SAINTS EVANGILES
DE
NOTRE SEIGNEUR JESUS-CHRIST
LES ACTES DES APOTRES
VERSION SYNODALE
DEUXIÈME ÉDITION
PARIS
SOCIÉTÉ BIBLIQUE DE FRANGE
5, Rue Paul-Loui8-Courier, 5
1914
LES
SAINTS ÉVANGILES
DU
NOTRE SEIGNEUR JESUS-CHRIST
LES ACTES DES APOTRES
VERSION SYNODALE
PARIS
SOCIÉTÉ BIBLIQUE DE FRANGE
5, Rue Paul-Louis-Gourier , 5
1914
ÉVANGILE
sUlon
SAINT MATTHIEU
Généalogie et naissance de Jésus (Chapitres 1 et 2)
Généalogie de Jésus-Christ
^ Généalogie de Jésus-Christ, fils de David, fils
d'Abraham :
^Abraham fut père d'Isaac ; Isaac, de Jacob ;
Jacob, de Juda et de ses frères. ^ Juda eut de Thamar
Pharez et Zara. Pharez fut père d'Esrom ; Esrom,
d' Aram ; ' Aram, d' Aminadab ; Aminadab, de Naas-
son ; Naasson, de Salmon. -^ Salmon eut de Rahab
Booz. Booz eut de Ruth Obed. Obed fut père de Jessé ;
^ Jessé, du roi David.
David fut père de Salomon, qu'il eut de la femme
d'Urie. 'Salomon fut père de Roboam ; Roboam,
d' Abia ; Abia, d' Asa ; ^ Asa, de Josaphat ; Josaphat,
de Joram ; Joram, d'Ozias. '-^Ozias fut père de Joa-
tham ; Joatham, d'Achaz ; Achaz, d'Ezéchias. '"Ezé-
chias fut père de Manassé ; Manassé, d'Amos ; Amos,
de Josias. ^ ' Josias fut père de Jéchonias et de ses
frères, au temps de la déportation à Babylone.
^- Après la déportation à Babylone, Jéchonias fut
père de Salathiel ; Salathiel, de Zorobabel ; '-^Zoro-
babel, d'Abiud ; Abiud, d'Éliakim ; Éliakim, d'Azor.
^ '' Azor fut père de Sadoc ; Sadpc, d' Achim ; Achim,
d'Éliud; ^''Éliud, d'Éléazar ; Éléazar, de Matthan ;
Matthan, de Jacob. "^ Jacob fut père de Joseph,
l'époux de Marie, de laquelle est né Jésus, qui est
appelé Christ (').
O) Christ, mot gi-ec qui équivaut au mot Messit;, et qui signifie OiJit.
1
1 M 7-2 : 2 SAINT MATTHIEU
^^11 y a donc en tout, depuis Abraham jusqu'à
David, quatorze générations ; depuis David jusqu'à
la déportation à Babylone, quatorze générations ;
et de la déportation à Babylone jusqu'au Christ, qua-
torze générations.
Naissance de Jésus-Christ
^^Or, la naissance de Jésus-Christ arriva ainsi :
Marie, sa mère, ayant été fiancée à Joseph, se trouva
enceinte par la vertu de l'Esprit saint, avant qu'ils
fussent ensemble. '-'Alors Joseph, son époux, qui était
homme de bien et ne voulait pas l'exposer à la honte,
résolut de la répudier sans bruit. ^^'Mais, comme il y
pensait, voici qu'un ange du Seigneur lui apparut en
songe et lui dit : Joseph, fils de David, ne crains point
de prendre Marie pour ta femme ; car l'enfant qu'elle
a conçu vient de l'Esprit saint. ^' Elle enfantera un
fils, et tu lui donneras le nom de Jésus ( ' ) ; car c'est
lui qui sauvera son peuple de ses péchés ('^). ^^Tout
cela arriva afin que s'accomplît ce que le Sjeigneur
avait dit par la bouche du prophète : « --^La vierge sera
enceinte; elle enfantera un fils, et on le nommera
Emmanuel (^) » — ^ ce qui signifie : Dieu avec nous. —
^''Joseph, s'étant réveillé de son sommeil, fit comme
l'ange du Seigneur lui avait commandé, et il prit sa
femme avec lui. -"'Mais il ne la connut point, jusqu'à
ce qu'elle eût enfanté un fils, auquel il donna le nom
de Jésus.
Les Mages et Hérode. — La fuite en Egypte
2 ' Jésus étant né à Bethléhem, en Judée, — aux jours
du roi Hérode (^), — des mages d'Orient (•') arrivèrent à
Jérusalem, ^et ils dirent : Où est le roi des Juifs qui
vient de naître ? Car nous avons vu son étoile en Orient,
(1) Jésus signifie Sauveur.
(2) Littéralement : de leurs péchés.
(3) Ésaïe 7 : 14.
(4) Le roi Hérode le Grand gouvernait la Palestine sous l'autorité de l'em-
pereur romain.
(5) Les mages étaient, chez les Chaldéens, les Mèdes et les Perses, des prêtres
ou des savants, qui cherchaient à connaître l'avenir en observant les astres.
SAINT MATTHIEU 2 : 3- 1b
et nous sommes venus l'adorer. ^A cette nouvelle, le
roi Hérode fut troublé, et tout Jérusalem avec lui.
'' Ayant rassemblé tous les principaux sacrificateurs et
les scribes du peuple (^), il s'informa auprès d'eux du
lieu où le Christ devait naître, ° Ils lui dirent : C'est à
Bethléhem, en Judée ; car voici ce qui a été écrit par
le prophète : « ^' Et toi, Bethléhem, terre de Juda, tu
n'es certainement pas la moindre entre les principales
villes de Juda ; car c'est de toi que sortira le chef qui
paîtra Israël, mon peuple (-)« »
''Alors Hérode, ayant appelé les mages en secret,
s'enquit exactement auprès d'eux du temps où l'étoile
était apparue ; ^et, les envoyant à Bethléhem, il leur
dit : Allez, prenez des informations exactes sur ce
petit enfant ; et, quand vous l'aurez trouvé, faites-le-
moi savoir, afin que j'aille, moi aussi, l'adorer. ^ Après
avoir entendu le roi, les mages partirent. Et voici
que l'étoile, qu'ils avaient vue en Orient, allait devant
eux, jusqu'au moment où, arrivée au-dessus du lieu où
se trouvait le petit enfant, elle s'arrêta. ^'- A la vue de
l'étoile, ils eurent une fort grande joie. ' ' Etant entrés
dans la maison, ils virent le petit enfant avec Marie,
sa mère; et, se prosternant devant lui, ils l'adorèrent.
Puis-ils ouvrirent leurs trésors, et ils lui présentèrent
des dons, de l'or, de l'encens et de la myrrhe. ^^ En-
suite, ayant été divinement avertis par un songe de
ne pas retourner auprès d'Hérode, ils se retirèrent
dans leur pays par un autre chemin.
^•^ Après qu'Us furent partis, voici qu'un ange du
Seigneur apparut en songe à Joseph, et lui dit :
Lève-toi ! Prends le petit enfant et sa mère, fuis en
Egypte, et reste là jusqu'à ce que je te parle ; car,
Hérode cherchera le petit enfant pour le faire mourir.
"Alors Joseph, s'étant levé, prit pendant la nuit le
petit enfant et sa mère; et il se retira en Egypte. ^^11
y demeura jusqu'à la mort d'Hérode ; ainsi fut
accompli ce que le Seigneur avait dit par le prophète :
«J'ai appelé mon fils hors d'Egypte (^). »
(1) Les scribes étaient des docteurs chargés de copier et d'interpréter la Loi.
(2) Michée 5 : 2. — Ézécla. 34 : 23.
(3) Osée 11 : 1.
2 : 16-3 : 3 SAINT MATTHIEtr
^^ Quand Hérodg vit qu'il avait été joué par les
mages, il fut fort en colère ; et il envoya tuer tous les
enfants qui étaient dans Bethléhem et dans tout son
territoire, depuis l'âge de deux ans et au-dessous,
d'après la date exacte que les mages lui avaient
fait connaître. ^^ Alors s'accomplit ce qui avait été
dit par Jérémie, le prophète: ^^-«Un cri a été en-
tendu dans Rama, des lamentations et de grands
gémissements : c'est Rachel qui pleure ses enfants,
et qui ne veut pas être consolée, parce qu'ils ne sont
plus (^). »
^^Mais après qu'Hérode fut mort, voici qu'un ange
du Seigneur apparut en songe à Joseph, en Egypte;
^^et il lui dit : Lève-toi, prends le petit enfant et sa
mère, et retourne au pays d'Israël ; car ceux qui en
voulaient à la vie du petit enfant sont morts. ^^ Joseph
s' étant levé, prit le petit enfant et sa mère, et
il rentra dans le pays d'Israël. ^^Mais quand il sut
qu'Archélaiis régnait sur la Judée à la place d'Hérode,
son père ("^), il n'osa pas y aller. Ayant été divine-
ment averti en songe, il se retira dans le territoire de
la Galilée, ^-^et il alla demeurer dans une ville appelée
Nazareth. Ainsi fut accompli ce qui avait été dit
par les prophètes : « Il sera appelé Nazaréen (^). »
Préparation du ministère de Jésus (3 : i à 4 : il)
Ministère et prédication de Jean- Baptiste
(Voy. Marc 1 : 1-8 ; Luc 3 : 1-20)
3 ^En ce temps-là parut Jean-Baptiste, prêchant
dans le désert de la Judée : ^ et il disait : Repentez -vous,
car le royaume des cieux est proche! -^ C'est de lui
qu'Esaïe le prophète a parlé, quand il a dit : « Une
voix crie dans le désert : Préparez le chemin du Sei-
(1) Jérémie 31 : 15.
(2) Archélaiiy, uu des fils d'Hérode le Graud, avait le goiiveruement de la
Samarie, de la Judée et de ITdumée. — La G-alilée était gouvernée par Hérode
Antipas, un autre fils d'Hérode le Grand.
, (3) Voyez isaïe H : 1, où le mot surgeon traduit l'hébreu nétsèr, et comparez
Esaïe 53 : 2 ; Jérémie 83 : 15. — D'autres voient ici une allusion au mot
^azir qui signifie pri7ice. (Voir Gen. 49 : 26 et Deut. 33 : 16)
SAINT MATTHIEU " 3 : 4-^6
gneur, aplanissez ses sentiers ('). » ''Or Jean avait
un vêtement de poil de chameau, et une ceinture de
cuir autour des reins ; il se nourrissait de sauterelles
et de miel sauvage. -^ Alors les habitants de Jérusalem,
de toute la Judée et de toute la région du Jourdain,
allaient à lui ; ^ et, confessant leurs péchés, ils étaient
baptisés par lui dans les eaux du Jourdain.
^ Comme il voyait beaucoup de pharisiens (-) et de
sadducéens (•^) venir à son baptême, il leur dit : Race
de vipères, qui vous a appris à fuir la colère à venir ?
^Produisez donc des fruits dignes d'une vraie repen-
tance(-^)! ^Et n'allez pas dire en vous-mêmes: Nous
avons. Abraham pour père ; car je vous dis que, de ces
pierres, Dieu peut faire naître des enfants à Abraham.
^^Déjà la cognée est mise à la racine des arbres; tout
arbre donc, qui ne produit pas de bons fruits, va être
coupé et jeté au feu. ^^ Quant à moi, je vous baptise
d'eau, pour la repentance, mais celui qui vient après
moi est plus puissant que moi, et je ne suis pas digne
de porter ses chaussures : c'est lui qui vous baptisera
d'Esprit saint et de feu. ^-11 a son van dans sa main; il
nettoiera parfaitement son aire, et il amassera son
froment dans le grenier ; mais il brûlera la paille au
feu qui ne s'éteint point.
Baptême de Jésus-Christ
(Voy. Marc 1 : 9-11 ; Luc 3 : 21-22 ; Jean 1 : 32-34)
^^ Alors Jésus vint de la Galilée au Jourdam vers
Jean, pour être baptisé par lui. ^^Mais Jean s'y oppo-
sait, en disant : C'est moi qui ai besoin d'être baptisé
par toi, et tu viens à moi! ^^ Jésus lui répondit:
Laisse faire pour le moment, car il est convenable que
nous accompHssions ainsi toute justice. Alors Jean le
laissa faire. ^^Dès qu'il eut été baptisé, Jésus sortit
(1) Ésaïe 40 : 3.
(2) Les pharisiens formaient uu parti nombreux et puissant, très attaché aux
traditions religieuses et nationales.
(3) Les sadducéens formaient un parti qui était opposé à celui des pharisiens,
et qui se recrutait dans les hautes classes et le sacerdoce. Ils étaient moins for-
malistes que les pharisiens, mais ils n'avaient ui leur zèle religieux, ni leur
patriotisme.
(4) Litt. : de la repentance.
3 M 7-4 M 2 SAINT MATTHIEU
de l'eau ; et, voici que les cieux s'ouvrirent, et
il vit l'Esprit de Dieu descendre comme une co-
lombe et venir sur lui. ^^ Aussitôt une voix se fit en-
tendre des cieux, disant : Celui-ci est mon Fils bien-
aimé, en qui j'ai mis toute mon affection.
La tentation
(Voy. Marc 1 : 12-13 ; Luc 4 : 1-13)
4 ''Alors Jésus fut emmené par l'Esprit dans le désert,
pour être tenté par le Diable. ^11 jeûna quarante jours
et quarante nuits ; et après cela, il eut faim. ^Le ten-
tateur, s'approchant, lui dit : Si tu es le Fils de Dieu,
ordonne que ces pierres deviennent des pains. ''Jésus
répondit : Il est écrit : « L'homme ne vivra pas seule-
ment de pain, mais de toute parole qui sort de la
bouche de Dieu ('). »
''Alors le Diable le transporta dans la ville sainte (2) ;
il le mit sur le faîte du temple, *^et il lui dit : Si tu es
le Fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit : « Il
ordonnera à ses anges de veiller sur toi, et ils te porte-
ront dans leurs mains, de peur que ton pied ne heurte
contre quelque pierre (•'). )> "^ Jésus lui dit : Il est aussi
écrit : « Tu ne tenteras point le Seigneur, ton Dieu (^). »
^Le Diable le transporta encore sur une montagne
très haute ; il lui montra tous les royaumes du monde
et leur gloire, '' et il lui dit : Je te donnerai toutes ces
choses, si, te prosternant devant moi, tu m'adores.
^^ Alors Jésus lui dit : Retire-toi, Satan, car il est écrit :
« Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et tu ne rendras de
culte qu'à lui seul ("'). » ^' Alors le Diable le laissa ;
et voici que des anges s'approchèrent, et ils se
mirent à le servir.
Ministère de Jésus en Galilée (4 : 12 à 18 : 35)
Jésus commence son ministère. — Les premiers disciples
(Voy. Marc 1 : 14-20 ; Luc 4 : 14-15)
^^Or Jésus, ayant appris que Jean avait été mis
(Ij Deut. 8 : 3. — (2) Jérusalem. — (3) Psaïune 91 : 11-12,
(4) Deut, 6 : 16, — (5) Yoy, Deut. 6 : 13.
SAINT MATTHIEU 4 : 1 3-25
en prison, se retira dans la Galilée. ^ ^ Il quitta Nazareth
et vint demeurer à Capernaiim ('), ville proche de la
mer, sur les confins de Zabulon et de Nephthali.
^'* Ainsi fut accomph ce qui avait été dit par Esaïe,
le prophète : « ^ '' La terre de Zabulon et de Nephthali,
sur le chemin de la mer, — le pays au-delà du Jourdain,
la Galilée -des Gentils... — '^'ce peuple, assis dans les
ténèbres, a vu resplendir une grande lumière ; et sur
ceux qui étaient assis dans la région et dans l'ombre
de la mort, une lumière s'est levée (-) ! »
'^Dès lors, Jésus commença à prêcher et à dire :
Repentez -vous ; car le royaume des cieux est proche.
^^ Comme il marchait le long de la mer de GaHlée,
il vit deux frères, Simon appelé Pierre, et André, son
frère, qui jetaient le filet dans la mer ; car ils étaient
pêcheurs. ^^Et il leur dit : Suivez-moi, et je vous ferai
pêcheurs d'hommes. ^'^ Aussitôt, laissant leurs filets,
ils le suivirent. ^'De là, il s'avança plus loin et vit
deux autres frères, Jacques, fils de Zébédée, et Jean,
son frère, qui raccommodaient leurs filets dans leur
barque, avec Zébédée leur père ; et il les appela.
^^ Aussitôt, laissant la barque et leur père, ils le sui-
virent.
-^ Jésus allait par toute la Galilée, enseignant dans
les synagogues (^), prêchant l'Évangile du royaume (^),
et guérissant toute sorte de maladies et d'infirmités
parmi le peuple. ^''Sa renommée se répandit par toute
la S5rrie; on vint lui présenter tous ceux qui étaient
malades ou atteints de divers maux et de divers tour-
ments, des démoniaques, des lunatiques, des para-
lytiques, et il les guérit. ^'Et de grandes foules le
suivirent de la Galilée, de la Décapole, de Jérusalem,
de la Judée, et du pays au delà du Jourdain.
(1) Capernaum, ville sur les bords du lac de Tibériade ou de Génézareth,
appelé aussi : mer de GalUée.
(2) Ésaïe 8 : 23 et 9 : 1.
(3) Litt. : leurs synagogues. C'était le nom des édifices religieux où les Juifs
se réunissaient, pour entendre la lecture et l'explication de la Loi et des prophètes,
et pour prier.
(4) Royaume des cieux ou de Dieu. (Voy. verset 17)
7
5 : ^-^8 SAINT MATTHIEir
Le Sermon sur la montagne
(Oomp. Luc 6 : 20-49)
Les béatitudes
3 ^ Jésus, voyant la foule, alla sur la montagne ; et,
quand il se fut assis, ses disciples s'approchèrent de
lui.
^ Alors, ouvrant la bouche, il se mit à les enseigner,
en disant :
^ Heureux les pauvres en esprit ; car le royaume
des cieux est à eux!
'* Heureux ceux qui pleurent ; car ils seront consolés !
^Heureux les débonnaires ; car ils hériteront la
terre !
^Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice ;
car ils seront rassasiés!
^Heureux les miséricordieux ; car ils obtiendront
miséricorde !
^Heureux ceux qui ont le cœur pur ; car ils verront
Dieu!
^ Heureux ceux qui procurent la paix ; car ils seront
appelés fils de Dieu!
^"Heureux ceux qui sont persécutés pour la jus-
tice ; car le royaume des cieux est à eux !
^'Vous serez heureux, lorsqu'on vous outragera,
qu'on vous persécutera, et qu'on dira faussement
contre vous toute sorte de mal à cause de moi. ^ '^ Ré-
jouissez-vous et tressaillez de joie, parce que votre
récompense sera grande dans les cieux ; car c'est ainsi
qu'on a persécuté les prophètes qui sont venus avant
vous.
Le sel de la terre et la lumière du monde
-(Voy. Marc 9 : 50 ; Luc 14 : 34-35 ; 8 : 16]
'3 Vous êtes le sel de la terre ; mais si le sel perd sa
saveur, avec quoi la lui rendra-t-on ? Il n'est plus
bon qu'à être jeté dehors et foulé aux pieds par les
hommes. ^'' Vous êtes la lumière du monde : une ville
située sur une montagne ne peut être cachée, ^^et on
n'allume pas une lampe pour la mettre sous le bois-
8
SAINT MATTHIEU 5:46-24
seau ; mais on la met sur un support, et elle éclaire
tous ceux qui sont dans la maison. ^*^Que votre lu-
mière luise aiQsi devant les hommes, afin qu'ils voient
vos bonnes œuvres, et qu'ils glorifient votre Père
qui est dans les cieux.
La loi et les prophètes
(Voy. Luc 16 : 17 ; 12 : 58-59; 16 : 18)
'^Ne pensez pas que je sois venu abolir la loi ou
les prophètes : je suis venu, non pour abolir, mais pour
accomplir. ^^En effet, je vous le dis en vérité, avant
que le ciel et la terre aient passé, il ne passera de la
loi ni un iota (^) ni un trait de lettre, jusqu'à ce que
tout soit accompli. ^•' Celui donc qui violera l'un de
ces plus petits commandements, et qui enseignera aux
hommes à les violer, sera appelé le plus petit dans le
royaume des cieux ; mais celui qui les observera et
qui les enseignera, celui-là sera appelé grand dans le
royaume des cieux. ^^'Car je vous dis que, si votre
justice ne surpasse celle des scribes et des phari-
siens, vous n'entrerez point dans le royaume des
cieux.
^ ' Vous avez entendu qu'il a été dit aux anciens :
« Tu ne tueras point » ; et : « Celui qui aura tué sera
jugé par le tribunal (-). )> ^-Mais moi, je vous dis :
Quiconque se met en colère contre son frère, sera jugé
par le tribunal ; et celui qui dira à son frère : Raca (•^),
sera jugé par le sanhédrin (^) et celui qui lui dira :
Fou, sera passible de la géhenne du feu ('). -^Si donc
tu apportes ton offrande à l'autel, et que là tu te sou-
viennes que ton frère a quelque chose contre toi,
^Uaisse là ton offrande devant l'autel, et va première-
(1) 'L'iota, qui correspond à notre i, est la plus petite lettre de l'alphabet grec.
D eu était de même, eu hébreu, de Viod.
(2) Exode 30 : 13 ; SI : 12.— Comp. Deut. 16 : 18.
(3) Mot injmieux, eu araméen, qui signifie probablement vide (d'intelligence).
(4) Le sanhédrin, conseil composé de soixante-et-dix membres, était la plus
haute juridiction chez les Juifs, pour les affaù-es pohtiques, civiles et religieuses.
(5) Le mot géhenne désignait originairement la vaUée de Hinnom, en hébreu
Ghé-Hinnom, au sud de Jérusalem, où l'on avait autrefois fait passer des victimes
par le feu pour les offrir en holocauste à Moloch. Au temps de Jésus-Ohrist, on
y brûlait les immondices de la ville.
9
5 : 23-39 SAINT MATTHIEU
ment te réconcilier avec ton frère ; après cela, viens et
présente ton offrande. ^^Accorde-toi au plus tôt avec
ton adversaire, pendant que tu es en chemin avec lui,
de peur qu'il ne te livre au juge, que le juge ne te
livre au sergent, et que tu ne sois mis en prison. "^^En
vérité, je te le dis, tu ne sortiras pas de là, que tu n'aie&
payé jusqu'à la dernière obole (^).
^^Vous avez entendu qu'il a été dit : « Tu ne com-
mettras point d'adultère (^). » ^^Mais moi, je vous dis -,
Quiconque jette sur une femme un regard de convoi-
tise, a déjà commis l'adultère avec elle dans son cœur.
-'^ Si donc ton œil droit te fait tomber dans le péché, ar-'
rache-le et jette-le loin de toi ; car il vaut mieux pour
toi qu'un de tes membres périsse, que si tout ton corps
était jeté dans la géhenne. ^*'Si ta main droite te
fait tomber dans le péché, coupe-la et jette-la loin de
toi ; car il vaut mieux pour toi qu'un de tes membres
périsse, que si tout ton corps allait dans la géhenne.
^^ Il a été dit : « Si quelqu'un répudie sa femme,
qu'il lui donne une lettre de divorce {'^). » ^^Mais moi,
je vous dis : Quiconque répudie sa femme, si ce n'est
pour cause d'inconduite, l'expose à devenir adultère ;
et quiconque aura épousé une femme répudiée, commet
un adultère.
^^Vous avez encore entendu qu'il a été dit aux an-
ciens : (( Tu ne te parjureras point, mais tu t'acquitteras
envers le Seigneur de tes serments (''). )> -^^Mais moi,
je vous dis de ne point jurer du tout : ni par le ciel,
car c'est le trône de Dieu ; ^^ni par la terre, car c'est
son marchepied ; ni par Jérusalem, car c'est la ville
du grand Roi. ^^Ne jure pas non plus par ta tête,
car tu ne peux rendre un seul de tes cheveux blanc ou
noir. ^^Mais que votre parole soit : oui, oui ; non, non.
Ce qu'on dit de plus vient du Malin.
^^Vous avez entendu qu'il a été dit : «Œil pour
œil, et dent pour dent (^). » ^^Mais moi, je vous dis
de ne pas résister au méchant. Au contraire, si quel-
(1) Litt. : quadrant ou quart de l'as. L'as valait un peu plus de six cen-
times, et le quadrant, un centime et demi.
(2) Exode 30 : 14.
(3) Deut. S4 : 1. — (4) Nomb. 30 : 3. — (5) Lévit. 34 : 20.
10
SAINT MATTHIEU 5 : 40-6 : 3
qu'un te frappe à la joue droite, présente-lui aussi
l'autre ; ''"si quelqu'un veut plaider contre toi pour
t'enlever ta tunique, laisse-lui encore le manteau ;
''•et si quelqu'un veut te contraindre de faire un
mille (') avec lui, fais-en deux. ^- Donne à celui qui
te demande, et ne te détourne pas de celui qui veut
emprunter de toi.
''•^ Vous avez entendu qu'il a été dit : « Tu aimeras
ton prochain (-) », et tu haïras ton ennemi -^Mais moi,
je vous dis : Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui
vous persécutent, '^^afîn que vous soyez les fils de
votre Père qui est dans les cieux ; car il fait lever son
soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir
sur les justes et sur les injustes.
^^Si vous n'aimez que ceux qui vous aiment, quelle
récompense en aurez- vous ? Les péagers {'^) n'en font-
ils pas autant ? ^ ' Et si vous ne faites accueil qu'à vos
frères, que faites- vous d'extraordinaire ? Les païens
même n'en font-ils pas autant ? '''^ Soyez donc par-
faits, comme votre Père céleste est parfait.
L'aumône, la prière {Oraison dominicale)
et le jeûne
(Voy. Lnc 11 : 1-4)
6 'Gardez-vous de pratiquer votre justice {'') de-
vant les hommes pour être remarqués par eux. Autre-
ment, il n'y a pas pour vous de récompense auprès
de votre Père qui est dans les cieux.
'^ Quand donc tu feras l'aumône, ne fais pas sonner
la trompette devant toi, comme font les hyjoocrites
dans les synagogues et dans les rues, afin d'être honorés
des hommes. En vérité, je vous le dis, ils ont leur
récompense. ^Mais toi, quand tu fais l'aumône, que
ta main gauche ne sache pas ce que fait ta main droite,
(1) Un mille, unité de mesure itinéraire chez les anciens, soit miUe pas.
(2) Lévit. 19 : 18.
(3) Les péagers ou publicains, chargés par les Romains de percevoir les impôts,
formaient une classe méprisée.
(4) Le mot justice désignait, chez les Juifs, les œuvres méritoù'es à leurs yeux,
en particulier l'aumône.
11
6:4-16 SAINT MATTHIEU
'^ afin que ton aumône se fasse en secret ; et ton Père,
qui voit dans le secret, te le rendra.
^ Quand vous priez, ne soyez pas comme les hypo-
crites ; car ils aiment à prier en se tenant debout dans
les synagogues et aux coins des places, afin d'être vus
des hommes. En vérité, je vous le dis, ils ont leur
récompense. ^Mais toi, quand tu pries, entre dans ta
chambre ; et, après avoir fermé ta porte, prie ton Père
qui est là, dans le secret ; et ton Père, qui voit dans
le secret, te le rendra.
^Lorsque vous priez, n'usez pas de vaines redites,
comme font les païens, qui pensent être exaucés en
parlant beaucoup. ^Ne leur ressemblez donc pas ; car
votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant que
vous le lui demandiez. ^Vous donc priez ainsi :'
Notre Père qui es aux cieux.
Que ton nom soit sanctifié ;
^ *^ Que ton règne vienne ;
Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel !
^^ Donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien (') ;
^^Pardonne-nous nos offenses, comme aussi nous
pardonnons à ceux qui nous ont offensés (^) ;
^^Ne nous expose pas à la tentation, mais délivre-
nous du mal ! (^)
[Car c'est à toi qu'appartieiînent, dans tous Jes
siècles, le règne, la puissance et la gloire. Amen!] (")
^^En effet, si vous pardonnez aux hommes leurs
fautes, votre Père céleste vous pardonnera aussi
les vôtres. ^"^Mais si vous ne pardonnez pas aux hom-
mes leurs fautes, votre Père ne vous pardonnera pas
non plus vos fautes.
^ ^ Quand vous jeûnez, n'ayez pas un air triste, comme
font les hypocrites ; car ils donnent à leur visage un air
tout défait, pour montrer aux hommes qu'ils jeûnent.
En vérité, je vous le dis, ils ont leur récompense.
(a) Cette conclusiou manque dans les plus anciens manuscrits.
(1) D'autres tradmsent : le pain de demain, c'est-à-dire : qui nous est néces-
saire pour demain ; ou : le pain nécessaire à notre subsistance.
(2) Litt. : Remets-nous nos dettes, comme nous remettons les leurs à nos débi-
teurs.
(3) Ou : du Malin.
12
SAINT MATTHIEU 6 : 1 7-29
^^Mais toi, quand tu jeûnes, oins ta tête et lave ton
visage, ^^afin que les hommes ne voient pas que tu
jeûnes, mais seulement ton Père qui est là, dans le
secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra.
Les vrais trésors. — Uœil sain
^^Ne vous amassez pas des trésors sur la terre, où
les vers et la rouille détruisent, et où les voleurs per-
cent et dérobent ; -'^'mais amassez -vous des trésors
dans le ciel, où ni les vers ni la rouille ne détruisent,
et où les voleurs ne percent ni ne dérobent. ~ ' Car où
est ton trésor, là aussi sera ton cœur.
-^ L'œil est la lampe du corps. Si ton œil est sain,
tout ton corps sera dans la lumière ; ^-^mais si ton œil
est mauvais, tout ton corps sera dans les ténèbres. Si
donc la lumière qui est en toi n'est que ténèbres, com-
bien seront grandes ces ténèbres !
Les soucis
(Yoy. Luc 16 : 13 ; 12 : 22-31)
2^ Nul ne peut servir deux maîtres ; car ou il haïra
l'un et aimera l'autre, ou il s'attachera à l'un et mé-
prisera l'autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mam-
mon (').
^■'' C'est pourquoi, je vous dis : Ne soyez point en
Ibuci, pour votre vie, de ce que vous mangerez ou de
ce que vous bokez ; ni, pour votre corps, du vêtement
que vous lui donnerez. La vie n'est-elle pas plus que la
nourriture, et le corps plus que le vêtement ? -''Regar-
dez les oiseaux du ciel : ils ne sèment, ni ne moissonnent,
ils n'amassent rien dans des greniers; et votre Père
céleste les nourrit ! Ne valez -vous pas beaucoup plus
qu'eux ?
^'D'aiUeurs, qui d'entre vous peut ajouter par
son souci une coudée (-) à sa taille (•■ ) ? -^Et quant au
vêtement, pourquoi vous en inquiétez-vous ? Laissez-
vous instruire par les lys des champs. Voyez com-
ment ils croissent : ils ne travaillent ni ne filent. ^^Et
(1) Mammon : mot araméen qui signifie richesse.
(2) La coudée équivalait à 50 centimètres environ.
(3) D'autres traduisent : à la durée de sa vie.
13
6 : 30-7 : ii SAINT MATTHIEU
cependant, je vous dis que Salomon même, dans
toute sa gloire, n'a pas été vêtu comme l'un d'eux.
^^Si Dieu revêt ainsi l'herbe des champs, qui est au-
jourd'hui et qui demain sera jetée au four, combien
plutôt vous vêtira-t-il, ô gens de peu de foi ! -^ ^ Ne
vous mettez donc point en souci, en disant : Que
mangerons-nous ? Que boirons-nous ? De quoi serons-
nous vêtus ? -^^ Car toutes ces choses, ce sont les
païens qui les recherchent. Or, votre Père céleste sait
que vous avez besoin de tout cela. -^^ Cherchez pre-
mièrement son royaume et sa justice, et toutes ces
choses vous seront données par-dessus. ^'Ne vous
mettez donc pas en souci pour le lendemain ; car le
lendemain aura soin de ce qui le concerne. A chaque
jour suffit sa peine.
Les Jugements
7 ^ Ne jugez point, afin que vous ne soyez pas jugés ;
^ car on vous jugera comme vous jugez, et on se ser-
vira pour vous de la mesure avec laquelle vous mesurez. . .
^Pourquoi regardes-tu la paille qui est dans l'œil de
ton frère, tandis que tu n'aperçois pas la poutre qui
est dans ton œil ? '' Ou comment dis-tu à ton frère :
Laisse-moi ôter cette paille de ton œil, toi qui as une
poutre dans le tien? '"^ Hypocrite ! Ote premièrement
la poutre de ton œil, et alors tu verras à ôter la paille
de l'œil de ton frère.
Exhortations diverses
(Voy. Luc 11 : 9-13; 13 : 24)
^Ne donnez pas les choses saintes aux chiens, et
ne jetez pas vos perles devant les pourceaux, de peur
qu'ils ne les foulent aux pieds, et que, se retournant,
ils ne vous déchirent.
•^Demandez, et on vous donnera ; cherchez, et vous
trouverez ; frappez, et l'on vous ouvrira. ^Car qui-
conque demande, reçoit ; qui cherche, trouve ; et l'on
ouvrira à celui qui frappe. ^ Quel est l'homme d'entre
vous qui donnera une pierre à son fils, s'il lui demande
du pain ? ^ " Ou, s'il demande du poisson, lui donnera-
t-il un serpent ? ^ ' Si donc vous, qui êtes mauvais,
14
SAINT MATTHIEU 7 ; 42-25
savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien
plus votre Père, qui est dans les cieux, donnera-t-il de
bonnes choses à ceux qui les lui demandent !
^^ Ainsi, tout ce que vous voulez que les hommes
vous fassent, faites -le -leur aussi vous-mêmes; car c'est
là la loi et les pro]3hètes.
^ ^ Entrez par la porte étroite, parce que la porte large
et le chemin spacieux mènent à la perdition, et il y
en a beaucoup qui y entrent. ^ 'Mais la porte étroite
et le chemin resserré mènent à la vie, et il y en a peu
qui la trouvent. -
Les faux prophètes reconnus à leurs œuwes
^^ Gardez -vous des faux prophètes, qui viennent à
vous, couverts de peaux de brebis, mais qui, au dedans,
sont des loups ravisseurs. ^^Vous les reconnaîtrez à
leurs fruits. Cueille-t-on des raisins sur des épines, ou
des figues sur des chardons ? ^^ Ainsi, tout arbre qui
est bon produit de bons fruits ; mais le mauvais arbre
produit de mauvais fruits. ^^Un bon arbre ne peut
porter de mauvais fruits, ni un mauvais arbre porter
de bons fruits. '^Tout arbre qui ne produit pas de
bons fruits est coupé et jeté au feu. ^^V'ous les recon-
naîtrez donc à leurs fruits.
^^ Ce ne sont pas tous ceux qui me disent : « Seigneur,
Seigneur », qui entreront dans le royaume des cieux,
mais ceux-là seulement qui font la volonté de mon
Père, qui est dans les cieux. 2- Plusieurs me diront en
ce jour-là : Seigneur, Seigneur, n'avons-nous pas pro-
phétisé en ton nom ? N'avons-nous pas chassé les
démons en ton nom % N'avons-nous pas fait plusieurs
miracles en ton nom ? ^^ Alors je leur dirai ouverte-
ment : Je ne vous ai jamais connus ; retirez -vous de
moi, vous qui commettez l'iniquité !
Nécessité de mettre en pratique la parole de Dieu
^'' Ainsi, tout homme qui entend les paroles que je
dis, et qui les met en pratique, sera semblable à un
liomme prudent qui a bâti sa maison sur le roc. ^^La
pluie est tombée, les torrents sont venus, et les vents
ont soufflé et se sont déchaînés contre cette maison-là ;
15
7 : 26-8 : iO SAINT MATTHIEU
elle n'est pas tombée, car elle était fondée sur le roc.
2^ Mais tout homme qui entend les paroles que je dis
et qui ne les met pas en pratique, est semblable à un
homme insensé qui a bâti sa maison sur le sable.
-^La pluie est tombée, les torrents sont venus, et les
vents ont soufflé et se sont déchaînés contre cette
maison -là ; elle est tombée, et sa ruine a été grande !
^^Or, il arriva, quand Jésus eut achevé ces dis-
cours ('), que les foules furent frappées de son ensei-
gnement; ^^car il les enseignait comme ayant auto-
rité, et non pas comme leurs scribes.
Guérison d^un lépreux
(Voy. Marc 1 : 40-45 ; Luc 5 : 12-16)
8 ^ Jésus étant descendu de la montagne, une grande
foule le suivit, ^ Et voici qu'un lépreux, s'approchant,
se prosterna devant lui et lui dit : Seigneur, si tu le
veux, tu peux me rendre net. ^ Jésus, étendant la
main, le toucha et lui dit : Je le veux, sois net. Et
aussitôt, il fut nettoyé de sa lèpre. ' Jésus lui dit :
Garde-toi de le dire à personne ; mais va, montre-toi
au sacrificateur, et offre le don que Moïse a prescrit,
afin que cela leur serve de témoignage.
Le centenier
(Voy. Luc 7 : l-lO)
^ Comme Jésus entrait à Capernaiim, un centenier (^)
vint à lui, ^' et lui adressa cette prière : Seigneur, mon
serviteur est au lit dans ma maison, atteint de para-
lysie et cruellement tourmenté. ''Jésus lui dit : J'irai
et je le guérirai. ^Le centenier répondit : Seigneur,
je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit ; mais
dis seulement une parole, et mon serviteur sera guéri.
^Car moi, qui suis sous la j)uissance d'autrui, j'ai sous
moi des soldats, et je dis à l'un : Va, et il va ; et à
l'autre : Viens, et il vient ; et à mon serviteur : Fais
cela, et il le fait. ^^ Jésus, l'ayant entendu, fut dans
l'admiration et dit à ceux qui le suivaient : En vérité,
(1) Comp. Matth. 11 : 1 ; 13 : 53 ; 19 : 1 ; 36 : 1.
(2) Le centenier ou centurion, officier de Tarmée romaine, qui commandait à
cent soldats.
16
SAINT MATTHIEU 8 : H-24
je vous le dis, chez aucun homme en Israël je n'ai
trouvé une si grande foi. ' ' Aussi, je vous dis que plu-
sieurs viendront d'Orient et d'Occident, et ils seront
à table dans le royaume des cieux avec Abraham,
Isaac et Jacob. ^^Mais les fils du royaume seront jetés
dans les ténèbres du dehors ; c'est là qu'il y aura des
pleurs et des grincements de dents. '^ Alors Jésus dit
au centenier : Va, et qu'il te soit fait selon ta foi.
Et à cette heure même, son serviteur fut guéri.
Guèrison de la belle-mère de Pierre et d'autres malades
(Voy. Marc 1 : 29-34 ; Luc 4 : 38-41)
'''Puis, Jésus entra dans la maison de Pierre, et
il vit sa belle-mère qui était au lit, malade de la fièvre.
^'11 lui toucha la main, et la fièvre la quitta. Elle se
leva et se mit à les servir.
^^ Quand le soir fut venu, on lui amena plusieurs
démoniaques, et il chassa les esprits par Sa parole.
Il guérit aussi tous ceux qui étaient malades,^ ''de
sorte que fut accompli ce qui avait été dit par Esaïe,
le prophète : « Il a pris lui-même nos infirmités et il
a porté nos maladies ('). »
Dispositions nécessaires pour suivre Jésus
(Yoy. Luc 9 : 57-62)
^^Or Jésus, voyant une grande foule autour de lui,
donna l'ordre de passer à l'autre bord. '''Alors un
scribe, s'étant ai^proché, lui dit : « Maître, je te suivrai
partout où tu iras. » -"Jésus lui répondit : « Les re-
nards ont des tanières, et les oiseaux du ciel, des
nids ; mais le Fils de l'homme n'a pas un lieu où
il puisse reposer sa tête. » ^' Un autre des disciples
lui dit : « Seigneur, permets que j'aille auparavant
ensevelir mon père. » ^^Mais Jésus lui dit : « Suis-
moi; et laisse les morts ensevelir leurs morts. »
* La tempête
(Yoy. Marc 4 : 35-41 ; Luc 8 : 22-25)
23 Ensuite il entra dans la barque, et ses disciples le
suivirent. ^^Et voici qu'il s'éleva sur la mer une si
(1) Ésaïe 53 : 4.
17
8 : 2b-9 : 2 SAINT MATTHIEU
grande tourmente, que la barque était couverte par
les flots ; mais Jésus dormait. ^'^Ses disciples, s'étant
approchés, le réveillèrent en disant : Seigneur, sauve-
nous, nous périssons ! -''Et il leur dit : Pourquoi avez-
vous peur, gens de peu de foi ? Alors, s'étant levé,
il imposa silence aux vents et à la mer ; et il se fit un
grand calme. ^'Et ces hommes, saisis d'admiration,
disaient : Quel est donc celui-ci, que même les vents
et la mer lui obéissent ?
Les démoniaques de Gadara
(Yoy. Marc 5 : 1-20; Luc 8 : 26-39)
^^ Quand il fut arrivé à l'autre bord, dans le pays des
Gadaréniens, deux démoniaques vinrent à sa rencontre,
sortant des tombeaux ('), et si furieux que personne
n'osait passer par ce chemin-là. ^'-^Et ils se mirent à
crier : Qu'y a-t-il entre nous et toi. Fils de Dieu ?
Es-tu venu ici pour nous tourmenter avant le temps ?
•^'* Or, il y avait au loin un grand troupeau de pourceaux
qui paissaient. ^^Et les démons adressaient à Jésus
cette prière : Si tu nous chasses, envoie-nous dans ce
troupeau de pourceaux. -^-11 leur dit : Allez. Les dé-
mons, étant sortis, entrèrent dans les pourceaux ; et
voici que tout le troupeau se précipita avec impétuosité
dans la mer et périt dans les eaux. -^"^ Alors ceux qui le
faisaient paître s'enfuirent; et ils allèrent à la ville
raconter tout ce qui s'était passé et ce qui était arrivé
aux démoniaques. •*' Aussitôt, tous les habitants de la
ville sortirent au-devant de Jésus; et, l'ayant vu, ils
le prièrent de se retirer de leur pays.
Le paralytique
(Yoj. Marc 2 : 1-12 ; Luc 5 : 17-26)
9 ^ Jésus, étant entré dans une barque, repassa la mer,
et vint dans sa ville (-). '^Et voici qu'on lui apporta
un paralytique couché sur un lit. Jésus, voyant la
foi de ces gens, dit au paralytique : Prends courage,
(1) Les tombeaux, c'est-à-dire les caverues taillées dans le roc ou formées
naturellement, et qui servaient de sépulture. .
(2) Sa viUe, c'est-à-dire Capernaiim, où il s'était établi à ce moment-là, —
Voy. Matth. 4 : 13 ; Marc 2 : 1.
18
SAINT MATTHIEU 9:3-4 5
mon enfant, tes péchés te sont pardonnes. ^ Alors quel-
ques scribes dirent en eux-mêmes : Cet homme blas-
phème. ^Mais Jésus, connaissant leurs pensées, dit:
Pourquoi avez -vous de mauvaises pensées dans vos
cœurs ? ^Lequel est le plus aisé, de dire : Tes péchés te
sont pardonnes, ou de dire : Lève-toi et marche ? ^Or,
afin que vous sachiez que le Fils de l'homme a sur la
terre le pouvoir de pardonner les péchés : Lève-toi,
— dit-il au paralytique, — charge-toi de ton lit, et va
dans ta maison. "^Celui-ci se leva, et il s'en alla dans
sa maison. ^A cette vue, la foule fut saisie de crainte;
et elle rendit gloire à Dieu de ce qu'il avait donné
un tel pouvoir aux hommes.
Vocation de Matthieu. — Le Jeûne
(Voy. Marc 2 ; 13-22 ; Luc 5 : 27-39)
^ Jésus, étant parti de là, vit un homme appelé
Matthieu, assis au bureau du péage, et il lui dit :
Suis-moi. Et lui, se levant, le suivit.
^ ^ Or, il arriva, comme il était à table dans la maison
de cet homme, que beaucoup de péagers et de pé-
cheurs ( ' ) y vinrent ; et ils se mirent à table avec Jésus
et ses disciples. ^ ' Les pharisiens, voyant cela, dirent
à ses disciples : Pourquoi votre maître mange-t-il
avec les péagers et les pécheurs ? '-Jésus, les ayant
entendus, leur dit : Ce ne sont pas ceux qui sont en
santé qui ont besoin de médecin, mais ceux qui se
portent mal. '^ Allez et apprenez ce que signifie cette
parole : « Je veux la miséricorde, et non le sacrifice (^) » ;
car je ne suis jpas venu appeler les justes, mais les
pécheurs.
^ 'Alors les disciples de Jean vinrent trouver Jésus, et
ils lui dirent : D'où vient que nous et les pharisiens, nous
jeûnons, et que tes disciples ne jeûnent pas ? ^•' Jésus
leur répondit : Les amis de l'époux peuvent-ils s'affliger
aussi longtemps que l'époux est avec eux ? Mais
les jours viendront où l'époux leur sera ôté, et alors,
( 1 ) Pécheurs : ce mot désigne ici des païens, ou des Juifs vivant comme les
païens, en dehors de la loi de Moïse.
(2) Osée e : 6.
19
9 : 4 6-29 SAINT MATTHIEU
ils jeûneront. ^^ Personne ne met une pièce de drap
neuf à un vieux vêtement ; car la jjièce emporte une
partie 'du vêtement, et la déchirure en devient pire.
*^0n ne met pas non plus du vin nouveau dans de
vieilles outres ; autrement, les outres se rompent,
le vin se répand, et les outres sont perdues. Mais on
met le vin nouveau dans des outres neuves, et tous
deux se conservent.
La fille de Jaïrus et la femme malade
(Voy. Marc 5 : 21-43 ; Luc 8 : 40-5G)
^^ Comme il leur parlait ainsi, un chef de la syna-
gogue entra, se prosterna devant lui et lui dit : Ma
fille vient de mourir ; mais viens, pose ta main sur
elle, et elle vivra. ^^ Jésus, s'étant levé, le suivit avec
ses disciples.
^^ Voici qu'une femme, malade d'une perte de
sang depuis douze ans, s'approcha par derrière et
toucha le bord de son vêtement. "^^Car elle disait en
elle-même : Si je touche seulement son vêtement, je
serai guérie. --Jésus, s'étant retourné et la voyant,
lui dit : Prends courage, ma fille, ta foi t'a guérie. Et
à l'heure même, cette femme fut guérie.
^•^ Lorsque Jésus fut arrivé à la maison du chef de
la synagogue, et qu'il vit les joueurs de flûte et la
foule qui faisait grand bruit, ^^il leur dit : Retirez-
vous ; car la petite fille n'est pas morte, mais elle dort.
Et ils se moquaient de lui. -"'Après qu'on eut mis la
foule dehors, il entra ; il prit la petite fille par la
main, et elle se leva. -^Et cette nouvelle se répandit
dans tout le pays.
Guérisons diverses
(Voy. Luc 10 : 2)
^^ Comme Jésus partait de là, deux aveugles le
suivirent, en criant : Eils de David, aie pitié de nous !
2^ Quand il fut entré dans la maison, ces aveugles
vinrent à lui ; et Jésus leur dit : Croyez -vous que je
puisse faire ce que vous désirez ? Ils lui répondirent :
Oui, Seigneur. ^^ Alors il leur toucha les yeux, en di-
20
SAINT MATTHIETJ 9 : 30-10 : S
sant : Qu'il vous soit fait selon votre foi. ^^Et leurs
yeux furent ouverts. Jésus leur dit d'un ton sévère :
Prenez garde que personne ne le sache. ^^Mais eux,
étant sortis, répandirent sa renommée dans tout le
pays.
•^2 Comme ils sortaient, voici qu'on lui présenta un
homme muet, possédé d'un démon. ^^Le démon ayant
été chassé, le muet parla. La foule était dans l'admi-
ration et s'écriait : Jamais rien de semblable ne s'est
vu en Israël! ^^Mais les pharisiens disaient : Il chasse
les démons par le prince des démons.
^^ Jésus parcourait toutes les villes et tous les vil-
lages, enseignant dans les synagogues, prêchant l'Evan-
gile du royaume, et guérissant toute sorte de maladies
et d'infirmités. ^^En voyant les foules, il fut ému de
compassion pour elles, parce qu'elles étaient épuisées
et dispersées comme des brebis qui n'ont pas de berger,
^^ Alors il dit à ses disciples : La moisson est grande,
mais il y a peu d'ouvriers. -^^ Priez donc le maître de
la moisson d'envoyer des ouvriers dans sa moisson.
Les Douze envoyés -en mission
(Voy. Marc 6 : 7-13 ; Luc 9 : 1-6 ; 12 : 51-53 ; 14 : 25-27; 17 : 33)
I 0 ^ Jésus, ayant appelé ses douze disciples, leur
donna le pouvoir de chasser les esprits impurs et de
guérir toute sorte de maladies et d'infirmités. ^ Voici
les noms des douze apôtres : le premier, Simon,
appelé Pierre, et André son frère ; Jacques, fils de
Zébédée, et Jean, son frère ; '^ Philippe et Barthélémy ;
Thomas et Matthieu, le péager ; Jacques, fils d' Alphée,
et Thaddée ; ^' Simon, le Cananéen (') et Judas l'Is-
cariote (-), celui-là même qui le trahit.
^Ce sont là les douze que Jésus envoya, en leur
donnant ces instructions : N'allez point vers les païens,
et n'entrez dans aucune ville des Samaritains (^);
(1) Il se peut que Cananéen soit mis ici pour Cananite, qui se trouve dans
quelques manuscrits, et qui signifie zélateur ou zélote. — (Voy. Luc 6 : 15 ;
Actes 1 : 13.)
(2) L'Iscariote signifie Vhomme de Karioth, village de Judée.
(3) Les Samaritains, habitants de la Samarie, province centrale de la Pales-
tine, étaient des Israélites de race mélangée, schismatiques et ennemis des Juifs.
21
10 : 0-23 SAINT MATTHIEU
'^ mais allez plutôt vers les brebis perdues de la maison
d'Israël. "^Et sur votre route, prêchez et dites : Le
royaume des cieux est proche. ^ Guérissez les malades,
ressuscitez les morts, nettoyez les lépreux, chassez
les démons : vous avez reçu gratuitement, donnez
gratuitement ! ^ Ne prenez ni or, ni argent, ni monnaie
dans vos ceintures, '"ni sac pour le voyage, ni deux
tuniques, ni chaussures, ni bâton ; car l'ouvrier mé-
rite sa nourriture. ^'Dans quelque ville ou village
que vous entriez, demandez celui qui est digne de vous
recevoir, et demeurez chez lui jusqu'à votre départ.
^^En entrant dans la maison, saluez -la ('). ^-^ Et si la
maison en est digne, que votre paix descende sur elle;
mais si elle n'en est pas digne, que votre paix revienne
à vous. ^ ''Si l'on ne vous reçoit pas, et si l'on n'écoute
pas vos paroles, en sortant de cette maison ou de cette
ville, secouez la poussière de vos pieds. ''^En vérité,
je vous le dis, le pays de Sodome et de Gomorrhe sera
traité moins rigoureusement que cette ville, au jour
du jugement.
'^ Voici que je vous envoie comme des brebis au mi-
lieu des loups : soyez donc prudents comme les serpents,
et purs comme les colombes. ' '^ Tenez- vous sur vos
gardes vis-à-vis des hommes ; car ils vous livreront
aux tribunaux et vous battront de verges dans leurs
synagogues. ^^Vous serez menés devant les gou-
verneurs et devant les rois, à cause de moi, pour
rendre témoignage devant eux et devant les nations.
^^Mais quand on vous livrera, ne soyez en peine ni
de la manière dont vous parlerez, ni de ce que vous
direz ; car ce que vous aurez à dire vous sera inspiré
à l'heure même. ^^Ce n'est pas vous qui parlerez,
mais c'est l'Esprit de votre Père qui parlera en
vous. - ' Le frère livrera son frère à la mort, et le
père son enfant ; les enfants se soulèveront contre
leurs parents et les feront mourir. ^^Vous serez haïs
de tous à cause de mon nom ; mais celui qui persé-
vérera jusqu'à la fin, celui-là sera sauvé. ^^ Quand ils
vous persécuteront dans une ville, fuyez dans une
autre ; car, je vous le dis en vérité, vous n'aurez pas
(11 T;n, salutation consistait dans ces mots : «La paix soit sui' cette maison I»
22
SAINT MATTHIEU 10 : 25-39
achevé de parcourir les villes d'Israël, que le Fils de
l'homme sera venu.
^'Le disciple n'est pas au-dessus de son maître, ni
le serviteur au-dessus de son seigneur. --^11 suffit au
disciple d'être comme son maître, et au serviteur
d'être comme son seigneur. S'ils ont appelé le père de
famille Béelzébul (^), combien plus ceux de sa maison !
^^Ne les craignez donc point ; car il n'y a rien de caché
qui ne doive être découvert, ni rien de secret qui ne
doive être connu. ^'^ Ce que, je vous dis dans les ténèbres,
dites -le en plein jour; et ce que vous entendez à
l'oreille, prêchez -le sur les toits (-).
^^Ne craignez point ceux qui tuent le corps,
mais qui ne peuvent tuer l'âme ; craignez plutôt
celui qui peut faire périr l'âme et le corps dans la
géhenne {'^). "^^Deux passereaux ne se vendent-ils
pas un sou('')? Et il n'en tombe pas un seul à
terre sans la volonté de votre Père ! ^^''Les che-
veux même de votre tête sont tous comptés. ^'Ne
craignez donc rien ; vous valez mieux que beaucoup
de passereaux. ^- C'est pourquoi, quiconque me con-
fessera devant les hommes, je le confesserai aussi
devant mon Père qui est dans les cieux. -^^Mais qui-
conque me reniera devant les hon;imes, je le renierai
aussi devant mon Père qui est dans les cieux.
•^^Ne pensez pas que je sois venu apporter la paix
sur la terre ; je suis venu apporter non la paix, mais
l'épée. ^•''Je suis venu mettre la division entre le fils
et son père, entre la fille et sa mère, entre la belle-fille
et sa belle-mère; ^^et l'homme aura pour ennemis
ceux de sa propre maison. -^^ Celui qui aime son père
ou sa mère plus que moi, n'est pas digne de moi ;
celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi, n'est
pas digne de moi ; '^^et celui qui ne prend pas sa croix
et ne me suit pas, n'est pas digne de moi. ^^ Celui qui
aura conservé sa vie la perdra ; et celui qui aura perdu
sa vie, à cause de moi, la retrouvera.
(1) Béelzébul, un des noms du Diable.
(2) Sur les toits : c'est-à-dire sur les terrasses qui, en Orient, forment les toits
des maisons.
(3) Géhenne : voir note 5, sur Matth. 5 : 22.
(4) Litt : un as, monnaie du temps, qui valait environ six centimes.
23
10 : 40-11 : ^^ SAINT MATTHIEU
^^Qui vous reçoit, me reçoit ; et qui me reçoit, reçoit
celui qui m'a envoyé. '' ' Celui qui reçoit un prophète
en qualité de prophète, recevra une récompense de
prophète ; et celui qui reçoit un juste en qualité de
juste, recevra une récompense de juste. ^'-Qui-
conque aura donné à boire seulement un verre d'eau
froide à l'un de ces petits, parce qu'il est mon disciple,
en vérité, je vous le dis, celui-là ne perdra point sa
récompense.
Il ^ Or, il arriva, quand Jésus eut achevé de donner
ces instructions à ses douze disciples, qu'il partit de
là pour aller enseigner et prêcher dans les villes du
pays.
Message de Jean-Baptiste
(Voy. Luc 7 : 18-35 ; 16 : 16)
^Jean, ayant entendu parler dans sa prison des
œuvres du Christ, lui envoya dire par ses disciples :
^ Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre
un autre ? ^' Jésus leur répondit : Allez rapporter à
Jean ce que vous entendez et ce que vous voyez : ^ les
aveugles recouvrent la vue, les boiteux marchent, les
lépreux sont nettoyés, les sourds entendent, les morts
ressuscitent, et l'Évangile est annoncé aux pauvres.
*^ Heureux celui pour qui je ne serai pas une occasion
de chute !
^ Comme ils s'en allaient, Jésus se mit à parler de
Jean à la foule : Qu'êtes-vous allés voir au désert ?
Un roseau agité par le vent ?... ^Mais encore, qu'êtes-
vous allés voir ? Un homme vêtu d'habits somptueux ?
Ceux qui portent des vêtements somptueux sont
dans les demeures des rois... ^Mais encore, qu'êtes-
vous allés voir ? Un prophète ? Oui, vous dis- je, et
plus qu'un prophète. ^"^ C'est celui dont il est écrit:
« Voici que j'envoie mon messager devant ta face, pour
préparer ton chemin devant toi ('). » "En vérité, je
vous le dis, parmi ceux qui sont nés de femme, il
n'en^ pas été suscité de plus grand que Jean-Baptiste ;
(1) Malachie 3:1.
24
SAINT MATTHIEU 11 : <2-24
toutefois, celui qui est le plus petit dans le royaume
des cieux est plus grand que lui. ^^Mais, depuis les
jours de Jean-Baptiste jusqu'à maintenant, le royaume
des cieux est forcé, et ce sont les violents qui s'en
emparent. ^"'Car tous les prophètes et la loi ont pro-
phétisé jusqu'à Jean. ^ 'Et si vous voulez comprendre,
il est cet Élie qui devait venir ( ' ). ^ '^ Que celui qui a des
oreilles pour entendre, entende !
^^A qui donc comparerai-je cette génération ? Elle
ressemble à des enfants assis dans les places publiques,
qui crient à leurs compagnons, ^"^et qui leur disent:
Nous vous avons joué de la flûte, et vous n'avez pas
dansé ; nous avons chanté des complaintes, et vous ne
vous êtes pas lamentés. ' ^ En effet, Jean est venu, ne
mangeant ni ne buvant, et l'on dit : Il a un démon !
^ ^ Le Fils de l'homme est venu, mangeant et buvant,
et l'on dit : Voilà un mangeur et un buveur, un ami des
péagers et des pécheurs (-) !... Mais la sagesse a été
justifiée par ses enfants.
Reproches aux villes impénitentes
(Yoy. Luc 10 : 13-15)
^•^ Alors il se mit à faire des reproches aux villes
où il avait fait le plus grand nombre de ses miracles,
parce qu'elles ne s'étaient point repenties. ^'Malheur
à toi, Corazin ! Malheur à toi, Bethsaïda (^') ! Car si
les miracles qui ont été faits au milieu de vous avaient
été faits à Tyr et à Sidon, il y a longtemps qu'elles
se seraient repenties en prenant le sac et la cendre.
^2 C'est pourquoi, je vous le déclare, Tyr et Sidon
seront traitées moins rigoureusement que vous au jour
du jugement. --^Et toi, Capernaiim, qui espérais être
élevée jusqu'au ciel, tu seras abaissée jusqu'en en-
fer (^) ! Car si les miracles qui ont été faits au milieu de
toi avaient été faits à Sodome, elle subsisterait encore
aujourd'hui. -'C'est pourquoi, je le déclare, le pays
(1) Voy. Malachie 4:5.
(2) Voir note sur Matth. 9 : 10.
(3) Corazin et BethsaMa, villes voisine.^ de Capernaiim.
(4) Litt. '.jusqu'au Hadèx. En grec, le mot Hadès désigne le séjour des morts.
11 : 25-12 : 7 SAINT MATTHIEU
de Sodome sera traité moins rigoureusement que toi,
au jour du jugement.
U Evangile révélé aux ^petits
(Voy. Lvrc 10 : 21-22)
2^ En ce temps-là, Jésus prononça ces paroles : Je
te loue, ô Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce
que tu as caché ces choses aux sages et aux intelli-
gents, et de ce que tu les as révélées aux petits enfants.
^^Oui, Père, il en est ainsi, parce que tu l'as trouvé
bon. 2 ''Toutes choses m'ont été remises par mon Père ;
nul ne connaît le Fils, si ce n'est le Père, et nul ne
connaît le Père, si ce n'est le Fils et celui à qui le Fils
aura voulu le révéler.
28 Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés,
et je vous soulagerai. 2'-' Chargez -vous de mon joug,
et apprenez de moi, car je suis doux et humble de
cœur; et vous trouverez le repos de vos âmes. ^"^'Car
mon joug est doux ('), et mon fardeau léger.
Les épis arrachés
(Voy. Marc 2 : 23-28 ; Luc 6 : 1-5)
I 2 ^ En ce temps-là, Jésus passa par les blés un
jour de sabbat ; et ses disciples, ayant faim, se mirent
à arracher des épis et à les manger. ^Les pharisiens,
voyant cela, lui dirent : Voilà tes disciples qui font
ce qu'il n'est pas permis de faire le jour du sabbat.
^11 leur répondit : N'avez -vous pas lu ce que fit
David, lorsqu'il eut faim, lui et ceux qui étaient
avec lui : '' comment il entra dans la maison de
Dieu, et mangea les pains de proposition qu'il
n'était permis de manger, ni à lui, ni à ceux qui
étaient avec lui, mais aux seuls sacrificateurs (2) ?
^Ou n'avez -vous pas lu dans la loi que les sacrifica-
teurs, le jour du sabbat, violent le sabbat dans le
temple, sans être coupables (•^) ? ^Or, je vous le dis,
il y a ici plus que le temple. '^Si vous saviez ce que
signifie cette parole : « Je veux la miséricorde et
non le sacrifice {^) », vous n'auriez pas condamné
(1) Litt : dont on se sert facilement. — (2) Voy. I Sam. SI : 1-6. — (3) yoy.
Lévit. 34 ; 1-9. — (4) Osée 6 : 6. — Matth. 9 : 13.
26
SAINT MATTHIEU 12 : 8-23
des innocents ; ^ car le Fils de l'homme est maître
du sabbat.
Uhomme à la main desséchée
(Voy. Marc 3 : 1-6 ; Luc 6 : 6-11)
'^ Étant parti de là, il entra dans la synagogue.
^^11 s'y trouvait un homme qui avait une main
desséchée, et ils demandèrent à Jésus : Est-il permis de
guérir le jour du sabbat ? C'était afin de pouvoir
l'accuser. • ^ ' Mais il leur répondit : Quel est celui d'entre
vous, qui, ayant une brebis, si elle tombe dans une
fosse le jour du sabbat, ne la prenne et ne l'en retire ?
^ ^ Combien un homme ne vaut-il pas mieux qu'une bre-
bis ! Il est donc permis de faire du bien le jour du sab-
bat. --^ Alors il dit à cet homme : Étends ta main. Il
rétendit ; et «lie redevint saine comme l'autre. ^ -Les
pharisiens, étant sortis, tinrent conseil contre lui
pour le faire périr.
^•"^Mais Jésus, l'ayant su, partit de là; plusieurs
le suivirent, et il les guérit tous. ^''Puis il leur recom-
manda sévèrement de ne pas le faire connaître.
^^Ainsifut accompli ce qui avait été dit par Esaïe, le
prophète : « ^^ Voici mon serviteur que j'ai élu, mon
bien-aimé en qui mon âme a mis toute son affection.
Je ferai reiooser mon Esprit sur lui, et il annoncera le
jugement aux nations. •'•^Il ne contestera pas et ne
criera point, et on n'entendra point sa voix dans les
places publiques. '^"11 ne brisera pas le roseau froissé,
et il n'étouffera pas le lumignon qui va s'éteindre,
jusqu'à ce qu'il ait fait triompher la justice ; -'et les
nations espéreront en son nom ('). »
Guérison d'un démoniaque. — Le féché contre
le Saint-Esprit. — U arbre et smi fruit
iVoy. Marc 3 : 20-30 ; Luc 11 : 14-23)
-^ Alors on présenta à Jésus un démoniaque aveugle
et muet ; il le guérit, de sorte que le muet pa^rlait et
voyait. ^^La foule en fut étonnée, et l'on disait :
(1) Ésaïe 4i'Z : 1-4.
27
12 : 24-37 SAINT MATTHIETT
N'est-ce point là le Fils de David ? ^''Mais les phari-
siens, entendant cela, dirent : Cet homme ne chasse
les démons que par Béelzébul ('), le prince des dé-
mons.
2'^ Jésus, connaissant leurs pensées, leur dit: Tout
royaume divisé contre lui-même sera réduit en désert ;
et toute ville ou toute maison divisée contre elle-
même ne pourra subsister. ^*'Si Satan chasse Satan,
il est divisé contre lui-même ; comment donc son
royaume subsistera-t-il ? ^'^Et si je chasse les démons
par Béelzébul, vos fils, par qui les chassent-ils ?
C'est pourquoi ils seront eux-mêmes vos juges! ^^Mais
si je chasse les démons par l'Esprit de Dieu, le royaume
de Dieu est donc venu jusqu'à vous. ^^Ou bien,
comment quelqu'un peut-il entrer dans la maison de
l'homme fort et ravir ses biens, s'il n'a auparavant
lié cet homme fort ? Après cela, il pourra piller -sa
maison.
^'^ Celui qui n'est pas avec moi est contre moi, et
celui qui n'amasse pas avec moi disperse. '^* C'est pour-
quoi, je vous le dis, tout péché, tout blasphème sera
pardonné aux hommes ; mais le blasphème contre
l'Esprit ne sera point pardonné. •^■- Et si quelqu'un parle
contre le Fils de l'homme, il lui sera pardonné ; mais
si quelqu'un parle contre le Saint-Esprit, il ne lui sera
pardonné, ni dans ce monde, ni dans le monde à
venir.
•^^Ou dites que l'arbre est bon et que son fruit est
bon, ou dites que l'arbre est mauvais et que son fruit
est mauvais ; car on connaît l'arbre à son fruit.
^^Race de vipères, comment pourriez-vous dire de
bonnes choses, étant méchants ? Car c'est de l'abon-
dance du cœur que la bouche parle. '^'^ L'homme de
bien tire de bonnes choses de son bon trésor ; mais
le méchant tife de mauvaises choses de son mauvais
trésor. ^''Je vous le déclare, les hommes rendront
compte, au jour du jugement, de toute parole vaine
qu'ils auront dite... ^'Car par tes paroles tu seras
justifié, et par tes paroles tu seras condamné.
(1) Voir note SLir Matth. lO : 25.
28
SAINT MATTHIEU 12 : 38-60
Jésus refuse de faire un miracle
(Voy. Luc 11 : 29-32, 24-26)
^^ Alors quelques-uns des scribes et des pharisiens
lui dirent : Maître, nous voudrions te voir faire un
miracle. ^^11 leur répondit: Cette génération mé-
chante et adultère demande un miracle ; mais il ne
lui en sera pas donné d'autre que celui du prophète
Jonas. ''^Car, de même que Jonas fut dans le ventre
du grand poisson trois jours et trois nuits, ainsi le
Fils de l'homme sera dans le sein de la terre trois jours
et trois nuits. ^^Les Ninivites se lèveront, au jour du
jugement, avec cette génération, et ils la condamneront,
parce qu'ils se repentirent à la prédication de Jonas.
Or, voici : il y a ici plus que Jonas ! ''^ La reine du Midi
se lèvera, au jour du jugement, avec cette génération,
et elle la condamnera, parce qu'elle vint des extré-
mités de la terre pour entendre la sagesse de Salomon.
Or, voici : il y a ici plus que Salom^on !
^•^ Lorsque l'esiDrit impur est sorti d'un homme, il
va par les lieux arides, cherchant du repos, et il n'en
trouve point. ^^ Alors il dit : Je retournerai dans ma
maison, d'où je suis sorti ; et quand il y est revenu,
il la trouve vide, balayée et ornée. ''"'Alors il s'en va
et prend avec lui sept autres esprits plus méchants que
lui ; ils y entrent et y demeurent, et la condition der-
nière de cet homme devient pire que la première. Il
en sera ainsi de cette génération méchante.
La mère et les frères de Jésus
(Voy. Marc 3 : 31-35 ; Luc 8 : 19-21)
^^ Comme Jésus parlait encore à la foule, sa mère et
ses frères se tenaient dehors, cherchant à lui parler.
''"^[Quelqu'un lui dit : Voici que ta mère et tes frères
sont là dehors, qui cherchent à te parler.] (") '''^11 ré-
pondit à celui qui le lui disait : Qui est ma mère, et
qui sont mes frères ? '^Puis étendant la main sur ses
disciples, il dit : Voici ma mère et mes frères ! ^^Car
(a) Ce verset, qui manque dans les plus anciens manuscrits de Matthieu, se
trouve dans Marc 3 : 32 et Luc 8 : 20.
29
13:^-^5 SAINT MATTHIEU
quiconque fait la volonté de mon Père qui est dans les
cieux, celui-là est mon frère et ma sœur et ma mère.
Les paraboles du Royaume
(Voy. Marc 4 : 1-34 ; Luc 8 : 4-18 ; 13 : 18-21)
13 ^ Ce même jour, Jésus, étant sorti de la maison,
s'assit au bord de la mer ; ^et une grande foule s'as-
sembla autour de lui, de sorte qu'il monta dans une
barque. Il s'y assit, tandis que toute la multitude se
tenait sur le rivage ; ^ et il leur fit plusieurs discours
en paraboles.
Il leur parla ainsi : Le semeur sortit pour semer.
'Comme il semait, une partie de la semence tomba
le long du chemin, et les oiseaux vinrent et la man-
gèrent. ''Une autre partie tomba sur des endroits
pierreux où elle n'avait que peu de terre, et elle leva
aussitôt, parce qu'elle n'entrait pas profondément
dans la terre ; *' mais le soleil s'étant levé, elle fut brûlée,
et, parce qu'elle n'avait point de racine, elle sécha.
'' Une autre partie tomba parmi les épines, et les épines
montèrent et l' étouffèrent. ^Une autre partie tomba
dans la bonne terre, et donna du fruit : un grain en
rapporta cent, un autre soixante, et un autre trente.
•' Que celui qui a des oreilles entende !
^*^ Alors les disciples s'approchèrent et lui dirent:
Pourquoi leur parles-tu en paraboles ? ' ' Il leur
répondit : Parce qu'il vous a été donné de connaître
les mystères du royaume des cieux, mais pour eux,
cela ne leur a pas été donné. '-Car on donnera à celui
qui a, et il sera dans l'abondance ; mais à celui qui
n'a pa-s, on ôtera même ce qu'il a. *^ C'est pourquoi
je leur parle en paraboles, parce qu'en voyant ils
ne voient pas, et qu'en entendant ils n'entendent et
ne comprennent point. ^'' Ainsi s'accomplit à leur
égard la prophétie d'Ésaïe, qui dit : « Vous entendrez
de vos oreilles, et vous ne comprendrez point ; vous
regarderez de vos yeux, et vous ne verrez point.
^^Car le cœur de ce peuple s'est appesanti; ils ont en-
durci leurs oreilles, ils ont fermé leurs yeux, de peur
qu'ils ne voient de leurs yeux, qu'ils n'entendent de
30
SAINT MATTHIEU 13 : 16-29
leurs oreilles, qu'ils ne comprennent de leur cœur,
qu'ils ne se convertissent, et que je ne les guérisse (^ ). »
^•^Mais, quant à vous, heureux sont vos yeux, parce
qu'ils voient, et vos oreilles, parce qu'elles entendent !
^■^En vérité, je vous le dis, beaucoup de prophètes
et de justes ont désiré voir ce que vous voyez, et ils
ne l'ont pas vu, et entendre ce que vous entendez,
et ils ne l'ont pas entendu.
^^Vous donc, écoutez ce que signifie la parabole
du semeur. ^''Lorsqu'un homme entend la parole du
royaume, et ne la comprend pas, le Malin vient et
enlève ce qui a été semé dans son cœur ; c'est celui
qui a reçu la semence le long du chemin, ^o Celui qui
a reçu la semence dans les endroits pierreux, c'est
celui qui entend la parole et qui la reçoit aussitôt
avec joie. ^'Mais il n'a point de racines en lui-
même ; il n'est que pour un temps ; et lorsque l'af-
fliction ou la persécution survient à cause de la parole,
il y trouve aussitôt une occasion de chute. -"^ Celui qui
a reçu la semence parmi les épines, c'est celui qui
entend la parole; les soucis de ce monde et la séduc-
tion des richesses étouffent la parole, et elle devient
infructueuse. ^-^Mais celui qui a reçu la semence dans
la bonne terre, c'est celui qui entend la parole et qui
la comprend, et qui porte du fruit, en sorte qu'un
grain en produit cent, un autre soixante, et un autre
trente.
^'' Jésus leur proposa une autre parabole, en disant :
Le royaume des cieux est semblable à un homme qui
avait semé une bonne semence dans son champ.
2-^ Mais pendant que les hommes dormaient, son ennemi
vint, qui sema de l'ivraie parmi le froment, et s'en
alla. -"^ Après que la semence eut poussé et qu'elle eut
produit du fruit, l'ivraie parut aussi. '^" Alors les ser-
viteurs du père de famille vinrent lui dire : Seigneur,
n'as -tu pas semé une bonne semence dans ton champ ?
D'où vient donc qu'il y a de l'ivraie ? -'^Et il leur dit :
C'est un ennemi qui a fait cela. Ils lui répondirent :
Veux-tu donc que nous allions l'arracher ? ^^ Et il
leur dit : Non, de peur qu'en arrachant l'ivraie, vous
(1) Ésaïe 6 : 9-10.
31
13 : 30-43 SAINT MATTHIETT
ne déraciniez en même temps le froment. ^^Laissez-
les croître tous deux ensemble jusqu'à la moisson ;
et au temps de la moisson je dirai aux moissonneurs :
Arrachez premièrement l'ivraie, et liez-la en gerbes
pour la brûler ; mais amassez le froment dans mon
grenier.
^ ' Il leur proposa une autre parabole, en disant : Le
royaume des cieux est semblable à un grain de mou-
tarde, qu'un homme prend et qu'il sème dans son
champ; — ^^ c'est bien la plus petite de toutes les
semences ; ■ — mais quand le gram a poussé, il est plus
grand que les légumes, et il devient un arbre, en sorte
que les oiseaux du ciel viennent faire leurs nids dans
ses branches.
•'^11 leur dit une autre parabole : Le royaume des
cieux est semblable à du levain qu'une femme prend
et qu'elle mêle à trois mesures de farine, pour faire
lever toute la pâte.
*"^'' Jésus dit toutes ces choses à la foule en paraboles,
et il ne leur parlait point sans paraboles. ^^ Ainsi
fut accompli ce qui avait été dit par le prophète ;
« J'ouvrirai ma bouche pour parler en paraboles ;
j'annoncerai des choses cachées depuis la création ( ' ). »
•^•^ Alors Jésus, ayant renvoyé la foule, entra dans
la maison ; et ses disciples s'approchèrent de lui et
lui dirent : Explique-nous la parabole de l'ivraie du
champ. 3^11 leur répondit : Celui qui sème la bonne
semence, c'est le Fils de l'homme ; ^^le champ, c'est
le monde ; la bonne semence, ce sont les enfants du
royaume ; l'ivraie, ce sont les enfants du Malin ;
^^ l'ennemi qui l'a semée, c'est le Diable ; la moisson,
c'est la fin du monde ; les moissonneurs, ce sont les
anges. ''^Et comme on arrache l'ivraie et qu'on la
brûle au feu, il en sera de même à la fin du monde.
'' ' Le Fils de l'homme enverra ses anges, qui feront
disparaître de son royaume tous les scandales et
ceux qui commettent l'iniquité, ^^et ils les jetteront
dans la fournaise ardente ; c'est là qu'il y aura des
pleurs et des grincements de dents. '''^ Alors les justes
U) Psauirie TS : 2.
32
SAINT MATTHIEIJ 13 : 44-58
luiront comme le soleil dans le royaume de leur Père.
Que celui qui a des oreilles, entende !
'^''Le royaume des cieux est semblable à un trésor
caché dans un champ, qu'un homme a trouvé et qu'il
cache; puis, rempli de joie, il va vendre tout ce qu'il
possède, et il achète le champ.
^'^Le royaume des cieux est encore semblable à
un marchand qui cherche de belles perles, ^*'et qui,
ayant trouvé une perle d'un grand prix, s'en est allé,
a vendu tout ce qu'il avait, et l'a achetée.
''^Le royaume des cieux est encore semblable à un
filet qu'on jette dans la mer et qui ramasse toutes
sortes de poissons. "^^ Quand il est rempli, les pêcheurs
le tirent sur le rivage ; puis, s'étant assis, ils mettent
à part dans des paniers ce qui est bon, et rejettent ce
qui ne vaut rien. ^^11 en sera de même à la fin du
monde : les anges viendront, et ôteront les méchants
du milieu des justes. ^^Et ils les jetteront dans la four-
naise ardente ; c'est là qu'il y aura des pleurs et des
grincements de dents.
^^ Avez -vous compris toutes ces choses ? Ils lui
répondirent : Oui. ^^ Alors il leur dit : Ainsi tout scribe,
bien instruit de tout ce qui concerne le royaume des
cieux, est semblable à un père de famille qui tire de son
trésor des choses nouvelles et 0.33 choses vieilles.
■Jésus à Nazareth
(Voy. Mure G : 1-6;
^•"^Or, il arriva, quand Jésus eut achevé ces para-
boles, qu'il partit de là. ^'* Étant allé dans sa patrie,
il enseignait dans la synagogue, de sorte que tous
étaient saisis d'étonnement, et disaient : D'où vien-
nent à cet homme cette sagesse et ces miracles ?
^•^ N'est-ce pas le fils du charpentier ? Sa mère ne s'ap-
pelle-t-elle pas Marie, et ses frères, Jacques, Joseph,
Simon et Jude ? ^^Ses sœurs ne sont-eUes pas
toutes parmi nous ? D'où lui viennent donc toutes
ces choses ? ^"^Et il était pour eux une occasion de
chute. Mais Jésus leur dit : Un prophète n'est méprisé
que dans son pays et dans sa maison. ^^Et il ne fit
33
14 : ^-U SAINT MATTHIEU
pas là beaucoup de miracles, à cause de leur incré-
dulité.
Mort de Jean-Baptiste
(Voy. Marc 6 : 14-29 ; Luc 9 : 7-9)
I 4 ^En ce temps-là, Hérode le tétrarque (^) apprit
ce que la renommée disait de Jésus. ^Et il dit à ses
serviteurs : C'est Jean-Baptiste ! Il est ressuscité des
morts, et c'est pour cela que des miracles s'opèrent
par lui. ^ En effet, Hérode avait fait arrêter Jean, et
l'avait fait lier et mettre en prison, à cause d'Hérodias,
femme de Philippe, son frère ; '' car Jean lui disait : Il ne
t'est pas permis de l'avoir pour femme ! ^ Hérode aurait
bien voulu le faire mourir ; mais il craignait le peuple,
parce qu'on regardait Jean comme un prophète.
^Or, comme on célébrait le jour de la naissance
d'Hérode, la fille d'Hérodias dansa au milieu de
l'assemblée et plut à Hérode ; "^de sorte qu'il lui
promit avec serment de lui donner tout ce qu'elle lui
demanderait. ^Elle donc, poussée par sa mère, lui
dit : Donne-moi ici, sur un plat, la tête de Jean-
Baptiste. ^Le roi en fut attristé ; mais à cause de ses
serments et des convives, il commanda qu'on la lui
donnât. ^^11 envoya donc décapiter Jean dans la
prison. ^ ' On apporta la tête sur un plat, et on la
donna à la jeune fille, qui la présenta à sa mère.
^^Puis les disciples de Jean vinrent, emportèrent son
corps et l'ensevelirent ; et ils allèrent l'annoncer à
Jésus.
Première multiplication des pains
(Voy. Marc 6 : 30-44 ; Luc 9 : 10-17 ; Jean 6 : 1-15)
^•■^ Jésus, ayant appris ces choses, partit de là dans
une barque, pour se retirer à l'écart en un lieu désert.
Et quand la foule le sut, eUe sortit des villes et le
suivit à pied. ^'* Jésus, éta.nt descendu de la barque,
vit une grande multitude de gens : il fut ému de com-
passion pour eux, et il guérit leurs malades.
(1) Hérode le tétrarque ou Hérode Autipas, fils d'Hérode le Grand. (Voir
note siir Matth. 3 : 22.) On appelait alors « Tétrarque » un prince chargé de
gouverner la quatrième partie d'un royaume démembré.
34
SAINT MATTHIEU 14 M 5-30
^^ Comme il se faisait tard, ses disciples vinrent le
trouver et lui dirent : Ce lieu est désert, et l'heure déjà
avancée ; renvoie la foule, afin qu'elle aille dans les
villages pour s'acheter des vivres. ^'^Mais Jésus leur
dit : Il n'est pas nécessaire qu'ils y aillent ; donnez-
leur vous-mêmes à manger. ' ^ Ils lui répondirent :
Nous n'avons ici que cinq pains et deux poissons.
^^11 leur dit : Apportez-les-moi ici. ^^ Alors, après avoir
commandé que la multitude s'assît sur l'herbe, il prit
les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux
au ciel, il rendit grâces ; puis, ayant rompu les pains,
il les donna aux disciples, et les disciples les donnèrent
au peuple. -"Tous mangèrent et furent rassasiés, et
on emporta douze paniers pleins des morceaux qui
restèrent. '^ ' Ceux qui avaient mangé étaient environ
cinq mille hommes, sans compter les femmes et les
enfants.
Jésus marche sur la mer
(Voy. Marc 6 : 45-56 ; Jean 6 : 16-21)
^^ Aussitôt après, Jésus obligea ses disciples à entrer
dans la barque et à passer avant lui sur l'autre rive,
pendant qu'il renverrait le peuple. -^ Après l'avoir
renvoyé, il alla sur la montagne, pour prier à l'écart ;
et le soir étant venu, il était là seul.
-'Cependant la barque était déjà au milieu de la
mer, battue par les flots ; car le vent était contraire.
2 "^ Mais, à la quatrième veille de la nuit ('), Jésus alla
vers eux, marchant sur la mer. -^'Ses disciples, le
voyant marcher sur la mer, furent troublés, et ils
dirent : C'est un fantôme ; et, dans leur frayeur, ils
jetèrent des cris. ^^Mais aussitôt, Jésus leur parla
et leur dit : Rassurez-vous ; c'est moi, n'ayez point de
peur! '^'^ Alors Pierre, prenant la parole, lui dit: Sei-
gneur, si c'est toi, ordonne que j'aille vers toi sur les
eaux. ^'^ Jésus lui dit : Viens. Pierre, étant descendu
de la barque, marcha sur les eaux et alla vers Jésus.
•^'^Mais, voyant que le vent soufflait, il eut peur; et,
(1) O'est-à-dire après 3 heures du matin. Les Juifs d'alors divisaient la nuit,
suivant l'usage romain, en quatre veilles, de trois heures chacune, dont la pre-
mière commençait à 6 heures du soir.
35
14:31-15:12 SAINT MATTHIEU
comme il commençait à s'enfoncer, il s'écria : Seigneur,
sauve-moi ! ^^ ' Aussitôt Jésus, étendant la main, le
saisit et lui dit : Homme de peu de foi, pourquoi as-tu
douté ? •''^Et quand ils furent montés dans la barque,
le vent s'apaisa. -"-^ Alors ceux qui étaient dans la bar-
que vinrent et se prosternèrent devant lui, en disant :
Tu es véritablement le Fils de Dieu !
^'* Ayant traversé la mer, ils abordèrent au pays de
Génézareth. -^^ Quand les gens de ce lieu -là l'eurent
reconnu, ils envoyèrent dans toute la contrée d'alen-
tour, et on lui amena tous les malades. ^^Ils le priaient
de les laisser seulement toucher le bord de son vête-
ment ; et tous ceux qui le touchèrent furent guéris.
Les mains lavées
(Voy. Marc 7 : 1-23)
I 5 ^ Alors des pharisiens et des scribes, venus de
Jérusalem, s'approchèrent de Jésus et lui dirent :
^Pourquoi tes disciples transgressent-ils la tradition
des anciens ? Car ils ne se lavent point les mains,
lorsqu'ils prennent leur repas. ^ Il leur répondit : Et
vous, pourquoi transgressez -vous le commandement
de Dieu par votre tradition ? '' Car Dieu a donné ce
commandement : « Honore ton père et ta mère » ; et :
« Que celui qui maudira son père ou sa mère soit puni
de mort ('). » ^Mais vous, vous dites : Celui qui dira à
son père ou à sa mère : J'ai offert à Dieu ce dont je
pourrais t'assister, celui-là ne sera pas tenu d'ho-
norer son père ou sa mère. ^ Ainsi, vous avez anéanti
la parole de Dieu par votre tradition. "^Hypocrites !
Esaïe a bien prophétisé à votre sujet, lorsqu'il a dit :
« ^ Ce peuple m'honore des lèvres ; mais son cœur est
bien éloigné de moi. ^ C'est en vain qu'ils me ren-
dent un culte ; ils enseignent des préceptes qui ne
sont que des commandements d'hommes ("-).^»
'^Puis, ayant appelé la foule, il leur dit : Ecoutez,
et comprenez : ^ ^ Ce n'est pas ce qui entre dans la
bouche qui souille l'homme ; mais ce qui sort de
la bouche, voilà ce qui souille l'homme ! '^ Alors ses
(1) Exode 20 • 12 : 21 : 17. — (2) Ésaïe 29 : 13.
36
SAINT MATTHIETJ 15 : ^3-28
disciples, s'approcliant, lui dirent : Sais-tu que les
pharisiens ont été scandalisés quand ils ont entendu
tes paroles ? ^^11 leur répondit : Toute plante que
mon Père céleste n'a point plantée sera déracinée.
^^ Laissez -les : ce sont des aveugles, conducteurs d'aveu-
gles ; si un aveugle conduit un aveugle, ils tomberont
tous deux dans la fosse. ^'^ Alors Pierre, prenant la
parole, lui dit : Explique-nous cette parabole. ^^Et
Jésus dit : Vous aussi, vous êtes encore sans intel-
ligence ! ^^Ne comprenez -vous x^as que tout ce qui
entre dans la bouche passe dans le ventre, et est re-
jeté en quelque lieu secret ? ''^Mais ce qui sort de la
bouche vient du cœur ; c'est là ce qui souille l'homme !
'^Car c'est du cœur que viennent les mauvaises
pensées, les meurtres, les adultères, les impudicités,
les vols, les faux témoignages, les calomnies. ^*^ Voilà
les choses qui souillent l'homme ! Mais, manger sans
s'être lavé les mains, cela ne souille point l'homme.
La Cananéenne
(Voy. Marc 7 : 24-30)
^ ' Jésus, étant parti de là, se retira dans le territoire
de Tyr et de Sidon. --Et une femme cananéenne,
qui venait de ce pays, s'écria : Seigneur, fils de David,
aie pitié de moi ! Ma fille est cruellement tourmentée
par un démon. --^Mais il ne lui répondit pas un mot.
Alors, ses disciples, s'étant • approchés, lui disaient
avec insistance : Renvoie-la ; car elle nous poursuit de
ses cris. - ' Il répondit : Je n'ai été envoyé qu'aux
brebis perdues de la maison d'Israël. ^^Mais elle vint
et se prosterna en disant: Seigneur, aide-moi! ^^'11
lui répondit : Il ne convient pas de prendre le pain des
enfants, pour le jeter aux petits chiens. ^'Mais elle
reprit : Assurément, Seigneur ; pourtant, les petits
chiens mangent des miettes qui tombent de la table
de leurs maîtres. -^ Alors Jésus lui dit: O femme,
ta foi est grande ; qu'il te soit fait comme tu le veux !
Et à cette heure même, sa fille fut guérie.
37
15 : 29-16 : ^ SAINT MATTHIEU
Seconde multiplication des pains
(Voy. Marc 8 : 1-10)
2^ Jésus partit de là et vint près de la mer de Ga-
lilée; puis, étant allé sur la montagne, il s'y arrêta.
^*^ Alors une grande foule s'approcha de lui, ayant
avec elle des boiteux, des aveugles, des muets, des
estropiés et beaucoup d'autres malades, qu'on mit
aux pieds de Jésus, et il les guérit. ^ * Aussi la multi-
tude était-elle dans l'admiration, voyant que les
muets parlaient, que les estropiés étaient guéris, que
les boiteux marchaient, que les aveugles voyaient;
et elle glorifiait le Dieu d'Israël.
'^^ Jésus, ayant appelé ses disciples, leur dit : J'ai
compassion de cette multitude ; car il y a déjà trois
jours qu'ils ne me quittent pas, et ils n'ont rien à
manger ; je ne veux pas les renvoyer à jeun, de peur
qu'ils ne défaillent en chemin. •'^^Ses disciples lui di-
rent : D'où pourrions-nous avoir, dans ce désert,
assez de pains pour rassasier une telle multitude ?
^'' Jésus leur dit : Combien avez- vous de pains ? Ils
répondirent : Sept, et quelques poissons. ^•' Alors il
commanda à la foule de s'asseoir à terre.' ^^Puis il
prit les sept pains et les poissons ; et, après avoir rendu
grâces, il les rompit et les donna à ses disciples, et les
disciples les donnèrent à la foule. ^^Tous mangèrent
et furent rassasiés, et on emporta sept corbeilles
pleines des morceaux qui restaient. ^^Or, ceux qui
avaient mangé étaient au nombre de quatre mille
hommes, sans compter les enfants et les femmes.
^'^ Alors Jésus, ayant renvoyé la multitude, ^ntra dans
la barque et vint au pays de Magadan.
Le levain des pharisiens et des sadducéens
(Voy. Marc 8 : 11-21 ; Luc 12 : 54-56 ; 12 : 1)
B 6 ' Les pharisiens et les sadducéens s'approchè-
rent de Jésus; et, pour le mettre à l'épreuve, ils lui
demandèrent de leur faire voir un miracle (') venant
(1) Litt. : un sigfie.
38
SAINT MATTHIEU 16:2-17
du ciel. 2 Mais il leur répondit : [Quand le soir est venu,
vous dites : Il fera beau temps, car le ciel est -rouge.
•"^Et le matin : Il y aura aujourd'hui de l'orage, car
le ciel est sombre et rouge. Vous savez bien discerner
l'aspect du ciel, et vous ne pouvez pas discerner les
signes des temps !] (") -^ Cette génération méchante
et adultère demande un miracle ; mais il ne lui en
sera pas donné d'autre que celui de Jonas. Et, les
laissant, il s'en alla.
^Les disciples, en passant à l'autre bord, avaient
oublié de prendre des pains. ^ Jésus leur dit : Gardez -
vous avec soin du levain des pharisiens et des sad-
ducéens. ^Ils pensaient et se disaient entre eux :
C'est parce que nous n'avons pas pris de pains. ^ Jésus,
connaissant cela, leur dit : Gens de peu de foi, pour-
quoi pensez-vous que c'est parce que vous n'avez pas
de pains ? ^Ne comprenez -vous pas encore, et ne vous
souvenez -vous pas des cinq pains des cinq mille hom-
mes , et combien vous avez remporté de paniers ;
^" ou des sept pains des quatre mille hommes, et com-
bien vous avez remporté de corbeilles ? ^ ^ Comment
ne comprenez -vous pas que ce n'est pas de pains que
je parlais quand je vous ai dit : Gardez -vous du levain
des pharisiens et des sadducéens. ""^ Alors ils com-
prirent qu'il ne leur avait pas dit de se garder du levain
du pain, mais de la doctrine des pharisiens et des
sadducéens.
Confession de Pierre
(Voy. Marc 8 : 27-38 ; 9 : 1 ; Luc 9 : 18-27. — Comp. Jean 6 : 66-71)
^^ Etant arrivé sur le territoire de Césarée de Phi-
lippe (^), Jésus interrogea ses disciples, en disant : Qui
est le Éilsde l'homme, d'après ce que les hommes en
disent ? ^''Ils lui répondirent : Les uns disent que c'est
Jean-Baptiste ; les autres, Élie ; d'autres, Jérémie ou
l'un des prophètes. ^'11 leur dit : Mais vous, qui dites-
vous que je suis ? ^^ Simon Pierre, répondant, lui dit :
Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! ^ ^ Alors, Jésus lui
(a) Le passage entre crochets manque dans les plus. anciens manu-scrits.
(1) Au nord du lac, dans le gouvernement du tétrarque Philippe, un des
fils d'Hérode le Grand.
39
16; -18-17 M , SAINT MATTHIEU
dit : Tu es heureux, Simon, fils de Jona ; car ce n'est
pas la chair et le sang qui t'ont révélé cela, mais mon
Père qui est dans les cieux. ^^Et moi, je te dis : Tu
es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise,
et les portes des enfers ne prévaudront point contre
elle. '^Je te donnerai les clefs du royaume des cieux ;
tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux,
et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans
les cieux. ^^Puis, il enjoignit à ses disciples de ne
dire à personne que lui, Jésus, était le Christ.
^'Dès lors, Jésus commença à démontrer à ses dis-
ciples qu'il fallait qu'il allât à Jérusalem, qu'il y souf-
frît beaucoup de la part des anciens, des principaux
sacrificateurs et des scribes, qu'il fût mis à mort, et
qu'il ressuscitât le troisième jour. -^ Alors Pierre,
l'ayant pris à part, se mit à lui faire des reproches
et à lui dire : A Dieu ne plaise, Seigneur, cela ne
t'arrivera point ! ^^Mais Jésus, se tournant, dit à
Pierre : Arrière de moi, Satan, tu m'es en scandale (^) ;
car tu penses comme les hommes, et tes pensées ne
viennent pas de Dieu.
^^ Alors Jésus dit à ses disciples : Si quelqu'un veut
venir après moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il se
charge de sa croix, et qu'il me suive. ^^Car celui qui
voudra sauver sa vie la x^erdra; mais celui qui aura
perdu sa vie à cause de moi la retrouvera. ^^Que ser-
virait-il à un homme de gagner le monde entier, s'il
perdait son âme (^) ? Ou que donnerait l'homme en
échange de son âme ? ^^Car le Eils de l'homme doit
venir dans la gloire de son Père, avec ses anges, et
alors il rendra à chacun selon ses œuvres. ^^En vérité,
je vous le dis, quelques-uns de ceux qui sont ici pré-
sents ne mourront pas, . qu'ils n'aient vu le Eils de
l'homme venir dans son règne
La transfiguration
(Voy. Marc 9 : 2-13; Luc 9 : 28-36)
I 7 ^Six jours après, Jésus prit avec lui Pierre,
Jacques et Jean son frère, et il les mena sur une
(1) Litt. : un scandale, c'est-à-dire une pierre d'achoppement, une occasion de
chute. — (2) En grec, le même vaot psyché signifie à la fois vie et âme.
40
SAINT MATTHIEU 17 : 2-n
haute montagne, à l'écart. -Il fut transfiguré en
leur présence : son visage devint resplendissant
comme le soleil, et ses vêtements devinrent blancs
comme la lumière. ^Et voici que Moïse et Elie leur
apparurent, s'entretenant avec lui. ^ Alors Pierre,
prenant la parole, dit à Jésus : Seigneur, il est bon pour
nous d'être ici ; si tu veux, j'y dresserai^ trois tentes,
une pour toi, une pour Moïse, et une pour Elie. ^ Comme
il parlait encore, une nuée lumineuse les couvrit ; et
on entendit une voix sortant de la nuée, qui disait :
Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toute
mon affection; écoutez -le. ''Les disciples, entendant
cette voix, tombèrent le visage contre terre, et furent
saisis d'une grande crainte. ^Mais Jésus, s'étant appro-
ché, les toucha, et leur dit : Levez-vous, et n'ayez point
de peur. ^ Alors, levant les yeux, ils ne virent que
Jésus seul.
'^ Comme ils descendaient de la montagne, Jésus
leur fit cette défense : Ne dites à personne ce que vous
avez vu, jusqu'à ce que le Fils de l'homme soit res-
suscité des morts. *"Et ses disciples l'interrogèrent,
disant : Pourquoi donc les scribes disent-ils qu'il
faut qu'Élie vienne premièrement ?" Il leur répondit :
Il est vrai qu'Élie doit venir et rétablir toutes choses.
^-Mais je vous dis qu'Élie est déjà venu, et ils ne l'ont
point reconnu ; m.ais ils lui ont fait tout ce qu'ils ont
voulu. C'est ainsi qu'à son tour le Fils de l'homme
doit souffrir par eux. ^-^ Alors les disciples comprirent
que c'était de Jean-Baptiste qu'il leur x^^rlait.
Le démoniaque
(Voy. Marc 9 : H-29 ; Luc 9 : 37-42 ; 17 : 6)
^ '* Lorsqu'ils eurent rejoint la foule, un homme
s'approcha, se jeta à genoux devant lui, '"'et lui dit :
Seigneur, aie pitié de mon fils ! Il est lunatique, et il
souffre beaucoup ; car il tombe souvent dans le feu,
et souvent dans l'eau. ''*^ Je l'ai amené à tes disciples,
mais ils n'ont pu le guérir. ^"^ Jésus répondit : Race in-
crédule et perverse, jusques à quand serai-je avec vous ?
Jusques à quand vous supporterai- je ? Amenez -le
41
17 : 18-27 SAINT MATTHIEU
moi ici. ^ ^ Puis Jésus parla sévèrement au démon, qui
sortit de l'enfant; et dès cette heure-là, l'enfant fut
guéri.
'^ Alors les disciples s'approchèrent de Jésus, et,
le prenant à part, ils lui dirent : Pourquoi n'avons-
nous pu chasser ce démon? 2'' Il leur répondit: C'est
parce que vous manquez de foi; car, je vous le dis en
vérité, si vous aviez de la foi comme un grain de
moutarde, vous diriez à cette montagne : Trans-
porte-toi d'ici là, et elle s'y transporterait, et rien
ne vous serait impossible. -' [Mais cette sorte de
démons ne sort que par la prière et par le jeûne.] (")
Jésus f redit sa mort et sa résurrection
(Voy. Marc 9 : 30-32 ; Luc 9 : 43-45)
^- Comme ils parcouraient ensemble la Galilée,
Jésus leur dit : Le Fils de l'homme va être livré entre
les mains des hommes, ^-^et ils le feront mourir;
mais il ressuscitera le troisième jour. Alors les dis-
ciples furent fort affligés.
Jésus paie les didrachmes
^'' Quand ils furent arrivés à Capernaiim, ceux qui
percevaient les didrachmes (') s'approchèrent de
Pierre, et lui dirent : Votre maître ne paie-t-il pas
les didrachmes ? -"Il répondit : Oui. Quand il fut
entré dans la maison, Jésus le prévint et lui dit :
Que t'en semble, Simon ? Les rois de la terre, de qui
tirent-ils des tributs ou des impôts ? Est-ce de leurs
fils ou des étrangers ? -^''Des étrangers, répondit Pierre.
Jésus lui dit : Les fils en sont donc exempts!... -^Toute-
fois, afin que nous ne les scandalisions pas, va-t-en
à la mer, jette l'hameçon, et tire le premier poisson
qui se prendra. En lui ouvrant la bouche, tu trouveras
(a) Cette phrase entre crochets (verset 21), ne se trouve pas dans plusieurs
anciens manuscrits. (Voir Marc 9 : 29.)
(1) La didrachme (ou les deux drachmes) représentait l'impôt annuel payé
pour l'entretien du culte. La drachme grecque, comme le denier romain, valait
environ 90 centimes.
42
SAINT MATTHIEU 18 : <-<3
un statère ('); prends-le, et donne-le-leur pour moi
et pour toi.
La vraie grandeur. — Les scandales
(Voy. Marc 9 : 33-48; Luc 9 : 46-50; 17 : 1-2 ; 15 : 4-7)
18 ' A ce moment, les disciples s'approchèrent de
Jésus et lui dirent : Qui est le plus grand dans le
royaume des cieux ? ^ Jésus, ayant appelé un petit
eufant, le mit au milieu d'eux, ^et il dit : En vérité,
je vous le déclare, si vous ne changez et si vous ne
devenez comme de petits enfants, vous n'entrerez
point dans le royaume des cieux. .^ Celui-là donc qui
deviendra humble comme cet enfant, sera le plus grand
dans le royaume des cieux. "^Ei celui qui reçoit un
tel enfant en mon nom, me reçoit. ^Mais si quelqu'un
fait tomber dans le péché l'un de ces petits qui croient
en moi, il vaudrait mieux pour lui qu'on lui attachât
au cou une meule de moulin, et qu'on le jetât au fond
de la mer.
'^Malheur au monde à cause des scandales ! Car il
est nécessaire qu'il arrive des scandales (-) ; mais
malheur à l'homme par qui le scandale arrive ! ^Si
donc ta main ou ton pied te fait tomber dans le péché,
coupe-les et jette-les loin de toi ; il vaut mieux que
tu entres manchot ou boiteux dans la vie, que d'avoir
deux mains ou deux ]Dieds et d'être jeté dans le feu
éternel. ^Si ton œil te fait tomber dans le péché,
arrache-le et jette-le loin de toi ! Il vaut mieux que
tu entres dans la vie n'ayant qu'un œil, que d'avoir
deux yeux et d'être jeté dans le feu de la géhenne.
^^ Gardez- vous de mépriser aucun de ces petits;
car je vous dis que leurs anges, dans les cieux, voient
sans cesse la face de mon Père, qui est dans les cieux.
^ * [Car le Eils de l'homme est venu sauver ce qui était
perdu (^).] ^^Que vous en semble ? Si un homme a cent
brebis et que l'une d'elles s'égare, ne laisse-t-il pas les
quatre-vingt-dix-neuf dans les montagnes, pour aller
chercher celle qui s'est égarée ? ^ -^ Et s'il lui arrive de la
retrouver, en vérité, je vous le dis, il en a plus de joie
(a) de verset ne se trouve pas dans les plus anciens manuscrits.
(1) Le statère valait qjiatre drachmes. — (2) Voir note sur Matth, 16 : 23.
43
18:U-27 SAINT MATTHIEtr
que des quati^e-vingt-dix-neuf qui ne se sont point
égarées. ^^De même, ce n'est pas la volonté de votre
Père, qui est dans les cieux, qu'un seul de ces petits
périsse.
Le pardon des péchés. — Parabole du serviteur
impitoyable
(Voir Luc 17 : 3-4) ^
^^Si ton frère a péché contre toi, va et reprends-le
entre toi et lui seul ; s'il- t'écoute, tu auras gagné ton
frère. ^*^S'il ne t'écoute pas, prends encore avec toi
une ou deux personnes, afin que toute F affaire soit
décidée sur la parole de deux ou trois témoins. ^'^S'il
refuse de les écouter, dis-le à l'Eglise, et s'il refuse
d'écouter l'Église, qu'il soit pour toi comme le païen
et le péager. ^^En vérité, je vous le dis, tout ce que
vous aurez lié sur la terre sera lié dans le ciel, et tout
ce que vous aurez délié sur la ^ terre sera délié- dans le
ciel. ^^En vérité, je vous dis encore que si deux
d'entre vous sur la terre s'accordent pour demander
quoi que ce soit, ils l'obtiendront de mon Père qui est
dans les cieux. ^"Car là où deux ou trois sont réunis
en mon nom, je suis au milieu d'eux.
^^ Alors Pierre, s'étant approché, lui dit : Seigneur,
combien de fois pardonnerai- je à mon frère, quand il
aura péché contre moi ? Sera-ce jusqu'à sept fois ?
^^ Jésus lui répondit : Je ne te dis pas jusqu'à sept
fois, mais jusqu'à soixante-et-dix fois sept fois.
^^ C'est pourquoi, il en est du royaume des cieux
comme d'un roi qui voulut faire rendre leurs comptes
à ses serviteurs. -''Quand il eut commencé à compter,
on lui en amena un qui lui devait dix mille talents (^),
^^' Comme ce serviteur n'avait pas de quoi payer, son
maître commanda qu'il fût vendu, lui,' sa femme et
ses enfants, et tout ce qu'il avait, afin que la dette fût
payée. ^''Le serviteur, tombant à ses pieds, se pros-
ternait devant lui et lui disait : Aie patience envers
moi, et je te paierai tout ! ^^ Alors le maître de ce
serviteur, ému de compassion, le laissa aller et lui
(1) Le talent équivalait à soixante naines, c'est-à-dire 5,400 francs environ.
44
SAINT MATTHIEU 18 : 28-19 : 6
remit sa dette. ^^Mais cet homme, étant sorti, ren-
contra un de ses compagnons de service, qui lui de-
vait cent deniers ( ' ) ; et, l'ayant saisi, il l'étranglait,
en disant : Paie ce que tu dois ! -'^Son compagnon,
tombant à ses pieds, le suppliait et lui disait : Aie
patience envers moi, et je te paierai. ^^Mais lui ne
voulut pas ; il s'en alla pour le faire mettre en prison,
jusqu'à ce qu'il eût payé sa dette. ^^Ses compa-
gnons, ayant vu ce qui s'était passé, en furent extrê-
mement attristés, et ils vinrent rapporter à leur
maître tout ce qui était arrivé. ^^ Alors son maître
le fit venir, et lui dit : Méchant serviteur, je t'ai
remis toute ta dette, parce que tu m'as supplié de
le faire; -^'^ne devais- tu pas avoir pitié de ton compa-
gnon de service, comme j'ai eu moi-même pitié de toi ?
"^'Et son maître, irrité, le livra aux bourreaux, jus-
qu'à ce qu'il eût payé tout ce qu'il lui devait.
^•^ Ainsi vous fera mon Père céleste, si chacun de vous
ne pardonne pas à son frère de tout son cœur.
Ministère de Jésus en Judée et à Jérusalem
(19 : 1 à 25 : 46).
Le divorce
(Voy. Marc 10 :**l-12)
19 ^ Or il arriva, quand Jésus eut achevé ces dis-
cours, qu'il j)artit de la Galilée et vint sur le territoire
de la Judée, au delà du Jourdain. -De grandes foules
l'y suivirent, et il guérit leurs malades.
^ Alors les pharisiens s'approchèrent pour le mettre
à l'épreuve, et ils lui dirent : Est-il permis de répudier
sa femme, pour quelque sujet que ce soit ? '' Il leur
répondit : N'avez-vous pas lu que le Créateur, au
commencement, fit un homme et une femme, ^ et
qu'il dit : « C'est pourquoi, l'homme quittera son père
et sa mère, et s'attachera à sa femme ; et les deux ne
feront qu'une seule chair (-) ? » ^ Ainsi ils ne sont plus
deux, mais une seule chair. Que l'homme ne sépare
donc pas ce que Dieu a uni !
(1) Le denier était une monuaie romaine eu argent, valant environ 20 cen-
times.
(2) Genèse 2 : 24.
45
19 : 7-19 SAINT MATTHIEU
"^Ils lui dirent : Pourquoi donc Moïse a-t-il commandé
de donner à la femme une lettre de divorce pour la
répudier (*) ? ^11 leur dit : C'est à cause de la dureté
de votre cœur que Moïse vous a permis de répudier
vos femmes ; mais, au commencement, il n'en était
pas ainsi. ^Or, je vous le dis, quiconque répudie sa
femme, si ce n'est pour inconduite, et en épouse une
autre, commet un adultère. ^ " Ses disciples lui dirent :
Si telle est la condition de l'homme à l'égard de la
femme, il vaut mieux ne pas se marier ! ' ^ Il leur ré-
pondit : Tous ne sont pas capables d'accepter cette
parole, mais seulement ceux à qui cela est donné.
^ ^ Car il y a des eunuques qui le sont dès le sein de leur
mère ; il y en a qui ont été faits eunuques par les
hommes, et il y en a qui se sont faits eunuques eux-
mêmes pour le royaume des cieux. Que celui qui peut
recevoir cette parole, la reçoive !
Les enfants
(Voy. Marc 10 : 13-16 ; Luc 18 : 15-17)
^•- A ce moment, on lui présenta des petits enfants,
afin qu'il leur imposât les mains et qu'il priât pour
eux ; et les disciples reprenaient ceux qui les présen-
taient. ' '* Mais Jésus leur dit : Laissez venir à moi les
petits enfants, et ne les en empêchez point ; car le
royaume des cieux est pour ceux qui leur ressem-
blent. ' •' Et leur ayant imposé les mains, il partit de là.
Le jeune homme riche
(Yoy. Marc 10 : 17-31 ; Luc 18 : 18-30 ; 22 : 28-30)
^^ Alors un homme s'approcha et lui dit: Maître,
que dois- je faire de bon pour avoir la vie éternelle ?
^^11 lui dit : Pourquoi m'interroges-tu sur ce qui
est bon ? Un seul est bon. Si tu veux entrer dans
la vie, garde les commandements. — '^Lesquels ?
dit-il. — Jésus lui répondit : Ceux-ci : « Tu ne tueras
point ; tu ne commettras point d'adultère ; tu ne déro-
beras point ; tu ne diras point de faux témoignage ;
^^ honore ton père et ta mère (-) » ; et : « Tu aimeras
(1) Voy. Deut. 34 : 1. — (2) Exode 30 : 12-16.
46
SAINT MATTHIEU 19 : 20-20 : 3
ton prochain comme toi-même ( ' ). » -*' Le jeune homme
lui dit : J'ai observé toutes ces choses ; que me man-
que-t-il encore ? -'Jésus lui dit : Si tu veux être par-
fait, va, vends ce que tu as, donne-le aux pauvres,
et tu auras un trésor dans le ciel; puis, viens et suis-
moi. 2^ Mais quand le jeune homme eut entendu cette
parole, il s'en alla tout triste; car il avait de grands biens.
-^ Alors Jésus dit à ses disciples : En vérité, je vous
le dis, un riche entrera difficilement dans le royaume
des cieux. ^'' Je vous le dis encore : Il est plus aisé
qu'un chameau passe par le trou de l'aiguille, qu'il
ne l'est à un riche d'entrer dans le royaume de Dieu,
-'En entendant ces paroles, ses disciples furent extrê-
mement étonnés, et ils disaient : Qui donc peut être
sauvé ? 2"^ Jésus, les regardant, leur dit : Cela est im-
possible aux hommes, mais tout est possible à Dieu.
-'Alors Pierre, prenant la parole, lui dit : Et nous,
nous avons tout quitté, et nous t'avons suivi; qu'avons-
nous donc à attendre ? ^^ Jésus leur dit : En vé-
rité, je vous le déclare, au renouvellement de toutes
choses, lorsque le Eils de l'homme sera assis sur le
trône de sa gloire, de même, vous qui m'avez suivi,
vous serez assis sur douze trônes, jugeant les douze
tribus d'Israël. -''Et quiconque aura quitté frères ou
sœurs, ou père, ou mère, ou enfants, ou champs, ou
maisons, à cause de mon nom, recevra beaucoup plus,
et il héritera la vie éternelle. ^'^Mais plusieurs des pre-
miers seront les derniers, et plusieurs des derniers
seront les premiers.
' Les ouvriers dans la vigne
20 ^En effet, le royaume des cieux est semblable
à un père de famille, qui sortit dès le point du jour,
afin de louer des ouvriers pour sa vigne. ^11 convint
avec les ouvriers de leur donner un denier ( -) par jour, et
il les envoya à sa vigne. -^ Il sortit encore vers la troi-
sième heure (•'), et il en vit d'autres qui se tenaient sur
(1) Lévit.' 19 : 18. — (2) Voir note sur Matth. 18 : 28.
(3) La journée des Juifs commenr-ait à 6 heures du matin et elle était
divisée en douze heures. La troisième correspondait à 9 lieures du matin, la
sixième à midi, la neuvième à 3 heures et la onzième à 5 heures du soir.
47
20 : A-^9 SAINT MATTHIEU
la place sans rien faire. ' Il leur dit : Allez, vous aussi,
à la vigne, efc je vous donnerai ce qui sera, juste.
^ Et ils y allèrent. Il sortit de nouveau vers la sixième
et vers la neuvième heure, et il fit de même. ^ Étant
sorti vers la onzième heure, il en trouva d'au-
tres qui se tenaient sur la place, et il leur dit :
Pourquoi vous tenez-vous ici tout le jour sans
rien faire ? '^ Ils lui répondirent : Parce que per-
sonne ne nous a loués: Il leur dit : Allez, vous aussi,
à la vigne.
^ Quand le soir fut venu, le. maître de la vigne dit
à son intendant : Appelle les ouvriers, et paie-leur
le salaire, en commençant par les derniers et finissant
par les premiers. ^Ceux de la onzième heure étant
venus, reçurent chacun un denier. ^"Les premiers,
venant à leur tour, s'attendaient à recevoir davantage ;
mais ils reçurent, eux aussi, chacun un denier. ^'En
le recevant, ils murmuraient contre le père de famille,
^-et ils disaient : Ces derniers n'ont fait qu'une heure,
et tu les as £raités comme nous, qui avons supporté
le labeur accablant du jour et» la chaleur ! ^^Mais il
répondit à l'un d'eux : Mon ami, je ne te fais point
de tort ; n'avons -nous pas convenu ensemble que tu
aurais un denier ? ^ '' Prends ce qui est à toi et va-t-
en ; je veux donner à ce dernier autant qu'à toi. ^^Ne
m'est-il pas permis de faire ce que je veux de ce
qui m'appartient ? Ou vois-tu de mauvais œil que
|e sois bon ? ^*^ Ainsi les derniers seront les premiers,
et les premiers seront les derniers.
Jésus prédit sa Passion
(Voy. Marc 10 : 32-34 ; Luc 18 : 31-34)
^^ Jésus, montant à Jérusalem, prit à part ses douze
disciples, et il leur dit en chemin : ^^ Voici que nous
montons à Jérusalem, et le Fils de l'homme sera
livré aux principaux sacrificateurs et aux scribes, et
ils le condamneront à mort. ^''Ils le livreront aux
païens, pour être exposé à la moquerie, battu de
verges et crucifié ; et le troisième jour il ressuscitera.
48
SAINT MATTHIEU 20 : 20-34
Les fils de Zebédée
(Voy. Marc 10 : 35-45 ; Luc 22 : 25-26)
^•^ Alors la mère des fils de Zébédée s'approcha de
lui avec ses fils, et elle se prosterna pour lui faire une
demande. ^' Jésus lui dit : Que veux-tu ? — Ordonne,
lui dit-elle, que mes deux fils, que voilà, soient assis
l'un à ta droite et l'autre à ta gauche, dans ton
royaume. ^^ Jésus répondit : Vous ne savez ce que
vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je
dois boire ? Ils lui dirent : Nous le pouvons. ^^11 leur
dit : Il est vrai que vous boirez ma coupe ; mais quant
à être assis à ma droite ou à ma gauche, ce n'est pas
à moi de l'accorder ; ce sera pour ceux à qui mon Père
l'a préparé.
^ * Les dix autres, qui avaient entendu cette demande,
furent indignés contre les deux frères. -''Mais Jésus
les appela et leur dit : Vous savez que les princes des
nations les asservissent, et que les grands les tiennent
sous leur puissance. ^*^I1 n'en sera pas ainsi parmi
vous ; au contraire, celui qui voudra être grand
parmi vous, sera votre serviteur, -'et celui qui voudra
être le premier parmi vous, sera votre esclave. ^^ C'est
ainsi que le Fils de l'homme est venu, non pour être
servi, mais pour servir, et donner sa vie pour la
rançon de plusieurs (').
Les aveugles de Jérico
(Voy. Marc 10 : 46-53 ; Luc 18 : 35-43)
^^ Comme ils sortaient de Jérico, une grande
foule le suivit. -^"^Et voici que deux aveugles, assis au
bord du chemin, ayant entendu dire que Jésus passait,
se mirent à crier : Seigneur, fils de David, aie pitié de
nous ! " ' La foule les reprit pour les faire taire ; mais
ils crièrent plus fort : Seigneur, Fils de David, aie
pitié de nous ! ^^ Jésus, s'arrêtant, les appela et leur
dit : Que voulez-vous que je vous fasse ? -^"^Ils lui
répondirent : Seigneur, que nos yeux soient ouverts !
^'' Alors Jésus, ému de compassion, toucha leurs yeux;
et aussitôt ils recouvrèrent la vue, et ils le suivirent.
(1) Litt. : en rançon à la place de plusieurs.
49
21 : 1-13 SAINT MATTHIEU
Ventrée à Jérusalem
(Yoy. Marc 11 : 1-10; Luc 19 : 29-44 ; Jean 12 : 12-19)
2 I ^ Comme ils approchaient de Jérusalem, et
qu'ils étaient déjà à Bethphagé, près de la montagne
des Oliviers, Jésus envoya deux disciples, ^en leur
disant : Allez au village qui est devant vous ;
vous trouverez aussitôt une ânesse attachée, et un
ânon avec elle ; détachez -les et amenez -les moi.
^Si l'on vous dit quelque chose, vous direz que le
Seigneur en a besoin ; et aussitôt on les enverra.
' Or, tout cela eut lieu, afin que cette parole du pro-
phète fût accomplie : - « Dites à la fille de Sion : Voici
que ton roi vient à toi, débonnaire, monté sur un âne,
sur un ânon, le petit de celle qui porte le joug ('). »
*^'Les disciples s'en allèrent donc et firent ce que
Jésus leur avait ordonné. '^Ils amenèrent l'ânesse et
l'ânon, et, ayant mis leurs vêtements dessus, ils l'y
firent asseoir. ^ Alors le peuple, en foule, étendit
ses vêtements sur le chemin ; d'autres coupaient
des branches aux arbres et en jonchaient la route.
'•' Et la foule qui allait devant lui et celle qui suivait,
criaient : Hosanna (') au fils de David ! Béni soit celui
qui vient au nom du Seigneur ('') ! Hosanna au plus
haut des cieux !
^*' Quand il fut entré dans Jérusalem, toute la ville
fut en émoi, et on disait : Qui est celui-ci ? ^ ' Et la
foule répondait : C'est Jésus, le prophète de Nazareth,
en Galilée.
La purification du temple. — Le figuier desséché
(Voy. Marc 11 : 11-20 ; Luc 19 : 45-48. — Comp. Jean 2 : 13-22)
'-Jésus entra dans le temple (^), et il en chassa tous
ceux qui vendaient et qui achetaient ; il renversa les
tables des changeurs- et les sièges de ceux qui ven-
daient les pigeons. '-^Puis il leur dit : Il est écrit:
(1) Zacharie 9:9.
(2) Hosanna, mot dérivé de l'hébreu et signifiaut : Sauve, je te prie.
(3) Yoy. Psaume 118 : 26.
(4) Le temple, c'est-à-dire la cour du temple, vaste enceinte qui entourait le
sanctuaire, et dans laqueUe s'étaient instaUés les vendeurs.
50
SAINT MATTHlEir 21 : 4 4-25
« Ma maison sera appelée une maison de prière (^ ) » ;
mais vous, vous en faites une caverne de voleurs.
^ ^ Alors des aveugles et des boiteux vinrent à lui dans
le temple, et il les guérit. ^^Mais les principaux sacri-
ficateurs étales scribes, — voyant les merveilles qu'il
avait faites, et les enfants .qui criaient dans le temple :
« Hosanna au Fils de David ! » — en furent indignés,
'^et ils lui dirent : Entends-tu ce que disent ces en-
fants ? Jésus leur répondit : Oui. N'avez-vous donc
jamais lu ces paroles : « Tu as tiré ta louange de la
bouche des petits enfants et de ceux qui sont à la
mamelle (-) y ? ' ' Puis, les ayant laissés, H sortit de la
ville et s'en alla à Béthanie, où il passa la nuit.
^^Le matin, comme il retournait à la ville, il eut
faim. *^ Voyant un figuier sur le chemin, il s'en approcha,
mais il n'y trouva que des feuilles, et il lui dit : Que
jamais plus il ne naisse de toi aucun fruit ! Aussitôt
le figuier sécha. '-^^Les disciples, ayant vu cela, s'éton-
nèrent et dirent : Comment ce figuier est -il devenu
sec en un instant ? ^ ' Jésus leur répondit : En vérité,
je vous le dis, si vous aviez de la foi, et que vous ne
doutiez point, non seulement vous feriez ce qui a été
fait au figuier, mais même si vous disiez à cette mon-
tagne : Soulève-toi, et jette-toi dans la mer, — cela
se ferait. ^^Et tout ce que vous demanderez avec
foi, en priant, vous le recevrez.
La question d'autorité
(Voy. Marc 11 : 27-33 ; Luc 20 : 1-8)
^•^ Quand il fut entré dans le ternple, les principaux
sacrificateurs et les anciens du peuple s'approchèrent
de lui, pendant qu'il enseignait, et lui dirent : Par
quelle autorité fais-tu ces choses ? Et qui t'a donné
cette autorité ? - ''Jésus leur répondit : Je vous poserai,
moi aussi, une question, et si vous m'y répondez,
je vous dirai aussi par quelle autorité je fais ces choses.
^^Le baptême de Jean, d'où venait-il : du ciel ou des
hommes ? Or, ils raisonnaient ainsi entre eux : Si
nous disons : Du ciel, il nous dira : Pourquoi donc
(1) Ésaïe 56 : 7. — Voir aussi Jérémie 7 : 11. — (2) Psaume 8 : 3.
51
21 : 26-39 SAINT MATTHIEU
n'avez -VOUS pas cru à sa parole ? ^^Et si nous disons :
Des hommes, nous avons à craindre le peuple ; car
tous regardent Jean comme un prophète. ^^Ils répon-
dirent donc à Jésus : Nous ne savons. Il leur dit à son
tour : Et moi non plus, je ne vous dirai point par
quelle autorité je fais ces choses.
La parabole des deux fils
-^Que vous semble-t-il de ceci ? Un homme avait
deux fils. Il s'adressa au premier et lui dit : Mon en-
fant, va aujourd'hui travailler à la vigne. ^^11 répondit :
Oui, Seigneur ; et il n'y alla point. ^^'Puis le père vint
à l'autre, et lui dit la même chose. Celui-ci répondit :
Je ne veux pas! Mais plus tard, s'étant repenti, il y
alla. ^^ Lequel des deux a fait la volonté du père ?
Ils lui dirent : C'est le dernier. Jésus leur dit : En vé-
rité, je vous le dis, les péagers et les femmes de mau-
vaise vie vous devancent dans le royaume de Dieu!
^^Car Jean est venu à vous dans la voie de la justice,
et vous ne l'avez point cru, mais les péagers et les
femmes de mauvaise vie l'ont cru ; et vous, qui avez
vu cela, vous ne vous êtes pas repentis ensuite pour
le croire.
La parabole des vignerons
(Voy. Marc 12 : J-12 ; Luc 20 : 9-19)
^^ Ecoutez une autre parabole : Il y avait un père
de famille qui planta une vigne ; il l'environna d'une
haie, y creusa un pressoir et y bâtit une tour ; puis
il la loua à des vignerons, et quitta le pays. ^^ Le temps
'de la récolte étant proche, il envoya ses serviteurs
auprès des vignerons pour recueillir le produit de sa
vigne. ^'^Les vignerons, ayant saisi les serviteurs,
battirent l'un, tuèrent l'autre^ et en lapidèrent un
troisième. ^^11 envoya encore d'autres serviteurs, en
plus grand nombre que les premiers, et ils les traitèrent
de même. ^^ Enfin, il leur envoya son propre fils, en
disant : Ils respecteront mon fils. ^^Mais quand les
vignerons virent le fils, ils se dirent entre eux : C'est
l'héritier ; allons, tuons-le, et nous aurons son héri-
tage. '^^ Puis l'ayant saisi, ils le jetèrent hors de la vigne,
52
SAINT MATTHIETT 21 : 40-22 : io
et ils le tuèrent. ''^ Quand donc le maître de la vigne
viendra, que f era-t-il à ces vignerons ? ''' ^ Ils lui répon-
dirent : Il fera périr misérablement ces misérables, et
il louera la vigne à d'autres vignerons, qui lui rendront
les fruits dans la saison. ^^ Jésus leur dit : N'avez-vous
jamais lu dans les Écritures : « La pierre rejetée par
ceux qui bâtissaient est devenue la pierre de l'angle ;
c'est l'ouvrage du Seigneur, et c'est une merveille
devant nos yeux (') »? ''^ C'est pourquoi, je vous le
dis, le royaume de Dieu vous sera ôté, et il sera donné
à une nation qui en produira les fruits. ^^ Celui qui
tombera sur cette pierre sera brisé, et celui sur qui
elle tombera, elle l'écrasera.
'''•''Quand les principaux sacrificateurs et les phari-
siens entendirent ces paraboles, ils comprirent qu'il
parlait d'eux. ^"^Ils cherchaient à se saisir de lui;
mais ils avaient peur du peuple, parce qu'on regar-
dait Jésus comme un prophète.
La parabole du festin des noces
(Gomp. Luc 14 : 16-24)
2 2 ^ Jésus, parlant encore en paraboles, leur dit :
2 Le royaume des cieux est semblable à un roi qui cé-
lébra les noces de son fils. '^ Il envoya ses serviteurs pour
appeler ceux qui avaient été invités aux noces; mais
ils ne voulurent pas venir. ''Il envoya encore d'autres
serviteurs avec cet ordre : Dites aux invités : Voici
que j'ai préparé mon festin; mes bœufs et mes bêtes
grasses sont tués et tout est prêt ; venez aux noces.
^Mais eux, n'en tenant aucun compte, s'en allèrent,
l'un à son champ, l'autre à son trafic ; ^les autres sai-
sirent ses serviteurs, les outragèrent et les tuèrent.
■^ Le roi se mit en colère, et, ayant envoyé ses troupes,
il fit périr ces meurtriers et brûla leur ville. ^Puis
il dit à ses serviteurs : Le festin des noces est prêt,
mais ceux qui étaient invités n'en étaient pas dignes.
^ Allez donc dans tous les carrefours, et invitez aux
noces tous ceux que vous trouverez. ^^Ces servi-
teurs, étant allés par les chemins, rassemblèrent tous
(1) Psaume 118 : 22-23.
53
22:<j-24 SAINT MATTHIEU
ceux qu'ils trouvèrent, tant mauvais que bons, en
sorte que la salle des noces fut remplie de convives.
^ ^ Le roi, entrant pour voir ceux qui étaient à table,
aperçut un homme qui n'était pas vêtu d'un habit
de noce. ^^11 lui dit : Mon ami, comment es-tu entré
ici, sans avoir un habit de noce ? Et cet homme eut
la bouche fermée. ^ ^Alors le roi dit aux serviteurs :
Liez -le pieds et mains, et jetez -le dans les ténèbres
du dehors ; c'est là qu'il y aura des pleurs et des grin-
cements de dents. ^^Car il y a beaucoup d'appelés,
mais peu d'élus.
Dieu et César
(Voy. Marc 12 : 13-17 ; Luc 20 : 20-26)
^•' Alors les pharisiens, s'étant retirés, tinrent conseil,
afin de le prendre au piège dans ses propres paroles.
^^Et ils lui envoyèrent leurs disciples, avec les héro-
diens ('), pour lui dire : Maître, nous savons que tu
es véridique, et que tu enseignes la voie de Dieu en
toute vérité, sans t' inquiéter de persoime ; car tu ne
regardes pas à rapj)arence des hommes. ^"^ Dis-nous
donc ce que tu penses de ceci : Est-il permis de payer
l'impôt à César, ou non? ^'^ Jésus, connaissant leur
malice, répondit : Pourquoi me tentez-vous, hypo-
crites ? ^^ Montrez moi la monnaie de l'impôt. Ils lui
présentèrent un denier, ^o Alors il leur dit : Cette
effigie et cette inscription, de qui sont-elles ? 2' Ils lui
répondirent : De César. Alors il leur dit : Rendez
donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est
à Dieu. 22 En entendant cette réponse, ils furent dans
l'étonnement ; et, le laissant, ils s'en allèrent.
De la résurrection
(Voy. Marc 12 : 18-27 ; Luc 20 : 27-40)
^•"^Ce même jour, les sadducéens, qui disent qu'il
n'y a point de résurrection, s'approchèrent de Jésus,
et lui firent cette question: 2'' Maître, Moïse a dit:
« Si quelqu'un meurt sans enfants, son frère épousera
(1) Les hérodiens étaient les partisans de la dynastie des Hérodes.
51
SAINT MATTHIEU 22 : 25 42
sa veuve, et il suscitera une postérité à son frère (^). »
-•'Or, il y avait parmi nous sept frères. Le premier
se maria et mourut ; et comme il n'avait point d'en-
fants, il laissa sa femme à son frère. ^^De même aussi
le second, puis le troisième, jusqu'au septième. '^^ Après
eux tous, la femme mourut aussi. -^Duquel des sept
sera-t-elle donc la femme, lors de la résurrection,
puisque tous l'ont eue pour femme ? -'' Jésus leur répon-
dit : Vous êtes dans l'erreur, parce que vous ne com-
prene2f'pas les Ecritures, ni quelle est la puissance de
Dieu. ^"Car, à la résurrection, on ne se marie pas, et on
n'est pas donné en mariage; mais les ressuscites sont
comme les anges dans le ciel. '^ ' Quant à la résur-
rection des morts, n'avez-vous pas lu ce que Dieu
vous a dit en ces mots : ^- « Je suis le Dieu d'Abraham,
le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob (-))>? Il n'est pas
le Dieu des morts, mais des vivants. -^^Le peuple, en-
tendant ces paroles, était frappé de son enseignement.
Le sommaire de la loi
(Voy. Marc 12 : 28-34; Luc 10 : 25-2'7)
^'•Les pharisiens, ayant appris qu'il avait fermé
la bouche aux sadducéens, se rassemblèrent. -^'Et l'un
d'entre eux, docteur de la loi, l'interrogea pour
l'éprouver, et lui dit : ^•'Maître, quel est, dans la loi,
le grand commandement ? •^' Jésus lui répondit :
« Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur,
de toute ton âme, et de toute ta pensée (•^). » -^^ C'est
là le grand, le premier commandement. -^''Et voici l'è
second, qui lui est semblable : « Tu aimeras ton pro-
chain comme toi-même ('). » ''"De ces deux comman-
dements dépendent toute la loi et les prophètes.
Le Christ, fils de David
(Yoy. Marc 12 : 35-37 ; Luc 20 : 41-44)
^^Les pharisiens étant assemblés, Jésus les inter-
rogea, ^^et il leur dit : Que pensez- vous du Christ ?
De qui est-il fils ? Ils lui répondirent : De David.
(1) Deut. 25 : 5. — (2) Exode 3 : G. — (3) Deut. 6 ; 5,
(4) Lévit. 19 : 18.
55
22 : 43-23 : 13 SAINT MATTHIEU
''^11 leur dit : Comment donc David, parlant par
l'Esprit, l'appelle-t-il Seigneur, en disant: ^''«Le
Seigneur a dit à mon Seigneur : Assieds-toi à ma droite,
jusqu'à ce que j'aie mis tes ennemis sous tes pieds (^ ) » ?
''^Si donc David l'appelle Seigneur, comment est-il
son fils ? ^'^ Personne ne put lui répondre un mot; et,
depuis ce jour-là, nul n'osa plus l'interroger.
Les pharisiens jugés "par Jésus ^
(Voy. Marc 12 : 38-40 ; Luc 11 : 87-54 ; 20 : 45-47 ; 13 : 34-35)
23 ^ Alors Jésus parla au peuple et à ses disciples,
^et il leur dit : Les scribes et les pharisiens sont assis
dans la chaire de Moïse. ^Faites donc et observez tout
ce qu'ils vous disent ; mais ne faites pas comme eux,
parce qu'ils disent et ne font pas. '^Ils lient des far-
deaux pesants, et les mettent sur les épaules des
hommes ; mais pour eux, ils ne veulent pas les remuer
du doigt. ^Ils font toutes leurs actions pour être vus
des hommes : ils élargissent leurs phylactères (-),
et ils allongent les franges de leurs manteaux {^);
^ils aiment à avoir la première place dans les festins
et les premiers sièges dans les synagogues, ''k être
salués dans les places publiques et à être appelés par
les hommes : Maître ! ^Mais vous, ne vous faites point
appeler : Maître. Car vous n'avez qu'un seul Maître;
et vous êtes tous frères. ^N'appelez personne sur
la terre votre père ; car vous n'avez qu'un seul Père,
celui qui est dans les cieux. ^^Et ne vous faites point
appeler directeurs ; car vous n'avez qu'un seul Direc-
teur, le Christ. ' ^ Mais le plus grand d'entre vous sera
votre serviteur. ''^Quiconque s'élèvera sera abaissé,
et quiconque s'abaissera sera élevé.
'•^Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites !
parce que vous fermez le royaume des cieux devant
(1) Psaume 110 : 1.
(2) Les phylactères, bandes de parchemin sur lesquelles étaient inscrits des
passages de la loi, et que l'on portait sur le front et au bras gauche.
(Voir Deut. 6 : 8.)
(3) Ces franges, prescrites par la loi (Nombres 15 : 37-40), étaient aux coins
du manteau.
56
SAmr MATTHIEF 23 : U-27
les hommes ; vous n'y entrez point, et ceux qui veu-
lent y entrer, vous les en empêchez !
* '' [Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites !
parce que vous dévorez les maisons des veuves, en
affectant de faire de longues prières ; à cause de cela,
vous subirez un jugement plus rigoureux.] (")
^^ Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites !
Car vous courez la mer et la terre pour faire un
prosélyte ; et, quand vous l'avez, vous en faites un
enfant de la géhenne (^) deux fois plus que vous !
^''Malheur à vous, conducteurs aveugles, qui dites :
Si quelqu'un jure par le temple, ce n'est rien, mais
s'il jure par l'or du temple, il est lié par son serment.
^^ Insensés et aveugles, lequel est le plus grand, l'or
ou le temple qui rend cet or sacré ? ^ ^ Et si quelqu'un,
dites-vous, jure par l'autel, ce n'est rien ; mais s'il
jure par F offrande qui est sur l'autel, il est lié par son
serment. ''^Aveugles, lequel est le plus grand, l'of-
frande ou l'autel qui rend cette offrande sacrée ?
^■' Celui donc qui jure par l'autel, jure par l'autel et
par tout ce qui est dessus; -'celui qui jure par le
temple, jure par le temple et par Celui qui y habite;
^- et celui qui jure par le ciel, jure par le trône de Dieu,
et par Celui qui y est assis.
^•^ Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites !
Car vous payez la dîme de la menthe, de l'aneth
et du cumin, et vous négligez les choses les plus im-
portantes de la loi : la justice, la miséricorde et la
fidélité. Voilà les choses qu'il fallait faire, sans omettre
les autres. ^ '' Conducteurs aveugles, qui arrêtez le
moucheron dans votre filtre et qui avalez le chameau !
^^ Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites !
Car vous nettoyez le dehors de la coupe et du plat,
tandis que l'intérieur est plein de rapacité et d'in-
tempérance. ^'^ Pharisien aveugle, nettoie premiè-
rement le dedans de la coupe et du plat, afin que le
dehors aussi devienne pur !
^^ Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites !
(a) Cette phrase entre crochets ne se trouve pas dans plusieurs anciecs
manuscrits.
(1) Voir note 5, sur Matth. 5 : 22.
57
23 : 28-24 : 1 SAINT MATTHIEU
Car vous ressemblez à des sépulcres blanchis, qui,
au dehors, paraissent beaux, mais qui au dedans
sont pleins d'ossements de morts et de toutes sortes
d'impuretés. ^'^Vous de même, au dehors, vous parais-
sez justes aux hommes, mais, au dedans, vous êtes
remplis d'hypocrisie et d'iniquité.
^'^ Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites !
Car vous bâtissez les tombeaux des prophètes, et
vous ornez les sépulcres des justes ; ^^puis vous dites :
Si nous avions vécu du temps de nos pères, nous
ne nous serions pas joints à eux pour répandre le
sang des prophètes. '^' Ainsi, vous témoignez contre
vous-mêmes que vous êtes bien les fils des meurtriers
des prophètes. ^^ Comblez donc la mesure de vos pères !
•^•^ Serpents, race de vipères, comment échapperez-
vous au châtiment de la géhenne ?
•^ ' C'est pourquoi, voici que je vous envoie des pro-
phètes, des sages et des scribes ; vous tuerez et cruci-
fierez les uns; vous battrez de verges les autres dans vos
synagogues, et vous les persécuterez de ville en ville,
•^^afin que retombe sur vous tout le sang innocent qui
a été répandu sur la terre, depuis le sang d'Abel, le
juste, jusqu'au sang de Zacharie, fils de Barachie ('),
que vous avez assassiné entre le temple et l'autel.
•*^' En vérité, je vous le dis, tous ces malheurs viendront
sur cette génération.
^^ Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes, et
qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois
j'ai voulu rassembler tes enfants, comme une poule
rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous ne l'avez
pas voulu ! ^^ Voici que votre demeure va vous être
laissée déserte ! ^'■^Car, je vous le déclare, vous ne me
verrez plus désormais, jusqu'à ce que vous disiez : « Béni
soit celui qui vient au nom du Seigneur (^) ! »
Discours de Jésus sur la ruine de Jérusalem
et sur son avènement
(Voy. Marc 13 : 1-37 ; Luc 21 : 5-38 ; 17 : 23-35 ; 12 : 35-46)
24 ' Comme Jésus sortait du temple et qu'il s'en
(1) Voy. n Ohron. 34 : 20-22. — (2) Psaume 118 : 26.
58
SAINT MATTHIEU 24 : 2-^8
allait, ses disciples s'approchèrent pour lui en faire
considérer les bâtiments. ^Mais il leur répondit :
Vous voyez tout cela ? En vérité, je vous le dis, il ne
restera ici pierre sur pierre qui ne soit renversée.
^ Comme il était assis sur la montagne des Oli-
viers, les disciples vinrent lui dire en particulier :
Dis-nous quand ces choses arriveront, et quel sera
le signe de ton avènement et de la fin du monde.
^ Jésus leur répondit : Prenez garde que personne ne
vous séduise. ■' Car plusieurs viendront en mon nom, en
disant : Je suis le Christ ; et ils séduiront beaucoup de
gens. ^ Vous entendrez parler de guerres et de bruits de
guerres : prenez garde, ne vous troublez pas; car il
faut que ces choses arrivent. Mais ce ne sera pas en-
core la fin. '^Une nation s'élèvera contre une nation,
et un royaume contre un royaume ; il y aura des fa-
mines et des tremblements de terre en divers lieux.
^Mais tout cela ne sera que le commencement des dou-
leurs. '-'Alors ils vous livreront aux tourments, et ils
vous feront mourir ; et vous serez haïs de toutes les
nations à cause de mon nom. '"Alors aussi plusieurs
succomberont à l'épreuve (*); ils se trahiront les uns
les autres et se haïront les uns les autres. ' * Plusieurs
faux prophètes s'élèveront et séduiront beaucoup de
gens. ^^Et parce que l'iniquité sera multipliée, la
charité du plus grand nombre se refroidira. ^^Mais
celui qui persévérera jusqu'à la fin, celui-là sera sauvé.
^ '* Et cet Évangile du royaume sera prêché par toute
la terre, pour servir de témoignage à toutes les na-
tions. Alors viendra la fin.
^■' Quand vous verrez établie dans le lieu saint
l'abomination de la désolation, dont a parlé le prophète
Daniel (^) — (que le lecteur fasse attention î), —
■•^ alors, que ceux qui seront dans la Judée s'enfuient
dans les montagnes ; ' ' que celui qui sera sur le toit (•^)
ne descende pas , pour emporter ce qui est dans la
maison ; ' ^ et que celui qui sera aux champs ne retourne
(1) Litt. : seront scandaiisés. (Voir uote sur Matth. 16 : 23).
(2) Voy. Daniel 9 : 27.
(3) Sur le toit formant terrasse, d'où Ton peut ilesceudre par un e palier
extérieur.
59
24 :^ 9-35 SAINT MATTHIEU
pas en arrière pour prendre son manteau. ^^ Malheur
aux femmes qui seront enceintes et à celles qui allai-
teront en ces jours-là ! ^^ Priez pour que votre fuite
n'arrive pas en hiver, ni en un jour de sabbat ; ^'car
il y aura alors une grande affliction, telle qu'il n'y en
a point eu de semblable depuis le commencement du
monde jusqu'à présent, et qu'il n'y en aura jamais.
-^Et si ces jours-là n'étaient pas abrégés, aucune
créature ne serait sauvée ; mais ces jours-là seront
abrégés à cause des élus.
^^ Alors, si quelqu'un vous dit : Voyez, le Christ est
ici ; ou bien : Il est là ! — ne le croyez point. - '' Car de faux
christs et de faux prophètes s'élèveront et feront de
grands signes et des prodiges, jusqu'à séduire, s'il
était possible, les élus eux-mêmes. ^"'Vous voilà
prévenus. ^^Si donc on vous dit : « Le voici dans le
désert, )) — n'y allez pas. « Le voici dans l'intérieur de la
maison », — ne le croyez pas. -"Car comme l'éclair
part de l'orient et brille jusqu'à l'occident, il en sera
de même de l'avènement du Fils de l'homme.
^^Où sera le cadavre, là s'assembleront les aigles.
/^^ Aussitôt après l'affliction de ces jours-là, le soleil
s'obscurcira, la lune ne donnera plus sa lumière, les
étoiles tomberont du ciel, et les puissances des cieux
seront ébranlées. ^" Alors paraîtra dans le ciel le signe
du Fils de l'homme ; toutes les tribus de la terre se
frapperont la poitrine, et elles verront le Fils de
l'homme venir sur les nuées du ciel avec une grande
puissance et une grande gloire. ^ ' Il enverra ses anges,
qui, au son éclatant de la trompette, rassembleront
ses élus des quatre vents, depuis une extrémité des
cieux jusqu'à l'autre extrémité.
^■■^ Ecoutez une comparaison empruntée au figuier :
dès que ses branches deviennent tendres et qu'il
pousse des feuilles, vous savez que l'été est proche.
-^^Vous aussi de même, quand vous verrez toutes ces
choses, sachez que le Fils de l'homme est proche,
qu'il est à la porte. ^^En vérité, je vous le dis, cette
génération ne passera pas, que toutes ces choses n'ar-
rivent. ^'^Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles
ne passeront pomt !
60
>- SAINT MATTHIEU 24 : 36-25 : 3
^^Pour ce qui est de ce jour et de cette heure,
personne n'en sait rien, pas même les anges du ciel,
ni même le Fils, mais le Père seul. •^' Comme il en était
aux jours de Noé, il en sera de même à l'avènement
du Fils de l'homme : ^^dans les jours qui précédèrent
le déluge, on mangeait et on buvait, on se mariait
et on donnait en mariage, jusqu'au jour où Noé
entra dans l'arche, — ^^et les hommes ne s'avisèrent
de rien, jusqu'au moment où vint le déluge qui les
emporta tous. — Il en sera de même à l'avènement du
Fils de l'homme. '*^ Alors, deux hommes seront dans
un champ; l'un sera pris et l'autre laissé. ''''Deux
femmes moudront au moulin; l'une sera prise et l'autre
laissée. ^-Veillez donc ; car vous ne savez pas à quelle
heure votre Seigneur doit venir.
''^Sachez -le bien, si le père de famille savait à quelle
heure de la nuit (') le voleur viendra, il veillerait
et ne laisserait pas percer sa maison. ^'*Vous donc
aussi, tenez-vous prêts; carie Fils de l'homme viendra
à l'heure que vous ne pensez pas. ''-'Quel est le servi-
teur fidèle et prudent que le maître a établi sur ses
domestiques, pour leur donner la riourriture au temps
convenable ? '' ^ Heureux sera le serviteur que le maître,
à son arrivée, trouvera agissant ainsi! '^En vérité,
je vous le dis, il l'établira sur tous ses biens. ''^Si, au
contraire, c'est un mauvais serviteur qui dise en son
cœur : Mon maître tarde à venir, '''^ — et qu'il se mette
à battre ses compagnons de service, à manger et à
boire avec les ivrognes, ^^' — le maître de ce serviteur
viendra le jour où il ne s'y attend pas, et à l'heure qu'il
ne sait pas. '' ' Il le déchirera à coups de fouet, et il
lui donnera son lot avec les hypocrites. C'est là qu'il
y aura des pleurs et des grincements de dents.
Parabole des dix vierges
25 'Alors le royaume des cieux sera semblable à
dix vierges qui, ayant pris leurs lampes, allèrent à
la rencontre de l'époux. ^Cinq d'entre elles étaient
folles, et cinq étaient sages. ^ Celles qui étaient folles,
(1) Voir note sur Matth. 14 : 25.
61
25 : 4-22 SAINT MATTHIEU
en prenant leurs lampes, n'avaient point pris d'huile
avec elles. '* Mais les sages avaient pris de l'huile dans
leurs vases avec leurs lampes. ^ Comme l'époux tardait
à venir, elles s'assoupirent toutes et s'endormirent.
^ Au milieu de la nuit, un cri se fit entendre : Voici
l'époux ; sortez à sa rencontre !'' Alors ces vierges se
levèrent toutes et préparèrent leurs lampes. ^Et les
folles dirent aux sages : Donnez -nous de votre huile ;
car nos lampes s'éteignent. -'Mais les sages répon-
dirent: Non, car il n'y en aurait pas assez pour nous
et pour vous ; allez plutôt chez ceux qui en vendent, et
achetez-en pour vous. ^"Mais, pendant qu'elles al-
laient en acheter, l'époux vint; celles qui étaient prêtes
entrèrent avec lui dans la salle des noces, et la porte
fut fermée. ' ' Plus tard, les autres vinrent aussi et
dirent : Seigneur, Seigneur, ouvre-nous ! ^-Mais il
répondit : En vérité, je vous le dis, je ne vous connais
point. ^^ Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni
l'heure.
Parabole des talents
(Comp. Luc 19 : 11-27)
^ 'En effet, il en sera comme d'un homme qui, par-
tant pour un voyage, appela ses serviteurs et leur
confia ses biens. '-^A l'un il donna cinq talents (^), à
l'autre deux, et à l'autre un : à chacun selon sa capa-
cité ; puis il partit. "'Aussitôt, celui qui avait reçu
les cinq talents alla les faire valoir ; et il gagna cinq
autres talents. ''De même, celui qui en avait reçu
deux en gagna deux autres. ^"^Mais celui qui n'en
avait reçu qu'un, s'en alla, fit un trou dans la terre, et
il y cacha l'argent de son maître.
^ ^ Longtemps après, le maître de ces serviteurs revint,
et il leur fit rendre compte. -'^ Alors, celui qui avait reçu
les cinq talents vint, présenta cinq autres talents,
puis il dit : Seigneur, tu m'avais remis cinq talents ;
en voici cinq autres que j'ai gagnés. ^' Son maître lui
dit : Cela va bien, bon et fidèle serviteur ; tu as été
fidèle en peu de choses, je t'établirai sur beaucoup ;
viens prendre part à la joie de ton seigneur. ^"^ Celui qui
(1) Voir note sur Matth. 18 : 24.
62
SAINT MATTHIEU 25 : 23-37
avait reçu les deux talents, vint aussi et dit : Sei-
gneur, tu m'avais remis deux talents ; en voici deux
autres que j'ai gagnés. --^Son maître lui dit : Cela va
bien, bon et fidèle serviteur ; tu as été fidèle en peu
de choses, je t'établirai sur beaucoup ; viens prendre
part à la joie de ton seigneur. ^ '''Celui qui n'avait
reçu qu'un talent, vint aussi et dit : Seigneur, je savais
que tu es un homme dur, qui moissonnes où tu n'as
rien semé, et qui ramasses où tu n'as rien répandu.
-■^ J'ai eu peur et je suis allé cacher ton talent dans la
terre ; le voici, tu as ce qui est à toi, ^^Mais son maître
lui répondit : Méchant et paresseux serviteur, tu
savais que je moissonne où je n'ai rien semé, et que
je ramasse où je n'ai rien répandu! ^'^11 te fallait donc
porter mon argent aux banquiers, et, à mon retour,
j'aurais retiré ce qui est à moi avec l'intérêt. ^^Otez-
lui donc le talent et donnez -le à celui qui a les dix
talents. -^Car on donnera à celui qui a, et il sera dans
l'abondance ; mais à celui qui n'a pas, on ôtera même
ce qu'il a. ^^ Quant au serviteur inutile, jetez -le dans
les ténèbres du dehors, c'est là qu'il y aura des pleurs
et des grincements de dents.
Le jugement dernier
^ ' Quand le Fils de l'homme viendra dans sa gloire,
avec tous les anges, alors il s'assiéra sur son trône
de gloire. -^-Toutes les nations seront rassemblées
devant lui, et il séparera les uns d'avec les autres,
comme le berger sépare les brebis d'avec les boucs.
^•■^Et il mettra les brebis à sa droite et les boucs à sa
gauche.
^ '' Alors le roi dira à ceux qui seront à sa droite :
Venez, vous qui êtes bénis de mon Père, recevez en
héritage le royaume qui vous a été préparé dès la
création du monde. -^^Car j'ai eu faim, et vous m'avez
donné à manger ; j'ai eu soif, et vous m'avez donné
à boire ; j'étais étranger, et vous m'avez recueilli ;
^^' j'étais nu, et vous m'avez vêtu ; j'étais malade, et
vous m'avez visité ; j'étais en prison, et vous êtes
venus auprès de moi. *^^ Alors les justes lui répondront :
63
25 : 38-26 : 4 SAINT MATTHIEU
Seigneur, quand est-ce que nous t^avons vu avoir
faim, et que nous t'avons donné à manger; ou avoir
soif, et que nous t'avons donné à boire ? ^^Et quand
est-ce que nous t'avons vu étranger, et que nous t'avons
recueilli; ou nu, et que nous t'avons vêtu ? ^^Ou quand
est-ce que nous t'avons vu malade ou en prison, et
que nous sommes venus auprès de toi ? ^^Et le roi
leur répondra : En vérité, je vous le dis, toutes les
fois que vous l'avez fait à l'un de ces plus petits de
mes frères, vous me l'avez fait à moi-même.
'^^ Ensuite il dira à ceux qui seront à sa gauche :
Betirez-vous de moi, maudits, allez dans le feu éternel,
pré]3aré pour le Diable et pour ses anges. ''-Car j'ai
eu faim, et vous ne m'avez pas donné à manger ;
j'ai eu soif, et vous ne m'avez pas donné à boire.
''•^J'étais étranger, et vous ne m'avez pas recueilli ;
nu, et vous ne m'avez pas vêtu ; malade et en prison,
et vous ne m'avez pas visité. ^''* Alors ceux-ci lui ré-
pondront à leur tour : Seigneur, quand est-ce que nous
t'avons vu avoir faim, ou soif, être étranger, ou nu,
ou malade, ou en prison, et que nous ne t'avons pas
assisté? ''"^Et il leur ré]3ondra : En vérité, je vous le
dis, toutes les fois que vous ne l'avez pas fait à l'un
de ces plus petits, vous ne me l'avez pas fait à moi
non plus. ''•'Et ceux-ci s'en iront au châtiment éter-
nel, mais les justes iront à la vie éternelle.
Souffrances, mort et résurrection de Jésus
(26, 1 à 28 : 20)
Complot des sacrificateurs
(Voy. Marc 14 : 1-2; Lnc 22 : 1-2; Jean 11 : 47-53)
26 '' Or il arriva, quand Jésus eut achevé tous ces
•discours, qu'il dit à ses disciples: ^Vous savez que
la Pâque aura lieu dans deux jours, et le Fils de
l'homme va être livré pour être crucifié.
'^ Alors les principaux sacrificateurs et les anciens
du peuple se réunirent dans la cour du souverain
sacrificateur, nommé Caïphe, ''et ils tinrent conseil
pour s'emparer de Jésus par ruse et le faire mourir.
64
SAINT MATTHIEU 26:5-4 8
^Mais ils disaient : Que ce ne soit pas pendant la
fête, de peur qu'il n'y ait du tumulte parmi le peuple.
Le repas de Béthanie
(Voy. K-^A-c 14 : 3-9 ; Jean 12 : 1-8)
^ Comme Jésus était à Béthanie, dans la maison de
Simon le lépreux, ''une femme s'approcha de lui,
portant un vase d'albâtre plein d'un parfum de grand
prix, et elle le lui répandit sur la tête, pendant qu'il
était à table. ^Les disciples, voyant cela, furent indi-
gnés et dirent : A quoi bon cette perte ? ^ On pouvait
vendre ce parfum très cher et en donner le prix aux
pauvres. ^*^Mais Jésus, s'en étant aperçu, leur dit:
Pourquoi faites-vous de la peine à cette femme ?
Elle a fait une bonne action à mon égard ; ' ^ car vous
avez toujours les pauvres avec vous ; mais moi, vous
ne m'avez pas toujours. ^-Si elle a répandu ce par-
fum sur mon corps, elle l'a fait en vue de ma sépulture.
'^En vérité, je vous le dis, partout où cet Évangile
sera prêché, dans le monde entier, ce qu'elle a fait sera
aussi raconté en mémoire d'elle.
La trahison de Judas
(Voy. Marc 14 : 10-11 ; Luc 22 : 3-6)
^^ Alors l'un des douze, appelé Judas Iscariote, alla
trouver les principaux sacrificateurs, ^ "* et leur dit :
Que voulez-vous me donner, et je vous le livrerai ?
Ils lui comjDtèrent trente pièces d'argent (') '^Et dès
ce moment, il cherchait une occasion favorable pour
livrer Jésus.
Institution de la sainte Cène
(Voy. Marc 14 : 12-25; Luc 22 : 7-23. — Comp. Jean 13 : 21-30)
^■^Le premier jour de la fête des pains sans levain,
les disciples s'approchèrent de Jésus et lui dirent :
Où veux -tu que nous te préparions le repas de la
Pâque ? ^^11 répondit : Allez à la ville chez un tel, et
dites-lui : Le Maître dit : Mon temps est proche; c'est
chez toi que je célébrerai la Pâque avec mes disciples.
(1) Trente sicles d'argent, environ cent francs.
65 3
26m9-3o saint MATTHIEU
^^Les disciples firent ce que Jésus leur avait ordonné,
et ils préparèrent la Pâque.
^^Le soir étant venu, il se mit à table avec les
douze disciples. ^^ Et comme ils mangeaient, il dit :
En vérité, je vous déclare que l'un de vous me trahira.
^^Ils furent fort affligés, et chacun d'eux se mit à
lui dire : Est-ce moi, Seigneur ? '-^'^Mais il répondit :
Celui qui a mis la main au plat avec moi, c'est celui
qui me trahira. '-^ '• Le Fils de l'homme s'en va, confor-
mément à ce qui a été écrit à son sujet ; mais malheur
à l'homme par qui le Fils de l'homme est trahi ! Mieux
vaudrait pour cet homme-là n'être jamais né ! ^^ Judas,
qui le trahissait, prit la parole et dit : Maître, est-ce
moi ? Jésus lui répondit : Tu l'as dit.
^^ Pendant qu'ils mangeaient, Jésus prit du pain;
et, après avoir rendu grâces, il le rompit, le donna à
ses disciples, et dit : Prenez, mangez; ceci est mon
corps. ^' Ayant aussi pris la coupe et rendu grâces,
il la leur donna, en disant : Buvez -en tous ; ^^car ceci
est mon sang, le sang de l'alliance, qui est répandu
pour plusieurs, pour la rémission des péchés. ^^Je
vous le dis, désormais je ne boirai plus de ce fruit
de la vigne, jusqu'au jour où je le boirai nouveau avec
vous dans le royaume de mon Père.-
Avertissement à Pierre
(Voy. Marc 14 : 26-31 ; Luc 22 : 31-38 ; Jean 13 : 36-38)
^•^ Après avoir chanté le cantique (' ), ils sortirent pour
se rendre à la montagne des Oliviers. ^ ' Alors Jésus
leur dit : Je serai, cette nuit, pour vous tous, une
occasion de chute ; car il est écrit : « Je frapperai le
berger, et les brebis du troupeau seront dispersées ('-). ))
^-Mais après que je serai ressuscité, je vous précéderai
en Galilée. -^^ Pierre, prenant la parole, lui dit : Quand
tu serais pour tous une occasion de chute, tu ne le
seras jamais pour moi! -^^ Jésus lui fépondit : En vé-
rité, je te dis que cette nuit même, avant que le coq
chante, tu me renieras trois fois. -^'^ Pierre reprit:
(1) Ptndant le repas de la Pâque, on chantait les Psaumes 113 à 118.
(2) Zacharie 13 : 7.
66
SAINT MATTHIEU 26 : 36-50
Quand même il me faudrait mourir avec toi, je ne te
renierai point. Et tous les disciples dirent la même
chose.
Gethsémané. — Arrestation de Jésus
(Voy. Marc 14 : 32-52 ; Luc 22 : 39-53; Jeau 18 : 1-11)
^^ Jésus vint avec ses disciples dans un lieu appelé
Gethsémané ; et il leur dit : Asseyez-vous ici, pen-
dant que j'irai là pour prier. ^"^Puis, ayant pris avec
lui Pierre et les deux fils de Zébédée, il commença à
être saisi de tristesse et d'angoisse. ^^ Alors il leur dit :
Mon âme est triste jusqu'à la mort ; demeurez ici et
veillez avec moi. '^^ Puis, étant allé un peu plus loin, il
se jeta le visage contre terre, priant et disant : Mon
Père, s'il est possible, que cette coupe passe loin de
moi ! Toutefois, non pas ce que je veux, mais ce que
tu veux. ''^Ensuite il revint vers ses disciples et les
trouva endormis; et il dit à Pierre : Ainsi, vous n'avez
pu veiller une heure avec moi ! ' ' Veillez et priez, afin
que vous ne tombiez pas en tentation ; l'esprit est plein
de bonne volonté, mais la chair est faible. '-Il s'en alla
encore pour la seconde fois, et il pria en disant : Mon
Père, s'il n'est pas possible que cette coupe passe sans
que je la boive, que ta volonté soit faite. '-^ Etant
revenu, il les trouva encore endormis ; car leurs yeux
étaient appesantis. ''''Puis, les ayant laissés, il s'en
alla de nouveau et pria pour la troisième fois, réx3é-
tant les mêmes paroles. '"'Alors il vint vers ses disci-
ples et leur dit : Vous dormez maintenant, et vous
vous reposez ! Voici que l'heure est venue, et lé Fils de
l'homme va être livré entre les mains des pécheurs.
^^^ Levez-vous, allons ; voici celui qui me trahit s'ap-
proche.
^^ Comme il parlait encore, voici que Judas, l'un des
douze, survint, et avec lui une grande troupe de gens
armés d'épées et de bâtons, envoyés par les principaux
sacrificateurs et les anciens du peuple. ^'^ Celui qui le
trahissait était convenu avec eux de ce signe : Celui
auquel je donnerai un baiser, c'est lui, saisissez -le.
'''■'Et aussitôt, s'approchant de Jésus, il dit : Salut,
Maître ! Et il lui donna un baiser. •" Mais Jésus lui dit :
67
26 : 81-63 SAINT MATTHIEU
Mon ami, c'est donc pour cela que tu es ici ? Alors ils
s'ap]3rochèrent, mirent la main sur Jésus et le saisirent.
^^ Et voici que l'un de ceux qui étaient avec lui, éten-
dit la main, tira son épée, en frappa le serviteur du sou-
verain sacrificateur, et il lui emporta l'oreille. ^'^ Alors
Jésus lui dit : Remets ton épée en place ; car tous ceux
qui prendront l'épée, périront par l'épée. ^^ Crois-tu
que je ne pourrais pas invoquer mon Père, qui me
donnerait aussitôt plus de douze légions d'anges ?
^'''Comment donc s'accompliraient les Ecritures,
d'après lesquelles il faut que tout ceci arrive ? ^^A ce
moment, Jésus dit à la foule : Vous êtes sortis avec
des épées et des bâtons, pour me prendre, comme si
j'étais un brigand. Tous les jours, j'étais assis dans le
temple et j'y enseignais, et vous ne m'avez point
arrêté. ^''Mais tout cela est arrivé, afin que fût
accompli ce qui a été écrit par les prophètes. Alors tous
les disciples l'abandonnèrent et s'enfuirent.
Jésus devant Caïphe. — Le reniement de Pierre
(Voy. Marc 14 : 53-72 ; 15 : 1 ; Luc 22 : 54-71 ; 23 : 1 ; Jean 18 : 12-27)
•''Ceux qui avaient arrêté Jésus l'emmenèrent chez
Caïphe, le souverain sacrificateur, où les scribes et
les anciens étaient réunis. ''^Pierre le suivit de loin
jusqu'à la cour du souverain sacrificateur ; il y entra
et s'assit avec les gardes pour voir comment cela
finirait.
^^ Cependant, les principaux sacrificateurs, et le
sanhédrin tout entier, (') cherchaient quelque faux
témoignage contre Jésus, pour le faire mourir. ^*^Mais
ils n'en trouvaient point, bien que plusieurs faux
témoins se fussent présentés. Enfin il en vint deux,
^'qui parlèrent ainsi : Cet homme a dit : Je puis dé-
truire le temple de Dieu et le rebâtir en trois jours (-).
^2 Alors le souverain sacrificateur se leva et lui dit :
Ne réponds-tu rien à ce que ces gens déposent contre
toi ? "^-^Mais Jésus gardait le silence. Le souverain
sacrificateur, reprenant, lui dit : Je t'adjure, par le
(Ij.Yoir note 2, sur Matth. 5 ;
(2) -"omp. Jean S : 19.
68
SAINT MATTHIEU 26 : 64-27 : 3
Dieu vivant, de nous dire si tu es le Christ, le Fils de
Dieu. ^'^ Jésus lui répondit : Tu l'as dit! Et même, je
vous le déclare, désormais vous verrez le Fils de
l'homme, assis à la droite de la puissance de Dieu, et
venant sur les nuées du. ciel. ^^ Alors le souverain sacri-
ficateur déchira ses vêtements, en disant : Il a blas-
phémé ; qu'avons-nous besoin encore de témoins ?
Vous venez d'entendre le blasphème. Que vous en
semble ? '^'^Ils répondirent : Il mérite la mort ! '^'^ Alors
ils lui crachèrent au visage, et ils lui donnèrent des
coups de poing. D'autres lui donnaient des soufflets,
^^en disant : Christ, prophétise ! Dis-nous qui t'a
frappé.
*^'^ Cependant, Pierre était assis dehors dans la cour.
Une servante s'approcha de lui et lui dit : Toi aussi,
tu étais avec Jésus, le Galiléen. "^^Mais il le nia devant
tous, en disant : Je ne sais ce que tu dis. "^^ Et comme
il s'en allait vers le vestibule, une autre servante le vit,
et dit à ceux qui étaient là : Celui-ci était aussi avec
Jésus, le Nazaréen. ^-Mais il le nia encore, en disant
avec serment : Je ne connais point cet homme. "^-^Un
peu après, ceux qui étaient là, s'étant approchés,
dirent à Pierre : Assurément, tu es aussi de ces gens-
là ; car ton langage te fait reconnaître. ''^' Alors il se
mit à faire des imprécations avec des serments, en
disant : Je ne connais point cet homme ! Et aussitôt,
le coq chanta. "^-^ Pierre se souvint de la parole de Jésus
qui lui avait dit : Avant que le coq chante, tu me re-
nieras trois fois. Et, étant sorti, il pleura amèrement.
2 7 ' Quand le matin fut venu, tous les principaux
sacrificateurs et les anciens du peuple tinrent conseil
contre Jésus, pour le faire mourir. -Et après l'avoir
enchaîné, ils l'emmenèrent et le livrèrent à Pilate,
le gouverneur (').
Mort de Judas
(Yoy. Actes 1 : 18-19)
3 Alors Judas, qui l'avait trahi, voyant qu'il était
condamné, fut pris de remords et rapporta les trente
(1) Ponce-Pilate fut procurateur et gouverneur de la Judée, de l'an 25 à
Tau 36 de l'ère chrétienne.
69
27:4-20 SAINT MATTHIBIT
pièces d'argent aux principaux sacrificateurs et aux
anciens, ^* en disant : J'ai péché en livrant le sang
innocent. Mais ils répondirent : Que nous importe ?
Cela te regarde. ^Jetant alors les pièces d'argent dans
le temple, il se retira, et il alla se pendre. *^Mais les
principaux sacrificateurs prirent les pièces d'argent,
et ils dirent : Il n'est pas permis de les mettre dans
le trésor sacré, puisque c'est le prix du sang. ' Après
en avoir délibéré, ils achetèrent avec cet argent le
champ du potier, pour la sépulture des étrangers.
^ C'est pourquoi ce champ-là est appelé, encore aujour-
d'hui, «le champ du sang ». '"^ Alors fut accompli ce
qui avait été dit par Jérémie, le prophète : « Ils ont
reçu les trente pièces d'argent, le prix de celui qui a
été évalué, évalué par les enfants d'Israël; ^'^et ils les
ont données pour le champ du potier, comme le Sei-
gneur me l'avait commandé ('). »
Jésus devant Pilate
(Voy. Marc 15 : 2-20 ; Luc 23 : 2-25 ; Jean 18 : 29-40 ; 19 : 1-16)
^ ' Jésus comparut devant le gouverneur, et le gou-
verneur l'interrogea, en disant : C'est toi qui es le
roi des Juifs ? Jésus répondit : Tu le dis. ^- Et pendant
que les principaux sacrificateurs et les anciens l'accu-
saient, il ne répondait rien. ' -^ Alors Pilate lui dit :
N'entends-tu pas tous les témoignages qu'ils portent
contre toi ? ^ '' Mais il ne répondit rien sur aucun point,
de sorte que le gouverneur était fort étonné.
^^'A chaque fête de Pâque, le gouverneur avait
coutume de relâcher un prisonnier, celui que le peuple
voulait. ^*'0/, il y avait, à ce moment-là, un prison-
nier fameux, nommé Barabbas. '"'Pilate dit donc au
peuple rassemblé : Lequel voulez-vous que je vous
relâche : Barabbas, ou Jésus, celui qu'on appelle
Christ ? ^^Car il savait bien que c'était par envie
qu'ils l'avaient livré.
'^Pendant qu'il siégeait à son tribunal, sa femme lui
envoya dire : N'aie rien à faire avec ce Juste ; car
j'ai beaucoup souffert, aujourd'hui, en songe, à cause
(1) Zacharie 11 : 12-13. (Voy. Jérémie 33 : 6-9.)
70
SAINT MATTHIEU 27 : 20-35
de lui. — 20]y[a^jg jgg principaux sacrificateurs et les
anciens persuadèrent au peuple de demander Ba-
rabbas, et de faire périr Jésus. ^^Le gouverneur, pre-
nant la parole, leur dit : Lequel dés deux voulez-
vous que je vous relâche ? Ils répondirent : Barabbas !
22 Pilate leur dit : Que f erai-je donc de Jésus, qu'on
appelle Christ ? Tous répondirent : Qu'il soit cru-
cifié ! 23 Le gouverneur dit : Mais quel mal a-t-il fait ?
Ils criaient encore plus fort : Qu'il soit crucifié !
2 ''Pilate, voyant qu'il ne gagnait rien, mais que le
tumulte augmentait, prit de l'eau et se lava les
mains devant le peuple, en disant : Je suis innocent
du sang de cet homme ; cela vous regarde. 2 ••Et tout
le peuple répondit : Que son sang retombe sur nous
et sur nos enfants ! 26 Alors il leur relâcha Barabbas.
Quant à Jésus, après l'avoir fait battre de verges,
il le leur livra pour être crucifié.
2 'Les soldats du gouverneur emmenèrent Jésus
dans le prétoire, et ils rassemblèrent autour de lui
toute la cohorte ('). 28lls lui ôtèrent ses vêtements et
le revêtirent d'un manteau d'écarlate. 2'">Puis, ils tres-
sèrent une couronne d'épines, ils la lui mirent sur la
tête, avec un roseau dans la main droite ; et, fléchissant
le genou devant lui, ils se moquaient de lui, en disant :
Salut, roi des Juifs ! •'^*^Ils crachaient sur lui, et, pre-
nant le roseau, ils lui en donnaient des coups sur la
tête. ^^ Après s'être moqués de lui, ils lui ôtèrent le
manteau, et lui remirent ses vêtements ; puis, ils
l'emmenèrent pour le crucifier.
Jésus crucifié
(Voy. Marc 15 : 21-41 ; Luc 23 : 26-49 ; Jean 19 : 17-37)
^2 Comme ils sortaient, ils trouvèrent un homme de
Cyrène, nommé Simon, et ils le contraignirent à porter
la croix de Jésus. •^•' Arrivés au lieu appelé Golgotha,
ce qui signifie « le lieu du Crâne» , ^ '' ils lui donnèrent à
boire du vin mêlé de fiel ; mais quand il en eut goûté,
il n'en voulut point boire. ^^ Après l'avoir crucifié,
ils se partagèrent ses vêtements, en les tirant au sort.
(1) La cohorte romaine formait la dixième partie d'une légion et était com-
mandée par un tribun. — Le prétoire était le palais du gouverneur.
71
27 : 36-54 SAINT MATTHIEU
^^Et, s'étant assis, ils restaient là à le garder. ^^ Au-
dessus de sa tête ils avaient placé un écriteau portant
le motif de sa condamnation : Voici Jésus, le Roi
des Juifs.
^^ En même temps, on crucifia avec lui deux brigands,
l'un à sa droite et l'autre à sa gauche.
^^ Ceux qui passaient par là l'outrageaient, hochant
la tête ''•**et disant : Toi qui détruis le temple et qui le
rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même, si tu es le
Eils de Dieu ; et descends de la croix ! '' * De même
aussi, les principaux sacrificateurs, avec les scribes et
les anciens, disaient en se moquant : '''^11 en a sauvé
d'autres; il ne peut se sauver lui-même! S'il est le
roi d'Israël, qu'il descende maintenant de la croix,
et nous croirons en lui. ^^ Il se confie en Dieu ; que Dieu
le délivre maintenant, s'il l'aime ; car il a dit : Je suis
le Fils de Dieu. '''Et les brigands, crucifiés avec lui,
lui adressaient les mêmes outrages.
'•^Depuis la sixième heure jusqu'à la neuvième (^),
il y eut des ténèbres sur tout le pays. ^^Vers la
neuvième heure, Jésus cria d'une voix forte : Eli,
Eli, lamma sahachtani I c'est-à-dire : « Mon Dieu, mon
Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné » (^) ? '^'^ Quelques-
uns de ceux qui étaient présents, l'ayant entendu,
disaient : Il appelle Elie. ''^Aussitôt l'un d'eux courut
prendre une éponge, et, l'ayant remplie de vinaigre,
il la mit au bout d'un roseau et lui donna à boire.
''^Mais les autres disaient : Laisse ; voyons si Élie
viendra le délivrer. -'"Et Jésus, ayant de nouveau jeté
un grand cri, rendit l'esprit.
^' Alors, voici que le voile du temple se déchira en
deux, depuis le haut jusqu'en bas; la terre trembla, les
rochers se fendirent, ^^les tombeaux s'ouvrirent, et les
corps de plusieurs saints qui étaient morts ressuscitè-
rent : ^^étant sortis de leurs tombeaux, ils entrèrent dans
la ville sainte après sa résurrection, et ils apparurent
à plusieurs personnes. ^^Le centenier et ceux qui avec
lui gardaient Jésus, ayant vu le tremblement de terre
et tout ce qui était arrivé, furent fort effrayés, et ils
(1) De midi à 3 heures de l'après-inidi. — Voir note sur Matth. 90 : 3.
(2) Yoy. Psaume »S : 2.
72
SAINT MATTHIEU 27 : 55-28 I i
dirent : Véritablement, celui-ci était le Fils de Dieu !
^-'Or, il y avait là plusieurs femmes qui regardaient
de loin : c'étaient celles qui avaient suivi Jésus depuis
la Galilée, pour le servir. •^'^De ce nombre étaient
Marie -Madeleine (') et Marie, mère de Jacques et de
Joseph, et la mère des fils de Zébédée.
La sépulture. — La garde auprès du tombeau
(Voy. Marc 15 : 42-47; Luc 23 : 50-56; Jean 19 : 38-42)
^^Le soir étant venu, un homme riche, d'Arimathée,
nommé Joseph, qui lui-même était disciple de Jésus,
^^alla trouver Pilate et lui demanda le corps de Jésus ;
alors Pilate ordonna qu'on le lui remît. ^^ Joseph prit
le corps, l'enveloppa dans un linceul blanc, '^'^et il
le déposa dans un sépulcre neuf qu'il avait fait tailler
dans le roc pour lui-même ; puis, il roula une grande
pierre à l'entrée du sépulcre, et il s'en alla. ^^Or,
Marie-Madeleine et l'autre Marie étaient là, assises
en face du tombeau.
^^Le lendemain • — qui était le jour après la prépara-
tion — (-), les principaux sacrificateurs et les pharisiens
se rendirent ensemble chez Pilate, ^-^et ils lui dirent :
Seigneur, nous nous sommes souvenus que cet impos-
teur, quand il vivait encore, disait : Après trois jours,
je ressusciterai. ^ '' Ordonne donc que le tombeau soit
gardé sûrement jusqu'au troisième jour, de peur que
ses disciples ne viennent l'enlever et qu'ils ne disent au
peuple : Il est ressuscité des morts. Cette dernière
imposture serait pire que la première. ^^ Pilate leur
dit : Vous avez une garde ; allez, et gardez -le comme
vous l'entendrez. ^^Ils s'en allèrent donc, et ils s'as-
surèrent du tombeau, en scellant la pierre et en y
plaçant la garde.
La résurrection
(Voy. Marc 16 : 1-9; Luc 24 : 1-12 ; Jean 20 : 1-18)
28 ^ Après le sabbat, comme le premier jour de
la sema.ine commençait à luire, Marie-Madeleine et
(1) Litt. : Marie de Mngdiila.
(2) O'est-à-dire le sabbat.
73
28 : 2-U SAINT MATTHIEU
l'autre Marie vinrent pour voir le tombeau. ^Et voici
qu'il se fit un grand tremblement de terre ; car un
ange du Seigneur descendit du ciel et vint rouler la
pierre, et il s'assit dessus. -^Son aspect était semblable
à un éclair, et son vêtement blanc comme la neige.
^ De la frayeur que les gardes en eurent, ils furent
tout bouleversés, et ils devinrent comme morts.
^ Mais l'ange, prenant la parole, dit aux femmes :
Pour vous, ne craignez point ; car je sais que vous
cherchez Jésus, qui a été crucifié. ^ Il n'est pas ici ; il
est ressuscité, comme il l'avait dit. Venez, voyez le
lieu où il était couché ; '^ et hâtez-vous d'aller dire à
ses disciples qu'il est ressuscité des morts. Voici qu'il
vous précède en Galilée : c'est là que vous le verrez,
je vous en avertis !
^Aussitôt elles s'éloignèrent promptement du tom-
beau, avec crainte et grande joie, et elles coururent
porter la nouvelle à ses disciples. '■'Et voici que Jésus
se présenta devant elles et leur dit : Je vous salue !
Elles s'approchèrent, saisirent ses pieds et l'adorèrent.
^ "^ Alors Jésus leur dit : Ne craignez point ; allez dire
à mes frères de se rendre en Galilée ; c'est là qu'ils
me verront.
Le bruit public,
^ ' Comme elles étaient en chemin, quelques-uns
des gardes vinrent à la ville et rapportèrent aux
principaux sacrificateurs tout ce qui était arrivé.
^-Ceux-ci se réunirent avec les anciens, et, après en
avoir délibéré, ils donnèrent une forte somme d'argent
aux soldats, ^^avec cet ordre : Dites que ses disciples
sont venus de nuit et qu'ils l'ont enlevé pendant que
vous dormiez. ^''Si cela vient à la connaissance du
gouverneur, nous l'apaiserons, et nous vous tirerons
de peine. ^-^Les soldats, ayant pris l'argent, agirent
d'après ces instructions ; et ce bruit s'est répandu
parmi les Juifs jusqu'à ce jour.
Apparition en Galilée
(Voy. Marc 16 : 15-16)
^^Les onze disciples allèrent en Galilée, sur la mon-
74
SAINT MATTHIEU 28:^-20
tagne que Jésus leur avait désignée. ^"^ Quand ils le
virent, ils l'adorèrent, mais quelques-uns doutèrent.
' ^ Jésus, s'approchant leur parla ainsi : Toute puis-
sance m'a été donnée dans le ciel et sur la terre.
^•* Allez donc, enseignez toutes les nations, en les bap-
tisant ( ' ) au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit,
^^et en leur apprenant à garder tout ce que je vous
ai commandé. Et voici que je suis avec vous tous les
jours, jusqu'à la fin du monde.
(1) Litt. : baptisant eux.
76
ÉVANGILE
SAINT MARC
Préparation du ministère de Jésus (1 : i à 13)
Ministère de Jean-Baptiste
(Voy. Matth. 3 : 1-12 ; Luc 3 : 1-20 ; Jean 1 : 19-28)
I ^ Commencement de l'Évangile de Jésus-Christ,
Fils de Dieu. ^Conformément à ce qui est écrit dans le
prophète Ésaïe : « Je vais envoyer mon messager de-
vant ta face, et il te préparera le chemin.... ^Une voix
crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur,
aplanissez ses sentiers ( ' ) », — ^ Jean parut dans le dé-
sert, baptisant et prêchant le baptême de repentance,
pour k, rémission des péchés. ^ Toute la Judée et tous
les habitants de Jérusalem allaient à lui, et, confes-
sant leurs péchés, ils étaient baptisés par lui dans
les eaux du Jourdain. ^Jean avait un vêtement de
poil de chameau et une ceinture de cuir autour des
reins ; il se nourrissait de sauterelles et de miel sau-
vage. ' Et il prêchait, en disant : Il vient après moi,
celui qui est plus puissant que moi; et je ne suis pas
digne de délier, en me baissant, la courroie de ses
chaussures. ^Moi, je vous ai baptisés d'eau; mais
lui, il vous baptisera d'Esprit saint.
Baptême et tentation de Jésus-Christ
(Voy. Matth. 3 : 13-17 ; 4 : 1-11 ; Luc 3 : 21-22 ; 4 : 1-13; Jean 1 : 32-34)
^Or, il arriva, en ces jours-là, que Jésus vint de
Nazareth, viUe de Galilée, et il fut baptisé par Jean
dans le Jourdain. ^ ^ Au moment où il sortait de l'eau,
(1) MalacMe 3 : 1 ; Ésaïe 40 : S.
76
SAINT MABG 1:11-26
il vit les cieux s'ouvrir et l'Esprit descendre sur lui
comme une colombe. ' ^ Et il vint des cieux une voix qui
disait : Tu es mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis
toute mon affection.
^ ^ Aussitôt l'Esprit poussa Jésus au désert. *^ Il passa
quarante jours dans le désert, tenté par Satan; il
était avec les bêtes sauvages, et les anges le servaient.
Ministère de Jésus en Galilée (1 : 14 à 9 : 5i)
Jésus commence son ministère. — Premiers disciples
(Voy. Matth. 4^ : 12-22 ; Luc 4 : 14-15)
^'' Après que Jean eut été mis en prison, Jésus se
rendit en Galilée, prêchant l'Évangile de Dieu. '"'Il
disait : Le temps est accompli, et le royaume de Dieu
est proche. Repentez-vous et croyez à l'Évangile.
^ ^ Comme il marchait le long de la mer de Galilée, il
vit Simon et André, son frère, qui jetaient le filet dans
la mer ; car ils étaient pêcheurs. ^ '^ Jésus leur dit :
Suivez-moi, et je vous ferai devenir pêcheurs d'hom-
mes. ^^ Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent.
^^ Étant allé un peu plus loin, il vit Jacques, fils
de Zébédée, et Jean son frère, qui étaient aussi dans
une barque, raccommodant leurs filets. ^"11 les appela
aussitôt ; et, laissant Zébédée leur père dans la barque
avec les ouvriers, ils le suivirent.
Guéri son d'un démoniaque
(Yoy. Luc 4 : 31-37)
^^ Ensuite ils se rendirent à Capernaiim; et aussitôt,
le jour du sabbat, Jésus étant entré dans la synagogue,
se mit à y enseigner. ^^On était frappé de son ensei-
gnement ; car il enseignait comme ayant autorité, et
non pas comme les scribes.
^^Or, il y avait, à ce moment même, dans la syna-
gogue, un homme possédé d'un esprit impur. '^^ Il s'é-
cria : Qu'y a-t-il entre nous et toi, Jésus de Nazareth ?
Es -tu venu pour nous perdre ? Je sais qui tu es : le
Saint de Dieu. ^^Mais Jésus le reprit sévèrement et
lui dit: Tais-toi, et sors de cet homme! ^^^ Alors
77
1 : 27-39 SAINT MARC
l'esprit impur, le secouant avec violence et poussant
un grand cri, sortit de lui. ^^xis furent tous dans
l'étonnement, de sorte qu'ils se demandaient entre
eux : Qu'est-ce que ceci ? C'est un enseignement tout
nouveau!... Celui-là commande avec autorité, même
aux esprits impurs, et ils lui obéissent («) ! ^^Et sa
renommée se répandit aussitôt dans toute la contrée
environnante de la Galilée.
La belle-mère de Pierre
(Yoy. Matth. 8 : 14-15 ; Luc 4 : 38-39)
^^Dès qu'ils furent sortis de la synagogue, ils vin-
rent avec Jacques et Jean dans la maison de Simon
et d'André. ^"Or, la belle-mère de Simon était au
lit, malade de la fièvre ; et aussitôt ils lui parlèrent
d'elle. ^^ Alors il s'approcha, et, la prenant par la main,
il la fit lever ; la fièvre la quitta, et elle se mit à les
servir.
Miracles divers
(Yoy. Matth. 8 : 16-17 ; Luc i : 40-44)
^^ Quand le soir fut venu, après le coucher du soleil,
on lui amena tous les malades et les démoniaques.
^^ Toute la ville était rassemblée devant la porte.
^''11 guérit plusieurs malades atteints de divers
maux, et chassa plusieurs démons, ne permettant pas
aux démons de dire qu'ils le connaissaient.
^^Le lendemain matin, comme il faisait encore fort
obscur, s'étant levé, il sortit et s'en alla dans un lieu
écarté ; et il y priait. ^^ Simon et ceux qui étaient avec
lui se mirent à sa recherche. ^'L'ayant trouvé, ils
lui dirent : Tous te cherchent. ^^11 leur répondit :
Allons ailleurs, dans les bourgs des environs, afin que
j'y prêche aussi ; car c'est pour cela que je suis venu.
*^''Et il allait par toute la Galilée, prêchant dans les
synagogues et chassant les démons.
[a\ Ou peut traduire aussi d'après ime autre ponctuation du texte : Un
ensfigiieinent fiotiveau et fait d'autorité! Il commande même aux esprits im-
purs..,
78
SAINT MARC 1 : 40-2 : <0
Guérison (Tun lépreux
(Voy. Matth. 8 : 1-4 ; Luc 5 : 12-16)
^'^ Un lépreux vint à lui, et, s'étant jeté à genoux,
il lui adressait cette prière : Si tu le veux, tu peux me
rendre net. ^ ' Jésus, ému de compassion, étendit la
main, le toucha, et lui dit : Je le veux, sois net! ^*^A
l'instant, la lèpre disparut, et il devint net, ''^ Jésus le
renvoya aussitôt, en lui faisant cette recomman-
dation sévère : ^^ Garde-toi d'en rien dire à personne ;
mais va, montre-toi au sacrificateur, et offre pour ta
purification ce que Moïse a prescrit, afin que cela leur
serve de témoignage. ^''Mais cet homme, étant parti,
se mit à publier le fait et à le raconter partout, de
sorte que Jésus ne pouvait plus entrer ouvertement
dans une ville; mais il se tenait dehors dans des
lieux écartés. Et l'on venait à lui de toutes parts.
Le paralytique
(Voy. Matth. 9 : 1-8 ; Luc 5 : 17-26)
2 ^ Quelques jours après, Jésus revint à Capemaûm,
et l'on apprit qu'il était dans la maison. ^ Il s'y assem-
bla tant de monde, qu'il n'y avait plus de place même
devant la porte ; et il leur annonçait la parole. -'Alors
il vint des gens qui lui amenaient un paralytique,
porté par quatre hommes. ^Mais, ne pouvant arriver
jusqu'à lui à cause de la foule, ils découvrirent le toit
au-dessus de l'endroit où il était; et, par l'ouverture, ils
descendirent le lit sur lequel le paralytique était cou-
ché. -^ Jésus, voyant leur foi, dit au paralytique :
Mon enfant, tes péchés te sont pardonnes.
® Or, il y avait là quelques scribes, qui se tenaient
assis, et ils faisaient ce raisonnement dans leur cœur :
"' Pourquoi cet homme parle-t-il ainsi ? Il blasphème !
Qui peut pardonner les péchés, que Dieu seul ?
^Aussitôt Jésus, ayant connu en son esprit qu'ils
raisonnaient ainsi en eux-mêmes, leur dit : Pourquoi
faites-vous ces raisonnements dans vos cœurs ? ^Le-
quel est le plus aisé, de dire au paralytique : Tes
péchés te sont pardonnes, ou de dire : Lève-toi,
prends ton lit, et marche ?... ^ ^' Or, afin que vous sachiez
79
2 :^^-22 SAINT MARC
que le Fils de l'homme a sur la terre le pouvoir de
pardonner les péchés, ^ ' je te l'ordonne, dit-il au para-
lytique, lève-toi, prends ton lit, et va dans ta maison.
^ ^ Cet homme se leva et aussitôt, ayant pris son lit, il
sortit en présence de tout le monde; de sorte qu'ils
étaient tous dans l'étonnement, et ils glorifiaient Dieu,
en disant : Nous n'avons jamais rien vu de pareil!
Vocation de Lévi. — Le jeûne
(Voy. Matth. 9 : 9-17 î Luc 5 : 27-39)
^ ^ Alors Jésus retourna du côté de la mer ; tout le
peuple venait à lui, et il les enseignait. ^ ^' En passant,
il vit Lévi ('), fils d'Alphée, assis au bureau du péage.
Il lui dit : Suis-moi ; et lui, se levant, le suivit.
;• ^ Comme Jésus était à table dans la maison de Lévi,
beaucoup de péagers et de pécheurs se mirent à table
avec lui et ses disciples ; car il y en avait beaucoup
qui l'avaient suivi. ^^Les scribes appartenant au
parti des pharisiens, voyant qu'il mangeait avec des
péagers et des pécheurs, disaient à ses disciples : Il
mange avec des péagers et des pécheurs ! ^"^ Jésus,
ayant entendu cela, leur dit : Ce ne sont pas ceux
qui sont en santé qui ont besoin de médecin, mais
ceux qui se portent mal. Je ne suis pas venu appeler
les justes, mais les pécheurs.
^^Or, les disciples de Jean et les pharisiens jeû-
naient. Ils vinrent dire à Jésus : D'où vient que les dis-
ciples de Jean et ceux des pharisiens jeûnent, et que
tes disciples ne jeûnent pa^s ? ^^ Jésus leur dit : Les
amis de l'époux peuvent-ils jeûner pendant que
l'époux est avec- eux ? Tant qu'ils ont l'époux avec
eux, ils ne peuvent jeûner. ^'^Mais le temps viendra
où l'époux leur sera ôté ; alors ils jeûneront en
ce jour-là. ^^ Personne ne coud une pièce de drap
neuf à un vieux vêtement ; autrement, la pièce
neuve emporte une partie du vieux drap, et la dé-
chirure en devient pire, ^^^t personne ne met du
vin nouveau dans de vieilles outres ; autrement, le
vin fait rompre les outres; le vin est perdu, et les
outres aussi.
(1) Appelé aussi Matthieu.' — Voy. Matth. 9 : 9 ; 10 : 3.
80 .
SAINT MARO 2 : 23-3 : 7
Les épis arrachés
I (Voy. Matth. 12 : 1-8 ; Luc 6 : 1-5)
2^ Il arriva, comme Jésus passait par les blés un jour
de sabbat, que ses disciples, chemin faisant, se mirent
à arracher des épis. ^'' Alors les pharisiens lui dirent:
Eegarde ! Pourquoi font-ils ce qui n'est pas permis
le jour du sabbat ? -^11 leur répondit : N'avez -vous
jamais lu ce que fit David, lorsqu'il fut dans le besoin
et qu'il eut faim, lui et ceux qui étaient avec lui (') ;
26 comment il entra dans la maison de Dieu, du temps
d'Abiathar, souverain sacrificateur, et mangea les
pains de proposition, — qu'il est permis aux sacrifica-
teurs seuls de manger, — et comment il en donna
même à ceux qui étaient avec lui ? 2' Puis Jésus
ajouta : Le sabbat a été fait pour l'homme, et non
pas l'homme pour le sabbat, ^s Ainsi le Fils de l'homme
est maître même du sabbat.
L'homme à la main desséchée
(Voy. Matth. 12 : 9-14 ; Luc 6 : 6-11)
3 ^ Une autre fois, Jésus entra dans une synagogue où
se trouvait un homme qui avait la main desséchée.
^Les Pharisiens l'observaient pour voir s'il le guérirait
un jour de sabbat, afin de pouvoir l'accuser. ^11 dit
à l'homme qui avait la main desséchée : Lève-toi, et
tiens-toi là au milieu. '' Puis il leur dit : Est-il permis,
le jour du sabbat, de faire du bien ou de faire du
mal ; de sauver une personne ou de la tuer ? Mais
ils gardaient le silence. ^ Alors, promenant sur eux
ses regards avec indignation, et affiigé de l'endur-
cissement de leur cœur, il dit à l'homme : Etends
ta main. Il l'étendit, et sa main redevint saine. ^Les
pharisiens, étant sortis, tinrent aussitôt conseil avec
les hérodiens contre lui, pour le faire périr.
Choix des douze apôtres
(Voy. Matth. 10 : 1-4 ; Luc 6 : 12-16)
^ Jésus se retira avec ses disciples du côté de la mer,
et une grande multitude venue de la Galilée le suivit.
(1) Voy. I Samuel SI : 1-6.
81
3 : 8-26 SAINT MARC
De la Judée aussi, ^de Jérusalem, de l'Idumée, du
pays au-delà du Jourdain, ainsi que des environs de
Tyr et de Sidon, une grande multitude, ayant entendu
parler de tout ce qu'il faisait, vint vers lui. ^ Alors il dit
à ses disciples de lui tenir une petite barque toute
prête, à cause de la foule, pour ne pas être trop pressé
par elle. ^^Car il avait guéri plusieurs malades, de
sorte que tous ceux qui avaient quelque mal se jetaient
sur lui pour le toucher. ^ ' Et quand les esprits impurs
le voyaient, ils tombaient à ses pieds et s'écriaient :
Tu es le Fils de Dieu ! ^-Mais il leur défendait sévère-
ment de le faire connaître.
^^n alla ensuite sur la montagne, et il appela ceux
qu'il voulut choisir lui-même, et ils vinrent à lui. '' '' Il
en établit douze, qu'il nomma apôtres, pour les avoir
avec lui et pour les envoyer prêcher, ^ ^ avec le pouvoir
de chasser les démons. ^ ^ Voici les douze qu'il établit :
Simon, à qui il donna le nom de Pierre; ^^ Jacques,
fils de Zébédée, et Jean, frère de Jacques, auxquels
il donna le nom de Boanerges, c'est-à-dire fils du
tonnerre ; ^^ André, Philii3pe, Barthélémy, Matthieu,
Thomas, Jacques, fils d'Alphée, Thaddée, Simon le
Cananéen, ^'-^et Judas Iscariote ('), celui-là même qui
le trahit.
Le "pèchè contre le Saint- Es frit.
(Voy. Matth. 12 : 22-32 ; Luc 11 : 14-22)
-^ Jésus entra dans une maison avec ses disciples ;
et la foule s'y rassembla encore, de sorte qu'ils ne
pouvaient pas même prendre leur repas. ^' Quand ses
proches l'eurent appris, ils vinrent pour s'emparer
de lui ; car ils disaient qu'il avait perdu l'esprit.
--Les scribes, descendus de Jérusalem, disaient :
Il est possédé de Béelzébul, et il chasse les démons
par le prince des démons. -^Mais Jésus, les ayant
appelés, leur dit en paraboles : Comment Satan peut-il
chasser Satan ? -'* Si un royaume est divisé contre lui-
même, ce royaume-là ne peut subsister; ^^et si une
maison est divisée contre elle-même, cette maison-là
ne saurait subsister. -^Si donc Satan s'élève contre
(1) Yoii- uotes siir Matth. 10 : 4.
82
SAINT M ABC 3 : 27-4 : 6
lui-même, il est divisé et il ne peut subsister, mais il
est près de sa fin. ^^Nul ne peut entrer dans la mai-
son de l'homme fort et piller son bien, s'il n'a aupa-
ravant lié cet homme fort ; après cela, il pourra piller
sa maison. ^sEn vérité, je vous le dis, tous les péchés
seront pardonnes aux enfants des hommes, ainsi que
tous les blasphèmes qu'ils auront proférés; ^^mais
tout homme qui aura blasphémé contre le Saint-
Esprit, n'en obtiendra jamais le pardon; il est cou-
pable d'un péché, éternel. ^^11 parla ainsi, parce
qu'ils disaient : Il est possédé d'un esprit impur !
La mère et les frères de Jésus
(Voy. Matth. 12 : 46-50 ; Luc 8 : 19-21)
3 'Sa mère et ses frères arrivèrent; et, se tenant
dehors, ils l'envoyèrent appeler. La foule était assise
autour de lui. ^'- Et on lui dit : Voici que ta mère et tes
frères sont là dehors, qui te cherchent. ^^Mais il ré-
pondit : Qui est ma mère, et qui sont mes frères ?
•^' Et, jetant les yeux sur ceux qui étaient assis autour
de lui, il dit : Voilà ma mère et mes frères ! ^^Quicon-
que fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère et
ma sœur et ma mère.
Les ^paraboles du Royaume
(Voy. Matth. 13 : 1-52; Luc 8 : 1-18)
4- ^ Jésus se mit encore à enseigner au bord de la
mer. Une grande foule s'étant rassemblée autour de
lui, il monta dans une barque où il s'assit; et toute
la foule était à terre sur le rivage. ^ Il leur enseignait
beaucoup de choses en paraboles, et il leur disait dans
son enseignement :
•^Écoutez. Le semeur sortit pour semer. 'Comme
il semait, il arriva qu'une partie de la semence tomba
le long du chemin, et les oiseaux vinrent et la man-
gèrent. ''Une autre partie tomba sur un endroit pier-
reux, où elle n'avait que peu de terre, et elle leva
aussitôt, parce qu'elle n'entrait pas profondément
dans la terre ; ^ mais le soleil s'étant levé, elle fut brûlée,"
et, parce qu'elle n'avait point de racine, elle sécha.
83
4 : 7-22 SAINT MARO
^ Une autre partie tomba parmi les épines ; les épines
montèrent et F étouffèrent, et elle ne donna point de
fruit. ^Une autre partie tomba dans la bonne terre,
et elle donna du fruit qui grandit et se développa ;
un grain en rapporta trente, un autre soixante, et
un autre cent. ^ Et il disait : Que celui qui a des oreilles
pour entendre, entende !
^^ Quand Jésus se trouva seul, ceux qui étaient au-
tour de lui et les douze l'interrogèrent sur les paraboles.
^ ^ Il leur répondit : A vous, le mjstère du royaume
de Dieu a été révélé ; mais, pour ceux du dehors,
tout leur est présenté sous forme de paraboles, ^ ^ afin
qu'en voyant, ils regardent et n'aperçoivent pas, et
qu'en entendant, ils entendent et ne comprennent
point, — de peur qu'ils ne se convertissent et qu'il ne
leur âoit pardonné.
^ '^ Puis il leur dit : Vous ne comprenez pas cette
parabole ? Comment donc comprendrez -vous toutes
les paraboles ? ^''Le semeur sème la parole. ^^Ceux
qui sont le long du chemin, ce sont ceux en qui la
parole est semée ; mais, à peine l'ont-ils entendue, Satan
vient aussitôt et enlève la parole qui a été semée en
eux. ^ ^ De même, ceux qui reçoivent la semence dans
un endroit pierreux, ce sont ceux qui entendent la pa-
role et la reçoivent aussitôt avec joie ; ^^mais comme
ils n'ont point de racine en eux-mêmes, ils ne sont
que pour un temps, de sorte que, l'affliction ou la
persécution survenant à cause de la parole, ils y
trouvent aussitôt une occasion de chute.
^ ^D'autres encore reçoivent la semence parmi les
épines : ce sont ceux qui ont écouté la parole. ^ '^ Mais
les soucis de ce monde, la séduction des richesses et les
autres convoitises, pénètrent en eux et étouffent la pa-
role; et elle devient infructueuse. ^^ Enfin ceux qui ont
reçu la semence dans la bonne terre, ce sont ceux qui
écoutent la parole, qui la reçoivent et portent des
fruits : un grain trente, un autre soixante, un autre cent.
^ ' Il leur disait aussi : Apporte-t-on la lampe pour
la mettre sous le boisseau ou sous le lit ? N'est-ce pas
pour la mettre sur un support ? ^^ Car il n'y a rien de
secret, qui ne doive être manifesté, ni rien de caché,
84
SAINT MARC 4 : 23-38
qui ne doive être mis en évidence, ^^Si quelqu'un a
des oreilles pour entendre, qu'il entende !
^ ' Il leur disait aussi : Prenez garde à ce que vous en-
tendez. On se servira pour vous de la mesure avec la-
quelle vous mesurerez, et on y ajoutera encore. ^^Car
on donnera à celui qui a ; mais à celui qui n'a pas,
on ôtera même ce qu'il a.
^^11 disait encore : Il en est du royaume de Dieu
comme d'un homme qui jette la semence en terre :
^^ qu'il dorme ou qu'il veille ('), la nuit et le jour, la
semence germe et croît, sans qu'il sache comment.
^^Car la terre produit d'elle-même son fruit : pre-
mièrement l'herbe, ensuite l'épi, puis le grain tout
formé dans l'épi. ^'^Et quand le fruit est dans sa ma-
turité, on y met aussitôt la faucille, parce que le temps
de la moisson est venu.
^'''11 disait encore : A quoi comparerons -nous le
royaume de Dieu, ou par quelle parabole le représen-
terons-nous ? ^'11 en est de lui comme d'un grain de
moutarde : lorsqu'on le sème, il est la plus petite de
toutes les semences qui sont sur la terre ; '^'- mais quand
il a été semé, il monte, devient plus grand que tous les
légumes et pousse de grandes branches, en sorte que
les oiseaux du ciel peuvent s'abriter sous son ombre,
^^ C'est par plusieurs paraboles de ce genre qu'il
leur annonçait la parole, dans la mesure où ils étaient
capables de la comprendre. ^ '• Il ne leur parlait donc
qu'en paraboles ; mais, en particulier, il expliquait
tout à ses disciples.
La tempête
(Voy. Matth. 8 : 23-27 ; Luc 8 : 22-25)
> ^^Ce jour-là, quand le soir fut venu, il leuf dit :
Passons à l'autre bord. -^^ Après avoir renvoyé la foule,
ils emmenèrent Jésus dans la barque où Ù était ; et
il y avait aussi d'autres barques qui l'accompagnaient.
^■^ Or, il s'éleva un grand tourbillon ^de vent, et les
vagues se jetaient dans la barque, en sorte qu'elle
commençait à s'emplir ; ^^mais lui était à la poupe,
dormant sur un coussin. Ils le réveillèrent et lui dirent :
(1) Litt. : qu'il se lève.
85
4 : 39-5 : 43 SAESTT MARO
Maître, cela ne te fait-il rien que nous périssions ?
^^ Alors, s' étant réveillé, il imposa silence au vent,
et il dit à la mer : Tais-toi, sois tranquille ! Et le vent
cessa, et il se fit un grand calme. '''*^Puis il leur dit :
Pourquoi avez -vous peur ? N'avez -vous donc plus de
foi ? ^' ' Ils furent saisis d'une grande crainte, et ils
se disaient l'un à l'autre : Qui est donc celui-ci, au-
quel le vent même et la mer obéissent ?
Le démoniaque gérasénien
(Voy. Matth. 8 : 28-34 ; Luc 8 : 26-39)
5 ^ Ils arrivèrent de l'autre côté de la mer, dans la
contrée des Géraséniens. '^Et aussitôt que Jésus fut
descendu de la barque, un homme, possédé d'un esprit
impur, sortit des tombeaux (') et vint au-devant de
lui. ^ Il faisait sa demeure dans les tombeaux, et per-
sonne ne pouvait plus le tenir lié, même avec une
chaîne ; '' car souvent, ayant les fers aux pieds et étant
lié de chaînes, il avait rompu les chaînes et brisé les
fers, et personne n'avait la force de le dompter. ^11
demeurait continuellement, nuit et jour, dans les
tombeaux et sur les montagnes, criant et se meurtris-
sant avec des pierres. ^ Ayant vu Jésus de loin, il
accourut, se prosterna devant lui, ^et, poussant un
grand cri, il lui dit : Qu'y a-t-il entre moi et toi, Jésus,
Fils du Dieu très haut ? Je t'en conjure, au nom de
Dieu, ne me tourmente pas! ^Car Jésus lui disait :
Esprit impur, sors de cet homme ! ^ Puis Jésus lui de-
manda : Quel est ton nom ? Il lui répondit : Mon nom,
c'est Légion; car nous sommes plusieurs. ^^Et il le
priait instamment de ne pas les chasser hors de cette
contrée.
^* Or, il y avait là, sur la montagne, un grand trou-
peau de pourceaux qui paissaient. ^^Ces démons lui
adressèrent cette prière : Envoie-nous vers ces pour-
ceaux, afin que nous entrions en eux. Et Jésus le leur
permit. ^^ Alors les esprits impurs sortirent de cet
homme; ils entrèrent dans les pourceaux, et le trou-
peau se précipita, du haut de la berge, dans la mer. Il y
en avait environ deux mille ; et ils se noyèrent dans la
(i; Voir note sur Matth. 8 : 28.
86
SAINT MABC 5 : A 4-30
mer. '^Ceux qui les faisaient paître s'enfuirent, et ré-
pandirent la nouvelle dans la ville et dans la campagne.
^ ^ Alors les habitants sortirent pour voir ce qui était
arrivé. Ils allèrent vers Jésus, et ils virent le démo-
niaque, qui avait eu la légion, assis, vêtu et dans son
bon sens ; et ils furent remplis de crainte. ^ ^ Ceux qui
avaient vu le fait, leur racontèrent ce qui était arrivé
au démoniaque et aux pourceaux. ^^ Alors ils se mirent
à le prier de se retirer de leur pays. ^^Et comme il
entrait dans la barque, le démoniaque lui demanda la
permission de rester avec lui. *^Mais Jésus ne le lui
permit pas, et il lui dit : Va dans ta maison, chez les
tiens, et raconte-leur tout ce que le Seigneur t'a fait,
et comment il a eu pitié de toi. '^*^'Cet homme s'en
alla donc, et se mit à publier dans la Décapole tout
ce que Jésus lui avait fait ; et tous étaient dans
l'admiration.
La fille de Jaïrus et la femme malade
(Voy. Matth. 9 : 18-26 ; Luc 8 : 40-56)
^^ Quand Jésus eut regagné, dans la barque, l'autre
rive, une grande foule se rassembla autour de lui.
Il se tenait au bord de la mer. '''-Alors vint l'un des
chefs de la synagogue, nommé Jaïrus qui, ayant vu
Jésus, se jeta à ses pieds. ^-^11 le priait instamment et
lui disait : Ma petite fille est à l'extrémité ; viens lui im-
poser les mains, pour qu'elle soit guérie et qu'elle
vive. '^'' Jésus alla avec lui; et une grande foule le
suivait et le pressait de tous côtés.
^•'Or, il y avait là une femme malade d'une perto
de sang depuis douze ans. '-''Elle avait beaucoup souf-
fert entre les mains de plusieurs médecins, et elle y
avait dépensé tout son bien sans recevoir aucun sou-
lagement ; son état avait plutôt empiré. ^"^ Ayant en-
tendu parler de Jésus, elle vint dans la foule, par der-
rière, et elle toucha son vêtement. ^sQar elle disait : Si
je touche seulement ses vêtements, je serai guérie. ^•' Au
même instant, la perte de sang s'arrêta ; et elle sentit
dans son corps qu'elle était guérie de son mal,
•^"Aussitôt Jésus, ayant senti en lui-même qu'une
force était sortie de lui, se retourna au milieu de la
87
5 : 34-6 : 3 SAINT MARO
foule, et il dit : Qui a touché mes vêtements? ^*Ses
disciples lui répondirent : Tu vois que la foule te presse,
et tu dis : Qui est-ce qui m'a touché ? ^^Mais il regar-
dait tout autour de lui, pour, voir celle qui avait fait
cela. ^^ Alors la femme, eiïrayée et tremblante, sa-
chant ce qui lui était arrivé, vint se jeter à ses pieds, et
elle lui dit toute la vérité. ^'' Jésus lui dit : Ma fille, ta
foi t'a sauvée ; va en paix, et sois guérie de ton mal.
^•^ Comme il parlait encore, on vint de chez le chef
de la synagogue pour lui dire : Ta fille est morte ;
pourquoi importuner encore le Maître ? 3^' Mais Jésus,
sans s'arrêter à ces paroles, dit au chef de la synagogue :
Ne crains point, crois seulement! ^^Et il ne permit à
personne de le suivre, si ce n'est à Pierre, à Jacques
et à Jean, frère de Jacques. -^^ Quand *il fut arrivé à
la maison du chef de la synagogue, il vit une foule
bruyante, des gens qui pleuraient et qui jetaient de
grands cris. ^'-^ Etant entré, il leur dit: Pourquoi
faites- vous tout ce bruit, et pourquoi pleurez -vous ?
L'enfant n'est pas morte, mais elle dort. ^'*^Mais ils se
moquaient de lui. Alors, il les fit tous sortir ; il ne prit
avec lui que le père et la mère de l'enfant, et ceux qui
l'accompagnaient; puis il entra là où se trouvait
l'enfant. ^^ L'ayant prise par la main, il lui dit :
Talitha koumil — c'est-à-dire : Petite fille, je te le dis,
lève-toi. ^'-Aussitôt elle se leva et se mit à marcher;
car elle avait douze ans. Et ils furent frappés d'un
grand étonnement. ^^11 leur recommanda expressé-
ment que personne ne le sût, et il fit donner à man-
ger à l'enfant.
Jésus à Nazareth
(Voy. Matth. 13 : 53-58)
6 ^ Jésus, étant parti de là, vint dans son pays (')
et ses disciples le suivirent. ^ Quand le sabbat fut venu,
il se mit à enseigner dans la synagogue ; et la multi-
tude qui l'écoutait était dans l'étonnement et disait :
D'où cela lui vient-il ? Quelle est cette sagesse qui
lui est donnée, et comment de tels miracles se font-ils
par ses mains ? ^N'est-ce pas le charpentier, le fils
(1) O'est-à-dire Nazareth.
88
SAINT MARC 6 : A-H
de Marie, le frère de Jacques, de Joses, de Jude et
de Simon ? Ses sœurs ne sont-elles pas ici parmi nous ?
Et il était pour eux une occasion de chute. ^ Mais Jésus
leur dit : Un prophète n'est méprisé que dans son pays,
dans sa parenté et dans sa maison. ^ Il ne put faire là
aucun miracle, si ce n'est qu'il guérit un petit nombre
de malades en leur imposant les mains ; ^et il s'étonna
de leur incrédulité.
C'est ainsi qu'il parcourait, en enseignant, les vil-
lages des environs.
Les Douze envoyés en mission
(Voy. Matth. 10 : 1-15; Luc 9 : 1-6)
^ Alors il appela les Douze, et il commença à les
envoyer deux à deux, en leur donnant pouvoir sur les
esprits impurs. ^ Il leur ordonna de ne rien prendre
pour la route, sauf un bâton; de n'avoir ni pain, ni
sac, ni monnaie dans leur ceinture ; ^de ne prendre
pour chaussures que des sandales, et de ne pas em-
porter deux tuniques.
^"11 leur disait : En quelque maison que vous en-
triez, demeurez -y jusqu'à ce que vous partiez. ^ ' Et
si, dans quelque endroit, on ne veut ni vous recevoir
ni vous écouter, sortez de là, et secouez la poussière
attachée à vos pieds, en témoignage contre ses
habitants.
^^ Etant donc partis, ils prêchèrent la repen tance.
^^Ils chassaient beaucoup de démons, ils oignaient
d'huile beaucoup de malades, et ils les guérissaient.
Mort de Jean-Baptiste
(Voy. Matth. 14 : 1-12 ; Luc 9 : 7-9)
^ ^ Or, le roi Hérode ( ' ) entendit parler de Jésus, —
dont le nom était devenu célèbre — . Et il disait : Ce
Jean qui baptisait est ressuscité des morts ; c'est
pour cela qu'il s'opère des miracles par son moyen.
^^ D'autres disaient : C'est Élie ; et d'autres disaient :
C'est un prophète, pareil à l'un des anciens prophètes.
^^Mais Hérode, l'ayant appris, disait : C'est ce Jean
que j'ai fait décapiter : Ù est ressuscité !
(1) Le roi Hérode, c'est-à-dire le tétrarque Hérode Antipas, fils d'Hérode le
Grand. — Voir note sur Matth. 2 : 22.
89
6: 17-31 SAINT MAEO
^^En effet, ce même Hérode avait envoyé prendre
Jean ; il l'avait fait enchaîner et mettre en prison, à
cause d'Hérodias, femme de Philippe, son frère, parce
qu'il l'avait épousée, ^^et que Jean lui avait dit : Il ne
t'est pas permis d'avoir la femme de ton frère. ^^ Aussi
Hérodias lui en voulait, et elle désirait le faire mourir.
Mais elle ne le pouvait pas ; ^^ car Hérode craignait
Jean, sachant que c'était un homme juste et saint.
Il veillait sur lui ; il était souvent troublé après l'avoir
entendu, et il l'écoutait volontiers.
.^'Mais il se présenta un jour favorable: Hérode
donnait un festin, pour l'anniversaire de sa naissance,
aux grands de sa cour, à ses officiers et aux principaux
de la Galilée. ^^ La fille même d'Hérodias, étant entrée,
dansa, et elle plut à Hérode et à ses convives. Le roi
dit à la jeune fille : Demande-moi ce que tu veux,
et je te le donnerai. ^^11 lui fit aussi ce serment:
Tout ce que tu demanderas, je te le donnerai, quand
ce serait la moitié de mon royaume !
^ '' Etant sortie, elle dit à sa mère : Que demande-
rai-je ? Celle-ci lui répondit : La tête de Jean-Baptiste.
^^ Aussitôt elle s'empressa de rentrer chez le roi, et elle
lui fit sa demande, en disant : Je veux qu'à l'instant
même, tu me donnes, sur un plat, la tête de Jean-
Baptiste. ^'^Le roi en fut fort attristé ; mais, à cause
de ses serments et des convives, il ne voulut pas lui
opposer un refus. ^^11 envoya aussitôt l'un de ses
fardes, avec l'ordre d'apporter la tête de Jean. ^^Cet
omme alla décapiter Jean dans la prison ; il apporta
la tête sur un plat, la donna à la jeune fille, et la jeune
fille la donna à sa mère. ^^Les disciples de Jean,
l'ayant appris, vinrent et emportèrent son corps; et
ils le mirent dans un tombeau.
Première multiplication des pains
(Voir Matth. 14 : 13-21 ; Luc 9 : 10-17; Jean 6 : 1-15)
^^Les apôtres se rassemblèrent auprès de Jésus, et ils
lui racontèrent tout ce qu'ils avaient fait et enseigné.
•^' Il leur dit : Venez à l'écart, dans un lieu désert,
et prenez un peu de repos. En effet, il allait et venait
90
SAINT MARC 6 : 32-47
tant de monde, qu'ils n'avaient pas même le temps d©
manger. ^^Ils partirent donc dans la barque pour
se retii'er à l'écart, dans un lieu désert. ^^ Mais plusieurs
les virent s'éloigner et les reconnurent ; de toutes
les villes- le peuple accourut à pied là où ils se ren-
daient, et il y arriva avant eux,
^^ Alors Jésus, étant sorti de la barque, vit une grande
multitude, et il fut ému de compassion pour eux, parce
qu'ils étaient comme des brebis qui n'ont point de
berger ; puis il se mit à leur enseigner beaucoup de
choses. ^"^ Comme l'heure était déjà avancée, ses dis-
ciples s'approchèrent de lui et lui dirent : Ce lieu est
désert, et l'heure est déjà avancée ; ^^renvoie-les, afin
qu'ils aillent dans les campagnes et les villages des
environs, pour s'acheter de quoi manger. ^"^11 leur
répondit : Donnez -leur vous-mêmes à manger. Ils
lui dirent : Irons-nous acheter pour deux cents deniers
de pain, afin de leur donner à manger ? ^^ Il leur répon-
dit : Combien avez -vous de pains ? Allez et voyez.
Ils s'en assurèrent, et ils lui dirent : Cinq pains et deux
poissons. ^'* Alors il leur commanda de les faire tous
asseoir, par groupes, sur l'herbe verte. '''"Et ils s'as-
sirent par rangées, par centaines et par cinquantaines,
^ ' Jésus prit les cinq pains et les deux poissons ; et,
levant les yeux au ciel, il rendit grâces, rompit les
pains et les donna à ses disciples pour les offrir à la
foule ; il leur partagea aussi les deux poissons. '*^Tous
mangèrent et furent rassasiés ; ''-^et on emporta douze
paniers pleins de morceaux de pain, avec ce qui restait
des poissons. ''''Or, ceux qui avaient mangé étaient
au nombre de cinq mille hommes,
Jésus marche sur la mer
(Voy.'Matth. 14 : 22-36 ; Jean 6 : 16-21)
''^Aussitôt après, il obligea ses disciples à entrer
dans la barque et à passer avant lui sur l'autre rive,
vers Bethsaïda, pendant qu'il renverrait le peuple»
''^ Après l'avoir renvoyé, il s'en alla sur la montagne
pour prier.
"^^ Quand le soir fut venu, la barque était au miheu
91
6 : 48-7 : s saint maro
de la mer, et Jésus était seul à terre. ''^Et il vit qu'ils
avaient beaucoup de peine à ramer, parce que le vent
leur était contraire. Vers la quatrième veille de la
nuit ( ' ), il vint à eux, marchant sur la mer ; et il vou-
lait les devancer. ''^ Quand ils le virent marcher sur
la mer, ils crurent que c'était un fantôme, et ils jetèrent
des cris ; ^^^car tous l'avaient vu, et ils en étaient trou-
blés. Mais aussitôt il leur parla et leur dit : Rassurez -
vous, c'est moi, n'ayez point de peur ! ^' Alors il monta
auprès d'eux dans la barque, et le vent s'apaisa.
Ils furent encore plus saisis d'étonnement ; ^^car ils
n'avaient pas compris le miracle des pains, parce qi e
leur cœur était endurci.
^•"^ Quand ils eurent traversé la mer, ils vinrent au
pays de Génézareth, et ils abordèrent. ^''Dès qu'ils
furent sortis de la barque, les gens le reconnurent:
^^ils parcoururent toute la contrée, et ils se mirent à
apporter sur leurs lits ceux qui étaient malades,
partout où ils entendaient dire que Jésus se trouvait.
^^Et dans tous les endroits où il arrivait, villages, villes
ou campagnes, on mettait les malades sur les places
publiques, et on le priait de leur permettre de toucher
au moins le bord de son vêtement ; et tous ceux qui
le touchaient étaient guéris.
Discussions avec les Pharisiens, — Les mains lavées
(Voy. Matth. 15 : 1-20)
7 ^ Alors les pharisiens et quelques scribes, venus de
Jérusalem, se rassemblèrent près de Jésus ; ^ et ils
virent que quelques-uns de ses disciples prenaient leur
repas avec des mains qui n'avaient pas été purifiées,
c'est-à-dire non lavées. ^Or, les pharisiens, et les Juifs
en général, ne mangent pas sans se laveries mains soi-
gneusement, observant en cela la tradition des anciens ;
''•et, lorsqu'ils reviennent des places publiques, ils ne
mangent pas non plus sans faire des ablutions. Il y a
aussi beaucoup d'autres coutumes qu'ils observent par
tradition, comme de laver les coupes et les vases de
terre ou de cuivre. ^ Les pharisiens et les scribes lui de-
(1) Voir note sur Matth. 14 : 25,
92
SAINT Marc 7 : 6-2 <
mandèrent donc : Pourquoi tes disciples ne suivent-Us
pas la tradition des anciens, et prennent-ils leur repas
avec des mains qu'ils n'ont pas purifiées ? ^11 leur ré-
pondit : Ésaïe a bien prophétisé à votre sujet, hypo-
crites, ainsi qu'il est écrit : « Ce peuple m'honore des
lèvres ; mais son cœur est bien éloigné de moi. ^ C'est
en vain qu'ils me rendent un culte, enseignant des
préceptes qui ne sont que des commandements
d'hommes ('). » ^ Vous abandonnez le commandement
de Dieu, et vous observez la tradition des hommes !
^ Il leur disait aussi : Vous annulez fort bien le com-
mandement de Dieu, pour maintenir votre tradition.
' ^ Car Moïse a dit : « Honore ton père et ta mère » ;
et : « Que celui qui maudira son père ou sa mère soit
puni de mort ('-). » ^'Mais vous, vous dites : Si un
homme dit à son père ou à sa mère : Tout ce dont je
pourrais t'assister est corban{^), — c'est-à-dire : un don
fait à Dieu — , ^ ^ dans ce cas, il ne lui est plus permis
de rien faire pour son père ou pour sa mère. Voilà
comment ^^vous anéantissez la parole de Dieu par
la tradition que vous avez établie ! Et vous faites
beaucoup d'autres choses semblables.
'^ Alors, ayant appelé de nouveau la foule, il leur
dit : Ecoutez -moi tous, et comprenez : ^^Rien de ce
qui est hors de l'homme et qui entre en lui, ne peut
le. souiller ; mais ce qui sort de lui, voilà ce qui souille
l'homme! ['^Si quelqu'un a des oreilles pour entendre,
qu'il entende. ] (^) ' " Quand il fut rentré dans la maison,
loin de la foule, ses disciples l'interrogèrent sur cette
parabole. ^^Et il leur dit : Vous aussi, vous êtes donc
sans intelligence ? Ne comprenez -vous pas que rien
de ce qui entre, du dehors, dans l'homme, ne peut le
souiller ? ^^En effet, cela n'entre pas dans son cœur,
mais passe dans le ventre et est rejeté dans quelque
lieu secret: ainsi sont purifiés tous les aliments. ^**I1
disait donc : Ce qui sort de l'homme, voilà ce qui souille
l'homme ! - ' Car, c'est du dedans du cœur des hommes
(rt) Le verset 16 manque dans plusieurs anciens manuscrits.
(1) Esaïe 39 : 13. — (2) Exode 20 : 12 ; 31 : 17.
(3) Le mot hébreu corban signifie offrande.
93r
7 : 22-37 SAINT MAJBC
que sortent les mauvaises pensées, les impudicités, les
vols, les meurtres, 2- les adultères, la cupidité, les mé-
chancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la
calomnie, l'orgueil, la démence. ^^ Toutes ces mauvaises
passions sortent du dedans et souillent l'homme.
La Cananéenne
(Voy. Matth. 15 : 21-28)
2 'Puis il partit de là, et s'en alla vers les frontières
de Tyr et de Sidon. Etant entré dans une maison, il
ne voulait pas que personne le sût ; mais il ne put
rester caché. ^-^En effet, aussitôt une femme, dont la
fille était possédée d'un esprit impur, ayant entendu
parler de lui, entra et se jeta à ses pieds. ^" Cette femme
était grecque ( ' ), syro-phénicienne de nation. Et elle le
suppliait de chasser le démon hors de sa fille. ^"^ Jésus
lui dit : Laisse d'abord les enfants se rassasier ; car
il ne convient pas de prendre le pain des enfants pour
le jeter aux petits chiens. ^^Mais elle répondit et lui
dit : Assurément, Seigneur ; pourtant les petits chiens
mangent, sous la table, quelques miettes des enfants.
^^ Alors il lui dit : A cause de cette parole, va, le démon
est sorti de ta fille ! ^"Et quand elle fut de retour dans
sa maison, elle trouva l'enfant couchée sur le lit, et
le démon chassé.
Le sourd
^^ Jésus, ayant quitté les frontières de Tyr, revint
par Sidon vers la mer de Galilée, en traversant le ter-
ritoire de la Décapole. -^^On lui amena un sourd, qui
parlait difficilement ; et on le pria de poser la main
sur lui. ^^ L'ayant emmené à l'écart, loin de la foule,
Jésus lui mit les doigts dans les oreilles, et, avec sa sa-
live, il lui toucha la langue. -^''Puis, levant les yeux au
ciel, il soupira et lui dit : Ephpkatahf c'est-à-dire:
Ouvre- toi ! -^^ Alors les oreilles du sourd furent ouvertes ;
aussitôt sa langue fut déUée, et il parlait distincte-
ment. ^"^ Jésus leur défendit de le dire à personne; mais
plus il le leur défendait, plus ils en parlaient. ^^ Et ils
(1) Le mot grecque indique ici que cette femme, de race syrophénicienne,
était païenne de religion.
94
SAINT MARO ' 8 : 1-4 5
étaient dans le plus grand étonnement et disaient :
Il a bien fait toutes choses : il fait entendre les sourds
et parler les muets !
Seconde multiplication des pains
(Yoy. Matth. 15 : 29-39)
8 ^ En ces jours-là, comme il y avait de nouveau avec
Jésus une grande multitude, qui n'avait rien à manger,
il appela les disciples et leur dit : ^ J'ai compassion de
cette multitude de gens ; car il y a déjà trois jours
qu'ils ne me quittent pas, et ils n'ont rien à manger.
^Si je les renvoie à jeun dans leurs demeures, les forces
leur manqueront en chemin; car quelques-uns sont
venus de loin. ^ Ses disciples lui répondirent : Où
pourrait-on, dans ce désert, trouver des pains pour les
rassasier ? ^11 leur demanda : Combien avez-vous
de pains ? Ils dirent : Sept. ^ Alors il commanda à la
foule de s'asseoir à terre; puis il prit les sept pains, et,
après avoir rendu grâces, il les rompit et les donna à ses
disciples pour les distribuer ; et ils les distribuèrent à
la foule. "' Ils avaient aussi quelques petits poissons ;
Jésus, après avoir rendu grâces, les fit aussi distribuer.
^Tous mangèrent et furent rassasiés ; et on emporta
sept corbeilles pleines des morceaux qui restaient. ^ Or,
ils étaient environ quatre mille. Jésus les renvoya ; ^ ^^ et
aussitôt après, étant entré dans la barque avec ses
disciples, il alla dans le pays de Dalmanutha. (')
Le^ levain des pharisiens
(Yoy. Matth. 16 : 1-12)
^ 'Alors survinrent des pharisiens, qui se mirent à
disputer avec lui, et ils lui demandèrent, pour le mettre
à l'épreuve, un miracle venant du ciel. ^^ Jésus, soupi-
rant en son esprit, dit : Pourquoi cette génération de-
mande-t-elle un miracle ? En vérité, je vous le dis, il
ne lui en sera donné aucun. ^-^Et, les ayant laissés, il
rentra dans la barque et ^Dassa à l'autre bord.
^'•Or, les disciples avaient oublié de prendre des
pains ; ils n'en avaient qu'un seul avec eux dans la
barque. ^-'Il leur fit cette recommandation : Gardez-
(1) Région située probablement dans la partie septentrionale de la vallée du
Jourdain. — Comp. Matth. 15 : 39.
95
8 : i6-30 ' SAINT MABO
VOUS avec soin du levain des pharisiens cb du levain
d'Hérode. ^^Ils se disaient entre eux : C'e^: parce que
nous n'avons pas de pains. ^'Mais Jésus, s'en étant
aperçu, leur dit : Pourquoi . ous dites- vous que c'est
parce que vous n'avez pas de pains ? N'entendez-vous
pas et ne comprenez -vous pas encore ? Avez -Vous tou-
jours un cœur endurci ? ^^ Vous avez des yeux, et vous
ne voyez pas ! Vous avez des oreilles, et vous n'entendez
point ! N'avez-vous donc pas de mémoire ? ^'^ Lorsque
j'ai rompu les cinq pains pour les cinq mille hommes,
combien avez -vous emporté de paniers pleins de mor-
ceaux ? Ils lui répondirent : Douze. ^^Et lorsque j'ai
rompu les sept pains pour les quatre mille hommes,
combien avez -vous emporté de corbeilles pleines de
morceaux ? Ils lui répondirent : Sept. ^ ' Puis il leur
dit : N'avez- vous pas encore compris ?
L'aveugle de Bethsaïda
^^Ils allèrent ensuite à Bethsaïda. On amena à
Jésus un aveugle, et on le pria de le toucher. ^^ Alors
il prit l'aveugle par la main, et, l'ayant conduit hors
du village, il lui mit de la salive sur les yeux, lui im-
posa les mains et lui demanda s'il voyait quelque chose.
^''L'aveugle, ayant regardé, dit : J'aperçois des hom-
mes qui marchent, pareils à des arbres. ^^ Ensuite Jésus
lui mit de nouveau les mains sur les yeux ; l'aveugle
regarda; il fut guéri, et il voyait tout distinctement.
^*^ Jésus le renvoya dans sa maison et lui dit : Ne ren-
tre pas dans le village.
Confession de Pierre
(Yoy. Matth. 16 : 13-28; Luc 9 : 18-27. — Conip. Jean 6 : 66-71)
^" Jésus, étant parti de là avec ses disciples, vint
dans les villages voisins de Césarée de Philippe. Che-
min faisant, il demanda à ses disciples : Qui dit-on,
parmi les hommes, que je suis ? ^^Ils répondirent : Les
uns disent : Jean-Baptiste ; d'autres, Élie; et d'autres,
l'un des prophètes. ^^ Il leur dit : Mais vous, qui dites-
vous que je suis ? Pierre lui répondit: Tu es le Christ !
^^^Et Jésus leur défendit sévèrement de dire cela de
lui à personne.
96
SAINT MARC 8 : 3 » -9 : o
^' Alors il commença à leur enseigner qu'il fallait
que le Fils de l'homme souffrît beaucoup, qu'il fût
rejeté par les anciens, par les principaux sacrificateurs
et les scribes, C[u'il fût mis à mort, et qu'il ressuscitât
trois jours après. ^"-11 leur en parlait ouvertement.
Pierre, l'ayant pris à part, se mit à lui faire des remon-
trances. "^'^Mais Jésus, se retournant et regardant ses
disciples, censura Pien^e et lui dit : Arrière de moi,
Satan ; car tes pensées ne viennent pas de Dieu. Tu
penses comme les hommes.
•^'Puis, ayant appelé le peuple avec ses disciples,
il leur dit : Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il
renonce à lui-même, qu'il se charge de sa croix et qu'il
me suive. ^"'Car celui cjui voudra sauver sa vie la per-
dra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et
de l'Évangile, la sauvera. -"''Et que servirait-il à un
homme de gagner le monde entier, s'il perdait son
âme ? ^' Ou bien, que donnerait l'homme en échange de
son âme ? (') ^^Car si quelqu'un a honte de moi et
de mes paroles, au milieu de cette génération adultère
et pécheresse, le Fils de l'homme aura aussi honte de
lui, lorsqu'il viendra dans la gloire de son Père avec
les saints anges.
9 ' Il leur disait aussi : En vérité, je vous le dis, quel-
ques-uns de ceux qui sont ici présents ne mourront
pas, avant d'avoir vu le règne de Dieu venir avec
puissance.
La transfiguration
(Voy. :Matth. 17 : 1-13 : Luc 9 : 28-36)
-Six jours après, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques
et Jean; il les mena seuls à l'écart sur une haute mon-
tagne ; et il fut transfiguré en leur présence. ^Ses
vêtements devinrent resplendissants et d'une blan-
cheur si éblouissante, qu'il n'y a pas de foulon sur la
terre qui puisse blanchir ainsi. 'Moïse et Élie leur
apparurent, et ils s'entretenaient avec Jésus. "^ Alors
Pierre, prenant la parole, dit à Jésus : Maître, il est bon
pour nous d'être ici; dressons trois tentes, une pour toi,
(1) Voir note sur llatth. 16 : 26,
97 ^
9 : 6-2 i SAINT MABC
une pour Moïse, et une pour Élie. ^ En effet, il ne savait
pas ce qu'il disait, parce qu'ils étaient effrayés. "^ Puis
il vint une nuée qui les couvrit ; et on entendit une
voix, sortant de la nuée, qui disait : Celui-ci est mon
Eils bien-aimé, écoutez -le ! ^Soudain, les disciples,
ayant regardé autour d'eux, ne virent plus personne
que Jésus, qui était seul avec eux.
^ Comme ils descendaient de la montagne, il leur
défendit de dire à personne ce qu'ils avaient vu,
jusqu'à ce que le Fils de l'homme fût ressuscité des
morts. ^^Ils retinrent donc cette parole en eux-mêmes,
se demandant ce que c'était que ressusciter des morts.
^ * Et ils l'interrogèrent, en^disant : Pourquoi les scribes
disent -ils qu'il faut qu'Elie vienne^ premièrement ?
^^11 leur répondit: Il est vrai qu'Élie devait venir
premièrement et rétablir toutes choses. Comment
donc est-il écrit au sujet du Fils de l'homme qu'il
doit souffrir beaucoup et être méprisé ? ^ ^ Or, je vous le
déclare, Elie est déjà venu, et ils lui ont fait tout ce
qu'ils ont voulu, suivant ce qui est écrit à son sujet.
Le démoniaque
, (Voy. Matth. 17 : 14-21 ; Luc 9 : 37-42)
^'' Etant venus vers les autres disciples, ils virent
une très grande foule autour d'eux, et des scribes qui
discutaient avec eux. '^Dès que toute cette foule vit
Jésus, elle fut saisie d'étonnement, et tous, étant
accourus, le saluaient. ^^ Alors il leur demanda : Sur
quoi discutez-vous avec eux ? ^^Un homme de la
foule répondit : Maître, je t'ai amené mon fils ; il est
possédé d'un esprit muet, ^^qui l'agite par des con-
vulsions partout où il le saisit ; il écume, grince des
dents et devient tout raide. J'ai prié tes disciples de
chasser cet esprit, mais ils n'ont pas pu le faire. ^ '-^ Alors
Jésus leur répondit : O race incrédule, jusques à quand
serai- je avec vous ? Jusques à quand vous supporte-
rai-je ? Amenez -le-moi. ^"Et ils le lui amenèrent.
Dès que l'enfant vit Jésus, l'esprit l'agita avec vio-
lence ; il tomba par terre, et il se roulait en écumant.
^' Jésus demanda au père : Combien y a-t-il de temps
98
SAIKT MARC 9 : 22-35
que cela lui arrive ? Le père dit : Depuis son enfance.
2^ L'esprit l'a souvent jeté dans le feu et dans l'eau,
pour le faire périr ; mais si tu y peux quelque chose,
aide-nous et aie compassion de nous ? ^^ Jésus lui
répondit : Si tu peux ?... me dis-tu. Toutes choses sont
possibles pour celui qui croit. ^''Aussitôt le père de
l'enfant s'écria : Je crois ; aide-moi dans mon incré-
dulité ! ^'^ Quand Jésus vit que le peuple accourait
en foule, il reprit sévèrement l'esprit impur et lui dit :
Esprit muet et sourd, je te le commande, sors de cet
enfant et n'y rentre plus. ^^ Alors l'esprit sortit, en
jetant un grand cri et en l'agitant avec violence ;
et l'enfant devint comme mort, de sorte que plusieurs
disaient : Il est mort. ^'Mais Jésus, l'ayant pris par
la main, le releva ; et il se tint debout.
^^ Lorsque Jésus fut entré dans une maison, ses
disciples lui demandèrent en particulier : Pourquoi
n'avons-nous pas pu chasser ce démon ? ^^Et il leur
répondit : Rien, si ce n'est la prière, ne peut faire sortir
cette espèce de démons.
Jésus "prédit sa mort et sa résurrection
(Voy. Matth. 17 : 22-23; Luc 9 : 43-45)
^'^ Etant partis de là, ils traversèrent la Galilée ; et
Jésus ne voulait pas que personne le sût. -^ ' En effet,
il instruisait ses disciples, et il leur disait : Le Fils de
l'homme va être livré entre les mains des hommes,
et ils le feront mourir ; et trois jours après avoir été
mis à mort, il ressuscitera. -^-Mais eux ne comprenaient
point cette parole, et ils craignaient de l'interroger.
La vraie grandeur. — Les scandales. — Le sel
(Voy. Matth. 18 : 1-14 ; 20 : 26-27 ; 5 : 13-14 ; Luc 9 : 46-50 ;
14 : 34-35)
^^Ils vinrent à Capernaiim; et quand ils furent dans
la maison, Jésus leur demanda : De quoi parliez-vous en
chemin ? ^-^ Mais ils gardaient le silence ; car ils avaient
discuté en chemin pour savoir qui d'entre eux était
le plus grand. ^^S'étant alors assis, il appela les Douze
et leur dit : Si quelqu'un veut être le premier, qu'il
00
9 : 36-51 SAINT MARO
soit le dernier de tous et le serviteur de tous. ^^Puis, il
prit un petit enfant et le mit au milieu d'eux ; et, le
tenant entre ses bras, il leur dit : ^"^ Celui qui reçoit un
de ces petits enfants en mon nom, me reçoit : et celui
qui me reçoit, ce n'est pas moi qu'il reçoit, mais Celui
qui m'a envoyé.
^^ Jean lui dit : Maître, nous avons vu quelqu'un
qui chassait les démons en ton nom, et nous l'en avons
empêché, parce qu'il ne nous suit pas. ^^ Jésus répon-
dit : Ne l'en empêchez point; car il n'y a personne qui,
faisant un miracle en mon nom, puisse en même temps
parler mal de moi. '''^ Celui qui n'est pas contre nous
est pour nous. ^' ' Et quiconque vous donnera un verre
d'eau en mon nom, parce que vous appartenez à Christ,
en vérité, je vous le dis, il ne perdra pas sa récompense.
''^Mais si quelqu'un fait tomber dans le péché (') l'un
de ces petits qui croient, mieux vaudrait pour lui
qu'on lui mît au cou une grosse meule de moulin, et
qu'on le jetât dans la mer !
^•^Si ta main te fait tomber dans le péché, coupe-la ;
il vaut mieux pour toi que tu entres manchot dans la
vie, que d'avoir tes deux mains et d'aller dans la
géhenne, dans le feu qui ne s'éteint point, [''''là où
leur ver ne meurt point, et où le feu ne s'éteint
point.] ("). '^Et si ton pied te fait tomber dans le
péché, coupe-le ; il vaut mieux pour toi que tu entres
boiteux dans la vie, que d'avoir tes deux pieds et d'être
jeté dans la géhenne, [ ''*^'là où leur ver ne meurt point,
et où le feu ne s'éteint point] (&). "^Et si ton œil te
fait tomber dans le péché, arrache-le ; il vaut mieux
pour toi que tu entres dans le royaume de Dieu, n'ayant
qu'un œil, que d'avoir deux yeux et d'être jeté dans
la géhenne, ^^ « là où leur ver ne meurt point, et où le
feu ne s'éteint point (-). » ''^ Car chacun sera salé de feu.
^'^ C'est une bonne chose que le sel; mais si le sel
perd sa saveur, avec quoi la lui rendrez-vous ? ^^ Ayez
du sel en vous-mêmes, et vivez en paix entre vous.
[a] Le verset entre crochets mauque dans plusieurs anciens manuscrits,
(6) Le verset entre crochets manque dans plusieurs anciens manuscrits.
(1) Litt. : scandalise. Voir note sur Matth. 16 : 23.
(2) Voy. Ésaïe 66 : 24.
100
SAINT MARO 10 : 1-^5
Ministère de Jésus en Judée et à Jérusalem
(10 : 1 à 13 : 37)
Le divorce
(Voy. Matth. 19 : 1-12)
i 0 ^ Jésus, étant parti de là, passa sur le territoire
de la Judée, au delà du Jourdain. La foule s'assembla
encore auprès de lui, et, selon sa coutume, il se mit à
l'instruire. ^ Alors les pharisiens s'approchèrent et
lui demandèrent, pour le mettre à l'épreuve : Est-il
permis à un homme de répudier sa femme ? ^11 leur
répondit : Qu'est-ce que Moïse vous a commandé ?
^ Ils lui dirent : Moïse a permis d'écrire une lettre de
divorce et de répudier sa femme ('). ^ Jésus leur
répondit : C'est à cause de la dureté de votre cœur
qu'il vous a donné ce commandement. ^Mais au com-
mencement de la création, Dieu fit un homme et une
femme. « "^ C'est pourquoi, l'homme quittera son père
et sa mère et s'attachera à sa femme ; ^et les deux
ne feront qu'une seule chah' {^)'. » Ainsi ils ne sont
plus deux, mais une seule chair. ^Que l'homme ne
sépare donc pas ce que Dieu a uni.
^^ Lorsqu'ils furent dans la maison, les disciples
l'interrogèrent encore sur ce sujet; ^'et il leur dit:
Quiconque répudie sa femme pour en épouser une
autre, commet un adultère envers elle ; ' - et si une
femme qui a quitté son mari en épouse un autre, elle
commet un adultère.
Les enfants
(Voy. Matth. 19 : 13-15 ; Luc 18 : 15-17)
^^On lui présenta des petits enfants, afin qu'il les
touchât ; mais les disciples reprenaient ceux qui les
présentaient. ^^ Jésus, voyant cela, en fut indigné, et
il leur dit : Laissez venir à moi les petits enfants, et
ne les en empêchez point ; car le royaume de Dieu est
pour ceux qui leur ressemblent. '•'En vérité, je vous
le dis, quiconque ne recevra pas le royaume de Dieu
(1) Voy. Deut. 24 : 1. — (2) Genèse 3 : 24.
101
10 î "16-30 SAINT MABO
comme un petit enfant, n'y entrera point. ^^Et, les
ayant pris entre ses bras, il leur imposa les mains et
les bénit.
Le jeune homme riche
(Voy. Matth. 19 : 16-30 ; Luc 18 : 18-30)
'^ Comme il sortait pour se mettre en route, un
homme accourut ; et, se jetant à genoux devant lui,
il lui demanda : Mon bon Maître, que dois-je faire pour
hériter de la vie éternelle ? ^^ Jésus lui répondit : Pour-
quoi m'appelles-tu bon ? Un seul est bon, c'est
Dieu. ^ ^Tu connais les commandements : « Ne commets
point d'adultère ; ne tue pas ; ne dérobe point ; ne dis
pas de faux témoignage ; ne fais tort k personne ;
honore ton père et ta mère ('). » -^'L'homme répondit :
Maître, j'ai observé toutes ces choses dès ma jeunesse.
^' Jésus, l'ayant regardé, l'aima, et lui dit : Il te man-
que une chose. Va, vends tout ce que tu as, donne-le
aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel ; puis,
viens et suis-moi. ^^Mais cet homme fut affligé de cette
parole, et il s'en alla tout triste, car il avait de grands
biens.
-•^ Alors Jésus, regardant autour de lui, dit à ses
disciples : Qu'il est difficile à ceux qui ont des richesses
d'entrer dans le royaume de Dieu ! ^''Ses disciples
furent étonnés de ces paroles. Mais Jésus, reprenant,
leur dit : Mes enfants, qu'il est difficile à ceux qui se
confient dans les richesses d'entrer dans le royaume
de Dieu ! -"'Il est plus aisé qu'un chameau passe par
le trou de l'aiguille, qu'il ne l'est à un riche d'entrer
dans le royaume de Dieu. ^''Ils furent encore plus
étonnés, et ils se disaient l'un à l'autre : Et qui peut
donc être sauvé ? ^^ Jésus, les regardant, leur dit :
Cela est impossible aux hommes, mais non pas à Dieu ;
car toutes choses sont possibles à Dieu.
^^ Pierre se mit à lui dire: Voici que nous avons tout
quitté, et nous t'avons suivi. ^^ Jésus répondit : En
vérité, je vous le dis, de tous ceux qui ont quitté mai-
son, ou frères, ou sœurs, ou père, ou mère, ou enfants,
ou champs, à cause de moi et de l'Evangile, ^'^il n'y
(1) Exode 30 : 12-17.
102
SAINT MABO 10 : 3^-42
en a pas un qui ne reçoive maintenant, dès le temps
présent, cent fois davantage, des maisons, des frères,
des sœurs, des mères, des enfants, et des champs, —
avec des persécutions, — et dans le siècle à venir la
vie éternelle. ^'Mais plusieurs des premiers seront les
derniers, et plusieurs des derniers seront les premiers.
Jésus prédit sa Passion
(Voy. Matth. 20 : 17-19 ; Luc 18 : 31-34)
3211s étaient en chemin pour monter à Jérusalem,
et Jésus marchait en avant ; les disciples étaient saisis
d' effroi, et la crainte s'était emparée de ceux qui le
suivaient. Prenant encore avec lui les Douze, il se mit
à leur dire ce qui devait lui arriver : ^^ Voici que nous
montons à Jérusalem, et le Fils de l'homme sera livré
aux principaux sacrificateurs et aux scribes ; ils le
condamneront à mort, et le livreront aux Gentils.
3 ''On se moquera de M, on crachera sur lui, on le
battra de verges, et on le fera mourir ; et trois jours
après, il ressuscitera.
Les fils de Zébédée
(Voy. Matth. 20 : 20-28 ; Luc 22 : 25-26)
^•^ Alors Jacques et Jean, les fils de Zébédée, s'ap-
prochèrent de lui et lui dirent : Maître, nous voudrions
que tu fisses pour nous ce que nous te demanderons.
^''11 leur demanda : Que voulez-vous que je fasse pour
vous ? ^^Ils lui répondirent : Accorde-nous d'être assis,
dans ta gloire, l'un à ta droite, l'autre à ta gauche.
•^^Mais Jésus leur dit : Vous ne savez ce que vous
demandez. Pouvez -vous boire la coupe que je bois, et
être baptisés du baptême dont je suis baptisé ? '^'' Ils lui
répondirent : Nous le pouvons. Jésus leur dit : Vous
boirez la cjoupe que je bois, et vous serez baptisés du
baptême dont je suis baptisé ; ''"mais, quant à être
assis à ma droite ou à ma gauche, il ne m'appartient
pas de l'accorder : c'est pour ceux à qui cela est
réservé.
'' ' Les dix autres, qui avaient entendu cette de-
mande, en furent indignés contre Jacques et Jean.
''2 Mais Jésus, les ayant appelés, leur dit : Vous savez
103
10 : 43-11 : 4 SAINT MARC
que ceux qui sont regardés comme les chefs des na-
tions les asservissent, et que les grands les tiennent
sous leur puissance. '''"^11 n'en est pas ainsi parmi vous ;
au contraire, celui qui voudra être grand parmi vous,
sera votre serviteur ; '' ■ et celui d'entre vous qui voudra
être le premier, sera l'esclave de tous. ^"^Car le Fils de
l'homme est venu, non pour être servi, mais pour servir,
et donner sa vie pour la rançon de plusieurs. (')
L'aveugle de Jérico
(Voy. Matth. 20 : 29-34 ; Luc 18 : 35-43)
''•^Ensuite ils arrivèrent à Jérico. Comme Jésus en re-
partait avec ses disciples et une grande foule, un men-
diant aveugle, Bartimée, le fils de Timée, était assis
au bord du chemin. ''"Ayant entendu dire que c'était
Jésus de Nazareth, il se mit à crier et à dire : Fils de
David, Jésus, aie pitié de moi ! ''^Plusieurs le repre-
naient, pour le faire taire ; mais il criait encore plus
fort : Fils de David, aie pitié de moi ! ^^ Jésus, s'étant
arrêté, dit : Appelez-le. Ils appelèrent l'aveugle, en
lui disant : Prends courage, lève-toi, il t'appelle.
^^'Et jetant son manteau, il s'élança et vint vers Jésus.
^ ' Alors Jésus, prenant la parole, lui dit : Que veux-tu
que je fasse ? L'aveugle lui répondit : Maître, que je
recouvre la vue ! ^^ Jésus lui dit : Va, ta foi t'a guéri.
^^ Aussitôt l'aveugle recouvra la vue ; et il suivait
Jésus dans le chemin.
L'entrée à Jérusalem
(Voy. Matth. 21 : 1-11 ; Luc 19 : 29-44 ; Jean 12 : 12-19)
I I ^ Comme ils approchaient de Jérusalem, et qu'ils
étaient près de Bethphagé et de Béthanie, vers la mon-
tagne des Oliviers, Jésus envoya deux de ses disciples ;
- et il leur dit : Allez à la bourgade qui est devant vous.
Dès que vous y serez entrés, vous trouverez un ânon
attaché, sur lequel personne n'est encore monté ;
détachez-le, et amenez -le moi. ^Si quelqu'un vous dit :
Pourquoi faites-vous cela ? — Vous répondrez : Le Sei-
gneur en a besoin. Et aussitôt il l'enverra ici. ^Ils s'en
allèrent, et ils trouvèrent F ânon attaché dehors devant
(1) Litt : à la pluce de pliisieurs, — Comp. Matth, 30 : 28.
104
SAINT MARC 11 : 5-18
une porte, au tournant du chemin ; et ils le détachèrent.
^,Quelques-uns de ceux qui étaient là leur dirent :
Pourquoi détachez-vous cet ânon ? ^Ils leur répon-
dirent comme Jésus le leur avait commandé; et on
les laissa aller.
^Ils amenèrent à Jésus l'ânon, sur lequel ils mirent
leurs vêtements ; et Jésus monta dessus. ^Plusieurs
étendirent leurs vêtements sur le chemin, d'autres
des branches d'arbres coupées dans les champs. ^Et
ceux qui marchaient devant, comme ceux qui suivaient,
criaient : Hosanna ! ( ' ) Béni soit celui qui vient au
nom du Seigneur ! ^ " Béni soit le règne qui vient, le
règne de David, notre père ? Hosanna au plus haut
des cieux !
Le figuier séché. — La purification du temple
(Voy. Matth. 21 : 12-22 ; Luc 19 : 45-48. — Oomp. Jean 2 : 13-22)
^^ Jésus entra dans Jérusalem, et il se rendit au tem-
ple ; puis, ayant porté ses regards sur tout ce qui l'en-
tourait, comme il était déjà tard, il sortit pour aller
à Béthanie avec les Douze.
^^Le lendemain, quand ils eurent quitté Béthanie,
il eut faim. ^^ Apercevant de loin un figuier qui avait
des feuilles, il alla voir s'il y trouverait du fruit ;
mais, s'en étant approché, il n'y trouva que des feuilles ;
car ce n'était pas la saison des figues. ^"^ Alors, prenant
la parole, il dit au figuier : Que jamais personne ne
mange de ton fruit ! Et ses disciples l'entendirent.
^^Puis ils vinrent à Jérusalem. Jésus, étant entré
dans le temple, se mit à chasser ceux qui vendaient
et qui achetaient dans le temple, et il renversa les
tables des changeurs et les sièges de ceux qui vendaient
les pigeons. ^^11 ne permettait à personne de porter
aucun objet à travers le temple. ^^Et il les enseignait,
en disant : N'est-il pas écrit : « Ma maison sera appelée
une maison de prière pour toutes les nations (") ? »
Mais vous, vous en avez fait une caverne de voleurs.
^^Les principaux sacrificateurs et les scribes, l'ayant
entendu, cherchaient les moyens de le faire périr ;
(1) Voyez note sur Matth. 31 : 9.
(2) Ésaïe 56 : 7. — Voy. aussi Jérémie 7 ; 11.
105
11:49-33 SAINT MARO
car ils le craignaient, parce que toute la foule était
frappée de son enseignement.
^ ^ Quand le soir fut venu, ils sortirent de la ville.
^•^Le lendemain matin, comme ils passaient, ils
virent le figuier séché jusqu'aux racines. ^ ' Alors Pierre,
se souvenant de ce qui s'était passé, lui dit : Maître,
vois! Le figuier que tu as maudit a séché. ^^ Jésus, pre-
nant la parole, leur dit : Ayez foi en Dieu. ^^En vé-
rité, je vous le déclare, quiconque dira à cette mon-
tagne : Soulève-toi et jette-toi dans la mer, — s'il ne
doute pas dans son cœur, mais s'il croit que ce qu'il
dit s'accomplira, cela lui sera accordé. ^^ C'est pourquoi
je vous le déclare : Tout ce que vous demanderez en
priant, croyez que vous l'avez obtenu, et cela vous
sera accordé. ^-'Et quand vous vous levez pour prier,
si vous avez quelque chose contre quelqu'un, par-
donnez, afin que votre Père, qui est dans les cieux,
vous pardonne aussi vos fautes.
[^^Mais si vous ne pardonnez pas, votre Père, qui
est dans les cieux, ne vous pardonnera pas non plus
vos fautes.] («)
La question d'' autorité
(Voy. Matth. 21 : 23-27 ; Luc 20 : 1-8)
2"^ Ils revinrent à Jérusalem. Comme il allait et
venait dans le temple, les principaux sacrificateurs,
les scribes et les anciens s'approchèrent de lui, ^^et
lui dirent : Par quelle autorité fais -tu ces choses ?
ou qui t'a donné l'autorité de les faire ? '^'^ Jésus leur
dit : Je vous poserai, moi aussi, une question ; répon-
dez-moi, et je vous dirai par quelle autorité je fais ces
choses. -^^Le baptême de Jean venait-il du ciel, ou des
hommes ? Répondez-moi. ^*0r, ils raisonnaient ainsi
entre eux : Si nous disons : Du ciel, il dira : Pourquoi
donc n'avez-vous pas cru à sa parole ? ^^ Si nous disons
au contraire : Des hommes. . . ? —nous avons à craindre le
peuple. En effet, tous croyaient que Jean était vérita-
blement un prophète. ^^Ils répondirent donc à Jésus :
Nous ne savons. Alors Jésus leur dit : Et moi non plus, je
ne vous dirai point par quelle autorité je fais ces choses.
\a) Oe passage entre crochets manque dans plusieurs anciens manuscrits.
106
SAINT MABO 12 : f-U
La parabole des vignerons
(Voy. Matth. 21 : 33-46 ; Luo 20 ; 9-19)
I 2 ^ Jésus se mit à leur parler en paraboles : Un
homme planta une vigne, il l'environna d'une haie,
y creusa un pressoir, et il y bâtit une tour ; puis, il la
loua à des vignerons et quitta le pays. ^ Quand la
saison fut venue, il envoya un serviteur auprès des
vignerons, pour recevoir de leurs mains une part des
fruits de la vigne. ^Mais, l'ayant saisi, ils le battirent
et le renvoyèrent à vide. -^11 leur envoj^a encore
un autre serviteur ; mais ils le frappèrent à^ la tête et
l'outragèrent. ^11 en envoya un autre, qu'ils tuè-
rent ; et plusieurs autres, dont ils battirent les uns
et tuèrent les autres. *^I1 avait encore un fils unique et
bien-aimé ; il le leur envoya le dernier, en disant :
Ils respecteront mon fils ! ''Mais ces vignerons se di-
rent entre eux : C'est l'héritier ; allons, tuons -le, et
l'héritage sera à nous. ^Et, l'ayant saisi, ils le tuèrent
et le jetèrent hors de la vigne. ^Que fera donc le
propriétaire de la vigne ? Il viendra et fera périr ces
vignerons, et il donnera la vigne à d'autres. ''^^N'avez-
vous point lu cette parole de l'Écriture : « La pierre
rejetée par ceux qui bâtissaient, est devenue la pierre
de l'angle ; ''^ c'est l'ouvrage du Seigneur, et c'est une
merveille devant nos yeux... (' ) »? ^- Alors ils cherchè-
rent à se saisir de lui, car ils comprirent bien que
c'était pour eux qu'il avait dit cette parabole ; mais
Is craignirent le peuple. Et le laissant, Us s'en allèrent.
Dieu et César
(Voy. Matth. 22 : 15-22 ; Luc 20 ; 20-26)
^^ Ensuite, ils lui envoyèrent quelques-uns des
pharisiens et des hérodiens (-), pour le surprendre
dans ses paroles. ' 'Ceux-ci vinrent donc et lui dirent :
Maître, nous savons que tu es véridique et que tu ne
t'inquiètes de personne ; car tu ne regardes pas à
l'apparence des hommes, mais tu enseignes la voie de
Dieu en toute vérité. Est-il permis de payer l'impôt
(1) Psaume 118 : 22-23.
(2) Voir note sur Matth. 3â : 16.
107
12 : 15-28 SAINT MARC
à César, ou non ? Payerons-nous, ou ne payerons-nous
pas ? ^-^Mais lui, connaissant leur hypocrisie, leur
répondit : Pourquoi voulez -vous me tenter ? Apportez -
moi un denier, que je le voie. ^^Et ils lui en appor-
tèrent un. Alors il leur dit : Cette effigie et cette ins-
cription de qui sont-elles ? Ils lui répondirent : De
César. ' ^ Jésus leur dit : Rendez à César ce qui est à
César, et à Dieu ce qui est à Dieu. Et ils étaient dans
l'étonnement à son sujet.
De la résurrection
(Yoy. Matth. 22 : 23-33 ; Luc 20 : 27-40)
^^Les sadducéens, qui disent qu'il n'y a point de ré-
surrection, s'approchèrent de lui, et ils lui posèrent
cette question : ^ "^ Maître, Moïse nous a donné cette loi :
« Si un homme a un frère qui vienne à mourir, laissant
une femme sans enfants, il épousera la veuve et sus-
citera une postérité à son frère (^). » -^Or, il y avait
sept frères. Le premier épousa une femme, et mourut
sans laisser d'enfants. ^'Le second épousa la veuve,
et mourut sans laisser d'enfants ; le troisième, de même.
2- Et aucun des sept n'a laissé d'enfants. Après eux
tous, la femme mourut aussi. ^^Lors de la résurrec-
tion, duquel d'entre eux sera-t-elle la femme, puisque
tous les sept l'ont eue pour femme? ^^ Jésus leur
répondit : N'êtes-vous pas^ da.ns l'erreur, parce que
vous ne comprenez pas les Écritures, ni la puissance de
Dieu ? -''En effet, à la résurrection des mxorts, on ne se
marie pas, et l'on n'est pas donné en mariage ; mais
les ressuscites sont comme des anges dans les cieux.
^•^ Quant aux morts et à leur résurrection, n'avez-vous
pas lu, dans le livre de Moïse, ce que Dieu lui a dit
auprès du buisson : « Je suis le Dieu d'Abraham, le
Dieu d'Isaac, et le Dieu de Jacob (-) d ? ^^11 n'est
pas le Dieu des morts, mais des vivants !,.. Vous êtes
dans une grande erreur.
Le sommaire de la loi
(Yoy. Matth. 22 : 34-40 ; Luc 10 : 25-27)
^^ Alors un des scribes, qui les avait entendus
(1) Deut. 2.5 : 5. — (2) Exode 3:6.
108
SATÎnT marc 12 : 29-39
discuter ensemble, sachant qu'il leur avait bien
répondu, s'approcha et lui demanda : Quel est le pre-
mier de tous les commandements? -^ Jésus répondit :
Voici le premier : « Ecoute, Israël, le Seigneur, notre
Dieu, est le seul Seigneur. --^Tu aimeras le Seigneur,
ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute
ta pensée, et de toute ta force. » {") '■' ' Et voici le second:
«Tu aimeras ton prochain comme toi-même (^). »
Il n'y a point d'autre commandement j)lus grand que
ceux-là. -^-Le scribe lui répondit : Maître, tu as bien dit,
et avec vérité, qu'il n'y a qu'un seul Dieu, et qu'il
n'y en a point d'autre que lui; ^"'^que l'aimer de
tout son cœur, de toute son intelligence, et de toute sa
force, et aimer son prochain comme soi-même, c'est
plus que tous les holocaustes et que tous les sacrifices.
^^ Jésus, voyant qu'il avait répondu en homme intel-
ligent, lui dit : Tu n'es pas loin du royaume de Dieu !
Et personne n'osait plus l'interroger.
Le Christ, fils de David
(Voy. Matth. 22 : 41-46 ; Luc 20 : 41-44)
^■' Alors Jésus, enseignant dans le temple, prit la
parole en ces termes : Comment les scribes disent-ils
que le Christ est fils de David ? "^ David lui-même a
déclaré par le Saint Esprit : « Le Seigneur a dit à mon
Seigneur : Assieds-toi à ma droite, jusqu'à ce que j'aie
fait de tes ennemis ton marchepied (-). )) ^^ Puisque
David lui-même l'appelle Seigneur, comment est-il son
fils ? Et une grande foule prenait plaisir à l'écouter.
Paroles contre les scribes
(Voy. Matth. 23 : 1-39 ; Luc 20 : 45-47)
•"^^II leur disait aussi dans son enseignement :
Gardez-vous des scribes qui aiment à se promener
en robes longues, à être salués dans les places publi-
ques, "'^et qui veulent les premiers sièges dans les
(a) Plus. anc. innn. ont : Voilà le premier commandement ; et voici le second
qui lui est semblable... (Voy. Matth. S3 : 38-39.)
(1) Deut. G : 4-5 ; Lévit. 19 : 18.
(2) Psaume 110 : 1.
109
12 : 40-13 : 7 SAINT MARC /
synagogues et les premières places dans les festms.- /
''"Ces gens-là dévorent les maisons des veuves, en affec-
tant de faire de longues prières : ils subiront une con-
damnation d'autant plus rigoureuse !
Uoffrande de la veuve
(Voy. Luc 21 : 1-4)
'''^ Jésus, étant assis vis-à-vis du tronc, regardait
comment la foule y mettait de l'argent. ''^Plusieurs
riches donnèrent beaucoup ; une pauvre veuve vint,
et y mit deux pites ('), qui font le quart d'un sou {^).
''*•* Alors, ayant appelé ses disciples, il leur dit : En
vérité, je vous le dis, cette pauvre veuve a plus mis
dans le tronc que tous ceux qui y ont mis. '''Car tous
les autres ont donné de leur superflu ; mais celle-ci a
donné de son indigence, tout ce qu'elle possédait, tout
ce qu'elle avait pour vivre.
Disœurs de Jésus sur la ruine de Jérusalem
et sur son avènement
(Voy. Matth. 24 : 1-51; Luc 21 : 5-38; 12 : 35-40)
I 3 ^ Comme Jésus sortait du temple, un de ses dis-
ciples lui dit : Maître, regarde quelles pierres et quels
bâtiments ! ^ Jésus lui répondit : Tu vois ces grands
bâtiments ? Pas une pierre n'y restera sur une autre
pierre : tout sera renversé.
-^ Comme il était assis sur la montagne des Oliviers
vis-à-vis du temple, Pierre, Jacques, Jean et André
le prirent à part, pour lui poser cette question : ^ Dis-
nous quand toutes ces choses arriveront, et à quel signe
on connaîtra qu'elles vont s'acconaplir ? ^ Jésus se mit
à leur dire : Prenez garde que personne ne vous sé-
duise. 'Plusieurs viendront en mon nom, disant :
C'est moi qui suis le Christ ! Et ils séduiront beaucoup
de gens. "' Quand vous entendrez parler de guerres et
de bruits de guerres, ne vous troublez pas : il faut que
ces choses arrivent ; mais ce ne sera pas encore la fin.
(1) Litt. : leptes. La lepte était la plus petite des pièces de monnaie et
valait à peu près uu centime.
(2) Litt. : quadrain ou quadrant. (Voir note sur Matth. 5 : 26.)
110
SAINT MAEC 13 : 8-22
^Car on verra s'élever nation contre nation, royaume
contre royaume ; il y aura des tremblements de terre
en divers lieux, il y aura des famines. Ce ne sera que
le commencement des douleurs. ^Vous, soj^^ez sur vos
gardes ! On vous traduira devant les tribunaux ; vous
serez frappés dans les S3rnagogues, et vous compa-
raîtrez en présence des gouverneurs et des rois, à
cause de moi, pour rendre témoignage devant eux.
^^'Mais il faut tout d'abord que l'Évangile soit prê-
ché à toutes les nations. ^ ' Or, quand ils vous emmè-
neront pour vous livrer, ne vous mettez pas d'avance
en peine de ce que vous aurez à dire, mais dites ce
qui vous sera inspiré à cette heure même ; car ce ne
sera pas vous qui parlerez, mais ce sera le Saint-Esprit.
^^ Alors le frère livrera son frère à' la mort, et le père
son enfant ; et les enfants se soulèveront contre leurs
parents et les feront mourir. '^Et vous serez haïs
de tous à cause de rnon nom ; mais celui qui persévé-
rera jusqu'à la fin, celui-là sera sauvé.
^'' Quand vous verrez l'abomination de la désola-
tion étabhe où elle ne doit pas être ■ — que celui qui lit
cela, fasse attention ! — alors, que ceux qui seront dans
la Judée s'enfuient dans les montagnes ; '''et que celui
qui sera sur le toit ( ' ) ne descende pas, et n'entre pas
dans sa maison pour en emporter quoi que ce soit ;
^ ^ et que celui qui sera aux champs ne retourne pas en
arrière pour prendre son vêtement. ''Malheur aux
femmes qui seront enceintes, et à celles qui allaiteront
en ces jours-là! '^ Priez pour que tout cela n'arrive pas
en hiver. '^En effet, ce seront des jours d'une
détresse telle qu'il n'y en a jamais eu de pareille, —
depuis le commencement, quand Dieu créa le monde,
jusqu'à maintenant, — et qu'il n'y en aura jamais. ^^ Et
si le Seigneur n'avait abrégé ces jours-là, aucune créa-
ture n'aurait été sauvée ; mais, à cause des élus qu'il a
choisis, il a abrégé ces jours. ^' Alors, si quelqu'un vous
dit : Voyez, le Christ est ici ! — ou : Il est là ! — ne le
croyez point. ^-De faux christs et de faux prophètes
s'élèveront, et ils feront des signes et des prodiges
Voir not.' sur Matth. 24. : 17.
111
13 : 23-14 : 4 SAINT MARC
pour séduire, s'il était possible, les élus eux-mêmes.
^^ Prenez-y garde, je vous ai tout prédit. '
^''En ces jours-là, après ce temps d'affliction, le
soleil s'obscurcira, la lune ne donnera plus sa lumière,
^^'les étoiles tomberont du ciel, et les puissances qui
sont dans les cieux seront ébra»lées. ^^ Alors on verra
le Fils de l'homme venant sur les nuées, avec une
grande puissance et une grande gloire ; ^^et il enverra
les anges pour rassembler les élus des quatre vents,
depuis l'extrémité de la terre jusqu'à l'extrémité du
ciel.
^^ Ecoutez une comparaison empruntée au figuier.
Dès que ses branches deviennent tendres, et qu'il
pousse des feuilles, vous savez que l'été est proche.
^''Vous aussi de même, quand vous verrez que ces
choses arrivent, sachez que le Fils de l'homme est
proche, qu'il est à la porte. ^^En vérité, je vous le
déclare cette génération ne passera pas que toutes
ces choses n'arrivent. -^ ' Le ciel et la terre passeront,
mais mes paroles ne passeront point.
•^-Pour ce qui est du jour et de l'heure, personne
n'en sait rien, pas même les anges dans le ciel, ni
même le Fils, mais seulement le Père. ^"^ Soyez sur
vos gardes, soyez vigilants ; car vous ne savez quand
le moment viendra. ^^11 en sera comme d'un homme
qui, allant en voyage, quitte sa maison et en confie la
direction à ses serviteu^'s, à chacun sa tâche, et qui
ordonne au portier de veiller. "'^Veillez donc, car vous
ne savez pas quand le maître de la maison viendrai
si ce sera le soir, ou à minuit, ou au chant du coq, ou
le matin. •^*' Craignez qu'arrivant tout à coup, il ne
vous trouve endormis. -^'Ce que je vous dis, je le dis
à tous : Veillez !
Souffrances, mort et résurrection de Jésus
(14 : 1 à 16 : 20)
Complot des sacrificateurs
(Voy. Matth. 26 : 1-5; Luc 22 : 1-2; Jean 11 : 47-53)
14 ^ La fête de Pâque et des pains sans . levain
devait avoir lieu deux jours après ; et les principaux
112
SAINT MARO 14 : 2-42
sacrificateurs et les scribes cherchaient comment ils
pourraient s'emparer de Jésus par ruse et le faire mou-
rir. ^Car ils disaient : Que ce ne soit pas pendant la
fête, de peur qu'il n'y ait du tumulte parmi le peuple.
Jésus oint à Béthanie
(Voy. Matth. 26 : 6-13; Jean 12 : 1-8)
^ Jésus se trouvait à Béthanie, dans la maison de
Simon le lépreux. Pendant qu'il était à table, une
femme entra, portant un vase d'albâtre, plein d'une
huile de nard pur, d'un grand prix. Ayant brisé le
vase, elle répandit le parfum sur la tête de Jésus.
^ Quelques-uns s'en indignaient entre eux et disaient :
Pourquoi perdre ainsi ce parfum ? -^Car on pouvait
le vendre plus de trois cents deniers et les donner aux
pauvres. Ainsi ils murmuraient contre elle. ^Mais
Jésus dit : Laissez -la ; pourquoi lui faites -vous de la
peine ? Elle a fait une bonne action à mon égard. ^ Car
vous avez toujours les pauvres avec vous, et, quand
vous îe voulez, vous pouvez leur faire du bien ; mais
moi, vous ne m'avez pas toujours. ^EUe a fait ce qui
était en son pouvoir ; elle a d'avance oint mon corps
pour ma^ sépulture. ^En vérité, je vous le dis, partout
où cet Evangile sera prêché, dans le monde entier,
ce qu'elle a fait sera aussi raconté en mémoire d'elle.
Le traître
(Voy. Matth. 26 : 14-16 ; Luc 22 : 3-6)
^^ Alors Judas Iscariote, l'un des Douze, alla vers
les principaux sacrificateurs pour leur livrer Jésus.
' ' Ils r écoutèrent avec joie et promirent de lui donner
de l'argent ; et Judas cherchait une occasion favorable
pour le livrer.
Institution de la sainte Cène
(Voy. Matth. 26 : 17-29 ; Luc 22 : 7-23. — Comp. Jean 13 : 21-30)
'^Le premier jour des pains sans levain, où l'on
immolait la Pâque ('), les disciples dirent à Jésus :
Où veux-tu que nous allions te préparer le repas de
(1) Cest-à-dire l'agnean pascal.
113
14: 13-29 SAINT MARC
la Pâque ! ^ -^ Il envoya deux de ses disciples et leur dit :
Allez à la ville. Vous rencontrerez un homme portant
une cruche d'eau; suivez-le, ^ ''et là où il entrera, dites
au maître de la maison : Le Maître dit : Où est la salle
dans laquelle je mangerai la Pâque avec mes disciples ?
^^11 vous montrera lui-même une grande chambre
haute, meublée et toute prête ; préparez -nous là ce
qu'il faut. '^Les disciples partirent donc et allèrent
à la ville ; ils trouvèrent les choses comme Jésus
le leur avait dit, et ils préparèrent la Pâque.
^'Le soir, il vint avec les Douze. ^^Et comme ils
étaient à table et qu'ils mangeaient, Jésus dit : En
vérité, je vous le dis, l'un de vous, qui mange avec moi
me trahira. ^^ Alors ils devinrent tout tristes, et ils
lui dirent, l'un après l'autre : Est-ce moi ? ^"11 leur
répondit : C'est l'un des Douze, celui qui met la main
au plat avec moi. 2' Car le Fils de l'homme s'en va,
suivant ce qui a été écrit à son s.ujet ; mais malheur à
l'homme par qui le Fils de l'homme est trahi ! Mieux
vaudrait pour cet homme-là qu'il ne fût jamais né.
^'^ Pendant qu'ils mangeaient, Jésus prit du pain;
et, après avoir rendu grâces, il le rompit, le leur
donna, et il dit : Prenez, ceci est mon corps. ^^ Ayant
aussi pris la coupe et rendu grâces, il la leur donna,
et ils en burent tous. ^ ' Puis il leur dit : Ceci est mon
sang, le sang de l'alliance, qui est répandu pour plu-
sieurs. ^^En vérité, je vous le dis, je ne boirai plus de
ce fruit de la vigne, jusqu'au jour où je le boirai nou-
veau dans le royaume de Dieu.
Avertissement à Pierre
(Voy. Matth. 26 : 30-35 ) Luc 22 : 31-38 ; Jean 13 : 36-38)
^^ Après avoir chanté le cantique ('), ils sortirent
pour aller à la montagne des Ohviers. ^^Et Jésus leur
dit : Vous allez tous rencontrer une occasion de chute ;
car il est écrit : « Je frapperai le berger, et les brebis
seront dispersées (-). » ^"Mais, après que je serai res-
suscité, je vous précéderai en Galilée. ^'-'Pierre lui dit :
Quand tu serais pour tous une occasion de chute,
(1) Voir note sur Matth. S6 : 30. — (2) Zacharie, 13 : 7.
114
SAINT MARC 14 *. 30-44
tu ne le seras jamais pour moi. ^^ Jésus lui répondit;
En vérité, je te dis que toi, aujourd'hui, cette nuit
même, avant que le coq ait chanté deux fois, tu me
renieras trois fois. -^'Mais Pierre disait encore plus
fortement : Quand même il me faudrait mo-urir avec
toi, je ne te renierai point. Et tous les autres disaient
la même chose.
Gethsémané. — Arrestation de Jésus
(Voy. Matth. 26 : 36-56 ; Luc 22 : 39-53 ; Jean 18 : 1-11)
^^Ils allèrent ensuite dans un lieu appelé Gethsé-
mané. Et Jésus dit à ses disciples : Asseyez-vous ici,
jusqu'à ce que j'aie prié. ^^ Alors il prit avec lui Pierre,
Jacques et Jean, et il commença à être saisi de frayeur
et d'angoisse. -^''Il leur dit : Mon âme est triste
jusqu'à la mort ; demeurez ici et veillez. ^''Puis,
étant allé un peu plus loin, il se prosternait contre
terre et priait, demandant que, s'il était possible,
cette heure s'éloignât de lui. ^^L disait : Ahha ('),
Père, toutes choses to sont possibles ; détourne de
moi cette coupe ; toutefois, non ce que je veux, mais
ce que tu veux. ^ ' Puis il revint et les trouva endormis ;
et il dit à Pierre : Simon, tu dors ! Tu n'as pu veiller
une heure ? -^^ Veillez et priez, afin que vous ne tom-
biez pas dans la tentation ; l'esprit est plein de
bonne volonté, mais la chair est faible. -^''ïl s'en alla
de nouveau, et il pria, disant les mêmes paroles.
""^ Étant revenu, il les trouva encore endormis, car
leurs yeux étaient appesantis ; et ils ne savaient que
lui répondre. '' ' Il revint pour la troisième fois, et il
leur dit : Vous dormez maintenfvnt et vous vous
reposez! C'est assez; l'heure est venue! Le Fils de
l'homme va être livré entre les mains des pécheurs.
^' 2 Levez-vous, allons ; voilà que celui qui me trahit
s'approche.
"^•^ Aussitôt, comme Jésus parlait erucorp. Judas,
l'un des Douze, survint, et avec lui une grande troupe
de gens armés d'épées et de bâtons, envoyés par les
principaux sacrificateurs, les scribes et les anciens.
''•'•Or, celui qui le trahissait était convenu avec eux de
(1) Ahla est un mot araméen qui signifie père,
115
14 : 45-60 SAINT MARC
ce signe : Celui à qui je donnerai un baiser, c'est lui;
saisissez-le, et emmenez -le sous bonne garde. '^^ Aussitôt
donc que Judas fut arrivé, il s'approcha de lui et lui dit :
Maître ! Et il lui donna un baiser. -''*^ Alors ils mirent la
main sur Jésus et le saisirent. '' '' Un de ceux qui étaient
là tira son épée, en frappa le serviteur du souverain sa-
crificateur, et il lui emporta l'oreille. '''^^ Jésus, prenant
la parole, leur dit : Vous êtes sortis avec des épées et
des bâtons pour me prendre, comme si j'étais un bri-
gand. ''"'J'étais tous les jours au milieu de vous, ensei-
gnant dans le temple, et vous ne m'avez point arrêté;
mais cela est arrivé, afin que les Écritures fussent ac»
compiles. ^0 Alors tous l'abandonnèrent et s'enfuirent.
^^ Il y avait un jeune homme qui le suivait, n'ayant
qu'un drap sur le corps ; et ils le saisirent. '^•^Mais lui,
laissant le drap, s'échappa nu de leurs mains.
Jésus devant Caïphe. — Le reniement de Pierre
(Voy, Matth. 26 : 57-75 ; Luc 22 : 54-71 ; Jean 18 : 12-27)
^^Ils emmenèrent Jésus chez le souverain sacrifica-
teur, où se réunirent tous les principaux sacrificateurs,
les anciens et les scribes. ^'■' Pierre le suivit de loin jusque
dans la cour intérieure du souverain sacrificateur ;
et, s'étant assis auprès du feu avec les gardes, il se
chauffait.
^■'Or, les principaux sacrificateurs, et tout le sanhé-
drin ('), cherchaient quelque témoignage contre Jésus,
pour le faire mourir, et ils n'en trouvaient point.
^^Car plusieurs j)ortaient de faux témoignages contre
lui ; mais leurs dépositions ne s'accordaient pas.
^■^ Alors quelques-uns se levèrent, qui portèrent un
faux témoignage contre lui, en disant: ^°Nous lui
avons entendu dire : Je détruirai ce temple, fait de
main d'homme, et en trois jours j'en bâtirai un autre,
qui ne sera pas fait de main d'homme. ^^Mais, même
sur ce point, leurs témoignages ne s'accordaient pas.
^1* Alors le souverain sacrificateur, se levant au
milieu de l'assemblée, interrogea Jésus et lui dit :
Ne réponds-tu rien à ce que ces gens déposent contre
(1) Voir note sur Matth, 5 : 22,
116
SAINT MARC 14 : 61-15 I 2
toi ? ^^Mais Jésus garda le silence et ne répondit rien.
Le souverain sacrificateur l'interrogea encore, et lui
dit : C'est toi qui es le Christ, le Fils du Dieu béni ?
^'^ Jésus lui dit : Je le suis ; vous verrez le Fils
de l'homme assis à la droite de la puissance de Dieu,
et venant au milieu des nuées du ciel. ^^ Alors le sou-
verain sacrificateur déchira ses vêtements et dit :
Qu'avons-nous encore besoin de témoins ? ^^ Vous avez
entendu le blasphème ? Que vous en semble ? Tous le
déclarèrent coupable et digne de mort.
^^Quelques-uns se mirent à cracher sur lui, à lui
couvrir le visage et à lui donner des coups de poing ;
et ils lui disaient : Prophétise ! Et les gardes lui don-
naient des coups de bâton.
^^ Comme Pierre était en bas dans la cour, une des
servantes du souverain sacrificateur y vint, *^"et,
voyant Pierre qui se chauffait, elle le regarda et lui
dit : Toi aussi, tu étais avec Jésus de Nazareth l
^^Mais il le nia et dit : Je ne sais pas, je ne comprends
pas ce que tu veux dire. Puis il s'en alla dans le ves-
tibule, et le coq chanta. ^^ Cette servante, l'ayant vu,
se mit encore à dire à ceux qui étaient présents : Cet
homme est de ces gens -là! ''^Mais il le nia de nouveau.
Un peu après, ceux qui étaient présents dirent à Pierre :
Assurément, tu es de ces gens-là, car tu es Galiléen.
^^ Alors il se mit à proférer des maJédictions accompa-
gnées de serments, en disant : Je ne connais point cet
homme dont vous parlez ! ' -Aussitôt, le coq chanta pour
la seconde fois ; et Pierre se ressouvint de la parole que
Jésus lui avait dite : Avant que le coq ait chanté deux
fois, tu me renieras trois fois. Et à cette pensée, il se
mit à pleurer.
Jésîcs devant Pilate
(Yoy. Matth. 27 : 1-2; 11-31; Luc 23 : 1-25; Jean 18 : 28-40; 19 : 1-lG)
B 5 ^ Dès le matin, les principaux sacrificateurs tin-
rent conseil avec les anciens et les scribes et tout le
sanhédrin, et, après avoir fait lier Jésus, ils l'emme-
nèrent et le livrèrent à Pilate ('). ^ Pilate lui demanda :
(1) Voir note enr Matt" i. 37 : 2.
117
15 : 3-2 ^ SAINT MARC
C'est toi qui es le roi des Juifs ? Jésus lui répondit :
Tu le dis ! ^Les principaux sacrificateurs portaient
contre lui plusieurs accusations ; '' et Pilate l'interrogea
encore et lui dit : Ne réponds -tu rien ? Vois combien
d'accusations ils portent contre toi ! ^Mais Jésus ne
répondit plus rien, de sorte que Pilate en était étonné.
*^0r, à chaque fête de Pâque, il leur relâchait un
prisonnier, celui qu'ils demandaient. '^ Il y en avait un,
nommé Barabbas, qui était en prison avec des sédi-
tieux, pour un meurtre qu'ils avaient commis dans
une émeute. ^La foule, étant montée ('), se mit à
demander qu'il leur fît comme il avait toujours fait.
^Pilate leur répondit : Voulez -vous que je vous re-
lâche le roi des Juifs ? ^^Car il comprenait bien que
c'était par jalousie que les principaux sacrificateurs
l'avaient livré. ^^Mais les principaux sacrificateurs
poussèrent la foule à demander qu'il leur relâchât plutôt
Barabbas. ^^ Pilate reprit la parole et leur dit : Que
ferai- je donc de celui que vous appelez le roi des
Juifs? ^'^lis crièrent de nouveau : Crucifie-le ! ^''Pilate
leur dit : Mais quel mal a-t-il fait ? Ils crièrent plus
fort : Crucifie-le ! '''Pilate, voulant satisfaire la foule,
leur relâcha Barabbas ; et il leur livra Jésus après
l'avoir fait battre de verges, pour être crucifié.
^''Les soldats l'emmenèrent à l'intérieur de la cour,
c'est-à-dire dans le prétoire, et ils y rassemblèrent
toute la cohorte. ^^Ils le revêtirent d'un manteau de
pourpre, placèrent sur sa tête une couronne d'épines
qu'ils avaient tressée, ^ ^ et ils se mirent à le saluer, en
disant : Roi des Juifs, salut ! ^'^Ils lui frappaient la
tête avec un roseau, ils crachaient sur lui, et, fléchis-
sant le genou, ils se prosternaient devant lui. 2« Après
s'être ainsi moqués de lui, ils lui ôtèrent le manteau
de pourpre, lui remirent ses vêtements, et l'emmenèrent
pour le crucifier.
Jésus cruci-fié
(Voy. Matth. 27 : 32-56; Luc 23 : 26-49; Jean 19 : 17-37)
^^Un certain Simon, de Cyrène, père d'Alexandre
(1) O'est-à-dire : montée au prétoire^ lequel se trouvait situé dans une partie
élevée de Jérusalem,
118
SAINT MARO l5 : 22-39
et de Rufus, passait par là en revenant des champs ;
ils le contraignirent à porter la croix. 2- Et ils condui-
sirent Jésus au lieu appelé Golgotha, ce qui signifie
le lieu du Crâne. ^- Ils lui présentèrent à boire du vin,
.mêlé de myrrhe ; mais il n'en prit point. ^ ^ Après l'avoir
crucifié, ils se partagèrent ses vêtements, en les tirant
au sort, pour savoir ce que chacun en aurait. ^^ C'était
la troisième heure ('), quand ils le crucifièrent. ^^Le
motif de sa condamnation était marqué par cette ins-
cription : Le Roi des Juifs. ^■'On crucifia aussi avec
lui deux brigands, l'un à sa droite, l'autre à sa gau-
che.
2^ Ainsi s'accomplit cette parole des Écritures : « Il
a été mis au rang des malfaiteurs. .) (^)
^^Ceux qui passaient par là l'outrageaient, hochant
la tête et disant : Hé ! Toi qui détruis le temple et qui
le rebâtis en trois jours, ^^ sauve-toi toi-même, et
descends de la croix ! ^ * De même aussi, les principaux
sacrificateurs et les -scribes disaient entre eux, en se
moquant : Il en a sauvé d'autres ; il ne peut se sauver
lui-même! ^^Que le Christ, le roi d'Israël, descende
maintenant de la croix, afin que nous voyions et que
nous croyions ! Et ceux qui étaient crucifiés avec
lui l'injuriaient aussi.
^^ Quand la sixième heure arriva (^), il y eut des
ténèbres sur tout le pays, jusqu'à la neuvième heure (■^).
^^A la neuvième heure, Jésus cria d'une voix forte :
Eloï, Eloï, lamma sahachtani? — c'est-à-dire : Mon
Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné (') ?
•-•^Quelques-uns de ceux qui étaient présents, l'ayant
entendu, disaient : Voyez, il appelle Élie. ^^L'un
d'eux courut remplk" une éponge de vinaigre, la mit
au bout d'un roseau, et il lui offrit à boire, en disant :
Laissez ; voyons si Élie viendra le faire descendre!
^"^Mais, Jésus ayant jeté un grand cri, expira.
•^^ Alors le voile du temple se déchira en deux, de-
puis le haut jusqu'en bas. "^'-^Le centenier, qui se tenait
(a) Ce verset manque .dans plusieurs anciens manuscrits.
(1) Neuf heures du matin. — (2) Midi.
(3) Trois heures de l'après-midi.
(4) Voy. Psaume 23 : 2.
119
15 : 40-16 : 6 SAINT MABC
en face de Jésus, l'ayant vu expirer ainsi, dit : Cet
homme était véritablement le Fils de Dieu. ^'^11 y
avait aussi des femmes qui regardaient de loin. De
ce nombre étaient Marie-Madeleine, Marie, mère de
Jacques, le mineur, et de Joses, et Salomé, ^^qui
le suivaient et le servaient, lorsqu'il était en Galilée,
ainsi que plusieurs autres qui étaient montées avec
lui à Jérusalem.
La sépulture
(Voy. Matth. 27 : 57-61 ; Luc 23 : 50-56 ; Jean 19 : 38-42)
'^^Le soir était déjà venu, et c'était un jour de pré-
paration, c'est-à-dire la veille du sabbat. ''-^ Alors
arriva Joseph d'Arimathée, membre considéré du
sanhédrin, et qui attendait, lui aussi, le royaume de
Dieu. Il eut le courage de se présenter devant Pila te
pour lui demander le corps de Jésus. ^'''Pilate s'étonna
que Jésus fût mort si tôt ; et, ayant appelé le cen-
tenier, il lui demanda s'il y avait longtemps qu'il était
mort. ^^ Informé par le centenier, il accorda le corps
à Joseph. ^^ Celui-ci, ayant acheté un linceul, descendit
Jésus de la croix, l'enveloppa dans ce linceul et le
mit dans un tombeau qui était taillé dans le roc ;
puis il roula une pierre à l'entrée du tombeau. ^'Or,
Marie -Madeleine et Marie, mère de Joses, regardaient
où on le mettait.
La résurrection
(Voy. Matth. 28 : 1-10 ; Luc 24 : 1-12 ; Jean 20 : 1-18)
I 6 ^ Quand le sabbat fut passé, Marie -Madeleine,
Marie, mère de Jacques, et Salomé, achetèrent des
aromates pour aller embaumer le corps de Jésus.
^Et, le premier jour de la semaine, de grand matin,
elles vinrent au tombeau, comme le soleil venait de
se lever. ^ Elles se disaient entre elles : Qui nous roulera
la pierre qui ferme l'entrée du tombeau ? ^ Ayant
regardé, elles virent que la pierre avait été roulée ;
or, elle était très grande. ^Puis, étant entrées dans
le tombeau, elles virent un jeune homme assis du
côté droit, vêtu d'une robe blanche ; et elles en furent
épouvantées. ''Mais il leur dit : Ne vous effrayez point ;
vous cherchez Jésus de Nazareth qui a été crucifié ;
120
SAINT MAKC ' 16 : 7-20
il est ressuscité : il n'est pas ici ; voici le lieu où on
l'avait mis. ''Mais allez dire à ses disciples et à Pierre
que Jésus vous précède en Galilée ; c'est là que vous
le verrez, comme il vous l'a dit. ^ Elles sortirent du
tombeau et s'enfuirent ; car elles étaient saisies de
crainte et d'étonnement. Et elles ne dirent rien à
personne, tant elles étaient effrayées (^).
^' Apparitions diverses et Ascension
(Comp. Matth. 28 : 16-20 ; Luc 24 : 13-43 ; Jean 20 : 1-29)
^[Or, Jésus, étant ressuscité le matin du premier
jour de la semaine, apparut premièrement à Marie-
Madeleine, de laquelle il avait chassé sept démons.
^ ^ Elle alla porter la nouvelle à ceux qui avaient vécu
avec lui, et qui étaient dans le deuil et dans les larmes.
^^Mais eux, lorsqu'ils apprirent d'elle qu'il était vi-
vant et qu'elle l'avait vu, ne la crurent point.
^ ^Après cela, Jésus se montra sous une autre forme
à deux d'entre eux qui étaient en chemin pour aller à
la campagne. ^ ^ Ceux-ci vinrent l'annoncer aux autres
disciples ; mais ils ne les crurent pas non plus.
^^Plus tard, il se montra aux onze, pendant qu'ils
étaient à table, et il leur reprocha leur incrédulité et
la dureté de leur cœur, parce qu'ils n'avaient pas cru
ceux qui l'avaient vu ressuscité. ^"^Puis il leur dit :
Allez par tout le monde, et prêchez l'Evangile à toute
créature. ^*^^ Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé ;
mais celui qui ne croira point sera condamné. ^'Et
voici les miracles qui accompagneront ceux qui au-
ront cru : ils chasseront des démons en mon nom ; ils
parleront en langues nouvelles ; ' ^ ils prendront des ser-
pents dans leurs m.ains ; quand ils auront bu quelque
breuvage mortel, il ne leur fera point de mal ; ils impo-
seront les mains aux malades, et ceux-ci seront guéris.
^'^Le Seigneur Jésus, après leur avoir ainsi parlé,
fut enlevé au ciel, et il s'assit à la droite de Dieu.
^*^Pour eux, étant partis, ils prêchèrent partout, le
Seigneur agissant avec eux, et confirmant la paroi©
par les miracles qui l'accompagnaient.]
(a) L'Évangile de Marc se termine ici dans les deux plus anciens manuscrits.
121
ÉVANGILE
SELON
SAINT LUC
Préface.
I ^Plusieurs ayant entrepris d'écrire l'histoire des
faits accomplis parmi nous, — ^tels que nous les ont
transmis ceux qui en ont été, dès le commencement,
les témoins oculaires, et qui sont devenus ministres
de la Parole, — ^^ j'ai cru bon, moi aussi, très excellent
Théophile ('), de te les exposer par écrit et dans leur
ordre, après m'être exactement informé de tout, depuis
l'origine, '''afin que tu reconnaisses la certitude des
enseignements que tu as reçus.
Naissance et enfance de Jésus (1 : 5 à 2 : 52)
Prédiction de la naissance de Jean-Baptiste
^Au temps d'Hérode, roi de Judée {^), il y avait un
sacrificateur nommé Zacharie, de la classe d'Abia ;
sa femme était de la race d'Aaron et s'appelait Elisa-
beth. ^Ils étaient tous deux justes devant Dieu, et
ils suivaient tous les commandements et toutes les
ordonnances du Seigneur d'une manière irréprochable.
^Ils n'avaient point d'enfants, parce qu'Elisabeth
était stérile ; et ils étaient tous deux avancés en âge.
^Or, il arriva, comme Zacharie remplissait devant
Dieu les fonctions du sacerdoce, selon le rang de sa
classe, '-^ qu'il fut appelé par le sort, d'après la coutume
établie parmi les sacrificateurs, à entrer dans le sanc-
tuaire du Seigneur pour y offrir le parfum. ^ '^Toute
la multitude du peuple était dehors en prière, à
(1) C'est à ce même ThéopLile, sans doute un grand personnage du temps, que
Luc a dédié aussi le livre des Actes. — Voy. Actes 1:1.
(2) Hérode avait reçu de l'empereur romain le gouvernement de la Palestine.
122
SAINT LUC 1 : ii-27
l'heure où le parfum était offert, ^' Alors un ange du
Seigneur lui apparut, debout à droite de l'autel des
parfums. ^-Zacïiarie, en le voyant, fut troublé, et la
frayeur le saisit. ^^Mais l'ange lui dit : Ne crains point,
Zacharie ; car ta prière a été exaucée. Elisabeth, ta
femme, t'enfantera un fils, et tu lui donneras le nom
de Jean. ^ 'Il sera pour toi un sujet de joie et d'allé-
gresse, et plusieurs se réjouiront de sa naissance.
' ■' Car il sera grand devant le Seigneur ; il ne boira ni
vin ni cervoise ('), et il sera rempli du Saint-Esprit
dès le sein de sa mère. "^11 convertira plusieurs des
fils d'Israël au Seigneur, leur Dieu ; ^^et lui-même mar-
chera devant le Seigneur, dans l'esprit et avec la puis-
sance d'Êlie, pour ramener les cœurs des pères vers
les enfants (-), et les rebelles à la sagesse des justes,
afin de préparer au Seigneur, un peuple bien disposé.
^^ Zacharie dit à l'ange : A quoi reconnaîtrai-je cela ?
Car je suis vieux, et ma femme est avancée en âge.
^^ L'ange lui répondit : Je suis Gabriel, qui me tiens
devant Dieu ; j'ai été envoyé pour te parler et t'an-
noncer cette bonne nouvelle. ^"^ Voici que tu vas devenir
muet, et tu ne pourras par?3r jusqu'au jour où ces
choses arriveront, parce que tu n'as pas cru à mes
paroles, qui s'accompliront en leur temps.
^' Cependant, le peuple attendait Zacharie, et s'éton-
nait de ce qu'il s'attardait dans le sanctuaire. ^- Quand
il sortit, Zacharie ne pouvait leur parler ; et ils compri-
rent qu'il avait eu quelque vision dans le sanctuaire ;
il leur faisait des signes, et il demeura muet. ^-^ Lorsque
les jours de son ministère furent achevés, il retourna
dans sa maison. ^'Quelque temps après, Elisabeth
sa femme devint enceinte ; elle se tint cachée durant
cinq mois, et elle disait : --^ Voilà ce que le Seigneur
m'a fait, quand il a jeté les yeux sur moi, pour ôter
l'opprobre qui pesait sur moi parmi les hommes.
Un ange annonce la naissance de Jésus.
"^Au sixième mois, Dieu envoya l'ange Gabriel
dans une ville de Gahlée, appelée Nazareth, ^^^ auprès
(1) BoLàsoii fcnueutée. — (2) Voy. Malachie 4 : 6.
123
1 : 28-45 SAINT LTJC
d'une vierge fiancée à un liomme nommé Joseph, de
la maison de David ; et cette vierge s'appelait Marie.
^^ L'ange, étant entré dans le lieu où elle était, lui
dit : Je te salue, toi qui as été comblée de grâces ; le
Seigneur est avec toi. ^^EUe fut troublée de ces pa-
roles, et elle se demandait ce que signifiait cette salu-
tation. ^^ Alors l'ange lui dit : Ne crains point, Marie;
car tu as trouvé grâce devant Dieu. ^ * Voici que tu con-
cevras et tu enfanteras un fils, à qui tu donneras le
nom de Jésus. ^-11 sera grand, et il sera appelé le Fils
du Très-Haut, et le Seigneur, Dieu, lui donnera le trône
de David, son père. -^^Il régnera éternellement sur la
maison de Jacob, et son règne n'aura pas de fin.
'^'' Alors Marie dit à l'ange : Comment cela arrivera-t-il,
puisque je ne connais point d'homme ? ^^L'ange lui
répondit : L'Esprit saint viendra sur toi, et la puis-
sance du Très-Haut te couvrira de son ombre ; c'est
pourquoi aussi, le saint enfant qui naîtra sera appelé
le Fils de Dieu. -^^Et voici qu'Elisabeth, ta parente, a
aussi conçu un fils en sa vieillesse ; c'est ici le sixième
mois de celle qui était appelée stérile. •''^Car rien n'est
impossible à Dieu! -^^Marie répondit: Me voici : je
suis la servante du Seigneur. Qu'il me soit fait selon
ta parole ! Puis l'ange la quitta.
Visite de Marie à Elisabeth. — Cantique de Marie
^'-'En ces jours-là, Marie, s'étant levée, s'empressa
d'aller dans le pays des montagnes, dans une ville de
Juda. ^'^*Elle entra dans la maison de Zacharie, et salua
Elisabeth. ' ' Or il arriva, quand Elisabeth eut en-
tendu la salutation de Marie, que le petit enfant tres-
saillit dans son sein ; et Elisabeth fut remplie du Saint-
Esprit. ^"- Alors élevant la voix, elle s'écria : Tu es bénie
entre les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni.
''"^Et d'où me vient cet honneur, que la mère de mon
Seigneur vienne me visiter ? '^''Car ta voix, quand tu
m'as saluée, n'a pas plus tôt frappé mes oreilles,
que le petit enfant a tressailli de joie dans mon sein.
^^Bienheureuse est celle qui a cru, car ce qui lui a été
dit de la part du Seigneur aura son accomplissement I
124
SAINT LUC 1 : 46-66
^*^ Alors Marie dit : Mon âme magnifie le Seigneur,
''et mon esprit se réjouit en Dieu, qui est mon Sau-
veur, '''^ parce qu'il a jeté les yeux sur la bassesse de sa
servante. Et voici que désormais tous les âges m'ap-
pelleront bienheureuse; ^^car le Tout-Puissant a fait
pour moi de grandes choses. Son nom est saint, ^^et sa
miséricorde s'étend d'âge en âge sur ceux qui le crai-
gnent. ^'11 a déployé avec puissance la force de son
bras. Il a dissipé les desseins que les orgueilleux for-
maient dans leur cœur. ^-11 a renversé de leurs trônes
les puissants, et il a élevé les humbles. ^^11 a rempli
de biens les affamés et il a renvoyé les riches à vide.
^ ' Il a pris en main la cause d'Israël, son serviteur, et
il s'est souvenu de sa miséricorde — ^'^ ainsi qu'il en
avait parlé à nos pères — à l'égard d'Abraham et de
sa postérité, pour toujours.
^^ Marie demeura avec Elisabeth environ trois
mois ; puis elle s'en retourna dans sa maison.
Naissance de Jean- Baptiste.
^'Cependant, le terme d'Elisabeth étant venu, elle
enfanta un fils. ''^Ses voisins et ses parents, ayant
appris que le Seigneur avait fait éclater en elle la
grandeur de sa miséricorde, s'en réjouissaient avec
elle. ""^Le huitième jour, ils vinrent pour circoncire
l'enfant ; ils l'appelaient Zacharie, du nom de son
père. ^^Mais sa mère dit : Non ! il sera nommé Jean.
®' Ils lui dirent : Il n'y a personne dans ta parenté qui
porte ce nom. ^- Alors ils demandèrent au père, par
signes, comment il voulait que l'enfant fût nommé.
^•^ Zacharie ayant demandé des tablettes, écrivit :
Jean est son nom. Et ils en furent tous surpris. ^''A
l'instant sa bouche s'ouvrit, sa langue se délia, et
il parlait, bénissant Dieu. ^"^Tous leurs voisins furent
remplis de crainte, et l'on s'entretenait de toutes ces
choses dans tout le pays des montagnes de la Judée.
^^Tous ceux qui les entendirent les conservèrent dans
leur cœur, et ils disaient : Que deviendra donc ce
petit enfant ? Car la main du Seigneur était avec lui.
125
1 : 67-2 : 4 SAINT LUC
Cantique de Zacharie
^"^ Alors Zacharie, son père, fut rempli de l'Esprit
saint ; il prophétisa et il dit : ^^ Béni soit le Seigneur'
le Dieu d'Israël, de ce qu'il a visité et racheté son peu-
ple, ^^et nous a suscité un puissant Sauveur {') dans
la maison de David, son serviteur, ^^ comme il l'a pro-
clamé par la bouche de ses saints prophètes, dès les
anciens temps. '^11 nous délivre de nos ennemis et de
la main de tous ceux qui nous haïssent. ''^Il exerce
sa miséricorde envers nos pères et se souvient de sa
sainte alliance; ^^car il a fait à Abraham, notre père,
le serment ^''de nous accorder cette grâce, qu'après
avoir été délivrés de la main de nos ennemis, nous,
pourrions le servir sans crainte, en sa présence, "^^dans
la sainteté et la justice, tous les jours de notre vie. ^^ Et
toi, petit enfant, tu seras appelé le prophète du Très-
Haut ; tu marcheras devant la face du Seigneur, pour
préparer ses voies, ^"pour donner à son peuple la con-
naissance du salut, par la rémission de ses péchés. '^^ Car
les entrailles de la miséricorde de notre Dieu se sont
émues, et le soleil levant nous a visités d'en haut,
^^pour éclairer ceux qui sont assis dans les ténèbres
et l'ombre de la mort, et pour conduire nos pas dans
le chemin de la paix.
^"Or, le petit enfant grandissait et se fortifiait
en esprit ; et il demeura dans les déserts jusqu'au jour
de sa manifestation à Israël.
Naissance de Jésus-Christ
2 ^En ce temps -là, on publia un édit de la part
de César Auguste, ordonnant un dénombrement de
toute la terre. -Ce dénombrement fut le premier et
eut lieu pendant que Quirinius était gouverneur de
Syrie. ^Et tous allaient se faire enregistrer, chacun
dans sa ville.
^Joseph aussi monta de Galilée en Judée, de la
ville de Nazareth à la ville de David, nommée Beth-
léhem — parce qu'il était de la maison et de la famille
(1) Litt. : une corne de salut, expression figurée désignant une puissance qui
126
SAINT LUC 2 : 5-2 <
de David, — ^pour se faire enregistrer avec Marie,
son épouse ('), qui était enceinte. *^ Pendant qu'ils
étaient là, le jour où elle devait accoucher arriva,
■^EUe mit au monde son fils premier-né, l'emmaillota
et le coucha dans une crèche, parce qu'il n'y avait
point de place pour eux dans l'hôtellerie.
^Or, il y avait dans la même contrée des bergers,
qui vivaient aux champs et gardaient leurs troupeaux
pendant les veilles de la nuit. ^Un ange du Seigneur se
présenta à eux ; la gloire du Seigneur resplendit au-
tour d'eux, et ils furent saisis d'une grande crainte.
^^ Alors l'ange leur dit : Ne craignez point ; car voici
que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera pour
tout le peuple la cause d'une grande joie: '^ c'est
qu'aujourd'hui, dans la ville de David, un Sauveur, qui
est le Christ, le Seigneur vous est né. '^Et vous
le reconnaîtrez à ce signe : vous trouverez un petit
enfant emmailloté et couché dans une crèche. ^"^Et
tout à coup, il y eut avec l'ange une multitude de l'ar-
mée céleste, louant Dieu et disant : ^ ''Gloire à Dieu
au plus haut des cieux, paix sur la terre, bienveillance
envers les hommes !
^•^ Après que les anges les eurent quittés pour re-
tourner au ciel, les bergers se dirent les uns aux autres.
Allons jusqu'à Bethléhem; voyons ce qui est arrivé,
ce que le Seigneur nous a fait connaître. ""'Ils s'em-
pressèrent donc d'y aller, et ils trouvèrent Marie, Jo-
seph, et le petit enfant qui était couché dans la crèche.
'•''Après l'avoir vu, ils publièrent ce qui leur avait été
dit de cet enfant. ^^Tous ceux qui les entendirent
étaient dans l'admiration de ce que les bergers leur
disaient. ^'-^Et Marie conservait toutes ces paroles et
les repassait dans son cœur. -^Les bergers s'en retour-
nèrent, glorifiant et louant Dieu de tout ce qu'ils
avaient entendu et vu, selon ce qui leur avait été dit.
^' Quand fut arrivé le huitième jour, où l'on devait
circoncire l'enfant, on lui donna le nom de Jésus,
nom qui lui avait été donné par l'ange avant qu'il
fût conçu dans le sein de sa mère.
(1) Litt. : Marie, qui lui avait été accordée,
127
2 : 22-37 SAINT LUC
La présentation au temple.
22 Lorsque furent achevés les jours de leur purifi-
cation, selon la loi de Moïse, ils portèrent l'enfant à
Jérusalem, pour le présenter au Seigneur — ^Sg^jj^gj
qu'il est écrit dans la loi du Seigneur : « Tout mâle
premier -né sera consacré au Seigneur (') » — ^''et
pour offrir le sacrifice prescrit dans la loi du Seigneur :
une paire de tourterelles ou deux pigeonneaux {^).
Cantique de Siméon. — La prophétesse Anne.
2^ Or, il y avait à Jérusalem un homme qui s'appe-
lait Siméon. Cet homme était juste et pieux; il atten-
dait la consolation d'Israël, et l'Esprit saint était sur
lui. 2^11 avait été averti divinement par le Saint-
Esprit qu'il ne verrait point la mort avant d'avoir
vu le Christ du Seigneur, ^^n yint donc au temple,
poussé par l'Esprit ; et comme les parents apportaient
l'enfant Jésus, pour accomplir à son égard les pres-
criptions ordinaires de la loi, ^^ii Je prit entre ses
bras, bénit Dieu et dit : ^9 Maintenant, Seigneur, tu
laisses aller ton serviteur en paix, selon ta parole ; ^"^car
mes yeux ont vu ton salut, ^^ que tu as préparé pour
être, à la face de tous les peuples, ^^la lumière qui doit
éclairer les nations, et la gloire de ton peuple d'Israël.
^^Son père et sa mère admiraient ce qu'on disait
de lui. "^'Et Siméon les bénit, et dit à Marie, sa
mère : Voici que cet enfant est destiné à être une
cause de chute et de relèvement pour plusieurs en
Israël, et un signe qui provoquera la contradiction ;
^^et toi-même, une épée te transpercera l'âme. C'est
ainsi que les pensées du cœur de plusieurs seront
dévoilées.
^^11 y avait aussi une prophétesse, Anne, fille de
Phanuel. de la tribu d'Asser, qui était fort avancée
en âge. Après avoir vécu, depuis sa virginité, sept ans
avec son mari, ^"^eUe était restée veuve. Elle était
alors âgée de quatre-vingt-quatre ans, et ne sortait
point du temple, servant Dieu nuit et jour dans les
(1) Esode 13 : 2. — (2) Voy. Lévlt. IS : 8,
128
SAINT LUC 2 : 38-52
jeûnes et les prières. ^^Elle aussi, étant survenue en ce
même instant, louait Dieu, et elle parlait de l'enfant à
tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem.
^^ Après qu'ils eurent tout accompli selon la loi
du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, à Nazareth,
leur ville. ^^ Le petit enfant grandissait et se forti-
fiait ; il était rempli de sagesse, et la grâce de Dieu
était sur lui.
Jésus à douze ans
^ ' Or, ses parents allaient tous les ans à Jérusalem,
à la fête de Pâque. ''^ Quand il eut atteint l'âge de
douze ans, ils montèrent à Jérusalem, selon la cou-
tume de la fête. -^^Les jours de la fête étant passés,
comme ils s'en retournaient, l'enfant Jésus demeura
à Jérusalem, et ses parents ne s'en aperçurent point.
'^ 'Pensant qu'il était avec leurs compagnons de route,
ils marchèrent toute une journée, et ils le cherchaient
parmi leurs parents et ceux de leur connaissance ;
^-'mais, ne l'ayant pas trouvé, ils retournèrent à Jéru-
salem pour le chercher. ^^Au bout de trois jours, ils
le trouvèrent dans le temple, assis au milieu des doc-
teurs, les écoutant et leur faisant des questions ;
^^et tous ceux qui l'entendaient étaient ravis de son
intelligence et de ses réponses. ^^En le voyant, ils
furent étonnés ; et sa mère lui dit : Mon enfant, pour-
quoi as-tu agi de la sorte avec nous ? Voici que ton
père et moi nous te cherchions, étant fort en peine.
^''•^Et il leur dit : Pourquoi me cherchiez -vous ? Ne
.saviez-vous pas qu'il me faut être occupé des affaires
de mon Père ? ('). ^^Mais eux ne comprirent point
ce qu'il leur disait.
•''Il s'en alla ensuite avec eux et vint à Nazareth;
et il leur était soumis. Et sa mère conservait toutes
ces paroles dans son cœur.
""^ Jésus croissait en sagesse, en stature et en grâce,
devant Dieu et devant les hommes.
(1) D'autres traduisent : qu'il faut que je sois dans la maison de mon Pèref
129
3 : 1-12 SAINT LUC
Préparation du ministère de Jésus (3 : i à 4 : 13)
Ministère et prédication de Jean-Baptiste
(Voy. Matth. 3 : 1-12 ; Marc 1 : 1-8).
3 'La quinzième année du règne de Tibère César,
— Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée ('),
Hérode tétrarque de la Galilée (-), Philippe, son
frère, tétrarque de Flturée et de la province de la
Trachonite, et Lysanias tétrarque de l'Abylène (^),
^Anne et Caïphe étant souverains sacrificateurs, -r—
la iDarole de Dieu fut adressée à Jean, fils de Zacharie,
dans le désert. ^Et il parcourut toute la contrée voi-
sine du Jourdain, prêchant le baptême de la repen-
tance, pour la rémission des péchés, ^ainsi^ qu'il
est écrit dans le livre des paroles du prophète Ésaïe :
« Une voix crie dans le désert : Préparez le chemin
du kSeigneur; aplanissez ses sentiers. ^ Toute vallée
sera comblée, toute montagne et toute colline seront
abaissées, les chemins tortueux seront redressés, et
les chemins raboteux seront aplanis ; *" et toute créa-
ture verra le salut de Dieu ('). »
^11 disait donc à la foule qui venait pour être bap-
tisée par lui : Race de vipères, qui vous a appris à
fuir la colère à venir ? ^Produisez donc des fruits dignes
d'une vraie repen tance (■') ! Et n'allez pas dire en vous-
mêmes : Nous avons Abraham pour père ; car je
vous dis que, de ces pierres, Dieu peut faire naître des
enfants à Abraham. '-^Déjà la cognée est mise à la
racine des arbres. Tout arbre qui ne produit pas
de bons fruits va être coupé et jeté au feu.
^^* Alors la foule lui demanda : Que ferons -nous donc ?
^ ' Il leur répondit : Que celui qui a deux tuniques, en
donne une à celui qui n'en a point ; et que celui qui
a de quoi manger agisse de même. ^-11 vint aussi
des péagers pour être baptisés ; et ils lui dkent :
(1) Voir note sur Matth. 37 : 2.
(2) Voir note sur Matth. 2: 22.
(3) L'Iturée, la Trachouite et l'-Abylèue se trouvaient au nord et à Test du
lac de Génésareth.
(4) Ésaïe 40 : 3-5. — (5) Litt : de la repeyitance.
130
SAINT IJUG 3 : 4 3-26
Maître, que ferons-nous ? ^ "^ Il leur répondit : N'exigez
rien au delà de ce qui vous est ordonné. ^'Des
•gens de guerre lui demandèrent aussi : Et nous, que
ferons-nous ? Il leur répondit : N'usez de violence
ni de fraude envers personne, mais contentez -vous
de votre solde.
^^ Comme le peuple était dans l'attente, et que
tous se demandaient en leur cœur si Jean ne serait
point le Christ, ^ ^ Jean, prenant la parole, dit à tous :
Pour moi, je vous baptise d'eau ; mais il vient, celui
qui est plus puissant que moi ! Je ne suis pas digne
de délier la courroie de ses chaussures ; c'est lui qui
vous baptisera d'Esprit sa^int et de feu. '"Il a son van
dans sa main, il nettoiera parfaitement son aire et
amassera le froment dans son grenier ; mais il brûlera
la balle au feu qui ne s'éteint point.
^^11 adressait encore plusieurs autres exhortations
au peuple, en lui annonçant la bonne nouvelle. ''-'Mais
Hérode le tétrarque, étant repris par Jean au sujet
d'Hérodias, femme de son frère, et au sujet de tous
les crimes qu'il avait commis, ^*' ajouta encore à tous
les autres celui de faire mettre Jean en prison.
Baptême de Jésus
(Voy. Matth. 3 : 13-17 ; Marc 1 : 9-11 ; Jean 1 : 32-33)
2 ' Or, comme tout le peuple se faisait baptiser,
Jésus se fit aussi baptiser. Pendant qu'il priait, le
ciel s'ouvrit, ^'^et le Saint-Esprit descendit sur lui,
sous une forme corporelle, comme une colombe ; et
il vint du ciel une voix qui dit : Tu es mon Fils bien-
aimé, en qui j'ai mis toute mon affection!
Généalogie de Jésus
(Comp. Matth. 1 : 1-17)
2^ Jésus avait environ trente ans, lorsqu'il com-
mença son ministère. Il était, à ce que l'on croyait,
fils de Joseph, fils d'Héli, ^''fils de Matthat, fils de
Lévi, fils de Melchi, fils de Janné, fils de Joseph,
^•^fils de Mattathias, fils d'Amos, fils de Nahum, fils
d'Esli, fils de Naggé, ^efiig de Maath, fils de Matta-
131
3; 27-4: ^0 SAINT LUC
thias, fils de Siméin, fils de Joseph, fils de Joda, ^^fils
de Joanan, fils de Rhésa, fils de Zorobabel, fils de
Salathiel, fils de Néri, '^^ûh de Melchi, fils d'Addi,
fils de Cosam, fils d'Elmadam, fils d'Er, '^^ûh de Jésus,
fils d'Eliézer, fils de Jorim, fils de Maththat, fils de
Lévi, ^^fils de Siméon, fils de Juda, fils de Joseph,
fils de Jonam, fils d'Éliakim, fils de Méléa, ^^fils de
Menna, fils de Mattatha, fils de Nathan, fils de David,
^^fils de Jessé, fils de Jobed, fils de Booz, fils de Sala,
fils de Naasson, ^-^fils d'Aminadab, fils d'Admin, fils
d'Arni, fils d'Esrom, fils de Pharez, fils de Juda, ^^fils
de Jacob, fils d'Isaac, fils d'Abraham, fils de Tharé,
fils de Nachor, ^"^fils de Séruch, fils de Ragaû, fils
de Phalek, fils de Héber, fils de Sala, ^^fils de Caïnam,
fils d'Arphaxad, fils de Sem, fils de Noé, fils de La-
mech, ^'^fiJs de Mathusala, fils d'Hénoch, fils de Jaret,
fils de Maleléel, fils de Caïnam, ^^fils d'Ênos, fils de
Seth, fils d'Adam, fils de Dieu.
La tentation
(Voy. Matth. 4 : 1-11 ; Marc 1 : 12-13)
4 ^ Jésus, rempli de l'Esprit saint, revint des bords
du Jourdain, et il fut conduit par l'Esprit dans le
désert, '^ où il fut tenté par le Diable pendant quarante
jours. Il ne mangea rien durant ces jours-là; et, après
qu'ils furent passés, il eut faim. *^ Alors le Diable lui
dit : Si tu es le Fils de Dieu, dis à cette pierre qu'elle
devienne du pain. '' Jésus lui répondit : Il est écrit :
«L'homme ne vivra pas seulement de pain ('). »
^ Le Diable, l'ayant emmené, lui fit voir en un ins-
tant tous les royaumes du monde ; ^ et il lui dit : Je te
donnerai toute cette puissance et la gloire de ces
ro^^aumes ; car elle m'a été donnée, et je la donne à
qui je veux. "^Si donc tu te prosternes devant moi,
toutes ces choses seront à toi. ^ Jésus lui répondit :
Il est écrit : « Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et
tu ne rendras de culte qu'à lui seul (-). » ®I1 le mena
aussi à Jérusalem, et l'ayant placé sur le faîte du
temple, il lui dit : Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi d'ici
en bas ; ' ^ car il est écrit : « Il donnera des ordres à
(1) Deut. 8 : 3. — (2) Deut. 6 : 13.
132
SAINT LUO 4: 41-24
ses anges, pour qu'ils te gardent ; ^ ' et ils te porteront
dans leurs mains, de peur que ton pied ne heurte
contre quelque pierre ('). » ^- Jésus lui répondit: Il
est dit : « Tu ne tenteras point le Seigneur, ton
Dieu (-). » ^-^Et le Diable, ayant achevé de le tenter
de toute manière, se retira de lui jusqu'à une autre
occasion.
Ministère de Jésus en Galilée (4 : 14 à 9 : 50)
Prédication à Nazareth
^'* Jésus s'en retourna en Galilée, avec la puis-
sance de l'Esprit, et sa renommée se répandit dans
tout le pays d'alentour. ^^11 enseignait dans les syna-
gogues, et il était glorifié par tous.
'*'I1 vint à Nazareth, où il avait été élevé. Selon
sa coutume, il entra le jour du sabbat dans la syna-
gogue et il se leva pour lire. ^'On lui présenta le livre
du prophète Ésaïe; et, ayant ouvert le livre, il trouva
l'endroit où il était écrit: «^^ L'Esprit du Seigneur
est sur moi ; c'est pourquoi il m'a oint pour annoncer
la bonne nouvelle aux pauvres. '^11 m'a envoyé pour
publier la Hberté aux captifs et le recouvrement de
la vue aux aveugles, pour renvoyer libres ceux qui
sont dans l'oppression, et pour proclamer l'année
favorable du Seigneur (•^). » ^'^Puis il ferma le livre, le
rendit au serviteur, (^) et il s'assit; et les yeux de tous
dans la synagogue étaient fixés sur lui. ^ ' Alors il se
mit à leur dire : Aujourd'hui est accomplie cette
parole de l'Ecriture, que vous venez d'entendre.
^-Tous lui rendaient témoignage ; ils admiraient
les paroles pleines de grâce qui sortaient de sa bouche,
et ils disaient : N'est-ce pas le fils de Joseph ? --^11 leur
dit : Sans doute, vous me citerez ce proverbe : Méde-
cin, guéris-toi toi-même ; tout ce que nous avons
entendu dire que tu as fait à Capernaùm, fais-le éga-
lement ici, dans ta patrie. ^'Et il ajouta : En vérité,
je vous le dis, aucun prophète n'est bien reçu dans
(1) Psaume 91 : 11-12. — (2) Deut. 6 : 16. — (3) :Ésaïe 61 : 1-2.
(4) Le serviteur chargé de prendre soiu des manuscrits des Livres saiuts.
133
4 : 25-39 SArNT LUC
sa patrie. ^^ Je vous le dis, en vérité, il y avait plusieurs
veuves en Israël au temps d'Élie, lorsque le ciel
fut fermé pendant trois ans et six mois, et il y eut une
grande famine par tout le pays; ^^ cependant, Elie ne
fut envoyé chez aucune d'elles, mais il fut envoyé
à Sarepta, dans le pays de Sidon, chez une femme qui
était veuve. ^^11 y^ avait aussi plusieurs lépreux en
Israël, au temps d'Elisée, le prophète ; toutefois, aucun
d'eux no fut guéri, mais bien Naaman, le Syrien. ,
^^Tous, dans la synagogue, furent remplis de co-
lère, en entendant ces ehoses. ^^ Et, s'étant levés, ils
l'entraînèrent hors de la ville et le menèrent jusqu'au
sommet de la montagne sur laquelle leur ville était
bâtie, pour le jeter en bas. -^''Mais lui, passant au mi-
lieu d'eux, s'en alla.
Guérison d'un démoniaque
(Voy. Marc 1 : 21-28)
^'11 descendit à Capernaiim, vUle de Galilée, et
il y enseignait le jour du sabbat. ^^Tous étaient
frappés de son enseignement; car il parlait avec au-
torité.
^•^Or, il se trouvait dans la synagogue un homme
qui avait un esprit de démon impur, et il s'écria à
haute voix : •'''' Ah ! qu'y a-t-il entre nous et toi, Jésus
de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais
qui tu es : le Saint de Dieu! ^-^Mais Jésus le reprit
sévèrement et lui dit : Tais-toi, et sors de cet homme.
Alors le démon, après l'avoir jeté au milieu de l'as-
semblée, sortit de lui, sans lui faire aucun mal. ^^Ils
furent tous dans l'étonnement, et ils disaient entre
eux : Quelle est donc cette parole ? Il commande
avec autorité et avec puissance aux esprits impurs,
et ils s'enfuient ! ^'^Et sa renommée se répandit par-
tout aux alentours.
La belle-mère de Pierre
(Voy. Matth. 8 : 14-15; Marc 1 : 29-31)
^^ Jésus, sortant de la synagogue, entra dans la
maison de Simon. La belle-mère de Simon avait une
fièvre violente, et on le pria de la guérir. ^^ S'étant
134
SAINT LFC 4 : 40-5 l 7
penché sur elle, il commanda à la fièvre, et la fièvre
la quitta ; aussitôt elle se leva et se mit à les servir.
Miracles divers
(Voy. Matth. 8 : 16-17 ; Marc 1 : 32-39)
'"^ Quand le soleil fut couché, tous ceux qui avaient
des malades atteints de divers maux les lui amenè-
rent ; et il les guérit en imposant les mains à chacun
d'eux. "^'Les démons sortaient aussi de plusieurs, en
criant : Tu es le Christ, le Fils de Dieu ! Mais il les
reprenait sévèrement, et ne leur permettait pas
de dire qu'ils savaient qu'il était le Christ.
"^-Dès que le jour parut, il sortit et alla dans un
lieu écarté ; et une foule de gens se mirent à sa recher-
che. Ils parvinrent jusqu'à lui, et ils le retenaient, ne
voulant pas le laisser partn. ^-^Mais il leur dit : Il
faut que j'annonce aussi aux autres villes la bonne
nouvelle du royaume de Dieu ; car c'est pour cela
que j'ai été envoyé. ^^Et il prêchait dans les syna-
gogues de la Galilée.
La pêche miraculeuse
(Comp. Matth. 4 : 18-22 ; Marc 1 : 16-20)
5 ''Comme Jésus était sur le bord du lac de Géné-
zareth, la foule se pressait autour de lui pour enten-
dre la parole de Dieu. ^11 vit deux barques arrêtées
près du rivage; les pêcheurs en étaient descendus pour
laver leurs filets. Il monta dans l'une de ces bar-
ques, qui appartenait à Simon, -^et il le pria de s'éloi-
gner un peu du bord ; puis il s'assit, et de là il ensei-
gnait la foule.
^ Quand il eut cessé de parler, il dit à Simon :
Avance en pleine eau, et jetez vos filets pour pêcher.
^ Simon lui réj)ondit : Maître, nous avons travaillé
toute la nuit sans rien prendre ; mais, sur ta parole,
je jetterai le filet. ^L'ayant jeté, ils prirent une si
grande quantité de poissons que leur filet se rompait.
^ Alors ils firent signe à leurs compagnons, qui étaient
dans l'autre barque, de venir les aider ; ceux-ci vin-
rent, et ils remplirent les deux barques, tellement
135
5 : 8-19 SAINT LUC
qu'elles enfonçaient. ^ Simon Pierre, ayant vu cela,
se jeta aux genoux de Jésus, et il lui dit : Seigneur,
retire -toi de moi ; car je suis un homme pécheur.
^ En effet, la frayeur l'avait saisi, ainsi que tous ceux
qui étaient avec lui, à cause de la pêche des poissons
qu'ils avaient faite, de même que Jacques et Jean,
fils de Zébédée, qui étaient compagnons de Simon.
^ ^ Alors Jésus dit à Simon : Ne crains point ; désor-
mais, tu seras pêcheur d'hommes. ^'Puis, après avoir
ramené les barques à terre, ils quittèrent tout et le
suivirent.
Guérison d'un lépreux
(Voy. Matth. 8 : 1-i; Marc 1 : 40-45)
^ 2 Comme Jésus était dans une ville, un homme
tout couvert de lèpre, l'ayant vu, se jeta le visage
contre terre et lui adressa, tout suppliant, ces paroles :
Seigneur, si tu le veux, tu peux me rendre net !
'^ Jésus étendit la main, le toucha et dit : Je le veux,
sois net ! Au même instant, la lèpre le quitta. ^ '* Jésus
lui défendit de le dire à personne ; mais va, dit-il,
montre-toi au sacrificateur, et offre pour ta purifi-
cation ce que Moïse a prescrit, afin que cela leur
serve de témoignage.
^■'Sa renommée se répandait de plus en plus, et
une foule de gens s'assemblaient pour l'entendre et
pour être guéris de leurs maladies. ''^Mais lui se
retirait dans les déserts, et il priait.
Guérison d'un ^paralytique
(Voy. Matth. 9 : 1-8 ; Marc 2 : 1-12)
^^Un jour qu'il enseignait, et que des pharisiens
et des docteurs de la loi, venus de tous les villages
de la Galilée, de la Judée et de Jérusalem, étaient là
assis, la puissance du Seigneur agissait en lui pour
opérer des guérisons. ^^ Alors il survint des gens qui
portaient sur un lit un paralytique, et ils cherchaient
à le faire entrer et à le mettre devant Jésus. ^ ^ Comme
ils ne savaient par où le faire passer, à cause de la
foule, ils montèrent sur le toit, et, ayant enlevé les
tuiles, ils le descendirent avec son petit lit, au milieu
136
SAINT LUC 5 : 20-34
de l'assemblée, devant Jésus. -*^ Voyant leur foi, Jé-
sus dit : 0 homme, tes péchés te sont pardonnes.
^ 'Alors les scribes et les pharisiens se mirent à raisonner
et à dire : Quel est celui-ci, qui profère des blasphèmes ?
Qui peut pardonner les péchés, que Dieu seul ?
^-Mais Jésus, connaissant leurs pensées, prit la
parole et leur dit : Quel raisonnement faites-vous
dans vos cœurs ? ^-^ Lequel est le plus aisé, de dire :
Tes péchés te sont pardonnes ; ou de dire : Lève -toi
et marche ? ^''Or, afin que vous sachiez que le Fils
de l'homme a sur la terre le pouvoir de pardonner
les péchés : Je te l'ordonne, dit-il au paralytique,
lève-toi, emporte ton lit, et va dans ta maison. ^-^Et
à l'instant, le paralytique se leva en leur présence.
Il emporta le lit sur lequel il avait été couché et s'en
alla dans sa maison, donnant gloire à Dieu. -^Tous
furent remplis d'enthousiasme ; ils glorifiaient Dieu,
et, remplis de crainte, ils disaient : Nous avons vu
aujourd'hui des choses extraordinaires.
Vocation de Lévi. — Le Jeûne
(Voy. Matth. 9 : 9-17; Marc 2 : 13-22)
^"^ Après cela, Jésus sortit ; et il vit un péager, nommé
Lévi ( ' ), assis au bureau du péage. Il lui dit : Suis-moi !
^^Et lui, quittant tout, se leva et le suivit.
^'^Lévi lui donna un grand festin dans sa maison,
et un grand nombre de péagers et d'autres personnes
étaient à table avec eux. -^^Les pharisiens et leurs
scribes murmuraient et disaient à ses disciples :
Pourquoi mangez -vous et buvez -vous avec des péa-
gers et des pécheurs ? ^' Jésus, prenant la parole, leur
dit : Ce ne sont pas ceux qui sont en santé qui ont
besoin de médecin, mais ceux qui se portent mal.
^- Je ne suis pas venu appeler à la repen tance les justes,
mais les pécheurs.
^^Ils lui dirent : Les disciples de Jean jeûnent
souvent et font des prières, de même que ceux des
pharisiens, au lieu que les tiens mangent et boivent.
''^^* Il leur répondit : Pouvez- vous faire jeûner les amis de
(1) Cet apôtre prit le nom de Matthieu (do7i de Dieu). — Voy. Matth. 9 : 9 ;
10 : 3.
137
5 : 35-6 : 8 SAINT LTTC
l'époux, pendant que l'époux est avec eux'? ^^Les
jours viendront où l'époux leur sera ôté ; alors ils
jeûneront dans ces jours-là.
^^11 leur dit encore cette parabole : Personne n'en-
lève une pièce à un vêtement neuf pour la mettre à
un vieux vêtement. Ce serait déchirer le vêtement
neuf, sans que la pièce neuve s'accorde avec le vête-
ment vieux. ^^De même, personne ne met du vin
nouveau dans de vieilles outres ; autrement, le vin
nouveau rompra les outres ; il se répandra, et les outres
seront perdues. ^^^Mais le vin nouveau doit être mis
dans des outres neuves. ^'"'De même aussi, celui qui
boit du vin vieux, ne demande pas du vin nouveau ;
car il dit : C'est' le vieux qui est bon.
Les épis arrachés
(Yoy. Matth. 12 : 1-8 ; Marc 2 : 23-28)
6 ^ Un jour He sabbat, Jésus passant par des blés, ses
disciples arrachaient des épis, les froissaient entre leurs
mains, et ils les mangeaient. - Quelques-uns des pha-
risiens leur dirent : Pourquoi faites-vous ce qu'il n'est
pas permis de faire le jour du sabbat ? -^ Jésus, prenant
la parole, leur dit : N'avez-vous donc pas lu ce que
fit David, lorsqu'il eut faim, lui et ceux qui étaient
avec lui ? '' Comment il entra dans la maison de Dieu,
prit les pains de proposition, en mangea et en donna;
à ceux qui ét?aent avec lui, bien qu'il ne soit permis
qu'aux seuls sacrificateurs d'en manger (') ? ^Et il
leur dit : Le Fils de l'homme est maître même du
sabbato
Uhomme à la main desséchée
(Voy. Matth. 12 : 9-14 ; Marc 3 : 1-6)
^Un autre jour de sabbat, Jésus entra dans la syna-
gogue, et il se mit à enseigner. Il y avait là un homme
dont la main droite était desséchée. "' Or, les scribes et
les pharisiens l'observaient, pour voir s'il ferait une
guérison le jour du sabbat, afin de trouver l'occasion
de l'accuser. ^Mais comme il connaissait leurs pensées,
(1) Voy. I Samuel 31 : 1-6.
138
SAINT LUC 6 : 9-20
il dit à l'homme qui avait la main desséchée : Lève-toi,
et tiens-toi debout au milieu de nous. Et lui, s' étant
levé, se tint debout. ^ Jésus leur dit : Est-il permis,
le jour du sabbat, de faire du bien ou de faire du mal,
de sauver une personne ou de la faire périr ? ^^Puis,
ayant porté ses regards sur tous^ ceux qui étaient
autour de lui, il dit à l'homme : Etends ta main. Il
le fit, et sa main redevint saine. ^^Mais eux furent
remplis de fureur ; et ils s'entretenaient ensemble
de ce qu'ils pourraient faire à Jésus.
Choix des douze apôtres
(Voy. Matth. 10 : 1-4 ; Marc 3 : 13-19)
^2 En ce temps-là, Jésus alla sur la montagne pour
prier ; et il passa toute la nuit à prier Dieu. ' '^ Quand
le jour fut venu, il appela ses disciples, et il en choisit
douze, auxquels il donna le nom d'apôtres : ^^ Simon,
qu'il nomma Pierre, et André son frère, Jacques et
Jean, Philippe et Barthélémy, '"^ Matthieu et Tho-
mas, Jacques, fils d'Alphée, et Simon, appelé le
Zélote ('), ^"^Jude, fils de Jacques, et Judas Isca-
riote (-), celui qui le trahit.
Instructions diverses
(Voy. Matth. chap, 5, 6 et 7)
"Ensuite, étant descendu avec eux, il s'arrêta sur
un plateau. Là, se trouvaient un grand nombre de
ses disciples et une grande multitude de gens, qui
étaient venus de toute la Judée et de Jérusalem, ainsi
que du littoral de Tyr et de Sidon, pour l'entendre et
pour être guéris de leurs maladies. ^^Ceux qui étaient
tourmentés par des esprits impurs étaient aussi guéris.
^^ Toute la multitude cherchait à le toucher, parce
qu'il sortait de lui une force qui les guérissait tous.
-^ Alors levant les yeux sur ses disciples, Jésus dit :
Heureux, vous qui êtes pauvres, parce que le royaume
(1) On appelait Zélotes les Juifs particulièremeut zélés pour le triomphe de
la cause nationale. Ils formaient un parti plus fanatique encore que celui des
pharisiens.
(2) Voir note sur Matth. 10 : 4.
139
6 l 21-38 SAINT LTJO
de Dieu est à vous! ^'Heureux, vous qui avez faim
maintenant, parce que vous serez rassasiés ! Heureux,
vous qui pleurez maintenant, parce que vous serez
dans la joie ! ^^ Vous serez heureux, lorsque les hommes
vous haïront, qu'ils vous chasseront, qu'ils vous
diront des outrages et rejetteront votre nom comme
infâme, à cause du Fils de l'homme! ^^ Réjouissez-
vous en ce jour-là, et tressaillez de joie, parce que
votre récompense sera grande dans le ciel; car c'est
ainsi que leurs pères traitaient les prophètes.
^^Mais malheur à vous, riches, parce que vous avez
déjà reçu votre consolation ! ^''Malheur à vous qui
êtes rassasiés maintenant, parce que vous aurez faim !
Malheur à vous qui riez maintenant, parce que vous
serez dans le deuil et dans les larmes ! ^^ Malheur à
vous, lorsque tous les hommes diront du bien de vous ;
car leurs pères faisaient de même à l'égard des faux
prophètes !
^^Mais je vous dis, à vous qui m'écoutez : Aimez
vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent,
^^ bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux
qui vous outragent. ^^A celui qui te frappe sur une
joue, présente aussi l'autre; et si quelqu'un t'enlève
ton manteau, ne l'empêche pas de prendre aussi ta
tunique. ^^ Bonne à tout homme qui te demande, et
si quelqu'un t'enlève ce qui est à toi, ne le réclame pas.
^*Ce que vous voulez que les hommes vous fassent,
faites -le leur aussi de même.
^-Si vous aimez ceux qui vous aiment, quel gré
vous en saura-t-on ? Les pécheurs aussi aiment ceux
qui les aiment. ^-^Et si vous faites du bien à ceux
qui vous font du bien, quel gré vous en saura-t-on ?
Les pécheurs font la même chose. -^''Et si vous prêtez
à ceux de qui vous espérez recevoir, quel gré vous en
saura-t-on ? Les pécheurs aussi prêtent aux pécheurs,
afin de recevoir la pareille... ^^Mais vous, aimez vos
ennemis; faites du bien, et prêtez sans rien espérer
en retour. Votre récompense sera grande, et vous
serez les fils du Très-Haut, parce qu'il est bon pour
les ingrats et les méchants.
^^ Soyez miséricordieux, comme votre Père est misé-
140
SAINT LTJC 6 : 37-49
ricordieux. ^"^Ne jugez point, et vous ne serez pas
jugés ; ne condamnez point, et vous ne serez pas
condamnés ; pardonnez, et on vous pardonnera.
^^ Donnez, et on vous donnera : on versera dans votre
sein une bonne mesure, pressée, secouée, débordante ;
car on se servira pour vous de la mesure avec laquelle
vous mesurez.
^'^11 leur dit aussi une parabole : Un aveugle peut-il
conduire un aveugle ? Ne tomberont-ils pas tous
deux dans la fosse ?
^^^Le disciple n'est pas au-dessus de son maître ;
mais tout disciple accompli sera comme son maître.
^^ Pourquoi regardes -tu la paille qui est dans l'œil
de ton frère, et n'aperçois-tu pas la poutre qui est
dans ton œil ? ^^ Comment peux -tu dire à ton frère :
Frère, laisse-moi ôter la paille qui est dans ton œil,
toi qui ne vois pas la poutre qui est dans le tien?
Hypocrite, ôte premièrement la poutre de ton œil, et
alors tu verras à ôter la paille qui est dans l'œil de
ton frère. ^^ L'arbre qui produit de mauvais fruits
n'est pas bon, et l'arbre qui produit de bons fruits
n'est pas mauvais ; '^'^car chaque arbre se reconnaît
à son propre fruit. On ne cueille pas des figues sur
des épines, et on ne récolte pas des raisins sur des
ronces. "*'' L'homme de bien tire le bien du bon trésor
de son cœur, mais le méchant tire le mal de son mau-
vais trésor ; car de l'abondance du cœur la bouche parle.
-^^ Pourquoi m'appelez- vous : Seigneur, Seigneur, et
ne faites-vous pas ce que je dis ? ''^ Je vais vous
montrer à qui ressemble tout homme qui vient à moi,
qui entend mes paroles et qui les met en pratique.
''^Il est semblable à un homme qui, bâtissant une
maison, a creusé profondément la terre, et a posé le
fondement sur le roc : les eaux ont débordé, le tor-
rent a donné avec violence contre cette maison, mais
il n'a pu l'ébranler, parce qu'elle avait été bien cons-
truite. '''^Mais celui qui entend et ne met pas en pra-
tique est semblable à un homme qui a bâti sa maison
sur la terre, sans fondement : le torrent a donné contre
elle avec violence, et aussitôt elle est tombée; et la
ruine de cette maison a été grande.
141
7: 4-4 4 SAINT LUC
Le centenier de Capernaum
(Voy. Matth.' 8 : 5-13)
7 ^ Après que Jésus eut achevé de prononcer toutes
ces paroles devant le peuple qui l'écoutait, il entra
dans Capernaum.
^Or, un centenier (') avait un serviteur malade et
près de mourir, qui lui était très cher. ^ Ayant entendu
parler de Jésus, il lui envoya quelques anciens des
Juifs, pour le prier de venir guérir son serviteur.
''Ceux-ci, étant arrivés auprès de Jésus, le priaient
avec instance, en disant : Il est digne que tu lui ac-
cordes cela; ''car il aime notre nation, et c'est lui
qui nous a fait bâtir la synagogue. ^ Alors Jésus s'en
alla avec eux. Comme il approchait déjà de la maison,
le centenier envoya des amis, pour lui dire : Seigneur,
ne te donne pas tant de peine ; car je ne mérite pas
que tu entres sous mon toit. ^ Aussi ne me suis-je
pas même jugé digne d'aller auprès de toi ; mais dis
une parole, et mon serviteur sera guéri. ^Car moi-
même, qui suis un homme soumis à la puissance d'au-
trui, j'ai sous mes ordres des soldats; et je dis à
l'un : Va, et il va ; et à l'autre : Viens, et il vient ; et
à mon serviteur : Fais cela, et il le fait. ^ Jésus, ayant
entendu ces paroles, admira le centenier, et se tour-
nant vers la foule qui le suivait, il dit : Je vous le
déclare, même en Israël je n'ai pas trouvé une aussi
grande foi. ^"Et les envoyés, de retour à la maison,
trouvèrent le serviteur en bonne santé.
Le jeune homme de Nain
"Le jour suivant, Jésus allait à une ville appelée
Naïn, et plusieurs de ses disciples et une grande foule
faisaient route avec lui. ^^ Comme il approchait de
la porte de la ville, voici qu'on emportait un mort,
fils unique de sa mère qui était veuve ; et il y avait
avec elle un grand nombre de gens de la ville. ^^Le
Seigneur, l'ayant vue, fut touché de compassion pour
eUe, et lui dit : Ne pleure pas ! " Puis s'étant approché,
il toucha le cercueil, et ceux qui le portaient s'arrê-
(1) Voir note sur Matth. 8:5.
142
SAINT LUC 7 : -1 5-28
tèrent. Alors il dit : Jeune homme, je te le dis : lève-
toi. '"'Le mort se mit sur son séant et commença à
parler. Et Jésus le rendit à sa mère. '*^La crainte les
saisit tous, et ils glorifiaient Dieu, en disant : Un
grand prophète s'est levé parmi nous, et Dieu a visité
son peuple. ^'Le bruit s'en répandit dans toute la
Judée et dans tout le pays d'alentour.
Message de Jean-Baptiste
(Yoy. Matth. 11 : 2-19.)
*^Les disciples de Jean lui rapportèrent toutes ces
choses. ^'-^ Alors il appela deux de ses disciples et les
envoya dire au Seigneur : Es-tu celui qui doit venir,
ou devons-nous en attendre un autre ? ^'^Ces hommes,
étant arrivés auprès de Jésus, lui dirent : Jean-Bap-
tiste nous a envoyés vers toi pour te dire : Es-tu celui
qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ?
^'Or, à cette heure m.ême, Jésus guérit plusieurs
personnes de maladies, d'infirmités et de malins
esprits, et il rendit la vue à plusieurs aveugles. ^-Puis
il répondit : Allez rapporter à Jean ce que vous avez
vu et entendu : les aveugles recouvrent la vue, les
boiteux marchent, les lépreux sont nettoyés, les sourds
entendent, les morts ressuscitent, FÉvangile^ est
annoncé aux pauvres. ^"Heureux celui pour qui je ne
serai pas une occasioii de chute !
^'' Quand les messagers de Jean furent partis, Jésus
se mit à parler de Jean à la foule, et dit : Qu'ôtes-
vous allés voir au désert ? Un roseau agité par le
vent ?... ''^■' Encore une fois, qu'êtes-vous allés voir ?
Un homme vêtu d'habits somptueux ?... Mais, ceux
qui portent des vêtements magnifiques et qui vivent
dans les déhces, sont dans les palais des rois !... ^''Mais
enfin, qu'êtes-vous allés voir ? Un prophète ? Oui,
vous dis-je, et plus qu'un prophète. ''^'^ C'est celui
dont il est écrit : c Je vais envoyer mon messager
devant ta face, et il préparera ton chemin devant
toi ('). » 2^ Je vous' le dis, entre ceux qui sont nés
de femme, il n'y en a point de plus grand que Jean-
(1) Malacliie 3:1.
143
7 : 29-43 SAINT LUO
Baptiste ; toutefois, celui qui est le plus petit dans
le royaume de Dieu est plus grand que lui. ^^Et tout
le peuple qui l'a entendu, ainsi que les péagers, ont
justifié Dieu, en se faisant baptiser du baptême de
Jean. ^^Mais les pharisiens et les docteurs de la loi,
en ne se faisant pas baptiser par lui, ont rejeté le
dessein de Dieu à leur égard.
^'A qui donc comparerai-je les hommes de cette
génération, et à qui ressemblent-ils ? -^^Ils ressem-
blent à des enfants assis sur la place publique, et qui
se disent les uns aux autres : Nous vous avons joué
de la flûte, et vous n'avez pas dansé ; nous avons
chanté des complaintes, et vous n'avez pas pleuré. -^^En
effet, Jean-Baptiste est venu, ne mangeant pas de
pain et ne buvant pas de vin ; et vous dites : Il a
un démon. ^'*Le Fils de l'homme est venu, mangeant
et buvant ; et vous dites : Voilà un mangeur et un
buveur, un ami des péagers et des pécheurs !... ^^Mais
la sagesse a été justifiée par tous ses enfants.
La pécheresse pardonnée
^^L'un des pharisiens pria Jésus de prendre un
repas chez lui. Etant donc entré dans la maison du
pharisien, il se mit à table. ^^Or, voici qu'une femme
de la ville, qui était de mauvaise vie, ayant appris
qu'il était à table dans la maison du pharisien, apporta
un vase d'albâtre, plein de parfum. -^^Et, se tenant en
arrière, aux pieds de Jésus, en pleurant, elle se mit à lui
arroser les pieds de ses larmes et à les essuyer avec ses
cheveux ; elle lui baisait les pieds et les oignait avec
le parfum. ^^ Le pharisien qui avait invité Jésus, voyant
cela, dit en lui-même : Si cet homme était prophète,
il saurait qui est cette femme qui le touche, et que
c'est une femme de mauvaise vie.
''^ Alors Jésus, prenant la parole, lui dit : Simon, j'ai
quelque chose à te dire. Il lui répondit : Maître, parle.
— ^'^Un créancier avait deux débiteurs : l'un lui devait
cinq cents deniers, l'autre cinquante. ''^Et comme ils
n'avaient pas de quoi payer, il leur remit à tous deux
leur dette. Lequel des deux l'aimera le plus ? ^*^ Simon
144
SAINT LTJC 7 : 44-8 : 8
répondit : J'estime que c'est celui à qui il a le plus
remis. Jésus lui dit : Tu as bien jugé. '''* Puis, se tournant
vers la femme, il dit à Simon : Tu vois cette femme ?
Je suis entré dans ta maison, et tu ne m'as pas donné
d'eau pour mes pieds ; mais elle les a arrosés de ses
larmes et les a "essuyés avec ses cheveux. ''-^Tu ne
m'as pas donné de baiser ; mais elle, depuis qu'elle est
entrée, n'a cessé de me baiser les pieds, ■'^''Tu- n'as
pas oint ma tête d'huile ; mais elle a oint mes pieds
de parfum. '''"C'est pourquoi, je te le dis, ses péchés,
qui sont en grand nombre, lui sont pardonnes, car
elle a beaucoup aimé ; mais celui à qui on pardonne
peu, aime peu. "^^Puis il dit à la femme : Tes péchés
te sont pardonnes. '^^Ceux qui étaient à table avec lui
se mirent à dire en eux-mêmes : Quel est celui-ci, qui
même pardonne les péchés ! •^*^Mais il dit à la femme :
Ta foi t'a sauvée ; va en paix.
Parabole du semeur
(Voy. Matth. 13 : 1-23; 5 : 15 ; Marc 4 : 1-23)
8 ^Ensuite, Jésus allait de ville en ville et de vil
lage en village, prêchant et annonçant la bonne nou-
velle du royaume de Dieu ; et les Douze étaient avec
lui. ^11 y avait aussi avec eux quelques femmes, qui
avaient été délivrées de malins esprits ou guéries de
leurs maladies : Marie appelée Madeleine, de laquelle
étaient sortis sept démons, -^Jeanne, femme de Chu-
zas, intendant d'Hérode, Suzanne et plusieurs au-
tres, qui les assistaient de leurs biens.
'''Comme une grande foule s'était assemblée, et
qu'on venait à lui de toutes les villes, il leur dit en
parabole : ^ Le semeur sortit pour semer. Et comme
il jetait sa semence, il en tomba une partie le long
du chemin ; elle fut foulée aux pieds, et les oiseaux
du ciel la mangèrent toute. ^Une autre partie tomba
sur un sol pierreux ; et quand elle fut levée, elle
sécha, parce qu'elle n'avait point d'humidité. '^Une
autre partie tomba parmi les épines ; les épines
poussèrent avec la semence et l'étoufîèrent, ^Une
autre partie tomba dans la bonne terre ; elle leva et
145
8: 9-^9 . SAINT LUC
produisit du fruit, cent pour un. En disant ces choses,
il s'écriait : Que celui qui a des oreilles pour entendre,
entende !
^Ses disciples lui demandèrent ce que signifiait
cette parabole. ^^11 répondit : Il vous a été donné de
connaître les mystères du royaume de Dieu ; mais, pour
les autres, il leur est parlé en paraboles, de sorte qu'en
voyant, ils ne voient pas, et qu'en entendant, ils
ne comprennent point (^). ^ 'Voici donc ce que signifie
cette parabole : La semence, c'est la parole de Dieu.
^-Ceux qui la reçoivent le long du chemin, ce sont
ceux qui l'ont entendue ; mais ensuite vient le Diable
qui enlève cette parole de leur cœur, de peur qu'ils
ne croient et ne soient sauvés. ' ^ Ceux qui la reçoivent
sur le sol pierreux, ce sont ceux qui, entendant la
parole, la reçoivent avec joie ; mais ils n'ont point de
racine, ils ne croient que pour un temps ; et, quand
l'épreuve survient, ils se retirent. ^^Ce qui est tombé
parmi les épines, ce sont ceux qui ont entendu la
parole, mais qui s'en vont et la laissent étouiïer par
les soucis, les richesses et les plaisirs de cette vie,
de sorte qu'ils ne portent pas de fruit qui vienne à
maturité. '-'Mais ce qui tombe dans la bonne terre,
ce sont ceux qui, ayant entendu la parole avec un
cœur honnête et bon, la retiennent et portent du fruit
avec i^ersévérance.
^"11 n'est personne qui, après avoir allumé une
lampe, la couvre d'un boisseau (-) ou la mette sous
un lit ; raais on la met sur un support, afin que ceux
qui entrent voient la lumière. ^'En effet, il n'y a rien
de secret qui ne doive être manifesté, ni rien de caché
qui ne doive être connu et mis en évidence. '' Prenez
donc garde à la manière dont vous écoutez ; car on
donnera à celui qui a, mais à celui qui n'a pas,
on ôtera même ce qu'il croit avoir.
La mère et les frères de Jésus
(Yoy. Matth. 12 : 46-50; Marc 3 : 31-35)
^ ^ Sa mère et ses frères vinrent le trouver ; mais
1) Yoy. Ésaïe 6 : 9-10 — (2) Litt. : vase.
146
SAINT LUC 8 : 20-29
ils ne pouvaient l'aborder à cause de la foule. ^^On
vint donc lui dire : Ta mère et tes frères sont là
dehors, qui désirent te voir. ^ ' Mais il répondit : Ma
mère et mes frères, ce sont ceux qui écoutent la
parole de Dieu et qui la mettent en pratique !
La tempête
(Voy. Mattli. 8 : 23-27; Marc 4 : 35-41)
2^ Un jour, il entra dans une barque avec ses dis-
ciples, et il leur dit : Passons de l'autre côté du lac ;
et ils partirent. ^^ Comme ils voguaient, Jésus s'en-
dormit. Un tourbillon de vent vint s'abattre sur le
lac ; la barque se remplissait d'eau et ils étaient en
danger. ^'' Alors ils vinrent à lui, et le réveillèrent en
lui disant : Maître, Maître, nous périssons ! Mais lui,
s'étant réveillé, imposa silence au vent et aux flots,
qui s'apaisèrent, et il se fit un grand calme. ^-^Il leur
dit alors : Où est votre foi ? Et, saisis de crainte et
d'admiration, ils se disaient entre eux : Quel est donc
celui-ci, qui commande même aux vents et à l'eau,
et ils lui obéissent ?
Le démoniaque gérasénien
- (Voy. Matth. 8 : 28-34 ; Marc 5 : 1-20)
^''Ils abordèrent ensuite au pays des Géraséniens,
qui est vis-à-vis de la Galilée. ^'Et quand Jésus fut
descendu à terre, il vint au-devant de lui un homme
de la ville, qui était possédé de plusieurs démons.
Depuis fort longtemps il ne portait pas de vête-
ment, et il ne demeurait pas dans une maison, mais
dans les tombeaux ('). ^^Dès qu'il vit Jésus, il poussa
un grand cri, et, se jetant à ses pieds, il dit d'une voix
forte : Qu'y a-t-il entre moi et toi, Jésus, Fils du Dieu
très-haut 1 Je t'en supplie, ne me tourmente pas ! ^'^En
effet, l'esprit impur venait de recevoir de Jésus l'ordre
de sortir de cet homme, dont il s'était rendu maître
depuis longtemps ; et, bien qu'on gardât le malade,
lié de chaînes et les fers aux pieds, il rompait ses
liens et était emporté par le démon dans les déserts.
(1) Voir note sur Matth. 8 : 28.
147
8 : 30-43 SAINT LtrC
^^ Jésus lui demanda : Quel est ton nom ? Il répondit :
Légion ; car plusieurs démons étaient entrés en lui.
^'Et ils suppliaient Jésus de ne pas leur commander
d'aller dans l'abîme.
^^Or, il y avait là un grand troupeau de pourceaux
qui paissaient dans la montagne. Les démons sup-
plièrent Jésus de leur permettre d'entrer dans ces
pourceaux ; et il le leur permit. ^" Etant donc sortis de
cet homme, ils entrèrent dans les pourceaux ; le
troupeau se précipita dans le lac, du haut de la berge,
et il s'y noya. ^''Ceux qui le faisaient paître, voyant
ce qui était arrivé, s'enfuirent et répandirent la nou-
velle dans la ville et dans la campagne.
^•' Alors les gens sortirent pour voir ce qui s'était
passé ; et, quand ils furent arrivés auprès de Jésus,
ils trouvèrent l'homme, de qui les démons étaient
sortis, assis aux pieds de Jésus, habihé et dans son
bon sens ; et ils furent saisis de crainte. ^^Les témoins
de l'événement leur racontèrent comment le démo-
niaque avait été délivré.
^ ' Tous les habitants de la contrée des Géraséniens
prièrent Jésus de se retirer de chez eux ; car ils étaient
saisis d'une grande frayeur. Il entra donc dans la
barque pour s'en retourner. ^^Et l'homme, de qui
les démons étaient sortis, lui demandait la permission
de rester avec lui ; mais Jésus le renvoya, en disant :
^^ Retourne dans ta maison, et raconte tout ce que
Dieu a fait pour toi. Il s'en alla donc, publiant par
toute la ville tout ce que Jésus lui avait fait.
La fille de Jaïrus et la femme malade
(Yoy. Matth. 9 : 18-26 ; Marc 5 : 21-43)
^^A son retour, Jésus fut reçu par la foule ; car
tous l'attendaient. '' ^ Et il vint un homme appelé
Jaïrus, qui était chef de la synagogue. Il se jeta aux
pieds de Jésus, en le priant de venir dans sa maison,
■^^ parce qu'il avait une fille unique, âgée de douze
ans, qui se mourait.
Pendant que Jésus s'y rendait, la foule le pressait
de tous côtés. '-^ Alors une femme, qui avait une perte
de sang depuis douze ans et qui avait dépensé tout
148
SAINT LUC 8 : 44-9 : 5
son bien en médecins, sans avoir pu être guérie par
aucun, ^^ s'approcha de lui par derrière et toucha le
bord, de son vêtement ; et à l'instant, sa perte de sang
s'arrêta. ^-^ Alors Jésus dit : Qui est-ce qui m'a touché ?
Comme tous s'en défendaient, Pierre et ceux qui
étaient avec lui, répondirent : Maître, la foule t'en-
vironne et te presse! ^^ Jésus reprit: Quelqu'un m'a
touché ; car j'ai senti qu'une force est sortie de moi.
^- La femme, voyant qu'elle n'avait pu rester cachée,
vint toute tremblante se jeter à ses pieds, et déclara,
devant tout le peuple, pourquoi elle l'avait touché
et comment elle avait été guérie à l'instant. ''^ Jésus
lui dit : Ma fille, ta foi t'a sauvée ; va en paix.
^^ Comme il parlait encore, quelqu'un vint de chez
le chef de la synagogue et lui dit : Ta fille est morte ;
n'importune plus le Maître. ^"^Mais Jésus, l'ayant en-
tendu, dit à Jaïrus : Ne crains point ; crois seule-
ment, et elle sera sauvée. ^ • Quand il fut arrivé à la
maison, il ne laissa entrer avec lui que Pierre, Jac-
ques et Jean, et le père et la mère de l'enfant. ^-Tous
pleuraient et se lamentaient sur elle. Alors Jésus
dit : Ne pleurez pas ; elle n'est pas morte, mais elle
dort. ^-^Et ils se moquaient de lui, sachant qu'elle
était morte. ^ '' Mais Jésus la prit par la main, et dit à
haute voix : Mon enfant, lève- toi ! ^-^ Alors l'esprit
lui revint ; elle se leva à l'instant, et il commanda
de lui donner à manger. '^^Ses parents furent saisis
d'étonnement ; mais il leur défendit de dire à personne
ce qui était arrivé.
Les Douze envoyés en mission
(Voy, Mattli. 10 : 1-42 ; Marc 6 : 7-13)
9 '' Jésus, ayant assemblé les Douze, leur donna puis-
sance et autorité sur tous les démons, avec le pouvoir
de guérir les maladies. ^Puis, il les envoya annoncer
le royaume de Dieu et guérir les malades. ^Et il leur
dit : Ne prenez rien pour la route, ni bâton, ni sac, ni
pain, ni argent, et n'ayez pas deux vêtements. ' Dans
quelque maison que vous entriez, demeurez-y jusqu'à
votre départ. ^ Quant à ceux qui ne vous recevront
paSj sortez de leur ville, et secouez la poussière de
149
9:6-47 SAINT LUC
VOS pieds en témoignage contre eux. ^ Étant donc
partis, ils ^allaient de village en village, annonçant
partout l'Evangile et guérissant les malades.
Inquiétudes d'Hérode
(Oomp. Matth. 14 : 1-12 ; Marc 6 : 14-29)
^Cependant, Hérode le tétrarque (^) apprit tout
ce qui se passait ; et il ne savait que penser, parce
que les uns ^disaient : Jean est ressuscité des morts ;
^d'autres : Elie est apparu ; d'autres : Un des anciens
prophètes est ressuscité. ^Mais Hérode disait : J'ai
fait décapiter Jean ; qui donc est celui-ci, au sujet
duquel j'entends dire de telles choses 1 Et il cherchait
à le voir.
Multiplication des "pains
(Voy. Matth. 14 : 13-21 ; Marc 6 : 30-44 ; Jean 6 : 1-15)
^^Les apôtres, étant de retour, racontèrent à Jésus
tout ce qu'ils avaient fait. Alors il les prit avec lui, et
se retna à l'écart, du côté d'une ville appelée Beth-
saïda. ''^Mais quand les foules l'eurent appris, elles
le suivirent. Jésus, les ayant accueillies, leur parlait
du royaume de Dieu, et il rendait la santé à ceux qui
avaient besoin de guérison.
^^ Comme le jour commençait à baisser, les Douze
s'approchèrent et lui dirent : Renvoie la fouJe, afin
qu'elle aille dans les villages et les campagnes d'alen-
tour, pour y loger et y trouver à manger ; ear ici,
nous sommes dans un lieu désert. ^'"^Mais il leur dit :
Donnez -leur vous-mêmes à manger. Ils répondirent :
Nous n'avons que cinq pains et deux poisson s,... à
moins que nous n'allions nous-mêmes acheter des
vivres pour tout ce peuple. '' ' Or, il y avait là environ
cinq mille hommes. Alors il dit à ses disciples : Faites-
les asseoir par rangées de cinquante, ^^ C'est ce qu'ils
firent; et tout le monde s'assit. ^^Puis, Jésus prit
les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux
vers le ciel, il les bénit, les rompit, et.les donna aux dis-
ciples, pour les distribuer à la foule. ^'^Tous mangèrent
(1) Voir note sur Matth. S : 22.
150
SAINT LUC 9 M 8-3 <
et furent rassasiés ; et on emporta douze paniers,
pleins des morceaux qui restaient.
Confession de Pierre
(Voy. Matth. 16 : 13-28 ; Marc 8 : 27-38 ; 9 : 1.-— Comp. Jean 6 : 66-71)
^^Un jour que Jésus priait en particulier, ses dis-
ciples s'étant rassemblés autour de lui, il leur demanda:
Qui dit-on, parmi le peuple, que je suis ? ^^Ils répou'
dirent : Les uns disent, Jean-Baptiste ; d'autres,
Élie ; et d'autres, l'un des anciens prophètes qui est
ressuscité. ^^Et vous, leur dit-il, qui dites-vous que je
suis ? Pierre répondit : Tu es le Christ de Dieu. - ' Jésus
leur défendit sévèrement de le dire à personne, ^-et
il ajouta : Il faut que le Fils de l'homme souffre beau-
coup, qu'il soit rejeté par les anciens, par les princi-
paux sacrificateurs et par les scribes, qu'il soit mis
à mort, et qu'il ressuscite le troisième jour.
2^ Puis il disait à tous : Si quelqu'un veut venir
après moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il se charge
chaque jour de sa croix, et qu'il me suive. ^''Car celui
qui voudra sauver sa vie, la perdra ; mais celui qui
aura perdu sa vie à cause de moi, la sauvera. ^''Que
servirait-il à un homme de gagner le monde entier,
s'il se perdait ou se ruinait lui-même ? ^''Car si quel-
qu'un a honte de moi et de mes paroles, le Fils de
Dieu aura honte de lui, quand il viendra dans sa gloire
et dans celle du Père et des saints anges. ^^En vérité,
je vous le dis, quelques-uns de ceux qui sont ici pré-
sents ne mourront pas, avant d'avoir vu le royaume
de Dieu.
La transfiguration
(Voy. Matth. 17 : 1-13 ; Marc 9 : 2-13)
^^ Environ huit jours après qu'il eut dit ces paroles,
Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il monta
sur la montagne pour prier. ^'^ Pendant qu'il priait,
son visage parut tout autre, et son vêtement devint
d'une blancheur éblouissante. ^"Et voici que deux
hommes s'entretenaient avec lui : c'étaient Moïse et
Elie, ^' qui apparaissaient environnés de gloire. Ils par-
laient de son départ, qui devait s'accomplir à Jéru-
151
9 : 32-45 SAINT LUC
salem. ^^ Pierre et ses compagnons étaient accablés
de sommeil ; mais, s'étant réveillés, ils virent sa gloire
et les deux hommes qui se tenaient près de lui.
^^ Comme ces hommes se séparaient de Jésus, Pierre
lui dit : Maître, il est bon pour nous d'être ici ; dres-
sons trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, et une
pour Élie. Car il ne savait pas ce qu'il disait. ^ '• Il par-
lait encore, lorsqu'une nuée survint et les couvrit ; et
quand ils disparurent dans la nuée, les disciples
furent saisis de crainte. ^^ Alors on entendit une voix
venant de la nuée, qui disait : Celui-ci est mon Pils,
mon Elu, écoutez-le. ^''Et pendant que cette voix
se faisait entendre, Jésus se trouva seul. Ils gardèrent
le silence, et ils ne dirent rien à personne de ce qu'ils
avaient vu.
Le démoniaque
(Yoy. Matth. 17 : 14-21; Marc 9 : 14-29)
^"^Le jour suivant, comme ils descendaient de la
montagne, une grande foule vint au devant de Jésus.
^^Et un homme de la foule s'écria : Maître, je te prie,
jette les yeux sur mon fils ; car c'est mon seul enfant.
^^Un esprit s'empare de lui, et soudain il pousse des
cris ; l'esprit l'agite avec violence, le fait écumer,
et à peine le quitte-t-il, après l'avoir tout brisé. ^^ J'ai
prié tes disciples de le chasser, mais ils ne l'ont pu.
^ ^ Jésus répondit : O race incrédule et perverse,
jusques à quand serai-je avec vous et vous suppor-
terai-je ? ''-^ Amène ici ton fils. Comme l'enfant appro-
chait, le démon le jeta contre terre et l'agita vio-
lemment. Mais Jésus parla sévèrement à l'esprit
impur ; il guérit l'enfant et le rendit à son père.
Jésus prédit sa mort
(Voy. Matth. 17 : 22-23 ; Marc 9 : 30-32)
''^Tous furent frappés de la puissance magnifique
de Dieu. Et comme ils étaient tous dans l'admira-
tion de tout ce que Jésus faisait, il dit à ses disciples :
'^^Pour vous, retenez bien ce que je vais vous dire :
Le Fils de l'homme va être livré entre les mains des
hommes. ^^Mais ils ne comprenaient point cette pa~
152
SAINT LUC 9 : 46-S6
rôle : elle était voilée pour eux, de sorte qu'ils n'en
saisissaient pas le sens ; et ils craignaient de l'inter-
roger sur cette parole.
La vraie grandeur
(Yoy. Matth. 18 : 1-5 ; Marc 9 : 33-4&;
''^II survint entre eux une discussion pour savoir
lequel était le plus grand parmi eux. "^"Mais Jésus,
connaissant les pensées de leur cœur, prit un petit
enfant, le mit auprès de lui, '*^et il leur dit : Celui qui
reçoit ce petit enfant en mon nom, me reçoit, et celui
qui me reçoit, reçoit celui qui m'a envoyé. Car celui
qui est le plus petit entre vous tous, c'est celui-là
qui est grand.
^^ Jean prit la parole et dit : Maître, nous avons vu
quelqu'un qui chassait les démons en ton nom, et
nous l'en avons empêché parce qu'il ne te suit pas
avec nous. ^"Mais Jésus lui dit: Ne l'en empêchez
point ; car celui qui n'est pas contre vous, est pour
vous.
Voyage de Jésus à Jérusalem (9 : 5i à 19 : 28)
Jésus en Samarie
^^ Comme le temps où il devait être enlevé du
monde approchait, il prit résolument le chemin de
Jérusalem. ^-Et il envoya des messagers devant lui.
Ceux-ci étant partis, entrèrent dans un village des
Samaritains pour lui préparer un logement; ^-^mais
les Samaritains ne le reçurent pas, parce qu'il se
dirigeait vers Jérusalem. ''''Jacques et Jean, ses dis-
ciples, voyant cela, dirent : Seigneur, veux-tu que
nous disions que le feu descende da ciel et qu'il les
consume ? ^^Mais Jésus, se retournant, les répri-
manda [et il leur dit : Vous ne savez de quel esprit
vous êtes animés] (^) ('). ^^Et ils allèrent dans un
autre village.
(a) Les mots entre crochets ne se trouvent que dans quelques manuscrits.
Dans le nombre, il y en a qui ont de plus : Le Fils de l'homme est venu, non pour
perdre les âmes, mais pour les sauver. (Voy. Luc 19 : 10 ; Matth. 18 : 11.)
(1) D'autres traduisent : Votes ne savez pas quel est l'esprit qui doit vous
animeTc
153
9: 57-10 MO SAINT LUO
Dispositions nécessaires pour suivre Jésus
(Voy. Matth. 8 : 18-22)
^■^ Pendant qu'ils étaient en chemin, quelqu'un lui
dit : Je te suivrai partout où tu iras. ^^ Jésus lui ré-
pondit : Les renards ont des tanières, les oiseaux du
ciel ont des nids ; mais le Fils de l'homme n'a pas où
reposer sa tête.
^^11 dit à un autre : Suis-moi. Celui-ci lui répondit :
Permets-moi d'aller d'abord ensevelir mon père.
^^Mais Jésus lui dit : Laisse les morts ensevelir leurs
morts ; et toi, va annoncer le royaume de Dieu.
®^ Un autre encore lui dit : Je te suivrai, Seigneur ;
mais permets-moi de prendre auparavant congé de
ceux qui sont dans ma maison. ^^ Jésus lui dit : Celui
qui, après avoir mis la main à la charrue, regarde en
arrière, n'est pas propre au royaume de Dieu.
Envoi des soixante-dix disciples
(Comp. Matth. 9 : 37-38 ; 10 : 9-20 ; 11 : 21-24.)
I 0 ^ Après cela, le Seigneur désigna encore soixante-
dix autres disciples ; et il les envoya deux à deux
devant lui, dans toutes les villes et dans tous les lieux
où lui-même devait aller.
^11 leur disait : La moisson est grande, mais il y a
peu d'ouvriers. Priez donc le Maître de la moisson
d'envoyer des ouvriers dans sa moisson. -^ Allez :
Je vous envoie comme des agneaux au milieu
des loups. ''Ne portez ni bourse, ni sac, ni chaussures,
et ne saluez personne en chemin. ^Dans quelque mai-
son que vous entriez, dites d'abord : La paix soit sur
cette maison ! ^Et s'il y a là quelque enfant de paix,
votre paix reposera sur lui ; sinon, elle reviendra à
vous. '^Demeurez dans cette maison-là, mangeant et
buvant ce qu'on vous donnera ; car l'ouvrier est
digne de son salaire. Ne passez point de maison en
maison. ^Dans quelque ville que vous entriez, si l'on
vous reçoit, mangez ce qu'on vous présentera. ^Gué-
rissez les malades qui s'y trouveront, et dites-leur :
Le royaume de Dieu s'est approché de vous. ^^Mai&
dans quelque ville que vous entriez, si l'on ne vous
154
SAINT LUC 10:<<-22
reçoit pas, allez sur les places publiques et dites :
^ ' Nous secouons contre vous la poussière même de
votre ville, qui s'est attachée à nos pieds ; sachez
pourtant que le royaume de Dieu s'est approché de
vous. ^^Je vous .dis qu'au dernier jour, Sodome sera
traitée moins rigoureusement que cette ville.
^ ^Malheur à toi, Corazin ! Malheur à toi, Beth-
saïda ( ^ ) ! Car si les miracles qui ont été faits au milieu
de vous avaient été faits dans Tyr et dans Sidon,
il y a longtemps qu'elles se seraient repenties, en pre-
nant le sac et la cendre. ^^ C'est pom-quoi, au jour du
jugement, Tyr et Sidon seront traitées moins rigou-
reusement que vous. '-^Et toi, Capernaûm, qui
espérais être élevée jusqu'au ciel, tu seras abaissée
jusqu'en enfer ! — ^''Qui vous écoute, m'écoute,
qui vous rejette, me rejette ; et qui me rejette, rejette
Celui qui m'a envoyé.
^^Lessoixante-et-dix reviru'ent avec joie, en disant :
Seigneur, les démons mêmes nous sont assujettis en
ton nom. ^^ Alors Jésus leur dit : Je voyais Satan
tomber du ciel comme un éclah\ ^^ Voici que je vous ai
donné le pouvoir de fouler aux pieds les serpents,
les scorpions et toute la puissance de l'ennemi ; et
rien ne pourra vous .nuire. ^'^ Toutefois, ne vous ré-
jouissez pas de ce que les esprits vous sont assujettis ;
mais ré jouissez- vous de ce que vos noms sont écrits
dans les cieux.
U Évangile révélé aux petits
(Voy. Matth. 11 : 25-30: 13 : lG-17)
^^A cette heure même, Jésus tressaillit de joie par
le Saint-Es]3rit, et il dit : Je te loue, ô Père, Seigneur
du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses
aux sages et aux intelligents, et de ce que tu les as
révélées aux petits enfants ! Oui, Père, il en est ainsi,
parce que tu l'as trouvé bon. ^-Toutes choses m'ont
été remises par mon Père ; et nul ne connaît qui est
le Fils, si ce n'est le Père, ni qui est le Père, si ce n'est
le Fils, et celui à qui le Fils aura voulu le révéler.
(1) Voir note siir Matth. 11 : 21.
155
10 : 23-37 SAINT LUC
^^Puis, se tournant vers ses disciples, il leur dit en
particulier : Heureux les yeux qui voient ce que vous
voyez ! ^''Car, je vous le dis, beaucoup de prophètes
et de rois ont souhaité de voir ce que vous voyez,
et ils ne l'ont pas vu, et d'entendre ce que vous en-
tendez, et ils ne l'ont pas entendu.
Parabole du bon Samaritain
^•^ Alors un docteur de la loi se leva pour le mettre
à l'épreuve, et il lui dit : Maître, que ferai-je pour hé-
riter la vie éternelle ? ^^ Jésus lui dit : Qu'est-ce qui est
écrit dans la loi? Qu'y lis -tu ? ^^11 répondit: «Tu
aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de
toute ton âme, de toute ta force et de toute ta pen-
sée ( '), et ton prochain comme toi-même (^). » ^^ Jésus
lui dit : Tu as bien répondu ; fais cela et tu vivras.
^^Mais cet homme, voulant se justifier, dit à Jésus :
Et qui est mon prochain ? -^'^ Jésus reprit ]a parole et
dit : Un homme descendait de Jérusalem à Jérico.
Il tomba entre les mains de brigands qui le dépouillè-
rent, et qui, après l'avoir couvert de blessures, s'en
allèrent, le laissant à demi-mort. ^ ' Or, il se rencontra
qu'un sacrificateur descendait par ce chemin-là ; il
vit cet homme, et passa outre. ^^Un lévite aussi,
étant venu en cet endroit, s'approcha, et, l'ayant vu,
il passa outre. "^^Mais un Samaritain, qui était en
voyage, arriva près de lui, et, l'ayant vu, il fut tou-
ché de compassion. ^ '' Il s'a^^procha et banda ses plaies,
en y versant de l'huile et du vin ; puis il le mit sur
sa propre monture, le mena à une hôtellerie et prit
soin de lui. ^"'Le lendemain, il tira deux deniers, les
donna à l'hôtelier et lui dit : Aie soin de lui ; et tout
ce que tu dépenseras de plus, je te le rendrai à mon
retour. ^^ Lequel de ces trois te paraît avoir été le
prochain de celui qui était tombé entre les mains des
brigands ? ^'Le docteur de la loi répondit : C'est celui
qui a exercé la miséricorde envers lui. Jésus lui dit :
Va, et fais de même.
(1) Deut. 6 : 5. — (2) Lévit. 19 : 18,
156
SAINT LUC 10 : 38-11 : iO
Marthe et Marie
^^ Comme ils étaient en chemin, il entra dans un
village, et une femme, nommée Marthe, le reçut dans
sa maison. ^^Elle avait une sœur, appelée Marie,
qui, se tenant assise aux pieds du Seigneur, écoutait
sa parole. ''^Or, Marthe était absorbée par divers
soins ; elle vint et dit à Jésus : Seigneur, ne considères-
tu pas que ma sœur me laisse servir toute seule ?
Dis-lui donc de m'aider. '' ' Le Seigneur lui répondit :
Marthe, Marthe, tu te mets en peine et tu t'agites
pour beaucoup de choses ; ''-mais une seule chose est
nécessaire. Et Marie a choisi la bonne part, qui ne
lui sera point ôtée.
La prière
(Toy. Matth. 6 : 7-13 ; 7 : 7-11)
I I ^Un jour, Jésus était en prière dans un certain
lieu. Quand il eut fini de prier, un de ses disciples lui
dit : Seigneur, enseigne-nous à prier, comme Jean
Fa enseigné à ses disciples. ^11 leur dit : Quand vous
priez, dites : Père, que ton nom soit sanctifié. Que
ton règne vienne. ^Donne-nous chaque jour notre
pain quotidien. ^ Pardonne-nous nos péchés, car nous
aussi, nous pardonnons à tous ceux qui nous ont offen-
sés (') . Ne nous expose pas à la tentation ! (^*)
•^Puis il leur dit : Si l'un de vous a un ami et qu'il
aille le trouver au milieu de la nuit pour lui dire :
^Mon ami, prête-moi trois pains ; car un de mes amis
est arrivé de voyage, et je n'ai rien à lui offrir. ''Et si
cet homme lui répond de l'intérieur : Ne m'impor-
tune pas; ma porte est déjà fermée, mes enfants et
moi, nous sommes au lit; je ne puis me lever pour
t'en donner. — ^ Je vous le dis, quand même cet homme
ne se lèverait pas pour lui en donner parce qu'il est
son ami, il se lèvera à cause de son importunité et
lui donnera tout ce dont il a besoin. '-^Et moi, je vous
dis : Demandez, et l'on vous donnera ; cherchez, et
vous trouverez; frappez, et l'on vous ouvrira. ^'^Car
(a) Le texte œmplet de l'oraison dominicale se trouve dans Matth. 6 : 9-13.
(1) Voir note sur Matth, 6 : 11-12.
157
11 : ^^-24 SAINT LTTO
quiconque demande, reçoit ; qui cherclie, trouve ;
et l'on ouvrira à celui qui frappe.
^ ' Quel est parmi vous le père qui donnera à son
fils une pierre, s'il lui demande du pain ? Ou, s'il de-
mande du poisson, lui donnera -t-il un serpent au
lieu d'un poisson ? ^^Ou, s'il demande un œuf, lui
donnera-t-il un scorpion ? ^^Si donc vous, qui êtes
mauvais, savez donner de bonnes choses à vos enfants,
combien plus votre Père céleste donnera-t-il le Saint-
Esprit à ceux qui le lui demandent !
Guèrison d'un démoniaque. — Jésus défend son
ministère et refuse de faire un miracle
(Voy. Matth. 12 : 22-45 ; 6 : 22-23 ; Marc 3 : 20-30)
^ '' Jésus chassa un démon, chez un homme qui était
muet ; et le démon étant sorti, le muet parla. La mul-
titude fut remplie d'admiration; ^'^mais quelques-uns
dirent : C'est par Béelzébul, le prince des démons,
qu'il chasse les démons. ^ "^D'autres, pour le mettre à
l'épreuve, lui demandaient un miracle (') venant du
ciel.
^■^ Jésus, connaissant leurs pensées, leur dit : Tout
royaume divisé contre lui-même est réduit en désert,
et ses maisons tombent l'une sur l'autre. ^^Si donc
Satan est aussi divisé contre lui-même, comment son
royaume subsistera-t-il, puisque vous dites que c'est
par Béelzébul que je chasse les démons ? '^Et si moi
je chasse les démons par Béelzébul, vos fils, par qui
les chassent-ils ? C'est pourquoi ils seront eux-mêmes
vos juges. ^"Mais si c'est par le doigt de Dieu que je
chasse les démons, le royaume de Dieu est donc venu
jusqu'à vous. -'Quand un homme fort et bien armé
garde l'entrée de sa maison, ce qu'il possède est en
sûreté. ^^Mais qu'il en vienne un plus fort que
lui : celui-là, après l'avoir vaincu, lui enlève toutes
ses armes, dans lesquelles il mettait sa confiance, et
il distribue ses dépouilles.
^•^ Celui qui n'est pas avec moi, est contre moi;
et celui qui n'amasse pas avec moi, disperse. ^''Lorsque
(1) Litt, : un signe.
158
SAINT LUC il : 28-36
l'esprit impur est sorti d'un homme, il erre dans les
lieux arides pour chercher du repos. N'en trouvant
point, il dit : Je retournerai dans ma maison, d'où
je suis sorti. --^ Etant revenu, il la trouve balayée et
ornée. ^^^ Alors il s'en va et prend avec lui sept autres
esprits plus méchants que lui. Ils entrent là et y de-
meurent ; et la dernière condition de cet homme de-
vient pire que la première.
2"^ Pendant que Jésus disait ces paroles, une femme,
élevant la voix du milieu de la foule, lui dit : Heu-
reux les flancs qui t'ont porté, et les mamelles qui
t'ont allaité ! ^^ Jésus reprit : Heureux plutôt ceux
qui écoutent la parole de Dieu et qui la gardent !
2^ Comme le peuple s'amassait en foule, Jésus se
mit à dire : Cette génération est une génération mé-
chante ; elle demande un signe, mais il ne lui en sera
accordé aucun autre que celui de Jonas. *^^Car, de
même que Jonas fut un signe pour les Ninivites, le
Fils de l'homme aussi en sera un pour cette généra-
tion. 31 La reine du Midi se lèvera au jour du juge-
ment avec les hommes de cette génération, et elle les
condamnera, parce qu'elle vint des extrémités de la
terre pour entendre la sagesse de Salomon ( ' ) ; or,
il y a ici plus que Salomon ! 3- Les Mnivites se lève-
ront au jour du jugement avec cette génération, et
ils la condamneront, parce qu'ils se repentirent à la
prédication de Jonas (-) ; or, il y a ici plus que Jonas !
^•^ Personne n'allume une lampe pour la mettre
dans un lieu caché, ou sous le boisseau ; mais on la
met sur un support, afin que ceux qui entrent, voient
la lumière. "^ '' L'œil est la lampe du corps ; si ton œil
est sain, tout ton corps est dans la lumière ; mais s'il
est mauvais, ton corps est dans les ténèbres. -^^ Ainsi,
prends garde que la lumière qui est en toi ne soit té-
nèbres. •^*'Et si tout ton corps est dans la lumière,
n'ayant aucune partie dans les ténèbres, il sera
éclairé entièrement, comme lorsque la clarté d'une
lampe rayonne sur toi.
(1) Voy. I Rois lO : 1-13.
(2) Jonas 3 : 5.
159
11 : 37-BI SAINT LUC
Discours aux 'pharisiens
(Voy. Matth. 23 : 1-39)
^^ Pendant que Jésus parlait, un pharisien le pria
de prendre un repas chez lui. Jésus entra et se mit
à table. ^^Le pharisien, voyant qu'il ne s'était pas
lavé avant le repas, en fut surpris. ^^Mais le Seigneur
lui dit : Vous autres, pharisiens, vous nettoyez le dehors
de la coupe et du plat ; mais, au dedans, vous êtes pleins
de ra.pacité et de méchanceté. ''''^Insensés! Celui qui
a fait le dehors, n'a-t-il pas aussi fait le dedans ?
•'''Donnez plutôt en aumônes ce que vous avez, et
toutes choses seront pures pour vous. "^^Mais malheur
à vous, pharisiens, parce que vous payez la dîme de
la menthe, de la rue et de toutes sortes d'herbes, tandis
que vous négligez la justice et l'amour de Dieu !
Voilà les choses qu'il fallait faire, sans toutefois né-
gliger les autres. "^-^ Malheur à vous, pharisiens, parce
que vous aimez la première place dans les synagogues,
et les salutations dans les places publiques! ''^Mal-
heur à vous, parce que vous ressemblez aux tombeaux
qu'on ne remarque pas, et sur lesquels on marche
sans le savoir !
''^ Alors un des docteurs de la loi prit la parole et lui
dit: Maître, en parlant ainsi, tu nous outrages, nous
aussi. Jésus reprit : ^^ Malheur à vous aussi, docteurs de
la loi, parce que vous chargez les hommes de fardeaux
difficiles à porter, et vous-mêmes, vous n'y touchez
pas du doigt ! ''" Malheur à vous, parce que vous bâtis-
sez les tombeaux des prophètes que vos pères ont fait
mourir! -^^Vous rappelez ainsi les œuvres de vos
pères, et vous les approuvez ; car eux, ils les ont fait
mourir, et vous, vous leur élevez des tombeaux. ''^ C'est
pourquoi la sagesse de Dieu a dit : Je leur enverrai
des prophètes et des apôtres, et ils feront mourir les
uns et persécuteront les autres, ^^afin que le sang
de tous les prophètes, répandu depuis la création
du monde, soit redemandé à cette génération, ^'de-
puis le sang d'Abel jusqu'au sang de Zacharie (^),
qui fut tué entre l'autel et le temple. Oui, vous dis-je,
(1) Voy. n Ohron. 84 : 20-21.
160
SAINT LUO 11 : 52-12 : ^^
il en sera demandé compte à cette génération. ^-Mal-
heur à vous, docteurs de la loi, parce qu'ayant pris
la clef de la science, vous n'êtes point entrés vous-
mêmes, et ceux qui voulaient entrer, vous les en avez
empêchés !
^'^ Quand Jésus fut sorti de là, les scribes et les pha-
risiens se mirent à le presser violemment et à le har-
celer de leurs questions, "^''lui tendant des pièges, pour
s'emparer de quelque parole sortie de sa bouche.
Instructions aux disciples
ÇVoy. Matth. 16 : 6-12 ; 10 : 28-33)
I 2 ^ Cependant, le peuple s'étant assemblé par mil-
liers, au point que les gens s'écrasaient les uns les
autres, Jésus se mit tout d'abord à dire à ses disciples :
Gardez-vous du levain des pharisiens, qui est l'hypo-
crisie. ^11 n'y a rien de caché qui ne doive être dé-
couvert, ni rien de secret qui ne doive être connu.
^ C'est pourquoi, tout ce que vous aurez dit dans les
ténèbres, sera entendu en plein jour ; et ce que vous
aurez dit à l'oreille, dans les chambres, sera prêché
sur les toits. ^ Je vous dis, à vous qui êtes mes amis :
Ne craignez pas ceux qui tuent le corps, et qui, après
cela, ne peuvent rien faire de plus. •'Mais je vous mon-
trerai qui vous devez craindre : craignez C«lui qui,
après avoir ôté la vie, a le pouvoir de jeter dans la
géhenne! Oui, je vous le dis, c'est celui-là que vous
devez craindre ! "^Ne vend-on pas cinq passereaux
pour deux sous ? (') Cependant, Dieu n'en oublie
pas un seul. ^Et les cheveux mêmes de votre tête
sont tous comptés. Ne craignez point, vous valez plus
que beaucoup de passereaux.
^ Je vous le dis, quiconque me confessera devant les
hommes, le Fils de l'homme le confessera aussi devant
les anges de Dieu. ^Mais celui qui m'aura renié devant
les hommes, celui-là sera renié devant les anges de Dieu.
^ ^' Quiconque parlera contre le Fils de l'homme, obtien-
dra le pardon ; mais à celui qui aura blasphémé contre
le Saint-Esprit, il ne sera point pardonné. ^ ' Quand
(1) Litfc. : deux a». — Voir note sur Matth. 10 : 29.
161 6
12 : 42-25 SAINT LTJO
on vous mènera dans les synagogues et devant les
magistrats et les autorités, ne vous inquiétez point
de la manière dont vous parlerez pour votre défense,
ni de ce que vous direz; ^-car le Saint-Esprit vous
enseignera à l'heure même ce qu'il faudra que vous
disiez.
L'avarice
^^ Alors, du milieu de la foule, quelqu'un dit à
Jésus : Maître, dis à mon frère de partager avec moi
notre héritage. ^ '' Mais Jésus lui répondit : O homme,
qui est-ce qui m'a établi pour être votre juge, ou pour
faire vos partages ? ^''Puis il leur dit: Gardez -vous
avec soin de toute avarice ; car, fût-il dans l'abon-
dance, la vie d'un homme, ne dépend pas de ce qu'il
^*^ Jésus leur dit encore cette parabole : Les terres
d'un homme riche avaient beaucoup rapporté ; ^^et il
raisonnait ainsi en lui-même : Que ferai- je ? Car je
n'ai pas de place pour serrer ma récolte. ^^ Voici, dit-
il, ce que je ferai : j'abattrai mes greniers, j'en bâtirai
de plus grands, j'y amasserai toute ma récolte et tous
mes biens ; ^'^puis je dirai à mon âme : Mon âme, tu
as beaucoup de biens en réserve pour beaucoup d'an-
nées ; repose-toi, mange, bois et réjouis-toi. ^*^Mais
Dieu lui dit : Insensé, cette nuit même ton âme te
sera redemandée ; et ce que tu as ^ préparé, pour qui
cela sera-t-il ? ^'11 en est ainsi de celui qui amasse des
trésors pour lui-même, et qui n'est pas riche en Dieu.
Les soucis
(Voy. Matth. 6 : 25-34 ; 19-21)
2^ Alors Jésus dit à ses disciples : Ainsi, je vous le
déclare : Ne soyez pas en souci, pour votre vie, de ce
que vous mangerez, ni, pour votre corps, du vête-
ment que vous lui donnerez. ^^La vie est plus que la
nourriture, et le corps plus que le vêtement. ^'Regar-
dez les corbeaux : Ils ne sèment ni ne moissonnent, ils
n'ont ni cellier ni grenier, et Dieu les nourrit; combien
ne valez-vous pa.s plus que les oiseaux ! ^^ Et qui de vous
162
SAINT LtrO 12 : 26-39
peut ajouter, par son souci, une coudée à sa taille ? (^)
^*^Si donc vous ne pouvez pas même les moindres
choses, pourquoi vous inquiétez -vous des autres 1
^^ Considérez comment croissent les lis : Ils ne travail-
lent ni ne filent ; cependant, je vous dis que Salomon
même, dans toute sa gloire, n'a pas été vêtu comme
l'un d'eux. ^^Si Dieu revêt ainsi, dans les champs,
l'herbe qui est aujourd'hui, et qui demain sera jetée
au four, combien plutôt vous vêtira-t-il, ô gens de
peu de foi ! ^^Ne vous mettez donc pas en peine de
ce que vous mangerez, ou de ce que vous boirez, et
n'ayez pas l'esprit inquiet. ^^Car toutes ces choses,
ce sont les nations de ce monde qui les recherchent ;
et votre Père sait que vous en avez besoin. ^^Mais
vous, recherchez plutôt son royaume ; et toutes ces
choses vous seront données par-dessus.
^^Ne crains point, petit troupeau; car il a plu à
votre Père de vous donner le royaume. ^-^ Vendez ce
que vous possédez et donnez -le en aumônes. Faites-
vous des bourses qui ne s'usent pas, un trésor dans
les cieux qui ne manque jamais, dont le voleur n'ap-
proche pas, et que les vers ne détruisent point. ^^Car
où est votre trésor, là aussi sera votre cœur.
Exhortation à la vigilance
(Voy. Matth. 24 ; 42-51 ; 25 : 1-13)
^^Que vos reins soient ceints, et vos lampes allu-
mées. ^^Et soyez semblables à des hommes qui atten-
dent le moment où leur maître reviendra des noces,
afin de lui ouvrir dès qu'il arrivera et qu'il frappera.
^''Heureux ces serviteurs que le maître, à son arrivée,
trouvera veillant ! En vérité, je vous le dis, il se cein-
dra, il les fera mettre à sa table et viendra les servir.
^^ Qu'il arrive à la seconde ou à la troisième veille (^),
s'il les trouve dans cet état, heureux ces serviteurs !
"^^ Sachez -le bien, si le père de famille connaissait
l'heure à laquelle le voleur viendra, il veillerait et ne
(1) Voir note sur Matth. 6 : 27.
(2) C'est-à-dire après 9 heures du soir ou après minuit. — Voir note sur
Matth. 14 : 25.
163
12 : 40-54 SAESrT LTJO
laisserait pas percer sa maison. ''^Vous aussi, tenez-
vous prêts ; car le Fils de l'homme viendra à l'heure
où vous n'y penserez pas.
^'^ Alors Pierre lui dit: Seigneur, est-ce pour nous
que tu dis cette parabole, ou est-ce aussi pour tous ?
''-Le Seigneur répondit : Quel est l'économe fidèle
et prudent que le maître établira sur ses domestiques,
pour leur donner, au temps convenable, leur mesure
de blé ? ^'^ Heureux ce serviteur que le maître, à son
arrivée, trouvera agissant ainsi ! '^"^En vérité, je vous
dis qu'il l'établira sur tous ses biens. ^^Mais si ce ser-
viteur dit en son cœur : Mon maître tarde à venir ;
et s'il se met à battre les serviteurs et les servantes,
à manger, à boire et à s'enivrer, ''••'le maître de ce
serviteur viendra le jour où il ne s'y attend pas, et
à l'heure qu'il ne sait pas. Il déchirera le serviteur à
coups de fouet, et lui donnera son lot avec les infi-
dèles. ^'Ce serviteur qui, ayant connu la volonté de
son maître, n'aura rien préparé et n'aura pas fait cette
volonté, sera battu de plusieurs coups. '^^Mais celui qui
ne l'a pas connue et qui a fait des choses dignes de châ-
timent, sera battu de peu de coups. A quiconque il
aura été beaucoup donné, il sera beaucoup redemandé ;
et l'on exigera davantage de celui à qui l'on aura beau-
coup confié.
Instructions diverses
(Voy. Matth. 10 : 34-35 ; 16 : 1-3 ; 5 : 25-26)
^^ Je suis venu jeter un feu sur la terre ; et qu'ai-je
à désirer, s'il est déjà allumé ? ^*^ Il est un baptême dont
je dois être baptisé, et corhbien je suis dans l'angoisse
jusqu'à ce qu'il soit accompli ! ^^Pensez-vous que je
sois venu apporter la paix sur la terre ? Non, vous
dis-je, mais plutôt la division. -^-Car désormais, s'il
y a cinq personnes dans une maison, elles seront di-
visées, trois contre deux, et deux contre trois; ^^le
père contre le fils, et le fils contre le père ; la mère
contre la fille, et la fille contre la mère ; la belle-mère
contre la belle-fille, et la belle-fille contre la belle-
mère.
^ ' Il disait encore à la foule : Quand vous voyez un
164
SAINT LUC 12 : 00-13 : 9
nuage se lever à l'occident, vous dites aussitôt : Il va
pleuvoir ; et cela arrive ainsi. ^"^Et quand le vent du
midi souffle, vous dites : il fera chaud ; et cela arrive.
^^ Hypocrites ! vous savez bien discerner l'aspect de
la terre et du ciel ; comment donc ne savez-vous pas
discerner ce temps-ci ? ^''Et pourquoi ne jugez -vous
pas aussi, par vous-mêmes, de ce qui est juste?
^^ Quand tu vas devant le magistrat avec ton adver-
saire, tâche de t'arranger avec lui en chemin, de peur
qu'il ne te traîne devant le juge, que le juge ne te
livre à l'exécuteur, et que l'exécuteur ne te jette en
prison. ^^ Je te dis que tu ne sortiras pas de là, que
tu n'aies payé jusqu'à la dernière pite (').
Les Galiléens mis à mort — Le figuier stérile
I 3 ^ En ce même temps, quelques personnes, qui
se trouvaient là, racontèrent à Jésus ce qui était arrivé
aux Galiléens, dont Pilate avait mêlé le sang à celui
de leurs sacrifices. ^ Jésus, prenant la parole, leur dit :
Pensez -vous que ces Galiléens fassent de plus grands
pécheurs que tous les autres Galiléens, parce qu'ils
ont souffert ainsi ? ^Non, vous dis- je ; mais si vous ne
vous repentez, vous périrez tous pareillement. '' Ou
bien, ces dix-huit personnes, sur qui la tour de Siloé est
tombée et qu'elle a tuées, pensez-vous qu'elles fussent
plus coupables que tous les autres habitants de Jéru«
isalem ? ^Non, vous dis-je ; mais si vous ne vous
repentez, vous périrez tous également.
^ Il disait aussi cette parabole : Un homme avait
un figuier planté dans sa vigne ; il vint chercher du
fruit et n'en trouva point. "^ Alors il dit au vigneron :
Voilà trois ans que je viens chercher du fruit à ce
figuier et que je n'en trouve pas : coupe-le ; pourquoi
occupe-t-il la terre inutilement ? ^Le vigneron lui
répondit : Seigneur, laisse-le encore cette année, je
creuserai tout autour et j'y mettrai du fumier. ^Peut-
être qu'à l'avenir U portera du fruit ; sinon, tu le
couperas.
(1) Litt. : lepte. — Voir note sur Marc 13 : 42.
165
13 M 0-23 SAINT LUC
Guèrison le jour du sabbat
^" Jésus enseignait dans une synagogue un jour de
sabbat. ' ' Or, il y avait là une femme possédée d'un
esprit qui la rendait infirme depuis dix-huit ans ; elle
était courbée et ne pouvait pas du tout se redresser.
^2 Jésus, la voyant, l'appela et lui dit: Femme, tu
es délivrée de ton infirmité ; ^ '' et il lui imposa les
mains. A l'instant, elle se redressa, et elle se mit à
rendre gloire à Dieu. ^^ Alors le chef de la synagogue,
indigné de ce que Jésus avait fait cette guèrison un jour
de sabbat, prit la parole et dit à la foule : Il y a six
jours pendant lesquels on doit travailler ; venez donc
ces jours-là pour être guéris, et non pas le jour du. sab-
bat. ^ '^ Mais le Seigneur lui répondit : Hypocrites, cha-
cun de vous, le jour du sabbat, ne détache-t-il pas de la
crèche son bœuf ou son âne pour le mener boire ?
'^Et cette fille d'Abraham, que Satan tenait liée
depuis dix-huit ans, ne fallait-il pas la délivrer de ce
lien le jour du sabbat ? ^^ Comme il parlait ainsi, tous
ses adversaires étaient confus, et tout le peuple se
réjouissait de toutes les choses glorieuses qu'il accom-
plissait.
Le grain de moutarde et le levain
(Voy. Matth. 13 : 31-33 ; Marc 4 : 30-32)
'^ Jésus disait donc : A quoi ressemble le royaume
de Dieu, et à quoi le comparerai- je ? ^^11 est sem-
blable à un grain de moutarde, qu'un homme a pris
et a jeté dans son jardin ; il a poussé, il est devenu
un arbre, et les oiseaux du ciel ont fait leurs nids dans
ses branches.
^^11 dit encore: A quoi comparerai-je le royaume
de Dieu ? ^ ' Il est semblable à du levain qu'une femme
prend, et qu'elle mêle à trois mesures de farine, pour
faire lever toute la pâte.
La porte étroite
(Voy. Matth. 7 : 13-23; 8 : 11-12)
^^ Jésus traversait les villes et les villages, en ensei-
gnant, tandis qu'il se dirigeait vers Jérusalem. '^^ Quel-
166
SAINT LUO 13 : 2 5-35
qu'un lui demanda : Seigneur, n'y a-t-il qu'un petit
nombre de gens qui soient sauvés ? ^ * Il leur répondit :
Efforcez-vous d'entrer par la porte étroite ; car, je vous
le dis, il y en a beaucoup qui chercheront à entrer,
et ils ne le pourront pas. ^^Et quand le maître delà
maison se sera levé et aura fermé la porte, et que vous,
qui serez restés dehors, vous vous mettrez à frapper
et à dire : Seigneur, ouvre-nous ! — Il vous répondra :
Je ne sais d'où vous êtes. ^^ Alors vous vous mettrez
à dire : Nous avons mangé et bu en ta présence, et
tu as enseigné sur nos places publiques. ^"Et il ré-
pondra : Je vous le dis, je ne sais d'où vous êtes ;
retirez-vous de moi, vous tous, ouvriers d'iniquité !
2^ C'est là qu'il y aura des pleurs et des grincements
de dents, quand vous verrez Abraham, Isaac et Jacob
et tous les prophètes, dans le royaume de Dieu, et
que vous serez jetés dehors. ^'^11 en viendra de l'Orient
et de l'Occident, du Nord et du Midi, qui se mettront
à table dans le royaume de Dieu. ^"^Et voici, qu'il y en
a des derniers qui seront les premiers, et il y en a des
premiers qui seront les derniers.
Hèrode veut faire mourir Jésus
(Voy. Matth. 23 : 37-39)
^'A ce moment-là, quelques pharisiens vinrent lui
dire : Pars, éloigne-toi d'ici ; car Hérode veut te faire
mourir. ^-11 leur répondit : Allez dire à ce renard
que je chasse les démons. J'opère des guérisons
aujourd'hui et demain, et le troisième jour j'achève
ma vie. ^-^Mais il faut que je marche aujourd'hui,
demain et le jour suivant, parce qu'il ne convient pas
qu'un prophète périsse hors de Jérusalem.
^ ' Jérusalem, Jérusalem, toi qui tues les prox^hètes et
qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois
j'ai voulu rassembler tes enfants, comme une poule
rassemble sa couvée sous ses ailes, et vous ne l'avez
pas voulu! •^•'' Voici que votre demeure vous sera laissée
dans l'abandon. Et je vous dis que vous ne me verrez
plus, jusqu'à ce que vous disiez : « Béni soit celui qui
vient au nom du Seigneur (') ! »
(1) Psaume 118 : 26.
167
14 MHS SAINT LtJO
Le repas chez un pharisien . — Leçons d'humilité
et de charité
14 ''Un jour de sabbat, Jésus était entré dans la
maison d'un des principaux pharisiens pour prendre
un repas, et ceux qui étaient là l'observaient. ^ Or, un
homme hydropique se trouva devant lui. ^ Jésus,
prenant la parole, dit aux docteurs de la loi et aux
pharisiens : Est-il permis de guérir un jour du sabbat,
ou non ? -'' Et ils gardèrent le silence. Alors, prenant
le malade, il le guérit et le renvoya. ^ Puis il leur dit :
Lequel d'entre vous, si son fils ou même son bœuf
vient à tomber dans un puits, ne l'en retire aussitôt
le jour du sabbat ? ^Et ils ne pouvaient rien répondre
à cela.
^ Ayant remarqué que les conviés choisissaient les
premières places, il leur disait aussi cette parabole :
^Lorsqu'on t'invitera à des noces, ne te mets pas à
la première place, de peur qu'il ne se trouve parmi les
conviés une personne plus considérable que toi, ^et
que celui qui vous a invités, toi et lui, ne vienne te
dire : Cède la place à celui-ci ; — et qu'alors tu n'aies la
honte d'être mis à la dernière place. ^^Mais quand
tu seras invité, va te mettre à la dernière place, et
lorsque celui qui t'a invité viendra, il te dira : Mon
ami, monte plus haut! Alors, cela sera pour toi un
honneur aux yeux de tous ceux qui seront à table
avec toi. ^ ' Car quiconque s'élève sera abaissé, et qui-
conque s'abaisse sera élevé.
'^11 disait aussi à celui qui l'avait invité : Quand tu
donnes un dîner ou un souper, n'invite pas tes amis,
ni tes frères, ni tes parents, ni des voisins riches, de
peur qu'ils ne t'invitent à leur tour, et ne te rendent
la pareille. ^^Mais, quand tu fais un festin, convie
des pauvres, des estropiés, des boiteux et des aveugles.
^ '' Tu seras heureux, parce qu'ils ne peuvent pas te le
rendre ; et cela te sera rendu à la résurrection des
justes.
Parabole du grand festin
(Comp. Matth. 22 : 1-14)
^^XJn des convives, ayant entendu ces paroles, lui
168
SAINT LtrC 14: U-34
dit : Heureux celui qui sera à table dans le royaume
de Dieu ! ^ ^ Mais Jésus lui répondit : Un homme fit
un grand souper, et il y invita beaucoup de gens. ^ ^ A
l'heure du souper, il envoya son serviteur dire aux
conviés : Venez, car tout est prêt. ^^Mais tous, comme
de concert, se mirent à s'excuser. Le premier lui dit :
J'ai acheté une terre et je suis forcé d'aUer la voir ;
je te prie de m'excuser. ^^Un autre dit : J'ai acheté
cinq paires de bœufs, et je vais les essayer ; je te prie
de m'excuser. ^^'Un autre dit : Je viens de me marier,
ainsi je ne puis y aller. ■^' Le serviteur, étant de retour,
rapporta cela à son maître. Alors le père de famiUe,
irrité, dit à son serviteur : Va vite sur les places et
dans les rues de la ville, et amène ici les pauvres, les
estropiés, les aveugles et les boiteux. ^"^ Ensuite le
serviteur dit : Seigneur, on a fait ce que tu as com-
mandé, et il y a encore de la place. ^"Et le maître dit
au serviteur : Va dans les chemins et le long des haies,
et contrains les gens d'entrer, afin que ma maison soit
remplie. -^Car, je vous le dis, aucun de ces hommes
qui avaient été conviés ne goûtera de mon souper.
Conditions nécessaires pour être disciple de Jésus
(Voy. Matth. 10 : 37-38 ; 5 : 13 ; Marc 9 : 50)
2^ Comme une grande foule accompagnait Jésus, il
se tourna vers elle et lui dit : ^^Si quelqu'un vient à
moi, et ne hait pas son père, sa mère, sa femme, ses
enfants, ses frères, ses sœurs, et même sa propre vie,
il ne peut être mon disciple. ^^Et quiconque ne porte
pas sa croix et ne me suit pas, ne peut être mon dis-
ciple.
2^ En effet, quel est celui d'entre vous, qui, voulant
bâtir une tour, ne commence d'abord par s'asseoir, et ne
calcule la dépense, pour voir s'il a de quoi aUer jusqu'au
bout — 2^ de peur qu'après avoir posé les fondements, il
ne puisse achever la tour, et qu'alors tous ceux qui le
verront ne se mettent à se moquer de lui, ^^ en disant :
Cet homme a- commencé à bâtir, et il n'a pu achever !
^ ' Ou bien, quel est le roi qui, partant pour faire la guerre
à un autre roi, ne commence par s'asseoir, et n'examine
14 : 32-15 : 10 SAINT LIJO
s'il peut, avec dix mille hommes, aller à la rencontre de
celui qui vient contre lui avec vingt mille ? ^^Autre-
ment, pendant que celui-ci est encore loin, il lui envoie
une ambassade pour demander la paix. ^^ Ainsi, qui-
conque d'entre vous ne renonce pas à tout ce qu'il
possède, ne peut être mon disciple.
^'' C'est une bonne chose que le sel ; mais si le sel
perd sa saveur, avec quoi l'assaisonnera-t-on ? ^^11
n'est bon ni pour la terre, ni pour le fumier ; on le
jette dehors. Que celui qui a des oreilles pour entendre,
entende !
Paraboles de la brebis perdue, de la drachme
perdue, et de Venfani prodigue^
(Voy. Matth. 18 : 12-14)
15 ^ Tous les péagers et les pécheurs s'approchaient
de Jésus pour l'entendre. ^Et les pharisiens et les
scribes murmuraient, disant : Cet homme accueille
des pécheurs et mange avec eux !
•^ Alors il leur dit cette parabole : ^ Quel est l'homme
d'entre vous, qui, ayant cent brebis, s'il en perd une,
ne laisse les quatre-vingt-dix-neuf au désert, pour
aller chercher celle qui est perdue, jusqu'à ce qu'il
l'ait trouvée ? '^Et quand il l'a trouvée, il la met tout
joyeux sur ses épaules ; ^puis, arrivé à la maison, il
appelle ses amis et ses voisins, et leur dit : Réjouissez-
vous avec moi, car j'ai trouvé ma brebis qui était
perdue. "^Je vous dis qu'il y aura, de même, plus de
joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent,
que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n'ont pas
besoin de repentance.
^ Ou, quelle est la femme qui, ayant dix drachmes (^ ),
si elle en perd une, n'allume une lampe, ne balaie la
maison et ne cherche avec soin, jusqu'à ce qu'elle l'ait
trouvée ? ^ Et quand elle l'a trouvée, elle appelle ses
amies et ses voisines, et elle leur dit : Réjouissez- vous
avec moi; car j'ai trouvé la drachme que j'avais per-
due. ^*^De même, je vous le dis, il y a de la joie, devant
les anges de Dieu, pour un seul pécheur qui se repent.
(1) La drachme, comme le denier, valait environ 90 centimes,
170
SAINT LTJC 15 : <i-28
^^11 dit encore : Un homme avait deux fils. ^'^Le
plus jeune dit à son père : Mon père, donne-moi la
part de bien qui doit me revenir. Et le père leur par-
tagea son bien. ^^Peu de jours après, le plus jeune fils,
ayant tout ramassé, partit pour un pays éloigné, et
il y dissipa son bien en vivant dans la débauche,
^ '' Après qu'il eut tout dépensé, une grande famine
survint dans ce pays ; et il commença à être dans
l'indigence. ^-^ Alors il s'en alla et se mit au service
d'un des habitants du pays, qui l'envoya dans ses
champs pour paître les pourceaux. "^ Et il aurait bien
voulu se rassasier des caroubes (') que les pourceaux
mangeaient ; mais personne ne lui en donnait.
^ "Etant donc rentré en lui-même, il se dit : Combien
de gens aux gages de mon père ont du pain en abon-
dance, et moi, ici, je meurs de faim ! '^ Je me lèverai,
j'irai vers mon père, et je lui dirai : Mon père, j'ai
péché contre le ciel et contre toi : '^je ne suis plus
digne d'être appelé ton fils ; traite-moi comme l'un
de tes mercenaires.
-^'11 se leva donc et alla vers son père. Comme
il était encore loin, son père le vit et fut ému de com-
passion, et, courant à lui, il se jeta à son cou et l'em-
brassa. 2' Alors son fils lui dit : Mon père, j'ai péché
contre le ciel et contre toi ; je ne suis plus digne d'être
appelé ton fils. ^-Mais le père dit à ses serviteurs :
Apportez vite la plus belle robe, et l'en revêtez ;
mettez -lui un anneau au doigt et des souliers aux
pieds. "^-^ Amenez le veau gras, et tuez -le. Mangeons et
réjouissons -nous, ^i parce que mon fils, que voici,
était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu et
il est retrouvé. Puis ils commencèrent à se réjouir.
2^ Or, le fils aîné était dans les champs. Comme il
revenait et qu'il approchait de la maison, il entendit
la musique et les danses. "^*^^I1 appela donc un des
domestiques et lui demanda ce que c'était. -^Celui-ci
lui dit : Ton frère est de retour, et ton père a tué le
veau gras, parce qu'il l'a retrouvé en bonne santé.
2^ Alors il se mit en colère, et il ne voulait pas entrer.
(1) Fruit du caroubier, arbre qui croît en Orient et dans le midi de l'Europe.
171
15 : 29-16 : 8 SAINT LUC
Son père sortit donc et le pria d'entrer. ^sMais il
répondit à son père : Voilà tant d'années que je te
sers, sans avoir jamais désobéi à tes ordres, et jamais
tu ne m'as donné un chevreau pour me réjouir avec
mes amis. ^*^Mais quand ton fils, que voilà, qui a
mangé ton bien avec des femmes de mauvaise vie, est
revenu, tu as tué pour lui le veau gras ! ^^Le père
lui dit : Mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout
ce que j'ai est à toi. -^-Mais il fallait bien faire un festin
et se réjouir, parce que ton frère, que voilà, était
mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est
retrouvé.
Parabole de V économe infidèle
Exhortations diverses
(Voy. Matth. 11 : 12-13 ; 6 : 24 ; 5 : 18-32)
I 6 ^ Jésus disait aussi à ses disciples : Un homme
riche avait un économe, qui fut accusé auprès de lui
de dissiper son bien. ^ Il le fit venir et lui dit : Qu'est-
ce que j'entends dire de toi ? Rends compte de ton
administration ; car tu ne pourras plus désormais
administrer mon bien. ^L'économe se dit en lui-
même : Que ferai-je, puisque mon maître m'ôte mon
emploi ? Travailler à la terre, je n'en ai pas la force,
et j'ai honte de mendier. '^ Je sais ce que je ferai,
afin que, quand j'aurai été renvoyé de mon emploi,
il y ait des gens qui me reçoivent dans leurs maisons.
^ Alors il fit venir séparément chacun des débiteurs
de son maître, et il dit au premier : Combien dois-tu
à mon maître ? ^ Le débiteur répondit : Cent mesures
d'huile ('). L'économe lui dit: Prends ton billet;
assieds-toi là, et écris vite : Cinquante. '' Il dit ensuite
à un autre : Et toi, combien dois-tu ? Celui-ci répon-
dit : Cent mesures de froment (-). L'économe lui dit :
Prends ton billet, et écris : Quatre-vingts. ^Le
maître loua l'économe infidèle de ce qu'il avait agi
avec prudence ; car les enfants de ce siècle, dans leurs
rapports avec les hommes de leur génération, sont
(1) Grec : cent haths d'huile. Le hath était une mesure pour les liquides et
contenait un peu plus de 38 litres.
(2) Grec : cent cores de froment. — Le core était une mesure qui contenait
10 batbs.
172
SAINT LTJC 16 : 9-22
plus prudents que les enfants de lumière. ^Et moi, je
vous le dis : Faites-vous des amis avec les richesses
injustes, afin que, lorsqu'elles viendront à vous man-
quer, ils vous reçoivent dans les tabernacles éternels.
^^ Celui qui est fidèle dans les plus petites choses
est aussi fidèle dans les grandes ; et celui qui est in-
juste dans les plus petites choses est aussi injuste
dans les grandes. ^ ^ Si donc vous n'avez pas été
fidèles dans les richesses injustes, qui vous confiera
les véritables ? ^-Et si vous n'avez pas été fidèles
dans ce qui est à autrui, qui vous donnera ce qui est
à vous ? ^ ^ Nul serviteur ne peut servir deux maîtres ;
car, ou il haïra l'un et aimera l'autre, ou il s'attachera
à l'un et méprisera l'autre. Vous ne pouvez servir
Dieu et Mammon (^).
^^*Les pharisiens, qui aimaient l'argent, entendaient
tout cela, et ils se moquaient de lui. ^-^11 leur dit :
Vous vous faites passer pour justes devant les hommes,
mais Dieu connaît vos coeurs ; car ce qui est élevé
aux yeux des hommes est une abomination devant
Dieu. ^ ^ La loi et les prophètes ont duré jusqu'à Jean ;
depuis lors, le royaume de Dieu est annoncé, et cha-
cun y entre par la violence. ^ ^ Il est plus aisé que le
ciel et la terre passent, qu'il ne l'est qu'un seul trait
de lettre de la loi vienne à tomber. ^^ Quiconque ré-
pudie sa femme et en épouse une autre, commet un
adultère, et celui qui épouse la femme répudiée par
son mari, commet un adultère.
Le mauvais riche et Lazare
^^11 y avait un homme riche, qui était vêtu de pour-
pre et de lin fin, et qui se traitait bien et magnifique-
ment tous les jours. ''^^' Et il y avait un pauvre, nommé
Lazare, couché à la porte du riche et couvert d'ulcères.
^ ' Il aurait bien voulu se rassasier de ce qui tombait
de la table du riche ; et même, les chiens venaient lécher
ses ulcères.
^^Or, il arriva que le pauvre mourut, et il fut porté
par les anges dans le sein d'Abraham ; le riche mourut
(1) Voir note sur Matth. 6 : 24.
173
16 : 23-17 : 4 SAINT LTJO
aussi, et il fut enseveli, ^^ Étant dans Tenfer (^) et
en proie aux tourments, il leva les yeux et vit de loin
Abraham, et Lazare dans son sein. ^ ''Alors il s'écria :
Père Abraham, aie pitié de moi et envoie Lazare, afin
qu'il trempe dans l'eau le bout de son doigt et me
rafraîchisse la langue ; car je souffre beaucoup dans
cette flamme. ^^ Abraham lui répondit : Mon enfant,
souviens-toi que tu as eu tes biens pendant ta
vie, tandis que Lazare a eu des maux ; maintenant,
ici, il est consolé, et toi, tu es dans les tourments.
2*^ D'ailleurs, entre nous et vous s'ouvre un grand
abîme, de sorte que ceux qui voudraient aller d'ici
vers vous ne le peuvent, non plus que ceu^x qui vou-
draient passer de là vers nous. ^'Le riche dit : Je te
prie donc, père, d'envoyer Lazare dans la maison de
mon père, — - ^^car j'ai cinq frères, — pour qu'il
leur atteste ces choses, de peur qu'eux aussi ne vien-
nent dans ce lieu de tourments. ^'-^ Abraham lui répon-
dit : Ils ont Moïse et les prophètes ; qu'ils les écoutent !
^*'Le riche dit : Non, père Abraham ; mais si quelqu'un
des morts va vers eux, ils se repentiront. ^'Mais Abra-
ham lui dit : S'ils n'écoutent pas Moïse et les pro-
phètes, ils ne seraient pas non plus persuadés, quand
même quelqu'un des morts ressusciterait.
Exhortations diverses
(Voy. Matth. 18 : 6-7 ; 18 : 15 et 22 ; 17 : 20)
I 7 ^ Jésus dit aussi à ses disciples : Il est impos-
sible qu'il n'arrive pas des scandales (-) ; mais malheur
à celui par qui ils arrivent ! ^11 vaudrait mieux pour
lui qu'on lui mît au cou une meule de moulin et qu'on
le jetât dans la mer, que d'être en scandale à un seul
de ces petits. ^Prenez garde à vous-mêmes. Si ton
frère a péché, reprends-le ; et s'il se repent, pardonne-
lui. '' Et s'il a péché contre toi sept fois dans un jour,
et que sept fois il revienne à toi et te dise : Je me
repens — tu lui pardonneras.
(1) Le mot Hadès, que nous traduisons ici par enfer, désignait, chez les Grecs,
le séjour des morts.
(2) Voir note sur Matth. 16 : 23.
174
SAINT LFO 17 : 5-20
^Les apôtres dirent au Seigneur : Augmente -nous
la foi ! ^ Le Seigneur répondit : Si vous aviez de la foi,
gros comme un grain de moutarde, vous diriez à ce
mûrier : Déracine -toi, et va te planter dans la mer;
et il vous obéirait.
■^ Qui de vous, ayant un serviteur employé à labourer
ou à faire paître les troupeaux, lui dira, à son Tetour
des champs : Viens tout de suite te mettre à table ?
^Ne lui dira-t-il pas au contraire : Prépare-moi à
souper, ceins-toi pour me servir, jusqu'à ce que j'aie
mangé et bu ; et, après cela, tu mangeras et tu boiras.
^Saura-t-U gré à ce serviteur d'avoir fait ce qui lui
était commandé ? ^ ^ Vous aussi de même, quand vous
aurez fait tout ce qui vous est commandé, dites :
Nous sommes des serviteurs inutiles ; ce que nous
avons fait, nous devions le faire.
Les dix lépreux
^^ Comme il allait à Jérusalem, il passait sur les
confins de la Samarie et de la Galilée. ^^Au moment
où il entrait dans un village, dix lépreux vinrent à sa
rencontre, et, se tenant à distance, ^^ils élevèrent la
voix et dirent : Jésus, Maître, aie pitié de nous !
^^Les ayant vus, il leur dit : Allez, montrez-vous aux
sacrificateurs. Et il arriva qu'en y allant, ils furent
rendus nets. ^^L'un d'entre eux, voyant qu'il était
guéri, revint sur ses pas, glorifiant Dieu à haute voix.
^^Et il se jeta aux pieds de Jésus, le visage contre
terre, en lui rendant grâces. Or, c'était un Samari-
tain. '•'^ Alors Jésus prit la parole et dit : Les dix n'ont-
ils pas été guéris ? Et les neuf autres, où sont-ils ?
^^11 ne s'est trouvé que cet étranger qui soit revenu
pour donner gloire à Dieu ! ^ ^ Et il lui dit : Lève-toi,
va, ta foi t'a sauvé.
Uavènement du royaume de Dieu
(Yoy. Mattb. 24 : 15-44; 10 : 39)
^*^Les pharisiens lui ayant demandé quand viendrait
le royaume de Dieu, Jésus leur répondit : Le royaume
de Dieu ne vient^ pas de manière à frapper les regards,
175
17 : 2<-18 : i SAINT Ltrc
2 ' et l'on ne dira pas : Il est ici ; ou : Il est là ; car voici
que le royaume de Dieu est au dedans de vous ( ' ) !
^^11 dit aussi aux disciples : Le temps viendra où
vous désirerez voir un seul des jours du Fils de l'homme,
et vous ne le verrez point. -"^Des gens vous diront :
Le voici; ou : Le voilà! N'y allez pas, ne les suivez
pas. ^'Car, de même que l'éclair, quand il brille,
resplendit d'une extrémité du ciel jusqu'à l'autre, il
en sera ainsi du Fils de l'homme en son jour. ^"^Mais
il faut auparavant qu'il souffre beaucoup, et qu'il soit
rejeté par cette génération. ^^ Ce qui a.rriva du temps de
Noé, arrivera également aux jours du Fils de l'homme :
^"^on mangeait, on buvait, on prenait et on donnait
en mariage, jusqu'au jour où Noé entra dans l'arche,
et le déluge vint, qui les fit tous périr. -^De même
aussi, aux jours de Lot, on mangeait, on buvait, on
achetait, on vendait, on plantait, on bâtissait; ^''et
le jour où Lot sortit de Sodome, il tomba du ciel une
pluie de feu et de soufre qui les fit tous périr. -^'^11 en
sera de même au jour où le Fils de l'homme sera
manifesté. 3' En ce jour -là, que celui qui sera sur le
toit (-) et qui aura ses effets dans la maison, ne des-
cende pas pour les emporter ; de même, que celui
qui sera aux champs ne revienne point sur ses pas.
^^Souvenez-vous de la femme de Lot! ^^ Celui qui
cherchera à sauver sa vie, la perdra ; et celui qui la
perdra, la retrouvera. ^ '' Je vous le dis, en cette nuit-là,
deux hommes seront dans le même lit; l'un sera pris
et l'autre laissé. "^^Deux femmes moudront ensemble;
l'une sera prise et l'autre laissée. ^*^[Deux hommes se-
ront aux champs; l'un sera pris et l'autre laissé] («).
^^ Alors, prenant la parole, ils lui dirent: Seigneur,
où sera-ce ? Il leur répondit : Où sera le corps, là
s'assembleront les aigles.
Parabole du juge inique
I 8 ^ Jésus leur dit une parabole, pour montrer qu'il
(a) Le verset entre crochets manque dans plusieurs anciens manuscrits.
(1) D'autres traduiseut : au milieu de vous,
(2) Voir note sur Matth. 24 : 17.
17&
SAIKT LtrC i8:2-u
faut prier toujours, sans jamais se lasser : ^H y avait
dans une ville un juge qui ne craignait point Dieu,
et qui n'avait d'égards pour aucun homme. "^ Il y avait
aussi dans cette ville une veuve, qui venait à lui et
lui disait : Fais-moi justice de ma partie adverse.
^ Pendant longtemps, il ne le voulut pas. Mais ensuite,
il se dit en lui-même : Quoique je ne craigne point
Dieu et que je n'aie d'égards pour aucun homme,
^néanmoins, comme cette veuve m'importune, je lui
ferai justice, afin qu'elle ne vienne pas toujours me
rompre la tête. ^Puis le Seigneur ajouta : Vous en-
tendez ce que dit le juge inique ? ^Et Dieu ne ferait
pas justice à ses élus, qui crient à lui jour et nuit, et il
tarderait à les secourir! ^Je vous dis qu'il leur fera
prompte justice. Mais quand le Fils de l'homme
viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ?
Parabole du ^pharisien et du péager
^ Il dit aussi cette parabole, en vue de certaines per-
sonnes qui se flattaient d'être justes et qui méprisaient
les autres : ^^*Deux hommes montèrent au temple
pour prier ; l'un était pharisien, et l'autre était péager.
^ ' Le pharisien, se tenant debout, priait ainsi en lui-
même : O Dieu, je te rends grâces de ce que je ne suis
pas comme le reste des hommes, qui sont rapaces,
injustes, adultères, ni même comme ce péager. ^^Je
jeûne deux fois la semaine, je donne la dîme de tous
mes revenus. '-^Le péager, se tenant éloigné, n'osait
pas même lever les yeux au ciel ; mais il se frappait
la poitrine, en disant : O Dieu, sois apaisé envers
moi, qui suis un pécheur ! ^'* Je vous le déclare, celui-ci
s'en retourna justifié dans sa maison plutôt que l'au-
tre ; car quiconque s'élève sera abaissé, et quiconque
s'abaisse sera élevé.
Les enfants
(Voy. Matth. 19 : 13-15 ; Marc 10 : 13-16)
^ •' On lui présenta aussi des petits enfants, afin qu'il
les touchât. Les disciples, voyant cela, reprenaient
ceux qui les présentaient. ^^Mais Jésus les appela à
177
18: n-30 SAINT UUO
lui, en disant : Laissez venir à moi les petits enfants,
et ne les en empêchez point ; car le royaume de Dieu
est pour ceux qui leur ressemblent. ^^En vérité, je
vous le dis, quiconque ne recevra pas le royaume de
Dieu comme un petit enfant, n'y entrera pas.
Le jeune homme riche
(Voy. Matth. 19 : 16-29 ; Marc 10 : 17-30)
^^ Alors l'un des principaux du pays (^) demanda à
Jésus : Mon bon Maître, que dois-je faire pour hériter
la vie éternelle? ^^ Jésus lui répondit : Pourquoi m'ap-
pelles-tu bon? Il n'y a qu'un seul bon, c'est Dieu. ^'^Tu
connais les commandements : « Tu ne commettras
point d'adultère ; tu ne tueras point ; tu ne déro-
beras point ; tu ne diras point de faux témoignage ;
honore ton père et ta mère C^). » ^^ Cet homme répon-
dit : J'ai observé toutes ces choses dès ma jeunesse.
^^ Quand Jésus eut entendu cela, il lui dit: Il te
manque encore une chose ; vends tout ce que tu as et
distribue-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les
cieux. Viens alors, et suis-moi. ^^Mais lui, ayant en-
tendu ces paroles, devint tout triste ; car il était fort
riche. ^'' Jésus, le voyant tout triste, dit : Qu'il est dif-
ficile à ceux qui ont des richesses d'entrer dans le
royaume de Dieu ! ^'^11 est plus aisé qu'un chameau
passe par le trou de l'aiguille, qu'il ne l'est à un
riche d'entrer dans le royaume de Dieu ! ^^'Ceux qui
l'entendaient, lui dirent : Et qui peut donc être sauvé ?
^^11 leur répondit : Ce qui est impossible aux hommes
est possible à Dieu.
^^ Pierre dit alors : Pour nous, nous avons quitté ce
que nous possédions, et nous t'avons suivi! ^^ Jésus
leur répondit : En vérité, je vous le déclare, tout
homme qui aura quitté maison, ou femme, ou frères,
ou parents, ou enfants, à cause du royaume de Dieu,
^^ recevra beaucoup plus dans le temps présent, et,
dans le siècle à venir, la vie éternelle.
(1) Du pays u'est pas dans le texte.
(2) Exode 30 : 12-16.
178
SAINT LTTO 18 : 3^-19 : 5
Jésus prédit sa Passion
(Voy. Matth. 20 : 17-19; Marc 10 : 32-34)
^^ Ensuite Jésus prit à part les Douze, et il leur ait :
Voici que nous montons à Jérusalem, et toutes les
choses qui ont été écrites par les prophètes au sujet
du Fils de l'homme, s'accompliront. ^^Car il sera livré
aux païens ( ' ), on se moquera de lui, on l'outragera, on
crachera sur lui; ^^et, après l'avoir battu de verges,
on le fera mourir. Et le troisième jour il ressuscitera.
^^ Mais ils ne comprirent rien à cela : le sens de ces
paroles leur était caché, et ils ne saisissaient point ce
que Jésus leur disait.
Uaveugle de Jérico
(Voy. Matth. 20 : 29-34; Marc 10 : 46-53)
^^ Comme Jésus approchait de Jérico, un aveugle
était assis au bord du chemin et demandait l'aumône.
^^ Entendant la foule qui passait, il s'informa de ce
que c'était. ^'^On lui répondit : C'est Jésus de Nazareth
qui passe. ^^ Alors il cria : Jésus, fils de David, aie
pitié de moi ! ^^ Et ceux qui allaient devant, le repre-
naient pour le faire taire ; mais il criait encore plus
fort : Fils de David, aie pitié de moi ! '^•^ Jésus, s'étant
arrêté, ordonna qu'on le lui amenât ; et quand l'aveu-
gle se fut approché, il lui demanda : ''^Que veux-tu
que je te fasse ? Il répondit : Seigneur, que je recouvre
la vue. ^- Jésus lui dit : Recouvre la vue ; ta foi t'a
guéri! ''^A l'instant, il recouvra la vue, et il suivait
Jésus, glorifiant Dieu. Tout le peuple, voyant cela,
donna gloire à Dieu.
Zachée
I 9 ^ Jésus, étant entré dans Jérico, passait par la
ville. ^11 y avait là un homme appelé Zachée ; c'était
le chef des péagers, et il était riche. ^11 cherchait à
voir qui était Jésus, mais il ne le pouvait pas à cause
de la foule, parce qu'il était de petite taille. ^ Il courut
donc en avant et monta sur un sycomore j)our voir
Jésus, parce qu'il devait passer par là. ^ Jésus, arrivé à
cet endroit, leva les yeux et lui dit ; Zachée, hâte-toi de
(1) Ou : Gentils.
179
19 : 6-21 SAINT LTJO
descendre ; car il faut que je demeure aujourd'hui
dans ta maison. ^Zachée se hâta de descendre et le
reçut avec joie. ''Voyant cela, tous murmuraient et
disaient : Il est entré chez un pécheur pour y loger !
^Mais Zachée, se tenant devant le Seigneur, lui dit :
Voici, Seigneur : je donne la moitié de mes biens aux
pauvres, et si j'ai fait tort à quelqu'un en quoi que
ce soit, je lui rends quatre fois autant. ^ Alors Jésus
lui dit : Aujourd'hui le salut est entré dans cette
maison, parce que celui-ci est aussi un fils d'Abraham.
^^Car le Fils de l'homme est venu chercher et sauver
ce qui est perdu.
Parabole des mines (')
(Comp. Matth. 25 : 14-30)
^' Comme on écoutait ces paroles, Jésus ajouta une
parabole, parce qu'il était près de Jérusalem, et qu'on
croyait que le royaume de Dieu allait apparaître
soudain. ^ ^ Il dit donc : Un homme de haute naissance
s'en alla dans un pays éloigné pour être investi de
l'autorité royale, et revenir ensuite. ""^Il appela dix de
ses serviteurs, leur donna dix mines (^), et il leur dit :
Faites-les valoir jusqu'à ce que je revienne. ""^Mais
les gens de son pays le haïssaient ; et ils envoyèrent
une ambassade après lui, pour dire : Nous ne voulons
pas que celui-ci règne sur nous !
^^ Lorsqu'il fut de retour, après avoir été investi
de l'autorité royale, il fit venir ses serviteurs auxquels
il avait donné l'argent, pour savoir combien chacun
lui avait fait rapporter. ''^Le premier se présenta et
dit: Seigneur, ta mine a produit dix autres mines.
^ ' Et il lui dit : Cela va bien, bon serviteur ; puisque
tu as été fidèle en très peu de chose, tu auras le gou-
vernement de dix villes. ^^Le second vint et dit :
Seigneur, ta mine a produit cinq mines. ^^11 lui dit
aussi : Et toi, commande à cinq villes. ^^Un autre
vint et dit : Seigneur, voici la mine que j'ai gardée,
enveloppée dans un linge ; ^' car je te craignais, parce
(1) Cette parabole est connue aussi sous le nom de Parabole des dix mar<:s,
(2) Mine, pièce de monnaie valant cent drachmes, ou environ 90 franoB,
180
SAINT LUC 19 : 22-37
que tu es un homme dur ; tu prends ce que tu n'as
pas placé, et tu moissonnes ce que tu n'as pas semé.
^^Son maître lui dit : Méchant serviteur, je te jugerai
sur tes propres paroles. Tu savais que je suis un homme
dur, qui prend ce qu'il n'a pas placé, et qui mois-
sonne ce qu'il n'a pas semé. ^-^ Pourquoi donc n'as-tu
pas mis mon argent dans une banque ? A mon retour,
je l'aurais retiré avec l'intérêt. ^''Et il dit à ceux
qui étaient présents : Otez-lui la mine, et donnez-la
à celui qui a les dix mines. ^''Ils lui dirent : Seigneur,
il a dix mines! — ^^Je vous le déclare, on donnera
à celui qui a ; mais à celui qui n'a pas, cela même qu'il
a lui sera ôté. ^^ Quant à mes ennemis, ceux qui n'ont
pas voulu que je règne sur eux, amenez -les ici et égor-
gez-les en ma présence.
^^ Après avoir dit cela, Jésus allait devant eux,
montant à Jérusalem.
Ministère de Jésus à Jérusalem (19 : 29 à 21 : 38)
U entrée à Jérusalem
(Voy. Matth. 21 : 1-11; Marc 11 : 1-10; Jean 12 : 12-19)
2^ Lorsqu'il fut arrivé près de Bethphagé et de Bé-
thanie, vers la montagne appelée montagne des Oliviers,
il envoya deux de ses disciples, ^^'et il leur dit : Allez au
village qui est devant vous ; en y entrant, vous trou-
verez un ânon attaché, que personne n'a jamais monté ;
détachez -le et amenez -le moi. ^'Si quelqu'un vous
demande pourquoi vous le détachez, vous lui direz :
Le Seigneur en a besoin. ^^Ceux qui étaient envoyés
partirent, et trouvèrent les choses comme Jésus le
leur avait dit. -^-^ Pendant qu'ils détachaient l'ânon,
ceux à qui il appartenait leur dhent : Pourquoi dé-
tachez-vous cet ânon ? ^'Ils répondirent : Le Seigneur
en a besoin. ^''Et ils l'amenèrent à Jésus. Puis, ayant
mis leurs vêtements sur l'ânon, ils y firent monter
Jésus.
^^ Comme il s'avançait, les gens étendaient leurs
vêtements sur le chemin. ^'^Et lorsqu'il approcha de
la descente de la montagne des Oliviers, toute la
181
19 : 38-20 : 3 SAINT LTTO
multitude des disciples, transportée de joie, se mit
à louer Dieu, à haute voix, de tous les miracles qu'ils
avaient vus. ^^Ils disaient : Béni soit le Roi qui vient
au nom du Seigneur ! Paix dans le ciel, et gloire dans
les lieux très hauts ! -"^^ Alors quelques-uns des phari-
siens, qui étaient dans la foule, lui dirent : Maître,
reprends tes disciples ! '"Il leur répondit : Je vous dis
que, s'ils se taisent, les pierres crieront.
'' ' Quand il fut près de la ville, en la voyant, il
pleura sur elle, et il dit : ^^Si tu avais reconnu, toi
aussi, au moins en ce jour, ce qui pouvait te donner la
paix ! Mais maintenant ces choses sont cachées à tes
yeux. ^^Car des jours viendront sur toi, où tes ennemis
t'environneront de tranchées, t'investiront et te ser-
reront de toutes parts. '' '' Ils te détruiront entièrement,
toi et tes enfants au milieu de toi, et ils ne te laisseront
pas une pierre sur une autre pierre, parce que tu n'as
point reconnu le temps où tu as été visitée.
La purification du temple
(Voy. Matth. 21 : 12-13; Marc 11 : 15-19. — Oomp. Jean 2 : 13-22)
'^^ Quand il fut entré dans le temple, il se mit à
chasser ceux qui y vendaient, -^"^en leur disant : Il
est écrit : « Ma maison sera une maison de prière ( ^ ) » ;
mais vous, vous en avez fait une caverne de voleurs.
''^11 enseignait chaque jour dans le temple. Et les
principaux sacrificateurs, les scribes et les premiers
du peuple cherchaient à le faire mourir; ''^mais ils
ne savaient comment s'y prendre, car tout le peuple,
en l'écoutant, était suspendu à ses lèvres.
La question d'autorité
(Voy. Matth. 21 : 23-27 ; Marc 11 : 27-33)
20 ^Un de ces jours-là, comme Jésus enseignait le
peuple dans le temple et qu'il annonçait l'Evangile,
les principaux sacrificateurs et les scribes survinrent
avec les anciens, ^et lui parlèrent ainsi : Dis-nous par
quelle autorité tu fais ces choses, ou qui est celui qui
t'a donné cette autorité ? -^11 leur répondit :Je vous
(1) Ésaïe 56 : 7. — Voir aussi Jérémie 7 : 11.
182
SAINT LUC 20 : A-i9
poserai, moi aussi, une question. Dites-moi : ^ Le bap-
tême de Jean venait-il du ciel ou des hommes ? ^ Or,
ils raisonnaient ainsi entre eux : Si nous disons : Du
ciel, — il nous dira : Pourquoi donc n'avez-vous pas
cru à sa parole ? ^ Et si nous disons : Des hommes, —
tout le peuple nous lapidera ; car il est persuadé que
Jean était un prophète. '^Ils répondirent donc qu'ils
ne savaient d'où il venait. ^ Alors Jésus leur dit : Et
moi non plus, je ne vous dirai point par quelle auto-
rité je fais ces choses.
Parabole des vignerons
(Voy. Matth. 21 : 33-46 ; Marc 12 : 1-12)
^ Puis Jésus se mit à dire au peuple cette parabole :
Un homme planta une vigne, il la loua à des vignerons,
puis il quitta le pays pour un temps assez long. ^^La
saison étant venue, il envoya auprès des vignerons
un serviteur, chargé de recevoir du fruit de la vigne ;
mais les vignerons, l'ayant battu, le renvoyèrent à
vide. ^'11 envoya encore un autre serviteur; mais,
après l'avoir battu aussi et outragé, ils le renvoyèrent
à vide. ^ - Il en envoya encore un troisième ; mais ils
le blessèrent aussi et le chassèrent. ^^ Alors le maître
de la vigne dit : Que ferai- je ? J'enverrai mon fils
bien-aimé ; peut-être le respecteront-ils ! ^ 'Mais quand
les vignerons le virent, ils raisonnèrent ainsi entre
eux : C'est l'héritier ; tuons-le, afin que l'héritage soit
à nous. ^.'^ Et l'ayant jeté hors de la vigne, ils le tuèrent.
Que leur fera donc le maître de la vigne ? ^ ^ Il viendra
et fera périr ces vignerons, et il donnera la vigne à
d'autres.
A l'ouïe de ces paroles, ils dirent : A Dieu ne plaise !
^^ Alors, les regardant, Jésus leur dit : Que signifie
donc ce qui est écrit : « La pierre rejetée par ceux qui
bâtissaient est devenue la pierre de l'angle ( ' ) »? ^ ^ Qui-
conque tombera sur cette pierre sera brisé, et celui
sur qui elle tombera, elle l'écrasera. ^^ A l'heure même,
les principaux sacrificateurs et les scribes cherchèrent
à mettre la main sur lui, car ils comprenaient qu'il
(1) Fsamue 118 : 22.
183
20 : 20-35 SAINT LTJO
avait dit cette parabole contre eux. Mais ils craignirent
le peuple.
Dieu et César
(Voy. Matth. 22 : 15-22; Marc 12 : 13-17)
^^ Alors ils se mirent à l'observer de près, et ils lui
envoyèrent des espions, qui feignaient d'être des
gens de bien, pour le surprendre dans ses paroles, afin
de le livrer aux autorités et au pouvoir du gouverneur.
^'Ces gens lui firent cette question : Maître, nous
savons que tu parles et enseignes avec droiture, et
que, sans faire acception de personne, tu enseignes la
voie de Dieu en toute vérité. ^^Nous est-il permis de
payer l'impôt à César, ou non ? ^^Mais Jésus, discer-
nant leur ruse, leur répondit : ^ '' Montrez-moi un denier.
De qui porte-t-il l'effigie et l'inscription ? Ils répon-
dirent : De César. ^^ Alors il leur dit : Rendez donc
à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu.
^''Ils ne purent rien reprendre dans ses paroles de-
vant le peuple ; et, étonnés de sa réponse, ils se turent.
De la résurrection
(Voy. Matth. 22 : 23-33 ; Marc 12 : 18-27)
^"'' Alors quelques-uns des sadducéens, qui pré-
tendent qu'il n'y a point de résurrection, s'appro-
chèrent et lui firent cette question : ^^ Maître, Moïse
nous a donné cette loi : « Si un homme a un frère
marié venant à mourir sans enfants, il épousera
la veuve et suscitera une postérité à son frère ('). »
^^Or, il y avait sept frères. Le premier, ayant épousé
une femme, mourut sans enfants. "^"Le second l'épousa
aussi, ^'puis le troisième, et de même tous les sept;
mais ils moururent sans laisser d'enfants. ^- Enfin la
femme mourut aussi. ^"^ Duquel d'entre eux sera-t-elle
donc la femme, lors de la résurrection, puisque les sept
l'ont eue pour femme? ^'' Jésus leur dit : Les enfants
de ce siècle se marient et sont donnés en mariage.
^•''Mais ceux qui ont été jugés dignes d'avoir part
au siècle à venir et à la résurrection des morts, ne
se marient pas et ne sont pas donnés en mariage.
(1) Voy. Deut. 35 : 5.
184
SAINT LTJO 20 : 36-21 : 3
^^Car ils ne peuvent plus mourir, parce qu'ils sont
semblables aux anges, et qu'ils sont fils de Dieu,
étant fils de la résurrection. ^^Que les morts res-
suscitent. Moïse l'a fait connaître dans le récit du
buisson (^), quand il nomme le Seigneur le Dieu
d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob.
^^Or, Dieu n'est pas le Dieu des morts, mais des vi-
vants ; car ils sont tous vivants en lui. ^^Quelques-uns
des scribes, prenant la parole, lui dirent : Maître,
tu as bien parlé. ^"^Et ils n'osaient plus lui poser au-
cune question.
Le Christ, fils de David
(Voy. Matth. 22 : 41-46 ; Marc 12 : 35-37)
''^ Jésus leur demanda : Comment peut-on dire que
le Christ est le Fils de David, ^"^ puisque David lui-
même dit dans le livre des Psaumes : « Le Seigneur
a dit à mon Seigneur : Assieds-toi à ma droite, ^^ jus-
qu'à ce que j'aie fait de tes ennemis ton marche-
pied (2) » ?... ^'^ Ainsi, David l'appelle « Seigneur )) ;
comment donc est-il son fils ?
Paroles contre les scribes
(Voy. Matth. 23 : 1-39 ; Marc 12 : 38-40)
''•'Comme tout le peuple l'écoutait, il dit à ses dis-
ciples : ^^Gardez-vous des scribes, qui se plaisent à se
promener en robes longues, et qui aiment les saluta-
tions dans les places publiques, les premiers sièges
dans les synagogues et les premières places dans les
festins, ^*'qui dévorent les maisons des veuves, en
afïectant de faire de longues prières : ils subiront un
jugement plus rigoureux.
Uoffrande de la veuve
(Voy. Marc 12 : 41-44)
2 I * Jésus, levant les yeux, vit les riches qui met-
taient leurs offrandes dans le tronc. ^11 vit aussi une
pauvre veuve qui y mettait deux pites (^). ^ Et il dit : En
vérité, je vous le déclare, cette pauvre veuve a mis plus
(1) Voy. Exode 3 : 1-6. — (2) psaume 110 : 1.
(3) litt. : lepteê. — Voir note Bur Marc 13 : 42.
185
21 : 4-19 SAINT LUC
que tous les autres. ''' Car tous ceux-là, pour offrandes,
ont donné de leur superflu ; mais celle-ci a donné de
son indigence, tout ce qu'elle avait pour vivre.
Discours de Jésus sur la ruine de Jérusalem et sur son
avènement
(Voy. Matth. 24 : 1-51 ; Marc 13 : 1-37)
^ Quelques-uns parlaient du temple, des belles pierres
et des dons qui l'ornaient. Jésus dit : ^Les jours vien-
dront où, de ce que vous regardez, il ne restera ici
pierre sur pierre qui ne soit renversée. ^ Alors ils lui
demandèrent : Maître, quand donc ces choses arri-
veront-elles, et à quel signe connaîtra-t-on qu'elles
sont sur le point d'arriver? ^11 répondit: Prenez
garde de ne pas vous laisser séduire ; car plusieurs
viendront en mon nom, disant : C'est moi qui suis
le Christ ! — Le moment approche. Ne les suivez pas.
^ Et quand vous entendrez parler de guerres et de sé-
ditions, ne vous effrayez pas, car il faut que ces choses
arrivent d'abord; mais ce ne sera pas aussitôt la fin.
^'*I1 leur dit aussi : Une nation s'élèvera contre une
autre nation, et un royaume contre un autre royaume.
^ ' Il y aura de grands tremblements de terre, des fa-
mines et des pestes en divers lieux, des phénomènes
effrayants et de grands signes dans le cieL ^^Mais
avant tout cela, on mettra la main sur vous, on vous
persécutera, on vous livrera aux synagogues, on vous
mettra en prison, et vous serez traînés devant les
rois et devant les gouverneurs, à cause de mon nom.
^■^Cela vous arrivera pour que vous rendiez témoi-
gnage. '•'' Mettez -vous donc bien dans l'esprit de ne
pas vous préoccuper de votre défense. ^^ Car je vous
donnerai une parole pleine de sagesse, à laquelle tous
vos adversaires ne pourront résister ni contredire.
^^Vous serez livrés même par vos pères et vos mères,
par vos frères, vos parents et vos amis ; et ils feront
mourir plusieurs d'entre vous. ^^Vous serez haïs de
tous, à cause de mon nom. ^ ^ Mais il ne se perdra pas
un cheveu de votre tête. ^^ C'est par votre patience
que vous sauverez vos âmes.
186
SAINT LUC 21 : 20-36
20 Or, quand vous verrez Jérusalem investie par des
armées, sachez alors que sa ruine approche. ^'A ce mo-
ment-là, que ceux qui seront dans la Judée s'enfuient
dans les montagnes ; que ceux qui seront dans l'in-
térieur de la ville en sortent, et que ceux qui seront
dans les champs, ne se retirent pas dans la ville.
22 Car ce sont là les jours de la vengeance, afin que
s'accomplisse tout ce qui est écrit. 23]y[alheur aux
femmes qui seront enceintes, et à celles qui allaiteront
en ces jours-là ! Car il y aura une grande détresse dans
le pays et une grande colère contre ce peuple. ^^ Us
tomberont sous le tranchant de l'épée, ils seront ame-
nés captifs parmi toutes les nations; et Jérusalem
sera foulée aux pieds par les nations, jusqu'à ce que
les temps des nations soient accomplis. ^'Il y aura des
signes dans le soleil, dans la lune et dans les étoiles;
et, sur la terre, l'angoisse s'emparera des nations trou-
blées par le fracas de la mer et des flots. ^^Les hommes
rendront l'âme de frayeur dans l'attente des maux
qui viendront sur le monde; car les puissances des
cieux seront ébranlées. ^ 7 Alors on verra le Fils de
l'homme venant sur une nuée, avec une grande puis-
sance et une grande glohe.
28 Lorsque ces choses commenceront à arriver, re-
dressez-vous et levez vos têtes, parce que votre déli-
vrance est proche. 29 Puis il leur dit une parabole :
Voyez le figuier et tous les autres arbres ; ^'^ quand ils
commencent à pousser, vous savez de vous-mêmes,
en les voyant, que l'été est déjà proche. ^' De même,
lorsque vous verrez ces choses arriver, sachez que le
royaume de Dieu est proche. ^2 En vérité, je vous le
dis, cette génération ne passera pas, que toutes ces
choses n'arrivent. ^^Le ciel et la terre passeront,
mais mes paroles ne passeront point.
^''* Prenez donc garde à vous-mêmes, de peur que
vos cœurs ne s'appesantissent par les excès, par
l'ivresse et par les inquiétudes de cette vie, et que
ce jour-là ne vienne subitement sur vous, comme un
filet. ^^Car il surprendra tous ceux qui habitent la
surface de la terre entière. ^"^ Veillez donc en tout
temps et priez, afin que vous puissiez échapper à
187
21 : 37-22 MO SAINT LUC
tous ces maux qui doivent arriver, et subsister devant
le Fils de l'homme.
^^Or, Jésus enseignait dans le temple pendant le
jour ; mais le soir il sortait et passait les nuits sur la
montagne appelée montagne des Oliviers. ^^Et, dès
le point du jour, tout le peuple venait à lui dans
le temple pour l'écouter.
Souffrances, mort et résurrection de Jésus
(22 : 1 à 24 : 53)
Complot des sacrificateurs
(Voy. Matth. 26 : 1-5 ; Marc 14 : 1-2 ; Jean 11 : 47-53)
22 ^ La fête des pains sans levain, appelée la Pâque,
approchait. ^Et les principaux sacrificateurs et les
scribes cherchaient comment ils pourraient faire
mourir Jésus ; car ils craignaient le peuple.
Le traître
(Voy. Matth. 26 : 14-10 ; Marc 14 : 10-11)
^Or, Satan entra dans Judas, nommé Iscariote (^),
qui était du nombre des Douze. '''Judas alla trouver
les principaux sacrificateurs et les chefs des gardes,
pour s'entendre avec eux sur les moyens de le leur
livrer. ^Ceux-ci, remplis de joie, lui promirent de lui
donner de l'argent. ** Il se mit d'accord avec eux, et
il cherchait une occasion favorable pour livrer Jésus à
l'insu de la foule.
Institution de la sainte Cène
(Voy. Matth. 26 : 17-29 ; Marc 14 : 12-25. — Comp. Jean 13 : 21-30)
^Le jour des pains sans levain, où l'on devait im-
moler la Pâque (^), étant arrivé, ^ Jésus envoya Pierre
et Jean, et il leur dit : Allez nous préparer la Pâque,
afin que nous la mangions. ^ Ils lui dirent : Où veux-
tu que nous la préparions ? ^ ^ Il leur répondit : Lorsque
vous entrerez dans la ville, vous rencontrerez un
homme portant une cruche d'eau ; suivez-le dans la
(1) Voir note 2, sur Matth. lO : 4.
(2) O'est-à-dire l'agneau pascal.
188
SAINT LUC 22 : ^\-2^
maison où il entrera, ' ^ et dites au maître de la maison :
Le Maître te fait dire : Où se trouve la salle dans
laquelle je dois manger la Pâque avec mes disciples ?
*^Et il vous montrera une grande chambre haute,
toute meublée; préparez -y ce qu'il faut. ^^Ils s'en
allèrent, et ils trouvèrent les choses comme Jésus
le leur avait dit ; et ils préparèrent la Pâque.
^ ^ Quand l'heure fut venue, il se mit à table, et les
apôtres avec lui. Et il leur dit : ^^ J'ai fort désiré de
manger cette Pâque avec vous, avant que je souffre.
^^Car, je vous le déclare, je ne la mangerai plus, jus-
qu'à ce qu'elle soit accomplie dans le royaume de
Dieu. ^■^Et, ayant pris une coupe et rendu grâces, il
dit : Prenez ceci, et partagez -le entre vous. ^^Car, je
vous le déclare, désormais je ne boirai plus du fruit
de la vigne, jusqu'à ce que le royaume de Dieu soit
venu. ^^Puis il prit du pain, et, après avoir rendu
grâces, il le rompit et le leur donna, en disant : Ceci
est mon corps, qui est donné pour vous ; faites ceci en
mémoire de moi. ^^ De même, après avoir soupe, il leur
donna la coupe, en disant : Cette coupe est la nouvelle
alliance en mon sang, qui est répandu pour vous...
^^ Au reste, la main de celui qui me trahit est
près de moi : il est assis à cette table! ^^En ce qui
concerne le Fils de l'homme, il s'en va, conformément
à ce qui a été arrêté ; mais malheur à cet homme
par qui il est trahi ! ^"^ Alors ils se mirent à se de-
mander les uns aux autres, quel était donc celui
d'entre eux qui ferait cela.
Discussion entre les disciples
(Yoy. Matth. 20 : 20-28 ; Marc 10 : 42-45)
^'•11 s'éleva aussi parmi eux une contestation, pour
savoir lequel d'entre eux devait être regardé comme le
plus grand. ^■' Mais il leur dit : Les rois des nations leur
commandent en maîtres, et ceux qui exercent l'au-
torité sur elles sont appelés bienfaiteurs. ^^Pour vous,
ne faites pas ainsi ; mais, que le plus grand parmi vous
soit comme le plus petit, et celui qui gouverne, comme
celui qui sert. -^Car lequel est le plus grand, celui
qui est à table, ou celui qui sert ? N'est-ce pas celui
22 : 28-42 SAINT LUO
qui est à table ? Moi pourtant, je suis au milieu de
vous comme celui qui sert. ^^ Quant à vous, vous
avez persévéré avec moi dans mes épreuves, ^^et je
dispose du royaume en votre faveur, comme mon
Père en a disposé pour moi, ^'^afin que vous mangiez
et que vous buviez à ma table dans mon royaume,
et que vous soyez assis sur des trônes, jugeant les
douze tribus d'Israël.
Avertissement à Pierre
(Voy. Matth 26 : 30-35 ; Marc 14 : 26-31 ; Jean 13 : 36-38)
^^ Simon, Simon, voici que Satan a demandé à
vous passer au crible comme le blé. ^^Mais j'ai prié
pour toi, afin que ta foi ne défaille point. Toi donc,
quand tu seras converti, affermis tes frères. ^^ Pierre
lui dit : Seigneur, je suis prêt à aller avec toi, et en
prison et à la mort. ^'' Jésus répondit: Pierre, je te
le déclare, le coq ne chantera pas aujourd'hui, que
tu n'aies par trois fois nié de me connaître.
^^Puis il ajouta : Lorsque je vous ai envoyés sans
bourse, sans sac et sans chaussures, avez-vous manqué
de quelque chose ? Ils répondirent: De rien. ^^Mais
maintenant, leur dit-il, que celui qui a une bourse, la
prenne, et, de même, celui qui a un sac ; et que celui
qui n'a point d'épée, vende son manteau et en achète
une. ^^ Car, je vous le déclare, il faut que s'accomplisse
en ma personne ce qui est écrit : « Il a été mis au rang
des malfaiteurs (^) ». En effet, ce qui me concerne
touche à sa fin. ^^Ils dirent: Seigneur, voici deux
épées. Et il leur dit : Cela suffit.
Gethsémané. — Arrestation de Jésus
(Voy. Matth. 26 : 36-56 ; Marc 14 : 32-52 ; Jean 18 : 1-11)
^^Puis, Jésus sortit et aUa, selon sa coutume, à la
•montagne des Oliviers ; et les disciples le suivirent.
''*^ Quand il fut arrivé en ce lieu, il leur dit : Priez, afin
que vous ne tombiez pas dans la tentation. ^^ Alors il
s'éloigna d'eux d'mi jet de pierre environ, et, s'étant
mis à genoux, il priait, disant : ^^ Père, si tu voulais
(1) Ésaïe 53 : 12.
190
SAINT LUO 22 : 43-38
éloigner de moi cette coupe ! Toutefois, que ta volonté
soit faite et non la mienne \.../'^ Et un ange lui apparut
du ciel, qui le fortifiait. '^'^ Etant en agonie, il priait
plus instamment, et sa sueur devint comme de grosses
gouttes de sang qui tombaient à terre. ''^ Après avoir
prié, il se leva et revint vers les disciples, qu'il trouva
endormis de tristesse. ''^Et il leur dit : Pourquoi dor-
mez-vous ? Levez -vous et priez, afin que vous ne tom-
biez pas dans la tentation.
''"^ Comme il parlait encore, une troupe parut. Celui
qu'on nom.mait Judas, l'un des Douze, marchait devant
elle, et il s'approcha de Jésus pour lui donner un baiser.
^^ Jésus lui dit : Judas, tu trahis le Fils de l'homme
par un baiser ? ^ ^ Alors ceux qui étaient avec lui, voyant
ce qui allait arriver, lui dirent : Seigneur, frapperons-
nous de l'épée ? ^^Et l'un d'eux frappa le serviteur du
souverain sacrificateur, et il lui emporta l'oreille droite.
^ ' Mais Jésus, prenant la parole, dit : Arrêtez un mo-
ment (*). Et, ayant touché l'oreille de cet homme, il
le guérit. ^-Puis Jésus dit aux principaux sacrifica-
teurs, aux chefs des gardes du temple et aux anciens,
qui étaient venus vers lui : Vous êtes sortis comme
après un brigand, avec des épées et des bâtons. ^'J'é-
tais tous les jours dans le temple avec vous, et vous
n'avez pas mis la main sur moi. Mais c'est ici votre
heure et la puissance des ténèbres.
Jésus devant Caïpke. — Le reniement de Pierre
(Voy. Matth. 26 : 57-75 ; Marc 14 : 53-72 ; Jean 18 : 12-27)
^'* Alors, ils le saisirent et l'emmenèrent; et ils le
firent entrer dans la maison du souverain sacrificateur.
Pierre suivait de loin. °^ Ils allumèrent du feu au milieu
de la cour et s'assirent ensemble; et Pierre s'assit
parmi eux. ^^IJne servante, le voyant assis près du
feu et le regardant attentivement, dit : Cet homme
était aussi avec lui. ^'Mais il renia Jésus, en disant :
Femme, je ne le connais point. ^^Un peu après, un
autre, l'ayant vu, lui dit : Toi aussi, tu es de ces gens-
là ! Pierre répondit: O homme, je n'en suis pas!
(1) Litt. : Permettez Jusqu'à ceci.
191
22 : 59-23 : 5 SAINT LTJC
^''Environ une heure plus tard, un autre assurait la
même chose et disait : Certainement, cet homme était
aussi avec lui ; car il est Galiléen. ^'^Mais Pierre reprit :
O homme, je ne sais ce que tu dis ! Au même instant,
comme il parlait encore, le coq chanta; ®^et le Sei-
gneur, s'étant retourné, regarda Pierre. Pierre se res-
souvint de la parole que le Seigneur lui avait dite :
Avant que le coq chante aujourd'hui, tu me renieras
trois fois. ^^Et étant sorti, il pleura amèrement.
^^ Or, ceux qui gardaient Jésus se moquaient de lui et
le frappaient ; ^'''et, lui ayant couvert le visage, ils lui
disaient : Prophétise, devine qui t'a frappé ! *'^Et ils
proféraient beaucoup d'autres injures contre lui.
•"•^ Quand le jour fut venu, les anciens du peuple, les
principaux sacrificateurs et les scribes s'assemblèrent,
et ils le firent venir dans leur sanhédrin (^ ). ^^ Et ils lui
dirent : Si tu es le Christ, déclare-le-nous. Il leur ré-
pondit : Si je le disais, vous ne le croiriez pas. "^^Et si
je vous interrogeais, vous ne me répondriez pas.
^^Mais désormais le Fils de l'homme sera assis à la
droite du Dieu tout-puissant. ^"Ils dirent tous : Tu
es donc le Fils de Dieu ? Il leur répondit : Vous dites
vous-mêmes que je le suis. '^ Alors ils s'écrièrent:
Qu'avons-nous encore besoin de témoignage ? Nous
l'avons entendu nous-mêmes de sa bouche!
Jésus devant Pilate et devant Hérode
(Voy. Matth. 27 : 1-2 et 11-31 ; Marc 15 : 1-20 ; Jean 18 : 28-40 ; 19 : 1-16)
23 ^Puis toute l'assemblée, s'étant levée, le mena
devant Pilate (^). ^ Alors ils se mirent à l'accuser, en
disant : Nous avons trouvé cet homme soulevant notre
nation, défendant de payer le tribut à César, et se
disant le Christ, le Roi. -^ Pilate l'interrogea et lui dit :
C'est toi qui es le Roi des Juifs ? Jésus lui répondit :
Tu le dis. ^ Alors Pilate dit aux principaux sacrifica-
teurs et au peuple : Je ne trouve rien de criminel en
cet homme. ^Mais ils insistaient plus fortement, en
disant : Il soulève le peuple, en enseignant dans toute la
(1) Voir note 2, sur Matth. 5 : 22.
(2) Voir note sar Matth. S7 l 2.
192
SAfNT LUC 23: 6-23
Judée ; après avoir commencé par la Galilée, il est
venu jusqu'ici. ^Lorsque Pilate entendit cela, il
demanda si cet homm.e était Galiléen. '^Apprenant
qu'il était de la juridiction d'Hérode (*), il le renvoya
à Hérode, qui se trouvait aussi à Jérusalem en ces
jours-là.
^ Quand Hérode vit Jésus, il eut une grande joie;
car depuis longtemps il désirait le voir, à cause de ce
qu'il avait entendu dire de lui, et il espérait qu'il
lui verrait faire quelque miracle. ^11 lui adressa donc
plusieurs questions ; mais Jésus ne lui répondit rien.
^ ^ Et les principaux sacrificateurs et les scribes étaient
là, qui l'accusaient avec véhémence. ^' Alors Hérode,
ainsi que les gens de sa garde, le traita avec mépris et
se moqua de lui; puis, après l'avoir revêtu d'un man-
teau éclatant, il le renvoya à Pilate. ^-^Ce jour même,
Pilate et Hérode devinrent amis, d'ennemis qu'ils
étaient auparavant.
^^ Pilate, ayant réuni les principaux sacrificateurs,
les magistrats et le peuple, leur dit : '"^Vous m'avez
amené cet homme, l'accusant de soulever le peuple ;
et cependant, après l'avoir interrogé en votre présence,
je ne l'ai trouvé coupable d'aucun des crimes dont
vous l'accusez, '^'ni Hérode jion plus, puisqu'il nous
Ta renvoyé : il n'a donc rien fait qui mérite la mort.
^^ Ainsi, après l'avoir fait châtier, je le relâcherai.
''^[Or, à chaque fête, il était obligé de leur relâcher un
prisonnier] (^). *^ Alors ils s'écrièrent tous ensemble :
Fais mourir celui-ci, et relâche-nous Barabbas ! ''-^Or,
cet homme avait été mis en prison pour une sédition
qui avait eu lieu dans la ville, et pour un meurtre.
2^ Pilate leur parla de nouveau, dans le dessein de
délivrer Jésus. ^'Mais ils crièrent: Crucifie-le! cru-
cifie-le! -^11 leur dit pour la troisième fois: Quel
mal a-t-il donc fait '^. Je n'ai rien trouvé en lui qui
mérite la mort. Ainsi, après l'avoir fait châtier, je
le relâcherai. -^Mais ils insistaient, demandant à
grands cris qu'il fût crucifié, et leurs clameurs l'em-
(a) Le verset entre crochets ne se trouve pas dans plusieurs anciens ma-
nuscrits.
(1) Voir note sur Matth. 3 : 22.
193 7
23 : 24-37 SAINT LUC
portèrent. ^^'Pilate prononça que ce qu'ils deman-
daient fût fait. ^''11 relâcha donc celui qui avait été
mis en prison pour sédition et pour meurtre, et qu'ils
réclamaient ; et il abandonna Jésus à leur volonté.
Jésus crucifié
(Voy. Matth. 27 : 32-56 ; Marc 15 : 21-41 ; Jean 19 : 17-37)
^^ Comme ils l'emmenaient, ils prirent un homme
de Cyrène, nommé Simon, qui revenait des champs;
et ils le chargèrent de la croix, pour la porter der-
rière Jésus.
^''Une grande multitude de peuple le suivait, ainsi
que des femmes qui se frappaient la poitrine et qui
pleuraient sur lui. ^^Mais Jésus, se tournant vers elles,
leur dit : Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi,
mais pleurez sur vous-mêmes et sur vos enfants. ^^ Car
voici que les jours viennent où l'on dira : Heureuses
les stériles, heureuses les entrailles qui n'ont pas
enfanté, et les mamelles qui n'ont point allaité !
^^ Alors les hommes se mettront à dire aux montagnes :
Tombez sur nous ! — et aux coteaux : Couvrez -nous ( ' ) !
^ ' Car si l'on fait ces choses au bois vert, qu'arrivera-t-il
au bois sec ?
'"^^On conduisait aussi deux autres hommes, des
malfaiteurs, pour les faire mourir avec lui.
^^ Quand ils furent arrivés au lieu appelé le lieu du
Crâne (^), ils le crucifièrent là, ainsi que les malfai-
teurs, l'un à sa droite, et l'autre à sa gauche. ^^Mais
Jésus disait : Père, pardonne -leur, car ils ne savent ce
qu'ils font. Puis, ils se partagèrent ses vêtements, en
les tirant au sort. ^-^ Le peuple se tenait là et regardait.
Et les chefs se moquaient, en disant : Il en a sauvé
d'autres ; qu'il se sauve lui-même, s'il est le Christ,
l'élu de Dieu ! ^*^Les soldats le tournaient en dérision.
Ils s'approchaient et lui présentaient du vinaigre,
^^en disant : Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-
(1) Voy. Osée 10 : 8.
(2) Litt. : le crâne, c'est le lieu appelé communément le Calvaire, d'après
le mot latin calvaria, qui signifie crâne ; eu hébreu : Golgotha. — Voy.
Matth. 37 : 33, et Marc 15 : 22.
194
âAINt LUC ^3 : 38-5
même! ^^ Au-dessus de sa tête, il y avait cette inscrip-
tion : Celui-ci est le roi des Juifs.
^^Or, l'un des malfaiteurs qui avaient été crucifiés
l'injuriait, en disant : N'es-tu pas le Christ ? Sauve-
toi toi-même, et nous avec toi î ''^Mais l'autre, le
reprenant, lui dit : Ne crains-tu point Dieu, toi qui
subis la même condamnation 1 ^' ^ Pour nous, ce n'est
que justice, car nous recevons ce que nos actions ont
mérité; mais celui-ci n'a fait aucun mal. ''^Puis il
disait : Jésus, souviens-toi de moi, quand tu viendras
dans ton règne ! .'^^Et Jésus lui réipondit : En vérité,
je te le dis, aujourd'hui tu seras avec moi dans le
paradis.
''"^11 était déjà environ la sixième heure ('), et il y
eut des ténèbres sur tout le pays jusqu'à la neuvième
heure (^). '^^Le soleil s'obscurcit, et le voile du temple
se déchira par le milieu. ^^ Alors Jésus jeta un grand cri
et dit : Père, je remets mon esprit entre tes mains (^) !
Et après avoir dit cela, il expira.
'''^Le centenier, voyant ce qui était arrivé, donna
gloire à Dieu et dit : Certainement cet homme était
juste. '''^Et tout le peuple qui était accouru à ce spec-
tacle, voyant ce qui s'était passé, s'en retournait
en se frappant la poitrine. '''^Mais ceux qui connais-
saient Jésus, ainsi que les femmes qui l'avaient suivi
de la Galilée, se tenaient tous à distance et regardaient.
La sépulture
(Voy. Màtth. 27 : 57-61 ; Mure 15 : 42-17 ; Jean 19 ; 38-42)
^^11 y avait un homme, appelé Joseph, qui était
membre du sanhédrin, homme droit et juste, ^'qui
n'avait pas consenti au dessein des autres, ni à ce
qu'ils avaient fait. Il était d'Arimathée, ville de
Judée, et il attendait le royaume de Dieu. -^^11 vint
donc trouver Pilate et lui demanda le corps de Jésus.
^^ Après l'avoir descendu de la croix, il l'enveloppa
d'un linceul et le déposa dans un tombeau, taillé dans
a) Midi.
(2) Trois heures de l'après-midi.
(3) Voy. Psaume 31 : 6
195
23 : 54-24 : i2 SAINT LUC
le roc, où personne n'avait encore été mis. ^^ C'était
le jour de la préparation ('), et le sabbat allait com-
mencer. ^^Les femmes qui étaient venues de la Ga-
lilée avec Jésus, ayant accompagné Joseph, virent
le tombeau, et comment le corps de Jésus y avait été
placé. ^^Et s'en étant retournées, elles préparèrent
des aromates et des parfums. Le jour du sabbat, elles
se reposèrent, conformément à la loi.
La résurrection
(Voy. Matth. 28 : 1-10 ; Marc 16 : 1-8 ; Jean 20 : 1-18)
24- ^ Le premier jour de la semaine ("), de très grand
matin, elles vinrent au tombeau, apportant les aro-
mates qu'elles avaient préparés. ^ Elles trouvèrent que
la pierre avait été roulée loin de l'ouverture du tom-
beau ; ^ mais, étant entrées, elles ne trouvèrent point le
corps du Seigneur Jésus. ^' Elles ne savaient qu'en
penser, lorsque deux hommes parurent devant elles, en
vêtements brillants comme l'éclair, ^Et comme elles
étaient saisies de frayeur, et qu'elles baissaient le visage
vers la terre, ils leur dirent : Pourquoi cherchez -vous
parmi les morts celui qui est vivant ? ^11 n'est point
ici, mais il est ressuscité. Souvenez-vous de quelle
manière il vous a parlé, lorsqu'il était encore en Ga-
lilée, ^et qu'il disait : Il faut que le Eils de l'homme
soit livré entre les mains des pécheurs, qu'il soit cru-
cifié et qu'il- ressuscite le troisième jour. ^ Alors elles
se souvinrent des paroles de Jésus.
^ Quand elles furent de retour du tombeau, elles
annoncèrent toutes ces choses aux onze et à tous les
autres. ""^ C'étaient Marie-Madeleine, Jeanne, Marie,
mère de Jacques ; et les autres femmes, qui étaient
avec elles, disaient les mêmes choses aux apôtres.
' ' Mais ces paroles leur firent l'effet d'une rêverie, et
ils ne les crurent point. ^^ Cependant, Pierre se leva
et courut au tombeau, et, s'étant baissé pour regarder,
il ne vit que les linges qui étaient à terre ; puis, il
s'en alla chez lui, tout surpris de ce qui était arrivé.
(1) 0" est-à-dire le vendredi, veille du sabbat.
(2) C'est-à-dire le dimanche.
196
SAINT LUC 24 : 43-29
Les disciples d^Emmaûs
(Yoy. Marc 16 : 12-13)
^•^Ce même jom', deux des disciples allaient à un
village, appelé Emmaiis, qui était à soixante stades (')
de Jérusalem; ''^et ils s'entretenaient de tout ce qui
s'était passé. ^^Or il arriva, comme ils s'entretenaient
et discutaient ensemble, que Jésus lui-même s'appro-
cha et se mit à marcher avec eux. ^^Mais leurs yeux
étaient impuissants à le reconna.ître. ^ " Il leur dit :
Quelles sont les paroles que vous échangez ainsi l'un
avec l'autre, chemin faisant ? Et ils s'arrêtèrent tout tris-
tes. ^^L'un d'eux, nommé Cléopas, lui répondit : Es-tu
le seul étranger à Jérusalem, qui ne sache pas ce qui s'y
est passé ces jours-ci ? — ^^ Quoi donc ? leur demanda-
t-il. — Ils lui répondirent : Ce qui est arrivé à Jésus de
Nazareth, qui était un prophète puissant en œuvres et
en paroles, aux yeux de Dieu et de tout le peuple ;
^^comment les principaux sacrificateurs et nos magis-
trats l'ont livré pour être condamné à mort, et l'ont
crucifié. ^ ' Pour nous, nous espérions que ce serait lui
qui délivrerait Israël ; mais, avec tout cela, voici le
troisième jour que ces choses sont arrivées. '^^11 est
vrai que quelques femmes, qui sont des nôtres, nous
ont fort étonnés : elles sont allées de grand matin
au tombeau, ^^et, n'ayant pas trouvé son corps, eUes
sont venues dire que des anges leur sont apparus et
leur ont déclaré qu'il était vivant. -^ Quelques-uns des
nôtres se sont aussi rendus au tombeau, et ils ont
trouvé les choses comme les femmes l'avaient dit :
mais lui, ils ne l'ont pas vu. ^"^ Alors Jésus leur dit:
0 gens sans intelligence et d'un cœur lent à croire
tout ce qu'ont dit les prophètes! -''Ne fallait-il pas
que le Christ soufïrît ces choses, et qu'il entrât ainsi
dans sa gloire ? ^"Puis, commençant par Moïse et
continuant par tous les prophètes, il leur expliqua,
dans toutes les Ecritures, ce qui le concernait.
^'^ Quand ils se trouvèrent près du village où ils se
rendaient, il semblait vouloir aller plus loin. ^^Mais
ils l'obligèrent à s'arrêter, en disant : Reste avec
(1) Environ 12 kilomètres.
197
24 : 30-46 SAINT LUC
nous ; car le soir approche, et le jour est déjà sur son
déclin. Il entra donc pour rester avec eux. ^^Et comme
il était à table avec eux, il prit le pain, et, après avoir
rendu grâces, il le rompit et le leur donna. ^' Alors
leurs yeux s'ouvrirent, et ils le reconnurent; mais lui
se déroba à leur vue. ^^Et ils se dirent l'un à l'au-
tre : Notre cœur ne brûlait-il pas au dedans de nous,
lorsqu'il nous parlait en chemin et qu'il nous expli-
quait les Écritures ?
^•^Se levant à l'heure même, ils retournèrent à
Jérusalem, et ils trouvèrent les onze et d'autres dis-
ciples assemblés avec eux, ^ '' qui leur dirent : Le Sei-
gneur est vraiment ressuscité, et il est apparu à Simon.
^^Eux, à leur tour, racontèrent ce qui leur était arrivé
en chemin, et comment ils l'avaient reconnu lorsqu'il
avait rompu le pain.
Apparition aux onze
(Voy. Marc 16 : 14 ; Jean 20 : 19-23)
^^' Comme ils parlaient ainsi, Jésus lui-même se
présenta au milieu d'eux et leur dit : I^a paix soit
avec vous î ^'^Mais eux, saisis de stupeur et d'efïroi,
croyaient voir un esprit. ^^Et il leur dit : Pourquoi
êtes-vous troublés, et pourquoi de telles pensées
s'élèvent-elles dans vos cœurs ? ^^ Voyez mes mains
et mes pieds : c'est moi-même. Touchez-moi et re-
gardez : un esprit n'a ni chair ni os, ce que j'ai,
comme vous le voyez. ''''^En disant cela, il leur montra
ses mains et ses pieds. '^'Mais comm.e, dans leur joie,
ils ne croyaient pas encore, et comme ils étaient rem-
plis d'étonnement, il leur dit : Avez -vous ici quelque
chose à manger ? ^ - Ils lui présentèrent un morceau de
poisson grillé. ^^ Il le jDrit et le mangea en leur présence.
^''Puis il leur dit : Voilà ce que je vous déclarais,
quand j'étais encore avec vous, et quand je vous disais
qu'il fallait que fût accompli tout ce qui est écrit à
mon sujet dans la loi de Moïse, dans les prophètes et
dans les psaumes. ^"^ Alors il leur ouvrit l'esprit, poiu:
leur faire comprendre les Écritures. "^"^Et il leur dit :
O'est ainsi qu'il est écrit que le Christ devait souffrir,
198
SAINT LUC 24 : 47-53
qu'il ressusciterait des morts le troisième jour, '^^et
qu'on prêcherait en son nom la repentance, pour la
rémission des péchés, parmi toutes les nations, en
commençant par Jérusalem. ^^Vous êtes témoins de
ces choses ; et moi, je vais vous envoyer ce que mon
Père vous a promis. ''^ Quant à vous, demeurez dans
la Ville ('), jusqu'à ce que vous soyez revêtus de la
puissance d'en haut.
L'Ascension
(Voy. Marc 16 : 19 ; Actes 1 : 1-12)
^•^11 les emmena ensuite jusqu'aux environs de
Béthanie, et, levant ses mains, il les bénit. ^'Pen-
dant qu'il les bénissait, il se sépara d'eux et fut élevé
au ciel. "^-Eux, l'ayant adoré, s'en retournèrent à
Jérusalem pleins d'une grande joie. ^^Ils se tenaient
continuellement dans le temple, bénissant Dieu.
(1) La ville de Jérusalem.
199
ÉVANGILE
SELON
SAINT JEAN
Prologue (1:1 à 18)
La Parole faite chair
I ^Au commencement était la Parole, et la Parole
était avec Dieu, et la Parole était Dieu. ^EUe était
au commencement avec Dieu. ^Toutes choses ont
été faites par elle, et rien de ce qui a été fait, n'a été
fait sans elle. ^En elle était la vie, et la vie était la
lumière des hommes. -"^La lumière luit dans les
ténèbres, et les ténèbres ne l'ont point reçue.
^ïl y eut un homme, envoyé de Dieu, dont le nom
était Jean. ^11 vint pour être témoin, pour rendre
témoignage à la Lumière, afin que, par lui, tous
fussent amenés à la foi. ^11 n'était pas lui-même la
Lumière, mais il devait rendre témoignage à la Lumière.
^Celle-ci était la véritable Lumière, qui éclaire tout
homme en venant dans le monde (").
^ *^* La Parole ( ' ) était dans le monde, et le monde a été
fait par elle ; mais le monde ne l'a pas connue. ^ ^ Elle
est venue chez les siens, et les siens ne l'ont point reçue.
'-Mais à tous ceux qui l'ont reçue, elle a donné le
pouvoir de devenir enfants de Dieu, à tous ceux
qui croient en son nom, ^^qui ne sont pas nés du
sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de
l'homme, mais qui sont nés de Dieu.
^ ■* La Pa^role a été faite chair; elle a habité parmi nous,
pleine de grâce et de vérité, et nous avons contemplé
sa gloire, une gloire telle qu'est celle du Eils unique
(a) On peut aussi traduire : qui éclaire tout homme venant dans le inonde;
ou encore : La véritable lumière, qui éclaire tout homme, venait dans le monde.
(1) Litt. : Elle
200
SAINT JE AH 1 : 15-29
venu d'auprès du Père. ^ •' Jean lui rendait témoignage
lorsqu'il s'écriait : C'est de lui que je disais : Celui
qui vient après moi m'a devancé, parce qu'il était
avant moi. ^''En effet, c'est de sa plénitude que nous
avons tous reçu grâce sur grâce. ^^Car la loi a été
donnée par Moïse ; la grâce et la vérité sont venues
par Jésus-Christ. ^^ Personne n'a jamais vu Dieu; le
Fils unique {"-), qui est dans le sein du Père, est celui
qui nous l'a fait connaître.
Préparation du ministère de Jésus (1 : 19 à 51)
Témoignage de Jean-Baptiste
(Comp. Matth. 3 : 13-19 ; Marc 1 : 9-11 ; Luc 3 : 21-26)
'^ Voici quel fut le témoignage de Jean, lorsque les
Juifs envoyèrent de Jérusalem des sacrificateurs et
des lévites pour lui demander : Qui es -tu ? ^"11 le
déclara et ne le nia point ; il déclara qu'il n'était pas
le Christ. ^ ' Quoi donc ? lui demandèrent-ils, es-tu
Élie ? Et il dit : Je ne le suis pas. Es-tu le prophète ?
Il répondit : Non, ^^Ils lui dirent : Qui es-tu donc ?
afin que nous puissions donner une réponse à ceux
qui nous ont envoyés. Que dis-tu de toi-même ? ^^11
répondit : Je suis la voix de celui qui crie dans le
désert : « Aplanissez ^le chemin du Seigneur », comme
l'a dit le prophète Esaïe ('). '^''Ceux qui avaient été
envoyés vers lui étaient des pharisiens. 2'' Ils lui deman-
dèrent encore : Pourquoi donc baptises -tu, si tu n'es
pas le Christ, ni Élie, ni le prophète? ^^Jean leur
répondit : Pour moi, je baptise d'eau ; mais il en est
un au milieu de vous, que vous ne connaissez pas.
2^ C'est celui qui vient après moi, et je ne suis pas
digne de délier la courroie de sa chaussure... -^Ces
choses se passèrent à Béthanie (2) au delà du Jour-
dain, où Jean baptisait.
^'-^Le lendemain, Jean vit Jésus qui venait à lui, et
{a) D'autres manuscrits ont: Le Dieu, Fils unique, qui est dans le sein du P'ere.
(1) Ésaïe 40 : 3.
(2) Béthanie, au delà du Jourdain, qu'U ne faut pas confondre avec Béthanie,
près de Jérusalem, où demeuraient Marie, Marthe et Lazare, (Voy. Jean 11 : 1.)
— Quelq. man. ont : Béthabara,
201
1 : 30-44 SAINT JEAN
il dit : Voici l'agneau de Dieu, qui ôte le péché du
monde. ^^ C'est celui dont je disais : Il vient après
moi un homme qui m'a devancé, parce qu'il était
avant moi. ^^Pour moi, je ne le connaissais pas;
mais je suis venu baptiser d'eau, afin qu'il fût mani-
festé à Israël. ^^ Jean rendit encore ce témoignage :
J'ai vu l'Esprit descendre du ciel comme une colombe,
et il s'est arrêté sur lui. ^^ Pour moi, je ne le connaissais
pas ; mais celui qui m'a envoyé baptiser d'eau m'a
dit : Celui sur qui tu verras l'Esprit descendre et
s'arrêter, c'est celui qui baptise d'Esprit saint.
^^ Je l'ai vu, et j'ai rendu ce témoignage : C'est lui
qui est le Fils de Dieu.
Les premiers disciples
^•'Le lendemain, Jean se trouvait là de nouveau
avec deux de ses disciples; ^^et, regardant Jésus qui
passait, il dit : Voici l'agneau de Dieu ! ^^Les deux
disciples entendirent cette parole, et ils suivirent
Jésus. ^^ Jésus, s'étant retourné et voyant qu'ils le
suivaient, leur dit : Que cherchez -vous ? Ils lui répon-
dirent : Rabbi — c'est-à-dire Maître — . où demeures-tu ?
"^'•^11 leur dit : Venez et voyez. Ils allèrent donc et
virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui
ce jour-là. C'était environ la dixième heure (^).
^'^ André, frère de Simon Pierre, était l'un des deux
qui avaient entendu ce que Jean disait, et qui avaient
suivi Jésus. ^ ' Il trouva d'abord son frère Simon, et
il lui dit : Nous avons trouvé le Messie — c'est-à-dire
le Christ — (-). ''^Et il l'amena à Jésus. Jésus, l'ayant
regardé, lui dit: Tu es Simon, fils de Jona (^) ; tu
seras appelé Céphas — c'est-à-dire Pierre — .
^^Le lendemain, Jésus voulut se rendre en Galilée.
Il trouva Phihppe et lui dit : Suis-moi. ^ ^ Or, Philippe
était de Bethsaïda (^), la ville d'André et de Pierre»
(1) Quatre heures de l'après-midi. (Voir note sur Matth. 20 : 3.)
(2) Christ signifie Oint (Voir note sur Matth. 1 : 16.)
(3) Voy. Matth. 16 : 17. — Plus. man. ont ici : Jea7i.
(4) Voir note sur Matth. 11 : 21.
202
SAINT JEAN 1 : 45-2 : 9
''^Philippe trouva Nathanaël (^), et il lui dit : Nous
avons trouvé celui dont Moïse a parlé dans la loi et
dont les prophètes aussi ont parlé ; c'est Jésus de
Nazareth, le fils de Joseph. ''^Nathanaël lui dit:
Peut-il venir quelque chose de bon de Nazareth ?
Philippe lui répondit : Viens et vois. ^^ Jésus, voyant
venir à lui Nathanaël, dit de lui : Voici un véritable
Israélite, dans lequel il n'y a point de fraude. ^^Natha-
naël lui dit : D'où me connais-tu ? Jésus répondit et
lui dit : Avant que Philippe t'appelât, je t'ai vu, quand
tu étais sous le figuier. ''^Nathanaël reprit : Maître,
tu es le Fils de Dieu, tu es le roi d'Israël ! ^^ Jésus
répondit : Parce que je t'ai dit que je t'avais vu sous
le figuier, tu crois ; tu verras de plus grandes choses
que celles-ci! ^'Et il ajouta: En vérité, en vérité,
je vous le déclare, vous verrez le ciel ouvert, et
les anges de Dieu montant et descendant sur le Fils
de l'homme.
Ministère de Jésus en Galilée et en Judée
(2 : 1 à 12 : 50)
Les noces de Cana
2 '' Trois jours après, on célébrait des noces à Cana
en Galilée, et la mère de Jésus y était. ^ Jésus fut
aussi invité aux noces avec ses disciples. "^Le vin
ayant manqué, la mère de Jésus lui dit : Ils n'ont
plus de vin. ''Jésus lui répondit : Femme, qu'y a-t-il
entre moi et toi ? Mon heure n'est pas encore venue.
^ Sa mère dit à ceux qui servaient : Faites tout ce
qu'il vous dira. ^Or, il y avait là six vases de
pierre, destinés aux purifications des Juifs, et qui
contenaient chacun deux ou trois mesures (^).
'Jésus leur dit : Remplissez d'eau ces vases ; et ils
les remplirent jusqu'au bord. ^ Alors il leur dit : Puisez
maintenant, et portez-en au maître d'hôtel. Et ils lui
en portèrent. ^ Quand le maître d'hôtel eut goûté
(1) Nathanaël, très probablement le même que Barthélémy. — (Voy. Matth.
10 : 3.)
(2) Litt. : métrètes. (Voir note sur Luc 16 : 6.)
203
2 : <0-23 SAINT JEAN
l'eau qui avait été changée en vin — or, il ne savait
pas d'où venait ce vin, mais les serviteurs qui avaient
puisé l'eau le savaient bien —, il appela l'époux, * ^ et
lî lui dit : Tout homme sert d'abord le bon vin, et
ensuite le moins bon, après qu'on a bu abondamment.
Toi, tu as gardé le bon vin jusqu'à maintenant,
"•^ C'est ainsi que Jésus fit à Cana, en Galilée, le
premier de ses miracles, et qu'il manifesta sa gloire ;
et ses disciples crurent en lui. ^ ^ Après cela, il descendit
à Capernaûm, avec sa mère, ses frères et ses disciples ;
et ils n'y demeurèrent que peu de jours.
Jésus à Jérusalem — Les vendeurs chassés
du temple
(Gomp. Matth. 21 : 12-22 ; Marc 11 : 11-26 ; Luc 19 : 45-48)
^ ^ La Pâque des Juifs était proche ; et Jésus monta
à Jérusalem. ^ '' Il trouva dans le temple les marchands
de bœufs, de brebis et de pigeons, et les changeurs qui
s'y étaient installés. '''^ Ayant fait un fouet de cordes,
il les chassa tous du temple, ainsi que les brebis et
les bœufs ; il répandit la monnaie des changeurs et
renversa leurs tables. ^ ^ Et il dit à ceux qui vendaient
les pigeons : Otez cela d'ici ; ne faites pas de la maison
de mon Père une maison de trafic. """^ Alors ses disciples
se souvinrent de ce qui est écrit : « Le zèle de ta mai-
son me dévore ('). »
^^Les Juifs, prenant la parole, lui dirent : Quel
miracle nous fais-tu voir, pour agir de la sorte ?
^^ Jésus répondit : Détruisez ce temple, et en trois
jours je le relèverai ! ^^Les Juifs reprirent : On a mis
quarante-six ans à bâtir ce temple (-), et toi, tu le
relèverais en trois jours ! ^^Mais il parlait du temple
de son corps. ^^ Aussi, quand il fut ressuscité des
morts, ses disciples ^se souvinrent qu'il avait dit cela ;
et ils crurent à l'Ecriture et à la parole que Jésus
avait dite.
^^ Pendant qu'il était à Jérusalem pour la fête de
Pâque, plusieurs, voyant les miïacles qu'il faisait,
■ (1) Psaume 69 : 10.
(2) Le temple venait d'être reconstruit sous le règne d'Hérode I«'.
204
SAINT JEAN 2 : 24-3 : 14
crurent en son nom. ^'^Mais Jésus ne se fiait pas
à eux, parce qu'il les connaissait tous, ^""et qu'il
n'avait pas besoin que personne lui rendit témoi-
gnage au sujet d'aucun homme, car il savait par lui-
même ce qui était dans l'homme.
Entretien de Jésus avec NicoâÀme
3. ^ Il y avait parmi les pharisiens un homme, appelé
Nicodème, qui était l'un des principaux pp^rmi les Juifs.
- Cet homme vint, de nuit, trouver Jésus et lui dit :
Maître, nous savons que tu es un docteur venu de la
part de Dieu ; car personne ne peut faire ces miracles
que tu fais, si Dieu n'est pas avec lui. ^ Jésus prit la
parole et lui dit : En vérité, en vérité, je te le dis, si un
homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume
de Dieu. * Nicodème lui dit : Comment un homme peut-
il naître, quand il est vieux ? Peut-il rentrer dans le
sein de sa mère et naître une seconde fois ? ^ Jésus
répondit : En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme
ne naît d'eau et d'Esprit, il ne peut entrer dans le
royaume de Dieu. ^ Ce qui est né de la chair est chair,
et ce qui est né de l'Esprit est esprit. "^Ne t'étonne
pas de ce que je t'ai dit : Il faut que vous naissiez
de nouveau. ^Le vent souffîe où il veut, et tu en en-
tends le bruit ; mais tu ne sais ni d'où il vient, ni où
il va. Il en est de même de tout homme qui est né de
l'Esprit.
^Nicodème reprit : Comment cela peut-il se faire?
^^ Jésus lui répondit : Tu es le docteur d'Israël, et tu
ne sais pas ces choses ? ^' En vérité, en vérité, je te le
déclare, nous disons ce que nous savons, et nous
attestons ce que nous avons vu ; et vous ne recevez
point notre témoignage. ^^Si vous ne croyez pas
quand je vous parle des choses terrestres, comment
croirez -vous quand je vous parlerai des choses cé-
lestes ? ^-^ Personne n'est m^onté au ciel, sinon celui
qui est descendu du ciel, le Fils de l'hom.me, qui est
dans le ciel. ^''Et comme Moïse éleva le serpent dans
le désert ('), de même il faut que le Fils de l'homme
(1) Le serpeut d'airain. (Voy. Nombres 81 : 8-9).
205
3 : i5-30 SAINT JEAN
soit élevé, ^ ^ afin que quiconque croit en lui ait la vie
éternelle. ' ^ Car Dieu a tellement aimé le monde, qu'il
a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en
lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle.
^^En effet, Dieu n'a point envoyé son Fils dans le
monde pour juger le monde, mais afin que le monde
soit sauvé par lui. ^^ Celui qui croit en lui n'est point
jugé ; celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu'il
n'a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. '^Or,
voici quel est ce jugement : la lumière est venue dans
le monde, et les hommes ont mieux aimé les ténèbres
que la lumière, parce que leurs œuvres étaient mau-
vaises. ^'^Car quiconque fait le mal hait la lumière et
ne vient point à la lumière, de peur que ses œuvres
ne soient réprouvées. ^^Mais celui qui met en pratique
la vérité vient à la lumière, afin que ses œuvres soient
manifestées, parce que c'est en Dieu qu'elles sont
faites.
Nouveau témoignage de Jean-Baptiste
-^ Après cela, Jésus se rendit avec ses disciples dans
la campagne de la Judée ; il y demeurait avec eux,
et il y baptisait. ^^Jean baptisait aussi à Énon, près
de Salim, parce qu'il y avait là beaucoup d'eau; et
on y venait pour être baptisé. ^ ^ Car Jean n'avait pas
encore été mis en prison (^).
^^Or, il y eut une discussion entre les disciples de
Jean et un Juif, au sujet de la purification. ^^Et ils
vinrent trouver Jean et lui dirent : Maître, celui qui
était avec toi au delà du Jourdain, auquel tu as rendu
témoignage, le voilà qui baptise, et tous vofit à lui.
^^ Jean leur répondit : Aucun homme ne peut rien
s'attribuer qui ne lui soit donné du ciel. ^^Vous
m'êtes vous-mêmes témoins que j'ai dit : Ce n'est
pas moi qui suis le Christ, mais j'ai été envoyé devant
lui. ^^ Celui qui a l'épouse est l'époux, mais l'ami de
l'époux, qui se tient près de lui et qui l'écoute, est
ravi de joie en entendant la voix de l'époux ; et c'est
là ma joie, qui est parfaite. ^^11 faut qu'il croisse et
que je diminue.
(1) Yoy. Matth. 14 : 3-12.
206
SAINT JEAN 3 : 31-4 : 12
^^ Celui qui vient d'en haut est au-dessus de tous.
Celui qui vient de la terre est de la terre, et il parle
comme étant de la terre ; celui qui vient du ciel est
au-dessus de tous. ^^ Il atteste ce qu'il a vu et entendu ;
et personne ne reçoit son témoignage! ^^ Celui qui a
reçu son témoignage confirme ainsi que Dieu est vrai.
^^ Car celui que Dieu a envoyé prononce les paroles
de Dieu, parce que Dieu lui donne l'Esprit sans me-
sure. ^^Le Père aime le Fils, et il a remis toutes choses
entre ses mains. ^^ Celui qui croit au Fils a la vie éter-
nelle ; celui qui refuse de croire au Fils ne verra point
la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui.
- La Samaritaine
4 ^ Quand le Seigneur eut appris que les pharisiens
avaient entendu dire qu'il faisait et baptisait plus de
disciples que Jean, ^ — toutefois ce n'était pas Jésus
lui même qui baptisait, mais c'étaient ses disciples, —
^ il quitta la Judée et retourna en Galilée. ^' Or il fallait
qu'Û passât par la Samarie. ^ Il arriva donc à une ville
de Samarie, nommée Sichar, près du champ que Jacob
avait donné .à Joseph, son fils. ^Là se trouvait le puits
de Jacob. Jésus, fatigué de la route, s'assit auprès
du puits ; c'était environ la sixième heure (').
■^Une femme samaritaine vint puiser de l'eau.
Jésus lui dit : Donne-moi à boire. ^Car ses disciples
étaient allés à la ville pour acheter des vivres. ^La
femme samaritaine lui répondit : Comment, toi qui
es Juif, me demandes-tu à boire, à moi qui suis une
femme samaritaine ? — Les Juifs, en effet, n'ont pas
de relations avec les Samaritains. — "• ^ Jésus répondit
et lui dit : Si tu connaissais le don de Dieu, et qui est
celui qui te dit : « Donne-moi à boire », — tu lui aurais
demandé toi-même à boire, et il t'aurait donné une
eau vive. ^ ^ La femme lui dit : Seigneur, tu n'as rien
pour puiser, et le puits est profond ; d'où aurais-tu
donc cette eau vive ? ^^ Es-tu plus grand que Jacob,
notre père, qui nous a donné ce puits et qui en a bu
lui-même, aussi bien que ses fils et ses troupeaux 1
(1) O'est-à-dire à midi.
207
4 : 13-32 SAINT JEAN
^^ Jésus lui répondit : Quiconque boit de cette eau
aura encore soif ; ^''niais celui qui boira de l'eau que
je lui donnerai n'aura plus jamais soif. L'eau que je
lui donnerai deviendra en lui une source d'eau qui
jaillira jusque dans la vie éternelle. ^^La femme lui
dit : Seigneur, donne-moi de cette eau, afin que je
n'aie plus soif, et que je ne vienne plus ici pour pui-
ser de l'eau.
^^ Jésus lui dit : Va, appelle ton mari, et reviens.
^^La femme répondit : Je n'ai point de mari. Jésus
reprit : Tu as raison de dire : Je n'ai point de mari ;
'^car tu as eu cinq maris, et celui que tu as mainte-
nant n'est pas ton mari ; en cela tu as dit vrai. '^La
femme lui dit : Seigneur, je vois que tu es un prophète!
^'^Nos pères ont adoré sur cette montagne ('); et vous
dites, vous, que le lieu où il faut adorer est à Jéru-
salem. ^^ Jésus lui dit: Femme, crois-moi; l'heure
vient où vous n'adorerez plus le Père ni sur cette mon-
tagne, ni à Jérusalem. ^^Vous adorez ce que vous ne
connaissez pas ; nous, nous adorons ce que nous con-
naissons, car le salut vient des Juifs. ^^Mais l'heure
vient, et elle est déjà venue, où les vrais adorateurs
adoreront le Père en esprit et en vérité : ce sont là
les adorateurs que le Père demande. ^'*Dieu est Esprit,
et il faut que ceux qui l'adorent, l'adorent en esprit
et en vérité. -'^La femme lui répondit : Je sais que le
Messie — c'est-à-dire le Christ — doit venu" ; quand il
sera venu, il nous annoncera toutes choses. ^"^ Jésus
lui dit : Je le suis, moi qui te parle.
^'A ce moment, ses disciples arrivèrent, et ils fu-
rent surpris de ce qu'il parlait avec une femme.
Pourtant, aucun d'eux ne lui dit : Que lui demandes-
tu ? ou : Pourquoi parles -tu avec elle ? ^^La femme
laissa donc sa cruche et s'en alla à la ville; et elle dit
aux gens de l'endroit : ^^ Venez voh^ un homme qui
m'a dit tout ce que j'ai fait : ne serait-ce pas le Christ ?
^^ Alors ils sortirent de la ville et allèrent vers Jésus.
^^ Cependant les disciples insistaient auprès de lui,
en disant : Maître, mange« ^^11 leur répondit : J'ai
(l)Le mont Grarizim, sur lequeUes Samantains avaient jadis construit un temple.
208
SAINT JEAK 4 : 33-47
pour me nourrir un aliment que vous ne connaissez
pas. ^^Les disciples se disaient donc l'un à l'autre:
Quelqu'un lui aurait-il apporté à manger? -^'^ Jésus
leur dit : Ma nourriture est de faire la volonté de celui
qui m'a envoyé, et d'accomplir son œuvre. ^"^Ne dites-
vous pas qu'il y a encore quatre mois jusqu'à la mois-
son ? Mais moi, je vous dis : Levez les yeux et regardez
les campagnes, qui blanchissent pour la moisson.
^''Déjà le moissonneur reçoit son salaire et amasse du
fruit pour la vie éternelle, afin que le semeur et le
moissonneur en aient ensemble de la joie. ^'^Car c'est
ici qu'on peut dire en toute vérité : Autre est le semeur,
autre le moissonneur. ^^Je vous ai envoyés moisson-
ner où vous n'aviez pas travaillé ; d'autres ont tra-
vaillé, et vous, vous êtes entrés dans leur travail.
^^ Plusieurs des Samaritains de cette ville crurent
en lui, à cause de la parole de la femme qui lui avait
rendu ce témoignage : Il m'a dit tout ce que j'ai fait.
■^^Les Samaritains, étant donc venus vers lui, le priè-
rent de demeurer chez eux ; et il y demeura deux
jours. '"Il y en eut beaucoup plus qui crurent en lui
après avoir entendu sa parole. ^-Et ils disaient à la
femme : Ce n'est plus à cause de ce que tu nous as dit,
que nous croyons ; car nous l'avons entendu nous-
mêmes, et nous savons que c'est lui qui est véritable-
ment le Sauveur du monde.
Betour de Jésus en Galilée — Guérison du fils
d'un officier royal
"^^ Après ces deux jours, Jésus partit de là et s'en
aUa en Galilée; — • ' '' car il avait déclaré lui-même qu'un
prophète n'est point honoré dans sa patrie — . ''^Lors-
qu'il fut arrivé en Galilée, il fut bien reçu des Gali-
léens qui avaient vu tout ce qu'il avait fait à Jéru-
salem pendant la fête ; car ils étaient aUés, eux aussi,
à la fête.
'^^11 vint donc de nouveau à Cana en Galilée, où
il avait changé l'eau en vin. Or, il y avait à Caper-
naiim un officier roj^al, dont le fils était malade.
^'Cet officier, ayant appris que Jésus était venu de
209
4 : 48-5 : 9 SAINT JEAN
Judée en Galilée, alla le trouver et le pria de descendre
pour guérir son fils qui était mourant. ''^ Jésus lui
dit: Si vous ne voyez des miracles et des prodiges,
vous ne croyez pas! ^^ L'officier royal lui répondit :
Seigneur, descends, avant que mon enfant ne meure!
^^ Jésus lui dit : Va, ton fils vit. Cet homme crut à la
parole que Jésus lui avait dite, et il s'en alla.
^' Comme il était déjà en route, ses serviteurs vin-
rent à sa rencontre et lui dirent : Ton fils vit. ^^11
leur demanda à quelle heure il s'était trouvé mieux.
Ils lui répondirent: Hier, à la septième heure (^),
la fièvre Fa quitté. '^^Le père reconnut que c'était à
cette heure-là que Jésus lui avait dit : Ton fils vit.
Et il crut, lui et toute sa maison. ^ '' Ce nouveau mira-
cle fut le second que Jésus fit, à son retour de Judée
en Galilée.
Jésus à Jérusalem — Le. paralytique de Béthesdd
5 ^ Après cela, il y eut une fête des Juifs, et Jésus
monta à Jérusalem. ^ Or, il y a à Jérusalem, près de
la porte des Brebis, un réservoir d'eau, appelé en hé-
breu Béthesda (-), qui est entouré de cinq portiques.
^Là se trouvaient couchés un grand nombre de ma-
lades, des aveugles, des impotents, des paralytiques,
[qui attendaient l'agitation de l'eau; ''car un ange
descendait de temps en temps dans le réservoir et
mettait l'eau en mouvement ; et le premier qui des-
cendait dans le réservoir, après que l'eau avait été agi-
tée, était guéri, de quelque maladie qu'il fût atteint] (^).
^11 y avait là un homme qui était malade depuis
trente-huit ans. ^ Jésus, le voyant couché et sachant
qu'il était malade depuis longtemps, lui dit : Veux-
tu être guéri ? ^Le malade lui répondit : Seigneur,
je n'ai personne pour me jeter dans le réservoir,
quand Teau est agitée; et, pendant que j'y vais,
un autre y descend avant moi. ^ Jésus lui dit: Lève-
toi, prends ton lit et marche. ^ Et aussitôt cet homme
(a) Le passage qui est placé entre crochets manque dans les principaux
manuscrits.
(1) Une heure de l'après-midi.
(2) Béthesda signifie maison de miséricorde.
210
SAINT JEAK 5 : iO-2A
fut guéri ; il prit son lit et se mit à marcher. Or c'était
un jour de sabbat.
Accusations des Juifs et discours de Jésus
''^ Alors les Juifs dirent à celui qui avait été guéri :
C'est le jour du sabbat ; il ne t'est pas permis d'em-
porter ton lit. ^ ^ Il leur répondit : Celui-là même qui
m'a guéri, m'a dit: Prends ton lit et marche. '^Ils
lui demandèrent : Qui est cet homme qui t'a dit :
Prends ton lit et marche ? ^^Mais celui qui avait été
guéri ne savait pas qui c'était : car Jésus avait dis-
paru dans la foule qui se trouvait dans cet endroit.
^ ^* Plus tard, Jésus le trouva dans le temple et lui dit :
Te voilà guéri ; ne pèche plus, de peur qu'il ne t'ar-
rive quelque chose de pire. ^-^Cet homme alla dire
aux Juifs que c'était Jésus qui l'avait guéri. ^'' C'est
pourquoi, les Juifs poursuivaient Jésus, parce qu'il
faisait ces miracles le jour du sabbat. ' ^ Mais il leur dit :
Mon Père travaille jusqu'à présent, et moi, je travaille
aussi. '^A cause de cela, les Juifs cherchaient encore
davantage à le faire mourir, non seulement parce
qu'il violait le sabbat, mais encore parce qu'il disait
que Dieu était son propre Père, se faisant égal à Dieu.
^^ Jésus prit donc la parole et leur dit : En vérité,
en vérité, je vous le déclare, le Fils ne peut rien faire
de lui-même : il ne fait que ce qu'il voit faire au Père ;
car tout ce que le Père fait, le Fils aussi le fait pareille-
ment. ^'^Le Père aime le Fils et lui montre tout ce
qu'il fait ; il lui montrera des œuvres plus grandes
que celles-ci, afin que vous soyez dans l'étonnement.
^ ' En effet, de même que le Père ressuscite les morts et
leur donne la vie, de même le Fils donne la vie à qui
il veut. 2^ Le Père aussi ne juge personne, mais
il a remis au Fils le jugement tout entier, --^afin que
tous honorent le Fils, comme ils honorent le Père.
Celui qui n'honore pas le Fils, n'honore pas le Père
qui l'a envoyé.
^^En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui
écoute ma parole et croit en Celui qui m'a envoyé, a
la vie éternelle, et il ne vient pas en jugement, mais
211
5 : 25-53 SAINT JEAN
il est passé de la mort à la vie. ^^En vérité, en vérité,
je vous le dis, l'heure vient, et elle est déjà venue,
où les morts entendront la voix du Fils de Dieu,
et ceux qui l'auront entendue vivront. ^^Car, comme
le Père a la vie en lui-même, il a aussi donné au Fils
d'avoir la vie en lui-même. ^^ Il lui a donné le pou-
voir d'exercer le jugement, parce qu'il est le Fils de
l'homme. ^^Ne soyez point étonnés de cela ; car l'heure
vient où tous ceux qui sont dans les sépulcres enten-
dront sa voix et en sortiront : -^ceux qui auront fait
le bien ressusciteront pour la vie, et ceux qui auront
fait le mal ressusciteront pour le jugement. ^^Je ne
puis rien faire de moi-même ; je juge d'après ce que
j'entends, et mon jugement est juste, parce que je
ne cherche pas ma volonté, mais la volonté de Celui
qui m'a envoyé.
^'Si je me rends témoignage à moi-même, mon
témoignage n'est pas digne de foi. ^-11 y en a un autre
qui me rend témoignage, et je sais que le témoignage
qu'il me rend est digno de foi. ^^Vous avez envoyé à
Jean des messagers, et il a rendu témoignage à la
vérité. ^''Pour moi, ce n'est pas le témoignage d'un
homme que j'invoque ; mais je parle ainsi, afin que
vous soyez sauvés. -'•^11 était le flambeau allumé et
brillant, et vous avez voulu, pour un peu de temps,
vous réjouir à sa lumière. ^'^Mais moi, j'ai un témoi-
gnage plus grand que celui de Jean ; car les œuvres
que le Père m'a donné d'accomplir, ces œuvres-là
que je fais rendent à mon sujet ce témoignage, que
le Père m'a envoyé. ^'^Et le Père qui m'a envoyé m'a
lui-même rendu témoignage. Vous n'avez jamais en-
tendu sa voix, vous n'avez jamais vu sa face, ^^et
sa parole ne demeure pas en vous, puisque vous ne
croyez pas celui qu'il a envoyé. ^^Vous sondez les
Ecritures, parce que vous pensez avoir par elles la
vie éternelle : ce sont elles qui rendent témoignage de
moi. ^"Et vous ne voulez pas venir à moi, pour avoir
la vie !
-* ' Je ne cherche point la gloire qui vient des hom-
mes ; ^-mais je sais que vous n'avez pas l'amour de
Dieu en vous. ''^Je suis venu au nom de mon Père,
212
SAINT JEAN 5 : 44-6 M 3
et vous ne me recevez pas. Qu'un autre vienne en
son propre nom, vous le recevrez. ^"'Comment pouvez-
vous croire, vous qui recevez votre gloire les uns des
autres, et ne recherchez pas la gloire qui vient de Dieu
seul ? '''^Ne pensez pas que ce soit moi qui doive vous
accuser devant le Père ; celui qui vous accusera,
c'est Moïse, en qui vous avez mis votre espérance.
^^Car si vous croyiez Moïse, vous me croiriez aussi;
en effet, c'est à mon sujet qu'il a écrit. ''"^Mais si vous
ne croyez pas à ses écrits, comment croiriez-vous à
mes paroles ?
Jésus en Galilée — Multiplication
des pains
(Voj^ Matth. 14 : 13-21 ; Marc 6 : 30-44 ; Luc 9 : 10-17)
6 '' Après cela, Jésus passa de l'autre côté de la
mer de Galilée, ou de Tibériade. - Et une grande foule
le suivait, parce qu'elle voyait les miracles qu'il opérait
sur ceux qui étaient malades. -"^Mais Jésus monta sur
la montagne, où il s'assit avec ses disciples. '''Or,
ia Pâque, la fête des Juifs, était proche. ^ Ayant levé
les yeux et voyant une grande foule qui venait à
lui, Jésus dit à Philippe : Où achèterons-nous des ^Dains,
afin que ces gens aient à manger ? *" Il disait cela pour
l'éprouver, car il savait bien ce qu'il allait faire.
^ Philippe lui répondit : Deux cents deniers ( ' ) de
pain ne suffiraient pas pour en donner un peu à cha-
cun. ^Un de ses disciples, André, frère de Simon Pierre,
lui dit : ^ Il y a ici un petit garçon, qui a cinq pains
d'orge et deux poissons ; mais qu'est-ce que cela
pour tant de gens ?
^^ Alors Jésus dit : Faites-les asseoir. Or, il y avait
beaucoup d'herbe en ce lieu-là. Ils s'assirent donc,
au nombre d'environ cinq mille hommes. ^ ' Jésus prit
les pains, et, après avoir rendu grâces, il les distribua
à ceux qui étaient assis ; il leur donna de même des
poissons, autant qu'ils en voulaient. ^-Lorsqu'ils
furent rassasiés, il dit à ses disciples : Ramassez les
morceaux qui restent, afin que rien ne se perde. ^^Ils
(1) Deux cents deniers représentaient iine somme de 180 fr. environ. (Voir
note sur Matth. 18 : 28.)
213
6 : U-2& SAINT JEAN
les ramassèrent donc, et ils remplirent douze paniers
des morceaux qui étaient restés des cinq pains d'orge,
après qu'on eut mangé.
^'^Ces gens, ayant vu le miracle que Jésus avait
fait, disaient : Celui-ci est vraiment le prophète qui
doit venir dans le monde. *^ Alors Jésus, sachant qu'ils
allaient venir l'enlever pour le faire roi, se retira de
nouveau seul sur la montagne.
Jésus marche sur la mer
(Voy. Matth. 14 : 22-36 ; Marc 6 : 45-56)
^^ Quand le soir fut venu, ses disciples descendirent
au bord de la mer; ' '' et, étant entrés dans une barque,
ils se dirigeaient de l'autre côté, vers Capernaûm.
L'obscurité les surprit, et Jésus ne les avait pas en-
core rejoints. ^^Le vent soufflait avec violence, de
sorte que la mer était fort agitée. ^ ^ Quand ils eurent
ramé environ vingt-cinq ou trente stades (^), ils virent
Jésus qui marchait sur la mer et qui s'approchait
de la barque ; et ils eurent peur. ^^Mais il leur dit :
C'est moi, n'ayez point de peur! ^^Ils voulurent alors
le prendre dans la barque ; et aussitôt, la barque aborda
au lieu où ils allaient.
Le pain de vie
^^La foule, restée de l'autre côté de la mer, avait
remarqué qu'il n'y avait là qu'une seule barque, et
que Jésus n'y était pas entré avec ses disciples, mais
que les disciples étaient partis seuls. ^^Le lendemain,
comme d'autres barques étaient arrivées de Tibé-
riade près du lieu où ils avaient mangé, après que le
Seigneur eut rendu grâces, ^'la foule, voyant que
Jésus n'était point là, ni ses disciples, entra dans ces
barques et vint à Capernaiim, pour y chercher Jésus.
^^Et l'ayant trouvé de l'autre côté de la mer, ils lui
dirent : Maître, quand es-tu arrivé ici ? ^^ Jésus leur ré-
pondit : En vérité, en vérité, je vous le dis, vous me
(1) Le stade valait à peu près deux cents mètres : 25 ou 30 stades faisaient
donc de 5 à 6 kilomètres. Le lac de Tibériade a de 20 à 24 kilomètres de
longueur, et de 12 à 16 de largeur.
214
SAINT JEAN (î : 27- A 2
cherchez, non parce que vous avez vu des miracles,
mais parce que vous avez mangé des pains et que vous
avez été rassasiés. ^^ Recherchez, non la nourriture qui
périt, mais celle qui subsiste jusque dans la vie éter-
nelle, et que le Fils de l'homme vous donnera ; car
c'est lui que le Père, Dieu lui-même, a marqué de
son sceau. ^^Ils lui dirent: Que ferons-nous pour
travailler aux œuvres de Dieu ? ^^ Jésus leur répondit :
C'est ici l'œuvre de Dieu, que vous croyiez en Celui
qu'il a envoyé.
^^ Alors ils lui dirent : Quel miracle fais -tu donc,
afin que nous le voyions, et que nous croyions en toi 1
Quelle œuvre fais - tu ? ^*Nos pères ont mangé la
manne dans le désert, suivant ce qui est écrit : « Il
leur a donné à manger le pain venu du ciel ('). »
•^^ Jésus leur dit : En vérité, en vérité, je vous le dis,
Moïse ne vous a point donné le pain du ciel ; mais
mon Père vous donne le vrai pain, qui vient du ciel.
^^Car le pain de Dieu est celui qui descend du ciel,
et qui donne la vie au monde. ^ ' Ils lui dirent : Sei^
gneur, donne-nous toujours ce pain -là ! ^^ Jésus leur
dit : Je suis le pain de vie ; celui qui vient à moi n'aura
jamais faim, et celui qui croit en moi n'aura jamais
soif. ^''Mais je vous l'ai dit : Vous avez vu, et vous ne
croyez pas. "^"^Tout ce que le Père me donne viendra
à moi, et je ne mettrai point dehors celui qui vient
à moi. ^^Car je suis descendu du ciel pour faire, non
ma volonté, mais la volonté de Celui qui m'a envoyé.
^^Or, la volonté de Celui qui m'a envoyé, c'est que
je ne perde aucun de ceux qu'il m'a donnés, mais
que je les ressuscite au dernier jour. ''^ C'est ici la
volonté de mon Père, que quiconque contemple le
Fils et croit en lui, ait la vie éternelle ; et moi, je le
ressusciterai au dernier jour.
''^Cependant, les Juifs murmuraient contre lui,
parce qu'il avait dit : Je suis le pain descendu du ciel.
''^Et ils disaient : N'est-ce pas là Jésus, le fils de
Joseph, dont nous connaissons le père et la mère ?
Comment donc dit-il : Je suis descendu du ciel ?
(1) Psaume 78 : 24,
215
6 : 43-62 SAINT JEAN
^^ Jésus leur répondit : Ne murmurez pas entre vous.
'"''Personne ne peut venir à moi, si le Père qui m'a en-
voyé ne l'attire; et je le ressusciterai au dernier jour.
■'' '' Il est écrit dans les prophètes : « Ils seront tous en-
seignés de Dieu (^). » Quiconque a écouté le Père et a
été instruit par lui, vient à moi. ^'"^Ce n'est pas que
personne ait vu le Père, si ce n'est celui qui vient de
Dieu; celui-là a vu le Père. ^'"^En vérité, en vérité,
je vous le dis, celui qui croit a la vie éternelle. '^^Je
suis le pain de vie. '^Vos pères ont mangé la manne
dans le désert, et ils sont morts. ''^' C'est ici le pain qui
descend du ciel, afin que celui qui en mange ne meure
point. ^' Je suis le pain vivant, qui est descendu du
ciel ; si quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternel-
lement ; et le pain que je donnerai pour la vie du
monde, c'est ma chair.
^■^ Là-dessus, les Juifs disputaient entre eux, disant :
Comment cet homme peut-il nous donner sa chair
à manger ? -'^ Jésus leur dit alors : En vérité, en vérité,
je vous le dis, si vous ne mangez la chair du Eiis de
l'homme, et si vous ne buvez son sang, vous n'avez
point la vie en vous-mêmes. ^^ Celui qui mange ma chair
et qui boit mon sang, a la vie éternelle ; et je le res-
susciterai au dernier jour. ^'^Car ma chak est vraiment
une nourriture, et mon sang est vraiment un breu-
vage. ^^' Celui qui mange ma chair et boit mon sang,
demeure en moi, et moi en lui. " '' De même que le Père,
qui m'a envoyé, est vivant, et que moi, je vis par le
Père, de même aussi, celui qui me mange vivra par
moi. ^^ C'est ici le pain qui est descendu du ciel. Il
n'en est pas de lui comme de la manne que vos pères
ont mangée..., et ils sont morts ; celui qui mange ce
pain vivra éternellement.
^^ Jésus dit ces choses, en enseignant dans la syna-
gogue, à Capernaiim. ^^"^ Plusieurs de ses disciples,
l'ayant entendu, dirent : Cette parole est dure ; qui
peut l'écouter ? ^ ' Mais Jésus, connaissant en lui-
même que ses disciples murmuraient à ce sujet, leur
dit: Cela vous scandalise-t-il ? ^^Que sera-ce donc, si
(1) Ésaïe 54 : 13.
216
SAINT JEAN 6 : 63-7 : 6
VOUS voyez le Fils de l'homme monter où il était aupa-
ravant? ^-^ C'est l'esprit qui vivifie, la chair ne sert de
rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et
vie. ^^Mais il y en a parmi vous qui ne croient pas.
Car Jésus savait, dès le commencement, quels étaient
ceux qui ne croyaient pas, et quel était celui qui
le trahirait. ^^Et il disait : C'est à cause de cela que
je vous ai dit que personne ne peut venir à moi, si
cela ne lui a pas été donné par le Père.
Confession de Pierre
(Comp. Matth. 16 : 13-28 ; Marc 8 : 27-38 ; 9 : 1 ; Luc 9 : 18-27)
^"Dès ce moment, plusieurs de ses disciples se reti-
rèrent, et ils n'allaient plus avec lui. ^^Et Jésus dit aux
Douze : Et vous, voulez-vous aussi vous en aller ?
*'^ Simon Pierre lui répondit : Seigneur, à qui irions-
nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle ; ^^et nous
avons cru, et nous avons connu que tu es le Saint de
Dieu (*='). '^^ Jésus leur répondit : Ne vous ai-je pas
choisis, vous les Douze ? Et l'un de vous est un dé-
mon !7' Or il parlait de Judas, fils de Sim_on Iscariote ;
car c'était lui, l'un des Douze, qui devait le trahir.
Jésus à Jérusalem, pendant la fête
des Tabernacles
7 ^ Après cela, Jésus se mit à parcourir la Galilée :
il ne voulait pas parcourir la Judée, parce que les
Juifs cherchaient à le f^ire mourir.
"^Or la fête des Juifs, dite des Tabernacles ('),
approchait. ^ Et ses frères lui dirent : Pars d'ici, et
va en Judée, afin que tes disciples y voient aussi les
œuvres que tu fais. ''' On ne fait rien en secret, quand
on cherche à se faire connaître. Puisque tu fais ces
choses, manifeste-toi au monde. ^Car ses frères eux-
mêmes ne croyaient pas en lui.
^ Jésus leur dit : Mon temps n'est pas encore venu;
(rt) Quelques man. ont : le Christ, le Fils du Dieu vivant.
(1) La fête des Tabernacles ou des Tentes, ainsi appelée parce que les Juifs
demeuraient pendant une semaine sous des tentes, eu souvenir du séjour au
désert, se célébrait en automne.
217
7 : 7-2i SAINT JEAN
pour VOUS, le temps est toujours favorable. "^ Le monde
ne peut vous haïr ; mais il me hait, parce que je rends
à son sujet ce témoignage, que ses œuvres sont mau-
vaises. ^Vous, montez à cette fête ; pour moi, je ne
monte pas à cette fête, parce que mon temps n'est pas
encore accompli. '^ Après leur avoir dit cela, il
demeura en Galilée.
"■^ Lorsque ses frères furent montés à la fête, il y
monta, lui aussi, mais comme en secret, et non pas
publiquement. ' ' Les Juifs le cherchaient donc pen-
dant la fête, et ils disaient : Où est- il ? ^^Et il y. avait
dans la foule une grande rumeur à son sujet. Les uns
disaient : C'est un homme de bien ; et les autres di-
saient : Non certes ; il séduit le peuple ! ^ ^ Toutefois, per-
sonne ne parlait librement de lui, par crainte des Juifs.
Enseignement de Jésus dans le Temple
^'•On était déjà au milieu de la fête, lorsque Jésus
monta au temple et se mit à enseigner. '"^Les Juifs,
étonnés, disaient : Comment cet homme connaît-il
les Écritures, lui qui n'a pas étudié ? ^^ Jésus leur
répondit : Ma doctrine n'est pas de moi, mais de Celui
qui m'a envoyé. '^Si quelqu'un veut faire la volonté
de Dieu, il connaîtra si ma doctrine est de Dieu, ou
si je parle de mon chef. '^ Celui qui parle de son chef
cherche sa propre gloire ; mais celui qui cherche la
gloire de celui qui l'a envoyé, est digne de foi, et il
n'y a point d'injustice en lui. ''^ Moïse ne vous a-t-il
pas donné la loi ? Et aucun de vous n'observe la loi !
Pourquoi cherchez-vous à me faire mourir ? "^"La
foule répondit : Tu es possédé d'un démon ; qui est-ce
qui cherche à te faire mourir ? ^' Jésus répondit et leur
dit : J'ai fait une œuvre, et vous en êtes tous étonnés.
^^ Moïse vous a donné la circoncision — - non pas qu'elle
vienne de Moïse; elle vient des patriarches—, et vous
circoncisez un homme le jour du sabbat! ^-^Si un
homme reçoit la circoncision le jour du sabbat, afin
que la loi de Moïse ne j^oit pas violée, pourquoi vous
irritez-vous contre moi, parce que j'ai guéri un homme
dans tout son corps le jour du sabbat ? ^''Ne jugez
pas sur l'apparence, mais jugez selon la justice.
218
SAINT JEAN 7 : 25-39
Opinions diverses des Juifs sur Jésus — Projets
d'arrestation
^^Quelques-uns des habitants de Jérusalem di-
saient ; N'est-ce pas là celui qu'on cherche à faire
mourir ? ^^Le voici qui parle librement, et on ne lui
dit rien. Les chefs auraient-ils vraiment reconnu
qu'il est le Christ ? ^'^Nous savons pourtant d'où
est celui-ci ; or, quand le Christ viendra, personne
ne saura d'où il est.
-^ Alors Jésus, enseignant dans le temple, s'écria :
Vous me connaissez, et vous savez d'où je suis ! Je
ne suis pas venu de moi-même, mais Celui qui m'a
envoyé est véritable, et vous ne le connaissez pas.
^^Moi, je le connais ; car je viens de lui, et c'est lui
qui m'a envoyé. ^^Hs cherchaient donc à l'arrêter;
cependant, personne ne mit la main sur lui, parce
que son heure n'était pas encore venue. ^^Mais, parmi
le peuple, plusieurs crurent en lui, et ils disaient:
Quand le Christ viendra, fera-t-il plus de miracles que
n'en a fait celui-ci ? ^"^ Les pharisiens entendirent les
propos que la foule tenait à son sujet ; et, de concert
avec eux, les principaux sacrificateurs envoyèrent
des agents pour s'em23arer de lui.
^•^ Jésus dit alors : Je suis encore avec vous pour un
peu de temps ; puis, je m'en vais à Celui qui m'a
envoyé. "^^Vous me chercherez, et vous ne me trou-
verez pas, et là où je suis, vous ne pouvez venir.
^•'^Les Juifs se dirent entre eux : Où doit-t-il donc
aller, que nous ne le trouverons pas ? Doit-il aller vers
ceux qui sont dispersés ( ' ) parmi les Grecs, et enseigner
les Grecs ? ^*'Que signifie ce qu'il a dit : Vous me cher-
cherez, et là où je serai, vous ne pouvez venir ?
•^"Le dernier, le grand jour de la fête, Jésus était là,
debout, et il s'écria : Si quelqu'un a soif, qu'il vienne
à moi, et qu'il boive. ^^ Celui qui croit en moi, des
fleuves d'eau vive, comme l'a dit l'Écriture (^), cou-
leront de son sein. ^^ Il disait cela de l'Esprit que dé-
fi) Oiî appelait les dispersés ceux des Jiiifs qiii habitaient à Tétrauger, en
terre païenne.
(2) Voy. Zacharie 14 : 8 ; Ésaïe 58 : 11.
219
7 : 40-8 : 4 SAINT JEAN
vaient recevoir ceux qui croiraient en lui; car l'Esprit
n'avait pas encore été donné, parce que Jésus n'était
pas encore glorifié. ^^ Plusieurs parmi la foule, ayant
entendu ces paroles, disaient : Celui-ci est véritable-
ment le prophète. D'autres disaient : C'est le Christ.
■^^Et d'autres : Mais le Christ viendra-t-il de la Ga-
lilée ? ^2 L'Ecriture ne dit-elle pas que c'est de la
famille de David et du village de Bethléhem, d'où
était David, que le Christ doit sortir ? ''^Le peuple
était donc divisé à son sujet. ^''Et quelques-uns
d'entre eux voulaient l'arrêter; mais personne ne mit
la main sur lui.
^^Les agents retournèrent donc vers les principaux
sacrificateurs et les pharisiens; et ceux-ci leur dirent:
Pourquoi ne l'avez-vous pas amené ? ^^Les agents
répondirent : Ja.mais homme n'a parlé comme cet
homme ! ''^Les pharisiens leur dirent : Avez-vous été
séduits, vous aussi ? "''^Y a-t-il un seul des chefs ou
des pharisiens qui ait cru en lui ? ^^Mais cette popu-
lace, qui ne connaît point la loi, est exécrable! ^"Nico-
dème — celui qui était venu précédemment trouver
Jésus et qui était l'un d'entre eux — leur dit : ^^ Notre
loi juge-t-elle un homme sans qu'on l'ait entendu
d'abord, et sans qu'on ait pris connaissance de ce qu'il
a fait ? ^-Ils lui répondirent : Es-tu Galiléen,, toi
aussi ? Informe-toi, et tu verras qu'il ne sort pas de
prophète de la Galilée.
La femme adultère
^^ [Chacun s'en alla dans sa maison («).
8 ^ Jésus alla sur la montagne des Oliviers.
^Mais au point du jour, il retourna dans le temple;
et comme tout le peuple venait à lui, il s'assit, et
il se mit à les enseigner.
^ Alors les scribes et les pharisiens lui amenèrent
une femme qui avait été surprise en délit d'adultère;
et, l'ayant placée au milieu de la foule, ^ils dirent à
Jésus : Maître, cette femme a été prise en fig,grant
[a) Le passage que nous plaçons entre deux crochets (7 : 53 à S : 11)
manque dans les plus anciens manuscrits.
220
SAINT JEAN 8 : 5-^9
délit d'adultère. ^Or, Moïse nous a ordonné dans la
loi de lapider ces sortes de personnes (^) ; — et toi,
qu'en dis-tu ? ^Ils disaient cela pour le mettre à
l'épreuve, afin de pouvoir l'accuser. Mais Jésus,
s'étant baissé, écrivait avec le doigt sur la terre.
''Comme ils continuaient à l'interroger, il se releva
et leur dit : Que celui de vous qui est sans péché lui
jette le premier la pierre. ^Et, s'étant baissé de nou-
veau, il écrivait sur la terre. ^ Quand ils entendirent
cette parole, ils sortirent l'un après l'autre, en com-
mençant par les plus âgés ; et Jésus resta seul avec
la femme, qui était là au milieu. ^^ Alors, Jésus,
s'étant relevé, et ne voyant personne que la femme,
lui dit : Femme, où sont-iLs, ceux qui t'accusaient ?
Personne ne t'a-t-il condamnée? ^'Elle répondit:
Personne, Seigneur. Et Jésus lui dit : Moi non plus,
je ne te condamne pas ; va, et ne pèche plus.]
Jésus se rend de nouveau témoignage
^- Jésus prit de nouveau la parole et leur dit : Je
suis la lumière du monde ; celui qui me suit ne mar-
chera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumièi'e de
la vie. ^'^ Alors les pharisiens lui dirent : Tu te rends
témoignage à toi-même ; ton témoignage n'est pas
digne de foi. ^ 'Jésus leur répondit : Quoique je me
rende témoignage à moi-même, mon témoignage est
digne de foi, car je sais d'où je suis venu, et où je
vais ; mais vous, vous ne savez ni d'où je viens, ni
où je vais. ^''Vous jugez selon la chair; moi, je ne
juge personne. ^"^Et si j'en viens à juger quelqu'un,
mon jugement est conforme à latérite; car je ne suis
pas seul, mais le Père qui m'a envoyé est avec moi.
^ ' Or, il est écrit dans votre loi que le témoignage de
deux personnes est digne de foi (-) : '^je me rends
témoignage à moi-même ; et le Père qui m'a envoyé me
rend aussi témoignage. '^Ils lui dirent : Où est ton
Père ? Jésus répondit : Vous ne connaissez ni moi, ni
mon Père. Si vous me connaissiez, vous connaîtriez
aussi mon Père.
(1) Voy. Lévit. 30 : 10.
(2) Voy. Deut. 19 : 15.
221
8 : 20-35 SAINT JEAN
^^ Jésus prononça ces paroles dans le lieu appelé le
Trésor ('), en enseignant dans le temple; et personne
ne mit la main sur lui, parce que son heure n'était
pas encore venue.
2^ Il leur dit encore : Je m'en vais, et vous me cher-
cherez, et vous mourrez dans votre péché. Vous ne
pouvez venir où je vais. ^^Les Juifs disaient donc:
Se tuera-t-il lui-même, puisqu'il dit : Vous ne pouvez
venir où je vais ? ^^Et il leur dit : Vous êtes d'en bas ;
moi, je suis d'en haut. Vous êtes de ce monde ; moi,
je ne suis pas de ce monde. -'* Aussi vous ai-je dit que
vous mourrez dans vos péchés ; car, si vous ne croyez
pas ce que je suis(^), vous mourrez dans vos péchés.
^^ Alors ils lui demandèrent : Qui donc es-tu? Jésus
leur répondit : Ce que je vous dis depuis le commen-
cement. ^'' J'ai sur vous beaucoup de choses à dire et
de jugements à porter ; mais celui qui m'a envoyé
est vrai, et ce que j'ai appris de lui, je le dis dans le
monde. ^"Ils ne comprirent point qu'il leur parlait
du Père. -^ Jésus leur dit donc : Lorsque vous aurez
élevé le Fils de l'homme, alors vous connaîtrez ce
que je suis (^) et que je ne fais rien de moi-même,
mais que je dis ce que mon Père m'a enseigné. ^^ Celui
qui m'a envoyé est avec moi ; il ne m'a pas laissé seul,
parce que je fais toujours ce qui lui est agréable.
-^•^ Comme Jésus parlait ainsi, j)lusieurs crurent en
lui. ^' Alors, il dit aux Juifs qui avaient cru en lui :
Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vérita-
blement mes disciples; ^^vous connaîtrez la vérité,
et la vérité vous affranchira.
^•"^Les Juifs lui dirent : Nous sommes la postérité
d'Abraham, et nous n'avons jamais été les esclaves de
personne; comment donc dis-tu: Vous deviendrez
libres ? ^'* Jésus leur répondit : En vérité, en vérité, je
vous le dis, quiconque commet le péché est esclave
du péché, ^'^Or, l'esclave ne demeure pas toujours
dans la maison; mais le fils y demeure pour toujours.
(1) Le trésor : on donnait ce nom à la partie du temple où se trouvaient
les troncs destinés à recevoir les dons des fidèles.
(2) On peut aussi traduire : que c'est moi (le Chrùl).
(3) Comp. vers. 24.
222
SAINT JEAN 8 : 36-51
^^Si donc le Fils vous affranchit, vous serez réelle-
ment libres. -^ '^■Je sais que vous êtes la postérité d'Abra-
ham, mais vous cherchez à me faire mourir, parce que
ma parole ne trouve point d'accès en vous. ^^Je dis
ce que j'ai vu auprès de mon Père ; et vous, vous
faites ce que vous avez appris de votre père.
^^Ils lui répondirent : Notre père, à nous, c'est
Abraham. Jésus leur dit : Si vous étiez les enfants
d'Abraham, vous feriez les œuvres d'Abraham. "^^Mais
maintenant, vous cherchez à me faire mourir, moi
qui vous ai dit la vérité ( ' ) que j'ai entendue de Dieu ;
Abraham n'a pas fait cela! '''Vous faites les œuvres
de votre père. Ils lui dirent : Nous ne sommes pas des
enfants illégitimes ; nous avons un seul père. Dieu.
^'^ Jésus leur dit : Si Dieu était votre Père, vous
m'aimeriez, parce que je suis issu de Dieu et que je
viens de lui ; car je ne suis pas venu de moi-même,
mais c'est lui qui m'a envoyé. '••^Pourquoi ne com-
prenez-vous pas mon langage ? C'est parce que vous
ne pouvez écouter ma parole. '^'^Le père dont vous
êtes issus, c'est le Diable, et vous voulez accomplir
les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le com-
mencement, et il n'a pas persévéré dans la vérité,
parce qu'il n'y a point de vérité en lui. Quand il pro-
fère le mensonge, il parle de son propre fonds, parce
qu'il est menteur et le père du mensonge. '''•^Mais
moi, parce que je dis la vérité, vous ne me croyez pas.
''•^Qui de vous me convaincra de péché ?... Et si
je dis la vérité, pourquoi ne me croyez -vous pas ?
''Celui qui est issu de Dieu, écoute les paroles de
Dieu ; c'est pourquoi vous n'écoutez pas, parce que
vous n'êtes pas de Dieu.
^'^Les Juifs lui répondirent: N'avons-nous pas
raison de dire que tu es un Samaritain, et que tu es
possédé d'un démon ? -^^ Jésus répondit : Je ne suis
pas possédé d'un démon, mais j'honore mon Père,
et vous, vous me déshonorez. ^^ Je ne cherche pas ma
gloire ; il y en a un qui la cherche, et qui juge. ^' En
vérité, en vérité, je vous le dis, si quelqu'un garde ma
(1) Litt. : moi, un homme qtd vous a dit la vérité.
223
8 : 52-9 : 9 SAINT JEAN
parole, il ne verra jamais la mort. ^^Les Juifs lui
dirent : Nous voyons bien maintenant «que tu es pos-
sédé d'un démon ; Abraham est mort, les prophètes
aussi, et tu dis : Si quelqu'un garde ma parole, il ne
mourra jamais ! ^^ Es-tu plus grand que notre père Abra-
ham, qui est mort ? Les prophètes aussi sont morts; qui
prétends-tu être ? ^' Jésus répondit : Si je me glorifie
moi-même, ma gloire n'est rien ; c'est mon Père qui
me glorifie, lui dont vous dites qu'il est votre Dieu.
•'^Cependant vous ne l'avez point connu; mais moi,
je le connais. Et si je disais que je ne le connais pas,
je serais menteur comme vous ; mais je le connais et
je garde sa parole. "'^Abraham, votre père, a tressailli
de joie à la pensée de voir mon jour : il l'a vu, et il
a été da.ns la joie. '^"^Les Juifs lui dirent : Tu n'as
pas encore cinquante ans, et tu as vu Abraham !
^^ Jésus leur répondit : En vérité, en vérité, je vous le
déclare : Avant qu'Abraham fût, je suis.
•'^ Alors ils prirent des pierres pour les lui jeter;
mais Jésus, se dérobant à eux, sortit du teniple.
Guérison d'un aveugle-né; son témoignage et sa foi —
Incrédulité des pharisiens
9 ^ Comme Jésus passait, il vit un hommie aveugle
de naissance. ^ Et ses disciples lui demandèrent :
Maître, qui a péché, cet homme, ou ses parents, pour
qu'il soit né aveugle ? ^ Jésus répondit : Ce'n'est pas
que lui ou ses j)arents aient péché, mais c'est afin
que les œuvres de Dieu soient manifestées en lui.
■''Tandis qu'il fait jour, il me faut accomplir les œu-
vres de Celui qui m'a envoyé; la nuit vient, dans la-
quelle personne ne peut travailler. ^Pendant que je
suis dans le monde, je suis la lumière du monde.
^ Ayant dit cela, il cracha à terre et fit de la boue avec
sa salive, et il oignit de cette boue les yeux de l'aveu-
gle. '^Puis il lui dit : Va; lave-toi au réservoir de Siloé
— mot qui signifie Envoyé. — H y alla donc et se
lava, et il revint voyant clair.
^Ses voisins, et ceux qui l'avaient vu auparavant
demander l'aumône, disaient : N'est-ce pas celui qui
se tenait assis et qui mendiait ? ^Les uns disaient :
224
SAINT JEAN 9 : ^0-23
C'est lui. D'autres disaient : Non, mais c est quelqu'un
qui lui ressemble. Lui disait : C'est bien moi.
^ ^ Ils lui demandèrent alors : Comment tes yeux ont-
ils été ouverts ? ^ ^ Il répondit : Cet homme, qu'on
appelle Jésus, a fait de la boue ; il en a oint mes yeux
et il m'a dit : Va au réservoir de Siloé, et lave-toi. J'y
suis donc aUé, je m'y suis lavé, et je vois. ^^ Ils lui
dirent : Où est cet homme ? Il répondit : Je ne sais.
"•-^Ils amenèrent aux pharisiens celui qui avait été
aveugle. ^^Or, c'était un jour de sabbat que Jésus
avait fait de la boue et lui avait ouvert les yeux. '' ^ Les
pharisiens lui demandèrent à leur tour comment il
avait recouvré la vue. Il leur dit : Il m'a mis de la
boue sur les yeux, je me suis lavé, et je vois. ^^ Alors
quelques-uns des pharisiens dirent : Cet homme ne
vient point de la part de Dieu, puisqu'il n'observe
pas le sabbat. Mais d'autres disaient : Comment un
pécheur pourrait-il faire de tels miracles ? Et ils
étaient divisés entre eux. ^'^ Alors ils dirent de nouveau
à l'aveugle : Et toi, que dis-tu de cet homme, qui
t'a ouvert les yeux ? Il répondit : C'est un prophète.
''^Mais les Juifs ne crurent pas que cet homme
eût été aveugle et qu'il eût recouvré la vue, jusqu'à
ce qu'ils eussent fait venir son père et sa mère. ^'-^Ils
les interrogèrent et leur dirent : Est-ce bien là votre
fils, que vous dites être né aveugle ? Comment donc
voit-il maintenant ? -*^Ses parents répondirent : Nous
savons que c'est là notre fils, et qu'il est né aveugle ;
- ' mais comment il se fait qu'il voit maintenant, nous
ne le savons pas. Nous ne savons j)8is non plus qui lui
a ouvert les yeux. Interrogez -le; il a de l'âge, il s'expli-
quera lui-même. '^^Ses parents dirent cela, parce qu'ils
craignaient les Juifs ; car les Juifs avaient déjà décidé
que si quelqu'un reconnaissait Jésus pour le Christ,
il serait chassé de la synagogue. --^ C'est pour cela que
ses parents dirent : Il a de l'âge, interrogez -le.
^^Les pharisiens appelèrent donc pour la seconde
fois l'homme qui avait été aveugle, et ils lui dirent :
Donne gloire à Dieu, nous savons que cet homme est
un pécheur. ^^11 répondit : Je ne sais si c'est un pé-
cheur ; je sais une chose, c'est que j'étais aveugle, et
225 s
9 : 26-10 : 3 SAINT JEAN
que maintenant je vois. ^"^Ils lui dirent encore : Que
t'a-t-il fait ? Comment t'a-t-il ouvert les yeux ? ^^ Il leur
répondit : J« vous l'ai déjà dit, et vous ne m'avez pas
écouté. Pourquoi voulez-vous l'entendre encore une
fois? Voulez-vous, vous aussi, devenir ses disciples?
2^ Alors ils- se mirent à l'injurier, et ils lui di-
rent : C'est toi qui es son disciple ; nous, nous sommes
les disciples de Moïse. ^'-^Nous savons que Dieu a
parlé à Moïse, mais celui-ci, nous ne savons d'où il
est. ^^Cet homme répondit : C'est là ce qui est éton-
nant, que vous ne sachiez pas d'où il est, alors qu'il
m'a ouvert les yeux ! ^ 'Nous savons que Dieu n'exauce
pas les pécheurs; mais si quelqu'un craint Dieu et
fait sa volonté, il l'exauce. -^-Jamais on n'a entendu
dire que quelqu'un ait ouvert les yeux d'un aveugle-
né. ^^Si cet homme ne venait pas'de la part de Dieu,
il ne pourrait rien faire. ^'Ils lui répondirent: Tu
es né entièrement dans le péché, et tu veux nous en-
seigner ! Puis ils le jetèrent dehors.
•^^ Jésus apprit qu'on l'avait chassé ; et, l'ayant
rencontré, il lui dit : Crois-tu au Fils de Dieu ? ^^U
répondit : Qui est-il. Seigneur, pour que je croie en
lui ? ^^ Jésus lui dit : Tu l'as vu, et c'est lui-même
qui te parle! ^^11 reprit: Je crois. Seigneur; et il
se prosterna devant lui.
^^ Alors Jésus dit : Je suis venu dans le monde pour
exercer ce jugement : que ceux qui ne voient point,
voient, et que ceux qui voient, deviennent aveugles.
''^Ceux des pharisiens qui étaient auprès de lui en-
tendirent cela, et ils lui dirent : Et nous, sommes-nous
aussi des aveugles ? '' ^ Jésus leur répondit : Si vous
étiez aveugles, vous n'auriez point de péché ; mais
vous dites : «Nous voyons » — , et c'est pour cela que
votre péché subsiste.
Le bon berger
I 0 ^ En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui
n'entre pas par la porte dans la bergerie, mais qui
y monte par un autre endroit, celui-là est un voleur
et un brigand. ^Mais celui qui entre par la porte est
le berger des brebis. ^Le portier lui ouvre, et les brebis
226
SAINT JEAN 10 : 4-2^
entendent sa voix ; il appelle ses brebis par leur nom
et il les mène dehors. '' Quand il les a toutes fait sortir,
il marche devant elles, et les brebis le suivent, parce
qu'elles connaissent sa voix. ^Mais elles ne suivront
pas un étranger ; au contraire, elles le fuiront, parce
qu'elles ne connaissent point la voix des étrangers.
^^ Jésus leur dit cette similitude, mais ils ne comprirent
pas ce qu'n voulait dire.
^ Jésus leur dit encore : En vérité, en vérité, je
vous le dis, je suis la porte des brebis. ^Tous ceux qui
sont venus avant moi sont des voleurs et des brigands ;
mais les brebis ne les ont pas écoutés. ^ Je suis la porte :
si quelqu'un entre par moi, il sera sauvé ; il entrera et
sortira, et il trouvera de la pâture. ^"Le voleur ne
vient que pour dérober, pour égorger et pour détruire ;
moi, je suis venu, afin que les brebis aient la vie, et
qu'elles l'aient en abondance.
^ ^ Je suis le bon berger ; le bon berger donne sa vie
pour ses brebis. '^Le mercenaire, qui n'est pas le
berger, et à qui les brebis n'appartiennent pas, s'il
voit venir le loup, abandonne les brebis et s'enfuit ;
et le loup les ravit et les disperse. ^^ C'est qu'il est
mercenaire, et qu'il ne se soucie point des brebis.
^'' Je suis le bon berger, je connais mes brebis, et mes
brebis me connaissent, ^'^ comme le Père me connaît
et comme je connais le Père ; et je donne ma vie
pour mes brebis. ^^J'ai encore d'autres brebis qui ne
sont pas de cette bergerie ; il faut aussi que je les
amène. Elles entendront ma voix, et il y aura un
seul troupeau, un seul berger!
^^ Voici pourquoi le Père m'aime: c'est parce que
je donne ma vie, afin de la reprendre. *^ Personne ne
me l'ôte, mais je la donne de moi-même ; j'ai le pou-
voir de la donner, et j'ai le pouvoir de la reprendre :
j'ai reçu cet ordre de mon Père.
^^Les Juifs furent de nouveau divisés, à cause de
ces paroles. ^^ Plusieurs d'entre eux disaient : Il est
possédé d'un démon, il est hors de sens ; pourquoi
î'écoutez-vous ? ^'D'autres disaient : Ce ne sont pas
là les paroles d'un possédé. Un démon peut-il ouvrir
les yeux des aveugles ?
227
10 : 22-38 SArPfT JEAN
Jésus à Jérusalem fendant la fête de la Dédicace
2^ On célébrait à Jérusalem la fête de la Dédicace ( ' ).
C'était l'hiver; ^^et Jésus se promenait dans le temple,
sous le portique de Salomon. 2'' Les Juifs s'assem-
blèrent autour de lui, et lui dirent : Jusques à quand
nous tiendras-tu l'esprit en suspens ? Si tu es le Christ,
dis-le nous franchement. ^^ Jésus leur répondit : Je
vous l'ai dit, et vous ne croyez pas ; les œuvres que
je fais au nom de mon Père me rendent témoignage.
-*^Mais vous ne croyez pas, parce que vous n'êtes pas
de mes brebis. ^'Mes brebis entendent ma voix;
je les connais, et elles me suivent. ^^ Je leur donne la
vie éternelle; elles ne périront jamais, et nul ne les
ravira de ma main. ^^Mon Père, qui me les a don-
nées, est plus grand que tous; et personne ne peut
les ravir de la main du Père. ^'^Moi et le Père, nous
sommes un.
Les Juifs veulent lapider Jésus — Il se rend
au delà du Jourdain
^^Les Juifs prirent de nouveau des pierres pour le
lapider. ^-^ Jésus leur dit : J'ai fait sous vos yeux beau-
coup de bonnes œuvres de la part du Père ; pour la-
quelle me lapidez -vous ? **^Les Juifs lui répondirent :
Ce n'est pas pour une bonne œuvre que nous te lapi-
dons, mais pour un blasphème, parce que, étant
homme, tu te fais Dieu. ^'' Jésus leur répondit : N'est-
il pas écrit dans votre loi : « J'ai dit : Vous êtes des
dieux ))(-)? ^'^Si elle a appelé dieux ceux à qui la
parole de Dieu était adressée, et si l'Ecriture ne peut
être anéantie, ^''comment dites-vous que je blasphème,
— moi que le Père a consacré et qu'il a envoyé dans le
monde, — parce que j'ai dit : Je suis le Fils de Dieu?
^"^ Si je ne fais pas les œuvres de mon Père, ne me croyez
point. ^^Mais si je les fais, quand même vous ne me
croiriez pas, croyez à mes œuvres, afin que vous appre-
(1) Fête que les Jmfs célébraient le 25 du mois de Kisleu (en décembre),
en souvenir de la dédicace nouvelle du temple faite par Judas Maccliabée,
après les profanations d'Antioclius Épiphaue (165 av. J.-C).
(2) Psaume 83 : 6.
228
SAINT JEAN 10 : 39-11 : U
niez et que vous sachiez que le Père est en moi, et que
je suis dans le Père.
^^Ils cherchaient encore à s'emparer de lui; mais il
s'échappa de leurs mains. ^"^Puis il s'en alla de nou-
veau au delà du Jourdain, à l'endroit où Jean avait
baptisé tout d'abord, et il y demeura. '* ^ Beaucoup
de gens vinrent à lui, et ils disaient : Jean n'a fait
aucun miracle, mais tout ce que Jean a dit de cet
homme était vrai. ''^Et il y en eut là plusieurs qui
crurent en lui.
Résurrection de Lazare
Il ^11 y avait un homme malade, nommé Lazare,
qui était de Béthanie, le village de Marie et de Marthe,
sa sœur. ^ Marie était celle qui oignit le Seigneur d'une
huile parfumée, et qui lui essuya les pieds avec ses
cheveux ; et c'était son frère Lazare qui était malade.
^Les sœurs envoyèrent donc dire à Jésus : Seigneur,
voici que celui que tu aimes est malade. '' Jésus, ayant
entendu ces paroles, dit : Cette malavdie n'est pas à
la mort, mais elle est pour la gloire de Dieu, afin que
le Fils de Dieu soit glorifié par elle. ^ Or, Jésus aimait
Ma^rthe, et sa sœur, et Lazare. ^Lorsqu'il eut appris que
celui-ci était malade, il resta encore deux jours
dans le lieu où il se trouvait.
^ Après cela, il dit à ses disciples : Retournons en
Judée. ^ Les disciples lui dirent : Maître, hier encore les
Juifs cherchaient à te lapider, et tu retournes au
milieu d'eux! ^ Jésus répondit : N'y a-t-il pas douze
heures dans le jour ? Si quelqu'un marche pendant le
jour, il ne bronche point, parce qu'il voit la lumière
de ce monde. ''*^Mais si quelqu'un marche pendant la
nuit, il bronche, parce qu'il n'a pas la lumière. ^^11
parla ainsi, puis il ajouta : Lazare, notre ami, s'est
endormi ; mais je vais le réveiller. ''^Ses disciples lui
dirent: Seigneur, s'il dort, il sera guéri. ""-^Or, Jésus
avait dit cela de la mort de Lazare ; mais ils crurent
qu'il parlait du sommeil ordinaire. ^^ Jésus leur dit
alors ouvertement : Lazare est mort. *^Et je me
réjouis pour vous de ce que je n'étais pas là, afin que
229
ll:<6'3i SAINT JEAN
VOUS croyiez ; mais allons auprès de lui. ^^Sur quoi
Thomas, appelé Didyme (^), dit aux autres disciples :
Allons-y, nous aussi, pour mourir avec lui !
^^ Jésus, à son arrivée, trouva qu'il y avait déjà
quatre jours que Lazare était dans le tombeau. ^^Or,
Béthanie n'était éloignée de Jérusalem que d'environ
quinze stades ("-). ^^ Plusieurs des Juifs étaient venus
auprès de Marthe et de Marie pour les consoler de la
mort de leur frère, -^ Quand Marthe apprit que Jésus
arrivait, elle alla au-devant de lui ; mais Marie était
restée assise à la maison. ^'Marthe dit à Jésus:
Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas
mort; --et maintenant même, je sais que tout ce
que tu demanderas à Dieu, Dieu te l'accordera.
^^ Jésus lui dit : Ton frère ressuscitera. ^''Marthe lui
répondit : Je sais qu'il ressuscitera, à la résurrection,
au dernier jour. ^"' Jésus lui dit : Je suis la résurrection
et la vie ; celui qui croit en moi vivra, quand même
il serait mort. ^^Et quiconque vit et croit en moi ne
mourra jamais. Crois- tu cela? ^^Elle lui répondit:
Oui, Seigneur, je crois que tu es le Christ, le Fils de
Dieu, celui qui devait venir dans le monde.
2^ Quand elle eut dit ces paroles, elle s'en alla, appela
en secret Marie, sa sœur, et lui dit : Le Maître est là,
et il t'appelle. ^^^Dès que Marie eut entendu cette
parole, elle se leva promptement et vint à lui. ^*^0r
Jésus n'était pas encore entré dans le village, mais il
était à l'endroit où Marthe était venue à sa rencontre.
^^ Quand les Juifs, qui étaient avec Marie dans la
maison et qui la consolaient, la virent se lever et sortir
si promptement, ils la suivirent, croyant qu'elle allait
au tombeau pour y pleurer. ^^Mais Marie, étant
arrivée à l'endroit où se trouvait Jésus, se jeta à ses
pieds, dès qu'elle l'aperçut, et lui dit ; Seigneur, si tu
avais été ici, mon frère ne serait pas mort! ^^ Lorsque
Jésus vit qu'elle pleurait, et que les Juifs qui étaient
venus avec elle pleuraient aussi, il frémit en son
esprit et s'émut ; et il dit : Où l'avez-vous mis ? ^''Ils
(1) Thomas, nom araméen qui signifie Jumeau. Le mot grec Didyme a le
même sens. (Voy. Jean 20 : 24 ; 31 : 2).
(2) Environ trois kilomètres.
230
SAINT JEAN 11 : 3^;-b^
lui répondirent : Seigneur, viens et vois. ^■'' Jésus pleura.
^*^Les Juifs disaient donc : Voyez comme il l'aimait !
•^"Et quelques-uns d'entre eux dirent: Lui qui a
ouvert les yeux de l'aveugle, ne pouvait-il pas faire
aussi que cet homme ne mourût pas ?
^'^ Alors Jésus, frémissant de nouveau en lui-même,
vint au tombeau : c'était une grotte à l'entrée de
laquelle une pierre avait été placée. ^^ Jésus dit :
Otez la pierre. Marthe, la sœur du mort, répondit :
Seigneur, il sent déjà; car il est là depuis quatre jours.
''^ Jésus reprit : Ne t'ai- je pas dit que si tu crois,
tu verras la gloire de Dieu % ^ ' Ils ôtèrent donc la
pierre. Alors Jésus leva les yeux au ciel et dit : Père,
je te rends grâces de ce que tu m'as exaucé ! '^^ Je
savais bien que tu m'exauces toujours; mais je parle
ainsi à cause de cette foule qui m'entoure, afin qu'elle
croie que c'est toi qui m'avS envoyé. ^^ Quand il eut
dit cela, il cria d'une voix forte : Lazare, sors ! -"Le
mort sortit, ayant les pieds et les mains liées de bandes,
et le visage enveloppé d'un suaire. Jésus leur dit :
Déliez -le, et laissez -le aUer.
^^ Plusieurs des Juifs qui étaient venus auprès de
Marie, et qui avaient vu ce que Jésus avait fait, cru-
rent en lui. ^^Mais quelques-uns d'entre eux allèrent
trouver les pharisiens, et ils leur rapportèrent ce
qu'avait fait Jésus.
Complot contre Jésus qui sejrend à Epkraïm
(Voy. Matth. 26 : 1-5 ; Marc 14 : 1-2 : Luc 22 : 1-2)
■'•'Alors les principaux sacrificateurs et les phari-
siens réunirent le sanhédrin et dirent : Que ferons-
nous ? — car cet homme opère beaucoup de miracles.
-'■'^Si nous le laissons faire, tout le monde croira en
lui ; et les Romains viendront détruire et ce lieu et
notre nation. ^^Mais l'un d'entre eux, Caïphe, qui
était souverain sacrificateur cette année-là, leur dit :
Vous n'y entendez rien! ^^Vous ne considérez pas
qu'il vaut mieux pour vous qu'un seul homme meure
pour le peuple, et que toute la nation ne périsse pas .
^*0r, il ne dit pas cela de lui-même, mais, étant sou-
231
11 : 52-12 : 8 SAINT JEAN
verain sacrificateur cette année-là, il prophétisa que
Jésus devait mourir pour la nation ; ^-et non seule-
ment pour la nation, mais aussi pour rassembler en
un seul corps les enfants de Dieu dispersés. ^-^ Depuis
ce jour-là, ils formèrent le projet de le faire mourir.
^"'* C'est pourquoi Jésus ne se montrait plus ouver-
tement parmi les Juifs, mais il s'en alla dans la con-
trée voisine du désert, à une ville appelée Éphraïm ;
et il y séjourna avec ses discij)les. ^^La Pâque des
Juifs était proche, et beaucoup de gens du pays mon-
tèrent à Jérusalem, avant la Pâque, pour se purifier.
^^Ils cherchaient donc Jésus; et, se tenant dans le
temple, ils se disaient les uns aux autres : Que vous
en semble ? Ne viendra-t-il pas à la fête ? ^''Or, les
principaux sacrificateurs et les pharisiens avaient
donné des ordres pour que, si quelqu'un savait où
se trouvait Jésus, il le déclarât, afin qu'on pût s'em-
parer de lui.
Jésus à Béthanie — Marie oint ses pieds
de parfum
(Voy. Matth. 26 : 6-13 ; Marc 14 : 3-9)
B 2 ^ Six jours avant la Pâque, Jésus vint à Béthanie,
où était Lazare qu'il avait ressuscité des morts. ^On
lui fit là un souper, et Marthe servait ; Lazare était
l'un de ceux qui étaient à table avec lui. ^ Alors Marie,
ayant pris une livre d'un parfum de nard pur, qui
était de grand prix, oignit les pieds de Jésus, et les
essuya avec ses cheveux ; et la maison fut remplie de
l'odeur de ce parfum. ^'Mais Judas l'Iscariote, un de
ses disciples, celui qui devait le trahir, dit : ^ Pourquoi
n'a-t-on pas vendu ce parfum trois cents deniers (^),
pour les donner aux pauvres '^ — ^11 disait cela, non
qu'il se souciât des pauvres, mais parce qu'il était
voleur et que, tenant la bourse, il prenait ce qu'on
y mettait. • — '''Jésus répondit : Laisse-la ; elle a gardé
ce parfum pour le jour de ma sépulture. ^Car vous
avez toujours les pauvres avec vous; mais moi, vous
ne m'avez pas toujours.
(1) Trois cents deniers font envii-on 270 fr. de notre naonnaie. (Voir note
sur Mattù. 18 : 28).
232
SAINT JEAN 12 : 9-23
. ^ Un grand nombre de Juifs apprirent que Jésus
était là, et ils vinrent, non seulement à cause de lui,
mais aussi pour voir Lazare, qu'il avait ressuscité des
morts. ^^ Alors les principaux sacrificateurs résolurent
de faire mourir aussi Lazare, ^ ' parce que plusieurs
des Juifs, à cause de lui, se séparaient d'eux et
croyaient en Jésus.
Erdrée de Jésus à Jérusalem
(Voy. Matth. 21 : 1-11 ; Marc 11 : 1-10 ; Luc 19 : 29-44)
^^Le lendemain, une grande foule, venue pour la
fête, ayant su que Jésus se rendait à Jérusalem,
^^prit des branches de palmier, et sortit au-devant
de lui, en criant : Hosanna ! Béni soit celui qui vient
au nom du Seigneur, le Roi d'Israël! ^'' Jésus, ayant
trouvé un ânon, s'assit dessus, conformément à ce qui
est écrit : « ^-^Ne crains point, fille de Sion ; voici ton
roi qui vient, monté sur le poulain d'une ânesse ('). »
^*^Ses disciples ne comprirent pas cela, tout d'abord;
mais quand Jésus eut été glorifié, alors ils se souvinrent
que ces choses avaient été écrites à son sujet, et qu'on
les lui avait faites. ''"La fouie qui était avec lui,
lorsqu'il avait rappelé Lazare du tombeau et l'avait
ressuscité des morts, lui rendait témoignage. ""^ C'est
aussi pour cela que la multitude était allée au-devant
de lui, parce qu'elle avait appris qu'il avait accompli
ce miracle. ''^Là-dessus les pharisiens se disaient les
uns aux autres : Vous voyez que vous ne gagnez rien ;
voilà que tout le monde court après lui !
Des Grecs demandent à voir Jésus — Il "parle
de sa mort prochaine
2*^ Or il y avait là quelques Grecs, parmi ceux qui
étaient montés pour adorer pendant la fête. ^'Ils
vinrent trouver Philippe, de Bethsaïda en Galilée,
et lui firent cette demande : Seigneur, nous voudrions
voir Jésus. ^'^ Philippe alla le dire à André ; André et
Philippe vinrent le dire à Jésus. 2- Alors Jésus leur
répondit : L'heure est venue où le Fils de l'homme
(1) Zacharie 9 : 9.
233
12 : 24-38 SAINT JEAN
doit être glorifié. -'* En vérité, en vérité, je vous le dis,
si le grain de froment ne meurt après être tombé
dans la terre, il demeure seul ; mais s'il meurt, il
porte beaucoup de fruit. ^'^ Celui qui aime sa vie la
perdra ; et celui qui hait sa vie en ce monde, la con-
servera pour la vie éternelle. ^'''Si quelqu'un me sert,
qu'il me suive, et là où je suis, là aussi sera mon servi-
teur ; si quelqu'un me sert, mon Père l'honorera...
^'Maintenant mon âme est troublée ; et que dirai- je ?...
Père, délivre-moi de cette heure ? Mais c'est pour
cela même que je suis venu jusqu'à cette heure !
^^Père, glorifie ton nom ! Alors il vint une voix du ciel
qui dit : Je l'ai glorifié, et je le glorifierai encore !
-^La foule qui était là, et qui avait entendu la voix,
disait que c'était le tonnerre ; d'autres disaient : Un
ange lui a parlé. ^^ Jésus prit la parole et dit : Ce n'est
pas pour moi que cette voix s'est fait entendre, mais
pour vous. ^'Maintenant a lieu le jugement de ce
monde ; maintenant le prince de ce monde va être
jeté dehors. -^-Et moi, quand j'aurai été élevé de la
terre, j'attirerai tous les homanes à moi. ^^11 disait
cela pour indiquer de quelle mort il devait mourir.
^'La foule lui répondit : Nous avons appris par la
loi que le Christ doit demeurer éternellement ; com-
ment peux-tu dire qu'il faut que le Fils de l'homme
soit élevé ? Qui est ce Fils de l'homme ? ^-^ Alors Jésus
leur dit : La lumière est encore parmi vous pour un
peu de temps. Marchez pendant que vous avez la
lumière, de peur que les ténèbres ne vous surpren-
nent ; celui qui marche dans les ténèbres ne sait où
il va. ^"^ Pendant que vous avez la lumière, croyez en
la lumière, afin que vous deveniez des enfants de
lumière.
Jésus parla ainsi ; puis il s'en alla, et il se tint
caché loin d'eux.
Incrédulité des Juifs
^^ Or, bien qu'il eût opéré tant de miracles en leur
présence, ils ne croyaient pas en lui, ^^ afin que cette pa-
role d'Ésaïe le prophète fût accompUe : « Seigneur, qui
234
SAESTT JEAN 12 : 39-13 : i
a cru à notre prédication, et à qui le bras du Seigneur
a-t-il été révélé ( ^ )? » ^^B' ailleurs, ils ne pouvaient
croire, parce qu'Esaïe a dit encore: « ''''^11 a aveuglé
leurs yeux, et il a endurci leur cœur, afin qu'ils ne
voient pas de leurs yeux et qu'ils ne comprennent
pas de leur cœur; qu'ils ne se convertissent pas, et
que je ne les guérisse point (-). » ^'Ésaïe dit ces
choses, lorsqu'il vit sa gloire et qu'il parla de lui.
'^Cependant il y en eut, plusieurs, même parmi les
chefs, qui crurent en Jésus ; mais, à cause des pharisiens,
ils ne l'avouaient pas, de peur d'être chassés de la
synagogue. ''"^Car ils aimaient la gloire qui vient des
hommes, plus que la gloire qui vient de Dieu. '
^^ Cependant Jésus éleva la voix et dit : Celui qui
croit en moi, ne croit pas en moi, mais en Celui qui
m'a envoyé. ^^Et celui qui me voit, voit Celui qui
m'a envoyé. ''^Je suis venu dans le monde, moi qui
suis la lumière^ afin que quiconque croit en moi ne
demeure point dans les ténèbres. '"Et si quelqu'un
entend mes paroles et ne les garde point, ce n'est
pas moi qui le juge ; car je ne suis pas venu pour juger
le monde, mais pour le sauver. '^ Celui qui me rejette
et ne reçoit pas mes paroles, a déjà celui qui le juge ; la
parole que j'ai annoncée, c'est eUe qui le jugera au
dernier jour. ^^Car je n'ai point parlé de mon chef;
mais le Père, qui m'a envoyé, m'a prescrit ce que je
dois dire, et comment je dois parler. ^^Et je sais
que son commandement, c'est la vie étemelle. Ainsi,
les choses que je dis, je les dis comme le Père me les
a dites.
Derniers entretiens de Jésus avec ses disciples —
Prière sacerdotale (13 : i à 17 : 26)
Jésus lave les pieds de ses disciples
I 3 ^ Avant la fête de Pâque, sachant que l'heure
était venue pour lui de passer de ce monde au Père,
Jésus qui avait aimé les siens dans le monde, les
aima jusqu'à la fin.
(1) Ésaïe 53 : 1. — (2) Ésaïe G : 10.
235
13 : 2-20 SAINT JEAN
^Pendant le souper ^ — le Diable ayant déjà mis au
cœur de Judas Iscariote, fils de Simon, le dessein de le
trahir — , ^ Jésus, qui savait que le Père lui avait remis
toutes choses entre les mains, qu'il était venu de Dieu
et qu'il s'en allait à Dieu, ^ se leva de table, ôta son vê-
tement, et, ayant pris un linge, il s'en ceignit. ^En-
suite il remplit d'eau le bassin et se mit à laver les
pieds de ses disciples et à les essuyer avec le linge
dont il était ceint. ^11 vint donc à Simon Pierre, qui^
lui dit : Toi, Seigneur, tu me laverais les pieds ! ^ Jésus
lui répondit : Tu ne sais pas maintenant ce que je
fais ; mais tu le sauras plus tard. ^Pierre lui dit : Tu
né me laveras jamais les pieds ! Jésus lui répondit :
Si je ne te lave, tu n'auras point de part avec moi.
^ Simon Pierre lui dit : Seigneur, non seulement les
pieds, mais aussi les mains et la tête ! ^"^ Jésus lui
répondit : Celui qui s'est déjà baigné n'a plus qu'à
se laver les pieds ; il est entièrement purifié. Or vous
êtes purs, mais non pas tous. ^ ^ Car il savait quel était
celai qui le trahirait ; c'est pour cela qu'il dit : Vous
n'êtes pas tous purs.
^^ Après qu'il leur eut lavé les pieds, il reprit son
vêtement; et, s'étant remis à table, il leur dit : Com-
prenez-vous ce que je vous ai fai(: ? ^^^Vous m'appelez
Maître et Seigneur et vous dites' bien, car je le suis.
^ ''Si donc je vous ai lavé les pieds, moi, le Seigneur
et le Maître, vous devez aussi vous laver les pieds les
uns aux autres. '"^Car je vous ai donné un exemple,
afin que vous fassiez comme je vous ai fait. '^'En
vérité, en vérité, je vous le dis, le serviteur n'est pas
plus grand que son maître, ni l'envoyé plus grand que
celui qui l'envoie. ^^Si vous savez ces choses, vous
êtes bienheureux, pourvu que vous les pratiquiez.
^^Je ne parle pas de vous tous ; je connais ceux^que
j'ai choisis ; mais il faut que cette parole de l'Ecri-
ture soit accomplie : « Celui qui mange mon pain, a
levé le talon contre moi (^). » ^^Je vous le dis dès à
présent, avant que la chose arrive ; afin que, quand
elle sera arrivée, vous croyiez ce que je suis (^). ^'^En
(1) Psaume 41 : 10.
(2) Voir note sur Jean 8
236
SAINT JEAÎT 13 : 24-34
vérité, en vérité, je vous le dis, quiconque reçoit celui
que j'ai envoyé, me reçoit ; et quiconque me reçoit,
reçoit celui qui m'a envoyé.
Jésus annonce la trahison de Judas
(Comp. Matth. 26 : 17-29 ; ilarc 14 : 12-25 ; Luc 22 : 7-23)
^ ' Quand Jésus eut ainsi parlé, il fut troublé en son
esprit, et il dit ouvertement : En vérité, en vérité, je
vous le dis, l'un de vous me trahira. ^^Les disciples
se regardaient les uns les autres, ne sachant de qui
il parlait. ^^Or, il y avait un des disciples qui était
couché sur le sein de Jésus ; c'était celui que Jésus
aimait. ^ ' Simon Pierre lui fit signe, en lui disant :
Dis-nous quel est celui dont il parle. ^^Lui donc,
s'étant penché sur le sein de Jésus, lui demanda :
Seigneur, qui est-ce ? -^ Jésus répondit : C'est celui
à qui je donnerai le morceau que je vais tremper.
Puis ayant trempé un morceau, il le prit et le donna
à Judas Iscariote, fils de Simon. -'^Aussitôt que Judas
eut pris le morceau, Satan entra en lui. Jésus lui dit
alors : Ce que tu fais, fais-le au plus tôt. ^^Mais aucun
de ceux qui étaient à table ne comprit pourquoi il
lui parlait ainsi. ^^ Quelques-uns pensaient que, comme
Judas avait la bourse, Jésus lui disait : Achète ce
dont nous avons besoin pour la fête ; ou : Donne
quelque chose aux pauvres. "^^ Judas, ayant pris le
morceau, sortit aussitôt. Et il faisait nuit.
Le commandement nouveau — Question
de Pierre
(Voy. Matth. 26 : 30-35 ; Marc 14 : 26-31 ; Luc 22 : 31-34)
^^ Quand il fut sorti, Jésus dit : Maintenant le Fils
de l'homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui.
^^Dieu aussi le glorifiera en lui-même, et il le glori-
fiera bientôt. ^^Mes petits enfants, je suis encore
avec vous pour un peu de temps ; vous me chercherez,
et comme je l'ai dit aux Juifs, je vous le dis aussi
maintenant : Vous ne pouvez venir où je vais. '^'' Je
vous donne un commandement nouveau, c'est que
vous vous aimiez les uns les autres ; comme je vous
237
13 : 35-14 : ^o saint Jean
ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres.
"^^ C'est à ceci que tous connaîtront que vous êtes mes
disciples, si vous avez de l'amour les uns pour les
autres,
3<^ Simon Pierre lui dit : Seigneur, où vas-tu ? Jésus
lui répondit : Tu ne saurais maintenant me suivre
où je vais ; mais tu me suivras plus tard. ^^ Pierre lui
dit : Seigneur, pourquoi, ne puis- je pas te suivre à
présent ? Je donnerai ma vie pour toi ! ^^ Jésus lui
répondit : Tu donneras ta vie pour moi ?... En vérité,
en vérité, je te le dis, le coq ne chantera pas, que tu
ne m'aies renié trois fois !
La maison du Père — Questions des apôtres —
Jésus leur promet le Saint-Esprit
14 ^Que votre cœur ne se trouble point; croyez
en Dieu ('), croyez aussi en moi. '^11 y a plusieurs de-
meures dans la maison de mon Père; si cela n'était
pas, je vous l'aurais dit. Je vais vous préparer une
place (^). "^Et quand je m'en serai allé et que je vous
aurai préparé une place, je reviendrai et je vous pren-
drai avec moi, afin que là où je suis, vous y soyez
aussi. ''Et vous savez où je vais, et vous en savez le
chemin.
^Thomas lui dit : Seigneur, nous ne savons où tu
vas ; comment en saurions-nous le chemin ? ^ Jésus
répondit : Je suis le chemin, la vérité et la vie;
personne ne vient au Père que par moi. "^Si vous me
connaissiez, vous connaîtriez aussi mon Père ; et dès
à présent, vous le connaissez et vous l'avez vu.
^Philippe lui dit : Seigneur, montre-nous le Père,
et cela nous suffit. '^ Jésus répondit : Il y a si longtemps
que je suis avec vous, et tu ne m'as pas connji, Phi-
lippe ! Celui qui m'a vu, a vu le Père. Comment dis-tu :
Montre-nous le Père ? ^'-Ne crois -tu pas que je suis
dans le Père, et que le Père est en moi ? Les paroles
que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même ; le
(1) D'autres tradmseut : vous croyez en Dieu.
(2) D'autres traduisent : Si cela n'était pas, vous aurais-je dit que Je vais
tous préparer une place ?
238
SAINT JEAN 14 : M -2b
Père, qui demeure en moi, c'est lui qui accomplit ses
propres œuvres. ** Croyez -moi, quand je dis que je
suis dans le Père et que le Père est en moi ; sinon, croyez
à cause de mes œuvres. ^^En vérité, en vérité, je
vous le dis, celui qui croit en moi fera aussi les œuvres
que je fais ; il en fera même de plus grandes, parce
que je vais auprès du Père. ^"^Et quoi que vous de-
mandiez en mon nom, je le ferai, afin que le Père
soit glorifié dans le Fils. "Si vous demandez quelque
chose en mon nom, je le ferai.
^^Si vous m'aimez, vous garderez mes comman-
dements. '^Et je prierai le Père, qui vous donnera un
autre Consolateur ('), afin qu'il soit éternellement
avec vous, ^ "^l'Esprit de vérité, que le monde ne peut
recevoir, parce qu'il ne le voit pas et ne le connaît
pas ; mais, vous, vous le connaissez, parce qu'il de-
meure avec vous, et il sera en vous. ^^Je ne vous
laisserai pas orphelins, je viendrai à vous. ^^ Encore
un peu de temps, et le monde ne me verra plus, mais
vous me verrez ; parce que je vis, vous vivrez aussi (^).
^^En ce jour-là, vous reconnaîtrez que je suis en mon
Père, que vous êtes en moi, et que je suis en vous.
^' Celui qui a mes commandements et qui les garde,
c'est celui-là qui m'aime ; et celui qui m'aime sera
aimé de mon Père, et je l'aimerai, et je me ferai con-
naître à lui.
^^ Jude, non pas l'Iscariote C'), lui dit : Seigneur,
d'où vient que tu te feras connaître à nous, et non pas
au monde ? ^-^ Jésus lui répondit : Si quelqu'un m'aime,
il gardera ma parole, et mon Père l'aimera, et nous
viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez
lui. -^ '' Celui qui ne m'aime pas, ne garde pas mes pa-
roles ; et la parole que vous entendez n'est pas de
moi, mais elle est du Père qui m'a envoyé.
^^' Je vous ai dit ces choses, pendant que je demeurais
(1) Consolateur, littéralement : Paraclet, mot qui signifie non seulement
consolateur, mais aussi défenseur, conseiller, intercesseur.
(2) Quelques-uns traduisent : vous me verrez, parce que je vis et que vous
vivrez aussi,
(3) Ce Jude ou Judas est appelé aussi Lebbée et Thaddée. — Voy. Matth.
10 : 3 ; Marc .3 : 18.
239
14 : 20-15 : 9 SAINT JEAN
avec vous. -"^Mais le Consolateur, le Saint-Esprit,
que le Père enverra en mon nom, celui-là vous ensei-
gnera toutes choses, et vous remettra en mémoire tout
ce que je vous ai dit.
^"'Je vous laisse la paix ; je vous donne ma paix ;
je ne vous la donne pas comme le monde la donne.
Que votre cœur ne se trouble pas et qu'il ne crai-
gne point. -"^ Vous avez entendu que je vous ai dit :
Je m'en vais, et je reviens à vous. Si vous m'aimiez,
vous vous réjouiriez de ce que je vais auprès du Père,
parce que le Père est plus grand que moi. ^'^Et main-
tenant, je vous ai dit ces choses avant qu'elles arri-
vent, afin que, quand elles seront arrivées, vous croyiez.
"'^ Je ne vous parlerai plus guère, car le prince de ce
monde vient ; et il n'a rien en moi. ^ ' Mais il faut que
le monde connaisse que j'aime le Père, et que je fais ce
que le Père m'a commandé. Levez- vous, partons d'ici...
Le cep et les sarments
B 5 ^ Je suis le vrai cep, et mon Père est le vigneron.
-Il retranche tout sarment qui ne porte pas de fruit
en moi ; et il émonde ( ' ) tout sarment qui porte du
fruit, afin qu'il porte encore plus de fruit. ^Vous
êtes déjà purs, à cause de la parole que je vous ai
annoncée. 'Demeurez en moi, et moi, je demeurerai
en vous. Comme le sarment ne saurait de lui-même
porter du fruit, s'il ne demeure attaché au cep, de même,
vous n'en pouvez porter, si vous ne demeurez en moi.
^Je suis le cep, vous êtes les sarments. Celui qui
demeure en moi, et en qui je demeure, porte beau-
coup de fruit ; car, hors de moi, vous ne pouvez rien
faire. ^Si quelqu'un ne demeure pas en moi, il est jeté
dehors, comme le sarment. Il sèche, et on le ramasse ;
on le jette au feu, et il brûle. '^Si vous demeurez en
moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez
tout ce que vous voudrez, et cela vous sera accordé.
^' Voici comment mon Père sera glorifié : c'est que
vous portiez beaucoup de fruit, et alors vous serez
mes disciples. ^ Comme le Père m'a aimé, je vous ai
(1) Litt. ; nettoie, purifie.
240
SAINT JEAN 15 : ^0-24
aussi aimés ; demeurez dans mon amour. ^^Si vous
gardez mes commandements, vous demeurerez dans
mon amour, comme moi-même j'ai gardé les comman-
"dements de mon Père, et je demeure dans son amour.
^^ Je vous ai dit ces choses, afin que ma joie demeure
en vous, et que votre joie soit parfaite.
^^ C'est ici mon commandement : que vous vous
aimiez les uns les autres, comme je vous ai aimés.
^^11 n'y a pas de plus grand amour que de donner sa
vie pour ses amis. ^ ' Vous êtes mes amis, si vous faites
ce que je vous commande. *'^ Je ne vous appelle plus
serviteurs, parce que le serviteur ne sait pas ce que
fait son maître ; mais je vous ai appelés mes amis,
parce que je vous ai fait connaître tout ce que j'ai
appris de mon Père. '^Ce n'est pas vous qui m'avez
choisi, c'est moi qui vous ai choisis et qui vous ai
établis, afin que vous alliez et que vous portiez du
fruit, et que votre fruit demeure ; afin, aussi, que tout
ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous
l'accorde. ^"Je vous donne ces commandements, pour
que vous vous aimiez les uns les autres.
La haine du monde
^^Si le monde vous hait, sachez qu'il m'a haï avant
vous. ^^Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce
qui serait à lui ; mais parce que vous n'êtes pas du
monde et que je vous ai choisis du milieu du monde,
à cause de cela le monde vous hait. ^"Souvenez-vous
de la parole que je vous ai dite : Le serviteur n'est
pas plus grand que son maître ('). S'ils m'ont persé-
cuté, ils vous persécuteront aussi ; s'ils ont gardé
ma parole, ils garderont aussi la vôtre. ^'Mais ils
vous feront tout cela à cause de mon nom, parce qu'ils
ne connaissent pas Celui qui m'a envoyé. ^^Si je
n'étais pas venu, et que je ne leur eusse point parlé,
ils n'auraient point de péché ; mais maintenant ils
n'ont pas d'excuse de leur péché. ^^ Celui qui me hait,
hait aussi mon Père. ^''Si je n'avais pas fait parmi
eux des œuvres qu'aucun autre n'a faites, ils seraient
(1) Yoy. Jean 1.3 : 10 ; Matth. lO : 24. .
241
15 : 2î;-16 : M SAINT JEAN
sans péché ; mais maintenant ils les ont vues, et ils
ont haï et moi, et mon Père. ^-'Et cela, afin que fût
accomplie cette parole, écrite dans leur loi : « Ils
m'ont haï sans cause (^). » ^^ Quand sera venu le
Consolateur que je vous enverrai de la part du Père,
l'Esprit de vérité qui procède du Père, c'est lui qui
rendra témoignage de moi. ^'Et vous aussi, vous me
rendrez témoignage, parce que vous êtes depuis le
commencement avec moi.
Le Consolateur
16 ^ Je vous ai dit ces choses, pour que vous soyez
préservés de chute (^). ^Ils vous chasseront des syna-
gogues; et même, l'heure vient où quiconque vous fera
mourir croira rendre un culte à Dieu. ^Et ils feront
cela, parce qu'ils n'ont connu ni le Père, ni moi. ''Mais
je vous ai dit ces choses, afin que, quand l'heure sera
venue, vous vous souveniez que je vous les ai dites.
Je ne vous les ai pas dites dès le commencement,
parce que j'étais avec vous.
^Maintenant, je m'en vais auprès de Celui qui m'a
envoyé, et aucun de vous ne me demande : Où vas-tu?
*^Mais parce que je vous ai dit ces choses, la tristesse
a rempli votre cœur. 'Cependant je vous dis la vérité :
il vous est avantageux que je m'en aille ; car si je
ne m'en vais pas, le Consolateur ne viendra point à
vous; mais si je m'en vais, je vous l'enverrai. ^Et
quand il sera venu, il convaincra le monde de péché,
de justice et de jugement : 'Me péché, parce qu'ils ne
croient pas en moi; '*^de justice, parce que je m'en
vais auprès du Père, et que vous ne me verrez plus ;
^ ^ de jugement, parce que le prince de ce monde est jugé.
*- J'ai encore plusieurs choses à vous dire : mais
elles sont maintenant au-dessus de votre portée.
^^ Quand lui, l'Esprit de vérité, sera venu, il vous con-
duira dans toute la vérité ; car il ne parlera pas de son
chef, mais il dira tout ce qu'il aura entendu, et il
vous annoncera les choses à venir. ^'* C'est lui qui me
(1) Psaumes 35 : 19 ; 69 : 5.
(2) Litt. : pour que vous ne soyez pas scandalisés. (Voir note sur Matth.
16 : 23). -
242
SAINT JEAN 16: lb-27
glorifiera, parce qu'il prendra de ce qui est à moi,
et qu'il vous l'annoncera. '"'Tout ce que le Père a,
est à moi ; c'est pourquoi, j'ai dit qu'il prendra de ce
qui est à moi, et qu'il vous l'annoncera.
La séparation et le revoir
^^ Encore un peu de temps et vous ne me verrez
plus ; puis encore un peu de temps, et vous me verrez,
parce que je vais auprès du Père. ' " Alors, quelques-uns
de ses disciples se dirent les uns aux autres : Qu'est-ce
qu'il nous dit : Encore un peu de temps, et vous ne me
verrez plus ; puis encore un peu de temps, et vous me
verrez ; et aussi : Parce que je vais auprès du Père ?
^^Ils disaient donc : Que signifie ce qu'il dit : Un peu
de temps ? Nous ne savons de quoi il parle.
^^ Jésus, connaissant qu'ils voulaient l'interroger,
leur dit : Vous vous demandez les uns aux autres ce
que signifie cette parole : Encore un peu de temps, et
vous ne me verrez plus ; puis encore un peu de temps,
et vous me verrez. ^*^En vérité, en vérité, je vous le
dis, vous pleurerez, vous vous lamenterez, et le
monde se réjouira ; vous serez dans»- la tristesse, mais
votre tristesse sera changée en joie. ^' Quand une
femme enfante, elle est dans la douleur, parce que
son heure est venue ; mais quand l'enfant est né,
elle ne se souvient plus de son angoisse, dans la joie
qu'elle a de ce qu'un homme est né dans le monde.
^■^De même, vous êtes ijiaintenant dans la douleur;
mais je vous reverrai et votre cœur se réjouira, et
personne ne vous ravira votre joie. ^-^En ce jour-là,
vous ne m'interrogerez plus sur i^en. En vérité, en
vérité, je vous le dis, ce que vous demanderez au Père,
il vous le donnera en mon nom. -^Jusqu'à présent,
vous n'avez rien demandé en mon nom. Demandez,
et vous recevrez, afin que votre joie soit parfaite.
^•^Je vous ai dit ces choses en similitudes. L'heure
vient où je ne vous parlerai plus en similitudes, mais
où je vous parlerai du Père ouvertement. '-^^En ce
jour -là, vous demanderez en mon nom, et je ne vous
dis pas que je prierai le Père pour vous; "^"car le
243
16 : 28-17 : 9 SAINT JEAN
Père lui-même vous aime, parce que vous m'avez aimé,
et que vous avez cru que je suis venu de la part du
Père. ^^Je suis issu du Père, et je suis venu dans le
monde ; maintenant je quitte le monde, et je vais
auprès du Père.
2^ Ses disciples lui dirent : C'est maintenant que
tu parles ouvertement, et que tu ne dis pas de simi-
litude. ^^ Maintenant nous savons que tu sais toutes
choses, et que tu n'as pas besoin que personne t'in-
terroge ; voilà pourquoi nous croyons que tu es issu
de Dieu. ^^ Jésus leur répondit : Vous croyez mainte-
nant? ^^ Voici que l'heure vient, et elle est déjà venue,
où vous serez dispersés, chacun de son côté, et où vous
me laisserez seul; mais je ne serai pas seul, parce
que le Père est avec moi. ^^Je vous ai dit ces
choses, afin que vous ayez la paix en moi. Vous
aurez des afflictions dans le monde ; mais prenez cou-
rage, j'ai vaincu le monde !
La ^prière sacerdotale
I 7 ^ Jésus parla ainsi ; puis, levant les yeux au
ciel, il dit : Père,- l'heure est venue ; glorifie ton Fils,
afin que ton Fils te glorifie, ^et que, par le pouvoir
que tu lui as donné sur toute créature, il donne la vie
éternelle à tous ceux que tu lui as donnés. ^Or c'est
ici la vie éternelle, qu'ils te connaissent, toi, le seul
vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ. ^* Je
t'ai glorifié sur la terre ; j'ai achevé l'œuvre que
tu m'avais donnée à faire. ^Et maintenant, toi. Père,
glorifie-moi auprès de toi-même de la gloire que j'avais
auprès de toi, avant que le monde fût.
*'J'ai manifesté ton nom aux hommes que tu m'as
donnés du milieu du monde ; ils étaient à toi, et tu
me les as donnés, et ils ont gardé ta parole. '^Mainte-
nant ils ont connu que tout ce que tu m'as donné
vient de toi. ^Car je leur ai donné les paroles que tu
m'a données, et ils les ont reçues ; ils ont vraiment
reconnu que je suis venu de toi, et ils ont cru que
c'est toi qui m'as envoyé. ^ Je prie pour eux ; je ne prie
pas pour le monde, mais pour ceux que tu m'as donnés,
244
SAINT JEAN 17 : <0-26
parce qu'ils sont à toi. ^^Et tout ce qui est à moi est
à toi, et ce qui est à toi est à moi, et je suis glorifié
en eux. ""^Je ne suis plus dans le monde, mais eux
sont dans le monde, et moi je vais auprès de toi.
Père saint, garde-les! Qu'ils soient fidèles à ton nom,
que tu m'as chargé de faire connaître, afin qu'ils soient
un comme nous. ^^ Pendant que j'étais avec eux, je les
gardais, et ils étaient fidèles k ton nom que tu m'as
chargé de faire connaître. Je les ai préservés, et
aucun d'eux ne s'est perdu, sinon le fils de perdition,
afin que l'Écriture fût accomplie. ^^Mais maintenant
je vais auprès de toi, et je dis ces choses, étant encore
dans le monde, afin qu'ils aient en eux la plénitude de
ma joie. ^ '• Je leur ai donné ta Parole, et le monde les a
haïs, parce qu'ils ne sont pas du monde, comme, je ne
suis pas du monde. ^^Je ne te prie pas de les qter du
monde, mais de les préserver du mal. ^''Ils ne sont
pas du monde, comme je ne suis pas du monde. ^ '^Sanc-
tifie-les par la vérité ; ta Parole est la vérité. ^^ Comme
tu m'as envoyé dans le monde, je les ai aussi envoyés
dans le monde. ^^Et je me sanctifie moi-même pour
eux, afin qu'eux aussi soient sanctifiés par la vérité.
^"Ce n'est pas seulement pour eux que je prie,
mais aussi pour ceux qui croiront en moi par leur
parole, ^'afin que tous soient un, comme toi, Père,
tu es en moi, et moi en toi; afin qu'eux aussi soient en
nous, pour que le monde croie que c'est toi qui m'as
envoyé. ^^ Je leur ai donné la gloire que tu m'as don-
née, afin qu'ils soient un, comme nous sommes un :
^^moi en eux, et toi en moi, afin qu'ils soient parfaits
dans l'unité, et que le monde connaisse que c'est toi
qui m'as envoyé, et que tu les as aimés, comme tu
m'as aimé. ^''Père, je veux que là où je suis, ceux que
tu m'as donnés y soient aussi avec moi, afin qu'ils
contemplent ma gloire, la gloire que tu m'as donnée,
parce que tu m'as aimé avant la création du monde.
^^Père juste, le monde ne t'a pas connu ; mais moi,
je t'ai connu, et ceux-ci ont reconnu que c'est toi
qui m'as envoyé. ^^ Je leur ai fait connaître ton nom,
et je le leur ferai connaître, afin que l'amour dont tu
m'as aimé soit en eux, et que je sois moi-même en eux.
245
18 : 1-13 SAINT JEAN
Souffrances, mort et résurrection de Jésus
(18 : 1 à 21 : 25)
Oeihsémané — Arrestation de Jésus
(Voj^ Matth. 26 : 36-56 ; Marc 14 : 32-52 ; Luc 22 : 39-53)
I 8 ^ Après avoir dit ces choses, Jésus s'en alla avec
ses disciples au delà du torrent du Cédron ; il y avait
là un jardin dans lequel il entra, ainsi que ses dis-
ciples. -Or Judas, celui qui le trahissait, connaissait
aussi cet endroit, parce que Jésus et ses disciples s'y
étaient souvent réunis. -* Judas, aj/ant donc pris la
cohorte (') et des agents envoyés par les principaux
sacrificateurs et les pharisiens, vint dans ce lieu avec
des lanternes, des torches et des armes. ^ Jésus, qui
savait tout ce qui allait lui arriver, s'avança et leur
dit : Qui cherchez -vous ? ^Ils lui répondirent : Jésus
de Nazareth, Jésus leur dit : C'est moi ! Judas, qui
le trahissait, se trouvait aussi avec eux. ^Dès que
Jésus leur eut dit : C'est moi, ils reculèrent et tom-
bèrent par terre, 'jll leur demanda encore une fois :
Qui cherchez- vous ? Ils répondirent : Jésus de Nazareth.
^ Jésus reprit : Je vous ai dit que c'est moi ; si donc
c'est moi que vous cherchez, laissez aller ceux-ci.
^C'était afin que fût accomplie la parole qu'il avait
dite : Je n'ai perdu aucun de ceux que tu m'as don-
nés (^). ^'^ Alors Simon Pierre, qui avait une épée, la
tira, frappa le serviteur du souverain sacrificateur, et
lui coupa l'oreille droite. Ce serviteur s'appelait Mal-
chus. ^ ' Mais Jésus dit à Pierre : Remets ton épée dans
le fourreau : ne boirai- je pas la coupe que le Père m'a
donnée à boire ?
Jésus devant Anne et Caïphe
Reniement de Pierre
(Voy. Matth. 26 : 57-75 ; Marc 14 : 53-72 ; Luc 22 : 54-71)
^La cohorte, le tribun et les agents des Juifs, se
saisirent alors de Jésus et le chargèrent de liens. ^ '^ Ils
l'emmenèrent d'abord chez Anne: car il était le beau-
(1) Voir note sur Matth. 27 : 27.
(2) Jeau 17 : 12.
246
SAINT JEAN 18 : ^5-27
père de Caïphe, qui était souverain sacrificateur cette
année-là. ^'Or, Caïphe était celui qui avait donné ce
conseil aux Juifs : Il vaut mieux qu'un seul homme
meure pour le peuple (').
'••^ Simon Pierre, avec un autre disciple, suivait
Jésus. Cet autre disciple était connu du souverain
sacrificateur, et il entra avec Jésus dans la cour du
souverain sacrificateur. ^^Mais Pierre se tenait dehors,
près de la porte. L'autre disciple, qui était connu du
souverain sacrificateur, sortit, parla à la portière, et
fit entrer Pierre. ^' Alors cette servante, qui gardait
la porte, dit à Pierre : N'es-tu pas, toi aussi, des dis-
ciples de cet homme ? Il répondit : Je n'en suis pas.
"•^Les serviteurs et les agents se tenaient là, auprès
d'un feu qu'ils avaient allumé, parce qu'il faisait froid,
et ils se chauffaient. Pierre se tenait avec eux, et
il se chauffait aussi.
'•^Le souverain sacrificateur interrogea donc Jésus
sur ses disciples et sur sa doctrine. ^^ Jésus lui répondit :
J'ai parlé ouvertement au monde ; j'ai toujours en-
seigné dans la synagogue et dans le temple, où s'as-
semblent tous les Juifs, et je n'ai rien dit en secret.
^'Pourquoi m'interroges-tu ? Demande à ceux qui
m'ont entendu ce que je leur ai dit ; ceux-là savent
ce que j'ai dit. --Comme il parlait ainsi, un des agents
qui étaient présents donna un soufflet à Jésus, en
disant : Est-ce ainsi que tu réponds au souverain
sacrificateur ? ^^ Jésus lui répondit : Si j'ai mal parlé,
fais voir ce que j'ai dit de mal ; mais si j'ai bien parlé,
pourquoi me frappes-tu? ^' Alors Anne l'envoya,
chargé de liens, à Caïphe, le souverain sacrificateur.
2'^ Cependant, Simon Pierre se tenait là et se chauf-
fait ; et on lui dit : N'es-tu joas, toi aussi, de ses
disciples ? Il le nia et répondit : Je n'en suis pas.
2 6 L'un des serviteurs du souverain sacrificateur, parent
de celui à qui Pierre avait coupé l'oreille, lui dit : Ne
t'ai-je pas vu dans le jardin avec lui ? 2' Pierre le
nia encore une fois ; et aussitôt le coq chanta.
(1) Voy. Jean H : 50.
247
18 : 28-40 SAINT JEAN
Jésus devant Pilate
(Voy. Matth. 27 : 11-31 ; Marc 15 : 1-20 ; Luc 23 : 1-25)
2^ Ils emmenèrent ensuite Jésus de chez Caïphe
au prétoire ; c'était le matin. Mais ils n'entrèrent pas
eux-mêmes dans le prétoire ('), afin de ne point se
souiller (^) et de pouvoir manger la Pâque. ^^ Pilate
sortit donc, alla vers eux et leur dit : Quelle accusa-
tion portez-vous contre cet homme ? ^^Ils lui répon-
dirent : Si ce n'était pas un malfaiteur, nous ne te
l'aurions pas livré. ^* Alors Pilate leur dit : Prenez -le
vous-mêmes et jugez -le selon votre loi. Les Juifs lui
dirent : Il ne nous est pas permis de faire mourir
personne. ^^ C'était afin que fût accompli ce que
Jésus avait dit, pour indiquer de quelle mort il devait
mourir (^).
^^ Alors Pilate rentra dans le prétoire, et, ayant
fait venir Jésus, il lui dit : C'est toi qui es le roi des
Juifs ? ^'' Jésus répondit : Dis-tu cela de ton propre
mouvement, ou d'autres te l' ont-ils dit de moi ?
^^ Pilate répondit : Suis-je Juif ? Ta nation et les prin-
cipaux sacrificateurs t'ont livré à moi ; qu'as-tu fait ?
^^ Jésus répondit : Mon règne n'est pas de ce monde.
Si mon règne était de ce monde, mes gens combat-
traient, pour que je ne fusse pas li\T:'é aux Juifs;
mais maintenant mon règne n'est pas d'ici-bas. ^'^ Alors
Pilate lui dit : Tu es donc roi ? Jésus répondit : Tu
le dis, je suis roi. Voici pourquoi je suis né et pourquoi
je suis venu dans le monde : c'est pour rendre témoi-
gnage à la vérité. Quiconque est pour la vérité écoute
ma voix. ^^ Pilate lui dit : Qu'est-ce que la vérité ?...
Quand il eut dit cela, il sortit de nouveau pour
aller vers les Juifs, et leur dit : Je ne trouve aucun
crime en lui. ^^Mais vous avez une coutume, c'est
que je vous relâche quelqu'un, à la fête de Pâque;
voulez-vous donc que je vous relâche le roi des Jmfs ?
-'•^ Alors ils s'écrièrent de nouveau : Non pas lui, mais
Barabbas ! Or, Barabbas était un brigand.
(1) Voir note sur Matth. 27 : 27.
(2) C'est-à-dire : afin de ne pas contracter une souillure légale, en entrant dans
une maison païenne.
(3) Voy. Jean 13 : 32-33.
248
SAINT JEAN 19 : l-1o
Outrages des soldats — Jésus livré aux Juifs
par Pilate
I 9 ^ Alors Pilate prit Jésus et le fit battre de verges.
^Les soldats, ayant tressé une couronne d'épines, la
lui mirent sur la tête, et ils le revêtirent d'un manteau
de pourpre. ^Puis, s'approchant, ils lui dirent : Salut,
roi des Juifs ! Et ils lui donnaient des soufflets.
'* Pilate sortit encore une fois et leur dit : Le voici,
je vous l'amène dehors, afin que vous sachiez que je
ne trouve aucun crime en lui. ^ Jésus sortit donc, portant
la couronne d'épines et le manteau de pourpre ; et
Pilate leur dit : Voici l'homme ! ^ Mais quand les prin-
cipaux sacrificateurs et leurs agents le virent, ils
s'écrièrent : Crucifie-le, crucifie-le ! Pilate leur dit :
Prenez -le vous-mêmes et crucifiez -le ; car pour moi,
je ne trouve aucun crime en lui. ^Les Juifs reprirent:
Nous avons une loi, et d'après cette loi, il doit mourir,
parce qu'il s'est fait le Fils de Dieu. ^ Quand Pilate
eut entendu cette parole, il eut encore plus de crainte.
'^11 rentra de nouveau dans le prétoire et dit à
Jésus : D'où es -tu ? Mais Jésus ne lui fit aucune ré-
ponse. ^ ^ Pilate lui dit : Tu ne me dis rien ? Ne sais-tu
pas que j'ai le pouvoir de te délivrer et le pouvoir de
te crucifier? ^^ Jésus répondit: Tu n'aurais aucun
pouvoir sur moi, s'il ne t'avait pas été donné d'en
haut ; c'est pourquoi, celui qui m'a livré à toi est cou-
pable d'un plus grand péché.
'•-Depuis ce moment, Pilate cherchait à le délivrer;
mais les Juifs criaient : Si tu délivres cet homme, tu
n'es pas ami de César ; quiconque se fait roi se déclare
contre César î ^ ^ Pilate, ayant entendu ces paroles,
mena Jésus dehors et s'assit sur le tribunal, au lieu
appelé le Pavé, en hébreu Gabbatha ('). ^ ''Or, c'était
le jour de la préparation de la Pâque, environ la
sixième heure ('-). Et Pilate dit aux Juifs : Voilà
votre roi ! ^ '^ Ceux-ci se mirent à crier : Ote-le, ôte-le !
Crucifie-le ! Pilate leur dit : Crucifierai- je votre roi ?
(1) Gabbatha signifie tertre, éminence.
(2) Environ midi.
249
19 : U-29 SAINT JEAN
Les principaux sacrificateurs répondirent : Nous
n'avons pas d'autre roi que César. ^^ Alors il le leur
livra pour être crucifié.
Ils prirent donc Jésus et l'emmenèrent.
Jésus crucifié
(Voy. Matth, 27 : 32-56 ; Marc 15 : 21-41 ; Luc 23 : 26-49)
^' Jésus, portant sa croix, arriva hors de la ville
au lieu appelé le Crâne, qui se nomme en hébreu
Golgotha. ^'^ C'est là qu'ils le crucifièrent, et deux
autres avec lui, un de chaque côté, et Jésus au milieu.
'■'•^Pilate fit aussi faire un écriteau qu'il plaça au-
dessus de la croix. On y avait écrit : Jésus de Naza-
reth, le roi des Juifs. -"Beaucoup de Juifs luirent cet
écriteau, parce que le lieu où Jésus fut crucifié était
près de la ville, et que l'inscription était en hébreu,
en latin et en grec. ^' Alors les principaux sacrifica-
teurs des Juifs dirent à Pilate : N'écris pas : Le roi
des Juifs ; mais qu'il a dit : Je suis le roi des Juifs.
^^ Pilate répondit : Ce que j'ai écrit, je l'ai écrit.
^^ Après que les soldats eurent crucifié Jésus, ils
prirent ses vêtements, et ils en firent quatre parts,
une pour chaque soldat. Ils prirent aussi sa robe,
mais cette robe était sans couture, tout entière d'un
seul tissu, depuis le haut jusqu'au bas. ^^Ils se dirent
donc les uns aux autres : Ne la déchirons pas, mais
tirons au sort à qui l'aura. C'était afin que cette
parole de l'Ecriture fût accomplie : « Ils ont partagé
mes vêtements entre eux, et ils ont tiré ma robe au
sort ('). » Voilà ce que firent les soldats.
2 ^Auprès de la croix de Jésus se tenaient sa mère
et la sœur de sa mère, Marie, femme de Cléopas, et
Marie-Madeleine. ^^ Jésus, voyant sa mère et, près
d'elle, le disciple qu'il aimait, dit à sa mère : Femme,
voilà ton fils ! 2' Puis il dit au disciple : Voilà ta mère!
A partir de ce moment, le disciple la prit chez lui.
2^ Après cela, sachant que déjà tout était accompli,
Jésus dit, afin que fût pleinement accomplie l'Écri-
ture : J'ai soif. ^'^ Il y avait là un vase plein de vinaigre.
Ils emplirent donc de vinaigre une éponge (^), et, l'ayant
(1) Psaume 33 : 19. — (2) Voy. Psaimie 69 : 22.
250
SAINT JEAN 19 : 30-42
fixée à une tige d'hysope, ils rapprochèrent de sa
bouche. ^*^ Quand Jésus eut pris le vinaigre, il dit :
Tout est accompli ; et, baissant la tête, il rendit
l'esprit.
^*Les Juifs, craignant que les corps ne restassent
sur la croix pendant le sabbat — car c'était la prépara-
tion du sabbat, et ce sabbat était très solennel, — de-
mandèrent à Pilate qu'on leur rompît les jambes et
qu'on les enlevât. ^^Les soldats vinrent donc ; ils
rompirent les jambes au premier, et ensuite à l'autre,
qui était crucifié avec lui. ^^ Quand ils vinrent à
Jésus, voyant qu'il était déjà mort, ils ne lui rom-
pirent pas les jambes; ^^mais l'un des soldats lui
perça le côté avec une lance, et aussitôt il en sortit
du sang et de l'eau. ^'^ Celui qui l'a vu en a rendu té-
moignage-— et son témoignage est véritable, et il sait
qu'il est vraij ■ — afin que vous aussi, vous crojâez.
^''Car cela arriva, afin que cette parole de l'Écriture
fût accomplie : « Aucun de ses os ne sera rompu (^). »
^^ Ailleurs l'Ecriture dit encore: « Ils regarderont à
celui qu'ils ont percé (-). »
Sépulture de Jésus
(Voy. Matth. 27 ; 57-61 ; Marc 15 : 42-47 ; Luc 23 : 50-56)
^^ Après cela, Joseph d'Arimathée, qui était dis-
ciple de Jésus, mais en secret, parce qu'il craignait
les Juifs, demanda à Pilate la permission d'enlever
le corps de Jésus ; et Pilate le lui permit. Il vint donc
et enleva le corps. ^^Nicodème, celui qui était venu
la première fois trouver Jésus pendant la nuit, vint
aussi, apportant environ cent livres d'une composi-
tion de myrrhe et d'aloès. ''*^Ils prirent donc le corps
de Jésus et l'enveloppèrent de linges avec des aro
mates, comme c'est la coutume d'ensevelir chez les
Juifs. ''^Or, à l'endroit où il avait été crucifié, il y
avait un jardin, et dans ce jardin un tombeau neuf,
où personne n'avait encore été mis. ''^ C'est là qu'ils
déposèrent Jésus, parce que c'était la préparation
des Juifs, et que ce tombeau était tout proche.
(1) Voy. Exode 13 : 46 ; Psaume 34 : 21. — (2) Zacharie 13 : 10.
251
20mH6 saint JEAN
Résurrection de Jésus — Apparition
à Marie- Madeleine
(Voy. Matth. 28 : 1-10 ; Marc 16 : 1-9 ; Luc 24 : 1-12)
20 ''Le premier jour de la semaine, Marie-Made-
leine se rendit au tombeau de grand matin, comme il
faisait encore obscur ; et elle vit la pierre enlevée de
l'entrée du tombeau. ^EUe courut donc trouver
Simon Pierre et l'autre disciple que Jésus aimait, et
elle leur dit : On a enlevé du tombeau le Seigneur, et
nous ne savons pas où on l'a mis.
^ Alors Pierre sortit avec l'autre disciple, et ils
allèrent au tombeau. ''Ils couraient tous deux en-
semble ; mais l'autre disciple courut plus vite que
Pierre, et il arriva le premier au tombeau. ^S'étant
baissé, il vit les linges qui étaient à terre ; toutefois,
il n'entra point. •'Simon Pierre, qui le suivait, vint à
son tour et entra dans le tombeau ; il vit les linges
qui étaient à terre, ^ ainsi que le suaire dont on avait
couvert la tête de Jésus, et qui n'était pas avec les
linges, mais roulé à part, à une autre place. ^ Alors
l'autre disciple, qui était arrivé le premier au tombeau,
y entra aussi ; il vit, et il crut. ^Car ils n'avaient pas
encore compris l'Ecriture, d'après laquelle il fallait
qu'il ressuscitât des morts. ""^Puis les disciples retour-
nèrent chez eux.
^ ^ Cependant Marie se tenait dehors, auprès du tom-
beau, et elle pleurait. Comme elle pleurait, elle se
baissa pour regarder dans le tombeau, ^^et elle vit
deux anges vêtus de blanc, assis l'un à la tête et
l'autre aux pieds, à la place où le corps de Jésus avait
été couché. ^ ^ Ils lui dirent : Femme, pourquoi pleures-
tu ? Elle leur répondit : Parce qu'on a enlevé mon
Seigneur, et que je ne sais où on l'a mis. '■'* Ayant
dit cela, elle se retourna et vit Jésus qui était là;
mais elle ne savait pas que c'était Jésus. ''^ Jésus lui
dit : Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ?
EUe, croyant que c'était le jardinier, lui dit : Seigneur,
si c'est toi qui l'as emporté, dis-moi où tu l'as mis, et
j'irai le prendre. ^ ^ Jésus lui dit : Marie ! Et elle, s'étant
retournée, lui dit en hébreu : Rahhouni — c'est-à-dire :
252
SAINT JEAN 20 : \ 7-30
Maître! — ^"^ Jésus lui dit : Ne me touche pas; car
je ne suis pas encore monté vers le Père ! Mais va vers
mes frères, et dis-leur que je monte vers mon Père
et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. ^^Marie-
Madeleine alla annoncer aux disciples qu'elle avait
vu le Seigneur, et qu'il lui ^vait dit ces choses.
Apparitions aux disciples
(Voy. Marc 16 : 14 ; Luc 24 : 36-49)
''^Le soir de ce même jour, le premier de la semaine,
les portes du lieu où se trouvaient les disciples étant
fermées, parce qu'ils craignaient les Juifs, Jésus vint
et se tint au milieu d'eux ; et il leur dit : La paix soit
avec vous ! ^^ Ayant dit cela, il leur montra ses mains
et son côté. Les disciples furent remplis de joie, en
voyant le Seigneur. ^ ' Il leur dit encore : La paix soit
avec vous ! Comme le Père m'a envoyé, moi aussi
je vous envoie. ^^Et quand il eut dit cela, il souffla
sur eux et leur dit : Recevez le Saint-Esprit. ^-'Ceux
à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis ;
ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus.
2 ''Or, Thomas, l'un des Douze, appelé Didyme, ne
se trouvait pas avec eux, lorsque Jésus était venu.
^•^Les autres disciples lui dirent : Nous avons vu le
Seigneur. Mais il leur répondit : Si je ne vois la marque
des clous dans ses mains, et si je ne mets mon doigt
dans la marque des clous, si je ne mets ma main dans
son côté, je ne croirai pas.
2*^ Huit jours après, les disciples étaient de nouveau
réunis dans la maison, et Thomas se trouvait avec
eux. Jésus vint, les portes étant fermées ; il se tint au
milieu d'eux et leur dit : La paix soit avec vous !
^^Puis il dit à Thomas : Mets ici ton doigt, et regarde
mes mains ; avance aussi ta main et mets-la dans
mon côté ; et ne sois pas incrédule, mais crois !
2^ Thomas répondit et lui dit : Mon Seigneur et mon
Dieu! ^^ Jésus lui dit : Parce que tu m'as vu, tu as
cru. Heureux ceux qui n'ont pas vu et qui ont cru !
^'^ Jésus a fait en présence de ses disciples beaucoup
d'autres miracles, qui ne sont pas rapportés dans ce
253
LES
ACTES DES APÔTRES
VERSION SYNODALE
PARIS
SOCIÉTÉ BIBLIQUE DE FRANGE
5, Rue Paul-Louis-Gourier, 5
1914
ACTES DES APOTRES
I — L'Évangile prêché parmi les Juifs (1 : i à 12 : 25)
Ascension de Jésus -Christ
1 ^ Dans mon premier livre (^), ô Théophile, j'ai parlé
de tout ce que Jésus a fait et enseigné depuis le com-
mencement, ^jusqu'au jour où il fut élevé dans le
ciel, après avoir domîé ses ordres, par le Saint-Esprit,
aux apôtres qu'il avait choisis. ^11 leur était apparu
vivant, après avoir souffert ; et il leur avait donné
plusieurs preuves de sa résurrection, se faisant voir
à eux pendant quarante jours et leur parlant de ce
qui concerne le royaume de Dieu.
^ Comme il se trouvait avec eux, il leur recommanda
de ne point partir de Jérusalem, mais d'y attendre
que fût accomplie la promesse du Père, ceUe dont je
vous ai parlé, — leur disait-il. ^ Car Jean a baptisé d'eau,
mais vous, vous serez baptisés du Saint-Esprit dans
peu de jours. ^'Ceux donc qui étaient là réunis lui
demandèrent : Seigneur, est-ce dans ce temps-là que tu
rétabliras le royaume d'Israël ? ''Il leur répondit : Ce
n'est pas à vous de connaître les temps ou les moments
que le Père a fixés de sa propre autorité. ^Mais
vous recevrez la vertu du Saint-Esprit, qui descendra
sur vous ; et vous serez mes témoins, tant à Jérusalem
que dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'aux
extrémités de la terre.
^ Après avoir prononcé ces paroles, il fut élevé,
pendant qu'ils le regardaient, et une nuée le déroba
à leurs regards. ^"^Et comme ils avaient les regards
attachés au ciel, pendant qu'il s'en allait, voici que
deux hommes, en vêtements blancs, se présentèrent
devant eux, ^'et leur dirent: Hommes de Galilée,
pourquoi Vous arrêtez -vous à regarder au ciel ? Ce
Jésus, qui a été enlevé du milieu de vous dans le ciiel,
en reviendra de la même manière que vous l'y avez
vu monter.
(1) Voy. Luc 1 : 1-4.
256
ACTES DES APÔTRES 1 : ^2-22
Les disciples dans la chambre haute
^ 2 Alors ils retournèrent à Jérusalem, de la montagne,
appelée montagne des Oliviers, qui est près de Jéru-
salem, à la distance d'un chemin de sabbat ( ' ) . '' ^ Quand
ils furent arrivés, ils montèrent dans la chambre
haute C^), où se tenaient d'ordinaire Pierre, Jean,
Jacques et André, Philippe et Thomas, Barthélémy et
Matthieu, Jacques, fils d'Alphée, Simon le zélote (^),
et Jude, fils de Jacques. ^^Tous ceux-là persévéraient
d'un commun accord dans la prière, avec les femmes,
avec Marie, mère de Jésus, et avec ses frères,
Matthias élu apôtre à la place de Judas
^^En ces jours-là, Pierre se leva au milieu des frères,
— qui étaient assemblés au nombre d'environ cent
vingt — , et il dit : ^ "^ Mes frères, il fallait que fût accom-
pli ce que le Saint-Esprit a prédit dans l'Écriture, par
la bouche de David, au sujet de Judas, qui a été le
guide de ceux qui ont arrêté Jésus. ^^ Car il était l'un
des nôtres, et il avait reçu sa part de ce ministère.
^^Cet homme, après avoir acheté un champ avec le
salaire de son crime, est tombé en avant, son corps s'est
ouvert par le milieu, et toutes ses entrailles se sont
répandues. — ^^Cela est si bien connu de tous les
habitants de Jérusalem, que ce champ est appelé,
dans leur langue, Haceldama, c'est-à-dire « le champ
du sang ». — ^'- Aussi est-il écrit dans le livre des Psau-
mes : « Que sa demeure devienne déserte, et qu'il
n'y ait personne qui l'habite {'' ) » ; et encore : « Qu'un
autre prenne sa charge {■'). » ^^ Il faut donc que, parmi
ceux qui nous ont accompagnés pendant tout le temps
que le Seigneur Jésus a vécu avec nous, ^^ depuis le
baptême de Jean jusqu'au jour où il a été enlevé du
milieu de nous, il y en ait un qui soit témoin avec
nous de sa résurrection.
(1) Un kilomètte environ.
(2) Chambre haute : Balle supérieure de la maison, qui était toujours la
plus grande pièce.
(3) Voir note sur Luc 6 : 15. — Comp. Matth. 10 : 4.
(4) Psaume 69 : 26. — (5) Psaume 109 : 8.
257 ^
1 : 23-2 : 4 3 ACTES DES APOTRES
2^ Ils en présentèrent deux : Joseph, dit Barsabas,
surnommé Justus, et Matthias. ^^Puis ils firent cette
prière : Seigneur, toi, qui connais les cœurs de tous,
montre-nous lequel de ces deux hommes tu as choisi,
^^pour occuper, dans ce ministère de l'apostolat, la
place que Judas a abandonnée pour s'en aller en son
lieu. ^® Ensuite ils tirèrent au sort ; et le sort tomba
sur Matthias, qui fut associé aux onze apôtres.
La première Pentecôte
2 ^ Quand fut arrivé le jour de la Pentecôte, ils
étaient tous ensemble dans le même lieu. ^Tout à
coup, il vint du ciel un bruit pareil à celui d'un vent
qui souffle avec impétuosité, et il remplit toute la
maison où ils étaient assis. ^ Alors ils virent paraître
des langues séparées les unes des autres, qui étaient
comme des langues de feu, et qui se posèrent sur chacun
d'eux. ^ Ils furent tous remplis du Saint-Esprit, et ils
commencèrent à parler en des langues étrangères,
selon que l'Esprit leur donnait de s'exprimer.
^Or, il y avait, en séjour à Jérusalem, des Juifs,
hommes pieux venus de toutes les nations qui sont
sous le ciel. •^ Quand ce bruit se fit entendre, la foule
accourut, et tous furent étonnés de ce que chacun
d'eux les entendait parler sa propre langue. ^Ils en
étaient tous hors d'eux-mêmes et remphs d'admiration,
et ils disaient : Tous ces gens-là qui parlent, ne sont-ils
pas des Galiléens ? ^ Comment donc chacun de nous
les entend-il parler la propre langue du pays où il est
né ? ^ Parthes, Mèdes, Élamites, ceux qui habitent la
Mésopotamie, la Judée, la Cappadoce, le Pont, l'Asie,
^^la Phrygie, la PamphyHe, l'Egypte, le territoire de
la Libye qui est près de Cyrène, et ceux qui sont
venus de Rome, ^ ^ tant Juifs que prosélytes ( ' ), Cretois
et Arabes, nous les entendons parler dans nos langues
des choses magnifiques de Dieu. ^ ^ Ils étaient tous hors
d'eux-mêmes, et ne savaient que penser, se disant l'un
à l'autre : Qu'est-ce que cela veut dire ? ^^Mais d'au-
(1) Prosélytes : ce mot désignait les Gentils ou, en d'autres termes, les païens
qui s'étaient convertis au judaïsme.
258
ACTES DES APÔTRES 2 M 4-27
très disaient en se moquant : C'est qu'ils sont pleins
de vin doux.
Disœurs de Pierre
^' Alors Pierre, se présentant avec les onze, éleva
la voix et leur dit : Hommes de la Judée, et vous
tous qui êtes en séjour à Jérusalem, sachez bien ceci,
et prêtez l'oreille à mes paroles. ^ ^ Ces gens ne sont
pas ivres, comme vous le supposez; car il n'est en-
core que la troisième heure du jour (^). ''^Mais ce qui
arrive a été prédit par le prophète Joël :^^ «Il arrivera,
pendant les derniers jours, dit Dieu, que je répandrai de
mon Esprit sur toute chair ; vos fils et vos filles prophé-
tiseront, vos jeunes gens auront des visions, et vos
vieillards auront des songes. ^^Oui, en ces jours-là, je
répandrai de mon Esprit sur mes serviteurs et sur mes
servantes, et ils prophétiseront. ^^Je ferai paraître des
prodiges en haut dans le ciel, et des miracles en bas
sur la terre : Du sang, du feu, et des tourbillons de
fumée. ^"Le soleil sera changé en ténèbres, et la lune
en sang, avant que vienne le grand et glorieux jour du
Seigneur ; ^ ' et il arrivera que quiconque invoquera
le nom du Seigneur, sera sauvé (-). »
^^ Hommes d'Israël, écoutez ces paroles: Jésus de
Nazareth, cet homme à qui Dieu a rendu témoignage
parmi vous par les actes de puissance, les prodiges et
les miracles qu'il a opérés par son moyen au milieu
de vous, comme vous le savez vous-mêmes, — ^^cet
homme, livré selon le dessein arrêté et la prescience
de Dieu, vous l'avez fait mourir par la main des im-
pies, en le clouant à la croix. -^Mais Dieu l'a ressus-
cité, en rompant les Uens de la mort, parce qu'il n'était
pas possible qu'elle le retînt en sa puissance. ^''En
effet, David dit de lui : « Je voyais toujours le Sei-
gneur devant moi ; car il est à ma droite, afin que je
ne sois point ébranlé. ^"^ C'est pour cela que mon
cœur s'est réjoui, et que ma langue a fait entendre
un chant d'aUégresse. Ma chair elle-même, remplie
d'espérance, trouvera le repos ; "^"car tu n'abandonneras
(1) Neuf hem-es du matin.
(2) Joël 3 : 28-32.
259
2 : 28-4^ ACTES DES APÔTRES
pas mon âme dans le Sépulcre ( ' ), et tu ne permettras
pas que ton Saint voie la corruption. ^^Tu m'as fait
connaître les sentiers de la vie ; tu me rempliras de
joie par ta présence (^). »
^^Mes frères, je puis bien vous dire avec assurance,
au sujet du patriarche David, qu'il est mort, qu'il
a été enseveli, et que son tombeau est encore aujour-
d'hui au milieu de nous. ^*^Mais, étant prophète et
sachant que Dieu lui avait promis avec serment de
faire asseoir un de ses descendants sur son trône,
^^ c'est la résurrection du Christ qu'il a prévue et dont
il a parlé, en disant : u II n'a pas été laissé dans le
Sépulcre, et sa chair n'a pas vu la corruption (^). »
"^^Ce Jésus, Dieu l'a ressuscité, et nous en sommes
tous témoins. ^"^ Après donc qu'il a été élevé à la droite
de Dieu, et qu'il a reçu du Père le Saint-Esprit qui
avait été promis, il l'a répandu, comme vous le voyez
et l'entendez. ^^Car David n'est pas monté au ciel;
mais il dit lui-même : « Le Seigneur a dit à mon Sei^
gneur : Assieds-toi à ma droite, "^^ jusqu'à ce que j'aie
mis tes ennemis sous tes pieds, pour te servir de
marchepied (''). )> ^*^Que toute la maison d'Israël
tienne donc pour certain que Dieu a fait Seigneur et
Christ ce Jésus que vous avez crucifié.
^"^En entendant ces paroles, ils furent touchés jus-
qu'au fond du cœur, et ils dirent à Pierre et aux au-
tres apôtres: Frères, que ferons-nous ? ^^ Pierre leur
répondit : Convertissez -vous, et que chacun de vous
soit baptisé au nom de Jésus-Christ, pour obtenir la
rémission de ses péchés, et vous recevrez le don du
Saint-Esprit. ^^Car la promesse est pour vous, pour
vos enfants, et pour tous ceux qui sont au loin, en
aussi grand nombre que le Seigneur, notre Dieu, en
appellera. '^^Puis, dans plusieurs autres discours, il
leur adressait les exhortations les plus pressantes, en
disant : Sauvez-vous du milieu de cette race perverse!
^'Ceux qui reçurent sa parole, furent donc baptisés;
et il y eut, ce jour -là, environ trois mille personnes
ajoutées à l'Église.
(] ) Le mot Sépulcre traduit ici le grec Hadli, qui désignait chez les anciens
la demeure souterraine des morts. — (2) Psaume 16 : 8-11. — (3) Comp. Psaume
16 : 10. — (4) Psaume 110 : 1.
260
ACTES PES APÔTRES 2 : 42-3 : <0
Union et piété des premiers chrétiens
^2 Or, ils persévéraient dans la doctrine des apôtres
et dans la communion fraternelle; ils rompaient le
pain et priaient ensemble. "^"La crainte était dans
tous les cœurs, et beaucoup de prodiges et de miracles
étaient opérés par les apôtres. ^''Tous ceux qui
croyaient étaient ensemble et avaient toutes choses en
commun ; "^ ^ ils vendaient leurs propriétés et leurs
biens, et ils en partageaient le prix entre tous, selon
les besoins de chacun. ^^ Chaque jour, tous ensemble,
ils allaient assidûment au temple ; dans leurs maisons,
ils rompaient le pain et prenaient ensemble leurs repas
avec joie et simplicité de cœur, **' louant Dieu et se ren-
dant agréables à tout le peuple. Et le Seigneur ajou-
tait tous les jours à l'Eghse ceux qui étaient sauvés.
Chtérison d'un impotent — Discours de Pierre
3 ^ Pierre et Jean montaient au temple pour la prière
de la neuvième heure ('). ^Or, il y avait un homme
impotent de naissance, qu'on portait et qu'on plaçait
tous les jours à la porte du temple, appelée La Belle,
pour demander l'aumône à ceux qui entraient dans
l'édifice. ^Voyant Pierre et Jean qui allaient entrer
dans le temple, il leur demanda l'aumône. ^Pierre
ayant, ainsi que Jean, arrêté sur lui ses regards, lui dit :
Regarde-nous ! ^ L'impotent tenait les yeux attentive-
ment fixés sur eux, s'attendant à recevoir quelque
chose. ^Mais Pierre lui dit : Je n'ai ni argent, ni or ;
mais ce que j'ai, je te le donne : Au nom de Jésus-
Christ de Nazareth, marche ! "^ Puis, l'ayant saisi par
la main droite, il le fit lever. A l'instant, les plantes et
les chevilles de ses pieds devinrent fermes; ^d'un saut,
il fut debout, se mit à marcher, et il entra avec eux
dans le temple, marchant, sautant et louant JMeu,
'* Tout le peuple le vit, qui marchait et louait Dieu. ^*' On
reconnaissait que c'était celui-là même qui était assis à
la Belle Porte du temple, pour demander l'aumône ; et
on était rempli d'étonnement et de stupeur de ce qui
(1) Trois heures de l'après-midi.
261
3 : {1-25 ACTES DES APÔTRES
lui était arrivé. ^^ Comme cet homme tenait par
la main Pierre et Jean, tout le peuple étonné accourut
vers eux, au portique appelé Portique de Salomon.
^^ Alors Pierre, voyant cela, dit au peuple : Hommes
d'Israël, pourquoi vous étonnez-vous de ce qui vient
d'arriver ? Pourquoi avez-vous les yeux arrêtés sur
nous, comme si c'était par notre propre puissance ou
par notre piété que nous avons fait marcher cet hom-
me ? ^^Le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob,
le Dieu de nos pères a glorifié son serviteur, Jésus, que
vous avez livré, et que vous avez renié devant Pilate,
qui était d'avis de le relâcher» ""^Vous avez renié le
Saint et le Juste, et vous avez demandé qu'on vous
accordât la grâce d'un meurtrier, '^Vous avez fait
mourir le Prince de la vie, que Dieu a ressuscité
des morts; et nous en sommes témoins. ''^ C'est
par la foi en son nom, que son nom a raffermi cet
homme, que vous voyez et que vous connaissez ; la
foi, qui agit par Jésus, a donné à cet homme, en pré-
sence de vous tous, une complète guérison. ^''Et
maintenant, mes frères, je sais que vous avez agi
ainsi par ignorance, aussi bien que vos chefs. ^'^Mais
Dieu a, de cette manière, accompli ce qu'il avait pré-
dit par la bouche de tous les prophètes, savoir que
son Christ devait souffrir.
'^Repentez -vous donc et convertissez -vous, pour
que vos péchés soient effacés, -^afin que des temps de
rafraîchissement viennent de la part du Seigneur, et
qu'il envoie celui qu'il vous a destiné, le Christ Jésus,
-'que le ciel doit recevoir jusqu'au temps du rétablis-
sement de toutes choses, dont Dieu a parlé autrefois
par la bouche de ses saints prophètes. ^^ Moïse a dit :
« Le Seigneur, notre Dieu, vous suscitera, du milieu de
vos frères, un prophète comme moi; vous l'écouterez
dans tout ce qu'il vous dira. ^^ Quiconque n'écoutera
pas ce prophète, sera retranché du milieu du peuple ( * ). »
-^Tous les prophètes qui ont parlé, depuis Samuel
et ses successeurs, ont aussi annoncé ces jours-là.
^^Vous êtes les fils des prophètes et de l' alliance que
Dieu a conclue avec nos pères, en disant à Abraham :
(1) Deut. 18 : 15, 18, 19.
262
ACTES DES APÔTEES 3 : 26-4 M 3
« Toutes les familles de la terre seront bénies en ta
postérité ('). )> ^*' C'est à vous premièrement que Dieu,
après avoir suscité son serviteur, Fa envoyé pour vous
bénir, en détournant chacun de vous de ses iniquités.
Pierre et Jean devant le sanhédrin
4 ^ Pendant que Pierre et Jean parlaient au peuple, les
sacrificateurs, le commandant du temple et les saddu-
céens survinrent, -très inquiets de ce qu'ils ensei-
gnaient le peuple et annonçaient, en la personne de
Jésus, la résurrection des morts. ^Ils mirent la main
sur eux et les jetèrent en prison jusqu'au lendemain,
parce qu'il était déjà tard. -^Cependant, plusieurs de
ceux qui avaient entendu la parole crurent, et le nom-
bre des fidèles s'éleva à cinq mille environ.
•■'Le lendemain, les chefs du peuple, les anciens et
les scribes, s'assemblèrent à Jérusalem, ^'avec Anne,
le souverain sacrificateur, Caïphe, Jean, Alexandre,
et tous ceux qui étaient de la famille des souverains
sacrificateurs. 'Ils firent comparaître devant eux
Pierre et Jean, et leur demandèrent : Par quel pouvoir,
ou au nom de qui avez-vous fait cela ? ^ Alors Pierre,
rempli de l'Esprit saint, leur dit : Chefs du peuple et
anciens, ^puisque nous sommes aujourd'hui interrogés
pour avoir fait du bien à un homme infirme, et qu'on
nous demande comment il a été guéri, '^sachez -le,
vous tous, et que. tout lé peuple d'Israël le sache aussi,
c'est au nom de Jésus-Christ de Nazareth, que vous
avez crucifié et que Dieu a ressuscité des morts, c'est
par lui que cet homme se présente guéri devant
vous. ^'Ce Jésus est la pierre rejetée par vous qui
bâtissez ; elle est devenue la pierre de l'angle (^).
^"11 n'y a de salut en aucun autre ; car il n'y a, sous le
ciel, aucun autre nom qui ait été donné aux hommes,
par lequel nous devions être sauvés.
^ ^ Quand ils virent la hardiesse de Pierre et de Jean,
sachant bien que c'étaient des hommes du peuple,
sans aucune instruction, ils furent dans Fétonnement : et
(1) Genèse 33 : 18
(2) Voy. Psaume 118 : 22.
263
4 : i 4-27 ACTES DES APÔTRES
ils reconnaissaient que Pierre et Jean avaient été avec
Jésus. ""^Mais comme ils voyaient, debout auprès
d'eux, l'homme qui avait été guéri, ils n'avaient rien
à répliquer.
''^ Alors, après leur avoir ordonné de sortir du
sanhédrin (*), ils tinrent conseil entre eux, ^^-en disant :
Que ferons-nous à ces gens-là ? Il est évident, en effet,
pour tous les habitants de Jérusalem, qu'un miracle
notoire a été accompli par eux ; nous ne pouvons pas
le nier. ^'''Cependant, afin que la chose ne se répande
pas davantage dans le peuple, défendons-leur, avec
menaces, de parler désormais à qui que ce soit en
ce nom-là. ^^11 les firent donc revenir et leur défen-
dirent absolument de parler et d'enseigner au nom
de Jésus. ^^Mais Pierre et Jean leur répondirent :
Jugez vous-mêmes s'il est juste, devant Dieu, de vous
obéir plutôt qu'à Dieu. -^' Car, pour nous, nous ne pou-
vons pas ne point parler des choses que nous avons vues
et que nous avons entendues... -^Ils les relâchèrent,
après leur avoir adressé de nouvelles menaces, ne
trouvant pas le moyen de les punir, à cause du peuple,
parce que tous glorifiaient Dieu de ce qui était arrivé.
^^ En effet, l'homme, en qui cette miraculeuse guérison
avait été accomplie, était âgé de plus de quarante ans.
2^ Quand on les eut relâchés, ils vinrent auprès de
leurs frères, et ils leur racontèrent tout ce que les princi-
paux sacrificateurs et les anciens leur avaient dit.
-^ Après les avoir entendus, ils élevèrent tous ensemble
leur voix vers Dieu, et dirent : Souverain Maître,
toi qui as fait le ciel, la terre, la mer et toutes les choses
qui y sont, — ^'^tu as dit par le Saint-Esprit, par la
bouche de notre père, ton serviteur David : « Pour-
quoi les nations se sont-elles agitées, et pourquoi les
peuples ont-ils formé de vains projets ? ^^Les rois de
la terre se sont soulevés, et les princes se sont ligués
ensemble contre le Seigneur et contre son Oint (^)... »
^''En effet, Hérode et Ponce-Pilate, avec les nations
et le peuple d'Israël, se sont véritablement ligués
dans cette ville contre ton saint serviteur Jésus que
(1) Voir note sur Matth. 5 : 22.
(2) Psaume 3:1-2.
264
ACTES DES APÔTEES 4 : 28-5 I 4
tu as oint, ^^pour accomplir tout ce que ta main
et ta volonté avaient décidé d'avance. ^-'Et mainte-
nant, Seigneur, sois attentif à leurs menaces, et donne
à tes serviteurs d'annoncer ta parole avec une pleine
hardiesse, ^^en étendant ta main, afin qu'il se fasse des
guérisons, des miracles et des prodiges par le nom de
ton saint serviteur, Jésus. ^'Lorsqu'ils eurent prié,
le lieu où ils étaient rassemblés trembla. Ils furent
tous remplis du Saint-Esprit, et ils annonçaient la
parole de Dieu avec hardiesse.
Charité des premiers chrétiens
^^Or, la multitude de ceux qui avaient cru n'était
qu'un cœur et qu'une âme. Personne ne disait que
ce qu'il possédait fût à lui en particulier ; mais toutes
choses étaient communes entre eux. ^*^Les apôtres,
avec une grande puissance, rendaient leur témoignage
au Seigneur Jésus et à sa résurrection, et une grande
grâce reposait sur eux tous. ^^ Car personne parmi eux
n'était dans l'indigence, parce que tous ceux qui
possédaient des champs ou des maisons, les vendaient,
et ils apportaient le prix de ce qu'ils avaient vendu.
^^Ils le mettaient aux pieds des apôtres ; puis, on le
distribuait à chacun selon ses besoins. ^'^ Ainsi Joseph,
surnommé par les apôtres Barnabas, — c'est-à-dire, fils
de consolation, — qui était Lévite et originaire de Chy-
pre, ^"'possédait un champ : il le vendit, en apporta le
prix, et il le mit aux pieds des apôtres.
Ananias et Saphira
5 ''Mais un homme, nommé Ananias, d'accord avec
Saphira, sa femme, vendit une propriété, ^et retint
une partie du prix de la vente, avec l'assentiment de
sa femme ; il apporta le reste et le mit aux pieds des
apôtres. ^ Alors Pierre lui dit : Ananias, pourquoi*
Satan est-il si complètement entré dans ton cœur,
pour que tu aies menti au Saint-Esprit, et détourné
une partie du prix de ce champ ? ^ Si tu ne l'avais
pas vendu, ne te serait-il pas resté ? Et après l'avoir
vendu, ne pouvais-tu pas en garder le prix ? Com-
ment as-tu pu former dans ton cœur un pareil dessein ?
265
5:5-17 ACTES DES APOTEES
Ce n'est pas aux hommes que tu as menti, c'est à
Dieu ! ^Ananias, en entendant ces paroles, tomba et
expira ; et une grande crainte saisit tous ceux qui
se trouvaient là. ^Mais les jeunes gens, s'étant
levés, enveloppèrent le corps, l'emportèrent et l'ense-
velirent.
'Environ trois heures après, la femme d'Ananias,
ne sachant rien de ce qui était arrivé, entra. ^ Pierre,
prenant la parole, lui dit : Dis-moi, avez-vous vendu
le champ à tel prix ? Elle répondit : Oui, à ce prix-
là. ^Alors Pierre lui dit : Pourquoi vous êtes-vous
accordés ensemble pour tenter l'Esprit du Seigneur?
Voici que les pieds de ceux qui ont enseveli ton mari
sont à la porte, et ils t'emporteront. ^^' Au même ins-
tant, elle tomba à ses pieds et expira. Les jeunes gens
qui rentraient, la trouvèrent morte ; ils l'emportèrent
et l'ensevelirent auprès de^ son mari. ^' Alors une
grande crainte saisit toute l'Eglise, ainsi que tous ceux
qui apprirent ces événements.
Succès croissants de r Évangile
^ ^ Cependant il se faisait, par les mains des apôtres,
beaucoup de miracles et de prodiges parmi le peuple ;
et les disciples étaient réunis tous ensemble sous le
portique de Salomon. ^^ Toutefois, aucun des autres
n'osait se joindre à eux ; mais le peuple faisait haute-
ment leur éloge. ^^Des multitudes d'hommes et de
femmes croyaient au Seigneur, et le nombre des
croyants augmentait de plus en plus, ^'' au point qu'on
apportait les malades dans les rues ; puis on les met-
tait sur de petits lits ou sur des grabats, afin qu'au
moment où Pierre viendrait à passer, son ombre du
moins en couvrît quelques-uns. ^^Le peuple des
villes voisines venait aussi en foule à Jérusalem,
amenant des malades et des gens tourmentés par des
esprits impurs ; et tous étaient guéris.
Arrestation des apôtres et leur délivrance — Comparution
devant le sanhédrin — Conseil de Gamaliel
^"Cependant, le souverain sacrificateur et tous ses
266
ACTES DES APOTBES 5 : 18-32
adhérents — c'était la secte des sadducéens — se levè-
rent, remplis de colère ; ' ^ ils se saisirent de^ apôtres et
les mii'ent dans la prison publique. '^Idais un ange
du Seigneur leur ouvrit, pendant la nuit, les portes de
la prison, les fit sortir et leur dit : ^^ Allez, présentez-
vous dans le temple, et annoncez au peuple toutes ces
paroles de vie.
^' A ces mots, les apôtres entrèrent, dès le point du
jour, dans le temple, et ils se mirent à enseigner. Mais
le souverain sacrificateur et ceux qui étaient avec lui,
étant arrivés, assemblèrent le sanhédrin et tous les
anciens des enfants d'Israël, et ils envoyèrent chercher
les apôtres à la prison. ^^Les agents s'y rendirent,
mais ils ne les trouvèrent pas dans la prison. Ils
s'en retournèrent, firent leur rapport '^^et ils dirent :
Nous avons trouvé la prison bien fermée, et les
gardes dehors, devant les portes ; mais, nous avons
ouvert, et nous n'avons trouvé personne à l'intérieur.
-''En entendant ces paroles, le commandant du
temple et les principaux sacrificateurs étaient très
inquiets au sujet des apôtres et de l'issue de cette
affaire. -^Mais quelqu'un survint, qui leur dit : Voilà
que -ces hommes, que vous aviez mis en prison, sont
dans le temple, et ils enseignent le peuple ! ^^ Alors
le commandant du temple, avec les agents, s'y rendit
et les amena, toutefois sans violence, car ils crai-
gnaient d'être lapidés par le peuple ; ^'^et les ayant
amenés, ils les présentèrent au sanhédrin. Le sou-
verain sacrificateur les interrogea, et leur dit : -^Nous
vous avons formellement défendu d'enseigner en
ce nom-là, et vous avez rempli Jérusalem de votre
doctrine. Vous voulez donc faire retomber sur nous
le sang de cet homme !
^^ Pierre et les apôtres répondirent : Il faut obéir
à Dieu plutôt qu'aux hommes. ^^Le Dieu de nos pères
a ressuscité Jésus, que vous avez fait mourir en le
pendant au bois. 3' Dieu l'a élevé à sa droite comme
Prince et Sauveur, afin de donner à Israël la repentance
et le pardon des péchés. ^^Et nous, nous sommes té-
moins de ces choses, ainsi que le Saint-Esprit, que Dieu
a donné à ceux qui lui obéissent.
267
5 : 33-6 : 3 ACTES DES APOTRES
^^En l'entendant, ils frémissaient de rage et ils
délibéraient de les faire mourir. ^-^Mais un pharisien,
nommé Gamaiisl, docteur de la loi, honoré de tout le
peuple, se levant dans le sanhédrin, donna l'ordre de
faire sortir un instant les apôtres. ^•'Puis il dit : Hom-
mes d'Israël, prenez garde à ce que vous allez faire
à ces hommes. ^'^Il y a quelque temps, Theudas se
leva qui se donnait pour un personnage, et environ
quatre cents hommes se joignirent à lui : il fut tué,
et tous ceux qui l'avaient suivi furent défaits et réduits
à rien. ^" Après lui se leva Judas le Galiléen, à l'époque
du dénombrement, et il entraîna une foule de gens
à sa suite ; mais il périt aussi, et tous ceux qui l'avaient
suivi furent dispersés. ^^ Maintenant, je vous le dis :
Ne poursuivez plus ces gens -là; laissez -les aller. Car
si cette entreprise ou cette œuvre vient des hommes,
elle se détruira d'elle-même ; ^'•'mais si elle vient de
Dieu, vous ne pourrez faire disparaître ces gens-là.
Vous risquez ainsi de vous trouver avoir fait la
guerre à Dieu. Ils furent de son avis. ^^Ils firent
donc rentrer les apôtres, et, après les avoir fait battre
de verges, ils leur défendirent de parler au nom de
Jésus ; puis ils les relâchèrent.
^* Eux donc, ayant quitté le sanhédrin, se retirèrent
joyeux d'avoir été trouvés dignes de souffrir des op-
probres pour le nom de Jésus (' ). ^^Et ils ne cessaient
tous les jours, dans le temple et de maison en maison,
d'enseigner et d'annoncer la bonne nouvelle de Jésus,
le Christ.
Institution des diacres
6 ^En ce temps-là, comme les discix3les se multi-
pliaient, il y eut des plaintes de la part des Hellé-
nistes (-) contre les Hébreux, parce que leurs veuves
étaient néghgées dans la distribution qui se faisait
chaque jour. ^Les Douze, ayant alors convoqué une
réunion de tous les disciples, leur dirent : Il n'est pas
convenable que nous délaissions la parole de Dieu
pour faire le service des tables. ^ Choisissez donc parmi
(1) Litt. : le nom.
(2) Les Hellénistea étaient les Juifs ayant vécu hors de la Palestine, et par-
lant la langue grecque. Les Hébreux étaient les Juifs de la Palestine.
268
ACTES DES APÔTRES 6 : 4-7 : 2
VOUS, frères, sept hommes de bon renom, pleins du
Saint-Esprit et de sagesse, que nous chargerons de ce
service. ''Et pour nous, nous continuerons de nous
appliquer à la prière et au ministère de la parole,
■^/^ette proposition plut à toute l'assemblée. Ils élurent
Etienne, homme plein de foi et du Saint-Esprit, Phi-
lippe, Procore, Nicanor, Timon, Parménas et Nicolas,
prosélyte d' Antioche ; ^ et ils les présentèrent aux
apôtres, qui, après avoir prié, leur imposèrent les mains.
^La parole de Dieu se répandait de plus en plus,
et le nombre des disciples augmentait beaucoup à
Jérusalem. Il y avait même une foule de sacrificateurs
qui obéissaient à la foi.
Etienne accusé de blasphème
^ Etienne, plein de grâce et de force, faisait de grands
prodiges et de grands miracles parmi le peuple. ^ Mais
quelques membres de la synagogue appelée synagogue
des Affranchis (^), ainsi que des Cyrénéens, des
Alexandrins et des Juifs de Cilicie et d'Asie, se levèrent
et se mirent à discuter avec Etienne ; ^ '^ mais ils ne pou-
vaient résister à sa sagesse et à l'Esprit sous l'inspira-
tion duquel il parlait. ^ ' Alors ils subornèrent des hom-
mes qui dirent : Nous lui avons entendu proférer des
paroles blasphématoires contre Moïse et contre Dieu.
' - Ils soulevèrent le peuple, les anciens et les scribes, et,
survenant soudain, ils se rendirent maîtres de lui et
l'emmenèrent devant le sanhédrin. * ^ Ils produisirent de
faux témoins, qui dirent : Cet homme ne cesse de pro-
férer des paroles contre le saint lieu et contre la loi.
^^Car nous lui avons entendu dire que ce Jésus de
Nazareth détruira ce lieu -ci et changera les coutumes
que nous avons reçues de Moïse. ^ "^ Et comme tous ceux
qui siégeaient au sanhédrin avaient les yeux arrêtés
sur lui, son visage leur parut semblable à celui d'un
ange.
Discours d'* Etienne
7 ^ Alors le souverain sacrificateur lui demanda :
En est-il bien ainsi ? ^ Etienne répondit : Mes frères çt
(1) Ces affraachis descendaient des Juifs emmenés hors de Palestine comme
esclaves, puis rendus à la liberté.
269
ACTES DES APOTRES
mes pères, écoutez -moi ! Le Dieu de gloire apparut à
notre père Abraham, lorsqu'il était en Mésopotamie,
avant qu'il vînt demeurer à Charan, ^et il lui dit :
« Quitte ton pays et ta famille, et va dans le pays que
je te montrerai ('). » "^ Alors, étant sorti du pays des
Chaldéens, il vint demeurer à Charan. De là, après la
mort de son père. Dieu le fit passer dans le pays que
vous habitez maintenant ; ^ il ne lui donna aucune pro-
priété dans ce pays, non pas même un pouce de terre;
mais il promit de lui en donner la possession, comme
à sa postérité après lui, bien qu'Abraham n'eût point
d'enfants. ^Dieu parla ainsi : Ses descendants séjour-
neront dans une terre étrangère; on les réduira en
servitude, et on les maltraitera pendant quatre cents
ans. "^Mais Dieu dit encore : Je jugerai la nation qui
les aura asservis, et après cela, ils partiront, et me
rendront leur culte dans ce lieu-ci C^). » ^Puis Dieu lui
donna l'alliance de la circoncision. C'est ainsi qu'Abra-
ham ayant eu un fils, Isaac, le circoncit le huitième
jour ; ensuite Isaac circoncit Jacob, et Jacob, les
douze patriarches.
^ Les patriarches, jaloux de Joseph, le vendirent pour
être mené en Egypte ; mais Dieu fut avec lui. ^^*I1 le
délivra de toutes ses afflictions, et le/emplit de grrxîe
et de sagesse devant Pharaon, roi d'Egypte, qui l'éta
blit gouverneur de l'Egypte et de toute sa maison.
^ * Cependant, il survint une famine dans tout le pays
d'Egypte et en Canaan ; la détresse était grande et nos
pères ne pouvaient trouver de vivres. ^^ Jacob, ayant
appris qu'il y avait du blé en Egypte, y envoya nos
pères une première fois. ^ ^ La seconde fois, Joseph fut
reconnu par ses frères, et Pharaon apprit quelle était
l'origine de Joseph. ^' Alors Joseph envoya chercher
Jacob, son père, et toute sa famille, en tout soixante-
quinze personnes. ^-^ Jacob descendit donc en Egypte,
et il y mourut, ainsi que nos pères. ^ ^ Ils furent trans-
portés à Sichem, et ensevehs dans le tombeau qu'Abra-
ham avait acheté, à prix d'argent, des fils d'Hémor
de Sichem. ^'Mais, lorsque vint le temps où
devait s'accomplir la promesse que Dieu avait faite
(1) Genèse 18 : 1. — (2) Genèse 15 : 13-14.
270
ACTES DES APÔTEES 7 : <8-35
avec serment à Abraham, le peuple s'accrut et se mul-
tiplia en Egypte, ^^ jusqu'au moment où s'éleva en
Egypte un autre roi, qui n'avait point connu Joseph.
^'•^Ce roi, employant la ruse contre notre race, mal-
traita nos pères, et les contraignit à exposer leurs nou-
veau-nés, pour les empêcher de vivre.
2^ En ce temps-là naquit Moïse ; il était beau aux
yeux de Dieu, et il fut élevé pendant trois mois dans
la maison de son père. ^ ' Quand il fut exposé, la fille dé
Pharaon le recueillit, et le fit élever comme son fils.
^^ Moïse fut instruit dans toute la sagesse des Égjrp-
tiens ; il était puissant en paroles et en œuvres. ^^Mais,
quand il eut quarante ans accomplis, il lui vint au cœur
la pensée de visiter ses frères, les enfants d'Israël.
^"^ Voyant qu'on maltraitait l'un d'eux, il prit la dé-
fense de l'opprimé et le vengea en frappant l'Egyptien.
^^11 croyait que ses frères comprendraient que Dieu
leur accordait la délivrance par sa main ; mais ils ne le
comprirent pas. ^^Le lendemain, il se présenta à eux
pendant qu'ils se battaient, et il les exhorta à la paix,
en leur disant : Mes amis ( '), vous êtes frères, pourquoi
vous maltraitez -vous l'un l'autre ? 2' Celui qui mal-
traitait son prochain, le repoussa, en disant : Qui t'a
établi chef et juge sur nous ? ^^ Veux-tu me tuer,
comme tu as tué hier l'Égyptien ? ^'^A cette parole.
Moïse s'enfuit et alla vivre en étranger dans le pays
de Madian, où il eut deux fils. ^*^ Quarante ans après,
un ange lui apparut au désert du mont Sinaï, dans la
flamme d'un buisson en feu ( ). ^' En le voyant, Moïse
fut étonné de cette apparition ; et comme il s'appro-
chait pour la considérer de plus près, la voix du Sei-
gneur se fit entendre : ^^ « Je suis le Dieu de tes pères,
le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob. » Moïse, tout
tremblant, n'osait pas regarder. ^^ Alors le Seigneur
lui dit : Ote la chaussure de tes pieds ; car le lieu où tu
te trouves est une terre sainte. ^^ J'ai regardé, et j'ai vu
l'affliction de mon peuple en Egypte; j'ai entendu ses
gémissements, et je suis descendu pour le déhvrer.
Viens maintenant, afin que je t'envoie en Egypte.
^•'Ce Moïse qu'ils avaient rejeté, en disant : Qui t'a
(1) Litt. : Hommes. — (2) Voy. Exode 3 : 1-10.
271
7 : 36-49 ACTES DES APÔTRES
établi notre chef et notre juge ? — c'est lui que Dieu
envoya comme chef et comme libérateur, avec l'aide
de l'ange qui lui était apparu dans le buisson. ^^ C'est
lui qui les fit sortir en accomplissant des prodiges et des
miracles dans le pays d'Egypte, sur la mer Rouge et au
désert, pendant quarante ans. ^' C'est ce Moïse qui a
dit aux enfants d'Israël : « Dieu vous suscitera, parmi
vos frères, un prophète comme moi ( ' ). » ^^ C'est lui qui,
dans l'assemblée du désert, était avec l'ange qui lui
parlait sur le mont Sinaï et avec nos pères, et qui reçut
des paroles de vie pour vous les donner. ^'-^ C'est à lui
que nos pères n'ont pas voulu obéir; c'est lui qu'ils
re]30ussèrent pour tourner leur cœur vers l'Egypte,
■'"'en disant à Aaron : « Fais -nous des dieux qui mar-
chent devant nous ; car ce Moïse, qui nous a conduits
hors du pays d'Egypte, nous ne savons ce qui lui est
arrivé (^). »
^'En ces jours-là, ils se firent un veau, ils offrirent
un sacrifice à l'idole et se réjouirent des ouvrages
de leurs mains. ^^ Alors Dieu se détourna d'eux
et les livra au culte de l'armée du ciel, comme il
est écrit dans le livre des prophètes : « M'avez-vous
donc olï'ert des victimes et des sacrifices durant qua-
rante ans au désert, maison d'Israël, "^^ quand vous
transportiez le fabernacle de Moloch et l'étoile du dieu
Romphan, ces idoles que vous avez faites pour les
adorer ? C'est pourquoi, je vous déporterai au delà
do Babylone {^). »
^'*La tente du témoignage était au milieu de
nos pères dans le désert, comme l'avait ordonné Celui
qui dit à Moïse de la faire sur le modèle qu'il avait vu.
''■'Nos pères, l'ayant reçue, l'introduisirent avec Josué
dans le pays conquis sur les nations que Dieu chassa
devant eux ; et elle y resta jusqu'aux jours de David,
' ^ qui trouva grâce devant Dieu et demanda la faveur
de donner une demeure au Dieu de Jacob. ^ ^ Alors Salo-
mon lui bâtit une maison. -^^Mais le Très-Haut n'ha-
bite point dans des édifices faits de main d'homme, sui-
vant ces paroles du prophète : -^^ « Le ciel est mon trône,
et la terre est mon marchepied. Quelle maison me bâ-
(1) Deut. 18 : 15. — (2) Exode 32 : 1. — (3) Amos 5 : 25-27.
272
ACTES DES APÔTRES 7 : 50-8 : 3
tirez-vous, dit le Seigneur, ou quel sera le lieu où je
repose ? ^^ N'est-ce pas ma main qui a fait toutes ces
choses (') ? »
^'Hommes au cou raide, incirconcis de cœur et
d'oreilles, vous vous opposez toujours au Saint-Esprit ;
vous êtes tels que vos pères ! ^^ Lequel des prophèl^es
vos pères n'ont-ils pas persécuté ? Ils ont même tué
ceux qui ont prédit la venue du Juste ; et vous, main-
tenant, vous l'avez trahi, vous avez été ses meurtriers,
^3 vous qui avez reçu la Loi par le ministère des anges,
et qui ne l'avez point gardée !...
Mort d'Etienne
^•^ Comme ils entendaient ces paroles, ils frémissaient
de rage dans leur cœur, et ils grinçaient des dents
contre Etienne. ^''Mais lui, rempli du Saint-Esprit,
les yeux attachés au ciel, vit la gloire de Dieu et Jésus,
debout à la droite de Dieu ; ^^'et il dit : Je vois les
cieux ouverts, et le Fils de l'homme debout à la droite
de Dieu. ^' Alors ils poussèrent de grands cris, se bou-
chèrent les oreilles, et ils se jetèrent tous ensemble sur
lui ; ^^puis, après l'avoir traîné hors de la ville, ils le
lapidèrent. Les témoins mirent leurs vêtements aux
pieds d'un jeune homme, nommé Saul. ^''^ Pendant
qu'ils le lapidaient, Etienne priait et disait : Seigneur
Jésus, reçois mon esprit. ^^Puis, s'étant mis à genoux.
il cria à haute voix : Seigneur, ne leur impute point
ce péché ! Et quand il eut dit ces paroles, il s'endormit.
Saul persécute V Église
8 ^Saul avait approuvé le meurtre d'Etienne. Le
même jour, une grande persécution éclata contre
l'Église de Jérusalem ; tous les fidèles, excepté les
apôtres, furent dispersés dans les contrées de la Judée
et de la Samarie. ^ Cependant, des hommes pieux ense-
velirent Etienne, et ils pleurèrent sa mort, en faisant
entendre de grandes lamentations. ^Mais Saul rava-
geait l'Église : il pénétrait dans les maisons, et, entraî-
nant de force hommes et femmes, il les faisait mettre
en prison.
(1) Ésaïe 66 : 1-2.
273
8 : 4-20 ACTES DES APOTRES
Conversion des Samaritains — Simon le magicien
^Ceux donc qui avaient été dispersés allaient de
lieu en lieu, annonçant l'Evangile. ^Ainsi Philippe,
étant descendu dans la ville de Samarie, y prêcha le
Christ. ^ La foule était unanime à écouter avec atten-
tion ce que disait Philippe, lorsqu'elle l'entendit et
qu'elle vit les miracles qu'il accomplissait. "' Car des es-
prits impurs sortaient d'un grand nombre de possédés,
en jetant de grands cris, et beaucoup de paralytiques
et d'impotents étaient guéris. ^Ce fut une grande
joie dans cette ville.
^11 y avait alors, dans la même ville, un homme
nommé Simon, qui exerçait la magie et remplissait
d'étonnement le peuple de Samarie, se faisant passer
pour un grand personnage. ^^Tous, depuis le plus
petit jusqu'au plus grand, s'attachaient à lui, et ils
disaient : C'est lui qui est la puissance de Dieu, « la
Grande Puissance », comme on l'appelle. ^ ' Ils s'étaient
donc attachés à lui, parce que, depuis longtemps, il
les avait mis hors d'eux-mêmes par ses enchantements.
'-Mais,^ quand ils eurent cru Philippe, qui leur annon-
çait l'Evangile du royaume de Dieu et le nom de
Jésus-Christ, ils furent baptisés, hommes et femmes.
' ^ Simon lui-même crut aussi, et, après avoir été bap-
tisé, il ne quittait plus Philippe. La vue des prodiges
et des grands miracles qui s'accomplissaient, le met-
tait hors de lui.
^^Les apôtres, qui étaient à Jérusalem, ayant appris
que la Samarie avait accueilli la parole de Dieu, y
envoyèrent Pierre et Jean. ^^ Ceux-ci, étant arrivés,
prièrent pour les nouveaux disciples, afin qu'ils reçus-
sent le Saint-Esprit. ^'^Car il n'était encore descendu
sur aucun d'eux ; ils avaient été seulement baptisés
au nom du Seigneur Jésus. ^'' Alors Pierre et Jean leur
imposèrent les mains, et ils reçurent le Saint-Esprit.
^^ Quand Simon vit que l'Esprit était donné par
l'imposition des mains des apôtres, il leur offrit de
l'argent, en disant : '''Donnez-moi aussi ce pouvoir,
afin que ceux à qui j'imposerai les mains reçoivent le
Saint-Esprit. "^^Mais Pierre lui dit : Que ton argent
274
ACTES DES APÔTRES 8:21-35
périsse avec toi, puisque tu as cru que le don de Dieu
s'acquiert avec de l'argent ! ^ ' Tu n'as ni part, ni lot
en tout ceci ; car ton cœur n'est pas droit devant Dieu.
^^Repens-toidonc de ta méchanceté, et prie le Seigneur,
afin que, s'il est possible, cette pensée de ton cœur te
soit pardonnée. ^-^Car je vois que tu as le cœur rempli
de fiel (') et que tu es dans les liens de l'iniquité.
^^ Simon répondit : Priez vous-mêmes le Seigneur pour
moi, afin qu'il ne m'arrive rien de ce que vous avez dit.
^^ Pierre et Jean, après avoir ainsi rendu leur témoi-
gnage et annoncé la parole du Seigneur, retournèrent
à Jérusalem, en évangélisant plusieurs villages des
Samaritains.
Conversion d'un officier Éthiopien
-•^Cependant, un ange du Seigneur parla à Philippe
et lui dit : Lève- toi, et, vers l'heure de midi ('-), va sur
le chemin qui conduit de Jérusalem à Gaza. Ce chemin
est désert. ^^ Philippe se leva et partit. Or, un eunuque
éthiopien, officier de la cour de Candace, reine d'Ethio-
pie, administrateur de tous ses trésors, qui était venu
à Jérusalem pour adorer, ^^^s'en retournait et, assis sur
son char, il lisait le prophète Ésaïe. ^^ L'Esprit dit à
Philippe : Approche-toi et rejoins ce char. ^*^ Philippe
accourut, et, entendant l'Éthiopien qui lisait le pro-
phète Ésaïe, il lui dit : Comprends-tu ce que tu lis ?
^'L'eunuque lui répondit: Comment le pourrais-je,
si quelqu'un ne me guide ? Et il pria Philippe de mon-
ter et de s'asseoir auprès de lui.
^^Or, le passage de l'Écriture qu'il lisait était celui-
ci : « Il a été mené comme une brebis à la boucherie,
et, comme un agneau muet devant celui qui le tond,
il n'a pas ouvert la bouche... ^^Dans son abaissement,
sa condamnation a été levée... Et qui dépeindra sa gé-
nération ? Car sa vie a été retranchée de la terre (-^y. »
"'* L'eunuque, prenant la parole, dit à Philippe : Je te
prie, de qui le prophète dit-il cela ? Est-ce de lui-même,
ou de quelque autre? -^-^ Alors Philippe, ouvrant la
bouche et commençant par ce passage de l'Écriture,
(1) Litt. : lu es da)is un fiel amer.
(2) Ou traduit aussi : va du côté du midi. — (3) Ésaïe 53 : 7-8.
2''5
8 : 36-9 : 11 ACTES DES APÔTEES
lui annonça Jésus. ^*^ Chemin faisant, ils rencontrèrent
de l'eau ; et l'eunuque dit : Voici de l'eau ; qu'est-ce
qui empêche que je sois baptisé ? ^"[Philippe dit : Si
tu crois de tout ton cœur, cela est possible. L'eunuque
répondit : Je crois que Jésus -Christ est le Fils de
Dieu (").] ^'^Il donna l'ordre d'arrêter le char; puis,
tous deux descendirent dans l'eau, et PhiHppe baptisa
l'eunuque. ^^ Quand ils furent sortis de l'eau, l'Esprit
du Seigneur enleva Philippe ; l'eunuque ne le vit plus,
et il continua son chemin, plein de joie. ^^ Quant à
Philippe, il se trouva ^dans Azot ; de là, il se rendit à
Césarée, annonçant l'Evangile dans toutes les villes où
il passait.
Conversion de Saul
9 ''Cependant Saul, ne respirant toujours que me-
naces et carnage contre les disciples du Seigneur,
s'adressa au souverain sacrificateur; ^et il lui demanda
des lettres pour les synagogues de Damas, afin que,
s'il trouvait quelques personnes de la secte, hommes
ou femmes, il les amenât enchaînées à Jérusalem.
^Mais, comme il était en chemin et qu'il approchait de
Damas, tout à coup, une lumière venant du ciel res-
plendit autour de lui. '• Il tomba par terre, et il enten-
dit une voix qui lui disait : Saul, Saul, pourquoi me
persécutes-tu ? '^ Il répondit : Qui es-tu, Seigneur ?
Le Seigneur dit : Je suis Jésus que tu persécutes !
^Mais relève-toi, entre dans la ville, et on te dira ce
qu'il faut que tu fasses. 'Ses compagnons de voyage
s'étaient arrêtés stupéfaits, entendant bien la voix,
mais ne voya.nt personne. ^ Saul se releva de terre ; et,
quoiqu'il eût les yeux ouverts, il ne voyait rien. Ils
le conduisirent par la main, et le menèrent à Damas,
^où il resta trois jours sans voir, et sans manger ni
boire.
Baptême de Saul par Ananias
^^Or, il y avait à Damas un disciple, nommé Ana-
nias. Le Seigneur lui dit dans une vision : Ananias !
Il répondit : Me voici, Seigneur. '' ^ Le Seigneur lui
(a) Ce rerset entre crochets ne se trouve pas dans plusieurs anciens manus-
crits.
276
ACTES DES APOTRES 9 : 4 2-25
dit : Lève-toi, va dans la rue appelée la rue Droite, et
cherche dans la maison de Judas un nommé Saul, de
Tarse. Il prie : '^car il a vu un homme, nommé Ana-
nias, entrer chez lui et lui imposer les mains, pour
lui faire recouvrer la vue. ' "i^nanias répondit : Seigneur,
j'ai entendu dire à plusieiu^s personnes tout le mal
que cet homme a fait à tes saints dans Jérusalem. '-^Et
il est ici avec pleins pouvoirs, de la part des principaux
sacrificateurs, pour enchaîner tous ceux qui invoquent
ton nom. "^ ^Mais le Seigneur lui dit : Va ; car cet homme
est un instrument que je me suis choisi, pour porter
mon nom devant les nations, les rois et les enfanta
d'Israël; ^^et je lui montrerai combien il faut qu'il
souffre pour mon nom.
^'Ananias s'en alla donc; puis étant entré dans
la maison, il imposa les mains à Saul et lui dit :
Saul, mon frère, le Seigneur, ce Jésus qui t'est apparu
sur le chemin par lequel tu venais, m'a envoyé, afin
que tu recouvres la vue et que tu sois rempli du Saint-
Esprit. '^Aussitôt û tomba des yeux de Saul comme
des écailles, et il recouvra la vue ; puis, il se leva et fu-t
baptisé. ^^Et quand il eut pris de la nourriture, les
forces lui revinrent.
Premières prédications de Saul
Saul passa quelques jours avec les disciples qui
étaient à Damas. -"Aussitôt il se mit à prêcher dans
les synagogues que Jésus est le Fils de Dieu. ^'Tous
ceux qui l'entendirent étaient dans l'étonnement et
ils disaient : N'est-ce pas lui qui persécutait à Jéru-
salem ceux qui invoquent ce nom, et n'était-il pas
venu ici afin de les conduire enchaînés aux principaux
sacrificateurs ? --Quant à Saul, il se fortifiait de plus
en plus, et il confondait les Juifs qui habitaient à
Damas, démontrant que Jésus est le Christ.
-^Quelque temps après, les Juifs se concertèrent
pour le faire périr. - 'Mais Saul fut averti de leur com-
plot. On gardait même les portes jour et nuit, afin de
le tuer. ^'^Mais les disciples le prirent, pendant la nuit,
et ils le descendirent le long de la muraille dans une
corbeille.
277
9 : 26-39 ACTES DES APOTRES
-^Quand Saul fut arrivé à Jérusalem, il essayait
de se joindre aux disciples ; mais tous le redoutaient, ne
croyant pas qu'il fût aussi un disciple. ^ "Alors Barnabas
le prit avec lui, le mena aux apôtres et leur raconta com-
ment le Seigneur lui était apparu sur le chemin et lui
avait parlé, et comment il avait prêché hardiment à
Damas, au nom de Jésus. ^^Dès lors, il allait et venait
avec eux dans Jérusalem, --^et il parlait avec har-
diesse au nom du Seigneur. Il s'entretenait aussi et
discutait avec les Hellénistes (^) ; mais ceux-ci cher-
chaient à lui ôter la vie. -^^Les frères, l'ayant appris,
le menèrent à Césarée, et le firent partir pour Tarse.
Guérison d'Énée
^^ Ainsi, l'Église jouissait de la paix dans toute la
Judée, la Galilée et la Samarie, s'édifiant et marchant
dans la crainte du Seigneur ; et elle croissait en nombre
par l'assistance du Saint-Esprit.
^^Or, il arriva que Pierre, qui visitait tout le pays,
se rendit aussi auprès des saints qui demeuraient à
Lydda. ^^11 y trouva un homme, appelé Énée, couché
sur son lit depuis huit ans, et qui était paralytique.
^^ Pierre lui dit : Énée, Jésus-Christ te ^guérit ; lève-
toi, et fais toi-même ton lit. Aussitôt Énée se leva.
^^Tous les habitants de Lydda et du Saron le virent,
et ils se convertirent au Seigneur.
Résurrection de Tahitha
^^11 y avait à Joppé, parmi les disciples, une femme
nommée Tabitha, c'est-à-dire Dorcas (-) ; elle était
riche en bonnes œuvres, et elle faisait beaucoup d'au-
mônes. ^"Elle tomba malade en ce temps-là et mourut.
On lava son corps, et on le déposa dans une chambre
haute. ^^Les disciples ayant appris que Pierre se trou-
vait à Lydda, qui est près de Joppé, lui envoyèrent
deux hommes pour le prier de venir auprès d'eux sans
tarder. •'^'^ Pierre se leva et partit avec eux. Lorsqu'il
fut arrivé, on le conduisit à la chambre haute, et
(1) Voir la note sur Actes 6:1.
(2) Dorcas, mot grec qui signifie gazelle.
278
ACTES DES APÔTRES 9 : 40-10 MO
toutes les veuves vinrent à lui en pleurant, et elles lui
montrèrent combien Dorcas faisait de vêtements et de
manteaux, lorsqu'elle était avec elles. **^ Pierre, après
avoir fait sortir tout le monde, se mit à genoux et pria ;
puis, se tournant vers le corps, il dit : Tabitha, lève-
toi ! Elle ouvrit les yeux, et, voyant Pierre, elle se mit
sur son séant. "*' Il lui tendit la main, et la fit lever ;
puis, ayant appelé les saints et les veuves, il la leur
présenta vivante. "^^Ce fait fut connu de toute la ville
de Joppé ; et beaucoup de personnes crurent au Sei-
gneur. ^^ Quant à Pierre, il resta plusieurs jours à
Joppé, chez un corroyeur, nommé Simon.
Conversio7i de Corneille
10 * Il y avait à Césarée un homme, nommé Cor-
neille, centenier de la cohorte appelée Italique. ^11
était pieux et craignait Dieu, lui et toute sa maison ;
il faisait beaucoup d'aumônes au peuple, et priait Dieu
continuellement. ^11 vit clairement dans une vision,
vers la neuvième heure du jour ('), un ange de Dieu,
qui entrait chez lui, et qui lui dit : Corneille ! ^ Les
yeux fixés sur l'ange et tout effrayé, il répondit :
Qu'y a-t-n. Seigneur ? L'ange lui dit : Tes prières et
tes aumônes sont montées jusqu'à Dieu, et il s'en est
souvenu. ^Maintenant donc, envoie des hommes à
Joppé, et fais venir un certain Simon, surnommé Pierre.
^ Il est logé chez Simon, le corroyeur, dont la maison
est près de la mer. "^ Quand l'ange qui lui parlait se
fut retiré. Corneille appela deux de ses serviteurs et
un soldat pieux, de ceux qui étaient attachés à sa
personne ; ^ et, leur ayant tout raconté, il les envoya
à Joppé.
^ Le lendemain, comme ils étaient en route et qu'ils
approchaient de la ville, Pierre monta sur le haut de
la maison (-), vers la sixième heure (^), pour prier.
* ^ Il eut faim et voulut prendre de la nourriture ; et
pendant qu'on la lui préparait, il fut ravi en extase.
(1) Vers trois heures de raprès-midi.
(2) Voir ]a note sur Matth. 10 : 27.
(3) Vers luidi.
279
10:11-29 ACTES DES APÔTRES
' ' Il vit le ciel ouvert, et un objet ressemblant à une
grande nappe retenue aux quatre coins, qui descendait
et s'abaissait jusqu'à terre ; ^^il s'y trouvait des qua-
drupèdes de toute espèce, des reptiles de la terre et
des oiseaux du ciel. ^^Une voix lui dit : Pierre, lève-
toi, tue et mange. ^''Mais Pierre répondit : Non, Sei-
gneur ; car je n'ai jamais rien mangé de souillé ni
d'impur. ^"'La voix, parlant une seconde fois, lui dit :
Ce que Dieu a purifié, ne le regarde pas comme souillé.
'•'Cela se répéta par trois fois ; et aussitôt après, l'objet
fut retiré dans le ciel.
^ ' Pierre ne savait que penser de la vision qu'il avait
eue, lorsque les hommes envoyés par Corneille, s'étant
informés de la maison de Simon, se présentèrent à la
porte. ^^ Ayant appelé, ils demandèrent si c'était là
que logeait Simon, surnommé Pierre. ^ '-^ Comme Pierre
réfléchissait à cette vision, l'Esprit lui dit : Voici trois
hommes qui te cherchent. ^^ Lève-toi donc, descends,
et pars avec eux sans hésiter ; car c'est moi qui les ai
envoyés. -'Alors Pierre, étant descendu vers ces
hommes, leur dit : Me voici: je suis celui que vous
cherchez ; pour quel sujet êtes- vous venus ? ^^Ils
répondirent : Corneille, centenier, homme juste et
craignant Dieu, auquel la nation juive rend un bon
témoignage, a reçu, d'un saint ange, l'ordre de te
faire venir dans sa maison et d'écouter tes paroles.
2^ Alors Pierre les fit entrer et leur donna l'hospita-
lité.
Le lendemain, il se leva et partit avec eux, et quel-
ques-uns des frères de Joppé l'accompagnèrent. ^^Le
jour suivant, ils arrivèrent à Césarée. CorneiUe les
attendait avec ses parents et ses amis intimes, qu'il
avait réunis chez lui. --^ Comme Pierre entrait. Cor-
neille alla au-devant de lui, et, se jetant à ses pieds,
il l'adora. '-^'Mais Pierre le releva en disant : Lève-toi,
je ne suis moi-même qu'un homme. 2" Et il entra, en
s' entretenant avec lui, et trouva plusieurs personnes
réunies. ^'^Vous savez, leur dit-il, qu'il est interdit à
un Juif d'entrer en relation avec un étranger, ou d'al-
ler chez lui ; mais Dieu m'a fait voir que je ne devais
appeler aucun homme souillé ou impur. ^'^ Aussi n'ai-je
280
ACTES DES APÔTRES 10 : 30-4 S
fait, aucune difficulté pour venir, lorsque vous m'avez
envoyé chercher. Je demande donc pour quel sujet
vous m'avez fait venir.
^^ Corneille lui répondit : Il y a maintenant quatre
jours, à la neuvième heure, j'étais chez moi en prière,
quand tout à coup un homme, portant un vêtement
resplendissant, se présenta devant moi, ^ * et il me dit :
Corneille, ta prière a été exaucée, et Dieu s'est souvenu
de tes aumônes. ^^ Envoie donc à Joppé, et fais venir
Simon, surnommé Pierre : il est logé chez Simon, le
corroyeur, près de la mer. ^^ J'ai sur-le-champ envoyé
vers toi, et tu as bien fait de venir. Maintenant donc,
nous voici tous en présence de Dieu, pour entendre
tout ce que le Seigneur t'a commandé de nous dire.
2"* Alors Pierre ouvrit la bouche et dit : En vérité,
je reconnais que Dieu ne fait pas acception de per-
sonnes, 2^ mais qu'en toute nation, celui qui le craint
et qui pratique la justice lui est agréable. ^"^ C'est la
parole qu'il a adressée aux enfants d'Israël, en leur
faisant annoncer la bonne nouvelle de la paix par Jésus-
Christ, qui est le Seigneur de tous. ^' Vous savez les faits
qui se sont passés dans toute la Judée, et qui avaient
commencé à se produire en GaUlée, à la suite du bap-
tême prêché par Jean : ^^ comment Dieu a oint d'Esprit
saint et de puissance Jésus de Nazareth, qui allait de
lieu en lieu, faisant du bien et guérissant tous ceux qui
étaient sous l'empire du Diable ; car Dieu était avec lui.
^'■^Nous avons été témoins de tout ce qu'il a fait dans
le pays des Juifs et à Jérusalem. Ils l'ont fait mourir,
en le pendant au bois. -^^Mais Dieu l'a ressuscité le
troisième jour, et il a permis qu'il se montrât, '^^non
à tout le peuple, mais aux témoins choisis d'avance
par Dieu, à nous qui avons mangé et bu avec lui après
sa résurrection d'entre les morts, -^-Et il nous a com-
mandé de prêcher au peuple, et d'attester que c'est
lui qui a été établi par Dieu pour juger les vivants et
les morts. ^^Tous les prophètes rendent de lui ce té-
moignage, que quiconque croit en lui reçoit par son
nom la rémission des péchés.
^•^ Comme Pierre parlait encore, le Saint-Esprit des-
cendit sur tous ceux qui écoutaient la Parole. '"^Et les
281
10 : 46-11 : U ACTES DES APOTRES
fidèles circoncis, qui étaient venus avec Pierre, étaient
fort étonnés de voir que le don du Saint-Esprit était
aussi accordé aux païens. "^^'Car ils les entendaient
parler en langues étrangères et glorifier Dieu. ^' Alors
Pierre reprit la parole et dit : Peut-on refuser l'eau
du baptême à ceux qui ont reçu le Saint-Esprit aussi
bien que nous ? -^^Et il ordonna de les baptiser au
nom de Jésus-Christ. Ils le prièrent alors de demeurer
quelques jours avec eux.
Pierre, de retour à Jérusalem, justifie sa conduite
I I ^ Les apôtres et les frères, qui étaient en Judée,
apprirent que les païens avaient aussi reçu la parole
de Dieu» ^Et lorsque Pierre fut monté à Jérusalem,
les fidèles circoncis lui adressèrent des reproches.
"ILs lui disaient : Tu es entré chez des incirconciSj et
tu as mangé avec eux ! -^Mais Pierre se m_it à leur
raconter, par ordre et en détail, ce qui s'était passé.
^J'étais, leur dit-il, en prière dans la ville de Joppé,
lorsque je fus ravi en extase. J'eus une vision : un
objet, semblable à une grande nappe retenue aux
quatre coins, descendait du ciel, et il vint jusqu'à
moi. ^ Je l'examinai attentivement et j'y vis les qua-
drupèdes de la terre, les bêtes sauvages, les reptiles, et
les oiseaux du ciel. 'Puis j'entendis une voix qui me
disait : Pierre, lève-toi, tue et mange. ^ Je répondis :
Non, Seigneur ; car jamais rien de souillé ni d'impur
n'est entré dans ma bouche. '' La voix me parla du ciel
une seconde fois, et me dit : Ne regarde pas comme
souillé ce que Dieu a purifié. ^^ Cette vision se répéta
par trois fois, puis tout fut retiré da.ns le ciel. ^ ^ Et
voilà qu'au même instant, trois hommes qui m'avaient
été envoyés de Césarée, se présentèrent à la porte de
la maison où j'étais. ^^Alors l'Esprit me dit d'aller
avec eux, sans hésiter. Les six frères que voici vinrent
également avec moi, et nous entrâmes dans la maison
de Corneille. ^ ^Celui-ci nous raconta comment il avait
vu, dans sa maison, un ange qui s'était présenté à lui
et lui avait dit : Envoie à Joppé, et fais venir Simon,
surnommé Pierre. ^^E te dira des choses par lesquelles
282
ACTES DES APOTBES 11 : <5-28
tu seras sauvé, toi et toute ta maison. ^^ Quand j'eus
commencé à parler, le Saint-Esprit descendit sur
eux, comme il était descendu sur nous au commence-
ment. ^^ Alors je me souvins de la parole prononcée
par le Seigneur : Jean a baptisé d'eau ; mais vous
serez baptisés du Saint-Esprit (^). ^'Si donc Dieu
leur a fait le même don qu'à nous, qui avons cru au
Seigneur Jésus-Christ, quiétais-je, moi, pour m 'opposer
à Dieu ?... ^^ Après avoir entendu ces paroles, ils s'apai-
sèrent et glorifièrent Dieu, en disant : Dieu a donc
aussi donné aux païens la repentance (^), pour qu'ils
aient la vie '
Barnabas et Saut à Antioche
^^Ceux qui avaient été dispersés par la persécution
survenue à l'occasion d'Etienne, allèrent jusqu'en
Phénicie, dans l'île de Chypre et à Antioche, n'an-
nonçant la parole qu'aux Juifs seuls. -^Mais quelques-
uns d'entre eux, qui étaient de Chypre et de Cyrène,
étant venus à Antioche, parlèrent aussi aux Grecs,
leur annonçant l'Evangile du Seigneur Jésus. ^^La
main du Seigneur était avec eux, et grand fut le nom-
bre de ceux qui crurent et se convertirent^ au Sei-
gneur. ^-Le bruit en vint aux oreilles de l'Eglise de
Jérusalem ; et on envoya Barnabas jusqu'à Antioche.
^^ Quand il fut arrivé et qu'il eut vu la grâce accordée
par Dieu, il se réjouit, et les exhorta tous à rester
attachés d'un cœur ferme au Seigneur; -^car c'était
un homme de bien, plein du Saint-Esprit et de foi.
Alors un grand nombre de personnes se joignirent au
Seigneur.
-^Barnabas alla ensuite à Tarse, pour chercher
Saul, ^^et, l'ayant trouvé, il l'amena à Antioche.
Pendant toute une année, ils assistèrent aux assem-
blées de l'Eglise, et ils instruisirent un grand nombre
de personnes. Ce fut à Antioche que, pour la pre-
mière fois, on donna aux disciples le nom de chrétiens.
^'En ces jours-là, des prophètes descendirent de'
Jérusalem à Antioche. ^^L'un d'eux, nommé Agabus,
(1) Voy. Actes 1:5.
(2) Ou : la conversion.
283
11 : 29-12 : 40 ACTES DES APÔTRES
se leva, et prédit par l'Esprit qu'il y aurait une fa-
mine sur toute la terre. EUe survint, en effet, sous le
règne de Claude ('). ^^Les disciples résolurent d'en-
voyer, chacun selon son pouvoir, un secours aux frères
qui habitaient en Judée. ^*^ C'est ce qu'ils firent : ils
l'envoyèrent aux anciens par les mains de Barnabas et
de Saul.
Mort de Jacques — Emprisonnement et délivrance
de Pierre
12 ^Vers ce temps-là, le roi Hérode (-) se mit à
maltraiter quelques-uns des membres de l'Église.
-Il fit mourir par l'épée Jacques, frère de Jean;
^et, voyant que cela était agréable aux Juifs, il fit
aussi arrêter Pierre. '* C'était pendant les jours des
pains sans levain. Après l'avoir fait saisir et mettre
en prison, il le donna à garder à quatre escouades, de
quatre soldats chacune. Son intention était de le faire
comparaître devant le peuple, après la Pâque. ^Pierre
était donc gardé dans la prison, et l'Église ne cessait
d'adresser des prières à Dieu pour lui.
^Or, la nuit qui précéda le jour où Hérode devait
le faire comparaître, Pierre, chargé de deux chaînes,
dormait entre deux soldats, et des sentinelles, devant
la porte, gardaient la prison. "' Tout à coup survint un
ange du Seigneur, et une lumière resplendit dans le
cachot. L'ange réveilla Pierre en le frappant au côté,
et lui dit : Lève-toi vite. Et les chaînes tombèrent de
ses mains. ^L'ange lui dit ensuite : Mets ta ceinture et
tes sandales. Pierre obéit. L'ange ajouta : Mets ton
manteau et suis-moi. ^ Pierre sortit et le suivit ; il ne
comprenait pas que ce que l'ange faisait fût réel, mais
il croyait avoù' une vision. "• ^ Quand ils eurent passé la
première garde, puis la seconde, ils arrivèrent à la
porte de fer, qui donne sur la viUe. Cette porte s'ou-
vrit devant eux d'eUe-même, et, étant sortis, ils
s'avancèrent dans une rue. Aussitôt l'ange le quitta.
(1) Claude, empereur romain (41-54 après Jésus-Ohrist).
(2) Hérode-Agrippa !*"■, petit-fils d'Hérode le Grand, régna de l'an 37 à
l'an 44 après Jésus-Christ.
284
ACTES DES APÔTRES 12:^^-25
^ ^ Alors Pierre revint à lui et dit : Maintenant, je
reconnais vraiment que le Seigneur a envoyé son ange,
et qu'il m'a délivré de la main d'Hérode, et de tous
les maux dont le peuple juif me menaçait. ' -Après avoir
réfléchi, il se rendit à la maison de Marie, mère de
Jean, surnommé Marc, où plusieurs personnes étaient
assemblées et priaient. ^^ Quand il eut frappé à la
porte du vestibule, une servante, nommée Rhode,
vint écouter; *^puis, ayant reconnu la sfiiix de Pierre,
dans sa joie, au lieu d'ouvrir la porte, elle courut annon-
cer que Pierre était devant la porte d'entrée. ^ "' Ils lui
dirent : Tu es folle ! Mais elle soutenait qu'il en était
ainsi. Ils dirent alors: C'est son ange. ^^ Cependant
Pierre continuait à frapper. Quand ils eurent ouvert,
ils le virent et furent saisis d'étonnement. '•"Mais lui,
leur ayant, de la main, fait signe de se taire, leur ra-
conta comment le Seigneur l'avait tiré de la prison ;
puis il leur dit : Faites-le savoir à Jacques et aux frères.
Après cela il sortit, et s'en alla dans un autre endroit.
^^ Quand il fit jour, il y eut une grande agitation
parmi les soldats : ils ne savaient ce que Pierre était
devenu. ^^Hérode, l'ayant fait chercher et n'ayant
pu le trouver, instruisit le procès des gardes, et ordonna
de les mener au supplice. Ensuite il descendit de Judée
à Césarée, où il demeura.
Mort d'Hérode
-^Or, Hérode avait des sentiments hostiles contre
les Ty riens et les Sidoniens. Ils se rendirent auprès de
lui d'un commun accord, et, ayant gagné Blastus,
son chambellan, ils demandèrent la paix, parce que
leur pays tirait sa subsistance de celui du roi. - ' Au
jour fixé, Hérode se revêtit de ses habits royaux,
s'assit sur son trône, et les harangua publiquement.
-^ Alors le peuple s'écria : C'est la voix d'un Dieu, et
non pas d'un homme ! -^ A l'instant même, un ange du
Seigneur frappa Hérode, parce que le roi n'avait pas
rendu gloire à Dieu ; et il mourut rongé des vers.
^''Cependant, la parole de Dieu faisait de grands
progrès, et se répandait de plus en plus. --'Barnabas
285
13 :^-^^ AOTSS DES APÔTRES
et Saul, après s'être acquittés de leur mission, revinrent
de Jérusalem à Antioche^ emmenant avec eux Jean,
surnommé Marc.
II. — L'Évangile prêché parmi les Païens
(13 : 1 à 28 : 31)
Mission de Paul et de Barnahas
13 ^ Il y avait dans l'Eglise d'Antioche des prophètes
et des docteurs : Barnabas, Siméon, appelé Niger,
Lucius le Cyrénéen, Manahem, qui avait été élevé
avec Hérode le tétrarque, et Saul. ^Pendant qu'ils
célébraient le culte du Seigneur et qu'ils jeûnaient,
le Saint-Esprit leur dit : Mettez à part Barnabas et
Saul, pour l'œuvre à laquelle je les ai appelés. ^ Alors,
après avoir jeûné et prié, ils leur imposèrent les mains
et les laissèrent partir.
Paul et Barnabas dans Vile de Chypre —
Conversion de Sergius Paulus
^Eux donc, étant envoyés par le Saint-Esprit,
descendirent à Séleucie, et, de là, ils firent voile vers
l'île de Chypre. ^Arrivés à Salamine, ils annoncèrent
la parole de Dieu dans les synagogues des Juifs;
ils avaient Jean avec eux pour les aider. ^ Ayant tra-
versé toute l'île jusqu'à Paphos, ils trouvèrent un
certain Juif, magicien et faux prophète, nommé
Bar-Jésus, '^qui vivait auprès du proconsul Sergius
Paulus, homme d'une intelligence éprouvée. Celui-ci,
ayant fait appeler Barnabas et Saul, demanda à enten-
dre la parole de Dieu. ^Mais Elymas, le magicien —
c'est ce que signifie son nom, — leur résistait, tâchant
de détourner le proconsul de la foi. ^ Alors Saul, ap-
pelé aussi Paul, plein du Saint-Esprit, le regarda en
race et lui dit : ^ ^ Homme tout rempli d'.artifice et de
méchanceté, enfant du diable, ennemi de toute justice,
ne cesseras-tu pas de rendre tortueuses les droites
voies du Seigneur? ^^Déjà la main du Seigneur
est sur toi ; tu seras aveugle, tu ne verras pas
le soleil pendant un certain temps. A l'instant
286
ACTES DES APÔTEES 13 : ^2-23
même, l'obscurité et les ténèbres tombèrent sur Ely-
mas, et, tournant de tous côtés, il cherchait quelqu'un
pour le conduire. ^ ^ Alors le proconsul, voyant ce qui
était arrivé, devint croyant ; car la doctrine du Sei-
gneur l'avait rempli d'admiration.
Prédication de Paul à Antioche de Pisidie
^^S'étant embarqués à Paphos, Paul et ses com-
pagnons arrivèrent à Perge, en PamphyHe. Mais Jean
se sépara d'eux, et retourna à Jérusalem. ^'^Pour eux,
ayant quitté Perge, ils poursuivirent leur route et
parvinrent à Antioche de Pisidie ; et, étant entrés dans
la synagogue le jour du sabbat, ils y prirent place.
^•^ Après la lecture de la loi et des prophètes, les chefs
de la synagogue leur envoyèrent dire : Hommes, frères,
si vous avez quelques paroles d'exhortation à adresser
au peuple, parlez.
^^ Alors Paul se leva, et, ayant fait signe de la main,
il dit : Hommes Israélites et vous qui craignez Dieu,
écoutez : ^"Le Dieu de ce peuple d'Israël choisit nos
pères ; il^eva bien haut ce peuple, pendant son séjour
à l'étranger, dans le pays d'Egypte, et il l'en fit sortir
par la puissance de son bras. ^^11 supporta leur con-
duite dans le désert, pendant environ quarante ans.
^•'Puis, ayant détruit sept nations dans le pays de
Canaan, il les mit en possession de leur territoire,
^"pendant environ quatre cent cinquante ans; c'est
alors qu'il leur donna des juges jusqu'au prophète
Samuel.
^^ Ensuite ils demandèrent un roi. Dieu leur donna
pour quarante ans Saiil, fils de Kis, de la tribu de
Benjamin ; '^^puis, l'ayant rejeté, il leur suscita pour
roi David, auquel il rendit ce témoignage : • « J'ai
trouvé David, fils de Jessé, un homme selon mon
cœur, qui exécutera toutes mes volontés (*). » ^^ C'est
de sa postérité que Dieu, selon sa promesse, a suscité
pour Israël un Sauveur, qui est Jésus. "^^ Avant sa ve-
nue, Jean avait prêché le baptême de repentance à tout
le peuple d'Israël. ^-^Et pendant que Jean poursuivait
sa course, il disait : Je ne suis pas ce que vous pensez ;
(1) Voy. I Samuel 16 : 1-13. — Psaume 89 : 21.
287
13 : 26-41 ACTES DES APÔTEES
mais il vient aprè^ moi, celui dont je ne suis pas digne
de délier la chaussure (').
26 Hommes frères, enfants de la race d'Abraham,
et vous qui craignez Dieu, c'est à nous que ce message
de salut est adressé. ^'Car les habitants de Jérusalem
et leurs chefs, ayant méconnu ce Jésus, ont accompli,
en le condamnant, les paroles des prophètes qu'on
lit chaque sabbat. ^^Bien qu'ils n'eussent rien trouvé
en lui qui fût digne de mort, ils demandèrent à Pilate
de le faire mourir. ^9 Après qu'ils eurent accompli
tout ce qui avait été écrit à son sujet, ils le descendirent
de la croix et le mirent dans un tombeau. ^^Mais Dieu
Ta ressuscité des morts. ^'11 a été vu, pendant plu-
sieurs jours, par ceux qui étaient montés avec lui
de la Galilée à Jérusalem, et qui sont maintenant ses
témoins auprès du peuple. ^^ Quant à nous, nous vous
annonçons une bonne nouvelle : La promesse faite à
nos pères, ^^Dieu l'a accomplie pour nous, leurs en-
fants (2), en ressuscitant Jésus (^), ainsi qu'il est écrit
dans le psaume second : a Tu es mon fils, je t'ai en-
gendré aujourd'hui (''). » ^-^ Qu'il l'ait ressuscité des
morts, pour ne devoir plus retourner à la corruption,
c'est ce qu'il a déclaré en disant : « Je vous tiendrai
fidèlement les promesses sacrées, faites à David (^). »
^•'^ Aussi dit-il encore dans un autre endroit : « Tu ne
permettras point que ton Saint voie la corruption {^). »
^^En effet, David, après avoir servi en son temps
aux desseins de Dieu, est mort ; il a été recueilli avec
ses pères, et il a vu la corruption. 2" Mais celui que
Dieu a ressuscité, n'a point vu la corruption. ^^Sa-
chez-le donc, hommes, frères, c'est par lui que la ré-
mission des péchés vous est annoncée; ^'-'et c'est
par lui que tout croyant est justifié de tout ce dont vous
ne pouviez être justifiés par la loi de Moïse. '^^ Prenez
donc garde qu'il ne vous arrive ce qui est dit dans les
prophètes : « "^^ Voyez, contempteurs, soyez étonnés et
disparaissez ; car je vais faire une œuvre en vos
(-1) Voy. Jean 1 : 20 et 27 ; Luc 3 : 16.
(2) Litt. ; nos enfants.
(3) On peut traduire aussi : en suscitant Jésus.
(4) Psaume 2 : 7. — (o) Ésaïe 55 : 3 — (6) Psaume 16 : 10.
288
ACTES DES APÔTEES 13 : 42-14 : 3
jours, une œuvre que vous ne croiriez point, si on vous
la racontait (*). »
"^^ Lorsqu'ils sortirent, on les pria de parler, le
sabbat suivant, sur les mêmes sujets. ^^Et après que
rassemblée se fut séparée, plusieurs Juifs et prosé-
lytes pieux suivirent Paul et Bamabas, qui s'entretin-
rent avec eux et les exhortèrent à demeurer attachés
à la grâce de Dieu.
■^^Le sabbat suivant, presque toute la ville se ras-
sembla pour entendre la parole du Seigneur. '^•^Mais les
Juifs, voyant cette foule, furent remplis de jalousie ;
ils s'opposèrent à ce que Paul disait, en l'injuriant.
''^ Alors Paul et Barnabas leur dirent hardiment :
C'était à vous, les premiers, qu'il fallait annoncer la
parole de Dieu ; mais puisque vous Ja rejetez et que
vous vous jugez vous-mêmes indignes de la vie éter-
nelle, noTis nous tournons vers les païens, "^^Car
le Seigneur nous l'a ainsi commandé : « Je t'ai
établi pour être la lumière des nations, afin que tu
portes le salut jusqu'aux extrémités de la terre (^). »
"^^Les païens, en les entendant parler, étaient remplis de
joie, et donnaient gloire à la parole du Seigneur, et
tous ceux qui étaient destinés à la vie étemelle, crurent.
'^^La parole du Seigneur se répandait par tout le
pays. ^^Mais les Juifs excitèrent les femmes dévotes
de haut rang et les principaux habitants de la ville ;
ils provoquèrent une persécution contre Paul et Bar-
nabas, et les chassèrent de leur territoire. ^^ Ceux-ci,
ayant secoué contre eux la poussière de leurs pieds,
allèrent à Iconie. *'*- Quant aux disciples, ils étaient
remplis de joie et du Saint-Esprit.
Paul et Barnabas à Iconie
I 4> ^ A Iconie, Paul et Barnabas entrèrent ensemble
dans la synagogue des Juifs, et ils parlèrent de telle
sorte qu'U y eut une grande multitude de Juifs et de
Grecs qui devinrent croyants. -Mais les Juifs restés
incrédules excitèrent et aigrirent l'esprit des païens
contre les frères. ^Cependant, Paul et Barnabas séjour-
(1) Habacuc 1 : 5. — (2) Ésaïe 49 : 6.
10
289
14:4-17 ACTES DES APÔTRES
nèrent là assez longtemps, pleins de courage et de con-
fiance dans le Seigneur, qui rendait témoignage à la
parole de sa grâce, en faisant par leurs mains des mira-
r^les et des prodiges. ^ Mais le peuple de la ville se divisa :
les uns étaient pour les Juifs, les autres pour les apô-
tres. '''Et comme les païens et les Juifs, avec leurs
chefs, se soulevaient pour les maltraiter et les lapider,
^les apôtres, en ayant eu connaissance, se réfugièrent
dans les villes de la Lycaonie, à Lystre, à Derbe, et
dans les environs, ''et ils y annoncèrent l'Évangile.
Paul et Barnahas à Lystre
^11 y avait à Lystre un homme paralysé des jambes,
impotent de naissance, et qui n'avait jamais marché.
^ Il était assis et il écoutait parler Paul. Celui-ci, ayant
arrêté les yeux sur lui et voyant qu'il avait la foi pour
être guéri, ^**dit à haute voix : Lève-toi, et tiens-toi
droit sur tes pieds. Il se leva d'un saut, et il se mit à
marcher.
^^Le peuple, ayant vu ce que Paul avait fait,
s'écria en langue lycaonienne : Les dieux, ayant pris
une forme humaine, sont descendus vers nous ! ^ ^ Et
ils appelaient Barnabas Jupiter, et Paul Mercure,
parce que c'était lui qui portait la parole. ^^Le prêtre
de Jupiter, dont le temple est à l'entrée de la ville,
vint devant les portes avec des taureaux et des cou-
ronnes, et il voulait, d'accord avec la foule, offrir un
sacrifice. ^^Mais les apôtres, Barnabas et Paul, l'ayant
appris, déchirèrent leurs vêtements et se jetèrent au
milieu de la foule, en s' écriant : *^Amis, pourquoi
faites-vous cela ? Nous ne sommes que des hommes, de
la ^ même nature que vous ; et nous vous annonçons
l'Évangile, afin que vous vous détourniez de ces vaines
idoles, et que vous vous convertissiez au Dieu vivant,
qui a fait le ciel, la terre, la mer, et tout ce qui s'y
trouve. ^^11 a laissé dans les siècles passés toutes les
nations suivre leurs propres voies; '^néanmoins, il
n'a pas cessé, par ses bienfaits, de donner des témoi-
gnages de ce qu'il est, en vous envoyant du ciel les
pluies et les saisons fertiles, en vous accordant la
290
ACTES DES APÔTRES 14m8-1o:2
nourriture avec abondance, et en remplissant vos
cœurs de joie. ^^ Malgré ces paroles, ils ne parvinrent,
que difficilement, à empêcher le peuple de leur offrir
un sacrifice.
^^ Cependant, il survint, d'Antioche (^) et d'Iconie,
des Juifs qui gagnèrent le peuple ; et, ayant lapidé
Paul, ils le traînèrent hors de la ville, pensant qu'il
était mort. ^^Mais, les disciples s'étant réunis autour
de lui, il se releva et rentra dans la ville. Le lendemain,
il s'en alla avec Barnabas à Derbe.
Retour à Antioche
'^' Après avoir annoncé l'Evangile dans cette ville,
et y avoir fait un assez grand nombre de disciples,
ils retournèrent à Lystre, Iconie et Antioche,
"-^'^ fortifiant l'âme des disciples, les exhortant à per-
sévérer dans la foi, et les avertissant que c'est par beau-
coup d'afflictions qu'il nous faut entrer dans le royaume
de Dieu. ^^Ils firent élire des anciens dans chaque
Eglise; et, après avoir prié et jeûné, ils les recomman-
dèrent au Seigneur, en qui ils avaient cru. ^"^ Ayant
traversé la Pisidie, ils vinrent en Pamphylie. ^^Puis
après avoir annoncé la parole à Perge, ils descen-
dirent à Attalie. ^'^De là, ils firent voile vers Antioche
d'où ils étaient partis, recommandés à la grâce de
Dieu, pour l'œuvre qu'ils venaient d'accomplir.
^ ' Quand ils furent arrivés, et qu'ils eurent assemblé
l'Eglise, ils racontèrent toutes les choses que Dieu
avait faites par eux, et comment il avait ouvert aux
Gentils la porte de la foi. -^ Et ils demeurèrent là long-
temps avec les disciples.
Synode de Jérusalem
I 5 ^ Or, quelques hommes venus de la Judée, en-
seignaient aux frères cette doctrine : Si vous n'êtes pas
circoncis selon le rite mosaïque, vous ne pouvez être
sauvés. 2 Une dispute, une discussion assez vive s'étant
élevée à ce sujet entre Paul et Barnabas et ces hommes-
là, on décida que Paul et Barnabas, avec quelques-
(1) Autioche de Pisidie,
291
15:3-17 ACTES DES APÔTRES
uns d'entre eux, monteraient à Jérusalem, auprès
des apôtres et des anciens, pour traiter de cette affaire.
^Eux donc, après avoir été accompagnés par l'Église,
traversèrent la Phénicie et la Samarie, racontant la
conversion des païens, et ils causèrent ainsi une
grande joie à tous les frères. -^A leur arrivée à Jérusa-
lem, ils furent accueillis par l'Église, les apôtres et
les anciens, et ils rapportèrent tout ce que Dieu avait
fait par leur moj-en. '"^Mais quelques membres de la
secte des pharisiens, qui avaient cru, se levèrent et
dirent qu'il fallait circoncire les païens, et leur en-
joindre d'observer la loi de Moïse.
^ Alors les apôtres et les anciens s'assemblèrent
pour examiner cette affaire. "^ Après une longue dis-
cussion, Pierre se leva et leur dit : Mes frères,
vous savez que, dès les premiers jours. Dieu m'a choisi
parmi vous, pour faire entendre aux païens par ma
bouche la parole de l'Évangile, et pour les amener à la
foi. ^Dieu, qui connaît les cœurs, leur a rendu témoi-
gnage, en leur donnant le Saint-Esprit aussi bien
qu'à nous ; '-^il n'a point fait de différence entre nous
et eux, ayant purifié leurs cœurs par la foi. ^'^Mainte-
nant donc, pourquoi tentez-vous Dieu, en chargeant
les disciples d'un joug que ni nos pères ni nous-mêmes
n'avons pu porter ? ^ ' Nous croyons, au contraire,
que c'est par la grâce du Seigneur Jésus que nous
sommes sauvés, de la même manière qu'eux.
'-Toute l'assemblée se tut, et on écoutait Barnabas
et Paul, qui racontaient quels miracles et quels pro-
diges Dieu avait opérés par leur moyen, parmi les
païens. ^^ Quand ils eurent cessé de parler, Jacques
prit la parole et dit : Mes frères, écoutez -moi ! ^^ Simon
a raconté comment, pour la première fois, Dieu a jeté
les yeux sur les nations païennes, pour en tirer un peu-
ple consacré à son nom. ^^Cela s'accorde avec les
paroles des prophètes; car il est écrit: ^^ « Après tout
cela, je reviendrai, et je relèverai la tente de David,
qui est tombée. Je réparerai ses ruines, et je la re-
dresserai, ^'afin que le reste des hommes et toutes
les nations sur lesquelles mon nom est invoqué, cher-
chent le Seigneur.
292
ACTES DES APÔTRES 15 M 8-32
Ainsi parle le Seigneur qui accomplit ces choses (^ ) » ;
'^ et elles lui sont connues de tout temps. '^ C'est pour-
quoi je suis d'avis qu'on ne doit pas inquiéter ceux
des païens qui se convertissent â. Dieu ; ^^mais il
faut leur écrire de s'abstenir des souillures des
idoles (^), de l'impudicité, des animaux étouffés et du
sang. ^' Car Moïse, depuis bien des générations, a dans
chaque ville ses prédicateurs, puisqu'on le lit tous
les jours de sabbat dans les sjmagogues.
2^ Alors les apôtres et les anciens, d'accord avec
toute r^hse, décidèrent d'envoyer à Antioche, avec
Paul et Barnabas, des personnes choisies parmi eux.
Ils choisirent Jude, appelé Barsabas, et Silas, deux
hommes éminents parmi les frères ; ^^ et ils les char-
gèrent de la lettre suivante :
Les apôtres, les anciens et les frères, aux frères,
païens d'origine, qui sont à Antioche, en Syrie et
en CiUcie, salut î ^^ Ayant appris que quelques-uns
d'entre nous, sans aucun mandat de notre part, vous
ont troublés par leurs paroles et ont bouleversé vos
âmes, ^-'nous avons été d'avis, d'un commun aocord,
de choisir des délégués et de vous les envoyer avec
nos bien -aimés Barnabas et Paul, '^^ces hommes qui
ont exposé leur vie pour le nom de notre Seigneur
Jésus-Christ. -'Nous vous avons donc envoyé Jude
et Silas, qui vous diront, de vive voix, les mêmes
choses : ^^ C'est qu'il a semblé bon au Saint-Esprit et
a nous de ne pas vous imposer d'autres charges que
celles qui sont indispensables, ^^ savoir, de vous abste-
nir de ce qui a été sacrifié aux idoles, du sang, des
animaux étouffés et de l'impudicité ; toutes choses
dont vous vous trouverez bien de vous garder. Adieu !
-^''Eux donc, après avoir pris congé de l'Église,
descendirent à Antioche ; et ayant assemblé tous les
frères, ils leur remirent la lettre. ^' On en fit la lecture,
et tous se réjouirent de l'encouragement qu'elle leur
apportait. 3- Jude et Silas, qui étaient eux-mêmes pro-
phètes, exhortèrent et fortifièrent aussi les frères par
(1) Amos 9 : 11-12.
i2) Des souillures des idoles, c'est-à-dire des viandes ofEertes en sacrifice aux
faux dieux. Voir verset 29. — Voy. aussi 1 Cor. 8.
293
15 : 33-16 : 7 ACTES DES APOTRES
plusieurs discours. ^^Au bout de quelque temps, les
frères les renvoyèrent en paix auprès de ceux qui les
* avaient délégués. ^^ [Cependant Silas jugea à propos
de rester à Antioche.] («)
Paul et Barnahas se sépareuv
^•^ Cependant Paul et Barnabas restèrent à Antio-
che, prêchant l'Evangile et enseignant avec plusieurs
autres la parole du Seigneur. ^*^ Quelque temps après,
Paul dit à Barnabas : Retournons visiter les frères
dans toutes les villes où nous avons annoncé la parole
du Seigneur, et voyons en quel état ils se trouvent.
^^ Barnabas voulait emmener aussi Jean, surnommé
Marc. -^'Mais Paul n'était pas d'avis de prendre
avec eux celui qui les avait quittés en Pamphylie,
et qui ne les avait pas accompagnés dans leur œuvre.
•^^11 y eut entre eux une vive discussion, de sorte qu'ils
se séparèrent, et que Barnabas, prenant Marc avec
lui, s'embarqua pour l'île de Chypre. ^^ Quant à
Paul, ayant choisi Silas, il partit, après avoir été re-
commandé par les frères à la grâce du Seigneur.
**^I1 parcourut la Sylvie et la Cilicie, affermissant les
Églises.
Paul prend avec lui Timothée
I 6 ^ Paul arriva à Derbe et à Lystre. Il y avait là
un disciple, nommé Timothée, fils d'une Juive fidèle
et d'un père grec. -Les frères de Lystre et d'Iconie
lui rendaient un bon témoignage. ^Paul voulut l'em-
mener avec lui ; et, l'ayant pris, il le circoncit, à
cause des Juifs qui vivaient dans ces pays-là ; car tous
savaient que son père était Grec. ^Dans les villes où
ils passaient, ils recommandaient d'observer les dé-
cisions prises par les ^apôtres et par les anciens de
Jérusalem. -^ Ainsi les Eglises étaient affermies dans la
foi, et elles augmentaient en nombre de jour en jour.
^Puis, ils traversèrent la Phrygie et le pays des Ga-
lates, le Saint-Esprit les ayant empêchés d'annoncer
la parole en Asie ( ' ). ^Arrivés près de la Mysie, ils se dis-
[a) Ce vei'set entre crocliets manque dans plusieurs anciens manuscrits.
(1) C'était le nom d'une province romaine, dont liplièse était la capitale.
294
ACTES DES APOTRES 16 : 8-18
posaient à aller en Bithynie ; mais l'Esprit de Jésus
ne le leur permit pas. ^ Alors ils traversèrent rapide-
ment la Mysie, et ils descendirent à Troas.
Paul se rend en Macédoine
^ Pendant la , nuit, Paul eut une vision ; un Macé-
donien se tenait devant lui et le suppliait, en disant :
Passe en Macédoine, et viens nous secourir. '''^Aussitôt
après cette vision de Paul, nous cherchâmes à partir
pour la Macédoine, convaincus que Dieu nous appelait
à y annoncer l'Evangile.
Séjour à Philippes — Conversion de Lydie
''^ Etant donc partis de Troas, nous naviguâmes
droit sur Samothrace, et le lendemain, sur Néapolis ;
^^de là, nous vînmes à Philippes, la première ville de
la province de la Macédoine, et une colonie romaine.
Nous y séjournâmes quelques jours. ^^Le jour du
sabbat, nous nous rendîmes hors des portes, au bord de
la rivière, où nous pensions qu'on se rassemblait pour la
prière ; et nous étant assis, nous parlions aux femmes
qui s'y trouvaient réunies. ^^ L'une d'elles, nommée
Lydie, de la ville de Thyatire, marchande de pourpre,
qui craignait Dieu, nous écouta ; et le Seigneur lui
ouvrit le cœur pour qu'elle fût attentive à ce que
Paul disait. ^^ Quand elle eût été baptisée avec sa
famille, elle nous adressa cette demande : Si vous
m'avez jugée fidèle au Seigneur, entrez dans ma
maison, et demeurez -y ; et elle nous y obligea.
Paul et Silas en prison — Conversion du geôlier
''^Un jour que nous allions à la prière, une servante,
qui avait un esprit de Python ('), et qui, en devinant,
procurait un grand profit à ses maîtres, nous ren-
contra. ^^Elle se mit à nous suivre, Paul et nous, en
criant : Ces hommes -là sont des serviteurs du Dieu
très-haut ; ils vous annoncent la voie du salut. ^^EUe
fit ainsi pendant plusieurs jours ; mais Paul, en étant
(1) Un esprit de Python: c'est-à-dire que cette servante passait pour sorcière,
pour devineresse. Python était le nom du serpent qui, d'après la légende païenne,
gardait l'oracle de îtelphes.
295
lÔl-JO-S^ ACTES DES APÔTRES
importuné, se retourna et dit à l'esprit : Je te com-
mande, au nom de Jésus-Christ, de sortir de cette
femme. Et l'esprit sortit à l'heure même.
^^ Cependant les maîtres de cette servante, voyant
disparaître l'espoir de leur gain, se saisirent de Paul
et de Silas, les traînèrent sur la place publique devant
les magistrats, et, -^les ayant amenés aux préteurs,
ils dirent : Ces hommes troublent notre ville ! Ce
sont des Juifs ; ^ ' ils enseignent des coutumes qu'il ne*
nous est permis ni d'accepter ni de suivre, à nous qui
sommes Romains. ^^La foule se souleva aussi contre
eux, et les préteurs, les ayant fait dépouiller de leurs
vêtements, ordonnèrent qu'ils fussent battus de verges.
-^ Après qu'on leur eut donné plusieurs coups, ils les
firent jeter en prison, en recommandant au geôlier de
les tenir sous bonne garde. 2"* Ayant reçu cet ordre,
il les mit au fond de la prison, et leur serra les pieds
dans des entraves.
^•'Vers le milieu de la nuit, Paul et Silas, étant en
prières, chantaient les louanges de Dieu, et les pri-
sonniers les écoutaient. ^^ Tout à coup, il se fit un grand
tremblement de terre, de sorte que les fondements de
la prison furent ébranlés. En même temps toutes les
portes s'ouvrirent, et les. liens de tous les prisonniers
tombèrent. 2" Le geôUer, réveillé en sursaut et
voyant les portes de la prison ouvertes, tira son épée;
et il allait se tuer, croyant que les prisonniers s'étaient
enfuis. ^^Mais Paul lui cria à haute voix : Ne te fais
point de mal ; nous sommes tous ici! ^^ Alors le geôlier,
ayant demandé de la lumière, accourut; et, tout trem-
blant, il se jeta aux pieds de Paul et de Silas. ^^Puis,
les ayant menés dehors, il leur dit : Seigneurs, que
faut-il que je fasse pour être sauvé ? ^^ Ils lui dirent :
Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé, toi et ta
famille. ^^ Alors ils lui annoncèrent la parole de Dieu,
ainsi qu'à tous ceux qui étaient dans sa maison. ^^Le
geôlier, les prenant avec lui à cette même heure de
la nuit, lava leurs plaies; et aussitôt il fut baptisé,
lui et tous les siens. ^^ Puis, les ayant fait monter dans
son logement, il fit dresser la table, et il se réjouit
avec toute sa famille de ce qu'il avait cru en Dieu,
296
ACTES DES APÔTRES 16:35-17:0
^'^ Quand le jour fut venu, les préteurs envoyèrent les
licteurs dire au geôlier : Laisse aller ces hommes.
2'' Le geôlier rapporta ces paroles à Paul : Les préteurs
me font dire de vous laisser partir. Sortez donc, et
allez en paix. ^'Mais Paul dit aux licteurs : Après
nous avoir battus de verges en public et sans jugement,
nous qui sommes citoyens romains, ils nous ont mis
en prison ; et maintenant, ils nous font sortir en ca-
chette ! Cela ne sera pas. Qu'ils viennent eux-mêmes
nous mettre en liberté ! ^^Les licteurs rapportèrent ces
paroles aux préteurs, qui furent effrayés en apprenant
qu'ils étaient Romains. ^^Ils vinrent leur parler; ils les
mirent en liberté et les prièrent de quitter la ville.
^•^ Quand ils furent sortis de la prison, les apôtres
entrèrent chez Lydie, et, après avoir vu les frères et
les avoir exhortés, ils partirent.
Paul à Thessalonique
I 7 ^ Paul et Silas passèrent par Amphipolis et par
ApoUonie ; puis ils vinrent à Thessalonique, où les Juifs
avaient une synagogue. ^ Selon sa coutume, Paul s'y
rendit, et il discuta avec eux pendant trois sabbats, ^ex-
pliquant et démontrant, par les Écritures, qu'il fallait
que le Christ souffrît, et qu'il ressuscitât des morts. Ce
Christ, disait-il, c'est Jésus que je vous annonce. ^ Quel-
ques-uns d'entre eux furent persuadés ; et ils se joigni-
rent à Paul et à Silas, ainsi qu'une grande multitude de
Grecs craignant Dieu, et plusieurs femmes, des pre-
mières de la ville. '^Mais les Juifs, pleins de jalousie,
prirent avec eux quelques mauvais sujets des rues, et,
ameutant la foule, ils jetèrent le trouble dans la ville.
Ils assaillirent la maison de Jason, et ils y cherchèrent
Paul et Silas pour les amener devant le peuple. ^ Ne les
ayant pas trouvés, ils traînèrent Jason et quelques-uns
des frères devant les magistrats de la ville, en criant :
Ces gens, qui ont bouleversé le monde, les voilà mainte-
nant ici! 'Jason les a reçus chez lui. Or, ils sont tous re-
belles aux édits de César, puisqu'ils disent qu'il y a un
autre roi, Jésus. ^ Ces paroles émurent la foule et les
magistrats. '-^ Ceux-ci cependant, après avoir exigé une
caution de Jason et des autres, les relâchèrent.
297
17 : ^o-2^ actes des apôtres
Paul à Bérèe
^^ Aussitôt, les frères firent partir de nuit Paul et
Silas pour Bérée. Lorsqu'ils furent arrivés, ils entrèrent
dans la synagogue des Juifs. ^ ' Ceux-ci eurent des sen-
timents plus nobles que ceux de Thessalonique, et ils
accueillirent la Parole avec beaucoup d'empressement,
examinant tous les jours les Écritures, pour vérifier
ce qu'on leur disait. ^^ Plusieurs d'entre eux crurent,
ainsi que des femmes grecques de haut rang, et des
hommes en assez grand nombre. ^^Mais quand les
Juifs de Thessalonique surent que Paul annonçait
aussi la parole de Dieu à Bérée, ils y vinrent pour
répandre l'agitation et le trouble parmi le peuple.
^'^ Aussitôt, les frères firent partir Paul, dans la direc-
tion de la mer, tandis que Silas et Timothée restaient
à Bérée. ^^Ceux qui accompagnaient Paul le condui-
sirent jusqu'à Athènes ; puis ils s'en retournèrent,
apportant à Silas et à Timothée l'ordre de le rejoindre
au plus tôt.
Paul à Athènes
^•"^ Pendant que Paul les attendait à Athènes, il
avait le cœur outré à la vue de cette ville toute pleine
d'idoles. ^'11 discutait donc dans la synagogue avec
les Juifs et les prosélytes ('), et, chaque jour sur la
place publique, avec ceux qui s'y rencontraient. ^ ^ Quel-
ques philosophes épicuriens et stoïciens conféraient
aussi avec lui. Les uns disaient : Que veut dire ce dis-
coureur ? Et d'autres : Il semble annoncer des divinités
étrangères — car Paul leur annonçait Jésus et la résur-
rection. — ^ ^ Ils le j)rirent avec eux et le menèrent à
l'Aréopage (2), en lui disant : Pourrions-nous savoir
quelle est cette nouvelle doctrine que tu enseignes ?
2^ Car tu nous fais entendre des choses étranges.
Nous voudrions bien savoir ce que cela veut dire.
^'Or, tous les Athéniens, aussi bien que les étrangers
qui séjournaient à Athènes, ne s'occupaient qu'à dire
ou à écouter les nouvelles.
(1) Litt. : hommes craignant Dieu.
■"A
298
(2) L'Aréopage était une colline consacrée à Ares (Mars), et où siégeait un
tribunal célèbre.
ACTES DES APÔTRES 17 : 22-34
22 Alors Paul, se tenant au milieu de l'aréopage, dit :
Athéniens, je vois qu'à tous égards vous êtes, pour
ainsi dire, dévots à l'excès. ^^Car, en parcourant
votre ville, et en considérant les objets de votre culte,
j'ai trouvé un autel portant cette inscription : Au
dieu inconnu. Eh bien, ce que vous honorez, sans
le connaître, c'est ce que je vous annonce! ^'^Le Dieu
qui a fait le monde, et tout ce qui s'y trouve, étant
le Seigneur du ciel et de la terre, n'habite pas dans
des temples bâtis par la main des hommes. ^^11
n'est pas non plus servi par des mains humaines,
comme s'il avait besoin de quoi que ce soit, lui qui
donne à tous la vie, la respiration, tous les biens.
-^ Il a fait naître d'un seul homme toutes les nations, et
il les a fait habiter sur toute l'étendue de la terre,
ayant fixé le temps précis de leur existence et les H-
mites de leur demeure, 2' afin qu'elles cherchent Dieu
et s'efforcent de le trouver comme en tâtonnant,
quoiqu'il ne soit pas loin de chacun de nous. ^^Car
c'est en lui que nous avons la vie, le mouvement et
l'être, comme l'ont dit quelques-uns de vos poètes :
« Nous sommes aussi de sa race (^)! »
2^ Étant donc la race de Dieu, nous ne devons pas
croire que la divinité soit semblable à l'or, à l'argent
ou à la pierre, sculptés par l'art et le génie de
l'homme. "^^ C'est pourquoi, ne tenant pas compte de
ces temps d'ignorance, Dieu invite maintenant tous
les hommes, en tous lieux, à se repentir, ^* parce qu'il
a fixé un jour, où il doit juger le monde avec justice,
par l'Homme qu'il a établi pour cela ; et il en a donné
à tous une preuve certaine en le ressuscitant des
morts...
^2 Quand ils entendirent parler de résurrection des
morts, les uns se moquèrent, les autres dirent : Nous
t'entendrons là-dessus une autre fois. ^^ C'est ainsi que
Paul se retira du milieu d'eux. ^^ Il y eut cependant
quelques personnes qui se joignirent à lui et qui
crurent : de ce nombre étaient Denis, membre de
l'Aréopage, une femme nommée Damaris, et d'autres
encore avec eux.
(1) Citation empruntée aux poètes Aratus de Tarse, et Oléanthe.
299
18 :^-^5 actes des apôtres
Paul à Corinthe
I 8 ^ Après cela, Paul, étant parti d'Athènes, vint
à Corinthe. ^ Il y trouva un Juif, nommé Aquilas, ori-
ginaire du Pont ('), récemment arrivé d'Italie avec
Priscille, sa femme, parce que Claude (^) avait ordonné
à tous les Juifs de s'éloigner de Rome ; et il se joignit
à eux. ^ Comme il était du même métier, il demeura
chez eux, et ils travaillaient ensemble ; or, leur métier
était de faire des tentes. ^Paul parlait dans la syna-
gogue tous les jours de sabbat, et il persuadait les
Juifs et les Grecs.
^ Quand Silas et Timothée arrivèrent de Macédoine,
Paul s'adonnait de toute son âme à la prédication,
attestant aux Juifs que Jésus était le Christ. ^Mais,
comme ils s'opposaient à lui et l'injuriaient, il secoua
ses vêtements et leur dit : Que votre sang retombe sur
votre tête ! Pour moi, j'en suis net ; dès maintenant,
j'irai vers les païens. "^ Étant sorti de là, il entra
chez un certain Titius Justus, homme craignant Dieu,
et dont la maison touchait à la synagogue. ^ Cependant
Crispus, le chef de la synagogue, crut au Seigneur avec
toute sa maison ; et plusieurs des Corinthiens, ayant
entendu Paul, crurent aussi et furent baptisés. ^Le
Seigneur dit à Paul, pendant la nuit, dans une vision :
Ne crains rien ; mais parle et ne te tais point. ^^Je
suis avec toi, et personne ne mettra la main sur toi,
pour te faire du mal ; car j'ai un grand peuple dans
cette viUe. ^ ' Paul demeura là un an et six mois, ensei-
gnant parmi eux la parole de Dieu.
^-Lorsque Gallion était proconsul d'Achaïe, les
Juifs, d'un commun accord, s'élevèrent contre Paul
et l'amenèrent au tribunal, ^^en disant : Cet homme
excite les gens à adorer Dieu d'une manière contraire
à la loi. '^Paul aUait ouvrir la bouche pour répondre,
lorsque Gallion dit aux Juifs : S'il s'agissait, ô Juifs,
de quelque injustice ou de quelque crime, je vous écou-
terais patiemment, comme de raison. ^ ^ Mais s'il s'agit
de discussions sur une doctrine, sur des noms et sur
(1) Province de l'Asie Mineure.
(2) Voir la note sur Actes 11
300
ACTES DES APÔTRES 18 : i 6-28
-votre loi particulière, vous y aviserez vous-mêmes ;
je ne veux point être juge de ces choses-là. ^^Puis il
les renvoya du tribunal. ^^ Alors tous, ayant saisi
Sosthène, le chef de la synagogue, le battaient devant
le tribunal; mais Gallion ne s'en souciait pas.
Voyage à Jérusalem
^^Paul resta encore quelque temps à Corinthe ;
puis, il prit congé des frères et s'embarqua pour la
Syrie avec Priscille et Aquilas, après s'être fait raser
la tête à Cenchrées {^)/, car il avait fait un vœu. ^^Ils
arrivèrent ensuite à Ephèse, où il laissa ses compa-
gnons. Pour lui, il entra dans la synagogue et s'entre-
tiut avec les Juifs. -^ Alors ils lui demandèrent de rester
plus longtemps, mais il n'y consentit pas. ^'11 prit
congé d'eux, en disant : Je reviendrai une autre fois
chez vous, s'il plaît à Dieu ; et il partit d'Éphèse.
-^ Etant débarqué à Césarée, il monta à Jérusalem;
et, après avoir salué l'Église, il descendit à Antioche.
-^Lorsqu'il y eut passé quelque temps, il en repartit,
et il parcourut successivement la Galatie et la Phrygie,
affermissant tous les disciples.
Apollos à Ephèse et en Achaïe
2^ Cependant un Juif, nommé Apollos, natif d'A-
lexandrie, homme éloquent et très versé dans les
Écritures, arriva à Ephèse. ^''Il avait été instruit dans
la voie du Seigneur ; il parlait avec une grande fer-
veur, et il enseignait avec exactitude ce qui concerne
Jésus, bien qu'il n'eût connaissance que du baptême
de Jean. ^^11 commença donc à parler avec hardiesse
dans la synagogue. Priscille et Aquilas, l'ayant en-
tendu, le prirent avec eux et lui exposèrent plus exac-
tement encore la voie de Dieu. 2' Comme Apollos vou-
lait passer en Achaïe, les frères l'y encouragèrent et écri-
virent aux disciples de lui faire bon accueil. Quand il
fut arrivé, il se rendit très utile, par la grâce de Dieu,
à ceux qui avaient cru. ^^Car il réfutait publiquement
(1) Cenchrées, port près de Corinthe.
301
19m-<3 actes des APOTRES
les Juifs avec une grande force, démontrant par les
Écritures que Jésus est le Christ.
Paul à Éphèse
I 9 ^ Pendant qu' Apollos était à Corinthe, Paul, après
avoir parcouru les régions les plus élevées du pays, des-
cendit à Éphèse, et il y trouva quelques disciples. ^11
leur dit : Avez-vous reçu le Saint-Esprit lorsque vous
avez cru ? Ils lui répondirent : Nous n'avons pas même
entendu dire qu'il y ait un Saint-Esprit. ^ Il reprit : Quel
baptême avez-vous donc reçu ? Ils répondirent : Le
baptême de Jean. ^ Alors Paul leur dit : Jean a baptisé
du baptême de repentance, en disant au peuple de
croire en celui qui devait venir après lui, c'est-à-dire en
Jésus. ^ Ayant entendu ces paroles, ils furent baptisés
au nom du Seigneur Jésus. <^ Après que Paul leur eut
imposé les mains, le Saint-Esprit descendit sur eux,
et ils se mirent à parler en d'autres langues et à pro-
phétiser. 'Ils étaient environ douze hommes en tout.
^Paul se rendit dans la synagogue, et il y parla avec
hardiesse pendant trois mois. Il persuadait ses audi-
teurs, en leur exposant ce qui concerne le royaume de
Dieu. ^Mais, comme quelques-uns s'endurcissaient et
refusaient de croire, décriant la voie du Seigneur
devant la foule, il se sépara d'eux et réunit à part
les disciples ; et il enseignait tous les jours dans l'école
de Tyrannus. '*^Cela continua pendant deux ans, de
sorte que tous ceux qui demeuraient en Asie, Juifs
et Grecs, entendirent la parole du Seigneur. ^ ^ Et Dieu
opérait des miracles extraordinaires par les mains de
Paul, ^^au point qu'on mettait sur les malades les lin-
ges et les vêtements qui avaient touché son corps :
ils étaient guéris de leurs maladies, et délivrés des
mauvais esprits.
Les exorcistes juifs
^^ Alors quelques exorcistes juifs, qui allaient de
lieu en lieu, essayèrent d'invoquer le nom du Sei-
gneur Jésus sur ceux qui étaient possédés des mauvais
esprits ; et ils disaient : Je vous adjure, par ce Jésus que
302
ACTES DES APÔTRES 19:4 4.27
Paul prêche! '''Ceux qui procédaient ainsi étaient les
sept fils de Scévas, l'un des principaux sacrificateurs
juifs. ^ ^Mais le mauvais esprit leur répondit : Je connais
Jésus, et je sais qui est Paul ; mais vous, qui êtes-vous ?
"^ Alors, se jetant sur eux, l'homme qui était possédé
du mauvais esprit se rendit maître de deux d'entre
eux, et il les maltraita si fort, qu'ils s'enfuirent de la
maison, nus et blessés. ''Le fait fut connu de tous les
Juifs et de tous les Grecs qui demeuraient à Éphèse.
Ils furent tous saisis de crainte, et le nom du Seigneur
Jési« était magnifié. ^^Un grand nombre de ceux qui
avaient cru venaient confesser et déclarer ce qu'ils
avaient fait. ^^ Plusieurs de ceux qui s'étaient livrés
à la magie apportèrent leurs livres, et les brûlèrent
devant tout le monde ; quand on en eut estimé la
valeur, eUe se trouva être de cinquante mille pièces
d'argent ('). ^'^' Ainsi, par la puissance du Seigneur,
la parole se répandait, et elle devenait de plus en plus
efficace.
Emeute 'provoquée 'par Démétrius
2^ Après ces événements, Paul se proposa d'aller à
Jérusalem, en passant par la Macédoine et par l' Achaïe.
Lorsque j'aurai été là, disait-il, il faudra aussi que je
voie Rome. ^-11 envoya en Macédoine deux de ses
aides, Timothée et Éraste, mais lui-même resta encore
quelque temps en Asie.
2^11 se produisit, à ce moment-là, un grand trouble
à l'occasion de l'Évangile. ^^Un orfèvre, nommé Dé-
métrius, qui fabriquait des temples de Diane en argent,
et qui donnait beaucoup de travail aux ouvriers, ^"'les
rassembla^ ainsi que les artisans du même métier, et il
leur dit : Éphésiens (^), vous savez que notre prospérité
vient de cette industrie. '-*^0r, vous voyez et entendez
dire que, non seulement à Ephèse, mais presque dans
toute l'Asie, ce Paul a persuadé et entraîné un grand
nombre de personnes, en disant que les dieux faits de
mam d'homme ne sont pas des dieux. ^"Nous avons
à craindre, non seulement que notre métier soit décrié,
(1 ) Probablement de 45.000 à 60.000 francs.
(2) Litt. : Hcmmei.
303
19:28-41 ACTES DES APÔTRES
mais encore que le temple de la grande Diane tombe
dans le mépris, et que notre déesse soit dépouillée
de cette majesté que vénèrent l'Asie et le monde entier.
^^A ces paroles, ils furent transportés de^colère, et
se mirent à crier : Grande est la Diane des Éphésiens !
^'•' Toute la ville fut remplie de trouble; et ils se
portèrent d'un commun accord au théâtre, entraînant
avec eux Gaïus et Aristarque, Macédoniens, compa-
gnons de voyage de Paul. 2*^ Paul lui-même voulait
se présenter devant le peuple, mais les disciples ne le
lui permirent pas. ^^11 y eut même des Asiarques('),
de ses amis, qui le firent prier de ne pas se rendre au
théâtre. ^^ Ainsi, les uns criaient d'iuie manière, et les
autres d'une autre ; car l'assemblée était tumultueuse,
et la plupart ne savaient même pas pourquoi ils étaient
réunis. ^^ Alors on tira de la foule Alexandre, que les
Juifs poussaient en avant ; et Alexandre, faisant signe
de la main, voulait parler au peuple pour leur défense.
^^Mais, dès que la foule eut reconnu qu'il était Juif,
elle se mit à crier d'une seule voix, pendant près de
deux heures : Grande est la Diane des Éphésiens!
^^ Cependant, le secrétaire de la ville, ayant apaisé
la foule, dit : Ephésiens, quel est l'homme qui ignore
que la ville d'Éphèse est la gardienne du temple de
la grande Diane et de son image tombée du ciel ?
^*"'Cela étant incontestable, vous devez rester calmes
et ne rien faire avec précipitation. ^"Car ces gens, que
vous avez amenés ici, ne sont coupables ni de sacri-
lège, ni de blasphème contre votre déesse. ^^Si donc
Démétrius et les ouvriers qui sont avec lui ont à ae
plaindre de quelqu'un, il y a des jours d'audience, et
H y a des proconsuls ; qu'ils s'assignent les uns les
autres. ^^Si vous avez une autre affaire à proposer,
on pourra en décider dans une assemblée légale. ^^Car
nous sommes en danger d'être accusés de sédition pour
ce qui s'est passé aujourd'hui, ne pouvant alléguer
aucune raison pour justifier ce rassemblement. ''^Sur
ces paroles, il congédia l'assemblée.
(1) Asiarques: c'étaient des fonctionnaires, à la fois prêtres et magistrats, qiu
remplissaient d'importantes fonctions dans les grandes villes de l'Asie Mineure.
304
ACTES DES APÔTRES 20 M- 13
Paul en Macédoine et en Grèce
20 ^Lorsque le tumulte eut cessé, Paul réunit les
disciples ; et, après leur avoir fait entendre ses exhor-
tations, il prit congé d'eux et partit pour la Macédoine.
- Il parcourut cette contrée, et il adressa des exhorta-
tions nombreuses aux fidèles ; puis, il vint en Grèce,
^ et il y demeura trois mois. Les Juifs lui ayant dressé
des embûches, au moment où il allait s'embarquer pour
la Syrie, il se décida à retourner par la Macédoine, ^ So-
pater, fils de Pyrrhus, de Bérée, l'accompagnait, ainsi
qu'Aristarque et Secundus de Thessalonique, Gaïus,
de Derbe et Timothée, Tychique et Trophime, origi-
naires d'Asie. ^Ceux-ci prirent les devants et nous
attendirent à Troas. *^ Quant à nous, après les jours
des pains sans levain ('), nous nous embarquâmes à
Philippes, et en cinq jours nous les rejoignîmes à
Troas, où nous demeurâmes sept jours.
Paul à Troas
'^Le premier jour de la semaine, comme nous étions
réunis pour rompre le pain, Paul, devant partir le
lendemain, s'entretint avec les disciples et prolongea
son discours jusqu'à minuit. ^11 y avait beaucoup de
lampes, dans la chambre haute où nous étions réunis.
^Un jeune homme, nommé Eutyche, assis sur la
fenêtre, s'endormit profondément pendant le long
discours de Paul ; et, accablé par le sommeil, il tomba
du troisième étage et fut relevé mort. ^^Mais Paul,
étant descendu, se pencha sur lui, et, l'ayant pris dans
ses bras, il dit : Ne vous troublez point, son âme est
en lui! ^ ' Après être remonté, il rompit le pain et man-
gea ; et, après avoir parlé longtemps, jusqu'au point
du jour, il partit. '^ Quant au jeune homme, on le
ramena vivant, ce qui fut pour tous une grande con-
solation.
Paul se rend à Milet
^^Pour nous, ayant pris les devants, nous fîmes
voile vers Assos, où nous devions rejoindre Paul ;
(1) Les fêtes de la Pâque.
305
20 : 1 4-28 ACTES DES APÔTRES
il Pavait ainsi décidé, parce qu'il voulait faire le che-
min à pied. ^-^ Quand il nous eut rejoints à Assos, nous
le prîmes avec nous, et nous vînmes à Mitylène. ^ ^ Puis,
étant partis de là, toujours par mer, nous arrivions le
lendemain vis-à-vis de Chio. Le jour suivant, nous
touchions à Samos, et, le jour d'après, nous étions à
Milet. ^ ^ Paul, en effet, avait résolu de passer devant
Ephèse sans s'y arrêter, pour ne pas perdre de temps
en Asie. Il se hâtait, pour être à Jérusalem, si possi-
ble, le jour de la Pentecôte.
Discours de Paul aux pasteurs d'Éphèse
^ "^ Cependant, il envoya de Milet à Éphèse pour faire
venir les anciens de l'Eglise. '^Lorsqu'ils furent réu-
nis auprès de lui, il leur dit : Vous savez de quelle
manière je me suis toujours conduit avec vous, depuis
le premier jour de mon arrivée en Asie, ''^servant le
Seigneur en toute humilité, dans les larmes, et au
milieu des épreuves auxquelles m'exposaient les em-
bûches des Juifs. ^^Vous savez que je n'ai pas négligé
de vous annoncer tout ce qui vous était utile, sans
vous en rien cacher, que je vous ai instruits en public
et de maison en maison, - ' prêchant aux Juifs comme
aux Grecs la repentance envers Dieu et la foi en notre
Seigneur Jésus.
^^ Maintenant, voici que, lié par l'Esprit, je vais
à Jérusalem, sans savoir ce qui doit m'y arriver ;
-^seulement, le Saint-Esprit m'avertit de ville en ville
que des chaînes et des afflictions m'attendent. ^''Mais
je n'attache pour moi-même aucun prix à ma vie,
pourvu que j'achève ma course et le ministère que
j'ai reçu du Seigneur Jésus, en rendant témoignage
à l'Évangile de la grâce de Dieu. ^^Oui, je le sais,
vous ne verrez plus mon visage, ô vous tous, parmi
lesquels j'ai passé en prêchant le Pcoyaume! ^'^ C'est
pourquoi, je proteste aujourd'hui devant vous que
je suis net du sang de vous tous. ^"^Car je n'ai rien
négligé pour vous faire connaître tout le dessein de
Dieu.
28 Prenez garde à vous-mêmes, et à tout le troupeau
au milieu duquel le Saint-Esprit vous a établis évê-
306
ACTES DES APÔTRES 20 : 29-21 : i
ques (^), pour paître l'Église de Dieu qu'il s'est ac-
quise par son propre sang. '^^Pour moi, je sais qu'après
mon départ, il s'introduira parmi vous des loups cruels,
qui n'épargneront point le troupeau ; ^^et même du
milieu de vous, il se lèvera des hommes au langage
pervers, qui s'efforceront d'entraîner les disciples à
leur suite. ^^ Veillez donc, vous souvenant que, durant
trois ans, je n'ai cessé, nuit et jour, d'avertir chacun
avec larmes.
^^Et maintenant, je vous recommande à Dieu et à
la parole de sa grâce, à lui qui peut vous édifier et
vous donner votre part d'héritage, avec tous ,ceux qui
sont sanctifiés. ^" Je n'ai désiré ni l'argent, ni l'or, ni
le vêtement de personne. ^^Vous le savez vous-mêmes,
les mains que voilà ont pourvu à mes besoins et à ceux
de mes compagnons. ^^ Je vous ai toujours montré que
c'est en travaillant ainsi, qu'il faut venir en aide aux
faibles et se souvenir des paroles du Seigneur Jésus,
qui a dit lui-même : « Il y a plus de bonheur à donner
qu'à recevoir ! »
^^ Quand il eut dit cela, il se mit à genoux, et pria
avec eux tous. ^'Ils fondirent tous en larmes; et, se
jetant au cou de Paul, ils l'embrassaient tendrement,
^^ étant surtout affligés de ce qu'il avait dit qu'ils ne
verraient plus son visage. Puis, ils l'accompagnèrent
jusqu'au navire.
Paul à Tyr
2 I "* Après nous être séparés d'eux avec peine, nous
nous embarquâmes, et nous vînmes droit à Cos, le jour
suivant à Rhodes, et de là à Patara. ^ Il s'y trouvait un
navire qui mettait à la voile pour la Phénicie ; nous
montâmes à son bord et nous partîmes. ^ Quand nous
fûmes en vue de l'île de Chypre, nous la laissâmes à
gauche, poursuivant notre route vers la Syrie, et nous
abordâmes à Tyr, parce que le navire devait y laisser
son chargement. ^ Etant allés trouver les disciples, nous
restâmes sept jours avec eux. Poussés par l'Esprit,
ils disaient à Paul de ne pas monter à Jérusalem.
(1) Évêques : ce mot qm, en grec, signifie surveillants, désigne les mêmes
personnes qui, au verset 1?, sont appelées anciens.
307
21:5-<9 ACTES DES APOTRES
•^Mais, lorsque le temps de notre séjour fut écoulé,
nous nous remîmes en route. Ils nous accompagnèrent
tous, avec leurs femmes et leurs enfants, jusqu'en dehors
de la ville; et, nous étant agenouillés sur le rivage,
nous priâmes ensemble, ^ et nous nous dîmes adieu. Puis
nous montâmes à bord ; et ils retournèrent chez eux.
Paul à Ptolémaïs et à Césarée
" Quant à nous, achevant notre voyage par mer, nous
nous rendîmes de Tyr à Ptolémaïs, et, après avoir
salué les frères, nous passâmes un jour avec eux. ^Le
lendemain, étant partis de là, nous vînmes à Césarée ;
et, entrant dans la maison de Philippe l'évangéliste,
un des sept diacres, nous demeurâmes chez lui. '-' Il avait
quatre filles, non mariées, qui prophétisaient. ^<^Nous
étions là depuis plusieurs jours, quand arriva de Judée
un prophète, nommé Agabus. ^ ^ Étant venu nous voir,
il prit la ceinture de Paul, se lia les pieds et les mains,
et il dit : Voici ce que déclare le Saint-Esprit : L'homme
à qui appartient cette ceinture sera ainsi lié à Jérusa-
lem par les Juifs, et ils le livreront aux mains des
païens. ^^ Lorsque nous eûmes entendu ces paroles,
les fidèles de ce lieu et nous, nous priâmes Paul de ne
pas monter à Jérusalem. ^^Mais il répondit : Que
faites-vous, en pleurant ainsi et en me brisant le cœur ?
Car, pour moi, je suis prêt, non seulement à être lié,
mais encore à mourir à Jérusalem pour le nom du Sei-
gneur Jésus. ^-^ Comme il ne se laissait pas persuader,
nous n'insistâmes pas davantage, et nous dîmes :
Que la volonté du Seigneur se fasse !
Paul à Jérusalem
^^ Après ces jours -là, ayant fait nos préparatifs,
nous montâmes à Jérusalem. ''^Quelques disciples de
Césarée y vinrent aussi avec nous, et ils nous condui-
sirent chez un certain Mnason, de Chypre, qui, depuis
longtemps, était un disciple, et qui devait nous donner
l'hospitalité. ''A notre arrivée à Jérusalem, les frères
nous reçurent avec joie.
^^Le lendemain, Paul se rendit avec nous chez
Jacques ; et tous les anciens s'y assemblèrent. ^ ^ Après
308
ACTES DES APÔTRES 2 1 : 20-30
les avoir salués, il raconta en détail ce que Dieu avait
fait parmi les païens par son ministère. ^^ Quand
ils l'eurent entendu, ils glorifièrent Dieu. Puis ils lui
dirent : Frère, tu vois combien de milliers de Juifs
ont cru ; et tous sont zélés pour la loi. ^ ' Or, ils ont été
informés que tu enseignes à tous les Juifs qui vivent
parmi les païens, de renoncer à Moïse, en leur disant
qu'ils ne doivent pas circoncire leurs enfants, ni suivre
leurs coutumes. ^'^Qu'y a-t-il donc à faire ? Il est
certain que la multitude va se rassembler ; car on
apprendra que tu es arrivé. -^Fais donc ce que nous
allons te dire : Nous avons ici quatre hommes qui
ont fait un vœu. ^^ Prends-les avec toi; purifie-toi
avec eux, et charge-toi de ce qu'ils auront à payer
pour se faire raser la tête. Tous sauront qu'il n'y a
rien de vrai dans tout ce qu'on a raconté de toi, mais
que, toi aussi, tu vis en observateur de la loi. 2"' Quant
aux païens qui ont cru, nous leur avons écrit ce que
nous avions décidé : qu'ils devaient seulement se
garder de ce qui est sacrifié aux idoles, du sang, des
animaux étouffés et de l'impudicité. '^^ Alors Paul,
ayant pris ces hommes avec lui, et s'étant, dès le len-
demain, purifié avec eux, entra dans le temple, poxir
déclarer le jour où la purification serait achevée et
l'offrande présentée pour chacun d'eux.
Arrestation de Paul
2 'Les sept jours touchaient à leur fin, quand les
Juifs d'Asie, ayant vu Paul dans le temple, ameutèrent
toute la multitude et mirent la main sur lui, ^^en
criant : Hommes d'Israël, à l'aide ! Voici l'homme
qui prêche partout, à tout le monde, contre la nation,
contre la loi et contre ce lieu ; il a même introduit
des Grecs dans le temple, et il a profané ce saint lieu.
-'"^En effet, ils avaient vu auparavant Trophime
d'Éphèse avec lui dans la viUe, et ils croyaient que
Paul l'avait introduit dans le temple. ^^ Toute la ville
fut en émoi, et le peuple accourut en foule. Ayant
saisi Paul, ils le traînèrent hors du temple, dont les
portes furent aussitôt fermées.
309
21:31-22:5 actes des apôtres
^^ Comme ils cherchaient à le tuer, le bruit parvint
au tribun de la cohorte que tout Jérusalem s'agitait.
^2 Immédiatement, il prit avec lui des soldats et des
centeniers ; et il se hâta de descendre vers eux. A la
vue du tribun et des soldats, ils cessèrent de frapper
Paul. 33 Alors le tribun s'approcha, mit la main sur lui
et ordonna "de le lier de deux chaînes ; puis, il demanda
qui il était, et ce qu'il avait fait. 34I)ans la foule, les
uns criaient d'une manière, les autres d'une autre; et
comme il ne pouvait rien apprendre de certain, à
cause du tumulte, il commanda de le mener dans la
forteresse ('). ^^ Quand Paul fut sur les degrés, les sol-
dats durent le porter, à cause de la violence de la foule.
3'' Car le peuple suivait en masse, criant : A mort !
3^jAu moment d'entrer dans la forteresse, Paul dit
au tribun : M'est-il permis de te dire quelque chose ?
Le tribun répondit : Tu sais parler grec ? ^^Tn n'es
donc pas l'Égyptien qui, ces jours passés, a excité une
sédition et entraîné au désert quatre mille brigands ?
3^ Paul lui dit : Je suis Juif, de Tarse, citoyen d'une
ville de Cilicie qui n'est pas sans renom ; permets-
moi, je te prie, de parler au peuple. -^"Le tribun le
lui permit ; et Paul, se tenant sur les degrés, fit signe
de la main au peuple. Un profond silence s'établit,
et, parlant en langue hébraïque, il leur dit :
Discours de Paul aux Juifs
22 ^Mes frères et mes pères, écoutez ce que j'ai à
vous dire maintenant pour ma défense. ^ Quand ils
l'entendirent parler en langue hébraïque, ils redou-
blèrent d'attention. Alors il dit : ^ Je suis Juif, né à
Tarse en Cilicie, mais élevé ici dans cette ville, aux
pieds de Gamaliel, instruit exactement dans la loi
de nos pères. J'étais plein de zèle pour Dieu, comme
vous l'êtes tous aujourd'hui. ^ Cette secte, je l'ai per-
sécutée à mort, chargeant de chaînes et jetant en pri-
son hommes et femmes : ^le souverain sacrificateur
m'en est témoin, ainsi que toute l'assemblée des an-
(1) La forteresse on la tour Antonia, dans laquelle se tenait la garnison
romaine de Jérusalem, était contiguë aux parvis da temple. On y montait
par un escalier.
310
ACTES DES APÔTRES 22 : 6-2i
eiens. C'est d'eux, en effet, que je reçus des lettres
pour les frères de Damas, où je me rendis, afin de
jeter aussi dans les chaînes ceux qui se trouvaient là
et de les amener à Jérusalem pour les y faire punir.
^Or il arriva, comme j'étais en chemin et que j'ap-
prochais de Damas, vers midi, que tout à coup une
grande lumière, venant du ciel, resplendit autour de
moi. ^ Je tombai par terre, et j'entendis une voix qui
me disait : Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ?
^ Je répondis : Qui es-tu, Seigneur ? La voix me dit :
Je suis Jésus de Nazareth, que tu persécutes. ^Ceux
qui étaient avec moi virent bien la lumière, mais
ils n'entendirent pas la voix de celui qui me parlait.
^^ Alors je m'écriai : Que ferai-je. Seigneur ? Le Seigneur
me répondit : Lève-toi, va à Damas, et là on te dira
tout ce qu'il t'est ordonné de faire. ^*Et comme je
n'y voyais pas, à cause de l'éclat de cette lumière,
ceux qui étaient avec moi me prirent par la main, et
j'allai à Damas.
^^Un certain Ananias, homme pieux selon la loi,
auquel tous les Juifs demeurant à Damas rendaient
un bon témoignage, vint me trouver ; ^ ^ et, se tenant
devant moi, il me dit : Saul, mon frère, recouvre la vue.
Au même instant, je recouvrai la vue, et je vis Ana-
nias. ^^Puis il médit : Le Dieu de nos pères t'a destiné
à connaître sa volonté, à voir le Juste et à entendre la
parole de sa bouche. ^ ^ Car tu seras pour lui, devant tous
les hommes, le témoin des choses que tu as vues et en-
tendues. ^ ^ Et maintenant, que tardes-tu 1 Lève-toi, sois
baptisé et purifié de tes péchés, en invoquant son nom.
^^De retour à Jérusalem, comme je priais dans le
temple, je fus ravi en extase ; ^^et je vis Jésus qui me
disait : Hâte-toi, sors promptement de Jérusalem ;
car ils ne recevront point le témoignage que tu me
rendras. ^^ Je répondis : Seigneur, ils savent eux^
mêmes que je mettais en prison et que je faisais battre
de verges dans les synagogues ceux qui croient en
toi. ^^Lorsque fut répandu le sang d'Etienne, ton té-
moin,— j'étais là, j'approuvais, et je gardais les vête-
ments de ceux qui le faisaient mourir. 2* Alors il me
dit : Va ; car je t'enverrai au loin vers les païens.
311
22 : 22-23 1 5 ACTES des apôtres
^^On l'avait écouté jusque-là ; mais, à ce mot, ils
se mirent à crier : Ote de la terre un tel homme ! Il
n'est pas digne de vivre! ^^Ils poussaient des cris;
ils jetaient leurs vêtements, et faisaient voler la pous-
sière en l'air. ^^Le tribun commanda alors de le mener
dans la forteresse, et de lui donner la question par
le fouet, afin de savoir pour quel sujet ils criaient
ainsi contre lui.
2^ Comme on l'attachait pour lui donner les coups,
Paul dit au centenier qui était présent : Vous est-
il permis de battre de verges un citoyen romain,
qui n'a pas même été condamné ? ^^A ces paroles,
le centenier alla avertir le tribun : Que vas -tu faire ?
lui dit- il ; car cet homme est citoyen romain. ^'Le
tribun, étant venu, dit à Paul : Dis-moi, es-tu citoyen
romain? Oui, répondit Paul. ^^Le tribun reprit:
J'ai acheté à grand prix ce droit de citoyen. Et moi,
dit Paul, je l'ai par ma naissance. ^'•'Aussitôt, ceux qui
devaient lui donner la question s'éloignèrent ; et le
tribun eut peur, quand il sut que celui qu'il avait fait
charger de liens était citoyen romain.
Paul devant le sanhédrin
^"Le lendemain, voulant savoir exactement de quoi
Paul était accusé par les Juifs, le tribun lui fit ôter
ses liens; et, ayant ordonné aux principaux sacrifica-
teurs et à tout le sanhédrin de se réunir, il amena
Paul et le fit comparaître devant eux.
23 ^Paul, ayant les yeux fixés sur le sanhédrin,
dit : Mes frères, je me suis conduit jusqu'à ce jour
en toute bonne conscience devant Dieu. ^ Alors le
souverain sacrificateur, Ananias, commanda à ceux
qui étaient près de Paul, de le frapper sur la bouche.
^Mais Paul lui dit : Dieu te frappera, muraille blan-
chie ; tu sièges pour me juger selon la loi, et, au mépris
de la loi, tu ordonnes qu'on me frappe ! ^Ceux qui
étaient là, lui dirent : Tu injuries le souverain sacri-
ficateur de Dieu ! ^Paul, répondit : Frères, je ne savais
pas que ce fût le souverain sacrificateur ; car il est
écrit : « Tu n'outrageras pas le chef de ton peuple (^). »
(1) Exode SS : 28.
312
ACTES DES APÔTRES 23 : 6-U
^Paul, sachant qu'une partie d'entre eux étaient
sadducéens et les autres pharisiens, s'écria devant le
sanhédrin : Mes frères, je suis pharisien, fils de
pharisiens. C'est pour notre espérance et pour la ré-
surrection des morts que je suis mis en jugement.
'Quand il eut parlé ainsi, une discussion s'éleva entre
les pharisiens et les sadducéens, et l'assemblée fut
divisée. ^ En effet, les sadducéens disent qu'il n'y a pas
de résurrection, et qu'il n'existe ni ange, ni esprit, tan-
dis que les pharisiens professent ces croyances. ^11 y
eut alors une grande clameur. Quelques scribes, du
parti des pharisiens, se levèrent et combattirent l'ac-
cusation, en disant : Nous ne trouvons aucun mal
en cet homme. Qui sait si un esprit ou un ange
ne lui a point parlé ? ^ ^ Comme le tumulte augmentait,
le tribun, craignant que Paul ne fût mis en pièces
par eux, commanda à la troupe de descendre, pour
l'enlever du milieu d'eux et le ramener dans la forte-
resse.
^^La nuit suivante, le Seigneur apparut à Paul et
lui dit : Aie bon courage ; comme tu m'as rendu té-
moignage à Jérusalem, il faut aussi que tu me rendes
témoignage à Rome.
Les Juifs font vœu de tuer Paul
"• 2 Quand le jour fut venu, les Juifs formèrent un
complot, et s'engagèrent, sous peine d'anathème, à ne
manger ni boire, tant qu'ils n'auraient pas tué Paul.
^ ^ Ils étaient plus de quarante qui avaient fait cette
conjuration. ^*Ils allèrent trouver les principaux sa-
crificateurs et les anciens, et ils leur dirent : Nous nous
sommes engagés, sous peine d'anathème, à ne rien
manger, avant d'avoir tué Paul. ^-'Vous donc main-
tenant, adressez -vous, avec le sanhédrin, au tribun,
pour qu'il le fasse comparaître devant vous, comme
si vous vouliez examiner plus à fond son affaire. Quant
à nous, nous sommes prêts à le faire périr, avant
qu'il soit arrivé.
^^'Mais le fils de la sœur de Paul, ayant été informé
de ce guet-apens, se rendit à la forteresse; il y entra
313
23 H 7-31 ACTES DES APÔTRES
et avertit Paul. ^ ^ Alors Paul appela l'un des centeniers
et lui dit : Mène ce jeune homme auprès du tribun :
il a quelque chose à lui communiquer. ^^Le centenier
l'emmena donc, le conduisit chez le tribun et lui dit :
Le prisonnier Paul m'a appelé et m'a prié de t' amener
ce jeune homme, qui a quelque chose à te dire. ^^Le
tribun prit le jeune homme par la main et, le tirant
à l'écart, lui demanda : Qu'as-tu à me communiquer ?
-^11 répondit : Les Juifs ont résolu de te prier de faire
comparaître Paul, demain, devant le sanhédrin, comme
s'il s'agissait d'instruire plus exactement son affaire.
- * Mais ne les crois point ; car plus de quarante d'entre
eux lui dressent des embûches, et se sont engagés,
sous peine d'ana thème, à ne manger ni boire avant de
l'avoir tué ; et maintenant, ils sont prêts, n'attendant
que ta réponse. ^^Le tribun renvoya ce jeune homme,
avec défense de dire à personne ce qu'il venait de lui
révéler.
Le tribun envoie Paul à César ée
2^ Puis, il appela deux des centeniers, et il leur dit :
Tenez prêts, dès la troisième heure de la nuit ( ' ), deux
cents soldats, soixante-dix cavaliers et deux cents
archers, pour aller jusqu'à Césarée. ^^ Préparez aussi des
montures, afin de conduire Paul sain et sauf au gou-
verneur Félix. -^Ensuite il écrivit à celui-ci une lettre,
ainsi conçue : -"^Claude Lysias au très excellent gou-
verneur Félix, salut! -'Les Juifs, s'étant saisis de cet
homme, allaient le tuer, quand je suis survenu avec
la troupe et le leur ai enlevé, ayant appris qu'il était
citoyen romain. -^ Comme je voulais savoir de quoi ils
l'accusaient, je le fis conduire devant leur sanhédrin.
2^ J'ai trouvé qu'on l'attaquait à propos de questions
relatives à leur loi, mais sans qu'on lui imputât aucune
faute méritant la mort ou la prison. ^^ Cependant, ayant
appris qu'on dressait des embûches contre cet homme,
je te l'ai aussitôt envoyé, et j'ai fait savoir à ses accu-
sateurs qu'ils eussent à parler contre lui devant toi.
^'Les soldats prirent donc Paul, selon l'ordre qu'ils
avaient reçu, et ils le menèrent de nuit jusqu'à Anti-
il) Neuf heures du soir.
314
ACTES DES APÔTRES 23 : 32-24 : H
patris. ^^Le lendemain, ils laissèrent les cavaliers partir
avec lui, et ils retournèrent à la forteresse. ^^ Arrivés à
Césarée, les cavaliers remirent la lettre au gouver-
neur et lui présentèrent Paul. ^^ Après avoir lu cette
lettre, le gouverneur demanda à Paul de quelle pro-
vince il était. En apprenant qu'il était de la Cilicie, il
lui dit : ^'^ Je t'entendrai quand tes accusateurs seront
venus. Puis, il ordonna de le garder dans le pré-
toire d'Hérode.
Paul devant Félix
24 ^Cinq jours après, arriva le souverain sacrifi-
cateur Ananias, avec quelques anciens et un orateur,
un certain Tertullus ; et ils exposèrent devant le
gouverneur leur plainte contre Paul. ^ Celui-ci ayant
été appelé, Tertullus commença à l'accuser en ces
termes : ^La paix profonde dont nous jouissons, grâce
à toi, très excellent Félix, et les réformes que ta pré-
voyance t'a inspirées pour le bien de ce peuple, sont
accueillies par nous en tout temps et en tout lieu
avec une entière gratitude. ^Mais^ pour ne pas te re-
tenir plus longtemps, je te prie d'écouter, avec ta
bonté ordinaire, ce que nous dirons en peu de mots.
^ Nous avons trouvé cet homme, qui est une peste,
et qui excite des séditions parmi tous les Juifs dans
le monde entier : il est le chef de la secte des Nazaréens !
•^11 a même essayé de profaner le temple; nous nous
sommes donc emparés de lui. [Nous voulions le juger
selon notre loi ; ''mais le tribun Lysias, étant survenu,
l'a violemment arraché de nos mains, ^en donnant
l'ordre à ses accusateurs de se présenter devant toi] {"-).
Tu pourras, en l'interrogeant toi-même, prendre con-
naissance de tous les faits dont nous l'accusons... ^Les
Juifs à leur tour confirmèrent ces paroles, assurant
qu'il en était ainsi.
^0 Après que le gouverneur lui eut fait signe de par-
ler, Paul répondit : Sachant que, depuis plusieurs an-
nées, tu es juge de cette nation, c'est avec confiance
que je défends ma cause. ^'Tu peux t'assurer qu'il
(a) Les versets entre crochets ne se trouvent pas dans plusieurs anciens
manuscrits.
315
24:12-23 ACTES DES APÔTRES
n'y a pas plus de douze jours que je suis monté à
Jérusalem pour adorer. ^^ Ni dans le temple, ni dans
les synagogues, ni dans la ville, on ne m'a trouvé
discutant avec qui que ce soit ou ameutant le peuple.
'^ Aussi ne peuvent-ils prouver ce dont ils m'accu-
sent maintenant.
^'^Je reconnais devant toi que, conformément à une
certaine doctrine qu'ils appellent une hérésie, je sers le
Dieu de mes pères, croyant à tout ce qui est écrit dans
la loi et dans les prophètes ; ^''et j'ai cette espérance
en Dieu, comme ils l'ont eux-mêmes, qu'il y aura une
résurrection des justes et des injustes. ^ ^ C'est pourquoi
aussi, je m'efforce d'avoir toujours la conscience sans
reproche, devant Dieu et devant les hommes, ^^Or,
après plusieurs années d'absence, je suis venu apporter
des aumônes à ma nation et présenter des offrandes.
'^ C'est dans ces circonstances que certains Juifs
d'Asie m'ont trouvé dans le temple, pendant que je
me purifiais sans provoquer aucun attroupement
ou aucun tumulte. ^^Ils auraient dû se présenter
eux-mêmes devant toi pour m'accuser, s'ils avaient
quelque chose à dire contre moi. -^Ou bien, que ceux
qui sont ici disent de quel méfait ils m'ont trouvé
coupable, lorsque j'ai comparu devant le sanhédrin,
^*à moins qu'ils ne me reprochent ce seul cri que j'ai
fait entendre au milieu d'eux : C'est pour la résurrec-
tion des morts que je suis aujourd'hui mis en jugement
devant vous !
22 Félix, qui connaissait assez exactement la doctrine
dont il s'agissait, ajourna la cause, en disant : Quand
le tribun Lysias sera descendu, j'examinerai votre
affaire, ^sp^jg^ n commanda au centenier de garder
Paul, mais de lui laisser une certaine liberté et de n'em-
pêcher aucun des siens de lui rendre des services.
-^Quelques jours après, Félix, étant venu avec Dru-
sille, sa femme, qui était Juive ('), fit appeler Paul,
et l'entendit parler de la foi en Jésus-Christ. ^^Mais
comme Paul parlait de la justice, de la tempérance et
du jugement à venir, Félix, effrayé, lui dit : Pour le
(1) Drusille, fille d'Hérode-Agrippa I'^'^ avait épousé en troisièmes noces Claude
Félix, gouverneur de la Judée. — (Voy. Actes 13 : 1 et 35 : 13).
316
ACTES DES APÔTBES 24:26-25^2
moment, retire-toi ; quand j'en aurai le loisir, je
te rappellerai. ^"^ Il espérait ainsi que Paul lui donnerait
de l'argent. C'est pourquoi, il le faisait venir fréquem-
ment et s'entretenait a\:ec lui. '^'Deux années s'étant
écoulées, Félix eut pour successeur Portius Festus.
Comme il voulait faire plaisir aux Juifs, Félix laissa
Paul en prison.
Paul devant Festus
25 'Trois jours après son arrivée dans sa province,
Festus monta de Césarée à Jérusalem. ^Là, les prin-
cipaux sacrificateurs et les premiers parmi les Juifs
portèrent plainte devant lui contre Paul ; ^ et ils lui
demandèrent avec instance, comme une faveur, dans
une intention hostile, de faire revenir Paul à Jérusa-
lem : ils préparaient un guet-apens pour le tuer en
chemin. '^Mais Festus répondit que Paul était gardé
à Césarée, et que lui-même y retournerait bientôt.
^Que les principaux d'entre vous, dit-il, descendent
avec moi, et, si cet homme a commis quelque crime,
qu'ils l'accusent!
^ Après avoir passé parmi eux huit à dix jours
seulement, Festus redescendit à Césarée. Le lendemain,
il prit place à son tribunal et commanda qu'on ame-
nât Paul. ' Celui-ci étant arrivé, les Juifs descendus de
Jérusalem l'entourèrent, portant contre lui plusieurs
graves accusations, qu'iïs ne pouvaient prouver.
^Paul disait pour sa défense : Je n'ai rien fait de mal,
ni contre la loi des Juifs, ni contre le temple, ni contre
César. ^Mais Festus, voulant être agréable aux Juifs,
répondit à Paul : Veux -tu monter à Jérusalem, et y
être jugé sur ces questions en ma présence ? ^*^ Alors
Paul dit : Je comparais devant le tribunal de César :
c'est là que je dois être jugé. Je n'ai fait aucun tort aux
Juifs, comme tu le sais bien toi-même. ^ ' Si je suis cou-
pable, si j'ai commis quelque crime digne de mort,
je ne refuse pas de mourir. Si, au contraire, il n'y a
rien de fondé dans les accusations qu'ils portent contre
moi, personne ne peut me livrer à eux. J'en appelle
à César. ^^ Alors Festus, après en avoir conféré avec
son conseil, répondit : Tu en as appelé à César, tu iras
à César !
317
25 : 13-2o ACTES DES APÔTRES
Paul devant Agrippa
^^ Quelques jours après, le roi Agrippa et Bérénice (')
arrivèrent à Césarée, pour saluer Festus. ^"^ Comme
ils y passaient plusieurs jour<s, Festus exposa au roi
l'affaire de Paul, en disant : Il y a ici un homme que
Félix a laissé prisonnier. ^''Lorsque j'étais à Jérusa-
lem, les principaux sacrificateurs et les anciens des
Juifs vinrent l'accuser et me demander sa condamna-
tion. ^^Je leur répondis que ce n'est pas la coutume
des Romains de livrer un homme, sans que l'accusé
ait été confronté avec ses accusateurs et qu'il ait eu
le moyen de se justifier de l'accusation. ^^ Alors ils
vinrent ici, et sans aucun délai, dès le lendemain, je
pris place à mon tribunal, et je commandai qu'on ame-
nât cet homme. ^^Les accusateurs, s'étant présentés,
n'alléguèrent contre lui aucun des crimes que je sup-
posais. ^^11 ne s'agissait entre eux que de questions re-
latives à leur religion particulière, et à un certain Jésus,
qui est mort, mais que Paul assurait être vivant. ^"Ne
sachant quel parti prendre dans ce débat, je demandai
à Paul s'il voulait aller à Jérusalem et y être jugé sur
tout cela. -'Mais, comme il a fait appel, pour que sa
cause fût réservée au jugement de l'empereur, j'ai
ordonné de le garder en prison jusqu'à ce que je
l'envoie à César. "^- Alors Agrippa dit à Festus : Je
voudrais, moi aussi, entendre cet homme. Demain,
répondit Festus, tu l'entendras.
^^Le lendemain donc. Agrippa et Bérénice vinrent
en grande pompe ; et ils entrèrent dans la salle d'au-
dience, avec les tribuns et les principaux de la ville.
Sur l'ordre de Festus, Paul fut amené. ^^Puis Festus
dit : Roi Agrippa, et vous tous qui êtes ici présents,
vous voyez cet homme, au sujet duquel les Juifs sont
tous venus en foule me solliciter, tant à Jérusalem
qu'ici, criant qu'il ne fallait plus le laisser vivre.
-^Pour moi, j'ai trouvé qu'il n'avait rien fait qui méri-
tât la mort ; et, lui-même en ayant appelé à César,
(1) Hérode-Agrippa II, fils d'Hérode-Agrippa I<"-, était roi de Tibériade et de
la contrée environnante, sous la domination de Néron. — Bérénice, sœur
d" Agrippa II et de Drusille, avait quitté son mari Polémon, roi de Oilicie, —
(Voy. Actes 34 : 24).
318
ACTES DES APÔTRES 25 : 26-26 : 12
j'ai résolu de le lui envoyer. -''Mais comme je n'ai
rien de précis à écrire à l'empereur sur son compte,
je l'ai fait venir devant vous, et principalement de-
vant toi, roi Agrippa, afin qu'après cet interrogatoire,
j'aie quelque chose à écrire. ^^En effet, il me semble
déraisonnable d'envoyer un prisonnier sans signaler
ce dont on l'accuse.
Discours de Paul à Agrippa
26 ^ Alors Agrippa dit à Paul : Il t'est permis de
parler pour ta défense. Paul, ayant étendu la main,
se défendit ainsi : ^Roi Agrippa, je m'estime heureux
d'avoir aujourd'hui à me disculper devant toi de tout
ce dont les Juifs m'accusent, ^surtout parce que tu
connais toutes les coutumes des Juifs et les questions
sur lesquelles ils discutent. Je te prie donc de m'é-
couter patiemment.
''Ma vie, telle qu'elle s'est écoulée dès les premiers
temps de ma jeunesse, au sein de ma nation et à Jé-
rusalem, est connue de tous les Juifs. ^Ils savent
depuis longtemps, s'ils veulent en rendre témoignage,
que j'ai vécu en pharisien, selon cette secte qui est
la; plus austère de notre religion. ^Et maintenant,
je suis mis en jugement pour avoir espéré en la pro-
messe faite par Dieu à nos pères, ^promesse dont
nos douze tribus, qui servent Dieu nuit et jour avec
ferveur, attendent l'accomplissement. C'est pour cette
espérance, ô roi, que je suis accusé par des Juifs.
^ Eh quoi ! jugez -vous incroyable que Dieu ressuscite
les morts ?...
^Moi-même, il est vrai, j'avais cru qu'il fallait com-
battre par tous les moyens le nom de Jésus de Nazareth.
^^C'est ce que j'ai fait à Jérusalem : j'ai jeté en prison
plusieurs des saints, après en avoir reçu le pouvoir des
principaux sacrificateurs ; et lorsqu'on les faisait mou-
rir, j'y donnais mon suffrage. ^' Souvent même,
allant d'une synagogue à l'autre, je sévissais contre eux
pour les contraindre à blasphémer. J'étais tellement
transporté de fureur contre eux, que je les persécu-
tais jusque dans les villes étrangères.
^^ C'est ainsi que je me rendais à Damas, avec
319
26: ^3-26 ACTES DES APÔTRES
pleins pouvoirs et une autorisation des principaux
sacrificateurs, lorsque, sur la route, ^^je vis, ô roi,
en plein midi, une lumière venant du ciel, plus écla-
tante que celle du soleil, et qui resplendit autour de moi
et de ceux qui m'accompagnaient. ^"^Nous tombâmes
tous à terre, et j'entendis une voix qui me disait, en
langue hébraïque : Saul, Saul, pourquoi me persécutes-
tu ? Il te serait dur de regimber contre l'aiguillon.
^•^Je dis : Qui es-tu. Seigneur ? Le Seigneur me ré-
pondit : Je suis Jésus, que tu persécutes. ^•'Mais re-
lève-toi, et tiens-toi debout ; car je te suis apparu pour
t'établir ministre et témoin des choses que tu as vues,
et de celles pour lesquelles je t'apparaîtrai encore.
^ ^ Je te protégerai contre ce peuple et contre les païens
vers lesquels je t'envoie, ^^pour leur ouvrir les
yeux, afin qu'ils passent des ténèbres à la lumière et
de la puissance de Satan à Dieu, et qu'ils obtiennent,
par la foi en moi, la rémission des péchés, et leur part
d'héritage avec ceux qui ont été sanctifiés.
•'•'Dès lors, roi Agrippa, je ne résistai point à la
vision céleste; ^Ojj^ais j'exhortai d'abord ceux de
Damas, ensuite ceux de Jérusalem et de toute la
Judée, puis les païens, à s^ repentir et à se convertir
à Dieu, en faisant des œuvrëfe dignes de la repentance.
-'Voilà pourquoi les Juifs, m'ayant saisi dans le tem-
ple, se sont efforcés de me tuer. ^^ Grâce à la pro-
tection de Dieu, j'ai subsisté jusqu'à aujourd'hui,
rendant témoignage devant les petits* et devant les
grands, ne disant rien d'autre que ce que les prophètes
et Moïse ont prédit devoir arriver, --^savoir, que le
Christ devait souffrir, et qu'étant le premier ressus-
cité des morts, il devait annoncer la lumière au
peuple et aux païens.
2^ Comme il parlait ainsi pour sa défense, Festus dit
d'une voix forte : Tu as perdu le sens, Paul ! Ton grand "
savoir te met hors de sens. -''Paul reprit : Je n'ai pas
perdu le sens, excellent Festus ; ce sont des paroles
de vérité et de raison que je prononce. -'^Le roi est
bien informé de ces faits ; aussi, je lui parle avec con-
fiance, car je suis persuadé qu'il n'en ignore aucun ;
tout cela ne s'est pas fait en cachette.
320
ACTES DES APÔTRES 26 : 27-27 MO
2*^ Roi Agrippa, crois -tu aux prophètes ? Je sais
que tu y crois !... ^^ Agrippa répondit à Paul : Tu vas
bientôt me persuader de devenir chrétien! ^^Paul
reprit : Plût à Dieu que, tôt ou tard, non seulement
toi, mais tous ceux qui m'écoutent aujourd'hui, vous
devinssiez tels que je suis, à l'exception de ces liens !
^^ Alors le roi se leva, ainsi que le gouverneur,
Bérénice, et ceux qui étaient assis avec eux. ^^Puis
s'étant retirés, ils se disaient entre eux : Il n'y a, dans
la conduite de cet homme, rien qui mérite la mort
ou la prison. ^^ Agrippa dit à Festus : Cet homme
aurait pu être relâché, s'il n'en eût appelé à César.
Départ de Paul pour Rome
2 7 ^ Quand il fut décidé que nous irions par mer en
ItaHe, on remit Paul et quelques autres prisonniers
à un centenier nommé Julius, de la cohorte Augusta.
2 Etant montés sur un navire d'Adramytte, qui
devait longer les côtes de l'Asie, nous partîmes. Aris-
tarque, Macédonien de Thessalonique, était avec nous.
^Le jour suivant, nous arrivâmes à Sidon; et Julius,
qui traitait Paul avec humanité, lui permit d'aller
voir ses amis et de recevoir leurs soins. ^Puis, étant
partis de là, nous suivîmes les côtes de l'île de Chypre,
parce que les vents étaient contraires. ^ Après avoir
traversé la mer de Cilicie et de Pamphylie, nous arri-
vâmes à Myra, en Lycie. ^Là, le centenier trouva un
navire d'Alexandrie, qui allait en Italie, et sur lequel
n nous fît monter. "Après plusieurs jours d'une navi-
gation très lente, nous étions arrivés à grand'peine
vis-à-vis de Cnide. Le vent ne nous permettant pas
d'aborder, nous suivîmes les côtes de l'île de Crète,
vers Salmone. ^ Après l'avoir longée, non sans diffi-
culté, nous vînmes à un endroit appelé Beaux-Ports,
près de la vule de Lasée.
^ Comme il s'était écoulé beaucoup de temps, et
que la navigation devenait dangereuse — car l'époque
du Jeûne ( ' ) était déjà passée — , Paul fit entendre ces
paroles d'avertissement : * •* Je vois que la navigation
(1) Le Jeûne se célébrait vers la fin de septembre. On était donc à l'équi-
uoxe d'autonme.
321 11
27 ; 1^-24 ACTES DES APOTRES
ne se fera pas sans péril et sans grand dommage, non
seulement pour la cargaison et le bâtiment, mais aussi
pour nos personnes. ^^Mais le centenier se fiait da-
vantage au pilote et au capitaine du navire, qu'à ce
que Paul disait. ^^ Comme le port n'était pas bon
pour hiverner, la plupart furent d'avis d'en repartir
et de tâcher de gagner Phénix, port, de la Crète, qui
regarde le sud-ouest et le nord-ouest, pour y passer
l'hiver. ^^Une brise du sud s'étant mise à souffler, ils
crurent qu'ils viendraient à bout de leur dessein, et,
ayant levé l'ancre, ils côtoyèrent de près l'île de Crète.
Tempête et naufrage
^"^ Bientôt après, un vent furieux, appelé Eura-
quilon, vint s'abattre sur l'île. ^^Le navire se trouva
entraîné, sans pouvoir résister, et nous nous laissâmes
aller au gré du vent. ^^ Ayant été poussés au-dessous
d'une petite île, appelée Clauda, nous parvînmes
avec peine à nous rendre maîtres de la chaloupe.
"•^ Après l'avoir hissée, on prit des mesures de sûreté.
On lia le navire par-dessous avec des cordes ; puis,
dans la crainte d'être jeté sur les bancs de la Syr-
te (*), on amena les voiles, et on se laissa ainsi emporter
par le vent. ^^Le lendemain, la tempête étant toujours
aussi forte, on jeta la cargaison à la mer. ^ "-^ Le troisième
jour, nous jetâmes de nos propres mains les agrès du
navire. ^"^ Pendant plusieurs jours, ni le soleil, ni les
étoiles ne parurent, et la tempête restait toujours si
violente, que nous perdîmes toute espérance de nous
sauver.
2^ Comme il y avait longtemps qu'on n'avait mangé,
Paul se leva au milieu d'eux et leur dit : Mes amis (2), il
aurait fallu me croire, et ne pas partir de Crète ; noun
aurions évité ce péril et cette perte. 22Mais maintenant,
je vous exhorte à prendre courage ; aucun de vous ne
périra, et il n'y aura de perte que ceUe du navire. ^^ En
effet, cette nuit, un ange du Dieu à qui je suis et que
je sers, m'est apparu et m'a dit : ^^Paul, ne crains
point ; il faut que tu comparaisses devant César; et
(1) La Syrte ou les Syrtes, bancs de sable sur les côtes septentrionales de
l'Airique.
(2) lAtt.: 0 hommes.
322
ACTES DES APÔTRES 27 : 2b-4^
voici que Dieu t'a donné tous ceux qui naviguent avec
toi. 23 C'est pourquoi, mes amis, ayez bon courage,
car j'ai cette confiance en Dieu, qu'il en sera comme
il m'a été dit; ^^mais il faut que nous soyons jetés
sur quelque île.
2''' C'était déjà la quatorzième nuit que nous étions
ballottés sur l'Adriatique, quand, vers minuit, les ma-
telots estimèrent qu'ils approchaient de quelque terre.
2^ Ayant jeté la sonde, Ûs trouvèrent vingt brasses ;
un peu plus loin, ils la jetèrent encore, et trouvèrent
quinze brasses. ^^ Alors, craignant de donner contre
des écueils, ils jetèrent quatre ancres du haut de la
poupe, et ils appelaient de leurs vœux la venue du
jour. 30 Mais comme les matelots cherchaient à s'é-
chapper du navire et mettaient la chaloupe à la mer,
sous prétexte de jeter des ancres du côté de la proue,
3^ Paul dit au centenier et aux soldats : Si ces hommes
ne restent pas à bord, vous ne pouvez être sauvés.
32 Alors les soldats coupèrent les cordes de la chaloupe
et la laissèrent tomber.
33 Puis, en attendant que le jour vînt, Paul les
exhorta tous à prendre de la nourriture. C'est
aujourd'hui, leur dit-il, le quatorzième jour que vous
êtes dans l'attente, à jeun, sans avoir rien pris. 3-^ Je
vous exhorte donc à prendre de la nourriture ; car cela
est nécessaire à votre salut. Aucun d'entre vous ne
perdra un cheveu de sa tête ! ^^Aydmt ainsi parlé, il
prit du pain ; il rendit grâces à Dieu, en présence de
tous ; puis il le rompit et se mit à manger. 36Xous
alors, reprenant courage, mangèrent aussi. 37 0r, nous
étions en tout deux cent soixante-seize personnes à
bord. 38 Quand ils se furent rassasiés, ils allégèrent
le navire en jetant les provisions à la mer.
3*'Le jour venu, ils ne reconnaissaient pas la
terre ; mais, ayant aperçu un goKe avec une plage,
ils résolurent d'y mettre, si possible, le navire à l'abri.
^"Ils coupèrent donc les câbles des ancres qu'ils aban-
donnèrent à la mer, et ils lâchèrent les amarres des
gouvernails ; puis, ayant mis au vent la voile d'arti=
mon, ils tâchèrent de gagner le rivage. ''^Mais, étant
tombés sur un endroit battu par la mer des deux
27 : 42-28 : jo actes des apôtres
côtés, ils y firent échouer le navire ; et, tandis que
la proue enfoncée restait immobile, la poupe était
brisée par la violence des vagues. -^^Alors les soldats
furent d'avis de tuer les prisonniers, de peur que l'un
d'eux ne vînt à s'échapper à la nage. '^^Mais le cen-
tenier, voulant sauver Paul, les empêcha d'exécuter
leur dessein. Il ordonna à ceux qui savaient nager de
se jeter à l'eau les premiers et de gagner la terre, '^'^et
à ceux qui restaient, de se mettre, les uns sur des plan-
ches, les autres, sur quelques débris du navire. C'est
ainsi que tous parvinrent à terre, sains et saufs.
Paul dans Vîle de Malte
28 ^ Après avoir été ainsi sauvés, nous apprîmes
que l'île s'appelait Malte. "^Les indigènes nous témoi-
gnèrent une humanité peu commune ; ils nous recueil-
lirent tous auprès d'un grand feu qu'ils avaient allumé,
parce que la pluie tombait et qu'ù faisait froid. ^Paul
ayant ramassé une brassée de bois sec et l'ayant jetée
dans le feu, une vipère en sortit à cause de la chaleur,
et s'attacha à sa main. ''Quand les indigènes virent
l'animal qui pendait à sa main, ils se dirent les uns
aux autres : Certainement, cet homme est un meur-
trier ; après qu'il a été sauvé de la mer, la justice
divine ne permet pas qu'il vive ! ^Mais Paul, ayant
secoué la vipère dans le feu, ne ressentit aucun mal.
*^Eux s'attendaient à le voir enfler, ou tomber mort
tout d'un coup ; mais, après avoir longtemps attendu,
voyant qu'il ne lui arrivait aucun mal, ils changèrent
de sentiment et dirent que c'était un dieu.
^ Il y avait, dans cet endroit-là, des terres apparte-
nant au premier personnage de l'île, nommé Publius;
celui-ci nous reçut de la façon la plus hospitaUère pen-
dant trois jours. ^Or, le père de ce Publius était au
lit, malade de la fièvre et de la dysenterie. Paul alla le
voir, et, ayant prié, il lui imposa les mains et le guérit.
'-'Là-dessus, tous les habitants de l'île, qui étaient ma-
lades, vinrent à lui, et ils furent guéris. ^^ Aussi nous
rendirent-ils de grands honneurs; et, à notre départ,
ils nous fournirent ce qui nous était nécessaire.
324
ACTES DES APÔTRES 28 : M-23
Paul à Rome
^^ Trois mois après, nous partîmes sur un navire
d'Alexandrie, qui avait passé l'hiver dans l'île, et qui
avait pour enseigne les Dioscures ('). ^^ Arrivés à Syra-
cuse, nous y demeurâmes trois jours. ^^De là, en
suivant la côte, nous atteignîmes Rhégium. Le
lendemain, le vent du midi s'étant levé, nous vînmes
en deux jours à Pouzzoles. '''^Nous y trouvâmes des
frères, qui nous prièrent de demeurer avec eux sept
jours ; et ensuite nous allâmes à Rome. ^"^Les frères
de cette ville, ayant entendu parler de nous, vinrent
à notre rencontre jusqu'au Forum d'Appius et aux
Trois -Tavernes. Paul, en les voyant, rendit grâces à
Dieu et prit courage.
^^ Quand nous fûmes arrivés à Rome, Paul eut la
permission de demeurer à part, avec un soldat qui le
gardait. ^" Trois jours après, il convoqua les princi-
paux des Juifs. Quand Ûs furent réunis, il leur dit :
Mes frères, quoique je n'eusse rien fait contre le peuple,
ni contre les coutumes de nos pères, j'ai été arrêté à
Jérusalem et livré entre les mains des Romains.
^^ Ceux-ci, après avoir examiné ma cause, voulaient
me relâcher, parce que je n'avais rien fait qui méritât
la mort. ^'-^Mais les Juifs s'y étant opposés, j'ai été
contraint d'en appeler à César, sans que j'aie dessein
néanmoins d'accuser ma nation. ^*^ C'est pour ce motif
que j'ai demandé à vous voir et à vous parler; car c'est
à cause de l'espérance d'Israël que je suis chargé de
cette chaîne. ^ ' Ils lui répondirent : Nous n'avons pas
reçu de lettres de Judée à ton sujet ; et aucun des
frères n'est venu faire un rapport ou dire du mal sur
ton compte. ^-Cependant, nous voudrions bien ap-
prendre de toi ce que tu penses ; car, pour ce qui est
de cette secte, nous savons qu'elle rencontre partout
de l'opposition.
^^ Ayant pris jour avec lui, ils vinrent en plus grand
nombre le trouver dans son logis. Depuis le matin jus-
qu'au soir, il rendait son témoignage ; il les entretenait
du royaume de Dieu, et il s'efforçait de les persuader,
(1) Oastor et Pollux, deux héros de la mythologie grecque.
325
28 : 2;- 31 ACTES DES APÔTRES
par la loi de Moïse et par les prophètes, de ce qui con-
cerne Jésus.
^^Les uns furent persuadés de ce qu'il disait ; les
autres ne crurent point. '^^ Comme ils n'étaient pas
d'accord entre eux, et qu'ils se retiraient, Paul se
borna à leur citer la prophétie en ces mots : Elle
était bien vraie la parole que l'Esprit saint fit en-
tendre à nos pères, par le moyen d'Ésaïe, le pro-
phète, quand il leur dit : ^e « y^ vers ce peuple, et
dis -lui : Vous entendrez de vos oreilles, et vous ne
comprendrez point ; vous regarderez de vos yeux,
et vous ne verrez point. 2" Car le cœur de ce peuple
s'est appesanti. Ils ont endurci leurs oreilles, et ils
ont fermé leurs yeux, de peur qu'ils ne voient de
leurs yeux, qu'ils n'entendent de leurs oreilles,
qu'ils ne comprennent de leur cœur, qu'ils ne se con-
vertissent, et que je ne les guérisse (.'). » ^^ Sachez
donc que ce salut de Dieu a été envoyé aux païens :
ceux-là l'écouteront. ^^ [Lorsqu'il eut dit cela, les Juifs
s'en allèrent, discutant vivement entre eux.] («)
^^Paul demeura deux ans entiers dans un logement
qu'il avait loué. Il recevait tous ceux qui venaient le
voir, ^'prêchant le royaume de Dieu, et enseignant
ce qui concerne le Seigneur Jésus-Christ, avec une
entière liberté et sans aucun empêchement.
(a) Ce verset ne se trouve pas dans plusieurs anciens manuscrits.
(1) Ésaïe 6 : 9-10. — Comp. Matth. 13 : 14-15.
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mam,