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Full text of "Les Saints Évangiles de notre Seigneur Jésus-Christ : et les Actes des Apôtres"

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SAINTS  EVANGILES 


DE 


NOTRE  SEIGNEUR  JESUS-CHRIST 


LES  ACTES  DES  APOTRES 


VERSION    SYNODALE 

DEUXIÈME    ÉDITION 


PARIS 

SOCIÉTÉ    BIBLIQUE    DE   FRANGE 

5,  Rue  Paul-Loui8-Courier,  5 
1914 


LES 


SAINTS  ÉVANGILES 


DU 


NOTRE  SEIGNEUR  JESUS-CHRIST 


LES  ACTES  DES  APOTRES 


VERSION    SYNODALE 


PARIS 
SOCIÉTÉ     BIBLIQUE    DE    FRANGE 

5,  Rue  Paul-Louis-Gourier ,  5 

1914 


ÉVANGILE 


sUlon 


SAINT   MATTHIEU 


Généalogie  et  naissance  de  Jésus  (Chapitres  1  et  2) 

Généalogie  de  Jésus-Christ 

^  Généalogie  de  Jésus-Christ,  fils  de  David,  fils 
d'Abraham  : 

^Abraham  fut  père  d'Isaac  ;  Isaac,  de  Jacob  ; 
Jacob,  de  Juda  et  de  ses  frères.  ^  Juda  eut  de  Thamar 
Pharez  et  Zara.  Pharez  fut  père  d'Esrom  ;  Esrom, 
d' Aram  ;  '  Aram,  d' Aminadab  ;  Aminadab,  de  Naas- 
son  ;  Naasson,  de  Salmon.  -^  Salmon  eut  de  Rahab 
Booz.  Booz  eut  de  Ruth  Obed.  Obed  fut  père  de  Jessé  ; 
^  Jessé,  du  roi  David. 

David  fut  père  de  Salomon,  qu'il  eut  de  la  femme 
d'Urie.  'Salomon  fut  père  de  Roboam  ;  Roboam, 
d' Abia  ;  Abia,  d' Asa  ;  ^  Asa,  de  Josaphat  ;  Josaphat, 
de  Joram  ;  Joram,  d'Ozias.  '-^Ozias  fut  père  de  Joa- 
tham  ;  Joatham,  d'Achaz  ;  Achaz,  d'Ezéchias.  '"Ezé- 
chias  fut  père  de  Manassé  ;  Manassé,  d'Amos  ;  Amos, 
de  Josias.  ^  '  Josias  fut  père  de  Jéchonias  et  de  ses 
frères,  au  temps  de  la  déportation  à  Babylone. 

^- Après  la  déportation  à  Babylone,  Jéchonias  fut 
père  de  Salathiel  ;  Salathiel,  de  Zorobabel  ;  '-^Zoro- 
babel,  d'Abiud  ;  Abiud,  d'Éliakim  ;  Éliakim,  d'Azor. 
^  ''  Azor  fut  père  de  Sadoc  ;  Sadpc,  d' Achim  ;  Achim, 
d'Éliud;  ^''Éliud,  d'Éléazar  ;  Éléazar,  de  Matthan  ; 
Matthan,  de  Jacob.  "^  Jacob  fut  père  de  Joseph, 
l'époux  de  Marie,  de  laquelle  est  né  Jésus,  qui  est 
appelé  Christ  ('). 

O)  Christ,  mot  gi-ec  qui  équivaut  au  mot  Messit;,  et  qui  signifie  OiJit. 
1 


1  M  7-2  :  2  SAINT   MATTHIEU 

^^11  y  a  donc  en  tout,  depuis  Abraham  jusqu'à 
David,  quatorze  générations  ;  depuis  David  jusqu'à 
la  déportation  à  Babylone,  quatorze  générations  ; 
et  de  la  déportation  à  Babylone  jusqu'au  Christ,  qua- 
torze générations. 

Naissance  de  Jésus-Christ 

^^Or,  la  naissance  de  Jésus-Christ  arriva  ainsi  : 
Marie,  sa  mère,  ayant  été  fiancée  à  Joseph,  se  trouva 
enceinte  par  la  vertu  de  l'Esprit  saint,  avant  qu'ils 
fussent  ensemble.  '-'Alors  Joseph,  son  époux,  qui  était 
homme  de  bien  et  ne  voulait  pas  l'exposer  à  la  honte, 
résolut  de  la  répudier  sans  bruit.  ^^'Mais,  comme  il  y 
pensait,  voici  qu'un  ange  du  Seigneur  lui  apparut  en 
songe  et  lui  dit  :  Joseph,  fils  de  David,  ne  crains  point 
de  prendre  Marie  pour  ta  femme  ;  car  l'enfant  qu'elle 
a  conçu  vient  de  l'Esprit  saint.  ^' Elle  enfantera  un 
fils,  et  tu  lui  donneras  le  nom  de  Jésus  (  '  )  ;  car  c'est 
lui  qui  sauvera  son  peuple  de  ses  péchés  ('^).  ^^Tout 
cela  arriva  afin  que  s'accomplît  ce  que  le  Sjeigneur 
avait  dit  par  la  bouche  du  prophète  :  «  --^La  vierge  sera 
enceinte;  elle  enfantera  un  fils,  et  on  le  nommera 
Emmanuel  (^)  »  — ^  ce  qui  signifie  :  Dieu  avec  nous.  — 

^''Joseph,  s'étant  réveillé  de  son  sommeil,  fit  comme 
l'ange  du  Seigneur  lui  avait  commandé,  et  il  prit  sa 
femme  avec  lui.  -"'Mais  il  ne  la  connut  point,  jusqu'à 
ce  qu'elle  eût  enfanté  un  fils,  auquel  il  donna  le  nom 
de  Jésus. 

Les  Mages  et  Hérode.  —  La  fuite  en  Egypte 

2  '  Jésus  étant  né  à  Bethléhem,  en  Judée,  —  aux  jours 
du  roi  Hérode  (^),  — des  mages  d'Orient  (•')  arrivèrent  à 
Jérusalem,  ^et  ils  dirent  :  Où  est  le  roi  des  Juifs  qui 
vient  de  naître  ?  Car  nous  avons  vu  son  étoile  en  Orient, 

(1)  Jésus  signifie  Sauveur. 

(2)  Littéralement  :  de  leurs  péchés. 

(3)  Ésaïe  7  :  14. 

(4)  Le  roi  Hérode  le  Grand  gouvernait  la  Palestine  sous  l'autorité  de  l'em- 
pereur romain. 

(5)  Les  mages  étaient,  chez  les  Chaldéens,  les  Mèdes  et  les  Perses,  des  prêtres 
ou  des  savants,  qui  cherchaient  à  connaître  l'avenir  en  observant  les  astres. 


SAINT   MATTHIEU  2  :  3- 1b 

et  nous  sommes  venus  l'adorer.  ^A  cette  nouvelle,  le 
roi  Hérode  fut  troublé,  et  tout  Jérusalem  avec  lui. 
''  Ayant  rassemblé  tous  les  principaux  sacrificateurs  et 
les  scribes  du  peuple  (^),  il  s'informa  auprès  d'eux  du 
lieu  où  le  Christ  devait  naître,  °  Ils  lui  dirent  :  C'est  à 
Bethléhem,  en  Judée  ;  car  voici  ce  qui  a  été  écrit  par 
le  prophète  :  «  ^'  Et  toi,  Bethléhem,  terre  de  Juda,  tu 
n'es  certainement  pas  la  moindre  entre  les  principales 
villes  de  Juda  ;  car  c'est  de  toi  que  sortira  le  chef  qui 
paîtra  Israël,  mon  peuple  (-)«  » 

''Alors  Hérode,  ayant  appelé  les  mages  en  secret, 
s'enquit  exactement  auprès  d'eux  du  temps  où  l'étoile 
était  apparue  ;  ^et,  les  envoyant  à  Bethléhem,  il  leur 
dit  :  Allez,  prenez  des  informations  exactes  sur  ce 
petit  enfant  ;  et,  quand  vous  l'aurez  trouvé,  faites-le- 
moi  savoir,  afin  que  j'aille,  moi  aussi,  l'adorer.  ^  Après 
avoir  entendu  le  roi,  les  mages  partirent.  Et  voici 
que  l'étoile,  qu'ils  avaient  vue  en  Orient,  allait  devant 
eux,  jusqu'au  moment  où,  arrivée  au-dessus  du  lieu  où 
se  trouvait  le  petit  enfant,  elle  s'arrêta.  ^'- A  la  vue  de 
l'étoile,  ils  eurent  une  fort  grande  joie.  '  '  Etant  entrés 
dans  la  maison,  ils  virent  le  petit  enfant  avec  Marie, 
sa  mère;  et,  se  prosternant  devant  lui,  ils  l'adorèrent. 
Puis-ils  ouvrirent  leurs  trésors,  et  ils  lui  présentèrent 
des  dons,  de  l'or,  de  l'encens  et  de  la  myrrhe.  ^^  En- 
suite, ayant  été  divinement  avertis  par  un  songe  de 
ne  pas  retourner  auprès  d'Hérode,  ils  se  retirèrent 
dans  leur  pays  par  un  autre  chemin. 

^•^  Après  qu'Us  furent  partis,  voici  qu'un  ange  du 
Seigneur  apparut  en  songe  à  Joseph,  et  lui  dit  : 
Lève-toi  !  Prends  le  petit  enfant  et  sa  mère,  fuis  en 
Egypte,  et  reste  là  jusqu'à  ce  que  je  te  parle  ;  car, 
Hérode  cherchera  le  petit  enfant  pour  le  faire  mourir. 
"Alors  Joseph,  s'étant  levé,  prit  pendant  la  nuit  le 
petit  enfant  et  sa  mère;  et  il  se  retira  en  Egypte.  ^^11 
y  demeura  jusqu'à  la  mort  d'Hérode  ;  ainsi  fut 
accompli  ce  que  le  Seigneur  avait  dit  par  le  prophète  : 
«J'ai  appelé  mon  fils  hors  d'Egypte  (^).  » 

(1)  Les  scribes  étaient  des  docteurs  chargés  de  copier  et  d'interpréter  la  Loi. 

(2)  Michée  5  :  2.  —  Ézécla.  34  :  23. 

(3)  Osée  11  :  1. 


2  :  16-3  :  3  SAINT  MATTHIEtr 

^^  Quand  Hérodg  vit  qu'il  avait  été  joué  par  les 
mages,  il  fut  fort  en  colère  ;  et  il  envoya  tuer  tous  les 
enfants  qui  étaient  dans  Bethléhem  et  dans  tout  son 
territoire,  depuis  l'âge  de  deux  ans  et  au-dessous, 
d'après  la  date  exacte  que  les  mages  lui  avaient 
fait  connaître.  ^^ Alors  s'accomplit  ce  qui  avait  été 
dit  par  Jérémie,  le  prophète:  ^^-«Un  cri  a  été  en- 
tendu dans  Rama,  des  lamentations  et  de  grands 
gémissements  :  c'est  Rachel  qui  pleure  ses  enfants, 
et  qui  ne  veut  pas  être  consolée,  parce  qu'ils  ne  sont 
plus  (^).  » 

^^Mais  après  qu'Hérode  fut  mort,  voici  qu'un  ange 
du  Seigneur  apparut  en  songe  à  Joseph,  en  Egypte; 
^^et  il  lui  dit  :  Lève-toi,  prends  le  petit  enfant  et  sa 
mère,  et  retourne  au  pays  d'Israël  ;  car  ceux  qui  en 
voulaient  à  la  vie  du  petit  enfant  sont  morts.  ^^  Joseph 
s' étant  levé,  prit  le  petit  enfant  et  sa  mère,  et 
il  rentra  dans  le  pays  d'Israël.  ^^Mais  quand  il  sut 
qu'Archélaiis  régnait  sur  la  Judée  à  la  place  d'Hérode, 
son  père  ("^),  il  n'osa  pas  y  aller.  Ayant  été  divine- 
ment averti  en  songe,  il  se  retira  dans  le  territoire  de 
la  Galilée,  ^-^et  il  alla  demeurer  dans  une  ville  appelée 
Nazareth.  Ainsi  fut  accompli  ce  qui  avait  été  dit 
par  les  prophètes  :   «  Il  sera  appelé  Nazaréen  (^).  » 

Préparation  du  ministère  de  Jésus  (3  :  i  à  4  :  il) 

Ministère    et    prédication    de    Jean- Baptiste 

(Voy.  Marc  1   :  1-8  ;  Luc  3  :  1-20) 

3  ^En  ce  temps-là  parut  Jean-Baptiste,  prêchant 
dans  le  désert  de  la  Judée  :  ^  et  il  disait  :  Repentez -vous, 
car  le  royaume  des  cieux  est  proche!  -^ C'est  de  lui 
qu'Esaïe  le  prophète  a  parlé,  quand  il  a  dit  :  «  Une 
voix  crie  dans  le  désert  :  Préparez  le  chemin  du  Sei- 

(1)  Jérémie  31  :  15. 

(2)  Archélaiiy,  uu  des  fils  d'Hérode  le  Graud,  avait  le  goiiveruement  de  la 
Samarie,  de  la  Judée  et  de  ITdumée.  —  La  G-alilée  était  gouvernée  par  Hérode 
Antipas,  un  autre  fils  d'Hérode  le  Grand. 

,  (3)  Voyez  isaïe  H  :  1,  où  le  mot  surgeon  traduit  l'hébreu  nétsèr,  et  comparez 
Esaïe  53  :  2  ;  Jérémie  83  :  15.  —  D'autres  voient  ici  une  allusion  au  mot 
^azir  qui  signifie  pri7ice.  (Voir  Gen.  49  :  26  et  Deut.  33  :  16) 


SAINT   MATTHIEU  "   3  :  4-^6 

gneur,  aplanissez  ses  sentiers  (').  »  ''Or  Jean  avait 
un  vêtement  de  poil  de  chameau,  et  une  ceinture  de 
cuir  autour  des  reins  ;  il  se  nourrissait  de  sauterelles 
et  de  miel  sauvage.  -^  Alors  les  habitants  de  Jérusalem, 
de  toute  la  Judée  et  de  toute  la  région  du  Jourdain, 
allaient  à  lui  ;  ^  et,  confessant  leurs  péchés,  ils  étaient 
baptisés  par  lui  dans  les  eaux  du  Jourdain. 

^ Comme  il  voyait  beaucoup  de  pharisiens  (-)  et  de 
sadducéens  (•^)  venir  à  son  baptême,  il  leur  dit  :  Race 
de  vipères,  qui  vous  a  appris  à  fuir  la  colère  à  venir  ? 
^Produisez  donc  des  fruits  dignes  d'une  vraie  repen- 
tance(-^)!  ^Et  n'allez  pas  dire  en  vous-mêmes:  Nous 
avons.  Abraham  pour  père  ;  car  je  vous  dis  que,  de  ces 
pierres,  Dieu  peut  faire  naître  des  enfants  à  Abraham. 
^^Déjà  la  cognée  est  mise  à  la  racine  des  arbres;  tout 
arbre  donc,  qui  ne  produit  pas  de  bons  fruits,  va  être 
coupé  et  jeté  au  feu.  ^^  Quant  à  moi,  je  vous  baptise 
d'eau,  pour  la  repentance,  mais  celui  qui  vient  après 
moi  est  plus  puissant  que  moi,  et  je  ne  suis  pas  digne 
de  porter  ses  chaussures  :  c'est  lui  qui  vous  baptisera 
d'Esprit  saint  et  de  feu.  ^-11  a  son  van  dans  sa  main;  il 
nettoiera  parfaitement  son  aire,  et  il  amassera  son 
froment  dans  le  grenier  ;  mais  il  brûlera  la  paille  au 
feu  qui  ne  s'éteint  point. 

Baptême  de  Jésus-Christ 

(Voy.  Marc  1  :  9-11  ;  Luc  3  :  21-22  ;  Jean  1  :  32-34) 

^^  Alors  Jésus  vint  de  la  Galilée  au  Jourdam  vers 
Jean,  pour  être  baptisé  par  lui.  ^^Mais  Jean  s'y  oppo- 
sait, en  disant  :  C'est  moi  qui  ai  besoin  d'être  baptisé 
par  toi,  et  tu  viens  à  moi!  ^^ Jésus  lui  répondit: 
Laisse  faire  pour  le  moment,  car  il  est  convenable  que 
nous  accompHssions  ainsi  toute  justice.  Alors  Jean  le 
laissa  faire.  ^^Dès  qu'il  eut  été  baptisé,  Jésus  sortit 

(1)  Ésaïe  40  :  3. 

(2)  Les  pharisiens  formaient  uu  parti  nombreux  et  puissant,  très  attaché  aux 
traditions  religieuses  et  nationales. 

(3)  Les  sadducéens  formaient  un  parti  qui  était  opposé  à  celui  des  pharisiens, 
et  qui  se  recrutait  dans  les  hautes  classes  et  le  sacerdoce.  Ils  étaient  moins  for- 
malistes que  les  pharisiens,  mais  ils  n'avaient  ui  leur  zèle  religieux,  ni  leur 
patriotisme. 

(4)  Litt.  :  de  la  repentance. 


3  M  7-4  M  2  SAINT    MATTHIEU 

de  l'eau  ;  et,  voici  que  les  cieux  s'ouvrirent,  et 
il  vit  l'Esprit  de  Dieu  descendre  comme  une  co- 
lombe et  venir  sur  lui.  ^^  Aussitôt  une  voix  se  fit  en- 
tendre des  cieux,  disant  :  Celui-ci  est  mon  Fils  bien- 
aimé,  en  qui  j'ai  mis  toute  mon  affection. 

La  tentation 

(Voy.  Marc  1  :  12-13  ;  Luc  4  :  1-13) 

4  ''Alors  Jésus  fut  emmené  par  l'Esprit  dans  le  désert, 
pour  être  tenté  par  le  Diable.  ^11  jeûna  quarante  jours 
et  quarante  nuits  ;  et  après  cela,  il  eut  faim.  ^Le  ten- 
tateur, s'approchant,  lui  dit  :  Si  tu  es  le  Fils  de  Dieu, 
ordonne  que  ces  pierres  deviennent  des  pains.  ''Jésus 
répondit  :  Il  est  écrit  :  «  L'homme  ne  vivra  pas  seule- 
ment de  pain,  mais  de  toute  parole  qui  sort  de  la 
bouche  de  Dieu  (').  » 

''Alors  le  Diable  le  transporta  dans  la  ville  sainte  (2)  ; 
il  le  mit  sur  le  faîte  du  temple,  *^et  il  lui  dit  :  Si  tu  es 
le  Fils  de  Dieu,  jette-toi  en  bas  ;  car  il  est  écrit  :  «  Il 
ordonnera  à  ses  anges  de  veiller  sur  toi,  et  ils  te  porte- 
ront dans  leurs  mains,  de  peur  que  ton  pied  ne  heurte 
contre  quelque  pierre  (•').  )>  "^  Jésus  lui  dit  :  Il  est  aussi 
écrit  :  «  Tu  ne  tenteras  point  le  Seigneur,  ton  Dieu  (^).  » 

^Le  Diable  le  transporta  encore  sur  une  montagne 
très  haute  ;  il  lui  montra  tous  les  royaumes  du  monde 
et  leur  gloire,  ''  et  il  lui  dit  :  Je  te  donnerai  toutes  ces 
choses,  si,  te  prosternant  devant  moi,  tu  m'adores. 
^^  Alors  Jésus  lui  dit  :  Retire-toi,  Satan,  car  il  est  écrit  : 
«  Tu  adoreras  le  Seigneur,  ton  Dieu,  et  tu  ne  rendras  de 
culte  qu'à  lui  seul  ("').  »  ^' Alors  le  Diable  le  laissa  ; 
et  voici  que  des  anges  s'approchèrent,  et  ils  se 
mirent  à  le  servir. 

Ministère  de  Jésus  en  Galilée  (4 :  12  à  18  :  35) 

Jésus  commence  son  ministère.  —  Les  premiers  disciples 

(Voy.  Marc  1  :  14-20  ;  Luc  4  :  14-15) 

^^Or  Jésus,  ayant  appris  que  Jean  avait  été  mis 

(Ij  Deut.  8  :  3.  —  (2)  Jérusalem.  —  (3)  Psaïune  91  :  11-12, 
(4)  Deut,  6  :  16,  —  (5)  Yoy,  Deut.  6  :  13. 


SAINT    MATTHIEU  4  :  1 3-25 

en  prison,  se  retira  dans  la  Galilée.  ^  ^  Il  quitta  Nazareth 
et  vint  demeurer  à  Capernaiim  ('),  ville  proche  de  la 
mer,  sur  les  confins  de  Zabulon  et  de  Nephthali. 
^'*  Ainsi  fut  accomph  ce  qui  avait  été  dit  par  Esaïe, 
le  prophète  :  «  ^  ''  La  terre  de  Zabulon  et  de  Nephthali, 
sur  le  chemin  de  la  mer,  — le  pays  au-delà  du  Jourdain, 
la  Galilée  -des  Gentils...  —  '^'ce  peuple,  assis  dans  les 
ténèbres,  a  vu  resplendir  une  grande  lumière  ;  et  sur 
ceux  qui  étaient  assis  dans  la  région  et  dans  l'ombre 
de  la  mort,  une  lumière  s'est  levée  (-)  !  » 

'^Dès  lors,  Jésus  commença  à  prêcher  et  à  dire  : 
Repentez -vous  ;  car  le  royaume  des  cieux  est  proche. 
^^  Comme  il  marchait  le  long  de  la  mer  de  GaHlée, 
il  vit  deux  frères,  Simon  appelé  Pierre,  et  André,  son 
frère,  qui  jetaient  le  filet  dans  la  mer  ;  car  ils  étaient 
pêcheurs.  ^^Et  il  leur  dit  :  Suivez-moi,  et  je  vous  ferai 
pêcheurs  d'hommes.  ^'^ Aussitôt,  laissant  leurs  filets, 
ils  le  suivirent.  ^'De  là,  il  s'avança  plus  loin  et  vit 
deux  autres  frères,  Jacques,  fils  de  Zébédée,  et  Jean, 
son  frère,  qui  raccommodaient  leurs  filets  dans  leur 
barque,  avec  Zébédée  leur  père  ;  et  il  les  appela. 
^^  Aussitôt,  laissant  la  barque  et  leur  père,  ils  le  sui- 
virent. 

-^  Jésus  allait  par  toute  la  Galilée,  enseignant  dans 
les  synagogues  (^),  prêchant  l'Évangile  du  royaume  (^), 
et  guérissant  toute  sorte  de  maladies  et  d'infirmités 
parmi  le  peuple.  ^''Sa  renommée  se  répandit  par  toute 
la  S5rrie;  on  vint  lui  présenter  tous  ceux  qui  étaient 
malades  ou  atteints  de  divers  maux  et  de  divers  tour- 
ments, des  démoniaques,  des  lunatiques,  des  para- 
lytiques, et  il  les  guérit.  ^'Et  de  grandes  foules  le 
suivirent  de  la  Galilée,  de  la  Décapole,  de  Jérusalem, 
de  la  Judée,  et  du  pays  au  delà  du  Jourdain. 


(1)  Capernaum,  ville  sur  les  bords  du  lac  de  Tibériade  ou  de  Génézareth, 
appelé  aussi  :  mer  de  GalUée. 

(2)  Ésaïe  8  :  23  et  9  :  1. 

(3)  Litt.  :  leurs  synagogues.  C'était  le  nom  des  édifices  religieux  où  les  Juifs 
se  réunissaient,  pour  entendre  la  lecture  et  l'explication  de  la  Loi  et  des  prophètes, 
et  pour  prier. 

(4)  Royaume  des  cieux  ou  de  Dieu.  (Voy.  verset  17) 

7 


5  :  ^-^8  SAINT  MATTHIEir 

Le  Sermon  sur  la  montagne 

(Oomp.  Luc  6  :  20-49) 

Les  béatitudes 

3  ^  Jésus,  voyant  la  foule,  alla  sur  la  montagne  ;  et, 
quand  il  se  fut  assis,  ses  disciples  s'approchèrent  de 
lui. 

^  Alors,  ouvrant  la  bouche,  il  se  mit  à  les  enseigner, 
en  disant  : 

^  Heureux  les  pauvres  en  esprit  ;  car  le  royaume 
des  cieux  est  à  eux! 

'*  Heureux  ceux  qui  pleurent  ;  car  ils  seront  consolés  ! 

^Heureux  les  débonnaires  ;  car  ils  hériteront  la 
terre  ! 

^Heureux  ceux  qui  ont  faim  et  soif  de  la  justice  ; 
car  ils  seront  rassasiés! 

^Heureux  les  miséricordieux  ;  car  ils  obtiendront 
miséricorde  ! 

^Heureux  ceux  qui  ont  le  cœur  pur  ;  car  ils  verront 
Dieu! 

^  Heureux  ceux  qui  procurent  la  paix  ;  car  ils  seront 
appelés  fils  de  Dieu! 

^"Heureux  ceux  qui  sont  persécutés  pour  la  jus- 
tice ;  car  le  royaume  des  cieux  est  à  eux  ! 

^'Vous  serez  heureux,  lorsqu'on  vous  outragera, 
qu'on  vous  persécutera,  et  qu'on  dira  faussement 
contre  vous  toute  sorte  de  mal  à  cause  de  moi.  ^  '^  Ré- 
jouissez-vous et  tressaillez  de  joie,  parce  que  votre 
récompense  sera  grande  dans  les  cieux  ;  car  c'est  ainsi 
qu'on  a  persécuté  les  prophètes  qui  sont  venus  avant 
vous. 

Le  sel  de  la  terre  et  la  lumière  du  monde 

-(Voy.  Marc  9  :  50  ;  Luc  14  :  34-35  ;  8  :  16] 

'3  Vous  êtes  le  sel  de  la  terre  ;  mais  si  le  sel  perd  sa 
saveur,  avec  quoi  la  lui  rendra-t-on  ?  Il  n'est  plus 
bon  qu'à  être  jeté  dehors  et  foulé  aux  pieds  par  les 
hommes.  ^'' Vous  êtes  la  lumière  du  monde  :  une  ville 
située  sur  une  montagne  ne  peut  être  cachée,  ^^et  on 
n'allume  pas  une  lampe  pour  la  mettre  sous  le  bois- 

8 


SAINT  MATTHIEU  5:46-24 

seau  ;  mais  on  la  met  sur  un  support,  et  elle  éclaire 
tous  ceux  qui  sont  dans  la  maison.  ^*^Que  votre  lu- 
mière luise  aiQsi  devant  les  hommes,  afin  qu'ils  voient 
vos  bonnes  œuvres,  et  qu'ils  glorifient  votre  Père 
qui  est  dans  les  cieux. 

La  loi  et  les  prophètes 

(Voy.  Luc  16  :  17  ;  12  :  58-59;  16  :  18) 

'^Ne  pensez  pas  que  je  sois  venu  abolir  la  loi  ou 
les  prophètes  :  je  suis  venu,  non  pour  abolir,  mais  pour 
accomplir.  ^^En  effet,  je  vous  le  dis  en  vérité,  avant 
que  le  ciel  et  la  terre  aient  passé,  il  ne  passera  de  la 
loi  ni  un  iota  (^)  ni  un  trait  de  lettre,  jusqu'à  ce  que 
tout  soit  accompli.  ^•' Celui  donc  qui  violera  l'un  de 
ces  plus  petits  commandements,  et  qui  enseignera  aux 
hommes  à  les  violer,  sera  appelé  le  plus  petit  dans  le 
royaume  des  cieux  ;  mais  celui  qui  les  observera  et 
qui  les  enseignera,  celui-là  sera  appelé  grand  dans  le 
royaume  des  cieux.  ^^'Car  je  vous  dis  que,  si  votre 
justice  ne  surpasse  celle  des  scribes  et  des  phari- 
siens, vous  n'entrerez  point  dans  le  royaume  des 
cieux. 

^  '  Vous  avez  entendu  qu'il  a  été  dit  aux  anciens  : 
«  Tu  ne  tueras  point  »  ;  et  :  «  Celui  qui  aura  tué  sera 
jugé  par  le  tribunal  (-).  )>  ^-Mais  moi,  je  vous  dis  : 
Quiconque  se  met  en  colère  contre  son  frère,  sera  jugé 
par  le  tribunal  ;  et  celui  qui  dira  à  son  frère  :  Raca  (•^), 
sera  jugé  par  le  sanhédrin  (^)  et  celui  qui  lui  dira  : 
Fou,  sera  passible  de  la  géhenne  du  feu  (').  -^Si  donc 
tu  apportes  ton  offrande  à  l'autel,  et  que  là  tu  te  sou- 
viennes que  ton  frère  a  quelque  chose  contre  toi, 
^Uaisse  là  ton  offrande  devant  l'autel,  et  va  première- 

(1)  'L'iota,  qui  correspond  à  notre  i,  est  la  plus  petite  lettre  de  l'alphabet  grec. 
D  eu  était  de  même,  eu  hébreu,  de  Viod. 

(2)  Exode  30  :  13  ;  SI  :  12.—  Comp.  Deut.  16  :  18. 

(3)  Mot  injmieux,  eu  araméen,  qui  signifie  probablement  vide  (d'intelligence). 

(4)  Le  sanhédrin,  conseil  composé  de  soixante-et-dix  membres,  était  la  plus 
haute  juridiction  chez  les  Juifs,  pour  les  affaù-es  pohtiques,  civiles  et  religieuses. 

(5)  Le  mot  géhenne  désignait  originairement  la  vaUée  de  Hinnom,  en  hébreu 
Ghé-Hinnom,  au  sud  de  Jérusalem,  où  l'on  avait  autrefois  fait  passer  des  victimes 
par  le  feu  pour  les  offrir  en  holocauste  à  Moloch.  Au  temps  de  Jésus-Ohrist,  on 
y  brûlait  les  immondices  de  la  ville. 

9 


5  :  23-39  SAINT    MATTHIEU 

ment  te  réconcilier  avec  ton  frère  ;  après  cela,  viens  et 
présente  ton  offrande.  ^^Accorde-toi  au  plus  tôt  avec 
ton  adversaire,  pendant  que  tu  es  en  chemin  avec  lui, 
de  peur  qu'il  ne  te  livre  au  juge,  que  le  juge  ne  te 
livre  au  sergent,  et  que  tu  ne  sois  mis  en  prison.  "^^En 
vérité,  je  te  le  dis,  tu  ne  sortiras  pas  de  là,  que  tu  n'aie& 
payé  jusqu'à  la  dernière  obole  (^). 

^^Vous  avez  entendu  qu'il  a  été  dit  :  «  Tu  ne  com- 
mettras point  d'adultère  (^).  »  ^^Mais  moi,  je  vous  dis  -, 
Quiconque  jette  sur  une  femme  un  regard  de  convoi- 
tise, a  déjà  commis  l'adultère  avec  elle  dans  son  cœur. 
-'^  Si  donc  ton  œil  droit  te  fait  tomber  dans  le  péché,  ar-' 
rache-le  et  jette-le  loin  de  toi  ;  car  il  vaut  mieux  pour 
toi  qu'un  de  tes  membres  périsse,  que  si  tout  ton  corps 
était  jeté  dans  la  géhenne.  ^*'Si  ta  main  droite  te 
fait  tomber  dans  le  péché,  coupe-la  et  jette-la  loin  de 
toi  ;  car  il  vaut  mieux  pour  toi  qu'un  de  tes  membres 
périsse,  que  si  tout  ton  corps  allait  dans  la  géhenne. 

^^  Il  a  été  dit  :  «  Si  quelqu'un  répudie  sa  femme, 
qu'il  lui  donne  une  lettre  de  divorce  {'^).  »  ^^Mais  moi, 
je  vous  dis  :  Quiconque  répudie  sa  femme,  si  ce  n'est 
pour  cause  d'inconduite,  l'expose  à  devenir  adultère  ; 
et  quiconque  aura  épousé  une  femme  répudiée,  commet 
un  adultère. 

^^Vous  avez  encore  entendu  qu'il  a  été  dit  aux  an- 
ciens :  ((  Tu  ne  te  parjureras  point,  mais  tu  t'acquitteras 
envers  le  Seigneur  de  tes  serments  ('').  )>  -^^Mais  moi, 
je  vous  dis  de  ne  point  jurer  du  tout  :  ni  par  le  ciel, 
car  c'est  le  trône  de  Dieu  ;  ^^ni  par  la  terre,  car  c'est 
son  marchepied  ;  ni  par  Jérusalem,  car  c'est  la  ville 
du  grand  Roi.  ^^Ne  jure  pas  non  plus  par  ta  tête, 
car  tu  ne  peux  rendre  un  seul  de  tes  cheveux  blanc  ou 
noir.  ^^Mais  que  votre  parole  soit  :  oui,  oui  ;  non,  non. 
Ce  qu'on  dit  de  plus  vient  du  Malin. 

^^Vous  avez  entendu  qu'il  a  été  dit  :  «Œil  pour 
œil,  et  dent  pour  dent  (^).  »  ^^Mais  moi,  je  vous  dis 
de  ne  pas  résister  au  méchant.  Au  contraire,  si  quel- 

(1)  Litt.  :  quadrant  ou  quart  de  l'as.  L'as  valait  un    peu  plus  de  six  cen- 
times, et  le  quadrant,  un  centime  et  demi. 

(2)  Exode  30  :  14. 

(3)  Deut.  S4  :  1.  —  (4)  Nomb.  30  :  3.  —  (5)  Lévit.  34  :  20. 

10 


SAINT  MATTHIEU  5  :  40-6  :  3 

qu'un  te  frappe  à  la  joue  droite,  présente-lui  aussi 
l'autre  ;  ''"si  quelqu'un  veut  plaider  contre  toi  pour 
t'enlever  ta  tunique,  laisse-lui  encore  le  manteau  ; 
''•et  si  quelqu'un  veut  te  contraindre  de  faire  un 
mille  (')  avec  lui,  fais-en  deux.  ^- Donne  à  celui  qui 
te  demande,  et  ne  te  détourne  pas  de  celui  qui  veut 
emprunter  de  toi. 

''•^  Vous  avez  entendu  qu'il  a  été  dit  :  «  Tu  aimeras 
ton  prochain  (-)  »,  et  tu  haïras  ton  ennemi  -^Mais  moi, 
je  vous  dis  :  Aimez  vos  ennemis,  et  priez  pour  ceux  qui 
vous  persécutent,  '^^afîn  que  vous  soyez  les  fils  de 
votre  Père  qui  est  dans  les  cieux  ;  car  il  fait  lever  son 
soleil  sur  les  méchants  et  sur  les  bons,  et  il  fait  pleuvoir 
sur  les  justes  et  sur  les  injustes. 

^^Si  vous  n'aimez  que  ceux  qui  vous  aiment,  quelle 
récompense  en  aurez- vous  ?  Les  péagers  {'^)  n'en  font- 
ils  pas  autant  ?  ^  '  Et  si  vous  ne  faites  accueil  qu'à  vos 
frères,  que  faites- vous  d'extraordinaire  ?  Les  païens 
même  n'en  font-ils  pas  autant  ?  '''^ Soyez  donc  par- 
faits, comme  votre  Père  céleste  est  parfait. 

L'aumône,  la  prière  {Oraison  dominicale) 
et  le  jeûne 

(Voy.  Lnc  11  :  1-4) 

6  'Gardez-vous  de  pratiquer  votre  justice  {'')  de- 
vant les  hommes  pour  être  remarqués  par  eux.  Autre- 
ment, il  n'y  a  pas  pour  vous  de  récompense  auprès 
de  votre  Père  qui  est  dans  les  cieux. 

'^  Quand  donc  tu  feras  l'aumône,  ne  fais  pas  sonner 
la  trompette  devant  toi,  comme  font  les  hyjoocrites 
dans  les  synagogues  et  dans  les  rues,  afin  d'être  honorés 
des  hommes.  En  vérité,  je  vous  le  dis,  ils  ont  leur 
récompense.  ^Mais  toi,  quand  tu  fais  l'aumône,  que 
ta  main  gauche  ne  sache  pas  ce  que  fait  ta  main  droite, 

(1)  Un  mille,  unité  de  mesure  itinéraire  chez  les  anciens,  soit  miUe  pas. 

(2)  Lévit.  19  :  18. 

(3)  Les  péagers  ou  publicains,  chargés  par  les  Romains  de  percevoir  les  impôts, 
formaient  une  classe  méprisée. 

(4)  Le  mot  justice  désignait,  chez  les  Juifs,  les  œuvres  méritoù'es  à  leurs  yeux, 
en  particulier  l'aumône. 

11 


6:4-16  SAINT   MATTHIEU 

'^  afin  que  ton  aumône  se  fasse  en  secret  ;  et  ton  Père, 
qui  voit  dans  le  secret,  te  le  rendra. 

^  Quand  vous  priez,  ne  soyez  pas  comme  les  hypo- 
crites ;  car  ils  aiment  à  prier  en  se  tenant  debout  dans 
les  synagogues  et  aux  coins  des  places,  afin  d'être  vus 
des  hommes.  En  vérité,  je  vous  le  dis,  ils  ont  leur 
récompense.  ^Mais  toi,  quand  tu  pries,  entre  dans  ta 
chambre  ;  et,  après  avoir  fermé  ta  porte,  prie  ton  Père 
qui  est  là,  dans  le  secret  ;  et  ton  Père,  qui  voit  dans 
le  secret,  te  le  rendra. 

^Lorsque  vous  priez,  n'usez  pas  de  vaines  redites, 
comme  font  les  païens,  qui  pensent  être  exaucés  en 
parlant  beaucoup.  ^Ne  leur  ressemblez  donc  pas  ;  car 
votre  Père  sait  de  quoi  vous  avez  besoin,  avant  que 
vous  le  lui  demandiez.  ^Vous  donc  priez  ainsi  :' 

Notre  Père  qui  es  aux  cieux. 

Que  ton  nom  soit  sanctifié  ; 

^  *^  Que  ton  règne  vienne  ; 

Que  ta  volonté  soit  faite  sur  la  terre  comme  au  ciel  ! 

^^ Donne-nous  aujourd'hui  notre  pain  quotidien  (')  ; 

^^Pardonne-nous  nos  offenses,  comme  aussi  nous 
pardonnons  à  ceux  qui  nous  ont  offensés  (^)  ; 

^^Ne  nous  expose  pas  à  la  tentation,  mais  délivre- 
nous  du  mal  !   (^) 

[Car  c'est  à  toi  qu'appartieiînent,  dans  tous  Jes 
siècles,  le  règne,  la  puissance  et  la  gloire.  Amen!]  (") 

^^En  effet,  si  vous  pardonnez  aux  hommes  leurs 
fautes,  votre  Père  céleste  vous  pardonnera  aussi 
les  vôtres.  ^"^Mais  si  vous  ne  pardonnez  pas  aux  hom- 
mes leurs  fautes,  votre  Père  ne  vous  pardonnera  pas 
non  plus  vos  fautes. 

^  ^  Quand  vous  jeûnez,  n'ayez  pas  un  air  triste,  comme 
font  les  hypocrites  ;  car  ils  donnent  à  leur  visage  un  air 
tout  défait,  pour  montrer  aux  hommes  qu'ils  jeûnent. 
En  vérité,  je  vous  le  dis,  ils  ont   leur  récompense. 

(a)  Cette  conclusiou  manque  dans  les  plus  anciens  manuscrits. 

(1)  D'autres  tradmsent  :  le  pain  de  demain,  c'est-à-dire  :  qui  nous  est  néces- 
saire pour  demain  ;  ou  :  le  pain  nécessaire  à  notre  subsistance. 

(2)  Litt.  :  Remets-nous  nos  dettes,  comme  nous  remettons  les  leurs  à  nos  débi- 
teurs. 

(3)  Ou  :  du  Malin. 

12 


SAINT    MATTHIEU  6  :  1  7-29 

^^Mais  toi,  quand  tu  jeûnes,  oins  ta  tête  et  lave  ton 
visage,  ^^afin  que  les  hommes  ne  voient  pas  que  tu 
jeûnes,  mais  seulement  ton  Père  qui  est  là,  dans  le 
secret  ;  et  ton  Père,  qui  voit  dans  le  secret,  te  le  rendra. 

Les  vrais  trésors.  —  Uœil  sain 

^^Ne  vous  amassez  pas  des  trésors  sur  la  terre,  où 
les  vers  et  la  rouille  détruisent,  et  où  les  voleurs  per- 
cent et  dérobent  ;  -'^'mais  amassez -vous  des  trésors 
dans  le  ciel,  où  ni  les  vers  ni  la  rouille  ne  détruisent, 
et  où  les  voleurs  ne  percent  ni  ne  dérobent.  ~  '  Car  où 
est  ton  trésor,  là  aussi  sera  ton  cœur. 

-^  L'œil  est  la  lampe  du  corps.  Si  ton  œil  est  sain, 
tout  ton  corps  sera  dans  la  lumière  ;  ^-^mais  si  ton  œil 
est  mauvais,  tout  ton  corps  sera  dans  les  ténèbres.  Si 
donc  la  lumière  qui  est  en  toi  n'est  que  ténèbres,  com- 
bien seront  grandes  ces  ténèbres  ! 

Les  soucis 

(Yoy.  Luc  16  :  13  ;  12  :  22-31) 

2^  Nul  ne  peut  servir  deux  maîtres  ;  car  ou  il  haïra 
l'un  et  aimera  l'autre,  ou  il  s'attachera  à  l'un  et  mé- 
prisera l'autre.  Vous  ne  pouvez  servir  Dieu  et  Mam- 
mon  ('). 

^■'' C'est  pourquoi,  je  vous  dis  :  Ne  soyez  point  en 
Ibuci,  pour  votre  vie,  de  ce  que  vous  mangerez  ou  de 
ce  que  vous  bokez  ;  ni,  pour  votre  corps,  du  vêtement 
que  vous  lui  donnerez.  La  vie  n'est-elle  pas  plus  que  la 
nourriture,  et  le  corps  plus  que  le  vêtement  ?  -''Regar- 
dez les  oiseaux  du  ciel  :  ils  ne  sèment,  ni  ne  moissonnent, 
ils  n'amassent  rien  dans  des  greniers;  et  votre  Père 
céleste  les  nourrit  !  Ne  valez -vous  pas  beaucoup  plus 
qu'eux  ? 

^'D'aiUeurs,  qui  d'entre  vous  peut  ajouter  par 
son  souci  une  coudée  (-)  à  sa  taille  (•■  )  ?  -^Et  quant  au 
vêtement,  pourquoi  vous  en  inquiétez-vous  ?  Laissez- 
vous  instruire  par  les  lys  des  champs.  Voyez  com- 
ment ils  croissent  :  ils  ne  travaillent  ni  ne  filent.  ^^Et 

(1)  Mammon  :  mot  araméen  qui  signifie  richesse. 

(2)  La  coudée  équivalait  à  50  centimètres  environ. 

(3)  D'autres  traduisent  :  à  la  durée  de  sa  vie. 

13 


6  :  30-7  :  ii  SAINT  MATTHIEU 

cependant,  je  vous  dis  que  Salomon  même,  dans 
toute  sa  gloire,  n'a  pas  été  vêtu  comme  l'un  d'eux. 
^^Si  Dieu  revêt  ainsi  l'herbe  des  champs,  qui  est  au- 
jourd'hui et  qui  demain  sera  jetée  au  four,  combien 
plutôt  vous  vêtira-t-il,  ô  gens  de  peu  de  foi  !  -^  ^  Ne 
vous  mettez  donc  point  en  souci,  en  disant  :  Que 
mangerons-nous  ?  Que  boirons-nous  ?  De  quoi  serons- 
nous  vêtus  ?  -^^  Car  toutes  ces  choses,  ce  sont  les 
païens  qui  les  recherchent.  Or,  votre  Père  céleste  sait 
que  vous  avez  besoin  de  tout  cela.  -^^  Cherchez  pre- 
mièrement son  royaume  et  sa  justice,  et  toutes  ces 
choses  vous  seront  données  par-dessus.  ^'Ne  vous 
mettez  donc  pas  en  souci  pour  le  lendemain  ;  car  le 
lendemain  aura  soin  de  ce  qui  le  concerne.  A  chaque 
jour  suffit  sa  peine. 

Les  Jugements 

7  ^  Ne  jugez  point,  afin  que  vous  ne  soyez  pas  jugés  ; 
^  car  on  vous  jugera  comme  vous  jugez,  et  on  se  ser- 
vira pour  vous  de  la  mesure  avec  laquelle  vous  mesurez. . . 
^Pourquoi  regardes-tu  la  paille  qui  est  dans  l'œil  de 
ton  frère,  tandis  que  tu  n'aperçois  pas  la  poutre  qui 
est  dans  ton  œil  ?  ''  Ou  comment  dis-tu  à  ton  frère  : 
Laisse-moi  ôter  cette  paille  de  ton  œil,  toi  qui  as  une 
poutre  dans  le  tien?  '"^  Hypocrite  !  Ote  premièrement 
la  poutre  de  ton  œil,  et  alors  tu  verras  à  ôter  la  paille 
de  l'œil  de  ton  frère. 

Exhortations  diverses 

(Voy.  Luc  11  :  9-13;  13  :  24) 

^Ne  donnez  pas  les  choses  saintes  aux  chiens,  et 
ne  jetez  pas  vos  perles  devant  les  pourceaux,  de  peur 
qu'ils  ne  les  foulent  aux  pieds,  et  que,  se  retournant, 
ils  ne  vous  déchirent. 

•^Demandez,  et  on  vous  donnera  ;  cherchez,  et  vous 
trouverez  ;  frappez,  et  l'on  vous  ouvrira.  ^Car  qui- 
conque demande,  reçoit  ;  qui  cherche,  trouve  ;  et  l'on 
ouvrira  à  celui  qui  frappe.  ^  Quel  est  l'homme  d'entre 
vous  qui  donnera  une  pierre  à  son  fils,  s'il  lui  demande 
du  pain  ?  ^  "  Ou,  s'il  demande  du  poisson,  lui  donnera- 
t-il  un  serpent  ?   ^  '  Si  donc  vous,  qui  êtes  mauvais, 

14 


SAINT  MATTHIEU  7  ;  42-25 

savez  donner  de  bonnes  choses  à  vos  enfants,  combien 
plus  votre  Père,  qui  est  dans  les  cieux,  donnera-t-il  de 
bonnes  choses  à  ceux  qui  les  lui  demandent  ! 

^^  Ainsi,  tout  ce  que  vous  voulez  que  les  hommes 
vous  fassent,  faites -le -leur  aussi  vous-mêmes;  car  c'est 
là  la  loi  et  les  pro]3hètes. 

^  ^  Entrez  par  la  porte  étroite,  parce  que  la  porte  large 
et  le  chemin  spacieux  mènent  à  la  perdition,  et  il  y 
en  a  beaucoup  qui  y  entrent.  ^  'Mais  la  porte  étroite 
et  le  chemin  resserré  mènent  à  la  vie,  et  il  y  en  a  peu 
qui  la  trouvent.  - 

Les  faux  prophètes  reconnus  à  leurs   œuwes 

^^  Gardez -vous  des  faux  prophètes,  qui  viennent  à 
vous,  couverts  de  peaux  de  brebis,  mais  qui,  au  dedans, 
sont  des  loups  ravisseurs.  ^^Vous  les  reconnaîtrez  à 
leurs  fruits.  Cueille-t-on  des  raisins  sur  des  épines,  ou 
des  figues  sur  des  chardons  ?  ^^  Ainsi,  tout  arbre  qui 
est  bon  produit  de  bons  fruits  ;  mais  le  mauvais  arbre 
produit  de  mauvais  fruits.  ^^Un  bon  arbre  ne  peut 
porter  de  mauvais  fruits,  ni  un  mauvais  arbre  porter 
de  bons  fruits.  '^Tout  arbre  qui  ne  produit  pas  de 
bons  fruits  est  coupé  et  jeté  au  feu.  ^^V'ous  les  recon- 
naîtrez donc  à  leurs  fruits. 

^^  Ce  ne  sont  pas  tous  ceux  qui  me  disent  :  «  Seigneur, 
Seigneur  »,  qui  entreront  dans  le  royaume  des  cieux, 
mais  ceux-là  seulement  qui  font  la  volonté  de  mon 
Père,  qui  est  dans  les  cieux.  2- Plusieurs  me  diront  en 
ce  jour-là  :  Seigneur,  Seigneur,  n'avons-nous  pas  pro- 
phétisé en  ton  nom  ?  N'avons-nous  pas  chassé  les 
démons  en  ton  nom  %  N'avons-nous  pas  fait  plusieurs 
miracles  en  ton  nom  ?  ^^  Alors  je  leur  dirai  ouverte- 
ment :  Je  ne  vous  ai  jamais  connus  ;  retirez -vous  de 
moi,  vous  qui  commettez  l'iniquité  ! 

Nécessité  de  mettre  en  pratique  la  parole  de  Dieu 

^'' Ainsi,  tout  homme  qui  entend  les  paroles  que  je 
dis,  et  qui  les  met  en  pratique,  sera  semblable  à  un 
liomme  prudent  qui  a  bâti  sa  maison  sur  le  roc.  ^^La 
pluie  est  tombée,  les  torrents  sont  venus,  et  les  vents 
ont  soufflé  et  se  sont  déchaînés  contre  cette  maison-là  ; 

15 


7  :  26-8  :  iO  SAINT  MATTHIEU 

elle  n'est  pas  tombée,  car  elle  était  fondée  sur  le  roc. 
2^ Mais  tout  homme  qui  entend  les  paroles  que  je  dis 
et  qui  ne  les  met  pas  en  pratique,  est  semblable  à  un 
homme  insensé  qui  a  bâti  sa  maison  sur  le  sable. 
-^La  pluie  est  tombée,  les  torrents  sont  venus,  et  les 
vents  ont  soufflé  et  se  sont  déchaînés  contre  cette 
maison -là  ;  elle  est  tombée,  et  sa  ruine  a  été  grande  ! 

^^Or,  il  arriva,  quand  Jésus  eut  achevé  ces  dis- 
cours ('),  que  les  foules  furent  frappées  de  son  ensei- 
gnement; ^^car  il  les  enseignait  comme  ayant  auto- 
rité, et  non  pas  comme  leurs  scribes. 

Guérison  d^un  lépreux 

(Voy.  Marc  1  :  40-45  ;  Luc  5  :  12-16) 

8  ^  Jésus  étant  descendu  de  la  montagne,  une  grande 
foule  le  suivit,  ^  Et  voici  qu'un  lépreux,  s'approchant, 
se  prosterna  devant  lui  et  lui  dit  :  Seigneur,  si  tu  le 
veux,  tu  peux  me  rendre  net.  ^  Jésus,  étendant  la 
main,  le  toucha  et  lui  dit  :  Je  le  veux,  sois  net.  Et 
aussitôt,  il  fut  nettoyé  de  sa  lèpre.  '  Jésus  lui  dit  : 
Garde-toi  de  le  dire  à  personne  ;  mais  va,  montre-toi 
au  sacrificateur,  et  offre  le  don  que  Moïse  a  prescrit, 
afin  que  cela  leur  serve  de  témoignage. 

Le  centenier 

(Voy.  Luc  7  :  l-lO) 

^  Comme  Jésus  entrait  à  Capernaiim,  un  centenier  (^) 
vint  à  lui,  ^'  et  lui  adressa  cette  prière  :  Seigneur,  mon 
serviteur  est  au  lit  dans  ma  maison,  atteint  de  para- 
lysie et  cruellement  tourmenté.  ''Jésus  lui  dit  :  J'irai 
et  je  le  guérirai.  ^Le  centenier  répondit  :  Seigneur, 
je  ne  suis  pas  digne  que  tu  entres  sous  mon  toit  ;  mais 
dis  seulement  une  parole,  et  mon  serviteur  sera  guéri. 
^Car  moi,  qui  suis  sous  la  j)uissance  d'autrui,  j'ai  sous 
moi  des  soldats,  et  je  dis  à  l'un  :  Va,  et  il  va  ;  et  à 
l'autre  :  Viens,  et  il  vient  ;  et  à  mon  serviteur  :  Fais 
cela,  et  il  le  fait.  ^^  Jésus,  l'ayant  entendu,  fut  dans 
l'admiration  et  dit  à  ceux  qui  le  suivaient  :  En  vérité, 

(1)  Comp.  Matth.  11  :  1  ;  13  :  53  ;  19  :  1  ;  36  :  1. 

(2)  Le  centenier  ou  centurion,  officier  de  Tarmée  romaine,  qui  commandait  à 
cent  soldats. 

16 


SAINT   MATTHIEU  8  :  H-24 

je  vous  le  dis,  chez  aucun  homme  en  Israël  je  n'ai 
trouvé  une  si  grande  foi.  '  '  Aussi,  je  vous  dis  que  plu- 
sieurs viendront  d'Orient  et  d'Occident,  et  ils  seront 
à  table  dans  le  royaume  des  cieux  avec  Abraham, 
Isaac  et  Jacob.  ^^Mais  les  fils  du  royaume  seront  jetés 
dans  les  ténèbres  du  dehors  ;  c'est  là  qu'il  y  aura  des 
pleurs  et  des  grincements  de  dents.  '^  Alors  Jésus  dit 
au  centenier  :  Va,  et  qu'il  te  soit  fait  selon  ta  foi. 
Et  à  cette  heure  même,  son  serviteur  fut  guéri. 

Guèrison  de  la  belle-mère  de  Pierre  et  d'autres  malades 

(Voy.  Marc  1  :  29-34  ;  Luc  4  :  38-41) 

'''Puis,  Jésus  entra  dans  la  maison  de  Pierre,  et 
il  vit  sa  belle-mère  qui  était  au  lit,  malade  de  la  fièvre. 
^'11  lui  toucha  la  main,  et  la  fièvre  la  quitta.  Elle  se 
leva  et  se  mit  à  les  servir. 

^^  Quand  le  soir  fut  venu,  on  lui  amena  plusieurs 
démoniaques,  et  il  chassa  les  esprits  par  Sa  parole. 
Il  guérit  aussi  tous  ceux  qui  étaient  malades,^ ''de 
sorte  que  fut  accompli  ce  qui  avait  été  dit  par  Esaïe, 
le  prophète  :  «  Il  a  pris  lui-même  nos  infirmités  et  il 
a  porté  nos  maladies  (').  » 

Dispositions  nécessaires  pour  suivre  Jésus 

(Yoy.  Luc  9  :  57-62) 

^^Or  Jésus,  voyant  une  grande  foule  autour  de  lui, 
donna  l'ordre  de  passer  à  l'autre  bord.  '''Alors  un 
scribe,  s'étant  ai^proché,  lui  dit  :  «  Maître,  je  te  suivrai 
partout  où  tu  iras.  »  -"Jésus  lui  répondit  :  «  Les  re- 
nards ont  des  tanières,  et  les  oiseaux  du  ciel,  des 
nids  ;  mais  le  Fils  de  l'homme  n'a  pas  un  lieu  où 
il  puisse  reposer  sa  tête.  »  ^' Un  autre  des  disciples 
lui  dit  :  «  Seigneur,  permets  que  j'aille  auparavant 
ensevelir  mon  père.  »  ^^Mais  Jésus  lui  dit  :  «  Suis- 
moi;  et  laisse  les  morts  ensevelir  leurs  morts.  » 

*    La  tempête 

(Yoy.  Marc  4  :  35-41  ;  Luc  8  :  22-25) 

23  Ensuite  il  entra  dans  la  barque,  et  ses  disciples  le 
suivirent.    ^^Et  voici  qu'il  s'éleva  sur  la  mer  une  si 

(1)  Ésaïe  53  :  4. 

17 


8  :  2b-9  :  2  SAINT   MATTHIEU 

grande  tourmente,  que  la  barque  était  couverte  par 
les  flots  ;  mais  Jésus  dormait.  ^'^Ses  disciples,  s'étant 
approchés,  le  réveillèrent  en  disant  :  Seigneur,  sauve- 
nous,  nous  périssons  !  -''Et  il  leur  dit  :  Pourquoi  avez- 
vous  peur,  gens  de  peu  de  foi  ?  Alors,  s'étant  levé, 
il  imposa  silence  aux  vents  et  à  la  mer  ;  et  il  se  fit  un 
grand  calme.  ^'Et  ces  hommes,  saisis  d'admiration, 
disaient  :  Quel  est  donc  celui-ci,  que  même  les  vents 
et  la  mer  lui  obéissent  ? 

Les  démoniaques  de  Gadara 

(Yoy.  Marc  5  :  1-20;  Luc  8  :  26-39) 

^^  Quand  il  fut  arrivé  à  l'autre  bord,  dans  le  pays  des 
Gadaréniens,  deux  démoniaques  vinrent  à  sa  rencontre, 
sortant  des  tombeaux  ('),  et  si  furieux  que  personne 
n'osait  passer  par  ce  chemin-là.  ^'-^Et  ils  se  mirent  à 
crier  :  Qu'y  a-t-il  entre  nous  et  toi.  Fils  de  Dieu  ? 
Es-tu  venu  ici  pour  nous  tourmenter  avant  le  temps  ? 
•^'*  Or,  il  y  avait  au  loin  un  grand  troupeau  de  pourceaux 
qui  paissaient.  ^^Et  les  démons  adressaient  à  Jésus 
cette  prière  :  Si  tu  nous  chasses,  envoie-nous  dans  ce 
troupeau  de  pourceaux.  -^-11  leur  dit  :  Allez.  Les  dé- 
mons, étant  sortis,  entrèrent  dans  les  pourceaux  ;  et 
voici  que  tout  le  troupeau  se  précipita  avec  impétuosité 
dans  la  mer  et  périt  dans  les  eaux.  -^"^  Alors  ceux  qui  le 
faisaient  paître  s'enfuirent;  et  ils  allèrent  à  la  ville 
raconter  tout  ce  qui  s'était  passé  et  ce  qui  était  arrivé 
aux  démoniaques.  •*' Aussitôt,  tous  les  habitants  de  la 
ville  sortirent  au-devant  de  Jésus;  et,  l'ayant  vu,  ils 
le  prièrent  de  se  retirer  de  leur  pays. 

Le  paralytique 

(Yoj.  Marc  2  :  1-12  ;  Luc  5  :  17-26) 

9  ^  Jésus,  étant  entré  dans  une  barque,  repassa  la  mer, 
et  vint  dans  sa  ville  (-).  '^Et  voici  qu'on  lui  apporta 
un  paralytique  couché  sur  un  lit.  Jésus,  voyant  la 
foi  de  ces  gens,  dit  au  paralytique  :  Prends  courage, 

(1)  Les  tombeaux,  c'est-à-dire  les  caverues  taillées  dans  le  roc  ou  formées 
naturellement,  et  qui  servaient  de  sépulture.    . 

(2)  Sa  viUe,  c'est-à-dire  Capernaiim,  où  il  s'était  établi  à  ce  moment-là,  — 
Voy.  Matth.  4  :  13  ;  Marc  2  :  1. 

18 


SAINT    MATTHIEU  9:3-4  5 

mon  enfant,  tes  péchés  te  sont  pardonnes.  ^  Alors  quel- 
ques scribes  dirent  en  eux-mêmes  :  Cet  homme  blas- 
phème. ^Mais  Jésus,  connaissant  leurs  pensées,  dit: 
Pourquoi  avez -vous  de  mauvaises  pensées  dans  vos 
cœurs  ?  ^Lequel  est  le  plus  aisé,  de  dire  :  Tes  péchés  te 
sont  pardonnes,  ou  de  dire  :  Lève-toi  et  marche  ?  ^Or, 
afin  que  vous  sachiez  que  le  Fils  de  l'homme  a  sur  la 
terre  le  pouvoir  de  pardonner  les  péchés  :  Lève-toi, 
—  dit-il  au  paralytique,  —  charge-toi  de  ton  lit,  et  va 
dans  ta  maison.  "^Celui-ci  se  leva,  et  il  s'en  alla  dans 
sa  maison.  ^A  cette  vue,  la  foule  fut  saisie  de  crainte; 
et  elle  rendit  gloire  à  Dieu  de  ce  qu'il  avait  donné 
un  tel  pouvoir  aux  hommes. 

Vocation  de  Matthieu.  —  Le  Jeûne 

(Voy.  Marc  2  ;  13-22  ;  Luc  5  :  27-39) 

^  Jésus,  étant  parti  de  là,  vit  un  homme  appelé 
Matthieu,  assis  au  bureau  du  péage,  et  il  lui  dit  : 
Suis-moi.  Et  lui,  se  levant,  le  suivit. 

^  ^  Or,  il  arriva,  comme  il  était  à  table  dans  la  maison 
de  cet  homme,  que  beaucoup  de  péagers  et  de  pé- 
cheurs (  '  )  y  vinrent  ;  et  ils  se  mirent  à  table  avec  Jésus 
et  ses  disciples.  ^  '  Les  pharisiens,  voyant  cela,  dirent 
à  ses  disciples  :  Pourquoi  votre  maître  mange-t-il 
avec  les  péagers  et  les  pécheurs  ?  '-Jésus,  les  ayant 
entendus,  leur  dit  :  Ce  ne  sont  pas  ceux  qui  sont  en 
santé  qui  ont  besoin  de  médecin,  mais  ceux  qui  se 
portent  mal.  '^  Allez  et  apprenez  ce  que  signifie  cette 
parole  :  «  Je  veux  la  miséricorde,  et  non  le  sacrifice  (^)  »  ; 
car  je  ne  suis  jpas  venu  appeler  les  justes,  mais  les 
pécheurs. 

^  'Alors  les  disciples  de  Jean  vinrent  trouver  Jésus,  et 
ils  lui  dirent  :  D'où  vient  que  nous  et  les  pharisiens,  nous 
jeûnons,  et  que  tes  disciples  ne  jeûnent  pas  ?  ^•' Jésus 
leur  répondit  :  Les  amis  de  l'époux  peuvent-ils  s'affliger 
aussi  longtemps  que  l'époux  est  avec  eux  ?  Mais 
les  jours  viendront  où  l'époux  leur  sera  ôté,  et  alors, 

(  1  )  Pécheurs  :  ce  mot  désigne  ici  des  païens,  ou  des  Juifs  vivant  comme  les 
païens,  en  dehors  de  la  loi  de  Moïse. 
(2)  Osée  e  :  6. 

19 


9  :  4  6-29  SAINT   MATTHIEU 

ils  jeûneront.  ^^  Personne  ne  met  une  pièce  de  drap 
neuf  à  un  vieux  vêtement  ;  car  la  jjièce  emporte  une 
partie  'du  vêtement,  et  la  déchirure  en  devient  pire. 
*^0n  ne  met  pas  non  plus  du  vin  nouveau  dans  de 
vieilles  outres  ;  autrement,  les  outres  se  rompent, 
le  vin  se  répand,  et  les  outres  sont  perdues.  Mais  on 
met  le  vin  nouveau  dans  des  outres  neuves,  et  tous 
deux  se  conservent. 

La  fille  de  Jaïrus  et  la  femme  malade 

(Voy.  Marc  5  :  21-43  ;  Luc  8  :  40-5G) 

^^  Comme  il  leur  parlait  ainsi,  un  chef  de  la  syna- 
gogue entra,  se  prosterna  devant  lui  et  lui  dit  :  Ma 
fille  vient  de  mourir  ;  mais  viens,  pose  ta  main  sur 
elle,  et  elle  vivra.  ^^  Jésus,  s'étant  levé,  le  suivit  avec 
ses  disciples. 

^^ Voici  qu'une  femme,  malade  d'une  perte  de 
sang  depuis  douze  ans,  s'approcha  par  derrière  et 
toucha  le  bord  de  son  vêtement.  "^^Car  elle  disait  en 
elle-même  :  Si  je  touche  seulement  son  vêtement,  je 
serai  guérie.  --Jésus,  s'étant  retourné  et  la  voyant, 
lui  dit  :  Prends  courage,  ma  fille,  ta  foi  t'a  guérie.  Et 
à  l'heure  même,  cette  femme  fut  guérie. 

^•^  Lorsque  Jésus  fut  arrivé  à  la  maison  du  chef  de 
la  synagogue,  et  qu'il  vit  les  joueurs  de  flûte  et  la 
foule  qui  faisait  grand  bruit,  ^^il  leur  dit  :  Retirez- 
vous  ;  car  la  petite  fille  n'est  pas  morte,  mais  elle  dort. 
Et  ils  se  moquaient  de  lui.  -"'Après  qu'on  eut  mis  la 
foule  dehors,  il  entra  ;  il  prit  la  petite  fille  par  la 
main,  et  elle  se  leva.  -^Et  cette  nouvelle  se  répandit 
dans  tout  le  pays. 

Guérisons  diverses 

(Voy.  Luc  10  :  2) 

^^  Comme  Jésus  partait  de  là,  deux  aveugles  le 
suivirent,  en  criant  :  Eils  de  David,  aie  pitié  de  nous  ! 
2^  Quand  il  fut  entré  dans  la  maison,  ces  aveugles 
vinrent  à  lui  ;  et  Jésus  leur  dit  :  Croyez -vous  que  je 
puisse  faire  ce  que  vous  désirez  ?  Ils  lui  répondirent  : 
Oui,  Seigneur.  ^^  Alors  il  leur  toucha  les  yeux,  en  di- 

20 


SAINT   MATTHIETJ  9  :  30-10  :  S 

sant  :  Qu'il  vous  soit  fait  selon  votre  foi.  ^^Et  leurs 
yeux  furent  ouverts.  Jésus  leur  dit  d'un  ton  sévère  : 
Prenez  garde  que  personne  ne  le  sache.  ^^Mais  eux, 
étant  sortis,  répandirent  sa  renommée  dans  tout  le 
pays. 

•^2  Comme  ils  sortaient,  voici  qu'on  lui  présenta  un 
homme  muet,  possédé  d'un  démon.  ^^Le  démon  ayant 
été  chassé,  le  muet  parla.  La  foule  était  dans  l'admi- 
ration et  s'écriait  :  Jamais  rien  de  semblable  ne  s'est 
vu  en  Israël!  ^^Mais  les  pharisiens  disaient  :  Il  chasse 
les  démons  par  le  prince  des  démons. 

^^  Jésus  parcourait  toutes  les  villes  et  tous  les  vil- 
lages, enseignant  dans  les  synagogues,  prêchant  l'Evan- 
gile du  royaume,  et  guérissant  toute  sorte  de  maladies 
et  d'infirmités.  ^^En  voyant  les  foules,  il  fut  ému  de 
compassion  pour  elles,  parce  qu'elles  étaient  épuisées 
et  dispersées  comme  des  brebis  qui  n'ont  pas  de  berger, 
^^  Alors  il  dit  à  ses  disciples  :  La  moisson  est  grande, 
mais  il  y  a  peu  d'ouvriers.  -^^ Priez  donc  le  maître  de 
la  moisson  d'envoyer  des  ouvriers  dans  sa  moisson. 

Les  Douze  envoyés -en  mission 

(Voy.  Marc  6  :  7-13  ;  Luc  9  :  1-6  ;  12  :  51-53  ;  14  :  25-27;  17  :  33) 

I  0  ^  Jésus,  ayant  appelé  ses  douze  disciples,  leur 
donna  le  pouvoir  de  chasser  les  esprits  impurs  et  de 
guérir  toute  sorte  de  maladies  et  d'infirmités.  ^  Voici 
les  noms  des  douze  apôtres  :  le  premier,  Simon, 
appelé  Pierre,  et  André  son  frère  ;  Jacques,  fils  de 
Zébédée,  et  Jean,  son  frère  ;  '^  Philippe  et  Barthélémy  ; 
Thomas  et  Matthieu,  le  péager  ;  Jacques,  fils  d' Alphée, 
et  Thaddée  ;  ^' Simon,  le  Cananéen  (')  et  Judas  l'Is- 
cariote  (-),  celui-là  même  qui  le  trahit. 

^Ce  sont  là  les  douze  que  Jésus  envoya,  en  leur 
donnant  ces  instructions  :  N'allez  point  vers  les  païens, 
et  n'entrez   dans   aucune   ville  des   Samaritains  (^); 

(1)  Il  se  peut  que  Cananéen  soit  mis  ici  pour  Cananite,  qui  se  trouve  dans 
quelques  manuscrits,  et  qui  signifie  zélateur  ou  zélote.  —  (Voy.  Luc  6  :  15  ; 
Actes  1  :  13.) 

(2)  L'Iscariote  signifie  Vhomme  de  Karioth,  village  de  Judée. 

(3)  Les  Samaritains,  habitants  de  la  Samarie,  province  centrale  de  la  Pales- 
tine, étaient  des  Israélites  de  race  mélangée,  schismatiques  et  ennemis  des  Juifs. 

21 


10  :  0-23  SAINT   MATTHIEU 

'^  mais  allez  plutôt  vers  les  brebis  perdues  de  la  maison 
d'Israël.  "^Et  sur  votre  route,  prêchez  et  dites  :  Le 
royaume  des  cieux  est  proche.  ^  Guérissez  les  malades, 
ressuscitez  les  morts,  nettoyez  les  lépreux,  chassez 
les  démons  :  vous  avez  reçu  gratuitement,  donnez 
gratuitement  !  ^  Ne  prenez  ni  or,  ni  argent,  ni  monnaie 
dans  vos  ceintures,  '"ni  sac  pour  le  voyage,  ni  deux 
tuniques,  ni  chaussures,  ni  bâton  ;  car  l'ouvrier  mé- 
rite sa  nourriture.  ^'Dans  quelque  ville  ou  village 
que  vous  entriez,  demandez  celui  qui  est  digne  de  vous 
recevoir,  et  demeurez  chez  lui  jusqu'à  votre  départ. 
^^En  entrant  dans  la  maison,  saluez -la  (').  ^-^  Et  si  la 
maison  en  est  digne,  que  votre  paix  descende  sur  elle; 
mais  si  elle  n'en  est  pas  digne,  que  votre  paix  revienne 
à  vous.  ^  ''Si  l'on  ne  vous  reçoit  pas,  et  si  l'on  n'écoute 
pas  vos  paroles,  en  sortant  de  cette  maison  ou  de  cette 
ville,  secouez  la  poussière  de  vos  pieds.  ''^En  vérité, 
je  vous  le  dis,  le  pays  de  Sodome  et  de  Gomorrhe  sera 
traité  moins  rigoureusement  que  cette  ville,  au  jour 
du  jugement. 

'^  Voici  que  je  vous  envoie  comme  des  brebis  au  mi- 
lieu des  loups  :  soyez  donc  prudents  comme  les  serpents, 
et  purs  comme  les  colombes.  ' '^  Tenez- vous  sur  vos 
gardes  vis-à-vis  des  hommes  ;  car  ils  vous  livreront 
aux  tribunaux  et  vous  battront  de  verges  dans  leurs 
synagogues.  ^^Vous  serez  menés  devant  les  gou- 
verneurs et  devant  les  rois,  à  cause  de  moi,  pour 
rendre  témoignage  devant  eux  et  devant  les  nations. 
^^Mais  quand  on  vous  livrera,  ne  soyez  en  peine  ni 
de  la  manière  dont  vous  parlerez,  ni  de  ce  que  vous 
direz  ;  car  ce  que  vous  aurez  à  dire  vous  sera  inspiré 
à  l'heure  même.  ^^Ce  n'est  pas  vous  qui  parlerez, 
mais  c'est  l'Esprit  de  votre  Père  qui  parlera  en 
vous.  -  '  Le  frère  livrera  son  frère  à  la  mort,  et  le 
père  son  enfant  ;  les  enfants  se  soulèveront  contre 
leurs  parents  et  les  feront  mourir.  ^^Vous  serez  haïs 
de  tous  à  cause  de  mon  nom  ;  mais  celui  qui  persé- 
vérera jusqu'à  la  fin,  celui-là  sera  sauvé.  ^^  Quand  ils 
vous  persécuteront  dans  une  ville,  fuyez  dans  une 
autre  ;  car,  je  vous  le  dis  en  vérité,  vous  n'aurez  pas 

(11  T;n,  salutation  consistait  dans  ces  mots  :  «La  paix  soit  sui'  cette  maison  I» 

22 


SAINT    MATTHIEU  10  :  25-39 

achevé  de  parcourir  les  villes  d'Israël,  que  le  Fils  de 
l'homme  sera  venu. 

^'Le  disciple  n'est  pas  au-dessus  de  son  maître,  ni 
le  serviteur  au-dessus  de  son  seigneur.  --^11  suffit  au 
disciple  d'être  comme  son  maître,  et  au  serviteur 
d'être  comme  son  seigneur.  S'ils  ont  appelé  le  père  de 
famille  Béelzébul  (^),  combien  plus  ceux  de  sa  maison  ! 
^^Ne  les  craignez  donc  point  ;  car  il  n'y  a  rien  de  caché 
qui  ne  doive  être  découvert,  ni  rien  de  secret  qui  ne 
doive  être  connu.  ^'^  Ce  que, je  vous  dis  dans  les  ténèbres, 
dites -le  en  plein  jour;  et  ce  que  vous  entendez  à 
l'oreille,  prêchez -le  sur  les  toits  (-). 

^^Ne  craignez  point  ceux  qui  tuent  le  corps, 
mais  qui  ne  peuvent  tuer  l'âme  ;  craignez  plutôt 
celui  qui  peut  faire  périr  l'âme  et  le  corps  dans  la 
géhenne  {'^).  "^^Deux  passereaux  ne  se  vendent-ils 
pas  un  sou('')?  Et  il  n'en  tombe  pas  un  seul  à 
terre  sans  la  volonté  de  votre  Père  !  ^^''Les  che- 
veux même  de  votre  tête  sont  tous  comptés.  ^'Ne 
craignez  donc  rien  ;  vous  valez  mieux  que  beaucoup 
de  passereaux.  ^- C'est  pourquoi,  quiconque  me  con- 
fessera devant  les  hommes,  je  le  confesserai  aussi 
devant  mon  Père  qui  est  dans  les  cieux.  -^^Mais  qui- 
conque me  reniera  devant  les  hon;imes,  je  le  renierai 
aussi  devant  mon  Père  qui  est  dans  les  cieux. 

•^^Ne  pensez  pas  que  je  sois  venu  apporter  la  paix 
sur  la  terre  ;  je  suis  venu  apporter  non  la  paix,  mais 
l'épée.  ^•''Je  suis  venu  mettre  la  division  entre  le  fils 
et  son  père,  entre  la  fille  et  sa  mère,  entre  la  belle-fille 
et  sa  belle-mère;  ^^et  l'homme  aura  pour  ennemis 
ceux  de  sa  propre  maison.  -^^  Celui  qui  aime  son  père 
ou  sa  mère  plus  que  moi,  n'est  pas  digne  de  moi  ; 
celui  qui  aime  son  fils  ou  sa  fille  plus  que  moi,  n'est 
pas  digne  de  moi  ;  '^^et  celui  qui  ne  prend  pas  sa  croix 
et  ne  me  suit  pas,  n'est  pas  digne  de  moi.  ^^  Celui  qui 
aura  conservé  sa  vie  la  perdra  ;  et  celui  qui  aura  perdu 
sa  vie,  à  cause  de  moi,  la  retrouvera. 

(1)  Béelzébul,  un  des  noms  du  Diable. 

(2)  Sur  les  toits  :  c'est-à-dire  sur  les  terrasses  qui,  en  Orient,  forment  les  toits 
des  maisons. 

(3)  Géhenne  :  voir  note  5,  sur  Matth.  5  :  22. 

(4)  Litt  :  un  as,  monnaie  du  temps,  qui  valait  environ  six  centimes. 

23 


10  :  40-11  :  ^^  SAINT  MATTHIEU 

^^Qui  vous  reçoit,  me  reçoit  ;  et  qui  me  reçoit,  reçoit 
celui  qui  m'a  envoyé.  ''  '  Celui  qui  reçoit  un  prophète 
en  qualité  de  prophète,  recevra  une  récompense  de 
prophète  ;  et  celui  qui  reçoit  un  juste  en  qualité  de 
juste,  recevra  une  récompense  de  juste.  ^'-Qui- 
conque aura  donné  à  boire  seulement  un  verre  d'eau 
froide  à  l'un  de  ces  petits,  parce  qu'il  est  mon  disciple, 
en  vérité,  je  vous  le  dis,  celui-là  ne  perdra  point  sa 
récompense. 

Il  ^  Or,  il  arriva,  quand  Jésus  eut  achevé  de  donner 
ces  instructions  à  ses  douze  disciples,  qu'il  partit  de 
là  pour  aller  enseigner  et  prêcher  dans  les  villes  du 
pays. 

Message  de  Jean-Baptiste 

(Voy.  Luc  7  :  18-35  ;  16  :  16) 

^Jean,  ayant  entendu  parler  dans  sa  prison  des 
œuvres  du  Christ,  lui  envoya  dire  par  ses  disciples  : 
^  Es-tu  celui  qui  doit  venir,  ou  devons-nous  en  attendre 
un  autre  ?  ^'  Jésus  leur  répondit  :  Allez  rapporter  à 
Jean  ce  que  vous  entendez  et  ce  que  vous  voyez  :  ^  les 
aveugles  recouvrent  la  vue,  les  boiteux  marchent,  les 
lépreux  sont  nettoyés,  les  sourds  entendent,  les  morts 
ressuscitent,  et  l'Évangile  est  annoncé  aux  pauvres. 
*^  Heureux  celui  pour  qui  je  ne  serai  pas  une  occasion 
de  chute  ! 

^  Comme  ils  s'en  allaient,  Jésus  se  mit  à  parler  de 
Jean  à  la  foule  :  Qu'êtes-vous  allés  voir  au  désert  ? 
Un  roseau  agité  par  le  vent  ?...  ^Mais  encore,  qu'êtes- 
vous  allés  voir  ?  Un  homme  vêtu  d'habits  somptueux  ? 
Ceux  qui  portent  des  vêtements  somptueux  sont 
dans  les  demeures  des  rois...  ^Mais  encore,  qu'êtes- 
vous  allés  voir  ?  Un  prophète  ?  Oui,  vous  dis- je,  et 
plus  qu'un  prophète.  ^"^ C'est  celui  dont  il  est  écrit: 
«  Voici  que  j'envoie  mon  messager  devant  ta  face,  pour 
préparer  ton  chemin  devant  toi  (').  »  "En  vérité,  je 
vous  le  dis,  parmi  ceux  qui  sont  nés  de  femme,  il 
n'en^  pas  été  suscité  de  plus  grand  que  Jean-Baptiste  ; 

(1)  Malachie  3:1. 

24 


SAINT   MATTHIEU  11  :  <2-24 

toutefois,  celui  qui  est  le  plus  petit  dans  le  royaume 
des  cieux  est  plus  grand  que  lui.  ^^Mais,  depuis  les 
jours  de  Jean-Baptiste  jusqu'à  maintenant,  le  royaume 
des  cieux  est  forcé,  et  ce  sont  les  violents  qui  s'en 
emparent.  ^"'Car  tous  les  prophètes  et  la  loi  ont  pro- 
phétisé jusqu'à  Jean.  ^  'Et  si  vous  voulez  comprendre, 
il  est  cet  Élie  qui  devait  venir  (  '  ).  ^  '^  Que  celui  qui  a  des 
oreilles  pour  entendre,  entende  ! 

^^A  qui  donc  comparerai-je  cette  génération  ?  Elle 
ressemble  à  des  enfants  assis  dans  les  places  publiques, 
qui  crient  à  leurs  compagnons,  ^"^et  qui  leur  disent: 
Nous  vous  avons  joué  de  la  flûte,  et  vous  n'avez  pas 
dansé  ;  nous  avons  chanté  des  complaintes,  et  vous  ne 
vous  êtes  pas  lamentés.  '  ^  En  effet,  Jean  est  venu,  ne 
mangeant  ni  ne  buvant,  et  l'on  dit  :  Il  a  un  démon  ! 
^  ^  Le  Fils  de  l'homme  est  venu,  mangeant  et  buvant, 
et  l'on  dit  :  Voilà  un  mangeur  et  un  buveur,  un  ami  des 
péagers  et  des  pécheurs  (-)  !...  Mais  la  sagesse  a  été 
justifiée  par  ses  enfants. 

Reproches  aux  villes  impénitentes 

(Yoy.  Luc  10  :  13-15) 

^•^ Alors  il  se  mit  à  faire  des  reproches  aux  villes 
où  il  avait  fait  le  plus  grand  nombre  de  ses  miracles, 
parce  qu'elles  ne  s'étaient  point  repenties.  ^'Malheur 
à  toi,  Corazin  !  Malheur  à  toi,  Bethsaïda  (^')  !  Car  si 
les  miracles  qui  ont  été  faits  au  milieu  de  vous  avaient 
été  faits  à  Tyr  et  à  Sidon,  il  y  a  longtemps  qu'elles 
se  seraient  repenties  en  prenant  le  sac  et  la  cendre. 
^2 C'est  pourquoi,  je  vous  le  déclare,  Tyr  et  Sidon 
seront  traitées  moins  rigoureusement  que  vous  au  jour 
du  jugement.  --^Et  toi,  Capernaiim,  qui  espérais  être 
élevée  jusqu'au  ciel,  tu  seras  abaissée  jusqu'en  en- 
fer (^)  !  Car  si  les  miracles  qui  ont  été  faits  au  milieu  de 
toi  avaient  été  faits  à  Sodome,  elle  subsisterait  encore 
aujourd'hui.  -'C'est  pourquoi,  je  le  déclare,  le  pays 

(1)  Voy.  Malachie  4:5. 

(2)  Voir  note  sur  Matth.  9  :  10. 

(3)  Corazin  et  BethsaMa,  villes  voisine.^  de  Capernaiim. 

(4)  Litt.  '.jusqu'au  Hadèx.  En  grec,  le  mot  Hadès  désigne  le  séjour  des  morts. 


11  :  25-12  :  7  SAINT   MATTHIEU 

de  Sodome  sera  traité  moins  rigoureusement  que  toi, 
au  jour  du  jugement. 

U  Evangile  révélé  aux  ^petits 

(Voy.  Lvrc  10  :  21-22) 

2^  En  ce  temps-là,  Jésus  prononça  ces  paroles  :  Je 
te  loue,  ô  Père,  Seigneur  du  ciel  et  de  la  terre,  de  ce 
que  tu  as  caché  ces  choses  aux  sages  et  aux  intelli- 
gents, et  de  ce  que  tu  les  as  révélées  aux  petits  enfants. 
^^Oui,  Père,  il  en  est  ainsi,  parce  que  tu  l'as  trouvé 
bon.  2 ''Toutes  choses  m'ont  été  remises  par  mon  Père  ; 
nul  ne  connaît  le  Fils,  si  ce  n'est  le  Père,  et  nul  ne 
connaît  le  Père,  si  ce  n'est  le  Fils  et  celui  à  qui  le  Fils 
aura  voulu  le  révéler. 

28  Venez  à  moi,  vous  tous  qui  êtes  fatigués  et  chargés, 
et  je  vous  soulagerai.  2'-' Chargez -vous  de  mon  joug, 
et  apprenez  de  moi,  car  je  suis  doux  et  humble  de 
cœur;  et  vous  trouverez  le  repos  de  vos  âmes.  ^"^'Car 
mon  joug  est  doux  ('),  et  mon  fardeau  léger. 

Les  épis  arrachés 

(Voy.  Marc  2  :  23-28  ;  Luc  6  :  1-5) 

I  2  ^  En  ce  temps-là,  Jésus  passa  par  les  blés  un 
jour  de  sabbat  ;  et  ses  disciples,  ayant  faim,  se  mirent 
à  arracher  des  épis  et  à  les  manger.  ^Les  pharisiens, 
voyant  cela,  lui  dirent  :  Voilà  tes  disciples  qui  font 
ce  qu'il  n'est  pas  permis  de  faire  le  jour  du  sabbat. 
^11  leur  répondit  :  N'avez -vous  pas  lu  ce  que  fit 
David,  lorsqu'il  eut  faim,  lui  et  ceux  qui  étaient 
avec  lui  :  ''  comment  il  entra  dans  la  maison  de 
Dieu,  et  mangea  les  pains  de  proposition  qu'il 
n'était  permis  de  manger,  ni  à  lui,  ni  à  ceux  qui 
étaient  avec  lui,  mais  aux  seuls  sacrificateurs  (2)  ? 
^Ou  n'avez -vous  pas  lu  dans  la  loi  que  les  sacrifica- 
teurs, le  jour  du  sabbat,  violent  le  sabbat  dans  le 
temple,  sans  être  coupables  (•^)  ?  ^Or,  je  vous  le  dis, 
il  y  a  ici  plus  que  le  temple.  '^Si  vous  saviez  ce  que 
signifie  cette  parole  :  «  Je  veux  la  miséricorde  et 
non  le  sacrifice   {^)  »,   vous  n'auriez   pas  condamné 

(1)  Litt  :  dont  on  se  sert  facilement.  —  (2)  Voy.  I  Sam.  SI  :  1-6.  —  (3)  yoy. 
Lévit.  34  ;  1-9.  —  (4)  Osée  6  :  6.  —  Matth.  9  :  13. 

26 


SAINT    MATTHIEU  12  :  8-23 

des  innocents  ;    ^  car  le  Fils  de  l'homme  est  maître 
du  sabbat. 

Uhomme  à  la  main  desséchée 

(Voy.  Marc  3  :  1-6  ;  Luc  6  :  6-11) 

'^  Étant  parti  de  là,  il  entra  dans  la  synagogue. 
^^11  s'y  trouvait  un  homme  qui  avait  une  main 
desséchée,  et  ils  demandèrent  à  Jésus  :  Est-il  permis  de 
guérir  le  jour  du  sabbat  ?  C'était  afin  de  pouvoir 
l'accuser.  •  ^  '  Mais  il  leur  répondit  :  Quel  est  celui  d'entre 
vous,  qui,  ayant  une  brebis,  si  elle  tombe  dans  une 
fosse  le  jour  du  sabbat,  ne  la  prenne  et  ne  l'en  retire  ? 
^  ^  Combien  un  homme  ne  vaut-il  pas  mieux  qu'une  bre- 
bis !  Il  est  donc  permis  de  faire  du  bien  le  jour  du  sab- 
bat. --^  Alors  il  dit  à  cet  homme  :  Étends  ta  main.  Il 
rétendit  ;  et  «lie  redevint  saine  comme  l'autre.  ^  -Les 
pharisiens,  étant  sortis,  tinrent  conseil  contre  lui 
pour  le  faire  périr. 

^•"^Mais  Jésus,  l'ayant  su,  partit  de  là;  plusieurs 
le  suivirent,  et  il  les  guérit  tous.  ^''Puis  il  leur  recom- 
manda sévèrement  de  ne  pas  le  faire  connaître. 
^^Ainsifut  accompli  ce  qui  avait  été  dit  par  Esaïe,  le 
prophète  :  «  ^^  Voici  mon  serviteur  que  j'ai  élu,  mon 
bien-aimé  en  qui  mon  âme  a  mis  toute  son  affection. 
Je  ferai  reiooser  mon  Esprit  sur  lui,  et  il  annoncera  le 
jugement  aux  nations.  •'•^Il  ne  contestera  pas  et  ne 
criera  point,  et  on  n'entendra  point  sa  voix  dans  les 
places  publiques.  '^"11  ne  brisera  pas  le  roseau  froissé, 
et  il  n'étouffera  pas  le  lumignon  qui  va  s'éteindre, 
jusqu'à  ce  qu'il  ait  fait  triompher  la  justice  ;  -'et  les 
nations  espéreront  en  son  nom  (').  » 

Guérison  d'un  démoniaque.  —  Le  féché  contre 
le  Saint-Esprit.  —  U arbre  et  smi  fruit 

iVoy.  Marc  3  :  20-30  ;  Luc  11  :  14-23) 

-^  Alors  on  présenta  à  Jésus  un  démoniaque  aveugle 
et  muet  ;  il  le  guérit,  de  sorte  que  le  muet  pa^rlait  et 
voyait.   ^^La  foule  en  fut  étonnée,   et  l'on  disait  : 

(1)  Ésaïe  4i'Z  :  1-4. 

27 


12  :  24-37  SAINT    MATTHIETT 

N'est-ce  point  là  le  Fils  de  David  ?  ^''Mais  les  phari- 
siens, entendant  cela,  dirent  :  Cet  homme  ne  chasse 
les  démons  que  par  Béelzébul  ('),  le  prince  des  dé- 
mons. 

2'^ Jésus,  connaissant  leurs  pensées,  leur  dit:  Tout 
royaume  divisé  contre  lui-même  sera  réduit  en  désert  ; 
et  toute  ville  ou  toute  maison  divisée  contre  elle- 
même  ne  pourra  subsister.  ^*'Si  Satan  chasse  Satan, 
il  est  divisé  contre  lui-même  ;  comment  donc  son 
royaume  subsistera-t-il  ?  ^'^Et  si  je  chasse  les  démons 
par  Béelzébul,  vos  fils,  par  qui  les  chassent-ils  ? 
C'est  pourquoi  ils  seront  eux-mêmes  vos  juges!  ^^Mais 
si  je  chasse  les  démons  par  l'Esprit  de  Dieu,  le  royaume 
de  Dieu  est  donc  venu  jusqu'à  vous.  ^^Ou  bien, 
comment  quelqu'un  peut-il  entrer  dans  la  maison  de 
l'homme  fort  et  ravir  ses  biens,  s'il  n'a  auparavant 
lié  cet  homme  fort  ?  Après  cela,  il  pourra  piller -sa 
maison. 

^'^ Celui  qui  n'est  pas  avec  moi  est  contre  moi,  et 
celui  qui  n'amasse  pas  avec  moi  disperse.  '^*  C'est  pour- 
quoi, je  vous  le  dis,  tout  péché,  tout  blasphème  sera 
pardonné  aux  hommes  ;  mais  le  blasphème  contre 
l'Esprit  ne  sera  point  pardonné.  •^■-  Et  si  quelqu'un  parle 
contre  le  Fils  de  l'homme,  il  lui  sera  pardonné  ;  mais 
si  quelqu'un  parle  contre  le  Saint-Esprit,  il  ne  lui  sera 
pardonné,  ni  dans  ce  monde,  ni  dans  le  monde  à 
venir. 

•^^Ou  dites  que  l'arbre  est  bon  et  que  son  fruit  est 
bon,  ou  dites  que  l'arbre  est  mauvais  et  que  son  fruit 
est  mauvais  ;  car  on  connaît  l'arbre  à  son  fruit. 
^^Race  de  vipères,  comment  pourriez-vous  dire  de 
bonnes  choses,  étant  méchants  ?  Car  c'est  de  l'abon- 
dance du  cœur  que  la  bouche  parle.  '^'^  L'homme  de 
bien  tire  de  bonnes  choses  de  son  bon  trésor  ;  mais 
le  méchant  tife  de  mauvaises  choses  de  son  mauvais 
trésor.  ^''Je  vous  le  déclare,  les  hommes  rendront 
compte,  au  jour  du  jugement,  de  toute  parole  vaine 
qu'ils  auront  dite...  ^'Car  par  tes  paroles  tu  seras 
justifié,  et  par  tes  paroles  tu  seras  condamné. 

(1)  Voir  note  SLir  Matth.  lO  :  25. 

28 


SAINT   MATTHIEU  12  :  38-60 

Jésus  refuse  de  faire  un  miracle 

(Voy.  Luc  11  :  29-32,  24-26) 

^^  Alors  quelques-uns  des  scribes  et  des  pharisiens 
lui  dirent  :  Maître,  nous  voudrions  te  voir  faire  un 
miracle.  ^^11  leur  répondit:  Cette  génération  mé- 
chante et  adultère  demande  un  miracle  ;  mais  il  ne 
lui  en  sera  pas  donné  d'autre  que  celui  du  prophète 
Jonas.  ''^Car,  de  même  que  Jonas  fut  dans  le  ventre 
du  grand  poisson  trois  jours  et  trois  nuits,  ainsi  le 
Fils  de  l'homme  sera  dans  le  sein  de  la  terre  trois  jours 
et  trois  nuits.  ^^Les  Ninivites  se  lèveront,  au  jour  du 
jugement,  avec  cette  génération,  et  ils  la  condamneront, 
parce  qu'ils  se  repentirent  à  la  prédication  de  Jonas. 
Or,  voici  :  il  y  a  ici  plus  que  Jonas  !  ''^  La  reine  du  Midi 
se  lèvera,  au  jour  du  jugement,  avec  cette  génération, 
et  elle  la  condamnera,  parce  qu'elle  vint  des  extré- 
mités de  la  terre  pour  entendre  la  sagesse  de  Salomon. 
Or,  voici  :  il  y  a  ici  plus  que  Salom^on  ! 

^•^  Lorsque  l'esiDrit  impur  est  sorti  d'un  homme,  il 
va  par  les  lieux  arides,  cherchant  du  repos,  et  il  n'en 
trouve  point.  ^^  Alors  il  dit  :  Je  retournerai  dans  ma 
maison,  d'où  je  suis  sorti  ;  et  quand  il  y  est  revenu, 
il  la  trouve  vide,  balayée  et  ornée.  ''"'Alors  il  s'en  va 
et  prend  avec  lui  sept  autres  esprits  plus  méchants  que 
lui  ;  ils  y  entrent  et  y  demeurent,  et  la  condition  der- 
nière de  cet  homme  devient  pire  que  la  première.  Il 
en  sera  ainsi  de  cette  génération  méchante. 

La  mère  et  les  frères  de  Jésus 

(Voy.  Marc  3  :  31-35  ;  Luc  8  :  19-21) 

^^  Comme  Jésus  parlait  encore  à  la  foule,  sa  mère  et 
ses  frères  se  tenaient  dehors,  cherchant  à  lui  parler. 
''"^[Quelqu'un  lui  dit  :  Voici  que  ta  mère  et  tes  frères 
sont  là  dehors,  qui  cherchent  à  te  parler.]  (")  '''^11  ré- 
pondit à  celui  qui  le  lui  disait  :  Qui  est  ma  mère,  et 
qui  sont  mes  frères  ?  '^Puis  étendant  la  main  sur  ses 
disciples,  il  dit  :  Voici  ma  mère  et  mes  frères  !  ^^Car 

(a)  Ce  verset,  qui  manque  dans  les  plus  anciens  manuscrits  de  Matthieu,  se 
trouve  dans  Marc  3  :  32  et  Luc  8  :  20. 

29 


13:^-^5  SAINT   MATTHIEU 

quiconque  fait  la  volonté  de  mon  Père  qui  est  dans  les 
cieux,  celui-là  est  mon  frère  et  ma  sœur  et  ma  mère. 


Les  paraboles  du  Royaume 

(Voy.  Marc  4  :  1-34  ;  Luc  8  :  4-18  ;  13  :  18-21) 

13  ^  Ce  même  jour,  Jésus,  étant  sorti  de  la  maison, 
s'assit  au  bord  de  la  mer  ;  ^et  une  grande  foule  s'as- 
sembla autour  de  lui,  de  sorte  qu'il  monta  dans  une 
barque.  Il  s'y  assit,  tandis  que  toute  la  multitude  se 
tenait  sur  le  rivage  ;  ^  et  il  leur  fit  plusieurs  discours 
en  paraboles. 

Il  leur  parla  ainsi  :  Le  semeur  sortit  pour  semer. 
'Comme  il  semait,  une  partie  de  la  semence  tomba 
le  long  du  chemin,  et  les  oiseaux  vinrent  et  la  man- 
gèrent. ''Une  autre  partie  tomba  sur  des  endroits 
pierreux  où  elle  n'avait  que  peu  de  terre,  et  elle  leva 
aussitôt,  parce  qu'elle  n'entrait  pas  profondément 
dans  la  terre  ;  *'  mais  le  soleil  s'étant  levé,  elle  fut  brûlée, 
et,  parce  qu'elle  n'avait  point  de  racine,  elle  sécha. 
''  Une  autre  partie  tomba  parmi  les  épines,  et  les  épines 
montèrent  et  l' étouffèrent.  ^Une  autre  partie  tomba 
dans  la  bonne  terre,  et  donna  du  fruit  :  un  grain  en 
rapporta  cent,  un  autre  soixante,  et  un  autre  trente. 
•'  Que  celui  qui  a  des  oreilles  entende  ! 

^*^ Alors  les  disciples  s'approchèrent  et  lui  dirent: 
Pourquoi  leur  parles-tu  en  paraboles  ?  '  '  Il  leur 
répondit  :  Parce  qu'il  vous  a  été  donné  de  connaître 
les  mystères  du  royaume  des  cieux,  mais  pour  eux, 
cela  ne  leur  a  pas  été  donné.  '-Car  on  donnera  à  celui 
qui  a,  et  il  sera  dans  l'abondance  ;  mais  à  celui  qui 
n'a  pa-s,  on  ôtera  même  ce  qu'il  a.  *^  C'est  pourquoi 
je  leur  parle  en  paraboles,  parce  qu'en  voyant  ils 
ne  voient  pas,  et  qu'en  entendant  ils  n'entendent  et 
ne  comprennent  point.  ^'' Ainsi  s'accomplit  à  leur 
égard  la  prophétie  d'Ésaïe,  qui  dit  :  «  Vous  entendrez 
de  vos  oreilles,  et  vous  ne  comprendrez  point  ;  vous 
regarderez  de  vos  yeux,  et  vous  ne  verrez  point. 
^^Car  le  cœur  de  ce  peuple  s'est  appesanti;  ils  ont  en- 
durci leurs  oreilles,  ils  ont  fermé  leurs  yeux,  de  peur 
qu'ils  ne  voient  de  leurs  yeux,  qu'ils  n'entendent  de 

30 


SAINT   MATTHIEU  13  :  16-29 

leurs  oreilles,  qu'ils  ne  comprennent  de  leur  cœur, 
qu'ils  ne  se  convertissent,  et  que  je  ne  les  guérisse  (^  ).  » 
^•^Mais,  quant  à  vous,  heureux  sont  vos  yeux,  parce 
qu'ils  voient,  et  vos  oreilles,  parce  qu'elles  entendent  ! 
^■^En  vérité,  je  vous  le  dis,  beaucoup  de  prophètes 
et  de  justes  ont  désiré  voir  ce  que  vous  voyez,  et  ils 
ne  l'ont  pas  vu,  et  entendre  ce  que  vous  entendez, 
et  ils  ne  l'ont  pas  entendu. 

^^Vous  donc,  écoutez  ce  que  signifie  la  parabole 
du  semeur.  ^''Lorsqu'un  homme  entend  la  parole  du 
royaume,  et  ne  la  comprend  pas,  le  Malin  vient  et 
enlève  ce  qui  a  été  semé  dans  son  cœur  ;  c'est  celui 
qui  a  reçu  la  semence  le  long  du  chemin,  ^o  Celui  qui 
a  reçu  la  semence  dans  les  endroits  pierreux,  c'est 
celui  qui  entend  la  parole  et  qui  la  reçoit  aussitôt 
avec  joie.  ^'Mais  il  n'a  point  de  racines  en  lui- 
même  ;  il  n'est  que  pour  un  temps  ;  et  lorsque  l'af- 
fliction ou  la  persécution  survient  à  cause  de  la  parole, 
il  y  trouve  aussitôt  une  occasion  de  chute.  -"^  Celui  qui 
a  reçu  la  semence  parmi  les  épines,  c'est  celui  qui 
entend  la  parole;  les  soucis  de  ce  monde  et  la  séduc- 
tion des  richesses  étouffent  la  parole,  et  elle  devient 
infructueuse.  ^-^Mais  celui  qui  a  reçu  la  semence  dans 
la  bonne  terre,  c'est  celui  qui  entend  la  parole  et  qui 
la  comprend,  et  qui  porte  du  fruit,  en  sorte  qu'un 
grain  en  produit  cent,  un  autre  soixante,  et  un  autre 
trente. 

^'' Jésus  leur  proposa  une  autre  parabole,  en  disant  : 
Le  royaume  des  cieux  est  semblable  à  un  homme  qui 
avait  semé  une  bonne  semence  dans  son  champ. 
2-^  Mais  pendant  que  les  hommes  dormaient,  son  ennemi 
vint,  qui  sema  de  l'ivraie  parmi  le  froment,  et  s'en 
alla.  -"^  Après  que  la  semence  eut  poussé  et  qu'elle  eut 
produit  du  fruit,  l'ivraie  parut  aussi.  '^"  Alors  les  ser- 
viteurs du  père  de  famille  vinrent  lui  dire  :  Seigneur, 
n'as -tu  pas  semé  une  bonne  semence  dans  ton  champ  ? 
D'où  vient  donc  qu'il  y  a  de  l'ivraie  ?  -'^Et  il  leur  dit  : 
C'est  un  ennemi  qui  a  fait  cela.  Ils  lui  répondirent  : 
Veux-tu  donc  que  nous  allions  l'arracher  ?  ^^  Et  il 
leur  dit  :  Non,  de  peur  qu'en  arrachant  l'ivraie,  vous 

(1)  Ésaïe  6  :  9-10. 

31 


13  :  30-43  SAINT    MATTHIETT 

ne  déraciniez  en  même  temps  le  froment.  ^^Laissez- 
les  croître  tous  deux  ensemble  jusqu'à  la  moisson  ; 
et  au  temps  de  la  moisson  je  dirai  aux  moissonneurs  : 
Arrachez  premièrement  l'ivraie,  et  liez-la  en  gerbes 
pour  la  brûler  ;  mais  amassez  le  froment  dans  mon 
grenier. 

^  '  Il  leur  proposa  une  autre  parabole,  en  disant  :  Le 
royaume  des  cieux  est  semblable  à  un  grain  de  mou- 
tarde, qu'un  homme  prend  et  qu'il  sème  dans  son 
champ;  —  ^^ c'est  bien  la  plus  petite  de  toutes  les 
semences  ;  ■ —  mais  quand  le  gram  a  poussé,  il  est  plus 
grand  que  les  légumes,  et  il  devient  un  arbre,  en  sorte 
que  les  oiseaux  du  ciel  viennent  faire  leurs  nids  dans 
ses  branches. 

•'^11  leur  dit  une  autre  parabole  :  Le  royaume  des 
cieux  est  semblable  à  du  levain  qu'une  femme  prend 
et  qu'elle  mêle  à  trois  mesures  de  farine,  pour  faire 
lever  toute  la  pâte. 

*"^'' Jésus  dit  toutes  ces  choses  à  la  foule  en  paraboles, 
et  il  ne  leur  parlait  point  sans  paraboles.  ^^  Ainsi 
fut  accompli  ce  qui  avait  été  dit  par  le  prophète  ; 
«  J'ouvrirai  ma  bouche  pour  parler  en  paraboles  ; 
j'annoncerai  des  choses  cachées  depuis  la  création  (  '  ).  » 

•^•^  Alors  Jésus,  ayant  renvoyé  la  foule,  entra  dans 
la  maison  ;  et  ses  disciples  s'approchèrent  de  lui  et 
lui  dirent  :  Explique-nous  la  parabole  de  l'ivraie  du 
champ.  3^11  leur  répondit  :  Celui  qui  sème  la  bonne 
semence,  c'est  le  Fils  de  l'homme  ;  ^^le  champ,  c'est 
le  monde  ;  la  bonne  semence,  ce  sont  les  enfants  du 
royaume  ;  l'ivraie,  ce  sont  les  enfants  du  Malin  ; 
^^ l'ennemi  qui  l'a  semée,  c'est  le  Diable  ;  la  moisson, 
c'est  la  fin  du  monde  ;  les  moissonneurs,  ce  sont  les 
anges.  ''^Et  comme  on  arrache  l'ivraie  et  qu'on  la 
brûle  au  feu,  il  en  sera  de  même  à  la  fin  du  monde. 
''  '  Le  Fils  de  l'homme  enverra  ses  anges,  qui  feront 
disparaître  de  son  royaume  tous  les  scandales  et 
ceux  qui  commettent  l'iniquité,  ^^et  ils  les  jetteront 
dans  la  fournaise  ardente  ;  c'est  là  qu'il  y  aura  des 
pleurs  et  des  grincements  de  dents.  '''^  Alors  les  justes 

U)  Psauirie  TS  :  2. 

32 


SAINT   MATTHIEIJ  13  :  44-58 

luiront  comme  le  soleil  dans  le  royaume  de  leur  Père. 
Que  celui  qui  a  des  oreilles,  entende  ! 

'^''Le  royaume  des  cieux  est  semblable  à  un  trésor 
caché  dans  un  champ,  qu'un  homme  a  trouvé  et  qu'il 
cache;  puis,  rempli  de  joie,  il  va  vendre  tout  ce  qu'il 
possède,  et  il  achète  le  champ. 

^'^Le  royaume  des  cieux  est  encore  semblable  à 
un  marchand  qui  cherche  de  belles  perles,  ^*'et  qui, 
ayant  trouvé  une  perle  d'un  grand  prix,  s'en  est  allé, 
a  vendu  tout  ce  qu'il  avait,  et  l'a  achetée. 

''^Le  royaume  des  cieux  est  encore  semblable  à  un 
filet  qu'on  jette  dans  la  mer  et  qui  ramasse  toutes 
sortes  de  poissons.  "^^  Quand  il  est  rempli,  les  pêcheurs 
le  tirent  sur  le  rivage  ;  puis,  s'étant  assis,  ils  mettent 
à  part  dans  des  paniers  ce  qui  est  bon,  et  rejettent  ce 
qui  ne  vaut  rien.  ^^11  en  sera  de  même  à  la  fin  du 
monde  :  les  anges  viendront,  et  ôteront  les  méchants 
du  milieu  des  justes.  ^^Et  ils  les  jetteront  dans  la  four- 
naise ardente  ;  c'est  là  qu'il  y  aura  des  pleurs  et  des 
grincements  de  dents. 

^^  Avez -vous  compris  toutes  ces  choses  ?  Ils  lui 
répondirent  :  Oui.  ^^  Alors  il  leur  dit  :  Ainsi  tout  scribe, 
bien  instruit  de  tout  ce  qui  concerne  le  royaume  des 
cieux,  est  semblable  à  un  père  de  famille  qui  tire  de  son 
trésor  des  choses  nouvelles  et  0.33  choses  vieilles. 

■Jésus  à  Nazareth 

(Voy.  Mure  G  :  1-6; 

^•"^Or,  il  arriva,  quand  Jésus  eut  achevé  ces  para- 
boles, qu'il  partit  de  là.  ^'*  Étant  allé  dans  sa  patrie, 
il  enseignait  dans  la  synagogue,  de  sorte  que  tous 
étaient  saisis  d'étonnement,  et  disaient  :  D'où  vien- 
nent à  cet  homme  cette  sagesse  et  ces  miracles  ? 
^•^  N'est-ce  pas  le  fils  du  charpentier  ?  Sa  mère  ne  s'ap- 
pelle-t-elle  pas  Marie,  et  ses  frères,  Jacques,  Joseph, 
Simon  et  Jude  ?  ^^Ses  sœurs  ne  sont-eUes  pas 
toutes  parmi  nous  ?  D'où  lui  viennent  donc  toutes 
ces  choses  ?  ^"^Et  il  était  pour  eux  une  occasion  de 
chute.  Mais  Jésus  leur  dit  :  Un  prophète  n'est  méprisé 
que  dans  son  pays  et  dans  sa  maison.  ^^Et  il  ne  fit 

33 


14  :  ^-U  SAINT   MATTHIEU 

pas  là  beaucoup  de  miracles,  à  cause  de  leur  incré- 
dulité. 

Mort  de  Jean-Baptiste 

(Voy.  Marc  6  :  14-29  ;   Luc  9  :  7-9) 

I  4  ^En  ce  temps-là,  Hérode  le  tétrarque  (^)  apprit 
ce  que  la  renommée  disait  de  Jésus.  ^Et  il  dit  à  ses 
serviteurs  :  C'est  Jean-Baptiste  !  Il  est  ressuscité  des 
morts,  et  c'est  pour  cela  que  des  miracles  s'opèrent 
par  lui.  ^  En  effet,  Hérode  avait  fait  arrêter  Jean,  et 
l'avait  fait  lier  et  mettre  en  prison,  à  cause  d'Hérodias, 
femme  de  Philippe,  son  frère  ;  ''  car  Jean  lui  disait  :  Il  ne 
t'est  pas  permis  de  l'avoir  pour  femme  !  ^  Hérode  aurait 
bien  voulu  le  faire  mourir  ;  mais  il  craignait  le  peuple, 
parce  qu'on  regardait  Jean  comme  un  prophète. 

^Or,  comme  on  célébrait  le  jour  de  la  naissance 
d'Hérode,  la  fille  d'Hérodias  dansa  au  milieu  de 
l'assemblée  et  plut  à  Hérode  ;  "^de  sorte  qu'il  lui 
promit  avec  serment  de  lui  donner  tout  ce  qu'elle  lui 
demanderait.  ^Elle  donc,  poussée  par  sa  mère,  lui 
dit  :  Donne-moi  ici,  sur  un  plat,  la  tête  de  Jean- 
Baptiste.  ^Le  roi  en  fut  attristé  ;  mais  à  cause  de  ses 
serments  et  des  convives,  il  commanda  qu'on  la  lui 
donnât.  ^^11  envoya  donc  décapiter  Jean  dans  la 
prison.  ^  '  On  apporta  la  tête  sur  un  plat,  et  on  la 
donna  à  la  jeune  fille,  qui  la  présenta  à  sa  mère. 
^^Puis  les  disciples  de  Jean  vinrent,  emportèrent  son 
corps  et  l'ensevelirent  ;  et  ils  allèrent  l'annoncer  à 
Jésus. 

Première  multiplication  des  pains 

(Voy.  Marc  6  :  30-44  ;  Luc  9  :  10-17  ;  Jean  6  :  1-15) 

^•■^  Jésus,  ayant  appris  ces  choses,  partit  de  là  dans 
une  barque,  pour  se  retirer  à  l'écart  en  un  lieu  désert. 
Et  quand  la  foule  le  sut,  eUe  sortit  des  villes  et  le 
suivit  à  pied.  ^'*  Jésus,  éta.nt  descendu  de  la  barque, 
vit  une  grande  multitude  de  gens  :  il  fut  ému  de  com- 
passion pour  eux,  et  il  guérit  leurs  malades. 

(1)  Hérode  le  tétrarque  ou  Hérode  Autipas,  fils  d'Hérode  le  Grand.  (Voir 
note  siir  Matth.  3  :  22.)  On  appelait  alors  «  Tétrarque  »  un  prince  chargé  de 
gouverner  la  quatrième  partie  d'un  royaume  démembré. 

34 


SAINT    MATTHIEU  14  M  5-30 

^^  Comme  il  se  faisait  tard,  ses  disciples  vinrent  le 
trouver  et  lui  dirent  :  Ce  lieu  est  désert,  et  l'heure  déjà 
avancée  ;  renvoie  la  foule,  afin  qu'elle  aille  dans  les 
villages  pour  s'acheter  des  vivres.  ^'^Mais  Jésus  leur 
dit  :  Il  n'est  pas  nécessaire  qu'ils  y  aillent  ;  donnez- 
leur  vous-mêmes  à  manger.  '  ^  Ils  lui  répondirent  : 
Nous  n'avons  ici  que  cinq  pains  et  deux  poissons. 
^^11  leur  dit  :  Apportez-les-moi  ici.  ^^  Alors,  après  avoir 
commandé  que  la  multitude  s'assît  sur  l'herbe,  il  prit 
les  cinq  pains  et  les  deux  poissons,  et,  levant  les  yeux 
au  ciel,  il  rendit  grâces  ;  puis,  ayant  rompu  les  pains, 
il  les  donna  aux  disciples,  et  les  disciples  les  donnèrent 
au  peuple.  -"Tous  mangèrent  et  furent  rassasiés,  et 
on  emporta  douze  paniers  pleins  des  morceaux  qui 
restèrent.  '^  '  Ceux  qui  avaient  mangé  étaient  environ 
cinq  mille  hommes,  sans  compter  les  femmes  et  les 
enfants. 

Jésus  marche  sur  la  mer 

(Voy.  Marc  6  :  45-56  ;  Jean  6  :  16-21) 

^^  Aussitôt  après,  Jésus  obligea  ses  disciples  à  entrer 
dans  la  barque  et  à  passer  avant  lui  sur  l'autre  rive, 
pendant  qu'il  renverrait  le  peuple.  -^  Après  l'avoir 
renvoyé,  il  alla  sur  la  montagne,  pour  prier  à  l'écart  ; 
et  le  soir  étant  venu,  il  était  là  seul. 

-'Cependant  la  barque  était  déjà  au  milieu  de  la 
mer,  battue  par  les  flots  ;  car  le  vent  était  contraire. 
2 "^ Mais,  à  la  quatrième  veille  de  la  nuit  ('),  Jésus  alla 
vers  eux,  marchant  sur  la  mer.  -^'Ses  disciples,  le 
voyant  marcher  sur  la  mer,  furent  troublés,  et  ils 
dirent  :  C'est  un  fantôme  ;  et,  dans  leur  frayeur,  ils 
jetèrent  des  cris.  ^^Mais  aussitôt,  Jésus  leur  parla 
et  leur  dit  :  Rassurez-vous  ;  c'est  moi,  n'ayez  point  de 
peur!  '^'^ Alors  Pierre,  prenant  la  parole,  lui  dit:  Sei- 
gneur, si  c'est  toi,  ordonne  que  j'aille  vers  toi  sur  les 
eaux.  ^'^  Jésus  lui  dit  :  Viens.  Pierre,  étant  descendu 
de  la  barque,  marcha  sur  les  eaux  et  alla  vers  Jésus. 
•^'^Mais,  voyant  que  le  vent  soufflait,  il  eut  peur;  et, 

(1)  O'est-à-dire  après  3  heures  du  matin.  Les  Juifs  d'alors  divisaient  la  nuit, 
suivant  l'usage  romain,  en  quatre  veilles,  de  trois  heures  chacune,  dont  la  pre- 
mière commençait  à  6  heures  du  soir. 

35 


14:31-15:12  SAINT   MATTHIEU 

comme  il  commençait  à  s'enfoncer,  il  s'écria  :  Seigneur, 
sauve-moi  !  ^^  '  Aussitôt  Jésus,  étendant  la  main,  le 
saisit  et  lui  dit  :  Homme  de  peu  de  foi,  pourquoi  as-tu 
douté  ?  •''^Et  quand  ils  furent  montés  dans  la  barque, 
le  vent  s'apaisa.  -"-^  Alors  ceux  qui  étaient  dans  la  bar- 
que vinrent  et  se  prosternèrent  devant  lui,  en  disant  : 
Tu  es  véritablement  le  Fils  de  Dieu  ! 

^'*  Ayant  traversé  la  mer,  ils  abordèrent  au  pays  de 
Génézareth.  -^^  Quand  les  gens  de  ce  lieu -là  l'eurent 
reconnu,  ils  envoyèrent  dans  toute  la  contrée  d'alen- 
tour, et  on  lui  amena  tous  les  malades.  ^^Ils  le  priaient 
de  les  laisser  seulement  toucher  le  bord  de  son  vête- 
ment ;  et  tous  ceux  qui  le  touchèrent  furent  guéris. 

Les  mains  lavées 

(Voy.  Marc  7  :  1-23) 

I  5  ^  Alors  des  pharisiens  et  des  scribes,  venus  de 
Jérusalem,  s'approchèrent  de  Jésus  et  lui  dirent  : 
^Pourquoi  tes  disciples  transgressent-ils  la  tradition 
des  anciens  ?  Car  ils  ne  se  lavent  point  les  mains, 
lorsqu'ils  prennent  leur  repas.  ^  Il  leur  répondit  :  Et 
vous,  pourquoi  transgressez -vous  le  commandement 
de  Dieu  par  votre  tradition  ?  ''  Car  Dieu  a  donné  ce 
commandement  :  «  Honore  ton  père  et  ta  mère  »  ;  et  : 

«  Que  celui  qui  maudira  son  père  ou  sa  mère  soit  puni 
de  mort  (').  »  ^Mais  vous,  vous  dites  :  Celui  qui  dira  à 
son  père  ou  à  sa  mère  :  J'ai  offert  à  Dieu  ce  dont  je 
pourrais  t'assister,  celui-là  ne  sera  pas  tenu  d'ho- 
norer son  père  ou  sa  mère.  ^  Ainsi,  vous  avez  anéanti 
la  parole  de  Dieu  par  votre  tradition.  "^Hypocrites  ! 
Esaïe  a  bien  prophétisé  à  votre  sujet,  lorsqu'il  a  dit  : 
«  ^  Ce  peuple  m'honore  des  lèvres  ;  mais  son  cœur  est 
bien  éloigné  de  moi.  ^  C'est  en  vain  qu'ils  me  ren- 
dent un  culte  ;  ils  enseignent  des  préceptes  qui  ne 
sont  que  des  commandements  d'hommes  ("-).^» 

'^Puis,  ayant  appelé  la  foule,  il  leur  dit  :  Ecoutez, 
et  comprenez  :  ^  ^  Ce  n'est  pas  ce  qui  entre  dans  la 
bouche  qui  souille  l'homme  ;  mais  ce  qui  sort  de 
la  bouche,  voilà  ce  qui  souille  l'homme  !    '^  Alors  ses 

(1)  Exode  20  •  12  :  21  :  17.  —  (2)  Ésaïe  29  :  13. 
36 


SAINT  MATTHIETJ  15  :  ^3-28 

disciples,  s'approcliant,  lui  dirent  :  Sais-tu  que  les 
pharisiens  ont  été  scandalisés  quand  ils  ont  entendu 
tes  paroles  ?  ^^11  leur  répondit  :  Toute  plante  que 
mon  Père  céleste  n'a  point  plantée  sera  déracinée. 
^^  Laissez -les  :  ce  sont  des  aveugles,  conducteurs  d'aveu- 
gles ;  si  un  aveugle  conduit  un  aveugle,  ils  tomberont 
tous  deux  dans  la  fosse.  ^'^  Alors  Pierre,  prenant  la 
parole,  lui  dit  :  Explique-nous  cette  parabole.  ^^Et 
Jésus  dit  :  Vous  aussi,  vous  êtes  encore  sans  intel- 
ligence !  ^^Ne  comprenez -vous  x^as  que  tout  ce  qui 
entre  dans  la  bouche  passe  dans  le  ventre,  et  est  re- 
jeté en  quelque  lieu  secret  ?  ''^Mais  ce  qui  sort  de  la 
bouche  vient  du  cœur  ;  c'est  là  ce  qui  souille  l'homme  ! 
'^Car  c'est  du  cœur  que  viennent  les  mauvaises 
pensées,  les  meurtres,  les  adultères,  les  impudicités, 
les  vols,  les  faux  témoignages,  les  calomnies.  ^*^  Voilà 
les  choses  qui  souillent  l'homme  !  Mais,  manger  sans 
s'être  lavé  les  mains,  cela  ne  souille  point  l'homme. 


La  Cananéenne 

(Voy.  Marc  7  :  24-30) 

^  '  Jésus,  étant  parti  de  là,  se  retira  dans  le  territoire 
de  Tyr  et  de  Sidon.  --Et  une  femme  cananéenne, 
qui  venait  de  ce  pays,  s'écria  :  Seigneur,  fils  de  David, 
aie  pitié  de  moi  !  Ma  fille  est  cruellement  tourmentée 
par  un  démon.  --^Mais  il  ne  lui  répondit  pas  un  mot. 
Alors,  ses  disciples,  s'étant  •  approchés,  lui  disaient 
avec  insistance  :  Renvoie-la  ;  car  elle  nous  poursuit  de 
ses  cris.  -  '  Il  répondit  :  Je  n'ai  été  envoyé  qu'aux 
brebis  perdues  de  la  maison  d'Israël.  ^^Mais  elle  vint 
et  se  prosterna  en  disant:  Seigneur,  aide-moi!  ^^'11 
lui  répondit  :  Il  ne  convient  pas  de  prendre  le  pain  des 
enfants,  pour  le  jeter  aux  petits  chiens.  ^'Mais  elle 
reprit  :  Assurément,  Seigneur  ;  pourtant,  les  petits 
chiens  mangent  des  miettes  qui  tombent  de  la  table 
de  leurs  maîtres.  -^ Alors  Jésus  lui  dit:  O  femme, 
ta  foi  est  grande  ;  qu'il  te  soit  fait  comme  tu  le  veux  ! 
Et  à  cette  heure  même,  sa  fille  fut  guérie. 


37 


15  :  29-16  :  ^  SAINT    MATTHIEU 

Seconde  multiplication  des  pains 

(Voy.  Marc  8  :  1-10) 

2^  Jésus  partit  de  là  et  vint  près  de  la  mer  de  Ga- 
lilée; puis,  étant  allé  sur  la  montagne,  il  s'y  arrêta. 
^*^  Alors  une  grande  foule  s'approcha  de  lui,  ayant 
avec  elle  des  boiteux,  des  aveugles,  des  muets,  des 
estropiés  et  beaucoup  d'autres  malades,  qu'on  mit 
aux  pieds  de  Jésus,  et  il  les  guérit.  ^  *  Aussi  la  multi- 
tude était-elle  dans  l'admiration,  voyant  que  les 
muets  parlaient,  que  les  estropiés  étaient  guéris,  que 
les  boiteux  marchaient,  que  les  aveugles  voyaient; 
et  elle  glorifiait  le  Dieu  d'Israël. 

'^^  Jésus,  ayant  appelé  ses  disciples,  leur  dit  :  J'ai 
compassion  de  cette  multitude  ;  car  il  y  a  déjà  trois 
jours  qu'ils  ne  me  quittent  pas,  et  ils  n'ont  rien  à 
manger  ;  je  ne  veux  pas  les  renvoyer  à  jeun,  de  peur 
qu'ils  ne  défaillent  en  chemin.  •'^^Ses  disciples  lui  di- 
rent :  D'où  pourrions-nous  avoir,  dans  ce  désert, 
assez  de  pains  pour  rassasier  une  telle  multitude  ? 
^'' Jésus  leur  dit  :  Combien  avez- vous  de  pains  ?  Ils 
répondirent  :  Sept,  et  quelques  poissons.  ^•' Alors  il 
commanda  à  la  foule  de  s'asseoir  à  terre.'  ^^Puis  il 
prit  les  sept  pains  et  les  poissons  ;  et,  après  avoir  rendu 
grâces,  il  les  rompit  et  les  donna  à  ses  disciples,  et  les 
disciples  les  donnèrent  à  la  foule.  ^^Tous  mangèrent 
et  furent  rassasiés,  et  on  emporta  sept  corbeilles 
pleines  des  morceaux  qui  restaient.  ^^Or,  ceux  qui 
avaient  mangé  étaient  au  nombre  de  quatre  mille 
hommes,  sans  compter  les  enfants  et  les  femmes. 
^'^  Alors  Jésus,  ayant  renvoyé  la  multitude,  ^ntra  dans 
la  barque  et  vint  au  pays  de  Magadan. 

Le  levain  des  pharisiens  et  des  sadducéens 

(Voy.  Marc  8  :  11-21  ;  Luc  12  :  54-56  ;  12  :  1) 

B  6  '  Les  pharisiens  et  les  sadducéens  s'approchè- 
rent de  Jésus;  et,  pour  le  mettre  à  l'épreuve,  ils  lui 
demandèrent  de  leur  faire  voir  un  miracle  (')  venant 

(1)  Litt.  :  un  sigfie. 

38 


SAINT   MATTHIEU  16:2-17 

du  ciel.  2 Mais  il  leur  répondit  :  [Quand  le  soir  est  venu, 
vous  dites  :  Il  fera  beau  temps,  car  le  ciel  est  -rouge. 
•"^Et  le  matin  :  Il  y  aura  aujourd'hui  de  l'orage,  car 
le  ciel  est  sombre  et  rouge.  Vous  savez  bien  discerner 
l'aspect  du  ciel,  et  vous  ne  pouvez  pas  discerner  les 
signes  des  temps  !]  (")  -^  Cette  génération  méchante 
et  adultère  demande  un  miracle  ;  mais  il  ne  lui  en 
sera  pas  donné  d'autre  que  celui  de  Jonas.  Et,  les 
laissant,  il  s'en  alla. 

^Les  disciples,  en  passant  à  l'autre  bord,  avaient 
oublié  de  prendre  des  pains.  ^  Jésus  leur  dit  :  Gardez - 
vous  avec  soin  du  levain  des  pharisiens  et  des  sad- 
ducéens.  ^Ils  pensaient  et  se  disaient  entre  eux  : 
C'est  parce  que  nous  n'avons  pas  pris  de  pains.  ^  Jésus, 
connaissant  cela,  leur  dit  :  Gens  de  peu  de  foi,  pour- 
quoi pensez-vous  que  c'est  parce  que  vous  n'avez  pas 
de  pains  ?  ^Ne  comprenez -vous  pas  encore,  et  ne  vous 
souvenez -vous  pas  des  cinq  pains  des  cinq  mille  hom- 
mes ,  et  combien  vous  avez  remporté  de  paniers  ; 
^" ou  des  sept  pains  des  quatre  mille  hommes,  et  com- 
bien vous  avez  remporté  de  corbeilles  ?  ^  ^  Comment 
ne  comprenez -vous  pas  que  ce  n'est  pas  de  pains  que 
je  parlais  quand  je  vous  ai  dit  :  Gardez -vous  du  levain 
des  pharisiens  et  des  sadducéens.  ""^  Alors  ils  com- 
prirent qu'il  ne  leur  avait  pas  dit  de  se  garder  du  levain 
du  pain,  mais  de  la  doctrine  des  pharisiens  et  des 
sadducéens. 

Confession  de  Pierre 

(Voy.  Marc  8  :  27-38  ;  9  :  1  ;  Luc  9  :  18-27.  —  Comp.  Jean  6  :  66-71) 

^^  Etant  arrivé  sur  le  territoire  de  Césarée  de  Phi- 
lippe (^),  Jésus  interrogea  ses  disciples,  en  disant  :  Qui 
est  le  Éilsde  l'homme,  d'après  ce  que  les  hommes  en 
disent  ?  ^''Ils  lui  répondirent  :  Les  uns  disent  que  c'est 
Jean-Baptiste  ;  les  autres,  Élie  ;  d'autres,  Jérémie  ou 
l'un  des  prophètes.  ^'11  leur  dit  :  Mais  vous,  qui  dites- 
vous  que  je  suis  ?  ^^ Simon  Pierre,  répondant,  lui  dit  : 
Tu  es  le  Christ,  le  Fils  du  Dieu  vivant  !  ^  ^ Alors,  Jésus  lui 

(a)  Le  passage  entre  crochets  manque  dans  les  plus. anciens  manu-scrits. 
(1)  Au  nord  du   lac,  dans  le   gouvernement  du   tétrarque  Philippe,  un  des 
fils  d'Hérode  le  Grand. 

39 


16;  -18-17  M  ,    SAINT  MATTHIEU 

dit  :  Tu  es  heureux,  Simon,  fils  de  Jona  ;  car  ce  n'est 
pas  la  chair  et  le  sang  qui  t'ont  révélé  cela,  mais  mon 
Père  qui  est  dans  les  cieux.  ^^Et  moi,  je  te  dis  :  Tu 
es  Pierre,  et  sur  cette  pierre  je  bâtirai  mon  Eglise, 
et  les  portes  des  enfers  ne  prévaudront  point  contre 
elle.  '^Je  te  donnerai  les  clefs  du  royaume  des  cieux  ; 
tout  ce  que  tu  lieras  sur  la  terre  sera  lié  dans  les  cieux, 
et  tout  ce  que  tu  délieras  sur  la  terre  sera  délié  dans 
les  cieux.  ^^Puis,  il  enjoignit  à  ses  disciples  de  ne 
dire  à  personne  que  lui,  Jésus,  était  le  Christ. 

^'Dès  lors,  Jésus  commença  à  démontrer  à  ses  dis- 
ciples qu'il  fallait  qu'il  allât  à  Jérusalem,  qu'il  y  souf- 
frît beaucoup  de  la  part  des  anciens,  des  principaux 
sacrificateurs  et  des  scribes,  qu'il  fût  mis  à  mort,  et 
qu'il  ressuscitât  le  troisième  jour.  -^ Alors  Pierre, 
l'ayant  pris  à  part,  se  mit  à  lui  faire  des  reproches 
et  à  lui  dire  :  A  Dieu  ne  plaise,  Seigneur,  cela  ne 
t'arrivera  point  !  ^^Mais  Jésus,  se  tournant,  dit  à 
Pierre  :  Arrière  de  moi,  Satan,  tu  m'es  en  scandale  (^)  ; 
car  tu  penses  comme  les  hommes,  et  tes  pensées  ne 
viennent  pas  de  Dieu. 

^^  Alors  Jésus  dit  à  ses  disciples  :  Si  quelqu'un  veut 
venir  après  moi,  qu'il  renonce  à  lui-même,  qu'il  se 
charge  de  sa  croix,  et  qu'il  me  suive.  ^^Car  celui  qui 
voudra  sauver  sa  vie  la  x^erdra;  mais  celui  qui  aura 
perdu  sa  vie  à  cause  de  moi  la  retrouvera.  ^^Que  ser- 
virait-il à  un  homme  de  gagner  le  monde  entier,  s'il 
perdait  son  âme  (^)  ?  Ou  que  donnerait  l'homme  en 
échange  de  son  âme  ?  ^^Car  le  Eils  de  l'homme  doit 
venir  dans  la  gloire  de  son  Père,  avec  ses  anges,  et 
alors  il  rendra  à  chacun  selon  ses  œuvres.  ^^En  vérité, 
je  vous  le  dis,  quelques-uns  de  ceux  qui  sont  ici  pré- 
sents ne  mourront  pas, .  qu'ils  n'aient  vu  le  Eils  de 
l'homme  venir  dans  son  règne 

La  transfiguration 

(Voy.  Marc  9  :  2-13;  Luc  9   :  28-36) 

I  7  ^Six  jours  après,  Jésus  prit  avec  lui  Pierre, 
Jacques  et  Jean  son  frère,   et  il  les  mena  sur  une 

(1)  Litt.  :  un  scandale,  c'est-à-dire  une  pierre  d'achoppement,  une  occasion  de 
chute.  —  (2)  En  grec,  le  même  vaot  psyché  signifie  à  la  fois  vie  et  âme. 

40 


SAINT   MATTHIEU  17  :  2-n 

haute  montagne,  à  l'écart.  -Il  fut  transfiguré  en 
leur  présence  :  son  visage  devint  resplendissant 
comme  le  soleil,  et  ses  vêtements  devinrent  blancs 
comme  la  lumière.  ^Et  voici  que  Moïse  et  Elie  leur 
apparurent,  s'entretenant  avec  lui.  ^  Alors  Pierre, 
prenant  la  parole,  dit  à  Jésus  :  Seigneur,  il  est  bon  pour 
nous  d'être  ici  ;  si  tu  veux,  j'y  dresserai^ trois  tentes, 
une  pour  toi,  une  pour  Moïse,  et  une  pour  Elie.  ^  Comme 
il  parlait  encore,  une  nuée  lumineuse  les  couvrit  ;  et 
on  entendit  une  voix  sortant  de  la  nuée,  qui  disait  : 
Celui-ci  est  mon  Fils  bien-aimé,  en  qui  j'ai  mis  toute 
mon  affection;  écoutez -le.  ''Les  disciples,  entendant 
cette  voix,  tombèrent  le  visage  contre  terre,  et  furent 
saisis  d'une  grande  crainte.  ^Mais  Jésus,  s'étant  appro- 
ché, les  toucha,  et  leur  dit  :  Levez-vous,  et  n'ayez  point 
de  peur.  ^  Alors,  levant  les  yeux,  ils  ne  virent  que 
Jésus  seul. 

'^  Comme  ils  descendaient  de  la  montagne,  Jésus 
leur  fit  cette  défense  :  Ne  dites  à  personne  ce  que  vous 
avez  vu,  jusqu'à  ce  que  le  Fils  de  l'homme  soit  res- 
suscité des  morts.  *"Et  ses  disciples  l'interrogèrent, 
disant  :  Pourquoi  donc  les  scribes  disent-ils  qu'il 
faut  qu'Élie  vienne  premièrement  ?"  Il  leur  répondit  : 
Il  est  vrai  qu'Élie  doit  venir  et  rétablir  toutes  choses. 
^-Mais  je  vous  dis  qu'Élie  est  déjà  venu,  et  ils  ne  l'ont 
point  reconnu  ;  m.ais  ils  lui  ont  fait  tout  ce  qu'ils  ont 
voulu.  C'est  ainsi  qu'à  son  tour  le  Fils  de  l'homme 
doit  souffrir  par  eux.  ^-^  Alors  les  disciples  comprirent 
que  c'était  de  Jean-Baptiste  qu'il  leur  x^^rlait. 


Le  démoniaque 

(Voy.  Marc  9   :  H-29  ;  Luc  9   :  37-42  ;  17   :  6) 

^ '*  Lorsqu'ils  eurent  rejoint  la  foule,  un  homme 
s'approcha,  se  jeta  à  genoux  devant  lui,  '"'et  lui  dit  : 
Seigneur,  aie  pitié  de  mon  fils  !  Il  est  lunatique,  et  il 
souffre  beaucoup  ;  car  il  tombe  souvent  dans  le  feu, 
et  souvent  dans  l'eau. ''*^  Je  l'ai  amené  à  tes  disciples, 
mais  ils  n'ont  pu  le  guérir.  ^"^  Jésus  répondit  :  Race  in- 
crédule et  perverse,  jusques  à  quand  serai-je  avec  vous  ? 
Jusques    à    quand   vous   supporterai- je  ?    Amenez -le 

41 


17  :  18-27  SAINT   MATTHIEU 

moi  ici.  ^  ^  Puis  Jésus  parla  sévèrement  au  démon,  qui 
sortit  de  l'enfant;  et  dès  cette  heure-là,  l'enfant  fut 
guéri. 

'^  Alors  les  disciples  s'approchèrent  de  Jésus,  et, 
le  prenant  à  part,  ils  lui  dirent  :  Pourquoi  n'avons- 
nous  pu  chasser  ce  démon?  2'' Il  leur  répondit:  C'est 
parce  que  vous  manquez  de  foi;  car,  je  vous  le  dis  en 
vérité,  si  vous  aviez  de  la  foi  comme  un  grain  de 
moutarde,  vous  diriez  à  cette  montagne  :  Trans- 
porte-toi d'ici  là,  et  elle  s'y  transporterait,  et  rien 
ne  vous  serait  impossible.  -'  [Mais  cette  sorte  de 
démons  ne  sort  que  par  la  prière  et  par  le  jeûne.]  (") 

Jésus  f redit  sa  mort  et  sa  résurrection 

(Voy.  Marc  9  :  30-32  ;  Luc  9  :  43-45) 

^- Comme  ils  parcouraient  ensemble  la  Galilée, 
Jésus  leur  dit  :  Le  Fils  de  l'homme  va  être  livré  entre 
les  mains  des  hommes,  ^-^et  ils  le  feront  mourir; 
mais  il  ressuscitera  le  troisième  jour.  Alors  les  dis- 
ciples furent  fort  affligés. 

Jésus  paie  les  didrachmes 

^'' Quand  ils  furent  arrivés  à  Capernaiim,  ceux  qui 
percevaient  les  didrachmes  (')  s'approchèrent  de 
Pierre,  et  lui  dirent  :  Votre  maître  ne  paie-t-il  pas 
les  didrachmes  ?  -"Il  répondit  :  Oui.  Quand  il  fut 
entré  dans  la  maison,  Jésus  le  prévint  et  lui  dit  : 
Que  t'en  semble,  Simon  ?  Les  rois  de  la  terre,  de  qui 
tirent-ils  des  tributs  ou  des  impôts  ?  Est-ce  de  leurs 
fils  ou  des  étrangers  ?  -^''Des  étrangers,  répondit  Pierre. 
Jésus  lui  dit  :  Les  fils  en  sont  donc  exempts!...  -^Toute- 
fois, afin  que  nous  ne  les  scandalisions  pas,  va-t-en 
à  la  mer,  jette  l'hameçon,  et  tire  le  premier  poisson 
qui  se  prendra.  En  lui  ouvrant  la  bouche,  tu  trouveras 


(a)  Cette  phrase  entre  crochets  (verset  21),  ne  se  trouve  pas  dans  plusieurs 
anciens  manuscrits.  (Voir  Marc  9  :  29.) 

(1)  La  didrachme  (ou  les  deux  drachmes)  représentait  l'impôt  annuel  payé 
pour  l'entretien  du  culte.  La  drachme  grecque,  comme  le  denier  romain,  valait 
environ  90  centimes. 

42 


SAINT  MATTHIEU  18  :  <-<3 

un  statère  (');  prends-le,  et  donne-le-leur  pour  moi 
et  pour  toi. 

La  vraie  grandeur.  —  Les  scandales 

(Voy.  Marc  9    :  33-48;  Luc  9  :  46-50;  17   :  1-2  ;  15  :  4-7) 

18  '  A  ce  moment,  les  disciples  s'approchèrent  de 
Jésus  et  lui  dirent  :  Qui  est  le  plus  grand  dans  le 
royaume  des  cieux  ?  ^  Jésus,  ayant  appelé  un  petit 
eufant,  le  mit  au  milieu  d'eux,  ^et  il  dit  :  En  vérité, 
je  vous  le  déclare,  si  vous  ne  changez  et  si  vous  ne 
devenez  comme  de  petits  enfants,  vous  n'entrerez 
point  dans  le  royaume  des  cieux.  .^  Celui-là  donc  qui 
deviendra  humble  comme  cet  enfant,  sera  le  plus  grand 
dans  le  royaume  des  cieux.  "^Ei  celui  qui  reçoit  un 
tel  enfant  en  mon  nom,  me  reçoit.  ^Mais  si  quelqu'un 
fait  tomber  dans  le  péché  l'un  de  ces  petits  qui  croient 
en  moi,  il  vaudrait  mieux  pour  lui  qu'on  lui  attachât 
au  cou  une  meule  de  moulin,  et  qu'on  le  jetât  au  fond 
de  la  mer. 

'^Malheur  au  monde  à  cause  des  scandales  !  Car  il 
est  nécessaire  qu'il  arrive  des  scandales  (-)  ;  mais 
malheur  à  l'homme  par  qui  le  scandale  arrive  !  ^Si 
donc  ta  main  ou  ton  pied  te  fait  tomber  dans  le  péché, 
coupe-les  et  jette-les  loin  de  toi  ;  il  vaut  mieux  que 
tu  entres  manchot  ou  boiteux  dans  la  vie,  que  d'avoir 
deux  mains  ou  deux  ]Dieds  et  d'être  jeté  dans  le  feu 
éternel.  ^Si  ton  œil  te  fait  tomber  dans  le  péché, 
arrache-le  et  jette-le  loin  de  toi  !  Il  vaut  mieux  que 
tu  entres  dans  la  vie  n'ayant  qu'un  œil,  que  d'avoir 
deux  yeux  et  d'être  jeté  dans  le  feu  de  la  géhenne. 

^^ Gardez- vous  de  mépriser  aucun  de  ces  petits; 
car  je  vous  dis  que  leurs  anges,  dans  les  cieux,  voient 
sans  cesse  la  face  de  mon  Père,  qui  est  dans  les  cieux. 
^  *  [Car  le  Eils  de  l'homme  est  venu  sauver  ce  qui  était 
perdu  (^).]  ^^Que  vous  en  semble  ?  Si  un  homme  a  cent 
brebis  et  que  l'une  d'elles  s'égare,  ne  laisse-t-il  pas  les 
quatre-vingt-dix-neuf  dans  les  montagnes,  pour  aller 
chercher  celle  qui  s'est  égarée  ?  ^  -^  Et  s'il  lui  arrive  de  la 
retrouver,  en  vérité,  je  vous  le  dis,  il  en  a  plus  de  joie 

(a)  de  verset  ne  se  trouve  pas  dans  les  plus  anciens  manuscrits. 

(1)  Le  statère  valait  qjiatre  drachmes.  —  (2)  Voir  note  sur  Matth,  16  :  23. 

43 


18:U-27  SAINT  MATTHIEtr 

que  des  quati^e-vingt-dix-neuf  qui  ne  se  sont  point 
égarées.  ^^De  même,  ce  n'est  pas  la  volonté  de  votre 
Père,  qui  est  dans  les  cieux,  qu'un  seul  de  ces  petits 
périsse. 

Le  pardon  des  péchés.  —  Parabole  du  serviteur 
impitoyable 

(Voir  Luc  17  :  3-4)  ^ 

^^Si  ton  frère  a  péché  contre  toi,  va  et  reprends-le 
entre  toi  et  lui  seul  ;  s'il-  t'écoute,  tu  auras  gagné  ton 
frère.  ^*^S'il  ne  t'écoute  pas,  prends  encore  avec  toi 
une  ou  deux  personnes,  afin  que  toute  F  affaire  soit 
décidée  sur  la  parole  de  deux  ou  trois  témoins.  ^'^S'il 
refuse  de  les  écouter,  dis-le  à  l'Eglise,  et  s'il  refuse 
d'écouter  l'Église,  qu'il  soit  pour  toi  comme  le  païen 
et  le  péager.  ^^En  vérité,  je  vous  le  dis,  tout  ce  que 
vous  aurez  lié  sur  la  terre  sera  lié  dans  le  ciel,  et  tout 
ce  que  vous  aurez  délié  sur  la  ^  terre  sera  délié- dans  le 
ciel.  ^^En  vérité,  je  vous  dis  encore  que  si  deux 
d'entre  vous  sur  la  terre  s'accordent  pour  demander 
quoi  que  ce  soit,  ils  l'obtiendront  de  mon  Père  qui  est 
dans  les  cieux.  ^"Car  là  où  deux  ou  trois  sont  réunis 
en  mon  nom,  je  suis  au  milieu  d'eux. 

^^  Alors  Pierre,  s'étant  approché,  lui  dit  :  Seigneur, 
combien  de  fois  pardonnerai- je  à  mon  frère,  quand  il 
aura  péché  contre  moi  ?  Sera-ce  jusqu'à  sept  fois  ? 
^^  Jésus  lui  répondit  :  Je  ne  te  dis  pas  jusqu'à  sept 
fois,  mais  jusqu'à  soixante-et-dix  fois  sept  fois. 

^^  C'est  pourquoi,  il  en  est  du  royaume  des  cieux 
comme  d'un  roi  qui  voulut  faire  rendre  leurs  comptes 
à  ses  serviteurs.  -''Quand  il  eut  commencé  à  compter, 
on  lui  en  amena  un  qui  lui  devait  dix  mille  talents  (^), 
^^' Comme  ce  serviteur  n'avait  pas  de  quoi  payer,  son 
maître  commanda  qu'il  fût  vendu,  lui,'  sa  femme  et 
ses  enfants,  et  tout  ce  qu'il  avait,  afin  que  la  dette  fût 
payée.  ^''Le  serviteur,  tombant  à  ses  pieds,  se  pros- 
ternait devant  lui  et  lui  disait  :  Aie  patience  envers 
moi,  et  je  te  paierai  tout  !  ^^  Alors  le  maître  de  ce 
serviteur,  ému  de  compassion,  le  laissa  aller  et  lui 

(1)  Le  talent  équivalait  à  soixante  naines,  c'est-à-dire  5,400  francs  environ. 

44 


SAINT  MATTHIEU  18  :  28-19  :  6 

remit  sa  dette.  ^^Mais  cet  homme,  étant  sorti,  ren- 
contra un  de  ses  compagnons  de  service,  qui  lui  de- 
vait cent  deniers  (  '  )  ;  et,  l'ayant  saisi,  il  l'étranglait, 
en  disant  :  Paie  ce  que  tu  dois  !  -'^Son  compagnon, 
tombant  à  ses  pieds,  le  suppliait  et  lui  disait  :  Aie 
patience  envers  moi,  et  je  te  paierai.  ^^Mais  lui  ne 
voulut  pas  ;  il  s'en  alla  pour  le  faire  mettre  en  prison, 
jusqu'à  ce  qu'il  eût  payé  sa  dette.  ^^Ses  compa- 
gnons, ayant  vu  ce  qui  s'était  passé,  en  furent  extrê- 
mement attristés,  et  ils  vinrent  rapporter  à  leur 
maître  tout  ce  qui  était  arrivé.  ^^  Alors  son  maître 
le  fit  venir,  et  lui  dit  :  Méchant  serviteur,  je  t'ai 
remis  toute  ta  dette,  parce  que  tu  m'as  supplié  de 
le  faire;  -^'^ne  devais- tu  pas  avoir  pitié  de  ton  compa- 
gnon de  service,  comme  j'ai  eu  moi-même  pitié  de  toi  ? 
"^'Et  son  maître,  irrité,  le  livra  aux  bourreaux,  jus- 
qu'à ce  qu'il  eût  payé  tout  ce  qu'il  lui  devait. 
^•^ Ainsi  vous  fera  mon  Père  céleste,  si  chacun  de  vous 
ne  pardonne  pas  à  son  frère  de  tout  son  cœur. 

Ministère  de  Jésus  en  Judée  et  à  Jérusalem 
(19  :  1  à  25  :  46). 

Le  divorce 

(Voy.  Marc  10  :**l-12) 

19  ^  Or  il  arriva,  quand  Jésus  eut  achevé  ces  dis- 
cours, qu'il  j)artit  de  la  Galilée  et  vint  sur  le  territoire 
de  la  Judée,  au  delà  du  Jourdain.  -De  grandes  foules 
l'y  suivirent,  et  il  guérit  leurs  malades. 

^  Alors  les  pharisiens  s'approchèrent  pour  le  mettre 
à  l'épreuve,  et  ils  lui  dirent  :  Est-il  permis  de  répudier 
sa  femme,  pour  quelque  sujet  que  ce  soit  ?  ''  Il  leur 
répondit  :  N'avez-vous  pas  lu  que  le  Créateur,  au 
commencement,  fit  un  homme  et  une  femme,  ^  et 
qu'il  dit  :  «  C'est  pourquoi,  l'homme  quittera  son  père 
et  sa  mère,  et  s'attachera  à  sa  femme  ;  et  les  deux  ne 
feront  qu'une  seule  chair  (-)  ?  »  ^  Ainsi  ils  ne  sont  plus 
deux,  mais  une  seule  chair.  Que  l'homme  ne  sépare 
donc  pas  ce  que  Dieu  a  uni  ! 

(1)  Le  denier   était  une  monuaie  romaine  eu  argent,  valant  environ  20  cen- 
times. 

(2)  Genèse  2   :  24. 

45 


19  :  7-19  SAINT   MATTHIEU 

"^Ils  lui  dirent  :  Pourquoi  donc  Moïse  a-t-il  commandé 
de  donner  à  la  femme  une  lettre  de  divorce  pour  la 
répudier  (*)  ?  ^11  leur  dit  :  C'est  à  cause  de  la  dureté 
de  votre  cœur  que  Moïse  vous  a  permis  de  répudier 
vos  femmes  ;  mais,  au  commencement,  il  n'en  était 
pas  ainsi.  ^Or,  je  vous  le  dis,  quiconque  répudie  sa 
femme,  si  ce  n'est  pour  inconduite,  et  en  épouse  une 
autre,  commet  un  adultère.  ^  "  Ses  disciples  lui  dirent  : 
Si  telle  est  la  condition  de  l'homme  à  l'égard  de  la 
femme,  il  vaut  mieux  ne  pas  se  marier  !  '  ^  Il  leur  ré- 
pondit :  Tous  ne  sont  pas  capables  d'accepter  cette 
parole,  mais  seulement  ceux  à  qui  cela  est  donné. 
^  ^  Car  il  y  a  des  eunuques  qui  le  sont  dès  le  sein  de  leur 
mère  ;  il  y  en  a  qui  ont  été  faits  eunuques  par  les 
hommes,  et  il  y  en  a  qui  se  sont  faits  eunuques  eux- 
mêmes  pour  le  royaume  des  cieux.  Que  celui  qui  peut 
recevoir  cette  parole,  la  reçoive  ! 

Les  enfants 

(Voy.  Marc  10  :  13-16  ;  Luc  18  :  15-17) 

^•- A  ce  moment,  on  lui  présenta  des  petits  enfants, 
afin  qu'il  leur  imposât  les  mains  et  qu'il  priât  pour 
eux  ;  et  les  disciples  reprenaient  ceux  qui  les  présen- 
taient. '  '*  Mais  Jésus  leur  dit  :  Laissez  venir  à  moi  les 
petits  enfants,  et  ne  les  en  empêchez  point  ;  car  le 
royaume  des  cieux  est  pour  ceux  qui  leur  ressem- 
blent. '  •'  Et  leur  ayant  imposé  les  mains,  il  partit  de  là. 

Le  jeune  homme  riche 

(Yoy.  Marc  10  :  17-31  ;  Luc  18  :  18-30  ;  22  :  28-30) 

^^ Alors  un  homme  s'approcha  et  lui  dit:  Maître, 
que  dois- je  faire  de  bon  pour  avoir  la  vie  éternelle  ? 
^^11  lui  dit  :  Pourquoi  m'interroges-tu  sur  ce  qui 
est  bon  ?  Un  seul  est  bon.  Si  tu  veux  entrer  dans 
la  vie,  garde  les  commandements.  —  '^Lesquels  ? 
dit-il.  —  Jésus  lui  répondit  :  Ceux-ci  :  «  Tu  ne  tueras 
point  ;  tu  ne  commettras  point  d'adultère  ;  tu  ne  déro- 
beras point  ;  tu  ne  diras  point  de  faux  témoignage  ; 
^^  honore  ton  père  et  ta  mère  (-)  »  ;  et  :  «  Tu  aimeras 

(1)  Voy.  Deut.  34  :   1.  —  (2)  Exode  30  :   12-16. 
46 


SAINT   MATTHIEU  19  :  20-20  :  3 

ton  prochain  comme  toi-même  (  '  ).  »  -*'  Le  jeune  homme 
lui  dit  :  J'ai  observé  toutes  ces  choses  ;  que  me  man- 
que-t-il  encore  ?  -'Jésus  lui  dit  :  Si  tu  veux  être  par- 
fait, va,  vends  ce  que  tu  as,  donne-le  aux  pauvres, 
et  tu  auras  un  trésor  dans  le  ciel;  puis,  viens  et  suis- 
moi.  2^ Mais  quand  le  jeune  homme  eut  entendu  cette 
parole,  il  s'en  alla  tout  triste;  car  il  avait  de  grands  biens. 
-^  Alors  Jésus  dit  à  ses  disciples  :  En  vérité,  je  vous 
le  dis,  un  riche  entrera  difficilement  dans  le  royaume 
des  cieux.  ^'' Je  vous  le  dis  encore  :  Il  est  plus  aisé 
qu'un  chameau  passe  par  le  trou  de  l'aiguille,  qu'il 
ne  l'est  à  un  riche  d'entrer  dans  le  royaume  de  Dieu, 
-'En  entendant  ces  paroles,  ses  disciples  furent  extrê- 
mement étonnés,  et  ils  disaient  :  Qui  donc  peut  être 
sauvé  ?  2"^  Jésus,  les  regardant,  leur  dit  :  Cela  est  im- 
possible aux  hommes,  mais  tout  est  possible  à  Dieu. 
-'Alors  Pierre,  prenant  la  parole,  lui  dit  :  Et  nous, 
nous  avons  tout  quitté,  et  nous  t'avons  suivi;  qu'avons- 
nous  donc  à  attendre  ?  ^^  Jésus  leur  dit  :  En  vé- 
rité, je  vous  le  déclare,  au  renouvellement  de  toutes 
choses,  lorsque  le  Eils  de  l'homme  sera  assis  sur  le 
trône  de  sa  gloire,  de  même,  vous  qui  m'avez  suivi, 
vous  serez  assis  sur  douze  trônes,  jugeant  les  douze 
tribus  d'Israël.  -''Et  quiconque  aura  quitté  frères  ou 
sœurs,  ou  père,  ou  mère,  ou  enfants,  ou  champs,  ou 
maisons,  à  cause  de  mon  nom,  recevra  beaucoup  plus, 
et  il  héritera  la  vie  éternelle.  ^'^Mais  plusieurs  des  pre- 
miers seront  les  derniers,  et  plusieurs  des  derniers 
seront  les  premiers. 

'  Les  ouvriers  dans  la  vigne 

20  ^En  effet,  le  royaume  des  cieux  est  semblable 
à  un  père  de  famille,  qui  sortit  dès  le  point  du  jour, 
afin  de  louer  des  ouvriers  pour  sa  vigne.  ^11  convint 
avec  les  ouvriers  de  leur  donner  un  denier  ( -)  par  jour,  et 
il  les  envoya  à  sa  vigne.  -^  Il  sortit  encore  vers  la  troi- 
sième heure  (•'),  et  il  en  vit  d'autres  qui  se  tenaient  sur 

(1)  Lévit.'  19  :  18.  —  (2)  Voir  note  sur  Matth.  18  :  28. 

(3)  La  journée  des  Juifs  commenr-ait  à  6  heures  du  matin  et  elle  était 
divisée  en  douze  heures.  La  troisième  correspondait  à  9  lieures  du  matin,  la 
sixième  à  midi,  la  neuvième  à  3  heures  et  la  onzième  à  5  heures  du  soir. 

47 


20  :  A-^9  SAINT    MATTHIEU 

la  place  sans  rien  faire.  '  Il  leur  dit  :  Allez,  vous  aussi, 
à  la  vigne,  efc  je  vous  donnerai  ce  qui  sera,  juste. 
^  Et  ils  y  allèrent.  Il  sortit  de  nouveau  vers  la  sixième 
et  vers  la  neuvième  heure,  et  il  fit  de  même.  ^  Étant 
sorti  vers  la  onzième  heure,  il  en  trouva  d'au- 
tres qui  se  tenaient  sur  la  place,  et  il  leur  dit  : 
Pourquoi  vous  tenez-vous  ici  tout  le  jour  sans 
rien  faire  ?  '^  Ils  lui  répondirent  :  Parce  que  per- 
sonne ne  nous  a  loués:  Il  leur  dit  :  Allez,  vous  aussi, 
à  la  vigne. 

^ Quand  le  soir  fut  venu,  le. maître  de  la  vigne  dit 
à  son  intendant  :  Appelle  les  ouvriers,  et  paie-leur 
le  salaire,  en  commençant  par  les  derniers  et  finissant 
par  les  premiers.  ^Ceux  de  la  onzième  heure  étant 
venus,  reçurent  chacun  un  denier.  ^"Les  premiers, 
venant  à  leur  tour,  s'attendaient  à  recevoir  davantage  ; 
mais  ils  reçurent,  eux  aussi,  chacun  un  denier.  ^'En 
le  recevant,  ils  murmuraient  contre  le  père  de  famille, 
^-et  ils  disaient  :  Ces  derniers  n'ont  fait  qu'une  heure, 
et  tu  les  as  £raités  comme  nous,  qui  avons  supporté 
le  labeur  accablant  du  jour  et»  la  chaleur  !  ^^Mais  il 
répondit  à  l'un  d'eux  :  Mon  ami,  je  ne  te  fais  point 
de  tort  ;  n'avons -nous  pas  convenu  ensemble  que  tu 
aurais  un  denier  ?  ^  ''  Prends  ce  qui  est  à  toi  et  va-t- 
en  ;  je  veux  donner  à  ce  dernier  autant  qu'à  toi.  ^^Ne 
m'est-il  pas  permis  de  faire  ce  que  je  veux  de  ce 
qui  m'appartient  ?  Ou  vois-tu  de  mauvais  œil  que 
|e  sois  bon  ?  ^*^  Ainsi  les  derniers  seront  les  premiers, 
et  les  premiers  seront  les  derniers. 

Jésus  prédit  sa  Passion 

(Voy.  Marc  10  :  32-34  ;  Luc  18  :  31-34) 

^^  Jésus,  montant  à  Jérusalem,  prit  à  part  ses  douze 
disciples,  et  il  leur  dit  en  chemin  :  ^^  Voici  que  nous 
montons  à  Jérusalem,  et  le  Fils  de  l'homme  sera 
livré  aux  principaux  sacrificateurs  et  aux  scribes,  et 
ils  le  condamneront  à  mort.  ^''Ils  le  livreront  aux 
païens,  pour  être  exposé  à  la  moquerie,  battu  de 
verges  et  crucifié  ;  et  le  troisième  jour  il  ressuscitera. 


48 


SAINT    MATTHIEU  20  :  20-34 

Les  fils  de  Zebédée 

(Voy.  Marc  10  :  35-45  ;  Luc  22  :  25-26) 

^•^  Alors  la  mère  des  fils  de  Zébédée  s'approcha  de 
lui  avec  ses  fils,  et  elle  se  prosterna  pour  lui  faire  une 
demande.  ^' Jésus  lui  dit  :  Que  veux-tu  ?  —  Ordonne, 
lui  dit-elle,  que  mes  deux  fils,  que  voilà,  soient  assis 
l'un  à  ta  droite  et  l'autre  à  ta  gauche,  dans  ton 
royaume.  ^^  Jésus  répondit  :  Vous  ne  savez  ce  que 
vous  demandez.  Pouvez-vous  boire  la  coupe  que  je 
dois  boire  ?  Ils  lui  dirent  :  Nous  le  pouvons.  ^^11  leur 
dit  :  Il  est  vrai  que  vous  boirez  ma  coupe  ;  mais  quant 
à  être  assis  à  ma  droite  ou  à  ma  gauche,  ce  n'est  pas 
à  moi  de  l'accorder  ;  ce  sera  pour  ceux  à  qui  mon  Père 
l'a  préparé. 

^  *  Les  dix  autres,  qui  avaient  entendu  cette  demande, 
furent  indignés  contre  les  deux  frères.  -''Mais  Jésus 
les  appela  et  leur  dit  :  Vous  savez  que  les  princes  des 
nations  les  asservissent,  et  que  les  grands  les  tiennent 
sous  leur  puissance.  ^*^I1  n'en  sera  pas  ainsi  parmi 
vous  ;  au  contraire,  celui  qui  voudra  être  grand 
parmi  vous,  sera  votre  serviteur,  -'et  celui  qui  voudra 
être  le  premier  parmi  vous,  sera  votre  esclave.  ^^  C'est 
ainsi  que  le  Fils  de  l'homme  est  venu,  non  pour  être 
servi,  mais  pour  servir,  et  donner  sa  vie  pour  la 
rançon  de  plusieurs  ('). 

Les  aveugles  de  Jérico 

(Voy.  Marc  10  :  46-53  ;  Luc  18  :  35-43) 

^^  Comme  ils  sortaient  de  Jérico,  une  grande 
foule  le  suivit.  -^"^Et  voici  que  deux  aveugles,  assis  au 
bord  du  chemin,  ayant  entendu  dire  que  Jésus  passait, 
se  mirent  à  crier  :  Seigneur,  fils  de  David,  aie  pitié  de 
nous  !  "  '  La  foule  les  reprit  pour  les  faire  taire  ;  mais 
ils  crièrent  plus  fort  :  Seigneur,  Fils  de  David,  aie 
pitié  de  nous  !  ^^  Jésus,  s'arrêtant,  les  appela  et  leur 
dit  :  Que  voulez-vous  que  je  vous  fasse  ?  -^"^Ils  lui 
répondirent  :  Seigneur,  que  nos  yeux  soient  ouverts  ! 
^'' Alors  Jésus,  ému  de  compassion,  toucha  leurs  yeux; 
et  aussitôt  ils  recouvrèrent  la  vue,  et  ils  le  suivirent. 

(1)  Litt.  :  en  rançon  à  la  place  de  plusieurs. 

49 


21  :  1-13  SAINT   MATTHIEU 

Ventrée  à  Jérusalem 

(Yoy.  Marc  11   :  1-10;  Luc  19  :  29-44  ;  Jean  12  :  12-19) 

2  I  ^  Comme  ils  approchaient  de  Jérusalem,  et 
qu'ils  étaient  déjà  à  Bethphagé,  près  de  la  montagne 
des  Oliviers,  Jésus  envoya  deux  disciples,  ^en  leur 
disant  :  Allez  au  village  qui  est  devant  vous  ; 
vous  trouverez  aussitôt  une  ânesse  attachée,  et  un 
ânon  avec  elle  ;  détachez -les  et  amenez -les  moi. 
^Si  l'on  vous  dit  quelque  chose,  vous  direz  que  le 
Seigneur  en  a  besoin  ;  et  aussitôt  on  les  enverra. 
'  Or,  tout  cela  eut  lieu,  afin  que  cette  parole  du  pro- 
phète fût  accomplie  :  -  «  Dites  à  la  fille  de  Sion  :  Voici 
que  ton  roi  vient  à  toi,  débonnaire,  monté  sur  un  âne, 
sur  un  ânon,  le  petit  de  celle  qui  porte  le  joug  (').  » 

*^'Les  disciples  s'en  allèrent  donc  et  firent  ce  que 
Jésus  leur  avait  ordonné.  '^Ils  amenèrent  l'ânesse  et 
l'ânon,  et,  ayant  mis  leurs  vêtements  dessus,  ils  l'y 
firent  asseoir.  ^  Alors  le  peuple,  en  foule,  étendit 
ses  vêtements  sur  le  chemin  ;  d'autres  coupaient 
des  branches  aux  arbres  et  en  jonchaient  la  route. 
'•'  Et  la  foule  qui  allait  devant  lui  et  celle  qui  suivait, 
criaient  :  Hosanna  (')  au  fils  de  David  !  Béni  soit  celui 
qui  vient  au  nom  du  Seigneur  ('')  !  Hosanna  au  plus 
haut  des  cieux  ! 

^*' Quand  il  fut  entré  dans  Jérusalem,  toute  la  ville 
fut  en  émoi,  et  on  disait  :  Qui  est  celui-ci  ?  ^  '  Et  la 
foule  répondait  :  C'est  Jésus,  le  prophète  de  Nazareth, 
en  Galilée. 

La  purification  du  temple.  —  Le  figuier  desséché 

(Voy.  Marc  11  :  11-20  ;  Luc  19  :  45-48.  —  Comp.  Jean  2  :  13-22) 

'-Jésus  entra  dans  le  temple  (^),  et  il  en  chassa  tous 
ceux  qui  vendaient  et  qui  achetaient  ;  il  renversa  les 
tables  des  changeurs-  et  les  sièges  de  ceux  qui  ven- 
daient les  pigeons.    '-^Puis  il  leur  dit  :   Il  est  écrit: 

(1)  Zacharie  9:9. 

(2)  Hosanna,  mot  dérivé  de  l'hébreu  et  signifiaut  :  Sauve,  je  te  prie. 

(3)  Yoy.  Psaume  118  :  26. 

(4)  Le  temple,  c'est-à-dire  la  cour  du  temple,  vaste  enceinte  qui  entourait  le 
sanctuaire,  et  dans  laqueUe  s'étaient  instaUés  les  vendeurs. 

50 


SAINT   MATTHlEir  21  :  4  4-25 

«  Ma  maison  sera  appelée  une  maison  de  prière  (^  )  »  ; 
mais  vous,   vous  en  faites  une  caverne  de  voleurs. 

^  ^  Alors  des  aveugles  et  des  boiteux  vinrent  à  lui  dans 
le  temple,  et  il  les  guérit.  ^^Mais  les  principaux  sacri- 
ficateurs étales  scribes,  —  voyant  les  merveilles  qu'il 
avait  faites,  et  les  enfants  .qui  criaient  dans  le  temple  : 
«  Hosanna  au  Fils  de  David  !  »  —  en  furent  indignés, 
'^et  ils  lui  dirent  :  Entends-tu  ce  que  disent  ces  en- 
fants ?  Jésus  leur  répondit  :  Oui.  N'avez-vous  donc 
jamais  lu  ces  paroles  :  «  Tu  as  tiré  ta  louange  de  la 
bouche  des  petits  enfants  et  de  ceux  qui  sont  à  la 
mamelle  (-)  y  ?  '  '  Puis,  les  ayant  laissés,  H  sortit  de  la 
ville  et  s'en  alla  à  Béthanie,  où  il  passa  la  nuit. 

^^Le  matin,  comme  il  retournait  à  la  ville,  il  eut 
faim.  *^  Voyant  un  figuier  sur  le  chemin,  il  s'en  approcha, 
mais  il  n'y  trouva  que  des  feuilles,  et  il  lui  dit  :  Que 
jamais  plus  il  ne  naisse  de  toi  aucun  fruit  !  Aussitôt 
le  figuier  sécha.  '-^^Les  disciples,  ayant  vu  cela,  s'éton- 
nèrent et  dirent  :  Comment  ce  figuier  est -il  devenu 
sec  en  un  instant  ?  ^  '  Jésus  leur  répondit  :  En  vérité, 
je  vous  le  dis,  si  vous  aviez  de  la  foi,  et  que  vous  ne 
doutiez  point,  non  seulement  vous  feriez  ce  qui  a  été 
fait  au  figuier,  mais  même  si  vous  disiez  à  cette  mon- 
tagne :  Soulève-toi,  et  jette-toi  dans  la  mer,  —  cela 
se  ferait.  ^^Et  tout  ce  que  vous  demanderez  avec 
foi,  en  priant,  vous  le  recevrez. 

La  question  d'autorité 

(Voy.  Marc  11  :  27-33  ;  Luc  20  :  1-8) 

^•^  Quand  il  fut  entré  dans  le  ternple,  les  principaux 
sacrificateurs  et  les  anciens  du  peuple  s'approchèrent 
de  lui,  pendant  qu'il  enseignait,  et  lui  dirent  :  Par 
quelle  autorité  fais-tu  ces  choses  ?  Et  qui  t'a  donné 
cette  autorité  ?  -  ''Jésus  leur  répondit  :  Je  vous  poserai, 
moi  aussi,  une  question,  et  si  vous  m'y  répondez, 
je  vous  dirai  aussi  par  quelle  autorité  je  fais  ces  choses. 
^^Le  baptême  de  Jean,  d'où  venait-il  :  du  ciel  ou  des 
hommes  ?  Or,  ils  raisonnaient  ainsi  entre  eux  :  Si 
nous  disons  :  Du  ciel,  il  nous  dira  :  Pourquoi  donc 

(1)  Ésaïe  56  :  7.  —  Voir  aussi  Jérémie  7  :  11.  —  (2)  Psaume  8  :  3. 
51 


21  :  26-39  SAINT  MATTHIEU 

n'avez -VOUS  pas  cru  à  sa  parole  ?  ^^Et  si  nous  disons  : 
Des  hommes,  nous  avons  à  craindre  le  peuple  ;  car 
tous  regardent  Jean  comme  un  prophète.  ^^Ils  répon- 
dirent donc  à  Jésus  :  Nous  ne  savons.  Il  leur  dit  à  son 
tour  :  Et  moi  non  plus,  je  ne  vous  dirai  point  par 
quelle  autorité  je  fais  ces  choses. 

La  parabole  des  deux  fils 

-^Que  vous  semble-t-il  de  ceci  ?  Un  homme  avait 
deux  fils.  Il  s'adressa  au  premier  et  lui  dit  :  Mon  en- 
fant, va  aujourd'hui  travailler  à  la  vigne.  ^^11  répondit  : 
Oui,  Seigneur  ;  et  il  n'y  alla  point.  ^^'Puis  le  père  vint 
à  l'autre,  et  lui  dit  la  même  chose.  Celui-ci  répondit  : 
Je  ne  veux  pas!  Mais  plus  tard,  s'étant  repenti,  il  y 
alla.  ^^  Lequel  des  deux  a  fait  la  volonté  du  père  ? 
Ils  lui  dirent  :  C'est  le  dernier.  Jésus  leur  dit  :  En  vé- 
rité, je  vous  le  dis,  les  péagers  et  les  femmes  de  mau- 
vaise vie  vous  devancent  dans  le  royaume  de  Dieu! 
^^Car  Jean  est  venu  à  vous  dans  la  voie  de  la  justice, 
et  vous  ne  l'avez  point  cru,  mais  les  péagers  et  les 
femmes  de  mauvaise  vie  l'ont  cru  ;  et  vous,  qui  avez 
vu  cela,  vous  ne  vous  êtes  pas  repentis  ensuite  pour 
le  croire. 

La  parabole  des  vignerons 

(Voy.  Marc  12  :  J-12  ;  Luc  20  :  9-19) 

^^  Ecoutez  une  autre  parabole  :  Il  y  avait  un  père 
de  famille  qui  planta  une  vigne  ;  il  l'environna  d'une 
haie,  y  creusa  un  pressoir  et  y  bâtit  une  tour  ;  puis 
il  la  loua  à  des  vignerons,  et  quitta  le  pays.  ^^  Le  temps 
'de  la  récolte  étant  proche,  il  envoya  ses  serviteurs 
auprès  des  vignerons  pour  recueillir  le  produit  de  sa 
vigne.  ^'^Les  vignerons,  ayant  saisi  les  serviteurs, 
battirent  l'un,  tuèrent  l'autre^  et  en  lapidèrent  un 
troisième.  ^^11  envoya  encore  d'autres  serviteurs,  en 
plus  grand  nombre  que  les  premiers,  et  ils  les  traitèrent 
de  même.  ^^  Enfin,  il  leur  envoya  son  propre  fils,  en 
disant  :  Ils  respecteront  mon  fils.  ^^Mais  quand  les 
vignerons  virent  le  fils,  ils  se  dirent  entre  eux  :  C'est 
l'héritier  ;  allons,  tuons-le,  et  nous  aurons  son  héri- 
tage. '^^  Puis  l'ayant  saisi,  ils  le  jetèrent  hors  de  la  vigne, 

52 


SAINT   MATTHIETT  21  :  40-22  :  io 

et  ils  le  tuèrent.  ''^  Quand  donc  le  maître  de  la  vigne 
viendra,  que  f era-t-il  à  ces  vignerons  ?  '''  ^  Ils  lui  répon- 
dirent :  Il  fera  périr  misérablement  ces  misérables,  et 
il  louera  la  vigne  à  d'autres  vignerons,  qui  lui  rendront 
les  fruits  dans  la  saison.  ^^  Jésus  leur  dit  :  N'avez-vous 
jamais  lu  dans  les  Écritures  :  «  La  pierre  rejetée  par 
ceux  qui  bâtissaient  est  devenue  la  pierre  de  l'angle  ; 
c'est  l'ouvrage  du  Seigneur,  et  c'est  une  merveille 
devant  nos  yeux  (')  »?  ''^ C'est  pourquoi,  je  vous  le 
dis,  le  royaume  de  Dieu  vous  sera  ôté,  et  il  sera  donné 
à  une  nation  qui  en  produira  les  fruits.  ^^  Celui  qui 
tombera  sur  cette  pierre  sera  brisé,  et  celui  sur  qui 
elle  tombera,  elle  l'écrasera. 

'''•''Quand  les  principaux  sacrificateurs  et  les  phari- 
siens entendirent  ces  paraboles,  ils  comprirent  qu'il 
parlait  d'eux.  ^"^Ils  cherchaient  à  se  saisir  de  lui; 
mais  ils  avaient  peur  du  peuple,  parce  qu'on  regar- 
dait Jésus  comme  un  prophète. 

La  parabole  du  festin  des  noces 

(Gomp.  Luc  14  :  16-24) 

2  2  ^  Jésus,  parlant  encore  en  paraboles,  leur  dit  : 
2  Le  royaume  des  cieux  est  semblable  à  un  roi  qui  cé- 
lébra les  noces  de  son  fils.  '^  Il  envoya  ses  serviteurs  pour 
appeler  ceux  qui  avaient  été  invités  aux  noces;  mais 
ils  ne  voulurent  pas  venir.  ''Il  envoya  encore  d'autres 
serviteurs  avec  cet  ordre  :  Dites  aux  invités  :  Voici 
que  j'ai  préparé  mon  festin;  mes  bœufs  et  mes  bêtes 
grasses  sont  tués  et  tout  est  prêt  ;  venez  aux  noces. 
^Mais  eux,  n'en  tenant  aucun  compte,  s'en  allèrent, 
l'un  à  son  champ,  l'autre  à  son  trafic  ;  ^les  autres  sai- 
sirent ses  serviteurs,  les  outragèrent  et  les  tuèrent. 
■^  Le  roi  se  mit  en  colère,  et,  ayant  envoyé  ses  troupes, 
il  fit  périr  ces  meurtriers  et  brûla  leur  ville.  ^Puis 
il  dit  à  ses  serviteurs  :  Le  festin  des  noces  est  prêt, 
mais  ceux  qui  étaient  invités  n'en  étaient  pas  dignes. 
^  Allez  donc  dans  tous  les  carrefours,  et  invitez  aux 
noces  tous  ceux  que  vous  trouverez.  ^^Ces  servi- 
teurs, étant  allés  par  les  chemins,  rassemblèrent  tous 

(1)  Psaume  118  :  22-23. 

53 


22:<j-24  SAINT   MATTHIEU 

ceux  qu'ils  trouvèrent,  tant  mauvais  que  bons,  en 
sorte  que  la  salle  des  noces  fut  remplie  de  convives. 
^  ^  Le  roi,  entrant  pour  voir  ceux  qui  étaient  à  table, 
aperçut  un  homme  qui  n'était  pas  vêtu  d'un  habit 
de  noce.  ^^11  lui  dit  :  Mon  ami,  comment  es-tu  entré 
ici,  sans  avoir  un  habit  de  noce  ?  Et  cet  homme  eut 
la  bouche  fermée.  ^  ^Alors  le  roi  dit  aux  serviteurs  : 
Liez -le  pieds  et  mains,  et  jetez -le  dans  les  ténèbres 
du  dehors  ;  c'est  là  qu'il  y  aura  des  pleurs  et  des  grin- 
cements de  dents.  ^^Car  il  y  a  beaucoup  d'appelés, 
mais  peu  d'élus. 

Dieu  et  César 

(Voy.  Marc  12  :  13-17  ;  Luc  20  :  20-26) 

^•' Alors  les  pharisiens,  s'étant  retirés,  tinrent  conseil, 
afin  de  le  prendre  au  piège  dans  ses  propres  paroles. 
^^Et  ils  lui  envoyèrent  leurs  disciples,  avec  les  héro- 
diens  ('),  pour  lui  dire  :  Maître,  nous  savons  que  tu 
es  véridique,  et  que  tu  enseignes  la  voie  de  Dieu  en 
toute  vérité,  sans  t' inquiéter  de  persoime  ;  car  tu  ne 
regardes  pas  à  rapj)arence  des  hommes.  ^"^ Dis-nous 
donc  ce  que  tu  penses  de  ceci  :  Est-il  permis  de  payer 
l'impôt  à  César,  ou  non?  ^'^ Jésus,  connaissant  leur 
malice,  répondit  :  Pourquoi  me  tentez-vous,  hypo- 
crites ?  ^^ Montrez  moi  la  monnaie  de  l'impôt.  Ils  lui 
présentèrent  un  denier,  ^o  Alors  il  leur  dit  :  Cette 
effigie  et  cette  inscription,  de  qui  sont-elles  ?  2' Ils  lui 
répondirent  :  De  César.  Alors  il  leur  dit  :  Rendez 
donc  à  César  ce  qui  est  à  César,  et  à  Dieu  ce  qui  est 
à  Dieu.  22  En  entendant  cette  réponse,  ils  furent  dans 
l'étonnement  ;  et,  le  laissant,  ils  s'en  allèrent. 

De  la  résurrection 

(Voy.  Marc  12  :  18-27  ;  Luc  20  :  27-40) 

^•"^Ce  même  jour,  les  sadducéens,  qui  disent  qu'il 
n'y  a  point  de  résurrection,  s'approchèrent  de  Jésus, 
et  lui  firent  cette  question:  2'' Maître,  Moïse  a  dit: 
«  Si  quelqu'un  meurt  sans  enfants,  son  frère  épousera 

(1)  Les  hérodiens  étaient  les  partisans  de  la  dynastie  des  Hérodes. 
51 


SAINT   MATTHIEU  22  :  25  42 

sa  veuve,  et  il  suscitera  une  postérité  à  son  frère  (^).  » 
-•'Or,  il  y  avait  parmi  nous  sept  frères.  Le  premier 
se  maria  et  mourut  ;  et  comme  il  n'avait  point  d'en- 
fants, il  laissa  sa  femme  à  son  frère.  ^^De  même  aussi 
le  second,  puis  le  troisième,  jusqu'au  septième.  '^^  Après 
eux  tous,  la  femme  mourut  aussi.  -^Duquel  des  sept 
sera-t-elle  donc  la  femme,  lors  de  la  résurrection, 
puisque  tous  l'ont  eue  pour  femme  ?  -''  Jésus  leur  répon- 
dit :  Vous  êtes  dans  l'erreur,  parce  que  vous  ne  com- 
prene2f'pas  les  Ecritures,  ni  quelle  est  la  puissance  de 
Dieu.  ^"Car,  à  la  résurrection,  on  ne  se  marie  pas,  et  on 
n'est  pas  donné  en  mariage;  mais  les  ressuscites  sont 
comme  les  anges  dans  le  ciel.  '^  '  Quant  à  la  résur- 
rection des  morts,  n'avez-vous  pas  lu  ce  que  Dieu 
vous  a  dit  en  ces  mots  :  ^-  «  Je  suis  le  Dieu  d'Abraham, 
le  Dieu  d'Isaac  et  le  Dieu  de  Jacob  (-))>?  Il  n'est  pas 
le  Dieu  des  morts,  mais  des  vivants.  -^^Le  peuple,  en- 
tendant ces  paroles,  était  frappé  de  son  enseignement. 

Le  sommaire  de  la  loi 

(Voy.  Marc  12  :  28-34;  Luc  10  :  25-2'7) 

^'•Les  pharisiens,  ayant  appris  qu'il  avait  fermé 
la  bouche  aux  sadducéens,  se  rassemblèrent.  -^'Et  l'un 
d'entre  eux,  docteur  de  la  loi,  l'interrogea  pour 
l'éprouver,  et  lui  dit  :  ^•'Maître,  quel  est,  dans  la  loi, 
le  grand  commandement  ?  •^' Jésus  lui  répondit  : 
«  Tu  aimeras  le  Seigneur,  ton  Dieu,  de  tout  ton  cœur, 
de  toute  ton  âme,  et  de  toute  ta  pensée  (•^).  »  -^^  C'est 
là  le  grand,  le  premier  commandement.  -^''Et  voici  l'è 
second,  qui  lui  est  semblable  :  «  Tu  aimeras  ton  pro- 
chain comme  toi-même  (').  »  ''"De  ces  deux  comman- 
dements dépendent  toute  la  loi  et  les  prophètes. 

Le  Christ,  fils  de  David 

(Yoy.  Marc  12  :  35-37  ;  Luc  20  :  41-44) 

^^Les  pharisiens  étant  assemblés,  Jésus  les  inter- 
rogea, ^^et  il  leur  dit  :  Que  pensez- vous  du  Christ  ? 
De  qui  est-il  fils  ?   Ils  lui  répondirent  :  De  David. 

(1)  Deut.  25  :  5.  —  (2)  Exode  3  :  G.  —  (3)  Deut.  6  ;  5, 
(4)  Lévit.  19  :  18. 

55 


22  :  43-23  :  13  SAINT  MATTHIEU 

''^11  leur  dit  :  Comment  donc  David,  parlant  par 
l'Esprit,  l'appelle-t-il  Seigneur,  en  disant:  ^''«Le 
Seigneur  a  dit  à  mon  Seigneur  :  Assieds-toi  à  ma  droite, 
jusqu'à  ce  que  j'aie  mis  tes  ennemis  sous  tes  pieds  (^  )  »  ? 
''^Si  donc  David  l'appelle  Seigneur,  comment  est-il 
son  fils  ?  ^'^ Personne  ne  put  lui  répondre  un  mot;  et, 
depuis  ce  jour-là,  nul  n'osa  plus  l'interroger. 


Les  pharisiens  jugés  "par  Jésus         ^ 

(Voy.  Marc  12  :  38-40  ;  Luc  11  :  87-54  ;  20  :  45-47  ;  13  :  34-35) 

23  ^  Alors  Jésus  parla  au  peuple  et  à  ses  disciples, 
^et  il  leur  dit  :  Les  scribes  et  les  pharisiens  sont  assis 
dans  la  chaire  de  Moïse.  ^Faites  donc  et  observez  tout 
ce  qu'ils  vous  disent  ;  mais  ne  faites  pas  comme  eux, 
parce  qu'ils  disent  et  ne  font  pas.  '^Ils  lient  des  far- 
deaux pesants,  et  les  mettent  sur  les  épaules  des 
hommes  ;  mais  pour  eux,  ils  ne  veulent  pas  les  remuer 
du  doigt.  ^Ils  font  toutes  leurs  actions  pour  être  vus 
des  hommes  :  ils  élargissent  leurs  phylactères  (-), 
et  ils  allongent  les  franges  de  leurs  manteaux  {^); 
^ils  aiment  à  avoir  la  première  place  dans  les  festins 
et  les  premiers  sièges  dans  les  synagogues,  ''k  être 
salués  dans  les  places  publiques  et  à  être  appelés  par 
les  hommes  :  Maître  !  ^Mais  vous,  ne  vous  faites  point 
appeler  :  Maître.  Car  vous  n'avez  qu'un  seul  Maître; 
et  vous  êtes  tous  frères.  ^N'appelez  personne  sur 
la  terre  votre  père  ;  car  vous  n'avez  qu'un  seul  Père, 
celui  qui  est  dans  les  cieux.  ^^Et  ne  vous  faites  point 
appeler  directeurs  ;  car  vous  n'avez  qu'un  seul  Direc- 
teur, le  Christ.  '  ^  Mais  le  plus  grand  d'entre  vous  sera 
votre  serviteur.  ''^Quiconque  s'élèvera  sera  abaissé, 
et  quiconque  s'abaissera  sera  élevé. 

'•^Malheur  à  vous,  scribes  et  pharisiens  hypocrites  ! 
parce  que  vous  fermez  le  royaume  des  cieux  devant 


(1)  Psaume  110  :  1. 

(2)  Les  phylactères,  bandes  de  parchemin  sur  lesquelles  étaient  inscrits  des 
passages  de  la  loi,  et  que  l'on  portait  sur  le  front  et  au  bras  gauche. 
(Voir  Deut.  6  :  8.) 

(3)  Ces  franges,  prescrites  par  la  loi  (Nombres  15  :  37-40),  étaient  aux  coins 
du  manteau. 

56 


SAmr  MATTHIEF  23  :  U-27 

les  hommes  ;  vous  n'y  entrez  point,  et  ceux  qui  veu- 
lent y  entrer,  vous  les  en  empêchez  ! 

*  ''  [Malheur  à  vous,  scribes  et  pharisiens  hypocrites  ! 
parce  que  vous  dévorez  les  maisons  des  veuves,  en 
affectant  de  faire  de  longues  prières  ;  à  cause  de  cela, 
vous  subirez  un  jugement  plus  rigoureux.]  (") 

^^  Malheur  à  vous,  scribes  et  pharisiens  hypocrites  ! 
Car  vous  courez  la  mer  et  la  terre  pour  faire  un 
prosélyte  ;  et,  quand  vous  l'avez,  vous  en  faites  un 
enfant  de  la  géhenne  (^)  deux  fois  plus  que  vous  ! 

^''Malheur  à  vous,  conducteurs  aveugles,  qui  dites  : 
Si  quelqu'un  jure  par  le  temple,  ce  n'est  rien,  mais 
s'il  jure  par  l'or  du  temple,  il  est  lié  par  son  serment. 
^^  Insensés  et  aveugles,  lequel  est  le  plus  grand,  l'or 
ou  le  temple  qui  rend  cet  or  sacré  ?  ^  ^  Et  si  quelqu'un, 
dites-vous,  jure  par  l'autel,  ce  n'est  rien  ;  mais  s'il 
jure  par  F  offrande  qui  est  sur  l'autel,  il  est  lié  par  son 
serment.  ''^Aveugles,  lequel  est  le  plus  grand,  l'of- 
frande ou  l'autel  qui  rend  cette  offrande  sacrée  ? 
^■' Celui  donc  qui  jure  par  l'autel,  jure  par  l'autel  et 
par  tout  ce  qui  est  dessus;  -'celui  qui  jure  par  le 
temple,  jure  par  le  temple  et  par  Celui  qui  y  habite; 
^-  et  celui  qui  jure  par  le  ciel,  jure  par  le  trône  de  Dieu, 
et  par  Celui  qui  y  est  assis. 

^•^  Malheur  à  vous,  scribes  et  pharisiens  hypocrites  ! 
Car  vous  payez  la  dîme  de  la  menthe,  de  l'aneth 
et  du  cumin,  et  vous  négligez  les  choses  les  plus  im- 
portantes de  la  loi  :  la  justice,  la  miséricorde  et  la 
fidélité.  Voilà  les  choses  qu'il  fallait  faire,  sans  omettre 
les  autres.  ^ '' Conducteurs  aveugles,  qui  arrêtez  le 
moucheron  dans  votre  filtre  et  qui  avalez  le  chameau  ! 

^^  Malheur  à  vous,  scribes  et  pharisiens  hypocrites  ! 
Car  vous  nettoyez  le  dehors  de  la  coupe  et  du  plat, 
tandis  que  l'intérieur  est  plein  de  rapacité  et  d'in- 
tempérance. ^'^  Pharisien  aveugle,  nettoie  premiè- 
rement le  dedans  de  la  coupe  et  du  plat,  afin  que  le 
dehors  aussi  devienne  pur  ! 

^^  Malheur  à  vous,  scribes  et  pharisiens  hypocrites  ! 

(a)  Cette  phrase  entre  crochets  ne  se  trouve  pas  dans  plusieurs  anciecs 
manuscrits. 

(1)  Voir  note  5,  sur  Matth.  5  :  22. 

57 


23  :  28-24  :  1  SAINT   MATTHIEU 

Car  vous  ressemblez  à  des  sépulcres  blanchis,  qui, 
au  dehors,  paraissent  beaux,  mais  qui  au  dedans 
sont  pleins  d'ossements  de  morts  et  de  toutes  sortes 
d'impuretés.  ^'^Vous  de  même,  au  dehors,  vous  parais- 
sez justes  aux  hommes,  mais,  au  dedans,  vous  êtes 
remplis  d'hypocrisie  et  d'iniquité. 

^'^  Malheur  à  vous,  scribes  et  pharisiens  hypocrites  ! 
Car  vous  bâtissez  les  tombeaux  des  prophètes,  et 
vous  ornez  les  sépulcres  des  justes  ;  ^^puis  vous  dites  : 
Si  nous  avions  vécu  du  temps  de  nos  pères,  nous 
ne  nous  serions  pas  joints  à  eux  pour  répandre  le 
sang  des  prophètes.  '^' Ainsi,  vous  témoignez  contre 
vous-mêmes  que  vous  êtes  bien  les  fils  des  meurtriers 
des  prophètes.  ^^ Comblez  donc  la  mesure  de  vos  pères  ! 
•^•^  Serpents,  race  de  vipères,  comment  échapperez- 
vous  au  châtiment  de  la  géhenne  ? 

•^  '  C'est  pourquoi,  voici  que  je  vous  envoie  des  pro- 
phètes, des  sages  et  des  scribes  ;  vous  tuerez  et  cruci- 
fierez les  uns;  vous  battrez  de  verges  les  autres  dans  vos 
synagogues,  et  vous  les  persécuterez  de  ville  en  ville, 
•^^afin  que  retombe  sur  vous  tout  le  sang  innocent  qui 
a  été  répandu  sur  la  terre,  depuis  le  sang  d'Abel,  le 
juste,  jusqu'au  sang  de  Zacharie,  fils  de  Barachie  ('), 
que  vous  avez  assassiné  entre  le  temple  et  l'autel. 
•*^'  En  vérité,  je  vous  le  dis,  tous  ces  malheurs  viendront 
sur  cette  génération. 

^^  Jérusalem,  Jérusalem,  qui  tues  les  prophètes,  et 
qui  lapides  ceux  qui  te  sont  envoyés,  combien  de  fois 
j'ai  voulu  rassembler  tes  enfants,  comme  une  poule 
rassemble  ses  poussins  sous  ses  ailes,  et  vous  ne  l'avez 
pas  voulu  !  ^^  Voici  que  votre  demeure  va  vous  être 
laissée  déserte  !  ^'■^Car,  je  vous  le  déclare,  vous  ne  me 
verrez  plus  désormais,  jusqu'à  ce  que  vous  disiez  :  «  Béni 
soit  celui  qui  vient  au  nom  du  Seigneur  (^)  !  » 

Discours  de  Jésus  sur  la  ruine  de  Jérusalem 
et  sur  son  avènement 

(Voy.  Marc  13  :  1-37  ;  Luc  21  :  5-38  ;  17  :  23-35  ;  12  :  35-46) 

24  '  Comme  Jésus  sortait  du  temple  et  qu'il  s'en 

(1)  Voy.  n  Ohron.  34  :  20-22.  —  (2)  Psaume  118  :  26. 

58 


SAINT   MATTHIEU  24  :  2-^8 

allait,  ses  disciples  s'approchèrent  pour  lui  en  faire 
considérer  les  bâtiments.  ^Mais  il  leur  répondit  : 
Vous  voyez  tout  cela  ?  En  vérité,  je  vous  le  dis,  il  ne 
restera  ici  pierre  sur  pierre  qui  ne  soit  renversée. 

^  Comme  il  était  assis  sur  la  montagne  des  Oli- 
viers, les  disciples  vinrent  lui  dire  en  particulier  : 
Dis-nous  quand  ces  choses  arriveront,  et  quel  sera 
le  signe  de  ton  avènement  et  de  la  fin  du  monde. 
^  Jésus  leur  répondit  :  Prenez  garde  que  personne  ne 
vous  séduise.  ■'  Car  plusieurs  viendront  en  mon  nom,  en 
disant  :  Je  suis  le  Christ  ;  et  ils  séduiront  beaucoup  de 
gens.  ^  Vous  entendrez  parler  de  guerres  et  de  bruits  de 
guerres  :  prenez  garde,  ne  vous  troublez  pas;  car  il 
faut  que  ces  choses  arrivent.  Mais  ce  ne  sera  pas  en- 
core la  fin.  '^Une  nation  s'élèvera  contre  une  nation, 
et  un  royaume  contre  un  royaume  ;  il  y  aura  des  fa- 
mines et  des  tremblements  de  terre  en  divers  lieux. 
^Mais  tout  cela  ne  sera  que  le  commencement  des  dou- 
leurs. '-'Alors  ils  vous  livreront  aux  tourments,  et  ils 
vous  feront  mourir  ;  et  vous  serez  haïs  de  toutes  les 
nations  à  cause  de  mon  nom.  '"Alors  aussi  plusieurs 
succomberont  à  l'épreuve  (*);  ils  se  trahiront  les  uns 
les  autres  et  se  haïront  les  uns  les  autres.  '  *  Plusieurs 
faux  prophètes  s'élèveront  et  séduiront  beaucoup  de 
gens.  ^^Et  parce  que  l'iniquité  sera  multipliée,  la 
charité  du  plus  grand  nombre  se  refroidira.  ^^Mais 
celui  qui  persévérera  jusqu'à  la  fin,  celui-là  sera  sauvé. 
^  '*  Et  cet  Évangile  du  royaume  sera  prêché  par  toute 
la  terre,  pour  servir  de  témoignage  à  toutes  les  na- 
tions. Alors  viendra  la  fin. 

^■' Quand  vous  verrez  établie  dans  le  lieu  saint 
l'abomination  de  la  désolation,  dont  a  parlé  le  prophète 
Daniel  (^)  —  (que  le  lecteur  fasse  attention  î),  — 
■•^ alors,  que  ceux  qui  seront  dans  la  Judée  s'enfuient 
dans  les  montagnes  ;  '  '  que  celui  qui  sera  sur  le  toit  (•^) 
ne  descende  pas ,  pour  emporter  ce  qui  est  dans  la 
maison  ;  '  ^  et  que  celui  qui  sera  aux  champs  ne  retourne 

(1)  Litt.  :  seront  scandaiisés.  (Voir  uote  sur  Matth.  16  :  23). 

(2)  Voy.  Daniel  9  :  27. 

(3)  Sur  le  toit  formant  terrasse,  d'où  Ton  peut  ilesceudre  par  un  e  palier 
extérieur. 

59 


24  :^  9-35  SAINT   MATTHIEU 

pas  en  arrière  pour  prendre  son  manteau.  ^^  Malheur 
aux  femmes  qui  seront  enceintes  et  à  celles  qui  allai- 
teront en  ces  jours-là  !  ^^ Priez  pour  que  votre  fuite 
n'arrive  pas  en  hiver,  ni  en  un  jour  de  sabbat  ;  ^'car 
il  y  aura  alors  une  grande  affliction,  telle  qu'il  n'y  en 
a  point  eu  de  semblable  depuis  le  commencement  du 
monde  jusqu'à  présent,  et  qu'il  n'y  en  aura  jamais. 
-^Et  si  ces  jours-là  n'étaient  pas  abrégés,  aucune 
créature  ne  serait  sauvée  ;  mais  ces  jours-là  seront 
abrégés  à  cause  des  élus. 

^^  Alors,  si  quelqu'un  vous  dit  :  Voyez,  le  Christ  est 
ici  ;  ou  bien  :  Il  est  là  !  —  ne  le  croyez  point.  -  ''  Car  de  faux 
christs  et  de  faux  prophètes  s'élèveront  et  feront  de 
grands  signes  et  des  prodiges,  jusqu'à  séduire,  s'il 
était  possible,  les  élus  eux-mêmes.  ^"'Vous  voilà 
prévenus.  ^^Si  donc  on  vous  dit  :  «  Le  voici  dans  le 
désert,  ))  —  n'y  allez  pas.  «  Le  voici  dans  l'intérieur  de  la 
maison  »,  —  ne  le  croyez  pas.  -"Car  comme  l'éclair 
part  de  l'orient  et  brille  jusqu'à  l'occident,  il  en  sera 
de  même  de  l'avènement  du  Fils  de  l'homme. 

^^Où  sera  le  cadavre,  là  s'assembleront  les  aigles. 
/^^  Aussitôt  après  l'affliction  de  ces  jours-là,  le  soleil 
s'obscurcira,  la  lune  ne  donnera  plus  sa  lumière,  les 
étoiles  tomberont  du  ciel,  et  les  puissances  des  cieux 
seront  ébranlées.  ^"  Alors  paraîtra  dans  le  ciel  le  signe 
du  Fils  de  l'homme  ;  toutes  les  tribus  de  la  terre  se 
frapperont  la  poitrine,  et  elles  verront  le  Fils  de 
l'homme  venir  sur  les  nuées  du  ciel  avec  une  grande 
puissance  et  une  grande  gloire.  ^  '  Il  enverra  ses  anges, 
qui,  au  son  éclatant  de  la  trompette,  rassembleront 
ses  élus  des  quatre  vents,  depuis  une  extrémité  des 
cieux  jusqu'à  l'autre  extrémité. 

^■■^  Ecoutez  une  comparaison  empruntée  au  figuier  : 
dès  que  ses  branches  deviennent  tendres  et  qu'il 
pousse  des  feuilles,  vous  savez  que  l'été  est  proche. 
-^^Vous  aussi  de  même,  quand  vous  verrez  toutes  ces 
choses,  sachez  que  le  Fils  de  l'homme  est  proche, 
qu'il  est  à  la  porte.  ^^En  vérité,  je  vous  le  dis,  cette 
génération  ne  passera  pas,  que  toutes  ces  choses  n'ar- 
rivent. ^'^Le  ciel  et  la  terre  passeront,  mais  mes  paroles 
ne  passeront  pomt  ! 

60 


>-  SAINT   MATTHIEU  24  :  36-25  :  3 

^^Pour  ce  qui  est  de  ce  jour  et  de  cette  heure, 
personne  n'en  sait  rien,  pas  même  les  anges  du  ciel, 
ni  même  le  Fils,  mais  le  Père  seul.  •^' Comme  il  en  était 
aux  jours  de  Noé,  il  en  sera  de  même  à  l'avènement 
du  Fils  de  l'homme  :  ^^dans  les  jours  qui  précédèrent 
le  déluge,  on  mangeait  et  on  buvait,  on  se  mariait 
et  on  donnait  en  mariage,  jusqu'au  jour  où  Noé 
entra  dans  l'arche,  —  ^^et  les  hommes  ne  s'avisèrent 
de  rien,  jusqu'au  moment  où  vint  le  déluge  qui  les 
emporta  tous.  —  Il  en  sera  de  même  à  l'avènement  du 
Fils  de  l'homme.  '*^  Alors,  deux  hommes  seront  dans 
un  champ;  l'un  sera  pris  et  l'autre  laissé.  ''''Deux 
femmes  moudront  au  moulin;  l'une  sera  prise  et  l'autre 
laissée.  ^-Veillez  donc  ;  car  vous  ne  savez  pas  à  quelle 
heure  votre  Seigneur  doit  venir. 

''^Sachez -le  bien,  si  le  père  de  famille  savait  à  quelle 
heure  de  la  nuit  (')  le  voleur  viendra,  il  veillerait 
et  ne  laisserait  pas  percer  sa  maison.  ^'*Vous  donc 
aussi,  tenez-vous  prêts;  carie  Fils  de  l'homme  viendra 
à  l'heure  que  vous  ne  pensez  pas.  ''-'Quel  est  le  servi- 
teur fidèle  et  prudent  que  le  maître  a  établi  sur  ses 
domestiques,  pour  leur  donner  la  riourriture  au  temps 
convenable  ?  ''  ^  Heureux  sera  le  serviteur  que  le  maître, 
à  son  arrivée,  trouvera  agissant  ainsi!  '^En  vérité, 
je  vous  le  dis,  il  l'établira  sur  tous  ses  biens.  ''^Si,  au 
contraire,  c'est  un  mauvais  serviteur  qui  dise  en  son 
cœur  :  Mon  maître  tarde  à  venir,  '''^  —  et  qu'il  se  mette 
à  battre  ses  compagnons  de  service,  à  manger  et  à 
boire  avec  les  ivrognes,  ^^' — le  maître  de  ce  serviteur 
viendra  le  jour  où  il  ne  s'y  attend  pas,  et  à  l'heure  qu'il 
ne  sait  pas.  ''  '  Il  le  déchirera  à  coups  de  fouet,  et  il 
lui  donnera  son  lot  avec  les  hypocrites.  C'est  là  qu'il 
y  aura  des  pleurs  et  des  grincements  de  dents. 

Parabole  des  dix  vierges 

25  'Alors  le  royaume  des  cieux  sera  semblable  à 
dix  vierges  qui,  ayant  pris  leurs  lampes,  allèrent  à 
la  rencontre  de  l'époux.  ^Cinq  d'entre  elles  étaient 
folles,  et  cinq  étaient  sages.  ^  Celles  qui  étaient  folles, 

(1)  Voir  note  sur  Matth.  14  :  25. 

61 


25  :  4-22  SAINT   MATTHIEU 

en  prenant  leurs  lampes,  n'avaient  point  pris  d'huile 
avec  elles.  '*  Mais  les  sages  avaient  pris  de  l'huile  dans 
leurs  vases  avec  leurs  lampes.  ^  Comme  l'époux  tardait 
à  venir,  elles  s'assoupirent  toutes  et  s'endormirent. 
^  Au  milieu  de  la  nuit,  un  cri  se  fit  entendre  :  Voici 
l'époux  ;  sortez  à  sa  rencontre  !'' Alors  ces  vierges  se 
levèrent  toutes  et  préparèrent  leurs  lampes.  ^Et  les 
folles  dirent  aux  sages  :  Donnez -nous  de  votre  huile  ; 
car  nos  lampes  s'éteignent.  -'Mais  les  sages  répon- 
dirent: Non,  car  il  n'y  en  aurait  pas  assez  pour  nous 
et  pour  vous  ;  allez  plutôt  chez  ceux  qui  en  vendent,  et 
achetez-en  pour  vous.  ^"Mais,  pendant  qu'elles  al- 
laient en  acheter,  l'époux  vint;  celles  qui  étaient  prêtes 
entrèrent  avec  lui  dans  la  salle  des  noces,  et  la  porte 
fut  fermée.  '  '  Plus  tard,  les  autres  vinrent  aussi  et 
dirent  :  Seigneur,  Seigneur,  ouvre-nous  !  ^-Mais  il 
répondit  :  En  vérité,  je  vous  le  dis,  je  ne  vous  connais 
point.  ^^  Veillez  donc,  car  vous  ne  savez  ni  le  jour  ni 
l'heure. 

Parabole  des  talents 

(Comp.  Luc  19  :  11-27) 

^  'En  effet,  il  en  sera  comme  d'un  homme  qui,  par- 
tant pour  un  voyage,  appela  ses  serviteurs  et  leur 
confia  ses  biens.  '-^A  l'un  il  donna  cinq  talents  (^),  à 
l'autre  deux,  et  à  l'autre  un  :  à  chacun  selon  sa  capa- 
cité ;  puis  il  partit.  "'Aussitôt,  celui  qui  avait  reçu 
les  cinq  talents  alla  les  faire  valoir  ;  et  il  gagna  cinq 
autres  talents.  ''De  même,  celui  qui  en  avait  reçu 
deux  en  gagna  deux  autres.  ^"^Mais  celui  qui  n'en 
avait  reçu  qu'un,  s'en  alla,  fit  un  trou  dans  la  terre,  et 
il  y  cacha  l'argent  de  son  maître. 

^  ^  Longtemps  après,  le  maître  de  ces  serviteurs  revint, 
et  il  leur  fit  rendre  compte.  -'^  Alors,  celui  qui  avait  reçu 
les  cinq  talents  vint,  présenta  cinq  autres  talents, 
puis  il  dit  :  Seigneur,  tu  m'avais  remis  cinq  talents  ; 
en  voici  cinq  autres  que  j'ai  gagnés.  ^'  Son  maître  lui 
dit  :  Cela  va  bien,  bon  et  fidèle  serviteur  ;  tu  as  été 
fidèle  en  peu  de  choses,  je  t'établirai  sur  beaucoup  ; 
viens  prendre  part  à  la  joie  de  ton  seigneur.  ^"^  Celui  qui 

(1)  Voir  note  sur  Matth.  18  :  24. 

62 


SAINT   MATTHIEU  25  :  23-37 

avait  reçu  les  deux  talents,  vint  aussi  et  dit  :  Sei- 
gneur, tu  m'avais  remis  deux  talents  ;  en  voici  deux 
autres  que  j'ai  gagnés.  --^Son  maître  lui  dit  :  Cela  va 
bien,  bon  et  fidèle  serviteur  ;  tu  as  été  fidèle  en  peu 
de  choses,  je  t'établirai  sur  beaucoup  ;  viens  prendre 
part  à  la  joie  de  ton  seigneur.  ^ '''Celui  qui  n'avait 
reçu  qu'un  talent,  vint  aussi  et  dit  :  Seigneur,  je  savais 
que  tu  es  un  homme  dur,  qui  moissonnes  où  tu  n'as 
rien  semé,  et  qui  ramasses  où  tu  n'as  rien  répandu. 
-■^  J'ai  eu  peur  et  je  suis  allé  cacher  ton  talent  dans  la 
terre  ;  le  voici,  tu  as  ce  qui  est  à  toi,  ^^Mais  son  maître 
lui  répondit  :  Méchant  et  paresseux  serviteur,  tu 
savais  que  je  moissonne  où  je  n'ai  rien  semé,  et  que 
je  ramasse  où  je  n'ai  rien  répandu!  ^'^11  te  fallait  donc 
porter  mon  argent  aux  banquiers,  et,  à  mon  retour, 
j'aurais  retiré  ce  qui  est  à  moi  avec  l'intérêt.  ^^Otez- 
lui  donc  le  talent  et  donnez -le  à  celui  qui  a  les  dix 
talents.  -^Car  on  donnera  à  celui  qui  a,  et  il  sera  dans 
l'abondance  ;  mais  à  celui  qui  n'a  pas,  on  ôtera  même 
ce  qu'il  a.  ^^  Quant  au  serviteur  inutile,  jetez -le  dans 
les  ténèbres  du  dehors,  c'est  là  qu'il  y  aura  des  pleurs 
et  des  grincements  de  dents. 

Le  jugement  dernier 

^  '  Quand  le  Fils  de  l'homme  viendra  dans  sa  gloire, 
avec  tous  les  anges,  alors  il  s'assiéra  sur  son  trône 
de  gloire.  -^-Toutes  les  nations  seront  rassemblées 
devant  lui,  et  il  séparera  les  uns  d'avec  les  autres, 
comme  le  berger  sépare  les  brebis  d'avec  les  boucs. 
^•■^Et  il  mettra  les  brebis  à  sa  droite  et  les  boucs  à  sa 
gauche. 

^  ''  Alors  le  roi  dira  à  ceux  qui  seront  à  sa  droite  : 
Venez,  vous  qui  êtes  bénis  de  mon  Père,  recevez  en 
héritage  le  royaume  qui  vous  a  été  préparé  dès  la 
création  du  monde.  -^^Car  j'ai  eu  faim,  et  vous  m'avez 
donné  à  manger  ;  j'ai  eu  soif,  et  vous  m'avez  donné 
à  boire  ;  j'étais  étranger,  et  vous  m'avez  recueilli  ; 
^^' j'étais  nu,  et  vous  m'avez  vêtu  ;  j'étais  malade,  et 
vous  m'avez  visité  ;  j'étais  en  prison,  et  vous  êtes 
venus  auprès  de  moi.  *^^  Alors  les  justes  lui  répondront  : 

63 


25  :  38-26  :  4  SAINT   MATTHIEU 

Seigneur,  quand  est-ce  que  nous  t^avons  vu  avoir 
faim,  et  que  nous  t'avons  donné  à  manger;  ou  avoir 
soif,  et  que  nous  t'avons  donné  à  boire  ?  ^^Et  quand 
est-ce  que  nous  t'avons  vu  étranger,  et  que  nous  t'avons 
recueilli;  ou  nu,  et  que  nous  t'avons  vêtu  ?  ^^Ou  quand 
est-ce  que  nous  t'avons  vu  malade  ou  en  prison,  et 
que  nous  sommes  venus  auprès  de  toi  ?  ^^Et  le  roi 
leur  répondra  :  En  vérité,  je  vous  le  dis,  toutes  les 
fois  que  vous  l'avez  fait  à  l'un  de  ces  plus  petits  de 
mes  frères,  vous  me  l'avez  fait  à  moi-même. 

'^^  Ensuite  il  dira  à  ceux  qui  seront  à  sa  gauche  : 
Betirez-vous  de  moi,  maudits,  allez  dans  le  feu  éternel, 
pré]3aré  pour  le  Diable  et  pour  ses  anges.  ''-Car  j'ai 
eu  faim,  et  vous  ne  m'avez  pas  donné  à  manger  ; 
j'ai  eu  soif,  et  vous  ne  m'avez  pas  donné  à  boire. 
''•^J'étais  étranger,  et  vous  ne  m'avez  pas  recueilli  ; 
nu,  et  vous  ne  m'avez  pas  vêtu  ;  malade  et  en  prison, 
et  vous  ne  m'avez  pas  visité.  ^''*  Alors  ceux-ci  lui  ré- 
pondront à  leur  tour  :  Seigneur,  quand  est-ce  que  nous 
t'avons  vu  avoir  faim,  ou  soif,  être  étranger,  ou  nu, 
ou  malade,  ou  en  prison,  et  que  nous  ne  t'avons  pas 
assisté?  ''"^Et  il  leur  ré]3ondra  :  En  vérité,  je  vous  le 
dis,  toutes  les  fois  que  vous  ne  l'avez  pas  fait  à  l'un 
de  ces  plus  petits,  vous  ne  me  l'avez  pas  fait  à  moi 
non  plus.  ''•'Et  ceux-ci  s'en  iront  au  châtiment  éter- 
nel, mais  les  justes  iront  à  la  vie  éternelle. 

Souffrances,  mort  et  résurrection  de  Jésus 

(26,  1  à  28  :  20) 

Complot  des  sacrificateurs 

(Voy.  Marc  14  :  1-2;  Lnc  22  :  1-2;  Jean  11  :  47-53) 

26  '' Or  il  arriva,  quand  Jésus  eut  achevé  tous  ces 
•discours,  qu'il  dit  à  ses  disciples:  ^Vous  savez  que 

la  Pâque  aura  lieu  dans  deux  jours,  et  le  Fils  de 
l'homme  va  être  livré  pour  être  crucifié. 

'^  Alors  les  principaux  sacrificateurs  et  les  anciens 
du  peuple  se  réunirent  dans  la  cour  du  souverain 
sacrificateur,  nommé  Caïphe,  ''et  ils  tinrent  conseil 
pour  s'emparer  de  Jésus  par  ruse  et  le  faire  mourir. 

64 


SAINT    MATTHIEU  26:5-4  8 

^Mais  ils  disaient  :   Que  ce  ne  soit  pas  pendant  la 
fête,  de  peur  qu'il  n'y  ait  du  tumulte  parmi  le  peuple. 

Le  repas  de  Béthanie 

(Voy.  K-^A-c  14  :  3-9  ;  Jean  12  :  1-8) 

^  Comme  Jésus  était  à  Béthanie,  dans  la  maison  de 
Simon  le  lépreux,  ''une  femme  s'approcha  de  lui, 
portant  un  vase  d'albâtre  plein  d'un  parfum  de  grand 
prix,  et  elle  le  lui  répandit  sur  la  tête,  pendant  qu'il 
était  à  table.  ^Les  disciples,  voyant  cela,  furent  indi- 
gnés et  dirent  :  A  quoi  bon  cette  perte  ?  ^  On  pouvait 
vendre  ce  parfum  très  cher  et  en  donner  le  prix  aux 
pauvres.  ^*^Mais  Jésus,  s'en  étant  aperçu,  leur  dit: 
Pourquoi  faites-vous  de  la  peine  à  cette  femme  ? 
Elle  a  fait  une  bonne  action  à  mon  égard  ;  '  ^  car  vous 
avez  toujours  les  pauvres  avec  vous  ;  mais  moi,  vous 
ne  m'avez  pas  toujours.  ^-Si  elle  a  répandu  ce  par- 
fum sur  mon  corps,  elle  l'a  fait  en  vue  de  ma  sépulture. 
'^En  vérité,  je  vous  le  dis,  partout  où  cet  Évangile 
sera  prêché,  dans  le  monde  entier,  ce  qu'elle  a  fait  sera 
aussi  raconté  en  mémoire  d'elle. 

La  trahison  de  Judas 

(Voy.  Marc  14  :  10-11  ;  Luc  22  :  3-6) 

^^  Alors  l'un  des  douze,  appelé  Judas  Iscariote,  alla 
trouver  les  principaux  sacrificateurs,  ^  "*  et  leur  dit  : 
Que  voulez-vous  me  donner,  et  je  vous  le  livrerai  ? 
Ils  lui  comjDtèrent  trente  pièces  d'argent  (')  '^Et  dès 
ce  moment,  il  cherchait  une  occasion  favorable  pour 
livrer  Jésus. 

Institution  de  la  sainte  Cène 

(Voy.  Marc  14  :  12-25;  Luc  22  :  7-23.  —  Comp.  Jean  13  :  21-30) 

^■^Le  premier  jour  de  la  fête  des  pains  sans  levain, 
les  disciples  s'approchèrent  de  Jésus  et  lui  dirent  : 
Où  veux -tu  que  nous  te  préparions  le  repas  de  la 
Pâque  ?  ^^11  répondit  :  Allez  à  la  ville  chez  un  tel,  et 
dites-lui  :  Le  Maître  dit  :  Mon  temps  est  proche;  c'est 
chez  toi  que  je  célébrerai  la  Pâque  avec  mes  disciples. 

(1)  Trente  sicles  d'argent,  environ  cent  francs. 

65  3 


26m9-3o  saint    MATTHIEU 

^^Les  disciples  firent  ce  que  Jésus  leur  avait  ordonné, 
et  ils  préparèrent  la  Pâque. 

^^Le  soir  étant  venu,  il  se  mit  à  table  avec  les 
douze  disciples.  ^^  Et  comme  ils  mangeaient,  il  dit  : 
En  vérité,  je  vous  déclare  que  l'un  de  vous  me  trahira. 
^^Ils  furent  fort  affligés,  et  chacun  d'eux  se  mit  à 
lui  dire  :  Est-ce  moi,  Seigneur  ?  '-^'^Mais  il  répondit  : 
Celui  qui  a  mis  la  main  au  plat  avec  moi,  c'est  celui 
qui  me  trahira.  '-^  '•  Le  Fils  de  l'homme  s'en  va,  confor- 
mément à  ce  qui  a  été  écrit  à  son  sujet  ;  mais  malheur 
à  l'homme  par  qui  le  Fils  de  l'homme  est  trahi  !  Mieux 
vaudrait  pour  cet  homme-là  n'être  jamais  né  !  ^^  Judas, 
qui  le  trahissait,  prit  la  parole  et  dit  :  Maître,  est-ce 
moi  ?  Jésus  lui  répondit  :  Tu  l'as  dit. 

^^ Pendant  qu'ils  mangeaient,  Jésus  prit  du  pain; 
et,  après  avoir  rendu  grâces,  il  le  rompit,  le  donna  à 
ses  disciples,  et  dit  :  Prenez,  mangez;  ceci  est  mon 
corps.  ^' Ayant  aussi  pris  la  coupe  et  rendu  grâces, 
il  la  leur  donna,  en  disant  :  Buvez -en  tous  ;  ^^car  ceci 
est  mon  sang,  le  sang  de  l'alliance,  qui  est  répandu 
pour  plusieurs,  pour  la  rémission  des  péchés.  ^^Je 
vous  le  dis,  désormais  je  ne  boirai  plus  de  ce  fruit 
de  la  vigne,  jusqu'au  jour  où  je  le  boirai  nouveau  avec 
vous  dans  le  royaume  de  mon  Père.- 

Avertissement  à  Pierre 

(Voy.  Marc  14  :  26-31  ;  Luc  22  :  31-38  ;  Jean  13  :  36-38) 

^•^ Après  avoir  chanté  le  cantique  ('  ),  ils  sortirent  pour 
se  rendre  à  la  montagne  des  Oliviers.  ^  '  Alors  Jésus 
leur  dit  :  Je  serai,  cette  nuit,  pour  vous  tous,  une 
occasion  de  chute  ;  car  il  est  écrit  :  «  Je  frapperai  le 
berger,  et  les  brebis  du  troupeau  seront  dispersées  ('-).  )) 
^-Mais  après  que  je  serai  ressuscité,  je  vous  précéderai 
en  Galilée.  -^^  Pierre,  prenant  la  parole,  lui  dit  :  Quand 
tu  serais  pour  tous  une  occasion  de  chute,  tu  ne  le 
seras  jamais  pour  moi!  -^^  Jésus  lui  fépondit  :  En  vé- 
rité, je  te  dis  que  cette  nuit  même,  avant  que  le  coq 
chante,  tu  me  renieras  trois  fois.    -^'^ Pierre    reprit: 

(1)  Ptndant  le  repas  de  la  Pâque,  on  chantait  les  Psaumes  113  à  118. 

(2)  Zacharie  13  :  7. 

66 


SAINT  MATTHIEU  26  :  36-50 

Quand  même  il  me  faudrait  mourir  avec  toi,  je  ne  te 
renierai  point.  Et  tous  les  disciples  dirent  la  même 
chose. 

Gethsémané.  —  Arrestation  de  Jésus 

(Voy.  Marc  14  :   32-52  ;  Luc  22  :  39-53;  Jeau  18  :  1-11) 

^^  Jésus  vint  avec  ses  disciples  dans  un  lieu  appelé 
Gethsémané  ;  et  il  leur  dit  :  Asseyez-vous  ici,  pen- 
dant que  j'irai  là  pour  prier.  ^"^Puis,  ayant  pris  avec 
lui  Pierre  et  les  deux  fils  de  Zébédée,  il  commença  à 
être  saisi  de  tristesse  et  d'angoisse.  ^^  Alors  il  leur  dit  : 
Mon  âme  est  triste  jusqu'à  la  mort  ;  demeurez  ici  et 
veillez  avec  moi.  '^^  Puis,  étant  allé  un  peu  plus  loin,  il 
se  jeta  le  visage  contre  terre,  priant  et  disant  :  Mon 
Père,  s'il  est  possible,  que  cette  coupe  passe  loin  de 
moi  !  Toutefois,  non  pas  ce  que  je  veux,  mais  ce  que 
tu  veux.  ''^Ensuite  il  revint  vers  ses  disciples  et  les 
trouva  endormis;  et  il  dit  à  Pierre  :  Ainsi,  vous  n'avez 
pu  veiller  une  heure  avec  moi  !  '  '  Veillez  et  priez,  afin 
que  vous  ne  tombiez  pas  en  tentation  ;  l'esprit  est  plein 
de  bonne  volonté,  mais  la  chair  est  faible.  '-Il  s'en  alla 
encore  pour  la  seconde  fois,  et  il  pria  en  disant  :  Mon 
Père,  s'il  n'est  pas  possible  que  cette  coupe  passe  sans 
que  je  la  boive,  que  ta  volonté  soit  faite.  '-^  Etant 
revenu,  il  les  trouva  encore  endormis  ;  car  leurs  yeux 
étaient  appesantis.  ''''Puis,  les  ayant  laissés,  il  s'en 
alla  de  nouveau  et  pria  pour  la  troisième  fois,  réx3é- 
tant  les  mêmes  paroles.  '"'Alors  il  vint  vers  ses  disci- 
ples et  leur  dit  :  Vous  dormez  maintenant,  et  vous 
vous  reposez  !  Voici  que  l'heure  est  venue,  et  lé  Fils  de 
l'homme  va  être  livré  entre  les  mains  des  pécheurs. 
^^^  Levez-vous,  allons  ;  voici  celui  qui  me  trahit  s'ap- 
proche. 

^^  Comme  il  parlait  encore,  voici  que  Judas,  l'un  des 
douze,  survint,  et  avec  lui  une  grande  troupe  de  gens 
armés  d'épées  et  de  bâtons,  envoyés  par  les  principaux 
sacrificateurs  et  les  anciens  du  peuple.  ^'^  Celui  qui  le 
trahissait  était  convenu  avec  eux  de  ce  signe  :  Celui 
auquel  je  donnerai  un  baiser,  c'est  lui,  saisissez -le. 
'''■'Et  aussitôt,  s'approchant  de  Jésus,  il  dit  :  Salut, 
Maître  !  Et  il  lui  donna  un  baiser.  •"  Mais  Jésus  lui  dit  : 

67 


26  :  81-63  SAINT   MATTHIEU 

Mon  ami,  c'est  donc  pour  cela  que  tu  es  ici  ?  Alors  ils 
s'ap]3rochèrent,  mirent  la  main  sur  Jésus  et  le  saisirent. 
^^  Et  voici  que  l'un  de  ceux  qui  étaient  avec  lui,  éten- 
dit la  main,  tira  son  épée,  en  frappa  le  serviteur  du  sou- 
verain sacrificateur,  et  il  lui  emporta  l'oreille.  ^'^  Alors 
Jésus  lui  dit  :  Remets  ton  épée  en  place  ;  car  tous  ceux 
qui  prendront  l'épée,  périront  par  l'épée.  ^^  Crois-tu 
que  je  ne  pourrais  pas  invoquer  mon  Père,  qui  me 
donnerait  aussitôt  plus  de  douze  légions  d'anges  ? 
^'''Comment  donc  s'accompliraient  les  Ecritures, 
d'après  lesquelles  il  faut  que  tout  ceci  arrive  ?  ^^A  ce 
moment,  Jésus  dit  à  la  foule  :  Vous  êtes  sortis  avec 
des  épées  et  des  bâtons,  pour  me  prendre,  comme  si 
j'étais  un  brigand.  Tous  les  jours,  j'étais  assis  dans  le 
temple  et  j'y  enseignais,  et  vous  ne  m'avez  point 
arrêté.  ^''Mais  tout  cela  est  arrivé,  afin  que  fût 
accompli  ce  qui  a  été  écrit  par  les  prophètes.  Alors  tous 
les  disciples  l'abandonnèrent  et  s'enfuirent. 

Jésus  devant  Caïphe.  —  Le  reniement  de  Pierre 

(Voy.  Marc  14  :  53-72  ;  15  :  1  ;  Luc  22  :  54-71  ;  23  :  1  ;  Jean  18  :  12-27) 

•''Ceux  qui  avaient  arrêté  Jésus  l'emmenèrent  chez 
Caïphe,  le  souverain  sacrificateur,  où  les  scribes  et 
les  anciens  étaient  réunis.  ''^Pierre  le  suivit  de  loin 
jusqu'à  la  cour  du  souverain  sacrificateur  ;  il  y  entra 
et  s'assit  avec  les  gardes  pour  voir  comment  cela 
finirait. 

^^  Cependant,  les  principaux  sacrificateurs,  et  le 
sanhédrin  tout  entier,  (')  cherchaient  quelque  faux 
témoignage  contre  Jésus,  pour  le  faire  mourir.  ^*^Mais 
ils  n'en  trouvaient  point,  bien  que  plusieurs  faux 
témoins  se  fussent  présentés.  Enfin  il  en  vint  deux, 
^'qui  parlèrent  ainsi  :  Cet  homme  a  dit  :  Je  puis  dé- 
truire le  temple  de  Dieu  et  le  rebâtir  en  trois  jours  (-). 
^2  Alors  le  souverain  sacrificateur  se  leva  et  lui  dit  : 
Ne  réponds-tu  rien  à  ce  que  ces  gens  déposent  contre 
toi  ?  "^-^Mais  Jésus  gardait  le  silence.  Le  souverain 
sacrificateur,  reprenant,  lui  dit  :  Je  t'adjure,  par  le 


(Ij.Yoir  note  2,  sur  Matth.  5  ; 
(2)  -"omp.  Jean  S  :  19. 


68 


SAINT  MATTHIEU  26  :  64-27  :  3 

Dieu  vivant,  de  nous  dire  si  tu  es  le  Christ,  le  Fils  de 
Dieu.  ^'^  Jésus  lui  répondit  :  Tu  l'as  dit!  Et  même,  je 
vous  le  déclare,  désormais  vous  verrez  le  Fils  de 
l'homme,  assis  à  la  droite  de  la  puissance  de  Dieu,  et 
venant  sur  les  nuées  du. ciel.  ^^  Alors  le  souverain  sacri- 
ficateur déchira  ses  vêtements,  en  disant  :  Il  a  blas- 
phémé ;  qu'avons-nous  besoin  encore  de  témoins  ? 
Vous  venez  d'entendre  le  blasphème.  Que  vous  en 
semble  ?  '^'^Ils  répondirent  :  Il  mérite  la  mort  !  '^'^  Alors 
ils  lui  crachèrent  au  visage,  et  ils  lui  donnèrent  des 
coups  de  poing.  D'autres  lui  donnaient  des  soufflets, 
^^en  disant  :  Christ,  prophétise  !  Dis-nous  qui  t'a 
frappé. 

*^'^  Cependant,  Pierre  était  assis  dehors  dans  la  cour. 
Une  servante  s'approcha  de  lui  et  lui  dit  :  Toi  aussi, 
tu  étais  avec  Jésus,  le  Galiléen.  "^^Mais  il  le  nia  devant 
tous,  en  disant  :  Je  ne  sais  ce  que  tu  dis.  "^^  Et  comme 
il  s'en  allait  vers  le  vestibule,  une  autre  servante  le  vit, 
et  dit  à  ceux  qui  étaient  là  :  Celui-ci  était  aussi  avec 
Jésus,  le  Nazaréen.  ^-Mais  il  le  nia  encore,  en  disant 
avec  serment  :  Je  ne  connais  point  cet  homme.  "^-^Un 
peu  après,  ceux  qui  étaient  là,  s'étant  approchés, 
dirent  à  Pierre  :  Assurément,  tu  es  aussi  de  ces  gens- 
là  ;  car  ton  langage  te  fait  reconnaître.  ''^'  Alors  il  se 
mit  à  faire  des  imprécations  avec  des  serments,  en 
disant  :  Je  ne  connais  point  cet  homme  !  Et  aussitôt, 
le  coq  chanta.  "^-^  Pierre  se  souvint  de  la  parole  de  Jésus 
qui  lui  avait  dit  :  Avant  que  le  coq  chante,  tu  me  re- 
nieras trois  fois.  Et,  étant  sorti,  il  pleura  amèrement. 

2  7  '  Quand  le  matin  fut  venu,  tous  les  principaux 
sacrificateurs  et  les  anciens  du  peuple  tinrent  conseil 
contre  Jésus,  pour  le  faire  mourir.  -Et  après  l'avoir 
enchaîné,  ils  l'emmenèrent  et  le  livrèrent  à  Pilate, 
le  gouverneur  ('). 

Mort  de  Judas 

(Yoy.  Actes  1  :  18-19) 

3  Alors  Judas,  qui  l'avait  trahi,  voyant  qu'il  était 
condamné,  fut  pris  de  remords  et  rapporta  les  trente 

(1)  Ponce-Pilate  fut    procurateur   et  gouverneur  de  la  Judée,  de  l'an   25   à 
Tau  36  de  l'ère  chrétienne. 

69 


27:4-20  SAINT  MATTHIBIT 

pièces  d'argent  aux  principaux  sacrificateurs  et  aux 
anciens,  ^*  en  disant  :  J'ai  péché  en  livrant  le  sang 
innocent.  Mais  ils  répondirent  :  Que  nous  importe  ? 
Cela  te  regarde.  ^Jetant  alors  les  pièces  d'argent  dans 
le  temple,  il  se  retira,  et  il  alla  se  pendre.  *^Mais  les 
principaux  sacrificateurs  prirent  les  pièces  d'argent, 
et  ils  dirent  :  Il  n'est  pas  permis  de  les  mettre  dans 
le  trésor  sacré,  puisque  c'est  le  prix  du  sang.  '  Après 
en  avoir  délibéré,  ils  achetèrent  avec  cet  argent  le 
champ  du  potier,  pour  la  sépulture  des  étrangers. 
^  C'est  pourquoi  ce  champ-là  est  appelé,  encore  aujour- 
d'hui, «le  champ  du  sang  ».  '"^ Alors  fut  accompli  ce 
qui  avait  été  dit  par  Jérémie,  le  prophète  :  «  Ils  ont 
reçu  les  trente  pièces  d'argent,  le  prix  de  celui  qui  a 
été  évalué,  évalué  par  les  enfants  d'Israël;  ^'^et  ils  les 
ont  données  pour  le  champ  du  potier,  comme  le  Sei- 
gneur me  l'avait  commandé  (').  » 

Jésus  devant  Pilate 

(Voy.  Marc  15  :  2-20  ;  Luc  23  :  2-25  ;  Jean  18  :  29-40  ;  19  :  1-16) 

^  '  Jésus  comparut  devant  le  gouverneur,  et  le  gou- 
verneur l'interrogea,  en  disant  :  C'est  toi  qui  es  le 
roi  des  Juifs  ?  Jésus  répondit  :  Tu  le  dis.  ^-  Et  pendant 
que  les  principaux  sacrificateurs  et  les  anciens  l'accu- 
saient, il  ne  répondait  rien.  '  -^  Alors  Pilate  lui  dit  : 
N'entends-tu  pas  tous  les  témoignages  qu'ils  portent 
contre  toi  ?  ^  ''  Mais  il  ne  répondit  rien  sur  aucun  point, 
de  sorte  que  le  gouverneur  était  fort  étonné. 

^^'A  chaque  fête  de  Pâque,  le  gouverneur  avait 
coutume  de  relâcher  un  prisonnier,  celui  que  le  peuple 
voulait.  ^*'0/,  il  y  avait,  à  ce  moment-là,  un  prison- 
nier fameux,  nommé  Barabbas.  '"'Pilate  dit  donc  au 
peuple  rassemblé  :  Lequel  voulez-vous  que  je  vous 
relâche  :  Barabbas,  ou  Jésus,  celui  qu'on  appelle 
Christ  ?  ^^Car  il  savait  bien  que  c'était  par  envie 
qu'ils  l'avaient  livré. 

'^Pendant  qu'il  siégeait  à  son  tribunal,  sa  femme  lui 
envoya  dire  :  N'aie  rien  à  faire  avec  ce  Juste  ;  car 
j'ai  beaucoup  souffert,  aujourd'hui,  en  songe,  à  cause 

(1)  Zacharie  11  :  12-13.  (Voy.  Jérémie  33  :  6-9.) 
70 


SAINT   MATTHIEU  27  :  20-35 

de  lui.  —  20]y[a^jg  jgg  principaux  sacrificateurs  et  les 
anciens  persuadèrent  au  peuple  de  demander  Ba- 
rabbas,  et  de  faire  périr  Jésus.  ^^Le  gouverneur,  pre- 
nant la  parole,  leur  dit  :  Lequel  dés  deux  voulez- 
vous  que  je  vous  relâche  ?  Ils  répondirent  :  Barabbas  ! 
22  Pilate  leur  dit  :  Que  f erai-je  donc  de  Jésus,  qu'on 
appelle  Christ  ?  Tous  répondirent  :  Qu'il  soit  cru- 
cifié !  23 Le  gouverneur  dit  :  Mais  quel  mal  a-t-il  fait  ? 
Ils  criaient  encore  plus  fort  :  Qu'il  soit  crucifié  ! 
2 ''Pilate,  voyant  qu'il  ne  gagnait  rien,  mais  que  le 
tumulte  augmentait,  prit  de  l'eau  et  se  lava  les 
mains  devant  le  peuple,  en  disant  :  Je  suis  innocent 
du  sang  de  cet  homme  ;  cela  vous  regarde.  2 ••Et  tout 
le  peuple  répondit  :  Que  son  sang  retombe  sur  nous 
et  sur  nos  enfants  !  26  Alors  il  leur  relâcha  Barabbas. 
Quant  à  Jésus,  après  l'avoir  fait  battre  de  verges, 
il  le  leur  livra  pour  être  crucifié. 

2 'Les  soldats  du  gouverneur  emmenèrent  Jésus 
dans  le  prétoire,  et  ils  rassemblèrent  autour  de  lui 
toute  la  cohorte  (').  28lls  lui  ôtèrent  ses  vêtements  et 
le  revêtirent  d'un  manteau  d'écarlate.  2'">Puis,  ils  tres- 
sèrent une  couronne  d'épines,  ils  la  lui  mirent  sur  la 
tête,  avec  un  roseau  dans  la  main  droite  ;  et,  fléchissant 
le  genou  devant  lui,  ils  se  moquaient  de  lui,  en  disant  : 
Salut,  roi  des  Juifs  !  •'^*^Ils  crachaient  sur  lui,  et,  pre- 
nant le  roseau,  ils  lui  en  donnaient  des  coups  sur  la 
tête.  ^^  Après  s'être  moqués  de  lui,  ils  lui  ôtèrent  le 
manteau,  et  lui  remirent  ses  vêtements  ;  puis,  ils 
l'emmenèrent  pour  le  crucifier. 

Jésus  crucifié 

(Voy.  Marc  15  :  21-41  ;  Luc  23  :  26-49  ;  Jean  19  :  17-37) 

^2  Comme  ils  sortaient,  ils  trouvèrent  un  homme  de 
Cyrène,  nommé  Simon,  et  ils  le  contraignirent  à  porter 
la  croix  de  Jésus.  •^•' Arrivés  au  lieu  appelé  Golgotha, 
ce  qui  signifie  «  le  lieu  du  Crâne»  ,  ^  ''  ils  lui  donnèrent  à 
boire  du  vin  mêlé  de  fiel  ;  mais  quand  il  en  eut  goûté, 
il  n'en  voulut  point  boire.  ^^  Après  l'avoir  crucifié, 
ils  se  partagèrent  ses  vêtements,  en  les  tirant  au  sort. 

(1)  La  cohorte  romaine  formait  la  dixième  partie  d'une  légion  et  était  com- 
mandée par  un  tribun.  —  Le  prétoire  était  le  palais  du  gouverneur. 

71 


27  :  36-54  SAINT   MATTHIEU 

^^Et,  s'étant  assis,  ils  restaient  là  à  le  garder.  ^^  Au- 
dessus  de  sa  tête  ils  avaient  placé  un  écriteau  portant 
le  motif  de  sa  condamnation  :  Voici  Jésus,  le  Roi 
des  Juifs. 

^^  En  même  temps,  on  crucifia  avec  lui  deux  brigands, 
l'un  à  sa  droite  et  l'autre  à  sa  gauche. 

^^  Ceux  qui  passaient  par  là  l'outrageaient,  hochant 
la  tête  ''•**et  disant  :  Toi  qui  détruis  le  temple  et  qui  le 
rebâtis  en  trois  jours,  sauve-toi  toi-même,  si  tu  es  le 
Eils  de  Dieu  ;  et  descends  de  la  croix  !  ''  *  De  même 
aussi,  les  principaux  sacrificateurs,  avec  les  scribes  et 
les  anciens,  disaient  en  se  moquant  :  '''^11  en  a  sauvé 
d'autres;  il  ne  peut  se  sauver  lui-même!  S'il  est  le 
roi  d'Israël,  qu'il  descende  maintenant  de  la  croix, 
et  nous  croirons  en  lui.  ^^  Il  se  confie  en  Dieu  ;  que  Dieu 
le  délivre  maintenant,  s'il  l'aime  ;  car  il  a  dit  :  Je  suis 
le  Fils  de  Dieu.  '''Et  les  brigands,  crucifiés  avec  lui, 
lui  adressaient  les  mêmes  outrages. 

'•^Depuis  la  sixième  heure  jusqu'à  la  neuvième  (^), 
il  y  eut  des  ténèbres  sur  tout  le  pays.  ^^Vers  la 
neuvième  heure,  Jésus  cria  d'une  voix  forte  :  Eli, 
Eli,  lamma  sahachtani  I  c'est-à-dire  :  «  Mon  Dieu,  mon 
Dieu,  pourquoi  m'as-tu  abandonné  »  (^)  ?  '^'^  Quelques- 
uns  de  ceux  qui  étaient  présents,  l'ayant  entendu, 
disaient  :  Il  appelle  Elie.  ''^Aussitôt  l'un  d'eux  courut 
prendre  une  éponge,  et,  l'ayant  remplie  de  vinaigre, 
il  la  mit  au  bout  d'un  roseau  et  lui  donna  à  boire. 
''^Mais  les  autres  disaient  :  Laisse  ;  voyons  si  Élie 
viendra  le  délivrer.  -'"Et  Jésus,  ayant  de  nouveau  jeté 
un  grand  cri,  rendit  l'esprit. 

^' Alors,  voici  que  le  voile  du  temple  se  déchira  en 
deux,  depuis  le  haut  jusqu'en  bas;  la  terre  trembla,  les 
rochers  se  fendirent,  ^^les  tombeaux  s'ouvrirent,  et  les 
corps  de  plusieurs  saints  qui  étaient  morts  ressuscitè- 
rent :  ^^étant  sortis  de  leurs  tombeaux,  ils  entrèrent  dans 
la  ville  sainte  après  sa  résurrection,  et  ils  apparurent 
à  plusieurs  personnes.  ^^Le  centenier  et  ceux  qui  avec 
lui  gardaient  Jésus,  ayant  vu  le  tremblement  de  terre 
et  tout  ce  qui  était  arrivé,  furent  fort  effrayés,  et  ils 

(1)  De  midi  à  3  heures  de  l'après-inidi.  —  Voir  note  sur  Matth.  90  :  3. 

(2)  Yoy.  Psaume  »S  :  2. 

72 


SAINT    MATTHIEU  27  :  55-28  I  i 

dirent  :  Véritablement,  celui-ci  était  le  Fils  de  Dieu  ! 
^-'Or,  il  y  avait  là  plusieurs  femmes  qui  regardaient 
de  loin  :  c'étaient  celles  qui  avaient  suivi  Jésus  depuis 
la  Galilée,  pour  le  servir.  •^'^De  ce  nombre  étaient 
Marie -Madeleine  (')  et  Marie,  mère  de  Jacques  et  de 
Joseph,  et  la  mère  des  fils  de  Zébédée. 

La  sépulture.   —  La  garde  auprès  du  tombeau 

(Voy.  Marc  15   :  42-47;  Luc  23   :  50-56;  Jean  19  :  38-42) 

^^Le  soir  étant  venu,  un  homme  riche,  d'Arimathée, 
nommé  Joseph,  qui  lui-même  était  disciple  de  Jésus, 
^^alla  trouver  Pilate  et  lui  demanda  le  corps  de  Jésus  ; 
alors  Pilate  ordonna  qu'on  le  lui  remît.  ^^  Joseph  prit 
le  corps,  l'enveloppa  dans  un  linceul  blanc,  '^'^et  il 
le  déposa  dans  un  sépulcre  neuf  qu'il  avait  fait  tailler 
dans  le  roc  pour  lui-même  ;  puis,  il  roula  une  grande 
pierre  à  l'entrée  du  sépulcre,  et  il  s'en  alla.  ^^Or, 
Marie-Madeleine  et  l'autre  Marie  étaient  là,  assises 
en  face  du  tombeau. 

^^Le  lendemain  • —  qui  était  le  jour  après  la  prépara- 
tion —  (-),  les  principaux  sacrificateurs  et  les  pharisiens 
se  rendirent  ensemble  chez  Pilate,  ^-^et  ils  lui  dirent  : 
Seigneur,  nous  nous  sommes  souvenus  que  cet  impos- 
teur, quand  il  vivait  encore,  disait  :  Après  trois  jours, 
je  ressusciterai.  ^  ''  Ordonne  donc  que  le  tombeau  soit 
gardé  sûrement  jusqu'au  troisième  jour,  de  peur  que 
ses  disciples  ne  viennent  l'enlever  et  qu'ils  ne  disent  au 
peuple  :  Il  est  ressuscité  des  morts.  Cette  dernière 
imposture  serait  pire  que  la  première.  ^^  Pilate  leur 
dit  :  Vous  avez  une  garde  ;  allez,  et  gardez -le  comme 
vous  l'entendrez.  ^^Ils  s'en  allèrent  donc,  et  ils  s'as- 
surèrent du  tombeau,  en  scellant  la  pierre  et  en  y 
plaçant  la  garde. 

La  résurrection 

(Voy.  Marc  16  :  1-9;  Luc  24  :  1-12  ;  Jean  20  :  1-18) 

28     ^  Après  le  sabbat,   comme  le  premier  jour  de 
la  sema.ine  commençait  à  luire,   Marie-Madeleine  et 

(1)  Litt.   :  Marie  de  Mngdiila. 

(2)  O'est-à-dire  le  sabbat. 

73 


28  :  2-U  SAINT   MATTHIEU 

l'autre  Marie  vinrent  pour  voir  le  tombeau.  ^Et  voici 
qu'il  se  fit  un  grand  tremblement  de  terre  ;  car  un 
ange  du  Seigneur  descendit  du  ciel  et  vint  rouler  la 
pierre,  et  il  s'assit  dessus.  -^Son  aspect  était  semblable 
à  un  éclair,  et  son  vêtement  blanc  comme  la  neige. 
^  De  la  frayeur  que  les  gardes  en  eurent,  ils  furent 
tout  bouleversés,  et  ils  devinrent  comme  morts. 
^  Mais  l'ange,  prenant  la  parole,  dit  aux  femmes  : 
Pour  vous,  ne  craignez  point  ;  car  je  sais  que  vous 
cherchez  Jésus,  qui  a  été  crucifié.  ^  Il  n'est  pas  ici  ;  il 
est  ressuscité,  comme  il  l'avait  dit.  Venez,  voyez  le 
lieu  où  il  était  couché  ;  '^  et  hâtez-vous  d'aller  dire  à 
ses  disciples  qu'il  est  ressuscité  des  morts.  Voici  qu'il 
vous  précède  en  Galilée  :  c'est  là  que  vous  le  verrez, 
je  vous  en  avertis  ! 

^Aussitôt  elles  s'éloignèrent  promptement  du  tom- 
beau, avec  crainte  et  grande  joie,  et  elles  coururent 
porter  la  nouvelle  à  ses  disciples.  '■'Et  voici  que  Jésus 
se  présenta  devant  elles  et  leur  dit  :  Je  vous  salue  ! 
Elles  s'approchèrent,  saisirent  ses  pieds  et  l'adorèrent. 
^  "^  Alors  Jésus  leur  dit  :  Ne  craignez  point  ;  allez  dire 
à  mes  frères  de  se  rendre  en  Galilée  ;  c'est  là  qu'ils 
me   verront. 

Le  bruit  public, 

^  '  Comme  elles  étaient  en  chemin,  quelques-uns 
des  gardes  vinrent  à  la  ville  et  rapportèrent  aux 
principaux  sacrificateurs  tout  ce  qui  était  arrivé. 
^-Ceux-ci  se  réunirent  avec  les  anciens,  et,  après  en 
avoir  délibéré,  ils  donnèrent  une  forte  somme  d'argent 
aux  soldats,  ^^avec  cet  ordre  :  Dites  que  ses  disciples 
sont  venus  de  nuit  et  qu'ils  l'ont  enlevé  pendant  que 
vous  dormiez.  ^''Si  cela  vient  à  la  connaissance  du 
gouverneur,  nous  l'apaiserons,  et  nous  vous  tirerons 
de  peine.  ^-^Les  soldats,  ayant  pris  l'argent,  agirent 
d'après  ces  instructions  ;  et  ce  bruit  s'est  répandu 
parmi  les  Juifs  jusqu'à  ce  jour. 

Apparition  en  Galilée 

(Voy.  Marc  16   :  15-16) 

^^Les  onze  disciples  allèrent  en  Galilée,  sur  la  mon- 

74 


SAINT  MATTHIEU  28:^-20 

tagne  que  Jésus  leur  avait  désignée.  ^"^  Quand  ils  le 
virent,  ils  l'adorèrent,  mais  quelques-uns  doutèrent. 
'  ^  Jésus,  s'approchant  leur  parla  ainsi  :  Toute  puis- 
sance m'a  été  donnée  dans  le  ciel  et  sur  la  terre. 
^•*  Allez  donc,  enseignez  toutes  les  nations,  en  les  bap- 
tisant (  '  )  au  nom  du  Père,  du  Fils  et  du  Saint-Esprit, 
^^et  en  leur  apprenant  à  garder  tout  ce  que  je  vous 
ai  commandé.  Et  voici  que  je  suis  avec  vous  tous  les 
jours,  jusqu'à  la  fin  du  monde. 

(1)  Litt.  :  baptisant  eux. 


76 


ÉVANGILE 


SAINT  MARC 


Préparation  du  ministère  de  Jésus  (1  :  i  à  13) 

Ministère  de  Jean-Baptiste 

(Voy.  Matth.  3  :  1-12  ;  Luc  3  :  1-20  ;  Jean  1  :  19-28) 

I  ^  Commencement  de  l'Évangile  de  Jésus-Christ, 
Fils  de  Dieu.  ^Conformément  à  ce  qui  est  écrit  dans  le 
prophète  Ésaïe  :  «  Je  vais  envoyer  mon  messager  de- 
vant ta  face,  et  il  te  préparera  le  chemin....  ^Une  voix 
crie  dans  le  désert  :  Préparez  le  chemin  du  Seigneur, 
aplanissez  ses  sentiers  (  '  )  »,  —  ^  Jean  parut  dans  le  dé- 
sert, baptisant  et  prêchant  le  baptême  de  repentance, 
pour  k,  rémission  des  péchés.  ^  Toute  la  Judée  et  tous 
les  habitants  de  Jérusalem  allaient  à  lui,  et,  confes- 
sant leurs  péchés,  ils  étaient  baptisés  par  lui  dans 
les  eaux  du  Jourdain.  ^Jean  avait  un  vêtement  de 
poil  de  chameau  et  une  ceinture  de  cuir  autour  des 
reins  ;  il  se  nourrissait  de  sauterelles  et  de  miel  sau- 
vage. '  Et  il  prêchait,  en  disant  :  Il  vient  après  moi, 
celui  qui  est  plus  puissant  que  moi;  et  je  ne  suis  pas 
digne  de  délier,  en  me  baissant,  la  courroie  de  ses 
chaussures.  ^Moi,  je  vous  ai  baptisés  d'eau;  mais 
lui,  il  vous  baptisera  d'Esprit  saint. 

Baptême  et  tentation  de  Jésus-Christ 

(Voy.  Matth.  3  :  13-17  ;  4  :  1-11  ;  Luc  3  :  21-22  ;  4  :  1-13;  Jean  1  :  32-34) 

^Or,  il  arriva,  en  ces  jours-là,  que  Jésus  vint  de 
Nazareth,  viUe  de  Galilée,  et  il  fut  baptisé  par  Jean 
dans  le  Jourdain.  ^  ^  Au  moment  où  il  sortait  de  l'eau, 

(1)  MalacMe  3  :  1  ;  Ésaïe  40  :  S. 

76 


SAINT   MABG  1:11-26 

il  vit  les  cieux  s'ouvrir  et  l'Esprit  descendre  sur  lui 
comme  une  colombe.  '  ^  Et  il  vint  des  cieux  une  voix  qui 
disait  :  Tu  es  mon  Fils  bien-aimé,  en  qui  j'ai  mis 
toute  mon  affection. 

^  ^  Aussitôt  l'Esprit  poussa  Jésus  au  désert.  *^  Il  passa 
quarante  jours  dans  le  désert,  tenté  par  Satan;  il 
était  avec  les  bêtes  sauvages,  et  les  anges  le  servaient. 

Ministère  de  Jésus  en  Galilée  (1  :  14  à  9  :  5i) 
Jésus  commence  son  ministère.  —  Premiers  disciples 

(Voy.  Matth.  4^  :  12-22  ;  Luc  4  :  14-15) 

^'' Après  que  Jean  eut  été  mis  en  prison,  Jésus  se 
rendit  en  Galilée,  prêchant  l'Évangile  de  Dieu.  '"'Il 
disait  :  Le  temps  est  accompli,  et  le  royaume  de  Dieu 
est  proche.  Repentez-vous  et  croyez  à  l'Évangile. 

^  ^  Comme  il  marchait  le  long  de  la  mer  de  Galilée,  il 
vit  Simon  et  André,  son  frère,  qui  jetaient  le  filet  dans 
la  mer  ;  car  ils  étaient  pêcheurs.  ^  '^  Jésus  leur  dit  : 
Suivez-moi,  et  je  vous  ferai  devenir  pêcheurs  d'hom- 
mes. ^^  Aussitôt,  laissant  leurs  filets,  ils  le  suivirent. 
^^  Étant  allé  un  peu  plus  loin,  il  vit  Jacques,  fils 
de  Zébédée,  et  Jean  son  frère,  qui  étaient  aussi  dans 
une  barque,  raccommodant  leurs  filets.  ^"11  les  appela 
aussitôt  ;  et,  laissant  Zébédée  leur  père  dans  la  barque 
avec  les  ouvriers,  ils  le  suivirent. 

Guéri  son  d'un  démoniaque 

(Yoy.  Luc  4  :  31-37) 

^^  Ensuite  ils  se  rendirent  à  Capernaiim;  et  aussitôt, 
le  jour  du  sabbat,  Jésus  étant  entré  dans  la  synagogue, 
se  mit  à  y  enseigner.  ^^On  était  frappé  de  son  ensei- 
gnement ;  car  il  enseignait  comme  ayant  autorité,  et 
non  pas  comme  les  scribes. 

^^Or,  il  y  avait,  à  ce  moment  même,  dans  la  syna- 
gogue, un  homme  possédé  d'un  esprit  impur.  '^^  Il  s'é- 
cria :  Qu'y  a-t-il  entre  nous  et  toi,  Jésus  de  Nazareth  ? 
Es -tu  venu  pour  nous  perdre  ?  Je  sais  qui  tu  es  :  le 
Saint  de  Dieu.  ^^Mais  Jésus  le  reprit  sévèrement  et 
lui  dit:    Tais-toi,   et  sors  de   cet   homme!    ^^^ Alors 

77 


1  :  27-39  SAINT   MARC 

l'esprit  impur,  le  secouant  avec  violence  et  poussant 
un  grand  cri,  sortit  de  lui.  ^^xis  furent  tous  dans 
l'étonnement,  de  sorte  qu'ils  se  demandaient  entre 
eux  :  Qu'est-ce  que  ceci  ?  C'est  un  enseignement  tout 
nouveau!...  Celui-là  commande  avec  autorité,  même 
aux  esprits  impurs,  et  ils  lui  obéissent  («)  !  ^^Et  sa 
renommée  se  répandit  aussitôt  dans  toute  la  contrée 
environnante  de  la  Galilée. 

La  belle-mère  de  Pierre 

(Yoy.  Matth.  8  :  14-15  ;  Luc  4  :  38-39) 

^^Dès  qu'ils  furent  sortis  de  la  synagogue,  ils  vin- 
rent avec  Jacques  et  Jean  dans  la  maison  de  Simon 
et  d'André.  ^"Or,  la  belle-mère  de  Simon  était  au 
lit,  malade  de  la  fièvre  ;  et  aussitôt  ils  lui  parlèrent 
d'elle.  ^^  Alors  il  s'approcha,  et,  la  prenant  par  la  main, 
il  la  fit  lever  ;  la  fièvre  la  quitta,  et  elle  se  mit  à  les 
servir. 

Miracles  divers 

(Yoy.  Matth.  8  :  16-17  ;  Luc  i  :  40-44) 

^^  Quand  le  soir  fut  venu,  après  le  coucher  du  soleil, 
on  lui  amena  tous  les  malades  et  les  démoniaques. 
^^  Toute  la  ville  était  rassemblée  devant  la  porte. 
^''11  guérit  plusieurs  malades  atteints  de  divers 
maux,  et  chassa  plusieurs  démons,  ne  permettant  pas 
aux  démons  de  dire  qu'ils  le  connaissaient. 

^^Le  lendemain  matin,  comme  il  faisait  encore  fort 
obscur,  s'étant  levé,  il  sortit  et  s'en  alla  dans  un  lieu 
écarté  ;  et  il  y  priait.  ^^  Simon  et  ceux  qui  étaient  avec 
lui  se  mirent  à  sa  recherche.  ^'L'ayant  trouvé,  ils 
lui  dirent  :  Tous  te  cherchent.  ^^11  leur  répondit  : 
Allons  ailleurs,  dans  les  bourgs  des  environs,  afin  que 
j'y  prêche  aussi  ;  car  c'est  pour  cela  que  je  suis  venu. 
*^''Et  il  allait  par  toute  la  Galilée,  prêchant  dans  les 
synagogues  et  chassant  les  démons. 


[a\  Ou  peut  traduire  aussi  d'après  ime  autre  ponctuation  du  texte  :  Un 
ensfigiieinent  fiotiveau  et  fait  d'autorité!  Il  commande  même  aux  esprits  im- 
purs.., 

78 


SAINT   MARC  1  :  40-2  :  <0 

Guérison  (Tun  lépreux 

(Voy.  Matth.  8  :  1-4  ;  Luc  5  :  12-16) 

^'^  Un  lépreux  vint  à  lui,  et,  s'étant  jeté  à  genoux, 
il  lui  adressait  cette  prière  :  Si  tu  le  veux,  tu  peux  me 
rendre  net.  ^  '  Jésus,  ému  de  compassion,  étendit  la 
main,  le  toucha,  et  lui  dit  :  Je  le  veux,  sois  net!  ^*^A 
l'instant,  la  lèpre  disparut,  et  il  devint  net,  ''^  Jésus  le 
renvoya  aussitôt,  en  lui  faisant  cette  recomman- 
dation sévère  :  ^^  Garde-toi  d'en  rien  dire  à  personne  ; 
mais  va,  montre-toi  au  sacrificateur,  et  offre  pour  ta 
purification  ce  que  Moïse  a  prescrit,  afin  que  cela  leur 
serve  de  témoignage.  ^''Mais  cet  homme,  étant  parti, 
se  mit  à  publier  le  fait  et  à  le  raconter  partout,  de 
sorte  que  Jésus  ne  pouvait  plus  entrer  ouvertement 
dans  une  ville;  mais  il  se  tenait  dehors  dans  des 
lieux  écartés.  Et  l'on  venait  à  lui  de  toutes  parts. 

Le  paralytique 

(Voy.  Matth.  9  :  1-8  ;  Luc  5  :  17-26) 

2  ^  Quelques  jours  après,  Jésus  revint  à  Capemaûm, 
et  l'on  apprit  qu'il  était  dans  la  maison.  ^  Il  s'y  assem- 
bla tant  de  monde,  qu'il  n'y  avait  plus  de  place  même 
devant  la  porte  ;  et  il  leur  annonçait  la  parole.  -'Alors 
il  vint  des  gens  qui  lui  amenaient  un  paralytique, 
porté  par  quatre  hommes.  ^Mais,  ne  pouvant  arriver 
jusqu'à  lui  à  cause  de  la  foule,  ils  découvrirent  le  toit 
au-dessus  de  l'endroit  où  il  était;  et,  par  l'ouverture,  ils 
descendirent  le  lit  sur  lequel  le  paralytique  était  cou- 
ché. -^  Jésus,  voyant  leur  foi,  dit  au  paralytique  : 
Mon  enfant,  tes  péchés  te  sont  pardonnes. 

®  Or,  il  y  avait  là  quelques  scribes,  qui  se  tenaient 
assis,  et  ils  faisaient  ce  raisonnement  dans  leur  cœur  : 
"'  Pourquoi  cet  homme  parle-t-il  ainsi  ?  Il  blasphème  ! 
Qui  peut  pardonner  les  péchés,  que  Dieu  seul  ? 
^Aussitôt  Jésus,  ayant  connu  en  son  esprit  qu'ils 
raisonnaient  ainsi  en  eux-mêmes,  leur  dit  :  Pourquoi 
faites-vous  ces  raisonnements  dans  vos  cœurs  ?  ^Le- 
quel est  le  plus  aisé,  de  dire  au  paralytique  :  Tes 
péchés  te  sont  pardonnes,  ou  de  dire  :  Lève-toi, 
prends  ton  lit,  et  marche  ?...  ^ ^'  Or,  afin  que  vous  sachiez 

79 


2  :^^-22  SAINT   MARC 

que  le  Fils  de  l'homme  a  sur  la  terre  le  pouvoir  de 
pardonner  les  péchés,  ^  '  je  te  l'ordonne,  dit-il  au  para- 
lytique, lève-toi,  prends  ton  lit,  et  va  dans  ta  maison. 
^  ^  Cet  homme  se  leva  et  aussitôt,  ayant  pris  son  lit,  il 
sortit  en  présence  de  tout  le  monde;  de  sorte  qu'ils 
étaient  tous  dans  l'étonnement,  et  ils  glorifiaient  Dieu, 
en  disant  :  Nous  n'avons  jamais  rien  vu  de  pareil! 

Vocation  de  Lévi.  —  Le  jeûne 

(Voy.  Matth.  9   :  9-17  î  Luc  5  :  27-39) 

^  ^  Alors  Jésus  retourna  du  côté  de  la  mer  ;  tout  le 
peuple  venait  à  lui,  et  il  les  enseignait.  ^  ^'  En  passant, 
il  vit  Lévi  ('),  fils  d'Alphée,  assis  au  bureau  du  péage. 
Il  lui  dit  :  Suis-moi  ;  et  lui,  se  levant,  le  suivit. 

;•  ^  Comme  Jésus  était  à  table  dans  la  maison  de  Lévi, 
beaucoup  de  péagers  et  de  pécheurs  se  mirent  à  table 
avec  lui  et  ses  disciples  ;  car  il  y  en  avait  beaucoup 
qui  l'avaient  suivi.  ^^Les  scribes  appartenant  au 
parti  des  pharisiens,  voyant  qu'il  mangeait  avec  des 
péagers  et  des  pécheurs,  disaient  à  ses  disciples  :  Il 
mange  avec  des  péagers  et  des  pécheurs  !  ^"^  Jésus, 
ayant  entendu  cela,  leur  dit  :  Ce  ne  sont  pas  ceux 
qui  sont  en  santé  qui  ont  besoin  de  médecin,  mais 
ceux  qui  se  portent  mal.  Je  ne  suis  pas  venu  appeler 
les  justes,  mais  les  pécheurs. 

^^Or,  les  disciples  de  Jean  et  les  pharisiens  jeû- 
naient. Ils  vinrent  dire  à  Jésus  :  D'où  vient  que  les  dis- 
ciples de  Jean  et  ceux  des  pharisiens  jeûnent,  et  que 
tes  disciples  ne  jeûnent  pa^s  ?  ^^  Jésus  leur  dit  :  Les 
amis  de  l'époux  peuvent-ils  jeûner  pendant  que 
l'époux  est  avec-  eux  ?  Tant  qu'ils  ont  l'époux  avec 
eux,  ils  ne  peuvent  jeûner.  ^'^Mais  le  temps  viendra 
où  l'époux  leur  sera  ôté  ;  alors  ils  jeûneront  en 
ce  jour-là.  ^^  Personne  ne  coud  une  pièce  de  drap 
neuf  à  un  vieux  vêtement  ;  autrement,  la  pièce 
neuve  emporte  une  partie  du  vieux  drap,  et  la  dé- 
chirure en  devient  pire,  ^^^t  personne  ne  met  du 
vin  nouveau  dans  de  vieilles  outres  ;  autrement,  le 
vin  fait  rompre  les  outres;  le  vin  est  perdu,  et  les 
outres  aussi. 

(1)  Appelé  aussi  Matthieu.' —  Voy.  Matth.  9  :  9  ;  10  :  3. 

80        . 


SAINT   MARO  2  :  23-3  :  7 

Les  épis  arrachés 

I  (Voy.  Matth.  12  :  1-8  ;  Luc  6   :  1-5) 

2^  Il  arriva,  comme  Jésus  passait  par  les  blés  un  jour 
de  sabbat,  que  ses  disciples,  chemin  faisant,  se  mirent 
à  arracher  des  épis.  ^'' Alors  les  pharisiens  lui  dirent: 
Eegarde  !  Pourquoi  font-ils  ce  qui  n'est  pas  permis 
le  jour  du  sabbat  ?  -^11  leur  répondit  :  N'avez -vous 
jamais  lu  ce  que  fit  David,  lorsqu'il  fut  dans  le  besoin 
et  qu'il  eut  faim,  lui  et  ceux  qui  étaient  avec  lui  (')  ; 
26  comment  il  entra  dans  la  maison  de  Dieu,  du  temps 
d'Abiathar,  souverain  sacrificateur,  et  mangea  les 
pains  de  proposition,  —  qu'il  est  permis  aux  sacrifica- 
teurs seuls  de  manger,  —  et  comment  il  en  donna 
même  à  ceux  qui  étaient  avec  lui  ?  2' Puis  Jésus 
ajouta  :  Le  sabbat  a  été  fait  pour  l'homme,  et  non 
pas  l'homme  pour  le  sabbat,  ^s  Ainsi  le  Fils  de  l'homme 
est  maître  même  du  sabbat. 

L'homme  à  la  main  desséchée 

(Voy.  Matth.  12  :  9-14  ;  Luc  6   :  6-11) 

3  ^  Une  autre  fois,  Jésus  entra  dans  une  synagogue  où 
se  trouvait  un  homme  qui  avait  la  main  desséchée. 
^Les  Pharisiens  l'observaient  pour  voir  s'il  le  guérirait 
un  jour  de  sabbat,  afin  de  pouvoir  l'accuser.  ^11  dit 
à  l'homme  qui  avait  la  main  desséchée  :  Lève-toi,  et 
tiens-toi  là  au  milieu.  ''  Puis  il  leur  dit  :  Est-il  permis, 
le  jour  du  sabbat,  de  faire  du  bien  ou  de  faire  du 
mal  ;  de  sauver  une  personne  ou  de  la  tuer  ?  Mais 
ils  gardaient  le  silence.  ^  Alors,  promenant  sur  eux 
ses  regards  avec  indignation,  et  affiigé  de  l'endur- 
cissement de  leur  cœur,  il  dit  à  l'homme  :  Etends 
ta  main.  Il  l'étendit,  et  sa  main  redevint  saine.  ^Les 
pharisiens,  étant  sortis,  tinrent  aussitôt  conseil  avec 
les  hérodiens  contre  lui,  pour  le  faire  périr. 

Choix  des  douze  apôtres 

(Voy.  Matth.  10  :  1-4  ;  Luc  6   :  12-16) 

^  Jésus  se  retira  avec  ses  disciples  du  côté  de  la  mer, 
et  une  grande  multitude  venue  de  la  Galilée  le  suivit. 

(1)  Voy.  I  Samuel  SI  :  1-6. 

81 


3  :  8-26  SAINT    MARC 

De  la  Judée  aussi,  ^de  Jérusalem,  de  l'Idumée,  du 
pays  au-delà  du  Jourdain,  ainsi  que  des  environs  de 
Tyr  et  de  Sidon,  une  grande  multitude,  ayant  entendu 
parler  de  tout  ce  qu'il  faisait,  vint  vers  lui.  ^ Alors  il  dit 
à  ses  disciples  de  lui  tenir  une  petite  barque  toute 
prête,  à  cause  de  la  foule,  pour  ne  pas  être  trop  pressé 
par  elle.  ^^Car  il  avait  guéri  plusieurs  malades,  de 
sorte  que  tous  ceux  qui  avaient  quelque  mal  se  jetaient 
sur  lui  pour  le  toucher.  ^  '  Et  quand  les  esprits  impurs 
le  voyaient,  ils  tombaient  à  ses  pieds  et  s'écriaient  : 
Tu  es  le  Fils  de  Dieu  !  ^-Mais  il  leur  défendait  sévère- 
ment de  le  faire  connaître. 

^^n  alla  ensuite  sur  la  montagne,  et  il  appela  ceux 
qu'il  voulut  choisir  lui-même,  et  ils  vinrent  à  lui.  ''  ''  Il 
en  établit  douze,  qu'il  nomma  apôtres,  pour  les  avoir 
avec  lui  et  pour  les  envoyer  prêcher,  ^  ^  avec  le  pouvoir 
de  chasser  les  démons.  ^  ^  Voici  les  douze  qu'il  établit  : 
Simon,  à  qui  il  donna  le  nom  de  Pierre;  ^^ Jacques, 
fils  de  Zébédée,  et  Jean,  frère  de  Jacques,  auxquels 
il  donna  le  nom  de  Boanerges,  c'est-à-dire  fils  du 
tonnerre  ;  ^^  André,  Philii3pe,  Barthélémy,  Matthieu, 
Thomas,  Jacques,  fils  d'Alphée,  Thaddée,  Simon  le 
Cananéen,  ^'-^et  Judas  Iscariote  ('),  celui-là  même  qui 
le  trahit. 

Le  "pèchè  contre  le  Saint- Es  frit. 

(Voy.  Matth.  12  :  22-32  ;  Luc  11  :  14-22) 

-^  Jésus  entra  dans  une  maison  avec  ses  disciples  ; 
et  la  foule  s'y  rassembla  encore,  de  sorte  qu'ils  ne 
pouvaient  pas  même  prendre  leur  repas.  ^'  Quand  ses 
proches  l'eurent  appris,  ils  vinrent  pour  s'emparer 
de  lui  ;  car  ils  disaient  qu'il  avait  perdu  l'esprit. 

--Les  scribes,  descendus  de  Jérusalem,  disaient  : 
Il  est  possédé  de  Béelzébul,  et  il  chasse  les  démons 
par  le  prince  des  démons.  -^Mais  Jésus,  les  ayant 
appelés,  leur  dit  en  paraboles  :  Comment  Satan  peut-il 
chasser  Satan  ?  -'* Si  un  royaume  est  divisé  contre  lui- 
même,  ce  royaume-là  ne  peut  subsister;  ^^et  si  une 
maison  est  divisée  contre  elle-même,  cette  maison-là 
ne  saurait  subsister.  -^Si  donc  Satan  s'élève  contre 

(1)  Yoii-  uotes  siir  Matth.  10  :  4. 

82 


SAINT  M  ABC  3  :  27-4  :  6 

lui-même,  il  est  divisé  et  il  ne  peut  subsister,  mais  il 
est  près  de  sa  fin.  ^^Nul  ne  peut  entrer  dans  la  mai- 
son de  l'homme  fort  et  piller  son  bien,  s'il  n'a  aupa- 
ravant lié  cet  homme  fort  ;  après  cela,  il  pourra  piller 
sa  maison.  ^sEn  vérité,  je  vous  le  dis,  tous  les  péchés 
seront  pardonnes  aux  enfants  des  hommes,  ainsi  que 
tous  les  blasphèmes  qu'ils  auront  proférés;  ^^mais 
tout  homme  qui  aura  blasphémé  contre  le  Saint- 
Esprit,  n'en  obtiendra  jamais  le  pardon;  il  est  cou- 
pable d'un  péché,  éternel.  ^^11  parla  ainsi,  parce 
qu'ils  disaient  :  Il  est  possédé  d'un  esprit  impur  ! 

La  mère  et  les  frères  de  Jésus 

(Voy.  Matth.  12  :  46-50  ;  Luc  8  :  19-21) 

3 'Sa  mère  et  ses  frères  arrivèrent;  et,  se  tenant 
dehors,  ils  l'envoyèrent  appeler.  La  foule  était  assise 
autour  de  lui.  ^'-  Et  on  lui  dit  :  Voici  que  ta  mère  et  tes 
frères  sont  là  dehors,  qui  te  cherchent.  ^^Mais  il  ré- 
pondit :  Qui  est  ma  mère,  et  qui  sont  mes  frères  ? 
•^'  Et,  jetant  les  yeux  sur  ceux  qui  étaient  assis  autour 
de  lui,  il  dit  :  Voilà  ma  mère  et  mes  frères  !  ^^Quicon- 
que fait  la  volonté  de  Dieu,  celui-là  est  mon  frère  et 
ma  sœur  et  ma  mère. 

Les  ^paraboles  du  Royaume 

(Voy.  Matth.  13   :  1-52;  Luc  8  :  1-18) 

4-  ^  Jésus  se  mit  encore  à  enseigner  au  bord  de  la 
mer.  Une  grande  foule  s'étant  rassemblée  autour  de 
lui,  il  monta  dans  une  barque  où  il  s'assit;  et  toute 
la  foule  était  à  terre  sur  le  rivage.  ^  Il  leur  enseignait 
beaucoup  de  choses  en  paraboles,  et  il  leur  disait  dans 
son  enseignement  : 

•^Écoutez.  Le  semeur  sortit  pour  semer.  'Comme 
il  semait,  il  arriva  qu'une  partie  de  la  semence  tomba 
le  long  du  chemin,  et  les  oiseaux  vinrent  et  la  man- 
gèrent. ''Une  autre  partie  tomba  sur  un  endroit  pier- 
reux, où  elle  n'avait  que  peu  de  terre,  et  elle  leva 
aussitôt,  parce  qu'elle  n'entrait  pas  profondément 
dans  la  terre  ;  ^  mais  le  soleil  s'étant  levé,  elle  fut  brûlée," 
et,  parce  qu'elle  n'avait  point  de  racine,  elle  sécha. 

83 


4  :  7-22  SAINT  MARO 

^  Une  autre  partie  tomba  parmi  les  épines  ;  les  épines 
montèrent  et  F  étouffèrent,  et  elle  ne  donna  point  de 
fruit.  ^Une  autre  partie  tomba  dans  la  bonne  terre, 
et  elle  donna  du  fruit  qui  grandit  et  se  développa  ; 
un  grain  en  rapporta  trente,  un  autre  soixante,  et 
un  autre  cent.  ^  Et  il  disait  :  Que  celui  qui  a  des  oreilles 
pour  entendre,  entende  ! 

^^  Quand  Jésus  se  trouva  seul,  ceux  qui  étaient  au- 
tour de  lui  et  les  douze  l'interrogèrent  sur  les  paraboles. 
^  ^  Il  leur  répondit  :  A  vous,  le  mjstère  du  royaume 
de  Dieu  a  été  révélé  ;  mais,  pour  ceux  du  dehors, 
tout  leur  est  présenté  sous  forme  de  paraboles,  ^  ^  afin 
qu'en  voyant,  ils  regardent  et  n'aperçoivent  pas,  et 
qu'en  entendant,  ils  entendent  et  ne  comprennent 
point,  —  de  peur  qu'ils  ne  se  convertissent  et  qu'il  ne 
leur  âoit  pardonné. 

^  '^  Puis  il  leur  dit  :  Vous  ne  comprenez  pas  cette 
parabole  ?  Comment  donc  comprendrez -vous  toutes 
les  paraboles  ?  ^''Le  semeur  sème  la  parole.  ^^Ceux 
qui  sont  le  long  du  chemin,  ce  sont  ceux  en  qui  la 
parole  est  semée  ;  mais,  à  peine  l'ont-ils  entendue,  Satan 
vient  aussitôt  et  enlève  la  parole  qui  a  été  semée  en 
eux.  ^  ^  De  même,  ceux  qui  reçoivent  la  semence  dans 
un  endroit  pierreux,  ce  sont  ceux  qui  entendent  la  pa- 
role et  la  reçoivent  aussitôt  avec  joie  ;  ^^mais  comme 
ils  n'ont  point  de  racine  en  eux-mêmes,  ils  ne  sont 
que  pour  un  temps,  de  sorte  que,  l'affliction  ou  la 
persécution  survenant  à  cause  de  la  parole,  ils  y 
trouvent  aussitôt  une  occasion  de  chute. 

^ ^D'autres  encore  reçoivent  la  semence  parmi  les 
épines  :  ce  sont  ceux  qui  ont  écouté  la  parole.  ^  '^  Mais 
les  soucis  de  ce  monde,  la  séduction  des  richesses  et  les 
autres  convoitises,  pénètrent  en  eux  et  étouffent  la  pa- 
role; et  elle  devient  infructueuse.  ^^  Enfin  ceux  qui  ont 
reçu  la  semence  dans  la  bonne  terre,  ce  sont  ceux  qui 
écoutent  la  parole,  qui  la  reçoivent  et  portent  des 
fruits  :  un  grain  trente,  un  autre  soixante,  un  autre  cent. 

^  '  Il  leur  disait  aussi  :  Apporte-t-on  la  lampe  pour 
la  mettre  sous  le  boisseau  ou  sous  le  lit  ?  N'est-ce  pas 
pour  la  mettre  sur  un  support  ?  ^^  Car  il  n'y  a  rien  de 
secret,  qui  ne  doive  être  manifesté,  ni  rien  de  caché, 

84 


SAINT   MARC  4  :  23-38 

qui  ne  doive  être  mis  en  évidence,  ^^Si  quelqu'un  a 
des  oreilles  pour  entendre,  qu'il  entende  ! 

^  '  Il  leur  disait  aussi  :  Prenez  garde  à  ce  que  vous  en- 
tendez. On  se  servira  pour  vous  de  la  mesure  avec  la- 
quelle vous  mesurerez,  et  on  y  ajoutera  encore.  ^^Car 
on  donnera  à  celui  qui  a  ;  mais  à  celui  qui  n'a  pas, 
on  ôtera  même  ce  qu'il  a. 

^^11  disait  encore  :  Il  en  est  du  royaume  de  Dieu 
comme  d'un  homme  qui  jette  la  semence  en  terre  : 
^^ qu'il  dorme  ou  qu'il  veille  ('),  la  nuit  et  le  jour,  la 
semence  germe  et  croît,  sans  qu'il  sache  comment. 
^^Car  la  terre  produit  d'elle-même  son  fruit  :  pre- 
mièrement l'herbe,  ensuite  l'épi,  puis  le  grain  tout 
formé  dans  l'épi.  ^'^Et  quand  le  fruit  est  dans  sa  ma- 
turité, on  y  met  aussitôt  la  faucille,  parce  que  le  temps 
de  la  moisson  est  venu. 

^'''11  disait  encore  :  A  quoi  comparerons -nous  le 
royaume  de  Dieu,  ou  par  quelle  parabole  le  représen- 
terons-nous ?  ^'11  en  est  de  lui  comme  d'un  grain  de 
moutarde  :  lorsqu'on  le  sème,  il  est  la  plus  petite  de 
toutes  les  semences  qui  sont  sur  la  terre  ;  '^'-  mais  quand 
il  a  été  semé,  il  monte,  devient  plus  grand  que  tous  les 
légumes  et  pousse  de  grandes  branches,  en  sorte  que 
les  oiseaux  du  ciel  peuvent  s'abriter  sous  son  ombre, 

^^  C'est  par  plusieurs  paraboles  de  ce  genre  qu'il 
leur  annonçait  la  parole,  dans  la  mesure  où  ils  étaient 
capables  de  la  comprendre.  ^  '•  Il  ne  leur  parlait  donc 
qu'en  paraboles  ;  mais,  en  particulier,  il  expliquait 
tout  à  ses  disciples. 

La  tempête 

(Voy.  Matth.  8  :  23-27  ;  Luc  8  :  22-25) 

>  ^^Ce  jour-là,  quand  le  soir  fut  venu,  il  leuf  dit  : 
Passons  à  l'autre  bord.  -^^  Après  avoir  renvoyé  la  foule, 
ils  emmenèrent  Jésus  dans  la  barque  où  Ù  était  ;  et 
il  y  avait  aussi  d'autres  barques  qui  l'accompagnaient. 
^■^  Or,  il  s'éleva  un  grand  tourbillon  ^de  vent,  et  les 
vagues  se  jetaient  dans  la  barque,  en  sorte  qu'elle 
commençait  à  s'emplir  ;  ^^mais  lui  était  à  la  poupe, 
dormant  sur  un  coussin.  Ils  le  réveillèrent  et  lui  dirent  : 

(1)  Litt.  :  qu'il  se  lève. 

85 


4  :  39-5  :  43  SAESTT   MARO 

Maître,  cela  ne  te  fait-il  rien  que  nous  périssions  ? 
^^  Alors,  s' étant  réveillé,  il  imposa  silence  au  vent, 
et  il  dit  à  la  mer  :  Tais-toi,  sois  tranquille  !  Et  le  vent 
cessa,  et  il  se  fit  un  grand  calme.  '''*^Puis  il  leur  dit  : 
Pourquoi  avez -vous  peur  ?  N'avez -vous  donc  plus  de 
foi  ?  ^'  '  Ils  furent  saisis  d'une  grande  crainte,  et  ils 
se  disaient  l'un  à  l'autre  :  Qui  est  donc  celui-ci,  au- 
quel le  vent  même  et  la  mer  obéissent  ? 

Le  démoniaque  gérasénien 

(Voy.  Matth.  8  :  28-34  ;  Luc  8  :  26-39) 

5  ^  Ils  arrivèrent  de  l'autre  côté  de  la  mer,  dans  la 
contrée  des  Géraséniens.  '^Et  aussitôt  que  Jésus  fut 
descendu  de  la  barque,  un  homme,  possédé  d'un  esprit 
impur,  sortit  des  tombeaux  (')  et  vint  au-devant  de 
lui.  ^  Il  faisait  sa  demeure  dans  les  tombeaux,  et  per- 
sonne ne  pouvait  plus  le  tenir  lié,  même  avec  une 
chaîne  ;  ''  car  souvent,  ayant  les  fers  aux  pieds  et  étant 
lié  de  chaînes,  il  avait  rompu  les  chaînes  et  brisé  les 
fers,  et  personne  n'avait  la  force  de  le  dompter.  ^11 
demeurait  continuellement,  nuit  et  jour,  dans  les 
tombeaux  et  sur  les  montagnes,  criant  et  se  meurtris- 
sant avec  des  pierres.  ^  Ayant  vu  Jésus  de  loin,  il 
accourut,  se  prosterna  devant  lui,  ^et,  poussant  un 
grand  cri,  il  lui  dit  :  Qu'y  a-t-il  entre  moi  et  toi,  Jésus, 
Fils  du  Dieu  très  haut  ?  Je  t'en  conjure,  au  nom  de 
Dieu,  ne  me  tourmente  pas!  ^Car  Jésus  lui  disait  : 
Esprit  impur,  sors  de  cet  homme  !  ^  Puis  Jésus  lui  de- 
manda :  Quel  est  ton  nom  ?  Il  lui  répondit  :  Mon  nom, 
c'est  Légion;  car  nous  sommes  plusieurs.  ^^Et  il  le 
priait  instamment  de  ne  pas  les  chasser  hors  de  cette 
contrée. 

^*  Or,  il  y  avait  là,  sur  la  montagne,  un  grand  trou- 
peau de  pourceaux  qui  paissaient.  ^^Ces  démons  lui 
adressèrent  cette  prière  :  Envoie-nous  vers  ces  pour- 
ceaux, afin  que  nous  entrions  en  eux.  Et  Jésus  le  leur 
permit.  ^^  Alors  les  esprits  impurs  sortirent  de  cet 
homme;  ils  entrèrent  dans  les  pourceaux,  et  le  trou- 
peau se  précipita,  du  haut  de  la  berge,  dans  la  mer.  Il  y 
en  avait  environ  deux  mille  ;  et  ils  se  noyèrent  dans  la 

(i;  Voir  note  sur  Matth.  8  :  28. 

86 


SAINT  MABC  5  :  A  4-30 

mer.  '^Ceux  qui  les  faisaient  paître  s'enfuirent,  et  ré- 
pandirent la  nouvelle  dans  la  ville  et  dans  la  campagne. 
^  ^ Alors  les  habitants  sortirent  pour  voir  ce  qui  était 
arrivé.  Ils  allèrent  vers  Jésus,  et  ils  virent  le  démo- 
niaque, qui  avait  eu  la  légion,  assis,  vêtu  et  dans  son 
bon  sens  ;  et  ils  furent  remplis  de  crainte.  ^  ^  Ceux  qui 
avaient  vu  le  fait,  leur  racontèrent  ce  qui  était  arrivé 
au  démoniaque  et  aux  pourceaux.  ^^  Alors  ils  se  mirent 
à  le  prier  de  se  retirer  de  leur  pays.  ^^Et  comme  il 
entrait  dans  la  barque,  le  démoniaque  lui  demanda  la 
permission  de  rester  avec  lui.  *^Mais  Jésus  ne  le  lui 
permit  pas,  et  il  lui  dit  :  Va  dans  ta  maison,  chez  les 
tiens,  et  raconte-leur  tout  ce  que  le  Seigneur  t'a  fait, 
et  comment  il  a  eu  pitié  de  toi.  '^*^'Cet  homme  s'en 
alla  donc,  et  se  mit  à  publier  dans  la  Décapole  tout 
ce  que  Jésus  lui  avait  fait  ;  et  tous  étaient  dans 
l'admiration. 

La  fille  de  Jaïrus  et  la  femme  malade 

(Voy.  Matth.  9  :  18-26  ;  Luc  8  :  40-56) 

^^  Quand  Jésus  eut  regagné,  dans  la  barque,  l'autre 
rive,  une  grande  foule  se  rassembla  autour  de  lui. 
Il  se  tenait  au  bord  de  la  mer.  '''-Alors  vint  l'un  des 
chefs  de  la  synagogue,  nommé  Jaïrus  qui,  ayant  vu 
Jésus,  se  jeta  à  ses  pieds.  ^-^11  le  priait  instamment  et 
lui  disait  :  Ma  petite  fille  est  à  l'extrémité  ;  viens  lui  im- 
poser les  mains,  pour  qu'elle  soit  guérie  et  qu'elle 
vive.  '^'' Jésus  alla  avec  lui;  et  une  grande  foule  le 
suivait  et  le  pressait  de  tous  côtés. 

^•'Or,  il  y  avait  là  une  femme  malade  d'une  perto 
de  sang  depuis  douze  ans.  '-''Elle  avait  beaucoup  souf- 
fert entre  les  mains  de  plusieurs  médecins,  et  elle  y 
avait  dépensé  tout  son  bien  sans  recevoir  aucun  sou- 
lagement ;  son  état  avait  plutôt  empiré.  ^"^  Ayant  en- 
tendu parler  de  Jésus,  elle  vint  dans  la  foule,  par  der- 
rière, et  elle  toucha  son  vêtement.  ^sQar  elle  disait  :  Si 
je  touche  seulement  ses  vêtements,  je  serai  guérie.  ^•'  Au 
même  instant,  la  perte  de  sang  s'arrêta  ;  et  elle  sentit 
dans    son    corps    qu'elle    était    guérie   de   son   mal, 

•^"Aussitôt  Jésus,  ayant  senti  en  lui-même  qu'une 
force  était  sortie  de  lui,  se  retourna  au  milieu  de  la 

87 


5  :  34-6  :  3  SAINT   MARO 

foule,  et  il  dit  :  Qui  a  touché  mes  vêtements?  ^*Ses 
disciples  lui  répondirent  :  Tu  vois  que  la  foule  te  presse, 
et  tu  dis  :  Qui  est-ce  qui  m'a  touché  ?  ^^Mais  il  regar- 
dait tout  autour  de  lui,  pour,  voir  celle  qui  avait  fait 
cela.  ^^  Alors  la  femme,  eiïrayée  et  tremblante,  sa- 
chant ce  qui  lui  était  arrivé,  vint  se  jeter  à  ses  pieds,  et 
elle  lui  dit  toute  la  vérité.  ^'' Jésus  lui  dit  :  Ma  fille,  ta 
foi  t'a  sauvée  ;  va  en  paix,  et  sois  guérie  de  ton  mal. 
^•^ Comme  il  parlait  encore,  on  vint  de  chez  le  chef 
de  la  synagogue  pour  lui  dire  :  Ta  fille  est  morte  ; 
pourquoi  importuner  encore  le  Maître  ?  3^' Mais  Jésus, 
sans  s'arrêter  à  ces  paroles,  dit  au  chef  de  la  synagogue  : 
Ne  crains  point,  crois  seulement!  ^^Et  il  ne  permit  à 
personne  de  le  suivre,  si  ce  n'est  à  Pierre,  à  Jacques 
et  à  Jean,  frère  de  Jacques.  -^^  Quand  *il  fut  arrivé  à 
la  maison  du  chef  de  la  synagogue,  il  vit  une  foule 
bruyante,  des  gens  qui  pleuraient  et  qui  jetaient  de 
grands  cris.  ^'-^ Etant  entré,  il  leur  dit:  Pourquoi 
faites- vous  tout  ce  bruit,  et  pourquoi  pleurez -vous  ? 
L'enfant  n'est  pas  morte,  mais  elle  dort.  ^'*^Mais  ils  se 
moquaient  de  lui.  Alors,  il  les  fit  tous  sortir  ;  il  ne  prit 
avec  lui  que  le  père  et  la  mère  de  l'enfant,  et  ceux  qui 
l'accompagnaient;  puis  il  entra  là  où  se  trouvait 
l'enfant.  ^^  L'ayant  prise  par  la  main,  il  lui  dit  : 
Talitha  koumil  —  c'est-à-dire  :  Petite  fille,  je  te  le  dis, 
lève-toi.  ^'-Aussitôt  elle  se  leva  et  se  mit  à  marcher; 
car  elle  avait  douze  ans.  Et  ils  furent  frappés  d'un 
grand  étonnement.  ^^11  leur  recommanda  expressé- 
ment que  personne  ne  le  sût,  et  il  fit  donner  à  man- 
ger à  l'enfant. 

Jésus  à  Nazareth 

(Voy.  Matth.  13   :  53-58) 

6  ^  Jésus,  étant  parti  de  là,  vint  dans  son  pays  (') 
et  ses  disciples  le  suivirent.  ^  Quand  le  sabbat  fut  venu, 
il  se  mit  à  enseigner  dans  la  synagogue  ;  et  la  multi- 
tude qui  l'écoutait  était  dans  l'étonnement  et  disait  : 
D'où  cela  lui  vient-il  ?  Quelle  est  cette  sagesse  qui 
lui  est  donnée,  et  comment  de  tels  miracles  se  font-ils 
par  ses  mains  ?  ^N'est-ce  pas  le  charpentier,  le  fils 

(1)  O'est-à-dire  Nazareth. 

88 


SAINT   MARC  6  :  A-H 

de  Marie,  le  frère  de  Jacques,  de  Joses,  de  Jude  et 
de  Simon  ?  Ses  sœurs  ne  sont-elles  pas  ici  parmi  nous  ? 
Et  il  était  pour  eux  une  occasion  de  chute.  ^  Mais  Jésus 
leur  dit  :  Un  prophète  n'est  méprisé  que  dans  son  pays, 
dans  sa  parenté  et  dans  sa  maison.  ^  Il  ne  put  faire  là 
aucun  miracle,  si  ce  n'est  qu'il  guérit  un  petit  nombre 
de  malades  en  leur  imposant  les  mains  ;  ^et  il  s'étonna 
de  leur  incrédulité. 

C'est  ainsi  qu'il  parcourait,  en  enseignant,  les  vil- 
lages des  environs. 

Les  Douze  envoyés  en  mission 

(Voy.  Matth.  10  :  1-15;  Luc  9   :  1-6) 

^  Alors  il  appela  les  Douze,  et  il  commença  à  les 
envoyer  deux  à  deux,  en  leur  donnant  pouvoir  sur  les 
esprits  impurs.  ^  Il  leur  ordonna  de  ne  rien  prendre 
pour  la  route,  sauf  un  bâton;  de  n'avoir  ni  pain,  ni 
sac,  ni  monnaie  dans  leur  ceinture  ;  ^de  ne  prendre 
pour  chaussures  que  des  sandales,  et  de  ne  pas  em- 
porter deux  tuniques. 

^"11  leur  disait  :  En  quelque  maison  que  vous  en- 
triez, demeurez -y  jusqu'à  ce  que  vous  partiez.  ^  '  Et 
si,  dans  quelque  endroit,  on  ne  veut  ni  vous  recevoir 
ni  vous  écouter,  sortez  de  là,  et  secouez  la  poussière 
attachée  à  vos  pieds,  en  témoignage  contre  ses 
habitants. 

^^  Etant  donc  partis,  ils  prêchèrent  la  repen tance. 
^^Ils  chassaient  beaucoup  de  démons,  ils  oignaient 
d'huile  beaucoup  de  malades,  et  ils  les  guérissaient. 

Mort  de  Jean-Baptiste 

(Voy.  Matth.  14   :  1-12  ;  Luc  9  :  7-9) 

^  ^  Or,  le  roi  Hérode  (  '  )  entendit  parler  de  Jésus,  — 
dont  le  nom  était  devenu  célèbre  — .  Et  il  disait  :  Ce 
Jean  qui  baptisait  est  ressuscité  des  morts  ;  c'est 
pour  cela  qu'il  s'opère  des  miracles  par  son  moyen. 
^^  D'autres  disaient  :  C'est  Élie  ;  et  d'autres  disaient  : 
C'est  un  prophète,  pareil  à  l'un  des  anciens  prophètes. 
^^Mais  Hérode,  l'ayant  appris,  disait  :  C'est  ce  Jean 
que  j'ai  fait  décapiter  :  Ù  est  ressuscité  ! 

(1)  Le  roi  Hérode,  c'est-à-dire  le  tétrarque  Hérode  Antipas,  fils  d'Hérode  le 
Grand.  —  Voir  note  sur  Matth.  2  :  22. 

89 


6:  17-31  SAINT   MAEO 

^^En  effet,  ce  même  Hérode  avait  envoyé  prendre 
Jean  ;  il  l'avait  fait  enchaîner  et  mettre  en  prison,  à 
cause  d'Hérodias,  femme  de  Philippe,  son  frère,  parce 
qu'il  l'avait  épousée,  ^^et  que  Jean  lui  avait  dit  :  Il  ne 
t'est  pas  permis  d'avoir  la  femme  de  ton  frère.  ^^  Aussi 
Hérodias  lui  en  voulait,  et  elle  désirait  le  faire  mourir. 
Mais  elle  ne  le  pouvait  pas  ;  ^^  car  Hérode  craignait 
Jean,  sachant  que  c'était  un  homme  juste  et  saint. 
Il  veillait  sur  lui  ;  il  était  souvent  troublé  après  l'avoir 
entendu,  et  il  l'écoutait  volontiers. 

.^'Mais  il  se  présenta  un  jour  favorable:  Hérode 
donnait  un  festin,  pour  l'anniversaire  de  sa  naissance, 
aux  grands  de  sa  cour,  à  ses  officiers  et  aux  principaux 
de  la  Galilée.  ^^  La  fille  même  d'Hérodias,  étant  entrée, 
dansa,  et  elle  plut  à  Hérode  et  à  ses  convives.  Le  roi 
dit  à  la  jeune  fille  :  Demande-moi  ce  que  tu  veux, 
et  je  te  le  donnerai.  ^^11  lui  fit  aussi  ce  serment: 
Tout  ce  que  tu  demanderas,  je  te  le  donnerai,  quand 
ce  serait  la  moitié  de  mon  royaume  ! 

^  ''  Etant  sortie,  elle  dit  à  sa  mère  :  Que  demande- 
rai-je  ?  Celle-ci  lui  répondit  :  La  tête  de  Jean-Baptiste. 
^^  Aussitôt  elle  s'empressa  de  rentrer  chez  le  roi,  et  elle 
lui  fit  sa  demande,  en  disant  :  Je  veux  qu'à  l'instant 
même,  tu  me  donnes,  sur  un  plat,  la  tête  de  Jean- 
Baptiste.  ^'^Le  roi  en  fut  fort  attristé  ;  mais,  à  cause 
de  ses  serments  et  des  convives,  il  ne  voulut  pas  lui 
opposer  un  refus.    ^^11  envoya  aussitôt  l'un  de  ses 

fardes,  avec  l'ordre  d'apporter  la  tête  de  Jean.  ^^Cet 
omme  alla  décapiter  Jean  dans  la  prison  ;  il  apporta 
la  tête  sur  un  plat,  la  donna  à  la  jeune  fille,  et  la  jeune 
fille  la  donna  à  sa  mère.  ^^Les  disciples  de  Jean, 
l'ayant  appris,  vinrent  et  emportèrent  son  corps;  et 
ils  le  mirent  dans  un  tombeau. 

Première  multiplication  des  pains 

(Voir  Matth.  14  :  13-21  ;  Luc  9   :  10-17;  Jean  6  :  1-15) 

^^Les  apôtres  se  rassemblèrent  auprès  de  Jésus,  et  ils 
lui  racontèrent  tout  ce  qu'ils  avaient  fait  et  enseigné. 
•^'  Il  leur  dit  :  Venez  à  l'écart,  dans  un  lieu  désert, 
et  prenez  un  peu  de  repos.  En  effet,  il  allait  et  venait 

90 


SAINT  MARC  6  :  32-47 

tant  de  monde,  qu'ils  n'avaient  pas  même  le  temps  d© 
manger.  ^^Ils  partirent  donc  dans  la  barque  pour 
se  retii'er  à  l'écart,  dans  un  lieu  désert.  ^^  Mais  plusieurs 
les  virent  s'éloigner  et  les  reconnurent  ;  de  toutes 
les  villes-  le  peuple  accourut  à  pied  là  où  ils  se  ren- 
daient, et  il  y  arriva  avant  eux, 

^^  Alors  Jésus,  étant  sorti  de  la  barque,  vit  une  grande 
multitude,  et  il  fut  ému  de  compassion  pour  eux,  parce 
qu'ils  étaient  comme  des  brebis  qui  n'ont  point  de 
berger  ;  puis  il  se  mit  à  leur  enseigner  beaucoup  de 
choses.  ^"^  Comme  l'heure  était  déjà  avancée,  ses  dis- 
ciples s'approchèrent  de  lui  et  lui  dirent  :  Ce  lieu  est 
désert,  et  l'heure  est  déjà  avancée  ;  ^^renvoie-les,  afin 
qu'ils  aillent  dans  les  campagnes  et  les  villages  des 
environs,  pour  s'acheter  de  quoi  manger.  ^"^11  leur 
répondit  :  Donnez -leur  vous-mêmes  à  manger.  Ils 
lui  dirent  :  Irons-nous  acheter  pour  deux  cents  deniers 
de  pain,  afin  de  leur  donner  à  manger  ?  ^^  Il  leur  répon- 
dit :  Combien  avez -vous  de  pains  ?  Allez  et  voyez. 
Ils  s'en  assurèrent,  et  ils  lui  dirent  :  Cinq  pains  et  deux 
poissons.  ^'*  Alors  il  leur  commanda  de  les  faire  tous 
asseoir,  par  groupes,  sur  l'herbe  verte.  '''"Et  ils  s'as- 
sirent par  rangées,  par  centaines  et  par  cinquantaines, 
^  '  Jésus  prit  les  cinq  pains  et  les  deux  poissons  ;  et, 
levant  les  yeux  au  ciel,  il  rendit  grâces,  rompit  les 
pains  et  les  donna  à  ses  disciples  pour  les  offrir  à  la 
foule  ;  il  leur  partagea  aussi  les  deux  poissons.  '*^Tous 
mangèrent  et  furent  rassasiés  ;  ''-^et  on  emporta  douze 
paniers  pleins  de  morceaux  de  pain,  avec  ce  qui  restait 
des  poissons.  ''''Or,  ceux  qui  avaient  mangé  étaient 
au  nombre  de  cinq  mille  hommes, 

Jésus  marche  sur  la  mer 

(Voy.'Matth.   14  :  22-36  ;  Jean  6   :  16-21) 

''^Aussitôt  après,  il  obligea  ses  disciples  à  entrer 
dans  la  barque  et  à  passer  avant  lui  sur  l'autre  rive, 
vers  Bethsaïda,  pendant  qu'il  renverrait  le  peuple» 
''^  Après  l'avoir  renvoyé,  il  s'en  alla  sur  la  montagne 
pour  prier. 

"^^  Quand  le  soir  fut  venu,  la  barque  était  au  miheu 

91 


6 :  48-7  :  s  saint  maro 

de  la  mer,  et  Jésus  était  seul  à  terre.  ''^Et  il  vit  qu'ils 
avaient  beaucoup  de  peine  à  ramer,  parce  que  le  vent 
leur  était  contraire.  Vers  la  quatrième  veille  de  la 
nuit  (  '  ),  il  vint  à  eux,  marchant  sur  la  mer  ;  et  il  vou- 
lait les  devancer.  ''^  Quand  ils  le  virent  marcher  sur 
la  mer,  ils  crurent  que  c'était  un  fantôme,  et  ils  jetèrent 
des  cris  ;  ^^^car  tous  l'avaient  vu,  et  ils  en  étaient  trou- 
blés. Mais  aussitôt  il  leur  parla  et  leur  dit  :  Rassurez - 
vous,  c'est  moi,  n'ayez  point  de  peur  !  ^'  Alors  il  monta 
auprès  d'eux  dans  la  barque,  et  le  vent  s'apaisa. 
Ils  furent  encore  plus  saisis  d'étonnement  ;  ^^car  ils 
n'avaient  pas  compris  le  miracle  des  pains,  parce  qi  e 
leur  cœur  était  endurci. 

^•"^  Quand  ils  eurent  traversé  la  mer,  ils  vinrent  au 
pays  de  Génézareth,  et  ils  abordèrent.  ^''Dès  qu'ils 
furent  sortis  de  la  barque,  les  gens  le  reconnurent: 
^^ils  parcoururent  toute  la  contrée,  et  ils  se  mirent  à 
apporter  sur  leurs  lits  ceux  qui  étaient  malades, 
partout  où  ils  entendaient  dire  que  Jésus  se  trouvait. 
^^Et  dans  tous  les  endroits  où  il  arrivait,  villages,  villes 
ou  campagnes,  on  mettait  les  malades  sur  les  places 
publiques,  et  on  le  priait  de  leur  permettre  de  toucher 
au  moins  le  bord  de  son  vêtement  ;  et  tous  ceux  qui 
le  touchaient  étaient  guéris. 

Discussions  avec  les  Pharisiens,  —  Les  mains  lavées 

(Voy.  Matth.  15  :  1-20) 

7  ^  Alors  les  pharisiens  et  quelques  scribes,  venus  de 
Jérusalem,  se  rassemblèrent  près  de  Jésus  ;  ^  et  ils 
virent  que  quelques-uns  de  ses  disciples  prenaient  leur 
repas  avec  des  mains  qui  n'avaient  pas  été  purifiées, 
c'est-à-dire  non  lavées.  ^Or,  les  pharisiens,  et  les  Juifs 
en  général,  ne  mangent  pas  sans  se  laveries  mains  soi- 
gneusement, observant  en  cela  la  tradition  des  anciens  ; 
''•et,  lorsqu'ils  reviennent  des  places  publiques,  ils  ne 
mangent  pas  non  plus  sans  faire  des  ablutions.  Il  y  a 
aussi  beaucoup  d'autres  coutumes  qu'ils  observent  par 
tradition,  comme  de  laver  les  coupes  et  les  vases  de 
terre  ou  de  cuivre.  ^  Les  pharisiens  et  les  scribes  lui  de- 

(1)  Voir  note  sur  Matth.  14  :  25, 

92 


SAINT  Marc  7  :  6-2 < 

mandèrent  donc  :  Pourquoi  tes  disciples  ne  suivent-Us 
pas  la  tradition  des  anciens,  et  prennent-ils  leur  repas 
avec  des  mains  qu'ils  n'ont  pas  purifiées  ?  ^11  leur  ré- 
pondit :  Ésaïe  a  bien  prophétisé  à  votre  sujet,  hypo- 
crites, ainsi  qu'il  est  écrit  :  «  Ce  peuple  m'honore  des 
lèvres  ;  mais  son  cœur  est  bien  éloigné  de  moi.  ^  C'est 
en  vain  qu'ils  me  rendent  un  culte,  enseignant  des 
préceptes  qui  ne  sont  que  des  commandements 
d'hommes  (').  »  ^  Vous  abandonnez  le  commandement 
de  Dieu,  et  vous  observez  la  tradition  des  hommes  ! 

^  Il  leur  disait  aussi  :  Vous  annulez  fort  bien  le  com- 
mandement de  Dieu,  pour  maintenir  votre  tradition. 
'  ^  Car  Moïse  a  dit  :  «  Honore  ton  père  et  ta  mère  »  ; 
et  :  «  Que  celui  qui  maudira  son  père  ou  sa  mère  soit 
puni  de  mort  ('-).  »  ^'Mais  vous,  vous  dites  :  Si  un 
homme  dit  à  son  père  ou  à  sa  mère  :  Tout  ce  dont  je 
pourrais  t'assister  est  corban{^),  —  c'est-à-dire  :  un  don 
fait  à  Dieu  — ,  ^  ^  dans  ce  cas,  il  ne  lui  est  plus  permis 
de  rien  faire  pour  son  père  ou  pour  sa  mère.  Voilà 
comment  ^^vous  anéantissez  la  parole  de  Dieu  par 
la  tradition  que  vous  avez  établie  !  Et  vous  faites 
beaucoup  d'autres  choses  semblables. 

'^  Alors,  ayant  appelé  de  nouveau  la  foule,  il  leur 
dit  :  Ecoutez -moi  tous,  et  comprenez  :  ^^Rien  de  ce 
qui  est  hors  de  l'homme  et  qui  entre  en  lui,  ne  peut 
le.  souiller  ;  mais  ce  qui  sort  de  lui,  voilà  ce  qui  souille 
l'homme!  ['^Si  quelqu'un  a  des  oreilles  pour  entendre, 
qu'il  entende.  ]  (^)  '  "  Quand  il  fut  rentré  dans  la  maison, 
loin  de  la  foule,  ses  disciples  l'interrogèrent  sur  cette 
parabole.  ^^Et  il  leur  dit  :  Vous  aussi,  vous  êtes  donc 
sans  intelligence  ?  Ne  comprenez -vous  pas  que  rien 
de  ce  qui  entre,  du  dehors,  dans  l'homme,  ne  peut  le 
souiller  ?  ^^En  effet,  cela  n'entre  pas  dans  son  cœur, 
mais  passe  dans  le  ventre  et  est  rejeté  dans  quelque 
lieu  secret:  ainsi  sont  purifiés  tous  les  aliments.  ^**I1 
disait  donc  :  Ce  qui  sort  de  l'homme,  voilà  ce  qui  souille 
l'homme  !  -  '  Car,  c'est  du  dedans  du  cœur  des  hommes 

(rt)  Le  verset  16  manque  dans  plusieurs  anciens  manuscrits. 
(1)  Esaïe  39  :  13.  —  (2)  Exode  20   :  12  ;  31  :  17. 
(3)  Le  mot  hébreu  corban  signifie  offrande. 

93r 


7  :  22-37  SAINT   MAJBC 

que  sortent  les  mauvaises  pensées,  les  impudicités,  les 
vols,  les  meurtres,  2- les  adultères,  la  cupidité,  les  mé- 
chancetés, la  fraude,  la  débauche,  le  regard  envieux,  la 
calomnie,  l'orgueil,  la  démence.  ^^  Toutes  ces  mauvaises 
passions  sortent  du  dedans  et  souillent  l'homme. 

La  Cananéenne 

(Voy.  Matth.  15  :  21-28) 

2 'Puis  il  partit  de  là,  et  s'en  alla  vers  les  frontières 
de  Tyr  et  de  Sidon.  Etant  entré  dans  une  maison,  il 
ne  voulait  pas  que  personne  le  sût  ;  mais  il  ne  put 
rester  caché.  ^-^En  effet,  aussitôt  une  femme,  dont  la 
fille  était  possédée  d'un  esprit  impur,  ayant  entendu 
parler  de  lui,  entra  et  se  jeta  à  ses  pieds.  ^"  Cette  femme 
était  grecque  (  '  ),  syro-phénicienne  de  nation.  Et  elle  le 
suppliait  de  chasser  le  démon  hors  de  sa  fille.  ^"^  Jésus 
lui  dit  :  Laisse  d'abord  les  enfants  se  rassasier  ;  car 
il  ne  convient  pas  de  prendre  le  pain  des  enfants  pour 
le  jeter  aux  petits  chiens.  ^^Mais  elle  répondit  et  lui 
dit  :  Assurément,  Seigneur  ;  pourtant  les  petits  chiens 
mangent,  sous  la  table,  quelques  miettes  des  enfants. 
^^  Alors  il  lui  dit  :  A  cause  de  cette  parole,  va,  le  démon 
est  sorti  de  ta  fille  !  ^"Et  quand  elle  fut  de  retour  dans 
sa  maison,  elle  trouva  l'enfant  couchée  sur  le  lit,  et 
le  démon  chassé. 

Le  sourd 

^^  Jésus,  ayant  quitté  les  frontières  de  Tyr,  revint 
par  Sidon  vers  la  mer  de  Galilée,  en  traversant  le  ter- 
ritoire de  la  Décapole.  -^^On  lui  amena  un  sourd,  qui 
parlait  difficilement  ;  et  on  le  pria  de  poser  la  main 
sur  lui.  ^^  L'ayant  emmené  à  l'écart,  loin  de  la  foule, 
Jésus  lui  mit  les  doigts  dans  les  oreilles,  et,  avec  sa  sa- 
live, il  lui  toucha  la  langue.  -^''Puis,  levant  les  yeux  au 
ciel,  il  soupira  et  lui  dit  :  Ephpkatahf  c'est-à-dire: 
Ouvre- toi  !  -^^ Alors  les  oreilles  du  sourd  furent  ouvertes  ; 
aussitôt  sa  langue  fut  déUée,  et  il  parlait  distincte- 
ment. ^"^  Jésus  leur  défendit  de  le  dire  à  personne;  mais 
plus  il  le  leur  défendait,  plus  ils  en  parlaient.  ^^  Et  ils 

(1)  Le  mot  grecque   indique  ici    que    cette    femme,  de   race    syrophénicienne, 
était  païenne  de  religion. 

94 


SAINT   MARO      '  8  :  1-4  5 

étaient  dans  le  plus  grand  étonnement  et  disaient  : 
Il  a  bien  fait  toutes  choses  :  il  fait  entendre  les  sourds 
et  parler  les  muets  ! 

Seconde  multiplication  des  pains 

(Yoy.  Matth.  15  :  29-39) 

8  ^  En  ces  jours-là,  comme  il  y  avait  de  nouveau  avec 
Jésus  une  grande  multitude,  qui  n'avait  rien  à  manger, 
il  appela  les  disciples  et  leur  dit  :  ^  J'ai  compassion  de 
cette  multitude  de  gens  ;  car  il  y  a  déjà  trois  jours 
qu'ils  ne  me  quittent  pas,  et  ils  n'ont  rien  à  manger. 
^Si  je  les  renvoie  à  jeun  dans  leurs  demeures,  les  forces 
leur  manqueront  en  chemin;  car  quelques-uns  sont 
venus  de  loin.  ^  Ses  disciples  lui  répondirent  :  Où 
pourrait-on,  dans  ce  désert,  trouver  des  pains  pour  les 
rassasier  ?  ^11  leur  demanda  :  Combien  avez-vous 
de  pains  ?  Ils  dirent  :  Sept.  ^  Alors  il  commanda  à  la 
foule  de  s'asseoir  à  terre;  puis  il  prit  les  sept  pains,  et, 
après  avoir  rendu  grâces,  il  les  rompit  et  les  donna  à  ses 
disciples  pour  les  distribuer  ;  et  ils  les  distribuèrent  à 
la  foule.  "'  Ils  avaient  aussi  quelques  petits  poissons  ; 
Jésus,  après  avoir  rendu  grâces,  les  fit  aussi  distribuer. 
^Tous  mangèrent  et  furent  rassasiés  ;  et  on  emporta 
sept  corbeilles  pleines  des  morceaux  qui  restaient.  ^  Or, 
ils  étaient  environ  quatre  mille.  Jésus  les  renvoya  ;  ^  ^^  et 
aussitôt  après,  étant  entré  dans  la  barque  avec  ses 
disciples,  il  alla  dans  le  pays  de  Dalmanutha.  (') 

Le^  levain  des  pharisiens 

(Yoy.  Matth.  16   :  1-12) 

^ 'Alors  survinrent  des  pharisiens,  qui  se  mirent  à 
disputer  avec  lui,  et  ils  lui  demandèrent,  pour  le  mettre 
à  l'épreuve,  un  miracle  venant  du  ciel.  ^^  Jésus,  soupi- 
rant en  son  esprit,  dit  :  Pourquoi  cette  génération  de- 
mande-t-elle  un  miracle  ?  En  vérité,  je  vous  le  dis,  il 
ne  lui  en  sera  donné  aucun.  ^-^Et,  les  ayant  laissés,  il 
rentra  dans  la  barque  et  ^Dassa  à  l'autre  bord. 

^'•Or,  les  disciples  avaient  oublié  de  prendre  des 
pains  ;  ils  n'en  avaient  qu'un  seul  avec  eux  dans  la 
barque.  ^-'Il  leur  fit  cette  recommandation  :  Gardez- 

(1)  Région  située  probablement  dans  la  partie  septentrionale  de  la  vallée  du 
Jourdain.  —  Comp.  Matth.  15  :  39. 

95 


8  :  i6-30  '    SAINT   MABO 

VOUS  avec  soin  du  levain  des  pharisiens  cb  du  levain 
d'Hérode.  ^^Ils  se  disaient  entre  eux  :  C'e^:  parce  que 
nous  n'avons  pas  de  pains.  ^'Mais  Jésus,  s'en  étant 
aperçu,  leur  dit  :  Pourquoi  .  ous  dites- vous  que  c'est 
parce  que  vous  n'avez  pas  de  pains  ?  N'entendez-vous 
pas  et  ne  comprenez -vous  pas  encore  ?  Avez -Vous  tou- 
jours un  cœur  endurci  ?  ^^  Vous  avez  des  yeux,  et  vous 
ne  voyez  pas  !  Vous  avez  des  oreilles,  et  vous  n'entendez 
point  !  N'avez-vous  donc  pas  de  mémoire  ?  ^'^  Lorsque 
j'ai  rompu  les  cinq  pains  pour  les  cinq  mille  hommes, 
combien  avez -vous  emporté  de  paniers  pleins  de  mor- 
ceaux ?  Ils  lui  répondirent  :  Douze.  ^^Et  lorsque  j'ai 
rompu  les  sept  pains  pour  les  quatre  mille  hommes, 
combien  avez -vous  emporté  de  corbeilles  pleines  de 
morceaux  ?  Ils  lui  répondirent  :  Sept.  ^  '  Puis  il  leur 
dit  :  N'avez- vous  pas  encore  compris  ? 

L'aveugle  de  Bethsaïda 

^^Ils  allèrent  ensuite  à  Bethsaïda.  On  amena  à 
Jésus  un  aveugle,  et  on  le  pria  de  le  toucher.  ^^  Alors 
il  prit  l'aveugle  par  la  main,  et,  l'ayant  conduit  hors 
du  village,  il  lui  mit  de  la  salive  sur  les  yeux,  lui  im- 
posa les  mains  et  lui  demanda  s'il  voyait  quelque  chose. 
^''L'aveugle,  ayant  regardé,  dit  :  J'aperçois  des  hom- 
mes qui  marchent,  pareils  à  des  arbres.  ^^  Ensuite  Jésus 
lui  mit  de  nouveau  les  mains  sur  les  yeux  ;  l'aveugle 
regarda;  il  fut  guéri,  et  il  voyait  tout  distinctement. 
^*^  Jésus  le  renvoya  dans  sa  maison  et  lui  dit  :  Ne  ren- 
tre pas  dans  le  village. 

Confession  de  Pierre 

(Yoy.  Matth.  16   :  13-28;   Luc  9   :  18-27.  —  Conip.  Jean  6   :  66-71) 

^"  Jésus,  étant  parti  de  là  avec  ses  disciples,  vint 
dans  les  villages  voisins  de  Césarée  de  Philippe.  Che- 
min faisant,  il  demanda  à  ses  disciples  :  Qui  dit-on, 
parmi  les  hommes,  que  je  suis  ?  ^^Ils  répondirent  :  Les 
uns  disent  :  Jean-Baptiste  ;  d'autres,  Élie;  et  d'autres, 
l'un  des  prophètes.  ^^  Il  leur  dit  :  Mais  vous,  qui  dites- 
vous  que  je  suis  ?  Pierre  lui  répondit:  Tu  es  le  Christ  ! 
^^^Et  Jésus  leur  défendit  sévèrement  de  dire  cela  de 
lui  à  personne. 

96 


SAINT   MARC  8  :  3  »  -9  :  o 

^' Alors  il  commença  à  leur  enseigner  qu'il  fallait 
que  le  Fils  de  l'homme  souffrît  beaucoup,  qu'il  fût 
rejeté  par  les  anciens,  par  les  principaux  sacrificateurs 
et  les  scribes,  C[u'il  fût  mis  à  mort,  et  qu'il  ressuscitât 
trois  jours  après.  ^"-11  leur  en  parlait  ouvertement. 
Pierre,  l'ayant  pris  à  part,  se  mit  à  lui  faire  des  remon- 
trances. "^'^Mais  Jésus,  se  retournant  et  regardant  ses 
disciples,  censura  Pien^e  et  lui  dit  :  Arrière  de  moi, 
Satan  ;  car  tes  pensées  ne  viennent  pas  de  Dieu.  Tu 
penses  comme  les  hommes. 

•^'Puis,  ayant  appelé  le  peuple  avec  ses  disciples, 
il  leur  dit  :  Si  quelqu'un  veut  venir  après  moi,  qu'il 
renonce  à  lui-même,  qu'il  se  charge  de  sa  croix  et  qu'il 
me  suive.  ^"'Car  celui  cjui  voudra  sauver  sa  vie  la  per- 
dra ;  mais  celui  qui  perdra  sa  vie  à  cause  de  moi  et 
de  l'Évangile,  la  sauvera.  -"''Et  que  servirait-il  à  un 
homme  de  gagner  le  monde  entier,  s'il  perdait  son 
âme  ?  ^'  Ou  bien,  que  donnerait  l'homme  en  échange  de 
son  âme  ?  (')  ^^Car  si  quelqu'un  a  honte  de  moi  et 
de  mes  paroles,  au  milieu  de  cette  génération  adultère 
et  pécheresse,  le  Fils  de  l'homme  aura  aussi  honte  de 
lui,  lorsqu'il  viendra  dans  la  gloire  de  son  Père  avec 
les  saints  anges. 

9  '  Il  leur  disait  aussi  :  En  vérité,  je  vous  le  dis,  quel- 
ques-uns de  ceux  qui  sont  ici  présents  ne  mourront 
pas,  avant  d'avoir  vu  le  règne  de  Dieu  venir  avec 
puissance. 

La  transfiguration 

(Voy.  :Matth.  17   :  1-13  :  Luc  9   :  28-36) 

-Six  jours  après,  Jésus  prit  avec  lui  Pierre,  Jacques 
et  Jean;  il  les  mena  seuls  à  l'écart  sur  une  haute  mon- 
tagne ;  et  il  fut  transfiguré  en  leur  présence.  ^Ses 
vêtements  devinrent  resplendissants  et  d'une  blan- 
cheur si  éblouissante,  qu'il  n'y  a  pas  de  foulon  sur  la 
terre  qui  puisse  blanchir  ainsi.  'Moïse  et  Élie  leur 
apparurent,  et  ils  s'entretenaient  avec  Jésus.  "^  Alors 
Pierre,  prenant  la  parole,  dit  à  Jésus  :  Maître,  il  est  bon 
pour  nous  d'être  ici;  dressons  trois  tentes,  une  pour  toi, 

(1)  Voir  note  sur  llatth.  16  :  26, 

97  ^ 


9  :  6-2 i  SAINT  MABC 

une  pour  Moïse,  et  une  pour  Élie.  ^  En  effet,  il  ne  savait 
pas  ce  qu'il  disait,  parce  qu'ils  étaient  effrayés.  "^  Puis 
il  vint  une  nuée  qui  les  couvrit  ;  et  on  entendit  une 
voix,  sortant  de  la  nuée,  qui  disait  :  Celui-ci  est  mon 
Eils  bien-aimé,  écoutez -le  !  ^Soudain,  les  disciples, 
ayant  regardé  autour  d'eux,  ne  virent  plus  personne 
que  Jésus,  qui  était  seul  avec  eux. 

^  Comme  ils  descendaient  de  la  montagne,  il  leur 
défendit  de  dire  à  personne  ce  qu'ils  avaient  vu, 
jusqu'à  ce  que  le  Fils  de  l'homme  fût  ressuscité  des 
morts.  ^^Ils  retinrent  donc  cette  parole  en  eux-mêmes, 
se  demandant  ce  que  c'était  que  ressusciter  des  morts. 
^  *  Et  ils  l'interrogèrent,  en^disant  :  Pourquoi  les  scribes 
disent -ils  qu'il  faut  qu'Elie  vienne^  premièrement  ? 
^^11  leur  répondit:  Il  est  vrai  qu'Élie  devait  venir 
premièrement  et  rétablir  toutes  choses.  Comment 
donc  est-il  écrit  au  sujet  du  Fils  de  l'homme  qu'il 
doit  souffrir  beaucoup  et  être  méprisé  ?  ^  ^  Or,  je  vous  le 
déclare,  Elie  est  déjà  venu,  et  ils  lui  ont  fait  tout  ce 
qu'ils  ont  voulu,  suivant  ce  qui  est  écrit  à  son  sujet. 

Le  démoniaque 

,       (Voy.  Matth.  17  :  14-21  ;  Luc  9   :  37-42) 

^'' Etant  venus  vers  les  autres  disciples,  ils  virent 
une  très  grande  foule  autour  d'eux,  et  des  scribes  qui 
discutaient  avec  eux.  '^Dès  que  toute  cette  foule  vit 
Jésus,  elle  fut  saisie  d'étonnement,  et  tous,  étant 
accourus,  le  saluaient.  ^^  Alors  il  leur  demanda  :  Sur 
quoi  discutez-vous  avec  eux  ?  ^^Un  homme  de  la 
foule  répondit  :  Maître,  je  t'ai  amené  mon  fils  ;  il  est 
possédé  d'un  esprit  muet,  ^^qui  l'agite  par  des  con- 
vulsions partout  où  il  le  saisit  ;  il  écume,  grince  des 
dents  et  devient  tout  raide.  J'ai  prié  tes  disciples  de 
chasser  cet  esprit,  mais  ils  n'ont  pas  pu  le  faire.  ^  '-^  Alors 
Jésus  leur  répondit  :  O  race  incrédule,  jusques  à  quand 
serai- je  avec  vous  ?  Jusques  à  quand  vous  supporte- 
rai-je  ?    Amenez -le-moi.    ^"Et   ils   le   lui   amenèrent. 

Dès  que  l'enfant  vit  Jésus,  l'esprit  l'agita  avec  vio- 
lence ;  il  tomba  par  terre,  et  il  se  roulait  en  écumant. 
^' Jésus  demanda  au  père  :  Combien  y  a-t-il  de  temps 

98 


SAIKT    MARC  9  :  22-35 

que  cela  lui  arrive  ?  Le  père  dit  :  Depuis  son  enfance. 
2^ L'esprit  l'a  souvent  jeté  dans  le  feu  et  dans  l'eau, 
pour  le  faire  périr  ;  mais  si  tu  y  peux  quelque  chose, 
aide-nous  et  aie  compassion  de  nous  ?  ^^  Jésus  lui 
répondit  :  Si  tu  peux  ?...  me  dis-tu.  Toutes  choses  sont 
possibles  pour  celui  qui  croit.  ^''Aussitôt  le  père  de 
l'enfant  s'écria  :  Je  crois  ;  aide-moi  dans  mon  incré- 
dulité !  ^'^  Quand  Jésus  vit  que  le  peuple  accourait 
en  foule,  il  reprit  sévèrement  l'esprit  impur  et  lui  dit  : 
Esprit  muet  et  sourd,  je  te  le  commande,  sors  de  cet 
enfant  et  n'y  rentre  plus.  ^^  Alors  l'esprit  sortit,  en 
jetant  un  grand  cri  et  en  l'agitant  avec  violence  ; 
et  l'enfant  devint  comme  mort,  de  sorte  que  plusieurs 
disaient  :  Il  est  mort.  ^'Mais  Jésus,  l'ayant  pris  par 
la  main,  le  releva  ;  et  il  se  tint  debout. 

^^  Lorsque  Jésus  fut  entré  dans  une  maison,  ses 
disciples  lui  demandèrent  en  particulier  :  Pourquoi 
n'avons-nous  pas  pu  chasser  ce  démon  ?  ^^Et  il  leur 
répondit  :  Rien,  si  ce  n'est  la  prière,  ne  peut  faire  sortir 
cette  espèce  de  démons. 

Jésus  "prédit  sa  mort  et  sa  résurrection 

(Voy.  Matth.  17   :  22-23;  Luc  9   :  43-45) 

^'^  Etant  partis  de  là,  ils  traversèrent  la  Galilée  ;  et 
Jésus  ne  voulait  pas  que  personne  le  sût.  -^  '  En  effet, 
il  instruisait  ses  disciples,  et  il  leur  disait  :  Le  Fils  de 
l'homme  va  être  livré  entre  les  mains  des  hommes, 
et  ils  le  feront  mourir  ;  et  trois  jours  après  avoir  été 
mis  à  mort,  il  ressuscitera.  -^-Mais  eux  ne  comprenaient 
point  cette  parole,  et  ils  craignaient  de  l'interroger. 

La  vraie  grandeur.  —  Les  scandales.  —  Le  sel 

(Voy.  Matth.  18  :  1-14  ;  20   :  26-27  ;  5   :  13-14  ;  Luc  9   :  46-50  ; 
14  :  34-35) 

^^Ils  vinrent  à  Capernaiim;  et  quand  ils  furent  dans 
la  maison,  Jésus  leur  demanda  :  De  quoi  parliez-vous  en 
chemin  ?  ^-^  Mais  ils  gardaient  le  silence  ;  car  ils  avaient 
discuté  en  chemin  pour  savoir  qui  d'entre  eux  était 
le  plus  grand.  ^^S'étant  alors  assis,  il  appela  les  Douze 
et  leur  dit  :  Si  quelqu'un  veut  être  le  premier,  qu'il 

00 


9  :  36-51  SAINT   MARO 

soit  le  dernier  de  tous  et  le  serviteur  de  tous.  ^^Puis,  il 
prit  un  petit  enfant  et  le  mit  au  milieu  d'eux  ;  et,  le 
tenant  entre  ses  bras,  il  leur  dit  :  ^"^  Celui  qui  reçoit  un 
de  ces  petits  enfants  en  mon  nom,  me  reçoit  :  et  celui 
qui  me  reçoit,  ce  n'est  pas  moi  qu'il  reçoit,  mais  Celui 
qui  m'a  envoyé. 

^^  Jean  lui  dit  :  Maître,  nous  avons  vu  quelqu'un 
qui  chassait  les  démons  en  ton  nom,  et  nous  l'en  avons 
empêché,  parce  qu'il  ne  nous  suit  pas.  ^^  Jésus  répon- 
dit :  Ne  l'en  empêchez  point;  car  il  n'y  a  personne  qui, 
faisant  un  miracle  en  mon  nom,  puisse  en  même  temps 
parler  mal  de  moi.  '''^  Celui  qui  n'est  pas  contre  nous 
est  pour  nous.  ^'  '  Et  quiconque  vous  donnera  un  verre 
d'eau  en  mon  nom,  parce  que  vous  appartenez  à  Christ, 
en  vérité,  je  vous  le  dis,  il  ne  perdra  pas  sa  récompense. 
''^Mais  si  quelqu'un  fait  tomber  dans  le  péché  (')  l'un 
de  ces  petits  qui  croient,  mieux  vaudrait  pour  lui 
qu'on  lui  mît  au  cou  une  grosse  meule  de  moulin,  et 
qu'on  le  jetât  dans  la  mer  ! 

^•^Si  ta  main  te  fait  tomber  dans  le  péché,  coupe-la  ; 
il  vaut  mieux  pour  toi  que  tu  entres  manchot  dans  la 
vie,  que  d'avoir  tes  deux  mains  et  d'aller  dans  la 
géhenne,  dans  le  feu  qui  ne  s'éteint  point,  [''''là  où 
leur  ver  ne  meurt  point,  et  où  le  feu  ne  s'éteint 
point.]  (").  '^Et  si  ton  pied  te  fait  tomber  dans  le 
péché,  coupe-le  ;  il  vaut  mieux  pour  toi  que  tu  entres 
boiteux  dans  la  vie,  que  d'avoir  tes  deux  pieds  et  d'être 
jeté  dans  la  géhenne,  [  ''*^'là  où  leur  ver  ne  meurt  point, 
et  où  le  feu  ne  s'éteint  point]  (&).  "^Et  si  ton  œil  te 
fait  tomber  dans  le  péché,  arrache-le  ;  il  vaut  mieux 
pour  toi  que  tu  entres  dans  le  royaume  de  Dieu,  n'ayant 
qu'un  œil,  que  d'avoir  deux  yeux  et  d'être  jeté  dans 
la  géhenne,  ^^  «  là  où  leur  ver  ne  meurt  point,  et  où  le 
feu  ne  s'éteint  point  (-).  »  ''^  Car  chacun  sera  salé  de  feu. 

^'^ C'est  une  bonne  chose  que  le  sel;  mais  si  le  sel 
perd  sa  saveur,  avec  quoi  la  lui  rendrez-vous  ?  ^^  Ayez 
du  sel  en  vous-mêmes,  et  vivez  en  paix  entre  vous. 

[a]  Le  verset  entre  crochets  mauque  dans  plusieurs  anciens  manuscrits, 
(6)  Le  verset  entre  crochets  manque  dans  plusieurs  anciens  manuscrits. 

(1)  Litt.   :  scandalise.  Voir  note  sur  Matth.  16  :  23. 

(2)  Voy.  Ésaïe  66  :  24. 

100 


SAINT   MARO  10  :  1-^5 

Ministère  de  Jésus  en  Judée  et  à  Jérusalem 
(10  :  1  à  13  :  37) 

Le  divorce 

(Voy.  Matth.  19  :  1-12) 

i  0  ^  Jésus,  étant  parti  de  là,  passa  sur  le  territoire 
de  la  Judée,  au  delà  du  Jourdain.  La  foule  s'assembla 
encore  auprès  de  lui,  et,  selon  sa  coutume,  il  se  mit  à 
l'instruire.  ^  Alors  les  pharisiens  s'approchèrent  et 
lui  demandèrent,  pour  le  mettre  à  l'épreuve  :  Est-il 
permis  à  un  homme  de  répudier  sa  femme  ?  ^11  leur 
répondit  :  Qu'est-ce  que  Moïse  vous  a  commandé  ? 
^  Ils  lui  dirent  :  Moïse  a  permis  d'écrire  une  lettre  de 
divorce  et  de  répudier  sa  femme  (').  ^ Jésus  leur 
répondit  :  C'est  à  cause  de  la  dureté  de  votre  cœur 
qu'il  vous  a  donné  ce  commandement.  ^Mais  au  com- 
mencement de  la  création,  Dieu  fit  un  homme  et  une 
femme.  «  "^  C'est  pourquoi,  l'homme  quittera  son  père 
et  sa  mère  et  s'attachera  à  sa  femme  ;  ^et  les  deux 
ne  feront  qu'une  seule  chah'  {^)'.  »  Ainsi  ils  ne  sont 
plus  deux,  mais  une  seule  chair.  ^Que  l'homme  ne 
sépare  donc  pas  ce  que  Dieu  a  uni. 

^^  Lorsqu'ils  furent  dans  la  maison,  les  disciples 
l'interrogèrent  encore  sur  ce  sujet;  ^'et  il  leur  dit: 
Quiconque  répudie  sa  femme  pour  en  épouser  une 
autre,  commet  un  adultère  envers  elle  ;  '  -  et  si  une 
femme  qui  a  quitté  son  mari  en  épouse  un  autre,  elle 
commet  un  adultère. 

Les  enfants 

(Voy.  Matth.  19   :  13-15  ;  Luc  18   :  15-17) 

^^On  lui  présenta  des  petits  enfants,  afin  qu'il  les 
touchât  ;  mais  les  disciples  reprenaient  ceux  qui  les 
présentaient.  ^^  Jésus,  voyant  cela,  en  fut  indigné,  et 
il  leur  dit  :  Laissez  venir  à  moi  les  petits  enfants,  et 
ne  les  en  empêchez  point  ;  car  le  royaume  de  Dieu  est 
pour  ceux  qui  leur  ressemblent.  '•'En  vérité,  je  vous 
le  dis,  quiconque  ne  recevra  pas  le  royaume  de  Dieu 

(1)  Voy.  Deut.  24  :  1.  —  (2)  Genèse  3  :  24. 
101 


10  î  "16-30  SAINT   MABO 

comme  un  petit  enfant,  n'y  entrera  point.  ^^Et,  les 
ayant  pris  entre  ses  bras,  il  leur  imposa  les  mains  et 
les  bénit. 

Le  jeune  homme  riche 

(Voy.  Matth.  19  :  16-30  ;  Luc  18  :  18-30) 

'^  Comme  il  sortait  pour  se  mettre  en  route,  un 
homme  accourut  ;  et,  se  jetant  à  genoux  devant  lui, 
il  lui  demanda  :  Mon  bon  Maître,  que  dois-je  faire  pour 
hériter  de  la  vie  éternelle  ?  ^^  Jésus  lui  répondit  :  Pour- 
quoi m'appelles-tu  bon  ?  Un  seul  est  bon,  c'est 
Dieu.  ^  ^Tu  connais  les  commandements  :  «  Ne  commets 
point  d'adultère  ;  ne  tue  pas  ;  ne  dérobe  point  ;  ne  dis 
pas  de  faux  témoignage  ;  ne  fais  tort  k  personne  ; 
honore  ton  père  et  ta  mère  (').  »  -^'L'homme  répondit  : 
Maître,  j'ai  observé  toutes  ces  choses  dès  ma  jeunesse. 
^' Jésus,  l'ayant  regardé,  l'aima,  et  lui  dit  :  Il  te  man- 
que une  chose.  Va,  vends  tout  ce  que  tu  as,  donne-le 
aux  pauvres,  et  tu  auras  un  trésor  dans  le  ciel  ;  puis, 
viens  et  suis-moi.  ^^Mais  cet  homme  fut  affligé  de  cette 
parole,  et  il  s'en  alla  tout  triste,  car  il  avait  de  grands 
biens. 

-•^ Alors  Jésus,  regardant  autour  de  lui,  dit  à  ses 
disciples  :  Qu'il  est  difficile  à  ceux  qui  ont  des  richesses 
d'entrer  dans  le  royaume  de  Dieu  !  ^''Ses  disciples 
furent  étonnés  de  ces  paroles.  Mais  Jésus,  reprenant, 
leur  dit  :  Mes  enfants,  qu'il  est  difficile  à  ceux  qui  se 
confient  dans  les  richesses  d'entrer  dans  le  royaume 
de  Dieu  !  -"'Il  est  plus  aisé  qu'un  chameau  passe  par 
le  trou  de  l'aiguille,  qu'il  ne  l'est  à  un  riche  d'entrer 
dans  le  royaume  de  Dieu.  ^''Ils  furent  encore  plus 
étonnés,  et  ils  se  disaient  l'un  à  l'autre  :  Et  qui  peut 
donc  être  sauvé  ?  ^^  Jésus,  les  regardant,  leur  dit  : 
Cela  est  impossible  aux  hommes,  mais  non  pas  à  Dieu  ; 
car  toutes  choses  sont  possibles  à  Dieu. 

^^ Pierre  se  mit  à  lui  dire:  Voici  que  nous  avons  tout 
quitté,  et  nous  t'avons  suivi.  ^^  Jésus  répondit  :  En 
vérité,  je  vous  le  dis,  de  tous  ceux  qui  ont  quitté  mai- 
son, ou  frères,  ou  sœurs,  ou  père,  ou  mère,  ou  enfants, 
ou  champs,  à  cause  de  moi  et  de  l'Evangile,  ^'^il  n'y 

(1)  Exode  30  :  12-17. 

102 


SAINT   MABO  10  :  3^-42 

en  a  pas  un  qui  ne  reçoive  maintenant,  dès  le  temps 
présent,  cent  fois  davantage,  des  maisons,  des  frères, 
des  sœurs,  des  mères,  des  enfants,  et  des  champs,  — 
avec  des  persécutions,  —  et  dans  le  siècle  à  venir  la 
vie  éternelle.  ^'Mais  plusieurs  des  premiers  seront  les 
derniers,  et  plusieurs  des  derniers  seront  les  premiers. 

Jésus  prédit  sa  Passion 

(Voy.  Matth.  20  :  17-19  ;  Luc  18  :  31-34) 

3211s  étaient  en  chemin  pour  monter  à  Jérusalem, 
et  Jésus  marchait  en  avant  ;  les  disciples  étaient  saisis 
d' effroi,  et  la  crainte  s'était  emparée  de  ceux  qui  le 
suivaient.  Prenant  encore  avec  lui  les  Douze,  il  se  mit 
à  leur  dire  ce  qui  devait  lui  arriver  :  ^^  Voici  que  nous 
montons  à  Jérusalem,  et  le  Fils  de  l'homme  sera  livré 
aux  principaux  sacrificateurs  et  aux  scribes  ;  ils  le 
condamneront  à  mort,  et  le  livreront  aux  Gentils. 
3 ''On  se  moquera  de  M,  on  crachera  sur  lui,  on  le 
battra  de  verges,  et  on  le  fera  mourir  ;  et  trois  jours 
après,  il  ressuscitera. 

Les  fils  de  Zébédée 

(Voy.  Matth.  20  :  20-28  ;  Luc  22   :  25-26) 

^•^  Alors  Jacques  et  Jean,  les  fils  de  Zébédée,  s'ap- 
prochèrent de  lui  et  lui  dirent  :  Maître,  nous  voudrions 
que  tu  fisses  pour  nous  ce  que  nous  te  demanderons. 
^''11  leur  demanda  :  Que  voulez-vous  que  je  fasse  pour 
vous  ?  ^^Ils  lui  répondirent  :  Accorde-nous  d'être  assis, 
dans  ta  gloire,  l'un  à  ta  droite,  l'autre  à  ta  gauche. 
•^^Mais  Jésus  leur  dit  :  Vous  ne  savez  ce  que  vous 
demandez.  Pouvez -vous  boire  la  coupe  que  je  bois,  et 
être  baptisés  du  baptême  dont  je  suis  baptisé  ?  '^''  Ils  lui 
répondirent  :  Nous  le  pouvons.  Jésus  leur  dit  :  Vous 
boirez  la  cjoupe  que  je  bois,  et  vous  serez  baptisés  du 
baptême  dont  je  suis  baptisé  ;  ''"mais,  quant  à  être 
assis  à  ma  droite  ou  à  ma  gauche,  il  ne  m'appartient 
pas  de  l'accorder  :  c'est  pour  ceux  à  qui  cela  est 
réservé. 

''  '  Les  dix  autres,  qui  avaient  entendu  cette  de- 
mande, en  furent  indignés  contre  Jacques  et  Jean. 
''2  Mais  Jésus,  les  ayant  appelés,  leur  dit  :  Vous  savez 

103 


10  :  43-11  :  4  SAINT   MARC 

que  ceux  qui  sont  regardés  comme  les  chefs  des  na- 
tions les  asservissent,  et  que  les  grands  les  tiennent 
sous  leur  puissance.  '''"^11  n'en  est  pas  ainsi  parmi  vous  ; 
au  contraire,  celui  qui  voudra  être  grand  parmi  vous, 
sera  votre  serviteur  ;  ''  ■  et  celui  d'entre  vous  qui  voudra 
être  le  premier,  sera  l'esclave  de  tous.  ^"^Car  le  Fils  de 
l'homme  est  venu,  non  pour  être  servi,  mais  pour  servir, 
et  donner  sa  vie  pour  la  rançon  de  plusieurs.  (') 

L'aveugle  de  Jérico 

(Voy.  Matth.  20  :  29-34  ;  Luc  18  :  35-43) 

''•^Ensuite  ils  arrivèrent  à  Jérico.  Comme  Jésus  en  re- 
partait avec  ses  disciples  et  une  grande  foule,  un  men- 
diant aveugle,  Bartimée,  le  fils  de  Timée,  était  assis 
au  bord  du  chemin.  ''"Ayant  entendu  dire  que  c'était 
Jésus  de  Nazareth,  il  se  mit  à  crier  et  à  dire  :  Fils  de 
David,  Jésus,  aie  pitié  de  moi  !  ''^Plusieurs  le  repre- 
naient, pour  le  faire  taire  ;  mais  il  criait  encore  plus 
fort  :  Fils  de  David,  aie  pitié  de  moi  !  ^^  Jésus,  s'étant 
arrêté,  dit  :  Appelez-le.  Ils  appelèrent  l'aveugle,  en 
lui  disant  :  Prends  courage,  lève-toi,  il  t'appelle. 
^^'Et  jetant  son  manteau,  il  s'élança  et  vint  vers  Jésus. 
^  '  Alors  Jésus,  prenant  la  parole,  lui  dit  :  Que  veux-tu 
que  je  fasse  ?  L'aveugle  lui  répondit  :  Maître,  que  je 
recouvre  la  vue  !  ^^  Jésus  lui  dit  :  Va,  ta  foi  t'a  guéri. 
^^  Aussitôt  l'aveugle  recouvra  la  vue  ;  et  il  suivait 
Jésus  dans  le  chemin. 

L'entrée  à  Jérusalem 

(Voy.  Matth.  21   :  1-11  ;  Luc  19  :  29-44  ;  Jean  12  :   12-19) 

I  I  ^  Comme  ils  approchaient  de  Jérusalem,  et  qu'ils 
étaient  près  de  Bethphagé  et  de  Béthanie,  vers  la  mon- 
tagne des  Oliviers,  Jésus  envoya  deux  de  ses  disciples  ; 
-  et  il  leur  dit  :  Allez  à  la  bourgade  qui  est  devant  vous. 
Dès  que  vous  y  serez  entrés,  vous  trouverez  un  ânon 
attaché,  sur  lequel  personne  n'est  encore  monté  ; 
détachez-le,  et  amenez -le  moi.  ^Si  quelqu'un  vous  dit  : 
Pourquoi  faites-vous  cela  ?  —  Vous  répondrez  :  Le  Sei- 
gneur en  a  besoin.  Et  aussitôt  il  l'enverra  ici.  ^Ils  s'en 
allèrent,  et  ils  trouvèrent  F  ânon  attaché  dehors  devant 

(1)  Litt  :  à  la  pluce  de  pliisieurs,  —  Comp.  Matth,  30  :  28. 
104 


SAINT   MARC  11  :  5-18 

une  porte,  au  tournant  du  chemin  ;  et  ils  le  détachèrent. 
^,Quelques-uns  de  ceux  qui  étaient  là  leur  dirent  : 
Pourquoi  détachez-vous  cet  ânon  ?  ^Ils  leur  répon- 
dirent comme  Jésus  le  leur  avait  commandé;  et  on 
les  laissa  aller. 

^Ils  amenèrent  à  Jésus  l'ânon,  sur  lequel  ils  mirent 
leurs  vêtements  ;  et  Jésus  monta  dessus.  ^Plusieurs 
étendirent  leurs  vêtements  sur  le  chemin,  d'autres 
des  branches  d'arbres  coupées  dans  les  champs.  ^Et 
ceux  qui  marchaient  devant,  comme  ceux  qui  suivaient, 
criaient  :  Hosanna  !  (  '  )  Béni  soit  celui  qui  vient  au 
nom  du  Seigneur  !  ^  "  Béni  soit  le  règne  qui  vient,  le 
règne  de  David,  notre  père  ?  Hosanna  au  plus  haut 
des  cieux  ! 

Le  figuier  séché.   —  La  purification  du  temple 

(Voy.  Matth.  21   :  12-22  ;  Luc  19  :  45-48.  —  Oomp.  Jean  2   :  13-22) 

^^  Jésus  entra  dans  Jérusalem,  et  il  se  rendit  au  tem- 
ple ;  puis,  ayant  porté  ses  regards  sur  tout  ce  qui  l'en- 
tourait, comme  il  était  déjà  tard,  il  sortit  pour  aller 
à  Béthanie  avec  les  Douze. 

^^Le  lendemain,  quand  ils  eurent  quitté  Béthanie, 
il  eut  faim.  ^^  Apercevant  de  loin  un  figuier  qui  avait 
des  feuilles,  il  alla  voir  s'il  y  trouverait  du  fruit  ; 
mais,  s'en  étant  approché,  il  n'y  trouva  que  des  feuilles  ; 
car  ce  n'était  pas  la  saison  des  figues.  ^"^  Alors,  prenant 
la  parole,  il  dit  au  figuier  :  Que  jamais  personne  ne 
mange  de  ton  fruit  !  Et  ses  disciples  l'entendirent. 

^^Puis  ils  vinrent  à  Jérusalem.  Jésus,  étant  entré 
dans  le  temple,  se  mit  à  chasser  ceux  qui  vendaient 
et  qui  achetaient  dans  le  temple,  et  il  renversa  les 
tables  des  changeurs  et  les  sièges  de  ceux  qui  vendaient 
les  pigeons.  ^^11  ne  permettait  à  personne  de  porter 
aucun  objet  à  travers  le  temple.  ^^Et  il  les  enseignait, 
en  disant  :  N'est-il  pas  écrit  :  «  Ma  maison  sera  appelée 
une  maison  de  prière  pour  toutes  les  nations  (")  ?  » 
Mais  vous,  vous  en  avez  fait  une  caverne  de  voleurs. 
^^Les  principaux  sacrificateurs  et  les  scribes,  l'ayant 
entendu,  cherchaient  les  moyens  de  le  faire  périr  ; 

(1)  Voyez  note  sur  Matth.  31  :  9. 

(2)  Ésaïe  56  :  7.  —  Voy.  aussi  Jérémie  7  ;  11. 

105 


11:49-33  SAINT    MARO 

car  ils  le  craignaient,  parce  que  toute  la  foule  était 
frappée  de  son  enseignement. 

^  ^  Quand  le  soir  fut  venu,  ils  sortirent  de  la  ville. 

^•^Le  lendemain  matin,  comme  ils  passaient,  ils 
virent  le  figuier  séché  jusqu'aux  racines.  ^  '  Alors  Pierre, 
se  souvenant  de  ce  qui  s'était  passé,  lui  dit  :  Maître, 
vois!  Le  figuier  que  tu  as  maudit  a  séché.  ^^  Jésus,  pre- 
nant la  parole,  leur  dit  :  Ayez  foi  en  Dieu.  ^^En  vé- 
rité, je  vous  le  déclare,  quiconque  dira  à  cette  mon- 
tagne :  Soulève-toi  et  jette-toi  dans  la  mer,  —  s'il  ne 
doute  pas  dans  son  cœur,  mais  s'il  croit  que  ce  qu'il 
dit  s'accomplira,  cela  lui  sera  accordé.  ^^  C'est  pourquoi 
je  vous  le  déclare  :  Tout  ce  que  vous  demanderez  en 
priant,  croyez  que  vous  l'avez  obtenu,  et  cela  vous 
sera  accordé.  ^-'Et  quand  vous  vous  levez  pour  prier, 
si  vous  avez  quelque  chose  contre  quelqu'un,  par- 
donnez, afin  que  votre  Père,  qui  est  dans  les  cieux, 
vous  pardonne  aussi  vos  fautes. 

[^^Mais  si  vous  ne  pardonnez  pas,  votre  Père,  qui 
est  dans  les  cieux,  ne  vous  pardonnera  pas  non  plus 
vos  fautes.]  («) 

La  question  d'' autorité 

(Voy.  Matth.  21  :  23-27  ;  Luc  20  :  1-8) 

2"^  Ils  revinrent  à  Jérusalem.  Comme  il  allait  et 
venait  dans  le  temple,  les  principaux  sacrificateurs, 
les  scribes  et  les  anciens  s'approchèrent  de  lui,  ^^et 
lui  dirent  :  Par  quelle  autorité  fais -tu  ces  choses  ? 
ou  qui  t'a  donné  l'autorité  de  les  faire  ?  '^'^  Jésus  leur 
dit  :  Je  vous  poserai,  moi  aussi,  une  question  ;  répon- 
dez-moi, et  je  vous  dirai  par  quelle  autorité  je  fais  ces 
choses.  -^^Le  baptême  de  Jean  venait-il  du  ciel,  ou  des 
hommes  ?  Répondez-moi.  ^*0r,  ils  raisonnaient  ainsi 
entre  eux  :  Si  nous  disons  :  Du  ciel,  il  dira  :  Pourquoi 
donc  n'avez-vous  pas  cru  à  sa  parole  ?  ^^  Si  nous  disons 
au  contraire  :  Des  hommes. . .  ?  —nous  avons  à  craindre  le 
peuple.  En  effet,  tous  croyaient  que  Jean  était  vérita- 
blement un  prophète.  ^^Ils  répondirent  donc  à  Jésus  : 
Nous  ne  savons.  Alors  Jésus  leur  dit  :  Et  moi  non  plus,  je 
ne  vous  dirai  point  par  quelle  autorité  je  fais  ces  choses. 

\a)  Oe  passage  entre  crochets  manque  dans  plusieurs  anciens  manuscrits. 
106 


SAINT   MABO  12  :   f-U 

La  parabole  des  vignerons 

(Voy.  Matth.  21  :  33-46  ;  Luo  20  ;  9-19) 

I  2  ^  Jésus  se  mit  à  leur  parler  en  paraboles  :  Un 
homme  planta  une  vigne,  il  l'environna  d'une  haie, 
y  creusa  un  pressoir,  et  il  y  bâtit  une  tour  ;  puis,  il  la 
loua  à  des  vignerons  et  quitta  le  pays.  ^  Quand  la 
saison  fut  venue,  il  envoya  un  serviteur  auprès  des 
vignerons,  pour  recevoir  de  leurs  mains  une  part  des 
fruits  de  la  vigne.  ^Mais,  l'ayant  saisi,  ils  le  battirent 
et  le  renvoyèrent  à  vide.  -^11  leur  envoj^a  encore 
un  autre  serviteur  ;  mais  ils  le  frappèrent  à^  la  tête  et 
l'outragèrent.  ^11  en  envoya  un  autre,  qu'ils  tuè- 
rent ;  et  plusieurs  autres,  dont  ils  battirent  les  uns 
et  tuèrent  les  autres.  *^I1  avait  encore  un  fils  unique  et 
bien-aimé  ;  il  le  leur  envoya  le  dernier,  en  disant  : 
Ils  respecteront  mon  fils  !  ''Mais  ces  vignerons  se  di- 
rent entre  eux  :  C'est  l'héritier  ;  allons,  tuons -le,  et 
l'héritage  sera  à  nous.  ^Et,  l'ayant  saisi,  ils  le  tuèrent 
et  le  jetèrent  hors  de  la  vigne.  ^Que  fera  donc  le 
propriétaire  de  la  vigne  ?  Il  viendra  et  fera  périr  ces 
vignerons,  et  il  donnera  la  vigne  à  d'autres.  ''^^N'avez- 
vous  point  lu  cette  parole  de  l'Écriture  :  «  La  pierre 
rejetée  par  ceux  qui  bâtissaient,  est  devenue  la  pierre 
de  l'angle  ;  ''^  c'est  l'ouvrage  du  Seigneur,  et  c'est  une 
merveille  devant  nos  yeux...  ('  )  »?  ^- Alors  ils  cherchè- 
rent à  se  saisir  de  lui,  car  ils  comprirent  bien  que 
c'était  pour  eux  qu'il  avait  dit  cette  parabole  ;  mais 

Is  craignirent  le  peuple.  Et  le  laissant,  Us  s'en  allèrent. 

Dieu  et  César 

(Voy.  Matth.  22  :  15-22  ;  Luc  20  ;  20-26) 

^^  Ensuite,  ils  lui  envoyèrent  quelques-uns  des 
pharisiens  et  des  hérodiens  (-),  pour  le  surprendre 
dans  ses  paroles.  '  'Ceux-ci  vinrent  donc  et  lui  dirent  : 
Maître,  nous  savons  que  tu  es  véridique  et  que  tu  ne 
t'inquiètes  de  personne  ;  car  tu  ne  regardes  pas  à 
l'apparence  des  hommes,  mais  tu  enseignes  la  voie  de 
Dieu  en  toute  vérité.  Est-il  permis  de  payer  l'impôt 


(1)  Psaume  118  :  22-23. 

(2)  Voir  note  sur  Matth.  3â  :  16. 


107 


12  :  15-28  SAINT    MARC 

à  César,  ou  non  ?  Payerons-nous,  ou  ne  payerons-nous 
pas  ?  ^-^Mais  lui,  connaissant  leur  hypocrisie,  leur 
répondit  :  Pourquoi  voulez -vous  me  tenter  ?  Apportez - 
moi  un  denier,  que  je  le  voie.  ^^Et  ils  lui  en  appor- 
tèrent un.  Alors  il  leur  dit  :  Cette  effigie  et  cette  ins- 
cription de  qui  sont-elles  ?  Ils  lui  répondirent  :  De 
César.  '  ^  Jésus  leur  dit  :  Rendez  à  César  ce  qui  est  à 
César,  et  à  Dieu  ce  qui  est  à  Dieu.  Et  ils  étaient  dans 
l'étonnement  à  son  sujet. 

De  la  résurrection 

(Yoy.  Matth.  22  :  23-33  ;  Luc  20   :  27-40) 

^^Les  sadducéens,  qui  disent  qu'il  n'y  a  point  de  ré- 
surrection, s'approchèrent  de  lui,  et  ils  lui  posèrent 
cette  question  :  ^  "^  Maître,  Moïse  nous  a  donné  cette  loi  : 
«  Si  un  homme  a  un  frère  qui  vienne  à  mourir,  laissant 
une  femme  sans  enfants,  il  épousera  la  veuve  et  sus- 
citera une  postérité  à  son  frère  (^).  »  -^Or,  il  y  avait 
sept  frères.  Le  premier  épousa  une  femme,  et  mourut 
sans  laisser  d'enfants.  ^'Le  second  épousa  la  veuve, 
et  mourut  sans  laisser  d'enfants  ;  le  troisième,  de  même. 
2- Et  aucun  des  sept  n'a  laissé  d'enfants.  Après  eux 
tous,  la  femme  mourut  aussi.  ^^Lors  de  la  résurrec- 
tion, duquel  d'entre  eux  sera-t-elle  la  femme,  puisque 
tous  les  sept  l'ont  eue  pour  femme?  ^^ Jésus  leur 
répondit  :  N'êtes-vous  pas^  da.ns  l'erreur,  parce  que 
vous  ne  comprenez  pas  les  Écritures,  ni  la  puissance  de 
Dieu  ?  -''En  effet,  à  la  résurrection  des  mxorts,  on  ne  se 
marie  pas,  et  l'on  n'est  pas  donné  en  mariage  ;  mais 
les  ressuscites  sont  comme  des  anges  dans  les  cieux. 
^•^  Quant  aux  morts  et  à  leur  résurrection,  n'avez-vous 
pas  lu,  dans  le  livre  de  Moïse,  ce  que  Dieu  lui  a  dit 
auprès  du  buisson  :  «  Je  suis  le  Dieu  d'Abraham,  le 
Dieu  d'Isaac,  et  le  Dieu  de  Jacob  (-)  d  ?  ^^11  n'est 
pas  le  Dieu  des  morts,  mais  des  vivants  !,..  Vous  êtes 
dans  une  grande  erreur. 

Le  sommaire  de  la  loi 

(Yoy.  Matth.  22   :  34-40  ;   Luc  10   :  25-27) 

^^  Alors    un    des    scribes,    qui    les    avait    entendus 

(1)  Deut.  2.5  :  5.  —  (2)  Exode  3:6. 
108 


SATÎnT    marc  12  :  29-39 

discuter  ensemble,  sachant  qu'il  leur  avait  bien 
répondu,  s'approcha  et  lui  demanda  :  Quel  est  le  pre- 
mier de  tous  les  commandements?  -^ Jésus  répondit  : 
Voici  le  premier  :  «  Ecoute,  Israël,  le  Seigneur,  notre 
Dieu,  est  le  seul  Seigneur.  --^Tu  aimeras  le  Seigneur, 
ton  Dieu,  de  tout  ton  cœur,  de  toute  ton  âme,  de  toute 
ta  pensée,  et  de  toute  ta  force.  »  {")  '■'  '  Et  voici  le  second: 
«Tu  aimeras  ton  prochain  comme  toi-même  (^).  » 
Il  n'y  a  point  d'autre  commandement  j)lus  grand  que 
ceux-là.  -^-Le  scribe  lui  répondit  :  Maître,  tu  as  bien  dit, 
et  avec  vérité,  qu'il  n'y  a  qu'un  seul  Dieu,  et  qu'il 
n'y  en  a  point  d'autre  que  lui;  ^"'^que  l'aimer  de 
tout  son  cœur,  de  toute  son  intelligence,  et  de  toute  sa 
force,  et  aimer  son  prochain  comme  soi-même,  c'est 
plus  que  tous  les  holocaustes  et  que  tous  les  sacrifices. 
^^  Jésus,  voyant  qu'il  avait  répondu  en  homme  intel- 
ligent, lui  dit  :  Tu  n'es  pas  loin  du  royaume  de  Dieu  ! 
Et  personne  n'osait  plus  l'interroger. 

Le  Christ,  fils  de  David 

(Voy.  Matth.  22   :  41-46  ;  Luc  20  :  41-44) 

^■' Alors  Jésus,  enseignant  dans  le  temple,  prit  la 
parole  en  ces  termes  :  Comment  les  scribes  disent-ils 
que  le  Christ  est  fils  de  David  ?  "^  David  lui-même  a 
déclaré  par  le  Saint  Esprit  :  «  Le  Seigneur  a  dit  à  mon 
Seigneur  :  Assieds-toi  à  ma  droite,  jusqu'à  ce  que  j'aie 
fait  de  tes  ennemis  ton  marchepied  (-).  ))  ^^ Puisque 
David  lui-même  l'appelle  Seigneur,  comment  est-il  son 
fils  ?  Et  une  grande  foule  prenait  plaisir  à  l'écouter. 

Paroles  contre  les  scribes 

(Voy.  Matth.  23   :  1-39  ;  Luc  20   :  45-47) 

•"^^II  leur  disait  aussi  dans  son  enseignement  : 
Gardez-vous  des  scribes  qui  aiment  à  se  promener 
en  robes  longues,  à  être  salués  dans  les  places  publi- 
ques,  "'^et  qui  veulent  les  premiers  sièges  dans  les 

(a)  Plus.  anc.  innn.  ont  :   Voilà  le  premier  commandement  ;  et  voici  le  second 
qui  lui  est  semblable...  (Voy.  Matth.   S3  :  38-39.) 

(1)  Deut.  G  :  4-5  ;  Lévit.  19  :  18. 

(2)  Psaume  110  :  1. 

109 


12  :  40-13  :  7  SAINT  MARC  / 

synagogues  et  les  premières  places  dans  les  festms.-  / 
''"Ces  gens-là  dévorent  les  maisons  des  veuves,  en  affec- 
tant de  faire  de  longues  prières  :  ils  subiront  une  con- 
damnation d'autant  plus  rigoureuse  ! 

Uoffrande  de  la  veuve 

(Voy.  Luc  21  :  1-4) 

'''^  Jésus,  étant  assis  vis-à-vis  du  tronc,  regardait 
comment  la  foule  y  mettait  de  l'argent.  ''^Plusieurs 
riches  donnèrent  beaucoup  ;  une  pauvre  veuve  vint, 
et  y  mit  deux  pites  ('),  qui  font  le  quart  d'un  sou  {^). 
''*•*  Alors,  ayant  appelé  ses  disciples,  il  leur  dit  :  En 
vérité,  je  vous  le  dis,  cette  pauvre  veuve  a  plus  mis 
dans  le  tronc  que  tous  ceux  qui  y  ont  mis.  '''Car  tous 
les  autres  ont  donné  de  leur  superflu  ;  mais  celle-ci  a 
donné  de  son  indigence,  tout  ce  qu'elle  possédait,  tout 
ce  qu'elle  avait  pour  vivre. 

Disœurs  de  Jésus  sur  la  ruine  de  Jérusalem 

et  sur  son  avènement 

(Voy.  Matth.  24   :  1-51;  Luc  21   :  5-38;  12  :  35-40) 

I  3  ^  Comme  Jésus  sortait  du  temple,  un  de  ses  dis- 
ciples lui  dit  :  Maître,  regarde  quelles  pierres  et  quels 
bâtiments  !  ^  Jésus  lui  répondit  :  Tu  vois  ces  grands 
bâtiments  ?  Pas  une  pierre  n'y  restera  sur  une  autre 
pierre  :  tout  sera  renversé. 

-^  Comme  il  était  assis  sur  la  montagne  des  Oliviers 
vis-à-vis  du  temple,  Pierre,  Jacques,  Jean  et  André 
le  prirent  à  part,  pour  lui  poser  cette  question  :  ^  Dis- 
nous  quand  toutes  ces  choses  arriveront,  et  à  quel  signe 
on  connaîtra  qu'elles  vont  s'acconaplir  ?  ^  Jésus  se  mit 
à  leur  dire  :  Prenez  garde  que  personne  ne  vous  sé- 
duise. 'Plusieurs  viendront  en  mon  nom,  disant  : 
C'est  moi  qui  suis  le  Christ  !  Et  ils  séduiront  beaucoup 
de  gens.  "'  Quand  vous  entendrez  parler  de  guerres  et 
de  bruits  de  guerres,  ne  vous  troublez  pas  :  il  faut  que 
ces  choses  arrivent  ;  mais  ce  ne  sera  pas  encore  la  fin. 

(1)  Litt.  :   leptes.    La  lepte    était   la   plus   petite  des  pièces    de  monnaie  et 
valait  à  peu  près  uu  centime. 

(2)  Litt.  :  quadrain  ou  quadrant.  (Voir  note  sur  Matth.  5  :  26.) 

110 


SAINT    MAEC  13  :  8-22 

^Car  on  verra  s'élever  nation  contre  nation,  royaume 
contre  royaume  ;  il  y  aura  des  tremblements  de  terre 
en  divers  lieux,  il  y  aura  des  famines.  Ce  ne  sera  que 
le  commencement  des  douleurs.  ^Vous,  soj^^ez  sur  vos 
gardes  !  On  vous  traduira  devant  les  tribunaux  ;  vous 
serez  frappés  dans  les  S3rnagogues,  et  vous  compa- 
raîtrez en  présence  des  gouverneurs  et  des  rois,  à 
cause  de  moi,  pour  rendre  témoignage  devant  eux. 
^^'Mais  il  faut  tout  d'abord  que  l'Évangile  soit  prê- 
ché à  toutes  les  nations.  ^  '  Or,  quand  ils  vous  emmè- 
neront pour  vous  livrer,  ne  vous  mettez  pas  d'avance 
en  peine  de  ce  que  vous  aurez  à  dire,  mais  dites  ce 
qui  vous  sera  inspiré  à  cette  heure  même  ;  car  ce  ne 
sera  pas  vous  qui  parlerez,  mais  ce  sera  le  Saint-Esprit. 
^^  Alors  le  frère  livrera  son  frère  à' la  mort,  et  le  père 
son  enfant  ;  et  les  enfants  se  soulèveront  contre  leurs 
parents  et  les  feront  mourir.  '^Et  vous  serez  haïs 
de  tous  à  cause  de  rnon  nom  ;  mais  celui  qui  persévé- 
rera jusqu'à  la  fin,  celui-là  sera  sauvé. 

^'' Quand  vous  verrez  l'abomination  de  la  désola- 
tion étabhe  où  elle  ne  doit  pas  être  ■ —  que  celui  qui  lit 
cela,  fasse  attention  !  —  alors,  que  ceux  qui  seront  dans 
la  Judée  s'enfuient  dans  les  montagnes  ;  '''et  que  celui 
qui  sera  sur  le  toit  (  '  )  ne  descende  pas,  et  n'entre  pas 
dans  sa  maison  pour  en  emporter  quoi  que  ce  soit  ; 
^  ^  et  que  celui  qui  sera  aux  champs  ne  retourne  pas  en 
arrière  pour  prendre  son  vêtement.  ''Malheur  aux 
femmes  qui  seront  enceintes,  et  à  celles  qui  allaiteront 
en  ces  jours-là!  '^ Priez  pour  que  tout  cela  n'arrive  pas 
en  hiver.  '^En  effet,  ce  seront  des  jours  d'une 
détresse  telle  qu'il  n'y  en  a  jamais  eu  de  pareille,  — 
depuis  le  commencement,  quand  Dieu  créa  le  monde, 
jusqu'à  maintenant,  —  et  qu'il  n'y  en  aura  jamais.  ^^  Et 
si  le  Seigneur  n'avait  abrégé  ces  jours-là,  aucune  créa- 
ture n'aurait  été  sauvée  ;  mais,  à  cause  des  élus  qu'il  a 
choisis,  il  a  abrégé  ces  jours.  ^'  Alors,  si  quelqu'un  vous 
dit  :  Voyez,  le  Christ  est  ici  !  —  ou  :  Il  est  là  !  —  ne  le 
croyez  point.  ^-De  faux  christs  et  de  faux  prophètes 
s'élèveront,  et  ils  feront  des  signes  et  des  prodiges 

Voir  not.'  sur  Matth.  24.  :  17. 

111 


13  :  23-14  :  4  SAINT   MARC 

pour  séduire,  s'il  était  possible,  les  élus  eux-mêmes. 
^^ Prenez-y  garde,  je  vous  ai  tout  prédit.  ' 

^''En  ces  jours-là,  après  ce  temps  d'affliction,  le 
soleil  s'obscurcira,  la  lune  ne  donnera  plus  sa  lumière, 
^^'les  étoiles  tomberont  du  ciel,  et  les  puissances  qui 
sont  dans  les  cieux  seront  ébra»lées.  ^^  Alors  on  verra 
le  Fils  de  l'homme  venant  sur  les  nuées,  avec  une 
grande  puissance  et  une  grande  gloire  ;  ^^et  il  enverra 
les  anges  pour  rassembler  les  élus  des  quatre  vents, 
depuis  l'extrémité  de  la  terre  jusqu'à  l'extrémité  du 
ciel. 

^^  Ecoutez  une  comparaison  empruntée  au  figuier. 
Dès  que  ses  branches  deviennent  tendres,  et  qu'il 
pousse  des  feuilles,  vous  savez  que  l'été  est  proche. 
^''Vous  aussi  de  même,  quand  vous  verrez  que  ces 
choses  arrivent,  sachez  que  le  Fils  de  l'homme  est 
proche,  qu'il  est  à  la  porte.  ^^En  vérité,  je  vous  le 
déclare  cette  génération  ne  passera  pas  que  toutes 
ces  choses  n'arrivent.  -^  '  Le  ciel  et  la  terre  passeront, 
mais  mes  paroles  ne  passeront  point. 

•^-Pour  ce  qui  est  du  jour  et  de  l'heure,  personne 
n'en  sait  rien,  pas  même  les  anges  dans  le  ciel,  ni 
même  le  Fils,  mais  seulement  le  Père.  ^"^  Soyez  sur 
vos  gardes,  soyez  vigilants  ;  car  vous  ne  savez  quand 
le  moment  viendra.  ^^11  en  sera  comme  d'un  homme 
qui,  allant  en  voyage,  quitte  sa  maison  et  en  confie  la 
direction  à  ses  serviteu^'s,  à  chacun  sa  tâche,  et  qui 
ordonne  au  portier  de  veiller.  "'^Veillez  donc,  car  vous 
ne  savez  pas  quand  le  maître  de  la  maison  viendrai 
si  ce  sera  le  soir,  ou  à  minuit,  ou  au  chant  du  coq,  ou 
le  matin.  •^*' Craignez  qu'arrivant  tout  à  coup,  il  ne 
vous  trouve  endormis.  -^'Ce  que  je  vous  dis,  je  le  dis 
à  tous  :  Veillez  ! 

Souffrances,  mort  et  résurrection  de  Jésus 

(14  :  1  à  16  :  20) 

Complot  des  sacrificateurs 

(Voy.  Matth.  26  :  1-5;  Luc  22  :  1-2;  Jean  11  :  47-53) 

14     ^  La  fête   de   Pâque   et  des  pains  sans .  levain 
devait  avoir  lieu  deux  jours  après  ;  et  les  principaux 

112 


SAINT  MARO  14  :  2-42 

sacrificateurs  et  les  scribes  cherchaient  comment  ils 
pourraient  s'emparer  de  Jésus  par  ruse  et  le  faire  mou- 
rir. ^Car  ils  disaient  :  Que  ce  ne  soit  pas  pendant  la 
fête,  de  peur  qu'il  n'y  ait  du  tumulte  parmi  le  peuple. 

Jésus  oint  à  Béthanie 

(Voy.  Matth.  26   :  6-13;  Jean  12   :  1-8) 

^  Jésus  se  trouvait  à  Béthanie,  dans  la  maison  de 
Simon  le  lépreux.  Pendant  qu'il  était  à  table,  une 
femme  entra,  portant  un  vase  d'albâtre,  plein  d'une 
huile  de  nard  pur,  d'un  grand  prix.  Ayant  brisé  le 
vase,  elle  répandit  le  parfum  sur  la  tête  de  Jésus. 
^  Quelques-uns  s'en  indignaient  entre  eux  et  disaient  : 
Pourquoi  perdre  ainsi  ce  parfum  ?  -^Car  on  pouvait 
le  vendre  plus  de  trois  cents  deniers  et  les  donner  aux 
pauvres.  Ainsi  ils  murmuraient  contre  elle.  ^Mais 
Jésus  dit  :  Laissez -la  ;  pourquoi  lui  faites -vous  de  la 
peine  ?  Elle  a  fait  une  bonne  action  à  mon  égard.  ^  Car 
vous  avez  toujours  les  pauvres  avec  vous,  et,  quand 
vous  îe  voulez,  vous  pouvez  leur  faire  du  bien  ;  mais 
moi,  vous  ne  m'avez  pas  toujours.  ^EUe  a  fait  ce  qui 
était  en  son  pouvoir  ;  elle  a  d'avance  oint  mon  corps 
pour  ma^ sépulture.  ^En  vérité,  je  vous  le  dis,  partout 
où  cet  Evangile  sera  prêché,  dans  le  monde  entier, 
ce  qu'elle  a  fait  sera  aussi  raconté  en  mémoire  d'elle. 

Le  traître 

(Voy.  Matth.  26  :  14-16  ;  Luc  22  :  3-6) 

^^  Alors  Judas  Iscariote,  l'un  des  Douze,  alla  vers 
les  principaux  sacrificateurs  pour  leur  livrer  Jésus. 
'  '  Ils  r écoutèrent  avec  joie  et  promirent  de  lui  donner 
de  l'argent  ;  et  Judas  cherchait  une  occasion  favorable 
pour  le  livrer. 

Institution  de  la  sainte  Cène 

(Voy.  Matth.  26  :  17-29  ;  Luc  22  :  7-23.  —  Comp.  Jean  13  :  21-30) 

'^Le  premier  jour  des  pains  sans  levain,  où  l'on 
immolait  la  Pâque  ('),  les  disciples  dirent  à  Jésus  : 
Où  veux-tu  que  nous  allions  te  préparer  le  repas  de 

(1)  Cest-à-dire  l'agnean  pascal. 

113 


14:  13-29  SAINT    MARC 

la  Pâque  !  ^  -^  Il  envoya  deux  de  ses  disciples  et  leur  dit  : 
Allez  à  la  ville.  Vous  rencontrerez  un  homme  portant 
une  cruche  d'eau;  suivez-le,  ^  ''et  là  où  il  entrera,  dites 
au  maître  de  la  maison  :  Le  Maître  dit  :  Où  est  la  salle 
dans  laquelle  je  mangerai  la  Pâque  avec  mes  disciples  ? 
^^11  vous  montrera  lui-même  une  grande  chambre 
haute,  meublée  et  toute  prête  ;  préparez -nous  là  ce 
qu'il  faut.  '^Les  disciples  partirent  donc  et  allèrent 
à  la  ville  ;  ils  trouvèrent  les  choses  comme  Jésus 
le  leur  avait  dit,  et  ils  préparèrent  la  Pâque. 

^'Le  soir,  il  vint  avec  les  Douze.  ^^Et  comme  ils 
étaient  à  table  et  qu'ils  mangeaient,  Jésus  dit  :  En 
vérité,  je  vous  le  dis,  l'un  de  vous,  qui  mange  avec  moi 
me  trahira.  ^^  Alors  ils  devinrent  tout  tristes,  et  ils 
lui  dirent,  l'un  après  l'autre  :  Est-ce  moi  ?  ^"11  leur 
répondit  :  C'est  l'un  des  Douze,  celui  qui  met  la  main 
au  plat  avec  moi.  2' Car  le  Fils  de  l'homme  s'en  va, 
suivant  ce  qui  a  été  écrit  à  son  s.ujet  ;  mais  malheur  à 
l'homme  par  qui  le  Fils  de  l'homme  est  trahi  !  Mieux 
vaudrait  pour  cet  homme-là  qu'il  ne  fût  jamais  né. 

^'^ Pendant  qu'ils  mangeaient,  Jésus  prit  du  pain; 
et,  après  avoir  rendu  grâces,  il  le  rompit,  le  leur 
donna,  et  il  dit  :  Prenez,  ceci  est  mon  corps.  ^^  Ayant 
aussi  pris  la  coupe  et  rendu  grâces,  il  la  leur  donna, 
et  ils  en  burent  tous.  ^  '  Puis  il  leur  dit  :  Ceci  est  mon 
sang,  le  sang  de  l'alliance,  qui  est  répandu  pour  plu- 
sieurs. ^^En  vérité,  je  vous  le  dis,  je  ne  boirai  plus  de 
ce  fruit  de  la  vigne,  jusqu'au  jour  où  je  le  boirai  nou- 
veau dans  le  royaume  de  Dieu. 

Avertissement  à  Pierre 

(Voy.  Matth.  26  :  30-35  )  Luc  22   :  31-38  ;  Jean  13  :  36-38) 

^^ Après  avoir  chanté  le  cantique  ('),  ils  sortirent 
pour  aller  à  la  montagne  des  Ohviers.  ^^Et  Jésus  leur 
dit  :  Vous  allez  tous  rencontrer  une  occasion  de  chute  ; 
car  il  est  écrit  :  «  Je  frapperai  le  berger,  et  les  brebis 
seront  dispersées  (-).  »  ^"Mais,  après  que  je  serai  res- 
suscité, je  vous  précéderai  en  Galilée.  ^'-'Pierre  lui  dit  : 
Quand  tu  serais  pour  tous  une  occasion  de  chute, 

(1)  Voir  note  sur  Matth.  S6  :  30.  —  (2)  Zacharie,  13  :  7. 
114 


SAINT   MARC  14  *.  30-44 

tu  ne  le  seras  jamais  pour  moi.  ^^ Jésus  lui  répondit; 
En  vérité,  je  te  dis  que  toi,  aujourd'hui,  cette  nuit 
même,  avant  que  le  coq  ait  chanté  deux  fois,  tu  me 
renieras  trois  fois.  -^'Mais  Pierre  disait  encore  plus 
fortement  :  Quand  même  il  me  faudrait  mo-urir  avec 
toi,  je  ne  te  renierai  point.  Et  tous  les  autres  disaient 
la  même  chose. 

Gethsémané.  —  Arrestation  de  Jésus 

(Voy.  Matth.  26  :  36-56  ;  Luc  22  :  39-53  ;  Jean  18  :  1-11) 

^^Ils  allèrent  ensuite  dans  un  lieu  appelé  Gethsé- 
mané. Et  Jésus  dit  à  ses  disciples  :  Asseyez-vous  ici, 
jusqu'à  ce  que  j'aie  prié.  ^^  Alors  il  prit  avec  lui  Pierre, 
Jacques  et  Jean,  et  il  commença  à  être  saisi  de  frayeur 
et  d'angoisse.  -^''Il  leur  dit  :  Mon  âme  est  triste 
jusqu'à  la  mort  ;  demeurez  ici  et  veillez.  ^''Puis, 
étant  allé  un  peu  plus  loin,  il  se  prosternait  contre 
terre  et  priait,  demandant  que,  s'il  était  possible, 
cette  heure  s'éloignât  de  lui.  ^^L  disait  :  Ahha  ('), 
Père,  toutes  choses  to  sont  possibles  ;  détourne  de 
moi  cette  coupe  ;  toutefois,  non  ce  que  je  veux,  mais 
ce  que  tu  veux.  ^  '  Puis  il  revint  et  les  trouva  endormis  ; 
et  il  dit  à  Pierre  :  Simon,  tu  dors  !  Tu  n'as  pu  veiller 
une  heure  ?  -^^  Veillez  et  priez,  afin  que  vous  ne  tom- 
biez pas  dans  la  tentation  ;  l'esprit  est  plein  de 
bonne  volonté,  mais  la  chair  est  faible.  -^''ïl  s'en  alla 
de  nouveau,  et  il  pria,  disant  les  mêmes  paroles. 
""^  Étant  revenu,  il  les  trouva  encore  endormis,  car 
leurs  yeux  étaient  appesantis  ;  et  ils  ne  savaient  que 
lui  répondre.  ''  '  Il  revint  pour  la  troisième  fois,  et  il 
leur  dit  :  Vous  dormez  maintenfvnt  et  vous  vous 
reposez!  C'est  assez;  l'heure  est  venue!  Le  Fils  de 
l'homme  va  être  livré  entre  les  mains  des  pécheurs. 
^' 2  Levez-vous,  allons  ;  voilà  que  celui  qui  me  trahit 
s'approche. 

"^•^  Aussitôt,  comme  Jésus  parlait  erucorp.  Judas, 
l'un  des  Douze,  survint,  et  avec  lui  une  grande  troupe 
de  gens  armés  d'épées  et  de  bâtons,  envoyés  par  les 
principaux  sacrificateurs,  les  scribes  et  les  anciens. 
''•'•Or,  celui  qui  le  trahissait  était  convenu  avec  eux  de 

(1)  Ahla  est  un  mot  araméen  qui  signifie  père, 

115 


14  :  45-60  SAINT   MARC 

ce  signe  :  Celui  à  qui  je  donnerai  un  baiser,  c'est  lui; 
saisissez-le,  et  emmenez -le  sous  bonne  garde.  '^^  Aussitôt 
donc  que  Judas  fut  arrivé,  il  s'approcha  de  lui  et  lui  dit  : 
Maître  !  Et  il  lui  donna  un  baiser.  -''*^  Alors  ils  mirent  la 
main  sur  Jésus  et  le  saisirent.  ''  ''  Un  de  ceux  qui  étaient 
là  tira  son  épée,  en  frappa  le  serviteur  du  souverain  sa- 
crificateur, et  il  lui  emporta  l'oreille.  '''^^  Jésus,  prenant 
la  parole,  leur  dit  :  Vous  êtes  sortis  avec  des  épées  et 
des  bâtons  pour  me  prendre,  comme  si  j'étais  un  bri- 
gand. ''"'J'étais  tous  les  jours  au  milieu  de  vous,  ensei- 
gnant dans  le  temple,  et  vous  ne  m'avez  point  arrêté; 
mais  cela  est  arrivé,  afin  que  les  Écritures  fussent  ac» 
compiles.  ^0  Alors  tous  l'abandonnèrent  et  s'enfuirent. 
^^  Il  y  avait  un  jeune  homme  qui  le  suivait,  n'ayant 
qu'un  drap  sur  le  corps  ;  et  ils  le  saisirent.  '^•^Mais  lui, 
laissant  le  drap,  s'échappa  nu  de  leurs  mains. 

Jésus  devant  Caïphe.  —  Le  reniement  de  Pierre 

(Voy,  Matth.  26  :  57-75  ;  Luc  22  :  54-71  ;   Jean  18  :  12-27) 

^^Ils  emmenèrent  Jésus  chez  le  souverain  sacrifica- 
teur, où  se  réunirent  tous  les  principaux  sacrificateurs, 
les  anciens  et  les  scribes.  ^'■'  Pierre  le  suivit  de  loin  jusque 
dans  la  cour  intérieure  du  souverain  sacrificateur  ; 
et,  s'étant  assis  auprès  du  feu  avec  les  gardes,  il  se 
chauffait. 

^■'Or,  les  principaux  sacrificateurs,  et  tout  le  sanhé- 
drin ('),  cherchaient  quelque  témoignage  contre  Jésus, 
pour  le  faire  mourir,  et  ils  n'en  trouvaient  point. 
^^Car  plusieurs  j)ortaient  de  faux  témoignages  contre 
lui  ;  mais  leurs  dépositions  ne  s'accordaient  pas. 
^■^  Alors  quelques-uns  se  levèrent,  qui  portèrent  un 
faux  témoignage  contre  lui,  en  disant:  ^°Nous  lui 
avons  entendu  dire  :  Je  détruirai  ce  temple,  fait  de 
main  d'homme,  et  en  trois  jours  j'en  bâtirai  un  autre, 
qui  ne  sera  pas  fait  de  main  d'homme.  ^^Mais,  même 
sur  ce  point,  leurs  témoignages  ne  s'accordaient  pas. 

^1* Alors  le  souverain  sacrificateur,  se  levant  au 
milieu  de  l'assemblée,  interrogea  Jésus  et  lui  dit  : 
Ne  réponds-tu  rien  à  ce  que  ces  gens  déposent  contre 

(1)  Voir  note  sur  Matth,  5  :  22, 

116 


SAINT   MARC  14  :  61-15  I  2 

toi  ?  ^^Mais  Jésus  garda  le  silence  et  ne  répondit  rien. 
Le  souverain  sacrificateur  l'interrogea  encore,  et  lui 
dit  :  C'est  toi  qui  es  le  Christ,  le  Fils  du  Dieu  béni  ? 
^'^  Jésus  lui  dit  :  Je  le  suis  ;  vous  verrez  le  Fils 
de  l'homme  assis  à  la  droite  de  la  puissance  de  Dieu, 
et  venant  au  milieu  des  nuées  du  ciel.  ^^  Alors  le  sou- 
verain sacrificateur  déchira  ses  vêtements  et  dit  : 
Qu'avons-nous  encore  besoin  de  témoins  ?  ^^  Vous  avez 
entendu  le  blasphème  ?  Que  vous  en  semble  ?  Tous  le 
déclarèrent  coupable  et  digne  de  mort. 

^^Quelques-uns  se  mirent  à  cracher  sur  lui,  à  lui 
couvrir  le  visage  et  à  lui  donner  des  coups  de  poing  ; 
et  ils  lui  disaient  :  Prophétise  !  Et  les  gardes  lui  don- 
naient des  coups  de  bâton. 

^^  Comme  Pierre  était  en  bas  dans  la  cour,  une  des 
servantes  du  souverain  sacrificateur  y  vint,  *^"et, 
voyant  Pierre  qui  se  chauffait,  elle  le  regarda  et  lui 
dit  :  Toi  aussi,  tu  étais  avec  Jésus  de  Nazareth  l 
^^Mais  il  le  nia  et  dit  :  Je  ne  sais  pas,  je  ne  comprends 
pas  ce  que  tu  veux  dire.  Puis  il  s'en  alla  dans  le  ves- 
tibule, et  le  coq  chanta.  ^^  Cette  servante,  l'ayant  vu, 
se  mit  encore  à  dire  à  ceux  qui  étaient  présents  :  Cet 
homme  est  de  ces  gens -là!  ''^Mais  il  le  nia  de  nouveau. 
Un  peu  après,  ceux  qui  étaient  présents  dirent  à  Pierre  : 
Assurément,  tu  es  de  ces  gens-là,  car  tu  es  Galiléen. 
^^  Alors  il  se  mit  à  proférer  des  maJédictions  accompa- 
gnées de  serments,  en  disant  :  Je  ne  connais  point  cet 
homme  dont  vous  parlez  !  ' -Aussitôt,  le  coq  chanta  pour 
la  seconde  fois  ;  et  Pierre  se  ressouvint  de  la  parole  que 
Jésus  lui  avait  dite  :  Avant  que  le  coq  ait  chanté  deux 
fois,  tu  me  renieras  trois  fois.  Et  à  cette  pensée,  il  se 
mit  à  pleurer. 

Jésîcs  devant  Pilate 

(Yoy.  Matth.  27  :  1-2;  11-31;  Luc  23  :  1-25;   Jean  18  :  28-40;  19  :  1-lG) 

B  5  ^  Dès  le  matin,  les  principaux  sacrificateurs  tin- 
rent conseil  avec  les  anciens  et  les  scribes  et  tout  le 
sanhédrin,  et,  après  avoir  fait  lier  Jésus,  ils  l'emme- 
nèrent et  le  livrèrent  à  Pilate  (').  ^  Pilate  lui  demanda  : 

(1)  Voir  note  enr  Matt" i.  37  :  2. 

117 


15  :  3-2 ^  SAINT  MARC 

C'est  toi  qui  es  le  roi  des  Juifs  ?  Jésus  lui  répondit  : 
Tu  le  dis  !  ^Les  principaux  sacrificateurs  portaient 
contre  lui  plusieurs  accusations  ;  ''  et  Pilate  l'interrogea 
encore  et  lui  dit  :  Ne  réponds -tu  rien  ?  Vois  combien 
d'accusations  ils  portent  contre  toi  !  ^Mais  Jésus  ne 
répondit  plus  rien,  de  sorte  que  Pilate  en  était  étonné. 

*^0r,  à  chaque  fête  de  Pâque,  il  leur  relâchait  un 
prisonnier,  celui  qu'ils  demandaient.  '^  Il  y  en  avait  un, 
nommé  Barabbas,  qui  était  en  prison  avec  des  sédi- 
tieux, pour  un  meurtre  qu'ils  avaient  commis  dans 
une  émeute.  ^La  foule,  étant  montée  ('),  se  mit  à 
demander  qu'il  leur  fît  comme  il  avait  toujours  fait. 
^Pilate  leur  répondit  :  Voulez -vous  que  je  vous  re- 
lâche le  roi  des  Juifs  ?  ^^Car  il  comprenait  bien  que 
c'était  par  jalousie  que  les  principaux  sacrificateurs 
l'avaient  livré.  ^^Mais  les  principaux  sacrificateurs 
poussèrent  la  foule  à  demander  qu'il  leur  relâchât  plutôt 
Barabbas.  ^^  Pilate  reprit  la  parole  et  leur  dit  :  Que 
ferai- je  donc  de  celui  que  vous  appelez  le  roi  des 
Juifs?  ^'^lis  crièrent  de  nouveau  :  Crucifie-le  !  ^''Pilate 
leur  dit  :  Mais  quel  mal  a-t-il  fait  ?  Ils  crièrent  plus 
fort  :  Crucifie-le  !  '''Pilate,  voulant  satisfaire  la  foule, 
leur  relâcha  Barabbas  ;  et  il  leur  livra  Jésus  après 
l'avoir  fait  battre  de  verges,  pour  être  crucifié. 

^''Les  soldats  l'emmenèrent  à  l'intérieur  de  la  cour, 
c'est-à-dire  dans  le  prétoire,  et  ils  y  rassemblèrent 
toute  la  cohorte.  ^^Ils  le  revêtirent  d'un  manteau  de 
pourpre,  placèrent  sur  sa  tête  une  couronne  d'épines 
qu'ils  avaient  tressée,  ^  ^  et  ils  se  mirent  à  le  saluer,  en 
disant  :  Roi  des  Juifs,  salut  !  ^'^Ils  lui  frappaient  la 
tête  avec  un  roseau,  ils  crachaient  sur  lui,  et,  fléchis- 
sant le  genou,  ils  se  prosternaient  devant  lui.  2«  Après 
s'être  ainsi  moqués  de  lui,  ils  lui  ôtèrent  le  manteau 
de  pourpre,  lui  remirent  ses  vêtements,  et  l'emmenèrent 
pour  le  crucifier. 

Jésus  cruci-fié 

(Voy.  Matth.  27   :  32-56;  Luc  23   :  26-49;  Jean  19   :  17-37) 

^^Un  certain  Simon,  de  Cyrène,  père  d'Alexandre 

(1)  O'est-à-dire  :  montée  au  prétoire^  lequel  se  trouvait  situé  dans  une  partie 
élevée  de  Jérusalem, 

118 


SAINT    MARO  l5  :  22-39 

et  de  Rufus,  passait  par  là  en  revenant  des  champs  ; 
ils  le  contraignirent  à  porter  la  croix.  2- Et  ils  condui- 
sirent Jésus  au  lieu  appelé  Golgotha,  ce  qui  signifie 
le  lieu  du  Crâne.  ^- Ils  lui  présentèrent  à  boire  du  vin, 
.mêlé  de  myrrhe  ;  mais  il  n'en  prit  point.  ^  ^  Après  l'avoir 
crucifié,  ils  se  partagèrent  ses  vêtements,  en  les  tirant 
au  sort,  pour  savoir  ce  que  chacun  en  aurait.  ^^  C'était 
la  troisième  heure  ('),  quand  ils  le  crucifièrent.  ^^Le 
motif  de  sa  condamnation  était  marqué  par  cette  ins- 
cription :  Le  Roi  des  Juifs.  ^■'On  crucifia  aussi  avec 
lui  deux  brigands,  l'un  à  sa  droite,  l'autre  à  sa  gau- 
che. 

2^  Ainsi  s'accomplit  cette  parole  des  Écritures  :  «  Il 
a  été  mis  au  rang  des  malfaiteurs.  .)  (^) 

^^Ceux  qui  passaient  par  là  l'outrageaient,  hochant 
la  tête  et  disant  :  Hé  !  Toi  qui  détruis  le  temple  et  qui 
le  rebâtis  en  trois  jours,  ^^ sauve-toi  toi-même,  et 
descends  de  la  croix  !  ^  *  De  même  aussi,  les  principaux 
sacrificateurs  et  les  -scribes  disaient  entre  eux,  en  se 
moquant  :  Il  en  a  sauvé  d'autres  ;  il  ne  peut  se  sauver 
lui-même!  ^^Que  le  Christ,  le  roi  d'Israël,  descende 
maintenant  de  la  croix,  afin  que  nous  voyions  et  que 
nous  croyions  !  Et  ceux  qui  étaient  crucifiés  avec 
lui  l'injuriaient  aussi. 

^^  Quand  la  sixième  heure  arriva  (^),  il  y  eut  des 
ténèbres  sur  tout  le  pays,  jusqu'à  la  neuvième  heure  (■^). 
^^A  la  neuvième  heure,  Jésus  cria  d'une  voix  forte  : 
Eloï,  Eloï,  lamma  sahachtani?  —  c'est-à-dire  :  Mon 
Dieu,  mon  Dieu,  pourquoi  m'as-tu  abandonné  (')  ? 
•-•^Quelques-uns  de  ceux  qui  étaient  présents,  l'ayant 
entendu,  disaient  :  Voyez,  il  appelle  Élie.  ^^L'un 
d'eux  courut  remplk"  une  éponge  de  vinaigre,  la  mit 
au  bout  d'un  roseau,  et  il  lui  offrit  à  boire,  en  disant  : 
Laissez  ;  voyons  si  Élie  viendra  le  faire  descendre! 
^"^Mais,  Jésus  ayant  jeté  un  grand  cri,  expira. 

•^^  Alors  le  voile  du  temple  se  déchira  en  deux,  de- 
puis le  haut  jusqu'en  bas.  "^'-^Le  centenier,  qui  se  tenait 

(a)  Ce  verset  manque  .dans  plusieurs  anciens  manuscrits. 
(1)  Neuf  heures  du  matin.  —  (2)  Midi. 

(3)  Trois  heures  de  l'après-midi. 

(4)  Voy.  Psaume  23  :  2. 

119 


15  :  40-16  :  6  SAINT   MABC 

en  face  de  Jésus,  l'ayant  vu  expirer  ainsi,  dit  :  Cet 
homme  était  véritablement  le  Fils  de  Dieu.  ^'^11  y 
avait  aussi  des  femmes  qui  regardaient  de  loin.  De 
ce  nombre  étaient  Marie-Madeleine,  Marie,  mère  de 
Jacques,  le  mineur,  et  de  Joses,  et  Salomé,  ^^qui 
le  suivaient  et  le  servaient,  lorsqu'il  était  en  Galilée, 
ainsi  que  plusieurs  autres  qui  étaient  montées  avec 
lui  à  Jérusalem. 

La  sépulture 

(Voy.  Matth.  27  :  57-61  ;  Luc  23  :  50-56  ;  Jean  19  :  38-42) 

'^^Le  soir  était  déjà  venu,  et  c'était  un  jour  de  pré- 
paration, c'est-à-dire  la  veille  du  sabbat.  ''-^  Alors 
arriva  Joseph  d'Arimathée,  membre  considéré  du 
sanhédrin,  et  qui  attendait,  lui  aussi,  le  royaume  de 
Dieu.  Il  eut  le  courage  de  se  présenter  devant  Pila  te 
pour  lui  demander  le  corps  de  Jésus.  ^'''Pilate  s'étonna 
que  Jésus  fût  mort  si  tôt  ;  et,  ayant  appelé  le  cen- 
tenier,  il  lui  demanda  s'il  y  avait  longtemps  qu'il  était 
mort.  ^^  Informé  par  le  centenier,  il  accorda  le  corps 
à  Joseph.  ^^  Celui-ci,  ayant  acheté  un  linceul,  descendit 
Jésus  de  la  croix,  l'enveloppa  dans  ce  linceul  et  le 
mit  dans  un  tombeau  qui  était  taillé  dans  le  roc  ; 
puis  il  roula  une  pierre  à  l'entrée  du  tombeau.  ^'Or, 
Marie -Madeleine  et  Marie,  mère  de  Joses,  regardaient 
où  on  le  mettait. 

La  résurrection 

(Voy.  Matth.  28  :  1-10  ;  Luc  24  :  1-12  ;  Jean  20  :  1-18) 

I  6  ^  Quand  le  sabbat  fut  passé,  Marie -Madeleine, 
Marie,  mère  de  Jacques,  et  Salomé,  achetèrent  des 
aromates  pour  aller  embaumer  le  corps  de  Jésus. 
^Et,  le  premier  jour  de  la  semaine,  de  grand  matin, 
elles  vinrent  au  tombeau,  comme  le  soleil  venait  de 
se  lever.  ^  Elles  se  disaient  entre  elles  :  Qui  nous  roulera 
la  pierre  qui  ferme  l'entrée  du  tombeau  ?  ^ Ayant 
regardé,  elles  virent  que  la  pierre  avait  été  roulée  ; 
or,  elle  était  très  grande.  ^Puis,  étant  entrées  dans 
le  tombeau,  elles  virent  un  jeune  homme  assis  du 
côté  droit,  vêtu  d'une  robe  blanche  ;  et  elles  en  furent 
épouvantées.  ''Mais  il  leur  dit  :  Ne  vous  effrayez  point  ; 
vous  cherchez  Jésus  de  Nazareth  qui  a  été  crucifié  ; 

120 


SAINT    MAKC  '    16  :  7-20 

il  est  ressuscité  :  il  n'est  pas  ici  ;  voici  le  lieu  où  on 
l'avait  mis.  ''Mais  allez  dire  à  ses  disciples  et  à  Pierre 
que  Jésus  vous  précède  en  Galilée  ;  c'est  là  que  vous 
le  verrez,  comme  il  vous  l'a  dit.  ^  Elles  sortirent  du 
tombeau  et  s'enfuirent  ;  car  elles  étaient  saisies  de 
crainte  et  d'étonnement.  Et  elles  ne  dirent  rien  à 
personne,  tant  elles  étaient  effrayées  (^). 

^'  Apparitions  diverses  et  Ascension 

(Comp.  Matth.  28   :  16-20  ;  Luc  24  :  13-43  ;   Jean  20  :  1-29) 

^[Or,  Jésus,  étant  ressuscité  le  matin  du  premier 
jour  de  la  semaine,  apparut  premièrement  à  Marie- 
Madeleine,  de  laquelle  il  avait  chassé  sept  démons. 
^  ^  Elle  alla  porter  la  nouvelle  à  ceux  qui  avaient  vécu 
avec  lui,  et  qui  étaient  dans  le  deuil  et  dans  les  larmes. 
^^Mais  eux,  lorsqu'ils  apprirent  d'elle  qu'il  était  vi- 
vant et  qu'elle  l'avait  vu,  ne  la  crurent  point. 

^  ^Après  cela,  Jésus  se  montra  sous  une  autre  forme 
à  deux  d'entre  eux  qui  étaient  en  chemin  pour  aller  à 
la  campagne.  ^  ^  Ceux-ci  vinrent  l'annoncer  aux  autres 
disciples  ;  mais  ils  ne  les  crurent  pas  non  plus. 

^^Plus  tard,  il  se  montra  aux  onze,  pendant  qu'ils 
étaient  à  table,  et  il  leur  reprocha  leur  incrédulité  et 
la  dureté  de  leur  cœur,  parce  qu'ils  n'avaient  pas  cru 
ceux  qui  l'avaient  vu  ressuscité.  ^"^Puis  il  leur  dit  : 
Allez  par  tout  le  monde,  et  prêchez  l'Evangile  à  toute 
créature.  ^*^^  Celui  qui  croira  et  sera  baptisé,  sera  sauvé  ; 
mais  celui  qui  ne  croira  point  sera  condamné.  ^'Et 
voici  les  miracles  qui  accompagneront  ceux  qui  au- 
ront cru  :  ils  chasseront  des  démons  en  mon  nom  ;  ils 
parleront  en  langues  nouvelles  ;  '  ^  ils  prendront  des  ser- 
pents dans  leurs  m.ains  ;  quand  ils  auront  bu  quelque 
breuvage  mortel,  il  ne  leur  fera  point  de  mal  ;  ils  impo- 
seront les  mains  aux  malades,  et  ceux-ci  seront  guéris. 

^'^Le  Seigneur  Jésus,  après  leur  avoir  ainsi  parlé, 
fut  enlevé  au  ciel,  et  il  s'assit  à  la  droite  de  Dieu. 
^*^Pour  eux,  étant  partis,  ils  prêchèrent  partout,  le 
Seigneur  agissant  avec  eux,  et  confirmant  la  paroi© 
par  les  miracles  qui  l'accompagnaient.] 

(a)  L'Évangile  de  Marc  se  termine  ici  dans  les  deux  plus  anciens  manuscrits. 

121 


ÉVANGILE 


SELON 


SAINT  LUC 


Préface. 

I  ^Plusieurs  ayant  entrepris  d'écrire  l'histoire  des 
faits  accomplis  parmi  nous,  —  ^tels  que  nous  les  ont 
transmis  ceux  qui  en  ont  été,  dès  le  commencement, 
les  témoins  oculaires,  et  qui  sont  devenus  ministres 
de  la  Parole,  —  ^^  j'ai  cru  bon,  moi  aussi,  très  excellent 
Théophile  ('),  de  te  les  exposer  par  écrit  et  dans  leur 
ordre,  après  m'être  exactement  informé  de  tout,  depuis 
l'origine,  '''afin  que  tu  reconnaisses  la  certitude  des 
enseignements  que  tu  as  reçus. 

Naissance  et  enfance  de  Jésus  (1  :  5  à  2  :  52) 

Prédiction  de  la  naissance  de  Jean-Baptiste 

^Au  temps  d'Hérode,  roi  de  Judée  {^),  il  y  avait  un 
sacrificateur  nommé  Zacharie,  de  la  classe  d'Abia  ; 
sa  femme  était  de  la  race  d'Aaron  et  s'appelait  Elisa- 
beth. ^Ils  étaient  tous  deux  justes  devant  Dieu,  et 
ils  suivaient  tous  les  commandements  et  toutes  les 
ordonnances  du  Seigneur  d'une  manière  irréprochable. 
^Ils  n'avaient  point  d'enfants,  parce  qu'Elisabeth 
était  stérile  ;  et  ils  étaient  tous  deux  avancés  en  âge. 

^Or,  il  arriva,  comme  Zacharie  remplissait  devant 
Dieu  les  fonctions  du  sacerdoce,  selon  le  rang  de  sa 
classe,  '-^  qu'il  fut  appelé  par  le  sort,  d'après  la  coutume 
établie  parmi  les  sacrificateurs,  à  entrer  dans  le  sanc- 
tuaire du  Seigneur  pour  y  offrir  le  parfum.  ^  '^Toute 
la  multitude    du    peuple    était    dehors  en  prière,   à 

(1)  C'est  à  ce  même  ThéopLile,  sans  doute  un  grand  personnage  du  temps,  que 
Luc  a  dédié  aussi  le  livre  des  Actes.  —  Voy.  Actes  1:1. 

(2)  Hérode  avait  reçu  de  l'empereur  romain  le  gouvernement  de  la  Palestine. 

122 


SAINT   LUC  1  :  ii-27 

l'heure  où  le  parfum  était  offert,  ^' Alors  un  ange  du 
Seigneur  lui  apparut,  debout  à  droite  de  l'autel  des 
parfums.  ^-Zacïiarie,  en  le  voyant,  fut  troublé,  et  la 
frayeur  le  saisit.  ^^Mais  l'ange  lui  dit  :  Ne  crains  point, 
Zacharie  ;  car  ta  prière  a  été  exaucée.  Elisabeth,  ta 
femme,  t'enfantera  un  fils,  et  tu  lui  donneras  le  nom 
de  Jean.  ^  'Il  sera  pour  toi  un  sujet  de  joie  et  d'allé- 
gresse, et  plusieurs  se  réjouiront  de  sa  naissance. 
'  ■'  Car  il  sera  grand  devant  le  Seigneur  ;  il  ne  boira  ni 
vin  ni  cervoise  ('),  et  il  sera  rempli  du  Saint-Esprit 
dès  le  sein  de  sa  mère.  "^11  convertira  plusieurs  des 
fils  d'Israël  au  Seigneur,  leur  Dieu  ;  ^^et  lui-même  mar- 
chera devant  le  Seigneur,  dans  l'esprit  et  avec  la  puis- 
sance d'Êlie,  pour  ramener  les  cœurs  des  pères  vers 
les  enfants  (-),  et  les  rebelles  à  la  sagesse  des  justes, 
afin  de  préparer  au  Seigneur,  un  peuple  bien  disposé. 
^^  Zacharie  dit  à  l'ange  :  A  quoi  reconnaîtrai-je  cela  ? 
Car  je  suis  vieux,  et  ma  femme  est  avancée  en  âge. 
^^  L'ange  lui  répondit  :  Je  suis  Gabriel,  qui  me  tiens 
devant  Dieu  ;  j'ai  été  envoyé  pour  te  parler  et  t'an- 
noncer  cette  bonne  nouvelle.  ^"^  Voici  que  tu  vas  devenir 
muet,  et  tu  ne  pourras  par?3r  jusqu'au  jour  où  ces 
choses  arriveront,  parce  que  tu  n'as  pas  cru  à  mes 
paroles,   qui  s'accompliront  en  leur  temps. 

^'  Cependant,  le  peuple  attendait  Zacharie,  et  s'éton- 
nait de  ce  qu'il  s'attardait  dans  le  sanctuaire.  ^-  Quand 
il  sortit,  Zacharie  ne  pouvait  leur  parler  ;  et  ils  compri- 
rent qu'il  avait  eu  quelque  vision  dans  le  sanctuaire  ; 
il  leur  faisait  des  signes,  et  il  demeura  muet.  ^-^  Lorsque 
les  jours  de  son  ministère  furent  achevés,  il  retourna 
dans  sa  maison.  ^'Quelque  temps  après,  Elisabeth 
sa  femme  devint  enceinte  ;  elle  se  tint  cachée  durant 
cinq  mois,  et  elle  disait  :  --^  Voilà  ce  que  le  Seigneur 
m'a  fait,  quand  il  a  jeté  les  yeux  sur  moi,  pour  ôter 
l'opprobre  qui  pesait  sur  moi  parmi  les  hommes. 

Un  ange  annonce  la  naissance  de  Jésus. 

"^Au  sixième  mois,  Dieu  envoya  l'ange  Gabriel 
dans  une  ville  de  Gahlée,  appelée  Nazareth,  ^^^  auprès 

(1)  BoLàsoii  fcnueutée.  —  (2)  Voy.  Malachie  4  :  6. 
123 


1  :  28-45  SAINT    LTJC 

d'une  vierge  fiancée  à  un  liomme  nommé  Joseph,  de 
la  maison  de  David  ;  et  cette  vierge  s'appelait  Marie. 
^^  L'ange,  étant  entré  dans  le  lieu  où  elle  était,  lui 
dit  :  Je  te  salue,  toi  qui  as  été  comblée  de  grâces  ;  le 
Seigneur  est  avec  toi.  ^^EUe  fut  troublée  de  ces  pa- 
roles, et  elle  se  demandait  ce  que  signifiait  cette  salu- 
tation. ^^ Alors  l'ange  lui  dit  :  Ne  crains  point,  Marie; 
car  tu  as  trouvé  grâce  devant  Dieu.  ^  *  Voici  que  tu  con- 
cevras et  tu  enfanteras  un  fils,  à  qui  tu  donneras  le 
nom  de  Jésus.  ^-11  sera  grand,  et  il  sera  appelé  le  Fils 
du  Très-Haut,  et  le  Seigneur,  Dieu,  lui  donnera  le  trône 
de  David,  son  père.  -^^Il  régnera  éternellement  sur  la 
maison  de  Jacob,  et  son  règne  n'aura  pas  de  fin. 
'^''  Alors  Marie  dit  à  l'ange  :  Comment  cela  arrivera-t-il, 
puisque  je  ne  connais  point  d'homme  ?  ^^L'ange  lui 
répondit  :  L'Esprit  saint  viendra  sur  toi,  et  la  puis- 
sance du  Très-Haut  te  couvrira  de  son  ombre  ;  c'est 
pourquoi  aussi,  le  saint  enfant  qui  naîtra  sera  appelé 
le  Fils  de  Dieu.  -^^Et  voici  qu'Elisabeth,  ta  parente,  a 
aussi  conçu  un  fils  en  sa  vieillesse  ;  c'est  ici  le  sixième 
mois  de  celle  qui  était  appelée  stérile.  •''^Car  rien  n'est 
impossible  à  Dieu!  -^^Marie  répondit:  Me  voici  :  je 
suis  la  servante  du  Seigneur.  Qu'il  me  soit  fait  selon 
ta  parole  !  Puis  l'ange  la  quitta. 

Visite  de  Marie  à  Elisabeth.  —  Cantique  de  Marie 

^'-'En  ces  jours-là,  Marie,  s'étant  levée,  s'empressa 
d'aller  dans  le  pays  des  montagnes,  dans  une  ville  de 
Juda.  ^'^*Elle  entra  dans  la  maison  de  Zacharie,  et  salua 
Elisabeth.  '  '  Or  il  arriva,  quand  Elisabeth  eut  en- 
tendu la  salutation  de  Marie,  que  le  petit  enfant  tres- 
saillit dans  son  sein  ;  et  Elisabeth  fut  remplie  du  Saint- 
Esprit.  ^"-  Alors  élevant  la  voix,  elle  s'écria  :  Tu  es  bénie 
entre  les  femmes,  et  le  fruit  de  tes  entrailles  est  béni. 
''"^Et  d'où  me  vient  cet  honneur,  que  la  mère  de  mon 
Seigneur  vienne  me  visiter  ?  '^''Car  ta  voix,  quand  tu 
m'as  saluée,  n'a  pas  plus  tôt  frappé  mes  oreilles, 
que  le  petit  enfant  a  tressailli  de  joie  dans  mon  sein. 
^^Bienheureuse  est  celle  qui  a  cru,  car  ce  qui  lui  a  été 
dit  de  la  part  du  Seigneur  aura  son  accomplissement  I 

124 


SAINT    LUC  1  :  46-66 

^*^  Alors  Marie  dit  :  Mon  âme  magnifie  le  Seigneur, 
''et  mon  esprit  se  réjouit  en  Dieu,  qui  est  mon  Sau- 
veur, '''^ parce  qu'il  a  jeté  les  yeux  sur  la  bassesse  de  sa 
servante.  Et  voici  que  désormais  tous  les  âges  m'ap- 
pelleront bienheureuse;  ^^car  le  Tout-Puissant  a  fait 
pour  moi  de  grandes  choses.  Son  nom  est  saint,  ^^et  sa 
miséricorde  s'étend  d'âge  en  âge  sur  ceux  qui  le  crai- 
gnent. ^'11  a  déployé  avec  puissance  la  force  de  son 
bras.  Il  a  dissipé  les  desseins  que  les  orgueilleux  for- 
maient dans  leur  cœur.  ^-11  a  renversé  de  leurs  trônes 
les  puissants,  et  il  a  élevé  les  humbles.  ^^11  a  rempli 
de  biens  les  affamés  et  il  a  renvoyé  les  riches  à  vide. 
^  '  Il  a  pris  en  main  la  cause  d'Israël,  son  serviteur,  et 
il  s'est  souvenu  de  sa  miséricorde  —  ^'^ ainsi  qu'il  en 
avait  parlé  à  nos  pères  —  à  l'égard  d'Abraham  et  de 
sa  postérité,  pour  toujours. 

^^  Marie  demeura  avec  Elisabeth  environ  trois 
mois  ;  puis  elle  s'en  retourna  dans  sa  maison. 


Naissance  de  Jean- Baptiste. 

^'Cependant,  le  terme  d'Elisabeth  étant  venu,  elle 
enfanta  un  fils.  ''^Ses  voisins  et  ses  parents,  ayant 
appris  que  le  Seigneur  avait  fait  éclater  en  elle  la 
grandeur  de  sa  miséricorde,  s'en  réjouissaient  avec 
elle.  ""^Le  huitième  jour,  ils  vinrent  pour  circoncire 
l'enfant  ;  ils  l'appelaient  Zacharie,  du  nom  de  son 
père.  ^^Mais  sa  mère  dit  :  Non  !  il  sera  nommé  Jean. 
®'  Ils  lui  dirent  :  Il  n'y  a  personne  dans  ta  parenté  qui 
porte  ce  nom.  ^- Alors  ils  demandèrent  au  père,  par 
signes,  comment  il  voulait  que  l'enfant  fût  nommé. 
^•^  Zacharie  ayant  demandé  des  tablettes,  écrivit  : 
Jean  est  son  nom.  Et  ils  en  furent  tous  surpris.  ^''A 
l'instant  sa  bouche  s'ouvrit,  sa  langue  se  délia,  et 
il  parlait,  bénissant  Dieu.  ^"^Tous  leurs  voisins  furent 
remplis  de  crainte,  et  l'on  s'entretenait  de  toutes  ces 
choses  dans  tout  le  pays  des  montagnes  de  la  Judée. 
^^Tous  ceux  qui  les  entendirent  les  conservèrent  dans 
leur  cœur,  et  ils  disaient  :  Que  deviendra  donc  ce 
petit  enfant  ?  Car  la  main  du  Seigneur  était  avec  lui. 

125 


1  :  67-2  :  4  SAINT   LUC 

Cantique  de  Zacharie 

^"^ Alors  Zacharie,  son  père,  fut  rempli  de  l'Esprit 
saint  ;  il  prophétisa  et  il  dit  :  ^^  Béni  soit  le  Seigneur' 
le  Dieu  d'Israël,  de  ce  qu'il  a  visité  et  racheté  son  peu- 
ple, ^^et  nous  a  suscité  un  puissant  Sauveur  {')  dans 
la  maison  de  David,  son  serviteur,  ^^ comme  il  l'a  pro- 
clamé par  la  bouche  de  ses  saints  prophètes,  dès  les 
anciens  temps.  '^11  nous  délivre  de  nos  ennemis  et  de 
la  main  de  tous  ceux  qui  nous  haïssent.  ''^Il  exerce 
sa  miséricorde  envers  nos  pères  et  se  souvient  de  sa 
sainte  alliance;  ^^car  il  a  fait  à  Abraham,  notre  père, 
le  serment  ^''de  nous  accorder  cette  grâce,  qu'après 
avoir  été  délivrés  de  la  main  de  nos  ennemis,  nous, 
pourrions  le  servir  sans  crainte,  en  sa  présence,  "^^dans 
la  sainteté  et  la  justice,  tous  les  jours  de  notre  vie.  ^^  Et 
toi,  petit  enfant,  tu  seras  appelé  le  prophète  du  Très- 
Haut  ;  tu  marcheras  devant  la  face  du  Seigneur,  pour 
préparer  ses  voies,  ^"pour  donner  à  son  peuple  la  con- 
naissance du  salut,  par  la  rémission  de  ses  péchés.  '^^  Car 
les  entrailles  de  la  miséricorde  de  notre  Dieu  se  sont 
émues,  et  le  soleil  levant  nous  a  visités  d'en  haut, 
^^pour  éclairer  ceux  qui  sont  assis  dans  les  ténèbres 
et  l'ombre  de  la  mort,  et  pour  conduire  nos  pas  dans 
le  chemin  de  la  paix. 

^"Or,  le  petit  enfant  grandissait  et  se  fortifiait 
en  esprit  ;  et  il  demeura  dans  les  déserts  jusqu'au  jour 
de  sa  manifestation  à  Israël. 

Naissance  de  Jésus-Christ 

2  ^En  ce  temps -là,  on  publia  un  édit  de  la  part 
de  César  Auguste,  ordonnant  un  dénombrement  de 
toute  la  terre.  -Ce  dénombrement  fut  le  premier  et 
eut  lieu  pendant  que  Quirinius  était  gouverneur  de 
Syrie.  ^Et  tous  allaient  se  faire  enregistrer,  chacun 
dans  sa  ville. 

^Joseph  aussi  monta  de  Galilée  en  Judée,  de  la 
ville  de  Nazareth  à  la  ville  de  David,  nommée  Beth- 
léhem  —  parce  qu'il  était  de  la  maison  et  de  la  famille 

(1)  Litt.   :  une  corne  de  salut,  expression  figurée  désignant  une  puissance  qui 
126 


SAINT  LUC  2  :  5-2  < 

de  David,  —  ^pour  se  faire  enregistrer  avec  Marie, 
son  épouse  ('),  qui  était  enceinte.  *^  Pendant  qu'ils 
étaient  là,  le  jour  où  elle  devait  accoucher  arriva, 
■^EUe  mit  au  monde  son  fils  premier-né,  l'emmaillota 
et  le  coucha  dans  une  crèche,  parce  qu'il  n'y  avait 
point  de  place  pour  eux  dans  l'hôtellerie. 

^Or,  il  y  avait  dans  la  même  contrée  des  bergers, 
qui  vivaient  aux  champs  et  gardaient  leurs  troupeaux 
pendant  les  veilles  de  la  nuit.  ^Un  ange  du  Seigneur  se 
présenta  à  eux  ;  la  gloire  du  Seigneur  resplendit  au- 
tour d'eux,  et  ils  furent  saisis  d'une  grande  crainte. 
^^  Alors  l'ange  leur  dit  :  Ne  craignez  point  ;  car  voici 
que  je  vous  annonce  une  bonne  nouvelle,  qui  sera  pour 
tout  le  peuple  la  cause  d'une  grande  joie:  '^ c'est 
qu'aujourd'hui,  dans  la  ville  de  David,  un  Sauveur,  qui 
est  le  Christ,  le  Seigneur  vous  est  né.  '^Et  vous 
le  reconnaîtrez  à  ce  signe  :  vous  trouverez  un  petit 
enfant  emmailloté  et  couché  dans  une  crèche.  ^"^Et 
tout  à  coup,  il  y  eut  avec  l'ange  une  multitude  de  l'ar- 
mée céleste,  louant  Dieu  et  disant  :  ^  ''Gloire  à  Dieu 
au  plus  haut  des  cieux,  paix  sur  la  terre,  bienveillance 
envers  les  hommes  ! 

^•^  Après  que  les  anges  les  eurent  quittés  pour  re- 
tourner au  ciel,  les  bergers  se  dirent  les  uns  aux  autres. 
Allons  jusqu'à  Bethléhem;  voyons  ce  qui  est  arrivé, 
ce  que  le  Seigneur  nous  a  fait  connaître.  ""'Ils  s'em- 
pressèrent donc  d'y  aller,  et  ils  trouvèrent  Marie,  Jo- 
seph, et  le  petit  enfant  qui  était  couché  dans  la  crèche. 
'•''Après  l'avoir  vu,  ils  publièrent  ce  qui  leur  avait  été 
dit  de  cet  enfant.  ^^Tous  ceux  qui  les  entendirent 
étaient  dans  l'admiration  de  ce  que  les  bergers  leur 
disaient.  ^'-^Et  Marie  conservait  toutes  ces  paroles  et 
les  repassait  dans  son  cœur.  -^Les  bergers  s'en  retour- 
nèrent, glorifiant  et  louant  Dieu  de  tout  ce  qu'ils 
avaient  entendu  et  vu,  selon  ce  qui  leur  avait  été  dit. 

^'  Quand  fut  arrivé  le  huitième  jour,  où  l'on  devait 
circoncire  l'enfant,  on  lui  donna  le  nom  de  Jésus, 
nom  qui  lui  avait  été  donné  par  l'ange  avant  qu'il 
fût  conçu  dans  le  sein  de  sa  mère. 

(1)  Litt.  :  Marie,  qui  lui  avait  été  accordée, 

127 


2  :  22-37  SAINT   LUC 

La  présentation  au  temple. 

22 Lorsque  furent  achevés  les  jours  de  leur  purifi- 
cation, selon  la  loi  de  Moïse,  ils  portèrent  l'enfant  à 
Jérusalem,  pour  le  présenter  au  Seigneur  —  ^Sg^jj^gj 
qu'il  est  écrit  dans  la  loi  du  Seigneur  :  «  Tout  mâle 
premier -né  sera  consacré  au  Seigneur  (')  »  —  ^''et 
pour  offrir  le  sacrifice  prescrit  dans  la  loi  du  Seigneur  : 
une  paire  de  tourterelles  ou  deux  pigeonneaux  {^). 

Cantique  de  Siméon.  —  La  prophétesse  Anne. 

2^  Or,  il  y  avait  à  Jérusalem  un  homme  qui  s'appe- 
lait Siméon.  Cet  homme  était  juste  et  pieux;  il  atten- 
dait la  consolation  d'Israël,  et  l'Esprit  saint  était  sur 
lui.  2^11  avait  été  averti  divinement  par  le  Saint- 
Esprit  qu'il  ne  verrait  point  la  mort  avant  d'avoir 
vu  le  Christ  du  Seigneur,  ^^n  yint  donc  au  temple, 
poussé  par  l'Esprit  ;  et  comme  les  parents  apportaient 
l'enfant  Jésus,  pour  accomplir  à  son  égard  les  pres- 
criptions ordinaires  de  la  loi,  ^^ii  Je  prit  entre  ses 
bras,  bénit  Dieu  et  dit  :  ^9  Maintenant,  Seigneur,  tu 
laisses  aller  ton  serviteur  en  paix,  selon  ta  parole  ;  ^"^car 
mes  yeux  ont  vu  ton  salut,  ^^  que  tu  as  préparé  pour 
être,  à  la  face  de  tous  les  peuples,  ^^la  lumière  qui  doit 
éclairer  les  nations,  et  la  gloire  de  ton  peuple  d'Israël. 

^^Son  père  et  sa  mère  admiraient  ce  qu'on  disait 
de  lui.  "^'Et  Siméon  les  bénit,  et  dit  à  Marie,  sa 
mère  :  Voici  que  cet  enfant  est  destiné  à  être  une 
cause  de  chute  et  de  relèvement  pour  plusieurs  en 
Israël,  et  un  signe  qui  provoquera  la  contradiction  ; 
^^et  toi-même,  une  épée  te  transpercera  l'âme.  C'est 
ainsi  que  les  pensées  du  cœur  de  plusieurs  seront 
dévoilées. 

^^11  y  avait  aussi  une  prophétesse,  Anne,  fille  de 
Phanuel.  de  la  tribu  d'Asser,  qui  était  fort  avancée 
en  âge.  Après  avoir  vécu,  depuis  sa  virginité,  sept  ans 
avec  son  mari,  ^"^eUe  était  restée  veuve.  Elle  était 
alors  âgée  de  quatre-vingt-quatre  ans,  et  ne  sortait 
point  du  temple,  servant  Dieu  nuit  et  jour  dans  les 

(1)  Esode  13  :  2.  —  (2)  Voy.  Lévlt.  IS  :  8, 
128 


SAINT   LUC  2  :  38-52 

jeûnes  et  les  prières.  ^^Elle  aussi,  étant  survenue  en  ce 
même  instant,  louait  Dieu,  et  elle  parlait  de  l'enfant  à 
tous  ceux  qui  attendaient  la  délivrance  de  Jérusalem. 
^^  Après  qu'ils  eurent  tout  accompli  selon  la  loi 
du  Seigneur,  ils  retournèrent  en  Galilée,  à  Nazareth, 
leur  ville.  ^^ Le  petit  enfant  grandissait  et  se  forti- 
fiait ;  il  était  rempli  de  sagesse,  et  la  grâce  de  Dieu 
était  sur  lui. 

Jésus  à  douze  ans 

^  '  Or,  ses  parents  allaient  tous  les  ans  à  Jérusalem, 
à  la  fête  de  Pâque.  ''^  Quand  il  eut  atteint  l'âge  de 
douze  ans,  ils  montèrent  à  Jérusalem,  selon  la  cou- 
tume de  la  fête.  -^^Les  jours  de  la  fête  étant  passés, 
comme  ils  s'en  retournaient,  l'enfant  Jésus  demeura 
à  Jérusalem,  et  ses  parents  ne  s'en  aperçurent  point. 
'^  'Pensant  qu'il  était  avec  leurs  compagnons  de  route, 
ils  marchèrent  toute  une  journée,  et  ils  le  cherchaient 
parmi  leurs  parents  et  ceux  de  leur  connaissance  ; 
^-'mais,  ne  l'ayant  pas  trouvé,  ils  retournèrent  à  Jéru- 
salem pour  le  chercher.  ^^Au  bout  de  trois  jours,  ils 
le  trouvèrent  dans  le  temple,  assis  au  milieu  des  doc- 
teurs, les  écoutant  et  leur  faisant  des  questions  ; 
^^et  tous  ceux  qui  l'entendaient  étaient  ravis  de  son 
intelligence  et  de  ses  réponses.  ^^En  le  voyant,  ils 
furent  étonnés  ;  et  sa  mère  lui  dit  :  Mon  enfant,  pour- 
quoi as-tu  agi  de  la  sorte  avec  nous  ?  Voici  que  ton 
père  et  moi  nous  te  cherchions,  étant  fort  en  peine. 
^''•^Et  il  leur  dit  :  Pourquoi  me  cherchiez -vous  ?  Ne 
.saviez-vous  pas  qu'il  me  faut  être  occupé  des  affaires 
de  mon  Père  ?  (').  ^^Mais  eux  ne  comprirent  point 
ce  qu'il  leur  disait. 

•''Il  s'en  alla  ensuite  avec  eux  et  vint  à  Nazareth; 
et  il  leur  était  soumis.  Et  sa  mère  conservait  toutes 
ces  paroles  dans  son  cœur. 

""^  Jésus  croissait  en  sagesse,  en  stature  et  en  grâce, 
devant  Dieu  et  devant  les  hommes. 

(1)  D'autres  traduisent  :  qu'il  faut  que  je  sois  dans  la  maison  de  mon  Pèref 

129 


3  :  1-12  SAINT   LUC 

Préparation  du  ministère  de  Jésus  (3  :  i  à  4  :  13) 

Ministère  et  prédication  de  Jean-Baptiste 

(Voy.  Matth.  3  :  1-12  ;  Marc  1  :  1-8). 

3  'La  quinzième  année  du  règne  de  Tibère  César, 
—  Ponce  Pilate  étant  gouverneur  de  la  Judée  ('), 
Hérode  tétrarque  de  la  Galilée  (-),  Philippe,  son 
frère,  tétrarque  de  Flturée  et  de  la  province  de  la 
Trachonite,  et  Lysanias  tétrarque  de  l'Abylène  (^), 
^Anne  et  Caïphe  étant  souverains  sacrificateurs,  -r— 
la  iDarole  de  Dieu  fut  adressée  à  Jean,  fils  de  Zacharie, 
dans  le  désert.  ^Et  il  parcourut  toute  la  contrée  voi- 
sine du  Jourdain,  prêchant  le  baptême  de  la  repen- 
tance,  pour  la  rémission  des  péchés,  ^ainsi^  qu'il 
est  écrit  dans  le  livre  des  paroles  du  prophète  Ésaïe  : 
«  Une  voix  crie  dans  le  désert  :  Préparez  le  chemin 
du  kSeigneur;  aplanissez  ses  sentiers.  ^  Toute  vallée 
sera  comblée,  toute  montagne  et  toute  colline  seront 
abaissées,  les  chemins  tortueux  seront  redressés,  et 
les  chemins  raboteux  seront  aplanis  ;  *"  et  toute  créa- 
ture verra  le  salut  de  Dieu  (').  » 

^11  disait  donc  à  la  foule  qui  venait  pour  être  bap- 
tisée par  lui  :  Race  de  vipères,  qui  vous  a  appris  à 
fuir  la  colère  à  venir  ?  ^Produisez  donc  des  fruits  dignes 
d'une  vraie  repen tance  (■')  !  Et  n'allez  pas  dire  en  vous- 
mêmes  :  Nous  avons  Abraham  pour  père  ;  car  je 
vous  dis  que,  de  ces  pierres,  Dieu  peut  faire  naître  des 
enfants  à  Abraham.  '-^Déjà  la  cognée  est  mise  à  la 
racine  des  arbres.  Tout  arbre  qui  ne  produit  pas 
de  bons  fruits  va  être  coupé  et  jeté  au  feu. 

^^*  Alors  la  foule  lui  demanda  :  Que  ferons -nous  donc  ? 
^  '  Il  leur  répondit  :  Que  celui  qui  a  deux  tuniques,  en 
donne  une  à  celui  qui  n'en  a  point  ;  et  que  celui  qui 
a  de  quoi  manger  agisse  de  même.  ^-11  vint  aussi 
des   péagers   pour  être   baptisés  ;   et  ils  lui  dkent  : 

(1)  Voir  note  sur  Matth.  37  :  2. 

(2)  Voir  note  sur  Matth.  2:  22. 

(3)  L'Iturée,  la   Trachouite  et   l'-Abylèue  se  trouvaient  au  nord  et  à  Test  du 
lac  de  Génésareth. 

(4)  Ésaïe  40  :  3-5.  —  (5)  Litt  :  de  la  repeyitance. 

130 


SAINT  IJUG  3  :  4  3-26 

Maître,  que  ferons-nous  ?  ^  "^  Il  leur  répondit  :  N'exigez 
rien  au  delà  de  ce  qui  vous  est  ordonné.  ^'Des 
•gens  de  guerre  lui  demandèrent  aussi  :  Et  nous,  que 
ferons-nous  ?  Il  leur  répondit  :  N'usez  de  violence 
ni  de  fraude  envers  personne,  mais  contentez -vous 
de  votre  solde. 

^^  Comme  le  peuple  était  dans  l'attente,  et  que 
tous  se  demandaient  en  leur  cœur  si  Jean  ne  serait 
point  le  Christ,  ^  ^  Jean,  prenant  la  parole,  dit  à  tous  : 
Pour  moi,  je  vous  baptise  d'eau  ;  mais  il  vient,  celui 
qui  est  plus  puissant  que  moi  !  Je  ne  suis  pas  digne 
de  délier  la  courroie  de  ses  chaussures  ;  c'est  lui  qui 
vous  baptisera  d'Esprit  sa^int  et  de  feu.  '"Il  a  son  van 
dans  sa  main,  il  nettoiera  parfaitement  son  aire  et 
amassera  le  froment  dans  son  grenier  ;  mais  il  brûlera 
la  balle  au  feu  qui  ne  s'éteint  point. 

^^11  adressait  encore  plusieurs  autres  exhortations 
au  peuple,  en  lui  annonçant  la  bonne  nouvelle.  ''-'Mais 
Hérode  le  tétrarque,  étant  repris  par  Jean  au  sujet 
d'Hérodias,  femme  de  son  frère,  et  au  sujet  de  tous 
les  crimes  qu'il  avait  commis,  ^*' ajouta  encore  à  tous 
les  autres  celui  de  faire  mettre  Jean  en  prison. 

Baptême  de  Jésus 

(Voy.  Matth.  3   :  13-17  ;  Marc  1   :  9-11  ;  Jean  1  :  32-33) 

2  '  Or,  comme  tout  le  peuple  se  faisait  baptiser, 
Jésus  se  fit  aussi  baptiser.  Pendant  qu'il  priait,  le 
ciel  s'ouvrit,  ^'^et  le  Saint-Esprit  descendit  sur  lui, 
sous  une  forme  corporelle,  comme  une  colombe  ;  et 
il  vint  du  ciel  une  voix  qui  dit  :  Tu  es  mon  Fils  bien- 
aimé,  en  qui  j'ai  mis  toute  mon  affection! 

Généalogie  de  Jésus 

(Comp.  Matth.  1   :  1-17) 

2^  Jésus  avait  environ  trente  ans,  lorsqu'il  com- 
mença son  ministère.  Il  était,  à  ce  que  l'on  croyait, 
fils  de  Joseph,  fils  d'Héli,  ^''fils  de  Matthat,  fils  de 
Lévi,  fils  de  Melchi,  fils  de  Janné,  fils  de  Joseph, 
^•^fils  de  Mattathias,  fils  d'Amos,  fils  de  Nahum,  fils 
d'Esli,  fils  de  Naggé,  ^efiig  de  Maath,  fils  de  Matta- 

131 


3;  27-4:  ^0  SAINT   LUC 

thias,  fils  de  Siméin,  fils  de  Joseph,  fils  de  Joda,  ^^fils 
de  Joanan,  fils  de  Rhésa,  fils  de  Zorobabel,  fils  de 
Salathiel,  fils  de  Néri,  '^^ûh  de  Melchi,  fils  d'Addi, 
fils  de  Cosam,  fils  d'Elmadam,  fils  d'Er,  '^^ûh  de  Jésus, 
fils  d'Eliézer,  fils  de  Jorim,  fils  de  Maththat,  fils  de 
Lévi,  ^^fils  de  Siméon,  fils  de  Juda,  fils  de  Joseph, 
fils  de  Jonam,  fils  d'Éliakim,  fils  de  Méléa,  ^^fils  de 
Menna,  fils  de  Mattatha,  fils  de  Nathan,  fils  de  David, 
^^fils  de  Jessé,  fils  de  Jobed,  fils  de  Booz,  fils  de  Sala, 
fils  de  Naasson,  ^-^fils  d'Aminadab,  fils  d'Admin,  fils 
d'Arni,  fils  d'Esrom,  fils  de  Pharez,  fils  de  Juda,  ^^fils 
de  Jacob,  fils  d'Isaac,  fils  d'Abraham,  fils  de  Tharé, 
fils  de  Nachor,  ^"^fils  de  Séruch,  fils  de  Ragaû,  fils 
de  Phalek,  fils  de  Héber,  fils  de  Sala,  ^^fils  de  Caïnam, 
fils  d'Arphaxad,  fils  de  Sem,  fils  de  Noé,  fils  de  La- 
mech,  ^'^fiJs  de  Mathusala,  fils  d'Hénoch,  fils  de  Jaret, 
fils  de  Maleléel,  fils  de  Caïnam,  ^^fils  d'Ênos,  fils  de 
Seth,  fils  d'Adam,  fils  de  Dieu. 

La  tentation 

(Voy.  Matth.  4  :  1-11  ;  Marc  1   :  12-13) 

4  ^  Jésus,  rempli  de  l'Esprit  saint,  revint  des  bords 
du  Jourdain,  et  il  fut  conduit  par  l'Esprit  dans  le 
désert,  '^  où  il  fut  tenté  par  le  Diable  pendant  quarante 
jours.  Il  ne  mangea  rien  durant  ces  jours-là;  et,  après 
qu'ils  furent  passés,  il  eut  faim.  *^  Alors  le  Diable  lui 
dit  :  Si  tu  es  le  Fils  de  Dieu,  dis  à  cette  pierre  qu'elle 
devienne  du  pain.  ''  Jésus  lui  répondit  :  Il  est  écrit  : 
«L'homme  ne  vivra  pas  seulement  de  pain  (').  » 
^  Le  Diable,  l'ayant  emmené,  lui  fit  voir  en  un  ins- 
tant tous  les  royaumes  du  monde  ;  ^  et  il  lui  dit  :  Je  te 
donnerai  toute  cette  puissance  et  la  gloire  de  ces 
ro^^aumes  ;  car  elle  m'a  été  donnée,  et  je  la  donne  à 
qui  je  veux.  "^Si  donc  tu  te  prosternes  devant  moi, 
toutes  ces  choses  seront  à  toi.  ^  Jésus  lui  répondit  : 
Il  est  écrit  :  «  Tu  adoreras  le  Seigneur,  ton  Dieu,  et 
tu  ne  rendras  de  culte  qu'à  lui  seul  (-).  »  ®I1  le  mena 
aussi  à  Jérusalem,  et  l'ayant  placé  sur  le  faîte  du 
temple,  il  lui  dit  :  Si  tu  es  le  Fils  de  Dieu,  jette-toi  d'ici 
en  bas  ;  '  ^  car  il  est  écrit  :   «  Il  donnera  des  ordres  à 

(1)  Deut.  8  :  3.  —  (2)  Deut.  6  :  13. 

132 


SAINT   LUO  4:  41-24 

ses  anges,  pour  qu'ils  te  gardent  ;  ^  '  et  ils  te  porteront 
dans  leurs  mains,  de  peur  que  ton  pied  ne  heurte 
contre  quelque  pierre  (').  »  ^- Jésus  lui  répondit:  Il 
est  dit  :  «  Tu  ne  tenteras  point  le  Seigneur,  ton 
Dieu  (-).  »  ^-^Et  le  Diable,  ayant  achevé  de  le  tenter 
de  toute  manière,  se  retira  de  lui  jusqu'à  une  autre 
occasion. 


Ministère  de  Jésus  en  Galilée  (4  :  14  à  9  :  50) 

Prédication  à  Nazareth 

^'*  Jésus  s'en  retourna  en  Galilée,  avec  la  puis- 
sance de  l'Esprit,  et  sa  renommée  se  répandit  dans 
tout  le  pays  d'alentour.  ^^11  enseignait  dans  les  syna- 
gogues, et  il  était  glorifié  par  tous. 

'*'I1  vint  à  Nazareth,  où  il  avait  été  élevé.  Selon 
sa  coutume,  il  entra  le  jour  du  sabbat  dans  la  syna- 
gogue et  il  se  leva  pour  lire.  ^'On  lui  présenta  le  livre 
du  prophète  Ésaïe;  et,  ayant  ouvert  le  livre,  il  trouva 
l'endroit  où  il  était  écrit:  «^^ L'Esprit  du  Seigneur 
est  sur  moi  ;  c'est  pourquoi  il  m'a  oint  pour  annoncer 
la  bonne  nouvelle  aux  pauvres.  '^11  m'a  envoyé  pour 
publier  la  Hberté  aux  captifs  et  le  recouvrement  de 
la  vue  aux  aveugles,  pour  renvoyer  libres  ceux  qui 
sont  dans  l'oppression,  et  pour  proclamer  l'année 
favorable  du  Seigneur  (•^).  »  ^'^Puis  il  ferma  le  livre,  le 
rendit  au  serviteur,  (^)  et  il  s'assit;  et  les  yeux  de  tous 
dans  la  synagogue  étaient  fixés  sur  lui.  ^  '  Alors  il  se 
mit  à  leur  dire  :  Aujourd'hui  est  accomplie  cette 
parole  de  l'Ecriture,   que  vous  venez  d'entendre. 

^-Tous  lui  rendaient  témoignage  ;  ils  admiraient 
les  paroles  pleines  de  grâce  qui  sortaient  de  sa  bouche, 
et  ils  disaient  :  N'est-ce  pas  le  fils  de  Joseph  ?  --^11  leur 
dit  :  Sans  doute,  vous  me  citerez  ce  proverbe  :  Méde- 
cin, guéris-toi  toi-même  ;  tout  ce  que  nous  avons 
entendu  dire  que  tu  as  fait  à  Capernaùm,  fais-le  éga- 
lement ici,  dans  ta  patrie.  ^'Et  il  ajouta  :  En  vérité, 
je  vous  le  dis,  aucun  prophète  n'est  bien  reçu  dans 

(1)  Psaume  91  :  11-12.  —  (2)  Deut.  6  :  16.  —  (3)  :Ésaïe  61  :  1-2. 

(4)  Le  serviteur  chargé  de  prendre  soiu  des  manuscrits  des  Livres  saiuts. 

133 


4  :  25-39  SArNT   LUC 

sa  patrie.  ^^  Je  vous  le  dis,  en  vérité,  il  y  avait  plusieurs 
veuves  en  Israël  au  temps  d'Élie,  lorsque  le  ciel 
fut  fermé  pendant  trois  ans  et  six  mois,  et  il  y  eut  une 
grande  famine  par  tout  le  pays;  ^^ cependant,  Elie  ne 
fut  envoyé  chez  aucune  d'elles,  mais  il  fut  envoyé 
à  Sarepta,  dans  le  pays  de  Sidon,  chez  une  femme  qui 
était  veuve.  ^^11  y^  avait  aussi  plusieurs  lépreux  en 
Israël,  au  temps  d'Elisée,  le  prophète  ;  toutefois,  aucun 
d'eux  no  fut  guéri,  mais  bien  Naaman,  le  Syrien.    , 

^^Tous,  dans  la  synagogue,  furent  remplis  de  co- 
lère, en  entendant  ces  ehoses.  ^^  Et,  s'étant  levés,  ils 
l'entraînèrent  hors  de  la  ville  et  le  menèrent  jusqu'au 
sommet  de  la  montagne  sur  laquelle  leur  ville  était 
bâtie,  pour  le  jeter  en  bas.  -^''Mais  lui,  passant  au  mi- 
lieu d'eux,  s'en  alla. 

Guérison  d'un  démoniaque 

(Voy.  Marc  1  :  21-28) 

^'11  descendit  à  Capernaiim,  vUle  de  Galilée,  et 
il  y  enseignait  le  jour  du  sabbat.  ^^Tous  étaient 
frappés  de  son  enseignement;  car  il  parlait  avec  au- 
torité. 

^•^Or,  il  se  trouvait  dans  la  synagogue  un  homme 
qui  avait  un  esprit  de  démon  impur,  et  il  s'écria  à 
haute  voix  :  •'''' Ah  !  qu'y  a-t-il  entre  nous  et  toi,  Jésus 
de  Nazareth  ?  Es-tu  venu  pour  nous  perdre  ?  Je  sais 
qui  tu  es  :  le  Saint  de  Dieu!  ^-^Mais  Jésus  le  reprit 
sévèrement  et  lui  dit  :  Tais-toi,  et  sors  de  cet  homme. 
Alors  le  démon,  après  l'avoir  jeté  au  milieu  de  l'as- 
semblée, sortit  de  lui,  sans  lui  faire  aucun  mal.  ^^Ils 
furent  tous  dans  l'étonnement,  et  ils  disaient  entre 
eux  :  Quelle  est  donc  cette  parole  ?  Il  commande 
avec  autorité  et  avec  puissance  aux  esprits  impurs, 
et  ils  s'enfuient  !  ^'^Et  sa  renommée  se  répandit  par- 
tout aux  alentours. 

La  belle-mère  de  Pierre 

(Voy.  Matth.  8  :  14-15;  Marc  1  :  29-31) 

^^ Jésus,  sortant  de  la  synagogue,  entra  dans  la 
maison  de  Simon.  La  belle-mère  de  Simon  avait  une 
fièvre  violente,  et  on  le  pria  de  la  guérir.  ^^ S'étant 

134 


SAINT   LFC  4  :  40-5  l  7 

penché  sur  elle,  il  commanda  à  la  fièvre,  et  la  fièvre 
la  quitta  ;  aussitôt  elle  se  leva  et  se  mit  à  les  servir. 

Miracles  divers 

(Voy.  Matth.  8  :  16-17  ;  Marc  1  :  32-39) 

'"^  Quand  le  soleil  fut  couché,  tous  ceux  qui  avaient 
des  malades  atteints  de  divers  maux  les  lui  amenè- 
rent ;  et  il  les  guérit  en  imposant  les  mains  à  chacun 
d'eux.  "^'Les  démons  sortaient  aussi  de  plusieurs,  en 
criant  :  Tu  es  le  Christ,  le  Fils  de  Dieu  !  Mais  il  les 
reprenait  sévèrement,  et  ne  leur  permettait  pas 
de  dire  qu'ils  savaient  qu'il  était  le  Christ. 

"^-Dès  que  le  jour  parut,  il  sortit  et  alla  dans  un 
lieu  écarté  ;  et  une  foule  de  gens  se  mirent  à  sa  recher- 
che. Ils  parvinrent  jusqu'à  lui,  et  ils  le  retenaient,  ne 
voulant  pas  le  laisser  partn.  ^-^Mais  il  leur  dit  :  Il 
faut  que  j'annonce  aussi  aux  autres  villes  la  bonne 
nouvelle  du  royaume  de  Dieu  ;  car  c'est  pour  cela 
que  j'ai  été  envoyé.  ^^Et  il  prêchait  dans  les  syna- 
gogues de  la  Galilée. 

La  pêche  miraculeuse 

(Comp.  Matth.  4  :  18-22  ;  Marc  1  :  16-20) 

5  ''Comme  Jésus  était  sur  le  bord  du  lac  de  Géné- 
zareth,  la  foule  se  pressait  autour  de  lui  pour  enten- 
dre la  parole  de  Dieu.  ^11  vit  deux  barques  arrêtées 
près  du  rivage;  les  pêcheurs  en  étaient  descendus  pour 
laver  leurs  filets.  Il  monta  dans  l'une  de  ces  bar- 
ques, qui  appartenait  à  Simon,  -^et  il  le  pria  de  s'éloi- 
gner un  peu  du  bord  ;  puis  il  s'assit,  et  de  là  il  ensei- 
gnait la  foule. 

^  Quand  il  eut  cessé  de  parler,  il  dit  à  Simon  : 
Avance  en  pleine  eau,  et  jetez  vos  filets  pour  pêcher. 
^  Simon  lui  réj)ondit  :  Maître,  nous  avons  travaillé 
toute  la  nuit  sans  rien  prendre  ;  mais,  sur  ta  parole, 
je  jetterai  le  filet.  ^L'ayant  jeté,  ils  prirent  une  si 
grande  quantité  de  poissons  que  leur  filet  se  rompait. 
^  Alors  ils  firent  signe  à  leurs  compagnons,  qui  étaient 
dans  l'autre  barque,  de  venir  les  aider  ;  ceux-ci  vin- 
rent, et  ils  remplirent  les  deux  barques,   tellement 

135 


5  :  8-19  SAINT   LUC 

qu'elles  enfonçaient.  ^  Simon  Pierre,  ayant  vu  cela, 
se  jeta  aux  genoux  de  Jésus,  et  il  lui  dit  :  Seigneur, 
retire -toi  de  moi  ;  car  je  suis  un  homme  pécheur. 
^  En  effet,  la  frayeur  l'avait  saisi,  ainsi  que  tous  ceux 
qui  étaient  avec  lui,  à  cause  de  la  pêche  des  poissons 
qu'ils  avaient  faite,  de  même  que  Jacques  et  Jean, 
fils  de  Zébédée,  qui  étaient  compagnons  de  Simon. 
^  ^  Alors  Jésus  dit  à  Simon  :  Ne  crains  point  ;  désor- 
mais, tu  seras  pêcheur  d'hommes.  ^'Puis,  après  avoir 
ramené  les  barques  à  terre,  ils  quittèrent  tout  et  le 
suivirent. 

Guérison  d'un  lépreux 

(Voy.  Matth.  8  :  1-i;  Marc  1  :  40-45) 

^  2  Comme  Jésus  était  dans  une  ville,  un  homme 
tout  couvert  de  lèpre,  l'ayant  vu,  se  jeta  le  visage 
contre  terre  et  lui  adressa,  tout  suppliant,  ces  paroles  : 
Seigneur,  si  tu  le  veux,  tu  peux  me  rendre  net  ! 
'^  Jésus  étendit  la  main,  le  toucha  et  dit  :  Je  le  veux, 
sois  net  !  Au  même  instant,  la  lèpre  le  quitta.  ^  '*  Jésus 
lui  défendit  de  le  dire  à  personne  ;  mais  va,  dit-il, 
montre-toi  au  sacrificateur,  et  offre  pour  ta  purifi- 
cation ce  que  Moïse  a  prescrit,  afin  que  cela  leur 
serve  de  témoignage. 

^■'Sa  renommée  se  répandait  de  plus  en  plus,  et 
une  foule  de  gens  s'assemblaient  pour  l'entendre  et 
pour  être  guéris  de  leurs  maladies.  ''^Mais  lui  se 
retirait  dans  les  déserts,  et  il  priait. 

Guérison  d'un  ^paralytique 

(Voy.  Matth.  9  :  1-8  ;  Marc  2  :  1-12) 

^^Un  jour  qu'il  enseignait,  et  que  des  pharisiens 
et  des  docteurs  de  la  loi,  venus  de  tous  les  villages 
de  la  Galilée,  de  la  Judée  et  de  Jérusalem,  étaient  là 
assis,  la  puissance  du  Seigneur  agissait  en  lui  pour 
opérer  des  guérisons.  ^^  Alors  il  survint  des  gens  qui 
portaient  sur  un  lit  un  paralytique,  et  ils  cherchaient 
à  le  faire  entrer  et  à  le  mettre  devant  Jésus.  ^  ^  Comme 
ils  ne  savaient  par  où  le  faire  passer,  à  cause  de  la 
foule,  ils  montèrent  sur  le  toit,  et,  ayant  enlevé  les 
tuiles,  ils  le  descendirent  avec  son  petit  lit,  au  milieu 

136 


SAINT   LUC  5  :  20-34 

de  l'assemblée,  devant  Jésus.  -*^ Voyant  leur  foi,  Jé- 
sus dit  :  0  homme,  tes  péchés  te  sont  pardonnes. 
^  'Alors  les  scribes  et  les  pharisiens  se  mirent  à  raisonner 
et  à  dire  :  Quel  est  celui-ci,  qui  profère  des  blasphèmes  ? 
Qui  peut  pardonner  les  péchés,  que  Dieu  seul  ? 
^-Mais  Jésus,  connaissant  leurs  pensées,  prit  la 
parole  et  leur  dit  :  Quel  raisonnement  faites-vous 
dans  vos  cœurs  ?  ^-^  Lequel  est  le  plus  aisé,  de  dire  : 
Tes  péchés  te  sont  pardonnes  ;  ou  de  dire  :  Lève -toi 
et  marche  ?  ^''Or,  afin  que  vous  sachiez  que  le  Fils 
de  l'homme  a  sur  la  terre  le  pouvoir  de  pardonner 
les  péchés  :  Je  te  l'ordonne,  dit-il  au  paralytique, 
lève-toi,  emporte  ton  lit,  et  va  dans  ta  maison.  ^-^Et 
à  l'instant,  le  paralytique  se  leva  en  leur  présence. 
Il  emporta  le  lit  sur  lequel  il  avait  été  couché  et  s'en 
alla  dans  sa  maison,  donnant  gloire  à  Dieu.  -^Tous 
furent  remplis  d'enthousiasme  ;  ils  glorifiaient  Dieu, 
et,  remplis  de  crainte,  ils  disaient  :  Nous  avons  vu 
aujourd'hui  des  choses  extraordinaires. 

Vocation  de  Lévi.  —  Le  Jeûne 

(Voy.  Matth.  9  :  9-17;  Marc  2  :  13-22) 

^"^  Après  cela,  Jésus  sortit  ;  et  il  vit  un  péager,  nommé 
Lévi  (  '  ),  assis  au  bureau  du  péage.  Il  lui  dit  :  Suis-moi  ! 
^^Et  lui,  quittant  tout,  se  leva  et  le  suivit. 

^'^Lévi  lui  donna  un  grand  festin  dans  sa  maison, 
et  un  grand  nombre  de  péagers  et  d'autres  personnes 
étaient  à  table  avec  eux.  -^^Les  pharisiens  et  leurs 
scribes  murmuraient  et  disaient  à  ses  disciples  : 
Pourquoi  mangez -vous  et  buvez -vous  avec  des  péa- 
gers et  des  pécheurs  ?  ^'  Jésus,  prenant  la  parole,  leur 
dit  :  Ce  ne  sont  pas  ceux  qui  sont  en  santé  qui  ont 
besoin  de  médecin,  mais  ceux  qui  se  portent  mal. 
^- Je  ne  suis  pas  venu  appeler  à  la  repen tance  les  justes, 
mais  les  pécheurs. 

^^Ils  lui  dirent  :  Les  disciples  de  Jean  jeûnent 
souvent  et  font  des  prières,  de  même  que  ceux  des 
pharisiens,  au  lieu  que  les  tiens  mangent  et  boivent. 
''^^*  Il  leur  répondit  :  Pouvez- vous  faire  jeûner  les  amis  de 

(1)  Cet  apôtre  prit  le  nom  de  Matthieu  (do7i  de  Dieu).  —  Voy.  Matth.  9  :  9  ; 
10  :  3. 

137 


5  :  35-6  :  8  SAINT  LTTC 

l'époux,  pendant  que  l'époux  est  avec  eux'?  ^^Les 
jours  viendront  où  l'époux  leur  sera  ôté  ;  alors  ils 
jeûneront  dans  ces  jours-là. 

^^11  leur  dit  encore  cette  parabole  :  Personne  n'en- 
lève une  pièce  à  un  vêtement  neuf  pour  la  mettre  à 
un  vieux  vêtement.  Ce  serait  déchirer  le  vêtement 
neuf,  sans  que  la  pièce  neuve  s'accorde  avec  le  vête- 
ment vieux.  ^^De  même,  personne  ne  met  du  vin 
nouveau  dans  de  vieilles  outres  ;  autrement,  le  vin 
nouveau  rompra  les  outres  ;  il  se  répandra,  et  les  outres 
seront  perdues.  ^^^Mais  le  vin  nouveau  doit  être  mis 
dans  des  outres  neuves.  ^'"'De  même  aussi,  celui  qui 
boit  du  vin  vieux,  ne  demande  pas  du  vin  nouveau  ; 
car  il  dit  :  C'est'  le  vieux  qui  est  bon. 

Les  épis  arrachés 

(Yoy.  Matth.  12  :  1-8  ;  Marc  2   :  23-28) 

6  ^  Un  jour  He  sabbat,  Jésus  passant  par  des  blés,  ses 
disciples  arrachaient  des  épis,  les  froissaient  entre  leurs 
mains,  et  ils  les  mangeaient.  -  Quelques-uns  des  pha- 
risiens leur  dirent  :  Pourquoi  faites-vous  ce  qu'il  n'est 
pas  permis  de  faire  le  jour  du  sabbat  ?  -^  Jésus,  prenant 
la  parole,  leur  dit  :  N'avez-vous  donc  pas  lu  ce  que 
fit  David,  lorsqu'il  eut  faim,  lui  et  ceux  qui  étaient 
avec  lui  ?  ''  Comment  il  entra  dans  la  maison  de  Dieu, 
prit  les  pains  de  proposition,  en  mangea  et  en  donna; 
à  ceux  qui  ét?aent  avec  lui,  bien  qu'il  ne  soit  permis 
qu'aux  seuls  sacrificateurs  d'en  manger  (')  ?  ^Et  il 
leur  dit  :  Le  Fils  de  l'homme  est  maître  même  du 
sabbato 

Uhomme  à  la  main  desséchée 

(Voy.  Matth.  12  :  9-14  ;  Marc  3  :  1-6) 

^Un  autre  jour  de  sabbat,  Jésus  entra  dans  la  syna- 
gogue, et  il  se  mit  à  enseigner.  Il  y  avait  là  un  homme 
dont  la  main  droite  était  desséchée.  "'  Or,  les  scribes  et 
les  pharisiens  l'observaient,  pour  voir  s'il  ferait  une 
guérison  le  jour  du  sabbat,  afin  de  trouver  l'occasion 
de  l'accuser.  ^Mais  comme  il  connaissait  leurs  pensées, 

(1)  Voy.  I  Samuel  31  :  1-6. 

138 


SAINT  LUC  6  :  9-20 

il  dit  à  l'homme  qui  avait  la  main  desséchée  :  Lève-toi, 
et  tiens-toi  debout  au  milieu  de  nous.  Et  lui,  s' étant 
levé,  se  tint  debout.  ^  Jésus  leur  dit  :  Est-il  permis, 
le  jour  du  sabbat,  de  faire  du  bien  ou  de  faire  du  mal, 
de  sauver  une  personne  ou  de  la  faire  périr  ?  ^^Puis, 
ayant  porté  ses  regards  sur  tous^  ceux  qui  étaient 
autour  de  lui,  il  dit  à  l'homme  :  Etends  ta  main.  Il 
le  fit,  et  sa  main  redevint  saine.  ^^Mais  eux  furent 
remplis  de  fureur  ;  et  ils  s'entretenaient  ensemble 
de  ce  qu'ils  pourraient  faire  à  Jésus. 

Choix  des  douze  apôtres 

(Voy.  Matth.  10  :  1-4  ;  Marc  3  :  13-19) 

^2  En  ce  temps-là,  Jésus  alla  sur  la  montagne  pour 
prier  ;  et  il  passa  toute  la  nuit  à  prier  Dieu.  '  '^  Quand 
le  jour  fut  venu,  il  appela  ses  disciples,  et  il  en  choisit 
douze,  auxquels  il  donna  le  nom  d'apôtres  :  ^^  Simon, 
qu'il  nomma  Pierre,  et  André  son  frère,  Jacques  et 
Jean,  Philippe  et  Barthélémy,  '"^  Matthieu  et  Tho- 
mas, Jacques,  fils  d'Alphée,  et  Simon,  appelé  le 
Zélote  ('),  ^"^Jude,  fils  de  Jacques,  et  Judas  Isca- 
riote  (-),  celui  qui  le  trahit. 

Instructions  diverses 

(Voy.  Matth.  chap,  5,  6  et  7) 

"Ensuite,  étant  descendu  avec  eux,  il  s'arrêta  sur 
un  plateau.  Là,  se  trouvaient  un  grand  nombre  de 
ses  disciples  et  une  grande  multitude  de  gens,  qui 
étaient  venus  de  toute  la  Judée  et  de  Jérusalem,  ainsi 
que  du  littoral  de  Tyr  et  de  Sidon,  pour  l'entendre  et 
pour  être  guéris  de  leurs  maladies.  ^^Ceux  qui  étaient 
tourmentés  par  des  esprits  impurs  étaient  aussi  guéris. 
^^  Toute  la  multitude  cherchait  à  le  toucher,  parce 
qu'il  sortait  de  lui  une  force  qui  les  guérissait  tous. 

-^  Alors  levant  les  yeux  sur  ses  disciples,  Jésus  dit  : 
Heureux,  vous  qui  êtes  pauvres,  parce  que  le  royaume 

(1)  On  appelait  Zélotes  les  Juifs  particulièremeut  zélés  pour  le  triomphe  de 
la  cause  nationale.  Ils  formaient  un  parti  plus  fanatique  encore  que  celui  des 
pharisiens. 

(2)  Voir  note  sur  Matth.  10  :  4. 

139 


6  l  21-38  SAINT  LTJO 

de  Dieu  est  à  vous!  ^'Heureux,  vous  qui  avez  faim 
maintenant,  parce  que  vous  serez  rassasiés  !  Heureux, 
vous  qui  pleurez  maintenant,  parce  que  vous  serez 
dans  la  joie  !  ^^  Vous  serez  heureux,  lorsque  les  hommes 
vous  haïront,  qu'ils  vous  chasseront,  qu'ils  vous 
diront  des  outrages  et  rejetteront  votre  nom  comme 
infâme,  à  cause  du  Fils  de  l'homme!  ^^ Réjouissez- 
vous  en  ce  jour-là,  et  tressaillez  de  joie,  parce  que 
votre  récompense  sera  grande  dans  le  ciel;  car  c'est 
ainsi  que  leurs  pères  traitaient  les  prophètes. 

^^Mais  malheur  à  vous,  riches,  parce  que  vous  avez 
déjà  reçu  votre  consolation  !  ^''Malheur  à  vous  qui 
êtes  rassasiés  maintenant,  parce  que  vous  aurez  faim  ! 
Malheur  à  vous  qui  riez  maintenant,  parce  que  vous 
serez  dans  le  deuil  et  dans  les  larmes  !  ^^  Malheur  à 
vous,  lorsque  tous  les  hommes  diront  du  bien  de  vous  ; 
car  leurs  pères  faisaient  de  même  à  l'égard  des  faux 
prophètes  ! 

^^Mais  je  vous  dis,  à  vous  qui  m'écoutez  :  Aimez 
vos  ennemis,  faites  du  bien  à  ceux  qui  vous  haïssent, 
^^  bénissez  ceux  qui  vous  maudissent,  priez  pour  ceux 
qui  vous  outragent.  ^^A  celui  qui  te  frappe  sur  une 
joue,  présente  aussi  l'autre;  et  si  quelqu'un  t'enlève 
ton  manteau,  ne  l'empêche  pas  de  prendre  aussi  ta 
tunique.  ^^  Bonne  à  tout  homme  qui  te  demande,  et 
si  quelqu'un  t'enlève  ce  qui  est  à  toi,  ne  le  réclame  pas. 
^*Ce  que  vous  voulez  que  les  hommes  vous  fassent, 
faites -le  leur  aussi  de  même. 

^-Si  vous  aimez  ceux  qui  vous  aiment,  quel  gré 
vous  en  saura-t-on  ?  Les  pécheurs  aussi  aiment  ceux 
qui  les  aiment.  ^-^Et  si  vous  faites  du  bien  à  ceux 
qui  vous  font  du  bien,  quel  gré  vous  en  saura-t-on  ? 
Les  pécheurs  font  la  même  chose.  -^''Et  si  vous  prêtez 
à  ceux  de  qui  vous  espérez  recevoir,  quel  gré  vous  en 
saura-t-on  ?  Les  pécheurs  aussi  prêtent  aux  pécheurs, 
afin  de  recevoir  la  pareille...  ^^Mais  vous,  aimez  vos 
ennemis;  faites  du  bien,  et  prêtez  sans  rien  espérer 
en  retour.  Votre  récompense  sera  grande,  et  vous 
serez  les  fils  du  Très-Haut,  parce  qu'il  est  bon  pour 
les  ingrats  et  les   méchants. 

^^  Soyez  miséricordieux,  comme  votre  Père  est  misé- 

140 


SAINT   LTJC  6  :  37-49 

ricordieux.  ^"^Ne  jugez  point,  et  vous  ne  serez  pas 
jugés  ;  ne  condamnez  point,  et  vous  ne  serez  pas 
condamnés  ;  pardonnez,  et  on  vous  pardonnera. 
^^  Donnez,  et  on  vous  donnera  :  on  versera  dans  votre 
sein  une  bonne  mesure,  pressée,  secouée,  débordante  ; 
car  on  se  servira  pour  vous  de  la  mesure  avec  laquelle 
vous  mesurez. 

^'^11  leur  dit  aussi  une  parabole  :  Un  aveugle  peut-il 
conduire  un  aveugle  ?  Ne  tomberont-ils  pas  tous 
deux  dans  la  fosse  ? 

^^^Le  disciple  n'est  pas  au-dessus  de  son  maître  ; 
mais  tout  disciple  accompli  sera  comme  son  maître. 
^^  Pourquoi  regardes -tu  la  paille  qui  est  dans  l'œil 
de  ton  frère,  et  n'aperçois-tu  pas  la  poutre  qui  est 
dans  ton  œil  ?  ^^  Comment  peux -tu  dire  à  ton  frère  : 
Frère,  laisse-moi  ôter  la  paille  qui  est  dans  ton  œil, 
toi  qui  ne  vois  pas  la  poutre  qui  est  dans  le  tien? 
Hypocrite,  ôte  premièrement  la  poutre  de  ton  œil,  et 
alors  tu  verras  à  ôter  la  paille  qui  est  dans  l'œil  de 
ton  frère.  ^^  L'arbre  qui  produit  de  mauvais  fruits 
n'est  pas  bon,  et  l'arbre  qui  produit  de  bons  fruits 
n'est  pas  mauvais  ;  '^'^car  chaque  arbre  se  reconnaît 
à  son  propre  fruit.  On  ne  cueille  pas  des  figues  sur 
des  épines,  et  on  ne  récolte  pas  des  raisins  sur  des 
ronces.  "*'' L'homme  de  bien  tire  le  bien  du  bon  trésor 
de  son  cœur,  mais  le  méchant  tire  le  mal  de  son  mau- 
vais trésor  ;  car  de  l'abondance  du  cœur  la  bouche  parle. 

-^^  Pourquoi  m'appelez- vous  :  Seigneur,  Seigneur,  et 
ne  faites-vous  pas  ce  que  je  dis  ?  ''^  Je  vais  vous 
montrer  à  qui  ressemble  tout  homme  qui  vient  à  moi, 
qui  entend  mes  paroles  et  qui  les  met  en  pratique. 
''^Il  est  semblable  à  un  homme  qui,  bâtissant  une 
maison,  a  creusé  profondément  la  terre,  et  a  posé  le 
fondement  sur  le  roc  :  les  eaux  ont  débordé,  le  tor- 
rent a  donné  avec  violence  contre  cette  maison,  mais 
il  n'a  pu  l'ébranler,  parce  qu'elle  avait  été  bien  cons- 
truite. '''^Mais  celui  qui  entend  et  ne  met  pas  en  pra- 
tique est  semblable  à  un  homme  qui  a  bâti  sa  maison 
sur  la  terre,  sans  fondement  :  le  torrent  a  donné  contre 
elle  avec  violence,  et  aussitôt  elle  est  tombée;  et  la 
ruine  de  cette  maison  a  été  grande. 

141 


7:  4-4  4  SAINT    LUC 

Le  centenier  de  Capernaum 

(Voy.  Matth.'  8   :  5-13) 

7  ^  Après  que  Jésus  eut  achevé  de  prononcer  toutes 
ces  paroles  devant  le  peuple  qui  l'écoutait,  il  entra 
dans  Capernaum. 

^Or,  un  centenier  (')  avait  un  serviteur  malade  et 
près  de  mourir,  qui  lui  était  très  cher.  ^  Ayant  entendu 
parler  de  Jésus,  il  lui  envoya  quelques  anciens  des 
Juifs,  pour  le  prier  de  venir  guérir  son  serviteur. 
''Ceux-ci,  étant  arrivés  auprès  de  Jésus,  le  priaient 
avec  instance,  en  disant  :  Il  est  digne  que  tu  lui  ac- 
cordes cela;  ''car  il  aime  notre  nation,  et  c'est  lui 
qui  nous  a  fait  bâtir  la  synagogue.  ^  Alors  Jésus  s'en 
alla  avec  eux.  Comme  il  approchait  déjà  de  la  maison, 
le  centenier  envoya  des  amis,  pour  lui  dire  :  Seigneur, 
ne  te  donne  pas  tant  de  peine  ;  car  je  ne  mérite  pas 
que  tu  entres  sous  mon  toit.  ^ Aussi  ne  me  suis-je 
pas  même  jugé  digne  d'aller  auprès  de  toi  ;  mais  dis 
une  parole,  et  mon  serviteur  sera  guéri.  ^Car  moi- 
même,  qui  suis  un  homme  soumis  à  la  puissance  d'au- 
trui,  j'ai  sous  mes  ordres  des  soldats;  et  je  dis  à 
l'un  :  Va,  et  il  va  ;  et  à  l'autre  :  Viens,  et  il  vient  ;  et 
à  mon  serviteur  :  Fais  cela,  et  il  le  fait.  ^  Jésus,  ayant 
entendu  ces  paroles,  admira  le  centenier,  et  se  tour- 
nant vers  la  foule  qui  le  suivait,  il  dit  :  Je  vous  le 
déclare,  même  en  Israël  je  n'ai  pas  trouvé  une  aussi 
grande  foi.  ^"Et  les  envoyés,  de  retour  à  la  maison, 
trouvèrent  le  serviteur  en  bonne  santé. 

Le  jeune  homme  de  Nain 

"Le  jour  suivant,  Jésus  allait  à  une  ville  appelée 
Naïn,  et  plusieurs  de  ses  disciples  et  une  grande  foule 
faisaient  route  avec  lui.  ^^  Comme  il  approchait  de 
la  porte  de  la  ville,  voici  qu'on  emportait  un  mort, 
fils  unique  de  sa  mère  qui  était  veuve  ;  et  il  y  avait 
avec  elle  un  grand  nombre  de  gens  de  la  ville.  ^^Le 
Seigneur,  l'ayant  vue,  fut  touché  de  compassion  pour 
eUe,  et  lui  dit  :  Ne  pleure  pas  !  "  Puis  s'étant  approché, 
il  toucha  le  cercueil,  et  ceux  qui  le  portaient  s'arrê- 

(1)  Voir  note  sur  Matth.  8:5. 

142 


SAINT  LUC  7  :  -1 5-28 

tèrent.  Alors  il  dit  :  Jeune  homme,  je  te  le  dis  :  lève- 
toi.  '"'Le  mort  se  mit  sur  son  séant  et  commença  à 
parler.  Et  Jésus  le  rendit  à  sa  mère.  '*^La  crainte  les 
saisit  tous,  et  ils  glorifiaient  Dieu,  en  disant  :  Un 
grand  prophète  s'est  levé  parmi  nous,  et  Dieu  a  visité 
son  peuple.  ^'Le  bruit  s'en  répandit  dans  toute  la 
Judée  et  dans  tout  le  pays  d'alentour. 

Message  de  Jean-Baptiste 

(Yoy.  Matth.  11   :  2-19.) 

*^Les  disciples  de  Jean  lui  rapportèrent  toutes  ces 
choses.  ^'-^  Alors  il  appela  deux  de  ses  disciples  et  les 
envoya  dire  au  Seigneur  :  Es-tu  celui  qui  doit  venir, 
ou  devons-nous  en  attendre  un  autre  ?  ^'^Ces  hommes, 
étant  arrivés  auprès  de  Jésus,  lui  dirent  :  Jean-Bap- 
tiste nous  a  envoyés  vers  toi  pour  te  dire  :  Es-tu  celui 
qui  doit  venir,  ou  devons-nous  en  attendre  un  autre  ? 
^'Or,  à  cette  heure  m.ême,  Jésus  guérit  plusieurs 
personnes  de  maladies,  d'infirmités  et  de  malins 
esprits,  et  il  rendit  la  vue  à  plusieurs  aveugles.  ^-Puis 
il  répondit  :  Allez  rapporter  à  Jean  ce  que  vous  avez 
vu  et  entendu  :  les  aveugles  recouvrent  la  vue,  les 
boiteux  marchent,  les  lépreux  sont  nettoyés,  les  sourds 
entendent,  les  morts  ressuscitent,  FÉvangile^  est 
annoncé  aux  pauvres.  ^"Heureux  celui  pour  qui  je  ne 
serai  pas  une  occasioii  de  chute  ! 

^'' Quand  les  messagers  de  Jean  furent  partis,  Jésus 
se  mit  à  parler  de  Jean  à  la  foule,  et  dit  :  Qu'ôtes- 
vous  allés  voir  au  désert  ?  Un  roseau  agité  par  le 
vent  ?...  ''^■' Encore  une  fois,  qu'êtes-vous  allés  voir  ? 
Un  homme  vêtu  d'habits  somptueux  ?...  Mais,  ceux 
qui  portent  des  vêtements  magnifiques  et  qui  vivent 
dans  les  déhces,  sont  dans  les  palais  des  rois  !...  ^''Mais 
enfin,  qu'êtes-vous  allés  voir  ?  Un  prophète  ?  Oui, 
vous  dis-je,  et  plus  qu'un  prophète.  ''^'^  C'est  celui 
dont  il  est  écrit  :  c  Je  vais  envoyer  mon  messager 
devant  ta  face,  et  il  préparera  ton  chemin  devant 
toi  (').  »  2^  Je  vous'  le  dis,  entre  ceux  qui  sont  nés 
de  femme,  il  n'y  en  a  point  de  plus  grand  que  Jean- 

(1)  Malacliie  3:1. 

143 


7  :  29-43  SAINT   LUO 

Baptiste  ;  toutefois,  celui  qui  est  le  plus  petit  dans 
le  royaume  de  Dieu  est  plus  grand  que  lui.  ^^Et  tout 
le  peuple  qui  l'a  entendu,  ainsi  que  les  péagers,  ont 
justifié  Dieu,  en  se  faisant  baptiser  du  baptême  de 
Jean.  ^^Mais  les  pharisiens  et  les  docteurs  de  la  loi, 
en  ne  se  faisant  pas  baptiser  par  lui,  ont  rejeté  le 
dessein  de  Dieu  à  leur  égard. 

^'A  qui  donc  comparerai-je  les  hommes  de  cette 
génération,  et  à  qui  ressemblent-ils  ?  -^^Ils  ressem- 
blent à  des  enfants  assis  sur  la  place  publique,  et  qui 
se  disent  les  uns  aux  autres  :  Nous  vous  avons  joué 
de  la  flûte,  et  vous  n'avez  pas  dansé  ;  nous  avons 
chanté  des  complaintes,  et  vous  n'avez  pas  pleuré.  -^^En 
effet,  Jean-Baptiste  est  venu,  ne  mangeant  pas  de 
pain  et  ne  buvant  pas  de  vin  ;  et  vous  dites  :  Il  a 
un  démon.  ^'*Le  Fils  de  l'homme  est  venu,  mangeant 
et  buvant  ;  et  vous  dites  :  Voilà  un  mangeur  et  un 
buveur,  un  ami  des  péagers  et  des  pécheurs  !...  ^^Mais 
la  sagesse  a  été  justifiée  par  tous  ses  enfants. 

La  pécheresse  pardonnée 

^^L'un  des  pharisiens  pria  Jésus  de  prendre  un 
repas  chez  lui.  Etant  donc  entré  dans  la  maison  du 
pharisien,  il  se  mit  à  table.  ^^Or,  voici  qu'une  femme 
de  la  ville,  qui  était  de  mauvaise  vie,  ayant  appris 
qu'il  était  à  table  dans  la  maison  du  pharisien,  apporta 
un  vase  d'albâtre,  plein  de  parfum.  -^^Et,  se  tenant  en 
arrière,  aux  pieds  de  Jésus,  en  pleurant,  elle  se  mit  à  lui 
arroser  les  pieds  de  ses  larmes  et  à  les  essuyer  avec  ses 
cheveux  ;  elle  lui  baisait  les  pieds  et  les  oignait  avec 
le  parfum.  ^^  Le  pharisien  qui  avait  invité  Jésus,  voyant 
cela,  dit  en  lui-même  :  Si  cet  homme  était  prophète, 
il  saurait  qui  est  cette  femme  qui  le  touche,  et  que 
c'est  une  femme  de  mauvaise  vie. 

''^  Alors  Jésus,  prenant  la  parole,  lui  dit  :  Simon,  j'ai 
quelque  chose  à  te  dire.  Il  lui  répondit  :  Maître,  parle. 
—  ^'^Un  créancier  avait  deux  débiteurs  :  l'un  lui  devait 
cinq  cents  deniers,  l'autre  cinquante.  ''^Et  comme  ils 
n'avaient  pas  de  quoi  payer,  il  leur  remit  à  tous  deux 
leur  dette.  Lequel  des  deux  l'aimera  le  plus  ?  ^*^  Simon 

144 


SAINT  LTJC  7  :  44-8  :  8 

répondit  :  J'estime  que  c'est  celui  à  qui  il  a  le  plus 
remis.  Jésus  lui  dit  :  Tu  as  bien  jugé.  '''*  Puis,  se  tournant 
vers  la  femme,  il  dit  à  Simon  :  Tu  vois  cette  femme  ? 
Je  suis  entré  dans  ta  maison,  et  tu  ne  m'as  pas  donné 
d'eau  pour  mes  pieds  ;  mais  elle  les  a  arrosés  de  ses 
larmes  et  les  a  "essuyés  avec  ses  cheveux.  ''-^Tu  ne 
m'as  pas  donné  de  baiser  ;  mais  elle,  depuis  qu'elle  est 
entrée,  n'a  cessé  de  me  baiser  les  pieds,  ■'^''Tu-  n'as 
pas  oint  ma  tête  d'huile  ;  mais  elle  a  oint  mes  pieds 
de  parfum.  '''"C'est  pourquoi,  je  te  le  dis,  ses  péchés, 
qui  sont  en  grand  nombre,  lui  sont  pardonnes,  car 
elle  a  beaucoup  aimé  ;  mais  celui  à  qui  on  pardonne 
peu,  aime  peu.  "^^Puis  il  dit  à  la  femme  :  Tes  péchés 
te  sont  pardonnes.  '^^Ceux  qui  étaient  à  table  avec  lui 
se  mirent  à  dire  en  eux-mêmes  :  Quel  est  celui-ci,  qui 
même  pardonne  les  péchés  !  •^*^Mais  il  dit  à  la  femme  : 
Ta  foi  t'a  sauvée  ;  va  en  paix. 

Parabole  du  semeur 

(Voy.  Matth.  13  :  1-23;  5   :  15  ;  Marc  4  :  1-23) 

8  ^Ensuite,  Jésus  allait  de  ville  en  ville  et  de  vil 
lage  en  village,  prêchant  et  annonçant  la  bonne  nou- 
velle du  royaume  de  Dieu  ;  et  les  Douze  étaient  avec 
lui.  ^11  y  avait  aussi  avec  eux  quelques  femmes,  qui 
avaient  été  délivrées  de  malins  esprits  ou  guéries  de 
leurs  maladies  :  Marie  appelée  Madeleine,  de  laquelle 
étaient  sortis  sept  démons,  -^Jeanne,  femme  de  Chu- 
zas,  intendant  d'Hérode,  Suzanne  et  plusieurs  au- 
tres, qui  les  assistaient  de  leurs  biens. 

'''Comme  une  grande  foule  s'était  assemblée,  et 
qu'on  venait  à  lui  de  toutes  les  villes,  il  leur  dit  en 
parabole  :  ^  Le  semeur  sortit  pour  semer.  Et  comme 
il  jetait  sa  semence,  il  en  tomba  une  partie  le  long 
du  chemin  ;  elle  fut  foulée  aux  pieds,  et  les  oiseaux 
du  ciel  la  mangèrent  toute.  ^Une  autre  partie  tomba 
sur  un  sol  pierreux  ;  et  quand  elle  fut  levée,  elle 
sécha,  parce  qu'elle  n'avait  point  d'humidité.  '^Une 
autre  partie  tomba  parmi  les  épines  ;  les  épines 
poussèrent  avec  la  semence  et  l'étoufîèrent,  ^Une 
autre  partie  tomba  dans  la  bonne  terre  ;  elle  leva  et 

145 


8:  9-^9  .  SAINT   LUC 

produisit  du  fruit,  cent  pour  un.  En  disant  ces  choses, 
il  s'écriait  :  Que  celui  qui  a  des  oreilles  pour  entendre, 
entende  ! 

^Ses  disciples  lui  demandèrent  ce  que  signifiait 
cette  parabole.  ^^11  répondit  :  Il  vous  a  été  donné  de 
connaître  les  mystères  du  royaume  de  Dieu  ;  mais,  pour 
les  autres,  il  leur  est  parlé  en  paraboles,  de  sorte  qu'en 
voyant,  ils  ne  voient  pas,  et  qu'en  entendant,  ils 
ne  comprennent  point  (^).  ^ 'Voici  donc  ce  que  signifie 
cette  parabole  :  La  semence,  c'est  la  parole  de  Dieu. 
^-Ceux  qui  la  reçoivent  le  long  du  chemin,  ce  sont 
ceux  qui  l'ont  entendue  ;  mais  ensuite  vient  le  Diable 
qui  enlève  cette  parole  de  leur  cœur,  de  peur  qu'ils 
ne  croient  et  ne  soient  sauvés.  '  ^  Ceux  qui  la  reçoivent 
sur  le  sol  pierreux,  ce  sont  ceux  qui,  entendant  la 
parole,  la  reçoivent  avec  joie  ;  mais  ils  n'ont  point  de 
racine,  ils  ne  croient  que  pour  un  temps  ;  et,  quand 
l'épreuve  survient,  ils  se  retirent.  ^^Ce  qui  est  tombé 
parmi  les  épines,  ce  sont  ceux  qui  ont  entendu  la 
parole,  mais  qui  s'en  vont  et  la  laissent  étouiïer  par 
les  soucis,  les  richesses  et  les  plaisirs  de  cette  vie, 
de  sorte  qu'ils  ne  portent  pas  de  fruit  qui  vienne  à 
maturité.  '-'Mais  ce  qui  tombe  dans  la  bonne  terre, 
ce  sont  ceux  qui,  ayant  entendu  la  parole  avec  un 
cœur  honnête  et  bon,  la  retiennent  et  portent  du  fruit 
avec  i^ersévérance. 

^"11  n'est  personne  qui,  après  avoir  allumé  une 
lampe,  la  couvre  d'un  boisseau  (-)  ou  la  mette  sous 
un  lit  ;  raais  on  la  met  sur  un  support,  afin  que  ceux 
qui  entrent  voient  la  lumière.  ^'En  effet,  il  n'y  a  rien 
de  secret  qui  ne  doive  être  manifesté,  ni  rien  de  caché 
qui  ne  doive  être  connu  et  mis  en  évidence.  ''  Prenez 
donc  garde  à  la  manière  dont  vous  écoutez  ;  car  on 
donnera  à  celui  qui  a,  mais  à  celui  qui  n'a  pas, 
on  ôtera  même  ce  qu'il  croit  avoir. 

La  mère  et  les  frères  de  Jésus 

(Yoy.  Matth.  12  :  46-50;  Marc  3  :  31-35) 

^  ^  Sa  mère  et  ses  frères  vinrent  le  trouver  ;  mais 

1)  Yoy.  Ésaïe   6  :  9-10    —  (2)  Litt.   :  vase. 

146 


SAINT  LUC  8  :  20-29 

ils  ne  pouvaient  l'aborder  à  cause  de  la  foule.  ^^On 
vint  donc  lui  dire  :  Ta  mère  et  tes  frères  sont  là 
dehors,  qui  désirent  te  voir.  ^  '  Mais  il  répondit  :  Ma 
mère  et  mes  frères,  ce  sont  ceux  qui  écoutent  la 
parole  de  Dieu  et  qui  la  mettent  en  pratique  ! 

La  tempête 

(Voy.  Mattli.  8  :  23-27;  Marc  4  :  35-41) 

2^ Un  jour,  il  entra  dans  une  barque  avec  ses  dis- 
ciples, et  il  leur  dit  :  Passons  de  l'autre  côté  du  lac  ; 
et  ils  partirent.  ^^  Comme  ils  voguaient,  Jésus  s'en- 
dormit. Un  tourbillon  de  vent  vint  s'abattre  sur  le 
lac  ;  la  barque  se  remplissait  d'eau  et  ils  étaient  en 
danger.  ^'' Alors  ils  vinrent  à  lui,  et  le  réveillèrent  en 
lui  disant  :  Maître,  Maître,  nous  périssons  !  Mais  lui, 
s'étant  réveillé,  imposa  silence  au  vent  et  aux  flots, 
qui  s'apaisèrent,  et  il  se  fit  un  grand  calme.  ^-^Il  leur 
dit  alors  :  Où  est  votre  foi  ?  Et,  saisis  de  crainte  et 
d'admiration,  ils  se  disaient  entre  eux  :  Quel  est  donc 
celui-ci,  qui  commande  même  aux  vents  et  à  l'eau, 
et  ils  lui  obéissent  ? 

Le  démoniaque  gérasénien 

-      (Voy.  Matth.  8  :  28-34  ;  Marc  5   :  1-20) 

^''Ils  abordèrent  ensuite  au  pays  des  Géraséniens, 
qui  est  vis-à-vis  de  la  Galilée.  ^'Et  quand  Jésus  fut 
descendu  à  terre,  il  vint  au-devant  de  lui  un  homme 
de  la  ville,  qui  était  possédé  de  plusieurs  démons. 
Depuis  fort  longtemps  il  ne  portait  pas  de  vête- 
ment, et  il  ne  demeurait  pas  dans  une  maison,  mais 
dans  les  tombeaux  (').  ^^Dès  qu'il  vit  Jésus,  il  poussa 
un  grand  cri,  et,  se  jetant  à  ses  pieds,  il  dit  d'une  voix 
forte  :  Qu'y  a-t-il  entre  moi  et  toi,  Jésus,  Fils  du  Dieu 
très-haut  1  Je  t'en  supplie,  ne  me  tourmente  pas  !  ^'^En 
effet,  l'esprit  impur  venait  de  recevoir  de  Jésus  l'ordre 
de  sortir  de  cet  homme,  dont  il  s'était  rendu  maître 
depuis  longtemps  ;  et,  bien  qu'on  gardât  le  malade, 
lié  de  chaînes  et  les  fers  aux  pieds,  il  rompait  ses 
liens  et  était  emporté  par  le  démon  dans  les  déserts. 

(1)  Voir  note  sur  Matth.  8  :  28. 

147 


8  :  30-43  SAINT  LtrC 

^^  Jésus  lui  demanda  :  Quel  est  ton  nom  ?  Il  répondit  : 
Légion  ;  car  plusieurs  démons  étaient  entrés  en  lui. 
^'Et  ils  suppliaient  Jésus  de  ne  pas  leur  commander 
d'aller  dans  l'abîme. 

^^Or,  il  y  avait  là  un  grand  troupeau  de  pourceaux 
qui  paissaient  dans  la  montagne.  Les  démons  sup- 
plièrent Jésus  de  leur  permettre  d'entrer  dans  ces 
pourceaux  ;  et  il  le  leur  permit.  ^"  Etant  donc  sortis  de 
cet  homme,  ils  entrèrent  dans  les  pourceaux  ;  le 
troupeau  se  précipita  dans  le  lac,  du  haut  de  la  berge, 
et  il  s'y  noya.  ^''Ceux  qui  le  faisaient  paître,  voyant 
ce  qui  était  arrivé,  s'enfuirent  et  répandirent  la  nou- 
velle dans  la  ville  et  dans  la  campagne. 

^•' Alors  les  gens  sortirent  pour  voir  ce  qui  s'était 
passé  ;  et,  quand  ils  furent  arrivés  auprès  de  Jésus, 
ils  trouvèrent  l'homme,  de  qui  les  démons  étaient 
sortis,  assis  aux  pieds  de  Jésus,  habihé  et  dans  son 
bon  sens  ;  et  ils  furent  saisis  de  crainte.  ^^Les  témoins 
de  l'événement  leur  racontèrent  comment  le  démo- 
niaque avait  été  délivré. 

^  '  Tous  les  habitants  de  la  contrée  des  Géraséniens 
prièrent  Jésus  de  se  retirer  de  chez  eux  ;  car  ils  étaient 
saisis  d'une  grande  frayeur.  Il  entra  donc  dans  la 
barque  pour  s'en  retourner.  ^^Et  l'homme,  de  qui 
les  démons  étaient  sortis,  lui  demandait  la  permission 
de  rester  avec  lui  ;  mais  Jésus  le  renvoya,  en  disant  : 
^^  Retourne  dans  ta  maison,  et  raconte  tout  ce  que 
Dieu  a  fait  pour  toi.  Il  s'en  alla  donc,  publiant  par 
toute  la  ville  tout  ce  que  Jésus  lui  avait  fait. 

La  fille  de  Jaïrus  et  la  femme  malade 

(Yoy.  Matth.  9  :  18-26  ;  Marc  5  :  21-43) 

^^A  son  retour,  Jésus  fut  reçu  par  la  foule  ;  car 
tous  l'attendaient.  ''  ^  Et  il  vint  un  homme  appelé 
Jaïrus,  qui  était  chef  de  la  synagogue.  Il  se  jeta  aux 
pieds  de  Jésus,  en  le  priant  de  venir  dans  sa  maison, 
■^^  parce  qu'il  avait  une  fille  unique,  âgée  de  douze 
ans,  qui  se  mourait. 

Pendant  que  Jésus  s'y  rendait,  la  foule  le  pressait 
de  tous  côtés.  '-^  Alors  une  femme,  qui  avait  une  perte 
de  sang  depuis  douze  ans  et  qui  avait  dépensé  tout 

148 


SAINT  LUC  8  :  44-9  :  5 

son  bien  en  médecins,  sans  avoir  pu  être  guérie  par 
aucun,  ^^  s'approcha  de  lui  par  derrière  et  toucha  le 
bord,  de  son  vêtement  ;  et  à  l'instant,  sa  perte  de  sang 
s'arrêta.  ^-^  Alors  Jésus  dit  :  Qui  est-ce  qui  m'a  touché  ? 
Comme  tous  s'en  défendaient,  Pierre  et  ceux  qui 
étaient  avec  lui,  répondirent  :  Maître,  la  foule  t'en- 
vironne et  te  presse!  ^^ Jésus  reprit:  Quelqu'un  m'a 
touché  ;  car  j'ai  senti  qu'une  force  est  sortie  de  moi. 
^- La  femme,  voyant  qu'elle  n'avait  pu  rester  cachée, 
vint  toute  tremblante  se  jeter  à  ses  pieds,  et  déclara, 
devant  tout  le  peuple,  pourquoi  elle  l'avait  touché 
et  comment  elle  avait  été  guérie  à  l'instant.  ''^  Jésus 
lui  dit  :  Ma  fille,  ta  foi  t'a  sauvée  ;  va  en  paix. 

^^  Comme  il  parlait  encore,  quelqu'un  vint  de  chez 
le  chef  de  la  synagogue  et  lui  dit  :  Ta  fille  est  morte  ; 
n'importune  plus  le  Maître.  ^"^Mais  Jésus,  l'ayant  en- 
tendu, dit  à  Jaïrus  :  Ne  crains  point  ;  crois  seule- 
ment, et  elle  sera  sauvée.  ^  •  Quand  il  fut  arrivé  à  la 
maison,  il  ne  laissa  entrer  avec  lui  que  Pierre,  Jac- 
ques et  Jean,  et  le  père  et  la  mère  de  l'enfant.  ^-Tous 
pleuraient  et  se  lamentaient  sur  elle.  Alors  Jésus 
dit  :  Ne  pleurez  pas  ;  elle  n'est  pas  morte,  mais  elle 
dort.  ^-^Et  ils  se  moquaient  de  lui,  sachant  qu'elle 
était  morte.  ^  ''  Mais  Jésus  la  prit  par  la  main,  et  dit  à 
haute  voix  :  Mon  enfant,  lève- toi  !  ^-^ Alors  l'esprit 
lui  revint  ;  elle  se  leva  à  l'instant,  et  il  commanda 
de  lui  donner  à  manger.  '^^Ses  parents  furent  saisis 
d'étonnement  ;  mais  il  leur  défendit  de  dire  à  personne 
ce  qui  était  arrivé. 

Les  Douze  envoyés  en  mission 

(Voy,  Mattli.  10  :  1-42  ;  Marc  6  :  7-13) 

9  ''  Jésus,  ayant  assemblé  les  Douze,  leur  donna  puis- 
sance et  autorité  sur  tous  les  démons,  avec  le  pouvoir 
de  guérir  les  maladies.  ^Puis,  il  les  envoya  annoncer 
le  royaume  de  Dieu  et  guérir  les  malades.  ^Et  il  leur 
dit  :  Ne  prenez  rien  pour  la  route,  ni  bâton,  ni  sac,  ni 
pain,  ni  argent,  et  n'ayez  pas  deux  vêtements.  '  Dans 
quelque  maison  que  vous  entriez,  demeurez-y  jusqu'à 
votre  départ.  ^  Quant  à  ceux  qui  ne  vous  recevront 
paSj  sortez  de  leur  ville,  et  secouez  la  poussière  de 

149 


9:6-47  SAINT   LUC 

VOS  pieds  en  témoignage  contre  eux.  ^  Étant  donc 
partis,  ils  ^allaient  de  village  en  village,  annonçant 
partout  l'Evangile  et  guérissant  les  malades. 

Inquiétudes  d'Hérode 

(Oomp.  Matth.  14  :  1-12  ;  Marc  6  :  14-29) 

^Cependant,  Hérode  le  tétrarque  (^)  apprit  tout 
ce  qui  se  passait  ;  et  il  ne  savait  que  penser,  parce 
que  les  uns  ^disaient  :  Jean  est  ressuscité  des  morts  ; 
^d'autres  :  Elie  est  apparu  ;  d'autres  :  Un  des  anciens 
prophètes  est  ressuscité.  ^Mais  Hérode  disait  :  J'ai 
fait  décapiter  Jean  ;  qui  donc  est  celui-ci,  au  sujet 
duquel  j'entends  dire  de  telles  choses  1  Et  il  cherchait 
à  le  voir. 

Multiplication  des  "pains 

(Voy.  Matth.  14  :  13-21  ;  Marc  6  :  30-44  ;  Jean  6  :  1-15) 

^^Les  apôtres,  étant  de  retour,  racontèrent  à  Jésus 
tout  ce  qu'ils  avaient  fait.  Alors  il  les  prit  avec  lui,  et 
se  retna  à  l'écart,  du  côté  d'une  ville  appelée  Beth- 
saïda.  ''^Mais  quand  les  foules  l'eurent  appris,  elles 
le  suivirent.  Jésus,  les  ayant  accueillies,  leur  parlait 
du  royaume  de  Dieu,  et  il  rendait  la  santé  à  ceux  qui 
avaient  besoin  de  guérison. 

^^ Comme  le  jour  commençait  à  baisser,  les  Douze 
s'approchèrent  et  lui  dirent  :  Renvoie  la  fouJe,  afin 
qu'elle  aille  dans  les  villages  et  les  campagnes  d'alen- 
tour, pour  y  loger  et  y  trouver  à  manger  ;  ear  ici, 
nous  sommes  dans  un  lieu  désert.  ^'"^Mais  il  leur  dit  : 
Donnez -leur  vous-mêmes  à  manger.  Ils  répondirent  : 
Nous  n'avons  que  cinq  pains  et  deux  poisson  s,...  à 
moins  que  nous  n'allions  nous-mêmes  acheter  des 
vivres  pour  tout  ce  peuple.  ''  '  Or,  il  y  avait  là  environ 
cinq  mille  hommes.  Alors  il  dit  à  ses  disciples  :  Faites- 
les  asseoir  par  rangées  de  cinquante,  ^^  C'est  ce  qu'ils 
firent;  et  tout  le  monde  s'assit.  ^^Puis,  Jésus  prit 
les  cinq  pains  et  les  deux  poissons,  et,  levant  les  yeux 
vers  le  ciel,  il  les  bénit,  les  rompit,  et.les  donna  aux  dis- 
ciples, pour  les  distribuer  à  la  foule.  ^'^Tous  mangèrent 

(1)  Voir  note  sur  Matth.  S  :  22. 

150 


SAINT   LUC  9  M  8-3 < 

et   furent   rassasiés  ;    et   on    emporta  douze  paniers, 
pleins  des  morceaux  qui  restaient. 

Confession  de  Pierre 

(Voy.  Matth.  16  :  13-28  ;  Marc  8  :  27-38  ;  9  :  1.-— Comp.  Jean  6  :  66-71) 

^^Un  jour  que  Jésus  priait  en  particulier,  ses  dis- 
ciples s'étant  rassemblés  autour  de  lui,  il  leur  demanda: 
Qui  dit-on,  parmi  le  peuple,  que  je  suis  ?  ^^Ils  répou' 
dirent  :  Les  uns  disent,  Jean-Baptiste  ;  d'autres, 
Élie  ;  et  d'autres,  l'un  des  anciens  prophètes  qui  est 
ressuscité.  ^^Et  vous,  leur  dit-il,  qui  dites-vous  que  je 
suis  ?  Pierre  répondit  :  Tu  es  le  Christ  de  Dieu.  -  '  Jésus 
leur  défendit  sévèrement  de  le  dire  à  personne,  ^-et 
il  ajouta  :  Il  faut  que  le  Fils  de  l'homme  souffre  beau- 
coup, qu'il  soit  rejeté  par  les  anciens,  par  les  princi- 
paux sacrificateurs  et  par  les  scribes,  qu'il  soit  mis 
à  mort,  et  qu'il  ressuscite  le  troisième  jour. 

2^  Puis  il  disait  à  tous  :  Si  quelqu'un  veut  venir 
après  moi,  qu'il  renonce  à  lui-même,  qu'il  se  charge 
chaque  jour  de  sa  croix,  et  qu'il  me  suive.  ^''Car  celui 
qui  voudra  sauver  sa  vie,  la  perdra  ;  mais  celui  qui 
aura  perdu  sa  vie  à  cause  de  moi,  la  sauvera.  ^''Que 
servirait-il  à  un  homme  de  gagner  le  monde  entier, 
s'il  se  perdait  ou  se  ruinait  lui-même  ?  ^''Car  si  quel- 
qu'un a  honte  de  moi  et  de  mes  paroles,  le  Fils  de 
Dieu  aura  honte  de  lui,  quand  il  viendra  dans  sa  gloire 
et  dans  celle  du  Père  et  des  saints  anges.  ^^En  vérité, 
je  vous  le  dis,  quelques-uns  de  ceux  qui  sont  ici  pré- 
sents ne  mourront  pas,  avant  d'avoir  vu  le  royaume 
de  Dieu. 

La  transfiguration 

(Voy.  Matth.  17  :  1-13  ;  Marc  9  :  2-13) 

^^  Environ  huit  jours  après  qu'il  eut  dit  ces  paroles, 
Jésus  prit  avec  lui  Pierre,  Jean  et  Jacques,  et  il  monta 
sur  la  montagne  pour  prier.  ^'^  Pendant  qu'il  priait, 
son  visage  parut  tout  autre,  et  son  vêtement  devint 
d'une  blancheur  éblouissante.  ^"Et  voici  que  deux 
hommes  s'entretenaient  avec  lui  :  c'étaient  Moïse  et 
Elie,  ^'  qui  apparaissaient  environnés  de  gloire.  Ils  par- 
laient de  son  départ,  qui  devait  s'accomplir  à  Jéru- 

151 


9  :  32-45  SAINT   LUC 

salem.  ^^  Pierre  et  ses  compagnons  étaient  accablés 
de  sommeil  ;  mais,  s'étant  réveillés,  ils  virent  sa  gloire 
et  les  deux  hommes  qui  se  tenaient  près  de  lui. 
^^ Comme  ces  hommes  se  séparaient  de  Jésus,  Pierre 
lui  dit  :  Maître,  il  est  bon  pour  nous  d'être  ici  ;  dres- 
sons trois  tentes,  une  pour  toi,  une  pour  Moïse,  et  une 
pour  Élie.  Car  il  ne  savait  pas  ce  qu'il  disait.  ^  '•  Il  par- 
lait encore,  lorsqu'une  nuée  survint  et  les  couvrit  ;  et 
quand  ils  disparurent  dans  la  nuée,  les  disciples 
furent  saisis  de  crainte.  ^^  Alors  on  entendit  une  voix 
venant  de  la  nuée,  qui  disait  :  Celui-ci  est  mon  Pils, 
mon  Elu,  écoutez-le.  ^''Et  pendant  que  cette  voix 
se  faisait  entendre,  Jésus  se  trouva  seul.  Ils  gardèrent 
le  silence,  et  ils  ne  dirent  rien  à  personne  de  ce  qu'ils 
avaient  vu. 

Le  démoniaque 

(Yoy.  Matth.  17  :  14-21;  Marc  9  :  14-29) 

^"^Le  jour  suivant,  comme  ils  descendaient  de  la 
montagne,  une  grande  foule  vint  au  devant  de  Jésus. 
^^Et  un  homme  de  la  foule  s'écria  :  Maître,  je  te  prie, 
jette  les  yeux  sur  mon  fils  ;  car  c'est  mon  seul  enfant. 
^^Un  esprit  s'empare  de  lui,  et  soudain  il  pousse  des 
cris  ;  l'esprit  l'agite  avec  violence,  le  fait  écumer, 
et  à  peine  le  quitte-t-il,  après  l'avoir  tout  brisé.  ^^  J'ai 
prié  tes  disciples  de  le  chasser,  mais  ils  ne  l'ont  pu. 
^  ^  Jésus  répondit  :  O  race  incrédule  et  perverse, 
jusques  à  quand  serai-je  avec  vous  et  vous  suppor- 
terai-je  ?  ''-^  Amène  ici  ton  fils.  Comme  l'enfant  appro- 
chait, le  démon  le  jeta  contre  terre  et  l'agita  vio- 
lemment. Mais  Jésus  parla  sévèrement  à  l'esprit 
impur  ;  il  guérit  l'enfant  et  le  rendit  à  son  père. 

Jésus  prédit  sa  mort 

(Voy.  Matth.  17  :  22-23  ;  Marc  9  :  30-32) 

''^Tous  furent  frappés  de  la  puissance  magnifique 
de  Dieu.  Et  comme  ils  étaient  tous  dans  l'admira- 
tion de  tout  ce  que  Jésus  faisait,  il  dit  à  ses  disciples  : 
'^^Pour  vous,  retenez  bien  ce  que  je  vais  vous  dire  : 
Le  Fils  de  l'homme  va  être  livré  entre  les  mains  des 
hommes.  ^^Mais  ils  ne  comprenaient  point  cette  pa~ 

152 


SAINT  LUC  9  :  46-S6 

rôle  :  elle  était  voilée  pour  eux,  de  sorte  qu'ils  n'en 
saisissaient  pas  le  sens  ;  et  ils  craignaient  de  l'inter- 
roger sur  cette  parole. 

La  vraie  grandeur 

(Yoy.  Matth.  18  :  1-5  ;  Marc  9  :  33-4&; 

''^II  survint  entre  eux  une  discussion  pour  savoir 
lequel  était  le  plus  grand  parmi  eux.  "^"Mais  Jésus, 
connaissant  les  pensées  de  leur  cœur,  prit  un  petit 
enfant,  le  mit  auprès  de  lui,  '*^et  il  leur  dit  :  Celui  qui 
reçoit  ce  petit  enfant  en  mon  nom,  me  reçoit,  et  celui 
qui  me  reçoit,  reçoit  celui  qui  m'a  envoyé.  Car  celui 
qui  est  le  plus  petit  entre  vous  tous,  c'est  celui-là 
qui  est  grand. 

^^  Jean  prit  la  parole  et  dit  :  Maître,  nous  avons  vu 
quelqu'un  qui  chassait  les  démons  en  ton  nom,  et 
nous  l'en  avons  empêché  parce  qu'il  ne  te  suit  pas 
avec  nous.  ^"Mais  Jésus  lui  dit:  Ne  l'en  empêchez 
point  ;  car  celui  qui  n'est  pas  contre  vous,  est  pour 
vous. 

Voyage  de  Jésus  à  Jérusalem  (9  :  5i  à  19  :  28) 

Jésus  en  Samarie 

^^  Comme  le  temps  où  il  devait  être  enlevé  du 
monde  approchait,  il  prit  résolument  le  chemin  de 
Jérusalem.  ^-Et  il  envoya  des  messagers  devant  lui. 
Ceux-ci  étant  partis,  entrèrent  dans  un  village  des 
Samaritains  pour  lui  préparer  un  logement;  ^-^mais 
les  Samaritains  ne  le  reçurent  pas,  parce  qu'il  se 
dirigeait  vers  Jérusalem.  ''''Jacques  et  Jean,  ses  dis- 
ciples, voyant  cela,  dirent  :  Seigneur,  veux-tu  que 
nous  disions  que  le  feu  descende  da  ciel  et  qu'il  les 
consume  ?  ^^Mais  Jésus,  se  retournant,  les  répri- 
manda [et  il  leur  dit  :  Vous  ne  savez  de  quel  esprit 
vous  êtes  animés]  (^)  (').  ^^Et  ils  allèrent  dans  un 
autre  village. 

(a)  Les  mots  entre  crochets  ne  se  trouvent  que  dans  quelques  manuscrits. 
Dans  le  nombre,  il  y  en  a  qui  ont  de  plus  :  Le  Fils  de  l'homme  est  venu,  non  pour 
perdre  les  âmes,  mais  pour  les  sauver.  (Voy.  Luc  19  :  10  ;  Matth.  18  :  11.) 

(1)  D'autres  traduisent  :  Votes  ne  savez  pas  quel  est  l'esprit  qui  doit  vous 
animeTc 

153 


9:  57-10  MO  SAINT  LUO 

Dispositions  nécessaires  pour  suivre  Jésus 

(Voy.  Matth.  8  :  18-22) 

^■^  Pendant  qu'ils  étaient  en  chemin,  quelqu'un  lui 
dit  :  Je  te  suivrai  partout  où  tu  iras.  ^^  Jésus  lui  ré- 
pondit :  Les  renards  ont  des  tanières,  les  oiseaux  du 
ciel  ont  des  nids  ;  mais  le  Fils  de  l'homme  n'a  pas  où 
reposer  sa  tête. 

^^11  dit  à  un  autre  :  Suis-moi.  Celui-ci  lui  répondit  : 
Permets-moi  d'aller  d'abord  ensevelir  mon  père. 
^^Mais  Jésus  lui  dit  :  Laisse  les  morts  ensevelir  leurs 
morts  ;  et  toi,  va  annoncer  le  royaume  de  Dieu. 

®^  Un  autre  encore  lui  dit  :  Je  te  suivrai,  Seigneur  ; 
mais  permets-moi  de  prendre  auparavant  congé  de 
ceux  qui  sont  dans  ma  maison.  ^^  Jésus  lui  dit  :  Celui 
qui,  après  avoir  mis  la  main  à  la  charrue,  regarde  en 
arrière,  n'est  pas  propre  au  royaume  de  Dieu. 

Envoi  des  soixante-dix  disciples 

(Comp.  Matth.  9  :  37-38  ;  10  :  9-20  ;  11  :  21-24.) 

I  0  ^  Après  cela,  le  Seigneur  désigna  encore  soixante- 
dix  autres  disciples  ;  et  il  les  envoya  deux  à  deux 
devant  lui,  dans  toutes  les  villes  et  dans  tous  les  lieux 
où  lui-même  devait  aller. 

^11  leur  disait  :  La  moisson  est  grande,  mais  il  y  a 
peu  d'ouvriers.  Priez  donc  le  Maître  de  la  moisson 
d'envoyer  des  ouvriers  dans  sa  moisson.  -^  Allez  : 
Je  vous  envoie  comme  des  agneaux  au  milieu 
des  loups.  ''Ne  portez  ni  bourse,  ni  sac,  ni  chaussures, 
et  ne  saluez  personne  en  chemin.  ^Dans  quelque  mai- 
son que  vous  entriez,  dites  d'abord  :  La  paix  soit  sur 
cette  maison  !  ^Et  s'il  y  a  là  quelque  enfant  de  paix, 
votre  paix  reposera  sur  lui  ;  sinon,  elle  reviendra  à 
vous.  '^Demeurez  dans  cette  maison-là,  mangeant  et 
buvant  ce  qu'on  vous  donnera  ;  car  l'ouvrier  est 
digne  de  son  salaire.  Ne  passez  point  de  maison  en 
maison.  ^Dans  quelque  ville  que  vous  entriez,  si  l'on 
vous  reçoit,  mangez  ce  qu'on  vous  présentera.  ^Gué- 
rissez les  malades  qui  s'y  trouveront,  et  dites-leur  : 
Le  royaume  de  Dieu  s'est  approché  de  vous.  ^^Mai& 
dans  quelque  ville  que  vous  entriez,  si  l'on  ne  vous 

154 


SAINT  LUC  10:<<-22 

reçoit  pas,  allez  sur  les  places  publiques  et  dites  : 
^  '  Nous  secouons  contre  vous  la  poussière  même  de 
votre  ville,  qui  s'est  attachée  à  nos  pieds  ;  sachez 
pourtant  que  le  royaume  de  Dieu  s'est  approché  de 
vous.  ^^Je  vous  .dis  qu'au  dernier  jour,  Sodome  sera 
traitée  moins  rigoureusement  que  cette  ville. 

^ ^Malheur  à  toi,  Corazin  !  Malheur  à  toi,  Beth- 
saïda  (  ^  )  !  Car  si  les  miracles  qui  ont  été  faits  au  milieu 
de  vous  avaient  été  faits  dans  Tyr  et  dans  Sidon, 
il  y  a  longtemps  qu'elles  se  seraient  repenties,  en  pre- 
nant le  sac  et  la  cendre.  ^^  C'est  pom-quoi,  au  jour  du 
jugement,  Tyr  et  Sidon  seront  traitées  moins  rigou- 
reusement que  vous.  '-^Et  toi,  Capernaûm,  qui 
espérais  être  élevée  jusqu'au  ciel,  tu  seras  abaissée 
jusqu'en  enfer  !  —  ^''Qui  vous  écoute,  m'écoute, 
qui  vous  rejette,  me  rejette  ;  et  qui  me  rejette,  rejette 
Celui  qui  m'a  envoyé. 

^^Lessoixante-et-dix  reviru'ent  avec  joie,  en  disant  : 
Seigneur,  les  démons  mêmes  nous  sont  assujettis  en 
ton  nom.  ^^  Alors  Jésus  leur  dit  :  Je  voyais  Satan 
tomber  du  ciel  comme  un  éclah\  ^^  Voici  que  je  vous  ai 
donné  le  pouvoir  de  fouler  aux  pieds  les  serpents, 
les  scorpions  et  toute  la  puissance  de  l'ennemi  ;  et 
rien  ne  pourra  vous  .nuire.  ^'^  Toutefois,  ne  vous  ré- 
jouissez pas  de  ce  que  les  esprits  vous  sont  assujettis  ; 
mais  ré  jouissez- vous  de  ce  que  vos  noms  sont  écrits 
dans  les  cieux. 

U  Évangile  révélé  aux  petits 

(Voy.  Matth.  11  :  25-30:  13  :  lG-17) 

^^A  cette  heure  même,  Jésus  tressaillit  de  joie  par 
le  Saint-Es]3rit,  et  il  dit  :  Je  te  loue,  ô  Père,  Seigneur 
du  ciel  et  de  la  terre,  de  ce  que  tu  as  caché  ces  choses 
aux  sages  et  aux  intelligents,  et  de  ce  que  tu  les  as 
révélées  aux  petits  enfants  !  Oui,  Père,  il  en  est  ainsi, 
parce  que  tu  l'as  trouvé  bon.  ^-Toutes  choses  m'ont 
été  remises  par  mon  Père  ;  et  nul  ne  connaît  qui  est 
le  Fils,  si  ce  n'est  le  Père,  ni  qui  est  le  Père,  si  ce  n'est 
le  Fils,  et  celui  à  qui  le  Fils  aura  voulu  le  révéler. 

(1)  Voir  note  siir  Matth.  11  :  21. 

155 


10  :  23-37  SAINT   LUC 

^^Puis,  se  tournant  vers  ses  disciples,  il  leur  dit  en 
particulier  :  Heureux  les  yeux  qui  voient  ce  que  vous 
voyez  !  ^''Car,  je  vous  le  dis,  beaucoup  de  prophètes 
et  de  rois  ont  souhaité  de  voir  ce  que  vous  voyez, 
et  ils  ne  l'ont  pas  vu,  et  d'entendre  ce  que  vous  en- 
tendez, et  ils  ne  l'ont  pas  entendu. 

Parabole  du  bon  Samaritain 

^•^  Alors  un  docteur  de  la  loi  se  leva  pour  le  mettre 
à  l'épreuve,  et  il  lui  dit  :  Maître,  que  ferai-je  pour  hé- 
riter la  vie  éternelle  ?  ^^  Jésus  lui  dit  :  Qu'est-ce  qui  est 
écrit  dans  la  loi?  Qu'y  lis -tu  ?  ^^11  répondit:  «Tu 
aimeras  le  Seigneur  ton  Dieu  de  tout  ton  cœur,  de 
toute  ton  âme,  de  toute  ta  force  et  de  toute  ta  pen- 
sée (  '),  et  ton  prochain  comme  toi-même  (^).  »  ^^  Jésus 
lui  dit  :  Tu  as  bien  répondu  ;  fais  cela  et  tu  vivras. 

^^Mais  cet  homme,  voulant  se  justifier,  dit  à  Jésus  : 
Et  qui  est  mon  prochain  ?  -^'^  Jésus  reprit  ]a  parole  et 
dit  :  Un  homme  descendait  de  Jérusalem  à  Jérico. 
Il  tomba  entre  les  mains  de  brigands  qui  le  dépouillè- 
rent, et  qui,  après  l'avoir  couvert  de  blessures,  s'en 
allèrent,  le  laissant  à  demi-mort.  ^  '  Or,  il  se  rencontra 
qu'un  sacrificateur  descendait  par  ce  chemin-là  ;  il 
vit  cet  homme,  et  passa  outre.  ^^Un  lévite  aussi, 
étant  venu  en  cet  endroit,  s'approcha,  et,  l'ayant  vu, 
il  passa  outre.  "^^Mais  un  Samaritain,  qui  était  en 
voyage,  arriva  près  de  lui,  et,  l'ayant  vu,  il  fut  tou- 
ché de  compassion.  ^  ''  Il  s'a^^procha  et  banda  ses  plaies, 
en  y  versant  de  l'huile  et  du  vin  ;  puis  il  le  mit  sur 
sa  propre  monture,  le  mena  à  une  hôtellerie  et  prit 
soin  de  lui.  ^"'Le  lendemain,  il  tira  deux  deniers,  les 
donna  à  l'hôtelier  et  lui  dit  :  Aie  soin  de  lui  ;  et  tout 
ce  que  tu  dépenseras  de  plus,  je  te  le  rendrai  à  mon 
retour.  ^^  Lequel  de  ces  trois  te  paraît  avoir  été  le 
prochain  de  celui  qui  était  tombé  entre  les  mains  des 
brigands  ?  ^'Le  docteur  de  la  loi  répondit  :  C'est  celui 
qui  a  exercé  la  miséricorde  envers  lui.  Jésus  lui  dit  : 
Va,  et  fais  de  même. 

(1)  Deut.  6  :  5.  —  (2)  Lévit.  19  :  18, 

156 


SAINT  LUC  10  :  38-11  :  iO 

Marthe  et  Marie 

^^  Comme  ils  étaient  en  chemin,  il  entra  dans  un 
village,  et  une  femme,  nommée  Marthe,  le  reçut  dans 
sa  maison.  ^^Elle  avait  une  sœur,  appelée  Marie, 
qui,  se  tenant  assise  aux  pieds  du  Seigneur,  écoutait 
sa  parole.  ''^Or,  Marthe  était  absorbée  par  divers 
soins  ;  elle  vint  et  dit  à  Jésus  :  Seigneur,  ne  considères- 
tu  pas  que  ma  sœur  me  laisse  servir  toute  seule  ? 
Dis-lui  donc  de  m'aider.  ''  '  Le  Seigneur  lui  répondit  : 
Marthe,  Marthe,  tu  te  mets  en  peine  et  tu  t'agites 
pour  beaucoup  de  choses  ;  ''-mais  une  seule  chose  est 
nécessaire.  Et  Marie  a  choisi  la  bonne  part,  qui  ne 
lui  sera  point  ôtée. 

La  prière 

(Toy.  Matth.  6  :  7-13  ;  7  :  7-11) 

I  I  ^Un  jour,  Jésus  était  en  prière  dans  un  certain 
lieu.  Quand  il  eut  fini  de  prier,  un  de  ses  disciples  lui 
dit  :  Seigneur,  enseigne-nous  à  prier,  comme  Jean 
Fa  enseigné  à  ses  disciples.  ^11  leur  dit  :  Quand  vous 
priez,  dites  :  Père,  que  ton  nom  soit  sanctifié.  Que 
ton  règne  vienne.  ^Donne-nous  chaque  jour  notre 
pain  quotidien.  ^  Pardonne-nous  nos  péchés,  car  nous 
aussi,  nous  pardonnons  à  tous  ceux  qui  nous  ont  offen- 
sés (') .  Ne  nous  expose  pas  à  la  tentation  !  (^*) 

•^Puis  il  leur  dit  :  Si  l'un  de  vous  a  un  ami  et  qu'il 
aille  le  trouver  au  milieu  de  la  nuit  pour  lui  dire  : 
^Mon  ami,  prête-moi  trois  pains  ;  car  un  de  mes  amis 
est  arrivé  de  voyage,  et  je  n'ai  rien  à  lui  offrir.  ''Et  si 
cet  homme  lui  répond  de  l'intérieur  :  Ne  m'impor- 
tune pas;  ma  porte  est  déjà  fermée,  mes  enfants  et 
moi,  nous  sommes  au  lit;  je  ne  puis  me  lever  pour 
t'en  donner.  —  ^  Je  vous  le  dis,  quand  même  cet  homme 
ne  se  lèverait  pas  pour  lui  en  donner  parce  qu'il  est 
son  ami,  il  se  lèvera  à  cause  de  son  importunité  et 
lui  donnera  tout  ce  dont  il  a  besoin.  '-^Et  moi,  je  vous 
dis  :  Demandez,  et  l'on  vous  donnera  ;  cherchez,  et 
vous  trouverez;  frappez,  et  l'on  vous  ouvrira.   ^'^Car 

(a)  Le  texte  œmplet  de  l'oraison  dominicale  se  trouve  dans  Matth.  6  :  9-13. 
(1)  Voir  note  sur  Matth,  6  :  11-12. 

157 


11  :  ^^-24  SAINT  LTTO 

quiconque   demande,    reçoit  ;    qui    cherclie,    trouve  ; 
et  l'on  ouvrira  à  celui  qui  frappe. 

^  '  Quel  est  parmi  vous  le  père  qui  donnera  à  son 
fils  une  pierre,  s'il  lui  demande  du  pain  ?  Ou,  s'il  de- 
mande du  poisson,  lui  donnera -t-il  un  serpent  au 
lieu  d'un  poisson  ?  ^^Ou,  s'il  demande  un  œuf,  lui 
donnera-t-il  un  scorpion  ?  ^^Si  donc  vous,  qui  êtes 
mauvais,  savez  donner  de  bonnes  choses  à  vos  enfants, 
combien  plus  votre  Père  céleste  donnera-t-il  le  Saint- 
Esprit  à  ceux  qui  le  lui  demandent  ! 

Guèrison  d'un  démoniaque.  —  Jésus  défend  son 
ministère  et  refuse  de  faire  un  miracle 

(Voy.  Matth.  12  :  22-45  ;  6  :  22-23  ;  Marc  3  :  20-30) 

^  ''  Jésus  chassa  un  démon,  chez  un  homme  qui  était 
muet  ;  et  le  démon  étant  sorti,  le  muet  parla.  La  mul- 
titude fut  remplie  d'admiration;  ^'^mais  quelques-uns 
dirent  :  C'est  par  Béelzébul,  le  prince  des  démons, 
qu'il  chasse  les  démons.  ^ "^D'autres,  pour  le  mettre  à 
l'épreuve,  lui  demandaient  un  miracle  (')  venant  du 
ciel. 

^■^  Jésus,  connaissant  leurs  pensées,  leur  dit  :  Tout 
royaume  divisé  contre  lui-même  est  réduit  en  désert, 
et  ses  maisons  tombent  l'une  sur  l'autre.  ^^Si  donc 
Satan  est  aussi  divisé  contre  lui-même,  comment  son 
royaume  subsistera-t-il,  puisque  vous  dites  que  c'est 
par  Béelzébul  que  je  chasse  les  démons  ?  '^Et  si  moi 
je  chasse  les  démons  par  Béelzébul,  vos  fils,  par  qui 
les  chassent-ils  ?  C'est  pourquoi  ils  seront  eux-mêmes 
vos  juges.  ^"Mais  si  c'est  par  le  doigt  de  Dieu  que  je 
chasse  les  démons,  le  royaume  de  Dieu  est  donc  venu 
jusqu'à  vous.  -'Quand  un  homme  fort  et  bien  armé 
garde  l'entrée  de  sa  maison,  ce  qu'il  possède  est  en 
sûreté.  ^^Mais  qu'il  en  vienne  un  plus  fort  que 
lui  :  celui-là,  après  l'avoir  vaincu,  lui  enlève  toutes 
ses  armes,  dans  lesquelles  il  mettait  sa  confiance,  et 
il  distribue  ses  dépouilles. 

^•^ Celui  qui  n'est  pas  avec  moi,  est  contre  moi; 
et  celui  qui  n'amasse  pas  avec  moi,  disperse.  ^''Lorsque 

(1)  Litt,  :  un  signe. 

158 


SAINT   LUC  il  :  28-36 

l'esprit  impur  est  sorti  d'un  homme,  il  erre  dans  les 
lieux  arides  pour  chercher  du  repos.  N'en  trouvant 
point,  il  dit  :  Je  retournerai  dans  ma  maison,  d'où 
je  suis  sorti.  --^ Etant  revenu,  il  la  trouve  balayée  et 
ornée.  ^^^  Alors  il  s'en  va  et  prend  avec  lui  sept  autres 
esprits  plus  méchants  que  lui.  Ils  entrent  là  et  y  de- 
meurent ;  et  la  dernière  condition  de  cet  homme  de- 
vient pire  que  la  première. 

2"^  Pendant  que  Jésus  disait  ces  paroles,  une  femme, 
élevant  la  voix  du  milieu  de  la  foule,  lui  dit  :  Heu- 
reux les  flancs  qui  t'ont  porté,  et  les  mamelles  qui 
t'ont  allaité  !  ^^  Jésus  reprit  :  Heureux  plutôt  ceux 
qui  écoutent  la  parole  de  Dieu  et  qui  la  gardent  ! 

2^  Comme  le  peuple  s'amassait  en  foule,  Jésus  se 
mit  à  dire  :  Cette  génération  est  une  génération  mé- 
chante ;  elle  demande  un  signe,  mais  il  ne  lui  en  sera 
accordé  aucun  autre  que  celui  de  Jonas.  *^^Car,  de 
même  que  Jonas  fut  un  signe  pour  les  Ninivites,  le 
Fils  de  l'homme  aussi  en  sera  un  pour  cette  généra- 
tion. 31  La  reine  du  Midi  se  lèvera  au  jour  du  juge- 
ment avec  les  hommes  de  cette  génération,  et  elle  les 
condamnera,  parce  qu'elle  vint  des  extrémités  de  la 
terre  pour  entendre  la  sagesse  de  Salomon  (  '  )  ;  or, 
il  y  a  ici  plus  que  Salomon  !  3- Les  Mnivites  se  lève- 
ront au  jour  du  jugement  avec  cette  génération,  et 
ils  la  condamneront,  parce  qu'ils  se  repentirent  à  la 
prédication  de  Jonas  (-)  ;  or,  il  y  a  ici  plus  que  Jonas  ! 

^•^  Personne  n'allume  une  lampe  pour  la  mettre 
dans  un  lieu  caché,  ou  sous  le  boisseau  ;  mais  on  la 
met  sur  un  support,  afin  que  ceux  qui  entrent,  voient 
la  lumière.  "^  ''  L'œil  est  la  lampe  du  corps  ;  si  ton  œil 
est  sain,  tout  ton  corps  est  dans  la  lumière  ;  mais  s'il 
est  mauvais,  ton  corps  est  dans  les  ténèbres.  -^^  Ainsi, 
prends  garde  que  la  lumière  qui  est  en  toi  ne  soit  té- 
nèbres. •^*'Et  si  tout  ton  corps  est  dans  la  lumière, 
n'ayant  aucune  partie  dans  les  ténèbres,  il  sera 
éclairé  entièrement,  comme  lorsque  la  clarté  d'une 
lampe  rayonne  sur  toi. 


(1)  Voy.  I  Rois  lO  :  1-13. 

(2)  Jonas  3  :  5. 


159 


11  :  37-BI  SAINT   LUC 

Discours  aux  'pharisiens 

(Voy.  Matth.  23  :  1-39) 

^^  Pendant  que  Jésus  parlait,  un  pharisien  le  pria 
de  prendre  un  repas  chez  lui.  Jésus  entra  et  se  mit 
à  table.  ^^Le  pharisien,  voyant  qu'il  ne  s'était  pas 
lavé  avant  le  repas,  en  fut  surpris.  ^^Mais  le  Seigneur 
lui  dit  :  Vous  autres,  pharisiens,  vous  nettoyez  le  dehors 
de  la  coupe  et  du  plat  ;  mais,  au  dedans,  vous  êtes  pleins 
de  ra.pacité  et  de  méchanceté.  ''''^Insensés!  Celui  qui 
a  fait  le  dehors,  n'a-t-il  pas  aussi  fait  le  dedans  ? 
•'''Donnez  plutôt  en  aumônes  ce  que  vous  avez,  et 
toutes  choses  seront  pures  pour  vous.  "^^Mais  malheur 
à  vous,  pharisiens,  parce  que  vous  payez  la  dîme  de 
la  menthe,  de  la  rue  et  de  toutes  sortes  d'herbes,  tandis 
que  vous  négligez  la  justice  et  l'amour  de  Dieu  ! 
Voilà  les  choses  qu'il  fallait  faire,  sans  toutefois  né- 
gliger les  autres.  "^-^  Malheur  à  vous,  pharisiens,  parce 
que  vous  aimez  la  première  place  dans  les  synagogues, 
et  les  salutations  dans  les  places  publiques!  ''^Mal- 
heur à  vous,  parce  que  vous  ressemblez  aux  tombeaux 
qu'on  ne  remarque  pas,  et  sur  lesquels  on  marche 
sans  le  savoir  ! 

''^  Alors  un  des  docteurs  de  la  loi  prit  la  parole  et  lui 
dit:  Maître,  en  parlant  ainsi,  tu  nous  outrages,  nous 
aussi.  Jésus  reprit  :  ^^  Malheur  à  vous  aussi,  docteurs  de 
la  loi,  parce  que  vous  chargez  les  hommes  de  fardeaux 
difficiles  à  porter,  et  vous-mêmes,  vous  n'y  touchez 
pas  du  doigt  !  ''"  Malheur  à  vous,  parce  que  vous  bâtis- 
sez les  tombeaux  des  prophètes  que  vos  pères  ont  fait 
mourir!  -^^Vous  rappelez  ainsi  les  œuvres  de  vos 
pères,  et  vous  les  approuvez  ;  car  eux,  ils  les  ont  fait 
mourir,  et  vous,  vous  leur  élevez  des  tombeaux.  ''^  C'est 
pourquoi  la  sagesse  de  Dieu  a  dit  :  Je  leur  enverrai 
des  prophètes  et  des  apôtres,  et  ils  feront  mourir  les 
uns  et  persécuteront  les  autres,  ^^afin  que  le  sang 
de  tous  les  prophètes,  répandu  depuis  la  création 
du  monde,  soit  redemandé  à  cette  génération,  ^'de- 
puis le  sang  d'Abel  jusqu'au  sang  de  Zacharie  (^), 
qui  fut  tué  entre  l'autel  et  le  temple.  Oui,  vous  dis-je, 

(1)  Voy.  n  Ohron.  84  :  20-21. 

160 


SAINT  LUO  11  :  52-12  :  ^^ 

il  en  sera  demandé  compte  à  cette  génération.  ^-Mal- 
heur à  vous,  docteurs  de  la  loi,  parce  qu'ayant  pris 
la  clef  de  la  science,  vous  n'êtes  point  entrés  vous- 
mêmes,  et  ceux  qui  voulaient  entrer,  vous  les  en  avez 
empêchés  ! 

^'^  Quand  Jésus  fut  sorti  de  là,  les  scribes  et  les  pha- 
risiens se  mirent  à  le  presser  violemment  et  à  le  har- 
celer de  leurs  questions,  "^''lui  tendant  des  pièges,  pour 
s'emparer  de  quelque  parole  sortie  de  sa  bouche. 

Instructions  aux  disciples 

ÇVoy.  Matth.  16  :  6-12  ;  10  :  28-33) 

I  2  ^  Cependant,  le  peuple  s'étant  assemblé  par  mil- 
liers, au  point  que  les  gens  s'écrasaient  les  uns  les 
autres,  Jésus  se  mit  tout  d'abord  à  dire  à  ses  disciples  : 
Gardez-vous  du  levain  des  pharisiens,  qui  est  l'hypo- 
crisie. ^11  n'y  a  rien  de  caché  qui  ne  doive  être  dé- 
couvert, ni  rien  de  secret  qui  ne  doive  être  connu. 
^  C'est  pourquoi,  tout  ce  que  vous  aurez  dit  dans  les 
ténèbres,  sera  entendu  en  plein  jour  ;  et  ce  que  vous 
aurez  dit  à  l'oreille,  dans  les  chambres,  sera  prêché 
sur  les  toits.  ^  Je  vous  dis,  à  vous  qui  êtes  mes  amis  : 
Ne  craignez  pas  ceux  qui  tuent  le  corps,  et  qui,  après 
cela,  ne  peuvent  rien  faire  de  plus.  •'Mais  je  vous  mon- 
trerai qui  vous  devez  craindre  :  craignez  C«lui  qui, 
après  avoir  ôté  la  vie,  a  le  pouvoir  de  jeter  dans  la 
géhenne!  Oui,  je  vous  le  dis,  c'est  celui-là  que  vous 
devez  craindre  !  "^Ne  vend-on  pas  cinq  passereaux 
pour  deux  sous  ?  (')  Cependant,  Dieu  n'en  oublie 
pas  un  seul.  ^Et  les  cheveux  mêmes  de  votre  tête 
sont  tous  comptés.  Ne  craignez  point,  vous  valez  plus 
que  beaucoup  de  passereaux. 

^  Je  vous  le  dis,  quiconque  me  confessera  devant  les 
hommes,  le  Fils  de  l'homme  le  confessera  aussi  devant 
les  anges  de  Dieu.  ^Mais  celui  qui  m'aura  renié  devant 
les  hommes,  celui-là  sera  renié  devant  les  anges  de  Dieu. 
^  ^'  Quiconque  parlera  contre  le  Fils  de  l'homme,  obtien- 
dra le  pardon  ;  mais  à  celui  qui  aura  blasphémé  contre 
le  Saint-Esprit,  il  ne  sera  point  pardonné.  ^  '  Quand 

(1)  Litfc.  :  deux  a».  —  Voir  note  sur  Matth.  10  :  29. 

161  6 


12  :  42-25  SAINT  LTJO 

on  vous  mènera  dans  les  synagogues  et  devant  les 
magistrats  et  les  autorités,  ne  vous  inquiétez  point 
de  la  manière  dont  vous  parlerez  pour  votre  défense, 
ni  de  ce  que  vous  direz;  ^-car  le  Saint-Esprit  vous 
enseignera  à  l'heure  même  ce  qu'il  faudra  que  vous 
disiez. 

L'avarice 

^^  Alors,  du  milieu  de  la  foule,  quelqu'un  dit  à 
Jésus  :  Maître,  dis  à  mon  frère  de  partager  avec  moi 
notre  héritage.  ^  ''  Mais  Jésus  lui  répondit  :  O  homme, 
qui  est-ce  qui  m'a  établi  pour  être  votre  juge,  ou  pour 
faire  vos  partages  ?  ^''Puis  il  leur  dit:  Gardez -vous 
avec  soin  de  toute  avarice  ;  car,  fût-il  dans  l'abon- 
dance, la  vie  d'un  homme,  ne  dépend  pas  de  ce  qu'il 


^*^  Jésus  leur  dit  encore  cette  parabole  :  Les  terres 
d'un  homme  riche  avaient  beaucoup  rapporté  ;  ^^et  il 
raisonnait  ainsi  en  lui-même  :  Que  ferai- je  ?  Car  je 
n'ai  pas  de  place  pour  serrer  ma  récolte.  ^^  Voici,  dit- 
il,  ce  que  je  ferai  :  j'abattrai  mes  greniers,  j'en  bâtirai 
de  plus  grands,  j'y  amasserai  toute  ma  récolte  et  tous 
mes  biens  ;  ^'^puis  je  dirai  à  mon  âme  :  Mon  âme,  tu 
as  beaucoup  de  biens  en  réserve  pour  beaucoup  d'an- 
nées ;  repose-toi,  mange,  bois  et  réjouis-toi.  ^*^Mais 
Dieu  lui  dit  :  Insensé,  cette  nuit  même  ton  âme  te 
sera  redemandée  ;  et  ce  que  tu  as  ^  préparé,  pour  qui 
cela  sera-t-il  ?  ^'11  en  est  ainsi  de  celui  qui  amasse  des 
trésors  pour  lui-même,  et  qui  n'est  pas  riche  en  Dieu. 

Les  soucis 

(Voy.  Matth.  6  :  25-34  ;  19-21) 

2^  Alors  Jésus  dit  à  ses  disciples  :  Ainsi,  je  vous  le 
déclare  :  Ne  soyez  pas  en  souci,  pour  votre  vie,  de  ce 
que  vous  mangerez,  ni,  pour  votre  corps,  du  vête- 
ment que  vous  lui  donnerez.  ^^La  vie  est  plus  que  la 
nourriture,  et  le  corps  plus  que  le  vêtement.  ^'Regar- 
dez les  corbeaux  :  Ils  ne  sèment  ni  ne  moissonnent,  ils 
n'ont  ni  cellier  ni  grenier,  et  Dieu  les  nourrit;  combien 
ne  valez-vous  pa.s  plus  que  les  oiseaux  !  ^^  Et  qui  de  vous 

162 


SAINT   LtrO  12  :  26-39 

peut  ajouter,  par  son  souci,  une  coudée  à  sa  taille  ?  (^) 
^*^Si  donc  vous  ne  pouvez  pas  même  les  moindres 
choses,  pourquoi  vous  inquiétez -vous  des  autres  1 
^^  Considérez  comment  croissent  les  lis  :  Ils  ne  travail- 
lent ni  ne  filent  ;  cependant,  je  vous  dis  que  Salomon 
même,  dans  toute  sa  gloire,  n'a  pas  été  vêtu  comme 
l'un  d'eux.  ^^Si  Dieu  revêt  ainsi,  dans  les  champs, 
l'herbe  qui  est  aujourd'hui,  et  qui  demain  sera  jetée 
au  four,  combien  plutôt  vous  vêtira-t-il,  ô  gens  de 
peu  de  foi  !  ^^Ne  vous  mettez  donc  pas  en  peine  de 
ce  que  vous  mangerez,  ou  de  ce  que  vous  boirez,  et 
n'ayez  pas  l'esprit  inquiet.  ^^Car  toutes  ces  choses, 
ce  sont  les  nations  de  ce  monde  qui  les  recherchent  ; 
et  votre  Père  sait  que  vous  en  avez  besoin.  ^^Mais 
vous,  recherchez  plutôt  son  royaume  ;  et  toutes  ces 
choses  vous  seront  données  par-dessus. 

^^Ne  crains  point,  petit  troupeau;  car  il  a  plu  à 
votre  Père  de  vous  donner  le  royaume.  ^-^  Vendez  ce 
que  vous  possédez  et  donnez -le  en  aumônes.  Faites- 
vous  des  bourses  qui  ne  s'usent  pas,  un  trésor  dans 
les  cieux  qui  ne  manque  jamais,  dont  le  voleur  n'ap- 
proche pas,  et  que  les  vers  ne  détruisent  point.  ^^Car 
où  est  votre  trésor,  là  aussi  sera  votre  cœur. 


Exhortation  à  la  vigilance 

(Voy.  Matth.  24  ;  42-51  ;  25  :  1-13) 

^^Que  vos  reins  soient  ceints,  et  vos  lampes  allu- 
mées. ^^Et  soyez  semblables  à  des  hommes  qui  atten- 
dent le  moment  où  leur  maître  reviendra  des  noces, 
afin  de  lui  ouvrir  dès  qu'il  arrivera  et  qu'il  frappera. 
^''Heureux  ces  serviteurs  que  le  maître,  à  son  arrivée, 
trouvera  veillant  !  En  vérité,  je  vous  le  dis,  il  se  cein- 
dra, il  les  fera  mettre  à  sa  table  et  viendra  les  servir. 
^^ Qu'il  arrive  à  la  seconde  ou  à  la  troisième  veille  (^), 
s'il  les  trouve  dans  cet  état,  heureux  ces  serviteurs  ! 
"^^  Sachez -le  bien,  si  le  père  de  famille  connaissait 
l'heure  à  laquelle  le  voleur  viendra,  il  veillerait  et  ne 

(1)  Voir  note  sur  Matth.  6  :  27. 

(2)  C'est-à-dire  après  9  heures  du  soir  ou  après  minuit.  —  Voir  note  sur 
Matth.  14  :  25. 

163 


12  :  40-54  SAESrT   LTJO 

laisserait  pas  percer  sa  maison.  ''^Vous  aussi,  tenez- 
vous  prêts  ;  car  le  Fils  de  l'homme  viendra  à  l'heure 
où  vous  n'y  penserez  pas. 

^'^ Alors  Pierre  lui  dit:  Seigneur,  est-ce  pour  nous 
que  tu  dis  cette  parabole,  ou  est-ce  aussi  pour  tous  ? 
''-Le  Seigneur  répondit  :  Quel  est  l'économe  fidèle 
et  prudent  que  le  maître  établira  sur  ses  domestiques, 
pour  leur  donner,  au  temps  convenable,  leur  mesure 
de  blé  ?  ^'^  Heureux  ce  serviteur  que  le  maître,  à  son 
arrivée,  trouvera  agissant  ainsi  !  '^"^En  vérité,  je  vous 
dis  qu'il  l'établira  sur  tous  ses  biens.  ^^Mais  si  ce  ser- 
viteur dit  en  son  cœur  :  Mon  maître  tarde  à  venir  ; 
et  s'il  se  met  à  battre  les  serviteurs  et  les  servantes, 
à  manger,  à  boire  et  à  s'enivrer,  ''••'le  maître  de  ce 
serviteur  viendra  le  jour  où  il  ne  s'y  attend  pas,  et 
à  l'heure  qu'il  ne  sait  pas.  Il  déchirera  le  serviteur  à 
coups  de  fouet,  et  lui  donnera  son  lot  avec  les  infi- 
dèles. ^'Ce  serviteur  qui,  ayant  connu  la  volonté  de 
son  maître,  n'aura  rien  préparé  et  n'aura  pas  fait  cette 
volonté,  sera  battu  de  plusieurs  coups.  '^^Mais  celui  qui 
ne  l'a  pas  connue  et  qui  a  fait  des  choses  dignes  de  châ- 
timent, sera  battu  de  peu  de  coups.  A  quiconque  il 
aura  été  beaucoup  donné,  il  sera  beaucoup  redemandé  ; 
et  l'on  exigera  davantage  de  celui  à  qui  l'on  aura  beau- 
coup confié. 

Instructions  diverses 

(Voy.  Matth.  10  :  34-35  ;  16  :  1-3  ;  5  :  25-26) 

^^  Je  suis  venu  jeter  un  feu  sur  la  terre  ;  et  qu'ai-je 
à  désirer,  s'il  est  déjà  allumé  ?  ^*^  Il  est  un  baptême  dont 
je  dois  être  baptisé,  et  corhbien  je  suis  dans  l'angoisse 
jusqu'à  ce  qu'il  soit  accompli  !  ^^Pensez-vous  que  je 
sois  venu  apporter  la  paix  sur  la  terre  ?  Non,  vous 
dis-je,  mais  plutôt  la  division.  -^-Car  désormais,  s'il 
y  a  cinq  personnes  dans  une  maison,  elles  seront  di- 
visées, trois  contre  deux,  et  deux  contre  trois;  ^^le 
père  contre  le  fils,  et  le  fils  contre  le  père  ;  la  mère 
contre  la  fille,  et  la  fille  contre  la  mère  ;  la  belle-mère 
contre  la  belle-fille,  et  la  belle-fille  contre  la  belle- 
mère. 

^  '  Il  disait  encore  à  la  foule  :  Quand  vous  voyez  un 

164 


SAINT  LUC  12  :  00-13  :  9 

nuage  se  lever  à  l'occident,  vous  dites  aussitôt  :  Il  va 
pleuvoir  ;  et  cela  arrive  ainsi.  ^"^Et  quand  le  vent  du 
midi  souffle,  vous  dites  :  il  fera  chaud  ;  et  cela  arrive. 
^^  Hypocrites  !  vous  savez  bien  discerner  l'aspect  de 
la  terre  et  du  ciel  ;  comment  donc  ne  savez-vous  pas 
discerner  ce  temps-ci  ?  ^''Et  pourquoi  ne  jugez -vous 
pas  aussi,  par  vous-mêmes,  de  ce  qui  est  juste? 

^^  Quand  tu  vas  devant  le  magistrat  avec  ton  adver- 
saire, tâche  de  t'arranger  avec  lui  en  chemin,  de  peur 
qu'il  ne  te  traîne  devant  le  juge,  que  le  juge  ne  te 
livre  à  l'exécuteur,  et  que  l'exécuteur  ne  te  jette  en 
prison.  ^^  Je  te  dis  que  tu  ne  sortiras  pas  de  là,  que 
tu  n'aies  payé  jusqu'à  la  dernière  pite  ('). 


Les  Galiléens  mis  à  mort  —  Le  figuier  stérile 

I  3  ^  En  ce  même  temps,  quelques  personnes,  qui 
se  trouvaient  là,  racontèrent  à  Jésus  ce  qui  était  arrivé 
aux  Galiléens,  dont  Pilate  avait  mêlé  le  sang  à  celui 
de  leurs  sacrifices.  ^  Jésus,  prenant  la  parole,  leur  dit  : 
Pensez -vous  que  ces  Galiléens  fassent  de  plus  grands 
pécheurs  que  tous  les  autres  Galiléens,  parce  qu'ils 
ont  souffert  ainsi  ?  ^Non,  vous  dis- je  ;  mais  si  vous  ne 
vous  repentez,  vous  périrez  tous  pareillement.  ''  Ou 
bien,  ces  dix-huit  personnes,  sur  qui  la  tour  de  Siloé  est 
tombée  et  qu'elle  a  tuées,  pensez-vous  qu'elles  fussent 
plus  coupables  que  tous  les  autres  habitants  de  Jéru« 
isalem  ?  ^Non,  vous  dis-je  ;  mais  si  vous  ne  vous 
repentez,   vous  périrez  tous  également. 

^  Il  disait  aussi  cette  parabole  :  Un  homme  avait 
un  figuier  planté  dans  sa  vigne  ;  il  vint  chercher  du 
fruit  et  n'en  trouva  point.  "^  Alors  il  dit  au  vigneron  : 
Voilà  trois  ans  que  je  viens  chercher  du  fruit  à  ce 
figuier  et  que  je  n'en  trouve  pas  :  coupe-le  ;  pourquoi 
occupe-t-il  la  terre  inutilement  ?  ^Le  vigneron  lui 
répondit  :  Seigneur,  laisse-le  encore  cette  année,  je 
creuserai  tout  autour  et  j'y  mettrai  du  fumier.  ^Peut- 
être  qu'à  l'avenir  U  portera  du  fruit  ;  sinon,  tu  le 
couperas. 

(1)  Litt.  :  lepte.  —  Voir  note  sur  Marc  13  :  42. 

165 


13  M  0-23  SAINT   LUC 

Guèrison  le  jour  du  sabbat 

^"  Jésus  enseignait  dans  une  synagogue  un  jour  de 
sabbat.  '  '  Or,  il  y  avait  là  une  femme  possédée  d'un 
esprit  qui  la  rendait  infirme  depuis  dix-huit  ans  ;  elle 
était  courbée  et  ne  pouvait  pas  du  tout  se  redresser. 
^2 Jésus,  la  voyant,  l'appela  et  lui  dit:  Femme,  tu 
es  délivrée  de  ton  infirmité  ;  ^  ''  et  il  lui  imposa  les 
mains.  A  l'instant,  elle  se  redressa,  et  elle  se  mit  à 
rendre  gloire  à  Dieu.  ^^  Alors  le  chef  de  la  synagogue, 
indigné  de  ce  que  Jésus  avait  fait  cette  guèrison  un  jour 
de  sabbat,  prit  la  parole  et  dit  à  la  foule  :  Il  y  a  six 
jours  pendant  lesquels  on  doit  travailler  ;  venez  donc 
ces  jours-là  pour  être  guéris,  et  non  pas  le  jour  du. sab- 
bat. ^  '^  Mais  le  Seigneur  lui  répondit  :  Hypocrites,  cha- 
cun de  vous,  le  jour  du  sabbat,  ne  détache-t-il  pas  de  la 
crèche  son  bœuf  ou  son  âne  pour  le  mener  boire  ? 
'^Et  cette  fille  d'Abraham,  que  Satan  tenait  liée 
depuis  dix-huit  ans,  ne  fallait-il  pas  la  délivrer  de  ce 
lien  le  jour  du  sabbat  ?  ^^ Comme  il  parlait  ainsi,  tous 
ses  adversaires  étaient  confus,  et  tout  le  peuple  se 
réjouissait  de  toutes  les  choses  glorieuses  qu'il  accom- 
plissait. 

Le  grain  de  moutarde  et  le  levain 

(Voy.  Matth.  13  :  31-33  ;  Marc  4  :  30-32) 

'^  Jésus  disait  donc  :  A  quoi  ressemble  le  royaume 
de  Dieu,  et  à  quoi  le  comparerai- je  ?  ^^11  est  sem- 
blable à  un  grain  de  moutarde,  qu'un  homme  a  pris 
et  a  jeté  dans  son  jardin  ;  il  a  poussé,  il  est  devenu 
un  arbre,  et  les  oiseaux  du  ciel  ont  fait  leurs  nids  dans 
ses  branches. 

^^11  dit  encore:  A  quoi  comparerai-je  le  royaume 
de  Dieu  ?  ^  '  Il  est  semblable  à  du  levain  qu'une  femme 
prend,  et  qu'elle  mêle  à  trois  mesures  de  farine,  pour 
faire  lever  toute  la  pâte. 

La  porte  étroite 

(Voy.  Matth.  7  :  13-23;  8  :  11-12) 

^^  Jésus  traversait  les  villes  et  les  villages,  en  ensei- 
gnant, tandis  qu'il  se  dirigeait  vers  Jérusalem.  '^^  Quel- 

166 


SAINT  LUO  13  :  2  5-35 

qu'un  lui  demanda  :  Seigneur,  n'y  a-t-il  qu'un  petit 
nombre  de  gens  qui  soient  sauvés  ?  ^  *  Il  leur  répondit  : 
Efforcez-vous  d'entrer  par  la  porte  étroite  ;  car,  je  vous 
le  dis,  il  y  en  a  beaucoup  qui  chercheront  à  entrer, 
et  ils  ne  le  pourront  pas.  ^^Et  quand  le  maître  delà 
maison  se  sera  levé  et  aura  fermé  la  porte,  et  que  vous, 
qui  serez  restés  dehors,  vous  vous  mettrez  à  frapper 
et  à  dire  :  Seigneur,  ouvre-nous  !  —  Il  vous  répondra  : 
Je  ne  sais  d'où  vous  êtes.  ^^  Alors  vous  vous  mettrez 
à  dire  :  Nous  avons  mangé  et  bu  en  ta  présence,  et 
tu  as  enseigné  sur  nos  places  publiques.  ^"Et  il  ré- 
pondra :  Je  vous  le  dis,  je  ne  sais  d'où  vous  êtes  ; 
retirez-vous  de  moi,  vous  tous,  ouvriers  d'iniquité  ! 
2^ C'est  là  qu'il  y  aura  des  pleurs  et  des  grincements 
de  dents,  quand  vous  verrez  Abraham,  Isaac  et  Jacob 
et  tous  les  prophètes,  dans  le  royaume  de  Dieu,  et 
que  vous  serez  jetés  dehors.  ^'^11  en  viendra  de  l'Orient 
et  de  l'Occident,  du  Nord  et  du  Midi,  qui  se  mettront 
à  table  dans  le  royaume  de  Dieu.  ^"^Et  voici,  qu'il  y  en 
a  des  derniers  qui  seront  les  premiers,  et  il  y  en  a  des 
premiers  qui  seront  les  derniers. 

Hèrode  veut  faire  mourir  Jésus 

(Voy.  Matth.  23  :  37-39) 

^'A  ce  moment-là,  quelques  pharisiens  vinrent  lui 
dire  :  Pars,  éloigne-toi  d'ici  ;  car  Hérode  veut  te  faire 
mourir.  ^-11  leur  répondit  :  Allez  dire  à  ce  renard 
que  je  chasse  les  démons.  J'opère  des  guérisons 
aujourd'hui  et  demain,  et  le  troisième  jour  j'achève 
ma  vie.  ^-^Mais  il  faut  que  je  marche  aujourd'hui, 
demain  et  le  jour  suivant,  parce  qu'il  ne  convient  pas 
qu'un  prophète  périsse  hors  de  Jérusalem. 

^  '  Jérusalem,  Jérusalem,  toi  qui  tues  les  prox^hètes  et 
qui  lapides  ceux  qui  te  sont  envoyés,  combien  de  fois 
j'ai  voulu  rassembler  tes  enfants,  comme  une  poule 
rassemble  sa  couvée  sous  ses  ailes,  et  vous  ne  l'avez 
pas  voulu!  •^•'' Voici  que  votre  demeure  vous  sera  laissée 
dans  l'abandon.  Et  je  vous  dis  que  vous  ne  me  verrez 
plus,  jusqu'à  ce  que  vous  disiez  :  «  Béni  soit  celui  qui 
vient  au  nom  du  Seigneur  (')  !  » 

(1)  Psaume  118  :  26. 

167 


14  MHS  SAINT  LtJO 

Le  repas  chez  un  pharisien  . —  Leçons  d'humilité 
et  de  charité 

14  ''Un  jour  de  sabbat,  Jésus  était  entré  dans  la 
maison  d'un  des  principaux  pharisiens  pour  prendre 
un  repas,  et  ceux  qui  étaient  là  l'observaient.  ^  Or,  un 
homme  hydropique  se  trouva  devant  lui.  ^  Jésus, 
prenant  la  parole,  dit  aux  docteurs  de  la  loi  et  aux 
pharisiens  :  Est-il  permis  de  guérir  un  jour  du  sabbat, 
ou  non  ?  -''  Et  ils  gardèrent  le  silence.  Alors,  prenant 
le  malade,  il  le  guérit  et  le  renvoya.  ^  Puis  il  leur  dit  : 
Lequel  d'entre  vous,  si  son  fils  ou  même  son  bœuf 
vient  à  tomber  dans  un  puits,  ne  l'en  retire  aussitôt 
le  jour  du  sabbat  ?  ^Et  ils  ne  pouvaient  rien  répondre 
à  cela. 

^  Ayant  remarqué  que  les  conviés  choisissaient  les 
premières  places,  il  leur  disait  aussi  cette  parabole  : 
^Lorsqu'on  t'invitera  à  des  noces,  ne  te  mets  pas  à 
la  première  place,  de  peur  qu'il  ne  se  trouve  parmi  les 
conviés  une  personne  plus  considérable  que  toi,  ^et 
que  celui  qui  vous  a  invités,  toi  et  lui,  ne  vienne  te 
dire  :  Cède  la  place  à  celui-ci  ;  —  et  qu'alors  tu  n'aies  la 
honte  d'être  mis  à  la  dernière  place.  ^^Mais  quand 
tu  seras  invité,  va  te  mettre  à  la  dernière  place,  et 
lorsque  celui  qui  t'a  invité  viendra,  il  te  dira  :  Mon 
ami,  monte  plus  haut!  Alors,  cela  sera  pour  toi  un 
honneur  aux  yeux  de  tous  ceux  qui  seront  à  table 
avec  toi.  ^  '  Car  quiconque  s'élève  sera  abaissé,  et  qui- 
conque s'abaisse  sera  élevé. 

'^11  disait  aussi  à  celui  qui  l'avait  invité  :  Quand  tu 
donnes  un  dîner  ou  un  souper,  n'invite  pas  tes  amis, 
ni  tes  frères,  ni  tes  parents,  ni  des  voisins  riches,  de 
peur  qu'ils  ne  t'invitent  à  leur  tour,  et  ne  te  rendent 
la  pareille.  ^^Mais,  quand  tu  fais  un  festin,  convie 
des  pauvres,  des  estropiés,  des  boiteux  et  des  aveugles. 
^  ''  Tu  seras  heureux,  parce  qu'ils  ne  peuvent  pas  te  le 
rendre  ;  et  cela  te  sera  rendu  à  la  résurrection  des 
justes. 

Parabole  du  grand  festin 

(Comp.  Matth.  22  :  1-14) 

^^XJn  des  convives,  ayant  entendu  ces  paroles,  lui 
168 


SAINT  LtrC  14:  U-34 

dit  :  Heureux  celui  qui  sera  à  table  dans  le  royaume 
de  Dieu  !  ^  ^  Mais  Jésus  lui  répondit  :  Un  homme  fit 
un  grand  souper,  et  il  y  invita  beaucoup  de  gens.  ^  ^ A 
l'heure  du  souper,  il  envoya  son  serviteur  dire  aux 
conviés  :  Venez,  car  tout  est  prêt.  ^^Mais  tous,  comme 
de  concert,  se  mirent  à  s'excuser.  Le  premier  lui  dit  : 
J'ai  acheté  une  terre  et  je  suis  forcé  d'aUer  la  voir  ; 
je  te  prie  de  m'excuser.  ^^Un  autre  dit  :  J'ai  acheté 
cinq  paires  de  bœufs,  et  je  vais  les  essayer  ;  je  te  prie 
de  m'excuser.  ^^'Un  autre  dit  :  Je  viens  de  me  marier, 
ainsi  je  ne  puis  y  aller.  ■^'  Le  serviteur,  étant  de  retour, 
rapporta  cela  à  son  maître.  Alors  le  père  de  famiUe, 
irrité,  dit  à  son  serviteur  :  Va  vite  sur  les  places  et 
dans  les  rues  de  la  ville,  et  amène  ici  les  pauvres,  les 
estropiés,  les  aveugles  et  les  boiteux.  ^"^  Ensuite  le 
serviteur  dit  :  Seigneur,  on  a  fait  ce  que  tu  as  com- 
mandé, et  il  y  a  encore  de  la  place.  ^"Et  le  maître  dit 
au  serviteur  :  Va  dans  les  chemins  et  le  long  des  haies, 
et  contrains  les  gens  d'entrer,  afin  que  ma  maison  soit 
remplie.  -^Car,  je  vous  le  dis,  aucun  de  ces  hommes 
qui  avaient  été  conviés  ne  goûtera  de  mon  souper. 

Conditions  nécessaires  pour  être  disciple  de  Jésus 

(Voy.  Matth.  10  :  37-38  ;  5  :  13  ;  Marc  9  :  50) 

2^  Comme  une  grande  foule  accompagnait  Jésus,  il 
se  tourna  vers  elle  et  lui  dit  :  ^^Si  quelqu'un  vient  à 
moi,  et  ne  hait  pas  son  père,  sa  mère,  sa  femme,  ses 
enfants,  ses  frères,  ses  sœurs,  et  même  sa  propre  vie, 
il  ne  peut  être  mon  disciple.  ^^Et  quiconque  ne  porte 
pas  sa  croix  et  ne  me  suit  pas,  ne  peut  être  mon  dis- 
ciple. 

2^  En  effet,  quel  est  celui  d'entre  vous,  qui,  voulant 
bâtir  une  tour,  ne  commence  d'abord  par  s'asseoir,  et  ne 
calcule  la  dépense,  pour  voir  s'il  a  de  quoi  aUer  jusqu'au 
bout  —  2^  de  peur  qu'après  avoir  posé  les  fondements,  il 
ne  puisse  achever  la  tour,  et  qu'alors  tous  ceux  qui  le 
verront  ne  se  mettent  à  se  moquer  de  lui,  ^^  en  disant  : 
Cet  homme  a-  commencé  à  bâtir,  et  il  n'a  pu  achever  ! 
^  '  Ou  bien,  quel  est  le  roi  qui,  partant  pour  faire  la  guerre 
à  un  autre  roi,  ne  commence  par  s'asseoir,  et  n'examine 


14  :  32-15  :  10  SAINT  LIJO 

s'il  peut,  avec  dix  mille  hommes,  aller  à  la  rencontre  de 
celui  qui  vient  contre  lui  avec  vingt  mille  ?  ^^Autre- 
ment, pendant  que  celui-ci  est  encore  loin,  il  lui  envoie 
une  ambassade  pour  demander  la  paix.  ^^  Ainsi,  qui- 
conque d'entre  vous  ne  renonce  pas  à  tout  ce  qu'il 
possède,  ne  peut  être  mon  disciple. 

^''  C'est  une  bonne  chose  que  le  sel  ;  mais  si  le  sel 
perd  sa  saveur,  avec  quoi  l'assaisonnera-t-on  ?  ^^11 
n'est  bon  ni  pour  la  terre,  ni  pour  le  fumier  ;  on  le 
jette  dehors.  Que  celui  qui  a  des  oreilles  pour  entendre, 
entende  ! 

Paraboles  de  la  brebis  perdue,  de  la  drachme 
perdue,  et  de  Venfani  prodigue^ 

(Voy.  Matth.  18  :  12-14) 

15  ^  Tous  les  péagers  et  les  pécheurs  s'approchaient 
de  Jésus  pour  l'entendre.  ^Et  les  pharisiens  et  les 
scribes  murmuraient,  disant  :  Cet  homme  accueille 
des  pécheurs  et  mange  avec  eux  ! 

•^  Alors  il  leur  dit  cette  parabole  :  ^  Quel  est  l'homme 
d'entre  vous,  qui,  ayant  cent  brebis,  s'il  en  perd  une, 
ne  laisse  les  quatre-vingt-dix-neuf  au  désert,  pour 
aller  chercher  celle  qui  est  perdue,  jusqu'à  ce  qu'il 
l'ait  trouvée  ?  '^Et  quand  il  l'a  trouvée,  il  la  met  tout 
joyeux  sur  ses  épaules  ;  ^puis,  arrivé  à  la  maison,  il 
appelle  ses  amis  et  ses  voisins,  et  leur  dit  :  Réjouissez- 
vous  avec  moi,  car  j'ai  trouvé  ma  brebis  qui  était 
perdue.  "^Je  vous  dis  qu'il  y  aura,  de  même,  plus  de 
joie  dans  le  ciel  pour  un  seul  pécheur  qui  se  repent, 
que  pour  quatre-vingt-dix-neuf  justes  qui  n'ont  pas 
besoin  de  repentance. 

^  Ou,  quelle  est  la  femme  qui,  ayant  dix  drachmes  (^  ), 
si  elle  en  perd  une,  n'allume  une  lampe,  ne  balaie  la 
maison  et  ne  cherche  avec  soin,  jusqu'à  ce  qu'elle  l'ait 
trouvée  ?  ^  Et  quand  elle  l'a  trouvée,  elle  appelle  ses 
amies  et  ses  voisines,  et  elle  leur  dit  :  Réjouissez- vous 
avec  moi;  car  j'ai  trouvé  la  drachme  que  j'avais  per- 
due. ^*^De  même,  je  vous  le  dis,  il  y  a  de  la  joie,  devant 
les  anges  de  Dieu,  pour  un  seul  pécheur  qui  se  repent. 

(1)  La  drachme,  comme  le  denier,  valait  environ  90  centimes, 

170 


SAINT  LTJC  15  :  <i-28 

^^11  dit  encore  :  Un  homme  avait  deux  fils.  ^'^Le 
plus  jeune  dit  à  son  père  :  Mon  père,  donne-moi  la 
part  de  bien  qui  doit  me  revenir.  Et  le  père  leur  par- 
tagea son  bien.  ^^Peu  de  jours  après,  le  plus  jeune  fils, 
ayant  tout  ramassé,  partit  pour  un  pays  éloigné,  et 
il  y  dissipa  son  bien  en  vivant  dans  la  débauche, 
^  ''  Après  qu'il  eut  tout  dépensé,  une  grande  famine 
survint  dans  ce  pays  ;  et  il  commença  à  être  dans 
l'indigence.  ^-^  Alors  il  s'en  alla  et  se  mit  au  service 
d'un  des  habitants  du  pays,  qui  l'envoya  dans  ses 
champs  pour  paître  les  pourceaux.  "^  Et  il  aurait  bien 
voulu  se  rassasier  des  caroubes  (')  que  les  pourceaux 
mangeaient  ;  mais  personne  ne  lui  en  donnait. 

^  "Etant  donc  rentré  en  lui-même,  il  se  dit  :  Combien 
de  gens  aux  gages  de  mon  père  ont  du  pain  en  abon- 
dance, et  moi,  ici,  je  meurs  de  faim  !  '^  Je  me  lèverai, 
j'irai  vers  mon  père,  et  je  lui  dirai  :  Mon  père,  j'ai 
péché  contre  le  ciel  et  contre  toi  :  '^je  ne  suis  plus 
digne  d'être  appelé  ton  fils  ;  traite-moi  comme  l'un 
de  tes  mercenaires. 

-^'11  se  leva  donc  et  alla  vers  son  père.  Comme 
il  était  encore  loin,  son  père  le  vit  et  fut  ému  de  com- 
passion, et,  courant  à  lui,  il  se  jeta  à  son  cou  et  l'em- 
brassa. 2' Alors  son  fils  lui  dit  :  Mon  père,  j'ai  péché 
contre  le  ciel  et  contre  toi  ;  je  ne  suis  plus  digne  d'être 
appelé  ton  fils.  ^-Mais  le  père  dit  à  ses  serviteurs  : 
Apportez  vite  la  plus  belle  robe,  et  l'en  revêtez  ; 
mettez -lui  un  anneau  au  doigt  et  des  souliers  aux 
pieds.  "^-^  Amenez  le  veau  gras,  et  tuez -le.  Mangeons  et 
réjouissons -nous,  ^i  parce  que  mon  fils,  que  voici, 
était  mort,  et  il  est  revenu  à  la  vie  ;  il  était  perdu  et 
il  est  retrouvé.  Puis  ils  commencèrent  à  se  réjouir. 

2^  Or,  le  fils  aîné  était  dans  les  champs.  Comme  il 
revenait  et  qu'il  approchait  de  la  maison,  il  entendit 
la  musique  et  les  danses.  "^*^^I1  appela  donc  un  des 
domestiques  et  lui  demanda  ce  que  c'était.  -^Celui-ci 
lui  dit  :  Ton  frère  est  de  retour,  et  ton  père  a  tué  le 
veau  gras,  parce  qu'il  l'a  retrouvé  en  bonne  santé. 
2^  Alors  il  se  mit  en  colère,  et  il  ne  voulait  pas  entrer. 

(1)  Fruit  du  caroubier,  arbre  qui  croît  en  Orient  et  dans  le  midi  de  l'Europe. 
171 


15  :  29-16  :  8  SAINT   LUC 

Son  père  sortit  donc  et  le  pria  d'entrer.  ^sMais  il 
répondit  à  son  père  :  Voilà  tant  d'années  que  je  te 
sers,  sans  avoir  jamais  désobéi  à  tes  ordres,  et  jamais 
tu  ne  m'as  donné  un  chevreau  pour  me  réjouir  avec 
mes  amis.  ^*^Mais  quand  ton  fils,  que  voilà,  qui  a 
mangé  ton  bien  avec  des  femmes  de  mauvaise  vie,  est 
revenu,  tu  as  tué  pour  lui  le  veau  gras  !  ^^Le  père 
lui  dit  :  Mon  enfant,  tu  es  toujours  avec  moi,  et  tout 
ce  que  j'ai  est  à  toi.  -^-Mais  il  fallait  bien  faire  un  festin 
et  se  réjouir,  parce  que  ton  frère,  que  voilà,  était 
mort,  et  il  est  revenu  à  la  vie  ;  il  était  perdu,  et  il  est 
retrouvé. 

Parabole  de  V  économe  infidèle 
Exhortations  diverses 

(Voy.  Matth.  11  :  12-13  ;  6  :  24  ;  5  :  18-32) 

I  6  ^  Jésus  disait  aussi  à  ses  disciples  :  Un  homme 
riche  avait  un  économe,  qui  fut  accusé  auprès  de  lui 
de  dissiper  son  bien.  ^  Il  le  fit  venir  et  lui  dit  :  Qu'est- 
ce  que  j'entends  dire  de  toi  ?  Rends  compte  de  ton 
administration  ;  car  tu  ne  pourras  plus  désormais 
administrer  mon  bien.  ^L'économe  se  dit  en  lui- 
même  :  Que  ferai-je,  puisque  mon  maître  m'ôte  mon 
emploi  ?  Travailler  à  la  terre,  je  n'en  ai  pas  la  force, 
et  j'ai  honte  de  mendier.  '^  Je  sais  ce  que  je  ferai, 
afin  que,  quand  j'aurai  été  renvoyé  de  mon  emploi, 
il  y  ait  des  gens  qui  me  reçoivent  dans  leurs  maisons. 
^  Alors  il  fit  venir  séparément  chacun  des  débiteurs 
de  son  maître,  et  il  dit  au  premier  :  Combien  dois-tu 
à  mon  maître  ?  ^  Le  débiteur  répondit  :  Cent  mesures 
d'huile  (').  L'économe  lui  dit:  Prends  ton  billet; 
assieds-toi  là,  et  écris  vite  :  Cinquante.  ''  Il  dit  ensuite 
à  un  autre  :  Et  toi,  combien  dois-tu  ?  Celui-ci  répon- 
dit :  Cent  mesures  de  froment  (-).  L'économe  lui  dit  : 
Prends  ton  billet,  et  écris  :  Quatre-vingts.  ^Le 
maître  loua  l'économe  infidèle  de  ce  qu'il  avait  agi 
avec  prudence  ;  car  les  enfants  de  ce  siècle,  dans  leurs 
rapports  avec  les  hommes  de  leur  génération,  sont 

(1)  Grec  :  cent  haths  d'huile.  Le  hath  était  une  mesure  pour  les  liquides  et 
contenait  un  peu  plus  de  38  litres. 

(2)  Grec  :  cent  cores  de  froment.  —  Le  core  était  une  mesure  qui  contenait 
10  batbs. 

172 


SAINT   LTJC  16  :  9-22 

plus  prudents  que  les  enfants  de  lumière.  ^Et  moi,  je 
vous  le  dis  :  Faites-vous  des  amis  avec  les  richesses 
injustes,  afin  que,  lorsqu'elles  viendront  à  vous  man- 
quer, ils  vous  reçoivent  dans  les  tabernacles  éternels. 

^^  Celui  qui  est  fidèle  dans  les  plus  petites  choses 
est  aussi  fidèle  dans  les  grandes  ;  et  celui  qui  est  in- 
juste dans  les  plus  petites  choses  est  aussi  injuste 
dans  les  grandes.  ^  ^  Si  donc  vous  n'avez  pas  été 
fidèles  dans  les  richesses  injustes,  qui  vous  confiera 
les  véritables  ?  ^-Et  si  vous  n'avez  pas  été  fidèles 
dans  ce  qui  est  à  autrui,  qui  vous  donnera  ce  qui  est 
à  vous  ?  ^  ^  Nul  serviteur  ne  peut  servir  deux  maîtres  ; 
car,  ou  il  haïra  l'un  et  aimera  l'autre,  ou  il  s'attachera 
à  l'un  et  méprisera  l'autre.  Vous  ne  pouvez  servir 
Dieu  et  Mammon  (^). 

^^*Les  pharisiens,  qui  aimaient  l'argent,  entendaient 
tout  cela,  et  ils  se  moquaient  de  lui.  ^-^11  leur  dit  : 
Vous  vous  faites  passer  pour  justes  devant  les  hommes, 
mais  Dieu  connaît  vos  coeurs  ;  car  ce  qui  est  élevé 
aux  yeux  des  hommes  est  une  abomination  devant 
Dieu.  ^  ^  La  loi  et  les  prophètes  ont  duré  jusqu'à  Jean  ; 
depuis  lors,  le  royaume  de  Dieu  est  annoncé,  et  cha- 
cun y  entre  par  la  violence.  ^  ^  Il  est  plus  aisé  que  le 
ciel  et  la  terre  passent,  qu'il  ne  l'est  qu'un  seul  trait 
de  lettre  de  la  loi  vienne  à  tomber.  ^^  Quiconque  ré- 
pudie sa  femme  et  en  épouse  une  autre,  commet  un 
adultère,  et  celui  qui  épouse  la  femme  répudiée  par 
son  mari,  commet  un  adultère. 

Le  mauvais  riche  et  Lazare 

^^11  y  avait  un  homme  riche,  qui  était  vêtu  de  pour- 
pre et  de  lin  fin,  et  qui  se  traitait  bien  et  magnifique- 
ment tous  les  jours.  ''^^'  Et  il  y  avait  un  pauvre,  nommé 
Lazare,  couché  à  la  porte  du  riche  et  couvert  d'ulcères. 
^  '  Il  aurait  bien  voulu  se  rassasier  de  ce  qui  tombait 
de  la  table  du  riche  ;  et  même,  les  chiens  venaient  lécher 
ses  ulcères. 

^^Or,  il  arriva  que  le  pauvre  mourut,  et  il  fut  porté 
par  les  anges  dans  le  sein  d'Abraham  ;  le  riche  mourut 

(1)  Voir  note  sur  Matth.  6  :  24. 

173 


16  :  23-17  :  4  SAINT  LTJO 

aussi,  et  il  fut  enseveli,  ^^  Étant  dans  Tenfer  (^)  et 
en  proie  aux  tourments,  il  leva  les  yeux  et  vit  de  loin 
Abraham,  et  Lazare  dans  son  sein.  ^ ''Alors  il  s'écria  : 
Père  Abraham,  aie  pitié  de  moi  et  envoie  Lazare,  afin 
qu'il  trempe  dans  l'eau  le  bout  de  son  doigt  et  me 
rafraîchisse  la  langue  ;  car  je  souffre  beaucoup  dans 
cette  flamme.  ^^  Abraham  lui  répondit  :  Mon  enfant, 
souviens-toi  que  tu  as  eu  tes  biens  pendant  ta 
vie,  tandis  que  Lazare  a  eu  des  maux  ;  maintenant, 
ici,  il  est  consolé,  et  toi,  tu  es  dans  les  tourments. 
2*^  D'ailleurs,  entre  nous  et  vous  s'ouvre  un  grand 
abîme,  de  sorte  que  ceux  qui  voudraient  aller  d'ici 
vers  vous  ne  le  peuvent,  non  plus  que  ceu^x  qui  vou- 
draient passer  de  là  vers  nous.  ^'Le  riche  dit  :  Je  te 
prie  donc,  père,  d'envoyer  Lazare  dans  la  maison  de 
mon  père,  — -  ^^car  j'ai  cinq  frères,  —  pour  qu'il 
leur  atteste  ces  choses,  de  peur  qu'eux  aussi  ne  vien- 
nent dans  ce  lieu  de  tourments.  ^'-^  Abraham  lui  répon- 
dit :  Ils  ont  Moïse  et  les  prophètes  ;  qu'ils  les  écoutent  ! 
^*'Le  riche  dit  :  Non,  père  Abraham  ;  mais  si  quelqu'un 
des  morts  va  vers  eux,  ils  se  repentiront.  ^'Mais  Abra- 
ham lui  dit  :  S'ils  n'écoutent  pas  Moïse  et  les  pro- 
phètes, ils  ne  seraient  pas  non  plus  persuadés,  quand 
même  quelqu'un  des  morts  ressusciterait. 

Exhortations  diverses 

(Voy.  Matth.  18  :  6-7  ;  18  :  15  et  22  ;  17  :  20) 

I  7  ^  Jésus  dit  aussi  à  ses  disciples  :  Il  est  impos- 
sible qu'il  n'arrive  pas  des  scandales  (-)  ;  mais  malheur 
à  celui  par  qui  ils  arrivent  !  ^11  vaudrait  mieux  pour 
lui  qu'on  lui  mît  au  cou  une  meule  de  moulin  et  qu'on 
le  jetât  dans  la  mer,  que  d'être  en  scandale  à  un  seul 
de  ces  petits.  ^Prenez  garde  à  vous-mêmes.  Si  ton 
frère  a  péché,  reprends-le  ;  et  s'il  se  repent,  pardonne- 
lui.  ''  Et  s'il  a  péché  contre  toi  sept  fois  dans  un  jour, 
et  que  sept  fois  il  revienne  à  toi  et  te  dise  :  Je  me 
repens  —  tu  lui  pardonneras. 


(1)  Le  mot  Hadès,  que  nous  traduisons  ici  par  enfer,  désignait,  chez  les  Grecs, 
le  séjour  des  morts. 

(2)  Voir  note  sur  Matth.  16  :  23. 

174 


SAINT  LFO  17  :  5-20 

^Les  apôtres  dirent  au  Seigneur  :  Augmente -nous 
la  foi  !  ^  Le  Seigneur  répondit  :  Si  vous  aviez  de  la  foi, 
gros  comme  un  grain  de  moutarde,  vous  diriez  à  ce 
mûrier  :  Déracine -toi,  et  va  te  planter  dans  la  mer; 
et  il  vous  obéirait. 

■^  Qui  de  vous,  ayant  un  serviteur  employé  à  labourer 
ou  à  faire  paître  les  troupeaux,  lui  dira,  à  son  Tetour 
des  champs  :  Viens  tout  de  suite  te  mettre  à  table  ? 
^Ne  lui  dira-t-il  pas  au  contraire  :  Prépare-moi  à 
souper,  ceins-toi  pour  me  servir,  jusqu'à  ce  que  j'aie 
mangé  et  bu  ;  et,  après  cela,  tu  mangeras  et  tu  boiras. 
^Saura-t-U  gré  à  ce  serviteur  d'avoir  fait  ce  qui  lui 
était  commandé  ?  ^  ^  Vous  aussi  de  même,  quand  vous 
aurez  fait  tout  ce  qui  vous  est  commandé,  dites  : 
Nous  sommes  des  serviteurs  inutiles  ;  ce  que  nous 
avons  fait,  nous  devions  le  faire. 

Les  dix  lépreux 

^^  Comme  il  allait  à  Jérusalem,  il  passait  sur  les 
confins  de  la  Samarie  et  de  la  Galilée.  ^^Au  moment 
où  il  entrait  dans  un  village,  dix  lépreux  vinrent  à  sa 
rencontre,  et,  se  tenant  à  distance,  ^^ils  élevèrent  la 
voix  et  dirent  :  Jésus,  Maître,  aie  pitié  de  nous  ! 
^^Les  ayant  vus,  il  leur  dit  :  Allez,  montrez-vous  aux 
sacrificateurs.  Et  il  arriva  qu'en  y  allant,  ils  furent 
rendus  nets.  ^^L'un  d'entre  eux,  voyant  qu'il  était 
guéri,  revint  sur  ses  pas,  glorifiant  Dieu  à  haute  voix. 
^^Et  il  se  jeta  aux  pieds  de  Jésus,  le  visage  contre 
terre,  en  lui  rendant  grâces.  Or,  c'était  un  Samari- 
tain. '•'^  Alors  Jésus  prit  la  parole  et  dit  :  Les  dix  n'ont- 
ils  pas  été  guéris  ?  Et  les  neuf  autres,  où  sont-ils  ? 
^^11  ne  s'est  trouvé  que  cet  étranger  qui  soit  revenu 
pour  donner  gloire  à  Dieu  !  ^  ^  Et  il  lui  dit  :  Lève-toi, 
va,  ta  foi  t'a  sauvé. 

Uavènement  du  royaume  de  Dieu 

(Yoy.  Mattb.  24  :  15-44;  10  :  39) 

^*^Les  pharisiens  lui  ayant  demandé  quand  viendrait 
le  royaume  de  Dieu,  Jésus  leur  répondit  :  Le  royaume 
de  Dieu  ne  vient^  pas  de  manière  à  frapper  les  regards, 

175 


17  :  2<-18  :  i  SAINT  Ltrc 

2  '  et  l'on  ne  dira  pas  :  Il  est  ici  ;  ou  :  Il  est  là  ;  car  voici 
que  le  royaume  de  Dieu  est  au  dedans  de  vous  (  '  )  ! 

^^11  dit  aussi  aux  disciples  :  Le  temps  viendra  où 
vous  désirerez  voir  un  seul  des  jours  du  Fils  de  l'homme, 
et  vous  ne  le  verrez  point.  -"^Des  gens  vous  diront  : 
Le  voici;  ou  :  Le  voilà!  N'y  allez  pas,  ne  les  suivez 
pas.  ^'Car,  de  même  que  l'éclair,  quand  il  brille, 
resplendit  d'une  extrémité  du  ciel  jusqu'à  l'autre,  il 
en  sera  ainsi  du  Fils  de  l'homme  en  son  jour.  ^"^Mais 
il  faut  auparavant  qu'il  souffre  beaucoup,  et  qu'il  soit 
rejeté  par  cette  génération.  ^^  Ce  qui  a.rriva  du  temps  de 
Noé,  arrivera  également  aux  jours  du  Fils  de  l'homme  : 
^"^on  mangeait,  on  buvait,  on  prenait  et  on  donnait 
en  mariage,  jusqu'au  jour  où  Noé  entra  dans  l'arche, 
et  le  déluge  vint,  qui  les  fit  tous  périr.  -^De  même 
aussi,  aux  jours  de  Lot,  on  mangeait,  on  buvait,  on 
achetait,  on  vendait,  on  plantait,  on  bâtissait;  ^''et 
le  jour  où  Lot  sortit  de  Sodome,  il  tomba  du  ciel  une 
pluie  de  feu  et  de  soufre  qui  les  fit  tous  périr.  -^'^11  en 
sera  de  même  au  jour  où  le  Fils  de  l'homme  sera 
manifesté.  3' En  ce  jour -là,  que  celui  qui  sera  sur  le 
toit  (-)  et  qui  aura  ses  effets  dans  la  maison,  ne  des- 
cende pas  pour  les  emporter  ;  de  même,  que  celui 
qui  sera  aux  champs  ne  revienne  point  sur  ses  pas. 
^^Souvenez-vous  de  la  femme  de  Lot!  ^^ Celui  qui 
cherchera  à  sauver  sa  vie,  la  perdra  ;  et  celui  qui  la 
perdra,  la  retrouvera.  ^  ''  Je  vous  le  dis,  en  cette  nuit-là, 
deux  hommes  seront  dans  le  même  lit;  l'un  sera  pris 
et  l'autre  laissé.  "^^Deux  femmes  moudront  ensemble; 
l'une  sera  prise  et  l'autre  laissée.  ^*^[Deux  hommes  se- 
ront aux  champs;  l'un  sera  pris  et  l'autre  laissé]  («). 
^^ Alors,  prenant  la  parole,  ils  lui  dirent:  Seigneur, 
où  sera-ce  ?  Il  leur  répondit  :  Où  sera  le  corps,  là 
s'assembleront  les  aigles. 

Parabole  du  juge  inique 
I  8     ^  Jésus  leur  dit  une  parabole,  pour  montrer  qu'il 

(a)  Le  verset  entre  crochets  manque  dans  plusieurs  anciens  manuscrits. 

(1)  D'autres  traduiseut  :  au  milieu  de  vous, 

(2)  Voir  note  sur  Matth.  24  :  17. 

17& 


SAIKT  LtrC  i8:2-u 

faut  prier  toujours,  sans  jamais  se  lasser  :  ^H  y  avait 
dans  une  ville  un  juge  qui  ne  craignait  point  Dieu, 
et  qui  n'avait  d'égards  pour  aucun  homme.  "^  Il  y  avait 
aussi  dans  cette  ville  une  veuve,  qui  venait  à  lui  et 
lui  disait  :  Fais-moi  justice  de  ma  partie  adverse. 
^  Pendant  longtemps,  il  ne  le  voulut  pas.  Mais  ensuite, 
il  se  dit  en  lui-même  :  Quoique  je  ne  craigne  point 
Dieu  et  que  je  n'aie  d'égards  pour  aucun  homme, 
^néanmoins,  comme  cette  veuve  m'importune,  je  lui 
ferai  justice,  afin  qu'elle  ne  vienne  pas  toujours  me 
rompre  la  tête.  ^Puis  le  Seigneur  ajouta  :  Vous  en- 
tendez ce  que  dit  le  juge  inique  ?  ^Et  Dieu  ne  ferait 
pas  justice  à  ses  élus,  qui  crient  à  lui  jour  et  nuit,  et  il 
tarderait  à  les  secourir!  ^Je  vous  dis  qu'il  leur  fera 
prompte  justice.  Mais  quand  le  Fils  de  l'homme 
viendra,  trouvera-t-il  la  foi  sur  la  terre  ? 

Parabole  du  ^pharisien  et  du  péager 

^  Il  dit  aussi  cette  parabole,  en  vue  de  certaines  per- 
sonnes qui  se  flattaient  d'être  justes  et  qui  méprisaient 
les  autres  :  ^^*Deux  hommes  montèrent  au  temple 
pour  prier  ;  l'un  était  pharisien,  et  l'autre  était  péager. 
^  '  Le  pharisien,  se  tenant  debout,  priait  ainsi  en  lui- 
même  :  O  Dieu,  je  te  rends  grâces  de  ce  que  je  ne  suis 
pas  comme  le  reste  des  hommes,  qui  sont  rapaces, 
injustes,  adultères,  ni  même  comme  ce  péager.  ^^Je 
jeûne  deux  fois  la  semaine,  je  donne  la  dîme  de  tous 
mes  revenus.  '-^Le  péager,  se  tenant  éloigné,  n'osait 
pas  même  lever  les  yeux  au  ciel  ;  mais  il  se  frappait 
la  poitrine,  en  disant  :  O  Dieu,  sois  apaisé  envers 
moi,  qui  suis  un  pécheur  !  ^'*  Je  vous  le  déclare,  celui-ci 
s'en  retourna  justifié  dans  sa  maison  plutôt  que  l'au- 
tre ;  car  quiconque  s'élève  sera  abaissé,  et  quiconque 
s'abaisse  sera  élevé. 

Les  enfants 

(Voy.  Matth.  19  :  13-15  ;  Marc  10  :  13-16) 

^  •'  On  lui  présenta  aussi  des  petits  enfants,  afin  qu'il 
les  touchât.  Les  disciples,  voyant  cela,  reprenaient 
ceux  qui  les  présentaient.  ^^Mais  Jésus  les  appela  à 

177 


18:  n-30  SAINT  UUO 

lui,  en  disant  :  Laissez  venir  à  moi  les  petits  enfants, 
et  ne  les  en  empêchez  point  ;  car  le  royaume  de  Dieu 
est  pour  ceux  qui  leur  ressemblent.  ^^En  vérité,  je 
vous  le  dis,  quiconque  ne  recevra  pas  le  royaume  de 
Dieu  comme  un  petit  enfant,  n'y  entrera  pas. 

Le  jeune  homme  riche 

(Voy.  Matth.  19  :  16-29  ;  Marc  10  :  17-30) 

^^ Alors  l'un  des  principaux  du  pays  (^)  demanda  à 
Jésus  :  Mon  bon  Maître,  que  dois-je  faire  pour  hériter 
la  vie  éternelle?  ^^ Jésus  lui  répondit  :  Pourquoi  m'ap- 
pelles-tu bon?  Il  n'y  a  qu'un  seul  bon,  c'est  Dieu.  ^'^Tu 
connais  les  commandements  :  «  Tu  ne  commettras 
point  d'adultère  ;  tu  ne  tueras  point  ;  tu  ne  déro- 
beras point  ;  tu  ne  diras  point  de  faux  témoignage  ; 
honore  ton  père  et  ta  mère  C^).  »  ^^  Cet  homme  répon- 
dit :  J'ai  observé  toutes  ces  choses  dès  ma  jeunesse. 
^^ Quand  Jésus  eut  entendu  cela,  il  lui  dit:  Il  te 
manque  encore  une  chose  ;  vends  tout  ce  que  tu  as  et 
distribue-le  aux  pauvres,  et  tu  auras  un  trésor  dans  les 
cieux.  Viens  alors,  et  suis-moi.  ^^Mais  lui,  ayant  en- 
tendu ces  paroles,  devint  tout  triste  ;  car  il  était  fort 
riche.  ^'' Jésus,  le  voyant  tout  triste,  dit  :  Qu'il  est  dif- 
ficile à  ceux  qui  ont  des  richesses  d'entrer  dans  le 
royaume  de  Dieu  !  ^'^11  est  plus  aisé  qu'un  chameau 
passe  par  le  trou  de  l'aiguille,  qu'il  ne  l'est  à  un 
riche  d'entrer  dans  le  royaume  de  Dieu  !  ^^'Ceux  qui 
l'entendaient,  lui  dirent  :  Et  qui  peut  donc  être  sauvé  ? 
^^11  leur  répondit  :  Ce  qui  est  impossible  aux  hommes 
est  possible  à  Dieu. 

^^  Pierre  dit  alors  :  Pour  nous,  nous  avons  quitté  ce 
que  nous  possédions,  et  nous  t'avons  suivi!  ^^ Jésus 
leur  répondit  :  En  vérité,  je  vous  le  déclare,  tout 
homme  qui  aura  quitté  maison,  ou  femme,  ou  frères, 
ou  parents,  ou  enfants,  à  cause  du  royaume  de  Dieu, 
^^  recevra  beaucoup  plus  dans  le  temps  présent,  et, 
dans  le  siècle  à  venir,  la  vie  éternelle. 

(1)  Du  pays  u'est  pas  dans  le  texte. 

(2)  Exode  30  :  12-16. 

178 


SAINT  LTTO  18  :  3^-19  :  5 

Jésus  prédit  sa  Passion 

(Voy.  Matth.  20  :  17-19;  Marc  10  :  32-34) 

^^  Ensuite  Jésus  prit  à  part  les  Douze,  et  il  leur  ait  : 
Voici  que  nous  montons  à  Jérusalem,  et  toutes  les 
choses  qui  ont  été  écrites  par  les  prophètes  au  sujet 
du  Fils  de  l'homme,  s'accompliront.  ^^Car  il  sera  livré 
aux  païens  (  '  ),  on  se  moquera  de  lui,  on  l'outragera,  on 
crachera  sur  lui;  ^^et,  après  l'avoir  battu  de  verges, 
on  le  fera  mourir.  Et  le  troisième  jour  il  ressuscitera. 
^^  Mais  ils  ne  comprirent  rien  à  cela  :  le  sens  de  ces 
paroles  leur  était  caché,  et  ils  ne  saisissaient  point  ce 
que  Jésus  leur  disait. 

Uaveugle  de  Jérico 

(Voy.  Matth.  20  :  29-34;  Marc  10  :  46-53) 

^^  Comme  Jésus  approchait  de  Jérico,  un  aveugle 
était  assis  au  bord  du  chemin  et  demandait  l'aumône. 
^^  Entendant  la  foule  qui  passait,  il  s'informa  de  ce 
que  c'était.  ^'^On  lui  répondit  :  C'est  Jésus  de  Nazareth 
qui  passe.  ^^  Alors  il  cria  :  Jésus,  fils  de  David,  aie 
pitié  de  moi  !  ^^  Et  ceux  qui  allaient  devant,  le  repre- 
naient pour  le  faire  taire  ;  mais  il  criait  encore  plus 
fort  :  Fils  de  David,  aie  pitié  de  moi  !  '^•^  Jésus,  s'étant 
arrêté,  ordonna  qu'on  le  lui  amenât  ;  et  quand  l'aveu- 
gle se  fut  approché,  il  lui  demanda  :  ''^Que  veux-tu 
que  je  te  fasse  ?  Il  répondit  :  Seigneur,  que  je  recouvre 
la  vue.  ^- Jésus  lui  dit  :  Recouvre  la  vue  ;  ta  foi  t'a 
guéri!  ''^A  l'instant,  il  recouvra  la  vue,  et  il  suivait 
Jésus,  glorifiant  Dieu.  Tout  le  peuple,  voyant  cela, 
donna  gloire  à  Dieu. 

Zachée 

I  9  ^  Jésus,  étant  entré  dans  Jérico,  passait  par  la 
ville.  ^11  y  avait  là  un  homme  appelé  Zachée  ;  c'était 
le  chef  des  péagers,  et  il  était  riche.  ^11  cherchait  à 
voir  qui  était  Jésus,  mais  il  ne  le  pouvait  pas  à  cause 
de  la  foule,  parce  qu'il  était  de  petite  taille.  ^  Il  courut 
donc  en  avant  et  monta  sur  un  sycomore  j)our  voir 
Jésus,  parce  qu'il  devait  passer  par  là.  ^  Jésus,  arrivé  à 
cet  endroit,  leva  les  yeux  et  lui  dit  ;  Zachée,  hâte-toi  de 

(1)  Ou  :  Gentils. 

179 


19  :  6-21  SAINT  LTJO 

descendre  ;  car  il  faut  que  je  demeure  aujourd'hui 
dans  ta  maison.  ^Zachée  se  hâta  de  descendre  et  le 
reçut  avec  joie.  ''Voyant  cela,  tous  murmuraient  et 
disaient  :  Il  est  entré  chez  un  pécheur  pour  y  loger  ! 
^Mais  Zachée,  se  tenant  devant  le  Seigneur,  lui  dit  : 
Voici,  Seigneur  :  je  donne  la  moitié  de  mes  biens  aux 
pauvres,  et  si  j'ai  fait  tort  à  quelqu'un  en  quoi  que 
ce  soit,  je  lui  rends  quatre  fois  autant.  ^  Alors  Jésus 
lui  dit  :  Aujourd'hui  le  salut  est  entré  dans  cette 
maison,  parce  que  celui-ci  est  aussi  un  fils  d'Abraham. 
^^Car  le  Fils  de  l'homme  est  venu  chercher  et  sauver 
ce  qui  est  perdu. 

Parabole  des  mines  (') 

(Comp.  Matth.  25  :  14-30) 

^' Comme  on  écoutait  ces  paroles,  Jésus  ajouta  une 
parabole,  parce  qu'il  était  près  de  Jérusalem,  et  qu'on 
croyait  que  le  royaume  de  Dieu  allait  apparaître 
soudain.  ^  ^  Il  dit  donc  :  Un  homme  de  haute  naissance 
s'en  alla  dans  un  pays  éloigné  pour  être  investi  de 
l'autorité  royale,  et  revenir  ensuite.  ""^Il  appela  dix  de 
ses  serviteurs,  leur  donna  dix  mines  (^),  et  il  leur  dit  : 
Faites-les  valoir  jusqu'à  ce  que  je  revienne.  ""^Mais 
les  gens  de  son  pays  le  haïssaient  ;  et  ils  envoyèrent 
une  ambassade  après  lui,  pour  dire  :  Nous  ne  voulons 
pas   que   celui-ci  règne  sur  nous  ! 

^^  Lorsqu'il  fut  de  retour,  après  avoir  été  investi 
de  l'autorité  royale,  il  fit  venir  ses  serviteurs  auxquels 
il  avait  donné  l'argent,  pour  savoir  combien  chacun 
lui  avait  fait  rapporter.  ''^Le  premier  se  présenta  et 
dit:  Seigneur,  ta  mine  a  produit  dix  autres  mines. 
^  '  Et  il  lui  dit  :  Cela  va  bien,  bon  serviteur  ;  puisque 
tu  as  été  fidèle  en  très  peu  de  chose,  tu  auras  le  gou- 
vernement de  dix  villes.  ^^Le  second  vint  et  dit  : 
Seigneur,  ta  mine  a  produit  cinq  mines.  ^^11  lui  dit 
aussi  :  Et  toi,  commande  à  cinq  villes.  ^^Un  autre 
vint  et  dit  :  Seigneur,  voici  la  mine  que  j'ai  gardée, 
enveloppée  dans  un  linge  ;  ^'  car  je  te  craignais,  parce 

(1)  Cette  parabole  est  connue  aussi  sous  le  nom  de  Parabole  des  dix  mar<:s, 

(2)  Mine,  pièce  de  monnaie  valant  cent  drachmes,  ou  environ  90  franoB, 

180 


SAINT   LUC  19  :  22-37 

que  tu  es  un  homme  dur  ;  tu  prends  ce  que  tu  n'as 
pas  placé,  et  tu  moissonnes  ce  que  tu  n'as  pas  semé. 
^^Son  maître  lui  dit  :  Méchant  serviteur,  je  te  jugerai 
sur  tes  propres  paroles.  Tu  savais  que  je  suis  un  homme 
dur,  qui  prend  ce  qu'il  n'a  pas  placé,  et  qui  mois- 
sonne ce  qu'il  n'a  pas  semé.  ^-^  Pourquoi  donc  n'as-tu 
pas  mis  mon  argent  dans  une  banque  ?  A  mon  retour, 
je  l'aurais  retiré  avec  l'intérêt.  ^''Et  il  dit  à  ceux 
qui  étaient  présents  :  Otez-lui  la  mine,  et  donnez-la 
à  celui  qui  a  les  dix  mines.  ^''Ils  lui  dirent  :  Seigneur, 
il  a  dix  mines!  —  ^^Je  vous  le  déclare,  on  donnera 
à  celui  qui  a  ;  mais  à  celui  qui  n'a  pas,  cela  même  qu'il 
a  lui  sera  ôté.  ^^  Quant  à  mes  ennemis,  ceux  qui  n'ont 
pas  voulu  que  je  règne  sur  eux,  amenez -les  ici  et  égor- 
gez-les en  ma  présence. 

^^  Après  avoir  dit  cela,   Jésus  allait  devant  eux, 
montant  à  Jérusalem. 


Ministère  de  Jésus  à  Jérusalem  (19  :  29  à  21  :  38) 

U entrée  à  Jérusalem 

(Voy.  Matth.  21  :  1-11;  Marc  11  :  1-10;  Jean  12  :  12-19) 

2^  Lorsqu'il  fut  arrivé  près  de  Bethphagé  et  de  Bé- 
thanie,  vers  la  montagne  appelée  montagne  des  Oliviers, 
il  envoya  deux  de  ses  disciples,  ^^'et  il  leur  dit  :  Allez  au 
village  qui  est  devant  vous  ;  en  y  entrant,  vous  trou- 
verez un  ânon  attaché,  que  personne  n'a  jamais  monté  ; 
détachez -le  et  amenez -le  moi.  ^'Si  quelqu'un  vous 
demande  pourquoi  vous  le  détachez,  vous  lui  direz  : 
Le  Seigneur  en  a  besoin.  ^^Ceux  qui  étaient  envoyés 
partirent,  et  trouvèrent  les  choses  comme  Jésus  le 
leur  avait  dit.  -^-^  Pendant  qu'ils  détachaient  l'ânon, 
ceux  à  qui  il  appartenait  leur  dhent  :  Pourquoi  dé- 
tachez-vous cet  ânon  ?  ^'Ils  répondirent  :  Le  Seigneur 
en  a  besoin.  ^''Et  ils  l'amenèrent  à  Jésus.  Puis,  ayant 
mis  leurs  vêtements  sur  l'ânon,  ils  y  firent  monter 
Jésus. 

^^  Comme  il  s'avançait,  les  gens  étendaient  leurs 
vêtements  sur  le  chemin.  ^'^Et  lorsqu'il  approcha  de 
la  descente  de  la  montagne  des   Oliviers,   toute  la 

181 


19  :  38-20  :  3  SAINT  LTTO 

multitude  des  disciples,  transportée  de  joie,  se  mit 
à  louer  Dieu,  à  haute  voix,  de  tous  les  miracles  qu'ils 
avaient  vus.  ^^Ils  disaient  :  Béni  soit  le  Roi  qui  vient 
au  nom  du  Seigneur  !  Paix  dans  le  ciel,  et  gloire  dans 
les  lieux  très  hauts  !  -"^^  Alors  quelques-uns  des  phari- 
siens, qui  étaient  dans  la  foule,  lui  dirent  :  Maître, 
reprends  tes  disciples  !  '"Il  leur  répondit  :  Je  vous  dis 
que,  s'ils  se  taisent,  les  pierres  crieront. 

''  '  Quand  il  fut  près  de  la  ville,  en  la  voyant,  il 
pleura  sur  elle,  et  il  dit  :  ^^Si  tu  avais  reconnu,  toi 
aussi,  au  moins  en  ce  jour,  ce  qui  pouvait  te  donner  la 
paix  !  Mais  maintenant  ces  choses  sont  cachées  à  tes 
yeux.  ^^Car  des  jours  viendront  sur  toi,  où  tes  ennemis 
t'environneront  de  tranchées,  t'investiront  et  te  ser- 
reront de  toutes  parts.  ''  ''  Ils  te  détruiront  entièrement, 
toi  et  tes  enfants  au  milieu  de  toi,  et  ils  ne  te  laisseront 
pas  une  pierre  sur  une  autre  pierre,  parce  que  tu  n'as 
point  reconnu  le  temps  où  tu  as  été  visitée. 

La  purification  du  temple 

(Voy.  Matth.  21  :  12-13;  Marc  11  :  15-19.  —  Oomp.  Jean  2  :  13-22) 

'^^  Quand  il  fut  entré  dans  le  temple,  il  se  mit  à 
chasser  ceux  qui  y  vendaient,  -^"^en  leur  disant  :  Il 
est  écrit  :  «  Ma  maison  sera  une  maison  de  prière  (  ^  )  »  ; 
mais  vous,  vous  en  avez  fait  une  caverne  de  voleurs. 

''^11  enseignait  chaque  jour  dans  le  temple.  Et  les 
principaux  sacrificateurs,  les  scribes  et  les  premiers 
du  peuple  cherchaient  à  le  faire  mourir;  ''^mais  ils 
ne  savaient  comment  s'y  prendre,  car  tout  le  peuple, 
en  l'écoutant,   était  suspendu  à  ses  lèvres. 

La  question  d'autorité 

(Voy.  Matth.  21  :  23-27  ;  Marc  11  :  27-33) 

20  ^Un  de  ces  jours-là,  comme  Jésus  enseignait  le 
peuple  dans  le  temple  et  qu'il  annonçait  l'Evangile, 
les  principaux  sacrificateurs  et  les  scribes  survinrent 
avec  les  anciens,  ^et  lui  parlèrent  ainsi  :  Dis-nous  par 
quelle  autorité  tu  fais  ces  choses,  ou  qui  est  celui  qui 
t'a  donné  cette  autorité  ?  -^11  leur  répondit  :Je    vous 

(1)  Ésaïe  56  :  7.  — Voir  aussi  Jérémie  7  :  11. 

182 


SAINT   LUC  20  :  A-i9 

poserai,  moi  aussi,  une  question.  Dites-moi  :  ^  Le  bap- 
tême de  Jean  venait-il  du  ciel  ou  des  hommes  ?  ^  Or, 
ils  raisonnaient  ainsi  entre  eux  :  Si  nous  disons  :  Du 
ciel,  —  il  nous  dira  :  Pourquoi  donc  n'avez-vous  pas 
cru  à  sa  parole  ?  ^  Et  si  nous  disons  :  Des  hommes,  — 
tout  le  peuple  nous  lapidera  ;  car  il  est  persuadé  que 
Jean  était  un  prophète.  '^Ils  répondirent  donc  qu'ils 
ne  savaient  d'où  il  venait.  ^  Alors  Jésus  leur  dit  :  Et 
moi  non  plus,  je  ne  vous  dirai  point  par  quelle  auto- 
rité je  fais  ces  choses. 

Parabole  des  vignerons 

(Voy.  Matth.  21  :  33-46  ;  Marc  12  :  1-12) 

^  Puis  Jésus  se  mit  à  dire  au  peuple  cette  parabole  : 
Un  homme  planta  une  vigne,  il  la  loua  à  des  vignerons, 
puis  il  quitta  le  pays  pour  un  temps  assez  long.  ^^La 
saison  étant  venue,  il  envoya  auprès  des  vignerons 
un  serviteur,  chargé  de  recevoir  du  fruit  de  la  vigne  ; 
mais  les  vignerons,  l'ayant  battu,  le  renvoyèrent  à 
vide.  ^'11  envoya  encore  un  autre  serviteur;  mais, 
après  l'avoir  battu  aussi  et  outragé,  ils  le  renvoyèrent 
à  vide.  ^  -  Il  en  envoya  encore  un  troisième  ;  mais  ils 
le  blessèrent  aussi  et  le  chassèrent.  ^^  Alors  le  maître 
de  la  vigne  dit  :  Que  ferai- je  ?  J'enverrai  mon  fils 
bien-aimé  ;  peut-être  le  respecteront-ils  !  ^  'Mais  quand 
les  vignerons  le  virent,  ils  raisonnèrent  ainsi  entre 
eux  :  C'est  l'héritier  ;  tuons-le,  afin  que  l'héritage  soit 
à  nous.  ^.'^  Et  l'ayant  jeté  hors  de  la  vigne,  ils  le  tuèrent. 
Que  leur  fera  donc  le  maître  de  la  vigne  ?  ^  ^  Il  viendra 
et  fera  périr  ces  vignerons,  et  il  donnera  la  vigne  à 
d'autres. 

A  l'ouïe  de  ces  paroles,  ils  dirent  :  A  Dieu  ne  plaise  ! 
^^  Alors,  les  regardant,  Jésus  leur  dit  :  Que  signifie 
donc  ce  qui  est  écrit  :  «  La  pierre  rejetée  par  ceux  qui 
bâtissaient  est  devenue  la  pierre  de  l'angle  (  '  )  »?  ^  ^  Qui- 
conque tombera  sur  cette  pierre  sera  brisé,  et  celui 
sur  qui  elle  tombera,  elle  l'écrasera.  ^^  A  l'heure  même, 
les  principaux  sacrificateurs  et  les  scribes  cherchèrent 
à  mettre  la  main  sur  lui,  car  ils  comprenaient  qu'il 

(1)  Fsamue  118  :  22. 

183 


20  :  20-35  SAINT  LTJO 

avait  dit  cette  parabole  contre  eux.  Mais  ils  craignirent 
le  peuple. 

Dieu  et  César 

(Voy.  Matth.  22  :  15-22;  Marc  12  :  13-17) 

^^  Alors  ils  se  mirent  à  l'observer  de  près,  et  ils  lui 
envoyèrent  des  espions,  qui  feignaient  d'être  des 
gens  de  bien,  pour  le  surprendre  dans  ses  paroles,  afin 
de  le  livrer  aux  autorités  et  au  pouvoir  du  gouverneur. 

^'Ces  gens  lui  firent  cette  question  :  Maître,  nous 
savons  que  tu  parles  et  enseignes  avec  droiture,  et 
que,  sans  faire  acception  de  personne,  tu  enseignes  la 
voie  de  Dieu  en  toute  vérité.  ^^Nous  est-il  permis  de 
payer  l'impôt  à  César,  ou  non  ?  ^^Mais  Jésus,  discer- 
nant leur  ruse,  leur  répondit  :  ^  ''  Montrez-moi  un  denier. 
De  qui  porte-t-il  l'effigie  et  l'inscription  ?  Ils  répon- 
dirent :  De  César.  ^^  Alors  il  leur  dit  :  Rendez  donc 
à  César  ce  qui  est  à  César,  et  à  Dieu  ce  qui  est  à  Dieu. 
^''Ils  ne  purent  rien  reprendre  dans  ses  paroles  de- 
vant le  peuple  ;  et,  étonnés  de  sa  réponse,  ils  se  turent. 

De  la  résurrection 

(Voy.  Matth.  22  :  23-33  ;  Marc  12  :  18-27) 

^"'' Alors  quelques-uns  des  sadducéens,  qui  pré- 
tendent qu'il  n'y  a  point  de  résurrection,  s'appro- 
chèrent et  lui  firent  cette  question  :  ^^  Maître,  Moïse 
nous  a  donné  cette  loi  :  «  Si  un  homme  a  un  frère 
marié  venant  à  mourir  sans  enfants,  il  épousera 
la  veuve  et  suscitera  une  postérité  à  son  frère  (').  » 
^^Or,  il  y  avait  sept  frères.  Le  premier,  ayant  épousé 
une  femme,  mourut  sans  enfants.  "^"Le  second  l'épousa 
aussi,  ^'puis  le  troisième,  et  de  même  tous  les  sept; 
mais  ils  moururent  sans  laisser  d'enfants.  ^- Enfin  la 
femme  mourut  aussi.  ^"^  Duquel  d'entre  eux  sera-t-elle 
donc  la  femme,  lors  de  la  résurrection,  puisque  les  sept 
l'ont  eue  pour  femme?  ^'' Jésus  leur  dit  :  Les  enfants 
de  ce  siècle  se  marient  et  sont  donnés  en  mariage. 
^•''Mais  ceux  qui  ont  été  jugés  dignes  d'avoir  part 
au  siècle  à  venir  et  à  la  résurrection  des  morts,  ne 
se  marient  pas  et  ne  sont  pas  donnés  en  mariage. 

(1)  Voy.  Deut.  35  :  5. 

184 


SAINT  LTJO  20  :  36-21  :  3 

^^Car  ils  ne  peuvent  plus  mourir,  parce  qu'ils  sont 
semblables  aux  anges,  et  qu'ils  sont  fils  de  Dieu, 
étant  fils  de  la  résurrection.  ^^Que  les  morts  res- 
suscitent. Moïse  l'a  fait  connaître  dans  le  récit  du 
buisson  (^),  quand  il  nomme  le  Seigneur  le  Dieu 
d'Abraham,  le  Dieu  d'Isaac  et  le  Dieu  de  Jacob. 
^^Or,  Dieu  n'est  pas  le  Dieu  des  morts,  mais  des  vi- 
vants ;  car  ils  sont  tous  vivants  en  lui.  ^^Quelques-uns 
des  scribes,  prenant  la  parole,  lui  dirent  :  Maître, 
tu  as  bien  parlé.  ^"^Et  ils  n'osaient  plus  lui  poser  au- 
cune question. 

Le  Christ,  fils  de  David 

(Voy.  Matth.  22  :  41-46  ;  Marc  12  :  35-37) 

''^  Jésus  leur  demanda  :  Comment  peut-on  dire  que 
le  Christ  est  le  Fils  de  David,  ^"^  puisque  David  lui- 
même  dit  dans  le  livre  des  Psaumes  :  «  Le  Seigneur 
a  dit  à  mon  Seigneur  :  Assieds-toi  à  ma  droite,  ^^  jus- 
qu'à ce  que  j'aie  fait  de  tes  ennemis  ton  marche- 
pied (2)  »  ?...  ^'^  Ainsi,  David  l'appelle  «  Seigneur  ))  ; 
comment  donc  est-il  son  fils  ? 

Paroles  contre  les  scribes 

(Voy.  Matth.  23  :  1-39  ;  Marc  12  :  38-40) 

''•'Comme  tout  le  peuple  l'écoutait,  il  dit  à  ses  dis- 
ciples :  ^^Gardez-vous  des  scribes,  qui  se  plaisent  à  se 
promener  en  robes  longues,  et  qui  aiment  les  saluta- 
tions dans  les  places  publiques,  les  premiers  sièges 
dans  les  synagogues  et  les  premières  places  dans  les 
festins,  ^*'qui  dévorent  les  maisons  des  veuves,  en 
afïectant  de  faire  de  longues  prières  :  ils  subiront  un 
jugement  plus  rigoureux. 

Uoffrande  de  la  veuve 

(Voy.  Marc  12  :  41-44) 

2  I  *  Jésus,  levant  les  yeux,  vit  les  riches  qui  met- 
taient leurs  offrandes  dans  le  tronc.  ^11  vit  aussi  une 
pauvre  veuve  qui  y  mettait  deux  pites  (^).  ^  Et  il  dit  :  En 
vérité,  je  vous  le  déclare,  cette  pauvre  veuve  a  mis  plus 

(1)  Voy.  Exode  3  :  1-6.  —  (2)  psaume  110  :  1. 
(3)  litt.  :  lepteê.  —  Voir  note  Bur  Marc  13  :  42. 

185 


21  :  4-19  SAINT   LUC 

que  tous  les  autres.  '''  Car  tous  ceux-là,  pour  offrandes, 
ont  donné  de  leur  superflu  ;  mais  celle-ci  a  donné  de 
son  indigence,  tout  ce  qu'elle  avait  pour  vivre. 

Discours  de  Jésus  sur  la  ruine  de  Jérusalem  et  sur  son 
avènement 

(Voy.  Matth.  24  :  1-51  ;  Marc  13  :  1-37) 

^  Quelques-uns  parlaient  du  temple,  des  belles  pierres 
et  des  dons  qui  l'ornaient.  Jésus  dit  :  ^Les  jours  vien- 
dront où,  de  ce  que  vous  regardez,  il  ne  restera  ici 
pierre  sur  pierre  qui  ne  soit  renversée.  ^  Alors  ils  lui 
demandèrent  :  Maître,  quand  donc  ces  choses  arri- 
veront-elles, et  à  quel  signe  connaîtra-t-on  qu'elles 
sont  sur  le  point  d'arriver?  ^11  répondit:  Prenez 
garde  de  ne  pas  vous  laisser  séduire  ;  car  plusieurs 
viendront  en  mon  nom,  disant  :  C'est  moi  qui  suis 
le  Christ  !  —  Le  moment  approche.  Ne  les  suivez  pas. 
^  Et  quand  vous  entendrez  parler  de  guerres  et  de  sé- 
ditions, ne  vous  effrayez  pas,  car  il  faut  que  ces  choses 
arrivent  d'abord;  mais  ce  ne  sera  pas  aussitôt  la  fin. 

^'*I1  leur  dit  aussi  :  Une  nation  s'élèvera  contre  une 
autre  nation,  et  un  royaume  contre  un  autre  royaume. 
^  '  Il  y  aura  de  grands  tremblements  de  terre,  des  fa- 
mines et  des  pestes  en  divers  lieux,  des  phénomènes 
effrayants  et  de  grands  signes  dans  le  cieL  ^^Mais 
avant  tout  cela,  on  mettra  la  main  sur  vous,  on  vous 
persécutera,  on  vous  livrera  aux  synagogues,  on  vous 
mettra  en  prison,  et  vous  serez  traînés  devant  les 
rois  et  devant  les  gouverneurs,  à  cause  de  mon  nom. 
^■^Cela  vous  arrivera  pour  que  vous  rendiez  témoi- 
gnage. '•'' Mettez -vous  donc  bien  dans  l'esprit  de  ne 
pas  vous  préoccuper  de  votre  défense.  ^^  Car  je  vous 
donnerai  une  parole  pleine  de  sagesse,  à  laquelle  tous 
vos  adversaires  ne  pourront  résister  ni  contredire. 
^^Vous  serez  livrés  même  par  vos  pères  et  vos  mères, 
par  vos  frères,  vos  parents  et  vos  amis  ;  et  ils  feront 
mourir  plusieurs  d'entre  vous.  ^^Vous  serez  haïs  de 
tous,  à  cause  de  mon  nom.  ^  ^  Mais  il  ne  se  perdra  pas 
un  cheveu  de  votre  tête.  ^^  C'est  par  votre  patience 
que  vous  sauverez  vos  âmes. 

186 


SAINT   LUC  21  :  20-36 

20  Or,  quand  vous  verrez  Jérusalem  investie  par  des 
armées, sachez  alors  que  sa  ruine  approche.  ^'A  ce  mo- 
ment-là, que  ceux  qui  seront  dans  la  Judée  s'enfuient 
dans  les  montagnes  ;  que  ceux  qui  seront  dans  l'in- 
térieur de  la  ville  en  sortent,  et  que  ceux  qui  seront 
dans  les  champs,  ne  se  retirent  pas  dans  la  ville. 
22  Car  ce  sont  là  les  jours  de  la  vengeance,  afin  que 
s'accomplisse  tout  ce  qui  est  écrit.  23]y[alheur  aux 
femmes  qui  seront  enceintes,  et  à  celles  qui  allaiteront 
en  ces  jours-là  !  Car  il  y  aura  une  grande  détresse  dans 
le  pays  et  une  grande  colère  contre  ce  peuple.  ^^  Us 
tomberont  sous  le  tranchant  de  l'épée,  ils  seront  ame- 
nés captifs  parmi  toutes  les  nations;  et  Jérusalem 
sera  foulée  aux  pieds  par  les  nations,  jusqu'à  ce  que 
les  temps  des  nations  soient  accomplis.  ^'Il  y  aura  des 
signes  dans  le  soleil,  dans  la  lune  et  dans  les  étoiles; 
et,  sur  la  terre,  l'angoisse  s'emparera  des  nations  trou- 
blées par  le  fracas  de  la  mer  et  des  flots.  ^^Les  hommes 
rendront  l'âme  de  frayeur  dans  l'attente  des  maux 
qui  viendront  sur  le  monde;  car  les  puissances  des 
cieux  seront  ébranlées.  ^ 7  Alors  on  verra  le  Fils  de 
l'homme  venant  sur  une  nuée,  avec  une  grande  puis- 
sance et  une  grande  glohe. 

28  Lorsque  ces  choses  commenceront  à  arriver,  re- 
dressez-vous et  levez  vos  têtes,  parce  que  votre  déli- 
vrance est  proche.  29  Puis  il  leur  dit  une  parabole  : 
Voyez  le  figuier  et  tous  les  autres  arbres  ;  ^'^  quand  ils 
commencent  à  pousser,  vous  savez  de  vous-mêmes, 
en  les  voyant,  que  l'été  est  déjà  proche.  ^' De  même, 
lorsque  vous  verrez  ces  choses  arriver,  sachez  que  le 
royaume  de  Dieu  est  proche.  ^2 En  vérité,  je  vous  le 
dis,  cette  génération  ne  passera  pas,  que  toutes  ces 
choses  n'arrivent.  ^^Le  ciel  et  la  terre  passeront, 
mais  mes  paroles  ne  passeront  point. 

^''*  Prenez  donc  garde  à  vous-mêmes,  de  peur  que 
vos  cœurs  ne  s'appesantissent  par  les  excès,  par 
l'ivresse  et  par  les  inquiétudes  de  cette  vie,  et  que 
ce  jour-là  ne  vienne  subitement  sur  vous,  comme  un 
filet.  ^^Car  il  surprendra  tous  ceux  qui  habitent  la 
surface  de  la  terre  entière.  ^"^  Veillez  donc  en  tout 
temps  et  priez,   afin  que  vous  puissiez  échapper  à 

187 


21  :  37-22  MO  SAINT   LUC 

tous  ces  maux  qui  doivent  arriver,  et  subsister  devant 
le  Fils  de  l'homme. 

^^Or,  Jésus  enseignait  dans  le  temple  pendant  le 
jour  ;  mais  le  soir  il  sortait  et  passait  les  nuits  sur  la 
montagne  appelée  montagne  des  Oliviers.  ^^Et,  dès 
le  point  du  jour,  tout  le  peuple  venait  à  lui  dans 
le  temple  pour  l'écouter. 

Souffrances,  mort  et  résurrection  de  Jésus 
(22  :  1  à  24  :  53) 

Complot  des  sacrificateurs 

(Voy.  Matth.  26  :  1-5  ;  Marc  14  :  1-2  ;  Jean  11  :  47-53) 

22  ^  La  fête  des  pains  sans  levain,  appelée  la  Pâque, 
approchait.  ^Et  les  principaux  sacrificateurs  et  les 
scribes  cherchaient  comment  ils  pourraient  faire 
mourir  Jésus  ;  car  ils  craignaient  le  peuple. 

Le  traître 

(Voy.  Matth.  26  :  14-10  ;  Marc  14  :  10-11) 

^Or,  Satan  entra  dans  Judas,  nommé  Iscariote  (^), 
qui  était  du  nombre  des  Douze.  '''Judas  alla  trouver 
les  principaux  sacrificateurs  et  les  chefs  des  gardes, 
pour  s'entendre  avec  eux  sur  les  moyens  de  le  leur 
livrer.  ^Ceux-ci,  remplis  de  joie,  lui  promirent  de  lui 
donner  de  l'argent.  **  Il  se  mit  d'accord  avec  eux,  et 
il  cherchait  une  occasion  favorable  pour  livrer  Jésus  à 
l'insu  de  la  foule. 

Institution  de  la  sainte  Cène 

(Voy.  Matth.  26  :  17-29  ;  Marc  14  :  12-25.  —  Comp.  Jean  13  :  21-30) 

^Le  jour  des  pains  sans  levain,  où  l'on  devait  im- 
moler la  Pâque  (^),  étant  arrivé,  ^  Jésus  envoya  Pierre 
et  Jean,  et  il  leur  dit  :  Allez  nous  préparer  la  Pâque, 
afin  que  nous  la  mangions.  ^  Ils  lui  dirent  :  Où  veux- 
tu  que  nous  la  préparions  ?  ^  ^  Il  leur  répondit  :  Lorsque 
vous  entrerez  dans  la  ville,  vous  rencontrerez  un 
homme  portant  une  cruche  d'eau  ;  suivez-le  dans  la 


(1)  Voir  note  2,  sur  Matth.  lO  :  4. 

(2)  O'est-à-dire  l'agneau  pascal. 


188 


SAINT  LUC  22  :  ^\-2^ 

maison  où  il  entrera,  '  ^  et  dites  au  maître  de  la  maison  : 
Le  Maître  te  fait  dire  :  Où  se  trouve  la  salle  dans 
laquelle  je  dois  manger  la  Pâque  avec  mes  disciples  ? 
*^Et  il  vous  montrera  une  grande  chambre  haute, 
toute  meublée;  préparez -y  ce  qu'il  faut.  ^^Ils  s'en 
allèrent,  et  ils  trouvèrent  les  choses  comme  Jésus 
le  leur  avait  dit  ;  et  ils  préparèrent  la  Pâque. 

^  ^  Quand  l'heure  fut  venue,  il  se  mit  à  table,  et  les 
apôtres  avec  lui.  Et  il  leur  dit  :  ^^  J'ai  fort  désiré  de 
manger  cette  Pâque  avec  vous,  avant  que  je  souffre. 
^^Car,  je  vous  le  déclare,  je  ne  la  mangerai  plus,  jus- 
qu'à ce  qu'elle  soit  accomplie  dans  le  royaume  de 
Dieu.  ^■^Et,  ayant  pris  une  coupe  et  rendu  grâces,  il 
dit  :  Prenez  ceci,  et  partagez -le  entre  vous.  ^^Car,  je 
vous  le  déclare,  désormais  je  ne  boirai  plus  du  fruit 
de  la  vigne,  jusqu'à  ce  que  le  royaume  de  Dieu  soit 
venu.  ^^Puis  il  prit  du  pain,  et,  après  avoir  rendu 
grâces,  il  le  rompit  et  le  leur  donna,  en  disant  :  Ceci 
est  mon  corps,  qui  est  donné  pour  vous  ;  faites  ceci  en 
mémoire  de  moi.  ^^  De  même,  après  avoir  soupe,  il  leur 
donna  la  coupe,  en  disant  :  Cette  coupe  est  la  nouvelle 
alliance  en  mon  sang,  qui  est  répandu  pour  vous... 

^^  Au  reste,  la  main  de  celui  qui  me  trahit  est 
près  de  moi  :  il  est  assis  à  cette  table!  ^^En  ce  qui 
concerne  le  Fils  de  l'homme,  il  s'en  va,  conformément 
à  ce  qui  a  été  arrêté  ;  mais  malheur  à  cet  homme 
par  qui  il  est  trahi  !  ^"^  Alors  ils  se  mirent  à  se  de- 
mander les  uns  aux  autres,  quel  était  donc  celui 
d'entre  eux  qui  ferait  cela. 

Discussion  entre  les  disciples 

(Yoy.  Matth.  20  :  20-28  ;  Marc  10  :  42-45) 

^'•11  s'éleva  aussi  parmi  eux  une  contestation,  pour 
savoir  lequel  d'entre  eux  devait  être  regardé  comme  le 
plus  grand.  ^■'  Mais  il  leur  dit  :  Les  rois  des  nations  leur 
commandent  en  maîtres,  et  ceux  qui  exercent  l'au- 
torité sur  elles  sont  appelés  bienfaiteurs.  ^^Pour  vous, 
ne  faites  pas  ainsi  ;  mais,  que  le  plus  grand  parmi  vous 
soit  comme  le  plus  petit,  et  celui  qui  gouverne,  comme 
celui  qui  sert.  -^Car  lequel  est  le  plus  grand,  celui 
qui  est  à  table,  ou  celui  qui  sert  ?  N'est-ce  pas  celui 


22  :  28-42  SAINT   LUO 

qui  est  à  table  ?  Moi  pourtant,  je  suis  au  milieu  de 
vous  comme  celui  qui  sert.  ^^  Quant  à  vous,  vous 
avez  persévéré  avec  moi  dans  mes  épreuves,  ^^et  je 
dispose  du  royaume  en  votre  faveur,  comme  mon 
Père  en  a  disposé  pour  moi,  ^'^afin  que  vous  mangiez 
et  que  vous  buviez  à  ma  table  dans  mon  royaume, 
et  que  vous  soyez  assis  sur  des  trônes,  jugeant  les 
douze  tribus  d'Israël. 

Avertissement  à  Pierre 

(Voy.  Matth   26  :  30-35  ;  Marc  14  :  26-31  ;  Jean  13  :  36-38) 

^^  Simon,  Simon,  voici  que  Satan  a  demandé  à 
vous  passer  au  crible  comme  le  blé.  ^^Mais  j'ai  prié 
pour  toi,  afin  que  ta  foi  ne  défaille  point.  Toi  donc, 
quand  tu  seras  converti,  affermis  tes  frères.  ^^  Pierre 
lui  dit  :  Seigneur,  je  suis  prêt  à  aller  avec  toi,  et  en 
prison  et  à  la  mort.  ^'' Jésus  répondit:  Pierre,  je  te 
le  déclare,  le  coq  ne  chantera  pas  aujourd'hui,  que 
tu  n'aies  par  trois  fois  nié  de  me  connaître. 

^^Puis  il  ajouta  :  Lorsque  je  vous  ai  envoyés  sans 
bourse,  sans  sac  et  sans  chaussures,  avez-vous  manqué 
de  quelque  chose  ?  Ils  répondirent:  De  rien.  ^^Mais 
maintenant,  leur  dit-il,  que  celui  qui  a  une  bourse,  la 
prenne,  et,  de  même,  celui  qui  a  un  sac  ;  et  que  celui 
qui  n'a  point  d'épée,  vende  son  manteau  et  en  achète 
une.  ^^  Car,  je  vous  le  déclare,  il  faut  que  s'accomplisse 
en  ma  personne  ce  qui  est  écrit  :  «  Il  a  été  mis  au  rang 
des  malfaiteurs  (^)  ».  En  effet,  ce  qui  me  concerne 
touche  à  sa  fin.  ^^Ils  dirent:  Seigneur,  voici  deux 
épées.  Et  il  leur  dit  :  Cela  suffit. 

Gethsémané.  —  Arrestation  de  Jésus 

(Voy.  Matth.  26  :  36-56  ;  Marc  14  :  32-52  ;  Jean  18  :  1-11) 

^^Puis,  Jésus  sortit  et  aUa,  selon  sa  coutume,  à  la 
•montagne  des  Oliviers  ;  et  les  disciples  le  suivirent. 
''*^  Quand  il  fut  arrivé  en  ce  lieu,  il  leur  dit  :  Priez,  afin 
que  vous  ne  tombiez  pas  dans  la  tentation.  ^^  Alors  il 
s'éloigna  d'eux  d'mi  jet  de  pierre  environ,  et,  s'étant 
mis  à  genoux,  il  priait,  disant  :  ^^  Père,  si  tu  voulais 

(1)  Ésaïe  53  :  12. 

190 


SAINT   LUO  22  :  43-38 

éloigner  de  moi  cette  coupe  !  Toutefois,  que  ta  volonté 
soit  faite  et  non  la  mienne  \.../'^  Et  un  ange  lui  apparut 
du  ciel,  qui  le  fortifiait.  '^'^  Etant  en  agonie,  il  priait 
plus  instamment,  et  sa  sueur  devint  comme  de  grosses 
gouttes  de  sang  qui  tombaient  à  terre.  ''^  Après  avoir 
prié,  il  se  leva  et  revint  vers  les  disciples,  qu'il  trouva 
endormis  de  tristesse.  ''^Et  il  leur  dit  :  Pourquoi  dor- 
mez-vous ?  Levez -vous  et  priez,  afin  que  vous  ne  tom- 
biez pas  dans  la  tentation. 

''"^  Comme  il  parlait  encore,  une  troupe  parut.  Celui 
qu'on  nom.mait  Judas,  l'un  des  Douze,  marchait  devant 
elle,  et  il  s'approcha  de  Jésus  pour  lui  donner  un  baiser. 
^^  Jésus  lui  dit  :  Judas,  tu  trahis  le  Fils  de  l'homme 
par  un  baiser  ?  ^  ^  Alors  ceux  qui  étaient  avec  lui,  voyant 
ce  qui  allait  arriver,  lui  dirent  :  Seigneur,  frapperons- 
nous  de  l'épée  ?  ^^Et  l'un  d'eux  frappa  le  serviteur  du 
souverain  sacrificateur,  et  il  lui  emporta  l'oreille  droite. 
^  '  Mais  Jésus,  prenant  la  parole,  dit  :  Arrêtez  un  mo- 
ment (*).  Et,  ayant  touché  l'oreille  de  cet  homme,  il 
le  guérit.  ^-Puis  Jésus  dit  aux  principaux  sacrifica- 
teurs, aux  chefs  des  gardes  du  temple  et  aux  anciens, 
qui  étaient  venus  vers  lui  :  Vous  êtes  sortis  comme 
après  un  brigand,  avec  des  épées  et  des  bâtons.  ^'J'é- 
tais tous  les  jours  dans  le  temple  avec  vous,  et  vous 
n'avez  pas  mis  la  main  sur  moi.  Mais  c'est  ici  votre 
heure  et  la  puissance  des  ténèbres. 

Jésus  devant  Caïpke.  —  Le  reniement  de  Pierre 

(Voy.  Matth.  26  :  57-75  ;  Marc  14  :  53-72  ;  Jean  18  :  12-27) 

^'* Alors,  ils  le  saisirent  et  l'emmenèrent;  et  ils  le 
firent  entrer  dans  la  maison  du  souverain  sacrificateur. 
Pierre  suivait  de  loin.  °^  Ils  allumèrent  du  feu  au  milieu 
de  la  cour  et  s'assirent  ensemble;  et  Pierre  s'assit 
parmi  eux.  ^^IJne  servante,  le  voyant  assis  près  du 
feu  et  le  regardant  attentivement,  dit  :  Cet  homme 
était  aussi  avec  lui.  ^'Mais  il  renia  Jésus,  en  disant  : 
Femme,  je  ne  le  connais  point.  ^^Un  peu  après,  un 
autre,  l'ayant  vu,  lui  dit  :  Toi  aussi,  tu  es  de  ces  gens- 
là  !  Pierre   répondit:    O  homme,  je   n'en    suis  pas! 

(1)  Litt.  :  Permettez  Jusqu'à  ceci. 

191 


22  :  59-23  :  5  SAINT  LTJC 

^''Environ  une  heure  plus  tard,  un  autre  assurait  la 
même  chose  et  disait  :  Certainement,  cet  homme  était 
aussi  avec  lui  ;  car  il  est  Galiléen.  ^'^Mais  Pierre  reprit  : 
O  homme,  je  ne  sais  ce  que  tu  dis  !  Au  même  instant, 
comme  il  parlait  encore,  le  coq  chanta;  ®^et  le  Sei- 
gneur, s'étant  retourné,  regarda  Pierre.  Pierre  se  res- 
souvint de  la  parole  que  le  Seigneur  lui  avait  dite  : 
Avant  que  le  coq  chante  aujourd'hui,  tu  me  renieras 
trois  fois.  ^^Et  étant  sorti,  il  pleura  amèrement. 

^^  Or,  ceux  qui  gardaient  Jésus  se  moquaient  de  lui  et 
le  frappaient  ;  ^'''et,  lui  ayant  couvert  le  visage,  ils  lui 
disaient  :  Prophétise,  devine  qui  t'a  frappé  !  *'^Et  ils 
proféraient  beaucoup  d'autres  injures  contre  lui. 

•"•^  Quand  le  jour  fut  venu,  les  anciens  du  peuple,  les 
principaux  sacrificateurs  et  les  scribes  s'assemblèrent, 
et  ils  le  firent  venir  dans  leur  sanhédrin  (^  ).  ^^  Et  ils  lui 
dirent  :  Si  tu  es  le  Christ,  déclare-le-nous.  Il  leur  ré- 
pondit :  Si  je  le  disais,  vous  ne  le  croiriez  pas.  "^^Et  si 
je  vous  interrogeais,  vous  ne  me  répondriez  pas. 
^^Mais  désormais  le  Fils  de  l'homme  sera  assis  à  la 
droite  du  Dieu  tout-puissant.  ^"Ils  dirent  tous  :  Tu 
es  donc  le  Fils  de  Dieu  ?  Il  leur  répondit  :  Vous  dites 
vous-mêmes  que  je  le  suis.  '^ Alors  ils  s'écrièrent: 
Qu'avons-nous  encore  besoin  de  témoignage  ?  Nous 
l'avons  entendu  nous-mêmes  de  sa  bouche! 

Jésus  devant  Pilate  et  devant  Hérode 

(Voy.  Matth.  27  :  1-2  et  11-31  ;  Marc  15  :  1-20  ;  Jean  18  :  28-40  ;  19  :  1-16) 

23  ^Puis  toute  l'assemblée,  s'étant  levée,  le  mena 
devant  Pilate  (^).  ^  Alors  ils  se  mirent  à  l'accuser,  en 
disant  :  Nous  avons  trouvé  cet  homme  soulevant  notre 
nation,  défendant  de  payer  le  tribut  à  César,  et  se 
disant  le  Christ,  le  Roi.  -^  Pilate  l'interrogea  et  lui  dit  : 
C'est  toi  qui  es  le  Roi  des  Juifs  ?  Jésus  lui  répondit  : 
Tu  le  dis.  ^  Alors  Pilate  dit  aux  principaux  sacrifica- 
teurs et  au  peuple  :  Je  ne  trouve  rien  de  criminel  en 
cet  homme.  ^Mais  ils  insistaient  plus  fortement,  en 
disant  :  Il  soulève  le  peuple,  en  enseignant  dans  toute  la 

(1)  Voir  note  2,  sur  Matth.  5  :  22. 

(2)  Voir  note  sar  Matth.  S7  l  2. 

192 


SAfNT    LUC  23:  6-23 

Judée  ;  après  avoir  commencé  par  la  Galilée,  il  est 
venu  jusqu'ici.  ^Lorsque  Pilate  entendit  cela,  il 
demanda  si  cet  homm.e  était  Galiléen.  '^Apprenant 
qu'il  était  de  la  juridiction  d'Hérode  (*),  il  le  renvoya 
à  Hérode,  qui  se  trouvait  aussi  à  Jérusalem  en  ces 
jours-là. 

^ Quand  Hérode  vit  Jésus,  il  eut  une  grande  joie; 
car  depuis  longtemps  il  désirait  le  voir,  à  cause  de  ce 
qu'il  avait  entendu  dire  de  lui,  et  il  espérait  qu'il 
lui  verrait  faire  quelque  miracle.  ^11  lui  adressa  donc 
plusieurs  questions  ;  mais  Jésus  ne  lui  répondit  rien. 
^  ^  Et  les  principaux  sacrificateurs  et  les  scribes  étaient 
là,  qui  l'accusaient  avec  véhémence.  ^' Alors  Hérode, 
ainsi  que  les  gens  de  sa  garde,  le  traita  avec  mépris  et 
se  moqua  de  lui;  puis,  après  l'avoir  revêtu  d'un  man- 
teau éclatant,  il  le  renvoya  à  Pilate.  ^-^Ce  jour  même, 
Pilate  et  Hérode  devinrent  amis,  d'ennemis  qu'ils 
étaient  auparavant. 

^^  Pilate,  ayant  réuni  les  principaux  sacrificateurs, 
les  magistrats  et  le  peuple,  leur  dit  :  '"^Vous  m'avez 
amené  cet  homme,  l'accusant  de  soulever  le  peuple  ; 
et  cependant,  après  l'avoir  interrogé  en  votre  présence, 
je  ne  l'ai  trouvé  coupable  d'aucun  des  crimes  dont 
vous  l'accusez,  '^'ni  Hérode  jion  plus,  puisqu'il  nous 
Ta  renvoyé  :  il  n'a  donc  rien  fait  qui  mérite  la  mort. 
^^ Ainsi,  après  l'avoir  fait  châtier,  je  le  relâcherai. 
''^[Or,  à  chaque  fête,  il  était  obligé  de  leur  relâcher  un 
prisonnier]  (^).  *^  Alors  ils  s'écrièrent  tous  ensemble  : 
Fais  mourir  celui-ci,  et  relâche-nous  Barabbas  !  ''-^Or, 
cet  homme  avait  été  mis  en  prison  pour  une  sédition 
qui  avait  eu  lieu  dans  la  ville,  et  pour  un  meurtre. 

2^ Pilate  leur  parla  de  nouveau,  dans  le  dessein  de 
délivrer  Jésus.  ^'Mais  ils  crièrent:  Crucifie-le!  cru- 
cifie-le! -^11  leur  dit  pour  la  troisième  fois:  Quel 
mal  a-t-il  donc  fait  '^.  Je  n'ai  rien  trouvé  en  lui  qui 
mérite  la  mort.  Ainsi,  après  l'avoir  fait  châtier,  je 
le  relâcherai.  -^Mais  ils  insistaient,  demandant  à 
grands  cris  qu'il  fût  crucifié,  et  leurs  clameurs  l'em- 

(a)  Le   verset  entre  crochets   ne  se  trouve  pas  dans  plusieurs   anciens   ma- 
nuscrits. 

(1)  Voir  note  sur  Matth.  3  :  22. 

193  7 


23  :  24-37  SAINT  LUC 

portèrent.  ^^'Pilate  prononça  que  ce  qu'ils  deman- 
daient fût  fait.  ^''11  relâcha  donc  celui  qui  avait  été 
mis  en  prison  pour  sédition  et  pour  meurtre,  et  qu'ils 
réclamaient  ;  et  il  abandonna  Jésus  à  leur  volonté. 


Jésus  crucifié 

(Voy.  Matth.  27  :  32-56  ;  Marc  15  :  21-41  ;  Jean  19  :  17-37) 

^^  Comme  ils  l'emmenaient,  ils  prirent  un  homme 
de  Cyrène,  nommé  Simon,  qui  revenait  des  champs; 
et  ils  le  chargèrent  de  la  croix,  pour  la  porter  der- 
rière Jésus. 

^''Une  grande  multitude  de  peuple  le  suivait,  ainsi 
que  des  femmes  qui  se  frappaient  la  poitrine  et  qui 
pleuraient  sur  lui.  ^^Mais  Jésus,  se  tournant  vers  elles, 
leur  dit  :  Filles  de  Jérusalem,  ne  pleurez  pas  sur  moi, 
mais  pleurez  sur  vous-mêmes  et  sur  vos  enfants.  ^^  Car 
voici  que  les  jours  viennent  où  l'on  dira  :  Heureuses 
les  stériles,  heureuses  les  entrailles  qui  n'ont  pas 
enfanté,  et  les  mamelles  qui  n'ont  point  allaité  ! 
^^  Alors  les  hommes  se  mettront  à  dire  aux  montagnes  : 
Tombez  sur  nous  !  —  et  aux  coteaux  :  Couvrez -nous  (  '  )  ! 
^  '  Car  si  l'on  fait  ces  choses  au  bois  vert,  qu'arrivera-t-il 
au  bois  sec  ? 

'"^^On  conduisait  aussi  deux  autres  hommes,  des 
malfaiteurs,  pour  les  faire  mourir  avec  lui. 

^^  Quand  ils  furent  arrivés  au  lieu  appelé  le  lieu  du 
Crâne  (^),  ils  le  crucifièrent  là,  ainsi  que  les  malfai- 
teurs, l'un  à  sa  droite,  et  l'autre  à  sa  gauche.  ^^Mais 
Jésus  disait  :  Père,  pardonne -leur,  car  ils  ne  savent  ce 
qu'ils  font.  Puis,  ils  se  partagèrent  ses  vêtements,  en 
les  tirant  au  sort.  ^-^  Le  peuple  se  tenait  là  et  regardait. 
Et  les  chefs  se  moquaient,  en  disant  :  Il  en  a  sauvé 
d'autres  ;  qu'il  se  sauve  lui-même,  s'il  est  le  Christ, 
l'élu  de  Dieu  !  ^*^Les  soldats  le  tournaient  en  dérision. 
Ils  s'approchaient  et  lui  présentaient  du  vinaigre, 
^^en  disant  :  Si  tu  es  le  roi  des  Juifs,  sauve-toi  toi- 


(1)  Voy.  Osée  10  :  8. 

(2)  Litt.  :  le  crâne,  c'est  le  lieu  appelé  communément  le  Calvaire,  d'après 
le  mot  latin  calvaria,  qui  signifie  crâne  ;  eu  hébreu  :  Golgotha.  —  Voy. 
Matth.  37  :  33,  et  Marc  15  :  22. 

194 


âAINt  LUC  ^3  :  38-5 

même!  ^^  Au-dessus  de  sa  tête,  il  y  avait  cette  inscrip- 
tion :  Celui-ci  est  le  roi  des  Juifs. 

^^Or,  l'un  des  malfaiteurs  qui  avaient  été  crucifiés 
l'injuriait,  en  disant  :  N'es-tu  pas  le  Christ  ?  Sauve- 
toi  toi-même,  et  nous  avec  toi  î  ''^Mais  l'autre,  le 
reprenant,  lui  dit  :  Ne  crains-tu  point  Dieu,  toi  qui 
subis  la  même  condamnation  1  ^'  ^  Pour  nous,  ce  n'est 
que  justice,  car  nous  recevons  ce  que  nos  actions  ont 
mérité;  mais  celui-ci  n'a  fait  aucun  mal.  ''^Puis  il 
disait  :  Jésus,  souviens-toi  de  moi,  quand  tu  viendras 
dans  ton  règne  !  .'^^Et  Jésus  lui  réipondit  :  En  vérité, 
je  te  le  dis,  aujourd'hui  tu  seras  avec  moi  dans  le 
paradis. 

''"^11  était  déjà  environ  la  sixième  heure  ('),  et  il  y 
eut  des  ténèbres  sur  tout  le  pays  jusqu'à  la  neuvième 
heure  (^).  '^^Le  soleil  s'obscurcit,  et  le  voile  du  temple 
se  déchira  par  le  milieu.  ^^  Alors  Jésus  jeta  un  grand  cri 
et  dit  :  Père,  je  remets  mon  esprit  entre  tes  mains  (^)  ! 
Et  après  avoir  dit  cela,  il  expira. 

'''^Le  centenier,  voyant  ce  qui  était  arrivé,  donna 
gloire  à  Dieu  et  dit  :  Certainement  cet  homme  était 
juste.  '''^Et  tout  le  peuple  qui  était  accouru  à  ce  spec- 
tacle, voyant  ce  qui  s'était  passé,  s'en  retournait 
en  se  frappant  la  poitrine.  '''^Mais  ceux  qui  connais- 
saient Jésus,  ainsi  que  les  femmes  qui  l'avaient  suivi 
de  la  Galilée,  se  tenaient  tous  à  distance  et  regardaient. 

La  sépulture 

(Voy.  Màtth.  27  :  57-61  ;  Mure  15  :  42-17  ;  Jean  19  ;  38-42) 

^^11  y  avait  un  homme,  appelé  Joseph,  qui  était 
membre  du  sanhédrin,  homme  droit  et  juste,  ^'qui 
n'avait  pas  consenti  au  dessein  des  autres,  ni  à  ce 
qu'ils  avaient  fait.  Il  était  d'Arimathée,  ville  de 
Judée,  et  il  attendait  le  royaume  de  Dieu.  -^^11  vint 
donc  trouver  Pilate  et  lui  demanda  le  corps  de  Jésus. 
^^  Après  l'avoir  descendu  de  la  croix,  il  l'enveloppa 
d'un  linceul  et  le  déposa  dans  un  tombeau,  taillé  dans 

a)  Midi. 

(2)  Trois  heures  de  l'après-midi. 

(3)  Voy.  Psaume  31  :  6 

195 


23  :  54-24  :  i2  SAINT  LUC 

le  roc,  où  personne  n'avait  encore  été  mis.  ^^  C'était 
le  jour  de  la  préparation  ('),  et  le  sabbat  allait  com- 
mencer. ^^Les  femmes  qui  étaient  venues  de  la  Ga- 
lilée avec  Jésus,  ayant  accompagné  Joseph,  virent 
le  tombeau,  et  comment  le  corps  de  Jésus  y  avait  été 
placé.  ^^Et  s'en  étant  retournées,  elles  préparèrent 
des  aromates  et  des  parfums.  Le  jour  du  sabbat,  elles 
se  reposèrent,  conformément  à  la  loi. 

La  résurrection 

(Voy.  Matth.  28  :  1-10  ;  Marc  16  :  1-8  ;  Jean  20  :  1-18) 

24-  ^  Le  premier  jour  de  la  semaine  ("),  de  très  grand 
matin,  elles  vinrent  au  tombeau,  apportant  les  aro- 
mates qu'elles  avaient  préparés.  ^  Elles  trouvèrent  que 
la  pierre  avait  été  roulée  loin  de  l'ouverture  du  tom- 
beau ;  ^  mais,  étant  entrées,  elles  ne  trouvèrent  point  le 
corps  du  Seigneur  Jésus.  ^' Elles  ne  savaient  qu'en 
penser,  lorsque  deux  hommes  parurent  devant  elles,  en 
vêtements  brillants  comme  l'éclair,  ^Et  comme  elles 
étaient  saisies  de  frayeur,  et  qu'elles  baissaient  le  visage 
vers  la  terre,  ils  leur  dirent  :  Pourquoi  cherchez -vous 
parmi  les  morts  celui  qui  est  vivant  ?  ^11  n'est  point 
ici,  mais  il  est  ressuscité.  Souvenez-vous  de  quelle 
manière  il  vous  a  parlé,  lorsqu'il  était  encore  en  Ga- 
lilée, ^et  qu'il  disait  :  Il  faut  que  le  Eils  de  l'homme 
soit  livré  entre  les  mains  des  pécheurs,  qu'il  soit  cru- 
cifié et  qu'il- ressuscite  le  troisième  jour.  ^  Alors  elles 
se  souvinrent  des  paroles  de  Jésus. 

^  Quand  elles  furent  de  retour  du  tombeau,  elles 
annoncèrent  toutes  ces  choses  aux  onze  et  à  tous  les 
autres.  ""^  C'étaient  Marie-Madeleine,  Jeanne,  Marie, 
mère  de  Jacques  ;  et  les  autres  femmes,  qui  étaient 
avec  elles,  disaient  les  mêmes  choses  aux  apôtres. 
'  '  Mais  ces  paroles  leur  firent  l'effet  d'une  rêverie,  et 
ils  ne  les  crurent  point.  ^^  Cependant,  Pierre  se  leva 
et  courut  au  tombeau,  et,  s'étant  baissé  pour  regarder, 
il  ne  vit  que  les  linges  qui  étaient  à  terre  ;  puis,  il 
s'en  alla  chez  lui,  tout  surpris  de  ce  qui  était  arrivé. 

(1)  0" est-à-dire  le  vendredi,  veille  du  sabbat. 

(2)  C'est-à-dire  le  dimanche. 

196 


SAINT    LUC  24  :  43-29 

Les  disciples  d^Emmaûs 

(Yoy.  Marc  16  :  12-13) 

^•^Ce  même  jom',  deux  des  disciples  allaient  à  un 
village,  appelé  Emmaiis,  qui  était  à  soixante  stades  (') 
de  Jérusalem;  ''^et  ils  s'entretenaient  de  tout  ce  qui 
s'était  passé.  ^^Or  il  arriva,  comme  ils  s'entretenaient 
et  discutaient  ensemble,  que  Jésus  lui-même  s'appro- 
cha et  se  mit  à  marcher  avec  eux.  ^^Mais  leurs  yeux 
étaient  impuissants  à  le  reconna.ître.  ^  "  Il  leur  dit  : 
Quelles  sont  les  paroles  que  vous  échangez  ainsi  l'un 
avec  l'autre,  chemin  faisant  ?  Et  ils  s'arrêtèrent  tout  tris- 
tes. ^^L'un  d'eux,  nommé  Cléopas,  lui  répondit  :  Es-tu 
le  seul  étranger  à  Jérusalem,  qui  ne  sache  pas  ce  qui  s'y 
est  passé  ces  jours-ci  ?  —  ^^  Quoi  donc  ?  leur  demanda- 
t-il.  —  Ils  lui  répondirent  :  Ce  qui  est  arrivé  à  Jésus  de 
Nazareth,  qui  était  un  prophète  puissant  en  œuvres  et 
en  paroles,  aux  yeux  de  Dieu  et  de  tout  le  peuple  ; 
^^comment  les  principaux  sacrificateurs  et  nos  magis- 
trats l'ont  livré  pour  être  condamné  à  mort,  et  l'ont 
crucifié.  ^  '  Pour  nous,  nous  espérions  que  ce  serait  lui 
qui  délivrerait  Israël  ;  mais,  avec  tout  cela,  voici  le 
troisième  jour  que  ces  choses  sont  arrivées.  '^^11  est 
vrai  que  quelques  femmes,  qui  sont  des  nôtres,  nous 
ont  fort  étonnés  :  elles  sont  allées  de  grand  matin 
au  tombeau,  ^^et,  n'ayant  pas  trouvé  son  corps,  eUes 
sont  venues  dire  que  des  anges  leur  sont  apparus  et 
leur  ont  déclaré  qu'il  était  vivant.  -^  Quelques-uns  des 
nôtres  se  sont  aussi  rendus  au  tombeau,  et  ils  ont 
trouvé  les  choses  comme  les  femmes  l'avaient  dit  : 
mais  lui,  ils  ne  l'ont  pas  vu.  ^"^ Alors  Jésus  leur  dit: 
0  gens  sans  intelligence  et  d'un  cœur  lent  à  croire 
tout  ce  qu'ont  dit  les  prophètes!  -''Ne  fallait-il  pas 
que  le  Christ  soufïrît  ces  choses,  et  qu'il  entrât  ainsi 
dans  sa  gloire  ?  ^"Puis,  commençant  par  Moïse  et 
continuant  par  tous  les  prophètes,  il  leur  expliqua, 
dans  toutes  les  Ecritures,   ce   qui  le  concernait. 

^'^  Quand  ils  se  trouvèrent  près  du  village  où  ils  se 
rendaient,  il  semblait  vouloir  aller  plus  loin.  ^^Mais 
ils  l'obligèrent   à  s'arrêter,  en   disant  :   Reste   avec 

(1)  Environ  12  kilomètres. 

197 


24  :  30-46  SAINT   LUC 

nous  ;  car  le  soir  approche,  et  le  jour  est  déjà  sur  son 
déclin.  Il  entra  donc  pour  rester  avec  eux.  ^^Et  comme 
il  était  à  table  avec  eux,  il  prit  le  pain,  et,  après  avoir 
rendu  grâces,  il  le  rompit  et  le  leur  donna.  ^' Alors 
leurs  yeux  s'ouvrirent,  et  ils  le  reconnurent;  mais  lui 
se  déroba  à  leur  vue.  ^^Et  ils  se  dirent  l'un  à  l'au- 
tre :  Notre  cœur  ne  brûlait-il  pas  au  dedans  de  nous, 
lorsqu'il  nous  parlait  en  chemin  et  qu'il  nous  expli- 
quait les  Écritures  ? 

^•^Se  levant  à  l'heure  même,  ils  retournèrent  à 
Jérusalem,  et  ils  trouvèrent  les  onze  et  d'autres  dis- 
ciples assemblés  avec  eux,  ^  ''  qui  leur  dirent  :  Le  Sei- 
gneur est  vraiment  ressuscité,  et  il  est  apparu  à  Simon. 
^^Eux,  à  leur  tour,  racontèrent  ce  qui  leur  était  arrivé 
en  chemin,  et  comment  ils  l'avaient  reconnu  lorsqu'il 
avait  rompu  le  pain. 

Apparition  aux  onze 

(Voy.  Marc  16  :  14  ;  Jean  20  :  19-23) 

^^' Comme  ils  parlaient  ainsi,  Jésus  lui-même  se 
présenta  au  milieu  d'eux  et  leur  dit  :  I^a  paix  soit 
avec  vous  î  ^'^Mais  eux,  saisis  de  stupeur  et  d'efïroi, 
croyaient  voir  un  esprit.  ^^Et  il  leur  dit  :  Pourquoi 
êtes-vous  troublés,  et  pourquoi  de  telles  pensées 
s'élèvent-elles  dans  vos  cœurs  ?  ^^  Voyez  mes  mains 
et  mes  pieds  :  c'est  moi-même.  Touchez-moi  et  re- 
gardez :  un  esprit  n'a  ni  chair  ni  os,  ce  que  j'ai, 
comme  vous  le  voyez.  ''''^En  disant  cela,  il  leur  montra 
ses  mains  et  ses  pieds.  '^'Mais  comm.e,  dans  leur  joie, 
ils  ne  croyaient  pas  encore,  et  comme  ils  étaient  rem- 
plis d'étonnement,  il  leur  dit  :  Avez -vous  ici  quelque 
chose  à  manger  ?  ^  -  Ils  lui  présentèrent  un  morceau  de 
poisson  grillé.  ^^  Il  le  jDrit  et  le  mangea  en  leur  présence. 

^''Puis  il  leur  dit  :  Voilà  ce  que  je  vous  déclarais, 
quand  j'étais  encore  avec  vous,  et  quand  je  vous  disais 
qu'il  fallait  que  fût  accompli  tout  ce  qui  est  écrit  à 
mon  sujet  dans  la  loi  de  Moïse,  dans  les  prophètes  et 
dans  les  psaumes.  ^"^  Alors  il  leur  ouvrit  l'esprit,  poiu: 
leur  faire  comprendre  les  Écritures.  "^"^Et  il  leur  dit  : 
O'est  ainsi  qu'il  est  écrit  que  le  Christ  devait  souffrir, 

198 


SAINT   LUC  24  :  47-53 

qu'il  ressusciterait  des  morts  le  troisième  jour,  '^^et 
qu'on  prêcherait  en  son  nom  la  repentance,  pour  la 
rémission  des  péchés,  parmi  toutes  les  nations,  en 
commençant  par  Jérusalem.  ^^Vous  êtes  témoins  de 
ces  choses  ;  et  moi,  je  vais  vous  envoyer  ce  que  mon 
Père  vous  a  promis.  ''^  Quant  à  vous,  demeurez  dans 
la  Ville  ('),  jusqu'à  ce  que  vous  soyez  revêtus  de  la 
puissance  d'en  haut. 

L'Ascension 

(Voy.  Marc  16  :  19  ;  Actes  1  :  1-12) 

^•^11  les  emmena  ensuite  jusqu'aux  environs  de 
Béthanie,  et,  levant  ses  mains,  il  les  bénit.  ^'Pen- 
dant qu'il  les  bénissait,  il  se  sépara  d'eux  et  fut  élevé 
au  ciel.  "^-Eux,  l'ayant  adoré,  s'en  retournèrent  à 
Jérusalem  pleins  d'une  grande  joie.  ^^Ils  se  tenaient 
continuellement  dans  le  temple,  bénissant  Dieu. 

(1)  La  ville  de  Jérusalem. 


199 


ÉVANGILE 


SELON 


SAINT   JEAN 


Prologue    (1:1   à   18) 
La  Parole  faite  chair 

I  ^Au  commencement  était  la  Parole,  et  la  Parole 
était  avec  Dieu,  et  la  Parole  était  Dieu.  ^EUe  était 
au  commencement  avec  Dieu.  ^Toutes  choses  ont 
été  faites  par  elle,  et  rien  de  ce  qui  a  été  fait,  n'a  été 
fait  sans  elle.  ^En  elle  était  la  vie,  et  la  vie  était  la 
lumière  des  hommes.  -"^La  lumière  luit  dans  les 
ténèbres,  et  les  ténèbres  ne  l'ont  point  reçue. 

^ïl  y  eut  un  homme,  envoyé  de  Dieu,  dont  le  nom 
était  Jean.  ^11  vint  pour  être  témoin,  pour  rendre 
témoignage  à  la  Lumière,  afin  que,  par  lui,  tous 
fussent  amenés  à  la  foi.  ^11  n'était  pas  lui-même  la 
Lumière,  mais  il  devait  rendre  témoignage  à  la  Lumière. 
^Celle-ci  était  la  véritable  Lumière,  qui  éclaire  tout 
homme  en  venant  dans  le  monde  ("). 

^  *^*  La  Parole  (  '  )  était  dans  le  monde,  et  le  monde  a  été 
fait  par  elle  ;  mais  le  monde  ne  l'a  pas  connue.  ^  ^  Elle 
est  venue  chez  les  siens,  et  les  siens  ne  l'ont  point  reçue. 
'-Mais  à  tous  ceux  qui  l'ont  reçue,  elle  a  donné  le 
pouvoir  de  devenir  enfants  de  Dieu,  à  tous  ceux 
qui  croient  en  son  nom,  ^^qui  ne  sont  pas  nés  du 
sang,  ni  de  la  volonté  de  la  chair,  ni  de  la  volonté  de 
l'homme,  mais  qui  sont  nés  de  Dieu. 

^  ■*  La  Pa^role  a  été  faite  chair;  elle  a  habité  parmi  nous, 
pleine  de  grâce  et  de  vérité,  et  nous  avons  contemplé 
sa  gloire,  une  gloire  telle  qu'est  celle  du  Eils  unique 

(a)  On  peut  aussi  traduire  :   qui  éclaire  tout  homme  venant  dans   le  inonde; 
ou  encore  :  La  véritable  lumière,  qui  éclaire  tout  homme,  venait  dans  le  monde. 
(1)  Litt.  :  Elle 

200 


SAINT  JE  AH  1  :  15-29 

venu  d'auprès  du  Père.  ^  •'  Jean  lui  rendait  témoignage 
lorsqu'il  s'écriait  :  C'est  de  lui  que  je  disais  :  Celui 
qui  vient  après  moi  m'a  devancé,  parce  qu'il  était 
avant  moi.  ^''En  effet,  c'est  de  sa  plénitude  que  nous 
avons  tous  reçu  grâce  sur  grâce.  ^^Car  la  loi  a  été 
donnée  par  Moïse  ;  la  grâce  et  la  vérité  sont  venues 
par  Jésus-Christ.  ^^  Personne  n'a  jamais  vu  Dieu;  le 
Fils  unique  {"-),  qui  est  dans  le  sein  du  Père,  est  celui 
qui  nous  l'a  fait  connaître. 

Préparation  du  ministère  de  Jésus  (1  :  19  à  51) 

Témoignage  de  Jean-Baptiste 

(Comp.  Matth.  3  :  13-19  ;  Marc  1  :  9-11  ;  Luc  3  :  21-26) 

'^  Voici  quel  fut  le  témoignage  de  Jean,  lorsque  les 
Juifs  envoyèrent  de  Jérusalem  des  sacrificateurs  et 
des  lévites  pour  lui  demander  :  Qui  es -tu  ?  ^"11  le 
déclara  et  ne  le  nia  point  ;  il  déclara  qu'il  n'était  pas 
le  Christ.  ^  '  Quoi  donc  ?  lui  demandèrent-ils,  es-tu 
Élie  ?  Et  il  dit  :  Je  ne  le  suis  pas.  Es-tu  le  prophète  ? 
Il  répondit  :  Non,  ^^Ils  lui  dirent  :  Qui  es-tu  donc  ? 
afin  que  nous  puissions  donner  une  réponse  à  ceux 
qui  nous  ont  envoyés.  Que  dis-tu  de  toi-même  ?  ^^11 
répondit  :  Je  suis  la  voix  de  celui  qui  crie  dans  le 
désert  :  «  Aplanissez ^le  chemin  du  Seigneur  »,  comme 
l'a  dit  le  prophète  Esaïe  (').  '^''Ceux  qui  avaient  été 
envoyés  vers  lui  étaient  des  pharisiens.  2''  Ils  lui  deman- 
dèrent encore  :  Pourquoi  donc  baptises -tu,  si  tu  n'es 
pas  le  Christ,  ni  Élie,  ni  le  prophète?  ^^Jean  leur 
répondit  :  Pour  moi,  je  baptise  d'eau  ;  mais  il  en  est 
un  au  milieu  de  vous,  que  vous  ne  connaissez  pas. 
2^  C'est  celui  qui  vient  après  moi,  et  je  ne  suis  pas 
digne  de  délier  la  courroie  de  sa  chaussure...  -^Ces 
choses  se  passèrent  à  Béthanie  (2)  au  delà  du  Jour- 
dain, où  Jean  baptisait. 

^'-^Le  lendemain,  Jean  vit  Jésus  qui  venait  à  lui,  et 

{a)  D'autres  manuscrits  ont:  Le  Dieu,  Fils  unique,  qui  est  dans  le  sein  du  P'ere. 

(1)  Ésaïe  40  :  3. 

(2)  Béthanie,  au  delà  du  Jourdain,  qu'U  ne  faut  pas  confondre  avec  Béthanie, 
près  de  Jérusalem,  où  demeuraient  Marie,  Marthe  et  Lazare,  (Voy.  Jean  11  :  1.) 
—  Quelq.  man.  ont  :  Béthabara, 

201 


1  :  30-44  SAINT  JEAN 

il  dit  :  Voici  l'agneau  de  Dieu,  qui  ôte  le  péché  du 
monde.  ^^  C'est  celui  dont  je  disais  :  Il  vient  après 
moi  un  homme  qui  m'a  devancé,  parce  qu'il  était 
avant  moi.  ^^Pour  moi,  je  ne  le  connaissais  pas; 
mais  je  suis  venu  baptiser  d'eau,  afin  qu'il  fût  mani- 
festé à  Israël.  ^^  Jean  rendit  encore  ce  témoignage  : 
J'ai  vu  l'Esprit  descendre  du  ciel  comme  une  colombe, 
et  il  s'est  arrêté  sur  lui.  ^^  Pour  moi,  je  ne  le  connaissais 
pas  ;  mais  celui  qui  m'a  envoyé  baptiser  d'eau  m'a 
dit  :  Celui  sur  qui  tu  verras  l'Esprit  descendre  et 
s'arrêter,  c'est  celui  qui  baptise  d'Esprit  saint. 
^^  Je  l'ai  vu,  et  j'ai  rendu  ce  témoignage  :  C'est  lui 
qui  est  le  Fils  de  Dieu. 

Les  premiers  disciples 

^•'Le  lendemain,  Jean  se  trouvait  là  de  nouveau 
avec  deux  de  ses  disciples;  ^^et,  regardant  Jésus  qui 
passait,  il  dit  :  Voici  l'agneau  de  Dieu  !  ^^Les  deux 
disciples  entendirent  cette  parole,  et  ils  suivirent 
Jésus.  ^^  Jésus,  s'étant  retourné  et  voyant  qu'ils  le 
suivaient,  leur  dit  :  Que  cherchez -vous  ?  Ils  lui  répon- 
dirent :  Rabbi — c'est-à-dire  Maître — .  où  demeures-tu  ? 
"^'•^11  leur  dit  :  Venez  et  voyez.  Ils  allèrent  donc  et 
virent  où  il  demeurait,  et  ils  restèrent  auprès  de  lui 
ce  jour-là.  C'était  environ  la  dixième  heure  (^). 

^'^  André,  frère  de  Simon  Pierre,  était  l'un  des  deux 
qui  avaient  entendu  ce  que  Jean  disait,  et  qui  avaient 
suivi  Jésus.  ^  '  Il  trouva  d'abord  son  frère  Simon,  et 
il  lui  dit  :  Nous  avons  trouvé  le  Messie  —  c'est-à-dire 
le  Christ —  (-).  ''^Et  il  l'amena  à  Jésus.  Jésus,  l'ayant 
regardé,  lui  dit:  Tu  es  Simon,  fils  de  Jona  (^)  ;  tu 
seras  appelé  Céphas  —  c'est-à-dire  Pierre  — . 

^^Le  lendemain,  Jésus  voulut  se  rendre  en  Galilée. 
Il  trouva  Phihppe  et  lui  dit  :  Suis-moi.  ^  ^  Or,  Philippe 
était  de  Bethsaïda  (^),  la  ville  d'André  et  de  Pierre» 

(1)  Quatre  heures  de  l'après-midi.  (Voir  note  sur  Matth.  20  :  3.) 

(2)  Christ  signifie  Oint  (Voir  note  sur  Matth.  1  :  16.) 

(3)  Voy.  Matth.  16  :  17.  —  Plus.  man.  ont  ici  :  Jea7i. 

(4)  Voir  note  sur  Matth.  11  :  21. 

202 


SAINT  JEAN  1  :  45-2  :  9 

''^Philippe  trouva  Nathanaël  (^),  et  il  lui  dit  :  Nous 
avons  trouvé  celui  dont  Moïse  a  parlé  dans  la  loi  et 
dont  les  prophètes  aussi  ont  parlé  ;  c'est  Jésus  de 
Nazareth,  le  fils  de  Joseph.  ''^Nathanaël  lui  dit: 
Peut-il  venir  quelque  chose  de  bon  de  Nazareth  ? 
Philippe  lui  répondit  :  Viens  et  vois.  ^^  Jésus,  voyant 
venir  à  lui  Nathanaël,  dit  de  lui  :  Voici  un  véritable 
Israélite,  dans  lequel  il  n'y  a  point  de  fraude.  ^^Natha- 
naël lui  dit  :  D'où  me  connais-tu  ?  Jésus  répondit  et 
lui  dit  :  Avant  que  Philippe  t'appelât,  je  t'ai  vu,  quand 
tu  étais  sous  le  figuier.  ''^Nathanaël  reprit  :  Maître, 
tu  es  le  Fils  de  Dieu,  tu  es  le  roi  d'Israël  !  ^^  Jésus 
répondit  :  Parce  que  je  t'ai  dit  que  je  t'avais  vu  sous 
le  figuier,  tu  crois  ;  tu  verras  de  plus  grandes  choses 
que  celles-ci!  ^'Et  il  ajouta:  En  vérité,  en  vérité, 
je  vous  le  déclare,  vous  verrez  le  ciel  ouvert,  et 
les  anges  de  Dieu  montant  et  descendant  sur  le  Fils 
de  l'homme. 


Ministère  de  Jésus  en  Galilée  et  en  Judée 
(2  :  1  à  12  :  50) 

Les  noces  de  Cana 

2  '' Trois  jours  après,  on  célébrait  des  noces  à  Cana 
en  Galilée,  et  la  mère  de  Jésus  y  était.  ^  Jésus  fut 
aussi  invité  aux  noces  avec  ses  disciples.  "^Le  vin 
ayant  manqué,  la  mère  de  Jésus  lui  dit  :  Ils  n'ont 
plus  de  vin.  ''Jésus  lui  répondit  :  Femme,  qu'y  a-t-il 
entre  moi  et  toi  ?  Mon  heure  n'est  pas  encore  venue. 
^  Sa  mère  dit  à  ceux  qui  servaient  :  Faites  tout  ce 
qu'il  vous  dira.  ^Or,  il  y  avait  là  six  vases  de 
pierre,  destinés  aux  purifications  des  Juifs,  et  qui 
contenaient  chacun  deux  ou  trois  mesures  (^). 
'Jésus  leur  dit  :  Remplissez  d'eau  ces  vases  ;  et  ils 
les  remplirent  jusqu'au  bord.  ^  Alors  il  leur  dit  :  Puisez 
maintenant,  et  portez-en  au  maître  d'hôtel.  Et  ils  lui 
en  portèrent.   ^  Quand  le  maître  d'hôtel  eut  goûté 

(1)  Nathanaël,  très  probablement  le  même    que  Barthélémy.  —  (Voy.  Matth. 
10  :  3.) 

(2)  Litt.  :  métrètes.  (Voir  note  sur  Luc  16  :  6.) 

203 


2  :  <0-23  SAINT  JEAN 

l'eau  qui  avait  été  changée  en  vin  —  or,  il  ne  savait 
pas  d'où  venait  ce  vin,  mais  les  serviteurs  qui  avaient 
puisé  l'eau  le  savaient  bien  —,  il  appela  l'époux,  *  ^  et 
lî  lui  dit  :  Tout  homme  sert  d'abord  le  bon  vin,  et 
ensuite  le  moins  bon,  après  qu'on  a  bu  abondamment. 
Toi,  tu  as  gardé  le  bon  vin  jusqu'à  maintenant, 

"•^  C'est  ainsi  que  Jésus  fit  à  Cana,  en  Galilée,  le 
premier  de  ses  miracles,  et  qu'il  manifesta  sa  gloire  ; 
et  ses  disciples  crurent  en  lui.  ^  ^  Après  cela,  il  descendit 
à  Capernaûm,  avec  sa  mère,  ses  frères  et  ses  disciples  ; 
et  ils  n'y  demeurèrent  que  peu  de  jours. 

Jésus  à  Jérusalem  —  Les  vendeurs  chassés 
du  temple 

(Gomp.  Matth.  21  :  12-22  ;  Marc  11  :  11-26  ;  Luc  19  :  45-48) 

^  ^  La  Pâque  des  Juifs  était  proche  ;  et  Jésus  monta 
à  Jérusalem.  ^  ''  Il  trouva  dans  le  temple  les  marchands 
de  bœufs,  de  brebis  et  de  pigeons,  et  les  changeurs  qui 
s'y  étaient  installés.  '''^  Ayant  fait  un  fouet  de  cordes, 
il  les  chassa  tous  du  temple,  ainsi  que  les  brebis  et 
les  bœufs  ;  il  répandit  la  monnaie  des  changeurs  et 
renversa  leurs  tables.  ^  ^  Et  il  dit  à  ceux  qui  vendaient 
les  pigeons  :  Otez  cela  d'ici  ;  ne  faites  pas  de  la  maison 
de  mon  Père  une  maison  de  trafic.  """^  Alors  ses  disciples 
se  souvinrent  de  ce  qui  est  écrit  :  «  Le  zèle  de  ta  mai- 
son me  dévore  (').  » 

^^Les  Juifs,  prenant  la  parole,  lui  dirent  :  Quel 
miracle  nous  fais-tu  voir,  pour  agir  de  la  sorte  ? 
^^  Jésus  répondit  :  Détruisez  ce  temple,  et  en  trois 
jours  je  le  relèverai  !  ^^Les  Juifs  reprirent  :  On  a  mis 
quarante-six  ans  à  bâtir  ce  temple  (-),  et  toi,  tu  le 
relèverais  en  trois  jours  !  ^^Mais  il  parlait  du  temple 
de  son  corps.  ^^  Aussi,  quand  il  fut  ressuscité  des 
morts,  ses  disciples ^se  souvinrent  qu'il  avait  dit  cela  ; 
et  ils  crurent  à  l'Ecriture  et  à  la  parole  que  Jésus 
avait  dite. 

^^  Pendant  qu'il  était  à  Jérusalem  pour  la  fête  de 
Pâque,   plusieurs,   voyant  les   miïacles   qu'il  faisait, 

■  (1)  Psaume  69  :  10. 
(2)  Le  temple  venait  d'être  reconstruit  sous  le  règne  d'Hérode  I«'. 

204 


SAINT   JEAN  2  :  24-3  :  14 

crurent  en  son  nom.  ^'^Mais  Jésus  ne  se  fiait  pas 
à  eux,  parce  qu'il  les  connaissait  tous,  ^""et  qu'il 
n'avait  pas  besoin  que  personne  lui  rendit  témoi- 
gnage au  sujet  d'aucun  homme,  car  il  savait  par  lui- 
même  ce  qui  était  dans  l'homme. 

Entretien  de  Jésus  avec  NicoâÀme 

3.  ^  Il  y  avait  parmi  les  pharisiens  un  homme,  appelé 
Nicodème,  qui  était  l'un  des  principaux  pp^rmi  les  Juifs. 
-  Cet  homme  vint,  de  nuit,  trouver  Jésus  et  lui  dit  : 
Maître,  nous  savons  que  tu  es  un  docteur  venu  de  la 
part  de  Dieu  ;  car  personne  ne  peut  faire  ces  miracles 
que  tu  fais,  si  Dieu  n'est  pas  avec  lui.  ^  Jésus  prit  la 
parole  et  lui  dit  :  En  vérité,  en  vérité,  je  te  le  dis,  si  un 
homme  ne  naît  de  nouveau,  il  ne  peut  voir  le  royaume 
de  Dieu.  *  Nicodème  lui  dit  :  Comment  un  homme  peut- 
il  naître,  quand  il  est  vieux  ?  Peut-il  rentrer  dans  le 
sein  de  sa  mère  et  naître  une  seconde  fois  ?  ^  Jésus 
répondit  :  En  vérité,  en  vérité,  je  te  le  dis,  si  un  homme 
ne  naît  d'eau  et  d'Esprit,  il  ne  peut  entrer  dans  le 
royaume  de  Dieu.  ^  Ce  qui  est  né  de  la  chair  est  chair, 
et  ce  qui  est  né  de  l'Esprit  est  esprit.  "^Ne  t'étonne 
pas  de  ce  que  je  t'ai  dit  :  Il  faut  que  vous  naissiez 
de  nouveau.  ^Le  vent  souffîe  où  il  veut,  et  tu  en  en- 
tends le  bruit  ;  mais  tu  ne  sais  ni  d'où  il  vient,  ni  où 
il  va.  Il  en  est  de  même  de  tout  homme  qui  est  né  de 
l'Esprit. 

^Nicodème  reprit  :  Comment  cela  peut-il  se  faire? 
^^  Jésus  lui  répondit  :  Tu  es  le  docteur  d'Israël,  et  tu 
ne  sais  pas  ces  choses  ?  ^'  En  vérité,  en  vérité,  je  te  le 
déclare,  nous  disons  ce  que  nous  savons,  et  nous 
attestons  ce  que  nous  avons  vu  ;  et  vous  ne  recevez 
point  notre  témoignage.  ^^Si  vous  ne  croyez  pas 
quand  je  vous  parle  des  choses  terrestres,  comment 
croirez -vous  quand  je  vous  parlerai  des  choses  cé- 
lestes ?  ^-^  Personne  n'est  m^onté  au  ciel,  sinon  celui 
qui  est  descendu  du  ciel,  le  Fils  de  l'hom.me,  qui  est 
dans  le  ciel.  ^''Et  comme  Moïse  éleva  le  serpent  dans 
le  désert  ('),  de  même  il  faut  que  le  Fils  de  l'homme 

(1)  Le  serpeut  d'airain.  (Voy.  Nombres  81  :  8-9). 

205 


3  :  i5-30  SAINT  JEAN 

soit  élevé,  ^  ^  afin  que  quiconque  croit  en  lui  ait  la  vie 
éternelle.  '  ^  Car  Dieu  a  tellement  aimé  le  monde,  qu'il 
a  donné  son  Fils  unique,  afin  que  quiconque  croit  en 
lui  ne  périsse  point,  mais  qu'il  ait  la  vie  éternelle. 

^^En  effet,  Dieu  n'a  point  envoyé  son  Fils  dans  le 
monde  pour  juger  le  monde,  mais  afin  que  le  monde 
soit  sauvé  par  lui.  ^^  Celui  qui  croit  en  lui  n'est  point 
jugé  ;  celui  qui  ne  croit  pas  est  déjà  jugé,  parce  qu'il 
n'a  pas  cru  au  nom  du  Fils  unique  de  Dieu.  '^Or, 
voici  quel  est  ce  jugement  :  la  lumière  est  venue  dans 
le  monde,  et  les  hommes  ont  mieux  aimé  les  ténèbres 
que  la  lumière,  parce  que  leurs  œuvres  étaient  mau- 
vaises. ^'^Car  quiconque  fait  le  mal  hait  la  lumière  et 
ne  vient  point  à  la  lumière,  de  peur  que  ses  œuvres 
ne  soient  réprouvées.  ^^Mais  celui  qui  met  en  pratique 
la  vérité  vient  à  la  lumière,  afin  que  ses  œuvres  soient 
manifestées,  parce  que  c'est  en  Dieu  qu'elles  sont 
faites. 

Nouveau  témoignage  de  Jean-Baptiste 

-^  Après  cela,  Jésus  se  rendit  avec  ses  disciples  dans 
la  campagne  de  la  Judée  ;  il  y  demeurait  avec  eux, 
et  il  y  baptisait.  ^^Jean  baptisait  aussi  à  Énon,  près 
de  Salim,  parce  qu'il  y  avait  là  beaucoup  d'eau;  et 
on  y  venait  pour  être  baptisé.  ^  ^  Car  Jean  n'avait  pas 
encore  été  mis  en  prison  (^). 

^^Or,  il  y  eut  une  discussion  entre  les  disciples  de 
Jean  et  un  Juif,  au  sujet  de  la  purification.  ^^Et  ils 
vinrent  trouver  Jean  et  lui  dirent  :  Maître,  celui  qui 
était  avec  toi  au  delà  du  Jourdain,  auquel  tu  as  rendu 
témoignage,  le  voilà  qui  baptise,  et  tous  vofit  à  lui. 
^^  Jean  leur  répondit  :  Aucun  homme  ne  peut  rien 
s'attribuer  qui  ne  lui  soit  donné  du  ciel.  ^^Vous 
m'êtes  vous-mêmes  témoins  que  j'ai  dit  :  Ce  n'est 
pas  moi  qui  suis  le  Christ,  mais  j'ai  été  envoyé  devant 
lui.  ^^  Celui  qui  a  l'épouse  est  l'époux,  mais  l'ami  de 
l'époux,  qui  se  tient  près  de  lui  et  qui  l'écoute,  est 
ravi  de  joie  en  entendant  la  voix  de  l'époux  ;  et  c'est 
là  ma  joie,  qui  est  parfaite.  ^^11  faut  qu'il  croisse  et 
que  je  diminue. 

(1)  Yoy.  Matth.  14  :  3-12. 

206 


SAINT  JEAN  3  :  31-4  :  12 

^^  Celui  qui  vient  d'en  haut  est  au-dessus  de  tous. 
Celui  qui  vient  de  la  terre  est  de  la  terre,  et  il  parle 
comme  étant  de  la  terre  ;  celui  qui  vient  du  ciel  est 
au-dessus  de  tous.  ^^  Il  atteste  ce  qu'il  a  vu  et  entendu  ; 
et  personne  ne  reçoit  son  témoignage!  ^^ Celui  qui  a 
reçu  son  témoignage  confirme  ainsi  que  Dieu  est  vrai. 
^^  Car  celui  que  Dieu  a  envoyé  prononce  les  paroles 
de  Dieu,  parce  que  Dieu  lui  donne  l'Esprit  sans  me- 
sure. ^^Le  Père  aime  le  Fils,  et  il  a  remis  toutes  choses 
entre  ses  mains.  ^^  Celui  qui  croit  au  Fils  a  la  vie  éter- 
nelle ;  celui  qui  refuse  de  croire  au  Fils  ne  verra  point 
la  vie,  mais  la  colère  de  Dieu  demeure  sur  lui. 

-  La  Samaritaine 

4  ^  Quand  le  Seigneur  eut  appris  que  les  pharisiens 
avaient  entendu  dire  qu'il  faisait  et  baptisait  plus  de 
disciples  que  Jean,  ^  —  toutefois  ce  n'était  pas  Jésus 
lui  même  qui  baptisait,  mais  c'étaient  ses  disciples, — 
^  il  quitta  la  Judée  et  retourna  en  Galilée.  ^'  Or  il  fallait 
qu'Û  passât  par  la  Samarie.  ^  Il  arriva  donc  à  une  ville 
de  Samarie,  nommée  Sichar,  près  du  champ  que  Jacob 
avait  donné  .à  Joseph,  son  fils.  ^Là  se  trouvait  le  puits 
de  Jacob.  Jésus,  fatigué  de  la  route,  s'assit  auprès 
du  puits  ;  c'était  environ  la  sixième  heure  ('). 

■^Une  femme  samaritaine  vint  puiser  de  l'eau. 
Jésus  lui  dit  :  Donne-moi  à  boire.  ^Car  ses  disciples 
étaient  allés  à  la  ville  pour  acheter  des  vivres.  ^La 
femme  samaritaine  lui  répondit  :  Comment,  toi  qui 
es  Juif,  me  demandes-tu  à  boire,  à  moi  qui  suis  une 
femme  samaritaine  ?  —  Les  Juifs,  en  effet,  n'ont  pas 
de  relations  avec  les  Samaritains.  —  "•  ^  Jésus  répondit 
et  lui  dit  :  Si  tu  connaissais  le  don  de  Dieu,  et  qui  est 
celui  qui  te  dit  :  «  Donne-moi  à  boire  »,  —  tu  lui  aurais 
demandé  toi-même  à  boire,  et  il  t'aurait  donné  une 
eau  vive.  ^  ^  La  femme  lui  dit  :  Seigneur,  tu  n'as  rien 
pour  puiser,  et  le  puits  est  profond  ;  d'où  aurais-tu 
donc  cette  eau  vive  ?  ^^  Es-tu  plus  grand  que  Jacob, 
notre  père,  qui  nous  a  donné  ce  puits  et  qui  en  a  bu 
lui-même,  aussi  bien  que  ses  fils  et  ses  troupeaux  1 

(1)  O'est-à-dire  à  midi. 

207 


4  :  13-32  SAINT  JEAN 

^^  Jésus  lui  répondit  :  Quiconque  boit  de  cette  eau 
aura  encore  soif  ;  ^''niais  celui  qui  boira  de  l'eau  que 
je  lui  donnerai  n'aura  plus  jamais  soif.  L'eau  que  je 
lui  donnerai  deviendra  en  lui  une  source  d'eau  qui 
jaillira  jusque  dans  la  vie  éternelle.  ^^La  femme  lui 
dit  :  Seigneur,  donne-moi  de  cette  eau,  afin  que  je 
n'aie  plus  soif,  et  que  je  ne  vienne  plus  ici  pour  pui- 
ser de  l'eau. 

^^  Jésus  lui  dit  :  Va,  appelle  ton  mari,  et  reviens. 
^^La  femme  répondit  :  Je  n'ai  point  de  mari.  Jésus 
reprit  :  Tu  as  raison  de  dire  :  Je  n'ai  point  de  mari  ; 
'^car  tu  as  eu  cinq  maris,  et  celui  que  tu  as  mainte- 
nant n'est  pas  ton  mari  ;  en  cela  tu  as  dit  vrai.  '^La 
femme  lui  dit  :  Seigneur,  je  vois  que  tu  es  un  prophète! 
^'^Nos  pères  ont  adoré  sur  cette  montagne  (');  et  vous 
dites,  vous,  que  le  lieu  où  il  faut  adorer  est  à  Jéru- 
salem. ^^ Jésus  lui  dit:  Femme,  crois-moi;  l'heure 
vient  où  vous  n'adorerez  plus  le  Père  ni  sur  cette  mon- 
tagne, ni  à  Jérusalem.  ^^Vous  adorez  ce  que  vous  ne 
connaissez  pas  ;  nous,  nous  adorons  ce  que  nous  con- 
naissons, car  le  salut  vient  des  Juifs.  ^^Mais  l'heure 
vient,  et  elle  est  déjà  venue,  où  les  vrais  adorateurs 
adoreront  le  Père  en  esprit  et  en  vérité  :  ce  sont  là 
les  adorateurs  que  le  Père  demande.  ^'*Dieu  est  Esprit, 
et  il  faut  que  ceux  qui  l'adorent,  l'adorent  en  esprit 
et  en  vérité.  -'^La  femme  lui  répondit  :  Je  sais  que  le 
Messie  —  c'est-à-dire  le  Christ  —  doit  venu"  ;  quand  il 
sera  venu,  il  nous  annoncera  toutes  choses.  ^"^  Jésus 
lui  dit  :  Je  le  suis,  moi  qui  te  parle. 

^'A  ce  moment,  ses  disciples  arrivèrent,  et  ils  fu- 
rent surpris  de  ce  qu'il  parlait  avec  une  femme. 
Pourtant,  aucun  d'eux  ne  lui  dit  :  Que  lui  demandes- 
tu  ?  ou  :  Pourquoi  parles -tu  avec  elle  ?  ^^La  femme 
laissa  donc  sa  cruche  et  s'en  alla  à  la  ville;  et  elle  dit 
aux  gens  de  l'endroit  :  ^^  Venez  voh^  un  homme  qui 
m'a  dit  tout  ce  que  j'ai  fait  :  ne  serait-ce  pas  le  Christ  ? 
^^  Alors  ils  sortirent  de  la  ville  et  allèrent  vers  Jésus. 

^^  Cependant  les  disciples  insistaient  auprès  de  lui, 
en  disant  :  Maître,  mange«   ^^11  leur  répondit  :  J'ai 

(l)Le  mont  Grarizim,  sur  lequeUes  Samantains  avaient  jadis  construit  un  temple. 

208 


SAINT  JEAK  4  :  33-47 

pour  me  nourrir  un  aliment  que  vous  ne  connaissez 
pas.  ^^Les  disciples  se  disaient  donc  l'un  à  l'autre: 
Quelqu'un  lui  aurait-il  apporté  à  manger?  -^'^ Jésus 
leur  dit  :  Ma  nourriture  est  de  faire  la  volonté  de  celui 
qui  m'a  envoyé,  et  d'accomplir  son  œuvre.  ^"^Ne  dites- 
vous  pas  qu'il  y  a  encore  quatre  mois  jusqu'à  la  mois- 
son ?  Mais  moi,  je  vous  dis  :  Levez  les  yeux  et  regardez 
les  campagnes,  qui  blanchissent  pour  la  moisson. 
^''Déjà  le  moissonneur  reçoit  son  salaire  et  amasse  du 
fruit  pour  la  vie  éternelle,  afin  que  le  semeur  et  le 
moissonneur  en  aient  ensemble  de  la  joie.  ^'^Car  c'est 
ici  qu'on  peut  dire  en  toute  vérité  :  Autre  est  le  semeur, 
autre  le  moissonneur.  ^^Je  vous  ai  envoyés  moisson- 
ner où  vous  n'aviez  pas  travaillé  ;  d'autres  ont  tra- 
vaillé, et  vous,  vous  êtes  entrés  dans  leur  travail. 

^^  Plusieurs  des  Samaritains  de  cette  ville  crurent 
en  lui,  à  cause  de  la  parole  de  la  femme  qui  lui  avait 
rendu  ce  témoignage  :  Il  m'a  dit  tout  ce  que  j'ai  fait. 
■^^Les  Samaritains,  étant  donc  venus  vers  lui,  le  priè- 
rent de  demeurer  chez  eux  ;  et  il  y  demeura  deux 
jours.  '"Il  y  en  eut  beaucoup  plus  qui  crurent  en  lui 
après  avoir  entendu  sa  parole.  ^-Et  ils  disaient  à  la 
femme  :  Ce  n'est  plus  à  cause  de  ce  que  tu  nous  as  dit, 
que  nous  croyons  ;  car  nous  l'avons  entendu  nous- 
mêmes,  et  nous  savons  que  c'est  lui  qui  est  véritable- 
ment le  Sauveur  du  monde. 


Betour  de  Jésus  en  Galilée  —  Guérison  du  fils 
d'un  officier  royal 

"^^  Après  ces  deux  jours,  Jésus  partit  de  là  et  s'en 
aUa  en  Galilée; — •  '  ''  car  il  avait  déclaré  lui-même  qu'un 
prophète  n'est  point  honoré  dans  sa  patrie — .  ''^Lors- 
qu'il fut  arrivé  en  Galilée,  il  fut  bien  reçu  des  Gali- 
léens  qui  avaient  vu  tout  ce  qu'il  avait  fait  à  Jéru- 
salem pendant  la  fête  ;  car  ils  étaient  aUés,  eux  aussi, 
à  la  fête. 

'^^11  vint  donc  de  nouveau  à  Cana  en  Galilée,  où 
il  avait  changé  l'eau  en  vin.  Or,  il  y  avait  à  Caper- 
naiim  un  officier  roj^al,  dont  le  fils  était  malade. 
^'Cet  officier,  ayant  appris  que  Jésus  était  venu  de 

209 


4  :  48-5  :  9  SAINT  JEAN 

Judée  en  Galilée,  alla  le  trouver  et  le  pria  de  descendre 
pour  guérir  son  fils  qui  était  mourant.  ''^  Jésus  lui 
dit:  Si  vous  ne  voyez  des  miracles  et  des  prodiges, 
vous  ne  croyez  pas!  ^^ L'officier  royal  lui  répondit  : 
Seigneur,  descends,  avant  que  mon  enfant  ne  meure! 
^^  Jésus  lui  dit  :  Va,  ton  fils  vit.  Cet  homme  crut  à  la 
parole  que  Jésus  lui  avait  dite,  et  il  s'en  alla. 

^' Comme  il  était  déjà  en  route,  ses  serviteurs  vin- 
rent à  sa  rencontre  et  lui  dirent  :  Ton  fils  vit.  ^^11 
leur  demanda  à  quelle  heure  il  s'était  trouvé  mieux. 
Ils  lui  répondirent:  Hier,  à  la  septième  heure  (^), 
la  fièvre  Fa  quitté.  '^^Le  père  reconnut  que  c'était  à 
cette  heure-là  que  Jésus  lui  avait  dit  :  Ton  fils  vit. 
Et  il  crut,  lui  et  toute  sa  maison.  ^  ''  Ce  nouveau  mira- 
cle fut  le  second  que  Jésus  fit,  à  son  retour  de  Judée 
en  Galilée. 

Jésus  à  Jérusalem  —  Le.  paralytique  de  Béthesdd 

5  ^  Après  cela,  il  y  eut  une  fête  des  Juifs,  et  Jésus 
monta  à  Jérusalem.  ^  Or,  il  y  a  à  Jérusalem,  près  de 
la  porte  des  Brebis,  un  réservoir  d'eau,  appelé  en  hé- 
breu Béthesda  (-),  qui  est  entouré  de  cinq  portiques. 
^Là  se  trouvaient  couchés  un  grand  nombre  de  ma- 
lades, des  aveugles,  des  impotents,  des  paralytiques, 
[qui  attendaient  l'agitation  de  l'eau;  ''car  un  ange 
descendait  de  temps  en  temps  dans  le  réservoir  et 
mettait  l'eau  en  mouvement  ;  et  le  premier  qui  des- 
cendait dans  le  réservoir,  après  que  l'eau  avait  été  agi- 
tée, était  guéri,  de  quelque  maladie  qu'il  fût  atteint]  (^). 

^11  y  avait  là  un  homme  qui  était  malade  depuis 
trente-huit  ans.  ^  Jésus,  le  voyant  couché  et  sachant 
qu'il  était  malade  depuis  longtemps,  lui  dit  :  Veux- 
tu  être  guéri  ?  ^Le  malade  lui  répondit  :  Seigneur, 
je  n'ai  personne  pour  me  jeter  dans  le  réservoir, 
quand  Teau  est  agitée;  et,  pendant  que  j'y  vais, 
un  autre  y  descend  avant  moi.  ^  Jésus  lui  dit:  Lève- 
toi,  prends  ton  lit  et  marche.  ^  Et  aussitôt  cet  homme 

(a)  Le  passage    qui  est  placé   entre  crochets   manque   dans   les  principaux 
manuscrits. 

(1)  Une  heure  de  l'après-midi. 

(2)  Béthesda  signifie  maison  de  miséricorde. 

210 


SAINT   JEAK  5  :  iO-2A 

fut  guéri  ;  il  prit  son  lit  et  se  mit  à  marcher.  Or  c'était 
un  jour  de  sabbat. 

Accusations  des  Juifs  et  discours  de  Jésus 

''^  Alors  les  Juifs  dirent  à  celui  qui  avait  été  guéri  : 
C'est  le  jour  du  sabbat  ;  il  ne  t'est  pas  permis  d'em- 
porter ton  lit.  ^  ^  Il  leur  répondit  :  Celui-là  même  qui 
m'a  guéri,  m'a  dit:  Prends  ton  lit  et  marche.  '^Ils 
lui  demandèrent  :  Qui  est  cet  homme  qui  t'a  dit  : 
Prends  ton  lit  et  marche  ?  ^^Mais  celui  qui  avait  été 
guéri  ne  savait  pas  qui  c'était  :  car  Jésus  avait  dis- 
paru dans  la  foule  qui  se  trouvait  dans  cet  endroit. 

^  ^*  Plus  tard,  Jésus  le  trouva  dans  le  temple  et  lui  dit  : 
Te  voilà  guéri  ;  ne  pèche  plus,  de  peur  qu'il  ne  t'ar- 
rive  quelque  chose  de  pire.  ^-^Cet  homme  alla  dire 
aux  Juifs  que  c'était  Jésus  qui  l'avait  guéri.  ^'' C'est 
pourquoi,  les  Juifs  poursuivaient  Jésus,  parce  qu'il 
faisait  ces  miracles  le  jour  du  sabbat.  '  ^  Mais  il  leur  dit  : 
Mon  Père  travaille  jusqu'à  présent,  et  moi,  je  travaille 
aussi.  '^A  cause  de  cela,  les  Juifs  cherchaient  encore 
davantage  à  le  faire  mourir,  non  seulement  parce 
qu'il  violait  le  sabbat,  mais  encore  parce  qu'il  disait 
que  Dieu  était  son  propre  Père,  se  faisant  égal  à  Dieu. 

^^  Jésus  prit  donc  la  parole  et  leur  dit  :  En  vérité, 
en  vérité,  je  vous  le  déclare,  le  Fils  ne  peut  rien  faire 
de  lui-même  :  il  ne  fait  que  ce  qu'il  voit  faire  au  Père  ; 
car  tout  ce  que  le  Père  fait,  le  Fils  aussi  le  fait  pareille- 
ment. ^'^Le  Père  aime  le  Fils  et  lui  montre  tout  ce 
qu'il  fait  ;  il  lui  montrera  des  œuvres  plus  grandes 
que  celles-ci,  afin  que  vous  soyez  dans  l'étonnement. 
^  '  En  effet,  de  même  que  le  Père  ressuscite  les  morts  et 
leur  donne  la  vie,  de  même  le  Fils  donne  la  vie  à  qui 
il  veut.  2^  Le  Père  aussi  ne  juge  personne,  mais 
il  a  remis  au  Fils  le  jugement  tout  entier,  --^afin  que 
tous  honorent  le  Fils,  comme  ils  honorent  le  Père. 
Celui  qui  n'honore  pas  le  Fils,  n'honore  pas  le  Père 
qui  l'a  envoyé. 

^^En  vérité,  en  vérité,  je  vous  le  dis,  celui  qui 
écoute  ma  parole  et  croit  en  Celui  qui  m'a  envoyé,  a 
la  vie  éternelle,  et  il  ne  vient  pas  en  jugement,  mais 

211 


5  :  25-53  SAINT   JEAN 

il  est  passé  de  la  mort  à  la  vie.  ^^En  vérité,  en  vérité, 
je  vous  le  dis,  l'heure  vient,  et  elle  est  déjà  venue, 
où  les  morts  entendront  la  voix  du  Fils  de  Dieu, 
et  ceux  qui  l'auront  entendue  vivront.  ^^Car,  comme 
le  Père  a  la  vie  en  lui-même,  il  a  aussi  donné  au  Fils 
d'avoir  la  vie  en  lui-même.  ^^  Il  lui  a  donné  le  pou- 
voir d'exercer  le  jugement,  parce  qu'il  est  le  Fils  de 
l'homme.  ^^Ne  soyez  point  étonnés  de  cela  ;  car  l'heure 
vient  où  tous  ceux  qui  sont  dans  les  sépulcres  enten- 
dront sa  voix  et  en  sortiront  :  -^ceux  qui  auront  fait 
le  bien  ressusciteront  pour  la  vie,  et  ceux  qui  auront 
fait  le  mal  ressusciteront  pour  le  jugement.  ^^Je  ne 
puis  rien  faire  de  moi-même  ;  je  juge  d'après  ce  que 
j'entends,  et  mon  jugement  est  juste,  parce  que  je 
ne  cherche  pas  ma  volonté,  mais  la  volonté  de  Celui 
qui  m'a  envoyé. 

^'Si  je  me  rends  témoignage  à  moi-même,  mon 
témoignage  n'est  pas  digne  de  foi.  ^-11  y  en  a  un  autre 
qui  me  rend  témoignage,  et  je  sais  que  le  témoignage 
qu'il  me  rend  est  digno  de  foi.  ^^Vous  avez  envoyé  à 
Jean  des  messagers,  et  il  a  rendu  témoignage  à  la 
vérité.  ^''Pour  moi,  ce  n'est  pas  le  témoignage  d'un 
homme  que  j'invoque  ;  mais  je  parle  ainsi,  afin  que 
vous  soyez  sauvés.  -'•^11  était  le  flambeau  allumé  et 
brillant,  et  vous  avez  voulu,  pour  un  peu  de  temps, 
vous  réjouir  à  sa  lumière.  ^'^Mais  moi,  j'ai  un  témoi- 
gnage plus  grand  que  celui  de  Jean  ;  car  les  œuvres 
que  le  Père  m'a  donné  d'accomplir,  ces  œuvres-là 
que  je  fais  rendent  à  mon  sujet  ce  témoignage,  que 
le  Père  m'a  envoyé.  ^'^Et  le  Père  qui  m'a  envoyé  m'a 
lui-même  rendu  témoignage.  Vous  n'avez  jamais  en- 
tendu sa  voix,  vous  n'avez  jamais  vu  sa  face,  ^^et 
sa  parole  ne  demeure  pas  en  vous,  puisque  vous  ne 
croyez  pas  celui  qu'il  a  envoyé.  ^^Vous  sondez  les 
Ecritures,  parce  que  vous  pensez  avoir  par  elles  la 
vie  éternelle  :  ce  sont  elles  qui  rendent  témoignage  de 
moi.  ^"Et  vous  ne  voulez  pas  venir  à  moi,  pour  avoir 
la  vie  ! 

-*  '  Je  ne  cherche  point  la  gloire  qui  vient  des  hom- 
mes ;  ^-mais  je  sais  que  vous  n'avez  pas  l'amour  de 
Dieu  en  vous.   ''^Je  suis  venu  au  nom  de  mon  Père, 

212 


SAINT   JEAN  5  :  44-6  M 3 

et  vous  ne  me  recevez  pas.  Qu'un  autre  vienne  en 
son  propre  nom,  vous  le  recevrez.  ^"'Comment  pouvez- 
vous  croire,  vous  qui  recevez  votre  gloire  les  uns  des 
autres,  et  ne  recherchez  pas  la  gloire  qui  vient  de  Dieu 
seul  ?  '''^Ne  pensez  pas  que  ce  soit  moi  qui  doive  vous 
accuser  devant  le  Père  ;  celui  qui  vous  accusera, 
c'est  Moïse,  en  qui  vous  avez  mis  votre  espérance. 
^^Car  si  vous  croyiez  Moïse,  vous  me  croiriez  aussi; 
en  effet,  c'est  à  mon  sujet  qu'il  a  écrit.  ''"^Mais  si  vous 
ne  croyez  pas  à  ses  écrits,  comment  croiriez-vous  à 
mes  paroles  ? 

Jésus  en  Galilée  —  Multiplication 
des  pains 

(Voj^  Matth.  14   :  13-21  ;  Marc  6  :  30-44  ;  Luc  9   :  10-17) 

6  '' Après  cela,  Jésus  passa  de  l'autre  côté  de  la 
mer  de  Galilée,  ou  de  Tibériade.  -  Et  une  grande  foule 
le  suivait,  parce  qu'elle  voyait  les  miracles  qu'il  opérait 
sur  ceux  qui  étaient  malades.  -"^Mais  Jésus  monta  sur 
la  montagne,  où  il  s'assit  avec  ses  disciples.  '''Or, 
ia  Pâque,  la  fête  des  Juifs,  était  proche.  ^  Ayant  levé 
les  yeux  et  voyant  une  grande  foule  qui  venait  à 
lui,  Jésus  dit  à  Philippe  :  Où  achèterons-nous  des  ^Dains, 
afin  que  ces  gens  aient  à  manger  ?  *"  Il  disait  cela  pour 
l'éprouver,  car  il  savait  bien  ce  qu'il  allait  faire. 
^  Philippe  lui  répondit  :  Deux  cents  deniers  (  '  )  de 
pain  ne  suffiraient  pas  pour  en  donner  un  peu  à  cha- 
cun. ^Un  de  ses  disciples,  André,  frère  de  Simon  Pierre, 
lui  dit  :  ^  Il  y  a  ici  un  petit  garçon,  qui  a  cinq  pains 
d'orge  et  deux  poissons  ;  mais  qu'est-ce  que  cela 
pour  tant  de  gens  ? 

^^  Alors  Jésus  dit  :  Faites-les  asseoir.  Or,  il  y  avait 
beaucoup  d'herbe  en  ce  lieu-là.  Ils  s'assirent  donc, 
au  nombre  d'environ  cinq  mille  hommes.  ^  '  Jésus  prit 
les  pains,  et,  après  avoir  rendu  grâces,  il  les  distribua 
à  ceux  qui  étaient  assis  ;  il  leur  donna  de  même  des 
poissons,  autant  qu'ils  en  voulaient.  ^-Lorsqu'ils 
furent  rassasiés,  il  dit  à  ses  disciples  :  Ramassez  les 
morceaux  qui  restent,  afin  que  rien  ne  se  perde.  ^^Ils 

(1)  Deux  cents  deniers  représentaient  iine  somme  de  180  fr.  environ.  (Voir 
note  sur  Matth.  18  :  28.) 

213 


6  :  U-2&  SAINT  JEAN 

les  ramassèrent  donc,  et  ils  remplirent  douze  paniers 
des  morceaux  qui  étaient  restés  des  cinq  pains  d'orge, 
après  qu'on  eut  mangé. 

^'^Ces  gens,  ayant  vu  le  miracle  que  Jésus  avait 
fait,  disaient  :  Celui-ci  est  vraiment  le  prophète  qui 
doit  venir  dans  le  monde.  *^  Alors  Jésus,  sachant  qu'ils 
allaient  venir  l'enlever  pour  le  faire  roi,  se  retira  de 
nouveau  seul  sur  la  montagne. 

Jésus  marche  sur  la  mer 

(Voy.  Matth.  14  :  22-36  ;  Marc  6  :  45-56) 

^^  Quand  le  soir  fut  venu,  ses  disciples  descendirent 
au  bord  de  la  mer;  '  ''  et,  étant  entrés  dans  une  barque, 
ils  se  dirigeaient  de  l'autre  côté,  vers  Capernaûm. 
L'obscurité  les  surprit,  et  Jésus  ne  les  avait  pas  en- 
core rejoints.  ^^Le  vent  soufflait  avec  violence,  de 
sorte  que  la  mer  était  fort  agitée.  ^  ^  Quand  ils  eurent 
ramé  environ  vingt-cinq  ou  trente  stades  (^),  ils  virent 
Jésus  qui  marchait  sur  la  mer  et  qui  s'approchait 
de  la  barque  ;  et  ils  eurent  peur.  ^^Mais  il  leur  dit  : 
C'est  moi,  n'ayez  point  de  peur!  ^^Ils  voulurent  alors 
le  prendre  dans  la  barque  ;  et  aussitôt,  la  barque  aborda 
au  lieu  où  ils  allaient. 

Le  pain  de  vie 

^^La  foule,  restée  de  l'autre  côté  de  la  mer,  avait 
remarqué  qu'il  n'y  avait  là  qu'une  seule  barque,  et 
que  Jésus  n'y  était  pas  entré  avec  ses  disciples,  mais 
que  les  disciples  étaient  partis  seuls.  ^^Le  lendemain, 
comme  d'autres  barques  étaient  arrivées  de  Tibé- 
riade  près  du  lieu  où  ils  avaient  mangé,  après  que  le 
Seigneur  eut  rendu  grâces,  ^'la  foule,  voyant  que 
Jésus  n'était  point  là,  ni  ses  disciples,  entra  dans  ces 
barques  et  vint  à  Capernaiim,  pour  y  chercher  Jésus. 
^^Et  l'ayant  trouvé  de  l'autre  côté  de  la  mer,  ils  lui 
dirent  :  Maître,  quand  es-tu  arrivé  ici  ?  ^^  Jésus  leur  ré- 
pondit :  En  vérité,  en  vérité,  je  vous  le  dis,  vous  me 

(1)  Le  stade  valait  à  peu  près  deux  cents  mètres  :  25  ou  30  stades  faisaient 
donc  de  5  à  6  kilomètres.  Le  lac  de  Tibériade  a  de  20  à  24  kilomètres  de 
longueur,  et  de  12  à  16  de  largeur. 

214 


SAINT  JEAN  (î  :  27- A 2 

cherchez,  non  parce  que  vous  avez  vu  des  miracles, 
mais  parce  que  vous  avez  mangé  des  pains  et  que  vous 
avez  été  rassasiés.  ^^ Recherchez,  non  la  nourriture  qui 
périt,  mais  celle  qui  subsiste  jusque  dans  la  vie  éter- 
nelle, et  que  le  Fils  de  l'homme  vous  donnera  ;  car 
c'est  lui  que  le  Père,  Dieu  lui-même,  a  marqué  de 
son  sceau.  ^^Ils  lui  dirent:  Que  ferons-nous  pour 
travailler  aux  œuvres  de  Dieu  ?  ^^  Jésus  leur  répondit  : 
C'est  ici  l'œuvre  de  Dieu,  que  vous  croyiez  en  Celui 
qu'il  a  envoyé. 

^^  Alors  ils  lui  dirent  :  Quel  miracle  fais -tu  donc, 
afin  que  nous  le  voyions,  et  que  nous  croyions  en  toi  1 
Quelle  œuvre  fais  -  tu  ?  ^*Nos  pères  ont  mangé  la 
manne  dans  le  désert,  suivant  ce  qui  est  écrit  :  «  Il 
leur  a  donné  à  manger  le  pain  venu  du  ciel  (').  » 
•^^  Jésus  leur  dit  :  En  vérité,  en  vérité,  je  vous  le  dis, 
Moïse  ne  vous  a  point  donné  le  pain  du  ciel  ;  mais 
mon  Père  vous  donne  le  vrai  pain,  qui  vient  du  ciel. 
^^Car  le  pain  de  Dieu  est  celui  qui  descend  du  ciel, 
et  qui  donne  la  vie  au  monde.  ^  '  Ils  lui  dirent  :  Sei^ 
gneur,  donne-nous  toujours  ce  pain -là  !  ^^  Jésus  leur 
dit  :  Je  suis  le  pain  de  vie  ;  celui  qui  vient  à  moi  n'aura 
jamais  faim,  et  celui  qui  croit  en  moi  n'aura  jamais 
soif.  ^''Mais  je  vous  l'ai  dit  :  Vous  avez  vu,  et  vous  ne 
croyez  pas.  "^"^Tout  ce  que  le  Père  me  donne  viendra 
à  moi,  et  je  ne  mettrai  point  dehors  celui  qui  vient 
à  moi.  ^^Car  je  suis  descendu  du  ciel  pour  faire,  non 
ma  volonté,  mais  la  volonté  de  Celui  qui  m'a  envoyé. 
^^Or,  la  volonté  de  Celui  qui  m'a  envoyé,  c'est  que 
je  ne  perde  aucun  de  ceux  qu'il  m'a  donnés,  mais 
que  je  les  ressuscite  au  dernier  jour.  ''^ C'est  ici  la 
volonté  de  mon  Père,  que  quiconque  contemple  le 
Fils  et  croit  en  lui,  ait  la  vie  éternelle  ;  et  moi,  je  le 
ressusciterai  au  dernier  jour. 

''^Cependant,  les  Juifs  murmuraient  contre  lui, 
parce  qu'il  avait  dit  :  Je  suis  le  pain  descendu  du  ciel. 
''^Et  ils  disaient  :  N'est-ce  pas  là  Jésus,  le  fils  de 
Joseph,  dont  nous  connaissons  le  père  et  la  mère  ? 
Comment  donc   dit-il  :   Je  suis   descendu   du   ciel  ? 

(1)  Psaume  78  :  24, 

215 


6  :  43-62  SAINT  JEAN 

^^  Jésus  leur  répondit  :  Ne  murmurez  pas  entre  vous. 
'"''Personne  ne  peut  venir  à  moi,  si  le  Père  qui  m'a  en- 
voyé ne  l'attire;  et  je  le  ressusciterai  au  dernier  jour. 
■''  ''  Il  est  écrit  dans  les  prophètes  :  «  Ils  seront  tous  en- 
seignés de  Dieu  (^).  »  Quiconque  a  écouté  le  Père  et  a 
été  instruit  par  lui,  vient  à  moi.  ^'"^Ce  n'est  pas  que 
personne  ait  vu  le  Père,  si  ce  n'est  celui  qui  vient  de 
Dieu;  celui-là  a  vu  le  Père.  ^'"^En  vérité,  en  vérité, 
je  vous  le  dis,  celui  qui  croit  a  la  vie  éternelle.  '^^Je 
suis  le  pain  de  vie.  '^Vos  pères  ont  mangé  la  manne 
dans  le  désert,  et  ils  sont  morts.  ''^' C'est  ici  le  pain  qui 
descend  du  ciel,  afin  que  celui  qui  en  mange  ne  meure 
point.  ^' Je  suis  le  pain  vivant,  qui  est  descendu  du 
ciel  ;  si  quelqu'un  mange  de  ce  pain,  il  vivra  éternel- 
lement ;  et  le  pain  que  je  donnerai  pour  la  vie  du 
monde,  c'est  ma  chair. 

^■^ Là-dessus,  les  Juifs  disputaient  entre  eux,  disant  : 
Comment  cet  homme  peut-il  nous  donner  sa  chair 
à  manger  ?  -'^  Jésus  leur  dit  alors  :  En  vérité,  en  vérité, 
je  vous  le  dis,  si  vous  ne  mangez  la  chair  du  Eiis  de 
l'homme,  et  si  vous  ne  buvez  son  sang,  vous  n'avez 
point  la  vie  en  vous-mêmes.  ^^  Celui  qui  mange  ma  chair 
et  qui  boit  mon  sang,  a  la  vie  éternelle  ;  et  je  le  res- 
susciterai au  dernier  jour.  ^'^Car  ma  chak  est  vraiment 
une  nourriture,  et  mon  sang  est  vraiment  un  breu- 
vage. ^^' Celui  qui  mange  ma  chair  et  boit  mon  sang, 
demeure  en  moi,  et  moi  en  lui.  " ''  De  même  que  le  Père, 
qui  m'a  envoyé,  est  vivant,  et  que  moi,  je  vis  par  le 
Père,  de  même  aussi,  celui  qui  me  mange  vivra  par 
moi.  ^^  C'est  ici  le  pain  qui  est  descendu  du  ciel.  Il 
n'en  est  pas  de  lui  comme  de  la  manne  que  vos  pères 
ont  mangée...,  et  ils  sont  morts  ;  celui  qui  mange  ce 
pain  vivra  éternellement. 

^^  Jésus  dit  ces  choses,  en  enseignant  dans  la  syna- 
gogue, à  Capernaiim.  ^^"^  Plusieurs  de  ses  disciples, 
l'ayant  entendu,  dirent  :  Cette  parole  est  dure  ;  qui 
peut  l'écouter  ?  ^  '  Mais  Jésus,  connaissant  en  lui- 
même  que  ses  disciples  murmuraient  à  ce  sujet,  leur 
dit:  Cela  vous  scandalise-t-il ?  ^^Que  sera-ce  donc,  si 

(1)  Ésaïe  54  :  13. 

216 


SAINT   JEAN  6  :  63-7  :  6 

VOUS  voyez  le  Fils  de  l'homme  monter  où  il  était  aupa- 
ravant? ^-^  C'est  l'esprit  qui  vivifie,  la  chair  ne  sert  de 
rien.  Les  paroles  que  je  vous  ai  dites  sont  esprit  et 
vie.  ^^Mais  il  y  en  a  parmi  vous  qui  ne  croient  pas. 
Car  Jésus  savait,  dès  le  commencement,  quels  étaient 
ceux  qui  ne  croyaient  pas,  et  quel  était  celui  qui 
le  trahirait.  ^^Et  il  disait  :  C'est  à  cause  de  cela  que 
je  vous  ai  dit  que  personne  ne  peut  venir  à  moi,  si 
cela  ne  lui  a  pas  été  donné  par  le  Père. 

Confession  de  Pierre 

(Comp.  Matth.  16  :  13-28  ;  Marc  8  :  27-38  ;  9  :  1  ;  Luc  9  :  18-27) 

^"Dès  ce  moment,  plusieurs  de  ses  disciples  se  reti- 
rèrent, et  ils  n'allaient  plus  avec  lui.  ^^Et  Jésus  dit  aux 
Douze  :  Et  vous,  voulez-vous  aussi  vous  en  aller  ? 
*'^  Simon  Pierre  lui  répondit  :  Seigneur,  à  qui  irions- 
nous  ?  Tu  as  les  paroles  de  la  vie  éternelle  ;  ^^et  nous 
avons  cru,  et  nous  avons  connu  que  tu  es  le  Saint  de 
Dieu  (*=').  '^^  Jésus  leur  répondit  :  Ne  vous  ai-je  pas 
choisis,  vous  les  Douze  ?  Et  l'un  de  vous  est  un  dé- 
mon !7'  Or  il  parlait  de  Judas,  fils  de  Sim_on  Iscariote  ; 
car  c'était  lui,  l'un  des  Douze,  qui  devait  le  trahir. 

Jésus   à  Jérusalem,    pendant   la  fête 
des   Tabernacles 

7  ^  Après  cela,  Jésus  se  mit  à  parcourir  la  Galilée  : 
il  ne  voulait  pas  parcourir  la  Judée,  parce  que  les 
Juifs  cherchaient  à  le  f^ire  mourir. 

"^Or  la  fête  des  Juifs,  dite  des  Tabernacles  ('), 
approchait.  ^  Et  ses  frères  lui  dirent  :  Pars  d'ici,  et 
va  en  Judée,  afin  que  tes  disciples  y  voient  aussi  les 
œuvres  que  tu  fais.  '''  On  ne  fait  rien  en  secret,  quand 
on  cherche  à  se  faire  connaître.  Puisque  tu  fais  ces 
choses,  manifeste-toi  au  monde.  ^Car  ses  frères  eux- 
mêmes  ne  croyaient  pas  en  lui. 

^ Jésus  leur  dit  :  Mon  temps  n'est  pas  encore  venu; 

(rt)  Quelques  man.  ont  :  le  Christ,  le  Fils  du  Dieu  vivant. 

(1)  La  fête  des  Tabernacles  ou  des  Tentes,  ainsi  appelée  parce  que  les  Juifs 
demeuraient  pendant  une  semaine  sous  des  tentes,  eu  souvenir  du  séjour  au 
désert,  se  célébrait  en  automne. 

217 


7  :  7-2i  SAINT   JEAN 

pour  VOUS,  le  temps  est  toujours  favorable.  "^  Le  monde 
ne  peut  vous  haïr  ;  mais  il  me  hait,  parce  que  je  rends 
à  son  sujet  ce  témoignage,  que  ses  œuvres  sont  mau- 
vaises. ^Vous,  montez  à  cette  fête  ;  pour  moi,  je  ne 
monte  pas  à  cette  fête,  parce  que  mon  temps  n'est  pas 
encore  accompli.  '^  Après  leur  avoir  dit  cela,  il 
demeura  en  Galilée. 

"■^  Lorsque  ses  frères  furent  montés  à  la  fête,  il  y 
monta,  lui  aussi,  mais  comme  en  secret,  et  non  pas 
publiquement.  '  '  Les  Juifs  le  cherchaient  donc  pen- 
dant la  fête,  et  ils  disaient  :  Où  est- il  ?  ^^Et  il  y. avait 
dans  la  foule  une  grande  rumeur  à  son  sujet.  Les  uns 
disaient  :  C'est  un  homme  de  bien  ;  et  les  autres  di- 
saient :  Non  certes  ;  il  séduit  le  peuple  !  ^  ^  Toutefois,  per- 
sonne ne  parlait  librement  de  lui,  par  crainte  des  Juifs. 

Enseignement  de  Jésus  dans  le  Temple 

^'•On  était  déjà  au  milieu  de  la  fête,  lorsque  Jésus 
monta  au  temple  et  se  mit  à  enseigner.  '"^Les  Juifs, 
étonnés,  disaient  :  Comment  cet  homme  connaît-il 
les  Écritures,  lui  qui  n'a  pas  étudié  ?  ^^  Jésus  leur 
répondit  :  Ma  doctrine  n'est  pas  de  moi,  mais  de  Celui 
qui  m'a  envoyé.  '^Si  quelqu'un  veut  faire  la  volonté 
de  Dieu,  il  connaîtra  si  ma  doctrine  est  de  Dieu,  ou 
si  je  parle  de  mon  chef.  '^  Celui  qui  parle  de  son  chef 
cherche  sa  propre  gloire  ;  mais  celui  qui  cherche  la 
gloire  de  celui  qui  l'a  envoyé,  est  digne  de  foi,  et  il 
n'y  a  point  d'injustice  en  lui.  ''^  Moïse  ne  vous  a-t-il 
pas  donné  la  loi  ?  Et  aucun  de  vous  n'observe  la  loi  ! 
Pourquoi  cherchez-vous  à  me  faire  mourir  ?  "^"La 
foule  répondit  :  Tu  es  possédé  d'un  démon  ;  qui  est-ce 
qui  cherche  à  te  faire  mourir  ?  ^'  Jésus  répondit  et  leur 
dit  :  J'ai  fait  une  œuvre,  et  vous  en  êtes  tous  étonnés. 
^^  Moïse  vous  a  donné  la  circoncision  — -  non  pas  qu'elle 
vienne  de  Moïse;  elle  vient  des  patriarches—,  et  vous 
circoncisez  un  homme  le  jour  du  sabbat!  ^-^Si  un 
homme  reçoit  la  circoncision  le  jour  du  sabbat,  afin 
que  la  loi  de  Moïse  ne  j^oit  pas  violée,  pourquoi  vous 
irritez-vous  contre  moi,  parce  que  j'ai  guéri  un  homme 
dans  tout  son  corps  le  jour  du  sabbat  ?  ^''Ne  jugez 
pas  sur  l'apparence,  mais  jugez  selon  la  justice. 

218 


SAINT   JEAN  7  :  25-39 

Opinions  diverses  des  Juifs  sur  Jésus  —  Projets 
d'arrestation 

^^Quelques-uns  des  habitants  de  Jérusalem  di- 
saient ;  N'est-ce  pas  là  celui  qu'on  cherche  à  faire 
mourir  ?  ^^Le  voici  qui  parle  librement,  et  on  ne  lui 
dit  rien.  Les  chefs  auraient-ils  vraiment  reconnu 
qu'il  est  le  Christ  ?  ^'^Nous  savons  pourtant  d'où 
est  celui-ci  ;  or,  quand  le  Christ  viendra,  personne 
ne  saura  d'où  il  est. 

-^  Alors  Jésus,  enseignant  dans  le  temple,  s'écria  : 
Vous  me  connaissez,  et  vous  savez  d'où  je  suis  !  Je 
ne  suis  pas  venu  de  moi-même,  mais  Celui  qui  m'a 
envoyé  est  véritable,  et  vous  ne  le  connaissez  pas. 
^^Moi,  je  le  connais  ;  car  je  viens  de  lui,  et  c'est  lui 
qui  m'a  envoyé.  ^^Hs  cherchaient  donc  à  l'arrêter; 
cependant,  personne  ne  mit  la  main  sur  lui,  parce 
que  son  heure  n'était  pas  encore  venue.  ^^Mais,  parmi 
le  peuple,  plusieurs  crurent  en  lui,  et  ils  disaient: 
Quand  le  Christ  viendra,  fera-t-il  plus  de  miracles  que 
n'en  a  fait  celui-ci  ?  ^"^  Les  pharisiens  entendirent  les 
propos  que  la  foule  tenait  à  son  sujet  ;  et,  de  concert 
avec  eux,  les  principaux  sacrificateurs  envoyèrent 
des  agents  pour  s'em23arer  de  lui. 

^•^  Jésus  dit  alors  :  Je  suis  encore  avec  vous  pour  un 
peu  de  temps  ;  puis,  je  m'en  vais  à  Celui  qui  m'a 
envoyé.  "^^Vous  me  chercherez,  et  vous  ne  me  trou- 
verez pas,  et  là  où  je  suis,  vous  ne  pouvez  venir. 
^•'^Les  Juifs  se  dirent  entre  eux  :  Où  doit-t-il  donc 
aller,  que  nous  ne  le  trouverons  pas  ?  Doit-il  aller  vers 
ceux  qui  sont  dispersés  (  '  )  parmi  les  Grecs,  et  enseigner 
les  Grecs  ?  ^*'Que  signifie  ce  qu'il  a  dit  :  Vous  me  cher- 
cherez, et  là  où  je  serai,  vous  ne  pouvez  venir  ? 

•^"Le  dernier,  le  grand  jour  de  la  fête,  Jésus  était  là, 
debout,  et  il  s'écria  :  Si  quelqu'un  a  soif,  qu'il  vienne 
à  moi,  et  qu'il  boive.  ^^  Celui  qui  croit  en  moi,  des 
fleuves  d'eau  vive,  comme  l'a  dit  l'Écriture  (^),  cou- 
leront de  son  sein.  ^^  Il  disait  cela  de  l'Esprit  que  dé- 
fi) Oiî  appelait  les  dispersés  ceux  des  Jiiifs  qiii  habitaient  à  Tétrauger,  en 
terre  païenne. 

(2)  Voy.  Zacharie  14  :  8  ;  Ésaïe  58  :  11. 

219 


7  :  40-8  :  4  SAINT  JEAN 

vaient  recevoir  ceux  qui  croiraient  en  lui;  car  l'Esprit 
n'avait  pas  encore  été  donné,  parce  que  Jésus  n'était 
pas  encore  glorifié.  ^^  Plusieurs  parmi  la  foule,  ayant 
entendu  ces  paroles,  disaient  :  Celui-ci  est  véritable- 
ment le  prophète.  D'autres  disaient  :  C'est  le  Christ. 
■^^Et  d'autres  :  Mais  le  Christ  viendra-t-il  de  la  Ga- 
lilée ?  ^2  L'Ecriture  ne  dit-elle  pas  que  c'est  de  la 
famille  de  David  et  du  village  de  Bethléhem,  d'où 
était  David,  que  le  Christ  doit  sortir  ?  ''^Le  peuple 
était  donc  divisé  à  son  sujet.  ^''Et  quelques-uns 
d'entre  eux  voulaient  l'arrêter;  mais  personne  ne  mit 
la  main  sur  lui. 

^^Les  agents  retournèrent  donc  vers  les  principaux 
sacrificateurs  et  les  pharisiens;  et  ceux-ci  leur  dirent: 
Pourquoi  ne  l'avez-vous  pas  amené  ?  ^^Les  agents 
répondirent  :  Ja.mais  homme  n'a  parlé  comme  cet 
homme  !  ''^Les  pharisiens  leur  dirent  :  Avez-vous  été 
séduits,  vous  aussi  ?  "''^Y  a-t-il  un  seul  des  chefs  ou 
des  pharisiens  qui  ait  cru  en  lui  ?  ^^Mais  cette  popu- 
lace, qui  ne  connaît  point  la  loi,  est  exécrable!  ^"Nico- 
dème  —  celui  qui  était  venu  précédemment  trouver 
Jésus  et  qui  était  l'un  d'entre  eux  —  leur  dit  :  ^^  Notre 
loi  juge-t-elle  un  homme  sans  qu'on  l'ait  entendu 
d'abord,  et  sans  qu'on  ait  pris  connaissance  de  ce  qu'il 
a  fait  ?  ^-Ils  lui  répondirent  :  Es-tu  Galiléen,,  toi 
aussi  ?  Informe-toi,  et  tu  verras  qu'il  ne  sort  pas  de 
prophète  de  la  Galilée. 

La  femme  adultère 
^^  [Chacun  s'en  alla  dans  sa  maison  («). 

8    ^  Jésus  alla  sur  la  montagne  des  Oliviers. 

^Mais  au  point  du  jour,  il  retourna  dans  le  temple; 
et  comme  tout  le  peuple  venait  à  lui,  il  s'assit,  et 
il  se  mit  à  les  enseigner. 

^  Alors  les  scribes  et  les  pharisiens  lui  amenèrent 
une  femme  qui  avait  été  surprise  en  délit  d'adultère; 
et,  l'ayant  placée  au  milieu  de  la  foule,  ^ils  dirent  à 
Jésus  :  Maître,  cette  femme  a  été  prise  en  fig,grant 

[a)   Le  passage  que  nous  plaçons  entre  deux  crochets   (7  :  53   à   S  :   11) 
manque  dans  les  plus  anciens  manuscrits. 

220 


SAINT  JEAN  8  :  5-^9 

délit  d'adultère.  ^Or,  Moïse  nous  a  ordonné  dans  la 
loi  de  lapider  ces  sortes  de  personnes  (^)  ;  —  et  toi, 
qu'en  dis-tu  ?  ^Ils  disaient  cela  pour  le  mettre  à 
l'épreuve,  afin  de  pouvoir  l'accuser.  Mais  Jésus, 
s'étant  baissé,  écrivait  avec  le  doigt  sur  la  terre. 
''Comme  ils  continuaient  à  l'interroger,  il  se  releva 
et  leur  dit  :  Que  celui  de  vous  qui  est  sans  péché  lui 
jette  le  premier  la  pierre.  ^Et,  s'étant  baissé  de  nou- 
veau, il  écrivait  sur  la  terre.  ^  Quand  ils  entendirent 
cette  parole,  ils  sortirent  l'un  après  l'autre,  en  com- 
mençant par  les  plus  âgés  ;  et  Jésus  resta  seul  avec 
la  femme,  qui  était  là  au  milieu.  ^^  Alors,  Jésus, 
s'étant  relevé,  et  ne  voyant  personne  que  la  femme, 
lui  dit  :  Femme,  où  sont-iLs,  ceux  qui  t'accusaient  ? 
Personne  ne  t'a-t-il  condamnée?  ^'Elle  répondit: 
Personne,  Seigneur.  Et  Jésus  lui  dit  :  Moi  non  plus, 
je  ne  te  condamne  pas  ;  va,  et  ne  pèche  plus.] 

Jésus  se  rend  de  nouveau  témoignage 

^- Jésus  prit  de  nouveau  la  parole  et  leur  dit  :  Je 
suis  la  lumière  du  monde  ;  celui  qui  me  suit  ne  mar- 
chera pas  dans  les  ténèbres,  mais  il  aura  la  lumièi'e  de 
la  vie.  ^'^  Alors  les  pharisiens  lui  dirent  :  Tu  te  rends 
témoignage  à  toi-même  ;  ton  témoignage  n'est  pas 
digne  de  foi.  ^  'Jésus  leur  répondit  :  Quoique  je  me 
rende  témoignage  à  moi-même,  mon  témoignage  est 
digne  de  foi,  car  je  sais  d'où  je  suis  venu,  et  où  je 
vais  ;  mais  vous,  vous  ne  savez  ni  d'où  je  viens,  ni 
où  je  vais.  ^''Vous  jugez  selon  la  chair;  moi,  je  ne 
juge  personne.  ^"^Et  si  j'en  viens  à  juger  quelqu'un, 
mon  jugement  est  conforme  à  latérite;  car  je  ne  suis 
pas  seul,  mais  le  Père  qui  m'a  envoyé  est  avec  moi. 
^  '  Or,  il  est  écrit  dans  votre  loi  que  le  témoignage  de 
deux  personnes  est  digne  de  foi  (-)  :  '^je  me  rends 
témoignage  à  moi-même  ;  et  le  Père  qui  m'a  envoyé  me 
rend  aussi  témoignage.  '^Ils  lui  dirent  :  Où  est  ton 
Père  ?  Jésus  répondit  :  Vous  ne  connaissez  ni  moi,  ni 
mon  Père.  Si  vous  me  connaissiez,  vous  connaîtriez 
aussi  mon  Père. 

(1)  Voy.  Lévit.  30  :  10. 

(2)  Voy.  Deut.  19  :  15. 

221 


8  :  20-35  SAINT   JEAN 

^^  Jésus  prononça  ces  paroles  dans  le  lieu  appelé  le 
Trésor  ('),  en  enseignant  dans  le  temple;  et  personne 
ne  mit  la  main  sur  lui,  parce  que  son  heure  n'était 
pas  encore  venue. 

2^  Il  leur  dit  encore  :  Je  m'en  vais,  et  vous  me  cher- 
cherez, et  vous  mourrez  dans  votre  péché.  Vous  ne 
pouvez  venir  où  je  vais.  ^^Les  Juifs  disaient  donc: 
Se  tuera-t-il  lui-même,  puisqu'il  dit  :  Vous  ne  pouvez 
venir  où  je  vais  ?  ^^Et  il  leur  dit  :  Vous  êtes  d'en  bas  ; 
moi,  je  suis  d'en  haut.  Vous  êtes  de  ce  monde  ;  moi, 
je  ne  suis  pas  de  ce  monde.  -'*  Aussi  vous  ai-je  dit  que 
vous  mourrez  dans  vos  péchés  ;  car,  si  vous  ne  croyez 
pas  ce  que  je  suis(^),  vous  mourrez  dans  vos  péchés. 

^^ Alors  ils  lui  demandèrent  :  Qui  donc  es-tu?  Jésus 
leur  répondit  :  Ce  que  je  vous  dis  depuis  le  commen- 
cement. ^'' J'ai  sur  vous  beaucoup  de  choses  à  dire  et 
de  jugements  à  porter  ;  mais  celui  qui  m'a  envoyé 
est  vrai,  et  ce  que  j'ai  appris  de  lui,  je  le  dis  dans  le 
monde.  ^"Ils  ne  comprirent  point  qu'il  leur  parlait 
du  Père.  -^  Jésus  leur  dit  donc  :  Lorsque  vous  aurez 
élevé  le  Fils  de  l'homme,  alors  vous  connaîtrez  ce 
que  je  suis  (^)  et  que  je  ne  fais  rien  de  moi-même, 
mais  que  je  dis  ce  que  mon  Père  m'a  enseigné.  ^^  Celui 
qui  m'a  envoyé  est  avec  moi  ;  il  ne  m'a  pas  laissé  seul, 
parce  que  je  fais  toujours  ce  qui  lui  est  agréable. 

-^•^  Comme  Jésus  parlait  ainsi,  j)lusieurs  crurent  en 
lui.  ^' Alors,  il  dit  aux  Juifs  qui  avaient  cru  en  lui  : 
Si  vous  demeurez  dans  ma  parole,  vous  êtes  vérita- 
blement mes  disciples;  ^^vous  connaîtrez  la  vérité, 
et  la  vérité  vous  affranchira. 

^•"^Les  Juifs  lui  dirent  :  Nous  sommes  la  postérité 
d'Abraham,  et  nous  n'avons  jamais  été  les  esclaves  de 
personne;  comment  donc  dis-tu:  Vous  deviendrez 
libres  ?  ^'*  Jésus  leur  répondit  :  En  vérité,  en  vérité,  je 
vous  le  dis,  quiconque  commet  le  péché  est  esclave 
du  péché,  ^'^Or,  l'esclave  ne  demeure  pas  toujours 
dans  la  maison;  mais  le  fils  y  demeure  pour  toujours. 

(1)  Le  trésor  :  on  donnait  ce  nom  à  la  partie  du  temple  où  se  trouvaient 
les  troncs  destinés  à  recevoir  les  dons  des  fidèles. 

(2)  On  peut  aussi  traduire  :  que  c'est  moi  (le  Chrùl). 

(3)  Comp.  vers.  24. 

222 


SAINT  JEAN  8  :  36-51 

^^Si  donc  le  Fils  vous  affranchit,  vous  serez  réelle- 
ment libres.  -^ '^■Je  sais  que  vous  êtes  la  postérité  d'Abra- 
ham, mais  vous  cherchez  à  me  faire  mourir,  parce  que 
ma  parole  ne  trouve  point  d'accès  en  vous.  ^^Je  dis 
ce  que  j'ai  vu  auprès  de  mon  Père  ;  et  vous,  vous 
faites  ce  que  vous  avez  appris  de  votre  père. 

^^Ils  lui  répondirent  :  Notre  père,  à  nous,  c'est 
Abraham.  Jésus  leur  dit  :  Si  vous  étiez  les  enfants 
d'Abraham,  vous  feriez  les  œuvres  d'Abraham.  "^^Mais 
maintenant,  vous  cherchez  à  me  faire  mourir,  moi 
qui  vous  ai  dit  la  vérité  (  '  )  que  j'ai  entendue  de  Dieu  ; 
Abraham  n'a  pas  fait  cela!  '''Vous  faites  les  œuvres 
de  votre  père.  Ils  lui  dirent  :  Nous  ne  sommes  pas  des 
enfants  illégitimes  ;  nous  avons  un  seul  père.  Dieu. 
^'^  Jésus  leur  dit  :  Si  Dieu  était  votre  Père,  vous 
m'aimeriez,  parce  que  je  suis  issu  de  Dieu  et  que  je 
viens  de  lui  ;  car  je  ne  suis  pas  venu  de  moi-même, 
mais  c'est  lui  qui  m'a  envoyé.  '••^Pourquoi  ne  com- 
prenez-vous pas  mon  langage  ?  C'est  parce  que  vous 
ne  pouvez  écouter  ma  parole.  '^'^Le  père  dont  vous 
êtes  issus,  c'est  le  Diable,  et  vous  voulez  accomplir 
les  désirs  de  votre  père.  Il  a  été  meurtrier  dès  le  com- 
mencement, et  il  n'a  pas  persévéré  dans  la  vérité, 
parce  qu'il  n'y  a  point  de  vérité  en  lui.  Quand  il  pro- 
fère le  mensonge,  il  parle  de  son  propre  fonds,  parce 
qu'il  est  menteur  et  le  père  du  mensonge.  '''•^Mais 
moi,  parce  que  je  dis  la  vérité,  vous  ne  me  croyez  pas. 

''•^Qui  de  vous  me  convaincra  de  péché  ?...  Et  si 
je  dis  la  vérité,  pourquoi  ne  me  croyez -vous  pas  ? 
''Celui  qui  est  issu  de  Dieu,  écoute  les  paroles  de 
Dieu  ;  c'est  pourquoi  vous  n'écoutez  pas,  parce  que 
vous  n'êtes  pas  de  Dieu. 

^'^Les  Juifs  lui  répondirent:  N'avons-nous  pas 
raison  de  dire  que  tu  es  un  Samaritain,  et  que  tu  es 
possédé  d'un  démon  ?  -^^  Jésus  répondit  :  Je  ne  suis 
pas  possédé  d'un  démon,  mais  j'honore  mon  Père, 
et  vous,  vous  me  déshonorez.  ^^  Je  ne  cherche  pas  ma 
gloire  ;  il  y  en  a  un  qui  la  cherche,  et  qui  juge.  ^'  En 
vérité,  en  vérité,  je  vous  le  dis,  si  quelqu'un  garde  ma 

(1)  Litt.  :  moi,  un  homme  qtd  vous  a  dit  la  vérité. 

223 


8  :  52-9  :  9  SAINT   JEAN 

parole,  il  ne  verra  jamais  la  mort.  ^^Les  Juifs  lui 
dirent  :  Nous  voyons  bien  maintenant  «que  tu  es  pos- 
sédé d'un  démon  ;  Abraham  est  mort,  les  prophètes 
aussi,  et  tu  dis  :  Si  quelqu'un  garde  ma  parole,  il  ne 
mourra  jamais  !  ^^  Es-tu  plus  grand  que  notre  père  Abra- 
ham, qui  est  mort  ?  Les  prophètes  aussi  sont  morts;  qui 
prétends-tu  être  ?  ^' Jésus  répondit  :  Si  je  me  glorifie 
moi-même,  ma  gloire  n'est  rien  ;  c'est  mon  Père  qui 
me  glorifie,  lui  dont  vous  dites  qu'il  est  votre  Dieu. 
•'^Cependant  vous  ne  l'avez  point  connu;  mais  moi, 
je  le  connais.  Et  si  je  disais  que  je  ne  le  connais  pas, 
je  serais  menteur  comme  vous  ;  mais  je  le  connais  et 
je  garde  sa  parole.  "'^Abraham,  votre  père,  a  tressailli 
de  joie  à  la  pensée  de  voir  mon  jour  :  il  l'a  vu,  et  il 
a  été  da.ns  la  joie.  '^"^Les  Juifs  lui  dirent  :  Tu  n'as 
pas  encore  cinquante  ans,  et  tu  as  vu  Abraham  ! 
^^  Jésus  leur  répondit  :  En  vérité,  en  vérité,  je  vous  le 
déclare  :  Avant  qu'Abraham  fût,  je  suis. 

•'^ Alors  ils  prirent  des  pierres  pour  les  lui  jeter; 
mais  Jésus,  se  dérobant  à  eux,  sortit  du  teniple. 

Guérison  d'un  aveugle-né;  son  témoignage  et  sa  foi  — 
Incrédulité  des  pharisiens 

9  ^  Comme  Jésus  passait,  il  vit  un  hommie  aveugle 
de  naissance.  ^  Et  ses  disciples  lui  demandèrent  : 
Maître,  qui  a  péché,  cet  homme,  ou  ses  parents,  pour 
qu'il  soit  né  aveugle  ?  ^  Jésus  répondit  :  Ce'n'est  pas 
que  lui  ou  ses  j)arents  aient  péché,  mais  c'est  afin 
que  les  œuvres  de  Dieu  soient  manifestées  en  lui. 
■''Tandis  qu'il  fait  jour,  il  me  faut  accomplir  les  œu- 
vres de  Celui  qui  m'a  envoyé;  la  nuit  vient,  dans  la- 
quelle personne  ne  peut  travailler.  ^Pendant  que  je 
suis  dans  le  monde,  je  suis  la  lumière  du  monde. 

^  Ayant  dit  cela,  il  cracha  à  terre  et  fit  de  la  boue  avec 
sa  salive,  et  il  oignit  de  cette  boue  les  yeux  de  l'aveu- 
gle. '^Puis  il  lui  dit  :  Va;  lave-toi  au  réservoir  de  Siloé 
—  mot  qui  signifie  Envoyé.  —  H  y  alla  donc  et  se 
lava,  et  il  revint  voyant  clair. 

^Ses  voisins,  et  ceux  qui  l'avaient  vu  auparavant 
demander  l'aumône,  disaient  :  N'est-ce  pas  celui  qui 
se  tenait  assis  et  qui  mendiait  ?  ^Les  uns  disaient  : 

224 


SAINT   JEAN  9  :  ^0-23 

C'est  lui.  D'autres  disaient  :  Non,  mais  c  est  quelqu'un 
qui  lui  ressemble.  Lui  disait  :  C'est  bien  moi. 

^  ^  Ils  lui  demandèrent  alors  :  Comment  tes  yeux  ont- 
ils  été  ouverts  ?  ^  ^  Il  répondit  :  Cet  homme,  qu'on 
appelle  Jésus,  a  fait  de  la  boue  ;  il  en  a  oint  mes  yeux 
et  il  m'a  dit  :  Va  au  réservoir  de  Siloé,  et  lave-toi.  J'y 
suis  donc  aUé,  je  m'y  suis  lavé,  et  je  vois.  ^^  Ils  lui 
dirent  :   Où  est  cet  homme  ?  Il  répondit  :  Je  ne  sais. 

"•-^Ils  amenèrent  aux  pharisiens  celui  qui  avait  été 
aveugle.  ^^Or,  c'était  un  jour  de  sabbat  que  Jésus 
avait  fait  de  la  boue  et  lui  avait  ouvert  les  yeux.  ''  ^  Les 
pharisiens  lui  demandèrent  à  leur  tour  comment  il 
avait  recouvré  la  vue.  Il  leur  dit  :  Il  m'a  mis  de  la 
boue  sur  les  yeux,  je  me  suis  lavé,  et  je  vois.  ^^  Alors 
quelques-uns  des  pharisiens  dirent  :  Cet  homme  ne 
vient  point  de  la  part  de  Dieu,  puisqu'il  n'observe 
pas  le  sabbat.  Mais  d'autres  disaient  :  Comment  un 
pécheur  pourrait-il  faire  de  tels  miracles  ?  Et  ils 
étaient  divisés  entre  eux.  ^'^  Alors  ils  dirent  de  nouveau 
à  l'aveugle  :  Et  toi,  que  dis-tu  de  cet  homme,  qui 
t'a  ouvert  les  yeux  ?  Il  répondit  :  C'est  un  prophète. 

''^Mais  les  Juifs  ne  crurent  pas  que  cet  homme 
eût  été  aveugle  et  qu'il  eût  recouvré  la  vue,  jusqu'à 
ce  qu'ils  eussent  fait  venir  son  père  et  sa  mère.  ^'-^Ils 
les  interrogèrent  et  leur  dirent  :  Est-ce  bien  là  votre 
fils,  que  vous  dites  être  né  aveugle  ?  Comment  donc 
voit-il  maintenant  ?  -*^Ses  parents  répondirent  :  Nous 
savons  que  c'est  là  notre  fils,  et  qu'il  est  né  aveugle  ; 
-  '  mais  comment  il  se  fait  qu'il  voit  maintenant,  nous 
ne  le  savons  pas.  Nous  ne  savons  j)8is  non  plus  qui  lui 
a  ouvert  les  yeux.  Interrogez -le;  il  a  de  l'âge,  il  s'expli- 
quera lui-même.  '^^Ses  parents  dirent  cela,  parce  qu'ils 
craignaient  les  Juifs  ;  car  les  Juifs  avaient  déjà  décidé 
que  si  quelqu'un  reconnaissait  Jésus  pour  le  Christ, 
il  serait  chassé  de  la  synagogue.  --^  C'est  pour  cela  que 
ses  parents  dirent  :  Il  a  de  l'âge,  interrogez -le. 

^^Les  pharisiens  appelèrent  donc  pour  la  seconde 
fois  l'homme  qui  avait  été  aveugle,  et  ils  lui  dirent  : 
Donne  gloire  à  Dieu,  nous  savons  que  cet  homme  est 
un  pécheur.  ^^11  répondit  :  Je  ne  sais  si  c'est  un  pé- 
cheur ;  je  sais  une  chose,  c'est  que  j'étais  aveugle,  et 

225  s 


9  :  26-10  :  3  SAINT  JEAN 

que  maintenant  je  vois.  ^"^Ils  lui  dirent  encore  :  Que 
t'a-t-il  fait  ?  Comment  t'a-t-il  ouvert  les  yeux  ?  ^^  Il  leur 
répondit  :  J«  vous  l'ai  déjà  dit,  et  vous  ne  m'avez  pas 
écouté.  Pourquoi  voulez-vous  l'entendre  encore  une 
fois?  Voulez-vous,  vous  aussi,  devenir  ses  disciples? 

2^  Alors  ils-  se  mirent  à  l'injurier,  et  ils  lui  di- 
rent :  C'est  toi  qui  es  son  disciple  ;  nous,  nous  sommes 
les  disciples  de  Moïse.  ^'-^Nous  savons  que  Dieu  a 
parlé  à  Moïse,  mais  celui-ci,  nous  ne  savons  d'où  il 
est.  ^^Cet  homme  répondit  :  C'est  là  ce  qui  est  éton- 
nant, que  vous  ne  sachiez  pas  d'où  il  est,  alors  qu'il 
m'a  ouvert  les  yeux  !  ^  'Nous  savons  que  Dieu  n'exauce 
pas  les  pécheurs;  mais  si  quelqu'un  craint  Dieu  et 
fait  sa  volonté,  il  l'exauce.  -^-Jamais  on  n'a  entendu 
dire  que  quelqu'un  ait  ouvert  les  yeux  d'un  aveugle- 
né.  ^^Si  cet  homme  ne  venait  pas'de  la  part  de  Dieu, 
il  ne  pourrait  rien  faire.  ^'Ils  lui  répondirent:  Tu 
es  né  entièrement  dans  le  péché,  et  tu  veux  nous  en- 
seigner !  Puis  ils  le  jetèrent  dehors. 

•^^  Jésus  apprit  qu'on  l'avait  chassé  ;  et,  l'ayant 
rencontré,  il  lui  dit  :  Crois-tu  au  Fils  de  Dieu  ?  ^^U 
répondit  :  Qui  est-il.  Seigneur,  pour  que  je  croie  en 
lui  ?  ^^  Jésus  lui  dit  :  Tu  l'as  vu,  et  c'est  lui-même 
qui  te  parle!  ^^11  reprit:  Je  crois.  Seigneur;  et  il 
se  prosterna  devant  lui. 

^^  Alors  Jésus  dit  :  Je  suis  venu  dans  le  monde  pour 
exercer  ce  jugement  :  que  ceux  qui  ne  voient  point, 
voient,  et  que  ceux  qui  voient,  deviennent  aveugles. 
''^Ceux  des  pharisiens  qui  étaient  auprès  de  lui  en- 
tendirent cela,  et  ils  lui  dirent  :  Et  nous,  sommes-nous 
aussi  des  aveugles  ?  ''  ^  Jésus  leur  répondit  :  Si  vous 
étiez  aveugles,  vous  n'auriez  point  de  péché  ;  mais 
vous  dites  :  «Nous  voyons  » — ,  et  c'est  pour  cela  que 
votre  péché  subsiste. 

Le  bon  berger 

I  0  ^  En  vérité,  en  vérité,  je  vous  le  dis,  celui  qui 
n'entre  pas  par  la  porte  dans  la  bergerie,  mais  qui 
y  monte  par  un  autre  endroit,  celui-là  est  un  voleur 
et  un  brigand.  ^Mais  celui  qui  entre  par  la  porte  est 
le  berger  des  brebis.  ^Le  portier  lui  ouvre,  et  les  brebis 

226 


SAINT   JEAN  10  :  4-2^ 

entendent  sa  voix  ;  il  appelle  ses  brebis  par  leur  nom 
et  il  les  mène  dehors.  ''  Quand  il  les  a  toutes  fait  sortir, 
il  marche  devant  elles,  et  les  brebis  le  suivent,  parce 
qu'elles  connaissent  sa  voix.  ^Mais  elles  ne  suivront 
pas  un  étranger  ;  au  contraire,  elles  le  fuiront,  parce 
qu'elles  ne  connaissent  point  la  voix  des  étrangers. 
^^  Jésus  leur  dit  cette  similitude,  mais  ils  ne  comprirent 
pas  ce  qu'n  voulait  dire. 

^  Jésus  leur  dit  encore  :  En  vérité,  en  vérité,  je 
vous  le  dis,  je  suis  la  porte  des  brebis.  ^Tous  ceux  qui 
sont  venus  avant  moi  sont  des  voleurs  et  des  brigands  ; 
mais  les  brebis  ne  les  ont  pas  écoutés.  ^  Je  suis  la  porte  : 
si  quelqu'un  entre  par  moi,  il  sera  sauvé  ;  il  entrera  et 
sortira,  et  il  trouvera  de  la  pâture.  ^"Le  voleur  ne 
vient  que  pour  dérober,  pour  égorger  et  pour  détruire  ; 
moi,  je  suis  venu,  afin  que  les  brebis  aient  la  vie,  et 
qu'elles  l'aient  en  abondance. 

^  ^  Je  suis  le  bon  berger  ;  le  bon  berger  donne  sa  vie 
pour  ses  brebis.  '^Le  mercenaire,  qui  n'est  pas  le 
berger,  et  à  qui  les  brebis  n'appartiennent  pas,  s'il 
voit  venir  le  loup,  abandonne  les  brebis  et  s'enfuit  ; 
et  le  loup  les  ravit  et  les  disperse.  ^^  C'est  qu'il  est 
mercenaire,  et  qu'il  ne  se  soucie  point  des  brebis. 
^'' Je  suis  le  bon  berger,  je  connais  mes  brebis,  et  mes 
brebis  me  connaissent,  ^'^  comme  le  Père  me  connaît 
et  comme  je  connais  le  Père  ;  et  je  donne  ma  vie 
pour  mes  brebis.  ^^J'ai  encore  d'autres  brebis  qui  ne 
sont  pas  de  cette  bergerie  ;  il  faut  aussi  que  je  les 
amène.  Elles  entendront  ma  voix,  et  il  y  aura  un 
seul  troupeau,   un  seul  berger! 

^^ Voici  pourquoi  le  Père  m'aime:  c'est  parce  que 
je  donne  ma  vie,  afin  de  la  reprendre.  *^  Personne  ne 
me  l'ôte,  mais  je  la  donne  de  moi-même  ;  j'ai  le  pou- 
voir de  la  donner,  et  j'ai  le  pouvoir  de  la  reprendre  : 
j'ai  reçu  cet  ordre  de  mon  Père. 

^^Les  Juifs  furent  de  nouveau  divisés,  à  cause  de 
ces  paroles.  ^^ Plusieurs  d'entre  eux  disaient  :  Il  est 
possédé  d'un  démon,  il  est  hors  de  sens  ;  pourquoi 
î'écoutez-vous  ?  ^'D'autres  disaient  :  Ce  ne  sont  pas 
là  les  paroles  d'un  possédé.  Un  démon  peut-il  ouvrir 
les  yeux  des  aveugles  ? 

227 


10  :  22-38  SArPfT   JEAN 

Jésus  à  Jérusalem  fendant  la  fête  de  la  Dédicace 

2^  On  célébrait  à  Jérusalem  la  fête  de  la  Dédicace  (  '  ). 
C'était  l'hiver;  ^^et  Jésus  se  promenait  dans  le  temple, 
sous  le  portique  de  Salomon.  2'' Les  Juifs  s'assem- 
blèrent autour  de  lui,  et  lui  dirent  :  Jusques  à  quand 
nous  tiendras-tu  l'esprit  en  suspens  ?  Si  tu  es  le  Christ, 
dis-le  nous  franchement.  ^^  Jésus  leur  répondit  :  Je 
vous  l'ai  dit,  et  vous  ne  croyez  pas  ;  les  œuvres  que 
je  fais  au  nom  de  mon  Père  me  rendent  témoignage. 
-*^Mais  vous  ne  croyez  pas,  parce  que  vous  n'êtes  pas 
de  mes  brebis.  ^'Mes  brebis  entendent  ma  voix; 
je  les  connais,  et  elles  me  suivent.  ^^  Je  leur  donne  la 
vie  éternelle;  elles  ne  périront  jamais,  et  nul  ne  les 
ravira  de  ma  main.  ^^Mon  Père,  qui  me  les  a  don- 
nées, est  plus  grand  que  tous;  et  personne  ne  peut 
les  ravir  de  la  main  du  Père.  ^'^Moi  et  le  Père,  nous 
sommes  un. 

Les  Juifs  veulent  lapider  Jésus  —  Il  se  rend 
au  delà  du  Jourdain 

^^Les  Juifs  prirent  de  nouveau  des  pierres  pour  le 
lapider.  ^-^  Jésus  leur  dit  :  J'ai  fait  sous  vos  yeux  beau- 
coup de  bonnes  œuvres  de  la  part  du  Père  ;  pour  la- 
quelle me  lapidez -vous  ?  **^Les  Juifs  lui  répondirent  : 
Ce  n'est  pas  pour  une  bonne  œuvre  que  nous  te  lapi- 
dons, mais  pour  un  blasphème,  parce  que,  étant 
homme,  tu  te  fais  Dieu.  ^'' Jésus  leur  répondit  :  N'est- 
il  pas  écrit  dans  votre  loi  :  «  J'ai  dit  :  Vous  êtes  des 
dieux  ))(-)?  ^'^Si  elle  a  appelé  dieux  ceux  à  qui  la 
parole  de  Dieu  était  adressée,  et  si  l'Ecriture  ne  peut 
être  anéantie,  ^''comment  dites-vous  que  je  blasphème, 
—  moi  que  le  Père  a  consacré  et  qu'il  a  envoyé  dans  le 
monde,  —  parce  que  j'ai  dit  :  Je  suis  le  Fils  de  Dieu? 
^"^  Si  je  ne  fais  pas  les  œuvres  de  mon  Père,  ne  me  croyez 
point.  ^^Mais  si  je  les  fais,  quand  même  vous  ne  me 
croiriez  pas,  croyez  à  mes  œuvres,  afin  que  vous  appre- 

(1)  Fête  que  les  Jmfs  célébraient  le  25  du  mois  de  Kisleu  (en  décembre), 
en  souvenir  de  la  dédicace  nouvelle  du  temple  faite  par  Judas  Maccliabée, 
après  les  profanations  d'Antioclius  Épiphaue  (165  av.  J.-C). 

(2)  Psaume  83  :  6. 

228 


SAINT   JEAN  10  :  39-11  :  U 

niez  et  que  vous  sachiez  que  le  Père  est  en  moi,  et  que 
je  suis  dans  le  Père. 

^^Ils  cherchaient  encore  à  s'emparer  de  lui;  mais  il 
s'échappa  de  leurs  mains.  ^"^Puis  il  s'en  alla  de  nou- 
veau au  delà  du  Jourdain,  à  l'endroit  où  Jean  avait 
baptisé  tout  d'abord,  et  il  y  demeura.  '*  ^  Beaucoup 
de  gens  vinrent  à  lui,  et  ils  disaient  :  Jean  n'a  fait 
aucun  miracle,  mais  tout  ce  que  Jean  a  dit  de  cet 
homme  était  vrai.  ''^Et  il  y  en  eut  là  plusieurs  qui 
crurent  en  lui. 

Résurrection  de  Lazare 

Il  ^11  y  avait  un  homme  malade,  nommé  Lazare, 
qui  était  de  Béthanie,  le  village  de  Marie  et  de  Marthe, 
sa  sœur.  ^  Marie  était  celle  qui  oignit  le  Seigneur  d'une 
huile  parfumée,  et  qui  lui  essuya  les  pieds  avec  ses 
cheveux  ;  et  c'était  son  frère  Lazare  qui  était  malade. 
^Les  sœurs  envoyèrent  donc  dire  à  Jésus  :  Seigneur, 
voici  que  celui  que  tu  aimes  est  malade.  ''  Jésus,  ayant 
entendu  ces  paroles,  dit  :  Cette  malavdie  n'est  pas  à 
la  mort,  mais  elle  est  pour  la  gloire  de  Dieu,  afin  que 
le  Fils  de  Dieu  soit  glorifié  par  elle.  ^  Or,  Jésus  aimait 
Ma^rthe,  et  sa  sœur,  et  Lazare.  ^Lorsqu'il eut  appris  que 
celui-ci  était  malade,  il  resta  encore  deux  jours 
dans  le  lieu  où  il  se  trouvait. 

^  Après  cela,  il  dit  à  ses  disciples  :  Retournons  en 
Judée.  ^  Les  disciples  lui  dirent  :  Maître,  hier  encore  les 
Juifs  cherchaient  à  te  lapider,  et  tu  retournes  au 
milieu  d'eux!  ^  Jésus  répondit  :  N'y  a-t-il  pas  douze 
heures  dans  le  jour  ?  Si  quelqu'un  marche  pendant  le 
jour,  il  ne  bronche  point,  parce  qu'il  voit  la  lumière 
de  ce  monde.  ''*^Mais  si  quelqu'un  marche  pendant  la 
nuit,  il  bronche,  parce  qu'il  n'a  pas  la  lumière.  ^^11 
parla  ainsi,  puis  il  ajouta  :  Lazare,  notre  ami,  s'est 
endormi  ;  mais  je  vais  le  réveiller.  ''^Ses  disciples  lui 
dirent:  Seigneur,  s'il  dort,  il  sera  guéri.  ""-^Or,  Jésus 
avait  dit  cela  de  la  mort  de  Lazare  ;  mais  ils  crurent 
qu'il  parlait  du  sommeil  ordinaire.  ^^  Jésus  leur  dit 
alors  ouvertement  :  Lazare  est  mort.  *^Et  je  me 
réjouis  pour  vous  de  ce  que  je  n'étais  pas  là,  afin  que 

229 


ll:<6'3i  SAINT   JEAN 

VOUS  croyiez  ;  mais  allons  auprès  de  lui.  ^^Sur  quoi 
Thomas,  appelé  Didyme  (^),  dit  aux  autres  disciples  : 
Allons-y,  nous  aussi,  pour  mourir  avec  lui  ! 

^^  Jésus,  à  son  arrivée,  trouva  qu'il  y  avait  déjà 
quatre  jours  que  Lazare  était  dans  le  tombeau.  ^^Or, 
Béthanie  n'était  éloignée  de  Jérusalem  que  d'environ 
quinze  stades  ("-).  ^^  Plusieurs  des  Juifs  étaient  venus 
auprès  de  Marthe  et  de  Marie  pour  les  consoler  de  la 
mort  de  leur  frère,  -^  Quand  Marthe  apprit  que  Jésus 
arrivait,  elle  alla  au-devant  de  lui  ;  mais  Marie  était 
restée  assise  à  la  maison.  ^'Marthe  dit  à  Jésus: 
Seigneur,  si  tu  avais  été  ici,  mon  frère  ne  serait  pas 
mort;  --et  maintenant  même,  je  sais  que  tout  ce 
que  tu  demanderas  à  Dieu,  Dieu  te  l'accordera. 
^^ Jésus  lui  dit  :  Ton  frère  ressuscitera.  ^''Marthe  lui 
répondit  :  Je  sais  qu'il  ressuscitera,  à  la  résurrection, 
au  dernier  jour.  ^"' Jésus  lui  dit  :  Je  suis  la  résurrection 
et  la  vie  ;  celui  qui  croit  en  moi  vivra,  quand  même 
il  serait  mort.  ^^Et  quiconque  vit  et  croit  en  moi  ne 
mourra  jamais.  Crois- tu  cela?  ^^Elle  lui  répondit: 
Oui,  Seigneur,  je  crois  que  tu  es  le  Christ,  le  Fils  de 
Dieu,  celui  qui  devait  venir  dans  le  monde. 

2^  Quand  elle  eut  dit  ces  paroles,  elle  s'en  alla,  appela 
en  secret  Marie,  sa  sœur,  et  lui  dit  :  Le  Maître  est  là, 
et  il  t'appelle.  ^^^Dès  que  Marie  eut  entendu  cette 
parole,  elle  se  leva  promptement  et  vint  à  lui.  ^*^0r 
Jésus  n'était  pas  encore  entré  dans  le  village,  mais  il 
était  à  l'endroit  où  Marthe  était  venue  à  sa  rencontre. 
^^  Quand  les  Juifs,  qui  étaient  avec  Marie  dans  la 
maison  et  qui  la  consolaient,  la  virent  se  lever  et  sortir 
si  promptement,  ils  la  suivirent,  croyant  qu'elle  allait 
au  tombeau  pour  y  pleurer.  ^^Mais  Marie,  étant 
arrivée  à  l'endroit  où  se  trouvait  Jésus,  se  jeta  à  ses 
pieds,  dès  qu'elle  l'aperçut,  et  lui  dit  ;  Seigneur,  si  tu 
avais  été  ici,  mon  frère  ne  serait  pas  mort!  ^^ Lorsque 
Jésus  vit  qu'elle  pleurait,  et  que  les  Juifs  qui  étaient 
venus  avec  elle  pleuraient  aussi,  il  frémit  en  son 
esprit  et  s'émut  ;  et  il  dit  :  Où  l'avez-vous  mis  ?  ^''Ils 

(1)  Thomas,  nom  araméen    qui  signifie  Jumeau.  Le  mot  grec  Didyme  a  le 
même  sens.  (Voy.  Jean  20  :  24  ;  31  :  2). 

(2)  Environ  trois  kilomètres. 

230 


SAINT  JEAN  11  :  3^;-b^ 

lui  répondirent  :  Seigneur,  viens  et  vois.  ^■'' Jésus  pleura. 
^*^Les  Juifs  disaient  donc  :  Voyez  comme  il  l'aimait  ! 
•^"Et  quelques-uns  d'entre  eux  dirent:  Lui  qui  a 
ouvert  les  yeux  de  l'aveugle,  ne  pouvait-il  pas  faire 
aussi  que  cet  homme  ne  mourût  pas  ? 

^'^  Alors  Jésus,  frémissant  de  nouveau  en  lui-même, 
vint  au  tombeau  :  c'était  une  grotte  à  l'entrée  de 
laquelle  une  pierre  avait  été  placée.  ^^  Jésus  dit  : 
Otez  la  pierre.  Marthe,  la  sœur  du  mort,  répondit  : 
Seigneur,  il  sent  déjà;  car  il  est  là  depuis  quatre  jours. 
''^  Jésus  reprit  :  Ne  t'ai- je  pas  dit  que  si  tu  crois, 
tu  verras  la  gloire  de  Dieu  %  ^  '  Ils  ôtèrent  donc  la 
pierre.  Alors  Jésus  leva  les  yeux  au  ciel  et  dit  :  Père, 
je  te  rends  grâces  de  ce  que  tu  m'as  exaucé  !  '^^  Je 
savais  bien  que  tu  m'exauces  toujours;  mais  je  parle 
ainsi  à  cause  de  cette  foule  qui  m'entoure,  afin  qu'elle 
croie  que  c'est  toi  qui  m'avS  envoyé.  ^^  Quand  il  eut 
dit  cela,  il  cria  d'une  voix  forte  :  Lazare,  sors  !  -"Le 
mort  sortit,  ayant  les  pieds  et  les  mains  liées  de  bandes, 
et  le  visage  enveloppé  d'un  suaire.  Jésus  leur  dit  : 
Déliez -le,  et  laissez -le  aUer. 

^^  Plusieurs  des  Juifs  qui  étaient  venus  auprès  de 
Marie,  et  qui  avaient  vu  ce  que  Jésus  avait  fait,  cru- 
rent en  lui.  ^^Mais  quelques-uns  d'entre  eux  allèrent 
trouver  les  pharisiens,  et  ils  leur  rapportèrent  ce 
qu'avait  fait  Jésus. 

Complot  contre  Jésus  qui  sejrend  à  Epkraïm 

(Voy.  Matth.  26  :  1-5  ;  Marc  14  :  1-2  :  Luc  22  :  1-2) 

■'•'Alors  les  principaux  sacrificateurs  et  les  phari- 
siens réunirent  le  sanhédrin  et  dirent  :  Que  ferons- 
nous  ?  —  car  cet  homme  opère  beaucoup  de  miracles. 
-'■'^Si  nous  le  laissons  faire,  tout  le  monde  croira  en 
lui  ;  et  les  Romains  viendront  détruire  et  ce  lieu  et 
notre  nation.  ^^Mais  l'un  d'entre  eux,  Caïphe,  qui 
était  souverain  sacrificateur  cette  année-là,  leur  dit  : 
Vous  n'y  entendez  rien!  ^^Vous  ne  considérez  pas 
qu'il  vaut  mieux  pour  vous  qu'un  seul  homme  meure 
pour  le  peuple,  et  que  toute  la  nation  ne  périsse  pas . 
^*0r,  il  ne  dit  pas  cela  de  lui-même,  mais,  étant  sou- 

231 


11  :  52-12  :  8  SAINT  JEAN 

verain  sacrificateur  cette  année-là,  il  prophétisa  que 
Jésus  devait  mourir  pour  la  nation  ;  ^-et  non  seule- 
ment pour  la  nation,  mais  aussi  pour  rassembler  en 
un  seul  corps  les  enfants  de  Dieu  dispersés.  ^-^  Depuis 
ce  jour-là,  ils  formèrent  le  projet  de  le  faire  mourir. 

^"'*  C'est  pourquoi  Jésus  ne  se  montrait  plus  ouver- 
tement parmi  les  Juifs,  mais  il  s'en  alla  dans  la  con- 
trée voisine  du  désert,  à  une  ville  appelée  Éphraïm  ; 
et  il  y  séjourna  avec  ses  discij)les.  ^^La  Pâque  des 
Juifs  était  proche,  et  beaucoup  de  gens  du  pays  mon- 
tèrent à  Jérusalem,  avant  la  Pâque,  pour  se  purifier. 
^^Ils  cherchaient  donc  Jésus;  et,  se  tenant  dans  le 
temple,  ils  se  disaient  les  uns  aux  autres  :  Que  vous 
en  semble  ?  Ne  viendra-t-il  pas  à  la  fête  ?  ^''Or,  les 
principaux  sacrificateurs  et  les  pharisiens  avaient 
donné  des  ordres  pour  que,  si  quelqu'un  savait  où 
se  trouvait  Jésus,  il  le  déclarât,  afin  qu'on  pût  s'em- 
parer de  lui. 

Jésus  à  Béthanie  —  Marie  oint  ses  pieds 
de  parfum 

(Voy.  Matth.  26  :  6-13  ;  Marc  14  :  3-9) 

B  2  ^  Six  jours  avant  la  Pâque,  Jésus  vint  à  Béthanie, 
où  était  Lazare  qu'il  avait  ressuscité  des  morts.  ^On 
lui  fit  là  un  souper,  et  Marthe  servait  ;  Lazare  était 
l'un  de  ceux  qui  étaient  à  table  avec  lui.  ^  Alors  Marie, 
ayant  pris  une  livre  d'un  parfum  de  nard  pur,  qui 
était  de  grand  prix,  oignit  les  pieds  de  Jésus,  et  les 
essuya  avec  ses  cheveux  ;  et  la  maison  fut  remplie  de 
l'odeur  de  ce  parfum.  ^'Mais  Judas  l'Iscariote,  un  de 
ses  disciples,  celui  qui  devait  le  trahir,  dit  :  ^  Pourquoi 
n'a-t-on  pas  vendu  ce  parfum  trois  cents  deniers  (^), 
pour  les  donner  aux  pauvres  '^  —  ^11  disait  cela,  non 
qu'il  se  souciât  des  pauvres,  mais  parce  qu'il  était 
voleur  et  que,  tenant  la  bourse,  il  prenait  ce  qu'on 
y  mettait.  • —  '''Jésus  répondit  :  Laisse-la  ;  elle  a  gardé 
ce  parfum  pour  le  jour  de  ma  sépulture.  ^Car  vous 
avez  toujours  les  pauvres  avec  vous;  mais  moi,  vous 
ne  m'avez  pas  toujours. 

(1)   Trois  cents  deniers  font  envii-on   270  fr.  de  notre  naonnaie.  (Voir  note 
sur  Mattù.  18  :  28). 

232 


SAINT  JEAN  12  :  9-23 

.  ^  Un  grand  nombre  de  Juifs  apprirent  que  Jésus 
était  là,  et  ils  vinrent,  non  seulement  à  cause  de  lui, 
mais  aussi  pour  voir  Lazare,  qu'il  avait  ressuscité  des 
morts.  ^^  Alors  les  principaux  sacrificateurs  résolurent 
de  faire  mourir  aussi  Lazare,  ^  '  parce  que  plusieurs 
des  Juifs,  à  cause  de  lui,  se  séparaient  d'eux  et 
croyaient  en  Jésus. 

Erdrée  de  Jésus  à  Jérusalem 

(Voy.  Matth.  21  :  1-11  ;  Marc  11  :  1-10  ;  Luc  19  :  29-44) 

^^Le  lendemain,  une  grande  foule,  venue  pour  la 
fête,  ayant  su  que  Jésus  se  rendait  à  Jérusalem, 
^^prit  des  branches  de  palmier,  et  sortit  au-devant 
de  lui,  en  criant  :  Hosanna  !  Béni  soit  celui  qui  vient 
au  nom  du  Seigneur,  le  Roi  d'Israël!  ^'' Jésus,  ayant 
trouvé  un  ânon,  s'assit  dessus,  conformément  à  ce  qui 
est  écrit  :  «  ^-^Ne  crains  point,  fille  de  Sion  ;  voici  ton 
roi  qui  vient,  monté  sur  le  poulain  d'une  ânesse  (').  » 
^*^Ses  disciples  ne  comprirent  pas  cela,  tout  d'abord; 
mais  quand  Jésus  eut  été  glorifié,  alors  ils  se  souvinrent 
que  ces  choses  avaient  été  écrites  à  son  sujet,  et  qu'on 
les  lui  avait  faites.  ''"La  fouie  qui  était  avec  lui, 
lorsqu'il  avait  rappelé  Lazare  du  tombeau  et  l'avait 
ressuscité  des  morts,  lui  rendait  témoignage.  ""^  C'est 
aussi  pour  cela  que  la  multitude  était  allée  au-devant 
de  lui,  parce  qu'elle  avait  appris  qu'il  avait  accompli 
ce  miracle.  ''^Là-dessus  les  pharisiens  se  disaient  les 
uns  aux  autres  :  Vous  voyez  que  vous  ne  gagnez  rien  ; 
voilà  que  tout  le  monde  court  après  lui  ! 

Des  Grecs  demandent  à  voir  Jésus  —  Il  "parle 
de  sa  mort  prochaine 

2*^  Or  il  y  avait  là  quelques  Grecs,  parmi  ceux  qui 
étaient  montés  pour  adorer  pendant  la  fête.  ^'Ils 
vinrent  trouver  Philippe,  de  Bethsaïda  en  Galilée, 
et  lui  firent  cette  demande  :  Seigneur,  nous  voudrions 
voir  Jésus.  ^'^  Philippe  alla  le  dire  à  André  ;  André  et 
Philippe  vinrent  le  dire  à  Jésus.  2- Alors  Jésus  leur 
répondit  :  L'heure  est  venue  où  le  Fils  de  l'homme 

(1)  Zacharie  9  :  9. 

233 


12  :  24-38  SAINT   JEAN 

doit  être  glorifié.  -'*  En  vérité,  en  vérité,  je  vous  le  dis, 
si  le  grain  de  froment  ne  meurt  après  être  tombé 
dans  la  terre,  il  demeure  seul  ;  mais  s'il  meurt,  il 
porte  beaucoup  de  fruit.  ^'^  Celui  qui  aime  sa  vie  la 
perdra  ;  et  celui  qui  hait  sa  vie  en  ce  monde,  la  con- 
servera pour  la  vie  éternelle.  ^'''Si  quelqu'un  me  sert, 
qu'il  me  suive,  et  là  où  je  suis,  là  aussi  sera  mon  servi- 
teur ;  si  quelqu'un  me  sert,  mon  Père  l'honorera... 
^'Maintenant  mon  âme  est  troublée  ;  et  que  dirai- je  ?... 
Père,  délivre-moi  de  cette  heure  ?  Mais  c'est  pour 
cela  même  que  je  suis  venu  jusqu'à  cette  heure  ! 
^^Père,  glorifie  ton  nom  !  Alors  il  vint  une  voix  du  ciel 
qui  dit  :  Je  l'ai  glorifié,  et  je  le  glorifierai  encore  ! 

-^La  foule  qui  était  là,  et  qui  avait  entendu  la  voix, 
disait  que  c'était  le  tonnerre  ;  d'autres  disaient  :  Un 
ange  lui  a  parlé.  ^^  Jésus  prit  la  parole  et  dit  :  Ce  n'est 
pas  pour  moi  que  cette  voix  s'est  fait  entendre,  mais 
pour  vous.  ^'Maintenant  a  lieu  le  jugement  de  ce 
monde  ;  maintenant  le  prince  de  ce  monde  va  être 
jeté  dehors.  -^-Et  moi,  quand  j'aurai  été  élevé  de  la 
terre,  j'attirerai  tous  les  homanes  à  moi.  ^^11  disait 
cela  pour  indiquer  de  quelle  mort  il  devait  mourir. 
^'La  foule  lui  répondit  :  Nous  avons  appris  par  la 
loi  que  le  Christ  doit  demeurer  éternellement  ;  com- 
ment peux-tu  dire  qu'il  faut  que  le  Fils  de  l'homme 
soit  élevé  ?  Qui  est  ce  Fils  de  l'homme  ?  ^-^  Alors  Jésus 
leur  dit  :  La  lumière  est  encore  parmi  vous  pour  un 
peu  de  temps.  Marchez  pendant  que  vous  avez  la 
lumière,  de  peur  que  les  ténèbres  ne  vous  surpren- 
nent ;  celui  qui  marche  dans  les  ténèbres  ne  sait  où 
il  va.  ^"^  Pendant  que  vous  avez  la  lumière,  croyez  en 
la  lumière,  afin  que  vous  deveniez  des  enfants  de 
lumière. 

Jésus  parla  ainsi  ;  puis  il  s'en  alla,  et  il  se  tint 
caché  loin  d'eux. 


Incrédulité  des  Juifs 

^^  Or,  bien  qu'il  eût  opéré  tant  de  miracles  en  leur 
présence,  ils  ne  croyaient  pas  en  lui,  ^^  afin  que  cette  pa- 
role d'Ésaïe  le  prophète  fût  accompUe  :  «  Seigneur,  qui 

234 


SAESTT   JEAN  12  :  39-13  :  i 

a  cru  à  notre  prédication,  et  à  qui  le  bras  du  Seigneur 
a-t-il  été  révélé  (  ^  )?  »  ^^B' ailleurs,  ils  ne  pouvaient 
croire,  parce  qu'Esaïe  a  dit  encore:  « ''''^11  a  aveuglé 
leurs  yeux,  et  il  a  endurci  leur  cœur,  afin  qu'ils  ne 
voient  pas  de  leurs  yeux  et  qu'ils  ne  comprennent 
pas  de  leur  cœur;  qu'ils  ne  se  convertissent  pas,  et 
que  je  ne  les  guérisse  point  (-).  »  ^'Ésaïe  dit  ces 
choses,  lorsqu'il  vit  sa  gloire  et  qu'il  parla  de  lui. 
'^Cependant  il  y  en  eut, plusieurs,  même  parmi  les 
chefs,  qui  crurent  en  Jésus  ;  mais,  à  cause  des  pharisiens, 
ils  ne  l'avouaient  pas,  de  peur  d'être  chassés  de  la 
synagogue.  ''"^Car  ils  aimaient  la  gloire  qui  vient  des 
hommes,  plus  que  la  gloire  qui  vient  de  Dieu.      ' 

^^  Cependant  Jésus  éleva  la  voix  et  dit  :  Celui  qui 
croit  en  moi,  ne  croit  pas  en  moi,  mais  en  Celui  qui 
m'a  envoyé.  ^^Et  celui  qui  me  voit,  voit  Celui  qui 
m'a  envoyé.  ''^Je  suis  venu  dans  le  monde,  moi  qui 
suis  la  lumière^  afin  que  quiconque  croit  en  moi  ne 
demeure  point  dans  les  ténèbres.  '"Et  si  quelqu'un 
entend  mes  paroles  et  ne  les  garde  point,  ce  n'est 
pas  moi  qui  le  juge  ;  car  je  ne  suis  pas  venu  pour  juger 
le  monde,  mais  pour  le  sauver.  '^ Celui  qui  me  rejette 
et  ne  reçoit  pas  mes  paroles,  a  déjà  celui  qui  le  juge  ;  la 
parole  que  j'ai  annoncée,  c'est  eUe  qui  le  jugera  au 
dernier  jour.  ^^Car  je  n'ai  point  parlé  de  mon  chef; 
mais  le  Père,  qui  m'a  envoyé,  m'a  prescrit  ce  que  je 
dois  dire,  et  comment  je  dois  parler.  ^^Et  je  sais 
que  son  commandement,  c'est  la  vie  étemelle.  Ainsi, 
les  choses  que  je  dis,  je  les  dis  comme  le  Père  me  les 
a  dites. 

Derniers  entretiens  de  Jésus  avec  ses  disciples  — 
Prière  sacerdotale  (13  :  i  à  17  :  26) 

Jésus  lave  les  pieds  de  ses  disciples 

I  3  ^  Avant  la  fête  de  Pâque,  sachant  que  l'heure 
était  venue  pour  lui  de  passer  de  ce  monde  au  Père, 
Jésus  qui  avait  aimé  les  siens  dans  le  monde,  les 
aima  jusqu'à  la  fin. 

(1)  Ésaïe  53  :  1.  —  (2)  Ésaïe  G  :  10. 

235 


13  :  2-20  SAINT   JEAN 

^Pendant  le  souper  ^ — le  Diable  ayant  déjà  mis  au 
cœur  de  Judas  Iscariote,  fils  de  Simon,  le  dessein  de  le 
trahir  — ,  ^  Jésus,  qui  savait  que  le  Père  lui  avait  remis 
toutes  choses  entre  les  mains,  qu'il  était  venu  de  Dieu 
et  qu'il  s'en  allait  à  Dieu,  ^  se  leva  de  table,  ôta  son  vê- 
tement, et,  ayant  pris  un  linge,  il  s'en  ceignit.  ^En- 
suite il  remplit  d'eau  le  bassin  et  se  mit  à  laver  les 
pieds  de  ses  disciples  et  à  les  essuyer  avec  le  linge 
dont  il  était  ceint.  ^11  vint  donc  à  Simon  Pierre,  qui^ 
lui  dit  :  Toi,  Seigneur,  tu  me  laverais  les  pieds  !  ^  Jésus 
lui  répondit  :  Tu  ne  sais  pas  maintenant  ce  que  je 
fais  ;  mais  tu  le  sauras  plus  tard.  ^Pierre  lui  dit  :  Tu 
né  me  laveras  jamais  les  pieds  !  Jésus  lui  répondit  : 
Si  je  ne  te  lave,  tu  n'auras  point  de  part  avec  moi. 
^  Simon  Pierre  lui  dit  :  Seigneur,  non  seulement  les 
pieds,  mais  aussi  les  mains  et  la  tête  !  ^"^  Jésus  lui 
répondit  :  Celui  qui  s'est  déjà  baigné  n'a  plus  qu'à 
se  laver  les  pieds  ;  il  est  entièrement  purifié.  Or  vous 
êtes  purs,  mais  non  pas  tous.  ^  ^  Car  il  savait  quel  était 
celai  qui  le  trahirait  ;  c'est  pour  cela  qu'il  dit  :  Vous 
n'êtes  pas  tous  purs. 

^^  Après  qu'il  leur  eut  lavé  les  pieds,  il  reprit  son 
vêtement;  et,  s'étant  remis  à  table,  il  leur  dit  :  Com- 
prenez-vous ce  que  je  vous  ai  fai(:  ?  ^^^Vous  m'appelez 
Maître  et  Seigneur  et  vous  dites' bien,  car  je  le  suis. 
^  ''Si  donc  je  vous  ai  lavé  les  pieds,  moi,  le  Seigneur 
et  le  Maître,  vous  devez  aussi  vous  laver  les  pieds  les 
uns  aux  autres.  '"^Car  je  vous  ai  donné  un  exemple, 
afin  que  vous  fassiez  comme  je  vous  ai  fait.  '^'En 
vérité,  en  vérité,  je  vous  le  dis,  le  serviteur  n'est  pas 
plus  grand  que  son  maître,  ni  l'envoyé  plus  grand  que 
celui  qui  l'envoie.  ^^Si  vous  savez  ces  choses,  vous 
êtes  bienheureux,  pourvu  que  vous  les  pratiquiez. 
^^Je  ne  parle  pas  de  vous  tous  ;  je  connais  ceux^que 
j'ai  choisis  ;  mais  il  faut  que  cette  parole  de  l'Ecri- 
ture soit  accomplie  :  «  Celui  qui  mange  mon  pain,  a 
levé  le  talon  contre  moi  (^).  »  ^^Je  vous  le  dis  dès  à 
présent,  avant  que  la  chose  arrive  ;  afin  que,  quand 
elle  sera  arrivée,  vous  croyiez  ce  que  je  suis  (^).  ^'^En 


(1)  Psaume  41  :  10. 

(2)  Voir  note  sur  Jean  8 


236 


SAINT   JEAÎT  13  :  24-34 

vérité,  en  vérité,  je  vous  le  dis,  quiconque  reçoit  celui 
que  j'ai  envoyé,  me  reçoit  ;  et  quiconque  me  reçoit, 
reçoit  celui  qui  m'a  envoyé. 

Jésus  annonce  la  trahison  de  Judas 

(Comp.  Matth.  26  :  17-29  ;  ilarc  14  :  12-25  ;  Luc  22  :  7-23) 

^  '  Quand  Jésus  eut  ainsi  parlé,  il  fut  troublé  en  son 
esprit,  et  il  dit  ouvertement  :  En  vérité,  en  vérité,  je 
vous  le  dis,  l'un  de  vous  me  trahira.  ^^Les  disciples 
se  regardaient  les  uns  les  autres,  ne  sachant  de  qui 
il  parlait.  ^^Or,  il  y  avait  un  des  disciples  qui  était 
couché  sur  le  sein  de  Jésus  ;  c'était  celui  que  Jésus 
aimait.  ^  '  Simon  Pierre  lui  fit  signe,  en  lui  disant  : 
Dis-nous  quel  est  celui  dont  il  parle.  ^^Lui  donc, 
s'étant  penché  sur  le  sein  de  Jésus,  lui  demanda  : 
Seigneur,  qui  est-ce  ?  -^  Jésus  répondit  :  C'est  celui 
à  qui  je  donnerai  le  morceau  que  je  vais  tremper. 
Puis  ayant  trempé  un  morceau,  il  le  prit  et  le  donna 
à  Judas  Iscariote,  fils  de  Simon.  -'^Aussitôt  que  Judas 
eut  pris  le  morceau,  Satan  entra  en  lui.  Jésus  lui  dit 
alors  :  Ce  que  tu  fais,  fais-le  au  plus  tôt.  ^^Mais  aucun 
de  ceux  qui  étaient  à  table  ne  comprit  pourquoi  il 
lui  parlait  ainsi.  ^^  Quelques-uns  pensaient  que,  comme 
Judas  avait  la  bourse,  Jésus  lui  disait  :  Achète  ce 
dont  nous  avons  besoin  pour  la  fête  ;  ou  :  Donne 
quelque  chose  aux  pauvres.  "^^  Judas,  ayant  pris  le 
morceau,  sortit  aussitôt.  Et  il  faisait  nuit. 

Le  commandement  nouveau  —  Question 
de  Pierre 

(Voy.  Matth.  26  :  30-35  ;  Marc  14  :  26-31  ;  Luc  22  :  31-34) 

^^  Quand  il  fut  sorti,  Jésus  dit  :  Maintenant  le  Fils 
de  l'homme  est  glorifié,  et  Dieu  est  glorifié  en  lui. 
^^Dieu  aussi  le  glorifiera  en  lui-même,  et  il  le  glori- 
fiera bientôt.  ^^Mes  petits  enfants,  je  suis  encore 
avec  vous  pour  un  peu  de  temps  ;  vous  me  chercherez, 
et  comme  je  l'ai  dit  aux  Juifs,  je  vous  le  dis  aussi 
maintenant  :  Vous  ne  pouvez  venir  où  je  vais.  '^'' Je 
vous  donne  un  commandement  nouveau,  c'est  que 
vous  vous  aimiez  les  uns  les  autres  ;  comme  je  vous 

237 


13  :  35-14  :  ^o  saint  Jean 

ai  aimés,  vous  aussi,  aimez-vous  les  uns  les  autres. 
"^^  C'est  à  ceci  que  tous  connaîtront  que  vous  êtes  mes 
disciples,  si  vous  avez  de  l'amour  les  uns  pour  les 
autres, 

3<^  Simon  Pierre  lui  dit  :  Seigneur,  où  vas-tu  ?  Jésus 
lui  répondit  :  Tu  ne  saurais  maintenant  me  suivre 
où  je  vais  ;  mais  tu  me  suivras  plus  tard.  ^^ Pierre  lui 
dit  :  Seigneur,  pourquoi,  ne  puis- je  pas  te  suivre  à 
présent  ?  Je  donnerai  ma  vie  pour  toi  !  ^^  Jésus  lui 
répondit  :  Tu  donneras  ta  vie  pour  moi  ?...  En  vérité, 
en  vérité,  je  te  le  dis,  le  coq  ne  chantera  pas,  que  tu 
ne  m'aies  renié  trois  fois  ! 


La  maison  du  Père  —  Questions  des  apôtres  — 
Jésus  leur  promet  le  Saint-Esprit 

14  ^Que  votre  cœur  ne  se  trouble  point;  croyez 
en  Dieu  ('),  croyez  aussi  en  moi.  '^11  y  a  plusieurs  de- 
meures dans  la  maison  de  mon  Père;  si  cela  n'était 
pas,  je  vous  l'aurais  dit.  Je  vais  vous  préparer  une 
place  (^).  "^Et  quand  je  m'en  serai  allé  et  que  je  vous 
aurai  préparé  une  place,  je  reviendrai  et  je  vous  pren- 
drai avec  moi,  afin  que  là  où  je  suis,  vous  y  soyez 
aussi.  ''Et  vous  savez  où  je  vais,  et  vous  en  savez  le 
chemin. 

^Thomas  lui  dit  :  Seigneur,  nous  ne  savons  où  tu 
vas  ;  comment  en  saurions-nous  le  chemin  ?  ^  Jésus 
répondit  :  Je  suis  le  chemin,  la  vérité  et  la  vie; 
personne  ne  vient  au  Père  que  par  moi.  "^Si  vous  me 
connaissiez,  vous  connaîtriez  aussi  mon  Père  ;  et  dès 
à  présent,  vous  le  connaissez  et  vous  l'avez  vu. 

^Philippe  lui  dit  :  Seigneur,  montre-nous  le  Père, 
et  cela  nous  suffit.  '^  Jésus  répondit  :  Il  y  a  si  longtemps 
que  je  suis  avec  vous,  et  tu  ne  m'as  pas  connji,  Phi- 
lippe !  Celui  qui  m'a  vu,  a  vu  le  Père.  Comment  dis-tu  : 
Montre-nous  le  Père  ?  ^'-Ne  crois -tu  pas  que  je  suis 
dans  le  Père,  et  que  le  Père  est  en  moi  ?  Les  paroles 
que  je  vous  dis,  je  ne  les  dis  pas  de  moi-même  ;  le 

(1)  D'autres  tradmseut  :  vous  croyez  en  Dieu. 

(2)  D'autres  traduisent  :  Si  cela  n'était  pas,  vous  aurais-je  dit  que  Je  vais 
tous  préparer  une  place  ? 

238 


SAINT  JEAN  14  :  M -2b 

Père,  qui  demeure  en  moi,  c'est  lui  qui  accomplit  ses 
propres  œuvres.  **  Croyez -moi,  quand  je  dis  que  je 
suis  dans  le  Père  et  que  le  Père  est  en  moi  ;  sinon,  croyez 
à  cause  de  mes  œuvres.  ^^En  vérité,  en  vérité,  je 
vous  le  dis,  celui  qui  croit  en  moi  fera  aussi  les  œuvres 
que  je  fais  ;  il  en  fera  même  de  plus  grandes,  parce 
que  je  vais  auprès  du  Père.  ^"^Et  quoi  que  vous  de- 
mandiez en  mon  nom,  je  le  ferai,  afin  que  le  Père 
soit  glorifié  dans  le  Fils.  "Si  vous  demandez  quelque 
chose  en  mon  nom,  je  le  ferai. 

^^Si  vous  m'aimez,  vous  garderez  mes  comman- 
dements. '^Et  je  prierai  le  Père,  qui  vous  donnera  un 
autre  Consolateur  ('),  afin  qu'il  soit  éternellement 
avec  vous,  ^ "^l'Esprit  de  vérité,  que  le  monde  ne  peut 
recevoir,  parce  qu'il  ne  le  voit  pas  et  ne  le  connaît 
pas  ;  mais,  vous,  vous  le  connaissez,  parce  qu'il  de- 
meure avec  vous,  et  il  sera  en  vous.  ^^Je  ne  vous 
laisserai  pas  orphelins,  je  viendrai  à  vous.  ^^  Encore 
un  peu  de  temps,  et  le  monde  ne  me  verra  plus,  mais 
vous  me  verrez  ;  parce  que  je  vis,  vous  vivrez  aussi  (^). 
^^En  ce  jour-là,  vous  reconnaîtrez  que  je  suis  en  mon 
Père,  que  vous  êtes  en  moi,  et  que  je  suis  en  vous. 
^' Celui  qui  a  mes  commandements  et  qui  les  garde, 
c'est  celui-là  qui  m'aime  ;  et  celui  qui  m'aime  sera 
aimé  de  mon  Père,  et  je  l'aimerai,  et  je  me  ferai  con- 
naître à  lui. 

^^  Jude,  non  pas  l'Iscariote  C'),  lui  dit  :  Seigneur, 
d'où  vient  que  tu  te  feras  connaître  à  nous,  et  non  pas 
au  monde  ?  ^-^  Jésus  lui  répondit  :  Si  quelqu'un  m'aime, 
il  gardera  ma  parole,  et  mon  Père  l'aimera,  et  nous 
viendrons  à  lui,  et  nous  ferons  notre  demeure  chez 
lui.  -^  ''  Celui  qui  ne  m'aime  pas,  ne  garde  pas  mes  pa- 
roles ;  et  la  parole  que  vous  entendez  n'est  pas  de 
moi,  mais  elle  est  du  Père  qui  m'a  envoyé. 

^^' Je  vous  ai  dit  ces  choses,  pendant  que  je  demeurais 

(1)  Consolateur,    littéralement  :    Paraclet,  mot    qui    signifie    non    seulement 
consolateur,  mais  aussi  défenseur,  conseiller,  intercesseur. 

(2)  Quelques-uns  traduisent  :  vous   me  verrez,  parce  que  je  vis  et  que  vous 
vivrez  aussi, 

(3)  Ce  Jude  ou  Judas  est  appelé  aussi  Lebbée  et  Thaddée.  —  Voy.  Matth. 
10  :  3  ;  Marc  .3  :  18. 

239 


14  :  20-15  :  9  SAINT  JEAN 

avec  vous.  -"^Mais  le  Consolateur,  le  Saint-Esprit, 
que  le  Père  enverra  en  mon  nom,  celui-là  vous  ensei- 
gnera toutes  choses,  et  vous  remettra  en  mémoire  tout 
ce  que  je  vous  ai  dit. 

^"'Je  vous  laisse  la  paix  ;  je  vous  donne  ma  paix  ; 
je  ne  vous  la  donne  pas  comme  le  monde  la  donne. 
Que  votre  cœur  ne  se  trouble  pas  et  qu'il  ne  crai- 
gne point.  -"^  Vous  avez  entendu  que  je  vous  ai  dit  : 
Je  m'en  vais,  et  je  reviens  à  vous.  Si  vous  m'aimiez, 
vous  vous  réjouiriez  de  ce  que  je  vais  auprès  du  Père, 
parce  que  le  Père  est  plus  grand  que  moi.  ^'^Et  main- 
tenant, je  vous  ai  dit  ces  choses  avant  qu'elles  arri- 
vent, afin  que,  quand  elles  seront  arrivées,  vous  croyiez. 
"'^  Je  ne  vous  parlerai  plus  guère,  car  le  prince  de  ce 
monde  vient  ;  et  il  n'a  rien  en  moi.  ^  '  Mais  il  faut  que 
le  monde  connaisse  que  j'aime  le  Père,  et  que  je  fais  ce 
que  le  Père  m'a  commandé.  Levez- vous,  partons  d'ici... 

Le  cep  et  les  sarments 

B  5  ^  Je  suis  le  vrai  cep,  et  mon  Père  est  le  vigneron. 
-Il  retranche  tout  sarment  qui  ne  porte  pas  de  fruit 
en  moi  ;  et  il  émonde  (  '  )  tout  sarment  qui  porte  du 
fruit,  afin  qu'il  porte  encore  plus  de  fruit.  ^Vous 
êtes  déjà  purs,  à  cause  de  la  parole  que  je  vous  ai 
annoncée.  'Demeurez  en  moi,  et  moi,  je  demeurerai 
en  vous.  Comme  le  sarment  ne  saurait  de  lui-même 
porter  du  fruit,  s'il  ne  demeure  attaché  au  cep,  de  même, 
vous  n'en  pouvez  porter,  si  vous  ne  demeurez  en  moi. 
^Je  suis  le  cep,  vous  êtes  les  sarments.  Celui  qui 
demeure  en  moi,  et  en  qui  je  demeure,  porte  beau- 
coup de  fruit  ;  car,  hors  de  moi,  vous  ne  pouvez  rien 
faire.  ^Si  quelqu'un  ne  demeure  pas  en  moi,  il  est  jeté 
dehors,  comme  le  sarment.  Il  sèche,  et  on  le  ramasse  ; 
on  le  jette  au  feu,  et  il  brûle.  '^Si  vous  demeurez  en 
moi  et  que  mes  paroles  demeurent  en  vous,  demandez 
tout  ce  que  vous  voudrez,  et  cela  vous  sera  accordé. 
^' Voici  comment  mon  Père  sera  glorifié  :  c'est  que 
vous  portiez  beaucoup  de  fruit,  et  alors  vous  serez 
mes  disciples.  ^  Comme  le  Père  m'a  aimé,  je  vous  ai 

(1)  Litt.  ;  nettoie,  purifie. 

240 


SAINT  JEAN  15  :  ^0-24 

aussi  aimés  ;  demeurez  dans  mon  amour.  ^^Si  vous 
gardez  mes  commandements,  vous  demeurerez  dans 
mon  amour,  comme  moi-même  j'ai  gardé  les  comman- 
"dements  de  mon  Père,  et  je  demeure  dans  son  amour. 
^^  Je  vous  ai  dit  ces  choses,  afin  que  ma  joie  demeure 
en  vous,  et  que  votre  joie  soit  parfaite. 

^^  C'est  ici  mon  commandement  :  que  vous  vous 
aimiez  les  uns  les  autres,  comme  je  vous  ai  aimés. 
^^11  n'y  a  pas  de  plus  grand  amour  que  de  donner  sa 
vie  pour  ses  amis.  ^  '  Vous  êtes  mes  amis,  si  vous  faites 
ce  que  je  vous  commande.  *'^  Je  ne  vous  appelle  plus 
serviteurs,  parce  que  le  serviteur  ne  sait  pas  ce  que 
fait  son  maître  ;  mais  je  vous  ai  appelés  mes  amis, 
parce  que  je  vous  ai  fait  connaître  tout  ce  que  j'ai 
appris  de  mon  Père.  '^Ce  n'est  pas  vous  qui  m'avez 
choisi,  c'est  moi  qui  vous  ai  choisis  et  qui  vous  ai 
établis,  afin  que  vous  alliez  et  que  vous  portiez  du 
fruit,  et  que  votre  fruit  demeure  ;  afin,  aussi,  que  tout 
ce  que  vous  demanderez  au  Père  en  mon  nom,  il  vous 
l'accorde.  ^"Je  vous  donne  ces  commandements,  pour 
que  vous  vous  aimiez  les  uns  les  autres. 

La  haine  du  monde 

^^Si  le  monde  vous  hait,  sachez  qu'il  m'a  haï  avant 
vous.  ^^Si  vous  étiez  du  monde,  le  monde  aimerait  ce 
qui  serait  à  lui  ;  mais  parce  que  vous  n'êtes  pas  du 
monde  et  que  je  vous  ai  choisis  du  milieu  du  monde, 
à  cause  de  cela  le  monde  vous  hait.  ^"Souvenez-vous 
de  la  parole  que  je  vous  ai  dite  :  Le  serviteur  n'est 
pas  plus  grand  que  son  maître  (').  S'ils  m'ont  persé- 
cuté, ils  vous  persécuteront  aussi  ;  s'ils  ont  gardé 
ma  parole,  ils  garderont  aussi  la  vôtre.  ^'Mais  ils 
vous  feront  tout  cela  à  cause  de  mon  nom,  parce  qu'ils 
ne  connaissent  pas  Celui  qui  m'a  envoyé.  ^^Si  je 
n'étais  pas  venu,  et  que  je  ne  leur  eusse  point  parlé, 
ils  n'auraient  point  de  péché  ;  mais  maintenant  ils 
n'ont  pas  d'excuse  de  leur  péché.  ^^  Celui  qui  me  hait, 
hait  aussi  mon  Père.  ^''Si  je  n'avais  pas  fait  parmi 
eux  des  œuvres  qu'aucun  autre  n'a  faites,  ils  seraient 

(1)  Yoy.  Jean  1.3  :  10  ;  Matth.  lO  :  24.    . 

241 


15  :  2î;-16  :  M  SAINT  JEAN 

sans  péché  ;  mais  maintenant  ils  les  ont  vues,  et  ils 
ont  haï  et  moi,  et  mon  Père.  ^-'Et  cela,  afin  que  fût 
accomplie  cette  parole,  écrite  dans  leur  loi  :  «  Ils 
m'ont  haï  sans  cause  (^).  »  ^^ Quand  sera  venu  le 
Consolateur  que  je  vous  enverrai  de  la  part  du  Père, 
l'Esprit  de  vérité  qui  procède  du  Père,  c'est  lui  qui 
rendra  témoignage  de  moi.  ^'Et  vous  aussi,  vous  me 
rendrez  témoignage,  parce  que  vous  êtes  depuis  le 
commencement  avec  moi. 

Le  Consolateur 

16  ^  Je  vous  ai  dit  ces  choses,  pour  que  vous  soyez 
préservés  de  chute  (^).  ^Ils  vous  chasseront  des  syna- 
gogues; et  même,  l'heure  vient  où  quiconque  vous  fera 
mourir  croira  rendre  un  culte  à  Dieu.  ^Et  ils  feront 
cela,  parce  qu'ils  n'ont  connu  ni  le  Père,  ni  moi.  ''Mais 
je  vous  ai  dit  ces  choses,  afin  que,  quand  l'heure  sera 
venue,  vous  vous  souveniez  que  je  vous  les  ai  dites. 
Je  ne  vous  les  ai  pas  dites  dès  le  commencement, 
parce  que  j'étais  avec  vous. 

^Maintenant,  je  m'en  vais  auprès  de  Celui  qui  m'a 
envoyé,  et  aucun  de  vous  ne  me  demande  :  Où  vas-tu? 
*^Mais  parce  que  je  vous  ai  dit  ces  choses,  la  tristesse 
a  rempli  votre  cœur.  'Cependant  je  vous  dis  la  vérité  : 
il  vous  est  avantageux  que  je  m'en  aille  ;  car  si  je 
ne  m'en  vais  pas,  le  Consolateur  ne  viendra  point  à 
vous;  mais  si  je  m'en  vais,  je  vous  l'enverrai.  ^Et 
quand  il  sera  venu,  il  convaincra  le  monde  de  péché, 
de  justice  et  de  jugement  :  'Me  péché,  parce  qu'ils  ne 
croient  pas  en  moi;  '*^de  justice,  parce  que  je  m'en 
vais  auprès  du  Père,  et  que  vous  ne  me  verrez  plus  ; 
^  ^  de  jugement,  parce  que  le  prince  de  ce  monde  est  jugé. 

*- J'ai  encore  plusieurs  choses  à  vous  dire  :  mais 
elles  sont  maintenant  au-dessus  de  votre  portée. 
^^  Quand  lui,  l'Esprit  de  vérité,  sera  venu,  il  vous  con- 
duira dans  toute  la  vérité  ;  car  il  ne  parlera  pas  de  son 
chef,  mais  il  dira  tout  ce  qu'il  aura  entendu,  et  il 
vous  annoncera  les  choses  à  venir.  ^'*  C'est  lui  qui  me 

(1)  Psaumes  35  :  19  ;  69  :  5. 

(2)  Litt.   :  pour  que  vous  ne  soyez  pas  scandalisés.   (Voir   note  sur  Matth. 
16  :  23).  - 

242 


SAINT   JEAN  16:  lb-27 

glorifiera,  parce  qu'il  prendra  de  ce  qui  est  à  moi, 
et  qu'il  vous  l'annoncera.  '"'Tout  ce  que  le  Père  a, 
est  à  moi  ;  c'est  pourquoi,  j'ai  dit  qu'il  prendra  de  ce 
qui  est  à  moi,  et  qu'il  vous  l'annoncera. 

La  séparation  et  le  revoir 

^^  Encore  un  peu  de  temps  et  vous  ne  me  verrez 
plus  ;  puis  encore  un  peu  de  temps,  et  vous  me  verrez, 
parce  que  je  vais  auprès  du  Père.  '  "  Alors,  quelques-uns 
de  ses  disciples  se  dirent  les  uns  aux  autres  :  Qu'est-ce 
qu'il  nous  dit  :  Encore  un  peu  de  temps,  et  vous  ne  me 
verrez  plus  ;  puis  encore  un  peu  de  temps,  et  vous  me 
verrez  ;  et  aussi  :  Parce  que  je  vais  auprès  du  Père  ? 
^^Ils  disaient  donc  :  Que  signifie  ce  qu'il  dit  :  Un  peu 
de  temps  ?  Nous  ne  savons  de  quoi  il  parle. 

^^  Jésus,  connaissant  qu'ils  voulaient  l'interroger, 
leur  dit  :  Vous  vous  demandez  les  uns  aux  autres  ce 
que  signifie  cette  parole  :  Encore  un  peu  de  temps,  et 
vous  ne  me  verrez  plus  ;  puis  encore  un  peu  de  temps, 
et  vous  me  verrez.  ^*^En  vérité,  en  vérité,  je  vous  le 
dis,  vous  pleurerez,  vous  vous  lamenterez,  et  le 
monde  se  réjouira  ;  vous  serez  dans»- la  tristesse,  mais 
votre  tristesse  sera  changée  en  joie.  ^' Quand  une 
femme  enfante,  elle  est  dans  la  douleur,  parce  que 
son  heure  est  venue  ;  mais  quand  l'enfant  est  né, 
elle  ne  se  souvient  plus  de  son  angoisse,  dans  la  joie 
qu'elle  a  de  ce  qu'un  homme  est  né  dans  le  monde. 
^■^De  même,  vous  êtes  ijiaintenant  dans  la  douleur; 
mais  je  vous  reverrai  et  votre  cœur  se  réjouira,  et 
personne  ne  vous  ravira  votre  joie.  ^-^En  ce  jour-là, 
vous  ne  m'interrogerez  plus  sur  i^en.  En  vérité,  en 
vérité,  je  vous  le  dis,  ce  que  vous  demanderez  au  Père, 
il  vous  le  donnera  en  mon  nom.  -^Jusqu'à  présent, 
vous  n'avez  rien  demandé  en  mon  nom.  Demandez, 
et  vous  recevrez,  afin  que  votre  joie  soit  parfaite. 

^•^Je  vous  ai  dit  ces  choses  en  similitudes.  L'heure 
vient  où  je  ne  vous  parlerai  plus  en  similitudes,  mais 
où  je  vous  parlerai  du  Père  ouvertement.  '-^^En  ce 
jour -là,  vous  demanderez  en  mon  nom,  et  je  ne  vous 
dis  pas  que  je  prierai  le  Père  pour  vous;  "^"car  le 

243 


16  :  28-17  :  9  SAINT  JEAN 

Père  lui-même  vous  aime,  parce  que  vous  m'avez  aimé, 
et  que  vous  avez  cru  que  je  suis  venu  de  la  part  du 
Père.  ^^Je  suis  issu  du  Père,  et  je  suis  venu  dans  le 
monde  ;  maintenant  je  quitte  le  monde,  et  je  vais 
auprès  du  Père. 

2^  Ses  disciples  lui  dirent  :  C'est  maintenant  que 
tu  parles  ouvertement,  et  que  tu  ne  dis  pas  de  simi- 
litude. ^^  Maintenant  nous  savons  que  tu  sais  toutes 
choses,  et  que  tu  n'as  pas  besoin  que  personne  t'in- 
terroge ;  voilà  pourquoi  nous  croyons  que  tu  es  issu 
de  Dieu.  ^^  Jésus  leur  répondit  :  Vous  croyez  mainte- 
nant? ^^  Voici  que  l'heure  vient,  et  elle  est  déjà  venue, 
où  vous  serez  dispersés,  chacun  de  son  côté,  et  où  vous 
me  laisserez  seul;  mais  je  ne  serai  pas  seul,  parce 
que  le  Père  est  avec  moi.  ^^Je  vous  ai  dit  ces 
choses,  afin  que  vous  ayez  la  paix  en  moi.  Vous 
aurez  des  afflictions  dans  le  monde  ;  mais  prenez  cou- 
rage, j'ai  vaincu  le  monde  ! 

La  ^prière  sacerdotale 

I  7  ^  Jésus  parla  ainsi  ;  puis,  levant  les  yeux  au 
ciel,  il  dit  :  Père,-  l'heure  est  venue  ;  glorifie  ton  Fils, 
afin  que  ton  Fils  te  glorifie,  ^et  que,  par  le  pouvoir 
que  tu  lui  as  donné  sur  toute  créature,  il  donne  la  vie 
éternelle  à  tous  ceux  que  tu  lui  as  donnés.  ^Or  c'est 
ici  la  vie  éternelle,  qu'ils  te  connaissent,  toi,  le  seul 
vrai  Dieu,  et  celui  que  tu  as  envoyé,  Jésus-Christ.  ^*  Je 
t'ai  glorifié  sur  la  terre  ;  j'ai  achevé  l'œuvre  que 
tu  m'avais  donnée  à  faire.  ^Et  maintenant,  toi.  Père, 
glorifie-moi  auprès  de  toi-même  de  la  gloire  que  j'avais 
auprès  de  toi,  avant  que  le  monde  fût. 

*'J'ai  manifesté  ton  nom  aux  hommes  que  tu  m'as 
donnés  du  milieu  du  monde  ;  ils  étaient  à  toi,  et  tu 
me  les  as  donnés,  et  ils  ont  gardé  ta  parole.  '^Mainte- 
nant ils  ont  connu  que  tout  ce  que  tu  m'as  donné 
vient  de  toi.  ^Car  je  leur  ai  donné  les  paroles  que  tu 
m'a  données,  et  ils  les  ont  reçues  ;  ils  ont  vraiment 
reconnu  que  je  suis  venu  de  toi,  et  ils  ont  cru  que 
c'est  toi  qui  m'as  envoyé.  ^  Je  prie  pour  eux  ;  je  ne  prie 
pas  pour  le  monde,  mais  pour  ceux  que  tu  m'as  donnés, 

244 


SAINT  JEAN  17  :  <0-26 

parce  qu'ils  sont  à  toi.  ^^Et  tout  ce  qui  est  à  moi  est 
à  toi,  et  ce  qui  est  à  toi  est  à  moi,  et  je  suis  glorifié 
en  eux.  ""^Je  ne  suis  plus  dans  le  monde,  mais  eux 
sont  dans  le  monde,  et  moi  je  vais  auprès  de  toi. 
Père  saint,  garde-les!  Qu'ils  soient  fidèles  à  ton  nom, 
que  tu  m'as  chargé  de  faire  connaître,  afin  qu'ils  soient 
un  comme  nous.  ^^ Pendant  que  j'étais  avec  eux,  je  les 
gardais,  et  ils  étaient  fidèles  k  ton  nom  que  tu  m'as 
chargé  de  faire  connaître.  Je  les  ai  préservés,  et 
aucun  d'eux  ne  s'est  perdu,  sinon  le  fils  de  perdition, 
afin  que  l'Écriture  fût  accomplie.  ^^Mais  maintenant 
je  vais  auprès  de  toi,  et  je  dis  ces  choses,  étant  encore 
dans  le  monde,  afin  qu'ils  aient  en  eux  la  plénitude  de 
ma  joie.  ^  '•  Je  leur  ai  donné  ta  Parole,  et  le  monde  les  a 
haïs,  parce  qu'ils  ne  sont  pas  du  monde,  comme,  je  ne 
suis  pas  du  monde.  ^^Je  ne  te  prie  pas  de  les  qter  du 
monde,  mais  de  les  préserver  du  mal.  ^''Ils  ne  sont 
pas  du  monde,  comme  je  ne  suis  pas  du  monde.  ^  '^Sanc- 
tifie-les par  la  vérité  ;  ta  Parole  est  la  vérité.  ^^  Comme 
tu  m'as  envoyé  dans  le  monde,  je  les  ai  aussi  envoyés 
dans  le  monde.  ^^Et  je  me  sanctifie  moi-même  pour 
eux,  afin  qu'eux  aussi  soient  sanctifiés  par  la  vérité. 
^"Ce  n'est  pas  seulement  pour  eux  que  je  prie, 
mais  aussi  pour  ceux  qui  croiront  en  moi  par  leur 
parole,  ^'afin  que  tous  soient  un,  comme  toi,  Père, 
tu  es  en  moi,  et  moi  en  toi;  afin  qu'eux  aussi  soient  en 
nous,  pour  que  le  monde  croie  que  c'est  toi  qui  m'as 
envoyé.  ^^  Je  leur  ai  donné  la  gloire  que  tu  m'as  don- 
née, afin  qu'ils  soient  un,  comme  nous  sommes  un  : 
^^moi  en  eux,  et  toi  en  moi,  afin  qu'ils  soient  parfaits 
dans  l'unité,  et  que  le  monde  connaisse  que  c'est  toi 
qui  m'as  envoyé,  et  que  tu  les  as  aimés,  comme  tu 
m'as  aimé.  ^''Père,  je  veux  que  là  où  je  suis,  ceux  que 
tu  m'as  donnés  y  soient  aussi  avec  moi,  afin  qu'ils 
contemplent  ma  gloire,  la  gloire  que  tu  m'as  donnée, 
parce  que  tu  m'as  aimé  avant  la  création  du  monde. 
^^Père  juste,  le  monde  ne  t'a  pas  connu  ;  mais  moi, 
je  t'ai  connu,  et  ceux-ci  ont  reconnu  que  c'est  toi 
qui  m'as  envoyé.  ^^  Je  leur  ai  fait  connaître  ton  nom, 
et  je  le  leur  ferai  connaître,  afin  que  l'amour  dont  tu 
m'as  aimé  soit  en  eux,  et  que  je  sois  moi-même  en  eux. 

245 


18  :  1-13  SAINT  JEAN 

Souffrances,  mort  et  résurrection  de  Jésus 

(18  :  1  à  21  :  25) 

Oeihsémané  —  Arrestation  de  Jésus 

(Voj^  Matth.  26  :  36-56  ;  Marc  14  :  32-52  ;  Luc  22  :  39-53) 

I  8  ^  Après  avoir  dit  ces  choses,  Jésus  s'en  alla  avec 
ses  disciples  au  delà  du  torrent  du  Cédron  ;  il  y  avait 
là  un  jardin  dans  lequel  il  entra,  ainsi  que  ses  dis- 
ciples. -Or  Judas,  celui  qui  le  trahissait,  connaissait 
aussi  cet  endroit,  parce  que  Jésus  et  ses  disciples  s'y 
étaient  souvent  réunis.  -*  Judas,  aj/ant  donc  pris  la 
cohorte  (')  et  des  agents  envoyés  par  les  principaux 
sacrificateurs  et  les  pharisiens,  vint  dans  ce  lieu  avec 
des  lanternes,  des  torches  et  des  armes.  ^  Jésus,  qui 
savait  tout  ce  qui  allait  lui  arriver,  s'avança  et  leur 
dit  :  Qui  cherchez -vous  ?  ^Ils  lui  répondirent  :  Jésus 
de  Nazareth,  Jésus  leur  dit  :  C'est  moi  !  Judas,  qui 
le  trahissait,  se  trouvait  aussi  avec  eux.  ^Dès  que 
Jésus  leur  eut  dit  :  C'est  moi,  ils  reculèrent  et  tom- 
bèrent par  terre,  'jll  leur  demanda  encore  une  fois  : 
Qui  cherchez- vous  ?  Ils  répondirent  :  Jésus  de  Nazareth. 
^  Jésus  reprit  :  Je  vous  ai  dit  que  c'est  moi  ;  si  donc 
c'est  moi  que  vous  cherchez,  laissez  aller  ceux-ci. 
^C'était  afin  que  fût  accomplie  la  parole  qu'il  avait 
dite  :  Je  n'ai  perdu  aucun  de  ceux  que  tu  m'as  don- 
nés (^).  ^'^ Alors  Simon  Pierre,  qui  avait  une  épée,  la 
tira,  frappa  le  serviteur  du  souverain  sacrificateur,  et 
lui  coupa  l'oreille  droite.  Ce  serviteur  s'appelait  Mal- 
chus. ^  '  Mais  Jésus  dit  à  Pierre  :  Remets  ton  épée  dans 
le  fourreau  :  ne  boirai- je  pas  la  coupe  que  le  Père  m'a 
donnée  à  boire  ? 

Jésus  devant  Anne  et  Caïphe 
Reniement  de  Pierre 

(Voy.  Matth.  26  :  57-75  ;  Marc  14  :  53-72  ;  Luc  22  :  54-71) 

^La  cohorte,  le  tribun  et  les  agents  des  Juifs,  se 
saisirent  alors  de  Jésus  et  le  chargèrent  de  liens.  ^  '^  Ils 
l'emmenèrent  d'abord  chez  Anne:  car  il  était  le  beau- 


(1)  Voir  note  sur  Matth.  27  :  27. 

(2)  Jeau  17  :  12. 


246 


SAINT  JEAN  18  :  ^5-27 

père  de  Caïphe,  qui  était  souverain  sacrificateur  cette 
année-là.  ^'Or,  Caïphe  était  celui  qui  avait  donné  ce 
conseil  aux  Juifs  :  Il  vaut  mieux  qu'un  seul  homme 
meure  pour  le  peuple  ('). 

'••^  Simon  Pierre,  avec  un  autre  disciple,  suivait 
Jésus.  Cet  autre  disciple  était  connu  du  souverain 
sacrificateur,  et  il  entra  avec  Jésus  dans  la  cour  du 
souverain  sacrificateur.  ^^Mais  Pierre  se  tenait  dehors, 
près  de  la  porte.  L'autre  disciple,  qui  était  connu  du 
souverain  sacrificateur,  sortit,  parla  à  la  portière,  et 
fit  entrer  Pierre.  ^' Alors  cette  servante,  qui  gardait 
la  porte,  dit  à  Pierre  :  N'es-tu  pas,  toi  aussi,  des  dis- 
ciples de  cet  homme  ?  Il  répondit  :  Je  n'en  suis  pas. 
"•^Les  serviteurs  et  les  agents  se  tenaient  là,  auprès 
d'un  feu  qu'ils  avaient  allumé,  parce  qu'il  faisait  froid, 
et  ils  se  chauffaient.  Pierre  se  tenait  avec  eux,  et 
il  se  chauffait  aussi. 

'•^Le  souverain  sacrificateur  interrogea  donc  Jésus 
sur  ses  disciples  et  sur  sa  doctrine.  ^^  Jésus  lui  répondit  : 
J'ai  parlé  ouvertement  au  monde  ;  j'ai  toujours  en- 
seigné dans  la  synagogue  et  dans  le  temple,  où  s'as- 
semblent tous  les  Juifs,  et  je  n'ai  rien  dit  en  secret. 
^'Pourquoi  m'interroges-tu  ?  Demande  à  ceux  qui 
m'ont  entendu  ce  que  je  leur  ai  dit  ;  ceux-là  savent 
ce  que  j'ai  dit.  --Comme  il  parlait  ainsi,  un  des  agents 
qui  étaient  présents  donna  un  soufflet  à  Jésus,  en 
disant  :  Est-ce  ainsi  que  tu  réponds  au  souverain 
sacrificateur  ?  ^^  Jésus  lui  répondit  :  Si  j'ai  mal  parlé, 
fais  voir  ce  que  j'ai  dit  de  mal  ;  mais  si  j'ai  bien  parlé, 
pourquoi  me  frappes-tu?  ^' Alors  Anne  l'envoya, 
chargé  de  liens,  à  Caïphe,  le  souverain  sacrificateur. 

2'^  Cependant,  Simon  Pierre  se  tenait  là  et  se  chauf- 
fait ;  et  on  lui  dit  :  N'es-tu  joas,  toi  aussi,  de  ses 
disciples  ?  Il  le  nia  et  répondit  :  Je  n'en  suis  pas. 
2  6  L'un  des  serviteurs  du  souverain  sacrificateur,  parent 
de  celui  à  qui  Pierre  avait  coupé  l'oreille,  lui  dit  :  Ne 
t'ai-je  pas  vu  dans  le  jardin  avec  lui  ?  2' Pierre  le 
nia  encore  une  fois  ;  et  aussitôt  le  coq  chanta. 

(1)  Voy.  Jean  H  :  50. 

247 


18  :  28-40  SAINT  JEAN 

Jésus  devant  Pilate 

(Voy.  Matth.  27  :  11-31  ;  Marc  15  :  1-20  ;  Luc  23  :  1-25) 

2^  Ils  emmenèrent  ensuite  Jésus  de  chez  Caïphe 
au  prétoire  ;  c'était  le  matin.  Mais  ils  n'entrèrent  pas 
eux-mêmes  dans  le  prétoire  ('),  afin  de  ne  point  se 
souiller  (^)  et  de  pouvoir  manger  la  Pâque.  ^^  Pilate 
sortit  donc,  alla  vers  eux  et  leur  dit  :  Quelle  accusa- 
tion portez-vous  contre  cet  homme  ?  ^^Ils  lui  répon- 
dirent :  Si  ce  n'était  pas  un  malfaiteur,  nous  ne  te 
l'aurions  pas  livré.  ^*  Alors  Pilate  leur  dit  :  Prenez -le 
vous-mêmes  et  jugez -le  selon  votre  loi.  Les  Juifs  lui 
dirent  :  Il  ne  nous  est  pas  permis  de  faire  mourir 
personne.  ^^  C'était  afin  que  fût  accompli  ce  que 
Jésus  avait  dit,  pour  indiquer  de  quelle  mort  il  devait 
mourir  (^). 

^^  Alors  Pilate  rentra  dans  le  prétoire,  et,  ayant 
fait  venir  Jésus,  il  lui  dit  :  C'est  toi  qui  es  le  roi  des 
Juifs  ?  ^'' Jésus  répondit  :  Dis-tu  cela  de  ton  propre 
mouvement,  ou  d'autres  te  l' ont-ils  dit  de  moi  ? 
^^ Pilate  répondit  :  Suis-je  Juif  ?  Ta  nation  et  les  prin- 
cipaux sacrificateurs  t'ont  livré  à  moi  ;  qu'as-tu  fait  ? 
^^  Jésus  répondit  :  Mon  règne  n'est  pas  de  ce  monde. 
Si  mon  règne  était  de  ce  monde,  mes  gens  combat- 
traient, pour  que  je  ne  fusse  pas  li\T:'é  aux  Juifs; 
mais  maintenant  mon  règne  n'est  pas  d'ici-bas.  ^'^  Alors 
Pilate  lui  dit  :  Tu  es  donc  roi  ?  Jésus  répondit  :  Tu 
le  dis,  je  suis  roi.  Voici  pourquoi  je  suis  né  et  pourquoi 
je  suis  venu  dans  le  monde  :  c'est  pour  rendre  témoi- 
gnage à  la  vérité.  Quiconque  est  pour  la  vérité  écoute 
ma  voix.  ^^ Pilate  lui  dit  :  Qu'est-ce  que  la  vérité  ?... 

Quand  il  eut  dit  cela,  il  sortit  de  nouveau  pour 
aller  vers  les  Juifs,  et  leur  dit  :  Je  ne  trouve  aucun 
crime  en  lui.  ^^Mais  vous  avez  une  coutume,  c'est 
que  je  vous  relâche  quelqu'un,  à  la  fête  de  Pâque; 
voulez-vous  donc  que  je  vous  relâche  le  roi  des  Jmfs  ? 
-'•^  Alors  ils  s'écrièrent  de  nouveau  :  Non  pas  lui,  mais 
Barabbas  !   Or,  Barabbas  était  un  brigand. 

(1)  Voir  note  sur  Matth.  27  :  27. 

(2)  C'est-à-dire  :  afin  de  ne  pas  contracter  une  souillure  légale,  en  entrant  dans 
une  maison  païenne. 

(3)  Voy.  Jean  13  :  32-33. 

248 


SAINT  JEAN  19  :  l-1o 

Outrages  des  soldats  —  Jésus  livré  aux  Juifs 
par  Pilate 

I  9  ^  Alors  Pilate  prit  Jésus  et  le  fit  battre  de  verges. 
^Les  soldats,  ayant  tressé  une  couronne  d'épines,  la 
lui  mirent  sur  la  tête,  et  ils  le  revêtirent  d'un  manteau 
de  pourpre.  ^Puis,  s'approchant,  ils  lui  dirent  :  Salut, 
roi  des  Juifs  !  Et  ils  lui  donnaient  des  soufflets. 

'*  Pilate  sortit  encore  une  fois  et  leur  dit  :  Le  voici, 
je  vous  l'amène  dehors,  afin  que  vous  sachiez  que  je 
ne  trouve  aucun  crime  en  lui.  ^  Jésus  sortit  donc,  portant 
la  couronne  d'épines  et  le  manteau  de  pourpre  ;  et 
Pilate  leur  dit  :  Voici  l'homme  !  ^  Mais  quand  les  prin- 
cipaux sacrificateurs  et  leurs  agents  le  virent,  ils 
s'écrièrent  :  Crucifie-le,  crucifie-le  !  Pilate  leur  dit  : 
Prenez -le  vous-mêmes  et  crucifiez -le  ;  car  pour  moi, 
je  ne  trouve  aucun  crime  en  lui.  ^Les  Juifs  reprirent: 
Nous  avons  une  loi,  et  d'après  cette  loi,  il  doit  mourir, 
parce  qu'il  s'est  fait  le  Fils  de  Dieu.  ^  Quand  Pilate 
eut  entendu  cette  parole,  il  eut  encore  plus  de  crainte. 

'^11  rentra  de  nouveau  dans  le  prétoire  et  dit  à 
Jésus  :  D'où  es -tu  ?  Mais  Jésus  ne  lui  fit  aucune  ré- 
ponse. ^  ^  Pilate  lui  dit  :  Tu  ne  me  dis  rien  ?  Ne  sais-tu 
pas  que  j'ai  le  pouvoir  de  te  délivrer  et  le  pouvoir  de 
te  crucifier?  ^^ Jésus  répondit:  Tu  n'aurais  aucun 
pouvoir  sur  moi,  s'il  ne  t'avait  pas  été  donné  d'en 
haut  ;  c'est  pourquoi,  celui  qui  m'a  livré  à  toi  est  cou- 
pable d'un  plus  grand  péché. 

'•-Depuis  ce  moment,  Pilate  cherchait  à  le  délivrer; 
mais  les  Juifs  criaient  :  Si  tu  délivres  cet  homme,  tu 
n'es  pas  ami  de  César  ;  quiconque  se  fait  roi  se  déclare 
contre  César  î  ^  ^  Pilate,  ayant  entendu  ces  paroles, 
mena  Jésus  dehors  et  s'assit  sur  le  tribunal,  au  lieu 
appelé  le  Pavé,  en  hébreu  Gabbatha  (').  ^  ''Or,  c'était 
le  jour  de  la  préparation  de  la  Pâque,  environ  la 
sixième  heure  ('-).  Et  Pilate  dit  aux  Juifs  :  Voilà 
votre  roi  !  ^  '^  Ceux-ci  se  mirent  à  crier  :  Ote-le,  ôte-le  ! 
Crucifie-le  !  Pilate  leur  dit  :  Crucifierai- je  votre  roi  ? 

(1)  Gabbatha  signifie  tertre,  éminence. 

(2)  Environ  midi. 

249 


19  :  U-29  SAINT  JEAN 

Les  principaux  sacrificateurs  répondirent  :  Nous 
n'avons  pas  d'autre  roi  que  César.  ^^  Alors  il  le  leur 
livra  pour  être  crucifié. 

Ils  prirent  donc  Jésus  et  l'emmenèrent. 

Jésus  crucifié 

(Voy.  Matth,  27  :  32-56  ;  Marc  15  :  21-41  ;  Luc  23  :  26-49) 

^' Jésus,  portant  sa  croix,  arriva  hors  de  la  ville 
au  lieu  appelé  le  Crâne,  qui  se  nomme  en  hébreu 
Golgotha.  ^'^  C'est  là  qu'ils  le  crucifièrent,  et  deux 
autres  avec  lui,  un  de  chaque  côté,  et  Jésus  au  milieu. 

'■'•^Pilate  fit  aussi  faire  un  écriteau  qu'il  plaça  au- 
dessus  de  la  croix.  On  y  avait  écrit  :  Jésus  de  Naza- 
reth, le  roi  des  Juifs.  -"Beaucoup  de  Juifs  luirent  cet 
écriteau,  parce  que  le  lieu  où  Jésus  fut  crucifié  était 
près  de  la  ville,  et  que  l'inscription  était  en  hébreu, 
en  latin  et  en  grec.  ^' Alors  les  principaux  sacrifica- 
teurs des  Juifs  dirent  à  Pilate  :  N'écris  pas  :  Le  roi 
des  Juifs  ;  mais  qu'il  a  dit  :  Je  suis  le  roi  des  Juifs. 
^^ Pilate  répondit  :  Ce  que  j'ai  écrit,  je  l'ai  écrit. 

^^  Après  que  les  soldats  eurent  crucifié  Jésus,  ils 
prirent  ses  vêtements,  et  ils  en  firent  quatre  parts, 
une  pour  chaque  soldat.  Ils  prirent  aussi  sa  robe, 
mais  cette  robe  était  sans  couture,  tout  entière  d'un 
seul  tissu,  depuis  le  haut  jusqu'au  bas.  ^^Ils  se  dirent 
donc  les  uns  aux  autres  :  Ne  la  déchirons  pas,  mais 
tirons  au  sort  à  qui  l'aura.  C'était  afin  que  cette 
parole  de  l'Ecriture  fût  accomplie  :  «  Ils  ont  partagé 
mes  vêtements  entre  eux,  et  ils  ont  tiré  ma  robe  au 
sort  (').  »  Voilà  ce  que  firent  les  soldats. 

2 ^Auprès  de  la  croix  de  Jésus  se  tenaient  sa  mère 
et  la  sœur  de  sa  mère,  Marie,  femme  de  Cléopas,  et 
Marie-Madeleine.  ^^  Jésus,  voyant  sa  mère  et,  près 
d'elle,  le  disciple  qu'il  aimait,  dit  à  sa  mère  :  Femme, 
voilà  ton  fils  !  2' Puis  il  dit  au  disciple  :  Voilà  ta  mère! 
A  partir  de  ce  moment,  le  disciple  la  prit  chez  lui. 

2^  Après  cela,  sachant  que  déjà  tout  était  accompli, 
Jésus  dit,  afin  que  fût  pleinement  accomplie  l'Écri- 
ture :  J'ai  soif.  ^'^  Il  y  avait  là  un  vase  plein  de  vinaigre. 
Ils  emplirent  donc  de  vinaigre  une  éponge  (^),  et,  l'ayant 

(1)  Psaume  33  :  19.  —  (2)  Voy.  Psaimie  69  :  22. 

250 


SAINT   JEAN  19  :  30-42 

fixée  à  une  tige  d'hysope,  ils  rapprochèrent  de  sa 
bouche.  ^*^  Quand  Jésus  eut  pris  le  vinaigre,  il  dit  : 
Tout  est  accompli  ;  et,  baissant  la  tête,  il  rendit 
l'esprit. 

^*Les  Juifs,  craignant  que  les  corps  ne  restassent 
sur  la  croix  pendant  le  sabbat  —  car  c'était  la  prépara- 
tion du  sabbat,  et  ce  sabbat  était  très  solennel,  —  de- 
mandèrent à  Pilate  qu'on  leur  rompît  les  jambes  et 
qu'on  les  enlevât.  ^^Les  soldats  vinrent  donc  ;  ils 
rompirent  les  jambes  au  premier,  et  ensuite  à  l'autre, 
qui  était  crucifié  avec  lui.  ^^  Quand  ils  vinrent  à 
Jésus,  voyant  qu'il  était  déjà  mort,  ils  ne  lui  rom- 
pirent pas  les  jambes;  ^^mais  l'un  des  soldats  lui 
perça  le  côté  avec  une  lance,  et  aussitôt  il  en  sortit 
du  sang  et  de  l'eau.  ^'^  Celui  qui  l'a  vu  en  a  rendu  té- 
moignage-—  et  son  témoignage  est  véritable,  et  il  sait 
qu'il  est  vraij  ■ —  afin  que  vous  aussi,  vous  crojâez. 
^''Car  cela  arriva,  afin  que  cette  parole  de  l'Écriture 
fût  accomplie  :  «  Aucun  de  ses  os  ne  sera  rompu  (^).  » 
^^  Ailleurs  l'Ecriture  dit  encore:  «  Ils  regarderont  à 
celui  qu'ils  ont  percé  (-).  » 

Sépulture  de  Jésus 

(Voy.  Matth.  27  ;  57-61  ;  Marc  15  :  42-47  ;  Luc  23  :  50-56) 

^^  Après  cela,  Joseph  d'Arimathée,  qui  était  dis- 
ciple de  Jésus,  mais  en  secret,  parce  qu'il  craignait 
les  Juifs,  demanda  à  Pilate  la  permission  d'enlever 
le  corps  de  Jésus  ;  et  Pilate  le  lui  permit.  Il  vint  donc 
et  enleva  le  corps.  ^^Nicodème,  celui  qui  était  venu 
la  première  fois  trouver  Jésus  pendant  la  nuit,  vint 
aussi,  apportant  environ  cent  livres  d'une  composi- 
tion de  myrrhe  et  d'aloès.  ''*^Ils  prirent  donc  le  corps 
de  Jésus  et  l'enveloppèrent  de  linges  avec  des  aro 
mates,  comme  c'est  la  coutume  d'ensevelir  chez  les 
Juifs.  ''^Or,  à  l'endroit  où  il  avait  été  crucifié,  il  y 
avait  un  jardin,  et  dans  ce  jardin  un  tombeau  neuf, 
où  personne  n'avait  encore  été  mis.  ''^  C'est  là  qu'ils 
déposèrent  Jésus,  parce  que  c'était  la  préparation 
des  Juifs,  et  que  ce  tombeau  était  tout  proche. 

(1)  Voy.  Exode  13  :  46  ;  Psaume  34  :  21.  —  (2)  Zacharie  13  :  10. 
251 


20mH6  saint  JEAN 

Résurrection  de  Jésus  —  Apparition 
à  Marie- Madeleine 

(Voy.  Matth.  28  :  1-10  ;  Marc  16  :  1-9  ;  Luc  24  :  1-12) 

20  ''Le  premier  jour  de  la  semaine,  Marie-Made- 
leine se  rendit  au  tombeau  de  grand  matin,  comme  il 
faisait  encore  obscur  ;  et  elle  vit  la  pierre  enlevée  de 
l'entrée  du  tombeau.  ^EUe  courut  donc  trouver 
Simon  Pierre  et  l'autre  disciple  que  Jésus  aimait,  et 
elle  leur  dit  :  On  a  enlevé  du  tombeau  le  Seigneur,  et 
nous  ne  savons  pas  où  on  l'a  mis. 

^  Alors  Pierre  sortit  avec  l'autre  disciple,  et  ils 
allèrent  au  tombeau.  ''Ils  couraient  tous  deux  en- 
semble ;  mais  l'autre  disciple  courut  plus  vite  que 
Pierre,  et  il  arriva  le  premier  au  tombeau.  ^S'étant 
baissé,  il  vit  les  linges  qui  étaient  à  terre  ;  toutefois, 
il  n'entra  point.  •'Simon  Pierre,  qui  le  suivait,  vint  à 
son  tour  et  entra  dans  le  tombeau  ;  il  vit  les  linges 
qui  étaient  à  terre,  ^  ainsi  que  le  suaire  dont  on  avait 
couvert  la  tête  de  Jésus,  et  qui  n'était  pas  avec  les 
linges,  mais  roulé  à  part,  à  une  autre  place.  ^  Alors 
l'autre  disciple,  qui  était  arrivé  le  premier  au  tombeau, 
y  entra  aussi  ;  il  vit,  et  il  crut.  ^Car  ils  n'avaient  pas 
encore  compris  l'Ecriture,  d'après  laquelle  il  fallait 
qu'il  ressuscitât  des  morts.  ""^Puis  les  disciples  retour- 
nèrent chez  eux. 

^  ^  Cependant  Marie  se  tenait  dehors,  auprès  du  tom- 
beau, et  elle  pleurait.  Comme  elle  pleurait,  elle  se 
baissa  pour  regarder  dans  le  tombeau,  ^^et  elle  vit 
deux  anges  vêtus  de  blanc,  assis  l'un  à  la  tête  et 
l'autre  aux  pieds,  à  la  place  où  le  corps  de  Jésus  avait 
été  couché.  ^  ^  Ils  lui  dirent  :  Femme,  pourquoi  pleures- 
tu  ?  Elle  leur  répondit  :  Parce  qu'on  a  enlevé  mon 
Seigneur,  et  que  je  ne  sais  où  on  l'a  mis.  '■'*  Ayant 
dit  cela,  elle  se  retourna  et  vit  Jésus  qui  était  là; 
mais  elle  ne  savait  pas  que  c'était  Jésus.  ''^  Jésus  lui 
dit  :  Femme,  pourquoi  pleures-tu  ?  Qui  cherches-tu  ? 
EUe,  croyant  que  c'était  le  jardinier,  lui  dit  :  Seigneur, 
si  c'est  toi  qui  l'as  emporté,  dis-moi  où  tu  l'as  mis,  et 
j'irai  le  prendre.  ^  ^  Jésus  lui  dit  :  Marie  !  Et  elle,  s'étant 
retournée,  lui  dit  en  hébreu  :  Rahhouni  —  c'est-à-dire  : 

252 


SAINT   JEAN  20  :  \  7-30 

Maître!  —  ^"^ Jésus  lui  dit  :  Ne  me  touche  pas;  car 
je  ne  suis  pas  encore  monté  vers  le  Père  !  Mais  va  vers 
mes  frères,  et  dis-leur  que  je  monte  vers  mon  Père 
et  votre  Père,  vers  mon  Dieu  et  votre  Dieu.  ^^Marie- 
Madeleine  alla  annoncer  aux  disciples  qu'elle  avait 
vu  le  Seigneur,  et  qu'il  lui  ^vait  dit  ces  choses. 

Apparitions   aux   disciples 

(Voy.  Marc  16  :  14  ;  Luc  24  :  36-49) 

''^Le  soir  de  ce  même  jour,  le  premier  de  la  semaine, 
les  portes  du  lieu  où  se  trouvaient  les  disciples  étant 
fermées,  parce  qu'ils  craignaient  les  Juifs,  Jésus  vint 
et  se  tint  au  milieu  d'eux  ;  et  il  leur  dit  :  La  paix  soit 
avec  vous  !  ^^  Ayant  dit  cela,  il  leur  montra  ses  mains 
et  son  côté.  Les  disciples  furent  remplis  de  joie,  en 
voyant  le  Seigneur.  ^  '  Il  leur  dit  encore  :  La  paix  soit 
avec  vous  !  Comme  le  Père  m'a  envoyé,  moi  aussi 
je  vous  envoie.  ^^Et  quand  il  eut  dit  cela,  il  souffla 
sur  eux  et  leur  dit  :  Recevez  le  Saint-Esprit.  ^-'Ceux 
à  qui  vous  remettrez  les  péchés,  ils  leur  seront  remis  ; 
ceux  à  qui  vous  les  retiendrez,  ils  leur  seront  retenus. 

2 ''Or,  Thomas,  l'un  des  Douze,  appelé  Didyme,  ne 
se  trouvait  pas  avec  eux,  lorsque  Jésus  était  venu. 
^•^Les  autres  disciples  lui  dirent  :  Nous  avons  vu  le 
Seigneur.  Mais  il  leur  répondit  :  Si  je  ne  vois  la  marque 
des  clous  dans  ses  mains,  et  si  je  ne  mets  mon  doigt 
dans  la  marque  des  clous,  si  je  ne  mets  ma  main  dans 
son  côté,  je  ne  croirai  pas. 

2*^ Huit  jours  après,  les  disciples  étaient  de  nouveau 
réunis  dans  la  maison,  et  Thomas  se  trouvait  avec 
eux.  Jésus  vint,  les  portes  étant  fermées  ;  il  se  tint  au 
milieu  d'eux  et  leur  dit  :  La  paix  soit  avec  vous  ! 
^^Puis  il  dit  à  Thomas  :  Mets  ici  ton  doigt,  et  regarde 
mes  mains  ;  avance  aussi  ta  main  et  mets-la  dans 
mon  côté  ;  et  ne  sois  pas  incrédule,  mais  crois  ! 
2^  Thomas  répondit  et  lui  dit  :  Mon  Seigneur  et  mon 
Dieu!  ^^ Jésus  lui  dit  :  Parce  que  tu  m'as  vu,  tu  as 
cru.  Heureux  ceux  qui  n'ont  pas  vu  et  qui  ont  cru  ! 

^'^  Jésus  a  fait  en  présence  de  ses  disciples  beaucoup 
d'autres  miracles,  qui  ne  sont  pas  rapportés  dans  ce 

253 


LES 


ACTES  DES  APÔTRES 


VERSION    SYNODALE 


PARIS 

SOCIÉTÉ     BIBLIQUE    DE     FRANGE 

5,  Rue  Paul-Louis-Gourier,  5 

1914 


ACTES  DES  APOTRES 


I  —  L'Évangile  prêché  parmi  les  Juifs  (1  :  i  à  12  :  25) 

Ascension  de  Jésus -Christ 

1  ^  Dans  mon  premier  livre (^),  ô  Théophile,  j'ai  parlé 
de  tout  ce  que  Jésus  a  fait  et  enseigné  depuis  le  com- 
mencement, ^jusqu'au  jour  où  il  fut  élevé  dans  le 
ciel,  après  avoir  domîé  ses  ordres,  par  le  Saint-Esprit, 
aux  apôtres  qu'il  avait  choisis.  ^11  leur  était  apparu 
vivant,  après  avoir  souffert  ;  et  il  leur  avait  donné 
plusieurs  preuves  de  sa  résurrection,  se  faisant  voir 
à  eux  pendant  quarante  jours  et  leur  parlant  de  ce 
qui  concerne  le  royaume  de  Dieu. 

^  Comme  il  se  trouvait  avec  eux,  il  leur  recommanda 
de  ne  point  partir  de  Jérusalem,  mais  d'y  attendre 
que  fût  accomplie  la  promesse  du  Père,  ceUe  dont  je 
vous  ai  parlé, — leur  disait-il.  ^  Car  Jean  a  baptisé  d'eau, 
mais  vous,  vous  serez  baptisés  du  Saint-Esprit  dans 
peu  de  jours.  ^'Ceux  donc  qui  étaient  là  réunis  lui 
demandèrent  :  Seigneur,  est-ce  dans  ce  temps-là  que  tu 
rétabliras  le  royaume  d'Israël  ?  ''Il  leur  répondit  :  Ce 
n'est  pas  à  vous  de  connaître  les  temps  ou  les  moments 
que  le  Père  a  fixés  de  sa  propre  autorité.  ^Mais 
vous  recevrez  la  vertu  du  Saint-Esprit,  qui  descendra 
sur  vous  ;  et  vous  serez  mes  témoins,  tant  à  Jérusalem 
que  dans  toute  la  Judée  et  la  Samarie,  et  jusqu'aux 
extrémités  de  la  terre. 

^  Après  avoir  prononcé  ces  paroles,  il  fut  élevé, 
pendant  qu'ils  le  regardaient,  et  une  nuée  le  déroba 
à  leurs  regards.  ^"^Et  comme  ils  avaient  les  regards 
attachés  au  ciel,  pendant  qu'il  s'en  allait,  voici  que 
deux  hommes,  en  vêtements  blancs,  se  présentèrent 
devant  eux,  ^'et  leur  dirent:  Hommes  de  Galilée, 
pourquoi  Vous  arrêtez -vous  à  regarder  au  ciel  ?  Ce 
Jésus,  qui  a  été  enlevé  du  milieu  de  vous  dans  le  ciiel, 
en  reviendra  de  la  même  manière  que  vous  l'y  avez 
vu  monter. 

(1)  Voy.  Luc  1  :  1-4. 

256 


ACTES   DES   APÔTRES  1  :  ^2-22 

Les  disciples  dans  la  chambre  haute 

^  2  Alors  ils  retournèrent  à  Jérusalem,  de  la  montagne, 
appelée  montagne  des  Oliviers,  qui  est  près  de  Jéru- 
salem, à  la  distance  d'un  chemin  de  sabbat  (  '  ) .  ''  ^  Quand 
ils  furent  arrivés,  ils  montèrent  dans  la  chambre 
haute  C^),  où  se  tenaient  d'ordinaire  Pierre,  Jean, 
Jacques  et  André,  Philippe  et  Thomas,  Barthélémy  et 
Matthieu,  Jacques,  fils  d'Alphée,  Simon  le  zélote  (^), 
et  Jude,  fils  de  Jacques.  ^^Tous  ceux-là  persévéraient 
d'un  commun  accord  dans  la  prière,  avec  les  femmes, 
avec  Marie,  mère  de  Jésus,  et  avec  ses  frères, 

Matthias  élu  apôtre  à  la  place  de  Judas 

^^En  ces  jours-là,  Pierre  se  leva  au  milieu  des  frères, 
—  qui  étaient  assemblés  au  nombre  d'environ  cent 
vingt  — ,  et  il  dit  :  ^  "^  Mes  frères,  il  fallait  que  fût  accom- 
pli ce  que  le  Saint-Esprit  a  prédit  dans  l'Écriture,  par 
la  bouche  de  David,  au  sujet  de  Judas,  qui  a  été  le 
guide  de  ceux  qui  ont  arrêté  Jésus.  ^^  Car  il  était  l'un 
des  nôtres,  et  il  avait  reçu  sa  part  de  ce  ministère. 
^^Cet  homme,  après  avoir  acheté  un  champ  avec  le 
salaire  de  son  crime,  est  tombé  en  avant,  son  corps  s'est 
ouvert  par  le  milieu,  et  toutes  ses  entrailles  se  sont 
répandues.  —  ^^Cela  est  si  bien  connu  de  tous  les 
habitants  de  Jérusalem,  que  ce  champ  est  appelé, 
dans  leur  langue,  Haceldama,  c'est-à-dire  «  le  champ 
du  sang  ».  —  ^'- Aussi  est-il  écrit  dans  le  livre  des  Psau- 
mes :  «  Que  sa  demeure  devienne  déserte,  et  qu'il 
n'y  ait  personne  qui  l'habite  {'' )  »  ;  et  encore  :  «  Qu'un 
autre  prenne  sa  charge  {■').  »  ^^  Il  faut  donc  que,  parmi 
ceux  qui  nous  ont  accompagnés  pendant  tout  le  temps 
que  le  Seigneur  Jésus  a  vécu  avec  nous,  ^^  depuis  le 
baptême  de  Jean  jusqu'au  jour  où  il  a  été  enlevé  du 
milieu  de  nous,  il  y  en  ait  un  qui  soit  témoin  avec 
nous  de  sa  résurrection. 

(1)  Un  kilomètte  environ. 

(2)  Chambre  haute    :    Balle   supérieure   de   la   maison,  qui  était  toujours  la 
plus  grande  pièce. 

(3)  Voir  note  sur  Luc  6  :  15.  —  Comp.  Matth.  10  :  4. 

(4)  Psaume  69  :  26.  —  (5)  Psaume  109  :  8. 

257  ^ 


1  :  23-2  :  4  3  ACTES   DES   APOTRES 

2^  Ils  en  présentèrent  deux  :  Joseph,  dit  Barsabas, 
surnommé  Justus,  et  Matthias.  ^^Puis  ils  firent  cette 
prière  :  Seigneur,  toi,  qui  connais  les  cœurs  de  tous, 
montre-nous  lequel  de  ces  deux  hommes  tu  as  choisi, 
^^pour  occuper,  dans  ce  ministère  de  l'apostolat,  la 
place  que  Judas  a  abandonnée  pour  s'en  aller  en  son 
lieu.  ^®  Ensuite  ils  tirèrent  au  sort  ;  et  le  sort  tomba 
sur  Matthias,  qui  fut  associé  aux  onze  apôtres. 

La  première  Pentecôte 

2  ^  Quand  fut  arrivé  le  jour  de  la  Pentecôte,  ils 
étaient  tous  ensemble  dans  le  même  lieu.  ^Tout  à 
coup,  il  vint  du  ciel  un  bruit  pareil  à  celui  d'un  vent 
qui  souffle  avec  impétuosité,  et  il  remplit  toute  la 
maison  où  ils  étaient  assis.  ^  Alors  ils  virent  paraître 
des  langues  séparées  les  unes  des  autres,  qui  étaient 
comme  des  langues  de  feu,  et  qui  se  posèrent  sur  chacun 
d'eux.  ^  Ils  furent  tous  remplis  du  Saint-Esprit,  et  ils 
commencèrent  à  parler  en  des  langues  étrangères, 
selon  que  l'Esprit  leur  donnait  de  s'exprimer. 

^Or,  il  y  avait,  en  séjour  à  Jérusalem,  des  Juifs, 
hommes  pieux  venus  de  toutes  les  nations  qui  sont 
sous  le  ciel.  •^  Quand  ce  bruit  se  fit  entendre,  la  foule 
accourut,  et  tous  furent  étonnés  de  ce  que  chacun 
d'eux  les  entendait  parler  sa  propre  langue.  ^Ils  en 
étaient  tous  hors  d'eux-mêmes  et  remphs  d'admiration, 
et  ils  disaient  :  Tous  ces  gens-là  qui  parlent,  ne  sont-ils 
pas  des  Galiléens  ?  ^  Comment  donc  chacun  de  nous 
les  entend-il  parler  la  propre  langue  du  pays  où  il  est 
né  ?  ^  Parthes,  Mèdes,  Élamites,  ceux  qui  habitent  la 
Mésopotamie,  la  Judée,  la  Cappadoce,  le  Pont,  l'Asie, 
^^la  Phrygie,  la  PamphyHe,  l'Egypte,  le  territoire  de 
la  Libye  qui  est  près  de  Cyrène,  et  ceux  qui  sont 
venus  de  Rome,  ^  ^  tant  Juifs  que  prosélytes  (  '  ),  Cretois 
et  Arabes,  nous  les  entendons  parler  dans  nos  langues 
des  choses  magnifiques  de  Dieu.  ^  ^  Ils  étaient  tous  hors 
d'eux-mêmes,  et  ne  savaient  que  penser,  se  disant  l'un 
à  l'autre  :  Qu'est-ce  que  cela  veut  dire  ?   ^^Mais  d'au- 

(1)  Prosélytes  :  ce  mot  désignait  les  Gentils  ou,  en  d'autres  termes,  les  païens 
qui  s'étaient  convertis  au  judaïsme. 

258 


ACTES   DES   APÔTRES  2  M  4-27 

très  disaient  en  se  moquant  :  C'est  qu'ils  sont  pleins 
de  vin  doux. 

Disœurs  de  Pierre 

^' Alors  Pierre,  se  présentant  avec  les  onze,  éleva 
la  voix  et  leur  dit  :  Hommes  de  la  Judée,  et  vous 
tous  qui  êtes  en  séjour  à  Jérusalem,  sachez  bien  ceci, 
et  prêtez  l'oreille  à  mes  paroles.  ^  ^  Ces  gens  ne  sont 
pas  ivres,  comme  vous  le  supposez;  car  il  n'est  en- 
core que  la  troisième  heure  du  jour  (^).  ''^Mais  ce  qui 
arrive  a  été  prédit  par  le  prophète  Joël  :^^  «Il  arrivera, 
pendant  les  derniers  jours,  dit  Dieu,  que  je  répandrai  de 
mon  Esprit  sur  toute  chair  ;  vos  fils  et  vos  filles  prophé- 
tiseront, vos  jeunes  gens  auront  des  visions,  et  vos 
vieillards  auront  des  songes.  ^^Oui,  en  ces  jours-là,  je 
répandrai  de  mon  Esprit  sur  mes  serviteurs  et  sur  mes 
servantes,  et  ils  prophétiseront.  ^^Je  ferai  paraître  des 
prodiges  en  haut  dans  le  ciel,  et  des  miracles  en  bas 
sur  la  terre  :  Du  sang,  du  feu,  et  des  tourbillons  de 
fumée.  ^"Le  soleil  sera  changé  en  ténèbres,  et  la  lune 
en  sang,  avant  que  vienne  le  grand  et  glorieux  jour  du 
Seigneur  ;  ^  '  et  il  arrivera  que  quiconque  invoquera 
le  nom  du  Seigneur,  sera  sauvé  (-).  » 

^^  Hommes  d'Israël,  écoutez  ces  paroles:  Jésus  de 
Nazareth,  cet  homme  à  qui  Dieu  a  rendu  témoignage 
parmi  vous  par  les  actes  de  puissance,  les  prodiges  et 
les  miracles  qu'il  a  opérés  par  son  moyen  au  milieu 
de  vous,  comme  vous  le  savez  vous-mêmes,  —  ^^cet 
homme,  livré  selon  le  dessein  arrêté  et  la  prescience 
de  Dieu,  vous  l'avez  fait  mourir  par  la  main  des  im- 
pies, en  le  clouant  à  la  croix.  -^Mais  Dieu  l'a  ressus- 
cité, en  rompant  les  Uens  de  la  mort,  parce  qu'il  n'était 
pas  possible  qu'elle  le  retînt  en  sa  puissance.  ^''En 
effet,  David  dit  de  lui  :  «  Je  voyais  toujours  le  Sei- 
gneur devant  moi  ;  car  il  est  à  ma  droite,  afin  que  je 
ne  sois  point  ébranlé.  ^"^  C'est  pour  cela  que  mon 
cœur  s'est  réjoui,  et  que  ma  langue  a  fait  entendre 
un  chant  d'aUégresse.  Ma  chair  elle-même,  remplie 
d'espérance,  trouvera  le  repos  ;  "^"car  tu  n'abandonneras 


(1)  Neuf  hem-es  du  matin. 

(2)  Joël  3  :  28-32. 


259 


2  :  28-4^  ACTES   DES  APÔTRES 

pas  mon  âme  dans  le  Sépulcre  (  '  ),  et  tu  ne  permettras 
pas  que  ton  Saint  voie  la  corruption.  ^^Tu  m'as  fait 
connaître  les  sentiers  de  la  vie  ;  tu  me  rempliras  de 
joie  par  ta  présence  (^).  » 

^^Mes  frères,  je  puis  bien  vous  dire  avec  assurance, 
au  sujet  du  patriarche  David,  qu'il  est  mort,  qu'il 
a  été  enseveli,  et  que  son  tombeau  est  encore  aujour- 
d'hui au  milieu  de  nous.  ^*^Mais,  étant  prophète  et 
sachant  que  Dieu  lui  avait  promis  avec  serment  de 
faire  asseoir  un  de  ses  descendants  sur  son  trône, 
^^  c'est  la  résurrection  du  Christ  qu'il  a  prévue  et  dont 
il  a  parlé,  en  disant  :  u  II  n'a  pas  été  laissé  dans  le 
Sépulcre,  et  sa  chair  n'a  pas  vu  la  corruption  (^).  » 

"^^Ce  Jésus,  Dieu  l'a  ressuscité,  et  nous  en  sommes 
tous  témoins.  ^"^  Après  donc  qu'il  a  été  élevé  à  la  droite 
de  Dieu,  et  qu'il  a  reçu  du  Père  le  Saint-Esprit  qui 
avait  été  promis,  il  l'a  répandu,  comme  vous  le  voyez 
et  l'entendez.  ^^Car  David  n'est  pas  monté  au  ciel; 
mais  il  dit  lui-même  :  «  Le  Seigneur  a  dit  à  mon  Sei^ 
gneur  :  Assieds-toi  à  ma  droite,  "^^  jusqu'à  ce  que  j'aie 
mis  tes  ennemis  sous  tes  pieds,  pour  te  servir  de 
marchepied  ('').  )>  ^*^Que  toute  la  maison  d'Israël 
tienne  donc  pour  certain  que  Dieu  a  fait  Seigneur  et 
Christ  ce  Jésus  que  vous  avez  crucifié. 

^"^En  entendant  ces  paroles,  ils  furent  touchés  jus- 
qu'au fond  du  cœur,  et  ils  dirent  à  Pierre  et  aux  au- 
tres apôtres:  Frères,  que  ferons-nous  ?  ^^  Pierre  leur 
répondit  :  Convertissez -vous,  et  que  chacun  de  vous 
soit  baptisé  au  nom  de  Jésus-Christ,  pour  obtenir  la 
rémission  de  ses  péchés,  et  vous  recevrez  le  don  du 
Saint-Esprit.  ^^Car  la  promesse  est  pour  vous,  pour 
vos  enfants,  et  pour  tous  ceux  qui  sont  au  loin,  en 
aussi  grand  nombre  que  le  Seigneur,  notre  Dieu,  en 
appellera.  '^^Puis,  dans  plusieurs  autres  discours,  il 
leur  adressait  les  exhortations  les  plus  pressantes,  en 
disant  :  Sauvez-vous  du  milieu  de  cette  race  perverse! 
^'Ceux  qui  reçurent  sa  parole,  furent  donc  baptisés; 
et  il  y  eut,  ce  jour -là,  environ  trois  mille  personnes 
ajoutées  à  l'Église. 

(]  )  Le  mot  Sépulcre  traduit  ici  le  grec  Hadli,  qui  désignait  chez  les  anciens 
la  demeure  souterraine  des  morts.  — (2)  Psaume  16  :  8-11.  —  (3)  Comp.  Psaume 
16  :  10.  —  (4)  Psaume  110  :  1. 

260 


ACTES  PES  APÔTRES  2  :  42-3  :  <0 

Union  et  piété  des  premiers  chrétiens 

^2  Or,  ils  persévéraient  dans  la  doctrine  des  apôtres 
et  dans  la  communion  fraternelle;  ils  rompaient  le 
pain  et  priaient  ensemble.  "^"La  crainte  était  dans 
tous  les  cœurs,  et  beaucoup  de  prodiges  et  de  miracles 
étaient  opérés  par  les  apôtres.  ^''Tous  ceux  qui 
croyaient  étaient  ensemble  et  avaient  toutes  choses  en 
commun  ;  "^  ^  ils  vendaient  leurs  propriétés  et  leurs 
biens,  et  ils  en  partageaient  le  prix  entre  tous,  selon 
les  besoins  de  chacun.  ^^  Chaque  jour,  tous  ensemble, 
ils  allaient  assidûment  au  temple  ;  dans  leurs  maisons, 
ils  rompaient  le  pain  et  prenaient  ensemble  leurs  repas 
avec  joie  et  simplicité  de  cœur,  **' louant  Dieu  et  se  ren- 
dant agréables  à  tout  le  peuple.  Et  le  Seigneur  ajou- 
tait tous  les  jours  à  l'Eghse  ceux  qui  étaient  sauvés. 

Chtérison  d'un  impotent  —  Discours  de  Pierre 

3  ^  Pierre  et  Jean  montaient  au  temple  pour  la  prière 
de  la  neuvième  heure  (').  ^Or,  il  y  avait  un  homme 
impotent  de  naissance,  qu'on  portait  et  qu'on  plaçait 
tous  les  jours  à  la  porte  du  temple,  appelée  La  Belle, 
pour  demander  l'aumône  à  ceux  qui  entraient  dans 
l'édifice.  ^Voyant  Pierre  et  Jean  qui  allaient  entrer 
dans  le  temple,  il  leur  demanda  l'aumône.  ^Pierre 
ayant,  ainsi  que  Jean,  arrêté  sur  lui  ses  regards,  lui  dit  : 
Regarde-nous  !  ^  L'impotent  tenait  les  yeux  attentive- 
ment fixés  sur  eux,  s'attendant  à  recevoir  quelque 
chose.  ^Mais  Pierre  lui  dit  :  Je  n'ai  ni  argent,  ni  or  ; 
mais  ce  que  j'ai,  je  te  le  donne  :  Au  nom  de  Jésus- 
Christ  de  Nazareth,  marche  !  "^  Puis,  l'ayant  saisi  par 
la  main  droite,  il  le  fit  lever.  A  l'instant,  les  plantes  et 
les  chevilles  de  ses  pieds  devinrent  fermes;  ^d'un  saut, 
il  fut  debout,  se  mit  à  marcher,  et  il  entra  avec  eux 
dans  le  temple,  marchant,  sautant  et  louant  JMeu, 
'*  Tout  le  peuple  le  vit,  qui  marchait  et  louait  Dieu.  ^*'  On 
reconnaissait  que  c'était  celui-là  même  qui  était  assis  à 
la  Belle  Porte  du  temple,  pour  demander  l'aumône  ;  et 
on  était  rempli  d'étonnement  et  de  stupeur  de  ce  qui 

(1)  Trois  heures  de  l'après-midi. 

261 


3  :  {1-25  ACTES   DES  APÔTRES 

lui  était  arrivé.  ^^  Comme  cet  homme  tenait  par 
la  main  Pierre  et  Jean,  tout  le  peuple  étonné  accourut 
vers  eux,   au  portique  appelé  Portique  de  Salomon. 

^^  Alors  Pierre,  voyant  cela,  dit  au  peuple  :  Hommes 
d'Israël,  pourquoi  vous  étonnez-vous  de  ce  qui  vient 
d'arriver  ?  Pourquoi  avez-vous  les  yeux  arrêtés  sur 
nous,  comme  si  c'était  par  notre  propre  puissance  ou 
par  notre  piété  que  nous  avons  fait  marcher  cet  hom- 
me ?  ^^Le  Dieu  d'Abraham,  d'Isaac  et  de  Jacob, 
le  Dieu  de  nos  pères  a  glorifié  son  serviteur,  Jésus,  que 
vous  avez  livré,  et  que  vous  avez  renié  devant  Pilate, 
qui  était  d'avis  de  le  relâcher»  ""^Vous  avez  renié  le 
Saint  et  le  Juste,  et  vous  avez  demandé  qu'on  vous 
accordât  la  grâce  d'un  meurtrier,  '^Vous  avez  fait 
mourir  le  Prince  de  la  vie,  que  Dieu  a  ressuscité 
des  morts;  et  nous  en  sommes  témoins.  ''^ C'est 
par  la  foi  en  son  nom,  que  son  nom  a  raffermi  cet 
homme,  que  vous  voyez  et  que  vous  connaissez  ;  la 
foi,  qui  agit  par  Jésus,  a  donné  à  cet  homme,  en  pré- 
sence de  vous  tous,  une  complète  guérison.  ^''Et 
maintenant,  mes  frères,  je  sais  que  vous  avez  agi 
ainsi  par  ignorance,  aussi  bien  que  vos  chefs.  ^'^Mais 
Dieu  a,  de  cette  manière,  accompli  ce  qu'il  avait  pré- 
dit par  la  bouche  de  tous  les  prophètes,  savoir  que 
son  Christ  devait  souffrir. 

'^Repentez -vous  donc  et  convertissez -vous,  pour 
que  vos  péchés  soient  effacés,  -^afin  que  des  temps  de 
rafraîchissement  viennent  de  la  part  du  Seigneur,  et 
qu'il  envoie  celui  qu'il  vous  a  destiné,  le  Christ  Jésus, 
-'que  le  ciel  doit  recevoir  jusqu'au  temps  du  rétablis- 
sement de  toutes  choses,  dont  Dieu  a  parlé  autrefois 
par  la  bouche  de  ses  saints  prophètes.  ^^  Moïse  a  dit  : 
«  Le  Seigneur,  notre  Dieu,  vous  suscitera,  du  milieu  de 
vos  frères,  un  prophète  comme  moi;  vous  l'écouterez 
dans  tout  ce  qu'il  vous  dira.  ^^  Quiconque  n'écoutera 
pas  ce  prophète,  sera  retranché  du  milieu  du  peuple  (  *  ).  » 
-^Tous  les  prophètes  qui  ont  parlé,  depuis  Samuel 
et  ses  successeurs,  ont  aussi  annoncé  ces  jours-là. 
^^Vous  êtes  les  fils  des  prophètes  et  de  l' alliance  que 
Dieu  a  conclue  avec  nos  pères,  en  disant  à  Abraham  : 

(1)  Deut.  18  :  15,  18,  19. 

262 


ACTES   DES  APÔTEES  3  :  26-4  M 3 

«  Toutes  les  familles  de  la  terre  seront  bénies  en  ta 
postérité  (').  )>  ^*' C'est  à  vous  premièrement  que  Dieu, 
après  avoir  suscité  son  serviteur,  Fa  envoyé  pour  vous 
bénir,  en  détournant  chacun  de  vous  de  ses  iniquités. 

Pierre  et  Jean  devant  le  sanhédrin 

4  ^  Pendant  que  Pierre  et  Jean  parlaient  au  peuple,  les 
sacrificateurs,  le  commandant  du  temple  et  les  saddu- 
céens  survinrent,  -très  inquiets  de  ce  qu'ils  ensei- 
gnaient le  peuple  et  annonçaient,  en  la  personne  de 
Jésus,  la  résurrection  des  morts.  ^Ils  mirent  la  main 
sur  eux  et  les  jetèrent  en  prison  jusqu'au  lendemain, 
parce  qu'il  était  déjà  tard.  -^Cependant,  plusieurs  de 
ceux  qui  avaient  entendu  la  parole  crurent,  et  le  nom- 
bre des  fidèles  s'éleva  à  cinq  mille  environ. 

•■'Le  lendemain,  les  chefs  du  peuple,  les  anciens  et 
les  scribes,  s'assemblèrent  à  Jérusalem,  ^'avec  Anne, 
le  souverain  sacrificateur,  Caïphe,  Jean,  Alexandre, 
et  tous  ceux  qui  étaient  de  la  famille  des  souverains 
sacrificateurs.  'Ils  firent  comparaître  devant  eux 
Pierre  et  Jean,  et  leur  demandèrent  :  Par  quel  pouvoir, 
ou  au  nom  de  qui  avez-vous  fait  cela  ?  ^  Alors  Pierre, 
rempli  de  l'Esprit  saint,  leur  dit  :  Chefs  du  peuple  et 
anciens,  ^puisque  nous  sommes  aujourd'hui  interrogés 
pour  avoir  fait  du  bien  à  un  homme  infirme,  et  qu'on 
nous  demande  comment  il  a  été  guéri,  '^sachez -le, 
vous  tous,  et  que.  tout  lé  peuple  d'Israël  le  sache  aussi, 
c'est  au  nom  de  Jésus-Christ  de  Nazareth,  que  vous 
avez  crucifié  et  que  Dieu  a  ressuscité  des  morts,  c'est 
par  lui  que  cet  homme  se  présente  guéri  devant 
vous.  ^'Ce  Jésus  est  la  pierre  rejetée  par  vous  qui 
bâtissez  ;  elle  est  devenue  la  pierre  de  l'angle  (^). 
^"11  n'y  a  de  salut  en  aucun  autre  ;  car  il  n'y  a,  sous  le 
ciel,  aucun  autre  nom  qui  ait  été  donné  aux  hommes, 
par  lequel  nous  devions  être  sauvés. 

^  ^  Quand  ils  virent  la  hardiesse  de  Pierre  et  de  Jean, 
sachant  bien  que  c'étaient  des  hommes  du  peuple, 
sans  aucune  instruction,  ils  furent  dans  Fétonnement  :  et 


(1)  Genèse  33  :  18 

(2)  Voy.  Psaume  118  :  22. 


263 


4  :  i  4-27  ACTES   DES   APÔTRES 

ils  reconnaissaient  que  Pierre  et  Jean  avaient  été  avec 
Jésus.  ""^Mais  comme  ils  voyaient,  debout  auprès 
d'eux,  l'homme  qui  avait  été  guéri,  ils  n'avaient  rien 
à  répliquer. 

''^  Alors,  après  leur  avoir  ordonné  de  sortir  du 
sanhédrin  (*),  ils  tinrent  conseil  entre  eux,  ^^-en  disant  : 
Que  ferons-nous  à  ces  gens-là  ?  Il  est  évident,  en  effet, 
pour  tous  les  habitants  de  Jérusalem,  qu'un  miracle 
notoire  a  été  accompli  par  eux  ;  nous  ne  pouvons  pas 
le  nier.  ^'''Cependant,  afin  que  la  chose  ne  se  répande 
pas  davantage  dans  le  peuple,  défendons-leur,  avec 
menaces,  de  parler  désormais  à  qui  que  ce  soit  en 
ce  nom-là.  ^^11  les  firent  donc  revenir  et  leur  défen- 
dirent absolument  de  parler  et  d'enseigner  au  nom 
de  Jésus.  ^^Mais  Pierre  et  Jean  leur  répondirent  : 
Jugez  vous-mêmes  s'il  est  juste,  devant  Dieu,  de  vous 
obéir  plutôt  qu'à  Dieu.  -^'  Car,  pour  nous,  nous  ne  pou- 
vons pas  ne  point  parler  des  choses  que  nous  avons  vues 
et  que  nous  avons  entendues...  -^Ils  les  relâchèrent, 
après  leur  avoir  adressé  de  nouvelles  menaces,  ne 
trouvant  pas  le  moyen  de  les  punir,  à  cause  du  peuple, 
parce  que  tous  glorifiaient  Dieu  de  ce  qui  était  arrivé. 
^^  En  effet,  l'homme,  en  qui  cette  miraculeuse  guérison 
avait  été  accomplie,  était  âgé  de  plus  de  quarante  ans. 

2^  Quand  on  les  eut  relâchés,  ils  vinrent  auprès  de 
leurs  frères,  et  ils  leur  racontèrent  tout  ce  que  les  princi- 
paux sacrificateurs  et  les  anciens  leur  avaient  dit. 
-^  Après  les  avoir  entendus,  ils  élevèrent  tous  ensemble 
leur  voix  vers  Dieu,  et  dirent  :  Souverain  Maître, 
toi  qui  as  fait  le  ciel,  la  terre,  la  mer  et  toutes  les  choses 
qui  y  sont,  —  ^'^tu  as  dit  par  le  Saint-Esprit,  par  la 
bouche  de  notre  père,  ton  serviteur  David  :  «  Pour- 
quoi les  nations  se  sont-elles  agitées,  et  pourquoi  les 
peuples  ont-ils  formé  de  vains  projets  ?  ^^Les  rois  de 
la  terre  se  sont  soulevés,  et  les  princes  se  sont  ligués 
ensemble  contre  le  Seigneur  et  contre  son  Oint  (^)...  » 
^''En  effet,  Hérode  et  Ponce-Pilate,  avec  les  nations 
et  le  peuple  d'Israël,  se  sont  véritablement  ligués 
dans  cette  ville  contre  ton  saint  serviteur  Jésus  que 

(1)  Voir  note  sur  Matth.  5  :  22. 

(2)  Psaume  3:1-2. 

264 


ACTES    DES   APÔTEES  4  :  28-5  I  4 

tu  as  oint,  ^^pour  accomplir  tout  ce  que  ta  main 
et  ta  volonté  avaient  décidé  d'avance.  ^-'Et  mainte- 
nant, Seigneur,  sois  attentif  à  leurs  menaces,  et  donne 
à  tes  serviteurs  d'annoncer  ta  parole  avec  une  pleine 
hardiesse,  ^^en  étendant  ta  main,  afin  qu'il  se  fasse  des 
guérisons,  des  miracles  et  des  prodiges  par  le  nom  de 
ton  saint  serviteur,  Jésus.  ^'Lorsqu'ils  eurent  prié, 
le  lieu  où  ils  étaient  rassemblés  trembla.  Ils  furent 
tous  remplis  du  Saint-Esprit,  et  ils  annonçaient  la 
parole  de  Dieu  avec  hardiesse. 

Charité  des  premiers  chrétiens 

^^Or,  la  multitude  de  ceux  qui  avaient  cru  n'était 
qu'un  cœur  et  qu'une  âme.  Personne  ne  disait  que 
ce  qu'il  possédait  fût  à  lui  en  particulier  ;  mais  toutes 
choses  étaient  communes  entre  eux.  ^*^Les  apôtres, 
avec  une  grande  puissance,  rendaient  leur  témoignage 
au  Seigneur  Jésus  et  à  sa  résurrection,  et  une  grande 
grâce  reposait  sur  eux  tous.  ^^  Car  personne  parmi  eux 
n'était  dans  l'indigence,  parce  que  tous  ceux  qui 
possédaient  des  champs  ou  des  maisons,  les  vendaient, 
et  ils  apportaient  le  prix  de  ce  qu'ils  avaient  vendu. 
^^Ils  le  mettaient  aux  pieds  des  apôtres  ;  puis,  on  le 
distribuait  à  chacun  selon  ses  besoins.  ^'^  Ainsi  Joseph, 
surnommé  par  les  apôtres  Barnabas, — c'est-à-dire,  fils 
de  consolation,  —  qui  était  Lévite  et  originaire  de  Chy- 
pre, ^"'possédait  un  champ  :  il  le  vendit,  en  apporta  le 
prix,  et  il  le  mit  aux  pieds  des  apôtres. 

Ananias  et  Saphira 

5  ''Mais  un  homme,  nommé  Ananias,  d'accord  avec 
Saphira,  sa  femme,  vendit  une  propriété,  ^et  retint 
une  partie  du  prix  de  la  vente,  avec  l'assentiment  de 
sa  femme  ;  il  apporta  le  reste  et  le  mit  aux  pieds  des 
apôtres.  ^  Alors  Pierre  lui  dit  :  Ananias,  pourquoi* 
Satan  est-il  si  complètement  entré  dans  ton  cœur, 
pour  que  tu  aies  menti  au  Saint-Esprit,  et  détourné 
une  partie  du  prix  de  ce  champ  ?  ^  Si  tu  ne  l'avais 
pas  vendu,  ne  te  serait-il  pas  resté  ?  Et  après  l'avoir 
vendu,  ne  pouvais-tu  pas  en  garder  le  prix  ?  Com- 
ment as-tu  pu  former  dans  ton  cœur  un  pareil  dessein  ? 

265 


5:5-17  ACTES    DES   APOTEES 

Ce  n'est  pas  aux  hommes  que  tu  as  menti,  c'est  à 
Dieu  !  ^Ananias,  en  entendant  ces  paroles,  tomba  et 
expira  ;  et  une  grande  crainte  saisit  tous  ceux  qui 
se  trouvaient  là.  ^Mais  les  jeunes  gens,  s'étant 
levés,  enveloppèrent  le  corps,  l'emportèrent  et  l'ense- 
velirent. 

'Environ  trois  heures  après,  la  femme  d'Ananias, 
ne  sachant  rien  de  ce  qui  était  arrivé,  entra.  ^  Pierre, 
prenant  la  parole,  lui  dit  :  Dis-moi,  avez-vous  vendu 
le  champ  à  tel  prix  ?  Elle  répondit  :  Oui,  à  ce  prix- 
là.  ^Alors  Pierre  lui  dit  :  Pourquoi  vous  êtes-vous 
accordés  ensemble  pour  tenter  l'Esprit  du  Seigneur? 
Voici  que  les  pieds  de  ceux  qui  ont  enseveli  ton  mari 
sont  à  la  porte,  et  ils  t'emporteront.  ^^' Au  même  ins- 
tant, elle  tomba  à  ses  pieds  et  expira.  Les  jeunes  gens 
qui  rentraient,  la  trouvèrent  morte  ;  ils  l'emportèrent 
et  l'ensevelirent  auprès  de^  son  mari.  ^' Alors  une 
grande  crainte  saisit  toute  l'Eglise,  ainsi  que  tous  ceux 
qui  apprirent  ces  événements. 

Succès  croissants  de  r  Évangile 

^  ^  Cependant  il  se  faisait,  par  les  mains  des  apôtres, 
beaucoup  de  miracles  et  de  prodiges  parmi  le  peuple  ; 
et  les  disciples  étaient  réunis  tous  ensemble  sous  le 
portique  de  Salomon.  ^^  Toutefois,  aucun  des  autres 
n'osait  se  joindre  à  eux  ;  mais  le  peuple  faisait  haute- 
ment leur  éloge.  ^^Des  multitudes  d'hommes  et  de 
femmes  croyaient  au  Seigneur,  et  le  nombre  des 
croyants  augmentait  de  plus  en  plus,  ^'' au  point  qu'on 
apportait  les  malades  dans  les  rues  ;  puis  on  les  met- 
tait sur  de  petits  lits  ou  sur  des  grabats,  afin  qu'au 
moment  où  Pierre  viendrait  à  passer,  son  ombre  du 
moins  en  couvrît  quelques-uns.  ^^Le  peuple  des 
villes  voisines  venait  aussi  en  foule  à  Jérusalem, 
amenant  des  malades  et  des  gens  tourmentés  par  des 
esprits  impurs  ;  et  tous  étaient  guéris. 

Arrestation  des  apôtres  et  leur  délivrance  —  Comparution 
devant  le  sanhédrin  —  Conseil  de  Gamaliel 

^"Cependant,  le  souverain  sacrificateur  et  tous  ses 

266 


ACTES   DES  APOTBES  5  :  18-32 

adhérents  —  c'était  la  secte  des  sadducéens  —  se  levè- 
rent, remplis  de  colère  ;  '  ^  ils  se  saisirent  de^  apôtres  et 
les  mii'ent  dans  la  prison  publique.  '^Idais  un  ange 
du  Seigneur  leur  ouvrit,  pendant  la  nuit,  les  portes  de 
la  prison,  les  fit  sortir  et  leur  dit  :  ^^  Allez,  présentez- 
vous  dans  le  temple,  et  annoncez  au  peuple  toutes  ces 
paroles  de  vie. 

^' A  ces  mots,  les  apôtres  entrèrent,  dès  le  point  du 
jour,  dans  le  temple,  et  ils  se  mirent  à  enseigner.  Mais 
le  souverain  sacrificateur  et  ceux  qui  étaient  avec  lui, 
étant  arrivés,  assemblèrent  le  sanhédrin  et  tous  les 
anciens  des  enfants  d'Israël,  et  ils  envoyèrent  chercher 
les  apôtres  à  la  prison.  ^^Les  agents  s'y  rendirent, 
mais  ils  ne  les  trouvèrent  pas  dans  la  prison.  Ils 
s'en  retournèrent,  firent  leur  rapport  '^^et  ils  dirent  : 
Nous  avons  trouvé  la  prison  bien  fermée,  et  les 
gardes  dehors,  devant  les  portes  ;  mais,  nous  avons 
ouvert,  et  nous  n'avons  trouvé  personne  à  l'intérieur. 

-''En  entendant  ces  paroles,  le  commandant  du 
temple  et  les  principaux  sacrificateurs  étaient  très 
inquiets  au  sujet  des  apôtres  et  de  l'issue  de  cette 
affaire.  -^Mais  quelqu'un  survint,  qui  leur  dit  :  Voilà 
que  -ces  hommes,  que  vous  aviez  mis  en  prison,  sont 
dans  le  temple,  et  ils  enseignent  le  peuple  !  ^^  Alors 
le  commandant  du  temple,  avec  les  agents,  s'y  rendit 
et  les  amena,  toutefois  sans  violence,  car  ils  crai- 
gnaient d'être  lapidés  par  le  peuple  ;  ^'^et  les  ayant 
amenés,  ils  les  présentèrent  au  sanhédrin.  Le  sou- 
verain sacrificateur  les  interrogea,  et  leur  dit  :  -^Nous 
vous  avons  formellement  défendu  d'enseigner  en 
ce  nom-là,  et  vous  avez  rempli  Jérusalem  de  votre 
doctrine.  Vous  voulez  donc  faire  retomber  sur  nous 
le  sang  de  cet  homme  ! 

^^  Pierre  et  les  apôtres  répondirent  :  Il  faut  obéir 
à  Dieu  plutôt  qu'aux  hommes.  ^^Le  Dieu  de  nos  pères 
a  ressuscité  Jésus,  que  vous  avez  fait  mourir  en  le 
pendant  au  bois.  3' Dieu  l'a  élevé  à  sa  droite  comme 
Prince  et  Sauveur,  afin  de  donner  à  Israël  la  repentance 
et  le  pardon  des  péchés.  ^^Et  nous,  nous  sommes  té- 
moins de  ces  choses,  ainsi  que  le  Saint-Esprit,  que  Dieu 
a  donné  à  ceux  qui  lui  obéissent. 

267 


5  :  33-6  :  3  ACTES   DES  APOTRES 

^^En  l'entendant,  ils  frémissaient  de  rage  et  ils 
délibéraient  de  les  faire  mourir.  ^-^Mais  un  pharisien, 
nommé  Gamaiisl,  docteur  de  la  loi,  honoré  de  tout  le 
peuple,  se  levant  dans  le  sanhédrin,  donna  l'ordre  de 
faire  sortir  un  instant  les  apôtres.  ^•'Puis  il  dit  :  Hom- 
mes  d'Israël,  prenez  garde  à  ce  que  vous  allez  faire 
à  ces  hommes.  ^'^Il  y  a  quelque  temps,  Theudas  se 
leva  qui  se  donnait  pour  un  personnage,  et  environ 
quatre  cents  hommes  se  joignirent  à  lui  :  il  fut  tué, 
et  tous  ceux  qui  l'avaient  suivi  furent  défaits  et  réduits 
à  rien.  ^"  Après  lui  se  leva  Judas  le  Galiléen,  à  l'époque 
du  dénombrement,  et  il  entraîna  une  foule  de  gens 
à  sa  suite  ;  mais  il  périt  aussi,  et  tous  ceux  qui  l'avaient 
suivi  furent  dispersés.  ^^  Maintenant,  je  vous  le  dis  : 
Ne  poursuivez  plus  ces  gens -là;  laissez -les  aller.  Car 
si  cette  entreprise  ou  cette  œuvre  vient  des  hommes, 
elle  se  détruira  d'elle-même  ;  ^'•'mais  si  elle  vient  de 
Dieu,  vous  ne  pourrez  faire  disparaître  ces  gens-là. 
Vous  risquez  ainsi  de  vous  trouver  avoir  fait  la 
guerre  à  Dieu.  Ils  furent  de  son  avis.  ^^Ils  firent 
donc  rentrer  les  apôtres,  et,  après  les  avoir  fait  battre 
de  verges,  ils  leur  défendirent  de  parler  au  nom  de 
Jésus  ;  puis  ils  les  relâchèrent. 

^*  Eux  donc,  ayant  quitté  le  sanhédrin,  se  retirèrent 
joyeux  d'avoir  été  trouvés  dignes  de  souffrir  des  op- 
probres pour  le  nom  de  Jésus  ('  ).  ^^Et  ils  ne  cessaient 
tous  les  jours,  dans  le  temple  et  de  maison  en  maison, 
d'enseigner  et  d'annoncer  la  bonne  nouvelle  de  Jésus, 
le  Christ. 

Institution  des  diacres 

6  ^En  ce  temps-là,  comme  les  discix3les  se  multi- 
pliaient, il  y  eut  des  plaintes  de  la  part  des  Hellé- 
nistes (-)  contre  les  Hébreux,  parce  que  leurs  veuves 
étaient  néghgées  dans  la  distribution  qui  se  faisait 
chaque  jour.  ^Les  Douze,  ayant  alors  convoqué  une 
réunion  de  tous  les  disciples,  leur  dirent  :  Il  n'est  pas 
convenable  que  nous  délaissions  la  parole  de  Dieu 
pour  faire  le  service  des  tables.  ^  Choisissez  donc  parmi 

(1)  Litt.   :  le  nom. 

(2)  Les  Hellénistea  étaient  les  Juifs  ayant  vécu  hors  de  la  Palestine,  et  par- 
lant la  langue  grecque.  Les  Hébreux  étaient  les  Juifs  de  la  Palestine. 

268 


ACTES   DES    APÔTRES  6  :  4-7  :  2 

VOUS,  frères,  sept  hommes  de  bon  renom,  pleins  du 
Saint-Esprit  et  de  sagesse,  que  nous  chargerons  de  ce 
service.  ''Et  pour  nous,  nous  continuerons  de  nous 
appliquer  à  la  prière  et  au  ministère  de  la  parole, 
■^/^ette  proposition  plut  à  toute  l'assemblée.  Ils  élurent 
Etienne,  homme  plein  de  foi  et  du  Saint-Esprit,  Phi- 
lippe, Procore,  Nicanor,  Timon,  Parménas  et  Nicolas, 
prosélyte  d' Antioche  ;  ^  et  ils  les  présentèrent  aux 
apôtres,  qui,  après  avoir  prié,  leur  imposèrent  les  mains. 
^La  parole  de  Dieu  se  répandait  de  plus  en  plus, 
et  le  nombre  des  disciples  augmentait  beaucoup  à 
Jérusalem.  Il  y  avait  même  une  foule  de  sacrificateurs 
qui  obéissaient  à  la  foi. 

Etienne  accusé  de  blasphème 

^  Etienne,  plein  de  grâce  et  de  force,  faisait  de  grands 
prodiges  et  de  grands  miracles  parmi  le  peuple.  ^  Mais 
quelques  membres  de  la  synagogue  appelée  synagogue 
des  Affranchis  (^),  ainsi  que  des  Cyrénéens,  des 
Alexandrins  et  des  Juifs  de  Cilicie  et  d'Asie,  se  levèrent 
et  se  mirent  à  discuter  avec  Etienne  ;  ^  '^  mais  ils  ne  pou- 
vaient résister  à  sa  sagesse  et  à  l'Esprit  sous  l'inspira- 
tion duquel  il  parlait.  ^  '  Alors  ils  subornèrent  des  hom- 
mes qui  dirent  :  Nous  lui  avons  entendu  proférer  des 
paroles  blasphématoires  contre  Moïse  et  contre  Dieu. 
'  -  Ils  soulevèrent  le  peuple,  les  anciens  et  les  scribes,  et, 
survenant  soudain,  ils  se  rendirent  maîtres  de  lui  et 
l'emmenèrent  devant  le  sanhédrin.  *  ^  Ils  produisirent  de 
faux  témoins,  qui  dirent  :  Cet  homme  ne  cesse  de  pro- 
férer des  paroles  contre  le  saint  lieu  et  contre  la  loi. 
^^Car  nous  lui  avons  entendu  dire  que  ce  Jésus  de 
Nazareth  détruira  ce  lieu -ci  et  changera  les  coutumes 
que  nous  avons  reçues  de  Moïse.  ^  "^  Et  comme  tous  ceux 
qui  siégeaient  au  sanhédrin  avaient  les  yeux  arrêtés 
sur  lui,  son  visage  leur  parut  semblable  à  celui  d'un 
ange. 

Discours  d'*  Etienne 

7    ^  Alors   le   souverain   sacrificateur   lui   demanda  : 
En  est-il  bien  ainsi  ?  ^  Etienne  répondit  :  Mes  frères  çt 

(1)  Ces  affraachis  descendaient  des  Juifs  emmenés  hors  de  Palestine  comme 
esclaves,  puis  rendus  à  la  liberté. 

269 


ACTES   DES   APOTRES 


mes  pères,  écoutez -moi  !  Le  Dieu  de  gloire  apparut  à 
notre  père  Abraham,  lorsqu'il  était  en  Mésopotamie, 
avant  qu'il  vînt  demeurer  à  Charan,  ^et  il  lui  dit  : 
«  Quitte  ton  pays  et  ta  famille,  et  va  dans  le  pays  que 
je  te  montrerai  (').  »  "^  Alors,  étant  sorti  du  pays  des 
Chaldéens,  il  vint  demeurer  à  Charan.  De  là,  après  la 
mort  de  son  père.  Dieu  le  fit  passer  dans  le  pays  que 
vous  habitez  maintenant  ;  ^  il  ne  lui  donna  aucune  pro- 
priété dans  ce  pays,  non  pas  même  un  pouce  de  terre; 
mais  il  promit  de  lui  en  donner  la  possession,  comme 
à  sa  postérité  après  lui,  bien  qu'Abraham  n'eût  point 
d'enfants.  ^Dieu  parla  ainsi  :  Ses  descendants  séjour- 
neront dans  une  terre  étrangère;  on  les  réduira  en 
servitude,  et  on  les  maltraitera  pendant  quatre  cents 
ans.  "^Mais  Dieu  dit  encore  :  Je  jugerai  la  nation  qui 
les  aura  asservis,  et  après  cela,  ils  partiront,  et  me 
rendront  leur  culte  dans  ce  lieu-ci  C^).  »  ^Puis  Dieu  lui 
donna  l'alliance  de  la  circoncision.  C'est  ainsi  qu'Abra- 
ham ayant  eu  un  fils,  Isaac,  le  circoncit  le  huitième 
jour  ;  ensuite  Isaac  circoncit  Jacob,  et  Jacob,  les 
douze  patriarches. 

^  Les  patriarches,  jaloux  de  Joseph,  le  vendirent  pour 
être  mené  en  Egypte  ;  mais  Dieu  fut  avec  lui.  ^^*I1  le 
délivra  de  toutes  ses  afflictions,  et  le/emplit  de  grrxîe 
et  de  sagesse  devant  Pharaon,  roi  d'Egypte,  qui  l'éta 
blit  gouverneur  de  l'Egypte  et  de  toute  sa  maison. 
^  *  Cependant,  il  survint  une  famine  dans  tout  le  pays 
d'Egypte  et  en  Canaan  ;  la  détresse  était  grande  et  nos 
pères  ne  pouvaient  trouver  de  vivres.  ^^  Jacob,  ayant 
appris  qu'il  y  avait  du  blé  en  Egypte,  y  envoya  nos 
pères  une  première  fois.  ^  ^  La  seconde  fois,  Joseph  fut 
reconnu  par  ses  frères,  et  Pharaon  apprit  quelle  était 
l'origine  de  Joseph.  ^' Alors  Joseph  envoya  chercher 
Jacob,  son  père,  et  toute  sa  famille,  en  tout  soixante- 
quinze  personnes.  ^-^  Jacob  descendit  donc  en  Egypte, 
et  il  y  mourut,  ainsi  que  nos  pères.  ^  ^  Ils  furent  trans- 
portés à  Sichem,  et  ensevehs  dans  le  tombeau  qu'Abra- 
ham avait  acheté,  à  prix  d'argent,  des  fils  d'Hémor 
de  Sichem.  ^'Mais,  lorsque  vint  le  temps  où 
devait  s'accomplir  la  promesse  que  Dieu  avait  faite 

(1)  Genèse  18  :  1.  —  (2)  Genèse  15  :  13-14. 

270 


ACTES  DES  APÔTEES  7  :  <8-35 

avec  serment  à  Abraham,  le  peuple  s'accrut  et  se  mul- 
tiplia en  Egypte,  ^^  jusqu'au  moment  où  s'éleva  en 
Egypte  un  autre  roi,  qui  n'avait  point  connu  Joseph. 
^'•^Ce  roi,  employant  la  ruse  contre  notre  race,  mal- 
traita nos  pères,  et  les  contraignit  à  exposer  leurs  nou- 
veau-nés, pour  les  empêcher  de  vivre. 

2^  En  ce  temps-là  naquit  Moïse  ;  il  était  beau  aux 
yeux  de  Dieu,  et  il  fut  élevé  pendant  trois  mois  dans 
la  maison  de  son  père.  ^  '  Quand  il  fut  exposé,  la  fille  dé 
Pharaon  le  recueillit,  et  le  fit  élever  comme  son  fils. 
^^  Moïse  fut  instruit  dans  toute  la  sagesse  des  Égjrp- 
tiens  ;  il  était  puissant  en  paroles  et  en  œuvres.  ^^Mais, 
quand  il  eut  quarante  ans  accomplis,  il  lui  vint  au  cœur 
la  pensée  de  visiter  ses  frères,  les  enfants  d'Israël. 
^"^  Voyant  qu'on  maltraitait  l'un  d'eux,  il  prit  la  dé- 
fense de  l'opprimé  et  le  vengea  en  frappant  l'Egyptien. 
^^11  croyait  que  ses  frères  comprendraient  que  Dieu 
leur  accordait  la  délivrance  par  sa  main  ;  mais  ils  ne  le 
comprirent  pas.  ^^Le  lendemain,  il  se  présenta  à  eux 
pendant  qu'ils  se  battaient,  et  il  les  exhorta  à  la  paix, 
en  leur  disant  :  Mes  amis  (  '),  vous  êtes  frères,  pourquoi 
vous  maltraitez -vous  l'un  l'autre  ?  2' Celui  qui  mal- 
traitait son  prochain,  le  repoussa,  en  disant  :  Qui  t'a 
établi  chef  et  juge  sur  nous  ?  ^^  Veux-tu  me  tuer, 
comme  tu  as  tué  hier  l'Égyptien  ?  ^'^A  cette  parole. 
Moïse  s'enfuit  et  alla  vivre  en  étranger  dans  le  pays 
de  Madian,  où  il  eut  deux  fils.  ^*^  Quarante  ans  après, 
un  ange  lui  apparut  au  désert  du  mont  Sinaï,  dans  la 
flamme  d'un  buisson  en  feu  (  ).  ^'  En  le  voyant,  Moïse 
fut  étonné  de  cette  apparition  ;  et  comme  il  s'appro- 
chait pour  la  considérer  de  plus  près,  la  voix  du  Sei- 
gneur se  fit  entendre  :  ^^  «  Je  suis  le  Dieu  de  tes  pères, 
le  Dieu  d'Abraham,  d'Isaac  et  de  Jacob.  »  Moïse,  tout 
tremblant,  n'osait  pas  regarder.  ^^  Alors  le  Seigneur 
lui  dit  :  Ote  la  chaussure  de  tes  pieds  ;  car  le  lieu  où  tu 
te  trouves  est  une  terre  sainte.  ^^  J'ai  regardé,  et  j'ai  vu 
l'affliction  de  mon  peuple  en  Egypte;  j'ai  entendu  ses 
gémissements,  et  je  suis  descendu  pour  le  déhvrer. 
Viens  maintenant,  afin  que  je  t'envoie  en  Egypte. 

^•'Ce  Moïse  qu'ils  avaient  rejeté,  en  disant  :  Qui  t'a 

(1)  Litt.  :  Hommes.  —  (2)  Voy.  Exode  3  :  1-10. 

271 


7  :  36-49  ACTES   DES   APÔTRES 

établi  notre  chef  et  notre  juge  ?  —  c'est  lui  que  Dieu 
envoya  comme  chef  et  comme  libérateur,  avec  l'aide 
de  l'ange  qui  lui  était  apparu  dans  le  buisson.  ^^  C'est 
lui  qui  les  fit  sortir  en  accomplissant  des  prodiges  et  des 
miracles  dans  le  pays  d'Egypte,  sur  la  mer  Rouge  et  au 
désert,  pendant  quarante  ans.  ^' C'est  ce  Moïse  qui  a 
dit  aux  enfants  d'Israël  :  «  Dieu  vous  suscitera,  parmi 
vos  frères,  un  prophète  comme  moi  (  '  ).  »  ^^  C'est  lui  qui, 
dans  l'assemblée  du  désert,  était  avec  l'ange  qui  lui 
parlait  sur  le  mont  Sinaï  et  avec  nos  pères,  et  qui  reçut 
des  paroles  de  vie  pour  vous  les  donner.  ^'-^  C'est  à  lui 
que  nos  pères  n'ont  pas  voulu  obéir;  c'est  lui  qu'ils 
re]30ussèrent  pour  tourner  leur  cœur  vers  l'Egypte, 
■'"'en  disant  à  Aaron  :  «  Fais -nous  des  dieux  qui  mar- 
chent devant  nous  ;  car  ce  Moïse,  qui  nous  a  conduits 
hors  du  pays  d'Egypte,  nous  ne  savons  ce  qui  lui  est 
arrivé  (^).  » 

^'En  ces  jours-là,  ils  se  firent  un  veau,  ils  offrirent 
un  sacrifice  à  l'idole  et  se  réjouirent  des  ouvrages 
de  leurs  mains.  ^^  Alors  Dieu  se  détourna  d'eux 
et  les  livra  au  culte  de  l'armée  du  ciel,  comme  il 
est  écrit  dans  le  livre  des  prophètes  :  «  M'avez-vous 
donc  olï'ert  des  victimes  et  des  sacrifices  durant  qua- 
rante ans  au  désert,  maison  d'Israël,  "^^  quand  vous 
transportiez  le  fabernacle  de  Moloch  et  l'étoile  du  dieu 
Romphan,  ces  idoles  que  vous  avez  faites  pour  les 
adorer  ?  C'est  pourquoi,  je  vous  déporterai  au  delà 
do  Babylone  {^).  » 

^'*La  tente  du  témoignage  était  au  milieu  de 
nos  pères  dans  le  désert,  comme  l'avait  ordonné  Celui 
qui  dit  à  Moïse  de  la  faire  sur  le  modèle  qu'il  avait  vu. 
''■'Nos  pères,  l'ayant  reçue,  l'introduisirent  avec  Josué 
dans  le  pays  conquis  sur  les  nations  que  Dieu  chassa 
devant  eux  ;  et  elle  y  resta  jusqu'aux  jours  de  David, 
'  ^  qui  trouva  grâce  devant  Dieu  et  demanda  la  faveur 
de  donner  une  demeure  au  Dieu  de  Jacob.  ^  ^  Alors  Salo- 
mon  lui  bâtit  une  maison.  -^^Mais  le  Très-Haut  n'ha- 
bite point  dans  des  édifices  faits  de  main  d'homme,  sui- 
vant ces  paroles  du  prophète  :  -^^  «  Le  ciel  est  mon  trône, 
et  la  terre  est  mon  marchepied.  Quelle  maison  me  bâ- 

(1)  Deut.  18  :  15.  —  (2)  Exode  32  :  1.  —  (3)  Amos  5  :  25-27. 

272 


ACTES   DES   APÔTRES  7  :  50-8  :  3 

tirez-vous,  dit  le  Seigneur,  ou  quel  sera  le  lieu  où  je 
repose  ?  ^^ N'est-ce  pas  ma  main  qui  a  fait  toutes  ces 
choses  (')  ?  » 

^'Hommes  au  cou  raide,  incirconcis  de  cœur  et 
d'oreilles,  vous  vous  opposez  toujours  au  Saint-Esprit  ; 
vous  êtes  tels  que  vos  pères  !  ^^  Lequel  des  prophèl^es 
vos  pères  n'ont-ils  pas  persécuté  ?  Ils  ont  même  tué 
ceux  qui  ont  prédit  la  venue  du  Juste  ;  et  vous,  main- 
tenant, vous  l'avez  trahi,  vous  avez  été  ses  meurtriers, 
^3  vous  qui  avez  reçu  la  Loi  par  le  ministère  des  anges, 
et  qui  ne  l'avez  point  gardée  !... 

Mort  d'Etienne 

^•^  Comme  ils  entendaient  ces  paroles,  ils  frémissaient 
de  rage  dans  leur  cœur,  et  ils  grinçaient  des  dents 
contre  Etienne.  ^''Mais  lui,  rempli  du  Saint-Esprit, 
les  yeux  attachés  au  ciel,  vit  la  gloire  de  Dieu  et  Jésus, 
debout  à  la  droite  de  Dieu  ;  ^^'et  il  dit  :  Je  vois  les 
cieux  ouverts,  et  le  Fils  de  l'homme  debout  à  la  droite 
de  Dieu.  ^' Alors  ils  poussèrent  de  grands  cris,  se  bou- 
chèrent les  oreilles,  et  ils  se  jetèrent  tous  ensemble  sur 
lui  ;  ^^puis,  après  l'avoir  traîné  hors  de  la  ville,  ils  le 
lapidèrent.  Les  témoins  mirent  leurs  vêtements  aux 
pieds  d'un  jeune  homme,  nommé  Saul.  ^''^ Pendant 
qu'ils  le  lapidaient,  Etienne  priait  et  disait  :  Seigneur 
Jésus,  reçois  mon  esprit.  ^^Puis,  s'étant  mis  à  genoux. 
il  cria  à  haute  voix  :  Seigneur,  ne  leur  impute  point 
ce  péché  !  Et  quand  il  eut  dit  ces  paroles,  il  s'endormit. 

Saul  persécute  V  Église 

8  ^Saul  avait  approuvé  le  meurtre  d'Etienne.  Le 
même  jour,  une  grande  persécution  éclata  contre 
l'Église  de  Jérusalem  ;  tous  les  fidèles,  excepté  les 
apôtres,  furent  dispersés  dans  les  contrées  de  la  Judée 
et  de  la  Samarie.  ^  Cependant,  des  hommes  pieux  ense- 
velirent Etienne,  et  ils  pleurèrent  sa  mort,  en  faisant 
entendre  de  grandes  lamentations.  ^Mais  Saul  rava- 
geait l'Église  :  il  pénétrait  dans  les  maisons,  et,  entraî- 
nant de  force  hommes  et  femmes,  il  les  faisait  mettre 
en  prison. 

(1)  Ésaïe  66  :  1-2. 

273 


8  :  4-20  ACTES   DES   APOTRES 

Conversion  des  Samaritains  —  Simon  le  magicien 

^Ceux  donc  qui  avaient  été  dispersés  allaient  de 
lieu  en  lieu,  annonçant  l'Evangile.  ^Ainsi  Philippe, 
étant  descendu  dans  la  ville  de  Samarie,  y  prêcha  le 
Christ.  ^  La  foule  était  unanime  à  écouter  avec  atten- 
tion ce  que  disait  Philippe,  lorsqu'elle  l'entendit  et 
qu'elle  vit  les  miracles  qu'il  accomplissait.  "'  Car  des  es- 
prits impurs  sortaient  d'un  grand  nombre  de  possédés, 
en  jetant  de  grands  cris,  et  beaucoup  de  paralytiques 
et  d'impotents  étaient  guéris.  ^Ce  fut  une  grande 
joie  dans  cette  ville. 

^11  y  avait  alors,  dans  la  même  ville,  un  homme 
nommé  Simon,  qui  exerçait  la  magie  et  remplissait 
d'étonnement  le  peuple  de  Samarie,  se  faisant  passer 
pour  un  grand  personnage.  ^^Tous,  depuis  le  plus 
petit  jusqu'au  plus  grand,  s'attachaient  à  lui,  et  ils 
disaient  :  C'est  lui  qui  est  la  puissance  de  Dieu,  «  la 
Grande  Puissance  »,  comme  on  l'appelle.  ^  '  Ils  s'étaient 
donc  attachés  à  lui,  parce  que,  depuis  longtemps,  il 
les  avait  mis  hors  d'eux-mêmes  par  ses  enchantements. 
'-Mais,^ quand  ils  eurent  cru  Philippe,  qui  leur  annon- 
çait l'Evangile  du  royaume  de  Dieu  et  le  nom  de 
Jésus-Christ,  ils  furent  baptisés,  hommes  et  femmes. 
'  ^  Simon  lui-même  crut  aussi,  et,  après  avoir  été  bap- 
tisé, il  ne  quittait  plus  Philippe.  La  vue  des  prodiges 
et  des  grands  miracles  qui  s'accomplissaient,  le  met- 
tait hors  de  lui. 

^^Les  apôtres,  qui  étaient  à  Jérusalem,  ayant  appris 
que  la  Samarie  avait  accueilli  la  parole  de  Dieu,  y 
envoyèrent  Pierre  et  Jean.  ^^  Ceux-ci,  étant  arrivés, 
prièrent  pour  les  nouveaux  disciples,  afin  qu'ils  reçus- 
sent le  Saint-Esprit.  ^'^Car  il  n'était  encore  descendu 
sur  aucun  d'eux  ;  ils  avaient  été  seulement  baptisés 
au  nom  du  Seigneur  Jésus.  ^'' Alors  Pierre  et  Jean  leur 
imposèrent  les  mains,  et  ils  reçurent  le  Saint-Esprit. 

^^  Quand  Simon  vit  que  l'Esprit  était  donné  par 
l'imposition  des  mains  des  apôtres,  il  leur  offrit  de 
l'argent,  en  disant  :  '''Donnez-moi  aussi  ce  pouvoir, 
afin  que  ceux  à  qui  j'imposerai  les  mains  reçoivent  le 
Saint-Esprit.  "^^Mais  Pierre  lui  dit  :  Que  ton  argent 

274 


ACTES   DES    APÔTRES  8:21-35 

périsse  avec  toi,  puisque  tu  as  cru  que  le  don  de  Dieu 
s'acquiert  avec  de  l'argent  !  ^  '  Tu  n'as  ni  part,  ni  lot 
en  tout  ceci  ;  car  ton  cœur  n'est  pas  droit  devant  Dieu. 
^^Repens-toidonc  de  ta  méchanceté,  et  prie  le  Seigneur, 
afin  que,  s'il  est  possible,  cette  pensée  de  ton  cœur  te 
soit  pardonnée.  ^-^Car  je  vois  que  tu  as  le  cœur  rempli 
de  fiel  (')  et  que  tu  es  dans  les  liens  de  l'iniquité. 
^^  Simon  répondit  :  Priez  vous-mêmes  le  Seigneur  pour 
moi,  afin  qu'il  ne  m'arrive  rien  de  ce  que  vous  avez  dit. 
^^  Pierre  et  Jean,  après  avoir  ainsi  rendu  leur  témoi- 
gnage et  annoncé  la  parole  du  Seigneur,  retournèrent 
à  Jérusalem,  en  évangélisant  plusieurs  villages  des 
Samaritains. 

Conversion  d'un  officier  Éthiopien 

-•^Cependant,  un  ange  du  Seigneur  parla  à  Philippe 
et  lui  dit  :  Lève- toi,  et,  vers  l'heure  de  midi  ('-),  va  sur 
le  chemin  qui  conduit  de  Jérusalem  à  Gaza.  Ce  chemin 
est  désert.  ^^  Philippe  se  leva  et  partit.  Or,  un  eunuque 
éthiopien,  officier  de  la  cour  de  Candace,  reine  d'Ethio- 
pie, administrateur  de  tous  ses  trésors,  qui  était  venu 
à  Jérusalem  pour  adorer,  ^^^s'en  retournait  et,  assis  sur 
son  char,  il  lisait  le  prophète  Ésaïe.  ^^  L'Esprit  dit  à 
Philippe  :  Approche-toi  et  rejoins  ce  char.  ^*^  Philippe 
accourut,  et,  entendant  l'Éthiopien  qui  lisait  le  pro- 
phète Ésaïe,  il  lui  dit  :  Comprends-tu  ce  que  tu  lis  ? 
^'L'eunuque  lui  répondit:  Comment  le  pourrais-je, 
si  quelqu'un  ne  me  guide  ?  Et  il  pria  Philippe  de  mon- 
ter et  de  s'asseoir  auprès  de  lui. 

^^Or,  le  passage  de  l'Écriture  qu'il  lisait  était  celui- 
ci  :  «  Il  a  été  mené  comme  une  brebis  à  la  boucherie, 
et,  comme  un  agneau  muet  devant  celui  qui  le  tond, 
il  n'a  pas  ouvert  la  bouche...  ^^Dans  son  abaissement, 
sa  condamnation  a  été  levée...  Et  qui  dépeindra  sa  gé- 
nération ?  Car  sa  vie  a  été  retranchée  de  la  terre  (-^y.  » 
"'*  L'eunuque,  prenant  la  parole,  dit  à  Philippe  :  Je  te 
prie,  de  qui  le  prophète  dit-il  cela  ?  Est-ce  de  lui-même, 
ou  de  quelque  autre?  -^-^ Alors  Philippe,  ouvrant  la 
bouche  et  commençant  par  ce  passage  de  l'Écriture, 

(1)  Litt.  :  lu  es  da)is  un  fiel  amer. 

(2)  Ou  traduit  aussi  :  va  du  côté  du  midi.  —  (3)  Ésaïe  53  :  7-8. 

2''5 


8  :  36-9  :  11  ACTES    DES    APÔTEES 

lui  annonça  Jésus.  ^*^  Chemin  faisant,  ils  rencontrèrent 
de  l'eau  ;  et  l'eunuque  dit  :  Voici  de  l'eau  ;  qu'est-ce 
qui  empêche  que  je  sois  baptisé  ?  ^"[Philippe  dit  :  Si 
tu  crois  de  tout  ton  cœur,  cela  est  possible.  L'eunuque 
répondit  :  Je  crois  que  Jésus -Christ  est  le  Fils  de 
Dieu  (").]  ^'^Il  donna  l'ordre  d'arrêter  le  char;  puis, 
tous  deux  descendirent  dans  l'eau,  et  PhiHppe  baptisa 
l'eunuque.  ^^  Quand  ils  furent  sortis  de  l'eau,  l'Esprit 
du  Seigneur  enleva  Philippe  ;  l'eunuque  ne  le  vit  plus, 
et  il  continua  son  chemin,  plein  de  joie.  ^^  Quant  à 
Philippe,  il  se  trouva ^dans  Azot  ;  de  là,  il  se  rendit  à 
Césarée,  annonçant  l'Evangile  dans  toutes  les  villes  où 
il  passait. 

Conversion  de  Saul 

9  ''Cependant  Saul,  ne  respirant  toujours  que  me- 
naces et  carnage  contre  les  disciples  du  Seigneur, 
s'adressa  au  souverain  sacrificateur;  ^et  il  lui  demanda 
des  lettres  pour  les  synagogues  de  Damas,  afin  que, 
s'il  trouvait  quelques  personnes  de  la  secte,  hommes 
ou  femmes,  il  les  amenât  enchaînées  à  Jérusalem. 
^Mais,  comme  il  était  en  chemin  et  qu'il  approchait  de 
Damas,  tout  à  coup,  une  lumière  venant  du  ciel  res- 
plendit autour  de  lui.  '•  Il  tomba  par  terre,  et  il  enten- 
dit une  voix  qui  lui  disait  :  Saul,  Saul,  pourquoi  me 
persécutes-tu  ?  '^  Il  répondit  :  Qui  es-tu,  Seigneur  ? 
Le  Seigneur  dit  :  Je  suis  Jésus  que  tu  persécutes  ! 
^Mais  relève-toi,  entre  dans  la  ville,  et  on  te  dira  ce 
qu'il  faut  que  tu  fasses.  'Ses  compagnons  de  voyage 
s'étaient  arrêtés  stupéfaits,  entendant  bien  la  voix, 
mais  ne  voya.nt  personne.  ^  Saul  se  releva  de  terre  ;  et, 
quoiqu'il  eût  les  yeux  ouverts,  il  ne  voyait  rien.  Ils 
le  conduisirent  par  la  main,  et  le  menèrent  à  Damas, 
^où  il  resta  trois  jours  sans  voir,  et  sans  manger  ni 
boire. 

Baptême  de  Saul  par  Ananias 

^^Or,  il  y  avait  à  Damas  un  disciple,  nommé  Ana- 
nias. Le  Seigneur  lui  dit  dans  une  vision  :  Ananias  ! 
Il  répondit  :    Me  voici,  Seigneur.    ''  ^  Le  Seigneur  lui 

(a)  Ce  rerset  entre  crochets  ne  se  trouve  pas  dans  plusieurs  anciens  manus- 
crits. 

276 


ACTES   DES   APOTRES  9  :  4  2-25 

dit  :  Lève-toi,  va  dans  la  rue  appelée  la  rue  Droite,  et 
cherche  dans  la  maison  de  Judas  un  nommé  Saul,  de 
Tarse.  Il  prie  :  '^car  il  a  vu  un  homme,  nommé  Ana- 
nias,  entrer  chez  lui  et  lui  imposer  les  mains,  pour 
lui  faire  recouvrer  la  vue.  '  "i^nanias  répondit  :  Seigneur, 
j'ai  entendu  dire  à  plusieiu^s  personnes  tout  le  mal 
que  cet  homme  a  fait  à  tes  saints  dans  Jérusalem.  '-^Et 
il  est  ici  avec  pleins  pouvoirs,  de  la  part  des  principaux 
sacrificateurs,  pour  enchaîner  tous  ceux  qui  invoquent 
ton  nom.  "^  ^Mais  le  Seigneur  lui  dit  :  Va  ;  car  cet  homme 
est  un  instrument  que  je  me  suis  choisi,  pour  porter 
mon  nom  devant  les  nations,  les  rois  et  les  enfanta 
d'Israël;  ^^et  je  lui  montrerai  combien  il  faut  qu'il 
souffre  pour  mon  nom. 

^'Ananias  s'en  alla  donc;  puis  étant  entré  dans 
la  maison,  il  imposa  les  mains  à  Saul  et  lui  dit  : 
Saul,  mon  frère,  le  Seigneur,  ce  Jésus  qui  t'est  apparu 
sur  le  chemin  par  lequel  tu  venais,  m'a  envoyé,  afin 
que  tu  recouvres  la  vue  et  que  tu  sois  rempli  du  Saint- 
Esprit.  '^Aussitôt  û  tomba  des  yeux  de  Saul  comme 
des  écailles,  et  il  recouvra  la  vue  ;  puis,  il  se  leva  et  fu-t 
baptisé.  ^^Et  quand  il  eut  pris  de  la  nourriture,  les 
forces  lui  revinrent. 

Premières  prédications  de  Saul 

Saul  passa  quelques  jours  avec  les  disciples  qui 
étaient  à  Damas.  -"Aussitôt  il  se  mit  à  prêcher  dans 
les  synagogues  que  Jésus  est  le  Fils  de  Dieu.  ^'Tous 
ceux  qui  l'entendirent  étaient  dans  l'étonnement  et 
ils  disaient  :  N'est-ce  pas  lui  qui  persécutait  à  Jéru- 
salem ceux  qui  invoquent  ce  nom,  et  n'était-il  pas 
venu  ici  afin  de  les  conduire  enchaînés  aux  principaux 
sacrificateurs  ?  --Quant  à  Saul,  il  se  fortifiait  de  plus 
en  plus,  et  il  confondait  les  Juifs  qui  habitaient  à 
Damas,  démontrant  que  Jésus  est  le  Christ. 

-^Quelque  temps  après,  les  Juifs  se  concertèrent 
pour  le  faire  périr.  -  'Mais  Saul  fut  averti  de  leur  com- 
plot. On  gardait  même  les  portes  jour  et  nuit,  afin  de 
le  tuer.  ^'^Mais  les  disciples  le  prirent,  pendant  la  nuit, 
et  ils  le  descendirent  le  long  de  la  muraille  dans  une 
corbeille. 

277 


9  :  26-39  ACTES    DES    APOTRES 

-^Quand  Saul  fut  arrivé  à  Jérusalem,  il  essayait 
de  se  joindre  aux  disciples  ;  mais  tous  le  redoutaient,  ne 
croyant  pas  qu'il  fût  aussi  un  disciple.  ^  "Alors  Barnabas 
le  prit  avec  lui,  le  mena  aux  apôtres  et  leur  raconta  com- 
ment le  Seigneur  lui  était  apparu  sur  le  chemin  et  lui 
avait  parlé,  et  comment  il  avait  prêché  hardiment  à 
Damas,  au  nom  de  Jésus.  ^^Dès  lors,  il  allait  et  venait 
avec  eux  dans  Jérusalem,  --^et  il  parlait  avec  har- 
diesse au  nom  du  Seigneur.  Il  s'entretenait  aussi  et 
discutait  avec  les  Hellénistes  (^)  ;  mais  ceux-ci  cher- 
chaient à  lui  ôter  la  vie.  -^^Les  frères,  l'ayant  appris, 
le  menèrent  à  Césarée,  et  le  firent  partir  pour  Tarse. 

Guérison  d'Énée 

^^  Ainsi,  l'Église  jouissait  de  la  paix  dans  toute  la 
Judée,  la  Galilée  et  la  Samarie,  s'édifiant  et  marchant 
dans  la  crainte  du  Seigneur  ;  et  elle  croissait  en  nombre 
par  l'assistance  du  Saint-Esprit. 

^^Or,  il  arriva  que  Pierre,  qui  visitait  tout  le  pays, 
se  rendit  aussi  auprès  des  saints  qui  demeuraient  à 
Lydda.  ^^11  y  trouva  un  homme,  appelé  Énée,  couché 
sur  son  lit  depuis  huit  ans,  et  qui  était  paralytique. 
^^ Pierre  lui  dit  :  Énée,  Jésus-Christ  te  ^guérit  ;  lève- 
toi,  et  fais  toi-même  ton  lit.  Aussitôt  Énée  se  leva. 
^^Tous  les  habitants  de  Lydda  et  du  Saron  le  virent, 
et  ils  se  convertirent  au  Seigneur. 

Résurrection  de  Tahitha 

^^11  y  avait  à  Joppé,  parmi  les  disciples,  une  femme 
nommée  Tabitha,  c'est-à-dire  Dorcas  (-)  ;  elle  était 
riche  en  bonnes  œuvres,  et  elle  faisait  beaucoup  d'au- 
mônes. ^"Elle  tomba  malade  en  ce  temps-là  et  mourut. 
On  lava  son  corps,  et  on  le  déposa  dans  une  chambre 
haute.  ^^Les  disciples  ayant  appris  que  Pierre  se  trou- 
vait à  Lydda,  qui  est  près  de  Joppé,  lui  envoyèrent 
deux  hommes  pour  le  prier  de  venir  auprès  d'eux  sans 
tarder.  •'^'^  Pierre  se  leva  et  partit  avec  eux.  Lorsqu'il 
fut  arrivé,  on  le  conduisit  à  la  chambre  haute,  et 

(1)  Voir  la  note  sur  Actes  6:1. 

(2)  Dorcas,  mot  grec  qui  signifie  gazelle. 

278 


ACTES   DES   APÔTRES  9  :  40-10  MO 

toutes  les  veuves  vinrent  à  lui  en  pleurant,  et  elles  lui 
montrèrent  combien  Dorcas  faisait  de  vêtements  et  de 
manteaux,  lorsqu'elle  était  avec  elles.  **^  Pierre,  après 
avoir  fait  sortir  tout  le  monde,  se  mit  à  genoux  et  pria  ; 
puis,  se  tournant  vers  le  corps,  il  dit  :  Tabitha,  lève- 
toi  !  Elle  ouvrit  les  yeux,  et,  voyant  Pierre,  elle  se  mit 
sur  son  séant.  "*'  Il  lui  tendit  la  main,  et  la  fit  lever  ; 
puis,  ayant  appelé  les  saints  et  les  veuves,  il  la  leur 
présenta  vivante.  "^^Ce  fait  fut  connu  de  toute  la  ville 
de  Joppé  ;  et  beaucoup  de  personnes  crurent  au  Sei- 
gneur. ^^ Quant  à  Pierre,  il  resta  plusieurs  jours  à 
Joppé,  chez  un  corroyeur,  nommé  Simon. 

Conversio7i  de  Corneille 

10  *  Il  y  avait  à  Césarée  un  homme,  nommé  Cor- 
neille, centenier  de  la  cohorte  appelée  Italique.  ^11 
était  pieux  et  craignait  Dieu,  lui  et  toute  sa  maison  ; 
il  faisait  beaucoup  d'aumônes  au  peuple,  et  priait  Dieu 
continuellement.  ^11  vit  clairement  dans  une  vision, 
vers  la  neuvième  heure  du  jour  ('),  un  ange  de  Dieu, 
qui  entrait  chez  lui,  et  qui  lui  dit  :  Corneille  !  ^  Les 
yeux  fixés  sur  l'ange  et  tout  effrayé,  il  répondit  : 
Qu'y  a-t-n.  Seigneur  ?  L'ange  lui  dit  :  Tes  prières  et 
tes  aumônes  sont  montées  jusqu'à  Dieu,  et  il  s'en  est 
souvenu.  ^Maintenant  donc,  envoie  des  hommes  à 
Joppé,  et  fais  venir  un  certain  Simon,  surnommé  Pierre. 
^  Il  est  logé  chez  Simon,  le  corroyeur,  dont  la  maison 
est  près  de  la  mer.  "^  Quand  l'ange  qui  lui  parlait  se 
fut  retiré.  Corneille  appela  deux  de  ses  serviteurs  et 
un  soldat  pieux,  de  ceux  qui  étaient  attachés  à  sa 
personne  ;  ^  et,  leur  ayant  tout  raconté,  il  les  envoya 
à  Joppé. 

^  Le  lendemain,  comme  ils  étaient  en  route  et  qu'ils 
approchaient  de  la  ville,  Pierre  monta  sur  le  haut  de 
la  maison  (-),  vers  la  sixième  heure  (^),  pour  prier. 
*  ^  Il  eut  faim  et  voulut  prendre  de  la  nourriture  ;  et 
pendant  qu'on  la  lui  préparait,  il  fut  ravi  en  extase. 

(1)  Vers  trois  heures  de  raprès-midi. 

(2)  Voir  ]a  note  sur  Matth.  10  :  27. 

(3)  Vers  luidi. 

279 


10:11-29         ACTES  DES  APÔTRES 

'  '  Il  vit  le  ciel  ouvert,  et  un  objet  ressemblant  à  une 
grande  nappe  retenue  aux  quatre  coins,  qui  descendait 
et  s'abaissait  jusqu'à  terre  ;  ^^il  s'y  trouvait  des  qua- 
drupèdes de  toute  espèce,  des  reptiles  de  la  terre  et 
des  oiseaux  du  ciel.  ^^Une  voix  lui  dit  :  Pierre,  lève- 
toi,  tue  et  mange.  ^''Mais  Pierre  répondit  :  Non,  Sei- 
gneur ;  car  je  n'ai  jamais  rien  mangé  de  souillé  ni 
d'impur.  ^"'La  voix,  parlant  une  seconde  fois,  lui  dit  : 
Ce  que  Dieu  a  purifié,  ne  le  regarde  pas  comme  souillé. 
'•'Cela  se  répéta  par  trois  fois  ;  et  aussitôt  après,  l'objet 
fut  retiré  dans  le  ciel. 

^  '  Pierre  ne  savait  que  penser  de  la  vision  qu'il  avait 
eue,  lorsque  les  hommes  envoyés  par  Corneille,  s'étant 
informés  de  la  maison  de  Simon,  se  présentèrent  à  la 
porte.  ^^  Ayant  appelé,  ils  demandèrent  si  c'était  là 
que  logeait  Simon,  surnommé  Pierre.  ^  '-^  Comme  Pierre 
réfléchissait  à  cette  vision,  l'Esprit  lui  dit  :  Voici  trois 
hommes  qui  te  cherchent.  ^^  Lève-toi  donc,  descends, 
et  pars  avec  eux  sans  hésiter  ;  car  c'est  moi  qui  les  ai 
envoyés.  -'Alors  Pierre,  étant  descendu  vers  ces 
hommes,  leur  dit  :  Me  voici:  je  suis  celui  que  vous 
cherchez  ;  pour  quel  sujet  êtes- vous  venus  ?  ^^Ils 
répondirent  :  Corneille,  centenier,  homme  juste  et 
craignant  Dieu,  auquel  la  nation  juive  rend  un  bon 
témoignage,  a  reçu,  d'un  saint  ange,  l'ordre  de  te 
faire  venir  dans  sa  maison  et  d'écouter  tes  paroles. 
2^  Alors  Pierre  les  fit  entrer  et  leur  donna  l'hospita- 
lité. 

Le  lendemain,  il  se  leva  et  partit  avec  eux,  et  quel- 
ques-uns des  frères  de  Joppé  l'accompagnèrent.  ^^Le 
jour  suivant,  ils  arrivèrent  à  Césarée.  CorneiUe  les 
attendait  avec  ses  parents  et  ses  amis  intimes,  qu'il 
avait  réunis  chez  lui.  --^  Comme  Pierre  entrait.  Cor- 
neille alla  au-devant  de  lui,  et,  se  jetant  à  ses  pieds, 
il  l'adora.  '-^'Mais  Pierre  le  releva  en  disant  :  Lève-toi, 
je  ne  suis  moi-même  qu'un  homme.  2"  Et  il  entra,  en 
s' entretenant  avec  lui,  et  trouva  plusieurs  personnes 
réunies.  ^'^Vous  savez,  leur  dit-il,  qu'il  est  interdit  à 
un  Juif  d'entrer  en  relation  avec  un  étranger,  ou  d'al- 
ler chez  lui  ;  mais  Dieu  m'a  fait  voir  que  je  ne  devais 
appeler  aucun  homme  souillé  ou  impur.  ^'^  Aussi  n'ai-je 

280 


ACTES   DES   APÔTRES  10  :  30-4  S 

fait,  aucune  difficulté  pour  venir,  lorsque  vous  m'avez 
envoyé  chercher.  Je  demande  donc  pour  quel  sujet 
vous  m'avez  fait  venir. 

^^  Corneille  lui  répondit  :  Il  y  a  maintenant  quatre 
jours,  à  la  neuvième  heure,  j'étais  chez  moi  en  prière, 
quand  tout  à  coup  un  homme,  portant  un  vêtement 
resplendissant,  se  présenta  devant  moi,  ^  *  et  il  me  dit  : 
Corneille,  ta  prière  a  été  exaucée,  et  Dieu  s'est  souvenu 
de  tes  aumônes.  ^^  Envoie  donc  à  Joppé,  et  fais  venir 
Simon,  surnommé  Pierre  :  il  est  logé  chez  Simon,  le 
corroyeur,  près  de  la  mer.  ^^  J'ai  sur-le-champ  envoyé 
vers  toi,  et  tu  as  bien  fait  de  venir.  Maintenant  donc, 
nous  voici  tous  en  présence  de  Dieu,  pour  entendre 
tout  ce  que  le  Seigneur  t'a  commandé  de  nous  dire. 

2"*  Alors  Pierre  ouvrit  la  bouche  et  dit  :  En  vérité, 
je  reconnais  que  Dieu  ne  fait  pas  acception  de  per- 
sonnes, 2^  mais  qu'en  toute  nation,  celui  qui  le  craint 
et  qui  pratique  la  justice  lui  est  agréable.  ^"^ C'est  la 
parole  qu'il  a  adressée  aux  enfants  d'Israël,  en  leur 
faisant  annoncer  la  bonne  nouvelle  de  la  paix  par  Jésus- 
Christ,  qui  est  le  Seigneur  de  tous.  ^'  Vous  savez  les  faits 
qui  se  sont  passés  dans  toute  la  Judée,  et  qui  avaient 
commencé  à  se  produire  en  GaUlée,  à  la  suite  du  bap- 
tême prêché  par  Jean  :  ^^  comment  Dieu  a  oint  d'Esprit 
saint  et  de  puissance  Jésus  de  Nazareth,  qui  allait  de 
lieu  en  lieu,  faisant  du  bien  et  guérissant  tous  ceux  qui 
étaient  sous  l'empire  du  Diable  ;  car  Dieu  était  avec  lui. 
^'■^Nous  avons  été  témoins  de  tout  ce  qu'il  a  fait  dans 
le  pays  des  Juifs  et  à  Jérusalem.  Ils  l'ont  fait  mourir, 
en  le  pendant  au  bois.  -^^Mais  Dieu  l'a  ressuscité  le 
troisième  jour,  et  il  a  permis  qu'il  se  montrât,  '^^non 
à  tout  le  peuple,  mais  aux  témoins  choisis  d'avance 
par  Dieu,  à  nous  qui  avons  mangé  et  bu  avec  lui  après 
sa  résurrection  d'entre  les  morts,  -^-Et  il  nous  a  com- 
mandé de  prêcher  au  peuple,  et  d'attester  que  c'est 
lui  qui  a  été  établi  par  Dieu  pour  juger  les  vivants  et 
les  morts.  ^^Tous  les  prophètes  rendent  de  lui  ce  té- 
moignage, que  quiconque  croit  en  lui  reçoit  par  son 
nom  la  rémission  des  péchés. 

^•^  Comme  Pierre  parlait  encore,  le  Saint-Esprit  des- 
cendit sur  tous  ceux  qui  écoutaient  la  Parole.  '"^Et  les 

281 


10  :  46-11  :  U  ACTES   DES  APOTRES 

fidèles  circoncis,  qui  étaient  venus  avec  Pierre,  étaient 
fort  étonnés  de  voir  que  le  don  du  Saint-Esprit  était 
aussi  accordé  aux  païens.  "^^'Car  ils  les  entendaient 
parler  en  langues  étrangères  et  glorifier  Dieu.  ^' Alors 
Pierre  reprit  la  parole  et  dit  :  Peut-on  refuser  l'eau 
du  baptême  à  ceux  qui  ont  reçu  le  Saint-Esprit  aussi 
bien  que  nous  ?  -^^Et  il  ordonna  de  les  baptiser  au 
nom  de  Jésus-Christ.  Ils  le  prièrent  alors  de  demeurer 
quelques  jours  avec  eux. 

Pierre,  de  retour  à  Jérusalem,  justifie  sa  conduite 

I  I  ^  Les  apôtres  et  les  frères,  qui  étaient  en  Judée, 
apprirent  que  les  païens  avaient  aussi  reçu  la  parole 
de  Dieu»  ^Et  lorsque  Pierre  fut  monté  à  Jérusalem, 
les  fidèles  circoncis  lui  adressèrent  des  reproches. 
"ILs  lui  disaient  :  Tu  es  entré  chez  des  incirconciSj  et 
tu  as  mangé  avec  eux  !  -^Mais  Pierre  se  m_it  à  leur 
raconter,  par  ordre  et  en  détail,  ce  qui  s'était  passé. 
^J'étais,  leur  dit-il,  en  prière  dans  la  ville  de  Joppé, 
lorsque  je  fus  ravi  en  extase.  J'eus  une  vision  :  un 
objet,  semblable  à  une  grande  nappe  retenue  aux 
quatre  coins,  descendait  du  ciel,  et  il  vint  jusqu'à 
moi.  ^  Je  l'examinai  attentivement  et  j'y  vis  les  qua- 
drupèdes de  la  terre,  les  bêtes  sauvages,  les  reptiles,  et 
les  oiseaux  du  ciel.  'Puis  j'entendis  une  voix  qui  me 
disait  :  Pierre,  lève-toi,  tue  et  mange.  ^  Je  répondis  : 
Non,  Seigneur  ;  car  jamais  rien  de  souillé  ni  d'impur 
n'est  entré  dans  ma  bouche.  ''  La  voix  me  parla  du  ciel 
une  seconde  fois,  et  me  dit  :  Ne  regarde  pas  comme 
souillé  ce  que  Dieu  a  purifié.  ^^  Cette  vision  se  répéta 
par  trois  fois,  puis  tout  fut  retiré  da.ns  le  ciel.  ^  ^  Et 
voilà  qu'au  même  instant,  trois  hommes  qui  m'avaient 
été  envoyés  de  Césarée,  se  présentèrent  à  la  porte  de 
la  maison  où  j'étais.  ^^Alors  l'Esprit  me  dit  d'aller 
avec  eux,  sans  hésiter.  Les  six  frères  que  voici  vinrent 
également  avec  moi,  et  nous  entrâmes  dans  la  maison 
de  Corneille.  ^  ^Celui-ci  nous  raconta  comment  il  avait 
vu,  dans  sa  maison,  un  ange  qui  s'était  présenté  à  lui 
et  lui  avait  dit  :  Envoie  à  Joppé,  et  fais  venir  Simon, 
surnommé  Pierre.  ^^E  te  dira  des  choses  par  lesquelles 

282 


ACTES   DES  APOTBES  11  :  <5-28 

tu  seras  sauvé,  toi  et  toute  ta  maison.  ^^  Quand  j'eus 
commencé  à  parler,  le  Saint-Esprit  descendit  sur 
eux,  comme  il  était  descendu  sur  nous  au  commence- 
ment. ^^  Alors  je  me  souvins  de  la  parole  prononcée 
par  le  Seigneur  :  Jean  a  baptisé  d'eau  ;  mais  vous 
serez  baptisés  du  Saint-Esprit  (^).  ^'Si  donc  Dieu 
leur  a  fait  le  même  don  qu'à  nous,  qui  avons  cru  au 
Seigneur  Jésus-Christ,  quiétais-je,  moi,  pour  m 'opposer 
à  Dieu  ?...  ^^  Après  avoir  entendu  ces  paroles,  ils  s'apai- 
sèrent et  glorifièrent  Dieu,  en  disant  :  Dieu  a  donc 
aussi  donné  aux  païens  la  repentance  (^),  pour  qu'ils 
aient  la  vie  ' 

Barnabas  et  Saut  à  Antioche 

^^Ceux  qui  avaient  été  dispersés  par  la  persécution 
survenue  à  l'occasion  d'Etienne,  allèrent  jusqu'en 
Phénicie,  dans  l'île  de  Chypre  et  à  Antioche,  n'an- 
nonçant la  parole  qu'aux  Juifs  seuls.  -^Mais  quelques- 
uns  d'entre  eux,  qui  étaient  de  Chypre  et  de  Cyrène, 
étant  venus  à  Antioche,  parlèrent  aussi  aux  Grecs, 
leur  annonçant  l'Evangile  du  Seigneur  Jésus.  ^^La 
main  du  Seigneur  était  avec  eux,  et  grand  fut  le  nom- 
bre de  ceux  qui  crurent  et  se  convertirent^  au  Sei- 
gneur. ^-Le  bruit  en  vint  aux  oreilles  de  l'Eglise  de 
Jérusalem  ;  et  on  envoya  Barnabas  jusqu'à  Antioche. 
^^  Quand  il  fut  arrivé  et  qu'il  eut  vu  la  grâce  accordée 
par  Dieu,  il  se  réjouit,  et  les  exhorta  tous  à  rester 
attachés  d'un  cœur  ferme  au  Seigneur;  -^car  c'était 
un  homme  de  bien,  plein  du  Saint-Esprit  et  de  foi. 
Alors  un  grand  nombre  de  personnes  se  joignirent  au 
Seigneur. 

-^Barnabas  alla  ensuite  à  Tarse,  pour  chercher 
Saul,  ^^et,  l'ayant  trouvé,  il  l'amena  à  Antioche. 
Pendant  toute  une  année,  ils  assistèrent  aux  assem- 
blées de  l'Eglise,  et  ils  instruisirent  un  grand  nombre 
de  personnes.  Ce  fut  à  Antioche  que,  pour  la  pre- 
mière fois,  on  donna  aux  disciples  le  nom  de  chrétiens. 

^'En  ces  jours-là,  des  prophètes  descendirent  de' 
Jérusalem  à  Antioche.  ^^L'un  d'eux,  nommé  Agabus, 

(1)  Voy.  Actes  1:5. 

(2)  Ou  :  la  conversion. 

283 


11  :  29-12  :  40  ACTES    DES   APÔTRES 

se  leva,  et  prédit  par  l'Esprit  qu'il  y  aurait  une  fa- 
mine sur  toute  la  terre.  EUe  survint,  en  effet,  sous  le 
règne  de  Claude  (').  ^^Les  disciples  résolurent  d'en- 
voyer, chacun  selon  son  pouvoir,  un  secours  aux  frères 
qui  habitaient  en  Judée.  ^*^ C'est  ce  qu'ils  firent  :  ils 
l'envoyèrent  aux  anciens  par  les  mains  de  Barnabas  et 
de  Saul. 

Mort  de  Jacques  —  Emprisonnement  et  délivrance 
de  Pierre 

12  ^Vers  ce  temps-là,  le  roi  Hérode  (-)  se  mit  à 
maltraiter  quelques-uns  des  membres  de  l'Église. 
-Il  fit  mourir  par  l'épée  Jacques,  frère  de  Jean; 
^et,  voyant  que  cela  était  agréable  aux  Juifs,  il  fit 
aussi  arrêter  Pierre.  '* C'était  pendant  les  jours  des 
pains  sans  levain.  Après  l'avoir  fait  saisir  et  mettre 
en  prison,  il  le  donna  à  garder  à  quatre  escouades,  de 
quatre  soldats  chacune.  Son  intention  était  de  le  faire 
comparaître  devant  le  peuple,  après  la  Pâque.  ^Pierre 
était  donc  gardé  dans  la  prison,  et  l'Église  ne  cessait 
d'adresser  des  prières  à  Dieu  pour  lui. 

^Or,  la  nuit  qui  précéda  le  jour  où  Hérode  devait 
le  faire  comparaître,  Pierre,  chargé  de  deux  chaînes, 
dormait  entre  deux  soldats,  et  des  sentinelles,  devant 
la  porte,  gardaient  la  prison.  "'  Tout  à  coup  survint  un 
ange  du  Seigneur,  et  une  lumière  resplendit  dans  le 
cachot.  L'ange  réveilla  Pierre  en  le  frappant  au  côté, 
et  lui  dit  :  Lève-toi  vite.  Et  les  chaînes  tombèrent  de 
ses  mains.  ^L'ange  lui  dit  ensuite  :  Mets  ta  ceinture  et 
tes  sandales.  Pierre  obéit.  L'ange  ajouta  :  Mets  ton 
manteau  et  suis-moi.  ^  Pierre  sortit  et  le  suivit  ;  il  ne 
comprenait  pas  que  ce  que  l'ange  faisait  fût  réel,  mais 
il  croyait  avoù'  une  vision.  "•  ^  Quand  ils  eurent  passé  la 
première  garde,  puis  la  seconde,  ils  arrivèrent  à  la 
porte  de  fer,  qui  donne  sur  la  viUe.  Cette  porte  s'ou- 
vrit devant  eux  d'eUe-même,  et,  étant  sortis,  ils 
s'avancèrent  dans  une  rue.  Aussitôt  l'ange  le  quitta. 

(1)  Claude,  empereur  romain  (41-54  après  Jésus-Ohrist). 

(2)  Hérode-Agrippa  !*"■,  petit-fils  d'Hérode  le  Grand,  régna  de  l'an  37  à 
l'an  44  après  Jésus-Christ. 

284 


ACTES    DES   APÔTRES  12:^^-25 

^  ^  Alors  Pierre  revint  à  lui  et  dit  :  Maintenant,  je 
reconnais  vraiment  que  le  Seigneur  a  envoyé  son  ange, 
et  qu'il  m'a  délivré  de  la  main  d'Hérode,  et  de  tous 
les  maux  dont  le  peuple  juif  me  menaçait.  '  -Après  avoir 
réfléchi,  il  se  rendit  à  la  maison  de  Marie,  mère  de 
Jean,  surnommé  Marc,  où  plusieurs  personnes  étaient 
assemblées  et  priaient.  ^^  Quand  il  eut  frappé  à  la 
porte  du  vestibule,  une  servante,  nommée  Rhode, 
vint  écouter;  *^puis,  ayant  reconnu  la  sfiiix  de  Pierre, 
dans  sa  joie,  au  lieu  d'ouvrir  la  porte,  elle  courut  annon- 
cer que  Pierre  était  devant  la  porte  d'entrée.  ^  "'  Ils  lui 
dirent  :  Tu  es  folle  !  Mais  elle  soutenait  qu'il  en  était 
ainsi.  Ils  dirent  alors:  C'est  son  ange.  ^^ Cependant 
Pierre  continuait  à  frapper.  Quand  ils  eurent  ouvert, 
ils  le  virent  et  furent  saisis  d'étonnement.  '•"Mais  lui, 
leur  ayant,  de  la  main,  fait  signe  de  se  taire,  leur  ra- 
conta comment  le  Seigneur  l'avait  tiré  de  la  prison  ; 
puis  il  leur  dit  :  Faites-le  savoir  à  Jacques  et  aux  frères. 
Après  cela  il  sortit,  et  s'en  alla  dans  un  autre  endroit. 

^^  Quand  il  fit  jour,  il  y  eut  une  grande  agitation 
parmi  les  soldats  :  ils  ne  savaient  ce  que  Pierre  était 
devenu.  ^^Hérode,  l'ayant  fait  chercher  et  n'ayant 
pu  le  trouver,  instruisit  le  procès  des  gardes,  et  ordonna 
de  les  mener  au  supplice.  Ensuite  il  descendit  de  Judée 
à  Césarée,  où  il  demeura. 

Mort  d'Hérode 

-^Or,  Hérode  avait  des  sentiments  hostiles  contre 
les  Ty riens  et  les  Sidoniens.  Ils  se  rendirent  auprès  de 
lui  d'un  commun  accord,  et,  ayant  gagné  Blastus, 
son  chambellan,  ils  demandèrent  la  paix,  parce  que 
leur  pays  tirait  sa  subsistance  de  celui  du  roi.  -  '  Au 
jour  fixé,  Hérode  se  revêtit  de  ses  habits  royaux, 
s'assit  sur  son  trône,  et  les  harangua  publiquement. 
-^  Alors  le  peuple  s'écria  :  C'est  la  voix  d'un  Dieu,  et 
non  pas  d'un  homme  !  -^  A  l'instant  même,  un  ange  du 
Seigneur  frappa  Hérode,  parce  que  le  roi  n'avait  pas 
rendu  gloire  à  Dieu  ;  et  il  mourut  rongé  des  vers. 

^''Cependant,  la  parole  de  Dieu  faisait  de  grands 
progrès,  et  se  répandait  de  plus  en  plus.  --'Barnabas 

285 


13  :^-^^  AOTSS   DES   APÔTRES 

et  Saul,  après  s'être  acquittés  de  leur  mission,  revinrent 
de  Jérusalem  à  Antioche^  emmenant  avec  eux  Jean, 
surnommé  Marc. 

II.  —  L'Évangile  prêché  parmi  les  Païens 

(13  :  1  à  28  :  31) 

Mission  de  Paul  et  de  Barnahas 

13  ^  Il  y  avait  dans  l'Eglise  d'Antioche  des  prophètes 
et  des  docteurs  :  Barnabas,  Siméon,  appelé  Niger, 
Lucius  le  Cyrénéen,  Manahem,  qui  avait  été  élevé 
avec  Hérode  le  tétrarque,  et  Saul.  ^Pendant  qu'ils 
célébraient  le  culte  du  Seigneur  et  qu'ils  jeûnaient, 
le  Saint-Esprit  leur  dit  :  Mettez  à  part  Barnabas  et 
Saul,  pour  l'œuvre  à  laquelle  je  les  ai  appelés.  ^  Alors, 
après  avoir  jeûné  et  prié,  ils  leur  imposèrent  les  mains 
et  les  laissèrent  partir. 

Paul  et  Barnabas  dans  Vile  de  Chypre  — 
Conversion  de  Sergius  Paulus 

^Eux  donc,  étant  envoyés  par  le  Saint-Esprit, 
descendirent  à  Séleucie,  et,  de  là,  ils  firent  voile  vers 
l'île  de  Chypre.  ^Arrivés  à  Salamine,  ils  annoncèrent 
la  parole  de  Dieu  dans  les  synagogues  des  Juifs; 
ils  avaient  Jean  avec  eux  pour  les  aider.  ^  Ayant  tra- 
versé toute  l'île  jusqu'à  Paphos,  ils  trouvèrent  un 
certain  Juif,  magicien  et  faux  prophète,  nommé 
Bar-Jésus,  '^qui  vivait  auprès  du  proconsul  Sergius 
Paulus,  homme  d'une  intelligence  éprouvée.  Celui-ci, 
ayant  fait  appeler  Barnabas  et  Saul,  demanda  à  enten- 
dre la  parole  de  Dieu.  ^Mais  Elymas,  le  magicien  — 
c'est  ce  que  signifie  son  nom,  — leur  résistait,  tâchant 
de  détourner  le  proconsul  de  la  foi.  ^  Alors  Saul,  ap- 
pelé aussi  Paul,  plein  du  Saint-Esprit,  le  regarda  en 
race  et  lui  dit  :  ^  ^  Homme  tout  rempli  d'.artifice  et  de 
méchanceté,  enfant  du  diable,  ennemi  de  toute  justice, 
ne  cesseras-tu  pas  de  rendre  tortueuses  les  droites 
voies  du  Seigneur?  ^^Déjà  la  main  du  Seigneur 
est  sur  toi  ;  tu  seras  aveugle,  tu  ne  verras  pas 
le    soleil    pendant    un    certain    temps.    A    l'instant 

286 


ACTES  DES  APÔTEES  13  :  ^2-23 

même,  l'obscurité  et  les  ténèbres  tombèrent  sur  Ely- 
mas,  et,  tournant  de  tous  côtés,  il  cherchait  quelqu'un 
pour  le  conduire.  ^  ^  Alors  le  proconsul,  voyant  ce  qui 
était  arrivé,  devint  croyant  ;  car  la  doctrine  du  Sei- 
gneur l'avait  rempli  d'admiration. 

Prédication  de  Paul  à  Antioche  de  Pisidie 

^^S'étant  embarqués  à  Paphos,  Paul  et  ses  com- 
pagnons arrivèrent  à  Perge,  en  PamphyHe.  Mais  Jean 
se  sépara  d'eux,  et  retourna  à  Jérusalem.  ^'^Pour  eux, 
ayant  quitté  Perge,  ils  poursuivirent  leur  route  et 
parvinrent  à  Antioche  de  Pisidie  ;  et,  étant  entrés  dans 
la  synagogue  le  jour  du  sabbat,  ils  y  prirent  place. 
^•^  Après  la  lecture  de  la  loi  et  des  prophètes,  les  chefs 
de  la  synagogue  leur  envoyèrent  dire  :  Hommes,  frères, 
si  vous  avez  quelques  paroles  d'exhortation  à  adresser 
au  peuple,  parlez. 

^^  Alors  Paul  se  leva,  et,  ayant  fait  signe  de  la  main, 
il  dit  :  Hommes  Israélites  et  vous  qui  craignez  Dieu, 
écoutez  :  ^"Le  Dieu  de  ce  peuple  d'Israël  choisit  nos 
pères  ;  il^eva  bien  haut  ce  peuple,  pendant  son  séjour 
à  l'étranger,  dans  le  pays  d'Egypte,  et  il  l'en  fit  sortir 
par  la  puissance  de  son  bras.  ^^11  supporta  leur  con- 
duite dans  le  désert,  pendant  environ  quarante  ans. 
^•'Puis,  ayant  détruit  sept  nations  dans  le  pays  de 
Canaan,  il  les  mit  en  possession  de  leur  territoire, 
^"pendant  environ  quatre  cent  cinquante  ans;  c'est 
alors  qu'il  leur  donna  des  juges  jusqu'au  prophète 
Samuel. 

^^  Ensuite  ils  demandèrent  un  roi.  Dieu  leur  donna 
pour  quarante  ans  Saiil,  fils  de  Kis,  de  la  tribu  de 
Benjamin  ;  '^^puis,  l'ayant  rejeté,  il  leur  suscita  pour 
roi  David,  auquel  il  rendit  ce  témoignage  :  •  «  J'ai 
trouvé  David,  fils  de  Jessé,  un  homme  selon  mon 
cœur,  qui  exécutera  toutes  mes  volontés  (*).  »  ^^ C'est 
de  sa  postérité  que  Dieu,  selon  sa  promesse,  a  suscité 
pour  Israël  un  Sauveur,  qui  est  Jésus.  "^^  Avant  sa  ve- 
nue, Jean  avait  prêché  le  baptême  de  repentance  à  tout 
le  peuple  d'Israël.  ^-^Et  pendant  que  Jean  poursuivait 
sa  course,  il  disait  :  Je  ne  suis  pas  ce  que  vous  pensez  ; 

(1)  Voy.  I  Samuel  16  :  1-13.  —  Psaume  89  :  21. 
287 


13  :  26-41  ACTES   DES  APÔTEES 

mais  il  vient  aprè^  moi,  celui  dont  je  ne  suis  pas  digne 
de  délier  la  chaussure  ('). 

26  Hommes  frères,  enfants  de  la  race  d'Abraham, 
et  vous  qui  craignez  Dieu,  c'est  à  nous  que  ce  message 
de  salut  est  adressé.  ^'Car  les  habitants  de  Jérusalem 
et  leurs  chefs,  ayant  méconnu  ce  Jésus,  ont  accompli, 
en  le  condamnant,  les  paroles  des  prophètes  qu'on 
lit  chaque  sabbat.  ^^Bien  qu'ils  n'eussent  rien  trouvé 
en  lui  qui  fût  digne  de  mort,  ils  demandèrent  à  Pilate 
de  le  faire  mourir.  ^9  Après  qu'ils  eurent  accompli 
tout  ce  qui  avait  été  écrit  à  son  sujet,  ils  le  descendirent 
de  la  croix  et  le  mirent  dans  un  tombeau.  ^^Mais  Dieu 
Ta  ressuscité  des  morts.  ^'11  a  été  vu,  pendant  plu- 
sieurs jours,  par  ceux  qui  étaient  montés  avec  lui 
de  la  Galilée  à  Jérusalem,  et  qui  sont  maintenant  ses 
témoins  auprès  du  peuple.  ^^  Quant  à  nous,  nous  vous 
annonçons  une  bonne  nouvelle  :  La  promesse  faite  à 
nos  pères,  ^^Dieu  l'a  accomplie  pour  nous,  leurs  en- 
fants (2),  en  ressuscitant  Jésus  (^),  ainsi  qu'il  est  écrit 
dans  le  psaume  second  :  a  Tu  es  mon  fils,  je  t'ai  en- 
gendré aujourd'hui  ('').  »  ^-^  Qu'il  l'ait  ressuscité  des 
morts,  pour  ne  devoir  plus  retourner  à  la  corruption, 
c'est  ce  qu'il  a  déclaré  en  disant  :  «  Je  vous  tiendrai 
fidèlement  les  promesses  sacrées,  faites  à  David  (^).  » 
^•'^  Aussi  dit-il  encore  dans  un  autre  endroit  :  «  Tu  ne 
permettras  point  que  ton  Saint  voie  la  corruption  {^).  » 
^^En  effet,  David,  après  avoir  servi  en  son  temps 
aux  desseins  de  Dieu,  est  mort  ;  il  a  été  recueilli  avec 
ses  pères,  et  il  a  vu  la  corruption.  2" Mais  celui  que 
Dieu  a  ressuscité,  n'a  point  vu  la  corruption.  ^^Sa- 
chez-le donc,  hommes,  frères,  c'est  par  lui  que  la  ré- 
mission des  péchés  vous  est  annoncée;  ^'-'et  c'est 
par  lui  que  tout  croyant  est  justifié  de  tout  ce  dont  vous 
ne  pouviez  être  justifiés  par  la  loi  de  Moïse.  '^^ Prenez 
donc  garde  qu'il  ne  vous  arrive  ce  qui  est  dit  dans  les 
prophètes  :  «  "^^  Voyez,  contempteurs,  soyez  étonnés  et 
disparaissez  ;   car  je  vais  faire   une   œuvre  en   vos 

(-1)  Voy.  Jean  1  :  20  et  27  ;  Luc  3  :  16. 

(2)  Litt.  ;  nos  enfants. 

(3)  On  peut  traduire  aussi  :  en  suscitant  Jésus. 

(4)  Psaume  2  :  7.  —  (o)  Ésaïe  55  :  3   —  (6)  Psaume  16  :  10. 

288 


ACTES    DES    APÔTEES  13  :  42-14  :  3 

jours,  une  œuvre  que  vous  ne  croiriez  point,  si  on  vous 
la  racontait  (*).  » 

"^^ Lorsqu'ils  sortirent,  on  les  pria  de  parler,  le 
sabbat  suivant,  sur  les  mêmes  sujets.  ^^Et  après  que 
rassemblée  se  fut  séparée,  plusieurs  Juifs  et  prosé- 
lytes pieux  suivirent  Paul  et  Bamabas,  qui  s'entretin- 
rent avec  eux  et  les  exhortèrent  à  demeurer  attachés 
à  la  grâce  de  Dieu. 

■^^Le  sabbat  suivant,  presque  toute  la  ville  se  ras- 
sembla pour  entendre  la  parole  du  Seigneur.  '^•^Mais  les 
Juifs,  voyant  cette  foule,  furent  remplis  de  jalousie  ; 
ils  s'opposèrent  à  ce  que  Paul  disait,  en  l'injuriant. 
''^  Alors  Paul  et  Barnabas  leur  dirent  hardiment  : 
C'était  à  vous,  les  premiers,  qu'il  fallait  annoncer  la 
parole  de  Dieu  ;  mais  puisque  vous  Ja  rejetez  et  que 
vous  vous  jugez  vous-mêmes  indignes  de  la  vie  éter- 
nelle, noTis  nous  tournons  vers  les  païens,  "^^Car 
le  Seigneur  nous  l'a  ainsi  commandé  :  «  Je  t'ai 
établi  pour  être  la  lumière  des  nations,  afin  que  tu 
portes  le  salut  jusqu'aux  extrémités  de  la  terre  (^).  » 
"^^Les  païens,  en  les  entendant  parler,  étaient  remplis  de 
joie,  et  donnaient  gloire  à  la  parole  du  Seigneur,  et 
tous  ceux  qui  étaient  destinés  à  la  vie  étemelle,  crurent. 

'^^La  parole  du  Seigneur  se  répandait  par  tout  le 
pays.  ^^Mais  les  Juifs  excitèrent  les  femmes  dévotes 
de  haut  rang  et  les  principaux  habitants  de  la  ville  ; 
ils  provoquèrent  une  persécution  contre  Paul  et  Bar- 
nabas, et  les  chassèrent  de  leur  territoire.  ^^  Ceux-ci, 
ayant  secoué  contre  eux  la  poussière  de  leurs  pieds, 
allèrent  à  Iconie.  *'*- Quant  aux  disciples,  ils  étaient 
remplis  de  joie  et  du  Saint-Esprit. 

Paul  et  Barnabas  à  Iconie 

I  4>  ^  A  Iconie,  Paul  et  Barnabas  entrèrent  ensemble 
dans  la  synagogue  des  Juifs,  et  ils  parlèrent  de  telle 
sorte  qu'U  y  eut  une  grande  multitude  de  Juifs  et  de 
Grecs  qui  devinrent  croyants.  -Mais  les  Juifs  restés 
incrédules  excitèrent  et  aigrirent  l'esprit  des  païens 
contre  les  frères.  ^Cependant,  Paul  et  Barnabas  séjour- 

(1)  Habacuc  1  :  5.  —  (2)  Ésaïe  49  :  6. 

10 
289 


14:4-17         ACTES  DES  APÔTRES 

nèrent  là  assez  longtemps,  pleins  de  courage  et  de  con- 
fiance dans  le  Seigneur,  qui  rendait  témoignage  à  la 
parole  de  sa  grâce,  en  faisant  par  leurs  mains  des  mira- 
r^les  et  des  prodiges.  ^  Mais  le  peuple  de  la  ville  se  divisa  : 
les  uns  étaient  pour  les  Juifs,  les  autres  pour  les  apô- 
tres. '''Et  comme  les  païens  et  les  Juifs,  avec  leurs 
chefs,  se  soulevaient  pour  les  maltraiter  et  les  lapider, 
^les  apôtres,  en  ayant  eu  connaissance,  se  réfugièrent 
dans  les  villes  de  la  Lycaonie,  à  Lystre,  à  Derbe,  et 
dans  les  environs,  ''et  ils  y  annoncèrent  l'Évangile. 

Paul  et  Barnahas  à  Lystre 

^11  y  avait  à  Lystre  un  homme  paralysé  des  jambes, 
impotent  de  naissance,  et  qui  n'avait  jamais  marché. 
^  Il  était  assis  et  il  écoutait  parler  Paul.  Celui-ci,  ayant 
arrêté  les  yeux  sur  lui  et  voyant  qu'il  avait  la  foi  pour 
être  guéri,  ^**dit  à  haute  voix  :  Lève-toi,  et  tiens-toi 
droit  sur  tes  pieds.  Il  se  leva  d'un  saut,  et  il  se  mit  à 
marcher. 

^^Le  peuple,  ayant  vu  ce  que  Paul  avait  fait, 
s'écria  en  langue  lycaonienne  :  Les  dieux,  ayant  pris 
une  forme  humaine,  sont  descendus  vers  nous  !  ^  ^  Et 
ils  appelaient  Barnabas  Jupiter,  et  Paul  Mercure, 
parce  que  c'était  lui  qui  portait  la  parole.  ^^Le  prêtre 
de  Jupiter,  dont  le  temple  est  à  l'entrée  de  la  ville, 
vint  devant  les  portes  avec  des  taureaux  et  des  cou- 
ronnes, et  il  voulait,  d'accord  avec  la  foule,  offrir  un 
sacrifice.  ^^Mais  les  apôtres,  Barnabas  et  Paul,  l'ayant 
appris,  déchirèrent  leurs  vêtements  et  se  jetèrent  au 
milieu  de  la  foule,  en  s' écriant  :  *^Amis,  pourquoi 
faites-vous  cela  ?  Nous  ne  sommes  que  des  hommes,  de 
la ^  même  nature  que  vous  ;  et  nous  vous  annonçons 
l'Évangile,  afin  que  vous  vous  détourniez  de  ces  vaines 
idoles,  et  que  vous  vous  convertissiez  au  Dieu  vivant, 
qui  a  fait  le  ciel,  la  terre,  la  mer,  et  tout  ce  qui  s'y 
trouve.  ^^11  a  laissé  dans  les  siècles  passés  toutes  les 
nations  suivre  leurs  propres  voies;  '^néanmoins,  il 
n'a  pas  cessé,  par  ses  bienfaits,  de  donner  des  témoi- 
gnages de  ce  qu'il  est,  en  vous  envoyant  du  ciel  les 
pluies  et  les  saisons  fertiles,  en  vous  accordant  la 

290 


ACTES  DES  APÔTRES      14m8-1o:2 

nourriture  avec  abondance,  et  en  remplissant  vos 
cœurs  de  joie.  ^^ Malgré  ces  paroles,  ils  ne  parvinrent, 
que  difficilement,  à  empêcher  le  peuple  de  leur  offrir 
un  sacrifice. 

^^ Cependant,  il  survint,  d'Antioche  (^)  et  d'Iconie, 
des  Juifs  qui  gagnèrent  le  peuple  ;  et,  ayant  lapidé 
Paul,  ils  le  traînèrent  hors  de  la  ville,  pensant  qu'il 
était  mort.  ^^Mais,  les  disciples  s'étant  réunis  autour 
de  lui,  il  se  releva  et  rentra  dans  la  ville.  Le  lendemain, 
il  s'en  alla  avec  Barnabas  à  Derbe. 

Retour  à  Antioche 

'^' Après  avoir  annoncé  l'Evangile  dans  cette  ville, 
et  y  avoir  fait  un  assez  grand  nombre  de  disciples, 
ils  retournèrent  à  Lystre,  Iconie  et  Antioche, 
"-^'^  fortifiant  l'âme  des  disciples,  les  exhortant  à  per- 
sévérer dans  la  foi,  et  les  avertissant  que  c'est  par  beau- 
coup d'afflictions  qu'il  nous  faut  entrer  dans  le  royaume 
de  Dieu.  ^^Ils  firent  élire  des  anciens  dans  chaque 
Eglise;  et,  après  avoir  prié  et  jeûné,  ils  les  recomman- 
dèrent au  Seigneur,  en  qui  ils  avaient  cru.  ^"^  Ayant 
traversé  la  Pisidie,  ils  vinrent  en  Pamphylie.  ^^Puis 
après  avoir  annoncé  la  parole  à  Perge,  ils  descen- 
dirent à  Attalie.  ^'^De  là,  ils  firent  voile  vers  Antioche 
d'où  ils  étaient  partis,  recommandés  à  la  grâce  de 
Dieu,    pour    l'œuvre    qu'ils    venaient    d'accomplir. 

^  '  Quand  ils  furent  arrivés,  et  qu'ils  eurent  assemblé 
l'Eglise,  ils  racontèrent  toutes  les  choses  que  Dieu 
avait  faites  par  eux,  et  comment  il  avait  ouvert  aux 
Gentils  la  porte  de  la  foi.  -^  Et  ils  demeurèrent  là  long- 
temps avec  les  disciples. 

Synode  de  Jérusalem 

I  5  ^  Or,  quelques  hommes  venus  de  la  Judée,  en- 
seignaient aux  frères  cette  doctrine  :  Si  vous  n'êtes  pas 
circoncis  selon  le  rite  mosaïque,  vous  ne  pouvez  être 
sauvés.  2  Une  dispute,  une  discussion  assez  vive  s'étant 
élevée  à  ce  sujet  entre  Paul  et  Barnabas  et  ces  hommes- 
là,  on  décida  que  Paul  et  Barnabas,  avec  quelques- 

(1)  Autioche  de   Pisidie, 

291 


15:3-17  ACTES    DES   APÔTRES 

uns  d'entre  eux,  monteraient  à  Jérusalem,  auprès 
des  apôtres  et  des  anciens,  pour  traiter  de  cette  affaire. 
^Eux  donc,  après  avoir  été  accompagnés  par  l'Église, 
traversèrent  la  Phénicie  et  la  Samarie,  racontant  la 
conversion  des  païens,  et  ils  causèrent  ainsi  une 
grande  joie  à  tous  les  frères.  -^A  leur  arrivée  à  Jérusa- 
lem, ils  furent  accueillis  par  l'Église,  les  apôtres  et 
les  anciens,  et  ils  rapportèrent  tout  ce  que  Dieu  avait 
fait  par  leur  moj-en.  '"^Mais  quelques  membres  de  la 
secte  des  pharisiens,  qui  avaient  cru,  se  levèrent  et 
dirent  qu'il  fallait  circoncire  les  païens,  et  leur  en- 
joindre d'observer  la  loi  de  Moïse. 

^ Alors  les  apôtres  et  les  anciens  s'assemblèrent 
pour  examiner  cette  affaire.  "^  Après  une  longue  dis- 
cussion, Pierre  se  leva  et  leur  dit  :  Mes  frères, 
vous  savez  que,  dès  les  premiers  jours.  Dieu  m'a  choisi 
parmi  vous,  pour  faire  entendre  aux  païens  par  ma 
bouche  la  parole  de  l'Évangile,  et  pour  les  amener  à  la 
foi.  ^Dieu,  qui  connaît  les  cœurs,  leur  a  rendu  témoi- 
gnage, en  leur  donnant  le  Saint-Esprit  aussi  bien 
qu'à  nous  ;  '-^il  n'a  point  fait  de  différence  entre  nous 
et  eux,  ayant  purifié  leurs  cœurs  par  la  foi.  ^'^Mainte- 
nant donc,  pourquoi  tentez-vous  Dieu,  en  chargeant 
les  disciples  d'un  joug  que  ni  nos  pères  ni  nous-mêmes 
n'avons  pu  porter  ?  ^  '  Nous  croyons,  au  contraire, 
que  c'est  par  la  grâce  du  Seigneur  Jésus  que  nous 
sommes  sauvés,  de  la  même  manière  qu'eux. 

'-Toute  l'assemblée  se  tut,  et  on  écoutait  Barnabas 
et  Paul,  qui  racontaient  quels  miracles  et  quels  pro- 
diges Dieu  avait  opérés  par  leur  moyen,  parmi  les 
païens.  ^^  Quand  ils  eurent  cessé  de  parler,  Jacques 
prit  la  parole  et  dit  :  Mes  frères,  écoutez -moi  !  ^^  Simon 
a  raconté  comment,  pour  la  première  fois,  Dieu  a  jeté 
les  yeux  sur  les  nations  païennes,  pour  en  tirer  un  peu- 
ple consacré  à  son  nom.  ^^Cela  s'accorde  avec  les 
paroles  des  prophètes;  car  il  est  écrit:  ^^  «  Après  tout 
cela,  je  reviendrai,  et  je  relèverai  la  tente  de  David, 
qui  est  tombée.  Je  réparerai  ses  ruines,  et  je  la  re- 
dresserai, ^'afin  que  le  reste  des  hommes  et  toutes 
les  nations  sur  lesquelles  mon  nom  est  invoqué,  cher- 
chent le  Seigneur. 

292 


ACTES   DES   APÔTRES  15  M  8-32 

Ainsi  parle  le  Seigneur  qui  accomplit  ces  choses  (^  )  »  ; 
'^  et  elles  lui  sont  connues  de  tout  temps.  '^  C'est  pour- 
quoi je  suis  d'avis  qu'on  ne  doit  pas  inquiéter  ceux 
des  païens  qui  se  convertissent  â.  Dieu  ;  ^^mais  il 
faut  leur  écrire  de  s'abstenir  des  souillures  des 
idoles  (^),  de  l'impudicité,  des  animaux  étouffés  et  du 
sang.  ^'  Car  Moïse,  depuis  bien  des  générations,  a  dans 
chaque  ville  ses  prédicateurs,  puisqu'on  le  lit  tous 
les  jours  de  sabbat  dans  les  sjmagogues. 

2^ Alors  les  apôtres  et  les  anciens,  d'accord  avec 
toute  r^hse,  décidèrent  d'envoyer  à  Antioche,  avec 
Paul  et  Barnabas,  des  personnes  choisies  parmi  eux. 
Ils  choisirent  Jude,  appelé  Barsabas,  et  Silas,  deux 
hommes  éminents  parmi  les  frères  ;  ^^ et  ils  les  char- 
gèrent de  la  lettre  suivante  : 

Les  apôtres,  les  anciens  et  les  frères,  aux  frères, 
païens  d'origine,  qui  sont  à  Antioche,  en  Syrie  et 
en  CiUcie,  salut  î  ^^  Ayant  appris  que  quelques-uns 
d'entre  nous,  sans  aucun  mandat  de  notre  part,  vous 
ont  troublés  par  leurs  paroles  et  ont  bouleversé  vos 
âmes,  ^-'nous  avons  été  d'avis,  d'un  commun  aocord, 
de  choisir  des  délégués  et  de  vous  les  envoyer  avec 
nos  bien -aimés  Barnabas  et  Paul,  '^^ces  hommes  qui 
ont  exposé  leur  vie  pour  le  nom  de  notre  Seigneur 
Jésus-Christ.  -'Nous  vous  avons  donc  envoyé  Jude 
et  Silas,  qui  vous  diront,  de  vive  voix,  les  mêmes 
choses  :  ^^  C'est  qu'il  a  semblé  bon  au  Saint-Esprit  et 
a  nous  de  ne  pas  vous  imposer  d'autres  charges  que 
celles  qui  sont  indispensables,  ^^ savoir,  de  vous  abste- 
nir de  ce  qui  a  été  sacrifié  aux  idoles,  du  sang,  des 
animaux  étouffés  et  de  l'impudicité  ;  toutes  choses 
dont  vous  vous  trouverez  bien  de  vous  garder.  Adieu  ! 

-^''Eux  donc,  après  avoir  pris  congé  de  l'Église, 
descendirent  à  Antioche  ;  et  ayant  assemblé  tous  les 
frères,  ils  leur  remirent  la  lettre.  ^'  On  en  fit  la  lecture, 
et  tous  se  réjouirent  de  l'encouragement  qu'elle  leur 
apportait.  3- Jude  et  Silas,  qui  étaient  eux-mêmes  pro- 
phètes, exhortèrent  et  fortifièrent  aussi  les  frères  par 

(1)  Amos  9  :  11-12. 

i2)  Des  souillures  des  idoles,  c'est-à-dire  des  viandes  ofEertes  en  sacrifice  aux 
faux  dieux.  Voir  verset  29.  — Voy.  aussi  1  Cor.  8. 

293 


15  :  33-16  :  7  ACTES   DES   APOTRES 

plusieurs  discours.  ^^Au  bout  de  quelque  temps,  les 
frères  les  renvoyèrent  en  paix  auprès  de  ceux  qui  les 
*  avaient  délégués.  ^^  [Cependant  Silas  jugea  à  propos 
de  rester  à  Antioche.]  («) 

Paul  et  Barnahas  se  sépareuv 

^•^  Cependant  Paul  et  Barnabas  restèrent  à  Antio- 
che, prêchant  l'Evangile  et  enseignant  avec  plusieurs 
autres  la  parole  du  Seigneur.  ^*^  Quelque  temps  après, 
Paul  dit  à  Barnabas  :  Retournons  visiter  les  frères 
dans  toutes  les  villes  où  nous  avons  annoncé  la  parole 
du  Seigneur,  et  voyons  en  quel  état  ils  se  trouvent. 
^^  Barnabas  voulait  emmener  aussi  Jean,  surnommé 
Marc.  -^'Mais  Paul  n'était  pas  d'avis  de  prendre 
avec  eux  celui  qui  les  avait  quittés  en  Pamphylie, 
et  qui  ne  les  avait  pas  accompagnés  dans  leur  œuvre. 
•^^11  y  eut  entre  eux  une  vive  discussion,  de  sorte  qu'ils 
se  séparèrent,  et  que  Barnabas,  prenant  Marc  avec 
lui,  s'embarqua  pour  l'île  de  Chypre.  ^^ Quant  à 
Paul,  ayant  choisi  Silas,  il  partit,  après  avoir  été  re- 
commandé par  les  frères  à  la  grâce  du  Seigneur. 
**^I1  parcourut  la  Sylvie  et  la  Cilicie,  affermissant  les 
Églises. 

Paul  prend  avec  lui  Timothée 

I  6  ^  Paul  arriva  à  Derbe  et  à  Lystre.  Il  y  avait  là 
un  disciple,  nommé  Timothée,  fils  d'une  Juive  fidèle 
et  d'un  père  grec.  -Les  frères  de  Lystre  et  d'Iconie 
lui  rendaient  un  bon  témoignage.  ^Paul  voulut  l'em- 
mener avec  lui  ;  et,  l'ayant  pris,  il  le  circoncit,  à 
cause  des  Juifs  qui  vivaient  dans  ces  pays-là  ;  car  tous 
savaient  que  son  père  était  Grec.  ^Dans  les  villes  où 
ils  passaient,  ils  recommandaient  d'observer  les  dé- 
cisions prises  par  les  ^apôtres  et  par  les  anciens  de 
Jérusalem.  -^ Ainsi  les  Eglises  étaient  affermies  dans  la 
foi,  et  elles  augmentaient  en  nombre  de  jour  en  jour. 
^Puis,  ils  traversèrent  la  Phrygie  et  le  pays  des  Ga- 
lates,  le  Saint-Esprit  les  ayant  empêchés  d'annoncer 
la  parole  en  Asie  (  '  ).  ^Arrivés  près  de  la  Mysie,  ils  se  dis- 

[a)  Ce  vei'set  entre  crocliets  manque  dans  plusieurs  anciens  manuscrits. 
(1)  C'était  le  nom  d'une  province  romaine,  dont  liplièse  était  la  capitale. 

294 


ACTES  DES  APOTRES         16  :  8-18 

posaient  à  aller  en  Bithynie  ;  mais  l'Esprit  de  Jésus 
ne  le  leur  permit  pas.  ^ Alors  ils  traversèrent  rapide- 
ment la  Mysie,  et  ils  descendirent  à  Troas. 

Paul  se  rend  en  Macédoine 

^  Pendant  la ,  nuit,  Paul  eut  une  vision  ;  un  Macé- 
donien se  tenait  devant  lui  et  le  suppliait,  en  disant  : 
Passe  en  Macédoine,  et  viens  nous  secourir.  '''^Aussitôt 
après  cette  vision  de  Paul,  nous  cherchâmes  à  partir 
pour  la  Macédoine,  convaincus  que  Dieu  nous  appelait 
à  y  annoncer  l'Evangile. 

Séjour  à  Philippes  —  Conversion  de  Lydie 

''^  Etant  donc  partis  de  Troas,  nous  naviguâmes 
droit  sur  Samothrace,  et  le  lendemain,  sur  Néapolis  ; 
^^de  là,  nous  vînmes  à  Philippes,  la  première  ville  de 
la  province  de  la  Macédoine,  et  une  colonie  romaine. 
Nous  y  séjournâmes  quelques  jours.  ^^Le  jour  du 
sabbat,  nous  nous  rendîmes  hors  des  portes,  au  bord  de 
la  rivière,  où  nous  pensions  qu'on  se  rassemblait  pour  la 
prière  ;  et  nous  étant  assis,  nous  parlions  aux  femmes 
qui  s'y  trouvaient  réunies.  ^^ L'une  d'elles,  nommée 
Lydie,  de  la  ville  de  Thyatire,  marchande  de  pourpre, 
qui  craignait  Dieu,  nous  écouta  ;  et  le  Seigneur  lui 
ouvrit  le  cœur  pour  qu'elle  fût  attentive  à  ce  que 
Paul  disait.  ^^  Quand  elle  eût  été  baptisée  avec  sa 
famille,  elle  nous  adressa  cette  demande  :  Si  vous 
m'avez  jugée  fidèle  au  Seigneur,  entrez  dans  ma 
maison,  et  demeurez -y  ;  et  elle  nous  y  obligea. 

Paul  et  Silas  en  prison  —  Conversion  du  geôlier 

''^Un  jour  que  nous  allions  à  la  prière,  une  servante, 
qui  avait  un  esprit  de  Python  ('),  et  qui,  en  devinant, 
procurait  un  grand  profit  à  ses  maîtres,  nous  ren- 
contra. ^^Elle  se  mit  à  nous  suivre,  Paul  et  nous,  en 
criant  :  Ces  hommes -là  sont  des  serviteurs  du  Dieu 
très-haut  ;  ils  vous  annoncent  la  voie  du  salut.  ^^EUe 
fit  ainsi  pendant  plusieurs  jours  ;  mais  Paul,  en  étant 

(1)  Un  esprit  de  Python:  c'est-à-dire  que  cette  servante  passait  pour  sorcière, 
pour  devineresse.  Python  était  le  nom  du  serpent  qui,  d'après  la  légende  païenne, 
gardait  l'oracle  de  îtelphes. 

295 


lÔl-JO-S^         ACTES  DES  APÔTRES 

importuné,  se  retourna  et  dit  à  l'esprit  :  Je  te  com- 
mande, au  nom  de  Jésus-Christ,  de  sortir  de  cette 
femme.  Et  l'esprit  sortit  à  l'heure  même. 

^^  Cependant  les  maîtres  de  cette  servante,  voyant 
disparaître  l'espoir  de  leur  gain,  se  saisirent  de  Paul 
et  de  Silas,  les  traînèrent  sur  la  place  publique  devant 
les  magistrats,  et,  -^les  ayant  amenés  aux  préteurs, 
ils  dirent  :  Ces  hommes  troublent  notre  ville  !  Ce 
sont  des  Juifs  ;  ^  '  ils  enseignent  des  coutumes  qu'il  ne* 
nous  est  permis  ni  d'accepter  ni  de  suivre,  à  nous  qui 
sommes  Romains.  ^^La  foule  se  souleva  aussi  contre 
eux,  et  les  préteurs,  les  ayant  fait  dépouiller  de  leurs 
vêtements,  ordonnèrent  qu'ils  fussent  battus  de  verges. 
-^  Après  qu'on  leur  eut  donné  plusieurs  coups,  ils  les 
firent  jeter  en  prison,  en  recommandant  au  geôlier  de 
les  tenir  sous  bonne  garde.  2"*  Ayant  reçu  cet  ordre, 
il  les  mit  au  fond  de  la  prison,  et  leur  serra  les  pieds 
dans  des  entraves. 

^•'Vers  le  milieu  de  la  nuit,  Paul  et  Silas,  étant  en 
prières,  chantaient  les  louanges  de  Dieu,  et  les  pri- 
sonniers les  écoutaient.  ^^ Tout  à  coup,  il  se  fit  un  grand 
tremblement  de  terre,  de  sorte  que  les  fondements  de 
la  prison  furent  ébranlés.  En  même  temps  toutes  les 
portes  s'ouvrirent,  et  les.  liens  de  tous  les  prisonniers 
tombèrent.  2"  Le  geôUer,  réveillé  en  sursaut  et 
voyant  les  portes  de  la  prison  ouvertes,  tira  son  épée; 
et  il  allait  se  tuer,  croyant  que  les  prisonniers  s'étaient 
enfuis.  ^^Mais  Paul  lui  cria  à  haute  voix  :  Ne  te  fais 
point  de  mal  ;  nous  sommes  tous  ici!  ^^ Alors  le  geôlier, 
ayant  demandé  de  la  lumière,  accourut;  et,  tout  trem- 
blant, il  se  jeta  aux  pieds  de  Paul  et  de  Silas.  ^^Puis, 
les  ayant  menés  dehors,  il  leur  dit  :  Seigneurs,  que 
faut-il  que  je  fasse  pour  être  sauvé  ?  ^^  Ils  lui  dirent  : 
Crois  au  Seigneur  Jésus,  et  tu  seras  sauvé,  toi  et  ta 
famille.  ^^ Alors  ils  lui  annoncèrent  la  parole  de  Dieu, 
ainsi  qu'à  tous  ceux  qui  étaient  dans  sa  maison.  ^^Le 
geôlier,  les  prenant  avec  lui  à  cette  même  heure  de 
la  nuit,  lava  leurs  plaies;  et  aussitôt  il  fut  baptisé, 
lui  et  tous  les  siens.  ^^  Puis,  les  ayant  fait  monter  dans 
son  logement,  il  fit  dresser  la  table,  et  il  se  réjouit 
avec  toute  sa  famille  de  ce  qu'il  avait  cru  en  Dieu, 

296 


ACTES   DES   APÔTRES  16:35-17:0 

^'^  Quand  le  jour  fut  venu,  les  préteurs  envoyèrent  les 
licteurs  dire  au  geôlier  :  Laisse  aller  ces  hommes. 
2'' Le  geôlier  rapporta  ces  paroles  à  Paul  :  Les  préteurs 
me  font  dire  de  vous  laisser  partir.  Sortez  donc,  et 
allez  en  paix.  ^'Mais  Paul  dit  aux  licteurs  :  Après 
nous  avoir  battus  de  verges  en  public  et  sans  jugement, 
nous  qui  sommes  citoyens  romains,  ils  nous  ont  mis 
en  prison  ;  et  maintenant,  ils  nous  font  sortir  en  ca- 
chette !  Cela  ne  sera  pas.  Qu'ils  viennent  eux-mêmes 
nous  mettre  en  liberté  !  ^^Les  licteurs  rapportèrent  ces 
paroles  aux  préteurs,  qui  furent  effrayés  en  apprenant 
qu'ils  étaient  Romains.  ^^Ils  vinrent  leur  parler;  ils  les 
mirent  en  liberté  et  les  prièrent  de  quitter  la  ville. 
^•^  Quand  ils  furent  sortis  de  la  prison,  les  apôtres 
entrèrent  chez  Lydie,  et,  après  avoir  vu  les  frères  et 
les  avoir  exhortés,  ils  partirent. 

Paul  à  Thessalonique 

I  7  ^  Paul  et  Silas  passèrent  par  Amphipolis  et  par 
ApoUonie  ;  puis  ils  vinrent  à  Thessalonique,  où  les  Juifs 
avaient  une  synagogue.  ^  Selon  sa  coutume,  Paul  s'y 
rendit,  et  il  discuta  avec  eux  pendant  trois  sabbats,  ^ex- 
pliquant et  démontrant,  par  les  Écritures,  qu'il  fallait 
que  le  Christ  souffrît,  et  qu'il  ressuscitât  des  morts.  Ce 
Christ,  disait-il,  c'est  Jésus  que  je  vous  annonce.  ^  Quel- 
ques-uns d'entre  eux  furent  persuadés  ;  et  ils  se  joigni- 
rent à  Paul  et  à  Silas,  ainsi  qu'une  grande  multitude  de 
Grecs  craignant  Dieu,  et  plusieurs  femmes,  des  pre- 
mières de  la  ville.  '^Mais  les  Juifs,  pleins  de  jalousie, 
prirent  avec  eux  quelques  mauvais  sujets  des  rues,  et, 
ameutant  la  foule,  ils  jetèrent  le  trouble  dans  la  ville. 
Ils  assaillirent  la  maison  de  Jason,  et  ils  y  cherchèrent 
Paul  et  Silas  pour  les  amener  devant  le  peuple.  ^  Ne  les 
ayant  pas  trouvés,  ils  traînèrent  Jason  et  quelques-uns 
des  frères  devant  les  magistrats  de  la  ville,  en  criant  : 
Ces  gens,  qui  ont  bouleversé  le  monde,  les  voilà  mainte- 
nant ici!  'Jason  les  a  reçus  chez  lui.  Or,  ils  sont  tous  re- 
belles aux  édits  de  César,  puisqu'ils  disent  qu'il  y  a  un 
autre  roi,  Jésus.  ^  Ces  paroles  émurent  la  foule  et  les 
magistrats.  '-^  Ceux-ci  cependant,  après  avoir  exigé  une 
caution  de  Jason  et  des  autres,  les  relâchèrent. 

297 


17  :  ^o-2^  actes  des  apôtres 

Paul  à  Bérèe 

^^  Aussitôt,  les  frères  firent  partir  de  nuit  Paul  et 
Silas  pour  Bérée.  Lorsqu'ils  furent  arrivés,  ils  entrèrent 
dans  la  synagogue  des  Juifs.  ^  '  Ceux-ci  eurent  des  sen- 
timents plus  nobles  que  ceux  de  Thessalonique,  et  ils 
accueillirent  la  Parole  avec  beaucoup  d'empressement, 
examinant  tous  les  jours  les  Écritures,  pour  vérifier 
ce  qu'on  leur  disait.  ^^  Plusieurs  d'entre  eux  crurent, 
ainsi  que  des  femmes  grecques  de  haut  rang,  et  des 
hommes  en  assez  grand  nombre.  ^^Mais  quand  les 
Juifs  de  Thessalonique  surent  que  Paul  annonçait 
aussi  la  parole  de  Dieu  à  Bérée,  ils  y  vinrent  pour 
répandre  l'agitation  et  le  trouble  parmi  le  peuple. 
^'^  Aussitôt,  les  frères  firent  partir  Paul,  dans  la  direc- 
tion de  la  mer,  tandis  que  Silas  et  Timothée  restaient 
à  Bérée.  ^^Ceux  qui  accompagnaient  Paul  le  condui- 
sirent jusqu'à  Athènes  ;  puis  ils  s'en  retournèrent, 
apportant  à  Silas  et  à  Timothée  l'ordre  de  le  rejoindre 
au  plus  tôt. 

Paul  à  Athènes 

^•"^  Pendant  que  Paul  les  attendait  à  Athènes,  il 
avait  le  cœur  outré  à  la  vue  de  cette  ville  toute  pleine 
d'idoles.  ^'11  discutait  donc  dans  la  synagogue  avec 
les  Juifs  et  les  prosélytes  ('),  et,  chaque  jour  sur  la 
place  publique,  avec  ceux  qui  s'y  rencontraient.  ^  ^  Quel- 
ques philosophes  épicuriens  et  stoïciens  conféraient 
aussi  avec  lui.  Les  uns  disaient  :  Que  veut  dire  ce  dis- 
coureur ?  Et  d'autres  :  Il  semble  annoncer  des  divinités 
étrangères  —  car  Paul  leur  annonçait  Jésus  et  la  résur- 
rection. —  ^  ^  Ils  le  j)rirent  avec  eux  et  le  menèrent  à 
l'Aréopage  (2),  en  lui  disant  :  Pourrions-nous  savoir 
quelle  est  cette  nouvelle  doctrine  que  tu  enseignes  ? 
2^  Car  tu  nous  fais  entendre  des  choses  étranges. 
Nous  voudrions  bien  savoir  ce  que  cela  veut  dire. 
^'Or,  tous  les  Athéniens,  aussi  bien  que  les  étrangers 
qui  séjournaient  à  Athènes,  ne  s'occupaient  qu'à  dire 
ou  à  écouter  les  nouvelles. 


(1)  Litt.  :  hommes  craignant  Dieu. 

■"A 

298 


(2)  L'Aréopage  était  une  colline  consacrée  à  Ares  (Mars),  et  où  siégeait  un 
tribunal  célèbre. 


ACTES   DES   APÔTRES  17  :  22-34 

22  Alors  Paul,  se  tenant  au  milieu  de  l'aréopage,  dit  : 
Athéniens,  je  vois  qu'à  tous  égards  vous  êtes,  pour 
ainsi  dire,  dévots  à  l'excès.  ^^Car,  en  parcourant 
votre  ville,  et  en  considérant  les  objets  de  votre  culte, 
j'ai  trouvé  un  autel  portant  cette  inscription  :  Au 
dieu  inconnu.  Eh  bien,  ce  que  vous  honorez,  sans 
le  connaître,  c'est  ce  que  je  vous  annonce!  ^'^Le  Dieu 
qui  a  fait  le  monde,  et  tout  ce  qui  s'y  trouve,  étant 
le  Seigneur  du  ciel  et  de  la  terre,  n'habite  pas  dans 
des  temples  bâtis  par  la  main  des  hommes.  ^^11 
n'est  pas  non  plus  servi  par  des  mains  humaines, 
comme  s'il  avait  besoin  de  quoi  que  ce  soit,  lui  qui 
donne  à  tous  la  vie,  la  respiration,  tous  les  biens. 
-^  Il  a  fait  naître  d'un  seul  homme  toutes  les  nations,  et 
il  les  a  fait  habiter  sur  toute  l'étendue  de  la  terre, 
ayant  fixé  le  temps  précis  de  leur  existence  et  les  H- 
mites  de  leur  demeure,  2' afin  qu'elles  cherchent  Dieu 
et  s'efforcent  de  le  trouver  comme  en  tâtonnant, 
quoiqu'il  ne  soit  pas  loin  de  chacun  de  nous.  ^^Car 
c'est  en  lui  que  nous  avons  la  vie,  le  mouvement  et 
l'être,  comme  l'ont  dit  quelques-uns  de  vos  poètes  : 
«  Nous  sommes  aussi  de  sa  race  (^)!  » 

2^  Étant  donc  la  race  de  Dieu,  nous  ne  devons  pas 
croire  que  la  divinité  soit  semblable  à  l'or,  à  l'argent 
ou  à  la  pierre,  sculptés  par  l'art  et  le  génie  de 
l'homme.  "^^  C'est  pourquoi,  ne  tenant  pas  compte  de 
ces  temps  d'ignorance,  Dieu  invite  maintenant  tous 
les  hommes,  en  tous  lieux,  à  se  repentir,  ^*  parce  qu'il 
a  fixé  un  jour,  où  il  doit  juger  le  monde  avec  justice, 
par  l'Homme  qu'il  a  établi  pour  cela  ;  et  il  en  a  donné 
à  tous  une  preuve  certaine  en  le  ressuscitant  des 
morts... 

^2  Quand  ils  entendirent  parler  de  résurrection  des 
morts,  les  uns  se  moquèrent,  les  autres  dirent  :  Nous 
t'entendrons  là-dessus  une  autre  fois.  ^^  C'est  ainsi  que 
Paul  se  retira  du  milieu  d'eux.  ^^  Il  y  eut  cependant 
quelques  personnes  qui  se  joignirent  à  lui  et  qui 
crurent  :  de  ce  nombre  étaient  Denis,  membre  de 
l'Aréopage,  une  femme  nommée  Damaris,  et  d'autres 
encore  avec  eux. 

(1)  Citation  empruntée  aux  poètes  Aratus  de  Tarse,  et  Oléanthe. 

299 


18  :^-^5  actes  des  apôtres 

Paul  à  Corinthe 

I  8  ^  Après  cela,  Paul,  étant  parti  d'Athènes,  vint 
à  Corinthe.  ^  Il  y  trouva  un  Juif,  nommé  Aquilas,  ori- 
ginaire du  Pont  ('),  récemment  arrivé  d'Italie  avec 
Priscille,  sa  femme,  parce  que  Claude  (^)  avait  ordonné 
à  tous  les  Juifs  de  s'éloigner  de  Rome  ;  et  il  se  joignit 
à  eux.  ^  Comme  il  était  du  même  métier,  il  demeura 
chez  eux,  et  ils  travaillaient  ensemble  ;  or,  leur  métier 
était  de  faire  des  tentes.  ^Paul  parlait  dans  la  syna- 
gogue tous  les  jours  de  sabbat,  et  il  persuadait  les 
Juifs  et  les  Grecs. 

^  Quand  Silas  et  Timothée  arrivèrent  de  Macédoine, 
Paul  s'adonnait  de  toute  son  âme  à  la  prédication, 
attestant  aux  Juifs  que  Jésus  était  le  Christ.  ^Mais, 
comme  ils  s'opposaient  à  lui  et  l'injuriaient,  il  secoua 
ses  vêtements  et  leur  dit  :  Que  votre  sang  retombe  sur 
votre  tête  !  Pour  moi,  j'en  suis  net  ;  dès  maintenant, 
j'irai  vers  les  païens.  "^ Étant  sorti  de  là,  il  entra 
chez  un  certain  Titius  Justus,  homme  craignant  Dieu, 
et  dont  la  maison  touchait  à  la  synagogue.  ^  Cependant 
Crispus,  le  chef  de  la  synagogue,  crut  au  Seigneur  avec 
toute  sa  maison  ;  et  plusieurs  des  Corinthiens,  ayant 
entendu  Paul,  crurent  aussi  et  furent  baptisés.  ^Le 
Seigneur  dit  à  Paul,  pendant  la  nuit,  dans  une  vision  : 
Ne  crains  rien  ;  mais  parle  et  ne  te  tais  point.  ^^Je 
suis  avec  toi,  et  personne  ne  mettra  la  main  sur  toi, 
pour  te  faire  du  mal  ;  car  j'ai  un  grand  peuple  dans 
cette  viUe.  ^  '  Paul  demeura  là  un  an  et  six  mois,  ensei- 
gnant parmi  eux  la  parole  de  Dieu. 

^-Lorsque  Gallion  était  proconsul  d'Achaïe,  les 
Juifs,  d'un  commun  accord,  s'élevèrent  contre  Paul 
et  l'amenèrent  au  tribunal,  ^^en  disant  :  Cet  homme 
excite  les  gens  à  adorer  Dieu  d'une  manière  contraire 
à  la  loi.  '^Paul  aUait  ouvrir  la  bouche  pour  répondre, 
lorsque  Gallion  dit  aux  Juifs  :  S'il  s'agissait,  ô  Juifs, 
de  quelque  injustice  ou  de  quelque  crime,  je  vous  écou- 
terais patiemment,  comme  de  raison.  ^  ^  Mais  s'il  s'agit 
de  discussions  sur  une  doctrine,  sur  des  noms  et  sur 


(1)  Province  de  l'Asie  Mineure. 

(2)  Voir  la  note  sur  Actes  11 


300 


ACTES   DES   APÔTRES  18  :  i  6-28 

-votre  loi  particulière,  vous  y  aviserez  vous-mêmes  ; 
je  ne  veux  point  être  juge  de  ces  choses-là.  ^^Puis  il 
les  renvoya  du  tribunal.  ^^  Alors  tous,  ayant  saisi 
Sosthène,  le  chef  de  la  synagogue,  le  battaient  devant 
le  tribunal;  mais  Gallion  ne  s'en  souciait  pas. 

Voyage  à  Jérusalem 

^^Paul  resta  encore  quelque  temps  à  Corinthe  ; 
puis,  il  prit  congé  des  frères  et  s'embarqua  pour  la 
Syrie  avec  Priscille  et  Aquilas,  après  s'être  fait  raser 
la  tête  à  Cenchrées  {^)/,  car  il  avait  fait  un  vœu.  ^^Ils 
arrivèrent  ensuite  à  Ephèse,  où  il  laissa  ses  compa- 
gnons. Pour  lui,  il  entra  dans  la  synagogue  et  s'entre- 
tiut  avec  les  Juifs.  -^  Alors  ils  lui  demandèrent  de  rester 
plus  longtemps,  mais  il  n'y  consentit  pas.  ^'11  prit 
congé  d'eux,  en  disant  :  Je  reviendrai  une  autre  fois 
chez  vous,  s'il  plaît  à  Dieu  ;  et  il  partit  d'Éphèse. 
-^ Etant  débarqué  à  Césarée,  il  monta  à  Jérusalem; 
et,  après  avoir  salué  l'Église,  il  descendit  à  Antioche. 
-^Lorsqu'il  y  eut  passé  quelque  temps,  il  en  repartit, 
et  il  parcourut  successivement  la  Galatie  et  la  Phrygie, 
affermissant  tous  les  disciples. 

Apollos  à  Ephèse  et  en  Achaïe 

2^  Cependant  un  Juif,  nommé  Apollos,  natif  d'A- 
lexandrie, homme  éloquent  et  très  versé  dans  les 
Écritures,  arriva  à  Ephèse.  ^''Il  avait  été  instruit  dans 
la  voie  du  Seigneur  ;  il  parlait  avec  une  grande  fer- 
veur, et  il  enseignait  avec  exactitude  ce  qui  concerne 
Jésus,  bien  qu'il  n'eût  connaissance  que  du  baptême 
de  Jean.  ^^11  commença  donc  à  parler  avec  hardiesse 
dans  la  synagogue.  Priscille  et  Aquilas,  l'ayant  en- 
tendu, le  prirent  avec  eux  et  lui  exposèrent  plus  exac- 
tement encore  la  voie  de  Dieu.  2' Comme  Apollos  vou- 
lait passer  en  Achaïe,  les  frères  l'y  encouragèrent  et  écri- 
virent aux  disciples  de  lui  faire  bon  accueil.  Quand  il 
fut  arrivé,  il  se  rendit  très  utile,  par  la  grâce  de  Dieu, 
à  ceux  qui  avaient  cru.  ^^Car  il  réfutait  publiquement 

(1)  Cenchrées,  port  près  de  Corinthe. 

301 


19m-<3  actes    des   APOTRES 

les  Juifs  avec  une  grande  force,  démontrant  par  les 
Écritures  que  Jésus  est  le  Christ. 

Paul  à  Éphèse 

I  9  ^  Pendant  qu' Apollos  était  à  Corinthe,  Paul,  après 
avoir  parcouru  les  régions  les  plus  élevées  du  pays,  des- 
cendit à  Éphèse,  et  il  y  trouva  quelques  disciples.  ^11 
leur  dit  :  Avez-vous  reçu  le  Saint-Esprit  lorsque  vous 
avez  cru  ?  Ils  lui  répondirent  :  Nous  n'avons  pas  même 
entendu  dire  qu'il  y  ait  un  Saint-Esprit.  ^  Il  reprit  :  Quel 
baptême  avez-vous  donc  reçu  ?  Ils  répondirent  :  Le 
baptême  de  Jean.  ^  Alors  Paul  leur  dit  :  Jean  a  baptisé 
du  baptême  de  repentance,  en  disant  au  peuple  de 
croire  en  celui  qui  devait  venir  après  lui,  c'est-à-dire  en 
Jésus.  ^  Ayant  entendu  ces  paroles,  ils  furent  baptisés 
au  nom  du  Seigneur  Jésus.  <^  Après  que  Paul  leur  eut 
imposé  les  mains,  le  Saint-Esprit  descendit  sur  eux, 
et  ils  se  mirent  à  parler  en  d'autres  langues  et  à  pro- 
phétiser. 'Ils  étaient  environ  douze  hommes  en  tout. 
^Paul  se  rendit  dans  la  synagogue,  et  il  y  parla  avec 
hardiesse  pendant  trois  mois.  Il  persuadait  ses  audi- 
teurs, en  leur  exposant  ce  qui  concerne  le  royaume  de 
Dieu.  ^Mais,  comme  quelques-uns  s'endurcissaient  et 
refusaient  de  croire,  décriant  la  voie  du  Seigneur 
devant  la  foule,  il  se  sépara  d'eux  et  réunit  à  part 
les  disciples  ;  et  il  enseignait  tous  les  jours  dans  l'école 
de  Tyrannus.  '*^Cela  continua  pendant  deux  ans,  de 
sorte  que  tous  ceux  qui  demeuraient  en  Asie,  Juifs 
et  Grecs,  entendirent  la  parole  du  Seigneur.  ^  ^  Et  Dieu 
opérait  des  miracles  extraordinaires  par  les  mains  de 
Paul,  ^^au  point  qu'on  mettait  sur  les  malades  les  lin- 
ges et  les  vêtements  qui  avaient  touché  son  corps  : 
ils  étaient  guéris  de  leurs  maladies,  et  délivrés  des 
mauvais  esprits. 

Les  exorcistes  juifs 

^^ Alors  quelques  exorcistes  juifs,  qui  allaient  de 
lieu  en  lieu,  essayèrent  d'invoquer  le  nom  du  Sei- 
gneur Jésus  sur  ceux  qui  étaient  possédés  des  mauvais 
esprits  ;  et  ils  disaient  :  Je  vous  adjure,  par  ce  Jésus  que 

302 


ACTES   DES  APÔTRES  19:4  4.27 

Paul  prêche!  '''Ceux  qui  procédaient  ainsi  étaient  les 
sept  fils  de  Scévas,  l'un  des  principaux  sacrificateurs 
juifs.  ^  ^Mais  le  mauvais  esprit  leur  répondit  :  Je  connais 
Jésus,  et  je  sais  qui  est  Paul  ;  mais  vous,  qui  êtes-vous  ? 
"^  Alors,  se  jetant  sur  eux,  l'homme  qui  était  possédé 
du  mauvais  esprit  se  rendit  maître  de  deux  d'entre 
eux,  et  il  les  maltraita  si  fort,  qu'ils  s'enfuirent  de  la 
maison,  nus  et  blessés.  ''Le  fait  fut  connu  de  tous  les 
Juifs  et  de  tous  les  Grecs  qui  demeuraient  à  Éphèse. 
Ils  furent  tous  saisis  de  crainte,  et  le  nom  du  Seigneur 
Jési«  était  magnifié.  ^^Un  grand  nombre  de  ceux  qui 
avaient  cru  venaient  confesser  et  déclarer  ce  qu'ils 
avaient  fait.  ^^  Plusieurs  de  ceux  qui  s'étaient  livrés 
à  la  magie  apportèrent  leurs  livres,  et  les  brûlèrent 
devant  tout  le  monde  ;  quand  on  en  eut  estimé  la 
valeur,  eUe  se  trouva  être  de  cinquante  mille  pièces 
d'argent  (').  ^'^' Ainsi,  par  la  puissance  du  Seigneur, 
la  parole  se  répandait,  et  elle  devenait  de  plus  en  plus 
efficace. 

Emeute  'provoquée  'par  Démétrius 

2^  Après  ces  événements,  Paul  se  proposa  d'aller  à 
Jérusalem,  en  passant  par  la  Macédoine  et  par  l' Achaïe. 
Lorsque  j'aurai  été  là,  disait-il,  il  faudra  aussi  que  je 
voie  Rome.  ^-11  envoya  en  Macédoine  deux  de  ses 
aides,  Timothée  et  Éraste,  mais  lui-même  resta  encore 
quelque  temps  en  Asie. 

2^11  se  produisit,  à  ce  moment-là,  un  grand  trouble 
à  l'occasion  de  l'Évangile.  ^^Un  orfèvre,  nommé  Dé- 
métrius, qui  fabriquait  des  temples  de  Diane  en  argent, 
et  qui  donnait  beaucoup  de  travail  aux  ouvriers,  ^"'les 
rassembla^  ainsi  que  les  artisans  du  même  métier,  et  il 
leur  dit  :  Éphésiens  (^),  vous  savez  que  notre  prospérité 
vient  de  cette  industrie.  '-*^0r,  vous  voyez  et  entendez 
dire  que,  non  seulement  à  Ephèse,  mais  presque  dans 
toute  l'Asie,  ce  Paul  a  persuadé  et  entraîné  un  grand 
nombre  de  personnes,  en  disant  que  les  dieux  faits  de 
mam  d'homme  ne  sont  pas  des  dieux.  ^"Nous  avons 
à  craindre,  non  seulement  que  notre  métier  soit  décrié, 

(1  )  Probablement  de  45.000  à  60.000  francs. 
(2)  Litt.  :  Hcmmei. 

303 


19:28-41  ACTES   DES  APÔTRES 

mais  encore  que  le  temple  de  la  grande  Diane  tombe 
dans  le  mépris,  et  que  notre  déesse  soit  dépouillée 
de  cette  majesté  que  vénèrent  l'Asie  et  le  monde  entier. 
^^A  ces  paroles,  ils  furent  transportés  de^colère,  et 
se  mirent  à  crier  :  Grande  est  la  Diane  des  Éphésiens  ! 

^'•' Toute  la  ville  fut  remplie  de  trouble;  et  ils  se 
portèrent  d'un  commun  accord  au  théâtre,  entraînant 
avec  eux  Gaïus  et  Aristarque,  Macédoniens,  compa- 
gnons de  voyage  de  Paul.  2*^  Paul  lui-même  voulait 
se  présenter  devant  le  peuple,  mais  les  disciples  ne  le 
lui  permirent  pas.  ^^11  y  eut  même  des  Asiarques('), 
de  ses  amis,  qui  le  firent  prier  de  ne  pas  se  rendre  au 
théâtre.  ^^  Ainsi,  les  uns  criaient  d'iuie  manière,  et  les 
autres  d'une  autre  ;  car  l'assemblée  était  tumultueuse, 
et  la  plupart  ne  savaient  même  pas  pourquoi  ils  étaient 
réunis.  ^^  Alors  on  tira  de  la  foule  Alexandre,  que  les 
Juifs  poussaient  en  avant  ;  et  Alexandre,  faisant  signe 
de  la  main,  voulait  parler  au  peuple  pour  leur  défense. 
^^Mais,  dès  que  la  foule  eut  reconnu  qu'il  était  Juif, 
elle  se  mit  à  crier  d'une  seule  voix,  pendant  près  de 
deux  heures  :  Grande  est  la  Diane  des  Éphésiens! 

^^  Cependant,  le  secrétaire  de  la  ville,  ayant  apaisé 
la  foule,  dit  :  Ephésiens,  quel  est  l'homme  qui  ignore 
que  la  ville  d'Éphèse  est  la  gardienne  du  temple  de 
la  grande  Diane  et  de  son  image  tombée  du  ciel  ? 
^*"'Cela  étant  incontestable,  vous  devez  rester  calmes 
et  ne  rien  faire  avec  précipitation.  ^"Car  ces  gens,  que 
vous  avez  amenés  ici,  ne  sont  coupables  ni  de  sacri- 
lège, ni  de  blasphème  contre  votre  déesse.  ^^Si  donc 
Démétrius  et  les  ouvriers  qui  sont  avec  lui  ont  à  ae 
plaindre  de  quelqu'un,  il  y  a  des  jours  d'audience,  et 
H  y  a  des  proconsuls  ;  qu'ils  s'assignent  les  uns  les 
autres.  ^^Si  vous  avez  une  autre  affaire  à  proposer, 
on  pourra  en  décider  dans  une  assemblée  légale.  ^^Car 
nous  sommes  en  danger  d'être  accusés  de  sédition  pour 
ce  qui  s'est  passé  aujourd'hui,  ne  pouvant  alléguer 
aucune  raison  pour  justifier  ce  rassemblement.  ''^Sur 
ces  paroles,  il  congédia  l'assemblée. 

(1)  Asiarques:  c'étaient  des  fonctionnaires,  à  la  fois  prêtres  et  magistrats,  qiu 
remplissaient  d'importantes  fonctions  dans  les  grandes  villes  de  l'Asie  Mineure. 

304 


ACTES    DES    APÔTRES  20  M- 13 

Paul  en  Macédoine  et  en  Grèce 

20  ^Lorsque  le  tumulte  eut  cessé,  Paul  réunit  les 
disciples  ;  et,  après  leur  avoir  fait  entendre  ses  exhor- 
tations, il  prit  congé  d'eux  et  partit  pour  la  Macédoine. 
-  Il  parcourut  cette  contrée,  et  il  adressa  des  exhorta- 
tions nombreuses  aux  fidèles  ;  puis,  il  vint  en  Grèce, 
^  et  il  y  demeura  trois  mois.  Les  Juifs  lui  ayant  dressé 
des  embûches,  au  moment  où  il  allait  s'embarquer  pour 
la  Syrie,  il  se  décida  à  retourner  par  la  Macédoine,  ^  So- 
pater,  fils  de  Pyrrhus,  de  Bérée,  l'accompagnait,  ainsi 
qu'Aristarque  et  Secundus  de  Thessalonique,  Gaïus, 
de  Derbe  et  Timothée,  Tychique  et  Trophime,  origi- 
naires d'Asie.  ^Ceux-ci  prirent  les  devants  et  nous 
attendirent  à  Troas.  *^  Quant  à  nous,  après  les  jours 
des  pains  sans  levain  ('),  nous  nous  embarquâmes  à 
Philippes,  et  en  cinq  jours  nous  les  rejoignîmes  à 
Troas,  où  nous  demeurâmes  sept  jours. 

Paul  à  Troas 

'^Le  premier  jour  de  la  semaine,  comme  nous  étions 
réunis  pour  rompre  le  pain,  Paul,  devant  partir  le 
lendemain,  s'entretint  avec  les  disciples  et  prolongea 
son  discours  jusqu'à  minuit.  ^11  y  avait  beaucoup  de 
lampes,  dans  la  chambre  haute  où  nous  étions  réunis. 
^Un  jeune  homme,  nommé  Eutyche,  assis  sur  la 
fenêtre,  s'endormit  profondément  pendant  le  long 
discours  de  Paul  ;  et,  accablé  par  le  sommeil,  il  tomba 
du  troisième  étage  et  fut  relevé  mort.  ^^Mais  Paul, 
étant  descendu,  se  pencha  sur  lui,  et,  l'ayant  pris  dans 
ses  bras,  il  dit  :  Ne  vous  troublez  point,  son  âme  est 
en  lui!  ^  '  Après  être  remonté,  il  rompit  le  pain  et  man- 
gea ;  et,  après  avoir  parlé  longtemps,  jusqu'au  point 
du  jour,  il  partit.  '^  Quant  au  jeune  homme,  on  le 
ramena  vivant,  ce  qui  fut  pour  tous  une  grande  con- 
solation. 

Paul  se  rend  à  Milet 

^^Pour  nous,  ayant  pris  les  devants,  nous  fîmes 
voile  vers  Assos,  où  nous    devions    rejoindre  Paul  ; 

(1)  Les  fêtes  de  la  Pâque. 

305 


20  :  1  4-28  ACTES    DES   APÔTRES 

il  Pavait  ainsi  décidé,  parce  qu'il  voulait  faire  le  che- 
min à  pied.  ^-^  Quand  il  nous  eut  rejoints  à  Assos,  nous 
le  prîmes  avec  nous,  et  nous  vînmes  à  Mitylène.  ^  ^  Puis, 
étant  partis  de  là,  toujours  par  mer,  nous  arrivions  le 
lendemain  vis-à-vis  de  Chio.  Le  jour  suivant,  nous 
touchions  à  Samos,  et,  le  jour  d'après,  nous  étions  à 
Milet.  ^  ^  Paul,  en  effet,  avait  résolu  de  passer  devant 
Ephèse  sans  s'y  arrêter,  pour  ne  pas  perdre  de  temps 
en  Asie.  Il  se  hâtait,  pour  être  à  Jérusalem,  si  possi- 
ble, le  jour  de  la  Pentecôte. 

Discours  de  Paul  aux  pasteurs  d'Éphèse 

^  "^  Cependant,  il  envoya  de  Milet  à  Éphèse  pour  faire 
venir  les  anciens  de  l'Eglise.  '^Lorsqu'ils  furent  réu- 
nis auprès  de  lui,  il  leur  dit  :  Vous  savez  de  quelle 
manière  je  me  suis  toujours  conduit  avec  vous,  depuis 
le  premier  jour  de  mon  arrivée  en  Asie,  ''^servant  le 
Seigneur  en  toute  humilité,  dans  les  larmes,  et  au 
milieu  des  épreuves  auxquelles  m'exposaient  les  em- 
bûches des  Juifs.  ^^Vous  savez  que  je  n'ai  pas  négligé 
de  vous  annoncer  tout  ce  qui  vous  était  utile,  sans 
vous  en  rien  cacher,  que  je  vous  ai  instruits  en  public 
et  de  maison  en  maison,  -  '  prêchant  aux  Juifs  comme 
aux  Grecs  la  repentance  envers  Dieu  et  la  foi  en  notre 
Seigneur  Jésus. 

^^ Maintenant,  voici  que,  lié  par  l'Esprit,  je  vais 
à  Jérusalem,  sans  savoir  ce  qui  doit  m'y  arriver  ; 
-^seulement,  le  Saint-Esprit  m'avertit  de  ville  en  ville 
que  des  chaînes  et  des  afflictions  m'attendent.  ^''Mais 
je  n'attache  pour  moi-même  aucun  prix  à  ma  vie, 
pourvu  que  j'achève  ma  course  et  le  ministère  que 
j'ai  reçu  du  Seigneur  Jésus,  en  rendant  témoignage 
à  l'Évangile  de  la  grâce  de  Dieu.  ^^Oui,  je  le  sais, 
vous  ne  verrez  plus  mon  visage,  ô  vous  tous,  parmi 
lesquels  j'ai  passé  en  prêchant  le  Pcoyaume!  ^'^ C'est 
pourquoi,  je  proteste  aujourd'hui  devant  vous  que 
je  suis  net  du  sang  de  vous  tous.  ^"^Car  je  n'ai  rien 
négligé  pour  vous  faire  connaître  tout  le  dessein  de 
Dieu. 

28  Prenez  garde  à  vous-mêmes,  et  à  tout  le  troupeau 
au  milieu  duquel  le  Saint-Esprit  vous  a  établis  évê- 

306 


ACTES    DES   APÔTRES  20  :  29-21  :  i 

ques  (^),  pour  paître  l'Église  de  Dieu  qu'il  s'est  ac- 
quise par  son  propre  sang.  '^^Pour  moi,  je  sais  qu'après 
mon  départ,  il  s'introduira  parmi  vous  des  loups  cruels, 
qui  n'épargneront  point  le  troupeau  ;  ^^et  même  du 
milieu  de  vous,  il  se  lèvera  des  hommes  au  langage 
pervers,  qui  s'efforceront  d'entraîner  les  disciples  à 
leur  suite.  ^^  Veillez  donc,  vous  souvenant  que,  durant 
trois  ans,  je  n'ai  cessé,  nuit  et  jour,  d'avertir  chacun 
avec  larmes. 

^^Et  maintenant,  je  vous  recommande  à  Dieu  et  à 
la  parole  de  sa  grâce,  à  lui  qui  peut  vous  édifier  et 
vous  donner  votre  part  d'héritage,  avec  tous  ,ceux  qui 
sont  sanctifiés.  ^"  Je  n'ai  désiré  ni  l'argent,  ni  l'or,  ni 
le  vêtement  de  personne.  ^^Vous  le  savez  vous-mêmes, 
les  mains  que  voilà  ont  pourvu  à  mes  besoins  et  à  ceux 
de  mes  compagnons.  ^^  Je  vous  ai  toujours  montré  que 
c'est  en  travaillant  ainsi,  qu'il  faut  venir  en  aide  aux 
faibles  et  se  souvenir  des  paroles  du  Seigneur  Jésus, 
qui  a  dit  lui-même  :  «  Il  y  a  plus  de  bonheur  à  donner 
qu'à  recevoir  !  » 

^^  Quand  il  eut  dit  cela,  il  se  mit  à  genoux,  et  pria 
avec  eux  tous.  ^'Ils  fondirent  tous  en  larmes;  et,  se 
jetant  au  cou  de  Paul,  ils  l'embrassaient  tendrement, 
^^  étant  surtout  affligés  de  ce  qu'il  avait  dit  qu'ils  ne 
verraient  plus  son  visage.  Puis,  ils  l'accompagnèrent 
jusqu'au  navire. 

Paul  à  Tyr 

2  I  "*  Après  nous  être  séparés  d'eux  avec  peine,  nous 
nous  embarquâmes,  et  nous  vînmes  droit  à  Cos,  le  jour 
suivant  à  Rhodes,  et  de  là  à  Patara.  ^  Il  s'y  trouvait  un 
navire  qui  mettait  à  la  voile  pour  la  Phénicie  ;  nous 
montâmes  à  son  bord  et  nous  partîmes.  ^  Quand  nous 
fûmes  en  vue  de  l'île  de  Chypre,  nous  la  laissâmes  à 
gauche,  poursuivant  notre  route  vers  la  Syrie,  et  nous 
abordâmes  à  Tyr,  parce  que  le  navire  devait  y  laisser 
son  chargement.  ^  Etant  allés  trouver  les  disciples,  nous 
restâmes  sept  jours  avec  eux.  Poussés  par  l'Esprit, 
ils  disaient  à  Paul  de  ne  pas  monter  à  Jérusalem. 

(1)  Évêques  :  ce   mot  qm,  en   grec,  signifie  surveillants,  désigne  les  mêmes 
personnes  qui,  au  verset  1?,  sont  appelées  anciens. 

307 


21:5-<9  ACTES    DES   APOTRES 

•^Mais,  lorsque  le  temps  de  notre  séjour  fut  écoulé, 
nous  nous  remîmes  en  route.  Ils  nous  accompagnèrent 
tous,  avec  leurs  femmes  et  leurs  enfants,  jusqu'en  dehors 
de  la  ville;  et,  nous  étant  agenouillés  sur  le  rivage, 
nous  priâmes  ensemble,  ^  et  nous  nous  dîmes  adieu.  Puis 
nous  montâmes  à  bord  ;  et  ils  retournèrent  chez  eux. 

Paul  à  Ptolémaïs  et  à  Césarée 

"  Quant  à  nous,  achevant  notre  voyage  par  mer,  nous 
nous  rendîmes  de  Tyr  à  Ptolémaïs,  et,  après  avoir 
salué  les  frères,  nous  passâmes  un  jour  avec  eux.  ^Le 
lendemain,  étant  partis  de  là,  nous  vînmes  à  Césarée  ; 
et,  entrant  dans  la  maison  de  Philippe  l'évangéliste, 
un  des  sept  diacres,  nous  demeurâmes  chez  lui.  '-'  Il  avait 
quatre  filles,  non  mariées,  qui  prophétisaient.  ^<^Nous 
étions  là  depuis  plusieurs  jours,  quand  arriva  de  Judée 
un  prophète,  nommé  Agabus.  ^  ^  Étant  venu  nous  voir, 
il  prit  la  ceinture  de  Paul,  se  lia  les  pieds  et  les  mains, 
et  il  dit  :  Voici  ce  que  déclare  le  Saint-Esprit  :  L'homme 
à  qui  appartient  cette  ceinture  sera  ainsi  lié  à  Jérusa- 
lem par  les  Juifs,  et  ils  le  livreront  aux  mains  des 
païens.  ^^  Lorsque  nous  eûmes  entendu  ces  paroles, 
les  fidèles  de  ce  lieu  et  nous,  nous  priâmes  Paul  de  ne 
pas  monter  à  Jérusalem.  ^^Mais  il  répondit  :  Que 
faites-vous,  en  pleurant  ainsi  et  en  me  brisant  le  cœur  ? 
Car,  pour  moi,  je  suis  prêt,  non  seulement  à  être  lié, 
mais  encore  à  mourir  à  Jérusalem  pour  le  nom  du  Sei- 
gneur Jésus.  ^-^  Comme  il  ne  se  laissait  pas  persuader, 
nous  n'insistâmes  pas  davantage,  et  nous  dîmes  : 
Que  la  volonté  du  Seigneur  se  fasse  ! 

Paul  à  Jérusalem 

^^  Après  ces  jours -là,  ayant  fait  nos  préparatifs, 
nous  montâmes  à  Jérusalem.  ''^Quelques  disciples  de 
Césarée  y  vinrent  aussi  avec  nous,  et  ils  nous  condui- 
sirent chez  un  certain  Mnason,  de  Chypre,  qui,  depuis 
longtemps,  était  un  disciple,  et  qui  devait  nous  donner 
l'hospitalité.  ''A  notre  arrivée  à  Jérusalem,  les  frères 
nous  reçurent  avec  joie. 

^^Le  lendemain,  Paul  se  rendit  avec  nous  chez 
Jacques  ;  et  tous  les  anciens  s'y  assemblèrent.  ^  ^  Après 

308 


ACTES    DES   APÔTRES  2 1  :  20-30 

les  avoir  salués,  il  raconta  en  détail  ce  que  Dieu  avait 
fait  parmi  les  païens  par  son  ministère.  ^^  Quand 
ils  l'eurent  entendu,  ils  glorifièrent  Dieu.  Puis  ils  lui 
dirent  :  Frère,  tu  vois  combien  de  milliers  de  Juifs 
ont  cru  ;  et  tous  sont  zélés  pour  la  loi.  ^  '  Or,  ils  ont  été 
informés  que  tu  enseignes  à  tous  les  Juifs  qui  vivent 
parmi  les  païens,  de  renoncer  à  Moïse,  en  leur  disant 
qu'ils  ne  doivent  pas  circoncire  leurs  enfants,  ni  suivre 
leurs  coutumes.  ^'^Qu'y  a-t-il  donc  à  faire  ?  Il  est 
certain  que  la  multitude  va  se  rassembler  ;  car  on 
apprendra  que  tu  es  arrivé.  -^Fais  donc  ce  que  nous 
allons  te  dire  :  Nous  avons  ici  quatre  hommes  qui 
ont  fait  un  vœu.  ^^ Prends-les  avec  toi;  purifie-toi 
avec  eux,  et  charge-toi  de  ce  qu'ils  auront  à  payer 
pour  se  faire  raser  la  tête.  Tous  sauront  qu'il  n'y  a 
rien  de  vrai  dans  tout  ce  qu'on  a  raconté  de  toi,  mais 
que,  toi  aussi,  tu  vis  en  observateur  de  la  loi.  2"' Quant 
aux  païens  qui  ont  cru,  nous  leur  avons  écrit  ce  que 
nous  avions  décidé  :  qu'ils  devaient  seulement  se 
garder  de  ce  qui  est  sacrifié  aux  idoles,  du  sang,  des 
animaux  étouffés  et  de  l'impudicité.  '^^  Alors  Paul, 
ayant  pris  ces  hommes  avec  lui,  et  s'étant,  dès  le  len- 
demain, purifié  avec  eux,  entra  dans  le  temple,  poxir 
déclarer  le  jour  où  la  purification  serait  achevée  et 
l'offrande  présentée  pour  chacun  d'eux. 

Arrestation  de  Paul 

2 'Les  sept  jours  touchaient  à  leur  fin,  quand  les 
Juifs  d'Asie,  ayant  vu  Paul  dans  le  temple,  ameutèrent 
toute  la  multitude  et  mirent  la  main  sur  lui,  ^^en 
criant  :  Hommes  d'Israël,  à  l'aide  !  Voici  l'homme 
qui  prêche  partout,  à  tout  le  monde,  contre  la  nation, 
contre  la  loi  et  contre  ce  lieu  ;  il  a  même  introduit 
des  Grecs  dans  le  temple,  et  il  a  profané  ce  saint  lieu. 
-'"^En  effet,  ils  avaient  vu  auparavant  Trophime 
d'Éphèse  avec  lui  dans  la  viUe,  et  ils  croyaient  que 
Paul  l'avait  introduit  dans  le  temple.  ^^  Toute  la  ville 
fut  en  émoi,  et  le  peuple  accourut  en  foule.  Ayant 
saisi  Paul,  ils  le  traînèrent  hors  du  temple,  dont  les 
portes  furent  aussitôt  fermées. 

309 


21:31-22:5  actes  des  apôtres 

^^  Comme  ils  cherchaient  à  le  tuer,  le  bruit  parvint 
au  tribun  de  la  cohorte  que  tout  Jérusalem  s'agitait. 
^2  Immédiatement,  il  prit  avec  lui  des  soldats  et  des 
centeniers  ;  et  il  se  hâta  de  descendre  vers  eux.  A  la 
vue  du  tribun  et  des  soldats,  ils  cessèrent  de  frapper 
Paul.  33  Alors  le  tribun  s'approcha,  mit  la  main  sur  lui 
et  ordonna  "de  le  lier  de  deux  chaînes  ;  puis,  il  demanda 
qui  il  était,  et  ce  qu'il  avait  fait.  34I)ans  la  foule,  les 
uns  criaient  d'une  manière,  les  autres  d'une  autre;  et 
comme  il  ne  pouvait  rien  apprendre  de  certain,  à 
cause  du  tumulte,  il  commanda  de  le  mener  dans  la 
forteresse  (').  ^^  Quand  Paul  fut  sur  les  degrés,  les  sol- 
dats durent  le  porter,  à  cause  de  la  violence  de  la  foule. 
3'' Car  le  peuple  suivait  en  masse,  criant  :  A  mort  ! 

3^jAu  moment  d'entrer  dans  la  forteresse,  Paul  dit 
au  tribun  :  M'est-il  permis  de  te  dire  quelque  chose  ? 
Le  tribun  répondit  :  Tu  sais  parler  grec  ?  ^^Tn  n'es 
donc  pas  l'Égyptien  qui,  ces  jours  passés,  a  excité  une 
sédition  et  entraîné  au  désert  quatre  mille  brigands  ? 
3^  Paul  lui  dit  :  Je  suis  Juif,  de  Tarse,  citoyen  d'une 
ville  de  Cilicie  qui  n'est  pas  sans  renom  ;  permets- 
moi,  je  te  prie,  de  parler  au  peuple.  -^"Le  tribun  le 
lui  permit  ;  et  Paul,  se  tenant  sur  les  degrés,  fit  signe 
de  la  main  au  peuple.  Un  profond  silence  s'établit, 
et,  parlant  en  langue  hébraïque,  il  leur  dit  : 

Discours  de  Paul  aux  Juifs 

22  ^Mes  frères  et  mes  pères,  écoutez  ce  que  j'ai  à 
vous  dire  maintenant  pour  ma  défense.  ^  Quand  ils 
l'entendirent  parler  en  langue  hébraïque,  ils  redou- 
blèrent d'attention.  Alors  il  dit  :  ^  Je  suis  Juif,  né  à 
Tarse  en  Cilicie,  mais  élevé  ici  dans  cette  ville,  aux 
pieds  de  Gamaliel,  instruit  exactement  dans  la  loi 
de  nos  pères.  J'étais  plein  de  zèle  pour  Dieu,  comme 
vous  l'êtes  tous  aujourd'hui.  ^ Cette  secte,  je  l'ai  per- 
sécutée à  mort,  chargeant  de  chaînes  et  jetant  en  pri- 
son hommes  et  femmes  :  ^le  souverain  sacrificateur 
m'en  est  témoin,  ainsi  que  toute  l'assemblée  des  an- 

(1)  La  forteresse  on  la  tour  Antonia,  dans  laquelle  se  tenait  la  garnison 
romaine  de  Jérusalem,  était  contiguë  aux  parvis  da  temple.  On  y  montait 
par  un  escalier. 

310 


ACTES   DES   APÔTRES  22  :  6-2i 

eiens.  C'est  d'eux,  en  effet,  que  je  reçus  des  lettres 
pour  les  frères  de  Damas,  où  je  me  rendis,  afin  de 
jeter  aussi  dans  les  chaînes  ceux  qui  se  trouvaient  là 
et  de  les  amener  à  Jérusalem  pour  les  y  faire  punir. 

^Or  il  arriva,  comme  j'étais  en  chemin  et  que  j'ap- 
prochais de  Damas,  vers  midi,  que  tout  à  coup  une 
grande  lumière,  venant  du  ciel,  resplendit  autour  de 
moi.  ^  Je  tombai  par  terre,  et  j'entendis  une  voix  qui 
me  disait  :  Saul,  Saul,  pourquoi  me  persécutes-tu  ? 
^  Je  répondis  :  Qui  es-tu,  Seigneur  ?  La  voix  me  dit  : 
Je  suis  Jésus  de  Nazareth,  que  tu  persécutes.  ^Ceux 
qui  étaient  avec  moi  virent  bien  la  lumière,  mais 
ils  n'entendirent  pas  la  voix  de  celui  qui  me  parlait. 
^^  Alors  je  m'écriai  :  Que  ferai-je.  Seigneur  ?  Le  Seigneur 
me  répondit  :  Lève-toi,  va  à  Damas,  et  là  on  te  dira 
tout  ce  qu'il  t'est  ordonné  de  faire.  ^*Et  comme  je 
n'y  voyais  pas,  à  cause  de  l'éclat  de  cette  lumière, 
ceux  qui  étaient  avec  moi  me  prirent  par  la  main,  et 
j'allai  à  Damas. 

^^Un  certain  Ananias,  homme  pieux  selon  la  loi, 
auquel  tous  les  Juifs  demeurant  à  Damas  rendaient 
un  bon  témoignage,  vint  me  trouver  ;  ^  ^  et,  se  tenant 
devant  moi,  il  me  dit  :  Saul,  mon  frère,  recouvre  la  vue. 
Au  même  instant,  je  recouvrai  la  vue,  et  je  vis  Ana- 
nias. ^^Puis  il  médit  :  Le  Dieu  de  nos  pères  t'a  destiné 
à  connaître  sa  volonté,  à  voir  le  Juste  et  à  entendre  la 
parole  de  sa  bouche.  ^  ^  Car  tu  seras  pour  lui,  devant  tous 
les  hommes,  le  témoin  des  choses  que  tu  as  vues  et  en- 
tendues. ^  ^  Et  maintenant,  que  tardes-tu  1  Lève-toi,  sois 
baptisé  et  purifié  de  tes  péchés,  en  invoquant  son  nom. 

^^De  retour  à  Jérusalem,  comme  je  priais  dans  le 
temple,  je  fus  ravi  en  extase  ;  ^^et  je  vis  Jésus  qui  me 
disait  :  Hâte-toi,  sors  promptement  de  Jérusalem  ; 
car  ils  ne  recevront  point  le  témoignage  que  tu  me 
rendras.  ^^  Je  répondis  :  Seigneur,  ils  savent  eux^ 
mêmes  que  je  mettais  en  prison  et  que  je  faisais  battre 
de  verges  dans  les  synagogues  ceux  qui  croient  en 
toi.  ^^Lorsque  fut  répandu  le  sang  d'Etienne,  ton  té- 
moin,—  j'étais  là,  j'approuvais,  et  je  gardais  les  vête- 
ments de  ceux  qui  le  faisaient  mourir.  2*  Alors  il  me 
dit  :  Va  ;  car  je  t'enverrai  au  loin  vers  les  païens. 

311 


22  :  22-23 1 5  ACTES  des  apôtres 

^^On  l'avait  écouté  jusque-là  ;  mais,  à  ce  mot,  ils 
se  mirent  à  crier  :  Ote  de  la  terre  un  tel  homme  !  Il 
n'est  pas  digne  de  vivre!  ^^Ils  poussaient  des  cris; 
ils  jetaient  leurs  vêtements,  et  faisaient  voler  la  pous- 
sière en  l'air.  ^^Le  tribun  commanda  alors  de  le  mener 
dans  la  forteresse,  et  de  lui  donner  la  question  par 
le  fouet,  afin  de  savoir  pour  quel  sujet  ils  criaient 
ainsi  contre  lui. 

2^  Comme  on  l'attachait  pour  lui  donner  les  coups, 
Paul  dit  au  centenier  qui  était  présent  :  Vous  est- 
il  permis  de  battre  de  verges  un  citoyen  romain, 
qui  n'a  pas  même  été  condamné  ?  ^^A  ces  paroles, 
le  centenier  alla  avertir  le  tribun  :  Que  vas -tu  faire  ? 
lui  dit- il  ;  car  cet  homme  est  citoyen  romain.  ^'Le 
tribun,  étant  venu,  dit  à  Paul  :  Dis-moi,  es-tu  citoyen 
romain?  Oui,  répondit  Paul.  ^^Le  tribun  reprit: 
J'ai  acheté  à  grand  prix  ce  droit  de  citoyen.  Et  moi, 
dit  Paul,  je  l'ai  par  ma  naissance.  ^'•'Aussitôt,  ceux  qui 
devaient  lui  donner  la  question  s'éloignèrent  ;  et  le 
tribun  eut  peur,  quand  il  sut  que  celui  qu'il  avait  fait 
charger  de  liens  était  citoyen  romain. 

Paul  devant  le  sanhédrin 

^"Le  lendemain,  voulant  savoir  exactement  de  quoi 
Paul  était  accusé  par  les  Juifs,  le  tribun  lui  fit  ôter 
ses  liens;  et,  ayant  ordonné  aux  principaux  sacrifica- 
teurs et  à  tout  le  sanhédrin  de  se  réunir,  il  amena 
Paul  et  le  fit  comparaître  devant  eux. 

23  ^Paul,  ayant  les  yeux  fixés  sur  le  sanhédrin, 
dit  :  Mes  frères,  je  me  suis  conduit  jusqu'à  ce  jour 
en  toute  bonne  conscience  devant  Dieu.  ^  Alors  le 
souverain  sacrificateur,  Ananias,  commanda  à  ceux 
qui  étaient  près  de  Paul,  de  le  frapper  sur  la  bouche. 
^Mais  Paul  lui  dit  :  Dieu  te  frappera,  muraille  blan- 
chie ;  tu  sièges  pour  me  juger  selon  la  loi,  et,  au  mépris 
de  la  loi,  tu  ordonnes  qu'on  me  frappe  !  ^Ceux  qui 
étaient  là,  lui  dirent  :  Tu  injuries  le  souverain  sacri- 
ficateur de  Dieu  !  ^Paul,  répondit  :  Frères,  je  ne  savais 
pas  que  ce  fût  le  souverain  sacrificateur  ;  car  il  est 
écrit  :  «  Tu  n'outrageras  pas  le  chef  de  ton  peuple  (^).  » 

(1)  Exode  SS  :  28. 

312 


ACTES   DES    APÔTRES  23  :  6-U 

^Paul,  sachant  qu'une  partie  d'entre  eux  étaient 
sadducéens  et  les  autres  pharisiens,  s'écria  devant  le 
sanhédrin  :  Mes  frères,  je  suis  pharisien,  fils  de 
pharisiens.  C'est  pour  notre  espérance  et  pour  la  ré- 
surrection des  morts  que  je  suis  mis  en  jugement. 
'Quand  il  eut  parlé  ainsi,  une  discussion  s'éleva  entre 
les  pharisiens  et  les  sadducéens,  et  l'assemblée  fut 
divisée.  ^  En  effet,  les  sadducéens  disent  qu'il  n'y  a  pas 
de  résurrection,  et  qu'il  n'existe  ni  ange,  ni  esprit,  tan- 
dis que  les  pharisiens  professent  ces  croyances.  ^11  y 
eut  alors  une  grande  clameur.  Quelques  scribes,  du 
parti  des  pharisiens,  se  levèrent  et  combattirent  l'ac- 
cusation, en  disant  :  Nous  ne  trouvons  aucun  mal 
en  cet  homme.  Qui  sait  si  un  esprit  ou  un  ange 
ne  lui  a  point  parlé  ?  ^  ^  Comme  le  tumulte  augmentait, 
le  tribun,  craignant  que  Paul  ne  fût  mis  en  pièces 
par  eux,  commanda  à  la  troupe  de  descendre,  pour 
l'enlever  du  milieu  d'eux  et  le  ramener  dans  la  forte- 
resse. 

^^La  nuit  suivante,  le  Seigneur  apparut  à  Paul  et 
lui  dit  :  Aie  bon  courage  ;  comme  tu  m'as  rendu  té- 
moignage à  Jérusalem,  il  faut  aussi  que  tu  me  rendes 
témoignage  à  Rome. 

Les  Juifs  font  vœu  de  tuer  Paul 

"•  2  Quand  le  jour  fut  venu,  les  Juifs  formèrent  un 
complot,  et  s'engagèrent,  sous  peine  d'anathème,  à  ne 
manger  ni  boire,  tant  qu'ils  n'auraient  pas  tué  Paul. 
^  ^  Ils  étaient  plus  de  quarante  qui  avaient  fait  cette 
conjuration.  ^*Ils  allèrent  trouver  les  principaux  sa- 
crificateurs et  les  anciens,  et  ils  leur  dirent  :  Nous  nous 
sommes  engagés,  sous  peine  d'anathème,  à  ne  rien 
manger,  avant  d'avoir  tué  Paul.  ^-'Vous  donc  main- 
tenant, adressez -vous,  avec  le  sanhédrin,  au  tribun, 
pour  qu'il  le  fasse  comparaître  devant  vous,  comme 
si  vous  vouliez  examiner  plus  à  fond  son  affaire.  Quant 
à  nous,  nous  sommes  prêts  à  le  faire  périr,  avant 
qu'il  soit  arrivé. 

^^'Mais  le  fils  de  la  sœur  de  Paul,  ayant  été  informé 
de  ce  guet-apens,  se  rendit  à  la  forteresse;  il  y  entra 

313 


23  H  7-31  ACTES   DES   APÔTRES 

et  avertit  Paul.  ^  ^ Alors  Paul  appela  l'un  des  centeniers 
et  lui  dit  :  Mène  ce  jeune  homme  auprès  du  tribun  : 
il  a  quelque  chose  à  lui  communiquer.  ^^Le  centenier 
l'emmena  donc,  le  conduisit  chez  le  tribun  et  lui  dit  : 
Le  prisonnier  Paul  m'a  appelé  et  m'a  prié  de  t' amener 
ce  jeune  homme,  qui  a  quelque  chose  à  te  dire.  ^^Le 
tribun  prit  le  jeune  homme  par  la  main  et,  le  tirant 
à  l'écart,  lui  demanda  :  Qu'as-tu  à  me  communiquer  ? 
-^11  répondit  :  Les  Juifs  ont  résolu  de  te  prier  de  faire 
comparaître  Paul,  demain,  devant  le  sanhédrin,  comme 
s'il  s'agissait  d'instruire  plus  exactement  son  affaire. 
-  *  Mais  ne  les  crois  point  ;  car  plus  de  quarante  d'entre 
eux  lui  dressent  des  embûches,  et  se  sont  engagés, 
sous  peine  d'ana thème,  à  ne  manger  ni  boire  avant  de 
l'avoir  tué  ;  et  maintenant,  ils  sont  prêts,  n'attendant 
que  ta  réponse.  ^^Le  tribun  renvoya  ce  jeune  homme, 
avec  défense  de  dire  à  personne  ce  qu'il  venait  de  lui 
révéler. 

Le  tribun  envoie  Paul  à  César ée 

2^  Puis,  il  appela  deux  des  centeniers,  et  il  leur  dit  : 
Tenez  prêts,  dès  la  troisième  heure  de  la  nuit  (  '  ),  deux 
cents  soldats,  soixante-dix  cavaliers  et  deux  cents 
archers,  pour  aller  jusqu'à  Césarée.  ^^  Préparez  aussi  des 
montures,  afin  de  conduire  Paul  sain  et  sauf  au  gou- 
verneur Félix.  -^Ensuite il  écrivit  à  celui-ci  une  lettre, 
ainsi  conçue  :  -"^Claude  Lysias  au  très  excellent  gou- 
verneur Félix,  salut!  -'Les  Juifs,  s'étant  saisis  de  cet 
homme,  allaient  le  tuer,  quand  je  suis  survenu  avec 
la  troupe  et  le  leur  ai  enlevé,  ayant  appris  qu'il  était 
citoyen  romain.  -^  Comme  je  voulais  savoir  de  quoi  ils 
l'accusaient,  je  le  fis  conduire  devant  leur  sanhédrin. 
2^  J'ai  trouvé  qu'on  l'attaquait  à  propos  de  questions 
relatives  à  leur  loi,  mais  sans  qu'on  lui  imputât  aucune 
faute  méritant  la  mort  ou  la  prison.  ^^  Cependant,  ayant 
appris  qu'on  dressait  des  embûches  contre  cet  homme, 
je  te  l'ai  aussitôt  envoyé,  et  j'ai  fait  savoir  à  ses  accu- 
sateurs qu'ils  eussent  à  parler  contre  lui  devant  toi. 

^'Les  soldats  prirent  donc  Paul,  selon  l'ordre  qu'ils 
avaient  reçu,  et  ils  le  menèrent  de  nuit  jusqu'à  Anti- 

il)  Neuf  heures  du  soir. 

314 


ACTES    DES    APÔTRES  23  :  32-24  :  H 

patris.  ^^Le  lendemain,  ils  laissèrent  les  cavaliers  partir 
avec  lui,  et  ils  retournèrent  à  la  forteresse.  ^^  Arrivés  à 
Césarée,  les  cavaliers  remirent  la  lettre  au  gouver- 
neur et  lui  présentèrent  Paul.  ^^  Après  avoir  lu  cette 
lettre,  le  gouverneur  demanda  à  Paul  de  quelle  pro- 
vince il  était.  En  apprenant  qu'il  était  de  la  Cilicie,  il 
lui  dit  :  ^'^  Je  t'entendrai  quand  tes  accusateurs  seront 
venus.  Puis,  il  ordonna  de  le  garder  dans  le  pré- 
toire d'Hérode. 

Paul  devant  Félix 

24  ^Cinq  jours  après,  arriva  le  souverain  sacrifi- 
cateur Ananias,  avec  quelques  anciens  et  un  orateur, 
un  certain  Tertullus  ;  et  ils  exposèrent  devant  le 
gouverneur  leur  plainte  contre  Paul.  ^  Celui-ci  ayant 
été  appelé,  Tertullus  commença  à  l'accuser  en  ces 
termes  :  ^La  paix  profonde  dont  nous  jouissons,  grâce 
à  toi,  très  excellent  Félix,  et  les  réformes  que  ta  pré- 
voyance t'a  inspirées  pour  le  bien  de  ce  peuple,  sont 
accueillies  par  nous  en  tout  temps  et  en  tout  lieu 
avec  une  entière  gratitude.  ^Mais^  pour  ne  pas  te  re- 
tenir plus  longtemps,  je  te  prie  d'écouter,  avec  ta 
bonté  ordinaire,  ce  que  nous  dirons  en  peu  de  mots. 

^  Nous  avons  trouvé  cet  homme,  qui  est  une  peste, 
et  qui  excite  des  séditions  parmi  tous  les  Juifs  dans 
le  monde  entier  :  il  est  le  chef  de  la  secte  des  Nazaréens  ! 
•^11  a  même  essayé  de  profaner  le  temple;  nous  nous 
sommes  donc  emparés  de  lui.  [Nous  voulions  le  juger 
selon  notre  loi  ;  ''mais  le  tribun  Lysias,  étant  survenu, 
l'a  violemment  arraché  de  nos  mains,  ^en  donnant 
l'ordre  à  ses  accusateurs  de  se  présenter  devant  toi]  {"-). 
Tu  pourras,  en  l'interrogeant  toi-même,  prendre  con- 
naissance de  tous  les  faits  dont  nous  l'accusons...  ^Les 
Juifs  à  leur  tour  confirmèrent  ces  paroles,  assurant 
qu'il  en  était  ainsi. 

^0  Après  que  le  gouverneur  lui  eut  fait  signe  de  par- 
ler, Paul  répondit  :  Sachant  que,  depuis  plusieurs  an- 
nées, tu  es  juge  de  cette  nation,  c'est  avec  confiance 
que  je  défends  ma  cause.   ^'Tu  peux  t'assurer  qu'il 

(a)   Les  versets  entre   crochets   ne   se   trouvent   pas   dans   plusieurs    anciens 
manuscrits. 

315 


24:12-23  ACTES    DES    APÔTRES 

n'y  a  pas  plus  de  douze  jours  que  je  suis  monté  à 
Jérusalem  pour  adorer.  ^^  Ni  dans  le  temple,  ni  dans 
les  synagogues,  ni  dans  la  ville,  on  ne  m'a  trouvé 
discutant  avec  qui  que  ce  soit  ou  ameutant  le  peuple. 
'^  Aussi  ne  peuvent-ils  prouver  ce  dont  ils  m'accu- 
sent maintenant. 

^'^Je  reconnais  devant  toi  que,  conformément  à  une 
certaine  doctrine  qu'ils  appellent  une  hérésie,  je  sers  le 
Dieu  de  mes  pères,  croyant  à  tout  ce  qui  est  écrit  dans 
la  loi  et  dans  les  prophètes  ;  ^''et  j'ai  cette  espérance 
en  Dieu,  comme  ils  l'ont  eux-mêmes,  qu'il  y  aura  une 
résurrection  des  justes  et  des  injustes.  ^  ^  C'est  pourquoi 
aussi,  je  m'efforce  d'avoir  toujours  la  conscience  sans 
reproche,  devant  Dieu  et  devant  les  hommes,  ^^Or, 
après  plusieurs  années  d'absence,  je  suis  venu  apporter 
des  aumônes  à  ma  nation  et  présenter  des  offrandes. 
'^  C'est  dans  ces  circonstances  que  certains  Juifs 
d'Asie  m'ont  trouvé  dans  le  temple,  pendant  que  je 
me  purifiais  sans  provoquer  aucun  attroupement 
ou  aucun  tumulte.  ^^Ils  auraient  dû  se  présenter 
eux-mêmes  devant  toi  pour  m'accuser,  s'ils  avaient 
quelque  chose  à  dire  contre  moi.  -^Ou  bien,  que  ceux 
qui  sont  ici  disent  de  quel  méfait  ils  m'ont  trouvé 
coupable,  lorsque  j'ai  comparu  devant  le  sanhédrin, 
^*à  moins  qu'ils  ne  me  reprochent  ce  seul  cri  que  j'ai 
fait  entendre  au  milieu  d'eux  :  C'est  pour  la  résurrec- 
tion des  morts  que  je  suis  aujourd'hui  mis  en  jugement 
devant  vous  ! 

22  Félix,  qui  connaissait  assez  exactement  la  doctrine 
dont  il  s'agissait,  ajourna  la  cause,  en  disant  :  Quand 
le  tribun  Lysias  sera  descendu,  j'examinerai  votre 
affaire,  ^sp^jg^  n  commanda  au  centenier  de  garder 
Paul,  mais  de  lui  laisser  une  certaine  liberté  et  de  n'em- 
pêcher aucun  des  siens  de  lui  rendre  des  services. 
-^Quelques  jours  après,  Félix,  étant  venu  avec  Dru- 
sille,  sa  femme,  qui  était  Juive  ('),  fit  appeler  Paul, 
et  l'entendit  parler  de  la  foi  en  Jésus-Christ.  ^^Mais 
comme  Paul  parlait  de  la  justice,  de  la  tempérance  et 
du  jugement  à  venir,  Félix,  effrayé,  lui  dit  :  Pour  le 

(1)  Drusille,  fille  d'Hérode-Agrippa  I'^'^  avait  épousé  en  troisièmes  noces  Claude 
Félix,  gouverneur  de  la  Judée.  —  (Voy.  Actes  13  :  1  et  35  :  13). 

316 


ACTES    DES   APÔTBES  24:26-25^2 

moment,  retire-toi  ;  quand  j'en  aurai  le  loisir,  je 
te  rappellerai.  ^"^  Il  espérait  ainsi  que  Paul  lui  donnerait 
de  l'argent.  C'est  pourquoi,  il  le  faisait  venir  fréquem- 
ment et  s'entretenait  a\:ec  lui.  '^'Deux  années  s'étant 
écoulées,  Félix  eut  pour  successeur  Portius  Festus. 
Comme  il  voulait  faire  plaisir  aux  Juifs,  Félix  laissa 
Paul  en  prison. 

Paul  devant  Festus 
25  'Trois  jours  après  son  arrivée  dans  sa  province, 
Festus  monta  de  Césarée  à  Jérusalem.  ^Là,  les  prin- 
cipaux sacrificateurs  et  les  premiers  parmi  les  Juifs 
portèrent  plainte  devant  lui  contre  Paul  ;  ^  et  ils  lui 
demandèrent  avec  instance,  comme  une  faveur,  dans 
une  intention  hostile,  de  faire  revenir  Paul  à  Jérusa- 
lem :  ils  préparaient  un  guet-apens  pour  le  tuer  en 
chemin.  '^Mais  Festus  répondit  que  Paul  était  gardé 
à  Césarée,  et  que  lui-même  y  retournerait  bientôt. 
^Que  les  principaux  d'entre  vous,  dit-il,  descendent 
avec  moi,  et,  si  cet  homme  a  commis  quelque  crime, 
qu'ils  l'accusent! 

^ Après  avoir  passé  parmi  eux  huit  à  dix  jours 
seulement,  Festus  redescendit  à  Césarée.  Le  lendemain, 
il  prit  place  à  son  tribunal  et  commanda  qu'on  ame- 
nât Paul.  '  Celui-ci  étant  arrivé,  les  Juifs  descendus  de 
Jérusalem  l'entourèrent,  portant  contre  lui  plusieurs 
graves  accusations,  qu'iïs  ne  pouvaient  prouver. 
^Paul  disait  pour  sa  défense  :  Je  n'ai  rien  fait  de  mal, 
ni  contre  la  loi  des  Juifs,  ni  contre  le  temple,  ni  contre 
César.  ^Mais  Festus,  voulant  être  agréable  aux  Juifs, 
répondit  à  Paul  :  Veux -tu  monter  à  Jérusalem,  et  y 
être  jugé  sur  ces  questions  en  ma  présence  ?  ^*^  Alors 
Paul  dit  :  Je  comparais  devant  le  tribunal  de  César  : 
c'est  là  que  je  dois  être  jugé.  Je  n'ai  fait  aucun  tort  aux 
Juifs,  comme  tu  le  sais  bien  toi-même.  ^  '  Si  je  suis  cou- 
pable, si  j'ai  commis  quelque  crime  digne  de  mort, 
je  ne  refuse  pas  de  mourir.  Si,  au  contraire,  il  n'y  a 
rien  de  fondé  dans  les  accusations  qu'ils  portent  contre 
moi,  personne  ne  peut  me  livrer  à  eux.  J'en  appelle 
à  César.  ^^  Alors  Festus,  après  en  avoir  conféré  avec 
son  conseil,  répondit  :  Tu  en  as  appelé  à  César,  tu  iras 
à  César  ! 

317 


25  :  13-2o  ACTES   DES  APÔTRES 

Paul  devant  Agrippa 

^^ Quelques  jours  après,  le  roi  Agrippa  et  Bérénice  (') 
arrivèrent  à  Césarée,  pour  saluer  Festus.  ^"^  Comme 
ils  y  passaient  plusieurs  jour<s,  Festus  exposa  au  roi 
l'affaire  de  Paul,  en  disant  :  Il  y  a  ici  un  homme  que 
Félix  a  laissé  prisonnier.  ^''Lorsque  j'étais  à  Jérusa- 
lem, les  principaux  sacrificateurs  et  les  anciens  des 
Juifs  vinrent  l'accuser  et  me  demander  sa  condamna- 
tion. ^^Je  leur  répondis  que  ce  n'est  pas  la  coutume 
des  Romains  de  livrer  un  homme,  sans  que  l'accusé 
ait  été  confronté  avec  ses  accusateurs  et  qu'il  ait  eu 
le  moyen  de  se  justifier  de  l'accusation.  ^^ Alors  ils 
vinrent  ici,  et  sans  aucun  délai,  dès  le  lendemain,  je 
pris  place  à  mon  tribunal,  et  je  commandai  qu'on  ame- 
nât cet  homme.  ^^Les  accusateurs,  s'étant  présentés, 
n'alléguèrent  contre  lui  aucun  des  crimes  que  je  sup- 
posais. ^^11  ne  s'agissait  entre  eux  que  de  questions  re- 
latives à  leur  religion  particulière,  et  à  un  certain  Jésus, 
qui  est  mort,  mais  que  Paul  assurait  être  vivant.  ^"Ne 
sachant  quel  parti  prendre  dans  ce  débat,  je  demandai 
à  Paul  s'il  voulait  aller  à  Jérusalem  et  y  être  jugé  sur 
tout  cela.  -'Mais,  comme  il  a  fait  appel,  pour  que  sa 
cause  fût  réservée  au  jugement  de  l'empereur,  j'ai 
ordonné  de  le  garder  en  prison  jusqu'à  ce  que  je 
l'envoie  à  César.  "^- Alors  Agrippa  dit  à  Festus  :  Je 
voudrais,  moi  aussi,  entendre  cet  homme.  Demain, 
répondit  Festus,  tu  l'entendras. 

^^Le  lendemain  donc.  Agrippa  et  Bérénice  vinrent 
en  grande  pompe  ;  et  ils  entrèrent  dans  la  salle  d'au- 
dience, avec  les  tribuns  et  les  principaux  de  la  ville. 
Sur  l'ordre  de  Festus,  Paul  fut  amené.  ^^Puis  Festus 
dit  :  Roi  Agrippa,  et  vous  tous  qui  êtes  ici  présents, 
vous  voyez  cet  homme,  au  sujet  duquel  les  Juifs  sont 
tous  venus  en  foule  me  solliciter,  tant  à  Jérusalem 
qu'ici,  criant  qu'il  ne  fallait  plus  le  laisser  vivre. 
-^Pour  moi,  j'ai  trouvé  qu'il  n'avait  rien  fait  qui  méri- 
tât la  mort  ;   et,  lui-même  en  ayant  appelé  à  César, 

(1)  Hérode-Agrippa  II,  fils  d'Hérode-Agrippa  I<"-,  était  roi  de  Tibériade  et  de 
la  contrée  environnante,  sous  la  domination  de  Néron.  —  Bérénice,  sœur 
d" Agrippa  II  et  de  Drusille,  avait  quitté  son  mari  Polémon,  roi  de  Oilicie,  — 
(Voy.  Actes  34  :  24). 

318 


ACTES   DES  APÔTRES  25  :  26-26  :  12 

j'ai  résolu  de  le  lui  envoyer.  -''Mais  comme  je  n'ai 
rien  de  précis  à  écrire  à  l'empereur  sur  son  compte, 
je  l'ai  fait  venir  devant  vous,  et  principalement  de- 
vant toi,  roi  Agrippa,  afin  qu'après  cet  interrogatoire, 
j'aie  quelque  chose  à  écrire.  ^^En  effet,  il  me  semble 
déraisonnable  d'envoyer  un  prisonnier  sans  signaler 
ce  dont  on  l'accuse. 

Discours  de  Paul  à  Agrippa 

26  ^  Alors  Agrippa  dit  à  Paul  :  Il  t'est  permis  de 
parler  pour  ta  défense.  Paul,  ayant  étendu  la  main, 
se  défendit  ainsi  :  ^Roi  Agrippa,  je  m'estime  heureux 
d'avoir  aujourd'hui  à  me  disculper  devant  toi  de  tout 
ce  dont  les  Juifs  m'accusent,  ^surtout  parce  que  tu 
connais  toutes  les  coutumes  des  Juifs  et  les  questions 
sur  lesquelles  ils  discutent.  Je  te  prie  donc  de  m'é- 
couter  patiemment. 

''Ma  vie,  telle  qu'elle  s'est  écoulée  dès  les  premiers 
temps  de  ma  jeunesse,  au  sein  de  ma  nation  et  à  Jé- 
rusalem, est  connue  de  tous  les  Juifs.  ^Ils  savent 
depuis  longtemps,  s'ils  veulent  en  rendre  témoignage, 
que  j'ai  vécu  en  pharisien,  selon  cette  secte  qui  est 
la;  plus  austère  de  notre  religion.  ^Et  maintenant, 
je  suis  mis  en  jugement  pour  avoir  espéré  en  la  pro- 
messe faite  par  Dieu  à  nos  pères,  ^promesse  dont 
nos  douze  tribus,  qui  servent  Dieu  nuit  et  jour  avec 
ferveur,  attendent  l'accomplissement.  C'est  pour  cette 
espérance,  ô  roi,  que  je  suis  accusé  par  des  Juifs. 
^  Eh  quoi  !  jugez -vous  incroyable  que  Dieu  ressuscite 
les  morts  ?... 

^Moi-même,  il  est  vrai,  j'avais  cru  qu'il  fallait  com- 
battre par  tous  les  moyens  le  nom  de  Jésus  de  Nazareth. 
^^C'est  ce  que  j'ai  fait  à  Jérusalem  :  j'ai  jeté  en  prison 
plusieurs  des  saints,  après  en  avoir  reçu  le  pouvoir  des 
principaux  sacrificateurs  ;  et  lorsqu'on  les  faisait  mou- 
rir, j'y  donnais  mon  suffrage.  ^' Souvent  même, 
allant  d'une  synagogue  à  l'autre,  je  sévissais  contre  eux 
pour  les  contraindre  à  blasphémer.  J'étais  tellement 
transporté  de  fureur  contre  eux,  que  je  les  persécu- 
tais jusque  dans  les  villes  étrangères. 

^^  C'est   ainsi   que  je  me  rendais  à  Damas,   avec 

319 


26:  ^3-26         ACTES  DES  APÔTRES 

pleins  pouvoirs  et  une  autorisation  des  principaux 
sacrificateurs,  lorsque,  sur  la  route,  ^^je  vis,  ô  roi, 
en  plein  midi,  une  lumière  venant  du  ciel,  plus  écla- 
tante que  celle  du  soleil,  et  qui  resplendit  autour  de  moi 
et  de  ceux  qui  m'accompagnaient.  ^"^Nous  tombâmes 
tous  à  terre,  et  j'entendis  une  voix  qui  me  disait,  en 
langue  hébraïque  :  Saul,  Saul,  pourquoi  me  persécutes- 
tu  ?  Il  te  serait  dur  de  regimber  contre  l'aiguillon. 
^•^Je  dis  :  Qui  es-tu.  Seigneur  ?  Le  Seigneur  me  ré- 
pondit :  Je  suis  Jésus,  que  tu  persécutes.  ^•'Mais  re- 
lève-toi, et  tiens-toi  debout  ;  car  je  te  suis  apparu  pour 
t'établir  ministre  et  témoin  des  choses  que  tu  as  vues, 
et  de  celles  pour  lesquelles  je  t'apparaîtrai  encore. 
^  ^ Je  te  protégerai  contre  ce  peuple  et  contre  les  païens 
vers  lesquels  je  t'envoie,  ^^pour  leur  ouvrir  les 
yeux,  afin  qu'ils  passent  des  ténèbres  à  la  lumière  et 
de  la  puissance  de  Satan  à  Dieu,  et  qu'ils  obtiennent, 
par  la  foi  en  moi,  la  rémission  des  péchés,  et  leur  part 
d'héritage  avec  ceux  qui  ont  été  sanctifiés. 

•'•'Dès  lors,  roi  Agrippa,  je  ne  résistai  point  à  la 
vision  céleste;  ^Ojj^ais  j'exhortai  d'abord  ceux  de 
Damas,  ensuite  ceux  de  Jérusalem  et  de  toute  la 
Judée,  puis  les  païens,  à  s^  repentir  et  à  se  convertir 
à  Dieu,  en  faisant  des  œuvrëfe  dignes  de  la  repentance. 
-'Voilà  pourquoi  les  Juifs,  m'ayant  saisi  dans  le  tem- 
ple, se  sont  efforcés  de  me  tuer.  ^^  Grâce  à  la  pro- 
tection de  Dieu,  j'ai  subsisté  jusqu'à  aujourd'hui, 
rendant  témoignage  devant  les  petits*  et  devant  les 
grands,  ne  disant  rien  d'autre  que  ce  que  les  prophètes 
et  Moïse  ont  prédit  devoir  arriver,  --^savoir,  que  le 
Christ  devait  souffrir,  et  qu'étant  le  premier  ressus- 
cité des  morts,  il  devait  annoncer  la  lumière  au 
peuple  et  aux  païens. 

2^  Comme  il  parlait  ainsi  pour  sa  défense,  Festus  dit 
d'une  voix  forte  :  Tu  as  perdu  le  sens,  Paul  !  Ton  grand  " 
savoir  te  met  hors  de  sens.  -''Paul  reprit  :  Je  n'ai  pas 
perdu  le  sens,  excellent  Festus  ;  ce  sont  des  paroles 
de  vérité  et  de  raison  que  je  prononce.  -'^Le  roi  est 
bien  informé  de  ces  faits  ;  aussi,  je  lui  parle  avec  con- 
fiance, car  je  suis  persuadé  qu'il  n'en  ignore  aucun  ; 
tout  cela  ne  s'est  pas  fait  en  cachette. 

320 


ACTES   DES  APÔTRES  26  :  27-27  MO 

2*^  Roi  Agrippa,  crois -tu  aux  prophètes  ?  Je  sais 
que  tu  y  crois  !...  ^^  Agrippa  répondit  à  Paul  :  Tu  vas 
bientôt  me  persuader  de  devenir  chrétien!  ^^Paul 
reprit  :  Plût  à  Dieu  que,  tôt  ou  tard,  non  seulement 
toi,  mais  tous  ceux  qui  m'écoutent  aujourd'hui,  vous 
devinssiez  tels  que  je  suis,  à  l'exception  de  ces  liens  ! 

^^ Alors  le  roi  se  leva,  ainsi  que  le  gouverneur, 
Bérénice,  et  ceux  qui  étaient  assis  avec  eux.  ^^Puis 
s'étant  retirés,  ils  se  disaient  entre  eux  :  Il  n'y  a,  dans 
la  conduite  de  cet  homme,  rien  qui  mérite  la  mort 
ou  la  prison.  ^^  Agrippa  dit  à  Festus  :  Cet  homme 
aurait  pu  être  relâché,  s'il  n'en  eût  appelé  à  César. 

Départ  de  Paul  pour  Rome 

2  7  ^  Quand  il  fut  décidé  que  nous  irions  par  mer  en 
ItaHe,  on  remit  Paul  et  quelques  autres  prisonniers 
à  un  centenier  nommé  Julius,  de  la  cohorte  Augusta. 
2  Etant  montés  sur  un  navire  d'Adramytte,  qui 
devait  longer  les  côtes  de  l'Asie,  nous  partîmes.  Aris- 
tarque,  Macédonien  de  Thessalonique,  était  avec  nous. 
^Le  jour  suivant,  nous  arrivâmes  à  Sidon;  et  Julius, 
qui  traitait  Paul  avec  humanité,  lui  permit  d'aller 
voir  ses  amis  et  de  recevoir  leurs  soins.  ^Puis,  étant 
partis  de  là,  nous  suivîmes  les  côtes  de  l'île  de  Chypre, 
parce  que  les  vents  étaient  contraires.  ^  Après  avoir 
traversé  la  mer  de  Cilicie  et  de  Pamphylie,  nous  arri- 
vâmes à  Myra,  en  Lycie.  ^Là,  le  centenier  trouva  un 
navire  d'Alexandrie,  qui  allait  en  Italie,  et  sur  lequel 
n  nous  fît  monter.  "Après  plusieurs  jours  d'une  navi- 
gation très  lente,  nous  étions  arrivés  à  grand'peine 
vis-à-vis  de  Cnide.  Le  vent  ne  nous  permettant  pas 
d'aborder,  nous  suivîmes  les  côtes  de  l'île  de  Crète, 
vers  Salmone.  ^  Après  l'avoir  longée,  non  sans  diffi- 
culté, nous  vînmes  à  un  endroit  appelé  Beaux-Ports, 
près  de  la  vule  de  Lasée. 

^  Comme  il  s'était  écoulé  beaucoup  de  temps,  et 
que  la  navigation  devenait  dangereuse  —  car  l'époque 
du  Jeûne  (  '  )  était  déjà  passée  — ,  Paul  fit  entendre  ces 
paroles  d'avertissement  :  *  •*  Je  vois  que  la  navigation 

(1)  Le  Jeûne  se  célébrait  vers  la  fin  de  septembre.    On  était  donc  à  l'équi- 
uoxe  d'autonme. 

321  11 


27  ;  1^-24  ACTES   DES  APOTRES 

ne  se  fera  pas  sans  péril  et  sans  grand  dommage,  non 
seulement  pour  la  cargaison  et  le  bâtiment,  mais  aussi 
pour  nos  personnes.  ^^Mais  le  centenier  se  fiait  da- 
vantage au  pilote  et  au  capitaine  du  navire,  qu'à  ce 
que  Paul  disait.  ^^  Comme  le  port  n'était  pas  bon 
pour  hiverner,  la  plupart  furent  d'avis  d'en  repartir 
et  de  tâcher  de  gagner  Phénix,  port, de  la  Crète,  qui 
regarde  le  sud-ouest  et  le  nord-ouest,  pour  y  passer 
l'hiver.  ^^Une  brise  du  sud  s'étant  mise  à  souffler,  ils 
crurent  qu'ils  viendraient  à  bout  de  leur  dessein,  et, 
ayant  levé  l'ancre,  ils  côtoyèrent  de  près  l'île  de  Crète. 

Tempête  et  naufrage 

^"^  Bientôt  après,  un  vent  furieux,  appelé  Eura- 
quilon,  vint  s'abattre  sur  l'île.  ^^Le  navire  se  trouva 
entraîné,  sans  pouvoir  résister,  et  nous  nous  laissâmes 
aller  au  gré  du  vent.  ^^  Ayant  été  poussés  au-dessous 
d'une  petite  île,  appelée  Clauda,  nous  parvînmes 
avec  peine  à  nous  rendre  maîtres  de  la  chaloupe. 
"•^  Après  l'avoir  hissée,  on  prit  des  mesures  de  sûreté. 
On  lia  le  navire  par-dessous  avec  des  cordes  ;  puis, 
dans  la  crainte  d'être  jeté  sur  les  bancs  de  la  Syr- 
te  (*),  on  amena  les  voiles,  et  on  se  laissa  ainsi  emporter 
par  le  vent.  ^^Le  lendemain,  la  tempête  étant  toujours 
aussi  forte,  on  jeta  la  cargaison  à  la  mer.  ^  "-^  Le  troisième 
jour,  nous  jetâmes  de  nos  propres  mains  les  agrès  du 
navire.  ^"^  Pendant  plusieurs  jours,  ni  le  soleil,  ni  les 
étoiles  ne  parurent,  et  la  tempête  restait  toujours  si 
violente,  que  nous  perdîmes  toute  espérance  de  nous 
sauver. 

2^  Comme  il  y  avait  longtemps  qu'on  n'avait  mangé, 
Paul  se  leva  au  milieu  d'eux  et  leur  dit  :  Mes  amis  (2),  il 
aurait  fallu  me  croire,  et  ne  pas  partir  de  Crète  ;  noun 
aurions  évité  ce  péril  et  cette  perte.  22Mais  maintenant, 
je  vous  exhorte  à  prendre  courage  ;  aucun  de  vous  ne 
périra,  et  il  n'y  aura  de  perte  que  ceUe  du  navire.  ^^  En 
effet,  cette  nuit,  un  ange  du  Dieu  à  qui  je  suis  et  que 
je  sers,  m'est  apparu  et  m'a  dit  :  ^^Paul,  ne  crains 
point  ;  il  faut  que  tu  comparaisses  devant  César;  et 

(1)  La  Syrte  ou  les  Syrtes,  bancs  de  sable  sur  les  côtes  septentrionales  de 
l'Airique. 

(2)  lAtt.:  0  hommes. 

322 


ACTES   DES  APÔTRES  27  :  2b-4^ 

voici  que  Dieu  t'a  donné  tous  ceux  qui  naviguent  avec 
toi.  23  C'est  pourquoi,  mes  amis,  ayez  bon  courage, 
car  j'ai  cette  confiance  en  Dieu,  qu'il  en  sera  comme 
il  m'a  été  dit;  ^^mais  il  faut  que  nous  soyons  jetés 
sur  quelque  île. 

2''' C'était  déjà  la  quatorzième  nuit  que  nous  étions 
ballottés  sur  l'Adriatique,  quand,  vers  minuit,  les  ma- 
telots estimèrent  qu'ils  approchaient  de  quelque  terre. 
2^  Ayant  jeté  la  sonde,  Ûs  trouvèrent  vingt  brasses  ; 
un  peu  plus  loin,  ils  la  jetèrent  encore,  et  trouvèrent 
quinze  brasses.  ^^  Alors,  craignant  de  donner  contre 
des  écueils,  ils  jetèrent  quatre  ancres  du  haut  de  la 
poupe,  et  ils  appelaient  de  leurs  vœux  la  venue  du 
jour.  30 Mais  comme  les  matelots  cherchaient  à  s'é- 
chapper du  navire  et  mettaient  la  chaloupe  à  la  mer, 
sous  prétexte  de  jeter  des  ancres  du  côté  de  la  proue, 
3^  Paul  dit  au  centenier  et  aux  soldats  :  Si  ces  hommes 
ne  restent  pas  à  bord,  vous  ne  pouvez  être  sauvés. 
32  Alors  les  soldats  coupèrent  les  cordes  de  la  chaloupe 
et  la  laissèrent  tomber. 

33  Puis,  en  attendant  que  le  jour  vînt,  Paul  les 
exhorta  tous  à  prendre  de  la  nourriture.  C'est 
aujourd'hui,  leur  dit-il,  le  quatorzième  jour  que  vous 
êtes  dans  l'attente,  à  jeun,  sans  avoir  rien  pris.  3-^  Je 
vous  exhorte  donc  à  prendre  de  la  nourriture  ;  car  cela 
est  nécessaire  à  votre  salut.  Aucun  d'entre  vous  ne 
perdra  un  cheveu  de  sa  tête  !  ^^Aydmt  ainsi  parlé,  il 
prit  du  pain  ;  il  rendit  grâces  à  Dieu,  en  présence  de 
tous  ;  puis  il  le  rompit  et  se  mit  à  manger.  36Xous 
alors,  reprenant  courage,  mangèrent  aussi.  37  0r,  nous 
étions  en  tout  deux  cent  soixante-seize  personnes  à 
bord.  38  Quand  ils  se  furent  rassasiés,  ils  allégèrent 
le  navire  en  jetant  les  provisions  à  la  mer. 

3*'Le  jour  venu,  ils  ne  reconnaissaient  pas  la 
terre  ;  mais,  ayant  aperçu  un  goKe  avec  une  plage, 
ils  résolurent  d'y  mettre,  si  possible,  le  navire  à  l'abri. 
^"Ils  coupèrent  donc  les  câbles  des  ancres  qu'ils  aban- 
donnèrent à  la  mer,  et  ils  lâchèrent  les  amarres  des 
gouvernails  ;  puis,  ayant  mis  au  vent  la  voile  d'arti= 
mon,  ils  tâchèrent  de  gagner  le  rivage.  ''^Mais,  étant 
tombés  sur  un  endroit  battu  par  la  mer  des  deux 


27  :  42-28  :  jo         actes  des  apôtres 

côtés,  ils  y  firent  échouer  le  navire  ;  et,  tandis  que 
la  proue  enfoncée  restait  immobile,  la  poupe  était 
brisée  par  la  violence  des  vagues.  -^^Alors  les  soldats 
furent  d'avis  de  tuer  les  prisonniers,  de  peur  que  l'un 
d'eux  ne  vînt  à  s'échapper  à  la  nage.  '^^Mais  le  cen- 
tenier,  voulant  sauver  Paul,  les  empêcha  d'exécuter 
leur  dessein.  Il  ordonna  à  ceux  qui  savaient  nager  de 
se  jeter  à  l'eau  les  premiers  et  de  gagner  la  terre,  '^'^et 
à  ceux  qui  restaient,  de  se  mettre,  les  uns  sur  des  plan- 
ches, les  autres,  sur  quelques  débris  du  navire.  C'est 
ainsi  que  tous  parvinrent  à  terre,  sains  et  saufs. 

Paul  dans  Vîle  de  Malte 

28  ^  Après  avoir  été  ainsi  sauvés,  nous  apprîmes 
que  l'île  s'appelait  Malte.  "^Les  indigènes  nous  témoi- 
gnèrent une  humanité  peu  commune  ;  ils  nous  recueil- 
lirent tous  auprès  d'un  grand  feu  qu'ils  avaient  allumé, 
parce  que  la  pluie  tombait  et  qu'ù  faisait  froid.  ^Paul 
ayant  ramassé  une  brassée  de  bois  sec  et  l'ayant  jetée 
dans  le  feu,  une  vipère  en  sortit  à  cause  de  la  chaleur, 
et  s'attacha  à  sa  main.  ''Quand  les  indigènes  virent 
l'animal  qui  pendait  à  sa  main,  ils  se  dirent  les  uns 
aux  autres  :  Certainement,  cet  homme  est  un  meur- 
trier ;  après  qu'il  a  été  sauvé  de  la  mer,  la  justice 
divine  ne  permet  pas  qu'il  vive  !  ^Mais  Paul,  ayant 
secoué  la  vipère  dans  le  feu,  ne  ressentit  aucun  mal. 
*^Eux  s'attendaient  à  le  voir  enfler,  ou  tomber  mort 
tout  d'un  coup  ;  mais,  après  avoir  longtemps  attendu, 
voyant  qu'il  ne  lui  arrivait  aucun  mal,  ils  changèrent 
de  sentiment  et  dirent  que  c'était  un  dieu. 

^  Il  y  avait,  dans  cet  endroit-là,  des  terres  apparte- 
nant au  premier  personnage  de  l'île,  nommé  Publius; 
celui-ci  nous  reçut  de  la  façon  la  plus  hospitaUère  pen- 
dant trois  jours.  ^Or,  le  père  de  ce  Publius  était  au 
lit,  malade  de  la  fièvre  et  de  la  dysenterie.  Paul  alla  le 
voir,  et,  ayant  prié,  il  lui  imposa  les  mains  et  le  guérit. 
'-'Là-dessus,  tous  les  habitants  de  l'île,  qui  étaient  ma- 
lades, vinrent  à  lui,  et  ils  furent  guéris.  ^^  Aussi  nous 
rendirent-ils  de  grands  honneurs;  et,  à  notre  départ, 
ils  nous  fournirent  ce  qui  nous  était  nécessaire. 

324 


ACTES   DES   APÔTRES  28  :  M-23 

Paul  à  Rome 

^^  Trois  mois  après,  nous  partîmes  sur  un  navire 
d'Alexandrie,  qui  avait  passé  l'hiver  dans  l'île,  et  qui 
avait  pour  enseigne  les  Dioscures  (').  ^^  Arrivés  à  Syra- 
cuse, nous  y  demeurâmes  trois  jours.  ^^De  là,  en 
suivant  la  côte,  nous  atteignîmes  Rhégium.  Le 
lendemain,  le  vent  du  midi  s'étant  levé,  nous  vînmes 
en  deux  jours  à  Pouzzoles.  '''^Nous  y  trouvâmes  des 
frères,  qui  nous  prièrent  de  demeurer  avec  eux  sept 
jours  ;  et  ensuite  nous  allâmes  à  Rome.  ^"^Les  frères 
de  cette  ville,  ayant  entendu  parler  de  nous,  vinrent 
à  notre  rencontre  jusqu'au  Forum  d'Appius  et  aux 
Trois -Tavernes.  Paul,  en  les  voyant,  rendit  grâces  à 
Dieu  et  prit  courage. 

^^  Quand  nous  fûmes  arrivés  à  Rome,  Paul  eut  la 
permission  de  demeurer  à  part,  avec  un  soldat  qui  le 
gardait.  ^" Trois  jours  après,  il  convoqua  les  princi- 
paux des  Juifs.  Quand  Ûs  furent  réunis,  il  leur  dit  : 
Mes  frères,  quoique  je  n'eusse  rien  fait  contre  le  peuple, 
ni  contre  les  coutumes  de  nos  pères,  j'ai  été  arrêté  à 
Jérusalem  et  livré  entre  les  mains  des  Romains. 
^^  Ceux-ci,  après  avoir  examiné  ma  cause,  voulaient 
me  relâcher,  parce  que  je  n'avais  rien  fait  qui  méritât 
la  mort.  ^'-^Mais  les  Juifs  s'y  étant  opposés,  j'ai  été 
contraint  d'en  appeler  à  César,  sans  que  j'aie  dessein 
néanmoins  d'accuser  ma  nation.  ^*^  C'est  pour  ce  motif 
que  j'ai  demandé  à  vous  voir  et  à  vous  parler;  car  c'est 
à  cause  de  l'espérance  d'Israël  que  je  suis  chargé  de 
cette  chaîne.  ^  '  Ils  lui  répondirent  :  Nous  n'avons  pas 
reçu  de  lettres  de  Judée  à  ton  sujet  ;  et  aucun  des 
frères  n'est  venu  faire  un  rapport  ou  dire  du  mal  sur 
ton  compte.  ^-Cependant,  nous  voudrions  bien  ap- 
prendre de  toi  ce  que  tu  penses  ;  car,  pour  ce  qui  est 
de  cette  secte,  nous  savons  qu'elle  rencontre  partout 
de  l'opposition. 

^^  Ayant  pris  jour  avec  lui,  ils  vinrent  en  plus  grand 
nombre  le  trouver  dans  son  logis.  Depuis  le  matin  jus- 
qu'au soir,  il  rendait  son  témoignage  ;  il  les  entretenait 
du  royaume  de  Dieu,  et  il  s'efforçait  de  les  persuader, 

(1)  Oastor  et  Pollux,  deux  héros  de  la  mythologie  grecque. 

325 


28  :  2;- 31  ACTES    DES   APÔTRES 

par  la  loi  de  Moïse  et  par  les  prophètes,  de  ce  qui  con- 
cerne Jésus. 

^^Les  uns  furent  persuadés  de  ce  qu'il  disait  ;  les 
autres  ne  crurent  point.  '^^  Comme  ils  n'étaient  pas 
d'accord  entre  eux,  et  qu'ils  se  retiraient,  Paul  se 
borna  à  leur  citer  la  prophétie  en  ces  mots  :  Elle 
était  bien  vraie  la  parole  que  l'Esprit  saint  fit  en- 
tendre à  nos  pères,  par  le  moyen  d'Ésaïe,  le  pro- 
phète, quand  il  leur  dit  :  ^e  «  y^  vers  ce  peuple,  et 
dis -lui  :  Vous  entendrez  de  vos  oreilles,  et  vous  ne 
comprendrez  point  ;  vous  regarderez  de  vos  yeux, 
et  vous  ne  verrez  point.  2"  Car  le  cœur  de  ce  peuple 
s'est  appesanti.  Ils  ont  endurci  leurs  oreilles,  et  ils 
ont  fermé  leurs  yeux,  de  peur  qu'ils  ne  voient  de 
leurs  yeux,  qu'ils  n'entendent  de  leurs  oreilles, 
qu'ils  ne  comprennent  de  leur  cœur,  qu'ils  ne  se  con- 
vertissent, et  que  je  ne  les  guérisse  (.').  »  ^^ Sachez 
donc  que  ce  salut  de  Dieu  a  été  envoyé  aux  païens  : 
ceux-là  l'écouteront.  ^^  [Lorsqu'il  eut  dit  cela,  les  Juifs 
s'en  allèrent,  discutant  vivement  entre  eux.]  («) 

^^Paul  demeura  deux  ans  entiers  dans  un  logement 
qu'il  avait  loué.  Il  recevait  tous  ceux  qui  venaient  le 
voir,  ^'prêchant  le  royaume  de  Dieu,  et  enseignant 
ce  qui  concerne  le  Seigneur  Jésus-Christ,  avec  une 
entière  liberté  et  sans  aucun  empêchement. 


(a)  Ce  verset  ne  se  trouve  pas  dans  plusieurs  anciens  manuscrits. 
(1)  Ésaïe  6  :  9-10.  —  Comp.  Matth.  13  :  14-15. 


326 


mam,