reluire  au  soleil:  c'étaient  les  escadrons  de  Syrie  et 
d'autres  troupes  auxiliaires  qui  s'avançaient,  précédés  de 
Hachim,  (ds  d'Otbah,  fds  d'Abou  Wakkas,  avec  cinq  mille 
cavaliers  de  Bébyah  et  deModar,  et  mille  Yéménites,  parmi 


CHAPITRE  LXXVI.  211 

<.:U.AJ^  S«)^->>  (j--^  OvJLsb.  iC-xL^V^  8«Xaa£  k^l  ^mo  itXJl^ 
»;->^  ^jj   liUU  «Jùcii  ij^jS-i  jî  -L»!   ^j^  *tjHil  «xJlà».  <^^ 

lesquels  on  remarquait  Kâkâa,  fils  d'Anir.  Damas  étant  pris 
depuis  un  mois,  Omar  avait  écrit  à  Abou  Oheïdah,  fils  de 
Djerrah,  de  diriger  sur  l'Irak  les  troupes  de  Khaled,  fils  de 
Walid,  mais  sans  faire  mention  de  Khaled  dans  sa  lettre. 
Abou  Obcïdah,  heureux  de  pouvoir  se  débarrasser  de  ce  ri- 
val ,  fil  partir  son  corps  d'armée  sous  la  conduite  de  Ilachim , 
fils  d'Otbah.  Omar,  en  agissant  ainsi,  cédait  au  ressentiment 
qui  l'animait  contre  Khaled,  depuis  le  règne  d'Abou  Bekr, 
à  cause  de  l'airaire  de  Malik  ben  Nowaïrah  el  j)0ur  d'autres 
motifs  encore.  Cependant  Khaled  était  fils  de  Walid,  fils  de 
la  tante  maternelle  d'Omar.  L'arrivée  de  Kâkâa  conduisant 
les  premiers  renforts  fit  présager  à  l'armée  de  Kadicyeh 
un  triomphe  prochain,  el  les  Musulmans  n'eurent  plus  à 
craindre  d'éprouver  des  perles  aussi  graves  cjue  celles  de 
la  veille.  A  peine  arrivé  sur  le  Iront  de  bataille,  Kâkàa 
s'elaïKja  en  avant  el  provofjua  un  Persan  en  combat  singu- 
lier. Un  chef  s'avança.  «  i)\\\  es  lu  ?  •■  lui  demanda  le  Musul 

>4. 


212  LES  PRAIRIES  D'OR, 

k-A-^-»-^  *^^HS-A-t  jj  t^IjUJ  L  c.ljujill  i^jiU»  t-o^Ut  ^^  Jv> 

(ppw^l  *>^î   r»y^'^  U*^'         O*:/^^'  i^"*    ^^^'  r»>?  i 

.J 

man.  — Je  suis  Bahman,  fils  de  Djadouweïli.  (Il  est  connu 
sous  le  surnom  de  Doul-Hadjih).  —  Vengeance  !  s'écria 
Kàkâa,  vengeance  pour  le  sang  d'Abou  Obéid,  de  Salit  et 
de  leurs  compagnons,  tués  à  la  journée  du  PontI  »  C'était 
ce  Dou'l-Hadjib  qui  les  avait  égorgés,  ainsi  que  nous  l'avons 
dit  déjà.  Ils  fondirent  l'un  sur  l'autre  et  le  Musulman  tua 
son  adversaire.  On  prétend  'que,  dans  cette  même  journée. 
Kâkâa  tua  trente  Persans,  en  trente  passes  d'arme  qui  coû- 
tèrent chacune  la  vie  à  un  ennemi.  Le  dernier  qui  péril 
sous  le  fer  de  Kàkàa  fut  un  des  grands  de  la  Perse,  nommé 
Buzurdjmihr.  Le  guerrier  musulman  a  rappelé  lui-même 
cette  victoire  dans  les  vers  suivants  : 

J'ai  rempli  son  âme  d'une  terreur  qui  l'a  pénétré  comme  les  rayons 
du  soleil. 

A  la  journée  d'Agwat,  la  victime  du  /î«;ice  jeta,  en  mourant,  les  plus 
tristes  présages  dans  l'esprit  de  ses  soldats  et  ranima  le  courage  de  mes 
compagnons  et  le  mien. 

Un  autre  combat  singulier  eut  lieu  le  même  jour  entre 


CHAPITRE  LXX\  I.  213 

JuL^i  i  U._j-s^  J-A-iJi  (:r^^j-^î  u*(>  J^-^'  ^  J^-^^' 

el-A\var,  lils  de  Kotbah.  et  le  vice-roi  [schahriar  du  Sé- 
djeslào  :  les  deux  adversaires  se  donnèrent  réciproquement 
la  mort. 

Saad,  (jui  était  malade,  se  tenait  à  l'écart  sur  la  plate- 
forme du  château  d'el-Odaïb,  d'où  il  observait  le  combat.  Au 
moment  où  les  deux  armées  luttaient  avec  le  plus  d'achar- 
nement, Saad,  entendant  les  Arabes  célébrer  leur  noblesse, 
dit  à  ccu.x  qui  l'entouraient  sur  la  terrasse  du  château  : 
•  Tant  qu'ils  continueront  de  vanter  leurs  ancêtres,  laissez- 
moi  dormir,  c'est  la  preuve  qu'ils  conservent  l'avantage; 
mais  s'ils  se  taisent,  éveillez-rnoi,  ce  sera  mauvais  signe.» 
La  nuit  n'interrompit  pas  celle  lutte  acharnée.  Abou  Mih- 
djan.  de  la  tribu  de  Takif,  était  retenu  prisonnier  dans  les 
souterrains  du  château.  Il  entendait  les  Arabes  exalter  la 
noblesse  des  aïeux  et  de  la  li  ibu  ;  le  choc  des  armes  et  les 
cris  de  la  ujéléc  anivaient  jiis(|u'à  lui,  et  il  se  désolait  île  ne 
pouvoir  prendre  part  à  ces  exploits.  Kniin.se  traînant  jiisipi'à 
la  terrasse  où  se  Icnail  Saad,  il  im|)lora  son  pardon  et  la 
libf'ili',  alin   de  rnmir  au  rond>al    Saad  l'apostropha  rude- 


214  LES  PRAIRIES  D'OR. 

jM-A^ik.    ,^     dl.J    J«-J^    <N.AâXS>-    0»À^    U    JUi    SiXXJ    I^aXc    Ot)sSk. 

J^-Ju  _5-^^  ^^y^  à>  <~J^-^^.  ^yfj^  iii.Ji^  wî 


menl  et  Je  chassa.  Le  prisonnier  descendait  en  pleurant, 
lorsqu'il  rencontra  Salma,  fille  de  Hafsah.  Cette  femme, 
veuve  de  Motanna,  fils  de  Haritah  le  Cheibanite,  avait 
épousé  Saad  en  secondes  noces.  «  Fille  de  Hafsah ,  lui  dit-il , 
veux-tu  faire  une  bonne  action?  —  De  quoi  s'agit-il?  de- 
manda Salma.  —  Fais-moi  mettre  en  liberté  et  prête-moi 
Balkâ  (jument  de  Saad).  Je  prends  Dieu  à  témoin  que,  s'il 
me  laisse  la  vie,  je  viendrai  devant  toi  replacer  mes  pieds 
dans  leurs  chaînes.  —  Ce  n'est  pas  mon  affaire,  »  répliqua 
Salma.  Le  prisonnier  s'éloigna  en  traînant  ses  chaînes  et 
murmurant  ces  vers  : 

Qu'il  est  triste  de  voir  les  cavaliers  courir  la  lance  en  arrêt,  et  d'être 
abandonné  ici,  garrotté  de  lourdes  entraves  ! 

Moi  qui  vivais  jadis  au  sein  de  la  richesse  et  des  plaisirs,  je  suis  seul 
et  privé  des  consolations  d'un  frère. 

Si  je  me  lève,  ces  chaînes  arrêtent  mes  pas.  On  a  lire  sur  moi  le.s 
verrons  de  ces  portes  sourdes  à  mes  prières. 

Que  Dieu  écoute  un  vœu  invinlalile  :  Si  je  reliouvr  la  liberté,  je  ne 
retournerni  jamais  à  la  taverne  ! 


CHAPITRE  LXXVI.  215 

d'tX^.x.j    (-A_A_A£>j^  ^i  >^j.:k\.^\   ji   ^^i>Mt  c^JIjû  t^ljui   ^^ 
l4=>-^l_j  >>>jtMé  «^UiX)  i\jCâlî  c:*iji  U^   ^dljUi  ^   t-i*Jlr_5   «SUxUaU 

JL=>-pi  <}(jiL)Liftj  A.^ÀSjlî  A5oa^  .V!  (j-jlj  aaJI  j^m  ii  aj»->X-*w^ 

Salma ,  (|ui  avait  entendu  ces  vers ,  lui  dit  :  «  Que  Dieu  me 
soit  j)ropice!  j'accepte  la  promesse  que  tu  viens  de  taire.  » 
Alors  elle  le  débarrassa  de  ses  liens  et  lui  amena  Balkà  en 
ajoutant:  «  Voilà  ce  que  tu  m'avais  demandé.  »  Abou  Mil» 
djan,  prenant  la  jument  de  Saad  par  la  bride,  sortit  du  châ- 
teau par  la  poterne  qui  donnait  sur  le  fossé.  Alors,  se  cour- 
liant  sur  le   dos  de  son  cheval,  il   galopa  jusqu'au  flanc 
droit  des  Musulmans,  prononça  le  tekbir;  puis,  jouant  avec 
sa  lance  et  son  épée,  à  la  vue  des  deux  armées,  il  se  préci 
pila  sur  le  flanc  gauche  de  l'ennemi,  le  tint  en  respect,  lua 
les  plus  vaillants  guerriers  et  dispersa  les  autres,  au  grand 
étonnement  des  deux  partis,  (|ui  le  suivaient  des  yeux,  lia 
tradition  présente  ici  une  variante  au  sujet  de  la  jumeni 
Balkà;  selon  les  uns,  le  prisonnier  la  montait  à  poil,  selon 
les  autres,  il  était  en  selle.  Quoi  qu'il  en  soit,  Abou  Mih 
djan  rentra  ensuite  dans  les  rangs  de  l'armée  musuhnanc, 
sortit  par   l'aile  gauche,  s'élança  siii    l'ail<'  droite  des   l'er 
sans,  et  là,  lout  en  j)aradant  avec  sn  lance  el  son  épée,  il 
lit  inordre  la  poussier*'  à  lous  ceux  (|iii  r.illaqii.iicnl  cl  iclin/ 


216  LES  PR/\IRIES  D'OR. 

^J»J\-x-\\   \ùsj>  (j^  '^^^  A-JL-o  (j*.UJ!  4-v:sSJo  Sl;^  (:5>-t^*-i' 
LÀjl^-ifci    (j^  y-^  fi^-^r*^^  J^*  ''^■'''    ^"^^y*  *^   *J-»>*Î  <^*>J^ 


l'eflort  de  l'ennemi  par  la  terreur  qu'il  lui  inspirait.  Après 
cela,  il  pénétra  dans  le  centre  des  Musulmans,  reparut 
bientôt  sur  le  Iront  de  bataille,  en  face  du  cenlie  des  infi- 
dèles; puis,  renouvelant  ses  exploits,  il  terrassa  ses  adver- 
saires, retint  la  îiiarche  des  Persans  et  protégea  son  parti 
contre  leur  attaque.  Les  Arabes  ne  revenaient  pas  de  leur 
étonnement,  et  se  demandaient  quel  était  ce  cavalier  inconnu 
dans  l'armée.  Les  uns  disaient  :  «  C'est  un  de  nos  frères  ve- 
nus de  Syrie,  sous  les  ordres  de  Hachim,  (ils  d'Olbah  ol-Mir 
l^al.  —  „  Si  khidr,  disaient  les  autres,  préside  à  la  bataille, 
ce  cavalier  ne  peut  être  que  Khidr;  Dieu  nous  l'a  envoyé 
pour  nous  guider  sur  le  chemin  de  la  victoire.  »  D'autres 
ajoutaient  :  "  Si  les  anges  ne  demeuraient  étrangers  aux  com- 
bats, nous  dirions  (jue  c'est  un  ange.  »  Abou  Mihdjan,  pareil 
a  un  lion  furieux,  rcM\ersail  les  cavaliers  et  se  précipilail 
sur  eux  avec  i'ini|)éluosilé  de  raii;le.  Les  Musulmans  témoins 
de  SOS  |MOiu'ss(s,  tels  (jur  Aiiir,  (ils  de  Mi'idi  karib,  Tcdhah  , 


CHAPITRE  LXXVI.  217 

»is-tf>j  jjc>  |j^i&  cxAJtî  ^j^  jî  (j**xsî  iljJ  AMU^*axIÎ  (jj^i  tj-. 

^j|  tK^jU  /o»-^Ua^^   *.>-*^!^  Jl  ^^^«M*ii  jc»-lj.j5  L^Ufti 
ij5    A_j   K_jt-^  i»»   ip^  ^-À.  cix-A_^   jj^  w>»ia.*J)  j_|»^i   ,;^*i^   (J'  . 
i^— aJUI  i.t  aK_=-^  t-*^^^  A.,>w>Ajg  i  :>l^^  l^iajj-«  Jl  *lJlUil 

b^-i^i    'y^;-^'   '^'    A-V^'j  u:*LjL->L.a«   l-Cj,ji    -5^,-A^sî^ 

fils  deKhowaïled,  Kâkâa,  fils  d'Anir,  IJachim,  fils  d'Otbali 
tl-Mlrkal,  et  les  plus  vaillants  guerriers  parmi  les  Arabes, 
le  suivaient  du  regard  et  s'extasiaient  sur  son  audace.  Saad, 
penché  sur  le  bord  de  la  plate-iornie  d'où  il  suivait  le  coai 
bat,  cherchait  à  reconnaître  ce  cavalier  et  disait  :  «  iSi  je  ne 
savais  qu'Abou  Mihdjan  est  en  prison,  je  dirais  ([ue  c'est 
lui  et  que  ce  cheval  est  Baikà.  «Vers  le  milieu  de  la  nuit,  le 
combat  lut  suspendu;  les  Persans  se  retirèrent  et  les  Arabes 
revinrent  dans  leurs  letranchemenls.  Abou  Mihdjan  rentra, 
sans  être  vu,  par  la  porte  qui  lui  avait  donné  issue,  ratta- 
cha Balkà  au  pi(juet  qui  la  retenait;  puis  il  regagna  son 
cachot,  re[)laça  son  pied  dans  lu  chaîne  et  chaula  d'une  voix 
sonore  : 

Les  liciKJii  Takil  .>ii\('iil ,  ^aiis  eu  lircr  vaiillr,  i|iic  je  mii>  parmi  eux  li 
|)liis  vaillani  «le  ceux  (|ui  iiianiciil  l'i^pvc, 

('{•lui  i|iii  cikIossc  le  plus  souvcul  uni'  riill(  dr  mailles  cl  i|iii  roiiihat 
avRc  Ir  plus  (ron'miitlri'lr  , '|iiaii<l   la  n'^sislaiirr  dcvirul  pri  iIIciim' 


218  LES  PRAIRIES  D'OR. 

I 
UùLî  ^Jv.^  *XaJIs  -îocac;!  <^LU^i*Kj^  a^^î  ouolj  jL*J  ^^ 

Je  suis  le  cavalier  nocturne  inconnu  à  tous,  qui  sort  sans  donaer 
l'éveil  aux  avant-postes. 

Captif,  mou  absence  est  un  malheur  pour  vous;  libre,  je  répands  la 
mort  dans  les  rangs  ennemis. 

«  Abou  Mihdjan,  lui  demanda  Salma,  pourquoi  as-tu  été 
incarcéré  par  Tordre  de  cet  homme  ?  »  elle  désignait  Saad. 
«  Dieu  m'est  témoin,  répondit-il,  que  je  ne  suis  pas  en  pri- 
son pour  avoir  mangé  ou  bu  des  choses  défendues.  Mais 
dans  le  temps  de  l'erreur,  j'étais  adonné  au  vin,  et  lorsque 
la  poésie  se  glissait  sur  mes  lèvres,  j'aimais  à  célébrer  la  li- 
queur dont  le  fumet  excitait  ma  verve.  Voici  les  deux  vers 
qui  m'ont  fait  jeter  en  prison  : 

Quand  je  mourrai,  cntcrrez-moi  auprès  de  la  vigne,  afin  que  mes  os 
boivent  le  suc  de  ses  racines. 

Ne  déposez  pas  mou  corps  dans  une  plaine  aride,  car  je  ne  pourrais 
pbis  gnnier  eelle  liqueur  délicieuse.  » 

Salmo  oiiiciisuiic  une  longup  discussion  avec  S;kkI  qn'rllr 


CHAPITRE  LXXVI.  219 

c:-«>^^.-fi>i  iiî  c^C-ï-  ^I_5-*-Jl  xVj^^^^l  *^.*J^  ci>î_5^l  A-v-i^ 

A^otJL»  ^5v=»-  Ajyb"  *(^vi»j  ci)*Xi».î_^  bi  U  <_^i>!  Jlijj  xJiAJols  aj 
^Aolj      Î'XjÎ  j«?^^  -JiÀ^  <i^  ci^  '^■^*-*^'  ^  ■^'^  fj-=r  ^  S^ 

irrita  en  lui  parlant  des  prouesses  de  (son  premier  mari) 
Motanna,  sur  le  champ  de  bataille.  Courroucée  elle-même, 
elle  s'enferma  durant  la  soirée  dUAgwat,  la  nuit  du  gronde- 
ment et  la  nuit  de  Smvad.  Le  matin  du  jour  suivant,  elle 
retourna  chez  Saad  et  se  réconcilia  avec  lui;  elle  lui  raconta 
alors  ce  qui  s'était  passé  dans  son  entretien  avec  Abou  Mih- 
djan ,  intercéda  en  sa  faveur  et  obtint  son  élargissement.  «  Tu 
es  libre,  dit  Saad  au  prisonnier;  désormais,  je  te  punirai, 
non  plus  pour  tes  paroles,  mais  pour  tes  actes.  —  Par 
Dieu,  reprit  celui-ci,  soyez  sûr  que  ma  langue  ne  pronon- 
cera jamais  de  coupables  discours.  » 

Le  troisième  jour,  que  l'on  nomme  journée  d'Amas,  les 
Musulmans  et  les  Persans  se  réveillèrent  dans  leurs  camps 
respectifs.  La  bataille  s'engagea  sur  un  terrain  aussi  étendu 
que  celui  qui  sépare  le  Tigre  cl-Atvrâ  de  TEuphrate.  Les 
Musulmans  perdirent  deux  mille  cinq  cents  des  leurs,  tués 
ou  blessés  mortel lenicnt  ;  les  pertes  de  l'armée  persane  furent 
incalcidables.  Saad  laissa  ses  troupes  libres  de  laver  les  morts 
ol  les  blessés,  on  d'onlorror  b^s  mm  u  «ï.ins  h  ver  le  sang  (|iu' 


220  LES  PRAIRIES  D'OR. 

^t-^^-LJ!  y\<5  ^j^^Jh  A^i  ^>>j  (^^l^^  f-^^^  c^ 
*L-M*.À_Ji  <J!  civs-^5  ij^-^i  *^«i^-^-^'  (j^J*N»  (j)Wy^^'3 

\,i^^  iiXitf^  J.JlÂifc  ^io  ^_j  SX^Î  *iUj  Jî  j.Laj^  JJitfj  jjjukjc 
(J-*  S=^j  ^^c^^  V'^^^  ^!/^  ^iX.^U!  »Jaû  J.ii  o>-^  ^j^rfT^i: 

les  souillait.  Les  Arabes  entassaient  les  cadavres  et  les  por- 
taient sur  leurs  épaules  aux  femmes  et  aux  enfants,  qui  leur 
donnaient  la  sépulture;  d'autres  femmes  recevaient  les  bles- 
sés et  pansaient  leurs  plaiesi  Entre  le  champ  de  bataille  de 
Kadiçyeh  et  la  forteresse  d'el-Odaïb,  se  dressait  un  palmier 
solitaire;  aujourd'hui  il  y  en  a  un  grand  nombre  en  cet  en- 
droit. Tandis  qu'on  transportait  les  blessés,  ceux  qui  avaient 
conservé  le  sentiment  disaient  à  leurs  porteurs,  «Me  voici 
près  du  Savvad,  laissez-moi  reposer  à  l'ombre  de  ce  palmier;  » 
et  on  les  déposait  au  pied  de  l'arbre.  De  ce  nombre  était  un 
Arabe  de  Tayi,  nommé  Bodjaïr;  on  l'entendit  réciter  ces  vers 
avant  d'expiier  : 

l'alinicr  qui  te  dresses  ciilrr  la  l'erse  el  cl-Odaïh,  loin  des  autres  pal 
miers,  rernis  mes  adieux. 

Un  nuire  soldai  de  la  Iribii  do  l'aïni  Allait  fui  dépose  en 


CHAPITHE  LXXVI.  221 

x_^:S«o  ^LàJÎ  f^^^i  '^^  j-S^  ^-^•  ULÎ^y^  î_j*«^  O^iH*"^  ^ 

J»_jL- s-*Jt  *L-u.^^  ^js-^  ^^  (**V*^  '.y»'=*-«^  ^j  t^;^^'^^ 

l^-à^Ui  ^j5^-«^l^  ul>^t^'  Ïj^V^^^  ^^  1*^  C:J>=^  Jb  (:r* 
SwA.<— lôJI  ^e  ^b  (^5V>-  wvAjuI  >^~XJ\^  Ix-rjoi  c::\A'=^  ^-^^3 
|tfVAt^   5;La_]3  CA..nla.ii3  uÀ>ols  .^j  ^-^^y^^  ^^^  (^"ir^^  ^^a 

ce  lieu;  ses  entrailles  sorlaient  de  son  ventre  entrouvert;  il 
eut  cependant  la  force  de  prononcer  ces  paroles  : 

O palmier  dos  blesses,  né  au  milieu  de  cette  plaine  ennemie,  puisscs-lu 
boire  la  rosée  du  matin  et  l'eau  abondante  des  nuages! 

On  a  recueilli  encore  d'autres  vers  improvisés  en  celte  cir- 
constance. 

Le  matin  qui  suivit  la  niiil  du  grondement,  nommée  de- 
puis la  nuit  de  Kadiryeh,  les  troupes  étaient  exténuées  de 
fatigue,  car  elles  n'avaient  pas  fermé  l'œil.  Cependant  les 
tribus,  ranimées  par  la  voix  de  leurs  chefs,  s'élancèrent  au 
combat,  et  la  lutte  continua  jusque  dans  l'après-midi.  Le 
soleil  avait  atteint  le  milieu  de  sa  course,  lorsque  Hormu- 
zàn  et  Nirmarân  donnèrent  le  premier  signal  de  la  retrailt;; 
mais  ils  reculèrent  en  combattant  et  défendirent  le  terrain 
pied  à  pied.  Un  peu  après  nndi,  le  centre  de  l'armée  persane 
futcntamé.  Un  vent  impétueux  soulevait  contre  elle  des  tour- 
billons de  poussière;  le  dais  qui  surmontait  le  trône  de  Rou.« 
tem  fut  enlevé  par  une  rafale  et  jeté  dans  le  A^^//j/-  el-Alih. 
l>e  \enl  souHlait  do  l'ouest,  et  la  poussière  aveuglait   les 


222  LES  PRAIRIES  D'OR. 

A-A-Lft  c:a„^*XJj  «XJ>  Jljtj  <i'  *;^iî'v  ^^z-^T  ^«^  (:JV*"  *-** 
««5jj  aJLv»-  <^  la  'i  ''>  ifJ*^  f*^-*tJ  t^*^'  J^*^  A.^)l*  ^  J'iV-* 

w>wmJ|  «Xjï-oj  JIijLaJI  J-^jI  (;J>o  âU;  4^i.>-  *^-^  -î^J  '^'i?-  /OiiJ 
^kMfc>?  Uj  aj  (j*Uil  cjlla*  Jl  iÎAxMi  (_^j  ^-«xAw;  c:a.X;l*  «^^wj 

Persans.  C'est  alors  que  le  trône  de  Roustem  fut  escaladé 
par  Kâkâa  et  ses  soldats.  Rouslein,  quand  son  pavillon  fut 
balayé  par  le  vent,  se  jeta  eu  bas  du  trône,  courut  auprès 
des  mules  qui  portaient  ses  trésors  et  s'abrita  derrière  les 
ballots  dont  elles  étaient  chargées.  Hilal,  fils  d'Alkaraah, 
trancha  d'un  coup  de  sabre  les  sangles  du  ballot  derrière 
lequel  se  cachait  Roustem;  une  moitié  du  bagage  tomba  sur 
le  dos  du  Persan  et  lui  enfonça  les  côtes.  Hilal,  qui  ne  le 
voyait  pas  et  ne  se  doutait  pas  de  sa  présence,  perça  le  ballot 
avec  son  sabre  :  il  s'en  exhala  une  odeur  de  musc.  Roustem, 
se  traînant  jusqu'au  Nahr  el-Atik,  se  précipita  dans  les  flots. 
Hilal  l'aperçut,  se  jeta  sur  lui,  le  retint  par  le  pied,  et  l'at- 
tirant sur  le  bord  du  fossé,  lui  donna  la  mort  d'un  coup  de 
sabre.  Puis  il  tira  le  cadavre  par  les  jambes,  le  jeta  sous  les 
pieds  des  mules,  gravit  les  marches  du  trône  et  cria  :  «  A 
moi  !  Par  le  maître  de  la  Kaabah,  j'ai  tué  Roustem!  »  Les 
soldats  qui  se  pressaient  alentour,  ne  le  voyant  ni  lui  ni 
le  trône,  lui  répondirent  par  leurs  clameurs.  Cependant  les 


CHAPITRE  LXXVl.  223 

oy"^  U^  '■^^  J"V^j  i>-^  ij^  v^iA^I  ^'^♦Xiwij  \y>y^i\^ 

i_»l_*i*x!l  JoiUi  <c~<^»>y>l  (J>J  ^.^*>^J  V^^^^  <i*  ^y^  '.^-^*:^ 
^yJiL5\yl  «.jU6*>ô  UvAwj  t^JCi  (j^?v»  ^^^j-i'J  «^^^^  (**^  f'^*^'  tKiUi 
l-jLoJ^i  U  4^  Vv^'  (iT-*  (^  (^y*  ^LÏ>y^  /jj  J^Xjû  aKjij  (jÎ  <Ji 

c:>Uji   /y^  (^tX-wi^i    jj-tw  0j  jkj-S  _^j  (T^^     tiUi   tj 

infidèles  découragés  prirent  la  fuite  et  périrent  par  le  sabre 
011  dans  les  eaux  du  fleuve.  Trente  des  leurs  s'attachèrent  les 
uns  aux  autres  avec  des  chaînes  et  des  cordes,  et  jurèrent 
par  la  lumière  et  les  temples  du  feu  de  ne  point  reculer,  et 
(le  vaincre  ou  mourir;  puis  ils  s'élancèrent  sur  la  cavalerie, 
(les  torches  de  résine  à  la  main,  el  furent  tous  exterminés. 
On  ne  sait  pas  précisément  pai-  qui  Rousiem  fut  tué  :  l'opi- 
nion la  plus  répandue  est  qu'il  recul  la  mort  des  mains  de 
Hilal  ben  Alkamah,  de  la  tribu  de  Taim  ou  confédérés 
{rehab) ,  ainsi  que  nous  l'avons  dit.  Selon  d'autres,  il  péril 
sous  les  coups  d'un  Arabe  des  Benou  Açèd.  Un  poëte  de  cetle 
même  tribu,  Amr,  lils  de  Chas,  a  dit  dans  une  poésie  où  il 
célèbre  cette  journée  : 

Nos  cavaliers,  s'clançaiil  de  tontes  parts,  so  jelôrent  sur  kesra,  que  dé- 
Tendait  une  faible  escorte. 

Mous  avons  égorgé  sans  pitié  Koustem  cl  ses  dis,  lorsque  les  pieds  de 
nos  clievnux  soulevaient  des  nuages  de  poussière. 


224  LES  PRAIRIES  D'OR. 

i)L.^jt  ^^iX_^j  ^  ULa-ï     Là.a.ajcjI  ci\A^  /o.^-<  U5\.5 

9ww*£  S'j.-jf^j   /jv-jwjiiî    ^w*  LjjSi   (^j^  j^  ''ij5>'i    5«Xiû  J_j.«»- 

s- 

Partout,  sur  notre  route,  uous  laissions  des  cadavres  debout  et   inca- 
pables de  s'enfuir. 

Dirai-,  fils  de  Khattab,  s'empara ,  ce  jour-là ,  du  grand  éten 
dard  en  peau  de  panthère,  nommé  dirafch-kawiân ,  ainsi  que 
nous  l'avons  dit  déjà  (ci-déssus,  p.  200);  il  était  couvert  do 
rubis,  de  perles  et  d'autres  pierres  précieuses.  Dirar  le  céda 
pour  trente  mille  dinars;  il  valait  bien  un  million  deux  cent 
mille  dinars.  Autour  de  cet  étendard  périrent  dix  mille  Per- 
sans, outre  les  trente  soldats  qui  se  tenaient  attachés  et 
d'autres  encore.  Les  historiens  anciens  et  modernes  ne 
s'accordent  pas  sur  la  date  de  la  bataille  de  Kadiçyeh  ,  ou 
d'el-Odaïb.  D'après  une  opinion  assez  accréditée,  elle  fut 
livrée  l'an  seize  de  l'hégire  :  cette  date  est  citée  par  Wakédi , 
sur  la  foi  d'autrui.  Quelques-uns  la  placent  en  l'an  quinze, 
et  d'autres  en  l'an  quatorze  de  l'hégire;  Mohammed,  fils 
d'Ishak,  se  décide  pour  la  date  de  l'an  quinze.  En  la  ([ua- 


CHAPITRE  LXXVI.  225 

^^\j.JL.l\   a^Xwo  iL-«l*!j  jl_Aa-^i)l   (Ji   vJi  «--.aS^  "J^j'j")^'   "'^-ir'^ 

J>-À-»  tj<a-*J   »;l^  ^'\r^i  *X.i4Ji  ^.^t  ^_f  <>^J   Jsh*^^-)  ^^   hyKSjàS 

torzième  année  de  l'hégire,  Omar,  filsdeKhaltab,  prescrivit 
la  célébration  de  la  prière  taraioih,  pendant  le  mois  de  nima- 
dân;  or,  ceux  qui  placent  la  bataille  de  Kadicyeh  on  cette 
même  année  se  réfèrent  à  celte  circonstance  et  citent  la 
lettre  adressée  par  le  khalife  à  tous  les  grands  centres  mu- 
sulmans pour  la  célébration  de  la  prière  des  nuits  de  jeune. 
Plusieurs  historiens,  au  nombre  desquels  est  Médaïni, 
rapportentque  Otbah ,  (ils  de  (ia/.wàn  ,  lut  envoyé  par  Omar 
dans  le  pays  de  Basrah,  Tan  (|unlorze  de  l'hégire;  il  s'y  ar- 
rêta et  bâtit  la  ville  de  ce  nom.  D'autres  historiographes, 
au  contraire,  reportent  la  fondation  de  Basrah  à  Tan  seize; 
ils  ajoutent  qu<!  Otbah  no  quitta  Médaïn  et  n'entra  dans  le 
territoire  de  Basrah  que  lorsque  Saad ,  fils  d'Abou  VVakkas, 
eut  terminé  l'expédition  de  Djaloula  et  de  Tekril.  Le  pays 
de  Basrah,  à  l'époque  où  Otbah  s'y  rendit,  était  appelé  lertr 
de  l'Inde  et  couvert  de  pieires  blanchâtres.  Oll)ah  s'établit 
dans  le  lieu  nomnu'  Khoraïheh  (petite  ruine).  8aad ,  (ils  d'A 
bouWakkas,  fonda  Koufah,  l'an  r|uin/.<' tic  l'Iiégire,  d'après 


226  LES  PRAIUIES  D'OH. 

liXsfcl   iJvJCj  ^  v,5  (j\^^  j^i^x*.*il   Jli       (•^■^■^^  Ai_j^l   jAi._j.^  t^ 

(jli  Js._L\]!  J.:ûi^  ^^^-*  ^  l:>i.Xj>.  l^Uj  IjL^  U^^  c5*^^* 

^i£>_5  U_»._j  y^xi  j.^  ^  JIî^-«*>0:j  _^3  <s.À£   ^_5^i  jl5ii|   y.^ 

ies  indications  que  lui  donna  le  fils  de  Nofaïlah  le  Gassa- 
nide  ;  cet  homme  avait  promis  à  Saad  de  le  conduire  dans 
un  pays  situé  au-dessus  du  rivage  et  plus  bas  que  la  plaine, 
et  il  le  mena  sur  le  territoire  où  Kouf'ah  s'élève  aujourd'hui. 
Omar  avait  interdit  aux  étrangers  le  séjour  de  Médine. 
Mogaïrah,  fils  de  Chôbah,  lui  écrivit  un  jour  :  «  Je  possède 
un  esclave  qui  est  à  la  fois  charpentier,  peintre  et  forgeron; 
il  peut,  par  conséquent,  être  employé  utilement  par  les  ha- 
bitants. Voulez-vous  m'autoriser  à  vous  l'envoyer?»  Après 
avoir  obtenu  le  consentement  du  khalife,  Mogaïrah  préleva 
sur  son  esclave  une  contribution  de  deux  dirhems  par  jour. 
Cet  esclave,  nommé  Ahou  Louluiiah,  était  un  mage  origi- 
naire de  Néhavvend.  Quelque  temps  après  son  installation,  il 
vint  se  plaindre  au  khalife  de  la  contribution  onéreuse  que 
son  maître  lui  imposait.  Omar  lui  demanda  quelle  profession 
il  exerrait,  et,  apprenant  qu'il  était  peintre,  charpentier  et 
forgeron,  il  lui  dit  :  «L'impôt  exigé  de  toi  par  ton  maître 
n'est  pas  excessif,  eu  égard  aux  talents  que  lu  possèdes,  » 


CHAPITRE  LXXVl.  227 

x-Ji  jlis  *^jj;  a!5X-»aJî  ,j*.UJ!  làï^Ai^^..^-vJî   ^  ~  JC^  Ijl^^ 
i\_x— Lii-i  ^^î   (^3   Ajwak    c>.^   /jJù!<X:».t   cijUjïla  ci>^Xj   AÀjtiai 

L^  jI;  -^  ^.-tf*-^  ^i  A-^oi   *i3;J3   iil.<v^  ^i   J^Ll   ^l,  ,i)pt>  _jj 

L'esclave  s'éloigna  d'un  air  mécontent.  Un  aiitrejour,  comme 
il  passait  auprès  du  khalife,  qui  était  assis,  celui-ci  lui  dit  : 
«  Ne  m'a-t-on  pas  raconté  que  tu  t'es  vanté  de  pouvoir  cons- 
truire une  meule  que  le  vent  ferait  mouvoir?  —  Par 
Dieu,  répondit  Abou  Loulouah,  je  fabriquerai  une  meule 
dont  on  parlera  dans  le  monde.  »  Quand  il  fut  parti,  Omar 
ajouta:  «Cet  esclave  vient  de  me  menacer.  •>  Une  fois  sa 
résolution  arrêtée,  Abou  Loulouah  cacha  un  poignard  sous 
ses  vêtements  et  alla  se  blottir,  pendant  la  nuit,  dans  une 
des  cellules  de  la  mosquée,  en  attendant  l'arrivée  du  khalife , 
qui  venait  de  grand  matin  réveiller  les  lidèles  pour  la  prière. 
Au  moment  où  le  khalife  passait  près  de  lui,  l'esclave  sor- 
tit de  sa  cachette,  et  lui  porta  trois  coups,  dont  l'on  mortel , 
au-dessous  du  nombril.  Sur  les  douze  personnes  qu'il  frappji 
ensuite,  six  moururent  de  leurs  blessures;  puis  il  se  donna 
la  mort  avec  son  poignard.  Abd  Allah,  fds  d'Omar,  se  ren 
dit  auprès  de  son  père  agonisant  et  lui  dil  :  «Emir  des 
croyants,  désigne  un  khalife  au   peuple  de  Mohammed.  Si 

i.S. 


228  LES  PHAllUES  D'OK. 

»._*_«!   L»    \_JuX9   àxjUs'    kiAJCjL»!   Ov^s^j   OtA^s    *i  c:^Ài»   ,\a]ç 

kii-Ji    ^j;^    (l5>->-     "^î     <X,\£     AÀ^    ^Jt^^M3     a^AaP     AM!     J  »,.*«)     A^  j3 

(^■î^''  <^«*^3  cS^-^'  ^^^■*'i'3  ''^-«'islj}   (iT^V"      '^•SS'3   f»i   />-«  *^i?)^ 

yjl    L    JLjLi    AaJI     J.av^I^5    (jI     (J*.U^    y.J     ^!     vXAij.Si^  1*1 

j-A-il  Jw^l_j  ^il  J^l   y-*   y^^j    dU.Ji)    ija^   J.-«U   (jî    (j^W'^ 

un  do  tes  bergers  avait  laissé  errer  tes  chameaux  ou  tes 
moutons,  ne  lui  reprocherais-tu  pas  d'avoir  abandonné  le 
troupeau  confié  à  sa  garde?  A  plus  forte  raison ,  pourrais-tu 
abandonner  le  peuple  do  Mohammed  ?  Nomme  donc  ton 
successeur.  »  Omar  lui  répondit  :  «  Si  je  désigne  un  khalife, 
je  suivrai  l'exemple  d'AbouBekr;  si  je  n'en  désigne  point, 
j'imiterai  l'apôtre  de  Dieu.  «  Cette  réponse  découragea  Abd 
Allah.  Omar  se  fit  musulman  quatre  ans  avant  l'hégire.  Il  eut 
plusieurs  enfants:  Abd  Allah;  Hafsah,  qui  devint  l'épouse 
du  Prophète;  Obéid  Allah,  Açim  etZeïd,  tous  enfants  d'un 
même  lit;  il  eut,  de  sa  seconde  femme,  Abd  er-Rahman, 
Fatimah  et  d'autres  filles,  et  enfin  Abd  er-Rahman,  le  cadet, 
qui  fut  puni  pour  avoir  bu  du  vin;  ce  dernier  est  connu 
sous  le  nom  de  Abou  Chahmah  (le  gras), 

Abd  Allah,  fils  d'Abbas,  raconte  qu'Omar  le  fit  venir  un 
jour  et  lui  dit  :  «  Fils  d'Abbas,  le  gouverneur  d'Énièse  vient 
de  mourir;  c'était  un  homme  de  bien,  et  les  gens  de  bien 
sont  rares;  je  souhaite  qu'on  puisse  le  compter  parmi  eux. 


CHAPITIU-:  LXXVl.  2^ 

4Mi^  c-«.Ai  J^_3  Jb  (♦XJS^j  (jwLàJ!  J..«jtXAgt  AjcLo  4X51  Jj^ 
^^jil  U  aX5|^  Jlï  dUi  j^i  J.xi  SjJ  Kj  o^l^  U  J^Ji  (j^  c:*jIj 

Cepeudaiil  j'ai,  eu  ce  qui  le  concerne,  une  arrière-pensée 
que  ta  conduite,  il  est  vrai ,  n'a  pas  molivée,  mais  qui  m'ins- 
pire quelque  inquiélude.  Es-tu  disposé  à  devenir  gouver- 
neur? —  Je  n'accepterai  pas  cet  emploi,  répondit  Ibn 
Abbas,  avant  de  connaître  le  fond  de  ta  pensée.  —  Dans 
quel  but  veux -lu  la  connaître?  demanda  Omar.  —  Si  la 
crainte  que  je  t'inspire  est  fondée,  je  me  tiendrai  sur  mes 
gardes  à  bon  escient;  si  je  suis  innocent,  un  pareil  soup- 
çon ne  saurait  m'alteindre,  el  j'accepterai  le  poste  d'Emèse. 
Je  n'ignore  pas  que  lorsque  lu  veux  une  chose  lu  ne  tardes 
pas  à  la  réaliser.  —  Fils  d'Abbas,  répondit  le  khalife,  je 
crains  que,  lors(|ue  lu  seras  en  fonctions,  queUju'un  ne 
vienne  me  dire  .  (î'est  nous  (pul  laiit  employer,  et  non  cette 
famille  (celle  du  Prophèle)  :  n'avons-nous  pas  vu  l'Apôtre 
de  Dieu  donner  des  emplois  à  tout  le  momie,  excepté  à  ces 
gens-là? —  C'est  vrai,  lepril  Ibn  Abbas;  j(;  sais  ce  qui  se 
laisait  alois;  jamais  le  Pro|)liète  n'a  ai;!  autrement.»  Omar 
j)oursuivit  aiiisi  :  -J'ignore  s'il  trouvait  les  fonctions  pu- 
bliques au-dessous  île  votre  rang,  ou  s'il  naignait  (pie  vous 


ÎÇO  LES  PRAIRIES  D'OR. 

ne  vous  prévalussiez  de  vos  liens  de  famille,  en  agissant  de 
façon  à  attirer  sur  vous  les  reproches  les  plus  mérités. 
Quant  à  moi,  je  n'ai  pas  sur  ton  compte  la  môme  opinion. 
Acceptes-tu  l'emploi  .'^  —  Je  le  refuse,  dit  Ibn  Abbas. — 
Et  pourquoi.^  demanda  Omar.  —  Si,  pendant  que  je  te 
servirai,  tu  conserves  cette  pensée  secrète,  rien  ne  pourra 
nje  mettre  à  l'abri  de  tes  préventions  (littéral,  je  ne  pourrai 
ôter  la  paille  de  ton  œil).  —  Désigne -moi  un  autre  gou- 
verneur, lui  dit  Omar.  —  Choisis,  reprit  Ibn  Abbas,  un 
homme  qui  aura  confiance  en  toi,  et  qui  t'inspirera  une  égale 
confiance.  » 

Alkamah,  lils  d'Abd  Aliah  el-Mouzni,  raconte,  d'après 
Mâkil,  (ils  de  Yaçar,  qu'Omar  ayant  consulté  Hormuzân 
au  sujet  du  Fars,  d'Ispahân  et  de  rAzerbaïdjàn,  en  reçut 
ia  réponse  suivante  :  «  Ispahàn  est  la  tête,  le  Fars  et  l'Azer- 
baïdjân  sont  les  deux  ailes  :  si  tu  coupes  l'une  des  deux 
ailes,  la  tète  peut  se  sauver  avec  l'autre  aile;  mais  si  tu 
coupes  la  tête,  les  deux  ailes  tombent  et  périssent  avec 
l'clleci.  » 

Omar  entra  un  jour  dans  la  mosquée  (de  Médine)  et 
Ironv.)    Nôinàn,    lils   d<?   IVIoukarriii ,    en    prières;    il    s'assit 


CHAPITUE  LXXVI.  231 

tJj-xJl  J_>-w;  yi  ;^p,.ja-L^4^  iS"^  cX-*-A-»  (^^?4J  (O-fr^^'  (XkJii 
JtUl    ^i-::^;   ^    aÎ    *XxJsI    y^^J  lU    ^i   Jlîj    ^l^s:=>î  j^Uio   Ui^li^ 

t^j— Lii  -c1._à_jÎ   nXjïJsÎ  A,.^ij  (_^  T^-^'  ^^jj>  ^j-^i^  (i^  *XxJt» 

près  de  lui  et,  sa  prière  terminée,  il  lui  dit  :  «  Je  suis  décidé 
à  te  donner  un  emploi.  —  Que  ce  ne  soil  pas  dans  les 
linances,  s'écria  Nômân ,  mais  à  l'armée!  —  Soit,  reprit 
Omar,  ce  sera  à  l'armée.»  11  le  (it  partir  sur-le-rharap, 
après  avoir  requis  les  habitants  de  Koufah  de  lui  prêter 
main-forte,  et  lui  donna  pour  compagnons  Zobeir,  fils  d'el- 
Awwam,  Amr,  fds  de  Màdi-Karib,  Hodaïfab,  le  lils  d'Amr, 
et  el-Acbàt,  fils  de  Kais.  Par  l'ordre  de  Nomàn,  Mogairab, 
fils  de  Chôbah,  se  rendit  chez  le  roi  persan  nommé  Doii'l- 
(Ijiiiahcùi  (l'homme  aux  deux  ailes),  et  traversa  le  fleuve 
(|ui  séparait  les  deux  armées.  Dou'l-djiuaheïn,  averti  ([u'un 
député  arabe  était  arrivé,  réunit  ses  conseillers  et  leur  de- 
manda s'il  devait  le  r(îcevoir  entouré  de  la  pompe  royale 
ou  bien  dans  un  appareil  militaire.  Ceux-ci  étant  d'avis 
<prii  devait  se  monfrei-  daus  tout  l'éclat  d(i  la  souveraineté, 
il  s'assit  sur  son  troue,  sa  couronne  sur  la  tète,  et  lit  asseoir 
sur  deux  files  les  grands  du  royaum»;,  parés  de  pendanis 
d'oreilles,  de  bracelets  d'or  el  de  robes  de  brocart.  Mo«raïrab 


232  LES  PRAIRIES  D'OR. 

A-w^JûA-X-A.»    \^jIà.X^.l    l^S^^i    A.^ia-*fcJ     ^    *-S^     M'*^.^    ^Y^.^^ 

5T^A->  ^l.-î5Tj.^J)_5  A_^Jw_)  ^^i>-^  A_)tX.j  ^^jiy^  «li  <;5i^  »il.JtXj 
<e^  L»^^  /<\A*M  (jli  «X^s*   (♦XjIasÎ   i^j.xj\  j.m*,x^  ftXjî  JUà  1<v-Àjo 

*L^-CwL»    b^-<Lita.i_j   A.A.X.A.J    /o^Aa»    4^ajI  tiAXJ^  Iaj*Xj*.   lÀiJs^oij 
U   dLX^wui  bi    iî<.j   b*X_fi.^   U\3  bvX£_5   ^Oi_5  Ià)  Jlij  U*  ld>b<X>_5 

fut  alors  introduit  avec  les  deux  Arabes  qui  raccompagnaient. 
Il  entra  ,  armé  de  son  sabre  et  de  sa  lance,  et  se  mit  à  déchi- 
rer les  tapis  à  coups  de  lance,  afin  d'attirer  l'attention  et 
d'exciter  la  colère  des  courtisans.  Quand  il  fut  en  face  du 
roi,  le  dialogue  suivant  s'établit  entre  eux,  par  l'intermé- 
diaire d'un  drogman.  «Peuple  arabe,  dit  le  roi,  vous  êtes 
aux  prises  avec  de  grandes  difficultés;  nous  vous  fournirons 
des  subsides,  si  vous  consentez  à  vous  éloigner.  "  Mogaïrah, 
prenant  la  parole,  invoqua  et  bénit  le  nom  de  Dieu,  puis 
il  dit  :  «  Les  Arabes  étaient  autrefois  un  peuple  misérable 
qu'on  foulait  aux  pieds  ia)punénient;  nous  ne  mangions 
que  des  chiens  et  des  charognes.  Mais  Dieu ,  pour  nous  glo 
rider,  a  suscité  parmi  nous  un  prophète,  le  plus  noble  de 
notre  race,  le  plus  véridique  dans  son  langage.  Ce  prophète 
il  accompli  sa  mission  céleste,  et  nous  a  prédit  des  destinées 
(jue  nous  avons  vues  se  réaliser.  Une  de  ses  promesses  fut 
que  nous  posséderions  vos  biens  et  que  la  victoire  nous  en 
rendrait  maîtres.  Je  vois  ici  des  richesses  et  un  luxe  (|uc 
ceux  (|ni  vionnonl  (icrricif  moi  ne  renonceront  pas  à  possé- 


CHAPITRE  LXXVI.  233 

jo.^X>jL>  j>)JÎ^  ',y^*^  ^j-?j'^  i^  **^  l^'   '•^^  ^3  ^-^^^  S^ 

<<vxki3  <<\Li  ^jl^  (♦^^■51  LjodiJ»  /ivk^  ^1   dUJLl  JUi  l<X^  l^j 

J_jl  J^lJLj^  îii  ^Ki  JljJLll  xs-xLc  aMI  Jy>^j  ^-^  t-j*x^ 

der,  dussent-ils  y  perdre  !a  vie.  »  Alors  (racontait  Mogaïrah) 
l'idée  me  vint  de  prendre  mon  élan,  de  sauter  sur  le  trône 
du  roi  inlidèle  et  de  m'asseoir  à  ses  côtés,  afin  de  lui  ins- 
pirer de  fi'icheux  pressentiments.  D'un  bond,  je  me  trouvai 
près  de  lui;  aussitôt  les  courtisans  se  pi'écipilèrent  sur  moi, 
et,  me  frappant  des  pieds  et  des  mains,  cherchèrent  à  m'ar- 
racher  du  trône.  «  Ce  n'est  pas  ainsi,  leur  dis-je.  que  nous 
traitons  vos  envoyés;  si  j'ai  lait  une  faute  ou  une  sottise, 
vous  ne  devez  pas  m'en  punir,  car  les  ambassadeurs  sont  à 
l'abri  de  pareils  outrages.  »  Le  roi  médit:  «  Désirez-vous  que 
nous  traversions  le  Heuve,  ou  voulez-vous  le  traverser?  — 
(l'est  nous  qui  passerons  sur  celle  rive,  >>  répondis-je.  Lors- 
que l'armée  arabe  eut  opéré  le  passage,  les  Persans  s'atta- 
chèrent par  lrou[)cs  de  cin([,  six  et  sept  boiumcs,  aiin  de 
se  rendre  la  liiiU;  inqxissihie.  Voyant  (|ue  nous  nous  avan- 
cions pour  les  serrer  de  près  el  couper  leur  armée  en  deux, 
ils  se  mirent  en  niouvcnuMil.  Mogaïrah  dit  a  Nômàn  :  "  L'en- 
nemi s'avance  et  maiche  à  noire  icnconlre,  (\uc  ne  donnes- 
tn  le  signal  fie  l'allafitM':'  »  Nnniàn   lui  K'pondil  :  ■  Tu  es  un 


234  LES  PRAIRIES  D'OR. 

*.Sj..aûàJ|   JjM^  rkr'  ^4-'J>  (j*«»-fw.-j5  Jjj^J  ^s^  j.IaJol  jl^jJi 

|,»\»aJ_5  lkXM*.Mi>  <JI  ^>-JI  wLàÀAAi  i^AjlXj)  Ul^j  l.4ii&,A,\J^  AXrs-lj»- 
4Xj>-Î   (^  Jvrs>i    0jj,Aj  iij  i^X.5-ls  iiXJl'AJi   ^::ijjJi  tiU  ,X5».>Xaw 

AaA*  ovajU  JJlAoa  Jb  ^^*3  J^î  (J^  (jA-UJl  tKî-_5  tK^3  A£ji 

bon  capitaine  et  tu  as  servi  sous  le  Prophète;  tu  sais  que 
lorsqu'il  n'engageait  pas  l'action  au  lever  du  jour,  il  atten- 
dait que  le  soleil  fût  sur  son  déclin  et  que  le  vent  se  levât; 
c'est  alors  que  i  a  victoire  descendait  du  ciel.  «Puis  il  ajouta  : 
«J'agiterai  trois  fois  mon  étendard;  au  premier  signal, 
chaque  soldat  satisfera  ses  besoins  et  fera  ses  ablutions;  au 
second,  il  examinera  les  courroies  de  ses  sandales  et  cein- 
dra ses  armes;  quand  je  lèverai  l'étendard  pour  la  troisième 
lois,  élancez-vous  au  combat;  que  nul  devons  ne  s'occupe 
du  sort  de  son  compagnon ,  ni  même  de  Nômân ,  s'il  est  lue. 
Quant  à  moi,  j'adresse  à  Dieu  une  prière  pour  i'accom- 
plissement  do  laquelle  j'adjure  chacun  de  vous.  O  mon 
Dieu!  ajouta-t-il,  accorde  à  Nômân  de  goùler  le  martyre  au 
sein  de  la  vicloire,  et  fais  triompher  les  Musulmans!  »  L'ar- 
mée ayant  répondu  amen,  il  agita  trois  fois  l'étendard,  jeta 
sa  cuirasse  et  se  précipita  dans  la  mêlée,  suivi  de  l'armée 
entière.  Il  fut  tué  le  premier.  Mâkil  racontait  :  «  Je  courus 
auprès  de  Nômân,  et,  comn)e  il  semblait  me  faire  signe  de 
ne  pas  demeurer  auprès  de  lui,  j'avertis  ses  écuyers,  alin 
de  reconnaître  l'endroit  où  il  était  tombé.  Le  combat  reprit 


CHAPITRE  LXXVI.  235 

>l-A.. (}-■>>  *i  #\_XJ  y^  ^jv.-:*.U4i.  ji  W_JJ  /O-gJO  cV^^iJl  Ux^L 
pi     lw\4_C    yU^Àjl     JwJi     ^4^    J^    »^^    pi     ti'     5jAa«;I^    (J^HS» 

ii!  AAj  lilj  a_y;>.^^ij  t-jUS'-îuj  ki^  ^  cxJlij  c_>U5'(iJ4XÀ* 

avec  fureur.  Dou'l-djinaheïn  eut  le  ventre  ouvert,  et  tomba 
de  la  mule  grise  qu'il  montait.  Lorsque  Dieu  eut  accordé  la 
victoire  aux  Musulmans,  je  revins  auprès  de  Nômàn  et  me 
penchai  sur  lui;  il  lespirait  encore.  Je  pris  une  crucbe 
d'eau  et  lui  lavai  le  visage;  il  me  demanda  qui  j'étais. 
><  Màkil  ben  Yacar,  >•  lui  répondis-je.  II. me  dit  :  «  Comment 
Dieu  a-t-il  traité  les  Musulmans?  —  Il  leur  a  accordé  la  vic- 
toire. —  Qu'il  soit  béni  mille  fois!  ajouta  Nômân;  écrivez 
celte  heureuse  nouvelle  à  Omar,  ■>  et  il  rendit  le  dernier  sou- 
pir. Que  Dieu  lui  fasse  miséricorde! 

L'armée  se  rallia  eiisuilo  sous  les  ordres  d'EI-Achâl,  fils 
de  kais.  On  demanda  à  l'épouse  de  Noniân  si  son  mari 
avait  laissé  un  lest.iment  ou  un  écrit  (luelconquc  Elle  ré- 
|)ondil  (|u'elle  avait  une  lettre  de  lui  dans  un  colTre;  on 
l'ouvrit,  el  on  lut:  «Si  Nômàn  est  tué,  le  commande- 
ment |)assera  à  un  tel;  si  ctilui-ci  est  lue,  à  lel  autre,  el 
ainsi  de  snile.  »  Ses  ordies  lurent  (îxcculés,  el,  grâce  à  Dieu 
le  lout.-])uissani ,  les  'Musulmans  icmpnrlérenl  une  victoire 
érialanle.   Tel   lui    !.•  lésidl.il   (le    l;i    |.,il;ullc   de  Néliavvcnd  , 


236  LES  PRAIRIES  D'OR. 

(^«X)c«  /wj  jjy-Sj   ^jl.r«.x-Âj!    A.^A^  vy^.j   ^3^i*.   dUui^  (jv^AWkii 

J^j    Là^L^I     ilÀ^^    UAi>l_j.£l    yUwy*    ji^   Jb    *>>.)>>     yJ    ^£    (^ 

où  les  Persans  avaient  réuni  des  forces  considérables.  Les 
Musulnians  y  perdirent  un  grand  nombre  des  leurs,  entre 
autres  Nômàn  ,  Amr,  fils  de  Mâdi-Karib,  etc.  On  montre 
encore  leurs  tombeaux  :  ils  sont  à  une  parasange  environ 
de  Néhawend,  entre  .cette  ville  etDinawer.  Pour  le  détail  de, 
cetle  bataille,  voyez  nos  ouvrages  précédents. 

Au  rapport  d'Abou  Mik|inef  Lout,  fils  de  Yahia  ,  lorscjue 
Anir,  lils  de  Mâdi  Karib,  se  rendit  de  Koufah  auprès  d'Ouiar, 
ce  dernier  lui  demanda  des  renseignements  sur  Saad,  fils 
<rAbou  Wakkas.  Amr  en  fit  le  plus  grand  éloge.  Aux  ques- 
tions du  khalife  sur  l'armement,  il  répondit  ce  qu'il  savait. 
Omar  lui  dit  ensuite  :  «  Parle-moi  de  ta  propre  tribu ,  les  Be- 
nou-Madhidj. —  Inlerroge-nioi  sur  chacun  d'eux  à  ton  gré, 
répondit  Anii\  —  Parle-moi,  dit  Omar,  des  Olah,  fils  de 
Djeld.  »  —  Amr  reprit  ainsi  :  «  Ce  sont  les  champions  de 
notre  honneur,  les  médecins  de  nos  maux,  l'élite  de  notre 
noblesse,  toujours  prompts  à  l'atlaiiue  et  les  derniers  dans  la 
déroule.  Le  sabre,  la  lance  et  la  lil>éralité,  voilà  leur  affaire. 


ClIAPITHE  LXXVI.  237 

:>lj.i    »-:^AJL)!   U  Jl?   Uw^AJ;    wA-^^J    Uw_jjij  bls^l^   Uu».>-    U.»Iàgi 

cjbii)!  (j~IàJ1^  o*!^'  (^  i_^lJiJ  ,j*ljJl  /fr.^jv£  oJLv  _^_5  Ci.rS'*»; 

Jla  (ji'X-iè  ^jS-  j;-S^U  Jt-  i>^yJ!  i  îy-^j  iU*Jl  I^A«l^  Jli 
jj^j-vAiajy  jUJJL  (jjjj^j  jU^  Uy^  cX^'  tM>'j  cM^Ï    «"Uji 

—  Que  laisses  tu  alors  aux  Saad  el-Achirah? demanda  Omar. 

—  Ils  sont  les  pins  grands  d'entre  nous,  les  plus  généreux 
et  les  plus  braves  de  nos  chefs.  —  Que  laisses-tu  aux  Mu- 
rad?  reprit  Omar.  —  A  eux  les  plus  vastes  tentes,  les  meil- 
leurs pâturages,  la  renommée  la  plus  lointaine;  ils  sont 
aussi  nobles  que  bienfaisants,  et  leurs  prouesses  les  couvrent 
de  gloire.  —  Parle-moi  des  Benou-Zobeid,  demanda  le  kha- 
life. —  Nous  sommes  heureux  de  les  compter  parmi  nous. 
Tous  ceux  que  tu  interrogeras  te  le  diront:  LesZobeïd  sont 
la  tête  et  les  autres  hommes  la  (jueue.  —  Parle-moi  des 
Tayi.  —  On  les  cite  pour  leur  générosité;  mais  ils  ne  vien- 
nent qu'après  les  (trois  grandes)  familles  arabes.  —  Et  les 
Benou-Abs.'^  —  Grosso  enflure  et  queue  traînante  (proverbe). 

—  Et  les  Ilimyarites?  —  Ils  se  repaissent  de  clémence  et 
boivent  à  une  source  linqiide.  —  Parle-moi  des  kendiles.  — 
Us  gouvernent  leurs  esclaves,  et  étendent  au  loin  leur  puis- 
sance. —  Et  les  Bcnou-IIamdàii?  —  Ce  sont  les  fds  de  la 
nuit,  les  héros  des  grandes  actions;  ils  défcndoiil  leurs  voi- 
sins, protègent  leurs  c.Henls  et  poursniv(.'nl  le  cours  de  leuis 


238  LES  PRAIRIES  D'OR. 

A.-r,A-w*J   UJ    iijUj    Jl^   tilA^^yî    Jlî    i4&lj.iw    ^£    ^3»jLifclj   Jlï    iij^î 

(j..  Ul  Jljj   sLiiJo  yl   dL*,îl  (jàxjî  <-^x^i  (^\s  Jlï  ^j-*^  (*^"^J 

vengeances.  —  Et  les  Benou-Azd.^  —  Les  premiers  d'entre 
nous  par  la  naissance  et  par  l'étendue  de  leurs  possessions. 
—  Et  les  Benou-Harit,  fils  de  Kaab.^  —  Hommes  de  j^uerre 
et  de  rapine;  la  mort  vole  au  bout  de  leurs  lances.  —  Et 
les  Benou-Lakhm?  —  Les  derniers  au  partage  des  biens,  les 
premiers  en  face  de  la  mort.  - —  Et  les  Benou-Djodam.^  — 
Vieilles  têtes  de  femmes  aiix  cheveux  gris,  mais  hommes 
de  parole  et  d'action.  —  Et  les  Gassanides?  —  Des  rois 
dans  les  âges  d'ignorance,  des  étoiles  dans  l'islam.  —  Parle- 
moi  des  Aws  et  des  Khazradj.  —  Ce  sont  les  auxiliaires  du 
Prophète,  les  plus  puissants  et  les  plus  i^edoutables  parmi 
nous.  Leur  plus  bel  éloge  est  dans  cette  parole  de  Dieu  : 
"  Ceux  qui,  avant  eux,  ont  habité  sa  demeure  et  accepté 
l'islamisme,  etc.»  [Koran ,  chap.  lix,  vers.  9.)  —  Et  les 
Khozaïtes?  —  Nous  partageons,  avec  les  Rinaniles,  leur 
noble  origine;  mais  leurs  victoires  sont  à  eux  seuls.  »  Le 
khalife  lui  demanda  ensuite  :  «  Quels  sont  les  Arabes  que 
lu  aimerais  le  moins  à  avoir  pour  adversaires?  »  Amr  répon- 


CHAPITRE  LXXVI.  239 

^  f  i) 

ii-ÀAAft^  J^wUaJl  Qjji>«lx»  Uftijj»-  Ut  Jii  U£>î*XAi  (j^_j  Uûlwj^ 
t^w*-A_x_J|   S^-JL-ijw  liû|*Xxft  U!_5   (^^^JS    c_>l.^^  /jj  K^'j.A   /y^ 

iL~=»-lj    IgXoi^     l^AÏ    Jlî    4>JiJ_j     i_À.Àj     \^X» 

dil  :  «Dans  ma  tribu,  Wadiàh  issu  de  Ilanidàii;  OlaïF  chez 
les  iVlourad ,  El-Harit  chez  les  Madhidj  ;  dans  la  tribu  de 
Maadd,  Adi  chez  les  Fezarali;  Mourrah  chez  les  Dobiân  ; 
Kilab  chez  les  Aaiir,  et  Cheibân  parmi  les  Bckriles,  fds  de 
Waïl.  Cependant,  si  je  lançais  mon  cheval  au  milieu  des 
citernes  de  Maadd,  je  ne  redouterais  l'attaque  d'aucun  des 
leurs,  à  l'exception  des  deux  hommes  libres  et  des  deux 
esclaves.  —  De  qui  veux-tu  parler?»  demanda  Omar.  Amr 
reprit  :  «  Les  deux  hommes  libres  sont  Amir,  fils  deTofaïl, 
et  Oyaïnah ,  fils  de  Harit,  fils  de  Ghihab  le  Témimite;  les 
deux  esclaves,  Antar,  des  Benou-Abs,  et  Soleïk  el-Motakib. 
—  Père  de  Tawr,  dit  alors  Omar,  dépeins-mni  la  guerre.  » 
Amr  sourit  et  dit  :  «Tu  t'adresses  à  un  homme  qui  la  con- 
naît. Par  Dieu,  émir  des  croyants,  alors  qu'on  retrousse  sa 
robe  (pour  combattre),  la  guerre  est  un  breuvage  amer. 
Celui  qui  lient  ferme  se  couvre  de  gloire,  celui  ([ui  faiblil 
est  un  homme  mort.  Un  poète  l'a  bien  décrile  dans  les  vers 
suivants  : 


240  LES  PRAIRIES  D'OR. 

Jji — g— =?-  J^  W-^-*!^^  j*^y^"        ii-A_A.*  y_j-^  ^  Jji   t->* =i 

j^aX^   c:>ii  J.AS  ^jy^  c:^,ilfi         l^^L,.^  V*^^  '^^■^^  ^■^ï  ^5'^^ 

La  guerre  est,  au  début,  une  belle  jeune  fille  dont  la  parure  éblouit 
l'ignorant. 

Mais  lorsque  sa  colère  s'allume  et  lance  des  flammes,  c'est  une  vieille 
femme  condamnée  au  veuvage  ; 

Une  mégère  aux  cheveux  rares  et  grisonnants,  à  l'aspect  hideux,  dont 
l'odeur  et  les  baisers  inspirent  le  dégoût. 

Interrogé  sur  les  armes.de  guerre,  Amr  répondit  de  son 
mieux;  mais  il  se  servit  par  mégarcle  de  l'expression  :  Que 
la  mère  ait  la  chance  de  te  perdre!  »  Omar  leva  son  fouet 
sur  lui  en  disant  :  «  Que  cette  chance  soit  pour  ta  propre 
mère!  En  vérité,  j'ai  bonne  envie  do  te  faire  couper  la 
langue.  —  Le  respect  dû  à  ton  rang  m'oblige  à  me  courber 
devant  toi,  »  répondit  Amr,  et  il  s'éloigna  en  lécitant  ces 
vers  : 

Pourquoi  me  menacer?  Vis-tu  au  milieu  d'un  luxe  royal,  comme  Dou- 

Rodïn  ou  Dou-Nowas? 

Combien  de  rois  puissants  ,  de  despotes  superbes  el  cruels 

Se  sont  réveillés  seuls  et  abandonnés,  errant  misérablement  de  tribus 

en  tribus  ! 


CHAPITRE  LXXVI.  241 

j**-jî  ^j— S   ^jl^  *Xij    <Xi^i    j^  aK^Ïs^    AAXd)l::i    ^j^j^^ij   J.Aâiî 

^  Liû;L-<_i».i^  Vj»;-^  Sj^'*^^  -"-^jW;  J^^^  viUi  »Xjij  lyj 

^^w  'Xjj  I    «Xa^j  ^aJ    J^Aifc.    S  Jvjw>   jj  C--v>- wi».  dXAAÏ    I  tXi»-  )  Ifo 
\-^f-i\    c<s  !>yS.   o»-iS-^3^   -JUij   wS  JUi   5L-»v  U_j,i   Ijv-»jIî  iijlÀj 
'^.«jtjj   LH^  ^"^^    c-jLaJ»^   sLiSv^  UjtXij   lijijjs^  c:Aji>jL;  »iw»»i 

Ne  te  laisse  pas  éblouir  par  Ion  pouvoir  :  toute  royauté  s'évaiiotiit,  après 
avoir  brillé  un  instant. 

Le  khalile  s'excusa  en  disant  :  «.le  n'ai  aj^i  de  la  sorte 
qu'afiM  de  te  convaincre  que  l'islam  renferme  plus  de  no- 
blesse et  de  respect  que  l'âge  d'ignorance.  »  Puis  il  le  traita 
publi(|uemeut  avec  de  gfands  égards,  et,  s'étant  concilié  peu 
à  peu  ses  bonnes  grâces,  il  se  plut  à  lui  faire  raconter  les 
guerres  et  les  évéoenienls  mémorables  de  l'époque  anté- 
islamique.  11  lui  demanda  un  jour:  «  Amr,  avant  la  venue 
de  l'islam,  la  peur  t'a-f-elle  jamais  fait  prendre  la  fuite,  en 
présence  d'un  ennemi?  —  Oui.  répondit-il,  par  Dieu,  je 
ne  me  suis  jamais  permis  un  mensonge  dans  l'âge  d'erreur, 
à  plus  forte  raison  ne  me  le  permellrai-je  point  depuis  que 
je  suis  musulman  :  je  vais  donc  le  raconter  une  aventure 
(jue  je  n'avais  jamais  divulgtiée  a  personne  avant  loi.  Je 
partis  un  jour  avec  (juelques  cavaliers  des  Benou-Zobeïd  , 
poui  faire  une  incursion  sur  le  ferrifoire  des  lîcnou-Kina 
nali.  Nous  reuconiràmes  un  ramp^-mcut  déjeunes  femnies.  " 
IV.  i6 


242  LES  PRAIRIES  D'OH. 

^^  JL«.^  A-'i'u   i>î_;-«î   îii_5  «^j-A-vJ!    ij-»  iiJk^Jwo  yfe^   (^y-Ji 

\y<yj^'  ^  (iS^^^  cxJJij  t^::>\_^\  I Js-iù  ^  c^iij  (^  fjj}j!  l^ 
bî  iilî  L-*AA,^»  cjtkAff  C5^-*"  '3^y^  "-^^  (C-'  (♦^j'  4^^»^^  Wt-*^ 
,}^j«Xj   (Jvj    ^jLa.a«^   aKjù  v_jL*.ais?   c_><X^i    os-iJi   w^^-oi  f»^^^>~^ 

Omar  lui  ayant  demandé  comment  il  avait  sa  que  c'étaient  des 
femmes,  Amr  reprit  :  «  C'est  que  je  vis  des  sacs  de  voyage, 
des  vases  pleins  d'aliments,  des  tentes  en  cuir  rouge  et  de 
nombreux  troupeaux.  Après  nous  être  assurés  de  notre  cap- 
ture, je  me  dirigeai  vers  la  plus  grande  de  ces  tentes,  qui 
était  un  peu  à  l'écart.  Elle  abritait  une  femme  d'une  rare 
beauté  ,  couchée  sur  un  tapis.  Dès  qu'elle  m'aperçut,  moi  et 
mes  cavaliers,  elle  fondit  en  larmes.  Je  lui  en  demandai  la 
cause  :  Ce  n'est  pas  sur  mon  sort  que  je  pleure,  me  répon- 
dit-elle; non,  je  pleure  de  rage,  en  pensant  que  mes  cou- 
sines ont  échappé  à  la  captivité  dont  je  suis  victime.  Je 
crus  qu'elle  disait  vrai,  et  lui  demandai  où  étaient  ses  cou- 
sines. —  Là-bas,  dans  cette  vallée,  me  dit-elle.  Aussitôt  je 
recommandai  à  mes  compagnons  de  demeurer  tranquilles 
jusqu'à  mon  retour,  j'éperonnai  mon  cheval  et  grimpai  sur 
le  sommet  d'une  colline.  J'aperçus,  près  de  là,  un  jeune 
homme  aux  cheveux  longs,  aux  sourcils  épais,  qui  raccom- 
modait ses  sandales;  son  épée  était  devant  lui  et  son  che- 
val à  ses  côtés.  A  ma  vue,  il  laissa  son  ouvrage,  se  leva 
sans  le  moindre  trouble,  prit  son  sabre  et  grimpa  sur  une 


CHAPITRE  LXXVI.  2^3 

Jk  A  ^   «Jl   wJàJ   Lfcsj   *-*ÀJ'  (^  Lij^^^    *.>.!5Aw*w   Js.=wl;  iÙijjS^ 

Jyu  yib^  (Sy^  J^'  ^-^^vs*  '^■*-^ 

UftliÛi)   (j-«    i^yS-^l    tâj***    '^^*-*^  \^\ys-   tj.4    [•^■^^    t5^*^^    j' 

^"  uVj  ^  14^  i-Aill       U^l_i^:>  \:,jj\  J_^L  ^^  j_^ 

Jyb  yûj  JsAkil  ^Aj  Ifc^  ts*^  i^c  «-^vy^l 

hutte.  Voyant  que  sa  demeure  était  cernée  par  mes  cava- 
liers, il  s'approcha  de  moi,  en  chantant  ces  vers  : 

Aprfes  qu  elle  a  livre  sa  boiiclie  à  mes  baisers,  et  qu'elle  m'a  revêtu  de 
son  maateau,  je  dis  : 

Je  saurai  barrer  le  chemin  à  ceux  qui  ont  cerné  sa  lente.  Que  je  vou- 
drais connaître  celui  qui  a  osé  lui  tendre  un  pi(^ge.  eu  ce  jour! 

Je  courus  à  lui  et  lui  répondis  : 

C'est  moi,  Amr,  qui,  en  dépil  de  ses  relus,  lui  ai  tendu  ce  piège,  moi 
et  mes  cavaliers;  c'est  moi  qui  posséderai  désormais  ses  faveurs. 

Ml  je  m'élançai  sur  lui  au  galop;  mais,  se  dérobant  avec 
l'agilité  d'un  chat,  il  évita  le  choc.  A  son  tour,  il  .se  jeta  sur 
moi,  le  sabre  à  la  main,  et  me  l)lessa.  Je  me  relevai  et  l'at- 
taquai do  nouveau;  il  para  le  coup,  se  retourna  sur  moi, 
me  désarçonna  el  m'arracha  ma  lance  des  mains.  Je  me 
remis  en  selle  et  m'avançai  sur  lui ,  il  me  dil  alors  : 

M). 


244  LES.  PRAIRIES  D'OR. 

r»<X.5j  (^^'f^-i   (^y>*-£  (j^  j-*^^         /i<\-A-J)   i_j~^  ^i    Js.-A-ffi  bi 

>o j_A_Ji   Jl__X_i  J^_J^^Î   ^i>    ^^1   bi 

•      ^^'      t"iyiij     l_i»      (^^J. ^      4^ * •^J     (J^ 

ttT^   /<sJ  t4^-=»>i   ^>j.-MS    ^j^Aii  ^^  J..^  *.5  ^*  ^î^  ^t^ 


Je  suis  Obeïd  AHali,  celui  dont  on  vante  les  qualités,  le  meilleur  des 
êtres  qui  marchent  sur  la  terre.  Je  guéris  mon  ennemi  de  tous  ses  maux 
(je  le  tue). 

Je  l'attaquai,  en  répondant  par  ces  vers  : 

Je  suis  le  fils  de  celui  qui  offre  des  liolocaustes  (à  la  Mecque) ,  pendant 
les  mois  sacrés,  le  fils  du  chef  qui  porte  une  couronne  et  qni  immole  des 
victimes. 

Quiconque  ose  m'attaquer  périt  comme  a  péri  Ireni ,  et  je  laisse  sa 
chair  exposée  sur  l'étal  du  boucher. 

11  évita  encore  mon  atteinte,  se  retourna  et  me  frappa 
de  nouveau,  en  poussant  un  grand  cri.  Émir  des  croyants, 
Dieu  m'est  témoin  que  je  crus  ma  dernière  heure  venue 
inévitablement,  et  j'éprouvai  une  terreur  telle  que  personne 
ne  m'en  avait  inspiré  jusqu'alors.  «Qui  es-tu?  lui  dis-je, 
puisse  ta  mère  pleurer  ta  mort!  Nul  jusqu'ici  ne  m'a  tenu 


cil  APITHE  LXXVI.  2^5 

oeil  Jo  JUi  A.x.j^^  a;^  -yt)^  1^  jj^j^  a.*^*jUj  ^_)L^:)i 
Ul_j  JlJLi  <-j^-^s  ^^>y>,x^  ^jj  ^ji  bl  cu.J»i  JjcA;j5  iJI^  (j)-s==^ 

iCr^U-  dUJI  J.^ycl_5  cyj^^  3I  ^î  L  ov3i_5  ^^^Jl   cxJU  (jl. 

J  Jjjjy-j  ^^  (^y^s>~\js^  (^wCs»-j.>  Jo  3I  ^j|  L  oJjii  ji*«^i 
♦Xi^l  ^  AjUxj   Jsoà-U  Axe  (^yj  ^r».   ^fi  oiS'U   4XJi_^  Jli 

L^-fcUo  (;^;a^  J_>^^;^i  bî_j  ^  iil  Lo^AAi!^  soy,  i  ^.Xaj 

tète,  excepté  Aiiiir  ben-Tofaïl,  ù  cause  de  son  orgueil,  et 
Amr  ben-Koltoum,  à  cause  de  son  âge  et  de  son  expé- 
rience. »  Il  me  répondit:  «  Dis-nioi  toi-niéme  qui  tu  es,  si 

tu  ne  veux  mourir.  —  Je  suis  Anir,  fils  de  Màdi  Karib. 

Et  moi  Rébyâh,  (ils  de  Mokaddam.  —  .le  repris  :  Choisis 
une  de  ces  trois  choses  :  ou  le  combat  au  sabre  nu,  jusqu'à 
ce  que  le  j)lus  faible  succombe,  ou  une  lulte  corps  à  corps, 
ou  la  paix.  Mais  toi,  fils  de  mon  frère,  tu  es  jeune  et  (a  tribu 
a  besoin  de  tes  services.  -  Tu  es  encore  plus  nécessaire  à  la 
tienne,  dit-il,  choisis  toi-même.  •■  i  optai  pour  la  paix.  Alors 
il  me  dit  de  descendre  de  cheval.  «Fils  de  mon  frère,  lui 
répondis-je,  lu  m'as  fait  deux  blessures  qui  m'empêchent 
de  mettre  pied  à  terre.  ••  —  Anir  ajoutait  :  «  Rébyàh  n'eut  de 
cesse  que  je  ne  fusse  descendu.  Il  saisit  mon  cluîval  par  la 
bride,  mit  ma  main  dans  la  sienne  et  me  conduisit  dans  sa 
tribu;  je  le  suivis  en  traînant  le  pied.  Dès  (jue  mes  compa- 
gnons me  virent,  ils  galopèrent   à   ma    reuronlre;  je  leur 


246  LES  PRAIRIES  D'OR. 

Jljjj    (jl    JsAii     <.J    /0-4J»-<i    4^i-^    CUaXJ\<'   4MÎ^    45-*^»    AJtAj^     'j-^l^'.^ 

aM|_j  CJk..#»«i2J  *X_jj.J>  ^«X-Jt  wA»t  ^_j*X;^  iiij'l::^!  J^xJ  5«JJ  b 
<XXAjj    L   CAiXJij  AjL«  I^K    Ur  l^,«Jâ£)^   ^^ÀJ   «X^»-t  (e*^-^'^  ^    |*_^aJS 

CA.^LJL»  JV-J   C^^*-    ^*-*  ^ÂAAàx|^    45^-*  A«*»'>J'_5    *-iAAw  c;*»X.afc.i^ 

(JAiU-ii     ^^X^_^     iilfiJi     CiJ^ls»-     UAAMk^i     li^À     V^■^^    IàaA£    l^iMyMS^ 

U  L.^_Aà-XJ  t^*XÂ&  ^j'^_j''J  ^5  J»*  iajs  l^i^j!  ^   c^A-Xi  J_j-^=I 

criai:  Restez,  restez!  Ils  se  retournèrent  contre  Rébyâh; 
mais  il  s'élança,  comme  un  lion  furieux,  les  sépara  et  revint 
de  mon  côté  en  me  disant  :  «  Amr,  sans  doute  tes  compa- 
gnons ont  d'autres  projets  que  les  tiens.  »  Je  me  tus,  et  per- 
sonne n'osa  répondre,  tant  la  valeur  de  Rébyâh  les  avait  éton- 
nés. Rompant  en  (in  le  silence  :  «  Rébyâh ,  fils  de  Mokaddam, 
m'écriai-je,  leurs  intentions-sont  pacifiques.  »  Je  voulais,  en 
le  nommant,  le  faire  connaître  aux  miens.  A  son  tour,  il 
leur  dit  :  «  Que  voulez -vous  de  moi?  »  Ils  lui  répondirent  : 
«  Que  pourrions-nous  vouloir,  après  c[ue  tu  as  blessé  le  pa- 
ladin des  Arabes  et  que  tu  l'as  dépouillé  de  ses  armes  et 
de  son  cheval?  »  Nous  le  suivîmes  jusqu'à  ce  qu'il  mît  pied 
à  terre.  Sa  compagne  se  leva  et  vint  lui  essuyer  le  visage  en 
souriant.  Puis  il  fit  égorger  un  chameau  et  dresser  des 
tentes  pour  nous.  Le  soir,  les  pâtres  revinrent,  conduisant 
des  chevaux  tels  que  je  n'en  avais  jamais  vu.  Il  remar- 
qua mon  étonnement  et  me  dit  :  <  Comment  trouves-tu 
ces  chevaux?  Je  n'en  ai  jamais  vu  d'aussi  beaux.  »  Il 
ajonla  :   ..  Si  j'on  possédais  fpiclquo's-uns,  je   ne   ferais  pas 


CHAPITRE  LXXVI.  2^7 

«XÀi-li  <!09fci  «Xj:>LiLo  ,i  ajU-j  <^  j^^  U^^'='  ^^-^  "^^^  *tL^ 
/jl^  *»■-*■*-?;  wlJJi  /^^-f^  f»kXSv^  Qj  -^"^J;  *îv-*i  »Xifc.lj  <c~j^jCU^ 
^jLà-»«(  >,Vo  ^  <îui»j  iSy^  U^j"^  (^  t*vXlaJ|  i  «r^^r*  ♦^VS*J  j-*^ 
1^  <\.À_Aji.IàJI  /j-i  cK-=»-  rr-^  l?  <J^  «J^^i  j.LàJ  Us»  *ji^  (^i»- 

«jlil!  ^_juk2j!  4X3  Jli_5  j».^  v_jtij.»  ii)-i  oLil  ^1  Ui  (J  i_>.Aj  ^i 
BwJ^  ^^-^A£  Js.*^  iLx.^j  Aj  v_jii^  ijî  /vjÎ  L»  <J  v_Ài  UùUj   (^^ 

un  long  séjour  en  ce  monde.  «  Cette  répartie  me  fit  rire, 
et  mes  compagnons  gardèrent  le  silence.  Nous  restâmes 
ses  hôtes  pendant  deux  jours,  puis  nous  prîmes  congé  de 
lui.  " 

Longtemps  après  cette  aventure,  Amr,  fils  de  Mâdi  Ka- 
rib,  fit,  avec  les  plus  braves  de  sa  tribu,  une  excursion 
chez  les  Benou-kinanah;  il  s'empara  d'un  riche  bulin  et  de 
la  femme  de  Rébyâh,  fils  de  Mokaddam.  Ce  dernier  n'était 
pas  loin,  et  fui  informé  de  ce  qui  venait  de  se  passer.  Il  se 
met  aussitôt  à  leur  poursuite  sur  un  cheval  nu,  et  n'ayant 
d'autre  arme  qu'une  lance  sans  fer.  Il  atteint  Amr  et  le 
somme  de  lui  rendre  sa  prisonnière;  Amr  ne  répond  pas; 
une  seconde  sommation  reste  encore  sans  réponse.  Rébyâh 
lui  demande  :  «  KsI-ce  moi  (pii  soutiendrai  le  premiei- assaut, 
ou  bien  toi?»  Amr  s'arrête  et  répond  :  "  On  est  juste  envers 
les  Bcnou-Knrat  quand  on  les  frappe  (proverbe  cpii  revient 
à  :  Je  suis  ton  égal).  McIs-IdÎ  en  garde,  fds  d(;  mon  frère.  > 
Hébyâh  se  lient  sur  la  déléusive,  «M  son  adversain;  fond  sur 
lui  on  chantant  : 


248  LES  PRAIRIES  D'OR. 

yl^-tf^i    «JaJli».    *>0    Ajl    ^j.li   iiî    4J-i>-   AA^fi  J-t»^   >i   \^ÀJyi 

Je  suis  Abou  Tawr-,  je  sais  arrêter  mon  cheval  sur  une  pente  escarpée; 
la  vanité  et  ie  mensonge  ne  se  trouvent  pas  en  moi. 

Je  combats  à  outrance,  alors  que  les  yeux  s'injectent  de  sang  et  que  la 
crainte  de  mourir  épouvante  les  guerriers. 

On  me  voit  déchirer  tes  cottes  de  mailles  ù  coups  de  sabre. 

Tandis  qu'il  croyait  avoir  percé  Rébyâh  de  sa  lance,  ce- 
lui-ci se  pencha  sur  sa  selle,  de  sorte  que  le  fer  ne  fit  qu'el- 
lleurerle  dos  de  son  cheval.  A  son  tour,  il  fondit  sur  Ainr 
<[ui  l'attendait  de  pied  ferme,  et  lui  dit  : 

Je  suis  le  jeune  Kinaiiicn,  cl  je  dis  sans  vanité  :  Que  de  lions  ont  fui 
épouvantés  en  me  voyant! 

Et  il  le  frappa  à  la  tèle,  du  bois  de  sa  lance ,  en  ajoUtanl  : 
"  Voilà  pour  toi,  Âinr;  si  je  ne  regrettais  de  tuer  un  honinie 
tel  que  toi,  tu  ne  vivrais  plus.  —  Un  seul  de  nous  deux 
sorlira  d'ici,  s'écria  Anii,  niels-toi  en  garde!  »  Il  courut  sur 
lui,  la  lance  en  arrél.  Uebyàh,  évilanl  le  coup,  se  coucha  si 
lestement  sur  son  cheval  que   le  fer  glissa  sur  la  croupe. 


CFlAi>irhE  LXXVl.  2li9 

iUili  _5^5  l»   J-.'îJi   Uû.Xiw  jlï  K^  Uàjl   *-*vJ^   ^J"^v  ^/-A*  ^^j 
wliJ  l^  *^j  ^^  <\A^3_^jb  i^xXC  ^jl^  8j|jjl    ^^  (j-«  1>U^ 

<..>_ji_«w_j   A_iL_\— w   j,  ^^i)î   cji^JLi   <-^}j   «Xa]  ^^^  jj^^  /e~^ 

Jli       «-«^  Ji  :>Uij  ii^r^Àxli^  AJJ^^t  ■J^aaoj  «Xi^l^  i^  \^j^aJ>\s 

Alors  il  selanca  et  frappa  de  nouveau  son  adversaire  à  la 
tète,  en  lui  disant  :  «  Amr,  voilà  encore  pour  loi,  mais  je 
ne  te  ferai  pas  grâce  plus  de  deux  fois.  »  En  même  temps 
sa  femme  lui  cria  :  «Ton  fer  de  lance,  et  que  Dieu  le  pro- 
tège! »  Rébyàh  lira  du  fond  de  sa  ceinture  un  fer  de  lance, 
(}ui  brillait  comme  un  jet  de  flamme,  et  l'ajusta  au  manche. 
Amr  vit  ce  mouvement,  et,  se  rappelant  les  deux  coups  as- 
sénés avec  le  bois  de  l'arme,  il  lui  dit  :  «  Rébyàh,  reprends 
tout  le  butin.  ■>  Rébyàh  lui  répondit  :  «Laisse-le  et  va-t-eni 
—  Comment,  dirent  alors  les  Renou-Zob(>ïd ,  nous  aban- 
donnerionsle  bulin  à  ce  jeune  liomme?  —  Par  Dieu,  s'écria 
Amr,  j'ai  vu  la  mort  sanglante  au  bout  île  son  arme;  j'ai 
entendu  le  grincement  du  fer  lorscpj'il  l'ajustait  au  bois.  » 
Les  Benou-Zobeïd  reprirent  :  «  l'uisscnt  les  Arabes  ignorer 
(pi'une  troupe  de  /obcicliles  commandés  par  le  lils  de  Màdi 
Karib  a  laissé  son  bulin  enire  les  mains  d'un  ennemi  aussi 
jeune!  »  Amr  leur  répondit,  «Vous  ne  sauriez,  lui  résister, 
car  je  ne  lui  connais  pas  de  rival;     fl  il  s'éloigna  avec  les 


250  LES  PRAIRIES  D'OR. 

-tt^i^  <-jj*^^  ci)^^-«  (j^j.aaS'j^  ^ïL^*^b  r*^-^^'  tJ'  iiAX^l4 

siens.  Quant  à  Rébyâh ,  il  reprit  sa  femme  ainsi  que  le  butin 
abandonné,  et  retourna  dans  sa  tribu.  >■ 

Les  expéditions  entreprises  par  Omar,  fils  de  Khattab, 
avant  fislam ,  contre  des  rois  arabes  ou  étrangers ,  en  Syrie 
et  en  Irak;  ses  guerres  après  sa  conversion;  son  histoire; 
les  beaux  traits  de  son  gouvernement;  les  événements  con- 
temporains de  son  règne;  la  conquête  de  l'Egypte,  de  la 
Syrie,  de  l'Irak  et  d'au  1res  contrées,  tout  cela  a  été  déve- 
loppé dans  nos  Annales  historiques  et  notre  Histoire 
moyenne.  Voilà  pourquoi  nous  n'avons  donné  ici  que  les 
lails  principaux,  omis  dans  nos  ouvrages  précédents. 

Le  secours  vient  de  Dieu  ! 

CHAPITRE  LXXVII 

KIIAMFAT   D'OTMÀN,   FILS   IVAFFÀN.  (QuC   DicU  f  agrÔC  !  ) 

Olmân  lui  proclamé  un  vendredi,  le  premier  de  la  lune 
de  moharrom,  on   la  dernière  nuit  de  don'l-hiddjeh ,  l'an 


CHAPITRE  KXXVII.  251 

j^i     ^j~»    C^-AJa «0    'WV—*-J     i>J**^    (^^^    d-'^i     /yJy^g^    «Ji>5^'    Xi.4»» 

^i    LjyXx»  »_.UjiiJl^  ^^^  j,ij   ^i    *Xxt  j,L   (J^-3  o'>À>»  vXxfc 

-'  I» 

«Xa^    /yj     t_,sAX^     (vJ     «jlsï-     /w)    VJ*3     Ci^Àj    <^%)1     A.*)^    4Mi     <Xa^ 

vingt-trois  de  l'hégire;  selon  d'aulres,  le  douze  de  dou'l- 
hiddjeh  de  l'an  trente-cinq.  Il  y  a  encore  d'antres  opinions 
sur  la  date  de  son  avènement;  nous  y  reviendrons  plus 
tard;  mais  constatons  qu'il  eut  lieu  dans  le  mois  de  dou'l- 
liiddjeli.  La  durée  totale  de  son  règn(;  lut  de  douze  ans, 
moins  huit  jours.  Il  fut  tué  âgé,  dit-on,  de  ([uatre-vingt- 
deux  ans  (!t  fut  enterré  à  Médine,  dans  le  Ilachli-Kmokah 
(jardin  de  l'Etoile). 

SA   GÉNÉALOGIK;   IlKSUMl'.   DE   SON    IIISTOIHE    KT   HK   SA   VIE. 

Otmàn  était  lils  d'.\iràn  ,  (ils  d'Abou'I-Assi,  lils  d'Omeyah, 
lils  d'Ahd  Chems,  Dis  d'.Mjtl  Menai".  Il  avait  deux  noms  pa- 
tronymiques :  Ahou  Ahd- Allah  et  Abou  An)r;  mais  il  était 
plus  connu  sous  Ir  premici  de  ces  surnoms.  Sa  mère  se 
nommait  \r\va,  IHIc  de  Koreïz.  lils  de  Djahii',  lils  de  Habib, 
lils  d'Abd  (lliems.  Il  t'ut  de  sa  lemmc  r»(»lva\ali,  lillc  (\{\ 
frophofr,  deux  lils:    Abri    \lhli  l'aîu*-.   <>l    \l>d   Allah  le  se- 


252  LES  PRAIRIES  D'OR. 

<XAJ^Ji_j   «XxXau^    k>s.jUw^  ij^'i   (û»*'*'»*   ^'   '-^^'^J    CXÀj    J^j    Wv-*^ 

J-sr  «X_*  Jj^a»-!  tjfj-^^  yyî  tj^  ^i^ia-5' ^-^^i-^  ^jj>>Ji  ^^i.^' 

(jl^    èLjjVx^  ^J^J)  J,  ,_V-A^_5  i^-^'^  J_jc»-1  <Xax.»«  (jfe^  l^iù^i^ 
(jj-^-s^  ^■^^  *^5  J«-^Ï5  ijy^^   '^y^i  v|>"*^  (_Aa-l*»  «XAj_y!t 


cond.  Ses  autres  enlants  furent  Abàu,  Khaiid,  Saïd,  Walid, 
Mogaïrah ,  Abd  el-Mé!ik ,  Oumni-Abân ,  Oumm-Saïd ,  Oumm- 
Amr  et  Aichah.  Abd  Allah  Taîrié  dut  à  sa  beauté  et  à  sa 
grâce  le  surnom  de  Mouirif  (le  rare);  il  est  cité  pour  le 
nombre  de  ses  mariages  et  de  ses  divorces.  Abàn,  qui  était 
lépreux  et  louche,  a  donné  plusieurs  traditions  aux  doc- 
teurs de  l'école  traditionniste;  il  gouverna  la  Mecque  el 
d'autres  villes,  sous  les  Merwanites.  Saïd  était  louche  et 
d'un  naturel  sordide;  il  lut  tué  sous  le  règne  de  Moàwiah. 
Walid  était  adonné  au  vin,  prodigue  et  insouciant;  le  jour 
où  son  père  fut  assassiné,  on  le  trouva  ivre,  le  visage  rasé 
et  couvert  de  fard.  Abd  Allah  le  jeune  parvint  à  l'âge  de 
soixante  et  seize  ans;  il  eut  les  yeux  crevés  par  un  coq  et 
mourut  de  cette  blessure.  Abd  el-Méiik  mourut  jeune,  sans 
laisser  de  postérité. 

Otmân  était  généreux  et  bienfaisant  à  l'extrême;  jiarenls 
ou  étrangers,  tous  avaient  part  à  ses  dons  et  à  ses  faveurs. 


CHAPITRE  LXXVII.  253 

i^^    AKxÀj     i^^bj     XXÀjjXd    SyA^£.    JjÛ)     (j~t   yA.'ÀS^    aJ  Lj    ^Jl-Lw^ 

4XJi    *X_*^  ^^.^s i_j    ivÀJvXiL   b^Afiij    w^^^J    ^\y*\    <^^iJCJs!^    wCjJtîl_j 

^i!^  xcUaï?  «Vptfvi^  /^i  wiJl   s^ij  jUj:>  w*Ji  ii_>U^  ^jyjtJ:^ 

tjl*)l^  jV-^LJ)    ^4^-S?   ^jUtvAjj   ^jvaAj^   (JVjwo!    ÀÀ.W  _j^j   CiOifcJl 

Ses  agents  et  un  grand  nombre  de  ses  contemporains  sui- 
virent son  exemple  et  imitèrent  sa  conduite.  Il  fit  bâtir  à 
Médine  un  hôtel  en  pierres  et  en  ciment,  dont  les  portes 
étaient  en  bois  de  teck  et  de  cyprès;  il  acquit  aussi  dans  la 
même  ville  des  propriétés,  des  jardins  et  des  sources.  Au 
rapport  d'Abd-Allah,  fils  d'Olbah,  le  jour  où  le  khalife  fut 
assassiné,  son  trésorier  avait  en  caisse  cent  cinquante  mille 
dinars  et  un  million  dedirhems.  Ses  fermes,  à  Wadi-el-Kora, 
à  lioneïn,  etc.  valaient  cent  millo  dinars,  sans  compter  un 
nombre  considérable  de  chevaux  et  de  chameaux.  Sous  son 
règne,  les  compagnons  du  Propbète  acquirent  des  maisons 
et  des  terres.  Ainsi  Zobeïr,  lils  d'el-Awwam,  se  lit  bàlir,  à 
Basrah,  un  hôtel  qui,  aujourd'hui,  en  trois  cent  trente-deux 
de  l'hégire,  existe  encore  et  seit  de  demeure  aux  mar- 
chands, aux  banquiers  et  aux  expéditeurs  du  Babreïii  et  de 
divers  pays.  Il  Ql  bàlir  d'autres  maisons,  à  Koufah,  à 
Foslat  et  Alexandrie;  ces  maisons  et  ces  fermes  v  sont  con- 


254  LES  PRAIRIES  D'OR. 

iC«5j  Jyk*  v_x5lj  ^J*»j  v_XÎi^j_yJ  v_>.Xài.^  ^\,àj6  v_àjI  (jv^^T 

jvxj  xXj^  /AxJi  (j^  »l-i  o^i  »)-i*f^  ^)-^«j  ^^^  *ij  (j*ir*  *^^ 

j_^  J>x>-^   Liùlwwii  j-^_j_5  ^-f^-*^  J*;^  (jj-^**''^  «t^^'^  O^^^  ù} 

nues  jusqu'à  ce  jour,  et  personne  n'en  ignore  l'origine.  A 
sa  mort,  il  laissa  des  propriétés  valant  cinquante  mille 
dinars,  mille  chevaux,  mille  esclaves  des  deux  sexes,  et  de 
vastes  terrains  dans  les  villes  que  nous  venons  de  nommer. 
Talhah,  fils  d'Obeïd  Allah  et-Teïiiii,  bâtit  à  Koufah ,  dans 
le  quartier  de  Konaçah ,  l'hôtel  nommé  de  nos  jours  Maison 
des  Talhites.  Ses  terres  d'Irak  lui  donnaient  un  rendement 
de  mille  dinars,  ou  même  davantage,  par  jour;  son  domaine 
de  Cherat  produisait  plus  encore.  11  se  fit  construire,  à  Mé- 
dine,  une  maison  en  stuc,  en  briques  et  en  bois  de  teck.  Abd 
er-Rahman,  fils  d'Awiez-Zohri,  fit  bâtir  une  maison  d'une 
étendue  considérable;  il  avait  au  piquet  cent  chevaux  de 
prix  et  possédait  mille  chameaux  et  dix  mille  brebis;  le  quart 
de  sa  succession  s'élevait  à  quatre-vingt-quatre  mille  dinars. 
Saad,  fils  d'Abou  Wakkas,  bâtit  à  ei-Akik  un  hôtel  haut  et 
vaste,  dont  le  sommet  était  couronné  de  pavillons.  Saïd, 


CHAPITRE  LXXVII.  255 

».xn*ns^  lji^»*.oj  t^ljl^^  Uûp^X*!  ^^  Jo»>j  iUjiXi!   (j><  JW«i 

jJî  j-Aoe  i  dlJi  JJï^  (^jXj  ^^  A^L»!  ^  Jî^^il  (j^  JiXë  Uo 
^3-»jl^^5  =:^  xJLo  Àib^isy  iks^S^  »iUs-  c-ol^  Jo  cjliail  ^î 

fils  de  Moreïb,  rapporte  que  Zeïd,  fils  de  Tabit,  laissa  eu 
mourant  des  lingots  d'or  et  d'argent  qu'on  fendit  à  coups 
de  hache,  indépendaïunient  de  ses  terres  et  de  ses  lernies, 
qui  valaient  cent  n)ille  dinars.  El-Mikdad  se  fit  construire 
à  el-Djourf,  à  quelques  milles  de  Médine,  un  palais  sur 
nfonlé  de  pavillons,  et  couvert  de  sluc  à  rextérieur  et  à 
l'intérieur.  Yàla,  fils  de  Mounyah,  laissa  en  mourant  cinq 
cent  mille  dinars  en  espèces,  de  nombreuses  créances,  des 
inmieubles  et  d'autres  biens  pour  une  valeur  de  trois  cent 
mille  dinars.  Il  nous  serait  facile  de  citer  d'autres  exem- 
ples, qui  prouvent  combien  la  richesse  s'était  accrue  sous 
le  règne  d'Otmân.  Qu'il  y  a  loin  de  là  aux  mu'urs  simples 
et  droites  et  à  la  vie  au  grand  jour  d'Omar,  fils  de  Khattab! 
«Ce  khalife,  faisant  le  [)èl('rinage,  dépensa  seize  dinars  poui 
l'aller  et  le  retour,  ce  qui  ne  l'empêcha  pas  de  dire  à  son 
fils  Abd  Allah  :  «  Nous  avons  fait  de  folles  dépenses  durant 
ce  voyage.  « 


256  LES  PRAIRIES  D'OH. 

(_g«X_j».t    <\_À_Aw   ij  di._Ji_j  (r^^3  (^}  M-^  <>w.4Xahi  ii.àfc>jL>  J^a^I 

i^yjL^  O^*?   slsC^^  (j^**^   5iX.«.^  AÀ^  a.^jUm.j  iià^Mi   »X>U«*a> 

b^5i>  (j,.^^^  (j-^^  ^AÀ.5»-  ^JJ  (jUvfi^  iyî.«*^  yj  *vMl  js.Aff' 

L'an  vingt  et  un  de  l'hégire,  la  population  de  Koulah 
ayant  porté  plainte  contre  son  gouverneur,  Saad,  fils  d'Abou 
Wakkas,  Omar  chargea  Mohammed,  fils  de  Maslamah, 
client  des  Benou- Abd-el -Achhal ,  de  procéder  à  une  en- 
quête. Mohammed  incendia  la  porte  dn  château  de  Koufah 
où  se  tenait  enfermé  le  youvernear;  il  le  fit  conduire  dans 
les  mosquées  de  la  ville  et  procéda  à  l'interrogatoire.  Les  uns 
déposèrent  en  sa  faveur,  les  autres  contre  lui;  quoi  qu'il  en 
soit,  il  fut  destitué.  (Sous  le  règne  d'Otmàn,)  Ammar,  fils 
de  Yaçir,  fut  nommé  gouverneur  de  la  frontière  de  koufah; 
Otuiân,  fils  de  Honaïf,  eut  la  perception  de  l'impôt;  Abd 
Allah,  fils  de  Maçoud,  le  trésor  public.  Ce  dernier  fut 
chargé,  en  outre,  d'enseigner  au  peuple  le  Koran  et  les  pré- 
ceptes de  la  loi  religieuse.  Chaque  habitant  de  Koufah  dut 
payer  un  mouton  par  jour.  La  ville  et  ses  dépendances' 
furent  divisées  en  deux  circonscriptions ,  dont  l'une  lui 
donnée  à  Ammar,  lils  de  Yaçir,  et  l'autre  partagée  entre 
Ahd  Allah,  fils  de  Macoud ,  et  Otn)àn  .  fils  de  Honaïf.  Kst-co 


CHAPITRE  LXXVII.  257 

t^  aÎI$  yl^^  *;^.^^  (j^  »Uj^  AÀjJsll  /wc  Ajj^  t^*^'  /ftjtA.» 

A_jLv<X_3    x._^   i^y-Uii   (j&    vXAJjJt    (jl    ^^^j  Lv  ^^   «Xaxaw  iCji'^jj 

i  JlJr   3i_jî    J»_*-ij    A.J<Xyjl    yi    ^^vX^jI   jb^   ^*Jj'    /o»^    ij^*^ 

Omar  qui  aurait  choisi  de  tels  hommes  ft  adopté  des  me- 
sures aussi  funestes?  L'oncle  d'(3tmân  .  el-Hakem,  fils 
d'Abou'1-Assi,  le  même  que  l'apôtre  de  Dieu  avait  chassé  de 
Médine  et  banni  du  territoire  sacré,  Merwân  ,  son  fils,  et 
d'autres  membres  de  la  lamille  des  Omeyades  avaient  cir- 
convenu le  khalife.  Au  nombre  de  ses  principaux  agents 
se  trouvaient,  à  Koufah,  Walid,  fils  d'Okbah,  fils  d'Abou 
Vîoait,  à  qui  le  Prophète  avait  prédit  qu'il  serait  damné;  en 
Kgypie,  Abd  Allah,  fils  d'Abou  Serh;  en  Syrie,  Moâwiah, 
(ils  d'Abou  Sofiân;  et  Abd  Allah,  fils  d'Amir,  à  Basrah. 
Mais  Waiid,  (ils  d'Okbah,  fut  exclu  du  gouvernement  de 
Koufah  et  remplacé  par  Saïd,  fils  d'el-Assi.  D'après  ce  que 
l'on  raconte,  voici  quelle  fut  la  cause  d(^  cette  mutation  : 
Walid  avait  passé  la  nuit  entière  à  boite  avec  ses  compa- 
gnons de  débauche  et  ses  (hauteurs.  Le  lendemain  matin, 
au  premier  appel  du  mue/.zin,  il  sortit  dans  une  tenue  dé- 
braillée, s'avança  vers  le  mihrab  pour  y  faire  la  prière  du 
matin  et  récita  quatre  oraisons  avec  les  fidèles;  puis  il  leur 

IV.  1 7 


258  LES  PRAIRIES  D'OR. 

4-» il*  JoUJI  i  j^  ^jl(5  \j.A^\  UAc3  UJI^  UJi  dU*j  ^^  iil 
Jjwiw  IajIaJ  i^IajU  tX*"*^;?  ^^  "f-y*^-  ^y^  J^ji-j^i 

demanda  :  «En  voulez-vous  encore?»  ou,  selon  un  autre 
récit,  il  resta  longtemps  prosterné  et  dit:  «A  boire,  verse 
encore  !  »  Un  de  ceux  qui  étaient  immédiatement  derrière  lui , 
sur  le  premier  rang,  lui  dit:  «  Ne  va  pas  plus  loin,  et  que 
Dieu  cesse  de  t'accorder  ses  bienfaits!  En  vérité,  une  seule 
chose  m'étonne,  c'est  que  l'on  ait  choisi  un  homme  tel  que 
toi  pour  être  notre  gouverneur  et  notre  général  !  «  Ces  pa- 
roles furent  prononcées  par  Attab,  fils  de  Gaïlân,  des  Be- 
nou-Takif.  Poursuivi  parla  foule  indignée,  qui  lui  jetait  des 
cailloux  ramassés  dans  la  mosquée,  Walid  rentra  dans  son 
château,  d'un  air  courroucé,  et  en  nmrmurant  ces  vers  de 
Tabbata-Charran  : 

Je  ne  suis  plus,  comme  jadis  à  Aïda,  privé  de  vin  et  de  chanteuses;  je 
ne  suis  plus  éloigné  des  plaisirs,  comme  dans  l'aride  Safa. 

Ici  je  plonge  mon  corps  dans  cette  boisson  délicieuse  et  je  marche  en 
public,  en  laissant  flotter  mes  vêtements. 

Le  poète  Abou'l-Hotayah  a  dit,  à  propos  de  cette  aventure 
de  Walid  : 

Moi  Hotayah,  lorsque  je  paraîtrai  devant  Dieu ,  j'attesterai  que  Walid 
est  bien  digne  d'excuses. 


CHAPITRE  LXXVII.  259 

<^*X_j   U^  iX^i-'  *Jo*>^ll        1 — g_j5\ — «  ci^jf  J«.i^  ^ib 


Alors  que  l'ivresse  le  privait  de  sa  raison,  il  cria  à  la  fin  de  la  prière  : 
«En  voulez-vous  encore?» 

Il  voulait  prier  de  nouveau!  Si  l'on  te  l'avait  permis,  ô  Walid,  tu  au- 
rais joint  les  matines  aux  vêpres. 

On  t'a  serré  la  bride  au  niilien-de  ta  course;  mais  abandonna'  à  toi- 
même  tu  serais  allé  loin! 


La  conduite  scandaleuse  de  Walid  sehruita  dans  Kou- 
fah;  ses  débauches  et  son  ivrognerie  y  devinrent  manifestes. 
Un  jour,  j)lusieurs  Musulmans  firent  irruption  dans  la  mos- 
quée, et  parmi  eux  Abou  Zeïneb,  fils  d'Avvf  el  Azdi,  et 
Djoundab,  fils  de  Zobeïrel-Azdi.  Ils  le  trouvèrent  étendu  sur 
son  trône  et  abruti  par  l'ivresse:  ils  ne  parvinrent  pas  à  le 
réveiller  et  fureut  souillés  par  le  vin  que  sa  bouche  reje- 
tait. Alors  ils  lui  ôtèrenl  l'anneau  du  commandement,  al- 
lèrent en  toute  hâte  à  Médine  et  attestèrent  en  présence 
d'Olmân  que  leur  gouverneui  buvail  du  \in.  Le  khalife  leur 
demanda  comment  ils  pouvaient  le  savoir,  ils  répondirent  : 
«Oui,  c'est  bien  le  même  vin  ({uc  nous  buvions  avant  l'is 

'7- 


260  LES  PRAIRIES  D'OR. 

.  itij  <jL«v«ft  ^jlî  ii.A<aJUL  âi»^A.~fc.lî  A..OJ  VS'^  ^'*j'>j  S*XA*  (j-« 
^<wj  U  ^jl->«\.i  ^  JUii  ij«xil  c:*.Xiajl_j  i)^4*;Jl  ciotii  Jyb 

j,  ^>-^  1^3  «X^  AaXc  ov-it  <Ji-^  *.**ÀJ  0.,£  ^lj'>^  x*^^  *"^=t"^ 
(jL«L*  J.Jli  ii^  J»Xj  ^_j  \a1£.    'S>\^^1\   Ulïls  l^Ui   «>w|j"î' 

j^  »X_iwl  *._À— *  A_XjL.JL!  (jU^uff  t^xiijiJ  Uiyj  *,aXc  *K:<i  iColil 
i-,»«=^U7   L>  Jlï^    *X-aJ^Î   aa^   ^^■^  J<^^s\   ^s9   *.À^  bij  ]oj.Jt*J! 

lam,  »  et  ils  donnèrent  à  Otinân  l'anneau  qu'ils  avaient  re- 
tiré du  doigt  de  Walid.  Olmân  les  injuria,  leva  la  main 
sur  eux  et  les  chassa.  Ils  allèrent  aussitôt  chez  Ali  et  lui 
racontèrent  ce  qui  venait  de  se  passer.  y\li  courut  chez 
Otniân;  il  lui  reprocha  d'avoir  repoussé  les  témoins  et  violé 
les  dispositions  de  la  loi  pértale.  Otmân  le  consulta  sur  celte 
affaire.  «  Mon  avis,  reprit  Ali,  est  que  tu  dois  faire  venir  ton 
agent  :  si  ses  deux  accusateurs  persistent  dans  leur  déposi- 
tion contradictoirement,  et  si  le  défendeur  n'allègue  au- 
cune excuse,  tu  es  obligé  de  le  punir  selon  la  loi.  »  En  con- 
séquence, Walid  fut  mandé  en  piésence  du  khalife;  accusé 
de  nouveau  par  ces  deux  hommes,  il  ne  donna,  en  faveur  de 
sa  conduite,  aucune  raison  valable.  Otmân  jeta  son  fouet  à 
Ali;  celui-ci  dit  à  son  (ils  Haçan  :  «Charge-toi  de  lui  ap- 
pliquer la  peine  prononcée  par  Dieu.  »  Mais  Haçan  pria  son 
père  de  charger  de  ce  devoir  un  de  ceux  qui  assistaient  à 
l'audience.  Ali,  voyant  que  personne  n'osait  porter  la  main 
sur  le  coupable,  dans  la  crainte  d'irriter  Otmân  ,  dont  il  était 


CHAPITUE  LXXVII.  261 

*<^^— ^-J  '>^J_j-ij)   J^j       ^i_»~^  J^iw^j  jji   4Mi   ^^J».   5^-*3  i^-^*** 
'^'**^  U^   jj   ^'j   ^^^'    Js-AX*»,  J^swi  It^  o^^l    (JJ    -^AJt^ 

«^Xji  j_j^I  AÀ^  ««-^^^^  Àij.Mb   »Xaa*«  |»IjI  cxA*3j|   Li».i       ^•*'»«=-j 

le  proche  parent,  saisit  le  fouet  et  s'approcha  de  VValid. 
Celui-ci,  en  le  voyant  s'avancer,  l'insulta  et  le  traita  de  publi- 
cain,  Okaïl,  lils  d'Abou  Talib,  témoin  de  cette  scène,  dit  à 
VValid:  "  Fils  d'Abou  Moaït,  tu  t'exprimes  conimesi  tu  avais 
oublié  dou  lu  sors;  n'es-tu  pas  un  étranger,  un  honmie  de 
Safouryah?  »  C'est  le  nom  d'un  village  {Sephoris,  Diocésarée) 
entre  Akka  et  el-i.adjoun,  du  district  du  Jourdain,  dans  la 
Tibériade.  On  prétend,  en  eU'et,  que  son  père  élait  un  juif 
originaire  de  cette  bourgade.  Walid  chercha  à  s'échapper; 
mais  Ali  le  saisit,  le  terrassa  et  leva  son  fouet  sur  lui.  Ot- 
inân  s'écria  :  •■  Tu  n'as  pas  le  droit  de  le  traiter  de  la  sorte.  » 
«  Si  (ait,  répliqua  Ali,  et  plus  durement  encore  à  cause  de 
ses  crimes  et  de  son  refus  de  se  soumettre  à  la  loi.  »  Le  gou- 
vernement  de  Koufah  fut  alors  donné  à  S.iïd,  lils  d'el-Assi. 
Celui-ci,  à  son  arrivée  dans  cette  ville,  ne  voulu!  monter  en 
chaire  qu'après  l'avoir  fait  laver,  on  disant  que  W  alid  (ilail 
un  homme  souillé  et  impur. 

Cependant,  au  bout  de  queUjue  tenqis,  ceiiains  actes  de 
l'adininislralion  (!<■  .Said  excitèrent   le  inéiniilcnlcnH'/it  dii 


262  LES  PRAIRIES  D'OR. 

^j_j  JJU  ^^_5  ^^iil  ^  JUi  ji*J^  (:J?rlai.  >l^*Jl  I *X^  U' 
yS\j^^  \jJy^  JiMûj  UaA*  aMI  *lji  U  Jjt^\  ^^.^s^î  c>^ii 

peuple.  On  l'accusait  d'accaparer  les  biens,  et  d'avoir  dit  ou 
écrit  à  Otmâu  que  le  Sawad  était  la  propriété  des  Koreï- 
chites.  EI-Achter,  dont  le  vrai  nom  est  Malik ,  fils  d'el-Harit 
en-Nakhâyi,  lui  fit  des  reproches  à  cet  égard:  «  Crois- tu 
donc,  lui  dit-il,  qu'un  pays  placé  par  Dieu  à  l'ombre  de  nos 
sabres  et  sous  la  protection  de  nos  lances  n'est  qu'un  jar- 
din pour  toi  et  ta  tribu?  »  EI-Achter,  accompagné  de  soixante 
et  dix  cavaliei's  résidant  à  Koufah,  vint  se  plaindre  à  Otmân 
des  méfaits  de  son  agent  et  demander  sa  déposition.  Les 
jours  se  passaient  sans  que  le  khalife  prît  une  décision,  et 
les  délégués  attendaient  encore  à  Médine,  lorsque  dilTérenls 
gouverneurs  arrivèrent  auprès  d'Otniâu.  Parmi  eux  étaient 
Abd  Allah,  fils  de  Saad,  fils  d'Abou  Scrh,  gouverneui 
de  l'Egypte;  Moâwiah,  qui  venait  de  Syrie;  Abd  Allah,  fils 
d'Auiir,  de  Rasrah ;  Saïd,  fils  d'el-Assi,  de  Koufah.  Lf  kha- 
life les  lotiiit  longtemps,  sans  leur  permettre  de  retourner  à 
leur  poste,  ne  pouvant  se  déterminer  ni  à  renvoyer  Saïd  ;i 
Koufah,  ni  à  le  rlestituor    CopfndanI  do  tous  les  cnlf-s  arri- 


CHAPITRE  LXXVII.  263 

^fl.t.»-4  jy->uii\   SAlxj^   ^\j  jM^ fjy^^,   J^Ua^L   (j^  ^| 

^1   jXjI  ,  ^Ijtîi   (jjJ  Os-wc»»i  Jb_5  S^-îV^  ^^ys  iL«l*AS  J.^lc  tK.fr 

lilî   «X_^_iî  Jl  2;/'-=^  U^^-*-''  O^  ^^  xJU^  J-f^*^  -Woli 

vaient  des  lettres  pleines  d'accusations;  partout  on  se  plai- 
gnait du  déficit  de  l'impôt  et  de  l'abandon  des  frontières. 
Otrnân  réunit  les  gouverneurs  et  les  consulta.  Moâvviahprit 
le  premier  la  parole  et  assura  qu'il  était  satisfait  de  ses 
troupes.  Abd  Allab,  (ils  d'Amir,  (ils  de  Koreïz,  dit  :  «Que 
8aïd  s'occupe  du  gouvernement  dont  il  est  chargé  ;  moi,  je 
réponds  du  mien.  »  Abd  Allah ,  fils  de  Saad,  fils  d'Abou  Serh , 
fit  lemarquer  que  la  destitution  d'un  agent  et  son  rempla- 
cetnient  par  un  autre  étaient  des  mesures  d'une  minime  iin- 
porlance.  Enfin  Saïd,  fils  d'el-Assi,  s'adrcssaul  au  khalife, 
lui  dit  :  «  Si  tu  cèdes,  désormais  le  peuple  dekoulal»  nom- 
mera el  déposera  les  agents  à  son  gré;  depuis  longtemps 
déjà  on  s'attroupe  dans  la  mosquée  pour  y  tenir  de  vains  pio- 
|)0s  et  de  futiles  discours.  Enrôle  les  séditieux  dans  les  corps 
expéditionnaires,  afin  qu'ils  ne  songent  pins  cpià  monter 
à  cheval  et  à  cond)attre.  ■•  Amr,  fds  d'el-Assi,  entendit  ce  pro- 
|)0s  el  se  rendit  dans  la  mosquée,  où  Talhah  el  /obéir  se 
tenaient  assis  dans  un  coin.  Ils  l'appelèrent  el  lui  denum- 
dereiil   quelles   iiouvt'Ilf.s   il  apportait:  •Mauvaises,    s'écria 


264  LES  PRAIRIES  D'OR. 

<_jL-A— V_i  LaI^à.  ^lo  Ià^  U^  aJ«aav  -<^_^  ^Aw.j  U5  Jsjij  ^1^ 
2fii  ^Ud  l^J^À-i  AxÀ^I  (i^ùs».  «i^i  J!  a:i:aa*^ j.^JàJî  (-AAojJ^ 
L^.€UfcJià  UJi  (jv.M*^  UyÀ^  «Xi».i^  j^  A_À)»wlî  J^i  u-i^l  iùU 
^^  J^Jl  (♦xL»lc  yU  «Xxj  Ul  Jlï  ^S'  «.Ài;  AjtAijli  MJsS.  ^  «îotA^^j 

Amr,  ii  n'est  pas  de  disposition  injuste  qui  ne  soit  adop- 
tée. »  El-Achter  arriva  en  ce  moment;  on  lui  dit  :  «  Le  gou- 
verneur dont  vous  avez  fait  le  panégyrique  vous  est  rendu  ; 
il  a  l'ordre  de  vous  enrôler  et  de  vous  traiter  de  telle  et 
telle  façon.  —  Par  Dieu,  répliqua  el-Achlei',  nous  sommes 
venus  l'accuser  et  non  pas  faire  son  panégyrique!  Le  pour- 
rious-nous,  nous  (.[ni  sommes  ses  accusateurs?  Dieu  sait  que 
si  je  n'avais  pas  épuisé  mes  ressources  et  éreinté  mon  cheval , 
j'arriverais  avant  lui  à  Koufab  et  l'empêcherais  d'y  entrer]  » 
Ses  deux  interlocuteurs  lui  dirent  :  «  Nous  pourvoirons  à 
tes  dépenses  de  voyage.  — Soit,  reprit  el-Achter,  avancez- 
moi  cent  mille  dirheuis.  »  Chacun  lui  en  donna  cinquante 
mille.  11  partagea  cette  so:nme  entre  ses  compagnons,  cou- 
rut à  Koufah ,  avant  l'arrivée  de  Saïd ,  monta  en  chaire ,  l'épér 
suspendue  à  son  cou.  la  détacha  et  dit,  après  les  |)rières 
d'usage  :  «  Le  gouverneur  dont  la  tyraunie  et  les  mauvais 
procédés  vous  avaient  révoltés  vous  est  rendu;  il  vient 
vous  enrôler  dans  les  corps  rxpédilionnaires.  \utoris('/-moi 


CHAPITRE  LXXVil.  265 

*^-*î>*>vJLl   <Jt   iJ^-Aa-jj  jj<ÉL  6jj^\i  iùaiijj  I*Ka*^  ,JA»  a.5^ 

■*^^— ^1     (J-«    y>— «V*    y-C    J._)*X^    (Jjiv^i^j     iijJS.**^    /jj     ^1     tXAt 

à  lui  refuser  l'entrée  de  la  ville.  »  Dix  mille  habitants  de 
Koulah  le  déléguèrent  à  cet  efTet.  Aussitôt  el-Achler  se  mit 
à  la  tête  d'une  troupe  des  Benou-Taliif  et  prit  le  chemin  de 
Médine  ou  de  la  Mecque.  Il  rencontra  Saïd  à  Wakicah,  l'in- 
forma de  ce  qui  arrivait,  et  lui  fit  reprendre  la  route  de 
Médine.  En  même  temps  il  écrivit  à  Otn)àn  :  «  Dieu  sait 
qu'en  interdisa(!t  à  ton  agent  l'accès  de  Koulah  notre  but 
n'est  pas  de  soulever  contre  toi  une  de  tes  provinces;  nous 
voulons  seulement  nous  (lélivrci-  des  mesures  iniques,  des 
violences  et  des  tourments  dont  nous  étions  victinies. 
Donne-nous  le  gouverneur  (|u'il  le  plaira  de  désigner.» 
Le  khalife  leur  répondit  (ju'ils  de\aienl  chercher  leur  an- 
cien gouverneur  nommé  |)ar  Omar,  et  lui  obéir,  (^e  gou- 
verneur n'était  autre  qu'Abou  Mouca  el-Achàri ,  et  il  fut 
proclamé. 

Ij'an  trente-cin((  île  l'hégire,,  le  mécDntcntemcnt  s'accrui 
contre  le  khalife.  On  lui  reprochait  dillércnles  cboscs  :  par 
exemple,  ses  procédés  à  l'égard  d'Abd  \llali  bcn  Maçoud, 
(pii   lui  .iliciH'i  ciil    les    l'xiion    liddcd.    Ifs   pinpos    violents 


266  LES  PRAIRIES  D'OR. 

^    X-aJLX    (^i     <X_A_JjJi    J^XS    kiUi     (j^^    aK-CS-I     (j-t   yUvft    /yff 

j  «<,  ,1a  *  }  o;>*J  Àj^ii^Jl  ;j>«  ^l55^  ci>ylAisl3  j.j^l  (j.«  Lfiî^j! 

*..«.-«*.=»•  (JV.J  ^ij_Jj_J  J^^^j  (jj"-»-*  't^'**  (*-'  ^j-^^  CiT*  ^r^3  *^ 

.Xa*a*«o  Jjt^  j^ij^li   «-.otS    ^j    <_>«XÂr=-   («■•(/-•^  ^JJ"^^^*^   iiijiîî 

tenus  par  Ammar,  fils  de  Yaçir,  qui  déterminèrent  la  défec- 
tion des  Benou-Makhzouni;  enfin,  le  scandale  commis  par 
Walid,  fils  d'Okbah,  dans  la  mosquée  de  Koufah.  Walid 
avait  été  informé  qu'un  juif  nommé  Batrouni,  habitant  le 
village  de  Zorarah ,  dans  la  banlieue  de  Koufah ,  près  de  Djisr- 
Babel,  s'occupait  de  sorcellerie,  de  fantasmagorie  et  d'opéra- 
lions  magiques;  il  le  fit  appeler  dans  la  mosquée.  Le  juif 
évoqua  différentes  apparitions  en  sa  présence;  pendant  la 
nuit,  il  fit  apparaître  un  roi  de  grande  taille,  monté  sur  un 
cheval  qui  galopa  au  milieu  de  la  cour  do  la  mosquée.  Le 
sorcier  se  transforma  lui-même  en  chamelle  et  marcha  sur 
une  corde;  puis  il  montra  à  Walid  un  fantôme  d'âne,  entra 
clans  sa  bouche  et  sortit  du  côté  opposé;  il  coupa  le  cou  à  un 
liOMime  et  sépaia  la  léte  du  Ironc;  ensuite  il  fit  tourner  son 
sabre  sur  le  mort  et  le  ressuscita.  Au  nombre  des  habitants 
de  Koufah,  témoins  de  ce  spectacle,  se  trouvait  Djoundab, 
(ils  rlo  Kaab  rl-Azrli.    Il  invoqua  Dieu  contre  les  malélices 


CHAPITRE  LXXVII.  267 

JJsLaJI  ^>~*j^  (3^  *^-  u\i^  Xi«Xj  ^  X4wl^  ci^jiii  Aj»-» 
<_>vXÀs-  jl^  Ijl^  yl^  iiUi  y!  JwÇj  Oo^  ^^^^  (J^  tMsW   y' 

Ji   ^i^w^J  <x— «l_A_ï  Jl  yl^Jl  jXj^  *^-^=s^  aKjcï  iljlj  <îu*Aji 

L-U-i  A^jL-aJ^Î   (j-«  <i^   (j-^  jJtXJl^   4>!!    &\ai}y>  î  y>^   JJi 

de  Satan  et  contre  ces  opérations  étrangères  à  la  puissance 
divine.  Convaincu  qu'il  y  avait  là  de  la  magie  et  de  la  fan- 
tasmagorie, il  tira  son  sabre  et,  d'un  seul  coup,  abattit  la 
tète  du  sorcier  en  disant  :  «  La  vérité  est  venue,  et  le  men- 
songe s'est  évanoui,  car  le  mensonge  n'est  qu'uni?  ombre 
{Koran,  xvii,  83).  ■■  Selon  une  autre  version,  la  scène  se 
passait  en  plein  jour;  Djoundab  courut  au  bazar,  prit  un 
sabre  chez  un  armurier,  revint  à  la  moscjuée  et  coupa  la 
tête  du  juif  en  disant  :  «  S\  lu  lais  vraiment  des  miracles, 
ressuscite-toi!"  VValid,  furieux,  voulait  faire  périr  Djoun- 
dab; mais  les  Benou-Azd  l'en  empêchèrent.  Alors  il  l'empri- 
.sonna  avec  l'intention  d'employer  la  ruse  pour  s'en  défaire. 
Vers  la  lin  de  la  nuit,  le  geôlier  s'approcha  de  Djountlab  et 
lui  dit  de  prendre  la  fuite.  «On  le  fera  mourir,»  observa 
Djoundab.  •  Peu  m'importe,  répli(|ua  cet  homme;,  je  veux 
mériter  la  gràc(;  de  Dieu  en  délivrant  un  (\v  .ses  saints.  "  Le 
lendemain  njatin ,  V\alid,  décidi-  a  laire  périr  le  |)risonnier, 
l'envoya  qnéiir  :  nn  ne  Ir  lrnn\a  plus.  Le  geôlier  interrogé 


268  LES  PRAIRIES  D'OR. 

JL-wLjLML*     XaL^Sj    ij\.:É^\     ^jJ<£.    i-J>jMli    ^^J-^    &jJ)^\s   yl^S^Ji 

vx*!  U  ii  «-*J"^  jU*  SwLjii  (3-=»-  *-6>9  ij~»^  ^^  ^  U-*  f*S?b'   U^"*^ 

ayant  avoué  que  Djoundab  avait  pris  la  fuite,  on  lui  trancha 
la  tête  et  son  corps  fut  pendu  dans  le  quartier  de  Konaç.ih 
(la  voirie). 

On  reprochaitaussi  à  Otmân  sa  conduite  à  1  égard  d'Abou 
Derr.  Dans  un  conseil  auquel  ce  personnage  assistait ,  Olmân 
lit  cette  question  :  «  Celui  qui  paye  la  dîme  a-t-il  des  droits 
sur  ses  autres  biens?  —  Emir  des  croyants,  répondit  Kaab, 
il  n'en  a  pas.  »  Abou  Derr  frappa  Kaab  en  pleine  poitrine, 
et  lui  dit  :  «  Tu  en  as  menti,  fils  de  juif!  «  Puis  il  récita  le 
verset  :  «  La  verlu  ne  consiste  point  en  ce  que  vous  tourniez  vos- 
visages  du  côté  du  levant  ou  du  couchant,  etc.  »  [Koran,  II, 
17. T.)  Olmàn  reprit:  «  Sommes- nous  coupables,  si  nous  pre- 
nons les  biens  des  musulmans,  pour  les  distribuer  à  ceux  qui 
nous  aident  dans  le  gouvernement  des  afïiiires,  et,  à  ce  titre, 
pouvons-nous  vous  les  donner.*^  »  Kaab  déclara  que  cela  n'é- 
tait pas  répréhensible.  Abou  Derr  asséna  un  coup  de  bâton 
sur  la  poitrine  de  Kaab,  et  l'apostropha  en  ces  termes  :  «  Kils 
de  négresse,  qui  t'autorise  à  te  mêler  de  notre  religion?  — 
C'est  par  trop  ni'insulier,  .s'écria  le  khalife  en  s'adressani 


CHAPITRE  LXXVII.  269 

jL-*JI  A}^_^ià  a-.s-'l^  c>a-Î5  it  »iJJ  (j^  ijli  viLv^  -?**X*«jb 
^(— *~«   ij^-?  L»  «-A_XJs    XaAa  ^J*^    (^   aK-«^    Ak.*.^   (J  L^N^  t_i.JCX» 

à  Abou  Dcrr;  dérobe-toi  à  ma  vue,  car  c'est  moi-même  que 
tu  viens  d'oftenser.  »  Abou  Derr  se  rendit  en  Syrie.  Bientôt 
le  khalife  reçut  de  Moàvviah  une  lettre  ainsi  conçue  :  «  Une 
fonle  de  partisans  allluent  auprès  d'Abou  Derr,  et  je  crains 
qu'il  ne  les  soulève  contre  ton  autorité.  Si  tu  as  besoin  de 
ces  gens-là,  bâte-toi  de  rappeler  cet  homme.  »  Et,  sur  l'ordre 
du  khalife,  il  le  ht  partir  en  l'attachant  à  une  selle  de  bois 
dur,  sur  le  dos  d'un  chameau  que  cinq  Esclavons  chas- 
sèrent devant  eux  jusqu'à  Médine.  Quand  on  le  vit  arriver, 
les  cuisses  déchirées  intérieurement  et  à  demi  mort,  on  crut 
qu'il  allait  succomber  aux  fatigues  du  voyage;  mais  il  prédit 
qu'il  ne  mourrait  pas  avant  d'avoir  été  exilé  de  nouveau;  il 
annonça  d'avance  ce  qui  devait  lui  arriver,  et  nomma  ceux 
qui  lui  donneraient  la  sépulture.  Otmàn  le  garda  quelques 
jours  dans  son  hôtel  et  le  traita  avec  douceur;  puis  11  le  fit 
venir.  Abou  Derr  entra  en  rampant  sur  les  genoux  :  il  s'en- 
tretint de  diverses  choses,  parla  des  fils  d'Abou'I-Assi,  des 
trente  individus  qui  avaient  réduit  en  esclavage  les  serviteurs 
de  Dieu,  raconta  cette  histoire  tout  au  loui,',  et  entra  dans 


270  LES  PRAIRIES  D'OR. 

une  foule  de  détails.  Or,  ce  jour-là,  on  avait  apporté  à  Ot- 
raân  les  sommes  provenant  de  la  succession  d'Abd  er-Rah- 
man ,  fils  d'Awf ,  et  des  sacs  remplis  d'argent  séparaient  le 
khalife  de  son  interlocuteur  :  «  Que  Dieu  récompense  Abd 
er-Rahman!  ditOtmân;  il  était  bienfaisant,  hospitalier,  et  il 
a  laissé  cependant  le  trésor  que  vous  voyez  là.  »  Kaab  el- 
Ahbar  s'empressa  d'approuver  ce  que  le  khalife  venait  de 
dire.  Abou  Derr,  oubliant  ses  propres  souffrances,  brandit 
son  bâton  et  frappa  Kaab  sur  la  tête  en  lui  disant  :  «  Fils 
de  juif,  oses-tu  dire  d'un  homme  qui  a  laissé  à  sa  mort 
d'aussi  grandes  richesses  que  Dieu  lui  a  accordé  les  biens 
de  ce  monde  et  de  la  vie  future?  De  quel  droit  prononces- 
tu  les  arrêts  de  Dieu?  Moi,  au  contraire,  j'ai  entendu  l'a- 
pôtre de  Dieu  dire  :  «  Je  serais  désolé,  si  je  laissais  après  moi 
une  succession  du  poids  d'un  kyrat.  »  Le  khalife  lui  ordonna 
de  quitter  Médine.  «  Eh  bien,  dit-il,  j'irai  à  la  Mecque.  »  Le 
khalife  s'y  opposa.  «  Quoi,  reprit  Abou  Derr,  tu  m'interdis 
le  séjour  de  la  maison  de  Dieu ,  du  temple  où  je  voudrais 
prier  jusqu'à  l'heure  de  ma  mort?  —  Oui,  certes,  je  te 


CHAPITRE  LXXVII.  271 

Jb  U^  y^N»*  Jis  (jj^  Lit  U  J^  3^.Ajà>!  *XS  ^oJ^Aas  4MI  J»^j 
S*X_^U  ci>^_-«l^  iLÀjJs-lij   iiST^  ^jj^   *JLol   yl  j^;-S=»»'   Jiii   dli 

«UU?o  (ji  (jU^^i^  aaàj!  J<^^  -«ji^i  aaXs  J.,*.^  2^  Jj?: 

»UjI    <\*«j   Aaj?;   <-^5Uo   jl    yJ   4_^   (*"t-^^   ^*^   ^'   W-**   Oj-**»*V! 

^^jL5^^i.»=»  (ijj  ^i  ^^^^^  w)~*-'^*  *>-^'^  (:J>*^^  (j**^ 

l'interdis.  —  Soit,   continua  Abou   Derr,  j'irai  en  Syrie. 

—  Pas  davantage,  s'écria  Otmàn;  choisis  tout  autre  pays. 

—  Non,  de  par  Dieu,  je  ne  choisirai  pas  d'autre  pays  que 
ceux  que  je  viens  de  nommer.  Si  lu  m'avais  laissé  dans  mon 
exil ,  je  n'aurais  pas  aujourd'hui  à  faire  un  choix.  Après 
tout,  envoie-moi  où  bon  te  semblera.  »  Otmàn  lui  désigna 
Rabadah.  «Dieu  est  grand!  ajouta  Abou  Derr;  que  le  Pro- 
phète a  dit  vrai  lorsqu'il  me  prédit  lout  ce  qui  m'arrive!  » 
Otmàn  l'invitant  à  s'expliquer,  il  continua  ainsi  :  n  II  m'a 
prédit  que  l'accès  de  la  Meccjue  et  de  Médine  me  serait 
interdit,  que  je  mourrais  à  Rabadah,  et  que  des  hommes 
venus  de  l'Irak  dans  le  Hédjaz  se  chargeraient  de  ma  sépul- 
ture. "  A  la  suite  de  cet  entretien,  Abou  Derr  (it  monter  sa 
femme,  d'autres  disent  sa  fdle,  sur  un  chameau  qu'il  possé- 
dait, et  partit  pour  Rabadah,  avec  l'escorte  choisie  par  Ot- 
màn. Tandis  qu'il  sortait  de  Médine,  sous  la  surveillance  de 
Merwàn,  il  rencontra  Ali,  lils  d'Abou  Talib,  avec  ses  deux 
fds  flaçan  et  Huçeïn ,  Okaïl,  son  frère,  Abd  Allah ,  filsdeDjâ- 


272  LES  PRAIRIES  D'OR. 

CJy— «èj  Ijy   M*   3L    <X_.»à)   <-aJUo   jJ    (^   t^   ^^  S-t'^   dUl^l 
x_^  ^^AJa^_j^Lj«Ji   Jt  ÂMl  dJLtf"   ^  Jlij  u'^^  **^  j"^'  (J^ 

*_:s-j  l_!t»_9   iXJC:*.    AÀAiutJ   ^1^   J.xi_j    *i  i^X^s»-^   IS  ti^"*^   ■^J 

^.l_y*ii.s  siX_JvA-c  (;j^ji-«Pii  ^^i  ^ji  !_j,JUi  (j*.lÀJi  aKajcc*»»5  ^^ 

far,  et  Ammar,  fils  de  Yarir.  Merwàn  dit  à  Ali  en  lui  bar- 
rant le  chemin  :  «L'émir  des  croyants  a  défendu  d'accom- 
pagner Abou  Derr  et  de  l'escorter  à  son  départ.  Si  tu  l'ignores , 
c'est  moi  qui  te  l'apprends.»  Ali,  levant  sou  fouet,  frappa 
la  chamelle  de  Merwàn  entre  les  deux  oreilles.  «Va-t'en 
d'ici,  dit-il  à  Merwàn;  que  Dieu  te  précipite  dans  le  feu 
éternel!»  Puis  il  continua  sa  route  en  marchant  auprès 
d'AbouDerr.  Au  moment  où  il  recevait  les  adieux  d'Ali,  Abou 
Derr  lui  dit  en  pleurant  :  «  Membres  de  la  sainte  famille,  que 
Dieu  vous  fasse  miséricorde!  Père  de  Haçan ,  ta  vue  et  celle 
de  tes  enfants  m'ont  rappelé  l'Apôtre  de  Dieu.  »  Merwàn  se 
plaignit  au  khalife  de  la  conduite  d'Ali.  Olniàn,  s'adressanf 
aux  musulmans,  leur  dit  :  «Qui  de  vous  plaiderait  en  fa- 
veur d'Ali,  s'il  avait  empêché  mon  envoyé  d'accomplir  sa 
mission?  Or  c'est  ce  qu'il. a  fait,  et,  par  Dieu,  je  le  punirai 
con)me  il  le  mérite.  »  Ali,  à  son  retour,  fut  accueilli  par  des 
gens  qui  lui  dirent  :  «  L'émir  des  croyants  est  courroucé 
contre  toi,  parce  que  tu  as  reconduit  .\bou  Derr.i  Ali  ré- 


CHAPITRE  LXXVII.  273 

*_jL-L=»-lj  <-A-^j^  IX  \^jMij  (ji  iiji  ^jl«  ciUo  ^^  i^^c^ij 

pondit  :  «  C'est  la  colère  du  cheval  contre  son  frein  (pro- 
verbe)! »  et  il  passa  son  chemin.  Dans  la  soirée,  il  se  pré- 
senta cbezOtmàn,  qui  lui  dit  :  «Qui  t'a  autorisé  à  traiter 
Mervvân  comme  tu  l'as  fait?  Pourquoi  m'as-tu  offensé,  en 
repoussant  mon  mandataire  et  en  désobéissant  à  mes  ordres?  » 
Ali  répondit  :  "  Pour  ce  qui  est  de  Merwàn ,  il  m'a  accosté 
brutalement  et  je  lui  ai  rendu  la  pareille;  mais  tes  ordres, 
je  ne  les  ai  pas  transgressés.  —  Ignorais-tu,  reprit  Otmân, 
que  j'avais  défendu  d'aborder  Abou  Derr  et  de  lui  faire  la 
conduite? —  Ainsi,  répliqua  Ali,  lorsque  ta  volonté  est  en 
opposition  avec  l'obéissance  duc  à  Dieu  et  avec  la  justice, 
nous  devons  nous  y  soumettre?  Par  le  Dieu  vivant,  jamais  je 
n'y  consentirai!"  -  Otmân  ajouta:  «Donne  une  répara- 
tion à  Merwàn.  —  Une  réparation!  et  la((UL'lle?  -  Tu  as 
frappé  le  front  de  sa  chamelle  et  tu  l'as  insulté  lui-même. 
Il  l'insultera  à  son  tour  et  frappera  la  chamelle. —  Voilà  ma 
chamelle,  re[)rit  .-Mi;  qu'il  la  traite  comme  j'ai  traité  la 
sienne,  j'y  consens.  Mais  par  Dieu,  s'il  m'insulte,  c'est  à  toi 
que  je  rendrai  l'outrage!  je  ne  m'en  démens  pas,  et  je  le 

IV.  l« 


274  LES  PRAIRIES  D'OR. 

p  I  "" 

JcjkiijI  jl^  vil-À^  J->iwi  aMI^  blî  (^Jv*j  y',j^j  Jyi^i  5'>^-^ 

jL*a_ji)ij    (^^i»-l^iî   cj.»  JW-J^  *^^  J^5  aJI  J^^^is  (i^ 

j»-A.A.*iJCj  K^:>J  U  'OJij  (^  Jiij  l^k-ôi  (s-s*-  ^^^e\(^  ij«UJl 

dis  la  vérité.  — ^Et  pourquoi  t'épargnerait-il,  s'écria  Otmân , 
lorsque  tu  Tas  insulté?  je  ne  te  considère  pas  comme  supé- 
rieur à  lui.  »  Cette  parole  irrita  Ali  :  «  Est-ce  à  moi,  s'écria- 
t-il ,  que  s'adresse  un  pareil  langage  ?  Oses-tu  bien  mettre 
Merwân  sur  le  même  rang  que  moi?  Par  Dieu,  je  vaux 
mieux  que  toi ,  mon  père  vaut  mieux  que  le  tien  ,  ma  mère 
l'emporte  sur  ta  mère.  Tiens,  je  te  jette  ma  flèche,  allons  ! 
jette-moi  la  tienne!  (en  signe  de  défi.)»  Otmân  se  leva, 
rouge  de  colère,  et  rentra.  Ali  s'éloigna  et  fut  rejoint  par 
les  membres  de  sa  famille,  et  par  quelques  Mohadjirs  et 
Ansars.  Le  lendemain,  le  khalife,  réunissant  les  musul 
mans,  porta  plainte  contre  Ali,  en  l'accusant  de  le  trom- 
per et  de  favoriser  ceux  qui  le  trompaient.  Par  ces  paroles 
il  faisait  allusion  à  Abou  Derr  et  à  Ammar.  Enfin  plu- 
sieurs personnes  s'entremirent  et  réconcilièrent  le  khalife 
avec  Ali.  Ce  dernier  affirma  qu'en  reconduisant  Abou 
Derr  il  avait  voulu  seulement  faire  une  chose  agréable  à 
Dieu. 

Pour  ce  qui  concerne  Ammar,  au  moment  de  l'élection 


CHAPITRK  LXXVII.  275 

^^tXJl  cx_i^'l  4_.vsA*  ^jUvfcjii  i  t_>^*"  ur"  /"^^  (j^À^  3I 
(jLA_à-«.  _^ji  JUi  iU^i  _jjL)  xh^j  «jli  J.^i^  tjUvft  aa*  *j_jj 

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*-<V-*^    s^   l?   "-^^   ^   '^^  C?*-^  U^  '^■'^    (•'V^^    '^^  *Xj>-t    fXAïi 

d*U*.^  tj*"«^  *>4^lj  ^^b^  (♦^VW**  li'  My-ïV^^^  1*^  ^.»^j' 
(^^jU    plJLJj,Ln3^i_5  (^^^^1^1   Ji   Jytîl  IJvjû  ^^  Jb  U 

d'Otniàn,  il  avait  été  informé  du  propos  tenu  par  Abou  So- 
fiân  Sakhr,  fils  de  Harb,  dans  la  maison  d'Ofmàn,  un  peu 
avant  la  proclamation  de  ce  khalife.  \bou  Sofiàn  était  entré 
avec  les  Benou-Omeyah  et,  comme  il  était  aveugle,  il  avait 
demandé  si  quelque  étranger  se  trouvait  là.  On  lui  répon- 
dit que  non  ;  alors  il  avait  ajouté  :  •  Enfants  d'Omeyah ,  sai- 
sissez la  balle  au  bond!  Dieu,  f|ui  entend  les  serments 
d'Abou  Sofiàn,  sait  que  je  ferai  des  vœux  constants  pour 
que  le  pouvoir  vous  soit  dévolu  et  devienne  l'héritage  de  vos 
enfants.  »  Ce  propos  fut  rapporté  àOtmân,qui  en  témoigna 
son  mécontentement.  Il  fut  également  rapporté  aux  \Io- 
hadjirs  et  aux  Ansars.  C'est  alors  qu'Ammar,  fils  de  Yaçir, 
entra  dans  la  mosquée  et  dit  :  -<  Famille  de  Koreïch,  vous 
avez  une  fois  ici,  et  une  fois  là,  spolié  du  commandement 
les  parents  de  votre  Prophète,  Je  crains  que  Dieu  ne  vous 
prive  à  son  tour  de  la  puissance  et  ne  la  donne  à  d'autres 
mains,  de  même  que  vous  en  avez  dépouillé  la  famille  du 
Prophète,  au  profit  d'une  famille  étrangère.  «  Mikdad  se 
leva   ensuite  et  dit  :  "  Je   ne  sais  pas  d'humiliations   plus 

18. 


276  LES  PRAIRIES  D'OR. 

i  y\<  U^    jljJij  ^<y_^AJi  jl.A-£wi  i  (jUj^ljlAÀ.i  LobiS' 

grandes  que  celles  qui  ont  abreuvé  celte  maison,  depuis  la 
mort  de  son  Prophète.»  Abd  er-Rahman,  fds  d'Awf,  l'in- 
terrompit eu  disant:  «Mikdad,  de  quoi  te  mêles-tu? — Dieu 
m'est  témoin,  reprit-il,  que  je  les  aime  pour  l'amour  du  Pro- 
phète. Je  déclare  que  le  droit  est  avec  eux  et  parmi  eux.  Toi , 
Abd  er-Rahman,  tu  encenses  les  Koreïchites.  Mais  leur  titre 
à  la  faveur  du  peuple  n'est-il  pas  dû  aux  mérites  de  celte 
famille  qu'ils  cherchent  maintenant  à  dépouiller  de  l'autorité 
que  le  Prophète  leur  avait  léguée?  Abd  er-Rahman,  je  fais 
le  serment,  si  je  trouve  des  Ansars  (auxiliaires),  de  com- 
battre les  Koreïchites,  comme  je  les  ai  combattus  autrefois, 
à  Bedr,  sous  les  ordres  du  Prophète.  »  La  discussion  con- 
tinua sur  ce  ton  pendant  longtemps;  le  lecteur  en  trouvera 
les  détails  dans  le  chapitre  de  nos  Annales  historiques  où 
nous  racontons  les  événements  de  l'hôtel  (oîi  se  fit  l'élec- 
tion) et  de  la  délibération. 

L'an  35  de  l'hégire,  Malik,  fils  d'el-Harit  en-Nakhâyi, 
sortit  i\e  Koufah  avec  deux  cents  hommes;  Hakim ,  fils  de 


CHAPITRE  LXXVII.  277 

ijj  0^4^  ^*-*j  c^yv^'  u!y  L?^  *x*^^  j!>^  ijj-**^  tr?' 

ji_j-^i)  yL«\.^  <^  j^LàJI   ^j-c»-^  jMIjS  *JsJ   ^j\^  *Xi_5  j.Xj  j! 

^«.^aJI  j^ jL*j  5j.A*»j|  /wwtfc^j  J«XjïJi  ^j_»  ^jj*Xj^  l,t»^  '*^^ 
L_^  i^j_jy.A<ailj  itji   U   <Ji    »^lr»-'i3  Jo^Io  (.^Uaiw   /0.4ÀAJ   (J^^ 

Djabalah  el-Abdi,  avec  cent  hommes  de  Basrah ,  el  six  cents 
Egyptiens  arrivèrent,  sous  la  conduite  d'Abd  er-Rahman, 
(ils  d'Odaïs  el-Belawi.  Au  rapport  d'el-Wakidi  et  d'autres 
biographes ,  Abd  er-Rahman  était  au  nombre  de  ceux  qui 
prirent  part  à  l'élection  sous  l'arbre,  de  concert  avec  d'autres 
Arabes  d'Egypte,  comme  Amr,  fils  d'el-llamik  el-Kliozàyi ,  et 
Saad,  fils  de  Houmràn  et-Toudjibi.  Dans  leurs  rangs  se  trou- 
vait Mohammed,  fils  d'Abou  Bekr,  qui  s'était  concerté  avec 
eux  en  Egypte;  il  les  excitait  à  la  révolte  contre  Olmào, 
j)ar  suite  de  griefs  qu'il  serait  trop  long  d'exposer  ici,  et 
dont  le  principal  auteur  était  Merwàn ,  fils  d'el-IIakcni.  Ees 
conjurés  s'arrêtèrent  (à  Médinej  dans  le  quartier  nommé 
Dou'l-Khouchouh.  Otmân,  inlonné  de  leur  arrivée,  lit  venir 
Ali,  fils  d'Abou  Talib,  lui  apprit  la  nouvelle,  le  conjura  de 
se  rendre  chez  eux  el  de  se  porter  garant,  pour  le  khalife, 
des  réformes  qu'ils  réclamaient  dans  l'administration  de  la 
justice  et  le  gouvernement.  Ali  accepta  celte  n)ission;  il  eut 
avec  les  conjurés  un  long  entretien,  les  amena  à  composi- 
tion et  les  décida  à  ({uillcr  Médine.  Ils  se  mirent  en  route; 


278  LES  PRAIRIES  D'OR. 

S^J^U»  jjs*j  ^«_Ol^j  J^iil  f^oH.^.   Giyf^  ^^  à^  'ji;^ 

!  J^wjS'^j^^^.j  Jotil^  b!!^*  JjCïl^  y^Xi  »Xj  *iailî  ^JtJ^Â-  dijJ* 

i^y>     ^^    Jjj    U    \»jSii^    \^^^i    -\..:^^\    ^y^yi   (i)\j.f^\    (J-.    -*X3 

mais,  arrivés  au  lieu  nommé  Hisma,  ils  virent  s'avancer 
du  côté  de  Médine  un  messager  monté  sur  un  dromadaire 
et  reconnurent  Warach,  un  des  serviteurs  du  khalife.  Ils 
l'arrêtèrent  et  le  forcèrent  à  exhiber  la  lettre  dont  il  était 
porteur.  Cette  lettre,  adressée  au  iils  d'Abou  Serh,  gouver- 
neur de  l'Egypte,  lui  disait  :  «  Dès  que  l'armée  sera  de  retour 
dans  ta  province ,  coupe  les  mains  d'un  tel ,  fais  périr  un  tel , 
traite  un  troisième  dételle  et  telle  façon.  »  Suivait  la  mention 
de  presque  tous  les  soldats  avec  les  supplices  qui  devaient 
leur  être  infligés.  Ils  reconnurent  l'écriture  de  Merwân,  re- 
vinrent en  toute  hâte  à  Médine,  et  se  mirent  en  rapport  avec 
les  mécontents  venus  d'Irak.  S'étant  réunis  dans  la  mosquée , 
où  ils  se  communiquèrent  les  griefs  qu'ils  avaient  contre  les 
agents  du  pouvoir,  ils  allèrent  ensuite  assiéger  Otmân  dans 
son  hôtel  et  empêchèrent  l'eau  d'y  arriver.  De  temps  à  autre 
le  khalife  sortait  sur  la  terrasse  de  l'hôtel  et  leur  demandait 
à  boire.  Il  leur  dit  un  jour  :  «  De  quel  droit  voulez-vous  ma 
morl.^  J'ai  entendu  l'Apôtre  de  Dieu  dire  :  Il  n'est  perun's  de 
répandre  le  sang  d'un  musulman  que  pour  l'un  de  ces  troi.s 


CHAPITRE  LXXVII.  279 

xJl  J.ii>  J^j  U  éù>  t_j^  cy^,»jL.  aJÎ  cxxo  pUI  aJJs  UXc 
^-ij;)^  ff^sXjT'  i^^^i  (.^j  fAiLtf»  4^  <i'^  (j-«  ^/-^  cP-^*" 

^j^-j  AMi  »>wc-c  J^->i)  y^j  3^  ^;*UJi  i_5  iKxs.  Jj<  ^J]  jlj 

(•jj)— i^  y-^i  ^4-^  *"»^  J^«^«^j  l^i^Xjs-i   (j.^  ^jfe'  AjiJ  ^sycw*^ 

crimes  :  l'apostasie,  l'adultère,  quand  le  mariage  est  ac- 
compli, et  le  meurtre  qui  n'est  pas  mntivé  par  la  peine  du 
talion.  Dieu  sait  que,  ni  dans  l'âge  d'ignorance,  ni  depuis 
l'islam,  je  n'ai  commis  un  de  ces  trois  crimes.  »  Ali,  sachant 
que  le  khalife  souffrait  de  la  soif,  lui  envoya  trois  cruches 
d'eau;  mais  elles  ne  parvinrent  pas  jusqu'à  lui.  Enfin  une 
troupe  d'affranchis  des  Benou-Flachim  etdesBenou  Omeyah 
cernèrent  l'hôtel  et,  le  sabre  à  la  main,  au  milieu  des  cris 
et  du  tumulte,  réclamèrent  Mcruàn.  Le  khalife  refusa  de 
leur  livrer  son  favori.  Au  nombre  des  assiégeants  se  trou- 
vaient les  Benou-Zohrah  venus  pour  venger  Abd  Allah  ,  (ils 
de  Maçoud,  leur  allié;  les  Hodeïl,  (jui  étaient  de  la  tribu  de 
Maroud;  les  Benou-Makhzoum  et  leurs  clients,  qui  a\ aient 
pris  fait  et  cause  |)our  Ammar;  les  Benou-Gan'ar  el  leurs 
confédérés  enrôlés  dans  le  parti  d'Abou  Derr;  enfin  Taïm, 
fils  (le  Moirah,  Mohammed,  fils  d'Abou  Bekr,  et  d'autres 
encore  (|u'il  est  inutile  de  nonmier.  Ali ,  voyant  (pie  la  vie  du 
khalife  était  menacée,  lui  envoya  ses  deux  fils,  Haçan,  Hu- 
çeïn  et  plusieurs  affranchis  hien  armés,  avec  ordre  de  le 


280  LES  PRAIRIES  D'OR. 

jJiSi^    -y^  »Jlj\  ii^Jo  (jiotjj   4Ml  s>yi«£  'AJùl  ^'^(^i  <^^i**?5 

^^y*»^-^  Tf^i  *^-A.Ji  *>0:-*ïÎ5  -L^-«*Jl»  Ux«>3  (j^  j^jj^îiXJl 
_j-A-j  (_^Aa.xJL)  (j5  r»j"*ji  c^vi»^  ii«vto  ^  .Xj^'  Tr^i  j^^  <^i 
jÂj  1^*^=^^  v^'  ci^  JL^iJi  li  -j-iJi  i^jSyci  \\^\  yÀ.3%  ^\J> 

S^i   (^  (j\(j  W->S-^  I^^_5»^mX9  jl*aiiJ|   (^j-.  pj.ijî^  Jl   /o.^ 

f- 

défendre  et  de  repousser  les  assaillants.  Zobeïr  donna  un 
ordre  semblable  à  son  fils  Abd  Aliah,  Talhah  à  son  fils  Mo- 
hammed, et  d'autres  compagnons  du  Prophète,  suivant  leur 
exemple,  envoyèrent  leurs  enfants  au  secours  d'Otmân. 
Mais  ils  furent  repousses,  à  coups  de  flèches,  loin  des  abords 
de  l'hôtel.  Au  fort  de  la  mêlée,  Haçan  et  Mohammed,  fils 
de  Talhah,  furent  blessés,  et  Kanbar  eut  la  tête  fendue. 
Leurs  compagnons,  craignant  d'être  victimes  des  violences 
des  Benou-Hachim  et  des  Benou-Omeyah .  laissèrent  les  com- 
battants aux  prises  devant  l'hôtel;  quelques-uns  allèrent  se 
réfugier  dans  une  maison  habitée  par  une  famille  d'Ansars. 
Alors  une  troupe  de  révoltés,  parmi  lesquels  étaient  Mo- 
hammed ,  fils  d'Abou  Bekr,  et  deux  autres  individus ,  pénétrè- 
rent dans  la  chambre  où  se  tenait  le  khalife,  entouré  de  sa 
femme,  des  gens  de  sa  maison  et  de  ses  affranchis,  quicon- 
finuaient  à  le  défendre.  Le  fils  d'Abou  Bekr  ayant  saisi  le 
khalife  par  la  barbe,  Otmân  lui  dit  :  «  Par  Dieu ,  Mohammed, 
si  Ion  père  le  voyait  en  ce  moment, il  rougirait  déboute'  «Mo- 
hammed laissa  retomber  sa  main  et  retourna  chez  lui.  Après 


CHAPITRE  LXXVII.  281 

iLîSvIci^  IaA^  )^i>  xXxi  I^^Xa»  AAMjb  c>.oU  «X»  S^<Xs>-^  <iùç«i 

(jv  ow>  -s  jtX-.^  Ljy—^^  /WWW.-S  /o»iiJj  vW'  (^  f*^^J  C:JV^*i^ 
xj^vlo  >i  jUijJoj^i   ^  4Ml  «X\ft  (jaÎj  a^^  qj  *>^-^  C'^J 

1^  I^AjJLçJ  I^^aXIsj  ^iLa^î  ^j  (j-«  »>->v*j  (j'jl)"*  *~^y^i  tKi^  L» 

son  départ,  les  deux  hommes  qui  Tavaient  suivi  entrèrent, 
se  jetèrent  sur  Olmàn,  qui  tenait  à  la  main  un  Koran  dans 
lequel  il  lisait,  et  le  frappèrent  mortellement.  Sa  femme 
sortit  en  criant  :  ><  L'énjir  des  croyants  est  (uort!  »  Haçan, 
Huçeïn  et  les  Benou-Omeyah,  qui  les  accompagnaient,  at- 
tirés par  ses  cris,  accoururent,  trouvèrent  le  khalife  sans 
vie,  et  fondirent  en  larmes.  Ali,  'falhah,  Zobeïr  et  d'autres 
Mohadjirs  et  Ansars,  instruits  de  ce  meurtre,  arrivèrent 
en  toute  hâte.  Ali  entra  d'un  air  abattu  et  consterné;  s'a- 
dressaut  à  ses  deux  fils  :  ^  Comment  se  peut-il,  leur  dit-il, 
t[ue  l'émir  des  croyants  ait  été  tué,  lorsque  vous  défendiez 
l'entrée  tie  sa  demeure?"  Il  donna  un  soudlet  à  Haçan,  à 
Huçeïn  un  coup  dans  la  poitrine,  injuria  Mohammed,  lils 
de  Talhah .  et  maudit  Abd  Allah,  lils  de  Zobeïr.  Talhah 
l'arrêta  et  lui  dit  :  «  Père  de  Haran,  cesse  de  frapper,  d'in- 
jurier et  de  maudire:  s'il  leur  avait  livré  Mcrwàn,  le  kha- 
lilé  vivrait  encore.  "  Vlerwàn  et  les  Omeyades  qui  l'accom- 
pagnaient s'étaient  évadés  et  purent  se  dérobci"  aux  poursuites 


282  LES  PRAIRIES  D'OR. 

AjJI   c_*Aàfci  *XxI  ^i^  Jljjj  oJlï  UjXàj  i>.i^>J   ji   (jj   tXj^ 
J_aJj   O^JiJ^  <.^^  ij-*  ^^^  i  ti  u^  ^  "^'.^   <^^  CJ^-^^V^' 

iXj«-»W    L,<v-jL^  j-Sk-ill^J     <\Xg«V>     (_^    i_J-««*J     '"■■?/•*='     4^'^''  ^^-^V**^ 

J^^  aS.-^  <\ajIa  J-Ai»"  t^  v.>-A^L>  A^^^  ^^il^t  (j^-**  (^J> 

de  ceux  qui  voulaient  leur  mort.  Ali  s'adressant  à  la  femme 
du  khalife,  Naïlah,  fille  de  Karafiçah,  lui  dit  :  «  Puisque  tu 
étais  présente,  tu  sais  qui  l'a  tué.  »  Naïlah  signala  les  deux 
hommes  qui  avaient  suivi  Mohammed,  fils  d'Abou  Bekr,  et 
répéta  ce  que  le  khalife  avait  dit  à  celui-ci.  Mohammed  ne 
nia  pas  le  témoignage  dé  Naïlah  et  ajouta  :  «Oui,  certes, 
j'étais  entré  avec  l'intention  de  tuer  le  khalife;  mais,  lors- 
qu'il m'eut  adressé  les  paroles  que  vous  savez,  je  suis  sorti, 
sans  me  douter  que  je  laissais  ces  deux  hommes  derrière 
moi.  Dieu  m'est  témoin  que  je  ne  suis  pour  rien  dans  ce  crime 
et  qu'il  a  été  commis  à  mon  insu.  » 

Otmân  fut  assiégé  dans  sa  maison  pendant  quarante- 
neuf  jours;  on  dit  même  davantage;  il  péril  un  vendredi, 
dernier  jour  du  mois  de  dou'i-hiddjch.  Quant  à  ses  deux 
assassins,  ou  croit  ([ue  l'un,  nommé  Kinanah,  fils  de  Bechir 
et-Tondjihi,  lui  asséna  un  coup  de  massue  sur  le  front,  et 
que  le  second  ,  Saad,  fils  de  Houmràn  el-Muradi ,  lui  trancha 
la  veine  jugidaire  avec  son  sahre.  On  ajoute  que  Anir,  fils 


CHAPITRE  LXXVII.  283 

*-*-A-c  (J'^^j  ^^X-^  '-'^1  '>-^*^^  *-*-^^   C^  r^'j^  *^^  ^'^^^ 
ti^  1*^  J-^  j.is^.]l   p^  ij^  L^  uÀA^*-  ^^  J<4^  /o^   J-»^ 

^AaiLJiîl 

d'el-Hainik ,  lui  fit  neui  blessures  à  coups  de  flèches ,  et  qu'un 
autre  complice,  nommé  Oniaïr,  fils  de  Dabi,  des  Benou 
Temim,  plongea  et  retourna  son  épée  dans  le  ventre  delà 
victime.  Comme  nous  l'avons  dit  plus  haut,  Otmàn  fut  en- 
terré dans  le  Uachh-Kawkab  (jardin  de  l'étoile),  oii  se  trou- 
vaient les  tombeaux  dti  la  famille  d'Omeyah  :  cet  endroit  est 
nommé  aussi  Ilillah.  Djobeir,  fils  de  Moulîm,  Hakim,  fils  de 
Hizam ,  et  Abou  Djchin ,  fils  de  I  lodaïfah  ,  récitèrent  les  prières 
des  funérailles.  Pendant  que  le  khalife  élaitassiégé,  la  prière 
publicjue  fut  célébrée,  d'abord  par  Abon  Eyoub  el-Ansari, 
el  après  le  refus  de  celui  ci,  par  Sobl,  fils  de  llonaïf.  Ali 
récita  la  prière  solennelli!  du  jour  de  l'immolation.  Ouelques 
auleurs  [)rétendent  (|u';m  moment  du  meurtre  dix -huit 
mend)res  de  la  (amille  d'Omeyah ,  el  entre  autres  Mervvàu, 
fils  de  flakem ,  .se  trouvaient  auprès  du  khalife.  Sa  veuve, 
T\aïl.di ,  fille  de  Karafiçali,  a  dit  an  sujet  de  sa  mort  : 

llc'las!  lo  meilleur  ilos  liommrs  aprr>  les  Irois  (qui  l'oni  |)r.''C(''(l(^  )  psl 
lornbé  sons  Ion  coup.s  dr  'l'oiidiihi ,  l'a.t.sa.s.sin  veau  <rK;;\|)lc  ! 


28a  LES  PRAIRIES  D'OR. 

i:yljoî   (j^  *Hi5  Ijf  La!    4Ml^  a)s.*5  (^^   AxXfi  yUij   (J'^^JS*^ 
/vi   ijw...^^  LaJI^Jv*  ^jU«*^   (jo^   Aj  j_|j»i  Le  ^^^^Ij  aKJo  ^^ 


l*uis-je  retenir  mes  larmes,  ma  fiimille  peut-eUe  réprimer  sa  douleur, 
lorsque  je  suis  privée  des  bienfaits  d'Abou  Amr  (surnom  d'Otmân)  ? 

Haçan  ,  fils  de  Tabit,  (Dieu  seul  connaît  la  vérité)  a  flétri, 
dans  une  de  ses  poésies,  les  Ansars  et  d'autres  personnages 
qui  ont  outragé  Ottnân ,  abandonné  sa  cause  et  coopéré  à 
sa  mort  par  leur  inimitié.  En  voici  un  extrait  : 

Tandis  que  la  mort  le  menaçait,  les  Ansars  l'ont  outragé,  les  Ansars 
qui  régnaient  en  maîtres. 

Qui  osera  excuser  la  conduite  de  Zobeïr  et  de  Talhab,  à  l'heure  où 
ce  funeste  complot  se  tramait? 

Mobammed,  le  fdsd'Abou  Bekr,  en  était  ostensiblement  le  chef;  mais 
derrière  lui  agissait  Ammar. 

Dans  cette  pièce,  qui  est  très-longue,  le  poète,  attaquant 
encore  d'autres  personnages  que  ceux  qui  sont  cités  ici,  les 
accuse  de  complicité  dans  le  meurtre  et  d'acquiescement  au 
crime  dont  Olmân  lut  la  victime.  Haçan  était  exclusivement 
attaché  au  parti  de  ce  khalife,  qui  avait  été  son  bienfaiteur. 


CHAPITRE  LXXVII.  285 

jIjJI^    ^-^I    J>*J^    -l;il    ;j^  W^-^»    Jl^  0^   SiloJli     4^ÀJ 


C'est  ce  qui  explique  la  menace  qu'il  adresse  aux  Ansars 
clans  ce  vers  : 

Bientôt  vous  entendrez,  dans  leur  propre  pays,  retentir  le  cri  -.  Dieu  est 
grand!  Vengeons  Otmàn! 

Otmân  se  plaisait  à  chanter  et  à  redire,  pendant  de  Ion 
gués  heures,  des  vers  composés  par  Haçan  et  f|ue  l'on  ne 
peut  attribuer  à  d'autres  poètes.  Voici  une  de  ses  sentences 
favorites  : 

Le  bonheur  dont  la  jouissance  est  due  h  des  moyens  iilcgilimcs  s'éva- 
nouit bientôt  ;  mais  le  crime  et  la  lionlc  subsistent: 

Une  main  invisible  prépare  le  cliàtimcnt  du  coupable.  Misérables  joie» 
que  celles  dont  l'enfer  est  le  dénoûment! 

La  deuxième  nuit  qui  suivit  l;i  mort  d'Otmàn,  on  cnfendil 
son  frère  utérin,  Walid,  (ils  d'Okbal»,  (ils  d'Abou  Mouait. 
le  pleurer  dans  les  vers  suivants  : 


280  LES  PRAIRIES  D'OR. 

\ K—À A_j    ^j^  Uj   [i\   /<vil_Ô   ^^i-_* 

aa^Lm  j.;b«xJl  (jâ>«k^  û  liuaJl  c.«Xx3S 
Ljv_JLjv-j  5iî_j— g-JI  OiA-5  /rfûLjû  ^^L^ 

A_jliL^  ij^j  ^-t—j  v^V^»  «^S?  ^^"t)*^* 


A. 


?jî>— *    tO— **''-^*-^    ^^,^— ;?    CJ>^«Xi    U 


lo    93pl    t5*^   »UJi^   5*^'  ^^^♦XjU^    (jI    ^^^^Àa^   U_^L*j  i)_j 

Fils  de  Hachém,  une  lueur  d'amitié  ne  peut  briller  entre  nous,  tant 
que  la  fortune  sera  votre  complice. 

Fils  de  Hachém,  la  paix  est-elle  possible  entre  nous,  lorsque  vous  dé- 
tenez le  sabre  et  la  lance  d'Ibn-Arwà  (d'Otmân)? 

Fils  de  Hachém,  restituez  les  armes  enlevées  au  fils  de  votre  sœur;  ne 
vous  partagez  pas  un  butin  illégitime. 

Afin  d'usurper  son  pouvoir,  vous  lui  avez  tendu  le  piège  dans  lequel 
les  Merzebàn  ont  fait  tomber  autrefois  leur  Chosroës. 

L'attaque  dirigée  contre  les  Hachémites  dans  les  vers  qui 
précèdent  tut  relevée  en  ces  termes  par  Fadl,  fils  d'el- 
Abbas,  fils  d'Otbah,  fils  d'Abou  Lehb  : 

Ne  réclamez  plus  de  nous  votre  épée ,  elle  a  été  perdue  lorsque  son 
possesseur  l'a  jetée  d'une  main  tremblante. 

C'est  aux  Egyptiens  qu'il  faut  demander  les  armes  de  notre  neveu  ;  son 
épée  et  sa  lance  sont  entre  leurs  mains. 


CHAPITRE  LXXVII.  287 

s. 


i^-*«3^i  &^  ^jL^t  jl/ui^l  ^^-f^m  UjU^5  i  U^ii^i  ^^  Ujoi 

Ali  est  le  légitime  successeur  île  Mobammed  et  le  maître  du  pouvoir 
dans  tout  l'empire; 

Ali,  dont  Dieu  a  enfin  manifesté  les  droits,  alors  que  tu  le  combattais 
avec  les  hérétiques. 

Un  homme  tel  que  toi  est  exclu  du  nombre  des  gens  de  bien,  et  ne 
compte  parmi  nous  aucun  ami  qui  lui  adresse  d'indulgents  reproches. 

Dieu  lui-même  l'a  révélé  :  tu  es  un  impie  (Koran,  XLIX,  6)  et  tu  n'a» 
rien  à  revendiquer  dans  l'islam. 

Le  lecteur  trouvera ,  dans  nos  Annales  historiques  et  notre 
Histoire  moyenne,  l'histoire  biographique  d'Otmàn  et  le  pa- 
négyrique de  ses  vertus,  ainsi  que  le  détail  des  événements 
de  son  règne,  ses  conquêtes,  ses  expéditions  contre  les  Grecs 
et  d'autres  peuples ,  etc. 


288  LES  PRAIRIES  D'OR. 

i^Ms  jl  ^JJ  i^  AitiV^à-  j5i 

kiy^^o  /wjI   i-^^  >>>  (^i<i*  ^LamIj  jLaJ  t.Aw»»i^  ï-^Awi  iij^Xo}  (;jv^.»»i 
CHAPITRE  LXXVIII. 

KHALIFAT  D'ALI  ,  FILS   D'ABOll   TALIB. 

Ali  fui  proclamé  le  jou-r  même  du  meurtre  d'Otmân,  fils 
d'Affàn.  Son  règne,  jusqu'au  jour  où  il  fut  assassiné,  fut  de 
quatre  ans,  neuf  mois  et  huit  jours,  ou,  selon  d'autres, 
quatre  ans  et  neuf  mois,  moins  un  jour.  Sa  rupture  avec 
Moâwiah,  fils  d'Abou  Sofiân,  dura  pendant  tout  le  temps 
qu'il  exerça  l'autorité  suprême.  Ali  naquit  dans  la  Kaabah. 
Selon  d'autres  auteurs,  il  régna  pendant  cinq  ans,  trois  mois 
et  sept  jours.  Il  avait  soixante-trois  ans,  lorsqu'il  fut  assas- 
siné. Après  avoir  reçu  le  coup  mortel ,  il  vécut  encore  le 
vendredi  et  le  samedi  et  n'expira  que  dans  la  nuit  qui  pré- 
cédait le  dimanche.  On  n'est  d'accord  ui  sur  l'évaliialion  de 
son  âge,  que  l'on  dit  avoir  été  moins  avancé,  ni  sur  l'em- 
placement  de  son  tombeau.  Selon  les  uns,  il  fut  enterré 


CHAPITRE  LXXVIII.  28') 

A_Q_A-«^   iC-Jj^î    ^\.^~^o   ^   ij-J.i»   AJI   Jtj   (j-«  /o«4Ài  Sj^'i  ,*-ôj.^ 

i>Xj  i  ^^3  »!:»■  J-«»4  e;b  <-^  t^  '^^^  S  J^-î*  -'^-^^  .3^  dr* 

la— w^.y|_j  (j^^>J5  j^-ss»-5  ^J^^ 

»jj^»»(^   Sjlxi^i    ij^'%X^   *^fi  <*Mi   ^^^^   l>yXM*J  jSbi 
o1jL«  «Xa£  ^  /<ù,liû  /o  t^Aia^l   «X/uC  /vj  t^JUs  ^î   /jj  ^_^  kj5 

dans  la  mosquée  de  Koufah;  selon  les  autres,  auprès  du 
tombeau  de  Fafimah,  à  Médine.  D'autres  prétendent  que  le 
chameau  chargé  du  cercueil,  s'étant  égaré,  entra  dans  le 
pays  des  Beuou  Tayi.  Il  y  a  encore,  sur  ce  point,  d'autres 
versions  que  nous  avons  rapportées  dans  les  Annales  his- 
toriques et  dans  l'Histoire  moyenne. 

GÉNÉALOGIE   D'AM  ;  APEUÇU  DE  SON  HISTOIRE  ET  DE  SES  EXPEDITIONS. 

Ali,  fils  d'Abou-Talib,  fils  d'Ahd  cl  -  Mottaiih,  fils  de 
Hachém,  fils  d'Abd  Méiiaf,  était  surnommé  Ahou'l-Haçan. 
Sa  mère  se  nommait  Falinuih ,  (illed'Açed,  fils  de  Hachém, 
fils  d'Abfl  Ménaf.  Depuis  le  temps  du  Prophète  jusqu'à  Mot- 
taki,  le  khalife  actuel,  il  n'y  a  eu  (|ue  deux  khaliiés  du  uoui 
d'Ali  :  Ali.  fils  d'Ahou  Taiib,  et  Moktafi-Billah  Ali  .fils  de 
Môtaded.  Ali  est  le  premier  khalife  né  d'un  père  et  d'une 
mère  hachémites.  Oncioitquesa  proclamation  par  le  peuple 

IV.  ly 


290  LES  PRAIRIES  D'OR. 

j*.\jJI  vj^^j  l'^  UjUS'cj^  v.àXw  Uy»  (jjiil  iijtsîJl  i.»_^^ 

-il  iijLiJT^  iLX-^lj}  (^^  ^j-La.=»-^  J.-aac^  «^Us  (jbcÀj^  J^^ 

j^A.  fi  J>_A.JLe  (jh.J_5  *>*'*Jjj^'^'  fc^lki  r^ij^^î  i^^-i**  cj>^î 
(:JvÀ^^;-û«*  cl*j^>-**^  C:5>-^^       (jUa^^^s-j  cKiS**  (j^jj  (:JV*-*>' 

eut  lieu  quatre  jours  après  le  meurtre  d'Otmân.  Quant  à  la 
première  proclamation,  nous  en  avons  parlé  précédemment. 
On  n'est  pas  d'accord  sur  le  nom  du  père  d'Ali,  Abon  Ta- 
lib,  fils  d'Abd  el-Mottalib.  Il  eut  quatre  fils,  à  savoir  :  Ta- 
lib,  Okaïl,  Djâfar  et  AJi;  deux  filles  :  Fakhitah  et  Djo- 
manah.  Tous  ses  enfants  étaient  du  même  lit  et  avaient 
pour  mère  Fatimah,  fille  d'Açed,  fils  de  Hachém.  Un  inter- 
valle de  plusieurs  années  séparait  la  naissance  de  chacun  de 
ces  fils  :  la  différence  était  de  dix  ans  entre  Talib  l'aîné 
et  Okaïl;  de  deux  ans  entre  Okaïl  et  Djâfar;  de  dix  ans 
entre  Djâfar  et  Ali.  Talib,  l'aîné  des  enfants  d'Abou  Talib, 
fut  enrôlé  malgré  lui  dans  les  rangs  des  Koreïchites  infi- 
dèles, qui  marchèrent  contre  le  Prophète,  à  la  journée  de 
Bedr.Il  disparut,  et  l'on  n'eut  plus  de  ses  nouvelles;  mais  on 
a  conservé  les  deux  vers  qu'il  composa  sur  cette  fameuse 
bataille  : 

()  mon  Dieu,  ils  ont  contraint  Talib  à  marcher  dans  les   rangs  de  leur 
armée. 


CHAPITKK  LXXVIII.  291 

CJ-*    (j|H^    ^^^-^    <3_5— *-J    W-^3    i^^K-û^-«    yî^yj^    W'^'A)  *^^3 


,lx,! 


u** 


(j>— :*-   ^^  J.^*JC-»»ii    -yJi^    cî^^  f*^   (S~^-^  i-xJI^^    Â^ojr-Is  ^^ 


l'erniets  qu'ils  soient  vaincus  et  nou  vainqueurs,  que  cliacun  de  leurs 
soldats  soit  privé  de  butin  cl  enrichisse  celui  tle  leurs  adversaires. 

Fakhitah,  fille  d'Abou  Talib,  avait  épousé  Abou  Wehb 
Hohoïrah,  fils  d'Anir,  fils  d'Aïd,  fils  d'Amr,  fils  de  Makb- 
zouti),  dont  elle  eut  un  fils  et  une  fille.  Elle  accompagna 
le  Propbète  dans  sa  fuite;  mais  son  mari  mourut  idolâtre  à 
Nedjrân.  Il  composa,  dans  ce  pays,  un  f^rand  nombre  de 
vers,  dont  voici  un  fragujeul  relatil"  à  Fakbilali  : 

Mind  soupire  t-eile  pour  toi?  Es-lu  l'objet  de  ses  sollicitations?  Telle» 
sont  les  causes  do  l'absence  et  ses  vicissitudes.  » 

Tandis  que  je  donnais  sur  le  sommet  du  cbâieau  inaccessible  de  Nedj- 
rân, son  image  est  venue  m'(-veiller. 

Va  pourtant  (ô  Hind)  en  suivant  la  religion  de  Mojh'nunied,  In  as 
rompu  les  liens  du  sang  <(ui  nous  unissaient. 

(^etlc  pièce  est  lr(',s  longue.  Fakbilali  ('tail  surnommée 
Oiiinni-Uani.  Ali,   rpiand    il   arriva    an    khaiilat,  donna  un 

•9- 


292  LES  PRAIRIES  D'OR. 

I  w  «-  .  - 

j*iwA^=l  -^  (ilJij  cV-««4^  -njwj  ool^  ^A^^  (:JV^3  *-^-*-»«  *^'*-^ 
«^.ikaxJi  J.^1  (j-«  l-gj^â  J^jj_5  ^À^  tij'^J  (^il^^  (;^  jj^jAib.  ^j~i**î 

emploi  à  Djâdah  ben  Hobeirah,  fils  de  sa  sœur.  Ce  Djàdah 
est  l'auteur  des  vers  suivants  : 

Veux-tu  connaître  ma  famille?  Mon  père  descend  des  Benou  Makh- 
loum;  ma  mère  est  une  Hachémite  el  la  meilleure  des  éponses. 

Qui  oserait  placer  un  oncle  m^erncl  au-dessus  des  miens,  au-dessus  du 
généreux  Ali  et  d'Okaïl? 

L'autre  fille  d'Abou-Talib,  Djomanah,  eut  pour  époux 
Abou-Sofiân,  fils  d'el-Harit,  fils  d'Abd  el-Mottalib,  et  fut  la 
première  Hachémite  qui  donna  des  enfants  à  un  homme  de 
cette  même  famille.  G  est  du  moins  ce  que  rapporte  Zobeïr, 
fils  de  Bekkar,  dans  son  livre  intitulé  :  Généalogie  el  histoire 
des  Koreïchites.  Djomanah  émigra  et  mourut  à  Médine,  du 
vivant  du  Prophète. 

L'an  36  de  l'hégire,  Ali  se  rendit  à  Basrah.  La  bataille  du 
Chameau  eut  lieu  le  jeudi,  dix  de  djomada  I  de  la  même 
année.  Treize  mille  soldats  de  Basiah  et  autres  périrent  dans 
cette  journée:  Ali  perdit  cinq  mille  des  siens.  Mais  on  est 


CHAPITRE  LXXVIII.  293 

o^i  iL^Jr  v^  v^^^'  e>-«  S^i  S^rj  ^'  ^^  ^'^^  f^j^3 

A_jt_j>j    (^.T->^  ^^   '^Jiy-^**-^^   "^^^^5  J-^-^     *-*»*^  J>^'>  Àxi^ 

5w>il>g^       V.{t..w)      ^.Mt^^     <\À«iW      (Jftj'^-I)^      (J^^        J'"5^'      "-^^  ^J     (^■»'> 

iii.Ji  /jv-jj  j-  fl-^'ii  iijjJiî  (_^  J>i».:>  yl   (:J^J_j  liiJi  ^j_j  f»l»i 

A_À.*«  fjy.j'^'K^j   c;a.aw  5wdS!LJi  J^ij  vii-'i  (jvjj  U»^  ».*ik*  iii^Xoj 

^  loin  de  s'accorder  sur  les  pertes  des  deux  armées.  Les  uns 
les  diminuent,  les  autres  les  exagèrent;  les  premiers  les 
portent  à  sept  mille  hommes,  les  seconds  à  dix  mille,  se- 
lon l'inclinafion  et  la  préférence  cju'ils  ont  pour  l'un  ou 
[)0ur  l'autre  parti  II  n'y  eut  qu'une  seule  bataille  et  en  un 
seul  jour.  Entre  l'avènement  d'Ali  et  cette  bataille,  on 
conipte  un  intervalle  de  cinq  mois  et  vingt  et  un  jours;  entre 
cette  bataille  et  le  commencement  de  l'hégire,  trente- 
cinq  ans,  cinq  mois  et  dix  jours.  Ali  entra  dans  Koufah 
un  mois  après  la  bataille,  c'est-à-dire,  trente-cinq  ans, 
six  n)ois  et  dix  jours  ,  à  dater  de  l'hégire.  Six  mois  et 
treize  jours  s'écoulèrent  entre  l'arrivée  d'Ali  à  Koufah  et 
la  bataille  de  Sillin,  dans  laquelle  il  combattit  Moàwiab. 
La  bataille  de  .Siilin  fut  donc  livrée  trente-six  ans  et  treize 
jours  après  l'hégire.  Soixante  et  dix  mille  hommt  s  y  perdi- 
rent lu  vie,  à  savoir  :  fiuaranle-cinq  mille  de  l'armée  de 
Syrie   et    vingt -cinf|    mille  de    l'armée    d'Irak.    Les    deux 


294  LES  PRAIRIES  D'OR. 

(jlj  tfwSS  (j-«  l»!  cjljJii    IJsJCî  y-»  >jO  l^çvj  ij^ÀAwj^^^rfi   »X3  U 

armées  campèrent  cent  dix  jours  à  Siffîn.  Vingt -cinq  des 
Compagnons  du  Prophète,  qui  suivaient  le  parti  d'Ali 
y  furent  tués,  notamment  Ammar,  111s  de  Yaçir  Abou'l- 
Yakzân,  surnommé  Ibn-Someyiah  ;  il' était  âgé  de  quatre- 
vingt-treize  ans.  Le  nombre  des  conibats  livrés  entre 
l'armée  d'Irak  et  celle  de  Syrie,  à  Siffîn  ,  s'élève  à  quatre- 
vingt-dix.  L'an  trente-huit  de  l'hégire,  eut  lieu  l'entrevue 
des  deux  arhiires,  Amr,  fds  d'el-Assi,  et  Abou  Mouça  el- 
Achâri,  à  Balka,  ville  du  territoire  de  Damas,  ou,  selon 
d'autres,  à  Dawmal  el-Djan;!al,  bourgade  située  à  environ 
dix  milles  de  Damas.  On  connaît  les  résultats  de  celte  con- 
férence. Nous  en  toucherons  quelques  mots  dans  la  suite  de 
ce  récit,  quoique  nous  en  ayons  déjà  présenté  les  détails 
dans  nos  ouvrages  précédents.  La  même  année,  lesKharidj- 
ites  ou  hérétiques  se  révoltèrent  et  se  déclarèrent  indépen- 
dants. Dans  les   rangs  de  l'armée  d'Ali,  à  Siffîn.  se  trou- 


CHAPITRE  LXXVIII.  295 

(•"^^-J    yl%v>«  /^   LyJJLl    >XaxÎ    ^L^^    kiUi    <XX)   *)s?Vr?   ^'^^  J^ 
A.V'iM.^  /jj   *X_:^^  (^^*><Jï».  J^^xaw  ^'^  /jj^Li  L>o_j  CAjli  /jj! 


valent  quatre -vingt  sept  Compagnons  du  Prophète  qui 
avaient  combattu  à  Bedr,  savoir  :  dix-sept  Mohadjirs  et 
soixante  et  dix  Ansars.  On  comptait  aussi  dans  son  armée 
neui  cents  Mohadjirs  ou  Ansars,  qui  avaient  j)ris  part  à  l'é- 
lection sous  l'arbre,  c'est-à-dire  à  l'élection  de  plein  gré;  en 
tout,  deux  mille  huit  cents  Compagnons  du  Prophète. 

En  la  même  année,  Ali  combattit  les  Kharidjitesà  Nehre- 
wân.  Un  certain  nombre  des  partisans  d'Otmân ,  voulant  s'af- 
franchir de  toute  autorité,  avaient  refusé  le  serment  à  Ali. 
Parmi  ces  derniers  se  trouvaient  Saad,  lils  d'Abou  Wakkas; 
Abd  Allah,  fils  d'Omar;  Yézid  et  Haddjadj,  qui  se  pronon- 
cèrent plus  tard  en  faveur  d'yVhd  el-Mélik,  fils  de  Merwân; 
Kodamah,  fils  de  Mazhoûn,  Ohbân,  fils  de  iJaïli;  Ahd  Allah, 
fils  de  Sellam,  et  Mogaïrah,  lils  de  Chôbah  le  Takifite.  Au 
nombie  des  Ansars  dissidents,  on  remarquait  Kaal),  fils  de 
Malik,  et  llarâu,  fils  de  fabit,  tous  les  deux  poètes;  Abou 
Saïd  el-Kbodri;  Mohammed,  fils  de  Maslamah,  allié  des 


296  LES  PRAIRIES  D'OR. 

^.\  A^;M|   wA-iiuj  ^wj  -^WxiJi    s^  /\^«>o  IaaîîJ^  m^"*^  j^^-j^ 
iLàjJiî  cAjl^  jUa^i^i  (j^  Uûj-A^j  iLijJiL»  <^  iixAj  ci».i»ajl_j 

^Ij   mUvx)    ^X^lc   I^aA^    ^\^    ^/wXii    ^j*U]i  j.SlSo    (JV.»-    ^^_^^iiî 


Benou  Abcl  el- Achhal;  Yézid,  fils  de  Tabit;  Rafi,  fils  de 
Khadidj;  Nomân,  fils  de  Béchir;  Foudalah ,  fils  d'Obeïd; 
Kaab,  fils  d'Adjrah;  iMaslaniah,  fils  de  Khalid,  et  uae  foule 
d'autres  Ausars,  d'Omeyades,  etc.  qui  restaient  attachés  au 
parti  d'Otmân.  La  confiscation  ordonnée  par  Ali  des  do- 
maines qu'Otmân  avait  accordés  à  un  grand  nombre  d'entre 
eux;  le  partage  intégral  des  revenus  du  trésor,  sans  aucun 
privilège;  enfin  l'envoi  de  la  chemise  ensanglantée  d'Ot- 
mân ,  que  Oumm-Habibah,  fille  d'Abou  Sofiàn,  fit  remettre 
à  Moâwiah,  son  frère,  par  Nomân,  fils  de  Béchir  el  Ansari: 
tous  ces  griefs  excitèrent  leur  ressentiment  contre  Ali. 

L'autorité  d'Ali  fut  reconnue  à  Koufah  et  dans  d'autres 
villes;  mais  Koufah  la  reconnut  d'abord,  grâce  à  l'influence 
d'Abou  Mouça  el-Achâri,  qui,  bien  que  nommé  gouverneur 
de  cette  ville  par  Otmân ,  sut  attirer  la  foule  dans  le  parti  d'Ali. 
Plusieurs  Omeyades  dissidents,  tels  que  Saïd,  fils  d'el-Assi, 
Merwàn,  fils  d'el-Hal<em,  et  Walid,  fils  d'Okbah,  fils  d'A- 


CHAPITRE  LXXVIII.  297 

jj-fr   v_à)w:^0  ^     b!    »XaJjJI    a]    Jlï^j    J^_^  c^bà».     A^AJ_5    aJ^jo 

j\fy  iOva».  ^_^wLjj-*i)^  i^-M»  (ji  <— AXjCJiJ  bl  Ul  ^^j  ^-^ï  UrvJ 
c^JjCJii  «Xaji^  U5   »XjJ^i   Jljjj  Ij^AJ   U^Xj   ^Ixli   /vj  ^axm» 

(^  y^— »-  tj!  (^v^r  (jr>  ^P  v-*AJ^  ^l^pi  «Xï^      sbî  X<wO 

(jV>i_*^î  j.m\    b  «_,vO   Jljii  iùjjUvxJi    ^j^  (iJtJ"^'    "^   ^^*  '>*' 

bou  Moait,  se  rendirent  auprès  d'Ali  et  eurent  avec  lui  une 
lonf,'iie  conférence.  Walid  lui  dit  :  «  Ce  n'est  pas  un  senti- 
ment de  hairje  qui  nous  porte  à  protester  contre  la  nonii- 
nalion;  mais  nous  redoutons  l'opinion  et  nous  craignons 
pour  nos  jours.  Notre  excuse  est  donc  manifeste.  En  ce  qui 
me  louche  personnellement,  tu  as  fait  périr  mon  {lère  par 
la  main  tin  bourreau,  et  lu  m'as  infligé  une  peine  infa- 
mante. »  Saïd,  fils  d'el-Assi,  entra,  à  son  tour,  dans  de  lou- 
gues  explications;  puis  Walid  repril  la  parole  et  ajouta  : 
«  Quant  à  Saïd ,  tu  as  tué  son  père  et  déshonoré  sa  denieure. 
Pour  Merwàn ,  tu  as  outragé  son  père,  et  tu  as  blàmé  Otmàn 
de  s'attacher  au  même  Mer   an.  » 

D'après  ce  qu'Abou  Mikhnef  Lout,  fils  de  Yahia,  a  ra- 
conté, Hnrân,  fils  de  Tabil,  kaab,  (ils  de  Malik,  et  Nomàn, 
fils  deBéchir,  ce  dernier,  avant  d'avoir  été  chargé  de  la  che- 
mise ensanglantée  d'Otmàn,  allèrent  trouver  Ali,  avec  quel- 
ques autres  partisans  d'Otmàn.  Kaab  lui  adressa  un  long 
discours,  dans  lequel  se  trouvait  cette  phrase  :  «  Celui  à  «jui 
on  pardonne  n'est  plus  coupable ,  et  la  meilleure  expiation 


298  LES  PRAiRlKS  D'OIV 

0;_rf?l  ^J^L*Ji  ^J.i  jfjS  (j\^  *X3^     Ua:?:  U^i  ^r*  jj^^  5>l^ 

ii_j_5L«-«  (j!  t^JO   <_^  ii.x^-j  tJ-*  U^  ^^  yl<vft^^i  aj  J^AOj'i 

est  une  excuse  qui  efface  la  faute.  »  Puis  il  prêta  serment  à 
Ali,  lui  et  tous  ceux  qui  l'avaient  accompagné. 

Amr,  fils  d'el-Assi,  s'était  détaché  du  parti  d'Olniân,  de- 
puis que  ce  khalife,  lui  retirant  sa  faveur,  l'avait  remplacé 
dans  le  gouvernement  de  l'Egypte.  Amr  était  en  Syrie,  lors- 
qu'il apprit  le  meurtre  du  khalife  et  la  nomination  d'Ali. 
Cependant  il  écrivit  à  Moâwiah  pour  exciter  son  ressentiment 
et  le  pousser  à  venger  le  sang  d'Otmân.  «  Que  pourras-tu 
faire,  lui  écrivait-il,  lorsque  tu  auras  été  dépouillé  de  tout 
ce  que  tu  possèdes?  C'est  maintenant  qu'il  faut  agir.  »  Moâ- 
wiah  l'appela  auprès  de  lui  et  lui  demanda  sa  voix.  Amr  lui 
dit  :  «  Je  ne  te  sacrifierai  ma  religion  que  si  je  partage  avec 
toi  les  biens  de  ce  monde.  —  Parle,  dit  Moâwiah.  —  L'E- 
gypte, reprit  Amr,  est  le  morceau  que  je  convoite.  «  Moâ- 
wiah consentit  k  sa  demande,  et  lui  conféra,  par  écrit,  le 
gouvernement  de  cette  province. Voici  deux  vers  d'Amr  qui 
se  rapportent  à  celte  circonstance  : 

Moâwiah,  je  ne  te  sacrifie  ma  foi  religieuse  que  pour  obtenir  de  toi 
tes  biens  de  ce  monde.  Pense  à  ce  que  tu  dois  faire. 


CHAPITRE  LXXVIII.  299 

-^i   oUàil  jji_5  Js^  i  Iv  *j  j,ysr'  -jj^Ji  4^iyi  ^ji^  ii.s^AaÀJij 

(j-«  ^LJi  0/*i^  tJ^-  (*^^^  u'   t^iy   ^'j  t^L^   -îOUJixj 

Si  tu  me  donnes  l'Egypte ,  tu  conclus  un  marché  avantageux ,  car  tu 
achètes  un  cheïkh  qui  peut  aussi  bien  nuire  que  servir. 

Mogaïrah,  fils  de  Chôbah,  se  rendit  chez  Ali  et  lui  dit  : 
•  Tu  as  le  droit  d'attendre  de  nioi  de  l'obéissance  et  des  con- 
seils. Sois  prudent  aujourd'hui,  afin  d'être  maître  de  la  si- 
tuation demain;  au  contraire,  une  faute  commise  aujour- 
d'hui entraînerait  ta  perte  demain.  Laisse  Moâwiali  et  le 
fils  d'Aniir  à  leurs  postes  et  maintiens  tous  les  agents  dans 
leurs  fonctions.  Quand  tu  auras  reçu  leur  serment  d'obéis- 
sance et  celui  de  l'armée,  tu  pourras  les  révoquer  ou  les 
conserver. — J'y  réflécbirai,  »  dit  Ali.  Mogaïrah  sortit;  il 
revint  le  lendemain  et  lui  dit  :  «  Au  conseil  (jue  je  le  don- 
nais hier,  j'en  opposerai  un  second.  La  prudence  exige  que 
tu  les  destitues;  lu  connaîtras  ainsi  Tobéissance  des  uns, 
l'insubordination  desautics,  et  lu  anérinir.is  Ion  autorité.  » 
Puis  il  sortit  et  rencontra  Ibn  Abbas  qui  entrait.  Ce  dernier, 
en  abordant  le  khalife,  lui  dit:  «Je  viens  de  rencontrer 
Mogaïrah  sortant  de  rhez  toi.  Quel  était  le  but  de  sa  visile?» 


300  LES  PRAIRIES  D'OR. 

tXJL»  f»_j-JS-^t   Lwij  ^j:aQ.j  Jot»  ^_j*ik^i  Ui   JUi  *ji_j  ^"^  O'^'^' 

3!    J.-S-j.Jl    JOCJ9     (JVi^      ^^   yt    t^iyi  Jtj^^ijJi     U    Jii     ^^S. 

ylj  liLA-X.*  viijy    (3"^j.j  liJjli  Jsà^*XXi   iiJlx)  jjUi  (iUi  J^AAi 

^^j^i     Ulî     dJvAS-    »Xj^   ^     dJvS'î    li     5wlaA£l^    i<ivjU    (-Jyx]]     C>.j\^ 

AH  lui  avoua  qu'il  lui  avait  donné  tel  conseil  la  veille,  et  tel 
autre  aujourd'hui.  «Hier,  reprit  Ibn  Abbas,  il  t'a  vraiment 
donné  un  conseil,  mais  aujourd'hui  il  t'a  trompé.  »  Et,  Ali 
lui  demandant  son  avis,  il  ajouta  :  «Tu  aurais  sagement 
fait  de  t'éloigner,  le  jour  du  meurtre  de  cet  homme  (Ot- 
mân),  ou  un  peu  auparavant;  de  retouiner  à  la  Mecque;  de 
t'enfermer  chez  toi  et  de  condamner  ta  porle.  Si  les  Arabes 
s'étaient  déclarés  pour  toi,  ils  se  seraient  mis  à  ta  recherche 
et  ne  t'auraient  point  opposé  un  rival.  Tandis  qu'à  présent 
les  fils  d'Omeyah  mettront  tout  en  œuvre  pour  entraver  ton 
autorité  et  te  rendre  impopulaire.  »  Mogaïrah  (racontant 
son  entrevue  avec  Ali)  disait  :  «  Je  lui  ai  d'abord  donné  un 
avis  salutaire,  et,  voyant  qu'il  le  repoussait,  je  l'ai  trompé.  » 
D'après  une  autre  version,  il  aurait  dit  :  «  Par  Dieu ,  je  ne 
l'ai  pas  conseillé  jusqu'à  ce  jour,  et  je  ne  le  conseillerai 
point  désormais.  » 

Dans  une  relation  différente,  j'ai  trouvé  les  faits  racontés 
ainsi  qu'il  suit  par  Ibn  Abbas  lui-même  :«  Cinq  jours  après 
la  mort  d'Otmân ,  j'arrivai  à  la  Mecque  et  je  nio  présentai 


CHAPITIΠ  LXXVIll  301 

c>-^(>.J>  i^^  Jl«_5  ^^  l^**i  i>^;-^*U  ^r^  "Ji^Uw  c^WL  <   -  wA^ 

aX.aj>  *-^l  ^fc^-*-j  ^ij  (j^*  f»*^^  ^j"4K?  ^j^j-^  ^5  |^*N? 

chez  Ali.  On  me  répondit  que  Mogaïrah,  fils  de  Chôbah, 
était  avec  lui,  et  je  m'assis  un  moment  au  seuil  de  sa  de- 
meure. Bientôt  Mogaïrah  sortit,  me  salua  et  me  demanda 
dejuiis  quand  j'étais  arrivé.  «J'arrive  à  l'instant,»  lui  ré- 
poiidis-je;  puis  j'entrai  chez  Ali  et  le  saluai.  Il  me  dit  :  «  Où 
as-tu  rencontré  Zoheir  et  Talhah?  —  A  ^awaçif. — Qui 
était  avec  eux?  —  Ahou  Said,  fds  d'el  Harit,  fils  de  Hi- 
chaui,  et  quelques  Koreïchites.  »  Ali  reprit  :  «Ils  n'auront 
pas  l'audace  de  demander  vengeance  du  meurtre  d'Ot- 
mân,  car  Dieu  sait  qu'ils  sont  les  auteurs  de  sa  mort.» 
J'interrogeai  Ali  sur  Mogaïrah  et  sur  la  conversation  par 
liculière  qu'il  avait  eue  avec  lui.  Ali  me  répondit  :  «Mo- 
gaïrah est  venu  chez  moi,  deux  jours  après  le  meurlre  d'Ot- 
màn  et  m'a  demandé  un  entretien  secret.  Je  le  lui  accordai 
et  il  me  dit  :  «  Les  conseils  ne  coûtent  pas  cher.  Tu  es  ce  qui 
nous  reste  de  plus  piécieux,  et  je  dois  te  donner  un  avis 
utile.  Crois  moi,  ne  révoque  pas  cette  année  les  agents 
nommés  par  Otniàn;  au  contraire,  maintiens-les,  par  dé- 
crets, dans  les  Inuclions  qu'jls  exercent.  Quand  ils  t'auront 


LES  PRAIRIES  D'OR. 

Job  ^IaXc  AjjLwi  U  Jj!  US  #i  (_:*AJi3  (j«U*  ^jjI  Jlï  ii>w.Ji 


prêté  serment,  quand  tout  danger  sera  écarté,  tu  pourras 
à  ton  gré  les  révoquer  ou  les  conserver.  —  Non,  lui  répon- 
dis-je,  je  ne  faillirai  pas  à  ma  religion,  et  aucun  de  mes 
actes  ne  sera  entaché  d'hypocrisie.  —  Puisque  tu  n'y  con- 
sens point,  destitue  qui  bon  le  semblera,  à  l'exception  de 
Moâwiah.  C'est  un  homme  audacieux  et  très-influent  en 
Syrie.  Tu  as  d'ailleurs  un  motif  plausible  pour  le  maintenir, 
puisque  Omar  lui  avait  contié  le  gouvernement  de  la  Syrie 
lout  entière.  —  Non  certainement,  m'écriai-je,  jamais  je 
n'emploierai  Moâwiah,  ne  fût-ce  que  deux  jouis.  »  A  la 
suite  de  cet  entretien,  Mogaïrah  prit  congé  de  moi.  Il  re- 
vint plus  tard  et  me  dit  :  «  Hier,  je  t'ai  dit  mon  avis,  tu  l'as 
rejeté;  j'ai  réfléchi  depuis  à  cette  affaire,  et  je  te  donne 
raison.  Tu  ne  peux  pas  avoir  recours  à  la  ruse,  et  la  dissi- 
mulation doit  être  bannie  de  les  projets.  »  Ibn  Abbas  ajou- 
tait :  «Je  dis  alors  au  khalife  :  Le  premier  avis  était  celui 
d'un  sage  conseiller,  le  second  celui  d'un  traître.  Je  t'engage 
à  conserver  Moâwiah.   Lorsqu'il  t'aura  prêté   serment,  je 


CHAPITRE  LXXVIII.  303 

AjJact  ^  aMI^  ^\x»  i\jX^  jj^  Wil  ^i   Juti  jixjL  jjU  aj^U^ 

*^i  J>-^  outçvM  Ul  cljâï  J.S-J  c:a->1  (jv,L-«^i  ^^.*^i  L»  c^Aib 
^^ÛxLl  (JJ  aW!^   Ul   o-Ui  Jlj  Jlï  A**Xifc    V^^^  "-^y^î!  A-*^ 

P  w 

me  charge  de  l'enlever  de  chez  lui.  —  Non,  répondit  Ali, 
entre  lui  et  moi,  il  n'y  aura  que  le  sabre;»  et  il  ajouta 
cette  sentence  en  vers  : 

a  Que  m'importe  le  trépas,  si  je  succombe  sans  honte,  lorsque  la  mort 
viendra  fondre  sur  moi!  » 

Je  repris  :  «  Émir  des  Croyants,  tu  es  un  homme  intré- 
pide; mais  n'as-tu  pas  entendu  dire  au  Prophète  f[ue  la 
guerre  c'est  la  ruse?  —  C'est  vrai,  me  dit  Ali.  —  Kh  bien, 
continuai-je,  si  tu  suis  mon  conseil,  je  saurai  les  éloigner  do 
la  citerne,  après  leur  en  avoir  montré  le  chemin  (proverbe). 
Je  leur  montrerai  l'envers  de  la  situation ,  sans  qu'ils  en 
connaissent  la  véritable  face;  et  cela,  sans  détriment  pour 
toi,  sans  tache  à  ton  honneur.  —  Fils  d'Abbas,  me  répon- 
dit Ali,  je  ne  veux  pas  être  l'instrument  de  tes  volontés  ni 
de  celles  de  Moâwiah,  en  adoptant  le  plan  que  ta  prudence 
me  suggère.  Je  te  désobéis;  mais  tu  dois  m'obéir.  —  J'o- 
béirai, lui  dis-jr,  rien  ne  m'est  plus  facile  que  de  te  prouver 
ma  soumission.  - 


^304  LES  PRAIRIES  D'OR. 

t->>,j-!^    CJ^   -V^    IJ^  U3  a*«Xj_5    tK-«'4^    r»>r>    (J.^^W^^i^^ 

L<y_3l  l_«u>^ïlj  -LaS^JI  ^\  ij-^^aLUiJ]  ij^-^j^  ^^-^  Wy^  J^* 

^i   «>^x£  ^1^  *Xi^  iiXjf  ^Ui^jle  c:Ajl^»XJj_j  »S^  j^  yJtXAoib  .^ 
<X_i».î   (^jv-i*-   L.g-À.-«    t_>j.i£û   »j.AiaAJi   ^^  (j^*  Jv^lfi^^l^s:  ^jI 

^lCo  jjli  ii^^  ^  L^*!?  J^^   U^*  Jw«^  (:j-*>^'  (j*  Gy^^s 
CHAPITRE  LXXIX. 

RÉCIT  DE  LA  JOURNEE  DU  CHAMEAU;  SES  CAUSES;  COMBATS  LIVRES 
PENDANT  CETTE  JOURNEE,  ETC. 

Talhah  et  Zobeïr  arrivèrent  à  la  Mecque,  après  avoir 
obtenu  d'Ali  la  permission  de  visiter  les  lieux  saints.  «  Votre 
intention ,  leur  avait  dit  Ali ,  est  sans  doute  de  vous  rendre  à 
Basrah  ou  en  Syrie.  »  Mais  ils  affirmèi-ent  par  serment  que 
la  Mecque  était  le  seul  but  de  leur  voyage.  Aïchah  s'y  trou- 
vait alors.  Abd-Aliah,  fils  d'Amir,  gouverneur  de  Basrah 
sous  Otmàn,  s'enfuit  de  cette  ville,  dès  que  Haritah,  fils  de 
Kodamah  es-Saadi,  vint  y  réclamer  le  serment  de  fidélité  en 
faveur  d'Ali,  et  Otmân,  fils  de  Honaïf  el-Ansari,  y  prélever 
l'impôt  au  nom  du  nouveau  khalife.  D'autre  part,  Yàla,  fils 
de  Mounyah,  auquel  Otmàn  avait  donné  le  gouvernement 
du  Yémen  ,  abandonna  son  poste  et  vint  à  la  Mecque,  où 


CHAPITRE  LXXI.X.  305 

/j^^wifc.1    ^  (♦5C=».  (^  {J^3J-^3 j-^'j^^i  i^UskJoj  iLifcjlft  I4J  o^*^»A* 

ii-oijj  U*.^>w*v_5  lfi|^^  /^•^  v-J«Jî  '*y^-««*^j' j^j^îj  i^^ivlsj  iùiolft 
/w..ÇvJL    A_A-X_C   »_55^   (jl^j^X*»*  t5-<V.^I    J^^-^'^   iUiolfi   <it 

J^;>y|  (J-.  ii-)U_}  J^i  ^.jU!  v^L»  /^j^  :>cK£5  JJ^ÀA»  '-gj  ii 

\ù\Ji>  /4wl  U  iLiMioLp  (^ULi  (~>*5tJi  (^  ^Oi^j^S^  ujt^^jù  (-;^X.J 

il  rencontra  Aïchah  ,  Talhah,  Zobeïr,  Merwân ,  fils  d'el- 
Hakenî ,  et  d'autres  Onicyadcs.  Yàla  ,  impatient  de  venger 
le  meurtre  d'Otmân,  partagea  quatre  cent  mille  dirhems, 
des  provisions  et  des  armes,  entre  Talhah,  Zobeïr  et  Aï- 
chah  ,  et  envoya  à  celle-ci  un  chameau  nommé  Asker, 
qu'il  avait  payé  deux  cents  dinars  dans  le  Yénien.  Ils  vou- 
laient se  londre  en  Syrie,  mais  Ibn  Amir  combattit  cette 
résolution.  «  Moâwiah,  leur  dit-il ,  ne  voudi'a  pas  reconnaître 
votre  autorité,  ni  agir  de  concert  avec  vous.  Or,  Hasrah 
esta  moi;  c'est  là  que  vous  trouverez  les  ressources  et  le 
matériel  nécessaires.  «  Munis,  par  ses  soins,  d'un  million  de 
dirhems,  de  cent  chameaux  et  de  provisions,  les  conjurés 
partirent  pour  Basrah  avec  six  cents  cavaliers.  Ils  s'arrê- 
tèrent, de  nuit,  près  d'un  |)uits  nommé  cl-llinob  (le  crime), 
apj)ailenant  aux  lienon  Kilal».  (hielques  homnies  de  cette 
tribu  y  campai<'nt,  cl  leurs  chiens  se  mirent  à  aboyer,  à 
raj)pro(  ho  des  cavaliers.  Aïchah  dciDonda  le  nnm  de  ce 
lieu.  —  «Kl-llawh,»  lui  dit  l'.Arabe  (|ni  abreuvait  son  cha- 
1  \ .  u  o 


306  LES  PKAIHIES  D'OR. 

ia-Lt  »XaJ^  lj^  i»Xtf)  U  AMbj^_^il  JUijJV«m  ,i  (i  Ars-ls». 

ÀML>  L-fw-slj  IgJUÀi  (j**UJi  iiiU«  li  ii^lb  yW^  Aj  dL^i».  i  L<?vi 
(jj-tf  ^-=*j  ;j^-«*-è^  ^y*-«  ^^-^^  V^^-l?  u*'^-^  "^^  y'  <i^ 

/»>4-*^^    <^/"^-?   f**6^^  '-XAÀJ».   (^  (jUn*  ^^JS    SiT^  «;-»^i 

âjw-Awl;    v_X*iAi»-    ^-^    (jV,«V-&    l_j-JC-AJ    (il^Ml    (JÀJO    »i     yl^  Lt>J    t^ 

et 

meau.  Aussitôt  elle  revint  et  fit  part  à  ses  compagnons  de 
ce  qu'elle  venait  d'apprendre,  en  ajoutant  :  «  Ranienez-nioi 
sur  le  territoire  sacré  de  l'apôtre  de  Dieu;  je  ne  liens  plus 
à  poursuivre  ma  route.  »  Zobeïr  affirma  par  serment  que  ce 
lieu  ne  se  nommait  pas  el-Hawb,  et  qu'elle  avait  été  mal 
renseignée.  Talhah,  qui  se  trouvait  à  l'abreuvoir,  revint  en 
ce  moment,  jura  aussi  par  le  nom  du  Dieu  suprême  que  ce 
n'était  pas  el-Hawb,  et  fit  jurer  avec  iui  cinquante  hommes 
qui  l'accompagnaient.  Ce  fut  la  première  fois  que  des  n)usul- 
mans  prêtèrent  un  faux  serment.  Quand  la  troupe  arriva 
devant  Basrah,  Otmân,  fils  de  Honaïf,  marcha  à  sa  ren- 
contre pour  lui  barrer  le  passage.  On  en  vint  aux  mains; 
puis  une  trêve  lut  conclue  jusqu'à  l'arrivée  d'Ali.  Cepen- 
dant, quelcjue  temps  après,  Olmàn  fut  attaqué,  pendant 
la  nuit,  et  fait  prisonnier.  On  le  frappa  et  on  lui  arracha  la 
barbe.  Mais  ses  ennemis,  craignant  d'attirer  sur  leurs  par- 
tisans de  A'iédine  la  colère  de  Sehl ,  (ils  de  Honaïf",  Irère 
d'Otuiàn,  et  celle  des  autres  Ansars,  lui  rendirent  la  liberté. 


CHAPITRE  LXXIX.  307 

a)»^V-^    (^   (<V-X>.    '^^^   ^J-'^i  '-^  -tsX^^i    j   J^AÏ  (j-«  Jjl 
L-^sLkJj   ^^J^^  '^^''^  U**"^'   tXxc  c:*i,iUu  (j.*  y\s^  ^^O^axjI 

AjUouéam  i  «iiJs  wA*  Ju^3  vXi^  j.^^i  ^<*J;i  «■^'"^J  x^j*xii  (jw«  t^ 

Us  voulurent,  après  cela,  s'emparer  du  trésor  public.  Le  tré- 
sorier et  les  Sabiheh  qui  étaient  préposés  à  la  garde  du  nu- 
méraire essayèrent  de  résister.  Sans  compter  les  blessés, sur 
soixante  et  dix  honmies  qui  périrent  dans  colle  allaire,  cin- 
quante furent  décapités  par  le  bourreau,  après  avoir  été  je- 
tés en  prison.  Ce  sont  les  premiers  musulmans  qui  furent  mis 
à  mort  injustement  et  par  la  main  du  bourreau.  Ilakim  ,  fils 
de  Déjéblah  el-Abdi,  l'un  des  chefs  des  Abd  ei-kaïs,  cité 
dans  la  Iribn  de  Hébyah  pour  sa  dévotion  et  son  austérité, 
fut  aussi  une  de  leuis  victimes.  Le  droit  de  réciler  la  prière 
publique  divisa  Talhah  et  Zobeir.  Après  un  long  débat,  ils 
consentirent  à  une  transaction  et  convinrent  que  la  prière 
sérail  dite  un  jour  par  Abd  Allah,  fils  de  Zobeir,  cl  le  jour 
suivant,  par  Mohammed,  iils  de  Talhah. 

(^)iiatre  mois  s'étaient  écoulés  (mais  on  n'est  pas  d'accord 
sur  ce  laps  de  temps) ,  lorsque  Ali  sortit  de  Médin»;  avec  sept 
cents  cavaliers,  dont  quaire  cents  Moh.tdjirs  et  Ansars,  parn)i 
lesquels  on  remarquait  soixante  et  dix  vétérans  de  Bedr; 
le  restp  se  composait  de  Compagnons  du  Prophète.   Apres 


308  LES  PRAIRIES  D'OR. 

Oj-j»^jl;  |i^^i;i  (^fi  y^  «>^^   AjL=ûp|^  iia^vJo  Aj'ljj   «iU^  (>:?>i3 

kiUi   ^^^    iCiXi  ^  Wi  Jlï^   ^^^jji   jo..ftiaÂi»  (j*.liJi  ^jjUiù*«^ 

A.JC<o  (>-.<^i   (^  )^^  ci^Uib^  u:>U^  Uaj  liXj  ^i^   t^jLs  ljL«^ 

avoir  laissé  le  gouvernement  de  Médine  à  Sehl,  fils  de  Ho- 
naïf  el-Ansarî,  Ali  se  rendit  à  Rabadah  ,  entre  la  Mecque  et 
Koufah,  sur  la  grande  route  des  caravanes.  Mais  Talhah  et 
les  siens  s'étant  dérobés  à  sa  poursuite,  il  se  détourna  de  son 
chemin,  afin  de  suivre  leurs  traces  en  Irak.  Plusieurs  auxi- 
liaires médinois  vinrent  le  rejoindre  en  route,  entre  autres 
Khozaïmah,  filsdeTabil,  surnommé  Doa  l-clièhadeteïn ,  avec 
six  cents  cavaliers  des  Benou  Tayi.  De  Rabadah,  Ali  écrivit 
à  Abou  Mouça  el-Achàri  pour  le  presser  d'enrôler  les  re- 
crues; mais  celui-ci ,  sous  prétexte  de  ne  pas  fomenter  la  dis- 
corde, différa  leur  départ.  Ali,  informé  de  cette  manœuvre, 
donna  le  gouvernement  de  Koufah  à  Kortah,  fils  de  Kaab 
ei-Ansari,  et  envoya  le  message  suivant  à  Abou  Moura  el- 
Achâri  :  «Fils  du  tisserand,  je  te  t basse  honteusement  et 
avec  opprobre  de  mes  Etats,  (le  n'est  pas  la  première  fois 
que  j'ai  à  me  plaindre  de  toi,  et  tu  m'as  déjà  donné  de 
nombreux  motifs  de  mécontentement.  »  Puis  il  poursuivit 
sa  route  avec  les  siens  jusqu'à  Dou-Kar,  d'où  il  dépêcha 
son  fils  llaçan  et  Ammar  bon  Yarir,  avec  ordre  de  prendre 


CHAPITRE  LXXIX.  309 

(j-i  ^-^  iLJyJîi  J^l  (j^  >-«y*-^î  ^4^  ijU-i  (j*UJi  (j!yUA*xo 
/»-(}  Àj;  ^X.s>-j  y^_A.iM)^  x-jL(w-^j  cj'^^  ^^>^  J^j  O'^i  io*A.w 
ill  i_^i9  -P*x-cibj  -jJlII  Ju»<t;j  ày^Jl  Jî  <^  ^^^\i ym,':i\ 

L,J,A-Lfc    t-.J^.yl     r»^^'    (J^^??y    '•^'^    'N?!;    -î^*-*    ^■iS»*    *XXjÙ^    (J^AJ 

I  j>aû  ij^  <^jJjti  ^%*J\j  Js»*^^  i  (:j:?^*>^  s^juaJt^  ^jblwJl 

du  renfort  à  Koufah.  En  efTet,  ils  lui  amenèrent  sept  mille 
hommes,  d'autres  disent  six  mille  cinq  cent  soixante,  au 
nombre  desquels  était  el-Acbter.  Ali  se  remit  en  marche, 
et  en  arrivant  àBasrah,  il  adressa  aux  rebelles  une  procla- 
mation pour  les  conjurer  de  déposer  les  armes.  Mais  ils 
persistèrent  dans  leur  révolte. 

Le  récit  suivant,  (|ui  a  pour  auteur  Moundir,  Dis  de 
Djaroud,  a  été  transmis  par  Abou  Kbalil'ah  FadI,  fils  d'el- 
Houbab  el-Djambi,  d'après  Ibn  Aichah,  d'après  Maan,  fils 
delça;  ce  dernier  le  tenait  de  Moundir  lui-mén)e.  «  Lorsque 
Ali  arriva  à  Basrali ,  par  la  roule  de  TalT,  et  se  dirigea  vers  le 
faubourg  Zaivieli,je  sortis  pour  le  voir  passer.  Lu  escadron 
de  mille  honmies  marchait  en  tète,  conduit  par  un  chef 
monté  sur  un  cheval  gris,  coillé  d'un  bonnet  de  forme  co- 
nique, vêtu  de  blanc,  l'épée  au  côté  et  uu  étendard  à  la 
main.  Ses  soldats  étaient  coiffés  de  bonnets  pour  la  plupart 
blancs  ou  jaunes;  ils  étaient  bardés  de  fer  et  bien  armés. 
Je  demandai  quel  était  ce  chef;  on  me  répondit  :  «  C'est 
Abou  Eyoub  el-Ansari,  le  Compagnon  de  l'apôlre  de  Dieu, 


310  LES  PRAIRIES  D'OR. 

A.  xAjks  M\   J^— *«;  t^_c*.U»  f^j\jvsj!:!)\   t_>^-jl  y-)\   \iSJ>  J'^KXi 

•^K— À_A3    Àxl^    ifJtXs.  jJa-.\    (J*^^    *^'    {*■•'    /^jHS^J^^-^^-^î    ^^^^ 

ijMw_3   (^  "^^l)   ^^-X.^  L-Mift-J»  (,^/i^ÀJiL«  VAA.MI  «XAÀa.^  O^"^   VVV% 
/o  Rj^ys^  l«X^  cKoià   itX-tû  ^j^  c:-\.AAà  (j^^li  v,-*j1  ^^  ^  jji*vi\ 

(if*  0*î^^  v-ji-îi  3.^  (i  \-Miy-À  fc-A—X-ÀJCr*  Iàami  -XAJCO»  (jàAjî  VaS 
iL^LS'^  C^sAj  oIaI»  iijJ^  (_^<vwi  (jMiJ  (2^  >^'  U^^  ^^  y^  fi"^ 

suivi  d'Ansars  et  d'autres  guerriers.  »  Derrière  lui  s'avançait 
un  cavalier  coiffe  d'un  turban  jaune,  vêtu  de  blanc,  l'épée 
au  côté,  l'arc  en  bandoulière  et  un  drapeau  à  la  main. 
Il  montait  un  cheval  bai  clair  et  conduisait  environ  mille 
cavaliers.  J'appris  que  c'était  Rbozaïmah ,  iils  de  Tabit  el- 
Ansari,  surnommé  Doul-chèhadetein.  Après  lui  venait  un 
cavalier  monté  sur  un  cheval  bai  brun.  Son  turban  jaune 
s'enroulait  autour  d'un  bonnet  blanc  de  forme  conique;  il 
avait  une  tunique  blanche,  l'épée  au  côté,  l'arc  sur  les 
épjiules  et  tenait  un  drapeau;  un  millier  de  cavaliers  mar- 
chaient sous  ses  ordres.  Je  voulus  savoir  qui  il  était.  On  me 
nomma  Abou  Kafadah,  iils  de  Réby.  A  sa  suite  venait  un 
cavalier  monté  sur  un  cheval  i;ris;  il  était  vêtu  de  blanc;  les 
bouts  de  son  turban  noir  flottaient  sur  sa  poitrine  et  der- 
rière ses  épaules.  Son  visage,  fortement  basané,  avait  une 
expression  grave  et  majestueuse;  il  récitait  des  passages  du 
Koran  ;!  haute  voix,  riait  armé  d'un  sabre  et  d'un  arc  el  le- 


CIIAPITHE  LXXIX.  311 

^    i_j_:àOi  y\    C_>L«sU    iyiSjl    *X3    ii^  (J^^    4H^    XaCyiKvO 

xjI-^'jI  ij~*  a<Xc  ij  ww(L>  (jt>  j*^  J^  ikXiû  ^jM»  cxlï  A^g^Us.- 
u*^  t^  ur;'^  *-^.^>— *  ^■•'  ,»-fiSUj|j  jLajiiî^  (jyj^.s..\4l.i  (^ 

(_aXàjù«  -«^iwJUi»  iLolS:^   f^UiXo   ïkAUfcÀAi^    O^'*-:'    V^'^  ^•^  vJi^i 

(j^LàJI  ^m  o«-Ji  i  (_yj^^  !i':iK-£^j  Wj^  Ijua-4»(  .xXicco  Lw^ 

•*-):>^— «*(  iL^ljf^    (jÀA-j  <-f^j  AA^  xiLo  ^j-w*;»-î   Uj!^  U  Jjt^ii 

liait  un  drapeau  blanc.  Ses  soldats,  au  nombre  de  mille,  se 
distinguaient  par  les  formes  variées  de  leurs  coilTures.  Au- 
tour de  lui  se  pressaient  dos  vieillards,  des  hommes  et  des 
jeunes  gens  à  l'air  craintif,  comme  s'ils  eussent  comparu  au 
jugement  dernier.  On  m'apprit  que  ce  général  était  Am- 
n)ar,  fds  do  Yaçir,  au  milieu  des  Compagnons  du  Prophète, 
MolKidjirs  ou  Ansars,  et  de  leurs  (ils.  Après  lui,  sur  un  che- 
val bai  clair,  s'avançait  vêtu  de  blanc,  coiflé  d'un  bonnet 
blanc  et  d'un  turban  jaune,  armé  d'un  arc  et  d'un  sabre, 
un  cavalier  dont  les  jambes  traînaient  jusqu'à  terre.  Il  te- 
nait un  drapeau  jaune  et  commandait  à  environ  mille 
hommes  (  oilïés  de  blanc  ou  de  jaune.  On  me  dit  :  •  Voilà 
«Saad,  lils  d'ibadeb  el-Ausaii,  au  milieu  des  Ansars.  de 
«  leurs  fils  et  des  cavaliers  de  Kahtân.  »  Puis  nous  viuuîs  s'a- 
vancer un  homiiK!  monté  sur  un  cheval  d'une  beauté  mer- 
veilleuse, dont  la  (jU(;ue  cl  la  crinière  étaient  blanches.  C<' 
général  portait  des  vêlements  blancs  et  un  turban  noir,  qui 


312  LES  PRAIRIES  D'OR. 

l^j-À^Oi^  JSJ«xJ.i_5  ^^L-Ji   *.^aXc  (j«UJî   (J-.  ^3.Xiw  Aa*  V*^^>^ 

flottait  sur  sa  poitrine  et  ses  épaules;  il  tenait  un  étendard. 
C'était  Abd  Allah,  fils  d'Abbas,  avec  sa  troupe,  composé  de 
ses  propres  compagnons  et  de  ceux  du  Prophète.  Uescadron 
qui  venait  à  sa  suite  était  commandé  par  un  chef  dont  l'exté- 
rieur était  semblalile  à  celui  des  premiers.  On  me  dit  :  «  C'est 
Obeïd  Allah ,  fils  d'Abbas.  »  Il  était  suivi  d'une  troupe  de  cava- 
liers ,  ayant  à  leur  tête  un  chef  qui  ne  différait  pas  des  précé- 
dents, et  que  fon  me  dit  être  Kotam  ou  Mâbad,  fils  d'Abbas. 
Les  corps  de  cavalerie  se  succédèrent  ainsi,  enseignes  dé- 
ployées, au  milieu  d'une  forêt  de  lances,  jusqu'à  ce  que  nous 
vîmes  passer  une  troupe  de  cavaliers  bien  armés  et  bardés  de 
fer.  Leurs  drapeaux,  de  diverses  couleurs,  étaient  précédés 
d'un  drapeau  plus  haut  que  les  autres,  au  devant  duquel  s'a- 
vançait un  cavalier  dont  les  membres  semblaient  avoir  été 
brisés  et  rajustés,  »  Ibn  Aïchah  ajoute  :  «  On  s'exprime  ainsi 
pour  désigner  un  homme  qui  a  des  bras  musculeux  et  tient 
les  yeux  habituellement  baissés.  Les  Arabes  .lorsqu'ils  veulent 
parler  de  quelqu'un  dont  les  membres  ont  étébrisés  et  rajustés 


CHAPITHE  LXXIX.  313 

^y**J*-  C_>1^  5jL«*j  l^^i  *^r*^^  LiV***"*"  V^  *^VS-f  (:>*J  ^*^^ 
l«X_JÛ    tl-AJ    *i)^_iû    (^^    oAjii    LjyAi^    «_»Li    <50*Xj    ClJ^^J    ''^^_^' 

>iL_«Ni;^  ''^— v*-^  {j^  (j^-— *=i^  (j-***^  jj^*^^  «-JUo  ji  (^^  4^ 
^U*il  *^^^  /cflÀC  JUj  4M|  ^^^  /Ail*  ^  yto^  CJ-*  (^^r^J 

disent  aussi  :  c'est  comme  si  un  oiseau  s'était  posé  sur  sa 
léle.  »  Il  avait  à  sa  droite  et  à  sa  gauclie  deux  jeunes  gens 
d'une  figure  charmante;  un  beau  jeune  homme  le  précé- 
dait. Je  demandai  leur  nom.  On  me  répondit  :  «  C'est  Ali, 
«  fils  d'Abou  Talib;  à  ses  côtés  sont  ses  deux  fils  Ilaçan  et 
«  Huçeïn  ;  celui  qui  le  précède  portant  le  grand  étendard 
«est  Mohammed,  fils  de  la  Hanéfite,  et  derrière  lui  vient 
-.  Abd-Allah,  fils  de  Djàiar,  fils  d'Abou  Talib.  Voici  les  fils 
«  d'Okaïl  et  d'autres  guerriers  de  la  lainille  de  Hachém.  Les 
«  vieillards  cjue  vous  voyez  là  sont  les  Mohadjirsetles  Ansais 
«  qui  ont  comballu  à  Bedi'.  » 

Ali  s'arrêta  dans  le  l.iubourg  de  Zawieh  ,  fit  une  prière 
de  quatre  rikàl,  courba  son  (Vont  dans  la  poussière,  (|u'il  ar- 
rosa de  ses  larmes,  el,  levant  les  mains  au  ciel,  il  s'écria  : 
'<  O  Dieu  ,  mailre  des  cicux  cl  de  ce  (|trils  ombragent,  maître 
de  la  terre  et  de  ce  qu'elle  soutient,  seigneur  <\u  trône 
élevé,  je  te  prie  de  me  rendre  favorable  celt»;  ville  de  Bas- 
rah ,  et  de  délourner  de  moi  ses  maléfices.  O   toi  qui  ac- 


314  LES  PRAIRIES  D'OR. 

*i)pj&  fj\   A»4_MÎ  (^j^àI!  jr^iw   cjotj  t^jM  yi£^  \^i  \x}y\ 

0-JLai.l   /e.^i   (S-Ji-f^  \ySj^  (^S'Wo  \^^^  ^^  l_j.xj  J^ï  -yijl 

xjUff'l  (j^  tK-i?-__>r>  (0.4aJ5  e*^Ai  tj^il  ^1  l^li  j^ulx)  ^^Xi: 

^c si>\j ï  !k c\i  * «î_j        i^'i — i  i^-^i.  (j^  Syxjksê' 

cordes  la  meilleure  des  demeures,  protège  mon  séjour  dans 
cette  ville.  Tu  sais.  Seigneur,  qu'elle  s'est  révoltée  contre 
moi,  qu'elle  a  méconnu  mon  autorité  et  violé  la  foi  jurée. 
Cependant,  ô  mon  Dieu,  épargne  la  vie  des  musulmans  et 
suscite  parmi  eux  celui  qui  invoquera  ton  nom  pour  em- 
pêcher l'effusion  du  sang!»  Puis  il  fit  demander  aux  ré- 
voltés pourquoi  ils  avaient  pris  les  armes.  Ils  ne  répondirent 
que  par  des  cris  de  guerre.  Alors  il  leur  envoya  un  de  ses 
compagnons  nommé  Moslim,  qui  vint  les  supplier  au  nom 
du  Dieu  très-haut,  le  Koran  à  la  main.  On  le  reçut  à  coups 
de  flèches,  et  son  cadavre  fut  apporté  devant  Ali.  Sa  mère 
prononça  ces  vers  : 

Ô  mon  Dieu!  Moslim  s'est  présenté  devant  eux  sans  crainte  et  lisant 
le  livre  divin. 

Mais  ils  ont  teint  leur  barbe  dans  son  sang,  el  sa  mère  était  là  qui  les 
voyait! 

Ali  lit  ranger  son  armée  en  bataille,  mais  il  défendil  de 
«ommencer  les  hostilités,  de  tirer  des  flèches  el   d'attaquer 


CHAPITRE  LXXIX.  315 

«X^    *U»-    (^^S^    ^yi    J^^Àxiaj    ^^    u^**J    A^^y*i3.J    i)j    fh-^gJ**^ 

/o._^r-WI   ^^   JUij  JOCÀJ  /o-g-M*J   j^j   <Xi  J«:=*^   ij-»»*Ail   tj.4  -yj 
Jbj    (jj\X»nJl    ^JJJJ>*vl>  ^jlS  plï  /oÔ  r»yiJl   <Ji   lj^<X£Î   *>x-g^l 

jj«xii  i  (♦OoUùfc  |<Ui3  (^j\.*.  («^-M  r<\iA(aJÎ  U  (•yiiî  I^jI 
c3_^^  <j^  5:^y^  ti  J>-^  c^  *-«*î»^^  oj'-iy*^  AxXAJifi  *j^lj 

i^-JuWt    XJji   !_jAj«s.^^yuJi    ^_jAr=»^    r.?**^^    ^y**J^\    <Xi   t^,wi*iïl 

i  aXJÎ  Joli  JUi  yl<vc  -Jv  c^Xkii  Jl  c:Jlï  (jv**>0-  liU  Jl 

^1  ^UJI  l^î  Jlï  ^-  ^^^  c-JlkJî^  jUJî  p^iî  ti.^ 


l'ennemi  au  sabre  ou  à  la  lance.  Bientôt  Abd-Allah,  fils  de 
Bodeïl ,  fds  de  Warkà  el-Khozayi,  revint  de  l'aile  droite 
avec  le  cadavre  de  son  frère;  le  corps  d'un  autre  soldai 
percé  d'un  coup  de  flèche  fut  rapporté  de  l'aile  gauche.  Ali 
s'écria  :  «  O  Dieu,  vous  voyez  qu'ils  nous  justifient  !  »  Am- 
mar,  fils  de  Yarir,  s'avança  sur  le  front  de  bataille,  et,  s'a- 
dressant  aux  ennemis,  leur  dit  :  «  Vous  êt(s  injustes  envers 
votre  Prophète,  vous  qui  avez  laissé  vos  femmes  sous  l'abri 
du  harem  et  qui  exposez  son  épouse  aux  atteintes  du  sabre.  » 
\i\\  effet,  Aichah,  placée  sur  son  chameau,  se  tenait  dans 
une  litière  dont  la  charpente  de  bois  était  revêtue  d'étoffes 
épaisses  et  do  peaux  de  bœul;  l'intérieur  était  lapissé  de 
feutres,  et  une  cotte  de  mailles  en  prolégcail  l'extérieur. 
Ammar  s'approcha  d'Aïdiah  et  lui  dit  :  «  Que  dcmaiules-tu  .^ 
—  Vengeance  pour  !e  sang  d'Olmàn  !  »  répondit-elle.  Am- 
mar reprit  :  «  iMandites  sf)ient,  en  ce  jour,  la  rébellion  e( 
l»'s  demandes  injustes!"  Puis,  se  tournant  vers  l'ennemi, 
il  ajonf.T  :  "Solrbds,    vous   s;iv<v.   où  sont,  parmi    nous,   les 


316  LES  PlUmiES  D'OR. 

j,_!h  11  Jov-«^  ^W""''  ^^^>     J^^-*-^^  vii.À^_5  *ÎX\Ji  .iUi 

fauteurs  du  meurtre  d'Otmân.  »  Et,  sans   s'inquiéter  des 
flèches  qu'on  tirait  sur  lui,  il  improvisa  ces  vers  : 

De  toi  viennent  les  larmes  et  les  gémissements  ;  tu  as  suscité  la 
tourmente  et  la  pluie. 

C'est  toi  qui  as  ordonné  le  meurtre  de  l'imam;  et,  à  nos  yeux,  ordon- 
ner ce  meurtre,  c'est  l'avoir  commis. 

Comme  une  grêle  de  flèches  pleuvait  sur  lui,  il  piqua  les 
flancs  de  son  cheval  et  s'éloigna.  De  retour  auprès  d'Ali,  il 
lui  dit  :  «Émir  des  croyants,  qu'attends-tu  encore?  Contre 
ces  gens-là  la  guerre  est  ton  unique  ressource.  »  Ali  éleva  la 
voix  et  harangua  ses  troupes  en  ces  termes  :  «  Quand  vous 
les  aurez  vaincus,  ne  vous  acharnez  pas  contre  les  blessés, 
ne  massacrez  pas  les  prisonniers,  ne  poursuivez  pas  les 
fugitifs  et  ceux  qui  tournent  le  dos,  ne  violez  pas  les 
lois  de  la  pudeur,  ne  mutilez  pas  les  cadavres,  ne  décou- 
vrez pas  ce  qui  doit  rester  caché.  Ne  vous  appropriez  que  ce 
que  vous  trouverez  dans  leur  camp  :  leurs  armes,  leurs  ba- 
gages ,  leurs  esclaves  et  autres  biens  de  ce  genre;  mais  le  reste 


CHAPITHE  LXXIX.  317 

^■{f*  ^^^  (Sy^  ^^  ^^  ^'   «-^y^  j'  9-\^  j'  ^!>^  tr*  /iji^*-w* 

l»  tiLJ^S't^j  cxJLjLi  .JLiolxJ   jiJi  J^AÀJ  a.=*!5\a»»  i  l^Ui  j-is^i 

est  l'héritage  de  leurs  proches,  d'après  le  livre  de  Dieu.  » 
Puis,  montant  sur  la  mule  du  Prophète,  il  s'avança,  la  mort 
dans  l'âme,  et  cria  à  Zobeïr  de  marcher  à  sa  rencontre.  Zo- 
beïr  sortit  des  rangs,  couvert  de  son  arniure.  Quand  Aï- 
chah  en  fut  informée,  elle  s'écria  d'abord  :  «  Asma,  pleure 
ton  (ils!  »  Mais  on  lui  dit  que  la  désolation  se  peignait  sur 
le  visage  d'Ali,  et  elle  se  rassura.  Les  deux  champions  se 
battirent  corps  à  corps.  Ali  dit  à  Zobeïr  :  «Malheureux, 
pourcfuoi  as-tu  pris  les  armes.^  —  Pour  venger  Otmàn  , 
dit-il.  —  Maudit  soit  celui  d'entre  nous  sur  qui  ce  sang 
doit  retomber!  reprit  Ali.  Te  souviens-tu  du  jour  où  je  ren- 
contrai l'apôtre  de  Dieu,  sur  son  âne,  parmi  les  Benou 
Béyadab.  Il  sourit  en  me  voyant,  je  souris  aussi;  tu  étais 
à  ses  côlés,  et  tu  lui  dis  :  «  Ali  ne  renoncera  donc  jamais 
«  à  sa  fierté.^  —  Non,  te  répondit  le  I^rophète,  Ali  n'est  pas 
"  Her.  L'aimes-tu,  o  Zobeïr.^  —  Oui,  par  Dieu,  je  l'aime, 
«repris-tu.  —  Kt  pourtant,  ajouta  le  l'i()])bèle,  tu  le  coin- 
«  battras  un  jour  cl  lu  seras  son  persécuteur .  ■  —  Dieu  nie 


318  LES  PRAIHIES  D'OR. 

jLxj'i  JlMi_5  iiviû  y\.IûAJî   UiAr^   oJuJi  <Xi_5  yi))   %^j\   ou5^ 


A>3l_j  il  jUi  :>l:^i  iiAXi  l^^^  ii  Jsj».  JI^ls  l^li  c-^Jkil  «Xac 

pardonne!  dit  Zobeïr  à  Ali,  si  ce  souvenir  s'était  présenté 
à  moi,  je  n'aurais  pas  pris  les  armes.  Mais  comment  revenir 
sur  mes  pas,  maintenant  que  ma  selle  est  bouclée?  Non, 
ce  serait  une  honte  inelïarable!  —  Ali  lui  répondit  :  Préfère 
cette  honte  d'un  moment,  ô  Zobeïr,  à  la  honte  jointe  au  feu 
éternel.  »  Zobeïr,  en  se  retirant,  prononça  ces  vers  : 

Je  préfère  la  honte  aux  flammes  dévorantes.  Comment  i'iiomme,  formé 
(iargilc,  poiirrait-il  leur  résister? 

Ali  me  l'a  dit,  et  je  n'ai  pu  le  nier  :  «Cet  opprobre  pèserait  sur  ta  vie, 
en  ce  monde  et  dans  l'autre.» 

«  Père  de  liaçan ,  ai-je  répondu  ,  assez  de  reproches  :  quelques  mots  de 
la  bouche  me  sufiîsaient.  » 

Son  (ils  Abd-AHah  i'arrêla  et  lui  dit  :  Où- vas- tu  .^  Veux- 
tu  donc  nous  déshonorer?  —  Ali,  répliqua  le  père,  m'a 
rappelé  ce  que  j'avais  oublié.  —  Cela  n'est  pas,  reprit  Abd- 
Allah;  tu  trembles  devant  les  sabres  des  fils  de  Hachém  Abd 
el-Mollalib,  ces  sabres  lon^^s  et  tranchants  que  brandissfnl 
des  gueriiers  intrépides.  —  Non,   te  dis-je!  s'écria  Zobeïr. 


CHAPITRE  LXXIX.  319 

(j*>-^  •»  (j— :>  oX*J*-^l_5  ç.l.A<w*J)  (^•^'_5  ^i  ^^wi»-  lj^A<a-i-«  (^>À^  JO.J 
I^U  ^^AJ>ÎÎ   '^  *i  J^  «^^  «liî^  r<NJë  4^J   cj^  i^yi   j  Jja*^ 

I 

J^3  cSjj  iiA^  (^Axyu»j    U"^-^  (^i  y^3  J-*0^^  cKi^3  iJ!5XAaJt  i 

Mais  Ali  m'a  rappelé  un  souvenir  elTacé  par  le  temps,  et  j'ai 
préféré  la  honte  au  leu  éternel.  Fils  illégitin)e,  oses-tu  bien 
m'accuser  de  lâcheté?  »  Zobeir,  arrachant  le  fer  de  sa  lance, 
se  jeta  sur  l'aile  droite  de  l'ennemi.  Mais  Ali,  comprenant 
qu'il  agissait  sous  l'impression  des  railleries,  ordonna  que 
les  rangs  .s'ouvrissent  devant  lui.  Zobeir  fondit  ensuite  sur 
l'aile  gauche,  et,  dans  un  troisième  assaut,  il  s'élança  sur 
le  centre  de  l'armée.  Puis  il  revint  près  de  son  fils  et  lui  dit  : 
«  Est-ce  là  la  conduite  d'un  làche.3'>et  il  s'éloigna  du  champ 
de  bataille.  Il  arriva  à  Wadi's-sebà.  El-Hanef,  (ils  de  Kaïs, 
s  y  tenait  à  l'écart  avec  sa  tribu,  les  Benou  Témim.  Quand 
on  vint  l'informer  de  l'arrivée  de  Zobeir,  il  répondit  : 
"  Qu'ai-je  à  faire  avec  ce  Zobeir,  puisque,  indiilérent  entre 
deux  armées  qui  s'entretnent,  il  regiignc  sain  et  sauf  sa 
demeure?  «Alors  ((uelcjues-uns  des  IWmiou  l'émimse  mirent 
à  la  poursuite  de  Znbeïr.  Amr,  (ils  de  Djormouz,  |)rit 
les  devants,  le  trouva  agenouillé  et  le  tua  au  milieu  de  sa 
|)rière.  Zobeir  était  alors  âgé  dv  soixante  et  ([uinze  ans.  Da- 
près  une  autre  version  ,  il  (iil  (né  p.ir  des  gens  envoyé-  dans 


320  LF:S  prairies  D'OR. 

^''.X^i  :iJ^  yUl  (jLfJ  l^Uo  ^        i^-^X^^J    ^-«-A-i  y  ;»;-*  l» 
cyL»^   *-JÎ  J^-i^  A^ijj   AjcU»-^  j^jJl   v_xv«**j  UXe  ^^   jjij 

^jUi    i   iUJU»  (^1  Jolï^j    «^j-xJi   ^IaO^j    (^y^   IkJM^   /O.*)yo 

cette  intention  par  Ahnef,  fils  de  Kaïs.  Sa  mort  et  la  perfidie 
d'Amr  ben  Djormouz  ont  inspiré  plusieurs  poêles.  La  propre 
femme  de  Zobeïr,  Alikali,  fille  de  Zeid,  fils  d'Amr,  fils  de 
Nofeïl,  et  sœur  de  Saïd,  fils  de  Zeïd,  s'est  exprimée  en  ces 
termes  : 

Au  jour  (le  la  lutte,  le  fils  de  Djormouz  a  surpris  lâchement  et  à  l'im- 
proviste  ce  cavalier,  le  héros  de  l'armée  ; 

Anir,  si  tu  l'avais  appelé  an  combat,  tu  aurais  vu  que  ni  .«a  main  ni  son 
cœur  ne  tremblaient. 

Amr  porta  à  Ali  l'anneau,  le  sabre  et  la  têtio  de  Zobeïr; 
quelques  auteurs  nient  qu'il  ait  porté  la  tête.  Ali  s'écria  : 
«Voici  un  sabre  qui  a  pendant  de  longues  années  banni 
le  chagrin  du  front  de  notre  saint  Prophète.  Mais  le  temps 
et  les  coups  de  l'adversité  font  émoussé.  Que  le  fils  de 
Safyah  soit  maudit  et  damné!  » 

Le  fils  de  Djormouz,  de  la  tribu  de  Témim,  rappelant 
lui-même  o-lle  circonstance,  a  dit  : 


CHAPITRE  LXXIX.  ?>^ 


AJI 


*-*-^    i£*^<-f  j-^-^   »—isj.Aù^         ^_A_j^_jî   JjCi  ^^ùy,£■  ^J\^.J^i 
Siilj   U   j^^  ji_5    «ii^i  jyij   /o-xXo  4MI  J^-«*j   <-:*-!Ww   Ul   yUv£ 

js-  4Xiî  Jiij  <X53  cxxj  *jj'  4^*jb  (j-«  J^l  c^!_j  alilc  (j^  :>lt_j 
(jl!  U  -N^Jo  f-^Ji  ^^-^>î'  j^  f^=^  (^  u'^^  '^^  î^j 

J'avais  apporir  à  Ali  la  tèlc  de  Zolicïr,  espérant  m'en  faire  un  litre 
(le  gloire  ; 

Et  Ali,  avant  de  me  voir,  m'a  voué  au  feu  de  l'enfer.  Est-ce  là  la  ré- 
compense d'un  tel  présent? 

Maisjc  me  soucie  de  la  mort  de  Zobeir  comme  de  l'âne  (|ui  làelie  un 
vent  à  Dou'l-Djolifah  (proverbe). 

Après  le  départ  de  Zoheir,  Ali  provoqua  Talhab  et  lui 
dit  :  «Père  de  Mohammed,  pourquoi  as-tu  pris  les  armes? 
—  Pour  venger  le  sang  d'Olmàn ,  répondit  Talhah. —  Mau- 
dit soit  celui  d'entre  nous  sur  qui  ce  sang  retombe!  re- 
prit Ali.  Ignores-tu  ce  que  disait  le  Prophète  :  «  O  Dieu, 
"  protège  ceux  qui  délendent  i\li,  combats  ceux  qui  le  com- 
«  battent. 3  »  Et  toi ,  le  premier  qui  m'as  prêté  serment,  c'est 
loi  ((ui  le  violes  aujourd'hui  1  Dieu  le  tout-puissant  a  dit  : 
"  Celui  qui  viole  le  serment,  h;  viole  à  son  détriment.  »  [Ko- 
ran,  XLViii,  10.)  — «  Q)ue  Dieu  m'en  préserve!  «dit  Talhab; 
et  il  se  relira.  Meruân,  fils  d'el-Hakem,  témoin  de  la  dé- 
lèction  de  Zobeir  (!l  de  Talhab,  s'énia  :  "Qu'importe  où 
mes  flèches  londicronl  !  "  II  visa  Talh.ili .  latleignit  au-des- 
IV.  ai 


322  LES  PKAHUES  D'OH. 

bl  JLSL»  a-aA^  oii^  Hj^  *j>iaAi  5^>*  «î  J^j"-*-*  _j-^3  ii-xijJi 

wsUi.Ji  Jli  U»  4MÎ3  <-*.ji     ^^ii_jJli   y^iûj    c:<*^"  ^^j-o 
Jyij  yftj  j,*w  Jj  U  iiJ^  ij\  P'i>*i 

.^C-V    (*>^^    C5^    ts"*^    o.aAjo  V 4  <^.*»-iS)    <Ji.xî»XJ   o-^Js-i 

ij3*x.ji-«  lJ*K.ï  aWS  v^î  y  1^3  J_»aj^  jUxJi  -î^^^^y  ^^  ^f^  yî>_5 

.sous  de  l'œil  et  le  tua.  La  bataille  terminée,  Ali  vit  le  corps 
de  Talhah  étendu  près  du  lieu  nommé  Font  de  Korrah;  il 
s'arrêta  et  dit  :  «  Nous  appartenons  à  Dieu  et  il  nous  rap- 
pelle à  lui.  Qu'il  est  cruel  pour  moi  de  voir  des  Koreïchites 
étendus  sans  vie  sous  le  ventre  des  chevaux  !  0  Talhah,  lu 
justifiais  bien  cette  pensée  du  poêle  : 

Un  homme  que  la  fortune  allait  rapprocher  de  son  ami ,  après  que  la 
pauvreté  l'en  avait  tenu  éloigné  : 

Les  Pléiades  semblaient  être  suspendues  sur  son  front  ;  son  visage  bril- 
lait de  l'éclat  de  Sirius  et  de  la  pleine  lune  ,  etc. 

On  raconte  qu'on  entendit  Talhah  réciter  ces  vers ,  en 
s'éloignant  du  champ  de  bataille  : 

Quels  remords  sont  les  miens,  aujourd'hui  que  mon  songe  s'est  éva- 
noui! Malheur  à  moi,  malheur  à  mon  père  et  à  ma  mère  ! 

Mon  repenlir  est  pareil  à  celui  de  Koçayi  [Proverbes  de  Metdani,  t.  II, 
p.  77(i),  depuis  que,  dans  ma  présomption  ,  j'ai  recherché  l'amitié  des 
fils  du  crime. 

Et  il  essuyait  son  visage  souillé  de  poussière,  en  répé- 


^  CHAPITRE  LXXIX.  323 

»U^3  <x-x_^_=.-  ^  ^j--'  "^^^  j^^\  i*X^  Jyu  *^  Aji  JmAJj^ 

Awslj    <X_4^    L>i    ^j^-Xj^jSj   jÎ    ^i   1^!  ^;£>_j    »^^   ^_jj   j<>o    ^wji 
^-ji  _^^  J--A-9_j    t_t:i-J).ï   v^--*^-"'   i  -XjUS'^  jlîo  y.j  ^J)Jî 

<_f*^-J    y^    *i    A_JC_S.l_i3j    A_A._jL>    »^_)    Akxjj    Jw>j    t«Xiû    JUi 

tant  :«  Les  volontés  de  Dieu  sont  des  arrêts  inévitables!» 
I Koran,  xxxiii,  38.)  D'autres  prétendent  qu'il  prononça  ces 
vers  lorsque,  déjà  frappé  au  front,  et  blessé  ensuite  au- 
dessous  de  l'œil,  par  la  flèche  de  Merwân,  il  roula  expirant 
sur  le  champ  de  bataille.  Talhah ,  surnon)mé  Abou  Mo- 
hammed, était  fils  dObeid  Allah,  fils  d'Otmàn,  fils  d'Obeïd 
Allah,  fils  d'Anir,  fils  de  Kaab,  fils  de  Saad,  fils  de  Teim, 
fils  de  Morrah;  il  était  cousin  du  khalife  Abou  Bekr.  Sa  mère 
se  nommait  Saabali  et  avait  épousé  d'abord  Abou  Sofiàn 
vSakhr,  fils  de  Harb.  C'est  du  moins  ce  qu'on  lit  dans  les 
Généalogies  de  Koreïch ,  ouvrage  composé  par  Zobeïr,  fils  de 
Bekkar.  Talhah  avait  soixante-quatre  ans  quand  il  fut  tué; 
mais  on  n'est  pas  d'accord  sur  ce  point.  Il  fut  enterré  à  Bas- 
rah.  Le  tombeau  et  la  mostpiée  qui  portent  son  nom  sont 
encore  bien  connus  aujourd'hui.  Le  tombeau  de  Zobeïr  est 
à  Wadi's-sebà.  Mohammed,  fils  de  Talhah,  fut  tué  à  côté 
de  son  père  dans  la  même  bataille.  Ali,  en  voyant  son 
corps,  s'écria  :  «  Voici  un  homme  qui  a  péri  victime  de  son 
amour  filial  et  de  son  obéissance.  »  Ce  Mohammerl  recul 


324  LES  PRAIRIES  D'OR. 


Ld>yLiiX>  <30^«*Av»^  (^  iiÀ.tfy>  (^  5_j-^^  cK-«*4^  t-sli^^J  yi^  «Xj»^ 


répithète  de  Seddjad  (qui  se  prosterne  souvent).  Son  sur- 
nom patronymique  a  soulevé  des  doutes.  D'après  Wakidi , 
Mohammed  avait  été  surnommé  Ahoa  Siileïman,  et  Ahoul- 
Kaçim,  d'après  Heïtem,  fds  d'Adi.  Son  meurtrier  a  parlé 
de  lui  dans  les  vers  suivants  : 

Cet  homme  aux  cheveux  épars,  ce  ficlMe  observateur  des  préceptes  re- 
ligieux, si  doux  ,  si  bon  musulman  en  apparence, 

Ma  lance  a  pénétré  dans  la  fente  de  sa  tunique;  il  est  tombé  la  face 
contre  terre  en  gémissant. 

Cependant  son  seul  crime  était  d'avoir  abandonné  Ali.  Malheur  à  qui 
s'écarte  de  la  vérité  ! 

Au  milieu  d'une  forêt  de  lances,  il  murmurait  les  lettres  sacrées  hû- 
mîm  (chap.  lx  du  Koran).  Que  ne  les  avait-il  prononcées  avant  de  com- 
battre ! 

Cependant  les  défenseurs  d'Aïchali,  se  portant  sur  les 
deux  ailes  de  l'armée  d'Ali,  les  avaient  entamées.  Un  des 
fds  d'Okaïl  courut  à  Ali,  qui  sommeillait,  la  tète  appuyée 
sur  le  pommeau  de  sa  selle.  «  Mon  oncle  ,  lui  dit-il,  les  deux 


CHAPITRE  LXXIX.  325 

e*.x-j  xsj  A_A-^_c  cj._jJlî  jjj^  3I  cj|^!  4^  ^^  dL5  JUj  U  aMÎj 

i Lui  ^JàJC-i-)   sUpi    ^^  -j^   A*))jL   ^1^5  XJJ-L^   Jv^î-  llajlj 
i)|    î*X.xA-«  «X^i  :!i  jLiL»  cJ^  ^lxC>  jUi  Jlx  sbi,  ^o-^l^ 

jJ..5jii  jUi  ^i-A-Av  («s-jI-Xj  XjjMii  ^Jk_t  sli'U  o«JV»  t-»UifcÂJ55 

(jl^  Lj  xju«  (j*Là.JI  Sjt^  J-*«^  <\?i^î  *Xi».t^  viLoI  ^j>^  ^wff 

ailes  de  ton  armée  sont  dans  celte  situation  critique,  et  tu 
dorsl  —  Fils  de  mon  frère,  répondit  Ali,  tais-toi.  Les  jours 
de  ton  oncle  sont  comptés.  Peu  lui  importe  qu'il  aille  au-de- 
vant de  la  mort  ou  que  la  mort  vienne  le  surprendre.  »  En- 
suite il  fit  dire  à  son  fils  Mohammed,  fils  de  la  Hanéfite, 
lequel  portait  le  grand  étendard,  de  charger  l'ennemi.  Mo- 
hammed n'obéit  pas  sur-le-champ,  et  il  attendit  que  le  corps 
d'archers  placé  on  face  de  lui  eût  fait  une  décharge.  Ali  cou- 
rut à  lui  et  lui  demanda  pourquoi  il  n'attaquait  pas.  Mo- 
hammed répliqua  :  «  La  lance  seule  peut  nous  frayer  un 
chemin,  et  j'attends,  pour  alta([uer,  qu'ils  aient  tiré  leurs 
flèches.  —  Va,  lui  cria  Ali,  charge  au  milieu  des  lances  : 
un  bouclier  te  protège  contre  la  mort.  »  Mohammed  marcha 
en  avant;  mais  bien  lot  il  s'arrêta,  indécis,  au  milieu  des 
lances  et  d'une  grêle  de  traits.  Ali  se  jeta  sur  lui,  le  frappa 
de  la  poignée  de  son  sabre,  en  disant  :  «  Que  la  mère  rou- 
gisse de  honte!  »  Et  lui  arrachant  des  mains  le  drapeau,  il 
se  précipita  au  rond)at,  suivi  des  siens.  L'ennemi  se  dis- 
persa devant  lui  comme  la  j)0ussièr('  que  le  vent  soulève  en 


326  LES  PRAIRIES  D'OR. 

*..^À^  *X.^îj  Jo  ci^ijs^i  Ufc»-»  lij^s.^  tXXJiX^  ^^^viij)  i^Aw  /j.j 

JLJLj^    JâJUw   4^ù»-   i^yXjM.i\   ff3ù\Â~\^   AjUasi    O.trla'j   «Xij    oL> 

un  jour  d'orage.  Les  Benou  Dabbah  s'avaocèrent  alors  autour 
du  chameau  d'Aïchah,  en  chantant  en  cadence  : 

Nous  sommes  ies  Benou  Dabbah,  les  maîtres  du  chameau.  Rendez- 
nous  notre  cheikh  et  nous  partirons. 

Nous  pleurons  le  meurtre 'd'Ibn  Afian  (Otmân);  nous  le  pleurons  à 
coups  de  lances.  La  mort  est  à  nos  yeux  plus  douce  que  le  miel. 

Soixante  et  dix  hommes  de  cette  tribu,  cjui  voulurent  saisir 
la  bride  du  chameau,  eurent  la  main  abattue;  de  ce  nombre 
était  Saad,  fils  de  Soud,  le  Kadi,  qui  portait  un  Koran  en 
guise  de  sabre.  Dès  qu'un  soldat  avait  la  main  coupée  et  tom- 
bait, un  autre  soldat  saisissait  la  bride ,  en  criant  :  «  Je  suis 
un  guerrier  de  Dabbah!  »  La  litière,  hérissée  de  (lèches  et 
de  traits,  ressemblait  à  un  porc-épic.  Le  chameau  avait  les 
jarrets  coupés  et  se  tenait  encore  debout.  Enfin,  accablé 
sous  les  coups  de  sabre  qui  lui  déchiraient  les  muscles,  il 
tomba.  On  raconte  qu'Abd-Allah,  fils  de  Zobeir,  voulut  le 
retenir  par  la  bride.  Aïchah,  sa  tante  maternelle,  lui  cria  : 


CHAPITHE  LXXIX.  ;i27 

!i\jfc.  \.'jj^^\j^  i*Lia.==l  t|o».  -^l^w!  J^ji^  A^li»  c^j\5^  iùwolc 

I^aXc  uAÏ^   CS-^"  {^  '■^  <3j"*^  x«5   /c^-w  ^i   4^ Us!   U   oJli 

j-^-^î    (^  ^5  <>y^^  ^25-^'  '^>^  (^  viiJUj.A^ii|  J.Jî^ 

«  Qu'Asma  pleure  la  morl!  lâche  la  bride,  »  et  elle  le  supplia 
tellement  qu'il  céda.  Quand  le  chameau  et  la  litière  furent 
par  terre,  Mohammed,  liis  d'Abou  Bekr,  introduisit  sa  main 
à  l'intérieur.  Aichah  lui  demanda  (jui  il  était.  Il  répondit  : 
«  Je  suis  ton  plus  proche  parent  et  ton  plus  mortel  cnuemi, 
Mohammed  ton  frère.  L'Knnr  des  croyants  te  demande  si  tu 
es  blessée.  —  Une  seule  flèche  m'a  atteinte  et  sans  me  faire 
mal,»  répondit  Aichah.  Ali  survint,  frappa  la  litière  avec 
une  baguette  et  dit  :  «  Homeïra  (rougeaude),  est-ce  là  ce 
que  l'apôtre  de  Dieu  t'a  ordonné.^  Ne  l'a-t-il  pas  recom 
mandé  de  rester  paisiblement  chez  toi  ?  Bien  coupables  sont 
ceux  qui  t'ont  entraînée  et  exposée  à  la  mort,  après  avoir 
mis  leurs  femmes  à  l'abri  du  danger!  »  Puis  il  ordonna  à  Mo- 
hammed de  conduire  sa  sœur  dans  la  maison  de  Safyah , 
fille  d'el-Harit,  (ils  de  Talhah  el-Abdi.  Le  chameau  était 
tombé,  entraînant  la  litière;  mais  les  soldais,  disséminés 
sur  le  champ  de  bataille,  n'avaient  pas  encoi<.'  déposé  les 
armes.  El-Adiler  Malik,  lils  d'el-llaril  en-Nakhàyi  et  Abd 


328  LES  PRAIRIES  D'OR. 

g<>wA>J  AkJC-i  J!  5^"^*^  «>^^'  ^^  jjùûi^l  »^*9  ij^j^^  ^■=?-^ 
J^il  CjL^pI   y^  y_j-J^;S?  l^_^.i»-  u*'^'*^'j  ^^'-^^   CJ-*  ^jj^j^aAsi 

(^  4X-j«X— ±1  ^^33  :>'^^  S«XUw.J  tXr»!  A-x^vaaj  ^U»  ^^-^  ^^U 
ji  *Ls-3  ^l^ii  cj:>Î^J^  î-*-^'  ii-^laJ  êî^  l^i^r,  :5;^  JvjjUI 

Jtsj  -n-jÎ^-S!  ^i!  :>j3  aj  lft»xi  -J^^U^f  -J^i  ^^j^3  <^^ 

Allah,  fils  de  Zobeir,  luttèrent  corps  à  corps.  Ils  tombèrent 
ensemble  de  leur  selle  et  roulèrent  par  terre,  sans  lâcher 
prise.  Achter  avait  le  dessus ,  mais  il  ne  pouvait  tuer  son 
adversaire,  tant  celui-ci  Tétreignait  élroitement.  Le  fils  de 
Zobeïr,  sous  l'étreinte  d'Achter,  criait  aux  soldats  d'Aïchah  , 
qui  couraient  autour  de  lui  :  «Tuez-moi  avec  Malik,  tuez 
Malik  avec  moi  !  »  mais  le  tumulte  du  combat  et  le  choc  des 
armes  étoulTaient  sa  voix.  Des  Ilots  de  poussière  obscur- 
cissaient le  jour  et  dérobaient  à  Tarmée  la  vue  des  deux 
combattants.  Dou'l-chèhadeteïn  vint  supplier  Ali  de  ne  pas 
déshonorer  Mohammed  et  de  lui  rendre  le  drapeau.  Ali  aj)- 
pela  son  lils  et  lui  dit,  en  remettant  le  drapeau  entre  ses 
mains  : 

Prends  et  frappe  avec  la  même  vigueur  que  ton  pt>re.  aliu  d'acquérir 
de  la  gloire. 

Triste  est  la  guerre,  tant  (ju'i'Jic  ne  pétille  pas  sous  le  choc  des  SLd)res 
e)  des  lances  acérées. 

i*nis  ayant  demandé  à  boire,  on  lui  apporla  du  miel  coupé 


CHAPITRE  LXXIX.  329 

jjuiis-  ^^  ÂMi  *XAi  *]  JUi  »xXJî  itX^j  (^jS' ^^  J-JUaii 
j^iV*  U  4Ml^  ^L»  JUii  Ijsjù  isx  ^  <!vv»  (j^  U  viUjuikj  U! 

j-^it-xJ  fjM^^~l  -^_j  kiUis_j  iUjj-il»  o_y*Li  î^^'  i^   iÙM^I 

JlUL  ci*X)Uj!  iiSjbjJLI  cM»i  L.  iLs^wJÎ  J.^î  L.  l^  Jyij  <;^ii 
cL-s^lj  iil^î  Jsjv>  L)  iu^îy»  -Lf  <îJîi  ^^_j  b^j  UÛ0J5  (j^ 

^lJ5,b     («X_S!5\-J>.I      aJC-^^j^Iî     /<\>^^.^Aj    \syjis.^     f'VS^?'     UUi^     iJL«N-^Ji 

d'eau;  il  en  but  une  gorgée,  et  dit  :  «  Voici  du  miel  de  Taïl"; 
il  est  fort  rare  dans  ce  pays.»  Abd-Allah,  (ils  de  Djàfar, 
sYîtonnant  qu'il  pût  se  préoccuper  d'un  pareil  détail  dans 
un  u)omenl  aussi  criti([ue.  •  Mon  cher  enfant,  lui  dit  Ali, 
aucune  afTaire  de  ce  bas  monde  ne  peut  remplir  la  pensée 
de  ton  oncle.  »  Ali  lit  ensuite  son  entrée  à  Basrah. 

Cette  bataille  fut  livrée  à  Rlioraïhck  (la  petite  ruine)  le 
jeudi  1 G  (hi  mois  de  djomada  II,  l'an  36  de  l'hégire,  comme 
nous  l'avons  dit  préccdemnicnl.  Ali  haranj^ua  longuement 
la  population  de  Dasrah;  il  lui  dit,  entre  autres  choses  : 
«  Honjmes  pleins  d'hypocrisie  el  de  mensonge,  trois  fois  la 
fortune  a  secondé  vos  inlrigues,  mais  la  qualiiènie  fois,  Dieu 
l'a  emporté.  Soldais  d'une  femuje,  valels  d'une  brute  (le cha- 
meau d'Aïchah),  après  être  venus  d'un  air  insolent,  après 
nous  avoir  provoqués  avec  hauteur,  vous  ave/,  pris  la  fuite. 
Votre  caractère  est  vil,  votre  conduite  méprisable,  votre  re 
iigion  n'est  {|ue  scandale  et  Inpocrisie.  Votre  eau  est  amère  et 


330  LES  PRAIRIES  D'OR. 

y._>  A}i\  »Xjk.x.j  ci*.xj^  iJwAJO  M>-«  i«Xji  <X*^  SwA^^ii  ^  -i> 
l_g-^A.£  J.is^Ovi  ^j4>N.iî  Jl  ^jjv*'!^  ^"''^l?  iC*«.jlx  <jî  ^j*,Ia*JI 
y-ji   L»  *i  t-x-jiJi-i  I^q^aA^  U**"'^'   ^^^^   t_;4>\JC>!_5   Igji!    ».axj 

cx_A_A_JÎ    ^  c:a_à_j  ^J  [^i  j\.xi  ijy^)  jMii   uAsfcj  ^Ja  (_:A.*«wAi>-^ 

U_5   di— JiL>  ^\  l.À.)>i»-;>  U  ^Aa3  aAI!  J_j.^  a  aï  dlA)>.=.-  t>*^S 

fi- 

^  ^  j  kl  * 

CA_A_JLi».^  c-A.Aj  U»  fc.:A.Ajl   oJui  iiÀjtXii  ^jl   ,^^yiS.  j^v^CjUj!^ 

0>jL>-i;  LjÛj.AiwU  liûblï    (jv^Xj    U    dU    Ci^.)>jj    cou)    ^i    L^    Jo 

saumâtre  (proverl)e).  »  Basrah  s'attira  encore  plusieurs  fois 
les  reproches  d'Ali.  Par  l'ordre  du  khalife,  Abd  Allah,  fils 
d'el-Abbas,  fut  chargé  d'intitner  à  Aïchah  l'ordre  de  retour- 
ner à  Médine.  Il  entra  chez  elle  sans  lui  en  demander  l'au- 
torisation ,  tira  à  lui  un  coussin  et  s'assit  :  «  Fils  d'Abbas ,  lui  dit 
Aïchah,  tu  blesses  les  lois  de  la  coutume,  en  entrant  chez 
moi  sans  ma  permission  et  en  l'asseyant  sur  mon  siège,  sans 
y  être  invité  par  moi.  «  Le  fils  d'Abbas  lui  répondit  :  «  Si  tu 
étais  restée  dans  la  maison  où  l'apôtre  de  Dieu  t'avait  laissée, 
je  n'aurais  pas  voulu  entrer  et  m'asseoir  sans  ta  permission. 
L'Emir  des  croyants  t'ordonne  de  te  prépaier  sur-le-champ 
à  retourner  à  Médine.  —  Je  proteste  contre  ces  paroles,  ré- 
pliqua Aïchah,  et  je  repousse  cet  ordie.  »  Ibn  Abbas  courut 
informer  Ali  de  son  refus.  «  Retouine  chez  elle,  répondit  Ali , 
et  dis-lui  ceci  :  8i  lu  désobéis,  je  le  dirai  ce  que  tu  sais.  » 
Ibn  Abbas  s'acquitta  de  sa  mission,  et  Aïchah  consentit  à 
s'éloigner.  Ali  lui  l'ournil  ce  cjui  éiiil  nécessaiie  à  son  voya<j('. 


CHAPITRE  LXXIX.  331 

^^^<-^^  ij^.j^i^  Ajj,iwi  :>>y_jî_5  s:>^_jl  i^Li^  (j%-«*^^  (j-*^  '*J*-<^ 

(j-.Jj  y!   AXlU*o   xs*A.o   <îd!i  '-5,?-*»i;    *^^   ^i  vJ  <5*XJI   c:*aaJÎ   (JÎ 

Le  jour  suivanl,  il  vint  la  voir,  accouijjagné  de  Haçan  ei. 
(le  Hureïn,  de  ses  autres  enfants,  de  ses  neveux,  de  plu- 
sieurs Benou  Hnchini  ses  parents  et  des  Benou  Hamdân.  A 
sa  vue,  les  femmes  l'apostrophèrent  en  lui  criant :«  Meurtrier 
de  nos  amis!  —  Si  j'étais  le  meurtrier  de  vos  amis,  répondit 
Ali,  j'aurais  fait  périr  ceux  qui  sont  là;  »  et  il  désignait  du 
doigt  une  maison  voisine  où  se  tenaient  cachés  Merwân  ,  lils 
d'el-IIakem,  Abd-Allah  ,  filsde  Zobeir,  Ahd-Allah,  fils  d'A- 
mir,  et  leurs  complices,  A  ces  mots,  les  parents  d'Ali,  com 
prenant  de  qui  il  voulait  parler,  portèrent  la  main  à  leurs 
sabres,  pour  le  protéger  contre  une  alta(jue  soudaine.  Après 
un  lonL,^  entrelien,  Aichah  dit  au  KhaliO^  :  «  .fe  désire  de- 
meurer auprès  de  toi  et  l'accompagner  dans  tes  expi'dilioiis 
contre  les  rebelles.  — Non,  réplicjiia  Ali,  retiinrnc  dans  la 
maison  011  l'apôtre  de  Dieu  l'avait  laissée.  »  Aie  hali  inter- 
céda en  faveur  de  son  neveu  Abd-Allali,  lils  de  Zobeir,  cl 
obtint  sa  grâce,  Haçan  et  Huçeni  obtinrent  celle  de  Merwàn. 


332  LES  PRAIRIES  D'OR. 

(^j^  x_*_iyi  H>j— J  i^^w  yo  *X_J>^  V*A^  (j*(lÀJi  (j-*\^  "Ji^î  ^J 
yj^=*-  «XJiÂiij  (j^S  y^h  ojli  Jofc.^  (j-«^  (j^î  _j^  <\,>.^^  ^t 
0»>>*X.ji    J**^   S^Aû^l  *ijy^  tK-fc-i  ^i**J;   (J-*  J^S   (j-«  t^  (^ 

2*i_jj»  ij^jJvXj  (^  ^jliSC»  Uàjî  f»_5«AÎÎ  kiUi> 

i^*S~^yJ>  fJJiiÂj\  ij  oj.iaj  (jMiAJiîi   «Xa£  (j-«  SÎwbÎ  c:.v>j.iw.j 

Ali  pardonna  à  Walid,  fils  d'Okbah,  au  fils  d'Otmân,  à 
plusieurs  Omeyades,  et  finit  par  accorder  une  amnistie 
générale.  D'ailleurs,  le  jour  du  combat,  il  avait  fait  procla- 
mer que  tous  ceux  qui  jetteraient  leurs  armes  et  rentre- 
raient dans  leurs  maisons  auraient  la  vie  sauve.  Il  déplora 
amèrement  la  mort  de  ceux  des  Benou  Abd  el-Kaïs  et  des 
autres  soldats  de  Rébyah  que  Zobeïr  et  Talhah  avaient  égor- 
gés, avant  son  entrée  à  Basrah.  Sa  douleur  redoubla  quand 
il  apprit  la  mort  de  Zeïd,  fils  de  Souhân  el-Abdi,  tué  ce 
jour-là  par  Amr,  fils  de  Ghora.  Ce  dernier  périt,  le  même 
jour,  de  la  main  d'Ammar,  fils  de  Yaçir.  Le  khalife  répéta 
plusieurs  fois  ce  vers  : 

Quelle  douleur  me  causent  les  désastres  de  Rébyah,  de  Rébyah  si  sou- 
mis et  si  docile  ! 

Une  femme  de  la  tribu  d'Abd  el-Kaïs,  en  parcourant  le 
champ  de  bataille,  y  trouva  les  corps  de  ses  deux  lils;  déjà 


CHAPITRE  LXXIX.  333 

J^X.S)  i^y-ff^  LgJ   ^j\ys^\^  {^s^jj  ij^  *Xi_5  ^VjCi   *Xi  IgJ  (j>ÀjÎ 

t^^ lâ i    C.I ^S?^   «x}Oi:_ïlj  iv i — A 9    (j^j— «  (^  y-*à\ 

'     4^'*-^  -î^^^j  *-**'|;  <j^-=^  (fi-*^  J->)  Jî 

son  mari  et  deux  de  ses  frères  avaient  péri  avant  l'arrivée 
d'Ali  à  Basrah,  Elle  prononça  ces  vers  : 

J'ai  vu  bien  des  combats  et  mes  cheveux  en  ont  liianclii,  mais  je  ne 
connais  pas  de  journée  comme  celle  du  Chameau  ; 

De  comi)at  plus  funeste  aux  vrais  croyants,  plus  meurtrier  pour  les 
guerriers  intrépides. 

Hélas!  pourquoi  la  dame  (Aichah)  n'est-elle  pas  restée  dans  sa  maison? 
Soldats,  pourquoi  avez-vous  (piitté  vos  fovers? 

El-Medaïni  raconte  qu'il  n-nconlra  à  Basrah  un  liommo 
donl  l'oreille  était  déchirée.  Il  l'interrogea  sur  l'origine  de 
cette  blessure,  et  celui-ci  lui  raconta  qu'étant  allé  recon 
naître  les  morts,  après  la  liataillo  du  CiiauR-au,  il  remar- 
qua au  milieu  d'eux  un  soldat  ([ui  disait ,  en  baissant  la  lélc 
et  en  la  relevant  : 

La  mort,  dans  sa  furl(!,  nous  a  conduits  au  bnl  de  nos  désirs.  Nous  ne 
partirons  d'ici  qu'après  avoir  satisfait  notre  soif. 

La  misère  de  notre  aïeul  nous  a  soumis  aux  Bcnou  Tcïm;  mais  que 
sont  les  Renou  Teïm  ?  un  troupeau  d  esclaves  et  <!<•  servantes. 


33Ù  LES  PRAIRIES  D'OR. 

A.À^  c:A.AJj.i  <^^-li    ♦XA.-fi  c.  i^U^-eb  ^^Ui   l-À^Jl   /jjÎ   L  JUi 

^^j_4.-M*A.ji   lièj-A^_5   ^jt«><_$j  jjw^AJiJl   tXA£  (j~»  ^«XJî   i^\^i>   (j^ 

yJwjS     ii_«i^L^     (J"fc»*J    ^     (jj-^    ji^3     Oj-^V^-Jî     (^^«^■^J    ajL^jJÎ 

L^^^^_j    l^A^Jvà».   (vjvAj   j^^i    (j-'^_5  J^=»;^  (j-^jo    (:J-*'>"^-'^    S»-w*3 

Le  narrateur  ajoutait  :  «  Je  dis  à  cet  homme  :  Dieu  tout- 
puissant  I  Sont-ce  là  les  pensées  d'un  mourant?  Dis  plutôt: 
Il  n'y  a  d'autre  Dieu  que  Dieu.  —  Fils  d'incirconcis ,  me 
répondit-il ,  crois-tu  que  l'approche  de  la  mort  me  fasse 
trembler?»  Surpris  de  sa  réponse,  je  m'éloignai,  quand  il 
me  cria  «Approche  et  apprends -moi  la  profession  de  foi 
musulmane.  »  Je  revins  près  de  lui;  il  me  pria  de  me  pen- 
cher, et,  d'un  coup  de  dent,  il  m'emporta  l'oreille.  Je  le 
maudis  et  l'accablai  d'imprécations.  Il  me  dit  alors  :  «  Quand 
tu  seras  chez  ta  mère  et  qu'elle  te  demandera  qui  t'a  mis  en 
cet  état,  dis-lui  :  C'est  Oaieïr,  fds  d'el-Ahlab  ed-Dabbi ,  la 
dupe  d'une  femme  qui  voulait  devenir  émir  des  croyants.» 

Lorsque  Aïchah  sortit  de  Basrah,  Ali  la  fit  accompagner 
par  Abd  er-Rahman,  frèie  d'Aïchah,  avec  une  escorte  de 
trente  hommes  et  de  vingt  femmes,  choisies  parmi  les  plus 
pieuses  d'Abd  el-Kaïs,  de  Hamdàn  et  d'aulres  familles,  il 
coiffa  ces  femmes  d'un  turban ,  leur  donna  des  sabres  et  leur 
dit  :  <i  Qn' Aïchah   ignoïc  votre  sexe;  cachez-vous  le  visage 


CHAPITRE  LXXIX.  335 

*  ,  t. 

^^  cjx^j  ^^_5^,^3l;  waJIIs  j,i  Qj  j^  Jo&l  »X.JLJ  <^1^  vAJS? 
c^jijji   U  oJir^   cj*X^«i  ^w.£6^î   iiyM*.i,\\   l^JvJÙ  A-^jjXjî  ^l==-j 

«-jLs^^I  y^  JjiLj»  ^*xJl  (ji  <_>LaJÎ  l*Xi£>  (jw«  v-Ji-L».  Lç\,s  \jL04Xi 
J^I  (jw«  Sf^  L^^<^p]    ^j^^   (j**.ÀJ   ci^i    iL>J^   r«_^i    *^J-i   d  t^ 

i-a—LaJs  j_^^i  cjj_*w._R_j  ^.aJ^  ^^  JUi  J..«.4^  -jj  J-^AJ> 

sous  le  litham,  cotnme  si  vous  étiez  des  hommes,  et  occupez- 
vous  de  son  service  et  de  ses  bagages.  »  Quand  Aïchah  arriva 
à  Médine,  on  lui  demanda  des  nouvelles  de  son  voyage.  Elle 
répondit  :  «  .l'étais  à  merveille.  Ali  avait  pourvu  à  tout  avec 
profusion.  Seulement  il  m'a  fait  accon)pagner  par  des  gens 
que  je  ne  connais  pas.  »  Alors  les  femmes  se  montrèrent 
devant  Aïchah.  Celle-ci  s'agenouilla  et  dit  :  «  Fils  d'Abou 
Talib,  voilà  le  comble  de  les  bienfaits.  Ah!  que  j'aurais 
voulu,  plutôt  que  de  m'engager  dans  cette  voie  funeste, 
subir  tel  et  tel  malheur]  »  et  elle  les  énuméra  d'un  air  triste. 
«  Mais  on  m'avait  dit  :  Montr(;z-vous  afin  de  pacifier  les  fac- 
tions. De  là  tous  nos  maux.  » 

Nous  avons  dit,  au  début  de  ce  chapitre,  qu'Ali  perdit 
cinq  mille  hommes  à  la  bataille  du  Chameau;  les  perles  de 
l'ennemi,  parmi  les  troupes  de  Basrah  et  autres,  s'élevèrent 
à  treize  mille  hommes;  mais  on  n'est  pas  d'accord  sur  ce  point. 
Ali  s'arrêta  devant  le  corps  d'Abd  er-liahman ,  (ils  d'Attab, 
(ils  d'Açîd,  (ils  d'Abnu'l- Aïs,  (ils  d'Omeyah  ,   tué  à  cette 


336  LES  PRAIRIES  D'OR. 

^<_^_A_ÎÎ  dLJi>  jj  aKjlï  y6  «>sij  kilÂfc  (j~J^?  ^éJ  i|^->«*j  (0-6-**j 

-^-aJI   (j(^   ljIxc  ^  (J-^V^^   <Xa£  ^*i.iij  /*jli»-  ^^•^•S-_5  (-j\xs. 
J^iwi^       -U   iLj>\JiLj  J>^4^  -_j.->  <X*j  v^xmI  &JS»  '^=ri  iS^^ 

Jlï  *^"  i^XxjO»  jm  (ji  j..IâÀJî  r<.i:>U  t5_/'iV^  iSj-^  ^^'^r»  l»^ 

journée,  et  dit  :  «  Je  pleure  ta  mort,  o  chef  des  Koreicliites. 
Les  plus  braves  guerriers  d'Abd  Ménaf  ont  succombé;  mon 
cœur  est  déchiré  et  mon  esprit  confondu  I  »  Un  homme  de 
sa  suite  lui  dit  :  «  Emir  des  croyants,  comment  pouvez-vous 
regretter  ceux  qui  voulaient  vous  réduire  en  l'état  où  ils 
sont  maintenant?  »  Ali  répondit  :  «  Des  femmes  avaient  mis 
entre  nous  des  liens  (de  parenté)  qui  n'existent  pas  entre 
toi  et  nous.  »  Abd  er-Rahman  avait  péri  sous  les  coups 
d'Achter  Nakhâyi.  Sa  main  fut  emportée  par  un  aigle,  qui 
la  jeta  à  Mina ,  ou ,  selon  d'autres ,  dans  le  Yémamah  ;  elle  fut 
retrouvée  trois  jours  après  la  bataille,  avec  son  anneau,  sur 
lequel  étaient  gravés  les  mots  :  Abd  er-Rahman  ben  Attab. 
Ali,  accompagné  d'une  troupe  de  Mohadjirs  et  d'Ansars, 
visita  le  trésor  public  de  Rasrah.  A  la  vue  de  cet  or  et  de 
ces  écus  entassés,  il  s'écria  :  «  Métal  jaune  et  métal  blanc, 
ce  n'est  pas  moi  que  vous  séduirez!  »  Après  avoir  contemplé 
attentivement  ces  richesses,  il  ordonna  de  les  partager  par 
sonmies  de  cincj  cents  dirhems  entre  tous  ses  conjpagnons 


CHAPITRE  I.XXIX.  337 

x.fw.Js^  AuiUi  yiLli>  j^^  aIIj  ^^3  ^j'-^^  r-^^  <^y*  f^j^^^**^ 
3>^L.:s?=l  ._j-*  J^=-;  slïlj  -Pj:»  i«wjLfu^  s^xJy^  aKjûI^  Ajla:?! 

tr*  J^~*^   ^'^^-^T-J  "r''-^"^   v_XAJ    Jli  UXft  4^.v^î   ijili   (j^  ^«*^(}-U 

et  ses  partisans.  Douze  mille  hommes  prirent  part  à  ce  par- 
tage, et  il  n\  eut  pas  un  seul  dirhem  de  moins.  Les  armes, 
les  bêtes  de  somme,  les  meubles  et  ell'ets  de  toutes  sortes 
trouvés  dans  le  camp  ennemi  furent  vendus,  et  le  prix  en  fut 
partagé  entre  les:  soldats.  Ali  ne  garda  pour  lui  que  cinq  cents 
dirhems,  part  égale  à  celle  de  ses  soldats  et  de  sa  famille. 
Mais  un  de  sessoldatsvint  le  trouver  et  lui  dit  qu'une  absence , 
motivée  par  telle  et  telle  raison  qu'il  allégua ,  l'avait  empêché 
de  recevoir  sa  part  du  butin.  Aussitôt  le  khalife  admit  son 
excuse  et  lui  donna  les  cinq  cents  dirhetns  qui  constituaient 
sa  propre  part. 

(lomme  on  demandait  à  Abou  Lébid  el-Djehdami  de  la 
tribu  d'Azd,  s'il  aimait  Ali,  il  répondit  :  «  Puis-jc  aimer  un 
bomme  (jui  a  tué,  en  un  seul  jour,  deux  mille  cinq  cents 
des  miens  et  massacré  tant  de  monde,  que  chaque  tribu 
étant  occupée  de  ses  propres  perles,  il  n'en  reste  aucnne 
qui  puisse  consoler  l'autre?  » 

Ali  nomma  Abd-Mlah,  fils  d' Abbas.  gouverneur  de  Bas- 
lab,  et   se  rendit  à  Koiifab,  oii  il  arriva  le  douze  du  mois 


338  LES  PRAIRIES  D'OR. 

0^_J   ^S^    tjU«i    :^^U    ;j\<J     ^UaX*;5_5     ^jL^J;i5     ^j£.    H^j^i 

w^wjsr  -x!ss-33  Ji^j-^i'i  CJ-»  ^^Uiii  jk^^Sl  U^i  ■V^  p»^  C:5>=*- 

^  JUi  /e.^^  AXAJ^  -^iyt»  »S_j.^  (^^  3^  ^)j_â  Ai*xcLj 

de  récljeb.  De  là  il  fit  parvenir  à  el-AcLàt,  ills  de  Kaïs,  l'ordre 
de  quitter  rAzerbaïdjàn  et  l'Arménie,  dont  Otmân  lui  avait 
confié  le  gouvernement;  il  destitua  aussi  Djérir,  fils  d'Abd- 
Allah  el-Bèdjèii,  qu  Olmân  avait  nommé  a  Hamadân.  Quant 
à  el-Achàt,  nous  avons  dil  ailleurs  quels  projets  il  nourris- 
sait contre  Ali ,  et  l'entretien  qu'il  eut  avec  lui ,  lorsqu'il  vint 
le  trouver  à  l'époque  du  partage  des  biens.  Djérir,  fils  d'Abd- 
Allab,  fut  chargé  d'une  mission  auprès  de  Moâwiah,  mal- 
gré les  observations  qu'Àchter  fit  à  Ali,  en  cherchant  à  le 
mettre  en  garde  contre  Djérir.  Ce  dernier,  s'étant  présenté 
chez  le  khalife ,  lui  avait  dit  :  «  Déléguez-moi  auprès  de  Moâ- 
wiah. Il  me  consulte  et  me  témoigne  de  l'amitié;  je  l'amè- 
nerai à  leconnaîire  votre  autorité,  et  je  me  fais  fort  d'en- 
traîner la  Syrie  entière  sous  vos  lois.  »  De  son  côté,  Achter 
disait  à  Ali  :  «  Gardez-vous  de  lui  donner  cette  mission  et  de 
lui  accorder  votre  conUance,  car  ses  vœux  et  ses  projets  sont 
certainement  conformes  à  ceux  de  vos  ennemis.  —  Laissons- 
le  partir,  répliqua  Ali,  et  attendons  la  réponse  qu'il  nous 
rapportera.  >.  En  conséquence,  il  chargea  Djérir  de  remettre 


CHAPITRE  LXXIX.  339 

3^-Jj  (Ji    w-^^JlS^   S^IàÀJ  (j!   ^JUw_j   X«li  w?w>   «XaXs  -*XJj  Lt^i 
Jfi  iwxis  jwc2>*  sLk-cli  A-aA^  -*XAi  U^*Xi  U  ^^  o^'^'  (iW 

A_-, — i     aK_jI_S_J^    yL<i>^    j<i    VrXc    fiy^?.    M'_J    f»UiiJ)    ^/Jûl     5kiC>k 

à  Moàwiah  une  lettre  dans  laquelle  il  lui  apprenait  que  les 
Mohadjirs  et  les  Ansars  l'avaient  proclamé  khalife  et  s'étaient 
rangés  sous  ses  lois  d'un  vœu  unanime;  il  rappelait  à  Moà- 
wiah le  châtiment  que  Dieu  avait  infligé  àTalhah  et  à  Zo- 
heir  après  leur  parjure,  et  l'invitait  à  se  soumettre,  en  lui 
démontrant  qu'il  était  abandonné  des  siens  et  à  tout  jamais 
exclu  du  khalifat.  Lorsque  Djérir  fut  arrivé,  sur  sa  de- 
mande, Moàwiah  prit  connaissance  de  cette  lettre;  il  fil 
venir  alors  Amr,  (ils  d'el-Assi,  et  lui  accorda  le  gouveine- 
ment  de  l'Egypte,  l'objet  de  sa  convoitise,  ainsi  que  nous 
l'avons  raconté  précédemment  (voyez  ci-dessus,  p.  298).  Kn 
retour,  Amr  engagea  Moàwjali  à  envoyer  auprès  des  chefs 
de  la  iSyiie  des  émissaires  (jui,  représentant  Ali  comme 
comj)lice  de  la  mort  d'Olinân,  assureraient  à  Moàwiah  leur 
concours  dans  ja  lutte  contre  le  khalife.  Djérir  revint  rendre 
com[)te  de  sa  ini'isioii  au  khalife.  Il  lui  montra  les  popula- 
tions de  Syrie  groupées  aulour  de  Moàwiah  et  prèles  à  com- 
battre; tous  déploraient  le  ineui  tie  d'Otmàn  ,  tous  accusaient 
Mi  (le  l'avoir  ordonné,  de  protéger  ses  complices  et  de  leur 


340  LES  PRAIRIES  D'OR. 

^.&-  *i\,_;Lj»  ^_J^    *-Y^  *^-^  ^  (*■-(('■' ^^  fi-ir^  J^^  AXbS  t^^ij 

.y     »■  e-  j  .vr  "^  rrr^  J^-*^'  âJviû  pf\ju***j'  ^^s»-  aà^  ^jy^J^ 

donner  asile;  la  guerre,  en  un  mot,  était  le  vœu  général,  et 
une  guerre  clans  laquelle  l'un  des  deux  partis  devait  être 
anéanti.  Achter,  présent  à  l'entretien,  dit  à  Ali  :  «  Émir  des 
croyants,  je  vous  avais  mis  en  garde  contre  l'hostilité  de 
Djérir  et  ses  intrigues.  Vous  auriez  mieux  fait  de  me  char- 
ger de  cette  mission,  de  préférence  à  un  homme  qui  s'est 
donné  libre  carrière  et  qui ,  par  ses  manœuvres,  a  su  se  mé- 
nager toutes  les  issues  favorables  et  fermer  celles  qui  lui 
inspiraient  quelque  appréhension.  »  Djérir  l'interrompit  : 
«  Si  tu  avais  été  en  Syrie,  lui  dit-il,  on  t'aurait  tué  sous  l'in- 
culpation d'avoir  pris  part  au  meurtre  d'Otmân.  —  Par 
Dieu,  Djérir,  répliqua  Achter,  si  j'avais  été  en  Syrie,  loin 
de  me  préoccuper  de  leur  réponse  et  de  m'inquiéter  de 
leurs  propos,  j'aurais  su  amener  Moâwiah  à  composition, 
sans  lui  laisser  le  temps  de  réfléchir.  Si  l'Émir  des  croyants 
m'avait  écouté,  il  vous  aurait  condamnés,  toi  et  tes  pareils, 
à  une  rigoureuse  captivité,  jusqu'à  ce  que  son  pouvoir  fût 
entièrement  consolidé.  »  Après  cel  entrelien,  Djérir  se  retira 


CHAPITRE  LXXIX.  341 

t»    i^-wJLJs    ^1    ^»-Jl    (^M    (J^  y   {j'-"    '^^    ^*   >-5_>'*r!    <t''~'^     CJ?"**** 

àKarkiçyah  et  à  Kahbah,  sur  les  rives  de  l'Euphrate.  Là  il 
écrivit  à  Moàwiah,  l'informa  de  ce  qui  venait  de  se  passer  en 
lui  manifestant  le  désir  d'aller  le  rejoindre  et  de  demeurer 
auprès  de  lui.  Moàwiah  se  hâta  de  le  faire  venir.  Dans  l'in- 
tervalle qui  s'écoula  entre  la  bataille  du  (Chameau  et  l'arri- 
vée d'Ali  à  Siffin,  Moàwiah  écrivit  à  Mogaïrah,  fils  de  Schô- 
bah  le  Takéfile,  une  lettre  où  il  lui  disait  :  «  Les  projets  que 
le  fils  d'Abou  Talib  t'avait  manifestés  à  l'égard  de  Talhah 
et  de  Zobeir  viennent  de  se  réaliser,  conformément  à  nos 
prévisions.  C'est  contre  nous  maintenant  que  son  plan  est 
dirigé.  »  il  faut  savoir  que  Mogaïrah,  après  la  mort  d'Ot- 
mân  et  la  nomination  d'Ali,  s'était  présenté  chez  le  nouveau 
khalife  ol  lui  avait  dit  :  «  Emir  des  croyants,  j'ai  un  conseil 
à  le  donner.  Quel  est-il?»  lui  demanda  Ali.  Mogaïrah 

ajouta  :  "Si  lu  veux  établir  Ion  pouvoir  sur  des  bases  iné- 
branlables, nomme  Talbali,  fils  d'Obcïd  Allah,  à  Koulah; 
Zobeïr,  fils  d'cl-Awam,  à  Basrab,  el  laisse  le  gouvernement 
de  Syrie  entre  les  mains  de  Moâwiali,  afin  qu'il  ne  puisse 
plus  se  sousliaire  ;i  ton  autorité.  Une  lois  maître  de  la  situa- 


342  LES  PRAIRIES  D'OR. 

(îOûb^iûiKJi    l^J  ^-<^**^  ^  c:>iCâ         aJLa-«  «XÂ.ià   /oî   jj  l-A-^.fi'  CJ»,.iï^j 

A-jjUû    viUi>    *XÀ£   ♦XÀiû   Qji    -U  A-X-lL-o  <Xi  y  5   *l*iJî   Jjûl    k;ej^ 

*.sryaÀj|    dUj  *i  c:A.jt^        *._j  A-aIs»  t5»^-5S   ^âJI  Jo^Aj  ki 


lion ,  tu  donneras  un  libre  cours  à  tes  desseins.  »  Ali  répondit  : 
«Pour  ce  qui  est  de  Talliah  et  de  Zobeïr,  je  verrai  ce  que 
j'ai  à  faire.  Mais  quant  à  Mqâwiah,  je  jure  devant  Dieu  de 
ne  pas  user  de  ses  services  tant  qu'il  persistera  dans  les 
mêmes  dispositions.  Tu  sais  ce  que  j'exigerai  de  lui.  Il  faut 
qu'il  y  consente,  sinon  Dieu  jugera  entre  nous,  »  Mogaïrah 
s'éloigna  mécontent  et  récita  ces  vers  : 

J'ai  donné  mon  avis  à  Ali  au  sujet  du  Uis  de  Hiud  :  mes  paroles  sont 
repoussées,  le  sort  ne  les  lui  fera  pas  entendre  une  seconde  fois. 

«Ecris  à  Moâwiah,  lui  disais-je,  que  tu  le  confirmes  dans  le  gouver- 
nement de  Syrie;  de  la  sorte  tu  l'obligeras  à  demeurer  tranquille  ; 

Les  habilanls  de  la  Syrie  sauront  que  tu  es  leur  roi,  et  la  mère  de  Ibn- 
liind  (de  Moâwiah)  en  sera  troublée.  » 

Mais  Ali  a  repoussé  le  conseil  que  je  lui  apportais,  et  pourtant  ce  con- 
seil devait  lui  suffire. 

Dans  ce  qui  précède,  nous  avons  parlé  de  l'entrevue  de 
Mogaïrah  avec  Ali  et  des  indications  (ju'il  donna  au  khalii^. 


en  Al' IT  HE  LWX.  3^3 

t. 
**^il)  (^  ^^k:à\Au\^    (j%j"^^'^    C:a.aw    3kA.u(   J)»«*w    (j~*  ijyk^  (J^^ 

Ce  qu'on  vient  de  lire  est  une  des  versions  transmises  par  la 
Iratlilion.  Le  récit  (jue  nous  avons  donné  de  la  bataille  du 
Chameau  et  de  ses  péripéties  en  présente  un  résumé  sulli- 
sanl,  bien  que  nous  ayons  évité  les  longueurs,  les  digres 
sions  et  la  répétition  des  autorités  historiques  {isnucl}.  Dieu 
seul  connaît  la  vérité. 

CHAPITRE  LXXX. 

RÉSUMÉ   DE  CK   QUI    S'EST   PASSE   À   SIFFIN    ENTKt    I.Ks    lIAhlTANIS 
DE    L'IRAK    ET  CEUX    DE   Î.A  5VHIE. 

Nous  vcnoiis  de  raconter  d'une  manière  succincte  l'Iiit^- 
toire  d'Ali  à  l)asrali,  et  la  bataille  du  Chameau;  nous  parle- 
rons ici  d(!  son  expédition  à  Sillin  et  des  combats  qui  y 
lurent  livrés.  Puis  nous  arriverons  au  jugement  prononcé 
parles  deux  arbitres,  à  la  guerri- de  Mchrrwàn  et  à  la  mort 
d'Ali.  (Que  Dieu  l'agrée!) 

Le  sixième  jour  de  rhavval,  l'an  3<>  de  l'hégire.  Ali,  après 


3^/i  LES  PRAIRIES  D'OR. 

l._i_J!  (j^«x<w*j  ^tA^4^  J^jJ»  (i>-*  ''^•î^-'*^  t^-'^ij  JJlxo^  jJk5^  (j«ys^ 

avoir  délégué  ses  pouvoirs  à  Abou  Maroud  Okbah,  fils 
d'Anir  el-Ansari,  sortit  de  Koufah  et  se  dirigea  vers  Siffin.  U 
passa  successivement  devant  Medaïn,  el-Anbar,  et  ne  s'ar- 
rêta qu'à  Rakkah;  ii  traversa  le  fleuve  sur  un  pont  de  ba- 
teaux qu'il  avait  fait  jeter  en  cet  endroit,  et  prit  la  route  de 
Syrie.  On  n'est  pas  d'accord  sur  le  nombre  de  ses  troupes  : 
les  uns  disent  plus,  les  autres  moins;  mais  tous  recon- 
naissent qu'elles  n'étaient  pas  inférieures  a  quatre-vingt-dix 
mille  hommes.  C'est  ce  que  prouve  aussi  le  passage  suivant 
d'une  poésie  composée,  à  l'adresse  de  Moâwiah,  par  un  des 
partisans  d'Ali,  tandis  qu'ils  campaient  sur  les  frontières  de 
Syrie  : 

Arréte-toi ,  Moàwiali ,  le  chasseur  s'avance  armé  de  son  (llet  ;  quatre- 
vingt-dix  mille  soldats,  tous  aguerris  au  combat,  marchent  contre  toi; 
Et  dans  tin  instant,  le  niascjue  te  sera  arraché! 

Moàwiah  sortit  de  Damas  à  la  lêîe  d'une  armée,  dont  on 
ne  connaît  pas  plus  exactement  le  chiUV^'-  '-es  auteurs  dif- 


CHAPITRE  LXXX.  345 

ij^VJ;^  îL^J^  M-^  Jy*  ij-  ^<A^  (>À;^'j  JilJU)_5  yi^À  Uaji 

Ll  J^^  «^£j  *LfcJ  %^\y«j  iUXc  o!_j^3-U  Uûl«Xft  Uj  *ti!  Jî 

JUi  •i^j_jJ5  CJ^^  (^-^^  tKs*-  «^J»  UiUa*  wJi  ,j  xàjvj>-^  (^ 
l.ill  ^yu-J^  _^  lAJag  ^^_j-f  ^  UXc  ^jl  io^Ui  if:'^^'  M^  jj;^ 

Jj,.X>  ^U  J<wj  J»A>SL»  5jA*w^  li  j_5'^J  <i^  7:y^3 

fèrent  dans  leurs  évaluations,  mais  tous  s'accoixlent  à  dire 
qu'elle  n'était  pas  moindre  de  quatre-vingt-cinq  mille 
hommes.  Moàwiah  prit  les  devants  et  occupa  à  Silîin  ,  avant 
l'arrivée  de  l'ennemi,  un  terrain  uni  et  spacieux  sur  les 
bords  de  l'Euphrate.  C'était  la  meilleure  position;  car, 
partout  ailleurs,  le  fleuve,  encaissé  entre  deux  berges  cou- 
pées à  pic,  était  d'un  accès  très-difficile.  Abou'l-Awar  es 
Sulami,  qui  commandait  l'avant-garde,  défendait  cette  po- 
sition avec  quarante  mille  hommes.  Ali,  trouvant  les  abords 
du  fleuve  barrés  par  ce  corps  d'armée,  dut  camper  dans  le 
désert,  en  proie,  lui  et  ses  soldais,  aux  tourments  de  la  soi!. 
Amr,  fils  d'el-Assi,  vint  trouver  Moàwiah  et  lui  dit  :  <■  Il  n'est 
pas  possible  qu'Ali  et  les  (jnatre-vingl-dix  mille  soklals  de 
l'Irak  (ju'il  commande  consentent  à  périr  de  soif ,  tant  qu'ils 
auront  une  épée.  Permets  à  celte  armée  de  boire  conmie 
la  nôtre.  —  Non,  par  Dieu,  répondit  Moawiali;  ji;  veu.v 
(|u'ils  meinent  comme  Otmân  ,  en  |)roie  aux  tourments  de 
la  soif!»  La  nuit  venue,  Ali,  faisant  la  ronde  dans  son 
e;ini|),  piilendil  un  soldai  réciter  ces  V(!rs  : 


3^6  LES  PRAIRIES  D'OR. 

olLjJI  jLs  Uoi^à,  iii^sia^       j._A_j)Ji  IJUJiJ  ai<xi  {^i 

Pourront-Hs  nous  barrer  le  chemin  de  l'Euphrate ,  à  nous  qui  sommes 
guidés  par  Ali  dans  la  voie  du  salut? 

A  nous  qui  observons  les  prières  et  le  jeûne ,  à  nous  qui  implorons  Dieu 
dans  les  ténèbres  de  la  nuit? 

Un  peu  plus  loin  ,  sous  les  drapeaux  des  Benou  Rébyàh  , 
un  autre  soldat  chantait  : 

Pourront-ils  nous  barrer  le  chemin  de  l'Eujihrate,  à  nous  qui  sommes 
armés  de  lances  et  de  boucliers? 

Le  matin  où  nous  avons  attaqué  Zobeïr  et  Talhab,  nous  nous  sommes 
plongés  sans  hésiter  dans  le  gouffre  de  la  morl. 

Hier,  les  lions  de  la  forèl  ne  nous  épouvantaient  pas;  aurions-nous  peur 
aujourd'hui  d'une  brebis  efflanquée  ? 

Un  lambeau  d'étoffe,  contenant  ces  deux  vers,  fut  lancé 
dans  le  camp  d'Achat,  fils  de  Kaïs  el-Kindy  : 

Certes, el-Achàt  ne  pourra  pas  aujourd'hui  défendre  les  âmes  destinées 
au  trépas  contre  les  angoisses  que  je  leur  ai  inspirées. 

Il  ira  s'abreuver  avec  son  sabre  au  fond  de  i'Eviphrale.  A  quoi  srri  dr 
lutter  contre  des  soldais  déjà  à  demi  morts? 


CHAPITHE  LXXX.  VU 

^.AM J_^  CJj.Xw.Xj  Xj^ lx-«  jJ.oi>OiC  I3.M1  •  jj  /C»-!^ J   <e»"fto   4^**"  uK^^ 

j— £û^   J^V-^  (j-«  CJ^^Î   iLjt_5jî   (j  e*jt^i/!  jl-»»(^   ^^\)i   *i^^j3 

bu  JUj  ^\  ^^^\y<l\  e*ji-i       bu il)  "[j * =w  ^j^j^^ 

y^y^-  ^^^^"^^  'i^*  '-^'^?l;  .?^j  ^^Ij  <-Ai»-U3j  «ivxAwiii  jAj  jU«>i 
cjÀJi  -^  iil^^-ciÀii  <_,».».L=>^      tà^Uî^iw  b  cjl^AiïIjji:^!  b 

El-Achàt  lut  ces  vers  et  se  présenta  chez  Ali  d'un  air  cour- 
roucé. Ali  lui  dit  :  «Prends  avec  toi  quatre  mille  cavaliers 
et  pénètre  jusqu'au  centre  du  camp  de  Moàwiah.  Ou  vous 
atteindrez  le  fleuve,  toi  et  les  liens,  ou  vous  mourrez  tous 
jusqu'au  dernier.  Je  vais  dire  à  Achter  de  te  suivre  de  près 
avec  un  corps  de  cavalerie  et  d'infanterie.  »  El-Achàt  partit 
à  la  tète  de  ses  quatre  mille  cavaliers,  en  prononçant  ce  \ers 
(sur  le  mètre  redjez]  : 

Ou  je  conduirai  au  bord  de  ^^"ll|)ll^ale  mes  cavaliers  aux  clieveux 
flottants,  ou  l'on  dira  :  Acliàl  est  mort  ! 

Sur  l'ordre  tl'Ali,  quatre  mille-  hoinuies,  cavaliers  etlan- 
tassir)s,  commandés  par  Achter,  suivirent  de  près  l'escadron 
d'el-Achàl.  Un  Arabe  des  Benou  Nakhà,  qui  portail  le  dra- 
peau d'Achler,  chantait  ces  deux  vers  (sur  le  même  nièlre)  : 

Achter,  lionmie  des  grandes  actions,  lii'ros  des  lils  di'  Naklià,  toi  qui 
assures  la  victoire  (|uaiid  la  terreur  r^gne  partout, 

Donne-nous  à  lioire  aujourd'hui;  ce  ne  sera  pas  le  premier  de  les  hieii- 
faits.  Si  tes  soldais  ne  se  d^''sa^t^renl  point,  l'aruiiM'  psI  pi'rduo. 


3^8  LES  PRAIRIES  D'OR. 

(jl   kil-JÏj    c:>|^_À_J)  aK_a_=^  -^Jj'^  ^^.à-'ç  \j^J   /*.-{,Àx>  (jv^3 
-0^"    <îi_^  j,Joi_>  (j!5o   ^j-aJ!   !«Xiû   ^  Ra^JL  AXÀi*.li   <iA,*.(i^i 

^^^  iOsjû   JUi  cAX^^i  J^iRJ  (j.«  U).£.  ^i  ^j)ai  (jlS^iî    dlîi 

^jjÎJ^5  Js^î  ^j^  S^rj  Jj"*:?  til'î'^  lij  ''^ï^^y  ^*  b^Aaj 
ul — A — £  cj»^ — il  ii_j^_j  l — ï — £   tiA„jç-»i^i  oî^Aj 

I  -'        ''        O  w  ^  -> 


Ali  s'avança,  avec  toutes  ses  forces,  à  la  suite  d'Acbter. 
Déjà  Achat,  culbutant  les  obstacles ,  avait  envahi  le  camp  de 
Moâwiah,  délogé  Abou'1-Awar  de  la  position  qu'il  occupait 
sur  les  bords  du  fleuve,  et  après  lui  avoir  noyé  beaucoup 
d'hommes  et  de  chevaux,  il  avait  ouvert  le  chemin  de  l'Eu- 
phrate  à  ses  troupes.  Avant  l'attaque,  el-Achcît,  qui  avait, 
ce  jour-là,  un  accès  de  fièvre,  dit  à  ses  soldats,  en  étendant 
sa  lance  devant  lui  :  «  Faites  reculer  l'ennemi  de  la  longueur 
de  cette  lance.  »  L'ennemi  fut  entièrement  chassé.  Ali,  eu 
apprenant  le  succès  remporté  par  el-Achât,  s'écria  :  «Au- 
jourd'hui, c'est  à  la  fièvre  que  nous  devons  la  victoire.» 
Un  soldat  de  l'armée  d'Irak  récita  ces  vers,  à  propos  du 
même  fait  d'armes  : 

Achat,  chacun  Ta  vu,  nous  a  Jélivrés  des  angoisses  de  la  mort,  alors 
<jue,  dans  son  vol  impétueux,  cet  oiseau  f'unèbf'e  nous  serrait  déjà  la 
gorge. 

Rendons  grâce  au  général ,  c'est  lui  qui  nous  a  menés  au  but  (littérale- 
ment :  qui  a  fait  tourner  noire  meule). 


CHAPITRE  LXXX.  340 

^  t^-^  ér*  f»^  '-'5'   U^  ^^5       '^'*  ^"S^J  J^  U^S'jc  Aj»-l»lj 

aX^wÎ^II  oJUs_5  C:JvWl5  ï^\:r'  à,  J_^iw4xJij  A^î  ^U^^5  Ji 

Lorsque  Achter  arriva,  Moàwiah  avait  abandonné  ses  po- 
sitions, et  le  corps  d'armée  qui  commandait  la  route  de 
l'Euphrate  avait  été  mis  en  fuite  par  el-Achât.  Enfin,  Ali 
survint  et  occupa  le  terrain  laissé  par  Moàwiah.  Ce  dernier, 
qui  avait  dû  se  replier,  avec  l'armée  de  Syrie,  sur  un  point 
assez  éloigné  dn  lleuve,  demanda  à  Amr,  fds  d'el-Assi  : 
«Père  d'Vhd  Allah,  que  penses-tu  des  intentions  d'Ali? 
Crois-tu  (|u'imitant  notre  exemple,  il  veuille  nous  fermer 
l'accès  de  l'Euphrate?  —  Non,  réplicjua  Amr,  c'est  un  autre 
motif  qui  l'amène  :  ce  qu'il  lui  faut,  c'est  ta  soumission  ou 
ta  vie.»  En  effet,  Moàwiah  ayant  demandé  l'autorisation 
de  puiser  de  l'eau  sur  la  rive  défendue  par  l'ennemi  et  d'en- 
voyer des  messagers  dans  son  carnp,  Ali  accéda  à  toutes  ses 
demandes. 

Le  premier  du  mois  dou'l-hiddjeh,  deux  jours  après  l'oc- 
cupation de  l'Euphrate,  Ali  envoya  une  députalion  auprès 
de  Moàwiah  pour  le  sommer  de  reconnaître  son  autorité  el 
de  se  rallier  a   la   (•.)mmunauté  musiilnianc.  Après  de  Ion- 


350  LES  PRAIRIES  D'OR. 

^^  Î^JiijS  U  j-^j&  ,^^v»o  iijjljcflj  ^^  (J^.J  (^y5l>  ^^  (J^*J  ANji«fci 

iOiî   4_>Ijc_5wj  i+KA-X-ff  c:A..^v.~fcî  «Xi  jjj  -ïUwJi  J^^i     (Jî  ^u^  (^ 

l_À_A^_J  i^A.*«*.Ji    ^i   Lî_5.>-    AaÀ.£    'j^;-r!    (^•'■9    iS^-'^^    '^■f^  (S*^-^- 

gués  négociations,  on  conclut  une  trêve  jusqu'à  la  fin  de 
nioharrem  (an  37  de  l'hégire).  La  guerre  civile  avait  sus- 
pendu les  opérations  par  terre  et  par  mer  contre  les  inti- 
dèles;  de  son  côté,  Moâwiah ,  absorbé  par  sa  lutte  contre 
Ali,  avait  fait  la  paix  avec  l'empereur  grec  et  consenti  à  lui 
payer  tribut.  Quant  aux  pourparlers  entre  Ali  et  Moâwiah, 
ils  aboutirent  seulement  à  une  suspension  d'armes,  ainsi 
que  le  prouve  ce  vers  dé  Habis,  fils  de  Saad,  des  Benou 
Tayi,  qui  était  porte-drapeau  dans  l'armée  de  Moâwiah  : 

Ils  ne  sont  séparés  de  la  mort  que  par  les  sept  ou  huit  jours  qui  restent 
au  mois  de  moharrem. 

Le  dernier  jour  de  ce  mois,  avant  le  coucher  du  soleil, 
Ali  adressa  cette  proclamation  aux  troupes  de  Syrie  :  «  Je 
vous  conjure,  au  nom  du  livre  divin,  de  vous  rallier  à  moi. 
C'est  à  vous  tous  également  que  s'adresse  mon  message.  Dieu 
confond  les  stratagèmes  des  traîtres  [Koran,  xii,  52).»  Les 
Syriens  répondirent  :  «  Que  le  sabre  seul  décide  entre  nous, 
et  que  le  plus  faible  périsse!  »  Le  prenn'er  de  saler,  (jui  était 


CHAPITRE  LXXX.  351 

^j_j    4_A.A_\i»-  vJjL)"*^'  J'-'^'^  j»l^Jl  JsJûi  oUaj  »Xi_j  iojljw  AaJI 

ijpl*3  o'  (iT-^  ii-A-X-fi  0-J  pftiUû  ^^NS  ^^i  jUJi  p^Jî  yft^ 
JlïjJii  ^^.^v-  Ui_5  ^jolj_5  jî  ^^  Js.**«  ^t  ^^1  _j^_j  Jiï^i  tài;-''^>^' 
ii/_j„-«y_AJ i   -jj  Aaa^  oyi^i  j_^)  (jl^j   S^^=^  ti  c^;^»  (j^  -î^^ 

un  mercredi,  Ali  fit  prendre  les  armes  et  ordonna  à  Achter 
de  s'avancer  en  tète  de  l'armée.  Moàwiah,  après  avoir  rangé 
en  bataille  les  bataillons  d'Irak  et  de  Syrie,  fit  marcher 
Habib,  lils  de  Maslamah  el-Fihri,  contre  Achter.  Les  deux 
partis  se  battirent  avec  acharnement  pendant  toute  la  jour- 
née et  se  séparèrent  avec  des  pertes  égales.  Le  lendemain 
jeudi,  2  safer,  Ali  envoya  Hachém,  fils  d'Otbah,  fils  d'A- 
i)ou  Wakkas  ez-Zohri,  surnommé  Mirkal,  neveu  de  Saad, 
lils  d'Abou  Wakkas.  Mirkal  clevail  ce  surnom  à  l'agilité  qu'il 
déployait  sur  le  champ  tie  balaille;  il  s'était  rangé  parmi 
les  partisans  d'Ali,  et  avait  [)erdu  un  (ril  à  la  bataille  de 
Varmouk.  Dans  le  chapitre  de  notre  Histoire  moyenne  où 
nous  racontons  la  conquête  de  la  Syrie,  nous  avons  parlé  de 
la  conduite  de  Miikal  et  de  son  héroïf|ue  fermeté  dans  le 
combat  oii  il  perdit  un  œil.  Moàwiah  lui  opposa  un  de  ses 
plus  fidèles  partisans  parmi  ceux  (jui  avaient  abandonné  la 
cause    d'Ali  :    c'était    Abou'I-Awat    os-Sulami    Soliân,    (ils 


352  LES  PRAIRIES  D'OR. 

w-A_5^   ^  oUaisi  (^  y^  yt"  ^^  «^■*'**  ^■J^^'*^  «î^^i  r/"^^ 

d'Awf.  Les  deux  partis,  après  avoir  combattu  avec  des 
chances  égales,  se  séparèrent  le  soir,  en  laissant  un  nombre 
considérable  de  morts.  Le  troisième  jour,  qui  était  un  ven- 
dredi, Ali  fit  avancer  Abou  1-Yakzân  Ammar,  fils  de  Yaçir, 
à  la  tête  des  Mohadjirs  et  des  Ansars,  dont  plusieurs  avaient 
combattu  à  Bedr,  et  d'autres  troupes  qui  se  réunirent  à 
ceux-ci.  Moâwiah  leur  opposa  les  Benou  Tenoukh,  les  Be- 
nou  Bahrâ  et  d'autres  tribus  de  Syrie,  sous  les  ordres  d'Amr, 
fils  d'el-Assi.  La  victoire,  indécise  jusqu'à  midi,  se  déclara 
enfin  pour  Ammar,  lorsque  celui-ci,  chargeant  Amr,  lui 
fit  lâcher  pied  et  le  culbuta  jusque  dans  le  camp  de  Moâ- 
wiah. On  perdit  beaucoup  de  monde  des  deux  parts,  mais 
l'armée  de  Syrie  fut  plus  maltraitée  que  l'armée  d'Irak.  Le 
lendemain  samedi,  A  safer,  Ali  ordonna  à  son  fils  Moham- 
med ,  fils  de  la  Hanéfite,  de  marchei-  avec  les  Benou  Hamdân 
("t  d'autres  troupes  armées  à  la  légère.  Moâwiah  désigna  pour 
lui   lenir  lêie  Obeïd   Allah,   fils  du  khalife  Omar,  avec  les 


I 


CHAPITRE  LXXX.  353 

^p^  c,..^   (j^  :y^^\  yiSS^  Î3.XxAils  laAj»^  j.|  ^^  ikj^  i^\ 

tribus  do  Himyar,  de  Lakliin  et  de  Djodam.  Obeïd  Allah 
s'était  attaché  à  Moàwiah,  pour  se  soustraire  au  châtiment 
qu'Ah*  voulait  lui  infliger  à  cause  du  meurtre  d'Horrnuzân. 
En  efTet,  Abou  Loulodah,  le  meurtrier  d'Omar,  avant  d'être 
esclave  de  Alogaïrah,  fils  de  Chôbah,  avait  été  au  service 
d'Hormuzân,  en  Perse.  Quand  son  père  eut  péri  sous  les 
coups  de  cet  esclave,  Obeïd  Allah  s'emparant  d'Hormuzân. 
(|ui  pourtant  était  malade  au  moment  où  le  crime  fut  com- 
mis, le  fit  périr  et  jura  qu'il  vengerait  le  meurtre  d'Omar 
en  massacrant  tous  les  Persans  établis  à  Médine  et  ailleurs. 
Ali,  en  prenant  possession  du  khalifat,  voulut  ùler  la  vie  à 
Obeïd  Allah,  pour  le  punir  d'avoir  tué  lionnuzân  injuste- 
ment et  sans  motif  légitime.  Ce  fut  alors  qu'Obeïd  Allah  se 
réfugia  auprès  de  Moâvviah.  La  victoire  se  déclara  ce  jour  là 
contre  les  Syriens,  et  le  fils  d'Omar  battit  en  retraite  vers  la 
fin  de  la  journée.  ï-e  dimanche  5,  Abd  Allah,  fils  d'Abbas, 
fut  désigné  par  Mi.  Mo.îwiah  lui  np|u>s.i  W'.ilid,  fils  d'Ok 


354  LES  PRAIRIES  D'OR. 

cyyJLjC-w.îj^l4A.J!  ^i-i  lit  l.<y*Aj  ooKi  ^ISX^i  ii  iojl.*»  XaJ! 

iLjjjLjw  A-Ji  ^r-^lj  A^^  t^^  i^x^^i  b::^î  p^^^i» 

!^J^^xo^  i)l^  /o^^  V^^  c:ajK9  c4^^i  ii^*«.^  (j^  oyS-S=- 
cy^JUAwîj  ylji^Ji  ôyajî   *.j  cyj-fcJ  l^]ji_jJj  îj,Ail^:C3  (^j>X^Àj| 

bah,  fils  d'Abou  Moait,  qui  poursuivait  de  ses  outrages  la 
famille  d'Abd  el-Mottalib,  fils  de  Hachém.  Le  fils  d'Abbas 
l'attaqua  vigoureusement  et  le  provoqua  en  combat  singu- 
lier, en  l'apostrophant  de  son  sobriquet  de  Sajwân.  Après  de 
rudes  efforts,  l'avantage  resta  au  fils  d'Abbas.  Le  lundi  6, 
Ali  fit  marcher  Saïd,  fils  de  Kaisel-Hamdàni,  qui  commandail 
alors  les  Benou  Hanidân,  contre  Dou'1-Kalâ,  désigné  par 
Moâwiah.  L'affaire  se  prolongea  jusqu'au  soir,  et  lés  deux 
partis  se  retirèrent  en  même  temps,  laissant  le  champ  de 
bataille  jonché  de  morts.  Le  mardi  7,  Achler  sortit  de  l'ar- 
mée d'Ali  avec  les  Benou  Nakhà  et  d'autres  tribus.  Moàwiah 
lui  donna  pour  adversaire  Habib,  fils  de  Maslamah  el- 
Fihri,  Le  combat  continua  avec  des  chances  diverses;  les 
deux  troupes  soutinrent  la  lutte  avec  la  même  opiniâtreté 
et  combattirent  avec  le  même  mépris  de  la  mort.  Leurs 
pertes  furent  égales;  cependant  il  y  eut  un  plus  grand 
nombre  de  blessés  parmi  les  Syriens.  Le  mercredi  8,  Ali 


CHAPITRE  LXXX.  :i55 

*-^-^-C^jl(5-<^LAi-^  ii-^l-J  A-!sA-C_j  LjyLfi  {•^j-aJI  Iis-tf>  jj  cxj'j 

(jj*  '^f^isj  ^4^^  J^îj  Uaji.L  ojJS'-Jt  5_ji^^  iUlaJL.  t_5.>b^ 
I^jijLc  AAAJ  |0^  (jjI  ^j  JUj  AX5Î  (^jv*j  fXilî  L^ji  ^^Àiî 
{^^i_5  cjLmJI  |»_^jb_j  tjU^Jii!  ijU  ^ôlsjJîJl  l^-iSJ»JC^Ij  ^1 
yUaA-iJî  yU  iLsivo  Î_5»>^U  t-UMt  (jl^ij  /oJàciii  iî_^î  I  Jvd> 

conduisit  lui-même  an  combat  les  Compagnons  du  Pro- 
pîiète,  vétérans  deBedr,  Moliadjirs  et  Ansars,  avec  les  tribus 
de  Rébyâh  et  de  Hamdân.  Voici  ce  que  racontait  Ibn  Ab- 
bas  :  «  Je  vis  Ali  avant  le  combat  de  celte  journée  :  il  était 
coifle  d'un  turban  blanc;  deux  jets  de  flamme  jaillissaient 
de  ses  yeux.  11  parcourait  les  rangs  formés  par  les  dilTérenles 
tribus,  excitant  leur  ardeur  et  ranimant  leur  courage.  Ar- 
I  ivé  devant  le  bataillon  on  je  mo  trouvais,  il  s'arrêta  eldit  : 
"  Musulmans,  que  vos  cris  se  confondent  pour  décourager 
«  rennenii  et  lui  inspirer  la  terreur;  que  vos  sabres  troublent 
«sa  vue,  même  avant  de  sortir  du  fourreau;  que  vos  re- 
«gards  le  glacent  d'épouvante.  Plongez  vos  armes  dans  les 
«  cbairs,  et  frappez,  la  pointe  en  avant.  Que  vos  sabres  suc- 
"  cèdent  sans  interruption  aux  javelots,  et  vos  llèclies  aux 
«  lances.  Sacrifiez  votre  vie,  s'il  le  faut;  Dieu  le  Très-llaul 
"  vous  voit  et  le  Cousin  de  son  Propbète  (•ond)at  avec  vous. 
"  Chargez  sans  cesse  et  craignez  de  leculer;  car  la  fuite,  ce 
•  serait  la  honte  pour  vos  enfants  et  le  feu  éternel  pour  vous , 
"  au  jour  du  jugement.  A  \ous  celte  grande  terre  du  Sawad, 

•i3. 


350  LES  PliAlRlES  D'OR. 

w.j>k.ift  i«X-j  iL.A-S'ft.AS  ^^Xj»  <Xi  \A£\jb>  iM«.\A^  5<Xaxa£>  c^^ij 
(^=:l  *^^J    (J~*   (J^^?Sî    c^-=*-    îtX^-o   t<X^^  ^—^5   i^^À^ 

(^  -<xJi_j^      (*XJL5î  aSSjjJ  qJ^  t»5ot«  4M5j  ^^jAcill  r^t^ 

»._Jv_:^   ^]jLa-A^    (^.«.^JC^       içj^^j.<kil~I   (J-.  c3^i    ^*?jî    j    cjUaài 

«à  vous  ces  tentes  si  spacieuses!  Frappez  pour  gagner  le 
«  ciel.  Satan  est  là,  au  sommet  de  sa  coiline,  les  deux  bras 
<■  étendus,  une  main  en  avant  pour  attaquer,  un  pied  en  ar- 
»  ri  ère  pour  fuir;  il  tiendra  ferme  à  son  poste  jusqu'à  ce 
«que  la  vérité  se  manifeste.  Mais  vous  serez  vainqueurs, 
"  car  Dieu  est  avec  vous,  et  il  ne  laissera  pas  faiblir  votre 
•>  courage  !  » 

Ali  s'avança  au  comioat,  monté  sur  la  mule  grise  qui  avait 
appartenu  au  Prophète.  Moâwiah  marcha  à  sa  rencontre  avec 
la  plus  grande  partie  de  l'armée  de  Syrie.  Lorsque  la  nuit 
survint,  les  combattants  se  retirèrent,  sans  avantage  signalé 
(le  part  ni  d'autre.  Le  lendemain  jeudi,  neuvième  jour  du 
mois,  on  se  battit  jusqu'à  l'heure  nommée  c/a/noa/i  (heure 
qui  suit  le  lever  du  soleil).  Obeïd  Allah,  fils  du  khalife 
Omar,  s'avança  alors  avec  quatre  mille  Khadariles  (les 
verts),  coilfés  de  turbans  en  soie  verte;  ces  soldats  s'étaient 
voués  à  la  mort  afin  de  venger  le  meurtre  d'Otmân.  Obeïd 
Allah  les  précédait  en  récitant  ces  vers  : 


CflAPITMF  LXXX. 

ii)jjl  ^jl^  y  aM'_^  (^Joltj  ^^Xij^  (^1  L  viU?^  t^  »!:>Uj 

j^JUl  i\jjt}\  ^:s/i  bi  J"!      ^.x^Jt  oj^j-j^ y^:^\  bi  ^i 


Je  suis  Obeïd  Allah;  ainsi  m'n  nommé  mon  père ,  Omar  le  meilleur 
des  Koreïchiles  qui  ont  vécu 

Après  le  Prophète  île  Dieu  et  le  clieîkh  illustre  (Abou  Bckr).  Les  en- 
fants de  iVJodar  et  de  Rébyàh  ont  abandonné  la  cause  d'Otmàn.  Qu'ils 
soient  privés  des  bienfaits  de  la  pluie! 

Ali  l'apostropha  en  ces  termes  :  «  Malheur  à  loi,  lils  d'O- 
mar! Pourquoi  nie  combats-tu?  Par  Dieu,  si  (on  père  vivait 
encore,  il  ne  serait  pas  clans  les  rangs  de  mes  ennemis. — 
.le  viens  venger  Otniàii ,  répondit  Obeïd  Allah.  —  Tu  viens 
venger  Otniàn,  reprit  Ali,  mai.s  Dieu  vengera  Hormuzân!  » 
ft  il  ordonna  à  yVciiler  de  marcher  contre  lui.  Achter  cou- 
rut au  combat  et  il  chantait  : 

Oui,  je  suis  Achter  aux  exploits  glorieux;  oui,  je  yuis  el-A/ù  (la  vi- 
|)èrc),  célèbre  dans  tout  l'Irak. 

l\i  Rébyàh  ni  Modar  ne  m'ont  donné  naissance  :je  sors  delà  blanche 
«t  glorieuse  tribu  de  Madhidj. 

Obeïd  Allah  se  retira  sans  oser  le  combattre.  Atmnar,  lils 


:i58  LES  PRAIRIES  D'OR. 

A}s>jb  ^^  /B^bUJ  «.Xaj  ^^u»ij  t^jJlj  Jiy«^î  <^i^'  ti^  '^Wi 


de  Yaçir,  voyant  des  monceaux  de  cadavres  s'accuninler  de 
toutes  parts,  s'écria  :  «  Les  généraux  ennemis,  par  leurs  at- 
taques sans  cesse  répétées,  cherchent  à  intimider  nos  braves 
soldats.  Mais,  par  Dieu,  quand  même  ils  nous  mettraient 
en  déroute,  et  nous  poursuivraient  jusque  dans  les  défilés 
de  Hadjar,  la  vérité  n'en  serait  pas  moins  avec  nous  comme 
le  mensonge  est  parmi  eux!  »  Puis  il  se  jeta  dans  la  mêlée  t\ 
prit  part  au  combat;  il  revint  ensuite  au  même  endroit  et 
demanda  à  boire.  Une,  femme  des  Benou  Cheïbân,  qui 
se  trouvait  dans  les  rangs  de  l'armée,  lui  présenta  une  jatte 
de  lait.  Ammar  la  prit  en  disant  :  «  Dieu  est  grand!  C'est  au 
milieu  des  lances  que  je  retrouverai  aujourd'hui  mes  amis. 
L'apôli^e  véridique  m'a  dit  la  vérité,  lorsqu'il  m'a  prédit  que 
ce  jour  serait  pour  moi  le  dernier.  »  Puis,  se  tournant  vers 
ses  compagnons  d'armes  :  «Qui  de  vous,  leur  dit-il,  veut 
annver  jusqu'à  Dieu  à  l'ombre  des  lances.^  Par  Celui  qui 
tient  ma  vie  entre  ses  mains,  nous  combattons  aujourd'hui 
pour  l'explication  du  Livre,  comme  nous  avons  combattu  au- 
trefois pour  défendre  son  origine  divine.  »  Et  il  s'avança  en 
ajoutant  ces  vers  : 


cil  \P!TI\E  LXXX.  :^59 

AK~-*_Aiw    ^j^    J»^='   tl-'Û'^J  aK_a.jL*   /wC    «IgJi    J>JS.J    \>y*is 

jji^_^S  C^_x_Jj    A^xLô    4MÎ    Jj-M»;   Jii  Jw  _}'   J_5-*!>   (0-»Xa»   aMI 
*X_9^    <\_Ju-A— Cw  j-J^,    (J 'é^    aK-w-jsj  ^ j  j^   -i*^-^   ij^^"^   CJ^*^ 


Nous  avons  fait  la  guerre  pour  vous  couvaincre  que  le  Koran  venait  du 
ciel;  nous  la  faisons  aujourd'iiui  pour  en  fixer  le  sens. 

Sous  nos  coups,  le  bibou  quittera  sa  retraite  (c'est-à-dire  l'âme  sortira 
du  coq)s);  l'ami  sera  séparé  de  l'objet  de  sa  tendresse. 

Jusqu'à  ce  ([ue  la  vérité  reprenne  son  cours. 

En  achevant  ces  paroles,  il  se  jeta  au  plus  fort  de  la  mê- 
lée, à  travers  les  lances  (jui  se  croisaient  sur  lui.  Il  tomba 
sous  les  coups  d'Abou'l-Adyah  el-Amili  et  d'Ibn  Hovvaïn  es- 
Sekseki.  Ces  deux  hoiimios  se  dispulrrcnt  ses  dépouilles  et 
prirent  Abd  Allah,  (ils  d'Aiin-,  lils  d'el-Assi,  pour  arbitre 
de  leur  dillérend.  «  Kloignez-vous,  leur  dit  celui-ci,  car  j'ai 
entendti  dire  au  Prophèle  (ou,  selon  une  autre  version,  le 
Prophète  a  dit)  :  «  Les  Koieïchilcs  seront  injustes  à  l'égard 
d'Ammar:  «  il  leur  montrera  le  chemin  du  ciel,  et  eux  vou- 
«  dront  l'entraîner  en  enfer.  »  Ammar  fut  tué  à  la  tombée 
de  la  nuit;  il  était  âgé  de  quatre-vingl-Ireize  ans.  Son  tom- 
beau est  à  Silliii.  Ali  récita  la  prière  des  morts,  mais  sans 
laire  les  lotions  funéraires,  parce  (|m' Ammar  dissimulait  ses 


360  LES  PRAIRIES  D'OR. 

/wj    ^W     J%-*:^    A^JCJ»    ^j    «.^^il    (^    ^*)^^    'j'*Jy    (J:?*^'^'    {Jx***"*"^ 

3 

cheveux  blancs  à  Taicle  d'une  teinture.  On  n'est  pas  d'ac- 
cord sur  sa  famille.  Les  uns  le  rattachent  aux  Benou  Makh- 
zoum  ,  les  autres  aux  clients  de  celte  tribu  ;  d'autres  lui  don- 
nent une  origine  diflérente.  On  trouvera  des  détails  sur 
ce  personnage  dans  notre  livre  intitulé  :  Jalons  de  l'Iiistoire 
et  curiosités  des  moimmeats ,  au  chapitre  où  nous  mention- 
nons les  cinquante  chefs /^ui  reconnurent  Ali  à  l'article  de 
la  mort.  Les  vers  suivants  d'el-Haddjadj,  fils  d'Ozeyah  el- 
Ansari,  font  allusion  à  la  mort  d'Ammar  : 

Le  Prophèle  lui  avait  dit  ;  «Tu  mourras  sous  les  coups  d'une  poignée 
de  misérables  que  leur  étoile  entraînera  à  la  révolte.  » 

Les  soldats  de  Syrie  savent  maintenant  qu'ils  sont  désignés  par  ces  pa- 
roles et  que  la  honte  et  le  feu  éternel  les  attendent. 

A  peine  Ammar  était-il  tombé  qu'on  vit  s'avancer  Said, 
lils  de  Kais  el-Hamdâni ,  avec  les  Benou  Hamdân  ;  Kaïs,  fils 
de  Saad,  fils  d'Abadah  el-Ansari,  avec  les  Ansarset  les  Be 
nou  Rébyàh.  et  Adi,  fils  de  Hatini,  à  la  tête  des  Benou 
Tayi.  Said,  lils  de  Kaïs,  était  au  premier  rang.  F,e  choc  fut 


CHAPITRE  LXXX.  M)\ 

^jivX_iè  os^^^j  JLjJUI  Joucilj  jH^L  j^  l^kAii  ^Ui 

i 

■*'cS*  &^  fy*^  -^  '^■*^  (J-^-  (^■^^  *^^-*--*^  Jl^5    (J-j'_5  -«^I^Aji 

>A ai  aN £&i  ^^_A_jj^_ft!        >KJi\   U^  J_^Ji  ^Ji-Si  .Xi 

■^X )L4  ji  J^Ào  (jî   ix_j  ii        ^X_^  4^i*.  sLa-JI  lis.  ù<i 

terrible;  après  un  combat  des  plus  nieiirtrieis,  les  Jienoii 
HaiTidàn  oufoiicèrcnt  l'armée  de  Syrie  et  la  culbutèrenl  sur 
les  bataillons  commandés  parMoà\viah;maisSaïdetsesIIam- 
danites  ne  purent  entamer  ces  derniers.  Alors,  par  l'ordre 
d'Ali ,  Achter  se  jeta  ,  l'étendard  à  la  main  et  suivi  des 
Karaïtes  (lecteurs  du  Koran),  sur  les  troupes  de  Hims  et  de 
Kinnisrin  (Emèse  et  Chalcis)  :  il  en  fit  un  grand  carnage. 
De  son  côté,  Mirkal  à  la  tête  dosa  tribu , malgré  d'énergiques 
elTorts,  n'avait  obtcrm  encore  aucun  avantage;  il  se  déme- 
nait comme  un  étalon  au  milieu  de  ses  entraves.  Derrière 
lui  était  Ali,  qui  lui  disait  :  «  Allons,  homn)e  borgne,  pas 
de  faiblesse;  en  avant!  »  Mirkal  répondit  par  ces  vers  : 

Ou  a  [)<Trlc  trop  lonj^lcmps  (maintenant  il  l'anl  at,'ir.)  Li;  j;iiorrior 
borgne  cherciic  de  la  ^ioiic  pour  les  siens. 

Il  a  ns(''  (Je  la  vie  jusipi'à  la  satiété;  aujoni'd  liiii  il  Cnil  rprii  (Vappc  on 
fjn'il  .soit  frappé'. 

.le   \CM\  les  r.Mjonssi'!'   |iis<|n'.i   Don  l-Koonl».  1  le. 


362  LES  PRAIRIES  D'OR. 

J-^-^   &  y-^3  ^^-Ml  4^<xJ  S^jX\  ifsAJis.  (^3  nc^\sî>  »K,«wtf>  -j.j 

^j-^l  ^J^^  ^^.Mi  ^j-4  j^iXac  (^)U^ 

ikxMKS  5<Sjtj  JoCSj  -«XjCX»  Jlivli   frtiUû  AÀxiai  (jvJCJutia  ljLAAifc.lj 
Jls^i    »_/05   o^-mI  ji  J»-^^  Jlj)~JLl   jrfviUfc  J.-î-^  >X.rï»^j.A* 

JjLjL-JiLi  L*x5T  t^Mi  ^ji  J.Ai_j  x«i?^  Jij^t  /<vi,lJ>  Jjjii  ^j*<Ul 

Hachém,  Gis  d'Olbah,  tel  était  le  nom  de  Mirkal,  marcha 
contre  les  Himyarites,  commandés  par  Dou'1-Kalâ.  Le  porte- 
drapeau  de  cette  troupe,  un  Arabe  de  la  tribu  d'Ozrah,  vint 
à  sa  rencontfe  en  disant  : 

Arrête!  tu  n'as  pas  affaire  à  un  homme  issu  de  Modar.  Parmi  nous 
autres  Yéménites  la  peur  est  un  sentiment  inconnu. 

Qu'est-ce  que  la  mort  d'un  esclave  parmi  tant  de  morts  illustres?  Nous 
vengerons  le  fils  d'Affàn  et  nous  chasserons  les  traîtres. 

Donner  un  ordre  ou  l'exécuter  est,  selon  moi ,  la  même  chose  (allusion 
au  meurtre  d'Otmân). 

Ils  se  précipitèrent  l'un  sur  l'autre,  la  lance  en  arrêt.  Mir- 
kal le  perça  de  la  sienne  et  tua  sur  son  corps  dix-neuf  de  ses 
compagnons;  puis,  se  mettant  à  la  tête  d'une  troupe  des  Be- 
nou  Aslam,  qui  avaient  juré  de  revenir  vainqueurs  ou  de 
mourir,  il  chari^ea  Dou'I-Kalâ.  La  lutte  recommença  avec 
une  i'ureur  nouAclle.  Mirkal  et  Dou'1-kalà  reçurent  la  mort 
en  même  temps.  Le  fils  de  Mirkal,  vovaiil  tomber  son  père. 


CIIAPITUE  LXXX.  363 

^^SJi   i  J5^  \Sjjii\  iaA«3  i  Sj^\  JSi  (j^^  s^\^)i\  Jli^i  ^^\ 

l^v-Lit»   J^J»-  'yt^**  *Ji^J^'  ^^"^"^         ii-A^-^l  ii-A_Aa-*  1^-6=»"  *^'  (4>- 
/y_j   ioi_j»X.»-  ^-^5   *X*Mi_5  ^)^À-o   r»_5^Jl   l«X^  i   »X-j,^AAw!_5 


prit  de  ses  mains  rétendard  el  se  jeta  au  plus  Tort  de  la  mê- 
lée. Sous  des  flots  de  poussière,  il  déclamait  ces  vers  : 

Hachém,  fils  d'Olbah,  fils  de  ALilik,  réjouis-loi  :  le  cheïkli  de  Koreïch 
est  mort; 

Son  cadavre  est  foulé  sous  les  pieds  des  chevaux.  Héjouis-loi,  les  Iiou- 
ris  l'atlendcut  sous  leurs  bocages  parfumés  de  l'odeur  enivrante  des 
fleurs! 

Ali  vint  à  passer  devant  les  cadavres  de  Mirkal  etdesBc- 
nou  Asiein  étendus  autour  de  lui.  l'ouché  de  pitié,  il  pria 
pour  eux  et  ajouta  ce  V(;r,s  : 

Que  Dieu  récompense  ces  troupes  d  Aslemites  au  mâle  visage,  (pii  sont 
tombés  auloiu'  de  Ilacliém! 

A  la  même  alTaire  périrent  S<'if\vàn  ctSaad,  tous  deux  fils 
de  Hodaïfah  ,  iils  d'elYérnàn.  Leur  père  Ilodaïrah  était  ma- 
lade à  Koulali,  l'an  30  de  l'iiégire,  loiscju'il  apprit  le  meurtre 
d'Olmân  et  la  nominalion  (l'Mi    II  voulut  être  Iransporlé  à 


364  LES  PRAIRIES  D'OU. 

^-Cii^    jj^=>-^_i^l   jLJt»   (_^xJ   (j*\.ÀJi    iCsAjj   (jUv.£  J^ï   ^àKkà 
jJl,«?j  \^k.£.  (^\j  '^i   *X,«-.^^ajUS  (_^  (5'*®>*  iùwl>  a>X.AiaJi 

Ajî  ^!^_i  ^jijj^^y  ^•*>^  ^i)'*^-'^^  '^^  (Sy^-^^  (*xaX«  <^Ur  ^! 

Ljjij.s>-  ^  fj^S.XM*i  \XAi  L>».j_5  <3^-^5   *Xxaw_5  (jlkÀ.o  <\AÀJ^  JiiJj 

«X_.r,-«;i.JC-W(lj         U^J    (jv*j^b    J^j    -M    iÙtA>i^J    f\>"^''    Î-^JÛ    J\XJ 

la  mosquée  pour  y  réciter  la  prière  puiîlique.  Une  fois  placé 
clans  la  chaire,  après  avoir  loué  Dieu  et  appelé  ses  béné- 
dictions sur  le  Prophète,  il  s'exprima  ainsi  :  «Peuple  ici 
rassemblé,  vous  savez  qu'on  vient  de  prêter  serment  à  x\li, 
fils  d'Abou  Talib.  Craignez  Dieu  et  donnez  votre  assistance 
et  votre  appui  à  Ali.  En  vérité,  du  commencement  à  la  fin , 
le  bon  droit  a  été  de  son  côté.  Ali  est  le  meilleur  de  ceux  qui 
sont  venus  après  votre  Prophète,  le  meilleur  d'entre  les  gé- 
nérations futures,  jusqu'au  jour  de  la  résurrection.  »  Et  po- 
sant sa  main  droite  sur  sa  main  gauche,  il  ajouta  :  «  0  Dieu  , 
sois  témoin  que  je  prête  serment  à  Ali.  Béni  soit  le  Sei- 
gneur, qui  m'a  laissé  vivre  jusqu'à  ce  jour!  »  11  se  fit  trans- 
porter chez  lui  par  ses  deux  fils  Safwân  et  Saad ,  et  leur  dit  : 
«Allez  et  restez  avec  Ali;  il  aura  à  soutenir  de  longues 
guerres  dans  lesquelles  des  flots  de  sang  seront  versés.  Tâ- 
chez de  périr  à  ses  côtés,  car  la  vérité  est  avec  lui  et  le  men 
songe  avec  ses  ennemis.  »  Hodaïfah  ujourut  sept  jours  après, 
selon  les  uns,  quarante  jours,  selon  les  autres. 


CHAlMThF:  LXXX.  :K)5 

^}Ji*â^  v^A^j  OV^^  d)  Jv^l^         jD_j-JC-Jl^  j— <L-Anj|  ^I   ^^j_\j  ^ 

t*x_>  Li-j  _j_J  b!  (jL«jcJi  ^^3  Jl-ii  LfA=-  ;^^'j  U*>«J*^  ^1,*» 

(le  même  combat  coûta  la  vie  à  Abd  Allah  et  à  Abd  er- 
TUibman,  fils  Tun  et  l'autre  de  l'odeïl,  fils  de  Warlià  le 
Kliozaïtc.  Ils  périront  avec  un  grand  nond)re  de  soldats  de 
leur  tribu.  Aid  \llali  combattait  à  l'aile  gauche  de  l'armée 
d'Ali  etcbantait  ces  vers  (sur  le  mèln-  reJjez)  : 

Il  ne  te  reste  désormais  qu'à  prendre  patience  et  ù  te  fier  à  Dieu.  Arme- 
loi  d'un  bouclier  et  d'un  sabre  à  l'acier  poli ,  et  cours  an  premier  rang  des 
cavaliers. 

11  lut  tué,  et  après  lui  son  (rèro  Abd  erRahman,  avec 
j)lusiciirs  Khozaïles  (jue  nous  a\  ons  nommés  plus  haut.  iMoà- 
wiali ,  vovanl  les  rangs  de  l'arnu-e  de  Syrie s'éclaircir  sous  l'ai- 
laque  ruri(  use  des  Iroiipcs  d'Irak  ,  se  tourna  d'un  air  irrilc  \ers 
Nomàn,  lils  de  Djébélah  le  Teiioukliile,  (|ui  porlail  le  dra- 
peau des  tribus  de  'r(;iioukh  et  de  Balirà  et  lui  dit  :  "  Je  sou- 
geais  à  mellre  à  la  léle  de  les  lionuues  un  chef  plus  li.irdi 
que  toi  et  un  allié  plus  fidèle.  »  Nonuin  répondit  :  «  Si  notre 
tiibu  n'axait  eu  à  combattre  qu'une  poignée  de  recrues  .sans 
discipline,  il  lui  fandr,iil  encore  du  IcMups  jxiur  la  répons- 


366  LES  PRAIRIES  D'OR. 

Uj    ,3_iL  (^  c:.»^*-^  if^ij.s.\  bi_j  .X-i^Jl   ci)i_^  (-^^J  (S^.^ 

ser;  à  plus  forte  raison ,  quand  nous  avons  devant  nous  un 
rempart  de  sabres  et  de  piques  acérées,  un  ennemi  prudent 
et  habile.  Certes,  je  t'ai  servi  au  prix  de  mes  propres  inté~ 
rets;  j'ai  sacrifié  ma  religion  à  ta  couronne;  j'ai  abandonné 
ce  que  je  savais  être  la  justice  pour  favoriser  ton  ambition 
et  je  me  suis  écarté  de  la  vérité  que  j'avais  devant  les  yeux. 
Rebelle  aux  lois  de  l'équité,  pour  défendre  ton  pouvoir,  j'ai 
pris  les  armes  contre  le  Cousin  du  Prophète,  contre  celui 
qui  le  premier  a  embrassé  fislam  et  émigré  avec  le  Pro- 
phète. Si  nous  avions  donné  à  Ali  les  gages  que  tu  as  reçus 
de  nous,  il  se  serait  montré  plus  clément  envers  ses  sujets 
et  plus  magnifique  dans  ses  dons.  Maintenant  que  nous 
avons  entrepris  celte  affaire  avec  toi,  légitime  ou  injuste, 
nous  devons  la  mener  jusqu'au  bout.  Mais  il  s'en  faut,  hélas, 
qu'elle  soit  légitime!  En  combattant  pour , posséder  les 
figuiers  et  les  oliviers  du  Gawtah  (jardins  de  Damas) ,  nous 
renonçons  aux  fruits  délicieux  et  aux  fleuves  du  Paradis.  » 
En  aclievant  ces  mots,  il  se  mit  à  la  tête  de  sa  tribu  et 
courut  au  combat. 


CHAPITRE  LXXX.  367 

lvX_A_-w  Jol  .la  M*— n  cjLilnl  (j^   <-»-àI3  J^  iajjl  yi  _^>;^  jî 

J^ij  ^«-^^  0-.>-*-^  l-ii^U^  ^iLxXA-E-  J  \j^k^j  ^î  /«s^Lvî 
(j-^  '^^^'^-r^^-^»-  ^^  J-H^  lii^^j-ï  *L5j  ij^  jXx}\  ^j:  (^jv^a^ 
^jjj  ^  ^^_s?Ji  yc-i.yî   (jl  Jokij  A\jjii  A.À*ki  Jjt^^lis. 

Obeïd  Allah,  fils  d'Omar,  se  préparait  à  marcher  contre 
l'ennemi  et  ses  femmes  l'aidaient  à  revêtir  son  armure.  Seule, 
la  Cheibanite,  fille  de  llani ,  fils  de  Kabiçah ,  se  tenait  à  l'écart. 
Au  moment  de  sortir  de  sa  tenlc,  il  s'approcha  de  cette 
femme  et  lui  dit  :  «  C'est  la  tribu  que  je  vais  combattre  au- 
jourd'hui; Dieu  jn'est  témoin  que  mon  plus  vif  désir  est 
d'attacher  à  cha(jue  pieu  de  ma  tente  un  de  tes  nobles  com- 
palrioles.  —  Combien  je  déplore  que  tu  les  combattes!  »  ré- 
pondit-elle. Son  mari  lui  en  demanda  la  raison.  Elleajouta: 
«  Jamais,  avant  et  depuis  l'islam,  ils  n'ont  eu  pour  ennemi 
un  guerrier  au  visage  de  Iravcrs  (comme  le  tien)  sans  le  lui 
redresser.  Je  crains  que  lu  ne  sois  perdu;  il  nje  semble  déjà 
me  voir,  après  ta  mort,  allant  les  implorer  de  me  rendre 
ton  cadavre.  »  Obeïd  Allai»  la  blessa  d'un  coup  de  son  arc 
et  lui  dit  :  «Tu  sauras  bienlùt  (|ui  je  t'amènerai  parnii  les 
illustres  frères.  »  Il  lut  percé  d'un  coup  de  lance  et  lue  par 
Horeïl,  filsdeDjahir  cl-Djoufi,  ou  selon  d'aulrcs,  parAchler 
en-\akhàyi;  d'après  une  troisième  veision  ,  il  péril  de  la  main 
d  Ali,  (|iii,(lii  inènic  ((uip.  perça  son  armure  »■(  dc'-cliira  ses 


368  LES  PRAIRIES  D'OT». 

A-aJJs^   <r>-^  (:J^?'=^  «-5^  ^^^  ub  ''^.^^  i^*ïo»-  «s-*^*»'  ixlLs». 

X'À=='»ij   ^Ua-mJ!    <>U2AAi   ^    jjUû    C-VÀ-J    <îOLiA=s-    !_jAx>-lj    pÀ.*AS».î 

-Oi^-j  JoLj  tj^i,  JI  »b:>»x^  p<vS-ti  j5  aMI  «Xaa*  «^-i^àJ  IjjUj 
AjoUjçiJ)  !y:jî  y^i  JUi  ji,J«Xj  'N?^^  Lir''^'-?  ^^A^  «^^^ 

bi   o»-)l;j   fj-*-^5   c:^.jÎj   (j-^*  'î^"^=?-   i   ^4-î'^  tji    L(f>^^Avj 

entrailles.  Précédemment,  lorsque  Obeïd  Allah^'était  dérobé 
par  la  fuite  au  châtiment  qu'il  avait  mérité  en  tuant  Hor- 
inuzân,  Ali  avait  dit  :  «S'il  m'échappe  aujourd'hui,  il  ne 
m'échappera  pas  demain.  »  Après  la  mort  d'Obeïd  Allah,  ses 
ien)mcs  obtinrent  de  Moàwiah  la  permission  d'olTrir  dix 
mille  dirhems  aux  Benpu  Rébyàh  pour  la  reslitulion  du 
corps.  Quand  elles  vinrent  le  réclamer,  ils  consultèrent  d'a- 
bord Ali ,  qui  leur  répondit:  «  Ce  cadavre  est  celui  d'un  chien 
et  les  charognes  ne  doivent  pas  se  vendre.  Cependant  vous 
pouvez,  si  bon  vous  semble,  l'abandonner  à  sa  femme,  hi 
fdle  de  Hani,  fils  de  Kabirah  le  Cheïbanile.  •>  Les  Benou 
Rébyâh  revinrent  et  dirent  aux  femmes  d'Obeïd  Allah  :  «  Si 
vous  voulez,  nous  l'attacherons  à  la  queue  d'un  mulet  que 
nous  chasserons  à  coups  de  fouet  jusque  dans  le  camp  de 
Moâwiah.  —  Ce  serait  encore  plus  cruel  pour  nous,» 
répondirent-elles  en  gémissant.  Moàwiah  instruit  par  elles 
du  peu  de  succès  de  leur  démarche,  leur  conseilla  d'aller 
trouver  la  Cbeïbanite  et  d'obtenir  de  cette  femme  qu'elle 


CHAPITRE  LXXX.  369 

>s».  ciyiû-*  /o»4^'  c:a.a)Î^  l^jAfci»  *JOix>  «J  '^-Sfr»  V^'  ^''•*='  ^ 

-UJi  J^i)  ^^  ki  *Xj«.ij  J^=-^  a\^  xx^  ^^^i  '^^^ 

s'adressât  elle-même  aux  Rébyites.  Elle  y  consentit,  se  pré- 
senta dans  leur  camp  et  leur  dit  :  «  Je  suis  la  fdle  de  Hani, 
fds  de  Kabirah.  Voici  mon  époux,  c'était  un  homme  entêté 
et  violent;  je  l'ai  averti  de  ce  qui  devait  lui  arriver.  Rendez- 
moi  son  corps,  •  Sa  demande  ayant  été  accueillie,  elle  leur 
jeta  une  pièce  d'étofTe  de  soie  dans  laquelle  ils  enveloppè- 
rent le  corps  et  le  lui  abandonnèrent,  après  avoir  attaché  au 
pied  du  cadavre  un  des  piquets  de  leurs  tentes. 

Cependant  Aramar  et  les  guerriers  que  nous  avons 
nommés  plus  haut  avaient  succombé.  Ali  excitait  le  courage 
des  siens,  et  disait  aux  Rébyites  :  "Vous  êtes  ma  cuirasse 
et  ma  lance.  »  Cette  tribu  et  d'autres  troupes  prêtes  à  sacrifier 
leurviepour  la  cause  de  Dieu  accoururent  à  son  appel  au 
nombre  de  dix  mille  et  au  delà.  Ali  les  conduisit  au  combat, 
sur  sa  mule  grise,  en  répétant  ce  vers  : 

Quel  jour  ciieiclierais-jc  à  fuir  !<'  tripas!"  Ksl-ce  le  jour  où  le  desliii 
m'épargne,  ou  hien  le  jour  où  il  me  frap[)cra.'' 

Ses  soldats,  s'ébmcant  à  sa  suite  cotnnu'  un  seul  homme, 

IV.  ••  i 


370  LES  PRAIRIES  D'OR. 

iL-J^U.«    *a5  Jt  Ij-wiil   <;5;r».   aaA*  ly>l  Us^!jj^.ftjij  (jàJUJJ  ^1 

<ÎU)jUi    p<\Ià«Ji     (^x!i  jj—swil!  <X_J^L*_^    ^^jl    ^3     -o--fr-J^-^' 

Js-:^  U5  ^-5  JLJL»  »^î  ji   xV^i  ^i  kï  J.r?-;   »jjUj  ^  *jl 

rompirent  les  lignes  des  Syriens,  renversèrent  tous  les  obs- 
tacles et  parvinrent  jusqu'à  la  tente  de  Moâwiah.  Ali  fendait 
en  deux  tous  les  cavaliers  qu'il  trouvait  sur  son  passage  et 
disait  : 

Parmi  ceux  que  je  frappe  je  ne  vois  pas  Moàvviah ,  cet  homme  aux  yeux 
bridés,  au  ventre  proéminent  ; 

Que  sa  mère,  privée  du  fils  qu'elle  chérit,  roule  avec  lui  au  fond  des 
enfers  ! 

Quelques-uns  pensent  que  ces  paroles  furent  prononcées 
ce  jour-là  par  Bodeïl,  fils  de  Warkâ.  Ali,  provoquant  Moâ- 
wiah, lui  dit  :  «  Pourquoi  sacrifier  plus  longtemps  la  vie  de 
tant  d'hommes  à  notre  querelle?  Je  t'appelle  au  combat  de 
Dieu.  Que  celui  de  nous  deux  qui  tuera  son  adversaire 
jouisse  seul  du  pouvoir!  »  Anir  dit  à  MouAviah  :«  Ce  qu'il  te 
propose  est  juste.  — Non ,  répliqua  celui-ci;  tu  sais  bien  que 
tous  ceux  qui  se  mesurent  contre  lui  périssent  ou  sont  faits 
[uisonniers.  —  L'honneur,  reprit  Amr,  exige  que  tu  ac- 
ceptes le  défi.  «  Moà\viah  ini  répondit  :  «  Tu  désires  hériter 


CHAPITRE  LXXX.  371 

*-*  A)—*  c^  f<v*J»!  iùjU^  y!  cjLÎjjjJI  (jàxj  i  Jwv»  JsJjj  *-aA£ 

A_jj^fi   VxÀ-iJv»    A^aïîaJ   u>.A*iJ|   JLij   ^^   \ij.£.   UxaJÎ    1,^0  jwO 

de  mon  pouvoir,  »  et  tel  était  en  efTet  le  motif  de  la  jalousie 
d'Amr.  D'après  une  autre  relation,  Moàwiali,  lorsque  Amr 
lui  conseilla  d'accepter  le  combat,  le  conjura  de  l'aflfronter 
à  sa  place.  Amr  ne  putse  dispenser  d'obéir  et  s'avança  contre 
Ali.  Quand  ils  lurent  en  face  l'un  de  l'autre,  Ali  le  recon- 
nut, et  déjà  il  levait  son  sabre  pour  le  frapper,  lorsqueAnir, 
découvrant  ce  qui  doit  rester  caché  aux  regards,  s'écria  : 
«  Ton  frère  a  été  contraint,  il  n'est  pas  un  héros  (Proverbe).  » 
Ali  détourna  les  veux  et  lui  dit  :  «  Ton  action  est  infâme.  « 
Amr  retourna  ensuite  parmi  les  siens. 

Hicham,  fils  de  ^lohanmîcd  el-Kelbi,  rapporte,  sur  le  té- 
moignage de  Charki,  (ils  de  kalami,  qu'après  l'issue  de  la 
guerre,  Moâwiah  dit  à  Amr  :«  Ne  m'as-tu  jamais  donné  des 
conseils  perfides?  »  Ann's'en  défendant,  Moàwiah  poursuivit: 
"  Si  fait,  lu  me  trompais  lors(|uc  lu  m'as  conseillé  d'accepter 
le  défi  d'Ali,  connaissant  la  \alciir  dv  cet  homme.»  Ami- 
lui  répliqua  :  «  lui  répondant  à  sa  provocalion ,  lu  le  [)laçais 
entre  deux  allernativ<'s  également  axanlagcuscs  :  on  tu  l'au- 
rais  tué,   et,   fil   te  vengeant    rlti   meurtrier    de  la   famille, 

2.1. 


372  LES  PRAIRIES  D'OR. 

i_^-^  ^^  ^^i  Jî  J-*j  ^  Jl*yi5  r«^^  yî  Cijviw' ^W-=^i 

w  P 

lu  t'illustrais  d'une  gloire  nouvelle;  ou  il  t'aurait  tué,  et  tu 
prenais  place  au  milieu  des  martyrs  et  des  saints;  il  est 
glorieux  d'être  compté  parmi  eux.  »  Moâwiah  lui  répon- 
dit :  «  Amr,  cette  seconde  chance  eut  été  plus  triste  que  la 
première.  » 

Cette  journée  fut  plus  meurtrière  que  les  journées  précé- 
dentes. J'ai  lu  dans  quelques  relations  écrites  de  la  guerre  de 
Siffin,  que  Hacbém  el-Mirkal,  ayant  été  renversé  et  frappé 
d'un  coup  mortel,  souleva  la  tête  et  aperçut  Obeid  Allah, 
fils  d'Omar,  qui  gisait  blessé  à  ses  côtés;  il  rampa  sur  les 
mains,  et,  comme  il  était  désarmé  et  épuisé,  il  le  mordit  au 
sein  avec  une  fureur  telle,  que  ses  dents  restèrent  dans  la 
blessure.  On  retrouva  son  corps  et  celui  d'nn  Arabe  des 
Benou  Bekr  ben  Waïl  sur  le  corps  d'Obeïd  Allah  qu'ils 
avaient  déchiré  tous  deux  en  expirant. 

Le  combat  terminé ,  les  deux  armées  se  mirent  en  devoir 
de  relever  leurs  morts  autant  que  cela  était  possible. 
Moàwiah  passant,  avec  quelques-uns  de  ses  olTiciers,  sur  le 
terrain  où  son  aile  droite  s'était  déployée,   aperçut  le  ca- 


CHAPITRE  LXXX.  373 

tK-»«Xo   ^   aMI   .Xxfi  JI  jJàjiJ  AAi  X>j^y«  w».j|^  (^*>^Ji    x-Okil> 

^XJi.«v««  JjJij  uioli  jjiï-yiî  i<><.^  (jJ"^  J*i^> 

ilavre  d'Abc!  Allah,  fils  de  Bodeïl,  fils  de  Warkù  le  Kho- 
zaïte,  souillé  dépoussière  et  de  sang.  Ce  guerrier,  ([iii  com- 
haltail  à  la  gauche  de  l'armée  d'Ali,  s'était  jeté  sur  la  droite 
de  iMoàw'iah  et  y  avait  trouvé  la  mort,  comme  on  l'a  vu 
précédenmient.  Moàwiah  voulut  exercer  des  mutilations  sur 
son  corps,  mais  Abd  Allah,  fils  d'Amir  qui  avait  été  lié 
d'amitié  avec  le  fils  de  Bodeïl,  déclara  qu'il  ne  souffrirait 
pas  une  pareille  profanation.  Moàwiah  lui  ayant  rendu  le 
corps  de  son  ami,  il  l'enveloppa  dans  son  turban,  le  Irans- 
j)orta  et  lui  donna  la  sépulture.  "  Par  Dieu,  lui  dit  Moàwiah, 
lu  viens  d'enterrer  un  des  plus  redoutables  guerriers,  le  chef 
tie  la  tribu  des  Khozaïtes.  Kl  pourtant,  si  nous  étions  tombés 
entre  les  mains  de  leurs  femmes,  elles  auraient  mangé 
notre  chair,  bien  que  notre  naissance  soit  au-dessous  de 
celle  de  ce  prince;  »  puis  il  ajouta  ces  vers  en  forme  de  sen- 
tences : 

Un  l)ravo  soldai,  s'il  tsl  iiiordii  par  la  guerre,  rend  inoi'surc  pour  mui- 
surc.  L'attaque  ipii  le  iiicnacr  le  trouve  toujours  prf-l. 


374  LES  PRAIRIES  D'OR. 

A_jl^sï=î  (j^-rS.  y^J[)..j  ^  *-4.*lAaxi  (^  yl-**.i  <Jt  (^^làjj 
*-_i_^  laJi.-*Ajj  j»LIà.«Jl  ^j_5  f*l-rrJi   i^-Ai-?   <t>^J  |<\*».àJ|  ikxa 

J-S-i/l     I^^J^^    ■y.-Xi^l\    J._£û)     ^j.jÎ     ylîi^l^  j_5*KAaJi    <^    /o..^ 

Î<x.jj5^  La.^^  -Ji.-îiyi  ^*^^  (_ji;woi  Jiîj  ^jÎ^I!  ^^v^î  fj^xj  i*x4^ 

(_^^!   ti).Ajlj   4^i>.  iii.*i,»i^l5  -.IwjJl    J^_5<X,*o   (j  ovjt^l  îii   4^.^. 

Tel  qu'un  Hon  rugissant  qui  défend  ses  petits,  il  brise  sous  ses  dents 
le  trait  que  lui  lance  la  mort. 

Ali,  voyant  que  les  lignes  formées  parles  Benou-Gassân 
n'étaient  pas  encore  enfoncées,  encouragea  ses  soldats  à  les 
attaquer  et  leur  dit  :  «  Leur  résistance  ne  cessera  que  lors- 
qu'ils tomberont  inanimés  sous  vos  lances.  Que  vos  sabres 
fendent  les  têtes,  brisent  les  os,  coupent  les  articulations, 
abattent  les  mains!  Que  vos  masses  de  fer  fassent  ployer  les 
fronts  de  vos  ennemis,  que  leurs  longues  chevelures  se  ré- 
pandent sur  leurs  cous  et  leurs  poitrines.  A  moi,  les  soldats 
intrépides;  à  moi,  ceux  qui  aspirent  à  une  récompense!» 
Une  foule  de  musulmans  de  toutes  les  tribus  accoururent. 
Ali  appela  son  fds  Mohammed,  lui  remit  le  drapeau  et  lui 
dit  :  «Avance,  ce  drapeau  à  la  main  et  sans  te  hâter. 
Lorscjue  tes  hommes  seront  en  face  de  l'ennemi,  la  lanceen 
arrêt,  suspends  ta  marche  et  attends  mes  oixlres.  »  Moham- 
med obéit.  Ali,  suivi  do  Haçan,  de  Huçeïn,  des  vétérans  de 
Bedr  et  d'autres  Compagnons  du  Prophète  formant  un  esca- 
\ 


CHAPITRE  LXXX.  375 

LLII  y5wi*-Cj  ?'*^^~*  <-^^'  »j-i**  ^4^^  *J_5^-*^  A-Mry»  i.^^^ 
t_;<XXjlj  (j*»;^  oui   l^jJtiaJCâlj  ^^  iij.M*.x^  ^^   ^Xj^Xi  ij   y^ÀJL« 

J^*^j  '^-^î  /o-^'  b.r-^^(i*  f*^  «^.9-*^  (*-^^  «-^^  (*"^  ls\.^^i\ 
f^j^^^i  /o-^l  t5«^^l  CJ^^  ^^^j^  i  J^  (;^*ia^  J>^  Cp-a* 

ifc  ..•'■w«X_Ai<»     (_^ )»— J    lfc-A-&-    <;^v-,»-    ij<X-Mj    jO-J    i»y-V^J    j^    AjLiLf 

dron  de  cavalerie,  chargea  les  Benou  Gassân  et  leurs  auxi- 
liaires et  en  (it  un  grand  carnage.  La  bataille  reprit  vers  le 
soir  la  physionomie  qu'elle  avait  le  matin.  L'aile  droite  de 
Moâwiah ,  composée  de  dix  mille  soldats  des  Benou  Madhidj 
et  de  vingt  mille  hommes  bien  armés,  se  porta  sur  la  gauche 
d'Ali  et  coupa  la  retraite  à  un  millier  de  cavaliers.  Abd  el- 
Aziz,  fils  d'el-Harit  el-Djoufi,  accourut  avec  d'autres  parti- 
sans d'Ali  pour  prendre  ses  ordres.  «  Que  Dieu  te  soutienne, 
lui  dit  celui-ci;  rraye-loi  un  chemin  jusqu'à  ceux  de  nos 
frères  que  l'ennemi  a  enveloppés  et  dis-leur  de  ma  part  : 
«  Prononcez  le  tekbir  et  cliargez  de  votre  côté,  tandis  que 
«  nous  chargerons  du  nôtre  afin  de  vous  rallier.  »  El-I)joufi 
s'ouvrit  un  passage  à  travers  les  rangs  ennemis,  rejoignit 
les  siens  et  leur  communiqua  l'ordre  du  <  hef.  Ils  s'él.mcè- 
renl  aux  cris  de  ■■  Dieu  est  grantll  »  et  par  un  vigoureux  ef- 
lort,  opérèrtînl  leur  jonction  avec  Ali,  laissant  neul  cents 
Syriens  sur   le  terrain  ,  et  parmi   fiix   ll.iwcliel)  don  Zalim, 


376  LES  PRAIRIES  D'OR. 

UtXJij  ^jjASLs».  Ig^iXi  J^  \i>]         L^— Ui  (3-*^   ^\y^  ^-^J    ^"^ 

O^A^!  c:aA,«.x>UwI^  J.aà]{  JJaj^  (jmUJI  JâXxik.lj  |*«XAaJL  SwoU 
^yjj\  j.i(^jj  r^Ji"^'  civ>iAaJijj  jijcii.jlj  IjCsUjj  J^AÎÎ  a^:=-j 
O^  (jb^^yi  til  Lx_A_JîT  (jLx_A-Aj  ^j«^Li.M  (jwjUJI  ^^JUx>  (jls^â 

l'un  des  chefs  yéméniles  établis  en  Syrie.  Sous  le  drapeau  des 
Benou  Dohl,  fils  de  Cheïbân  et  des  autres  branches  de  Ré- 
byâh,  combattait  el-Hoçaïn,  fils  de  Moundir,  fils  d'el-Harit, 
fils  de  Wàlah  ed-Dohli,  qu'Ali  a  désigné  dans  ce  vers  com- 
posé pendant  le  combat  : 

Tandis  que  l'ombre  de  notre  bannière  rouge  vacille  au  gré  du  vent, 
l'ordre  d'attaquer  est  donné,  et  Hoçaïn  s'élance  le  premier. 

Ce  cavalier  s'étant porté  en  avant,  à  la  voix  d'Ali,  l'action 
devint  générale.  L'arc  était  devenu  inutile  et  l'on  se  battait 
au  sabre.  La  nuit  ne  suspendit  pas  le  combat.  Aux  chants 
belliqueux  des  Arabes  se  mêlaient  le  choc  des  lances  et  les 
cris  de  la  mêlée.  Les  cavaliers  se  prenaient  corps  à  corps, 
s'enlevaient  de  leur  selle  et  retombaient  ensemble.  Cette  nuit, 
qui  était  celle  du  vendredi,  fut  surnommée  la  iiait  du  gron- 
dement. Ali  tua  de  sa  main  durant  cette  journée  et  la  nuit 
qui  suivit,  mais  principalement  pendant  le  jour,  cinq  cent 
vingt -trois  hommes.  Chaque  lois  qu'il  frappait  il  criait  : 


CHAPITRE  LXXX.  377 

^*-»'  i  *^  u'^  ér«  *-*-s^  JJi  j5i  JvXi  iiî  t;^;->»^  (j5o  ^j 

^  i- 

iXJjj  j^  ^^y  t^  ii**^  ^y3_  yiS)^  rj-^'  ''^^-'^  jijjùiiii  ^j\^^ 
^j^x}\^.Au^  L  j.\   "   ■    ■  

«  Dieu  est  grand!  »  et  chacun  de  ses  coups  était  mortel.  Ce 
(ail  a  été  alfirnié  par  ses  lils  et  par  tous  ceux  qui  se  tinrent 
sans  cesse  à  ses  côtes  durant  la  bataille.  Elle  continuait  en- 
core le  matin  :  le  soleil  levant  éclaira,  à  travers  un  nuage 
de  poussière,  le  champ  de  bataille  couvert  d'étendards  et  de 
drapeaux  brisés.  11  fut  impossible  de  reconnaître  les  heures 
de  la  prière  canonique.  C'est  alors  qu  el-Achter  prononça 
ces  vers  (sur  le  mètre  redjcz)  : 

Nous  avons  lue''  Ilawclicb;  le  jour  on  so  levant  a  T6vé]é  sa  mort. 
Avant  lui  Dou'1-Kalâ  et  iMàbed  étaient  tombés  en  attaquant. 
Si  vous  avez   tu(''  parmi   nous  AIxjuI  -  Yakzân  le  clieïkii  des  musul- 
mans , 

Nous  avons  abattu,  dans  vos  ranj^s,  soixante  et  dix  tôtos  coupables. 

Ce  jour-là,  le  vendredi,  Achtcr  combattait  à  l'aile  droite 
et  la  victoire  se  déclarait  pour  lui.  Déjà  les  vétérans  de 
l'armée  syrienne  criaient  :  «  Soldats  arabes,  au  nom  de  Dieu 
protégez  vos  harems,  défendez  vos  femmes  cl  vos  filles!  • 


378  LES  PRAIRIES  D'OR. 

viLj-ljJ^  ^  JL>^\jM  Jlï^  cjUJi^  *t*-^3ij  c:>UyiI  i  AMI  AMi 
4j^  (tX-À-^jj   "-^ÀAj  aMÎ  (_jIx.j  I_jibj  iLiâOi  c:a.xàJj!^  0»-^*- 1*^11 

*  lu 

Moâwiah  disait  à  Amr  :  «  Fils  cVel-Assi ,  nous  sommes 
jDerdus;  veille  sur  ton  harem  et  souviens-toi  du  gouverne- 
ment de  l'Egypte.  »  C'est  alors  que,  sur  le  conseil  de  Amr, 
Moàwiah  ordonna  à  tous  ceux  qui  avaient  un  Roran  de  le 
planter  au  bout  de  leurs  piques.  Un  grand  nombre  de 
soldats  obéirent  et,  au  milieu  du  tumulte,  on  les  entendait 
crier  :  «  Que  le  livre  de  Dieu  s  élève  entre  nous  et  vous  ' 
Qui  défendra  les  frontières  de  Syrie  si  l'armée  syrienne 
périt?  Qui  défendra  les  frontières  d'Irak,  si  l'armée  d'Irak 
est  détruite?  Qui  restera  pour  combattre  les  Grecs,  les  Turcs 
et  les  autres  infidèles?»  Cinq  cents  exemplaires  du  Koran 
s'élevèrent  au-dessus  de  l'armée  de  Moâwiah.  Nédjachi,  fils 
d'el-Harit,  rappelant  cette  circonstance,  a  dit  : 

Dès  le  matin  tes  soldats  de  Syrie  élevant  au  bout  de  leurs  lances  le 
livre  de  Dieu,  le  livre  par  excellence, 

Criaient  à  Ali  :  Cousin  de  Mohammed  ne  crains-tu  pas  de  détruire  les 
deux  choses  visibles  (le  Koraii  el  la  famille  du  Propliète)? 

Ce  spectacle  émut  les  troupes  d'Jrak.  «  Nous  devons  obéir, 


CHAPITRE  LXXX.  379 

aMÎj  *Xi_5  Si)^  (♦^^^^^l^*  CS'^"^*'  "-r*"^^'  ^  C*^^^^   ^^  4)^  -^   '^' 

U  dUL>y  J^  iJ  u^y^  ^-"-'^  "^^  "^^  ^-?  ^^J  c^  ^ 
/vXAAvl_5   «XjOs-^Ij    «XjiXii   ç-^\i  ^•*-*='  •^j   ciJy-waJ  JJL«  Aj  y» 

ou.  j  j_^  <K  j  Ià*»J_j  ^j**^!  ^.aXc  u  s  u  (^  fvj"^^'  ^  '^^  cioï-iiiî 

Xjt.j«  ^-S<J^    wjLxa-oi   oAi_j  tXjiXil  Js   ^!^   iXï^  Î*X*  Ljy^- 

et  nous  rallier  à  la  parole  de  Dieu,  «disaient-elles.  On  par- 
lait de  déposer  les  armes.  Plusieurs  compagnons  d'Ali  et 
el-Achàt,  fils  de  Kaïs,  avec  plus  d'insistance  que  les  autres, 
lui  disaient  :  «  Moàwiah  t'odre  une  chose  juste.  C'est  au  nom 
du  livre  divin  qu'il  t'appelle,  tu  dois  accepter.  »  Ali  répon- 
dit :  «  \'ous  ne  m'avez  donné  que  des  motifs  de  satisfaction 
jusqu'à  ce  que  la  guerre  vous  ait  mis  à  l'épreuve,  Irappant 
les  uns,  épargnant  les  autres.  Hier  encore  je  vous  donnais 
des  ordres;  aujourd'hui  c'est  miti  c[ui  reçois  les  vôtres.  La 
rt'-volle  vous  plaît.  »  Acliter,  s'adressant  à  Ali ,  lui  dit  :  •  Moà- 
wiah  n'a  pas  de  successeur,  et ,  grâce  à  Dieu  ,  lu  n'en  manques 
point.  D'ailleurs,  aurai l-il  des  hommes  comparables  aux 
liens,  il  n'a  pour  lui  ni  tes  victoires,  ni  Ion  courage.  Croise 
le  fer  et  invo([ue  l'aide  du  Très-Haut.  »  Quelques  olliciers 
parlèrent  dans  le  même  sens.  Alors  Achat  dit  à  Ali  :«  Nous 
sommes  pour  toi  aujourd'hui  connne  nous  l'étions  hier. 
Mais  nous  ne  savons  ce  f|ui  peut  arriver  demain  :  la  lame 
de  nos  sabres  est  émoussée  et  notre  vue  est  troublée.  »  Plu- 


380  LES  PRAIRIES  D'OR. 

j_A_ft  i*Xij  iùbUJî   4^J^  <R.fc<A*(wo  /jj  (_.yUL^.j  iaAx^  j,î  (^^J 

sieurs  officiers  appuyèrent  cet  avis  et  parlèrent  longtemps. 
«Malheur  à  vous!  leur  dit  Ali  en  arborant  le  livre  divin,  ils 
ne  veulent  ni  le  consulter,  ni  s'y  conformer;  c'est  un  piège 
qu'ils  vous  tendent,  c'est  une  ruse,  une  machination  de  leur 
part.»  On  lui  répondit:  «Nous  ne  pouvons,  lorsqu'on  in- 
voque le  livre  de  Dieu,  rester  sourds  à  cet  appel.  —  Mal- 
heureux, répliqua  Ali;  n'est-ce  pas  pour  faire  valoir  les 
prescriptions  de  ce  livre,  que  vous  avez  pris  les  armes  contre 
ceux  qui  ont  désobéi  à  Dieu  et  rejeté  sa  parole?  Défendez 
donc  vos  droils  et  la  sincérité  de  votre  cause,  en  continuant 
de  combattre  vos  ennemis.  Moâwiah,  le  fils  d'el-Assi,  le  fds 
d'Abou  Moaït,  Habib,  fds  de  Maslamah,  les  Benou  Nabigah 
et  tant  d'autres  n'obéissent  ni  à  l'islam,  ni  au  Koran.  Je  les 
connais  mieux  que  vous,  moi  qui,  depuis  leur  enfance,  ai 
vécu  parmi  eux;  enfants  et  hommes  faits  j'ai  apprécié  leur 
méchanceté.  »  Après  un  long  débat  dont  nous  avons  rapporté 
ailleurs  quelques  incidents,  des  voix  menaçantes  rappelè- 
rent à  Ali  le  sort  qui  avait  frappé  Otmân. 


CHAPITRE  LXXX.  381 

et 

JUi  *iL*i  cioUii/t  sblï  cxjLi  yî  AajI   JyJ5   ^^-i  JU»  *x^ 
L^yA^t   <X^L»^   jss^j^   i^^Ajtjù^    A-JjjUlitf'^   «Xj^AivJ  5^>>;    (♦XjL* 

^^AJlà^    ij>é\xi\  jjiS\  JUi   dU«Xj  «j-)u:k.U  (^  <i5  o».  xn  jîj  iJy> 

Jlï  ^JC'L»i!  0_j  \j^i  J^\  J<É>]  j\jis,^\s  IAxLî_j  Iwcçw^  ^^i^^ 

^j»^— s*   (^tj    <iî   (j«L-*-JÎ    (j>«   dLJi   *X_x_)   *Xj)1   ^j^j   ciAjt-Ml^I 

Achat  se  proposa  pour  sonder  les  intentions  de  Moàvviah. 
«  Cela  te  regarde,  lui  dit  Ali,  va  le  trouver  si  bon  le  semble.  » 
Achat  se  présenta  chez  Moâwiah  et  l'interrogea;  celui-ci 
lui  répondit  :  «Revenons,  vous  et  nous,  aux  volontés  de 
Dieu  telles  qu'il  les  a  exprimées  dans  son  livre.  Faites  choix 
d'un  homme  en  qui  vous  aurez  confiance  et  donnez-lui  vos 
pouvoirs;  nous  en  désignerons  un  de  notre  côté.  De  part 
et  d'autre,  on  leur  fera  prendre  rengagement  formel  de  se 
conformer  strictement  au  livre  de  Dieu ,  et  de  ne  jamais  s'en 
écarter.  Quel  que  soit  l'arrêt  qu'ils  prononceront  d'après  les 
prescriptions  de  ce  livre,  les  deux  partis  devront  s'y  sou- 
mettre. »  Achat  approuva  cette  proposition  et  revint  la  faire 
connaître  à  Ali.  La  majorité  l'accueillit  avec  enthousiasme 
et  déclara  qu'elle  l'adoptail.  Les  Syriens  désignèrent  Amr, 
lils  d'el-Assi.  Dans  le  camp  d'Ali,  Achat  et  ceux  qui  plus 
lard  adoptèrent  l'apostasie  des  Kharidjiles,  mirent  en  avant 
le  nom  d'Abou  Moura  el-Achàri.  Ali  leur  dit  :  «  Si  vous  avez 
contrarié  mes  vues,  au  début  de  celle  allaire,  ne  me  résistez 
pas  du  moins  mainleniinl.  Je  ne  suis  pas  d'avis  de  désigner 


382  LES  PRAIRIES  D'OR. 

\jy—^{^^   *~Jj-^   -î^-ji    /O'J'  t^;**-^'    iS^y^  ^^    V'^  ^W*»' J^^J 

x-içJ!  bij  4M  bi  Jlfl  ULs^  4?-^^  *^-5  ^^^  (j^i^l  Vj  ^ 

Abou  Mouça.  »  Achat  et  ses  partisans  déclarèrent  qu'ils  n'en 
voulaient  point  d'autre.  «  Malheur  à  vous  !  dit  Ali  ;  cet  homme 
ne  m'inspire  aucune  confiance;  il  a  déserté  ma  cause  et 
m'a  flétri  dans  l'opinion.  »  Il  déroula  alors  toutes  les  menées 
dont  Abou  Mouça  s'était  rendu  coupable  et  rappela  qu'il 
avait  fui  pendant  plusieurs  mois,  avant  d'être  amnistié.  Ali 
dit  en  terminant;  «Voici  Abd  Allah,  fils  d'Abbas,  c'est  lui 
c[ue  je  choisis.  — Non,  par  Dieu,  s'écrièrent  Achat  et  ses 
partisans,  jamais  deux  hommes  de  Modar  ne  seront  nos  ar- 
bitres !  »  Ali  proposa  Achter.  Ils  répondirent  :  «  Quel  autre 
qu'Achter  a  allumé  la  guerre  civile?  —  S'il  en  est  ainsi, 
i-eprit  Ali,  faites  ce  qui  vous  plaira  et  agissez  d'après  vos 
propres  inspirations.  »  Un  message  adressé  à  Abou  Mou(;a 
l'instruisit  de  ce  qui  se  passait.  Ce  dernier  apprenant  que  la 
paix  allait  se  conclure  rendit  grâces  à  Dieu;  et  quand  on  lui 
dit  qu'il  était  choisi  pour  arbitre,  il  ajouta  :  «Dieu  est 
notre  maître  et  il  nous  rappelle  à  lui  !» 


CHAPITRE  LXXXI.  383 

^^   t^^,?-*"  -«--oLLs  î*)sjtx«  (joj^l  Z>  •^j  i»Xjurii^  ^LfwJi  S>  '^5 
CHAPITRE  LXXXI. 

LES  DEUX  arbitres;  CAUSES  QUI  ONT  PRODUIT  L'ARBITRAGE. 

Un  peu  avant  la  guerre  de  SifTui,  Abou  iMouça  el-Achàn", 
citant  d'anciennes  traditions,  avait  tenu  le  propos  suivant  : 
"  Les  fils  d'Israël  ne  cessèrent  d'être  agités  par  des  discordes 
civiles  que  lorsqu'ils  élurent  deux  juges  chargés  de  régler 
les  diflérends  de  leurs  sujets.  De  uiêine,  notre  nation  sera 
sans  cesse  bouleversée  par  la  guerre  civile  jusqu'à  ce  qu'elle 
ail  fait  choix  de  deux  arbitres  qui  statueront  sur  les  ques- 
tions en  litige.  »  Soweid,  fils  de  Gafalah  lui  dit  alors  :  «Si 
tu  vis  jusqu'à  cette  époque,  tu  voudras  sans  doute  être  l'un 
des  deux  arbitres.  —  Moi?  demanda  Abou  Alouça.  —  Oui, 
toi-même.  »  Abou  Muuc^a,  se  dépouillant  de  sa  tunique,  lui 
répondit  :  «  Que  Dieu  me  refuse  plutôt  l'entrée  du  ciel  et  un 
asile   sur   la    terre!  »   Plus   larrl,  Soweid  le  rencontra  et  lui 


384  LES  PRAIRIES  D'OR. 

Jioj  Ju»v  Jli  dbJUUjSjsot  (5*jv«  Il  L>  JU*  viiJi  Jsjij   iiXAi 

demanda  :  «  Abou  Mouça,  te  souviens-tu  de  ce  que  tu  me 
disais  naguère? —  Prie  le  Seigneur  qu'il  me  pardonne,» 
lui  répondit  Abou  Mouça. 

La  feuille  d'instructions  portait  que  les  deux  arbitres 
feraient  revivre  ce  que  le  Koran  avait  institué,  et  qu'ils 
aboliraient  ce  qu'il  avait  aboli;  qu'ils  n'obéiraient  pas  «i  leur 
inclination  personnelle  et  n'auraient  recours  à  aucun  stra- 
tatrème.  S'il  en  était  autrement,  leur  décision  serait  nulle  et 
les  musulmans  seraient  dispensés  de  s'y  conformer.  Mais  Ali 
était  mécontent  et  du  choix  des  deux  arbitres,  et  de  l'oppo- 
sition faite  à  Achter,  au  moment  où  la  victoire  se  déclarait 
pour  lui.  Ce  dernier,  informé  des  propos  tenus  contre  Ali 
qu'on  allait  jusqu'à  menacer  du  sort  tragique  d'Otmân,  s'il 
refusait  de  faire  la  paix  avec  Moàwiah,  s'était  éloigné  fort 
inquiet  du  danger  qui  menaçait  le  khalife.  Ali,  s'adressant 
aux  deux  arbitres ,  leur  dit:  «  Que  l'arrêt  rendu  par  vous  soit 
exactement  conforme  au  livre  de  Dieu,  livre  qui  est  tout 
entier  en  faveur  de  ma  cause.  Si  vous  ne  jugez  pas  d'après 
le  texte  sacré,  votre  jugement  sera  frappé  de  nullité.  » 


CHAPITRE_^LXXXI.  385 

f. 

^LàJI  ^^  l_£û|^JL)  iLi-A^sftJL  e\x^^!  ^^_5  lgjL«j.^^!  Î^Xiù 

(j-«  A-cl;r  ^i    |y\jt  ^^yJ  (j*A:s;  Jl   ^^4Xj|   (^Cs^  ^jiy^i  ^<^^yi 
3j^  J^  y-i  ^j    is^.'V^'^   ^J^î    (iJJ    »jj;.£i/o^^   (O-tr^^j 

jjjw  si**wil!  t^  -^À-^M^J  *X^_j    wilii  ^  ^jj^Ao  <Xi^  Aib  ^j^  J^i 

L'entrevue  des  deux  arbitres,  dans  une  localité  sise  entre 
Koufah  et  la  Syrie,  l'ut  reculée  jusciu'au  mois  de  ramadan 
et  la  feuille  d'instructions  fut  rédigée  dans  les  derniers  jours 
du  mois  de  safar,  l'an  Sy  de  l'hégire,  ou,  selon  d'autres,  le 
mois  suivant.  El-Achàt  parcourait  le  camp  et  donnait  lecture 
de  cette  feuille  d'un  air  satisfait  et  joyeux.  Quand  il  s'arrêta 
dans  le  campement  des  Benou  Témim,  où  se  trouvaient 
plusieurs  de  leurs  chefs  et  entre  autres,  Orwali ,  filsd'Odeyah 
le  ténn'milc,  lequel  était  frère  de  Belal  l'hérétique,  il  en  fit 
la  lecture  devant  eux.  Une  longue  discussion  surgit  alors 
entre  Achat  et  ceux  cpii  l'i-coutaii-nl;  ils  lui  reprochèrent 
d'être  l'instigateur  de  cette  alfaire,  et  de  les  empêcher  de 
combattre  leurs  ennemis,  en  se  confiant  à  la  volonté  de  Dieu. 
()r\v;ih,  fils  d'Odeynh ,  lui  dit  :  «  Avez-vous  donc  la  juri- 
diction religieuse?  Kst-ce  à  vous  d'exécuter  les  ordres  et  les 
prohibitions  delà  loi  divine.^  Sachez  que  l'autorité  appar- 
lientà  Dieu  seul.  "Orwah  fut  le  premier  qui  formula  ce  prin- 
cipe; mais  il  y  a  (luehjues  doutes  à  cet  égard,  l'uis  tirant 
son  sabre,  il  voulu!  en  frapper  elAchàt;  mais  son  cheval 


IV. 


25 


386  LES  PRAIRIES  D'OR. 


(1)    1  »         ;.    . 


a_j*-aJ!   wA™=*-  wyttki  XjwoI^         (^  J_j— *—?   ^  ^y  ■■»■  Si  j-ià-il? 


se  dérobant  par  un  soubresaut,  le  sabre  glissa  sur  la  croupe 
du  cheval  d'el-Achât,  qui  échappa  ainsi  à  la  mort. 

Ces  querelles  sur  la  religion  et  l'arbitrage  furent  le  seul 
obstacle  à  l'union  qui  allait  s'établir  entie  les  tribus  du 
Yénien  et  les  descendants  de  Nizar.  Un  poète  témimite  a 
parlé  en  ces  termes  dei'attenlat  d'Orwah,  fils  d'Odeyah, 
contre  el-Achât  : 

Oses-tu  bien,  fils  d'Odeyah,  menacer  de  ton  sabre  el-Achât  dont  le 
front  porte  une  couronne? 

Pense  aujourd'hui  à  ce  que  dit  Ali  et  obéis  :  car  de  tous  les  êtres,  Ali 
est  le  meilleur. 

On  n'est  pas  d'accord  sur  les  pertes  éprouvées  à  Sifïin 
par  l'armée  de  Syrie  et  l'armée  d'Irak.  Ahmed ,  fils  d'el- 
Dawraki,  croit,  sur  l'autorité  de  Yahia,  fils  de  Moyîn,  que 
cent  dix  mille  hommes  furent  tués  dans  les  deux  armées, 
en  cent  dix  jours;  quatre-vingt-dix  mille  du  côté  des  Syriens 


CHAPITRE  LXXXl.  387 

*>.»-3^  i<Xd.  ^_5  ^lo^i_5  p»X=I  j^j^  JolJU»  ouîl  iioLvj  u>**^ 


el  vingt  mille  parmi  les  troupes  d'Irak.  Notre  opinion  est 
que  le  chiffre  de  l'armée  de  Syrie  qui  combattait  à  Siffin 
est  de  beaucoup  supérieur  à  l'évaluation  qui  en  a  été  don 
née:  nous  le  portons  à  cent  cinquante  mille  soldats,  non 
compris  les  pages  et  les  valets,  ce  qui  élève  l'effectif  des 
troupes  de  Syrie,  combattants,  valets,  etc.  à  trois  cent 
mille  hommes  et  au  delà.  En  effet  chaque  soldat  avait  au 
moins  un  valet  à  ses  ordres,  plusieurs  en  avaient  cinq,  dix 
et  même  davantage,  tant  écuyers  que  valets.  L'armée  d'Irak 
comptait  cent  vingt  mille  combattants,  outre  les  gens  de  suite 
et  les  valets.  El-Ileilem,  fils  d'Adi;  Charki,  fils  de  Katami; 
Abou  Mikhnef  Lout,  (ils  de  Yahia  et  d'autres  chroniqueurs 
évaluent,  comme  nous  l'avons  fait  précédemment,  (ci-dessus 
p.  298)  la  perte  totale  des  deux  partis  à  soixante  eltlix  mille 
hommes;  à  savoir:  quarante-cin(|  nulle  dans  l'armée  de  Syrie 
et  vingt-cinq  mille  dans  l'armée  d'Irak,  dont  vingt-cinq  vé- 
térans de  Bedr.  Quoi(|u<',  après  chaque  alVaire,  le  nombre  des 

25  . 


388  LES  PKA1P.IES  D'OIV 

j—f^^   ^Uas^yi   <îv_5^4X_>  J^   c.U<*Jî   *jd^>lj^AJî   ij  ^Xi   ^jw* 

4-* — ■^-^  o*'*-î?>~*  >■*•*'  t5'  o*      _ji— À — AJ)  (jv^  j*"^"^  ry^     !} 

(^yk    [_)-»JC->     A.^AiîXJ     cK>i5j    ^*:S5^    fV^'     (J'îîW^    /<\5^^^0!     tij    Uj 

morts  fût  relevé  et  inscrit,  il  ne  put  l'être  avec  une  exacti- 
tude rigoureuse,  attendu  que  si  l'on  parvint  à  compter  les 
soldats  tués  sur  le  champ  de  bataille,  il  n'en  fut  pas  de 
même  de  ceux  qui  se  noyèrent,  de  ceux  qui  furent  tués 
dans  le  désert  et  dévorés  par  les  animaux  carnassiers.  Ces 
raisons  et  d'autres  encore  jellent  une  grande  incertitude  sur 
l'évaluation  dont  nous  parlons. 

Une  femme  originaire  d'Irak,  qui  avait  perdu  trois  de  ses 
fds  à  Siffin ,  fut  entendue  récitant  ces  vers  : 

Pleurez,  mes  yeux,  pleurez  toutes  vos  larmes  sur  ces  braves ,  l'honneur 
des  tribus  arabes-, 

S'ils  n'avaient  perdu  la  vie,  peu  leur  importait  auquel  des  cliefs  koreï- 
cliitcs  devait  rester  la  victoire. 

Une  fois  l'arbitrage  décidé,  la  discorde  éclata  dans  tous 
les  rangs  :  partout  on  voyait  les  soldats  se  séparer  les  uns 
des  autres;  le  frère  s'éloignait  du  frère,  le  fils  abandonnait 
sou  père.  Alarmé  de  telles  discordes,  et  prévoyant  que  ces 


criAPrrnK  Lxxxf.  .w.) 

i<J.A   U_5   J^jy-^^  -iLiÀJr  [.*X£_5  t^'j"''   '-^^^■'^J  i'-J^\  o^i»-lj 


-^Laîxïj,   ij'j>*ît  J^l  tj^^  <i  j<vS>^s?Jl  j.a5^  /c4>-^  o!^^^  (^ 

«fr^A/O    l^^*    t-^  r»-^^    'jK^^-Jj    Li_J-***^î    J^J    ?^^l^    f»_jji-îi 

(j— A..<^  "-1)"^^  f«uijL>  iijjljt*  (3-="^  iijkiiî  j,»j  jJcjLm(_j  <xjij  jj 

^^—J^    Qj    4_^A.AAi    jO.-r,AXc    !^AX>^    iCij,i5î    (<^     (J-»    X)^    f'^jtfjj^ 

ii-jj-JiJl   5 j^jc»  J,  -o^^tl^s-^  iôjjjwil  îj.«w  Wl_5  iiij.«i  Ua:?: 

Qj    «^-i^,}     UjJv,i>.    Jlï     (;JV.X-«     (jJ     (^V^  jji     tXij     Ig^Ji      J^jjU^^Ij 

querelles  dctruiraicnl  la  discipline  et  lui  aliéneraient  le  cœur 
de  ses  soldats,  Ali  donna  le  signal  du  départ.  Mais  le  dé- 
bat s'envenima  dans  le  sein  de  l'armée  d'Irak;  les  soldats 
se  frappaient  de  leurs  masses  d'armes  et  du  plat  de  leur 
sabre;  les  deux  partis  s'accablaient  d'injures  et  de  reproches. 
Lorsque  Ali  eut  repris  le  chemin  de  Koufah,  Moàwiah  ren- 
tra en  Syrie.  A  peine  arrivé  à  Damas,  il  licencia  son  armée 
et  chaque  corps  regagna  ses  foyers.  Après  le  retour  d'yVli  à 
Koufah,  douze  mille  hommes,  lecteurs  du  Roran  et  autres, 
se  réunirent  dans  un  bourg  des  environs  de  Konfah,  nommé 
Harourd;  ils  élurent  pour  chef  Chébib,  fils  de  Rebyi  le  témi- 
mite,  et  pour  ituain  Abd  Allah  fils  d'el-Kawwa  el-Yachkori 
de  la  tribu  de  Bekr  ben  Waïl.  Ali  vint  les  trouver  et  eut 
avec  eux  plusieurs  conférences,  à  la  suite  desquelles  ils  ren- 
Irèrent  ensemble  à  Koufah.  Celte  troupe  dut  son  nom  de 
llarouryeli  au  villag<'  où  elle  s'était  réfugiée  et  réunie.  Yahia, 
lils  de  Moyîn,  rapporte  le  fait  suivant,  d'après Wehb,  fils  de 


390  LES  PRAIRIES  D'OR. 

iL.A-A_A_J!  (j^  i^i^-^jss-  jMJk\  ^^  y£i%  XijiUj  S^j^yÀ.  CAiAXS» 
kw«JO    iOjljC*    Ci^*^^   <^v*.vwiJ)    1^^  ^1    f"lr-^^   J-^j    ^^-***^j' 

Djabir,  fils  de  Hazim,  qui  le  tenait  de  Sait,  fds  de  Bahram  : 
Durant  le  séjour  d'Ali  à  Koufah,  les  Harouiyeh  l'apostro- 
phant un  jour,  pendant  qu'il  était  en  chaire,  lui  dirent:  «  Tu 
te  laisses  abattre  par  l'adversité,  et,  cédant  aux  événements, 
tu  acceptes  une  proposition  indigne.  A  Dieu  seul  appar- 
tient la  décision.  —  J'attends  son  jugement  contre  vous- 
mêmes,»  répondit  Ali.  Les  séditieux  reprirent  :  «  Il  a  été 
déjà  révélé,  à  toi  et  ^  ceux  qui  t'ont  précédé,  que  si  tu 
donnes  à  Dieu  des  associés,  tes  œuvres  deviendront  stériles 
et  tu  seras  parmi  les  hommes  déçus  dans  leurs  espérances.  » 
[Koran,  XXXIX,  65.)  Ali  répondit  par  le  verset:  «Prends 
patience,  car  les  promesses  de  Dieu  sont  sincères.  Ne  te  laisse 
pas  séduire  par  ceux  dont  la  foi  est  incertaine.  »  [ihid.  XXX, 
60.) 

L'an  trente-huit  de  l'hégire,  les  deux  arbitres  se  rencon- 
trèrent à  Dawmatel-Djandal,  ou,  d'après  quelques-uns,  dans 
un  autre  lieu.  Nous  avons  déjà  parlé  des  divergences  d'opi- 
nions à  cet  égard  (ci-dessus,  p.  29/1).  Par  l'ordre  d'.41i,  Abd 
Allah,  (ils  d'Abbas,  et  Choraih,  his  de  Hani  el-Hamdâni, 


CHAPITRE  LXXXI.  391 

jii  u*L^^  ^jjI  Jb  c.l<\i=>-iJI  AXS  yl^  t5*^'  i^j-^'  (j^  ry*^^ 

:>\j^j^^iiJ  JJi  (^I  jlj  «i);^  l^ji  ^UJl  yîj ^yjÇo   kilAt 

<x-x_>U    UÀ£  ^1  (^jv,«mJo  ^  dbc«  <^xJ!  iùibl:>  ^.o  <>0»j  /o^ 

L»  JlJL»  ;g*5-«  j,w  c.Lè\s»-il|  4Xjj->  ^^  <xj»;lj  (^jv-s-  iv5  ioj\jt« 

j^^j-lo  «-^^^j  "^-^-îî  (6-*»  «^-ij  tiij  uy^h  f»^**^^  (.X-^5^  wU 

avec  quatre  cents  hommes,  accompagnèrent  Ahou  Mouça 
el-Achàri.  De  son  côté  Moàwiali  fit  escorter  Amr  par  une 
troupe  de  quatre  cents  hommes,  sous  les  ordres  de  Chorah- 
bil,  fils  de  Simt.  Quand  on  fut  proche  du  lieu  désigné  pour 
le  rendez-vous,  Ibn  Abbas  dit  à  Abou  Mouça  :  «Sache 
qu'Ali  ne  voulait  pas  de  toi  pour  arbitre,  à  cause  de  ta  fai- 
blesse d'esprit  et  du  grand  nombre  d'intrigants  qui  t'en- 
tourent. Mais  l'armée  t'a  imposé  au  khalife  :  elle  en  sera 
punie  un  jour,  je  le  crois,  car  lu  portes  avec  toi  la  mauvaise 
fortune  des  Arabes.  N'oublie  pas,  du  moins,  qu'Ali  a  été 
proclamé  par  ceux-là  mêmes  qui  avaient  proclamé  Abou 
Kekr,  Omar  et  Otmàn.  il  n'y  a  en  lui  aucun  vice  (]ui  puisse 
entraîner  sa  déchéance,  pas  plus  qu'il  n'y  a  en  Moâwiah 
aucune  qualité  qui  lui  donne  des  droits  au  souverain  pou- 
voir. »  Au  moment  de  rejoindre  Abou  Mouça,  Amr  alla 
prendre  congé  de  Moâw  iah ,  (jui  lui  dit  :  «  Père  d'Abd  Allah , 
tu  sais  qu'Ai)Ou  Moura  a  été  imposé  à  Ali  par  le  peuple 
d'Irak,  tandis  que  nous  t'avons  désigné  de  plein  gré,  moi  et 
le  peuple  de  Syrie.  L'homme  avec  lequel  lu  vas  te  trouver 


392  LES  PRAIRIES  D'OR. 

_j_j5  JUj  lj.-A.^  J<Jj  (Mi  c5*^-«  a^  jy^  J^*  CJ^r:^'^^^  U^" 
^^Ov_*i_5  Joui!  o^.iS'U  ^j.5  JUi  j);.5  l»  i-^i  ^J  J^^  c9rr* 

-jyJki  (^j\j  -Jît  J^^^  ;5*_^  ^jjî  ^5^  v-v--*^'  «-^'j  ^.o  aJ55 
Jlï  *^-  aU>1?  j-i^i  o:5UIj  p^\^i)L  ii-i  ^JJi  c:>*xil^5l>_5 

est  un  beau  parleur,  mais  un  esprit  étroit,  un  homme  orgueil- 
leux et  avare;  accumule  les  complications  et  ne  lui  laisse  pas 
lire  au  fond  de  ta  pensée.  »  Sur  ces  entrefaites,  arrivèrent 
Saad,  fils  d'Abou  Wakkas;  Abd  Allah,  fils  d'Amr;  Mogaï- 
rah,  fils  de  Ghôbah  le  takéfite,  avec  d'autres  personnages 
qui  avaient  refusé  de  prêter  serment  à  Ali. 

L'entrevue  d'Amr  et  d'Abou  iMouça  eut  lieu  pendant  le 
mois  de  ramadan,  l'an  38.  Amr  dit  à  Abou  Mouça  : 
-  Prends  la  parole  et  fais-en  un  bon  usage.  —  Non,  répon- 
dit Abou  Mouça,  parle  le  premier.  —  Je  n'y  consentirai 
jamais,  reprit  Amr;  pourrais-je  prendre  le  pas  sur  toi, 
lorsque  ton  âge,  ton  litre  de  Compagnon  du  Prophète  et  ton 
caractère  d'hôte  t'assurent  des  droits  incontestables.^  »  Abou 
Mouça  prit  la  parole.  Après  avoir  invoqué  et  béni  hî  nom 
de  Dieu,  il  rappela  les  événements  qui  troublaient  la  société 
musulmane  et  les  discordes  qui  déchiraient  ses  membres; 
puis,  s'adressant  à  Amr,  il  ajouta  :  «  Cherchons,  avec  l'aide 
de  Dieu,  les  moyens  propres  à  ramener  la  concorde,  à  effa- 
cer nos  discordes,  en  remédiant  aux  maux  qui  nous  di- 


CHAPITRE  LXXXI.  393 

Q^  ^J^  U  Jot:>.lj  inijl  ^^AAfcÀJ  45^-5*-  HjJ:-')  àXjJ y^  l^Ja.-^  ->Xiîî 

*1  JUi    •ly*^   Î^Jj   t-^lwi   <-.wù5_j   IJ^^  (J^*^  iîuXfi  ^^^Uj  U 
/rfu-lj   l«X_A_i    ^-JLzST  J'-^l:>-   Ajl^  aKx>  4^JsJijt    dU  -I-  i^  ^^S 

visent.»  Amr  applaudit  à  cette  résolution  et  dit  :  «Tout 
discours  a  un  commencement  et  une  fin.  Or  dans  la  chaleur 
de  la  discussion ,  nous  pouvons  être  entraînés  assez  loin 
pour  perdre  de  vue  noire  point  de  départ.  II  est  bon  que 
nos  paroles  soient  recueillies  par  écrit  et  consignées  dans  un 
procès-verbal  qui  fera  foi  entre  nous.  »  Ayant  obtenu  le 
consentement  de  son  collègue,  Amr  envoya  chercher  du 
papier  et  un  écrivain  :  celui-ci  n'était  autre  qu'un  serviteur 
aux  gages  d'Auir,  lequel  dans  l'intérêt  du  stratagème  qu'il 
méditait,  lui  avait  recommandé  de  placer  son  nom  avantcelui 
d'Abou  Moura.  Puis  il  lui  dit  en  présence  de  l'assemblée  : 
«  Ecris  et  sois  notre  notaire.  Toutes  les  fois  que  l'un  de  nous 
deux  t'invitera  à  mettre  (juelquc  chose  par  écrit,  consulte 
d'abord  l'autre  et  n'écris  (jue  s'il  t'y  autorise  En  cas  de  refus, 
attends  jusqu'à  ce  que  nous  nous  mettions  d'accord.  Ecris  : 
"  Au  nom  de  Dieu  clément  et  miséricordieux.  N .  .  .  et  N .  .  . 
ont  arrêté  ce  qui  suif.  »  Le  scribe  écrivit  ces  paroles  en 
commençant  par  le  nom  d'Amr.  Celui-ci  lui  dit:  Fils  d'es- 
clave, pourquoi  mettre  mon  nom  en  première  ligne?  On 


39^  LES  PRAIRIES  D'OR. 

^^^   ^^iiî    <XJJ^   <XaJÎ    aMI    AAilX»   ^^ws»-    2*i_j^    iiJLiv^      4Jil    cjUXj 
JUi  JJi  J.A.«  jJf  tjjSi»  -OO    C^aaSI    ;^_J.^  ^!    JU*    A^*^^  JJî 

(^j.$  «x«j  wjiJ  lo^jû  J^  y^-<^  ^^  ,5^  J^*  (6»^'  4A>^-^5  is*'^ y^^ 
Jljii  ^i  b*X«5  l^  î«Xiû  j^-iS''  is*'^^  ^^  '^^  U^^^  y(^  iX.j|j  /*-6"*-* 

Jb  Ià-«*-*/j\s  (^^««^^J'  Jlï  U^^^l   !)Jo    (j|_^J  y'  (j-«  *Xj   ^   5)-S 

dirait  qu'Abou  Mouça  a  méconnu  ses  propres  droits.  »  Le 
scribe  inscrivit  en  tête  le  nom  d'Abd  Allah,  fils  de  Kaïs 
(autres  noms  d'Abou  Mouça).  Amr  continua  ainsi  :  "Les- 
quels déclarent  confesser  qu'il  n'y  a  d'autre  Dieu  que  Dieu 
l'unique;  qu'il  n'a  pas  d'associé;  que  Mohammed,  son  servi- 
teur et  son  apôtre,  a  été  envoyé  avec  la  vraie  dii^ection  et 
la  religion  véridique,  pour  la  manifester  au-dessus  de  toute 
autre  religion,  en  dépit  des  polythéistes.»  Amr  poursuivit: 
«  Nous  reconnaissons  qu'Abou  Bekr  est  le  vicaire  de  l'apôtre 
de  Dieu  ;  qu'il  s'est  conformé  dans  ses  actes  aux  préceptes  du 
livre  divin  et  aux  pratiques  du  Prophète  et  qu'il  s'est  acquitté 
de  son  devoir  en  toute  sincérité,  jusqu'à  l'heure  où  Dieu  l'a 
rappelé.  —  Écris  »  dit  Abou  Mouça  au  greffier.  Une  semblable 
déclaration  fut  faite  sur  Omar,  et  Abou  Mouça  en  ordonna 
l'insertion.  Amr  continua  :  «  Ils  déclarent  qu'Ottnàn  a  été  in- 
vesti de  cette  charge  après  Omar,  du, consentement  des  mu- 
sulmans et  par  délibération  des  Compagnons  du  Prophète 
(que  Dieu  lui  accorde  son  salut  et  qu'il  les  agrée!)  ;  ils  décla 
rcutcju'Otmân  élail  un  vrai  croyant.  >■  —  Maisce  n'est  pas  pour 


CHAPITRE  LXXXI.  395 

J<—^-i  a,yi  Je  /»JIJ  f^yJi  yi\  Jlï  X*<Xj  (.^«Alaj  uUaJuAW  p^jÀIiil 
,^vw^j — «    ^^i     S^i^    c-^jl    fc^l^Aî    5v5   Jb    (_^    jlï    *-Àifi   ^^"^^  ^^ 

cela  que  nous  siégeons  ici,  »  interrompit  Abou  Mouça.  «  Il  faut 
pourtant  reconnaître,  dit.  Anir,  si  Otniân  était  infidèle  ou 
croyant.  —  Il  était  croyant,  »  répondit  Abou  Mouça.  —  «  Or- 
donne alors  (jue  cela  soit  consigné  par  écrit.  »  Abou  xMouça 
donna  cet  ordre  au  grellier.  Anir  reprit  :  «  El  si  Otniàn  a  été 
tuéjustement ou  injustement.  — Injustement!  »  s'écria  Abou 
Alouça.  «Dieu,  poursuivit  Anir,  u'a-t-il  pas  investi  les  amis 
de  la  victime  du  pouvoir  de  venger  son  sang?  ■>  Abou  Alouça 
en  convint.  «Connais-tu,  lui  demanda  Amr,  un  ami  d'Ot- 
màn  plus  puissant  que  Moàwiab? — Non,  »  dit  Abou  Moura. 
«  S'il  en  est  ainsi,  Moàwiah  n'cst-il  pas  tenu  de  poursuivre 
le  meurtrier  partout  où  il  se  trouve,  jusqu'à  ce  qu'il  le  tue 
ou  qu'il  succombe  lui-mênic? —  Cela  est  vrai,  »  dit  Abou 
Mouça.  «Ecris,»  dit  Amr  au  grellier;  ce  que  lit  celui-ci, 
après  avoir  obtenu  l'assentiment  d'Abou  Mouça.  Amr  ajouta  : 
«  Nous  fournirons  la  preuve  qu'Ali  est  le  meurtrier  d'Ot- 
màn.  »  Abou  Mouça  l'interrompit  :  «  C'est  là  une  opinion 
toute  nouvelle  dans  l'islam  et  qui  n'a  point  de  rai)port  avec 
le  but  de  notre  conlérence.  Cherchons  plutôt  le  moyen  de 
rétablir,  avec  l'aide  de  Dieu,  la  concorde  parmi  le  peuple 
de  Mohaniujed.  —  (Uiel  est  ce  moyen?»  demanda   Amr. 


396  LES  PRAIRIES  D'OR. 

l,«yj«J^    L^j  \ù^j\   U^  (J>-S-S?  ^  f^'   cK^^3  '*^'   -^îîj^ 

fcj!  Jlï  ^1  tK.A^  dLJi  J.Js.À.j|  »ij^i  JUi  (jg*^  Jji  '-:^Àj  ^^ 
JU  U  J^  (il  _5^-5  ^^*i  dUi  (^  ^f^UJl  Ak^  lii  *JÙ  ts-'^j^ 
^    ^_j,_^  _j,_ji    ^\s    «X.XAW    i    liiJ   J>^   Jbj    »sjy^   ^yjO  yj\    aaJI 

l.£ûUvifc  (jî    *ivJSJ  (j~»  A^<X5   c:a^   L^JUà^^  \si>\^]âÀ  iiXAj^l  _jj.5^ 

«Tu  sais,  reprit  Abou  Mouça,  que  les  habitants  de  l'Irak 
ne  voudront  jamais  de  Moâwiah ,  pas  plus  que  les  Syriens  ne 
voudront  d'Ali.  Eb  bien,  destituons-les  tous  les  deux  et  nom- 
mons à  leur  place  Abd  Allah,  fds  d'Omar.  »  Or,  Abd  Allah 
avait  épousé  la;  lillc  d'Abou  Mouça.  Amr  demanda  si  Abd 
Allah  se  chargerait  de  venger  Otmân.  «  Oui,  répliqua  Abou 
Mouça,  si  c'est  le  peuple  qui  l'y  excite.  »  Amr  feignit  d'é- 
pouser les  sympathies  d'Abou  Mouça  et  de  "lui  donner  son 
assentiment;  en  même  temps,  il  lui  demanda  ce  qu'il  pen- 
sait de  Saad.  Abou  Mouça  rejetant  ce  candidat,  Amr  lui 
proposa  différents  noms:  ils  furent  également  repoussés  par 
Abou  Mouça,  qui  ne  voulait  personne  autre  que  le  fils  d'O- 
mar. Alors  Amr  prit  le  procès-verbal ,  le  plia  et  le  plaça 
sous  son  pied,  après  qu'il  eut  été  revêtu  du  cachet  des  deux 
arbitres;  puis,  il  adressa  à  Abou  Mouça  cette  question  :  «  Si 
l'Irak  reconnaît  Abd  Allah,  et  si  la  Syrie  le  rejette,  feras-tu 
la  guerre  à  la  Syrie?  —  Non,  »  répondit  Abou  Mouça.  «  Si 
au  contraire,  la  Syrie  accepte  Abd  Allah  tandis  (jue  l'Irak  le 


CHAPITRE  LXXXI.  :i97 

LaAc  ex <.X.Jfc    *>^j  icjjL«««j  Uift  UxUw  iiili)!  ^j^j  UtXJî 

refuse,  feras- tu  la  guerre  à  Tlrak? — Non,  »  répondit  encore 
Abou  Moura.  Amr  continua  :  «  Puisque  tu  recherches  l'ar- 
rangement de  cette  affaire  et  l'intérêt  des  musulmans,  lève- 
toi,  harangue  l'assemblée,  révoque  nos  deux  candidals  en- 
semble, et  nomme  ensuite  celui  que  tu  veux  leur  donner 
pour  successeur.  —  Lève-toi  le  premier,  répondit  Abou 
Mouça,  et  parle;  tu  mérites  la  préséance.  —  Non,  répli- 
qua l'autre,  je  ne  veux  pas  passer  avant  toi;  d'ailleurs,  les 
paroles  que  nous  adresserons  au  peuple  seront  identiques. 
Lève-toi  donc,  selon  la  justice.  »  Abou  Moura  se  leva,  invo- 
(jua  et  glorifia  le  nom  de  Dieu,  puis  il  dit  :  «  Mubulmans, 
après  avoir  mûrement  réfléchi  à  cette  affaire,  nous  pensons 
que  le  moyen  le  plus  efficace  pour  ramener  la  sécurité  et 
la  paix,  réprimer  les  dissensions  et  l'effusion  du  sang  et  ré- 
tablir la  concorde,  est  de  révo([ucr  Ali  cl  Moàvviah.  En  con- 
séquence, je  dépose  Ali  comme  je  dépose  ce  turban;  •  et 
portant  la  main  sur  son  turban,  il  s'en  dépouilla.  «Nous 
élevons  au  khalifal  un  homme  dont  le  père  a  été  (Compa- 
gnon du  Prophète  cl  (|ui  l'a  élé  lui-même;  cet  homme  est 


398  LES  PRAIRIES  D'OR. 

y^  *Jj  *-A-»  (j-Uiî  u-^^  &\j1d\^  yi  ^  AXîi  JvAft  y5^  5_^j| 
*XS  jjij  iii  3ij  ^.il  ^j-iùj  <f*JJaj  j^«xJl  j-«ii|  ΫX^  (j^  A,>^âfc.|^ 
^^yJv-.jl    ii--)_5l_*_^  (.^A-^p  (Xs^j  (j6  ci*  AS»-  A^Js.j  <_^iaj  ulLaA,^ 

«x.A-^  LJùS^  tfjA  JUi  ^x^  UXs  UxXik.^  sUxXik  Lcij  ^^^x^ 

Abd  Allah,  fils  d'Omar;  »  et  il  lui  prodigua  les  éloges,  afin 
de  lui  gagner  les  sympathies  de  l'assemblée.  Dès  qu'Abou 
Mouça  eut  quitté  sa  place,  Amr  se  leva.  Il  commença  par 
invoquer  et  bénir  le  nom  de  Dieu  et  appeler  ses  bénédic- 
tions sur  le  Prophète,  après  quoi  il  s'exprima  ainsi  :  «  Musul 
mans,  Abou  Mouça  Abd  Allah,  fils  de  Raïs,  vient  de  déposer 
Ali  et  de  le  dépouiller  de  l'autorité  qu'Ali  réclamait  :  il  a  agi 
en  parfaite  connaissance  de  cause.  A  mon  tour,  je  me  joins 
à  lui  et  je  dépose  Ali:  en  conséquence,  je  proclame  Moâwiah 
et  le  reconnais  pour  mon  chef  et  le  vôtre.  Attendu  qu'Abou 
Mouça  a  déclaré  dans  le  procès-verbal  qu'Otmàn  a  été  tué 
injustement  et  martyr  de  la  foi  ;  que  son  ami  a  le  pouvoir  de 
poursuivre  le  meurtrier  partout  où  il  se  trouve;  considérant 
que  Moâwiah  a  été  le  Compagnon  du  Prophète  et  que  son 
père  a  eu  le  même  honneur,  je  déclare  que  Moâwiah  est 
notre  khalife  et  qu'il  a  droit  à  notre  obéissance  et  à  notre 
serment,  à  la  condition  de  venger  la  morl  d'Olmân.  —  Il 
ment!  s'écria  Abou  Mouça,  nous  n'avons  pas  nommé  Moâ- 
wiah, nous  l'avons,  au  contraire,  déposé,  et  Ali  en  même 


CHAPITRE  LXXXI.  399 

^^:>yAM*X\   Jl*      «îSîjU^  J^-^*"'  ^J   ^^  5^   '^  O^-!^  (J-^   ^' 

JLJLj  |_;Li-»Ml  Js.t^  j[^Â  J_aJ»  kiLA;»^  Lçi^  *-^^-4j  cjj*X-s 

temps  que  lui.  —  C'est  Abd  Allah,  tils  de  Kaïs,  qui  ment, 
reprit  Amr,  car  il  a  déposé  Ali  et  je  n'ai  pas  déposé  Moà- 
wiah. » 

Voici  ce  que  j'ai  lu  dans  une  autre  source  de  traditions. 
Les  deux  arbitres  tombèrent  d'accord  sur  la  déposition  d'Ali 
etdeMoàwiah  et  convinrent  que  le  peuple  serait  ullérieure- 
iiienl  convoqué  pour  élire  le  chef  qui  lui  conviendrait.  Invité 
par  Amr  à  parler  le  premier,  Abou  Mouça  s'exprima  en  ces 
termes  :  «  Je  dépose  Ali  et  Moâwiah  ;  c'est  à  vous  à  régler  en- 
suite vos  affaires.  »  Il  s'éloigna,  et  Amr  prenant  sa  place  dit  : 
«  Cet  homme  vient  de  déposer  son  maître;  comme  il  a  dé- 
posé Ali ,  je  le  dépose  à  mon  toui-  et  donne  le  pouvoir  à  mon 
maître  Moâwiah. — Que  fais-tu.^  s'écria  Abou  Moura,  puisse 
Dieu  te  confondre!  lu  es  un  fourbe  et  un  scélérat,  un 
honmie  tel  que  loi  est  un  àne  chargé  de  livres.  —  Que 
Dieu  le  maudisse!  répondit  Amr,  le  fourbe,  le  scélérat  c'est 
toi;  tu  ressembles  au  chiiui  (jui  lèche  la  main  (|ui  b;  frappe 
ou  le  caresse!»  et  d'un  coup  de  pied  il  renversa  Abou 
Mou{;a.  Indigné  de  cel  acte,  Choraïh,  fils  de  Hani  elHam- 


liOO  LES  PRAIRIES  D'OR. 

^^ii  jî«X<yJl   jttf»  (jj  ^^  t^tj  U^i  M*4-  »^*-îii   (^^ 

o^-A-j   Jij~5  i^i^  J^*-A«  ^-Aii'«^   J-J  ^  (1=  ^^=^i   ij-iàij 

(jj-j  *-fi-i-  (^i  (^i  Jyij  (j:?^  cK-«  à^  U^s-lî  (j*-*>oiX5 

dâni,  cingla  d'un  coup  de  fouet  la  tête  d'Anir.  Quant  à 
Abou  Mouça,  il  se  retira  aussitôt,  monta  achevai  et  se  rendit 
à  la  Mecque.  11  ne  retourna  pins  à  Koufali,  son  séjour  ha- 
bituel et  celui  de  ses  enfants,  et  jura  de  ne  jamais  se  pré- 
senter devant  Ali.  Saad  et  le  fils  d'Omar  se  retirèrent  à  Jéru- 
salem, où  ils  prirent  Yihram  (se  mirent  en  retraite).  Eïmen, 
fds  de  Rhozaimah,  fils  de  Fatik  el-AçécIi,  parlant  des  deux 
arbitres,  a  dit  : 

Si  le  peuple  se  défendait  contre  l'adversité,  à  l'aide  d'un  jugement 
éclairé,  c'est  le  fds  d'Abbas  qu'il  vous  aurait  opposé; 

Au  lieu  de  se  défendre  avec  les  armes  inoffensives  des  Yéménites,  qui 
ne  savent  pas  recourir  à  la  ruse. 

Un  autre  poëte  présent  à  l'arbitrage,  et  témoin  des  discus- 
sions des  deux  arbitres,  s'exprime  ainsi  : 


CHAPITRE  LXXXF.  iOl 

\ — \— «Ul  ^^  j^:>l — g — !!  * — ^ -wsiilj 

j-^^^3  (s-^^  v-Àj^  i  <^*M^i  ^^^i 

cijv^'  (i^-'  JyM  c^>-«  j,^^ 

jl — r^;  g— <*  CJ-»  ^  ^ — *! — »      cr*^  tjj'  l?  ^  \Juot)j&  Uj 

(jl-*^   cjjX*-«  (jS^'î'  V-À.AXA3         j!»XJ«Lffl   li  iCA**j»Jî  c:^dw«woîj 


Acceptons  les  décrets  do  Dieu,  lui  seul  peut  en  prononcer;  reconnais- 
sons la  souveraineté  de  Dieu,  h'  Prophète  et  la  prière. 

Obéissons  au  guide  chauve,  à  Ali  notre  imam,  obéissons  à  ce  cheikh 
dans  la  bonne  et  la  mauvaise  fortune. 

Vivant  ou  mort  obéissons-lui ,  car  il  nous  dirige  dans  les  voies  du  salut 
et  l'accomplissement  de  la  loi  divine. 

Ibn  Ayan  s'adresse  à  Abou  Mouça  lui-même  clans  ces 
vers  : 

Tu  as  joué  de  malheur,  Abou  Moue»;  mais  un  vieillard  tel  que  loi  est 
digne  de  pardon  et  à  i'ai)ri  de  la  médisance. 

F'ils  de  Kaïs,  Atnr  n'a  |)as  été  sincère  avec  loi,  que  Dieu  pardonne  au 
cheïkb  du  Yémen  ! 

Ciî  soir-là  ,  tu  méritais  de  l'indulgence,  car  tu  chancelais  et  ton  cœur 
était  palpitant. 

Tu  te  mordais  le  poing  avec  désespoir;  mais  à  quoi  celle  marque  Ar 
furenr  pouvait-elle  le  r<ervir!' 

IV.  a6 


402  l'ES  PRAIRIES  D'OR. 

j.Jiâ3!  4^*»-  c^A^A—ti  (j^  /a-*»»  (^_j-«  Ji'^  J^  *J^  tj'   dUij  UiaiS' 

l;^«^»ciilJ  IjvvXft  ii^iiî  »<Xifc  (^y>l  dlJ  45^^!  /bnxj  Jlï  oji  ^j 

D'autres  historiens  soutiennent  qu'il  ne  se  passa  entre  les 
deux  arbitres  que  ce  qui  fut  consigné  dans  le  procès-verbal 
à  savoir  :  l'aveu  fait  par  Abou  Mouça  qu'Otmân  avait  été 
tué  injustement  et  d'autres  détails  qu'on  a  lus  ci-dessus.  On 
prétend  que  ni  l'un  ni  l'autre  ne  haranguèrent  l'assemblée. 
D'après  cette  version ,  Amr  aurait  dit  à  Abou  Mouça  :  «  Dé- 
signe lecandidatde  ton  choix,  afin  que  nous  le  discutions.  » 
Abou  Mouça  proposa  le  fds  d'Omar,  puis  il  dit  à  Amr  :  -  Je 
viens  de  nommer  mon  candidat,  à  ton  tour  de  me  faire 
connaître  le  tien.  —  Soit,  reprit  Auir,  je  vais  te  proposer 
l'homme  de  cette  nation  qui  a  le  plus  d'empire  sur  nous, 
l'esprit  le  plus  vigoureux,  le  politique  le  plus  profond:  c'est 
Moâwiah,  fds  d'Abou  Sofiàn.  —  Non,  s'écria  Abou  Mouça, 
cet  homme  n'est  pas  digne  du  souverain  pouvoir.  —  Eh 
bien,  continua  Amr,  je  vais  t'en  citer  un  autre  qui  ne  lui 
est  pas  inférieur. — Quel  est-il?  »  demanda  Abou  Mouça.  «  11 
se  nomme  Abou  Abd  Allah  Amr,  fds  d'el-Assi.  «  A  ces 
mots,  Abou  Mouça  comprit  que  son  interlocuteur  se  mo- 
quait de  lui  et  répondit  :  «Tu  m'as  trompé,  que  Dieu   to 


CHAPITRE  LXXXl.  ^03 

kj«.i    U^b  yi   i3-=^^  c;-«jl3  UaJI   x»-UL  cio\<'  lil  Ulî  iès-ls*. 

j—^\^  *K-A_JI  tK-5ij  t^'V  j-*«i^  *-^5  f"*"^  '•^^^  ^  *-^j^*^ 

À)^_iûl^  ^i_AJ|_j_^  \^ù\i  -UkJL  u:*_^i:>    lilî  jj—S  ^j*XiLu- 

maudisse!  »  et  le  reste  de  leur  entretien  dégénéra  en  invec- 
tives. 

Abou  Mouça  se  relira  et  partit  pour  la  Mecque;  aussitôt 
après  son  départ,  Amr  retourna  dans  sa  demeure  sans  se 
présenter  chez  Moàwiah.  Ce  dernier  l'ayant  mandé  chez  lui, 
Amr  lui  fit  répondre  :  «  J'allais  chez  toi  lorsque  j'avais  besoin 
de  toi;  puisque,  à  ton  tour,  tu  as  besoin  de  mes  services,  il 
est  juste  que  tu  viennes  me  trouver.  »  Moàwiah  comprit 
quels  étaient  les  projets  d'Amr,  ot,  après  mûres  réflexions,  il 
eut  recours  à  un  stratagème.  Il  lit  préparer  un  copieux  re])as, 
puis  réunit  ses  oiïiciers ,  ses  affranchis  et  les  gens  de  sa  maison 
et  leur  dit  :  "  Je  donnerai  à  drjeuner  chez  Amr.  Lorsque  je 
dirai  de  servir,  laissez  ses  alTranchis  et  ses  serviteurs  se 
mettre  à  table.  A  mesure  que  l'un  d'eux  aura  terminé  son  re- 
pas et  se  lèvera,  que  l'un  de  vous  prenne  sa  place.  Après  ([u'ils 
seront  tous  sortis  de  la  salle  et  qu'il  n'en  restera  plus  un 
seul,  fermez  la  porte  et  empêchez  qui  que  ce  soit  des  leurs 
d'entrer  sans  ma  pei mission.  >>  A  l'arrivée  de  Moàwiah,  Amr 
('tait  assis  sur  des  coussins  :  il  ne  se  leva  pas  et  ne  linvita 

26. 


mii      '  LES  PRAIRIES  D'OR. 

A_^_A-J^    C^HS-J   t5'^-''    t^J^-A-MÎ   liviû^^   *:   Jiï  L<fy9   yYjjjçiS" 


..^ 


pas  à  s'asseoir.  Moàwiah  s'assit  par  terre  en  s'appuyant  sur 
le  bord  des  coussins.  Par  cet  acte  d'arrogance,  Amr  mon- 
trait asocz  qu'il  se  considérait  comme  le  maître  de  la  situa- 
tion, qu'il  pouvait  disposer  du  pouvoir  en  faveur  de  qui  il 
voulait,  et  appeler  au  khalifat  qui  bon  lui  semblait.  Après 
avoir  parlé  de  choses  et  d'autres,  Amr  dit  à  son  hôte  :  «  Voici 
la  pièce  rédigée  entre  Abou  Mouça  et  moi,  et  revêtue  de  nos 
cachets.  Par  cet  écrit,  il  a  reconnu  qu'Otmàn  a  été  tué  injus- 
tement et  il  a  exclu  Ali  du  khalilal.  J'ai  repoussé  comme 
indignes  les  différents  candidats  ([u'il  m'a  présentés.  En  ré- 
sumé, ce  soin  me  regarde  et  je  noumierai  qui  je  voudrai, 
car  l'armée  de  Syrie  m'a  donné  sa  parole  et  a  prêté  serment 
entre  mes  mains.  »  Moâw^iah  causa  pendant  une  heure,  il  sut 
détourner  la  conversation  et  dérider  son  interlocuteur  par 
ses  saillies,  enfin  il  lui  dit  :  «  Y  a-t-il  à  déjeuner  chez  toi?  " 
Amr  lui  répondit  :  «  S'il  s'agit  de  rassasier  tout  ce  monde, 
non.  ).  Moàwiah  appela  un  de  ses  pages  et  lui  ordonna  de 
servir  les  mets  qu'il  avait  apportés.  Quand  on  eut  servi  le 
repas  préparé  d'avance,  Moàwiah  dit  à  Amr  d'inviter  ses  af- 


CHAPITUR   LXXXI.  'lOry 

^o-*-i  Jiî   Jh»^-^^'   <-*-j'    9^^*,    *ij-i  ^  Jiî  fi^  J^lfi-SJ   J.Ajî>|_5 

L$j^  aMI^j  (j*«.Ai  ^Xxi  _j!  J  i^AA^i  <— *.A,^  Ljyji  jjci».lj  ^iv-«l 

iJ  Jlï  *-->ij  j.Ii:J!j  »j.A,iJC^I   ,^^;„»-  u'-^J^  là*^*^  O"^*'-'  Jt^^  '-'^ 

Iranchis  et  les  gens  de  sa  maison.  Amr  les  fit  venir,  puis  il 
pria  Moâwiah  d'y  inviter  aussi  ceux  qui  l'avaient  accompa- 
gné. «  Soit,  répondit  Moàwiali ,  mais  que  vos  gens  se  mettent 
à  table  les  premiers;  les  miens  prendront  leur  place.  -•  A  me- 
sure qu'un  homme  de  la  suite  d'Amr  se  retirait,  un  homme 
de  la  suite  de  Moàwiah  le  remplaçait;  lorsque  tous  les  servi- 
teurs d'Amr  furent  partis  et  qu'il  ne  resta  plus  que  les  gens 
de  Moâwiah ,  celui  d'entre  eux  cjui  avait  été  posté  à  cet  eflel . 
se  leva  et  ferma  la  porte.  «  Je  suis  pris!  »  s'écria  Amr.  «  Oui , 
par  Dieu ,  lui  répondit  Moàwiah ,  entre  nous  il  n'y  a  plus  que 
deux  choses,  et  je  t'en  laisse  le  choix  :  ou  tu  me  prêteras  ser- 
n)ent,  ou  tu  vas  mourir;  choisis  l'une  ou  l'autre.  «  Amr  lui 
dit  :  «  Laisse-moi  du  moins  appeler  mon  serviteur  Werdàii , 
alin  qne  je  le  consulte  et  lui  demande  conseil. — Non,  par 
Dieu,  répli(|ua  Moàwiah,  tu  ne  le  verras  pas  et  lui-même 
ne  te  reverra  ([ue  mort  ou  lié  parle  serment  en  (juestion. — 
Et  le  gâteau  d'Egypte,  demanda  Amr,  me  le  promets- tu 
alors?  —  fj'EgypIe,  reprit  Moâwiah.  l'appartiendra  ta  vie 
durant.  ••  Quand  ils  sr  furent  engagés  l'un  a  laulre  par  .ser- 


à06  LES  PRAIRIES  D'OR. 

^  /»i^Aj!  ci\.^*XÀj  <;..:a.àj   3I'  jlij  j^^j  cS*^  3'   tr*  U°  ^  ^-*)^ 

dUjy  «^^  ^'^\)^  u^  ^'  (j%  cja-AjùJ  a*><.j5*.l  *Lii^^  ^^w«i/ 

ment,  Moâwiah  appela  les  officiers  de  l'armée  de  Syrie,  saus 
permettre  à  la  suite  d'Amr  d'entrer  avec  eux.  Amr,  s'adres- 
sant  aux  nouveaux  venus,  leur  dit  :  «J'ai  cru  devoir  prêter 
serment  à  Moâwiah,  parce  que  je  ne  connais  pas  d'homme 
plus  capable  que  lui  de  gouverner  notre  nation.  »  Moâwiah 
reçut  alors  le  serment  des  troupes  de  Syrie  et  revint  auprès 
des  siens  avec  le  titre  de  khalife. 

Ali,  apprenant  ce  qui  s'était  passé  entre  Abou  Mouça  el 
Amr,  dit  à  ses  partisans  :  «  Je  vous  avais  prévenus  des 
suites  de  cet  arbitrage  et  j'avais  raison  de  vous  l'interdire; 
mais  vous  teniez  à  faire  de  l'opposition.  Que  pensez-vous 
de  l'avenir  qui  vous  attend,  depuis  que  vous  m'avez  rejeté.-^ 
Par  Dieu ,  je  connais  celui  qui  vous  a  poussés  à  la  révolte  el 
à  la  défection ,  et,  si  je  voulais,  il  me  serait  aisé  de  le  punir. 
Mais  (le  châtiment  de)  Dieu  est  derrière  lui.  »  Il  désignait 
sans  doute  par  ces  paroles  Achat,  fils  de  Kais.  «En  vous 
dictant  mes  volontés,  continua  Ali,  je  pouvais  m'appliquer 
ce  vers  d'Abou  Heïtem  : 

Je  leur  ai  fait  connaître  mes  ordres  sur  ie  penchant  du  mont  Liwa; 
mais  ils  n'ont  distingué  leur  rontequ  aux  premières  lueurs  du  lendemain. 


CHAPITRE  LXXXI.  ^07 

iS-^Xi  '-*~^  \J^ ^i  '^^l  '^^'^  »_jXi:slj  iuy^  »»xjb  Ji  Ui  (j^ 

(j5_y»JM    ^^„S«.    iij    \^  J.AÀJ    LjY,*yàji    <^_J.^J    ^*»-S»-_5    '^Ml     (♦X».    l^' 
j.A4M^    i^J^jU^i_5    ilw,^J    ijU^AJ     (JV»-«j,U     4"^^    ^.^'^J    W"^-* 

A_j  vX_j|  Uj  («—4^  (^-y'  '-^  *^^  ^^  *"^^'  i^j^iûis  U  Jk£  Iàx>! 
iL^Jiii  »»X_d>  iji^  j_j^  (^y^i  iixAUiJi^  aÎ^jJCxII^  ^^|_j>ik  ^jw«  A^yj 

"Que  Dieu  damne  celui  qui  a  pousse  à  cet  arbitrage! 
tuez-le  lors  même  que  sa  tète  s'abriterait  sous  mon  propre 
turban.  Ces  deux  hommes ,  ces  deux  arbitres  choisis  par  vous, 
ont  méconnu  la  loi  de  Dieu,  pour  ne  juger  que  d'après  leurs 
passions,  sans  argumentation  et  en  dehors  du  droit  mani- 
feste. Ils  ont  étouffé  ce  que  le  Koran  avait  ranimé,  et  rendu 
la  vie  à  ce  que  le  Koran  avait  détruit.  L'expression  de  leur  ju- 
gement est  pleine  de  contradictions.  Dieu  ne  les  a  pas  guidés 
ni  éclairés  de  sa  grâce.  Qu'ils  soient  excommuniés  par  le 
Très-Haut,  par  son  apôtre  et  par  tout  bon  musulman!  Et 
maintenant  armez-vous  pour  la  guerre  sainte,  préparez-vous 
à  partir  et  retournez  au  camp  avec  la  permission  de  Dieu.  » 

Nos  sectes  religieuses  sont  partagées  sur  le  compte  des 
deux  arbitres.  Dans  notre  ouvrage  intitulé.  Discours  sur  les 
principes  des  croyances,  nous  avons  recueilli  les  opinions,  les 
différents  systèmes  et  les  arguments  sur  lesquels  s'appuient, 
en  ce  qui  concerne  celte  question,  les  sectes  nées  dans  le 
sein  de  l'islam,  comme  les  kliaridjiles,  les  Mùlazales,  les 


408  LES  PRAIRIES  D'OR. 

Chiites  et  d'autres  écoles.  En  outre,  on  trouvera  dans  nos 
Annales  historiques  les  discours  tenus  par  Ali  en  diverses 
circonstances,  ses  harangues,  son  opinion  sur  l'arbitrage  et 
la  répugnance  qu'il  manifesta  à  cet  égard;  les  reproches 
qu'il  adressa  aux  musulmans  après  la  conférence  des  ar- 
bitres; et  par  quel  langage,  avant  cet  événement,  il  chercha 
à  dissuader  ceux  qui  insistaient  en  faveur  d'Abou  Moura 
et  d'Arnr.  C'est  alors  qu'il  leur  dit  :  «  Les  hommes  choisissent 
ordinairement  ceux  qui  sont  le  plus  étroitement  liés  à  leurs 
intérêts;  vous,  au  contraire,  vous  avez  élu  ceux  qui  sont 
le  plus  intimement  liés  avec  vos  ennemis.  I\appelez-vous 
pourtant  ce  quAbd  Allah,  fds  de  Kaïs,  disait  hier:  «La 
«guerre  d'Ali  est  une  insurrection.  Détendez  vos  cordes  el 
"  brisez  vos  arcs;  car,  s'il  est  de  bonne  foi,  il  s'engage  dans 
"  une  fausse  route  sans  y  être  forcé;  s'il  ment,  de  lourdes 
«  charges  pèsent  sur  lui.  ■•  Tel  fut  en  effet  le  langage  tenu 
par  Abou  Mouça,  lorsqu'il  voulut  rendre  Ali  impopulaire, 
maintenir  ses  partisans  dans  l'inaction  et  les  séparer  du  kha- 
lile  dans  ses  différentes  expéditions,  telles  que  la  bataille 


CHAPITRE  LXXXI.  Ii09 

Uj  ^-^-^  <-xxi3,^  «Xx!  ^^  L^  l.wt>.^  <X^I  /o-^AJ  ,Jj&*  <c^;<Xji 
jl-Aiwi    ^J^  J<-^  bySs  -Osjij  0^i_j   ^^i.yu«JLt  Jbi  ç.Uaj  ^ 

*^  I^Ui^l  (j^  ^^^=r-  (J^!  j5*XA)j  (j^'ÇÂ^  ^jvi^3.Ji_j  J.^4^ 
l— i-A_j)    tXJj   Ui    ^jlj    ^Aj>j   aKjjL«j5^*>o    dlJi   >-Oixi_5    ^jl_5>"(^Ji 

du  Chameau  et  d'autres  encore.  Dans  une  de  ses  Séances, 
Ali  se  plaint  en  ces  termes,  de  plusieurs  koreïcliites,  que 
denomi)reux  rapports  lui  dénonçaient  commerefusantle  ser- 
ment de  fidélité  et  combattant  son  autorité  par  des  ma- 
nœuvres déloyales  :  «  Les  koreïcliites  prétendent  que  le  (ils 
d'Abou  Talib  est  brave,  mais  qu'il  ne  sait  pas  faire  la  guerre. 
Malheur  à  eux!  (littéralement  :  que  leurs  mains  soient  rem- 
plies de  terre).  Y  a-t-il  un  seul  d'entre  eux  qui  ait  conduit 
la  guerre  avec  plus  de  vigueur  que  moi.**  Je  n'avais  pas  en- 
core vingt  ans,  que  j'étais  vieux  dans  le  métier  des  armes 
et  voici  que  j'ai  dépassé  la  soixantaine;  mais  un  chef  perd 
son  discernement  en  perdant  son  autorité.  » 

Après  ce  rapide  résumé  des  guerres  du  Chameau  el  do 
Siffin  et  de  la  conférence  des  arbitres,  nous  allons  donner 
quelques  renseignements  sommaires  sur  la  journée  de  Neh- 
revvàn,  après  hiscpiels  nous  présenterons  le  récit  du  meur- 
tre d'Ali.  Au  surplus  tout  ce  qu'on  vient  de  lire  et  ce  (jui  va 
suivre  a  été  développé  dans  nos  ouvrages  précédents. 


ZilO  LES  PRAIRIES  D'OR. 

I^jAaïj  ti^^lj^  ool^j  AjIj^Î  (^jkj  Ijjj-Aj^  ^^i  »_5.^i>  lfr^->^  <is 

^jw^A.i   0j  oiÀs^^i   (e-4^s  o^yi   Ai'5X.j  l^^^  a)^^Ic  ^j\^3  (J-'U'^ 
CHAPITRE  LXXXII. 

EXPÉDITION  D'ALI  CONTRE  LES  REVOLTES  DE  NEHREWÀN  ;  MORT  DE 
MOHAMMED,  FILS  D'ABOU  BEKR;  MORT  D'ACHTER  EN-NAKHÀYI  , 
AVEC  D'AUTRES   DETAILS  QUI   SE   RATTACHENT   À  CE   SUJET. 

Les  Kharidjites,  au  nombre  de  quatre  mille,  se  réuni- 
rent SOUS  les  ordres  d'Abd  Allah ,  fils  de  Wehb  er-Raçibi , 
auquel  ils  prêtèrent  serment.  Arrivés  àMédaïn  (Clésiphon), 
ils  égorgèrent  et  coupèrent  en  morceaux  Abd  Allah,  fils  de 
Houbab,  gouverneur  de  cette  ville  au  nom  d'Ali.  Ils  fendi- 
rent le  ventre  de  sa  femme,  qui  était  grosse,  et  massacrè- 
rent plusieurs  autres  femmes.  Ali,  sortant  de  Koufah  avec 
soixante-cinq  mille  hommes  levés  dans  celle  ville,  reçut 
d'Ibn  Abbas,  sou  lieutenant  à  Basrah ,  un  renfort  de  trois 
mille  hommes  sous  les  ordres  d'el-Ahnef ,  fils  de  Kaïs  et  de 
Haritah,  fils  de  Kodamah  es-Saadi  (an  38  de  l'hégire).   Il 


CHAPITRE  LXXXII.  lil\ 

J«aÀj   j,^!    /o-*Xo  4MÎ   J_j-*^   (jl   ^t    Aj»^    fj^^   /oJt^^   AMi   Jj.^ 

s'arrêta  à  El-Aubar  et  y  réunit  toutes  ses  forces.  Dans  une 
harangue  adressée  à  ses  troupes  pour  les  excitera  la  guerre 
sainte  il  leur  dit  :  «  Marchez  contre  les  meurtriers  des  Mo- 
hadjirs  et  des  Ansars.  Il  y  a  longtemps  qu'ils  cherchent  à 
étoulïer  la  lumière  du  Dieu  Tout-Puissant,  car  ils  ont  fo- 
menté la  révolte  contre  l'apôtre  de  Dieu  et  ses  partisans. 
Or  l'apôtre  lui-même  m'a  ordonné  d'exterminer  les  prévari- 
cateurs: ce  sont  ceux-là  mêmes  que  nous  allons  attaquer;  les 
rebelles,  la  victoire  nous  en  a  débarrassés;  et  les  schisma- 
tiques,  nous  ne  les  rencontrerons  plus  désormais.  Marchons 
donc  contre  les  piévaricateurs;  ils  sont  plus  à  craindre  que 
les  Kharidjites.  Marchons  contre  ceux  qui  veulent,  en  vous 
faisant  la  guerre,  devenir  les  maîtres  et  les  tyrans  du  peuple, 
asservir  les  serviteurs  de  Dieu  et  disposer  de  leurs  biens.  » 
L'armée  déclara  ((u'elle  voulait  attaquer  d'abortl  les  kha- 
ridjites; en  conséquence  Ali  marcha  contre  ces  derniers. 
Arrivé  à  Nehrewàn,  il  leur  adres?a  un  parlementaire,  Haril, 
nis  de  Morrah  cl-Abdi  [)our  les  ramener  dans  le  devoir.  Ils 


412  LES  PRAIRIES  D'OR. 

(j-«  <-x_A_>  (j!  ^^  <j!  I^-5l«_)^  s^jAajjj  9j->-jJl  <i'  l^^*>s? 

(j^  ^^-il   ^i  cil  (tSCS^bl  *^-  *-^AjujL»  jî,j-i^5  ^<>^  Jl  î^i' 

LiJié'  i>^^\  lyï*^  (^jj-^  v*-^  -^^^  cK«^  sir*^'  tM>5  J^ 

^c  ^  La  J»   i   tî)jJC-Û^j    X).^*L«Js.J   J.^\.M^  UXj    ^jUsï=I    xKaÏ 

A^~4-XxJO   (ji^s-   lùytl2.Xj  ^^   ^iy^  U  ^i^  i\^j  JUi  ^jU«rj.à». 

tuèrent  cet  envoyé  et  dirent  à  Ali  :  «  Si  tu  renonces  à  ton  au- 
torité et  si  tu  confesses  tes  erreurs ,  nous  te  prêterons  ser- 
ment; sinon,  nous  te  déposerons,  et,  libres  de  toute  obli- 
gation envers  toi ,  nous  ferons  choix  d'un  imani.  »  Ali  leur 
adressa  ce  second  message  :  «  Livrez-moi  les  meurtriers  de 
mes  frères,  afin  que  je  les  punisse  de  mort  et  je  vous  accor- 
derai une  trêve  jusqu'à  ce  que  j'aie  fini  de  combattre  les 
révoltés  de  l'Occident.  Peut-être,  pendant  ce  temps.  Dieu 
toucbera-t-il  vos  cœurs.  »  Les  Kbaridjites  lui  répondirent  : 
«  Nous  sommes  tous  les  meurtriers  de  tes  compagnons  d'ar- 
mes, nous  avons  tous  participé  à  ce  meurtre  et  nous  en 
acceptons  la  solidarité.  »  Le  messager,  qui  était  un  juif  éta- 
bli dans  le  Sawad,  annonça  que  les  rebelles  avaient  passé 
le  fleuve  (canal)  Tararistân.  Sur  ce  fleuve  s'élève  encore 
aujourd'hui  un  pont  nommé  fout  de  Tararistân;  il  est  si 
tué  entre  Houlwân  et  Bagdad  ,  sur  la  route  du  Rboraçân.  En 
apprenant  cette  nouvelle,  Ali  s'écria  :  «  Non  ils  ne  l'ont  point 
passé  et  ne  le  passeront  pas;  avant  qu'ils  y  arrivent,  nous 
les  aurons  détruits  à  Romeilab.  »  De  toul  côté  cependant 


CHAPITRE  LXXXII.  Zil3 

c-*Aij  ii  aMÎ^  f»>*^'  <i^  Is/^'**'  '*"*^  "-^^  (**■'  ^^^  («'"ô^ ^-"-^v»  (jl^ 
a^-^^-aA^  t3»-*«'lj  t^j^^  !iy*i»£  («xÀ^  cX-'-'J  •^j  ijM*.s-  ^t  (O-^rJ^'O 
AjL^pii  Jlï  U  t_,rt-»»fcj»-  ^^û  iiXA-«yij  Oj)^jdl  ^^  tj)^jX!«*£  «Xij 
^^^t— x-L-o  >i^_-*«;j  4M!  ^J^.w?  j.A$l  aM!  Je  /o-^x^  (jj-ii!  U«-» 
ioykJi^  c._j.>^i  J!  j^lft:>_5  A*k«jiÀJ  js-^aX^  >— *^^J  (".y^^  oLwajCi 

A-aAc   i^Jl^x^    i_jJO    JUi    bj^^.   »>0    >1    JyOlJ    AjL^!    !_j-«;^    !_j-)lî 

ia-j^^JC-*  J^-iS^  J-^T^   cj'   <S-^^  '_«JiU  f<«^««l»  ^^-t^j  ^'^^  J_jAÎi 

il  recevait  des  informations  confirmant  le  passage  de  l'en- 
nemi sur  le  pont  en  question;  mais,  refusant  d'y  croire,  il 
alïirmait  par  serment  ([u'ils  ne  pourraient  traverser  le  fleuve 
et  qu'ils  périraient  avant  d'y  parvenir.  «Marchez,  disait-il 
à  ses  troupes,  marche/  contre  l'ennemi;  dix  des  leurs  seule- 
ment échapperont  à  la  mort  et  vos  pertes  n'atleindront  pas 
même  à  ce  nombre.  »  L'armée  s'avança  et  trouva  l'ennemi 
campé  à  Romeïlah,  ainsi  qu'Ali  l'avait  annoncé  à  ses  com- 
pagnons. Lorsqu'il  fut  en  vue  des  rebelles,  Ali  s'écria  : 
«  Dieu  est  grand  !  Dieu  et  son  Prophète  ont  dit  vrai  !  »  Se 
présentant  lui-même  devant  l'armée  des  rebelles  rangée  en 
bataille,  il  chercha  à  les  ramener  dans  le  devoir  et  à  leur  ins- 
pirer le  repentir;  njais  ils  répondirent  par  des  refus  et  as 
saillirentses  compagnons  d'une  \oléede  llèches.  Ali,  informé 
que  les  révoltés  avaient  pris  l'ollénsive,  donna  l'ordre  de  ne 
pas  répondre  à  leur  attaque.  Trois  fois  ses  compagnons  vin- 
rent l'avertir  et  trois  fois  il  répéta  la  même  défense;  enfin  on 
lui  apporta  le  cadavre  d'un  soldat  tout  souillé  de  sang.  «  Dieu 
est  grand!   dit-il  alors,  il  nous  est  permis  de  combattre; 


Zil4  LES  PRAIRIES  D'OR. 

J^>3  ^Ai  ^^  4^  t_>l^sï=l  ^^  2;j'^^  tr«  J-==-j  uK-«»a2-  ^,^1 

UJi-^  ^Uùl>  Jr,!  ji       LU-fi  ^^.Juii  i»^*:?'  l» 
LÂJi  Là-SûIjû  S^ls  (fc^-^        ^*S'  <îoUCÎ  (^  c:aJo  «Xjj 

y*<ljUi  ^^  t^.«»^  J'^^  (*"^'*  ^  /-■**-  (*^  «JsXJCJii  (^  «î^*  lK^3 

I 


marchons!  »  Un  Kharidjite  se  précipita  sur  les  soldais  d'Ali, 
en  blessa  plusieurs  et  parcourut  le  champ  de  bataille  en 
disant  : 

Je  les  frapperai,  et  si  je  vois  Ali,  je  lui  taillerai  un  vêlenîent  avec  mon 
sabre  masrefite. 

Ali  marcha  droit  à  lui  en  lui  répondant  par  ces  vers  : 

O  toi  qui  provoques  Ali,  tu  me  parais  ignorant  et  misérable. 

Tu  pouvais  bien  te  passer  de  le  défier.  Allons,  viens  ici  et  attaque-moi! 

Puis  il  fondit  sur  lui  et  le  tua.  Un  autre  Kharidjite 
avait  déjà  massacré  plusieurs  Alides,  et  il  chargeait  en 
chantant  : 

Je  les  frapperai,  et  si  je  vois  le  père  de  Haçan  (Ali),  ccl  homme  sur 
lequel  le  monde  s'appuie 

Ali  marcha  à  sa  rencontre  en  disant  : 


CHAPITRE  LXXXII.  415 

.>-*5'  tA*  Cjy.  0^ J li  A-Aj  ^^ii    tîi^j   :^J^^  A.^^^   AaXc  J^ 

<-*-J*3  ^jjJ   aMI   <Xa£  JoC-i^  aKjCAj  (j-*a>.   ^  tXjj  (^  ^^Xa^^\ 
J 

O  loi  qui  provoques  le  père  de  Haçan,  défends -loi,  et  vois  qui  do  nous 
deux  sera  déçu  dans  son  attente. 

Et,  se  jetant  sur  lui,  il  le  perça  de  sa  lance  avec  une 
telle  impétuosité  que  le  fer  resta  clans  la  plaie.  Ali  s'éloigna 
en  lui  disant  :  «  Eh  bien,  tu  as  vu  le  père  de  Haçan  et  lu  as 
rencontré  ce  que  tu  redoutais.  »  Ahou  Eyoub  el  Ansari  lutta 
contre  Zeïd,  fils  de  Hisn  et  le  Uui.  Abd  Allah,  fils  de  Wehb 
er-Raçibi,  tomba  sous  les  coups  de  Hani,  (ils  de  Khatib  e!- 
Azdi  et  de  Ziad,  fils  de  Hafsah;  Horkous,  fils  de  Zoheïr  es- 
Saadi ,  eut  le  même  sort.  Dans  cette  bataille  les  Alides  ne 
perdirent  que  neuf  des  leurs,  tandis  que  les  Kharidjites,  au 
nombre  de  quatre  mille,  furent  exterminés,  à  l'exception  de 
dix  honnues  seulement.  El-Mokhdadj  ayant  péri  avec  leresle 
des  Kharidjites,  Ali  fil  chercher  son  corps.  Comme  on  ne 
pouvait  le  trouver,  Ali,  à  qui  sa  mort  causait  la  plus  vive 
douleur,  voulut  le  chercher  lui-même.  Passant  devant  un 
monceau  de  cadavres  entassés  les  uns  sur  les  autres,  il  le 
fit  fouiller  en  tous  sens,  et  découvrit  enfin  le  corps  de  Mokh- 


416  LES  PRAIRIES  D'OR. 

*>s>^Ji    (jO-ïl-A-)     <\_JÎ^    /0«.*^i*»    *>».J^    ^^     tJsXj     U    »— ajÎ    ^Mi    ^ 

jj*fcj^  Lg-x-Lft  «IjwL!  t5*Xi"  JJiU  *.fcs>>  IgijJs  /oJôc  1^x9  j^^aJ 

y—^i    Jv-j^    A}v>-j     4^wL»     <X^^À^    (J!     tiyXlKh    tijyXi    iOaji    jO.S-.^I 

^£j,*a  tXxJ  J  i5_j  ^y*^  ^3  (>-^  J"*^  '~^J  t**^  <^  '^  ^  '^^  ""^ 
J'oi-j    f-y**^\    (j^XjI^j    (jUaAiJl    Jlij    S^jS'   i^yk^   J.Ai    jo-^ay^    (J.* 

dadj.  «Dieu  est  grand!  s'écria  Ali;  ie  Prophète  a  dit  la  vé- 
rité: cet  homme  n'avait  pas  de  mains  et  son  bras  était  ter- 
miné par  une  excroissance  de  chair  semblable  au  sein  d'une 
femme  et  revêtue  de  cinq  ou  six  poils  entrelacés.  »  Il  se  fit 
apporter  le  corps  pour  le  mieux  examiner,  et  trouva  à  la  place 
de  i'avant-bras  une  excroissance  de  chair,  au-dessous  du 
coude,  ayant  la  forme  dune  mamelle  et  couverte  de  poils 
noirs;  lorsqu'on  tirait  Cette  chair,  elle  s'allongeait  jusqu'à 
toucher  le  creux  de  l'autre  main  ;  quand  on  la  laissait  aller, 
elle  reprenait  sa  première  forme  sous  l'épaule.  Ali  s'éloigna, 
mit  pied  à  terre  en  gémissant,  et,  se  prosternant,  il  invo- 
qua le  Dieu  très-haut.  Ensuite  il  remonta  en  selle,  et,  par- 
courant le  champ  de  bataille  couvert  des  corps  des  khari- 
djites,  il  dit  :  «  Celui  qui  vous  a  séduits  vous  a  vaincus.  »  — 
«Qui  donc  les  a  séduits.^»  lui  demanda-t-on.  —  «  Satan  et 
leurs  passions  mauvaises,  »  répondil-il.  Comme  ses  compa- 
gnons lui  représentaient  que  le  parti  des  rebelles  venait  d'être 
écrasé  par  Dieu  et  anéanti  pour  toujours.  «  Non,  ajouta  Ali, 
par  Celui  qui  lient  ma  vie  entre  ses  mains,  les  rebelles  sont 


CHAPITRE  LXXXII.  U\7 

Zf^  ^  -«^u»^^'  f^j'j  Jw-y  v^^'  i^  Mf'^^  **vj  i^^Aj 

(jvj   ié>.jli.   Z./^  ^^"^   Lft-LL*  liû^Xxj  o«^>^   iJi    x>jlsw 

maintenant  dans  les  reins  de  leurs  pères  et  le  sein  de 
leurs  mères.  Toute  révolte  sera  suivie  d'une  autre  révolte 
semblable  jusqu'à  la  dernière,  qui  éclatera  entre  l'Euphrale 
etle  Tigre.  Son  chef,  qui  se  nommera  elAchmat  (le  grison- 
nant) ,  sera  condjaltu  et  tué  par  un  homme  de  notre  famille, 
et,  à  dater  de  ce  moment,  il  n'y  aura  plus  de  révolte,  jus- 
qu'au jour  de  la  résurrection,  i. 

Ali  réunit  le  butin  pris  dans  le  camp  des  Kharidjites;  il 
distribua  aux  musulmans  les  armes  et  les  chevaux,  et  ren- 
dit le  reste  des  biens,  ainsi  (pie  les  esclaves  des  deux  sexes, 
aux  familles  des  vaincus.  8'adressant  ensuite  à  ses  soldats,  il 
leur  dit:  «Dieu  vous  a  favorisés;  il  a  exalté  votre  victoire; 
marche/,  maintenant,  sans  perdre  de  temps,  et  combattez 
vos  ennemis.  >  On  lui  répondit:  -Emir  des  croyants,  nos 
sabres  sont  émoussés,  nos  carquois  vides ,  nos  lances  n'ont 
plus  de  fer;  donnez-nous  le  temps  de  nous  équiper  de 
notre  mieux.  >  Ce  fut  el-Achât,  fils  de  K.iïs,  qui  lui  tint  ce 
langage.  Forcé  (h;  s'arrêter  à  Nokhadah,  Ali  vit  bientôt  ses 

IV.  27 


k\8  LES  PRAIRIES  D'OR. 

^^jUo^L»  (jji:^j  ^^y^AwJlj  .Xol:^^!  J'*^        aKajë^^JIj   ^^  jS^j^».XÀ 

al>i     (jy-*A>    yl^   A_ji     \Aàj    (JuJ    »^l  JvxJI     «-A^a-jj     *.j[^-^î     (j^ 

soldats  l'abandonner  et  regagner  leurs  foyers,  de  sorte  qu'il 
ne  resta  plus  auprès  de  lui  qu'une  poignée  d'hommes.  El- 
Harit,  fils  de  Rachid  en-Nadji,  et  ses  trois  cents  soldats  le 
quittèrent  aussi  et  se  firent  chrétiens.  Ils  prétendaient  des- 
cendre de  Samah,  fils  de  Lowayi,  fils  de  Galib,  de  la  famille 
d'Ismaïl;  mais  un  grand  nombre  de  généalogistes  leur  re- 
fusent cette  origine,  eii  se  fondant  sur  ce  que  Samah,  fils 
de  Lowayi,  mourut  sans  postérité.  C'est  à  ces  apostats  que 
s'applique  cette  parole  d'Ali,  déjà  citée  dans  nos  Annales 
historiques  :  «  Il  est  difficile  de  trouver  un  fils  de  Samah  qui 
n'ait  pas  trahi  la  cause  d'Ali.  »  Un  poëte  de  la  même  famille, 
Ali,  fils  de  Djehm,  sur  l'histoire  et  les  poésies  duquel  nous 
avons  donné  quelques  détails  dans  notre  Histoire  moyenne, 
se  signala  entre  tous  par  l'éloignement  et  la  haine  qu'il  té- 
moignait à  l'égard  d'Ali.  Ce  sentiment  d'hostilité  était  si  vio- 
lent chez  lui  qu'on  l'entendit  maudire  son  père,  et  comme 
on  lui  demandait  en  quoi  celui-ci  avait  mérité  sa  réproba- 
tion, il  répondit  :  «Parce  qu'il  m'a  nommé  Ali.  • 


CHAPITRE  LXXXU.  419 

t^J    cyjLs^  J.JL*J   ^Ij^I    (j*^  (j^  JJu»  (^  /o-^taJ^    ^-^**J 

5\^Lft  jl  .V.VA  M   «j-A-stf»  ^   *XJÙa^  viJUi£>  ^l<\,   ^yiJl   ^^^ 
^^  Jli^  io_5Lx^  Jl  vj-dij  ^î  ^U  JUi  ^J^  ^^ilj  (O'-^-J'^ij 

«-^W  Cl^•  "XXjiAa^  Jyij  J.Ji  ^^  (>a*JI   JoL»!^  *c$^?   si^-i^b 


Par  Tordre  d'Ali,  Màkil,  fils  de  Kaïs  er-Riahi ,  se  mil  à 
la  poursuite  d'el-Harit  et  des  apostats ^[u'il  commandait;  il 
ies  extermina  au  bord  de  la  mer  sur  le  littoral  du  Bahrein  , 
et  fit  prisonniers  leurs  enfants  et  leurs  femmes.  De  là, 
Màkil,  fils  de  Kaïs,  se  rendit  avec  ses  captifs  dans  un  dis- 
trict de  l'Ahwaz  gouverné  au  nom  d'Ali,  par  Maskalali,  (ils 
de  Hobeirah  Cheïbani.  Cédant  aux  sollicitations  des  cap- 
tives, Maskalah  les  racheta  an  prix  de  trois  cent  mille  dir 
hems  et  leur  rendit  la  liberté;  mais,  sur  cette  soimne,  il  ne 
paya  que  deux  cent  mille  dirhems  et  se  réfugia  auprès  do 
Mdâwiah.  Ali  en  fut  infornjé  et  dit:  «Que  Dieu  réprouve 
Maskalah,  il  f^  agi  comuje  un  noble  maître  et  s'est  enfui 
comme  un  esclave!  S'il  était  demeuré,  nous  aurions  louché 
sur  la  rançon  ce  que  nous  aurions  pu,  lui  accordant  un 
délai  s'il  était  gêné  et  lui  abandonnant  la  somme  entière 
s'il  était  dans  la  détresse.  »  Quoi  qu'il  en  soit,  Ali  valida  le 
rachat  des  captives.  Maskalah  a  ra|)pelé  ini-nièiiie  cefle 
aventure  dans  ces  vers  : 

27. 


420  LES  PRAIRIES  D'OR. 

c^_jfcii»  àL_:s:  ii  J^—iui-i  JU      >s^  ^jtj  ,j*.UJî  j-A^  c^»lj^ 

c$3-î  (j-^   ii^UM  (ji  ^<vj|   (j.i.ffvi  Jy»J 


J'ai  laissé  libres  les  femmes  de  la  tribu  de  Bekr  ben  Waïl ,  et  affran- 
chi les  prisonniers  issus  de  Lowayi,  fils  de  Galib. 

Mais  j'ai  abandonné  le  meilleur  des  hommes  après  Mohammed ,  pour 
une  faible  somme  qui  devait  être  bientôt  dissipée. 

Un  autre  poëte  a  dit  dans  le  même  sens  : 

Maskalah,  cet  homme  qui  a  fait  une  vente  lucrative,  le  jour  des  pri- 
sonniers de  Nadji  issus  de  Samah. 

Dans  notre  Histoire  moyenne  nous  avons  rapporté  les 
aventures  et  les  stratagèmes  de  Maskalah,  et  nous  avons  cité 
les  vers  où  il  raconte  ces  circonstances  de  sa  vie,  Ali,  fds 
de  Mohammed,  fils  de  Djâfar,  dans  une  pièce  de  vers  contre 
ceux  qui  rattachaient  leur  origine  à  Samah ,  fils  de  Lowayi , 
a  dit  : 

Samah  fut  un  des  nôtres;  mais  quant  à  sa  postérité,  son  origine  est 
obscure  à  nos  yeux. 


CHAPITRE  LXXXU.  421 

(15"^^-^' J>-^^1  >-^'j   fi-*^"^*"   (J^   ^^'^*-*  ''^Jtx)^  O'^î   ^^*^'   i 


A  ceux  qui  nous  présenlenl  une  généalogie  mensongère,  tortueuse, 
chimérique. 

Nous  opposons  colle  parole  du  IVaci  Aii)  dont  toutes  les  sentences 
sont  inébranlables  : 

Si  tu  ignores  ce  que  l'on  te  demande,  réponds  :  Dieu  le  sait. 

L'an  trente-huit. de  l'hégire,  Moâwiah  envoya  en  Egypte 
Amr,  fils  d'el-Assi,  avec  quatre  mille  hommes;  Moàwiah,  fils 
de  IJodaïdj,  et  Abou'l-Awar  es-Soulami  raccompagnaient. 
Amr  conserva  le  gouvernement  de  cette  province,  sa  vie  du- 
rant, conformément  à  la  promesse  que  Moâwiah  lui  avait 
faite  précédemment.  Mohammod  ,  fds  d'Ahou  Bckr,  agent 
d'Ali  dans  ce  pays,  rencontra  les  partisans  de  Moâwiah 
près  d'un  lieu  nommé  Mosaniinl.  On  en  vint.au.\  mains; 
Mohammed,  trahi  et  abandonné  par  ses  soldats,  prit  la 
fuite  et  se  cacha  dans  une  autre  localité  de  l'Egypte.  Cerné 
dans  sa  retraite,  il  fil  une  sortie  avec  les  compagnons  qui 
lui  étaient  restés  lidèles,  et  périt  les  armes  à  la   main.  .Son 


Zi22  LES  PRAIRIKS  D'OR. 

iij^jlx.*  iii.Ji  À-^-Jj  i>^S^  CiT*  *(S*  "V^  liiji  <s>j  J.xi  Ajl  ^x'i^ 
jui*  iù^lx^  j ««.A*!^   tX:^  ^aÏ  IaA&  x-\.jj  jB^-w*ji^   r- ^Àjl  j.^iàiî 

fjyA  l*X_d>  J.-A^  J^i.3  3Î  ^j^l  yl(j  |^.j  j  y  1(5  ÎJs.J_5  5»Xii 

corps,  tombé  au  pouvoir  de  Moâwiah,  fils  de  Hodaïdj , 
d'Aair,  fils  d'el-Assi,  et  des  autres  partisans  de  Moâwiah,  fut 
enfermé  dans  la  peau  d'un  âne  et  jeté  au  feu.  Ce  honteux 
traitement  lui  fut  infligé  à  Kaum-Chérik ,  et  l'on  ajoute  que 
Mohammed  respirait  encore.  Au  reçu  de  cette  nouvelle, 
Moâwiah  témoigna  la  jçie  la  plus  vive.  Ali,  informé  de  la 
mort  de  Mohammed  et  de  la  satisfaction  qu'elle  inspirait  à 
Moâwiah,  s'écria  :  «  Ce  meurtre  m'afflige  autant  qu'il  les  ré- 
jouit. Jamais,  depuis  le  début  de  ces  guerres,  trépas  ne  m'a 
plus  douloureusement  affecté.  Mohammed  avait  grandi 
auprès  de  moi  ;  fils  de  mon  frère,  il  était  à  mes  yeux  comme 
mon  enfant  etil  m'était  tout  dévoué.  Il  estdillîcile  d'être  plus 
cruellement  frappé.  Je  recommande  son  âme  à  Dieu.  »  Puis 
il  donna  l'Kgyple  à  Achter  et  l'y  envoya  avec  une  armée. 
Dès  que  Moâwiah  en  fut  instruit,  il  fit  avertir  secrètement 
le  dihkân  d'el-Arich ,  et  le  gagna  à  sa  cause  en  lui  promet- 
tant le  dégrèvement  de  l'impôt  pendant  vingt  ans,  s'il 
consentait  à  empoisonner  Achtet   dans  un  ie|)as.  Lorsque 


CHAPITRE  L XXXII.  /i23 

^jUiiÛvXjl  ^^  X-«^  jjfe'  4j^  ^i_j  ,_xÀj  (^C-s*  ^^yr^  i  (^JiiUivI 
l-f-V*  A^^  ^iXvi  c^'î  J_j^i_5  j*).^x!L  *iUi  ^1^  J-^i^  *J<-«  (j-«3 
i  l:>_^.=>-  '^  ^jî  JLaj  iu^U»  dUis   xXj_j  /oJi.M_5  ^j.j*Xa-W  JUi 

ijî  U  4Ml_j^  ^i^  *Lk*  Jl   î^iKfcî  Jli^  j*,UJ!  t^kii  yl^^i 


Vchler  fut  arrivé  à  el-Arich,  le  dihkân  s'informa  des  mets 
et  des  boissons  qu'il  préférait,  et  apprenant  qu'il  aimait  le 
miel,  il  lui  en  offrit  en  lui  faisant  un  grand  éloge  de  sa 
qualité  et  de  son  goût  exquis.  Achter,  qui  jeûnait  ce  jour- 
là,  le  lit  préparer  en  breuvage.  A  peine  en  eut-il  avalé  une 
gorgée  qu'il  expira.  Ses  compagnons  firent  périr  le  dihkân 
et  sa  suite.  On  a  prétendu  que  cet  événement  eut  lieu  a 
Kolzouin,  mais  il  est  plus  probable  que  ce  fut  à  el-Arich. 
Ali  en  fut  informé  et  dit:  »  Ses  mains  et  sa  bouche  (l'ont 
tué).  »  Moâwiah  reçut  cette  nouvelle  en  disant:-  Dieu  a  des 
armées  même  dans  le  miel.  » 

Cette  même  année,  Ali  accorda  trois  gratilicaiions  à  ses 
troupes  avec  les  subsides  que  ses  agents  lui  firent  passer. 
Ayant  reçu  de  nouvelles  sommes ' d'Ispahàn ,  il  appela  ses 
soldats  et  leur  dit  :  ■  F^réparez-vous  à  recevoir  une  qua- 
trième gratification;  mais,  par  Dieu,  je  ne  suis  pas  votre 
trésorier.»  Il  ne  s'adjugea,  dans  la  distrihulion  générale, 
qu'une  part  égale  à  celle  d'un  sinq)lc  soldat. 


/,24  LES  PRAIRIES  D'OR. 

(j^  Uju»^  U  ^\  t-^^  ij-  ^^^^  (isi  (:5H  (^  ./*Jj      ^*^ 
JJ  tXS^  ^-*-*J  l»i^  ti^-xAJ  <is  -U  iiAAj  i  iojU.*  (jl(5  (;JvÀa» 

La  guerre  de  Siffîn,  que  nous  avons  racontée  ci-dessus, 
est  la  seule  qui  éclata  entre  Ali  et  Moâwiah.  Ce  dernier,  jus- 
qu'à la  mort  d'Ali,  se  borna  à  faire  ravager  le  pays  par  des 
corps  expéditionnaires.  Ali,  de  son  côté,  envoya  des  troupes 
pour  protéger  les  habitants  contre  les  déprédations  de  l'ar- 
mée de  Moâwiah.  Nous  avons  parlé  de  ces  expéditions  dans, 
nos  ouvrages  précédents. 

Les  docteurs  anciens  et  modernes  parmi  les  Kharidjites 
et  d'autres  sectes  ont  critiqué  la  conduite  d'Ali  à  la  journée 
du  Chameau ,  ainsi  qu'à  Sifïfin ,  et  signalé  la  contradiction  qui 
règne  dans  ses  ordres  durant  ces  deux  guerres,  A  Sifiin,  ils 
le  montrent  exterminant  ceux  qui  résistent  et  ceux  qui 
fuient,  et  achevant  les  blessés;  à  la  journée  du  Chameau, 
au  contraire,  il  épargne  les  fuyards,  laisse  la  vie  aux  blessés, 
à  ceux  qui  jetaient  leur  armes  ou  rentraient  dans  leurs 
demeures,  et  leur  accorde  Yamân.  Pour  disculper  Ali  de  cette 
contradiction  apparente  dans  ses  ordres  durant  ces  deux 
guerres,  les  Chiites  répondent:  «  A  la  bataille  du  Chameau, 


CHAPITRE  LXXXII.  425 

*_j;     -c^-<_À.AJ     (♦^=>>    IJ^^    (*^^    V_>.îiw    t_j.*à^     (JVÀjU^    AA^Lsil 

^y-x^j.j  \L>^  i:y>À-^  ij^^i  \i\ys\  AaX&  \yXWi_yt^  il  v_Xa^I 
-J^:>^j  x)-§Àjs-lj  J^j  S^jmS y^.^  J!_).j^i  <>§J  |AX)_^  i^Aki^l 

les  adversaires  d'Ali,  après  leur  défaite,  n'avaient  plus  de 
centre  autour  duquel  ils  pouvaient  se  rallier;  ils  retour- 
nèrent chez  eux  abandonnant  la  lutte,  renonçant  à  tout 
acte  hostile  contre  Ali  et  sa  qualité  d'imam,  et  acceptant 
l'amnistie  :  il  était  donc  juste  qu'ils  fussent  épargnés,  puis- 
qu'ils ne  cherchaient  pas  d'auxiliaires  contre  le  vainqueur. 
Mais,  après  Siffin,  les  rebelles  se  réunirent  à  des  troupes 
préparées  au  combat  sous  les  ordres  d'un  imam  choisi  par 
eux,  qui  leur  distribua  des  armes,  leur  assigna  une  solde, 
leur  prépara  des  logements,  répara  leurs  perles,  guida  leur 
marche  et  les  mit  en  étal  de  recommencer  la  guerre.  Sou- 
mis à  cet  imam  et  exécutant  ses  volontés,  ils  résistèrent  à 
Ali,  nièrent  sa  qualité  d'imam  et  contestèrent  ses  droits  en 
réclamant  contre  ses  prétentions  illégitimes.  Ce  cjue  nous 
venons  de  dire  explique  sa  conduite  et  les  dilVérences  qui 
distinguent  ses  actes  dans  ces  deux  guerres.  Les  objections 
des  uns  et  les  réponses  de  leurs  adversaires  sont  fort  déve- 
loppées et  nous  entraîneraient  trop  loin.  Mais  on  en   trou- 


426  LES  PRAIRIES  D'OR 

lj>j..^3l«X.A_9  ^l_jjsl  (j^  iLffl:?:  «JLCf  f^=?-'  C:J>r*J;î  *-»-**'  ij 

^^Jcjlj   »I  Aj^jJij  <^*-*"  ^^^j^J  t5*^^î  Xfc^Lo  /v^  «..<^»À^  i>^?^ 

vera  le  détail,  avec  l'exposé  des  argumeals  de  chacune  des 
deux  sectes,  dans  nos  ouvrages  d'une  date  plus  ancienne; 
nous  n'avons  donc  plus  à  y  revenir  ici.  La  protection  vient 
de  Dieu. 

CHAPITRE  LXXXIII. 

ASSASSINAT  DU  PRINCE  DES  CROYANTS  ALI,   FILS  D'ABOU  TALIB. 

En  l'année  ho  de  l'hégire,  une  troupe  de  Kharidjifes  réu- 
nis à  la  Mecque  s'entretenaient  des  guerres  et  des  désastres 
qui  les  accablaient,  lorsque  trois  d'entre  eux  convinrent  de 
tuer  Ali,  Moàwiah  et  Ainr,  fils  d'el-Assi.  Ils  jurèrent  d'un 
commun  accord  de  ne  pas  abandonner  la  victime  que  cha- 
cun d'eux  avait  choisie,  avant  de  l'avoir  immolée,  ou  de 
périr  dans  celte  entreprise.  Le  premier  de  ces  conjurés  était 
Abd  er-Rahuian,  fils  deMoldjem,  de  la  famille  de  Toudjib. 
(^ette  famille  étant  comprise  dans  la  tribu  de  Murad,  Abd 


CHAPITRE  LXXXIII.  /i27 

3k_A_xJ^  ^^-c  v-AâJl  ^!  o^At  ^  ^^"^J  (•'^^'  fc-*->**Àj  iL>«  ij 

^^  i^^_5  JoCil  bî  *j^iijj  Jliï^j  i^.^^J^  S^^  bl  tl)^i  Jli^  [aIs. 
^juà^j  j^Àii,  ^j^  5jwCi»£  J-!^^  ^^-^   ^•i>  ^j.^^  y'  ijtX*j!^     -i-lxli 

U  JUlj  j^  tX-J»^^  *^ys>^  *^V^^  cj^î  iij^"  Ok-Jc  dlJCAia,*!  >yi 

er-Rahraan  portait  le  surnom  de  Muracli.  Le  second  se 
•nommait  lladdjadj,  fils  d'Ahd  Allah  es-Sarimi ,  surnommé 
Horek;  le  troisième,  Zadaweïli,  alTranchi  des  Benou'l-Anbar. 
Il)n  Alokljem  ayant  déclaré  qu'il  voulait  frapper  Ali,  Borek 
se  chargea  de  iVIoàwiah ,  et  Zadaweïh  d'Amr,  fils  d'el-Assi. 
La  nuit  du  17,  ou,  selon  d'autres,  du  21  du  mois  de  ra- 
madan, fut  choisie  pour  l'exécution  du  crime.  Abd  er- 
llahman,  fils  de  Moldjem,  se  rendit  aussitôt  à  Koufah,  où 
résidait  Ali;  et,  à  peine  arrivé,  il  se  présenta  chez  sa  propre 
cousine  nommée  Kotam,  dont  Ali  avait  tué  le  père  et  le 
frère  à  la  bataille  de  Nehrevvân.  Ibn  Moldjem  ayant  sollicité 
la  main  de  cette  femnje,  une  des  plus  belles  de  son  tcnips, 
elle  lui  dit  :  "  .le  ne  t'épouserai  ((ue  si  lu  me  prouves  ta  gé- 
nérosité. —  'IVml  ce  (|ue  lu  me  demanderas,  répondit-il, 
je  te  l'accorderai.  —  Je  veux,  continua  Kotam,  trois  im'Ile 
dirhems,  un  esclave,  une  servante  et  la  mort  d'Ali.  — Tu 
auras  ce  que  tu  désires;  mais,  (juant  à  Ali,  je  ne  crois  pas 
que  lu  puisses  t'en  défaire.  —  Il  me  faut  son  sang,  répliqua 
relie  femme;  si  iu  le  rcjjands,  tu  assouviras  ma  vengeance. 


428  LES  PRAIRIES  D'OR. 

(J  -5    iS""^   (J**^*J'    cK**-*^    dXxXJ^    i^V^XJ    OwAÀ.Mi   Aa,a»oI    yls    ^j.^ 

p 

tes  vœux  seront  en  même  temps  réalisés  et  tu  goûteras  le 
bonheur  dans  mes  bras;  si  tu  succombes,  Dieu  te  réserve 
une  récompense  préférable  à  tous  les  biens  de  ce  monde. 
—  Eh  bien,  s'écria  alors  Ibn  Moldjem,  la  pensée  qui  t'ins- 
pire est  la  seule  qui  m'avait  attiré  dans  cette  ville  d'où 
j'étais,  parti  en  fugilif.  Ce  que  lu  désires  sera  fait.  »  Et  ii 
s'éloigna  en  répétant  ces  vers  : 

Trois  mille  dirhems,  un  esclave,  une  servante  et  Ali  expirant  sous  ce 
j^laive  acéré  ! 

Une  (lot,  si  précieuse  qu'elle  soit,  vaut-elle  Ali?  Une  âme,  si  énergique 
qu'elle  soit,  vaut-elle  l'âme  d'Ibn  Moldjem? 

Il  rencontra  un  Kharidjite  de  la  famille  d'Achdjâ,  nommé 
Chébib,  fils  de  Nedjdeh ,  et  lui  dit  :  «  Veux-tu  de  la  gloire  dans 
ce  monde  et  dans  l'autre?  »  Cet  homme  le  pressant  de  s'ex- 
pliquer, il  ajouta  :  «  Il  faut  m'aider  à  tuer  Ali.  —  Que  ta 
mère  pleure  ta  mort!  s'écria  Chébib,  c'est  un  projet  odieux I 
Je  connais  la  constance  inébranlable  d'Ali  et  je  le  place  au- 
dessus  de  tous,  à  côté  du  Prophète.  —  Malheureux,  inler- 


CHAPITRE  LXXXIII.  /j29 

(j^  (..A.  ,o...,<  a^-,i;i,_ft  ciJjiLl  iix*4^  -xXjJ  ioL^Jùt^  j^^  l^  aK^j 
(jvXjUu  IjiX^ij  *»^\a*»(Î  Î^Jsofcîj  IgyAA^ngj  X^^  ^r^  o^^i^ 

A^ÀjJ   ^L^?l^  (»-î^  (ijj^  ^VS^  iX*iJ  a^X^aJl  S^UaJI  jjA,UJ!  \^\ 

rompit  Ibn  Moldjem,  ignores-tu  qu'il  juge  d'après  le  livre 
de  Dieu,  et  qu'il  est  le  meurtrier  de  nos  frères  les  vrais 
croyants? Le  sang  de  plusieurs  de  nos  frères  crie  vengeance: 
Ali  doit  mourir.  »  Il  conduisit  son  interlocuteur  chez  Kotam. 
Cette  femme  s'était  retirée,  dès  la  nuit  du  i3  ramadan, 
sous  une  tente  de  tissu  léger  dans  l'enceinte  même  de  la 
grande  mosquée.  Elle  leur  apprit  que  Modjaché,  fils  de 
Werdân ,  réclamait  l'honneur  de  frapper  le  khalife  avec  eux; 
elle  leur  donna  une  étoffe  de  soie  et  excita  leur  fanatisme 
par  ses  exhortations.  Us  prirent  leurs  épées  et  allèrent  s'as- 
seoir en  face  de  la  porto  du  vestibule  par  où  Ali  pénétrait 
dans  la  mosquée,  lorscju'il  venait  cha([ue  matin,  au  premier 
appel  (lu  muc/zin,  réveiller  les  fidèles  pour  la  prière.  Ibn 
Moldjem  rencontra  dans  la  mosc|uée  el-Achàt,  <|ui  lui  dit  : 
«  Honte  à  toi  devant  Dieu!  »  llodjr,  lilsd'Vdi,  surprit  cepro- 
()os  et  dit  à  Achat  :  «  Homme  borgne,  tu  es  l'assassin  d'Ali, 
(|ue  Dieu  te  maudisse]  »  En  ce  moment  \li  sortait  de  chez 
lui  et  répétait  à  haute  voix  :  "  Musnlmaiis ,  a  la  prière!  à  la 


Zi30  LES  PRAIRIES  D'OR. 

Jj>5»j  (jj  »X-**iî  'r'j'*^3  ^^^^-=r^  u'*^  (J-«  J-^J  ^^  (->yà.'i 
(^*i*Â.  Ji   Aj  J«.*iî_5   Ait^Aai  <^^>^  (_AX]aii    *Xa^  ^   eb^^ra.  ^ji 

^r*.  ...AAArfi   ^Y^^    1>^M*ÀÀ)    li^VJ   (J*»Uji    (^^    [J^-^^i    t^'    S^^i 

prière I  »  Ibn  Moldjem  et  ses  complices  se  précipitèrent  sur 
lui  en  disant  :  «  Le  pouvoir  appartient  à  Dieu  et  non  à  loi.  » 
Ibn  Moidjem  lui  porta  un  coup  d'épée  dans  la  tête,  entre 
les  deux  yeux;  l'épée  de  Chébib  alla  frapper  un  des  jam- 
bages de  la  porte;  le  troisième  conjuré  Modjaché,  fils  de 
Werdân  ,  prit  la  fuite.  «  Ne  laissez  pas  échapper  l'assassin ,  » 
murmura  Ali.  On  se  précipita  sur  les  traces  d'Ibn  Moi- 
djem, on  lui  jeta  des  pierres,  on  le  saisit  de  main  en  main 
au  milieu  des  cris  et  du  tumulte.  Un  Arabe  des  Benoù-Hani- 
dân  lui  asséna  un  coup  de  pied  dans  la  jambe;  Mogaïrah, 
fils  de  Naufel,  fils  d'el-Harit,  fils  d'Abd-Moltalib,  le  frappa 
au  visage,  le  terrassa  et  le  conduisit  ensuite  en  présence  de 
Haçan.  Ibn  Werdân,  se  glissant  à  travers  la  foule,  avait  pu 
se  sauver.  Quant  à  Chébib,  il  prit  la  fuite  el  courut  se  réfu- 
gier dans  sa  demeure.  Abd  Allah,  lils  de  Nedjdeh  ,  son  frère 
consanguin,  y  pénétra  en  même  temps  que  lui.  Voyant  le 
meurtrier  arracher  de  son  sein  l'étoffe  de  soie  ((|ue  Kolam 
lui  avait  donnée),  il  lui  demanda  ce  que  cela  siguitiait; 
Chébib  lui  révéla  tout.  Abd  Allah  courut  chez  lui,  prit  son 


CHAPITRE  LXXXllI.  431 

*XaIJI  l4ji^  (-^  Jo  ^j  cioJo  U  aMI^  Jyb  yûj  »j^'^  cjUÎ! 

(jv--»«*-=ij  (j***-^    *^5  C5^^'  ^^^  u'   U*^'    or*  ^Àj^is  cyj5^ 

U  JLLj  (j-JI  i_j*.UJl  ^IajI  JjJiij  ^i3  Jbjob  yl  c^r,i 

sabre,  se  jeta  sui-  Chéhib  et  le  frappa  jusqu'à  ce  qu'il  le 
laissât  expirant. 

On  rapporte  qu'Ali  avait  veillé  toute  celte  nuit-là  et  qu'il 
répétait  en  se  promenant  de  la  porte  au  fond  de  sa  chambre  : 
..Dieu  sait  que  je  u"ai  jamais  menti  ni  été  taxé  de  meu- 
son^'e  :  Cette  nuit  est  bien  celle  où  ma  de&tinée  doit  s'accom- 
plir. «  Au  moment  où  il  sortait,  des  oies  appartenant  à  de 
jeunes  enfants  se  mirent  à  pousser  des  cris  :  un  de  ses  ser- 
viteurs voulait  les  chasser  :  «  Laisse  les  crier,  lui  dit  Ali,  ce 
sont  les  ])Jeureuscs  de  mes  propres  funérailles.  » 

Quelques  personnes  raconlentqu'Aliannonra  en  mourant 
à  ses  deux  fds  Haran  et  Hurein  qu'il  les  associait  à  lui  dans 
le  signe  de  la  pureté  (cf.  tome  1,  p.  67  et  suiv.).  Telle  est  la 
tradition  longu(!n)ent  conimenlée  par  ceux  qui  suivent  l'in- 
lerprétation  textuelle.  On  interrogea  Ali  sur  ses  dernières 
volontés;  un  des  assistants  lui  dit  :  «  Prince  des  croyants,  ne 
\eux-tu  pas  en  nous  quittant  nous  dédommager  de  ta  perte.^ 
Ne  faut-il  pas  élire  tlaran?  —  Je  n'ai  rien  à  vous  ordonner 
ni  à  vous  défendre,  répondit  Ali;  vous  y  aviserez  vous- 
mêmes."  Puis  appclaiil  Haran  el  flnrcin  il  leur  adressa  les 
lecommandalions  suivant(îs  :  «  C<inser\e/.  dans  votre  coeur 


432  LES  PRAIRIES  D'OR. 

bjJS^  oU*^'^5  \-j»-**^^  f^*^'  ^-î^^j  (3^  ^^  ^^-^  ^(S'^  <i^  U^b 


la  crainte  du  Dieu  unique.  Si  le  monde  est  injuste  envers 
vous,  nevous  montrez  pas  injuste  à  son  égard;  ne  vousaban- 
donnez  à  aucune  affliction  terrestre.  Proclamez  la  vérité; 
secourez  l'orphelin;  assistez  le  pauvre;  soyez  la  terreur  de 
l'oppresseur  et  le  refuge  de  l'opprimé.  Que  jamais  une 
plainte  ne  monte  à  Dieu  contre  vous.  »  Et  tournant  ses  re- 
gards sur  le  fils  de  la  Hanéfite,  il  lui  dit  :  «As-tu  entendu 

o 

ce  que  je  viens  de  prescrire  à  tes  deux  frères. *>  —  Oui,  ré- 
pondit-il. —  Ces  conseils,  reprit  Ali,  s'adressent  égàlen)ent 
à  toi.  Respecte  tes  deux  frères,  suis  leurs  ordres  avec  défé- 
rence, et  ne  prends  jamais  une  résolution  sans  les  consul- 
ter. "Puis  il  ajouta:  «  Je  vous  recommande  ce  jeune  homme; 
c'est  voire  plus  jeune  frère  et  le  fils  de  votre  père;  traitez- 
le  avec  bonté  et  respectez  ses  droits.  »  Un  de  ceux  qui  étaient 
là  lui  dit  :  «Prince  des  croyants,  ne  feras-tu  donc  pas  de 
testament  politique?  —  Non,  répliqua  Ali,  je  vous  laisse 
ainsi  que  vous  a  laissés  l'apôtre  de  Dieu.  — ^Mais  que  diras-tu 
à  ton  Seigneur  lorsque  tu  paraîtras  devant  lui.*  »  AH  répon- 
dil  :  "Je  lui  dirai  :  Ô  mon  Dieu,  tu  m'as  laissé  vivre  aussi 


CHAPITRE  LXXXIII.  Zj33 

/ft-xX-o  lH^^j  jJi*£  x«juui  *Xaj  y^j  ^  ^^y?.  W-^  'r'y^  (Jy^ 

v.àX.u»  Lçv9  IjLoJsjj   iCJjXJL   kXj^il   <XÀ£  iiA.=».^L>  ^>i^_5  tX^i'l 
^  J— ^    -xX-A-Mt    (♦Xaï  ijà.*i   *XAi  4M|^   tj'>**'=^  J^J  Xi^jîtXJi^ 

longtemps  qu'il  t'a  plu,  puis  tu  m'as  rappelé  à  toi.  J'aban- 
donne ce  peuple  entre  tes  mains  :  au  gré  de  ta  volonté, 
tu  le  préci[iiteras  dans  le  mal  ou  tu  le  dirigeras  vers  le 
bien.  »  Il  dit  aussi  :  «C'est  dans  une  pareille  nuit,  la  dix- 
septième  du  mois,  que  Josué,  lils  deNoun,  fut  mortellement 
Irappé;  >>  mais  Dieu  ne  le  rappela  à  lui  que  la  vingt-unième 
nuit.  Or  Ali  vécut  encore  le  vendredi  et  le  samedi  et  n'ex- 
pira que  dans  la  nuit  (veille)  du  dimanche.  If  fut  inhumé 
dans  un  vaste  terrain  attenant  à  la  mosquée  de  Koufah. 
L'emplacement  de  son  tombeau  a  soulevé  des  opinions  dillé- 
rentes  dont  il  a  déjà  été  fait  mention  ci-dessus  (p.  289).  Ali 
mourut  âgé  de  soixante-deux  ans;  mais  la  même  incertitude 
règne  sur  cetl«;  (piestion.  Son  iils  U;içan  prononça  alors  ces 
paroles:"!. a  mort  vous  a  ravi,  cette  nuit,  un  homme  qui  ne 
reconnaissait  dr.ns  le  passé  (|u'une  seule  .supériorité,  celle  de 
l'apostolat,  (!t  cjui  ne  sera  égale  par  personne  dans  l'avenir. 
Car  lorsque  l'apùtrc  de  Dieu  le  chargeait  d'une  expédition, 
l'ange  Gabriel  veillait  à  sa  droite,  l'ange  Michel  à  sa  gauche, 
il  quittait  le  clianq)  de  bataille  seulemeul  quand  Dieu  lui 
IV.  ai) 


434  LES  PRAIRIES  D'OR. 

y*)^    dUi    vA^  lI-**J    \xjé*:i  jJfS^    AJLjI    çjMtJl   l>^.£.   ^J-jta   f^ù^lS 

y!  Aj  ,joUa.«  Jj-^jf  '^i^'-ÀA*  J^-^^  i^î  yL*3^l  ^3Ai>  té*^' 

*-?j-«>  »i  '^i^-'XdC  ^^lïyl  ^viai>-  ^  LJ'j-^  Jj-*?;  *^^  (jj,/^^^*" "^ 

,^JUi  Jojis  >i^^jt-i  (j^  jjot! 

avait  donné  ia  victoire.  »  Ce  même  fils  Haçau  prononça  sur 
son  corps  les  prières  funéraires  et  récita  neuf  fois  la  for- 
mule du  tekhir;  mais  on  n'est  pas  d'accord  sur  ce  fait.  Ali 
ne  laissa  ni  or  ni  argent:,  on  ne  trouva  chez  lui  que  six 
cents  dirhems,  provenant  de  sa  part  du  butin  et  qu'il  desti- 
nait à  l'acquisition  d'un  eunuque  pour  le  service  intérieur. 
D'après  une  autre  version,  il  laissa  deux  cent  cinquante 
dirhems,  un  koran  et  un  sabre. 

Quand  le  supplice  d'ibn  Moldjem  fut  décidé,  Abd  Allah, 
fils  de  Djàfar,  demanda  et  obtint  la  permission  d'assouvir  lui- 
même  sa  vengeance  sur  l'assassin.  Après  lui  avoir  coupé  les 
mains  et  les  pieds,  il  fit  rougir  un  clou  au  feu  et  le  lui  en- 
fonça brûlant  dans  les  yeux.  Au  n^ilieu  de  ces  tourments, 
Ibn  Moldjem  lui  dit  :  «Par  le  Dieu  très-haut,  créateur  de 
l'homme,  une  lancette  de  chirurgien  pénétrera  un  jour  dans 
tes  yeux  et  te  ravira  la  lumière.  »  Ensuite  on  le  plaça  au 
niilieu  de  copeaux  enduits  de  résine,  on  y  mit  le  feu  et  il 
périt  dans  les  flammes.  Ymrân ,  fils  de  Hittân  er-Rakachi,  a 


CHAPITRE  LXXXIll.  k'db 

t^  LaaJÎ   .Xj  *wOuj  jUifc.1  ^jlLa-fc.  <JUji^  yUos».   ^jj  yî^xJj 

^iyiL  ijjw»  (j^  ^j^i  ^.'^^^^^i  ^y^^^i  ^j''*^$  ^^-«l^^'^ 

jL»«Xj    <0>(j.À<<*    ^/-^    (J^    >'=^'     uK^    ^^"«^J    SyàtA    (jUT    iSiÀ-w    ti' 

0_jÎ    Xj    CAJt)   aML»^ JsjJlXi   ^  ,_X^^li       UV"^   05**Li   'JiJtAj; 

chanté  le  meurtrier  d'Ali  dans  une  longue  poésie  dont  voici 
un  fragment  : 

O  coup  porté  par  une  main  pieuse,  afin  d'obtenir  les  grâces  du  roi  as- 
sis sur  le  trône  éternel! 

Au  jour  du  jugement  j'invoquerai  son  nom,  et  je  suis  certain  que  nul 
homme  ne  pèsera  d'un  poids  semblable  dans  la  balance  divine. 

Cet  Ymrân  ainsi  que  Hiltàn  son  père  sont  l'objet  de  plu- 
sieurs récils  dont  nous  avons  fait  mention  dans  nos  Annales 
historiques  au  chapitre  intitule  ■<  Histoire  des  kharidjites 
tels  que  les  Azrakites,  les  Ihadites,  les  Hamrites,  les  Safa- 
rites,  les  Nedjdites  et  autres  sectes,  jusqu'à  l'année  3 18  de 
l'hégire.  »  Le  dernier  de  ces  hérétiques  fut  un  certain  Gaï- 
roun  qui,  s'étant  révolté  dans  le  Diar-Rébyâh,  fut  pris  et  en- 
voyé de  la  ville  de  Kefer-Touta  à  la  cour  de  Mokt.idir  Bil- 
lah,  par  Ibn  llamdùn.  Vers  la  même  époque  eut  lieu  aussi 
la  révolte  d'un  autre  sectaire  nomn)é/l 6ou  Clionïb.  Le  meur- 
tre d'Ali  donna  naissance  à  un  grand  nombre  d'élégies,  et, 
de  nos  jours  encore,  elle  a  inspiré  plus  d'un  poète.  Parmi  les 


£i36  LES  PRAIRIES  D'OR. 

t. 

yftj  *JùJi  ^  ».^^Js?  Ajgtiai  ^j^*-«  <i'  t5^j-^^'  .cy^Jl   ^Xkj!^ 


poésies  contemporaines  de  Tévénement,  on  cite  celle  d'A- 
Ijou  1-Aswad  ed-Douali  dont  voici  un  passage  : 

Dis  àMoâwiah,  fils  de  Sakhr  (que  les  blasphémateurs  soient  frappés 
d'épouvante!) , 

Dis-lui  :  As-tu  donc  choisi  le  mois  du  jeûne  pour  nous  faire  pleurer 
la  mort  du  plus  excellent  de  tous  les  hommes, 

De  l'être  le  plus  parfait  parmi  ceux  qui  ont  dompté  un  cheval  ou  mis 
le  pied  sur  un  vaisseau , 

Parmi  ceux  qui  chaussent  des  sandales,  parmi  ceux  qui  lisent  les  cha- 
pitres consacrés,  le  livre  de  l'évidence? 

Quand  j'étais  en  présence  du  përe  de  Huçeïn ,  j'ai  vu  la  lumière  (pro- 
phétique) briller  sur  son  front. 

Partout  et  toujours,  ô  Ali,  les  Korcïchites  sauront  que  lu  remportes 
sur  eux  par  la  double  supériorité  de  la  naissance  et  de  la  foi. 

De  son  côté,  Borek  es-Sarimi  rejoignit  Moâwiah  et  le 
frappa  d'un  coup  de  poignard  au-dessous  des  reins,  tandis 
qu'il  était  en  prières.  11  fut  arrêté  et  conduit  devant  ce  prince , 
qui  lui  dit  :  «Misérable,  comment  te  nonnnes-tu  et  quels 
sont  les  projets?  »  Borek  répondit  :  «  Laisse-moi  vivre  et  tu 


chapitul:  Lxxxiii  437 

JuXft  «Jy^Mi  »«3sjû  ^  UjtjUj  Gis  4rî^b  c^J^j  ii  Jli  J;-si- 

^-^-*-^-^  ^'^  ^3   L>1^  ^li   J^X-is   ,^^Lt**A>lj  JJJ.5  <_^_j  ^^  ^^^ 
Jbj  «Xa-*^  A)Oùâ    (J*Uj!   jà;»-)  JUià  ii)<Xj  j  <^«N?  (X-oI  <:5i.=»" 

L,xAi^  p^Jl  JJi_5  ai^XjiJl  ,j*UJL  *^jli-  jLo  Jo  S^^  jjj^ 

AJJ  _5^5    'SwkXc   J.i^Jv»   OiAAwJL    Aj^jiÀ»  U^^^    «^^X^aJi    /y£  j  ».JÎ 

sauras  tout.  Nous  avons  juré  de  faire  mourir  trois  personnes 
en  cette  même  nuit  :  toi ,  Ali  et  Amr.  Retiens-moi  prison- 
nier :  ou  bien  ces  deux  hommes  ont  été  tués  ou  ils  ont 
échappé  à  la  mort.  Dans  le  second  cas,  rends-moi  la  liberté , 
et  je  me  charge  de  tuer  Ali.  Dieu  m'est  témoin  que,  sitôt 
cet  acte  accompli,  je  viendrai  me  remettre  entre  tes  mains 
et  à  ta  discrétion.  »  Selon  les  uns,  Moâwiah  le  fit  périr  sur 
le-champ;  selon  les  autres,  il  le  garda  en  prison  jusqu'à  ce 
qu'il  eût  reçu  la  nouvelle  de  la  mort  d'Ali;  il  lui  rendit 
alors  la  liberté. 

Quant  à  Zadavveïh,  que  d'autres  historiens  nonnnent  Amr, 
fils  de  Bekr  de  la  tribu  de  Témim ,  lorsqu'il  se  présenta  chez 
Amr,  fils  d'el-Assi,  il  trouva  Kharidjah,  le  kadi  d'Egypte, 
assis  sur  le  trône  et  dans  le  palais  d'Arar,  faisant  les  bon 
neurs  d'un  festin.  D'après  un  autre  récit,  Kharidjah  réci- 
tait au  milieu  (h.'s  fidèles  la  prière  du  malin,  en  l'absence 
d'Amr  (ju'uiie  indisposition  retenait  chez  lui.  I/assassin  (le 
prenant  pour  Amr)  le  fiappa  de  son  sal)re,  A  ses  derniers 
nioineiits  Kliaiidjah  lerut  la  visite  d'Auir  et  lui  dit  :  «  C'est 


438  LES  PRAIRIES  D'OR. 

Sj.J<.s^   (j-S  Ail**i>  ^j^  (^Jv?  (iJ^'J   J«=»-y   ^-*^^^^   'J^J^  ■*WS 

^  Jlii  -ljsjji)î  i«X:5  *^  ujjJll  (j^  ^Sij^\  *1  J-AJi*  LkAi  dlXxS 

IjjyLls  ^^  1;,^  U  di-jjj  5V-i        4^AJLJijJ  jUë  (jS^^  fXAj 

à  toi  seul  qu'il  en  voulait. —  Oui,  répondit  le  prince ,  mais 
c'est  Kharicljah  que  Dieu  avait  désigné.  »  Puis  il  fit  appeler 
le  meurtrier  et  l'interrogea.  Celui-ci  fit  des  aveux  complets 
et  lui  annonça  que  cette  même  nuit  Moâwiah  et  Ali  avaient 
été  tués.  «  Qu'ils  aient  été  tués  ou  non ,  lui  dit  Amr,  il  faut 
que  tu  meures.  »  A  ces  mots,  Zadaweïti  fondit  en  larmes,  et, 
comme  on  s'étonnait  de  cette  marque  de  faiblesse  en  face 
de  la  mort,  après  une  action  aussi  hardie,  il  ajouta  :  «  Dieu 
sait  que  ce  n'est  pas  la  mort  qui  fait  couler  mes  larmes, 
mais  le  regret  d'avoir  manqué  Amr,  quand  Ali  et  Moâwiah 
sont  tombés  sous  le  fer  de  mes  compagnons.  >>  Il  eut  la  tête 
tranchée  et  son  corps  fut  attaché  au  gibet. 

On  entendait  souvent  Ali  répéter  ces  vers  de  sa  compo- 
sition : 


Famille  de  Koreïcli ,  tu  souhaites  que  je  périsse;  mais  ma  mort  ne  sera 
pour  loi  ni  un  bonheur  ni  un  succès. 

Car  si  je  succombe ,  tu  auras  à  payer  la  dette  de  mon  sang  à  deux  lieu- 
tenants (Haçan  et  Huçeïn)  qui  ne  la  laisseront  pas  prescrire.  (Sur  le  sens 
de  ridf,  voyez  C.  de  Perceval ,  ouvrage  cite,  II,  102.) 


CHAPITRE  LXXXUI.  ^39 

^ — y — * — i^  i~^y — i)   ^\i        s^^-X  «iJ.-6"jUj»-  i*X^| 
'^ J.iij — i»  J- — =-  iii         <~^^ 1!   (J-.  ç-y—af   ^i 

<XXX>^    ;X*)OCilj   Jy^Ul     C.J*X.^    y-«    (jl^j    Sjii    t_>U    ^  i^^j.M*£. 

*>s^_5  (^jvaaaJÎ    (jJ*>^   *X.«*Aj    Jot>_j    5.X.A-»   Sj\j\   J^^\^   «i^Sî^-b 

*^ls£  ^  JUj  AAàj  Idff  ^  <^rw  J.Ji>  ^  Jylîl^_^UJlyA^>lj 
>i)Xc  i^i-s*-  *^_j-f  '^_5  "^^  U  ^Ij  ^J^lit/»  ^JJ  cj^  ^Jj-JL^sI  *XS 
4^   dUi  |^*j  y!   ij.Aj3l   A^a)   ^î   il^î  Lfî^  ;^^ï  c:a.:S?"  U 

II  redisait  aussi  ces  deux  vers  : 

Ceins  les  reins  en  lace  de  la  mort,  la  voici  qui  s'avance. 

Ne  tremble  pas  lorsqu'elle  se  dressera  devant  toi  dans  ta  demeure. 

Peu  d'instants  avant  de  recevoir  le  coup  mortel,  tandis 
(|u'il  sortait  de  cbez  lui  pour  aller  à  la  mosquée,  la  porte  en 
tronc  de  palmier  qui  fermait  sa  demeure  lui  ayant  opposé 
de  la  résistance,  il  l'arracha  de  ses  gonds  et  la  mit  à  l'écart. 
En  même  temps  sa  tunique  se  dénoua ,  et  c'est  en  la  rattachant 
qu'il  prononça  les  deux  vers  qui  précèdent.  Moâwiah  avait 
chargé  quelques  alïidés  de  répandre  dans  Koiilali  le  bruit 
de  sa  mort.  Cette  nouvelle  était  déjà  l'objet  de  toutes  les 
conversations,  lors([u'elle  parvint  à  Ali.  11  dit  à  ceux  qui 
l'entouraienl  :  «  C'est  trop  paiN-r  de  la  mort  tie  Moàwiah  ; 
sachez  qu'il  n'est  pas  mort  el  qu'il  ne  mourra  point  avant 
de  posséder  le  sol  (\nv.  je  foule  sous  uics  |)ieds.  l.e  lils  de  la 
Mangeuse  de  cœurs  (surtïom  de  IlincI ,  mère  de  iVIoàvviuh)  veut 


ktiQ  LES  PRAIRIES  D'OR. 

U»  ^— iS-*  is*^^^  ^  (j"*'^^  ;fc<-**''  t*^*  >^^  f'*"**^  or*  <iA*A* 

jJLJS^   ^>i-^^    x-jLjjIj  t_>î*X^I  (^^*   -e.^j,**o  Uj   ^W  ^^3^3 
L»  jJJi  (j^X?  (S^-^i  r^^  JUi.à  o\.j*>0  ^j   oo<XJS  U  0~»i>-' 

J.i&l^,^3l  tjAjlsCi  ^J^lo  t5*>^JV  y^^**--**  ^*^  (^•'^^  »i  ^J^-^^ 

seulement  connaître  ma  pensée.  En  chargeant  ses  émis- 
saires de  propager  ce  bruit,  son  but  est  de  scruter  mes  in- 
tentions à  son  égard  et  d'apprendre  de  ma  bouche  les  des- 
tinées qui  lui  sont  réservées.  »  Ali  prédit  alors  avec  toutes 
sortes  de  détails  la  période  de  Moâwiah,  de  ses  successeurs 
Yézid,  Merwân  et  ses  deux  fds;  il  annonça  l'avènement  de 
Haddjadj  et  les  cruautés  qu'il  exercerait  sur  ses  sujets.  Ses 
paroles  furent  accueillies  par  des  sanglots,  des  pleurs  et  des 
gémissements.  Un  des  assistants  se  leva  et  dit  :  «  Prince  des 
croyants,  tu  nous  as  prédit  de  graves  événements;  doivent- 
ils  réellement  s'accomplir?  —  Oui,  répondit  Ali,  ils  doivent 
s'accomplir;  car  je  n'ai  jamais  menti,  je  n'ai  jamais  été  taxé 
de  mensonge.  — Et  quand  s'accompliront-ils?  •>  demanda  un 
autre.  —  Ali  répliqua  :  "  Quand  le  sang  de  ceci  couvrira 
cela,  »  et  il  posa  une  main  sur  sa  tête,  tandis  que  de  l'autre 
il  montrait  sa  barbe.  Cette  réponse  redoublant  l'affliction  des 
auditeurs  :  «  Ce  n'est  pas  maintenant,  ajouta  Ali,  que  vous 
devez  pleurer  :  vos  larmes  couleront  assez  longtemps  quand 
je  ne  serai  plus.  Presque  tous  les  habitants  de  Koufah  écri- 


CHAPITRE  LXXXIV.  ^kl 

aMÎ_jj  t5:>l»^i  »Ov.À_c  I^^XJtflj  f^jy^  i  l^j-*-  *.t>jU-«  iLi^XJl 


(j*ljJl  iajb».  t5*xJl^  X»MAr*.^   Aj   (jtXAaj  Ltf  ^tAJ^   *^   (J^  ^•*»' 

vent  en  secret  à  Moâwiah  pour  sauvegarder  leurs  intérêts  et 
avoir  part  à  ses  faveurs.  Encore  un  peu  de  temps  et  tout  ce 
que  je  vous  ai  révélé  s'accomplira.  » 

Plus  bas  dans  cet  ouvrage,  après  avoir  décrit  la  piété 
d'Ali  et  cité  quelques-unes  de  ses  paroles  mémorables,  nous 
reviendrons  sur  les  événements  qui  le  concernent,  en  ra- 
contant riiistoire  de  Moàwiah ,  fds  de  Sofiàn.  — La  pro- 
tection vient  de  Dieu  ! 

CHAPITRE  LXXXIV. 

PAROI.KS   MÉMORABLES   D'ALI;  SA   PIÉTÉ  ET  AUTRES  DÉTaII.S 
SDR  SA  VI li. 

Il  ne  porta  jamais  de  vêlements  neufs  pendant  son  rogne, 
et  ne  posséda  ni  terre  ni  maison  ,  à  rexcoption  d'un  domaine 
à  Yanbo  qu'il  employait  en  bonnes  œuvres  et  en  dotations 
pieuses.  On  a  conservé  de  lui  quatre  cent  (jualre-vingts  et 
(pielques  homélies,  comprises  dans  le  recueil  complet  de 


442  LES  PRAIRIES  D'OR. 

>JL5^3  i^jjj  *.À£  dUi  (j*.Ul  J^l«Xj  ii^j^xJI  ^^  ^-^ij^J  AAki». 

5^^î  I^ûL^XhO  «^  c^A^iLo^  ^^^_j  14-wàj  0»^^  ^^I^J  cyib^ 
iuçjljtj  t.::>jiOoi^  iCxAj^  c>-s*.ljj  ^jj^j-iJI  ^j^  1^jj^j«m»o  c:A.i^J5 
UJ0?-_5  iUliXjJl   «liXi  Jlss-j  1>J»«XJ  Uj^jitf^   W-fc^J  'jr»*5^ 

ses  Séances.  Fruits  de  l'improvisation ,  elles  se  transmettaient 
par  la  parole  et  servaient  de  règle  de  conduite. 

Quelqu'un  lui  demandant  quels  étaient  les  meilleurs  parmi 
les  serviteui^s  de  Dieu,  il  répondit  :  «  Ceux  qui  se  réjouis- 
sent de  faire  le  bien  et  se  repentent  de  faire  le  mal;  ceux 
qui  donnent  en  remerciant,  qui  supportent  avec  patience 
l'adversité  et  expient  par  le  repentir  un  mouvement  de  co- 
lère. »  Il  disait  aussi  : '«  Le  monde  est  une  demeure  sûre 
pour  qui  en  use  avec  sincérité,  un  séjour  salubre  pdur  qui 
sait  le  comprendre,  un  trésor  pour  qui  peut  y  amasser  des 
provisions.  La  terre  est  le  temple  des  prophètes,  l'oratoire 
des  auges,  le  but  de  la  révélation  divine,  un  lieu  de  trafic 
où  les  saints  amassent  des  trésors  de  miséricorde  et  gagnent 
le  paradis.  Pourquoi  maudire  ce  bas  monde  .^  Est-ce  qu'il 
ne  nous  avertit  pas  que  la  séparation  est  prochaine. ^  Est-ce 
qu'il  ne  nous  annonce  pas  son  départ  imminent  .^11  pleure 
sa  fin  et  celle  de  ses  enfants.  Ses  épreuves  nous  enseignent 
à  supporter  le  malheur;  ses  joies  qui  finissent  dans  les 
larmes,  la  douleur  qui  en  est  le  dénoûment  doivent  forli- 


CHAPITRE  LXXXIV.  443 

(j-«  /wM*.^.!  Iajjo!  ^<x-«  i  )t<\Afcj  ^_j  tyjULSfc-l  viiÀ*  4^*j  '^j 

fier  noire  âme  en  l'avertissant,  en  refTrayanl  et  en  l'excitant 
au  bien.  Les  uns  blâment  le  monde,  quand  ils  touchent  au 
repentir;  les  autres  l'exaltent,  quand  ils  ont  reçu  la  rétribu- 
tion de  leurs  œuvres.  Si  le  monde  les  avertit,  ils  doivent 
se  rappeler  ses  vicissitudes;  s'il  ne  les  trahit  point,  ils  doi- 
vent le  servir  avec  loyauté.  O  vous  qui  maudissez  le  monde 
et  cédez  à  ses  illusions,  quand  donc  l'avez-vous  trouvé  cons- 
tant.^ Quand  vous  a-t-il  séduit  de  lui-même?  Est-ce  en  vous 
oifrant  le  spectacle  de  vos  pères  abattus  par  le  malheur,  de 
vos  mères  couchées  au  fond  d'un  cercueil?  Que  de  fois 
u'avez-vous  pas  soigné  de  vos  mains  et  tenu  dans  vos  bras 
ces  chers  malades  dont  vous  souhaitiez  si  ardemment  la 
guérison?  En  vain  vous  appeliez  à  leur  secours  toutes  les 
ressources  de  l'art;  vos  soins  ont  été  inutiles,  vos  vœux  ne 
leur  ont  pas  rendu  la  vie.  Profitez  de  l'exemple  que  la  for- 
tune plaçait  sous  vos  yeux;  comme  eux,  vous  tomberez  sous 
le  coup  fatal,  et,  ce  jour-là,  ni  vos  larmes  ni  le  dévouement 
de  l'amitié  ne  pourront  vous  y  soustraire.  »  Cet  éloge  du 
monde  est  certainement  le  |)liis  vr;u  et  le  plus  éloquent  qui 
ait  jamais  été  prononce. 

Voici  encore  une  autre  sentence  d'Ali  sur  le  même  su- 


kkli  LES  PRAIRIES  D'OR. 

*l_À-ji  (J-.  !_5..j^ili  *L*jl  ««X^Jj  p\m\  >«>^^^  «Xaa^  c^J^^^Î 

UajjJb  Uj«xJî  \yà>^^  UaIs  fUij  Uii^  cjÎ^aJÎj  IIoUao  tj^j'^' 
(J-»  ^^-i—viî  ^jw»_j^ cy!^j--g— *<*Jl  (J-*  !^A«  <xà4»'  (il  ^jj>-A-Mii  (j^j  X) 

^(._A-Lc  oOl^  LaJ*xJI    i   vX.iùj   (j^^   eyU^   (j*  jisyjUII 
J._d>l   ^j_5j~»^  (jJ<>^  CiJV*-»-»'^  -î^   i  '>^à4^  cK^i  eJji^J  /o^^ 

j(s^A**jij!  iij_y>U  J^j\j^]^  ^hy^  &^y^^  (:J^-?  *>**-*  j^-*^'  ij^UJi 

jet,  telle  que  l'histoire  nous  l'a  conservée  :  «  La  vie  ter- 
restre s'éloigne  et  fuit,  la  vie  future  vient  au-devant  de  nous  : 
l'une  et  l'autre  ont  leurs  enfants.  Soyez  les  enfants  de  la  vie 
future  et  non  ceux  de  la  vie  périssable;  méprisez  les  biens 
de  celle-ci  pour  n'aspirer  qu'aux  joies  de  l'autre  vie.  Ceux 
qui  ont  renoncé  au  monde  dorment  sur  la  terre  nue,  le  front 
clans  la  poussière;  l'eau  fait  leurs  délices.  La  terre  n'est  à 
leurs  yeux  qu'un  bien  passager  et  d'emprunt.  Celui  qui  sou- 
pire après  le  ciel  méprise  les  séductions  de  la  chair;  celui 
qui  redoute  le  feu  éternel  s'abstient  des  plaisirs  défendus. 
Le  renoncement  au  monde  rend  faciles  les  épreuves  de  la 
vie,  l'attente  du  ciel  ouvre  la  voie  des  bonnes  œuvres.  Parmi 
ses  serviteurs,  il  en  est  à  qui  Dieu  montre,  pour  ainsi  dire, 
les  élus  au  sein  de  la  félicité  éternelle,  les  réprouvés  au  mi- 
lieu des  tortures  de  l'enfer.  Ces  cœurs  fidèles  ne  divulguent 
pas  les  secrets  qui  leur  sont  confiés.  La  conscience  en  re- 
pos, ayant  peu  de  besoins  ici-bas,  ils  patientent  quelques 
jours  encore  dans  l'espérance  des  joies  infinies  que  le  ciel 


CHAPITRK  LXXXIV.  445 

(jpj— «  (j-«  /»■■{}—.>  Uj  ijpj-^  Jyixi  ^jiiUil   A.g-*J1  vlàÀj  iliUx!!^ 

J^Jij"  L»  JUi  ^>l   wlàJol^  i^JJ  tK^'t  \aj<X^  IjUjctè  <:>.i<v>.<gi 

v^xl^^jfc-j  t->L*k,s».  l^!5\j>.  {jys»-  \,^MjÀ'À»\  (j~t^  ^^yCj  l^Ai  ^^uiiUMÎ 

leur  réserve.  La  nuit,  pieusement  proslernés,  le  visage  bai- 
gné de  larmes,  ils  implorent  leur  Seigneur  et  cherchent  à 
s'afTranchir  du  joug  qui  courbe  leur  cou.  Le  jour,  docteurs 
ou  magistrats,  mais  toujours  austères  et  vénérant  Dieu,  la 
terreur  du  mal  et  l'adoration  les  rassemblent  comme  de  ti- 
mides oiseaux.  En  les  voyant,  on  les  croirait  souffrants  et 
malades;  ce  n'est  pas  cependant  la  maladie  qui  circule 
dans  leurs  veines,  mais  la  pensée  terrible  du  feu  éternel  et 
des  damnés.  »  —  «  Mon  cher  enfant,  disait-il  à  Ilaran,  veux- 
tu  être  l'égal  d'un  autre  homme?  Sache  te  passer  de  lui. 
Son  esclave?  Tends  la  main  devant  lui.  Son  maître?  Ac- 
rorde-lui  tes  bienfaits.  »  Un  de  ses  amis  l'ayant  abordé  en 
disant  :  «  Comment  se  porte  le  prince  des  croyants?  «  il  ré- 
f)oiulit  :  «  Comme  un  pauvre  pécheur  vivant  du  lot  (|ui 
lui  a  été  assigné  et  attendant  le  terme  fatal.  »  —  «  Que  diles- 
vousde  ce  monde?  »  lui  demanda  son  interlocuteur.  —  «  Que 
pnis-jedire,  reprit  Ali,  d'une  demeure  au  seuil  de  laquelle 
esl  la  douleur  et  à  l'autrf;  extrémilé  la   moil?où   le  riche 


446  LES  PRAIRIES  D'OK. 

JLjLi  Idfi  J  ;_>-«>  >1  JUi-i  îtXitj  iùjljc*  ^^  4^  ^jol^jj*.  (j-« 
jii  Ui  Jb  dLJi  (j^  vX-j 'il  iù^lx^  Jli  (jv.ÀvOjJiî  ^jiA^i  (^J^,^\ 
(^_j.JUI  <X_>Js-ii  (^«Xi!  *Xwt)  <Jm6j  (jI^  (jlî  kilii  ^j^  «Xj  iJ  (jl^ 
iL$i!iL  ;5^J»^j  *^j',^^  (j-«  i^S^/^'^?  ^'Xi  <*^^^  !5X„»ai  Jyb 

est  condamné  à  la  corruption,  et  le  pauvre  à  la  misère;  où 
un  jugement  sévère  attend  les  bons,  et  le  feu  éternel  les 
méchants  ?  —  Quels  sont  les  heureux  de  ce  monde  ?  —  Ceux , 
répondit  Ali,  qui  dorment  sous  la  terre,  exempts  des  tour- 
ments de  Tenfer  et  dans  l'attente  d'une  récompense.  « 

Un  des  intimes  d'Ali,  Dirar,  fils  de  Damrah,  étant  chargé 
d'une  mission  auprès  de  Moâwiah,  ce  prince  lui  dit  :  «  Fais- 
moi  le  portrait  d'Ali.  ^^Que  le  prince  des  croyants  veuille 
bien  m'excuser,  répondit  Dirar.  —  Parle,  je  le  veux,  »  ré- 
pliqua Moàwiah.  Dirar  reprit  :  «Puisque  vous  l'ordonnez, 
sachez  que  c'était  un  homme  qui  embrassait  un  horizon 
immense  et  déployait  une  rare  énergie.  Sa  parole  était  un 
arrêt,  ses  jugements  reposaient  sur  la  justice.  La  science 
rayonnait  autour  de  sa  personne,  la  sagesse  se  manifestait 
dans  son  attitude.  Les  mets  les  plus  grossiers,  les  vêtements 
les  plus  humbles  étaient  ce  qu'il  recherchait.  A  toutes  nos 
den)andesil  accordait  une  réponse,  à  toutes  nos  prières  un 
bienfait.  Malgré  notre  intimité  et  la  familiarité  qu'il  nous 
témoignait,  nous  n'osions  pas  lui  adresser  la  parole  ni  l'ap- 


CHAPITRE  LXXXIV.  447 

Jl  -I  c:A.ej-xj  Jl  ^£^.^  ^£,jS'  Uji  L  Jyij_5  (^-fj^  ^iSLi  c^Ou^y 
.y  lji'5X._j    kiLX-X-vL  *X3   (Juvsr*.   M^-s»-   >y  ci>L^jU&    u:*l^j^^  Ci»ji»,*io 

peler,  tant  était  grand  le  respect  dont  nos  cœurs  étaient  pé- 
nétrés. Son  sourire  laissait  voir  une  rangée  de  perles.  Il  ho- 
norait la  piété  et  soulageait  l'infortune.  On  voyait  toujours 
à  sa  table  un  orphelin  de  sa  famille  ou  un  pauvre  nécessi- 
teux. Il  habillait  ceux  qui  étaient  nus  et  secourait  ceux  qui 
étaient  sans  défense.  Il  abhorrait  le  monde  et  ses  pompes 
menteuses;  il  ainiait  la  nuit  et  ses  ténèbres.  Je  crois  le  voir 
encore,  lorsque  la  nuit  avait  étendu  ses  voiles,  vers  l'heure 
où  les  étoiles  descendent  à  l'horizon,  prosterné  dans  son 
oratoire,  sa  barbe  dans  les  mains;  il  s'agitait  comme  un 
blessé,  et,  répandant  des  larmes  amères,  il  s'écriait  :  oô 
monde,  séduis  un  autre  que  moi!  Est-ce  moi  que  tu  peux 
attaquer?  Que  me  font  tes  séductions?  Va,  fuis  loin  d'ici! 
Ton  heure  n'est  pas  venue.  Je  te  répudie  trois  fois  (for- 
mule du  divorce)  et  sans  retour.  Brève  est  ta  vie,  misé- 
rables sont  tes  joies,  éphémères  tes  honneurs!  flélas!  que 
les  provisions  sont  iusullisantes  pour  un  voyage  aussi  long 
à  travers  de  si  horribles  solitudes!  »  Moâvviah  ajouta  :  «Re- 
dis-moi encore  (juelques-unes  de  ses  paroles.  -  Dirar  conti- 
nua ainsi  :  «  Ali  disait  souvent  :  "  C<'  qu'il  y  a  de  plus  élon- 


448  LES  PRAIRIES  D'OR. 

I^yJiJi  ^51*  ^jl_5  ^^  aSCUI  ^.JaJi  Ao.  JU  yl_5  ^.Jaii  ^il 

sUisî  i)U  :>ljl  ^jîj  ^>4i  -î^^^ï^  oy^  ^b  y^j  J^^  t$^  i5^jJ^ 

S\s  *-S-  ^^i-*  <xj:jcçvy  U  jaJT  i^jï  ^5  (jl  cjlgA^  JUi  x*:iO 
^^  <_>i  J^A-i^  L   ^  JUi  -5-j  ci>li  :>1j;  (jj  J^i»  ^^s-*»^  a:o«o- 

nant  chez  rhomme,  c'est  son   cœur  avec  les  germes   de 
sagesse  et  les  sentiments  opposés  qui  s'y  livrent  un  perpé- 
tuel combat.  Dès  que  l'espérance  sourit  à  l'homme,  l'am- 
bition l'asservit  et  l'entraîne  dans  l'abîme   de  la  passion 
effrénée.  S'il  s'abandonne  au  découragement,  le  désespoir 
le  tue;  s'il   cède  à  la  colère,  bientôt  sa  fureur  ne  connaît 
plus  de  bornes.  Si   la  providence  le  favorise,  il  perd  le 
souvenir  de  ses  bienfaits.  Si  la  crainte  le  domine,  il  se 
déshonore  par  sa  lâcheté.  Au  sein  des  richesses,  il  se  cor- 
rompt; sous  l'étreinte  de  la  pauvreté,  il   tombe  dans  les 
hontes  de  la  misère.  La   faim  l'aiguillonne;  l'inanition  le 
renverse.  S'il  s'abandonne  au  plaisir  de  la  table,  son  esto- 
mac succombe  sous  un  lourd  fardeau.  Les  privations  l'é- 
puisent;  les  excès  le  mènent  au  tombeau.  »  Moâwiah  invita 
Dirar  à  lui  répéter  tout  ce  qu'il  avait  recueilli  de  la  bouche 
d'Ali.  «Il  me  serait  impossible,  reprit  celui-ci,  de  rappor- 
ter tout  ce  que  je  lui  ai  entendu  dire;  mais  voici  le  conseil 
qu'il  donnait  un  jour  à  Komeïl,  fils  de  Ziad  :  «  O  komeïl, 
ne  louche  pas  au  fidèle,  car  il  est  sous  la  tutelle  du  ciel;  sa 


CHAPITRE  LXXXIV.  liU9 

J^JLj  i^JCx^w^   Jlï  x)-^jk»*xii   (j-*vlsî  xs^aaA^  (0-4^  «^^^î  ^•i>5^ 

'^i  J^-M<;  ^J^J     ii^s^  xa>xS^  i^  »3^^^  iyKS.  y^Iûj  y^C 

vie  est  précieuse  aux  yeux  de  Dieu ,  et  son  oppresseur  de- 
vient l'ennemi  de  Dieu  même.  Je  vous  Je  dis  :  craignez  ce- 
lui qui  n'a  d'autre  prolecteur  que  Dieu.»  Un  autre  jour, 
je  lui  ai  entendu  dire  :  «  Si  la  fortune  sourit  k  quelqu'un, 
elle  lui  prête  les  qualités  qu'il  n'a  pas;  si  elle  l'abandonne, 
elle  lui  retire  en  même  temps  ses  propres  qualités.  —  Le 
spectacle  de  l'opulence  chasse  la  résignation.  —  Chaque 
regard  du  fidèlf  doit  êlre  un  enseignement;  son  silence, 
une  méditation;  sa  parole,  une  sentence.  » 

Lorsque  DjàCar,  fils  d'Abou  l'alib  et-Tayar,  eut  été  tué  à 
Moutah,  bourgade  de  Syrie,  le  Prophète  n'envoyait  jamais 
\li  en  expédition  sans  dire  :  -<  Seigneur,  ne  me  laisse  pas  seul , 
loi  qui  es  le  meilleur  des  héritiers.  »  (  Koraii,  \\i,  Sq.)  A  la 
bataille  d'Ohod,  Ali  ayant  chargé  et  dispersé  un  escadron  de 
l'armée  infidèle,  Gabriel  dit  au  Prophète  :  "Mohammed, 
voici  une  consolation  (à  ta  défaite).  —  Ali,  dit  le  Prophète, 
est  avec  moi. — Et  moi,  répliqua  l'ange,  je  suis  avec  vous 
deux.  "  dette  tradition  est  enseignée  par  Ishak,  qui  la  tenait 
d'Abou  Isravil  et  d'.inlres  personnages. 

IV.  2,, 


Zi5()  LES  PKAIHIES  D'OR 

»i^lî  Î^-A*J  :>yb  J.S-;  <>0^^    Ci^i»'  ^^  U  Igii  |i^i;:5    iU^JL? 

Ali  s'arrêta  un  jour  devant  un  mendiant  et  dit  à  Haçan  : 
«  Prie  ta  mère  de  lui  donner  uadirhem.  »  Fatimah  lui  dit  : 
«  Il  ne  nous  reste  plus  que  six  dirîienis  pour  acheter  de  la 
farine.  »  AH  répliqua  :  «On  n'est  vrai  croyant  qu'à  h  cou 
dition  de  compter  moins  sur  ce  que  l'on  possède  que  sur 
les  bienfaits  de  Dieu,  »  et  il  lui  prescrivit  de  donner  les  six 
dirhems  à  ce  pauvre.  Sur  ces  entrefaites,  passe  un  homme 
conduisant  un  chameau  par  la  bride.  Ali  le  lui  achète  au 
prix  de  cent  quarante  dirhems,  en  demandant  huit  jours 
pour  le  payer.  Il  n'avait  pas  encore  défait  la  corde  qui  rete- 
nait l'animal ,  qu'un  autre  Arabe  arrive, -examine  le  chameau 
attaché  et  en  demande  le  prix.  «Deux  cents  dirhems,  ré- 
pond Ali. — Je  l'achète,  »  lui  dit  cet  Arabe;  il  pèse  la  somme 
entre  les  mains  d'Ali  et  s'en  va.  Ali  met  à  part  cent  qua- 
rante dirhems,  prix  de  son  premier  marché,  et  porte  les 
soixante  autres  dirhems  à  Fatimah.  «  D'où  vient  cet  argent?  » 
demande-t-elle.  Ali  répond  :  «  C'est  la  confirmation  de  cette 
parole  de  ton  père  :  Une  bonne  action  rapporte  dix  fois  sa 
valeur.  •. 


CHAPITRE  LXXXIV.  451 

sU^U    ^ei^.À.>4  ^^^i    S^^oUJ  Jljtj   if.jyju**j)^  ^^   ^j^  ^j^Uj  r*%À'^ 

fXjlî  Jlï  aMI  J_^^  ._,*-*o  ^i  4wL  i^jxj  l^ilï  ^î  '^^-^«j  c_>LJl 

C^AjtfwJ  *X4^lî  Jlij  xsXÀJ  I  JsJÛ  Uî  I^JtJ  t^Us  j,!  (J.J  ^  <_>U<Jî 

jjUI  j^-*-w  <ii  ^y^\  ^tii       »J-4^  CUS-ftt.  dLxJ^  'jç/-^-^ 

Ibn  Abhas  (qui  était  devenu  aveugle)  entendit  un  jour 
une  troupe  d'hommes  qui  se  plaignaient  d'Ali  et  l'injuriaient. 
Il  ordonna  à  son  guide  de  le  conduire  près  de  ces  gens  et 
leur  dit  :  «  Qui  de  vous  ose  insulter  Dieu  ?  —  Insulter  Dieui 
répondirent  ceux-ci;  le  Ciel  nous  en  préserve!  —  Qui  de 
vous  insulte  son  Apôtre?  —  Dieu  nous  garde  d'insulter  son 
Apôtre!  —  Qui  de  vous  insulte  Ali? —  Quant  à  Ali,  répon- 
dirent-ils, c'est  vrai.  »  Ibn  Abbas  leur  réplif|ua  :  «J'atteste 
que  j'ai  entendu  le  Prophète  dir(>  :  <-  Celui  qui  blasphème 
«mon  nom  blasphème  le  nom  de  Dieu;  celui  qui  blas- 
"  phème  le  nom  d'Ali  blasj)hèine  mon  nom.  »  Ils  baissèrent 
la  tète  et  se  turent.  En  s'éloignanl,  Ibn  Abbas  demanda  à  son 
guide  :  -«  Quelle  contenance  ont- ils?  «Cet  homme  répondit  : 

Us  te  rcf^aideiil  diii»  ail  cnllaiiinu',  ronimc  le  bouc  regarde  le  cou- 
teau du  houcluT. 

«  Continue,  lui  dit  Ibn  Abbas;  (pic  mon  pt-rc  et  ma  mère 
soient  ta  rançon!  »  Le  guide  ajouta  : 


452  LES  PRAIRIES  D'OR. 

jji\jô\  _>i?>*îi  Jl  J-A^iXJi  ^j        f^j^*^i^  (£^\y  [jy*^'^  ji>=^ 

A_JÎ  A— »à;  (_^  (jJ  (JV*^^  (:^  <i^  (Jt»  '^^  *-*^5  (^  '^■^  (i)^' 
«X_^  *K-x_j  (fi^^  (^5  Wr^J  ^J^-)^  <^^î  i^X^iMi  iiiS^A^  ,5  Jlï 
AÀ^  jju  U  <xa55Lo  ^.*Î  J^  ^i^Awj  (^  i'^Kxa}]^  n)^  IàaJI^  aMI 

D'un  coup  d'oeil  oblique  et  la  tête  basse,  comme  un  humble  esclave 
en  présence  d'un  niaîlie  superbe. 

"Poursuis,  dit  Ibn  Abbas.  — J'ai  oublié  le  reste,  avoua 
le  guide.  - —  Je  ne  l'ai  pas  oublié,  uioi,  »  répliqua  Ibn  Ab- 
bas, et  il  acheva  ainsi  : 

Ceux  d'entre  eux  qui  vivent  encore  pleurent  leuis  morts,  et  leurs  morts 
sont  la  honte  de  ceux  qui  les  ont  précédés  dans  la  tombe. 

Plusieurs  traditionnisles,  sur  l'autorité  d'Abou  Abçl  Allah 
Djâfar,  fils  de  Mohammed,  et  celle  de  son  père  Moham- 
med, fils  d'Ali,  fils  d'el-Huçeïn,  fils  d'Ali,  rapportent  que 
dès  l'aurore  qui  suivit  la  nuit  où  il  fut  frappé  par  Ibn  Mol- 
djem,  Ali,  après  avoir  béni  le  saint  nom  de  Dieu,  et  prié 
pour  le  Prophète,  parla  ainsi  :  "  Tout  homme  va  au-devant 
du  sort  qu'il  évite,  il  est  fatalement  poussé  vers  le  terme  de 
la  vie,  et  ses  efforts  pour  s'y  soustraire  l'en  rapprochent. 
L'existence  se  consume  dans  la  recherche  de  ce  mystère; 
c'est  Dieu  lui-même  qui  en  a  dérobé  la  connaissance  :  n'es- 
sayons pas  de  sonder  cet  abîme.  Voici  mes  dernières  volon- 
tés :  à  l'égard  de  Dieu,  ne  lui  donnez  pas  d'associé;  à  l'égard 


CHAPITRE  LXXXIV.  ^53 

j<s— ^-t  [«^'j  (H^  (z^-^J  f^^"^  'riJ  *^^-«»4'  (j^  v^>ij».j  »i^^ 

«îul^sl.*»,  ijLs-  iLiis»  <^*Xjtj  ^j^  (3-S'3  vS*"  tj^'^'  CJ^  ^Ji*^^ 
jjl^î  «-jyts*.^  (S^*^^  (OMr^^i*^-  (>i^  '^"«"'V  X-^iil^  *-J^.=^  «^*J 

de  Mohammed,  n'abandonnez  point  sa  sainte  doctrine.  Main- 
tenez inébranlables  ces  deux  colonnes.  Que  chacun  de  vous 
accomplisse  sa  tâche  dans  la  mesure  de  ses  forces  et  ne  s'em- 
barrasse pas  du  reste.  Un  maître  miséricordieux,  une  reli- 
j,'ion  solide,  un  imam  instruit  (voilà  ce  qu'il  vous  faut).  Nous 
avons  vécu  à  une  époque  agitée  par  des  vents  impétueux; 
le  nuage  dont  l'ombre  fugitive  nous  couvrait  a  rendu  la  vie 
au  sol  ([u'il  a  arrosé.  Je  laisse  après  moi  un  jardin  où  le  calme 
succédera  à  l'agitation,  le  silence  aux  paroles  tumultueuses. 
Suivez  ma  direction  et  mon  impulsion  intimes  :  elles  ren- 
ferment plus  d'enseignements  pour  vous  qu'un  discours  élo- 
quent. Mes  adieux  sont  ceux  d'un  homme  qui  épie  l'heure 
du  retour.  Demain  vos  yeux  seront  dessillés  et  mes  secrets 
mis  au  grand  jour.  Adieu  à  vous  tous,  justpi'au  jour  où  nos 
vœux  seront  exaucés.  Hier,  j'étais  votre  ami;  aujourd'lmi,  je 
suis  pour  vous  un  exemple;  demain,  je  vous  quitterai.  Si 
je  survis,  je  me  charge  de  ma  vengeance;  si  je  meurs,  je 
les  attends  au  jour  de  la  résurrection.  \a'  paidon  suit  la 
crainte  de  Dieu.  «  Ne  tiésirez-vous  pas  (|ue  Dieu  vous  par- 


~Zi54  LES  PRAIRIES  D'OR. 

c:*jLju3l^  o«-9^l   «Xi  ii^iwilî  ^j\^  f'^^^  c:AJi»i3  *^Ji$  «Xi 

y,..eLj  ^^1  ^xjuj  ^  (j^  ^ji^  ^î  Wt;^  pb  jU^^  ^j  ly-^^lls 

^_A-Lft  o^-^5  ^^  o^-i-i  (ji^  ^y5  t^  ^>îi3  (^«iûJb  ^o^i 

donne  vos  péchés?  Il  est  indulgent  et  miséricordieux.» 
[Koran,  xxiv,  22.)  Dans  un  autre  discours  prononcé  avant 
celui-ci  sur  le  renoncement  au  monde,  Ali  s'exprime  ainsi  : 
«Le  monde  s'enfuit,  l'heure  des  adieux  approche;  la  vie 
future  s'avance,  elle  arrive  et  se  lève  à  l'horizon.  Aujour- 
d'hui, la  liberté  dans  les  verts  pâturages;  demain,  l'entrave! 
Il  vous  est  accordé  un  délai  suivi  du  terme  fatal.  Celui  qui, 
avant  l'expiration  de  ce  terme,  a  profité  des  jours  de  répit 
a  fait  un  marché  avantageux  et  ne  sera  pas  pris  au  dépourvu 
le  jour  du  payement.  Celui  qui  n'a  pas  tiré  parti  de  ce  dé- 
lai sera  condamné  comme  insolvable.  Dans  l'espérance, 
comme  dans  la  crainte,  adressez-vous  également  à  Dieu. 
Chose  étrange!  celui  qui  aspire  au  ciel  et  celui  qui  redoute 
l'enfer  sont  plongés  l'un  et  l'autre  dans  le  sommeil.  L'homme 
que  la  vérité  ne  sauve  pas  se  perd  par  le  mensonge  ;  si  la 
révélation  ne  le  soutient,  l'erreur  l'enveloppe  et  l'entraîne. 
Vous  êtes  condamnés  à  un  long  voyage  pour  lequel  des  pro- 
visions vous  sont  offertes;  mais  ce  que  je  redoute  avant  tout 


CHAPITRE  LXXXIV.  455 

a_>ULju«j  jousLà-oj  ^^  J^LoLj^      J-«^J  J^3  t>^1r^'  P-^^ 

i  :X-«LJa.^j!  Aw«^\_j  tî_^îj  Sj^.-^j  SjUiwt  ^j^  Jjj:  4^  UajI 
.>._^  jTjU-^l  i   yl^ii/i  ^\ù^  vUX,  ^^iî  U^UlT 

x-^^-Â  tAjlÀj^  "^^-î^^î  v'^'  *^vS^'  ^j'^^^^  Vj^î  ayu^M 
Jj-««^i  »,-;>aÀJÎ3  àj.^!^  U^^'   ^'    ^5"!^*-^'   ti  cXAiîÀJi  as*Aa^ 

pour  vous-mêmes,  c'est  l'entraînemeul  des  passions  et  la 
longueur  du  délai  qui  vous  est.  accordé.  » 

Qu'on  ne  cherche  ni  dans  ce  livre  ni  ailleurs  la  peinture 
lidèle  des  vertus  d'Ali,  de  ses  grandes  qualités,  de  ses  sages 
discours,  de  sa  piété  et  de  son  austérité.  C'est  un  sujet  si 
\aste  que  tous  les  développements,  tous  les  détails  seraient 
insuffisants.  On  trouvera  cependant  une  esquisse  de  son 
hisloirc  et  de  sa  biographie,  ainsi  que  tle  ses  sentences  et 
lioinélies,  dans  notre  livre  intitulé  Jart/t/t  des  intelligences  ou 
llisloire  de  la  famille  du  Prophète,  et  dans  un  autre  de  nos 
écrits  dont  le  litre  est.  Les  jalons  de  l'histoire  et  les  curiosités 
des  monuments ,  ouvrage  qui  traite  de  la  lumière  pure  et  de 
la  race  sans  tache,  porte  de  la  miséricorde  et  source  de  la 
sagesse.  (CI.  tomel,  p.  8  et  p.  5G.) 

Si  le  nom  glorieux  de  premiers  musulmans,  l'honneur 
d'avoir  accompagné  le  Prophète  dans  sa  luite  et  sur  les 
champs  de  bataille,  d'avoir  vécu  dans  son  intimité  et  versé 
son  sang  pour  lui;  si  la  vraie  notion  du  Koian  et  de  la  ré- 
vélation,   la   guerrt'    pour   la  cause  sainte,    la   pudeur,    le 


456  LES  PRAIRIES  D'OR. 

^^.A^niJI  Ifliljjjjill  t-.yvkaJî  *-o  ^i^j  (_^*î  dUi  ^Kj  j^-«-î'j 
isK-i.jf   ^-*  c^l    ^y*^   «^  ^^   ^   *^'»  ^   ^cw*A^  ^j   ^î   o^ijl 

»3Lc:>  K,i  «i:>U  (j^  iU^  »iJîj  (^  Jl^  I^î  s^^j.^  (J-«  &^y 
Jô^àî  l^ljSlkJl  ^j^jl  *.Ail  j.0sj»  *XÏ3  p:i^.-M*]|j  i{5\Aail  <îuX* 

renoncement,  la  pratique  de  la  justice,  la  connaissance  du 
droit  et  de  la  science  en  général  ;  si  tous  ces  titres  placent 
les  Compagnons  du  Prophète  au-dessus  des  autres  hommes, 
certes  Ali  doit  être  mis  au  premier  rang,  puisqu'il  posséda 
la  plus  riche  part,  l'ensemble  le  plus  parfait  de  ces  mé- 
rites. Mais  les  paroles  mêmes  du  Prophète  lui  assignent  une 
place  distincte.  Mahomet,  dont  les  paroles  sont  hors  de  toute 
contestation,  de  toute  opposition,  ne  lui  a-t-il  pas  dit,  en 
instituant  XOràre  de  la  fraternité  :  «  Ali ,  tu  seras  mon  frère?  » 
Et  aussi  :  «  Tu  es  auprès  de  moi  ce  que  Aaron  était  auprès 
de  Moïse;  mais  il  ne  viendra  plus  de  prophète  après  moi.  » 
Et  cette  autre  sentence  :  «  Qui  m'aime  aime  Ali.  0  mon  Dieu! 
protège  ses  amis,  combats  ses  ennemis.  »  Enfin  le  souhait 
exprimé  par  Mahomet,  lorsque  l'oiseau  anas  lui  fut  envoyé  : 
«  Seigneur,  conduis  auprès  de  moi  celui  de  tes  serviteurs 
que  tu  préfères,  afin  qu'il  mange  avec  moi  cet  oiseau,  »  pa- 
roles qui  furent  suivies  de  l'arrivée  d'Ali,  etc.  jusqu'à  la  (in 
de  la  tradition. 

Ces  prérogatives  et  bien  d'autres  encore  s'unissaient  chez 


CHAPITRE  LXXXIV.  457 

fi-^^^  (j^^r*^  /6-fri*  ijolj  y£>j  ^BJtU»  <^iJl  (jàAi^  ^;-i^b_5 

(jJuiJ\^  l^  (6.4^  î^'*^  ^J  (i5??*Jj^  dUSj  (6.^^  W*^^^  d 

Ali  à  des  vertus  incomparables,  qu'on  chercherait  vaine- 
ment chez  tous  ceux  qui  l'ont  précédé  ou  qui  l'ont  suivi. 
Le  Prophète  mourut  en  exprimant  à  ses  Compagnons  la  joie 
que  lui  inspirait  le  parfait  accord  de  leurs  pensées  et  de 
leurs  actes  en  matière  de  foi,  comme  le  témoigne  le  livre 
saint  dans  le  verset  :  «  Ils  s'aimaient  les  uns  les  autres.  » 
Mais  le  rôle  que  jouèrent  les  Compagnons  du  Prophète, 
après  sa  mort  et  à  la  fin  de  la  révélation,  est  trop  incertain 
pour  qu'il  soit  permis  de  l'apprécier  en  parfaite  connais- 
sance de  cause.  Leurs  actes  antérieurs  à  la  mort  de  Maho- 
met présentent  seuls  un  caractère  de  certitude;  le  reste  des 
traditions  qui  les  concernent  est  contestable,  quoique  pos- 
sible. Quant  à  nous,  nous  n'acceptons  comme  article  de  foi 
que  cette  première  période  de  leur  vie. 

Dieu  seul  connaît  les  événements;  de  lui  vient  toute  pro- 
tection ! 

FIN  DU  TOME  QUATRIÈME. 


VAKIAJNTKS  ET  NOTES. 


p.  I  (i).  Dans  la  lablc  des  matières  qui  l'ait  suite  à  la  préface  (t.  l", 
p.  -'.fi  ),  le  titre  de  ce  chapitre  présente  quelques  différences  de  rédaction. 
(]ettc  irrégularité,  qui  dénote  chez  Maçoudi  un  travail  trop  rapide,  a  été 
déjà  signalée,  t.  III,  p.  Mi"],  et  nous  en  trouverons  d'autres  exemples  dans 
la  dernière  moitié  de  l'ouvrage.  i 

P.  I  o  (  1  ).  An  lieu  de  .  «L-J ,  le  kamous  écrit  -JL»J  .  Le  vers  cité  quel- 
(|ues  lignes  plus  loin  se  trouve  dans  Meïdaui  [Proverb.  n°  iSdg);  voyez 
aussi  le  fragment  publié  par  E.  Quatremère,  Journ.  asiatique,  mars  i838 , 
p.  :'.  I  2.  Le  terme  nesnas  semble  se  rapporter  à  une  des  principales  espèces 
de  l'ordre  des  quadrumanes ,  soit  au  chimpanzé ,  soit  à  l'orang.  Le  Yémen , 
on  le  sait,  fourmille  de  ces  animaux;  c'est  ce  qui  a  donné  lieu  sans  doute 
aux  bizarres  récits  qu'on  lit  ici  et  dans  YAtliar  el-Bilud  de  K.az\vini,  p.  3i 
et  !\  I.  Cf.  Niebidn-,  Description  de  l'Arabie,  [).  1/17. 

P.  i3  (1).  Kazwini  [op.  cit.)  rapporte  le  même  conte  dans  d'autres 
termes,  et  cite  les  quatre  premiers  vers,  le  troisième  avec  des  variantes 
(|ui  eu  modifient  le  sens  : 

j.L_x_&  ^L^i_i^  ^Uv-nàJI      3l_.^L^'  ^_;v-^  Ls_CLj[ 

«Si  vous  m'attaquez,  vous  trouverez  en  moi  lui  cnucmi  (|ui  a  ahaiulomié 
la  bride»,  c'est-à-dire,  nu  adversaire  faible  et  sans  défense. 

P.  ■_'()  (1).  Ce  passage  fi\e  le  sens  d'un  renseignement  présenté  avec 
moins  de  précision  dans  le  lonie  I,  p.  98.  Faute  de  l'avoii"  bien  compris, 
Ibn  K.lialdonn,  persuadé  qu'il  s'agit,  non  pas  de  l'ensemble  des  tribus  jui- 
ves, mais  seulement  d'une  armée,  accuse  Maçoudi  d'exagération,  et  se 
livre  à  toutes  sortes  de  considérations  stratégiques  sui*  l'impossibilité  de 
faire  manœuvrer  ime  pareille  armée,  delà  nourrir,  etc.  [Prolégomènes, 
Irad.  de  M.  de  Slaiie,  t.  I ,  p.  1  .">.  )  Plusieius  des  crili(|ues  dirigées  par  l'his- 
lorien  philosophe  conti'e  l'auteui'  des  Prairies  d'or  ne  sont  pas  mieux  fon- 
dées, et  prouvent  (pril  lisait  assez  légèi'cment  les  ouvrages  (|ui  sont  l'objet 
de  sa  coiiti'oversc.  Maçoudi  n'a  lait  <|ne  suivre  ici  la  Icijiin  de  l'Aneieu  Tes- 
tament,  Exode  XII,  '■'>:>.  (Voyez  aussi  ,lahn,  Arrlurolnific ,  I.  Il,  p.  ()  1 .  | 


460  VARIANTES  ET  NOTES. 

P.  /|0  (i).  Le  calcul  n'est  pas  exact,  car  les  distances  mentionnées  dans 
ce  paragraphe  formeraient  un  total  supérieur  à  cent  mille  parasanges.  Ces 
erreurs  ne  sont  que  trop  fréquentes  chez  notre  auteur;  voyez ,  par  exemple, 
t.  II,  p.  Al  3;  t.  III,  p.  Ixko  et  passim.  Mais  il  est  juste  de  tenir  compte  des 
fautes  de  copie  et  des  lacunes  dans  les  nomenclatures  de  ce  genre;  ainsi 
la  distance  de  Bagdad  à  la  Mecque,  omise  dans  tous  les  exemplaires,  se 
lit  seulement  à  la  marge  de  L,  sous  cette  forme  :  iLC!^  (J,\  ^ItV^J  (J~^5 
«O  Li  Uuj' ,  etc. 

P.  5 1  (  1  ).  B  et  D  donnent  un  premier  vers  ainsi  conçu  : 

En  outre,  B  ajoute  ce  vers,  qui  serait  le  dernier  de  la  citation  : 

Njcjc-^  «3^  {j-^  y^  y^      ^— ^0^-=^  <».JLaos.  VA-^iL 

P.  52  (i).  Une  copie  porte  Jb^,  une  autre  Jj^;  j'ai  cru  devoir 
conserver  la  leçon  déjà  suivie  t.  1",  p.  287,  au  chapitre  des  rois  de  la 
Chine.  Le  nom  propre  Amour  répond  très-probablement  à  "IDJ ,  et  Soubd 
à  73n ,  dans  la  table  ethnologique  de  la  Genèse,  x,  2.  Ibn  Khaldoun  (  His- 
toire universelle,  traduction  turque  de  Soubhi-Bey,  p.  i4)  cite  ces  noms 
avec  plus  de  régularité,  et  critique,  non  sans  l'aison,  la  leçon  »q^  et  ^-..^ 
introduite  par  Ibn  Saïd,  au  lieu  de  j..OûJ;  puis  il  ajoute  /J(>.jLjoJ?  ^[9 
t-Jr's'  ij^r^  (/*!  ïcV^SsJs  tj'v^  «  de  Tubal  descendent  les  peuples  de  la 
Chine,  à  l'orient  de  la  terre,  etc.  » 

P.  57  (1).  Au  lieu  de  Choubîn,  prononciation  arabe  du  persan  Tchou- 
pîn,  B  lit  ^y«,  ;  D  fj^y^- 

P.  61  (1).  Ce  nom  est  illisible  dans  toutes  les  copies.  A  n'en  donne  que 
la  première  moitié,  ^uM.r} />■,  B  écrit  .yiAaXe-,  L  ^^^mJ^m.  J'ai  con- 
servé la  leçon  choisie  par  M.  Chwolsohn,  Die  Ssabier  uiid  der  Ssahismus, 
II,  3G7  et  la  note. 

P.  62  (1).  B  porte  iiJL.À^f  «le Temple  de  l'Epi;»  toutes  les  autres  co- 
pies donnent  la  leçon  du  texte.  M.  Chwolsohn,  op.  cit.  p.  3(")7  et  p.  368  , 
a  cru  devoir  modiûer  ce  passage,  et  lire  i^U^I  <i  l'ordre  on  le  gouverne- 
ment. »  Pour  de  semblables  raisons,  ce  savant  a  substitué  h  i\^  "la 
l'orme,  )i  ï\ayi^  «la  nécessité,»  dvayHri. 

//'('(/  (2).  A  pï  L  liseul  isj.»;  Vénus;  mais  connue  le  Icniplo  dédié  à  celle 


VARIANTES  ET  NOTES.  /|61 

planète  est  nommé  deux  lignes  plus  bas ,  il  faut  admettre ,  avec  M.  Chwol- 
sohn,  la  leçon  (jJC4S^,  qui,  d'ailleurs,  se  lit  dans  les  copies  B  et  D. 

P.  6/i  (•).,£  est  la  seule  copie  qui  termine  cette  citation  par  deux  vers 
du  poëmc  attribué  à  Ibn  Aïdoun-,  il  est  inutile  de  les  reproduire,  puisqu'ils 
ont  été  publiés  et  traduits  par  l'auteur  de  Die  Ssabier,  etc.  Il,  371. 

Ihid.  (2).  Le  mot  ëyi^  (ou  Liyi^  dans  D  cl  L)  a  été  précédemment 
employé  par  Maçoudi  dans  une  courte  notice  sur  les  Sabéens  de  Ilarrâu 
(t.  I",  p.  199),  et  nous  l'avions  traduit,  non  sans  hésitation,  par  la  «dou- 
blure ou  la  lie  des  philosophes.  »  Les  preuves  données  par  M.  Fhiegel  sur 
la  véritable  signification  de  cette  expression  assez  obscure  (  Die  Ssabier, 
I.  I,  p.  (M 2)  me  semblent  décisives,  et  je  n'hésite  pas  à  corriger  en  ce 
sens  le  passage  en  question  du  premier  volume. 

Ibid.  (3).  Au  lieu  de  Okboun,  B  porte  sJlàc  ;  L  (j[aÀc.  La  bonne  le- 
çon, qui  est  celle  de  A,  se  retrouve  dans  la  copie  de  l'Inde. 

P.  68  (  1  ).  Les  variantes  de  ce  mot ,  défiguré  par  les  copistes ,  sont  citées 
par  M.  Chwolsohn  (II,  374);  on  lira  avec  intérêt,  dans  le  même  ouvrage, 
une  savante  notice  sur  les  doctrines  de  cette  secte,  qui  est  plus  connue 
sous  le  nom  de  Mcndaîtes.  (Voy.  op.  cit.  I,  106.) 

P.  71  (1).  Kazwiui  a  lait  usage  de  ce  morceau  dans  son  Athar  cl-Bilad, 
p.  35  ,  et  il  en  a  retouché  (piehiues  expressions  potu-  lui  donner  plus  de  pré- 
cision. La  description  duc  à  la  ]ilume  de  Maçoudi  est  trop  vague  pour  qu'il 
soit  aisé  de  voir  à  quel  monument  chinois  il  est  lait  allusion.  Les  mar- 
chands arabes  qui  visitaient  la  Chine  avaient-ils  décrit  à  leurs  compatriotes 
les  merveilles  de  la  pagode  de  Sou-Tcheotij  le  fameux  Pèh-chi-l'ali,  ou  de  la 
non  moins  célèbre  lourde  Nanking,  détruite  ou  du  moins  fort  endomma- 
gée par  les  rebelles  Taïpings  en  iHf)!)?  L'une  et  l'autre  étaient  élevées  de 
neuf  étages,  tandis  que  l'expression  wi-y*^  aa5  parait  indiquer  une  cons- 
truction à  sept  étages.  Cepeudnnl  le  Kév.  Cli.  Milne  (  La  vie  réelle  en  Chine, 
p.  373)  cite  une  particularité  curieuse,  qui  pourrait  jeter  quelque  clarté 
sur  ce  passage  de  notre  livre.  Ce  voyageur  assure  avoir  lu  dans  une  dcs- 
cri|)liou  bouddhi(iue  de  la  pagode  de  Nanking,  qu'on  avait  placé  au  faîte 
une  pierre  précieuse,  illiuiiiuanl  la  nuit,  pour  éloigner  les  innuences  nui- 
sibles, etc.  Lin  l'ait  analogue  se  lit  dans  la  relation  de  lliouen-Tsaug.  Pins 
loin,  M.  C.  Milne  ajoute:  «En  examinant  les  idées  des  Chinois  tonchaul 
«rusa<'e  et  l'objet  de  ces  pagodes,  celle  (|u'on  peut  regarder  comme  nru- 
«verselle  et  prédominante  dans  tous  les  rangs  de  la  société  est  que  ces 
«édifices  ont  des  rapports  sérieux  et  intimes  avec  les  destinées  de  la  loca- 
II  lilé  où  ils  se  trouvent La  construction  d'un  pareil  monument  est  sup- 


462  VARIANTES  ET  NOTES. 

«  posée  assurer  à  la  contrée  environnante  la  protection  et  la  bienveillance 
«du  ciei,  et  agir  comme  un  conducteur  électrique  pour  attirer  les  présages 
«  favorables.  »  Voilà  qui  explique  l'usage  des  pierres  magnétiques  et  l'attrac- 
tion inquiète  dont  paile  l'historien  arabe. 

P.  73  (1).  Telle  est  la  leçon  des  copies  A  el  D.  B  porte  k  <^|.  y  cl 
L  ly  ^— .[(^vs  ^"  rapport  de  Yakout,  Kerkouyeh  esl  une  ville  du  Seïstan , 
où  se  trouve  un  temple  du  feu  que  les  Guèbres  ont  en  grande  vénération. 

P.  7/1  (1).   B  ,  wy^'-,  D     Si.j^\  mot  illisible  en  L. 

P.  7G  (1).  A  ^Ij^LCjf.  L'orthographe  de  ce  nom  est  fixée  par  Yakout. 
«On  nomme  ainsi,  dit-il,  une  petite  ville  du  Fars,  chef-lieu  d'un  canton 
«florissant.  Elle  renferme  un  pyrée  Irès-vénéré  chez  les  Guèbres,  qui 
«viennent  y  chercher  le  feu  sacré  de  fort  loin.  »  Ce  renseignement  est  co- 
pié mot  pour  mot  par  un  intéressant  voyageur  du  iv"  siècle  de  l'hégire,  el- 
Mokaddessi ,  auteur  d'une  description  du  monde  musulman,  dont  j'espère 
publier  prochainement  des  extraits  dans  le  Journal  asiatique  (copie  appar- 
tenant à  M.  Sprenger,  fol.  ^^78). 

P,  78  (i).  L'évaluation  des  distances  est  exacte.  Kovar  est,  ou  plutôt 
était  une  bourgade  sise  à  moitié  chemin  entre  Djour  et  Chiraz,  h  égale 
distance  de  l'une  et  de  l'autre,  c'est-à-dire  à  soixante  kilomètres.  Djour, 
ville  d'origine  sassanide,  se  prononce,  en  persan,  Gour,  ce  qui  signifie  nu 
tombeau,  o)i  mieux  une  chambre  sépulcrale  taillée  dans  le  roc.  (Voy.  les 
extraits  du  Modjmel,  jMibliés  par  M.  J.  Mohl ,  Journ.  asiat.  décembre  i84  i , 
p.  5o3.)  La  superstition  musulmane  changea  ce  nom  en  celui  de  tirouz- 
Abâd  «  séjour  du  bonheur  ou  de  la  victoire.  »  Istakhri  donne  sur  les  ruines 
sassanides  de  Gour  de  curieux  détails,  que  j'ai  résumés  dans  mon  Diction- 
naire de  la  Perse,  p.  i7!î. 

P.  79  (1  ).  Il  y  a  en  cet  endroit  une  inexactitude  qu'il  faut  attribuer  à  la 
ressemblance  graphique  des  formes  Chir,  Chizer  cl  Chiraz.  La  source  du  fen 
dont  parle  l'auteur  n'est  autre  que  leNar-Dirakch,  célèbre  pyrée ,  situé  non 
dans  le  voisinage  de  Chiraz ,  comme  le  croit  Maçoudi ,  mais  à  Chiz ,  ou , 
d'après  la  prononciation  locale,  Guizîn,  ville  du  district  d'Ourmyah. 
Sir  H.  Rawliuson  a  cru  retrouver  les  vestiges  de  ce  temjilc  dans  le  Takhté- 
Sulcïmân,  ruines  qui,  en  effet,  ne  peuvent  être  éloignées  de  l'ancioniic 
Ecbatane  du  nord.  (Voyez  Joarn.  ofthe  geoijr.  Socirlj  oJLondon,  t.  X ,  p.  7  i . 
Conf.  le  Livre  des  roules  d'Ibn  Khordadbch,  Journ.  asial.  mai-juin  i86.5, 
p.  /187;  et  sur  la  légende  des  trois  mages,  la  version  un  peu  dilTérenle 
rapportée  par  Yakont,  ouvrafie  cité,  p.  36ç).) 


VARIANTES  ET  NOTES.  i63 

P.  80  (1).  Leçons  douteuses:  B^_/O.Lj",  L  L./OvL);  D  i^.U;  je  n'ai 
trouvé  nulle  part  ailleurs  la  mention  de  ce  temple  sassanide. 

P.  85  (i).  Le  deuxième  vers  n'est  donné  que  par  B  et  L.  B  ajoute  un 
quatrième  vers  : 

p.  88  (1).  Ibn  Khaldoun  [Prolégomènes,  t.  I,  p.  23)  cite  avec  plus  de 
détails  les  contes  relatifs  à  Ireni  aux  piliers;  mais  au  lieu  de  les  considérer 
comme  le  produit  de  l'imagination  populaire,  il  en  attribue  l'invention  aux 
commentateurs  du  Koran ,  gênés  j)ar  la  singulière  construction  grammati- 
cale, Aadînirema.  Le  vieux  rabbin  converti  auquel  Maçoudi  accorde  trop 
de  confiance,  Kaab  el-Ahbar,  apparteneiit  à  une  famille  juive,  domiciliée 
dans  le  Yémen.  Il  a  propagé ,  de  concert  avec  Ibn  Abbas ,  un  grand  nombre 
de  légendes  talmudiques  parmi  les  néophytes  musulmans;  il  mourut 
l'an  32  de  l'hégire. 

P.  89  (1).   Au  lieu  de  iLjtVÀ^l  •  -^  porte  JLjA^Jf  «le  pehlevi.  » 

P.  90  (1).  A  ^Lam-»  OwvlaJ';  L  ^Lcus  0  j.uU\wa  »so3.  Hamzah 
d'Isfahàn  (éd.  Gottwald,  p.  3o)  prétend  qtie,  sous  les  derniers  Arsacides, 
on  traduisit  soixante-dix  ouvrages,  au  nombre  descpiels  il  cite  le  Livre  de 
Sindbad  et  deux  autres  onvrages,  nommés  Barsinas  et  Cliimas. 

P.  9Ô  (1).  L'auteur  fait  allusion  à  la  prétendue  expédition  de  Mouça  beir 
Noçeïr  contre  une  ville  fantastique,  que  les  uns  placent  dans  le  désert  de 
Sidjilmassah,  les  autres  dans  le  voisinage  de  l'Espagne;  il  en  a  été  déjà 
parlé  dans  le  chap.  XVI,  I.  I",  p.  369.  Cette  fable  est  une  de  celles  que 
l'auteur  des  Prolé(]omcncs  accuse  à  bon  droit  Maçoudi  d'accueillir  avec  trop 
de  crédulité. 

P.  107  (i).  Il  y  a  ici  une  ligne  omise  par  les  copi<>s,  à  l'exception  de 
/.  et  de  D. 

P.  108  (1).  L  JLÂ-»*  ^»^_i-C5  vj^"?  'S!*"<^-^V  '^  x_)L.€V_«;  le  reste 
comme  A. 

Ibid.  (2).  B  el  L  ajoiileiit  :  t_?Jl  *._)jL;  ^^-itXo  O-.^  ij,\  ^y  ^^ 
JLà..^  ^^jJLc,.  ^tV^i^  AjL,^y-.  AA^.  On  trouve  dans  Ions  les  exem- 
|)laires,  en  cet  endi'oil,  on  des  lacunes  ou  des  transpositions  de  texte, 
d'où  lésnlte  ime  assez,  grande  dilTérencc  entre  les  chilTres  partiels  et  le  to- 
tal présenté  à  la  fin  du  paragraphe.  Du  reste,  ces  domiées  chronologiques, 
empnmfées  anv  livres  juifs,  n'ont  qu'une  médiocre  importance  pour  nous. 
I^e  même  eairui  est  rilé  dans  les   innalr.'!  frAbon'i-féda  ,  t.  f ,  p.  fiô. 


464  VAIUANTES  ET  NOTES. 

P.  109  (i).  Cette  phrase,  mutiiée  partout,  n'est  intelligible  qnc  dans  L, 
c'est  d'après  cette  copie  qu'elle  a  été  rétablie. 

P.  116  (i).  L  ajoute  t\-«-^  (j-J  yy  J-^  -T^  O"^  tN*^  i^^^  cjy 
M.  C.  de  Perceval  [Essai  sur  l'hist.  des  Arabes  avant  l'islam,  t.  I,  p.  i83), 
admettant,  avec  les  meilleurs  historiens  musulmans,  l'exactitude  parfaite 
de  la  généalogie  de  Mahomet  jusqu'à  Adnân,  ajoute  que  le  calcul  des  gé- 
nérations bien  connues ,  comprises  entre  ces  deux  personnages,  ne  permet 
pas  de  reculer  la  naissance  d' Adnân  au  delà  de  l'année  1 3o  environ  de  J.  C. 
Dépourvus  d'archives  nationales  et  réduits  à  la  simple  tradition  orale  pour 
les  temps  antérieurs  à  la  prédication  de  l'islam,  les  Arabes  ont  ordinaire- 
ment considéré  les  premiers  siècles  de  l'ère  chrétienne  comme  un  âge  fabu- 
leux. Les  données  bibliques  elles-mêmes  ne  leur  étaient  pas  toujours  ac- 
cessibles, et  c'est  en  ce  sens  que  le  célèbre  généalogiste  et  grammairien 
Ibn  Doreïd  affirme  que  les  noms  ethniques  antérieurs  à  Adnân  sont  des 
mois  5j>'ria9ae5,dontrétymologie  échappe  aux  investigations  de  la  science 
(texte  arabe,  publié  par  M.  Wûstenfeld,  p.  20).  Conf.  Annales  muslem.  I , 
p.  i3. 

P.  120  (i).  Kliindif  si^niûe  courir  les  pieds  en  dedans.  Les  raoui,  ou 
conteurs  du  désert ,  ont  brodé  sur  ce  sobriquet  et  celui  des  trois  fils  d'Elyas , 
une  fable  niaise,  que  les  historiens  sérieux,  tels  qu'Ibn  Doreïd,  Ibn  Ko- 
taïba,  etc.  ont  eu  le  bon  goût  de  passer  sous  silence  ;  elle  est  racontée  dans 
le  Kamous,  au  mot  (^^yjÀ.  Cette  femme,  d'origine  codaïte,  avait  épousé 
Elyas,  vers  l'an  35  de  notre  ère.  (C.  de  Perceval,  op.  cit.  I,  192.) 

P.  124  (1).  Dans  le  manuscrit  B,  cette  citation  est  précédée  de  deux 
vers ,  omis  par  les  autres  : 

p.  i2q  (1).  B  attribue  à  Abou  Talib  deux  vers  improvisés  dans  cette 
circonstance:  f(>J>  ^j.»  j^^ÀJOI  ît\*  J«W  Ui    lyis^  oJQjjJi   qO^ 

«s     kL  djjl    LJt\_-^_C   0—9^         »^_^-ÀJ   UtS-^   UtX^a.  tVS^ 
Ce  fragnienl  est  proliai)lemeul  in(er|)olé. 


VARIANTES  ET  NOTES.  /jf)5 

P.   i3i    (i).    Voici  encore  un  passage  ajouté  dans  la  même  copie  :     s' 
yS^U^y.^   0>i-5-   .W-^  y  LUI   O^yi    c_.;   j>^l 

P.  I  36  (  1  ).  Entre  les  dciLv  derniers  vers ,  B  ajoute  un  vers ,  dont  le  pre- 
mier hémistiche  ne  s'adapte  pas  exactemeni  au  m^h•e  de  la  pièce  : 

^) — S-5   ^-^^y-^  ))^'—^3        ■lV-t'I  ^))^  ^  (j'^-^J 

Le  fragment  cilé  dans  le  texte  appartient  an  moulékarih ,  :"  gein-e  , 
/l'espèce,  où  le  dernier  pied,  jjytà  ,  se  contracte  en  «s.  Cette  substitution 
n'est  pas  d'un  usage  fréquent;  on  n'en  trouverait ,  je  crois,  aucun  exemple 
chez  les  Persans,  qui  ont  fait  choix  de  ce  mètre  pour  leurs  épopées. 

P.   I  39  (1).    L  présente  une  rédaction  diPTérenle  et  moins  claire  : 

Le  reste  comme  dans  les  antres  copies. 

P.  i4  I  (1).  Le  premier  vers  a  été  déjà  cité  par  l'antenr,  t.  F",  p.  1  '1 '1  , 
avec  la  variante  LS^,  au  lieu  de^ijo  .  fi  ajoute  encore  quatre  vers,  qui 
ne  renferment  anenne  flidieiilli' .  ni  rie  prosodie,  ni  de  sens  : 

l^LJt^  ^^Jl  owi  U..^!^      UJU  J^^^  Jlj^^f!  J  Uicv 

p.  l'i.)  (1).  Ahou  l-féda  a  i'<''snnu''  en  r|nel(pu^s  lignes  cette  longue  dis- 
cussion. (Voy.  Vie  de  Mokaninied,  Irad.  pai-  iVJ.  Noél  Desvergers,  p.  ç)'^.) 
Dans  le  Turihlii  Micluiiidji ,  ahrégé  chronologicpu*  fort  estimé  des  Ottomans 
pour  l'exaclilude  de  ses  renseigneuu'nts,  le  nombre  des  campagnes  du 
Prophète  est  évalué  à  vingl-liuit.  Celle»  dont  il  confia  le  commandement 
à  ses  lieutenants  s'élèvent  à  trente-neuf.  Les  premières  sont  toujours  nom- 
IV.  3o 


46C  VARIANTES  ET  NOTES. 

mées  JJ^yè,  par  les  bios;raphcs  du  Prophète;  les  autres  *j^  "u  i^^aj , 
selon  leur  importance. 

P.  149(1).  ^  (J*^^  ^^  tf^  L)^'  J^  L^'*  ^"^^  l-^tVS  1^  AXâtA^û^ 
M.  C.  de  Perceval,  sans  se  dissinriuler  l'obscurité  qui  rëgne  sur  cette  ques- 
tion, a  comparé  les  différentes  sources  historiques  à  la  constitution  des 
années  arabes,  et  en  a  tiré  cette  conséquence  que  Mahomet,  au  jour  de  sa 
mort,  devait  avoir  un  peu  plus  de  soixante  et  un  ans  et  neuf  mois,  en  an- 
nées solaires.  {Op.  cit.  III,  p.  33 1.) 

P.  i55  (i).  On  lit  de  plus  dans  L  :  ^Ua*  cj  (_jjLkJI  jj.^  ^^J^)  L)^^ 

P.  I  63  (1  ).  On  trouve  dans  le  tome  III  des  Proverbes  de  Meïdani  (éd. 
de  Freytag,  p.  607  et  suiv.)  une  liste  de  cinquante-neuf  sentences,  ap- 
partenant à  Mahomet,  et  dans  le  nombre  une  dizaine  de  celles  qui  soni 
citées  par  Maçoudi.  Les  autres  sont  disséminées  dans  le  reste  de  l'ouvrage 
et  attribuées  aux  personnages  les  plus  marquants  du  1"  siècle  de  l'hégire. 
Outre  que  les  leçons  de  Meïdani  ne  s'accordent  pas  toujours  avec  celles  des 
Prairies  d'or,  ce  secours  était  bien  insuffisant  pour  l'intelligence  d'un  texte 
aussi  concis,  et  dont  chaque  mol  aurait  besoin  d'un  commentaire. 

P.  166  (1).   B  donne  seul  une  variante  :   .iû-a-j   (_>-yLx_il.i   *j  [»^  ^J^ 

'>S-S    J 

P.  170  (1).  Le  sens  particulier  que  prend  ici  pyàJI  est  justifié  par  les 
nombreux  exemples  que  cite  El-Moubarred ,  dans  le  Kiamil,  où  cette  sen- 
tence est  l'objet  de  longues  explications.  (Voyez  le  premier  fascicule  de  cet 
ouvrage,  le  seul  publié  jusqu'à  présent,  Leipzig,  1S6/1 ,  p.  3.) 

P.  17/i  (1).   B  et  L  ajoutent  une  autre  sentence  :  Jic   fjy;siX.«|   ^-Usj 

Ibid.  [u).  H  y  a  ici  une  erreur  des  copistes,  car  le  véritalile  nom  d'Ibn 
Doreïd  est  Abou  Bekr  Mohammed,  fils  d'el-Haçan ,  fils  de  Doreïd,  ainsi 
que  le  prouve  le  témoignage  d'Ibn  Kballikcîn  (texte,  p.  698).  Je  dis  que 
cette  erreur  doit  être  attribuée  aux  copistes ,  parce  que  Maçoudi ,  qui  avait 
connu  Ibn  Doreïd  à  Bagdad,  et  qui  lui  consacre  une  notice  détaillée  dans 
un  dos  derniers  chapitres  de  son  livre ,  ne  pouvait  ignorer  le  nom  de  ce 


VARIANTES  ET  NOTES.  467 

célèbre  écrivain.  ll)ii  K.hallikàn  apprécie  en  ces  termes  le  Livre  choisi, 
auquel  notre  texte  fait  allusion  :  isjuLàJf  y*M^\i>^  •Jt,-^  »/o  5*5  «un  de 
«ces  livres  de  haulte  graisse,  légers  au  pourchas,  et  de  substantifiquc 
«  mouëlle.  »  Le  même  biographe  doime  quelques  détails  sur  les  auteurs 
dont  les  noms  sont  cités  par  Maçoudi. 

P.  18.4  (i).  Le  nom  de  ce  rebelle,  dont  la  révolte  promptement  étouf- 
fée a  laissé  peu  de  traces  dans  les  Chroniques,  était  Bohaïr,  fils  d'Yas, 
fils  d'Abd  Allah  es-Sulami.  Telle  est,  du  moins,  l'opinion  de  Beladori ,  rpii 
ajoute  qu'il  fui  hrùlé  dans  la  grande  cour  ou  moçalla  de  la  moscjuée.  (  Voy. 
Liber  cxpiKjnationis  reçjionum,  I,  p.  98.) 

P.  198  (1).  Ibn  Doreïd,  si  exact  dans  l'orthographe  des  généalogies 
arabes,  le  nomme,  non  pas  Salith,  mais  Aboii  Salilh  Sehrah,  fils  de  Kaïs. 
11  est  vrai  que,  six  lignes  pins  liant,  cet  écrivain  mentionne  dans  les 
mêmes  termes  un  certain  Soleïm,  fils  de  Kaïs,' ce  qui  laisserait  supposer 
une  légère  confusion  dans  les  copies.  (Voyez  l'édition  ptibliée  par  M.Wfis- 
tenfeld,  p.  ''■&']■) 

P.  201  (1).  Le  renvoi  indicpié  par  l'auteur  n'est  point  tout  à  fait  exact. 
Ce  n'est  pas  dans  le  chapitre  relatif  aux  anciennes  dynasties  de  la  Perse, 
mais  ailleiu's,  en  parlant  des  k.urdcs  (l.  111,  p.  •.•,">  1  ),  (pi'il  a  rappelé  la 
victoire  de  Féridoun  et  le  fameux  drapeau  du  forgeron;  encore,  dans  ce 
passage, le  nomme-t-il  |j|»li  ,  4^3%.^.  Ici,  an  contraire,  la  véritable  leçon 
est  rétablie  d'après  la  copie  de  Lcyde.  On  lit  dans  le  Cliali-Narnch  : 

P.  •!<)(")  (1).  Les  (uiali'c  vers  (pu  suivent  marupieiil  dans  les  (rois  meil- 
leures copias  : 

y-J >-■=>•  pLaJi   ^w\\  3^-^V»         "^-^-T^W  ô'-*-^-'h  ^^.Y^  y—^ 
P.  •xoi)  (1).    H  cl  l)  coniplMrnl  ainsi  la  eilalion  :    CrrLAJL*   Cv-*-    Cy-*^ 


/i()8  VARIANTES  ET  NOTES. 

P.  2  i3  (i).  On  lit  ce  fragment  de  plus  dans  denx  copies  :  ^.i»|    jLa.3 

p.  2  2  1  (  I  ).  La  copie  C,  dans  laquelle  j'ai  dt'jk  signale  vui  certain  nom- 
bre d'additions  qui  n'appartiennent  sans  doute  pas  à  l'auteur,  place  en 
cet  endroit  un  (épisode  entier  ainsi  conçu  : 

l^"  4^^J   (j\   Jl?-    JLJ    iiÇ>.i\   ^A>  ^y^   iAs    ^  ;y>^I    ^'\^ 

Jlii  y^  L^Jî  ^  ^^ 

Jlii  Ui>Xc  «vL^  *J^iy^  O'-''^  t>>5   (J;l  v3*^  ^^^  *-(-'^  *v5^;' 

P.  2  23  (1).   Après  le  premier  vers,  B  el  D  donnent  celui-ci  : 

Le  dernier  vers  ne  se  lit  pas  dans  L. 

P.  228  (1).  Trois  copies  ajoutent  quelques  mots,  qui  ne  paraissent  pas 
être  à  leur  véritable  place  :  iOClfj  Ui-L  <^'.à^.  yl^  «H  se  teignait 
((  avec  le  henné  et  le  helem.  » 

P.  23  1  (1  ).  Il  semble  que  ce  soliriquet  ait  élé  appliqué  au  chef  persan  , 
par  allusion  à  la  description  de  la  Perse,  telle  qu'elle  lui  est  attribuée  dans 
le  |)aragrapbe  de  la  page  précédente.  Tabari,  (|ui  glisse  sur  cet  événement , 
donne  an  général  de  l'armée  persane  le  nom  de  Firouzân ,  et  place  l'en- 
trevue à  Haçck. 


VAIUANTES  ET  NOTES.  409 

P.  •<3()(i).   La  phrase  se  termine  aiitrcmoiil  dans  A  .   j,^^_t      ^o     à^^ 
P.  r?4."i  (  I  ).   /l  el  B  ajontcnl  cet  hcmislichc  ; 

P.  2 '17  (1).  Le  sens  est  obscur,  et  l'on  lu-  voit  pas  s'il  faut  employer  la 
première  ou  la  seconde  personne  du  verbe.  En  prenant  Rébyàh  pour  sujet 
de  la  phrase,  j'ai  pensé  surtout  à  luie  brav.ide  assez  fréquente  chez  les 
poètes  du  désert.  C'est  îi  peu  pr^s  dans  le  même  ordre  d'idées  qu'Aular, 
ivre  de  joie  lorsqu'il  a  retrouvé  sa  bien-aimée  Ablah ,  s'écrie  : 

«N'était  celui  dont  la  main  puissante  a  suspendu  les  cieux ,  je  ferais 
«  du  dos  de  mon  cheval  le  domc  de  la  voûte  céleste.  » 

P.  202(1).  Due  note  niar^jinalo  de  la  copie  D  nous  apprend  que  ce 
surnom  n'appartenait  pas  à  Abd  Allah  l'aîné,  lecpiel  mourut  en  bas  âge, 
mais  à  un  pelit-fils  d'Otmân  ,  c'esl-à-dire  au  fds  d'Amr  surnommé  lui-même 
dibadj  «brocart;»  Ibn  Kotaiba  (édition  aulographiée,  p.  loo)  tient  exiic- 
tement  le  même  langage  et  cite  à  l'appui  de  son  opinion  ce  vers  de  Mou- 
drik  : 

<_)w«_f  sLljiS  J._c  oJ^->       j^  ^j-jf  (j^  c>J^.^  lil  3^ 

«  En  enirani  chez  le  fils  d'Ann-,  il  me  semblait  pénétrer  au  milieu  des 
«  trésors  de  Kaab.  » 

Il  y  a  donc  ici  une  méprise  dont  il  lanl  accuser  Maçondi. 

P.  253  (1).  Tout  ce  paragraphe  jusqu'à  la  p.  2,").'),  I.  X,  est  rite  lexlnel- 
lemenl  par  Ibn  Klialdoun,  ProUtjomcncs ,  p.  '1  1  0. 

P.  2.H)  (  I  )..  La  lin  du  second  vers  est  ainsi  rédigée  en  /)  .  ^\!iL.-i  00-^ 

Avant  le  dernier  vei's,  L  en  place  lui  autre  (|ni  paraît  n'élre  (pi'uue  va- 
liatitc  de  la  leçon  du  niannscril  /*  . 

P.  2i)()  (1).   (!r  passage  est   nn'connaissahii'  dan     toutes  les  copies  sans 


470  VARIANTES  ET  NOTES. 

exception,  et  j'ai  dû  m'écarter  du  sens  littéral  pour  rendre  ma  traduction 
intelligible.  On  peut  comparer  ce  qui  est  dit  ici  de  la  postérité  d'Ali  avec 
une  liste  plus  complète  donnée  par  Ibn  Kotaïba,  p.  Zio6. 

P.  3o7  (  1  ).  J'ignore  l'origine  de  ce  mot  ;  chaque  copie  l'écrit  à  sa  ma- 
nière :  B  fJX^;  L  ii.Lw;  L  iL:cL«  ;  B  x^Um*..  C'est  peut-être  la  trans- 
cription un  peu  altérée  du  persan  «Ojsî>La.«,  «corps  de  cavalerie,  garde  à 
«  cheval.  »  Ce  passage  est  omis  dans  l'extrait  publié  par  M.  Sprenger. 

P.  320  (i).  Deux  vers  ainsi  rédigés  se  lisent  dans  la  copie  A  seule- 
ment : 

OL-û-JUéJf  A.^yi.£.  cilUc  o>-l=»       LJu«i  o-^  o'  '^''^  LîUU* 
(jcSXiJj  T ^T^-    ^  ^'°  <^'^         «»-*-^  o>*^  ^^  OJl^  (Jl   '^ 

p.  326.  (1).  Dans  A  ces  vers  sont  autrement  distribués  :  le  deuxième 
hémistiche  du  premier  vers  est  remplacé  par  celui-ci  : 

de  sorte  que  le  fragment  se  termine  par  un  hémistiche  isolé  :  (J.^1  Ci>jiU 
etc. 

P.  342  (1).  fi  et  L  donnent  Tuie  rédaction  différente  : 

L'une  et  l'autre  leçon  se  trouvent  dans  L.  L'extrait  du  docteur  Spren- 
ger ne  s'écarte  pas  ici  de  notre  texte. 

P.  346  (  1  ).  /4  ajoute  un  vers  qui  est  le  deuxième  de  la  pièce  : 

s- 
^_J~^.  \>  (J-^T^'  Ij^J^  '-^^       '''5) — *  *— ^  <^ — ^  ' — ^^J 

P.  356  (1).  B  et  L  Liy^l  jLsii-  «la  cavalerie  de  Modai-;»  L  i^yàJl 
«du  Hadramaut.  »  La  leçon  de  A  est  justifiée  par  les  mots  qui  suivent  : 

p.  371  (  1  ).  Pour  qui  connaît  le  caractère  des  Arabes ,  singulier  mélange 
de  grandeur  et  de  puérilité,  le  trait  raconté  ici  et  si  difficile  à  traduire  hon- 
nêtement n'a  rien  qui  doive  surprendre.  Les  copies  ne  fournissent  auciuie 
variante  digne  d'être  signalée;  mais  dans  l'exlrail  publié  par  M.  Sprenger, 


VA  ni  AN  TE  s  ET  NOTES.  471 

la  léponse  d'Ali  est  moins  laconif|uc,  bien  (|u'aiissi  malaisoe  à  rendre  eu 

lermes  décents  :  e>— 4^  ^T^  1°'^'  '^•f.^  (j^  c>J^  0^3f  JUj 
«  Eloigne-toi ,  lui  dit  Ali ,  et  que  ton  dos  soil  inviolable  ponr  le  reste  de  tes 
jours  ;  etc.  » 

P.  383  (i.)  La  co|ne  D  donne  ce  chapitre  connue  la  continuation  du 
précédent  sans  séparation  aucune;  le  même  désordre  se  remarcpie  dans 
les  chapitres  cpii  suivent. 

P.  38()  (  I  ).  Ce  tVagnient  commence  par  deux  autres  vers  dans  les  copies 
^  etD. 

P.  3c)2  (i).  A  eiD  citent  un  ipiatrième  insurgé  qu'ils  nomment  j46(/  er- 
Raliman,  fils  de  Yaghout  ez-Zohri;  mais,  comme  le  fait  remarquer  judi- 
cieusement une  annotation  marginale  de  D,  ce  nom  doit  être  raturé, 
puisque  Abd  er-Rahman  était  mort  sous  le  règne  d'Otmân.  Le  même  ren- 
seignement se  lit  dans  Ibn  Kolaïba.  Il  faut  donc  croire  que  Maçoudi ,  s'étant 
aperçu  de  son  erreur,  l'avait  clTacée  du  manuscrit  (pii  a  servi  de  prototype 
aux  copies  A  et  D,  tandis  ipi'elle  s'est  jierpéluée  dans  les  copies  provenant 
d'une  source  dilTércnte. 

P.  4o9  (i).  Ce  fragment  fait  partie  d'un  long  discours  commenté  par 
l'auteur  du  R'iamiZ  (édition  Wright,  I,  p.  i  /|  ).  Dans  cet  ouvrage  l'expres- 
sion ^^cMÎ  OJyJ  ^^^  remplacée  par  A^  «uJ  cQue  Dieu  les  récora- 
II  pense!»  Cette  phrase  proverbiale  est  employée  ici  ironi(piement.  Toutes 
les  copies  sauf  D  donnent  ^j^-MaJI  c>*-^^;  j'ai  «"ivi  le  maïuiscrit  D 
dont  la  leçon  me  paraît  plus  naturelle;  elle  est  d'ailleurs  d'accord  avec 
celle  du  Kiamil.  Reiske  a  cité  le  même  morceau,  mais  avec  un  grand 
nombre  de  fautes,  dans  ses  annotations  au  |)remier  volume  des  Amiales 
d'Abou'1-féda  ,  p.  1)7  et  suiv. 

P.  lu 'A  {\).  A  jaLcu/nUë'.  Yalvoidîi  (éditit)n  Jnynholl ,  p.  'i .')  ) ,  faisan  I  allu- 
sion au  même  événement,  dit  simplement  le  pont  de  Nehrevân;  mais  à  la 
page  suivante  il  cite  le  canal  de  Tararislàn  parmi  les  dérivés  de  l'Euphrale. 
Il  en  est  égalomeni  rpiestion  dans  Islakliri,  Lihrr  dimatiim,  p.  'ip. 

P.  /|i/|  (i).  Passage  lidiupu'  dans  lonles  les  copies,  sani  />.  fi  et  L  ne 
donnent  que  le  premier  hémistiche.  A  nîmplace  le  second  par  les  mois  . 

jjAjJt     ^JL   IàJ[  ^Jàjb    iA^J]    <■!  omet  la  réponse  d'Ali. 


Zi72  VAiUAINTES  ET  NOTES. 

P.  /ij*->  (i)-  Ce  singulier  récit,  qui  uc  se  rattache  nullement  au  sujet 
principal ,  est  clairement  expliqué  par  Tabari  clans  le  chapitre  intitulé  Ba- 
taille de  Nelirevân.  D'après  cet  ancien  chroniqueur,  Mahomet  avait  prédit  à 
Ali  qu'uu  homme ,  portant  le  signalement  indiqué  dans  notre  texte ,  se  trou- 
verait parmi  les  schismatiques  et  que  sa  présence  serait  pour  Ali  le  présage 
assuré  de  la  victoire.  Cette  tradition ,  sur  laquelle  Maçoudi  ne  s'exprime  pas 
avec  netteté ,  explique  la  curiosité  témoignée  par  le  khalife  et  son  empresse- 
ment à  rechercher  Mokhdadj  parmi  les  morts.  Au  lieu  de  Mokhdadj ,  Ta- 
bari écrit  (jtt/Jf  ô. 

P.  418  (i).  B  et  L  «U.iiJ.lf  A  eiD  <J<^^j\.  11  ne  peut  y  avoir  de  doute 
sur  l'orthographe  véritable  de  ce  nom.  L'aulcur  du  Méraç'id el-iUila'  et  Ya- 
kout,  dans  son  Dictionnaire  des  synonymes  cjéoijraphiques ,  disent  qu'il  faut 
le  prononcer  comme  diminutif  de  Nahhleh.  Bekri  ajoute  :  «  C'est  une  loca- 
<i  lité  voisine  de  Koufa  sur  la  route  de  Syrie.  Ali  s'y  arrêta  avant  de  haranguer 
«  ses  troupes.  »  (Couf.  Weïl,  Gesch.  der  Chai.  I ,  p.  2  36.)  La  même  pronon- 
ciation est  donnée  par  le  Kamous. 

P.  435  (1).  Nom  douteux.  B  ^jy-O -,  L  M5>a5  ;  D  ^^ya/o;  Ibn  Kotaïba, 
dans  le  chapitre  où  il  traite  des  principales  sectes  musulmanes  et  en  ex- 
plique les  noms,  parle  d'un  certain  hérétique  qu'il  nomme  Ma'rouf,  fils  de 
Kharraboud.  Cette  leçon  n'est  pas  sans  analogie  avec  celle  de  la  copie  de 
l'Inde. 


TABLE 
DES  PRINCIPALES  MATIÈRES 

CONTENUES  DANS  LE  TOME  QUATRIÈME. 


Avertissement 


Paijcs. 


Chapitre  LXII.  Des  quarts  du  monde;  des  éléments;  des  ca- 
ractères distinctifs  de  chaque  partie  de  la  terre,  au  levant, 
au  couchant,  au  midi  et  au  nord;  des  vents;  de  la  puis- 

-  sance  exercée  par  les  astres,  et  autres  détails  qui  se  rat- 
tachent à  ce  chapitre  et  se  rapportent  au  même  sujet ...         i 

Théorie  des  quarts  de  la  terre  dans  leurs  rapports  avec  les 
éléments,  p.  2.  —  Pourquoi  certaines  contrées  sont  inha- 
bitables, p.  l\.  —  Durée  de  rinlluence  des  astres,  p.  5.  — 
Influence  du  climat  sur  l'homme,  p.  9.  —  Des  êtres  sur- 
naturels, p.  10.  —  Tradition  relative  aux  nesnas,  p.  1  •_>. 
—  L'anka  et  Virbid,  p.  1  f).  —  Prédiction  de  Khaled,  pro- 
phtte  des  Béni  Ahs ,  p.  •>  1 .  —  Tradition  relative  au  cheval , 
|).  23.  —  Du  degré  de  confiance  qu'on  doit  accorder  auv 
traditions,  p.  -.îri.  —  Influence  des  saisons  sur  la  diges- 
tion, p.  29.  —  Opinion  d'IIippocrale  sur  le  non)bre  if/j/, 
p.  3i.  — De  l'aclion  exercée  par  le  climat  et  les  vents. 
p.  82.  —  Aperc^u  fie  la  superficie  l'I  des  distances  rela- 
tives «les  p.'iys  .  n.  .')-. 

riiapilrc  LXlil.  l'idiliccs  ((iiisiu  irs;  nioniiniciils  rcji^'irux  ; 
Iciiipics  (Jeslincs  an  ciilic  thi  feu  l'I  des  idoles.  Los  nsires 
et  .tiilrrs  incivcillcs  de  ce  moud»'.  . \:>. 

lieligion  (les  prcniicis  lionnnes ,  p.  'r.>..  — (lulte  des  astres, 
p.   '\'.'}.     -    i'iédiealioM   et  voyages  de   lioudasf,  p.  '|/|. 
fj'idolc  llolml  .idotcc  ,'i  1,1  Mrcijuc,  p.   '|fi.  Teuipirs  du 


klk  TABLE  DES  MATIERES. 

Pages. 

feu  à  Ispahân  et  dans  l'Inde;  le  Naubéliar  à  Balkli ,  p.  47. 
—  Edifice  nommé  Goamdân ,  a  Sanaa ,  p.  49.  —  Kaouçân , 
nom  d'un  pyrée  à  Ferganah ,  p.  5 1 .  —  Temple  merveil- 
leux en  Chine,  p.  52.  —  Par  quel  emblème  les  Chinois 
représentent  l'action  des  astres  sur  le  monde,  p.  53. 

Chapitre  LXIV.  Des  édifices  religieux  cliez  les  Grecs 55 

Temple  d'Antioche,  p.  55.  —  Les  pyramides  d'Egypte  et  le 
temple  de  Jérusalem ,  p.  56. 


Chapitre  LXV.  Des  édifices  religieux  chez  les  anciens  Ro- 


Temple  de  Carthagc  consacré  à  Vénus ,  p.  57.  —  Autres  édi- 
fices religieux  chez  les  Francs  et  en  Macédoine,  p.  58. 


57 


Chapitre  LXVL  Des  édifices  religieux  chez  les  Slaves 58 

Temple  sur  la  montagne  Noire,  p.  59.  —  Autre  temple  bâti 
sur  un  promontoire,  p.  Sg. 

Chapitre  LXVIL  Des  édihces  consacrés  et  des  monuments 
religieux  chez  les  Sabéens  et  d'autres  sectes;  renseigne- 
ments divers  qui  se  rattachent  au  sujet  traité  dans  ce  cha- 
pitre  , ' 61 

Temples  de  la  Cause  première  et  de  la  Raison ,  p.  6 1 .  —  Forme 
des  temples  dédiés  ^aux  planètes,  p.  62.  —  Mystères  du 
temple  de  Harrân ,  p.  63.  —  Inscription  syriaque  à  Harrân , 
p.  64.  —  Digression  sur  la  nature  de  l'àme,'p.  65.  — 
Auteurs  cités  par  Maçoudi  relativement  an  culte  des  Sa- 
béens, p.  68.  —  Temple  magnétique  en  Chine,  p.  69. 

Chapitre  LXVIIL  Renseignements  sur  les  temples  du  l'eu, 
etc 7'^ 

Origine  du  culte  du  feu ,  p.  7  2.  —  Pyrées  bâtis  par  le  roi  Afé- 
ridoun,  p.  73.  —  Par  les  autres  rois  de  Perse,  p.  74.  — 
Pyrée  nommé  Azercljoaï,  p.  75.  —  Persépolis,  p.  76.  — 
Temples  dans  plusieurs  villes  du  Fars,  p.  78.  — Tradi- 
lion  relative  aux  trois  mages,  p.  79.  —  Pyrée  sur  le  canal 
<\e  Constantinople,  p.  80.  —  Aventure  de  Sabour  avec  la 
fille  dn  roi  de  Hadr  (  Atra) ,  p.  8 1 .     -  Temple  de  Baalbek  , 


TABLE  DES  MATIERES.  475 

Pages. 

p.  87.  —  Tradition  coiicernanl  Ireni  aux  piliers,  p.  88.  — 
Des  recueils  de  contes  populaires,  p.  89.  —  Anciens  édi- 
fices à  Damas,  p.  90.  —  Singulier  mode  d'échanges  dans 
le  pays  de  l'or,  dcnière  Sidjilmaçah.  p.  92.  —  Quelques 
autres  édifices  fabuleux,  cités  p.  gS.  —  Tentative  de  per- 
cement de  l'isthme  de  Suez,  p.  96. 

Cliapitre  LXIX.  Résumé  de  chronologie  universelle  depuis 
le  commencement  du  monde  jusqu'à  la  naissance  de  notre  - 
Prophète,  et  autres  détails  sur  ce  sujet 100 

Opinions  des  astronomes  et  des  physiciens  sur  l'éternité  du 
monde,  p.  100.  —  Réfutation  de  ces  théories  impies, 
p. ,io3.  — Chronologie  universelle,  p.  io5.  — Eres  des 
Juifs  et  des  Mages ,  p.  1 06.  —  Autres  preuves  contre  l'éter- 
nité du  monde,  p.  110.  —  Arguments  tirés  du  Koran, 
p.  1  1  I . 

Chapitre  LXX.  Naissance  du  Prophète;  sa  généalogie  et  tout 
ce  qui  se  rapporte  à  ce  sujet i\h 

Généalogie  de  Mahomet,  p.  11  5.  —  Elle  est  inceilaine  à 
partir  de  Nizar,  p.  116.  —  Liste  des  ancêtres  de  Maadd, 
d'après  une  source  juive,  p.  1 18.  —  Surnoms  du  Prophète, 
p.  119.  —  Année  de  sa  naissance ,  p.  1  20.  —  La  tribu  do 
Roreïch  divisée  en  vingt-cin(|  branches,  p.  121.  —  Ori- 
gine du  serment  des  Foudoul,  p.  1  2  3.  —  Guerres  de  Fidjur, 
j>.  12  5.  —  Restaurai  ion  de  la  Kaabah ,  p.  1  2().  —  Discus- 
sion sur  la  date  de  ces  événements,  p.  1  29.  —  Enfance 
et  jeunesse  du  Prophète,  p.  1  3 1 . 

Cha[)itrc  LXXl.  Mission  (hi  Prophète;  son  histoire  jusqu'à 
l'hégire i3'j 

Premiers  versets  du  koran  révélés  ;i  Maiionicl .  p.  i33. — 
Date  de  sa  mission  ,  |).  1  33.  —  Date  de  la  cnnveisiou  d'Ali , 
p.  i3/i.  —  Les  i^remiers  disciples  de  l'islaru  ,  p.  1  3(). 

Chapitre  LWII.  ("iiilc  du   i^opliele  (hégire);  résumé  des 
principaux  laits  historiques  jusqu'à  sa  inori 187 

\  (|iiei  âge  h'  Prophète  reçut  sa  mission,  p.  1  ,iN.  —  Délails 
sui  riiégiic,  p.  I  38. — La  prièie du  vendredi,  p.  l'io. — 
Nombre  des  gnen'e^  rominandécs  par  Mahomet ,   p.  l'i''- 


476  TABLE  DES  MATIERES. 

Pages. 

—  Nombre  des  expéditions  dirigées  par  ses  lieutenants, 
p.  i45.  —  Femmes  et  enfants  de  Mahomet ,  p.  i  AS  el  i  47. 

—  Morale  du  Koran,  p.  1/17.  -^  Discussion  sur  l'âge  de 
Mahomet,  p.  1  /i8.  —  Ses  funérailles,  p.  1  5o. 

Chapitre  LXXIII.  Précis  des'  événements  et  des  faits  histo- 
riques survenus  entre  la  naissance  et  la  mort  de  notre . 
saint  Prophète 1  Tîo 

Son  enfance ,  p.  1 5  i .  ■ —  Autres  détails  sur  les  guerres  de 
Fidjar,  p.  i53.  —  Suite  de  la  biographie  de  Mahomet, 
p.  i54.  —  An  ]  de  l'hégire,  p.  i55.  —  An  11,  an  m, 
an  IV,  p.  i56.  —  An  v,  an  vi,  p.  1  57.  —  An  vu  ,  p.  1  58. 

—  An  vin,  p.  169.  —  An  ix,  an  x,  p.  160.  —  An  xi; 
mort  du  Prophète,  p.  161.  —  Ses  enfants,  p.  162. 

Chapitre  LXXIV.  Des  locutions  (sentences)  nouvelles  intro- 
duites par  le  Prophète  et  inconnues  avant  lui 1 63 

Eloquence  des  anciens  Arabes ,  p.  1 64.  —  Eloquence  du  Pro- 
phète, p.  i65.  —  Suite  de  ces  sentences,  p.  1  6(5.  —  Au- 
teurs qui  les  ont  recueillies ,  p.  1 7/1. 

Chapitre  LXXV.  Khalifat  d'Abou  Bekr  le  Véridique lyT) 

Sa  généalogie;  abrégé  de  sa  vie  et  de  son  histoire,  p.  177. 

—  Son  austérité ,  p.  1 78.  —  Sa  conduite  à  l'égard  d'Abou 
Sofiân,  p.  179.  —  Histoire  abrégée  des  enfants  d'Abou 
Bekr,  p.  1 80.  —  Par  qui  son  élection  fut  contestée ,  p.  1 83. 

—  Il  meurt  empoisonné  par  les  Juifs;  ses  dernières  pa- 
roles, p.  18/i.  —  Ses  conseils  aux  généraux  chargés  d'en- 
vahir la  Syrie,  p.  1  86.  —  Faux  prophètes  dans  le  Yémcn  , 
p.  187.  —  Résumé  des  derniers  événements  de  ce  règne, 
p.  189.  ■ 

Chapitre  LXXVI.  Khalifat  d'Omai-,  111s  de  Kaltab  (que  Dieu 
l'af^'-oc!) '9" 

Sa  généalogie;  abi'égé  de  sa  vie  et  de  ses  guerres,  p.  193.  — 
Ses  surnoms,  p.  192.  —  Simplicité  de  sa  mise;  ses  mœurs 
austères,  p.  198.  —  Plaintes  contre  Saïd  ben  Amir,  gou- 
verneur d'Émèse,  p.  193.  —  Frugalité  de  Sclmâii  le 
Persan ,  p.  1 95.  —Mœurs  d'Abou  Obeidah  ,  gouverneur  <le 


TABLE  DES  MATIERES.  477 

Pagoi. 

la  Syiio,  j).  itjCi.  —  Aboii  Obeïd  commande  l'arméo  ([ui 
t'nvaliit  la  Perse,  p.  197.  —  Bataille  du  Pont  (ou  de  Kous 
en-Natif),  p.  198.  —  Mort  d'Abou  Obcïd,  p.  200.  — 
Omar  liésitc  sur  le  choix  d'un  nouveau  général,  p.  201. 

—  Djérir  el-Bédjéli  défait  l'armée  persane  sur  les  bords 
du  Tigre,  p.  2o5.  —  Bataille  de  Kadiçyeh,  p.  207.  — 
Exploits  de  dalib  el-Açédi,  p.  208.  •= —  Autre  relation  de 
la  même  bataille,  p.  210.  —  Prouesses  du  poète  Abou 
Miluljan ,  p.  2  1 3.  —  Nom  des  trois  journées  de  Kadiçyeh  , 
p.  219.  —  Vers 'prononcés  par  des  musulmans  blessés, 
p.  220.  —  Défaite  et  mort  de  Roustem,  p.  222.  —  Date 
de  cette  bataille,  p.  224.  —  Fondation  de  Basrah  et  de 
Koufah,  p.  225.  —  Omar  est  assassiné  par  im  esclave 
persan,  p.  226.  —  Postérité  de  ce  khalife,  p.  228.  — 
Conversation  entre  Omar  et  Abd  Allah,  fils  d'Abbas, 
p.  2  28.  —  Hormuzàn  compare  la  Perse  à  un  oiseau ,  p.  280. 

—  Nômân  conduit  une  armée  contre  les  Persans ,  p.  28 1 . 

—  Jl  leur  envoie  Mogaïrah  en  parlementaire,  p.  28 1.  — 
Bataille  de  Néhawend ,  p.  233.  —  Nômân  et  le  chef  persan 
sont  tués,  p.  2  3A.  — Propos  d'Amr,  fils  de  Màdi  Karib, 
sur  les  principales  tribus  ai'abes,  p.  230.  —  Comment  il 
dépeint  la  guerre,  p.  239.  —  Il  raconte  à  Omar  son  pre- 
mier combat  avec  Rébyâh  ,  p.  2/1 1 .  —  Seconde  rencontre 
de  ces  deux  guerriers,  p.  2/47. 

Cliapitrc  LXXVIl.  Mialilal  (rOtniàii,  lils  d'Allan  ((|ueDieu 
l'agrée  !  ) 25<j 

Sa  généalogie;  résumé  de  son  histoire  et  de  sa  vie,  p.  251. 

—  Ses  enfants,  p.  25  1. —  Luxe  de  plusieurs  nuisulmans 
sous  ce  r^gne,  p.  253.  —  Mauvais  agents  nommés  par  le 
khalife,  |i.  25(5.  —  Conduite  scandaleuse  de  Walid  ;i 
koulali,  p.  257.  —  Il  est  destitué  siu"  les  instances  d'Ali , 
p.  261.  —  Plaintes  contre  Saïd  son  successeur,  p.  261.  — 
Mécontentejnent  général  contre  Otmân,  p.  2()5.  —  Aven- 
ture de  Walid  avec  nu  sorcier  juif,  p.  2()().  —  Cruauté 
d'Otmàn  à  l'égard  d'Abou  Derr,  p.  2()8  —  Elle  suscite  luie 
(|ueielle  entre  Ali  et  Merwân,p.  271.  —  Aminar  fomente 
la  révolte,  p.  27/1.  —  Les  conjurés  se  réunissent  à  Médiue, 
p.  27('>.  —  Otmân  est  assiégé-  dans  sou  palais,  p.  27S.  — 
Il  nu'url  assassiné,  p.  281.  —  Vers  conti'e  ses  meiu'- 
Iriers  ,  p.  283.  —  Répruise  d'un  poêle  du  jiarli  d'Ali, 
|).   28(1. 


478  TABLE  DES  MATIEUES. 

Page». 

Chapitre  LXXVIII.  Rhalifat  d'Ali,  fils  d'Abou  Talib 288 

Généalogie  de  ce  khalife;  aperçu  de  son  histoire  et  de  ses 
expéditions,  p.  289.  —  Ses  enfants,  p.  290.  —  Détails 
sur  les  pertes  des  musulmans  à  la  bataille  du  Chameau  et 
à  celle  de  Siffin,  p.  293.  —  Noms  des  chefs  du  parti  des 
Kharidjites,  p.  296.  —  Griefs  de  certains  musulmans 
contre  Ali,  p.  296. —  Amr,  fils  d'el-Assi,  s'allie  à  Moâ- 
wiah,  p.  298.  —  Conseils  donnés  par  Mogaïrah  à  Ali, 
p.  299.  —  Autre  tradition  sur  le  même  sujet,  p.  3oo. 

Chapitre  LXXIX.  Récit  de  la  journée  du  Chameau  ;  ses  causes  ; 
combats  livrés  pendant  cette  journée,  etc 3o/i 

Les  conjurés  partent  pour  Basrah,  p.  3o3.  —  Remords  d' Aï- 
chah;  premier  faux  serment  des  musulmans,  p.  3o6.  — 
Ali  entre  en  campagne,  p.  307.  —  Défilé  de  son  armée  à 
Basrah,  d'après  un  témoin  oculaire,  p.  309.  —  Commen- 
cement des  hostilités ,  p.  3 1 5.  —  Ali  adresse  des  reproches 
à  Zobeïr,  p.  317.  —  Mort  de  ce  chef,  p.  3 1  9.  —  Talhah 
est  tué,  p.  32  1.  —  Lutte  acharnée  autour  du  chameau 
d'Aïchah,  p.  026.  —  Anecdotes  sur  cette  bataille,  p.  332. 

—  Intrigues  de  Djérir;  sa  mission  chez  Moâwiah,  p.  338. 

—  Alliance  de  ce  dernier  avec  Mogaïrah,  p.  3/i  i- 

Chapitre  LXXX.  Résumé  de  ce  qui  s'est  passé  à  Siffin  entre 
les  habitants  de  l'Irak  et  ceux  de  la  Syrie. 343 

Entrée  en  campagne  d'Ali  et  de  Moâwiah,  p.  3^^.  —  Pre- 
miers engagements  sur  les  bords  de  l'Euphrate,  p.  345. 

—  Avantages  remportés  par  l'armée  d'Ali,  p.  348.  — 
Négociations  inutiles;  reprise  des  hostilités,  p.  35o.  — 
Les  huit  journées  de  Siffm ,  p.  35 1 .  —  Ali  prend  part  à  la 
lutte,  p.  355.  —  Mort  d'Ammar,  p.  359.  —  Prouesses  de 
Mirkal,  p.  36 1 .  —  Paroles  de  Hodaïfah  à  son  lit  de  mort , 
p.  364.  —  Mort  du  fils  d'Omar,  p.  367..  —  Conduite  hé- 
roïque d'Ali,  p.  369.  —  La  nuit  du  grondement,  p.  376. 

—  Le  Koran  est  arboré  an  bout  des  lances,  p.  378.  — 
Défection  des  officiers  d'Ali,  p.  379.  —  Manœuvres  dé- 
loyales d'Achat ,  p.  38 1 . 

Chapitre  LXXXL  Les  deux  arbitres;  causes  rpii  ont  produil 
l'arbitrage • ^^■^ 


TABLE  DES  MATIERES.  479 

Teneur  de  la  feiiiHe  d'instructions,  p.  38/i.  —  Querelle 
d'Achat  cl  d'Orwah,  p.  385.  —  Évaluation  des  pertes  des 
deux  armées  à  Siflni ,  p.  38().  —  Discordes  dans  le  camp 
d'Ali  ;  les  Haroaryeh,  p.  SSg.  —  Conférence  d'Amr  et 
d'Abou  Mouça,  p.  Sga.  —  Stratagème  d'Amr,  p.  SgS.  — 
Discours d'Abou  Mouça ,  p.  397.  — Moâwiah  est  élu,  p.  SgS. 
—  Autre  version  sur  cette  conférence,  p.  399.  — Vers  com- 
posés en  cette  circonstance ,  p.  /ioo.  —  Troisième  version , 
p.  4o2.  —  Ruse  de  Moâwiah  contre  Amr,  p.  4o3.  — 
Paroles  d'Ali ,  p.  4o6. 

Chapitre  LXXXII.  Expédition  d'Ali  contre  les  révoltés  de 
Nehrewàn;  mort  de  Mohammed,  hls  d'Abou  Bekr;  mort 
d'Achter  en-Nakhâyi,  avec  d'autres  détails  qui  se  rat- 
tachent à  ce  sujet /j  1  o 

Discours  prononcé  par  Ali ,  p.  I\n.  —  Combat  près  du  ponl 
de  Tararistân,  p.  4  1 3,  ■ —  Prouesses  d'Ali ,  p.  4 1 4.  —  Sin- 
gulière anecdote  sur  Mokhdadj  ,  p.  4  1  5.  —  Défection  de 
la  tribu  de  Nadji,  p.  4  18.  —  Déloyauté  de  Maskala, 
p.  419.  —  Lutte  des  deux  partis  en  Egypte,  p.  421.  — 
Mort  du  fils  d'Abou  Bekr,  p.  42:?.  —  Achtcr  est  empoi- 
soruié ,  p.  423.  —  Controverse  sur  la  conduite  d'Ali  pen- 
dant ses  deux  grandes  expéditions,  p.  424. 

Chapitre  LXXXIII.  Assassinat  du  prince  des  Croyants  Ali, 
lils  d'Abou  Talib Zi26 

Ibn  Moldjem  et  ses  deux  complices,  p.  'i2().  —  Ils  s'ad- 
joignent deux  autres  Arabes,  p.  428.  —  Perpétration  du 
crime,  i).  429.  —  Dernières  recommandations  d'Ali, 
p.  43  I.  —  Date  de  sa  mort,  p.  433.  —  Supplice  d'fbn 
Moldjem,  p.  434.  —  Vers  relatifs  à  ces  événements, 
p.  /iS-S.  —  Tentative  de  Borek  contre  la  vie  de  Moâwiah, 
p.  436.  —  Zadaweïh  assassine  Kharidjah  au  lieu  de 
Amr,  p.  ^137.  — Prédictions  d'Ali,  la  veille  de  sa  mort, 
p.  439. 

Chapitre  LXXXIV.  Paroles  mémorables  d'Ali:  sa  piélé  el 
autres  détails  sur  sa  vie /»4  • 

Simplicité  de  ses  mœurs,  p.  f\f^l.  —  Fragments  de  ses 
homélies  sur  le  monde  el  la  \ie   l'iilnrc,  p.  44  2.  —  Autre 


/i80  TABLE  DES  MATIERES. 

Pages. 
fragment  sur  le  même  sujet,  p.  444.  —  Portrait  d'Ali  par 
Dirar,  fils  de  Damrah,  p.  446. —  Tradition  prophétique 
concernant  ce  khalife,  p.  440.  —  Reproches  adressés  à 
ses  ennemis  par  Ibu  Abbas ,  p.  45 1 .  —  Paroles  d'Ali  à  son 
lit  de  mort ,  p.  4  5  2 .  — ■■  Autres  ouvrages  de  Maçoudi  où  il 
a  été  parlé  de  ce  khalife,  p.  455.  —  Pourquoi  Ali  l'em- 
portait sur  tous  les  Compagnons  du  Prophète,  p.  456. 

Variantes  et  notes 45() 


FIN  DE  LA  TABLE  DES  MATIERES. 


Biré  '.  APR  2  91968 


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