HANDBOUND
AT THE
UNIVERSITY OF
TORONTO PRESS
XI ïï"!
COLLECTION
D'OUVRAGES ORIENTAUX
PUBLIltr-;
PAR LA SOCIÉTÉ ASIATIQUE.
SE VEND A PARIS
CHEZ ERNEST LEROUX, LIBRAIRE,
RUE BONAPARTE, K° 28;
A LONDRES
CHEZ WILLIAMS AND NORGATE,
1 /j , HEMtIF.TTA SrnEET ( COVKNT - GAnDEN ) ■
PRIX : 7 IV. 5o c.
OGIÉTÉ ASIATIQUE.
COLLECTION D'OUVRAGES ORIENTAUX.
MACOllDI.
LES PRAIRIES D'OR
TEXTE ET TRADUCTIOÎS
l'A R
C. RARRIER DE MEYNARD.
TOME SEPTLEME.
PARIS.
IMPRIMÉ PAR AUT0RISAT10.\ DE M. LE GARDE DES SCEAUX
À L'LMPRIMERIE NATIONALE.
M DCCC LWIII.
9~
;l^
33
AVERTISSEMENT.
Co volume commence avec ravéïiement dérim'tii de
Mamoun, après la chute de l'usurpateur Ibrahim , fils de
Mebdi, et se termine au meurtre de Moutazz, en 2 55
de l'hégire; il comprend donc une période d'environ
un demi-siècle.
Le lecteur est maintenant trop familiarisé avec la
manière de Maçoudi, pour attendre de lui une narra-
lion méthodique et soutenue des laits relatifs aux Kha-
lifes Abbassides. Le règne du plus illustre d'entre eux,
celui de Mamoun, olfre encore un exemple du goût
prononcé de notre auteur pour l'anecdote et les digres-
sions. Dans les cent pages consacrées à cette époque
brillante, à propos de laquelle on évoque, un peu am-
bitieusement peut-être, les souvenirs des Médicis et de
Louis XIV, si Ton excepte quelques détails sur les me-
nées politiques des Alides, la révolte du fils de Mehdi
et la dernière expédition contre les Grecs, tout le reste
est du domaine de la biographie intime et de l'histoire
littéraire.
Mais (juc d'aperçus ingénieux, que de précieuses ré-
II AVERTISSEMENT.
vélations dans ces excursions à travers le champ de la
fantaisie! Avec quelle vérité l'esprit libéral et sceptique
de Mamoun se révèle clans ses entretiens avec les faux
])rophètes et les thaumaturges éclos au soleil de la libre
pensée! Trouverait-on, par exemple, chez un autre
chroniqueur arabe , un récit plus piquant, plus caracté-
ristique que celui de l'entrevue du Khalife avec le délé-
gué des Soufis? Un misérable mendiant, vêtu d'un pagne
blanc en lambeaux, se présente un jour au palais, à
l'heure où les théologiens, les philosophes les plus illus-
tres dissertent en présence du maître. 11 insiste pour
être introduit et ivclame le droit de prendre part ;i !;■.
discussion. Mamoun a leconnu en lui le représentant
d'une secle à peine dégagée de ses langes, mais dont
les doctrines, singulier mélange de communisme social
et de mysticisme panthéistique, exerceront, un jour, une
influence pénétrante sur les destinées du monde orien-
tal. Il accueille l'inconnu avec bonté et l'autorise à par-
ler. Sans hésiter, le souh lui demande compte de l'au-
torité absolue qu'il exerce. Comment faut-il ]'apj)eler?
Usurpation, conquête de la force, ou, au contraire,
délégation librement consentie et consacrée par le suf-
frage populaire P Avec un adversaire autre que Mamoun,
le bourreau seul eût été chargé de répondre, et l'impru-
dent ambassadeur eût expié sur «le tapis de ciiir des
exécutions » son crime de lèse-majesté divine et humaine.
Mais le génie du Khalife a compris tout le parti qu'il
pouvait tirer de cette singulière rencontre.
Par une évolution habile, il fait bon marché de l'hé-
ritage paternel et du serment de fidélité par lequel la
conmiuuauté musulmane en a consacré la possession
entre ses mains. «Je sais, dit-il, que le peuple estleseul
AVERTISSEMENT. ni
maîlre de ses destinées et qu'en lui seul réside la souve-
raineté véritable. Le pouvoir qui m'a été transmis, je ne
le retiens que pour obéir à ime nécessité de salut pu-
blic. Je ne le retiens, sans mandat il est vrai, mais aussi
sans usurpation, que pour maintenir l'ordre dans l'État
et assurer l'accomplissement des grands devoirs reli-
gieux, le pèlerinage et la guerre sainte. Que la nation
se mette d'accord sur le choix d'un chef plus digne que
moi de la diriger et je cesse de régner. Va, dit-il à son
interlocuteur interdit, je ne veux pas d'autre représen-
tant que toi; fais connaître mes intentions à ceux qui
l'ont envoyé, recueille les suffrages populaires autour
d'un nom unanimement accepté, et j'abdique sur le
champ. » Le soufi ne répond pas , et que pourrait-il ré-
pondre? Il salue, se retire et court rendre compte de
son entrevue à ses compagnons, cachés au fond d'une
mosquée. La déclaration de Mamoun est reconnue sage
et conforme à la loi de Dieu [clieriai); désarmés pni'
cette réponse simple et logique, les û])posants se dis-
persent et vont répandre partout finutilité d'une mani-
festation contre le possesseur de fait du klialifat. Ainsi,
peut-ôlre, fut étoudee dans son germe une conspiration
qui eût été fatale à la dynastie d'Abbas.
Signalons encore dans le même chapitre, parmi les
faits qui méritent d'attirer plus particulièrement l'atten-
tion de l'historien, le récit de la dernière expédition de
Mamoun contre l'empire byzantin, et un(; tradition re-
vêtue d'un grand caractère d'authenticité sur la maladie
et les derniers moments de ce souverain. Le vif éclat
qu'il jeta sur les sciences et les lettres aurait mérité,
sans doute, une; mention particiilièie de la part d'un
eciivain aussi cinienx (|ue iV;lait Maçoudi d'étudier fin-
IV AVERTISSEMENT.
fluence de la civilisation grecque sur le monde musul
man. Les renseignements qu'il donne dans le cours de
sa vaste compilation sur les emprunts faits par les Ara-
bes à leurs devanciers montrent tout ce qu'on eût été
en droit d'attendre de son érudition. Son silence à cet
égard ne peut donc s'expliquer que par la résolution
formelle chez lui et maintes fois répétée, d'éviter toute
redite des faits développés dans les deux grands ou-
vrages dont le titre revient sans cesse sous sa plume.
Si le premier devoir d'un éditeur n'était de repro-
duire jusque dans ses taches et ses imperfections le do-
cument dont il entreprend la restauration, j'aurais vo-
lontiers élagué du chapitre consacré à Moutaçem-Billah
deux ou trois tableaux de genre d'un réalisme révoltant.
El-mainoar-ma zoar, dit un proverbe arabe que j'invo-
que volontiers, «tâche imposée est d'avance excusée.»
Si, dans de telles circonstances, la copie ne reprodin't
que faiblement l'original, personne, je crois, ne lui re-
prochera cette infidélité de parti pris. Mais même au
milieu de ces scories, il y a des parcelles d'or à recueil-
lir, et le premier dégoût surmonté, on trouve dans ces
débauches d'esprit quelques indications d'une grande
valeur soit pour la lexicographie, soit, ce qui vaut mieux
encore, pour la connaissance de la vie intime aux pre-
miers âges de l'islam. Le même chapitre nous olfre
(failleurs, à titre de dédommagement, d'excellentes
données sur la révolte du fameux sectaire Babek, et un
historique intéressant de la fondation de Samarra, ce
siège éphémère de la domination arabe.
A part les noms et les dates par lesquels il débute,
le chapitre intitulé « Khalifat de Watik-Billah » est
d'un bout à l'autre un hors-d'œuvre où l'humeur no-
AVERTISSEMENT. v
Iliade de IVIaçoudi se donne libre carrière. La preniièro
moitié de ce chapitre figurerait mieux dans les galeries
littéraires do Taalebi, et la seconde, curieuse exposition
des principes de la médecine, revendiquerait sa place
dans l'introduction du traité d'Ibn Abi Ossaybyab.
Le règne suivant, celui de Motewekkil, est étudié
avec plus de soin , au moins dans ses derniers para-
grapbes. On y suivra avec intérêt les développements
de l'usurpation des affranchis turcs, les intrigues de
cour qui enveloppent dans leur réseau ce Khalife, le
plus énergique de sa race, et le jettent désarmé devant
les poignards des esclaves ameutés. Parmi les épisodes
liumorisliqucs du même chapitre, citons les mésaven-
tures du poëte Bohtori et fétrange complainte de Y Ane
amoureux, où le génie arabe, qu'on se plaît à représenter
imperturbable dans sa gravité, se révèle sous un aspect
nouveau, je dirais presque contemporain. Ainsi la pa-
rodie avait ses entrées à la cour, et le travestissement
inepte de l'amour héroïque et de la grande poésie était
comme chez nous, hélas! salué par des applaudisse-
ments enthousiastes et généreusement récompensé.
On lira sans surprise les éloges que Maçoudi accorde
au règne suivant, celui du parricide Mountasir. Ce
prince, durant sa courte dominalion, prodigua ses fa-
veurs aux Alides, restaura les tombeaux de leurs an-
cêtres et témoigna hautement de son respect pour la
mémoire d'Ali. C'en était assez pour mériter les suf-
frages d'un historien qui, sans appart(;nir ouvertement
au parti chiite, ne néglige aucune occasion démontrer
que la cause de la sainte famille a toutes ses sympathies.
D'ailleurs, cette prédilection s'explique cbez lui et par
le courant (jui entraînait vers ce pai'ti tout homme
VI AVERTISSEMENT.
éclairé, el par des traditions de famille, notre auteur
étant né, comme on le sait, en Afrique, sous une dy-
nastie issue d'Ali et hostile à l'usurpation abbasside. On
s'expliquera de la même manière la fidélité scrupuleuse
avec laquelle les insurrections des Alides, sous le règne
de Mostaïn et de Moutazz, sont racontées et consti-
tuent un récit soutenu au milieu des digressions les
plus imprévues.
Parmi les contributions que ce nouveau volume ap-
portera à l'histoire littéraire des Arabes, il est juste de
signaler une curieuse annotation sur la prosodie et un
aperçu sur les mètres nouveaux mis en vogue par
Abou '1- Atahyah ; plusieurs extraits des odes de ce même
écrivain; im parallèle finement étudié entre Bohtori et
Abou Tammam; quelques vers d'Ali, fils de Djehni,
un poëte celui-là dans toute l'acception du mot, et qui
mériterait une étude spéciale; enfin dilTérents morceaux
que l'on doit considérer comme d'utiles variantes aux
traditions de YAgliani.
En présence d'un nombre aussi considérable de frag-
ments poétiques épars dans le récit et transcrits par les
copistes avec une négligence déplorable, c'était un de-
voir pour l'éditeur de remonter aux sources originales,
toutes les Ibis qu elles lui étaient accessibles. C'est ce
qu'il a été possible défaire pour quelques-uns des poètes
cités , notamment pour Abou Tammam et Bohtori ,
ciont les divans existent complets ou j)ar fragments à la
Bibliothèque nationale. La comparaison de ces docu-
nieuts avec mes copies m'a démontré une fois de plus
que le manuscrit de Dehli (lettre D) a conservé fidèle-
ment la rédaction de l'auteur, et que Tordre dans le-
quel les vers d'une même pièce se déroulent est plus
AVERTISSEMENT. vu
conforme au texte original que celui des autres manus-
crits. En d'autres termes, il est évident qu'il y eut, dès
une époque ancienne, un double courant de rédaction
dans les exemplaires des Prairies d'or. Le premier, que
j'appellerai le courant indien, à cause de la provenance
de la copie D, nous apporte une reproduction plus
exacte et plus complète du texte primitif, mais déparée
par de graves erreurs de copiste dans le seul manuscrit
qui nous l'ait conservée. L'autre rédaction, qu'on pour-
rait nommer égyptienne, est représentée par l'édition
imprimée à Boulak (lettre K), par le manuscrit de Mu-
nich (lettre M), et aussi, quoique avec plus d'indépen-
dance, par le manuscrit A. Ces copies ont été décrites
pour la plupart dans ia préface du tome premier, et si
j'en fais de nouveau mention à propos des vers si nom-
breux du présent volume, c'est qu'il importe que le
lecteur sache quel degré de confiance elles méritent
dans la liste des variantes. On doit ajouter aussi que
Maçoudi, selon toute vraisemblance, laisait ses cita
tions de mémoire ou sur des notes prises à la bâte; de
là l'incohérence des heit dans une même pièce : la lassi-
tude des copistes a fait le reste. Toutes les fois que l'é-
tude attentive des divans originaux et celle du texte im-
primé de VAcjhani m'ont mis sur les traces d'une lacune,
j'ai pris .'join de séparer par des points les vers qui ne
présentaient aucune liaison entre eux. Pour tous les
passages où ces éléments de comparaison m'ont fait dé-
faut, je crois devoir solliciter de nouveau l'indulgence
de ceux de mes lecteurs qui ont eu à lutter contre de
semblables difficultés.
Pourtant je serais le jouet d'une illusion, si j'espérais
que cet appel à la critique impartiale, mais bicnveil-
VIII AVERTISSEMENT,
lante, trouvera de i'écho à Heidelberg, où les )3ublica-
tions relatives à l'histoire musulmane sont, depuis quel-
ques années, l'objet d'un examen qu'on souhaiterait plus
impersonnel et mieux fondé. Dans la préface de ses
Fragmenta histoiicorum arabicorum, mon savant ami,
M. de Goeje, a déjà fait justice de cette critique à ou-
trance, et tout en plaidant sa propre cause, avec autant
d'autorité que de verve, il a bien voulu prendre inci-
demment ma défense et démontrer l'inanité de la plupart
des objections qui m'étaient adressées.
Pouvait-on s'attendre à un autre résultat? L'historien
allemand des Khalifes n'appuie ordinairement ses réfu-
tations que sur des hypothèses fantaisistes ou sur le té-
moignage du Kamoiis. Or, personne n'ignore que cet
océan de mots se prête à toutes les explications, et
qu'avec un peu de dextérité on peut lui demander la
solution non-seulement d'un vers arabe, mais même
des énigmes d'un texte assyrien ou d'une inscription
hymiarite. Quant au procédé qui consiste à rétablir un
passage douteux en y introduisant des variantes que
nulle copie n'autorise, s'il est d'une simplicité merveil-
leuse , il ne peut scftisfaire le traducteur qui s'est fait
un devoir de ne jamais substituer une combinaison ar-
bitraire aux leçons, si étranges qu'elles soient, qu'il a
sous les yeux.
Il n'est donc pas surprenant que du prolixe examen
consacré au tome VI des Prairies d'or dans les Heidcl-
hcrijcr Jahrhiicher der Literatar (1872 , n° 2), je n'aie pu
tirer que trois ou quatre observations judicieuses, les-
quelles figurent dans la liste des corrections. Ce serait
une tâche fastidieuse pour moi et sans profit pour Je
lecteur d(> donner ici les raisons qui ne m'ont pas per-
AVERTISSEMENT. ix
mis d'en recueillir un plus grand nombre. Celle lâche,
à vrai dire, ne serait pas difficile et, s'il fallait absolu-
ment produire au jour les pièces du procès, je crois
pouvoir compter sur l'iiospitalité du Journal asiatique;
mais je craindrais de me laisser entraîner à la suite de
mon adversaire sur le terrain des arguties et des per-
sonnalités; la réponse adressée à la spirituelle préface
de M. de Goeje, ne justifie que trop cette appréhension
de ma part. Les augures de Rome ne pouvaient, dit-on,
se rencontrer sans rire; faut-il que les orientalistes ne
puissent s'aborder sans se déchirer? Je laisserai donc à
l'aristarque allemand la satisfaction d'avoir le dernier
mot, mais qu'il me permette en revanche d'exprimer un
vœu que le monde savant ne peut que ratifier. Son His-
toire des Khalifes , il faut bien l'avouer, a subi , comme
toute chose en ce monde, les atteintes du temps. De-
puis la publication de cet ouvrage, si incomplet dans
sa prolixité, des documents d'une haute importance ont
paru, qui éclairent d'un jour nouveau des événements
jusqu'ici négligés ou mal expliqués. Les dates, les noms
propres, plusieurs points de détail et même certaines
vues d'ensemble gagneraient h être contrôlés sur les
textes publiés depuis trente ans et dont le nombre s'ac-
croît tous les jours. Si le savant professeur de Heidel-
berg voulait consacrer à ce travail de rajeunissement
l'activité et les soins minutieux qu'il met à censurer les
travaux de ceux qui suivent de loin ses traces, il con-
tribuerait plus utilement, et sans nuire à sa réputation
littéraire, à la préparation d'une histoire définitive du
khalifat d'Orient.
Ce volume, comme ses devancieis, doit beaucoup
aux savanles oliservaltons de MM. Derenbourg et de
X AVERTISSEMENT.
Slano, aussi bien qu'au zèle du personnel de Tlmpiiinerio
Nationale. Je suis heureux, en approchant du but, de
renouveler ici l'expression de ma gratitude envers fous
ceux qui m'aident si obligeamment dans l'accomplisse-
ment de ma longue entreprise.
I
<.jU,| lXjo s-^£ (^'T^' S-^Wi
(J^ J«*J»J yj*^J*^'SÎl» Cijj^^i w^àJÎ IvXiû [^Xjo ^r^ (j^ 4$_5
LIVRE DES PRAIRIES D'OR
ET DES MINES DE PIERRES PRÉCIEUSES.
CHAPITRE CXrV.
KUALIFAT D'EI.-MAAIOUN.
El-Mamoun (Abd Allah ben Haroun; son surnom j)atro-
iiyinique était Aboa Djâfar, ou , selon crautrcs, Abou l-Abbas;
sa mère, originaire de Badeguis, se nommait Meradjil) fut
proclamé Klialife à Tàge de vingt-huit ans et deux mois. Il
mourut à Bedidoun (lisez Podendouii , IloSsvSov) près de la
source Ei-Kochaïrah, de laquelle sort la rivière connue sous
le nom de Bedidoun ; on dit que le nom grec de cette source
2 LES PRAIRIES D'OR.
Jw_^j.i(Ufc£ ^*Jj5 l^x« i^AAw Q.-?^-Si.i£^ ^^tXi»-) XCi^Và». oOlw
J-^^Jljj^^i^ yv^r^j jUi^i)! ^^j>Ui\ ^ *i ^«Xjj) i^":^i>l*
est Aïdareka. Le corps de Mamoim fut transporté à Tarsous
et enterré dans cette ville, à gauche de la Mosquée (année
118 de rhégire). Il mourut âgé de quarante-neuf ans, après
un règne de vingt et un ans , sur lesquels il passa quatorze
mois à combattre son frère Mohammed , fils de Zobeïdah ,
comme nous favons raconté ci-dessus (voir t. VI , chap. cxni) ;
d'autres historiens disent que cette guerre dura deux années
et cinq mois. Pendant toute cette lutte, Mamoun fut salué
du titre de Khalife par les populations du Khoraçân, et Ton
joignit son nom aux prières publiques dans les grandes
villes, à Médine et à la Mecque, ainsi que dans les provinces
et districts des pays de plaines et de montagnes que Taher
avait soumis, et qu'il occupait pour Mamoun, tandis que
Mohammed (Emin) ne fut reconnu khalife qu'à Bagdad
seulement, et nulle part ailleurs.
RÉSUMÉ DE SON HISTOIRE ET DE SA VIE; APERÇU DES ÉVÉNEMENTS
DE SON RÈGNE.
Mamoun se laissa dominer par Fadl ben Sehl à un tel
CHAPITRE GXIV. ;î
(jj_J /«(S-ià^l y_j»v9l-l5 Csi-j dUS vAt i^ïj vv,jil iCXAUj ivÀA«(
w *i «I
(Jj'^ ^>jÀi.Aji j.^iàj ^jj.>oUI y6_j il5 iiXx^ (^jL 03^*iî ^^«Xw^il
C I*.
point que, ce ministre Tayant contrarié jusque clans l'ac-
quisition d'une esclave, Manioun finit par le mettre à mort,
ou, comme le prétendent quelques personnes, il aposta des
gens qui le tuèrent. Son autorité fut alors pleinement re-
connue par les ministres qui succédèrent à Fadl ; tels que
Ahmed (fds de Khaled), surnommé /(^ Louche; Amr, fds de
Maràdah , et Abou Yhadah , qui le saluèrent en leur qualité de
vizirs. Amr, (ils de Maçàdali, étant mort en 217, Mamoun
confisqua ses biens, mesure que désormais il ne prit à l'é-
gard d'aucun autre ministre. Enfin Mamoun subit, en der-
nier lieu, l'influence de Fadl, fils de Mcrwan et de Mo-
hammed, fils de Yezdad.
Sous son règne, Ali, fils de Riza, mourut empoisonné à
Tous et fut enterré dans cette ville; il était âgé de f|uaran(e-
neuf ans et six mois, mais ce chiffre est contesté.
Mamoun dirigea des atta([ues satiriques contre son oncle
paternel Ibrahim (fils rie Mehdi), surnommé Ihn-Cheldah;
le Khalife, qui professail les doctiiiies ch viles, avait crilifjué
en ces termes Ibrabini, (pii élail sunnilr :
4 LES PRAIRIES D'OR.
xxaj J«^I^ iïiy^' (A^ cK^»^ (i^ (Sy^^ »*>wJLi i*x_^
Xm*.Àj ejt«Xj ^^kJ y' ti)^-»<*3 JUL^ ,i A_32^^ ^]§-**<*^i 5i>l
,x_**_«w_j i\_jjL-s»-j *-_jj>_y)^ x_A_A_>.l-*sj t5>-Àji t^ tK*^*
Veux-tu avoir le bonheur de tuer uu MurJjite (partisan de la doctrine
de la foi sans les œuvres) sur le coup et avant l'heure assignée à sa mort?
Répète devant lui la mention du nom d'Ali , et prie pour le Prophète
et pour les membres de sa famille.
Ibrahim riposta en ces termes :
Lorsqu'un Chyite balbutie dans son jargon, veux-tu avoir le bonheur
de lui faire rendre l'âme?
Prie pour le Prophète et pour ses deux compagnons (Abou Bekr et
Omar) , qui furent ses ministres et qui reposent dans la tombe auprès de
lui.
Le récit très-curieux des rapports dlbrahim avec Mamoun
se trouve dans l'ouvrage intitulé Histoire d'Ihralu'm, fils de
Mehdi.
Abou Dolaf Kaçem (fils de Yça), l'Adjélite, se trouvant
un jour chez Mamoun , ce prince lui dit : « Kaçem tu as
décrit en beaux vers la guerre, le goût que tu as pour elle,
et Téloignement que t'inspirent les chanteuses. — Prince
des Croyants, demanda-t-il, quels sont ces vers? ■> Mamoun
lui cita le suivant :
CHAPITRE CXIV. 5
J-^-*-*' V>-^3 fc-i>iyJl {JiXJ^ Oj-iA3.Ji (^j o^^juwJi J^
J^HW^I iJ^J)j-i y\-A-lt kii-:?jJ> cyLJLiLiaLj iL==-lsîJi (jM^xIj
J^ÀJaJi ^_j^-^ flT^ ^^ l_Jû|L^lj (j>'^^-^-» ^'^^^
J^>^l S^H^j y_^iî 'r'^^^ ^W-^' Si?-'.? r»^^ (j^' L>'
Tirer le sabre hors du fourreau, fendre les rangs ennemis, faire jaillir
le sang et abattre les têtes
— « Que vient-il ensuite, ô Kaçem? » — Le poëte poui'suivit
ainsi :
Disparaître dans des tourbillons de poussière, alors que le trépas se
montre à la pointe des lances vacillantes.
Alors que la mort, hideuse liancéc, sm-gissanl du milieu des llammes,
montre ses dents aiguës.
Et s'avance lentement : ses enfants qui semblent illuminés des feux de
l'aurore (allusion aux armes élincelantes des guerriers).
Se provoquent comme des coqs dont la voix se répond; fous, ils se dé-
chaînent contre des fous;
Pendant que la fiancée fatale réclame pour sa dot les têtes qui tombent
en foule au milieu de la mêlée :
Voilà ce qui me charme et m'attire plus que la voix des chanteuses,
plus que les gais festins d'une journée rafraîchie par la pluie;
Car je suis le llls du glaive, le champion des combats, je suis la mort
qui menace, et le destin qui s'approche.
— «Oui, Sire, ajouta le ])oëte, voilà ce. qui (ail ma joie en
face de vos ennemis, quand vos partisans (orti(ient mon
6 LES PRAIRIES D'OR.
cx.i-A«à^ U (jUa«^>! cuS^j îili dlj^xJ a«x>S!_5 JsjUi ^U^i^l
js»j*XJîî ilapi dLJ CjvÀi^ /o-i ^^L_A_ç oj^-i' tK_ïl).Jî Lg-ji
c
courage et que vous dirigez mon bras. Que d'autres recher-
chent les plaisirs de Torgie; ce qui m'attire moi, c'est la
guerre, c'est la lutte sans trêve. » Mamoun lui répondit :
«Puisque ce genre de poésies est le tien, puisque ton seul
bonheur est la guerre, que laisses-tu donc à cette belle en-
dormie que tu chantais avec une ardeur à peine dissimu-
lée.^— Dans quel passage de mes poésies. Sire.'' demanda
Abou Dolaf. — Dans celui-ci :
O toi qui doi'S et condamnes mes yeux à l'insomnie, savoure en paix
les douceurs du sommeil;
Dieu sait pourtant combien mon cœur souflVe du crime que tes beaux
yeux ont commis !
— «Prince des Croyants, s'écria Abou Dolaf, c'est l'erreur
d'une heure d'insomnie et d'accablement. De ces vers, les
uns expriment une ancienne supplication, les autres mes
aspirations plus récentes. — Kaçem, reprit le Khalife, qu'il
est éloquent l'auteur de ce distique :
CHAPITRE CXIV. 7
j-J^^ j^-g-^Jl j.i».î ^ l^Xxr&.lj liXj l^^ Jv^ ^ yl3 o»j«kA^I
Je maudis à cause de foi les jours qui nous séparent : les nuits n'ont
pas d'excuse, qui nous retiennent loin l'un de l'autre.
Lorsque deux amanls ne se voient qu'à travers la pensée d'une félicité
qui n'est plus, le souvenir s'efface bientôt.
— « Oui, Sire, répondit Abou Dolaf, grande est l'éloquence
du chef de la famille hachémite, du souverain a])basside
qui a composé ces vers. » Mamoun lui demanda: « Comment
ta pénétration d'esprit est-elle amenée à conclure que je suis
l'auteur de ces vers, et cela sans hésiter, sans concevoir le
moindre doute? — Prince des Croyants, répondit le poète,
la poésie est semblable à un taj)is de laine; quand on mêle aux
fils ordinaires une laine plus JK'lle el, [)lus fine, sa beauté se
distingue au milieu du tissu et brille d'un plus vil" éclat dans
l'ensembN' de l'ouvrage. »
Mamoun disait souvent : « Un roi peut tout j)ardonnef,
excepté l'atteinte portée à sa puissance, la divulgation de ses
secrets et un outrage lait à son harem. » — Il disait encore :
«On doit tlill'érer autant que possible de livrer bataille, et,
si elle devient inévitable, il faut en donner le signal à la fin
8 LES PRAIRIES D'OR.
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(21 '«'
de la journée; » mais cette maxime est attribuée aussi à
Anouchirwân. Voici une autre parole de Mamoun : «iTous
les stratagèmes sont impuissants à éloigner la fortune quand
elle arrive, et k la retenir quand elle s'éloigue. « C'est le
même souverain qui disait quand Tautorité ne lui fut plus
contestée : «Quelle grande chose, si elle n'était néant I
Quelle royauté, si elle ne devait finir par la mort! Quelle
félicité, si elle ne devait être dérue I Quelle journée,
?i l'on pouvait se fier au lendemain ! » Il disait encore :
« L'affabilité consiste en un extérieur aimable, un caractère
qui réchauffe et féconde les cœurs; en un abord facile, une
bienveillance étendue, une large distribution d'éloges. Cette
qualité est, pour les gens de mérite, un don et une force;
elle est la première des qualité saitnables et le jalon de la puis-
sance, la plus louable des habitudes morales, la porte de la
popularité et la clef de la sympathie. » — « Les rois des
hommes dans ce monde, disait-il aussi, ce sont les généreux,
et dans l'autre monde, les hommes pieux. Une grande for-
tune dans des mains qui ne savent en faire usage, c'est un
CHAPITRE CXIV. 9
yo _j-ij iîocJX-w u [.'JijjJo yo_j-J t^^J' vl)-^ d^ f'y^y^
xJi-K-i J^\ (jà.)t_*J lt5^\^! y^xlL» ^*^s-3 <^.A>»*xI u Saj»;
JLx^- 4MÎ Jlï Jk\ cjU5'aj J^ ^J-*-=^J ^5 J^^j J-ia-^i^
l^jJlji)L_j t-yir^it i>JjI5 l-fHV^Î 9-J^^ «-.vytllj »XA*fîl L>jJl»
*>^-^r-^ y^ <_,wA*»J i o^,<\i^ îiXJ» ^j^ y^j 4-vs^î J^lxJl
5<XJj IJsJ ^jjî«XAaJl (j^ l^J J<^Jj ç^jlx» iij^i (*^Jî (-^^
festin placé au bord d'un égout. Si l'avarice était un chemin ,
je ne le suivrais pas, une tunique, je ne m'en revêtirais
point. »
Mamoun, assistant à une célébration de mariage entre
membres de sa famille, fut prié par l'assemblée de pro-
noncer une allocution et il s'exprima en ces termes : « Gloire
à Dieu! Toute louange revient à Dieu; l'apôtre de Dieu est
son élu; le meilleur guide est le livre divin. Le Très-Haut a
dit : Mariez ceux de vous qui vivent dans le célibat; unissez
vos serviteurs honnêtes à vos servantes vertueuses. S'ils sont
pauvres, la bonté de Dieu les enrichira; car il embrasse tout
et sait tout [Koran, XXIV, 32). Si, ù défaut d'un verset po-
sitif et d'une coutume constamment suivie, le mariage n'a-
vait reçu de Dieu que le seul avantage d'unir des créatures
étrangères ou amies, l'homme bien insj)iré et habile devrait
y courir, l'homme intelligent et sage devrait y tendre avec
empressement. Un tel, dont vous connaissez parfaitement la
généalogie, vous demande la main de N. votre noble demoi-
selle, et lui apporte une dot de tant. Exaucez la prière de
10 LES PRAIRIES D'OR.
A^X^ Ij^X-*..;^ |3^i»- ^y^y^i IàaIoU». SyS^j]^ IàjwI^ l_yÙÀ!iJ
JUi Axiîi (jw« U-i bj-5i *xxi ^À^ t5-*^^ ÀjçXft JJij iXi y 1.5^
■^ (i) '
notre client, consacrez l'union qu'il sollicite, et ne pro-
noncez que de bonnes paroles alin d'être remerciés et ré-
compensés. Je termine en implorant la miséricorde de Dieu
pour moi et pour vous. ;>
Tomamah, fils d'Achras , raconte le fait suivant. «Nous
étions un jour, dit-il, dans le salon de Mamoun lorsque
Yahya, fds d'Aktam, s'.y présenta; celui-ci voyait avec peine
le crédit dont je jouissais auprès du khalife. Nous discutions
un point de jurisprudence : dans le cours de la discussion,
Yahya citant l'opinion d'Omar ben Khattab, d'Abd Allah
ben Maçoud , d'Ibn-Amr et de Djabir, je lui réponths qu'ils
s'étaient tous trompés et qu'ils avaient méconnu les lois d'une
déduction rigoureuse. Ému et scandalisé de ces paroles,
Yahya dit au Khalife : « Prince des Croyants , cet homme ose
accuser d'erreur tous les compagnons du Prophète à la fois.
— Dieu tout-puissant, serait-ce vrai, o Tomamah? me de-
manda le Khalife. — Sire,répliquai-je, il ne s'inquiète ni de ce
qu'il soutient, ni de ce qu'il condamne; » et, me tournant vers
mon adversaire, j'ajoulai : « N'as-tu pas prétendu qu'aux yeux
CHAPITRE GXIV. II
de Dieu la vérité était dans la bouche d'un seul homme!'»
Yahya en convint; je continuai: «Ainsi, selon toi, neuf
d'entre eu?^ seront trompés et le dixième a dit vrai. Eh bien,
moi, j'ai affirmé que le dixième s'est trompé et tu n'as pas
dit le contraire. « Mamoun me regarda en souriant et me
dit : « Abou Mohammed (surnom de Yahya) ne se doutait
pas que tu lui ferais une semblable objection. » Yahya me
pressant de m'expliquer, je continuai ainsi : « JN'as-tii pas
avancé qu'un seul était dans le vrai? — Assurément, dit-il.
— Dieu, ajoutai-je (que son nom soit glorifié et exalté!),
peut-il permettre que la vérité ne soit pas proclamée par un
des Compagnons de l'apôtre .^ — C'est impossible. — Celui
qui le combat et n'adopte pas son opinion, n'a-t-il })as,
selon loi, méconnu la vérité?» Yahya en convint. «Donc,
m'écriai-je, tu adoptes l'opinion que tu rejetais et tu affir-
mes ce (juc tu as d'abord repoussé et réprouvé. Ma déduc-
tion est plus rigoureuse (|ue la tienne ; en ell'et, j'ai combattu
les autorités, quant à la forme de leur assertion ; or, là où est
rapprobalioïKJc Dieu, là est la vérité, je les ai donc repoussées
parce qu'elles étaient en désaccord (avec cette approbation de
Dieu). Plnsin'l»' l'enchaînemenl des preuves m'a amené à
12 LES PRAIRIES D'OR.
Ms.'^~*à..}t.J JjJJ (il ^i^<XJI (^itj O^Xisi «Xa£. -fii-^Axlai- Lfij
(i)*X.j (^jvjLo^iî j-iy*l y (*'1r*^ j^*** J^J'^ fi-ir^ iJZ)^^ tj^^-^
Jvs-'^^L.s». *\Mi aK-)«~^ *j-*>*-i> >i)i!jî (j-« (_,^*xJLI jÀ*Ji 5«»>'_j^
4_,yJ3iiI «oJtJ jy-S L> JU* (AjcJ^i cKiS^-^J v^àj.i>. iX^Isp diÀAA»!
l'opinion de l'un d'eux et j'ai rejeté l'opinion de mes adver-
saires, tandis que toi , tu as incriminé tes adversaires et quant
au sens extérieur, et quant au fond, c'est-à-dire en ce f[ue
Dieu ajjprouve. »
Une députation étant venue de Koufah à Bagdad et s'étani
présentée chez Manioun, ce prince lui tourna le dos; un
vieillard qui était au nombre des délégués lui tint alors ce
langage : «Prince des. Croyants, il n'y a pas de main plus
digne de nos baisers que la votre, parce qu'il n'y en pas de
plus haut placée pour le bien, ni de plus éloignée du mal.
Votre pardon enveloppe tous les coupables. Dieu fasse que
vos ennemis soient fauchés par votre glaive, chassés par votre
colère, écrasés par votre puissance! » Le Khalife dit alors
à son ministre (voir ci-dessus, p. 3) : « Amr, l'orateur de
cette troupe est le plus éloquent des orateurs; veille à ce que
leur requête soit accueillie. « Et en effet ils reçurent satisfac-
tion.
Au rapport de Tomamah , fils d'Achras , on dénonça un
jour à Mamoun dix habitants de Basrah comme étant des
impies qui professaient la doctrine de Manès et les deux
CHAPITRE CXIV. 13
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Jb c>-ji l.ÀJÎ^iwî 0.^_5 c:>ol jjA^ji Jo î_j,]b /<>jî ^ji^i (♦SoCj.Xs
(jbj)_j— &^ I^X^jçjyC K_Iâ.x^ O^jlwi (♦XJCjlAAj <i*À^ (j>^ f*9^^ i*XiÛ
principes de la lumière et des ténèbres. Après qu'il se les fut
fait nommer un par un , il ordonna qu'on les lui amenât. Un
parasite, qui les aperçut au moment où on les réunissait, se
dit : « Voilà des gens qui s'assemlîlent pour quelque bom-
bance; » il se glissa donc au milieu d'eux et les accompagna,
sans les connaître, jusqu'au bateau où leurs gardiens de-
vaient les embarquer. «Plus de douie, c'est une partie de
plaisir, » s'écria notre parasite, et il monta avec eux à bord
de l'embarcation. Mais bientôt on apporta des chaînes avec
lesquelles on attacha toute hi troupe, y compris l'intrus, qui
se disait à lui-même : « Ma gourmandise a fini par m'en-
ferrer! » Puis s'adressant aux anciens de la bande : « Pardon ,
leur dit-il, (|ui êtes vous? — Dis-nous plutôt qui lu es cl si
tu comptes parmi nos frères, lui répondirent-ils. — Dieu
sail que je ne vous connais guère, répliqua l'étranger.
Quant à moi, sans mentir, je suis parasite de mon métier.
En sortant de chez moi aujourd'hui, je vous rencontrai.
Frappé de votre extérieur agréable, de votre bonne mine,
de votre apparence confoitable. je me suis dit : Voici des
Id LES PRAIRIES D'OR.
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vieillards, des hommes mûrs, des jeunes gens qui s'en vont
festiner; en conséquence, je me mêlai à vous, et pris place à
côté de l'un de vous comme si j'étais des vôtres. En arrivant
dans cette embarcation, la trouvant ornée de coussins et de
tapis et voyant ces plateaux, ces sacs, ces paniers bien gar-
nis, j'ajoutai : « Ils vont se récréer dans quelque château et
parc de plaisance : voici pour moi une heureuse journée. »
J'étais encore tout à ma joie, lorsque est survenu ce gardien
qui vous a enchaînés et moi avec vous. Cette aventure con-
fond mon esprit , dites-moi enfin ce qui se passe. » Ces pa-
roles amusèrent et firent sourire les prisonniers; mis en
gaieté et belle humeur, ils lui dirent : « Maintenant que tu es
sur la liste et que tu as ta chaîne, apprends que nous sommes
des Manichéens qu'on a dénoncés à Mamoun ; on nous con-
duit en sa présence; il nous demandera qui nous sommes,
nous questionnera sur notre croyance et nous exhortera au
repentir et à l'abjuration en nous soumettant à différentes
épreuves; il nous montrera, par exemple, une image de
CHAPITRE CXIV. 15
>- fc s.
v^àJj^ (j^;, Lss? viUi Jl <3olr=-i ^ '''^^JvJCJI yû^ ^U^Us
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I . f- ^ ■(■
-XKLÊi:^*.»ffj_» -^\«w,ilL> »j-,A-à^»i ^j5«X^ ^j_e *il*<*Aâ 5\>, ^>j
Manès en nous ordonnant do cracher dessus et de la renier;
il nous forcera à sacrifier l'oiseau de marais appelé tezredj
(nom^^ersan du faisan). Quiconque y consentira aura la vie
sauve, quiconque s'y refusera sera mis à morl. Quand tu
seras appelé et soumis à l'épreuve, tu diras f|ui tu es et
quelle est ta croyance, d'après ce que ton esprit te suggé-
■ rera. Mais ne le disais-tu pas parasite? Or les parasites ont
une ample provision de contes et de nouvelles; abrège donc
notre traversée jusqu'à Bagdad par le récit de quelque bonne
légende, de quelque histoire amusante. » Une fois arrivés
à Bagdad, les prisonniers furent conduits en présence de
Mamoun; il les appela {)ar leur nom et à lourde rôle; il
demanda à chacun d'eux quelle était sa secte, et l'inter-
rogea sur la foi musulmane; il les invita à renier Manès en
leur montrant son image avec ordre de cracher sur elle et de
ladésavouer, etc. A mesure qu'ils refusaient de s'y soumettre,
il les livrait au bourreau. On arriva enfin au parasite.
Mais comme on en avait fini avec les dix prisonniers vi la
16 LES PRAIRIES D'OR.
wçi- t^«Xj U ^l_5 )^l\i \à\^ Qj^ (j^y^ (j^-^Ui JUi -yiJi
»»._i=-i <JI 2«>i^! (j-« 5j — >_~». AaA^ (J^^3 (J^-*-*-^ *-^'^J '^^ ^'j
liste étant épuisée, Mamoun demanda aux gardes quel était
cet homme : « En vérité nous n'en savons rien , répondi-
rent-ils. Nous l'avons trouvé parmi eux et nous l'avons amené.
— Qui es-tu .'^ lui dit le Khalife — Prince des Croyants, je
répudie ma femme si je comprends quelque chose à ce qu'ils
disaient. Je ne suis qu'un pauvre parasite , » et il lui conta
son histoire du commencement à la fin. Le prince s'en
amusa beaucoup; puis' il lui fit présenter l'image de Manès.
Non content de la maudire et de la renier, le parasite ajouta :
«Donnez-la moi, que je la décore d'une belle ordure. Par
Dieu, je ne sais si ce Manès était juif ou musulman. » Ce-
pendant Mamoun allait le châtier à cause de son parasitisme
effréné et de sa témérité, lorsque Ibrahim, fils de Mehdi,
qui se tenait debout devant le monarque, lui dit : » Sire,
accordez-moi la grâce de cet homme et je vous conterai une
singulière aventure de bohème dont j'ai été le héros ; »
ensuite, sur l'invitation du Khalife, il poursuivit en ces
termes : «Prince des Croyants, j'étais sorti un jour, et me
promenais en désœuvré à travers les rues de Bagdad , lorsque
ï
CHAPITRE CXIV. 17
-xkJL< IJL:^ ^1 -ilÀJ i^3 5^:> f^' »«XÀ^ yî <.-<u»*(.J»-U /oJti
u^b '^ yW'^jj (j^A-y (j^^j cK*J>' -^^ (iU*x5 bis ^^jj^'àm*^
I^IaS'Uj l$l<wî U c:a^:9 »U:>U^ y!*XiÔ IsLiH J JUi cjjvXJî
j'arrivai devant Je pavillon cFune haute maison d'où s'exha-
laient un parfum d'aromates et d'épices , un fumet de casse-
roles, dont je fus singulièrement alléché. Je m'adressai à un
tailleur et lui demandai à qui appartenait la maison. — « A
un marchand de la corporation de la toil(>, me dit-il. — Son
nom.^ — Un tel, fils d'un tel. » Je levai les yeux sur le pa-
villon ; du treillis en bois qui en garnissait la fenêtre , je vis
sortir une main et un poignet comme je n'en avais jamais vu
d'aussi beaux. Le charme de cette apparition me fit oublier le
parfum de la cuisine et je demeurai là troublé, éperdu. Je
demandai enfin au tailleur si le maître du logis se permetlait
le néhid (vin de dattes). — « Oui vraiment, me dit-il, et je
crois même qu'il traite aujourd'hui; mais ses convives sont
des marchands, gens discrets comme lui. » Nous en étions là
lorsque deux cavaliers de bonne mine se montrèrent au bout
de la rue venant de nolie ('ùlé. — « Voilà ses deux invités, »
me diL le tailleur. — Quels sont leurs noms et leurs surnoms
palronynnques.^ » Tl me renseigna là -dessus; aussitôt je
' VII. 2
18 LES PRAIRIES IVOR.
C^i/cXi» L(y-A-*J C:-\„\i*-i> (J^S^ Cpji'^ CXJj.^ (J^*J CJ-^* JVA9
*_^ iili is^:>LÀ-lî (j*K-X-^ (Ji hya ^ lÀjtXjî U^a^jw -l*ia)i
poussai ma monture et me plaçai entre les deux cavaliers en
disant : «Que ma vie soit votre rançon! un tel (que Dieu le
récompense ! ) vous attend avec impatience. » Je les escortai
jusqu'à la porte ; ils me précédèrent et j'entrai sur leur
trace. Le maître de la maison m.'aperçut et, ne doutant pas
que je ne fusse introduit par ses amis, il m'accueillit gra-
cieusement et me fit asseoira la place d'honneur. Alors , Sire,
on apporta la table; elle était richement servie, et nous
fîmes honneur à ces plats, dont la saveur l'emportait encore
sur le fumet. « Voici déjcà le festin de gagné, me dis-je; reste
le mystère de ia main et du poignet. » La table, enlevée et
les ablutions terminées, on se dirige vers le salon de con-
versation: c'était vme grande et belle pièce, richement ornée.
Mon hôte redouble de politesse et se tourne de mon côté eu
causant ; les deux convives ne doutent plus alors que je ne sois
invité, tandis que l'hôte ne me traitait de la sorte que parce
(|u'il nie croyait aiuené par ses deux amis. Nous avions déjà
vidé (|i\elqu('s coiipi's, lors(pic une jeune esclave se [)résenta
CHAPITRE CXIV. 19
O^ CJ^-»^*-* ^^^^ 4^AAJ iijjU- UjçXc 0»->^^ L1a.!jsjiî IjVwCS
I^jIà^ (;j^»*i- tl^VjJsLJ (J-J^ C^ CJ>*^J-^' J-ft^l l» «^'^ 0CJS3>,^3
^sJi 4^ j! (j^xJl 0)Jaj cyij.i à^y-^ o«-^ Jo2> l^Jl ci^^i
gracieuse et souple comme une branche de saule, et nous
salua sans timidité. On lui offrit un coussin , on lui a|)porla
un luth que Ton plaça sur ses genoux, et elle l'accorda avec
une habileté dont je fus frappé. Elle se mit alors à chanter
l'air suivant :
Mon rci^arc] a soupçonné sa présence cl l'rôlé son visage et ce regard
lancé à la dérobée y a laissé une enipieinte.
Ma main l'a aUirée ; elle a cfileuré la sienne, cl sons le conlact de ma
main ses doigls ont frémi amoureusement.
Son souvenir a traversé mon cœur et à mon tour je l'ai blessée; j'igno-
rais fjne d'une pensée pût naître une blessure.
— «Vraiment, Sire, la beauté et la perfeclion de ce chant
m'avaient troidilé et ému. Elle reprit son liilli cl chanta :
D'un signe je lui ai demande ; Sais-lu à ipiel point je l'ainu'.^ Et elle
ma repondu dans ime n-illade : Je suis fidélo à ton amour.
.l'ai su raclier S(ru|)id('nsemenl son secret , et elle aussi a veillé à ce
qu'il ne fût pas divulgué.
20 LES PRAIRIES D'OR.
i^^ y**.-ji_À.Jl jXX^Î ^ U tj^i^J! (j^ j*^^^ ii^i^McJ! c:v^5.9
(*■ — ^ — ^ — ' '^j y-kJ^ ^ ^^}i ' (S^"*- *^ > ^-^HW (jî ^^-^ O**^''^
p.i^j j[\i\ ^^ i^Ui-ra-i *x>jj_j Lg.j_^X:S? ,^_^^J! ^jXAo (jv-cl t^^*^
^***— « t>A»AJ>j ^jLi.^1 wfcM»AJ^ <_^ — r^j »-»>• \-S^ SÎk-il ijL.A«>
iî^jijsJij) (_^*xJi qÀj! (j-* ^/-^ x*J l^jij >-«*«J! 4^j«.« I^ajIoÎ^
l— Jûi^_x_j ocj^_Ai?5 c:*M\xi2jw *-,^ iij,lr*. l> dl^)»* cxjb c:A.Xiii
ow-otN-Ls ^lAiuiAJi ç*SC*«wJl.:sî ^j^y*d.^ /<vi-J ^^ oJb -c.!» (jo;'^^
« Je criai , j'invoquai mon salut éternel ; mon émotion était
si vive, que je n'étais plus maître de moi et ne pouvais me
contenir. L'esclave continua son chant :
N'estil pas surprenant que, réunis dans le même lieu, nous ne puis-
sions ni demeurer seuls, ni parler de noire amour?
Nos yeux seuls peuvent, à la dérobée, exprimer la passion qui nous
torture, le feu qui dévore nos entrailles.
Nous n'avons pour nous comprendre que le frémissement de nos lè-
vres, le mouvement de nos sourcils, nos regards à demi voilés et notre
cœur, qui échange un salut.
— - «En vérité. Prince des Croyants, Tkabileté et la science
de cette chanteuse, le talent avec lequel elle avait su expri-
mer les paroles du libretto sans sortir du thème primitif,
tout cela m'inspira un mouvement de jalousie : » Jeune fille ,
lui dis-je, il te reste encore à apprendre. » Ces paroles Tirri-
tèrenl, elle jeta son luth et s'écria : « Depuis quand admettez-
vous dans votre intiinité d'aussi fâcheux convives.'^ « Je me
repentis de ce que j'avais fait en voyant les dispositions de
l'auditoire changer à mon éoard. « Y a-t-il un luth ici."^ de-
CHAPITRE CXIV. 21
^ .. ^
Sk>._À_i yo (j^ Jj^ L_iù^^^_^ j»b^ dLLx-o cjtkAaJî i<XJÛ ^^ot»
iiiantlai-je. — Oui, Seigneur, me répondil-on. » Dès qu'on
me Teut apporté, je l'accordai à ma guise et je chantai les
paroles suivantes :
Pourquoi ces demeures restent-elles insensibles ;\ ma douleur? Sont-
elles sourdes? Le temps les a-t-il renversées?
Hélas! Ceux que j'aimais sont partis au déclin du jour, et l'on m'an-
uonce leur départ. Qu'ils meurent s'ils doivent mourir; s'ils vivent, je
vivrai!
- — « Je n'avais pas encore teruMué mon cbant, que la belle
esclave se précipitait à mes pieds et, les tenant embrassés,
me disait : «Seigneur, j)ardonnez-moi, au nom du < ciel. Je
n'avais jamais entendu chanter cet air avec une telle perfec-
tion. » Son maître et tous ceux qui étaient présents se levè-
rent et suivirent son exemple; la joie venait de renaître, les
coupes circulaient plus rapidement, on buvait à pleines ra-
sades. Je continuai ainsi :
Dis-moi , je l'en supplie, pourrais-tu ui'oublier, lorsque ton souvenir
nie l'ait répandre des larmes de sang?
22 LES PRAIRIES D'OR.
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\/»yJL« ,,^JLxJl J>.f^li> ^UuS^j ^^ .NJùAjLa c:Ajt c^xli c->Uâ^ câ^^)~'
Je me plains à Dieu de l'avarice de cette belle et de ma prodif^alilé; je
lui offre du miel, et elle ne me présente que la coloquinte, aux sucs
amers.
Je me plains de son éloignement, moi qui ne veux vivre que pour lui
prodiguer ma tendresse.
Rends à la vie un amant dont tu as brisé le cœur; ne l'abandonne pas
ivre, affolé d'amour!
— « L'enthousiasme de mes auditeurs devint si vif que je
craignis qu'ils ne perdissent la raison ; je me tus un moment
pour leur laisser le temps de se remettre, puis, reprenant
mon luth pour la troisième fois, je chantai :
Ton artiant est en proie à des douleurs poignantes; un fleuve de larmes
inonde son corps.
Une de ses mains se lève suppliante pour demander au ciel la fin de
ses souffrances, l'autre main s'appuie sur son cœur.
Oh! venez voir un pauvre amoureux que le désespoir fait délirer et
dont la main et les yeux peuvent seuls exprimer les désirs!
— «Par mon salut éternel, s'écria l'esclave, voilà, maî-
tre, ce qui s'appelle chanter. » Cependant l'ivresse commen-
CHAPITRE CXIV. 23
JJX_i^ -Ui ^j^iwl <;5Csfc (^ ^^ J^j ^_j lS'^^ y *^^^ (J"*
JJJU il t_>i^i| I js^ (j_jSÇ. ^jl ^^1 bl^ c^O^A^ L, Ji'_5 ,^îj
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Xij\^=»- 'li,\ J)yXj JjîjsL J\Jo *.j!5XaJ (}yè A é^jXJ- ^J^J» b JlJii
4Mlj JU 45^-»- ^ (jM»*i J>>'j I^àS' (Jl jiâjli SJ^s^ij »»Xj*.Ij,
çait ù tourner les têtes : le maître du logis qui supportait,
mieux que ses deux convives, l'influence du vin, les coniia
aux soins de ses propres domestiques et des leurs, et les fil
reconduire chez eux. Je demeurai seul avec lui; après avoir
encore vidé quelques coupes, il me dit : «Eu vérité. Sei-
gneur, je considère comme perdus les jours passés sans vous
connaître. Dites-moi qui vous êtes, cher maître. » Ses ins-
tances devinrent si vives que je fim's par me nommer. yVus-
sitôt il se leva et me baisa sur la tête en disant : « J'aurais
été surpris, Monseigneur, que, dans un rang inférieur au
vôtre, on possédât de pareils talents. Ainsi donc la royauté
était chez moi depuis tantôt et je l'ignorais! » Pressé par lui
de raconter mon aventure et le motif qui m'avait attiré, je
lui fis connaître l'histoire du repas qu'on apprêtait et l'ap-
parition de la main et du bras à la fenêtre. Il appela une de
ses esclaves et lui dit : « \ a dire à une telle de descendre. »
Il me fit ainsi amener toutes ses esclaves l'une après l'autre.
Après avoir examiné leurs mains : « Ce n'est pas cela, m'é-
criai-je. « — « Vr.ii Dieu, me dit enfin mon hôte, il ne reste
24 LES PRAJRIES D'OR.
I^ji^jî^ l^_^AiijJii o^-ïjJl i^Xiû ^ «3.^'=»" c^»^' '*^-t-* îj>;*^^i
plus que ma mère et ma sœur, je vais les faire conduire en
votre présence, ri Une telle générosité, une bienveillance si
large me laissaient tout surpris; je lui dis alors : «Que ma
vie soit votre rançon! avant d'appeler la mère, commencez
par la sœur; c'est peut-être celle que je cherche. — C'est
vrai, » répondit-il, et il donna des ordres en conséquence.
Dès que je vis sa main et son poignet, je m'écriai : « C'est
elle, mon cher hôte, c''est elle! » Sans perdre un instant, il
ordonne à ses gens de réunir dix vieillards choisis parmi les
notabilités du quartier. 11 se fait ensuite apporter une somme
de vingt mille dirhems en deux groups [hadrah], et (s'adres-
sant aux nouveaux venus) : «Voici ma sœur une telle, leur
dit-il , je vous prends à témoins que je la marie au seigneur
Ibrahim, fils de Mehdi, et que je lui constitue, aux lieu et
place de son mari, une dot de vingt mille dirhems. » Nous
donnâmes l'un et l'autre notre consentement au mariage :
après quoi je présentai une des bourses à ma jeune femme
et partageai l'autre entre les témoins, en leur disant : « Ex-
cusez-moi , c'est tout ce dont je puis disposer en ce moment. »
CHAPITRE CXIV. 25
Sj«X>o à-XMu^ <\^«3 ^j^ (^^|) ^ (^5^'^^' r^l y. ^'^ ^^L{^ijL,^lj
u^cJLX U Jotiî Jlii Jj.Â^ JI IgA^U iijjii jMis-^ Jo ci^ijii
iLA-i.^ a\-jL==»- yjLr=»ij jJ^AlaJi ^^I^I_5 ^=>-^ji lilii ^JS ^j~*
Ils acceptèrent mon présent et se retirèrent. Mon hôte nie
proposa alors de faire préparer dans sa propre maison un
appartement pour moi et ma jeune épouse. En vérité, Sire,
tant de i,fénérosité et de bonté me rendait tout confus; je le
priai seulement de me procurer une litière, désirant con-
duire ma femme chez moi. Il y, consentit avec la même
complaisance, fit préparer une litière cpii nous transporta
dans ma demeure et je vous jure, Sire, qu'il nf envoya un
trousseau si maguificpie, qu'une de mes maisons ne pou-
vait en contenir les sj)lendeurs. » — Manioun fui émerveillé
de la générosité de cet homme; il donna d'abord la liberté
et un riclie cadeau au parasite, et il ordonna ensuite à Ibra-
him de lui présenter son beau-père; celui-ci devint un des
courtisans du Khalife, un de ses familiers, et fut admis, avec
les marques de la plus flatteuse bienveillance, aux réceptions
intimes , comme en toute autre occasion.
Moberred et Tàlab racontent que Koulloiiin el-Attabi
faisait antichambre chez Mamoun lorsque Vahya, fils d'Ak-
lani, vint à passer. Attabi lui dit : " Voudrie/.-vous informer
26 LES PRAIRIES D'OR.
fj\ iJi)ljyJl» wiL^J-^C (jl.^JL« \-gyi Km -X^'jijy »l;sr wiJjiii tX-s
tiX.AW..ji_jv-J tiXjw« wAik. i*AHyi ^^ l>)^ c:>yO K<|i wlaAajU^ c;.>v5Lvw
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*-aJLIj y_j,.^lil ^Ai».lî <;^vs? cK=fc.<Xi (^*X*mJS *i«Xj sl4>- *^^
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le Khalife de ma présence? — Je ne suis pas huissier, ré-
pondit Yahya. — Je le sais, répliqua le poète, mais vous
êtes homme de mérite et le mérite est une protection. —
Mais vous me détournez de mon chemin. — Dieu, reprit
Attabi, vous a accordé le rang et la fortune; ces deux biens
s'accroîtront pour vous si vous en êtes reconnaissant; ils di-
minueront si vous êtes ingral. Je suis plus généreux pour
vous, que vous ne Têtes envers vous-même, puisque je vous
oiTre l'occasion d'augmenter votre fortune €t que vous la
refusez. Toute chose, d'ailleurs, est soumise à la dîme;
l'homme puissant s'en acquitte en employant son crédit en
faveur de celui qui le sollicite. » Yahya se décida enfin à aller
prévenir le Khalife; Attabi fut introduit. Ishak, fils d'Ibra-
him Moçouli, était présent à l'audience. Mamoun invita
le nouveau venu à s'asseoir, il s'informa de sa santé et de
ses affaires; celui-ci lui répondit avec un à-propos et une
élégance qui charmèrent le prince. Mamoun s'étanl mis à
le plaisanter, le vieillard crut que le prince faisait peu de
cas de lui et il lui dit : «Sire, il faut caresser avant de
CHAPITRE CXIV. 27
V^ '^ i ^^^^- (i^^^ J^l» <^^ ev*^'j OJ^' tJ^^^ tî^'j
^j**UJl (j^ bt Jla dUv«l Uj c^l (j^ J,^^ *i J^ cX*-»' J^A*
traire (locution proverbiale; cf. Hariri, p. 52 0 ; Mcï(hini,l,
p. 5i.) » Aïamoun ne comprit pas bien l'intention du poète
et regarda Ishak , lequel lui (it un signe du coin de l'œil. Le
prince fit alors apporter mille dinars et ordonna (ju'on les
déposât devant Altabi ; puis il reprit la conversation sur un
ton familier, et excita Isliak à se jouer nuilicieusement de
son hôte. Ishak se mil donc à le contredire sur tous les
sujets de la conversation, sans lui laisser jamais le dernier
mot. Altabi en lut tout surpris et, ne. sachant pas qu'il avait
affaire à Ishak, il demanda au Khalife la permission d'inter-
roger sou interlocuteur sur son nom et sa fîimille. En ayant
reçu l'autorisation, il lui demanda : "Qui es-tu et com-
ment le nommes-lu.^ — J'appartiens à la race humaine, ré-
pondit Ishak, et mou noui est Koulhacal ( mange oignon). —
Quant à la race, reprit Koultoum, c'est chose connue; mais
je ne comprends rien à ton nom. D'ailleurs on ne s'appelle
pas K<)ulha(-al. — Oh ! que tu es injuste ! ri[)osla Ishak, est-
ce que Koultoum (mange ail) n'est pas un nom? Or l'oignon
vaut mieux (puî l'ail. » — Maudit homme, s'écria le poêle, (pu'l
sel dans ses propos! non, je n'ai jamais vu un plus agréable
causeur. Le Piince des Croyants veut-il me peimcllre de lui
28 LES PRAIRIES D'OR.
IfJ^Aa j, (^j^J^^%i,\ j.^\ (jiljçàl iJjXsfc- ^s>^jls i-iolj U Lils^^^i
iCijjtJL!^ cjiiiîj iAjJtl\^ kxJi (j.« (jl^ wAà^ jl»:> y^ ^^i
^^Law^I /v.4M>.S>^ klÀ=:l 8wA.5j |«^AXM ^fiJâÀj! /vAMSk.^ ,,|.AW«JCJI^
ii_fiL_rf_5 ii_AMJl.:^JI ijS^X^j (jW'îl ^Uj^ ^jU*ASÎ iir»-lA<aij
U 4^ ii-jc^iJi RsSP^ kil a^_j->-_j iUiolissJl iJ_jUa»._5 aajVJLI
JU» ]yt^ J>.ii
offrir le cadeau dont j'ai été honoré , car en vérité je suis
vaincu? — Non, lui répondit Mamoun , garde ta part entière
et nous allons lui faire donner pareille somme. » Isliak re-
tourna ensuite dans sa demeure, et il y garda le poète le
reste de la journée.
Cet Attabi, originaire de la frontière militaire [djound) de
Kinnasrîn et d'el-Awaçim, habitait Rakkali ville du Diar-
Modar; il excellait dans la science et la lecture du Koran,
dans la littérature et les connaissances, dans l'art épisto-
laire et le style cadencé ; sa mémoire , l'élégance de ses ma-
nières , la pureté de son élocution , sa parole éloquente , sa
supériorité dans la conversation, son talent d'écrivain, le
charme de ses allocutions , la perfection de son écriture et
enfin son heureux naturel, toutes ces qualités le plaçaient
au-dessus de la plupart de ses contemporains. On cite de lui
cette sentence : « L'homme a pour langue son secrétaire, pour
visage son chambellan, et son ami intime est un autre lui-
même. » Il a versifié cette même sentence ainsi qu'il suit :
CHAPITRE CXIV. 29
^^— A— c>lft iX._J <-^9 i<— Jb <X .tUkX-^-j»
Ô)-*-J LjfU dUjl^ (j^^^Jûjli ^X.^- Ci^J^ lit JiS Aj| AÀi jS'ij
c:aJ|^ «^^-^ ^^) ^Sy^ c:^!^ iu>yc« bi <_aj\$CSI JUi l^«Xj c^jl^
JLjLi h—»**^ caJIj Sr>^ l^î^ ^*>^ «-^'^ «J^-iJî bi_5 Jj.^^
iUA-.^-J^ '^^j\^ éy]£i.^ \i\j i^^JiÀ^ Ocji^ iÙ4>XÀ^ bt ^J«XÀji
L'homme a pour langue son secrétaire; pour visage son chambellan ;
Son ami intime est un autre lui-même, et toutes ces choses lui sont
nécessaires.
On lui attribue aussi ces paroles : « Quand tu es investi
(l'un gouvernement, choisis avec soin ton secrétaire, car
ceux qui sont éloignés ne jugeront do ta valeur que par la
sienne. Prends un chambellan intelligent, puisque les solli-
citeurs, avant d'arriver à toi, te jugeront d'après ce qu'il
est lui-même; recherche chez tes conlidents et tes intimes
un caractère noble et sympathique, car on mesure le méril(>
d'un homme à celui de son entourage. »
Un secrétaire, se targuant de sa supériorité sur un cour-
tisan, disait à ce dernier : "Je suis un auxiliaire, tu n'es
qu'une ressource; on m'emploie aux afTaircs sérieuses, tu
ne sers ([u'au\ futilités; on nous recherche, moi pour la ri-
gueur, loi pour le plaisir; moi pour la guerre, toi pf)ur la
paix.» I.e courtisan lui répliqua: » Je suis lait pour la la-
veur, tu l'es pour la vengeance; j'ai la considération, lu as
la servilité; tu restes debout quand je suis assis; tu trembles
tandis qu'on me lrait(* en ami. C'est pour me satisfaire ((iie
30 LES PRAIRIES D'OR.
LjCI^ «,.jb OvJÎ^ ià^J^ "'^ (J^r*-* «-i^î^J «^^^ wi^ j3:sU-i« 3iAâ
^Uam.-.-»- jl— »-■=»-! j_j ljùx,M_5 (^"ijXkji ^ *<XÀ.M ltdC*Xj ci^-^.<>*i
U^^ iy^y b*X>ua5 AaJÎ l5 ^Jj;-^ Uûpi »j Tr^ cjUaàaûj^
*^ c * «s
p
tu travailles, et tes laborieux efforts contribuent à mon bon-
heur. Je suis un associé, tu n'es qu'un aide; je suis un égal,
tu es un subalterne, et si l'on m'a surnommé nediin (courti-
san), c'est parce qu'on regrette {nadain) de me quitter. » —
Mais nous ne pourrions rapporter les faits intéressants ni
citer les beaux ouvrages d'Attabi sans nous écarter de notre
plan et nous éloigner du but vers lequel nous nous diri-
geons; nous n'avons même inséré ici ces fragments que parce
que f enchaînement du discours et les développements de la
narration nous y ont entraîné.
Le fait suivant est raconlé par Djawhari, d'après Otbi,
qui le tenait d'Abbas Deïri. Un homme adressa une requête
à Mamoun, dans laquelle il sollicitait une audience et la fa-
veur d'être entendu. Sa requête ayant été accueillie, il se
présenta chez le Khalife, le salua, et, invité par le prince à
faire connaître l'objet de sa demande , il s'exprima ainsi :
« Apprenez, Prince des Croyants, que les rigueurs du sort,
les caprices et les calamités de la destinée se sont acharnés
contre nioi et m'ont enlevé ce que la fortune m'avait ac-
CH^PITUE ex IV. 81
j-^r>^ ^-ii bij jlfco iiAA*?^ JlÂisJj JIaê J^ jjÇO ^i ^^j
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cjoîj U AjLmAj^ CJ.^-*^"^' "-^^^ if^Jtj^y» j i)| Lai ! «X^ JjLo ^^
o<-.«.-^c ltoj-«oL« V^iXe I^Ï^Ja^ ^xiSli *jJl cyw*<ai y%-«Uî ^i
cordé; il ne me reste pas un domaine qui ne soit ravagé,
pas un canal qui ne soit ensablé, pas une maison qui ne
tombe en ruine, un capital qui ne soit dissipé. Aujourd'hui
je n'ai plus ni sou ni maille (littéral, ni cilice ni bure); j'ai
de lourdes dettes, une nombreuse Tainille, des garçons et
des filles en bas âge; je suis vieux, les besoins m'assiègent et
je n'ai plus la force d'y satisfaire par le travail. Il faul donc
qu'un regard généreux du Prince des Croyants tombe sur
moi. » Tandis ((u'il parlait, il ne put relenii- un vent : « Sire,
s'écria-l-il aussitôt, voici encore une preuve de l'acharnc-
ment inouï du sort contre moi; jamais, je vous jure, j)a-
reille chose ne m'était arrivée qu'en temps et lieu. » Ma-
moun, s'adressant à ses courtisans, leur déclara (lu'il n'avait
jamais vu un homme d'un cœur plus robuste, plus ferme,
cl d'une àinc plus résolue, el il lui (il c()m[)ler une avance
de cinquante mille dirhems.
Voici ce (jue raconte Aboiri-Alahyah : « Mamoun m'ayant
lail appeler, je me rendis auprès de lui. .le le trouvai la
léle basse, songeur el triste; je n'osais m'a|)procher de lui
32 LES PRAIRIES D'OR.
fj\ »*>«..x_) jLilj A^lj sjiji Jlil lilXj f^ ^^ AaJJ ^3»XJi 0fi
U
Jlij w*^ '•^>-*-i> S«X.-iî> jj Jj (jvJL«^iî j.A^Î l» Jss»'] cxXjii iUj^L»
clans les dispositions où je le voyais, lorsqu'il leva la tête et
me fit signe de la main d'approcher; j'obéis. Il redevint
pensif pendant un moment; puis relevant le front, il me dit :
«Isniâïi, l'ennui et le désir de la nouveauté sont une des
dispositions naturelles de l'âme; elle s'accoutume à l'isole-
ment aussi bien qu'à- la société. — C'est vrai, Sire, lui ré-
pondis-je, et j'ai exprimé ce sentiment dans un vers. —
Quel ost-il?» demanda le prince. Je repris :
L'âme, (juand elle est dévoyée, ne se plaît qu'à passer d'uiM? situation
dans une autre.
Mamoun admira ce vers et me dit de continuer; mais je
lui avouai que je ne pouvais rien y ajouter. Je passai le
reste du jour auprès de lui; après quoi il me fit un présent,
et je me retirai. »
On raconte qu'une nuit, ce Khalife ordonna à l'un de ses
eunuques favoris de sortir et de lui amener le premier pas-
sant qu'il rencontrerait en route, noble ou manant, quel
qu'il fut. Cet oiïicier s'éloigna et revint bientôt avec un
CHAPITRE CXIV. ys
jju«î Cf"'^^ (j- ^^y'» t^^Jî J-=?V^ t^yûlkJi |ivtf>^5 ^j j^
dLii ^ -U! j^a53 c>^^w5 j»j.JI jj^ff JUi ci>ULw ci>^XS Ju>!î
*i jULi u^] (jL^ »_j*mjIj (j**Xs-I (j_j^m >i JUi ylii AJÎ
J^ (j^ dUil -<XJij liyû jJ«XS LLo Jsj»-!_5 J^ ^lis «Xi fj^\i\
<J^ (Sy^ ^3 IgAjUÀJ f^ jx-a^\^ dUi (jjvj Ijjvi I^jL* «*Xs-|^
L^U ii-«:î^ ^Y^^^i^ Ci^♦ ♦i^-=»-i^ J^j l^A^ j^xjf ^ L^^
homme du peuple. Auprès du khalife se trouvaient alors
Moutaçem son frère, Yahya ben Aktam et Mohammed ben
Amr, surnommé le Grec (Roumi); chacun deux faisait cuire
un plat de sa façon. Mohammed, fds d'Ibrahim le Tahéride,
dit au bonhomme : « Ce sont les intimes du Prince des
Croyants que tu vois réunis ici; réponds à toutes leurs ques-
tions. — Où donc allais-tu à cette heure? lui demanda Ma-
moun; tu avais pourtant encore trois heures de nuit. » Cet
homme répondit : « Le clair de lune m'a trompé, et, enten-
dant le tekhir d'un imam, j'ai cru, à n'en pas douter, que
c'était l'appel à la prière. » Mamoun invita le pauvre homme
à s'asseoir, et, quand on fut parvenu à l'apprivoisîer, le
prince continua en ces termes : » Chacun de nous vient d'ac-
commoder un mets; on va t'apporter un échantillon de
chaque plat; tu le goûteras, puis tu nous en diras les mérites
et ce que lu y trouves de bon. — Soit, répondit-il; appor-
tez. » On lui présenta les plats sur un grand plateau , avec
leurs couvercles et sans rien qui les distinguât; seulement
^'"- . 3
34 LES PRAIRIES D'OR.
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^ Jl5^.:^^ji ij^ V.^-» ^w^ \^\Xs^ /o.(}»'0 ^.§Xxj_5 Ai^-AjlLaj^
chaque cuisinier avait mis à son œuvre un signe particulier.
Notre homme goûta d'abord le plat préparé par Mamoun :
«Bravo!» fit-il; et après en avoir avalé trois bouchées, il
ajouta : « On croirait que c'est tout musc; celui qui a cui-
siné cela ne peut être qu'un savant cuisinier, propre, ingé-
nieux et élégant. « Il passa au plat de Moutaçem et dit : « Par
Dieu! on jurerait quMl est sorti de la même main que
l'autre et qu'il a été accommodé avec autant de science. »
Puis il goûta celui de Mohammed ben Amr le Grec : «Pour
celui-ci , dit-il , c'est l'œuvre d'un cuisinier de race, qui réus-
sit tout ce qu'il apprête. » Mais quand il eut goûté au plat
du kadi Yahya, fds d'Aktam, il détourna la tête et s'écria :
« Pouah ! celui qui a cuisiné cela y a mis une ordure au lieu
d'oignon. » Chacun de rire à gorge déployée; notre homme
en fit autant; il se mit à plaisanter et à divertir par ses
propos l'assemblée, qui le trouva fort amusant. Aux pre-
mières lueurs de l'aurore, Mamoun, qui avait compris que
l'étranger savait maintenant à qui il avait affaire, lui recom-
manda de ne pas divulguer le secret de l'occupation dans
CHAPITRE CXIV. 35
*^^-*-j uK*^^ >lj^ '.^t^*'^ ^j^ (j^ a_jJL*«j ^j>j-=^ ^^J^J
^'^^-^-j j*^^»^^ »Sj^^ Ç^^ iU«Xiw_5 y^Ul iLoJs^i^ ^
^j^^ (jvjù*»(l>jj| j^i -î JI iLfj^ (j**-»Ji ^'!^* v'.^^ -^^ jW
o»-;5'l(yji x«ULo JJ -yb foJ^ ^^ <iU^ oiAiwi <X9 Jo
U c;»»Jb jOiJj cj«Xo <îù^ ^^^ (jvAiajuiÀj !i\j ^ui aaJ! (j>Jaw.AÀ3
laquelle il les avait trouvés; il lui fit donner quatre mille
dirhems, obligea chacun des cuisiniers cVy ajouter une quote-
part proportionnée au rang de chacun et dit à cet homme :
« Gare à toi si tu sors, une autre fois, à pareille heure! » A
quoi celui-ci répondit: «Que Dieu ne nous empêche pas,
vous de l'aire la cuisine, moi de sortir! « On s'informa de son
métier, on prit son adresse et il fut dès lors admis au service
du Khalife et de la cour, dont il devint le commensal.
Abou Abbad le Secrétaire, qui fut un des familiers de
Mamoun , raconte ce qui suit : « Mamoun me disait un jour :
«Rien ne m a jamais embarrassé comme la réponse do trois
personnes. La première est la mère de Do« 'l-riasetcin (Fadi
ben Sehl), lorsque j'allai lui exprimer mes regrets de la
mort de son fils et que je lui dis : « Ne vous désolez |)as et
cessez de pleurer la mort de votre fils; Dieu Ta remplacé
en vous donnant en moi un enfant qui vous tiendra lieu de
celui qui nVsl plus; à la confiance que vous lui témoi-
gniez en toutes choses, veuillez ne pas substituer de la ré-
serve à mon égard. » Elle pleura et me répondit : «Prince
3.
36 LES PRAIRIES D'OR.
L^^_j (jIj cj^-y.:>j c:>L»t >i c^A.jfe' (_^j~* «^-3?_5 *î OvAjii Miv5
_jl AjU5\fi (j^ «X.»-i^ ^cgu^ i5>"j^5 (jî *i o».Aij *_5-SàJI ^X*^i
4X-^5 o»jO ^.*lfi Q>x*M-? 5j,x^>l Aij.wl J^i jjl iCiJliJl^j
des Croyants, comment ne regretterais-je pas mon fils,
quand je lui dois un autre fils tel que vous? « — En second
lieu, ce fut quand on m'amena un homme qui se faisait
passer pour prophète : «Qui es-tu? lui demandai-je.
Moïse, fils d'Amran. — Prends garde! continuai-je; Moïse
avait des signes et des preuves manifestes de sa mission :
par exemple, le bâton qu'il jeta et qui dévora les sortilèges
des magiciens; sa main qu'il retira toute blanche de son
sein « (cf. Koran, xxviii, 3i et 32); et je me mis à lui
énumérer les preuves qui furent accordées à Moïse pour
confirmer son caractère de prophète : «Eh bien, lui dis-je,
si tu me montres un seul des signes, un seul des miracles
qu'il a accomplis, je serai le premier à croire en ta mission;
sinon tu mourras. — Tu as raison , me répondit cet homme;
seulement je n'ai produit les signes de ma mission que
lorsque Pharaon eut dit : Je suis votre seignew^ suprême [Ko-
ran, Lxxix, 2 4); si tu veux en dire autant, je suis prêt à
te montrer les miracles que j'ai accomplis devant lui. » — -
La troisième circonstance est celle-ci : Les habitants de Kou-
CHAPITRE CXIV. 37
5*K_iù »j-A-*»( Jfc^-Ci j! (0-^>Ji '-'*-fr^^ *^'*-*W (S*'^J^^ XAd><X»
^^ Là^Lça:)^ b^jU»i> IjOkj iùùUi! iCxMJt ^^ Ujijliu.^ Ujbbi
5%J 0vJL«^î vx>ob IJuijCUxli \ii>Si /j* lÂSi-w^ iiilliîî iiÀ-M*jl
fah s'étant coi\certés pour se plaindre à moi de leur gouver-
neur, homme dont la doctrine et la conduite avaient toute
mon approbation , je leur fis répondre ceci : « Quoique je
sois édifié sur le compte de cet agent, j'ai résolu néanmoins
de vous donner audience demain dès le matin; choisissez
donc un délégué qui soutiendra le débat en votre nom, car
je redoute votre loquacité. » Ils me firent la réponse sui-
vante : « Le seul homme qui nous paraisse digne de discu-
ter en présence du Khalife est aflligé de surdité; si, cepen-
dant, le Khalife veut bien le lolérer, (|u'il nous fasse Thonneur
de nous en informer. » Je m'engageai à accej)ler patiemment
leur délégué, et, dès le lendemain, la députation arrivait. Je
fis introduire le sourd, et, quand il fut devant moi, j'invi-
tai les assistants à s'asseoir; puis je lui demandai quels
étaient ses griefs contre leur gouverneur. « Sire, répondit-il,
c'est le plus détestable agent qu'il y ait au monde. L'année
011 vous l'avez nommé, nous avons dû vendre nos harties et
nos meubles; l'année suivante, nos épargnes et nos biens-
fonds; ef la troisième année, nous voici forcés de sortir do
38 LES PRAIRIES D'OR.
jt\ ^ L^^^iSS^ A o^kii U& ajtjjoj j,^3[f \xA:isS. J^AJ^ bi_^X.w
A-À— >:> «iwuAàjjîj ^UJÛJv.*^ XJyjçw c:i«X^5 «-^"^^y >^ i-^ '-^
L Jb («^JL^ t^ (♦xlastfî' iKjiL^ ^iyil («X.] (Swj^Xài-i^ ^JCJijvL^
j^«X-iî ,_^-^ljsJi i«X-f^ 0.«3 bî ooJsSj cxi*X*»o (^À^^it wç<5
lÀAAâuaÀ. Ot^5^ .Nil^âii^ >ijs^^ AaX&3 .^XjUi^ <iOs><> c:Ai<AAixj^(
(jw» J.i3-.jj^ 4Ï3Î dLojjJt *><wJ9 ^1 ûS^aJI yji (jv.À*Jl &<y>jb \j
^<xJ{ JwA.^ g^iy.^^ A^Loji (^ «^^X^cu^ 4^^~>- -^^^1 s<x^
^^)^ ^1^ («XXc AjJvS «XAi <4!{ lois» jjy^ ^ aJ» cxXj» UX«â
chez nous et d'implorer ie Prince des Croyants pour que,
touché de nos doléances, il nous fasse la faveur d'ordonner
sa destitution. — Tu mens, bâtard! m'écriai-je; c'est un
homme dont j'admire la conduite et la doctrine, dont j'ho-
nore la piété et la sagesse; je l'ai choisi expressément pour
vous, parce que je connais vos fréquentes révoltes contre
ceux qui vous gouvernent. — Sire, nie répondit l'orateur,
vous dites vrai et c'est moi qui ai menti; mais puisque vous
admirez la piété, la loyauté, les sentiments intègres, la jus-
tice , la modération de cet agent , pourquoi nous l'avoir ex-
clusivement laissé pendant plusieurs années, au détriment
de tant de provinces dont Dieu a confié les intérêts à votre
sollicitude, comme il vous a confié les nôtres.'* Placez-le
donc à la tête de ces contrées pour qu'il leur accorde à leur
tour les trésors de modération et de justice qu'il nous a pro-
digués. — Va-t'en, lui dis-je, et que Dieu te refuse sa pro-
tection! Je consens à éloigner de vous ce gouverneur. «
Au rapport de Yahya, fils d'Aktam, le Khalife Mamoun
présidait une conférence» de jurisprudence tous les mardis.
CHAPITRE CXIV. 39
W^-^Â^AJ <x.jj,*A(.ÂÀi XfXs. c::^^*^ (j-ij A-fiyjLiAj AÀi». *ji.Xc (jUjj
U><X*ji3 l^i»ajt_j »^li<o 0--wr^i J^Ujj <îOLx> yy*Xj <^ai-
j^«sfc.*>oî t-^Akj ij-ffiK^ iô'^Ks- (jiîAj vW^ aaA* cjUJL oCiî.
Quand les légistes et les autres savants se présentaient pour
discuter avec lui, on les introduisait dans une pièce ornée
de tapis et on les invitait à se débarrasser de leurs bot-
tines. Ensuite on servait le repas; on les priait d'y prendre
part. Après avoir renouvelé leurs ablutions, ils pouvaient
ôter leurs bottines si elles les gênaient, ou leur kalansouah
(bonnet) s'il était trop lourd. Le repas terminé, on appor-
tait les cassolettes d'encens; ils en respiraient les arômes et
se parfumaient. Ils se rendaient ensuite chez Mamoun, «pii
les invitait à s'approcher et entamait avec eux la discus-
sion la plus belle, la plus modérée, la plus dépourvue
de morgue et de pédantismc. Elle se prolongeait jusqu'au
coucher du soleil; on leur servait alors un second repas, et,
après s'être rassasiés, ils s'éloignaient. — \ahya continue
ainsi son récit : « Le Khalife était, un jour, en séance, lors-
que son chambellan Ali, fds de Salili, si; présenta cl lui
dit : « Prince; des Croyants, un homme habillé de vêlements
blancs d'un lissa grossier, ([u'il porte retroussés, est au seuil
du ))alais; il demande à être admis afin de prendi-e pari à
40 LES PRAIRIES D'OR.
pp. P w
(jibî Jlï -^5X^1 dLXfi.^ y>«^' J^** Ajli^j ^1 ii^j^ ^-tM-
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A^-^_A_A_i a_^i»Ji_5 «0^ iUJUJlL -î kilo 45-*i»;^ wd^X* (jv-^^^m
la discussion. » Je compris que c'était quelque souji, et je
voulais faire signe au Khalife de ne pas l'admettre ; mais il
me prévint et donna Tordre de le faire entrer. Parut un
homme dont la robe était relevée dans la ceinture et qui te-
nait ses galoches dans 'les mains; il s'arrêta sur le bord du
tapis et dit : « Salut! que la miséricorde de Dieu et ses bé-
nédictions soient sur vous ! « Mamoun lui rendit son salut.
L'étranger lui demanda la permission de s'approcher; il la
lui accorda et l'invita à s'asseoir. Une fois assis : « Me jier-
mets-tu, dit-il au prince, de f adresser la parole.*^ — Parle,
lui répondit Mamoun, mais de manière à être approuvé
de Dieu. » L'inconnu continua ainsi : « Ce trône sur lequel
tu es assis, le dois-tu à l'accord unanime, au plein con-
sentement des Musulmans, ou bien à la violence que tu
as exercée sur eux, en abusant de ta force et de ton pou-
voir? » Mamoun lui répondit : « Je ne le dois ni à leur suf-
frage, ni à l'emploi de la violence. Un chef qui dirigeait avant
moi les afTaires des Musulmans, et qu'ils supportaient de
CHAPITRE ex IV. kl
^^ J.;>-3jy* 4>Si -K!»-! <,_A_Uajt;c3 cJjUaJI xi^^ aâxaJî^ ^ r"^'
gré ou de force, ma transmis à moi et à un autre (Emin)
rexercice de cette autorité après sa mort; il a fait jurer à
ceux qui étaient présents de la reconnaître; il a exigé pour
moi et pour un autre avec moi le serment des pèlerins réu-
nis sur le territoire inviolable de la Mecque, et ils font
prêté, volontairement ou non. Celui qui avait été investi
du pouvoir avec moi a suivi la route où il s'était engagé; de-
venu le seul maître, j'ai senti la nécessité d'être reconnu par
le suffrage unanime et librement exprimé des Musulmans,
dans toute l'étendue de l'empire. Mais, après y avoir réflé-
chi, j'ai cru que, si je les abandonnais à eux-mêmes, l'islam
serait mis en péril, la foi du serment disparaîtrait, l'EJut
serait démembré. J'ai compris que le désoidrc cl le mal do-
mineraient; qu'au sein des discordes civiles, les lois de Dieu
resteraient sans vigueur; que l'accès de la Maison sainte serait
int(Tdit el la guerre contre les infidèles abandonnée, mes
sujets n'étant plus réunis sous une autorité (pii les dirige;
42 LES PRAIRIES D'OR.
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Jlï dU Jiï U 5_5Jl5 /cxj Jiï d-.=rj^\ c^VfJi-î ^ !_^JUi <>ijjj3 .xJCAiû
enfin, que le brigandage infesterait les routes, et que le
faible serait livré sans défense à Toppresseur. En consé-
quence, j'ai pris le pouvoir afin de protéger le peuple, de
combattre ses ennemis et d'assurer la sécurité des routes ,
et je conduirai les Musulmans par la main, jusqu'à ce que,
leur suffrage et leur volonté unanime se réunissant sur un
chef de leur choix, je puisse résigner entre ses mains mon
autorité pour devenir un simple sujet. Sois donc mon repré-
sentant aupiès de la communauté musulmane , et, lorsqu'elle
se sera mise d'accord sur ce choix, j'abdiquerai le pouvoir.
— Salut, répondit l'inconnu; que Dieu vous accorde sa mi-
séricortle et ses bénédictions] » Et il s'éloigna. Mamoun char-
gea Ali ben Salih de le faire suivre pour savoir où il irait;
le chambellan accomplit sa mission et revint en rendre
compte en ces termes : «Prince des Croyants, j'ai dépêché
quekjues émissaires sur les traces de cet homme: il s'est
dirigé vers une miosquée où quinze individus de même ap-
parence et mis comme lui étaient réunis. « Eh bien, tu l'as
vu:* lui ont-ils demandé. — Oui, répondit-il. — Que l'a-t-il
CHAPITRE ex IV. /i3
c
aJoI^^ «/-aXj (i*i>iiji .x.«*jl *>o Aji^ i3i_^! (j^ aAc y£> Ijf
dit? — Kien que de sages paroles; il m'a dit qu'il retenait
entre ses mains le gouvernement des Musulmans pour assu-
rer la sécurité des routes; pour maintenir le pèlerinage et la
guerre sainte; pour protéger le faible contre l'oppresseur et
empêcher la violation des lois divines; mais que, lorsque le
peuple réunirait ses suffrages sur un chef unanimement élu,
il remettrait le pouvoir à ce dernier et abdif|uerait en sa fa-
veur. — Nous ne voyons aucun mal à cela. " ont répondu
ceux qui l'écoutaient; puis ils se sont séparés. — Mamoun , se
tournant alors vers moi, me dit : « Ahou Mohammed, nous
avons donné satisfaction à ces gens-là en employant le lan-
gage le plus simple. » Je lui ré[)ondis : " Sire, je rends grâce
à Dieu, qui vous a inspiié la sagesse et la droiture dans vos
paroles comme dans vos actions. »
Yahya, fils d'Aktam, exercanl les l'onclions de juge à Bas-
ra!i avant son étroite liaison avec Mamoun, les liahilanls se
répandirent en accusations contre ce magistral; dans une
requête adressée au Khalife, ils dénoncèrent ses goùls dé-
pravés et la corruplioii f|ii(> ses excès semaieni parmi les
M LES PRAIRIES D'OR.
yltUJJ iU^ i CJ^^' >!^^ 'î? J"*^' y^i *^ ^"^ ^UUmJ_j
S^ij S,_s».î A.ÀJuiw (j-« ii_r»-_j-A-i^ »LvJi^:*.î_j
jeunes gens de ia ville. Mamoun se borna à répondre qu'il
aurait accueilli leur plainte si elle eût été dirigée contre les
jugements rendus par Yahya; mais ils répliquèrent en ces
termes : «Prince des Croyants, sa conduite honteuse, ses
crimes se produisent au grand jour et sont de notoriété pu-
blique. C'est lui, Sire, qui, dans une poésie trop célèbre,
chante la beauté des mignons et les range en différentes
classes, selon leurs qualités. » Le prince voulut connaître
cette poésie; on lui présenta une kaçideh qui justifiait en
partie l'accusation portée contre le juge et les bruits qui
couraient sur son compte à cet égard. Voici les vers en
question :
Ils sont quatre dont le regard fascinateur condamne à l'insomnie les
yeux de leur amant :
L'un a les joies de ce monde devant lui, hypocrite sans espérance
d'une autre vie;
Le second a les portes du monde ouvertes, el derrière lui une large
part aux plaisirs de l'autre ;
Le troisième, possédant ces deux biens, réunit le monde d'ici-bas à
l'autre monde;
CHAPITRE CXIV. 45
^ O^-^^^ <îœ:>b_j ijy»\Xi* (^va? J^t-aj'lj x3L^^i£>«xJî tj^^
Le quatrième s'est perdu au milieu d'eux et n'est plus possesseur ni
de ce monde ni de l'autre.
Mamoun réprouva de pareils vers et en fut scandalisé :
« Quoiqu'un de vous les lui a-l-il entendu réciter? leur dit-il.
— Sire, répondirent ses accusateurs, il est notoire parmi
nous qu'il en est Tauteur. » Le prince les congédia et révo-
qua Vahya de ses fonctions. Cest de ce juge et de sa con-
duite à Basrah qu'il est question dans les vers suivants d'Ibn
Abi Noaïm :
Plût au ciel que Yaliya n'eût pas reçu la vie de Aklaiu cl ([u'il M'eùl ja-
mais foulé le soi d'Irak !
Ce juge, le plus dépravé que nous connaissions eu Irak, dans quelle
écritoire u'a-t-il pas trempé son halcm?
Dans quel trou n'a-l-il |)oint glissé sou serpent venimeux?
Les vicissitudes de la destinée conduisirent Yahya chez
Mamoun et en firent son intime, un dv. ceux auxquels il
accordait le plus de privilèges. Le Khalife lui demanda un
ae LES PUAIHIES D'OU.
p '^^ w
^Ài (j.« la^—L-j 4j^ ^^ ^j-i_ ^^ ^b^l i *X_i ^^j^_ (jbliJ
jour : «Père de Mohammed, quel est donc l'auteur de ce
vers :
Un juge qui condamne l'adultère et qui ne trouve pas un mot de blâme
contre un crime plus infâme...
— «C'est Ibn Abi'Noaïm, répondit Yahya, et voici ses
propres paroles :
Notre émir est prévaricateur et notre juge sodomite. Oli! les piètres
chefs que ceux qui nous conduisent !
Un juge qui condamne l'adultère et qui ne trouve pas un mot de blâme
contre un crime plus infâme!
Je n'espère pas la fin de nos maux, tant qu'un fils d'Abbas gouvernera
la nation.
Mamoun baissa la tête avec confusion, et, quand il la re-
leva, ce fut pour exiler Ibn Abi Noaïm dans le Sind.
Lorsque Yahya escortait le Khalife à cheval, il portait, si
c'était pendant l'été, une ceinture (d'or ou d'argent), un
manteau (kaha) , un sabre orné de sa dragonne et un turban
de mousseline {chachyèh); pendant l'hiver, des kaha de soie
CHAPITRE CXIV. 47
J^-Ciij dUi jj JIjj -6^ ^j!S\i Sy>-j}\ ^jU*»- J^lxiwl !>j^
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écrue, des bonnets en martre zibeline, et il se servait de
selles ouvertes. Il était si dissolu , si peu soucieux de cacher
ses honteux penchants que, chargé par Mamoun de former
une troupe de cavaliers destinés à porter les ordres du Kha-
life, il la composa de quatre cents adolescents imberbes
choisis parmi les plus beaux , et se déshonora en leur com-
pagnie. C'est à cette circonstance qu'il est fait allusion dans
les vers suivants de Rachid , fils d'Ishak :
0 mes deux amis! contemplez avec admiration le spectacle le plus
rare qui se soit offert à nos regards :
Un escadron où l'on n'acce[)le que de jolis minois et de beaux yeux.
Les pages d'Aktam au frais visage, aux joues i\ peine veloutées d'un
léger duvet, y sont seuls admi?.
Chacun y a l'iionncur de se tenir devant ses deux maîtres, en raison
de sa beauté et de leur laideur.
Celui qui les conduit à la mêlée est un juge dont la iancc rodeînitc
porte des coups terribles.
Il les dirige avec sa science et sa prudence dans une lulle de plaisir, el
non vers un désastre.
48 LES PHAIRIES D'OR.
^^_jOv_x_>J^ (J>rJ!-^ JjLsC" ^\^ A.^^ U^i Os^ lii
^l.«v*j (jV(?wxaxW <X.JiÀj^ (io<XiI 4-.vXj Js.^ y\^j <^{^ Ij^Ai**
Lorsque l'un de ces braves prend part à l'action , son front et ses mains
se courbent vers la terre,
Tandis que , penché sur lui , le Cheïkh agite une flèche qui dépasse ses
genoux.
Ceux qu'il a subjugués, il les laisse gisant par terre et tous atteints
d'une blessure secrète.
Le même poète a dit de lui ailleurs :
Nous espérions que la justice se manifesterait à nos yeux; mais la dé-
ception a succédé pour nous à l'espérance.
Le monde et ses habitants pourraient-ils prospérer lorsque le juge su-
prême des Musulmans se livre au vice le plus infâme?
Yahya, fils d'Aktam (fds d'Amr, fils d'Abou Rebah) .
était originaire du Rlioracân ; il naquit dans la ville de
Merw. Sa famille appartenait à la tribu de Temim. En 2i5
de l'hégire, il s'attira le ressentiment de Mamoun, qui était
alors en Egypte, et il partit disgracié pour Tlrak. Il avait re-
cueilli la tradition et étudié la jurisprudence auprès des
docteurs de Basrah, tels que Otman, siirnomnié Néby, et
CHAPITRE CXIV. ^9
c_jLa^ *i^-o5j *-*ji^J i ^^^^ â> t^Uj^Aa-* *i^ V^-? ^^^^
^w_) ik-^^^_X^ wji wîXJkJO »Xa-*jo wa2.^ »,-yo| A.>.n:* ^j) (0-i**^l
*^-^ ^^-'^î ^•^j u^J^' (j^"*>''"**' (j-^ ^^-y^^ {^^ y*^^ (J-? *^-^
d'au 1res; il composa plusieurs traités sur les principes et les
difTérentes braDches du droit, et se distingua par un ou-
vrage intitulé l'Avertissement [tenbih], dans lequel il réfute
les doctrines de l'école d'Irak; il soutint aussi de nom-
breuses controverses contre A bon Suleïman Ahmed, (ils
d'Abou Douad, fils d'Ali.
Sous le règne de Mamoun mourut Chafeyi Abou Abd
Allah Mohammed (fds d'Edris, fils d'Abbas, fils d'Olman,
fils de Ghafi, fils de Saïb, fils d'Obeid Allah, fils d'Abd Yé-
zid, fils de Hachem, fils de Mottalib, (ils d'Abd Menaf),
dans la nuit du vendredi (dernier jour) de redjeb, l'an
20/i, au moment où le jour commençait à poindre; il était
âgé de cinquante-quatre ans. La prière des funérailles fut
récitée par Sery, fils de Hakem, qui gouvernait rEgyi)le à
cette époque. Telle est la tradition rapportée par Ikrimah
(fds de Mohammed, (ils de Bichr), d'après Rebî (fils de Su-
leïman) le Muezzin; elle est également citée par Moham-
med (fils de Sofian, fils de Sâïd) le Muezzin, et par d'autres
vil. à
50 LES PUAI RIES D'OR.
(jL.fiyX.w» ly-} x^^y\ tyS. l^^^^ {J^^' *^^^**>' (>? (J »-*■*-*»' Lyi^
j^ (j-« i^^ K.M>i\j <XaS._j f^^* ClJ^-^.? /ô^ii» <XAt ^j 5j.aX«
j.X=^ ff,Mi]j «Xa£ t5*^^ JlitJi t^3 *>*^^j «XA;C di.i«x5^ o^aJ
»X_A-fc /ji tj-vUaXî «xi^ (J-* *j^ cJvÀ^ »Xa^ j iOç^i ^^_5 /Ai/l^
jLamI^ (jOl.g5 <_.vUall _5iAJ3 (j-^ /o.xX4£> ^ÀJi Jb «Xi^ ôU.»
traditionnistes d'après le même Rebî, fils de Suleïman. Cha-
feyi fut inhumé en Egypte sur le territoire des Tombeaux
des Martyrs, dans le cimetière et au milieu des tombes des
Benou Abd el-Hakem. Une grande colonne en pierre est pla-
cée du côté de la tète et une autre colonne du côté des
pieds; sur la plus grande, celle qui est au-dessus de la tête,
a été pratiqué un cartouche dans lequel se lit cette inscrip-
tion, gravée sur la pierre : « Ici est le tombeau de Moham-
med ben Edris Chafeyi, le confident de Dieu. » Le fait que
nous signalons est parfaitement connu en Egypte. Chafeyi
se rattachait, à la fois, à la famille de Hachem et à celle
d'Omeyyah par Abd Menaf, puisqu'il descendait de Motta-
lib , lequel était fils d'Abd Menaf. Le Prophète disait : « Nous
et les enfants de Mottalib nous sommes comme ceci ; » et il
montrait ses deux doigts réunis. On sait, en outre, que les
Koreïchites assiégèrent les Benou Mottalib en même temps
que les Benou Hacliem, dans le vallon.
La tradition suivante ma été transmise par Fakir, fils de
Meskin, d'après Mouzeni , dont il recueillit l'enseignement;
CHAPITRE CXIV. 51
^1 «X A-g Ll L ci*.s?w«o! ^..juS^ 2)^ c>AjL» ajIj^ «Ijvi ^5jUi.Jî
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Lt*^ ojyixl <^w^ ^-s?^' c:aAx=»- ,^^yiûl<X>e (_:AiUi<^ (S^ ^*^ ^5
(jvXjUj *jjI iocM ^§j ^^UiJî LoAJ »^U (^S i^ÀA^Ji S<X££> jj^
il me Ta transmise à Oswàn (Syène), ville de la Haute-
Egypte : « Mouzeni m'a raconté qu'il visita Chafeyi le matin
même de sa mort et lui dit : «Père d'Abd Allah, comment
te trouves-tu? » Chafeyi lui répondit : « Comme un homme
f|ui va quitter ce monde, prendre congé de ses frères et boire
le breuvage de la mort. Je ne sais si, mon àme étant destinée
au paradis, je dois la féliciter, ou si, étant condamnée au
feu éternel, je dois la plaindre; » et il ajouta ces vers :
De|iiiis que mon cœur s'est endurci et que ma roule (ma croyance) est
devenue étroite , je fais de l'espérance l'échelon qui luc conduira vers ton
pardon.
Mes péchés me [)araissent grands; mais lorsque je les compare à ta mi-
séricorde, ô mon Dieu , celle-ci est plus grande encore!
L'année de la mort de Chafeyi (2o4 de l'hégire) vit mou-
rir aussi Abou Daoud Suleïman (fils fie Daoud) Taïaliçi, à
l'âge (le soixante et onze ans, et Hicham ((ils de Moham-
med , fils de Saïb) Kelbi.
52 LES PBAIRIES D'OR.
Jlïj ^j^U5 kil-^^ U&5^^ 5*ïy^ "^ c:>«Xjç3 lil iC^U^ ^Uaj^I
i:iA.,K*M
El-Amri raconte qu'un homme qui se faisait passer pour
prophète à Basrah, sous le règne de Mamoun, fut enchaîné
et traduit devant ce prince. Quand il fut en sa présence,
Mamoun lui dit : « Tu es donc prophète et chargé d'une
mission? — Pour le moment, chargé de chaînes, lui répon-
dit cet homme. — Malheureux, reprit le Khalife, qui t'a
séduit? — Est-ce ainsi qu'on parle aux prophètes? répliqua
l'autre; en vérité, si je n'étais garrotté, j'ordonnerais à Ga-
briel de vous anéantir. — Mais la prière d'un captif n'est
pas exaucée. — Les prophètes surtout, lorsqu'ils sont dans
les fers, leur vœux ne montent plus jusqu'au ciel. » Mamoun
se mit à rire et ajouta : «Qui t'a enchaîné? — Celui qui
est devant toi. » Le Khalife reprit : « Nous te ferons délier;
mais tu ordonneras à Gabriel d'exécuter ta menace; s'il t'o-
béit, nous croirons en toi et à la vérité de ta mission. » Le
prisonnier s'écria : « Dieu a eu raison de dire : Et qu'ils se
refusent à croire, jusqu'à ce qu'ils voient le châtiment dou-
loureux! [Koran, x, 88.) Et maintenant, si tu le veux, fais
ce que tu dis. » Le prince lui fit enlever ses liens. Heureux
CHAPITRE CXIV. 53
5tX_iû (j>^ <Oii <_^ (Sy-=^^ «XsfcL <->jt«vii ^ o^^' ^^ i^'^''^
<.:a-AJj I«X_£& (jw« ^^ (vjtT-^î cjl^ Jb tyUi<X*î>3 lilo li^î '^^•^■*
de se sentir libre, cet homme s'écria : « O Gabriel I » et en
haussant la voix (comme s'il s'adressait au ciel) : « Envoyez
qui vous voudrez, et qu'il n'y ait plus rien de commun entre
vous et moi; un autre possède les biens de ce monde, et
moi je n'ai rien! Il faut être un sot (littér. un proxénète)
pour se charger de vos affaires. " On lui rendit la liberté, et
il reçut en outre des secours.
« J'étais à une réception chez Mamoun , raconte Tomamah ,
lils d'Achras, lorsqu'on lui amena un homme qui se donnait
pour Abraham, l'ami de Dieu. — « Je n'ai jamais entendu,
s'écria Mamoun, une pareille insolence à l'adresse de Dieu.
— Sire, lui dis-je, me permeltcz-vous de parler à cet
homme.'' — .le le l'abandonne. — Tu sais, tlis-je au pré-
tendu prophète, qu'Abraham (sur qui soit le salut!) attesta
sa mission par des miracles. — Lesquels."^ — On alluma
un grand feu dans lequel on le jeta et il y trouva la fraî-
cheur et le bien-être [Koran, \\i. G;)). Nous allons al-
lumer un bûcher et t'y p^écipite^; si le feu te traite comme
il a trailé Abraham, nous croirons en loi et à les paroles.
54 LES PRAIRIES D'OR.
&JaX» (3^^t css=*-i o\»^i xijLiûljo U»j Jlij ^^vt\A£ (jjv^l)-*3 cxAi
tj-« <jji— *^ <^7-^^i iC^lkiL c:*-\e» Jlï^ (^m^a£ (^■'ûUj ij j»3^Î
aX Î JsjÛ ^jw« ^^ u JiJ5 (^iûLj (^^ ^Xj ^\3 c:^Xâ îtkiû (j\J&L.j
t3^^Ja.cl? (^JvIsLa-w til (jj-^-^JJ /8«i^! ^|.;yj-S^ C>Aj» <X5j *,^y
— Demandez-moi des preuves plus faciles. — Eh bien,
repris-je, les preuves fournies par Moïse. — Quelles sont-
elles.3 — Il jeta son bâton, qui, se changeant en serpent,
courut et dévora les stratagèmes (des magiciens, Koran, xx>
2 1 et 72); il frappa la .mer avec ce bâton et les flots s'écar-
tèrent [ibid. XXVI, 63); enfin sa main devint toute blanche
sans qu'il en souffrît [ihid. vers. 32). — C'est encore trop
difficile, citez-moi quelque chose de plus commode.; — Les
miracles de Jésus .^ — Quels sont ces miracles .3 — Il res-
suscita les morts {ibid. m, 43 etpassim). » Notre homme ne
me laissa pas continuer la série de ces miracles et s'écria :
Laissez-moi donc tranquille avec les preuves de Jésus, puis-
que j'apporte la grande catastrophe [ibid. lxxix, 34)- —
Non, répliquai-je, il nous faut absolument des preuves. —
Je n'ai rien de tout cela, dit-il; j'avais pourtant dit à Ga-
briel : Puisque vous m'envoyez chez des démons, donnez-
moi du moins quelque signe que je puisse emporter, sinon
je ne bouge pas. Mais l'ange s'est fâché et m'a répondu:
Tu emportes une catastrophe plus terrible que l'heure (du
CHAPITRE CXIV. 55
iut~«^ »w*t «xxniî^ ^^LJcllJ ^Ua^cmJî j^aoà^ ^ jo->*iiJ' y|,;-»^J'
/jjJ »^^-^ iowtXib (-*Jj^ UIsUJo Qjl _j-iûj (-^iUo j,! 0.^ ^^ (jjji
t^ c> (ijr> <^-^ (^^**=?- (:r? ^^r* C:?^ 'N;^ c^ 1:^" C:r^
jugement); pars toujours, et vois ce que ces geos-îà le
répondront. » Mamoun se mit à rire et dit : « Voilà uq
de ces prophètes comme il en faut aux heures d'amuse-
ment. »
En Tannée 198, Mamoun dépouilla son frère Kaçem,
fils de Récliid, de ses droits d'héritier présomptif. —
En 199, Abou 'i-Seraya Sery (fds de Mansour), le Gbeïba-
nite, se révolta en Irak, y forma un parti puissant et se
réunit à Mohammed (fds d'Ibrahim, fils d'ismàïl, fils d'I-
brahim, fils d'ElFIaçan, fils d'El-Haçan, fils d'Ali , fils d'A-
bou Talib) surnommé /6/t Tabalaha. A Médine éclata la ré-
volte de Mohammed (fils de Suleïman, fils de Daoud, iils
d'El-Haçan, fils d'El-IIaçan , fils d'Ali). A Basrah, Ali (fils de
Mohammed, fils de Djàfar, Ids de Mohammed, iîlsd'Ali, fils
d'El-Haçan, fils d'Ali) et Zeid ((ils de Mouça, Iils de Djàfar,
fils de Mohammed, fils d'Ali , (ils d'El-Huçein, fils d'Ali),
s'insurgèrent et se rendirent niaîlies de cotte ville. Après la
mort d'ibn Tabalaba, (|iii i;ut lieu en celle même aiinét;,
Abou 'l-Seraya, qui s'était fait le promoteur de sa cause, pro-
56 LES PRAIRIES D'OR.
<A» (J-^ (J^-'^'^ {:}■■> è^ ^ *N) (-r^ '^■^ i:y^ '^^ i:y^ **^
<^ y^ (:J--^ (:r? t^ (J^ '^'^ (J^J-**^ (:y^ ^^J^ tï^ f^J^^
jU^\ i^VxS' i^ c:>bL,*xJl J_^î i cy^Uil î dUi L^5i *XS3
clama à sa place Mohammed (lils c!«.^ Mohammed, fils de
Yahia, fils de Zeïd, fils d'Ali, fils d'El-Hureïn, fils d'Ali).
Enfin dans la même année 199, le Yémen fut soulevé par
Ibrahim (fils de Mouça, fils de Djàfar, fils de Mohammed,
fils d'Ali, fils d'El-Haçàn, fils d'Ali). En 200 de l'hégire,
sous le règne de Mamoun, la Mecque et le territoire du
Hédjaz s'insurgèrent sous les ordres de Mohammed (fils de
Djâfar, fils de Mohammed, fils d'Ali, fils d'El-Huçeïn, fils
d'Ali) , qui se proclama imajn. Les Sebtieh, qui sont une ra-
mification des Chiites , embrassèrent sa cause et reconnurent
son titre d'imam ; mais ils se séparèrent en plusieurs partis ,
les uns tenant à leurs croyances avec un zèle exagéré, les
autres , plus modérés , suivant la doctrine des Imamites. C'est
ce que nous avons expliqué dans nos Discours sur les prin-
cipes des religions, et dans nos Annales historiques, ouvrage
qui traite des peuples anciens, des races éteintes et des
royaumes qui ont disparu ; voir la trentième section de ce
livre consacré à l'hisfoin» des Abbassides (4 des manifestations
CHAPITRE CXIV. 57
^^.«wJ} A*»*ij (Ji Ici) UloUJo ^1 cjU l^ yW^Î ^5 k^.v=«-L(fi?
A_À— «Is t)J-^. *X-A_«^ y_j-^l!tîj yUwî^jST ^J^Ui <ji U,X5 J.^
(j^ (jl^ U_5 Aj'liy ÀaÀa5 ^^ UajI Jsj|^ dUUift (jyJ«X» L-j ».À*>
des Alides sous leur règne. On prétend que ce même Mo-
hammed, fils de Djàfar, commença, au début de sa mani-
l'estation , par embrasser la cause de Mohammed ( lils d'I-
brahim j Ibn Tabataba, que soutenait Abou '1-Seraya; après
la mort d'Ibn Tabataba, Mohammed se porta prétendant et
et prit le titre de Prince des Croyants. Aucun des descen-
danls du Prophète (jui se levèrent pour la revendication
du droit, avant ou apiès lui, ne ])orla ce tilre, excepté le sus-
dit Mohammed, lils de Djàfar; sa beauté, le charme de sa
personne et ses (pialités accomplies lui valurent le surnom
de dihadjeh (brocart). Les événements ([ui se passèrent alors
à la Mecque et dans le pays environnant le conduisirent
chez Mamoun, qui se trouvait à Mervv, dans le Khora-
çan; ce prince lui accorda l'amnistie et l'emmena avec lui.
Quand ils arrivèrent à Djordjàn, Mohammed mourut et fut
enterré dans celte ville. Nous avons donné les détails de sa
mort, son histoire v.l celle de plusieurs autres Alides avec
le récit de leur mort en difterentes contrées, dans notre
58 LES PRAIRIES D'OR.
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livre intitulé Jardins des intelligences ou Histoire de la fa-
mille d'Ahou Talib.
Une autre manifestation eutlieuà Mécline,sousle règne de
Mamoun, celle d'El-Huçeïn (fils d'El-Haçan, fils d'Ali, fils
d'Ali, fils d'El-Huçeïn , fils d'Ali) , connu sous le nom d'Ibn el-
Aftas. On croit qu'il travailla d'abord à la cause d'Ibn Taba-
taba , mais , après la mort de ce dernier, il fit valoir ses propres
droits et son titre cVimam. Il surprit la Mecque et se présenta
devant les pèlerins qui étaient à Mina sous !a conduite de
Daoud (fils d'Yça, fils de Mouça) le Hachémite; Daoud
ayant pris la fuite, les pèlerins se dirigèrent vers Arafah et
s'arrêtèrent à Mouzdelifah, n'ayant plus de chef issu de la
maison d'Abbas. Ibn el-Aftas arriva au Mawkaf (station
d'Arafah) pendant la nuit, et ensuite à Mouzdelifah. Comme
les pèlerins n'avaient plus d'imam, il célébra la prière avec
eux, se rendit ensuite à Mina, y accomplit la cérémonie
du sacrifice, puis il entra à la Mecque et dépouilla la Kaabah
de toutes ses tentures , à l'exception des voiles blancs de fa-
brication égyptienne.
CHAPITRE CXIV. 59
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En Tannée 200 de l'hégire, Hamniad surnommé Kund-
gouch (l'oreille dure) s'empara d'Abou '1-Seraya le Haché-
mite et l'envoya à Haçan, fils de Sehl, qui le mit à mort
et le fit pendre au gibet, sur le pont de Bagdad; nous
avons raconté dans les Annales hisloriques les faits con-
cernant Abou '1-Seraya, sa révolte, ses guerres, comment il
tua Abdous (fils de Mohammed, fils d'Abou Khaled) avec
plusieurs généraux d'origine persane, et comment il anéan-
tit leur armée.
En la même année, Mamoun députa Ridja, fils d'Abou
Dahhak et l'eunur[ue Yarir auprès d'Ali (fils de Mouça, fils
de Djâfar, fils de Mohammed, fils d'Ali, fils d'ElIIureïn,
fils d'Ali), surnommé Rida, pour le conduire aiipiès de lui;
ils escortèrent lîida en lui témoignant le plus giand resj)ect.
Mamoun ordonna, à la même époque, de faire le recen-
sement des descendants d'Abbas, hommes et femmes, en-
fants et vieillards; leur nombre s'éleva ii trente-trois mille
âmes. Rida (Abou 'l-Hacan Ali, fils de Mou(ja) rejoignil Ma
60 LES PRAIRIES D'OR.
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moun dans la vilie de Merw, où ce prince lui fit le meilleur
accueil; ayant réuni les chefs principaux, il leur déclara
qu'après avoir passé eu revue les descendants d'Abbas, fds
d'Abd Mottalib et ceux d'Ali, fils d'Abou Talib, il n'avait
pas trouvé parmi ses contemporains un homme plus dis-
tingué et plus digne du pouvoir que Ali (fils de Mouça)
Rida; en conséquence il le fit reconnaître comme son hé-
ritier et fil graver son nom sur la monnaie d'or et d'argent.
Il donna sa propre fille Oumm el-Fadl à Mohammed , fils
de Rida; il interdit le noir sur les vêtements et les drapeaux
et le remplaça par la couleur verte, là et partout ailleurs.
Quand ces nouvelles parvinrent en Irak, les descendants
d'Abbas en furent vivement émus, parce qu'ils se virent
ainsi exclus du pouvoir. Le pèlerinage fat conduit, cette
année là, d'ordre de Mamoun, par Ibrahim (fils de Mouça,
fils de Djâfar) , frère de Rida. Tout ce qu'il y avait d'Abbas-
sides à iiagdad, d'accord avec leurs anVancliis et leurs
CHAPITRE CXIV. 61
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créatures, prononcèrent la déchéance de Mamoun et prê-
tèrent serment à Ibrahim, fils de Mehdi surnommé Ibii
Chiklah, qu'ils élurent Khalife le jeudi 5 de moharrem 202
ou, selon d'autres, 2o3 de Thégire.
En 202 , Don '1-Riaseteïn Fadl, fils de Sehl , fut surpris et
assassiné dans son bain , à Serakhs , ville du Khoraçân , (;t dans
rhôtel même de Mamoun, pendant que ce prince se ren-
dait en Irak. Mamoun parut très affecté de cet événement;
il fil périr les meurtriers, puis il continua sa route. Ali
Rida, fils de Mouca, mourut à Tous, d'une indigestion do
raisin ; on prétend que ce fruit était empoisonné (Safcr 20v3) ;
Mamoun récita la prière des funérailles. Uida mourut âgé de
cinquante-trois ans, ou, d'après une autre version, de qua-
rante-neuf ans et si\ mois; il était né à Médine en v53 de
l'hégire. Mamoun lui avait donné en mariage sa fille Oumni-
Mabib. de sorte (jue, des deux sœurs, l'une avait épousé Mo-
02 I^ES PRAIRIES D'OR.
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hammed. fils de Rida, et l'autre le père de ce jeune homme,
c'est-à-dire Ali Rida.
La domination d'Ibrahim, fils de Mehdi, fut pour Ragdad
une ère de révolutions. Des gens perdus de vices, prenant
le nom de volontaires, -se révoltèrent à la tête de la lie du
peuple et de la valetaille. Lorsque Mamoun arriva dans le
voisinage de la capitale, Ibrahim, fils de Mehdi, présida
encore à la prière le jour des Sacrifices, et disparut le len-
demain de cette fête (2o3 de l'hégire) ; le peuple proclama
alors sa déchéance. En 2o4, Mamoun fit son entrée à Bag-
dad, étant encore vêtu de vert; mais il quitta cette couleur
et revint au noir lorsque Taher, fils d'El-Huçeïn, venant de
Rakkah, le rejoignit à Ragdad. — Même année, famine en
Orient; peste dans le Khoraçân et d'autres pays. Babek
le Khorrémite se révolte dans la contrée de Reddeïn avec
les disciples de Djavidân, fils de Chehrek; nous avons
mentionné déjà cette contrée de Reddeïn, patrie de Rabek,
qui fiiit partie de l' Azerbaïdjan, de l'Errân et du Reïlakàn,
CHAPITRE CXIV. 63
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clans un des chapitres précédents , celui où nous décrivons
le Caucase, le Bab el-Abwab, et le fleuve Araxe, qui passe
sous Beddeïn (voir t. II, p. 76 ).
Mamoun mit ses émissaires à la recherche d'Ibrahim, fds
de Mehdi , dans la ville de Bagdad , où il le savait caché , et
s'empara de sa personne, dans la nuit du dimanche 1 3 rebî I
de l'an 207. Caché sous des vêtements de femme et escorté
de deux suivantes, Ibrahim fut arrêté par un nègre de la
police dans la rue nommée Derb laouil (Rue longue). Con-
duit devant le Khalife, qui rapostroj)ha avec ironie, il lui
adressa ces paroles : «Prince des Croyants, la peine du ta-
lion donne le droit d'exercer les représailles, mais le pardon
est plus voisin de la piété [Koran, 11, 2 38). L'homme,
jouet de la fortune et plein d'une confiance aveugle dans
les moyens de révolte qui s'oflrent à lui, se livre tout entier
aux vicissitudes de la destinée. Dieu vous a mis au-dessus
de tout ce qui est généreux, comme il a placé tout ciiminel
au-dessous de moi; si vous me punissez, vous serez juste;
m LES PRAIRIES D'OR.
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si vous me pardonnez, vous serez grand. — Oui, cest le
pardon que je choisis! « s'écria Mamoun , puis il prononça le
iekbir et se prosterna pour prier.
Il voulut néanmoins qu'on laissât sur la poitrine d'Ibra-
bim le grand fichu de femme dont il s'était couvert, pour
que chacun pût voir dans quel accoutrement il avait été
arrêté; il ordonna aussi qu'on exposât publiquement le pri-
sonnier dans la salle des gardes; puis il le confia à la surveil-
lance d'Ahmed, fils d'Abou Khaled; enfin, après quelques
jours de détention , il lui rendit ses bonnes grâces.
Ibrahim l'en remercia dans une poésie dont voici un
fragment :
Celui ( Dieu) qui fait le partage des vertus les a recueillies des flancs
d'Adam pour en orner le septième imam (Mamoun, septième Khalife).
Celui qui réunira les hommes a réuni lous les cœurs autour de toi ; pos-
séder ton amitié, c'est rassembler tous les biens.
Tu prodigues des vertus que le cœur le plus généreux pourrait à peine
conlenir ;
Et tu absous un coupable que nul autre n'aurait absous , et pour lecjuel
aucune voix n'intercédait.
CHAPITRE CXFV. 65
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Au mois de chàJsan 209, Mamoun descendit à Fem es-
silh (canal au-dessus de Warit), pour (épouser Khadidjah
(fille d'El-Haçan ben Sehl) surnommée Bouran. A cette oc-
casion, Haran se signala par des largesses telles qu'aucun
roi n'en avait jamais fait avant ou depuis la prédication
de l'islam. En effet, il distribua aux membres de la famille
hachémite, aux généraux, secrétaires et autres personnages
marquants, des avelines de musc renfermant nn billet où
se trouvaient inscrits des noms de terres ou d'esclaves, la
désignation de chevaux, etc. Chacun ouvrait l'aveline qui
lui était échue en partage, prenait connaissance du billet et
y trouvait un lot plus ou moins riche, selon que le sort
l'avait plus ou moins favorisé; il se présentait alors à l'agent
préposé à la distribution et réclamait telle ferme située dans
tel canton dépendant de Ici district, ou l'esclave une telle,
avec tel surnom, ou bien un cheval désigné de telle et telle
façon. Outre cela, on jeta au peuple des pièces d'or et d'ar-
gent, des vessies de musc et des œufs d'ambre gris. On
VII.
è6 LES PRAIRIES D'OR.
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pourvut, pendant toute la durée de leur séjour, non seu-
lement aux dépenses de Manioun , de ses généraux , de sa suite
et des troupes qui raccompagnaient, mais aussi à l'entre-
tien des moukres, des matelots, des portefaix, des valets et
goujats, mercenaires ou autres, qui marchaient à la suite
de l'armée. Pas un soldat n'eut à acheter sa nourriture ni le
("ourrage de ses bêtes. Pendant qu'il se disposait à remonter
le Tigre pour rentrer dans sa capitale, Mamoun dit à Haçan :
« Père de Mohammed , as-tu quelque demande à m'adresser?
— Sire, répondit celui-ci , je vous prie de me conserver dans
votre cœur la place que j'y occupe, car, si je la garde, c'est h
vous seul que je le devrai; « le Khalife lui accorda le revenu
du Fars et de la Susiane ])endant une année. Les poètes
prodiguèrent leurs vers et les orateurs leur éloquence en
l'honneur de ces noces. Parmi ces poésies de circonstance,
une des plus ingénieuses est ce disti(pio d'Ibn Hazim Bahili :
CHAPITRF CXIV. 67
Que Dieu bénisse cette union en faveur de Haçan et de Bonran.
FïIb de Haroun , tu triomphes, et de la fiH^de quel liomme!
Mamoun, lorsqu'on lui rapporta ces paroles, s'écria : «Je
ne sais si je dois les prendre en lionne ou en mauvaise
part. »
Ibrahim, fils de Mehdi , se présenta, un jour chez ce Kha-
life, quekjnes temps après être tombé entre ses mains;
Mamoun lui dit en désignant Moutaçcm son frère et Abbas
son fils : « Voici ceux qui me conseillaient de te faire
mourir. » Ibrahim répondit : « C'est ainsi (ju'ils devaient
parler à un souverain, mais sacrifiez vos craintes à vos es-
pérances; « et il ajouta ces vers :
Tu m'ns rendu mes biens sans te montrer avare envers moi, cl avant de
me les rendre, lu as épargné ma vie;
Tu l'as épargnée sans exiger de compensation, et lu n>e l'as rendue
deux fois, puisque tu m'as sauvé de la mort et de la misère.
Ton âme généreuse m'a facilité l'exense de mes fautes, cl lu ne m'as
adressé ni un blâme ni un reprorlie.
68 LES PRAIRIES D'OR.
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cjI-aJIj cj^^^jtiî -J^"^^^ JJi^s.^ jj^:iX.iîj c^um^ J^l-lt
Ton indulgence, plaidan^ ma cause devant toi-même, m'a servi de té-
moin sincère et exempt de tout soupçon.
Les traits intéressants de la vie d'Ibrahim, ses poésies
fetnarquables , ses aventures lorsqu'il se cachait à Sov\'aïkat
Galib (un des quartiers) de Bagdad, ses pérégrinations pen-
dant la nuit où il fut arrêté, tous ces détails se trouvent
dans nos ouvrages déjà cités, dont le présent volume n'est
que le complément et l'index. Youçoufben Ibrahim le se-
crétaire, ami d'Ibrahim, fils de Mehdi , est l'auteur de plu-
sieurs ouvrages, entre autres d'un livre intitulé Récits de mé-
decins et de rois, concernant les aliments, les boissons, les
vêtements, etc., d'un recueil d'anecdotes connu sous le titre
de Livre d' Ibrahim , fils de Mehdi, et d'autres ouvrages.
Un des incidents les plus curieux tirés de l'Histoire d'Ibra-
him, lorsqu'il errait incognito dans Bagdad , est son aventure
avec le barbier. Mamoun, ([uand il entra dans cette ville,
mit des émissaires à la poursuite d'Ibrahim, comme nous
CHAPITRE CXIV. G9
i^i. A-ià-.V j..A.<wa .-w. ^3 osAj Ji ca\ji»<Xj x>l) ^3^ ^xJ jUi
^ykà^^ C5V^-? *^ V^' t3-^^'j (S'-^J"' (*^ ^iA.AiâJ «XA:>- »jj«»M.«j
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<i Jl*5 cil-iâ-j ^jry»-A_Jj *julaj ïj-^r^ \-^)^ JsjtXs- j»Xii^
l'avons déjà raconté dans ce même chapitre, et promit une
riche récompense à qui indiquerait sa retraite. Laissons
parler Ibrahim. « Je sortis, un jour d'été, à l'heure de midi,
sans savoir où j'allais; je m'engageai dans une ruelle sans
issue et remarquai un noir qui se tenait devant la porte
d'une maison. J'allai droit à lui et lui demandai s'il pouvait
nie loger dans un coin de sa demeure pour un moment. Il
y consentit et me fit entrer; la salle était garnie de nattes
et de coussins en ciu'r, tout cela élégant et propre. Puis il
me laissa seul, ferma la porte sur moi et s'éloigna. Un
soupçon me traversa l'esprit; cet homme savait que ma vie
était mise à prix et il était allé me dénoncer. Pendant que je
me livrais à ces tristes j)ensées, il rentra escorté d'un por-
teur chargé d'une ample provision de pain cl de viande, cfun
chaudron neuf avec ses accessoires, d'une jarre et de po-
terie, le tout reluisant de propreté. « (Jue ma vie soit votre
rançon ! me dit-il , je suis chirurgien el je sais la répugnance
70 LES PRAIRIES D'OR.
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^ OUxJâ-J *^5ii jC? ^blj -\jJa]| i AK*i JjL« Jxiâ dUi
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JUL» ^IwiJl Q**»-! jî '^ c:*ièy v.^"*^ oiAii ^\» ifM^ Jij
que vous inspire ma profession, disposez donc de ces objets;
ma main n'y a pas touché.» La faim me pressait, je me
levai et me préparai un ragoût tel que je ne me souviens
pas d'en avoir mangé d'aussi bon. «Comment en usez^vous
à l'ésrard du néhid? me 'demanda-t-il. — Je ne le déteste
pas, >> répondis-je. Observant la même réserve que pour les
aliments, il me présenta des objets d'une grande propreté,
auxquels sa main n'avait jamais touché. Il me dit alors :
«Puisse ma vie être la rançon de la vôtre! Voulez-vous me
permettre de m'asseoir près de vous, et de boire à votre
santé le néhid que j'apporterai?» J'y consentis. Après avoir
vidé trois coupes, il ouvrit une armoire et en tira un luth.
« Seigneur, me dit-il, il ne sied pas à un homme de ma con-
dition de vous prier de chanter, mais votre bienveillance m'y
donne f[uek(ues droits : si vous daignez y consentir, ce sera
beaucouj) d'honneur pour votre esclave. — Comment sais-tu
que je suis bon chanteur? » lui demandai-je. Il reprit d'un
air étonné :« Diou tnut-puissani ! Votn» répulalion est trop
CHAPITRE CXIV. 71
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^ -iLilî cyUb (.i^Xi kii^Ài. ,\s».^Ajl U <\AÀ*j U Jss&jI (^Js^.a«
I^Vi^î (^J ^1^1 -O^i-i bi Jlï l-^rAJyU >iU ^J (j^ u:>i^^A^^i5
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grande pour que je ne la connaisse point; vous êtes Ibrahim,
fiis de Mehdi, et une récompense de cent mille dirhems est
promise par Mamoun à qui vous dénoncera. » A ces mots je
pris le luth et j'allais commencer lorstpi'il ajouta : « Seigneur,
voucUiez-vous chanter d'abord le morceau que je choisirai? »
Sur mou consentement, il ht choix de trois airs tlans lesquels
je n'avais pas de rival. Je lui dis alors: « Que lu méconnaisses,
je le veux bien, mais ces airs où as-tu appris à les connaître?
— J'ai été, merépontht-il, au service d'Ishak, hls d'Ibrahim
Moçouli, et je l'ai bien souvent oui parler des grands ar-
tistes et des morceaux dans lescjuels ils excellaient; mais qui
m'eût dit que je vous entendrais vous-même cl dans ma
propre demeure? » Je chantai et demeurai en sa compagnie,
lavi (le son caractère avenant. La nuit venui", j(î pris congé
(le lui; j'avais eniporti'î avec moi une bourse pleine d'écus
d'or, je la lui olliis pour subvenir à ses dépenses en lui pio-
mellanl (pi'il l'eeevrnil n\\ jotir une lécotiqjeiise plus grande,
«Chose étrange, me dit il, c'est moi (pii voidais vous offrir
72 LES PRAiniES D'OR.
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(j_j 4Ml «Xa£^ AAJuJl j^i^l »X.j^ ^ ^W^J j*^'^!^^ (J?J
tout ce que je possède en vous conjurant de me faire l'honneur
d'accepter, mais le respect seul m'a retenu. « Il refusa donc
de rien recevoir de moi ; puis il sortit avec moi et me mit
sur le chemin de l'endroit où je voulais aller; alors il s'éloigna
et je ne l'ai jamais revu.*»
En 2o6 de l'hégire, sous le règne de Mamoun, mourut
Yézid (fils de Haroun, fils de Zadan), originaire de Waçit, à
l'âge de quatre-vingt-neuf ans. Il naquit en 117, et fiit un
7>im/j/a des Benou Soleïm; son père avait servi dans les cui-
sines de Ziad ben Abihi (voir t. V, p. 20), d'Obcïd Allah,
fils de Ziad, de Moçab, fils de Zobeïr , et de Haddjadj , fils de
Youçouf. Ce Yézid passe pour un des plus grands et des
plus éminents parmi les traditionnistes; il mourut dans la ville
de Waçit en Irak. Dans la même année moururent Djerir
(fils de Khozaïmah, fils de Hazim); — Cheïbah (fils de
Sawar) de Médine; — le jurisconsulte Haddjadj (fils de Mo-
hariiinod), surnommé le borgne; — Abd Allah de Médine
(fils de Nali), surnommé Vorpvrc, mmvla îles Beiiou Makh
CHAPITRE CXIV. 73
^X»litîi Jjjb Aaj^ <îWu*o AAXffj^^tj yl^
v_ÀX4c> <Xjji^ j^lxlij j.xmJ| <.;.«.^.Us ^j /rfvil^JI ^^J i},yA tXïîj
i$«>wj«XiM «'^aa^ ^aJUj iitX».!^ jmjLo \'*S^ ^^Ub l^tXck.!
fi^^ (O-^rJ -^^-^ i^y^ iytiai «Xii -p^ipû UjIaa*p Ut ià\ii^^^^
zoum; — Wehb, (fils de Djerir); — Mouemmel ((ils d'Is-
maïl); — Rouh (fils cribadah); — El-Heïlhem (fils d'Adi),
dont la gchiôalogie est douteuse, ce qui a fait dire à un poëte :
Si tu places un Aàï dans la famille des Benou Touai , écris dans la liste
généalogique le àxà avant Xaîn. (c'est-à-dire au lieu de AH'i nonnne-lo ilùii,
imposteur).
En 209 mourut Wakidi (Mohammed, fils d'Amr, fils de
Wakid), mcnola de la lamille de liachem, auteur de livres
de biograj)hie et d'ex pécfi lions militaires; son autorité
comme traditîonniste est laible. Ibn Abi 'l-Azfiar lacontc le
fait suivant d'ajHès Abou Sehler-Razi, ([ui le tenait des per-
sonnes auxquelles Wakidi lui-même l'avait raconté en ces
termes : «J'avais deux amis, dont l'un était (h^ la famille
de IJachem, et nous ne formions, |)our ainsi tlire, qu'ime
seule âme. Aux aj)proches de la fête (du Jiaïratn) , je me
trouvais dans une gêne extrême; ma lemme me dit: « S'il ne
s'agissait (pu; de nous, nous pomiions su()|)oiler la misère
cl les privations, mais nos païuns cnlaiits! Ils me loiil
lli LES PRAIRIES D'OR.
^ ^iJj.A(aj *t5vi»~j c:AAj:s»-t ^Ai à^j^J V^"^' CJ-* <J^=^ 8<Xiû ^^
L» ,JwA_^ »^*ik_> wifci/î ^^«XAiajl IJJi c>ùC3 ^^w^ (oW* >"*J^I
,b{ liiJtXj ul Iàaa3 ^A'^£ ^^Liisxj ^j 4^^ M c:AÀAMk.^v^.uil
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dLiî JUi ^^^> 4^^jjLiI ^o:i^*» kil^JJ o».^s-j l^ AaX*3 l5
pitié et me déchirent le cœur; ils verront les enfants du voi-
sinage parés et habillés de neuf pour leur fête, tandis qu ils
conserveront, eux, leurs misérables guenilles. Ne pourrais-
tu, par un expédient quelconque, trouver de quoi les ha-
biller?» J'écrivis à mon ami le hachémite, et le priai de
me venir en aide pour l'éventualité qui se présentait. 11
m'adressa aussitôt une bourse cachetée, en m'informant
qu'elle contenait mille dirhems. J'avais à peine eu le
temps de me reconnaître, lorsque je reçus de mon autre
ami une lettre renfermant les mêmes doléances que celles
f(ue je venais d'adresser à mon compagnon hachémite. Je
lui envoyai la bourse telle qu'elle ui'était j)arvenue, et je
nie i-endis à la mosquée où je passai la nuit, n'osant plus
H)e présenter devant ma femme. Celle-ci, cependant, lorsque
je rentrai, approuva ma conduite et ne me fît pas le moin-
dre reproche. Nous en étions là, quand l'ami hachémite
entra portant avec lui la bourse toujours dans le même état
et me dit : « Avoue-moi franchement l'usage que lu as fait
de ce que je t'ai envoyé, » J(> lui racontai la chose telle
CHAPITRE CXIV. 75
AjU dUi Jji «yij Ur=-^| yi *Sjo Ujvo l^ li-^KSi v»àJ^(
j-*lj yfe' U *i c:^_*.^^-ij jUJo ^j^Ui Ji^ii ^_j ,^:>
qu'elle s'était passée, et il reprit en ces termes : « Au moment
où ton message m'est parvenu^, je ne possédais au monde
que la somme que je t'ai fait remettre; j'écrivis donc à
notre ami commun pour le prier de me venir en aide et il
m'envoya ma propre bourse encore scellée de mon anneau. »
Nous fîmes alors trois parts et nous les partageâmes entre
nous trois, après avoir, au préalable, mis de côté une
somme de cent dirhems pour ma femme. Cependant le i)ruit
de cette aventure était parvenu jusqu'à Mamoun; il me fit
appeler et je dus la lui raconter de vive voi.v. 11 nous ac-
corda une récompense de sept mille dinars, c'est-à<lire deux
mille dinars pour chacun de nous et mille pour ma femme. »
Wakidi mourut âgé de soixante et dix-sej)l ans.
En cette même année 209, Yahya (fds d'El-Huçeïn, lils
de Zeid, fils d'Ali, fils d'El-Ilureïn) mourut à iîagdad, et
Mamoun récita la prière des funérailles. Nous a\ons raconté
son histoire dans nos ouvrages précédents.
Azhar surnommé Saniinan. (riiarcliand de beurnî) mourut
aussi ct'tle année. 11 l'ut fanii tlWbou Djàl'ar Mansour, sous
le règne des Omeyyades; ils voyagèrent cl recueillirent en-
76 LES PRAIRIES D'OR.
^jrtPbjljj AÀJL» j|_j-kAm fjé^ cio^rl llt«v-_5 Ijsa:?^ I^Uv «X» bl^
ii*j;L *i^l9 t:y^ b^ ^\ yA'^S f^ji U Jb )t>w,£ viU '^:><X:s2^
semble la lradilion;Mansourlui témoignait beaucoup d'alTec-
tion, et il passa de longues années dans son intimité. Quand
Mansour devint Khalife , Samman vint de Basrah à la cour ; le
prince lui demanda des nouvelles de sa femme et de ses fdles ,
qu'il connaissait par leurs noms, le reçut avec [distinction
et lui accorda une gratification de quatre mille dirhems en
lui recommandant toutefois de ne plus se présenter en sollici-
teur. Quelque temps après, Samman reparut. « Ne t'ai-je pas
recommandé , lui dit le Khalife , de ne pas venir auprès de moi
pour solliciter? » — Je ne viens, répondit celui-ci, que pour
vous saluer et renouer connaissance. — Je m'en tiens à ce
que je t'ai dit, » répliqua Mansour. Et en lui faisant compter
quatre mille dirhems, il ajouta : «Ne reviens plus ni pour
saluer ni pour quémander. » Une année plus tard, Samman
se présenta de nouveau chez le prince et lui dit : « Je ne
viens pour l'une ni pour l'autre des raisons que vous m'avez
interdites; mais, ayant appris que le Prince des Croyants
était malade, j'ai voulu savoir de ses nouvelles. — Je crois
bien, lépliqua Mansour, que c'est l'appât d'un présent qui
CHAPITRE CXIV. 77
*J /j._Xj>^ Kjis^^j^ <xJ>Uj iJiAXi ""i.! iiÀAu c^Aia^ l^i J^i cjiJI
5:ïwJ ^ iX-) 4X5Î JL« y^ (Jlxj AMÎ -<^Lçv<! (j^ |<VuÎ XX» a.xÀa9
t'attire; » et il lui donna une pareille somme de quatre mille
dirhems. Une autre année s'écoula; la femme et les fdles
de Sammam lui répétaient : « Le Prince est ton ami , retourne
chez lui. — Malheureuses, répliquait celui-ci, que lui dirai-je
donc? Je lui ai déjà avoué que j'étais venu pour solliciter
sa générosité, pour le saluer, pour le visiter quand il élail
malade, que lui dire, quelle raison alléguer maintenani?»
Mais elles ne voulurent pas en démordre; le pauvre Cheïkh
se rendit derechef chez Mansour et lui tint ce discours : « Je
ne viens ni vous solliciter, ni vous saluer, ni savoir de vos
nouvelles, mais uniquement recueillir de votre bouche un
certain hadis émanant du Prophète, que nous avons ensem
hle entendu enseigner en fel lieu par tel docteur; il renferme
un de ces noms de Dieu qui font accueillir et exaucer la
prière de celui qui le prononce. — Ne le recherche pas, s'é-
cria Mans()ur,j'eii ai lait l'épreuve, il est inc^lïicace; depuis ([uo
tu m'assièges de tes visites, je m'en sers pour demander l\
Dieu de ue pas te ramener chez moi, <'t poiirlant fu reviens
toujours avec les élernels mois : saluer, prendre des iwiivelles.
78 LES PRAIRIES D'OR.
'»y^. dlxi i^Afii ♦>«^ *i Jlïj (i^i> Ci-^î A*j;l; aL(o^3 r^ij ^i
^j <_>U£>Jl «X-*£ ^vJ «Xj^ (J.J rfN^'^î Ai«wi^ 4-*Alail «Xa£ q.jÎ
/y-J «X_^ iUC.^ cK-j^5 J^*^*^'^ (J*<U*J5 J.Î ^i -.Uiil |«î%i^jî
w&lfiJî J^ib aXjuî (jv.;*- qj-*UÎ tK^j -!^A«iil
visiter. « Ce disant, il lui fit encore donner quatre mille dir-
heriis et ajouta: « Tu as mis tous mes expédients en défaut;
reviens désormais quand bon te semblera. »
En 209, Mamoun se rendit en grand cortège à la prison,
durant la nuit, pour faire mourir Ibn Aïchah; ce person-
nage, issu d'Abbas, fils d'Abd el-Mottalib, se nommait Ibra-
him (fils de Mohammed, fils d'Abd el-Wehhab, fils de l'i-
mam Ibrahim, lequel était frère de Saffah et de Mànsour).
En même temps que lui périrent Mohammed , fils d'Ibrahim
V Africain^ et d'autres complices; Ibn Aïchah est le premier
descendant d'Abbas qui ait été exposé au gibet depuis la
venue de l'islam. En ordonnant son suppfice, Mamoun pro-
nonça cette sentence du poète :
Le feu se cache dans les veines de la pierre, mais sous le choc du fer
il jaillit et s'allume.
11 y avait à Bagdad un rejeton d'Abbas (fils d'Ali, fils
d'Abou Talib), homme riche et opulent, apnt du crédit et
de l'autorité, distingué par son esprit et son éloquence; il
CHAPITRE CXIV. 79
ààj<XjC (^^^*Jt (jj^=^ (>J O*^"'*^' J'^J iii5\j^ (*^^ iixX^^ y£^
i-
(j_» jo— <^Jj-s*- tr«^ iLÀ->«X-il J^iûi) (j\^ U J.-s»j jy_ft aMI J^.i
jL_A_j ^-cfc. S»..jLam-j J>j ^j A_a-« wil.Jis T^y^ fJi***^ (H^JttXi
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yè L^-p ^^,^1 ii! cLl-Ul iji *U*X.Ji i ^\ aMI Jt- ^ Jli
se nommait Ahhas ( fiis d'Ei-Haçan Alewi). Moutarem, qui ne
pouvait le souffrir à cause cFun dilTérend survenu entre eux,
lit pc'nétror dans le cœur de Mamoun la convicùon que cet
homme le détestait, lui et son gouvernement , et qu'il en
voulait à sa vie. Or, durant cette même nuit, Abbas ren-
contra le Khalile sur le pont (qui réunit les deux quartiers
de Bagdad). — « Eh bien, lui dit le prince, ce que tu at-
tendais (la révolle) est enhn arrivé! — Prince des Croyants,
répondit Ahbas, que Dieu me préserve d'une telle pensée!
Au contraire, je répétais cette parole du livre divin : Quelle
raison avaient les habitants de Médine et les Arabes no-
mades d'alentour ])our se séparer de TApotre et pour pré-
férer leur existence à la sienne? {Koran, ix, i2i).»(xHte
réponse fit un excellent efTel sur le Khalife, qui permit à
son interlocuteur de l'accompagner juscju'à la prison. Après
l'exécution d'Ibn Aïchah, Abbas demanda au prince la per-
mission de lui adresser (juehfues paroles, cl, après l'avoir
obtenue, il s'exprima ainsi : « Je vous conjure par le nom de
Dieu d'épargner le sang humain; im roi, s'il s'accoutume à
80 LES PRAIRIES D'OR.
tii.Àj« «i^MÎ i<X.f& c:a,k.«vw _^J Jii *Xra-î ^^ ^^j ^^ l^À£^A*aj
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A_A_J |fc«~X.j iii f^^J •^J i— À;Vj-û ^uXff JtwMO q5o ^j W-^-Î*
le vci'scr, ne peut plus s'en assouvir et n'épargne aucun de
ses sujets. « A quoi Mamoun répondit : « Si lu m'avais tenu
ce langage avant que je fusse monté à cheval, je serais resté
et le sang n'aurait pas coulé. » Et il lui fit donner trois cent
mille dirhems. — NouS avons raconté, dans les Annales his-
toriques, l'histoire d'Ibn Aïchah, du complot qu'il ourdit
contre Mamoun et des autres faits qui le concernent.
En 211, Aboa Obeïdah Mâmer, fils de Motanna, qui pro-
fessait les doctrines des Kharédjiles, mourut à Basrali pres-
que centenaire; personne n'assista à ses funérailles et il fal-
lut louer des porteurs pour transporter le cercueil, car, de
son vivant, personne, parmi les grands ou le peuple , ne pou-
vait le saluer sans être critiqué. Il a laissé de beaux ouvra-
ges sur les Journées des Arabes et sur d'autres sujets. On lui
doit aussi le livre intitulé Les blâmes, où il donne les généa-
logies des Arabes, en démontre les altérations, et formule
contre eux plusieurs accusations que la sagesse politique et
les convenances ne permettent pas de mentionner. Le poêle
CHAIMTRK CXIV. 81
^^ «X-A-À-^-J^ ^^w<-À-JSJ j^ jj*,wL^J iJ^X-A-f-C ^i *l> U^i
_^_j5 y^pSÎ (j:S-Ul Joti IJs^ Jbj d)Ji J\j) icj;L-N«.Ji dlju
^g^ iiÀ*J) &Ck£> ^j ^ ^^ «^^ \x» (jK yij a_^£^ U-'^^
Abou Nowas (Haçan, fils de Hani) 11c lui épargnait pas les
traits satiriques; ainsi Abou Obeïdah avait coutume de s'as-
seoir contre un pilier de la mosquée de Basrah; le poëte,
profitant de son absence, écrivit sur ce pilier le distique
suivant , oi^i le savant n'est pas ménagé :
Que Dieu bénisso Lot et tons ses sectateurs! Allons, Abou Obeïdah,
prononce le mot amen;
Car, selon moi, depuis que la bnrbe a poussé, lu es leur digne rejeton,
et te voilà plus que nonagénaire.
En venant prendre sa place contre \v. pilier oii il s'ados-
sait, Abou Obeïdah aperçut l'inscription et s'écria : « C'est
l'œuvre de cet effronté, de ce débauché qui a nom Abou
Nowas. Qu'on cfiiice ces lignes, i)icn qu'elles renferni(>nl une
bénédiction en l'honneur d'un prophète ! » •
En la même année :n 1 mourut le poëte Abou '1-Atahyah
(Ismàïl, (ils de Karem), qui menait depuis longtemps une
vie austère et avait revêtu le froc de bure. Nous avons ra-
conté jirécédemmenl rpiciques épisodes cniiciix de ses raj)-
Ml. (1
82 LES PRAIRIES D'OR.
Sij^ (J-» iUiûbjtli ^1 JUi ^i^ji'i :>îjj Wl (jbji'î ^^ -^x^ tr«
ports avec le Khalife Réchid (cf. t. VI, p. 333); ajoutons-y
cette anecdote. Réchid ordonna , un jour, qu on lui amenât le
poëte avec défense de lui parler en route et de lui dire
pourquoi on le faisait venir. Cependant un de ses compa-
gnons parvint, pendant le trajet, à tracer sur le sable ces
mots : «On ne t'appelle que pour te faire mourir; » Abou
l-Atahyah improvisa ces vers :
Il se peut que tes craintes s'évanouissent et que tes vœux se réalisent
bientôt;
Peut-être que ce qui te semblait aisé ne le sera pas et que les diffî-
cuUés que tu redoutais s'aplaniront.
Il accompagnait Réchid dans un de ses pèlerinages; le
Khalife mit pied à terre et marcha quelque temps, puis, se
sentant fatigué, il proposa au poëte de se reposer à lombre
d'une borne milliaire. Après s'être assis, il se tourna vers
Abou '1-Atahyah et lui demanda quelques vers propres à ex-
citer sa piété; celui-ci improvisa les suivants :
CHAPITKK CXIV. • 83
i «jLaJTî î<x_^ (J-. v_xLu Uy» IjcL wiJJi (jw^ U.»i>vS tiU^kS^
^^A^ L<.Jk-« c:^.xxa»- U !*Xjt ^lî c;*._=»-j._X_t*iU c^«< (S^J^^
J'admets que !a fortune te sourie, la mort ne doit -elle pas, un jour,
te surprendre?
O toi qui recherclies les biens de ce monde, néglige-les pour l'occuper
de les vrais intérêts.
Que ferais-tu de ces biens passagers, puisque romi)re d'iuic colonne
te suHit?
Les faits intéressants de la vie d'Abou '1-Atahyah et bon
nombre de ses vers sont cités dans nos ouvrages précédents;
on y trouvera un choix de ses poésies tiré du divan oii elles
sont classées par ordre de rimes; nous en avons donné aussi
des fragments dans ce livre, en racontant l'histoire des
Khalifes Abbassides (cf. t. VI, loc. laud. et p. 2/10; t. Il,
p. 327); voici encore une belle pensée du mêm(! poète:
Ahmed, ignorant ce que j'éprouve, médisait : «Ton amour pour Olbah
est-il sincère?»
Et je lui ai répondu en soupirant : «Oui , je l'aime d'un amour qui s'est
infdlré goutte à goutte dans mes veines.»
Je voudrais que la mort mît un terme à mes fonrments, car, tant quo
je vivrai , je serai le jouet de cette cruelle.
(i.
84 LES PRAiUlES D'UP,.
(>■« (j*^^ tâ^' **y t^« *-^'^ ^ ^ (fi-^-j. wr? c^-?' jb' ^
2^^5 iU<wM.^UMJLi S)lx^l^ iUj^i A^ily» (j^3
Mais, je le sens, je ne puis vivre longtemps; quand on souffre comme
moi des angoisses de l'amour, on ne survit pas à ses souffrances.
Que tes soins le comptent dans l'autre vie et dis : « Dieu prenne en pitié
notre ami que l'amour a tué! «
Je veux être son esclave, diissé-je (le ciel en soit loué!) ne jamais être
son affranchi.
Citons encore parmi ses plus belles poésies le passage
suivant :
Otbah, que se passe-t-il entre nous? Ah, puissé-je ne t'avoir jamais
vue!
Je suis ton bien , accable-moi , à ton gré , de ton dédain , de tes rigueurs.
Je passe mes nuits dans l'insomnie, les yeus fixés sur la voûte étoiléc.
Etendu sur un lit de charbons ardents et enveloppé du haçek aux pointes
aiguës.
Et cet autre fragment remarquable par la singularité de
la rime et la beauté de la poésie :
Amis , je souffre d'un mal qui vous est étranger, car l'homme est exempt
des souffrances d'aulrui.
CHAPITRE CXIV. 85
_^î l^îj «XAà* 4^ i^Ji cj- J^>-* cM>'j j'y^^ UJ^ V
'..•^■«kowJCjfc i Uj LjJCas»- il t5*^^^^ CJ\ fîV il li '»— ^5j ^--(^-— ^^-jÏ
L'amour me brûle comme le cbarbon du yadu (espèce de taniarix);
mais malgré ses ardeurs, sa flamme ç«t douce au ctrur qu'elle ronsuuie.
L'amour a épuisé mon corps, mes os , ma vigueur, et dans ce corps dé-
cbarné il ne reste que le souffle.
Il n'est pas une beauté qui ne fût ficrc d'inspirer une passion aussi
sincère.
Celle que j'aime est loin de mes yeux, et sans elle il n'y a pour moi ni
doux propos, ni plaisirs.
Je refuse à mes amis, à mes frères, ce qui me reste de tendresse pour
le lui donner, et clic en a même le superflu (le poète joue sur le mot afr
qui signifie aussi pardon). •
Voici un autre fragment, généralement admiré :
Plaignez mon cœur des dédains dont il est l'objet; quelle faute croyez-
vous qu'on puisse lui reprocbcr?
Grand Dieu! qTiclIc injustice est la sienne depuis qtie je l'aime, et
combien sa conduite est coupalile!
Je suis venu lavoir, mais elle n'a pas rempli ses promesses quand jetais
près d'elle, cl n'en a tenu aucun compte.
Dieu sait combien de dettes elle avait coniracli'cs envers moi, qu elle
n'a point payées à récliéaiuc.
86 LES PRAIRIES D'OU.
Â^ ^CmsJS ^yX*M .^^ (J-*^ C-T^iajl
Elle ne m'a accordé une promesse de bonheur que pour me reprendre
lout ce qu'elle m'avait donné.
Quel bien, quel avantage peut-on espérer d'une coquette qui renverse
le lait qu'elle vient de traire (-locution proverbiale)?
Dieu jugera entre moi et celte beauté injuste, puisqu'elle me refuse le
bonheur que je sollicite d'elle.
Que lui importent les messages qu'elle m'adresse, les lettres qu'elle
m'écrit?
Quand je brûle de la voir, Otbah s'y refuse et demeure insensible à
mes désirs.
Aboù 1-Atahyah rachetait sa laideur par la grâce de ses
manières, la douceur de son éloculion et la vivacité de ses
sentiments. Une de ses plus charmantes jwésies est celle-ci :
Que d'autres ignorent la saveur de l'amour, je la connais, moi, de
science certaine.
J'ai donné honnêtement ma tendresse et je vois qu'on m'en fait un crime.
Otbah , tu n'as laissé à mon corps ni sa chair ni ses os.
Otbah, ne crois pas que je m'aveugle sur ta conduite à mon égard,
mais c'est l'amour qui m'aveugle.
CHAPITRE CXIV. 87
t-^î^^o -JLx.Ak(_j ^_)àJ^lci iij'iAj ^j.iûj «Xj<xi! dUi ^j-« /jojvJ^ii iS
Que celui qui ignore mes souffrances en lise les traces sui- mon visage.
Quelques-unes clo ses poésies sortent des mètres ordi-
naires; tels sont ces vers :
Le Kadi n'a de soucis que pour un vers ])rovoqiianl , et, si on le blâme ,
il répond :
Le monde n'est peuplé que de pécheurs. Telle est Ve.rcusc du Kadi,
mais retournez le mot (en changeant les points diacritiques, on a (fudr au
lieu de azr, ruse au lieu d'excuse).
Le mètre est de quatre /iVou/i (huit longues à chaque hé-
mistiche). D'a[)rès cfuelques personnes, les Arabes du désert
n'ont jamais employé ce mètre, et il n'est cité ni par Khalil
ni par d'aulres prosodistes. Certains poètes cependant ont
ajouté au système métrique adojité pai- Khalil ])('n Ahmed;
le méclid, par exem])le, qui se compose chc/. ccl aulcur de
trois genres et d(!si\ espèc(>s, a reçu plus lard un (piatrième
genre composé de deux espèces. ]>a première csijèce de ce
quatrième genre, (|ui est de création plus moderne, se rc
trouve dans le vers suivant :
88 LES PRAIRIES DOR.
f»\ — ^ 2s L- |._x_-fli -l_Â_j ii ^-*»x.J L»
(jlVjJt jUi^l UoIxj ^ ojSb) (j^ IL«Jv*jj xiUo^ (^ IJUjI <X5 l^
Pourquoi mes yeux privés de sommeil répandent -ils un déluge de
)armes?(-->^ — ,_v_-v || _v — ,_aj^_t^).
Et la deuxième espèce du même genre dans ce vers :
Famille de Bekr, ne faiblissez pas, car ce n'est pas le moment de la
faiblesse ( _■"--, ^-v^ — || _^ — ,^^ — ).
Ces additions au système métrique et d'autres du même
genre traitées par différents auteurs ont déjà été i'oJjjet d'une
mention particulière dans nos Annales historiques. Le secré-
taire Abou U-Abbas Abd Allah (fds de Mohammed) en-Nachi ,
originaire d'Anbar, a composé contre Khalil ben Ahmed un
livre sur la prosodie, où il traite de diverses questions dans
lesquelles Khalil, sortant du système (primitif) des Arabes
pour suivre ses vues personnelles et les arguments nécessaires
à sa discussion, est arrivé à un résultat qui prouve contre
lui-même et détruit ses propres assertions. Le même Nachi a
laissé uu grand nombre de beaux vers, entre autres un
CHAPITRE CXIV. 89
S*X— ^i_5 iîOi_A_ib cjykj (Ji^\ \X3j\ ^J^ a<X_>.|j ïtS,x*ni l^À^
J^îj tj^ljm^ Jc^vJî^ fi^j"^] J<jb] lg,Ai j5\Xj i<j^Jua.M -XAJ^
poëme d'une seule pièce en quatre mille vers terminés par
une seule et même rime en Jia, dans lequel il passe en revue les
systèmes philosophiques et religieux , les sectes et les croyan-
ces diverses; on a de cv. même écrivain plusieurs poésies et
de vastes compositions relatives à dilTérentes sciences. Un
des morceaux les plus réussis de ses poésies est celui-ci,
qu'il c()m[)Osa lors de son dé|)art d'Irak jiour l'KgypIe ; il mou-
rut dans cette dernière contrée en 298 de riiégire, comme
nous ravons dit ailleurs :
0 demeures de nos amis, Irouvcrez-vous une voix pcin- cahnnr liudcui'
dévoranle d'un absent?
Elles ne lY-poiiderit pas; mais dans leur silence quel ensei^nemcnl pro-
fond pour ceux rpii les iiiterroi;('nl !
Ce désert horrible l'ut jadis animé et riant, celte solitude morne fut le
séjour de ceux que nons aimons.
Longtemps nous y avons goûté les plus cliarmaiils plaisirs ; nos récits
unissaient une veillée h l'autre;
Nous vidions gaiemcnl la ronpe nialinale, aux sons de la Unie it des
cithares.
90 LES PRAIRIES D'OR.
p .
CA__jj,_j (j^_^Lii (_^^u^ t^^L) ^^xjU^ iJwii.5: ^i'i iiÀ.*« (î^
J, .«^îtX^JL w^î aK>î (jw« j_^«xJî <_aaa»J1 li {j*iUJi pj^'j^ wilii
Ali milieu des roses, des narcisses, de la lavande, de la violelle, de
l'iris, du buphtlialmum,
Du parthénium el de loiites sortes de plantes, dont les blanches el sé-
duisantes fleurs se mariaient à la fleur rouge du grenadier.
Puis, dans une heure d'insouciance et d'illusion, la destinée a détruit
notre félicité parfaite ;
Elle nous a séparés après notre longue intimité et a dispersé nos de-
meures, autrefois si voisines.
En 2 12 de Thégire, Mamoun fit proclamer par le héraut,
que serait considéré comme anathème et exclu de la' com-
munauté musulmane quiconque accompagnerait de quel-
que formule pieuse le nom de Moâwiah , ou placerait ce
prince au-dessus des compagnons du Prophète; quiconque
déclarerait que certaines parties (seulement) du Koran sont
créées , etc. On n'est pas d'accord sur les motifs qui lui ins-
pirèrent cette mesure à l'égaixl de Moâwiah. Selon une des ver-
sions qui ont couru sur ce sujet, elle eut pour origine une tra-
dition qu'un des courtisans admis aux veillées cita au Khalife ,
sur l'autorité de Moutrif (fils rie Mogaïrah , fds de Chôbah)
CHAPITRE CXIV. 91
^^cJI cjIjuLsj^I c_>Ia5o 5'^ydi ^jLo j,jl^ ^JJ j^jl jA=^
Jv_**_-«lj aVaJ cijii *Lis- il ifJùe (j;\j Itf ^r-^-^^ aKxs j!5 *>s!_5
*(^>iJ A_j! o»~À.jLlij A-ftU»» ^j^JaJCjls l^x,* AJs?!^-» ■«'^-iiJ«^5 (j-^
le Takéfito, tradition qui est rapportée par Zobeïi-, fils de
Bekkar dans son livre intitulé El-Mouwajfakyal , parce qu'il
l'a dédié à son fils MouwalTak. Voici les paroles de Zobeïr :
«D'après ce que m'a transmis Medaini, Moutrif (fils de Mo-
gaïrah, fils de Gliùbah) racontait le fait suivant : J'accompa-
gnais Mogaïrah , mon père, délégué auprès de Moâwiah ; mon
père se rendait chez ce prince, conversait avec lui et, à son
retour, il me parlait de lui, de son esprit et citait avec com-
plaisance ce qu'il avait vu. Mais, un soir, il revint et refusa
de souper. Frappé de sa tristesse, et croyant qu'elle était mo-
tivée par ({uelque accident survenu parmi nousou dans noire
gouvernemeni , j'attendis un peu, puis je me décidai à lui
en demander l'explication : «Mon enfant, me répondit-il,
je sors de chez l'homme le plus scélérat du monde. —
Comment cela.^ — Profitant de ce que nous étions seuls,
j'ai dit à Moâwiali : l'rincc des Cro\anls, |)uis(jiie vous êtes
maintenant noire chef, p()iir(|iioi ne |)as manifester voire
juslice et élendre vos hicnfails? Puisque vous êtes âgé, pour-
quoi ne pas jeter vos regards sni- vos frères de Hachem el
92 LES PRAIlilES D'OU.
J«X_*_9 jrfs-J _j-i»-l iil.X^ c:jlAiÛ c:>Liû J JUi Xsli^ *(^ t»J^'
Jyb y! ^î «,5i dlA^ dU^ (j\ !Jsx u ^l_j,i Joti U J^»^
(^_À— i« v*i»«£ ».dÇwj ^X^JCrï-lj j^*X* fcài.1 li^X* /oo ).Xj _^) iJoLJ
A.-J j-5 Joiî Jyb y^ i'î sySi di.A^i dlXtû jt îtX-c u ^î^
A_A_A»*_J ^}s'À^ (^ <X.^J (iY^ x^ t>^?°5 ki*A* /jL<v£ bfc^l kiLL»
*Xi^Awl c:.>!wo (jiw-^ (♦ç.J J^ i lî^ T r*^- f*^"^ ^^' y'j ^ tT-**
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resserrer avec eux les liens du sang, car assurément vous
n'avez plus rien à craindre de cette famille. — Doucement,
doucement, mVt-il répondu; Thomme de la tribu de Teïm
(Abou Bekr) est devenu roi, sa justice et ses actes sont
connus; il n'en est pas moins mort et sa gloire avec lui; on
dit rlfcou Bekr, et c'est tout. Son successeur, l'homme de la
tribu de Adi, a fait du zèle et s'est épuisé en efforts pendant
dix ans; par Dieu, lui aussi est mort, sa gloire est niorte
avec lui et il ne reste que son nom d'Omar. Otman notre
frère lui a succédé; certes il n'eut pas de rivaux, ni par sa
noblesse, ni par la grandeur de ses actes; mais il est mort,
et avec lui le souvenir de sa gloire et de ses grandes actions.
En vain on crie cinq fois par jour en l'honneur du Haché-
mité : « J'atteste que Mohammed est l'apôtre de Dieu ! » que
reste- t-il de tout cela, bâtard? la tombe, rien que la tombe. »
Ce serait donc après avoir entendu celte tradition que Ma-
moun aurait fait la proclamation dont il est question ci-
dessus. Des dépêches furent rédigées pour tout l'empire
vouant h l'exécralion le nom de Moâwiah dans les prières
CHAPITRE CXIV. 93
HXm (j\,*a-ui (J'^'^^ i>i<X*Aj t-».^^*ii)i j,L> ,s^i ^J^ ù} 1^^
publiques (du vendredi) ; mais cet ordre provoqua le mécon-
tentement et Tindignation de tous; déjà la populace com-
mençait à s'agiter, et Mamoun, cédant au conseil qu'on lui
donnait d'abandonner cette entreprise, dut renoncer aux
projets qu'il méditait.
Sous son règne mourut Abou Arem Nebil, dont le nom
est Dahliak (fils de Makhled, fds de Sinan Clieibani), en
2 12 de l'hégire. — Même année, mort de Mohammed (fds
de Yourouf) Farabi. — Kn 2 15 . sous le même ivgne, mou-
rurent : Ilawdaii (fds do Khalilali, fds d'Ahd Allah, (ils
d'Abou Bikrah) , surnommé yl6ou 'l-Achhab; décédé à Bagdad .
à l'âge de soixante et dix ans, il fut enterré près la Porte
de Baradàn, dans le (piartier oriental de cette ville; - Mo-
hammed (fds d'Abd Allah, fds de Moteniia, fils d'Abd
Allah, fds d'Anas, (ils de Malek Ansari); - Ishak (fils de
Tabbà), moil à Adanali sur la frontière syrienne; — Moâ-
wiah (lils (rAiiii , smiionuué Ahon Anir; Kabicah f fils
94 LES PHAIHIES D'OR.
^Ijf AjLw ^_5 1^aA£ <_»««K*j /j6 Jsj_j (j*.^iXxfi '"jr'V* tA-JCi^ *-»â-«
p
*l_À_j jj ç. -^ y 6 «xï^ CAr' u^ UL>^^' 'j^ ij^'*-^^^ éyjit,£.
d'Okbah), surnommé Ahou Amir, de la famille d'Amir ben
Sâsâah.
En 217, Mamoun se rend en Egypte et y fait mourir
Abdous, qui régnait despotiquement sur cette contrée. En
218, il conduit une expédition dans le pays des Grecs. Il
avait entrepris la reconstruction de Tovvanah [Tvdva, au-
jourd'hui Kilissèhirar) , ville grecque à l'entrée du défdé, sur
la route de Tarsous. Il proposa une capitulation à toutes
les places fortes des Grecs en les invitant à embrasser l'isla-
misme, et leur laissa le choix entre la religion nouvelle, la
capitation ou le sabre ; le christianisme fut abaissé et un
très-grand nombre de Grecs se soumirent à la capitation.
Le Kadi Abou Mohammed Abd Allah (his d'Ahmed, fds
de Zeïd), originaire de Damas, nous a raconté ce qui suit,
dans cette même ville. Lorsque Mamoun (que Dieu ait son
àme!) , poursuivant son expédition , vint camper sur le Bedi-
doun (Podendon), un ambassadeur du roi de Byzance lui
apporta \c message suivant: «Le roi vous propose ou de
CHVPITRK ex IV. / 95
rembourser tous les frais cfe guerre depuis que vous avez
quitté votre pays jusqu'à votre arrivée daus cette contrée,
ou de restituer, sans rançon ni payement d'aucune sorte ,
les prisonniers qui se trouvent internés en pays grec; ou
bien de réparer et de remettre en bon état les pays musul-
mans ravagés par les chrétiens, à la condition que vous met-
trez fin à la guerre. » Mainoun se leva, entra dans sa tente,
fit une prière de deux rakâl, et, après avoir consulté la volonté
de Dieu , il revint et répondit à l'envoyé : « Dis à ton maître
de ma part : Relativement à ton olTre de payei- les frais de la
guerre, je me suis ra])pelé les paroles que Dieu, en son saint
livre, place dans la bouche de Bilkis : «Je leur enverrai
des présents , et j'attendrai la réponse de mes envoyés. »
Lorsque l'envoyé de la reine se présenta chez Salomon,
celui-ci lui dit : « Vous voulez donc augmenter mes trésors .^
Ce que Dieu m'a doimé vaut mieux que les biens qu'il vous
a accordés; mais vous, vous mettez votre bonheur dans vos
richesses. » [Koran, xxvii, 35-30). A ta proposition de ra-
patrier toul prisonnier (niisulman interné chez lesCirecs, je
96 LES PRAIRIES D'OR.
JOj (^_Jfc»*i*^ ùJo Jo j.^xi> JjI A.}y& Ulj «J-W.I aMÎ dlj !^
aljv^^l^ »I»X_:^Î_5 oJU* Ld^t Jl=- i «yie c:^^ aî^L
fii-X\ x-*JL-«5 (;j^-«-îl t^ v-ÀijJ (j_j>ai^ (j^ aKa«^ ^f^y' (S''*'
iy*hÉL iyiSj 3UAi>^lî *rV!^^ *-«è>lAJj OjU-O^ H-***^ ^i" ^-^^^
réponds : Tu n'as en ton pouvoir que deux sortes de pri-
sonniers : les uns ont corajjattu pour Dieu et pour leur salut ,
et ils ont atteint leur but; les autres, pour les biens de ce
monde , et ils ne méritent pas' que Dieu brise leurs fers.
Quant à ton offre de réparer les dégâts commis par les Grecs
sur le territoire musulman, sache que, quand bien môme
j'aurais arraché la dernière pierre de la dernière de tes for-
teresses, je n'aurais pas encore assez vengé la pauvre femme
qui , trébuchant sous le poids de ses chaînes , s'écriait : « O
Mohammed , Mohammed ! » Retourne chez ton maître : entre
moi et lui il n'y a plus que le sabre. Page, qu'on sonne le
départ! » Et continuant sa marche, il ne s'en détourna plus
avant d'avoir pris quatorze places fortes. C'est alors qu'il
revint sur ses pas et campa sur la rivière Bedidoun, plus
connue sous le nom de Kochamih, comme nous l'avons dit
dans les pages précédentes (cf. ci -dessus, p. 1); il s'y ar-
rêta en al tendant le retour des envoyés qu'il avait laissés
dans les places fortes, et il campa sur les bords et à la
CHAPITRE CXIV. 97
source même de cette rivière. Captivé par cette eau fraîche,
pure et limpide , par la beauté et la riante végétation du pays
il fit couj^er et étendre au-dessus de la source de longues
poutres, sur lesquelles on construisit une sorte de portique
en planches et en feuillage, et il s'établit sous cet abri rus-
tique au-dessous duquel coulait la source. On y jeta une
belle pièce d'argent, et on put en lire la légende au fond de
la rivière tant l'eau était limpide; cette eau était si fraîche,
que personne ne pouvait s'y baigner. Sur ces entrefaites ap-
parut un poisson long d'une brasse et brillant comme un
lingot d'argenl. Une prime fut promise à qui le rapporte-
rait; un fcrrach (valet de pied) se liàtatle descendre, attrapa
le poisson et remonta sur la berge; mais, comme il s'appro-
chait de la rive ou de la cabane dans laquelle Manioun était
assis, le poisson s'agita, glissa à tiaxcrs ses inains et retomba
comme une pierre au fond de l.i sourc*-. LVau rejaillit sur la
poitrine, le cou et les épaules du Kiialifc cl mouilla ses vête-
ments. Le/i'/vv/t/t leflesccndil, rallrapa le poissou et le plaça
tout frétilla ni dans une serviette devint le KlialiCe. Au nio-
98 LES PUAIIUES D'OU.
>wJ! .oj^i y^^ i^y*- yi^AÀ)! c:j^>^iji^ jJJij ç^j-kàXî Jl Jy>-
jLjC_^i Lij IgJU s>■^^ JjUj (jJ-£ *^* j.-£û U AK*-i iXSj lyÀ^
^j_jj j.^JiJu9 sjLiL^^ »|jo (j-^-Ç t)-*^ *j~*^ tr* ^î^^' (^^
ment où il ordonnait de ie faire frire , Mamoun fut pris
d'un frisson subit et ne put bouger de place; on eut beau
l'envelopper de couvertures et de pelisses , il tremblait comme
la feuille et criait : J'ai 'froid ! j'ai froid ! On l'emporta dans
sa tente, on le couvrit de vêtements, on alluma un grand
feu , mais il continuait à se plaindre du froid. Quand le
poisson fut apprêté, on le lui apporta, mais il n'y goûta
pas et ne put y toucher tant sa souffrance était grande.
Son état empirant, Moutaçem (son frère) interrogea alors
Bakhtiechou et Ibn Masaweïh sur la situation du malade,
qui était déjà à l'agonie; il leur demanda ce que la science
en concluait et si elle pouvait encore lui rendre la santé. Ibn
Masaweïh prit une des mains du malade , Bakhtiechou l'autre ,
et ils lui tâtèrent le pouls en même temps : ses pulsations
irrégulières annonçaient une fin prochaine. Leurs mains se
collaientà sa peau par l'effet d'une sueur qui sortait de tout
son corps et coulait comme un sirop ou la bave d'une vi-
CHAPITUE CXIV. '^ 99
ijo iji;— «-J ^-J)-Miw*j l<yj^ji c-cdjjjJij j!!5^^^lj *UÀil» )j»XÀ^
<5o:j^A* [^'kî ^ijj^! dUi ^ Uy^l—j dUiXj xs^iAxli ^^.As^L*
j-Aris^U (^*îl_j {Aij^Ii i^ru,! ^^ |O^L*i p_5yi ^j^ ^J*.b! jlA.àii.L
père. Moulaçem, instruit de cette circonstance, en demanda
l'explication aux deux médecins; ils ne purent la lui donner,
parce qu'ils ne Favaient trouvée dans aucun de leurs livres,
mais ils déclarèrent qu'elle annonçait une prompte décompo-
sition de l'organisme. En ce moment, Mamoun reprit con-
naissance et sortit de sa torpeur; il ouvrit les yeux, fil appeler
des gens du pays et les interrogea sur le nom de la source
et de la localité. Des prisonniers et des guides auxquels on
<lemanda ce ({ue signifiait le nom de cette rivière, qui est
Kochaïrali, le traduisirent par « Etends tes pieds » (c'est-k-dire:
Meurs). Le moribond s'émut de cette réponse et en connut
de tristes pressenlinionls: il voulut ensuite comiaitre le nom
aiahedu pays: on lui répondit qu'il s'ap[)elait y»V//i7.-rt/i (plage,
terrain mou). Or l'horoscope tiré au moment de la naissance
de Mamoun annonçait qu'il mourrait dans une localité de
ce nom; voilà pourquoi ce prince évita toujours de résider
dans la ville de Rakkali , craignant d'y trouver la mort. Quand
7-
100 LES PRAIRIES D'OR.
U^ aaï yû Lf A^:5A.i. J-*^ A3_ji»- ^ULiii y^j^Ul jM2s>~\^
SjL^aJIj yi;Hs4^J (O-^ (A^ Ô^-iiU ^J-^^ J^^ dl.ii^ c^X»
il entendit la réponse que lui firent ces Grecs, il ne douta
plus que ce ne fût le lieu même prédit par son horoscope.
— D'après une autre version, c'est le mot Bedidoun, qui si-
gnifierait « Étends tes pietls. >« Dieu sait mieux la vérité.
Il fit appeler ses médecins, espérant qu'ils le guériraient;
mais, se sentant plus mal, il demanda qu'on le portât hors
de sa tente, afin de promener ses regards sur son camp, et
d'examiner encore une fois ses soldats et son royaume.
C'était pendant la nuit. Quand sa vue plongea sur ces tentes,
sur ces longues fdes de troupes, sur ces lumières qui bril-
laient au loin; il s'écria : « Ô toi dont le règne ne finira pas,
prends en pitié celui dont le règne va finir! » On le rapporta
sur son lit. Moutaçem , voyant que son état s'aggravait , chargea
quelqu'un de réciter à son oreille la profession de foi mu-
sulmane; comme cet homme élevait la voix pour que Ma-
moun répétât ses paroles, Ibn Masaweïh lui dit : "Ne crie
donc pas, car en vérité il ne saurait maiiilciiani distinguer
CHAPITRE ex IV. 101
ajiXa? ^j^Ja^JI Jjla? tKsJÎ^ laj» aNJL« w ^ U ^Ljj-^i^ w*5il^
^LjC A_À_ax ^-r'^^J CJ-* •— W-*-? *^^ &wii>£ cb^Kil (j^rtjk^il j,fcj)
<xX_*_5T (j^Xiwî^j i<À*w.i»- jU^lj i^UfcJljsîj ».A^j ^l*«*sw ,Ui^|
^j-c jj.ji (^>^\s Uaaj (jw« ^^^^ l^ LJoj.*i*v» (^ ^•^^5 «^J»
entre son Dieu et Manès. » Le moribond otiviit ies yeux; ils
étaient démesurément grands et brillaient d'un éclat extra-
ordinaire; ses mains eberchèrent à saisir le médecin; il fit
un eiïbrt pour lui parlei' et ne put y réussir; ses yeux se
tournèrent vers le ciel et se remplirent de larmes; enfin , sa
langue se déliant, il prononça ces mots : « O toi (jui ne meurs
pas, prends en pitié celui qui va mourir!" et il expira
aussitôt (jeudi, treizième jour avant la fin de redjeb 218).
Son corj)s lut transj)orté à Tarsous et inbunK- dans cette
ville, conmie nous Favonsditau commencementducbapitre.
Les beaux traits de l'histoire et de la biographie de \Ia-
nioun, ses conlerences, ses poésies remarcpiables, ses belles
(|ualités se trouvant rapportés en détail dans nos ouvrages
précédents, nous n'avons pas à y revenir ici. C'est à lui cjue
se rapportent les vers suivants d'Vbou 8àïd Makii/.ounii :
F,st-cc que tu ,13 vu Ifs astres protéger Maiiioiiii et sa royaul(^ si solide-
ment étahlie?
102 LES PRAIRIES D'OR.
(;jv-* ^^ (j^^ »'^^ -^i* ^-^^ tS«>Ji fr>^î i /o-t«aX*y ^.»rii
(j-i 0»-A-JLj *^-sJ iy*i*S. c1>5\jLI ^j<^.^h>^ i»^ jJ*^ yjjsjjsjjj
Non, i)s l'ont abandonné entre les deux places de Tarsous, comme
ils avaient abandonné son père à Tous (Mechhed, sépulture de Réchid).
Mamoun répétait fréquemment ces vers :
Quand les disgrâces delà fortune s'acbarnent contre l'homme, le jour
vient où elles le renversent.
Elles peuvent le manquer une fois, mais elles ne tardent pas à réparer
leur faute ;
Et tandis qu'il se détourne pour éviter leur atteinte, elles le prévien-
nent et l'accablent avant qu'il ait pu s'y soustraire.
CHAPITRE CXV.
KIIALIFAT DE MODTAÇEM.
11 fut proclamé le jour même où Mamoun mourait près
de la rivière Bedidoun, c'esl-à-dire le jeudi, treizième jour
avant la fin de redjeb 218; son nom était Mohammed (fds
de Haroun er-Réchid) et son surnom Ahoa Ishak. Un dissen-
timent, dont le trône était l'objet, s'éleva d'abord entre lui
et Abbas, fils de Mamoun; mais son compétiteur finit par
(JIAIMTUE G XV. lOa
CA_3^it jiJi i ^^-«^^ Qr» o*'^-^*^' C:3^^^ **^ U^J OJ^' 3. ■
o^-À-j «:>jU L^J Jl-«L_> A_x»lj ^j^^.;!:^ iiÀAM ^^"5^^ (jLc
<j-« j!->*o i»J5 cj^-^^^ iwiiw* f'***^ x*.wi ^_j«> «J^i (J>^j fc^AA»;
iLÀ-u( c:5^J«J;lJ <— a-a»» ^i ^^ (j%JoU^ ^jjyitS-^ ^<^ x^ ^^Ij
Sj-JL^^ j.^^] ^Lff^ (J>rÂ*M y Le XCiS^i». c:^Kj j4^t «j-i**j
sXxc ^jj kX^î- Jj^ ^j ^^iJtli :>\^^ j,i (^ *>^.^l i^^s- <-r^^
A.»-Jb i yl(j J^il J_5 yi Jl c>i'5^^ij /«MOAxiî pM i JiXi
lui prêter serment. Moutaçem, à son avènement, était âgé
de trente-huit ans et deux mois; sa mère se nommait Mari-
dah, fdic de Chébib. Quelques-uns placent son avènement
au trône en l'année 219. Il mourut à Sorra-men-râ, en 227,
âgé de quarante-six ans et dix mois, après un règne de huit
années et'huit mois. Son tombeau est dans le djausak (pa-
lais ou pavillon) de cetlo même ville.
IIÉSUMÉ DE SON UiSTOHlE I:T DE SA VIE ; APEllÇU DES ÉVÉNEMENTS
DE CETTE ÉPOQUE.
Moulaçem, malgré Tinfluence que Ahmed ((ils dWhou
Douad), le juge , exerçait sur son esprit, conserva son vizir
Mohammed (Hls d'Abd el-Mélik) Zcvj«ï jusqu'à la fin de
son règne. Ce Mohanmied remplit ses fonctions de ministre,
non-seulement sous le règne de Moutaçem, mais encore
sous son successeur le Khalife W'alik, cl jusqu'à lavcne-
nu'iit (!<• Mulcwckkil, l((|ucl , satislaisanl an rcss«'nlinicMf
104 LES PRAIRIES D OR.
(j^a-=»;^^j -e-jt^-S-îî (jiwV«jj Jî_j-*^l j-aJOij ^lys- _j5j^ W'i^-^^
qu'il avait conçu contre lui, le fit mourir. Nous toucherons
quelques mots de ce meurtre, plus loin, au chapitre de
Motewekkil , sans préjudice du résumé que nous avons
donné déjà dans l'Histoire Moyenne.
Moutaçem favorisa l'agriculture: « Cet art, disait-il, ren-
lerme de nombreux avantages : en premier lieu, c'est l'a-
griculture qui féconde la terre, mère nourricière du genre
humain; c'est elle qui permet le prélèvement du kharadj
(impôt foncier); elle développe la richesse publique; elle
nourrit les animaux domestiques, abaisse le prix des den-
rées, augmente les sources du commerce et accroît le bien-
être. » Aussi disait-il à son vizir Mohammed ben Abd el-Mélik :
«Quand tu trouveras une terre qui, pour une dépense de
dix dirhems , me donnera au bout d'un an un rendement
de onze dirhems, il est inutile que tu prennes mes ordres à
cet égard. » Ce prince était doué d'une vigueur, d'une force
corporelle peu comimunes, et d'une grande énergie morale.
Voici ce que raconte Ahmed (fils d'Abou Douad), qui fut
un de ses favoris : « A l'époque où Moutaçem cessa de raé-
CHAPITRE CXV. 105
«^Jv.itf'! (j*/jJ5 iXl '.^'3 wsAOjJU S^L^I^ dl.«w.Jt j^il ^i*^
oi-la-A_j ijy^\ jjSS i ^jfe'^ l^jLk^j^ liûiiî ji-^j" ^^-^^î *i
^^Liîlifc. Ljuîi ^^aXc ci^^ji iii [«^j^^i jUai jj^*i^ ^^jLXjj sijs^
nager sa santé et ses forces, je me présentai un jour chez
lui et le trouvai avec (son médecin) Ibn Masaweïli; le kha-
life sortit un moment, après m'avoir recommandé de ne
pas m'éloigner jusqu'à son retour. •• Mon cher, dis-je à
Yahya ibn Masavveïh , il me semble que le Prince (.les Croyants
a les traits altérés; ses forces baissent, sa vivacité diminue.
Comment le trouves-tu toi-ménie? — Certes, répliqua le
médecin, le prince est solide comme une barre de fer, mais
il a dans les mains une hache dont il Irappe sans cesse cette
barre, — Comment cela? lui demandai-jc — il reprit :
« .Vuparavanl il ne mangeait du poisson qu'on l'assaisonnant
d'une sauce faite de vinaigre, de carvi, de cumin, de rue,
de céleri, de moutarde et de noix; or, en faisant usage de
cette sauce, il évitait les inconvénients de la chair de poisson
et les dangers auxquels elle expose le système nerveux. S'il
se faisait servir des léles (de mouton on de btruf), il les
arrosait aussi de sauces qui rendaient cette nourriture inof-
feusivc; el plus légèie; euliii, en loule circouslance, il se
ménagf'ail au\ repas cl 1110 (onsuil.iil IV/'cpieinuit'iil. Mais
10() LES PRAIRIES D'OR.
L, siX_A_j3 cuAiii AA3 0.^ U j^jh*.j vA-*«*]i ^^jLAà. A.Aa.Axil^ Je
[àAs. ^fS- if^"!^ (j^ cjj l-fc^ o^i»- i ^■A^ t4)-^^' ^j *^'
J-A^ ^ji (^.A-i: i J.i-i U *>ot> 5*ki£> Jlïj dLs^RJ -!^l oj.*3i
aujourd'hui, dès que je lui défends quelque mets, il me
désobéit et dit : J'en mangerai au nez et à la barbe d'Ibn
Masaweïli! Que puis-je faire à cela? r. Le narrateur ajoute :
« Moutaçem, caché derrière le rideau, nous écoutait. — Je
répondis au médecin : « Eli bien, Abou Yahya, il faut lui
faire violence. — Que ma vie soit la rançon de la tienne,
reprit celui-ci, je ne peux le contredire et je n'ose lui tenir
tête. » Il achevait à peine de parler que le Khalife se présen-
tait devant nous et me disait : « De quoi parlais-tu avec Ibn
Masaweïh? — Prince des Croyants, je discutais avec lui sur
l'altération de votre visage et sur votre peu d'appétit, ce
(jui me mine et me fait dépérir. — Et que t'a-t-il répondu?
— 11 s'est plaint de ce qu'après avoir accepté ses conseils et
suivi ses prescriptions dans votre régime, vous lui désobéis-
sez maintenant. — Qu'as-tu répondu à cela? me demanda
le Khalife. » J'essayai de détourner la conversation, mais
il ajouta en riant : « Bien, mais est-ce après ou avant qu'd
m'aura fait violence?» Une sueur froide me parcourui le
CIIAPITKE CXV. 107
^!^ )**. il Jw^t iuw^A>^ Aaà (:::<o<xJI «-.ys^ ijya.\\ «^a^ ^I^^
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13*-^^ y^ ^l) <J ^v^! l-*-â-j'5 *-*-*'^ *x.^^-À-4^ m-^ ci^ JLJ»-»
corps; je compris qu'il avait surpris notre entretien; mais
il remarqua mon trouble et me dit : « Ahmed, que Dieu te
pardonne I Tu as pris gaiement ce que je croyais que fu
n'apprendrais qu'avec tristesse ; mais je ne trouve dans tes
paroles qu'une sorte de franchise et de lamiliarité. »
Moutaçem admettait dans son intimité Ali (fils de Djo-
neid) Eskafi, homme étrange dans son extérieur, étrange
dans ses discours, et doué de ce sans-gêne qui est particu
lier aux habitants du Savvad. Un jour, le Khalife dit à Mo-
hammed ((ils de Hammad) : « Va demain chez Ibn ei-Djo-
neïd et dis-lui qu'il se prépare à voyager à coté de moi dans
ma litière. » Mohammed se rendit cho/. celui-ci, lui lit con-
naître les ordres du Prince et l'invita à se conformer aux
conditions exigées de celui qui a l'honneur (récpiilibrcr la
litière d'un khalife. "Quelles <;onditions.^ deinaiula Ibn el-
Djoneïd. Dois-je me procurer une autre léte, acheter un(!
fausse barbe, ajouter à ma taille? .h; suis tout prêt, cl phis
qu'il ne faut. — Comment, lui dit son interlocuteur, tu ne
connais |)as encore les conditions recpiises pour accouipa-
108 LES PRAIRIES D'OR.
JLJLj *.,<— xJilfc*^ *LiXiïi ^^]j^ loy-w U «x«j (^j ->>■'■) i-x**J
Iaj:>! yl(5 :>VV (ji^ ^ J^ t^j*^^^ "^^ (^ ^J «^^^^ (^ (^2
<:iA_j<x_J.L> cLà-jc-^^I ^j3i\.*Jlî ]oj.*i v^ f*^^ u'^ ^^*-:?^
-b yij f^AJ jt 2^ 'J*-*^*, *^^-*« ''i?*^^ W^ J*XJU 45JÎ ^lo^i
^jl^ AS-iÇjff J-*^ •^ w^l> JU IxA^T Ub ^,1 L«y-iiJ *a5Ïj yû
gner les Khalifes et voyager de pair avec eux? — Quelles
sont-elles? reprit Ali, dis-moi ce que tu en sais. » Ibn Ham-
mad, homme poli, élégant et chargé d'ailleurs des fonctions
de chambellan, lui répondit en ces termes : « Voici quelles
sont ces règles : il faut s'abstenir de pat 1er, de converser et
de manger; on ne doit ni cracher, ni tousser, ni éructer,
ni se moucher; il faut précéder le maître en montant et le
laisser descendre le premier, de peur que la litière ne
penche. Le compagnon de voyage qui néglige ces règles ne
vaut pas mieux que le lest de plomb dont on se sert pour
équilibrer le palanquin. Il ne doit pas s'abandonner au som-
meil, même si son maître dort; il faut au contraire qu'il se
tienne éveillé et observe les égards dus à son compagnon
et les exigences de la place qu'il occupe à côté de lui, car
s'ils dormaient en même temps et que la litière vînt à pen-
cher soudain d'un côté, lu n'ignores pas l'accident qui pour-
rail on résulter.» Ali (fds de Djoneïd) le regardait attenti-
vemcnl; ennuyé des explications el du cérémonial déroulés
CHAPITHE CXV. 109
vii-^àj Jlj Lv *.xaJCxJè JLjj ^^•^ (jJÎ T^t'J^ 0^-^^^^^3 «i^'j
iojjj-ii^ j*^ tiT^j^' J^^4^ ^-^-^ •^y*'j) yi Jli J^*ÀJ- 5Aj
i^xS'jotjLj ^j ^^j ii JUi (Jl^i ^_jJciwj ^Ui.Ji ,j«L*..=>-
uaIj^j '■^^S. cy^w»»»j *L«uiIÎ <3^lî?- ^jli wîiA^tji (jî c^/cAAàj yi«
par le chambellan, il rinterrompit et, se servant de lexcla-
mation favorite des gens du Sawad, il s écria : « Ah harrha,
va dire à ton maître que pour voyager avec lui, il faut être
un bâtard et un cornardi » Ibn Hammad alla rapporter
ces paroles au Khalife. Celui-ci se mit à rire, lit appeler
Ibn el-Djoneid, et lui dit : « Eh quoi! Ali, je l'envoie cher-
cher pour voyager à mes cotés, et tu refuses? » Ali répon-
dit : « C'est que votre envoyé est un sot, un crétin, qui est
venu me faire des propositions pareilles à celles de Djessas
de Chach ou de khalaweïh le mime : ne crache pas, ne fais
pas ceci, fais cela. » Et il se mit à gesticuler, à faire claquer
SCS doigts (littéral, ses lettres sad, c'est-à-dire le médius et le
pouce superposés et figurant cette lettre) , à remuer leS mains
en ajoutant : «Ne tousse pas, n'éternue pas! » Non, tout
cela ne me va pas et je n'en peu\ mais; si vous voulez que
je voyage ii vos côtés, il^faut me permettre vents et pets de
toute sorte, et vous en permettre tout autant à l'occasion,
sinon nous \w ferons pas alV.iirc cnscnihle. " \jh dessus. Mou
larcin éclala de rire t'ii Irépignaiil d'aise; après avoir donne
110 LES PUAIKIES D'Oi;.
AAaAxlt^ L'^rS^ *iWW> 0^=?" ti (j5 (fc*^î y*J 4^^ W»* t^^ ^
libre cours à son hilarité, il lui dit : « Soit, accompagne-moi
à ces conditions. — Bien volontiers, >> répondit l'autre. Et il
se plaça côte à côte avec le Khalife dans un palanquin chargé
sur le dos d'un mulet. Au bout d'une heure de route, et
tandis qu'ils traversaient la plaine : «Prince des Croyants,
dit Ali, voilà la chose qui se prépare; qu'en dites-vous? —
A ton aise, et quand tu voudras, répondit le prince. —
Veuillez faire appeler Ibn Hammad. » Le khalife donna des
ordres en conséquence. «Viens ici, dit Ali, j'ai un secret
à te confier. » Ibn Hammad s'approcha, Ali ne se retint
plus et lui tendant sa manche : « Je sens quelque chose qui
se promène là-dedans, vois donc ce que c'est. >> Le cham-
bellan y fourra sa tête, et suffoqué par une puanteur" into-
lérable, il répondit : « Je ne vois rien, mais je ne savais pas
qu'il y eût des latrines dans le fond de ta tunique. " Cepen-
dant Moutaçem, se bouchant le nez avec sa manche, riait
à gorge déployée; Ali, continuant ses bordées sans désem-
parer, dit alors à Ibn Hammad : « Tu m'as recommandé de
ne pas tousser, cracher, ni me moucher, je me suis gardé
ciiAprmE cxv. m
lilJi jjL5 (j^-j*. AJ^.o (Wj_j «o-AfiAxii JUi (_$^-:i.i *Xj)Ij j_j*XJiJi
JUi »i_^i cjJôjb^ U^ iCA^Î ovu*oî jUjj (iJr,I ^ J U '^
ilî CiV_j! U CvJI IfjXi ÀyJ>S ^\ »Xjji j^jJl -USTl tXlUifc *i
Xi -«^^i S' TiS Jlï ^^JSjC- iJ ^ JLj *J» /o-AaùJtJLl dLa^j ^j*yJbî
^j„ij_5 iL^U ^^ (j^ (Ajl^ lX^-SJ (3"^j f*^--^^ '-^^ ^■iSÎ^ J«A£iî
de le Taire; mais, à mon tour, je vais c. . . . sur toi. » El
s' adressant à Moutacem qui, suffoqué par ces miasmes in-
cessants, sortait la tête hors de la litière : ^f La marmite est
cuite à point, lui dit-il, et je vais me satisfaire. » Moutacem
ne pouvant plus y tenir, se mit à crier : <■ Page, qu'on me
descende sur-le-champ, ou je meurs! »
Le même Ali, fds d'El-Djoneïd Eskafi se présenta un jour
chez Moutacem; après lavoir plaisanté et avoir badiné a\ec
lui pendant un moment, le Khalife lui dit : « Eh bien, Ali,
pourquoi ne le voit-on plus? Mon cher, tu négliges tes amis,
et tu oublies les devoirs de l'amitié. » Ali lui répondit: «Ce
que je voulais vous dire, c'est vous qui me le dites; vous
êtes donc le diable en personne.^ » Moutacem se mit à rire
et lui demanda : « Pf)Mrf[uoi ne viens-tu plus chez moi? —
Hélas, répliqua Ali, (pie de fois je suis venu sans pouvoir
vous joindre! Vous êtes maintenant un grand personnage,
on vous croirait de la (aniillc des Marcrnmah (c'est une fa-
mille domiciliée dans le Sawad, dont l'orgueil est devenu
proverbial chez les gens de ce pays). — Voilà Sindan le
112 LES PRAiniES D'OR.
^^iu^filj ^ wkiij». lil (ji«XÀ^ U *i Jlsj iij«X^ «*^'*J ^Uvi) (_^
c^A-XJC.-*) «X.Ï bi)i 0I cM^ ^i^!?'J buwwjl kiiÀAJj C^'^^ Ci^X*r>-
Turc , » lui dit le Khalife en désignant un page qui agitait
un chasse-mouche au-dessus de sa tête; et, s'adressant à ce
])age: « Lorsque Ali se présentera, lui dit-il , tu me le feras
savoir; s'il te confie un billet, tu me le feras parvenir; s'il
te charge d'un message, tu m'en instruiras. — Oui, sire, »
répondit le page. Ali s'éloigna. Quelques jours après, il
revint et demanda Sindan; on lui répondit : " Il dort, » et il
se relira. 11 revint à la charge , on lui dit : « Sindan est dans
le harem, tu ne peux le voir. » Il revint encore; cette fois
on lui dit que le page était auprès du Khalife. Ali parvint
cependant à pénétrer chez Moutaçeni par une autre issue ;
le Prince lui adressa quelques plaisanteries et réprimandes
amicales, et lui dit ensuite : « As-tu une requête à me pré-
senter?— Sire, répondit Ali, si vous voyez Sindan, saluez-
h' de ma part. — Qu'y a-l-il donc? demanda le Khalife en
riant. — Il y a que vous avez placé entre vous et moi un
homme plus dilFicih; à voir que vous-même; or je suis im-
patient d(> le rencontrer (ît je vous prie de lui transmettre
mes salulalions. .. Moutacem céda a son hilarité; il aboucha
CHAPITHE GXV. 113
^ (jo'-j Sj~<i^ aLcIj»^ j ^^>-^ vXiî^ \Aj\j yîtXÀ^ (jv.j_j <wj
5vX_££. ^l_j'>_^_S- Js..«^j diOvj oJ*=- ^-ii-!S JUi cjJaJl (j^
^l;y-Li vilUi ^) Jlji t.x^ (^j^ J->' t>-« a^Î e;<XJi dixJo^j
(ensuite Ali avec Sindan pour la seconde fois, et recommanda
à ce dernier la plus grande déférence à son égard; aussi Ali
eut-il désormais ses libres entrées chez le Khalife.
Moutaçem passait une fois par le quartier occidental de
Sorra-men-rà; il pleuvailetil avait plu peudantla nuit [)ré-
cédenle; le Prince s'était écarté de sou escorte, lorsqu'il
aperçut un âne qui venait de glisser (sur le sol détrempé)
et avait laissé tomber sa charge de broussailles, cVst-à-dire
de ces broussailles épineuses dont on se sert en Irak pour
allumer les fours. Son maître, un pauvre vieillard débile,
.se tenait auprès, altendaul ([u'uu passant Taidàf à redressei-
le baudet; iVIoularem s'arrêta et lui demanda ce qui lui
était arrivé. — «Pardon, répondit cet homme, c'est mon
àne (|ui vient de laisser tombei- sa charge, et j'attends c|ue
quelqu'un m'aide à la relever. » Moutaçem mit [)ied à terre
et il se disposait à tirer l'âne de l'ornière , quanrl le vieillard
ajouta : « Puissé-je être voire rançon! est-ce pour ce baudel
que vous allez salir vos vêlements el souiller les parfums
qui s'en exhalent ? — Que t'importe? « lépondit le Prince. Kl.
\ I I ■ .s
114 LES PHAIRIKS D'OR.
^uiJî c:*.4-S9 (jv.iaiî cj-* X=s'j.i^\^ a^Xis-ij *Kaj jU.iI J.^5>.|j
^^^' h^^^. J^x«i.Jl c^yi Oo_j ^^* w*.j^Aj_5 iSjJi JàÀj J^=?'_5
AjiL?jJ> *j j^J i.^-<*«4.i v^-^^' 'V j^'-^?^ (£•=*• ^*-* (j'^ («^^•^
descendant, il souleva Tanimal d'une seule main et le tira
de Tornière boueuse. Le vieillard était stupéfait et regardait
avec admiration le prince, qui venait d'en finir avec l'àne.
Ensuile Moutacem, se serrant la taille avec les rênes de son
cheval , se baissa vers la charge de broussailles qui étaient
liées en deux bottes, les souleva et les replaça sur le dos de
l'animal; puis il se dirigea vers un étang, s'y lava les mains
et se remit en selle. Le vieillard sawadien le remercia et
ajouta ces mots en langue nabatéenne : Che.qoiil (jarini tahoii-
taka , ce qui signifie : « Puissé-jc être ta rançon, o jeune
homme!» Les cavaliers de l'escorte venaient d'arriver; le
Khalife dit alors à un de ses gardes: «Donne quatre mille
dirhems à ce Gheïkh, et accompagne-le jusqu'à ce qu'il ait
dépassé les postes de vedettes et qu'il ait regagné son vil-
lage. »
En 2 19 de l'hégire moururent : Abou Noaïm Fadl (fils de
Dokeïn), mawla de la famille de Talhah ben Obeïd Allah,
décédé à Koufab ; — Bichr (fils df> (ivatl Merissi: — Abri
CHAPITRE CXV. 115
C:^-- t^ CJ-^ (J>-«*-^ (^ I^ (^? ^^ (:^' J~**^ C:^' t5*^ (^^
J, iÎJs_jLA.j (j-Ji^ ^^ t^i tj-« U^^"^ Lf*^ tiUi_j t-JUs j,l
^jk_*io^ >**^ CJ"^ 'S*'^ 5*X.i&- x^ (J^*>^^ ^^*"*^ ô.J^^ «r^*^
J^_5^^j«^t iUjLç^ (JïÂ*« %am> (jj\ ♦Xjt'j Uô^J) t5«»<_j-« (jJ '^
(jii Là-JLo^ U »*-«i (j^ bpi Wij Aa^ A><3X)fcli Jl iCij«Xil
Allai) (fils do Ritlja) Goudani. — Môme année, Moularem
condamno Ahmed ben Hanbal à trente-huit coups de Fouet,
pour le contraindre à considérer le koran comme créé. —
Même année, mort de Moliammed ( fils d'Ali , fils de Monra,
fils de Djùl'ar, fds de Mohammetl , fils d'Ali , fils d'El-Hureïn ,
fils d'Ali, fils d'Ahou Talib), le 5 de dou'l-hiddjeh 219. Il
lut enterré ;i ]ia<j;dad , quarti(M- occidental, dans h' cimetière
fies Koreïchites, auprès de son aïeul Mouca, fils de Djàfar,
après que Watik eut récite la prière d(>s funéiailles; il
moiMul àfréde vingt-cinq ans, et il n'avait (pie sept ans e(
huit mois à la mort de son père Ali (fils de Mouca) Rida;
mais il y a d'autres opinions à cet égard. On a prétendu
aussi qu'il fui empoisonué par Ouinm el-EadI, fille de Ma-
moun, lorsqu'elle le conduisit de Médine ii la cour de Monta-
cem. Nous ne donnons ici ces détails que parce que les Ima-
mifes ne s'accordeni pas sur l'âge qu'il avait au momeni d»- la
mort de son père; nous avons réuni d'ailleurs les difïérente.s
versions qui ont couis sur ce point |)armi les Cliyiles, connus
•S.
ll(, LES PRAIRIES D'OR.
t^-M^kJ ^^ ci^i» ^.^J v.^s-o_5.'î »^\-\^^ & ^j^^^ 'Xiûyi^ »:>Ux!i
/jj|»5^ <_>i)j^»- ^ii.iUi^ *i c:AJl^i l-»«.J5 yUiliaJij jj/*.i»i^^_5 ^y»
*-j| J_j.jij J.*!* (jji j<vuIjl!i yj tXj^ j, ^j>*-' *^j <^b cj^ i^^
sous le nom de Katyiles, dans notre traité intitulé : Livre de
In démonstration, touchant le nom des imams.
Durant la même année 2ig de Thégii-e, Moutacem me-
naça la vie de Mohammed (fds de Kaçem, (ils d'Vli, fds
d^Omar, fils d'Ali, fils d'El-Huçein, fils dVVli, fils d^Abou
Talib. Que Dieu leur fasse miséricorde!) , qui vivait pieuse-
ment à Koufah et se signalait par une austérité et une gra-
vité de mœurs au-dessus de tout éloge. Sentant ses jours
menacés, Mohammed s'enfuit dans le Khoraçân, dout il
parcourut plusieurs districts, tels que Merw, Serakhs, Ta-
lekàn et Nira; il y lit la guerre, y éprouva différentes aven-
tures et vit sa qualité d'imam reconnue par de nombreux
prosélytes. Enfin, livré à Moutacem par Abd Allah, fils de
Tahor, il fut emprisonné dans un donjon construit au mi-
lieu d'un jardin de Sorramen-râ. Ici les versions diffèrent sur
le compl(^ de Mohammed , fils de Kaçem : selon les uns, il se-
rait mori empoisonné; selon les autres, quelques-uns de ses
part isans , venus de Talekàn , réussirent à pénétrer dans ce jar-
din, on ils se firenl employer aux plantations et à la culture.
CHAIMTHE CXV. 117
l*x.y_> Sjy la iri J^j jXxs»- ^j^ iS*'^ i ^Àii_^Ji Jj,ï ^J^ y^^
S'etant munis crccliellos de cordes et de feutres labricjués à Ta-
lekàn et ayant percé le donjon, ils délivrèrent le prisonnier
et s'enfuirent avec lui. On ignore jusqu'à ce jour ce qu'il est
devenu; il a encore aujourd'hui, en 332 de Fliégire, de
nombreux adhérents parmi les Zeïdites, qui |)rélendenl
pour la plupart (ju'il n'est pas mort, mais qu'il vit nourri
|)ar Dieu, qu'il ap|)araitia un jour et remplacera ici-bas le
règne de l'iniquité par celui de la justice; en un mot, ils le
considèrent comme le niehdi de la communauté musulmane.
Le plus grand nondire de ces sectaires habitent dans le dis-
trict de koufali, tians les montagnes du Tabarislàn et du
Deïlem, et dans plusieurs districts du Khoracàn; leur
croyance relativement à ce Mohammed ressend)le ;i celle des
hérétiques Keicanites touchant Mohammed, lils de la Hané
fitc et à la croyance des Wakililes lonchanl Mouea, fils de
Djàfar; ces derniers sont distingués des autres sectes chyites
par l'epithèti! de Mainloiurh. Dans notre livre intitulé Dis-
cours iur [es principes des relifjions , nous avons exposé leurs
ILS LES PRAIRIES D'OR.
A,Aa.A*!L\ yl^j âUiijLw t_>U.ij ^j.jil.\ UjU.j i ^j"^^} u'^^
-0-g-À.» ^J X-s\.>lî <!^i_^^ <^*>^rîî i:S-* (^^^J"^^ dj\j~'j^\ J^ V^
A_A_A^^ ^A^iûiXil (^Jolxii^ ^Uj«xJÎ ç)_5-iî /o-i'"***'*'^ ^ CJ^yî iC^j^l
-!5X_*(*_j| iLjLj Js.,jf j»i_jiJ<J' <S^^ (ili^^î c>J6_5 a,^u«a> ^^
doctrines; en outre, celles des sectaires exaltés nommés
Spiritualistes, les opinions des Mahoinmedites et d'autres par-
tisans de l'erreur qui croient à la transmigration des âmes
dans le corps d'animaux et. d'autres corps sont mentionnées
dans notre livre Du secret de la vie.
Moutaçem recherchait avec empressement les (esclaves)
Turcs et les faisait acheter par ses affranchis; il réunit ainsi
un(î troupe de quatre mille esclaves, qu'il habilla d'étoffes de
brocart, de ceintures et d'ornements dorés, en les distin-
guant par le costume du reste de son armée. Il affecta à son
service un coips composé de soldats originaires des deux
f/au/ d'Egypte, du Haufàn Yémen et de celui de kaïs, et
l(\s appela les Maçjrébins; il équipa aussi des hommes venus
du Khoraçàn, et en particulier de Ferganah et d'Achrou-
snah. Ces Turcs i'ormèrent bientôt une armée nombreuse;
ils molestaient la population (h' Bagdad, et lançaient leurs
chevaux au galop au milieu des maichés, au grand préju-
dice des inlii-nu's <'l des cMlanis. Les habilaiih en tirèreni
CHAPITKK CXV. • 119
aU^il! A>oJvA» kXÀ£ s^Ujii «oi^AiixAj \^yj W^ il J>v*j J.^1 yl^à
^j*L;^l> j^il.jL> )j~*a.i JUiÛ <;^Ai iOe=-i CJ-. 5J^i^l J^JaUJL»
w^^ Ji iil yl<l*-Jl (j-« c>..Xi.-_5 -^>.-Ji iiÀj*X^ f^s. i_5.XjUjl_j
plus d'une lois vengeance et tuèrent plus d'un cavalier qui
avait renversé une lemme, un vieillard, un enfant ou un
aveugle. Moutacem prit alors la résolution de s'éloigner de
sa ca])itale pour s'établir dans une vaste plaine. 11 campa
d'abord à llaradàn, à quatre parasanges de Bagdad; mais ne
trouvant ce pays ni assez salubre, ni assez vaste, il pour-
suivit ses pérégrinations en explorant les diiVérentes locali-
tés situées sur les bords du Tigre et au.\ alentours. Il arriva
ainsi dans un pays nommé Kaloul , dont le climat lui con-
vint; il y avait là un village habité par des Djarniaces ( tribu
persane qui s'établit près de Moçoul dans les premières an-
nées de l'islamisme) et par des iNabaléens, sur les bords du
canal de Katoul, (pii est un des dérivés du Tigre; il y bàtil
un cliàtcau, et bientôt les habitants de Ikigtlad, répondant
k son appel, éuiigrèrent en masse auprès de lui, et lais-
sèrent la capitale presque déserte. Ces! cette circonstance
que rappelait un poète nomade dans une [)ièce où, repro-
chant à Moutacem sa rléserlinn , il disait :
120 LES PRAIRIES D'OR.
^ijllaAii ^jijUiî! iS<XxjLj oCSj.j ^lJL«\J.Jl (jv.j J_j,lsUJl yS^l.^ U
ji^ArîI j yl^ (j-« tjâ;«j Jj.Aj -i^^^ <J^ *^-«^^ 'j^^J
biiy^ ^1 f-À-o J-««b 0-^i bbùiiw* JjioUJL yi LàJ l_^Jli
*■ >" ku * p ^_
i»_JLJL-> ^r-=»- iJOS-i ^Là-ajI j «Xjt-jj *^jJLU A^»â.A*il (^i>lj ^.45
(Jj^jtj JLiJ «_Ai>_^JLi /<u,| Q^j..j«X.]i J-.iI>i (jÀxj Jl**i t5^^"^
O loi qui habiles Katoul au milieu des Djarmaces , tu u'as laissé à Bag-
dad que d'orgueilleux patrices.
Cependant les troupes qui avaient suivi le Khalife sout-
iraient cruellement de la froide température de ce pays; le
sol en était dur et peu propice aux travaux de construction ;
un des soldats de sa suite a dit à ce px'opos :
On nous annonce que Katoul sera notre campement d'hiver; mais
nous comptons sur l'intervention de Dieu, noire maître.
Les hommes tbrmenl entre eux maints projets ; mais chaque jour Dieu
suscite quelque événement nouveau.
Découragés par les inconvénients de cette localité et par la
difficulté d'y bâtir, Moutaçem s'en éloigna, et, continuant son
exploration, arriva dans le pays de Samarra. Il y avait en
cet endroit un vieux couvent chrétien; le Khalife demanda à
fun des moines qui l'habitaient comment se nommait ce
lieu. «' Samarrah, répondit celui ci. — Et que signifie ce
nom? reprit le Khalife. — Nous le trouvons, dit le moine,
dans nos anciens livres et dans les traditions du passé comme
CHAPITRE CXV. 121
jLaj^l iJOçi jjl*«J >«-»vi^ i^Uiiâ (jS <o.*^A*ii >I^iÀi ô^-»«^ ^■friv'j'
Jc\j Liû^i^^ c_>UaX^I_5 liûL^AwU iL^^<.:^P jjoji^ >-».jJ3 •^5_^-'û_5
-pT^-^i^jbJ silJi ^ji ^J ^-ij^^ iJiUî! ^^ »:>L?>5l c^^Akjj
lifl-A j Ijuc»^^ iK>ai -^IjuJ ^>bji_5 jUji o^l ^^jl^ (fr^*^^ («-â-*"*
signiliaiit la ville de Sein, liis de Noé. — Quel est ce pays
et de quelle province dépend-il? — 11 lait partie du Tabar-
hào et en est une dépendance. » Moutarem examina la con-
trée : de vastes plaines se déroulaient sous ses yeux, Tair y
était saluhre cl le sol fertile. I''ra|)pé de ces avantages et de
la douceur du elinial, il s'y arrêta pendant trois jours, (pi'il
passa à lâchasse; il rernarcpia ([ue son appétit ('-lait plus \ il
et qu'il mangeait plus que de coutume, ce (pi'il ne man([ua
pas d'attribuer à l'influence (\y\ climat et a la salubrité du
pays. 11 s'y plut; alois, faisant venir les gens du couvent,
il acheta leur territoire au prix de quatre mille dinars; il
flt choix tl'un emplacement pour y construire son château,
et en jeta les foiulalions. (l'est le (piartier de Soira inen-rà,
conim sous le nom de Weziryeh; de lîi le surnom de Weziri
donné à nue (pialité de figue su[)érieure au\ autres par sa
douceur, la finesse de sa pulpe et la petitesse de sa graine;
ni les ligues de Syiie. ni celles d'Krradjàn et de Houlwàn
ne peu\enl être compai'ees à cette ligue. I/édilice commen-
122 LES PUAIRIES D'OH.
jLiâÈ^i^j jj«Hj^j^J) ç-i_j.-ji qUaJI ^jLwi (j^ I^aJ^ JJij_j jUâ^ilt
^X oj>;-*iï (^^_jX^ Ji^-iit ij^ ^jU^i^ ;|^i ^U^l jkii^
^j^y^,4.-X—il> 0«»..*-L) ,*-*il»-4l /C»-^.-K-J) (J>-» iwÀ^lvÂJ) (J-»_5 )v-,«LtW
c:a_12.aàJiLm«I_^ i^jL«»xJi cj>«.A^^ jftAâiu!^^ >^«xJi c:j<Xaav_j ^IaàajI
oi_A_*o jii /ji ^j*,lÀJi x-<l*>*j'^ \^yJkS-^ iiXr=»i (j^ Ci>vr>"_5 Suit
çail à s élever; il fit venir des maçons, des ouvriers et arti-
sans de tout pays, et se procura des semis et des plantations
de toute provenance. Il distribua aux Turcs des lois de ter-
lains distincts, et leur tlonna pour voisins les soldats origi-
naires de Ferganali, d'Achrousnali et du Khoraçàn, en
tenant compte du voisinage respectif de leur contrée natale.
Achinas le Turc et ses compagnons reçurent en fief le ter-
ritoire nommé Kerkh-Saniaira; (juelques-uns des Ferganieos
lurent établis dans le quartier nommé Omari el Djisr (le
Pont). On traça le plan de la ville; on délimita les liefs, les
({uartiers et les rues; chaque métier, chaque branche de
commerce eut son marché distinct. Chacun se mit à bâtir sa
maison; de tous cotés s'élevèrent des conslruclions, des hô-
tels et des châteaux solidement bâtis; le pays se couvrit de
planlalions et de eanauv dérivés du Tigre et d'autres cours
d'eau. Les populations, a|)prenant ([u'une ca[>iliile nou\elli'
s'élexail, y accoururent eu Ibule, apportant avec elles les
niarcliiindisL's de tout genre cl les appro\ isionnenicnls ini
-CHAPITRE C.W. 123
j.**jI; JiX^Ji ^-|Ji^^ (jUfcjs-^l A.^Xçvij (5Jy-'5 ^-wfcji_5 (j;;«.A«Jl
j_(0i tXJÙ*»)!» (J>AjL»^ /yJyMik£^ ^^*X.rs-) iiÀiAW U^J i> L<?V3 ^W l*
i^X-xii dXki ^ l^yiS- i^yJiS^ yi]5i\.AAJlj ub"^'' •^^•î^ c^3^ *^'^
l..<--*A^ jjii^A.S'V /o^-^'^Axii *aJS _;-**i*i (j*<U-5î c^-*^^ âiJ^yî J***^
(^^-s*- âi^Xj ^^ *^JiJ t>!?^^ (_:A.AAajî^ i^j^j,s- c:.»^A.j_j (j>à.iiJl
^j-« ^_j*X_aJ1j OjVxil J-Aj&.lj xÀA^ij) ^^l^_; J^i^ <X*^ (J«aÂj|
menst's qui sont nécessaires à la vie de l'homme el des ani-
maux. La vie devint abondante et facile; enfin, <,nàce aux
bienfaits d'un gouvernement équitable pour tous, la prospé-
rité et le bien-être se répandirent dans tout le pays. Le Kha-
life Moutaçera commença les. tra\au\ dont nous venons de
parler en 221 de fhégire.
La puissance de lîabek le Khonémite s'était accrue dans
les provinces (fHrràn et de Beïlakàn ; ses troupes, formées
de la plèbe du pays, s'étaient ré[)andues dans toutes les
contrées voisines, où elles avaient cou[)é el mis en fuite
l'armée légulière (du khalifal), massacré les chels et semé
partout le caniage. VIoutaçem lit marcher contre le rebelle
une nouvelle armée sous les ordres d'Alchîn. Après une
série de combats acharnés, Babek se trouva bhxpié dans son
propre ]Jays; alVaibli par la défection de ses trou[)es et par
la mort de ses plus braves partisans, il s(î retrancha, au
cœur de rErràn,dans la montaf^ne nommé Bcddein, qui était
son pays natal, el qui, maintenant encore en WS'i de Ihe-
i;iie, a conservé le nom de fuiys de liahek. Lorsqu'il connut
\2k LE8 PRAIRIES D'OR.
^^ cK-ft-^ J^ (^■»- Sj^ dr* <^-*^ f^r^^ ^^^ '^!>^' i^
^ *X5^ ÀA* ^i,-i ^ viLl» _5.ii Jlïjj^L» «^.Aiwlj (^wyOji)| loU^u*
Jl Ô^-^JS? ^^ iixAÀli JU4^ c^«AJ (j.A<a^j_j ^SAJiJl (jôXAJ *-oJC*j
sa situation et qu il vit l'étendue de son désastre, le rebelle
quitta sa retraite et s'enfuit secrètement , n'emmenant avec lui
que son frère, son harem, ses enfants et quelques officiers
de sa suite, cachés sous des déguisements de voyageurs, de
marchands et de conducteurs de caravane. Arrivés sur le
territoire d'Arménie, dans les États de Sehl, fds de Sanpat,
un des patrices arméniens, ils s'arrêtèrent sur les bords
d'une rivière. Près de là un berger faisait paître son trou-
peau; ils lui achetèrent un mouton et voulurent se procurer
(juelques provisions à prix d'argent. Cet homme s'y refusa,
et, sans perdre» un instant, il courut chez Sehl l'Arménien et
l'instruisit de ce qui se passait en affirmant que l'inconnu
élait certainement Babek.iOr, lorsque le rebelle^ prenant la
fuite, était sorti de la montagne où il se cachait, Afchîn crai-
gnit qu'il ne se fortiliàt dans quelque forteresse au milieu
de ces montagnes inaccessibles, ou bien que, réunissant les
populations de ces contrées, il ne formât une nouvelle
lioupe, cl (pic, rassemblant les débris de son armée, il ne
CHAPITI'.K CXV. 125
iiijlkJi ^3^(5 vi/^' *Xi».l; »^l o^« ^(^ U (Ji ;c=-^3 SjXv**
dUiL xAs -fc^«*»'3 'î^À-* bi_5 J^rs-^AJ dloL Axj (^tXj! ^^^^' <j '
«X_5j A-jj^v-A— -a-j s_^_otj kii-jl* *i JUi &*» J^y i.Kfr**' *XxJii
*LjLi j_5-« j^U viLLîL<oî xJl «j:» *xi U^ aaj ^jû Le ^xijjc*
reconquît son ancienne puissance; c'est pourquoi il fil gar-
der toutes les routes, noua des intelligences avec les patrices
qui gouvernaient les places fortes et les principales localités
de l'Arménie, de TAzerbaïdjàn , de TErràn et du Beïlakàn,
et se les attacha par des promesses^ Dès que Sehl reçut les
révélations du berger, il monta à cheval avec ([uehpies offi-
ciers el une faible escorte. Arrivé dans le lieu où se troii-
\ail Baix'k, il mit pied à terre, s'approcha de lui, le salua
du litre de roi <'l lui dit : «Sire, venez dans le rhàteau qui
vous appartient et où se trouveni vos partisans; Dieu vous
olTre en ce lieu un abri contre vos ennemis. » Babek le sui-
vit; lorscju'il iirrivu^dans ce château, le prince arménien le
fit ass(;oir sur son trône, le combla d'honneurs et lui olVril
sa [)r()[)re demeure, à lui (;t à ceux ([ui racc()m|)aj^naienl.
On servit le; repas; comme iiehl prenait place à ses côtés,
Bahek, avec sa rudesse et son orgueil ordinaires, et ne com-
prenant ni sa situation, ni la gravité des circonstances, dit à
son hôte : " Ksl-ce que tes pareils mangent à côté de moi?»
Sehl se leva et répondit : « Siii", je suis en faute, el personne
19() LES PHAIUIES D'Oi;.
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n'a plus que vous le droit de se plaindre de son esclave,
car mon rang ne m'autorise pas à m'asseoir à la table des
rois.» Ensuite, faisant venir un forgeron, «Sire, dit-il à
Babek, veuillez étendre les pieds. » Et il l'attacha avec de
lourdes chaînes de fer. «Sehl, s'écria le prisonnier, c'était
donc une trahison P — Fils de prostituée, répliqua l'Arnic-
nien, tu n'es bon qu'à garder les vaches et les moutons;
quel droit avais-tu de gouverner un royaume, de faire des
lois et de commander une armée ? » 11 fit enchaîner tous les
prisonniers et dépêcha sur-le-champ un message à Afchîn
pour l'instruire de ces nouvelles et de la capture de son
ennemi. Au reçu fie la dépêche, Afchîn l'envoya chercher
par une troupe de quatre mille hommes sous les ordres d'un
de ses lieutenants nommé Bouinadeh. Dès qu'on se fut emparé
de Babek et de ses compagnons, on les conduisit à Afchîn;
Sehl, (ils de Sanpat, les accompagnait. Afchin accueillit ce
dernier avec une grande considération; il lui donna une
robe friionneur, une couronne et uii chevnl, ([u'il mena
CHAPrrr.K cxv. 127
j^LàJI "^ ^Ji x^i\ JwAs^ Lt^ -solîu <iwii *-^a5^ *~»Ai;*i,!
^Ui^iii (Jl w^xii^i t^JÙiS'^ j^j^l\ \^j^ls\^ ^r^^ fi-^JJ-f:*^'^
J^^UJL 0«i^«ii J^>1'^ <J>i^ X]^«xJi Jl>;3 X»:^ C^vAj J^L
J^i.^ *Xï tesi^is. ^yj yl(5 y^^Oè vXÀ^i! ti)j^U o^xj alJs-tû!
iCjùiis?' iijb ^o»-oj y^ii ^^^ ti^ji_5 j.:r^S_j j»-^-:^'^! ^Wrî'^w
lui-nrif^'me par la bride ; en outre, il Tcxempla de riiupôl ton
cier. On enAoyaaii khalife des pigeons porteurs de lettres de
victoire. La nouvelle lui accueillie par une explosion d'ac-
tions de î^ràces; la joie. Ta llégresse éclatèrent partout; dvs
dépêches firent connaître dans toutes les villes la ca|)lure
du rebelle (pii a\ail détruit les armées du souverain. Enfin
Afchîn, suivi de tontes ses troupes, arriva à Sorra-men rà
avec son prisonnier (223 de l'hégire) ; il fut reçu parHaroun,
fils de Moutaçeni, par les princes du sang cl les grands du
royaume et cam|)a dans Katoul, à cinq parasanges de la
capitale Sainarra (autre nom de Sorra-men-ià . On lui en-
voya un éléphant gris, (pi'un roi de rinde avait iilVeit autre-
fois à Mamoun. (!et animal , d'une faille colossale, était vêtu
de l)rocarl vert et ronge et de din'ereules (''lollés de soie de
couleurs variées; un(! chauK'lie hacirienne, de liaiiie (aille ci
aussi richement parée, lacconipaguait. Al(lnn reçut aussi
imv. (lourraoli ( robe ('chancrée pai' (le\anl' de brocart rouge
brochée fl'or, dont le [)lasli()u était brodé de piei leries et
128 LIvS PHAIIU KS D'OIV
.. . ^
c^-Xji-i»-^ j^^iw^i oj_i».l (jwJî^ aKaA^ iifiljj-^jt <iJoL (j^*a31î
JyjiJi AjJi -*Xï_5 liû^^ ''vs^! (j*|; t^^ kiW^ iy^j t^ »_^.»**àX«Jî
<_!>-*&» fi^j^yj /^*àj!Aj \S*-j.Xi Iw^ji /y-^JÎ ^i3ij_jlj i^*Xs^ &Ài
c:*L>I^J53 'XjcVil^ ^^V-»Ji_5 Jls=-yî_5 J^i^ ^ (jj^ Jl-wail *i
de joyaux; une seconde robe d'une valeur moindre; un bon-
net haut de forme, semblable au burnous, avec des franges
multicolores et enrichi de toutes sortes de perles et de pierres
précieuses. On revêtit Babek de la plus riche des deux robes;
l'autre fut donnée à son frère; on couvrit la tête de Babek
d'un bonnet [kalansoiiah] , et un autre tout semblable fut placé
sur la tête de son frère. On fit avancer, en même temps que
la chamelle destinée à celui-ci, l'éléphant qui devait porter
Babek; il ne put dissimuler son étonnement et demanda ce
que c'était que ce monstre gigantesque. Il adniira la beauté
de la dourraah et dit : « C'est une marque de la munificence
d'un grand et puissant monarque envers un prisonnier dé-
chu de son pouvoir, trahi par le destin, abandonné delà
fortune , foulé aux pieds par l'adversité et dont la prospérité
a élé suivie d'une grande disgrâce. » L'armée fut mise sur
deux nies, cavalerie et infanterie, avec armes et armures,
drapeaux cl bannières déployés, s'étendanf sur une seule
ligne lion inlerrompue de Kaloid à Samarra. Babek, suivi
CHAPITRE CXV. 131
iLJLj.X^ Jî AMi Jyifi »_^i^i J.^^ l^-^Js-o^ aXx» (_a^3j viLL»
(ji^ vilol» iiA*i*iS? O^ Ajlili »*>^ (Jî j^-^,-ii-« AXa9J)-*j IJ^Um
oUkii *.»ûAJ»ii LT-^ «S p^ UxiJsj U l£^^l (j^ (jl^j *>=^^^
'"'yû^ AAkil cj^ iiiXj |^*-i Jlii t^^^lî (jj p!>-*r^'
çàn et promenée dans les villes et les districts de cette con-
trée, aux yeux des populations encore impressionnées par
les succès rapides de Babek , par sa puissance, le nombre de
ses armées, et qui le croyaient prêt à détruire la royauté, à
renverser et révolutionner la nation tout entière. Abd Allab,
son frère, fut conduit à Bagdad, dont le gouverneur Ishak.
fds (Tlbraliim, lui infligea le su])plice c[ue RabeL avait subi
àSorra-nicn-rà. I.e cadavre de Babek resta attaché à un long
ffibet construit an milieu des dernières maisons de Sor-
ra-men-rà; remplacement conserve encore aujounrhui le
nom de (Mhel de Bahek, quoique la ville ell(>-niénie soit
presque déserte et abandonnée arluellemenl, à l'exception
(fun seid quartier, qui a conservé (|uel(iues liabilanls. Après
Icxécution de Babek et de son frère, à la suite des .événe-
ments que nous venons de laeonler, les orateurs célébrèrenl
(U'tle victoire en |)résence cle Monlaeeni, et les poètes la chan-
tèrent à Tenvi, Ce jour-là, Ibrahim, lils de Medhi, récila,
en guise de hhothah , les \eis (|ni suivi-nl :
y-
132 LES PRAIRIES D'OR.
îj_^_.« — iw^ '_^— ^-^ -^^^ 'î *^^^ (j>.^.i^î ^^y=ri
i^_jj._ia-4 >^j-J «^i^ ^ — ^ * — ? <1^ -X-A-L»
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1^ K «a_j l*X_=i- *] v_> A-AM-JI ^j^->è' i^'^-i»- ^J
Prince, des Croyants , redisons sans cesse : Louange à Dieu !
Ta victoire est accomplie, qui» Dieu ne cesse pas de combattre pour
toi;
Et nuisses-tn toujours trouver en lui un auxiliaire contre tes ennemis!
Reçois les félicitations de Dieu pour ce triomphe éclatant,
Un triomphe tel que les hommes ne peuvent rien lui comparer.
Qu'El-Afchîn, le serviteur de Dieu, ait pour sa récompense bonheur
et prospérité,
Car Babek lui a dû une journée funeste (allusion à Koraii, i.xxvi ,
.o).
Cet alTranchi dont tu as toujours éprouvé la force et la constance ,
Son sabre a enfin inondé de sans,^ un visasse que le bonlieur illuminait;
Et le coup (pril a frappé attache au iront d'Arclûii une auréole éter-
nelle.
Alchîn nvut une couronne cfor enrichie de pierres pré-
cieuses et un diadème dont tous les joyaux, étaient des rubis
et des cuici;iu(les enchâssés dans l'or; il fut décoré aussi de
CHAPITRE CXV. 133
aXaJ ^ (jl<' U^ Jl$l!î_5 Jl4:L ou^y c^l<rj JU4j ^L^aJI j
J^ /»-«-^'^-* cj^ ',r*^^^ u*.LaJI ^J^'_^ ^j^,;-*»* (>* ^ oU>^f
^j*._j^\iJîj(j>s»-U;_^Jî ji> -l Jl-:^JI oi^ii fc^i>.l^l
yl;»-^ tii^X^ Ax^^ »j5Lw^ jj p^yi dix* Js^Uçy) ^JJ J^iyj
deux wichah (ceintures ou colliers de perles et de pierreries).
Son fils Haçan obtint de Moutarem la main d'Outroudjah,
fille d'Achinas : sa fiancée fut conduite chez lui en grand cor-
tège; l'éclat et la magnificence de cette fête nuptiale dépas-
sèrent toute limite. Celte jeune fille était célèbre par sa
beauté et ses perfections; le soir même de ses noces, tandis
que les grands personnages et beaucoup de gens de condi-
tion inférieure prenaient part aux réjouissances, le Khalife
chanta la beauté et les grâces des époux, et célébra leur
union dans les vers que voici :
L'épouse est conduite ciiez son époux; tille <lc, priuee, elle va retrou-
ver un prince.
Lequel des deux, je le voudrais savoir, Icniporle |)ar son rani; et sa
ikubicssc?
Est-ce celui qui porte à son cùlé un sabre élinci-laul de pierreries, ou
celle qui est parée d'une reiulnrr nia^nirKjne et de pla(|ues d'or ((|ui
brillent comme le soleil)?
Dans cette lut'nie année '2'i.î, le roi ^icc l'Iiéophile, fils
de Michel, se inelhini a la l<Me de son armée, ;i I.Hiuelle se
Vdli LES PRAIRIES D'OU.
(Ji-s- fs^^\ iÔ^.k^ (j^ (^J3^^ Q^ (^-^i ^UAaJijj-s^JL
li (j*.l_»Ji ^=L9 ii.AJaXo iiÀj<X^ ^^jLil_j ^^yw^ j.AAwi^ j-AJSAaJi
/Y_j pOu-iûj^t ,_^-.=».:>_j jLiXJi^ «X.i&-l.*»JLî tj I^'IxJUmI^ jl^a^ili
U L-iT,— A-À vJ j>0 ^^_^ ïù^AH'i â<X<Moi^ ^OMkâAxli (^ ^«XgXt
t^A^XÀj ^JvJL IgJliloI JL» U c:aA;cjj l^^L>î (_^ JUï-yl <--%^
A„.t-x-'J *y^^^ ^^•«^■AJ cjj-*» ii^lji aaÀ£ !*,iL» 8j^i ^^^ ^AaJC*ii
joignirent les rois des Borcljàn , des Bulgares , des Slaves et
d'autres nations voisines, vint assiéger la ville de Zibatra
(Sozopétra) , sur les frontières des Khazares , la prit d'assaut ,
tua la population ou la réduisit en esclavage, et attaqua
ensuite la ville de Malatyalî (Mélitène). La terreur se ré-
pandit partout, les mosquées et les maisons retentirent de
cris de détresse. C'est alors qu'Ibrahim, fils de Medhi, se
présentant devant le Khalife Moutaçem, lui récita une
longue poésie, dans laquelle il décrivait ces désastres, et
l'appelait au secours de ses sujets et à la guerre sainte. En
voici un passage :
O Dieu jaloux, tu as vu tout cela, vcuge donc ces l'emmes et punis
les forfaits dont elles sont victimes :
Il se peut (jue les hommes aient trouvé dans la mort le châtiment de
leurs fautes, mais ([ue dire de leurs pauvres enfants , qui périssent égorgés?
Ibrahim est le piemier qtii ail employé, en poésie, l'ex-
pression à Dieu jaloux. Moutaçem se mit aussitôt en cam-
pagne <"! |)arlit vétii d'une dourraah en laine j)lanche ci
CHAPITRE GXV. > 135
^aXa,M (^Àj'iii rf.j-} di-Ji^ *Xr=»-i 3.^^ jj vXw*X3 sivjiJÎ iiv«L«.xj
C^AJuuaj^ (j-Jik)U»j ^^yJitA^ iiy^^' iiÀ-ui (j^ (i^^l t5^^^ CJ-* ^"'^■^•^^
^Jy-^ M^ ji i^V-J »_jLw ^j-« iC£_pai!_J ^l.-tMXj| CJjl**3 (J\-*^^il
^^^ rO^yJ^ /jJ <^4^ 2>^-^AJ^ (X^-aJ! (j*.lÀAil AX.«<Xi(^ ^^ JvX==-^
j-jUw (^ (j*,1_à_jÎ ^ifc-i^ i±><Xi» <rO** (J^ CiJ^''*^'''^' -^^^J
éyJLS (jjJa.A aA.j ^j i<X*J| jAiUji ^ywaa? /jXj ^j »_jj)^«XjI
coilVé du lurban militaire; il vint camper sur la rive occiden-
tale du Tigre, le lundi, 2 du mois djemadi premier, 2 23 de
l'hégire. Les enseignes furent déployées sur le pont (de Bag-
dad), et la levée en masse, avec ordre de rejoindre le Khalife,
fut proclamée dans les grandes villes. De tous les points de
fempire musulman accoururent les troupes régulières et les
volontaires. L'avant-garde fut donnée à Achinas le Turc,
suivi de Mohammed, hls d'Ibrahim; l'aile droite, à Itakh le
Turc; l'aile gauche, à Djàlar (fils de Dinar) khayyat ; l'ar-
rière-garde, à Boga l'ainé, suivi de Dinar, fds d'Alxl Allah,
et le centre àOdjaïf. Le Khalife, passant parla frontière
syrienne, entra parla passe de Selamah; Afclun, par la
passe d'El-Iladét, et le reste de l'armée, par les autres pas-
sages. Le chilï're de celte armée était immense, et il n'a pu
ètie évalué avec certitude; les opinions varient en plus ou
en moins: le calcul le plus élevé la porte à cinq cent mille
li<»niiii('s, le cidcid !<• plus l'aiMc à (l<'ii\ ccnl unllf. Le loi
]-M\ LES PRAIRIES D'OR.
«w^o-À-X-il (j-« J^=rj ^^-^3 ajI^pî »3.>^5 ^XJj^Uaj ^i'ji J^_j
(J^jiÀii^ dlLo ^ Jli^j ti^ C:J?r-=^ r»^-^^^ dUi j, r»j;r'^i >^'^-o <>>■=>- i
^^ --W— '3 *>-^-*-^ Dp,A.â.i>. jo-A^Asii -tfLi^ l^ÀXJ V^^AàAJ (^ ^J.AJ»
s-
de Byzance atlaqua Afchîn , mais il tïit repoussé et mis en
fuite ; il perdit la plupart de ses patrices et ses principaux
officiers, et ne dut !a vie qu'à la prolection d'un néo-chré-
tien , nommé Noçaïr, aidé de quelques-uns de ses compa-
gnons. D'ailleurs Afchîn négligea Tocca^iion qui s'offrit à lui,
ce jour-là, de prendre son ennemi fugitif : «C'est un roi,
dit-il, et les rois se doivent sauvegarder mutuellement.»
Moutaçem s'empara de plusieurs places fortes, puis il assié-
gea Ammouryah (Amoriuni) , dont Dieu lui ouvrit les portes.
Un palrice noiinné Lawi (Léon) vint lui-même lui livrer
cette place; Bâtis ( Aetius), patrice qui commandait en chef,
fut lail prisonnier, et trente mille hommes furent égorgés.
Moutarem livra la ville au pillage et à l'incendie pendani
les quatre jours qu'il y demeura; il voulut ensuite marcher
sur Gonstantinople, en occuper le canal (Dardanelles) et
aviser aux moyens de prendre cette capitale par terre vt par
mer; mais une nouvelle menaçante le força fie renoncer a
ee projet : Ahhas, lils de Manioun, venait d'être salué Kha-
CHAPITRE CXV. K>7
XwtîJc^j (j-^AX^^ LT-^^-J *7-^**"* 'i fi-*^^^^^ S-S"^ p^y AA^vis
^ ^^j^.^_£5 j|jv.o ^JJ ^JJ[> (^o^j^' cKi-^' (jv^j^^ (:jir^*^
^J.**iI C>olj jLjlli J-« *i C>jl^ Sj^AjiS^ l-J^y:-^ Ù<XJ (jU^aJs
js^.^i Jl jL?)UI ya>y y^t- (jj^ »x4î- v.^ ^iy^ (j^^^ tJ^^
iJ^Lv Ji S'^3 Sj^\s CJ^ A^jb^ tj-**^ »;ilo j.A*^ j>«j i
lile par un certain parti , et il entretenait une correspon-
dance avec les Grecs. Moutaçem se hâta de revenir sur ses
pas et fit emprisonner Al)has et ses partisans. Le fds de Ma-
mouju mourut pendant celte même année.
^"^n 2-i5 de rhégire, le Maziar ll)n Karen ((ils de Bendar
llormus?), clieCde la contrée montagneuse du Tabarislàn,
lut conduit à Samaira. Ce ciiel", que Matnoun avait cond)lé
de laveurs, se révolta sous le règne de Moulacem; liei- dn
non)l)re de ses troupes et de leur Ibrce, il refusa d'obéir
au Khalife, qui lui avait écrit de se rendre à sa cour. Mou-
lacem chargea donc Abd Allah (fils de Taher) de le coni
batlre, et Abd Allah lit marcher contre lui son oncle pa-
lernel Hacan (fils de Huceïn, lils de Moçab). Ce général,
parlant de Nicapour, pénétra juscpfà Sariali, ville du Taba
rislàn, après avoir livré plusieurs batailles au Maziar; enliii,
ayant été informé pai- ses espions (pie Mohammed, lils ilc
Karen (tel était le nom du Maziar), ••lail allé à la chasse
;i\ec peu (!<• itiniidr , il le suipiil, falL-Kpi;! hai(lim«'iil cl \r
138 LES PRAIRIES D'OR.
^i *XXJ CyU» (Jjis^ I3»,*«*.U jLmUÎ CJwilili J|*jI»*« ^ JWi;? ''i 4.^1^
wvL^iî ^ C-Jj.IwaJL! ^ -N^^Jiî -JiJ ^^-A-$ J«A*ÎI ijAwî i_j*wii| ^jl
tXj»^ L^Y^slAi^ra-j c:A.3iJs>Ai c^jU jCaAà (JS jl>j^ i<j<M!/>s^ c:a.jU_j
lit prisonnier. Le Maziar, quand il fut amené à Samarra,
dédara qu'il avait été poussé à la révolte et à la rébellion
par Afchîn, dans l'intérêt de leur religion commune et de
la croyance qui les attachait Tun et l'autre ayx doctrines du
dualisme et du magisme. Afchîn avait été arrêté un jour
avant l'arrivée du Maziar, sur la dénonciation de son secré-
taire, un certain Sapour. Le Maziar mourut sous le fouet
après avoir été promené par la ville , et son cadavre fut pendu
à côté de celui de J3abek. Moutarem, auquel le Maziar promit
des trésors s'il consentait à le laisser vivre , les refusa et dit
ce vers en forme de sentence :
Les lions, Iiôles des fourrés épais, vciilcnl , an jour du combat, leur
eiiiieuii mémo et non pas ses dépouilles.
Le gibet du Maziar s'était peu à peu incliné du colé du
gibet de Babek, de sorte que les deux corps s'étaient rap-
prochés; en outre, le cadavre de Bâtis (Aelius), patricc
d'Ainoriiiin, accroché an même cniirnif, s'inclina veis les
CHAPITRE c:XV. KiO
deux autres cadavres, par suite d'une déviation de la po-
tence; cette circonstance inspira les vers que voici à Abou
Tanimam (Habib, fils d'Aws) :
Les angoisses de mon cœur onl cessé lorstiue. Bal)ck est devenu le voi-
sin du Maziar
Et son second dans le vide; mais il n'eût pas été i(! second «([uand ils
furent deux dans la caverne.» (Allusion à la fuite du Propll^te et d'Abou
Bekr. Kuran , ix, /|0.)
On dirait qu'ils se penclient ensemble |iotu- recueillir uu secret de la
bouciic do Bâtis (Aetius).
Afcbîn mourut dans sa prison , après avoir été confronté
avec le Maziar, qui déposa contre lui; son cadavre fut en-
suite pendu à fiab el-Amnich (Porte du peuple); des idoles
qui, dit-on, lui avaient été envoyées furent jetées devant
le cadavre, puis on y mil le (eu i^l lous ces vestiges périrent
en même temps dans les llammes.
Kn -i-ii) (!«' riiégire nu>uriit \I)()U Dolaf ( Kacim, lils dTca)
Adjeli, U' srïd (Ir sa famille, le cliefdr la lril>ii de Adjel et
140 LES PRAIRIES D'OR.
5^1aj^ '«^^ l^l-vii yi^ ^wsAjj (jw« L^xi_j J^ ^jw« \jjjijit,£.
^^l«^JÎ J^xss-i)) ^^L«Liû^' JL^-Js (^ ^)w_j Uji-j
,_^wAS^ (ji <ji À-jLxJa.]! C^ Js.)U3 l^jls 0.xis v_J».3i u5 yi ^^ii^
!^A_Jé^ sLj ^_5 -^U^jI -»^j iiÀjJaj ^a>mU /eJûÀj^ î_j_Jw
(l autres branches nées de Rebyâh, poète distingué, guerrier
dévoué au\ siens, funeste à ses ennemis; il disait de lui-
même :
Au jour du combat, monté sur un cheval généreux, on nie voit inspi-
rant l'épouvante au\ montagnes immobiles (c'est-k-dire aux chefs les plus
vaillants),
Et au jour du plaisir, agitant une coupe de vin, tandis qu'une branche
de myrte ombrage ma léte.
On raconte qu'il asséna un coup de lance si vigoureux
à un cavalier, que le fer, traversant le corps de celui-ci, alla
percer un autre cavalier placé derrière le premier et les tua
tous les deux. Bekr, fds de Naltab, dit à ce sujet dans une
de ses poésies :
On disait, lorsqu'au milieu de la mêlée il transpersa deux cavaliers
d'un seul coup sans paraître fatigue :
« N'en soyez pas surpris; si sa lance était lonniic d'un mille, elle perce-
rail les cavaliers sur tout son parcours. »
Yça, (ils d'Abou DnlaC, laconle que son Irère Dolal ,
CHAPITRE CVV. 141
(j^^ A_À_^ T. ,0 J j w^Jlis J,) |vJ ^^ ^ja-»-iLÀ-J M"^ v_jUi y-j\
*X-&-l llv-^ O^^*^ ^ L>' Ui"^ f~V^^ 'j-O^^*" *^' dJ^" -^^
j._^ib Lto Aj oolUi l^iljU»- ool^ ^4^^ oo«Jj ^j5 dULtl
celui-là même qui valut à leur père le surnom d'Ahou Dolaf,
haïssait et méprisait Ali, fils crAbou Talib, ainsi que ses
partisans, qu'il traitait crignorants. Ce même Dolaf , étant
un jour dans le salon de son père et en l'absence de celui-
ei, tint le propos suivant : « Ces Chyiles prétendent que poui
haïr Ali il laut être un bâtard; or vous savez si l'Kmir (il
parlait de son propre père) estjaloux et s'il soufTre la moindre
médisance sur le compte de son harem ; eh bien, je déclare
que j'exècre Ali. » Ycj\ poursuit ainsi son récit : « Au même
instant (notre père) Abou Dolaf se montra et nous nous le-
vâmes devant lui. — >. J'ai entendu, nous dit-il, les paroles
(le Dolaf, la tradition (dont il se raillait) ne peut être dé-
mentie, et son autorité ne souffre aucune contradiction. Je
jure que cet enfant est le fruit d'une union illégitime et im-
[)ure. A|)prenez ([ue ma s(Eur m'envoya, pendani que j'étais
malaile, une esclave poui hupielle j'avais de l'inclination;
je ne ()us réprimei- mes désirs, (|uoi(pi'elle fut en élal de
menstruation, el je la leudis mère de cel enfant. Plus tard,
ma suiii me (il clou de celle escfne, lorsque sa grossesse de-
Ik2 LES PUAiniES D'OK.
i^-2 yj «X_^ ^t-j cIy«X_s»- Lv y-^^ "J^jUj <X-jb_j vA-a-X^ «JL^i
Ijîi ^^i».ils <s.*^ t—*.^ ^A^ilt ««^rs-i JUi ^î cij^ *>oïJ jbt
Jj.jij IaÎoIî v^)^> t_A.Ai o<.^i> /O.^Â;C*JLfe' JUi AjuCaSj (JVJ iJUwij .
•«^5 j6 ^i*-lj «^^iî yl^-î Là.Sjo LàJO» lii IXj j^Ai
vint apparente. » L'inimitié, la haine fanatique cpie les pré-
férences d'Abou Dolaf pour le chiisnie et son penchant pour
Ali avaient inspirées à Dolaf, devinrent si véhémentes, qu'il
alla jusqu'à maudire la mémoire de son père. Ce fait est
affirmé par Mohammed (fils d'Ali), originaire du Kouhis-
tàn, qui rapporte en ces termes le propre récit de Dolaf:
<> Quand mon père mourut, je rêvai qu'un inconnu se pré-
sentait devant moi et me disait : l'Emir t'appelle. Je le suivis ;
il m'introduisit dans une maison déserte et d'un aspect dé-
solé, il me fit gravir plusieurs marches ; puis il me conduisit
dans une chambre haute dont les murailles portaient des
traces de feu et dont le sol était jonché de cendres : un
homme entièrement nu s'y tenait accroupi, la tête appuyée
sur ses genoux. — «Dolaf? fit-il comme pour me demander
mon nom. — Dolaf, » répondis-je. Il continua ainsi :
Si, une fois morts, nous élions oubliés, la mort serait le rrpos pour
tout c(; qui a vécu;
Mais à la mort succèdo le jugement, et nous avons à répondre de toutes
nos œuvres.
CHAPITRE C\V. Ili6
4<jjkiajJl ^LiûUJi (^»ijj—« (jj J5^ (*4À^ eAj»X=l t_>l^p| iiAXff._5
/j_j >»l-<w.— tt) kXjJfcji fcji_5 3>» i!^ (j>^ U^ ii*Xji.Aj J,lil wiwj
• j^iU^i jLo (jj (<V^>^ C5^^^ V^P' "^■'^ C:?^ '^^ -^^Jf^j
Et il ajouta: « M'as-tu compris;' — Oui, répondis-je, et
je m'éveillai. »
Sous le khalifat de Moutaçem, en 22/1 de l'hégire, mou-
rurent plusieurs tradilionnistes et célèbres rapporteurs de
hadis : Amr ( fils de Merzouk Baliili), originaire de Basrah;
— Âbou'lNôman Hazim (fils de Mohammed, fils de Fadl)
Sadousi; — Ahou Eyyoub Suleïman (fils de Harb) Wa-
chadji, originaire de Basrah, et tle la tribu d'Azd; — Sàïd
(fils d'El-Hakem, fils d'Abou Miriam) , de Basrah ; — Ahmed
(fils d'Abd Allah) Goudani; — Suleïman Chadekouni et
Ali de Médinc. — En 927 de riiégire : r)iclir cl-IIafi (qui
va pieds nus) , décédé à Bagdad ; il était originaire de Merw ;
— Abou'l-Wélid Hirham (fils d'Abd el-Mélik) Tayalesi , dé-
cédé à Basrah, âgé de quatre vingt-treize ans; — Abd Allah
(fils d'Abd el-Wehhab) Djomahi : — Ibrahim (fils de Yas-
sar) Bcmadi. On place aussi à celte date la mort de Mo-
hanmied (fils de Kelir) Abdi, mais la vérité est (pi'il mou-
rut en 2 2 3.
lUli LES PUAIHIES D'OR.
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^Xxj AÀA> y(^ U_5 liiJi j.A^3 j.Aa^_5 j*l*iJi y^ »;U,**fcJi J, iii!^=i.
Le Khalife Moutaçem mourut dans son château nommé
Khakani, sur le Tio;re, le jeudi i8 rébî premier, 227
de l'hégire, et, dit-on , dans la deuxième heure de la nuit ;
il était âgé de quarante-huit ans, ou, selon d'autres, de
quarante-six ans, comme nous l'avons indiqué au début de
ce chapitre. Il naquit à Khould (résidence royale), à Bagdad,
l'année ibo, dans le huitième mois de l'année; il fut le
huitième Khalife (abbaside), le huitième descendant d'Ab-
has, et laissa en mourant huit fils et huit fdles.
Le règne intéressant de Moutaçem , la part ([u'il prit à
la conquête d'Amorium, les combats qu'il livra avant d'être
nommé Khalife, à l'époque de ses missions en Syrie, eh
Egypte, etc., la suite de son histoire après son avènement,
les belles actions et les traits de vertu de ce prince racontés
par Ahmed (fds d'Abou Douad) le .Tuge, et par Yakoub
(fils d'ïshak) Kendi dans dinéienis passages de son traité
CHAPITHE C.WI. U5
cjIjcJÎÎ tj^_^ i b^JSi Uj ia-^jillj ^jUj^Ji jL.viwi UajIxS'
CXJ6 4^«>Ji j*^Jui li ^iii^ fjN>J^)yi C5^^**-* '^^'^i) <^^ ^\ <ÎOo5_5
<..:aAà. ^Ov_(U iiyJitJS- ^li^U ^j<»>jç«.à>. d.^ ^^^ ^AâAxii ii'tij '\^3
^^ji .^-^3 J~^-?~^3 (:JV^^J (^■!iJ'**'^3 t^**** ^"^ J^^i î^"f CJ^
intitulé Roules des mérites, tous ces détails, en un mot, se
li'ouvent dans nos Annales historiques et dans notre Histoire
Moyenne,
Ce que nous avons raconté ici n'est (ju'un aperçu, un
index de nos ouvrages précédents, tlestiné à réveiller l'at-
tention sur des événements déjà anciens et doni le souvenir
s'elTace. En Dieu est notre appui 1
CHAPITRE CXVI.
KIIAI.IFAT DR VVATIK-BILLAM .
Haroun (lils de MolianinK'd, lils de Haroun) VVatik-Billali
était surnommé /l/;oa Djûjar; si\m.v\v, une esclave grecque,
se nommait Karalis. Il fut salué Khalife le jour même de la
mort de Moutaçem, le jeudi i8 réhî premier, 227 de l'hégire;
il était âgé alors de tnîntf.'et un ans et neuf mois. Il mouiut
à Samarra, à l'âge de Irente-sepl ans et six uiois, après un
vu. 10
\liÙ LES PRAIRIES D'OR.
^jvij o»»(*i ^Ixj^^i j«^j iî,^j ^ol J^ïj £«^j.*«wc <Jo;!^j j.^1
/;jiji'5\j_j ^j_jl (j)j!_j-''>_5 (J^*j^3 (^y^'^'^i (:JV>àS'I i^À^w *^ (_gi ^j^
y.^ -X-S'J -^-A-ji ''^Ajj-is i^-i^vKJlt j vil-^^j *^^^ ÎJsJuiU AavO
.Xjuft (w^ -y^^ ^\^:i jt (jjj «X:?-! -JuXfi t-Ui'jj JkXjJb JyiJi
règne de cinq ans, neuf mois et treize jours. Selon cFautres
historiens, il mourut le mercredi 2k dou '1-hiddjeh 232, à
l'âge de trente-quatre ans; son vizir était Mohammed (fds
d'Abd el-Mélik), comme nous Tavons déjà dit dans le cha-
pitre consacré àMoutarem; d'ailleurs les chroniques pré-
sentent de notables différences en plus ou en moins, relati-
vement à rage et au règne des Khalifes.
APERÇU DE SON HISTOIRK ET DE SA VIE; PRINCIPAUX ÉVÉNEMENTS
HE SON RÈGNE.
Watik était grand mangeur et grand buveur, large dans
ses bienfaits, plein de bienveillance pour sa famille et de
sollicitude pour ses sujets. Il suivait, en matière de foi, les
doctrines de son père et de son oncle relativement au libre
arl)itre (cf. t. VI, p. 21). Entièrement dominé par Ahmed
(fils d'Abou Douad) et par Mohammed (fils d'Abd el-Mélik)
Zeyvat. il no signait aucun décrel sans les consulfei", et ne
CHAPITRE CXVI. 1^7
t.;jcA.XJ AjL«jX-»«*xii ^-S^»- (fc*-*AA»(i (jî cj>)l; J,[;--ci (^■fcAJ ^-*-*
S***ji3 dL^^ ^J^i c:-*.Xi^li ^j (jw« Jiï c:AJi (^ cJ.L)-^^ '^
trouvait rien à redire à leurs décisions; en un mot, il les
investit de toute l'autorité et leur abandonna le «i^ouverne-
menl.
Le fait suivant est raconté par Abou Tammam (Habib,
bis d'Aws) le Tayile, surnommé Djaçirni parce qu'il était né
à Djarini, village aux environs de Damas, entre la province
du Jourdain et celle de Damas. Cette localité, connue sous
le nom de Khawlàn et de Djarim, est située à quelques
milles de Djabyab et du territoire de Nawa, nommé « Pâtu-
rages de Job.» Je me rendais à Samarra, raconte Abou
Tammam, dans les premiers jours du règne de Walik; aux
abords de cette ville, je rencontrai un Arabe du tb'sert, j eus
ridée de l'interroger sur Tannée du Khalife et je lui deman-
dai : « Arabe, (pielle est la tribu? — Les Henou Amir, ré-
p(Mulil-il. — Que sais-tu de l'armée du Prince des Croyants?
— Celui (pii connaît le monde le subjugue. •> (Sur le double
sens de ce proverbe, voii- Mcïdani, t. Il, p. /jy, éd. houlak.)
Je poursuivis : « Quelle es! Ion opinion sni le Prince des
Croyants? — Il met sa conliance en Dieu et Dieu lui suffît:
lU.
us LES PRAIRIES D'OR.
*X_4^ i J^j'*-* ^-i '■ii*-^* fclX^iiJÎ *AXifc j^ifc._j <_Xj«XJi ^ykJ_5 «_»*i.jfi
t_A— X_5 (_^Xl^ ^_j (jLj »-SÎ ^Ai (<».j 3 My^ f\?^ j^ o *i ^tA»
J-S-; JljJ y'j>^ (^ J^^jtlt ^i J^Aj U «^i " ^_j,>î IV^j -yiJî
il a vaincu la révolte et brisé ses ennemis; juste envers ses
sujets, il hait ceux qui font le mal. — Que penses-lu d'Ah-
med, fils d'Abou Douad? — Un roc qu'on n'ose gravir, une
montagne inaccessible. C'est en vain qu'on aiguise les poi-
gnards, qu'on tend lacs et filets sur sa route; lorsqu'on le
croit perdu , il s'élance avec l'impétuosité du loup ou .se
glisse furtivement comme le lézard. — Que dis-tu de Mo-
hammed (fils d'Abd el-Mélik) Zeyyat? — Sa méchanceté
enveloppe le voisin, comme sa rigueur atteint l'absent;
chaque jour tombe une de ses victimes, c{ue ni la dent ni
la griffe n'ont déchirée. — Et Amr, fils de Feredj "^ — Un
gros homme, vorace et qui aime la vue du sang; on le
place en guise de bouclier dans la mêlée. — Quelle opi-
nion as-tu de Fadl , fils de Merwan ? — Celui-là est un dé-
terré; il ne compte plus parmi les vivants, et il est muet
comme la tombe. — Et Abou '1-Wézir, qu'en dis-tu .'' — On
le prendrait pour le fameux bélier des Zendiks. Voyez-vous,
si le Khalife l'oublie, il mène vie joyeuse et planturouso;
CHAPITRE CXVl. 149
»j-.d> iiij ^3;^ f^y^^ siA^Â a\4I lii ^ji (^ ^i ou«?_^' ^Jl
Jli ^^iwi |i\-i^>~)i à Jyij U 0V.X3 jciuo iiSji |^;«Xi /fi'-fi^ ii^t
AJijj! tKs-j kiUi Jli ^L?^ (jj j^Vfi^i ^ Jyij U c:A.Xi »j*XA<a.ji-
s'il le pousse en avant, il trouve la pluie féconde et les gras
pâturages. — Quelle opinion as-tu d'Ahmed , fils deKharib?
— Pour celui-là, il mange comme un glouton et digère
comme un malade (c'est-à-dire il reçoit beaucoup et donne
peu).— Et son frère Iln-ahim? — Etres inanimés, cadavres
sans vie, ils ne savent pas quand ils ressusciteront. « {Koran,
XVI, 21, 22.) — Que dis-tu d'Ahmed, fils d'Ibrahim? —
Que Dieu le récompense! Quel homme bon et palienl! il
s'est fait de la patience un juanteau el de la générosité un
vêtement intérieur.» Je bii demandai son avis touchant
Suleïman, fils de Wehb. — «C'est riiorninc (bi gouverne-
ment et la parure du Divan , -> répondit l'Aral)e. Je pour-
suivis : "Que penses-tu de son fjère Haçan? — C'était nn
rameau verdoyant planté dans le sol de la générosité; (piand
il vs'est couvert de feuillage, ils l'ont coupé. — Quelle 0()i-
nion as-tu d'Ibrahim, fils de Ribah? — (^est un homme
fpie sa générosité ;i encbaîné et que sa bienfaisance a trahi,
mais ses prières ne le hiduinnl pas, son Dieu ne le Irom
pera pas cl !<• Klialilr, son inailre, ne sera point injuste
150 LES PUAIRIES D'OR.
I[m S\» ^i cO^ JLkJ! dXl^f S^ y^\ i j^ J5lï bt o^)-i
envers lui. — Que dis-tu de Nidjah, fils de Saiamah? —
Que Dieu le récompense ! Gomme il sait poursuivre Tobjet
de sa haine et atteindre sa vengeance! C'est une flamme qui
brille. La familiarité que lui témoigne le Khalife a tari les
bienfaits et déchaîné les vengeances. — Arabe, lui dis -je
alors, où est ta demeure. >> je veux aller te voir. » 11 reprit :
«Que Dieu te pardonne! de demeure, je n'en ai pas, je
m'enveloppe de ma tunique, le jour, et de mon manteaii,
la nuit; partout où le sommeil me surprend, je dors. —
As-tu à te louer de ces troupes? — Je ne m'abaisse pas jus-
qu'à solliciter leur générosité, je ne remercie pas ceux qui
me donnent, je ne blâme point ceux qui me repoussent. N'as-
tu pas entendu le poète de Tayi lorsqu'il disait :
Je ne Tais pas do différence (et rien ne vaut la franchise ) si tu souilles
mon honn(!ur ou si lu verses mou sang.
— «C'est moi qui ai dit cela, ni'écriai-je. — Quoi, tu
serais le |)oéte tayite? — Oui, vraiment. — Qu(> ton père
soil au nombre des élus ! re[)rit-il ; alors tu es aussi raiileiu'
de ce \ers ;
CHAPITUE GXVI. 151
^\< ^jlî pl:::^ ji ^^^-^ ^^-^ii jj.iI î*x^ »»x*j xkxs. ^\^
i^j-ASJ »>Ob ji^^^î i*>^ J! »|>^^ -^À^ C^*^^' y^ p^^:"'
'^A.r*U X«y ^U>-^ Jjo Ji JJi »iii U^^ Aii_>^i (>a*J
Les bienfaits de ta main, (et peu m'importe) ([u'elie soit généreuse ou
avare, ne me consoleraient pas de l'injure que lu fais à mou honneur.
— « Cest moi, répondis-je. — Eh bien, répliqua TArabe,
lu es le plus grand poète de Ion siècle. » Je le ramenai avec
moi chez Ibn Al)i Douad, auquel je racontai cette aventure;
ce ministre le présenta à Watik qui, non content de grati-
fier cet homme de mille dinars, lui ht donner aussi, par
ses secrétaires et ses olliciers, une somme ([ui l'enrichit lui
(ît ses héritiers. » L'ancîcdotc [)récédente provient d'Abou
Tamniam. Si elle est aulh('nli(|ue, et je ne la crois pas
telle, elle l'ait honneur au talent descriplil" de TArahe ; si
elle a été rabri(|uée par Abou Tamrnam et attribuée par lui
a ce nomade, le style n'en est (|ue médioereinenl réussi et
Ton pouvait attendre mieux de son laleul.
AbouTammam mourut à Moeoul, en ir^S de Thégire; il
eut quelques écarts de conduite et un certain déréglenteni
de jnœurs qui ramenèrent à négliger ses devoirs religieux,
plutôt par Idinlinagc (pir |);ir incrédulité. — Abd Allah
152 LES PIUIRIES D'OR.
t^l ^^-^5 !^J_^ l^lxo t5i>^À* j«ljjlî (j«;lAj bij -UjC^jijI til jLtf>
^^ <XJCx>l*9 AÀ^ jj t^^aj'l U ^^ >„*ii| i^iy^ss-^ t::>l»,ÀA3.Jî c:>lïtl
y._C J^Afcs.ji^ iLSL*i>Jî Vluli^iaJl »*X^ X<i^)j fe!^*«.Jî ÀÀJtX^O
(1),. ••
(fils de Saad) , le Secrétaire, et Ibn Abi '1-Azhar ont reçu, du
grammairien Mohammed (fils de Yézid) Moberred, le fait
suivant raconté par Haçan (fils de Ridja). « Abou Tammam
vint me trouver pendant mon séjour en Perse et demeura
longtemps chez moi. Il me revint de différents côtés qu'il
ne faisait pas la prière; je chargeai donc quelqu'un de l'ob-
server et de le surveiller aux heures canoniques, et je
trouvai que cette information était exacte. Comme je cen-
surais sévèrement sa conduite, il me répondit : «Crois-tu
qu'après être accouru de Bagdad jusque chez toi , après
avoir supporté les fatigues de cette longue route, je néglige-
rais quelques génuflexions faciles, si je croyais qu'une ré-
compense est réservée à qui les accomplit et une peine à
qui les néglige?» Je songeai à le tuer, ajoute le narrateur
et je ne renonçai à ce projet que dans la crainte ([u'on ne
rallril)uât à un autre mobile. » Moberred fait à ce propos
les réilcxions suivantes : « C'(>s1 pourtant le inême poëte f|ui
a (lit :
CHAPITRE C\VI. 153
o^a^ "ij-^ i C^ a.' i u*^'^ cK**^' ^*^^ (:^^^ '^j'* '*^^
(J^l] MjJàV) jUi! ^JÙ>*Njj SjU^ «r^^Jj ''U*»*^»- *À& ^^-v?
!^ <!Uà Jlî t^^I Jjlii fi-\f^ (^^ Ail:rj"»^i»-J( 0^-^' (iT?^
De tous les hommes , le plus astreint au payement de sa dette est celui
qui doit à Dieu.
« Quelle différence entre celte parole et le lait cité plus
haut! Abou Tammain a donné naissance à deux partis dia-
métralement opposés : Tun, celui de ses lanatiques, lui
accorde plus rpril ne lui est di'i, lexalte au-dessus de son
mérite, et estime sa poésie supérieure à toute autre. Le
parti opposé dédaigne et repousse ce poëte, lui dénie tout
mérite, critique ce qu'il y a de meilleur chez lui et bafoue
les beaux endroits ])ar où il excelle et se dislingue. »
Abd Allah (fds d'El-Haçan, fils de Saad) a recueilli de
Moberred le récit suivant. Moberred se trouvait dans le
salon du Kadi Abou Ishak Ismàïl (lils (rishak) avec plusieurs
personnages dont il cite les noms, et entre autres llareti,
contre lequel Ali (filsdeDjehm) le Syrien a composé ce
vers :
C'osl toujours jiour aiiiKinccr mir calnslroplir (|ii un vdil ap|>;irailr<
ll.ircii ou une conii'lc ,
15a LES PHAIl\iE8 D'OU.
fj]j L^_/_j (;^*««-=»-5 AAj'lx^ -lljf jii <KAjI ^j\Â ^J\^ &jjt^^
j._x_^ ^j^ iij._s>-î a>X,A£>-j Rxjy.lô fj\xA)^ iiÀAjaJ cylr=»-L..sJ^Avl
vers cfune pièce très-connue. La conversation étant venue à
tomber sur Abou Tammani et ses poésies, Hareti cita une
plainte en vers fort remarquable de ce poëte; mais Moberred
n'osa pas le prier de la redire ou de la lui dicter, par res-
pect pour le Kadi. Il)n Saad (Abd Allah) poursuit ainsi sa
narration : « J'appris à Moberred que je savais ces mêmes
vers par cœur, et les lui récitai ; il les loua fort et me les fit
répéter jusqu'à ce qu'ils fussent gravés dans sa mémoire. Ce
sont les suivants :
Que ma vie soit ta rançon! Abd Allah mon esclave blâme à la Ibis ceux
([ui sont près de lui et ceux qui s'éloignent.
Il est entouré de nobles jeunes gens qui s'acquittent des devoirs de la
sincérité et de i'ainitié;
Je les invoque contre toi, et je suis de ceux, qu'une prolection géné-
reuse sauvegarde de la pauvreté, etc.
« Je demandai à Moberred (ajoute Ibn Saad) quel était le
meilleur poêle d'Abou Tammam ou de Bolitori. — Voici sa
réponse : « Abou Tammam se dislingue par des in\ en lions
giiicieiises cl des pensées délicates; là on il esl e\rell<Mil, il
CHAPITRE ex Vf. • 155
^jaJjLx-j ^î X<-A^i U_5 o«-^ii^ii <— *••*-^■J' •^^■'«^Jj j:>lÀJi oywJi
LjcI_5 J>^r»-ij -ILaj i \^xjss\i RaXa.^]^ âJJ^Jl ^ -isï'j.j^Ji
o«.iaJiAvl^ *ljf j,î »jui aaX^ cjLi (jl t]i <î4jw« JyiJlv|*X;û jl^^Xi
a_jU» iLJ»l-j»JI (j^ w.aJcS_j iC»ol=a. <xa-m»JI (^ ^Sy^i ^ iJ^-^v
l'emporte sur Bohtori et sur tous ceux ([ui l'ont ])récédé
parmi les modernes. Mais la poésie de Bohtori est d'un ton
plus soutenu et plus égal; ce poète comjwsait une karideh
tout entière sans laisser la moindre prise au blâme ni aux sé-
vérités de la critique, tandis qu'AI)ou Tammam, après avoir
trouvé un vers d'une beauté rare, le fait suivre d'un vers
assez faible. Je ne saurais mieux le comparer qu'au pion
geur qui retire du fond de la mer perles et fucus et les étale
sur la même; ligut;. Si Abou Tammam n'était accusé, comnu'
beaucoup d'autres poètes, d'aiiuiM' ses pioduclions en avare,
il faïubail éhniinerde ses jxx'sies, ([uchpic nombreuses ([ue
soient leurs beautés, tout ce ([ui cJKxpu' le goùl, el il reste-
rail le plus grand parmi les poètes ses émules.» (ielle ap-
préciai ion (poursuit Ibn Saad) m'engagera à lire les teuxres
d'Almu Tannuam sous la diiccliou «le Moberred; apiès avoir
suj)j)rimé les passages laiilils et loiil ce (pii clail re[)réhcn-
sible,en ne laissanl (pie le hou, je Irouvai (pie les dislicpu's
réj)utés classi(pies el cih's non seulemeni par les gens lellrés,
mais même pai le peuple, sCicNaiciil ii (•••ni cincpianle; je
156 LES PRAIRIES DOR.
rtfN_A_Wi JLjtiî (jÀJïAj (iLJi (i2-=*^ fV^^-^ o».Iajb».l ^A
ne sache pas un poëte du paganisme ou de l'islam dont on
cite un pareil nombre de vers. Moberred ajoutait que Boh-
tori avait mis le sceau à la grande poésie , et il me récita ces
deux vers qui , disait-il , s'ils étaient insérés dans les œuvres
de Zoheïr, passeraient pour lui appartenir :
La sottise d'un ignorant, si excessive qu'elle soit, n'agit pas contre toi
avec plus d'eflicacité que la prudence du sage,
Lequel, si tu as irrité un bienfaiteur généreux, t'attribue quelque
action blâmable,
Ibn Saad ajoute : « Au nombre des vers de Bohtori cités
dans cet entretien, que Mohanmied ben Yézid (Moberred)
plaçait au-dessus de ceux des poètes ses émules, sont les
suivants à l'adresse des deux fds de Sâèd ben Makhled :
Quand tu vois les indices de la générosité (littéralement les nuages)
des deux fils de Sâèd, des signes analogues tannoncenl celle des deux
filsdeJVIakblcd;
(>omnic ces deux étoiles (de la petite Ourse) que l'œil observe sans dis-
liti;,ni('r si l'une s'élève au-dessus de l'autre.
CHAIMTIU-: CWI. 1^7
(I) , ..
j\ la et (^JJi ovsiûfitj «J^^ 5L^^ J^S-««4 i^^l^ «-^^JJ
Et ceux-ci :
Qui transmettra au Khalife mes remercîmcnls de la pari de celui ([u'il
comble de faveurs et de bienfaits?
Sa générosité m'a rendu généreux, et j'in(li(|ue à mon tour la roule de
la munificence, comme il me l'a indiquée.
Ses mains ont enrichi les miennes, sa bonté m'a déimuillé de mon
avarice, et en me faisant riche, il m'appauvrit;
Car, confiant en- son noble cœur, j'escompte ses bienfaits et j'ai déjà
donné ce qu'il me donne.
Et cet autre passage :
J'aurais préféré, quand tu m'as rencontré, (lu'nn glaive bnllàl sur
ma tète plutôt que des cheveux blancs.
Ainsi' ([uc ces vers :
Humble par ta modestie et grand p.ir Ion meril'' , il le sied de des-
cendre et de monter,
Comme le soleil qui , en s'élevanl , s'éloigne , tandis (pie ses rayons Inmi
tieii\ se rapprochent.
158 LES PRAIRIES D'OR.
L>_j.Aiî.^ uA-A.<w*)3 ^^J ^ ^AJ^J >VxJî_j dijlA^ ^^ Ci^"* <^^^
Et ceux-ci en rhonneur de Fath (lils de Khakan ] qui
avait attaqué et tué un lion :
Tu lèves ton sabre sur lui, el ta résolution ne flccliit pas; ton i)ras
ne tremble pas; la pointe du sabre ne s'émousse point.
Le lion refuse !e combat parce que tu déjoues sa férocité ; il résiste
parce qu'il ne sait comment t'éviter.
Et lorsque ton bras s'unit h ta majesté pour le frapper, rien ne s'offre
plus au\ coups de ton sabre ( r'est-àdirc que le lion est déjà anéanti).
Et celui-ci :
Les caprices de la fortune ont ruiné mon commerce à ce point que j'ai
mis ma jeunesse en gage |)our mes vieux jours.
Cet autre passage adressé à Mountaçir :
l'Jn vérité Ali tient à vous de plus près; et sa main vous parait plus
pure que celle d'Ômar;
A cbacun son mérite; mais, au jour du marché, les chevaux qui ont des
taches blan( hes aux pieds valent moins que ceux dont le front est marqué
de blanc.
cil vprrnK cxvi. 159
Ce vers :
Les chanteuses me reprochent d'oirc vioiix; à qui (levrai-jc (k^ jmiir ilr
ma vieillesse?
Après lequel, rap|H'lant la ruj)lure de la paix dans sa
propre tribu , il coiilinue en ces termes :
Aux jours de conrorflc, ils liominaienl ces désastres et ces périls.
Mais fermer une |)laie (|ue la j^angrènc rou^'C, c'est, pour le médecin,
faire preuve de iié<;liï;ence.
La flèche fpii s'(5<;are atteint pins farilemenl l'arclH r (pu- colle (pii \,i
droit au hut.
Kniin les vers (pie voici :
Ce n'est pas Fath, lils de Khakan, (pu reliise ms hienl'ails, mais les
destins les accordent ou les suppriment ;\ leur gré.
Sa bonté est im nuage bienfaisant qui a passé sur moi sans m'alleindre;
sa munificence est une mer immense qui s'est éloignée de moi.
(lonmie la lune, il éclaire le monde de l'orient à l'occident . mais le
lieu où se pose mon pied vsl noir et lénéhreux.
160 LES PRAIRIES D'OR.
Jyb (jj^ JjiAj U l^_^ >i c^Aii iaS U-Ci (j-*->-=? ^ ''^^^
(I) . •■
Puis-je accuser sa générosité lorsqu'elle, s'étend sur le genre humain?
Et qui ne serait blâmable d'accuser la pluie ?
Voici ce que rapporte Mohammed, fils d'Abou '1-Azhar :
"Malgré sa science distinguée, son esprit cultivé et ses ta-
lents, Ibrahim, fils de Moudebbir avait une opinion défavo-
rable d'Abou Tammam et jurait que ce poëte n'avait pas le
moindre mérite. Je lui demandai un jour ce qu'il pensait de
l'auteur de ces vers :
La vieillesse a tracé ses sillons dans les boucles de ma chevelure et
ouvert par lu à la mort un chemin spacieux jusqu'à mon âme.
Voilà mes hôles qui disparaissent, mes parents qui m'évitent, j'ins-
pire du dégoi'it à mes amis intimes; et l'étoffe (de ma vie) est couverte
de pièces.
La vieillesse peut briller d'un certain éclat extérieur, mais elle est la
nuit et le dépérissement du cœur.
Et pourtant, bon gré, mal gré, nous espérons toujours ; un nez mu-
tilé fait encore partie du visage (proverbe dans le sens de : Il faut se
contenter de ce qu'on a).
El de ceux-ci :
CHAPITRE CXVI. 161
L*-A-Li oJIj cyiji u iilj ^l_^ (.::a-_â3 c:>^I U til^
Si lu cherches à atteindre le but en évitant Amr, il t'abusf jusqu'à ce
que tu n'aies plus d'issue;
Et tu es comme un sabre ([ui rencontre un obstacle, le brise, puis
fléchit et tombe brisé en morceaux.
Que dis-tu de l'auteur de ce vers :
C'est une gloire supérieure à celle des plus grands, mais la véritable
gloire est dans une action généreuse.
Et de celui-ci :
Tandis f[ue les autres recherchent la puissance sans les bienfaits, lu
mets ta gloire à faire le bien.
Et du vers suivant :
Tu répands sur moi les dignités et les richesses. Je ne me suis jamais
présenté ii toi que pour solliciter on pour donner,
Et je deviens à ton gré ou la corde (qui sert à j)niser l'eau), ou le puils
(qui l'absorbe).
Qui esl aussi rauteiif de ces \eis :
VII. I 1
162 LES PRAIRIES D'OR.
ji^j — Ji liJj'i; <i^ *- — * — *; iS^'-^-i «^W dkjUs t^tXAJ
Us redoutent ton attaque, car elle est pour eux comme la mort qui ar-
rive d'un pas rapide et assuré :
Craignant ta vengeance, leur marche est un glissement furtif, leur
appel un signe, leurs paroles un murmure.
Grâce à toi, nos journées sont à l'abri du danger (littér. fourbies
comme la pointe d'un sabre) et nos nuits aussi sûres que l'aurore.
Tes hôtes invitent d'autres hôtes et ceux cpie tu héberges offrent aussi
l'hospitalité.
Et du vers que voici :
Si tu descends dans une plaine qui a su te plaire, nous n'irons pas
camper sur les hauteurs.
« li semblait, ajoute Ibn Abi '1-Azhar, que j'avais attisé la
colère cl'Ibn el-Moudebbir contre Abou Tammam , car il se
répandit en invectives et en malédictions contre ce poëte.
«Puisque vous agissez ainsi, lui dis-je, écoutez le récit que
m'a fait un certain Abou Amr (fds d'El-Haçan) , le rhapsode.
Son père l'avait envoyé chez Abou Abdallah ibn el-Arabi
pour étudier sous sa direction le divan des Hodeïliles. « On
CHAPITRE CXVl. ir)3
S^ *jJi \4A*«Ji ^ -lit j^ *;>^j^ Aj'tKAjU
aMojÇ ^JyjùUxl U *Xxj (j~* aK.-o^ (j-« (_^»«i tM^*- *^**^
aNJst ^ Jvjs^i ^ ^^jLff ii Akg-js? îJtXAX* (^tX^ii <:■)
vint à parler des poënies du mètre redje: , raconte Abou
Amr, et je récitai à Ibn cl-Arabi une de ces pièces composée
par Abou Tamnian», sans toutefois lui en nomn)er Fauteur;
c'est la suivante :
Plus d'un censeur auciuol jp reproche sa crilif|U(' rrcnl , dans sa sottise,
que je suis un ignorant.
L'iiomme n'est jamais mieux trompé que par lui niOiiie. Qui donc sera
un jour entièrement ton frère ?
Je suis revêtu d'une ctofle neuve, laisse-moi l'user Koi par sa
fierté et son rang illustre,
Homme du peuple par sou langage et sa ronduilc. Je lui ai prodigue
mes louanges, comptant sur ses largesses.
Mais il a tranché le fil de l'espérance qui nm ratlnrhnil à lui. après
m'avoir captivé par ses vaines promesses.
Puis il est venu s'excuser de son erreur, le cou lendu vers des éloges
dont il ne peut plus se passer.
Sérieux ou folâtre, il me regarde de l'aii- d'un prisDuniei- caijtifdans les
anneaux de sa chaîne ;
Et (Uiaud je vais lui adresser des reproches, il s'elouue (pi<- sou avarice
excite ma surprise
16^ LES PRAIRIES D'OR.
^i ^ i j^_5 ^3j.iwj ^;5j:i^ JU3 j.l::ë jiJ \^i\ ^^>>^» c;Jo»r=-
jj^^i ^U. ii^:^ Jlï ^Ol ^Uà^ t^ (jv^^iî J.A.*! (^it <^_5; ^Xï^
Objet unique, toi qui te distingues par ta justice, je t'ai donné la ri-
chesse (en te louant), ne la dédaigne pas.
A quoi bon le fourreau sans la iame, et la louange lorqu'elle ne va pas
à celui qui en est digne?
« Ibn el-Arabi ordonna à son fils d'écrire ces vers sur la
couverture d'un de ses livres. — Que ma vie soit la rançon
de la vôtre ! lui-dis-je, ils sont d'Abou Tanimam. — Déchire-
les 1 » dit-il à son fils, et la copie fut mise en morceaux. » Tout
savant qu'était Ibn el-Moudebbir, sa conduite fut réprélien-
sible en cette occasion, car on ne doit jamais dénigrer le
mérite en quelque lieu qu'il se trouve, chez un ennemi ou
chez un ami, et il faut accepter un service aussi bien des
petits que des grands. La tradition a conservé les paroles
suivantes du Prince des Croyants Ali : « La science est la
brebis égarée du vrai croyant ; reprends ta brebis , même
chez les infidèles. » On attribue la sentence cfue voici à Bu-
zurdjmihr, fils de Bakhlckan, l'un dos principaux sages de
la Perse, dont nous avons parlé précédemment en racontant
l'histoire de la dynastie de Sassan, rois de la seconde époque
CHAPITRE CXVI. 165
\.^X^^ L.'xXJi^ IwJUjiJ (iJ*^^»- <J^ ^J-lr^' <J^ t:y*X.ii-i U J.Ai
L-j—J ^bjj (^cJi jU^i^l »4X-tf> JJl« cjU (j^j ^A*Jll JvAa
xAj tXi Iw^jlï (ji iij^jc«5 J.Aà3^ i^j^ ^ (j-« <X |fc^*r>j 0^'^'^î
^^_j-^i Jlï Aj| (j*\.xfc ^jjI ^^ ^^^j, ^j»3 «jUaj^î^j iUij.*» (^
(cl', t. II, p. 206). «J'ai recueilli, disait-il, ce c[u'il y a de
meilleur partout où je Tai trouvé, même chez le chien, le
chat, le porc et le corbeau. — Qu'avez-vous pris au chien ? lui
demanda-ton. — Sa fidélité et la vigilance avec laquelle il
défend son uiailre. — Qu'avez-vous pris au corbeau? — Son
extrême prudence. — Et au porc? — L'empressement avec
lequel il pourvoit à ses besoins. — Et au chai? — Sa voix
caressante et ses cajoleries quand il veut oblenir quelque
chose. »
On ne jx'ul donc crili([uer des vers comun^ ceux-ci, qui
charment le cœur, émeuvent fàme, llallenl l'oreille et en-
flamment l'imagination , des vers dont l'auteur, de l'aveu
de tout homme bien doué, im|)aitial cl inslruil, a allcinl les
limites du beau et le dernier terme tle la perléclion; on
ne peut, dis-je, les critiquer, à moins d'être plein de soi-
même et de faire lorl à son propre savoir et à son goùl.
Ibn Abbas, ainsi que la tradition nous l'enseigne, disait de
la passion : «C'est une divinité fpi'on adore ; " el il appuyait
166 LES PRAIRIES D'OR.
i^jJl cjIxj <XA.tfw^ (j^ (j^UJi ij_5 iv^l^:sl cjIaJS (^**o IjUb
v_5Lj k-jl v_JlÀ,o «Xï_5 AjIj^ <>k}u j.^1s fj*X)j\ j^m Xkà <_*.i?*j)
j,ljjf ji (^j-£ (.-à.^3 U ;^ J^-^aJi JiX;:^!^ aa^^^X^^ ^coj.)»^
i^UrfiiJi j»i£>^=:- Uùj.AAi «Xï (*-t'''^ '^' oLasj^I ^^y^?-
cette sentence svir ce passage du livre de Dieu : « Vois-tu
celui qui a fait un dieu de ses passions? « [Koran, xlv, 22.)
Abou Tammam a produit de belles poésies , des pensées dé-
licates, et il a fait preuve d'une imagination merveilleuse.
Un bon juge en matière de'vers, auquel on demandait son
avis sur cet auteur, disait : « Il semble qu'il ait recueilli
tout ce qu'il y a de poésie dans le monde, et qu'il en ait
choisi la quintessence. » Abou Tammam est fauteur d'un
livre intitulé Hamaçah, que quelques personnes dans le pu-
blic nomment Kitab el-Khahyah. Cet ouvrage, qui est un re-
cueil de poésies de différents auteurs , parut après sa mort.
Abou Bekr Souli a consacré un livre spécial à l'histoire d'Abou
Tammam, à ses poésies, à ses connaissances diverses et à
ses croyances, et il recherche dans les œuvres du poëte les
preuves de fexactitude du portrait qu'il a tracé de lui; c'est
ainsi qu'il cite ce vers, où il est dit au sujet du vin :
(^uc de mal on poiiriail en diro, si les lioninirs ne Ir iioniniaieiit
rosseuco (le loulc chose!
CHAPITRE CXVl. 167
\,_7^_A_jt_rtw ^ g Fifi •-'.■; (jVii <-^>!*^ «î^-^-» (j — ^^-Isi ^-i-UJoi Si)
U.A^i c-^J! JvXx. UaJiJ '. Il jLJa_Jl pllt L_.i
lowià loJJl j^«X-<> Ai t-ys^aj Lii^— j i) L'L*^ di.À^ b«X_iLj
La mort cVAbou Tammain fut pleurée par les poètes et
par tous ses confrères en littérature; citons ce passage d'El-
Haçan (fils de Wehb) le Secrétaire, poêle élégant qui a
réussi aussi bien en prose qu'en vers :
Les nuages qui arrosent ce précieux tombeau à Moroul gémissent dou-
loureusement;
Quand ils passent au-dessus de ( eUe tombe, ils répandent à larges
ondées leur pluie bienfaisante.
L'éclair en soufflette les parois et la foudre les déchire (en signe de
deuil);
Car la terre de ce monument recouvre un llahih (ami, nom d'/Ujoii
Tammam) ([ui me donnait le nom d'ami;
Homme de cœur, poêle, esprit pénétrant et cultive, jugement solide,
lumineux et fin ;
Dès qu'on le voyait, sa grâce cl s.i lionlc laissaient une im|iri's.si()n
lieureusc.
Abou Tammam li' Tayito, la mort nous a plonges dans une slu|ieur
profonde ,
Car nous avons perdu en loi nu iiiailrr (|nc nonv nr saurions icnqila-
ccr dans le monde entier.
168 LES PRAIRIES D'OR.
L-A-jjJlji <^.«i**ÀJi^ i!^j| j-^^-t^nô IjLaJÎ (^»XjÎ UJ; ^■^] Ok-À-S»
^y* V*"^ -^W:?- (j^«-«^ ,jl-M*si- jU^I 0-w*^j
^^j_^^Ji :>^03 il^yî dUXc yj-^ ia^-À-J JUAju osjI
(j^tSJi ;^L*_j_5 jL»*xJî ^lo oj-SjJl J-A-la-> -j-> J^ jjl
Tu étais pour nous comme un frère qui nous témoignait une amitié
sincère, une tendresse de parent.
Depuis que tu n'es plus, les nuits de tes amis présents ou éloignés sont
pleines d'amertume.
La fortune se présente à nous sous son aspect le plus laid; elle nous
montre un visage chagrin , sombre et ridé.
Il est juste que tu sois mort doucement (en odeur de sainteté) , comme
il est juste que la vie pour nous n'ait plus de douceur.
Les poésies crEl-Haçan se distinguent par leur élégance
et parleur inspiration élevée; en voici un autre fragment :
Dans l'excès de ta douleur, tes paupières ne veulent plus goûter le
repos , ni les douceurs du sommeil.
Tes yeux n'ont plus droit au sommeil , depuis que ton cœur est ravi
et retenu comme otage.
Tes flancs recèlent un mal mystérieux, une douleur qui, je le jure ,
est invisible et cachée.
Mais dois-tu chaque jour prolonger ta visite à ces doucir que tu salues
tout bas, à ces traces de campement qui font couler tes larmes?
Interrogeant cette demeure sin* ceux qui riialiilaient et pleurant ceux
qui sont partis?
CHAPITRE CXVI. 169
cj-^ ^ u^j '"'^^-^-^ ^^^ ^jL*iI ^,_^£ i <^ jsi <^>^^
(^ji^ iC-^-u, i JJij JJiÀil J-^'^ ci^jJsiL t_>l-£i=î iiAÀ^ (jw«
»X^Î (^jiî^jJl «K>ii (JV^^^ C:J>J^^^ t5*^-=*-^ <*>'*^ kj_^ C:J^^*>»^J
On dirait que tu n'as jamais vu, durant les jours qui ne sont plus , un
amant victime de sa passion.
Tu as été trompé par les temps heureux où la jeunesse se parait de
branches verdoyantes;
Puis elle s'est éloignée de toi comme une ombre, elle a fui comme si
elle n'avait jamais existé.
La vieillesse, en lui succédant, a jeté sur la tôle un voile dont la blan-
cheur égale celle du coton.
Tu blesses le regard des belles jeunes filles qui le trompent sans res-
pect pour ta fidélité;
Klles s'éloignent de loi quand lu les appelles, de loi qui les charmais
autrefois.
Mais tu n'as pas d'cxeuse, car tu es un honune iulrlliijent cl tu sais
ce qui peut le sauver.
Sous le règne de Walik, en 2.'5o de ri»c\ii[ire, niouiul Ali
(fils deDjàd), maiw/a des Benou Makl)zouiii, \\\n des prin-
cipaux Iraditionnisles et rajjporleurs de hadis. — En i23i,
Walik fil mourir VInncd (fds de Nasr) khozàyr, lors de
répreuve j)ublique sur la ii.ilurc du Koraii.
170 LES PRAIRIES !)'0R.
\-À-Mi j.kxa} l^lj -^Aj y^_5 ^C«<XÀJt r'^j-J ^p-» eJ-J^^^-J' (j«>-^'^
A_iUxll éjy^f^S 'i^\Ji ^ AA* ii^y-A^Î^ -l*k>î »5.-|.AïJî »4>^
c:>l_A_J Je (jii*Aà J.AÀJ| (jw« ^j_jjlAi^ U U^ ,3.ji_5.JI /o.-gJ jUi
Il y avait à la cour de ce Khalife et parmi ses courtisans
un jeune homme qui se tenait debout à cause de sa jeunesse,
n'étant pas encore autorisé à s'asseoir dans les rangs dés
personnes plus âgées; mais comme il était spirituel, on lui
permettait de prendre part à la conversation avec les autres
convives, et de citer tout ce' qu'il savait, tout ce que sa mé-
moire lui fournissait de proverbes célèbres, de vers rares,
de nouvelles instructives et de réparties improvisées. Watik ,
dont l'appétit et la gourmandise sont choses connues et no-
toires, demandait un jour à ses convives quelles friandises
ils préféraient pour s'exciter à boire. L'un d'entre eux cita
la canne à sucre; l'autre, la grenade; un troisième, la
pomme; un autre, la canne à sucre arrosée d'eau de rose;
un autre, rejetant tout cela au nom de la science, préférait
du sel ébouillanté; celui-là choisissait la saumure afin d'avoir
le gosier sec, comme le font les buveurs de nébid, et pour
mie'ux suj)|)orter la force du vin et l'amertume des excitants
à la boisson. — " Vous n'y êtes pas, répondit le Khalife; et
loi, joiinc liommc, rpu'l est ton avis? — Je préfère, le bis-
CHAPITRE CXVI 171
9- f—i^ (^^y^^ i>i_^ >iJj«Xj ,^l^ kX<w*w« ^lÂX*i.i». Je <5\^ l>
^^''^' cS**^-* U"^ t^ (:J"^ *^-î^ rÀ*^' iJ^ (j' Jyir>5 <i^Av^A> J^l
(il i-«»x3 Ail JUj_5 <_>bdii iJs_tf> ^j^ A.AnXxLî iC3;i^^âte jt »ljc«*Xâ
xJCwtfi^^ Aj^\ Aaa)-w ^U-wiii aX^I^ îjllaAJÎ liKjXJi i<\js=-U^
(jv3'!5\j iiÀAw tj^ t-vLi^Ji ,.iû*xii («^is-j c:>lj^l (J^>^' Is»^ (jli
cuf/ moçcyyar (nom d'une pâtisserie à la mode) , « répliqua
celui-ci. Celle réponse s'accordail pariailement avec le sen-
timent du prince et touchait juste sa préférence secrète :
«C'est bien, c'est parfait , s'écria-t-il, que Dieu t'accorde ses
bénédictions!" Et le jeune homme fut autorisé, pour la
première lois , à s'asseoir parmi les courtisans.
On croit quWbou Djàfar Mohammed (lils d'Ali, fils de
Mouça , surnommé Rida, que Dieu les agrée! ) mourut sous le
règne de Watik; nous avons dit, dans le chapitre consacré
à Moulaçem, quel était son âge quand il mourut (voir ci-
dessus, p. ii5). On cite ce fragment d'une lettre adressée
par lui à Watik : «Prince des Cioyanls, l'homme, même
le plus favorisé de la destinée, ne peut ohleuir quchjue
jouissance qu'entre deux alllictions. Quicoiupic ai)aiidonne
un à-comple immédiat pour atlendrc des échéances loin-
taines se voil enlever par la lorlune l'occasion favorable,
car la loi du destin esl le malheui-, et la règle de la foi
lune, le vol. "
Kl) Tannée ylh) de riic'^iic, sons je kiiiiiifil de \\,ilik.
172 LES PRAIRIES D'OR.
^^àla-^Aii A^stfjjt^ \mj.ks.^ f^L^^"' iJ^^j j"*^^ (j-* *^^*?ls
Abou 1-Abbas Abd Allah (fils de Taher, fils d'El-Huçeïo)
mourut pendant le mois de rébî premier. Voici un passage
d'une pièce de vers relative à ce personnage lorsqu'il gou-
vernait l'Egypte :
On dit que l'Egypte est bien loin : non elle n'est pas éloignée, si le fils
de Taher y réside.
Plus loin de nous que l'Egypte sont ceux dont la personne est ici et
dont la bonté est toujours absente.
Cœurs morts à la bienveillance , celui qui les visite dans sa détresse
pourrait aussi bien visiter les hôtes du tombeau.
Autant Watik aimait la libre recherche et honorait ceux
qui s'y adonnaient, autant il haïssait la routine et ses par-
tisans; il suivait d'un œil curieux le développement de la
science et les doctrines tant des philosophes que des doc-
teurs orthodoxes, parmi les anciens et les modernes. Un
jour que plusieurs philosophes et médecins étaient réunis à
sa cour et discutaient en sa présence sur différentes questions
physiques cl inélapbvsiques, le Khalife leur parla en ces
CHAPITKE CXVl. 173
^]y-^\ -S-s^lo^ fclIwiJi iLijJLA Jîjil RaSjS ^\ jl k..:^*Ac»-i
^£ -I JJixJ! J^^I^L JjJo pi ii^-Jij o-^^^ p^ LT^^ ^^^
^jy^^l jJÇ*î L ^>.^ J^li JlJii l^-i-iji j*^X:S^Î lioÛ .ij-.À=i-
termes : « Je voudrais savoir comment on acquiert la connais-
sance de la médecine et des principes d'où cette science est
tirée? Est-ce le témoignage des sens? Ou bien l'analogie et
la coutume? Est-elle perçue a priori par rintellig(>nce, ou,
au contraire, celte science et sa méthode reposent-elles sur
l'enseignement oral, ainsi cpie le prétendent pinsieurs doc-
teurs orthodoxes? » Ibn Bakhtiechou, Ibn Masaweïh et Mi-
khaïl (son fds) se trouvaient à cette réunion; on cite aussi
parmi les assistants lloneïn, fds d'ishak, et Salamawedi.
L'un d'eux répondit ainsi au Khalife : « Prince des Croyants,
plusieurs médecins, surtout parmi les anciens, ont pré-
tendu (jue la seule route qui conduit à la connaissance de
la médecine est l'expérience; la médecine est délinie par
eux une science due à l'observation réitérée des sens sur un
objet sensible et unique, étudié dans ses dilVén'nles ma-
nières d'être. Grâce à cet examen , l:i dernière de ses ma-
nières d'être se révèle comme la première aux sens qui
l'observent, et celui (fui retient la série de ces ol)S(!rvalions
174 LES PRAIRIES D'OR.
c:>;l-^3_d ioj.i^]i ^«w.JiÀj' l^^!^ (-»-jg°j o»-^ lgj_j ci>U»Xx«j
^_A_i (jw« j-*-J wyJi^ t5^L)^ f5w-JJ_5 \)]i-^ 3' iixiiL« â<XiûUt.il
(^j^. (ji _^-*3 yL*^jii! »l^j -Ujs JJX kiUi>_5 ioiioUJi j*»,ÀÀi!
est dit expérimenté (ou empirique). Cette école ramène
l'expérience à quatre principes qui en forment les prémisses
et rinlroduction, qui lui donnent le caractère d'étude scien-
tifique, la partagent en différentes sections et en sont comme
les parties intégrantes. Le premier de ces principes est ap-
pelé naturel, parce qu'il embrasse les phénomènes naturels
qui se produisent dans l'état de santé ou de maladie, comme
le saignement de nez, la transpiration, la diarrhée, lé vo-
missement et les conséquences bonnes ou mauvaises qu'ils
révèlent à l'observateur. Le second principe est dit acciden-
te], parce qu'il consiste dans l'étude des accidents fortuits
qui se présentent dans tout être créé; par exemple, l'hé-
moriagie plus ou moins abondante qui se détermine chez
l'homme à la suite d'une blessure ou d'une chute, l'eau
froide ou toute autre boisson absorbée par un sujet sain ou
malade, et les résultats salutaires ou nuisibles qui se mani-
festent ensuite. Le troisième principe est nommé rationnel,
parce qu'il dérive de ïàme raisonnante ; par exemple le mé-
decin rêve qu'il soigne une maladie déjà observée et qui se
CHAPITRE CXVl. 175
^j^ 3i\Aij\^ dXJij *-r-.*-*o (jç^ ti' C'^;^ tr* «>^-=*-î^l -«^t^»>Jt
déduit de symptômes partaitemenl connus, et qu'il guérit
cette maladie; ensuite le médecin évoque ce souvenir, le
médite, le retourne dans son esprit, et soumet à la réflexion
l'opération spontanée de son intelligence. Il expérimente
alois le traitement tel qu'il l'a vu en songe : ou le résultat
est conforme à sa vision, ou il y est contraire, et, dans ce
second cas, il renouvelle le traitement jusqu'à entière réus-
site. En dernier lieu, le principe dil de Iranslation, lequel
est de trois espèces, à savoir : l'applicalion d'un seul et
même Irailement d'une maladie à une ;nilrc maladie ana-
logue, par exemple de l'anthrax peslilenlici à la lumeur
i)énigne \unnmci' nemleli ( formicatif)) ; ou hien la Iranslalion
du traitement d'un memhic à un autre nicmhic similaire,
comme du bras à la cuisse; ou bien <>iilin le passage d'un
remède à m\ autre n-nu-de analogue, connue cebn" du sirop
de coing au siioj) de néllier sauvage (ou a/erole) dans le
relâchement des voies intestinales. Or tout cela, d'après les
médecins |)recilés, est fondé sur re\|)ei ience. — Mais il v
176 LES PRAIRIES D'OR.
j..^\ (.jA-J_j-AJ ^ ^^=«" ^^ (J??À^^i^A^5 y (*"(f*'* t^/^^ AÀjlia
J<>OUo yîj UjJ^ ioU i) y\S' iî l^ iùwlil y^UI J^Asiiî
*LAiî^iiî sujL/bJ^ iCj^ji^j yLi-ui^i^ ciyiil*!!^ uylïjiitj y^3^'
P^^vïJîj ^^.i»- *(^ J^ (^ Aj J 4XJU»o ^iûUi *té>*».J 5 js.^ O'^HV^J^
a, Sire , une autre Ecole qui soutient que, pour faire de la
médecine une science pratique et facile, il faut ramener les
faits pathologiques et les organes oii ils prennent naissance
aux principes qui les comprennent et les réunissent tous,
puisque leurs différentes manifestations n'ont pas de limites.
Cette Ecole déduit le mode de traitement de la nature elle-
même et de la maladie prise sur le fait et dans son état
actuel , sans tenir compte ni des causes génératrices qui
n'existent plus, ni des considérations de temps, de mœurs et
d'âge ; enfin sans étudier la nature et les limites de chaque
organe , sans observer ni recueillir l'ensemble des faits que
présente chaque maladie constatée ou non. Ils appuient
leur système sur le raisonnement suivant : C'est un axiome
évident et incontestable que deux principes contraires ne
peuvent coexister et qu'ils s'excluent mutuellement. «N'en
est-il pas de cela, disent-ils , comme, d'une chose extérieure
d'où l'on peut déduire l'existence d'une autre chose in-
terne et cachée? Or la chose extérieure, quoif|ue supposant
CHAPITRE CXVl. 177
j > 4 4,^kJi v^^^^ u.^*/*^ p>> (^^ ^r^j ^"(j^UU^
iùyû^i »Sjjtj)^ L>^'^ iC^sN.il i ;jÎJv^5 iKij.x^ ^if^Jf W^'^
^JU^•5(l3 iù^i)!^ iUxloil^j c:,liUJS3 ^U^ij Jl5^t_5l43^iwt^
OuLxJ? (ji>iS^ (j^ *X^l*i.J! i ow*j l_j.Jl«j) ;jojJl! (^_j.i i^iyji^j
l'existence (d'une chose cachée), contredit cependant les
déductions qu'on en tire et, par conséquent, infirme la certi-
tude de la conclusion. » Telle est, Prince des Croyants, l'opi-
nion de plusieurs habiles médecins dans l'ancienne école
grecque, tels que jNamounius, Sasalius (ThessalusdeTralles?)
et d'autres médecins connus sous le nom de méthodiques. «
Watik demanda ensuite à tous les docteurs réunis quel
était le système qui avait prévalu dans la majorité. Ils ré-
pondirent: « C'est l'analogie (ou méthode comparative), » el ,
à la demande du Prince, ils ajoutèrent d'un commun ac-
cord les explications suivantes : «D'après l'opinion de cette
école, la méthode et la règle des études médicales ont pour
point de départ certaines connaissances qui en forment les
préliminaires, par exemple, la notion de l'idiosyncrasie des
corps, celle des membres et de leurs fonctions, celle des
corps dans l'état de santé et de maladie; la connaissance des
variations climatériqnes; celle des faits et gestes et de la pro-
fession du malade, ses babiludes, son alimentation, sa bois-
178 LES PRAIRIES D'OR.
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iLAjl*i*jiÀJi (jbt^^ij ^.amUx^Î^ Js.^^ y-. ^^-^ ^ ^î^jÀÀUvî^
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son et son âge ; enfin la connaissance des forces de la maladie.
«Il est établi par l'observation, disent ces médecins, que les
différences de forme et de tempérament qui existent chez
ranimai se présentent également dans ses organes. Les
corps des animaux varient entre eux en raison de l'atmos-
phère ambiante, du mouvement ou du repos, des aliments
et des boissons qu'ils absorbent, du sommeil ou de l'état
de veille, des matières qu'ils expulsent ou qu'ils retiennent,
enfin en raison des accidents moraux , comme le chagrin ,
la crainte, la colère et l'inquiétude. La médecine , en gou-
vernant les corps , a pour but de leur conserver la santé
dont ils jouissent ou de la rendre à ceux qui l'ont perdue ;
or la conservation de la santé suppose la connaissance des
causes qui peuvent concourir à ce résultat. C'est donc un
devoir pour le médecin qui entreprend une cure non -seule-
ment déposséder ces premières connaissances positives, mais,
en outre , d'examiner la nature des maladies et celle des corps ,
l'alimentation , les habitudes, les circonstances de temps, en
un mol , l'ensemble des causes qui doivent le guider. » Ces
CHAPITRE ex VI. 179
U ^^ -o-4J>LjLjI t^ iL>ji>^lj iL>«X-ft^î tj-*^^jÇO i ivÀ^LkJi
gîj,yi^ U^^l c^K'îii ^1>>^l* J^.Xa^^I iiAJuS'i ^^>Jî
(-jlil^-iJl ^î ^i (*"1''^ t^/=^' -xAjUs» c^^j ^-^ J^ tj***^^'^
doctrines. Prince des Croyants, sont celles d'Hippocrate, de
Galien et de beaucoup de médecins anciens et modernes.
Ces médecins ne s'accordent pas, il est vrai, sur un grand
nombre d'aliments et de remèdes, tout en étant d'accord
sur les principes que nous venons d'établir. Ces divergences
d'opinion résultent de leurs procédés différents de déduc-
tion. Ainsi les uns croient qu'on arrive à connaître la nature
des remèdes et des aliments en se guidant d'après leur sa-
veur, leur odeur, leur couleur, leurs vertus , l'action et
l'influence qu'ils exercent sur le corps; ils soutiennent donc
que la seule méthode de déduction qui méiite confiance
consiste dans l'analyse des substances, puisque les couleurs,
les saveurs et le reste sont soumis aux quatre éléments, selon
qu'ils exercent sur elles une impression de chaleur, de froid,
de sécheresse, etc. Un autre système, au contraire, prétend
que le témoignage le plus sûr, le jugement le |)lus solide
que l'on puisse établir sur la nature des remèdes ou des ali-
ments, consisti; tlans la connaissance de Icui- action sur le
180 LES PRAIRIES D'OR.
y\>_x_À_ji (jl_À-A«i)l^ yLÀ.A«iil if^^ ^\ (jLmo^I (j^ *^î«XxJi
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dUij ^Syi^S (^JvxjbjjJl (j^ -«^tALi/î l.<r,A.«u«.J CJÎ^is^î »i<X:S:
Kl *=
corps, abstraction faite de leur saveur, de leur odeur, etc.;
et qu'en dehors de cette observation des influences et eflets,
il ne peut y avoir ni solution ni jugement infaillibles sur la
nature d'un remède soit simple, soit composé.»
Watik s'adressant alors à Honeïn, parmi tous les docteurs
réunis, lui demanda quel était le premier instrument de la
nutrition chez l'homme ; Honeïn répondit en ces termes :
« Le premier instrument de la nutrition est la bouche, et les
dents qu'elle renferme. Celles-ci sont au nombre de trente-
deux : seize dans la mâchoire supérieure et seize dans la
mâchoire inférieure. Dans chaque mâchoire se trouvent
quatre dents larges et pointues que les médecins grecs ont
nommées incisives, parce qu'elles servent à couper les ali-
ments mous comme ils pourraient être coupés par le cou-
teau : c'est ce que nous nommons tenaja wa rohayal (doubles
et quadruples). A côté de celles-ci, dans chacune des deux
mâchoires , se placent deux dents aiguës à leur extrémité et
CHAPITRE CXVI. 181
Ak_3 ^^iJI ^^! i l«^« yl^U ;J*-i^-à"5(I Ulj *Xi^!j J^l >i
Jvjs-Î^ JCÎ ^\^ Ug xi\i (jvxAâiiii yvwjjali 5A.iw J^Asi iijXS
J^L-L» JoL»»(^l ^^i i ^_|*!^^iJI yl^ Uj iOtj;i J_yoî l^yÀx)
J^ ^jl^ IjCj *jli (jvjuoSiiî (jv.*vj«iàJi 5Xà. (j^X»«ciÎ IgiÀ^ «X»-!^
^_J*<l^>yî J_^l y,JL5"<Ji ^v-^^5 Uï^ *J^' J,?^5 \.<y^ «Xi>.l^
larges à leur base : ce sont les canines [cnial], qui servent
à couper les aliments durs. A côté des deux canines se
trouvent, dans chaque mâchoire, cinq autres dents larges
et massives : ce sont les adras, que les Grecs ont nommées
molaires, parce qu'elles servent k moudre les aliments. Tan-
dis que les incisives et les canines n'ont qu'une seule racine,
les molaires de la mâchoire supérieure ont trois racines, à
l'exception des deux molaires du fond, qui en ont ordinaire-
ment quatre; quant aux molaires de la mâchoire inférieure,
elles ont chacune deux racines, mais les deux molaires du
fond en ont ordinairement trois. Le nombre plus grand
des racines appartenant aux molaires est nécessité par le
travail plus pénible que font ces dents, et les molaires supé-
rieures sont pourvues de plus de racines |)air(î qu'elles sont
comme suspendues à la \()ûle du |)alais. »
Watik félicita ce mé'decin de la description (pi'il venait
182 LES PRAIRIES D'OR.
cyiiîj J<_<-«m pijJsJl^ .«=^)«X*Jî (j%j ^3^i ^Aij5*Xj c:*^lx/9
iU^Ji caliJjl j^^ iû-*^ cjUawI (J-À.S»- Jis ^ÎM(-^ *^-**i5 <_>l*Aw^l
J^U.Jt JiijUJij yl^Uij ^Lj^lj V^>^ 4^^i ^^^
de lui donner de l'appareil dentaire; après quoi il l'invila à
composer pour son propre usage un traité dans lequel il
réunirait les notions médicales les plus nécessaires; c'est à
cette occasion que Honeïn rédigea pour le Khalife un ou-
vrage en trois parties contenant divers renseignements sur les
aliments , sur les purgatifs et sur les organes du corps hu-
main. D'autres rapportent que Watik fit à Honeïn différentes
questions dans cette conférence et dans d'autres réunions
semblables, et que ce savant, après y avoir répondu , réunit
toutes ses explications dans un traité qu'il intitula Livre des
questions naturelles, ouvrage où il touche à différentes sciences.
Au nombre des questions adressées par Watik à ce docteur
(d'après une autre version, un courtisan était chargé d'in-
terroger Honeïn en présence du Khalife, lequel écoutait
avec admiration les questions et les réponses) se trouvait
celle-ci : «Combien y a-t-il de causes qui déterminent les
changements atmosphériques? — Il y en a cincj, répondit
lloiicïn, à savoir les saisons, le lever et le coucher des
CHAPITRE ex VI. 183
^^^ Alo.gi c-ol^ U^ iuoliw^ ajy^ ùsjij\ -«^îj-^i (j\^ (j^-^wJi
^^ (^jv-À-j*. Jlï ^l^^l il«x-ftl xaJuS^ (J.S. j^Aifc.U J.jl-wJI Jb
iiw*»jlj S:>jUj JUwJi ï^ Ulsji^<xJlj LjmaJi^j c->y»4i.j <3l<\iJl
étoiles, les vents, les (conditions respectives des) pays et
les amas d'eau. — Combien y a-t-il de saisons? continua le
questionneur. — Quatre : le printemps, Tété, l'automne et
l'hiver. La température du printemps est un mélange bien
équilibré de chaleur et d'humidité; l'été est chaud et sec;
l'automne, IVoid et sec ; l'hiver, froid et humide. — Comment
les étoiles peuvent-elles exercer une influence sur les varia-
lions atmosphériques?» Iloneïn répondit : «Lorsque le so-
leil se rapproche des étoiles ou celles-ci du soh'il, le temps
devient plus chaud et la chaleur est d'autant plus intense
([ue l'étoile est plus grande; au contraire, lorscpie le soleil
s'éloigne d'elles ou (ju'elles s'éloignent de cet astre, la tempé-
rature devient plus froide. — Combien compte-ton de vents?
— Le vent du nord , le vent du sud, le veiil d'est el le vent
d'ouest. L'action du vent du nord est froide et sèclie; celle du
vent du sud est chaude et humide; celle des vents d'est et
d'ouest tempérée , avec celte difTérence que le vent d'est tend
plutôt à la chaleur et à la sécheresse, le vent d'ouest au
184 LES PRAIRIES D'OR.
ikx3j\ 5Î_jj^i!j (j^^' ^y ^i^ ^h-^^i S^'^^s *^^4^ *;^^
/y_a^i t-J^-À-ii X-A-Ja-l-ÀJ c_>^x5i^ /j^^JÎ_5 JW\iJi_j Vj"^ • (^
\-g„sljLjjl (j^ L^AsUi^Jj l4^Uj^î <_.v-»*».^ yitX^A.]) o^-sx-i^
-■Ij^Ji /j_£ SjJCaw^ Aji) !ij.j *^^î «xX*Jl dUi Jotrs» V^"* •
froid et à l'humidité. — Comment classe-t-on les pays? —
En quatre groupes, en raison : i° des quatre points cardi-
naux; 2° de l'altitude ou de la dépression ; 3° du voisinage
des mers ou des montagnes; lx° de la nature du sol. Les
quatre points cardinaux sont le Sud, le Nord, l'Orient et le
Couchant. La chaleur domine dans le Sud et le froid dans
le Nortl; le climat de FOrient et du Couchant est modéré.
Les pays diffèrent entre eux par l'altitude ou la dépression,
ce qui veut dire que, s'ils sont plus élevés, ils sont plus
froids, et plus chauds, s'ils sont plus déprimés. Quant à la
différence étahlie par le voisinage des montagnes, en voici
la loi : Tout pays dominé au sud par une montagne est
plus froid, parce qu'il est séparé du vent du sud et exposé
seulement au vent du nord; si, au contraire, la montagne
est située au nord, la température de ce pays est plus élevée. »
Le questionneur poursuivit ainsi : « Je voudrais savoir quelles
CHAPITRE CXVI. 185
iixAAlo (_,*-**^^ (_>ji^i».l oi-AJ yl*^AM y£ j»»*i^lj JoL*it
kXXjJ! viUi c:^*s=- ' X)y^^ '^t'^' t-:*jfe' (jS Jb ^r•*i^5 *^
Jb c-*J3ji_5 i^i <îuAxs- I^àaIs owI^ y\^ (:J''^'j uÂ-iwI tXAxll
*j-^-=*- vj^^Lv j*j.AJi (iUi jl^ij ^^^!^ (C^aXc ftaJij (^J'i^jJi
sont les différences que le voisinage de la mer établit entre les
pays. — Si la mer baigne une contrée au sud, répqndit le
savant, la température est chaude et humide; si la mer est
au nord, le climat est plutôt froid. — Quelles sont les diffé-
rences qui proviennent de la nature du sol.^ — Si le sol est
rocheux, Tair est froid et léger; si le sol est pierreux, fair
est léger et chaud ; si le sol est argileux, le froid et l'humidité
dominent. — Quelle est l'influence des amas d'eau sur l'at-
mosphère.' — Le voisinage des eaux stagnantes, des corps
ou des végétaux en décomposition , et de tout ce qui est
susceptible de se putréfier, corrompt l'atmosphère environ-
nante. » Gel échange de questions et de réponses se poursui-
vit ainsi longtemps, jusqu'à ce que le Khalife, dont l'atten-
tion se lassait, y mît un terme. 11 fil un présent à tous les
savants qui s'étaient trouvés à cette conférence, après quoi
il invita chacun d'eux à citer de souvenir quelques sentences
sur le renoncement à ce monde où loul passe et s'anéautil,
I8G LES PRAIRIES D'OR.
yl JULJ *X_à_^Jî *LV=»- (jii*^i AJi J^jÇS «Xij j^U>-_^i
el ils racontèrent l'un après Tautre tout ce qu'ils savaient
de faits de ce genre tirés de 1^ vie des anciens philosophes
et des sages de la Grèce, comme Socrate et Diogène. Watik
leur dit ensuite : « Vous avez développé ce sujet et vous
l'avez orné du charme de votre éloquence, je désire main-
tenant que l'un d'entre vous me cite la plus belle sentence
qui fut prononcée par les sages qui entouraient le cercueil
d'or massif où Alexandre venait d'être déposé (cf. t. II,
p. 261). »Un des docteurs répondit ainsi au Khalife: « Toutes
leurs paroles sont dignes d'admiration, mais la plus belle
sentence prononcée parmi les sages convoqués à cette céré-
monie fut celle de Diogène, sentence que d'autres attri-
buent à un sage de l'Inde ; la voici : « Alexandre était hier
moins silencieux qu'aujourd'hui; mais aujourd'hui il nous
instruit mieux qu'hier. » — Abou 'l-Atahyah a fait passer
ra|>horismo de ce philosophe dans les vers suivants ;
CHAPITRE ex VI. 187
lX-->. JOLx) Iaff_ji j.^J! c^i^ c:)Lla_£ <j ^W=* i c;^\(j
Jyb _j.i>_j 5;^3 y^ pli ^'
»J^ii-ft t5«xJi XnmwU: j iu;r».l4i (:r* t^y^ u^ ^-? cl'!*Xj»-^i
La vue de ta tombe eu ce lieu suffit pour m'accabler de douleur lorsque
je secoue mes mains pleines de la terre de ta fosse.
Vivant tu me jjrodiguais de sages conseils, mais lu m'instruis mieux
encore aujourd'hui que pendant ta vie.
Walik répandit des larmes abondantes et sanglota avec
force, et tous les assistants mêlèrent leurs larmes aux siennes.
Puis il se leva brusquement cl dit :
Dans les vicissitudes capricieuses de la destinée il y a des chutes et des
effondrements.
L'homme était au faite de sa fortune, et le voilii (pii tombe et demeure
immobile au fond de l'abîme.
Les jouissances humaines sont éphémères, la vie de l'homnic n'esl
qu'un vêlement d'emprunt.
Le récit intéressant des événements qui se produisirent
sous le règne de Walik, l'exposé des discussions auxquelles
se livrèrent les jiirisconsullcs et les théologiens qu'il réunis-
sait en ronlereiire puin- disserter sur les |)rin(ipes et les co-
rollaires d<'s sciences (jui sont du domaine de la raison et de
188 LES PRAIRIES D'OR.
Lj\j j, Liûilj._>l 4-^=5-3^ <;^J»JL (j*.W*^^ (S^ U^ si\ÀXÂ ^5Xh=>..<
*X_^Î j„s;v^Jî |»^j (j«UJlj Jlaa» (^j'j^i J>J^'_j jJi\Ài\ iCiliX-i».
JUi ^3jI_j.^ AAAkifc i U.X3 ÏLAàJiJl ^^lï ij^j il/i jt yjî
^Ajiliî /».£ dJis 4^^ls t_>W' iJvJÛ ti SjlAii.l (jw«
la tradition , tous ces détails sont l'apportés dans nos ouvrages
d'une date plus ancienne. Plus loin, dans le chapitre con-
sacré au khalifat de Kalier-Billali (fds de Moutaded-Billah),
nous rapporterons encore quelques traits du caractère des
souverains abbassides, pour éclaircir un fait que nous au-
rons à mentionner dans riiistoire de ce Khalife.
Watik étant tombé malade, ce fut Ahmed (fils d'Abou
Douad), le chef des kadis, qui récita la prière publique, le
jour de la fête des Sacrifices (lo" jour de don '1-hiddjeh);
ce magistrat mêla à son oraison [khoutbah) des vœux pour
le prince et prononça ces paroles : « O mon Dieu, sauvez-le
de répreuve que vous lui avez infligée ! » Quant à la date de
la mort de Watik, nous en avons parlé au début de ce cha-
pitre, il est donc inutile d'y revenir (voir ci-dessus, p. i/|5).
CHAPITRE CXVII. 189
«Olil «>«-«j w^i-c 5!-^L4«J| c-jLoI
À ciUi^ 4X!i ^> J^ydî ilj:> ji ^^i ^ jUJi p^i i yl<
^L» (^L_\_jj (^jvJCjL»^ ^^jO'^'jj (^A^j) iXA.*w <si^ ^^i (j^ (;Jîr*^
c.L:âi L_^ J^-Ji-J *-*-^^V^ '^3 f*^ ^"^^^ "^^ J->*^^ j~â"«*î
(j^jijjlj ^«^^ ^^À"*»» Jl^^-w (j^ U.^^^ ci>5\jj i^Lxj^^i *K^ uK**_j
CHAPITRE CXVII.
KHAMFAT DE MOTEWKKKir, - Ar.ALI.AH.
Djàfar (fils de Mohammed, fils do Haroiin) fui ensuite
proclamé; il avail craboid reeu le surnom de Mountasir-
Billah, mais dès le lendemain de son avènement, Ibn Abi
Douad lui donna celui de Molewekkil-Alallali. Ceci se pas-
sait le jour même ou mourait le Khalife Walik son frère,
cest-à-dirc le mercredi 2/| du mois de don M-liiddjeh, 232
de rhégire. Le surnom patronymique de Motcwekkil était
Ahou l-Fadl; il avait vinj^t-sept ans et (|uelques niois (|uaud
il fut proclamé; il fut assassiné à l'âge de quarante et un ans,
après avoir régné quatorze ans, neuf mois et neuf jours (le
mercredi 3 du mois chawal 2 '17). Sa nièic. esclave originaire
du Khàrezm, se nonunail Cliudjà.
190 LES PRAIRIES D'OR.
Jyti^ fcjJa-olj aJ^*Àj ISsUviii AÀjff jj îyi^u^ A-w*aÎ (j*,UJ| J^^3
oj_ji_j L_>Ljv-A.Ji »iLA.j (j^ ioUJi 5<x^ Jî l^À^ (j«UJl ^^t>o)
IlESUMÉ DE SON HISTOiaF, ET DE SA VIE; EVENEMENTS PRINCIPAUX
DE SON RÈGNE.
A peine en possession du pouvoir, Motewekkil abolit le
libre examen, les discussions philosophiques et tout ce qui
avait passionné les esprits sous Moutacem, Watik et Ma-
moun. Il rétablit Torthodoxie et la soumission à la coutume
religieuse, et exigea des chefs de Técoie tradition niste qu'ils
enseignassent la tradition, ainsi que les dogmes et les pra-
tiques consacrés par la suniiah. Il adopta l'usage des vêtements
d'un drap particulier qu'il préférait à toute autre étoffe, et
cette mode, suivie par les gens de sa maison, se répandit
ensuite parmi le peuple : chacun voulant imiter le souverain,
les étoffes de drap atteignirent des prix élevés, et l'on en per-
fectionna la fabrication pour répondre à la vogue et satisfaire
aux goùls du prince et des sujets. On trouve encore de nos
jours f[uelques-unes de ces étoffes; elles sont connues sous
CHAl'ITUE CXVII. 191
J^-A-li ^X> ^^ j4XxJî^ (j-*^lt (j-xUl J^cwj viUil iUliCcwl
i j— g_Ii (j*Lx_*Jî ^ J^UXi». Qf^ <^.À^>M^ y-tf Js„s»-Î (jX> ^_j
^LiJÙAvî JsJ» U JJij^_5 Jo^Lalîj, J>frîl^ cUxuJt A*J^
<x_yLft (j*UJl (_/A^Î Si'j^ tlyJi j^^ (^ g'^À^Î U^;) Vt^^
le nom de motewekkUi ; c'est une espèce de tissu de drap
Tort beau , bien fabriqué et d'un excellent teint.
Le règne de Motewekkil fut un des plus heureux et des
plus prospères, par Tordre qui régna dans fompire, par le
maintien de la sécurité et de la justice. Ce khalife ne peut
être cité pour sa générosité et sa munificence, mais il ne doit
pas être non plus taxé de parcimonie ni d'avarice. Aucun
des khalifes abbassides ses prédécesseurs n'avait admis dans
son palais les jeux, les frivolités, le goût des boulTonneries
et de tous les plaisirs qu'on proscrit ordinairement; Mote-
wekkil fut le premier qui les adopta, et les distractions de
ce genre qu'il inventa se propagèrent ensuite chex la plupart
de ses courtisans et dans le public. I^ersonne parmi ses vizirs
et ses principaux secrétaires et olTiciers ne se signala par sa
générosité et la noblesse de son caractère, et ne sut s'élever
au-dessus de ces habitudes de dissipation cl de frixolilé. Son
alTranclii Fath ben khakan le turc, celui de ses favoris qui
prit le [)lus d'enqjire mii lui <>! qu'il admit le [)lus souvent
192 LES PHAIRIES D'OR.
^jl dUi^ iis_5;iJÎ3 (jv^^l^ (^^-s-^ Oj5^«iS ^^^ ^^yj-x?. (J«^-iJî
dans son intimité, ne sut jamais, malgré ie crédit dont il
jouissait auprès du Khalife, se faire aimer par ses bienfaits ni
se faire craindre par ses rigueurs. Ce fut pourtant un homme
instruit et un littérateur distingué; il a laissé sur différentes
parties de la littérature et de la morale un livre intitulé le
Verger [Boustan].
. Motewekkil se fit construire, pendant son règne, un palais
d'une forme inconnue jusqu'alors et qui a reçu le nom d'£/-
Hiri, « des deux ailes et des portiques. » L'idée lui en fut
suggérée par un de ses courtisans qui, dans une causerie du
soir, lui raconta qu'un roi de Hirah, de la famille de Nôman
et de la tribu des Benou Nasr, passionné pour la guerre et
voulant que le souvenir en fût toujours présent à son esprit,
avait fait bâtir dans Hirah , sa capitale , un édifice rappelant
une armée rangée en ordre de bataille. La partie supérieure
du palais, destinée au logement du roi, figurait le centre de
l'armée, les deux ailes représentant la droite et la gauche
de l'armée étaient réservées à ses principaux courtisans; le
pavillon de droite renfermait le vestiaire royal , et le pavillon
CHAPITRE CXVII. 193
IJsJÛ ^^.(vw^ ijl^yi (^ Aj^^iil çjlj.jiJtj (j%^Jii3 j^X-tAJI SJUiii
5^.^S-^ Jl liLoi (:jv.^i^ t5;»^^ t-^J^il l*X^ Jl yUjuJ!
» js.-^ Ji j-w^JiL^I^ aKxÀj ULè\j| dJJi> ii J^ydi tj*U)i ^-Sj'^
i>:RAAJl &^l >j5s
gwuai ^^5\^ J^j \^à »j.^l\ iwiAj J^ AXAj L»
de gauche tout ce qui servait à ses festins; la partie élevée du
palais commandait le centre et les deux ailes, et les trois
portes du palais y conduisaient. Tel est l'édifice qui porte
encore aujourd'hui le nom des deux ailes et celui iVel-hiri
en souvenir de la ville de Flirah : le peuple se fit construire
des habitations sendilahles, en se conformant au style du
palais de Motewekkil , édifice qui est resté célèbre jusqu'à
nos jours.
Ce Khalifi; lit reconnaître ses trois fils comme héritiers
présomptifs, ;i savoir Mohammed Mountasir-Billah , Abou
Abd Allah Moulazz-Iiillah et Moustaïn-BiUah (Mouayyad).
Le poêle Ibn el-Mndebbir a rappelé cette circonstance dans
les vers suivants :
Cette f'Icction, semblable à {'dlcction snns l'nrhrr, est uiio somrr dr
bénédictions ponr le genre humain;
Elle a été établie par Djàrar (Motewekkil) m faveur dr ses trois fils
illustres.
Ali, (ils (le Djehm, a dit sur le même sujet
vu. i^i
njii LES PUAIRIES D'OB.
jj (ja,1.àJÎ ç-jl-vjj -^j'^j-AJi »o_5Uj t^ kii.Jij.Ai J.AÏ *Xi_5 iiÀA«
U ».A.:jT5 ^î^xiî (jâAJsi» j.-r,*ilj iJOCi!îX,i.> *Xjo «::j1j^35 tiU^S ^Xas
â»_>i-.^U«»» (j^jf; «^J<X=^ (j-t 'j_5.Àj ^.g.AA£ c_>^Aiîi4)^ 0.jji>lAaAj
Dis au Klialiie Djàfar : Prince généreux, fils des Khalifes et des imams,
guide de la voie sainte.
Voulant forlifler la religion du Prophète, tu as investi Mohammed de
fautorité future sur les musulmans;
Puis tu as donné Moutazz pour successeur à Mohammed, et tn as
désigné en troisième lieu le noble Mouayyad.
Motewekkil-Alallah fut promu au khalifat un siècle après
rélection cVAbou'l-Abbas SafTah et deux siècles après la mort
d'Abou '1-Abbas, fils d'Abd el-Mottalib; mais les opinions ne
s'accordent pas sur ce point, et il faut tenir compte tle la
divergence des Chroniques, de l'évaluation différente des
années de leur règne, et du nombre de mois et de jours que
les historiens y ajoutent ou en retranchent. — Motewekkil,
peu de mois après son avènement, disgracia Mohanimed,
fils d'Abd eî-Mélik Zeyyat, confisqua ses richesses et tout ce
qu il possédait et investit de ses fonctions Abou 1-Wézir. Ibn
Zeyyat avait inventé, pour torturer les coupables et ceux qui
avaient mérité sa colère, un grand cylindre de fer, garni
CHAPITRE CXVll. 195
f»_^ Ji *y-i> (j^ cXJ^J ^•^j'^ J^^ ^-(f-^' '^-î'jj (îy^>^ '^
-jl^ l_i^ *--S-îî ^Ui^)î J.A2.J' kj [«^J) ki^'i li J^-^î J^i'lÀW.JJ
)«X_A-^ 5l_eLi VjiA^j IajI^ (J^ ^^ (J^*^5 "^^ y' ti^ j^-*-^'
de clous, dont la pointe, acérée comme des aiguilles d'embal-
leur, se dressait dans l'intérieur. Ce fut dans ce même instru-
ment de supplice, où il torturait ses victimes sous le règne de
Moutaçem et de Watik, qu'il fut placé lui-même par ordre
de Motewekkil, Il pria son ga;rdien de lui faire obtenir de
l'encre et une fcuiilie de pa])ier afin d'écrire quelques lignes,
et, le Khalife ayant fait droit à sa demande, il écrivit les vers
que voici :
Telle est la roule qu'il l'aul suivre; cuU'C la veille et le lendemain il
semble qu'on soit le jouet d'un rêve.
Cesse de gémir et prends patience, car les vicissitudes de la destinée
frappent une l'aniille après l'autre.
Ce jour-lk Motewekkil était occupé et il ne recul j)as le
billol , mais il en prit connaissance dès le lendemain et or-
donna (|u'on ]nît ie jjrisonnier en liberté. On ne trouva plus
qu'un cadavre. Son incarcération dans ce cylindre avait
duré (piaranle jours. Ibn Zeyyat élait un rédacteur habile
et im poêle dislingué; on cite de lui ces vers, dans lesquels il
i3.
196 LKS PKAir.IES D'OU.
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<XxJi4^J.Ai^j\^*XiUd).ï*Xj L^ij jj».-^iii l-v^> dU*k5'
jsXàJI a^LS J.iL« \^_5.j eA.aAA^ *. — jl^_» (^1 j-o-^^-Jw c^-^^
4MI* <o.*aA«îè -j^-j-j^ i *iy» y^Ài ij-«^ i*Ks- J.JJ.L j.*-:»; ij
excitait Mamoun contre Il)rahim (fils de Mehdi), son oncle,
qui venait do se révolter :
Me vois-lii pas qu'une cliose'eu enfanlc une autre, roninic l'élineeUc
qui jaillit du briquet (et allume l'incendie)?
C'est ce que nous enseigne l'expérience de la vie, et le souvenir du
passé pouvait le rcvélci- l'avenir.
J'ai toujours pensé qu'Ibrahim, dans la situation où il se trouvait, sus-
citerait une catastroplic funeste comme sa vie.
Qu'on rappelle au l^rince des Croyants les occupations et la conduite
de cet homme, dans les circonstances gaies ou sérieuses :
Lorsqu'il ébranlait les piliers de la chaire sous le poids de son corps,
c'était pour chanter les charmes de Leïla, de Meyah ou de Ilind.
Cette poésie est fort longue. Voici un fragment d'une élégie
funèbre qti'il composa en l'honneur de Moutaçem-Billah ;
Le sabre du Prophète semblait, dans sa douleur, répandre un lorrenl
de larmes;
liC baudrier, la tunique (du Prophète) étaient encore imprégnés de
ce parfum de vertu ([ui s'exhalait de sa personne.
CHAPITRE CXVJI. I'J7
oc-^.=»-ij '^■^-^ •^J*:' cs^-'^i •^y^^ <s^^ '—^i t^"^' (3~=*- tj-«^ "J^»'
Oi-waJL« OU^ f^J^Iàii Oua3! ^^5 l^U cdJ^ jfeJ^i J^iûi v^ ^^
jU_i^ij J^ll^ *lUji_5 Sjl-siw! ^>: kAMjj^i <_^U5ii i W^i
ii-j) Jo^li' i y^^^ (^ -«^^À^' C:J>':'J *'*"^ '^^ i^*;Ui J^aJï
Je l'atteste ( et ce ([ue je dis est si vrai ([uc je suis prêt ù le rt^péter sous
la foi du scrmeut):
Jamais un maître aussi sévère n'avait fait tien)l)lerles méchants, jamais
uu roi plus juste n'avait protégé les opprimés.
Ou trouvera sou hisloire et des extraits de ses poésies les
plus remar((ual)l("s daus uolre Livre Moyeu. — Abou 1-
Wézir n'exerça ([ue peu de temps les ronctions de ministre;
l(î Khalife lui donna pour successeur Mohammed (fils de
Fadl), orij,Mnaire de DJardjaraïa, mais il révocpia bientôt
celui-ci et le rem[)iaea |)ar Obeid Allah (lils de ^ahya), eu
233 de riiégire, lecpiel resta eu loiietions justpi;! ce (pi'il
lut assassin(''. Nous avons raconté daus le Livre Moyeu les
faits (pu" l(; eoueerueut, ses rapporis familiers a\t'e xMote-
wckkil et riiisloiie dv Fatli, lils de Kliakau.
Voici ce (pH> raconte Mohammed (lilsde Vezid ) Vloberred :
« iMon nom avant éli- pronoucf'- de\aut Molewekkil ;i l.i suite
d'une discussion eiilic ce |)riuce et Falli. lils de Kiwikan,
relativement au sens (rnn verset du Koran (pu pr(''sentait
des variantes (keri), le Khalife adressa un message à Mo-
198 LES PRAIIUES D'OR.
a.^.JLa^ ti)«Xjtij U c:AAAi lj[il b:> »Xi (j%.jl^j| ^j^ fj^X:^ bî
Jfciij u!*jîj AjwxJie ^t*j^ AJoU>- ».>»«*.^ &"ir^ (^^ ciOijj
*X_A_Mi (jâ-A-JVJ j3j._*t>..XJ jl *>S.<w*.4* ,_}.«Sfc.Ui 3^j_A_^^ y)
o«wr».t Ji ^^_j,4i5_j,C(ii cx-wJ (jî lt-^_Aw jiij3 Jl-i». ^_A-x-e>!
hammed (fils de Rarem, fils de Mohammed, fils de Suleï-
man) le Hacliémite, son gouverneur à Basrah; celui-ci me
fit conduire à la cour du Khalife avec les plus grands égards.
Comme je traversais le Canton de Nômanyeh entre Waçit el
Bagdad, on m'apprit quon avait établi dans le couvent de
Saint-Héraclius un hôpital de fous : j'étais tout près de cet
endroit, j'éprouvai le désir de le visiter et j'y entrai suivi
d'un jeune homme aussi distingué par sa piété que par son
instruction. Un fou s'étant approché de moi, je lui deman-
dai : «Pourquoi résides-tu parmi ces gens-là et pourquoi te
tiens-tu à l'écart .3» Il baissa les yeux, et haussant le ton de
sa voix, il prononça ces vers :
Si l'on décrit mon extérieur, mon corps est clédiarné; si l'on scrute
mes sentiments, mon cœur est pur.
Co qui redouble ma tristesse et ajoute à ma soulTrancc, c'est <|ue je ne
puis me plaindre à personne de mon amour.
Dans les ardeurs du désespoir, j'appuie ma main sur mon cœur et je
me replie sur moi-même.
CllAPimE CXVll. 199
Jfcjb Ui.jlj jij d[^ji ^ c:A.À.-M*5*i t:^S
«X-SlJ!_5 p_^-<y-îi ^^S^-ff5 CJ?'? >>JLx.x^ c:^_^l ;jl ^jy^i»- l»
Jj-V. ^-*J^ j'^j "^y l>" ^3 ^J-^ '^ c>.À*»*.r»-! c>.)*i
<X_i=-î U <L^\ ;t-JkJaJCAwl ^J i^ i iS '^ ^ — *— ^ '^^
Ilclas ! quel amour! lli'las, mon pauvre cœur! Si je ne meurs pas de-
main, je mourrai le jour suivant.
Mon cœur, sous l'élrcinte du souvenir, est comme une proie dans les
crilTes du lion.
Je le complimentai cl le [)riai de continuer, ce (lu'il fit en
ces termes :
Que la séparation csl mortelle pour l'âme, que le départ d'une amie
est douloureux an cœur!
Ma vie touclie à son terme par rc\ccs de la sonllVauce (|ui ac(ai)le mon
âme et mon corps;
Qu'il csl triste de mourir ainsi prisonnier et sous les coups répéli-s de
la douleur et des soucis!
Cîiaquc jour mes yeux répandent dos larmes sur une partie de moi-
même (pie la mort a envaiiie.
— «C'est très-bien, mecriai-je, (|iic Dieu le récompense
et que ta bouche ne reste pas muette! Continue. » Il ajouta
CCS vers :'
Dieu .sait que, niali,'ré ma donlenr, je suis inrapahie de dixul-jner ce
que j'éprouve.
200 LES PUAIKIES D'OU.
<x_X_j Ijû^ls»- (^jÀ.\^ «XAj Lg-Àj»..À^.:i Q**_Aj <j yLw.Aj
,X_^-> L^ÀAJt) f^yt^l^ jJ^MS L^X-i-A-J ^J*VkAj À^TvÀii (O^J
J'ai deux cœurs, l'un est enfermé ici, l'aulrc est clans une autre
contrée;
Mais je ne trouve pour celui qui est ici ni secours dans la patieucc, ni
soulagement dans la résignation,
Et je crois que mon cœur absent est, comme mon cœur présent, con-
damné aux soufifrances que j'endure.
— « En vérité, lui dis-je, cest parfait! » et je le priai de
poursuivre. — Je vois , me répondit-il , qu'à peine ai-je achevé
un morceau tu m'en demandes un autre; ce désir est chez
toi l'effet d'une grande curiosité littéraire, ou d'une sépa-
ration douloureuse. A ton tour à me réciter quelques vers. »
Sur mon invitation, le jeune homme qui m'accompagnait
lui récita ceux-ci :
Reproches, séparation, adieux, départ; quels ycu\ après tout cela ne
fondraient pas en larmes ?
Dieu sait que, si je me résigne, ce n'est pas ù leur absence, et que, si
je retiens mes pleurs, ce n'est pas que j'en sois avare.
Non, je le jure par les tourments auxquels je suis condamné, depuis
qu'elles s(> sont éloignées, mon ctrur ne désire (ju'elles.
CIIAPITl'.l-: CWII. 201
J <f w ^
J<>Â JJi l<A^j I4JU J^^ >U> ooiU»_^ c5>*^^i-^J^ •^
JUi cjI^ oii 5 *X-iJlji yi-i II!
IjAj*-^ U l^^ ^'O^^ <~^jS y\ Ut^ fi-^^^ <->^J fi^ \^:^j.j
Joill t^jJU cyjLw^ cJxUvI 11 ^^Ai j.Ai i^,^ -5.JI ^U U
Je voudrais que, les sept mers veuanl à mou aide, mon corps tout en-
tier se transformât eu un déluge de iarmes.
Je voudrais que dans tout mon corps, en guise de membres, il n'y eût
eu que des yeux, le jour de la séparation.
Séparation maudite! une montagne qui la riMicontrerait ne larderait pas
à s'écrouler.
Le départ, réloignenicnt, les espions, les ciianicaux (cliargés pour le
voyage), indices sinistres derrière lesquels se montre le trépas.
— « (7('sl bien, s'rciia le fou , je nie souviens de (juclques
vers sut- le sujet que lu xieiisde uie fiiire eiileiidic. \ eii\-lu
(|iie j(! te les rceile?" .le le piiai de les diic el il coiitimia
ainsi :
Ils sont partis cl les rideaux (du palanquin) se sont rclcrrncs sur eux.
Ali! si j'avais été le maître un seul jour, ce départ n'aurait pas eu lieu.
Rii'u ne m'alarmait aujourd'hui, si ce n'est leur éloignenienl lors<iue
les cliamcaux , se redressant, emportèrent ces eiières idoles.
O guide de la caravane, arréle-toi alin que je leur adresse nu's adieux,
arrête un instant; dans ces adieux, il y a pour moi la mort.
Fidèle à mon serment, je n'ai pas brisé le pacte de mon amour. Que je
voudrais savoir ce qu'ils sont devenus rlcpiiis luii' absrnn- si longue!
202 LES PRAIRIES D'OU.
J»_<ww._^ (;;^-=*- o»-s*-v-j l~i '^JH?-'* laÂ-wfci c:»^^) iji^M*.a Î^U» y)
j_^ 4.A.Xifci>lj ^£\J f^yt^-Mà (^:>j^^ AAÀi:>_5 -i^'^-c *-^-^» (:?^^
5«X.*i^.j ttXJCjU ^sl^Ji (<;^js^Ji J^xlî ^»>s> (J^Jj '-^■S^-lj
j^»„S3L> ,\_A_Avi (^-w*ii_5 ik.\M*,^. i i^.*tL^_ y"****^
Moberred poursuit ainsi son récit : «Le jeune homme qui
était avec moi s écria : «Ils sont morts! — Hélas! hélas!
gémit le fou, s'ils sont morts, moi aussi je veux mourir! «
et il tomba expirant. Avant de m'éloigner, je fis laver et en-
sevelir le corps, je récitai la prière des funérailles et le fis
inhumer. En arrivant à Sorra-men-rà, je fus introduit chez
Molewekkil; quoique sous Tinfluence de la boisson, ce
prince m'adressa quelques-unes des questions pour lesquelles
il m'avait fait venir et je lui rendis réponse. Ensuite le poëte
Eohtori, qui se tenait debout devant le Khalife, commença
à réciter un poëme en fhonneur de Motewekkil ; or Abou'l-
Anbas Saïmari (poëte burlesque) était dans lauditoire. Voici
le début de la poésie tle Bohtori :
De quelicbouchc tu souris, de quel regard (sévère) tu rends tesjugc-
niciils !
Tabciuitc brille de sou propre éclat, et rien ue rcssenil)lc plus i\ ta
beauté que ta uiuuiUceure.
Dis au Rlialifc Djâlar cl-MotPwekkil, lits de Moutaecm.
CM A PI T ni: CXVIi. 203
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/0'«XxAa5 ti aOUsjjl^ AMij ^KJC» »i^ _j.^b (^jv^i^^i ^A>oi L, jUi
»j yi il_j„] l_j_-<^ »X.*ioi.J u^AÀ*Ji _jj| J^^-i^li 5:>j..J j.^l3 »«XJÏ>
Au roi bien-aimé, fils du roi (51u de Dieu, au bicnl'aiteur, fds du ven-
deur
Quant à les sujets, leurbonlicur est inviolable, sous l'égide de ta justice;
Mais toi qui as relevé rédilicodo la gloire (jui était renversé et en ruines,
Conserve-toi |)oiu- la religion de Mobamnicd, car sou salut dépend du
lieu.
Après l'aveuglement nous avons trouvé, grâce à toi, la huuière (de la
religion), et la ricbcsse après le dénûmcnt.
Quand il eut dit ce detuiicr vers, li> poclc marclia à re-
culons comme pour se letiier, mais Abou '1-Anbas, se le-
vant vivement de sa |)lae(;, dit au Khalife : « l'riiice des
Croyants, ordonnez (iifon le ramène, car en vérité j'ai trouvé
la |)arodie de son poème. » Sur un sij^ne du prince, le poète
revint sur ses pas, et Abou 'l-Anbas se mit à débiter les vers
suivants que nous eussions passés sous silence si ce n'était
tronquer Tanecdote :
Dans (|uolle lange cs-tu embourbé? De ([uclle main jiourras-tu manger?
.1»^ «ondannir à l'ignoniinir la lêle d'Aboii Ybadeli cl Roblori, etc.
20^ LES PRAIRIES D'OR.
^_^ t^*XJi ^^^j^Jl (^^Xav L ^JÎ JlJLs j^i oiJI «j.Ài.S-
ij^,_^_5i j^j.Xj^it (Jl W<Xj^ Jb llAjli»- iJijjkaXi »j>j.X.il J-çvwl^j
-0_Jt_j Jlï l^AJÎ; <;^]| L»X^îi d »J-X^ (j-« (J^j' U_5 AjIî^^ k^J^"^
Et il ajouta d'autres vers pleins d'invectives du même
genre. Motewekkii fut pris d'un tel accès de rire, qu'il tomba
en arrière en trépignant du pied gauche, puis il gratifia le
bouffon d'un don de dix mille dirhems. Fath (fds de kha-
kan] , lui dit alors : « Et Bolitori; après avoir été satyrisé et
abreuvé d'injures, faut-il qu'il s'en aille les mains vides?»
Le Khalife lui fit donner dix mille dirhems. « Et ce Basrien.
(Moberred), ajouta le courtisan, que nous avons fait venir
de son pays, n'aura-t-il pas une récompense égale à la leur.^
— Qu'on lui donne dix mille dirhems, » ordonna le prince.
Nous nous retirâmes ainsi sous les auspices de cette bouffon-
nerie, sans que Bohtori tirât aucun avantage particulier de
son application, de ses travaux et de son talent. A la suite de
cette scène, Motewekkii dit à Abou '1-Anbas: « l\aconte-moi
l'histoire de ton âne et sa mort, et dis-moi les vers qu'il te
récita en songe. — Volontiers, Sire, réj)ondit lebouffttu. Ce
baudet était plus sensé que tous les kadis (Misend)le : jamais
d'emportement, jamais d(î laux pas. Survint une maladie
subilf> qui me l'ridcvii; je le \ is en rév(> <■! lui (lis : "O mon
CIIAPITI'.E ex Vil. 205
*^jl_À_J) (^v-J Wyi AXjivJ ^-T-À.^ C>Lv« -jOvÀi ^^ aXs ^Xtlî Ajj
l»X_S^ i j^S'^j aJ^J ji/*KAAaJ| ij':^» (^ c:*jii5 (^«xJi -^aJI
l-g-jJÙifcXi 4^wA5 «>/»l^o cy«Xifc.l; Lj^JolwJ *Liu<*j>. /jli'i 1^ c:>w»
àne, esl-c(^ que Ion eau n'était pas toujours fraîche et ton
orge soigneusement mondé? Est-ce que je ne te prodiguais
pas tous mes soins. Pourquoi cette mort subite? Que t'est-il
arrivé? — Voici, me dit-il : le jour où vous vous arrêtâtes
chez le mercier un tel, tandis que vous causiez de la pluie et
du beau temps, uneânesse splcndide vint à passer : je la vis,
mon cœur s'en é|)iit; je l'aimai d'un amour si violent, que
je succombai à ma tristesse, à mon désespoir. — l-lli bien,
mon âne, n'as-tu pas fait quelques vers à ce propos? — Si
fait, répondit-il, les xoici :
Mon cœur sV.sl ('pris d'une ànt'sso
A In porte tl'iui broranlenr.
l'îsciavc (le sa f^cntillcssc
Et (le son sourire cncliantonr,
De son minois plein de finesse.
De son leint frais eomtne une (lenr,
•l'en .^uis niorl. d'eùl élé faiMesse
De vivre dans le désiionnenr.
20() MvS PHAIRIES D'OR.
<_>>JaJ ^A^:il «_^:^^ (J-» Î<X£Ù Jb ^|jjui.ji {^ (Sj^^ l? C:*^**
jl.,*»jsi ».;»Aisj ftyifi cliji i_^Ajij. ^i (jvÀxiS (jv-g.A4i >-*ij jOjJCAil
à\.-^ aMI «X-\.& ^j5 c:y«X5».^ <Xj\.*l>^ (j*K.AÀ;sJi ^\ a,«jXj ,5
— « Je demandai à mon âne ce que voulait dire le terme
chaharani.]} me répondit : « Ce mot s'applique au\ pins beaux
d'entre les ânes. » Motewekkil que ce récit avait égayé, or-
donna à ses musiciens et chanteurs de mettre en musique,
pour ce jour-là, la chanson de Tàne; jamais on ne le vit
manifester une gaieté plus Vive, ni une joie plus expansive.
Quant à Abou '1-Anbas, il fut comblé d'honneurs et de pré-
sents.
Abou Abd Allah Mohanmied (fils d'Orfah], le grammai-
rien , a recueilli le récit suivant de Mohammed (fils de Yézid)
Moberred : «Le Khalife Motewekkil dit, un jour, à Abou '1-
Haçan Ali (fils de Mohammed, fils d'Ali, fils de Mouça, fils
de bjâfar, iils de Mohammed, fils d'Ali, fils d'Abou Talib) :
« Quels propos les fils de ton père tiennent-ils contre Abbas,
fils d'Abd el-Mottalib? » Ali répondit : « Prince des Croyants,
comment la postérité de mon père pourrait -elle parler
mal d'un homme, aux fils duquel Dieu a ordonné que ses
créatures fussent soumises, tandis qu'il a ordonné aux fils
d'Abbas de lui obéir?» Cette réponse lui valut cent mille
dirhems; néaninoins sa pensée véritable étail rcl!e-ci:
GllAPrmE ex VII. 207
Js ^i k£.[]^ y.*«Ji. _jjl :>iji IjÇi^ ^j::> v_àIÎ AjIjC *1 v^'li AaÀj
^i^^^.i AXxa^ (j-« l.iûwsi-_j lj«J^^_5 1S^!)-V.A« if^yx^o il (j' ^ cK^i^
<\£.j*X^ AxAi» ^^^^^ (i«Xx^ 5tXj:»-ft C:^AJ jj '^'^•>VJ'* 2jl^ (i (j-^
p ^^
0^=- ^S tK^ii (Ji J-^_f ^■i)^ -^^^i Lt» (^ Js.i.-l; <XajEj.]1j)
« Un homme qui a |)rescnt à ses lils d'obéir à Dieu; » seule-
ment il eut recours à une expression détournée [taarid).
Ce même Abou '1-Haçnn Ali avait été calonmié au])rès du
Khalile : on raccusait de cacher dans sa demeure des armes,
des livres et d'autres indices du chiisuK^; une troupe de
Turcs et d'agents apostés par oidre du prince envahirent sa
maison à l'improviste. On trouva Ali seul dans une chambre
oii il se Icnait enfermé; il était vêtu d'ime simple lobe de
bure, le sol de sa chambre, entièrement dépourvu de lapis,
élail formé de sable et de cailloux; il avait la télé couverte
d'une mclhafah (sorte de capuchon) de laine, se recueillait
en Dieu et psalmodiait des versets du Koran sur les re-
compenses et les chàliments. On s'empara de lui dans
raccontrenient où il se trouvait et on le mena chez Mole-
wekkil, au nn'lifu de la nuit. Le Khalile, quand le prison-
nier panil dcNiuil lui, était occupé à boiic cl Icnait une
coupe à la main; en le voyant entrer, il l'accueillit avec con-
sidération cl le (il asseoir à ses côtés. /Vpprenant cpic rien de
susj)eel ii'a\ait eh- lr()n\e dans sa maison et qu'aucune
208 LES PRAIRIES D'()l\.
j, ^ Jv.Jî (j«l^_ii J^JC-ll *l^Ui \^ ^^^ J^*^ iiil-=»- .^3 Axi
xm (JJi.s.\s laï (^^^ L^^ ^làw U (jvLo^i) ^A^l L> jUi »«X^
JJl^Jij jU^^l tJ^-k^J ^^3^ (J-« A^jÏÀ^ CXJW ^Ji »_j.>j.ji (jji
J^XXJij :>3<>Jl \.^aX5. S^j-s-j-^^ '^^'•' *.^J*t*v ^^^ ^i^^iJi ^suil;
\^\ J^i j^iJi J_^]3 J^j \^^)^\i S^?j-^ U^ |^^:> i^Jé'i ^.lUs *>^3
charge ne s'élevait contre lui , il lui tendit la coupe qu'il te-
nait à la main: a Prince des Croyants, s'écria Ali, jamais
cette boisson ne s'est mêlée à'ma chair ni à mon sang ; veuillez
donc m'excuser. » Le Khalife n'insista point, mais il lui de-
manda de dire quelques vers ; Ali récita ceux qui suivent :
Ils habitaient les cimes des montagnes, protégés par des cohortes nom-
breuses; mais à quoi leur ont servi leurs retraites inaccessibles ?
Après quelques jours de puissance, ils sont descendus de leurs for-
teresses pour être couchés dans la fosse; quelle triste chute !
Une fois dans le tombeau, ce cri s'est fait entendre: Où sont les trônes,
les couronnes, les vêtements somptueux?
Que sont devenus ces visages rayonnants de bonheur, devant lesquels
les rideaux et les voiles s'abaissaient ?
Kt à ces questions la tombe a répondu pour eux : Ces visages, les vers
se les disputent.
Ceux qui étaient assis à la table du plaisir, après en avoir épuisé les
jouissances, servent eux-mêmes de pâture aux vers.
Ils avaient bâti pour leur défense de solides édifices; châteaux et famille,
ils ont tout quitté et sont partis.
CHAPITRE CXVIl. 209
^S iOuÀ;»- jt t^,».;*- La3_5 (J-**^ (iT* *^^ i^ia~^ ^^5^UJi ii^l-yw
^1 _jk£û_5 ^ (jvloU_5 (jvj!^Vj cy^XJ; -XÀ^ j5 ^i_5 J^^U <xi5\j!».
«-.wS^-j^j jlSoiJl ^JàxÀJ^ ,j«î^^j j>juJt^ f<^«-=» -^^^ *■•*•*« ''^jl^
Les trésors qu'ils amassaient Pl quils cachaient depuis longtemps, ils
les ont laissés à leurs ennemis et se sont éloignés.
Leurs demeures sont vides et désolées, et ceux qui les liabilaieni ont
été portés au sépulcie.
Mobeired ajoulo : « Tous les témoins de celle scène s'api-
toyaient sur le sort d'Ali, persuadés qu'une sentence terriJile
allait l'atteindre; mais il n'en fut rien. Motevvekkil répandit
des larmes si abondantes, que sa barbe en fut toute mouillée,
et fous les assistants pleurèrent avec lui. Puis il fit dispa-
raître l'appareil du festin et demanda à Ali : « Abou'I-Hacan,
as-tu des dettes? — Oui, répondit-il, je dois quatre mille
dinars. » Molewckkil ordonna qu'on rcmîl à Ali cette somme
fl ([u'on le reconduisit ensuite à son lot^is a\('c toutes sortes
d'égards.
Vloliamnied (fils de Samaâh) le jtifije, (liscij)le de Moliam-
nied ben el-Haean ((llied)ani) et d'Abou lianiiab, mourut
sous le rè'^ne de Motewekkil, en r.iiiMee î.'iS; (pioique cen-
tenaire, il ('lait vififoureuv de corps et d'esprit ; il jouissait de
toutes ses facullés, dellorait des vier-;j;es, donq)lait des ehe-
v^i. l/l
210 LES PHAIHIKS D'OR.
Ly-jLS^.^^ ^-^ ^^Uà-t c:^U^
^,^- C ■>. :^ 1 — *i>V_=-l i ^j'j-^
j .» — «« — j'i (^^ ^ >' 1^ '•^^— «^— =?• iS"—*^
-j_c «-jl»^j);j AJuLÎi i (jl*«fc--»- cjUxÂ^aj" iLcLfw ^^ »X.«-^3
vaux difficiles et ombrageux et ne se refusait rien. \ oici ce
que rapporte son fils Samaàh : « Mon père Mohammed ben
Samaàli m'a dit avoir trouvé, du vivant de Sawar, fils d\\bd
Allah, juge sousMansour, une pièce de sa main renfermant
ces vers que, selon mon père, il avait lui-même composés
ou que du moins il affectionnait :
J'ai dépouillé mes os de leur chair et je les laisse nus et fragiles dans
leur mince enveloppe.
Jen ai épuisé la moelle et les voilà comme des fioles de verre à travers
lesquelles siiBe le vent.
Si ta main me soulevait et écartait mes vêtements, tu verrais la maigreur
de mon corps; mais je le dérobe aux regards.
Ce Mohammed ben Samaàh a laissé de bons ouvrages
.sur le droit, ainsi que des traditions recueillies de Cheïbani
et d'autres savants : de ce nombre est le Traité des (questions
rares, d'après Cheïbani, manuscrit composé de mille folios.
CIIAPITHK CXV
jL_à_^ ^^ x.:<j U ^^ (JvUI_. ^juw!î( i j-j^iij_5 iOoJl^y JW-^
^^jv-i^i)i J<_iw:5j ^i-À^i ^i^^' J^ ^^ f»^! viiJi J^ (j*^*'
X.t<^X-> ^ A.i£jjtli (^tXj (j;\j siioL» v-Xâj li Ajt :s i iXjtj 5 Lfci». (
de son frère, que portait la chamelle baclrienne, savanrait
entre les deux rangées de troupes au pas cadencé de son
éléphant ; il regardait à droite et à gauche, observait ces sol-
dats et cet appareil militaiiv et manifestait ses regrets et
son désespoir de n avoir pu répandre leur sang; mais la vue
de ces forces immenses ne lui causa aucune surprise. Ce
fut le jeudi, deu\ie?iie jour de safer 22.3, que ce spectacle
d'une magnificence inouïe fut donné au peuple. Moutarem
reçut Afchîii avec considération et lui accorda une place
d'honneur; Bahek fut conduit et promené devant lui : <■ Es-
tu bien, Babek.^» lui demanda le Khalife; pas de réponse.
Il répéta plusieurs fois sa question; le prisonnier continuait
a se taire ; Afchîn se pencha vers lui et lui dit : ■ Malheureux,
le Prince des Crovants t'adresse la parole et tu gardes le si-
lence! » Il répondit enlin : « Oui , je suis Babek. » Moutaçeui se
pix)slerna et pria ; puis il lui fit couper le^ mains et les pieds.
Voici ce que j'ai trouvé dans les .\nnales de Bagdad.
Lorsque Bal>ek Itii tut anuiu'. Moulaceui demeura silen-
130 LES PRAIRIES D'OR.
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cieux pendant un moment; il lui demanda ensuite s'il était
Babek. «Oui, réponditcelui-ci, je suis votre esclave et votre
serviteur. >- Le vrai nom de Babek était Ilaçan, et celui de
son frère, Abd Allah. Le Khalife ayant ordonné de le mettre
à nu, les valets lui enlevèrent les vêtements magnifiques qui
le couvraient; on lui coupa la main droite et l'on souffleta
son visage avec cette main; on (It de même avec la main
gauche, et, en troisième lieu , on lui coupa les pieds. Le sup-
plicié se tordait sur le tapis de cuir des exécutions dans une
mare de sang; il pariait avec volubilité et offrait spontané-
ment de grandes richesses. Comme on ne l'écoutait pas, il
se frappait le visage avec ses deux moignons. Moutaçem or-
donna au bourreau d'enfoncer son sabre entre deux côtes
au-dessous du cœur, atin de prolonger le supplice , ce qui
fut fait. Enfin il donna l'ordre de trancher la tète; les
membres furent réunis au tronçon du corps et attachés au
gibet; quant à la tétc , portée d'abord à Bagdad et exposée sur
le pont d(> cette ville, elle fut ensuite envoyé dans le Khora-
CHAPITRE CXVn. 211
IjI;c5jj ^j y.>4!^Jî cj^^^-^ *^^'y 'r^^^ >^j-^^^ ^^^ ^j;
X^Sj Jui> l(^l.M*3 (J*<Ia£_5 j_^Js.LwJi jlA2.=fcL ^.«'^î J^[i jS'i) AAJ
Uax-j «Xi^ AJtj (j*UxJî a! JlJii JjCJiJl» AaXc ^:>\ J^.»-! l<yjJl
— En la même aimée 233 mourut Yahya , fils de Màyin , et en
2 35, moururent Abou Bekr, fils cFAbou Cheïbah et (Obeïd
Allah ben Omar) Rawariri, tous deux traditionnistes ('mi-
nents. CVsf aussi en 235 que mourut Ishak (fils d'Ibrahim,
fils de Morâb) ; il f^ouverua la ville de Bagdad et fut remplacé
dans ses fonctions par son fils. Nous avons, dans les Annales
historiques, cité quelques traits intéressants de sa vie. De ce
nombre est le curieux épisode suivant qui se passa pendant
rpril f^ouvernail Haj^dad et dont le récit a été recueilli de sa
bouche, par Moura (fils de 8alih, fils de Cheikh, fils d'O-
meirah) el-Açedi. Le Prophète lui apparut en songe et lui
dit : « Henfis la liberté au meurtrier. » Ishak fut saisi d'une
grande frayeur; il examina les rapports qu'on venait de lui
adresser fies prisons et, n'y trouvant aucune mention d'un
meurtrier quelconque, il fit appeler Sindi et Abbas et leur
demanfl.i si r[iie|qiif' indivirlii ne leur axait pas été amené
t>J2 LES PKAIHIES D'OR.
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^^JC.AtX»0 (j) S^ Jlï c.l.A_J5AI) ^j«^ iX.J U» (_^ijS AaXc 4_K^i) l^i
tj^ iJtX-s^ y-Si ^ ^-ii^^ij, 5^^.isr s^A_^ i*>Jôls J>.AJi]^]oi
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/\-jjLj:si. ci».laA«jj' l^i Jl..»^ '^^y>. ^j^==- W*^3 il*w>xM /o*gjJi
l.^AAifcil_j J^'^i^i i^i CJ-» ^^■^JÎ c^^Iaï xiw».A£> c:A.ài^^^..o lî^xil
sous rinculpation d'assassinat. «Oui, répondit Abbas, et
nous en avons dressé procès-verbal. « Ishak recommença ses
recherches et trouva cette pièce qui s'était glissée au milieu
de nombreux dossiers : il ;y était question d'un homme
accusé de meurtre par différents témoins et qui avait avoué
son crime. Le gouverneur le manda en sa présence et le
voyant en proie à une grande terreur, il lui promit la liberté
s'il faisait des aveux sincères; cet homme lui révéla les faits
suivants. De concert avec quelques complices, ils commet-
taient des méfaits de tout genre et violaient toutes les pres-
criptions de la loi; ils se réunissaient dans une maison de
la ville d'Abou Djâfar Mansour (yipux Bagdad, sur la rive
droite du Tigre), qui était le théâtre ordinaire de leurs tur-
pitudes. Un certain jour, une vieille femme qui pourvoyait
h leurs débauches, y amena une jeune fdle remarquablement
belle; cette enfant poussait des cris déchirants en traversant
la maison. « Je (juittai mes compagnons (ajoutait le prison-
nier) , <>|, courant à elle, je la fis entrer dans une chambre;
après avoir calmé son effroi, je voulus connaîlie sou his-
CHAPITRE ex VII. 213
Jl c:a^_^ l^^^Ui^ c>„M^i cMv^î Jli^i ji'^^j.Iii.r^lj ^^ (^f
^fr-j^^ «-^-^-î^ W-^"Î5 ^Jj'^ljj W^-C lAij-o tjijî l^^ »iU>lsw
Li 4X5Î JjJww Jyij- l^^U^^**-* J^^î (J-* l-|^Ar=-^lj l.^-«*.Ài ^^
toirc: «Mon Dieu, s'écria-t-elle, mon Dieu, protégez-moi :
cette vieille m'a trompée en me disant (pi'elle avait clans son
armoire une boîte d'une beauté incomparable; elle a si bien
llatlé ma curiosité , que je l'ai suivie sans méfiance et c'est
ainsi qu'elle m'a entraînée chez vous. Mon aïeul est l'Apôtre
de Dieu, Fatimali est ma mère et Haçan ben Ali mon
père. Que leur mémoire soit ma sauve- garde ! » Décidé à
sauver cette jeune fille, je retournai auprès de mes amis
et les informai de ce ((ui se passait; mais on eût dit que
mes paroles les excitaient davantage, car ils me répondirent :
« C'est après avoir assouvi tes désirs que lu cherches à l'éloi-
gner de nous! » Ils se précipitèrent vers la pauvre fille; je
me plaçai devant elle pour la défendre et la querelle s'en-
\cnima à ce point, que je reçus des blessures. .Te me jelai
sur le plus acharné au moment où il s'élançait sur elle avec
une fureur bestiale, et je le tuai. Puis, icdoublani d'ellbrts
pour la défendre, je finis |)ar la lir<'i- saine el sauve de leurs
mains; une fois échappée au p<Til qui la menaçait, je la fis
sortir de la demeure el je surpris ses paroles: «Que l)i<'U le
2\ti LES PHAIKIES D'OH,
ji »4>Jjj :>î_^i jl yo tX^I J^ kd^i^j iJ\,Ai2AJ! -eUiï <J_5_5 ^î_j
protège comme tu m as protégée; qu'il soit pour toi ce que
tu as été pour moi-même!» Cepeudant les voisins attirés
par les cris étaient accourus. En me voyant un couteau à la
main près d'un homme baignant dans son sang, ils m'arrê-
tèrent et me livrèrent en cet état à la justice. » Ishakdit alois
au prisonnier : « Je veux reconnaître la protection que tu
as accordée à cette femme, je te pardonne, pour l'amour de
Dieu et de son Apôtre. — Et moi, répondit cet homme, j(;
jure par ceux en laveur de qui vous me j)ardonnez, que je
ne retomberai plus dans le crime et que j'éviterai toute ac-
tion blâmable jusqu'à ce que je me préseule au tribunal de
Dieu. » Ishak lui ht part ensuite de son rêve en ajoutant que
Dieu ne laissait pas une telle action sans récompense, et il
lui olFrit, en conséquence, une somme considérable; mais
cet homme ne voulut rien accepter.
En 207, Motewekkil rendit ses bonnes grâces à Abou
Mohammed Yahya (Dis d'Akteni) le kadi, qu'il rappela à
Sorra-mcn-rà , pour l'investir des fonctions de Grand-Juge.
H disgracia Ahmed ben Abi Douad, et son fils Abou '1-Walid
CHAPITRE CXVII. 215
*Xjr *X^_pi j,l »»XJ^ »lj_5 *X.Xj :>iji ji ^ J^:;-! 4>îi *Xa«:
:>i_5^ j,i (j^l -^^ i*X^ JUi ii^:> jî /^jÎ -l^fi. iL«!iVA«wj v*aj
Mohammed , qui occupait celte place ; il confisqua sur la for-
lune de ce dernier une somme de cent vingt mille dinars et
des bijoux pour une valeur de quaranle mille dinars, puis
il Texila à Bagdad. Abou Abd Allah Ahmed (fils d'Abou
Douad) avait été frappé de paralysie ({uarante-sepl jours
après la mortde son ennemi Ibn Zeyyat (en 2^3 de Phégire) ;
il mourut en 2/io, vingt jours après la mort de son propre
(ils Abou 1 Wélid (Moliammed ben Ahmed).
Ahmed (lils (TAbou Douad) fut, comme on le sait, un de
ces hommes privilégiés dont Dieu se sert pour répandre ses
bienfaits, un de ceux devant <pii il aplanit la roule du salul
et à qui il inspire l'amour du bien et la pratique des bonnes
œuvres. On lacoiilc cpic le klialife Moulacem avait réuni
quelques courtisans ;i Djaurak (palais |)rès de Bagdad) pour
boire le \in du malin et leur axait ordonné i]v pr(''parer cha-
cun un plat de sa fa(;on , lorscpTil apcrrut Sallamali, l<' page
d'ibn \l)! Douad :.. \oici, (lil-il, I.' pai;c (Tlhu \l)i Douad
qui vient s'eucpiérir de ce (pie uous faisons; dans un moment
son maître va se présenter; il me |)aileia d'un iel de la la-
216 LES PRAIRIES D'OR.
f.
^À_A« ^js- (^J ^_^^ Jiï iJ ^jib ;^ i^li ciyi ^j;j_;o ^.àaS^
JljJUt.^ »Xj^ l3<X-i .«^iJyû (:r* *K.s-i_j tK g^^ *>^i '^^ *>^-î^
mille de Hachem, cFun tel de Koreich, et d'un Ansar, et
d'un Arabe, de sorte qu'avec ses requêtes il troublera nos
projets de plaisir. Je vous prends à témoins que je n'accueil-
lerai pas une seule de ses demandes aujourd'hui. » Il venait
à peine de prononcer ces paroles lorsque (le chambellan)
Itakh annonça Abou Abd Allah, « Que vousdisais-je? » ajouta
le prince en s'adressant à ses convives; et comme ceux-ci
l'engageaient à ne pas recevoir le kadi, Moutacen» répondit:
«Malheureux que vous êtes! une fièvre d'un an me serait
chose plus facile! » Le kadi entra et salua; à peine avait-il
pris sa place et commencé à parler que le visage du Khalife
se déridait et que la joie se répandait dans tout son être.
« Père d' Abd Allah, dit-il ensuite au nouveau venu, chacun
de ceux qui sont ici vient d'appréler un plat de sa façon et
nous te prenons pour juge en cette affaire. — Qu'on me serve
ces mets, répondit le kadi, afin que je puisse y goûter et pro-
noncer en connaissance de cause. » On apporta les plats el
on les posa devant lui. Il se mit à manger copieusement ilu
premier qui lui fut présenté. «Voilà qui est injuste, lui (ht
CHAPIÏUE CXVIl. 217
Ut Jii ^- J'oi U^ yu J'it ^U Jl-j ^-ȉ;jdl >i ^Aiii j^xJi^i
Ulj l-^-^^j i-ïi^ l.^.li-j:i-5l lil l^i^U^ :>l^i *xji3 h^
*XJi_i »»X_££> Ulj l-6-^5y JIJOliL l^isrUo I^aXL »XJii S <X^
j^*>ocl5 \.Juio^ iS'^^ ^ir^J-^ ^J^3 1r*^ '^^^^ *"(r'^'^ <J^ (J*^^"^^
^i WA î_p^l iC -.^iiJi ^ J^t <kj ^-^^-^^Î ^.j }-^ i^\k*£L> l^X
Moularem. — El pourquoi, Sire? — Il me semble qu'après
avoir mangé de ce plat avec tant de plaisir, lu le pronon-
ceras en faveur de celui qui l'a préparé. — Prince des
Croyants, i-épliqua Ihn ;\.bi Douad, je m'engage à fiiire hon-
neur aux autres plats tout autant ([u'à celui-ci. — Soit, dit le
Khalife en souriant, cela te regarde. » Le kadi tintsa promesse
et se prononça ensuite en ces ternies ? «Le mérite de celui
qui a accommodé ce mets, c'est qu'il y a prodigué le poivre
en ménageant le cumin; le mérite de cet autre, c'est qu'il y
a prodigué le vinaigre et ménagé Thuile. Ce qui rend cet
autre plat excellent, c'est que les épices y sont mélangés
en égale proportion; quant à celui-ci, l'auteur a fait preuve
de goût en y mettant moins d'eau ([ue de honillon;" el il
signala ainsi \o mérilc de clia((ii(' ragoût a\('c des doges
(jui cliannaicnl celui (pii l'avait prépare. Puis il se mit a
table avec les convivcîs, et mangea de la meilleure grâce
et du meilleur appélit, eu rappelant les prouesses des
grands mangeuis des premieis A^;es de lislam, comme
218 LES PRAIRIES D'OR.
J._A_^ »j_.sû:> ii.J^i 0.£ Aj'Xjt' ij^^ ^Jd5 «Xas /vj -.L<rJ^»
4^L^-=ï. ^ï^-^'j JlXHÎ /cjU-^j ijl^aAil ^ij^^ij ;^Ji «j-«*^-«
Moâwiah, lils crAbou Sofian; Obeïd Allah, fils de Ziad;
Haddjadj , fds de Youcouf, et Suleiman, fds d'Abd el-Molik,
ou bien celles des plus fameux gourmands de l'époque,
comme Meïçarah le marchand de dattes, Dawrak le bou-
cher, Hatem le mesureur de grains et Ishak le baigneur.
Quand la table fut enlevée, le Khalife lui demanda : «Père
d'Abd Allah, as-tu quelque requête à m'adresser.^ — Oui
Sire, répondit le juge. — Parle, car nos convives sont im-
patients de se divertir. — Eh bien, Prince des Croyants,
un membre de votre famille a été disgracié de la fortune;
il se trouve dans une situation pénible et il vit misérable-
ment. — Qui est-il ? » demanda Moutaçem. Le kadi nomma
Suleiman (fds d'Abd Allah) Naufeii. — « Estime ce qu'il lui
faut. — Cinquante mille dirhems. — ■ Je les lui donne. —
J'ai une autre requête, reprit le juge. — Quelle est-elle.''
— Veuillez rendre à Ibrahim, fds de Moutamer, ses biens
domaniaux. — J'y consens, répondit le prince. — Voici une
troisième flemancie. — - Accordé, » répliqua VIoutarem; (!<•
ciiAPrrni-: ex vu. 219
AJUki- i JU» (^^Aiaji. ^b (^Cs- \^i^ *=,^ (j-s^ 2>ij.j ^ ii>U-
J.Xa£; cjU> w^-eii< J^-^AJ» ^y^ '^i 4r^ dJ??-^-*^' J-^' ^
Jj^JOj A?;-J^ f^^:?^ ^'^. (J^j^- t^*^' ^^'-5 ''^ ^*A>^i^
sort«> que le kadi ne s'éloigna pas avant d'avoir exposé treize
affaires pour lesquelles il n essuya pas un seul refus. Il se
leva alors et prononça Tallocution suivante : « Prince des
Croyants, ({ue Dieu vous accorde de longues années, car
votre evistence doinie à vos sujets d(>s canq)agnes fertiles,
une vie heureuse et des richesses fécondes! Puissiez-vous
jouir d'une félicité parfaite, être coud)lé des faveurs de Dieu
et préservé de loul malheur, de loule disgrâce I- Quand d
se fut éloigné, Moufacem ajouta : " Kn vérilé, on est fier de
connaître un homme lel que lui et heureux de le fréquenler;
il l'emporte sur milh; de ses égaux. Avez vous remarqué
comme il s'est présenté, comme il a sahu' et pi is la parole:'
Avec quel art il a su goûter et louer les mets et s'étendre dans
l'entretien, enfin (pielle gaieté il a n'pandiie sur notre re-
pas? IVjur repousser une demandi' \niaiil de lui il laudrait
être un homme vil et de hasse origine. Vrai Dieu, s'il m'eût
demandé séance tenante la valeur dedix millionsdedirhems,
je n'aurais su les lui refuser, parce que j,e suis convaincu
220 LES PRAIRIES D'OR.
J^A_ïi_5 *,.ji;X£ *>otAi i^y^^. \^>^^ -^^ <^ *^-* ù>y*^ t**^
qu'en retour de ce don il m'aurait acquis de la gloire en ce
monde et une récompense dans la vie future. » — Voici
quelques vers du Tayite (Abou Tammam) en Thonneur
d'Ahmed, fils d'Abou Douad :
Les perfidies de tous les âges sont effacées par les nobles actions d'Ah-
med , fils d'Abou Douad.
Je n'ai jamais voyagé dans le inonde sans devoir à sa générosité ma
monture et mes provisions de route;
Ma pensée et mes espérances demeurent stables auprès de toi, alors
même que ma caravane erre à travers les pays.
La tradition a conservé l'anecdote suivante racontée par
Fath, fils de Khakan : «Je me trouvais, dit-il, auprès de
Motewekkil un jour où , ayant l'intention de boire le vin du
matin dans (son château de) Djàfari , il avait envoyé quérir
ses courtisans et ses chanteurs. Nous nous promenions et ^
s'appuy.inl sur moi, le Khalife prêtait l'oreille à mes dis-
cours; nous arrivâmes ainsi sur une ("minence d'où nous
pouvions voir lecaniil. Le prince se fit npporter nn (aiilenil
CHAPII UK i:XVll. 221
y.X.> fi.À- ^J-« r^\j),^M l-T-AJ j^i^J */*^-^ ^"^i ^J^^r! (J^r^ ^^^_5
^J^iJJiJi i^j:>Uj UJ\.=^ (^ ^-(p? t^ V""^^^'-^ t^-^h^ U ^^' Ui
J^xl! i_j^t=-3 Uj.^^ ^ /«•■4-^>*J <-^>!^'^ fi-^ J-« 1^ iiA^^ll
JwLX_J^-«i ««^Jl^i ,^J.• ^j..i 1^3 *Xji^i! (_>.XAi'^_J j.lxkJi J-AÏi^
et s'assit; tandis ([lul causait avec moi, il apt^rçut une em-
barcation attachée tout près de la berge du canal; un ma-
telot faisait cuire "dans une grande marmite placée devant
lui un sikbadj de bœuf (vinaigrette de viande hachée et
assaisonnée de miel), dont Todeur se répandait au loin.
«Falh, me dit le Khalife, cela sent le sikhadj ; par Dieu,
sens-tu, mon cher, quel délicieux fumet? Qu'on me l'apporte
tel quel I » Les valets de pied s'empressant coururent enlever
la marmite des mains du matelot; ce que voyant, les mari-
niers (le rembarcalioM faillirent mourir de saisissement et
(le peur. La marmite aj)portée au Khalife toute bouillante
H telle (pi'on l'avait prise fut placée devant nous. Enchanté
du parliuM et de la couleur appétissante du ragoût, Mote-
wckkil (lcni;ui(l;i une ruiclic de |)aiM, eu cassa un morceau
(pi'il me donna, eu prit un autre morceau pour lui et nous
mangeâmes l'un et l'autre trois bouchées de ragoût ; après
nous, les couilisans et les chanlcurs viiuviil en prendre
chacun une boucht'e; ou apporta ensuite le dejenner et les
tables iuren! servies. Le repas termine, Vloleuekkil lit videv
222 LES PUAI RIES D'OR.
jj^ LÀ-J^! U (J-Jf !«>wii (0— g-î cK-ij ^A/.À*^*3i tjUsPi^ L^*>sJ
^UXaM (j^ /y^M*=>.i C:A.XI u -.l^ii jjsi jji liî Jj.ij t» ^)-AAJ
■C.AW. A-X-wi ^J^ l~t»-» 3JsJ^ O^*.-' «-^i>'^AJ Jo^ii (^À-«j,4l j-A^^
et laver la marmite en sa présence et ordonna qu'on la rem-
plît de dirhems; on y versa tout le contenu d'un group;
mais comme il restait encore dans le sac environ deux mille
dirhems, le prince dit au valet qui se trouvait devant lui :
"Tu vas prendre ce vase, tu le porteras aux mariniers et
tu leur diras : Voici le prix de ce que nous avons consommé
de votre ragoût. Puis tu donneras à celui qui Ta préparé
Vexcédant de cette somme pour le récompenser de son excel-
lente cuisine.» Fath ajoute que le Khalife disait souvent,
lorsqu'on lui rappelait le plat du matelot : « Je n'ai jamais
mangé rien de meilleur que le sikbadj assaisonné, ce jour-
là, par les mariniers. »
Le jurisconsulte Abou '1-KaçemDjàfar (fils de Mohammed,
(ils de Hamdan) Moçouli, qui était originaire de Haditat el-
Moroul, m'a transmis, dans la ville de Djoheïnah, le récit
suivant fait à Abou '1-Haran Salihi par Djahiz. « On m'avait-
recommandé au Khalife Motewekkil , raconte Djahiz, pour
diriger rédiicalif>n d'un de ses fils; mais quand ce prince me
CIlAPirUK CW 11. 22.)
iù\k£. ^j.4 t^-^s^ys^^ i^syjio^ r)^ ô^' *^*i.*j (2,y^^ (St^^~^^
t-jUii^ U~^^ b^i ^^''^îJi.ÂJ c_jLx_C^ iC_x_A_i3_ï -j j vX
vit, il trouva mon j)]iysique déplaisant et, me faisant donner
dix mille dirhems, il me congédia. En sortant de chez lui,
je rencontrai Mohammed hen Ibrahim (gouverneur de la
Perse), qui était sur le point de se rendre à Bagdad; il me
proposa de l'accompagner et de descendre le Tigre dans son
embarcation. J'y pris j)lace à côté de lui; quand nous arri-
vâmes à l'embouchure du canal de Katoid, après avoir quitté
Sainarra, Mohammed fit dresser une tente fermée par des
rideaux et appela ses chanteuses. Une joueuse de lulh com-
mença sur les paroles que voici :
Chaque jour, une rupture, des reproclics ! Le lemps s'c'couio ri notri'
colère ne s'apaise point;
Qui me (lira si ce malheur ne frappe cjuc moi seni au nionJc on s'il est
<<>mmun à tout ce qui aime ?
Elle s'arrêta, et sur l'ordre du |)iin((' une guilarislc cliaula
l'air suivant :
Pitié pour (le p.nivrcs amants (pic je vois ahainlonnés c!(! tous.
Avec quelle cruanlé on les repousse, on les <''loi<jnc, ou les sépare, el
ils seraient patients !
224 LES PRAIRIES D'OR.
fi
i4j«>wo »»Xaj3 JU.iI il l^AiùUiaj -Xi *X4^ jj*.|^ <^^ Mi-iî Jî
La joueuse de lulli reprit : « Que doivent-ils faire aiors ? »
La guitariste répondit : « Voilà ce qu'ils font ; » et de sa main
elle déchira le rideau , nous apparut brillante comme le
demi-disque de la lune et se précipita dans le fleuve. Au
chevet de Mohammed se tenait un jeune page, qui pouvait
rivaliser de beauté avec elle; en voyant cet acte de désespoir,
il jeta le chasse-mouche qu'il avait à la main, courut à l'en-
droit d'où elle était tombée et la voyant passer entre deux
eaux, il s'écria :
C'est toi , après le destin , qui mo jettes dans le gouflVe; peux-lu encore
le comprendre ?
Et il se précipita dans le fleuve sur ses traces. Les mate-
lots ayant viré de bord, on aperçut les deux amants qui se
tenaient entrelacés; puis ils disparurent. Cette scène avait
assombri et gravement impressionné Mohammed; il me dit
alors : « Amr, raconte-moi une histoire qui puisse me con-
soler de la perte de ces deux serviteurs, sinon je t'envoie les
rejoindre. » Voici, ajoute Djahiz, b^ récit que je lui fis. « On
CHAPITRE CXVFf. 225
AaXc CX.^£:j ^llaiî ^-«y^. OsJli jiUî <Xa£ ^jo Jswjjyj (ji ^^J
(J.^ls<^^^-«oi-^*>)l «Xio^ÀJ jlj JJ^XJcJi l*X>iû (ja«j 5A^ /oJslîI
raconte que Yézid, fils d'Abd el-Mélik, présidant, un jour,
Taudience de justice, trouva parmi les pièces qui lui fu-
rent présentées une requête ainsi conçue : « Plaise au Prince
des Croyants (que Dieu le glorifie!) faire venir en ma pré-
sence son esclave une telle, pour qu'elle me chaule trois
airs. » Yézid courroucé ordonna qu'on lui apportât la tête du
coupable; mais il envoya un second messager sur les traces
du premier avec Tordre d'amener fauteur de la requête.
Quand cet homme lut en sa présence, le prince lui de-
manda ce qui avait pu lui inspirer une action aussi hardie.
"C'est, répondil-il, ma croyance en votre bonté, ma con-
fiance en votre pardon. » Le Khalife le fit asseoir et lorsque
tous les Omeyyades, jusqu'au dernier d'entre eux, se furent
éloignés, il fit venir l'esclave avec sou luili à la ruaiu. l,e
jctuie homme lui demanda cet air:
Doucement, Falimali, modère ta roqnctteric clédaignense, cl, si (ii as
juré de me quitter, du inoius sois douce envers moi.
VU. 1 3
22() LES PRAIRIES D'OR.
AW.ÀÀJ ^y «XjJ^J iUi (_^^ (_^ iXxA^i c^S^ <;^r^ ^?j.-i pfvXAwî
NJi_5 J^.i£.i >i ^j\^yl Ak^î <Ji W Î^AXkiL' U.Xa^ i_5J^i^ yl^s
L'esclave chanta; ensuite le jeune homme, avec lautori-
sation de Yézid , réclama cet autre air :
L'éclair brille dans la direction du Nedjd et je lui dis :■ Eclair, je n'ai
j)lus le temps de t'observcr.
Un autre que toi m'occupe , un ennemi altéré de vengeance et de haine,
dont la main lient une lame nue, acérée comme la pointe d'une lance.
Elle le chanta aussi. « Parle, dit le prince au jeune homme.
— Ordonnez qu'on m'apporte une amphore de vin, » répon-
dit-il. On la lui apporta; à peine l'eut-il vidée qu'il se leva
brusquement, grimpa au faîte dn dôme sous lequel le Prince
était assis, se précipita la tête la première et expira. Yézid
s'écria alors : « Nous appartenons à Dieu et nous retournons
vers lui. Voyez le sot, l'insensé, qui croyait qu'après lui avoir
montré une de mes esclaves je la garderais en ma possession !
Pages, faites sortir cette fille et conduisez-la dans sa famille,
si elle en a ; sinon vendez-la.et distribuez l'argent eu aumônes ,
à l'iutention du mort. » On l'emmena aussitôt; en traversant
la cour (lu ])alais, (>lle vit une fosse qu'on avait creusée au
CHAPITRE CXVU. 227
cyj_-« !5X»_j ^J.Uw>^ ^j.^À. il I*)sXd» cA^Xs l^JÙI*£ c:>U (j^
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milieu du palais de Yézid pour recevoir les eaux de pluie;
elle échappa aux mains de ses gardiens et prononçant ce
vers :
Ceux qui meurent d'amour doivent mourii- ainsi ; l'amour ne vaut rien
sans la mort.
Elle s'y précipita la tète en avant et mourut. Ce récit
(ajoute Djahiz) consola Mohammed, cl je reçus de lui une
belle gratification. » D'autres cependant font figurer dans
cette aventure Suleïrnan, fils d'Abd el-Mélik, au lieu de
Yézid, fils d'Abd el-Mélik.
Djahiz poursuit ainsi : « Lorsf|ue j'eus transmis ce récit à
Abou Abd Allai) Mohammed (fils de Djàfar) Anbari dans la
ville de Basrab , il me dit : « Je veux à mon tour le raconter
un fait analogue à celui que tu viens de tue rcxc-lcr. Je le
dois à reunuque Faïk, qui était mawla de Moliainuied (fils
d'Homeïd) Toussi. Ce dernier était assis, un jour, avec
quelques intimes et il écoutait une esclave qui, séparée de
l'assemblée par un rideau, chantait ces vers :
22« LES PRAIRIES D'OR.
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Belle qui habites ce château, lorsque tu te lèves brillante comme la
lune, je soulTre parce qu'un autre que moi te possède;
Mais si Dieu lui-même a voulu que tu me fasses éprouver cette dou-
leur, que puis-je faire ?
Derrière Mohammed, un jeune page, une coupe à la main,
lui servait à boire; il la jeta à terre, courut k la fenêtre et
se précipita dans le Tigre en s'écriant : « Voilà ce que tu dois
faire!» Aussitôt la chanteuse déchira le rideau et se jeta
clans le fleuve sur ses traces; toutes les recherches faites par
les serviteurs pour retrouver les deux victimes furent inu-
.tiles et Mohammed, interrompant la fête, se relira.
En 2 33 de Thégire, Motewekkil, irrité contre Omar ben
Feredj , originaire de Rokkhedj, écrivain d'un talent supé-
rieur, confisqua ses biens et ses bijoux, ce qui représentait
environ cent vingt mille dinars. Les biens de son frère furent
également confisqués jusqu'à concurrence de près de cent
cinquante mille dinars. (Ce dernier qui se nommait) Moham-
med obtint ensuite sa grâce et la restitution de ses domaines
CHAPITRK ex VII. 229
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moyennant une somme de vingt et un millions de dirhems.
Le Khalife le disgracia une seconde fois cl le condamna à
être soufileté tous les jours; d'après le calcul qui en fut fait,
le malheureux reçut six raille soufllels; il fut, en outre, re-
vêtu d'une robe de bure. Après une réconciliation ])assagère,
il encourut pour la troisième fois le courroux du prince et
fut exilé à Bagdad, où il résida jusqu'à sa moit.
Le chef des môheds offrit, un jour, au Khalife une fiole
d'huile parfumée en y ajoutant ce message : « Un présent,
oflert par un inférieur à un supérieur, paraît d'autant plus
beau et plus brillant, qu'il est plus léger cl plus mince;
mais un piésent qu'un supérieur fait à un iuféiieur gagne
par sa grande valeur en importance et eu utilité. »
Ahmed ben llanbal mourut, sous le règne de Motcwekkil,
dans la ville de liaj^dad (mois de rebî II, j/ii de l'hégire) et
fut enterré à Bab-IIarb (voir ci-après, p. 23i), dans le quar-
tier occidental (le la ville; Mohammed, (ils de Taher, récita l;i
prière des fulu'•r^ill<^s; jamais aux ol)sè(|u<'s d'un juriscon-
230 LES PRAIRIES D'OR.
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J^_A«)._Jî cuj.-^ «X.À-& l^il^^IaS ^AÀs»- /jjI cy|k^ «XÀ£ Ci*»^]ii
suite on n'avait vu un pareil concours de monde. Les propos
les plus divers et les plus contradictoires circulaient parmi
la foule; on raconte, par exemple, qu'un des assistants se
mit à crier : « Maudissez celui qui persiste dans l'erreur ! »
parole qui est en contradiction avec ce que la tradition rap- .
porte à cet égard du fondateur de la loi sainte. Au contraire,
un des premiers et des plus considérables personnages, qui
accompagnait le convoi et qui prenait rang après l'imam du
cortège , prononça ce vers d'une voix retentissante :
La mort de Mohammed avait couvert le monde de ténèbres; le monde
s'est obscurci après la mort d'ibn Haiibal.
Il entendait par là que le monde s'était déjà obscurci
après la mort de Mohammed, et que le trépas d'Ibn Hanbal
avait répandu sur la terre des ténèbres aussi épaisses qu'après
la mort du Prophète.
Cette même année fut signalée par des chutes d'étoiles
comme on n'avait rien vu de pareil ; ce phénomène eut lieu
CHAPITRE CXVll. 231
ii>^j iv^-w (^j^ »0v.xJi3i ^i> jj kiUi^ iL9j,yl! i3-J^po (j-« ijI^^'
CAjl^ J^-*i*" (^j5 W^j »-'^ (1^' A.À^i jj_5 xj\Ji'>\3^ f^jsi*s.%
j..<i;K-AJlî ^jj jÀx.=>- »l«_5 c>~il<3 JJvaJ! J.i^i s^.\s. ^^^ ca^^Jî^j
dans la nuil du jeudi 6 de djemadi II; mais il sVsl reproduit
aussi effrayant en Tannée 323, dans la nuit où les Kamiales
attaquèrent les pcMerins (rirak sur la route de koufali au
mois de dou M-kàdch; (cf. Ibu d-Aihir, VIII, p. 232). —
L'année de la mort d'Ibn Ilanbal fut aussi celle où mourut
Mohammed (fils dWbd Allah, fils de Mohammed) Eskali ,
personnage célèbre parmi les philosophes et Tum des ])iinei
pauxdela sectedcsMoutazAîlites. — Va\ 23'i, mori cieDjàfar,
fds de Mobachir, qui se distingua par sa prohité el sa piété
parmi les docteurs de liagdad. — Eu 236, mort de Djàfar,
lils de Ilarl), de la tribu de Hamdan et \\\\\ des ehels de l\ali-
lan;cV'stà s(jn père (|ue le (piartier de liai) llaib, dans la
partie occidentale de Hagdad, doit son nom. Djàl'ai- lui le
doyen des théologiens de cette ville.
Vu rapport d'AbouMIfaran Khayyal , ce fui en 227 de
rhégire (pu- mourut Ahou M llodeïl '^Moiiammed, lils d'I^I-
232 LES PRAIRIES D'OR.
0jj.xi^ffj *A^ iCi^ AjUj (-iAj\^^}.j4>\^r 0j <Xj^ J.jjs-g.3! bl yl
<_$«X_j>-i <\-*— w [«j-S JUi 5*>Oj^ tj AjU^Î ^jvÀj -0^" (^jvIjL»^
Hocleïl, surnommé AllaJ)\ mais ses disciples ne s'accordent
pas sur la date de sa naissance, qu'ils placent les uns en i3 1,
les autres en i3/i de l'hégire. Cet Abou '1-Hodeïl s'était ren-
contré un jour avec Hicham (fils d'El-Hakem) de Koufah,
surnommé iïar/ar, lequel était le chef des anthropomorphites
et de ceux des hérétiques qui professaient la même doctrine;
Abou '1-Hodeïl, au contraire, rejetait la ihèse de l'anthropo-
morphisme et de l'assimilation et soutenait une opinion
opposée à celle de Hicham relativement à ïuniié (de Dieu)
et à V imamat. Hicham fit donc à son adversaire robjection
suivante : « Puisque tu soutiens que le mouvement est vi-
sible, pourquoi ne prétends-tu pas aussi qu'il est tangible ?»
Abou '1-Hodeïl répondit : « Parce que le mouvement , n'étant
pas un corps, ne peut être touché, cette propriété apparte-
nant seulement aux corps. — Eh bien , répartit Hicham ,
ajoute donc qu'il ne peut être visible, puisque la vue ne
peut tomber que sur les corps. » Mais Abou '1-HodeïI reprit
l'offensive en ces termes : « D'où tires-tu ta proposition que
CHAPITRE CXVH. 233
^j \.M*JU<.j l^b (J^*i (j^ ^ Lfc^ Lg,**#jijlj iijçUJl (jIa^^Î^
-M^ iCJiltf c.A.**Ai iCS^il ^I JoiX^Jî Ll L o»JS3 l^ J.jIj civj!
rattribiit n'est pas l'èlre et n'est pas différent de Tètre? —
Hichain répliqua : « De ce qu'il est impossible que l'action
({ue j'accomplis soit moi, et qu'il est impossible qu'elle soit
autre chose que moi. Car je n'admets la diversité que pour
les corps et les substances qui existent par eux-mêmes; or,
comme mon action n'a pas d'existence propre et comme elle
ne peut être moi, il s'ensuit qu'elle n'est ni moi, ni différente
de moi. Mais voici une autre preuve que je lire de les pro-
pres paroles : Abou '1-ITodeïl, lu souliens ([ue le mouvement
n'est ni tangible ni visible parce que, selon loi, il est im-
possible qu'il tombe sous les sens du toucher et de la vue. Je
dis à mon tour : l'ail ribiil n'est pas moi cl iTcsl pas différent
de moi, et rarf^uniciit par lequel je soutiens cet axiome est
le tien même lorscpie Ui deinonires (pie le mouvenienl n'est
susceptible ni d'être louché ni d'èlrc vu.» Abou 'lllodcïl
coupa court à la conlroverse sans rien r(''poiidre.
Mort d'Abou Mouea Ferra, un des cheikhs orthodoxes et
des plus farauds lhéol()jj;icns de TMcole de U;it;(la(l, en -iiiO
23i LES PRAIRIES D'OR.
^j.» uÀAaw >-<r>J Ià^j «Xi» —uiij^ij r»- -AhJi ^^ IàaJO (_j>< v_âAaw
iJ3^_A_x_lî iiS— <* tj^ ^jIj_5j 'Xjvxc 0-j 3^5j.Ai>. cjUMÎ I«X^
<XJs« ^jLwj (vyv—njjîj (*~iV)' ''^■*'**' '■i^Jo Aj'lij /j)_5 Wa* *<X.*i)_j
L^lWo ji (^J ^ c^ i*3^A»*;j ^1 Qj^ QOJ iUU^I yU J^aJî JÎ
de l'hégire. — Waril ben Ata, surnommé Ahoa liodaïfah,
mort en l'année i3i de l'hégire, fut le chef el le fondateur
de la secte moutazélite et let premier qui établit la doctrine
de Vétai mixte, ce qui signifie que le Musulman en état de
péché n'est ni croyant ni infidèle. 11 désigna ses sectateurs.
par le nom de nioutaz élites , du mot itizal (se séparer). Les
détails que nous avons donnés précédemment, au chapitre
des Omeyyades, sur les cinq principes soutenus par l'école
moutazélite nous dispensent d'y revenir ici (voir, t. VI, p. 20
et suiv.); nous les avons également développés et élucidés
dans nos premiers ouvrages.
Nous avons parlé déjà dans ce livre d'Amr, fils d'Obeid,
chef et directeur de cette secte, et nous avons dit qu'il
mourut en ilxiv de fliégire (t. VI, p. 208 et suiv.). Amr se
trouva un jour dans une réunion avec Hicham, fils d'El-
Hakem; or Hicham professait fopinion que la qualité d^imain
a été textuellement donnée par Dieu el par le Prophète à Ali ,
lils d'Abou Talib, et après lui à sa postérité j)ui«', c'esl-à-dirc
CHAPITRE CXVII. 235
(jv*w.ii^ ^JJ^t^^ ^j^^Ual! 5«XJ_5 (j~» Sj.Aa^ (J^ (j~* (^^ Ktàj
^ji j^^ (j^j' -Li..^ Jb \j>j[Ai3.xj LjjtilÀ^ (^j )jy^^ ij_^^^
à ses fils, Haçan, IIuçoïii et leurs hériliors; tandis que Amr
considérait rimamat comme une délégation émanant de la
communauté musulmane à toutes les époques. Dans cette
conférence, Hicham fit à son adversaire la question suivante :
nPour(|uoi Dieu t'a-t-il donné deux yeux? — C'est, répon-
dit Amr, afin que je contemple ses œuvres, les cieux, la
terre, sa création tout entière, et que j ariiv<î par lu à la
connaissance du créateur. — Pourquoi t'a-t-il donné le sens
de l'ouïe ? — Pour que j'entende ce qu'il a |)ermis et ce qu'il
a défendu, ses ordres et ses ])roliil)ili<)ns. — Pourcpioi une
lauffue.^ — C'est afin fpic j'exprime ma pensée et f|U(' j'ins-
truise ceux ((u'il est de mon devoir d'initier à la loi de Dieu.
— Pourquoi, continua Ilicliam, Dieu a-t-il créé eu loi nnv.
inlcllij,M'iic(î ? » — Amr répondit : «C'est pour (pi'elle soit le
centre où les sens aboutissent et (ju'elle fasse un choix entre
ce (pi'ils aj)porient de bon et de mauvais. — Dieu, reprit
Hicham, pouvait-il te doter de tous les sens, et ne pas créer
en toi une intelligence vers lacpielle ils se dirigent? — Non,
2:i0 LES PRAIRIES D'OU.
j^-JL-clj aKjcl> U t^ l^J e*-£lJl ^iû ij^^ fc^XXÎi ^^Ais? iil
j^v«*.A£ _jijt »j.ji aliyXja. j^*Xj! î«Xiûj (J}j*Ji (ij^ Jij-^ '^y. ]>•*
eJUUAxaj" aÎ^ (jOoLwj (jvjojtj Jt-*-*»* iOkAw XX^JL» o«*,xi! jtAs^ii
dit Amr. — Et pourquoi? — Parce que c'est l'intelligence
qui dirige les sens à son profit; Dieu n'ayant pas donné aux
sens une impulsion propre, il ne pouvait se dispenser de
leur créer un moteur qui les dirigeât vers la fin pour la-,
quelle ils existent, et ce moteur ne pouvait être que l'intel-
ligence qui les met en mouvement et distingue pour eux ce
qui est bon de ce qui est nuisible. — Eh bien, s'écria Hi-
cham, rimam est pour les hommes ce que l'intelligence est
pour les sens, et de même que les sens ne peuvent aboutir
ailleurs qu'à l'intelligence, de même les hommes doivent
avoir recours à un imam qui leur est indispensable. » Amr
ne put opposer à ce raisonnement aucune objection plau-
sible. La discussion qiu précède est rapportée par Abou Yra
Mohammed (fils de Haroun) lelihraire, originaire de Bagdad,
dans son livre intitulé Conférences. Abou Yra mourut à
Bagdad dans le quartier de la ville occidentale nommé Bani-
lah , en a^y de l'hégire; il laissa plusieurs ouvrages remar-
CHAPlTIiK ex VII. 237
J^rsJij /^Tj^îj JvXiij w^liai J^!^ ^b}Vxl\ <_,L,| »ls^ yU>J5
j*,La_*JI qj i^vû^ji »-:>U ^r>jJ c:Ajk>viI L_>l^°i^ pll^xiîî
quables, entre autres le Livre des Discours, qui traite de
l'imamat et d'autres sujets de controverse.
Abou '1-Hureïn Ahmed (fds de Yahya, fils d'ishak) Ra-
wendi mourut dans la ville de Rahbat-Malik ben Tawk, ou
selon d'autres, à Bagdad, en 2^5, à l'âge de quarante ans
environ. 11 a écrit cent quatorze ouvrages. On trouve dans
nos Annales historiques la date de la mort des auteurs de
discours, des chefs de sectes, des savants versés dans la
controverse, dans l'étude des systèmes et des religions, leur
histoire, leurs discussions et les différences de leurs doc-
trines; ces mêmes détails sont reproduits dans notre Livre
Moyen juscju'à l'année 332. Nous nous bornons ici à citer
(|uel({U('s noms et à donner une courte notice de ces person-
nages, des jurisconsidtes et des trarlitionnisfes.
Kn la même année (lisez en 2/i3) mourut le secrétaire
Ibrahim (lils d'Abbas) Souli, écrivain élocpienl et poète dis-
tingué; on ne connaît pas de hntihs paiini les anciens et les
238 Ll^^ PRAIRIES D'OR.
modernes quiTaient surpassé en poésie. Dans sa jeunesse, il
vécut du produit de ses vers et visita plusieurs rois et émirs
dont il fit le panégyrique pour en obtenir un salaire.
Un \aiib rapporte d'après Ishak ben Ibrahim , frère de Zeid
ben Ibrahim , l'anecdote que voici. Ishak était gouverneur de
Saïmarah et de Sirawân lorsque Souli passa dans cette con-
trée; il se rendait dans le Khoraçân, où Mamoun venait de
proclamer Ali (fils de Mouça) Rida, héritier présomptif du
trône ; Souli avait composé un poëme dans lequel il chantait
la suprématie de la postérité d'Ali et proclamait les droits
de cette famille au khalifat supérieurs à ceux des autres
dynasties. Ishak poursuit ainsi sa narration : « Je louai
beaucoup ce poëme et je priai l'auteur de m'en laisser une
copie, ce qu'il fit; en retour, je lui donnai mille dirhems et
une monture pour son voyage. Plus tard , les vicissitudes de
la fortune placèrent Souli à la tête de la direction des do-
maines, en remplacement de Mouça, filsd'Abd el-Mélik, dont
j'étais un des principaux agents. Voulant faire une enquête
sur la gestion de Mouça, Souli me retira mon emploi; il fit
CHAPJTUI-; CWIf. 23'.)
^„t^xo ij' y-*'J (S^y-^-^ jj*"'—^ L_5ykA»<) v_«.À(iOvj( (j) w^^ iJ°J
c>_*>,wjuj JUi ^As (_-*.Àl:i c_jij»ji)î (j^ c^L» ^^ Ci5^-f>''' ÇuiSi
^^_=^i »<xij, (jlj ^U*]î ^j^ J^Aiiii wJlia ji yJ t^ yi /<sii;
ensuite rédiger un rapport où certaines charges pesaient sur
moi. .le les discutai en sa jirésence et lui j)résentai des preuves
irrécusables; mais il ne les admit point et n'eut pas plus
égard au jugement que les .secrétaires exprimèrent en ma fa-
veur; il m'adressa même, dans le cours de la discussion, les
paroles le» plus injurieu.ses. Enfin ayant exigé le serment des
liotihs au sujet d'un rlia|)ilre dudit rapport, comme je le pro-
nonçais il mon tour, il m(; dit: " Le serment d'I'ltat ne peut te
lif I pMis(|ue lu es hérétique (chiite). » Je lui demandai aussitôt
MM cmI relien particulier, et quand il me l'eut accorde- je lui
p;nlai en ces termes : «Je ne puis supporter une accusation
<pii met ma vie en danger, car si vous écrivez à Motewekkil
dans des termes identirpies à ceux dont vous venez de vous
servir, j(.' suis perdu. J'acce|)te tout le reste, mais non l'accu-
sation d'hérésie. Le véritable héréti([ue est celui qui soutient
qu'.Mi, lilsd'Abou'I'alil) , esl supi-rienrà Abbas et cpie la pos-
lérili- d'Ali a pbis de droits au khalilat (pie celle d'yVbhas. —
De (pii \eM\ Im parlei ? — De vous-même, et je possède celte
•i^o LES PiumiES irou.
^;i CA.\i J=-^ ^^«xi! jJCJtXJi j.Aiisi-t Jli xsJ »«Xj i ki^w 45^»-
^j J^jJôÂj ii^ »^^i_jll 5Js_tf> ^J5;.i*^j t^<^J c^ iSj-=?' ^ ''t^J
J_j..«jtl\ J<.^3i o^J ''^^^^ c^-àSTa- U. »il.3i) (^ J uàX^ c_>L*£.^
^_i (-:a-J!jj *X.ï^ o*-i^j|^ AÀiw i A*AJ>^_^*>Jî *j^uiis»-l^
«-jlxwi vj l^^ wA*-^ c^ WjÎ «^* outrer *x.5 A-«y^ ^» jjUm.:>-
c:a>aJ^ IjûHàjÎ iiA^ajtil c:j*Xi Ijf'^»*^ -îo»!^ (jw« sUaj^vJÎ^
déclaration écrite de votre main;» je iui rappelai alors le
poëme en question. Dès que j'eus prononcé ces paroles, il
se troubla et ajouta : « Donne-moi mon manuscrit, — ■ Dou-
cement, répliquai-je, vous ne l'aurez, je le jure, que si
vous vous engagez, par de sérieuses garanties, à ne me pour- .
suivre pour aucun des faits de mon administration , à dé-
chirer ce rapport et à n'examiner aucun de mes comptes. »
Il prononça un serment de nature à nie rassurer et déchira
l'état rédigé par son ordre : en retour, je lui rendis sa copie,
qu'il cacha dans ses bottines; puis je me retirai et ne fus
plus inquiété par aucune poursuite. »
On a réuni en volume la correspondance d'Ibrahim, lils
d'Abbas (Souli) , et des extraits de ses discours remarquables
ont été recueillis; nous en avons cité plusieurs dans notre
Livre Moyen. Parmi les plus beaux, bien que tous soient
d'une exquise perfection , nous choisissons le passage sui-
vant. «La révolte nourrit d'abord ses enfants, elle les" al-
laite du lait de ses mamelles, déroule ses espérances de-
CHAPITHE CXVII. 241
^^L_:^ c:^^^.j^ WvM o^'jiAjM -liai yî_5 ^^J (5^*^^ ij-jl-tJ^li
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vaut leur convoitise et leur inspire le goût de ses dangers.
Puis, quand ils grandissent libres et tranquilles et qu'ils se
laissent dresser sans crainte, quand après Tallaitement coiu-
mencc le sevrage, elle leur verse son poison, fail jaillir do
son sein du sang au lieu de lait, et subtituc le fiel à leurs
aliments. Elle les précipite de leur asile sûr dans la captivité,
et du bonheur dans les regrets, à travers la mort, la prison,
la licence et le crinu'. Il est rare que celui ([ui se jette avi-
dement dans le brasier de la discorde et qui s'abandonne
à ses erreurs ne soit pas terrassé et étranglé par elle, lorsque
la vérité déjoue ses stratagèmes : la discorde lait de lui une
terre aride dans ce monde, et Faliment des flammes dans
la vie future, un témoignage de la vérité et un argument
contre Terreur. — « Ce sera leur récompense en ce monde,
mais le châtiment futur sera plus terrible ( A. oran, v, 37). Ton
Dieu nV'st pas un tyran pour ceux qui le servent [ihid. xi.i,
/jG). » — iSouli est l'auteur de belles poésies; voici des passa-
ges tirés de celles où, de l'aveu d'un grand nond)re de litté-
rateurs, il n'a été surpassé par aucun de ses contemporains:
vu. iG
'2^12 LES PRAIRIES D'OR.
'■'^^,
^^'*i^
"1^ •■
J^_j
Nous possédons des chameaux aux bosses énormes; le désert est trop
étroit pour eux; leurs pieds et leur dos scintillent (comme l'éclair).
Avant de verser notre sang, il faut les atteindre; avant de répandre le
leur, il faut nous combattre.
La mort attend ceux qui convoitent notre territoire et nos foyers; mais ,
au jour du malheur, l'accès en est ouvert à tous.
Et ces vers :
Mais quant au généreux Abou Hicham , il est fidèle à sa parole et pro-
tégé contre la médisance.
Invisible tant que tu peux te passer de lui , il se montre à toi dès que le
danger te menace.
Et ceux-ci :
Que Dieu , lorsqu'il rétribue chacun selon ses oeuvres, récompense celui
qui est pour toi un frère illustre et généreux î
Quand je l'ai averti de son erreur, il semblait que je venais le réveiller
à l'aurore du jour.
Et les suivants :
CHAPITHE ex VII. 2^3
s-
à^:> u^j — '' t^b ^ — ^ «3^; (j — f^^
ybkX_=i, ^ La gS ^j.^ uUI <Xifc (J tl-^ijJ
yi^ i^^i cj- ^^i l^'ui ciJ^-^^l l_i
Que m'importent les rigueurs du sort? je ne songe qu'à celles (jui me
viennent de mes amis.
Je ne songe qu"i\ ceux qui m'accablent lorsqu'ils me voient accablé
par le destin.
Ceux que je me réservais (pour le mallieur) et (jui se font les auxi-
liaires du malbeur.
P^ii vain l'on me conseille de cherclier une sauvegarde ronire les
grandes disgrâces ,
Je n'ai besoin d'être protc-gé que contre mes propres frères.
Une pensée ([ue les friands rer.iinnt hicii de retenir est
celle-ci :
La fortune, en le favorisant, le rend jilus sage et mieux instruit de ses
caprices,
Kt il semble qu'au moment où elle le comble de ses fa\eurs, «Ile lui
fait entendre la menace de ses sévérités.
\()ici lin aiilic passage forl ioniai(|ual)l(', on il s'ricvc au-
dessus de tous ses rivaux :
Heureux et bénis soient les jours du passé : ils m'ont coulé des larmes
et pourtant je les pleure aujourd'hui.
it).
2lik LES PRAIRIES D'OR.
^[jL—À—J^i «4^ î ^IS (j^ sU 5^o<*5T UloJb»- jAla.**o oiaS"
Il en sera certainement de même du présent, dont nous nous plaignons
maintenant, et que nous regretterons, lorsqu'il sera loin de nous.
Et celui-ci :
L'homme le plus digne de participer à tes joies est celui qui a partagé
tes tristesses;
Quand de généreux voyageurs se reposent dans la plaine, ils songent à
ceux qui les accompagnaient dans les stations difficiles.
Comme les vers suivants :
Ne m'accuse pas : car tu cherches la richesse et je n'aspire qu'aux actions
généreuses.
Pourrait-on garder les biens qu'on a amassés , quand on a goûté le plai-
sir de donner?
Et les suivants :
C'est un lion féroce quand on l'attaque, un pbre bienfaisant quand il
possède le pouvoir. '
Sa richesse se révèle aux confins de la terre , sa pauvreté est ignorée de
ses plus proches voisins.
CHAPITRE ex VII. 2/15
owLx-j ^ <--*~>>* ij'j J*^"S? ^ J..\^ (jl_5 tK«Aj y^ j\i (jS
t-»*>^-j«-il là_ÀJ5l J^--^Ji 4^1 (^--*ii ytAiJi aNIj !*ktf> JUj
ilj iLij j <îi_A_^ 4)"^' Uy^ oot«w U j^LâjJî JovAjiJi x^A«*iî
Ibrahim, fils d'Abbas (Souli) disait : « Il en est des cour-
tisans comme des voyageurs qui gravissent une montagne
et font une chute : plus ils se sont élevés, plus leur mort est
'Certaine. » Il revendiquait comme son oncle maternel le
poëtc Abbas, fds d'Abner. — Voici ce que raconte AI)oa 'I-
Abbas Ahmed ( (ils de Djàfar, fils de Ilamilan) lejuge, d'après
Suleïman (fds de Hacan, fils de Maklded) d'après Haçan son
père : « Ibrahim, (ils tl'Abbas, après avoir récité les vers sui-
vants d' Abbas, lils d'Abnel" :
Il promet et ne fient pas-, on le sollicite et il reiuse; on le blâme et il
ne s'amende point;
il se plaît à me repousser, et pourlani, s'il in'inlerdisail l'caii fraîche,
je n'en boirais plus,
ajoutait: « Kn vérité la pensée ([ui a iiispiié ces vers est
belle, Texpression en est douce et cliarme l'oieille, on en
trouverait peu d'aussi beaux. Je ne sache |)as (|uant à moi
de paroles plus élégantes dans leur sid)tilité, plus aisées dans
2^6 LES PRAIRIES D'OR.
ij.wLa.XJ) **.Îw ^jwo /v*wii£i\..»v) Irfo «kX^vw (j-« /wMOJw) ^jj tii'^j/O
S tXi. C»i^ U ^^Xj' lilAxJ IvJUrS» *'AAA^ JjJs tJ-« AÏji*ï IsCw (j^ L>
leur di{IJculté,crun ton plus éloquent el plus juste que celles-
ci. » A quoi Haçan répondit : «Ton langage, je le jure, est
plus beau que celui du poète. » — Parmi les vers les plus
estimés dus à Abbas, fils d'Alinef , on cite ceux-ci :
Supporle d'un ami les fautes ics plus graves, et, si tu souffres de ses
injustices, dis : Moi seul je suis injuste
Heureux qui peut s'assoupir la nuit pendant une heure et goûter quel-
que repos: le sommeil est si doux !
Ainsi que ces vers :
Détourne volonlairement ton cœur loin d'elle, 6 Abbas, sinon tu
mourras du mal d'amour.
Hélas ! demeurâl-elle dans ([uelque contrée au delà du Honm, je n'au-
rais pas d'autre séjour que le sien.
Ô toi qui, dans ton amoureuse ardeur, te plains des longueurs de l'ab-
sence, patience! tu retrouveras peut-être demain l'objet de ton amour.
Va les suivants :
CHAPITRE CXVII. 247
A-xj^ :>1^ ^ _jjûj <\j^ J*)"* ^'^ o*'*'^^^ ^yj.i>- U->«A:i vîy=?-
Jj.aj LmJI^ Li)to
Je suis plus sobre de visites lorsque je vois ses dédains ou les sym-
ptômes qui les annoncent.
fl ne nous repousse pas, mais l'ennui ([uc lui inspire notre amitié le
tient à l'écart.
Je tiens (l'Abou Khalifah Fadi (fils de Iloubab) Djoinalii,
d'après Riachi, l'anecdote qui suit. Plusieurs habitants de
Basrali racontent qu'étant partis de leur pays pour Caire le
pèlerina<j(', ils rencontrèrent en route un jeune homme qui,
debout sur le bord du chemin , leur criait : « Passants, y a-t-il
parmi vous quekjue habitant de liasrah?» Nous nous diri-
geâmes vers lui (racontent ces pèlerins) pour savoir ce qu'il
voulait. «Mon maître est à l'agonie, nous dilil, et il désire
vous confier ses volontés dernières. « Nous le suivîmes; à
quelque distance de la roule, un homme gisait étendu sous
un arbie; il ne pouvait parler. Nous nous assîmes autour de
lui; il s'aperçut de notre présence et leva les yeux sur nous,
mais avec peine, tant sa faiblesse était grande. Puis il mur-
mura ces vers :
248 LES PRAiniES D'OR.
<Xî/*J ^■*^**^ t}>*>j ^A^JV'^ 45^j| j*^Ài i^*J t^*>5 a*u^Jî ^^î
<îU3:> (j^ U^ LfcN* xAs. «XaoJî UaJjJ^ sUàS^ »UA,*«^ ^^^Cj».
. . *^
liëlas! lin étranger éloigné de sa patrie pleure isolé sur sa triste des-
tinée ;
Plus ses larmes coulent aboncbntes, pins la doulein- augmente dans
son corps.
Il lomba ensuite clans un long évanouissement; tandis que
nous demeurions assis autour de lui, un oiseau vint se per-
cher au sommet de l'arbre et commença à chanter. Le mou-
rant rouviit les yeux, écouta le chant de l'oiseau et pro-
nonça ces vers :
La souffrance de mon cœur redouble au chant de cet oiseau qui se la-
mente, dans le feuillage ;
Sa douleur est la mienne et chacun de nous pleure un ami sincère.
11 poussa alors un grand soupir et rendit l'àme; nous ne
quittâmes pas le corps avant de l'avoir lavé et enseveli, et
d'avoir récité la prière des funérailles. Quand nous l'eûmes
enterré, nous demandâmes au jeune homme le nom de son
maître; il nous répondit: « Abbas, fils d'Ahnef. " Le récit
CHAPITRE ex VII. 249
^ J^_>lJIÎ ^_j (j^Ajlv_5 (^jvJ'^S^ (^AÀj'i A.ÀAW ^_5 (jvxjU^
<XjS^ ^£^;a-jj 8v^i (j.* /jO L«5 S)>>^à*- t^ Wj' *^^ (^^jl^J
(jV*J^5j **«*j' iCÀ.w liy diii^j jjiAJi ^:^ *'^J>J"^.? oLj" ^ ciUS
(_Js.JC_f-V.Jji t}-*-i»>. «XJOvJij Cl^U^iiJS? CJjl»*iî Jt-O^iL? /«(~A3)^«J)_5
qui précède m'a été transmis (aussi ) par Abou Ishak Zudjadji ,
le grammairien, d'après Abou U-Abbas Moberred, d'après
Mazeni, ol ce dernier déclare qu'il l'avait reçu, tel (jue nous
l'avons cité, de plusieurs habitants de Basrab.
Abou Tawr Ibrahim (fdsde Kbaled) Kelbi mourut en 2/io.
— En l'année 23'i, ou, selon une autre version, en 289,
Motewekkil exila le poète Ali, fils de Djehni, dans le Kho-
rarân. Nous avons pailé (ailleuis) de ce personnage; nous
avons raconté qu'à soti retour en Irak, lorsqu'il s'approchait
de la iVontière (en 2/19 de l'hégire), se trouvant dans le voi-
sinage d'Alep, dans une localité nommée Kliachchal , qui dé-
pend de Kinnasrîn et d'El-Awaçim, il lut altaqué par une
troupe de cavaliers de la tribu de Kelb, qui le mirent à mort.
Dans son agonie, il prononça les vers ([ue voici :
Est-ce qu'une nuit noiivclh; s'iijoiite à la nuit, <iu l'auiorc a-tclle dis-
paru comme un torrent (jui s'écoule ?
250 LES PRAIRIES D'OR
j.x<i*Jî (_^ KiXXJi^ l-itjjbid^ ^^j,À*»*JCJî' Sjl^lil^ t-Jllo jiî Qj "^
î*X_^ (j-^ Oi— ^— w '*-^J l.À-fl'Xj» *Xi_j -»!5mJÎ wVj.^ ibUj^l (-)tX£
wsUJi ^_j.Xx3î J.ÀAS- ^^J *X^ ^ ^^ J^*^ t-*.jl* (jO t^Jj 0jl
K_li_^ lj<X_À_£i ,i^v_^lî Sk>~À-j Lois La-* ii-«u«^
f»X. 1^ aX Jo,is\ tKj ^àJÎ J_jj> J.A^ A„g.JCi*As3
^ffi l-À_Jj ^JLi J^A-J U j *X j' ^^ O.AAAW U 1 i> I
Je pense à ceux qui habitent près du Dodjeïl. Mais hélas que je suis
loin du Dodjeïl !
Ce même Ali (fils de Djehm) Sami, malgré son aversion
pour le Prince des Croyants Ali, fils d'Abou Taiib, et quoi-
qu'il fît profession de sunnisme, était doué d'un vrai tempé-
rament de poète, plein de verve, de douceur de slyle, et
d'abondance. Nous avons parlé, dans un autre chapitre, des
attaques dont sa généalogie fut l'objet, et des critiques à
l'adresse de la postérité de Samah (fils de Lowayi, lils de
Galib). Tels sont les vers suivants qui ont pour auteur le
poète Ali (fils de Mohammed, fils de Djâfar) Alewi :
Samah fut un des noires, mais quant h ses fils leur descendance est
obscure à nos yeux.
Et quand ils nous apportent des listes 2;énéalogiqups pareilles au rêve
d'un dormeur,
Je leur réponds avec ces mots du Prophète, dont toutes les paroles sont
empreintes de sagesse :
«Lorsqu'on t'interroge cl que lu ne sais connnent répondre, dis : Dieu
seul sait tout. «
CHAPITRE CXVir. 251
oIjLo *>w/iit j^i M.\J> ^J (^ =*- <i5 O — *->-^ '•^^ à^ J~'\-^
Si nous citons ici ce fragment, que nous avions di;jà donné
dans un autre passage (cf. t. II, chap. xxiii), c'est que nous
avons cru devoir faire mention d'Ali, fds de Djehm dans le
chapitre relatif à Motevvekkil , et que, parlant de ses vers,
nous devions mentionner également la réponse que Alewi
leur adressa. Voici maintenant en quels termes Ali, (ils de
Djehm, répondit à son adversaire Ali (fils de Mohammed, fils
de Djàfar) Alewi :
Tu ne m'as jamais fait goûter la saveur de l'iinparlialiti^ et lu m'as,
au contraire, traité avec la plus violente injustice.
Tu as abandonne sciemment la foi jurée et lu as dépassé toute mesure.
Mais (|uanl à moi, depuis que j'ai reconnu les droits de la famille de
Hachem , fils d'Abd Mcnaf,
Je ne sais plus assouvir n)a colère a l'aidi- de rimes ni en simple
prose.
Une àmc conmie la niiennt^ repousse toute bassesse, et les hommes
d'une naissance illustre (les cliéril's) ne.se l'ont pas la guerre.
252 LES PRAIRIES D'OR.
<Lij^S l^Aj ^ yî J^k-^aj ^ ïs^y-j<J^ L_dijL^5 ijUJî^j
La poésie qu'il composa en prison est bien connue; elle
est pleine d'une inspiration qui n'a pas été surpassée; tels
sont les vers :
On me repi'oche d'êtj-e piisonnier, je réponds : La captivité ne nie
fait aucun tort; une lame finement trempée n'est-elle pas mise au
fourreau ?
Ne sais-tu pas que le lion reste fièrement dans son antre, tandis que
le vil troupeau des carnassiers erre en liberté?
Si le soleil ne se dérobait à tes regards, l'arkad (deux étoiles de la
petite Ourse) ne t'éclairerail pas de ses rayons;
Et- le feu, enseveli dans les veines de la pierre, ne brillerait point, si
le briquet ne l'eu faisait jaillir.
La prison, si le crime cl la honte ne t'y ont pas conduit, est la plus
douce des demeures et la plus aimable;
Elle donne une nouvelle noblesse à rbonimc généreux; il y reçoit des
visites qu'il ne i-end pas; on ie sert avec empressement;
Et le moindre avantage de la captivité est de t'épargner la honte d'être
éronduit j)ar des esclaves.
Lfne autre pensée non moins belle est celle-ci :
CHAPITRE CXVU. 253
JLiLj A_À_^ ^-^-s.L? d^-^l^ *3-*'j (Sy^^ (J^^ ^ cl^-*^^
-^j^"^— « L-<_*_^ij o»Jj-j^ -^XJà c.Loul ^w-C cii^M^r».
Ô mes deux amis, que de douceur dans l'amour cl aussi que d'amer-
tume! j'ai appris à connaître ce qu'il a de doux et d'amer.
Par l'amitié qui nous unit, dites-moi s'il y a quelque chose de plus
touchant qu'une plainte, de plus cruel qu'une séparation,
De plus éloquent dans l'expression de ses sentiments secrets que les
yeux d'un amant, surtout s'ils sont baif^nés de larmes?
Voici un autre passage choisi dans ses poésies:
Elle relève son voile loin de moi, la cruelle, et s'éloigne en lépaiulanl
des pleurs.
Le plus coiqiable de ses mensonges c'est de, nier la ruplure d'un ser-
ment qu'elle a violé , et (juel est le serment ([ui n'est pas violé ?
Kllc feint l'ignorance en regardant mon front et me dit : «Sont-ce des
ilicvcux blancs ondes réseaux de perles?»
Ma douleur n'est pas de ces douleuis f|ui admellenl la coiisolalion (>l
la résignation ;
Car l'événcmenl qui a blanchi mes clieveux eu uue seule uiiil est une
chose grave.
Il n'va en moi, même si je dois être sacrifié', (prime soumission pieuse
et un cœur pur.
254 LES PRAIRIES D'OR.
J.AàÀAJI J.>pt ^y^à^î J^5_5 i^^-A-:?: J^^4j-y^] aaSUj
j|«X_A_*iit AJ«X_J l^A-Ji O; La-XS^ t^^a-isi ^L*wJS (JojIî
Citons aussi ce passage excellent :
Mon âme supporte le fardeau que tu lui imposes; la destinée a des
alternatives de violence et de douceur.
La patience, quand elle ne se dément pas, a de bons résultats, et l,i
bonté est la plus noble des qualités humaines.
Ce n'est pas une honte pour l'homme de perdre sa fortune, la seule
honte pour lui e.st de perdre sa force d'âme.
La richesse, si tu la laisses à tes héritiers, n'est que déception, elle est
un bien réel si tu la dépenses généreusement.
Et ces vers, non moins remarquables, d'une poésie clans
laquelle il se disculpait auprès de Motcwekkil :
La honte de la demande et celle de l'excuse créent une siluation diffi-
cile pour de nobles cœurs.
Et ce n'est pas un jeu poiu- l'homme ([ue de suivre cette voie, mais
ainsi l'ont voulu les destinées.
Ucnds la faveur à un soUiciteiu- qui s'humilie, h un coupable qui avoue
sa faute et qui subit la honte de l'excuse.
Si tu lui pardonnes généreusement, tu seras le plus grand |.armi ceux
^ui ont absous de grands coupables;
CHAPITRE CXVII. 255
Si tu le cliâlies.tu romiais mieux que personne (la loi do) Dieu, et
venant de toi, le. cliâliment n'est plus une honte.
On admire aussi les vers suivants qu'il composa loisqu'on
l'enchaînait :
Je lui dis lorsqu'elle répandait des torrents de larmes et que son rœur
fut embrasf^ par les feux de l'amour :
Ne t'afflige pas à la vue de ces chaînes, pour des hommes généreux les
chaînes sont une parure (littéralement des amicaux qu'on porte à la
cheville).
La supériorité de son style était telle que peu de personnes
purent échapper à ses traits. — Ce même poëte s'(''tant
aliéné l'amitié de Mohammed, fds d'Abd Aiiali , eul recours
à l'intervention de Waeif le Turc, qui réussit à les réconcilier;
mais Warif, l\ son tour, s'étant fiiclié contre lui, le po<'le em-
ploya, pour le fléchir, Mohamme<l, lils d'Abd Allaii, auquel
il écrivit :
Loiiatif^es et actionsdc grâcesà Dieu, qui tient nos cœurs en tic ses mains!
L'I'ïmir a été mon intercesseur auprès d(? celui qui rintcrri'-dait en ma
faveur.
256 LES PRAIRIES D'OR.
8w_$i Là_^4X..]s U 1-giÀ^ bjjci-î »^*Lui Ju^i_j 5)ibjVA*ii 2y^
_À_» iijils». ^j^i> 1-i-A.Jj (^:>Lfii)l (^ A^^\ y6 ^3
Ali, fils de Djehm, a laissé des poésies d'une rare beauté
et des sentences qui sont devenues populaires; nous en
avons cité quelques-unes et nous nous bornerons à ce choix.
Plusieurs poètes le chantèrent quand il eut été tué, entre
autres Abou Saèd, dans les vers que voici :
Répands des larmes, fuis le sommeil et prends garde que le trésor de
ta douleur ne s'égare.
Dis : Celui qui était le refuge des fils de Lowayi gît inanimé en Syrie.
Je vous plains, enfants de Djelim ben Bedr, le malheur qui vous frappe
est terrible;
Et le trépas lui-même, .s'il connaissait voire disgrâce, pleurerait amè-
rement.
La terre recouvre celui qui protégea les veuves et les orphelins, celui
qui faisait régner un printemps perpétuel.
Un brave qui perçait de flèches ses ennemis, un lion qui détournait les
coups du malheur.
En 2/1 3 de Thégii^e, Motewekkil partit de Damas pour se
rendre à Sorra-nien-râ; entre son dépari de cette dernière
CHAPITRE CXVll. 257
y^m wAflJb 0^-*J_j iilsyijî jjijî^ i\jo*xii (^ L>^y^. ^^--i*-«><XJ
ville et son retour, il s'écoula trois mois et sept jours; ce
départ inspira à Yézid Mohallebi une longue poésie dont
nous ne citerons que ce passage :
Jp crois que la Syrie va se réjouir de la douleur de l'Irak depuis que
l'Imam a résolu de s'en éloigner ;
Car si tu quittes (ô prince) l'Irak et ses habitants, r'est que la plus
belle femme vieillit par le divorce.
Lorsque leKhalifearrivaà Damas, il ne voulut pas habiter
la ville même, à cause de l'atmosphère lourde et des vapeurs
malsaines que le voisinage du Gawtah et de ses eaux répan-
daient sur Damas. En conséquence, il établit sa résidence
dans ie Châteaa de Mamoun entre Dareïa et Damas à une
heure de cette dernière ville; ce château, silué sur uik^ hau-
teur d'où Ton domine la ville et la plus grande partie du
Gawtah, a conservé jusqu'à la présente année 332 de l'hé-
gire le nom de Kasr plMamoiin.
Sàid ben Nakis raconte le l'ait suivant : ■< Je me tenais, dit-
il, devant !VIote\vekkil,daDS sa tente, près de Damas, lorsque
vu. 17
258 LES PRAIRIES D'Oil.
aH] <X.^a^ w«li S4>xjij ^^iJI (jli l«X^j w« (j%JL«j.iî wA^Î U Jlï
l'armée se réunit tumultueusement et réclama sa solde avec
des cris séditieux; bientôt les sabres sortirent du fourreau
et les ilèches commencèrent à voler. Je m'avançai pour
les voir passer au-dessus de la tente, lorsque, le Khalife
m'appelant : « Abou Sâid, me dit-il, va chercher Ridja
Hadari. » J'obéis; le prince lui demanda : «Ridja, connais-
tu la cause de cette manifestation, et que penses-tu qu'il y
ait à faire .»^ — Prince des Croyants, répondit celui-ci, voilà
bien ce que je redoutais pour vous dans ce voyage, aussi vous
âi-je donné les conseils que vous savez pour que vous le diffé-
riez. » Le Khalife, se penchant de son côté, reprit : « Laisse-
là le passé et communique-moi maintenant ce que la pru-
dence te suggère. — Sire, faites distribuer la solde. — Voici
ce qu'ils réclament, reprit le prince, mais le but de leur ré-
volte je l'ignoro toujours. — l^rince des Croyants, donnez
d'abord cet ordre, puis nous aviserons. » Motewekkil ordonna
à Obeïd Allah, fils de Yahya, de payer les troupes; Une fois
l'argent aj)poité et la distribution conmiencée, Ridja rêve-
CHAPITRl-: ex Vif. 259
J-aJo-Jî ^j-*^-:» '^f^p,\ j..j^\ L yi^î^-« JUi ^U-j J<iw:i
Ja_«-ll ^jl 4^w-»- \y^==^ji i4-sia.£^i| tjJjù] J^i dUs J^;iÀ3
j— ft— *' J^"-*J (j5 ^J^ ^ (jî ^•^-:Si (jV>*^ f^^' J^^5 «-^^^
liant chez le Khalile lui dit : « Maintenant, Sire, faites battre
le tambour et annoncer le départ pour l'Irak, vos soldats ne
voudront même pas de l'argent qui leur est dû. » En effet,
le prince ayant donné ses ordres en consé{|ucnce,les hommes
laissant là leur paye, se mirent en route avec un tel em-
pressement, que les payeurs s attachaient à eux pour leur
donner leur argent et ne |)ouvaient le leur faire accepter. »
8âïd continue en ces termes: « Les Turcs avaient songé à
tuer Motevvekkil pendant son st-jour à Damas; mais, la vigi-
lance de Boga l'aîné dt\jouant leurs projets, ils travaillèreni
d'abord à l'éloigner du Khalife. A cet elfet, ilsjelèrenl dans
la tente de Motevvekkil des billets poitant que Uoga Iramail
la mort du Prince des Croyants, et que le signal convenu
était celui-ci : Hoga devait, un certain jour, se nictire a la
tête de ses troupes, cavalerie et infanterie, et cerner toutes
les issues du canij»; puis, prenant avec lui (pici(|iics pages
d'origine étrangri-e, ils iraient surprendre le prince et acccun-
plir leur crime. Viotewekkil lui ces billets et fut épouvanté
des révélations (pi'ils renlerniaifnt. Prolondément ému des
260 LES PUAllUES D'OR.
4^ J.J^3 W^^M J^Xi»- *X.i Ç.lï).jî 4-AiXj (_5<>Ji (ji (JVÀ-^Jiil ^A^l
(J-» oij-is^S Jî ^-y^-A-S» li tX'*'=i V!5^ CJ-* *^ »Uw «^i-AXJ cxij
fi
menées de Boga, il s'en plaignit à Fath (fils de Khakan),
lui révéla le complot que Boga avait osé ourdir et prit
conseil de Fath. « Prince des Croyants, lui répondit ce con-
fident, celui qui a écrit la dénonciation a fourni les preuves
du complot et désigné expressément le moment où il doit
éclater; c'est lorsque Boga, montant à cheval à la tête de
ses troupes, se dirigera aux extrémités du camp et en fermera
les issues; c'est alors que la vérité se fera jour. Je vous con-
seille donc de garder le silence jusque-là, si le signal en
question se réalise, nous aviserons à ce qu'il faudra faire;
si, au contraire, la dénonciation est mensongère, nous en
rendrons grâces à Dieu. » Cependant les lettres continuaient
à se répandre sous Ibrme d'avertissement et ceux qui \ek
écrivaient se disaient obligés par le serment qu'ils avaient
prêté au Khalife de lui être dévoués en toute' sincérité. Quand
ils surent que le Khalife était instruit des faits qu'ils lui
avaient révélés el que leur dénonciation était solidement
établie dans son esprit, ils écrivirent el jetèrent dans la tente
de Boga des billets portant les indications suivantes : <i Un
CHAPITRE GXVII. 261
o»j_5 Ifco iUxXil aakLj». jj «x>5_^jJi^ <5»-*ii i*^4J ^^^ ^r^
t-
«XjJil oJI^ 1^3 dUi J^S _*^l (jw« AjlXê ^^ (jl< U ^ Ur-
certain nombre de pages et de Turcs ont résolu d'assassiner
le Khalife dans son camp; ils ont préparé leur plan d'un
commun accord et sont convenus d'assaillir le ])riuce en ve-
nant par telle et telle direction. Au nom de Dieu, soyez sur
vos gardes dans l'intérêt du Prince des Croyants et veillez
sur lui pendant telle nuit dans les directions iudirpiées;
garde/.-les vous-même avec des hommes sûrs. C'est un con-
seil que vous donnent des amis sincères. " Plusieurs billets
se succédèrent ainsi, rédigés en ce sens et recommandanlde
veillera la sécurité du Khalife. Boga en prit connaissance,
et, voyant ({u'ils se renouvelaient sans inteiruplion, il com-
mença à craindre; ([iw. c(;s indicaliuiis ne lussent vraies,
quand il les rapprocha de ce (pii s'était passé précédemment.
Aussi la nuit indiquée étant arrivée, il réunit ses troupes
les fit monter à cheval en tenue de guerre et les conduisit
sur les points désignés, qu'il occupa et garda en coupant
toute connnunicalion avec Molewekkil. Ce prince lut informé
de ces dispositions; convaincu que r.o (pi'on lui avait écrit
262 LES PKA1HIE8 D'Oil.
OJ^ tJ-* '^■'^ (J^ ^ ^^'^-^^ïp^J ^A^ail Î4Xi^ iil<X^ïi (ji o^-jÎjj
Liy Jb *X_A._=i C:*.!jf ^i <JÎ di.)i (t ^A:il li€V-*-« «>*'=»-I_5 <P
était la vérité, il s'attendit à être assailli et égorgé; il passa
la nuit entière sans manger ni boire, et demeura ainsi jus-
qu'au matin, gardé par Boga, mais convaincu, tout au
contraire, que celui-ci en voulait à sa vie. Dominé par
ses soupçons et effrayé des projets qu'il lui prêtait, il lui dit,
quand il se disposait à quitter Damas : «Boga, je ne suis
pas satisfait du poste cjue tu occupes auprès de moi; je
te donne donc le gouvernement de ce pays en te confir-
mant la jouissance de tout ce que tu as déjà en pensions,
revenus fonciers, cadeaux, subsides et autres apanages. —
Sire, répondit Boga, je suis votre esclave, j'obéirai à vos
ordres, commandez selon votre bon plaisir, d Le Khalife le
laissa donc en Syrie et s'éloigna; de la sorte les affranchis
(Turcs) purent préparer leurs pièges à son insu, et ni leKha-
Hfe ni Boga ne furent instruits de leurs Tnachinalions, jus-
qu'à l'heure où elles eiiient un dénouement.
Sâid, fils de Nakis, poursuit ainsi son récit : «Boga le
jeune, ayant résolu la mort de Motewckkil, fit venir Baguir
le Turc. Cri homme, qu'il s'était attaché et dont il s'était
CHAPITRE CXVII. 2fi3
AjVjwI ,^^i.=.- oXi U J JJii yû v.jIaS'I^- ocii Jls ^aj dUÀi
^J<w,U J^ji-:> 1^3 JJj> jj^ aXJI jJjuî *)sJ> Jlij "^ jl-*àj i *X-si'
assuré le dévouement en faisant briller devant ses yeux les
plus magnifiques récompenses, était d'une audace extrême
et prêt k affronter tous les dangers. « Baguir, lui dilBoga, tu
connais ma sympathie p(»ur toi, tu sais que je t'ai placé au
premier rang en te préférant aux autres et que je t'ai comblé
de faveurs; je suis donc en droit d'allendre de toi une obéis-
sance aveugle et ui\ dévouement absolu. J'ai un ordre à te don-
ner; mais dis-moi d'abord si ton cœur sera disposé à m'obéir.
— Vous savez ce que \aut ce cœur, réjmndil Tollicier, faites-
moi connaître vos désirs afin que je les exécute. — Boga
reprit : « Mon fils Fiiris met le désordre dans mon gouver-
nement, il a juré ma i)erte et veut répandre mon sang, j'en
ai la preuve certaine. — Eh bien, cpiel esl votre dessein? —
Le voici : Paris viendra demain clie/. moi; cotnenons du
signal suivant : je déposerai mon bonnet a I(M le; silùt ([ue
tu verras ce geste, donne-lui la ninii. — (.'esl bien, répli-
qua le 'j'urc, mais je crains (pie vos inlenlions ne changtînt
ou que vous ne conceviez plus tard de la haine contre moi.
— Je prends Dieu à témoin (pu; tu n'as rien à craindre , » ré-
264 LES PRAIKJES D'OR.
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pondit Bof^a. Le lendemain, à l'arrivée de Paris, Baguir
était là prêt à frapper et épiant du regard le moment où son
maître poserait son bonnet à terre; mais voyant qu'il n'en
faisait rien, et attribuant cela à un oubli, il lui fit signe de
l'œil de donner le signal; Boga lui répondit par un refus:
le signal ne fut donc pas donné. Faris s'étant éloigné, Boga
dit à son émissaire : « J'ai réfléchi ; le coupal)le est bien jeune,
il est mon fils et j'ai voulu fépargner pour cette (ois. » —
Baguir répondit : « J'ai entendu et j'obéis ; vous êtes le maître,
ce que vous avez décidé et résolu à son égard est assurément
le meilleur parti. » Boga continua ainsi : « Il s'agit maintenant
d'une chose plus grave, plus importante; dis-moi quelle part
tu veux y prendre. — Faites-moi connaître vos désirs et ils
seront accomplis. — 11 s'agit de mon frère Waçif, reprit
Boga; il est avéré pour moi qu'il complote contre moi et mes
amis; que, fatigué du rang que nous occupons, il espère
nous tuer, nous anéantir et rester seul maître du pouvoir.
— Qu'ordonnez-vous à son égard ."^ — Voici ce que tu feras :
mon frère viendra demain chez moi; quand tu me verras
CHAPITRE CXVII. 265
^^» ^j_5-^-J t>«^^-îi (J-^î (jj-* J>ji (ji A-«>Xxîlî )<Xp l^i WLA2J
(j-»^-A.ji iCi>-U». c::j^-kia&- iXj^^L U JUj Aj lft:s a-j **>s>*X^
<_^ Aj| ^»XÀfr ^ *X3j->nJCm itXiû JUi aSooI ^5v-s». c^^^i U
descendre du moçalla (estrade couverte d'un tapis où se lait
la prière) où il aura pris place à côté de moi, ce sera Je
signal, tu te jetteras sui' lui l'épée à la main et tu le tueras.
— C'est bien, » répondit le Turc. En effet, lorsque Waçif"
se présenta chez son frère, Baguir était là tout prêt à agir;
mais il attendit vainement le signe convenu, jusqu'au mo-
ment où Waçif se leva et partit. « Baguir, lui dit alors Roga,
j'ai léfléclii (pi'il élait mon frère, qu'une alliance et des ser-
ments nous liaient l'un à l'autre; jr. n'ai donc pas osé accom-
plir ce que j'avais médité. » Boga récompensa son serviteur
en cadeaux et en argenl cl laissa passer un temps assez
long sans lui parler de rien; puis il le rappela et lui tlit :
«Il se présente aujourd'hui, ô Baguir, une affaire plus sé-
rieuse encore que celle dont je t'ai <'nlrelenu précédemment.
Ton cœur est-il résolu ? — Mon cœur, répondit le Turc, est
tel que vous le désirez; parlez et j'obéis. - Boga reprit ainsi :
«J'ai la preuve certaine (|ue Mountasir (fils d(; Mot(;wekkil 1
prépare un complot contre moi et contie d'autres per-
sonnes : il veut notre mortel je veux lu sienne. Te sens-tu
266 LES PRAIRIES D'OR.
t_>^l^ 0.jiii JoJtj Jb UifS^ Jbj «^(^ <îcJL-<i *4;y^ '^ 1 *X^ Jlj5^
j^jeX) ^ J_^ij ^.-(^ Aa).* i^v-J uK^-s^ AkXil <^jwr». AaÀ£ Jo».i!_5
«.AaXAJL) l'.g^Aû L^'*^3 J^»i>ii) (•) Ç-^^ '^^^■J^' (jJV^J^J CJ??*^'^
disposé à m'y aider ? » Baguir resta longtemps la tête pen-
chée, plongé dans ses réflexions, et s'écria enfin : « Cela ne
servirait à rien ! — Et pourquoi ? demanda son maître. —
Tuer le fils et laisser vivre le père, reprit-il, votre entreprise
demeurerait inachevée, car le père vengerait son fils en vous
laisant tous périr. — Eh hien , quel est ton avis ? — Commen-
çons par le père; lui mort, i'aff'aire du fils sera plus aisée. —
Mais, malheureux, un tel projet est-il possible, est-il réali-
sable ? — Assurément, répondit Baguir, et je m'en charge;
je ne sortirai de chez le Khalife qu'après l'avoir tué; » puis,
foutes les fois que son maître taisait mine d'hésiter, Baguir
répétait : « Nous n'avons pas autre chose à faire, » et il ajoutait
ces paroles : « Entrez chez le Khalife derrière r{)oi , ou je le
tuerai, ou je n'y réussirai point; dans ce cas, tuez-moi et
plaçant votre sabre sur mon corps, dites : Cet houune avait
voulu égorger son maître ! » Boga comprit dès lors qu'il était
décidé et lui confia le soin de préparer le meurtre de Mo-
tewekkil.
En 2/17 de l'hégire mouiul Chudjâ, ruère de ce Khalife,
CHAPITRE CXVIi. 267
^'^'aI wi)vJi_5 J^JiJI (jo oAiw cyULu ci>:i^JLÎ ^Ixjjill aXJ j.4^5
(j^ifc (*^-^ cM^^ CJ^"^"'*^J cJ^*^ 3 (V"^ <XÀ,»w ji_j-w (j-« (jfcXi-
c:^«X^ ^xaJi je.Àj 5<Xj^ U^ (i5>-'*'^'j ('^•^•**' ^■*-**i j|^'<*' (j-*
cj*X_i.A-9 A_tLA_x.jî_5 k_jL^*<#Ji w»..^kij (j««yî' (JS ^^LxxaIii cK%x1I
et la prière des funérailles lut récitée par Mouutasir (mois
de rébî ii, 2à'j). Motewekkil péril assassiné six mois après
la mort de sa mère, dans la troisième heure de la nuit du
3cha\val, 2/17, ou selon d'autres, du f\ de ce mois. Il était né
à Feni-essilh (canal situé au-dessus de Waçit). — Voici ce
que raconte Bohtori : «Un soii- (pic nous ('(ions réunis chez
Motewekkil a\ec quelques courtisans, et (pie nous nous en-
tretenions cl»; sabres, un des assistants parla en ces lernies :
« l'iince des Croyants, j'ai été inlormé qu'il se trouve chez un
habitant de Jîasrah un sabie île l'Inde (pn' est iiu()iMj)aral)le
et tel f[u'on n'a jamais rien vu d'aussi beau. » Le Khalife fit
écrire au ^'ouverneur de Basrah d'iKhrlcr celte amie à (piel-
que j)n\ fjue ce fut; des dé|)éches rurent e\pc(li(''cs pai- la
poste d hJal et biciitùl ariiva la it'poiisc du L,^(>uvcrneur por-
tant ([uc if sabre en cpicslioii ;i\ail él('' vendu ;i un habitant
du Yéinen. Motewekkil voulut ([u'on envoyât des aj,'^ents poni
rechercher et accpu rir celte arni*- précieuse; des ordres en ce
268 LES PRAIRIES D'OR.
J._iwi. il tK^J^it *Xa£ (j-*^. ^JV^ té/^'^^^' ^^ dl.JJv t-UMi
v_À-iHW*-'l l^^-iû ^ J-^'*' ISjiS^^^ AJ<X^J ^^Jo U^X^ J 4-Ulsl
y^A L. fJ.]\ JUi i^yJi j-tL» J^l '^a»- f.^1 |<vX«*^ ^ JliJ
Â_AjJ! ^'>^ (Xj-^S ''*>j ^-*«>^ (j^-*-*^^' j"^-*î û^t'î ^i ^"^^
sens lurent expédiés. Nous étions chez le Khalife (ajoute Boh-
tori) quand Obeid Allah, fils de Yahya, apporta le sabre, en
annonçant qu'il avait été cédé, par le Yéménite qui le possé
dait, pour la somme de dix mille dihrems. Motewekkil fut
enchanté de cette trouvaille et remercia Dieu d'avoir ainsi
secondé ses désirs; puis il tira la lame du fourreau et en
admira la beauté. Quand chacun de nous eut achevé de dire
ce qui lui parut convenable, le prince plaça le sabre sous
son coussin. Le lendemain, il dit à Fath : «Trouve-moi un
page d'une force et d'un courage éprouvés; je veux lui con-
fier cette arme pour qu'il se tienne debout derrière moi et
ne me quitte pas un instant du jour, tant que je serai en
séance. « Il parlait encore lorsque Baguir le Turc s'avança;
"Prince des Croyants, dit Fath, voici Baguir le Turc; on
m'a fait l'éloge de son courage et de son intrépidité: c'est
rhomnie (pii convient au khalife. «Alors Motev.tkkil l'appela
lui remit le sabre et lui donna ses ordres, en commençant
par lui accorder de nouvelles dignités et par doubler sa pen-
CHAPITRE CXVH. 269
U^j-Jîi^î bjSliXj Uiî dUij Iaj^ Igjsi J:o ^Jl aXaX!! i
_J_Aj clLîi 4J ijpy^ UX)C^ *J^^7j4^ (J-« Cy^m i^^KKM*3 O^.jfe'
CjI^L» ^i^.S»^ jJlfi.^ *X.,:^»0 /iXA*)! Jî *4.^^ «-5>*" (*^ *-^ 'j-S^;?
yt (^»À. vb^' (il jU? (j^ ^jlj aXI! *Xx& bî Ijfi Jbs^ ii^M.\j^
sion. — J'ailirme, continue Bohlori, que le sabre en ques-
tion ne sortit jamais du fourreau depuis le momeni où il
fut confié à Baguir jusqu'à la nuit où cet homme s'en servit
pour accomplir son crime. »
Bohtori ajoute : « J'ai été témoin d'une action qui m'étonna
chez Molevvckkil, la nuit même de sa mort. L'entretien rou-
lait sur l'orgueil et sur les habitudes pleines de superlie des
souverains, nous venions d'approfondir ce sujet et le prince
avait témoigné l'horreur ([ue lui inspirait ce défaut, lorsqu'il
se touilla vers la Meccjuo et se prosterna, le Irdul dans la
poussière, en s'humiliant devant Dieu; puis il prit une poi-
gnée de terre, la répandit sur sa barbe et sur sa lèle en
disant : « Je ne suis que le serviteurde Dieu; il est juste (jue
celui qui doit devenir poussière s'humilie et répudie l'or-
gueil. » Je fus tristement impressionné, ajoulf! Mohtori, et
je désapprouvai tacitement .Motewekkil d'avoir répandu de
la terre sur sa t^te et sa barbe. Il se {\{ ensuite servir à boire
et, quand le vin commença à troubler sii raison, ses rh.ui-
270 LES PRAIRIES D'OR.
^<X_iw ^j-« -:sLi». Jw>_ii Sii »ii.Ji i b'i A-Ajli »<X_ô ocUj
1^a**a)ùc1 l^ LJ^.^=='^^ l.jJCÀ***.;SV»u(l^ (\j\-*xi^Ai! ^^.A^i/ iixAsi 5*XjÛ
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t^ tj^ " O vJa-iî «Xi*.^ ^^^*'**' U.>^ ^^^ ôj«Xj^ c:>«>Jw<aJC3
iij«Xi>- i^*^^ oviol'j aaXs ^„ijdi Joj tKydl *4^-^ ^^ ^■'■^
teurs lai firent entendre un morceau qu'il loua fort. Il se
tourna vers Fath en disant : « De tous ceux qui ont entendu
cet air chanté par Moukharik il ne reste plus que toi et moi, »
et il fondit en larmes. Ces paroles m'attristèrent (continue
Bohtori) et je me dis : " Second présage funeste !» — En ce
moment un des serviteurs de Kabihah entra portant, envcr
loppé dans une serviette, un vêtement d'honneur que cette
favorite offrait au Khalife : « Prince des Croyants , dit-il , Ka-
bihah vous fait dire : Voici un vêtement de gala que j'ai com-
mandé pour le Khalife; il m'a paru beau et je le lui adresse
pour qu'il le revête. » Le paquet contenait une cloiuraah
rouge (cf. ci-dessus, p. 127) d'une beauté incomparable et un
mitraf (robe de chambre de forme carrée et de couleurs
variées) en soie écrue rouge, aussi fine que le brocart fa-
briqué à Dabek. Le prince revêtit la robe d'honneur et
s'enveloppa du mitraf. J'épiais quant à moi (dit Bohtori),
l'occasion de quelque compliment improvisé qui m'aurait
valu le don de ce vêtement, lorsque Motewekkil , faisant un
mouvement, tira brusqueuîenl le mitraf dont il s'était enve-
CHAPITRE GXVIl. 271
-Jwiïl A-coù^ yi »)J^ *XJLfi JoUr \ii ^î x>!:>lt (j^ ^jl^^
ff>j dJi^iiî (j^jjij «y-i** i^xjo^j^[f JojÎ il Jv^^l (j^ c^Ul^
loppé et le décliira (Vun bout à l'autre. Alors il le prit, le
roula et le remettant au valet de Kabihah qui lui avait ap-
porté ce présent, il lui dit: « Va et dis à ta maîtresse qu'elle
conserve ce manteau pour m'en faire un linceul a{)rès ma
mort. » I3ohtori continue : « Je m'écriai en moi-même : « N'ous
appartenons à Dieu et c'est vers Dieu que nous retournons;
en vérité les temps sont accomplis! » Cependant le Khalife
s'était l'ortement enivré: l'usage était ([ue les valets qui se
tenaient à son chevet le replaçassent sur son séant lorsque
son corps s'inclinciil sous l'influence de l'ivresse. En ce nio-
nienl, il était à peu piès trois heures de nuil, |)arut Maguir
aceonq).igné de dix Turcs; leur visage était voilé et les sabres
qu'ils tenaient dans leurs mains éliucelaienl à la lueur des
flarnbeauv. Ils se pi('(i[)ilèrenl sur nous et allèrent droit au
Klialilé. liaguirel un aulr(!Tur(ayaulesralade le trône, Falh
leur cria: «Misérables, c'est votre maître 1 » Cejjcndant les
pages, les couriisans et les convives s'claieul enfuis en loule
272 LES PRAIRIES D'OH.
Jb ^^jl^_5 ^^jjljC yl£>^ ^^\ j.\S- (j^X^I i *Xa-î ^j ^h
^*kJî ^^jLJU^li» jSXf Aj^ tXi^ tKy^lt ii^'O c:a^.v*-»a.3 (_g;^^J:.£:oi
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Kt**ji*.3 r r-^ (^■■' ^•*** T-^^^ ^-? ^***"' '^-î'*' ^ 5*Xj>-I ooÎj U
^js^jtï y^ cKiSÏ^ ^■i^^ IajJsj l^j j.»U ^AaA.\^ iii!5^i. t^AA^i
hâte; Fath, demearc seul dans la salle, luttait contre les
assassins et les repoussait. J'entendis (ajoute Bohtori) les cris
poussés par Motewekkil lorsque Baguir le frappa avec Je
sabre (]ue ce prince lui avait confié : un premier coup porté
du côté droit lui traversa le flanc, un autre coup du côté
gauche lui fit une blessure pareille. Fath défendait encore
son maître, lorsque fun des meurtriers lui plongea son sabre
dans l'abdomen; la lame ressortit par le dos : Fath ne cher-
cha ni à s'éloigner ni à se dérober à leurs coups. Je n'ai ja-
mais vu un homme d'un cœur aussi ferme et aussi magna-
nime : il se jeta sur le corps du Khalife et ils expirèrent
ensemble. Les deux cadavres, roulés dans le tapis sur lequel
ils avaient élé frappés, furent poussés dans un coin, où ils
demeurèrent cette nuit-là et la plus grande partie du jour
suivant. Enfin lorsque Mountasir fut reconnu Khalife, il
donna l'ordre qu'on les enterrât ensemble. « D'après une
autre version, Kabihah les aurait ensevelis dans le manteau
même qui avait été déchiré par le Khalife Motewekkil.
CHAPITRE CXVn. 273
(j\AjU j. *<a 'jLx\\ ^j£. ^^ij.^\^ (j^*-=»" (j^^ ^^"*^^-? J^>1?"^^ U"*^
v^ij JU^^L- <xoJ^A>i :^i ià\j.j^\ ij^ ijvswi J^^t osjïx» ^
la— w-ji/l cjUiTi i J.Ji> i JwAJj U ^xjjr (^ UajI «XJjj r*Xi^U
Boga le jeune étail mécontent de Motevvekkil; Mountasir
clierchait à se concilier la sympathie des Turcs; il avait au-
près do lui Outamich, (ancien) page de Watik.et c'est pour
cela qucMole\vckkil haïssait son fils Mountasir, car Outamich
travaillait à gagner les cœurs des Turcs en faveur de son
maître. D'autre |)arl, le vizir Obeïd Allah ben Khakan et
Talh ben Khakan s'claient ('•ioigni'S de .Mountasir et pen-
chaient pour Moulazz (antre fils du Khalife) ; ils cherchaient
donc à aigrir le cœur de Motevvekkil contre Mountasir. Ce
dernier, au conlraiie, attirait dans son j)arli tous les Turcs
(|ui étaient éloignés du service de Molewckkil ; il gagna ainsi
l'afTection des Turcs et d'un grand nondjre de soldats de
Ferganah et d'Achrousneh, jus([u'au jour où s'accomplit
révéncmenl que nous venons de raconter. Il y a j)lusi(>urs
autres récits du meurtre de Mottcwekkil; nous avons donné
la préférence à celui (|u'on vient de lire j)arce qu'il est le
mieux écrit et le plus clair; (punit aux auli'<'s versions de
cet événement , comme elles se IrouvenI dans notre Livre
vu. 18
274 LlvS PUAiniKS DO H.
S)jv.*K «Xjùilj (^^m_5 ^UkXàJÎ »-*£îrs-ij r»_5"*-'' «^Ji iS /e«-^.^Lj
HùsmJ]^ s')Ç*à.j[j *Kl*i*j| l^ÀA» c:A.3^â *Xjj^<X,^ W'^* U^J't? ^^
(J«w_5-aJI L^^rv_*.3 «Jl jijijiji l-r,XAAj A.J j^_jiAAJv pCi-*Àj5^ «^liw.^L»
Moyen, nous n'avons pas à les reproduire dans le présent
ouvrage.
Jamais Motewokkil ne se montra plus gai que le jour où
il fut assassiné; il se réveilla dispos, joyeux, plein de gaieté;
il crut sentir un certain mouvement de sang et se fit saigner
ce même jour. Il réunit ensuite ses familiers et ses musiciens
et s'abandonna à sa joie, à sa bonne humeur. Mais cette
gaieté se changea en tristesse, à cette joie succéda le deuil.
Et qui peut se laisser séduire par ce monde, se fier à lui,
sans redouter ses trahisons et ses catastrophes, si ce n'est
l'homme ignorant et frivole.*^ Le monde est un séjour dont
la félicité est de courte durée, dont les joies ne sont jamais
parfaites; une calamité y est toujours à craindre; ses plaisirs
sont mélangés d'amertume, ses douceurs de violences, ses
félicités d'infortunes. Toute chose y est condamnée à périr;
à côté du plaisir est la tristesse, à côté de la joie, le deuil;
à ce qu'on aime succède ce qu'on abhorre, à la santé la ma-
ladie, à la vie le trépas, à la joie la douleur, aux plaisirs les
peines. FjCs nobles y sont abaissés, les j)iiissanls humiliés.
CHAPITRE CXVIT. 275
LJyX~>*^^ l^^Loffj LJ^j..^ [u^iS-% (JV^^ [^j'è^ J--^^^ l^yjjS-
|<>j2Ij^j^Ji yûj iSh> Jjjyj ^3 oyc y (^JJi ^il VI J.AO V^
L^ ^jSk-A^I iUiûljjj l^jjLij^ 1^^-*»..^»- tj tKj^l r»lr»i <-i*-j\^
Jb IX i>'^ V sXj^ pli l^Ài: ji^l«;3 l^J jllxJ!^ ^^^iJi Jv^3
(J«l-=»-J3 J^^^t l^j^\ ^J^ (^yMhS^\ JPyXX\ Ai^Vs». CJkji^ M>^AilK>
les riches spoliés, les grands dépouillés de leur grandeur.
Il n'y a dV'Iernel que le Dieu vivant, celui qui ne mourra
point et dont la royauté ne cessera jamais, l'Etre glorieux el
sage.
Le poète iiohlori l'ait allusion à la perfidie de Mounlasir
et à l'attenlat qu'il commit contre son père, dans le passag<'
suivani (Tune karideh :
L'héritier du pacte avait donc dissimulé sa perfidie? (lliosc l'iiauf^e
que celui qui est investi de ce pacte soit le premier à le trahir!
Puisse le survivant ne pas jouir lonj^tcmps de rhéntap;c de celui (jui
n'est plus , piiissciil les chaires imiMiIrnaiies rejeter Ips vmi\ donl il est
l'ohjet !
Le règne de Molewekkil, |)ar sa prospérité, sou éclat, par
la tran([iiillité dont jouin'ut ses sujets, les actions de grâce
et les reinercimenls (pi(! les grands el les petits lui oirrirent,
lut certainement une peiiode lieiiicusc' et sans mélange
d'inlortune; et comme Ta dil un contemporain de ce prince :
« Le Klialiial de Mdievvekkil (''laii plus heaii encore cpie la
..s.
276 LES PRAIRIES D'OR.
(jà.jtj (S-^l^ ]^.â> «Xii^î *XJs^ t_>UAJi -U^ c^Â jUI^^*«Ji
'" ■- -.y
otJî o«--'î ^1^ ijj^yxSs t^^À*4 t>-^^4j Ji^W^ t^ (3^^
*Lk-*-Jl jj;:>j ii^^i'UJI^ .Xilj à^yW ï^^^ ^ ! J^ jP,:>
sécurité des routes, que Taisance de la vie, que les espé-
rances de l'amour et les jours de la jeunesse. » Un poëte a
exprimé la même pensée dans les termes suivants :
Ta société est pour nous plus enviable que la facilité de la vie et la sé-
curité des routes,
Plus enviable que les nuits d'amour suivies des douces journées de la
lielle jeunesse.
On prétend que dans aucun siècle et à aucune époque il
ne fut dépensé autant que pendant le règne de ce Khalife.
Ses deux châteaux le Harouni et le DjausctJt Djâfari lui coii-
tèrent, dit-on, plus de cent millions de dirhems : il faut
joindre à cela ce que lui coûtaient ses affranchis, ses soldats,
ses pages [chakirjeh du mot persan chaguird}, qu'il comblait
de présents, et qui touchaient, tous les mois, des sommes
énormes à titre de gratification et de donation. Il possé-
dait, dit-on, quatre mille concubines, qui toutes partagèrent
sa couche nuptiale; à sa mort le trésor renfermait quatre
millions de dinars et sej)! millions de dirhems. Quiconque
CHAPITRE GXVIl. 277
à'j J^^ wiil cji^i iwtxui^ jUji ujJl cj^l à.xjj\ Ji_jM*^t ^_j'^J
tyj <X^ »]j i> • *jL» (j>^ wii» <_«jçAâJ AajI ,_K.o«j *-*ir»y Osjt-w»
5 <>^ÀCj Jjjjj-A j -J.J i aMI ^^ J^^j^l y*»^ cjj-k-osfc Jls (j_j£ jl
P «M
A^S dLJi JouL» j-aljLc a^j^ *-*^S3?^ Uvl^ (jV»«-=^ t^-*^ y^
se distingua dans sa profession, qu'elle fut sérieuse ou fri-
vole, eut part à ses faveurs, s'enrichit sous ce règne et
reçut de ce prince des sommes considérables.
Mohammed, fils d'Abou Avvn, raconte le trait suivant :
« Je me trouvais à la cour de Motewekkil-Alallah un jour de
neïrouz (rquinoxe du printemps, nouvel an des Persans);
parmi les personnages présents était Mohammed (filsd'Abd
Allali, fils d(î Taher), et le poète Hueeïn (fils de Dahhak),
surnommé le débauché {kliali), se tenait devant le prince.
Motewekkil Ht signe à un jeune esclave doué d'une physio-
nomie charmante de verser une coupe de vin au j)ol'I(' et de
lui souhaiter une heureuse année en lui ollianl en juéme
teni[)s une rose d'uinhre (jris; après (pioi Motewekkil, se
tournant vers h; poëte, lui demanda quelques vcts de cir-
constance; lluçeïn improvisa ceux-ci :
Beau comme une perle brilIatUc, il m'a salué en me doimanl uni' rosi-
ambrée; il marcliail velu d'une tunique couleur de rose.
Les œillades (|u'il mêlait à chacun de ses salnls l'i raient nailre l'amour
dans le cœur d'un sa^e.
278 LES PUAUUES D'OU.
jL.f.Jjljv^ <X-jU CJ».aj J^ J?.*J ^I^ c>-i-^i*-i J^j-xii Jlii
^jî i) ^J^j ^^\ijSlj ç.j.^\i t-j\.r>! <XJiJ_j 4Mi ^J<S. ^JJ .Xj^
,L.À_>:> Ot-Jl c:x^J J^ J=^-«J ^^•^ ^-^^ J^aXI Jli» *xUxJî_5
Je voudrais que sa main nie versât la douce liqueur qui me rappelle
des serments maintenant oubliés.
Bénis soicr.t ces temps fortunés où chaque hein-e de mes nuits ni'ap-
porlail une promesse d'amour!
Motewc'kkil le complimenta et lui fit donner cent dinars
pour chaque distique. iMohammed, fils d'Abd Allah, dit
alors au Khalife : « Cet homme a répondu avec empresse-
ment à votre ordre, il a récité des vers qui nous ont émus;
en vérité, s'il n'était défendu qu'une main se montrât plus
généreuse que celle du Khalife, je ferais au poëte un magni-
fique cadeau, dussé-je y consacrer ma fortune entière (litté-
ralement: mes biens récents et ceux que j'ai reçus par héri-
tage). » A la suite de cette observation , Motewekkil fit donner
au poëte Huçeïn mille dinars par distique.
On raconte que Mohammed, fils de Bail, ayant été conduit
en présence de Motewekkil, et l'appareil de son supplice, le
tapis de cuir et le sabre, étant préparé, le Khalife lui de-
manda : «Mohammed, qui t'a excité à la révolte? — La
misère. Sire, répondit-il. Mais vous êtes l'ombre de Dieu
placée^ entre le Créateur et la créature; j'ai, sur ce que vous
CHAPITUE CXVJI. 279
Jv»iij| ^^Ij jXà^ J^>^ <J y^ *^ (i)yts Jsj^£ ^i J*Uiij
(1) , ••
allez ordonner, deux opinions, et la première qui s'est pré-
sentée à mon esprit est aussi la plus digne de vous, c'est
la pensée que vous pardonnerez à votre esclave, » et il ajouta
ces vers :
Les liotnmos vcuient d'un commun accord que vous versiez mon sang
aujourd'liui, ô ^'uidc de la voie du salut, mais le pardon est plus digne
d'un noble cœur.
(Jne suis-jo,si ce n'est une nalure criminelle; mais votre clémence est
embellie pai- l'éclat de la lumière propliéliquc.
Mon crime placé à côté de votre pardon semble diminuer; accordez-
moi votre pardon : il est noble de l'aire le bien.
Vous êtes le meilleur de ceux qui s'empressent ii la gloire, et il n'est
pas douteux que de ces deux résolutions vous prendrez la nu-illeure.
— - Oui, je prendrai la meilleure, s'écria Motewekkil.je
l'accorde la \ie, lu |)eu\ rentier dans la dcnieure. — Prince
des Croyants, répondit Ihn liait, Dieu sait bien oii il place
son apostolat. »
I.e meurirc de Motcvvckkil lui déj)l()i('- par les |)()ëles con-
tenij)orains; de ce nombre csl Ali, lils de Djeiun. Voici un
fraiïment de sa karideh :
280 LES PRAIUIES D'OU.
^jfcia 5<XAAiaS ^j^ 4^^V^ *Xj^ /yj "^^ï! Jj^J "^^J
tX.*^ LàJiJIj IjUjUIÎ a.a.jI !i^Jû ii_je_=s-ljî> cj>rJ»Jîj ^^^^■^^ cjA>
*|vX^ji O^'*? J^*:? *^J
Ce sont les esclaves du Khalife qui l'ont tué, carie plus grand malheur
des princes est d'avoir des esclaves.
Fils de Hachcm, ai-mez-vous de patience, il n'est pas d'infortune qui
ne finisse par s'user avec le temps.
Yézicl (fils de Mohammed) Mohallebi a pleuré ce Khalife
dans les vers suivants tirés d'une longue haç.ideh:
11 dormait quand la mort l'a frappé; que n'est-elle venue à lui au mi-
lieu des lances brisées ( c'est-à-dire sur le champ de bataille) ?
L'être le plus vil du monde a levé son glaive sur toi (ô prince), <jui
n'avais de supérieur que le Dieu unique et éternel.
Ce Khalife avait obtenu ce que jamais personne n'a obtenu, et jamais
la réunion d'un corps et d'une âme n'a formé un être qui puisse lui être
comparé.
Un autre poëte a dit aussi :
La mort s'est glissée chez lui la nuit lorsque, ses favoris s'étant éloi-
gnés , il dormait.
La mort lui a dit : Lève-toi, et il s'est levé. Que de rois ont été appelés
ainsi pour mourir, et ont répondu à son appel !
CHAPITRE CXVn. 281
Voici enfin un passage de Hureïn (fils de Dalibak) sur-
nommé le déhanché :
Les nuits (c'est-à-dire la fortune) n'ont jamais favorisé personne, sans
lui nuire après l'avoir comblé de faveurs.
N'as-tu pas vu les disgrâces du sort accabler le (Khalife) hachcmitc et
Fath , fils de Khakan ?
Ali, fils de Djehni , raconte le fait suivant : « Le Prince des
Croyants, DjàAir Motewekkil-Alallah, quand il fut élevé à la
dignité de Khalife, reçut des cadeaux proportionnés au rang
de ceux qui les lui olfraient. Dans le cadeau d'Ibn Taher
figuraient deux cents esclaves des deux sexes et parmi eux
une jeune fille nommée Mahbouhcli. (faimée). Son premier
maître, un habitant de Taïf, avait soigné son éducation, cul-
tivé son intelligence et l'avait enrichie des connaissances les
plus variées. Elle faisait des vers qu'elle chantait en s'accom-
pagnant sur le luth, et léussissail, en un mol, dans tout ce
qui distingue; les gens de jnérile; aussi lïit-elle bien accueillie
de Motewekkil ; il lui donna une place imporlanlc dans son
282 LES PHAHUES D'OR.
La-aw .^-x.à J^Jii aàa> ^..w*;*.! ooK U jjuirs- Uù^Xi». j liLtMlL
(2) .... . I
CXAX3
cœur el lui accorda toutes ses préférences. — « J'entrai un
jour chez le Khalife (ajoute Ali) pour m'asseoir au festin;
quand j'eus pris place, le prince se leva et pénétra dans une
des pièces réservées , puis il revint en riant et me dit : « Mon
cher Ali, en entrant (dans le harem) j'ai rencontré une
esclave qui avait tracé sur sa joue, en lettres de musc, le
nom Djctfar; je n'ai rien vu d'aussi charmant. Trouve quel-
ques vers sur ce sujet. » — Moi seul, Seigneur, lui deman-
daije , ou MahbouJjeh avec moi ? — Non , toi et Mahboubeh. »
Cette jeune fille, se faisant apporter une écritoire et du papier,
prit les devants sur moi et composa des vers qu'elle récita;
elle saisit ensuite son luth et chanta à demi-voix. Après
avoir préludé sur son instrument jusqu'à ce qu'elle eût
donné un corps à sa mélodie, elle sourit pendant un ins-
tant, puis, a^Jant pris les ordres du Khahfe, elle chanta ces
vers :
l'Jlle a Iracé sur ses joues avec du musc le mot Djàjar; je donuerais ma
vie poiu reudroit eliarmnul où le musc a laisse son eiiipreiule.
CIJAlMTIii-: ex Vif. 283
l^j^lj ÏKjyA^ <^jKx*b\s- ji oc^ "^ L tiiAj_5 <i JIaj <\^:>Uj^
Si t'ilc a gravé sur sa jonc des lettres parluniécs , elle a grave dans mon
cœur de longues lignes d'amour.
Voyez cette esclave qui soumet à ses lois son propre maître, en secret
comme en public.
Voyez ces yeux qui ont contemple un homme tel que Djàfar ; ([iie Dieu
répande sur Djâlar la pluie de ses bienfaits !
Ali poursuit ainsi son récit : «Cependant mon imagina-
tion flollait incohérente et il me semblait c[ne je \w. trouverais
pas le premier mot d'un vers. — « Eh bien, Ali, me demanda
le prince, où en es-lu de ce que je t'ai commandé? — Par-
don, Seigneur, répondis-je, je confesse que ma verve est
absente. » — Depuis lors et jusqu'à sa mort, Motewekkil ne
cessa de me lancer ce souvenir à la téle<^l d'i-n j)nMulre lo.xte
pour me railler. »
«J'entrais une autre l'ois chez lui, raconle le même Ali,
pour m'asscoir ii sa table, lorscpi'il m(! dit : « Mon cher Ali,
tu sais que je ukî suis fViché avec Mahboubeh ? je Tai con-
signée dans son apparicnient en délendani ;i ma suite de
cominnni(|n('r avec clic, <■! je ne \('u\ plus lui |)arl(M-. « —
284 LES PRAIRIES D'OR.
«Xvolvt 0«.Aj C-sjl^ JoIav l^J JUj ^W t-^^JC» l^JCj^l^o J\Jj jl
^^r»- <îui.A-j! Ci*.-?.* lliLr». p»ljii ^ Uj.IâÀj 4^>- ^^J^ /frj> <i
l_^_jl^ -p^^viXj *>-K,.Aj5 ):>^^ (3-*-^ (^ '-^^ l^jj_j.x2.ji^ ç^j^ UjjJJ
Seigneur, réponclis-je , si vous êtes irrité contre elle aujour-
d'hui, faites la paix demain. Que Dieu pi'olonge la félicité
du Khalife et lui accorde de nombreuses années ! » Le prince
demeura rêveur pendant quelque temps, puis il congédia
ses convives et fitenlever le vin qui était servi. Le lendemain ,
dès que je me présentai, il me dit : « Eh bien, Ali, j'ai rêvé
cette nuit que je me réconciliais avec Mahboubeh. » Une
jeune esclave nommée Chaiir, qui se tenait devant le prince,
lui dit alors : « Je viens d'entendre sortir de sa chambre des
paroles dont je n'ai pas 'saisi le sens. » — Viens, me dit le
Khalife, nous allons voir ce que c'est; » et il se mit en route
nu-pieds. Je le suivis; aux abords de la chambre, nous en-
tendîmes Mahboubeh préluder sur son luth et fredonner
à demi-voix comme si elle composait un air; puis élevanl
la voix, elle chanta :
Je parcours ce palais cl n'y trouve personne qui écoule mes plaintes et
nie réponde.
CHAPITRE CXVII. 285
»X_2fc.! (^w-5»- Cjjs— A-il (^ Lw_JtX.ji»> Ç^JrJfj J^^-*^î J»^^ t-^AJ
^j /w_À_iwo /y-LjJ>lî c:>lji.JiJL w*i_5 »jUù«*ii jXa^jj^I; iL<i>lÀ^
l a .K \-g Jlilj J^JI (j^ 'iyAs>- io^/cs: t^ÀAiij Jilil^ (J.il
Jb 4^i~-fr O»— *— o^ L^J JLïJ ik-^Sj^A 'S^yi£i.jti <.,jj^M»X:à^ (J^^-^-^
Ai-je donc romniis un acte de révolte que le repentir ne pourra jamais
racheter !•
Qui implorera en ma faveur un roi cpii m'a visitée en songe cl m'a par-
donné?
Puis le jour, eu revenant, m'a rendu les dédains de ce maître et l'a
séparé de moi.
Motowf'kkil baflit des mains joyeusemonl et je l'imitai :
il entra aussitôt chez sa favorite. Celle-ci lui baisa les pieds
et se roula le front dans la poussière jusqu'à ce que le Kha-
life la relevât; puis nous revînmes sur nos pas et Mald)oid)eli
en tiers avec nous. »
« Après le meurtre du Khalife, ajoute Ali, fds de Djelim,
Mahhoidieh fut, avec d'autres esclaves de la cour, dévolue à
la maison de Bof|[a l'aîné. Un jour que j'entrai chez ce der-
nier en ma qualité de conmiensal, il fil écarter le rideau
(du harem) et, sur son ordre, ses esclaves s'avancèrent bril-
lantes d'ornements et de parures; seule Mahboubeh se
montra sans bijoux ni vêtements de prix et vêtue de blanc
(en si<^Mi(' de deuil); elle s'assit rêveuse el la tête baissée.
286 LES PRAIRIES D'OR.
ii ^K' ,^j^ J^
_W <*1 <kb^ ^'w^
l^açifrinïiUâ chanter; elle s'en excnsa. Celui-ci Fexigea, el
fit apporter on Inth, qnon posa sur les genoux de Tesdave.
Se vovant dans la nécessité d'obéir, elle garda le lath sur
ses genoux et s'en accompagna pour le morceau suivant,
qu'elle improvisa :
CamaaaAi» lie poairaii-elle me^ure,si jene rencontre plasD^âlâr.
Ce roi qoe j'ai ni ioafflé f(e poussière et de san^?
Qoieonqne sooflrait dmqinêtnde ci de maladie a retrouTé la &anlé ,
Esceplé Xlabboiibdi, qui, si elle savait que ta mort s'acbi^e.
L'achèterait de tout ce qn elle possède, pour être portée an lombean.
Waçif, irrité de ce souvenir, envoya l'esclave en prison;
elle y fut enfermée et depuis on n'a plus entendu parler
d'elle. •
Sous le r^ne de Motevrekldl moururent plusieurs savants,
historiens et tradilionnistes . tels soni : \li (fils de Djàfar]
CHAPITRK ex Vil. 287
'^-i-^J^ J\J»3 ^^Jsil ^t l^xi cjU ,^1 AÂmJI jj 5J.^" *^3
^ cîb cT* /e*-^-^ (:J>-*-* (jJ c^y-*r U** ^^ iS^^ Xi-«Ji ^
fcV-Mj ^^*>m» j.^^1^ A»».*»( ^ .«.N.Wj Uxk^ Q^( CJ-* /*^ *Xj^
<^t»x-LI J^ ^JJ t^ ^^^--^ j^î iUj ^^K' iiJ-JI 5»Kia ^ ^,i
Modini, mort à Saniarra, le lundi 27 do don 'l-liiddjoh,
•i3/4 do riiogiro, àgô de soixante-<iouzc ans ot quelques mois;
oependant la date de sa mort est contestée, et nous avons
dit précédemment en quelle année on place cet événonunt.
— Mémo annéo, morl dWhou 'r-Robî, fils do Zalirani. —
On no s'accorde pas non plus sur la date i\c la mort do Vahva,
(ils de Màyin; les uns adoptent celle que nous avons donnée
dans un autix^ passage i]o oe livre (voir ci-dossus. p. 211); les
autres, ot c'est le plus grand nondiro. s(> décident pour
Tannée 2 33; Yahya dont le surnom paironymique est /l 60a
Zaharia , étail un tnawla dos Bonou-Marrah; il mourut à
Modino, âgé de soixante-quinze ans ot quelques mois. On
croit qu'en la mémo année (233 de Thégire) mourut Tiiis-
lorion Ahou "1-Haçan Ali (fds de Mohammed) Medaïni;
daulros placent sa mort en 228, sous le règne do Watik.
— I.u o.Mlo année 2 28mouruiYnt Mouseddod hon Musorhod,
288 LES PRAIRIES D'OR.
i y! t)— i^-^ «X-ij oi-*«j.j j,5 t-^jfcUo (^«X/JJÎ ^^UJî «XaJjJI
dont le vrai nom est yl6d el-Mélik, fils d'Abc! el-Aziz; — le
jurisconsulte El-Himmani; — Ibn Aïchah, dont le nom est
Abd Allah (fds de Mohammed, fils de Hafs) et le surnom
patronymique Alou Aid er-Rahman ; i\ appartenait à la tribu
de Teïm-Koreïcb. — Sous le règne de Motewekkil mou-
rurent en 2 36 : Hodbah, fils de Khaled; — Cheïban, fils
de Ferrokh, originaire d'Obollah; — Ibrahim (fils de Mo-
hammed) Chafeyi. — En 287 : Abbas (fils de Wélid) Nersi,
mort à Basrah; — Abd Allah (fils d'Ahmed) Nersi; —
Obeïd Allah (fils de Moâd) Anbari. ~ En 2 38 : Ishak (fils
d'Ibrahim) plus connu sous le nom d'Ibii Rahaweïh; — le
juge Bîchr (fils de Wélid) Kendi, disciple d'z\bou Yourouf.
— Selon quelques-uns, Abbas (fils de Wélid) Nersi ne serait
mort qu'en cette année 238. — En 269 : Otinan (fils d'Abou
Cheïbah) le Koufien, mort à Koufah; — Sait (fils de Ma-
roud) Djahdari. — En 2/io : Cliebab (fils de Khalifeh) Ous-
CHAPITRE ex VU. 289
c;^U l.g_*j^ ty=^^ iL>_jl«>o ^yj 4WI tXA£^ 5^1 :>yXM*^ /wjÎ
♦>^-S^ (jJ i^y^^ j^ 0-j ^ij'^' (J'^ '^MtJ>,'*S-^ ^*n.».-S' ^jJovaXi
bjJi ^j-*-^ yUNfcifc- jwj-wj jUiwî jo^xli^ (_^ijj«*«#Jli Jb di»^il
(jU).Ji jUi^! UjoU-j jj ^Uàjiilj p. — iJ! ^^ W^^.ff Uaj'1 »^j
fouri; — Ahd el Wahid (fils cfAttab). — En 2d3 : Hicham
(filsd'Ammar) de Damas; — Hamid (fils de Maçoud) Nadji;
— Abd Allah (fils de Moàvviah) Djomahi; — le kadi Yahya,
fils d'Aktam, décédé à Rabadah; — Mohammed, fils d'Abd
el-Mélik, fils d'Abou 'I-Gha\varib. — En 2/16 : Mohammed
(fils de Monstafa), originaire d'Emèse; — Anbaçah (fils
d'Ishak, filsdeChamir) et Mouça (filsd'A])d ol-Mélik).
L'histoire du régne et de la vie de Motewekkil renferme
d'autres faits remarquables que nous avons rapportés en
détail dans nos deux ouvrages les Annales historiques et le
Livre Moyen.
"J
290 LES PRAIRIES D'OR.
[yA'9 Jo:s <^i ^A^i ^i.^^^^ »jj.«a;:m^Àj»r5- ^j:» .x^î- ^^j^
«.ju-^ iLjL^ Jîj_-i cj- (J^^-^ ^'^^ Ax^j^i AJ ^^ J^l
L^ JUo *xJ^ -i A-«lji ^.Àjï.> j,L ^So^ (j^Ajt^j C:?:?*^)^^
rf^.g-i;l ioC^w -îUà^Xi^ <.::>»-j\(j (jOoUj (J>*?j'-5 (J^ *•*"**' '^^-'
CHAPITRE CXVIII.
KHALIFAT DE MOUNTASIR-BILLAH.
Mohammed (fils de Djâfar) el-Mountasir fut proclamé
Khalife dès la première heure du jour, après la nuit où Mote-
wekkil fut assassiné (nuit du mercredi 3 du mois chawal,
2/17 de l'hégire). — Son surnom patronymique était Ahou
Djâfar; sa mère , une esclave grecque , se nommait Hahcliyeh.
11 avait alors vingt-cinq ans; la prestation du serment eut
lieu dans le château nommé Djâfari, construit par Moté-
wekkil. Mountasir mourut fan -làS, après un règne de six
mois.
BÉSDMÉ DK SON HISTOIRE ET DE SA VIE; PRINCIPAUX EVENEMENTS
DE SON RÈGNE.
Le lieu où Molewekkil fut assassiné était celui où Chu-
CHAPITRE CXVIII. 291
^ .»."^L> *XjV*x^^ j_^.>A^^ <XÀ.«m.X|^ iw.^V^,M^^i.U( IsUnfcAJ jCwj»JL«
(jv— f y-P liî^ ii-iij-wjljLîL 5*i_^JLJl /y^jw! civÀ-S^ i(A^UJL
iLjUJjî v::>i^jJLi jJaAj ajI^ ^b <!U»«!; tj-^j tilX* Sj^as- jL^ail
*j)j— *=» <i)^^ÀJi 3 is^*-'' fi^ d>^ ^y"^ ^y^ '■^[; (0-'j-^-<*'
weïli avait tué son père Kesra Perwiz; on le nommait Ma-
khoareh. Mountasir résida encore sept jours dans ce palais
après la mort de son père, puis il s'en éloigna après avoir
ordonné de le détruire.
La tradition a conservé le récit suivant raconté par Abou '1-
Abbas Mohammed, fils de Sehl, «J'étais secrétaire sous les
ordres d'Atfab, fils d'Attab, au bureau des troupes dites Cha-
kirieh, pendant le règne de Mountasir. Je montai dans une des
salles de l'étage supérieur; je la trouvai garnie d'un tapis de
pied fabriqué à Sousendjird , d'une estrade en forme de trône,
d'un mousalla (j)elit tapis de prière) et de coussins rouges et
bleus. Le grand tapis était bordé de cases renfermant des fi-
gures d'hommes et une inscriptioiî en persan, langue que je
lisais couramment. Or, à la droite du inousallu.jc remarquai
une figure de roi, le front ceint d'une couronne et daiisTalti-
hulc de quehpi'un qui parle; j'y lus l'inscription que voici:
' Ceci est riniage de Chirvveïh, meurtrier de son père le roi
Perwiz; il régna six mr)is. > Je vis ensuite différents portraits
'9-
292 LES PRAIRIES D'OR.
<X.A^ (jo «^«'■'^[^■î' (j^ «^/j~> ^jy*^ t_>_j^iXv9 V^AÂi; (J^*ail j\.M*^_ ^J£^
iiJiMi dlX^ liUil t>^Aff 0.J «>^r!>^^ lj":> ♦^^^J'^' ^■"^ (jj5 JsjIj dUi^
t^jsr" jii;.ÀJ yi 0^13^5 iJNjft j.;^i OtAA?y os-Ui) i^AjUJî j!jJl
/v_j *X_^-J ^_J-»0 AA^^ CS*^^ Is^^WfcAJi i Jvi& i)| ^JVÀ^^^IÎ ^j,/w«î
de rois et, en dernier lieu, une figure placée à gauche du
mousalla et surmontée de la légende suivante : « Portrait de
Yézid, fds de Wélid, lils d'Abd el-Méiik, meurtrier de son
cousin Wélid, fds de Yézid, fds d'Abd el-Mélik; il régna
six mois. « Je m'élonnai de cette circonstance ainsi que du
hasard qui avait réuni ces images à droite et à gauche de la
place occupée par Mountasir, et je me dis : « Je ne pense pas
que ce règne dure plus de six mois; « en effet, mon pressen-
timent se réalisa. En sortant de cette pièce, je me rendis chez
Waçif et Boga, qui occupaient le deuxième corps de logis, et
je dis à Waçif: «Le tapissier n'a donc pas trouvé autre
chose à mettre sous les pieds du Khalife que le tapis où sont
représentés Yézid , fds de Wélid , meurtrier de son cousin , et
Chirweïh, meurtrier de son père Perwiz, lesquels ne survé-
curent que six mois à leur crime .^ » Waçif s'émut de mes pa-
roles et fit venir Eyyoub, fils de Suleïman le chrétien, au-
quel était confiée la garde des tapis. Quand cet homme fut
en sa présence, Waçif lui dit : «N'aurais-tu ))as trouvé à
CHAPITUE ex VI If. 29a
(^»«À-*fc_iî >-is-^^ c:^^ f*>^' i*XJÛ li U^^;? ^ '^■^ >*J V— *-^'*»^
^ A 4 jHHi*J y' C>.^LÀi».i^ <^j»3 ^j.iajj aV***j i' ^ JUà
*Xxj ^j^ Uo Ub^ uJ«-is^^ iya^. (^ys»-\ -b lfc»i jUJL <xij.j»-l_5
étendre aujourd'hui sous les pas du Khalife un tapis autre
que celui qui était sous les pieds de Motewekkil, la nuit de
\ événement , tapis qui représente un roi de Perse et d'autres
personnages et qui porte des traces de sang? » — ■ Le tapissier
répondit : « C'est le Prince des Croyants lui-même qui m'a
parlé de ce lapis et m'a demandé ce qu'il était devenu. Je
lui ai répondu qu'il avait de vilaines taches et que mon in-
tention était de ne plus l'employer, depuis la nuit de l'évé-
netnenl. — « Pourtjuoi ne le fais-tu pas laver et parfumer? »
a répliqué le Khalife. — Je craignais, répondis-je, ([ue ce
ne fût une révélation pour ceux qui verraient sur ce tapis
les traces de \ accident. — « 11 est assez connu sans cela » , m'a
répondu le princt;, en laisant allusion au ineurlre de son
[)ère par les Turcs. En conséquence, nous avons parfumé le
tapis et l'avons placé sous ses pieds. » Warif et lioga (irent
alors à cet homme la recommandation suivante : « Dès que
le Prince des Croyants sortira de rapi)arlement , enlève le
lapis et jctic-lc au feu; • el en elfet, sitôt après le départ du
Klialife, il lui hrûlé sous les yeux de Wacif et de lioga, —
294 LES PRAIRIES D'OR.
di.]i 0.jtj oJji* jSiiJi IsIm^aJî kiXii ^JiJ^\ jmîxjX] J Jlij -U
Cependant quelques jours plus tard (ajoute Eyyoub) , Moun-
tasir réclama de nouveau le tapis en question. — « Où trouver
ce tapis maintenant, lui dis-je? — Qu'est-il donc devenu?»
fit le prince. Je lui répondis que j'avais dû le brûler, par
ordre de Waçif et de Boga. Il garda le silence et ne m'en
reparla plus, sa vie durant, »
Vers le même temps Mountasir, se livrant au plaisir, fit
appeler le joueur de luth Bunan, fils d'El-Harit, virtuose
distingué qui avait encouru son ressentiment. Quand il fut
chez le Khalife, Bunan chanta les vers suivants :
J'ai vécu longtemps dans l'attente de l'imam Mohammed, et je né
croyais pas que mon attente serait si longue.
J'étais à la fois loin de lui et son voisin, chose étrange! j'étais près de
lui par ma demeure et loin de sa personne.
En te voyant (ô Khalife) vêtu du manteau rayé du Prophète, il me
semblait dans ces vêtements et sous ce turban voir briller l'astre des
nuits.
Je souhaiterais que le jour de la fête pût revenir, car c'est une fête
pour moi de contempler ton visage.
CHAPITRE CXVIIF. 295
p ^ w
Ces vers furent récités en effet le lendemain de la fêle du
Sacrifice, et Mountasir avait, à cette occasion, dirigé la
prière publique. On chanta aussi, pendant la même jour-
née, les vers suivants composés par Mountasir :
Tu m'es apparue en rêve, moins avare (d'amour) et plus docile que tu
ne t'es en r(''alité.
Que le ma(in ne peut-il s'éloigner et ne plus se montrer! Que la nuit
ne peut-elle se prolonger pendant mille ans !
Si le sommeil pouvait se vendre, certes lu en aurais renchéri le cours
parmi les hommes.
Ces autres vers qui sont également de sa composition fu-
rent chantés en sa présence :
Je t'ai vue dans mon sommeil : il me semhlait que je buvais sur tes
lèvres un baiser suave.
Ta main était dans la mienne et nous rc]iosions eiisctnhii; siu' la même
couche.
Au moment où j(; m'éveillai, ma uiain droite pressait tes mains, et ta
main pressait les miemies;
J'ai passé ma joiu-née entière h chercher le soinuu'il pour te voir dans
mes rêves, et le sommeil n'est pas venu.
296 LES PRAIRIES D'OR.
(1)
\^JI
^wJ iS-^Xs- j-^jyA\ ySXjlt^S i«Xib ^^^ ^Jj ^^ij.*^l Jb
/yj! (j^^-j^ib Itf Uj^ ^^à^ j^|^3 4>5b j*kxàjS «^^bi» «^ ij*^«^5
Ce Khalife, après avoir exilé Obeïd Allah (fils de Yahya,
fils de Khakan) , prit pour vizir Ahmed , fils d'El-Khaçib ; mais
il ne larda pas à s'en repentir. Ahmed était monté à cheval,
un jour, avec son escorte, lorsqu'un solliciteur lui tendit
un placet pour lui demander justice; le vizir tira son pied
de rétrier et porta un coup si violent dans la poitrine de cet
.homme, qu'il le tua. Un pareil acte de brutalité s'ébruita
parmi le peuple , et un poëte de l'époque dit à ce propos :
Dis au Khalife : « Cousin du Pi-ophète , mets une entrave à ton vizir puis-
qu'il rue;
«Attache-ic pour l'empêcher de ruer; puis, si tu veux des richesses,
tu en trouveras chez ton vizir. »
Si ce poëte eût été contemporain du vizir Hamid, fils
d'Abbas, lorsqu'il remplissait les fonctions de ministre auprès
de Mouktadir-Billah, il eût été témoin d'actes de violence
analogues à ceux d'Ibn el-Khaçib. C'est ainsi que ce vizir
se jeta, un jour, sur quelqu'un qui lui adressait la parole,
CHAPITHE CXVIII. 297
(:J^-^"^lJ C:J>-^'^-^"5 AÀ^_j^j <i;:Aj>pî |<Xiû jî iU^I ^^ (J\jS^^
lui retourna ses vêlements sur les épaules et le frappa rude-
ment à la gorge.
Un autre jour, Oumm-Mouça, de la famille de Hachem et
intendante du palais, ou une autre femme du même rang,
s'étant présentée chez lui pour une réclamation d'argent en
vertu d'un message de Mouktadir, le vizir lui adressa dans
sa réponse cette parole injurieuse : « Pète et ramasse, compte
et ne te trompe pas. » Celte feinme resta interdite; elle coupa
court à Tafiaire qui l'avait amenée et courut d'un Irail
chez Moukladir cl chez la sultane pour les informer de ce
qui lui arrivait; mais le Khalife (c'était justement un jour
de concert et de fête) ordonna à ses esclaves musiciennes
de prendre celle invective pour ihème de la chanson du jour.
On trouvera des détails sur Hamid, ainsi (|ue sur d'autres
vizirs des Ahhassides et sur les Kaiihs des Onieyyades jus-
qu'à la présente année WSi de l'hégire, dans noire Histoire
moyenne.
Je liens d'Abou '1 Ahhas Ahmed (fils de Mohammed, fils
deMoura, fils de Ferai) le récil suivant: -. Alniicd, lilsd'KI-
298 LES PRAIRIES D'OR.
c1)4KJI_5 i «;.-«i <3vjj b^A.* (*5CJL5!!J cj*XJ O^ïjjj^jJi (ji JUi
«X_^5 ^^.^-jI^ ^-M-^ ^X) '-^"b *^* tj' '^ -? b^jitj^ X^Xjli (J-ff^
LÀwo«x.i iXS^jljJLîj ^AJj çj^ «ri;-^ ^Sj*^' «^x^j ^Ij^^JU
L JUi J^ifcii UxX* J-i».^ cs-s" ç.l^-yî Ià^aawÎ U -IxiaJî
Khaçib, voyait de mauvais œil mon père (Mohammed),
qui était un de ses agents. Quelqu'un qui était attaché au
service intérieur du palais vint m'avertir que le ministre
avait envoyé un étranger dans le lieu de notre juridiction,
en lui recommandant de sévir contre mon père et de lui
extorquer une somme considérable, dont il me donna le
chiffre. Un Katib de nos amis était en ce moment auprès
de moi; je m'assis et m'empressai d'écrire ces nouvelles
à mon père, sans plus m'occuper de mon ami. Celui-ci
s'accouda sur les coussins et s'assoupit; mais il se réveilla
bientôt en grand émoi et îne dit : « Je viens d'avoir un rêve
étrange; il me semblait qu'Ahmed, fils d'El-Khaçib, debout
ici devant moi, m'adressait ces mots : « Le Khalife Mountasir
mourra dans trois jours. » Abou '1 Abbas poursuit ainsi sa
narration : « Je fis observer à mon ami que le Khahle était
alors dans l'hippodrome, occupé au jeu du mail; que ces
sortes de songes provenaient de la pituite et de la bile, et
enfin que nous sortions de table. Mais nous parlions encore
lorsque quelqu'un entra et nous dit : « J'ai rencontré le vizir
GHAPITIŒ CXVIU. 299
(^-^ AJLaS^ i^lj,-o-Jl Xi^kHi ^iûiUJl i ^b^ -U.il ,J.ji^<XJ
^L*tJ^ yi»jkjtj' (i JUj jbî Uj) iLs»-_^U)l -Uii ^ 4:^1^ CJ^t
^t-« iiiilS^ v^i «Xij 'lSJ<y>M i^^JhA^ 12a^ jj^Jùuiî *XS jJÛ i^lî
dans les appartements intérieurs [àar el-khaçeh]\ son vi-
sage n'était guère souriant, j'ai voulu en savoir la cause et
voici ce qui m'a été dit : Le Khalife Mountasir est sorti tout
en nage de l'arène du mail, il est allé au bain, puis il s'est
endormi dans lebadhcndj (belvédère garni de ventilateurs);
le froid l'a saisi, et il a été pris d'une fièvre int|uiétante.
Ahmed, fils d'El-Khaçib est accouru chez lui et lui a dit:
« Comment, Seigneur, vous le savant, vous le sage du siècle,
vous descendez de cheval, épuisé de fatigue, vous entrez au
bain , et vous allez encore tout en sueur dormir dans le bad-
hendj ! r, — Eh bien, a répliqué Mountasir, crois-tu donc
que j'en mourrai? La nuit dernière, quelqu'un m'est apparu
pendant mon sommeil et m'a annoncé que je vivrai vingt-
cinq ans. J'ai pris ces paroles comme une promesse de lon-
gévité et j'en ai conclu (jue telle sera la durée de mon règne. »
— Trois jours après il était mort, ajoute Abou M-Abbas, et
après constatation de son âge, on trouva qu'il venait d'ac-
complir ses vingt-cinq ans. »
Quelques historiens rap|)ortonl que ce prince fut atteint
300 LES PPxAIRIES D'OR.
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(jv.Jt.JCwM*JLi «X^ (vJ <X^i «î^^ (^"^J ^j-âk-^î JA^ (J-* y^-=*-
»|>^ ci5 J>A*^J^ & '^•^■ii^S Sr*"^ «i)S;J^Î (J^A=î- (>!?^*J' 4^
^ J^-A— si »X_Jjj w-'-ji-AoJ! \xi (Jl Uj~5^^J3 (j*.^jAM^laj iiijLaJl
d'un refroidissement le jeudi cinquième jour avant la fin de
rébî I et qu'il mourut à l'heure de la prière de Yasr, le 5 de
rébill. La prière des funérailles fut dite par Ahmed (fils de
Mohammed] Moustaïn. Le Khalife Mountasir est le premier
souverain abbasside dont le tombeau ne fut pas tenu caché;
Habchyeh sa mère sollicita et obtint la permission de lui
élever publiquement un tombeau à Samarra.
D'après une autre version , il aurait été saigné avec une
lancette empoisonnée par le médecin Taïfouri. Le Khalife
méditait alors de disperser les troupes turques et il avait
envoyé Waçif à la tête d'une armée considérable contre les
Grecs à Tarsous. Un jour, voyant Boga le jeune qui venait au
château entouré d'une nombreuse escorte de Turcs, il se
tourna vers Fadl , fils de Mamoun , en disant : « Que Dieu
me fasse mourir, si je ne les tue pas et si je ne disperse pas
leurs cohortes, en expiation du meurtre qu'ils ont commis
sur Motewekkil-Alallah ! » C'est alors que les Turcs, effrayés
de ces mesures et des projets qu'il méditait contre eux,
CHAPITRE ÇXVIH. 301
*w«l_^ :sljlj ij\j.s>- -fcj c:>!i> i/«Mi «Xij iCojjU! <î(JL« ijJv>j
dl._Ji> <X-x-j »>-^j^ i^yJL^ S\:> ioUrXj>° p>jJi ^^ »î 7:1^
^j_j (jL«ryA..u> /J.J viLUi Jy^c /wC lx3<xJ( j;i /wl *ji «Xij
> .iwn V , K U ^ u:;^«X^ cx^^Sa^I L^ Jl; çj)j.4mo UxAJiAw ^«xJl
cherchèrent l'occasion de le perdre. Un jour, il se plaii^nit
d'une chaleur de sang et se lit poser des ventouses humides ;
après qu'on lui eut tiré trois cents onces de sang, il prit
une certaine ])oisson et sentit aussitôt ses forces s'en aller.
On ajoute que la lancette dont se servit le médecin était em-
poisonnée.
Ibn Abi 'l-Dunia a transmis le récit suivant d'un rêve fait
par Abd el-Mélik (fils de Suleïraan , fils d'Abou Djàfar). « J'ai
vu en songe Motewekkil et Fath, fils de Khakân, au milieu
des flammes; Alohammed Mountasir survint et demanda à
être admis auprès d'eux , mais on ne le lui permit point. Mote-
wekkil, se tournant ensuite de mon côté, me dit : « Abd el-
Mélik, répète à Mohammed ces paroles : Tu boiras à la même
coupe où tu nous as fait boire. — Le lendemain malin , je
me rendis chez Mountasir et le trouvai atteint de la fièvre;
je le visitai assidûment , et au terme de sa maladieje l'entendis
murmurer ces paroles : «J'ai abrège leur vie et la mienn«'
sera abrégée. » — Il mourut en effet de celte maladie. -
302 LES PRAIRIES D'OR.
oUaJ^I »;.A-5^ ijtiXi^^) -;\<jf -îU-Jj «X-à-L» ^jl^j IjUÀt U>i.|
J4XA* ,>wj *^>_5 Cj-« «t^^ y^^ ^J-'î ^b'^ '^Aàji _y^_S X*«Xiûj
Mountasir était un prince cVune large tolérance, d'un
esprit solide , très-bienfaisant et recherchant toujours le bien ;
il était généreux, poli et modéré dans ses plaisirs. Il s'atta-
chait à faire le bien, à répandre la justice et à se rendre d'un
commerce si agréable, que jamais un autre Khalife ne pût
lui être comparé. Mais, au contraire, son vizir Ahmed, fds
d'El-Khaçib, était dénué de bonnes qualités, d'une méchan-
ceté insigne et d'une profonde ignorance. Avant ce règne, la
famille d'Abou Talib avait été cruellement persécutée et
continuellement menacée' dans son existence; on lui inter-
disait l'accès du tombeau de Huçeïn et le territoire de Gareï
(où se trouve le tombeau d'Ali) à Koufah; tout le parti chiite
en était également exclus, en vertu d'un décret rendu par
Motewekkil en l'année 236. Ce prince avait, à la même
époque, chargé un certain Zeïridj de détruire le tombeau
d'El-Iluçeïn, fds d'Ali (que Dieu les agrée!), de le raser au
niveau du sol et d'en enlever tout vestige, enlin de punir les
pèlerins (pi'il trouverait en ce lieu. Cet homme promit une
CHAPITRE CXVIIl. 303
-*>v— ai 4XJuvçi (jv^Mfcil w« Jlcî f»*^^^ »L:St*^^ T^ri^^ J_jUa*
Ji bySi Lv ^^_^_J^i)l JjJ ^_5 ^_)-^^ ^_j i^j y\ Kk» \^jj Li
ïjjJl &j\jj *x-»-l jÀ-c i) y!_j (^W-à-i (j^ e^^l d)j3^ t^lL
viJ^-J^ ^Uo ji jT oiïjî cP^'^ (:r-*-^^ CJ:^*-^ '^^^ ci'
(^^-x^S-Ji JyM viUi> jj^ (*-t^* tS^'^^ i^^J /e-(>>^'*iJ ^jbJlxxJî
récompense à qui porterait le premier la main sur le monu-
ment; mais chacun, craignant le châtiment (de Dieu), s'y
refusait. Zeiridj, prenant une pioche, commença à démolir
le faîte du tombeau de Hurein; les maçons se mirent alors
à l'œuvre; ils creusèrent jusqu'à la Ibsse et arrivèrent à la
niche où était le cercueil, mais ils n'y trouvèrent lien, pas
même quelques vestiges d'ossements.
Les choses restèrent en cet état jus([u'à l'avènement de
Mountasir. Ce prince rendit la sécurité à tous; il abolit tout
d'abord les persécutions et les mesures d'in([uisilion dont
les Alides étaient l'objet; chacun put visiter librement la
tombe de Huçeïn et celle des autres descendants d'Abou
Talib. Il rendit le don)alne de Fedek au.v enfants de Haran
et de Iluçein; il ordonna maiidevée des ibndalions pieuses
appartenant à la postérité d'Abou Talib, et défendit que
leurs partisans fussent in([uiétés et persécutés. C'est à celle
circonstance que se rapporlcnl les vers suivants de Boh-
tori :
304 LES PRAIRIES D'OR.
Certainement Ali fut meilleur à vos yeux et plus généreux que ne le
fut Omar;
A chacun son mérite; mais quand les paris (de la course) sont ouverts,
les chevaux aux pieds marqués de blanc valent moins que les chevaux
qui ont des taches blanches au front.
Un autre poëte, Yézid (fils de Mohammed} Mohallebi,
attaché au parti de la famille d'Abou Talib, rappelant les
épreuves subies par les Chiites avant cette époque et Texci-
talion de la plèbe contre eux, s'exprime en ces termes :
Tu as relevé les descendants d'Abou Talib de la honte qu'ils subissaient
de siècle en siècle;
Tu as rétabli la concorde dans la famille de Hacliem , et , à l'Iiostilité qui
les divisait , tu as vu succéder la fraternité.
Tu as rendu le calme à leurs nuits, et, grâce à tes bienfaits, ils ont
oublié leurs ressentiments et leurs liaines.
Si leurs ancêtres avaient su combien tu les honorais, aucun des leurs
ne l'aurait emporté sur toi dans leur balance.
En 'i/|8, Mounlasir-Billah décréla la déchéance de .ses
CHVPIÏHE CXVIII. 305
1^-5^ X-X (JvwLà-JI <_^ iL)«.jwi.J^ cjjv.~^5^ «^j^iî (A-i^i »<x-!,£
*^j> <j <_-».^Xj_5 c:^>\AaJl_j jji_j.jiL (j*Uji xs^jj ^î_^! W^* ijjj^J
(l«Hix frères Moutazz et Ihrahini , qui dcvaicnl lui snccéfler.
MoU'Wokkil-Alallah leur avait assuiV' la succession au trône
par une série de décrets el de conditions stipulées à cet efTet;
il avait donné à chacun de ses trois fils, à titre d'apanage,
unt; portion de ses Etats, et réglé sa succession dans Tordre
suivant: Moliammed Mountasir; après celui-ci, Moutazz, et
après Moutazz, Ibrahim Mouayyad. C'est dans cet ordre
([u'il les fit reconnaître sous la foi du serment; après quoi
il distribua de grandes richesses et combla h; peuple de
cadeaux et de présents. Orateurs et poètes, tous célébrèrenl
cette proclamation; parmi les pièces les plus remarquables,
citons ces vers, tirés d'une longue kacideh, dont rauteni- est
Mervvan, fils d'Abou l-Djunoub:
Ils sont trois rois: iNIolianinird , n.'imbc.'iii du s.iliil ,i\ec l«'(|ii('l Dini
(lirii^r (|iii il lui plaît ;
AI)oii Abd Ail.ili . i|iii le ics';('im1)Ic par sa pnic ri i|iii iIoiimc conimcln
sais doiiiKT,
300 LES PBAiniF-S D'OU.
jv_5:_j_3L^ *x_>_£|PL".ij, '^-3 ii^AAs: ^J»\^.\i f^^jj^ J<m2À}\ ^b>^
._^U.>S i^-Xxj «XJijtj dlXiL llx.Lî cLx.:> MÀAil^U L,
Jyij 4X^xJî ^J^j-J iiS:^l »*>J_5 tj-« b;^^ (^i J^^^ii i<x^ â>^
»x_4^ /j^ »._À_x-£>- iX.ji-w ^jU3_5 Ia=^3î ^«aJIj (^<>^.jî 0.>5 «Xa»; <xjij
L'excellent Ibrahim, le prolccteur du pciiplo, riiommc pur, fidèle dans
ses menaces et ses promesses.
Le premier est la Inmière, le deuxième le salut, Ictroisiènie la justice,
et tous les trois sont dirigés par Dieu [mcinli).
Et ces vers non moins parlaits adressés par le même poëte
à Motewekkil :
Dixième Khalife, puisses-tu jouir longtemps de la royauté et eu assurer
la transmission jusqu'au dixième de tes successeurs!
Ue sorte que tu marcheras à leur tête et qu'ils ressembleront à ces
astres étiucelants qui font cortège à la lune brillanir.
Lorsque MoleY\ekkil eut ainsi régie sa succession enlrc
SCS trois fils, un poêle connu sous le surnom de Sclami dû
dans une ])ièce de vers :
L'élu de Dieu, l'oiseau du boidienr, Djàlar, fils de Moliamnied, ou
instituant ses successeurs, a consolidé l'édifice de la religion;
H l'a fortifié eu désignant Mouiitasir-Biilali, et assuré sa solidité on
iionunanl ensuite Miiuta/.z et Mouayyad.
CHAPITRE CXVm. 307
J_^— A_jrw (Jw^-aJ^ (J-- <_J 'j-^^ >**^ AjCAjA-I ^•À-* 45-»^ ^^\s
J.. j »Xo w>jifc. a_5«XJij i/ (j*.U^ »uJLx.> iuulil tXxj tX.4k2^À
l-fk-M* 5y-u(U c_>_jj.^ ^ juiji s.^ *i c>JtSo c^V^^' W**** (*"(r^'^
Au nombre des poètes qui ont parlé de cet événement
avec la même élégance de pensée et de style, il faut citer
Kdris, (ils d'Ahou Hafsali, dans le passage c[ue voici :
La royauté no s'éioiiîiiora jamais de Djàfar, celte lumière du salul, ni
de ses fds.
Lorsque le Klialife Djàfar aura termine sa carrière, las de régner, sans
(|ue ses sujets soient ias d'obéir,
Moliamtned (Mouiitasir) sera son digne successeur et puisse le peiiiilc
le conserver loiii^lemps !
XKnis prolonge avec ton règne (ô Motcwckkil) l'attente de Moliamnied;
cela vaut iniriix pour nous et pour lui cpi'unc succession prochaine.
Durant la domination deMountasir, le Yémen, le pays de
liawa/idj et Moroul furent agités par les menées d'Ahou '1-
(Jiinioud Charihi, qui, adoj)tant la formule : « 1! n'y acfaulre
maître que Dieu» (cf. t. 1\', p. 485), forlilia son j)arti en
appelant à lui tous les kharédjites du Diar-Rebyàh et du
pays des Kurdes. Mountasir lui op[)osa luie armée com-
mandée par Sima le Turc; après plusieurs batailles, Sima
308 LES PKAIIUEN 1)01'».
jA..ia.» Ov^xJl i^Js. jvi^ij _5.i«^lj AjJfi ilsi j.AAXÀil ^j jt3
^,_*i^ ^^iUI dLUi^ ^-*^iJ:-Ui pUili !^^
s'empara du rebelle el le livra à Mountasir, qui lui par-
donna, lui fil prêter serment et le mit en liberté. Au rapport
de son vizir Ahmed, fils d'El-Kbaçib (fils de Dabbak Djor-
djani), c'est après avoir fait grâce à Charibi que le khalife
prononça ces paroles : « Il est plus doux de pardonner que
d'assouvir sa haine, et la vengeance est ce qu'il y a de plus
odieux chez celui qui commande. «
x\bou Bekr, fils d'El-Haran, fils de Doreïd, m'a raconle
qu'un Katih entendit en songe les paroles suivantes, dans la
nuit qui précéda la matinée où Mountasir fut proclamé
Khalife :
Voici Wmam Mountasir, le onzième souverain.
Sa volonté, lorsqu'il donne un ordre, est comme le glaive ([ui tranche
tout ce qu'il rencontre;
Son regard, lorsqu'il le dirige sur quelqu'un, est comme la fortune qui
icpand le bonheur et l'infortune.
Ce prince se montra juste envers ses sujets et sut gagner
cil \IMII\K CXVlll iOO
jX-<Jl Js>J*>^*w Jty^JtjO lii^ Ui_jJ 3*^1^ «>^aJ 0»J|N.J •y^ 'Xa-'J ^Xj
J^i Jjl ^ \jbAjJii^ (J*j».l CXÀJj (Ji^LAMsl *;_5^^ -Ji**-^ *-r''*->**->
V-i )^ÀA> J[jl J JUi wUaJI Jjt^j (5^=*^ ijl-^5jiJ| (j>AAi
le coHir (les grands el des petits, malgré la crainte que sa sé-
vérité leur inspirait.
Aboii '1-Haran Ahmed (lils d'Ali, fds de Yahya), plus
connu sous le nom d'/è/i cl-Ncdim ((ils du courtisan), m'a
transmis le récit suivant , ([ui lui avait été raconté par (son
j)ère) Ali, lils de Yahya, l'astrologue : «Je n'ai jamais vu,
disait Ali, un homme comparable à Mountasir et qui sùl
être généreux avec moins de morgue et d'embarras. Un
jour, il remar([ua (iiie j'étais triste et plongé dans mes ré-
flexions : en ellet, il y avait à côté de mon domaine une pro-
priété dont je désirais faire l'acquisition; j'avais, à iorre
d'habileté, décidé celui (|ui la possédait à n)e la vendre,
malheureusement je n'avais pas à celte époque la somme
nécessaire à cet achat, (^'esl dans de lelles dispositions d'esprit
(|n<' j(; me présenlai chez Mouulasir; frappé d(> mon air
;il)allu el de mes préoccupations, il me dit : «.le le trouve,
bien soucieux, que l'esl-il donc arri\é?» J'auiais ilésiré lui
caclicrcettc histoire el lui laisser ignorei' mon a\enture, mais
il nif picss.i (le parler cl je dus lui raconter sans di-guise-
310 LES PRAIRIES D'OR.
iw-A-ft Ci», Ai ^-*-« i^<y^AS. çX» JliJ ji^i <_Àii (j^i^^i cxXjii
J-xSl^ l^Stj--N«*.^ -Uxil ^jAiÙ /e.^î yôî Ijf A^î; t^ ^j^ *i\.i^
vJLjyi -iiLiJi JyJsl (ji J5 -t^UTi ^5Uaj^ e^JsjlL ^xÀi.j
^j_^_ÎU <J j»^\ju»v «îOi (XJcLuwwO iXÀff c:^*Xï Ci^.À.J 4>v^j dLj^À^
AxX* J>XJ <XJC«5 UaJ! jLo (^X*^5^A^I ^i>l~»- (jî JUi (J-A>^
ment raffaire de la propriété. « Combien vaut-elle ? me de-
manda le prince. — Trente mille dirhems, répondis-je. —
Et sur cette somme combien as-tu par devers toi ? — Dix
mille dirhems. » Il coupa court à Tentretien sans me répondre
et parut ne plus s'occuper de moi. Il se fit ensuite apporter
un encrier et une feuille de papier, apposa son sceau au bas
d'un décret dont j'ignorais la teneur, et, faisant signe à un
serviteur qui se tenait derrière lui, il lui donna un ordre
{[u il me fut impossible d'entendre. Le page partit en loule
hâte, et le Khalife chercha à me distraire en faisant lui-
même les frais de la conversation, jusrpi'au retour de son
émissaire. Quand celui-ci fut en sa présence, Mountasir se
leva et me dit: « Ali, rentre, si tu veux, chez toi. » .l'avais
estimé, quand le prince m'interrogea, qu'il me donnerait ou
la somme entière ou la moitié, aussi me relirai-je consterné.
Quand j'arrivai devant ma demeure, mon intendant vint au-
devant de moi et me dit : « Un valet du Prince des Croyants
est venu tantôt avec une mule chargée de deux gronps d'ar-
gent, il m'a remis cette sojume et m'en a demandé reçu. ->
(:iiAprn\K cxviii. .ui
/y-«vJi -JOyji^-i ^xAAilj| 4^i»-lA» (Ji (^vJj_5 i^ i-^^^-s»-^^ J *^A=*-
^^" ^LaJI ^^ l^ :>\,.<--Cii)lj l.^^X.»««Jo ^^^_J.A^ c>J^v^jj
A.^_5 AjLsi=i (^j^ iLtl;r ''^-«iUj >J;U5 pl>l i^^oXÀi,! ^^ Ji*
Je lie inc j)()sswlais plus île joie, conlinue Ali, el je lenlrui
chez moi refusant de croire aux paroles de mon inleucianl
jusqu'à 00 (ju'il m'oùL montré les tieux j^roups. Après avoir
reiuoroié Dieu de la laveur ([u'il \OJjait de m'aooorcler, je lis
appeler sur-le-champ le propriétaire du domaine ou (pies-
lion, je le payai intéi^ralemenl et consacrai ma journée aux
Ibrmalilés de la j)ris(; de possession et tles témoignages recjuis
pour la vente. Le lendemain matin, je me présonlai cluv.
Moimlasir, mais il ne me dit pas un mot ([ui eût Irait au
domaine et il me lit jamais la moindre question à cel égard
juscprà ce que la mort nous séparât pour toujours. »
FadI, (ils d'Abou Talier, ra|)|)orle ce ([ui suit, dans sou
livre intitulé Ilisloire des Auteurs, d'après le récit d'Abou
Otman Sàkl, lils de Mohammed le jeune, mawla du Mudile.
'I iMounlasii', pcndanl la dui'eo do son règne, admellail dans
son iiilimilé (pielcpu's ((mu lisans el onlre aulios iialili (lils
de Moliamnioil) , siniiommc llaiiii. lu jour, on causait de
r.iinnui ol des aii.K'lieninils du cn-ur; Mouiilasii dcni inda
312 LES PUAilUl'S î)'Oi;.
E
i_:A„£4XAa.j «Xjjj -cl/oiaii «XÀ^ (J,w.ààJ! -'iai^ (^3"/r^' '^■^' *X࣠(^I Ji
wjfc.^ JLîj ti^lSj J^jXiaJ! Aa-Xj! (j-« J_^ii U o^Jc> lxl_5 <jî^>wJi
(jl-x-ll} ^-i-A-A-j r'ijv-^^ '-r'y^^ S_5«X£ *^^ Jo ^^^IxJi i^S^M*^
cjj.xJl_5 X.^>s»^ j.5«XJIj aK.£ïVj «XxaJÎ_5 aIjj JtXxJîj «î^j»^ iji?"- '
jî<X.Ji f»^*wj3 *^ Vj'^'? :s\ïj.iî_5 5*5A.j v^«-clAjaj J»^)^!^ a^^-j-j
à rua des assistants quelle était la perte qui afTectait Tâme le
plus douloureusement. « Cest, répondit-il, la j)erte d'un ami
auquel on s'est idenlifié, c'est la mort d'une personne avec
laquelle on est intimement lié. » — Un autre courtisan ré-
pondit en ces termes : « Rien n'égale en violence le trouble
d'esprit de celui qui aime, et la douleur d'une àme sevrée
de l'objet de sa passion. Les reproches des censeurs déchirent
les cœurs où règne l'amour et s'attachent aux oreilles des
amants comme des anneaux; les tourments de l'amour sont
comme un feu ardent qui les consunie; leurs souffrances
secrètes font jaillir de leurs yeux des laimes aussi abon-
dantes que l'eau versée par la roue hydraulique. Ceux-là
seulement peuvent coujprench'e ce que je dis, qui ont pleuré
en écoutant une chanson ou en contemplant les ruines (du
séjour de l'amie).» — «Pauvre amoureux, repi'it un troi-
sième, il n'a partout que des ennemis : le souflle du Vent
i'émeul,le scintillement de l'éclair le piive de sommeil; les
reproches l'attristent; l'absence le mine; le souvenir est pour
lui une souffrance et l'approche de l'objel aimé, uneexcila-
lion; la nuit redouble ses tourments; le sommeil lui! loin
ciiAPirivi:: i.wiii. :iio
^^**ifci vXiij, p|_)^ s! jviû ii_5 *i^i jv.A^ ^;s? L; <XxaJI_5 t-jJUL
de ses paupières; la vue de la maison abandonnée le con-
sume; Taspect des ruines fait couler ses larmes. C'est en vain
que les amants cherchent tour à tour dans l'absence et dans
le retour un remède à leurs maux: ce remède est ineflicace
et il n'y a pas d'adoucissement à leur souffrance; c'est ce
qu'expriment avec éloquence les vers que voici :
On pi(?lciij ((uiiu amant se lasse s'il est prcs de l'objet de son amour,
cl que l'absence le guérit de sa passion.
J'ai expérimenté tous les rcmëdes sans v trouver ma guérison : seule-
ment il vaut mieux être près du séjour de son amie que d'en être éloigné.
Chacun donna son avis et la conversation roida lonc;-
temps sur ce sujet. Mountasir demanda enfin à Salih ((ils de
Molianiined) flariri s'il avait jamais été amoureux. «Oui,
Sire, n'-pondil-il, et il y a encore trace de cet amour dans
mon (-(fiir. — \']l (|uel était l'ohjet de Ion amour?" .Salil»
conlinna en ces ternies : ■■ .riiabilais rxissalali, sous le rèy;iie
de Moiilarcm. Kaniali, une des esclaves-mères a|)partenaul à
U(( liid , ,i\;iii iiiK ji'iini! esclave <|ui élait chargée de sescom
314 LES PRAiniES D'OU.
^♦i' ^j-\^^^ J; ti^A«Jl? (^jî^i^ '^•^^ ov.^.^ <S-^^J '■^^ ^Ir^^y
^jl vA^^Î Iv-jÎ <^t^ jUi iC^Î Ci^jfe' (jî l^J^AAwI ^1 iJtia^ Ci*.3l^
»X:rijj.-waXÀii U*Xà Jls ii>UI J^^îj AiUJî ^la^l J>.Ji Jî j
missions, s'occupait de ses intérêts et voyait les individus aux-
quels sa maîtresse, alors intendante du palais, pouvait avoir
allairc. Celte jeune fille passait souvent près de moi, je la
saluais respectneuseuient et la regardais avec attention; plus
lard je lui écrivis, mais elle chassa mon messager avec des
menaces à mon adresse. Je m'asseyais sur sa roule pour lui
parler; mais, lorsquelle m'a[)ercevait, elle riait de moi et
faisait signe à ses compagnes de se jouer de moi et de me
railler. J'ai enfin cessé de la voir, mais il y a encore au fond
de mon cœur une llainme qui ne s'éteinlpas, une soil que
lien n'apaise, un mal qui se renouvelle sans cesse, — Veux-
lu que je fasse venir la iielle.^ lui demanda le Khalife; si
elle esLlil)re,jcle la lais épouser; je l'achèle si elle estescla\e.
— Prince, répondit Salih, je n'ai pas de plus vif désir, de
besoin plus ardent. » Mounlasir faisant appeler Ahmed, fils
de Kliarih, lui prescrivit d'expédier un page exclusivcmenl
cliargé de celle alfaire avec une lettre très-pressanle poui
Ibrahim, fils d'Ishak, et pour l'eunuque tîalih, administra
c.HAPiTrj:: cxviu. .'nr^
U^w«L;ij L^yjuA.^ 2(w'À.À^ l .lA }fi- oVJj l*n.<gj.^ !3>-^ vAil^li
leur (lu harem royal à liagdad. Le messager se mil en roule.
L'esclave avait été affranchie par sa maîtresse Kainah, cl
elle avait passé de la classe des jeunes esclaves dans celle
(les femmes majeures. On la conduisit de\ant Mounlasir,
(|ui la regarda attentivement; il vit une i'emme déjà vieille,
courbée v.l flétrie par les années, mais ayant conservé quel-
(|ues restes de son ancieime beauté : « Veu\-tu (|ue je te
marie?» lui dit-il. — Prince, répondit-elle, je nv. suis que
volie servante, \olre allranchie, faites ce qu'il vous plaira. »
Mounlasir ap[)ela Salili, l'unit à son ancienne maîtresse et
lui louinil une dol; ensuite, voulant se divertir, il ordonna
qu'on lui ap()orlàt des noix recouvertes d'une feuille de
|)l<)inl) et des amandes enduites tie safran et il les répandit (en
guise d(! pièces d'or] sur les deux époux.. Celte femme vécul
longl(Mn|)s avec son mari, mais celui-ci liiiil par s'en lasser
et il s'en sépara, (l'esl à ce mariage «(ue se r;q)porlenl les
\ers suivants de Vàkoub 'l'ammar :
QiiL' Dieu .iccoidc ii Ahoii l-J*'a<ll ( Salili une \ic cxciiiiilf de (khiIjIi !
:il(> LES PRAllUES D'Or,.
(VJ iy—'S^ ^ \ 'À il . L^-.Aw\_,£ »_A.Aâ.J I /jjj
Qu'il l'admelte au nombre des saints , car c'est un homme tlonl i'amoui
est aussi ardent que sincère !
Il fut amoureux, mais en vile du mariage, et n aspira qu'à le conclure.
Epris qu'il était d'une belle dont les cheveux étaient teints de henné
mélangé de noix de galle ;
[-U plus belle des créatures de Dieu sous son diadème incrusté de
picrrcric^.
Il eut le don de la patience à son égard, il sut attendre et épier l'oc-
casion.
Cette vieille a inspiré une Toile passion à ce vieillard accroupi sur ses
îaîons;
ils ont mué tous les deux au temps de Noé, le constructeur de l'arche.
Quelle félicilé il eût goûtée, n'étaient les amandes et les noix plom-
bées !
. Que ne s'est-il plutôt esquivé en lui laissant sa dot ?
Car .\bou '1-Djautlau (coguomen jocosimi «verctri») se conlraclc et se
ride aiqjrés (r(,'lle.
\l)Ou Oinuii) Sait! (lils tic Mohaïunictl ic jctiiic) racontr
et! (jui suit: « Mounlasir, jx'iidant (Jii'il fiait ati })oiivoir,
ciiAPiTUi': cwiii. :u7
^ <\À,*fcv^ ^;'!^ c:*,ôj.c (^^\.jàvii (jiaXAi ovjl^ ^W" ij'^JUw.'»^
(^JL*»i_j Aaï t5^'i *X^ c^/^ U AxJl c:*.j^ij aaJI 4^>-Q^3 l^
C^J-^'^ 'l^j j^_5 <Vjl4 yl<X Aj^i^lî 4^j~s^3 (S^'^-^ (^y^
m'envoya en Egypte avec une mission pour le sultan de ce
pays. J'y devins amoureux d'une jeune fille qu'un marchand
d'esclaves avait exposée en vente; elle était admirablement
faite, d'un extérieur charmant, et ses qualités, ses perfec-
tions lui donnaient une grande valeur. J'en offris un bon
prix, mais son maître refusa de la vendre moins de mille
dinars, somme que je n'avais pas alors à ma disposition.
Forcé de partir, j'emportai son souvenir dans mon cœur; un
amour sérieux prit racine en moi, et je regrettai d'avoir laissé
écha|)pcr l'occasion d'acheter celte esclave. A mon retour,
api'ès l'accomplissement de ma mission et le compte que
j'en rendis au khalife, il approuva la façon dont je l'avais
remplie et m'interrogea sur ma situation et mes besoins. Je
lui parlai de la jeune iille et lui révélai l'amour qu'elle
m'avait inspiré, mais il me tourna les talons. Plus il se mon-
trait sévère à mon égard, plus mou cœur était sous le
charme, et plus ma patience s'aiVaiblissail; je cherchai l'oubli
auprès d\'iulr(\s femmes, mais je ne lis (pralimenler mon
amour, sans li()u\cr aii(tin<; cuiisuliliou. (Icpciidaiii Moun-
318 LES PRAIRIES D'OU.
,_^_^l_^ (Jî 4-aJ:A-> y* «_,,^.Aa.isL /jj *X.^i v>«5 «Xi y\^ »AAaJt
<JI l^^îiij l^xà 3^*>s,;tà l^À^ J-«w_5 I^aJÎ jJâÀ* &<y.j>.S- c^jLas^}
lasîr, toutes les fois que je me présentais devant lui ou que
j'allais le quitter, se ])laisait à me parler de cette jeune fille
et à exciter ma passion pour elle; vainement j'employais
en ma faveur ses courtisans, ses intimes, celles de ses es-
claves qu'il avait rendues mères et qu'il affectionnait le plus,
et jusqu'à son aïeide Oiimm el-Khalifeh, afin d'obtenir qu'il
achetât pour moi celle que j'aimais, il ne m'accordait au-
cune réponse favorable et me faisait honte de mon peu de
résignation. Mais il avait ordonné à son vizir Ahmed, fils
'd'El-Khaçib , d'écrire au gouverneur d'Egypte afin qu'il
achetât cette esclave et qu'il la lui envoyât; tout cela à mon
insu. Ses ordres furent suivis. Lorsqu'elle fut en sa présence,
qu'il l'eut vue et entendue, il me trouva excusable de
l'aimer, et il la confia à la surintendante de ses esclaves
pour qu'elle perfectionnât son éducation. Un beau jour, il
me fit asseoir dans son salon et ordonna qu'on amenât l'es-
clave jus([u'au îideaii. Dès ([ne j'entendis son chant je com-
])vis que c'était ell(\ Je n'aurais pas voulu montrer que je
l'avais reconnue, mais j'étais à bout de lorres eljf iiahisnies
CH AiMTnr: cxviii. :ii<)
j^\^ L-r._Àwo A.A.x-.«w jj! A.A^il <— v-\.j l»^-^ L^^v^ rr^^ '-'
Ji oi— i:-:îl ,_^Jl4-^ *'>«'•« A-*fcÀJ cXjUJI^ cja-aJS^ I4JU c>-«»«^.t
secrètes émotions. — «Sàkl, ([iras-tu donc?» nie dcniunda
le Khalife. — Rien, Sire, -• répondis-je. 11 fit choix; iTim air
que je hii avais dit avoir cnlcnthi clianter par colle esciav»'
avec le plus vit" plaisir; elle le chaula. « Connais-lu ce mor-
ceau? » me demanda-l-il. — Vraimcnl oui, Prince, et j'espé-
rais obtenir celle qui le chante, mais, aujourd'hui, c'en est
lait de mes es])érances; je ressemble à un homnu; ((ui se
serait tué de ses propres mains et (jui aurait volonlaire-
nicnt appelé la morl sur sa tèle. » — Non. Sàid, répondit
le Klialilé, c'est pour toi seul que j'ai acheté cette jeune
Idlc, et Dieu m'est témoin que je n'ai vu son visage (|u'une
Ibis, lorsrpie j'allai la visiter au moment oii elle se reposait
des fatigues du voyage et des ennuis d'un changement de
séjour. Maintenant elle est à toi. « Je remerciai le jirince
aulaul ([uc je pus hî faire et l'assistance joignit ses renier-
cîmi'uls au\ miens; puis il donna ses ordres et la jeune
esclave lut ])arér et conduite dans ma demeure, .h» revins
ainsi à la \ ic après a\oii failli mourir de désespoir; cllr
:520 LES PUAIRIES D'Ol^.
(j^ '^) JXifc! tXij ^3 L^À.-» ^2-i (^^-XÀs sX».î ^_5 ^i^.j| j^
cy'vî^-* tji Ajjîlji.â J)_jJS tji dLJi ii5^< JsM \^Mf.s A.«>A(Î j."^ *Xj
i^^s- liUi v.A>.â iXjfej'U ijiJl^i ij^l^aJ tiljS «>..^â!àj lùjc 8 Js,^!»
devint mon épouse préférée et les enfants qu'elle me donna
furent les plus aimés de mes enfants, »
Parmi les anecdotes piquantes dont les héros sont de
joyeux personnages et des libertins, en voici une qui a été
transmise à Abou '1-Fadl, fils d'Abou Taher, par Ahmed, fds
d'El-îIarit Djezzar, d'après le l'écit d'Abou 'l-Haran Medaïni
et d'Abou Ali Hirmazi. Il y avait à la Mecque un libertin
qui réunissait chez lui des hommes et des femmes dans
un but des plus suspects : c'était un chérif de la famille
Koreïchilc, mais on ne cite pas son nom. Sur la plainte des
habitants de la Mecque, le gouverneur l'exila à Arafat. Cet
homme y établit sa demeure, puis il revint secrètement en
ville, y retrouva ses compagnons de débauche de l'un et de
l'autre sexe et leur demanda pourquoi ils se tenaient éloignés
de lui. — « Comment te voir, lui dirent-ils, puisque tu ha-
biles Arafat? — Une course d'àne de deux dirhems, répli-
(pia-t-il, et vous trouverez chez moi la sécurité et le repos,
la retraite et le plaisir. » Ceux-ci convinrent qu'il disait vrai
et retournèrent chez lui; leurs \isites y furent si fréquentes
CHAPITH!: ex VI II. 321
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«Xj ^3 Jb loUuuJi (JîjJij l^ S^ijl^ *^^ î<Xiî> 0«.ju U JUi
t-^_^i Jb AMI ^tN-c l, jLj :^ JLj^y,^^^! amî ^.^i j. Ai (^
que plusieurs enfants et esclaves clo la Mecque devinrent
les victimes de leurs désordres. Nouvelle plainte adressée au
j^ouverneur; ce dernier se fit amener le coupable: «Ennemi
de Dieu, lui dit-il, je t'aviiis chassé de la ville sainte, et tu
es allé au Monument vénérable (c'est-à-dire près de Mouzde-
lifah; cf. Komn, ii, 19/i) pour y commettre des désordres
et des infamies de toute sorte ! — Emir que Dieu favorise!
répondit Taccusé, on me calomnie, on me jalouse. » A cela
les Mecquoi» répondirent : « Entre nous et lui une seule
preuve sullira : réunissez les ânes des loueurs et lâchez-les
du côté d'Arafat ; s'ils ne vont pas droit au logis de cet homme,
()ar riiabiludc (jue les libertins et les débauchés leur ont
fait prendre tle s'y arrêter, vous lui donnerez raison. —
C'est, en elfet, un indice sullisani , » dit le gouverneur, et, sur
.son ortin', les ânes lurent rassemblée et mis en liberté. Ils
.s'arrêtèrent devant la demeure en question. Le gouverneur
en fut informé par ses agcnis, il s'écria (pi'il n'était pas
besoin (rautre preuve et lit (h'shabiller le coupable; celui-ci.
;i la vue du bouireaii aiincdc son loticl, dil au i^ouvcrneur:
322 LES PRAIRIES D'OR.
CyLA.J>-«J CdU:>U^3 ^^^jU^Î_j yl^w^r*. jU,ii^î ^L> jJkrOXÀ^^j
^ dJJs5^ àj..Sij^Jî ^JlJrî_5 A.x.Jl£ JL^iiij iu^Ul *^i)î
jjo^xJCj ^ ^4À^ cjLaJS jS &\X^Aâ U Là.J> il la-A«5^î <_>LxJJÎ
u.Emir que Dieu favorise, il faut donc absolument que je
sois fouetté? — Il le faut, ennemi de Dieu. — Eli bien,
frappez, répliqua le coupable, les coups de fouet ne me
seront pas plus douloureux que i(>s sarcasmes que vont nous
lancer les habitants de flrak. Les Mecquois, dironl-ils, ac-
ceptent en justice le témoignage des ânes, eux qui nous re-
prochent de nous contenter d'un seul témoin et de déférer
le serment au demandeur. » — Tu ne seras pas fouetté au-
jourd'hui, » répondit le gouverneur en riant; puis il lui ren-
dit la liberté et cessa de l'inquiéter.
Les faits intéressants de la vie de Mountasir, ses poésies,
ses anecdotes amusantes, ses réunions intimes, les lettres et
correspondances qui émanèrent de lui avant son avènement
au trône, tout cela, ou du moins tout ce que nous avons
jugé digne d'intérêt et que nous n'avons pas cité ici, est rap-
porté en détail dans nos Annales historiques, ouvrage qui
traite des peuples anciens, des races éteintes et des royaumes
qui ont disparu. Il en est de même de notre Hisioire moyenne,
car ce que nous insérons dans un de nos livres nous ne le
faisons point passer dans un autre. S'il en étail aulremonl.
cil APITKE CXIX. 32.H
À^.^.Ai2.j L)Lx5 c_>Uwt ij\_i6 (j^ Li-ftl^ O^jtj ij)%^A«^ )js.>.U
t
cjliiil kJJ^^ jLvi^il! *xJI_^i y^ ^*»*.) U» fcj,v»*o»- ^^ oiAÀAJixJl
il n'y aurait aucune dilTéronce entre eux et le tout ne for-
merait qu'un seul et même ouvrage. Une lois le préseni
livre teroiiné, nous en rédigerons un autre qui renfermera
lOLilcs sortes de sujets, sans nous astreindre à un plan ré-
gulier, ni à un ordre méthodique de rédaction; nous y réu-
nirons, au gré de notre fantaisie, des récits intéressants, des
nu'Ianges littéraires et des renseignements \ariés; ce livre
sera, s'il plaît à Dieu, la suile de nos j)remiers écrits et \o
complément de nos travaux antérieurs.
CHAPITRE CXIX.
KIIAI.IFAT DE MOSTA I N-IU I.LA II.
Ahmed (hls de Mohammed, fils de Moiitarem) Moslaïii
hillah fui proclamé le jour iiu"'me (le la moi I de Mounlasir,
cY'st-à-dire le dimanche 5 tic rt'-hi II. ■>'iS de Thégire. Son
354 LES PU AI ni KS D'OU.
^ii A_s!^\„J=L h~Mi^ ^,.A«,.x.j !t.X.i.^j ij;^'^ ^-6^ 'J^'*^. M'S'^-^ ^-^^
CJ.'^^X.S J<.^..'i» y.^^^] -N^jlx^ (^Àah cl'^^S AX*^Ai». cxj&^^ ^JC*ii
• )6,_X_ia. Cl'iLXj -pl.X.JjiJS -fcj AjIî^ O.JC^ J-^-^^ A*<«*«0_5 (^vÀaw
surnom patronymique était Abou'I-Ahhas; sa mère, esclave
d'origine slave, se nommait Mo{iA:/mr?A-. Il prononça sa propre
déchéance et abandonna le khalifal à INIoutazz après avoir
régné trois ans et huit mois ou, selon d'autres, trois ans et
neuf mois; il fut assassine le mercredi 3 du mois chawal ,
202 de l'hégire, à l'âge de trente-cinq ans.
RÉSUiré DE SON HISTOIRE ET DE SA VIE; PÎIIXCIPAUX ÉVÉNEMENTS
DE SON l'.ÈGNE.
Mostaïn-Billali prit pour vizir xAbou Mouça Outamich,
mais le véritable ministre, celui qui en exerça réellement les
fonctions, fut un secrétaire d'Outamich nommé Chiidjd, (ils
de Kaçem; après le meurtre d'Outamich et de son secrétaire,
le poste de vizir fut occupi' par Ahmed (fils de Salih, fils de
Cliirzad). Lorsque le meurtre de Baguir le Turc, par ordre
do \Yaçif et de lioga, souleva les affranchis (turcs), Wacil
cil Al'lTilK CXIX. .V2:,
et i)o<,'a sairuiiciit à Haydacl ciiimenniil avec eux le Klialile
Moslaïn, auquel ils fixèrenl pour résidence riiùtel de Mo-
hainined, nisd'AIx! Allah, iils de Talicr (moharrem 261 de
riicj,nie). AJostaiii lui dépouillé de son aulorilé pai- Boi^a cl
VVarir, ([ui régnaient en maîtres absolus; puis Bagdad fut
assiégée, comme nous l'avons raconté dans le Livre Moyen,
Les vers suivants composés à rell<> é|)o<|uc se rap|)orlenl à
Mostaïn :
l.f Rliiililc, eiirermr dans mie cage eiilrc Wiiçifel lioi^a,
liépèli; les mois «m'il^ lui iippreiiiieiit , coinine ii; l'erall un |ieiTO(|iiel.
Mostaïn avait exilé en Crète (l'ancien ministre) Alnninl,
Iils crid-Kliaril), en 2/1» de l'hégire; plus lard il exila Oheïd
Allah (Iils de Yahya, Pds d(> khakan) à lîarkah; il prit alors
pom vizir Yra , Iils de Farrokhaiichaii , et j)lara Sàïd, (ils de
Uon)eïd,à la h-lc <lii hiircaii des dépêches (secrélaireric
d'I'llai). Sàïd avail 01 iif ■,;! iMcinoiic des l'ails les plus inic
■yn\ LES PRAIIUES D'01\.
cl)*X-s»- iiî Lx-X-tf |fcw*.]S (jyw li U^.xaX-0 jlx^^l ^^ i>l:^M»j*
*ij,i_j)
J_ji_ji wi5tXji_j ^^AJCÀ^ (j;iiAxJi^ ii_A_J»._,« La-jiXjÎj ^^-«-r?
AMi
ressants de l'histoire et des meilleures poésies; versé dans
toutes les connaissances, il rajDportait d'utiles traditions et ses
(nitretiens étaient instruclifs. Il a composé un grand nombre
de beaux vers; nous choisissons parmi les plus admirés les
fragments que voici :
Je l'effrayais par la menace d'une malédiction, (juand je craignais de
le trouver en faute;
Mais depuis qu'il persévère dans l'injustice, j'ai cessé de maudire le
coupable.
Et ces vers :
O ma maîtresse, pourquoi faut-il queje te trouve si avare, et que celui
(jui le demande davantage demeure condamné à \\\\ refus?
Tu ressembles au monde d'ici-bas dont on blâme sans cesse les ca-
prices : nous le poursuivons de nos reproches et nous sonmies ses esclaves.
El ceux-ci :
Dieu le sait, les biens de ce monde s'éloignent, la vie s'écoule cl les
levolutions de la destinée se succèdent.
CHAPITRE C.\l\. 327
£ w
«-xjyi U iisi Uj*xJî /j^ (J-*^ tô*^-^' ^^ c;aJ[»j" LçJ*>Jl '^-(,rÂiJ_5
Ji t^Ji> tjl?^^l UûJvà^ ^^ aKaj^/jvs». fc^iXJlji.X:^'! ^\^
Certes l'absence, même si elle excite tes regrets, inspire à mon cœur
plus {l'effroi que la mort.
Je jouissais tle ce monde et de ses plaisirs, tandis que le désespoir
ruinait les espérances de mes ennemis.
\
El les vers suivants :
Mon amour pour elle n'est point né d'un regard , suivi d'im si^^no d'in-
telligence et de la vue do ses charmes;
Mais la fortune s'est éloignée; peut-on se consoler de la perte de la
fortune?
Ainsi (|ue celui-ci :
Ses larmes, lorsqu'elle les laisse couler sur son frais visage, sont des
perles (jui se déroulent.
Mais, maigre le talent littéraire que nous admirons chez
lui, Sàïd était hostile à la famille crAli; il |)rofessait le suu-
nisjnc, partageait les préjugés de cette secte et manifes-
lail niivnicnieiil son éloignenient à Tégard du Prince des
328 LES PRAIRIES D'OR.
;\__A i».î çi\ ^ ij àK Ji Jj. — M^j tS^^ — - ^ ^
^i A A /* Ji (_^ J y-'À-Mh.^ ^^<XJ^J) <5wjl
^jâ_*-j J^jJL» *~J^-9^ (J*',j-=?^'^^ *UjI (j-« <Xa^ ^j *Xaxh*. ^jO_5
<x.«\*<li tUjiLK! ^jy^' «ï^'A^ (j — — ^^ *Xx*A«i 4^! c-\-wJ^ u^i..i^
CroyaiitSvAli, fils cl' A bon Talib et de sa sainte postérité; c'est
ce qui fit dire à un poète :
Nous ne connaissons pas d'homme comparable à Sâïd , iils de Homeïd :
Pourquoi fait-il à l'apôtre de Dieu l'affront d'injurier son frère? (Ali,
cf. t. IV, p. /15G.)
C'est que le Manichéen tient toujours à la religion de son père.
En efTet, Sâïd était d'une famille qui professait le magisme.
Voilà pourquoi un autre" poëte, Abou AliBassir, a dit de lui :
Honte à celui qui revendique la supériorité sur nous et sur les autres
hommes !
Notre frère, mais je n'entends pas parler de Sâïd, lils de Homeïd,
porte un nom qui sert de date aux dépêches.
Il s'était établi entre Sâïd, fds de Homeïd, Abou Ali
Bassir et Abou '1-Aïna un échange d'épigrammes, un com-
merce de lettres et de plaisanteries familières, dont nous
avons parlé dans l'Histoire Moyenne. Cet Abou Ali Bassir
CMAPlTr\E ex IX. ^20
j^oi (j^^ Sj-A-i Ao jjl» iJ <^iX.Ji j5L*J! J.Ail_5 j:>UJî OwvaJL.
fut un des hommes les mieux doués de son temps : il no ces-
sait de publier des vers d'une beauté rare et des sentences
proverbiales où il n'avait pas de rivaux. Ibn Mayyadah, dont
le goût était mauvais, le considérait comme meilleur |)Ocle
que Djérir et le plaçait au-dessus de ses contemporains.
La vérité est que Abou Ali dépassa tous les écrivains de sa
S[)hère à celte épo({ue , mais qu'il resta au-dessous de Bohtori ;
parmi ses vers les plus connus sont les suivants, à l'adi'esse
de Moalla, fils d'Eyyoub :
Par la vie de mon pbre, Moalla ne siiiirail passer pour généreux, si la
générosité existait encore en ce monde-,
Mais ([uand le sol est stérile, quand les pâturages se dessèchent, les
troupeaux broutent l'Iierbe sèche et menue.
On admire aussi ces Vers du même poëte :
Tandis que les adepte» de la science n'en possèdent qui; 1 1' (jui se per-
pétue dans les livres ,
.le les dépasse par mon application et mon zèle, ayant |)()ur écritoire
mon oreille, et |)oni- cahier de notes mon cieur.
330 LES PRAIRIES D'OR.
î;> — ==- (j— J» l-A_«_:> .y^ (J^'=*V ^^■^ ialacs-5 i^^Xxà
Sj\ — ^■^^ ^-^ — •^^ — '*.-*>*,-) ^ ')y-^l ^■ê-? l-À_iiL.t^i
iLi^JiLj (J>ajIv_5 (^«JjÎ^ yljf iiÀAw ^^_J AÀAw.ii StXiù J, ^^is^
On loue également les vers suivants composés au moment
où il accomplissait le pèlerinage :
Nous nous dirigions vers la Mecque, à la fois pour le pèlerinage et la
visite ( omrah) ;
Mais à la vue de Hirah, le guide de mon chameau se montra iiésitant :
«Dépose ici mon bagage, lui dis-je, sans te préoccuper de ceux qui
poursuivent leur roule;
Car nous trouverons dans celte ville le repos, un jardin, une taverne,
Et de jeunesyiïoni (pages) qui serrent leur taille au-dessous du coude
avec une ceinture de chrétien.
Vois-tu d'ici l'incendie que je vais allumer dans cette forêt de ro-
seaux? (c'est-à-dire dans les cœurs de ces beaulés h la taille élancée). »
C'est pendant cette même année 2/(8 qu'éclata dans la
ville de Koufah la manifestation d'Abou '1-Haçan Yaliya
(fils d'Omar, fils de Yahya, fils dEl-Hureïn , fils d'Abd Allah,
lils d'Ismàïl, fils d'Abd Allah, fils de Djâfar Tayyar, fils
d'Abou Talib).Sa mère se nommait Faiimah (fille d'El-Hu-
çein, fils d'Abd Allah, fils d'Ismàïl, fils d'Abd Allah, fils
CHAPITUE C\1X. .S3l
w.v_X_x2_i iiJs-x.^ (Jl <\-»wîj tl^^^ iJ»J^** CJH^^j CrJ^'***^ iv^tki
Aj ^yj J jvi »;_j^ ^jl^_5 O^j'i'i^ J<^x5l ^ibi_5 (j^UJi Jî_^l
J>i^i>^ JUj^î (j^ *)^5 <Xy^' (J-* ^^ iiÀ^^ AXJti *^*^^
Jwiwij jS^-ÀJIj AJJà^ ^i^^^ ^^j 4Mi *>sj.& ^ »X4^ (J! ^J*.lÀJi
jt J) ^ LtjLMfcJ *Xj«il cxijjl dUi ij CJyXj ^So ^^ -ebi ^S'^\.S"
de Djàfar Tayyar, (ils d'Abou Talib). .Selon quek|ues-uns,
la manifeslation de Yahyaeul lieu en 2 5o; il périt et sa tête
fut portée à Bagdad et mise au gibet. Sa mort impressionna
le peuple, qui avait voué ses sympathies secrètes au préten-
dant; cai- Yahya montra dès le début de son entreprise une
grande répugnance à répandre le sang, un grand respect
pour la propriété d'autrui, et il donna des preuves de sa
justice et de sa modération. Il fut poussé à la révolte par
le ressentiment d'un affront dont il fut la victime et par
rinjustice et les violences dont il eut à souffrir de In part
(le Molewekkil et de ses Turcs.
On se porta en foule chez Mohammed (fils dWbd Allah,
lils de Taher) pour le féliciter de la victoire qu'il ven;iit de
remporter (sur Vahya); au nombre des courtisans se trouvait
Abou Hachem Djâfari (Daoud, fds de Kaçem, fils d'ishak,
(ils (I'AIhI Allah, (lis de Djàfar, fils d'Abou Talib) qui n'élail
séparé de Djàliir l'ayyar (pic par dois géïK'ralions; per-
sonne, ni dans l;i j.iniillc d \i)()n lidib, ni dans la maison
352 LES PHAIHIES I) 0I\.
5^.^U«.-« SwAi^ AXlUiJi c-**aXÀ^ (j!;^i^.r:a. ç^Ami J^Xj\ ^.=^ ^S.1)
4^àJî jT^Uiw\ <i ^jUiiJi ^^î*x*- cjUS'^ aàXaw tj^ js.it>U:
_5.] J.r>j JOCJij U^aJ JjijJS^ii! ^'n^jîyùl]^ ^^J JUà AsJt^AS
j..^\ (j-jïJC-»(*ll ^j\:^ «Xj>_j (^jvjuJi ^Uo 4^j L. J^iij _jiù^ »;i:>
de Hachcni el de Korcïch ne jjossédait une généalogie aussi
pure que celle de Djàfari. C'était un homme pieux, grave,
de mœurs austères, instruit, d'un jugement solide, et d'une
Grande lectilude de sentiments et de conduite; son tomlieau
est bien connu. Nous avons rapporté son histoire, ainsi c[ue
les traditions qu'il recueillit de son père et de ceux de ses
ancêtres qu'il connut, dans notre hvre intitulé Jardins des
intelligences ou histoire de la famille du Prophète. Djàfari,
s'adressant donc au petit-fils de Taher, lui dit: «Prince, le
meurtre de cet homme pour lequel on vous adresse des léli-
citalions eut été pour le Prophète, s'il vivait encore, un
deuil de famille. » Mohammed ne répondit pas un mot et
Djàfari s'éloigna en prononçant les deux vers « Fils de Ta-
her, etc. » En effet, Mostaïn a\ait ordonné qu'on exposât la
tète de Yahya; mais le petit-fils de Taher, en présence des
dispositions hostiles qu'd remarqua tiaus le peuple, doiuui
l'ordre de la détacher tlu gibet; c'est à ce sujet ([ue Abou
Hachem Djàfari prononça les deux vers en question :-
Filsdc Talicr, (juocellr noiiniUiresoil malsaine pour vous, car Incliaii
c!u Pi'oplu.'lo PSi un alinicul liiucslc !
ciiAi'iTUK c\ix. :i;i;
:_:SS_^ 't'î'^' i '^^^ J_J-**^ CrW'^^ ■ r—<^-^^ ^y-J (JVJ (:5>-^ S._^_:2i^t
La vengeance, lorsque c'est Dieu ([ui l'exerce, uc peut manquer d'al-
Icindro son ])nl.
Un grand nombre de poésies furent composées à l'occa-
sioD de la mort d'Abou 'l-Huçeïn (Yahya, fds d'Omar); on
les trouvera, ainsi que les circonstances de sa mort, dans
notre Mistoirc moyenne. Parmi ces élégies, nous citerons \c
iragmcnt suivant d'une longue pièce dont l'auteur est le poêle
Ahmed, fils d'Abou Tah(>r :
Saluons l'islam pour la dei'nièrc fois, car il va disparaître en niénu'
temps (|ne la famille du Prophète; adressonsdni nos adieux.
l'jn les perdant , nous avons perdu la grandeur et la gloire; le trône des
actions généreuses va s'écrouler.
Le .sommeil et le doux repos peuvent-ils clore noire paupière, lors([nc
le fils de l'Apôtre repose sous la terre !>
La religion et la foi musulmane ont abandonné la demeure du Pro-
phète Mohammed; ce n'est plus qu'une demeure déserte.
Au milieu de lacpielle les enfants du Prophète élu de Dieu ont clé égoi-
gés et les membres de sa famille dispersés pour jamais.
Voyez coninu! Di"'.! a marip:é du sceau de sou élection l'âme des rcjc
Ions de son apnire : la mort les précède et ils se succèdent ;i sa suite.
33/1 LES PH AIRIES l)'0!\
i.jLc^»! j..3j.JL> <>^A^j Q..I j-«.-*,J_5 »0^-À.£ ii.fiU^Jl tj^^^ l>-=^'^
i-ij—ii ^^Ov-j^ &a,_.î>._-o ^jà.jLis?^ J^-JVJ J»--X_JLj« t_>jA.A^.^ s-^X^a^i
Fils de Taher, la honte est innée en vous et vos perfidies se monlrent
avec ou sans voile.
Vos "laives n'ont pas de tranchant contre les Turcs, ils ne déchirent
que les héritiers d'Ahmed (le Prophète).
Chaque jour vmis vous abreuvez de leur sang, mais la soif de cette
iroupe ne peut être assouvie.
Vos lances se dressent contre les descendants d'Abou Talib, mais les
lances des Turcs vous donneront la mort.
Vous mettez au pillage la demeure des fils de Mohammed, mais vos
maisons seront la proie des Turcs et de la soldatesque.
Croyez-vous donc que Dieu défendra vos droits lorsque vous violez les
droits de son Prophète?
Chafiue matin ces hommes implorent la miséricorde de Dieu, niais il
ne pardonne pas à ceux qu'il poursuit de ses vengeances.
Des cadavres pendront au gibet, le mein-trier sera tué, l'homme puis-
sant, humilié, et celui qui s'éR-ve abaissé.
\ahya était sincèrement religieux, plein de douceur et de
bonté pour les petits, généreux envers les grands, et très-
allaché à sa famille, do>tl les intérêts passaient toujours avant
les siens. Il avait pris à sa charge les lemnies issues de la
CHAPiTr.K ex IX. 3;i)
<X-x-N_£ mV»"^ *^-**fîS_5 (-.oj-Ji^l 8lii_j Ua^-J ^'Î^^ (j*-Ia>Î (j.vyij
J— j»_£ <!<_A_A_c js_„j^ — J Ijt.» .5^ w_ — ^j (^_;3yJî^ c:^.jç^jio ^^aijjy
^_A_vi ^^jv_w_ii^i \y-i\3 (*j— ;? l^xJc^ <^L.<wJi Iaji***j ^ O^aS
famille cfAbou Talih et ii consacrait tous ses soins à leur
témoigner sa bienfaisance et la tendresse qu'il avait j)our
elles. Jamais un faux pas, jamais une action blâmable ne
furent signalés chez cet homme. Sa mort excita une douleur
immense; ses proches parents, aussi bien rpie les étrangers,
le pleur«;rent; les petits comme les grands ressentirent une
égale tristesse; de loin comme de près le meurtre de cet
homme vertueux provoqua les mêmes regrets. Parmi ceux
qui (lé[)lor('renl ci'tle perte douloureuse est un j)oëte de ses
contemporains (|ui s'exprime en ces termes :
Yahya n'cisl plus-, les rlicvaux eux-mêmes sont on proie à I.t doiilcnr;
lu sabre à la lame polie If pleure;
De rorieiil ii roccident l'Irak le pleure; le lare el la révélation le pleu-
rent.
Lcmoçalla, la maison sainle, l'angle ycménile, le hidjr (munpii ferme
la Kaaha au nord-ouest) sont tout entiers à leur aflliclion.
(-onuncnl les cicu\ ne sont-ils pas tonibi-s sur nos têtes le jour où re-
lenlil re cri : Alxm 'l-lluçrïn est lue ?
Les filles du l'roplu^lf 5e lamenlenl arui'i-emenl ; éperdues de douleur,
t'iles rcpandcul des loncn(s dr larnu's;
'^m LES PRAIRIES D OR.
^^-V^— î?" y-r.'y-^ jtiÏA^ 8 Js._A_i 5 \ «X_ — j ii — ^Oj"" — tJ — ^ — ^.?
Ji._A_^_::=. /fS—w^^-Ji «î^—g-S-^ ^w j_g^V_£i)î o_j~A..,w Â^^_j «i^ivxiaJ»
J^^)._J| (^gi^i (*3~J_5 CiJV-w^-^-ii ■ t^ i> — ^'^ — ' — ^ j- — ^*^>>— * aK._>;_3
Jji-X-j (!j~'=*'_j Ji->ft.— 0 (.^i> L» *— -j^-^-A-fi l_à_j)j ^yif) sl^xaj
Leurs cris funèbres annoncent la perte de celte lune briîlanle, perte
ilouloureuse, profonde, immense.
Un fer ennemi a déchiré son visage, ce vi/age noble cl charmant, pour
lequel j'aurais donné la vie de mon père.
Yahya a laissé dans mon cœur des regfcts dévorants et ces regrets se-
ront funestes à ma vie.
Le meurtre de Yahya rappelle celui <rAii et de Huçeïn et le jour fu-
neste cil mourut le Prophète.
Que les bénédictions de Dieu demeurent sur eux tous, lanl qu'un
affligé répandra des larmes, tant qu'une mère pleurera son enfant !
Au nombre de ceux qui chantèrent cette mort, il faut
citer lepoëte Ali (fils de Mohammed, fils de Djàfar Alewi),
surnommé Himmani parce que, domicilié dans le quartier
des Bcnou-Himman à Koufah , il fut rattaché à cette famille;
voici ses vers :
Ô rejetons des ancêtres pieux et de la race riche en vertus,
A la suite de ces journées (combats) il n'y a plus parmi nous que des
cadavres et des blessés.
Que la terre soit couverte de confusion! conibieu de beaux visages n a-
1-olle pas enfouis dans sou sein !
CHAPITRE CXIX. 337
^. — ji_il <^ — \JkJ^ sK j| U wii ^j j (j^ »!
c^-Ai—X-j i*^A_^ ii^_J ^6 U»^ ^^^il waaj) (_a31s»- Iaa<*^ p-y*^
J-\*çwl _jjjwl j,i6j I*Xj6 t^^XxJl j.À*=» (^j Js.^^ ^ "^ yl< «Xi^
Ilélas ! la journée qui t'a ravi l'existence (ô Yaliya) a laissé dans mon
cœur ulcéré une blessure prol'onde.
Il l'a chanté aussi dans les vers suivants :
La tombe où il repose exhale une odeur de nuise, et sans les cendres
i(u'elle renferme elle ne serait pas imprégnée de ce parfum.
De braves et illustres guerriers sont tombés avant lui el un pareil
trépas était assigné à l'excellent Yabya.
Comme dans les vers ([ue voici :
Moi et ma famille mous appartenons à voire race comme la mosquée
de KLaîf appartient au territoire de Kbaïf (vallée de Mina).
Tous ceux de notre sang ([ue le sabre a renversés ont laissé après eux
une tradition plus/)^;i(f(ra;i/e que le sabre.
Ce mente Ali ((ils de Mohammed, fils de Djàfar Alewi)
était IVère par sa mère (risniàïl Alewi. Lorsque Haran, fils
d'Ismàïl, lequel commandait Farmée qui attaqua Yahya, fds
d'Omar, arriva dans la ville de Koufah, Ali (fds de Mohani-
338 LES PRAIRIES D'OR.
J^y.^L*Ï5 AJj-MLi *^AJij jUil «X^ (^ "^ (jl^j (jvA^l^Ji
jj (j^ (^ J^ (:r^ ÀijJjL <Xj>-Î (^ ^^^ -c-^^'w»Jj ^o-I^J^^
J^_ju.Jt_çu(i /j^ (j-.Mi*..=i »<XX)bLï ciA^jJi vilii ^ A^jJijCj t-Jlis
)ljt^ «XàmJ|_5 jJilàJL? l^ii>_j ^^^'^ ^^4-* '■^U-'^ tj' cyijî Jlib
-L*«*_:^ cK_sfc ^-À-^HW ^«fyb ^' ^^ '^ ^' u' ^ j ^iî
med) Himmani s'abstint de saluer le vainqueur et ne se
rendit pas chez lui. Cependant, pas un seul des Hachémites
appartenant à la postérité d'Ali, fils d'Abou Talib, ne s'était
dispensé de celte formalité. Or Ali Himmani était leur chef
[nakîb] àKoufah, le poète, le précepteur, Toratevir accrédité
de cette famille, et aucun de ses membres, parmi ceux qui
habitaient Koufah à cette époque, n'avait le pas sur lui.
Aussi son absence fut-elle remarquée par Haçan, fils d'Is-
màïl; il demanda où était Ali, se le fit amener sous bonm'
escorte et lui reprocha "de s'être tenu à l'écart. La réponse
d'Ali fut celle d'un homme dégoûté de vivre et qui court
au-devant de la mort : «Ainsi, lui dit-il, tu veux que je le
félicite de ta victoii'e et que je célèbre ton triomphe ! » Il lui
récita alors des vers tels qu'un homme qui a fait le sacrifice
de sa vie peut seul i^n prononcer de pareils; les voici :
Tu as (égorgé le plus illustre tle ceux qui dirigeaient les pas d'une mon-
ture , et Je viendrais te flatter dans mon langage!
.le déplore qu'en me préseutant devant toi il y ait entre nous autre
chose ([ue la pointe d'un sabre;
CHAPITRE CXIX. 339
-l^^i <^ o^^ j s- tt^\^ i cxAfljygJiL»*! iii ■T^*A' 3^ (jW^
Mais l'oiseau, lorsque ses grandes plumes sont brisées, bat encore de
l'aile le sommet des collines.
— «Il va du sang versé dans ta famille, lui répondit
Haçan ben Ismàïl, je ne veux donc pas te reprocher ce
langage;» puis il lui donna une robe d'honneur et le fil
reconduire chez lui.
Abou Ahmed MouafTak-Billah ayant jeté en prison ce
même Ali, fils de Mohammed Alewi , qu'on lui avait dénonce
comme préparant une manifestation hostile, Ali lui adressa
de sa prison les vers que voici :
Ton aïeul Abd Allab (fils d'Abbas) fut le meilleur des [>èrcs |)our les
riciix enfants d'Ali, l'excellent Huçcïn et Haçaii.
Les doigts d'une main sont tous privés de forre lorsque l'anlre main
est languissante et faible.
I.e poète, (juand ces vers parvinrent à leur adresse, fut
autorisé à fournir caution et put retourner librement ii Kou-
fali. On a de lui plusieurs poésies et pièces élégiaques en
riioiincnr (flsmàïl, son frère, et d'autres de ses parents, ainsi
3/iO LES PRAIRIES D'OR.
j^b <x.i^ (jU^^i ^lAi»>i UjIaS^jJ lji^5i> ij^ jjfjS' ^ UajI
^j ;bi)i UJ^\J^s^ j\j).Ja^^) j^\y.A> t_>U5'iJ3 (^jv^JliaJl^lAii^l
v^_i^A_JI i)«X_t ljc_5 (jo l-ï ^A^gj (j**-^^ c:*^ /J.AJ ^<w«»xî
que des vers contre la vieillesse; nous en avons cité un grand
nombre dans la partie des Annales historiques où nous fai-
sons l'histoire des descendants d'Abou Talib , et dans un
autre livre intitulé : Beautés des faits historiques et curiosités
des souvenirs, ou Histoire du Prophète.
Dans une des élégies dédiées à la mémoire d'Abou '1-
Huçeïn Yahya , fds d'Omar, où le poète Ali , fils de Moham-
med, s'est montré supérieur, et dans laquelle il met sa fa-
mille au-dessus des autres Koreïchites, on remarque le
passage qui suit :
Sur ma foi, si la famille de Koreïch se réjouit de sa mort, certes il ne
se tenait pas à l'écart à l'heure de la lutte.
S'il est mort en face des lances ennemies, c'est qu'il était d'une race
qui rougirait de mourir au sein des plaisirs.
Trêve aux insuites ! Les survivants de la race d'Ali savent se conformer
aux devoirs que leur ont légués leurs devanciers.
N'en déplaise à votre vanité, ils ont en avec vous de nombreuses séances
( luttes) entre Safa et Moarraf;
Et ils ont reçu d'Adam et de Mohammed, pour le transmettre aux
hommes et aux génies, l'héritage des sainis préceptes cl du livre de
Dieu.
CIIAPITUE CXIX. 3^1
(_^^Jl ij IaûjI Jyu» <^Ai^
^»x_A_]l ajl^>^_j -«^UvwJi ^^1 ij ^3- — k — A — jj — i \ — >\^
i
Il le célèbre aussi clans une poésie dirigée contre la vieil-
lesse; en voici un fragment :
Quand la jeunesse brillait en lui, sa noire clievcliiie iloltait sur sou
cou d'une blancheur éblouissante ;
Il ressemblait h l'astre des nuits, l(fl'squ'il est ceint de son cercle
argenté dans les régions du ciel.
() fils de celui (Ali) dont les mérites sont l'cmpyrée de la gloire et la
parure de la grandeur.
Héritier d'une famille qui jiaraît dans le monde connne les nuages
avant-coureurs de la pluie !
Les destinées redoutent leur puissance et ils sont comme uu(> puis-
sance qui régit les deslins.
La mort frappe mais n'égalise pas , et tu posséderas loujoins la gloiie et
les signes de la vraie noblesse.
Fragment d'une de ses belles élégies a la mémoire de
son frère :
C'était l(! fils de ma mère, la moitié <l(i l'àmc (pii niiimi- mon coips; la
fortune, eu me l'enlevant, m'a di-chiré h; co'ur jus(|u aux entrailles.
Je n'ai plus aujourd'hui d'autre consolation (|uc la douleur (jui con-
sume mes mend)r<'s ,
342 LES PRAIRIES D'OR.
Que le désespoir secret qui remplit mes yeux de larmes , que les vers
d'une élégie qui vivra éternellement.
Tu le vois, au sein de la nuit, je murmure ton nom en pleurant; tan-
dis que l'homme exempt de soucis se livre au sommeil, je ne dors pas et
ne puis dormir.
Pourrais-je te remplacer, ô lumière de ma vie, main droite que le fer
a détachée de mon bras ?
Pourrais-je te remplacer pour conjurer le péril, toi qui accueillais
les plaintes de chacun et ne te plaignais jamais?
J'ai éprouvé bien des douleurs , mais ta mort est le coup le plus dou-
loureux porté à tous les cœurs et une blessure mortelle pour le mien.
Que le trépas après l'avoir îrappé n'épargne personne, que la mort
frappe ([ui elle veut.
Puisqu'il n'est plus, les temps sont accomplis et le signal de la sépa-
ration et du malheur retentit aux oreilles de la vie.
Ali, fils de Mohammed Alewi, mourut en 260, sous le
règne de Moulamid.
En 200, sous le khalifat de Moustaïn, le Tabaristcàn se
révolta en faveur d'El-Haçan , lils de Zeid (filsde Mohammed,
fils dlsmâïl, (ils d'EI-Haran., fds deZeïd, fils d'EI-Haçan, fils
CM A PI TUE ex IX. 343
(j-J f*-*') liiwlj» <X_>{_) Axjlj_5 S >>vj jj kijjUai (jvjC.j'k«_5 ,^jvju-*w^
«Xj^ Ji y^ t5^y J' cj'j-^*N? *^.j (^ ^-^^ -^j) {^ i^y^^
^1 Jî j-jLui wJt-â- (^ W^î *>s-Ï5 wJlo J,! 0.J i^ QJ /j**»-^
d'El-Haçan, fils d'Ali, (ils d'Abou Talib). Ce prôtendant s'em-
para du Tabaristàn ainsi que du Djordjàn après une longue
guerre et des combats acharnés; il conserva ces provinces
jusqu'à sa mort, arrivée en 270. Son frère Mohammed, fils
de Zeïd , lui succéda el se maintint au pouvoir juscpi'à ce
qu'il fût attaqué par Râlé, fils de Hortomah; il pénétra alors
(en 277 J dans le Deïlcni et fil la conquête de ce pays; plus
tard, Rafé reconnut son autorité, devint un de ses partisans,
se soumit à sa cause et obéit à ses lois. Ilaçan ben Zeïd et
son frère Mohainnird ix-n /eïd avaient revendiijué les droits
de la famille du Prophète dans la personne de Rida. Otle
même cause fut défendue après eux dans le Tabaristàn par
Ihu^an (fils d'yVli el-Ilarain"), surnommé Otrniuh (le sourd),
par ses lilsel par le missionnaire [(\i.\\) llaran, lilsdeKaçem,
qu'Asfar liia dans le Tabaristàn : ce llaçan appartenait à la
r.iniille de lia» an, lils (TMi. fils d'Abou Talib. Nous avons.
344 LES PRAIRIES D'OR.
^^51» (^ ^\.i^\ î jofc Ji? 5AJU y,5i> >.^. U^U (j^ tjsi
<\_*w._A_^ tS Ci>Li j^iûUo /j-J 4Mi «X.A.S /j..^ «X^ (Ji jj,A***.AJ
/»_j ^1^ /v_j j^vA_^^ ^j «X.^| t^J-^V 3«X*j j^îài j^u«*aÂj
UcJjJI cil Icij (-aJUo J,i ^^J ^ ^ (^M*,sl yj "^ ^J 0"**^='
dans les Annales historiques, donné l'histoire de tous les
descendants d'Abou Talib, aussi bien ceux du Tabaristân
que ceux qui se révoltèrent en Orient, en Occident et dans
les différents pays du monde, jusqu'à la présente année 332
de l'hégire; mais ici nous nous bornons à un simple aperçu
des faits qui ne sauraient être passés sous silence, afin que
le souvenir de cette famille ne fasse point défaut à notre
livre.
En cette même année 2 5o de l'hégire , Mohammed , fils de
Djâfar (fils d'El-Haçan) ,■ se révolta dans la ville de Rey en
faveur d'El-Haran , fils de Zeïd, le chef du Tabaristân ; il eut
pour adversaires , dans cette ville , les Khoraçâniens appar-
tenant au parti des noirs (musawadah. Cf. t. V, p. yd)- Fait
prisonnier, il fut conduit àNisapour et livré à Mohammed,
fils d'Abd Allah, fils deTalier; il mourut dans la prison de
cette ville. — Après lui, un autre prétendant se leva dans
la ville de Rey : ce fut Ahmed, fils d'Yça (fils d'Ali, fils
d'El-Haçan, fils d'Ali, fils d'El-Huçeïn, fils d'Ali, fils d'Abou
Talib), lequel revendiqua les droits de la famille du Pro-
CHAPITRE GXIX. 345
X_i_«M_J! 8*N^ ^j t^_j.^«Jî l^Xsfc^* -^îAm^wJ! iCÀj«X^ JîjLw^
yj 0 ***-s yù_j J^i ^jj^yi} j^ (jvZoU^ CJ^-•*^ ^^ ^^J
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^ CJ:? '.^^ -Vj^ wJU:? jl ^jJ ^ (J.J (;JV«*^ (^ t^ qjÎ
«Xas qj «X^' <J^>! r_r'**^ uA'-Uo j,i (jj IJ^ Qj (^•***^ (^ '^î
phète en faveur de Rida. Il combattit Mohammed (fiis d'Ali),
fils de Taher, qui était gouverneur de Rey, le chassa de cette
ville et le força à se réfugier à Ragdad ; Rey fut alors occupée
par le descendant d'Ali,
Durant la même année 2 5o, Kazwîn fut soulevée par
Kerki (dont le nom est Haçan, fils d'Ismàïl , fils de Moham-
med, fils d'Abd Allah, fils d'Ali, fils d'Kl-Hureïn, fils d'Ali,
fils d'Ahou Talib), qui était un des descendants de (Ismâïl
surnommé) Arkat; mais, d'après une autre version, la gé-
néalogie do Kerki est celle-ci : Haran, fils d'Ahmed (fils de
Mohammed, fils d'Ismàïl, fils de Mohammed, fils d'Abd
Allah, fils d'Ali, fils d'El-Huçcin, fils d'Ali, fils d'Abou Ta-
lib). Combattu par Mouça, fils de Roga, ce prétendant se
rendit dans leDeïlcm, puis il se réfugia auprès d'El-IIaçau,
fils de Zeïd ïlaçani , et mourut avant celui-ci (c'est-à-dire avant
l'année 270).
A Koufah eut lieu la manifestation d'El-IIuçoïn, fils do
Mohammed (fils de Ilamzah, fils d'Abd Allah, fils d'El-Fla-
çan, fils d'Ali, (ils d'Ahou Talib). Mohammed (fils d'Abd
346 LES PRAIRIES D'OB.
^LikX-jU ^iJjLifc. /wjI XjuA^ 1^^a> iliXxj çj^ j.Ji\]o /wj 4M!
(Vjv,_x_j)lj jt-Mfc-j i\_Â_.«( <j» ^^J«Lj\./»5 (j7ywb»«^_5 (^J\r»-l i^Aw
(jl^ <x_À_^ vjLA<aJ Uûj-s»-ls *i ^^J«r^^^î (^ f*y^^ ii.à^wî_5 aj.>uaAJ5_5
i^^j-^. aK.a.^0 j_^<XJ) (jAm»-<X-J) uÀifcV (ii-«
Allah, fils de Taher) lui opposa une armée sous les ordres
d'Ibn Khakan. Le prétendant fut défait et obligé de se cacher,
par suite de l'abandon et de la désertion de ses partisans;
ceci se passait en 25i de Thégire.
Dès l'année 2/19, Mostaïn avait donné en fief à son fils
Abbas la Mecque, Médine, Basrah et Koufah : son intention
était aussi de le faire reconnaître en qualité d'héritier pré-
somptif, mais il ajourna-ce projet à cause de l'extrême jeu-
nesse de cet enfant. A cette occasion , Yra, fils de Farrokhân-
chah ayant invité le poëte Abou '1-Bassir à composer des vers
où il conseillerait au Khalife défaire proclamer son fils,
Abou '1-Bassir composa une longue kaçideh dont voici quel-
ques vers :
Dieu l'a confié la t^arde de sa religion cl le soin de préserver son
])cuplc tlu senlier i^lissanl où d'aulres ont péri ;
Investis ton fils Abbas de la succession, car il en est digne, et ordoune
que des lettres répandent ce pacte parmi tes sujets.
CHAPITRE CXIX. 3^7
J^xJ» ,^jl[» jJ^Wd ^ *>^ -ibi CiOO li^î y*.U*l! ^jÎ Jlj>
iLÀ-*« ^ dLJi^ (J^V t5.^-'^^ j>^^ cKs» Uol-iojJo! i)_5 AÀ-«
«Xjî^j w^_5 ci>»X_^l aXaJ 5*X>^ c:a»L5 tXÀJ^j (jvXjU_5 {^,j**^
ij^Uxii II L Jt- iiAjUJi iiXA>5î i ^ir Uo JJi (j^ J^lj l^^j
Si les années lui font défaut, sa raison est mûre et le place au rang des
vieillards que Dieu dirige vers le bien :
Avant lui, Jean n'était qu'un enfant quand ilretjutle don de la science,
et Jésus prêchait dans son berceau. (Cf. Koran, \ix, i3 , et m, 4i.)
AboLi 'l-AbJ)as le Mecquois fait le rccit suivant : « .rélais un
des convives assidus de Aloliammed, pelit-fils de Taher, dans
la ville de Rey, avant son expédition contre la famille d'Abou
Ta! ib-, jamais je ne le vis plus heureux et plus gai c[ue pen-
dant les jours qui précédèrent la révolte du descendant d'Ali
à Rey; c'était en l'année 25o. Je causais une nuit avec lui;
le bonheur régnait dans sa demeure et le rideau venait d'être
tiré (c'e.st-à-dire le concert allait commencer). « Je crois que
je mangerais volontiers, me dit le prince; que prendrais-
jebien? — Une poitrine de francolin ou un morceau d'a-
gneau froid, • ré|)ondis-je. Le prince se fit apporter par un
page une miche de pain, du vinaigre et du sel, et se mit à
manger. La nuit suivante il me dit : « Aboii l-Vhhas, je crois
348 LES PRAIRIES D'OR.
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(j*-l^ cx_X_i lj\j..*m}\ c-aaIsÎ u Jbs »_5.4*i t?"*^^ (»-*^^ ^J" • <J^
V^'jyAs^ L^^ l^jlÀt R^iyjiA iijjl^^ iùïj^l jli^i'c:*..^* t^Aiail
que j'ai faim; que me conseilles-tu de manger? — Ce que
vous mangiez hier, lui dis-je. — Tu ne distingues pas la
nuance qu'il y a entre mes deux questions, reprit-il; hier je
te disais : Je crois que je mangerais volontiers", mais je te dis
à présent : Je crois que j'ai faim, ce qui est bien différent. »
Il se fit servir à souper, puis il m'invita à décrire les plaisirs
de la table, les parfums, les femmes et les chevaux. «En
prose, ou en vers? lui demandai-je. — En prose,» fit le
prince. Je commençai ainsi : « Le meilleur des repas est un
mets que l'appétit' assaisonne. — Quelle est la meilleure
boisson? demanda-t-il. — Une coupe pleine d'un breuvage
qui désaltère et que l'on offre ensuite à un convive chéri.
— Quel est le plus agréable concert? — Le létracorde (le
luth, oud, qui n'avait à cette époque que quatre cordes) et
une jeune musicienne assise dont le chant est mélodieux et
la voix émouvante. — Quel est le parfum le plus suave ? —
L'haleine d'une amie tendrement aimée et la présence d'un
fils qu'on élève. — Quelle est la plus séduisante des femmes ?
— Celle dont on s'éloigne à regret et vers laquelle on re-
CHAPITRE CXIX. 349
\j ocjL**.»-! ^[i ^;^ ,_^Ài^ !il_5 ^^j^ J^JJ^ îi| j^js.Jt (^fii^i
jtjj'i__*_ji La_jU ^^v— o «jù (j~jij CAAi jUji iijU Ala*î jUio
iolil_j bySs U^ ^JLiî ^vk^l -^V.i L, ^lÀJi iCjU» vil*>*Àj cjij tXij!
vient avec empressement. — Et parmi les chevaux, quel est
le plus vif? — Le cheval qui a les coins de la bouche larges
et la prunelle d'un noir foncé; celui qui s'échappe quand
il est poursuivi et qui atteint quand il poursuit. — C'est
bien parlé, » me dit Ibn Taher, et, s'adressant à un page :
•I Bichr, ajouta-t-il, donne-lui cent dinars. — Comment ai-je
mérité deux cents dinars.^ demandai je. — Ah! répliqua
le prince, ainsi tu ajoutes de toi-même cent dinars? Page,
qu'on lui donne d'abord cent dinars comme nous l'avons
ordonné, et cent autres dinars pour le récompenser de la
bonne opinion qu'il a de notre générosité. » Et je pris congé
d'Ibn Taher emportant celte somme; une semaine seule-
ment s'écoula entre cet entretien et son départ de Rey. »
Le Khalife Moslaïn connaissait à fond l'histoire et les
journées célèbres; tout ce ([ui se rattachait au passé excitait
sa curiosité. Voici une an('cdol<' racontée par Mohammed
(fds d'EI-flaran) , (ils de Doreid, d'a()rès le récit que lui en
avait fait Abnu 'l-lîeïda, maîo/a de Djàfar Tayyar et couleur
agréable. « Nous étions venus de Médine en dépulation à la
cour de Moslaïn, qui habitait Saman;i ; [);irmi nous se trou-
350 LES PRAIRIES D'OI\.
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^.«-JiLjlj /<\JuiJl tK^Î_5 ^^l»5j 'rL>'^^ jW=*-5 é> i^i-«*J^ y5 *>^i>
valent plusieurs descendants d'Abou Talib et des petits-fils
(ïAnsars. Nous attendîmes notre audience pendant un mois
environ; enfin nous fûmes admis et chacun de nous put
prendre la parole et s'exprimer librement. Mostaïn se montra
aimable et familier à notre égard ; il se mit à parler de Mé-
dine, de la Mecque et de leur histoire; or personne n'en
savait autant que moi sur ce chapitre. Je demandai donc au
Khalife la permission de prendre la parole, et, après Tavoir
obtenue, je m'entretins avec lui du sujet qui l'intéressait.
Le courant de la conversation nous entraîna à traiter de diffé-
rents sujets d'histoire, et, quand nous prîmes congé de lui , le
prince nous fit donner de l'argent et des cadeaux pour notre
bienvenue. A l'entrée de la nuit, un de ses officiers, suivi de
quelques soldats turcs et de cavaliers, se présenta chez nous;
on me fit monter sur un cheval conduit en laisse qu'on avait
amené à cet effet et je fus introduit chez Mostaïn. Je le
trouvai assis dans le Djausak (château de plaisance à Sa-
marra) ; il me reçut avec bonté, me fit signe d'approcher, el ,
après m'avoir adressé quelques paroles affectueuses, il mit
CHAPITRE CXiX. 351
l»|j)-i*- (^j *^^-* t*^^' ^M*j a)^jûI J«-îji-lî j-«iJiJ! L^l ^1
f,ljy_r». y_j *J|^ r*VS«^ i>-^ (♦SCst'^ y^iX^i t^S^Ji I^jI ^1
la conversation sur riiistoirc et ies journées des Arabes et sur
ceux crentre eux qui moururent du mal d'amour. C'est ainsi
que nous arrivâmes à parler des Benou Odrah et des amants
célèbres de celte tribu; il me demanda ce que je savais re-
lativement à Orwah, fds de Hizam et à ses aventures avec
Afrà. «Prince des Croyants, répondis-je, Orwah, fils de
Hizam, après avoir quitté Afrà, lille de Ykal, succomba à
ses regrets et mourut d'amour pour elle. Une troupe de
cavaliers vint à passer, le reconnut et, en arrivant au cam-
pement d'Alrà, un des cavaliers chanta d'une voix lugubre :
Demeures dont les liabilanls vivent dansliiidifférence, ]c vous aiiiionco
la mort d'Orwaii l)eii Hizam.
Afrà entendit ce chant, elle se montra sur une; hauteur
au-dessus (le la caravane el s'écria :
Cavaliers (|ui pressez le pas de vos montures, mallietir! Ivst-eilc vraie
la iiotivcllr de la mort d'Orwnli I)oii Hizam ?
Un d«'s vfiyagcms répniidif :
352 LES PRAIRIES D'OR.
«^J oJUi
»»._aJ» JI caJu«jIî ld>^)ylj iCs-lc». p\.-»iw Jvjj^ j^ ci^!>'^ '-^^
iilj l|-AJt î^jiL Syww Uo l.YJ>-*=' ^5 fv^b ^ ^^^* oJlSls
Oui , nous l'avons laissé dans une contrée lointaine où il habitait tour
à tour la vaste plaine et les collines.
Elle reprit :
Si vos paroles sont vraies, sachez que celui dont vous annoncez la mort
était l'astre qui éclairait les ténèbres.
Que nul jeune homme, après toi , ne goûte les plaisirs de l'amour ! Que
les absents ne reviennent plus en sécurité dans leur patrie!
Puisse la femme ne jamais donner la vie à un homme aussi noble que
l'était Orwah! Puisse-t-elle être désormais privée des joies de la ma-
ternité!
Et vous, je souhaite que vous n'arriviez jamais au but de votre voyage
et que les aliments n'aient plus pour vous de saveur !
Elle les interrogea sur le lieu où Orwah était enterré; ils le
lui indiquèrent et elle se dirigea de ce côté. Arrivée près du
tombeau, elle voulut descendre sous prétexte de satisfaire un
besoin; on l'aida à descendre; elle courut au tombeau et s'y
prosterna. Bientôt elle poussa un cri aigu qui effraya ses
compagnons; ils s'empressèrent autour d'elle et la trouvèrent
CHAPITRE CXIX. 358
étendue morte sur la pierre de la tombe; ils l'enterrèrent
alors à côté de son amant. » Mostaïn me demanda si je pou-
vais ajouter d'autres détails au récit que je venais de lui
("aire. «Certainement, Prince, répondis-je. Voici une tradi-
tion que je tiens de Malek (fils de Sabbah) Adawi, à qui
Heïtem (fils de Adi, fils de Hicham, fils d'Orwali) Favait
transmise d'après Orwah, son père. «Otman, fils d'Airan ,
nv'ayant charj^^é de distribuer des aumônes parmi les Benou
Odrah, dans le pays habité par une de leurs sous-tribus nom-
mée les Benou Minhadah , je rcniaicjuai une tente neuve
plantée un peu à Técart du cam[)ement, je nTy diri*^eai :
un jeune homme y dormait à l'ombre, et à côté de lui une
\ieille femme était assise dans l'ouverlure de la tente. Le
jeune homme m'aperçut et nuirnmra d'une voix faible :
J'ai ofi'erl une; réconipense ;\ Vitrraf (sorcier et médecin) du Yi-maiiiidi
el à celui de iNcdjràn, |V)ur ([u'ils me reiideni la sauté;
Ils m'ont promis f^uérisoti romnlète; puis ils se soni éloiirnés eu toute
hâte avec les amis venus pour me visiter.
VII. 23
35^ LES PRAIRIES D'OR.
^_i i)î J^A-iv^ -^tiJb *JUJI l«X3 (^Ibî U j^^l \-^î owÀJii
^jbls o«JliJ_j -s^-^-s*-^ »i ^y^J>J> «^Ji (!^^ ^5j bl^ c:*.Jl* c:>U
b\^ j^j«XjJi (•!>*" tJ^ *-5/* ^^ ^'^■* '^ '^^ kM^S û>j3
Ils n'ont cependant négligé aucun des sortiiéges de leur art, il n'y a
pas de breuvage dont ils ne m'aient abreuvé.
«C'est à Dieu de te guérir, m'otit-ils dit; nos mains sont impuissantes
à soulager ton cœur du poids qui l'accable.»
La douleur qui me consume pour Afrà est comme un fer de lance qui
déchire ma poitrine et mes entrailles, '
Mon Afrà est ce que j'ai de plus cher ici-bas, et elle me tient lieu de
toute autre chose en ce monde.
J'aime la promesse de la résurrection puisqu'on m'assure que, ce jour-
là, je retrouverai Afrâ.
Maudites soient de Dieu ces bouches indiscrètes qui vont disant : Une
telle est la maîtresse d'un tel !
Il poussa un faible gémissement; j'examinai sa face, il
était mort. «Bonne femme, dis-je à la vieille, je crois que
celui qui dormait à Tombre de ta tente vient de mourir. —
Vrai Dieu, je le crois moi aussi, » dit-elle, et, après avoir
regardé son visage, elle s'écria : « Par le maître de laKaabah,
il n'est plus! » Je lui demandai le nom de ce malheureux :
« Orwali ben Hi/.am des Renou Odrah, répondit-elle, et je
suis sa mère. Je te jure que, depuis un an , je ne l'avais pas
CHAPITRE CXIX. 355
# î ».
entendu proférer une plainte; ce matin seulement je l'ai sur-
pris disant ces vers :
Si jamais les mères doivent pleurer, c'est aiijonnriuii; car je vois la
main de la mort prête ;\ me saisir.
Qu'elles me laissent entendre leur chanl fnntbre, car je ne l'entendrai
plus lorsque, couche sur les éjiaules de mes amis, je serai porté an tom-
beau.
— « Je ne voulus pas in éloigner avant d'avoir assisté aux
lotions funéraires, à l'ensevelissenient, aux dernières prières
et à rinluiniation. — <> Dans quel but? nie demanda Otman.
• — Afin, répondis-jc, de parliciper aux mérites (de son mar-
tyre). » Le Khalife, ajoute Abou 'l-Beida, fit un cadeau à
mes compa^^nons, et me gratifia d'une récompense supé-
rieure à celle des autres. »
Les aventures et les poésies des anciens martyrs de l'amour
sont im sujet des plus intéressants. Voici un récit de ce
genre (jue je dois à .Vbou Khalifali Kadl (lilsde Houbab)
Djomalii le/nr/f; il le tenait de Mohammed HUsdeSallam)
356 LES PRAIRIES D'OR.
Jlrï-j Aj^I îii^ j.*a5" gui 5_jji iiU y^À:^l «^Ui>! i)| *(^i
^p , '^' * I
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L.*ko! SjS'Uftwol^ »v^! Uij U^i aKjJu i j-^^^' '-^^ ^ ^^^
*.jl.>jj: c^AJiXifc iili tKls As» aàjIc iili »|__yj ti*-^-^ *i ^^
Djomahi, à qui Abou '1-Hayyadj (fils de Sabik) surnommé
Nedjdi et Takef. l'avait raconté en ces termes : « J'étais allé
chez les Benou Amir, uniquement pour y rencontrer Meçlj-
noun. Je trouvai là son père , un vieillard , et ses frères, hommes
dans la force de l'âge; on voyait que le bien-être et l'aisance
régnaient dans cette famille. Je leur parlai de Medjnouu;
ils pleurèrent et son père me répondit : « En vérité, c'était de
mes enfants celui que je préférais ; il tomba amoureux d'une
femme de sa tribu qui certes n'aurait pu prétendre à un tel
parti; cependant, lorsque la passion qu'ils éprouvaient l'un
pour l'autre s'ébruita, son père refusa de la donner en
mariage à mon fds et lui choisit un autre époux. Nous avons
alors enchaîné Medjnoun; il se mordait la langue et les lèvres
avec une telle fureur que nous craignîmes qu'il ne se les cou-
pât; nous lui rendîmes donc la liberté. Il s'est enfui dans
ces plaines désertes; chaque jour on lui porte son repas que
l'on place en évidence : quand il le voit , il s'approche et
mange; lorsque ses vêlements sont usés, on lui en apporte
d'autres, et on les place à portée de sa vue. " Je les priai de
CHAPITRE CXIX. 357
Jsovj' cj»jLj /jI Juii Aaàc ^^tXo ^1 iXjJuii^ Si^^.»v *X.^1j j*>-jI»
^1 Jli A-Ac ^JtXJ K^i »^rî_;' <->.Ai Aj yJoùyl I-a-*" J^ *^-» (j^
lii-A^wj /jl ciJ<Xi»Jù>^ ii)i«>v^Aj Xib UwJLX**»-^ \m (j^\i *^|)
me conduire près de lui; ils m'indiquèrent un jeune liomme
de la tribu. «Il a toujours été son ami, me dirent-ils, et
Medjnoun ne se familiarise qu'avec lui seul. » J'allai trouver
ce jeune liomme et le priai de me servir de guide. « Si vous
voulez ses vers, me répondit-il, je les possède tous jusqu'à
ceuxqu'il fit hier; demain j'irai le trouver, et, s'il en a impro-
visé d'autres, je vous les apporterai. » Comme je le priais de
vouloir bien m'y conduire, il reprit; «Dès qu'il vous verra
il prendra la fuite et je crains (|u'il ne m'évite désormais, et
que ses vers ne soient perdus pour moi. >■ Mais j'insistai avec
tant d'opiniâtreté qu'il ajouta : » Eh bien , allez à sa recherche
dans ces solitudes; (|uand vous l'apercevrez, approchez-vous
doucement de lui; il cherchera à vous intimider <'i lér.i
mine de vous lancer ce qu'il auia à la main; asseyez-vous
sans faire attention à lui, mais ohserxez-Ie à la dérobée et,
lorsque vous le trouverez plus calme, tâchez de lui recitei"
quelque passage de Kaïs, fils de Doreïh; c'est un poêle cfu'il
alVectionne. » Je me mis en route le jour même (continue
Ahou 'lliayyadjl et dans l'après-midi je trouvai Medjnoun;
358 LES PRAIRIES D'OR.
L^ é^]^ ZjLi ijàjjJiJ^j^ ».M cji^jtXi IfJalaik. ^ukaoaL hjs?!
v.àI> \J^ ^j!^^ iLsX^nt ijJuSxÀ 'i^À^ y^f^ <^<M*.\s»- (Jjis^ c:aAaj»13
cX^^ AaJ! Ci» JLâÀi iXxAAsU ciAiA*j i.K*^5j (jV^AM cS*^ ^ «-^^ ^"^
aJLv* ju-x-viil aM!^ bl Jli io^" If-A^i) <->.JIaw (^ws»- 4>Î|_j t^Ixi Jtj
assis sur un monticule, il traçait des lignes sur le sable avec
ses doigts; je m'approchai sans hésitation, mais il s'enfuit
comme un animal sauvage à la vue de l'homme. Il ramassa
une des pierres qui étaient à côté de lui; je continuai ce-
pendant à m'avancer, je m'assis près de lui et demeurai tran-
quille quelques instants, tant qu'il parut vouloir m'éviter.
Quand il vit que je restais assis, il se calma et se rapprocha
en jouant avec ses doigts. Alors je le regardai et lui dis :
» Qu'ils sont beaux ceis vers de Kaïs ben Doreïh :
Je répandrai toutes les larmes de mes yeux, tant est grande l'épou-
vante que m'inspirent le passé et le présent.
Demain, me dit-on, ou la luiit d'après, partira une amie qui ne s'était
jamais éloignée, mais dont le départ est résolu.
Je n'aurais jamais pensé que mes propres mains me donneraient la
mort ; ce qui doit arriver arrive. »
Le fou pleura à chaudes larmes et me dit : « Vrai Dieu !
j'ai été, moi, meilleur poète dans ces vers :
CHAPITRE CXIX. Sb'J
^Ij ^-Mfc-j-i c-A_X.'s jj«fcJÎ L^ Akxi JJLo ,yjti^ (j^^iJlj (J-Jt»
^Vjià \iXJk.A^^ i^*HW c^*^' (jw wy-^^ IjnL^i iXjj j»k'à «ii-j /jlj
Mon cœur n'aimera jamais que la belle Amirite, dont le surnom est
Oamm-Amr, bien qu'elle ne soit pas la mère d'Amr.
Ma main, en la touchant, semblait humide de rosée et prête à se cou-
ronner de feuilles verdissantes.
J'admire l'acliarnement de la destinée h nous désunir, et elle ne s'apai-
sera qu'après nous avoir séparés.
Amour, redouble mes tortures chaque nuit, et toi , ô consolation de mes
jours, je t'attends le jour de la résurrection,»
Après cela il s'échappa et je partis. Je revins le lende-
main, et, Tayant rencontré, la même scène que celle de la
veille se j>assa entre nous; dès qu'il se fut radouci, je lui dis :
«Quels beaux vers, vraiment, que ceux de Kaïs! — Les-
(juels? ût-il, » Je repris :
Reconnaissez en moi un homme qui est reconnaissant de vos bontés et
qui excuse vos rigucuis.
Si la tribu a décidé que nous serions séparés, du moins entrt; toi et
moi les relations sont reslét's pures.
Medjnoun pleuia et me dit : " Jejuie ([ue j'ai été supé-
rieur à Kaïs dans les vers suivants .
360 LE8 PUAmiES U'OR.
J?L»i/i J-^-^ /o-A-oail J.^ tîyb ^aaaaw U ii\ 45WÏ»- ^^uUJiî^
j^«XJi î_^^:s-_^s A^j^A^U c>Jt>».3 AiiUoî ki eUUJl f»_j*^t
^y%-^ *iU>. 4^ -IxiaJi yl J^^Juifclj ff^J^ A^UilJ <>^^«Xj y\^
(j^ «X-Jjj iLÂ.^ (^jvJt^wwjJl j^ OtXi «Xjjj <3^JÎ jiAAMÎ Ikj o\s^
Tu m'as attiré vers toi et, quand tu as captivé mon cœur par des paroles
qui forceraient les chamois à descendre dans les plaines rocailleuses.
Tu m'as abandonné incapable de me défendre, et tu as laissé dans mes
Hancs le mal qui les consume. »
En ce inoment une gazelle passa devant nous et il s'élança
à sa poursuite; quant à moi, je m'éloignai. Je revins le troi-
sième jour et ne le rencontrai point; je courus en informer
sa famille. On dépécha Thomme qui avait coutume de lui
porter sa nourriture; il .revint en disant que les mets étaient
restés intacts. Je me mis alors en route avec ses frères; nous
passâmes une journée et une nuit entières à sa poursuite, et
nous le retrouvâmes , le lendemain matin , étendu mort dans
le lit rocailleux d'un torrent. Ses frères le transportèrent
■chez eux et je retournai dans mon pays. »
En 2 48 de l'hégire mourut le Turc Boga l'aîné, âgé déplus
de quatre-vingt-dix ans ; personne n'avait pris part à autant de
batailles que lui, et cependant il ne fut jamais blessé. Il in-
vestit son fdsMouça de toutes les dignités qu'il avait rerues
CHAPITKK CXfX. 301
L.^,JL« ^^.^^ <9UwjLio U5wwUj^ ^ILsjul (-'ji^ <>>,(}.Aj ^e>AâjCj(Ii
xjtxjj /oJt^ 4^^5 c^^ >i <-^b J^-» «^'-^ vi J<xjo «xjJvJI.
lui-môme, réunit autour de lui ses partisans et lui conféra
son commandement. Boga était d'une origine infime parmi
les Turcs : d'abord simple page de Moutacem, il assista aux
grandes batailles de l'époque, y paya de sa personne et en
sortit toujours sain et sauf. Il disait souvent que la destinée
est une cuirasse; il ne portait jamais d'armure d'aucune sorte,
et, quand on le blâmait de son insouciance, il racontait le fait
suivant : « J'ai rêvé que le Prophète se montrait devant moi
entouré de plusieurs de ses Compagnons et me disait: Boga,
tu as été bon pour un homme de mon peuple et les vœux
qu'il a formés pour toi ont été exaucés dans le ciel. — Apôtre
de Dieu, demandai-jo, quel est donc cet homme? — - Celui
que tu as délivré des bétes féroces. — Apolre de Dieu, con-
linuai-je, prie ton Seigneur afin qu'il prolonge mes jours. »
Le Prophète leva les mains au ciel et pria ainsi : « xMon Dieu,
j)rolonge son existence et recule sa dernière heure 1 —
Apôtre de Dieu, repris-jc, je demaud** (piatre-vingt-quin/.(;
ans. • Aluis (|U('l(ju'un (|ui se tcnail dt-vaiil le l^ropbèlc
362 LES PRAIRIES D'OR.
^yi\ bi^ f^y> (j^ oJâiAJCAMlj t-Jlb jî (j^ *^ \>\ Jlï ooî (j^
J.a)ÎI ij /e^A^ «^■^^/-=^ ii£«XAJ ^^j <XS J.=r-j.J A,A^i^y t^î ^j^
J^A_ft J>.J J^._j ij5 ^_5 di.A* :^! ci^^j U jl kxj kiUl A..|^A!i
ajouta : « Et qu'il soit préservé de tout malheur 1 >- Je deman-
dai à cet homme qui il était; il me répondit : «Je suis Ali,
lils d'Abou Taiib,» et je me réveillai en murmurant les
mots : Ali , fils d'Abou Talib. » — Boga se montra toujours
bienveillant et généreux à Tégard des Alides; quand on
lui demandait quel était celui qu'il avait préservé des bêtes
féroces, voici ce qu'il racontait : « On conduisit devant Mou-
taçem un homme qu'on accusait d'hérésie; à la suite d'une
délibération secrète qui eut lieu pendant la nuit, le Khalife
m'ordonna de livrer le prévenu aux bêtes féroces. J'emme-
nai le prisonnier et, indigné de sa conduite, j'allais le préci-
piter dans la fosse lorsque je l'entendis prononcer ces pa-
roles : >' Tu sais, ô mon Dieu, que tu as été le seul mobile
de mes paroles et de ma conduite et que j'ai voulu te plaire
par mon obéissance et en soutenant la vérité que tes enne-
mis avaient méconnue. M'abandonneras -tu aujourd'hui?»
A ces mots, ajoutait Boga, je commençai à trembler, je me
sentis ému et la crainte envahit mon cœur; j'arrachai cet
homme du bord de la fosse aux lions où j'allais le précipiter.
CHAPITRE GXIX. 363
Ju» AaaaJI oAj <9^Ai5 JUi jo>^tâAAl! Ouol^ I4A3 <«Jwuiik.U (jy^
^^ ^_j\ji) tSJjj «J*^^^ J^^?;) ^ >^^v^ '^'3 V^^^' o«.j^^
je le conduisis dans la partie la plus retirée de mon appar-
tement et je Ty cachai. Je retournai alors chez Moutaçem.
« Eh bien ? me demanda le prince. — C'est fait, je Tai jeté,
répondis-je. — Et que disait-il "^ — Je suis étranger, repris-je ;
il parlait arabe, et je ne sais ce qu'il disait; c'était d'ailleurs
un homme rude et grossier. » A la pointe du jour, je dis
à mon protégé : «Los portes sont ouvertes, je vais te faire
sortir avec les hommes de garde ; tu vois que je me sacrifie pour
toi et que je te sauve au péril de ma vie : aie bien soin de
ne pas te montrer tant que Mou taçom vivra. >« II me le promit ;
je voulus connaître son aventure et il me donna l'explication
suivante : « Un des agents (\\\ prince s'est précipité sur notre
pays, commellant toutes sortes d'excès et de crimes et étouf-
fant la vérité pour faiix; triompher l'erreur. Sa conduite me-
naçait de corrompre la pureté de la Loi et de renverser le
dogn)e monothéiste; ne trouvant |)as d'auxiliaire contre cet
homme, je l'ai assailli pendant la nuit et je l'ai tué, car son
crime était de ceux que la Loi punit de mort. »
Lorsque Mostaïn se fut réfuL'ié à Bagdad en compagnie de
36/1 LES PRAIRIES D'OR.
jLoi L-iil UjUj (jj[>=^ 0^*^J t-^iAAiaJiJî^ .ijjJi rO"^'^^ ti^^5
Le I^JHS-=T-l9 l^jJOili-^ !^«Xj^ (6~lC"^* *-^"'' ^ ^^ CJ-* ■''(5'^
Boga et de Wacif, les Turcs, les Ferganiens et les affran-
chis, se révoltant dans Samarra, tombèrent d'accord d'en-
voyer une députation au Khalife pour le prier de revenir dans
sa capitale. En conséquence, quelques-uns des principaux
affranchis se rendirent à Bagdad, emportant avec eux le
manteau rayé et le bâton du Prophète, plusieurs objets pré-
cieux du trésor royal et une somme de deux cent mille di-
nars. Ils supplièrent Mostaïn de retourner dans la capitale de
son royaume; ils, se reconnurent coupables, firent l'aveu de
leurs fautes et s'engagèrent pour eux et pour leurs collègues
à ne plus retomber dans les torts qu'il leur reprochait. Mais,
malgré leur attitude humble et soumise, ils reçurent une
réponse peu satisfaisante. De retour à Sorra-men-râ, ils ins-
truisirent leurs compagnons de l'accueil qui leur avait été
fait et leur apprirent qu'ils n'avaient plus à espérer le retour
du Khalife. iVIostaïn, lorsqu'il se réfugia à Bagdad, avait
emprisonné Moutazz et Moueyyed au lieu de les emmener
avec lui; mais, au contraire, se méfiant de Mohammed,
CHAPITRE ex IX. 365
^lj.-i».i (^ (i5_5-i^ t^^ StT-^ «-^^^^ »^ '^^^ ^^^ <rV^ ''^^
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fils de Watik, il l'avait forcé de l'accompagner à Bagdad;
ce même Mohammed réussit plus lard à lui échapj)er à la
faveur de la guerre.
Les affranchis convinrent alors do tirer Moutazz de sa
prison, de le proclamer Khalife en lui jurant fidélité et
obéissance, et de combattre ensuite Mostaïn et ses partisans
retranchés dans Bagdad. Ils firent sortir Moutazz et son frère
Moueyyeddu lieu nommé Louhuet el-Djauçak, où ils étaient
retenus en captivité, et prélèrcnl serment à Moulazz le mer-
credi 11 moharrem 25 1 de l'hégire. Le jour suivant, le
nouveau Khalife se rendit en grand cortège dans le da?- el-
ammali (salle des audiences publiques), où il reçut le s(m--
ment du peuple; il revêtit son frère Moueyyed d'une robe
d'honneur et lui passa autour du cou un collier (de j)erles)
noir et un collier blanc, le premier comme héritier pré-
somptif, le second comme gouverneur des deux villes saintes.
Après celte cérémonie, on envoya de Samarra à toutes les
grandes villes de l'empire des lettres annonçant la nomina-
tion de Moulai-/. Billali; elles furent écrites au nom d(î Djà-
366 LES PRAIRIES D'OR.
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far (fiis de Mohammed) le secrétaire. Moutazz désigna en-
suite son frère Abou Ahmed (MouafFak) et quelques mawlas
pour aller combattre Mostaïn sous les murs de Bagdad, lis
partirent et la guerre éclata dans la ville entre les partis de
Moutazz et de Mostaïn; Mohammed, fils de Watik, parvint
à se réfugier auprès du nouveau Khalife. La lutte persistant
avec acharnement entre les deux armées ( 1 5 saler 2 5 1 de l'hé-
gire) , la cause de Moutazz se fortifia tandis que la situation de
Mostaïn s'affaiblit de jour en jour; les ravages de la guerre
s'étendirent partout. C'est alors que Mohammed (fils d'Abd
Allah, fils de Taher) entra en corresjjondance avec Moutazz,
se rapprocha de ce prince et inclina vers la paix au prix de
la déchéance de Mostaïn. Mais la populace de Bagdad, quand
elle fut instruite de ces projets, se souleva avec indignation
et se réunit autour du Khalife pour le protéger. Le petit-fils
de Taher força Mostaïn de monter sur la terrasse de son
château; le peuple, le voyant paraître avec le manteau rayé
etlobâlon (insignes du khahfat) l'acclama; Mostaïn démentit
CHAPITRE ex IX. 367
*-Y-:>JS>l AJJ.SW U^ »^j^ aL^^I^ yU^i ^ yl 4^ (;5%JCu*m
les bruits relatifs à sa déchéance et exprima sa reconnais-
sance envers le petil-fils de Taher. Ce dernier eut ensuite
une entrevue avec Abou Ahmed MoualTak à Chemmasyah
(faubourg de Bagdad); ils convinrent de déposer le Khalife
aux conditions suivantes : on lui accorderait Vaw.an pour lui,
pour son harem et ses enfants et pour leurs propriétés parti-
culièies; il habiterait la Mecque avec les personnes de sa fa-
mille qu'il voudrait emmener, et la ville de Waçit en Irak
lui servirait de résidence jusqu'au moment où il se rendrait
dans la ville sainte. Moutazz s'engagea par écrit et déclara
que, s'il violait une seule de ses promesses, il serait ana-
thème aux yeux de Dieu et de son Prophète et que ses sujets
seraient relevés du serment d'obéissance à son égard; il serait
trop long d'énijujérer ces didérentes clauses. Néanmoins
Moutazz ne; tint pas ses engagements et il travailla plus lard
à rompre la foi jurée. Mostaïn |)rononra sa j)ropre déchéance
le jeudi 3 moharrem 35'i de l'hégire; une aimée entière s'é-
lail écoul(''e depuis son anivéeà liagdad juscpi'ii ce moment:
368 LES PRAIRIES D'OR.
dUi_5 cS^^iJi tJ^^^ (j-J *>^-*-5 ^ 1X5 ♦>^j laAw!^ <il^»>vja-l
/wft j-jftUs /vj aMÎ *X_«.-£ /jj i^^ yè' ^Xs.^ ya^ ^J^'^^ tl-^i
^.j '^ « '^ Aj^juiié ijajt-i J_^.j viiJi i^ ^L j._A_*_lt Jt
son règne, depuis iejour où il fut investi de rautorité, comme
nous Tavons raconté ci-dessus, jusqu à sa chute, avait duré
trois ans, huit mois et vingt-huit jours; mais il faut tenir
compte des ditTérentes opinions à cet égard dont nous avons
déjà parlé. On le conduisit d'abord dans la maison de Haçan,
fds de Wehb, à Bagdad , et on le réunit à son harem et à ses
enfants ; il fut ensuite emmené à Waçit sous la garde d'Ahmed
ben Touloun le Turc, qui n'était pas encore gouverneur de
l'Egypte. On sut bientôt. dans le public que Mohammed (fds
d'Abd Allah, fds de Taher) s'était montré incapable de dé-
fendre le Khalife Mostain , lorsque celui-ci lui avait demandé
asile, et qu'il l'avait trahi pour se ranger du parti de Mou-
tazz-Billah; c'est ce qui fit dire à un poète du temps, qui
habitait Bagdad :
Les Turcs rôdent autour de nous depuis une année révolue, et l'iiyèiie
(c'est-à-dire le petit-fils de Taher) n'est pas sortie de son antre.
Elle s'y est blottie dans l'abjection et le mépris, et lorsqu'elle s est
montrée, c'est pour étaler les hontes de ses perfidies.
CHAPITRE GXIX. 369
^3J S^i-i? J>"^^' *^-^ t^ rj^Lu» (Ji i>l«xjo 4j-« t3-»^î «>s-^l
u»»-jc3^ -:>Liïi dIiûL<i <!0(^3 i\â5Ajïi ».d^:sr^ o»-*->*Ji_5 t^AÀJilij
Les droits de Mostain n'ont pas été respectés et les destins ont conspiré
contre lui;
Ils ont accumulé la honte, la lâcheté et la bassesse et imprimé une
tache ineffaçable sur la famille de Talier.
Après la déchéance de Mostain, comme nous venons de
le raconter, Abou Ahmed Moua(T;ik se rendit de Baq-dad à
Samarra; Moutazz hii conféra une robe d'honneur, une cou-
ronne et deux ivichah (voir ci-dessus . p. 1 33) ; il distribua aussi
des robes d'honneur aux généraux de sa suite. Obcid Allah
((ils d'Abd Allah, fils de Taher), frère de Mohammed (fils
d'Abd Allah), apporta au nouveau Khalife le m;mleau rayé
et le bâton du Prophèli;, avec l'épéc et les joyaux de la cou-
ronne; Teunuquc Chahek raccompagnait et Mohammed
(petit-fils de Taher) avait écrit à Moutazz en faveur de ce
serviteur dans les termes suivants : « Celui qui vous apporte
l'héritage de l'a pot rc de Dieu incrilc bien que vous ne violiez
pas la protection (pii lui est dm*. »
Lorsque Moslaïu lui renvcM'sé du trône, son \i/.ir était
Ahmed, (ils de Salih, lils de (ihir/ad.
vu. i/l
370 LES PRAIRIES D'OR.
AK-JC-Ji-i \J!L-«\-.*g (j^ Vl?"^ *^j «Xaxaw <x-AÀXi ii.*«!j ^j^ aK^
^^JaJi (^ iJlxto .joCaîs- ^4^3 aMI> jyAxii (ji aK^j A^rj^s*-!^
Au mois de ramadan de la mêmie année 202, Moutazz-
Billah chargea son chambellan Sâïd, fils de Salih, d'aller à
la rencontre de Mostaïn, qui venait de quitter Waçit sous
bonne escorte. Sâïd le joignit aux abords de Samarra; il le
tua et envoya sa tête à Moutazz; le cadavre resta étendu sur
la route jusqu'à ce que des gens du peuple se chargeassent
du soin de Tinhumer. — Mostaïn-Billah mourut le mer-
credi 6 chawal 262, âgé de trente-cinq ans, selon ce que
nous avons dit au début de ce chapitre.
Voici ce que raconte l'eunuque Chahck. « J'étais le com-
pagnon de voyage de Mostaïn, lorsque Moutazz le fit venir
à Samarra, et nous étions assis dans la môme litière. En arri-
vant à Katoul , une troupe nombreuse se présenta devant
nous. «Chahek, me dit le prince, vois qui commande ce
corps; si c'est Sàïd le chambellan, je suis perdu. » Je recon-
nus cet officier et je répondis au prince : « En vérité c'est
lui. « Mostaïn s'écria : « Nous appartenons à Dieu et nous re-
CHAPITRE GX1\. 371
^^,,»^'j" isj-ANfcJL «XJtiJb tXx>- ^^JL-« «Xa;»a« tjyi ^-U» <^-S> w^^J
^i Liû^i» UUii bi ^yo ^A^ v^^' ''^^ «i Lsij^i U b^i
^j*L*'l jL<Là».l (j-« L>yCw ciJvXj ^ «aXS! «x.^ blj ^'(^•«Y-9 ^■^ cjyfi
tournons vers lui; c'en est fait de nui vie!» et il pleura.
Sàïd, en l'abordant, lui cingla le visage à coups de fouet,
puis il le fit coucher par terre, s'assit sur sa poitrine, lui
trancha la tête, et la porta au Khalife comme nous l'avons
déjà dit. La puissance de Moutazz fut dès lors établie et son
autorité reconnue de tous.
Les faits de l'histoire de Mostain que nous ne citons pas
dans ce livre ni dans le présent chapitre se trouvent dans les
Annales historiques et dans l'Histoire moyenne. Nous ne
donnons les détails qu'on lit ici (jue pour qu'on ne suppose
pas que nous les avons négligés ou ignorés; car, grâce à Dieu,
il n'y a pas de fails historiques, ni de détails biographiques
et d'événements importants ([ui ne soient consignés dans nos
dilTérenls ouvrages. « Au-dessus de foute science est placé
relui qui sait tout.' iKoran, xii, yO}. Dieu seconde les
bonnes entreprises.
:^72 . LES PRAIRIES D'OR.
^j^ Lx-X_i^ (^j^ l_j*^A^^ (•>» 'i^^j i^M^ÀXi (:5:r*i^U J^
iî*X_x-^ J^ifcî^ iLj^L-i*Jî^ til>^'j ^'i^^^ ''^W ^-«'^^ ^ t^
fj*^^ ii_À_^ V*~^ cj-* (:J^*^ cij^AJ (jvAi^l -5.J ^.M**j ^i:*ii
e^-jï^ *\j)} aji/^ A-wnàJ J^-=^ {j^ *^^^ c:>U^ (^jvJùUj (jï->*^j
CHAPITRE CXX.
KHALIFAT DE MOUTAZZ-BILLAH.
Moutazz-Billah fut ensuite proclamé Khalife. Son nom est
Zobeïr, fils de Djâfar-Motewekkil ; il eut pour mère une
esclave nommée Kabihah et porta le surnom patronymique
cVAhou Abd Allah. Il était âgé de dix-huit ans lorsqu'il fut
proclamé à la suite de l'abdication de Mostain, le jeudi 2 de
moharrem, ou selon d'autres le 3 de ce mois, 262 de l'hé-
gire, comme nous l'avons dit ci-dessus (p. 32/1). Après qu'il
eut reçu le serment des généraux, des juawlas, des merce-
naires {chakiryeh du persan tchakir) et du peuple de Bagdad,
on récita la khotbah en son honneur dans la mosquée cathé-
drale des deux quartiers de Bagdad. H abdiqua le lundi, trois
jours avant la fin de redjeb de l'année 2 55 et mourut six jours
après sa déchéance; il avait régné quatre ans et six mois; on
CHAPITUE CX\. 37o
^j 5^«.*i.-ftj fcjjt aÎj i>-ij J-^"^^ iLx.A~^\»^ (:J>-*^ cl>5Lj' p^A^wfcJi
^ À— A_«tV
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^ JUL* o»-i^lî Lûjjci »S -xXioj_5 cy^îLSij *\^j.xxi.Jl JJi ^j
l'enterra à Samarra. La durée totale de son règne, depuis
qu'il fut élu à Samarra , avant la chute de Mostain , jusqu'au
jour où il abdiqua, est de quatre années, six mois et quel-
ques jours, et seulement de trois ans et sept mois, si on la
calcule, du moment de son élection à Bagdad. 11 mourut à
Fàge de vingt-quatre ans.
KÉSUMÉ DK SON IIISTOIRK ET DE Sy\ VIE; PRINCIPAUX EVENEMENTS
DE SON UÎiGNE.
Lorsque Mostaïn-Billah lut détrôné et conduit à Waçil,
après qu'il eut prononcé sa propre déchéance en se déclarant
incapabhîde régner en présence delà rébellion et qu'il eut
délié ses sujets du serment de fidélité, les poêles chantèrent
à profusion cet événement et prodiguèrent à l'envi leurs vers
au sujet du Khniifc déchu. Bohloii composa à cette occa-
sion une longue haçideh dont voici un j)assage :
374 LES PRAIRIES D'OR.
ljtA-\.ii- *L4-JI_5 iCi!iViI tNjtj *X^ ^ *X^! iiJuAiJ. liXè^
.U
Le faible poussin (a été conduit) à Waçit : des serres ne pouvaient
pousser dans la chair d'un poulet.
Voici également un fragment de kaçideh d'un poëte sur-
nommé Kiiiani :
Je te vois accablé par la douleur de la séparation depuis que l'imam
a été expulsé et détrôné.
Le Khalife Ahmed, fds de Mohammed, est dépouillé du Khalifat et de
la puissance;
Lorsque la fortune brillante lui souriait, il était comme une pluie
printanière pour ceux qui sollicitaient ses bienfaits ;
Mais la destinée l'a précipité du faîte des grandeurs et l'a relégué à
Waçit, où il n'entendra plus parler de retour.
Neuf mois et un jour s'écoulèrent entre la déchéance et
le meurtre de Mostaïn. — Parmi les savants et les tradi-
tionnistes- qui moururent sous son règne , on cite : Abou
Hachem Mohammed (fds de Zeïd) Refâyi; — Eyyoub (fds
de Mohammed) le libraire ; — Abou Koreïb Mohammed (fds
d'El-Ala) Hamaclani, mort à Koufah; — Ahmed (fils de
CHAPITRE CXX. 375
/>_) *x_:^j ^*is^^>Jî ^lih. ^j -Li^^y e*jiXiI t_>U^t ^•^•fi
0..J »Xj^i ^^Us _jjt^ (Sy^^ (:^^-'**-* (jJ *^^3 jljr*' ^r*-^**^
Salib) Misri; — Abou'l-Welid Sery, originaire de Damas;
— Yça (fils de Hammad) Zogbah Misri, décédé en Egypte :
son surnom eslAhouMouça; — Abou Djàfar(fils de Sawar),
originaire de Koufah, tous morts en 2^8. — Sous le même
règne, celui de Mostaïn, en 2àg-, moururent : Flaçan (fils
de Sabbah) Bezzaz, célèbre traditionniste; — Hicham (fils
de Khaled), de Damas; — Mohammed (fils deSuleïman)
Djohenni, décédé à Massissah; — liaran (lilsdc Mohammed,
fils de ïalout); — Abou Ilafs Saïrafi (le changeur), décédé
à Samarra; — Mohammed (fils de Zonbour) le Mecquois,
mort à la .Mec([U('; — Suleïman (fils d'Abou Taybah); —
Moura (fils d'Abcl er-Rahman), originaire de Barkah. —
En Tannée; 2r)o, sous le règne de Mostaïn : Ibrahim (fils de
Moliammecl) Temimi, jugi; à Basrah; — Mahnioud (fils
de Kliaddach) ; — Abou Moslem Ahmed (fils d'Abou
(Ihoaïb) de llarràn; — llarit ((ils de MeskJn ) Misri; —
Abou Taher Ahmed (fils d'Aujr, fils deSerh), et plusieurs
376 LES PRAIRIES D'OR.
^ Jj|î yw. /i^^ <ic Là-aJÎ <X.]9 0.jjjlii)î iy*.A3j (j-j*X:S^.]5
^ iLjLc^LS} (^jvj^^Sj (^XàS'Î ».mj ^^ îtXiù IajCï^ JÎ >jU^=Lii
(^j\_jt_jjlj sijJiUCwl «XaawJÎ m^ Ajj.A:aj ii3j.X4Î tiofe^ ^A.s.U
&XA.0I S (jaÀJî kiUi ^^_5j «X^î X«wî AAÀ^ (jïï^J ^^Àji v^l
^ ,\_ij »i_5i>j ^jU)-iîi /o-j«xs i (jï^J*-* *^^^ »^~i4((^^i tj^ tyj.m
autres professeurs ou rapporteurs de traditions que nous ne
citons pas ici. On en trouvera la liste complète depuis
répoque des Compagnons du Prophète jusqu'à la présente
année 332, dans Tannée sixième de notre ouvrage intitulé:
le Livre moyen; la nomenclature rapide que nous donnons
ici a pour but d'ajouter à ce livre des renseignements indis-
pensables et de répondre ainsi aux exigences du lecteur.
Le Khalife Mostaïn, en 2/18, fit tirer du. trésor royal un
chaton de bague formé d'un rubis rouge, qu'on nommait
djeheli. Ce bijou était conservé avec soin dans le trésor des
rois. Réchid l'avait acheté au prix de quarante mille dinars;
il y fit inscrire son nom Ahmed et le porta à son doigt. Cela ,
donna lieu à toutes sortes de propos; on racontait que cette
bague avait passé d'un roi à un autre chez les Chosroès de
Perse, et qu'elle avait été gravée à une époque fort ancienne;
on ajoutait que tout roi qui avait fait graver son nom sur
cette bague était mort assassiné; que, dès qu'un roi mou-
rait, son successeur s'empressait de faire effacer la gravure
CHAPITRE CXX. 377
X^[i y*/L-^*^ c::>U îii liLAii fj^j ^5^^ y^lo ^1 JXo A*iJùj
lJ5^-Aiî A-AJ ^UaA* .y <-:-vSJ i f-^^ ^■^^ ^Uxiiî ^Ua^sj J-vWL
y\^ 4>0_5 ^J*;^iî J^U xsj!y^j5l ^ ^jUyi jUi^i UjIJcS' J,
de ce bijou; enfin, que les souverains, à quelques rares
exceptions près, le portaient sans y graver leur nom. Ce
rubis brillait la nuit comme un flambeau : placé dans une
chambre où il n'y avait pas de lumière, il réclairail de ses
feux; enfin ou remarquait dans cette pierre des figures qui
brillaient dans l'obscurité. Nous avons, au surplus, donné la
longue et curieuse description du bijou en question dans
nos Annales historiques, en parlant des sceaux des rois de
Perse. Cette même bague a été vue encore sous le règne de
Mouktadir, mais on ne sait ce qu'elle est devenue depuis.
Plusieurs poêles célébrèrent Moutazz lorsqu'il s'empara
définitivement du pouvoir et cjue sa royauté fui consolidée pai-
l'abdication de Mostaïn ; parmi ces poésies decirconstance, qui
sont nonibreusos, on cite le passage suivant d'une longue
haridch dont rautciii- est Meiwan, (ils d'Ahou 'l-Djiinoith :
La |)ui5sancp est reiulue à Moiilaz/. , cl Mostaïn est renUé clans sa véii-
tnblc coiulilion :
378 LES PRAIRIES D'OR.
LfitX-:^ iL>MJû 0-M JJ Aj|^ *i (j^aJ kilUi (ji kxj ^1^ *Xi
j<^jC^05 <SJÎ J^i «Xïj iJ!^Lw J^\ ij^ J^=^J Jj-*;? ki^i-^ (j_5
otAïI c_>y> (jwUi ^^ ^y*^3 <xJ^ /j.j! «x^î RxfXû. IjAjci
^.xjuAiiJ! A.>yA.Aw aa» LiL<Ui^ iSiXwitJL^ LiLU^ -f^^-*^"^ ^y^^i
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A-jL-a-^I^ A-jb «X.x^ !^A>^) HjLjL^-Ia—* ^'^ t^JLXwMwo
H savait bien que le trône était ta propriété et non la sienne; mais son
ambition l'avait égaré.
Tels sont aussi les vers suivants d'un poëte de Samarra,
que d'autres attribuent à Bohtori :
Que Dieu rétribue selon leurs œuvres celle cohorte de Turcs dont le
glaive Iriomplie des vicissitudes de leur temps!
Ils ont égorgé le Khalife Ahmed, fils de Mohammed, et revêtu le
peuple du vêtement de la terreur-,
Grâce à leurs révoltes, l'empire est démembré et notre imam (Khalife)
ressemble à un étranger qu'ils hébergent.
Le rétablissement du pouvoir aux mains de Moutazz et
Tunanimité avec laquelle il fut proclamé ont inspiré les vers
qui suivent à Abou Ali Bassir :
L'islam e^t revenu aux jours heureux de son origine et le trône s'est
raffermi sur sa base.
Il a repris sa stabilité , il a retrouve la sécurité et les joies du retour,
après la séparation et l'exil.
J'en remercie îe Dieu unique et j'implore son pardon pour celui dont
les mérites se sont effacés.
CHAPITRE CXX. 379
C^JlSj hjSjyX» ^y*i4j,A AJ6 i^ÀA.O_5 ^ 1\*0 /<U,L -^ J^ (-aJCKÎ
(^ j«-»-*-=- (^ (^3^ (^ ;;;^ (^ *x^ ^^ ^ (j^^ aj «Ij^
jl çjL-i vS ^' (ic vXj-J^Î (jj *X-ç-! aaXc Jl^j IjLjJsj.-^
Moutazz eut pour vizirs d'abord Djàfar, fils de Mohammed ,
el ensuite plusieurs autres personnages; mais les décrets
poitaient le nom de Salib, fils de Waçif, comme si celui-ci
avait eu le titre OiTiciel de vizir.
Abou 'l-IIaçan Ali (fils de Mohammed, fils d'Ali, fils de
Mouça, fils de Djàfar, lils de Mohammed) mourut sous le
règne de Moutazz-Billab, le lundi quatrième jour avant
la fin de djemadi II, 2 5/i, âgé de quarante ou de quarante-
deux ans, ou plus âgé selon une autre opinion. A ses funé-
railles on entendit une jeune fille s'écrier : « Que le lundi nous
a été funeste autrefois et aujourd'bui ! » (Le Prophète était
mort un lundi). Ahmed, un des fils de Motewekkil-Alallah,
récita les prières funéraires dans le quartier d'Abou Ahmed
et dans la maison que le défunt habitait à Samarra et où il
fut inhumé.
V^oici ce que m'a raconté Ihn el-Azhar, d'après Kaçem,
filsd'Abbad, d'après Yahya, fils de Martamali, qui s'expri-
mait dans h's termes suivants : «Le Khcdife Molewekkil
380 LES PRAIRIES D'OR.
L^-^ , {&! ^ W'^'' cy^Ac? L^i \k£ iJtXj ^^^uJ^juts» /o lO*'^
^.J^Xs»'\^ a.w.à5samÎ c:A.Àx:i aNXo c>jt.«v*< U Isi^^ ^^??>^ li-^»
A->LjI:> t^«»-ji <XJi& vX-ij Ja^ -Nt^j <-a^ iî -JixJUo (j**.<w.J|^
c:>*Li=- <;^.>- iCiAjL^ >y| dUi <Xj»j /Jo ki Axi ^^^ cxx^i
(j^ ov^.^ jî c:a_$j„jj Ci*-jij U c:^^! kilo! kfti bî Jlï^ ti'
m'avait envoyé à Médine avec ordre de lui amener Ali (fils
de Mohammed, fils d'Ali, fils de Moura, fils de Djàfar),
pour répondre à certaines accusations dont il était l'objet.
Mon arrivée chez Ali provoqua dans sa famille un tumulte
et des clameurs tels que je n'avais rien entendu de pareil; je
m'empressai de calmer leurs aj)préhensions en jurant que
je n'avais pas reçu d'ordres rigoureux contre Ali, puis je
fouillai la maison qu'il habitait et n'y trouvai qu'un Koran,
des (recueils de) prières et d'autres choses de ce genre; après
quoi j'emmenai le prisonnier, je lui offris mies services et lui
témoignai les plus grands égards. Un certain jour (pendant
le trajet), le soleil venait de se lever dans un ciel sans
nuages ; cependant Ali monta à cheval couvert d'un manteau ,
et après avoir noué la queue de sa monture, ce qui excita
ma surprise. Mais peu d'instants après survint un gros
nuage qui « dénoua l'orifice de son outre » et nous inonda
d'une pluie torrentielle. Ali se tourna vers moi et me dit :
» Je sais que tu ne comprends rien à ce que tu m'as vu faire
et que tu m'attribues une science supérieure à la tienne ;
CHAPITRE CXX. 381
c:*J»Liû cx^s^l Lfcojiai! Igxift ^ ^^-f- C5^' rW^^ ci^i l»lî
L-^_i dUjo <_:a,a^Ia;3 jJaiî ii-^î^ W^-* '-'^»<>*ij v^ÀÀis' ii -<?^
u'*^ ^v^l^l /ivl^^^l /yj ^l^U c:»! Jo f*}A»iMji iCÀjJw« c>^<XJ»
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^.»«.x_j ii à^^jt-ii J^-rs-^l ÎJsJû jj«l^ tj-. o^-loÀ^ 0.ju' '^I^j Jljii
c^Sj U tK^il c>.iJLt^ Wy^>* vj-« '^^*-s^^ <sy^^ Wi" «r^^il
tes suppositions sont mal fondées; seulement, comme j'ai été
élevé au désert, je connais les vents qui précèdent la pluie.
Ce matin justement souiïlail un de ces vents qui ne trompent
jamais; j'ai senti Todeur de la pluie et j'ai pris mes précau-
tions en conséquence. » Dès notre arrivée à Bagdad, ma
[)remière visite fut pour Ishak, fils d'Ibrahim, de la famille
de Taher, gouverneur do cette ville. Ce prince lue parla en
ces termes : «Père de Yahya, cet homme (Ali) est fds de
l'apôtre de Dieu. Tu connais Motewekkil; sache bien que, si
lu l'excites à tuer Ion prisonnier, tu te feras un ennemi du
Prophète lui-même. » Je répondis à cela que je n'avais rien
vu dans la conduite d'Ali qui ne fût digne d'éloges. Je me
lendis ensuite à Samarra et j'allai tout d'abord chez Warif
le Turc, car j'étais un de ses amis. « Vrai Dieu, me dit celui-
ci, s'il tombe un seul cheveu de la tète d'Ali, nul autre que
moi nen demandera satisfaction. » Fraj)pé du langage de
CCS deux [XTsonnages, je fis pari à Molcwckkil de mes in-
luiniaiioiis cl des éloges (pie j'axais rcfiieillis sur le coniple
382 LES PRAIRIES D'OR.
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U i»^ o»— AJi-i ^.^JLm*-j tivo'X.jS? viLjtX^fc-l !5Xil viXjlra- v^^j
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Jj,*v; Jiï JljJ /O.^^^ t^Us jî (^J "^ jj (^Ù^S^- J^ t^ (^5
d'Ali; aussi il lui accorda une belle gratification et lui té-
moigna toutes sortes de bontés et d'égards. »
Mohammed, fils de Feredj , me racontait ce qui suit, dans
le quartier de la ville de Djordjân nommé Bir Ahi Yuan :
« J'ai recueilli de la bouche d'Abou Diâmah le récit que
voici. — J'étais allé, raconte ce dernier, visiter Ali (fils de
Mohammed , fils d'Ali , fils de Mouça) lorsqu'il fut atteint de la
maladie qui l'emporta pendant cette même année. Gomme
je me disposais à m'éloîgner, Ah me dit : « Abou Diâmah,
il faut que je m'acquitte envers toi; veux-tu que je te confie
une tradition que tu entendras avec satisfaction .^ — Fils de
l'Apôtre de Dieu, répondis-je, rien ne saurait in'être plus né-
cessaire. » Ali reprit : « Mohammed, mon père, a reçu d'Ali
son père , Ali , de Mouça son père , celui-ci , de Djâfar son père ,
Djàfar, de Mohammed son père , Mohammed , de Ali son père,
Ali , de Huçeïn son père, et Huç.eïn, de son père Ali (fils d'Abon
Talib) la tradition suivante que Ali lui transmit en ces termes :
«Le Prophète me dit un jour: Écris, ô Ali. — Que dois-je
CHAPITRE CXX. 38,^
civ_j«X_i jw*»*->.i L^l 4>Ji_j (^^ii l«» ^^i '^.^^ (^^ y «-^J'i'S
jà^ii ïjjLix^ ioi«X^i <-aÀjj k^ «-«y *X4^ 0.J ^ wAi». b^Ji
■^î yî^ c-«._Jl_!o J,i (^ ""^^^ y.—) ^jv. .»», -4 iCÀjl \-§ji ^j^ AA£il
écrire?» lui clemandai-je. Le Prophète continua :« Ecris. Au
nom du Dieu clément et miséricordieux ! La foi est un dé-
pôt confié au cœur de riiomme et qu'il confirme par les
œuvres; Vislamest ce que sa langue exprime et ce qui rend
le mariage légitime. » Je dis alors à Ali (ajoute Abou Dià-
mah) : « Fils du Prophète, je ne sais en vérité ce que je dois
le plus iidmirer de cette tradition ou des autorités (jui Tout
transmise. — Elle est consignée, ié|)li(pia Ali, sur une feuille
écrite de la main d'Ali, fUs cfAhou ïalib, sous la dictée du
Prophète, et nous nous la transmettons comme un héritage
de père en (ils. » Nous avons raconte'' rontrcvuc d'Ali, fds de
Mohammed, avec la fausse j)rophétesse Zeïneh en présence
de Motewekkil; nous avons dit qu'il descendit dans la fosse
aux lions, que ces animaux se couchèrent ;i ses pieds, et fjue
Zeïneh renonça alors à se faiie passer j)our une fille de lïu-
rein (fils d'Ali, filsd'Ahou Talih} à laquelle Dieu aurait per-
mis de vivre jusqu'à celte époque, etc.; ces détails se trou-
vent dans nos Annales histori(|ues. D'après une aulre ver-
sion, Ali heu VJithaniined serait mori cnqjoisorujé.
384 LES PRAIRIES D'OR.
LJi>^\ 'ijSj-s-^ r•.^-^'J ^^ <j-* u^ ^.j.*i*XL«^^3i^ u^j.«i»&
Sôus le khalifat de Moutazz mourut Mohammed (fds
d'Abd Allah), fils de Taher, le i5 de doul-kàdeh 2 53 de
l'hégire, treize jours après le meurtre de Waçif et pendant
une éclipse de lune. Son caractère libéral et généreux, son
instruction variée, sa mémoire richement ornée, la distinc-
tion de ses manières, son éloquence, sa supériorité dans
la conversation le placèrent au-dessus de tous ses rivaux
à cette époque. C'est à lui que s'appliquent les vers sui-
vants d'une kaçideh composée par Huçein (fils d'Ali, fils de
Taher) :
La lune et l'Emir se sont éclipsés en même temps; mais la lune brille
de nouveau et l'Émir est resté clans les ténèbres.
Elle a retrouvé sa lumière pour se montrer à nos yeux, tandis que la
lumière de l'Envr est à jamais éteinte.
Ô vous deux, astres éclipsés dans cette sinistre nuit du lundi, puisse
votre influence bienfaisante vous l'amener ici !
Prince sans rival il avait, dans sa sévérité, le tranchant du glaive et
l'ardeur du foyer d'où jaillit la flamme.
CHAPITRE CXX. 385
(j-« t^?-^ »X_ï^ ^iLjj_/9 (j^ xX**jL:s2 ,^^ ^-^-^ (j'^'^J i_^^j <i^
(j*i^»»*^_Jti jU Jb viUi (j-«j JtJ Ci>^i lii AAj^Ji (*:^-w c:*.AAr».î
Au rapport crAhou 'l-Abbas Moberred, ce même Moham-
med (fds d'Abd Allah), fils de Taher, se trouvant un jour
de bonne humeur et disposé à réunir ses amis, dit à Ibn
Talout, qui était son vizir, son pkis cher compagnon et ce-
hii qu'il recevait le plus volontiers dans l'intimité : «Il faut
absolument que tu me trouves aujourd'hui un troisième
convive dont la société embellira notre fête et charmera notre
réunion j)rivée; quel serait, selon toi, ce convive? Surtout
épargne-moi la présence d'un homme d'un caractère dlIFi-
cile, d'une origine infime et dont la pauvreté se révèle par
de basses adulations. " Après quelques moments de réflexion ,
Ibn Talout répondit : « Prince, je songe à quelqu'un dont la
société ne sera pas un fardeau pour nous, à un homme
exempt de l'indiscrétion des convives et de l'importunité des
compagnons intimes, lequel se présentera d'un pas léger, si
vous rappelez, et disparaîtra sui un ordre de vous. — Quel
est-il.^ demanda l'Kmir. — Mani , surnommé Mowaswis (({ui
mainiott(î entre ses dents). — Tu as, pardicu, raison, n'--
plicjua l(; prince; (pic Ton donne Tordre aii\ chefs (de po-
386 LES PHAIKIE.S D'OK.
A_aa_JLa^Î yî (j^ ^j-*vij U^ ^ A-xJ) »_5^à;-J -XaAIo ^ ^^i
vi)^^ u'^ ^^ à^ l? p^^^--^' ^^^^ '^^ JUi^,jy«^i W:?! ^^*
<^x^ V^^-J *^*^ j1>^'j '^a'^ V*^^ <Xj«X^ {^y*^^ <i^ «J^*»
p
lice) des vingt-huit ([uartiers de le rechercher et qu'on me
ramène sur-le-champ. » Quelques moments plus tard, le
chef de Kerkh dépistait cet homme et le conduisait au pa-
lais. Là on s'empara de Mani, on rogna sa barbe et sa cheve-
lure, on le fit nettoyer et baigner, on le revêtit d'un costume
propre et il fut inti'oduit alors chez Mohammed. Il le salua;
le prince lui rendit son salut et lui dit: «Eh bien, Mani,
n!avais-tu donc pas le temps de venir nous visiter sans te
faire désirer et sans attendre que notre cœur fût impatient
de te voir? — Mon impatience était grande, répliqua Mani,
et mon affection toujours prête; mais la coui^se est longue,
les chambellans sont revêches et les portiers sont bourrus;
si l'accès de votre palais eût été facile, rien ne se serait opposé
à ma visite. » Le prince répondit : « Tu en as sollicité l'accès
en termes convenables, je veux que tu sois reçu de même;
que désormais on laisse entrer Mani dès qu'il se présentera,
à toute heure du jour ou de la nuit. » Ensuite, sur l'invita-
tion de son hôte, Mani s'assit, (il honneur au re|)as que le
prince fit servir et, après s'être lavé les mains, il prit part à
CHAPITRE CXX. 387
(2) >"
l'entretien. Mohammed ayant désiré entendre Mouniçah, qui
était une esclave (musicienne élève) de la fille de Mehdi,
on la fit venir, et le premier morceau qu'elle chanta fut
celui-ci :
Je n'ai pas oublié les larmes que, dans l'excès de ma douleur, j'ai ré-
pandues sur CCS compagnons chéris, le matin de leur départ;
Je n'ai pas oublié ces mots que je prononçai lorsque la caravane s'éloi-
i^iiait à la laveur de la nuit : « Vierges du Nedjd , puisse cette entrevue ne
pas être la dernière ! »
« A merveille ! sV'cria Mani, mais je le jure par le prince,
tu aurais pu ajouter :
Je suis |)aili dissimulant ma tristesse, et mes larmes s'amassaient sur
mes paujiiéres, où je m'i'florçais de les retenir.
Non, l'Emir, avec toute sa puissance, ne saurait me protéger contre
l'ennemie cruelle qui s'acbarne à m'éloigner cl à me repousser.»
L'esclave s'empressa de chanter ces nouvelles paroles; le
prince demanda alors à Mani si par hasard il riait amoureux.
("oMc (picslion le rendit confus et, d'autre part, Ibn Talout
lui faisant signe de ne faire aucune n'-v/'lation fpii pi'il le
discréditer aux veux du prince, il se borna .1 r/'pnndre : « 1-e
388 LES PRAIRIES D'OR.
U:5X_^\ ^\^jJ\ *>V-^i-S U^*L* ^jjf, ^jL^ l^Vdl \y^j y}
Jî :i\_*_X_ji_j »X^îj •PLi-s.-i)) (jvj AjU-kail <XJ)J fc-OLi! yl<J
plaisir, Témotion que je dissimulais en moi-même, se sont
manifestés. Mais est-ce qu'un pauvre vieillard peut être
amoureux?» Le petit-fils de Taher ayant fredonné à Mou-
niçah l'air suivant :
Us i'ont enfermée au passage de la brise , parce que j'avais chargé le
vent de lui porter mon salut.
S'ils se contentaient de la retenir prisonnière, ce serait peu de chose,
mais ils vont jusqu'à lui défendre de parler quand souffle la brise.
Mouniçah exécuta ce chant. Mohammed en fut charmé; il
se fit apporter une mesure (ritl) de nébid et, pendant qu'il
buvait, Mani s'écria : « Pourquoi l'auteur de ces vers n'a-t-il
pas ajouté :
Je soupirai en disant à mon image ( souvenir) : Si tu visites mystérieu-
sement la sienne,
Donne-lui un salut particulier de ma part-, mais je crains que, pour
mon malheur, on lui interdise jusqu'au sommeil.
«Il aurait de la sorte fait pénétrer plus profondément
dans les entrailles les flammes de la passion: il aurait ré-
CHAPITRE CXX. 389
A^^\^ *.^llâj o«->y5b (^'»«*^*- ^ *^' J^jj (j-« ^♦XasJI 0\am\
y-A ^^^3 jU L c-w_>w*.r»-! iXj^ JUi x^Ur i^W^ à^ (S-'^
/W<X^ C^A^k^ AJ l<yJ *Ia*jI^ ^jji)î ^XAAJU LjY.il.£.lj \j**Jy«
Jl i_>»_i_^^ iS'^"-^ ^' ''y^j ^j-^ à^ J^ *^^ xÀ^^^U
panclu plus abondamment sur le cœur altéré la rosée vivi-
fiante de l'amour; il aurait ainsi embelli sa composition
poétique et porté sa pensée jusqu'aux limites où elle pou-
vait atteindre. » Le prince complimenta Mani et voulut que
la musicienne ajoutât ces deux vers aux deux premiers et
qu'elle les mît en musique. Après cela, l'esclave continua
par le distique suivant :
O mes deux amis, encore un moment; ne vous éloignez pas, demeurez
auprès de celui qui aime.
Nous no pouvons passer devant la demeure de Zeïneb, sans que nos
larmes ne révèlent le secret que nous cherchions à cacher.
Cet air charma Mohammed. « N'était la crainte de me
rendre importun, ajouta Mani, je joindrais à ces deux vers
deux autres vers qu'une àme délicate ne saurait entendre
sans les aj)prouver. » Lr prince lui répondit : « Mani, le désir
(jue j'éprouve de connaître tes charmantes inspirations doit
te [)rémunir contre tonte appréhension; parle donc libre-
ment. « Mani continua ainsi :
390 LES PRAIRIES D'OR.
A-AWk-v.^ *AAaJi Ly-^i ovjV *^-«^-S cj»JL>kJai cy_^*aj Ci^»^P
Cette gazelle, brillante comme le croissant de la lune, une seule de ses
œillades briserait un rocher (un cœur de pierre);
Et quand elle sourit, on croirait voir briller l'éclair ou un collier de
perles.
« Très-bien , reprit l'Émir, et maintenant, Mani , complète
la poésie que voici :
Les plaisirs ne sont doux qu'avec celle qui leur donne toute leur dou-
ceur, avec Manouçah (i'amie intime, allusion au nom àe Moiiniçali],
Dont la voix mélodieuse fait couler des larmes que la lésignation rete-
nait captives.
Mani continua ainsi :
Et comment se résigner loin d'une belle à la taille flexible, qu'on ne
peut, sans être injuste, comparer au paon ?
C'est lui faire injure que de dire d'elle qu'elle est un saule planté dans
les jardins célestes.
C'est une injustice que de lui donner pour égale la perle qui se cache
au sein des mers.
CHAPllKE CXX. 391
JlJJ^Uj 4;_J(J.-u. iAj;Iî_j vilÀi! J^aXc v^ki^j J^i iiJ*KcL*J
^ \aa^ Jotîî vJsjJi: _XkSj ^Jy> Os^Jî jU l^
J^ A-Ioljiit ^p4(ui-j oo)lî ^_i.ia_x.AJ v^Jt <j (j*^-*^
Et comme il s'arrêtait, Mohammed l'invita à continuer
sa description poétique; Mani lui répondit parce seul vers:
Elle est au-dessus de tout élof^e, et la pensée ne peut trouver dans le
langage des expressions qui soient dignes d'elles.
Lorsque l'Émir eut complimenté le poëte, Mouni(;ah lui
adressa les paroles suivantes : « Tu mérites nos remercî-
ments, ô Mani ; que la destinée te favorise ! que ton ami soit
plein de bonté pour toi ! que la joie t'accompagne et que le
malheur s'éloigne de toil Je prie Dieu de nous conserver
cette félicité en nous conservant celui à ([ui nous devons
d'être réunis I » A ces paroles : « Que ton ami soit ()lein de
bonté pour toil » Mani répondit par les veis (pie voici :
Non, je n'ai pas d'ami qui puisse wv témoigner sa boute; mon âme u
rejeté les plaisirs frivoles.
Je suis altaclic par la reconnaissance à celui qui est Uii-nuMni- ntlaché
A la gloire par des liens solides.
Je dois mou lionlicur aux bienl'ails d'un iionnne d.ins U'(|ucl le bien
s'est incarné.
392 LES PRAIRIES D'OR.
(1)
Sy*'?. y^^ l>^^* f»^'^*'^'^ «^_j.JU3 f^\ AjJi U^lî
»_^5\Xi cjiiJi iijjJûj> tjAitf><Xjf jJûUiJi 0^ (jvjt)l_^ i)j jJàm
Ibn Talout lui fit signe qu'il était temps de partir; le poëte
se leva et prononça ces vers :
C'est un roi dont les rivaux sont rares, et qui est orné de la spiendeur
de la noblesse et de la vertu,
Un fils de Taher environné d'un cortège nombreux , et dont les bienfaits
se répandent parmi les bommes.
O Abou '1-Abbas, conserve précieusement un talent dont le temps
émousse le tranchant.
L'Émir lui répondit en ces termes : «Tu mérites d'être
récompensé pour des remercîments qui ont précédé chez
toi tout acte de générosité de ma part; » et se tournant vers
Ibn Talout, il ajouta : « Ni l'obscurité de la naissance, ni des
dehors humbles, ni l'indifférence pour tous les avantages
extérieurs ne peuvent faire disparaître chez l'homme l'es-
sence du talent dont il est doué. Salih , fils d'Abd el-Koddous ,
ne s'est pas trompé lorsqu'il a dit :
N'admire pas celui qui protège ses vêtements contre le contact de la
poussière , mais qui souille son honneur.
CHAPITRE CXX. 393
J»,*>fcX^ »>-AOyS.^ CjUjiui i^y*-^i> A_X_jljJ ^-iJijJiJCj! '>— ^•^»
JJi> l^^d «XÀ£ S^>U;ji^ dUJt vJoJf Otiâ£
>^' (jl ^^ iy ^si- Aj»^ *xU lj^:s: ^K^î- Jj^ 1^ JU
if^-MtJCi %^-^. {J^. *>o^î «^_^i3^ i^!_j v-^ ^J *Kç-i Lî_J *>>5^î
^^ <X,j-iil^ V^-^?"' u' ci' ^'*^^* C:J^*J;' V;-*^* ^X-^it ioi^j (j-*
^l^j jj^A^il -^ yK l^ *-M*xsi- (j-« 'Xj^î sL)-^' t^ (*^1;
Souvent un homme réduit à la pauvreté et vêtu d'habits sordides a su
conserver son honneur pur et sans tache, d
Ibn Talout ajoute (ju'il ne vit jamais un homme doué de
plus d'esprit d'à-propos que Mani, lorscjue au vœu d'une es-
clave : « Puisse ton ami être plein de bonté pour toi ! » il ré-
pondit par rimprovisation :
Non , je n'ai point d'ami qui puisse me témoigner sa bonté ; mon âme a
rejeté les plaisirs frivoles, elc.
Moberred nous apprenti , en outre , que Mohammed fit une
pension à Mani jusqu'au dernier jour de sa vie.
Moutazz fut informé que Moueyyed conspirait contre lui
et qu'il avait attiré plusieurs inawlas turcs (hms sou parti; en
conséquence, il le fit emprisonner, lui et Abou Ahmed
(Mouaffak), son frère de père et de mère; pressé d'abdiquiîr
ses droits à la succession royale, Moueyyed y renonça par
sernient après avoir reçu quarante coups de bâton. Mais
bicnlùt aj)rès, Moutazz apprit (|ue quelques Turcs s'étaient
394 LES PRAIRIES D'OR.
(jWkAfifc ^^yà^ HyJ^ CjL» (^S>- Sli^O ù'^^^ j^^^ O^-^ ij ^^^'
p
pl^S'iJi ^j^ l^j J.J U^ ^^ij (j^Ja- >]_^à.:> (^j yiso *x:rî jj
<X jiJ vXxiî ^■^^ ^^ ''i^'*^ (J'? J.AX.çwi 4-*-^J ^_5~! (JV**»-*^^
concertés pour tirer Moueyyed de sa prison : le jeudi , hui-
tième jour avant la fin de recljeb 262 , le cadavre de ce prince
élait porté hors de son cachot; les kadis et docteurs de la loi
appelés à constater le décès ne trouvèrent sur le corps au-
cune trace (de violence). On raconte que Moueyyed fut
enveloppé dans une pelisse de zibeline dont on serra les
bouts jusqu'à ce qu'il expirât. Quant à Abou Ahmed, sa cap-
tivité devint plus rigoureuse; depuis son arrivée à Sorra-
men-râ,où il avait été reçu avec tant de marques d'honneur,
jusqu'au jour de son incarcération , il s'était écoulé une durée
de six mois et trois jours. 11 fut ensuite exilé à Basrah
(1 3' jour avant la fin de ramadan), cinquante jours après
le meurtre de Moueyyed. Ismâïl. fils de Kabihah et frère de
Moutazz par son père et sa mère, fut alors nommé héritier
présomptif à la place de Moueyyed. Les généraux turcs
se réunirent ensuite chez le Khalife et lui demandèrent la
grâce de Waçif et de Boga, ce qu'il leur accorda.
Pendant cette même année, Zorafah, ancien majordome
(ou chambellan) de Motewekkil, mourut en Egypte.
CIIAPITKE CXX. 395
A_À_-« (j— **'' y^ v_X-w^_> /wj «Xh,^ Sk-:^! AjIîj 4X*j ^^àXsS.
tXjvXUw •X^r»' ^UiAamj <\amJ! S«>^ ^ (jM UJi JIàà «XjUw /WwmJO
/o-4^aÀJoo jJC*iî ji^li lg.À^ Î^J>,«^ ju<2.^ (jl jl^lj JjUil tX^r^^j
Ismàïl (fils de Yourouf) TAlewide, qui s'était emparé de
la Mecque, mourut cette année-là (lisez en 2 5i) et fut rem-
placé par son frère Mohammed (fils de Youçouf), qui était
son aîné de vingt ans. Cet événement causa de grandes
souifrances parmi les populations (du Hédjaz). Moutazz
ayant envoyé dans cette province Ahou '1-Sadj, originaire
d'Achrousnah , Mohammed, fils de Yourouf, prit la fuite, et
cette insurrection coula la vie à beaucoup (riiabilants. —
Même année (en 200, d'après Ibn el-Athir j , Ilaran (fils de
Zeïd) el-Hnceïni attafjue Suleïman (fils d'Abd Allah, fils
de Taher) et le chasse du Tabarislàn. — Même année (lisez
en 203 de Thégire), Yça (fils du Cheikh) le Cheïbanite se
rend d'Egypte à Samarra, apportant des sommes considé-
rables et ayant avec lui soixante-seize descendants de la fa-
mille d'Abou Talib qui appartenaient à la postérité d'Ali, de
Djâfar et d'Okaïl; ces Alides avaient fui devant les discordes
et les troubles qui désolaient le jlédjaz et s'étaient réfugiés
en Egypte; ils furent conduits de là à la cour de Moutazz.
Ce prince leur fit donner c.iulion cf les l.iissa libres après
390 LES PRAIRIES D'OR.
u>-yoJ vjlvoiiij i^À^LxJi (^y» IJUil^ T/^ *-^' "-^^ XâaJî »«Xiû
(^-JM-J^^ fc-J^Î ii_\-*« ij^ V.>_A-Oj ^^y^ ^..^XK^O^ Qj ^^
it-«L*«*.j A*«tj wvkâ.j_5 Jodii I^^Iaw y*t*>:f. iojUii (ja*j ^ jSy
c-wJka-À-i -!5X-*Ji iiÀJ*K^ ci^ (j*l^l ^<Xs»-l^^'^XAaJl Uj ^i*'
avoir fait une enquête sur leur compte; quant à Yça le Cheï-
banite, il fut nommé gouverneur de la Palestine.
En cette même année 2 53 de l'hégire, Safwan Okaïli,
chef duDiar-Modar, meurt dans les plaisons de Samarra. —
Même année, les troupes des Ferganiens et des Turcs habi-
tant Kerkh-Samarra niassacrent Waçif le Turc;Boga réussit
à leur échapper. — La puissance de Moçawir Chari s'accroît.
— Salih, fils de Waçif, est promu aux fonctions \de son
père. ' "\
En 254, Boga sort de Samarra pour se rendre da.ns le
district de Moçoul; les mawlas pillent son hôtel; les troupes
sous les ordres de Boga se dispersent; Boga descend dans
une barque à la faveur d'un déguisement; quelques soldats
magréhins l'attaquent au pont de Samarra et le tuent. Sa tête
(il s'agit ici de Boga le jeune) est exposée d'abord sur le
gibet de Samarra, puis elle est envoyée à Bagdad et attachée
au gibet sur le pont de cette ville. — Moutazz n'avait jamais
dormi d'un sommeil tranquille, du vivant de Boga, et il ne
CHAPITRE CXX. 397
U a^^5 yj.* (j^ Ji_^A»i)î ^-^-ft-s oÀAÀJ_5 jJCjd! (^ (iJr^iil
(j,(,iw-^ X-X-jM i-^=^j ij-» (^Jij ^"^ dlJi^ *.^,x5^L> X\ii 'jjIa3
Ail«! ^^ <Xj_jJ^_jj^ <îu^«Xj Xi^it^Jij I^X*rs-j (JvXjUj (^J^J*MJÇ-^
^ 4^ ..,.-*. Lt^ JULi cj^ f'^^ii aK-aj» u3-^" u' j^'j "^^ tiJî^iiî
se séparait de ses armes, ni le jour ni la nuit, tant était
grande la terreur que lui inspirait cet homme. « Je ne cesse-
rai pas d'agir ainsi, disait-il, jusqu'à ce que Boga ait ma tète
ou que j'aie la sienne; » il disait aussi : « Je crains toujours
que Boga ne me tombe du ciel ou qu'il ne sorte de terre devant
moi. » En elTet, le plan de Boga était de descendre le Tigre
secrètement, d'arriver à Samarra pendant la nuit et de dé-
tourner les Turcs du parti de Moutazz en semant l'or parmi
eux; mais il finit comme nous venons de le raconter.
Cependant lorsque les Turcs virent que le Khalife osait
attenter à la vie de leurs chefs, qu'il mettait tous les strata-
gèmes en œuvre pour les détruire, enfin qu'il favorisait les
Magrébins et les Ferganiens à leur détriment, ils se portèrent
en masse au palais (26 du mois de redjeb 255 de l'hégire).
Là ils rappelèrent à Moutazz ses torts envers eux et lui re-
prochèrent brutalement sa conduite, puis ils lui demandèrent
de l'argent. Cette insurrection avait été organisée par Salih,
fils de Warif, assisté dos généraux turcs. Moutazz tint bon cl
398 LES PRAIRIES D'OR.
Ji J<i».i_j i3^J^^^ S ^^i^^ sUJOCi Ij-oU. <JI aKJ_5 pj,j i Aj
^ji ^^"l_j-Ji (^j *X4^ j,i^ «jJ_j^ ^U} aKjûÎ ^^ Hyi-*^. yi^
«__CWk_J5 jjjtlî 4^^ CP"^* ^^*^' tV-S*:? ^5 viUil y?.j-^ ^ «X**î>
déclara qu'il n'avait pas d'argent; devenu leur prisonnier,
il envoya aussitôt chercher à Bagdad Mohammed (fds de
Watik), surnommé Mou/ifacZi, qu'il avait exilé et emprisonné
dans cette ville. En un jour et une nuit, Mouhtadi arriva à
Samarra; les princes allèrent à sa rencontre et il s'installa
dans le Djausak (voyez ci-dessus, p. io3]. Moutazz se déclara
prêt à abdiquer, à la condition d'avoir la vie sauveet d'obtenir
des immunités en faveur de son harem, de ses enfants et
de ses biens. Mohammed, fils de Watik, refusa de s'asseoir
sur le trône et d'accepter le serment de ses sujets avant
d'avoir vu Moutazz et d'avoir entendu ses propres déclara-
tions; on lui amena ce prince vêtu d'une chemise sale et
coiffé d'un mouchoir (en guise de turban). Le fils de Watik
courut à sa rencontre, le serra dans ses bras et le fit asseoir
sur le trône à côté de lui. « Mon frère, lui dit-il, qu'est-ce donc
que ce pouvoir? — Une chose au-dessus de mes forces , répon-
dit Moutazz, que je ne puis soutenir plus longtemps et pour
laquelle je ne suis pas fait." Comme Mouhtadi l'engageait
CHAPITRE CXX. 399
J À_=-l_>- :>ij^Xxil JUi Jî^-iii ^.j^ Ajyj^ JUI ^>*aj^ S^i
o»>À.-M*.j». li XaJ^j c:>JLj l; aKXSjj \JCxil >t.Ai». jj pLxÀiJl «^la
Ai 5J>>.AA2.j ^j.«^*2.xîi i<Xi5 J.iù! (jÂ;iJ J_j.i dUi f^À
S-Jw—w Ot^^ ^_^iwJÎ v_à3) A_ — iL_jb» (*_jjjL*<*Ji ^LÀ-J) iJ^jL^
à accepter ses bons olFices et lui proposait d'intervenir clans
ses démêlés avec les Turcs : « Non, répliqua Moutazz, je ne
désire plus le pouvoir, et les Turcs ne consentiraient pas à
me le laisser. — Alors, reprit Mouhtadi, je suis relevé du
serment que je t'ai prêté ? — Tu en es pleinement relevé, »
répondit Moutazz. Dès que cette déclaration , qui le dégageait
de son serment lui prononcée, Moulitadi se détourna; le
Khalife déchu fut emmené hors de sa présence et reconduit
dans sa prison; il y périt assassiné six jours après avoir
abdiqué; c'est ce que nous avons dit déjà au commencement
de ce chapitre.
Les poètes chantèrent à l'envi l'abdication et le meurtre
de ce prince et composèrent sur ce sujet de belles élégies.
De ce nombre est le fragment suivant d'une knçideh due à un
poète de cette époque :
N'('j)argiie/. pas vos larmes, o mes yeux, rt^paiule/.les ahoiidanles sur
la plus noble victime que le malheur ait renversée.
Son ami le pins dévoué, le plus tendre l'a tralii, et les mains de la mori
l'ont frappé à l'iniproviste.
400 LES PRAIRIES D'OR.
- . '-=? -^ Jl_.<._Là_^ »Lji_)>-XJ j <X.aJI ii-^o i^k)^^ c5^*^ (J°
y
5t_A_la_-<>_j R. ol_^ (J>-J ^ ^ l-AJîj^-oi)! c^JU ^i)j.Xl\ ■<^M3\
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IjtfVji -Ui)l ^^-^i î_^lï (J>*«- \s^^^ 5'*'^ t^cJjU OJS^W»OÎ
Les Turcs, avides de vengeance, l'ont surpris et renversé du trône;
que n'ai-je pu donner ma vie pour ce prince déchu !
Ils l'ont massacré de leurs mains injustes et brutales, ce roi dont ils
connaissaient la générosité el la patience.
Sa beauté faisait pâlir l'éclat de la pleine lune, et cependant on ne
voyait en lui que des marques d'humilité.
Il semblait que le soleil s'humiliait et refusait de briller lorsqu'il le
voyait au lever de l'aurore.
Ils (les partisans de Khalife) ne redoutaient pas l'armée et ne crai-
gnaient pas le glaive : hélas! il est mort ce pauvre monarque détrôné!
Voici les Turcs maîtres du pouvoir el le monde n'est peuplé que de
leurs esclaves.
Mais tu verras un jour le Dieu qui commande à tout les châtier par
une mort terrible.
Un autre poëte s'exprime ainsi clans une longue kaçideh :
Un torrent de larmes jaillit de ma paupière lorsque retentit ce cri :
L'imam est égorgé !
Ils l'ont tué injustement, avec violence el félonie quand ils ont conduit
vers lui la mort libératrice.
CIIAPITKK CXX. ZiOl
LjS^-il J^^.>L*i*.j ^ lij-AAw j, ^*X>J y^JiXj 0_fc^ lii^Jl I^jI
L.S|V._aJj i)Lx-i r<\A^ ÙkX^ j. ^^\ is-^-ils v_jL.«-w*J5 î_5 kXjOUv l*
l— £_5-A_A_^ Cx^b »î^_Avlj » 5A.«1 ^jl^ U *^Xft (^wnii v.>-g.J
(j-« y\^ o»-_ £& JJî aaA^ cj^jS^J! j-^l=>^ AÀAÀi». Jj;| jjcxii (ji^
Que Dieu lasse rayonner son visage, que Dieu répande ses bénéclictions
sur son âme (qu'il le place parmi les bienheureux) !
l'jt vous, Turcs, le destin vous attend avec des armes dont la blessure
est incurable.
Préparez-vous enfin aux coups de son glaive, car vous avez commis des
forfaits odieux.
Citons encore ce fragment d'une longue pièce due à un
autre poëte :
Ma paupière a répandu des flots de larmes à la vue de ce maître des
hommes déchu de sou pouvoir.
Je déplore son infortune ! Qu'il était grand et généreux comme sujet
( de Dieu ) et comme monarque !
Ils l'ont chargé d'une faute qu'il n'avait pas commise, et il est tondié
assassiné au milieu d'eux.
J-es fils do son oncle, l'oncle de son père ont mouiré leur bassesse cl
rcnélé leur lâcheté,
Clc n'est pas ainsi (pi'un royaume pro.spèrc, ce n'est pas ainsi (pi'ou peut
vaincre l'ennemi infiili'ie el denienrer uni.
Moula/./, (iil \i' piTiiiicr parmi 1rs Klialilcs (pii se montra
VII. •'•>
402 LES PRAIRIES D'OR.
il_^î_j (^..lal-À-Xij ii-Aà-A-Jl 4jw« iLi-A.ÀilI *JsAj.|j ;j;^a5^ iCï^î
^V_«0 /yJ iX^XAW ^^H^xi! ^<^aJÎ «- ^aim (^^A*;) ^x*> qJ (S^'f^J
à cheval avec des ornements d'or; les princes abbassides ses
prédécesseurs et plusieurs souverains de la maison d'Omey-
yah n'avaient employé, quand ils paraissaient en public,
que de légers ornements d'argent pour les ceintures, les
ceinturons d'épée, les selles et les brides. Mais lorsque Mou-
tazz eut adopté cette mode d'ornements en or, ses sujets suivi-
rent son exemple. C'est ainsi que son prédécesseur Mostaïn
avait introduit l'usage, inconnu jusqu'alors, des manches
larges, et leur avait donné une ampleur d'environ trois em-
pans; ce fut ce même Khalife qui diminua la hauteur des
bonnets [kalansouah) , qui auparavant étaient longs comme
les calottes (ou capuchons) des kadis.
En 255 de l'hégire, Ali (fds de Zeïd) et Yca (fils de
Djâfar) Alewi se révoltèrent à Koufah; par ordre de Mou-
tazz, Sâïd (fils de Salih), connu sous le litre de chambellan
(hadjib) , marcha contre les deux descendants d'Abou Talib
avec une armée nombreuse, et les mit en fuite, grâce à la
défection de leurs partisans.
Nous avons raconté ci dessus (p. 395) la mort d'IsnieVd
CHAPITRE GXX, /|03
^^s. 4M! ^Aij k-^Kio jl (^J t^ (jJ (^r**^ (;^ Q**=^ (jJ ^'
^^ *X4r _jj£>j ajIî^ *x*j *jsj».Ij^I ^j^ ^jli' Uj ^3-A^l^ *^-(r4^
aaA^ XtAia^ l^AAi tj^jii /jj»..^S'îi^ <\«oL<>JÎ <J!jIa« j^UaJ! ^I
(J— ? iS^y-"^ (J-J ^' *X_A_C 0..J ^^_Jn-l 0.^1 kiiJi «XXJ X;L»J\.Jt5
(fils de Youçouf, fils d'Ibrahim, fils d'Abd Allah, fils de
Moura, fils d'Abd Allah, fils d'El-Haçan, fils d'El-Haçan, fils
d'Ali , fils d'Abou Talib, que Dieu les ait en sa sainte grâce ! ) .
ainsi que les maux et la détresse que sa domination déchaîna
sur les habitants de Médine et du Hodjaz; nous avons ajouté
que, après la mort d'Ismâïl, son frèri; Mohammed (fils de
V'ouçouf) eut à combattre Abou'l-Sadj. Oi)ligé de fuir devant
ce général, il pénétra dans le Yémamah et le Bahreïn el
s'empara de ces contrées; il y laissa une postérité qui y
réside encore aujourd'hui sous le nom de Henou 'l-Okhaïdar.
Un peu plus tard, un autre prétendant s'insurgea dans la
province de Médine : c'était un fils de Mouca (fils'd'Abd
Allah, lils de Mouça, fils d'EI-Hacan, fils d'EI-liacan, fils
d'Ali, fils d'Abou Talib).
Nous avons, d'ailleurs, raconté dans les Annales hislori-
([iies les événements relatil's aux divers prétendants de la fa-
tnille d'Abou Talib, et cité ceux d'entre eux qui moururent
en fxison , pai- le poison ou p,ird\iuires genres ck' mort. Tels
• ti.
kOti LES PRAIRIES D'OR.
^^J Jv--I (^j 'X^^^ j€v*^^i (J^^J-< (:>J >^^^ *V^ ^^-^ j^^
AK.:r t-JUo <3J QJ 1^ (^ (j:r-*^ qJ 1^ t^ •^î'j (:j^ (^v*^>^
A.Jv_j| i<JM y\^ c:>U (^i-i*- (j*^•^-=^ iij.*^*.l\ CJ-* «T*^*'^^ J^«A«
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Akxi t^JlL jî (^j ;;^ (^^ ^^M*. ^^J fjM^ ^ M] jsj^ (^1
furent parmi eux: Abcl Allah (fils de Mohammed, fds
d'Ali, fils d'Abou Talib), surnommé Abou Hachem, qui reçut
un breuvage empoisonné de la main d'Abd el-Mélik , fils de
Merwan. — Mohammed (fils d'Ahmed, fils de Yça, fils de
Zeïd, fils d'Ali, fils d'El-Huçein , fils d'Ali, fils d'Abou Tahb) ,
qui, après avoir été enlevé de Basrah par Sâïd le cham-
bellan, mourut en prison (à Samarra); Ali son fils, qui se
trouvait avec lui, fut mis en liberté après la mort de son
père, sous le règne de Mostaïn; mais il y a différentes ver-
sions à cet égard. — Djâfar (fils dlsmàïl, fils de Mouça,
fils de Djâfar), tué par Ibn el-Agleb dans le Magreb. —
Haçan (fils de Youçoaf, fils d'Ibrahim, fils de Mouça, fils
d'Abd Allah, fils d'El-Haçan, fils d'el-Haçan, fils d'AU', fils
d'Abou Talib), mis à mort par Abbas à la Mecque. —
Ali (fils de Mouça, fils d'Ismàïl, fils de Mouça, fils de Djâ-
far, fils de Mohammed) , emmené prisonnier de la ville
de Rey, sous le règne de Moutazz, et mort en prison. —
Mouça (fils d'Abd Allah, fils de Mouça, fils d'El-Haçan, fils
CHAPITRE CXX. 405
iijLgj j *XJi^ij iji«-w*ÀJi (j^ ij^j i^l\Xs j,l (j-:' c^ (i)-^ {:y**=^
_5-io CA.*a.L^^ dUUiû i^U \^à 5<Xj ,^Jw« ,^_yo tXi^i' J^y-*^^
jy-X-X^Jy "^ r^' '-r""'^^-^^ jy^r^ (iT-* *^J^ Cir* ??^ ^J Sva^^JU
LÀ-ft-jU-J ij l^Jo^-w^x^ (_^ UajÎ *>o bjJi Uj.^^ yl,w.i». jUiwi
d'Ali, lils d'Abou Talilj), que Sàïd le chambellan emmena
de Médine prisonnier; ce Mouça avait un grand renom de
piété et d'austérité. Son fds, nommé iifZ/7'5, raccompagnail.
Lorsqu'ils arrivèrent, sous la conduite de Sàïd, dans le dis-
trict de Zobalab, sur la route (des pèlerins) de l'Irak, les
Benou-Fezarah et d'autres tribus arabes se réunirent dans
le but de délivrer Moura. Celui-ci lut empoisonné par Sàïd
et mourut en cet endroit; mais les Benou-Fezarah réussirent
à délivrer Edris, son fils.
Sous le khalifat de Moulazz, en 202 de l'hégire, les pre-
miers symptômes de discorde entre les Bellalites et les Saa-
diles éclatèrent à Basrah; la révolte du chef des Zeiidj fut la
conséquence de ces troubles.
Les autres faits intéressants du règne de Moutazz sont
rapportés avec tous leurs développements dans nos Annales
hisloricpies et notre Histoire moyenne. — Le secours vient
de Dieu !
VARIAÎSTES ET NOTES.
p. d (i). D'après la signification ordinaire de la préposition li, il semble
([u'on devrait traduire «Livre de nouvelles, par Ibrahim, fils de Melidi;»
cependant cette traduction serait inexacte car, plus loin, p. 08, Maçoudi
donne le titre exact de l'ouvrage en question. Il s'agit d'un recueil d'anec-
dotes rédigé, d'après les récits et peut-être sous la dictée d'Ibrahim, par
un de ses amis; il n'en est pas fait mention dans la liste des ouvrages que
le Fihrist (p. 1 1 5 ) attribue au fils de Melidi.
P. 5 (i). Au premier vers , au lieu de J..^ Jf , A , M,K portent JJiU I ,
et ces trois copies omettent la deuxième moitié du deuxième vers et hi pre-
mière moitié du troisième. Elles donnent ainsi le deuxième hémistiche du
cinquième vers : Ji«Jl {J<j L^ImJI yj-^^, à l'exception de K, qui porte
JJliJf comme la copie D. Au lieu de j,\S>Jl ^t elles lisent |DUiîl CJ^
et A seulement j^li-aJl, pour ^L.gl!.On trouve les mêmes vers cités
par Moberred, qui les donne comme l'œuvre d'Ishak bcn Khaicf; cf. Kamil,
édition Wright, chap. xxxii , p. 235.
P. 8 (i). D Jy^Ji-li c-^fjj et, après le mot çj^L>, la même copie
ajoute : JCHI i_>^^^ * ^^ <_> O^j . passage qui est omis par les trois
autres copies.
Ibid. (2). A, M, K pLvùûft et, même ligne, <u^ *iuj !^.
P. g ( 1 ). M, K passent Ç^-^y^ d remplacent c_jk;y> W^' <_>f>* . dont
la signification n'est donnée, que je sache, par aucun dictionnaire. A écrit
l^I <_>lyiî>, ce qui est encore plus inintelligible.
P. 10(1). D porte une leçon moins e.xactc : « Abd Allaii ben iVbbas et
Djabir. n
P. 12 (1). A, M. K ^ ^ e>r!_7^' "^-^ J y^f J-y <^'^' '*'
locution chinent comme Joseph est, en eflVl , devenue proverbiah' , mais la
408 VARIANTES ET NOTES.
rédaction de D semble pins simple et plus conforme au ton général de
la pln-ase.
P. i5 (i). D donne senl une leçon claire; M et A portent '--^t\>Jf, et
dans A on lit j^scxH, sans doute pour j^Is^ «francplin;» if convient
d'ajouter, en faveur de cette dernière leçon, que dans le Monarrah (p. lio)
j:fNt>.J' est donné comme l'altération arabe du persan «scN-J, et traduit
par dounadj , « francolin. » J'ai préfère suivre l'explication fournie par
l'excellent dictionnaire Bonrlian-i-i]âlî.
P. 20 (1). Ici et plus bas, p. 22, A, M, K remplacent L«J^-«v par
— vA*« ; je ne comprends pas le sens de cette exclamation.
P. 2(3 (1). L'emploi du même sullixe pour désigner différentes per-
sonnes, qui est d'un usage constant en arabe, jetterait quelque doute
sur ce passage, mais le texte de YA(jkaiii ne laisse subsist-er aucune incer-
titude h cet égard. Cf. édit. de Boulak , t. Xll, p. 3.
P. 28 (1). A, M lisent: «De la ville de Maarali dans le Diar-Modar. »
M et K, supprimant le point diacritique dans ^.<L.o , placent Rakkali en
Egypte. On sait que l'édition publiée à Boulak , et qui est désignée ici par
la lettre K , l'ourmille d'inexactitudes du même genre.
P. 29 (1). /Ij M, L) lisent f./)0~2, au lieu de L^i; d'après cela il fau-
drait traduire : «je suis fait pour servir, etc. » mais la leçon que j'ai adoptée
d'après A' a le mérite de conserver l'antithèse qui domine dans tout le dis-
cours. Le calembour étymologique , donné quelques lignes plus loin comme
explication du terme nedim, « courtisan , » a été repris et développé par plu-
sieurs lexicographes arabes.
P. 3o (1). A, M, K nomment le même personnage ù;Lc , AyjucIi, et
lui donnent pour surnom ethnique, K et M, Zeïdi, A, Zobcïdi.
P. 82 (1). Les trois copies lisent jLtf «la richesse; » mais la lecture de
D cadre mieux avec la pensée exprimée par le Khalife, et avec le vers qui
en est le développement. Dans le même vers, les trois copies portent
ii J2./0 au lieu de ^5 ^,^2^.
P. 39(1). L'expression ^JZsisdi^] î^'jf. répétée deux lignes plus bas
avec la variante *_c,làJ13 <x.sJ^. indique une double source de traditions
résumée un peu confusément par Maçoudi. Tous les exemplaires repro-
duisent la même leçon, qui fait évidemment double emploi.
VARIANTES ET NOTES. m)
P. /(3 (i). D seul continue le récit personnel en employant l'expression
^ ; les trois autres copies l'interrompent en disant >^5y^ ^Jx. J^U et,
par suite de cette différence de rédaction, elles remplacent plus loin
o-lai pur Jlai.
P. -U (i). D u^ dJi ^XS h jJ^ ^^ ^ <wU \jX»1p] «Est-
ce qu'ils le blâment relativement à sa science? C'est une accusation qui
ne peut l'atteindre. »
Ibid. (2). Au troisième vers, M, K portent \2^^a'Lo pour cV;^^xLo. La
traduction du quatrain n'est pas et ne pouvait pas être littérale. La pensée
doublement obscène du poète, et qui porte principalement sur les mots
LJ3 et ïyà^i, détournés de leur acception liabitucllc, ne saurait être
indiquée que par des équivalents, si toutefois le sens général est bien
rendu, ce que je n'oserais aiïirmcr.
P. 49 (1). Pour Dcn Abd Yézid, A lit Mâbed, etc. et D : Ben Obcïd
ben Zeïd. La leçon adoptée dans le texte est confirmée par Ibn Klial-
lican, texte, p. 626, et parle ?>iudjoum., p. 087.
P. 5o (1). A, M, Kjj^ «près de, dans la direction de.» On n'a pas
hésité à conserver la leçon de D; aujourd'hui encore, dans le dialecte
d'Alger, haiima, pluriel heuwem, désigne le quartier d'une ville. Ciierbon-
neau, Dicl. français-arabe , p. 'ifiy.
P. 5i (1). A l'exception de D, toutes les copies lisent tissiii et le Ibnt
mourir à l'âge de quatre-vingt-onze ans ; mais la copie D est un guide
plus sûr dans les indications de noms et de dates.
P. 55 (1). Les mots ben Ibralnm ne se trouvent pas dans les copies A,
M, K, et ne se lisent que dans D, où les renseignements concernant
la famille d'Ali sont ordinairement plus complets. La même généalogie
se trouve dans le Nndjonm, p. 3/i5.
P. Sg (i). Nom méconnaissable dans M; dans A et X on lit „^(>/.^
La lecture de D a pour elle l'autorité du Nudjouni, p. 3/17 en note, d'Ibn
el-Athir, t. VI, p. 2 16 . et dn fragment d'Ibn MicJikweih , publié récem-
ment par M. de Coejc, p. 4 23. l) seul donne Jaly , landis que les autres
copies portent ^gU, lecture ÎTiadmissiblc.
P. G2 (1). A cl l\ <l^y>ij^. , 1/ ^„aJ«^ ■ non pondue en /). (;'csl la
forme pluiiclh' chi tiiol À..<ij|\ " |)0|nila(c , lie du pcuph'. .. Voir l'cxplica-
a 10 VARIANTES ET NOTES.
lion de ce vocable clans le Kamoiis, avec la tradition qui en précise le
P. 62. (2). A qÎju^U^; D (jfjJ^i^i. Le nom de la ville de Bedd se
trouve, comme ici, sons la forme du duel, dans le Dictionnaire géogra-
phique de Yakout; A et M lisent partout jj.joV:-'!-
P. 6/1 ( 1 ). Au deuxième vers , pour (AÀc^ , D <U-^£., et au lieu de ^j^ ,
A, M, K (jv^k. Le même morceau, plus complet d'après les variantes
de YAcjliani, se trouve dans notre mémoire sur Ibrahim, fils de Mehdi,
Journ. asiat. mars-avril 1869, p. aSg.
P. 67 (1). D commence le deuxième vers par tAx^ c:JJ-^3 . 'e troisième
par Uj» Jl^L 'IJî ; au quatrième (_>Àaj ii au lieu de JjwAJ" ^^, et
an vers suivant ^JiXA./o y^.
P. 71 (1). La huitième forme de ^S signifie souvent, dans YAcjhani,
fredonner un air de manière à le graver dans la mémoire des chan-
teuses. On pourrait donc traduire ici plus exactement : «Voulez -vous
chanter le morceau que je vais vous indiquer d'abord en chantant moi-
Ibi(J. (2). A, M, K écrivent à tort «Ibrahim, fils d'Ishak,» ce qui est
un anachronisme. D est d'accord avec le texte de YAghuiù. Cf. le mémoire
cité p. 267, note.
P. 73 (1). Met K (j_jtoJf.
P. 80 (1). Il est possible qu'il y ait ici une altération dans le texte,
et qu'il doive être rétabli conformément à la leçon plus sûre du Fihnst,
p. 53: 5^^ ^^ (J-Jyi.«^^ ^■^. o^. l •^'■>^- On lit dans le même
ouvrage que le Livre des hldmes était dirigé contre le Prophète. Ibn Khal-
lican, dans la notice spéciale, confirme ce qui est dit dans le Fi/i-rwf de
l'humeur agressive d'Abou Obeïdah.
P. 82 (1). Le premier vers ne se lit que dans la copie D, les deux
vers suivants se trouvent dans Y A()haiii , Ul , p. 167, mais le récit qui les
accompagne diffère complètement de celui de Maçoudi. D ajoute un qua-
trième vers que les autres copies ont omis :
ijcc. y^j\ dur j^c^i\ cAs::s^\ is'
P. 85 (1). Au premier vers, D ,^\J| Je, A brise le mètre en écri-
VARIANTES ET NOTES ' 'ilî
viinl l^«^». Dans le troisième vers, A, M, K lisent "A^. ^^g <r| [^ ,
et /) termine le même veis par ^;;>j».À.X^ I .
P. 87 (i). A, M, K .^s.] ^j./o. Le vers suivant est autrement rédigé
.n /> ■ _ '
Les trois autres copies écrivent ! j>.it> au lieu de 13, ce (pii ne permet
plus de scander le vers.
P. 88 (1). Le passage compris entre cAj ^ fj jusqu'à owij" ^c est
omis par A, M et K, lacune qui rend inintelligible une phrase déjà obs-
cure. Dans la ligne suivante, le terme U;^' a été traduit d'après le sens
spécial que lui donnent les scolastiqucs. Voir Prolécjomhics d'Jbn Klialdom ,
traduction de M. de Slane, III, 1/16 et note.
P. 90 (1). Le mot AjN_à_;^ est abrégé ici par licence poétique; A le
donne sous .sa forme ordinaire, contrairement au mètre qui est une va-
riété du l;hafif: 1) le remplace pai- -j^'i^ «anémone.»
P. 91 (1). A, M, K t^LA_iJjiLj ^^^\ _jUi^JI J. D'après le
Fihrist (p. 1 1 1), cet ouvrage aurait été rédigé sous forme de dictionnaire.
Je suis porté à croire qu'il fut dédié non au fils de l'auteur, puisque nul
témoignage ne vient établir qu'il eut un fils de ce nom, mais au prince
Abou Ahmed Monaffak, Itère du Ivhalilé VIouta/.z. Si cette conjecture
était admise, il faudrait alors, au lieu de
^.
oyfl, etc.
jTï^^r' O-!' y^' '"^ L)'J-*^
P. 9d (1). Telle est la leçon de A et A.' confornu- à celle de Yakout;
les deux autres copies l'ont rendue méconnaissable. Beladori écrit plus
exactement (j^jotsi- Cf. Liber cxpuçjnalionum, p. ■.\()i , ci Kilab cl-Oyoïm ,
p. 377. Mirkhond, t. III, p. 196, éd. Bombay, a adopté la même forme.
C'est certainement le cours d'eau qui est nommé ïloSavTÔs par Michel
Altaliotc, éd. Bonn, i853, p. 121. Cf. Cedrenus, éd. Bone, 1889, t. II,
p. 217. Plus loin, p. 99, Maçoudi, en appliquant au mot Kocliaïrali la
prétendue étymologie donnée en présence de Manioun (de 'aôêa et de
TE/W), nous apporte luie nouvelle preuve de son ignorance de la langue
grecque.
I'. 100 (1). ]/ Lîl/wl2>.v (>j; /' C^IaI-wv; \oii- la unie précédente.
P. 101 (1). /) lermuic ainsi le deuxième vers ; ^^^M *S!^ ^ J;
lii'l VARIANTES ET NOTES.
'1 , u^jUÎ- Ce distique est souvent cité jxir les historiens; on en trou-
vera notamment les variantes dans Kkab cl-Oyouii, p. 2>']8; Fakhri ,
p. 26/j; Kazwini, Athar, p. i/i6, et dans le Dictionnaire de Yakout, s.
V. Tart^ous.
P. io3 (i). Trois copies, A, K et /), font suivre a,^Ϋ d'un autre mot
illisible : K iL^p,.L»,\ , A et D <U2»LvwI. Abou '1-Féda nous apprend que la
mère de Moutaçem était originaire de la Sogdiane: ce serait donc dans
les localités de cette contrée qu'il faudrait chercher la lecture de l'eth-
nique défiguré par les copistes. Au lieu de Mar'uLih, K donne lautive-
ment Mariah. Cf. à l'appui de notre lecture Tâlebi, Lalaif, p. 86; Nu-
djouin, p. 38o; Ibn Kotaïbah, p. 199.
P. 106 (i). D passe cilsiA.-o| et écrit, d'accord avec A, AaÀaC. M. de
Slane, que j'ai consulté sur ce passage, n'hésite pas à y trouver une cx-
prcssiou injurieuse et obscène; ^j^ serait employé ici dans le sens de
^j5; on en trouverait l'équivalent dans les bas-fonds de notre langue,
mais le lecteur voudra bien me dispenser de cette recherche.
P. 111 (1). Lecture douteuse; A, M, K ï.jÀ^ yo .
vP. ii4 (ij. Les leçons de cette phrase araméenne ont été, comme
on devait s'y attendre, fort maltraitées par les copistes. D écrit AJlauI
IsiJy^ Ij bsi , K Ui Ij^Ij (J^9 (Ja-w I , et /l Là_9 L^L) . -'V {.A>y3 Jl«.u, ]
Ls^^lj. M. J. Halévy , qui a bien voulu, à ma demande, entreprendre la
restitution du texte, pense que D fournit les meilleures leçons, c'est-à-dire
le premier et le troisième mot, K et M le mot du milieu; en conséquence
il l'établit la phrase araméenne de la façon suivante : NDriinn ^P"l^ ^'p'Ç
ou "^jrnnn, littéralement : «Prends mon corps sous toi, h la place du
tien,» ce qui serait f équivalent de la formule arabe si connue cibojij.
Quant à la forme XD . pour "It , elle serait particulière au dialecte man-
déen ou sabéen. ( Hoffmann , Granim. sjr. p. 160.) Néanmoins cette in-
terprétation, si ingénieuse qu'elle soit, ne rend pas compte de l'arabe
<_)lii u , et il y aurait lieu de la soumettre à im nouvel examen.
P. 1 iS (1). Telle est la leçon de D et M. La copie A porte L)Ji^\.
et K iUttÀsjf.
P. 119 (1). A, M, K lisent fautivement /jlifjl; /) seul donne l;i
bonne leçon, comme le prouve le passage correspondant du traité de Ya
koubi.p. 3o, où le même nom est écrit ijl^yJ- Telle c-^l aussi forliio-
grnplie adoptée par Yakoiii ; seulement ce géographe se liotnpe eu disant
VARIANTES ET NOTES. 'il3
Arpl parasanges. Ibn Khordadbeli s'accorde avec notre auteur pour placer
lîaradàn à quatre parasanges de Bagdad. Voir Livre des routes , p. :>. i/i.
P. 120 (i). A. M, K jLJJLj «de (la fraîcheur) des nuits.» L'exacti-
tude de D est attestée par le témoignage de Yakoubi (('tùZ. p. 3i) ,qui s'ex-
prime en ces termes : Ijo^ o>«-= l^ ^LulL-
P. 1 2 1 (1). A, M, K i^^[ii>yS>. L'éditeur de Yakoubi (p. 29) trouvant
ce nom sans points diacrili(|iies, a proposé la lecture /jU)y\i?, nui ne
peut se justifier.
Ibid. [2). Passage donné seidement par D, qui ajoute o^LuJl «va^o ^
^~, etc. li ne m'a pas été possible, à cause de ia lacune que présentent
les autres copies, de restituer ce nom. Les localités nommées par D Er-
radjân et Iloidwdii sont absolument méconnaissables dans les trois copies.
P. 123 (1). Lacune dans les trois copies; D, qui seul est complet,
écrit «vaac au lieu de o JCc. Le nom adopté ici se justifie par les rensei-
gnements que nous donnent les Chroniques arabes sur la composition
des troupes qui avaient embrassé la cause de Babek.
P. 124 (1). D ajoute j/*(>_i_c <v^i. (_^Aisfc» «et il laissa son troupeau
parmi eux , » addition peu admissible.
P. 12G (1). Nom douteux. A l'écrit «.ilsi^j; K jooUjj; M S^Ujj.
P. 128 (1). L'explication de ce mot ne se trouve, à ma connaissance,
dans aucun dictionnaire; peut-être serait-ii mieux rendu par band<:s on
ramages, car o^Ijlw signifie les stries d'une lame damasquinée.
P. i3o (1). A, M, K ^jwil; les historiens arabes ne donnent pris le
nom musulman du fameux sectaire Babek. Mirkiiond, (pii traduit litté-
ralement tout le passage des Prairies d'or qui s'y rapporte, omet égale-
ment le nom en cpiestiou.
P. i3i (i). Premier vers. A, M, K Zi\ (j^/,\ L ; deuxième vers, les
mêmes copies finissent l'hémistiche par ts_j;. j^^sjJi; quatrième vers,
A»f C^Lst) dans les trois copies, contrairement au mèlre. Luire le cin-
quième et le sixième; vers, /) seul ajoute celui-ci :
U<>AO ^J S.s,^ Lit UÀaj i_)y3 ^y^
!i\li VARIANTES ET NOTES.
Dans l'avaat-clernipr vers, pour ^y^, l^ 'i' &(>-~3. Wj^^i», A 'r- e.M>,
rt deux copies terminent le même vers par f^Ajij.
P. i33 (i). Pour ^_^i>y[\, A, M, K «^sbj^f. Le poêle emploie dans
le dernier vers le masculin, conformément à une licence autorisée en
poésie, et afin de ne pas choquer les bienséances; d'après cela, le premier
hémistirlie s'applique au mari et le deuxième à l'épouse. En ce qui con-
cerne le mot wichuli, il importe de remarquer que ce nom signifie tantôt
un double collier porté par les personnages de haut rang, tantôt une cein-
ture lâche qui pend en forme d'écharpe le long des hanches; dans ce der-
nier sens il s'applique ordinairement à une femme. C'est ce qui ressort
clairement d'un fragment du commentaire de Wakédi , cité par M. Dozy
dans son lyictlonnaire des noms de vêtemenls , p. /129.
P. i3/i (1). A, M, K s^ImJJ] ciUifc ^iujli. Cf. Joiini. asiat. 1869,
mars-avril, p. 277, où j'ai traduit avec moins d'exactitude amI Zy^ Ij
par « colère de Dieu. «
P. i35 (1). D (jjyjl; M et K C>r>.0^- Les passages en question étaicnl
connus sous le nom collectif de Dcrb el-Hadès; au dire de quelques géo-
graphes arabes, les Musulmans, après y avoir été défaits sous les premiers
Khalifes Omeyyades , lui avaient donné par antiphrase ce nom , qui signifie
M Défilé du salut. » Voir cependant une autre version dans Bcladori , Lilwr
expugnadonum, p. 189.
P. i36 (i). K ^JsLa; D ^JsU , et plus loin (ti^isU.
P. i37 (1). A, M, K (j^y^ ;ftVo iji O)^ l>^ (variantes dans A et
M q;U et QsvLo); D qLU' j.j et moins lisiblement ÎcNaJ qJ. Les
huit lignes qui suivent ne sont données que par D. Il n'est pas inutile
de rappeler que le nom persan, ou plutôt parsi, est Vcndad; on trouve
dans les Annales du Tabaristan la mention d'un certain Vcndad-Hormuzd ,
qui se révolta sous le règne de Mehdi. Cf. Spiegel , Nuchrichien ùber Ta-
heristan, dans le Journal de la Société orientale allemande, t. IV, p.' 68.
M. Spiegel assimile le nom Vendad à la forme pehlevi riN"!j*. Vendùl :
les historiens musulmans auront transcrit ce nom sous inie forme aussi
gravement altérée que celle de î\itas pour Pontos, etc.
P. iSg (1). D,au premier hémistiche, l.gJUk "So- Au lieu 'd'Aliou
Tammam, les trois autres copies écrivent à Inrl àU^il ^jI-
P. 1/12 (1). A, l\l , K j,L.u^AitjJ!; /-> j:,Lm<^6iJl; le nom est rélahh
<rapi'<'s le \ndiniiin.
VARIAMES ET NOTES. Ulh
1'. i/,3 (,). .1 j^Lv^ll; .1/et K J,!^*J|.
Und. (2). Forme douleusc : M (j.UJf; /> (J.U.JI. Je n'ai trouvé
aucune mention de ce personnage chez les biographes spéciaux.
P. 1 '47 (i). -1/ et A' \yj ; A [yo. La lecture de Z) est conforme a l'ortlio-
graphe de Yakout.
P. as (1). Leçon moins claire en D ; jub^ ^ (jiJ^cic;L
Ihid. (i!). Au lieu de J^jJi , /i , il/, R' LcjJl; d'aprës cette variante, le
sens serait : «On le place comme un bouclier aux reproches, » c'esl-à-diro
«C'est le but ou la cible des reproches, des malédictions.»
P. 1/19 (1). .1/, K ç-y>\--, l). au lieu de ^cu , écrit a^.
Ibid. (2). A, M, K J^f^l (^. Pt. an lien de JLcli ^\ , les mêmes
copies donnent Aji\s ^r\ .
Ibid. (3). D ajoute Ai a^Jc (J^K- Ic" commencent de notables dif-
férences et plusieurs lacunes dans les deux copies K et M, mais elles sont
pour la plupart dues à la négligence des copistes. A place cette phrase
cinq lignes plus loin, après *.,jLkj ^.
P. i5i (1). L'édition imprimée à Boulak et la copie V donnent ici une
variante du même récit qui est, à mon .sens, une interpolation; je crois
devoir néanmoins le transcrire d'après K :
t> 7^ -i tX (J J — :■: — -U^ c'^-A_L^ LîwlV-'I j^j Jy I
1,0 reste cntiune dans noire Icxle.
I'. i.î'> (1). La i>ll>liiiliir(|n(' nationaii' pi>ssr,|c inu' (Mipic assez nioderni
416 VARIANTES ET NOTES.
du Divan d'Abou Tammam (suppl. arabe, n° 2292); cilc provient de la
collection de notre maître regretté, Caussin de Perceval. Le vers cité ici
fait partie d'une pièce que le poète composa au retour du pèlerinage, et
qu'il dédia à Abou Saïd ; il est donné sous cette forme incorrecte (f° 89 r°) :
l ^^1 C. A»l_J fj^'jy^^l ^ JO>iî CSf^ (j\ yS^l^yl ^^î^
p. i53 (1). Leçon de D; les trois autres exemplaires portent ,.j~j1
(^\i}<a^. La véritable leçon paraît être « Abd Allab, fils de Huçeïii, fils de
Saad. » C'était lui rapsode originaire de la ville de Kotrobbol , et qui
fournit de nombreux documents à Isfahâni. Voir Agliani, t. XVIII, p. 169
et passim.
P. ibli (1). A, M, K, au lieu de c-sAaJ. lisent (_>JiiiJ' , ce qui rend
levers faux. Au deuxième vers, D, pour ïji\iy.^, donne i5\L?) ^t, au
suivant, remplace 3su\ par ji^aiuî. contrairement à la mesure. Cette
pièce manque dans le Divan cité plus haut, p. iSa.
P. iS'j (1). Le manuscrit de la Bibliothèque nationale n" i483, suppl.
arabe, renferme quelques parties du Divan de Bohtori, mais il est rempli
de lacunes; les pièces n'y sont pas rangées selon l'ordi'e alphabétique,
l'écriture en est négligée et ses leçons n'inspirent qu'une confiance mé-
diocre. Je donne pourtant ici et plus loin quelques-unes de ses variantes.
Premier vers , pour o ./> , D J^3 ^j^ , Dlv. Jjl:) ^. Deuxième vers ,
rime , K et Div. 3ÎvJ • Troisième vers , pour e>^ > Div. c:j^.« • Quatrième
vers, pour ^iJLilj, K (jJL^Ij . A et Div. (_^ii.L).
P. i58 (1). Au deuxième vers, au lieu de •♦^o. Div. porte f>o^\^ et
supprime l sans respect pour la mesiu-e. Je confesse mes doutes sur le
sens du dernier vers : au lieu de ^sJ\ , D lit (JlS^i et Div. GîU^'; en
outre, Div. donne ce vers après le premier, et le fait précéder des deux
autres vers omis dans les copies de Maçoudi.
Ihid. (2). Au lieu de ^jjblyjl , Dïit ^]yj>, A et M ^J^\yJ\. Le
distique entier est omis dans le Divan.
P. iSg. (1). Premier vers donné seulement par D. Le troisième vers
est particulièrement défiguré dans les copies, et d'une obscurité que je
n'espère pas avoir dissipée. Le premier hémistiche de ce vers est, dans D,
après /w-5e/ini.-^L.£. (_>cl 00 cN*J ' ; ^^ (_^ l (>J I <>..«) I;'4 ^js>.\ O^oJmJ]
et le reste non ponctué. Pas de traces de cette pièce dans le Divan.
P. ifio (1). Au lieu (le ij^y^\ Jr;^« ' l^'^'- ^'f''' (JtN-^il (j^-?^-^- '^"
VARIANTES ET NOTES. il7
deuxième vers, pour i-^. D JlsÇ; Div. àjC. Au troisième vers, pour
^L, Af «jLj , .1 et Div. «^Li et, à la rime, Div. «À-»! «noir foncé.»
P. i6o. (2). Au lieu de ^I0>.J , D'v. ^loo' et, à la rime. Ic'Jl*. Pour
ixjy^, A, M, K i^iy:o.
P. iGi (i). Premier vers, A, M, K AJO^c s^vJI; à la rime, Div. vlxt.
Quatrième vers, M, K <^LajiJI.
P. 162 (1). A et 3/ lisent «AbouOmar, fils d'Abou'l-Huceïn Toussi;i
variantes erronées en K.
P. i63 (1). Pièce adressée à Salih ben Abd Allah le koreïchite, Divan,
fol. i58 r". De tous les fragments cités par Maçoudi, celui-ci est certaine-
ment le plus incohérent, soit qu'il ait fait ses citations de mémoire et à la
légère, soit que les copistes aient retranché, de leur propre autorité, plu-
sieurs passages d'un morceau qui leur paraissait trop long. Ainsi , à partir
du deuxième hémistiche du deuxième vers, commence dans le Divan
une suite de sept beît omis dans notre texte , et les autres hémisticlies se
présentent dans un ordre différent. Les lacunes sont indiquées par des
points dans la traduction ; quant aux variantes , elles ont relativement peu
d'importance et, comme pour les fragments qui précèdent, D se rap-
proche mieux du Divan que les trois autres copies. — Premier vers , A ,
M, K «vJJa: j>-o. Troisième vers. A, M «iXo». Sixième vers, A et Div.
tvâ; A, M, K ^^ÔlsU.»'. Septième vers, au lieu de [Tj^Csu*, les trois
copies Ljjjjt^, et, pour o^j^i. les mêmes o^dl, déplus, lacune d'un
hémistiche. Neuvième vers, JUI «U/^uk.^! dans A, M; K. Dernier vers,
les mêmes «A-aj Lo cl ^Jo L , ce qui est une faute de quantité.
P. 166 (1). A ^i!; M .u^AAill; illisihl.- e„ /).
P. 167 (1). D y»iij|, au lieu de c^^yM des trois copies et d'Ibu Khal-
lican, qui cite les trois premiers vers. Deuxième vers, /) répète ydisf ;
A et M qJUI'I. Troisième vers, M [j^t^ ^^ ^jC^>- o«JiJi-i^- Septième
vers, au lieu de Lj|, A, M, K '3I.* et, au vers snivaiil , {.'iXc au lieu
l^ j . Dixième vers, an lieu de t_j»oVK /> i_jySZ>: M ij^jSZ; A cJv5^-
P. 169 (1). Il y a ici une faute (le qiiaulilé dans 1rs copies, la douxiènio
syllabe étant nécessaimni^nl hmtjnr dans Ir mèlre iiinlrharil) ; peut-être
VII. -7
!i\8 VARIANTES ET NOTES.
tlevrait-on lire /ib^" ïLi^tSà . M et K ajoutent, après le troisième beït,
un distique qui n'a aucune liaison avec la pièce, le voici :
(^.J^jJ! (>».J^ |»y^ (J*_3^ p.\^J\ ijy3^ p-^f csf-
P. 171 (1). L'éditeur de A' arrange ici le texte à sa gui.se: Jls , yiso*
<_>L.<:iJI is\^ (J^ cJ'tÇj imW <-jîtN< cs3?.J jA^. Au lieu de^>o,
j'ai suivi la leçon de D, qui m'a paru plus appropriée au texte; voir, sur
le mot ^A^ et sur /jljjC2:J^, les observations d'Abdallatif. Au lieu de
yf^^, D porte y^.€W-«.
P. lyb (1). A, M, K aaIiaj. Le mot ^^yji n'est donné que par M
et K.
Ihid. ( 2 ). Lacune d'une ligne dans les trois copies entre les deux mots
x-f^^Ji^i , ce qui rend la phrase inintelligible. L'éditeur de K avoue son
embarras dans une note marginale, et constate une omission dans le
texte, mais s'il ne elierclie pas à la réparer en consultant d'autres co-
pies, il faut lui savoir gré de ne pas avoir façonné le texte à son caprice,
suivant le procédé trop fréquent des érudits musulmans.
P. 176 (1).' D dit simplement (jl_j t_>.sbi>-J5 S-'^^Jr! • ^ [t— ^-*y3
(jL, etc.
P. 177 (1). Le premier nom est écrit 4«^/oLo par A, M, K, et le se-
cond j>*^2kUL^ par A et M. D ne donne que le premier. M. le D' San-
guinetti, Journ. asiat. i85/i, p. 243, traduit les Ashab hicl par métho-
diques, et cite, parmi les chefs de cette doctrine, Thessalus deTralles,
qui est peut-être le Sasalius.de notre texte. Au lieu de ^Asi. A et A'
portent J>A.il , M J^Aril.
P. 180 (1). A' lit iù^js' , «pierreuse:» le même mot est illisible en A.
P. 196 ()). D termine le deuxième vers par (>^jj| J^aS ^^jj'ai suivi
le texte des trois copies conforme à la leçon de YAcjhanij t. XX, p. /17.
Troisième vers, K <k.^[SC.3 , au lieu de *jliCo, et, dans le vers suivant,
au lieu de a.«IjÎ, D ajL^I, YAfihani Ajl^f. Ce moi-ceau n'a pas moins
de quarante-trois voi's dans le Livre des chansons.
P. 197 (1). Les trois copies ikuIcuI ^lrs.^i' ; D passe le paragraphe
VAUIAMES ET NOTES. U\d
♦Milicr. J'ai suivi la leçon donnée par Fakhri; en outre le géographe
Yakout donne, s. v. U l>>v> . quelques renseignements sur le même
personnage.
P. 199 (i). K finit le fragment par jusc'. Voir les variantes dans le
Dictionnaire de Yakout, s. v. (Us.:ï» yJ.i.
P. 201 (1). Troisième vers, D (j^\ L>; M ^j^aJf j>L«. Dernier vers,
deuxième liémisticlie, 1) jj^^^j , et, pour l.AJ«3, A, M, K Lgjk^
llnd. (2). L'ordre des vers n'est pas le même dans D et les trois co-
pies; j'ai adopté celui de Yakout, t. II, p. 70-7. Au troisième vers, A et
K' écrivent UijaiJ ^J^^^■
P. 202 (1). M et K attribuent ces vers au poète Abou'l-Alahyah , ce
qui est une erreur chronologique assez grave. Cf. Y'akout, s. v. fyCV-o. A
lit (jv^^^iJl , et, dans fédition du Fihrisi , on trouve ^^^^ , lecture éga-
lement erronée. VAgkani, t. XyiII , p. -yS, donne jusqu'à trois versions
du même récit et cite les quatre premiers vers. Au cinquième vers, D
porte (Jyi>2i (^liLoI.
P. 2o3 (1). Premier vers. A, M, K JiAj' et, à la rime, ^Ja,ij".
Deuxième vers, D Jyêi- (j ist\AA>c 3I, leçon que le mètre fait rejeter;
A ^y]l ^ b'^L.^ 3I. Cf. A(jham,loc. laud. p. i-y/i.
P. 2o5 (1). Le seul mot douteux est celui qui termine le deuxième
vers; /) l'écrit qI^À^Î , A et M j,l JU.iJf. La vérilahie forme, hien que
les dictionnaires ne la donnent pas, me paraît être j,Liu.iJf, puisque
l"i'pillièt(! Jix.i; se donne au poil fauve de l'alezan. La scène grotesque
où Saimari joue le principal rôle eut, paraît-il, un certain retentisse-
ment; le grave auteur du FUuist lui-même lui consacre quelques lignes,
p. 25 1. Le bouifon du khalife fut, s'il faut en croire le même ouvrage,
un astronome distingué, et la liste de ses œuvres présente le plus étrange
assemblage de travaux .sérieux et d'opuBCules obscènes. J'ai cherché à
alténner la niaiserie de la Chanson Je iâne en la traduisant eu vers, et en
m'ellbrrant de conserver le mètre arabe et l'uniformité de la rime, mais
je suis le premier à reconnaître que le rigorisuu: de notre langue rend
presqm; toujours infrnctunises de pareilles tentatives.
P. 2ot) (1). Fausse leçon dans toutes les copies. Il s'agit du célèbre
grammairien IXiflawaïli ,<]nu\ le nom vi'ritahh" esl Abou Abd Allah Ibrahim
bi'u Mohaninicd hcn ()l^■,l||; il lui, .ri ilVcl , nii de,s nombreux élèves de
li20 VARIANTES ET NOTES.
Mobened. Voir sa notice dans Ibn Kliallican, trad. I,p. 2f), et FihrisI ,
p. 81.
P. 207 (1). i4 et D ♦<')*>*3 , mais la deuxième forme est plus exacte;
l'expression taaricl, ou indication détournée, est employée dans la rhéto-
rique musulmane pour désigner une espèce particulière de métonymie.
Cf. Jonrn. asiat. décembre i8/i5, p. 46 1.
P. 209 (1). Toutes les copies passant (^ou , il faudrait traduire «en
2 3o;)) mais c'est une méprise évidente de fauteur, puisqu'il ajoute plus
loin, p. 21 1 : «En la même année 233, etc.» Voir d'ailleurs les notices
données par le Nudjoum et le Karnil.
P. 210 (1). Deux copies, K, M ajoutent im vers qui n'est nullement
en situation :
P. 2 1 1 (1). L'éditeur de K, oubliant que Maçoudi emploie fréquem-
ment ^JiC ^6 dans le sens de gouverner, s'exprime ainsi dans une note
marginale : « La leçon iva Jsana ala Bagdad se trouve dans toutes nos
copies; il y a sans doute ici une lacune et il faut ajouter un mot comme
chortah, c'est-à-dire il était chef de la police de Bagdad. Cette hypo-
thèse est d'ailleurs justifiée par ce qui suit: «et il fut remplacé dans ses
fonctions, etc.» Que le lecteur fasse cette correction.» Historiquement
du moins, la remarque de notre confrère Mohammed Sabbagh est exacte.
Cf. Ibn el-Athir, t. VII, p. 35.
Ibid. (2). Nom douteux: K et M ^-^ v_); D 3,i_«,^f au lieu de
p. 216 (1). Au lieu de linhli, K porte oLo\if[, «les serviteurs»; A
^Lo.Ji'î; illisible en M.
P. 218 (1). M et K ï:>y^; A TS.y^.
Ibid. (2). K ivaill; O écrit «Haroun, fils d'El-Moutazz. » C'est peut-
être la bonne leçon, mais, quoi qu'il en soit, il ne s'agit pas ici du fa-
meux prince à la fois poète et musicien , connu sous le surnom d'Ibn
el-Moutazz , car son nom était Abd Allah.
P. 220 (1). Les trois copies écrivent à tort /juji. D, que nous avons
suivi, s'accorde avec Ibn kliallican, texte, p. 33, où se trouvent les deux
premiers vers. D s « .U J [ £vû/o.
VAlllA.NTES ET NOTES. i2l
P. 2 22 (i). Leçon uii peu différente dans A , M , K : j>.o J.-û3 L««
Ibid. (2). /l, ilf. If lisent «Ei-Kaçem, fils de Djâfar, etc.» D «Abou 'I-
Kaçem Djàfar , fils de Djâdan. » Le nom est rétabli ici d'après Ibn
Khallican, texte, p. 694. A la ligne suivante, au lieu de Salihi, D porte
^U-aJt , les trois copies ^^L«i^[. Dans le traité intitulé Homonjma, etc.
publié par M. de Jong, p. 85, il est question d'un certain Abou '1 Haçan
Salilii, de la secte des Zeïdites.
P. 224 (1). A et M [^_$LiJy£, (joj\ ojl; ^ (JoJf Ljf., etc. La pre-
mière leçon se lit aussi dans Ibn Khallican, mais la copie autographe
porte ^^5\X5yC comme D. Cf. trad. t. II, p. 4 10. M. de Slane traduit:
«'Tis thou who drownest me after meeting with thy fate; » prenant LâJUl
dans le sens de trépas. Ma traduction s'accorde peut-être mieux avec les
préjugés fatalistes des musulmans.
P. 22G (1). Deuxième vers, pour ^y^^, K et M Jil^; A JjJ^. Ibn
Khallican ne le donne pas.
P. 227 (1). A , M K, ."^jL et, à la ligne suivante: «Mohammed, fils
d'Ahmed Toussi.» Il s'agirait, dans ce cas, de l'Émir ainsi nommé qui
périt, en 2i4 de l'hégire, dans l'expédition contre Babek.
P. 228 (i). M et A (^^W\ ■, altérations plus graves en A'. La copie
/) seule respecte l'orlhograplie de ces noms, mais elle présente plusieurs
lacunes dans la suite du récit. Cf. Ibn el-Atliir, VII, p. 2G.
P. 229 (1). M. ô^Jil; A omet le nom; K jo^t, leçon inadmissible;
Moueyyed, prince du sang et liéiitier présomptif du Khalifat, ne pou-
vait tenir le langage Iiumbie que lui prête l'auteur de cette tradition. La
secte des Parsis, dont le Moubedân était le clief religieux , vivait obscu-
rément en Perse, protégée par la tolérance de la coutume nuisiilmane.
P. 2.3 1 (1). Ici se place un paragraphe ([u'on doit considérer comme
interpolé : ^js._aJvL /p?" *>->« (-'1 ^M'i '^-r>-^^) -S' O^ <J'*^ Cli*^*
Je n'ai trouvé uulhî j)art 1111 mot de l'cuscigiictneMt sur ci; personnage.
P. 233 (j). l) .il^l; passage douteux dans tous les exemplaires. A
la ligne suivante, A et M iL^OM\.
422 VARIANTES ET NOTES.
P. 335 (i). La réponse d'Amr, c'est-à-dire ia ligne entière, n'est
donnée que par D.
P. 2 36 (i). J'ai cru devoir ajouter les mots ii{Ai> jLs en supposant
une lacune dans les copies. Sans cette addition le rôle des deux adver-
saires serait interverti.
P. 237 (1). D'après la rédaction de nos copies, l^^à s'appliquant à
l'année citée dans le paragraphe précédent, Souli serait mort en 2^0 , ce
qui est inexact. Cf. Ibn Khallican, trad. t. I,p. 24. D'ailleurs ces dates
sont données avec une certaine négligence par les copistes de Maçoudi ,
c'est ainsi que, plus haut, la date de la mort de Rawendi est placée en
2o5, tandis qu'il faut lire 2 A 5, etc.
P. 2^0 (1). Voici les variantes principales de ce morceau, rédigé en un
style si goûté des Orientaux et pour nous si obscur. Pour ^y^Ijj , A, M
eisLiA; pour Jf^aJÎ, M, D tSX-oli D (J^isâ ^^^jSi ; -1/ i^'y^9 ; pour
p. 24i (1). Au lieu de lOjJwj, A ^t^A^J; l'Aghani, t. IX, p. 3o,
répète ^L./LwJ>'. Dernier hémistiche dans A, M, K :
p. 242 (i). Le deuxième vers n'est donné que par D; on le trouve
fi *
aussi dans YAghani [ihid. p. 25) avec la variante (J^j, au lieu de i^c,.
Ibid. (2). Lacune de sept lignes en j1/ et K. La copie A place ce dis-
tique après les vers rimes en q .
j> >
Ihid. (3). Au lieu de (jLïJI , K eijlÂxi; le deuxième vers est omis
dans YAgliani [ibid. p. 34); il est cependant indispensable au sens.
P. 243 (1). Deuxième vers, au lieu de l^cVÀJ, D UjjjOo'i M UotVJ ;
^1 bJtV.J.
P. 244 (0- M et .4, au premier vers, (_$sj"[, d'après quoi il faudrait
traduire: «Ta pensée est de m' enrichir. » Au deuxième vers, les mêmes
copies altèrent la mesure eu écrivant «-Ua.^'. Sur l'abréviation 9^12.^^^ ,
voir le Commentaire de Hariri, 1" édit. p. 80.
P. 24G (1). h'AgiLaiiiji. VIII, p. 23, cite le même distique, mais le
second vers y est plus conforme h la pensée du poète.
VARIANTES ET NOTES. 'v23
P. 2/i7 (i). Ce mot doit être lu <uv.X avec le sens qui lui est cJoaué
par le Koran, III, 12. Voir les observations Je M. de Jong dans son
édition du Lalaîf, p. xi, et celles de M. de Gocjc, Fra<jni. Iiistor. arabic.
t. Il, p. 3. Ibn Khallican, en copiant textuellement notre récit, p. 348,
a rejeté cette même expression comme inutile ou peu claire.
P. 249 (1). A, M, K à tort i}Jj£ ^o xv^vj!. La copie D ajoute seule
cet alinéa: «En 242, mort d'El-Haçan, iils d'Ali, Kerabissi. » Tout cela,
nom, prénom, date, est erroné. Cf. Ibn Khallican, texte, p. 2i4; Ibn
ei-Atliir, VII, p. 5g.
îbid. ( 2 ). .1, .)/, K (__3LijÇ; le Dictionnaire de Yakout ne cite ni l'un
ni l'autre de ces noms.
P. 201 (1). Les copies donnent ici le fragment suivant, que je crois
être une interpolation duc à quelque Chiite fervent. On ne le trouve pas
cité dans le chapitre de l'origine des Perses, et le renvoi indiqué par
l'auteur ne peut se rapporter qu'aux vers précédents. Au surplus, la ré-
daction du paragraphe est confuse et dénote une certaine précipitation.
Voici le morceau supprimé; je le copie dans l'édition de LJoulac : J^Sj
Ibid. [ 2). Au dernier vers. A, M fjoJiju ^. En employant le terme
ChériJ, le poète fait probablement allusion à l'origine de son adversaire ,
([ui descendait de la famille du Prophète.
P. 203 (1). A, M, K ajoutent ce vers après le troisième:
A et M le terminent par a^jAif. Au vers suivant, ^ ^ u*.^ , K ^
p. 255 (1). D, au premier h('mistich('
P. 270 (1). Les copistes, ii rexceplion de celui de />, ne comprenani
pas que la sultane était nommée Kabihah , par antiphrase et à cause de
i2i VARIANTES ET NOTES.
sa grande beauté, ont changé son nom en celui de A-^yO- A l'appui de
cette explication , voir le Lataïf de Tàlebi. Ibn el-Athir s'exprime en ces
termes :
Kunùl et-tevarikh, VII, i35. Ce que Mirkhond (éd. de Bombay, t. III,
p. 2o3) traduit par l'hémistiche suivant:
P. 270. (2). Le même historien persan rend le mot milraf, dont il est
parlé ici , par tchâdir-i-cheb , « manteau de nuit. » Ce terme n'est pas ex-
pliqué dans le Dictionnaire de M. Dozy.
P. 276 (1). Pour 1*3 y«, A ei M ^isy»; en marge de D, ce mot est
remplacé par [J\$ o d'une main étrangère.
Ibid. ( 2 ). D dit seulement «quatre cents concubines. »
P. 277 (i). Au lieu de ^^\J^< A, M, K ^^\J et, au troisième
vers, A>Jw«AJ S_w|. Voir les variantes dans AgJiani, t. VI, p. i83.
P. 278 [\). A, M, K a. tort o>;N3Ltl ^>J|. Il n'y a aucune raison pour
adopter le diminutif Boaït, comme l'a fait l'éditeur d'Ibn el-Athir, ibid.
p. 32. Cf. au contraire les Généalogies d'Ibn Doreïd, p. 1/17.
P. 279 (1). D supprimant une ligne, les vers, d'après cette copie,
auraient pour auteur le même poète Ibn Baît. Cf. Ibn el-Athir, ibid. p. 64.
P. 282 (1). D'après-D, Kabihah elle-même se présente devant le Kha-
life : JL^Ji o»^.^^- On a vu plus haut, p. 270, que c'était celle de ses
esclaves-mères que Motewekkil préférait.
Ibid. ( 2 ). Au troisième vers , miislahiltat a , d'après le Kamous , le sens
de pluie abondante et continuelle. D écrit c;jIJ2A.uki| «semblables à
de longues tresses de cheveux. »
P. 287 (1). A seul donne la forme régulière; D écrit (j^'ofcSil . Cf. la
notice du Nudjoum, et, en premier lieu, Navvawi, Biograph. Dictionary,
p. 443.
Ibid
id. (2). K j_5yfcj,JÎ; D (_$v*îJf> mais, en marge de cette copie
VARIANTES ET NOTES. 'i25
un lecteur a corrigé en ajoutant en persan : « son vrai nom est Suleïman .
fils de Daoud. »
P. 287. (3). li est impossible de ne pas voir ici une erreur de rédaction
dont Maçoudi s'est rendu coupable, car, dans le passage cité auquel il
renvoie (ci-dessus, p. 2 1 i), il indique précisément la même date. Ajou-
tons que les historiens sont unanimes à placer la mort d'Ibn Main en
2 33, et que le désaccord porte seulement sur les mois de ladite année.
Voir cette discussion dans la notice spéciale d'Ibn Kliallican.
P. 288 (1). K et M portent «Solian ben Feredj El-Ili. Cf. Yakout, s.
V. J.I.
Ibid. (2). A et K (Çuj\; M (ji'jf; D non ponctué; mais l'ortlio-
graphe est indiquée avec précision dans le Nudjoum, p. 720. Cf. Ibu el-
Athir, VII, p. 44. Le deuxième docteur, surnommé Xersi, est nommé
par ces deux auteurs « Abd el-Ala , fils de Hammad. »
Ibid.{Z). A (_)Ub ; D <_)Lw; K et i¥ cjU». Cf. Ibn Khallican, texte,
p. 201. On voit, par cette note et celles qui précèdent, avec quelle né-
gligence les copistes donnent les listes généalogiques, recueillies avec tant
de soin par Maçoudi.
P. 289 (1). A, M, K ne font pas mention du Livre moyen, et termi-
nent le chapitre par la formule ordinaire ^jLfJjXj] ami ,j»j.
P. 291 (1). A, M is\«2kUl. C'est à tort que, dans l'édition du }fod-
jeni de Yakout, M. Wustcnfeld a imprimé ëj^Ul; Ibn el-Athir, VII,
p. 68, a conservé la bonne leçon. D'après le Dictionnaire persan Borlian-
i-kâti, ce terme désigne une taverne, une maison de jeu et de débauche.
Ibid. (2). Un boiu-g voisin de Bagdad était ainsi nommé. K porte
P. 293 (i). Trois copies lisent jl \. U V, du verbe tawa, i<|)lier;i) mais
la suite prouve que telle n'était pas l'intention du Kiialife,. Au contraire,
le sens de parfumer à l'aide d'aromates est indiqué j)ar le kainous à la
11° et à la IV forme de laru.
P. 294 (»)• ^^ c^ '^^ O ^' L'/l(//ia/ii, I. \i[I, p. i7('), le nomme
Bunan ben Amronn, Mjy-^-
Ibid. (2). Le quatrième vers est supprimé par A, M, A; cependant
il résume tout l'esprit de la pièce et ne peut avoir été omis par Maçoudi-
426 VARIANTES ET NOTES.
P. 296 (i). D dit simplement <uaa3 , «et il le renversa.»
P. 297 (1). Les deux premiers mots de cette indëcente 'invective pa-
raissent être une sorte de locution proverbiale. L'auteur ajoute qu'elle
fut mise en musique et, à la rigueur, on pourrait y reconnaître le mètre
remel; cependant aucune copie ne la place en vedette, comme c'est
l'usage pour les citations de vers, et nous savons en outre, par le témoi-
gnage de YAgliani, qu'une phrase en prose servait quelquefois de thème
aux musiciens.
P. 3oo (1). A, M, K (js jiÀ-<a.Jf. L'exactitude de la leçon de D est
attestée par la notice du Fihrist, p. 298.
P. 3oi (1). M, K, D ajoutent ««^t J q!<U.
P. 3o2 (1). D 3/*^'î ^ (J'j^^i- ^^ forme régulière serait ^JsÀjf.
«les deux colonnes ou phares.» Yakout, s, v. C'est une ruine aux envi-
rons de Koufali , près de laquelle était le tombeau d'Ali.
Il)id. (2). Nom donné par A et illisible dans les autres exemplaires.'
P. 3o6 (1). D i^O-i^^^, au dernier hémistiche, au lieu de (>..^L.
Toutes les copies terminent par Oo^li c\*J , ce qui renvei'se l'ordre de
succession indique par l'auteur, p. 3o5 , et conforme au témoignage des
principaux historiens.
P. 3o7 (1). Dans A, M, K la pièce n'a que deux heït, par la suppres-
sion du deuxième hémistiche du deuxième vers, et celle de l'hémistiche
suivant. Au lieu de K^^, D porte «UJI.
Ibid. (2). Leçon de D; fes trois autres copies donnent ^»Ljf. La
révolte de ce Kharédjite paraît avoir échappé à l'attention des priiici-
paux chroniqueurs arabes.
P. 3i5 (1). K porte \\^ et ensuite Is^t; leçons peu lisibles dans
les copies; cependant A porte nettement k^. Il résulte d'un passage du
Voyage au Ouaddj, traduit jiar M. PeiTon, p. 5 80, qu'on appelle Jer/i,
en Egypte, une espèce d'amande qui s'ouvre en deux sous le plus léger
effort des doigts. Cf. Edrisj, éd. Dozy et de Goeje, p. 309.
Ili'ul. ( 2). Après le quatrième vers, A, M, K ajoutent cekii-ci :
VARIA>JTES ET i\0TE8. ^27
A écrit L&J.XC, et plus loin y'vs^JI; enfin, au dcrnici- vers, au lieu de
/j|3^-4f »-Ji. r> c_>U^ jj|- Quant à rinccrtitude des copies signalée
dans la note précédente sur les mots djauz cXjcrk, elle se reproduit dans
les vers.
P. 3i9 (i). A, M, K lisent Jj^Axif «j^a-i, leçon dont je ne com-
prends pas le sens; du reste, les mêmes copies sont incertaines dans le
paragraphe entier.
P. 326 (1). La copie D, qui est le meilleur de mes manuscrits pour
les fragments de vers cités, ayant omis le paragraphe entier, je n'ai eu,
pour ces vers et les suivants, que le secours de l'édition imprimée et
des copies A et M. Le sens du dernier hémistiche est particuiièrcmcat
incertain, et je ne garantis pas l'exactitude de ma traduction.
P. 327 f I ). On pourrait traduire aussi « Ses larmes, etc. sont des perles
sur des perles ; » c'est-à-dire sur des joues belles et pures comme des
perles. Je doute cependant que les poètes arabes comparent à la perle
le visage de leur maîtresse, tout au moins n'en ai-je jamais rencontré
d'exemples dans les Divans.
P. 332 (1). Lacune de deux lignes dans A, M et A'. Quoique les le-
çons de D ne soient pas non plus exemptes d'omissions dans ce para-
graphe , elles sont cependant d'accord , pour le sens général , avec les pas-
sages correspondants chez Ibn cl-Alhir, p. S[\ , et ]hn Michkwcïh , p. J70.
P. 333 (i). Au lieu de yi^^c, les trois copies lisent /j^^v^ ^ c^^ ^"i
affaiblit sensiblement la justesse de la métaphore. D rédige ainsi le
sixième vers :
A et M terminent le onzième vers par jtJy . «L dans K le dernier vers
commence par (_)yli.» <_>dii~^.
P. 33.) (1). A, M et D ajoutent ici : Lfçi^ <o^i>^ J^ ^^^] ^\y\
P. 330 (1). A, M, K donnent ainsi le beit :
JaIjJ! 'J\':> iuJl^ ^yJ ^^ J_A_i_£. o>-^ cx'^t o^4^y
mais Ibii cl-Alliii', qui cile li> mêmes vers, s'accoide avec la ((ipic /»,
;i28 VARIANTES ET NOTES.
d'après laquelle ils sont donnés ici. A l'avant-dernier vers, les trois co-
pies et Ibn el-Athir écrivent JywJl (jijt, leçon qui n'est pas inadmis-
sible si le verbe est lu à la voix passive.
P. 336. (2). Au premier vers, A et M ^^Jf^; R' ^iJl- Au vers suivant,
les trois mêmes copies remplacent «Ljof par ïf^.f.
P. 337 (1). Au premier vers, D seul lit ,_^-yJf o-^S^, les trois autreg
copies remplacent, au vers suivant, la leçon «CU.«.« par aX^«.
Ibid. (2). A, M, D portent AU au lieu de Ismaïl. Dans le fragment
d'Ibn Miclikweïh, p. 568, on lit que ce cbef se nommait Huçeïn, fils
d'Ismaïl, fds d'Ibrahim; généalogie confirmée par Ibn el-Athir, t. VII,
p. 83.
P. 338 (i). La lecture du troisième vers est très-incertaine; voici
comment il est donné par A , M, K :
La principale difficulté porte sur (_jtNJ . ^ue M écrit ,Wt>J ; ^ citXJ-
ce qui est plus près de la vérité, puisque ^^^ signifie battre des ailes
sans voler, tandis que {__j. a le sens de déployer les ailes pour prendre
l'essor. Dans une note marginale l'éditeur égyptien fait observer, pour
le mot 0-X3.A*' » que cette forme quadrilitère est autorisée par le Kamous.
tandis que Djawhari ne le donne que comme verbe trililère.
P. 34 1 (i). Deuxième vers. A, M, K •jlaX^', et, dans l'hémistiche
.suivant, uJou pour KnIju. Cinquième vers, D, pour |^»oJ> , écrit
^^^1; au vers suivant, ^J^J ^.
P. 3^2 (1). Les copies /l et- il/, outre plusieurs mots omis , lisent en 206,
l'édition imprimée n'a pas corrigé cette erreur de date.
P. 343 (1). D et M ^[mJ\; a ^sLiJi; K sUxjf, ingénieuse correc-
tion de l'éditeur égyptien , par où l'on peut apprécier la valeur des érudits
musulmans en matière de restauration des textes historiques. Il se peut,
d'ailleurs que Maçoudi lui-même ait mal écrit le nom ; il s'agit d'un chef
de Deïlem, nommé par Ibn el-Athir Asfar, fils de Ciiirweïh, t. VIII,
p. i38; même leçon dans Abou '1-féda.
P. 345 (1). Je pense qu'il faut ajouter ici Ben AU, comme le fait Ibn
el-Athir, t. VII, p. 88.
VARIAMES ET NOTES. ^2'.)
P. 3/j5. (2). D porte siniplenicnt «oJ* ^ passant le reste. A , M, K
donnent jj^,.^!; mais, dans une note marginale, IVditeur de A' ajoute
qu'iuie autre copie porte ia-w.^f «Jy^ ^j> , ce qui ne rend pas la phrase
plus intelligible. La lecture que je propose est autorisée par les princi-
paux historiens. Le texte du Kaniil et-lcvurikh publié par AL Tornberg
renferme, p. iio et suiv. de graves erreurs dans les noms propres; il
est vrai (pie la bonne leçon se trouve souvent dans les variantes de l'édi-
tion.
P. 353 (1). A et M ïouJ^; D ^vy»^.
Ibid. (2). Au lieu de ^j\y^> ^> ^i ^ A.' qÎo^', et YAghani, t. XX,
p. i54. où les mêmes vers sont cites avec des variantes importantes,
écrit (jl^; mais notre lecture n'est pas douteuse. On sait que dans
l'Arabie méridionale, et, en particulier, à Nedjràn se trouvait une école
de médecins chrétiens que le peuple considérait conmie d'iiabiles sor-
ciers. Voir le Modjeni de Yakout, s. v. et Prairies d'or, III, 290. A ter-
mine ainsi Le vers sixième ^fj^d! ,f<»v»J' (Jù-i^- Les deux derniers
vers ne sont peut-être qu'une interpolation , ils ne se trouvent dans au-
cune des versions de YA(jliani. M. le D"^ Perron a traduit librement toute
l'anecdote dans son Essai sur les femmes arabes , etc. p. 197 et suiv.
P. 358 (1). D, au premier vers, jjjlXjj^j. Au lieu de ^^-^■.
VAghani lit ciLiX!, «que tes mains me donneraient la mort, « leçon plus
naturelle; le suicide n'est qu'une exception très-rare dans les mœurs
arabes. Voir une autre relation de la même anecdote dans la vie de Kaïs
ben Zoraïli, Aghani, t. VIII, |). 1 i/i.
P. 363 (1). Seule la copie M ajoute sans raison Uo tyAt] ^a (jLO
P. 365 (1). A l'exception de D, les copies portent c_)v^ J'-^'j J^^'
mais l'évasion du prince eut lieu sans éclat ni cortégi".
P. 372 (1). Ici encore les copistes, sauf celui de /), ont changé ce
nom en la forme À.^yj. Voir la note de la page 270.
P. 373 (1). A' -.UkoJ! t-^La.; ni (lcii\iirnc liéniisliclie , /) .seul
P. 37'! fi). Confusion dans phisifiirs de res noms. An lieu de M>nii
Uarbriii i\uf doiniriil les copies, iinr ncilf marginale (!<■ /) porte qu'il
Zi30 VARIANTES ET NOTES.
faut lire Abou Hicham, ce qui est conforme au Nudjoum, t. II, p. 763.
A la ligne suivante, au lieu de (j'Uji une correction en marge de D
donne (j'jy '. lecture identique à celle du Nadjoam, t. III, p. 249. Le
nom suivant Abou Koreïb est faussement écrit Ahou Behr par trois
copies.
P. 375 (1). Note marginale de D: «Le vrai nom d'Abou Moslem est
El-FIaçan, fils d'AJimed. » Le surnom du jurisconsulte cité à la ligne
précédente est, d'après le Nudjoum, Taïmi au lieu de Tamimi.
P. 076 (.1). K (^AXj; sans points diacritiques dans A et M.
P. 38o (1). A, M, K ajoutent le mot -«-jLj, «pendant que je dor-
mais ; » cette addition s'accorde difficilement avec la suite o«>>^ 1 «"te-
P. 382 (1). A et K (jL^ jjL^o; M Xm£. (jÎjaj.
P. 384 (i)- Trois copies nomment ce poète El-llaçan, au lieu de El-
Hiiçeïn. D termine le premier vers par yj^ ; M et A par o<^. Les dic-
tionnaires donnent seulement à la VHP forme de ce verbe le sens de
rentrer dans la nuit; il faut l'appliquer aussi à la première forme. Au
troisième vers , A , M, K écrivent *XJ (J contrairement à la mesure du
mètre khafif.
P. 386 (1). A, M, K ;tjL]I. Je me suis décidé à traduire ainsi, d'après
le témoignage suivant de Tabari : « Chacune des deux moitiés de Bagdad ,
c'est-à-dire la rive orientale et la rive occidentale du Tigre, étaient di-
visées en quatre roa//a , placés sous la juridiction de salieb rouh'a, délé-
gués du gouverneur, et qui avaient sous leiu's ordres les prévôts de ces
([uartiers. » UAghaiiii t. XX. p. 85, en racontant la même aventure, dit
simplement le chef de la police, saheb chortah.
P. 387 (1). D i^ûAJ ; nom omis en M; Aghani, u/^Lo.
Ibid. (2). Les copies, sauf D, ajoutent ici o>-'^5 , attribuant ainsi les
vers suivants à l'esclave, tandis que YAjhani, d'accord avec D, les met
dans la bouche de Mani ; d'ailleurs , si l'on adoptait cette addition des co-
pies, les mots «elle se mit à chanter,» qui viennent après le distique,
n'auraient plus de sens. Au deuxième vers, pour t'ysu , les trois copies
jwrtent iy>sj; Atjhani *J(>«j.
P. 388 (1). Au premier vers, /( t>.4vjiÀX5 ; au troisième, au lieu de
iXJji, A et M (jodj , D cNJtUl-
VARIANTES ET NOTES. ^31
P. 391 (1). Dciixièmo vers, D i^AJ Jj^yt. A, M, K linissent le
Iroisiènic par J^l.-« tVs^u.
P. 392 (1). Après le dcuxicmc vers, les copies ajoutent celui-ci, ([ui
ne paraît pas être à sa vraie place :
A ^^^Loj; M d.s3Lrj.
P. 4o2 (il. M, Ben Yé:id. Dans Ibn cl-Alliir on lit, t. VU, p. iA8.
ZeïJ bcn Ali, mais, pins loin, p. iGb, la bonne Icron est rétablie.
SUPPLEMENT AUX CORRECTIONS
DU TOME VI.
P. 69,1. 3 , la traduction du deuxième vers serait peut-être plus exacte
en étant modifiée ainsi : «Ou semblable à la jeune fille que sa famille
considère comme chaste, tandis qu'elle est déjà dans son neuvième mois
(de grossesse). «
P. i83, 1. 2, ou /ieu rfc fourreau , Usez ceinturon.
P. ail, avant-dernière ligne, Usez O vent, pourrais-tu m'imiter?
P. 292 , 1. !i , au Ueu de sans y revenir, Usez sans y être attiré par un
rendez-vous.
P. 35/i , dernière ligne, au Ueu de l'un de l'autre. Usez des autres
hommes.
P. 407, 1. 6 du texte, au Ueu de o-kc. Usez J~^ , el effacez le même
mot JU^ de la ligne suivante.
P. 466, 1. 3, au Ueu de attends le départ (la mort), il vaut mieux tra-
duire « Attends la miséricorde de Dieu , etc. » tel est le sens donné au mot
r^„^ dans Koran, XII, 87.
P. 48/4, 1. i5, au Ueu de croyant lire son souvenir, etc. Usez croyant
voir son visage éclairer la nuit.
COKHECTIONS DU TOMK V
p. 17, I. 7, lui lieu de {J^,^ji> , lisez (jf^^'JLl .
P. 20 ,1.1, Usez wojij.
P. 35, I. 9, Usez J-^j.
P. 77, I. 3, (Ni lieu de Saniniani, lisez Saïuiiiaii.
P. 87, I. 7, lisez i^^ly
P. I 18, I. 2, lisez Moliaminpdites.
P. 202 , I. /| , au lieu de 0^^, lisez j>9..
P. 2 1 6 , I . '1 , lisez «o [A^^■4■ ■
P. 220, I. 7, au lieu de ^y.^\ , lisez ^^a..^)]-
P. 287, 1. G, uu lieu de IsblA/e, lise: L^U^o.
P. 2Ô9, I. f), ai; lieu de ^_àA^, lisez ^_ÀJv^.
P. 266, 1. I, ou lieu de (_^/Jb , lise: ^^^S^3.
P. 3i/| , 1. 10, lisez ltV.^j-0.
P. 38r), I. 3, au lieu de ^^^^Jkx. , Usez ^>Àc.
P. 3t)7, I. '( , ((// /(('// de v-oy^ . /'•'''■ (l-â-vS.
■jb
TABLE
DES PRINCIPALES MATIÈRES
CONTENUES DANS LE TOME VII.
Puges.
Avertissement i
Chapitre CXIV. Khaliflit d'El-Mainoun i
Ses noms et surnoms , p. i . — Son âge , durée de son règne ,
sa mort, p. 2. — Ses différents ministres, p. 3. — Ses
rapports avec Ibraliim , fils de Melidi , p. !\ . — Vers d'Abou
Dolaf et de Mamoun, p. 5. — Maximes du Khalife et
fragment de ses allocutions, p. 7. — Discussion entre
Tomamali et Yaliya, lils d'Aktam, p. 10. — Un parasite
fourvoyé parmi les Manichéens, p. 12. — Une aventure
déjeunasse d'Ibrahim, fils deMehdi, p. i6. — Plaisan-
terie du nnisicien Ishak sur le surnom d'Attabi, p. 2 0. —
Parallèle du secrétaire et du courtisan, p. 29. — Vers
d'Abou 'l-Atahyah, p. 3i. — Un souper chez Mamoun,
p. 32. — Embarras de ce prince dans trois circonstances,
p. 35. — Son entrevue avec les délégués soufis, p. 38.
— Dépravation du kadi Yahya, fils d'Aktam, p. l\Z. —
Mort de Chafeyi, détails biographiques, p 49. — Eaux
prophètes conduits devant Mamoun, p. 52. — Révoltes
des Alides, p. 55. — Ibn Tabataba, p. 07. — Mort de
Fadl, fils de Sehl, et de fimain liida, p. 61. — Révolte
et capture d'Ibrahim, lils de Mehdi,p. 62. — Les noces
de Bouran , p. 05. — Autres traits de la vie d'Ibrahim , fils
de Mehdi, p. 68. — Nécrologe, p. 72. — Pauvreté et
désintéressement de Wakidi, p. 73. — .Sainman et le
Kiialil'i; Mansour, p. 75. — Abbas Alcwi, p. 79. — Mort
d'Abou Obeidah, p. 80. — Mort d'Abou 'l-Atahyah, frag-
ments de ses poésies , p. 8 1 . — Observations sur la pro-
sodie arabe, p. 87. - Causes de l'aversion de Mamoiui
i36 TABLE DES MATIERES.
Pages.
pour Moâwiah, p. 90. — Nécrologe, p. gS. — Dernière
expédition deMamoun, p. 9''i. — Détails sur sa piort,
p. 96.
Chapitre CXV. Klialifat de Moulaçem 102
Son avènement; ses surnoms; dates principales, p. 102. —
Maximes de Moutaçem, p. 10/i. — Mésaventure du mé-
decin Ibn Masaweïh, p. io5. — Plaisanteries d'Ali, fils
de Djoneid, p. 107. — Le vieux nabatéen, p. n3. —
Nécrologe; supplice d'Ibn Hanbal, p. 1 1 4. — Révoltes
des Alides, p. 116. — Fondation de la nouvelle capitale
Saniarra, p. 119. — Capture de Babek, p. i2 3. — Son
supplice, p. 129. — Expédition contre l'empereur Théo-
phile, p. i33. — Révolte et mort deMaziar,.p. 137. —
Mort d'Abou Dolaf; son dévouement à la cause d'Ali,
p. 139. — Nécrologe, p. i43. — Mort du Khalife,
p. i44.
Chapitre CXVI. Rhahfat de Watik-Billah 1 /j5
Ses noms et surnoms; dates principales, p. i\o. — Faitre-
vue d'un Arabe nomade avec Abou Tammam, p. 1/17. —
Détails biographiques sur ce poète, p. i5i. — Parallèle
entre Abou Tammam et Bohtori, p. i55. — Poésie élé-
giaque d'El-Haçan , fils deWehb, p. 167. — Nécrologe,
p, 169. — Discussion sur les principes de la médecine,
p. 172. — Explication de l'appareil dentaire par le mé-
decin Honeïn, p. 180. — Causes des variations atmos-
phériques, p. 182. — Aphorismes sur la mort d'Alexandre,
p. i86.
Chapitre CXVII. Khahfat de Motewekkil-Alallah 189
Ses noms et surnoms; dates principales, p. 189. — Sa con-
duite politique , p. 1 90. — Ses goûts frivoles , p. 191. —
Il règle la succession au trône, p. 193. — Supplice d'Ibn
Zeyyat, p. igii- — Le fou du couvent de Saint-Héraclius,
p. 197. — Le poète Bohtori, p. 202. — Ballade de l'âne
amoureux, p. 200. — Piété d'un descendant d'Ali,
p. 206. — Mort d'Ibn Samaah et nécrologe, p. 209. —
Aventure d'une jeune fille de la famille d'Ali, p. 21 1. ^ —
Disgrâce du kadi Ahmed, fils d'Abou Douad, p. 2i4. —
TABLE DES MATIERES. ^37
Pages.
Eloge de ce personnage, p. 21 5. — Le ragoût du ma-
telot, p. 220. — Désespoirs d'amour, p. 222. — Disgrâce
d'Omar ben Feredj , p. 228. — Funérailles d'Ibn Hanbal ,
p. 229. — Controverse entre Allaf et Hicliam.lils d'El-
Ilakem , p. 232. — Entre ce dernier et Amr ben Obcid,
clief des Moutazélites , p. 2 34. — Mort de Rawendi.
p. 23-7. — Anecdote sm* le poëte Souli, p. 2 38. —
Extraits de sa prose et de ses vers, p. 2 4o. — Derniers
moments d'Abbas, fils d'Almef, p. 2/jY. — Le poëte Ali,
fils de Djehm, p. 249. — Fragments de ses poésies,
p. 202. — Séjour de Motewekkil à Damas, p. 267. —
Ses troupes se révoltent, p. 258. — Les Turcs le sépa-
rent de Boga l'aîné, p. 209. — Conjuration contre le
Khalife, p. 262. — Il est assassiné par Baguir, p. 2G7.
— Détails sur cet événement, p. 269. — Intrigues des
Turcs, p. 273. — Réflexions sur le meurtre du Khalife,
p. 274. — Sa prodigalité, p. 276. — Anecdotes, p. 277.
— Elégies sur sa mort, p. 279. — Dévouement de son
esclave Mahboubeh , p. 281. — Nécrologe, p. 286.
Chapitre CXVIII. Khalifat de Mountasir-Biilali 290
Son nom; dates principales, p. 290. — Le lapis du meurtre,
p. 291. — Poésies composées par le khalife, p. 295. —
Brutalité du vizir Ahmed, fils d'El-khaçib, p. 296. —
Causes de la mort de Mountasir, p. 297. — Autres ver-
sions sur cet événement, p. 3oo. — Profanation du tom-
beau d'Ali, p. 3o2. — Mountasir fut favorable aux Alides,
p. 3o3. — Comment il régla .sa succession, p. 3o4. —
Anecdote sur .sa générosité, p. 309. — Le poète Hariri,
p. 3 1 I . — Aventure d'Abou Otnian Sâïd , p. 3 1 G. — Bon
mot d'un liabitant de la Mec(|ue, p. 3to.
Chapitre CXIX. Khalird de Moslaïn-Billah 323
Ses noms et surnoms; dates principales, p. 324- — Ses
ministres, ihid. — Sâ'id, fils de Ilomeïd, p. 32."). — Le
poëte Abou "1-Bassir, p. 328. — Révolte de Yahya, lils
d'Omar, p. 33o. — Elégies sur .sa mori , p. 333. — Le
poëte Ali Iliininani, p. 337. — Révolte des Alides dans
le i'abarist.îii , p. 342. — Dans la ville de Rey. p. 344.
— A Razvvin, p. 345. — A Koufah, ihid. — Moslaïn
régie sa succession en favcin- d'Abbas, son (ils, p. 340.
Pi
Ù38 TABLE DES MATIERES.
— Anecdotes relatives au petit-fils de Talier, p. 347. —
Les Martyrs de l'amour, Orwah et Afrâ, p. 35i. — Medj-
noun, p. 356. — Mort de Boga l'aîné, p. 36o. — Sa
bienveillance envers les Alides, p. 362. — Mostaïn se
réfugie à Bagdad, p. 363. — Les affranchis turcs se dé-
clarent pour Moutazz, p. 365. — Défection d'IbnTaher,
p. 367. — Abdication dé Mostaïn, ibiJ. — Moutazz est
salué Khalife, p. 369. — Il fait assassiner Mostaïn,
p. 370.
Chapitre CXX. Khalifat de Moutazz-Billah 872
Ses noms et surnoms; dates principales, p. 372. — Poésies
sur fabdication de Mostaïn, p. 373. — Nécrologe, p. 374.
— La bague merveilleuse, p. 376. — Vers en fhonneur
de Moutazz, p. 377. — Mort d'un descendant d'Ali,
p. 379. — Déférence de Motewekkil à fégardde ce per-
sonnage, ibid. — Tradition conservée dans la famille
d'Ali, p, 382. — Mort de Mohammed, petit-fils de
Taher, p. 384. — Son entretien avec un certain Marn,
p. 385. — La musicienne Mouniçah, p. 387. — Complot
et meurtre de Moueyyed, p. 393. — Révolte des Alides,
j). 396. — Sédition des Maulas à Bagdad; meurtre de
Boga le jeune, p. 396. — Moutazz est assiégé par les
Turcs dans son palais, p. 397. — Il abdique en faveur
de Mouhtadi, p. 399. — Elégies composées à l'occasion
de cet événement, ibid. — Luxe de Moutazz, p. 4o2.
— Révolte des descendants d'Ali , ibid. — Comment pé-
rirent plusieurs de ces prétendants, p. 4o4. — Premiers
symptômes de la sédition du chef des Zendj , p. 4o5.
Variantes et notes 467
Supplément aux corrections du tome VI I1S2
Corrections du tome Vil Zj33
FIN DU TOME SEPTIEME.
^
SIIMDmG £ APR Z 9 1968
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