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LES
SYNODES DU DÉSERT,
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LES
SYNODES DU DÉSERT
ACTES ET RÈGLEMENTS
DES
SYNODES NATIONAUX ET PROVINCIAUX
TENUS AU DÉSERT DE FRANCE DE L'AN 171 5 A L'AN 1793
PUBLIÉS
AVEC UNE INTRODUCTION
PAR
EDMOND HUGUES
TOME DEUXIEME
PARIS
LIBRAIRIE P^'lSCHBACHER
33, rue de Seine, 33
M DCCC LXXXVI
Actes et règlements
des synodes nationaux et provinciaux
de I 75 I à 1770.
LES
SYNODES DU DÉSERT,
ûlôuIWIWitjrtÇKSIwfûdtûtSyofodlw^^
Synodes provinciaux de 1751.
Synode du Bas- Languedoc.
Au nom de Dieu. Amen.
i: fynode provincial du Bas-Languedoc, affemblé le dou-
zième mai mil fept cent cinquante & un, au nombre de neuf
pafteurs de la province & deux des Hautes-Cévennes, onze
propofants & trente-trois anciens, après avoir implore le
St-Nom de Dieu & avoir élu les modérateurs & les fecrétaires, il a
été délibéré ce qui fuit :
I.
Qu'à caufe des nouvelles afflictions qu'éprouvent nos églifcs, il
fera célébré un jeûne folennel le dixième juin prochain ; & les fidèles
feront exhortés à jeûner & prier en particulier tout le temps de la
perfécution ' .
1. Au mois de janvier et au mois de novembre i/So, avaient paru deux
ordonnances, l'une complétant l'autre, qui attribuaient nau commandant, ou, en
son absence, à l'intendant la connaissance des baptêmes et mariages qui seraient
contractés devant les ministres de la religion prétendue réformée. » « Ce qu'il nous
I
2 LES SYNODES DU DESERT.
II.
Les députés des églifes de St-Quintin, Vauvert, Gallargues &
Lunel feront appelés à leurs colloques refpedifs pour expofer les
raifons qui les ont obligés de ne point fe rendre au fynode; &, fuppofé
qu'elles ne foient point trouvées valables, ils feront cenfurés au nom
du fynode.
m.
L'affemblée, renouvelant l'art. 1 1 du fynode dernier, ordonne que
ceux qui y contreviendront feront fufpendus de la Ste-Cène, pendant
fix mois; & fils retombent, ils ne pourront être reçus à la Ste-Cène
qu'au préalable ils n'aient rempli leur devoir à cet égard.
IV.
La compagnie, informée que pour porter les proteftants à faire
baptifer leurs enfants dans l'Eglife romaine on prétexte que nous
croyons le baptême adminiftré dans cette Eglife très-valide, elle déclare
que, quand le baptême ferait tel, cependant les proteftants ne peuvent
le faire recevoir à leurs enfants fans fe fouiller : i" parce que le bap-
tême de l'Eglife romaine étant accompagné de cérémonies fuperfti-
tieufes & étrangères à l'inftitution de Jéfus-Chrift, ceux qui font
adminiftrer ce baptême à leurs enfants font cenfés adopter ces céré-
monies; 2" parce que le baptême cft une adhérence à l'Eglife où on
le reçoit, & qu'ainfi ceux qui regardent cette Eglife comme fuper-
ftitieufe & idolâtre ne peuvent recourir à fon baptême, fans participer
à fes fuperftitions & à fon idolâtrie; 3° enfin parce que les réformés
ne peuvent faire préfenter leurs enfants dans l'Eglife romaine, fans
expofer les parrains & les marraines à faire des ades d'hypocrifie & à
fe rendre parjures.
L'affemblée, renouvelant l'art. 7 du fynode de notre province,
tenu le trentième mars mil fept cent quarante-fix, & l'étendant, ordonne
faut, écrivait l'évêque d'Alais à l'intendant, c'est une Déclaration qui, en même
temps qu'elle confirmera les premières, défendra aux protestants, pour l'avenir,
de ne plus se marier hors de l'Eglise, ni faire baptiser leurs enfants au Désert, et
leur ordonnera, pour le passé, de venir, dans un terme très-court, réhabiliter et
recommencer leurs mariages et leurs baptêmes, — le tout, sous la condition d'être
jugés sans forme ni figure de procès.» Le nouvel intendant, Saint-Priest, fit donc
enjoindre aux religionnaires de se rendre aux églises paroissiales et d'y conduire
leurs enfants déjà baptisés, n afin qu'on pût leur suppléer les cérémonies de
l'Eglise romaine. » Un délai de 1 5 jours leur était accordé pour obéir. Ils n'obéirent
pas. Alors se déchaîna, pendant deux années, la persécution.
SYNODES PROVINCIAUX. 3
que ceux qui auront cpoufe au Défert & feront baptifer leurs enfants
à l'Eglife romaine feront fufpendus pour deux ans.
VI.
Les pafteurs, qui auront des cglifes qui reftent devoir à M. Fayet,
font exhortés à faire leur polîibie pour le faire payer.
vu.
Il eft enjoint aux églifes d'obferver exa£lement le 6° article du
fynode national de 1748, conçu en ces termes : «Les fidèles font
exhortés à ne [donner] créance aux mendiants que fur des lettres
fignées des pafteurs ou d'autres perfonnes bien connues, & à ne faire
aucune collede générale ou particulière, fans au préalable en avoir
obtenu la permiflTion du confiftoire. »
VIII.
Sur la demande du député de l'églife de Sauffines que la Lecques
foit à l'avenir annexée à cette églife, il a été décidé que le colloque
en ordonnera comme il le trouvera à propos.
IX.
Les pafteurs donneront dans le cours de l'année deux textes à
leurs propofants, & ceux-ci, après les avoir traités, les expoferont
devant le pafteur qui les leur aura donnés & tel autre qui fera choifi
pour en juger'.
Paul Rabaut, pafteur & modérateur; Pierre Redonnel, part.
& mode'rat'-ad joint; Pierre Encontre, pafteur & fecrétaire;
Pierre Puget, propofant & fecrétaire-adjoint.
1. Au sujet de ce synode, Rabaut écrivait à Antoine Court: «Il n'a pas
été possible de faire consentir notre dernier synode à l'envoi d'aucun de nos
proposants. Les églises veulent des assemblées et ne s'embarrassent pas du
reste. A défaut de cela, les proposants demandent s'il ne serait pas possible
qu'on leur accordât, pour acheter des livres, ce qui leur serait donné pendant
le séjour qu'ils feraient au séminaire. Ils m'ont prié de faire cette proposition de
leur part. A la première occasion, je ferai copier les articles du dernier synode pour
vous les faire parvenir.
0 On ne dit rien encore à ceux qui ont refusé de faire porter leurs enfants
à l'Eglise romaine et dont le nombre est beaucoup plus grand que celui de
ceux qui l'ont fait dans mon église Nous parlerons du s[ynode] n[ational]
dans notre prochaine assemblée.» — Mss. Court, n" 1, t. XXIV, p. 534.
^9 ^S ^9 ^9
LES SYNODES DU DESERT.
Synode des Hautes-Cévennes.
Notre aide soit au nom de Dieu qui a fait
le ciel et la terre. Amen.
Le fynode des Hautes-Cévennes, affemblé le huitième juillet mil
fept cent cinquante & un ', auquel ont affifté MM. Jean Roux, Jean-
Pierre Gabriac, Michel Teiffier, Jacques Gabriac, Henri Cavalier,
Jean-Louis Gibert, Jean-Antoine Reuillet & Jean Martin, pafteurs
de la fufdite province ; MM. Jean Pradel & Pierre Redonnel, pafteurs
& députés de la province du Bas-Languedoc; cinq propofants &
I . Le pasteur Gabriac donne quelques de'tails comple'mentaires sur ce synode.
(c Le 8 de ce mois, écrit-il à Antoine Court, nous tînmes notre synode. Tout
s'y passa fort tranquillement, nos ennemis n'en furent point informe's; du moins,
ils ne firent aucune démarche pour nous faire de peine; il y fut délibéré :
0 i» de célébrer un jeûne, le 17 d'octobre prochain;
«2" que les anciens ne décideraient point des affaires de l'église en l'absence
du pasteur ;
«3" que ceux d'entre les protestants qui feront baptiser des enfants dans
l'Eglise romaine seront privés de la participation [au] sacrement de la Ste-Cène
pendant une année ; que s'ils en font baptiser d'autres, ils seront exposés à la
même peine pendant dix-huit mois; que ceux enfin qui feront baptiser leurs
enfants par des prêtres, sans y être contraints, après les avoir fait baptiser par les
ministres de notre religion, le seront pendant deux ans; jusqu'après ce temps, le
consistoire jugera de leur repentance ;
04» que Messieurs Viala et du Cambon seront examinés par cinq d'entre nous
et reçus ministres, s'ils en sont jugés capables ;
« 5" que Messieurs Vallat et Pic seraient aussi examinés pour être reçus pro-
posants;
((6° que M. Gibert serait libre d'aller là où il voudrait, pendant une année,
conformément à sa demande.
« Le sujet sur lequel on raisonna beaucoup fut l'argent que nous vous en-
voyâmes, il y a environ trois ans. Comme vous nous disiez qu'il fallait incessamment
vous envoyer cette somme, nous-mêmes l'empruntâmes de trois particuliers, avec
promesse de la leur rendre au bout d'une année, dans l'espérance que les églises
nous la rembourseraient. Depuis, nous avons fait tous nos efforts pour les y
engager, sans qu'il nous ait été possible d'en retirer la moitié; or, comme ces
particuliers veulent absolument être payés sans délai, nous crûmes qu'il était
nécessaire de le proposer à l'assemblée pour engager les églises, qui n'avaient
point rempli leurs promesses, à le foire au plus tôt ; mais cette proposition ne fut
pas de leur goût. Celle d'Alais répondit ouvertement qu'elle ne voulait point
payer sa portion, que c'était en vain qu'on la l[ui] demandait; les autres ajoutèrent
SYNODES PROVINCIAUX. 5
vingt & un anciens, députés de la part des fufdites églifes, — après
avoir imploré le fecours de Dieu, raffemblée a nommé à la pluralité
des fuffrages MM. Jacques Gabriac pour modérateur, Jean Roux pour
modérateur-adjoint, Jean-Pierre Gabriac pour fecrétaire, & Jean de
Méjanelle du Cambon, propofant, pour fecrétaire-adjoint; après quoi,
elle a délibéré les articles fuivants :
1.
Que pour engager Dieu à détourner fes jugements de deffus nous
& le porter à nous honorer de fa protedion, on célébrera un jeûne
folennel dans toutes les églifes de cette province, le dix-feptième
odobre prochain.
qu'il y avait trop de misères dans le pays, qu'il leur e'tait impossible de remplir
leur taxe, et tous s'accordèrent à dire que, puisque cet argent n'avait pas été
employé à sa destination, qu'il ne servait à rien et qu'ils en avaient un pressant
besoin: ils nous chargeaient de le retirer. Nous aurions fort souhaité qu'on l'eût
laissé entre vos mains, parce que, connaissant votre zèle pour l'intérêt des églises
sous la croix, nous sommes persuadés que vous l'auriez fait servir en des choses
qui leur auraient été fort utiles. Si nous étions à même de payer les six ou sept
cents francs qu'elles doivent, nous le ferions avec un vrai plaisir; mais ne pouvant
retirer qu'avec peine ce qu'il faut pour notre entretien, nous ne pouvons que
nous joindre à elles pour vous prier de nous renvoyer la susdite somme. Si, dans
la suite, il se présente des occasions pour nous favoriser, nous serons toujours
prompts à aider pour vous en saisir, et nous espérons que Dieu nous fera la grâce
d'être mieux en état de le faire que nous ne le sommes présentement.
«Gabriac le jeune, modér. »
— Mss. Court, n° I, t. XXIV, p. 608.
On trouve dans une lettre de Lacoste des détails sur un autre synode qui se
réunit dans les Cévennes, le 14 et le 1 5 octobre 175 i.
Synode des Cévennes du 14 octobre lySi.
« L'on a tenu le synode de la province, le 14 et i5 du courant, dans lequel
fut portée la proposition de me laisser fonctionner dans les églises de la province,
proposition qui fut agréée de tous les députés en général, ce qui donna lieu à tous
les pasteurs de sortir de l'assemblée pour se consulter là-dessus. Etant rentrés, ils
proposèrent de me donner une lettre de recommandation auprès de vous. Mon-
sieur, et de Messieurs les respectables amis de ce pays-là, pour me faire placer
ailleurs, avec les frais de mon voyage, à mon refus de me faire subir les conditions
qui furent imposées à Monsieur La Valette [David Vesson] par le synode qui le
réhabilita, ajoutant qu'il ne reviendrait de ces dispositions à mon égard, ce qui me
détermina à embrasser le premier parti avec beaucoup de plaisir
Voici l'article du synode à ce sujet :
«Art. 12. — Il a été délibéré sur les représentations de M. Lacoste que la
«province lui ferait un don de 200 livres, et que Messieurs les pasteurs lui fourni-
0 raient une lettre de recommandation auprès de nos amis du pays étranger »
<c Lacoste. »
— Mss. Court, n" i, t. XXIV, p. 944.
6 LES SYNODES DU DESERT.
II.
Ayant remarqué que certaines perfonnes ont violé l'art. 3 du
fynode de cette province, tenu l'an mil fept cent cinquante, dans lequel
il eft défendu de révéler le fecret des affemblées eccléfiaftiques, on en
recommande de plus fort l'obfervation, fous peine de cenfures & même
de fufpenfion fi le cas le requiert.
in.
Ayant encore remarqué que certains confiftoires entreprennent
de décider des affaires d'importance, comme de nommer, fufpendre,
réhabiliter des anciens, faire des diftributions générales des deniers
des pauvres, etc., en l'abfence de leurs pafteurs, l'affemblée leur
enjoint de ne plus en agir de même & de fe conformer aux articles
premier & fécond du chapitre v de la difcipline.
IV.
Conformément à la délibération prife dans les fynodes du Bas-
Languedoc & des Hautes-Cévennes, tenus l'an mil fept cent quarante-
fix, favoir: que ceux d'entre les proteftants qui feront baptifer leurs
enfants dans l'Eglife romaine feront fufpendus, pendant une année,
de la participation au facrement de la Ste-Cène ' ; que ceux qui, après
I. L'ordre intimé aux religionnaires de faire porter leurs enfants, baptisés au
Désert, au prêtre de leur paroisse respective pour « leur administrer les céré-
monies de l'Eglise, » les avait tout à la fois consternés et épouvantés. Quelques-
uns avaient obéi, mais la plupart avaient nettement refusé; et il y avait eu aussitôt
de terribles châtiments. L'intendant, ayant reçu des curés et des consuls la liste
exacte des récalcitrants, avait donné ordre à ses agents de s'emparer de leur
personne, et de traîner, de vive force, leurs enfants à l'église. Amendes, empri-
sonnements, rien n'avait été épargné pour arriver à un résultat. Saint-Priest
écrivait à son subdélégué de Nîmes: «Je n'ai encore reçu (i3 août i/Si) de vous
aucuns états des religionnaires de votre département, qui ont refusé d'envoyer à
l'église leurs enfants. ... Je vous prie de m'envoyer tous les états que vous avez
reçus, et ceux qui vous manquent au furet mesure que vous les recevrez; obser-
vez en même temps de noter, autant qu'il sera possible, sur tous ces états les N. C.
qu'il vous paraîtra convenable de faire arrêter par préférence et dont l'exemple
pourra être capable de faire le plus d'impression. » Pendant ce temps, d'autres
religionnaires, ne voulant ni obéir, ni se voir arracher leurs enfants, avaient quitté
leurs maisons et s'étaient «mis aux champs.» Ils avaient tout abandonné, la
culture de la terre et leurs récoltes : ils se cachaient au Désert. — C'est dans ces
circonstances que le synode arrêtait ces art. 4 et 5, d'une si indomptable fermeté.
— «11 est d'une extrême conséquence, écrivait Paul Rabaut, (Mss. Court, n" i,
t. XXIV, p. 352I qu'on tienne ferme dans une semblable conjoncture. Je vais dans
le moment écrire à tous mes collègues pour leur donner avis de cette nouvelle,
et les prier d'aller d'un lieu à l'autre pour affermir les gens. »
SYNODES PROVINCIAUX. 7
avoir fait baptifer un ou plufieurs enfants dans l'Eglife proteftante,
& qui en feront baptifer d'autres dans l'Eglife romaine feront expofés
à la même peine pendant dix-huit mois ; que ceux enfin qui feront
baptifer leurs enfants par les prêtres, après les avoir fait baptifer par
les miniftres de notre fainte religion, le feront pendant le cours de
deux années, & après le temps marqué, le confiftoire de leur églife
jugera de leur repentance.
V.
Plufieurs proteflants ayant fait rebaptifer leurs enfants dans
l'Eglife romaine, alléguant pour excufer leur honteufe lâcheté qu'ils
ont été menacés, amendés, emprifonnés, ne faifant point difficulté
d'appeler cela force, l'affemblée, reconnaiffant combien il y a d'illu-
fion dans leurs excufes, elle déclare qu'on ne peut y avoir aucun égard,
puifqu'à proprement parler on ne peut appeler force que l'aélion qui
confifte à enlever avec une violence à laquelle il n'eft pas polTible de
réfifter les enfants que Dieu leur avait donnés.
VI.
MM. François Viala'&Jean de Méjanelle du Cambon ayant
demandé à être admis à l'examen, l'affemblée a jugé à propos de leur
I . François Viala, dit Dumont, ne doit pas être confondu avec le prédicant
intrépide, Michel Viala, dit Germain, qui avait réorganisé le Haut-Languedoc,
parcouru le Poitou et la Normandie, et qui, toujours prêt à courir où l'appelait
un devoir, se trouvait en cette année lySi dans le Poitou, pour y travailler à la
réorganisation des églises de cette province. Est-ce dans un synode ou dans un
colloque que les pasteurs et les anciens du Poitou lui donnaient, le 19 juin tj5i,
le certificat suivant ?
Certificat donné à M. Michel Viala.
(( Nous pasteurs et anciens, soussignés, certifions à tous ceux qu'il appartiendra
«que le sieur Michel Viala, dit Germain, ministre de J.-C, s'est très-bien conduit
«dans les deux tournées qu'il a faites en Poitou, où il a fait un bien très-considé-
orable en y prêchant l'Evangile du Fils de Dieu, en y administrant les Saints-
« Sacrements, en y exhortant le peuple à remplir leurs devoirs à tous égards, et en
«y établissant l'ordre dans quelques endroits. Il aurait souhaité avec ardeur de
«l'établir partout. Mais le grand pays qu'il avait à parcourir l'en empêcha; c'est ce
«qui lui fit prendre le parti, pour ne pas laisser l'ouvrage imparfait, d'envoyer
«d'autres ouvriers à sa place, afin de continuer une œuvre si excellente et si bien
« commencée. Enfin, il a fait tout ce qu'un fidèle pasteur doit faire pour de pauvres
«brebis éparscs. Sa grande piété, son grand zèle et son grand empressement pour
«l'avancement de la gloire de Dieu fait que nous prenons la liberté de le recom-
« mander à la protection et bienveillance des personnes à qui il pourra s'adresser.
« En Poitou, le i9<= juin lySi. »
— Mss. de Vitré et de Melle.
8
LES SYNODES DU DESERT.
accorder leur demande & leur ordination au St-Miniftère, fils en font
jugés capables par MM. Jean Roux, Michel Teiffier, Jacques Gabriac,
Henri Cavalier & Jean-Antoine Reuillet, pafteurs, qu'elle a nommés
pour y procéder le plus tôt poflible.
VII.
M. Jean-Louis Gibert, pafteur, ayant demandé fon congé pour
une année, l'affemblée lui a accordé fa demande, fous la condition
qu'il reviendra à la fin de la fufdite année, & qu'il apportera de bons
témoignages de fa vie & mœurs de tous les endroits où il fera quelque
féjour.
VIII.
L'affemblée a accordé à M. Louis Figuières, propofant, la fomme
de cent cinquante livres par année.
Gabriac l'aîné, pafteur & fecrétaire.
Synodes provinciaux de 1752.
Synode du Vivarais et Velay.
Notre aide soit au nom de Dieu qui a fait
le ciel et la terre. Amen.
Aâes du fynode provincial des églifes réformées du Vivarais
& Velay ', tenu fous la protedion divine au Dêfert, dans le Haut-
Vivarais, le dix-neuvième avril mil fept cent cinquante-deux, auquel
ont ajfiflé trois pafleurs, le fecrétaire fouffigné & quatorze anciens,
députés dcfdites églifes.
PRÈS la ledure de la parole de Dieu, l'invocation de fon
St-Nom & ledure faite des articles du fjmode précédent,
il a été arrêté ce qui fuit :
On renouvelle l'art. 8 du fynode provincial du premier mai 1741,
qui porte que les députés du fynode ont été «priés de repréfenter à
leurs confiftoires de porter, autant qu'il fera poffîble, les [fidèles à
donner une partie des charités qu'ils diflribuent après la mort de
I. On n'a pas les actes du synode du Bas-Languedoc de 1/52. Faut-il croire
qu'ils ont été égarés, ou que le synode ne pût être convoqué cette année ?
Rabaut parle d'une réunion de «ses associés» qui se tint le 21 juin; mais
s'agit-il d'un synode ? La persécution était terrible. « Elle se renforce de jour
en jour, écrivait-il,... on attaque tout à la fois les pasteurs, les assemblées,
les baptêmes et les mariages...» François Bénézet, qui se préparait au minis-
tère, fut pris au mois de janvier et subit le dernier supplice, le 27 mars. Le
pasteur Molines, dit Fléchier. fut également pris, mais il abjura.
ro LES SYNODES DU DESERT.
leurs parents aux pauvres qui n'ofent mendier; & afin que ces cha-
rités foient employe'es à propos, elles feront remifes aux anciens, qui,
de concert avec les pafteurs, les donneront aux perlbnnes qu'ils juge-
ront en avoir le plus de befoin», & furtout à ceux qui fouffrent pour
caufe de religion.
II.
Ayant été repréfenté qu'en certains endroits, & principalement
dans le Velay & aux environs de St-Agrève, il fe trouve quelques per-
fonnes qui avaient fait bénir leurs mariages par feu Jacques Guilhot
& Jean Bernard, qui n'ont point été enregiftrés, & que les regiftres
de feu Jacques Boyer, miniftre, & quelques-uns de feu Mathieu
Morel ont été perdus, la compagnie exhorte les confiftoires de f'in-
former qui font ceux qui ont reçu la bénédiftion nuptiale par les fuf-
nommés ; & lorfqu'il conflatera qu'ils l'en ont reçue, on dreffera un
regiftre, afin qu'il ferve dans le befoin.
m.
On exercera la difcipline dans toute fa rigueur contre ceux qui,
après avoir paffé un contrat par main publique, demeurent enfemble
fans avoir fait célébrer leur mariage félon les ufages de nos églifes.
IV.
Confidérant, d'un côté, le befoin que les églifes de cette province
ont de pafteurs, & de l'autre, les talents de M. Alexandre Vernet, les
progrès qu'il a faits dans les fciences néceffaires pour exercer le
St-Miniftère, & la conduite chrétienne qu'il a toujours tenue pendant
qu'il a été parmi nous, la compagnie le prie de fe difpofer à entrer
au plus tôt aux épreuves pour être confacré au miniftère de l'Evan-
gile & mis au nombre des pafteurs de ces églifes; laquelle vocation
ayant été acceptée par ledit M. Alexandre Vernet, il a été convenu
que les pafteurs procéderont à fes examens, d'abord qu'ils en auront
la commodité.
Peirot, pafteur & modérateur; Blachon, pafteur;
CosTE, pafteur; Vernet, fecrétaire.
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SYNODES PROVINCIAUX. II
Synode du Haut- Languedoc.
Au nom de Dieu soit fait. Amen.
Nous, pafteurs & anciens des églifes réformées du Haut-Lan-
guedoc, Haute-Guyenne & Comté de Foix, affemblés en fynodc pro-
vincial ', le di.x-huitième jour du mois d'août mil fept cent cinquante-
deux, après avoir imploré la protedion de Dieu & les lumières du
St-Efprit, il fut nommé, à la pluralité des fuffrages, M. Corteiz,
pafleur defdites églifes, pour modérateur; M. Sicard, pour modéra-
teur-adjoint; & M. de Barmont, aulîi pafteur defdites églifes, pour
fecrétaire; après quoi, il a été délibéré ce qui fuit :
I.
L'affemblée accorde avec plaifir à M. Pierre Corteiz, pafteur des
églifes de cette province, la confirmation de Tatteftation qui lui fut
accordée dans le fynode provincial tenu le 14" janvier 1760; cepen-
dant, ce n'eft qu'avec un vif regret, par la crainte où elle eft d'être
bientôt privée du miniftère de ce digne pafteur.
I. Lettre des églises réformées de Clairac, etc.. à M. de Banuojit, en
date du 20 juin 1^52.
(( Les anciens des e'glises re'forme'es sous la croix de Clairac, Longueville,
Lafitte, Marsac, Duras et Fernand, à M. de Barmont, m[inistre] du St-Ev[angile.]
« Monsieur et très-honoré pasteur,
((Nous craignons avec raison que vous ne nous accusiez de négligence, pour
avoir tant différé à vous accuser la réception des lettres que vous nous avez fait
l'honneur de nous écrire, à quelques-uns en particulier, et de celle que vous
adressez aux fidèles de nos églises, en général; nous pensons pourtant que vous
connaissez suffisamment les sentiments de nos cœurs, pour imputer ce retarde-
ment à une juste cause, c'est-à-dire aux occupations inévitables de la saison.
«Recevez donc, s'il vous plaît, Mfonsieur], nos très-humbles remercîments pour
toutes les marques de bonté et d'aff'ection dont vous nous honorez, et les protesta-
tions que nous vous faisons d'une éternelle reconnaissance. Non, nous ne per-
drons jamais le souvenir de l'obligation singulière que nous vous avons tous.
Nous n'entreprendrons pas de vous décrire l'effet que produit dans tous les cœurs
la touchante et pathétique lettre pastorale que vous avez eu la charité de nous
adresser, et à toutes nos églises en général : l'expression ne saurait y atteindre.
Nous vous dirons seulement que bien peu ont eu assez de fermeté pour en
écouter la lecture sans en répandre des larmes en abondance; on a sangloté, on a
poussé mille soupirs, et fait autant de vœux pour vous et répétant sans cesse: « Le
bon Dieu le conserve, et le bon Dieu nous le ramène ! Puissions-nous pratiquer ce
12 I-ES SYNODES DU DÉSERT.
Confirmation de l'atteftation accordée à M. Pierre Corteiz neveu,
pafteur, le 14^ janvier 1750, jour du fynode provincial.
«Nous, pafteurs & anciens des églifes réformées du Haut-
« Languedoc, Haute-Guyenne & pays de Foix, etc. , affemblés en fynode
« provincial, le 18" jour du mois d'août mil fept cent cinquante-deux,
«requis par M. Pierre Corteiz neveu, pafteur des églifes de cette pro-
« vince, de lui confirmer l'atteftation ci-deffus, à lui accordée par notre
«fynode provincial du 14^ janvier i 760, rafl"emblée, édifiée de plus en
« plus de la pureté de fa doftrine, de fon zèle infatigable, & de la fain-
« teté de fes moeurs, après lui avoir exprimé le vif regret qu'elle a de fe
«voir à la veille d'être privée d'un fi digne pafteur, lui accorde fa jufte
« demande avec d'autant plus de raifon, que ledit pafteur a été expofé,
« & l'eft encore, à la plus violente perfécution & aux périls les plus
«éminents de la part des ennemis de la Vérité; car, outre les dangers
qu'il nous prescrit!» Et finalement, ces mêmes paroles sont parties d'un chacun:
«Assurez-le bien de mon respect et priez-le, au nom de Dieu, d'avoir la charité de
revenir. »
«C'est une chose merveilleuse que l'amendement qu'a opère' dans ces contrées
le peu de séjour que vous y avez fait; et nous ne saurions assez déplorer le dé-
sordre et l'aveuglement dans lesquels nous avons vécu depuis l'affligeante et déplo-
rable époque de la révocation de l'Edit de Nantes, non-seulement par rapport
aux connaissances de l'esprit, mais aussi par rapport aux dispositions du cœur.
En général, nous pouvons dire que nous avions oublié l'Etre suprême ; les plus
sages d'entre nous n'étaient occupés que de leurs champs, de leurs vignes, ou de
leur commerce, lisant à peine, ou du moins à la hâte, quelque chapitre de l'Ecri-
ture sainte, le dimanche matin. Contents de s'abstenir du culte de l'Eglise
romaine, ils se croyaient glorieusement distingués et suffisamment autorisés à
prendre la qualité de chrétiens réformés, vivant néanmoins dans l'irréligion, et
n'ayant, hélas ! la plupart de nous, que trop souvent fléchi les genoux devant
l'idole, dans certaines circonstances de notre vie. De plus, y a-t-il quelqu'un des
péchés et des vices, qui excluent du royaume des Cieux, qui ne régnât parmi ceux
qui se paraient de ce beau nom de Réformé. Tirons le rideau sur cet affreux et
trop mortifiant tableau, et fixons nos regards vers la miséricorde et la bonté de
notre Créateur, qui peut-être, en considération de ce que son nom était encore
réclamé dans ces contrées par quelques personnes vénérables, qui se rappelaient
les salutaires instructions qu'elles avaient reçues de la bouche de ses ministres,
nous a pardonnes, comme il aurait fait autrefois à Sodome, s'il s'y était trouvé dix
justes. Grand Dieu ! si tu avais différé d'avoir compassion, vivant dans l'impiété
et incapables que nous étions d'entrer de nous-mêmes dans la carrière du Salut,
l'accès au trône de la Grâce nous eût été interdit pour jamais.
«Grâces, Seigneur, te soient donc éternellement rendues, de ce qu'au moment
que le souvenir d'avoir ouï prêcher ta sainte Parole dans ces contrées, allait se
perdre, tu nous as envoyé l'un de tes serviteurs pour faire reluire ce sacré flambeau
au milieu de nous! Fais, ô Dieu! que nous puissions dorénavant nous égayer à sa
lumière, et achève, s'il te plaît, ton œuvre; et, après nous avoir par ta grâce donné
SYNODES PROVINCIAUX. l3
« ordinaires annexés au miniftère fous la croix, il a été pendu deux fois
«en effigie, comme appert par les jugements rendus par les intendants
(cde Montpellier & d'Auch, pourfuivi plufieurs fois par des détache-
« ments de dragons, & recherché par des particuliers malintentionnés,
« ce qui le met dans la néceffité indifpenfable de fe réfugier dans un
« pays de Liberté. Sur ces fondements, nous prions Dieu de le combler
« de fes grâces les plus précieufes & de le couvrir de fa protedion
« partout où la divine Providence le conduira.
«De notre affemblée fynodale, de laquelle ledit palleur eft modé-
«rateur, ce 18^ août 1753. Tous les pafteurs & députés dudit fynode
« fignés. »
II.
M. Viala, pafteur de ces églifes, ne nous ayant été prêté que pour
une année feulement par la province des Hautes-Cévennes, ladite
le moyen d'éclairer nos esprits, veuille aussi, par l'efficace de ton St-Esprit, sancti-
fier nos cœurs ; donne-nous la force et la volonté de dépouiller, de crucifier notre
vieil homme, afin que nous puissions être revêtus du nouveau, créés, selon Dieu,
en justice et vraie sainteté !
«Telles sont, M[onsieur] et très-honoré pasteur, les dispositions qui nous
animent aujourd'hui ; comparez, s'il vous plaît, notre état avec celui où nous étions
précédemment, et félicitez-vous d'avoir concouru, avec la grâce du Seigneur, à
opérer un si précieux et si glorieux changement. Nous vous prions d'être bien
persuadé que nous avons pour vous toute la reconnaissance qu'exige un tel
bienfait, et que nous sommes pénétrés en votre faveur du plus vif sentiment
d'amour, de respect et de vénération ; puissiez-vous un jour, après avoir glorieu-
sement rempli le but pour lequel Dieu vous a mis en main le ministère de sa
parole, être du nombre de ceux qui, pour avoir amené plusieurs enfants à la
justice, reluiront comme le soleil au Royaume de leur Père! Ces sentiments nous
sont communs avec tous les membres qui composent le corps de nos églises, et
nous leur devons ce témoignage, que la parole divine que vous leur avez prèchée
n'a pas été une semence jetée auprès du chemin, puisqu'elle a produit un fruit
considérable, qui se manifeste aux yeux de tous; aussi, tous vous désirent avec une
ardeur inexprimable, et font sans cesse des vœux pour votre conservation et votre
retour; vous êtes continuellement l'objet de notre plus cher souvenir et le sujet
de nos conversations les plus délicieuses; on s'y rappelle avec plaisir jusqu'à la
moindre parole que vous avez proférée parmi nous.
«Cependant, M[onsieur], quelque considérable que soit le bien que votre
présence a produit dans ces contrées, c'est peu de chose, en comparaison de ce
qu'il reste à faire; la vigne, que vous avez si heureusement plantée dans un fonds
qui ne donnait aucun fruit, promet bien un revenu extraordinaire, moyennant
qu'elle soit cultivée, car autrement elle retomberait infailliblement dans son pre-
mier état ; mais encore elle peut s'étendre de tous les côtés, et il reste une grande
contenance à défricher, si bien que nous pouvons dire en quelque façon que
l'ouvrage n'est qu'ébauché, car il se présente un travail immense; certainement la
moisson est grande, mais nous n'avons point d'ouvriers. O Dieu ! sois ému de
compassion envers nous, et envoie, s'il te plaît, des ouvriers en ta moisson.
14 LES SYNODES DU DESERT.
province vient de lui écrire pour le prier de fe rendre auprès d'elle,
fitôt que le temps de fon congé fera expiré; l'affemblée, très-édifiée du
zèle de M. Viala & voyant avec regret qu'on le rappelle, charge M. de
Barmont, pafteur defdites églifes, de folliciter cette province de nous
l'accorder encore une année, fil ne fe peut au delà; ce à quoi M. Viala
a eu la bonté de confentir.
m.
Les arrêtés de nos fynodes concernant les baptêmes & les tapifferies
du jour du Corpus ' a3?ant été jufqu'à préfent très-mal obfervés, l'affem-
blée exhorte MM. les pafteurs à y tenir exaflement la main, afin qu'ils
foient mieux obfervés dans la fuite.
«Personne ne connaît mieux que vous, M[onsieur], la nécessité pressante où
nous sommes d'avoir un pasteur; nos églises, qui ne font que de naître, ne sauraient
subsister si elles en étaient destituées, et tel est notre état et notre façon de penser,
que non-seulement nous ne pouvons nous en procurer que par votre moyen, mais
que nous croirions nous faire un tort infini, et nous rendre coupables de la plus
noire ingratitude, de nous adresser ailleurs ou même d'en recevoir que de votre
main, quand bien [même] le cas se présenterait; aussi, nous flattons-nous, fondés
sur la tendre affection que vous nous avez marquée, que vous mettrez en usage
tous les moyens convenables pour nous procurer ce bonheur.
«Mais, Monsieur, la divine Providence vous ayant suscité pour rétablir l'ordre
ecclésiastique dans ces contrées, dont il ne restait aucun vestige depuis près de
67 années, vous y avez formé des églises, qui vous chérissent comme le restaura-
teur de la vertu et de la piété: c'est votre ouvrage, c'est un bien qui vous appar-
tient plus directement que tout autre de même nature. Ces chères églises vous
réclament, vous prient, et vous sollicitent par les compassions de Dieu de vous unir
vous-même à elles pour jamais. Nous nous joignons à elles pour vous faire la
même prière. Pourriez-vous vous refuser à nos instances?
« Nous sommes trop convaincus aussi de la charité de Messieurs vos respec-
tables collègues, et du zèle qui les anime pour la gloire et pour l'avancement du
règne de notre commun Seigneur et Sauveur, pour craindre qu'ils s'y opposent;
et, s'il en est besoin, nous vous prions de leur exposer la nécessité où nous
sommes d'avoir un pasteur; mais principalement faites leur savoir que nous les
supplions, au nom de Dieu et de la part de nos églises, de vous accorder à nos
vœux. Qu'ils daignent considérer que, ce serait donner la mort à ces églises nais-
santes, de les laisser sans pasteur, et les mortifier vivement que de leur en pré-
senter un autre que celui qu'elles considèrent comme leur restaurateur.
«Enfin, nous vous demandons à Dieu et nous espérons qu'il disposera les
esprits pour que vous nous soyez accordé, et qu'aussi il nous donnera la prudence
et la sagesse nécessaires pour vous conserver sûrement, connaissant la disposition
où nous sommes tous en général et chacun en particulier de perdre mille fois nos
vies pour conserver la vôtre.
« Nous avons l'honneur d'être avec un profond respect, Monsieur et très-
honoré pasteur, Vos, etc » — Mss. de Puylaurens et de Castres.
I . Quelques religionnaires, lorsque les processions parcouraient les rues,
ornaient leurs maisons et tapissaient leurs portes, pour ne pas se faire remarquer
et ne point s'exposer aux tracasseries ou aux rigueurs de leurs ennemis habituels.
SYNODES PROVINCIAUX. i5
IV.
Sur la propofition de M. Elios que la ceflion qui lui fut faite, en
commun avec M. Forets', du Pcrigord avec fes dépendances & le Bor-
delais, il y a plus de deux ans, lui fût confirmée, l'aiTemblée, ayant
mûrement examiné ladite propofition, a trouvé que la ceiïion en quef-
tion était tombée en décrépitude par leur long retardement à venir
fen mettre en poffeffion, par leur filence vis-à-vis de nous durant tout
ce temps-là, & furtout omettant de nous écrire, comme ils devaient
le faire, pendant que M. de Barmont défrichait l'Agenais, ce qu'ils
n'ignoraient point, au moins l'un d'eux. Cependant, l'affemblée, en
confidération de l'eltime qu'elle a conçue pour ledit M. Elios & des
bonnes atteftations qu'il nous a exhibées, lui accorde tout ce qu'il
avait demandé ci-devant, toutefois l'Agenais excepté, parce, d'un côté,
qu'il a été défriché, comme il efi: dit ci-deffus, par un pafteur des
églifes du Haut-Languedoc, & de l'autre, que les anciens & fidèles du
diftriél dudit Agenais ont demandé, par un a£te authentique à nous
notifié, d'être deffervis par un pafteur dudit Languedoc.
Concernant M. Forets, l'affemblée l'exclut entièrement de la pro-
vince, par plufieurs bonnes raifons qu'elle n'a pas jugé à propos
d'alléguer ici.
V.
Quoique l'affemblée foit très-convaincue du défir fincère qui
anime M. Elios pour la paix & l'union qui doivent régner dans les
églifes d'une même province, difpofitions qu'il nous amanifeftées, elle
lui cède le diftricl ci-deffus, fous condition qu'il ne pourra f'y tenir des
fynodes provinciaux, fans l'aveu d'une affemblée d'égale autorité, du
confentement de laquelle feulement il lui fera libre de fe procurer des
pafteurs dans le befoin.
VI.
Le diftricl du Haut-Languedoc fera divifé en cinq quartiers :
1° Caftres, Puylaurens & Roquecourbe pour un quartier;
2° Lacaune, les deux Viane, Lacaze, Berlats & Efpérauffe pour
M. de Barmont;
C'est contre cette faiblesse, qu'ils traitaient comme une connivence, que les
synodes s'élevaient. Par Corpus il faut entendre la Fête-Dieu. Encore en Italie
et dans certaines parties du midi de la France, on désigne la Fête-Dieu sous le
nom de fête du Corpus.
I. Son nom était Paul Bosc.
l6 LES SYNODES DU DESERT.
3" Mazamet, St- Amans & Revel pour M. Viala;
4" enfin, Vabre, Caftelnau, Montredon & Réalmont pour M. Pa-
jon qui doit inceffamment venir parmi nous, félon ce qu'il nous a
écrit depuis peu : de quoi il ne peut fe difpenfer, vu les promefTes
qu'il nous a faites ci-devant, les conditions fous lefquelles notre col-
loque général du 14" mars 1760 lui a permis de fe faire confacrer dans
le pays étranger, & enfin la néceffité que les églifes de fon quartier
ont de fa préfence, lefquelles feront delfervies en commun jufqu'à fon
arrivée par MM. Corteiz, de Barmont & Viala; & au cas que led[it]
M. Pajon tardât trop à venir fe mettre en poflenion de fon quartier,
M. Sicard eft prié de lui écrire pour le fommer, en l'autorité du
fynode, de remplir fes engagements ; & les arrêtés, qui le concernent
à ce fujet, lui feront communiqués dans ladite lettre.
vn.
M. Sicard, pafleur de ces églifes, eft prié d'aller deffervir le
Montalbanais & l'Agenais, durant l'efpace de fix mois, & M. de Bar-
mont, pafteur auffi de ces églifes, eft aufiTi prié de deffervir les églifes
de la montagne.
vui.
Les confiftoires députeront aux colloques, & ceux-ci aux fynodes
provinciaux.
Chaque diftrid députera feulement auxdits fynodes un pafteur &
deux anciens.
IX.
On expédiera inceffamment à M. Elios, pafteur, les lettres &
atteftations néceffaires pour f'introduire dans fon diftricl à fa fatif-
fadion.
X.
L'affemblée charge M. de Barmont d'écrire à M. Court pour lui
envoyer copie de l'article ftatué à l'égard de M. Elios, afin qu'il ait la
bonté de le communiquer aux illuftres amis de ce pays-là, & qu'il
prenne la peine d'inftruire M. Forets de ce qui le concerne, comme
auflî d'exhorter M. Dubeffet à fe contenir dans fes limites, fuppofé
qu'il formât des prétentions fur le diftrid affeclé à M. Elios.
XI.
L'affemblée entend pardiftrid:
1° le Haut-Languedoc, un ;
SYNODES PROVINCIAUX. 17
2" Pays de Foix, deux ;
3° Montalbanais & Agenais, trois;
4° Périgord, fes dépendances & Bordelais, quatre ;
5° le Bcarn.
Notre province comprend donc cinq diftricts.
xu.
Le fynode prochain fe tiendra dans le quartier de la montagne,
parce que c'efl le lieu le plus propre à cet effet.
Ainfi a été conclu & arrêté les an & jour que deffus.
CoRTEiz, pafteur & modérateur; Sicard, pafteur & modérateur-
adjoint; Grenier de Barmont, pafteur & fecrétaire.
Lettres d'autorité accordées à M. Elios, pasteur.
Nous, pafteurs & anciens des dglifes réformées du Haut-Lan-
guedoc, Haute-Guyenne, pays de Foix, etc., affemblés en fynode pro-
vincial, le 18° jour du mois d'août 1762, requis par M. Elios, que
nous avons reçu au nombre des pafteurs de cette province, de lui
expédier des lettres d'autorité & de créance, en vertu defquelles il
puilfe aifément & fans oppofition porter fon miniftère dans toute
l'étendue du diftriit que nous lui avons cédé, qui comprend le Péri-
gord, le Bordelais & leurs dépendances, toutefois l'Agenais excepté ;
l'alTembiée, édifiée de fon zèle & pleine d'eftime & d'atfecfion pour
lui, ayant vu les atteftations honorables dont il eft muni, lui accorde
avec plaifir fa demande. [Nous] exhortons tous les fidèles de ces
lieux-là de le recevoir en qualité de vrai miniftre de l'Evangile & de
l'aider de tout leur pouvoir dans les fonctions périlleufes du faint
emploi que le Seigneur lui a confié, & comme l'intérêt de leur falut
le requiert; nous le recommandons de tout notre cœur à la protedion
divine, priant Dieu de répandre fur lui & fur fes pénibles travaux fes
plus précieufes faveurs.
De notre affemblée fynodale, le 18° août 1752.
l8 LES SYNODES DU DÉSERT.
Lettre écrite par M. de Barmont au corps ecclésias-
tique des Hautes-Cévennes, pour le prier de nous
accorder encore pour une année M. Viala.
Août 1752.
Meffieurs & très-honorés frères en Jéfus-Chrift Notre-Seigneur.
Notre très-cher [&] honoré frère, Monfieur Viala communiqua à
notre fynode provincial, tenu le 18*^ du courant, la lettre de rappel
que vous lui avez écrite depuis peu de jours, pour l'engager à fe
rendre auprès de vous, dans tout le mois d'odobre prochain.
L'affemblée, remplie d'eftime & de vénération pour ce digne collègue,
édifiée de fa vigilance, de la pureté de fa dodrine & de fon zèle,
n'apprit qu'avec beaucoup de mortification les arrêtes de votre
dernier fynode, qui tendent à nous priver du fecours de ce cher frère.
Après avoir donné cours à fes juftes regrets, fondés fur la crainte de
voir partir bientôt M. Viala, la compagnie en général, & chaque
membre en particulier, le preffa, le follicita d'une manière touchante
de fe joindre à nous pour vous fupplier de nous l'accorder encore
pour quelque temps, ce qu'elle obtint; en conféquence fut conclu &
arrêté à ce fujet l'article fuivant : «M. Viala, pafteur de ces églifes, ne
«nous ayant été prêté par la province des Hautes-Cévennes que pour
« une année feulement, ladite province vient de lui écrire pour le
«prier de fe rendre au milieu d'elle, fitôt que le temps de fon congé
«fera expiré; l'affemblée, très-édifiée du zèle dudit M. Viala & voyant
«avec regret qu'on le rappelle, charge M. de Barmont, pafteur, de
«folliciter ladite province de nous l'accorder encore au moins une
«année, ce à quoi M. Viala a eu la bonté de confentir, fi les églifes
«qui le réclament n'y oppofent rien.» C'efl donc, Meffieurs & très-
honorés frères, au nom de notre affemblée fynodale, m'en ayant
chargé, que je viens vous prier, vous fupplier inftamment de vous
rendre à nos prières, d'approuver que M. Viala, que nous chérif-
fons de toute notre affedion, refte encore quelque année dans ce climat,
dans une églife qui ne verra jamais le départ de fon pafteur qu'avec
la plus vive douleur. Vous le favez, Meffieurs & très-honorés frères, la
chofe eft trop importante pour ne pas en conferver un fouvenir éter-
nel, de tout temps votre province f'eft occupée avec plaifir à tendre
aux églifes de la nôtre une main fecourable; c'eft à vous qu'elles font
SYNODES PROVINCIAUX. ig
redevables du long & heureux miniftère de notre ancien collègue,
M. Viala; c'eft par une fuite de votre charité & de vos compaffions
envers nos troupeaux qu'ils jouiiient déjà depuis nombre d'années de
l'heureux fruit des travaux glorieux & infatigables de notre cher frère
M. Corteiz; & c'eft aulïï à la même caufe qu'on doit attribuer les pro-
grès confidérables qui ont accompagné & accompagnent encore tous
les jours le miniflère de notre digne frère, M. Viala. Prenez part à
notre douleur, je vous en conjure, Meiïieurs & très-honorés frères.
Notre corps eccléfiaftique, qui gémit encore au fouvenir du départ de
MM. Viala, Olivier & Dunière, eft à la veille de foupirer à la vue du
refuge de M. Corteiz. Il va partir, c'en eft fait ; fa réfolution eft prife,
les adcs font expédiés : il n'attend qu'une commodité pour exécuter
fon delfein ; privés de fon fecours, M. Pajon n'étant pas encore arrivé,
fi vous nous refulîez la grâce que nous prenons la liberté de vous
demander, nous refterions chargés, M. Dejean & moi, de tout le
Haut-Languedoc, du pays de Foix, du Montalbanais & de l'Agenais;
fuffions-nous fix pafteurs, nous ne ferions pas fuffifants pour deffervir
un 11 vafte pays, dont le travail eft immenfe & l'éloignement d'un
cercle à l'autre très-confidérable '. L'Agenais, que j'ai défriché, au
moins en partie, en mars & avril dernier, nous preffe & nous follicite
de lui accorder un pafteur, dont la préfence y ferait très-néceffaire.
Le troupeau de M. Viala le conjure, au nom de Dieu, d'avoir com-
paflion de lui &de ne pas lui déchirer les entrailles en l'abandonnant,
fil eft poffible de l'éviter.
Voilà notre état, Meflieurs & très-honorés frères, digne de vos
foins charitables & de vos compaffions. Les chères églifes, en faveur
& au nom defquelles j'implore votre affiftance, me chargent de vous
dire qu'étant en grande partie votre ouvrage, elles fe croyent autorifées,
par les bienfaits dont vous les avez fouvent comblées, à dépofer dans
votre fein leurs chagrins & leurs peines. Pourriez-vous, Meffieurs &
très-honorés frères, refufer de vous rendre aux inftances d'une églife
qui, en vous intéreflant de fi près, fe trouve dans une néceffité qui eft
à fon comble, & à celles d'un corps qui, ayant l'honneur de vous être
uni par les liens d'une même foi & d'une même efpérance, a auffi
1. n Je suis seul, écrivait de Barmont, parlant de l'Agenais, dans des climats
où il y aurait de quoi occuper un grand nombre de chefs. Le Montalbanais
est aussi sur mes bras. Quelle étendue de pays n'aurais-je pas défriché, si j'avais
eu de quoi nourrir le pays conquis!»
20 LES SYNODES DU DESERT.
celui d'être pénétré de la plus vive reconnaiffance au fouvenir de
toutes vos bontés ? Tout me perfuade que vous écouterez favorablement
notre requête, & qu'en nous accordant, au moins pour une année,
notre cher frère, M. Viala, vous allez nous fournir un nouveau & jufte
fujet d'une éternelle gratitude.
Nous nous étions propofés de vous faire cette demande avant la
tenue de votre fynode ; flattés qu'il ne falTemblerait pas encore de
quelques mois, nous efpérions d'y être à temps; jugez de notre fur-
prife, en apprenant que vous rappeliez ce cher frère, en l'autorité de
cette affemblée. Quelque refpedables qu'en foient les arrêtés , nous
ofons nous promettre que vous aurez la bonté d'agir en forte qu'ils
ne foient pas un obflacle au fuccès de nos prières. Je prie Dieu qu'il
répande fes plus précieufes bénédictions fur vos perfonnes, & fur vos
pénibles, mais glorieux travaux.
J'ai l'honneur d'être, avec les fentiments d'une eftime parfaite
& d'un dévouement fincère, Mcffieurs & très-honorés frères en Jéfus-
Chrift Notre-Seigneur, etc.
Synodes provinciaux de 1753.
Synode du Bas- Languedoc.
Au nom de Dieu. Amen.
Aâes du Jfnode du Bas-Languedoc, tenu le vingt-feptihne fep-
tembre miljept cent cinquante-trois.
E fynode, affemblé au nombre de huitpafteurs, dix propo-
fants & trente-fept anciens, députés des églifes, après avoir
invoqué le fecours de Dieu & élu les modérateurs & les
fecrétaires fignés à la fin, a délibéré ce qui fuit:
On célébrera un jeûne folennel le huitième novembre prochain ;
&, Cl ce jour était un jour de réjouiflance publique ordonné par Sa
Majefté, on tranfportera le jeûne à la huitaine fuivante'.
II.
Il a été décidé, à la pluralité des fuffrages, de recevoir MefTieurs
Mathieu, Teiffier, Pierre Sauffine, François Sauffine, Allègre, Lafon,
Vincent, Guizot & Puget, propofants, au St-Miniftère, fils en font
jugés capables par les examinateurs qu'on leur nommera.
III.
A la pluralité des fuffrages, MM. Rabaut, Pradel, DefTerre, Gibert
& Rcdonnel ont été nommés pour examiner les candidats fufnommés.
I. La persécution s'était momentanément arrêtée. «Il y a quelques mois,
écrivait Rabaut, que nous jouissons d'un très-grand calme dans toute la pro-
vince du Languedoc. Nous prêchons, nous baptisons, nous marions sans aucun
empêchement; aussi nos assemblées sont-elles fort nombreuses.» — Collection
E. Lloyd.
22 LES SYNODES DU DESERT.
IV.
Il a été arrêté, à la pluralité des fuffrages, qu'à l'avenir le plus
ancien des pafteurs de la province, qui n'aura jamais ordonné, impo-
fera les mains aux candidats qu'on recevra au St-Miniftère.
V.
Le fieur Jean Bétrine, ci-devant miniftre de cette province, ayant
fupplié l'aflemblée qu'il lui plût [de] le réhabiliter dans le St-Miniftère ',
le fynode, confidérant la grandeur, la vivacité & la longueur de fa
pénitence, lui a accordé fa demande, non pour cette province, par
refped pour la difcipline qui le défend, mais pour celle qui le deman-
dera. Et pour accélérer cette affaire, elle a chargé les cinq exami-
nateurs qui viennent d'être nommés de le réordonner, dès qu'on lui
adreffera fa vocation.
VI.
Sur le vieux différend qu'il y a entre les églifes de Luffan & du
Bouquet au fujet de Vendras, la compagnie, juftement choquée de ce
qu'il dure encore, donne pouvoir au colloque d'où elles dépendent
d'en juger définitivement & de procéder jufques à la fufpenfion de
la Ste-Cène contre ceux qui refuferontde fe foumettre à fon jugement.
VII.
Sur la propofition qui a été faite d'adoucir l'article d'un de nos
fynodes qui fufpend de la Ste-Cène pour deux années ceux qui font
rebaptifer leurs enfants dans l'Eglife romaine, l'afTemblée, en rete-
nant ledit article & en recommandant l'obfervation, laiffe à la pru-
dence des confiftoires d'avoir égard à ceux qui donnent des marques
non équivoques de repentance, comme à ceux qui auront été violentés,
& d'abréger le temps de leur pénitence, fils le jugent expédient; mais
elle entend qu'aucun ne foit difpenfé de faire réparation publique.
VIII.
La compagnie, confidérant la grande profanation qui fe fait du
jour du dimanche, a ordonné de faire lire dans les alfemblées reli--
gieufes le règlement fait au fynode national tenu à Loudun en 1659^.
1. Bétrine avait été déposé au mois d'août 1747, ayant été accusé et convaincu
d'avoir eu des relations avec une veuve. Il avait demandé lui-même sa déposition.
« Une étoile est tombée du ciel de l'Eglise,» disait de lui Paul Rabaut.
2. «Cette même province (Bourgogne! remontra à l'assemblée qu'on était
« très-peu soigneux, en plusieurs endroits de leur province, de sanctifier le saint
SYNODES PROVINCIAUX. 23
K.
L'aflemblée, ayant pris en confidération les bruits qui ont couru
fur le compte du fieur Cofte ' & la condamnation qu'a prononcée contre
lui le préfidial de Nîmes, a demandé au député de l'églife de Ners
pourquoi cette églife n'avait pas fait des informations à ce fujet; & le
député ayant répondu qu'elle en avait été empêchée par les troubles
«jour du dimanche, et que beaucoup do personnes s'occupaient, ce jour-là,
0 d'affaires temporelles, de jeux et de passe-temps, négligeant les exercices de la
« piété, et ne tenant compte des ordonnances, et se laissant aller aux mauvais
(( exemples et à la dissolution. Sur quoi, cette assemblée étant touchée d'une douleur
« très-vive de ce qu'on profanait un si saint jour, par où l'on provoquait la terrible
« vengeance de Dieu sur les fils des hommes, elle exhorte tous les fidèles d'em-
« ployer le jour de repos à l'accomplissement des saints devoirs de la piété et aux
« sacrées fins pour lesquelles il avait été institué, en s'appliquant à tous les exercices
n publics et particuliers de la Religion, surtout en lisant, entendant et méditant la
n sacrée Parole de Dieu, et en priant; et à s'abstenir non-seulement de leurs travaux
«ordinaires, mais aussi à ne point fréquenter de compagnie, à n'assister à aucune
« assemblée, et à ne prendre pas de divertissements qui pussent distraire leurs
«cœurs et leurs affections du culte de Dieu et de la dévotion que nous devons
«surtout avoir pour le jour du Sabbat que Jésus-Christ lui-même a institué. Et il
n fut enjoint à tous nos synodes provinciaux de faire tels canons sur ce sujet qu'ils
ic jugeraient les plus nécessaires et les plus convenables ; et on commanda à tous
« les membres particuliers de nos églises de les observer consciencieusement et
n religieusement. »
— Synode de Loudtin, chap. X, art. 4.
I. Au moment où les esprits étaient le plus excités par la rebaptisation des
enfants et par la persécution qui durait depuis lySi, le samedi 11 août 1752, le
pasteur Barthélémy Coste, accompagné de Deflerre, rencontra sur sa route le prieur
de Ners (Gard). Le prieur le menaça-t-il? Y eut-il provocation ou non? Un coup
de fusil retentit et le prieur tomba de cheval, mortellement blessé. (]oste se cacha,
et fut condamné, par contumace, à mort, le mois suivant, par le présidial de
Nîmes. Un an après, il devint fou. Ses collègues, dès le début de cette triste
affaire, l'avaient vivement engagé à s'expatrier. Il avait refusé. De là, de vives
discussions. C'est à ce sujet que Paul Rabaut écrivait le f'' octobre ijSi. «Nous
avons enfin tenu notre syn[ode] provincial le 27" du mois que nous finîmes hier.
Tout s'y est passé fort tranquillement et avec assez de modération, grâce au
Seigneur. Il parait que les esprits s'adoucissent un peu et que le cas fâcheux où
se trouve M. C[oste] a fait quelque impression. Nous passâmes un article au sujet
de ce dernier, dont je vous rapportai la substance dans ma dernière lettre. Il n'y
eut pas moyen de tirer meilleur parti de cette effaire, et il a fallu se contenter de
ce peu pour conserver l'unité de l'esprit par le bien de la paix. » Finalement, Coste
s'embarqua à Cette, le 24 décembre 1753, et fit voile pour la Hollande, et de là
pour Londres. «Vous aurez sans doute reçu ma dernière lettre, écrivait encore
Rabaut, dans laquelle je vous apprenais que M. Coste avait enfin mis à la voile, et
je vous priais en même temps d'en donner avis à nos amis de Londres, afin qu'ils
eussent la bonté de prendre soin de lui. u — Mss. Court, n" i, t. XXVI, p. 578
et XXVII, p. 3.=i.
24
LES SYNODES DU DESERT.
qui étaient alors dans le pays & par l'arrivée des troupes qui fur-
vinrent tout de fuite, la compagnie lui a enjoint de faire les diligences
à cet égard le plus tôt poflible.
X.
La compagnie enjoint aux pafteurs & anciens de faire tous leurs
efforts pour empêcher les fidèles de leurs troupeaux d'aller commu-
nier hors de leurs églifes, & de ne recevoir à la Ste-Cène aucune per-
fonne [qui ne foit] des lieux où le St-Miniftère eft exercé, à moins
qu'ils ne foient pourvus d'un certificat de leurs pafteurs, ou, en leur
abfence, de leurs anciens.
XI.
Le fynode, déplorant l'illufion de ceux qui ne fe rendent aux
affemblées que les jours de communion, ordonne aux confiftoires de
les cenfurer & de les exclure de la Ste-Cène, fils ne défèrent à leurs
exhortations.
XII.
Les fidèles ne pourront faire bénir leurs mariages par d'autres
pafteurs que ceux de leurs églifes, à moins qu'ils n'ayent une permif-
fion d'eux, ou, en leur abfence, des anciens '.
XIII.
La compagnie enjoint aux confiftoires de faire obferver exafte-
ment Tart. 9 du fynode de 1760 & le 3" de celui de 1761, touchant
ceux qui tendent les rues où paffe la proceflîon, le jour appelé Fête-
Dieu, fous peine des plus vives cenfures.
XIV.
Sur ce que le fieur Fayet, miniftre, a dit lui être dû en arrérages
par certaines églifes, la compagnie enjoint au colloque d'où elles
reffortent d'en prendre connaiffance, tant pour les leur faire avouer
I. Le synode de Paris de i565 avait arrêté que «ceux qui viendront d'une
<( église en une autre, pour y être mariés, ne seront pas reçus, sans attestation
<c suffisante de l'église d'où ils partent, et les annonces se feront aux lieux où ils
« seront résidents et connus, u Cette grave question de l'Etat-civil prime tout au
18" siècle. Les synodes ne cessent d'y revenir. Il leur fallait défendre les reli-
gionnaires contre leur désir bien naturel d'avoir un état civil régulier, — état civil
qu'ils achetaient au prix d'une abjuration feinte, — et défendre en même temps
les pasteurs, qui tenaient malgré les Edits un registre des mariages bénis par eux,
contre les supercheries et les surprises de religionnaires peu scrupuleux.
SYNODES PROVINCIAUX. 25
que pour en favoir les raifons, les leur faire acquitter fil eft poflible,
ou bien en prendre des mémoires exacts pour en informer le prochain
fynode.
XV.
La compagnie exhorte & preffe fortement le fieur Rivière, pro-
pofant , de fe rendre auprès des malades qui l'appellent, pour les
exhorter & les vifiter.
XVI.
La compagnie, juftement indignée, en apprenant qu'il y a des
fidèles qui infultent les anciens, lorfqu'ils vont colleder pour la taxe
du miniftère, enjoint aux confiftoires de réprimer ceux qui font tom-
bés ou tombent dans ce cas.
XVII.
Les députés des églifes de Sommières & de Sauffines ayant fait
part à l'affemblée du différend qui eft furvenu entre elles, & la com-
pagnie, pour le terminer, ayant propofé que celle de Sommières eût
de cinq affemblées trois, les deux députés, par refpeCt pour le fynode
& par déférence pour fes confeils, ont acquiefcé au nom de leurs
églifes.
XVIII.
Le fynode a confirmé la réfolution qui fut prife par les églifes de
Montpellier & de Mauguio, favoir, que quand elles formeraient une
feule aifemblée du côté de cette dernière, la coUede qui fe ferait pour
les pauvres fe partagerait en portions égales jufqu'à huit livres, mais
lorfqu'elle excéderait cette fomme, l'églife de Mauguio n'aurait que
quatre livres & celle de Montpellier le furplus; elle exhorte ces deux
églifes à n'avoir plus de contcftation à ce fujet.
XIX.
La vénérable affemblée, fêtant aperçue de l'abfence du député
de l'églife de Ribaute, enjoint au colloque dont elle dépend de fin-
former des raifons de cette abfence, &, fil ne les juge pas fuffifantes,
de lui adrefl'er une cenfure.
Redonnel, pafleur & fecrétaire.
^s ^^ ^b €&
26 LES SYNODES DU DÉSERT.
Synode des Hautes-Cévennes.
Notre aide soit au nom de Dieu qui a fait
le ciel et la terre. Amen.
Le fynode des Hautes-Cévennes, étant affemblé le dix-feptième
août mil fept cent cinquante-trois au nombre de huit pafteurs, quatre
propoftints & vingt-huit anciens, députés, après avoir imploré le
fecours du Ciel, & nommé MM. Henry Cavalier, modérateur, &
Jacques Gabriac, modérateur-adjoint, Jean Antoine Rieuffet, fecré-
taire, & Louis Figuière, propofant, fecrétaire-adjoint, il a été conclu
& délibéré les articles fuivants :
I.
Qu'on célébrera un jeûne folennel dans toutes les églifes de cette
province, le 21" odobre prochain.
n.
M. Lafon, pafteur des églifes de Provence, ayant été chargé par
une lettre de nos chers confelfeurs, qui font a£luellement dans les
galères de Toulon, de demander quelques fervices aux églifes de cette
province pour fubvenir à leurs befoins, le fynode a chargé MM. les
pafteurs, avec les confiftoires, chacun dans fon diftrid, d'exhorter les
fidèles à les affifter félon leurs moyens, & de faire parvenir l'argent
qui fe lèvera entre les mains du pafteur de l'églife de Nîmes, duquel
on exigera un reçu.
m.
On enjoint à tous les pafteurs & à tous les confiftoires de cette
province que les fidèles fe tiennent dans les affemblées religieufes
d'une manière décente, conformément aux art. i & 2 du chap. x
de notre difcipline", articles qui portent, l'un de fléchir les genoux
I. «On corrigera l'irrévérence qui s'aperçoit en plusieurs, lorsqu'ils sont pré-
« sents aux prières publiques ou domestiques, de ne se découvrir point la tête et
« de ne fléchir pas les genoux : chose qui répugne à la piété, qui donne soupçon
« d'orgueil, et qui peut scandaliser les bons. C'est pourquoi les pasteurs seront
« avertis, comme aussi les anciens et les chefs de famille, de veiller soigneusement
«à ce que, durant lesdites prières, chacun, sans exception ou acception de
SYNODES PROVINCIAUX.
27
lorfqu'on f'adreiTe à Dieu par la prière, & l'autre qu'on aura la tête
découverte lorfqu'on chantera les louanges du Seigneur; à quoi l'on
ajoute qu'on fe tiendra debout.
IV.
Les fidèles qui mangeront, qui boiront, ou qui auront des com-
merces familiers, fous quelque prétexte que ce foit, avec les perfonnes
excommuniées feront cenfurées vivement; & fils perfiftent, ils feront
fufpendus jufqu'à ce qu'ils auront difcontinué.
V,
On avertira les fidèles de ne rendre à ceux qui dorénavant
viendront à faire bénir leurs mariages ou baptifer leurs enfants par
les prêtres de l'Eglife romaine aucune des vifites ufitées en pareil
cas; & fi, après en avoir été avertis, ils tombent dans cette faute, ils
feront fufpendus de la communion.
VL
Lorfque ceux qui auront été fufpendus de la communion voudront
y être admis, ils feront obligés d'en avertir leur pafteur & leur con-
fiftoire, & f'en tenir à leur décifion.
VII.
Le temps de la fufpenfion de ceux qu'on aura retranchés de la
Ste-Cène ne fera compté que du moment même que leur fufpenfion
aura été prononcée.
VIII.
A l'égard des plaintes portées contre M. du Cambon, pafl:eur,
par Jean Couvet, héritier de feu M. Couvet, ancien prédicateur ', l'on
« personnes, donne par ces marques exte'rieures te'moignage de l'humilité de son
0 cœur et de l'hommage qu'il fait à Dieu : si ce n'est que quelqu'un soit empêché
« de le faire par maladie ou autrement, dont le jugement sera laissé au témoignage
«de sa propre conscience. »
— « Les assemblées des fidèles étant aussi ordonnées pour chanter les
«louanges de Dieu, et pour se consoler et se fortifier par l'usage des psaumes,
0 tous seront avertis d'en porter dans les assemblées ; et ceux qui, par mépris,
«négligeront d'en avoir, seront censurés, comme aussi ceux qui ne se découvrent
0 tandis qu'on chante, tant au commencement qu'à la fin de l'action, et même
«durant la célébration des sacrements.))
— Discipline ecclésiastique des églises i-é/ormées de France. Chap.X, art. i et 2.
I . Jean Couvet était l'un des sept prédicants qui assistèrent au premier synode
qu'avait convoqué Antoine Court, le 21 août 171 5.
28 LES SYNODES DU DESERT.
a trouvé à propos de nommer deux miniftres pour examiner ces
plaintes; & ces deux miniftres feront ceux qui delTerviront les diftrids
de Saumane ' & de Moiffuc. Ils appelleront les fufdits MM. du Cambon
& Couvet devant le confiftoire qu'ils jugeront à propos.
IX.
On permet à M. Dugas de fe faire recevoir dans le pays étran-
ger, pourvu que ce foit dans le courant de cette année ; mais au cas
qu'il ne peut pas, on lui enjoint de revenir le plus tôt poffible.
X.
On écrira à M. Viala, pafteur dans la Guyenne, afin qu'il ait à fe
rendre parmi nous pour y exercer fon miniftère.
XI.
On laiffcra libre M. Gibert, pafteur, ou pour revenir dans notre
province, ou pour refter encore cette année dans les églifes du Poitou'^ ;
& on lui écrira en conféquence.
xn.
Sur la propofition qui a été portée fi on devait laiffer communier
les perfonnes qui fréquentent les catholiques romains dans les vues de
contrader mariage avec eux, on a répondu que non.
xm.
On accorde à M. Teiffier, pafteur, un congé pour une année, fous
la condition qu'il deffervira le diftrid: défigné à M. Viala, pafteur,
jufqu'à ce qu'il fera de retour.
1. Canton de Lasalle (Gard).
2. Jean-Louis Gibert, pasteur dans les Hautes-Ce'vennes, avait obtenu en
lySi un congé' d'un an de ce synode, pour se rendre en Saintonge (Art. 7). Il
passa par Paris, y rencontra Jean Philippe Loys de Cheseaux et Paul Bosc, dit
Forets, et de là, partit pour la Saintonge, où il convoqua immédiatement des
assemblées et travailla à la réorganisation des églises de cette province. Son congé
expiré, les Basses-Cévennes le rappelaient. Il obtint une prolongation. Un an plus
tard, en 1754, il courut un grand danger dans une assemblée qu'il présidait.
«La nuit du 18 au 19 juin, du côté de Ste-Foy, écrit Rabaut, un gros détachement
de dragons et une brigade de cavaliers de la maréchaussée s'y mirent autour en
embuscade, tirèrent quelques coups de fusil, dont plusieurs personnes furent
blessées, cassèrent les bras à un homme et l'achevèrent à coups de bayonnette,
et enfin firent 44 prisonniers qui fiarent conduits à Ste-Foy.» (Mss. Court, n" i,
t. XXVII, p. 34g.) On trouve spn nom au bas du premier colloque (i755), et du
premier synode (1759) de Saintonge qu'on lira plus loin; mais il parait certain
que, dès son arrivée, il dut travailler à l'organisation synodale, et que les actes
des premiers synodes de Saintonge ont disparu. — Voy. Bidlet. t. III, p. 190.
SYNODES PROVINCIAUX. 29
XIV.
On accorde les permiffions à MM. Jean Pic & Pierre Vallat,
propofants, d'aller aux paj's étrangers pour y perfectionner leurs
lumières, fous la condition qu'ils reviendront dès que les cglifes [le]
jugeront à propos.
XV.
Outre la taxe de 5o livres que le fynode avant-dernier avait
accordée à M. Figuièrcs, propofant, on a jugé à propos de l'augmenter
encore de 5o livres.
Synode des Basses-Cévennes.
Au nom de Dieu soit fait. Amen.
Le fynode des Baffes-Cévennes, affemblé fous les yeux de Dieu,
les quatrième, cinquième & fixième feptembre mil fcpt cent cinquante-
trois, après avoir imploré le fecours du St-Efprit, & nommé pour
modérateur M. Boyer & pour adjoint M. Gai, pour fecrétaire
M. Dalgue & pour adjoint M. Ducros, a délibéré ce qui fuit :
I.
Sur la propofition de célébrer un jeûne, pour tâcher de nous
rendre Dieu favorable &de procurer la paix & la liberté de nos chères
églifcs, l'affemblée l'a fixé au 22''odobre de la courante année, avec
ordre à MM. les pafleurs & prédicateurs de le célébrer dignement.
II.
En conféquence de l'art. i3 du fynode de la province tenu en
lySi, MM. Dalgue, Ducros, TeilBcr & Journet ayant été examinés &
ordinés félon la forme des églifes réformées de France, le fynode les
infcrit dans le catalogue des pafteurs de la province.
ui.
Chaque cglife fe procurera un regiftre de tous les baptêmes &
mariages qui auront été faits dans fon fein, & fera chargée de le porter
au prochain fynode de la province.
3o LES SYNODES DU DESERT.
IV.
Dans chaque églife, le confiftoire fera des diftritls, & un ancien
avec un diacre fe ciiargeront d'un des fufdits diftricts pour veiller fur
les fcandales quif'y commettront & auffi pour prendre garde à ceux
qui, ayant l'âge compétent, n'ont pas participé au facrement de
la Cène.
V.
MM. les pafleurs ne pourront bénir aucun mariage, fous quelque
prétexte que ce foit, fans le confentement du confifloire de F églife d'où
les pafteurs dépendent.
VI.
MM. La Blaquière & La Chapelle ayant demandé à la vénérable
affemblée qu'il leur fût permis de refter quelque temps de plus dans
le pays étranger, confidérant qu'ils ont fini le temps marqué par les
règlements du féminaire & accordé par le fynode de la province, &
d'ailleurs, vu le befoin que les églifes ont de fujets pour les fervir,
leur enjoint de fe rendre inceffamment dans la province, ainfi qu'il
en fera écrit à MM. les vénérables directeurs du féminaire ; &, au cas
de refus, on prendra des voies pour les y contraindre.
vn.
M. Ant[oine] Gai a3'ant fubi un examen fur fes talents & fur fes
lumières, l'affemblée fatiffaite l'a reçu dans le nombre des propofants
de la province. Elle lui a auffi permis de partir pour le pays étranger,
afin d'y perfedionner fes talents, en jouiflant de la penfion qui lui eft
offerte, fous la promeffe qu'il a faite de revenir dans la province pour
deffervir les églifes, quand il en fera temps.
VIII.
Sur la demande de Monfieur le pafteur Paul Marazel de lui
permettre de refter dix-huit mois au pays étranger, l'alTemblée lui a
accordé fa demande.
DC.
Après avoir lu les témoignages que les vénérables direfleurs ont
accordés à M. Pierre Soulier, & vu la manière dont il f 'eft conduit,
l'affemblée lui adreffe la vocation pour le St-Miniftère, afin d'être
examiné au prochain fynode de la province, & lui accorde 1 20 //• pour
l'année fuivante.
SYNODES PROVINCIAUX. 3i
X.
Ayant été queftion d'examiner M. Veffon, MM. Boyer & Gai ont
été nommés pour cela. En conféquence le fufdit a été examiné & fon
ordination différée jufqu'au prochain fynode où elle aura lieu, en
portant deux dilcours qu'il aura traités fui* deux textes qui lui feront
donnés par M. le modérateur de l'affemblée.
XI.
Sieur Marc Portai ayant demandé à la vénérable affemblée de lui
permettre d'aller dans le pays étranger jouir de la penfion, comme fon
tour le lui donne, fa demande lui a été accordée.
XII.
M. Laflerre ayant demandé de pouvoir aller jouir de la penfion
que l'on accorde à nos prédicateurs, l'aifemblée le lui permet, pourvu
que la place qu'il occupera ne nuife point à celles qu'on a accordées
à ceux qui font nommés.
xm.
MM. les pafteurs ont donné compte de la levée de la taxe des
églifes pour l'année 1752, & a3rant été exad, comme il paraît par la
rédadion qui a été fignée, la clôture [en] a été faite & remife entre les
mains du fecrétaire.
Arrêté de comptes de l'année 1725 fait en fynode
le 6" feptembre 1753.
Ahduze 3o6 # 5 f 6 d.
St-Jean 226 » 6 »
Thoiras 61 »
Mialet 77 » 19 »
Générargues 38 » 9 «
Lafalle 112»
Sauve 126 » 5 )>
Durfort 59 » 3 »
Tornac 38 » 19 »
St-Hippolyte 3o6 » 5 »
Gros 55 » 14 »
Monoblet 77 » lO »
Ganges 228 » 8 » 6 d.
32 LES SYNODES DU DÉSERT.
St-Laurent 77 ^
Roquedur 38 »
Valleraugue 256 »
Mandagout 55 »
Le Vigan 143»
Aulas 77 »
Avèze 72 ))
Sumène 66 »
Bréau 5o »
Aumeffas 66 »
Colognac 38 »
1752
MM. B[oyer] 5oo #
Grail 3oo »
Marazel 3oo »
Gai 3oo ))
Quatre nouveaux. . . . 400 »
Rampon 120 «
Julien 100 »
Trois dans l'étranger . . 3oo «
Régnier 100 »
Joli 100 »
Noguier 40 »
G 200 »
1753
Boyer 5oo h
Grail 3oo »
Gai 3oo »
Paul [Marazel] . . . . 3oo »
Dalgue 3oo »
Ducros 3oo »
Teiffier 3oo »
Journet 3oo «
Veffon 120 »
Lapierre 120 »
Julien 120 »
Joli 100 »
19 f.
19 M
6d,
3 )>
14 »
5))
6d.
19 »
7»
6d
16 ))
12 »
6d
16 »
SYNODES PROVINCIAUX. 33
Noguier loo #
Lafferrc 5o »
Gai 5o »
XIV.
M. Paul, pafteur, ayant écrit à la vénérable affemblée pour qu'on
lui confervàt fon honoraire, après avoir examiné cette demande, il lui
en a été accordé la moitié.
XV.
L'afTemblée a délibéré que MM. les pafteurs defferviront les
églifes de la manière exprimée ci-deffous jufqu'au prochain fynode :
M. Lavernède avec M. La Valette le colloque de St-Hippo-
lyte & de Lafalle ;
M. Pomaret avec M. La Courbière le colloque de Gangcs;
M. Laflagne avec M. le cadet Julien & La Code le colloque
d'Anduze ;
M. Lafalle avec M. Vermeil le colloque du Vigan ;
M. Lafage avec M. Lapierre celui de Valleraugue;
M. Puech celui de Sauve.
XVI.
Enfin l'églife du Vigan a été nommée pour la convocation du pro-
chain fynode de la province, & on lui a remis les ades des fynodcs
pour en avoir foin & pour les porter au fufdit fynode '.
J. Gal, modérateur-adjoint; Paul Dalgue, fecrétaire;
DucRos, fecrétaire-adjoint.
I. Dans l'ancienne discipline, les actes des synodes nationaux étaient laissés
en garde entre les mains des députés de la province qui était désignée pour la
convocation du synode national suivant, et cette province en demeurait chargée
pour les rapporter au synode.
j|« îst/< ?vt/« î\t/ï
•JJu %^j */g^ K/f^
34 LES SYNODES DU DÉSERT.
Synode du Vivarais.
Notre aide soit au nom de Dieu qui a fait
le ciel et la terre. Amen.
Ades du fynode provincial des églifes réfonnées du Haut &
Bas-Vivarais & Velay, tenu fous la proteélioti divine au Défert, dans le
Haut-Vivarais, le huitième mai miljept cent cinquante-trois, auquel
ont ajftjîé quatre pajîeurs & dou^e anciens^ députés de/dites églifes.
Après la ledure de l'Ecriture fainte & l'invocation du St-Nom
de Dieu, il a été arrêté ce qui fuit:
I.
Pour rendre grâces à Dieu de la tranquillité dont nous avons le
bonheur de jouir', le fupplier de vouloir nous continuer fes faveurs,
& les augmenter de plus en plus, on célébrera un jour de jeûne le
dernier dimanche d'aôut prochain ^.
1. Le Vivarais avait eu beaucoup moins à souffrir de la persécution que les
autres diocèses du Languedoc.
2. Gautier, continuant son ministère, cherchait, sans se lasser, à réorganiser
les anciennes églises aussi bien dans la Basse que dans la Haute-Normandie. Il
s'était fait adjoindre, pour l'aider, un proposant, originaire de Bolbec, Jean
Godefroy, dit Lebas, et un autre proposant du nom de Lévrier. Au mois de mai
1752, Godefroy écrivait à Court, après un séjour de deux mois en Basse-Norman-
die : « M. Gautier a été content des habitants de ce bocage, je ne le suis pas moins,
ils ont du zèle pour nos exercices; les gens de la première distinction viennent
nous écouter.» A la fin de cette année, en décembre 1752, un nouveau colloque
fut assemblé en Basse-Normandie. «J'ai prêché, écrivait Gautier, dans toutes les
églises du Bocage; nous y avons aussi célébré la Ste-Cène et tenu un colloque,
dont je vous enverrai les actes lorsque j'aurai un peu de loisir. Notre frère Lévrier
partit pour le pays de Caux avant les fêtes de Noël, je l'ai fait remplacer par
M. Lebas. J'ai encore fait deux petites courses à Caen, l'une de six jours, l'autre
de neuf.» (Mss. Court, 25 janvier 1753.) Les actes de ce colloque ont disparu et
il n'en reste qu'un court extrait. Mais le fait même de sa convocation prouve que
l'organisation synodale était déjà en vigueur et poursuivait son cours régulier.
Copie du congé accordé en Poitou au sieur Pierre Lévrier.
«Nous, pasteurs et anciens, certifions à tous ceux qu'il appartiendra que le
n sieur Pierre Lévrier, notre étudiant, est d'une famille très-recommandable par sa
!( piété. Il s'est très-bien conduit pendant l'espace de 5 ans qu'il a resté parmi nous,
SYNODES PROVINCIAUX. 35
n.
M. Alexandre Vernet, qui fut reçu au St-Miniftère le 1 2" novembre
1 752, & qui depuis lors en a exercé les fondions, a été d'une commune
voix agrégé au nombre des pafteurs de cette province.
ra.
Chaque confiftoirefe choifira une perfonnequi foiten état d'écrire
cxadement le nom des enfants qui feront baptifcs dans les affcmblées
publiques.
u il nous a donné de grandes preuves de sa pie'te', de son zèle et de son emprcsse-
«ment pour l'avancement de la gloire de Dieu, tant par ses prédications que par
«ses exhortations. Mais ayant pris la résolution de se retirer dans les pays étran-
0 gers, pour être à l'abri de la violente persécution qui s'exerce dans ce pays, a
« requis de nous la présente attestation de sa vie et mœurs. — C'est ce que nous
«lui accordons en le recommandant à la Grâce divine et à la protection et bien-
« veillance des personnes à qui il pourra s'adresser.
«En Poitou, ce 2G juillet 175 1.
« GouNON dit Pradon, ministre; G.\m.\in, ministre;
Pierre Huet, ancien; J. Roy, ancien; Rivière,
étudiant ;L.\piERRE, étudiant; Vincent, chantre.»
Copie de l'attestation que ledit Pierre Lévrier a apportée de Londres.
«Nous, soussignés, certifions et attestons à tous ceux qu'il appartiendra, qu'à
«la réquisition du sieur Pierre Lévrier, ci-devant étudiant en théologie dans la
« province du Poitou, de certifier de la conduite qu'il a tenue en Angleterre, depuis
«l'année lySi (où la violence de la persécution le contraignit de passer dans ce
« royaume), jusqu'à présent, nous nous faisons d'autant plus de plaisir de lui rendre
«un témoignage avantageux que d'un côté sa conduite nous a toujours paru régu-
«lière depuis que nous le connaissons dans cette ville et qu'il ne nous est rien
« revenu à sa charge, et que de l'autre ce zélé serviteur de Dieu est dans la résolu-
« tion de retourner dans sa patrie pour y visiter ses frères, comme auparavant,
« jusqu'à ce que la Providence lui ait procuré le moyen de se rendre au séminaire
« français des églises réformées, pour y perfectionner ses lumières et pour être
« ensuite agrégé au corps des pasteurs de sa province ou de celle de Normandie,
« au cas qu'il en soit requis par les pasteurs et les fidèles de cette dernière, où il se
«propose d'aborder, et qu'il y soit autorisé par ses anciens directeurs. Un tel des-
« sein, formé par un candidat tel que M. Lévrier, recommandable par sa piété, par
«son zèle aussi bien que par les services qu'il a déjà rendus aux églises sous la
« croix, comme il conste par le certificat des pasteurs de sa province, dont il est
« nanti, — un projet conçu par le susnommé, lors même qu'on lui offrait une église
«à desservir en pays de liberté, un projet enfin, dont le but tend si visiblement à
« l'avancement de la gloire de Dieu et à l'édification de son Eglise, étant digne des
«louanges et de l'approbation de tous ceux qui s'intéressent aux malheurs de
« [l'Eglise]. Nous ne saurions trop recommander le susdit serviteur de Dieu à la
« Grâce et à la Protection divine et à la bienveillance de tous nos chers frères en
« Christ, auxquels il pourra s'adresser dans les différents lieux où la Providence
« l'appellera.
36 LES SYNODES DU DESERT.
IV.
En conféquence de l'art. 3 du fynode tenu le 19" avril 1762, qui
porte en fubftance qu'on exercera la difcipline contre ceux qui habi-
tent enfemble fans avoir fait bénir leur mariage, & fâchant bien que
P. Af..., de la paroiffe de Gluiras, F. R. de la paroiffe de Défaignes,
M. V. de la paroiffe de St-Agrève, J. P. G. de la paroiffe d'Araules
«Expédié à Londres, ce 2 5 septembre 1752, et ont signé: Duplan, Dunière
« et Viala, ci-devant pasteurs des églises réformées sous la croix. »
Je soussigné, déclare lesdites attestations exactement coUationées sur les
originaux ; et, conformément à l'art. 1 3 du colloque des églises réformées de
Basse-Normandie, tenu en décembre 1752, j'ai délivré la présente copie.
Fait au désert, ce 27 janvier 1753.
P. Gautier.
Godefroy continua, en 1753, ses courses en Basse-Normandie. «J'ai fait six
tournées dans notre district de Basse-Normandie depuis les Rois, j'en avais fait
deux dans la Haute-Normandie depuis la Saint-Michel; j'ai fait deux voyages à
Montabard, mais ce dernier endroit n'est guère praticable.» (Mss. Court, 16 août
1753.) Gautier revint en Basse-Normandie pour les fêtes de Noël, et c'est le
8 décembre qu'il réunit un nouveau colloque.
Colloque de Basse-Normandie du 8 décembre ij53.
Au nom de Dieu soit fait. Amen.
Actes du colloque des églises réformées de Basse-Normandie, assemblé sous la
favorable assistance de Dieu ce jourd'hui huitième décembre mil sept cent
cinquante-trois, auquel colloque a présidé M. Pierre Gautier, pasteur, le
sieur Legeay, ancien de l'église de Condé, faisant les fonctions de secré-
taire.
Après l'invocation du St-Nom de Dieu, M. le modérateur, étant encore seul
pasteur à desservir les églises de Normandie, a dû représenter à la véné-
rable assemblée le préjudice et le mécontentement que causent aux églises de
Haute-Normandie les différents voyages qu'il a faits ici pendant les saisons d'hiver,
et que, désormais, ne pouvant se promettre de venir en Basse-Normandie autre-
ment que par intervalle, sans être astreint à aucune visite préfixe et régulière,
soit à cause du besoin que la Haute-Normandie a de son ministère, soit à cause
du mauvais état de sa santé, il serait dans l'intention de faire desservir annuelle-
ment le quartier du Bocage par quelqu'un de ses associés, et que, comme il n'en
saurait actuellement proposer d'autre que M. Jean Godefroy, dit Lebas, le seul
sujet qu'il ait à sa disposition, par la prompte retraite de M. Lévrier et par les
difficultés qu'il rencontre à le faire remplacer, il aurait invité les consistoires du
Bocage d'examiner en corps si les services dudit sieur Lebas ont été agréables
à leurs églises respectives, quels témoignages ils ont à rendre de la conduite et
des talents dudit sieur, et si on voudrait l'agréer pour pasteur perpétuel.
Messieurs les députés desdites églises, ayant d'abord témoigné à M. Gautier
combien on avait été sensible à toutes les peines qu'il avait prises en faveur de
ces troupeaux, combien on avait été touché de ses instructions, édifié par sa con-
SYNODES PROVINCIAUX. Sy
fe trouvent dans le cas, le fynode leur fait les plus vives exhortations
pour qu'ils faffent bénir leur mariage au plus tôt, dans les endroits
où cela fe peut, faute de quoi, ils font fommésde fe féparer jufqu'à ce
qu'ils aient fait paraître un certificat de la béncdidion de leur
mariage.
Peirot, pafteur & modérateur; Vernet, pafteur; Coste,
paftcur; Bi.achon, pafteur & fecrétaire du préfent fynode.
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duite et encouragé par sa prudence et sa sagesse à maintenir l'œuvre excellente
du ministère sous la croix, à entretenir la communion des Saints avec toutes les
églises du royaume, et particulièrement avec celles de la province, ils auraient
encore désiré qu'ayant établi entre elles une heureuse harmonie et ayant depuis
cimenté, avec tout le fruit et les succès qu'on pouvait se promettre, l'intelligence
et la bonne union qui subsistent entre les différents quartiers de ce vaste dépar-
tement, il eût plu audit sieur pasteur de ne pas priver ces églises d'un ministère
que toutes sortes de raisons leur rendaient cher et recommandable, et l'ayant
instamment supplié pour qu'il ne les abandonniît point et qu'il daignât leur
accorder le tiers ou le quart de ses services annuels, selon ce qui avait été convenu
la précédente année.
M. Gautier, sensible à la reconnaissance de ces églises, à l'empressement et
au zèle qu'on lui témoignait, n'a pas cru pouvoir rien changer aux résolutions
qu'il venait de témoigner à la compagnie, ayant plutôt motivé ces résolutions par
de nouvelles considérations prises des soins qu'exige l'église naissante de Rouen
et celles du pays de Caux, où la division qui semblait éteinte par la mort du sectaire
Rudemare reprend une nouvelle vie qui rend désormais sa présence absolument
nécessaire, et s'est excusé s'il ne prenait aucun engagement avec ce district sans
pourtant renoncer à visiter ces troupeaux, lorsque sa santé et les circonstances
pourront le lui permettre. En conséquence de quoi, la v[énérable] assemblée ayant
délibéré sur les arrêtés qu'il conviendrait faire, il a été déterminé, résolu et
conclu :
I. — Que le présent colloque accorderait de nouveau une vocation à M. Jean
Godefroy, dit Lebas, sans plus astreindre son ordination lors et au temps du
synode provincial, dont la tenue paraissait très-incertaine à cause des divers
contre-temps qui ont empêché et qui en retardent encore la convocation.
■2. — Que ledit candidat, une fois consacré, appartiendrait aux églises du
Bocage, exclusivement à toute autre et à tous autres sujets, en sorte que, s'il ne
peut de son chef, c'est-à-dire sans l'approbation du colloque dont il sera censé
relever, se dévouer à aucun autre quartier, ni église, ni négliger le service de
celles-ci en faveur d'aucune autre sans leur exprès consentement, lesdites églises
du Bocage ne pourront non plus lui associer ni substituer aucun sujet, à moins
qu'il l'agrée, et ce, en conséquence de la promesse qu'il a faite ce jourd'hui, en
présence de toute la compagnie, de ne jamais se départir du service des susdites
églises, sans des raisons valables et sans un congé expédié en colloque.
38 LES SYNODES DU DESERT.
Synode du Vivarais.
Notre aide soit au nom de Dieu qui a fait
le ciel et la terre. Amen.
Aâes diifynode provincial des êglifes réformées du Vivarais &
Velay, tenu fous laproteâion divine au Déjert, dans le Haut- Vivarais,
le dix-feptième odobre miljept cent cinquante-trois^, auquel ont ajfijlé
quatre pajleurs, un propofant & neuf anciens, députés defdites églifes.
Après la ledure de la parole de Dieu & l'invocation de fon
St-Nom, il a été réfolu ce qui fuit :
I.
L'aflemblée, réfléchiflant, non fans une amère douleur, fur les
irrévérences qui ne fe commettent malheureufementque trop pendant
3. — Ayant été dressé par commission un projet de vocation, tel qu'il pouvait
convenir de l'accorder audit sieur Lebas, lecture dudit projet ayant été faite à
l'assemblée, elle l'a approuvé et en a fait dresser l'acte, dont voici la teneur,
lequel acte aura été signé par MM. C. Chesnel, J. Fouray, P. Vardon, P. de La
Ferté, anciens, députés au colloque et par Messieurs les directeurs de l'assemblée
ainsi qui s'ensuit :
[Acte de nomination du pasteur Godefrqy.]
« Les églises réformées de Basse-Normandie, assemblées en colloque ce jourd'hui
« huitième décembre mil sept cent cinquante trois, ayant délibéré qu'il serait accordé
« une vocation à leur proposant le sieur Jean Godefroy, dit Lebas, pour se faire
n consacrer par l'imposition des mains, selon l'usage et la pratique des églises
« réformées de France, déclarent par nous, soussignés, que lesdites églises, dès
(d'année précédente, ayant accordé une vocation authentique au susdit candidat
(I qui l'aurait autorisé de se présenter au synode provincial pour être promu au
<( St-Ministère, en suite des épreuves que la vénérable assemblée aurait trouvé à
« propos de décerner, mais que ledit synode n'ayant pu se convoquer au temps
« déterminé, et ne le pouvant encore à cause de plusieurs circonstances qui re-
(1 quièrent de cette province toute la prudence et la circonspection dont on est
« capable, les églises du Bocage, désirant se maintenir dans la possession du culte
0 public dirigé par des pasteurs approuvés, et voulant se conformer autant que
<i possible aux rit[es] encore reçus ou autorisés par les églises sous la croix, —
« souhaitent que le sieur Jean Godefroy, dit Lebas, muni du présent acte, aille en
« temps se présenter au lieu qui lui sera indiqué par notre très-cher et très-honoré
«frère M. P. Gautier, pasteur et modérateur du présent colloque, pour y subir tels
SYNODES PROVINCIAUX. 3q
la célébration du baptême & de la Ste-Cène, exhorte vivement les
anciens de prendre toutes les précautions pour que, dans la fuite, on fe
conduife avec un ordre & un refped qui marque qu'on eft en la préfence
de Dieu & que l'on f'acquitte des cérémonies les plus faintcs & les plus
auguftes de la religion.
n.
Les pafteurs & anciens qui ont été chargés, ou qui le feront, de
diftribuer aux pauvres les feptante-cinq exemplaires des Réflexions de
M. OJlenvald fur le N[oiiueaii] T[ejlament] & les deux cent vingt
Devoirs des comtniiniants, rendront compte chacun de la manière dont
ils fe feront acquittés de cette commiflion.
m.
La compagnie, pénétrée de douleur de l'état trifte où font nos
très-chers & très-honorés frères détenus fur les galères, à caufe de
« examens qu'on croira ne'cessaire avant que de l'installer au St-Ministèrc e'vangé-
«lique, et y recevoir en conséquence les pouvoirs nécessaires pour exercer toutes
«les fonctions pastorales, au moyen que l'ordination soit faite par trois ministres
(( et qu'il en soit fait apparoir à ces églises par bon et valable témoignage, sauf à
«nos églises de déroger à la présente clause, si elle ne peut être remplie dans le
«terme prescrit, — déclarant, en outre, que nous avons tout lieu de présumer que
«le ministère de M. Lebas nous sera salutaire, et que, depuis deux ans qu'il a
«desservi les églises de ce district, il n'a donné lieu à aucune plainte qui nous
«empêche de lui rendre la louange qu'il mérite. Désirant le fixera nos troupeaux,
«il a aussi promis d'y demeurer attaché autant de temps que la divine Providence
0 lui en ferait la grâce. Et c'est pourquoi encore la présente vocation lui est accordée
«et que l'acte que nous dressons est signé de nous, selon ce qui est ordonné par
« notre colloque séant, le recommandant à la Grâce divine et à la bienveillance de
« nos chers frères en Christ auxquels il pourra être adressé.
« Nous expédions le présent acte le jour et an ci-dessus, fait en colloque; en
foi de quoi nous avons signé :
(I P. Gautier, pasteur et modérateur; C. Chesnel, ancien;
J. FouRAY, a.; P. Vardon, a.; P. de la Ferté, a.;
Legeay, ancien, secrétaire du colloque, u
4. — Comme les églises sont persuadées que M. Lebas doit toujours plus les
édifier tant par sa bonne conduite que par ses instructions et prédications,
M. Gautier a été sollicité de procurer le plus tôt possible au sieur Lebas les pou-
voirs nécessaires pour exercer toutes les fonctions d'un ministère toujours plus
utile à ces troupeaux. En attendant, l'acte original, dont est copie ci-dessus, a été
confié à la garde du secrétaire de l'assemblée pour par lui être remis en temps à
Monsieur le modérateur, lequel est pleinement et absolument autorisé par le
colloque d'adresser le susdit candidat et de le faire consacrer en telle province,
ville ou pays qu'il jugera expédient et loisible, au moyen que l'ordination soit
faite selon qu'il est expressément porté dans l'acte de vocation.
40 LES SYNODES DU DÉSERT.
notre fainte religion, a réfolu de faire en leur faveur une collede félon
la petite capacité des églifes pour leur témoigner la part qu'elle prend
à leurs fouffrances, pour les encourager & pour leur aider à fubvenir
à leurs befoins.
IV.
Les confiftoires font exhortés de veiller à l'exécution de l'art. 3
du précédent fynode, qui porte que l'on fe choifira une perfonne qui
foit en état d'écrire exadement les noms des enfants qui feront baptifés
dans les affemblées, c'eft-à-dire qu'outre les noms de l'enfant elle
marque le jour de la naiffance, le nom & furnom de fon père & de fa
mère, fpécifiant fil eft légitime ou non, de même que les noms du
parrain & de la marraine & celui de l'habitation & de la paroiffe des
uns & des autres,
Peirot, pafteur & modérateur; Blachon, pafteur; Coste.
pafteur; Vernet, pafteur & fecrétaire.
5. — On est unanimement convenu que les e'glises du Bocage et leur pasteur
seront soumis en tout point de discipline au jugement du synode du département,
et ce nonobstant toutes conventions et prétentions à ce contraires, pour laquelle
fin les églises de Haute et de Basse-Normandie seront invitées de se commu-
niquer mutuellement, avant le prochain synode provincial, les actes de leurs col-
loques respectifs et de demander au synode que cet article continue de s'observer.
6. — L'art. 5 du précédent colloque sera exécuté sans plus de délai.
/. — M. Gautier, ayant fait connaître la part qu'il avait faite à Messieurs ses
collègues des émoluments que ce district lui avait pu fournir, il a déclaré remettre
et abandonner en entier lesdits émoluments audit sieur Lebas.
Ainsi conclu et arrêté au Désert, ce huitième décembre mil sept cent cinquante
trois; en foi de quoi nous avons signé :
P. Gautier, pasteur et modérateur; Legeav, ancien, secrétaire.
— Collection O. Prunier.
Synodes provinciaux de 1754.
Conseil extraordinaire du Bas-Languedoc.
ous, les pafteurs du Bas-Languedoc, vu l'impoiïibilité où
nous fommes de tenir des affemblées fynodales pour re'gler
les affaires eccléfiafliques de la province', pour fupplc'er
autant qu'en nous eft à ce défaut, aj'ant trouvé le moyen
de nous affembler-, nous dits pafteurs, après l'invocation du St-Nom
de Dieu, avons arrêté les articles fuivants :
Leélure faite d'une lettre de M. Puget, propofant, adreffée au
corps des pafteurs de cette province, dans laquelle, après avoir allé-
gué les raifons qui l'ont déterminé à vider le royaume, il demande la
permiffion ou d'entrer dans notre féminaire pour y perfedionner fes
1. Ce conseil extraordinaire se réunit le 20 décembre 1754.
2. Après les persécutions de ij5i et de 1752, les religionnaires avaient eu
quelques mois de calme. « Une espèce de tranquillité, écrivait-on, a succédé à la
violente bourrasque.» Mais bientôt de nouvelles mesures furent mises en exé-
cution. « Il paraît, par les dernières [nouvelles] qu'on a reçues de Montpellier,
écrivait Paul Pabaut, (18 février 1754) que nos affaires iront fort mal, si le Sei-
gneur n'y remédie : on assure qu'on a résolu de contraindre nos gens soit mariés,
soit à marier, à faire solenniser leurs mariages dans l'Eglise romaine après quatre
mois d'épreuves, et que toute la grâce qu'on veut leur faire, c'est de les dispenser
de l'abjuration; qu'on entend de même que les baptêmes se fassent dans l'Eglise
romaine, et qu'à l'égard des assemblées on est si peu disposé à les tolérer, qu'on
fera feu sur celles qu'on pourra surprendre. Du reste, il y a tout lieu de craindre
qu'on ne ftisse une recherche générale pour capturer les ministres. Il y a quelques
jours que nous en fûmes menacés; mais il est apparent que cela n'aura lieu
qu'après la tenue des Etats, c'est-à-dire dans le courant du mois prochain. Ce
sera alors aussi, à ce qu'on croit, que la persécution commencera.» |Mss. Court,
42
LES SYNODES DU DESERT.
lumières en qualité de propofant de notre province, ou un congé qui
le libère entièrement de la dépendance où il était de notre corps ecclé-
fiaftique, il a été convenu qu'un d'entre nous ferait chargé de lui
marquer en réponfe que les raifons de fa défertion n'ont pas été trou-
vées fuffifantes pour le difculper ; que cependant nous confentons,
autant que notre pouvoir peut f'étendre, qu'il foit admis dans notre
féminaire en qualité de propofant de notre province, à laquelle il fera
tenu d'affeder fon miniftère. Sera auffi écrite une lettre à notre repré-
fentant pour l'informer de notre dite délibération au fujet de M. Puget,
le lui recommander & le prier d'employer fes foins auprès de nos
amis pour que le fufdit jouilfe des mêmes avantages que les autres
féminariftes.
II.
M. Bétrine, pafteur de Provence ', nous ayant requis de lui faire
part de nos confeils au fujet des altercations fufcitées par quelques
membres du confiftoire de Lourmarin, on lui écrira pour favoir û
cette fàcheufe affaire eft finie, &, fuppofé qu'elle ne le foit pas, on
l'exhortera à mettre en ufagetous les moyens pacifiques dont il pourra
n" I, t. XXVII, p. 59.) Rabaut ne se trompait pas. Le Duc de Richelieu, qui com-
mandait en Languedoc, fit publier, le 16 février, un ban terrible contre les reli-
gionnaires. Ensuite, on lança les espions et les soldats à la «chasse» des pasteurs.
Le clergé avait eu raison des objections du Pouvoir. «On remplit, écrivait Rabaut,
de troupes absolument tous les villages où il y a des protestants.» Ailleurs il ajou-
tait : «Il y a autant d'espions que de mouches... Nous errons dans les Déserts,
sans savoir où reposer notre tête.» Un pasteur des Basses-Cévennes, Teissier,
dit La Page, fut surpris et arrêté dans la nuit du 14 au i5 août 1754, conduit à
Montpellier, jugé, condamné à mort et exécuté sur la place de l'Esplanade, trois
jours après son arrestation. Il mourut comme ceux qui l'avaient précédé dans le
martyre, en héros. — Dans ces circonstances, il parut impossible de convoquer
le synode. Mais les pasteurs avaient besoin de se voir et de se concerter: le con-
seil extraordinaire fut réuni. «Nous nous sommes vus, écrivait Paul Rabaut, mes
associés et moi, le 20"' du mois dernier. En attendant qu'on vous écrive expres-
sément au sujet de Monsieur Puget, je vous dirai ici que nous sommes tous
d'avis qu'il entre dans le séminaire ; j'ai vu avec plaisir qu'on n'a pas eu de peine
à s'y résoudre, et j'y ai concouru de grand cœur. Ces Messieurs ont senti de nou-
veau la nécessité d'établir un comité pour expédier les affaires avec plus de célé-
rité et moins de péril ; il sera composé pendant six mois de MM. Pradel, Gibert
et moi; au bout de quel temps, deux sortiront et seront remplacés par deux
autres et ainsi de suite.» — Mss. Court, n" i, t. XXVIII, p. 14.
I. Conformément à l'art. 5 du synode du 17 septembre ijSS, Bétrine avait
été réhabilité le 17 janvier 1754. «Le 17" du courant, écrit Paul Rabaut, nous
réhabilitâmes M. Bétrine, conformément à l'arrêté de notre dernier synode. Les
églises de Provence lui ont adressé une vocation et il doit s'y rendre incessam-
ment.» — Mss. Court, n» I, t. XXVII, p. 35.
SYNODES PROVINCIAUX. 43
f'avifer pour rétablir la concorde & la paix; & en même temps, on
écrira aufli aux anciens defdites églifes pour les prelTer de concourir à
un but fi défirable'.
Colloque du Haut-Languedoc du 1 5 janvier iy54.
I. Les églises du Haut-Languedoc, assemblées en colloque le i5 janvier 1754,
après avoir imploré la protection de Dieu et les lumières de son St-Esprit, ont
délibéré ce qui suit :
1. — M. Viala ayant différé de se rendre dans sa province, sur le rappel
qui lui en avait été notifié, l'assemblée a prié M. Sicard, modérateur, d'écrire
à ladite province pour lui spécifier les motifs de son retardement et la prier
d'attendre pour quelque autre année le prêt qu'elle nous en avait fait. Le premier
motif est une chute dangereuse que M. Viala fit et dont il a beaucoup souffert;
le 2", la nécessité où nos églises sont de retenir pour quelque temps ledit pasteur;
et le ù" enfin, le danger éminent qu'il encourrait sur son passage, vu les cir-
constances présentes.
2. — Sur la demande que M. Viala fait d'une attestation pour le temps
qu'il a desservi ces églises, l'assemblée, édifiée de sa doctrine, de son zèle et de
ses bonnes vie et mœurs, lui a accordé sa demande, le priant de vouloir faire
ses efforts auprès de sa province pour nous le céder autant qu'elle le pourra,
et qu'il voudra bien continuer d'exercer son ministère dans nos églises.
Copie de l'attestation accordée à M. Viala dans l'article précédent.
«Nous, pasteurs et anciens des églises réformées du Haut-Languedoc, assemblés
«en colloque le i5 janvier 1734, requis par M. François Viala, pasteur, de lui
«accorder une attestation, tant de sa doctrine que de ses bonnes vie et mœurs,
« pendant deux années qu'il [est] resté au milieu de nous, déclarons, conformément
« à la vérité, qu'il a exercé son ministère d'une manière conforme à la pure
(1 doctrine, et que ses mœurs sont irréprochables, ce qui lui a attiré généralement
«l'estime et l'affection de tous les fidèles; et que ce n'est qu'avec douleur que
« nous le voyons partir. Nous osons espérer de sa bonté et de sa charité, aussi
0 bien que de celles des églises des Hautes-Cévennes, qu'elles nous feront la grâce
ode nous l'accorder encore pour quelques années, vu la triste situation où nous
« nous trouvons. »
3. — L'assemblée, se voyant privée de la présence de M. Dubosc, contre
toute attente et avec regret, a résolu de députer un membre de ladite assemblée
pour le prier de se rendre au milieu de ces églises, afin de les secourir, M. Sicard
se trouvant chargé de toutes les églises du Haut-Languedoc, dont les travaux
sont immenses, à cause du départ de M. Viala.
4. — En conséquence de la délibération ci-dessus, l'assemblée a prié M. Sicard
d'écrire une lettre à M. Dubosc, et nommé M. Villeneufve pour en être le porteur,
auquel on a assigné la somme de soixante-douze livres pour les frais du voyage.
5. — Comme il est d'une absolue nécessité d'établir un trésorier-général,
l'assemblée a trouvé à propos à cet effet M. R. L. P., habitant de Castres,
auquel les églises seront tenues de remettre les fonds dont il doit être chargé,
pour les faire passer à leur destination, selon que le cas l'exigera, et ledit
trésorier sera tenu d'en rapporter l'emploi.
Ainsi a été convenu et arrêté les jour et an que dessus.
Sicard, pasteur et modérateur, B. d. et S. aussi signés.
— Mss. de Puylaurens et de Castres.
44 LES SYNODES DU DÉSERT.
m.
Le fieur F ayant été contraint de faire des dépenfes confidé-
rables à l'occafion de fa capture, on fera des collectes dans les églifes
pour le défrayer.
IV.
Sur la propofition faite fil ne ferait pas à propos de célébrer
inceffamment un jour folennel de jeûne & d'humiliation, il a été dit
que, vu la proximité de celui du premier dimanche du mois de mars
indiqué par le fynode national de 1748, il convenait de f'en tenir à
celui-là, quoique les circonftances en demandaffent un autre.
V.
Comme il furvient fouvent des cas, furtout dans les triftes cir-
conftances où nous fommes, qui demanderaient que tous les pafteurs
f'affemblaffent afin de réfoudre ce qu'il y aurait à faire pour le plus
grand bien des églifes, ces fortes d'affemblées ne pouvant avoir lieu que
rarement & qu'en expofant aux plus éminents périls ceux qui les
compofent, il a été jugé néceffaire, pour expédier les affaires avec plus
de célérité & moins de péril, d'établir un comité compofé de trois
pafteurs, qui pourront faider de telles perfonnes intelligentes qu'ils
jugeront à propos. Le comité fera chargé de répondre aux lettres
adrefl"ées aux corps des pafteurs, & de dreffer les mémoires, requêtes,
placets, etc. qu'il jugera néceffaire de faire parvenir aux Puiffances.
Avant de répondre aux fufdites lettres, à moins qu'il ne foit queftion
d'affaires preflantes, il confultera les autres pafteurs & fe conformera
à l'avis qui aura le plus de fuffrages. Les conftituants dudit comité
feront tenus de lui faire part des événements les plus intéreffants
arrivés dans leurs diftriîts refpedifs, afin qu'il puiffe en faire l'ufage
convenable. Au furplus, les membres du comité ne pourront rien
décider que d'un confentement unanime. Ils garderont en liaffe les
lettres auxquelles ils auront fait réponfe, & tiendront regiftre tant
defdites réponfes que des autres écrits par eux compofés au nom des
corps qui les aura établis, pour les montrer à leurs conftituants lorf-
que ceux-ci le fouhaiteront. De fix en fix mois, deux des membres du
comité fortiront & feront remplacés par un nombre égal de pafteurs
choifis parmi ceux des poftulants qui feront plus anciens dans le
miniftère. On tiendra une note des frais que fera le comité relative-
SYNODES PROVINCIAUX.
4^
ment à l'objet de fa commiflion, lefquels feront payés par les églifes,
&, en cas de refus, chaque pafleur y entrera pour fa quote-part. Et afin
que ledit comité puilfe inccffamment commencer fes fondions en pro-
cédant à la nomination de ceux qui doivent le compofer, ont été élus
à la pluralité des fuffrages, MM. Simon Gibert, Jean Pradel & Paul
Rabaut.
Ainfi conclu & arrêté le fufdit jour & an que dcllus.
Synode du Vivarais et Velay'.
Notre aide soit au nom de Dieu qui a fait
le ciel et la terre. Amen.
Aâes du fynode provincial des églijes réformées du Vivarais &
Vclay, tenu fous la protection divine au Déjerl dans les Boutières, le
vingt-ueuviémc avril milfept cent cinquante-quatre, auquel ont ajjijlé
tj'ois pajteurs, un propojant &dou'{e anciens, députés de/dites églifes.
Après la ledure de la parole de Dieu & l'invocation de fon
St-Nom, il a été réfolu ce qui fuit :
Colloque de l'Agenais du lo février i';:>4.
I. Malgré les circonstances tragiques que traversait en ce moment le protes-
tantisme, Grenier de Barmont se maintenait dans les églises de l'Agenais qu'il avait
«défrichées.» (Voy. p. 1 1 et 19). Il y groupait les églises en colloque, comme on
avait fait dans le Haut-Languedoc, dont l'Agenais dépendait ; et l'on voit que, le
ro février 1754, il y réunit un colloque assez important dont certains articles
avaient pour but de répondre aux injonctions du synode du Haut-Languedoc du
i5 janvier précédent.
Au mois d'avril, de mai et de juin 1734, il prêcha au Désert, dans la paroisse
de Dimeuilh, terre de Clairac, dans la paroisse de Lafitte, au bois de l'Abbé, —
aux Gabachoux, — aux Cruguts, entre Tonneins et Clairac. Il fut, par contumace,
condamné à mort par le sénéchal d'Agen, qui instruisit sa procédure, ainsi que
celle d'un certain nombre de religionnaires. Mais il tomba gravement malade, et
quitta l'Agenais en juillet 1754. Il se dirigea vers Bordeaux.
46 LES SYNODES DU DESERT.
I.
J. P. G. a fatiffait à l'art. 4 du fynode du S" mai lyôS, qui lui
enjoignait de faire bénir fon mariage au plus tôt, là où il pouvait être
Colloque du Bordelais du ly décembre ij54.
La santé de de Barmont était sérieusement ébranlée ; mais, dès qu'il fut
convalescent, il s'occupa, avec les pauvres moyens dont il disposait, de grouper
autour de lui les religionnaires qui se trouvaient à Bordeaux et d'organiser
solidement l'église. « Il chercha d'abord de s'insinuer dans l'esprit de ceux qu'on
lui représenta pour être le plus en état de l'aider dans une entreprise si louable;
il parvint à leur faire goûter le plan qu'il avait dressé, dicté par le zèle et la pru-
dence même, à l'observation duquel nous devons, après la bénédiction du Tout-
puissant, l'établissement de vingt sociétés.» (Mss. de Bordeaux.) C'est en cette
année que l'église de Bordeaux fut reconstituée, et que le Bordelais entra défi-
nitivement dans le cadre des provinces synodales du royaume.
Colloque du ly décembre i y S 4, le premier temi dans ces églises depuis la
révocation de l'Edit de Nantes.
Au nom de Dieu soit fait. Amen.
Nous soussignés, pasteurs et anciens des églises réformées de B[ordeaux],
assemblés en colloque au Désert, en Guyenne, ce dix-septième décembre mil
sept cent cinquante-quatre, ayant depuis environ cinq mois arrêté entre nous
les articles du plan ci-dessous, dont l'exécution nous a jusqu'ici heureusement
réussi par la grâce de Dieu, reconnaissant la nécessité de nous y conformer
exactement dans la suite, pour le soutien des églises déjà dressées et pour en
planter de nouvelles, déclarons qu'après l'invocation du St-Nom de Dieu, nous
avons procédé, suivant les lois de la discipline, à l'élection d'un modérateur et
d'un secrétaire, dans le dessein de passer en délibération les articles dudit plan
à l'effet de nous servir de loi et de règle, comme il est porté par ses préliminaires
duquel la copie s'ensuit:
Plan.
Nous, pasteurs des églises réformées de L.. et amis particuliers de la ville
et faubourgs de B[ordeaux], assemblés au Désert ce 17 juillet 1764, navrés de
douleur à la vue de l'ignorance et des désordres qui régnent parmi nous, hélas 1
depuis trop longtemps, affligés de n'avoir au milieu de tant de réformés aucune
forme de gouvernement ecclésiastique, et d'être, ou peu s'en faut, les seuls pro-
testants de ce royaume qui vivent sans culte, sans sacrements, sans instruction,
et sans consolation au lit de la mort, animés du noble et pieux dessein de nous
repentir, de glorifier et servir Dieu à l'exemple de nos frères, autant que les cir-
constances où nous nous trouvons peuvent nous le permettre ; reconnaissant
pour cet effet la nécessité d'introduire au milieu de nous l'ordre ecclésiastique, la
prédication du St-Evangile, etc., espérant que le même Dieu qui par sa Grâce
a fait prospérer son œuvre entre les mains des premiers héros du christianisme et
de la primitive Eglise dans des temps plus orageux encore que les nôtres, daignera
aussi bénir notre travail pour sa gloire et notre salut, déclarons, qu'après avoir
imploré le secours du St-Esprit, et réfléchi mûrement sur le pour et le contre
du motif qui nous assemble, nous avons conclu et arrêté d'un commun accord ce
qui suit, pour nous servir de règle dans l'exécution de l'œuvre importante et
sainte que nous méditons, promettant de l'observer exactement, autant que l'édifi-
SYNODES PROVINCIAUX. 4y
béni, & les autres particuliers nommés dans le même article font de
nouveau exhortés d'y fatiffaire au plus tôt.
cation de nos frères, les devoirs des charges qui nous seront commises et les cir-
constances où nous pourrons nous rencontrer le permettront. Ne pourra aucun
d'entre nous modifier, augmenter, diminuer, ni alte'rer aucun desdits arrêté.s,
qu'en vertu du consentement unanime de tout le corps ecclésiastique des églises
réformées de cette ville, ou par les délibérations prises dans leurs colloques.
Nous confessons et déclarons très-sincèrement devant le Scrutateur des cœurs
que nous sommes fidèles sujets de Louis XV, notre auguste Monarque et souve-
rain Seigneur, et que nous serons toujours soumis à ses ordres en tout ce qui ne
sera pas contraire aux mouvements d'une conscience éclairée et à ce que le Roi
des Rois nous ordonne. En protestant hautement contre tous ceux qui ne rendent
pas à César ce qui appartient à César et à Dieu ce qui appartient à Dieu, nous
n'avons d'autre dessein que celui d'avancer le règne de notre Sauveur et de
travailler au salut éternel de nos âmes, dont nous lui rendrons compte un jour.
1. — Les pasteurs qui desserviront ces églises ne pourront paraître dehors
de jour, mais garderont le dedans en se conduisant selon leur prudence ordinaire ;
cette précaution nous paraît très-nécessaire pour le succès de nos desseins, et
pour obvier à des suites funestes, tant par rapport à eux que par rapport à nous-
mêmes.
2. — On les exhorte à ne voir personne de ceux qui ne seront pas admis
dans l'église, à moins que ce ne fût par le consentement d'un ou de deux anciens
de l'église dans laquelle lesdits pasteurs se trouveront.
3. — Les fidèles qui logeront les pasteurs n'introduiront auprès d'eux ni
parents, ni amis, ni voisins, sans la permission expresse desdits pasteurs; ceux-ci
s'obligent aussi à leur tour à n'appeler personne, non pas même de ceux qui seront
admis aux sociétés, qu'après avoir consulté quelque ancien et les chefs de la
maison où ils seront logés.
4. — Pour plus grande prudence, Messieurs les anciens ne pourront pas non
plus faire voir le pasteur à qui que ce soit, ni chez eux ni ailleurs, qu'en vertu de
son agrément. On exhorte les anciens qui sauront où le pasteur loge de ne s'y
rendre qu'autant qu'on les demandera.
5. — Comme Messieurs les anciens sont sans doute plus prudents, plus cir-
conspects que la plupart des simples fidèles, on les prie de faire autant qu'il se
pourra la conduite du pasteur, ou du moins d'en donner la commission à quelque
personne mûre, sage et discrète.
6. — Il est enjoint à Messieurs les anciens de garder un secret inviolable
concernant les retraites du pasteur ; ceux qui le violeront en faveur de qui que ce
soit seront censurés, pour la première fois, et remerciés en cas de récidive ; les
fidèles qui tomberont dans ce cas seront réprimés en présence de deux anciens,
pour la première faute, et pour la seconde, à la tête d'une assemblée.
7. — Le total des protestants admis dans l'église, et par conséquent disposés à
donner gloire à Dieu, sera distribué pour le présent et pour l'avenir en districts
ou quartiers; chacun de ces districts ne comprendra que 18 personnes.
S. — A proportion que le Seigneur bénira notre travail, et que, selon l'expres-
sion d'un apôtre, il ajoutera des gens à l'Eglise pour être sauvés, on formera de
nouveaux districts sur le plan de ceux dont il est parlé dans l'article précédent.
9. — On élira un ancien à la tète de chaque district pour en avoir la conduite
et l'inspection.
10. — Les anciens devront être des gens sans reproches, remplis de sagesse et
48 LES SYNODES DU DÉSERT.
II.
Les livres deftincs aux pauvres n'ont pas encore été diftribués,
ayant bon témoignage ; on n'en recevra aucun sans le consentement de ceux qui,
étant déjà en charge, seront à portée de les bien connaître.
11. — Si l'on n'en trouve pas en nombre suffisant pour en pourvoir chaque
district, dans ce cas, ceux qui seront le plus à portée des quartiers qui en manque-
ront en auront la conduite jusqu'à ce qu'on les en ait pourvus.
12. — Vu les difficultés des temps, les circonstances fâcheuses où nous nous
trouvons, prévoyant d'ailleurs que nous ne pourrions nous assembler dehors sans
nous exposer à un péril éminent et certain, nos assemblées religieuses se tiendront
constamment dedans.
i3. — Chaque assemblée ne sera composée que de 19 personnes, savoir d'un
ancien et de son district; on ne pourra augmenter le nombre qu'en vertu d'un
arrêté de notre colloque, dont il sera parlé ci-après ; les anciens qui y contrevien-
dront seront désapprouvés.
14. — On fera une assemblée pour chaque district, autant qu'il sera possible,
avant de commencer la tournée.
I 5. — Il ne sera pas nécessaire que les anciens donnent avis à Messieurs leurs
collègues de la convocation de leur district, attendu que ni eux ni leurs fidèles
ne peuvent s'y rendre, suivant l'art. i3.
16. — Messieurs les anciens avertiront eux-mêmes ou feront avertir par une
personne de toute confiance les fidèles de leur district de se rendre au lieu de
l'assemblée, pour le faire avec toute la prudence possible ; si au cas il y avait des
fidèles dans l'usage de fréquenter la maison désignée ou liés d'amitié avec le pro-
priétaire, on pourrait leur donner avis de s'y rendre de jour, au nombre de 3 ou
4 tout au plus. A l'égard des restants, on ne les avertira que de nuit, un moment
avant leur départ, avec ordre aux uns d'être rendus à telle heure, aux autres à
telle autre, et défense à tous de s'attrouper au delà de 2 ou 3 : ce qu'on leur fera
aussi observer pour leur retour.
17. — Comme on ne saurait prendre trop de précautions, on donnera à
chaque fidèle un cachet ou quelque marque particulière, qu'on sera obligé de
remettre à l'ancien ou à son ordre, en arrivant au lieu de l'assemblée ; ceux qui
n'en seront pas munis, quels qu'ils soient, ne seront pas admis au saint exercice.
18. — Reconnaissant qu'après le secours de Dieu le soutien des églises
oppressées est le secret, nous exhorterons fortement les fidèles de le garder invio-
lablement, concernant les assemblées, les personnes qui s'y rendront, le lieu où
elles se tiendront, etc. ; ceux qui ne se conformeront à ces avertissements seront
poursuivis, comme il est porté par l'art. 6, et,même exclus des saintes assemblées.
19 et 20. — La compagnie ayant mûrement réfléchi sur le total des districts,
sur la nature et le nombre des affaires qui peuvent survenir au milieu d'eux, veut
et entend qu'ils soient séparés en certains corps distincts; que trois desdits dis-
tricts forment une église et que chacune ait son consistoire.
21. — Le consistoire de chaque église ne sera composé que du pasteur et de
trois anciens. On ne pourra juger, décider, ni délibérer dans ledit tribunal que sur
les affaires qui auront pour objet l'église dépendant dudit consistoire.
22. — L'autorité de chaque consistoire sera indépendante de tout autre
tribunal semblable; elle ne sera subordonnée ou soumise qu'aux tribunaux supé-
rieurs, tels que sont les colloques et synodes.
23. — Lorqu'ils surviendra quelque affaire à examiner ou à mettre en délibé-
ration qui intéressera tout le corps des églises d'ici, elle ne pourra être discutée
SYNODES PROVINCIAUX. 4g
mais ils le feront au plus tôt, & cnfuite on en rendra compte, confor-
mément à l'art. 2 du précédent fynode.
ni jugée ailleurs que dans le colloque, qui sera composé du pasteur et des anciens
de toutes les églises d'ici, ou d'un député de chaque consistoire.
24. — Les colloques éliront les députés des synodes, et les consistoires ceux
des colloques, lorsque ces derniers tribunaux s'assembleront par députation.
25. — Les anciens garderont un secret inviolable sur tout ce qui sera mis en
délibération dans les tribunaux ecclésiastiques, sous peine aux contrevenants
d'être déposés de leur charge pour toujours.
26. — Personne ne sera admis dans nos assemblées religieuses qu'après mûr
examen, et qu'en vertu du consentement des trois anciens les plus voisins.
27. — On lira les psaumes dans les assemblées jusqu'à ce qu'il plaise à Dieu
de nous donner un temps plus favorable pour les chanter.
28. — Messieurs les anciens ou leurs agents travaillant pour l'augmentation
des églises ne pourront proposer à personne la nécessité de s'unir au corps des
fidèles que comme d'une chose à venir. On pourrait leur parler à peu près comme
s'ensuit : «N'avez-vous rien à m'apprendre sur les affaires du temps concernant les
assemblées? Partout on en tient, partout on en parle; tous s'empressent à donner
gloire à Dieu, tandis que nous sommes les seuls qui vivons sans culte, sans
instruction et sans sacrements. Quelle différence mettez-vous entre leur état et le
nôtre ? Elle est bien grande à mon avis et toute à leur avantage. On s'expose,
j'en conviens, mais outre que Dieu protège l'innocence opprimée, et que le salut
vaut bien la peine qu'on risque quelque chose, Jésus-Christ ne nous a-t-il pas
frayé le chemin ? Moïse ne préféra-t-il pas l'opprobre du Christ aux trésors
d'Egypte, et St-Paul n'estime-t-il pas toutes choses comme du fumier, pourvu
qu'il gagne Jésus-Christ son Sauveur? Prenez garde, je n'entends ni n'approuve
que nous levions l'étendard d'une manière inconsidérée, sans faire réflexion et
sans peser les circonstances qui nous environnent. Je voudrais qu'on se conduisît
(on pourrait ici leur faire part du plan). Si jamais un pareil établissement avait
lieu parmi nous, je vous déclare que je serais de la partie, s'il m'était connu ; et
vous, en seriez-vous?» — Avec ces précautions, ignorant ce qui se passe, son refus
ne saurait nuire à celui qui l'invite, ni à la cause commune.
Fin du pl.-in.
29. — Vu la difficulté des temps, la position triste où nous nous trouvons et
les dangers de la persécution, raisons qui nous obligent à rechercher les moyens
les plus prudents pour notre conservation, les colloques qui se tiendront à l'avenir
ne seront composés que d'un député de chaque consistoire, députés qui seront
élus à voix basse, selon la discipline.
30. — La compagnie, expliquant l'art. i5 du plan ci-dessus, défend aux
anciens de se rendre dans les sociétés de leurs collègues, à moins qu'ils n'y soient
appelés par le pasteur et un ancien.
3i. — Messieurs les anciens tiendront un catalogue exact de tous les fidèles
qui composeront leur district.
32. — On ne fera point de collecte à la tète des assemblées, mais on pressera
les fidèles d'élargir leur charité lors de la collecte générale que chaque ancien fera
dans son district tous les mois de janvier, dont le provenu sera dans la suite
comme ci-devant employé à des usages pieux.
33. — On élira à la première occasion M. L. C. pour diacre et trésorier-
général, à l'effet de gérer et distribuer les deniers ci-dessus, selon son équité ordi-
4
5o LES SYNODES DU DÉSERT.
m.
L'art. 4 du fynode précédent, concernant nos chers frères qui
font fur les galères, n'ayant pas été exécuté jufqu'à préfent, MM. les
anciens ont promis que la collecte qui leur eftdeftinée ferait prête après
la fête de la Pentecôte.
Peirot, pafteur & modérateur; Coste, pafteur; Vernet,
pafleur & fecrétaire.
naire et suivant l'intention de la compagnie ; il ne sera obligé de rendre compte
de ladite distribution qu'une fois l'an, au pasteur et à deux amis de toute confiance.
34. — Monsieur le modérateur, pour lequel l'assemblée est remplie d'estime
et de reconnaissance, nous ayant représenté que nos églises, dont l'établissement
après Dieu est son ouvrage, ne peuvent subsister que par la plus grande pru-
dence ; persuadés, comme il vient de nous le témoigner, que sa douleur serait
inexprimable, s'il arrivait qu'elles fussent dans la suite l'objet de la fureur des
persécuteurs dont nous sommes environnés, auquel cas, humainement par-
lant, nos chères églises seraient bientôt détruites, extrêmement édifiés de son
amour pour l'ordre, de sa prudence, de son affection pour les anciens, et du cas
qu'il fait de leurs avis, n'entreprenant rien concernant la cause commune qu'en
vertu de leur consentement; prévoyant qu'ayant établi nos églises, personne n'est
plus propre que lui à les maintenir : — en conséquence de tout ce dessus, nous lui
promettons unanimement de n'appeler ni recevoir aucun pasteur pour desservir
nos églises, d'où qu'il vienne et quelque muni d'attestations qu'il soit, qu'après en
avoir obtenu de sa part l'agrément exprès.
35. — L'article 35, pris, roule sur les honoraires et l'entretien du pasteur,
[il] est inséré dans le corps du présent livre, page 6'^, sur feuille volante, en qualité
d'article secret.
Ainsi a été conclu et arrêté les même jours et an que dessus ; en foi de quoi ;
Grenier de Barmont, pasteur et modérateur.
— Mss. de Bordeaux.
Synode provincial de 1755.
Synode du Vivarais et Velay'.
Notre aide soit au nom de Dieu qui a fait
le ciel et la terre. Amen.
Aâes du fj7iode provincial des églifes réformées du Vivarais
& Velaj- tenu fous la protedion divine au Défert, dans le Haut- Vi-
I. Gautier, fatigué et malade, se préparait à quitter la Normandie. «Mes
veilles et mes fatigues ont surpassé mes forces, » disait-il. Le comité de Lausanne
envoya, pour lui succéder, Louis Campredon, dit La Blaquière, dit Duthil, qui
arriva à Rouen, en juillet 1754. «J'ai vu M. Duthil, répondit Gautier, et je crois
que c'est l'homme qu'il fallait pour cette province.» (Mss. Court, 3o août 1754.)
Celui-ci, à peine arrivé, s'empressa de visiter les églises du pays de Caux, et il
écrivait bientôt: (3o nov. 1754) «On avait autrefois établi des anciens dans chaque
église, mais ceux que j'ai vus ne sentent guère les devoirs de leur charge: ils m'ont
paru se borner à des fonctions 'qui n'ont pas directement pour objet le rétablisse-
ment de la discipline; ils croient s'en acquitter suffisamment en avertissant le
peuple de se rendre aux assemblées. Je vais donc m'appliquer, dans une seconde
tournée, à nommer des anciens et à leur expliquer en détail la manière dont ils
doivent s'intéresser au rétablissement de la discipline. Après que j'aurai ainsi élu
des anciens dans chaque église, pris d'entre les personnes les plus propres à secon-
der mes vues, et que j'aurai tâché de leur inspirer le goût de l'ordre, je ferai
assembler un colloque pour confirmer les arrangements particuliers faits dans
chaque église et pour leur donner une force qui m'autorisera plus particulièrement
à les faire observer. «
Colloque de Haute-Normandie du g février i y 55.
Actes du colloque des e'gliscs réformées de Haute-Normandie, assemblées au
Désert, le neuvième février mil sept cent cinquante-cinq.
Après l'invocation du nom de Dieu, on a délibéré ce qui suit :
I. — Lecture ayant été faite des témoignages de la consécration au St-Minis-
tère de M. Louis Campredon, sous le nom de Duthil, lesdits témoignages ont été
reconnus pour bons et valides. En conséquence de quoi l'assemblée a autorisé
ledit M. Duthil à exercer les fonctions de pasteur dans les églises de ce quartier.
52 LES SYNODES DU DÉSERT.
varais, le vingt-neuvième avril mil Jept cent cinquante-cinq, auquel
2. — Les églises de ce district se conformeront aux canons de la discipline des
églises réformées de France, autant que faire se pourra; pour cet effet, chaque
église tâchera de s'en pourvoir d'un exemplaire que leurs anciens liront avec soin
pour s'en procurer une connaissance exacte, afin que l'on ne s'éloigne jamais de
l'esprit d'une discipline si sagement dressée.
3. — Il y aura en chaque église un corps d'anciens, aussi nombreux qu'il se
pourra, afin qu'ayant plus d'autorité, ils dirigent l'église avec plus de facilité et de
succès.
4. — L'élection des anciens se fera dans le consistoire par l'avis des anciens
déjà établis, qui de concert avec le pasteur, leur donneront la main d'association.
5 . — Les anciens seront attentifs à s'acquitter des devoirs de leur charge, selon
l'art. i3, du chap. III de notre discipline, portant que l'office des anciens est de
veiller sur le troupeau avec le pasteur, faire que le peuple s'assemble et que chacun
se trouve aux saintes congrégations, faire rapport des scandales et des fautes, en
connaître et juger avec le pasteur, et en général avoir soin de toutes choses sem-
blables qui concernent l'ordre, l'entretien et le gouvernement de l'église.
6. — Vu la difficulté des circonstances qui ne permettent pas d'établir des
anciens et des diacres en même temps, la disribution des deniers des pauvres sera
une fonction annexée à la charge d'ancien.
7. — Le consistoire dans chaque église nommera un ou deux anciens pour
faire l'office de lecteur dans les saintes assemblées qui se feront dans ladite église.
8. — Les anciens seront chargés les jours de communion de pourvoir à tout
ce qui sera nécessaire en pareil cas, et de faire approcher les fidèles de la table
sacrée avec ordre et sans confusion.
(j. — On tâchera de se procurer le plus de maisons d'assemblée qu'il sera pos-
sible, afin que, si l'une vient à manquer, le culte ne soit point interrompu, et
que d'ailleurs, les saints exercices se faisant alternativement dans des maisons
différentes, on puisse éviter l'éclat et diriger l'église avec plus de prudence.
10. — Le consistoire devant être composé du pasteur et des anciens suivant
l'art. 1"^'' du chap. V de notre discipline, nulle décision qui serait portée parles
anciens d'une église sur les affaires ecclésiastiques ne pourrait avoir force de loi,
si le pasteur desservant ladite église n'avait assisté à ladite délibération, ou s'il n'y
donne son suffrage.
11. — Ne pourront les anciens autoriser aucun sujet à exercer dans les églises
de ce district les fonctions de pasteur, que ledit sujet ne soit envoyé par nos
illustres amis et bienfaiteurs du pays étranger, et qu'il ne soit de plus agréé par
le pasteur du quartier.
12. — Les anciens, qui seraient connus d'une conduite scandaleuse, pourront
être déposés par le consistoire où présidera le pasteur; et la cause de leur dépo-
sition ne viendra, autant que faire se pourra, à la connaissance du peuple.
i3. — Le pasteur actuellement desservant des églises de ce district se trouvant
seul dans un vaste quartier, le nombre des assemblées a été fixé à trois par an
dans chaque église, lequel règlement tiendra jusqu'à ce que les occupations dudit
pasteur lui permettent d'en faire un plus grand nombre, ou qu'il ait pu se pro-
curer quelque adjoint.
14. — La Ste-Cène sera célébrée deux fois par chacun, à Noël et à Pâques,
autant que faire se pourra.
i5. Comme dans toute société la subordination doit être la base de l'union et
de l'harmonie, les fidèles sont exhortés à reconnaître l'autorité des anciens qui
SYNODES PROVINCIAUX. 53
07it ajjijié quatre pajleiirs, un propojant & fix anciens, députés déf-
aites églifes.
sont établis pour faire régner l'ordre, la bonne discipline et pour conserver parmi
nous le pur ministère de la parole de Dieu.
16. — Que, s'il arrive à quelqu'un des fidèles de se soustraire aux règlements
qui auront été portés et que les anciens lui notifieront, le pasteur lui adressera
des semonces, selon la parole de Dieu, et, s'il persiste, le consistoire pourra pro-
céder contre eux selon l'esprit de notre discipline.
17. — Les fidèles sont exhortés à se rendre aux saintes assemblées avec toute
la prudence possible; à quoi les anciens veilleront exactement, et s'ils découvrent
quelqu'un d'entre les fidèles qui s'éloigne des règles de prudence qui seront pres-
crites, le consistoire, de concert avec le pasteur, pourr[a] infliger telle peine que
la discipline et le bon ordre exigeront.
18. — Les fidèles sont exhortes à ne recevoir qui que ce soit pour exercer les
fonctions de ministre de l'Evangile ou de prédicateur que premièrement il ne leur
soit présenté par le pasteur du quartier ou par les anciens.
19. — Pour éviter toute confusion dans les églises et pour rendre aux anciens
l'exercice de leur charge plus facile, il ne sera permis d'aller d'une église dans
l'autre, à moins qu'il n'en soit autrement ordonné.
20. — Qu'aucun fidèle ne se rendra aux saintes assemblées que sur l'avis des
anciens, à eux seuls appartenant le droit de convoquer les assemblées religieuses,
et s'il se trouve dans les saintes assemblées des personnes qui n'auront pas été
averties conformément au présent article, elles seront censurées comme mécon-
naissant l'ordre établi dans l'Eglise.
21. — Par une suite de l'article précédent, on procédera contre ceux qui
pourraient s'ingérer de leur propre autorité jusqu'à ne les pas avertir eux-mêmes
dans la suite.
22. — Il ne sera permis d'amener aux saintes assemblées des enfants au-dessous
de l'âge de 12 ans, soit pour éviter le trouble que les jeunes gens causent d'ordi-
naire dans les saintes assemblées, soit pour ne les rendre sachant de tout ce qui
s'y passe.
23. — Les jours de communion, les anciens, de concert avec le pasteur,
prendront une connaissance particulière de la conduite des fidèles, et s'il en est
qui se soient rendus indignes d'approcher de la sainte table, les anciens les aver-
tiront de ne pas se présenter; et ne se fera l'avertissement en présence de toute
l'assemblée.
24. — Pour apaiser le courroux de Dieu et pour conserver une sainte har-
monie avec les autres églises de ce royaume, on célébrera un jeûne annuel, fixé
au premier dimanche du mois de mars par l'art. 2 du synode national, tenu en
Languedoc (1748), lequel jeûne sera annoncé aux fidèles par les anciens, chacun
dans son église, afin qu'il soit régulièrement célébré par tous les fidèles.
25. — Les anciens auront soin de veiller sur ceux qui ne fréquentent pas les
saintes assemblées sous des prétextes frivoles, et tâcheront de les ramener à leur
devoir par les voies de la douceur, aussi bien que ceux qui ne communient pas
par un effet de la timidité ou autrement.
26. — Comme on s'est aperçu qu'il y a quantité de pauvres, les fidèles sont
exhortés à s'élargir en leur faveur par des aumônes, dont les anciens feront la
distribution, selon la connaissance qu'ils tâcheront d'acquérir du besoin de
chacun; et ladite distribution ne se fera que par l'avis du consistoire, autant que
faire se pourra.
54 LES SYNODES DU DÉSERT.
Après la ledure de la parole de Dieu & l'invocation de fon
St-Nom, [il] a été réfolu ce qui fuit :
27. — Pour se conformer à l'art. 23 du chap. XIII de notre discipline, portant
que les mariages seront bénis par le ministère des pasteurs et non d'autres, ceux
qui, sans vocation, s'ingèrent dans cette fonction, et ceux qui auront recours à
eux pour la béne'diction de leur mariage seront poursuivis selon les lois de notre
discipline, — de tels mariages étant scandaleux, dans un temps où Dieu nous
suscite des pasteurs légitimement élus.
28. — Dans le cas où les fidèles sont obligés de passer dans une autre église
pour recevoir la bénédiction de leur mariage, ils seront tenus d'amener un ancien
de leur église pour témoigner de leur conduite ou de se munir d'une attestation
des anciens, qui fasse foi de leur bonne vie et mœurs, faute de quoi le pasteur
sera autorisé à différer la bénédiction dudit mariage, jusqu'à ce qu'il ait suffisant
témoignage des anciens.
29. — Les églises de ce district auront soin de se conformer à l'art. 1 1 du
synode national des églises réformées de France, tenu en 1744, portant qu'on
se servira dans toutes les églises de l'Abrégé du catéchisme d'Osterwald, comme
étant le plus clair et le plus méthodique, et les pasteurs et les anciens exhorteront
les fidèles à se pourvoir dudit catéchisme et tiendront la main à ce que les
membres des églises en fassent usage.
30. — Conformément à l'art. 12 du même synode national, les églises
tacheront de se pourvoir de Bibles d'Osterwald, pour en faire usage en lisant
les réflexions après les chapitres.
3i. — Pour conserver l'union et l'intelligence entre les églises de ce dis-
trict, pour connaître des infractions qu'on pourrait faire aux délibérations
coUoquales et pour juger des différends qui peuvent survenir dans chaque église
ou d'une église par rapport à une autre, l'on assemblera tous les ans un col-
loque dans le mois de mai.
32. — Lesdits colloques seront composés d'un député de chaque église.
L'on pourra cependant en députer deux, selon l'importance des matières qui
devront être agitées dans lesdits colloques.
33. — Nul ancien ne pourra se présenter au colloque en qualité de député, s'il
n'a été nommé par les autres anciens de son église, de concert avec le pasteur.
34. — Les colloques connaîtront de l'exactitude de chaque église à fournir
à l'entretien du St-Ministère, et aviseront aux moyens de remédier à l'ingra-
titude du peuple.
35. — Les anciens dans chaque église auront soin de faire des listes des
personnes aisées qui peuvent fournir à l'entretien du St-Ministère; et chacun
des fidèles mentionnés dans lesdites listes se taxera lui-même, pour ne recevoir
que de ceux qui sont de pleine volonté.
36. — La taxe de la première année servira pour la suite, afin que l'on
puisse faire une exacte répartition de la contribution de chaque église.
37. — Pour décharger les anciens de tout injurieux soupçon, le pasteur
fera son reçu au bas des listes, afin que lesdits anciens puissent présenter à
chaque fidèle, s'il est besoin, le reçu de sa taxe.
38. — La fin d'avril sera le temps du payement.
39. — Pour se conformer à l'usage reçu dans les autres provinces du
royaume, les fidèles sont exhortés à se pourvoir de psaumes à la nouvelle
version, pour en faire usage dans les assemblées religieuses, comme étant plus
intelligibles et à la portée des plus simples.
SYNODES PROVINCIAUX. 55
I.
MM. Blachon & Cofte, nos très-chers frères, ont demandé un
40. — Les jeunes gens qui se présenteront pour être reçus à la communion
ne seront admis que sur le te'moignage d'un ancien, et dans le cas où ils seront
oblige's de passer dans une autre église, ils auront soin d'amener un ancien qui
les présentera au pasteur, faute de quoi ils ne seront pas admis à la participation
de la Ste-Cène.
41. — Que si l'on vient à découvrir des personnes qui vont dans une église
voisine pour faire leur première communion par surprise et sans se présenter au
pasteur pour être examinées, elles seront censurées en face de la première
assemblée où elles pourront se rencontrer.
42. — Pour entretenir une sainte confédération avec les autres provinces du
royaume, les églises de ce district env[err]ont leurs députés aux synodes natio-
naux et en recevront les décisions.
43. La compagnie, sensible autant qu'on peut l'être aux soins que nos chers
amis et bienfaiteurs du pays étranger ne cessent de prendre de nos désolés trou-
peaux et désirant leur témoigner la reconnaissance dont elle est pénétrée, a
nommé M. Jean Grain pour écrire, au nom de toute l'assemblée, au très-digne
Représentant des églises de France résidant à Lausanne, pour le remercier très-
humblement du tendre intérêt qu'il prend aux prospérités des églises sous la croix
et en particulier de ce qu'il a bien voulu encourager M. Campredon à se rendre
au milieu de nous. Et après avoir marqué ce qu'on peut augurer des travaux
dudit Monsieur dans le sein des églises de ce district, on finira par supplier notre
digne Représentant de nous continuer sa bienveillance, en l'assurant de la respec-
tueuse déférence que les églises marqueront toujours à ses sages directions.
Ladite lettre sera signée par quatre anciens que l'assemblée a nommés.
44. — Il y aura dans chaque église une copie des règlements qui auront été
portés par le colloque, afin que les anciens puissent les faire observer exactement.
Ainsi a été conclu et arrêté ce dit jour et an que dessus, neuvième février 1755.
DuTHiL, pasteur et modérateur.
— Collection O. Prunier.
Colloque du Bordelais du 6 décembre ijSS.
Au nom de Dieu soit fait. Amen.
I. Nous, pasteurs et anciens des églises réformées de B[ordeaux], assemblés en
colloque sous la croix, ce sixième décembre mil sept cent cinquante-cinq, décla-
rons qu'après avoir imploré le secours du St-Esprit et procédé suivant la dis-
cipline à l'élection d'un modérateur et d'un secrétaire, nous avons arrêté et
conclu d'un commun accord ce qui suit :
1. — Le sieur L. R. cadet a été élu secrétaire pour enregistrer les baptêmes,
mariages et autres pièces ; en cette qualité, la compagnie lui donne voix dans
les assemblées ecclésiastiques.
2. — La compagnie, déplorant l'extrême corruption qui règne au milieu de
nous depuis longtemps, craignant qu'elle n'attire sur ces églises naissantes les
efléts de la colère de Dieu , sentant la nécessité de les prévenir, de fléchir sa
justice et de désarmer son bras puissant depuis longtemps appesanti sur nous
par le moyen de l'oppression et de la faim de sa Parole, établit un jour de
jeûne et d'humiliation extraordinaire pour une année seulement : on le célébrera
le 26 du courant.
56 LES SYNODES DU DÉSERT.
congé de quelque temps pour travailler à rétablir leur fanté ; l'affem-
3. — Les sociétés de la ville et des faubourgs, à ce compris les frères qui
ne sont pas encore dans les sociétés, ne constituant dans le fond qu'une seule
et même église, les pauvres et les nécessiteux, admis et à admettre, de l'un et
de l'autre desdits lieux, seront secourus indistinctement des deniers de la bourse
commune, comme ils l'ont toujours été ci-devant, et y auront le même droit
selon leurs besoins et suivant l'intention de notre précédent colloque, en sorte
que les deniers de la ville seront également employés au soulagement des
pauvres des faubourgs qu'à celui des lieux propres ; et ainsi des deniers des
faubourgs pour les pauvres de la ville. Quiconque contreviendra à cet arrêté,
jusqu'à ce qu'il en soit autrement ordonné, sera poursuivi comme s'opposant à
l'union de l'église et à la bénéficence.
4. — On exhortera les fidèles à ne pas ajouter foi aisément aux attestations
des mendiants coureurs, qui sont pour la plupart des fourbes, des fainéants et
souvent nos ennemis.
Le synode national de Ste-Foy, tenu l'an 157S, ordonne aux ministres et
anciens ce qui suit concernant ces mendiants : « Les ministres ou anciens ne
« donneront attestation, sans exprimer et faire déclaration des lieux, des per-
« sonnes, et du chemin que veulent tenir ceux qui les obtiennent: ce qu'étant
«autrement, lesdites attestations seront rompues, et ceux qui les auront données,
« censurés au prochain synode ou colloque. «
Le synode de Paris, assemblé en i565, s'exprime là-dessus en ces termes:
« La compagnie est d'avis que les ministres soient avertis de ne donner à l'avenir
« que très-rarement de pareilles attestations, et de n'en faire jamais que pour ceux
«qu'ils connaîtront être gens de probité, craignant Dieu, et réduits dans une
«grande nécessité.» — Cet arrêté sera lu en présence du peuple.
5. — Les assemblées ecclésiastiques étant les liens et l'appui de l'union et
de la concorde des églises, suivant l'art. 5 du chap. VI de la discipline, en consé-
quence, nous promettons observer exactement les arrêtés pris entre nous.
6. — Comme les jureurs, les blasphémateurs, les renieurs et ceux qui
prennent le St-Nom de Dieu en vain et qui déchirent autant qu'en eux est
la Majesté du Seigneur, sont encore malheureusement en grand nombre dans
ces églises naissantes, l'assemblée, justement affligée à la vue de tels excès,
détestant de telles impiétés, exhorte, de la manière la plus touchante et la plus
forte, tous ceux qui sont coupables de ces désordres à se convertir sans délai,
sous peine d'être poursuivis comme il est porté par l'art. 24 du chapitre dernier
de la discipline. 2" Les pasteurs travailleront avec tout le soin possible à les porter
à l'amendement par les sollicitations les plus pressantes. 3" Enfin chaque ancien
y travaillera aussi de son côté, afin que nous puissions prévenir par ces moyens
l'effet des terribles jugements du Seigneur et devenir les objets de son amour;
pour cet effet, on les exhorte à se donner, eux-mêmes en exemple. Lecture en sera
faite à la tête des sociétés.
7. — Sur les justes plaintes faites par quelques membres du colloque que
nombre de personnes profanaient le jour sacré du repos par des divertisse-
ments, des jeux et occupations mondaines, la compagnie, touchée d'une sensible
douleur à la vue d'une telle profanation, capable d'attirer les châtiments du
Seigneur, sollicite fortement tous les fidèles à se conformer à l'ordre du synode
national de Loudun, assemblé en i65g, qui enjoint à toutes les églises d'em-
ployer ce saint jour à la fin à laquelle il est destiné, en s'appliquant aux exer-
cices de piété, à la prière, à l'ouïe et à la lecture de la parole de Dieu, en
SYNODES PROVINCIAUX. 57
bléc, en leur accordant leur demande, fait des vœux ardents pour
s'abstenant religieusement, non-seulement du travail ordinaire, mais principa-
lement des compagnies et divertissements qui peuvent détourner les esprits du
service divin et de la dévotion; ce à quoi nous sommes obligés principalement
ce jour-là. Lecture en sera faite à la tête de l'église.
8. — Le synode national de 1748, tenu dans le Bas-Languedoc, ayant
institué un jeûne annuel pour toutes les églises protestantes du royaume, on
avertira les lidèles de ces églises à le célébrer religieusement le premier dimanche
de mars ou le second, en cas que le premier doive être employé à des réjouis-
sances publiques par ordre de Sa Majesté. C'est le jour qu'a fixé ledit synode
pour cette humiliation extraordinaire. Lecture en sera faite au nom de Dieu.
g. — On exhortera de nouveau tous les fidèles qui composent les sociétés
de ne remettre leur contribution pour la collecte qu'à leurs anciens seulement;
et à l'égard des autres, que le pasteur voit de temps en temps, n'étant pas
encore initiés dans les sociétés pour n'avoir trouvé où les placer, les anciens
les plus voisins recueilleront leurs charités pour les joindre à ce qu'ils lève-
ront dans leur district; à cet effet, le pasteur leur indiquera à qui il faudra
s'adresser.
10. — Etant défendu à toutes les églises par le susdit synode national de
faire aucune collecte sans la permission du consistoire ou des anciens, défense
qui prévient mille abus, on prendra garde à ce qu'il n'en soit plus tait à l'avenir
dans ces églises qu'en vertu de l'agrément desdits anciens, lequel ils ne donne-
ront qu'après mûre délibération et d'un commun accord, autant qu'il se pourra.
On en fera lecture en face de l'église.
11. — Pour diminuer les peines et les soins de Monsieur le trésorier-général,
l'assemblée vient d'élire M. J. V. B. pour trésorier-particulier, auquel les anciens
tant de la ville que des faubourgs remettront tout l'argent collecté dans leurs
districts respectifs, à ce compris les charités des personnes que le pasteur voit
et qui ne sont pas encore introduites dans les sociétés. De plus, l'assemblée le
prie de faire ou faire faire avec tels de ses collègues ou autres qu'il lui plaira,
la collecte auprès seulement des frères du Ch. .. et La... qui ne sont pas
encore du mystère.
12. — Du total de cette somme, provenant des sociétés et de la collecte
faite auprès des susdits frères de Ch. . . et de La... non admis, ledit trésorier
particulier en distraira celle qui est portée par l'art. 35 et secret du dernier
colloque pour le paiement des honoraires, ce qui sera nécessaire pour fournir
aux frais de l'entretien du pasteur et autres nécessités extraordinaires de l'église;
à l'égard du reste il le remettra sans délai au trésorier-général, pour être em-
ployé, ainsi qu'il est porté par l'art. 3, au soulagement des pauvres avec la collecte
de la ville faite chez les frères non admis. Ladite collecte de la ville se fera
par Monsieur le trésorier-général ou à son ordre.
i3. — Hors des cas extraordinaires, tous les anciens auront fliit et remis
à M. le trésorier-particulier l'argent collecté dans leurs districts pour le plus
tard à la fin du mois de février prochain et suivants, s'il n'en est autrement
statué dans la suite. Les anciens qui ne se conformeront à cet arrêté seront
desapprouvés au colloque prochain, et ledit temps expiré sans qu'ils aient fait
leur collecte, le trésorier-particulier pourra procéder à la levée dans les sociétés
des anciens qui l'auront négligée, mais seulement après leur en avoir donné
avis et connu les motifs de leur négligence.
14. — Monsieur le trésorier-particulier offrant de rendre compte au prochain
58 LES SYNODES DU DÉSERT.
leur rétabliffement, & les prie de reprendre leurs fondions le plus tôt
qu'il leur fera poffible.
colloque, on agrée sa demande et on approuve qu'il en rende: i<>à l'égard du
paiement des honoraires; 2" touchant les frais de l'entretien du pasteur; 3" de
ce qu'il aura reçu de la collecte des sociétés ; 4» de ce qu'il aura levé chez les
frères du Ch... et de La..., et enfin de ce qu'il remettra à Monsieur le trésorier-
général, et des frais faits pour les nécessités extraordinaires de l'église.
i5. — Etant informés que certains lâches d'entre les réformés de ce pays ont la
honteuse et répréhensible condescendance de faciliter aux protestants du dehors
et de ce lieu, qui recherchent la bénédiction nuptiale d'un curé, les moyens de
l'obtenir, ce qui est d'abord un scandale criant ; 2" tendre un piège à ces prêtres
commodes et profanes lelon leurs principes; 3° favoriser l'idolâtrie et l'hypo-
crisie, et enfin donner lieu à ces prêtres et autres papistes de soupçonner que
notre religion ne produit que des fourbes, des gens sans foi et sans sincérité;
en réparation des démarches si criminelles qui nous affligent véritablement,
ceux qui à l'avenir s'en rendront coupables, après avoir été avertis, seront cen-
surés en présence de leur ancien, et en cas de récidive poursuivis avec plus de
rigueur. A l'égard de ceux qui en sont déjà coupables, les anciens les avertiront
en particulier, ou bien le pasteur, autant qu'ils seront connus, de ne pas réci-
diver, sous peine d'être aussi poursuivis, comme il est porté ci-dessus, de ce
présent article. Lecture en sera faite au peuple.
16. — Monsieur le modérateur s'étant justement récrié de ce qu'une per-
sonne de l'Agenais l'accusait faussement d'avoir dit à M. Fr. R...al, un de nos
anciens, que si Dieu lui donnait des enfants, il pouvait les faire baptiser dans
l'Eglise romaine, de même que ceux de son district, et requérant ledit modé-
rateur que ledit sieur Fr. R...al et toute l'assemblée lui rendissent là-dessus la
justice qui lui est due, a été répondu par tous les membres du colloque : i» que
l'imputation de l'habitant de l'Agenais est une calomnie atroce; 2" que loin que
le modérateur ait jamais donné de pareils avis à qui que ce soit parmi nous,
qu'au contraire il nous a toujours exhortés, les uns et les autres, à faire là-
dessus notre devoir; 3° que sa doctrine, sur ce point comme sur tous les autres,
est très-pure et conforme à la parole de Dieu; 4» que la compagnie, en pro-
testant contre une calomnie si noire, est justement affligée de ce qu'on cherche
à noircir un pasteur qui a rendu et rend encore tous les jours de grands ser-
vices à l'Eglise oppressée; enfin le sieur Fr. R...al a déclaré hautement, en pré-
sence de toute l'assemblée, que le modérateur ne lui avait jamais donné un
semblable avis, comme ledit sieur le démontre dans sa lettre du 19 juin der-
nier, écrite à son frère de Clairac, de laquelle copie s'ensuit: «Le 19 juin 1755.
«Je ne puis m'empêcher de vous faire part de ma surprise au sujet d'une lettre
« que j'ai reçue cette semaine, et d'une autre qui m'a été communiquée, par
«laquelle on marque que M. Sa... de.. La Grang... a débité dans toutes vos
«contrées que je lui avais dit que M. de Brouzenac, que nous avons vu autre-
«fois, m'avait dit et conseillé que, si Dieu me donnait des enfants, ou d'autres
«que j'en puisse disposer, que je pouvais les faire baptiser dans l'Eglise romaine,
«ce qui est très-faux, et je déclare que cela n'est point vrai; et s'il est vrai au
«contraire qu'il l'ait débité, c'est une calomnie bien déplacée de sa part et je
«rendrai plus de justice au Monsieur en question parce que je suis sûr qu'il
«ne s'oubliera jamais jusqu'à ce point; et les discours qu'il nous a tenus,
« exhortant à faire son devoir là-dessus en sont une forte preuve, et toute
«réflexion faite, il l'a connu mieux que moi pour qu'il lui rendît aussi justice;
SYNODES PROVINCIAUX. 5g
n.
Un député des Routières ayant demandé à l'affemblée fon avis
«mais je déclare encore que je ne lui ai jamais dit pareille chose. Ne manquez
(c point, je vous prie, de lui communiquer ceci, ainsi de même qu'à tous autres
«qui pourraient croire cette fausseté. J'envoie même déclaration à celui qui
» m'a écrit, et à un autre aussi pour qu'elle ne soit point ignorée. Signé îi
«l'original: Fr. R...al.))
17. — La compagnie, modifiant l'art. 35 du précédent colloque, veut et
entend que l'entier paiement des honoraires se fasse dans le courant de chaque
mois de mars, non en deux fois, mais en une seulement.
Ainsi a été conclu et arrêté les mêmes jour et an que dessus; en foi
de quoi:
Grenier de Barmont, pasteur et modérateur.
— Mss. de Bordeaux.
A peine échappé au péril qui l'avait menacé (1754) près de Ste-Foy, J. L.
Gibert courut de nouveaux dangers. Il desservait les petites églises d'Aunis, de
Saintonge et d'Angoumois, poussait même dans l'Agenais et le Périgord, tenant
jour et nuit, au Désert, des assemblées nombreuses dans lesquelles il prêchait,
administrait les sacrements et rétablissait l'ordre. Le clergé, très-irrité des progrès
qu'il faisait, essaya de le faire prendre dans une embuscade (Voy. Bullel. t. III,
p. 190). Gibert en réchappa encore (février i755). iMais tous ses papiers tombèrent
entre les mains des archers, et il fut condamné par contumace, l'année suivante,
(14 juillet 1756) à être pendu. J. L. Gibert fut le premier pasteur qui fit ériger
dans le royaume des maisons d'oraison, destinées uniquement au culte. Le Sain-
tonge devança dans cette voie toutes les provinces.
Colloque de Saintonge du 24 au 27 décembre ij55.
Les églises de la côte de Royan et Marennes en Saintonge, assemblées en
colloque les 24, 25, 26 et 27 décembre 1755, au nombre de 89 anciens, assistés
de M. Jean-Louis Gibert l'aîné, pasteur desdites églises, après avoir imploré le
secours de Dieu, ont délibéré ce qui suit :
1. — On a élu unanimement, pour secrétaire-adjoint au sieur Marlet, le sieur
Vallet.
2. — Vu les circonstances critiques où nous nous trouvons et les efforts que
nos ennemis font auprès des Puissances pour détruire nos sociétés et nos mai-
sons d'oraison que nous avons édifiées, l'assemblée a ordonné qu'il serait célébré
un jeûne dans les églises qui composent le colloque, le premier dimanche de
janvier prochain; que les anciens exhorteront les fidèles à s'y préparer, afin qu'il
puisse être célébré d'une manière agréable ù Dieu, et nous attirer sa protection et
son secours dans nos pressants besoins.
3. — Sur les plaintes portées contre le sieur Vigoureux, dit Langlois, de la
ville de Pons, qui a fait baptiser trois enfants à rE[glise] r[omaine], depuis quelque
temps, malgré les exhortations et les avis charitables, ainsi que les censures que le
pasteur lui a adressées, [et qui] cherche encore aujourd'hui à justifier sa conduite,
disant hautement qu'il se trouve quelque part que le baptême est bon et valide
dans cette communion, — le colloque aurait cru attirer la colère de Dieu sur ces
églises s'il eût permis que les fidèles l'eussent regardé comme membre de notre
communion ou reçu aux sociétés, selon l'usage établi dans ces églises, où il est
6o LES SYNODES DU DÉSERT.
au fujet du mariage de , déferteur du régiment de Maugiron
permis à chaque fidèle de dire son avis sur le morceau de l'Evangile qui fait le
sujet de leur méditation pendant l'exercice : c'est pourquoi le colloque l'a exclu,
chargeant M. Gros de mettre par écrit les raisons qui justifient la délibération
du colloque, et [le] secrétaire d'écrire aux fidèles de Pons de ne plus le recevoir
dans leurs sociétés.
4. — Sur les plaintes portées contre Merlet, ancien de l'église de Jonzac, le
colloque l'a remercié et revêtu de sa charge le sieur Bossion.
5. — Sur les plaintes portées contre quelques particuliers de l'église de
Royan, qui ont, pour se décharger des archers qui ont logé chez eux le sept dudit
mois, déclaré au prieur et à M. deThephaville, grand prévôt, que ce n'était nulle-
ment eux qui attiraient les cavaliers au pays, et qu'ils n'allaient du tout point aux
sociétés; que c'était le sieur Bellamy, ancien, qu'il était seul cause de ces vexa-
tions, — le colloque a déclaré qu'ils ne pourraient être admis aux sociétés qu'après
que le consistoire aurait été suffisamment instruit de leur repentir et auraient fait
réparation publique ; et que, pour prévenir s'il était possible semblable faute à
l'avenir, le présent article sera lu dans les sociétés dudit bourg.
6. — Le colloque n'a pu qu'être vivement touché et affligé de ce qu'il a été
rapporté qu'il y a encore des personnes qui se disent être de notre communion,
vont contre leur conscience, par des considérations purement mondaines, recher-
cher le baptême de leurs enfants dans rE[glise] r[omaine] ; [il] a déclaré que ceux qui
tomberont dans de semblables fautes seront censés comme le dit notre confession
de Foi, séparés et retranchés de la communion de J[ésus]-C[hrist], et ne sera permis
aux fidèles de n'avoir aucun commerce avec eux, ni aux consistoires de les ad-
mettre aux sociétés sans en avoir donné avis au colloque; regardant comme tel
Goyeaux des Gorces, qui a fait baptiser son enfant, le 22 du courant, après avoir
fait réparation le 4 dudit, en ce qu'il s'y était marié et y avait fait baptiser son
premier enfant, défendons expressément à tous les anciens d'avoir aucun com-
merce avec lui.
7. — Sur la proposition faite par le consistoire de Breuillet, savoir si l'on
recouvrirait la masure de leur temple, brûlé par M. de Thephaville, grand prévôt,
le colloque a trouvé bon, par des raisons qu'il passe sous silence, que ledit con-
sistoire fasse des efforts pour le rétablir au plus tôt, exhortant les autres consis-
toires à procurer, le plus tôt qu'il leur sera possible, des maisons d'oraison où les
fidèles puissent se rendre, le jour solennel du dimanche, et qu'ils y tiennent la
main à ce que le jour sacré soit sanctifié d'une manière agréable à Dieu, — censu-
rant et privant même des sociétés ceux qui continueront à le passer en voyage et
au cabaret, — le colloque défendant à tous les fidèles de cette province d'employer,
comme ils avaient coutume, la majeure partie de ce jour à préparer leurs repas
ou à arranger leur maison, — les exhortant à vivre ce jour-là avec frugalité, de ne
pas permettre qu'il s'apprête ou se prépare aucun mets, si ce n'est en cas de
nécessité, comme de maladie, et qu'à cet effet on leur lira le présent article et on
tâchera de leur faire comprendre qu'il est impossible d'arrêter la colère de Dieu,
de faire cesser les châtiments dont il nous visite, si nous ne faisons premièrement
cesser les crimes qui les ont attirés sur nous et privés de son amour, en ce que
particulièrement nous profanons le saint jour du dimanche par nos dérèglements
et notre peu de pieté.
8. — Comme il convient que les fidèles sachent quel est leur temple auquel ils
doivent se rendre et contribuer aux frais faits ou à faire, le colloque l'a réglé ainsi,
jusqu'à une nouvelle délibération, s'il est nécessaire pour le bien desdites églises.
SYNODES PROVINCIAUX. 6l
cavalerie, il a été décidé que, conformément aux ordonnances, on
Les fidèles des paroisses de Chaillevette, de l'Isle et des villages des grandes
et des petites Roches, se rendront au temple de Paterre;
Ceux des paroisses d'Arvert, des Mathes et d'Etaules, à celui d'Avallon ;
Ceux des paroisses de Breuillet et Mornac, à celui de Mornac;
Ceux des paroisses de Saint-Sulpice, l'Eguillc, Le Breuil, du Pas, Saujon,
Saint-Romain et Le Chay, à celui du Pouyeau ;
Ceux des paroisses de Saint-Augustin, de Vaux, Saint-Palais, Royan et ses
villages, ChampagnoUes et La Lande, à celui de Courlais;
Ceux des paroisses de Saint-Georges, de Meschers, Le bourg de Royan, à
celui de Didonne.
Ceux des paroisses des Epaux, Ars, Saint-Surin-de-Mortagne, Saint-Fort-de-
Cosnac et Cozes, au temple des Gorces;
Ceux de la ville de Pons, Villars, Saint-Léger, Berneuil, Saint-Germain-du-
Seudre, Givresac et Cravans, à celui de Gemozac;
Ceux des paroisses de Saint-Genis, Soubran, Montendre, Ozillac, les Fon-
taines, Nieul et Mirambeau, à celui de Jonzac;
Ceux de Saint-Jean-d'Angdly, Authon, Le Douhet, Saintes, Port-d'Envaux,
Taillebourg, Charente et Rochefort, à celui de Saint-Savinien ;
Ceux du Gua et de NieuUe, à celui de Souhe.
9. — Après avoir examine', le consistoire de La Tremblade et celui de
Breuillet, qui ont, de concert avec le pasteur, le premier, fait des remontrances
chrétiennes et charitables au sieur Eschausier pour l'empêcher de consacrer son
enfant à l'Efglise] r[omaine], comme il l'avait fait ci-devant, et de'claré qu'il ne pour-
rait s'attendre, après un tel acte, qu'à être regardé comme une occasion de chute
aux fidèles de La Tremblade, et, par là même, séparé de la communion dej[ésus]-
C[hrist], puisqu'en rendant son enfant membre de cette église, il renie J[ésus]-
C[hrist] lui-même ; le second, qui exhorta le , sieur Corbeau à ne plus remplir
aucune commission pour ledit Eschausier, attendu que les fidèles seraient
entraînés par son exemple, — le colloque, après un mûr examen tant de la faute
dudit Eschausier que de la conduite qu'il a tenue depuis et des circonstances
dans lesquelles nos églises se trouvent, entr'autres choses, la nécessité où nous
sommes d'exercer la discipline pour prévenir le scandale, a déclaré cette con-
duite orthodoxe et conforme à nos anciens règlements, qui nous disent que nous
devons regarder les pécheurs scandaleux et impénitents comme payens et péa-
gers ; déclare de plus que ledit Eschausier a porté la rébellion au dernier degré,
en menaçant MM. du consistoire de les citer devant M. l'intendant, selon le rap-
port de quelques anciens membres du colloque, dont les uns déclarent que ledit
Eschausier leur avait dit de bouche, et les autres ont dit avoir vu par écrit dans
une lettre dudit Eschausier. Cependant le colloque a trouvé bon de rester là
pour le présent, vu que cette affaire a été portée au synode de la province des
Hautes-Cévennes, ainsi que le pasteur l'a déclaré et que nous l'avons vu par une
lettre de M. Cavalier, un des pasteurs de cette province, — approuvant la pru-
dence du pasteur d'avoir demandé à être justifié par cette vénérable assemblée,
surtout aujourd'hui qu'on voit fourmiller de toutes parts une foule de contredi-
sants, sans cependant vouloir n'y prétendre, par notre soumission à cet auguste
corps sur cet article, soumettre nos règlements aux décisions des personnes
illustres, quelles qu'elles puissent être, du pays étranger, n'ayant pour juge légi-
time de notre discipline, auquel nous devons nous soumettre, que la nation
assemblée.
62 LES SYNODES DU DESERT.
n'accordera la bénédidtion de ce mariage qu'après que le fiancé aura
obtenu fon congé.
Blachon, pafteur & modérateur; Coste, pafteur; Peirot,
pafteur; Vernet, pafteur & fecrétaire.
10. — Quoique par l'art. 8 du présent colloque il soit réglé quels sont les
temples où les fidèles doivent se rendre et contribuer aux frais faits ou à faire,
cela n'empêche pas que les fidèles des bourgs et villages éloignés des temples
n'aient de petites maisons consacrées au même usage, faites aux frais communs,
afin que les fidèles qui ne sont point en état d'aller au loin puissent s'y rendre
les dimanches et fêtes solennelles que l'Eglise a coutume de s'assembler.
il. — Le consistoire de Chaillevette ayant présenté un livre général où sont
écrites toutes les choses des familles protestantes de leur église, et ce que chacun
a fourni volontairement, tant pour bâtir le temple que pour subvenir à d'autres
frais pour les besoins de l'église, le colloque a approuvé et loué leurs précautions
et prudence, et exhorte tous les consistoires d'en faire un semblable, afin que
l'on puisse savoir le nombre des protestants de chaque église, et connaître ceux
qui ont travaillé à l'édification publique, donner des louanges à ceux qui le mé-
ritent, blâmer et censurer ceux qui se sont rendus dignes de blâme par leur tié-
deur, leur négligence et leur ingratitude.
12. — M. Court, Représentant des églises, ayant fait entendre au sieur
Gibert, proposant agrégé au séminaire des étudiants français à Lausanne, qu'il
convenait que le colloque lui envoyât une vocation pour venir exercer son minis-
tère dans cette province, s'il en est un jour jugé digne, le colloque a chargé le
secrétaire, dit Merle, de lui en envoyer une aussi ample qu'il sera jugé nécessaire,
et de prier Messieurs les respectables protecteurs de se prêter à ce qu'il soit reçu
au St-Ministère dès qu'il en sera jugé digne.
Les susdits [articles] ayant été relus à l'assemblée, elle les a unaniment ap-
prouvés, et, après en avoir fait deux originaux et passé par les censures charitables,
chacun s'est retiré, et le pasteur et le secrétaire l'ont signé pour l'assemblée.
— Collection A. Pelet.
Jean Louis Gibert, pasteur et modérateur.
Synodes provinciaux de 1756.
Synode du Bas- Languedoc.
Notre aide soit au nom de Dieu. Amen.
E fynode provincial du Bas-Languedoc, aflemblé au Défert
ce vingt-huitième avril mil lept cent cinquante-fix, au
®'iV^ nombre de quatorze pafteurs, trois propofants, & trente-
)huit anciens, députés des églifes, après avoir imploré le
fecours de Dieu, a délibéré ce qui fuit :
A la pluralité des fulïrages,ont été élus pour modérateur M. Paul
Rabaut, palteur; pour modérateur-adjoint M. Simon Gibert, paftcur ;
pour fecrétaire M. Jean Pradel, pafteur, & pour fecrétaire-adjoint
M. Pierre Redonnel, aulïi pafteur.
II.
M. le modérateur ayant lu à l'aflemblée une lettre du fynode
de la province des Baffes-Cévennes, écrite par M. Paul Marazcl,
pafteur, qui en était le fecrétaire, portant que les pafteurs & anciens
de ladite province fouhaitent avec paflion de cimenter avec la nôtre
une paix inaltérable, & que convaincus que nous y ferions autant
portés qu'eux peuvent l'être, ils l'ont chargé de nous communiquer
leurs difpofitions, & de nous prier pour cet effet d'envoyer à l'avenir
un ou deux députés d'entre nos pafteurs pour afliftcr dans leurs
fynodcs, nous offrant d'en faire de même dans les nôtres, — fur quoi
ayant requis la compagnie de délibérer, elle y a confenti unanime-
ment. Et tout de fuite, MM. Jean Gai, & Jean Journet, pafteurs de
64 LES SYNODES DU DÉSERT.
ladite province, qui en avaient été députés, & qui, en conféquence,
fêtaient rendus à portée, ont été admis dans le fynode, pour y avoir
voix propofitive & délibérative.
III.
Ayant été propofé à l'affemblée qu'il était nécelfaire de célébrer
un jeûne folennel, elle a indiqué le onzième du mois d'août prochain,
conformément à nos frères des Hautes & Baffes-Cévennes.
IV.
En conféquence de l'avis donné à la compagnie de la prochaine
tenue du fynode national ', elle a nommé, à la pluralité des fuffrages,
MM. Paul Rabaut & Jean Pradel pour députés, & MM. Pierre Re-
donnel & André Baftide pour leurs fubftituts, d'entre les pafteurs,
& a laiffé par prudence, à leur choix, la nomination des deux autres
députés de l'ordre des anciens qu'elle doit y envoyer.
V.
L'affemblée a chargé fes députés au fynode national d'y propofer
les articles fuivants : i"l'établiflement d'une imprimerie à l'ufage des
églifes du royaume; i° l'imprefflon de ladifcipline eccléfiaftique, avec
les conformités par M. deLarroque-; 3" d'enjoindre aux provinces de fe
procurer des élèves, autant qu'il leur fera pofùble, & d'établir des fémi-
naires pour les y former au St-Miniftère, afin de prévenir par ce moyen
les fâcheux inconvénients qui fe rencontrent à les envoyer dans le
pa3's étranger ; 4° de recommander aux provinces de ramaffer autant
de cantiques qu'il fera pofQble fur les myftères de l'Evangile & de les
porter au fynode national fuivant, afin qu'il faffe choix de ceux qu'il
trouvera les plus édifiants pour être joints à ceux dont les églifes font
déjà ufage dans leurs affemblées religieufes; 5° que le jeûne annuel,
établi en mémoire de la révocation de l'Edit de Nantes & fixé le pre-
mier dimanche du mois de mars par le fynode national de 1748, foit
tranfporté au [dix-huitième] du mois d'odobre, jour de la date de
l'Edit révocatif; 6" de preffer fortement l'obfervation des arrêtés précé-
dents au fujet des tentures ordonnées par les magifirats le jour appelé
du Père, ou de la Fête-Dieu ; 7° de prefcrire l'obfervation de l'article
1 . Le synode national se réunit, le 4 mai suivant, dans les Hautes-Cévennes.
2. L'ouvrage ne fut imprimé et ne parut qu'en 1760.
SYNODES PROVINCIAUX. 65
vingt & unième du fynode national de 1748, touchant les féminariftes,
& de faire des répréhenfions à M. le Repréfentant fur ce qu'il ne fy
cft pas conformé au fujet de deux élèves de notre province, comme
aufli pourquoi MM. les économes n'ont pas voulu accorder à la pro-
vince des fecours qu'on leur a demandés pour favorifer les études
des propofants que nous y avions, pendant que nous n'en avions point
dans le féminaire ; 8° que, vu l'utilité & la néceiïîté des quatre quêtes,
il foit enjoint aux pafteurs d'en rendre l'ufage plus fréquent ; 9" qu'on
priera ledit fynode d'examiner fil eft plus expédient de lailTer les
églifes dans l'ufage où elles font de lire les pfaumes avant de les
chanter, ou de les obliger à l'obfervation de l'article du fynode de
Vitré, qui le défend; lo" de voir fil ne conviendrait pas d'ériger en
province les églifes du Rouergue & celles de Bédarieux, GraiffefTac
& Fougères, en chargeant les provinces dont elles relTortent de fournir
chacune un pafteur pour les deffervir, & qu'au cas il y ait des diffi-
cultés à cette éredion, on daigne au moins en faire l'effai jufqu'au
fynode national fuivant.
VI.
Après avoir ouï le rapport du député de l'égliie de St-Geniès au
fujet d'une plainte portée à fon confiftoire par un membre de cette
églife, la compagnie enjoint audit confiftoire d'en prendre connaif-
fance & d'y procéder félon les règles de la difcipline ecclélîaftiquc.
VII.
Sur la propofition qui a été faite d'admettre M.Thérond, propo-
fant, aux examens, pour en conféquence être reçu au St-Miniftère,
fil en eft jugé capable, la compagnie, après un mûr examen, y a con-
fenti unanimement & lui a donné pour examinateurs MM. Paul
Rabaut, Simon Gibert, Jean Pradel, Pierre Redonnel & Pierre
Encontre, pafteurs.
vui.
Vu le befoin de nos églifes, l'aflemblée a délibéré demander à
M. Puget, propofant, de fe rendre incedamment dans la province
pour être admis aux examens avec MM. TeilTier & Thérond.
IX.
Il a été arrêté que M. Puget jouirait de fes honoraires, bien qu'il
foit au pays étranger.
5
66 LES SYNODES DU DESERT.
X.
En confîdération de ce que les malheurs du temps ont fait retar-
der la confécration des fept nouveaux miniftres, il a été convenu de
leur accorder l'entière taxe des pafteurs, cette année, qui échoit le pre-
mier mai prochain.
XI.
Le partage des églifes de Cannes, Milhaud, Vauvert & Aigues-Vives
eft approuvé & autorifé par le préfent fynode en la manière qui fuit :
Cannes, Sérignac, Bragaffargues, Puechredon, St-Théodorit &
Savignargues formeront déformais l'églife du nom du premier de ces
lieux ;
Vie, Combas, Crefpian, Montmirat & Moulefan formeront une
autre églife ;
Milhaud avec St-Céfaire feront une églife;
Bernis, Uchaud, Veftric & Aubord compoferont une autre églife;
Vauvert en feul fera une églife ;
Beauvoifin, Générac & St-Gilles formeront une autre églife ;
Aigues-Vives en feul fera une églife ;
Codognan, Mus & Vergèze feront une autre églife.
XII.
La compagnie a arrêté qu'à l'avenir, dans chaque fynode, on nom-
mera deux anciens pour, de concert avec les pafteurs qui compoferont
la table, vérifier les comptes de l'emploi des deniers des églifes, lef-
quels comptes leur feront préfentés par les pafteurs qui auront formé
la table l'année précédente, & que les deux anciens nommés pour
cette vérification ne pourront fe retirer fans l'avoir faite, & en avoir
témoigné par écrit leur fentiment.
XIII.
Le fynode, défirant rétablir, autant qu'en lui eft, la vraie nature
des colloques & leur légitime ufage, ordonne que dorénavant :
Uzès, St-Quintin, Montaren, Luffan, Bouquet, St-Hippolyte,
Garrigues, Gatigues, Vézenobres, Ners & Ribaute formeront un
colloque;
Nîmes, La Calmette, St-Geniès, St-Mamert, Clarenfac, Nages,
Calvilfon, Codognan & Milhaud en formeront un fécond ;
Montpellier, Mauguio, Pignan, St-Pargoire, Faugères, Bédarieux
& Graiffeffac en formeront un troifième ;
SYNODES PROVINCIAUX. 67
Sommicres, Junas, Sauffines, Vie, Cannes, Quiffac, Lézan, Lédi-
gnan & Boucoiran en formeront un quatrième ;
Luncl, Maiïillargues, Le Caylar, Gallargues, Aigues-Vives,
Bernis, Bcauvoifin & Vauvert en formeront un cinquième.
XIV.
L'alTemblée confent pour le prélent, & fans conféquence pour
l'avenir, que M. Fayet, pafteur, n'ait aucun quartier aiTedé & qu'il
prêche tour à tour dans les églifes de cette province, en obfervant,
avant de le faire, de fe concerter avec le pafteur du quartier où il
voudra prêcher, pour régler cnfcmblc les fonctions qu'ils devront
faire.
XV.
Les églifes font exhortées d'introduire l'ufage du cathcchèfe.
XVI.
Sur la qucftion propofée par quelques membres de l'églife de
Quilfac, fil n'y a point de péché à jouer publiquement les jours
ouvriers, la compagnie, choquée de l'indécence de cette queftion, les
renvoie à l'art. 29 du chap. xiv de la difciplinc & leur enjoint très-
exprcflement de f'y conformer.
XVII.
Sur les plaintes portées par M. Fayet, pafteur, que les églifes de
St-Quintin, Montaren, Gatigues, Bouquet & autres lui doivent cer-
tains arrérages, la compagnie donne commiffion au colloque d'Uzès
d'en prendre connaillance en l'y appelant, & de lui procurer le paie-
ment defdites dettes, fil eft poftible.
Ainfi conclu & arrête le fufdit jour. <^ les cenfures ayant été faites,
le fynodc f eft diffous.
Paul Rabaut, pafleur-modérateur; Redonnel, pafteur
& fecrétaire-adjoint.
0|*^\*^^v*?S^\*^
68 LES SYNODES DU DESERT.
Conseil extraordinaire du Bas- Languedoc.
Les pafteurs du Bas-Languedoc, affemblés en confeil extraordi-
naire au nombre de feize, le trentième feptembre mil fept cent cin-
quante-fix, dans la vue de remédier, autant qu'il eft en leur pouvoir
& que leur autorité peut f 'étendre, aux befoins les plus preffants des
églifes de la province, après l'invocation du St-Nom de Dieu, & avoir
élu M. Baftide pour modérer l'aflion, &M. Paul Rabaut pour rédiger
les ades, on eft convenu des articles fuivants :
I.
Que les délibérations qui feront prifes dans cette affemblée
tiendront, nonobftant les oppolitions de quelques pafteurs parti-
culiers, autant qu'elles ne feront point contraires aux décifions de nos
tribunaux eccléfiaftiques.
II.
MM. Fayet, Sauftine & Allègre defferviront jufqu'au prochain
fynode les églifes de Garrigues, Gatigues, Luifan, Bouquet & tout le
quartier qui a été annexé à notre province par le dernier fynode
national'. Et afin que lefdites églifes foient defl"ervies, MM. Puget&
Lafon feront chacun une tournée dans le quartier annexé, & fil fur-
vient des affaires preffantes dans le quartier de M. Lafon, comme
baptêmes, mariages, etc., pendant qu'il fera fa tournée, M. Teiflier
fe charge d'y pourvoir.
III.
Conformément à ce qui avait été convenu touchant l'établiffement
d'un confeil % on fe conformera aux articles déjà dreffés à ce fujet,
lefquels feront couchés ci-après, en y ajoutant que les membres du
comité font au nombre de quatre; que fils falTemblent dans le quar-
tier d'un pafteur qui ne foit pas membre du comité, ils lui donneront
avis de leur affemblée, afin qu'il puiffe, fil le juge à propos, être pré-
1. Comme on le voit, ce conseil extraordinaire est postérieur de quelques
mois au synode national du 4 mai.
2. Voy. p. 41 le pre'ce'dent conseil de 1754. L'existence de ce conseil, due aux
difficultés d'une situation critique, ne survécut pas aux circonstances qui lui
avaient donné naissance.
SYNODES PROVINCIAUX.
69
fent aux délibérations, & que ledit ne fera autorifé que jufqu'au fynode
prochain, fuppofé qu'il falTemble dans le temps ordinaire, auquel
fynode un autre comité fera établi fuivant les conditions exprimées
dans les articles qui le concernent.
IV.
En conféquence de l'article précédent, on a nommé à la pluralité
des fuffrages, pour compofer le comité, MM. Pradel, Encontre, Baftide
& Rabaut.
V.
Chaque pafteur fe charge de collecler 7 livres, chacun dans fon
quartier, pour défrayer deux particuliers qui font en fouffrance.
VI.
Les'membres du comité font autorifés à retirer les 672 livres qui
font entre les mains de M. C. T., & à lui en fournir la quittance,
comme auffi à employer cette fomme pour les befoins les plus preffants
des églifes.
VII.
MM. Pradel & Rabaut afllfteront au fynode des Hautes-Cévennes
en qualité de députés de notre province ; & MM. Encontre & Baftide à
celui des BalTes-Cévennes en la même qualité. Les premiers font
chargés de demander au fynode des Hautes-Cévennes de vouloir bien
fc charger des églifes de Pierremale & Les Vans.
Ainfi conclu & arrêté le 3o* feptembre 1756.
Bastide; Paul Rabaut.
LES SYNODES DU DÉSERT.
Synode du Vivarais et Velay'.
Notre aide soit au nom de Dieu qui a fait
le ciel et la terre. Amen.
Aâes du fynode provincial des églifes réformées du Vivarais &
J'ela/, tenu fous la proteâion divine au Défert, dans le Haut- Vivarais,
le vingt-troifieme mars mil fept cent cinquante-ftx, auquel ont affiflé
quatre pajleurs & dix anciens, députés def dites églifes.
Après la ledure de la parole de Dieu & l'invocation de fon
St-Nom, a été réfolu ce qui fuit :
La compagnie, ayant reçu avis qu'un fynode national doit f'affem-
bler dans peu de temps, fi le Seigneur le permet, a député MM. Pierre
Peirot & Alexandre Vernet, pafteurs, & MM. M... & C... anciens,
pour y aflîfler avec pleins pouvoirs au nom & en l'autorité des églifes
de cette province, & pour y délibérer d'un commun accord avec
MM. les autres députés fur toutes les matières qui y feront traitées,
conformément à la Parole de Dieu & à la difcipline des églifes réfor-
mées de ce royaume, promettant d'y obéir & de f'y conformer, autant
qu'il fera en fon pouvoir.
Colloque de Basse-Normandie du 25 février ij56.
1. Actes du colloque des églises réformées de Basse-Normandie, assemblées
au Désert, sous la favorable assistance de Dieu, ce jourd'hui vingt-cinquième
février mil sept cent cinquante-six, auquel colloque a présidé M. Lebas, pasteur
de ce district, le sieur L. G., ancien de l'église de Condé, faisant les fonctions
de secrétaire.
Après l'invocation du nom de Dieu, il a été résolu ce qui suit:
1. — Sur l'avis que nous avons reçu de la convocation du synode national, et
pour nous conformer à la discipline des églises réformées de France, il a été
résolu d'envoyer des députés de ce district audit synode national.
2. — Les circonstances où nous nous trouvons, jointes à l'éloignement où
nous sommes du lieu où se tiendra le synode national, ne permettant pas qu'au-
cun des anciens de nos églises puisse y assister, le pasteur de ce district sera prié
d'accepter une députation pour y aller seul en notre nom.
3. — Les églises de ce district ont promis par leurs députés au colloque de
fournir aux frais du voyage de notre député au synode national, ce qu'il aura
SYNODES PROVINCIAUX. ^I
II.
Les anciens font exhortés à être foigncux d'avertir les confiftoires
de tout ce qui peut f'oppofer à la bénédidion des mariages, afin de
prévenir les inconvénients qui peuvent en arriver; l'affemblée leur
enjoint encore de ne foliiciter point les pafteurs à bénir les mariages,
lorfque les lois de la difcipline fy oppoferont.
III.
A la demande du député des églifes de la baffe montagne, MM. les
pafteurs ont promis d'y faire chacun à leur tour deux affemblées de
fuite, autant qu'il fera en leur pouvoir.
IV.
M. Blachon, notre très-cher frère, ne fêtant point fervi du congé
qu'il avait demandé au fynode du 29° avril 1755, pour rétablir fa fanté,
en a demandé aujourd'hui la prolongation, ce que l'affemblée lui
accorde en continuant fes vœux en fa faveur.
V.
M. Cofte, qui avait aulfi obtenu un congé dans le même fynode,
a repris fes fondions après un mois d'abfence.
Peirot, pafteur & modérateur; Blachon, pafteur;
CosTE, palleur; Vernet, pafteur & lecrétaire.
droit d'exiger de nous, ou avant ou après son retour, selon qu'il se trouvera plus
ou moins en état d'en faire les avances.
4. — Pour entretenir l'union, qui subsiste depuis plusieurs années entre
ces églises et celles du pays de Caux, l'assemblée a député pour le synode
provincial, le modérateur et le secrétaire du colloque, lesquels députés partiront
pour s'y rendre, au premier avis qu'ils auront reçu, du temps et du lieu de sa
convocation.
5. — Au cas que quelque obstacle s'opposât à ce que ledit secrétaire puisse
aller au synode provincial, l'assemblée a nommé le sieur S. B., ancien de
l'église de Ste-Honorine, pour y assister en sa place, auquel cas le premier
sera tenu de donner avis au second du jour de son départ.
6. — Le synode provincial devant avoir lieu, le colloque lui a laissé, comme
de droit, le pouvoir d'expédier les lettres de députation pour le synode national.
Ainsi a été conclu et arrêté, cedit jour et an que dessus.
Lkbas, pasteur et modérateur; J. Legeay, ancien, secrétaire
— Collection O. Prunier.
ttttttt
72 LES SYNODES DU DESERT.
Synode du Vivarais et Velay.
Notre aide soit au nom de Dieu qui a fait
le ciel et la terre. Amen.
Aâtes du fynode provincial des églijes réformées du Vivarais &
Velajy, ajfemblé fous la proteâtiott divine au Défert, dans le Haut-
Vivarais, le dou:{ième oâobre mil fept cent cinquante-fix, auquel ont
ajjl/îé quatre pajîeurs, on^e anciens^ députés def dites églifes.
Après la leflure de la parole de Dieu & l'invocation de fon
St-Nom, a été réfolu ce qui fuit :
I.
Sur la queftion propofée au fujet des mariages, fi l'on peut bénir
ceux dont les parties font accufées du crime d'impureté, en leur épar-
gnant les cenfures qu'on leur adreffe ordinairement, l'aflemblée a
décidé qu'on ne changera rien à l'ufage, mais que les coupables feront
cenfures publiquement, après que les pafteurs, de concert avec les
anciens, auront fait tout ce qui fera en leur pouvoir pour f'affurer fi
les accufations font bien fondées.
IL
La compagnie, réfléchiflant avec douleur fur les irrégularités qui
fe comniettent dans les affemblées, au fujet du vin & des eaux-de-vie
que l'on y apporte, & voulant les prévenir de tout fon pouvoir, exhorte
les fidèles, qui affiftent à ces affemblées, à ne favorifer plus ceux qui
les apportent, en leur en procurant le débit'.
III.
La femme du fieur J., ayant été follicitée depuis longtemps par
fon mari à fe rendre auprès de lui, & toujours inutilement, fera
I. Dans un document de 1757 (Voy. l'appendice), on lit que les religion-
naires avaient l'habitude de faire une collation, à l'issue de leur culte. « Le repas,
dit l'auteur, fut simple et frugal, mais honnête. » Des abus tendaient probablement
à s'introduire.
SYNODES PROVINCIAUX. -3
fommée de la part de l'afTemblée d'aller joindre fondit mari, à peine,
en cas de refus, d'être pourfuivie félon la rigueur de la difcipline.
Peirot, modérateur; Blachon, pafteur; Coste, pafteur;
Vernet, pafteur & fecrétairc.
fWiC^
Synode du Haut- Languedoc.
Au nom de Dieu. Amen.
Nous, paflcurs & anciens des églifes réformées du Haut-Lan-
guedoc, Haute-Guyenne, Montalbanais, Agenais, Comté de Foix [&
Bordelais], affemblés en fynode, le vingt-troificme mars mil fcpt
cent cinquante-fix, après avoir imploré la protedion de Dieu & les
lumières du St-Efprit, il fut nommé, à la pluralité des fuffrages,
Monfieur Sicard, pafteur de ces églifes, pour modérateur; Monfieur
Viala, pour modérateur-adjoint; Monfieur Sol, dit Elios, pafteur
defdites églifes, pour fecrétaire, & Monfieur Lafon, pafteur de ces
églifes; après quoi, il a été délibéré ce qui fuit:
Il a été déterminé qu'en conféquence de la défobéiflance de Mon-
fieur André Grenier de Barmont, pafteur de cette province, touchant
la fommation qui lui fut faite, le 16" janvier 1754, de fe rendre dans les
églifes du Haut-Languedoc dont il dépend, & le peu de folidité des
raifons qu'il a alléguées pour ne pas fe rendre au fynode provincial tenu
le 23° mars 1756, comme aufli pour avoir abandonné fon troupeau de
l'Agenais & avoir réfifté à la fommation qui lui fut faite par ledit
troupeau, le 3i'' mars 1755, malgré les adurances qu'on lui donnait
tant pour fa propre fureté que pour les afiles qu'il avait lui-même
demandés, il lui fera adreffé une cenfure par Monfieur le modérateur,
en préfence de Meflleurs les députés du Haut-Languedoc & du con-
fiftoire de Caftres.
74 LES SYNODES DU DESERT.
II.
Il a été arrêté que, pour des raifons connues aux pafteurs de cette
province, Monfieur de Barmont ferait fommé de fe rendre pour fubir
ladite cenfure dans le courant du mois d'avril prochain ', & de venir
deffervir les églifes du Haut-Languedoc, de concert avec les pafteurs
qui f 'y trouveront.
m.
La lettre fans fignature, indiquée par Monfieur de Barmont comme
venant du confiftoire de Bordeaux, ne portant pas le nom de fes
auteurs, fera regardée comme non avenue.
IV.
Aucun miniftre ni propofant, conformément à la difcipline ecclé-
fiaftique, ne pourront entrer pour fondionner dans le quartier d'un
Colloque du Bordelais du g avril ij56.
Au nom de Dieu soit fait. Amen.
I. Nous, pasteurs et anciens des églises réformées de B[ordeaux], assemblés en
colloque au Désert en Guyenne, ce 9 avril lySô, déclarons qu'après l'invocation
du St-Nom de Dieu, et après avoir procédé à l'élection d'un modérateur et d'un
secrétaire, suivant la discipline, nous avons conclu et arrêté d'un commun accord
les articles suivants :
1. — L'assemblée coUoquale ayant été informée que quelques membres du
corps ecclésiastique avaient violé l'art. 2 5 du colloque du 17 décembre 1754, qui
leur enjoint, sous peine de déposition de charge, de garder un secret impénétrable
sur tout ce qui intéresse les délibérations de nos tribunaux, ne peut que les désap-
prouver hautement ; et en leur faisant grâce pour cette fois, leur enjoint d'être
plus circonspects à l'avenir, à peine d'être déposés, comme il est porté par le susdit
article. La compagnie, en outre, exhorte les fidèles de ne pas s'enquérir de rien de
ce qui a pour objet le gouvernement ecclésiastique, attendu que ce n'est nullement
de leur compétence. Lecture en sera faite à la tête de chaque société, pour que
chacun ait à s'y conformer.
2. — Sur les représentations de M. Court, dans sa lettre du 28 mars dernier,
la compagnie fait présent aux étudiants du séminaire de la somme de 200 liv.
pour l'augmentation de leur bibliothèque. Ladite somme sera remise à M. Court
père, et par lui employée, s'il lui plaît, à l'achat des ouvrages qu'il jugera être les
plus utiles auxdits étudiants.
3. — Avant de souscrire pour l'Histoire des troubles des Cévennes, etc., on
représentera à M. Court: i» qu'on ignore le moyen de faire transporter cet
ouvrage du lieu de son impression ici ; 2° que, supposé qu'il y ait moyen, les frais
de transport seront immenses ; 3" qu'à peine cet ouvrage paraîtra en Suisse qu'on
l'imprimera ici, et qu'on l'y débitera avant que nous n'ayons reçu ceux pour les-
quels on pourrait souscrire; 4" qu'il est apparent que ceux d'ici reviendront à
meilleur marché que ceux de Lausanne, en y comprenant les frais; 5" qu'il est
cependant vrai que, si nous pouvions en recevoir avant qu'il ne pariât ici, que
nous croyons qu'il s'en ferait un grand débit, pourvu qu'il fût bon comme nous le
présumons. Enfin on priera M. Court de nous faire part de son avis à ce sujet.
SYNODES PROVINCIAUX. ^5
autre, fans le confentcment du légitime pafteur, & les anciens feront
obligés de tenir la main à l'obfervation du préfent article, fous peine
d'être dépofés fil le faut.
V.
Nos illuftres amis du pays étranger ayant demandé de vouloir
tenir pour fuffifants les examens qu'ils feront fubir à Monficur Armand,
notre candidat, la vénérable affemblée fynodalc, convaincue de leur
capacité, y acquiefce avec d'autant plus de plaifir que de reconnaiffance.
VI.
Ledit candidat, ne pouvant faire le voyage à fes frais & dépens,
demandant qu'on fubvienne à fes befoins, l'affemblée a délibéré de lui
fournir la fomme de cent cinquante livres.
4. — Tout le corps des anciens de ces églises aura l'honneur d'e'crire inces-
samment aux illustres amis des pays étrangers pour se plaindre du mauvais traite-
ment que le synode prov. du Haut-Languedoc fait sans ombre de raison à
M.André Grenier de Earmont, notre pasteur; et suppliera lesdits protecteurs
d'inspirer aux pasteurs et anciens du Haut-Languedoc, Montalbanais et Agenais des
sentiments plus chrétiens et plus pacifiques envers un pasteur qui a si glorieu-
sement étendu les bornes des églises sous la croix, et qui est le seul qui ait pu
dresser les nôtres.
5. — La compagnie, entièrement persuadée de la justification de M. André
Grenier de Barmont, notre pasteur, dont la saine doctrine, la pureté de la morale,
la conduite chrétienne et édifiante et la grande prudence nous attachent à lui
par les liens les plus tendres et pour toujours, déclare unanimement: 1° qu'elle
est très-scandalisce du procédé que la prov. du H.-Lang. a tenu dans l'assemblée
du 2 3 mars dernier contre ledit pasteur; 2" qu'elle n'a pu sans injustice le con-
damner sur le témoignage de ses ennemis, sans l'entendre; 3'' que la censure
prononcée contre lui par ladite assemblée du Haut-Languedoc étant injuste, la
compagnie ne veut pas qu'il y défère; 4» que la compagnie regarde ladite censure
comme non avenue, nulle et de nul effet pour le présent et pour l'avenir ; — enfin
que quelques poursuites que l'on fasse à l'avenir contre ledit pasteur, y poussât-
on les choses à la dernière rigueur, si elles sont sans aucun fondement, comme
celles qu'on a faites jusqu'ici, la compagnie déclare d'un commun accord qu'elle
n'y aura aucun égard et qu'elle le regardera toujours comme vrai ministre de
l'Evangile, et en cette qualité comme son légitime pasteur.
6. — Etant impossible par des raisons insurmontables, et surtout à cause de
la maladie du pasteur, d'envoyer des députés au synode national, on y écrira
incessamment pour lui faire part de ces raisons.
7. — La compagnie, infiniment affligée et scandalisée de l'obstination du sieur
Etienne Ban...., le dépose de sa charge d'ancien de l'église et juge néanmoins à
propos de garder le silence sur les fortes raisons qui l'y obligent, n'étant malheu-
reusement que trop connues du public; elle se réserve de les produire si le cas
l'exige.
Ainsi a été conclu et arrêté les mêmes jour et an que dessus, en foi de quoi :
Grenier de Barmont, pasteur et modérateur.
— Mss. de Bordeaux.
76 LES SYNODES DU DÉSERT.
vn.
Il eft arrêté que Monfieur François Rochette, furnommé Dumont,
partira pour Laufanne pour y perfeètionner fes études & jouir des
privilèges annexés aux étudiants de cette province, à condition qu'il
dépendra d'elle & qu'il ne pourra exercer fon miniftère que dans
fon fein.
VIII.
Il eft déterminé qu'on écrira au Repréfentant des églifes réformées
de France pour prier nos illuftres protecteurs de faire jouir ledit can-
didat des privilèges annexés à notre province.
IX.
Sur la queftion portée par Meffieurs [les] anciens de Tonneins-
DelTus, qui confifte à favoir fi, en conféquence des arrangements des
affaires de commerce de M. Boucharel, il peut ou il doit être continué
dans la charge d'ancien dont il a été revêtu par Monfieur Grenier de
Barmont, même après fon dérangement, la vénérable affemblée fyno-
dale, n'ayant pu fe procurer des preuves fuffifantes pour affeoir un
jugement folide, elle a trouvé à propos de renvoyer la décifion de
lad[ite] propofition au fynode prochain, priant néanmoins M. Viala,
pafteur de ce quartier, de prefcrire à Meffieurs les anciens de fe donner
tous les mouvements poffibles pour fournir des pièces fuffifantes, foit
pour l'abfoudre, foit pour le condamner. La vénérable affemblée
fynodale a trouvé toutefois bon, vu le zèle & l'adivité que ledit
M. Boucharel a fait paraître pour l'avancement de la gloire de Dieu
& l'édification de fon Eglife, qu'il ferait continué dans fa charge jufques
au temps marqué.
X.
Suivant l'avis qui nous a été donné par la province des Hautes-
Cévennes de la tenue du fynode national, il a été délibéré que
Monfieur Sicard, pafteur, & Monfieur Viala, auffi pafteur de la
province du Haut-Languedoc, fe rendront en qualité de députés audit
fynode, & qu'ils feront accompagnés d'un nombre compétent d'anciens
de ladite province.
XI.
En conféquence, a été député pour le Haut-Languedoc : Monfieur
de Lefpinafle, ancien de l'églife de Caftres, & en cas de quelque acci-
dent fâcheux M. de la Guarigue, auffi ancien de ladite églife; pour les
SYNODES PROVINCIAUX. ^^
églifes du Montalbanais : M. Coyne cadet, ancien de Montauban, & en
cas de contre-temps fâcheux M. Viguié, ancien de Nègrepcliffc ; pour
les églifes du Comté de Foix : M. Vignes, ancien de Mazères, & pour
fubilitut M. Laprade, ancien de Gabre; entin Monfieur Dubofc, ancien
de l'églife de Caftelmoron, & à fon défaut Monfieur Sageran de la
Grange, ancien de l'églife de Clairac.
XII.
Les députés de cette province feront chargés de repréfenter refpec-
tucufement au fynode national qu'il leur parait convenable que chaque
province foit informée à l'avenir d'une façon un peu étendue des rai-
fons principales qui peuvent exiger & autorifcr la convocation d'une
telle affemblée &, avant d'en fixer le temps, de favoir li la majeure
partie des provinces font d'accord fur cet article.
XIII.
On propofera de faire réimprimer un certain nombre d'exem-
plaires de la difcipline des églifes réformées de France, pour être dif-
tribués à chaque province, en y joignant un livre intitulé : Conformité
de la Difcipline des anciens pères avec celle des protejiants de France
par M. de Larroque'.
XIV.
Il a été arrêté que le prochain fynode fe tiendrait dans le quartier
du Montalbanais, & que ce ferait audit quartier de donner avis aux
églifes refpedives des motifs qui l'occafionneront.
XV.
En conféquencc de l'invitation qui fut faite à Monfieur Lafon,
miniftre du St-Evangile, de fe rendre à notre affemblée fvnodale,
M. Lafon fêtant en conféquence rendu auprès de nous, il a été déli-
béré qu'il ferait agrégé à notre corps eccléfiafiique & qu'on le prierait
de vouloir deffervir jufques au prochain fynode le quartier du Comté
de Foix, propofition qu'il a acceptée à la grande fatiffadion des députés
du Comté de Foix & à la nôtre.
1 . La Discipline ecclésiastiguc des Eglises réformées de France avec les
observations des synodes nationaux sur tous les articles, et la conformité do
ladite Discipline avec celle des anciens Chrétiens. A la Haye, chez Pierre Gosse
et Compagnie. M DCC l,X. — On fit paraître également une Table alphabétique
des règlements contenus en la Discipline des Eglises réformées de France, pour
être joints à l'édition de lyOo. .\ la Haye, chez Pierre Gosse et Compagnie.
78 LES SYNODES DU DÉSERT.
XVI.
Vu l'ordre prefcrit à M. Pajon defe rendre dans le fein des églifes
du Haut-Languedoc, d'où il dépendait, pour deffervir le quartier qui
lui avait été annexé par la vénérable affemblée fynodale tenue le i8°
août 1752, M, Pajon n'ayant point répondu à la fommation qui lui
fut faite, en conféquence il eft non-feulement exclu de ladite province,
mais de plus déclaré déferteur du fein de nos églifes.
Ainfi a été conclu & arrêté le même jour & an que deffus.
SicARD, pafteur & modérateur; F. Viala, pafteur & modé-
rateur-adjoint; Lafon, pafteur; J. Q. Sol, pafteur &
fecrétaire.
Synode du Poitou.
Le fynode du Poitou, affemblé fous les yeux de Dieu ce vingt-
quatrième décembre mil fept cent cinquante-fix, après avoir imploré
le fecours de Dieu & choifi pour modérateur M. Gamain, pafteur, &
pour fecrétaire Nicolas, ancien de l'églife de Melle, a délibéré ce
qui fuit :
I.
M. Solier, pafteur, fêtant préfenté à la vénérable affemblée pour
être agrégé au nombre des pafteurs de la province, l'affemblée, après
avoir vu le témoignage qu'il a par devers lui, lui a odroyé fa de-
mande.
II.
De f'afl'embler de jour, autant qu'il fera poffible, conformément
à la décifion du fynode national.
m.
Que les pafteurs ne prendront avec eux des étudiants, que du
confentement de la province.
IV.
Que les pafteurs de la province la defterviront à l'alternative.
M. Gamain aura préfentement le Haut-Poitou, & M. Solier, le Bas.
SYNODES PROVINCIAUX.
79
Les anciens de chaque églife lèveront les deniers du miniftère
lorfqu'ils en feront requis par leurs pafteurs, & les apporteront au
fynode prochain pour les diftribuer & partager aux pafteurs.
Fait dans notre affemblée fynodale, le jour & l'an ci-deffus.
Gam.^in, pallcur & modérateur; Solier, pafteur;
Nicolas, fecrétaire.
SIXIEME SYNODE NATIONAL.
sixième Synode national
tenu dans les Hautes-Cévennes, du 4 au 10 mai 1756.
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Au nom de Dieu. Amen.
Aâes du fynode national des églifcs réformées de France, ajfem-
bléesfous la proledion divine an Déjcrt, dans les Hautes-Cévcnnes,
depuis le mardi quatrième mai mil fept cent cinquante-fix jufqu'à ce
jotird'hui, dixième du même mois, auquel ont ajjijlé en qualité de
députés :
Pour la province des Hautes-Cévennes : Mejfieurs Jean Roux &
Jacques Gabriac, pajîeurs, avec deux anciens.
Pour la province de Saintonge, pajs d'Aunis, Angoumois, Bas-
Périgord & Bas-Agenais : M. Jean-Louis Gibert, pajteur, & M. Louis
Figuières, prop[ofant], avec deux anciens.
Pour la province du Haut & Bas-Vivarais, Velay & Fore:{:
Mejfieurs Pierre Peirot & Alexandre Vernet, pajîeurs, avec deux
anciens.
Pour la province du Bas-Languedoc: Mejfieurs Paul Rabaut &
Jean Pradel, pajîeurs, avec deux anciens.
Pour la proj'ince du Haut-Languedoc, Haute-Guyenne., Haut-
Agenais, Bordelais & Comté de Foix: MeJJîeurs Jean Sicard <&
François Viala, pajîeurs, avec deux anciens.
84 LES SYNODES DU DÉSERT.
Pour la province de Provence: M. Jean Bétrine, pajleur, avec
un ancien.
Pour la province du Dauphiné & Principauté d'Oratige : MeJJteurs
Pierre Ro^an & Alexandre Ranc, avec deux anciens.
Pour la province des Bajfes-Cévennes : MeJJieurs Jean Gai &
Paul Daigne, pajïeurs, avec deux ancieyis.
Pour la province de Normandie : MeJJieurs Jean Godefrqy &
Louis Campredon, pajïeurs.
Le/quels députes aj^ant pré/enté leurs lettres d'envoi, elles ont été
lues & approuvées. M. Figuières, pt^opofant, a été admis en qualité
de député, fans conjéquence pour l'avenir.
,pRÈs l'invocation du St-Nom de Dieu, on a élu à la plu-
ralité des fuffrages pour modérateur M. Pierre Peirot,
'pafl:[eur]; pour modérateur- adjoint M. Paul Rabaut,
ipaft[eur]; pour fecrétaire M. Jean Pradel, paft[eur]; pour
fecrétaire-adjoint M. Jean Roux, pafteur.
I.
L'affemblée, jugeant nécelfaire de régler le rang que les provinces
doivent tenir dans les fynodes nationaux, a arrêté qu'on fuivra tour à
tour l'ordre félon lequel elles font placées ci-deffus, & que celle qui aura
été la première fera la dernière à chaque nouveau fynode national.
II.
La fidélité & l'obéiffance au Souverain ayant toujours été un point
capital de la dodlrine des réformés, tous les membres du fynode ont
protefté, tant en leur nom qu'en ceux de leurs provinces, qu'ils
perfévèrent dans cette créance, & qu'ils feront toujours prêts à tout
facrifier pour le fervice de Sa Majefté.
ni.
Chaque province préfentera au Roi une très-humble requête dans
laquelle on fera un tableau raccourci de nos mifèies, & l'on fuppliera
Sa Majefté d'en avoir compaffion & d'y remédier félon que fa fageffe
& fa bonté le jugeront convenable.
IV.
L'union des églifes a été renouvelée & confirmée, fous la très-
humble obéiffance du Roi, par tous les députés, tant en leur nom
SYNODE NATIONAL. 85
qu'en ceux de leurs provinces, union qui confifte dans la conformité
de la foi, du culte, de la difcipline, & dans une exade correfpondance
entre les provinces, foit en temps de perfécution, foit en temps de
calme, comme auffi dans la contribution aux dépenfes qu'on eft obligé
de faire pour le bien de la caufe commune.
V.
L'alfemblée n'a pas jugé à propos de continuer le jeûne annuel
prefcrit par l'article fécond du fynode national de mil fept cent qua-
rante-huit; mais, effrayée à la vue de l'extrême corruption qui règne
dans le monde, des terribles fléaux qui fe promènent fur la face de la
terre, & des maux qui nous affligent depuis ii longtemps, elle ordonne
que, pour apaifer la colère de Dieu & attirer fa faveur, il foit célébré
dans toutes nos églifes un jour de jeûne & d'humiliation extraordi-
naire, qu'on a fixé au dixième otlobre prochain.
VI.
Les provinces, où les affemblées fe tiennent de nuit, font exhortées
ù fc conformer à celles où elles fc font le jour, autant que la prudence
le permettra.
VII.
ReconnaifTant que les cantiques font très-propres à entretenir la
dévotion, furtout dans les temps des folennités, on a délibéré de prier
un ami de faire un choix de ceux qui conviendront le mieux à l'état
des églifes de ce royaume.
VIII.
Sur la queftion, propofée par les députés de la province du Bas-
Languedoc, fil convenait de lire ou de ne pas lire les pfaumes avant
de les chanter dans les affemblées religieufes, l'affemblée eft d'avis
que, vu l'édification que retirent de cette lei5ture les perfonnes illet-
trées, l'ufagc en fera continué.
IX.
Les députés de Saintonge ayant repréfenté le peu de foin qu'on
remarque en diverfes provinces de fandifier le jour du dimanche, la
compagnie, touchée d'une vive douleur & voulant faire ceffer toute
profanation de ce jour facré, recommande Fobfervation du règlement
fait à ce fujet au fynode national tenu à Loudun en mil fix cent cin-
quante-neuf, qui, pour détourner le jugement de Dieu que f'attirent
86 l'ES SYNODES DU DESERT.
les profanateurs, «exhorte tous les fidèles à employer ces faints jours à
« la fin à laquelle ils font deflinés, en f'adonnant aux exercices de piété
«publics & particuliers, à la prière, à l'ouïe & ledlure de la parole de
« Dieu, en f'abftenant religieufement, non-feulement du travail ordi-
«naire, mais principalement des compagnies & divertiffements qui
«peuvent détourner les efprits du fervice divin & de la dévotion à
« quoi nous fommes particulièrement obligés en ce jour-là. »
Vu les grandes difficultés qu'il y a d'envoyer au lieu dont on était
convenu ■ les regiftres des baptêmes & mariages du Défert, la com-
pagnie difpenfe les pafteurs d'exécuter l'art. 20 du fynode national
de mil fept cent quarante-huit, & ordonne, fous peine de cenfure, à
tous les confiftoires d'avoir des regiftres, tant que pour le paffé que
pour l'avenir, auxquels on puiffe recourir en tout temps dans le befoin;
enjoint en outre aux pafteurs & anciens d'y tenir la main.
XI.
Les pafteurs qui pafferont d'une province à l'autre feront obligés
avant leur départ de laiffer leurs regiftres, ou d'en donner une copie
pour l'ufage des églifesdans lefquelles ils auront exercé leur miniftère.
XII.
L'affemblée, convaincue que le féminaire a été jufqu'à préfent
d'une grande utilité aux églifes réformées de ce royaume, & efpérant
qu'il le fera de même à l'avenir, a délibéré d'écrire à Meflieurs les
refpeélables direfteurs dudit féminaire pour les remercier de leurs
foins charitables & les prier de veiller de plus en plus fur la conduite
de nos féminariftes & de leur donner toujours des profeffeurs ortho-
doxes 2.
XIII.
Les étudiants envoyés au féminaire par une province ne pourront
aller exercer leur miniftère dans une autre, fans la penniftion de celle
dont ils dépendent, & feront tenus d'y revenir lorfqu'ellc les appellera.
1. A Lausanne.
2. «Au moyen des jeunes gens qui se présenteraient, écrivait en ij53 Paul
Rabaut à Antoine Court, on pourrait faire une pépinière pour ainsi dire de
ministres qu'on répandrait selon le besoin dans les différentes provinces où il en
manquerait.» (Mss. Court, n» i, t. XXVI, p. 462.) Court et Rabaut partageaient
en cela la même opinion, mais tous leurs amis n'étaient pas d'accord avec eux.
SYNODE NATIONAL. 87
XIV.
En répondant h la queftion de la province de Saintonge, qui
demande fi l'on doit interdire tout commerce civil avec les excom-
muniés, la compagnie déclare qu'on doit feulement défendre tout
commerce familier avec ces pécheurs fcandaleux.
XV.
Ceux d'entre les proteftants, qui enlèveront ou feront enlever des
enfants de leurs parents & amis pour les faire baptifer dans l'Eglife
romaine, feront fufpendus de la communion pour deux ans & obligés
enfuite de faire une réparation publique ; mais, en cas de maladie
dangereufc, il fera permis à leurs confiftoires d'abréger le temps de
leur pénitence.
XVI.
S'il furvenait quelque différend entre les miniftres, ils f'abftien-
dront d'en porter leurs plaintes à nos amis du paj's étranger; & ceux
qui contreviendront à cette défenfe feront cenfurés.
XVII.
Les miniftres font chargés de recommander aux fidèles de fe
pourvoir de bons livres, mais il leur eft très-expreffément défendu
d'en vendre pour leur profit particulier.
xvni.
La difcipline eccléfiaftique avec fes obfervations &les conformités
de M. de Larroque fera imprimée en bon papier & beaux caradères,
& chaque province fe charge d'en prendre un nombre d'exemplaires,
favoir :
La province des Hautes-Cévennes .... 80
La province du Bas-Languedoc 200
La province des Baffes-Cévennes 80
La province du Dauphiné ôo
La province de Provence 12
La province de Saintonge 60
La province du Haut-Languedoc 200
La province du Vivarais Co
La province du Poitou 48
800
88 LES SYNODES DU DESERT.
XIX.
Pour accélérer l'exécution de l'article ci-deffus, la compagnie
donne commiffion au colloque de l'Agenais de faire choix d'un impri-
meur, &, après avoir convenu avec lui du prix de l'impreflion, d'en
donner avis aux provinces, qui, par la pluralité des fuffrages, auto-
riferont ou fufpendront la convention.
XX.
Les anciens & diacres affemblés, qui n'auront point de pafteur à
leur tète, ne pourront élire de modérateur ni décerner aucune peine
canonique contre les pécheurs, encore moins contre leurs collègues.
XXI.
Vu le peu de foin qu'ont eu certaines provinces de ne mettre que
des chofes importantes dans leurs mémoires pour le fynode national,
la compagnie recommande l'obfervation de l'art. 6 du chap. ix de la
difcipline eccléfiaftique.
XXII.
Conformément à l'art. 3 du. chap. ix de notre difcipline, les
lettres & mémoires des députés au fynode national feront fignés par
le modérateur & le fcribe des fynodes provinciaux qui les enverront;
à faute de quoi, on n'y aura aucun égard.
xxm.
Les députés des provinces ayant tour à tour fait rapport de ce
que chacune fournit pour l'entretien de fes pafteurs, la compagnie
exhorte celles de ces provinces, dont les pafteurs fouhaiteront une
augmentation, de leur accorder pour le moins quatre cents livres
par an.
xxiv.
Le fynode, touché des fouffrances de nos chers frères confeffeurs
fur les galères & de celles des autres captifs pour caufe de religion, &
très-édifié de leur conftance, les recommande inftamment aux prières
& à la charité des fidèles.
XXV.
On a approuvé & confirmé l'art. 8 du dernier fynode des Hautes-
Cévennes, conçu en ces termes: « L'affemblée, informée que cer-
« tains proteftants, par un fcrupule mal fondé, font baptifer leurs
SYNODE NATIONAL. 89
«enfants dans l'Eglife romaine, quand ils font en danger de mort,
«a trouvé leur conduite extrêmement blâmable à cet égard; elle les
«exhorte à ne plus tomber dans de pareilles fautes, fous quelque
« prétexte que ce foit, fous peine d'être pourfuivis félon la rigueur de
« la difcipline. »
XXVI.
L'aflemblée, apprenant que dans les provinces il y a plufieurs
perfonnesqui, en prêtant de l'argent, exigent un intérêt exceiïif, enjoint
aux pafleurs d'exhorter leurs troupeaux de f'abftenir de cette odieufe
pratique & recommande à tous les particuliers l'obfervation de l'art. 22
du chap. XIV de la difcipline concernant l'ufure.
XX VII.
Les députés du Bas-Languedoc ayant propofé d'ériger en pro-
vince le Rouergue avec les églifes de Bédarieux, Fougères & Graif-
fefTac, à condition que le corps des pafteurs dudit Bas-Languedoc
donnera un pafleur & le corps des pafteurs des Baffes-Cévennes en
fournira un autre pour le fervice de cette nouvelle province, la com-
pagnie approuve & confirme ladite propofition dans toutes fes parties.
XXVIU.
Les Hautes & Baffes-Cévennes continueront à former deux pro-
vinces & cependant entretiendront entre elles la plus parfaite union.
XXIX.
A la réquifition des députés des Hautes-Cévennes, la compagnie
donne & unit ii la province du Bas-Languedoc le quartier qui com-
prend Saint-Ambroix, Pierremale, Les Vans, Lagorce, Vallon,
Salavas, Avejan & Saint-Jean-de-Maruéjols.
XXX.
Les provinces duVivarais & Dauphiné font chargées de procurer
des pafteurs à i'églife de Lyon & fes annexes.
XXXI.
Les députés des églifes de Provence ayant demandé que leur
province foit jointe à une autre, la compagnie ne trouvant pas à pro-
pos d'accorder leur demande, les renvoie en cas de différend à quel-
qu'une des provinces voifines, conformément à ce que la difcipline
ordonne.
qo LES SYNODES DU DESERT.
XXXII.
Lefdits députés de Provence ayant encore expofé le bcfoin qu'elle
aurait d'un miniftre ou d'un propofant, la compagnie lui donne le
fieur Jofeph Picard, étudiant au féminaire.
XXXIII.
La même province de Provence jouira du droit dont jouiffent les
autres provinces d'envoyer des étudiants au féminaire.
XXXIV.
L'ami, à qui certaines perfonnes ont envoyé une fomme, la ren-
verra, quand il en fera requis.
XXXV.
Sur les plaintes portées par les députés du Haut-Languedoc,
d'une part, & l'appel de M. Grenier de Barmont, avec la demande de
Meilleurs les anciens de l'églife de Bordeaux, d'autre part", la com-
pagnie a jugé que, dans trois mois, ledit M. de Barmont irafubir la
Colloque du Bordelais du 28 juin ij56.
Au nom de Dieu soit fait. Amen.
I. Nous, pasteurs et anciens des églises réforme'es de B[ordeaux], assemblés en
colloque au Désert en Guyenne, ce 28 juin 1756, déclarons qu'après l'invocation
du St-Nom de Dieu et après avoir procédé à l'élection d'un modérateur et d'un
secrétaire, suivant la discipline, nous avons conclu et arrêté d'un commun accord
les articles suivants :
1 . — La compagnie, désirant contribuer de tout son pouvoir à l'édification
de l'Eglise, et très-flattée de se conformer aux justes demandes de M. Court,
souscrit avec plaisir pour cent exemplaires de l'Histoire des Camisards.
2. — L'acte, faisant foi de la réception de M. Grenier de Barmont au St-
Ministère dans l'Académie de Lausanne, sera inséré mot à mot dans la première
feuille du présent registre par la main de Monsieur le secrétaire.
3. — A l'avenir Messieurs les anciens qui ne se rendront pas en colloque, à
moins qu'ils n'en fussent empêchés par des raisons légitimes, seront poursuivis
suivant les lois de la discipline.
4. — L'assemblée, surprise de ce que deux de nos anciens ont manqué de se
rendre en colloque pendant deux fois, prie le pasteur de leur en demander la
raison, en présence de deux anciens.
5. — Pour un cas particulier le pasteur parlera incessamment à un ami parti-
culier, en présence de son ancien.
6. — Le pasteur remerciera de la part de tout le corps, par la voie de Mon-
sieur le Représentant, Messieurs les illustres directeurs du séminaire de la pro-
tection qu'ils ont la bonté d'accorder à ces églises naissantes, et principalement de
ce qu'ils daignent leur offrir des places pour leurs étudiants. Il priera Monsieur le
Représentant d'être persuadé que les églises d'ici, quoique très-maltraitées par
ceux qui devraient les protéger, concourront toujours au bien de la cause com-
mune.
SYNODE NATIONAL. gi
cenfure décernée contre lui par le fynodc provincial du Haut-Langue-
doc, qu'il continuera à dépendre de ladite province, & fera cependant
cédé à l'églile de Bordeaux pour une année qui prendra fon commen-
cement le jour de l'exécution des articles premier & fécond du dernier
fynode de fa province, & qu'au furplus on lui écrira une lettre pour
l'exhorter à fe mieux conformer à l'ordre de la difcipline, à l'avenir.
XXXVI.
Monfieur Louis Camprcdon n'eft pas approuvé d'avoir difpofé de
fon miniftcre en faveur de la province de Normandie, fltns en avoir
obtenu l'agrément de la province des Baffes-Gévennes; mais parce que
cette dernière ne l'a pas rappelé comme elle était en droit de le faire
& qu'il paraît d'ailleurs que ledit M. Louis Campredon a exercé fon
miniftère avec beaucoup de fruit dans ladite province de Normandie,
l'affemblée le lui affede & fait des vœux très-ardents pour le fuccès de
fa nouvelle miffion.
7. — Vu ce temps d'oppression et les dangers éminents qui nous environnent,
notre position étant beaucoup plus critique que celle de presque toutes les autres
églises du Royaume, nos églises ne ressortiront d'aucun s[yno]de p[rovinci]al.
Dans des temps plus heureux elles se feront un devoir d'en dépendre, mais
conformément à la discipline de nos pères, chap. VIII, art. i5.
8. — Etant informés que les députés du H.-Lang. avaient pris au s. n. la
qualité de députés du B[ordelais], la compagnie ne peut qu'en être très-surprise,
puisqu'ils se sont donné ladite qualité sans aucun fondement. Cela est démontré
par les observations suivantes: i"ni en temps de persécution, ni en temps de
liberté, nous n'avons jamais fait corps avec eux; 2" avant la révocation de l'Edit
de Nantes nos églises n'ont jamais relevé de leur s. pr., comme appert par la
discipline, chap. VIII, art. 1 5 ; 3" ils ne peuvent, sans excéder les bornes de leur auto-
rité, nous incorporer dans leur province, à moins qu'ils n'eussent notre consente-
ment ; 40 nous déclarons ne l'avoir jamais donné, ni de vive voix ni par écrit, soit
avant soit après l'établissement de nos églises ; 5" ils ne sauraient se prévaloir de
notre lettre écrite en mars dernier puisqu'ils ont déclaré par acte synodal qu'ils
n'y ont aucun égard, et d'ailleurs cette lettre ne contient rien qui puisse nous lier
avec eux; 6" nous n'avons jamais envoyé de députés dans leurs s. prov. et par
conséquent nous ne pouvons y avoir pris aucun engagement. Enfin, y fussions-nous
liés, ce à quoi nous aurions pu consentir si la paix avait dicté leurs délibérations,
leur conduite tant à notre égard, à celui de nos églises qu'à celui de notre pasteur,
pourrait nous fournir des motifs suffisants pour travailler à nous en détacher. De
là, nous concluons que nous n'avons fait ni ne voulons faire corps avec eux jusqu'à
relever de leur s. p'., et que c'est, mal à propos que les députés de la province du
H.-Lang. ont pris la qualité de députés du B[ordelais], qualité que nous désap-
prouvons. Nous passons sous silence l'éloignement des lieux, la nature de nos
occupations, les circonstances critiques qui nous environnent, les dangers des
lieux où il faudrait passer, etc. On écrira incessamment à ce sujet à un des secré-
taires du dernier s[ynode] n[ational].
g2 I^ES SYNODES DU DESERT.
XXXVII.
La province du Béarn fe trouvant fans miniftre, celle des Baffes-
Cévennes lui prêtera pour deux ans M. Jean Journet, pafteur.
xxxvui.
L'affemblée, prenant en confidération l'appel de M. Dugas,
paft[eur], & répondant favorablement à la demande des députés de la
province de Saintonge & Périgord, accorde pour trois ans ledit
M. Dugas à cette province.
g. — Messieurs les anciens enverront sans retard à Monsieur le Représen-
tant une copie de la lettre qu'ils ont écrite au s. n., qui sera accompagnée
d'une autre dans laquelle on témoignera sa surprise du peu d'égard qu'on a eu
pour leur lettre dans le dernier s<le ; qu'on aurait cru que des églises telles que
les nôtres, qui à peine se forment, méritaient d'être traitées bien différemment.
On y suppliera M. Court et par son canal Messieurs les illustres amis de prendre
en considération nos églises, qui ne semblent sortir des malheurs passés et se
relever de leur ruine, que pour être en butte, de même que leur pasteur, aux
coups les plus inattendus de la part de ceux qui par état devraient les défendre.
On réclamera justement leur puissante protection, afin qu'elles soient desservies
par notre pasteur, le seul qui ait pu les dresser, n'étant nullement dans le dessein
d'en prendre un autre, ni du royaume ni d'ailleurs, à son préjudice. Quelle loi,
quel tribunal pourrait nous y forcer ? Ne faut-il pas que l'Eglise approuve le
pasteur, et le pasteur l'Eglise ? N'est-ce pas là le langage de l'équité et de la dis-
cipline ? Fût-il jamais plus nécessaire de l'écouter que sous l'oppression ? Nous
espérons que si nos vénérables amis daignent écrire au corps ecclésiastique de la
province du H.-Lang. et au modérateur du s[ynode] n[ational] dernier, que ces
tribunaux revêtiront des sentiments plus pacifiques.
10. — Comme l'envie et la calomnie s'efforcent de répandre des nuages
sur la réputation de M. Grenier de Barmont, notre pasteur, et que leurs traits
sont glorieusement repoussés par son zèle, sa conduite, et les témoignages
honorables qu'on lui rend dans l'Académie de Lausanne, où il a fait ses études
et où il a été reçu, la compagnie, désirant faire connaître ces témoignages à la
postérité, enjoint au secrétaire de les coucher, au moins en partie, au bas de
cet article, et d'y joindre une copie de la lettre écrite au s[ynode] n[ational]
dernier par le corps des anciens des églises d'ici.
Extraits des lettres de Monsieur le Représentant, écrites en différents temps
à M. Grenier de Barmont :
(c Lausanne, ce 24 novembre 175 1.
«Que votre ministère doit être d'un puissant secours à tant de familles
«éplorées! Quel ne doit pas être votre zèle et votre activité pour leur con-
n solation ! Quels ne doivent pas être vos soins pour les animer à la persé-
nvérance et pour leur faire remporter un triomphe qui les comblera de gloire
«et qui leur acquerra le droit de prétendre à la glorieuse rémunération, à
«cette rémunération si souvent promise dans nos saints livres, et si propre
«à nous foire oublier les croix attachées à la profession de l'Evangile, et à
« nous dédommager des pertes que nous aurons souffertes pour cette sainte
« profession. Il me semble vous voir courir de lieu en lieu , consolant
SYNODE NATIONAL. gS
XXXIX.
Les députés de la province de Normandie ayant demandé le fieur
Antoine Gai, propofant, ont été renvoyés à la province des Baflcs-
Cévennes, à qui ce propofant appartient, & qui aura tel égard qu'elle
jugera à propos à la demande defdits députés.
(1 les uns, fortifiant les autres, les encourageant tous à la pratique de leurs
Cl devoirs, leur disant à tous: «Aujourd'hui plus que jamais le royaume des Cieux
«est forcé, il n'y a que les voleurs qui le ravissent» Ainsi se conduit
« un zélé et fidèle ministre qui, comme vous l'êtes, Monsieur, est toujours plus
<i pénétré de la grandeur et de l'importance de ses devoirs, à qui le salut d'un
«troupeau pour lequel il se sacrifie tous les jours tient vivement au cœur, qui
« ne trouve ni repos ni relâche que lorsqu'il voit ses chères brebis marcher
« d'un pas égal dans les routes qui conduisent au bercail, et du bercail aux
n célestes pâturages. Puissent des soins si pieux, si remplis de zèle, et d'une
«si tendre sollicitude, être accompagnés de ces consolants effets qui remplissent
« l'âme d'un fidèle ministre de joie et de ravissement dans l'exercice de ses
«pénibles mais nobles fonctions de son ministère!.... Ceci me paraît digne de
0 la plus haute considération et il ne manquera pas sans doute de vous le
n paraître aussi ; si cela est, que n'y a-t-il pas à espérer de votre zèle ? Celui
«de nos amis ne se dément point en faveur de ceux qui, comme vous, Monsieur
0 et très-honoré frère, consacrent tous les jours leurs veilles, leurs travaux et
«leur vie même au salut de brebis rachetées par le souverain pasteur.»
— Du même: «Lausanne, août 1732. Monsieur et très-honoré frère, je dois
« vous féliciter des heureux succès des travaux de six semaines. Je le fais aussi
«avec toute l'eflusion de cœur possible. Ils vont être le sujet d'un grand en-
ncouragcment dans l'exercice du ministère pénible, plein de dangers, mais
« glorieux. Avec quelle satisfaction ne vois-je pas aussi le noble plan que vous
«vous proposez! Quelle gloire pour vous, si, par des soins redoublés, vous
« pouviez parvenir à remettre sur pied tant de belles églises qu'il y avait autre-
« fois dans le canton qui remplit votre cœur d'une si sensible joie! Vous
«avez commencé. Monsieur et très-honoré frère, de tenter une si noble cntre-
« prise. Le Seigneur, qui marchait avec vous, qui voyait d'un œil d'approbation
«votre dessein, a commencé d'y répandre ses plus précieuses bénédictions
«.... Allez donc. Monsieur et très-honoré frère, réveiller la foi, rétablir
« le culte, ranimer le zèle et démontrer à vos auditeurs que, sans le culte public,
«la religion s'éteint et la piété périt... Je ne saurais qu'applaudir à tout ce que
«vous avez déjà fait dans une œuvre aussi excellente . . . Veuille celui qui dresse
«les mains au combat et les doigts à la bataille, tenir cher comme la prunelle
«de l'œil le fidèle pasteur qui, au péril de tout ce qu'il a de plus précieux, va
« rallumer au milieu d'eux le salutaire flambeau de l'Evangile, réparer les brèches
«que la violence, la tiédeur, la longueur du temps ont faites à la foi et à la
«piété! Veuille-t-il être autour de lui comme un mur d'airain et répandre à
«pleines mains et de plus en plus ses bénédictions sur ses saints travaux.»
— Du même: «Lausanne, 17 mars 1754. Monsieur et très-honoré frère, je
« reçus en son temps votre lettre du 3 août dernier : L'arrivée du chevalier, que
« vous m'y annonciez et que j'attendais à chaque instant, m'empêcha de répondre
«à cette obligeante lettre. Vous me disiez tant de bien dudit chevalier, que mon
Il impatience de le voir et l'embrasser ... et lui prouver le cas que je faisais de
«tout ce qui m'était adressé de votre part, était extrême.. . Je reçus ensuite votre
y4 LES SYNODES DU DESERT.
XL.
Le fynode enjoint très-expreffément à la province de Saintonge
de fe conformer aux règlements de la difciplinc eccléfiaftiquc & aux
ades des fynodes nationaux des églifes réformées de France.
n lettre du 20 décembre, qui me remplit d'admiration et de la plus vive joie. Je
0 n'eusse pas manqué de vous le témoigner, si je n'avais souhaité en même temps
(1 pouvoir vous dire quelque chose d'assuré sur le succès qu'aurait eu mon em-
« pressement à vous procurer quelque ouvrier habile pour l'excellente œuvre à
«laquelle vous vous occupez avec tant de dignité, de zèle et de fruit. .. Mais
0 que ne ferais-je pas pour vous marquer la sensible joie qu'excitent dans mon
n âme vos rapides et ravissants progrès, pour vous tirer de peine ? Mais de quels
« termes pourrai-je me servir pour vous exprimer même la plus petite partie de
«cette vive joie? Tous sont au-dessous, même les plus énergiques.
« . . . . Une vaste contrée, autrefois un des plus beaux fleurons des églises
a qui se rendirent célèbres dans tout le monde réformé .... trop longtemps en
« friche ; richement cultivée, de valeureux athlètes, . . . prêts à tout faire pour
(I seconder les généreux efforts d'un zélé serviteur de Dieu ! . . . A ces événements,
(( qui ne serait transporté de joie et d'admiration? Je le répète, mon âme en est
« comme inondée, et vous pouvez être assuré que celle de nos amis ne le cède
«point à la mienne. Tous ceux à qui j'ai fait part de ces événements en ont été
« ravis, et ils ne cessent de bénir celui qui fait fleurir et prospérer les plans et
« les travaux que les apôtres et les Apollos plantent et arrosent.
« Quelle gloire pour les montagnes de la C... d'avoir dressé et élevé deux
«vaillants champions tels que vous, Monsieur et très-honoré frère, et le digne
« sujet dont je parle (M. Pajon), qui ne se proposent pas moins que de répandre
«la bonne odeur de l'Evangile en cent lieux divers! Bien loin de se plaindre,
« ces heureuses m[ont.] n'ont-elles pas lieu de se féliciter, et peuvent-elles être
« véritablement attachées aux grands intérêts de la cause commune, et ne pas se
« réjouir avec leur commun Maître, lorsque, aux succès merveilleux de la pre-
(1 mière mission de ses disciples, il lui semblait voir Satan tomber du Ciel comme
«un éclair?»
— Du même ; « Lausanne, 25 juin lySS. On a fort applaudi à la conduite sage
«et modérée que nous avons tenue à l'égard de M. Sol: c'est par là que l'on
« se fait chérir et respecter, et qu'on prouve qu'on est véritablement le disciple
« de Jésus-Christ, qui était la douceur même, et c'est par là aussi qu'on marche
«sur les traces du grand apôtre des Gentils, qui, sans s'embarrasser par qui
«l'Evangile était annoncé, se réjouissait toutes les fois qu'il apprenait que quel-
« qu'un le faisait. . . . Veuille le Seigneur répandre sans cesse sa bénédiction sur
« vos travaux continuels et vous donner le plaisir de les voir efficaces.
— Du fils de M. le Représentant, ministre ainsi que le père. «iG octobre lySS.
«'Je recevrai toujours avec une très-grande reconnaissance toutes les marques
« d'amitié que vous voudrez bien me faire la grâce de me donner. Soyez sûr d'un
« parfait retour Je m'estimerais fort heureux d'avoir quelque occasion à vous
« manifester toute l'étendue de ma bonne volonté et de mon attachement. Nous
« attendons avec impatience de vos nouvelles et de celles de l'état des affaires :
«votre nouvel établissement, B[ordeaux], nous intéresse fort, et nous prions
« ardemment le Seigneur de répandre sa bénédiction sur tous vos pieux travaux. »
Du même: «28 mars 1750. Ce que vous me dites sur le succès de votre
«entreprise me fait beaucoup de plaisir. Comme vous l'observez fort bien, on
SYNODE NATIONAL. g5
XLI.
Sur les plaintes portées par les députés de la province de Sain-
tonge contre les anciens de la ville de Cognac au fujet d'une collede,
la compagnie, manquant des moyens pour éclaircir ces plaintes, charge
(( a besoin dans ces circonstances et [de] beaucoup de prudence et d'un grand
((ménagement. Il faut disputer le terrain pied à pied; par là on gagne aujour-
(( d'hui un pouce, et demain un autre, et au bout de quelque temps on est tout
« étonné des progrès que l'on a faits. Nous ne doutons pas que vos efforts,
K secondés du secours du Ciel que nous implorons sans cesse sur eux, n'aient
(( un succès des plus heureux et des plus consolants. Nous en avons informé tous
(lies illustres amis qui prennent part aux masures de Sion; ils ont les yeux
(( attachés sur vous; ils vous animent à la lutte et ils attendent avec impatience
0 les suites de votre généreuse entreprise. »
— Du même: «Lausanne, 5 juin 1756. Monsieur et très-cher frère, votre
« dernière lettre, mais sans date, nous est parvenue, et nous y répondons inces-
(( samment. Toutes les tavernes, que vous nous y marquez éprouver, nous font
(( une véritable peine, et nous sommes très-afRigés du découragement dans lequel
«il paraît que vous ont jeté ces tavernes. . . . N'en ayant d'autre connaissance
(( que celle que vous nous en donnez, nous ne saurions comment y remédier :
(( nous attendrons donc avec impatience les lettres que vous nous annoncez
(I de la part d'un respectable corps sur ces affligeantes matières et les éclair-
(( cissements que vous nous faites espérer; et vous devez être persuadé, Monsieur,
(( que nous ne négligerons rien de tout ce qui sera en notre pouvoir pour
((adoucir votre situation, vous soutenir et vous encourager. 11 serait fâcheux,
(I il serait bien affligeant que des divisions intestines vinssent renverser des éta-
« blissements si beaux, qui ont tant coûté à former, et qui jusqu'ici ont échappé
« aux recherches les plus exactes d'un ennemi actif et violent ; mais plus nous
(I admirons l'établissement que vous conduisez avec tant de prudence, et qui nous
(( paraît prendre tous les jours de plus profondes racines, plus nous applau-
(( dissons à cet amour que vous avez pour la paix et qui vous engagerait à aban-
c donner pour toujours des lieux où elle ne régnerait pas, plus aussi désirons-nous
(1 ardemment que vous ne pensiez pas à quitter des lieux qui ont un aussi grand
"besoin de votre ministère. Faudrait-il que des églises que vous avez enftintées
(I au Seigneur, qui vous ont reçues avec empressement, et qui vous causent tant
(( de satisfaction par la manière dont elles répondent aux soins avec lesquels vous
«les cultivez, fussent privées de votre ministère et fussent en souffrance, parce
«qu'il y aura des personnes qui verront avec chagrin ces établissements ou qui
«croiront que vous avez peut-être manqué à quelque point de discipline? N'y
0 a-t-il point de milieu entre des partis aussi extrêmes? Nous sommes persuadés que
«votre grande piété et votre affection pour les héritages du Seigneur vous feront
« trouver ce milieu et vous porteront plutôt à soufiVir patiemment quelque chose
« de la part des hommes que de laisser ces héritages en souffrance. Il n'est point
«nouveau de voir les personnes qui, comme vous. Monsieur et très-cher frère,
« sont sur un théâtre élevé, de les voir, dis-je, exposées aux préventions de ceux
«mêmes qu'elles servent; mais leur grand cœur, au-dessus de l'ingratitude ou de
«leur envie, continue à les servir malgré eux-mêmes. Convaincus, ou que leur
« persévérance au bien fondra ces cœurs d'acier, ou que le Dieu qu'ils servent
«et dont ils cherchent à avancer la gloire, leur accordera la justice et la récom-
« pense que leur ont refusée des hommes faux estimateurs du mérite, ou peu sen-
g6 LES SYNODES DU DÉSERT.
M. Dugas, pafteur, de procéder à l'information des faits fur lefquels
elles roulent, de concert avec trois anciens, qu'il prendra d'autant de
confiftoires voifins, & donne pouvoir à lui & au colloque de ladite
province d'en juger définitivement.
« sibles aux services des autres, — dans une telle persuasion, rien ne les détourne
(( de leurs plans, ni les persécutions du dehors, ni les injustices du dedans. »
Copie de la lettre de Messieurs les anciens des Eglises réformées de B[or-
deaux], écrite au s[ynode] n[ational] dernier, en date du i8 avril iy56.
« Messieurs nos très-honorés frères,
«Depuis l'établissement de nos églises, nous n'avons cessé de recevoir de
M. Théophile (P. Rabaut) et des membres du comité du s[ynode] n[ational] des
preuves de la confiance la plus parfaite; leur attention à nous faire part de tout ce
qui s'est passé de plus intéressant, nous pénètre de la plus vive reconnaissance, et
nous fait désirer avec ardeur, non-seulement de resserrer encore plus étroitement,
s'il est possible, les nœuds qui nous lient avec ces Messieurs, mais aussi de nous
unir de la manière la plus intime avec les autres é[glises] et comités du Royaume.
«C'est pour cimenter cette union si nécessaire, nos très-h[onorés] fr[ères], que
vous avez jugé à propos de convoquer un s[ynode] n[ational] comme étant le
moyen le plus propre à établir des correspondances réciproques pour se commu-
niquer mutuellement tout ce qui pourra intéresser les égl[ises] du Royaume en
général, et chacune d'elles en particulier, afin que toutes ensemble puissent tra-
vailler de concert au même but. Nous protestons ici à votre a[uguste] a[ssemblée]
s[ynodaIe] que nous entrons avec avidité dans des vues si sages et si avantageuses
à la cause commune, persuadés qu'elles s'accordent parfaitement au zèle dont
nous sommes animés pour l'avancement du règne de notre sauveur J.-C. et à
la fidélité que nous devons à la personne sacrée de Sa Majesté.
« L'importance des affaires qui doivent être agitées à votre a[uguste] a[ssem-
blée] s[ynodale], le désir que nous avons de connaître personnellement les
membres qui doivent composer une si vénérable assemblée et de célébrer avec
eux ce repas de charité que notre divin Sauveur a institué en mémoire de su
mort, et en signe de la communion que les fidèles ont avec lui, sont autant
d'avantages dont la privation pénètre nos cœurs de la plus vive amertume.
«Nous supplions très-respectueusement l'afuguste] a[ssemblée] de recevoir
nos excuses avec cette même charité qui est le grand caractère de notre sainte
religion et avec les sentiments dont l'Apôtre des Gentils était animé, lorsqu'il se
faisait tout à tous pour voir si en quelque sorte il pourrait en gagner quelques-uns.
« Aussitôt que M . André Grenier de Barmont eut reçu la lettre de M . Théophile
qui l'invite à se rendre avec un député à votre a[uguste] a[ssemblée] s[ynodaleJ,
il appela quelques membres du corps ec[clésiastique] pour la leur communiquer.
Ils furent d'avis comme lui de s'y rendre malgré ses indispositions; et en consé-
quence il fit réponse qu'il ne manquerait pas de se trouver au lieu indiqué; peu
de jours après, il se trouva mieux, il assembla tout le corps ec[clésiastiquej en
c[olloque], il nous fit lecture de cette lettre, et après être demeuré d'accord de
procéder à l'élection d'un député pour accompagner n[otre] p[asteur] et repré-
senter nos é[glises] à votre a[uguste] a[ssemblée] s[ynodale], les voix se réunirent
pour un des membres du comité, qui se serait déterminé d'accepter l'honneur
qu'on lui faisait, si la tenue de ce sfynode] n[ational] n'était pas aussi publique.
En cette ville, un nombre infini de personnes qui devraient l'ignorer, savent ou
SYNODE NATIONAL.
97
XLII.
Meflieurs Jean Louis Gibert, Jean Sicard, Jacques Sol, François
Viala & Pierre Dugas, pafteurs, procéderont à l'examen de M. Fi-
guières; & fils le trouvent capable, ils l'inftalleront au St-Miniflèrc
pour la province de Saintonge & Périgord.
du moins assignent le jour auquel l'ouverture doit s'en faire. Ce particulier qui
fait beaucoup de sensation ici s'est excusé et a repre'senté que s'absenter dans
cette circonstance, et afficher qu'il était parti pour se rendre au synode était une
même chose, qu'il s'exposerait évidemment ainsi que n[otre] p[asteur], et a prié
l'assemblée de jeter les yeux sur quelque autre; quelques instances qu'on ait
faites auprès de plusieurs, il n'y a pas eu moyen de déterminer personne à
accepter cet emploi: les uns se sont défendus sur leur insuffisance, d'autres en
alléguant que les affiiires de leur commerce ne leur permettaient pas de s'absenter,
et ceux qui auraient été le plus en état de nous représenter à une si vénér. assemb.
ont allégué les raisons de celui qui avait été élu le premier. Ce contre-temps (qui
est occasionné par l'indiscrétion de certains particuliers qui ont été informés de
la tenue du synode par des lettres qu'ils ont reçues d'une ville voisine du lieu où
il doit se tenir), nous vous le réciterons, n[os] très-h[onorés] fr[ères], nous plonge
dans la plus grande amertume. M. de Barmont, qui est dans les remèdes, n'étant
pas encore remis de sa dernière maladie, n'a cependant cessé de prier et solliciter
ceux qu'il connaît capables de remplir cet emploi, de l'accompagner. Toutes ses
représentations ont été inutiles et il partage avec nous la douleur de ne pouvoir
pas se rendre à une a[ssemb]. où tant de raisons nous font désirer d'assister. Elle
serait extrême cette douleur, s'il ne nous restait la consolation d'espérer que
votre a[uguste] a[ssemblée] s[ynodalc] voudra bien user d'indulgence en faveur de
nos é[glises] naissantes, et en acceptant nos excuses, nous considérer comme des
membres qui se feront toujours gloire d'être étroitement unis au corps.
«C'est avec ces sentiments que nous prenons la liberté de supplier très-hum-
blement votre a[uguste] a[ssemblée] s[ynodale] de nous faire parvenir la copie
des actes ou arrêtés qui auront été passés ou pris, ou de nous indiquer les
moyens de nous les procurer, étant dans la ferme résolution de nous y conformer
en tous points, nous soumettant d'avance de la manière la plus solennelle à tous
les actes et décrets de votre respectable a[ssemblée], promettant de concourir de
tout notre pouvoir à la réussite de l'importante affiiire pour laquelle vous êtes
assemblés.
«Souffrez, nos très-h[onorés] fr[èrcs], que nous mettions ici succinctement
sous vos yeux la situation dans laquelle nous nous trouvons, puisque nous ne
pouvons avoir l'honneur de le faire par le moyen de nos députés. Il y a environ
vingt mois qu'une violente persécution obligea un digne pasteur de s'absenter des
é[glises] d'un district voisin qu'il avait défriché et de se réfugier en cette ville, où il
arriva dangereusement malade. Aussitôt qu'il fut convalescent, le zèle qui l'anime
pour la gloire de Dieu et l'avancement du régne de J. C. ne lui permit pas de rester
oisif dans une ville qui lui parut par bien d'endroits être en état de concourir à
l'avantage de la cause commune. Le peu de succès qu'avaient eu d'autres pasteurs
que le même zèle avait attirés ici, quantité d'obstacles qui semblaient s'opposer à
l'établissement d'aucun culte, tels que sont le défaut de même peuple dans la ville
et dans nos campagnes, les tribunaux de justice dont cette même ville est remplie,
moins à craindre par leur nombre que par la vigilance des membres qui les com-
posent à faire observer les Edits et Déclarations rendus contre nous, auraient sans
7
gS LES SYNODES DU DÉSERT.
XLUI.
Les députés de la province du Dauphiné demandant quelle eft la
conduite qu'on doit tenir envers une femme qui f'efl féparée de fon
mari & refufe de fe joindre avec lui, il a été décidé que, û cette femme
continue dans fon refus, elle fera pourfuivie félon la rigueur de la
difcipline.
doute découragé un pasteur moins zélé et plus timide que le nôtre. Pour vaincre
ces obstacles, qui ont été insurmontables pour ses prédécesseurs, il a tenu une
route différente. Il chercha d'abord à s'insinuer dans l'esprit de ceux qu'on lui
représenta pour être le plus en état de l'aider dans une entreprise si louable ; il
parvint à leur faire goûter le plan qu'il avait dressé, dicté par le zèle et la prudence
même, à l'observation duquel nous devons, après la bénédiction du Tout-
Puissant, l'établissement de vingt sociétés, dans lesquelles alternativement la
parole de Dieu nous est annoncée dans toute sa pureté. Les sacrements, tels que
j. C. les a institués, y sont administrés, l'ordre ec[clésiastique] y est établi, la
discipline exercée. Enfin nous avons la consolation de voir les riches et les
pauvres, les grands et les petits, s'empresser à donner gloire à Dieu.
« Le succès du ministère de notre past[eur] n'est point borné au nombre des
sociétés déjà établies, plusieurs fidèles désirant d'en former de nouvelles, cherchent
à se procurer des domestiques non suspects, pour augmenter le nombre des
retraites et celui des maisons où l'on puisse s'assembler ; ces mouvements nous
font espérer de les voir multiplier de plus en plus, et avec l'aide de Dieu, nous
nous flattons qu'il y aura bien peu de protestants en cette ville qui n'y soient
admis dans peu de temps.
«Vous participez sans doute à notre joie, nos très-h[onorés] f[rères], vous
vous réjouissez [avec le] Seigneur de voir joindre de jour en jour à l'Eglise des gens
pour être sauvés. C'est le but de votre ministère, généreux athlètes qui ne faites
cas de rien, pas même de votre vie, pourvu que vous acheviez avec joie la course
qui vous est proposée ; c'est aussi le but de vos soins, nos chers compagnons, qui
coopérez avec ces vénérables personnages à l'avancement du règne de notre
Sauveur et au salut de vos frères. Redoublons tous nos efforts pour une œuvre si
sainte et attendons avec patience la récompense promise à ceux qui en auront
amené plusieurs à la justice.
« Nous l'avons déjà dit, nos très-h[onorés] f[rères], après le secours du Très-
Haut, qui est grand en force et puissant en moyens, nous devons à la saine
doctrine, à la pureté de la morale et à la prudence de M. Grenier de Barmont,
l'établissement de nos égl[ises]. Il a su gagner notre confiance, et nous osons le
dire, elle ne fut jamais plus réciproque entre un pasteur et un troupeau: le succès
du ministère est bien équivoque si une cordiale affection ne les unit les uns aux
autres. C'est de cette union et de concert que nous attendons les plus heureux
succès de son ministère, s'il plaît à votre a[uguste] a[ssemblée] s[ynodale] de le
confirmer pour notre pasteur; nous prenons la liberté de vous en prier très-
instamment; sa présence au milieu de nous est aussi nécessaire qu'elle fût jamais.
Outre le soin que demandent de lui les sociétés déjà établies et celles qu'il se
promet d'établir encore, il a à s'opposer aux progrès d'un fanatique, arrivé depuis
peu du pays étranger qui s'efforce de faire des prosélytes parmi nous, en répan-
dant les erreurs pernicieuses des Moraves. Dès l'année 1753, quantité de personnes
avaient embrassé cette secte; M. de Barmont en a ramené plusieurs dans la bonne
voie par sa douceur et sa patience, et il travaillait à désabuser les autres, lorsque
SYNODE NATIONAL.
99
xuv.
Sur les repréfentations & les demandes faites par M. Court au
fujet des dépenfes auxquelles il a été expofé pour les biens de nos
églifes, l'affemblée prie Meilleurs les illuftres économes de mander à
ce digne Repréfentant l'indemnifation qu'ils jugeront convenable.
ce nouveau missionnaire est venu mettre des entraves au prompt succès qu'il
avait lieu d'espérer. Un obstacle, aussi imprévu qu'il peut devenir funeste, exige
de lui un redoublement d'attention à munir les esprits qu'il a déjà ramenés, et à
détruire dans les autres les impressions que pourraient faire les séductions de ce
fanatique ; nous le croyons très-propre à remplir cet objet et nous ne doutons
nullement qu'avec l'aide de Dieu et la connaissance qu'il a de ces esprits faibles,
il ne parvienne à faire perdre tout espoir au fanatique de faire le moindre progrès,
et à l'obliger à se retirer à peu près comme il est venu. Ce sont. Messieurs et
très-h[onorés] f[rères], les motifs qui nous portent à vous supplier derechef de
ne pas nous refuser la grâce que nous vous demandons de le confirmer pour
notre pasteur. Nous l'attendons de votre zèle, cette grâce; elle fait l'objet des désirs
ardents du corps des anciens en particulier et de toute l'église en général, et
nous sommes persuadés qu'il le souhaite lui-même ardemment. Flattés de l'obtenir
de votre bonté, que nous vous disions que son absence pourrait entraîner la perte
de nos églises. Plus l'attachement que nous avons pour notre pasteur est grand,
plus nous nous sentons obligés de le justifier. Nous le croyons parfaitement inno-
cent de ce dont il a été accusé au s[ynode] du Haut-Languedoc, tenu le 23 mars
dernier, et nous supplions votre a[uguste] a[ssemblée] s[ynodale] de rapporter les
quatre chefs d'accusation pour lesquels il a été condamné à une censure, et de
faire quelques succinctes observations pour mettre votre vénérable assemblée plus
en état d'en juger, si du moins elle daigne en connaître, comme nous l'attendons
de son zèle pour le bien de nos églises.
«Premier chef: il n'a pas déféré à l'arrêté du colloque du Haut-Languedoc,
tenu le 16 janvier 1754, par lequel on l'appelle.
«M. de Barmont était alors occupé à défricher les églises de l'Agenais, qui
s'assemblaient en colloque comme celles du Haut-Languedoc, ainsi qu'il paraît
par celui qui y fut assemblé le 10 février suivant, par lequel il fut dressé un
acte qui, en infirmant la demande de celui du Haut-Languedoc, approuve en
tout ledit pasteur de ne s'être pas rendu, et fait insérer dans ses registres la lettre
écrite à ce sujet à M. Dejean et l'extrait de sa réponse, par laquelle Monsieur
Dejean marque qu'il avait prévu que M. de Barmont ne pourrait pas quitter
les égl[ises] de l'Agenais; qu'il avait été mandé contre son opinion, étant d'avis,
dit-il, <i qu'on vous écrivit qu'au cas que vos affaires ne vous permissent pas de venir,
vous donnassiez votre approbation pour qu'on se procurât des sujets d'ailleurs.))
Si le colloque du Haut-Languedoc pouvait faire venir des sujets d'ailleurs
pour desservir les é[glises] de Cas[tres] M. Dejean n'avait-il pas raison de ne
mander AL de Barmont qu'au cas qu'il pût quitter des églises qu'il était à même
d'établir, et celui-ci n'était-il pas fondé de ne pas les abandonner ? Il est surprenant,
d'ailleurs, qu'après plus de deux années de silence, on fasse un grief au pasteur
de ce que le colloque de l'Agenais, qui ne peut être subordonné à un autre
colloque, n'a pas voulu déférer à celui du Haut-Languedoc. Il en donne la raison
dans celui du 10 février : «Vu, est-il dit, que le pouvoir de changer les pasteurs
n'appartient qu'aux synodes provinciaux et nationaux, suivant l'art. 3o du
chap. l'^'^ de la discipline.»
loo LES SYNODES DU DESERT.
XLV.
La compagnie, informée que M. Court a reçu plufieurs étudiants
au féminaire fur des recommandations particulières, elle l'avertit de '
n'en plus recevoir à l'avenir qui ne foient envoyés par les provinces.
(1 Second chef : le peu solidité des raisons qu'il allègue pour ne pas se rendre
au synode provincial.
(( Peut-on, M[essieurs] et très-h[onorés] fr[ères], en alle'guer de plus fort[e]s que
[celle] de la maladie ? M. de Barmont était attaqué d'une violente douleur aux
reins qui ne l'abandonne pas depuis plusieurs mois; elle était alors si vive qu'il
lui aurait été impossible de supporter le cheval, ni pas une voiture. Il l'a écrit,
et nous l'avons confirmé par notre lettre écrite à ce s[ynode] ; nous ne voyons
pas une raison qui ait pu faire suspecter notre sincérité à cette assemblée.
«Troisième chef: pour avoir abandonné son troupeau de l'Agenais.
« Pour taxer son pasteur d'avoir abandonné son troupeau, il faut nécessai-
rement qu'il lui en ait été assigné un; celui de l'Agenais ne l'a jamais été à
M. de Barmont : cela est démontré par le premier chef d'accusation rapporté
ci-dessus, puisqu'il est constant que si ce troupeau avait été assigné à ce pasteur,
le colloque du Haut-Languedoc du 6 (le i5) janvier 1754, qui n'avait reçu aucune
plainte de l'un ni de l'autre, ne pouvait pas exiger que ce même pasteur quittât
son troupeau pour aller exercer son ministère auprès d'un autre, si celui, au
milieu duquel il se trouvait, lui avait été assigné suivant les règles de la disci-
pline : il n'y a que les synodes provinciaux ou les n[ationaux] qui puissent avoir
ce droit, encore faut-il que ce soit pour de fortes raisons. M. de Barmont n'a
jamais été attaché aux églises de l'Agenais que par les liens de son affection.
Il est vrai qu'étant tombé en rechute d'une fièvre putride qui faillit le coucher
dans le tombeau, il les quitta en juillet 1754, accompagné d'un ancien, à l'ap-
proche des dragons, sollicité par les provinciaux bourgeois, par plusieurs anciens,
et par le défaut de retraites. Ces motifs sont assez puissants pour rendre sa
retraite légitime; les persécutions qu'on a exercées dans ce district la justifient
pleinement.
0 Quatrième chef; il a résisté à la sommation desdites églises de l'Agenais.
«Nous tirons le rideau sur les motifs de cette sommation; lorsqu'elle fut
faite, on savait très-bien qu'il n'était pas possible que M. de Barmont pût y
déférer; les dragons remplissaient le pays et étaient logés chez les protestants;
ils ne cessaient nuit et jour de faire des patrouilles; son signalement était entre
leurs mains; le sénéchal d'Agen instruisait sa procédure et celle de 436 décrétés;
il fut condamné à mort par une sentence de ce tribunal, confirmée par arrêt
du parlement qui ordonne de l'afficher à Agen. Etait-il de la prudence que dans
de pareilles circonstances un pasteur, qu'on cherchait si soigneusement, se
rendît dans un aussi petit district où il aurait même été moralement impos-
sible de trouver les retraites nécessaires ? N'était-il pas plus convenable que
ces églises acceptassent l'offre de M. Dugas, qui, depuis le mois d'août 1754,
leur offrait son ministère qu'[elles] acceptèrent enfin ; et trouvant à remplacer ce
qu'elles avaient perdu, ne devaient-elles pas se réjouir des progrès que ce
pasteur faisait au milieu de nous, surtout dès lors que tant d'autres y avaient
échoué.
«Ce sont là, nos très-honorés frères, les raisons que nous avons cru devoir
mettre sous vos yeux pour la justification d'un pasteur que nous croyons très-
innocent, auquel nous sommes extrêmement attachés; nous souhait[er]ions que
SYNODE NATIONAL. loi
XLVI.
L'cglife de St-Jean-dc-Gardonnenque, après avoir rendu des
bons témoignages à fon pafteur, a_vant demandé d'être féparée de la
province des Balfes-Cévennes pour faire corps avec celle des Hautes,
elle a été renvoyée au fynode de fa province.
vous les trouviez aussi solides qu'elles sont sincères; nous ne saurions dissimuler i\
votre a[uguste] a[sseniblée] que nous sommes surpris et affligés d'un pareil traite-
ment contre un pasteur qui a si glorieusement étendu les bornes du régne du
Christ, dans un temps d'oppression. Doit-on s'arrêter sur de si légers sujets ?
Daignez, nous vous en conjurons encore, le confirmer pour desservir nos églises
qu'il a si heureusement plantées. Nous serions au comble de nos vœux si vous
nous accordez cette grâce, qui ne peut tourner qu'à l'avantage commun de toutes
les églises, au bien de notre comité dont il est le président, par la disposition où il
est, ainsi que nous tous, de concourir avec vous au plus parfait concert, et à
l'heureux succès de l'affaire qui vous assemble.
0 Nous faisons les vœux les plus ardents pour qu'il plaise au Seigneur de vous
conserver précieusement. Puisse son St-Esprit présider h votre auguste assem-
blée et être le guide de toutes vos délibérations!
«Nous avons l'honneur d'être, avec les sentiments du plus profond respect et
de la plus parfaite soumission. Messieurs et très-honorés frères, vos très-humbles
et très-obéissants serviteurs.
<i Signés à l'original: Les anciens des é[glises] réformées de Bordeaux.»
II. — Le pasteur adressera aussi de son côté à M. le Représentant une
copie de sa lettre envoyée audit s[ynodc] n[ational]. Il y joindra ses raisons de
justification dont M. le digne Représentant aura, s['il] l[ui] p[lnit], la bonté de
donner connaissance aux respectables protecteurs. Ces deux pièces seront de plus
insérées dans nos registres par la main du secrétaire à la fin du premier colloque.
12. — S'il est des anciens qui aient appelé M. Gibert, ou par eux-mêmes,
ou par d'autres, ou par écrit, ou qu'ils l'aient fait opérer dans nos églises ou
fourni les moyens, la compagnie les désapprouve hautement et leur enjoint
expressément de se mieux comporter à l'avenir sous peine, s'ils y contreviennent,
d'être exclus pour toujours du corps ecclésiastique par le présent acte, sans qu'il
soit nécessaire d'en prononcer d'autre; ils seront de plus poursuivis comme
troublant l'ordre et l'union de l'église.
i3. — Les membres de nos sociétés, qui à l'avenir réclameront ou accep-
teront d'autre minist[ère] que celui du pasteur de nos églises pour quelque fonction
pastorale comme baptêmes, mariages, prédication et autres, seront dès la première
fois suspendus du St-Sacrement de la Cène, et traités comme rebelles à l'ordre
ecclésiastique Néanmoins la compagnie fait grâce, pour cette fois, à ceux d'entre
eux qui ont imprudemment fait ces démarches contre les règles de prudence que
nous observons dans pareil cas.
14. — En cas que notre pasteur fût absent ou malade, on ne pourra en
appeler un autre, ni accepter les offres ou les services de ceux qui pourraient
passer ici, qu'en vertu du consentement unanime de tout le corps des anciens tant
de la ville que des faubourgs. La discipline y est formelle. Quiconque contreviendra
à cet arrêté sera poursuivi comme il est porté dans les deux articles précédents;
on infligera les mêmes peines à ceux des membres de nos églises qui, contre l'ordre,
la discipline et les droits du corps ecclésiastique, pourraient traîner pour introduire
ici d'autre pasteur pendant le séjour de celui que nous avons.
102 LES SYNODES DU DESERT.
XLVII.
Conformément à l'art. i3 du dernier fynode provincial des Baffes-
Cévennes, les deniers du miniftère qui fe colleûeront dans les églifes
du Rouergue ferviront à défrayer l'églifede St-Jean-de-Gardonnenque
i5. — Messieurs les anciens exhorteront incessamment tous les membres
de leurs districts à se conformer aux art. i3 et 14, contenus ci-dessus, dont il leur
sera fait lecture, afin qu'ils n'en ignorent; de plus, on les prémunira contre les
calomnies que certains ennemis de l'union et de la paix répandent ici contre
quelques anciens, et surtout contre le pasteur, ennemis qu'on tâchera de découvrir
pour les traiter comme ils le méritent, et pour s'en garder.
Copie de la lettre écrite par M. le pasteur de Barmont au synode national
dernier, en date du 18 avril ij56.
«Messieurs, mes très-honorés et très-respectables frères en J.-C.
« Il y a environ une année que je suis exactement informé, soit par l'attention
de M. Paul et par celle de quelques amis de Nîmes, de tout ce qui se passe d'inté-
ressant sur l'affaire importante et délicate qui vous assemble. Les pièces que j'ai
en main, en me faisant connaître les différents ressorts de cette fameuse négo-
ciation, ses commencements et ses progrès, ne me laissent pas ignorer le nom, le
crédit, le zèle de l'illustre protecteur. Je combats depuis trop longtemps par mes
soupirs et mes prières en faveur de la paix de Sion désolée pour n'avoir pas appris
avec plus de plaisir que de reconnaissance, s'il est possible, des nouvelles si con-
solantes. Heureux, si le Seigneur, touché de nos maux et de nos misères, était déjà
descendu pour nous délivrer ! Ma joie serait beaucoup plus parfaite, si ce grand
objet de nos désirs communs était moins éloigné.
«C'est pour le rapprocher, Messieurs mes très-honorés et très-respectables
frères, que vous cédez avec tant d'empressement à l'invitation de l'illustre rappor-
teur, en convoquant, sous la protection de Dieu, votre auguste tribunal. C'est
son intention, c'est la vôtre. Cette union de volonté en démontre autant l'utilité
que l'importance des matières qui y seront discutées et mises en délibération. Vous
avez prévu, vous avez décidé que dans le cas présent on ne pouvait travailler
efficacement au plus grand bien de toutes les églises protestantes du royaume,
accélérer le succès de nos espérances, qu'en établissant entre ces églises le plus
parfait concert et des correspondances mutuelles. Votre respectable tribunal, qui
fut de tout temps le centre de l'union et de la paix, le défenseur souverain de la
foi, et l'appui de la vérité, peut seul les unir par les liens les plus étroits, et poser
les fondements solides d'un concert, d'une correspondance si utile et si nécessaire.
« Si je sentais moins mes obligations, ma dépendance et le prix de l'honneur
que vous me faites. Messieurs mes très-honorés et très-respectables frères, en
m'invitant à votre auguste assemblée, je serais moins pénétré de douleur en me
voyant hors d'état de m'y rendre et de déférer à vos ordres.
« Quoique je sois incapable de vous être d'aucun secours et de contribuer au
bien de la cause commune autrement que par mes vœux, ne gémirai-je pas dans
le fond de mon cœur d'être retenu ici malgré moi ? Que de motifs m'engagent à
déplorer ma situation présente ! L'ambition de serrer les nœuds de la confédé-
ration, l'honneur de vous connaître personnellement, le désir de vous donner par
ma présence une preuve de ma soumission, le bonheur de profiter de vos sages
avis, celui de vous convaincre de vive voix de mon zèle à les mettre en exécution
SYNODE NATIONAL. Io3
des avances qu'elle a faites pour la province des Bafles-Cévennes;
& au cas que ces deniers ne puffent être collectés, ce fera à ladite
province à faire le rembourfement.
et de concourir avec vous, sous les auspices de vos directions, à la paix de l'héritage
du Seigneur, sont autant d'avantages dont la privation me remplit d'amertume.
(I Je proteste ici sincèrement devant Dieu et devant vous, Messieurs mes très-
honorés et très-respectables frères, que mon absence est absolument involontaire,
et que nombre de raisons la rendent nécessaire contre mon inclination. Dieu,
dont la sagesse dispense les biens et les maux, me visite dans ses compassions
d'une manière particulière, depuis environ le lo du mois dernier, par une vive
douleur dans les reins et dans le bas-ventre, qui, provenant sans doute d'un excès
de travail et de plénitude, me donne une langueur d'estomac, un mal de tête, un
dégoût et une faiblesse extrêmes. Le désordre de ma lettre, que je puis à peine
dicter à un ami de confiance, vous en convaincra assez. J'ai usé et use encore à
présent des remèdes; mon chirurgien m'assure que je ne puis entreprendre aucun
voyage qu'aux risques de périr en chemin. Je n'allègue pas ces raisons. Messieurs
mes très-honorés et très-respectables frères , quelque fortes qu'elles soient,
comme une excuse légitime. Résolu de m'exposer à tout, elles auraient fait peu
d'impression sur moi, et ne m'auraient pas empêché départir si j'avais eu de
député, ou seulement un guide. J'atteste ù votre auguste assemblée synodale la
vérité de tout ce que la lettre des anciens d'ici contient à ce sujet.
«C'est beaucoup moins sur le triste état de ma santé et sur le défaut de député
ou de guide que sur votre charité, que je me fonde en implorant ce support et la
clémence de votre respectable assemblée. Daignez entrer dans mon état, je vous
en supplie, Messieurs mes très-honorés frères, et me faire ressentir les tendres
effets de cette bonté et de cette douceur vraiment chrétienne qui ont de tout
temps dicté à nos pères les décrets de leurs tribunaux, ceux des vôtres, et qui
formeront à jamais l'aimable caractère des ambassadeurs du fils de Dieu, tels que
vous. Mes maux et mon affliction seraient à leur comble, si j'avais le malheur de
m'attirer votre disgrâce et de perdre, ou en tout ou en partie, l'honneur de votre
protection que je réclame avec les sentiments d'un respect profond.
(c Ces sentiments, l'espérance que j'ai que le St-Esprit présidera à votre au-
guste assemblée, les lumières, la sagesse, la prudence des vénérables membres
qui la composent et mon devoir sont. Messieurs mes très-honorés et très-respec-
tables frères, des garants assurés de ma soumission parfaite, et pour le présent et
pour l'avenir, aux actes et décrets qui émaneront de votre respectable tribunal. En
m'y conformant, lorsqu'ils me seront connus, ce que je désire ardemment, je ne
ferai que réduire en actes les dispositions soumises qui m'animent, dans lesquelles
je persévérerai tout le temps que Dieu me fera la grâce de dépendre de votre
auguste assemblée et par conséquent de m'employer au service des églises persé-
cutées ou libres de ce royaume.
«J'apprends, Messieurs mes très-honorés et très-respectables frères, que le
corps des anciens d'ici, qui a voulu se faire l'honneur de vous écrire, a celui de
vous informer de l'état présent des églises de ce climat, et de l'établissement du
comité. Daignez donc, je vous en supplie, me dispenser d'y rien ajouter, si ce n'est
que je consens de bon cœur à rester dans le sein de ces églises naissantes, si vous
daignez leur accorder la confirmation qu'il a l'honneur de vous demander et qu'il
me fait la grâce de désirer. Le comité d'ici entre avec un vif empressement dans
tout ce qui a pour objet le succès de la grande affaire; celui que j'ai dressé à
104 LES SYNODES DU DÉSERT.
XLVIII.
La province des Baffes-Cévennes eft chargée de la convocation
du prochain fynode national, comme auffi d'indiquer le jeûne général,
û les circonftances le demandent, & qu'elle en foit requife par les
provinces.
Ainfî conclu & arrêté ce jourd'hui dixième mai mil fept cent
cinquante-fix.
Pierre Peirot, pafteur & modérateur.
Paul Rabaut, part. & modérateur-adjoint.
Jean Pradel, pafteur & fecrétaire.
Jean Roux, pafteur & fecrétaire-adjoint.
quelque distance d'ici est aussi animé des mêmes sentiments: ils sont l'un et
l'autre très-disposés et très en état de concourir à une heureuse réussite.
«Je supplie très-humblement votre auguste assemblée synodale de me per-
mettre de terminer ici mes réflexions. Mon état, puisque le Seigneur le veut, ne
me permet pas de continuer, quoique j'eusse résolu de déposer dans votre sein
charitable nombre de plaintes que je crois très-justes, et de supplier votre
r[espectable] ass[emblée] d'avoir la bonté d'en connaître, quoique occupée de plus
grands objets.
«Les églises du Haut-Languedoc, celles du Montalb[anais] et Agenais, dont les
pasteurs et quelques anciens me condamnent sans m'entendre, sans égard pour mes
lettres, et sont tantôt mes accusateurs et tantôt mes juges, ne m'accuseront pas,
je pense, d'avoir mangé le leur; les premiers me doivent les honoraires de six
mois depuis lySa; les seconds, ceux d'autant depuis mars 1752; et celle de l' Age-
nais une partie de ceux de 1754. Malgré mes besoins et mes plaintes réitérées, soit
auprès des pasteurs, soit auprès des anciens, soit enfin en colloque, je n'ai pu
Jusqu'ici en être payé. Je ne vous dissimulerai pas. Messieurs mes très-honorés
et très-r[espectables] frères, que je vois arriver à grands pas ce triste temps, dans
lequel je serai forcé, à mon grand regret, de quitter pour le bien de la paix les
églises persécutées, pour l'amour desquelles j'ai souvent refusé, à votre exemple,
les avantages qu'on m'offre dans l'étranger. En priant ardemment l'Etre suprême
de vous conserver très-précieusement et de présider dans toutes vos délibérations,
daignez m'accorder, au nom de Dieu, le secours tout puissant de vos saintes
prières. Plein de vénération pour vos dignes personnes et d'un respect profond
pour votre auguste assemblée, j'ai l'honneur d'être avec les sentiments de la plus
parfaite soumission, Messieurs mes très-honorés et très-respectables frères, votre
très-humble et très-obéissant serviteur.
«Grenier de Barmont.»
— Mss. de Bordeaux.
SYNODE NATIONAL. ,o5
Rôle des ministres, proposants et étudiants de France
dressé par ordre du synode national de lySô.
Hautes-Cévennes.
Pajleurs. — MM. Jean Roux, Jean Pierre Gabriac, Henry
Cavalier, Jacques Gabriac, Jean Méjanelie[du Cambon], Jean Martin.
Propqfants. — MM. Jean Rouvière, Jean Pic, Louis Vallat.
Etudiants. — MM. Bourbon, Pierredon.
Sainton^e.
Pqjîeitrs. — MM. Jean Louis Gibert, Pierre Dugas.
Propojants. — MM. Louis Figuières, Etienne Gibert.
Etudiant. — M. Taluchaud.
Vivarais.
Pajicurs. — MM. Pierre Peirot, Jean Blachon, François Cofte,
Alexandre Vernet.
Propo/ant. — M. Jean Maurin.
Etudiant. — M. Pierre Fauriel.
Bas-Languedoc.
Pajleurs. — MM. Paul Rabaut, Simon Gibert, Jean Pradel,
Pierre Redonne!, Louis Fayet, Pierre Encontre, Henry Baftide,
Pierre Sauiline, François Sauflinc, Jean Guizot, Pierre Allègre, Jean
Pierre Lafon, Paul Vincent, Jacques Mathieu.
Propojants. — MM. Teillier, Puget, Thérond, Pierre Paris.
Haut-Languedoc.
Pajleurs. — MM. Jean Sicard, Grenier de Barmont, Jacques
Sol, François Viala, Paul Lafon.
Propqfants. — MM. Duval. Rochette, Armand.
I06 LES SYNODES DU DÉSERT.
Provence.
Pajïeiirs. — MM. Jean Bétrine, Rolland.
Propqfant. — M. Jofeph Picard.
Dauphiné.
Pajîeiirs. — MM. Pierre Rozan, François Defcourt, Alex. Ranc.
Propofants. — MM. Marcel, Béranger.
Basses-Cévennes.
Pajîeiirs. — MM. Jacques Boyer, Gral, Jean Gai, Paul Dalgue,
Paul Marazel, Jean Journet, David Veffon, Marc Portai, Ducros.
Propqfant. — M. Gai.
Poitou.
Pajleur. — M. Moynier.
Normandie.
Pajleurs. — MM. Jean Godefroy, Louis Campredon.
Mémoire du nombre des étudiants que les provinces
ont envoyé au séminaire depuis 1748 jusqu'en 1756,
et du temps qu'ils y ont resté.
Hautes-Cévennes.
MM. Gibert, i an.
Durantis, 2 ans, i mois.
Dugas, 5 ans.
Pic, 2 ans, 7 mois, 8 jours.
Vallat, 2 ans, 7 mois, 8 jours.
SYNODE NATIONAL.
Basses-Cévennes.
MM. Rampon, i an.
Ducros, I an.
JoLirnet, i an.
Teiffier, i an.
Julien, I an.
Campredon, 3 ans.
Chabran, 3 ans.
Soulier, 2 ans.
Gai, 2 ans, 7 mois, 8 jours.
Noguier, 2 ans, 7 mois, 8 jours.
Haut-Languedoc.
MM. de Barmont, 2 ans.
Pajon, 3 ans, 10 mois.
Delille, 3 ans.
Armand, 2 ans, 9 mois.
Duval, I an, 9 mois.
Vivarais.
M. Maurin, 4 ans, 5 mois, 8 jours.
Dauphiné.
MM. Olivier, 3 ans, i mois.
Béranger, 2 ans, 5 mois.
Bas-Languedoc.
MM. Puget, I an.
Paris, 3 ans, i mois, 8 jours.
Picard, 3 ans, i mois, 8 jours.
Saintonge.
M. Etienne Gibcrt, 10 mois.
107
io8
LES SYNODES DU DESERT.
Poitou.
MM. Moynier, i an.
Defchamps
Normandie.
M. Merlin, qui avait été prêté i\ ladite province 7 ans, demeura
au féminaire, 2 ans, 6 mois.
Synodes provinciaux de 1757,
Synode du Bas- Languedoc.
Au nom de Dieu. Amen.
E fynode du Bas-Languedoc, affemblé au Défertfous la pro
tedion divine depuis le dix-huitième mai mil fept cent
^1^^ cinquante-fept jufqu'aujourd'hui vingtième du même mois,
«£_^^^Çttauquel ont affifté feize pafteurs de la province, deux des
Hautes-Cévennes, deux des Baffes & quarante & un députés des églifes,
après avoir imploré les lumières du St-Efprit & élu, à la pluralité des
fuflragcs: pour modérateur M. Paul Rabaut, pafteur; pour modéra-
teur-adjoint, M. Jean Pradel, pafteur; pour fccrctaire, M. Pierre
Encontre, pafteur, & pour fecrétaire-adjoint, M. Pierre Redonnel,
pafteur, a délibéré ce qui fuit :
Vu les circonftances préfentes, toute l'affemblée, animée d'un
même efprit, a cru devoir protefter, & protefte en effet qu'elle veut
perfévérer toujours dans les fentiments de foumilTiou, de zèle & de
fidélité dus à Sa Majefté ', fuivant la parole de Dieu.
n.
Pour donner à nos refpec^ables fupérieurs des preuves du défir
que nous avons de leur plaire en fécondant les vues de bonté qu'ils
I. Le 5 janvier 1757, Damiens avait frappé Louis XV d'un coup de canif et
l'avait légcrement blessé.
I lo LES SYNODES DU DESERT.
ont pour nous, & nous conformer à ce qu'ils ont paru exiger, il a été
arrêté que les affemblées fe feront avec toute la circonfpedlion & la
prudence polTible'.
m.
Pendant les circonftances préfentes, on n'admettra point de
pafteurs étrangers dans la province, c'eft-à-dire qu'ils ne foient fran-
çais d'origine, & pour ainfi dire naturalifés par le long féjour qu'ils
auraient fait en France.
IV.
A caufe de l'extrême corruption qui règne, des malheurs qui
continuent à défoler nos églifes, & de la guerre qui a affligé l'Europe,
& afin d'obtenir du Tout-Puiffant qu'il lui plaife veiller de plus en
plus pour la confervation de la facrée perfonne de Sa Majefté, il fera
célébré dans toute la province un jeûne folennel le Si" août prochain^.
Lefture ayant été faite des ades du fynode national dernier,
l'affemblée a déclaré f'y foumettre.
VI.
On fera ledure publique & on preffera fortement l'obfervation
de l'art. 9 dudit fynode national qui, touché d'une vive douleur du
peu de foin qu'on remarque en diverfes provinces de fandifier les
jours du dimanche, & voulant faire cefler toute profanation de ces
jours facrés, recommande l'obfervation du règlement fait à ce fujet
au fynode national tenu à Loudun, en mil fix cent cinquante-neuf,
lequel pour détourner les jugements de Dieu que f'attirent les profa-
nateurs, exhorte tous les fidèles à employer les faints jours à la fin à
laquelle ils font deflinés, en f adonnant aux exercices de piété publics
& particuliers, à la prière, à l'ouïe & ledure de la parole de Dieu, en
f'abftenant religieufement, non-feulement du travail ordinaire, mais
principalement defdites compagnies & divertiffements qui peuvent
détourner les efprits du fervice divin & de la dévotion à quoi nous
fommes obligés particulièrement en ces jours-là.
1. Il s'agit des anciennes ne'gociations de Rabaut avec le Prince de Conti.
2. En avril, le maréchal duc de Richelieu s'était emparé de Port-Mahon, et
avait investi le fort Saint-Philippe. C'est la guerre de sept ans qui commençait.
SYNODES PROVINCIAUX. m
vn.
Conformément à l'art. lo du même dernier fynode national,
on tiendra dans toutes les communautés un rcgiftre exact de tous les
baptêmes & mariages du Défert, & pour ceux qui font déjà faits, les
confiftoires feront tout ce qui dépendra d'eux pour en procurer l'en-
regiftrement. Ils enregiflreront auiïi les mortuaires félon leurs dates,
tant pour le paffé que pour l'avenir.
viu.
En conféquence de l'art. 1 1 du fynode national fufdit, la com-
pagnie a chargé M. Paul Rabaut d'écrire à M. Defferre, M. Jean
Pradel à M. Lafon, & M. Pierre Encontre à M. Bétrine, pour les
prier de donner à la province une copie des mariages qu'ils y ont
bénis & des baptêmes qu'ils y ont adminiftrés.
IX.
La compagnie, informée que le colloque de l'Agenais n'a pas
rempli la commilBon que lui donna le fufdit fynode national de faire
imprimer La difcipline ecdcfiajîiqiie avec les objervations & les con-
formités de M. de Larroque, a arrêté d'écrire audit colloque pour le
prier de f 'expliquer fil ne veut pas faire travailler à cette impreffion;
& au cas qu'il y renonce, qu'il foit écrit à toutes les provinces pour
leur propofer que, fi elles y acquiefcent, la nôtre fe chargera de cet
important ouvrage, aux mêmes conditions qu'il aurait été commis au
fufdit colloque.
X.
Qu'en e.xécution de l'art. 23 du fufdit fynode national, il fera
accordé quatre cents liv. pour l'entretien des miniftres non mariés.
XI.
Les confiftoires, qui n'ont pas encore fait la collede qui fut recom-
mandée en faveur de nos pauvres frères qui gémiffent fur les galères,
font exhortés à y travailler incell'amment ; & tant ceux-ci que les
autres qui ont déjà rempli ce devoir, feront tenir le provenu de cette
collede au confiftoire de Nimes, lequel, par fes pafteurs, fournira des
reçus des fommes qui lui feront rcmifes, & les fera parvenir à leur
deftination.
XII.
Il a été arrêté qu'on lira dans les affemblées religieufes & qu'on
recommandera fortement l'obfcrvation de l'art, -id) du même fynode
113 LES SYNODES DU DÉSERT.
national, conçu en ces termes : « L'affemblée, apprenant que dans les
«provinces il y a plufieurs perlbnnes qui, en prêtant de l'argent,
«exigent un intérêt exceffif, enjoint aux pafteurs d'exhorter leurs
«troupeaux à f'abftenir d'une telle pratique & recommande à tous les
«particuliers l'obfervation de l'art. 22 du chap. xiv de la difcipline. »
xm.
Il a été réfolu de faire des repréfentations au fynode national
prochain fur les art. 17 & 29 du national dernier.
XIV.
Par rapport au différend furvenu entre la province des Baffes-
Cévennes & la nôtre au fujet d'Atuech ', les deux provinces n'ayant
pu raccommoder, l'affaire a été renvoyée au prochain fj^node des
Hautes-Cévennes; & en attendant, les chofes demeureront dans
l'état où elles font & les fidèles qui fe trouvent fur les limites de la
province feront exhortés à vivre en bonne paix & concorde.
XV.
A l'unanimité des voix, a été établi un féminaire pour y former
des jeunes gens au St-Miniftère. M. Puget, pafteur, a été élu pour le
diriger, & tous les députés fe font engagés, au nom de leurs églifes, à
fournir, pour l'entretien des féminariftes, proportionnellement à ce
qu'elles font taxées pour celui du miniftère -.
XVI.
Pour marquer le cas que l'affemblée fait de l'emploi de diredeur
du féminaire, elle a arrêté que celui qui en fera chargé jouira d'une
penfion plus confidérable que les autres pafteurs, & l'a fixée pour
M. Puget à cinq cents livres.
XVII.
MefTieurs Paul Rabaut & Jean Pradel vifiteront le féminaire
deux fois dans cette année pour examiner, de concert avec M. le
directeur, la piété & les progrès des féminariftes, & pourront exclure
ceux en qui ils ne trouveront pas les qualités requifes de l'efprit &
du cœur.
1. Hameau du canton d'Anduze. (Gard.)
2. Il y avait déjà eu les «écoles ambulantes». Ce projet de séminaire à l'inté-
rieur n'eut pas de suite.
SYNODES PROVINCIAUX. u3
xvm.
Lorfqu'il fe préfentera des fujets qui délireront d'être admis dans
le féminaire, les confiftoires des églifes dont ils feront membres les
examineront; fils les trouvent de bonne cfpcrance, on finformera fi
M. le diredleur peut les prendre & dans ce cas ils lui feront envoyés;
autrement ils feront priés d'attendre.
XIX.
L'alTemblée, extrêmement affligée des jurements & des blafphèmes
qu'on entend fi communément, ordonne de faire ledure publique,
& de preifcr fortement l'obfervation de l'art. 24 du chap. xiv de
la difcipline, portant que les jureurs qui, par colère ou légèreté,
prennent le nom de Dieu en vain, & autres qui déchirent la Majeflé
du Seigneur, feront grièvement cenlurés, &, après une ou deux admo-
nitions, fils ne défiftent, feront fufpendus de la Ste-Cène; &les blaf-
phémateurs outragcux, comme aullî les renieurs & femblables, ne
feront aucunement tolérés en l'Eglife, mais d[ès] la première faute
feront cenfurés jufqu'à la fufpenfionde la Ste-Cène, & fils continuent,
feront publiquement excommuniés.
XX.
La compagnie, juftement indignée du fcandale que donnent cer-
taines perfonnes en commettant le crime de rapt, ou en f 'enlevant,
a délibéré que ces perfonnes feront cenfurées publiquement.
XXI.
Le fynode recommande de faire lefture publique de l'art. 10 du
chap. XI de la difcipline, félon lequel il faut que ceux qui préfenteront
des enfants au baptême foient d'âge fuffifant, comme de quatorze ans,
ou, fils font avancés en âge & n'ayant fait la Cène, proteftent de la
faire & foient dûment catéchifés.
xxu.
Les églifes qui n'ont point de diacres font exhortées d'en établir.
xxm.
L'affemblée recommande très-expreffément l'obfervation des
art. 27 & 29 du chap. xiv de la difcipline, charge les confiftoires
d'étendre le dernier jufqucs à ceux qui font métier de donner à jouer
8
114
LES SYNODES DU DESERT.
& de fournir des inftruments de jeu; & afin qu'on y manque d'autant
moins, elle les a fait tranfcrire ici l'un & l'autre :
«Art. 27. Les danfes feront réprimées ; & ceux qui font état de
« danfer & d'affifter aux danfes, après avoir été admoneftés pluiîeurs
« fois, feront excommuniés quand il y aura pertinacité & rébellion ;
« fi font chargés les confiftoires de bien pratiquer cet article, en faire
«lefture publiquement au nom de Dieu, en l'autorité des fynodes; &
«les colloques exhortés de bien prendre garde aux confiftoires qui ne
« fe mettront pas en devoir de les cenfurer.
«Art. 29. Tous jeux défendus par les Edits du Roi, comme
«cartes, dés, & autres jeux de hafard, & ceux où il y a avarice,
«impudicité, perte notoire de temps, ou fcandale, feront réprimés,
« & les perfonnes reprifes & admonefiées au confiftoire, & cenfurées
«félon les circonfl:ances.»
XXIV.
Il eft enjoint aux confiftoires & aux particuliers qui n'ont pas la
Sainte-Bible de f'en pourvoir au plus tôt, & ordonné aux premiers
d'avoir pour leur églife un lecteur & un chantre qui foient d'une
conduite édifiante & exads à participer à la Ste-Cène.
XXV.
Selon qu'il eft porté par les art. 2 & 3 du chap. iv de la difci-
pline, les anciens & diacres feront la reddition de leurs comptes
concernant les deniers des pauvres en préfence de leurs pafteurs & de
quelques fidèles.
XXVI.
Conformément à ce qui fut décidé par notre fynode de 1748,
ceux qui ont obligé ou qui obligeront les mariés au Défert de tirer au
fort ou de contribuer aux frais pour la milice, feront cenfurés dans
les affemblées des églifes dont ils feront membres, & fufpendus de la
Ste-Cène jufqu'à ce qu'ils aient reftitué l'argent reçu, & réparé les
dommages & les fcandales caufés, autant que cela fera poflible.
XXVII.
MM. Pierre Redonnel, André Baftide & Pierre Encontre ont été
nommés pour faire un recueil des fynodes nationaux & de ceux de la
province qui fe font tenus depuis la révocation de l'Edit de Nantes,
lequel recueil ils porteront au fynode prochain. Et pour leur faciliter
SYNODES PROVINCIAUX. Ii5
cette commiiïion, les pafteurs & anciens font pries de leur fournir
tout ce qu'ils auront & pourront fe procurer de relatif à ce defTein.
XXVIII.
La compagnie enjoint aux confiftoires d'être déformais plus exacts
à réprimer l'ivrognerie & les débauches.
XXIX.
Les deniers qui feront collectés pour les pauvres nefcrviront qu'à
leur deflination.
XXX.
La compagnie recommande très-e.\pre(rément la ledure & l'ob-
fervation d'un règlement du fynode de Vitré tenu en 1617 & rapporté
fur l'art. 28 du chap. xiv de la difcipline, par lequel il eft enjoint
à toutes les églifcs de réprimer foigneufement toutes infolences, comme
celles qu'on appelle charivaris, rançonnements de mariage & autres,
& veut que ceux qui, après avoir été admoneftés, fe montreront incor-
rigibles foient pourfuivis par toutes cenfures eccléfiaftiques. Et en
conféquence, elle ordonne au confiftoire de QuilTuc de décerner, contre
ceux de ce lieu qui font tombés diredcment ou indirectement dans le
cas de charivari & de rançonnement, les juftes cenfures qu'ils ont
méritées, & de faire tous fes efforts pour les obliger à reftituer tout ce
qu'ils ont fait rançonner.
XXXI.
Sur la queftion propofée par un député fi on ne doit excommunier
ceux qui fe marient dans l'Eglife romaine que pendant le temps de
leurs fiançailles, ou fi on peut auCTi les retrancher de l'Eglife après la
bénédiction du prêtre, quoiqu'ils difent être repentants; comme les
marques de repentance qui viennent immédiatement après le crime
font très-fufpectes, il a été décidé qu'ils feront excommuniés.
XXXII.
Conformément à l'ordre établi dans la difcipline, lorfqu'il y aura
des plaintes foit contre les anciens, foit contre les pafteurs, on obfer-
vera de les porter d'abord au confiftoire pour y être jugées; de là, au
colloque en cas d'appel, & du colloque au fynode, fuppofé qu'on y
appelle.
H(5 LES SYNODES DU DESERT.
XXXIII.
Sur l'appel de M. A. de l'article du colloque de Montpellier qui
porte que ledit fieur fera réparation publique du confentement qu'il
donna au mariage de fon fils qui époufa dans l'Eglife romaine,
l'affemblée a confirmé l'arrêté du fufdit colloque, & en conféquence a
délibéré que le fufdit fera la réparation qui lui a été impofée.
XXXIV.
L'arrangement des quartiers & l'augmentation des taxes des
églifes n'ayant pu fe faire aujourd'hui, fécond jour de la tenue du
fynode, & l'alTemblée ne pouvant plus fiéger toute entière, elle a
chargé MM. les pafteurs & un député de chaque quartier de travailler
demain ; & chacun de fes membres a promis de fe foumettre à ce qu'ils
feront comme fi toute l'affemblée l'avait fait.
XXXV.
Les quartiers rangés & acceptés, il n'a pas été jugé à propos de
les inférer dans les aftes du fynode, mais ils ont été mis à part dans une
feuille qui fera fignée par les Meffieurs de la table.
XXXVI.
Il a été délibéré qu'un ancien de Nîmes, un de Montpellier & un
de Sommières fe joindront aux Meffieurs de la table pour examiner
les comptes de l'emploi des taxes des églifes de l'année dernière.
Ainfi conclu & arrêté ce jourd'hui vingtième mai mil fept cent
cinquante-fept.
Paul Rabaut, pafteur & modérateur; Pradel, pafteur
& modérateur-adjoint; Encontre, pafteur & fecrétaire;
Redonnel, pafteur & fecrétaire-adjoint.
SYNODES PROVINCIAUX. 117
Synode du Vivarais et Velay.
Notre aide soit au nom de Dieu qui a fait
le ciel et la terre. Amen.
Aâes dit Jynode p~ovincial des églifes réformées du Vivarais &
Velay, ajfemblé fous la protedion divine au Défert, dans le Haut-
Vivarais, le vingt-fixicmc avril mil fept cent cinquantc-fept, auquel
ont ajjijlé quatre pajleurs & dix anciens, députés de/dites églifes.
Après la letture de la parole de Dieu & l'invocation de fon
St-Nom, a été réfolu ce qui fuit :
I.
Des anciens de la paroifTe de Saint-Fortunat' ayant demandé par
un mémoire l'avis de l'afTemblée fur la conduite d'un homme qui
retient les gages de fes domeftiques, &: prétend fe juftifier en donnant
une partie de ces gages aux pauvres, elle a été fenfiblement affligée
d'apprendre qu'un membre de nos églifes ait des penfées (i indignes
d'un chrétien. En conféquence, elle a chargé un des pafteurs de lui
écrire en fon nom, de le cenfurcr vivement & de l'exhortera rendre à
fes domeftiques tout ce qui leur eft dû.
II.
Le fieur R...., qui avait été député au fynode national de 1744,
fêtant plaint de ce qu'il n'avait pas encore été dédommagé des frais
auxquels il avait été expofé à cette occafion, la compagnie a décidéque
les églifes de la haute & baffe montagne lui paieront la fomme de
quarante liv., — bien entendu que fi ledit fieur R.... a déjà touché
quelque chose, il le tiendra ù compte aux fufdites églifes.
m.
Les larmes que nous verfàmes à l'ouïe de l'horrible affaffinat
commis le 5" janvier étaient juftes ; les prières ardentes que nous adref-
I . Commune du canton de La Voulte. (Ardèche.)
,i8 LES SYNODES DU DESERT.
fâmesà Dieu en faveur de fon Oint, les adions de grâces que nous
lui rendîmes e'taient des plus convenables. Dans quel gouffre de mal-
heurs n'aurions-nous pas été plongés, fi Dieu, touché de compaflion
pour fon peuple, n'avait pas confervé par les merveilles de la Provi-
dence le plus grand & le meilleur des Rois ! Pour lui en rendre nos
juftes aftions de grâces & implorer avec plus de fuccès les bénédidions
pour le Roi & pour le royaume, il a été réfolu que toutes les églifes
de cette province célébreront un jour de jeûne & d'humiliation extra-
ordinaire, qu'on a fixé au ib" mai prochain'.
IV.
Plufieurs églifes ayant jufqu'à préfent négligé de foufcrire à l'en-
tretien du miniftère, il a été réfolu que, pour prévenir cette négligence
& pour mettre MM. les anciens à l'abri detoutfoupçon, chacun d'eux
fera au plus tôt la lifte des fidèles de fon diftrid, & qu'on les taxera
à raifon de leurs facultés.
Peirot, modérateur; Blachon, pafteur; Coste, pafteur;
Vernet, pafteur & fecrétaire.
I. Dans le Vivarais, les religionnaires jouissaient depuis quelque temps d'une
tranquillité relative. «Nos troupes, écrivait Peirot le 21 mai lyS/, ne font aucune
sortie; il paraît qu'on nous tient ce qu'on nous a promis; de notre côté, nous
nous conduisons, autant qu'il dépend de nous, selon ce qu'il fut convenu. Notre
requête est partie; mais elle n'aura pu être arrivée avant l'exécution de l'exécrable
Damiens. » — Mss. Rabaut.
t^j «.^Lj ^^k# «^u
SYNODES PROVINCIAUX. i,g
Synode du Vivarais et Velay.
Notre aide soit au nom de Dieu qui a fait
le ciel et la terre. Amen.
Aâes du ffiiodc provincial des églijes reformées du l'ivarais &
Velay, ajfemblé fous la proteâion divine au Défert, dans le Haut-
Vivarais, les dix-huitième & dix-neuvième oâlobre mil fept cent cin-
quante-fept, auquel ont afjiflé quatre pajteurs & dix anciens, députés
defdites églifes.
Après la ledure de la parole de Dieu & l'invocation de fon
St-Nom, a été réfolu ce qui fuit:
I.
Le nommé M..ac fera fommc de la part de l'aflembléc de rendre
l'argent qu'il peut avoir entre les mains & en particulier la fommc de
5o liv. que l'églife d'A... avait donnée pour l'entretien du miniftère,
à faute de quoi on exercera contre lui la difcipline.
n.
M. Peirot ayant communiqué à l'aflembléc une lettre de M. Fau-
riel, dit LafTagnc, dans laquelle il prie qu'on le reçoive au nombre
des étudiants de cette province, elle lui accorde avec plaifir fa demande
& charge un des pafteurs d'écrire aux vénérables diredeurs du fémi-
naire pour le recommander à leurs foins & recevoir leur témoignage
fur fa conduite.
m.
Un des pafteurs écrira à l'églife d'A.... pour en exhorter les
membres à témoigner plus de fermeté à l'occafion du baptême de
leurs enfants & à fe conduire d'une fiiçon plus édifiante qu'ils ne l'ont
fait jufqu'ù préfent, fous peine de fe voir traités fuivant la rigueur de
la difcipline.
IV,
Le fieur P... des Q..., de la paroifle de Boffres, & la demoifelle
M..., de la paroiffe de Gluiras, ayant fait depuis quelque temps des
120 LES SYNODES DU DESERT.
démarches pour obtenir la bénédidlion de leur mariage dans l'Eglife
romaine, l'affemblée a décidé qu'on les exhortera vivement à ceffer
d'aller à la meffe, & la mère de ladite demoifelle à f'y oppofer de
tout fon pouvoir; à faute de quoi, on exercera contre eux les lois de la
difcipline.
V.
On adreffera de la part des églifes une vocation à M. Maurin, &
l'on priera MM. les vénérables direfteurs du féminaire de lui impofer
les mains, fils l'en jugent capable.
VI.
Sur les plaintes portées par le fieur Jacques Gros, au fujet d'une
convention faite entre lui & M. Colle, dans laquelle ledit fieur Gros
fe croit léfé & dont il demande la caffation, & l'offre faite par M. Gofte,
par un défir de paix & par refped pour la vénérable affemblée, de
céder audit fieur Gros la fomme de mille liv. de ce qu'il pourrait
prétendre, en conféquence de cette convention, ou de fen départir
moyennant la fomme de treize cents liv. pour les frais qu'il a expofés
dans les voyages qu'il a faits à ce fujet, — la compagnie, défirant faire
là-defTus de plus amples informations, a renvoyé fa décifion à un
fynode qui f'affemblera au mois de mars de l'année prochaine. En
attendant, elle a cru devoir fufpendre, comme elle fufpend, ledit
M. Gofte, & lui interdire les fondions de fon miniftère.
Peirot, modérateur; Blachon, pafteur; Vernet, pafteur &
fecrétaire.
SYNODES PROVINCIAUX. ,2i
Synode du Haut-Languedoc.
Au nom de Dieu. Amen.
Nous, pafteurs & anciens des églifes réformées du Haut-Langue-
doc », Haute-Guyenne, Montalbanais, Agenais, Comté de Foix,
Bordelais, affemblés en fynode provincial le vingtième avril mil fept
cent cinquante-fept, après avoir imploré la protedion de Dieu & les
lumières du St-Efprit, il fut nommé à la pluralité des fuffrages
M. Sicard, pafteur, pour modérateur; M. Sol modérateur-adjoint;
M. Viala fecrétaire; après quoi, il a été délibéré ce qui fuit :
I.
Sur la propofition agitée en fynode, fi Meffieurs les pafteurs
changerai[cn]t de quartier d'un fynode provincial à l'autre, il a été
convenu que ledit changement aurait lieu à commencer de cette année.
II.
Il a été délibéré par l'affemblée fynodale qu'il y aurait une cor-
refpondance entre tous les quartiers refpedifs de cette province, dont
le pafteur & deux anciens de chaque diftrid feront chargés.
III.
M. Sicard, pafteur, ayant demandé de faire pafTerM. Jean-Jacques
Crebeflac, fon élève, dans le pays étranger pour y perfectionner fes
Colloque du Haut-Languedoc du ij avril l'jS'^.
Au nom de Dieu. Amen.'
I. Nous, les pasteurs et anciens des églises réformées du Haut-Languedoc,
assembles en colloque le 17 avril 1757, après avoir imploré la protection de Dieu
et les lumières de son St-Esprit, ont été nommés, à la pluralité des suffrages,
M. Sicard pour modérateur, et M. Sompairac pour secrétaire; après, a été délibéré
ce qui suit :
1 . — En conséquence des avis que M. Elios nous a donnes de la convocation
du synode provincial, l'assemblée a nommé pour député M. Sicard, pasteur, et
MM. Sabrier et Sompairac, le premier, ancien de l'église de Lacaune, et le second
de celle de Roquecourbe.
2. — Le peu de temps, que nous avons eu depuis les avis de la tenue du
synode jusqu'au jour fixé pour le départ des députés, ne nous permettant point
de réfléchir assez mûrement sur plusieurs matières importantes; d'ailleurs, n'étant
point instruit de celles qui doivent être traitées dans ledit synode, le colloque prie
122 LES SYNODES DU DESERT.
études & jouir du bénéfice annexé aux étudiants de cette province,
fa demande a été accordée par le vénérable fynode, à condition que
ledit étudiant viendra exercer fon miniftère dans le fein de fes églifes;
& en conféquence, on a chargé le correfpondant de cette province
d'en donner avis à M. le Repréfentant des églifes de France.
IV.
L'affemblée fynodale a de plus accordé audit fieur Jean-Jacques
Crebeflac la fomme de trois cent foixante-dix liv. pour faire fon
voj'age, de laquelle dite fomme le Haut-Languedoc & le Comté de
Foix donneront cent onze liv., favoir le Comté de Foix trente-fept
liv. & le Haut-Languedoc foixante-quatorze; le Montalbanais, le
Bordelais & Agenais feront le refte de ladite fomme par égale por-
tion, ce qui fait quatre-vingt-fix liv., fix fols, huit deniers pour
chacun de ces trois endroits ci-deffus nommés.
V.
M. André Grenier de Barmont, furnommé Dubofc, n'ayant
point déféré aux art. i & 2 du fynode provincial du 23" mars 1766,
confirmé par l'art. 35 du vénérable fynode national, tenu le 4° mai
de la fufdite année, ayant d'ailleurs écrit une lettre par laquelle il
témoigne manifellement qu'il fe fouftrait de l'obéiffance due aux tribu-
naux eccléfiaftiques, la vénérable affemblée, pénétrée de la plus vive
douleur d'une conduite fi irrégulière & fi contraire au bien de l'Eglife,
fe voit obligée de le dépofer de fa charge, comme elle le fait par le
préfent arrêté, fe conformant en cela à l'art. 47 du premier chapitre
de la difcipline eccléfiaft:ique des Eglifes réformées de France, portant
très-instamment la vénérable assemblée de prévenir, à l'avenir, de semblables
inconvénients, en exhortant ceux qui seront chargés de la convocation de se con-
former aux art. 12 et 14 du dernier synode provincial.
3. — Messieurs nos confrères du Bas-Languedoc nous ayant écrit plusieurs
lettres pour nous solliciter à fournir quelques secours pour le bien de l'Eglise,
après avoir pesé et examiné les raisons, et les ayant trouvées justes, a acccordé
leur demande et exhorte M[essieurs] les anciens de procéder incessamment à la
levée desdits secours.
4. — L'assemblée, voyant la nécessité urgente où se trouvent les églises du
Haut-Languedoc d'un plus grand nombre de pasteurs, charge ses députés au
synode de représenter à la vénérable assemblée le besoin que nous aurions qu'elle
donnât ses soins pour nous en procurer quelqu'un.
Ainsi a été conclu et arrêté les jour et an que dessus.
SicARD, pasteur et modérateur ; A. Sompairac, secrétaire.
Mss. de Puylaurens et de Castres.
SYNODES PROVINCIAUX. 123
que tout miniftre qui fe rendra coupable de rébellion contre l'ordre
eccléfiaftique, fera dépofé, & [à l'art.] 5o du même chapitre qui défère
le droit au fynode provincial de juger de différents crimes dont le
miniftre pourrait fe rendre coupable, de mcme qu'à l'art. 32 du
chap. V de ladite difcipline qui porte que tout pafteur & ancien,
venant à rompre l'union de l'Eglife ou émouvant contention fur la
difcipline, fera dès lors fufpendu par le colloque pour être procédé
plus outre au fynode provincial ou national. Et vu fes propres lettres
& les papiers portant grief contre lui qui nous ont été remis par les
députés de l'églife de Bordeaux, nous, pafteurs & anciens du Haut-
Languedoc, Haute-Guyenne, Comté de Foi.x, Agenais & Bordelais,
députés en fj'node provincial, déclarons le fieur Grenier de Barmont,
furnommé Dubofc, indigne d'exercer le St-Miniftère, donnons aufli
avis h nos frères en Chrift de ne plus le regarder comme miniftre fous
peine d'encourir eux-mêmes les rigueurs de la difcipline.
VI.
Après les lettres écrites par M. A. Grenier de Barmont, fur-
nommé Dubofc, qui nous ont été produites par Meflleurs les députes
de l'églife de Bordeaux, de même que les papiers portant plainte
contre ledit fieur André Grenier de Barmont pour être préfentés au
refpedable fynode provincial, afin d'y être examinés & pris en confi-
dération, le vénérable fynode a délibéré que, conformément à l'art. 1 1
du chap. IX de la difcipline des Eglifes réformées de France, Icfdites
lettres & papiers feront remis en entier, en la forme qu'ils ont été
préfentés entre les mains des députés de la province, à qui le droit de
convoquer le prochain fynode appartiendra; lefdites lettres & papiers
font au nombre de treize pièces paraphées par notre fecrétaire.
VIT.
Touchant la demande que le quartier du Montalbanais avait faite,
par l'organe de fon pafteur, aux égliles du Haut-Agenais de vouloir
contribuer pour la fomme de mille liv. à l'élargilfement de quatre de
leurs confelfeurs qui font fur les galères, pour fait de religion, l'inten-
tion de quelques âmes charitables, qui avai[en]t déjà contribué à cette
œuvre pieufe, étant de parachever en feuls l'ouvrage, ledit quartier de
Montalbanais, rempli de la reconnaiflance la plus étendue, remercie
les églifcs de l'Agenais de ce qu'elles avai[en]t bien voulu entrer dans
le plan qui leur fut préfenté touchant cette affaire.
124
LES SYNODES DU DESERT.
Vin.
. L'affemblée, voyant la néceffité urgente où fe trouvent les églifes
de cette province d'un plus grand nombre de pafteurs, a chargé
M. Sicard, pafteur, d'aller, accompagné d'un ancien, dans les provinces
des Hautes-Cévennes & Bas-Languedoc pour les prier de vouloir
bien nous en donner quelques-uns en prêt; — lefquels députés feront
le voyage aux frais & dépens de la province.
IX.
Suivant l'art. 33 du premier ch[apitre] de la difcipline eccléfia-
ftique des Eg[lifes] réformées de France, qui déclare que tous les
miniftres, qui auront été cédés en prêt à une autre province, rentre-
ront en la jouiffance des églifes defquelles ils feront partis, du moment
de l'expiration du prêt, le refpedable fynode provincial, fatiffait &
reconnaiffant des fervices de M. Viala, pafteur, appartenant aux
Cévennes, a délibéré que ladite province ferait juftement priée de
vouloir, touchée de nos befoins, prolonger fon congé. En conféquence
d'un tel arrêté, on a chargé M. Sicard, modérateur, de leur écrire à
ce fujet.
X.
Vu le mémoire du fieurTauron, habitant de Fernand, en Agenais,
préfenté au vénérable fynode provincial, il a été convenu que l'affaire
ferait renvoyée comme de droit devant le colloque.
XI.
M. Viala ne nous ayant pas donné de plus grandes lumières fur les
affaires de M. Boucharel, l'affemblée a trouvé à propos de le continuer
dans fa charge d'ancien.
XII.
La vénérable affemblée affigne les quartiers du Haut-Languedoc
& Comté de Foix à MM. Sicard & Armand, lorfque ce dernier fera
confacré, le Montalbanais à M. Lafon, le Haut-Agenais à M. Viala,
& le Bordelais à M. Sol, pafteurs.
xni.
Il a été arrêté que M. Armand, notre candidat, n'ayant pu être
confacré au fynode, vu fon indifpofition, recevrait l'impofition des
mains le plus tôt poflible, & que pour cet effet MM. Viala, Lafon &
Sicard, pafteurs, fe rendront dans le Haut-Languedoc pour procéder
à ladite confécration.
SYNODES PROVINCIAUX. 125
XIV.
La vénérable affembléc a nommé M. Lafon, pafteur, avec un
adjoint à fon choix, pour faire part aux différents quartiers de cette
province des nouvelles relatives au gouvernement des églifes.
XV.
M. Sol, pafleur, ayant demandé à l'affemblée une atteftation ou
lettre d'envoi, fa demande lui a été accordée, confignée dans la forme
ci-deffous :
« Nous, pafteurs & anciens des églifes réformées du Haut-Langue-
«doc, Haute-Guyenne, Comté de Foix, Agenais & Bordelais, affem-
« blés en fynode provincial le 20° avril 1767, M. Sol, pafleur, en confé-
« quence de fon changement de quartier, nous ayant demandé une
« atteftation qui fît foi de fes bonne vie & mœurs, de même que de la
« faine doctrine qu'il a prcchée pendant le temps qu'il a deffervi le
«quartier du Montalbanais, après nous en être exactement informés
« avec Meflieurs les députés dudit quartier, qui ont dit n'avoir qu'a fe
« louer tant de fa dodrine, de fa conduite que fes vie & mœurs, c'eft
« pourquoi nous lui accordons le préfent a6te & exhortons les fidèles
« des églifes de Bordeaux, où il doit exercer fon miniftère, conformé-
« ment à l'arrêté du préfent fynode, à le regarder comme leur digne
«pafteur. Nous prions l'Etre fuprême de le couvrir toujours de fa
« puiffante protcdion. »
XVI.
La vénérable alTemblée a chargé le quartier du Haut-Agenais
de convoquer le prochain fynode provincial & d'en donner avis aux
diftrids refpedifs de cette province.
xvu.
En conféquence de l'art. 14 du préfent fynode, il a été arrêté
que Meilleurs les pafteurs des différents quartiers de cette province
donneraient avis de ce qui fe pafferait de nouveau, touchant les affaires
'de l'Eglife, à M. Lafon.
Ainfi a été conclu & arrêté le 21° jour du mois d'avril 1737.
SiCARD, pafteur & modérateur; J. Q. Sol, pafteur &
modérateur-adjoint; F. Viala, pafteur & fecrétaire.
mm
126 LES SYNODES DU DESERT.
Synode du Béarn'.
Au nom de Dieu soit fait. Amen.
Les églifes du Béarn, airetnblées fous les yeux de Dieu ce tren-
tième de'cembre mil fept cent cinquante-fept, après avoir imploré le
fecours du St-Efprit, ont délibéré ce qui fuit :
Que Meiïieurs Defferre & Journet, pafteurs, defferviront alter-
nativement, trois mois chacun, le quartier d'Orthez, & trois mois
chacun, le quartier de Salies.
II.
Que les églifes, qui fe trouveront fans prédication le dimanche,
Meilleurs les anciens auront foin d'affembler les fidèles, chacun dans
fon diftrid, autant qu'il fera poflible, & d'y lire la parole de Dieu,
faire réciter le catéchifme aux enfants, comme auffi de recueillir les
deniers des pauvres à la fin de l'exercice.
I. Voilà le premier synode du Béarn. Déjà, dans la première moitié du siècle
quelques prédicants avaient fait des «ouvertures» dans cette province. Le i5 mai
1753, Paul Rabaut écrivait à Court : 0 Une personne de confiance, que je connais
très-particulièrement et qui vient du Béarn, me dit que le zèle des protestants de
ce pays-là se réveille, qu'un jeune homme, nommé Olivier, qui vient d'Angleterre,
y fait les fonctions de proposant, et que les fidèles demandent avec le plus vif
empressement un ministre; qu'on l'a prié très-instamment de ne rien négliger
pour en amener un. Vous sentez, Monsieur mon tout cher ami, combien il serait
important de répondre à la demande de ces fidèles, non-seulement pour leur
utilité particulière, mais aussi pour le bien de la cause commune. N'auriez-vous
pas quelque sujet qui eût assez de zèle, de prudence et de capacité pour faire
cette bonne œuvre ? Agissez de votre côté, et je travaillerai du mien pour pro-
curer quelqu'un. » (Mss, Court, n° i , t. XXVI, p. 271). Cet Olivier n'était pas Jean
Loire, dit Olivier, qui, malade, avait pris le parti de demander, en 1751, «son
congé aux églises.» — «Je crains fort, répondit Court, que l'Olivier venu d'An-
gleterre ne soit crû dans un terroir bien moins avantageux. Ne serait-ce pas ce
jeune fanfaron qui ne court qu'après les pistoles, né à Brignon ou aux environs,
et qui fit des siennes en Provence, il y a déjà quelques années. . . Prenez un peu
langue auprès de la personne qui vous en a parlé ; et, s'il le faut, pour avoir des
SYNODES PROVINCIAUX. 127
m.
Qu'aucun ancien ne pourra, en feul, diftribucr les deniers des
pauvres que de l'avis du confiftoirc dont il eft membre.
IV.
Que lorfque le bien général des églifes exigera de faire certaines
dépcnfcs indifpenfables, chacune fera obligée d'y entrer pour fa portion,
furtout après qu'elle aura été confultée fur le cas qui e.xige lefdites
dépenfes, & non autrement.
informations plus exactes, qu'il ait la bonté d'écrire sur les lieux mêmes pour
avoir toutes celles qu'il pourra se procurer. Il ne faut rien omettre pour démas-
quer les maîtres fripons. Ils font un mal qu'on ne saurait trop prévenir (Mss.
Court n» 7, t. XIII, p. 140 — Juin 1753). — «J'écrirai, répliqua Rabaut, à l'ami
du Béarn, car il était parti lorsque je reçus votre lettre, qu'il serait à souhaiter
qu'on pût y envoyer quelqu'un.» — Au commencement de 1755, la place n'était
pas encore prise en Béarn. A cette date précisément, le pasteur Defferre, dit
Montagni, cherchait à porter son ministère dans une autre province que le
Bas-Languedoc. «Vous, Monsieur et cher ami, écrivait Rabaut à Court à son
sujet, qui connaissez tous les allants et aboutissants du royaume, ne pourriez-
vous pas le placer dans quelque province?» (Mss. Court, n" 1, t. XXVIII,
p. 78.) Antoine Court répondit aussitôt que s'il était tenté d'aller faire quelque
découverte en Béarn, ce serait peut-être le mieux. «Vous savez vous-même que
là se prépare une moisson qui n'attend depuis longtemps que la faucille d'un
ouvrier zélé, prudent et habile.» (n" 7, t. XIII, p. 2g. — i'''' mars 1755.)
Defferre partit. Il fut accueilli avec une rare faveur. «Sa dernière lettre m'ap-
prend, écrivait Rabaut, (oct. 175 5) que son commerce va de mieux en mieux:
il a tenu des assemblées de 6000 personnes. Grand nombre de papistes ne
vont plus à la messe. Les prêtres et les moines jettent feu et flamme. Cepen-
dant tout est fort tranquille.» En mai 1756, le synode national envoya le pasteur
Jean Journct en Béarn (Art. 37), et celui-ci arriva dans la province à la fin de
février 1757. Mais déjà, quelques mois avant son arrivée, le 17 oct. 1756, Defferre
avait essayé de jeter les premières bases de la réorganisation générale du Béarn.
«Le 17 du mois d'octobre 1756, lit-on, de l'ordre de M. Defferre-Montagni,
ministre du St-Evangile, nous fûmes assemblés dans la maison Magret de
Bérenx, — les sieurs de Labourdette Segalas de Baure, Lagardère, Labourdette,
Serignacq tanneurs et Bareigts d'Orthez, avec eux certains habitants de Salies
et d'Athos, — pour y former une espèce de consistoire aux tins des assemblées
qui se feront dans chaque lieu où l'on est. Les sieurs Lagardère, Labourdette,
Serignacq, anciens pour Orthez et le sieur Bareigts pour diacre, pour recevoir
les aumônes qui se feront pour les pauvres et pour les distribuer, de l'ordre
du consistoire, à ceux que l'on jugera en avoir besoin. Le nombre des anciens
s'étant trouvé insuffisant, on nomma quelques jours plus tard les sieurs de
Camu, de Maury et de Peytin pour Orthez, et Bessouat et Lacourège pour
Castetarbe.i) — C'est dans ces circonstances que, le 3o décembre 1737, s'ouvrit
le premier synode provincial.
1 28 LES SYNODES DU DESERT.
V.
Que dans chaque églife, les anciens feront foigneux d'exhorter
les fidèles dans les affemblées de fe tenir d'une manière décente &
édifiante.
VI.
Que l'églife d'Orthez aura, dans chaque tournée que le pafteur
fera dans led[it] quartier, deux affemblées, & le quartier de Salles,
qui comprend Baigts, Bérenx, Arthès, Lagor, Maflacq, Arance,
Mont, Gouze, Biron, n'en aura qu'une.
VII.
Les églifes ayant été requifes par M. Etienne Defferre, pafteur,
de lui accorder un certificat qui faffe foi [tant] de la doctrine qu'il a
prêchée, que de la conduite qu'il a tenue pendant le féjour qu'il a fait
au milieu d'elles, n'ont pu fe refufer à lui accorder une demande fi
jufte, & qu'il a méritée par fes travaux & par fon mérite perfonnel.
VIII.
Il a été convenu qu'on donnera à MM. Defferre & de Journet,
pafteurs, mille liv. à chacun pour leurs honoraires, pour l'année 1757.
IX.
Les églifes ont été taxées à payer chacune ce qui fuit :
L'églife d'Orthez 6io#
L'églife de Caftetarbe 70
L'églife de Salies 480
L'églife de Bellocq 200
L'églife de Labaftide 5o
L'églife d'Athos 40
L'églife de Sauveterre 80
Les églifes de Caftagnède, de Caffaber & Carreffe . 70
Le hameau de Lahontan 3o
L'églife de Bérenx 36
L'églife de Puyôo & Ramous 65
L'églife de Baigts 36
L'églife de Salles 70
L'églife d'Ozenx & Monteftrucq 3o
L'églife de Viellenave 24
SYNODES PROVINCIAUX. ,29
Les églifes de Maflacq, Lagor, Sarpourenx & Biron . 80 #
LendrefTe & Arancc 36 »
Gouze & Mont 36 »
Arthcs 36 »
Pontacq, Nay, Pau & fes annexes 100 »
2129 #
Fait & arrêté ce jourd'hui 00" décembre 1757.
Jean Journet, pafteur & fecrétaire.
PAUL MABAUT
Synodes provinciaux de 1758.
Synode du Bas- Languedoc.
Au nom de Dieu. Amen.
isër-y
^^ E fynode du Bas-Languedoc, affcmblé au Défert fous la
protcftion divine les troifièmc & quatrième mai mil fept
^>a?^ cent cinquante-huit, au nombre de dix-fept pafteurs & un
• - yw) propofant de cette province, deux pafteurs des Hautes-
Cévennes, deux des Baffes, un de Saintonge & Angoumois, &
quarante-fept députes de l'ordre des anciens, après avoir imploré le
fecours d'en Haut, & élu Meilleurs Paul Rabaut, pafteur, pour modé-
rateur, Jean Pradel, pafteur, pour modérateur-adjoint, Pierre En-
contre, pafteur, pour fecrétaire, & Pierre Redonnel, pafteur, pour
fecrétaire-adjoint, a délibéré ce qui fuit :
I.
Que nul ne pourra entrer dans nos affemblées fynodales, fil n'eft
député par fon confiftoire.
u.
La corruption qui va en augmentant, la guerre qui défoie l'Eu-
rope & le fléau de la perfécution qui continue à affliger nos églifes,
ont déterminé l'alfcmblée à indire un jour de jeûne & d'humiliation,
& a été réfolu qu'on le célébrera le dimanche 20*= d'août, & cela pour
nous conformer à nos frères des Hautes & Baffcs-Cévennes qui ont
fait choix de ce jour-là '.
I. Ni Rosbach, ni les désastres de la guerre de sept ans n'empêchaient la
perse'cution de suivre son cours. L'Agenais, le Perigord, le Condomois et le pays
l32 LES SYNODES DU DÉSERT.
m.
M. Cavalier, dit Latour, pafteur, ayant demandé au nom des an-
ciens de l'églife d'Alais fi l'appel qu'ils ont interjeté au fynode national
des art. 2, 6 & 8, du fynode provincial des Hautes-Cévennes, tenu
le 19^ avril dernier, doit empêcher la publication ScTexécution des
fufdits articles jufques à ce que le fynode national en ait décidé, la
compagnie a répondu que ces articles doivent être publiés & exécutés
nonobftant l'appel, conformément à l'art. 18 du chap. v deladifcipline.
IV.
La compagnie, confidérant que le grand nombre des députés,
en augmentant les frais des églifes, augmente auffi les peines & les
incommodités des anciens & des fidèles des environs des lieux où fe
tiennent les fynodes, & furtout le danger que court cette affemblée,
elle a décidé qu'à l'avenir il ne fera envoyé qu'un de chaque églife.
V.
Les députés des églifes de Lunel, Marfillargues & Gallargues
ont, du confentement du fynode, convenu que le paft:eur qui les def-
fervira fera autant d'aliemblées à Marfillargues & à St-Laurent qu'à
Lunel & Gallargues; & cette première & fon annexe paieront pour
l'entretien du minifire autant que les deux autres, & pareillement
Gallargues autant que Lunel, en diminuant Lunel & augmentant
Gallargues, ainû qu'il le faudra pour former la fufdite égalité.
VI.
Sur l'appel que le confiftoire de l'églife de Junas a fait au préfent
fynode de l'accommodement fait, il y a quelque temps, entre lui &
celui de l'églife de Sommières, confirmé par deux colloques, portant
que toutes les fois que les deux églifes f 'aflembleront dans celle de
Junas, celle de Sommières retirera un quart de la collecle des deniers
d'Albret avaient vu recommencer les dragonnades. Le maréchal de Thomond,
qui commandait en Guyenne, avait interdit (12 cet. 1757) à toutes personnes «de
se trouver ensemble en plus grand nombre que celui de cinq, non-seulement dans
les endroits suspects, mais même dans les chemins. » Logements de soldats, auto-
da-te de livres, condamnations aux galères, emprisonnements, rebaptisation des
enfants, rien n'était épargné. « Dieu veuille avoir pitié de nous, écrivait le pasteur
François, dit Germain ; aujourd'hui on a fait venir des lettres de cachet, et on a
commencé à arrêter nos meilleurs associés... ; on menace de faire enlever les filles
pour [les] mettre dans les couvents, de sorte qu'en toute manière notre sort ne
saurait être guère plus déplorable qu'il l'est depuis bien de temps. » — Mss.
Rabaut. (mai 1758.)
SYNODES PROVINCIAUX. i33
des pauvres & celle de Junas tout le rcftc, — la compagnie a confirmé
le jugement defdits colloques, & elle exhorte l'cglife de Junas à
approcher fcs affemblées, autant qu'elle le pourra, de celles de Som-
mières, & cette dernière de ne pas abufer de ion droit.
VII.
Le fynode, craignant de fexpofer en continuant fes féances, a
cru devoir fe féparer, & cependant, voulant que les affaires fe finif-
fent, il a délibéré que le plus tôt poffible, les pafteurs f'affembleront
avec un député de chaque colloque, & que cette affcmbléc terminera
tout ce qui relie à faire, avec autant d'autorité que le fynode lui-même.
Les pafteurs & les députés de l'ordre des anciens fêtant affem-
blés le ly*^ du fufdit mois & an pour reprendre les délibérations,
après avoir imploré les lumières du St-Efprit, ont arrêté ce qui fuit :
VIII.
La demande faite en faveur de M. Pierre Paris que l'aflemblée
voulût bien le relever de l'article d'un de nos fynodes qui l'exclut du
fervice des églifes de cette province, la compagnie, le relevant en effet
de ladite exclufion, a délibéré qu'au cas [où] il vouliàt fe deftiner pour
le fervice de nos églifes, il viendra y exercer les fondions de propo-
fiint pendant neuf mois; après quoi, il pourra être examiné & reçu au
St-Miniftère, fil en eft jugé capable.
IX.
Lefture faite d'une lettre que M. Picard, miniftre, a écrite au
fynode en date du 28° avril dernier, la compagnie a ordonné que cette
lettre fera mife en liaffe; & ne pouvant accorder fa demande, elle a
chargé Meffieurs de la table de lui en écrire les raifons.
X.
Meffieurs Paul Rabaut & Redonnel, pafteurs, ont été nommés
députés au prochain fynode national, & Meffieurs Jean Pradel &
Pierre Encontre, pafteurs, pour fubftituts. Ont encore été élus pour
députés au prochain fynode provincial des Hautes-Cévennes, Mef-
fieurs Baltide & Allègre, pafteurs, & pour fubftituts. Meilleurs En-
contre & Pierre Saufline, auffi pafteurs. Enfin ont été nommés pour
députés au fynode provincial des Baffes-Cévennes, Meffieurs Puget
& Vincent, pafteurs, & pour fubftituts, Meffieurs Guizot & Pierre
Sauffine, auffi pafteurs.
l34 LES SYNODES DU DÉSERT.
XI.
L'affemblée a chargé Meffieurs les députés au fynode national de
demander:
1° que les églifes de Pierremale & des Vans foient féparées de
notre province & jointes à celles des Hautes-Cévennes, comme elles
l'avaient toujours été jufqu'au dernier fynode national ;
2° Que l'art. 17 du même national foit modifié, en forte que les
innocents ne puiffent pas être confondus avec les coupables;
3° L'exécution des art. 7 & 18 du même national concernant,
l'un les cantiques facrés, & l'autre l'impreffion de la difcipline ecclé-
fiaftique ;
4° S'il ne ferait pas à propos d'examiner pourquoi en certaines
provinces il y a fi peu de pafteurs, &. d'où vient qu'on y fait fi peu
d'affemblées".
XII.
Qu'à l'avenir toutes les églifes contribueront aux dépenfes qui fe
feront pour les profélytes néceffiteux.
Ainfi conclu & arrêté les jours & an que deffus.
Paul Rabaut, pafleur & modéraf; Pradel, pafl'' &
modéraf-adjoint; Encontre, pafleur & fecrétaire;
Redonnel, pall'' & fecrét''''-adjoint.
1. C'est une allusion au Poitou. On verra plus loin que le septième synode
national s'émut de la situation de cette province et qu'il lui fit offrir (Art. 14) le
ministère du pasteur Sol, dit Elios.
^.éijàijê.
SYNODES PROVINCIAUX. ,35
Synode des Hautes-Cévennes.
Notre aide soit au nom de Dieu qui a fait
le ciel et la terre. Amen.
Le fynode des Hautes-Cévcnnes, [étant] affemblé le douzième &
le treizième juillet mil fept cent cinquante-huit, auquel ont affifté
MM. Jean Roux, Jean-Pierre Gabriac, Jacques Gabriac, Henri Cava-
lier, Jean Martin, Jean Méjanelle du Cambon, & Pierre Vallat, paf-
teurs de la province; M. André Baftide, pafteur, député de la province
du Bas- Languedoc; M. Jean Louis Gibert, pafteur des églifes de
Saintonge', & M. Louis Figuières,miniftre; deux propofants& vingt-
trois anciens, députés par les églifes, — après avoir imploré le fecours
de Dieu & nommé M. Jean Roux modérateur, Jean-Pierre Gabriac
modérateur-adjoint, Henri Cavalier fecrétaire & Jean Méjanelle du
Cambon fecrétaire-adjoint, on a conclu & arrêté les articles fuivants :
L'affemblée fynodale, ayant examiné les articles du colloque
d'Alais tenu le cinquième du courant, vu le jugement, contenu dans
le premier, portant dépofition de tous les anciens de ladite églife
d'Alais, l'injondion qui leur y eft faite de ne plus fe mêler des affaires
qui regardent le gouvernement de l'Eglifc, lu [le] mémoire dont il y eft
parlé & entendu toutes les raifons qui ont donné lieu à ce jugement,
elle le confirme, & approuve la conduite que ledit colloque a tenue fur
toute cette affaire qui eft exprimée en fubftance dans les cinq premiers
articles. Elle ordonne de plus auxdits Meflieurs dépofés de remettre
inceffamment aux anciens de ladite ville nouvellement élus dans cette
charge, conformément à l'arrêté dudit colloque, les deniers des
pauvres & ceux du miniftère qu'ils ont entre leurs mains. Outre cela,
le fynode a décidé que lefdits Meffieurs dépofés, ainfi que tous ceux
de leur ville ou autres endroits de la province qui favorifent ou qui
I . Le 14 juillet 1756, J. L. Gibert avait été' condamné, par contumace, à être
pendu par l'intendant de La Rochelle.
l36 LES SYNODES DU DESERT.
pourraient favorifer dans la fuite leur rébellion à l'ordre établi dans
nos églifes, & le fchifme qu'ils femblent travailler à y introduire, feront
fufpendus de la participation au facrement de la Ste-Cène & ne feront
reçus à la paix de l'Eglife qu'après avoir donné publiquement des
marques d'une fincère repentance fur toute la conduite qu'ils ont
tenue, & réparé, autant qu'il fera poflible, lefcandale qu'ils ont donné
à l'Eglife & les imputations calomnieufes qu'ils font aux pafteurs
dans l'écrit dont il ell parlé ci-deffus.
II.
L'art. 6 dudit colloque d'Alais ayant renvoyé au fynode l'exa-
men & le jugement d'un manufcrit intitulé : Conte Cévenois, l'alfem-
blée, l'ayant lu & examiné, l'a trouvé diffamatoire & calomnieux;
mais, comme ce qui fait l'objet de ce libelle intéreffe non-feulement
les dignes pafteurs qu'on y a en vue, mais encore tous les miniftres &
toutes les églifes du royaume, elle a délibéré qu'on prierait le pro-
chain fynode national d'examiner auffi ledit écrit, & d'impofer à
M. Trélis fils, de la ville d'Alais, qui a avoué en être l'auteur, la peine
qu'on croira qu'il mérite.
m.
L'aflemblée, ayant entendu le rapport qui a été fait fur la con-
duite que MM. les anciens de l'églife de St-André-de-Valborgne ont
tenue & lu l'art, i" du colloque dudit St-André qui les dépofe tous
de leur charge d'anciens pour caufe de rébellion opiniâtre à l'ordre
eccléfiaftique, à l'exception d'un feul qui a déclaré n'y avoir aucune part,
& de deux autres qui fêtaient d'abord joints aux premiers, mais qui
ayant enfuite reconnu leur faute & donné des marques de repentance,
n'ont été que fufpendus de leur charge pour quinze jours feulement,
— la compagnie les a déboutés de leur appel & confirme le jugement
dudit colloque ; elle enjoint de plus à M. le pafteur du quartier de cen-
furer vivement lefdits MM. rebelles fur les imputations calomnieufes
qu'ils ont faites à MM. les pafteurs, concernant les délibérations qui
fe prennent dans nos fynodes provinciaux. Celui-ci ordonne, outre
cela, que lefdits MM. anciens dépofés & autres perfonnes qui pcrfé-
véreront dans leur rébellion feront fufpendus de la participation au
facrement de la Ste-Cène, & ne feront reçus à la paix de l'Eglife
qu'après avoir donné publiquement des marques d'une fincère repen-
tance & réparé, autant qu'il fera poffible, le fcandale qu'ils ont donné
SYNODES PROVINCIAUX. iS^
à l'Eglife, ainfi que le fynode l'a déjà décide fur un cas à peu près fem-
blable exprimé ci-deffus, article premier.
IV.
M. Pic, propofant de nos églifcs, les ayant ci-devant indifpofées
pendant fon féjour au fcminaire,furtout par fon refus d'obéir aux fom-
mations de fc rendre parmi elles qui lui avaient été faites de la part de
plufieurs fynodes & par une lettre qu'il adreffa à celui du quatrième
mai de l'année dernière, — fêtant enfin rendu dans celui-ci, il lui a été
permis d'expofer en détail les raifonsde juftification qu'il croyait avoir
par devers lui. L'alTcmblée, après les avoir entendues & mûrement
examinées, a trouvé qu'il yen avait quelques-unes qui diminuaient à
certains égards fa faute, mais qu'elles étaient bien éloignées de le dif-
culper entièrement-, en conféquence, il a été décidé ce qui fuit : i" que
ledit M. Pic ferait fortement ccnfuré fur divers fujets dont il a été
trouvé blâmable, principalement fur fa défobéiffance à nos arrêtés
fynodaux; 2° qu'il en témoignerait fa repentance à l'affemblée & pro-
mettrait de fe conformer déformais à l'ordre établi dans nos églifes;
3" qu'il écrira une lettre à MM. les vénérables diredeurs du féminaire
avec prière de la communiquer aux amis de leur voifinage, dans
laquelle il déclarera que reconnaiffant préfentement qu'il avait donné
de juftes fujets de plainte à nos fynodes, & qu'ils étaient fondés à pro-
céder contre lui, ainfi qu'ils ont fait, il cft très-fàché de n'avoir pas
fuivi les confeils que ces refpeclables MM. amis & directeurs dudit
féminaire lui donnaient de déférer auxdites fommalions; 4" que cette
lettre fera remife à MM. Jean Roux & Jean Pierre Gabriac, pafteurs,
pour l'examiner & lui donner cours; 5" que c'cft à ces conditions
feulement & dans l'efpérance que ledit M. Pic les remplira, ainfi qu'il
f'y engage, qu'on raye par cet arrêté l'art. 5 dudit fynode du quatrième
mai mil fept cent cinquante-fept, drefle contre lui, & qu'on lui permet
d'exercer dans nos églifes la charge de propofant jufques au prochain
fynode qui jugera du temps où on pourra l'admettre aux examens;
6° enfin, que, vu fon humilité, fa foumillion & fes befoins, on priera
nos refpedables amis de lui accorder la penfion de féminarifte,
pendant tout le temps dont ils l'en avaient privé à la prière dudit fynode
de l'année dernière.
V.
On rayera l'art. 4 du colloque de St-Michel-de-Dèze, tenu le
douzième du courant, portant dépofition de la charge de trois anciens
l38 LES SYNODES DU DÉSERT.
pour avoir appliqué mal à propos à M. Jacques Gabriac, leur pafteur,
d'avoir fait prévaloir la voix de fept à plus de trente, dans une lettre
où ce pafteur n'eft cependant point nommé ; & l'on exhorte fortement
tous ceux qui ont affifté audit colloque de mieux pefer à l'avenir les
chofes fur lefquelles ils feront appelés à juger.
VI.
L'affemblée, pénétrée d'une vive douleur d'apprendre que cer-
tains proteftants de la communauté de St-Michel-de-Dèze ont figné
une délibération où l'on déclare qu'on ignorait qu'un homme fût mort,
fâchant qu'il l'était en effet, & faifant droit à l'appel de quatre anciens
de l'églife du Collet-de-Dèze fur le jugement que leur colloque, tenu
le deuxième du courant, a rendu fur cette affaire, elle a décidé : i" que
tous ceux d'entre lefdits proteftants, qui font dans le cas d'avoir figné
ou approuvé ladite délibération, feront fufpendus de la Ste-Cène
jufques à ce qu'ils auront donné des marques d'une fincère repentance,
& réparé publiquement le fcandale qu'ils ont donné à l'églife;
qu'outre cela, ceux des anciens qui ont eu part à cette affaire, feront
dépofés de leur charge ; 3" qu'à l'égard des frais, qui ont été faits contre
les héritiers du défunt à l'occafion de fa cote de la capitation qui a
donné lieu à ladite délibération, l'on reconnaît que fi cette cote était
légitimement due, ces frais doivent être fupportéspar lefdits héritiers,
mais que, comme la chofe n'eft pas bien claire, on charge M. le pafteur
du quartier, ou le premier qui officiera dans l'églife dudit St-Michel,
de fommer ceux qui ont figné ladite délibération de bien fonder leur
confcience, & fils reconnailfent que leur fauffe déclaration ait occa-
fionné ces frais, d'en faire reftitution, — fauf à eux d'avoir recours pour
le rembourfement d'une partie defdits frais auprès des proteftants qui
ont approuvé la délibération dont il f'agit, quoiqu'ils ne Payent pas
fignée.
VII.
On] confirme l'art. 2 du colloque du Collet-de-Dèze, tenu le
deuxième du courant, concernant le rembourfement de certains frais
qui font dus à diverfes perfonnes pour des voyages faits à des fynodes
précédents; & la compagnie déboute de leur appel ceux qui Tont fait
à ce fujet.
VIII.
L'affemblée déboute auflî les anciens de l'églife d'Alais, qui
furent dépofés dans le colloque du cinquième du courant, de l'appel
SYNODES PROVINCIAUX. ,3g
qu'ils avaient fait le trentième avril dernier fur l'art. 2 du dernier
fynode de la province, concernant les préféances dans les aflemblées
fynodales.
DC.
La compagnie, confidcrant que la Cour a toujours pris ombrage
& blâmé nos affemblées religieufes tenues en rafe campagne, a rcfolu
do fe procurer des maifons dans tous les endroits, afin que les fidèles
puiiTent y rendre à Dieu leur culte public & éviter les affemblées nom-
breufes & trop éclatantes qui caufent ledit ombrage, ce que la difette
de pafteurs n'avait encore pu prévenir; & quoique l'on foit perfuadé
que cet arrangement multipliera beaucoup leurs occupations, ils ne
laiffent pas de f 'y prêter avec plaifir, dans l'efpérance que ce fera un
moyen d'adoucir leur trifte état & celui de leur troupeau; cependant,
fi contre leur attente & celle des églifes qui leur font confiées l'on con-
tinue à nous vexer & à criminalifer notre conduite auprès du Gouver-
nement, l'affemblée fynodale juge convenable & néceflaire de charger
MM. les pafteurs de ne plus exhorter les fidèles à demeurer dans le
royaume, mais de leur faire entrevoir les malheurs qui les menacent,
& l'obligation où ils font, pour fe mettre à l'abri des tentations aux-
quelles la perfécution expofe, d'obéir à ce précepte de J[éfus]-Chrifl:.
«Si Ton vous pcrfécutc dans une ville fuyez dans une autre. »
X.
Le fynode, autant qu'il eft en fon pouvoir, prie & autorife M. Gi-
bert, pafteur, de faire choix des maifons qu'il conviendra de prendre
dans les différents endroits delà province pouryaffembler les fidèles;
& fuppofé qu'il Ibit nécelfaire de pourvoir au fervice de ces églifes, les
pafteurs auront foin de le faire, & dans ce cas ils defferviront alternati-
vement le quartier de celui qui fera le voyage, à moins que M. Martin,
pafteur, ne p[uifre] f'en charger avec le fecours d'un propofant.
XI.
On a nommé à la pluralité des fuffrages MM. Jean-Pierre
Gabriac & Henri Cavalier, pafteurs, pour aflîfter au prochain fynode
national; & au cas que ces députés, ou par maladie ou par
quelqu'autre accident, ne p[uiirent] fe rendre audit fynode, MM. Jean
Roux & Jean Méjanelle du Cambon, pafteurs, tiendront leur place.
La compagnie a aulïï donné pouvoir auxdits pafteurs de nommer,
conjointement avec leurs collègues, deux députés d'entre MM. les
140 LES SYNODES DU DÉSERT.
anciens de cette province qu'ils croiront les plus propres pour affilier
auffi audit futur fynode national, & deux fubftituts pour tenir leurs
places, fuppofé que les deux qui feront nommés les premiers ne
puiffent point faire leur voyage.
XII.
L'affemblée a chargé MM. fes députés audit fynode national :
1° de déclarer que notre province ne peut point reprendre, ni en tout,
ni en partie le quartier du Vivarais, dont le dernier fynode national
nous déchargea, en nous ôtant un de nos pafteurs qui deflervait ledit
quartier ; 2" de demander que toutes les provinces fe conforment,
autant qu'il fera poffible, à la délibération que nous avons prife, con-
cernant les maifons d'oraifon; 3° de propofer auffi que toutes les pro-
vinces, mais principalement celles du Bas-Languedoc, Baffes &
Hautes-Cévennes, foient à l'avenir plus uniformes dans l'exercice de
la difcipline qu'elles ne l'ont été jufques ici, furtout à l'égard de ceux
qui fe marient à l'Eglife romaine, qui y font baptifer leurs enfants,
ou qui décorent le devant de leurs maifons le jour qu'on appelle la
Fête-Dieu.
xin.
M. Roux deffervira Lozère, Caftagnols, Chamborigaud, Génol-
hac, St-Andéol & Penens, le quartier du Caftanet, de la Côte, de
Lherm de la paroiffe du Collet, le mas Soubeyran & le refte de la
paroifie de St-Michel jufques à La Rivière.
On a joint au quartier de M. Méjanelle du Cambon, St-Frézal
[de Ventelon] & St-Privat [de Vallongue] & Rabies ', Caffagnas & la
haute partie de St-André-de-Lancize, bien entendu qu'à chaque
vifite il ne fera obligé de convoquer qu'une feule affemblée à vingt
bouches pour les deux dits endroits.
L'églife de Caffagnas, ainfi que la haute partie de St-André-de-
Lancize, a été jointe au quartier de M. Vallat.
On a retranché du quartier de M. Gabriac le jeune St-Andéol,
les lieux du Caftanet, de Lherm, de la Côte, paroiffe du Collet, du
mas Soubeyran, paroiffe de St-Michel & le mafage des environs
jufques à La Rivière ^
1. On lit: Relvauché; mais ce doit être Rabiès qui de'petid de St-Privat, ou
La Roche qui dépend de St-Andre'-de-Lancize.
2. En ge'néral, ces communes et hameaux appartiennent aux cantons de
St-Germain-de-Calberte, de Pont-de-Montvert, de Barre (Lozère).
SYNODES PROVINCIAUX. 14,
II n'a point été fait de changement dans les quartiers de
MM. Gabriac l'ainé & Cavalier.
XIV.
M. Pic dcffervira les églifes de Meyrueis, de Florac, de St-Sau-
veur, de Vcbron, des Rouifes, de Baffurcls, de St-André-de-Valborgne,
de St-Marcel, de Saumane, & il fera pendant le courant de l'année
trois affemblées pour l'églife d'Alais, & M. Gabriac Faîne d'eux.
M. Bourbon dcffervira les communautés de Moiffac, de Ste-Croix,
de Gabriac, de Molczon, du Pompidou, de Barre, de St-Julien, de
Lafaile, de Grizac, de Calfagnas, de St-Germain, de St-Mariin-de-
Lanfucle, de St-André-de-Lancize, deSt-Privat & de St-Frézal'.
M. Pierredon deffervira les quartiers de MM. Roux, Gabriac le
jeune & Cavalier.
XV.
On a nommé MM. Roux & Cavalier, paftcurs, pour affiftcr au
prochain fynode du Bas-Languedoc, &; député auffi MM. duCambon
& Vallat, pafteurs, pour celui des Baffes-Cévennes.
XVI.
L'affemblée charge M. Cavalier, pafteur, de lire en chaire, à l'en-
droit où f'affcmble ordinairement l'églife d'Alais, les art. 1 & 2 du
préfent fynode.
Elle charge aufli M. Roux, pafteur, de lire le fixième dans la
première affemblée qu'il convoquera à la place de Condcllc, & le
fepticme aux anciens du Collet-de-Dèze, alTemblés en confiftoire.
M. Gabriac, pafteur, lira dans le colloque des églifes de fon
quartier l'article cinquième.
M. Vallat, pafteur, eft chargé de lire en chaire dans l'églife de
St-André-de-Valborgne l'article troifième.
Ainfi a été conclu & arrêté lefdits jours 12° & i3' juillet 1758.
Roux, pafteur & modJratcur; Gabriac, l'aîné, pafteur &
modcrateur-adjoint ; Cavalier, pafteur & fecrétaire.
I. Communes et hameaux des cantons de Florac et Barre (Lozère); de
St-André-dc-Valborgne (Gard); de Barre, de Pont-de-Montvert et de St-Germain-
de-Calberte (Lozère).
142 LES SYNODES DU DESERT.
Synode du Vivarais et Velay.
Notre aide soit au nom de Dieu qui a fait
le ciel et la terre. Amen.
Aâes du fynode provincial des églifes réformées du Vivarais &
Velay, ajfemblé fous la proteâion divine au Défert, dans le Haut-
Vivarais, le vingt-neuvième mars 7nil fept cent cinquante-huit, auquel
ont ajfijlé trois pafleurs & treize anciens, députés defdites églifes.
Après la Ie£ture de la parole de Dieu & l'invocation de fon
St-Nom, a été réfolu ce qui fuit :
I,
M. Cofte ayant paru devant l'affemblée & déclaré qu'il renonce
à la convention paffée entre lui & le fieur Jacques Gros, la compagnie,
fatiffaite de fa démiffion & édifiée de l'humilité & repentance qu'il a
fait paraître, a trouvé bon de ne chercher pas là-deffus de plus grands
éclairciffements. Elle lève la fufpenfion prononcée contre lui & lui
permet de reprendre fes fondions comme ci-devant, lui défendant
d'entreprendre dans la fuite rien de femblable & l'exhortant à fentir
toute la dignité de fon miniftère & à f'en occuper uniquement.
Peirot, modérateur; Blachon, pafteur; Coste, pafleur;
Vernet, pafteur & fecrétaire.
*^^ t/gi^ L^J t^J
SYNODES PROVINCIAUX. 143
Synode du Vivarais et Velay.
Notre aide soit au nom de Dieu qui a fait
le ciel et la terre. Amen.
Aâes du J/node proi'incial des églifes réformées du Vivaj-ais &
Velay, ajfemblé fous la protedion divine au Défert, dans le Haut-
Vivarais, le quin\ième août mil fept cent cinquante-huit , auquel ont
ajjijlé quatre paflcurs & huit anciens, députés dcfdites églifes.
Après la ledure de la parole de Dieu & l'invocation de fon
St-Nom, a été réfolu ce qui fuit :
I.
La compagnie, ayant reçu avis qu'un fynode national doit faf-
fembler dans peu de temps, fi le Seigneur le permet, a député
MM. Jean Blachon & Ale.\andre Vernet, pafteurs, & MM. L... &
anciens, pour y affifter avec plein pouvoir au nom & en l'autorité
dcfdites églifes de cette province & pour y délibérer, d'un commun
accord avec MM. les autres députés, fur toutes les matières qui y
feront traitées, conformément à la parole de Dieu & à la difcipline des
églifes réformées de ce royaume, & aux inftrudions qu'elle leur
a données, promettant de f'y conformer autant qu'il fera en fon
pouvoir.
II.
M. Cofte ayant demandé à l'affemblée un congé de trois mois
pour aller vaquer à fes affaires particulières, elle lui accorde fa de-
mande & fait des vœux en fa faveur.
J. Blachon, modérateur; Peirot, pafteur; Coste paftcur;
Ver.net, pafteur & fecrétaire.
144 ^^^ SYNODES DU DÉSERT.
Synode du Haut- Languedoc.
Au nom de Dieu. Amen.
Les églifes du Haut-Languedoc, Comté de Foix, Montalbanais,
Haut-Agenais & Bordelais, affemblées en fynode provincial, en la
perfonne de leurs pafteurs & anciens, dans le Montalbanais, le dix-
huitième août mil fept cent cinquante-huit', après l'invocation du
St-Nom de Dieu, ont délibéré les articles fuivants, favoir :
M. Sicard a été nommé à la pluralité des voix pour modérateur ;
M. Lafon pour modérateur-adjoint; M. Viala pour fecrétaire, &
M. Sol pour fecrétaire-adjoint.
Colloque du Haut-Languedoc du 7 août iy58.
Au nom de Dieu soit fait. Amen.
I. Nous les pasteurs et anciens des églises du Haut-Languedoc, assemble's en
colloque le 7 août lySS, après avoir imploré la favorable assistance de l'Esprit
de Dieu, ont été nommés à la pluralité des voix M. Sicard pour modérateur,
M. Armand pour modérateur-adjoint et M. Vernet secrétaire; après, a été arrêté
ce qui suit :
1. — MM. Viala et Lafon, pasteurs, nous ayant donné avis de la tenue du
prochain synode, en conséquence ont été députés, à la pluralité des suffrages,
MM. Julien et de Maisons, le premier ancien de l'église de Vabre et le second de
l'église de Puylnurens.
2. — Le présent besoin que nous avons des pasteurs dans ce pays, le colloque
supplie de nouveau la vénérable assemblée synodale d'avoir égard aux besoins et
de ne rien négliger pour nous les fournir.
3. — Le colloque voyant avec surprise que les représentations, qui furent
faites dans le dernier synode sur ce qu'on avait trop différé de l'instruire du
temps auquel cette vénérable assemblée devait se tenir, n'ont pas eu leur effet,
continue de nouveau à faire les mêmes plaintes, et prie instamment le synode de
vouloir, à l'avenir, l'informer plus exactement et plus à l'avance du temps de sa
teneur, comme aussi des principales matières qui doivent y être traitées, afin qu'il
eût le temps d'y réfléchir et de s'y préparer convenablement.
Ainsi conclu et arrêté les jour et an que dessus.
Sicard, pasteur ; Gardes, [dit] Armand, pasteur, modérateur-
adjoint; Vernet, secrétaire.
— Mss. de Puylaurens et de Castres.
SYNODES PROVINCIAUX.
■ 45
II.
Sur la demande qu'a faite l'églife de Bordeaux, en la perfonne
de fon pafteur & de fes députés, de fe démembrer de cette province
pour fe joindre à celle du Périgord, la compagnie a délibéré que, vu
l'appel interjeté par M. Grenier de Barmont, dit Dubofc, & le litige
qui fubfiftc actuellement, ladite compagnie a renvoyé examen de cette
demande jufqu'après la définition de l'aflaire dudit fieur Grenier
de Barmont, de quoi lefdits députés de Bordeaux ont déclaré leur
appel au prochain fynode national.
m.
Pareille demande a)'ant été faite par les députés de l'Agenais, la
compagnie n'a pas jugé à propos de l'accorder".
IV.
M. Sol, pafteur, ayant demandé au vénérable fynode fon congé,
l'affemblée, après avoir mûrement pcfé fa demande, le lui accorda,
fous condition qu'il continuera fon miniflère dans cette province
jufqu'après la tenue du prochain fynode national.
« Nous, pafteurs & anciens des églifes réformées du Haut-Lan-
«guedoc, Haute-Guyenne, Comté de Foix, Bordelais & Agenais,
«affemblés en fynode provincial, le 18° jour du mois d'août 1758,
« requis par M. Jacques Sol, furnommé Elios, pafteur defdites églifes,
«de lui expédier un acte de congé, nous lui accordons à regret fa
« demande, à condition qu'il demeurera toutefois attaché à notre corps,
«jufqu'après la tenue du prochain fynode national; déclarons de plus
« que, pendant qu'il a fait corps avec nous, fa dodrine nous a toujours
«paru pure& fa conduite édifiante. Nous le recommandons à la grâce
«de Dieu, & à la bienveillance des fidèles ù qui il fadrelfera.
« De notre aflemblée fynodale, le jour & an que deffus : Sicard,
« pafteur & modérateur; Lafon, pafteur & modérateur-adjoint; Viala,
«pafteur & fecrétaire; J. Gardes, pafteur.»
V.
Vu les lettres d'avis que la province des Baffes-Cévennes nous
a données concernant la convocation du fynode national, la compagnie
a député unanimement MAI. Dejean & Lafon, pafteurs, & MM. Min-
gard & Bagel, anciens, & au défaut du dernier, M. de Laprade, ancien.
I. On verra plus loin que l'Agenais ne tarda pas à avoir ses synodes parti-
culiers.
10
146 LES SYNODES DU DÉSERT.
VI.
Vu le befoin urgent que la province éprouve de fujets dans fon
fein, la compagnie, convaincue de la fagefle & du zèle de MM. les
pafteurs, leur donne l'option d'appeler ceux d'entre les propofants
que ladite province a dans l'étranger, & qu'il fera jugé à propos pour
fervir dans les églifes en cette qualité.
VII.
Sur la queftion propofée par l'églife de Vabre, en Haut-Langue-
doc, fi les pafteurs peuvent fufpendre de la communion lesproteftants,
qui, par l'ordre des magiftrats & pour éviter la perfécution, font
tapiffer le devant de leurs maifons dans le temps de la procefQon que
les C. R. appellent du Corpus, la compagnie a délibéré que, le cas
ayant été déjà décidé par le fynode national, il n'appartient, par cette
raifon, qu'au fynode national de changer à cette décifion; c'eft pour-
quoi ladite propofition a été renvoyée au fynode national prochain.
VIII.
Sur la propofition faite fi les pafteurs doivent fe relâcher de la
févérité de l'art. 27 de la difcipline qui prononce la fufpenfion de
la Ste-Cène contre ceux qui, malgré les avertiffements charitables,
f'obftinent à fréquenter les danfes & les fpedacles, fous prétexte qu'ils
voyent ces amufements indifférents, la compagnie a délibéré que les
art. 27 & 28 du dernier chapitre de la difcipline feraient obfervés
dans leur entier, jufqu'à ce que le fynode national en aura autrement
décidé.
IX.
Les pièces concernant M. Grenier de Barmont, dit Dubofc, que
le quartier de l'Agenais avait en dépôt, en vertu du dernier fynode
provincial, nous ont été remifes à l'exception d'une feule, qui f'eft
égarée fans favoir comment; lefquelles douze pièces ont été remifes
aux députés nommés pour le prochain fynode national, de même que
l'ade d'appel dudit fieur Barmont audit fynode national '.
X.
L'affemblée a chargé MM. les pafteurs du Haut-Languedoc de
deffervir à l'alternative les églifes [du] Comté de Foix.
I . Il s'agit des démêlés de Grenier de Barmont avec le pasteur Jacques Sol ;
le synode national de 1758 (Art. 9, 10, 11, 12 et i3) allait y mettre fin.
SYNODES PROVINCIAUX. ,4^
XI.
MM. Sicard, Viala & Lafon, pafteurs, ayant été charges par le
dernier fj'node provincial de procéder à la confécration de M. Jean
Gardes, furnommé Armand, au St-Mini(tère, ils remplirent leur com-
miffion, le 22" mai 1767, publiquement & conformément aux ufages
des cglifes réformées de France, de quoi lui a été accordé ade en la
forme qui fuit :
«Nous, paflcurs des églifes réformées du Haut-Languedoc,
« Guyenne & Comté de Foi.x, fouffignés, certifions & atteftons à tous
«ceux qu'il appartiendra qu'en conféquence de la commiffion dont
« nous avait chargés notre fynode provincial, tenu dans le Montalba-
«nais le 20° & le 21° avril de l'an 1757, nous avons impofé les mains
«& reçu au St-Miniftère M. Jean Gardes, furnommé Armand, dans
«une ad'emblée publique, convoquée à cet effet, dans le Haut-Lan-
«guedoc, le 22" mai de la fufdite année, & fuivant l'ufage établi dans
«les églifes réformées de France. Nous prions Dieu de le combler de
« plus en plus des dons & des lumières de fon St-Efprit, & de le tenir
« toujours fous fa puiffante protedion : Sicard, pafteur & modérateur-
«adjoint; Viala, pafteur & fecrétaire ; Sol, pafteur &fecrétaire-adjoint.»
xu.
L'églife de Bordeaux ayant demandé à la vénérable affemblée,
qu'au cas que la demande qu'elle doit faire au fynode national pro-
chain d'être féparée de cette province lui foit refufée, que ladite
province lui accorde un pafteur, le fynode provincial y a acquiefcé.
xm.
Suppofé que M. Grenier de Barmont, dit Dubofc, foit rétabli par
le prochain fynode national, la compagnie a jugé d'une voix unanime
que, vu les expreftions défavantageufes que fcs procédés ont produites
dans le fein de nos églifes, il ne peut pas exercer fon miniftère avec
fruit & édification dans cette province; c'eft pourquoi elle prie le
vénérable fynode national de ne pas nous le donner pour pafteur.
Ainfi conclu & arrêté le jour & an que deffus.
Sicard, pafteur & modérateur; Lafon, pafteur & modérateur-
adjoint; Viala, pafteur & fecrétaire; Sol, pafteur & fecrétaire-
ad joint; Gardes, pafteur.
148 LES SYNODES DU DÉSERT.
Synode du Béarn.
Les églifes de la province de Béarn, affemblées fous les yeux de
Dieu en fynode, ce dix-feptième juillet mil fept cent cinquante-huit',
au nombre de vingt-fix anciens, après avoir imploré le fecours du
St-Efprit, ont délibéré ce qui fuit :
Colloque de Saintonge des i et 2 décembre l'jSS.
Au nom de Dieu. Amen.
I. Les églises de la côte de Saintonge, savoir : Marennes, Arthouan, Souhe,
la Tremblade, Avallon, Paterre, Mornac, Breuillct, Royan, St-Palais, le Pouyeau,
Didonne, Cozes, Gemozac, Pons, Jonzac, Mortagne et St-Fort, assemblées en
colloque, le i et le 2 décembre lySS, assistées de MM. Jean-Louis Gibert et Etienne
Gibert, pasteurs desdites églises, et d'un ancien député de chaque église, après
avoir imploré le secours de Dieu, ont délibéré ce qui suit :
1. — Le colloque, ayant trouvé à propos de régler une heure pour l'exercice
public des dimanches et fêtes, enjoint à chaque église de le commencer à neuf
heures, pour ceux qui en feront deux, et à dix heures, pour ceux qui n'en feront
qu'un, et cela pendant l'hiver, — et l'été, à huit heures, pour toutes les églises.
2. — Comme on a jugé nécessaire pour l'édification des fidèles de faire choix
des lectures qui doivent se faire dans les exercices publics, le colloque charge les
anciens de chaque consistoire de convenir entre eux, huit jours à l'avance, et de
faire choix des chapitres de l'Ecriture sainte, des sermons et prières qui doivent
être lus, comme aussi des psaumes convenables qui doivent se chanter auxdits
exercices.
3. — Vu qu'il peut souvent s'approcher de la communion des personnes qui en
sont indignes, si les anciens n'y tiennent la main, et que, lorsque l'on va commu-
nier de son église dans une autre, les anciens de cette église ne s'y trouv[e]nt pas
très-souvent pour les en empêcher, c'est pourquoi on juge convenable de déclarer
aux fidèles qu'ils ne seront reçus à la communion que dans l'église dont ils sont
membres, sans une attestation du pasteur du quartier ou des anciens.
4. — A l'avenir, on ne bénira point de mariage sans que les bans aient été
publiés, conformément à l'art. 17 du chap. XIII de notre discipline.
5. — On a trouvé convenable de notifier aux fidèles l'art. 18 du chap. XI de
notre discipline, pour qu'à l'avenir il soit observé. Le voici mot à mot : « Les
«baptêmes seront enregistrés et soigneusement gardés en l'église, avec les noms
odes pères et mères et parrains et marraines des enfants baptisés; et seront les
«pères et parrains tenus d'apporter un billet dans lequel seront contenus les noms
«de l'enfant, des père et mère, parrain et marraine d'icelui; et sera mis le jour
« de la nativité. »
6. — On continuera le registre général avec la même exactitude, afin d'y
pouvoir avoir recours, en cas que quelqu'église perdît son registre particulier; et
chaque église fournira pour cet effet un mémoire exact des baptêmes et mariages;
et ledit registre sera sur le papier commun, les particuliers étant en papier timbré
conformément à l'ordonnance du Roi.
7. — A l'avenir chaque église n'enverra qu'un seul député aux colloques.
SYNODES PROVINCIAUX. 145
Les églifes n'ayant que deux pafteurs ' ont délibéré, en attendant
que Dieu leur en accorde un plus grand nombre, qu'ils préfideront
par tour dans les alTemblées fynodales.
L'afTemblée a nommé pour modérateur le fieur Defferre, pafteur,
& pour fecrétaire le fieur de Montefquin, ancien de l'églife d'Ozenx.
8. — Sur la demande du sieur Laur. ..., le colloque, du consentement du
député de l'église de Cozes et des autres anciens présents, l'établit lecteur, de
même que les sieurs Alery et La Rente, — bien entendu qu'ils se conformeront à
l'art. 2 du présent colloque.
g. — On juge convenable, touchant les différends d'Avallon, de représenter
aux deux parties qu'on a trouvé trop de vivacité de part et d'autre, et on exhorte
un chacun à oublier tout ce qui s'est passé jusqu'à présent, et que les choses
soient remises sur l'ancien pied, savoir que M. Busserand soit remis pour lecteur,
conjointement avec Messieurs du consistoire, — bien entendu qu'il se conformera à
l'art. 2 dudit colloque.
10. — Après avoir écouté et pesé mûrement différents griefs portés par quel-
ques églises contre M. Solier, pasteur des églises de l'Angoumois, quoique absent,
on a jugé convenable et nécessaire de prier ledit M. Solier de suspendre l'exercice
de ses fonctions dans les églises qui composent le colloque, jusqu'à ce qu'il en ait
été ordonné autrement par le prochain synode provincial, ou par les susdites
églises.
11. — Quant aux plaintes portées par les anciens de l'église de Paterre, con-
cernant le banc de la dame Busserand, laquelle a son domicile dans la paroisse de
qui est de l'arrondissement de l'église de Paterre, il a été réglé par le
colloque que le banc en question sera remis dans ladite église, au même lieu où il
avait déjà été placé, trouvant en même temps convenable que ladite dame livre
aux anciens de l'église susnommée la somme de 24 liv., sans y comprendre les
12 liv. qu'elle a données pour l'église d'Avallon.
12. — La proposition ayant été faite de régler ce que chaque église doit
fournir pour les honoraires de Messieurs les pasteurs au nombre de trois, on a
charge Maronnes à 400 liv., Arthouan à 1 5o liv., Souhe à i 5o liv., la Tremblade à
400 liv., Avallon à 25o liv., Paterre à 200 liv., Mornac à i5oliv., Breuillet à
60 liv., Royan et St-Palais à 3oo liv., Le Pouyeau à 120 liv., Didonne à 100 liv.,
Cozes à 200 liv., Gemozac à i 5o liv., Mortagne à 80 liv., St-Fort à 60 liv., Pons
à 200 liv., Jonzac à 33o liv.
i3. — On charge chaque église de tenir un registre exact de recettes et mise
des deniers, provenant des charités et collectes, lequel sera vérifié tous les six
mois pour le moins.
14. — Comme les anciens sont pour diriger l'église, le colloque ordonne aux
fidèles de se soumettre à leur direction et de les respecter s'ils ne veulent être
regardés comme rebelles à Tordre, sauf à eux, s'ils avaient des plaintes particu-
lières à faire contre eux, de les communiquer à qui de droit.
i5. — On recommande à toutes les églises un secret inviolable sur toutes les
affaires nous concernant, et que chaque particulier se conduise avec une intelli-
l5o LES SYNODES DU DESERT.
m.
L'affemblée a nommé, pour aflîfter en qualité de députés au
prochain fynode national, le fieur Jean Journet, pafteur de la province
des Baffes-Cévennes, qui nous a été prêté par le fynode national
tenu dans les Hautes-Cévennes l'an 1756, & le fieur de Labourdette
Ségalas, ancien de l'églife de Salles-Mongifcard.
IV.
L'affemblée, en confirmant l'article du dernier fynode, tenu le
So" décembre lySy, qui porte que, dans les églifes qui fe trouveront
fans prédication le dimanche, Meffieurs les anciens auront foin d'af-
fembler les fidèles, chacun dans fon dift;ri6t, autant qu'il fera poflible,
& d'y lire la parole de Dieu, faire réciter le catéchifme aux enfants,
comme auffi d'y recueillir les deniers des pauvres à la fin de l'exer-
cice, — en recommande très-expreffément l'obfervation & exhorte tous
les fidèles, par les compaflions de Dieu, de f'y conformer religieufe-
ment, fous peine [que] ceux qui, après diverfes exhortations à eux faites
au nom de Jéfus-Chrift, fe montreront rebelles contre l'ordre, feront
pourfuivis félon la difcipline jufqu'à la fufpenfion de la Ste-Cène.
V.
L'affemblée, déplorant la faibleffe, la lâcheté de plufieurs fidèles
qui, pour éviter certaines peines, tapiffent le devant de leurs maifons,
balayent les rues ou les jonchent de rameaux, le jour de la fête du
Sacrement de l'Eglife romaine, ce qui eft déférer à la créature les
hommages extérieurs & religieux qui n'appartiennent qu'au Créateur,
leur recommande l'obfervation des articles des fynodes tenus à Cha-
renton, l'un l'an i63i & l'autre en 1644, de même que l'article du
fynode national tenu dans les Hautes-Cévennes l'an 1748, dont lec-
gence intime, de plus qu'il y ait une parfaite union entre tous les consistoires,
une correspondance amiable, un support fraternel, et s'aider mutuellement de
leurs avis selon la charité qui nous est recommandée dans l'Evangile, à seule fin
que tous ensemble nous puissions attirer la protection du Tout-Puissant. Amen.
Les susdits articles ayant été relus à l'assemblée, elle les a unanimement
approuvés et promet de tenir la main à ce qu'ils soient observés dans toutes les
églises qui composent [le colloque], et après en avoir fait deux originaux et passé
par les censures charitables, chacun s'est retiré. Les pasteurs et le secrétaire
l'ont signé pour l'assemblée.
GiBERT, pasteur; Gibert jeune, pasteur; Plantier,
secrétaire des églises.
I. Defferre et Jean Journet.
SYNODES PROVINCIAUX. ,5,
ture fera faite à la tête des affemblées religieufes; & ceux qui rcfuferont
de les obferver encourront les peines dénommées dans lefdits articles
contre les délinquants; & à l'égard de ceux qui ont contrevenu aux
défenfes exprefles d'étendre le jour de la fête du Sacrement, nous le
paffons fous filence pour cette fois, fous la condition qu'ils ne le feront
plus à l'avenir & qu'ils le promettront en célébrant la Ste-Cène".
VI.
Lorfqu'une églife écrira foit ù un pafleur ou à une autre églife
voifinc, tant pour lui donner des avis fur quelque cas particulier
que pour lui en demander, toute lettre adreifée au pafleur ou à ladite
églife fera fignée de tous les membres d[u] confifloire ou pour le moins
de la plus grande partie, fans quoi ceux à qui ladite lettre fera adreffée
feront libres d'y avoir te! égard qu'ils trouveront à propos.
vu.
Le troifième article du quatrième chapitre de la difcipline, tou-
chant la reddition des comptes, fera obiervé dans tout fon contenu,
autant que faire fe pourra, par les raifons indiquées dans ledit article.
VIII.
Un feul ou plufieurs membres d'un confiftoirc ne pourront porter
aucune plainte dans un fynode en leur propre nom contre qui que
ce foit, fans en avoir donné avis préalablement à tout le confifloire
& en avoir obtenu le confentement ; &. ceux qui le feront, feront
cenfurés.
IX.
Le fynode ordonne que l'art. 6 du chap. xi de la difcipline, qui
ordonne aux pères & aux mères de porter ou faire porter leurs enfants
aux affemblées religieufes pour y recevoir le faint baptême, foit reli-
gieufement & exadement obfervé, fous peine de cenfure contre ceux
qui voudront f'y fouflraire.
X.
Lorfqu'un pafleur de la province fera obligé de f'abfenter pour des
raifons particulières & indifpenfables, ou qu'il fera hors d'état de
fonclionner, l'autre pafleur fera alternativement deux affemblées dans
I. Sur les châtiments qu'entraînait le refus d'orner les maisons, le jour de
cette fête, voy. les Mss. Rabaut, III, A. p. 167, 173 etc.
l52 LES SYNODES DU DESERT.
le quartier d'Orthez & deux dans le quartier de Salies, jufqu'à ce
que l'autre pafteur fera de retour ou qu'il fera en état de fondionner.
XI.
Vu les grandes grâces que Dieu a fait[es] à nos chères églifes, de
leur avoir procuré des pafteurs qui, avec le fecours du St-Efprit, les
ont retirées de la trifte fituation où elles étaient depuis longtemps,
n'ayant ni miniftère, ni facrement, défirant ardemment d'étendre le
règne de Jéfus-Chrift autant qu'il fe pourra, ce qui fait notre falut
& notre gloire, l'affemblée, d'un commun accord, a trouvé néceffaire
& très-bon de laiffer à la liberté & à la prudence de Meffieurs les
pafteurs, que Dieu nous a donnés dans fon amour, de porter de temps
en temps leur miniflère dans les lieux de la province où ils croiront
pouvoir contribuer aux progrès de la religion, fans que les confiftoires
aient droit de f'en plaindre ni de les empêcher.
XII.
Pour la plus grande édification des églifes du quartier d'Orthez, on
a trouvé convenable de faire une affemblée dans l'églife de Caftetarbe,
une autre dans l'églife de Départ ou Magret, & l'autre dans l'églife
de Salles ou fes annexes, fans que cet ordre puiffe porter aucun pré-
judice à la liberté que l'affemblée donne aux pafteurs de porter leur
miniftère dans les lieux où ils croiront être néceffaire.
XIII.
Les églifes font très-fenfibles & très-reconnaiffantes aux bontés,
aux foins & aux dépenfes de l'ami qui reçut avec tant d'attention
notre très-honoré pafteur, M. Defferre ', dans le temps de la plus
grande crife, lorfqu'il était en quelque manière deftitué de tout lieu
de fureté. Nous aurions fouhaité ardemment pouvoir répondre à
1. Le clergé, préoccupé et irrité de la restauration du protestantisme en
Béarn, avait obtenu du duc de Grammont, qui commandait dans la province,
qu'il mît en mouvement ses soldats contre les religionnaires. L'épouvante fut
si grande qu'une partie d'Orthez et des villages entiers prirent la fuite. Defferre
avait été prié par ses coreligionnaires de se mettre à l'abri. Mais en pasteur
« intrépide et zélé, il n'en voulut rien faire, écrit Journet, et repoussa leurs
conseils en leur répondant que, tandis qu'il trouverait [des] asiles, il resterait,
que le bon pasteur ne quitte jamais ses brebiset qu'il était tout résolu de subir
tout ce que la Providence trouverait à propos de lui infliger.» — Mss. Rabaut,
m, A. p. i53.
SYNODES PROVINCIAUX. ,33
toutes fes bontés, en le dédommageant, d'un côté, de toutes les dé-
penfes qu'il a faites à fon occafion, ce qu'il n'a voulu accepter; d'un
autre côté, en faifant connaître à toutes les églifes fon nom, ce qu'il
n'a voulu permettre par un effet de fa modeftie. Nous le remercions
du meilleur de notre cœur, & fi Dieu nous fournit des occafions pour
lui exprimer toute l'étendue de notre gratitude, nous les faifirons avec
une véritable joie. En attendant, on a chargé M. Journet, pafteur, de
vouloir le remercier au nom du fynode, ce qu'il a promis de faire
aufli parfaitement qu'il lui fera poflible.
XIV.
L'affemblée, pénétrée de la plus jufte &. la plus vive reconnaif-
fance de ce que la province des Baffes-Cévennes a daigné, par un
effet de fa charité & de fon zèle, nous prolonger le prêt de M. Jean
Journet, le digne pafteur, charge très-expreffément l'églife d'Orthez
d'en faire inceflamment ce très-fincère & très-refpeftueux remercî-
ment à ladite province.
Fait & arrêté dans notre affembléc fynodale, ce 17'' juillet 1758.
SEPTIÈME SYNODE NATIONAL.
Septième Synode national
tenu dans les Basses-Cévennes, du i"au 9 sept. 1758.
9'4W tlt^r Jl'iw' HV'f' lïiH'' ftïS'' HïS'' Ht^ lïSSr Tl'iw' fl'i'h )*>♦' tt'i^t HÏH" H'éW' fl'éW' Sï^ Bî"^ ïfï^ llï^ ÏIÏ'^ ïrï^ Hî^ Ilï^ Hî^
Au nom de Dieu. Amen.
Aâes du J/node national des églifes réformées de France,
ajfemblées fous la protcâion divine au Défert, dans les Baffes-
Cdrcunes, depuis le premier feptembre mil fept cent cinquante-huit
jufqu'au neuvième du même mois, auquel ont ajjifté en qualité de
députés :
Pour la province de Saintonge, pays d'Aunis, Angoumois &
Périgord: Meffieurs Jean Louis Gibert & Pierre Dugas, paflcurs,
[fans] aucun ancien.
Pour la province du Haut & Bas-Vivarais, relaj- & Fore:{:
Meffieurs Jean Blachon & Alexandre Vernet, pafleurs, avec deux
anciens.
Pour la province du Bas-Languedoc : Meffieurs Paul Rabaut £•
Pierre Redonnel, paftcurs, avec deu.x anciens.
Pour la province du Haut-Languedoc, Haute-Guyenne, Haut-
Agenais, Bordelais & Comté de Foix : Meffieurs Paul Augure Lafon
& Jean Sicard, pajleurs, avec un ancien.
Pour la province de Provence: Monfieur Etienne Rolland, pafleur,
avec un ancien.
Pour la province du Dauphiné & Principauté d'Orange : Monfieur
Alexandre Ranc, pafleur, avec un ancien.
i58 LES SYNODES DU DESERT.
Pour la province des Bajfes-Cévejines : Mejfieurs Jacques Boyer
& Jean Gai, pajîeiirs, avec deux anciens.
Pour la province des Hautes-Cévennes : Mejfieurs Jean-Pierre
Gabriac & Henry Cavalier, pajleurs, avec deux anciens.
Pour la province de Béarn: Monfieur Jean Journet, pajleur, avec
un ancien.
Le/quels députés ayant pré/enté leurs lettres d'envoi, elles ont été
lues & admifes.
PRÈS l'invocation du St-Nom de Dieu, on a élu à la
pluralité des fuffrages : pour modérateur, M. Paul Rabaut,
pafteur; pour modérateur-adjoint, M. Jean Gai, pafteur;
pour fecrétaire, M. Henry Cavalier, pafteur; pour fecré-
taire-adjoint, M. Pierre Dugas, pafteur.
I.
Ledure ayant été faite d'une lettre que MM. les pafteurs de Nor-
mandie ont écrite pour juftifier leur province de ce qu'elle n'a point
envoyé de députés au préfent fynode, la compagnie n'a pas trouvé
leur excufe tout à fait légitime'; en conféquence, elle enjoint à ladite
province d'envoyer à l'avenir des députés aux fynodes nationaux, &
à toutes les autres, qui ont trois pafteurs, de faire leur députation
complète.
u.
L'affemblée, furprife de ne voir aucun député de la province du
Poitou, ni lettre d' excufe à ce fujet, après f être informée de ce qui
pouvait en être la caufe, on a vu que c'était la faute de la province des
Baffes-Cévennes, qui, n'ayant pas cru que le Poitou fit une province
féparée de celle de la Saintonge, ne lui a pas donné avis de la tenue
du préfent fynode, de quoi les députés des Bafl'es-Cévennes ont témoi-
gné être fâchés.
III.
Quelques pafteurs qui n'étaient pas députés par les provinces
ayant fait prier l'affemblée fynodale de leur en permettre l'entrée,
fans cependant prétendre d'y avoir voix délibérative, on n'a pas
trouvé à propos de leur accorder leur demande.
I. La Normandie avait d'abord résolu de se faire représenter; elle s'était en-
suite fait excuser.
SYNODE NATIONAL.
i59
IV.
La compagnie, pénétrée de la plus vive douleur à la vue de la cor-
ruption qui règne dans le monde, des jugements de Dieu qui fe pro-
mènent fur la terre, & du trifte état où fe trouvent toujours les églifes
de ce royaume, a réfolu que, pour tâcher de fléchir la colère de Dieu
& attirer fa protedion & fa bienveillance, on y célébrera dans toutes
un jeûne folennel, qu'on a fixé au jour qu'on appelle Fête-Dieu.
V.
Les proteftants de ce royaume perfiftant dans les fentiments de
fidélité & d'obéilfance qu'ils doivent au Roi, leurs députés confirment
l'art. 2 du dernier fynodc national tenu en lySb, conçu en ces
termes : «La fidélité & l'obéiffance ducs au Souverain ayant toujours
«été un point capital de la do6lrine des Réformés, tous les membres
« du fynode ont protefté, tant en leur nom qu'en ceux de leurs pro-
«vinces, qu'ils perfévèrent dans cette créance, & qu'ils feront toujours
«prêts à tout facrifier pour le fervice de Sa Majcfté. »
VI.
L'afl"emblée confirme auffi l'art. 4 du fynode de 1756, concernant
l'union des églifes & portant ce qui fuit: «L'union des églifes a été
« renouvelée & confirmée fous la très-humble obéiflance due au Roi par
«tous les députés, tant en leur nom qu'en ceux de leurs provinces,
« union qui confifte dans la conformité de la foi, du culte, de la difci-
« plinc, & dans une exade correfpondance entre les provinces, foit en
«temps de perfécution, foit en temps de calme, comme auflï dans la
«contribution des dépenfes qu'on eft obligé de faire pour le bien de la
«caufe commune.»
VII.
Il a été unanimement réfolu d'adreffer une requête au Roi, notre
augufte Souverain, au nom de tous les proteftants du royaume repré-
fentés par le préfent fynode national, dans laquelle il fera fait un
tableau raccourci des maux où ils font expofés, & où l'on fuppliera Sa
Majcfté, avec tout le refped & la foumiffion poflTible, d'y apporter les
remèdes que fa bonté & fa fageli'e pourront lui fuggérer. Cette requête
fera drefl"ée par MM. Paul Rabaut, Pierre Redonnel & Jean Gai,
pafteurs, avec trois laïques que la prudence ne permet pas de nom-
mer ici.
i6o LES SYNODES DU DESERT.
VIII.
Les députés des Hautes-Cévennes ayant propofé que toutes les
provinces, mais principalement celles qui fe trouvent à peu près dans
les mêmes circonftances, foient à l'avenir plus uniformes dans l'exer-
cice de la difcipline qu'elles ne l'ont été jufqu'à préfent, furtout à
l'égard de ceux qui fe marient dans l'Eglife romaine ou qui y font
baptifer leurs enfants, l'afTemblée, reconnaiffant l'importance de cette
uniformité, la recommande fortement & confirme à ce fujet les art.
7 & 8 du fynode national de l'année mil fept cent quarante-huit.
IX.
M. Grenier de Barmont, dit Dubofc, ayant interjeté appel au
préfent fynode de la fentence de dépofition prononcée contre lui dans
le fynode provincial du Haut-Languedoc, tenu les 20^ & 21° avril
1757, ledit appel pris en confidération, quoiqu'on eût pu f'en difpen-
fer, attendu les fondions paftorales que le fieur de Barmont avait faites
après la notification de fon ade de dépofition, les pièces pour & contre
examinées, les députés du Haut-Languedoc & le fieur de Barmont
fommés devant Dieu de dire la vérité, entendus à différentes reprifes
& confrontés contradidoirement, le fieur de Barmont ayant infinué
que les députés de la province de Saintonge & Périgord lui étaient
fufpeds par certaines confidérations qu'il a alléguées, «& prié qu'on
délibérât là-deffus, — la compagnie, répondant à fa demande, n'a
trouvé aucun légitime fujet de récufation dans lefdits députés, feule-
ment quelques préfomptions contre M. J. L. Gibert, pafteur, lefquelles
ont porté l'alfemblée à l'exclure du nombre des juges dans cette affaire.
Tout exadement difcuté & mûrement pefé, il a été jugé ce qui fuit :
1° Que ledit fieur Grenier de Barmont a dû fe regarder jufqu'à pré-
fent comme dépendant de la province du Haut-Languedoc, nonobflant
tout ce qu'il a dit pour prouver le contraire; 2" Que, quoiqu'il eût été
de convenance que les pafteurs de ladite province lui écriviffent de fe
rendre dans le temps prefcrit au lieu indiqué pour fubir la cenfure
décernée contre lui par le fynode de la province, tenu le 23° mars
1756, & confirmée par le national du mois de mai de la même année,
cependant, comme ledit fieur de Barmont avait eu communication des
arrêtés defdits fynodes & qu'il ne pouvait par conféquent pas igno-
rer le temps & le lieu où il devait fe tranfporter, l'affemblée a jugé
qu'il était obligé de f'y rendre & qu'il était coupable de ne l'avoir pas
SYNODE NATIONAL. l6i
fait; 3° Qu'en conféqucncc du contenu ci-deffus, & autres griefs tires
de certaines exprefllons des deux, lettres du fieur de Barmont, la pro-
vince du Haut-Languedoc avait droit de le dépofer, ainfi qu'elle l'a
fait ; toutefois, à caufe des circonftances où celui-ci f 'eft trouvé, de
celles où les églifes du royaume fe trouvent en général, & vu le
manque de plufieurs formalités prefcrites en pareil cas, comme de
n'avoir cité ni entendu ledit ficur de Barmont & d'avoir admis deux
de fes parties au nombre de fes juges, la compagnie a jugé unanime-
ment que ledit fynode du Haut-Languedoc aurait agi plus fagement
de fe borner à le fufpcndrc jufqu'à ce qu'il eût rendu raifon de ûi con-
duite & manifefté la foumilîion à l'ordre eccléfiaflique; fur quoi l'on a
trouvé ladite province très-blâmable & on lui enjoint de mieux obfer-
ver à l'avenir dans fes jugements les formalités prefcrites par la dif-
cipline ; 4° Que le commentaire que les anciens de l'églife de Bordeaux
ont fait aux deux lettres mentionnées était, à plufieurs égards, violent,
faux & peu charitable ; 5" Nonobftant tout ci-deffus & autres griefs à
la charge duditfieur de Barmont, l'affemblée voulant ufer de clémence
à fon égard, en confidération des fervices qu'il a ci-devant rendus aux
églifes, lève par le préfcnt jugement la dcpofition décernée contre
lui dans ledit fynode du Haut-Languedoc, & la convertit en une fuf-
penfion qui finira au premier novembre prochain, fous condition que
le fieur Grenier de Barmont fe rendra alors, de môme que les pafteurs
du Haut-Languedoc, dans une églife de la même province, où M. Re-
donncl fe tranfportera, félon la commiflion que lui en donne l'alfem-
blée, pour lever ladite fufpenfion, rétablir ledit fieur de Barmont dans
le facré miniftère, & pour adreffer tant à lui qu'aux fufdits pafteurs
du Haut-Languedoc les exhortations qu'il conviendra, afin qu'à
l'avenir les uns & les autres foient plus exads à fe conformer à l'ordre,
le tout en préfence tant du confiftoire de la même églife que de telles
autres perfonnes que ledit M. Redonnel jugera à propos ; 6° A la réqui-
fition dudit fieur de Barmont, il a été arrêté que, fi dans l'intervalle du
temps marqué quelqu'un le taxait d'avoir exercé les fondions du St-
Miniftère, il fera obligé de porter fes griefs en bonne & due forme, le
jour défigné, par devant M. Redonnel, à défaut de quoi on n'y aura
aucun égard; 7" Il a été décidé que, conformément à l'art. 53 du pre-
mier chapitre de la difciplinc, ledit fieur de Barmont n'exercera point
fon miniftère dans l'églife de Bordeaux, ni dans aucune autre de la
province du Haut-Languedoc; & pour prévenir tout fujet d'alterca-
l62 LES SYNODES DU DESERT.
tion & éteindre la malheureufe divifion qui règne depuis quelque
temps dans cette églife, on défend auffi à M. Sol, pafteur, d'y exercer
fon miniftère, fil cft poffible ; 8° Enfin, l'affemblée dépofe tous les
anciens de ladite églife de Bordeaux, de même que les perfonnes à qui
ledit fieur de Barmont a conféré ce titre depuis fa dépoiition : les pre-
miers, parce qu'ils n'ont pas obfervé les lois de l'ordre eccléfiaftique
dans leurs pourfuites contre ledit fieur de Barmont, ni celles de la juf-
tice & de la charité, & les autres, comme n'ayant pas été légitimement
élus, fauf au pafteur qui fera donné à cette églife d'établir dans ladite
charge d'ancien ceux de ces Meffieurs ou autres qu'il croira propres à
l'exercer avec fruit & édification.
X.
Le lieu & le temps où ledit fieur de Barmont doit être rétabli dans
le St-Miniftère lui ayant été notifiés dans l'affemblée, il a promis &
protefte de f y rendre exaélement, comme auffi d'exécuter dans toute
fa teneur le jugement rendu contre lui.
XI.
Après que M. Grenier de Barmont aura été rétabli dans la charge
du St-Miniftère, il eft laiffé à fa liberté d'en aller exercer les fondions
dans la ville de Lyon, de défricher cette églife & d'y établir l'ordre.
Bien entendu que dans ce cas il dépendrade la province du Dauphiné,
avec laquelle il fera corps.
XII.
Le même fieur de Barmont fêtant plaint que les églifes du quar-
tier du Haut-Languedoc lui étaient redevables de la fomme de 233 liv.
pour refte de fes honoraires, celles du Montalbanais de 3oo liv. &
celles de l'Agenais de 42 liv., on enjoint aux dites églifes de lui payer
lefdites fommes le i"'' novembre prochain pour le plus tard, & on
charge MM. les pafteurs de la province d'y tenir la main.
XIII.
Le fynode difpenfe MM. les fecrétaires de donner jamais à M. de
Barmont copie des mémoires qui reftent entre leurs mains.
XIV.
La province du Poitou n'étant pas affez pourvue de pafteurs, la
compagnie l'exhorte à accepter le miniftère de M. Sol, au cas que
SYNODE NATIONAL. l63
celui-ci veuille le lui accorder; elle autorife auffi ledit fieurSol, fup-
pofc que cette miffion ne lui convienne pas, à fe vouer pour telle autre
province qu'il jugera à propos, bien entendu qu'il fe conformera tou-
jours à ce que la difcipline prefcrit en pareil cas.
XV.
MM. les modérateurs & fecrctaircs de la préfente affcmblce
écriront une lettre à Bordeaux pour exhorter les fidèles de cette ville
à dépouiller tout efprit de parti & d'indépendance, & de revêtir des
fentiments d'union, de paix & de concorde '.
XVI.
L'églife de Bordeaux ayant demandé d'être féparée de la province
du Haut-Languedoc pour être jointe à celle de Saintonge & Périgord,
& les deux provinces y ayant acquiefcé, l'alicmblée approuve & con-
firme cet arrangement =. Et comme il importe que l'églife de Bordeaux
foit inceffamment pourvue d'un pafteur non moins prudent que pieux
& éclairé, pour terminer les divifions qui y régnent, & qu'on cft per-
fuadé que M. Pierre Redonnel poflcdc toutes ces qualités, la compa-
gnie a unanimement jeté les yeux fur lui & l'a très-inftamment foliicité
de vouloir fe deftiner au fervice de cette églife, à quoi il a bien voulu
confentir pour une ou deux années, à condition toutefois que, fi la pro-
vince du Bas-Languedoc dont il dépend le rappelait plus tôt, il fera
libre d'y retourner &: qu'alors il fera libéré de cet engagement. On
recommande aux fidèles de cette églife d'avoir pour ce digne pafteur
tous les égards qu'il mérite & de déférer à fes pieufes exhortations.
xvu.
Les provinces qui feront chargées de la convocation des fynodes
nationaux, auront foin de fe conformer exadcment à l'art. 2 du
chap. IX de la difcipline.
1 . Le 27 octobre lySS, Paul Rabnut et Dugas, agissant au nom du synode
national, adressèrent en effet une lettre <i aux fidèles de l'église réformée de Bor-
deaux» pour leur recommander la paix, l'esprit de conciliation et pour leur faire
connaître la nomination de «AL Redonnel, dont les lumières, le zèle, la piété et
la modération ne contribueront pas peu à concilier les exprits. » — Mss. de
Bordeaux.
2. C'est à dater de cette année que le Bordelais fut détaché du Haut-
Languedoc, et qu'il figura désormais dans tous les actes synodaux de la province
de Saintonge et Angoumois.
i64 LES SYNODES DU DÉSERT.
XVIII.
Dans la ferme perfuafion où eft l'affemblée que les fidèles ne
peuvent innocemment décorer les devants de leurs maifons le jour
qu'on appelle Fête-Dieu, elle exhorte tous les pafteurs de la province
& leur enjoint d'inftruire leurs troupeaux à ce fujet & de les porter,
autant qu'il leur fera poffible, à f'abftenir d'un tel a£le.
XIX.
En conféquence de l'arrête ci-deffus, les circonftances ne permet-
tant pas à la compagnie d'entrer dans le détail des jugements, appels
& de tous les différends furvenus à l'occafion des tentures dans les
églifes d'Alais & de St-André-de-Valborgne, elle a nommé M. Paul
Dalgue, pafteur des Baffes-Cévennes, & M. Pierre Dugas, pafteur
du Périgord & fecrétaire-adjoint du préfent fynode, avec deux anciens
dont l'un fera choifi par le pafteur de chacun des deux quartiers ref-
pedifs & l'autre par chacune des deux églifes; auxquels commiffaires
elle donne plein pouvoir, après qu'ils auront prisconnaiffance defdits
jugements, appel & différends, d'en juger définitivement, & elle
exhorte fortement tous ceux qui y font intcreffés de fe foumettre au
jugement qui fera rendu par lefdits commiffaires, tout comme fil
émanait de notre affemblée fynodale.
XX.
Ayant été jugé convenable pour l'édification de l'Eglife d'intro-
duire dans le culte divin des cantiques fpirituels fur les principaux
myftères de l'Evangile, on exhorte les pafteurs de f'en procurer le
plus qu'il fera poffible, & de les faire parvenir aux fynodes provin-
ciaux pour qu'ils en faffent choix. Ceux de ces cantiques qu'on aura
choifis feront enfuite communiqués aux perfonnes pieufes & éclairées,
& envoyés aux provinces voifmes avec les réflexions qu'ils auront
donné lieu de faire, & portés enfin au fynode national prochain pour
qu'il en décide & les revête de fon autorité.
XXI.
Sur l'appel de l'églife d'Alais de l'art. 2 du fynode des Hautes-
Cévennes, tenu le dix-neuvième avril dernier, concernant les pré-
féances dans les fynodes provinciaux, attendu que les matières font
difcutées dans lefdits fynodes avant de recueillir les fuffrages, l'affem-
blée a décidé, conformément à la difcipline, qu'une églife ne peut pré-
SYNODE NATIONAL. • i65
tendre primauté fur une autre, ni fur les préféances, ni à aucun autre
égard. En conféquence le fufdit appel eft mis à néant, & les provinces
font averties de ne pas permettre que pareilles queftions foient agitées
dans les tribunaux eccléfiaftiques.
XXII.
A la réquifition de la province de Béarn, on recommande l'exade
obfervation de l'art. 33 du chap. v de la difcipline qui porte que
dans chaque églife on drelTera des mémoires de toutes les chofcs
notables pour les faits de la religion, & que lefdits mémoires feront
portés au fynode provincial, & de celui-ci au national.
XXIII.
Reconnaiffant l'importance & la néceiïité de l'art. 3i du chap. v
de la difcipline, concernant ceux qui émeuvent des débats, pour
rompre l'union de l'Eglife, fur quelque point de doclrine ou de difci-
pline, on en recommande l'obfervation.
XXIV.
On recommande auffi l'obfervation de l'art. 5 du chap. xii de la
difcipline que les miniflres ne recevront à la Ste-Cène aucun fidèle
des autres églifes qui n'ait fuffifant témoignage de fon pafteur ou d'un
ancien, autant que faire fe pourra.
XXV.
Sur la demande des députés du Dauphiné, on recommande
l'art. i5 du fynode national de 1748, touchant ceux qui fe prévalent
devant les magiftrats de ce que les mariages de leurs frères n'ont pas
été célébrés félon les lois du Royaume.
XXVI.
Sur l'appel des églifes du Rouergue de l'art. 7 du fynode des
Baffes-Cévennes, tenu le i" août 1758, qui porte que ladite province
ne peut pas exécuter l'art. 27 du fynode national de i j56, qui l'a chargé
d'accorder un pafteur fi.xe auxdites églifes, l'alTemblée, ayant pris en
confidération les raifons de ladite province, la difpenfe de ce qui eft
prefcrit dans ledit article du fynode national & lui enjoint cependant
de faire deffervir lefdites églifes du mieux qu'il fera poftible & d'y
faire faire pour le moins fix vifites chaque année, jufqu'à ce qu'on
pourra leur procurer un pafteur à titre.
l66 LES SYNODES DU DESERT.
XXVII.
M. Boyer, pafteurdes Baffes-Cévennes, ayant demandé que ladite
province fût jointe à celle des Hautes, l'aflemblée n'a pas jugé à pro-
pos de rien ftatuer à cet égard, attendu que MM. les députés def-
dites provinces n'ont aucune commiffion là-deffus.
XXVIII.
Autant qu'il eft néceffaire d'avoir des pafteurs éclairés & pieux,
autant il eft néceffaire de veiller fur la conduite des étudiants, & de
mettre en ufage les moyens qui peuvent contribuer à les rendre tels
que l'on fouhaite. Un de ces moyens, que l'affemblée a trouvé propre
pour parvenir à ce but, c'eft d'enjoindre, ainfi qu'elle le fait par le pré-
fent article, à ceux qu'on mande au féminaire d'envoyer chacun aux
pafteurs de fa province, de fix en fix mois, un témoignage de MM. les
profeffeurs qui les enfeignent, dans lequel il foit fait mention des pro-
pofitions qu'ils auront rendues, des matières qu'ils auront étudiées,
des examens qu'ils auront fubis & des progrès qu'ils auront faits,
comme auffi de la conduite qu'ils auront tenue.
XXIX.
Avant d'envoyer les étudiants au féminaire, on les gardera pen-
dant quelque temps dans le fein des églifes, afin que l'on puiffe mieux
connaître leurs difpofitions & leurs talents '.
XXX.
A la réquifition de M. Boyer, pafteur & député des Baffes-Cé-
vennes, on recommande l'obfervation de l'art. 48 du premier chapitre
de la difcipline.
XXXI.
MM. les députés du Haut-Languedoc ayant requis le miniftère
de M. Louis Figuières pour leur province, & ledit fieur f'y étant
accordé, l'affemblée l'en déclare pafteur fous la réferve qu'il ne foit
pas réclamé par celle du Poitou dans l'efpace d'une année, à compter
depuis la tenue du préfent fynode.
I. En 1753, Paul Rabaut écrivait à Antoine Court : « Il est très-vrai, comme
on vous l'a dit, que la plupart des pasteurs ne se soucient pas trop que nos
proposants aillent chez vous [à Lausanne], mais je suis fort éloigné de penser
comme eux. «
SYNODE NATIONAL. 167
XXXII.
La province a3'ant fupplié rafTemblée de lui procurer un pafteur,
& M. Jean Martin, miniftre des Hautcs-Cévcnnes, fêtant offert, la
compagnie le lui affecte pour toujours & fait les vœux les plus ardents
pour le fuccès de fon miniftèrc.
xxxui.
Vu le preffant befoin qu'a la province de Béarn du miniftère de
M. Jean Journet, celle des Balles-Cévennes, dont il dépend, lui pro-
longe fon congé jufqu'au prochain fynode national.
XXXIV.
Par un nouvel arrangement, MM. Paul Marazel, Jean Ducros,
Antoine Gai & François Noguier, paftcurs des Baffcs-Cévennes dcf-
fcrviront alternativement le quartier du Rouergue pendant fix mois
chacun, jufqu'à la tenue d'un autre fynode national'.
XXXV.
On charge la province des Hautes -Ccvennes d'examiner
M. Etienne Gibert, propofant, & de le confacrer au St-Miniftère pour
les églifcs de Saintonge, fil en efl: jugé capable, le tout aux frais def-
dites églifes.
XXXVI.
Le fynode, informé que dans quelques cgiifes de la province du
Haut-Languedoc il ne fêtait prefque point tenu d'alTemblêes reli-
gieufes depuis longtemps, & ayant appris par les députés de ladite
I. Le g janvier 1759, un correspondant de Rabaut lui e'crivait de St-Affrique
à ce sujet: «Vous savez qu'au dernier national du mois de septembre dernier
il fut dclibéré, aux grandes instances des députés de la province des Basses-
Cévennes que nos églises seraient desservies par alternative de six mois, et jusqu'i\
ce qu'il y eût des pasteurs fixes pour notre province, par MM. Paul Marazel,
Lasallc, Ladevèze et Randavel, tous quatre pasteurs de ladite province des
Basses-Cévennes. — En ayant été instruit par des personnes qui avaient été
présentes à cette délibération, nous avons fait tous nos ctTbrts pour engager ces
Messieurs à nous prêter leur main secourable, sans avoir rien pu avancer. 11
ne nous reste maintenant qu'à recourir à vos sages conseils que nous vous
prions d'avoir la charité de nous accorder pour nous procurer quelque soula-
gement dans les maux extrêmes que nous ressentons, ou en nous indiquant
les moyens que nous devons prendre pour obliger les Messieurs, qui sont en
charge de nous desservir, ;\ remplir leurs engagements envers nous, ou en nous
procurant ceux qui pourraient nous faire réussir à nous donner d'autres pasteurs
qui eussent pitié de notre triste état. . . » — Mss. Rabaut, III, A. p. 161.
l68 LES SYNODES DU DESERT.
province que c'étaient les anciens de ces mêmes églifes qui f 'y font
oppofés, on leur enjoint de ne plus former de pareilles oppofitions, &
on exhorte les aiTemblées eccléfiaftiques d'y veiller foigneufement.
XXXVII.
La compagnie, affligée d'apprendre que la province du Poitou
foit fi peu pourvue de pafteurs, & que c'était en partie la faute, tant
de celui qui y eft actuellement que de la province en général, a trouvé
l'un & l'autre très-répréhcnfibles, & leur recommande de ne rien
négliger pour remédier à un fi grand mal.
xxxvni.
Vu l'impoffibilité où font les églifes de Provence, au fervice def-
quelles M. Jean Bétrine eft mort, de fournir à l'entretien de fa
famille & le befoin où cette famille fe trouve, les provinces y ayant
égard ont trouvé à propos de lui faire une petite penfion annuelle &
fe font cotifées de la manière fuivante :
Celle de Saintonge 60 #
Celle du Bas-Languedoc 5o »
Celle du Baffes-Cévennes 3o »
Celle des Hautes-Cévennes 24 »
Celle du Vivarais 24 »
Celle du Haut-Languedoc 24 »
Celle du Dauphiné 20 »
Celle de Béarn 12 »
Celle de Provence 72 »
Toutes lefquelles fommes feront payées chaque année, à compter
dès aujourd'hui, à M. Paul Rabaut, pafteur du Bas-Languedoc, qui
aura la bonté de les faire parvenir à la veuve dudit fieur Bétrine &
d'en fournir des reçus jufqu'à ce qu'un autre fynode national en ait
autrement ordonné.
XXXIX.
Sur les repréfentations que le fieur Bornac, dit Lapra, a faites
par lettre à l'affemblée, tendant à annuler l'art. 25 du fynode national
de 1744 le concernant, on a trouvé à propos de n'y rien changer, &
cependant de recommander ledit Lapra à nos refpedables amis du
SYNODE NATIONAL. 169
pays étranger & d'exhorter les églifes du Poitou de contribuer à fon
entretien en reconnaiffance des fervices qu'il leur a ci-devant rendus.
XL.
L'affemblce, ayant appris avec joie qu'il y avait un pafteur à La
Rochelle', a délibéré que tant le pafteur que l'églife dépendront du
fynode de Saintongc, jufqu'à ce qu'il en foit autrement ordonné, &
leur recommande de fe conformer au prcfcnt article, qui leur fera
communiqué par M. Dugas, pafteur.
XLI.
Touchant l'appel interjeté par certaines perfonnes de la commu-
nauté de St-Michc!-de-Dèze, fur l'art. 6 du fynode des Hautes-
Cévennes, tenu le 12^ & 13" juillet dernier, l'alfemblée ne pouvant
avoir fur cette affaire tous les éclairciffements néceffaires, elle a
nommé, pour la terminer définitivement, MM. Paul Dalgue & Pierre
Dugas, pafteurs, avec telles autres perfonnes non fufpedesaux parties
intérelïées qu'ils jugeront à propos de f'affocier.
XLII.
A la réquifition d'un député des Baffes-Cévennes, demandant que
l'entière communauté de Boiffet foit annexée à l'églife d'Anduze, les
députés du Bas-Languedoc ayant été entendus fur cette demande &
y ayant acquiefcé, h condition que le hameau d'Atuech ne fera plus
contefté à l'églife de Lézan, cet arrangement a été autorifé par la
compagnie.
xLni.
En conféquence du prêt fait à l'églife de Bordeaux du miniftère
de M. le pafteur Redonnel, MiAL les pafteurs Guizot & Puget feront
pour l'églife de Montpellier le fervice qu'ils étaient chargés de faire
en Provence; & les pafteurs en Bas-Languedoc prendront, de concert,
les arrangements néceffaires pour la defferte de ladite églife de Mont-
pellier. "^
xuv.
La province du Bas-Languedoc ayant demandé par fes députés
d'être déchargée des églifes des Vans & de Pierremale, & de les
I. C'était le pasteur Pagon. Les religionnaires s'assemblaient par groupe de
20 personnes dans des maisons particulières, sous la direction d'un comité dont
on trouvera plus loin, à l'année 1761, les statuts.
lyo
LES SYNODES DU DESERT.
joindre à la province des Hautes-Cévennes, les raifons pour & contre
difcutées, on n'a pas trouvé à propos de lui accorder fa demande.
XLV.
La province du Bas- Languedoc eft chargée de la convocation du
prochain fynode national.
Ainfi conclu & arrêté lefdits jours & l'an que deffus.
Paul Rabaut, pafleur & modérateur;
Jean Gal, modérateur-adjoint ;
Cavalier, pafteur & fecrétaire;
DuGAS, pafteur & fecrétaire-adjoint.
Synodes provinciaux de 17 5g.
Synode du Bas- Languedoc.
Au nom de Dieu. Amen.
55'^ E fynode du Bas-Languedoc, affemblé au Défert fous la
f protection divine, les vingt-cinquième & vingt-fixicme
vj;' f,,-^ avril mil fept cent cinquante-neuf', au nombre de feize
>pafteurs de la province, deux des Hautes-Cévenncs, deux
des Baffes, & un propofant, & quarante-huit députés des églifes,
après avoir imploré la direction du St-Efprit, a élu Meffieurs Paul
Rabaut, pafteur, modérateur; Pradel , pafteur, pour modérateur-
adjoint; M. Pierre Encontre, pafteur, pour fccrétaire, & M. André
Baftidc, pafteur, pour fecrétaire-adjoint ; [& il] a arrêté ce qui fuit:
I.
Les confiftoircs font exhortés d'obfervcr, autant que faire fe
pourra, l'art. 4 du dernier fynode de cette province, portant qu'on
n'enverra qu'un député de chaque égiife à nos affcmblées fynodales;
& dans le cas [qu']il fen trouve qui jugent à propos d"y en envoyer deux,
il n'y en aura que trois de chaque quartier qui puiffent y avoir deux
Colloque du Haut-Languedoc du 28 septembre ijSg.
Au nom de Dieu soit fait. Amen.
I. Nous, les pasteurs et anciens des églises réformées du Haut-Languedoc,
assemblés en colloque le 28 septembre 175g, après avoir imploré la favorable
assistance et les lumières du St-Êsprit, nous avons arrêté ce qui suit :
1. — M. Sicard, pasteur, a été nommé à l'unanimité des voix pour modéra-
teur; M. Gardes, pasteur, pour modérateur-adjoint, et M. Gâches, ancien de
l'église de N'abre, pour secrétaire.
2. — Pour la députation au prochain synode provincial, ont été nommés,
pour les églises de la montagne, M. C, ancien de l'église de Lacaune.et M., ancien
172 LES SYNODES DU DÉSERT.
voix, excepté l'églife de Nîmes, qui, parce qu'elle a deux pafteurs,
pourra avoir deux députés qui auront droit de fuffrage.
11.
Conformément à l'art. 4 du fynode national dernier, qui ordonne
la célébration d'un jour de Jeûne le 14" juin prochain, la compagnie
exhorte les fidèles de cette province à f'y préparer pour le rendre
agréable au Seigneur.
III.
Sur la queftion propofée, quelle conduite on doit avoir à l'égard
des pécheurs qui, ayant été fufpendusde la Ste-Cène, demandent d'être
admis à y participer avant le temps fixé pour leur pénitence, l'affem-
blée, fans prétendre altérer les articles de nos précédents fynodes &
voulant conferver aux confiftoires l'autorité qu'ils ont d'en faire l'appli-
cation fuivant l'exigence des cas, eft d'avis que lefdits confiftoires
doivent pefer mûrement, tant les circonftances de la faute qui a mérité
la fufpenfion, que les marques que les pécheurs donnent de leur
de l'église de Montredon, et pour leurs substituts, M. B., de l'église de Vabre, et
A. Z., ancien de l'église de Gijounet; pour les églises de la plaine, M. T., ancien
de l'église de Puylaurens, et de L'ancien de l'église de Castres, et pour leurs sub-
stituts, M. C, ancien de l'église de Puylaurens, et Cam..., ancien de l'église de
Castres.
3. — L'assemblée a vu avec peine et avec surprise que les églises de Castres,
Mazamet et Roquecourbe, n'ayent point envoyé leurs députés au colloque; et
d'ailleurs n'ayant point trouvé les raisons que la personne a alléguées dans deux
lettres adressées à M. Sicard pour s'en excuser, légitimes et valables, l'assemblée a
chargé M. Gardes, modérateur-adjoint, de leur écrire pour les exhorter à ne pas
tomber à l'avenir dans le même cas, et à se conformer mieux à l'ordre ecclé-
siastique.
Ainsi conclu et arrêté les jour et an que dessus.
Sicard, pasteur et modérateur; Gardes, pasteur et
modérateur-adjoint; Gâches, ancien et secrétaire.
A cette date, septembre lySg, le fils d'Antoine Court, Court de Gébelin,
écrivait à l'ancien député général des églises, B. Duplan, qui, réfugié à Londres,
suivait attentivement les progrès du protestantisme dans sa patrie : «La lumière
[se] répand de toutes parts : il y a peu de provinces qui n'ait ses ministres et son
culte; une même a ses temples. Partout on compte des églises florissantes, nom-
breuses, éclairées, pleines de zèle. Cependant le vent de la persécution continue à
les ravager; il fond ça et là comme un tourbillon impétueux qui déchire tout. Les
provinces actuellement les plus exposées à sa fureur sont le Dauphiné, le Périgord,
la Normandie.... D'autres provinces, sans être aussi maltraitées, éprouvent cepen-
dant à divers égards qu'il ne leur est pas libre de servir leur Dieu de la manière
qui leur paraît la plus convenable. » — Collection Lloyd.
SYNODES PROVINCIAUX. ,^3
repentancc, & les admettre à la paix de l'Eglife plus tôt ou plus tard
fuivant qu'ils paraîtront plus ou moins repentants; & elle enjoint aux
fufdits confiftoires d'être très-fcrupulcux à cet égard & de n'abréger le
temps de furpenfion que lorfqu'ils auront tout lieu d'être convaincus
du fmcère repentir des pécheurs.
IV.
Le plus tôt poffible, les élèves feront examinés par les Meflieurs
de la table, afliftés de M. Puget, pafteur; & fil en efl quelqu'un en
qui ils ne trouvent pas des talents qui faffent efpérer qu'ils pourront
parvenir au St-Miniftère, ils font autorifés à les renvoyer.
V.
On enjoint de nouveau, & très-expreflement, tant aux pafteurs
qu'aux anciens de tenir la main à l'obfervation de l'art. lo du fj'nodc
national tenu en mai i jbô, qui recommande que, dans toutes les églifes,
on ait des regiftres exads des mariages & baptêmes, tant pour le paffé
que pour l'avenir.
VI.
Déformais, les A'nodes de cette province feront convoqués par les
pafteurs d'un colloque; ils en feront chargés tour-à-tour; & pour
commencer, il eft arrêté que les pafteurs du colloque de Nîmes convo-
queront le fynode prochain.
vil.
Les pafteurs font exhortés de faire ledure dans les aflemblées
religieufes des art. 27, 28 & 29 du chap. xiv de la difcipline, & d'en
prcilcr fortement l'obfervation, & les anciens de fe joindre aux pafteurs
pour empêcher qu'ils ne foicnt violés & pour exercer contre les délin-
quants les cenfures portées par les fufdits articles.
vm.
A l'avenir, les députés des églifes n'apporteront aux fynodes que
des propofitions fignées par un fecrétaire ou par plufieurs membres
des confiftoires, fans quoi elles ne feront pas reçues; & pour faire voir
que l'afrcmbléc fynodale en aura eu connaiifance, ils les remporteront
vifées par le fecrétaire de la compagnie.
IX.
Il eft réfolu qu'aucun muficien ne pourra exercer fii profeflion
dans aucun lieu, fans le confentement du pafteur & des anciens de ce
même lieu.
174 LES SYNODES DU DÉSERT.
X.
M. B.... ayant demandé au confiftoire de St-Geniès copie du
jugement rendu contre le fieur Defferre, & ce confiftoire ayant renvoyé
l'examen de cette demande au colloque de Nîmes, & ce colloque au
préfent fynode, la compagnie eft d'avis de la lui accorder.
XI.
Il eft enjoint aux confiftoires, qui ne font pas dans l'ufage d'élire
à la pluralité des fuffrages & à baffe voix leurs députés pour les collo-
ques & pour les fynodes, de fe conformer à cet égard à l'ufage établi
dans les autres confiftoires de la province.
XII.
L'affemblée, confidérant les avantages que les églifes retireraient
d'un livre où feraient enregiftrés les aftes des fynodes tant nationaux
que provinciaux, exhorte les confiftoires à avoir un tel livre & à y
infcrire les fufdits ades '.
XIII.
Sur le recueil fait par MM. Pierre Redonnel, André Baftide &
Pierre Encontre des fynodes nationaux & provinciaux qui fe font
tenus depuis la révocation de l'Édit de Nantes, il fera fait un choix
des articles qui pourront fervir aux églifes, & cela par un nombre de
pafteurs qui feront nommés par leurs confrères.
XIV.
Les dépenfes faites depuis le fynode dernier par l'églife de Nîmes,
pour les profélytes nécefliteux, lui feront rembourfées, & l'on rcm-
bourfera aufli celles qui fe font faites pour le même fujet par un
particulier, fe portant favoir : les premières à i53 liv. 8 f. & les
fécondes à 3 1 liv. 1 5 f.
XV.
L'art. 12 de notre dernier fynode étant fujet à divers inconvé-
nients, & la compagnie confidérant que les particuliers en pourront
remplir l'objet, qui eft de procurer aux profélytes ce qui leur eft nécef-
faire, a jugé à propos de l'annuler; & cependant elle exhorte tant les
1. Voy. au tome III la notice sur les manuscrits qui ont servi à cet ouvrage.
SYNODES PROVINCIAUX. ,75
confiftoircs que les fidèles à accueillir les fufdits profélytcs & à leur
rendre tous les bons offices qui dépendront d'eux.
XVI.
La compagnie a alloué les dettes fuivantes:
A l'églifc de Nîmes pour le fynodc national . 180 y/- 7 f.
A ladite pour le dernier fynode provincial . 40 »
A ladite pour dépenfes à l'occafion d'une affem-
blce ecclcfiaftiquc lo »
A M. O. pour le fynode national 26 »
Au.x héritiers de M. Gauch 100 »
A MM. Vincent & Puget pour le fynode des
Balfes-Cévennes 1 1 » 1 5 f.
A l'églife de Montpellier pour le fynode na-
tional 20 »
A l'Eglife de St-Geniès pour dépenfes faites
en diverfes occafions 81»
En tout 469 y/- 2 f .
XVII.
MM. François Sauffine & Teifficr, pafteurs, fe font chargés de
dcffervir fix mois chacun le quartier de Vallon, à condition que, l'année
prochaine, ils feront déchiirgés dudit quartier.
xviu.
MM. Pierre Encontre & Thérond, pafteurs, deflerviront de con-
cert les diftrids de Montpellier & Bédaricux, à condition, pour le
premier, qu'il fera placé dans l'intérieur de la province l'année pro-
chaine, fuppofé qu'il ne puilTc pas exercer commodément fon miniflcre
dans ce pays-là, & encore que le ficur Lombart, élève, fera afledé aux
fufdits diftrids pour cette année là.
XIX.
L'affemblée a annexé St-Laurent à l'églife du Caylar, ainfi qu'il
l'était auparavant.
Ainfi conclu & arrêté les fufdits jours & an.
Paul Rabaut, paftcur & modérateur; Pradel, pafteur
& modérateur-adjoint; Encontre, pafteur & fecrétaire;
Bastide, pafteur & fecrétaire-adjoint.
176 LES SYNODES DU DÉSERT.
En vertu du pouvoir que le fynode en a donné à MM. les pafteurs,
ils ont élu, pour députés au fynode des Hautes-Cévennes, MM.
Allègre & Lafon, pafteurs, & pour les Baffes, MM. Guizot & Pierre
Saufline, auffi pafteurs; & ils ont nommé, pour faire le choix des
articles des fynodes nationaux & provinciaux qui pourront fervir aux
églifes, MM. Paul Rabaut, Pradel, Vincent & Puget.
Ainfi conclu & arrêté les fufdits jours & an.
Encontre, pafteur & fecrétaire; Bastide, pafleur &
fecrétaire-adjoint.
^ft ^ft ^te
Synode du Vivarais et Velay.
Notre aide soit au nom de Dieu qui a fait
le ciel et la terre. Amen.
Ades du fynode provincial des églifes réformées du Vivarais
& Velay ^ affembléfous la proteélion divitie au Défert, dans le Haut-
Vivarais, le vingt-fixième avril mil fept cent cinquante-neuf, auquel
ont affifté deux pafteurs, dou^e anciens, députés defdites églifes.
Après la lecture de la parole de Dieu & l'invocation de fon St-
Nom, a été réfolu ce qui fuit :
I.
On écrira au nom de cette affemblée à M. Laffaigne, étudiant à
L[aufanne], pour lui fignifier l'art. 28 du fynode national du mois de
feptembre 1758 & lui enjoindre à f'y conformer exactement, en nous
envoyant de fix mois en fix mois des témoignages de fa conduite & de
fes études.
II.
Conformément à l'art. 4 du fynode national de 1756, qui re-
nouvelle & confirme l'union entre les églifes, l' affemblée exhorte
SYNODES PROVINCIAUX. i-y
fortement celles de cette province à être toujours étroitement unies, &
défend aux c'glifes particulières de rien entreprendre, fans l'avis & le
confcntemcnt de toutes les autres.
III.
A)^ant fait ledurc de la lettre de M. Cofte à notre affcmblce, par
laquelle il demande encore une prolongation de congé pour quelques
mois, en ajoutant que, fi on lui refufe cette prolongation, on lui en
accorde un abfolu pour aller delfervir telle églife qu'il jugera à propos,
la compagnie a trouvé déplacée cette efpèce de menace de quitter les
églifes, au cas qu'on ne lui accorde pas fa demande. Elle en a même
été d'autant moins fiitiffaite, qu'elle feft fort bien rappelée que prefque
toutes les fois que ledit M. Cofte a demandé quelque congé, ce qui lui
eft arrivé affez fouvent, il a accompagné fa demande des mêmes
e.xpredions. Cependant, quoique peu fatiffaite de cette façon d'agir,
qui marque trop d'indépendance & trop peu d'attachement pour nos
églifes, elle lui accorde la prolongation qu'il demande, laiffant d'ail-
leurs à fa liberté de revenir quand il le jugera convenable ou de
prendre tel parti qu'il trouvera à propos, ne voulant le gêner en
aucune façon.
Peirot, pafteur-modérateur; Vernet, pafteur & fecrétaire.
•^LJ *^J \^^ *4'
12
178 LES SYNODES DU DÉSERT.
Synode du Vivarais et Velay.
Notre aide soit au nom de Dieu qui a fait
le ciel et la terre. Amen.
Aâes du fynode provincial des églifes réformées du Vivarais
& Velaj, ajfemblé fous la protedion divine au Défert, dans le Haut-
Vivarais, le dixième oâobre fnil fept cent cinquante-neuf, auquel ont
afUfté trois pajleurs & treize anciens, députés def dites églifes.
Après la ledure de la parole de Dieu & l'invocation de fon St-
Nom, a été réfolu ce qui fuit :
I.
L'aflemblée a reconnu que M. Laffagne aurait dû envoyer un cer-
tificat, comme on l'avait exigé de lui dans l'article premier du fynode
du 26^ avril dernier; elle charge un des pafteurs de lui écrire àcefujet
& de l'exhorter en même temps à fappliquer à l'étude pendant l'hiver,
à fe montrer par ce moyen en état de fervir les églifes & à fe tenir
prêt à fe rendre au milieu d'elles au printemps prochain, fi on trouve
à propos de l'appeler.
n.
L'art. 3 du fynode de 1757 n'ayant pas été exécuté pour des
raifons connues à la compagnie, elle charge MM. les pafteurs d'écrire
au plus tôt à l'églife d'A pour le lui communiquer & pour
exhorter vivement les fidèles de cette églife à fe conduire au baptême
de leurs enfants d'une façon plus régulière & plus édifiante qu'ils ne
l'ont fait jufqu'à préfent.
in.
L'affemblée ayant appris avec douleur qu'il y a dans cette pro-
vince des proteftants qui abufent de l'autorité des lois pour retenir
des biens qui ne leur appartiennent pas, elle exhorte les pafteurs à
exercer, contre ceux qui font dans ce cas, la difcipline dans toute fa
rigueur, conformément à l'article
SYNODES PROVINCIAUX. i ^,j
IV.
On établira dans chaque églife un nombre de Jeunes gens pour
foulagcr les anciens dans leurs fondions, & pour faire régner l'ordre
dans les affemblées religieufes.
Peirot, pafteur-modcrateur ; J. Blachon, pafleur;
Vernet, pafteur & fccrétaire.
ttttxt
Synode du Béarn.
Au nom de Dieu. Amen.
Aâes du fynode provincial des églifes de Béarn, ajfcmblé fous les
aiifpices de la divine Providence au Déjcrt, le neuvième janvier mil
fept cent cinquante-neuf^, auquel ont ajjijlé deux pajlcurs & trente
anciens.
Après avoir imploré le fecours du St-Efprit, on a élu à la plura-
lité des fuffrages pour modérateur fieur Jean Journet, pafteur, & pour
fccrétaire fieur Pier[re] L. g. d", ancien de l'églife d'Orthez.
Colloque du Béarn du lo septembre lySg.
Au nom de Dieu. Amen.
I. Les églises du Béarn, assemblées sous les yeux de Dieu, ce lo septembre
1759, au nombre de seize anciens et d'un pasteur, après avoir imploré le secours
du St-Esprit, ont délibéré ce qui suit:
1. — M. le pasteur Journet nous ayant produit une lettre de M. Pic, propo-
sant des Hautos-Cévennes et étudiant à Lausanne, dans laquelle ledit AL Pic, à
la prière dudit M. Journet, veut bien avoir la bonté de se prêter pour le service
de nos églises, l'assemblée, très-reconnaissante aux offres que ce Monsieur nous
fait, a délibéré de se rendre le plus tôt possible et pour cela il a été convenu, pour
accélérer son arrivée, de lui faire compter 120 liv. pour fournir aux frais de son
voyage, conformément à la demande qu'il nous en a faite dans sa lettre.
2. — Les églises du Béarn, pour des raisons très-importantes qui ne leur
permettent pas de faire consacrer M. Pic dans leur sein, ont délibéré de prier la
province des Hautes et Basses-Cévennes de nous faire le plaisir de l'examiner et
de le recevoir au St-Ministère, s'il en est jugé capable, comme aussi de vouloir
laisser assister dans l'assemblée des pasteurs préposés pour l'examen et la récep-
tion dudit sieur Pic un député de la province du Béarn que nous avons chargé
de payer tous les frais qui se feront en cette occasion.
3. — Toutes les dépenses qu'il conviendra de faire à l'occasion de MM. Pic
et Lanne seront payées par égales portions par le quartier d'Orthez et de Salies.
i8o LES SYNODES DU DESERT.
I.
Les afles du fynode national, tenu dans les Baffes-Cévennes de-
puis le premier feptembre jufqu'au neuvième dudit mois 1 758, ayant été
lus à l'affemblée, chacun des membres a trouvé que les députés, envoyés
audit fynode par l'affemblée fynodale tenue le 17" juillet de la même
année, avaient exadlement rempli la commiffion qui leur avait été
donnée par ledit fynode, & ont promis, chacun au nom de leurs églifes,
de f 'y conformer & de les faire obferver de tout leur pouvoir aux
fidèles de leurs églifes.
n.
Les fufdits députés au fynode national ayant produit à l'affemblée
l'état des dépenfes qu'ils ont faites pour aller affifter audit fynode
national, elle les a acceptées & acquittées.
m.
Le fleur Pierre Lanne, natif de Bayonne & profélyte depuis
quelque temps, ayant été interrogé : 1° fil avait embraffé fincèrement
& de bonne foi la religion proteftaute, a répondu que oui ; 2° fil avait
quelque doute fur notre fainte religion, a répondu que non ; 3" fil fe
dévouait de bon cœur & fans réferve au fervice de la province de
4. — L'église de Salies est chargée de faire tout son possible pour faire le re-
couvrement de la taxe des dépenses réparties sur toutes les autres églises annexées
à la sienne, et celle de Salies est chargée d'en faire de même dans celles qui sont
de son ressort et remettre l'argent, les dûs et les autres, à l'église d'Orthez, à qui
ces sommes sont dues.
5. — Les églises payeront à M. Defferre, notre très-honoré pasteur, pour le
service qu'il a fait dans nos églises pendant le cours de cette année, la somme
de 600 liv., avec protestation que nous sommes mortifiés de ne pouvoir pas lui
témoigner une reconnaissance plus étendue et plus sensible.
6. — L'église d'Orthez payera à IVl. Defferre, notre cher pasteur, la somme
de 200 liv., celle de Bellocq 100 liv., et celle de Salies 100 liv. pour remplacer les
100 liv. qui doivent lui revenir du pays étranger et qu'on a déléguées à M. Pic
pour fournir aux frais de son voyage depuis Lausanne jusqu'en Béarn.
7. — Les anciens sont exhortés de faire instruire avec tout le soin possible la
jeunesse, chacun dans son église, et de ne laisser présenter à la Ste-Cène qui que
ce soit, sans avoir examiné préalablement et sans avoir confirmé le vœu de leur
baptême, selon que la discipline des Eglises réformées de France l'ordonne.
8. — Les églises du Béarn sont très-mortifiées de ne pouvoir conserver
M. Defferre, pasteur dans leur sein, vu le dessein qu'il a formé de se retirer
ailleurs, pour des raisons à lui connues ; mais elles se font un plaisir et un devoir
de l'assurer en toute vérité de leur attachement inviolable, qu'elles ne perdront
jamais de vue les importants services qu'il leur a rendus, en les retirant du triste
état où elles se trouvaient réduites.
Fait et arrêté ce dixième septembre dans notre assemblée colloquale.
Jean Journet, ministre du St-Evangile; Labourdette, secrétaire.
SYNODES PROVINCIAUX. jgi
Béarn, fuppofé que Dieu lui fit la grâce de parvenir au St-Miniftère
auquel il veut fe deftiner, a répondu que oui; 4" que dans le cas [qu']il
voulût rompre les engagements qu'il vient de prendre avec la pro-
vince, il fera obligé de reftituer aux églifes de Béarn les dépenfes
qu'elles font pour fon entretien, il a promis, en tel cas, d'en faire
la reftitution.
IV.
Les églifes d'Orthez, Salies & Salles font chargées de faire les
avances de 3oo liv., qui feront remifes à M. Journet, pafteur, pour
habiller fieur Pierre Lanne, acheter un cheval, & fournir à fon voyage
en Suiffe, où il défire de palier, favoir : l'églife d'Orthez, 100 liv.;
celle de Salies, i5o, & celle de Salles, 5o; defquelles fommes les
autres églifes de la province feront au plus tôt le rembourfcment
de ce que chacune devra payer auxdites églifes, à proportion de
fa cote du miniftère, félon la répartition qui en fera faite par ledit
M. J. Journet, pafleur, & deux anciens, l'un de l'églife de Salies &
l'autre de l'églife d'Orthez, ainfi qu'ils en font chargés par l'affemblée,
comme auffi de faire l'emploi de ladite fomme de 3oo liv. en faveur
dudit fieur Lanne.
V.
Les commiffaires mentionnés dans le précédent article font encore
chargés par le fynode de répartir fur toutes les églifes de la province
la fomme de huitante livres, qu'elle accorde à un ancien d'une églife
qui fe trouve dans la néceffité.
VI.
M. Defferre, pafteur, ayant demandé fon congé pour fe retirer où
il lui plaira, les églifes, convaincues de l'extrême befoin qu'elles ont
de fon miniftcre, pénétrées d'ailleurs pour fa perfonne de la plus
fincère amitié & de la plus tendre affection qu'il a fu f'attirer par fon
affabilité, fa bienveillance & par fon exactitude à remplir les fondions
du St-Miniftère, pendant l'cfpace de quatre ans, au milieu d'elles, au
grand contentement & édification de tout le troupeau, lefdites églifes
lui ont refufé fa demande, dans laquelle ledit M. Defferre a conftam-
ment perfifté, & a allégué des raifons qui ont porté l'affemblée à
déférer, avec un extrême regret, à ce qu'il fouhaite, toutefois pour
quelque temps feulement, & dans l'efpérance qu'il fera tous fes efforts
pour retourner au plus tôt dans le fein de la province; ce qu'il a
promis & protefté. C'eft en conféquence de ce congé, accordé à
l82 LES SYNODES DU DESERT.
M. Defferre fous les conditions exprimées, que i'affemblée fynodale a
prié M. Journet, pafteur, de dreffer en fa faveur une atteftation des
plus amples, que chacun des membres du fynode a promis de figner
lorfqu'il en fera requis.
vn.
Les pères & mères font exhortés de ne faire préfenter leurs
enfants au St-Baptême que par des perfonnes d'un âge compétent,
qui foient de bonne vie, en édification à l'Eglife & dont le confiftoire
puiffe rendre un bon témoignage.
VIII.
Un ancien de nos églifes ayant eu le malheur de tomber dans une
faute fcandaleufe, I'affemblée, déplorant fa conduite, voulant fe con-
former à la difcipline & édifier l'Eglife du Seigneur, le fufpend de la
charge d'ancien pour trois ans & le prive de la participation à la
Ste-Cène pour une année, fe réfervant toutefois la liberté de dimi-
nuer fa fufpenfion à proportion de la vivacité de fa repentance, ou de
la prolonger, fil perfifte dans fa faute.
IX.
A la réquifition de l'églife de Salies, I'affemblée exhorte MM. les
anciens d'être à l'avenir plus exafts à recueillir dans les affemblées
religieufes les deniers des pauvres, tant ceux qui font de l'églife où
I'affemblée fe tiendra que ceux des autres églifes qui fe trouveront
dans ladite affemblée ; & ceux qui négligeront de le faire feront
cenfurés.
X.
L'églife d'Offe, défirant de favoir ce qu'elle doit payer pour le
miniftère, I'affemblée fynodale a fixé fa cote à la fomme de loo liv.
par année.
XI.
L'églife de Salles-Mongifcard, avec fes annexes, défirant d'avoir
à leur tour la première communion, I'affemblée, ayant égard à leur
demande, a décidé qu'elles jouiraient de ce privilège lorfque leur tour
fe préfentera.
xn.
Il a été auffi convenu que pour la defferte de l'églife de Pontacq
& fes annexes, on prendra deux affemblées fur l'églife d'Orthez,& une
fur l'églife de Salles-Mongifcard, avec fes annexes.
SYNODES PROVINCIAUX. l83
XIII.
L'églife de Salies prendra les deux tiers des deniers des pauvres
qui fe lèveront dans les affcmblées religieufes qui fe feront dans le
quartier de Sauvcterre, La Baftide& Carreffe, etc., & les quartiers de
Sauveterre, La Baftide & Carreffe, etc. prendront un tiers defdits
deniers qui fe recueilleront dans l'églife de Salies.
Ainfi fait & arrêté le neuvième janvier lySq.
Jf.an Journet, pafteur-modérateur.
t^^O «^«4 «^u
Synode de Saintonge, Angoumois et Périgord'.
Au nom de Dieu soit fait. Amen.
Les églifes de Saintonge, Angoumois & Périgord, affemblées en
fynode fous la protedion divine, les vingt-neuvième & trentième juin
mil fept cent cinquante-neuf^, au nombre de fept pafleurs & autant
d'anciens députes, après avoir imploré le fecours du St-Efprit, ont
délibéré ce qui fuit:
I.
La compagnie a élu à la pluralité des fuffrages MM. Redonnel,
pafteur, pour modérateur; Gibert aîné, pafteur, pour modérateur-
adjoint; Dugas, palleur, pour fecrétaire, & Picard, paffeur, pour
fccrétaire-adjoint.
1. C'est le premier Synode de Saintonge que l'on possède; mais, bien avant
cette date, d'autres synodes s'étaient assurément réunis.
Colloque de Saintonge du ig juillet i^Sg.
Au nom de Dieu soit fait. Amen.
2. Les églises de Saintonge assemblées en colloque le 19 juillet lySg, après
avoir imploré le secours de Dieu, [ont] arrêté ce qui suit :
i • — L'église de La Tremblade ayant envoyé deux députés au présent colloque
contre ce qui est prescrit à l'art. 7 du colloque précédent, de même que contre la
discipline qui défend qu'aucune église n'ait primauté sur l'autre, l'assemblée a été
d'avis de n'admettre qu'un desdits députés.
l84 LES SYNODES DU DESERT.
II.
Les églifes de Souhe, Bordeaux & Jarnac, Charente, ont fourni
la fomme de 60 liv., à laquelle cette province avait été taxée par le
dernier fynode national pour la penfion de Madame la veuve Bétrine,
favoir en Souhe 24 liv., Bordeaux 24 liv., Jarnac 12 liv., total 60 liv.
m.
Sur la propofition qui a été faite au fujet de ceux qui tendent
devant leur maifon, au jour de la fête appelée du Sacrement ou du
Sacre, la compagnie, gémiffante de ce que plufieurs, par une infirmité
déplorable, fe font tant oubliés que d'exécuter les ordonnances des
magiftrats qui engagent leur confcience à déférer à la créature l'hon-
neur qui eft dû au Créateur, ne pouvant affez témoigner la jufte dou-
leur qu'elle reçoit d'une lâcheté fi inexcufable, interpelle la confcience
■de ceux qui font tombés en des fautes fi répugnantes à la vraie piété, par
la frayeur du Dieu vivant, par le zèle de fa gloire, par les entrailles mifé-
ricordieufes du Fils de fa dileftion, & par les foins que tous les fidèles
2. — La compagnie, ayant lu et examiné les art. 6 et 7 de l'église de La
Tremblade, les a unanimement improuvés, comme contraires à la charité chré-
tienne.
3. — Ayant été rapporté à l'assemblée que les art. i, 3, 4, 14 et i5 du
précédent colloque, tenu le i"^"" et le 2 décembre lySS, n'ont pas été exactement
observés jusqu'à présent, et lesdits articles ayant été examinés de nouveau, on en
a reconnu l'importance et la nécessité; en conséquence, on en recommande forte-
ment l'exécution.
4. — MM. les pasteurs Gibert et Dugas continueront à desservir les susdites
églises alternativement, jusqu'à ce qu'on juge à propos de prendre d'autres arran-
gements.
5. — L'assemblée exhorte les fidèles qui n'ont pas décoré le devant de leurs
maisons, la dernière fête du Sacre, à ne payer l'amende à laquelle ils sont ou
pourront être condamnés qu'après s'être laissés exécuter; et comme lesdites
amendes ou exécutions occasionneront des frais considérables, les églises se
chargent de défrayer lesdites dépenses.
6. — Tant pour l'édification que pour prévenir plusieurs inconvénients,
l'assemblée exhorte les fidèles de rester chacun dans leurs églises respectives, et de
n'aller dans les autres que rarement et pour des raisons légitimes.
Ainsi conclu et arrêté ledit jour et an que dessus.
Colloque de Saintonge du 1 1 novembre ijSg.
Au nom de Dieu soit fait. Amen.
Les églises de Saintonge, assemblées en colloque le 11 novembre lySg, ont
arrêté les articles suivants :
I . — Lecture ayant été faite d'une lettre de nos chers et honorés frères, les
pasteurs et anciens de l'église de Bordeaux, par laquelle on nous demande le
SYNODES PROVINCIAUX. l85
doivent avoir de leur falut, les exhortant de reprendre leur zèle, fe rendre
fidèles imitateurs de la foi de leurs frères, & témoigner par leur per-
févcrance au bien la fincérité de leur rcpentance, & de raffedion au
fcrvice de Dieu, les exhortant de plus à prendre garde à ce que dit
St-Paulà ceux de l'églife de Corinthe, qui afliftaient contre leur devoir
aux feftins religieux des idolâtres, — fuivant qu'il eft dit au chap. x,
verfet 21, de fa première cpîtrc aux Corinthiens, — & les confiftoires
à prendre garde d'ufer avec autant de charité & de modération que
de fermeté de la libertéquele dernier fynode national leur laifle d'em-
ployer les moyens qu'ils jugeront bons pour empêcher les fidèles de
participer à une telle dévotion.
IV.
Quelques particuliers de l'églife de Marennes, qui ont refufé
jufqu'ici d'aflifter aux allcmblées religieufcs de ladite églife au temple
de La Pimplière, ayant député au préfent fynode pour demander un
autre pafteur, à l'infu du confiftoire de ladite églife, la compagnie,
juftement affligée d'une telle conduite, rejette leur demande comme
secours du ministère d'un de nos pasteurs pendant six mois, l'assemblée, prenant
en singulière considération ladite demande et les raisons sur lesquelles elle est
fondée, aurait souhaité très-ardemment de pouvoir l'accorder dans son entier;
mais ne pouvant satisfaire ses désirs à cet égard dans toute leur étendue, à cause
du grand nombre d'églises confiées à ses soins, de leur éloignement les unes des
autres, et du petit nombre de pasteurs qu'elle a pour les desservir, elle est obligée
de borner le secours qu'on réclame à l'étendue d'un mois ou environ, et elle a
nommé pour le remplir M. Etienne Gibert, pasteur, lequel elle charge de se rendre
audit Bordeaux, le plus tôt qu'il lui sera possible; et fait les vœux les plus sincères
et les plus ardents pour le succès de son ministère.
2. — A cause du préjugé dans lequel sont encore un grand nombre de fidèles
qui les porte à regarder le Symbole que nous appelons des Apôtres comme une
prière, et qui le récitent ou l'écoutent dans cet esprit, la compagnie est d'avis, afin
de détruire ce préjugé, qu'on fasse dans toutes les assemblées religieuses la lecture
dudit Symbole, après celle des Commandements de Dieu, et elle enjoint à toutes
les églises de se conformer au présent article. Mais comme il est nécessaire qu'on
excite l'attention du peuple, et que chacun sache ce que c'est que ce symbole, et
combien il est nécessaire d'avoir la foi qu'[il] renferme, on usera, avant de le
lire, des paroles suivantes :
« Ecoutons encore avec attention et avec respect l'abrégé des vérités de la
«Religion chrétienne que nous avons le bonheur de professer; cet abrégé est
«contenu dans le Symbole que nous appelons des Apôtres; nous devons croire les
«vérités qu'il renferme, être toujours disposés à les confesser sincèrement ; et
«cette foi doit nous exciter efficacement à la pratique de la piété et des bonnes
«oeuvres. Dieu veuille que ce soit dans ces sentiments et dans ces dispositions
«que nous en écoutions la lecture ! — Je crois en Dieu, etc. u
Ainsi conclu et arrêté ledit jour et an que dessus.
l86 LES SYNODES DU DÉSERT.
étant contraire au bon ordre, les exhorte de la manière la plus preffante
de fe réunir avec leurs frères dans la même affemblée au fufdit temple,
jufqu'à ce que l'églife ait une autre maifon plus convenable pour
célébrer le culte divin.
V.
M. Sol, pafteur, ayant interjeté appel du jugement rendu contre
lui par le dernier fynode national, art. g, demande en outre que ce
dit appel foit inféré dans nos ades fynodaux, & que l'on écrive à la
province du Bas-Languedoc pour la prier d'accélérer la tenue du
prochain fynode national. L' affemblée, prenant en confidération les
demandes dudit M. Sol, pafteur, a arrêté qu'il ferait fait feulement
mention dudit appel dans nos ades, & charge MM. les fecrétaires
d'écrire pour demander la tenue dudit fynode national.
VI.
Les fréquentes perfécutions, auxquelles les églifes qui compofent
cette province eccléfiaftique font expofées, réduifent fouvent nombre
de nos frères dans de triftes fituations : on exhorte les fidèles d'y avoir
égard, & d'exercer la bénéficence chrétienne envers ces chères vidimes
de la perfécution.
VII.
On enjoint aux colloques d'avoir foin de faire parvenir déformais
leurs arrêtés aux fynodes provinciaux.
Les articles ci-deffus ayant été lus & approuvés, & les cenfures
faites, le fynode f'eft féparé.
Conclu & arrêté lefdits jours & an que deffus.
Redonnel, pafteur & modérateur; Gibert, pafteur &
modérateur-adjoint; Dugas, pafteur & fecrétaire;
Picard, pafteur & fecrétaire-adjoint.
Synodes provinciaux de 17G0.
Synode du Bas- Languedoc.
Au nom de Dieu. Amen.
E fynode du Bas-Languedoc, affemblé au Dcfcrt le trentième
avril, premier & deuxième mai mil fept cent foixante, au
nombre de feize pafteurs de la province, deux des Hautes-
Cévennes, deux des BafTes, un propofant& cinquante-quatre
anciens, députés par les églifes, après avoir imploré le fecours de
Dieu & élu à la pluralité des fuOVages MM. Paul Rabaut, pafteur,
pour modérateur ; Jean Pradel, paftcur, pour modérateur-adjoint;
Pierre Encontre, pafteur, pour fecrétaire, & Simon Gibert, auiïî
pafleur, pour fecrétaire-adjoint, a délibéré ce qui fuit :
Qu'à caufe de la corruption qui règne dans le monde, du fléau
de la guerre qui défoie FEurope, & de celui de la perfécution qui
afflige nos églifes, il fera célébré un jeûne le 20" août prochain, & que
les fidèles feront exhortés à fe difpofer à le célébrer d'une manière
agréable au Seigneur.
II.
A la réquifition du colloque de Sommièrcs, qui demande que
l'article premier du fynode précédent foit expliqué, la compagnie
déclare que par ledit article on n'entend pas priver aucune églife du
droit des fuffrages & qu'ainfi les quartiers compofés de plus de trois
églifes pourront envoyer un ou deux députés de chacune des églifes
qui les compofent.
l88 LES SYNODES DU DÉSERT.
m.
Pour faciliter l'enregirtrement prefcrit par le fynode national
dernier, chaque pafteur extraira & fera extraire de fon regiftre les
mariages & baptêmes qu'il a faits, & fera tenir aux confiftoires des
églifes ce qu'il trouvera leur appartenir.
rv.
Conformément à la demande du colloque de Nîmes, les affemblées
des jours de jeûne fe convoqueront, autant qu'il fera poffible, au
centre de chaque quartier, & les deniers des pauvres feront partagés
aux églifes qui le compoferont, à proportion de ce qu'elles paient pour
l'entretien du miniftère.
V.
Ledure ayant été faite d'une lettre du fieur Defferre, portant
demande en cafTation du jugement rendu contre lui par le confiftoire
de St-Geniès, affifté de MM. Baftide& Allègre, pafteurs, la compagnie
n'ayant pas les pièces fur le bureau, & voulant f'inflruire avant de
prononcer, a commis MM. Pierre Sauffine & Pierre Encontre,
pafteurs, & MM. R... & D... ou M..., anciens, pour procéder à la
recherche & examen defdites pièces, faire la confrontation des par-
ties, récoler & ouïr de nouveau les témoins, dreffer procès-verbal, &
le tout pour être porté au prochain fynode, afin qu'il y foit ordonné
ce qu'il appartiendra.
VI.
La plainte, portée par le fieur R..., de Boiffières, reffortifTant
du colloque de Nîmes, la compagnie l'a renvoyée à ce tribunal.
VII.
M. Puget, pafteur, ayant demandé un congé de trois mois pour
faire des remèdes, l'aflemblée le lui accorde, & fait bien des vœux
pour le prompt & entier rétabliffement de fa fanté.
VIII.
Le différend entre les fleurs Mouline & Coulorgue eft renvoyé
au confiftoire de l'églife de Caveirac, à qui il appartient de droit d'en
juger.
K.
Le député de l'églife de St-Geniès ayant demandé que cette églife
fût partagée en deux, raflembiée a renvoyé l'examen de cette demande
SYNODES PROVINCIAUX. 189
au colloque, & en attendant, elle accorde à ladite cglife que le pafteur
qui la deffervira, avec les autres qui lui feront annexées, aura foin de
lui donner, outre fa portion d'alfemblées qu'elle doit avoir les jours de
dimanche, celles qu'il pourra faire les jours de fête.
X.
Conformément à la demande des anciens de Lagorce & autres
lieu.x, déformais Vallon fera une églife, & Lagorce, Les Sallelles &
Vilieneuve-de-Bcrg en feront une autre.
XI.
L'affemblée, répondant favorablement à la demande portée parles
députés de Féglifede Garrigues, a divifé cette églife en deux qui feront
compofées, l'une de Mouffac, Caftelnau , St-Dezery & Valence, &
l'autre de Garrigues, St-Chaptes, Ste-Eulalie, Bourdic, Aubulfargues
& Collorgues.
XII.
La demande de l'églife de Ners, portant que le lieu de Brignon
foit féparé de la fufdite églife & annexé à Mouffac, cft renvoyée au
prochain colloque, qui en fera l'examen, afin que fur le rapport qui
en fera fait au fynodc prochain, il y foit déterminé ce qui fera
trouvé bon.
XIII.
Sur le différend furvenu entre MM.Larnac & Foucard, d'une part,
& MM. Méric & Mazel, de l'autre, la vénérable affcmblée, en vue de
le terminer entièrement, a nommé MAL Pau! Rabaut & Jean Pradel,
pafteurs, qui f'affocieront chacun un ancien de leur diftrifl, & fe
joindront au confiftoire de l'églife de Ners pour prononcer fur ledit
différend.
XIV.
Vu la plainte portée parle confiftoirede l'églife de Ri haute contre
M. Fayet, pafteur, le député entendu aulïï bien que ledit M. Fayet, la
vénérable affemblée a jugé la plainte mal fondée, & ceux qui l'ont
portée dignes de répréhenfion & de cenfure; &, en conféquence, elle
a chargé le pafteur, qui fera donné à cette églife, d'affembler ledit
confiftoire & de lui adreffer, en préfence dudit fieur Fayet, l'admo-
nition qu'il mérite, comme aulli de déclarer dans l'affemblée de cette
cglife qu'en ce que M. Fayet dit, touchant ceux qui avaient fait le
charivari, il ne fit que fon devoir.
igo LES SYNODES DU DESERT.
XV.
La compagnie a alloué au fieur M la femme de lo liv. lo fols
qu'il dépenfa à l'occafion de la tenue du fynode national dernier.
XVI.
Les 20 liv. qui, l'année dernière, furent allouées à l'églife de
Montpellier lui feront rembourfées, & on lui rembourfera auflî les
36 qu'elle fournit à des profélytes en l'année 1759.
XVII.
Les pafteurs qui feront députés au prochain fynode des Baffes-
Cévennes lui repréfenteront que notre province, étant obligée de fournir
à l'entretien de plufieurs veuves de miniftres, elle n'a pas pu fe charger
de faire une penfion de 24 liv. que l'églife de Montpellier lui a de-
mandée pour la veuve de feu M. Bénézet, & qu'elle efpère que ladite
province des Baffes-Cévennes, à qui ladite veuve appartient, aura la
charité de lui accorder ce petit fecours.
XVIII.
La vénérable affemblée recommande l'obfervation de l'arrêté du
fynode de St-Maixent tenu en iSog, portant que les fyndicats, prati-
quant monopole & recherchant des fignatures pour autorifer les divi-
fions qui naiffent en quelques églifes, feront foigneufement réprimés
par les colloques & fynodes, lefquels y apporteront les cenfures con-
venables félon leur difcrétion & prudence. Cet article fe trouve dans
le chapitre des confiftoires, art. 12.
XIX.
L'affemblée, répondant favorablement à la demande des églifes
de Provence, leur a accordé jufqu'au mois de mai prochain M. Puget,
ce digne pafteur, animé d'une vraie charité, ayant bien voulu fe con-
facrer à cette bonne oeuvre; & elle exhorte lefdites églifes à avoir
pour lui tous les égards convenables, comme aufli à fe former des
pafteurs qui leur appartiennent en propre.
XX.
Pour que déformais tout fe faffe avec ordre & bienféance dans
les affemblées fynodales, les députés des églifes y auront un rang
afligné & ne pourront parler qu'à leur tour; celui des pafteurs fera
réglé fuivant l'ordre de leur réception & leur âge, & celui des églifes
SYNODES PROVINCIAUX. 191
de manière que celles d'un colloque, qui auront occupé la première
place Tannée précédente, occuperont la dernière l'année fuivante,
ainfi de même d'année en année. S'il arrive qu'un pafteur ou un
député parle hors fon rang, il fera repris; & fil récidive, il fera cen-
furé fuivant l'exigence des cas. Nul aufli ne pourra f'abfenter du
fynodc fans de fortes raifons.
XXI.
Sur les demandes des églifes de Montpellier & de Pignan, por-
tant qu'elles foicnt féparées l'une de l'autre, l'afTemblée, confidérant
que l'abfence de M. Puget, pafteur, fait un vide qui rend néceflaire
l'augmentation des quartiers, & réfléchifTant d'ailleurs que ces deux
églifes ont toujours été annexées & qu'elles peuvent fe rendre des
fervices mutuels, n'a pas voulu permettre la féparation. Et pour
que l'union règne entre elles, il a été arrêté que le pafteur qui leur fera
donné, fera fa réfidcnce à Montpellier, & ne fera obligé qu'à faire
douze alfemblées à l'églife de Pignan, qui, pour le refte, fera deffervie
par un propofant.
XX1[.
La vénérable aflemblée exhorte l'églife de Maftillargues de
f 'aflembler, autant qu'il lui fera poffible, tantôt à la portée de celle du
Caylar, & tantôt de celle de Lunel.
XXIII.
MM. les pafteurs font exhortés à faire la répartition des élèves
& à régler le fervicc que ceux d'entre eux qui font déjà placés devront
rendre aux églifes du quartier de Vallon, & à celles du quartier de
Bédarieux.
Ainfi conclu & arrêté les mêmes jours & an que deflus.
Paul Rabaut, pafteur & modérateur; Pradel, pafteur &
modérateur-adjoint; Encontre, pafteur & focrétaire;
GiBEKT, pafteur & fccrétaire-adjoint.
^jy^Cwl^^^/^S»
192
LES SYNODES DU DESERT.
Synode du Bas- Languedoc.
Au nom de Dieu. Amen.
Aâes du jfnode du Bas-Languedoc, ajfemblé au Dêfcrt les quin-
\ihne,Jci:iième & dix-fepticme oéîobre mil fept cent foixante, auquel
ont ajjîjïé quatorze pajîeurs de la province, deux des Bajjes-Cévennes,
un des Hautes, & trente-huit anciens, députés par les églifesK
L'alfemblée, [étant] fur le point de procéder à l'éleèlion des
Meffieurs qui doivent compofer la table, fe font préfentés MM. Simon
Gibert, Paul Rabaut, Paul Vincent, Claude Teiffier, André Baftide
& Jean Pradel, pafteurs, lefquels ont repréfenté que, dans ce fynode,
f 'agiffant furtout de prononcer fur l'affaire du fieur Defferre, & que,
ne pouvant être juges, les quatre premiers, parce qu'il font témoins
dans la procédure, le cinquième, parce qu'il a déjà jugé, & le dernier
par des raifons qui lui font particulières; [elle] les a trouvés fondés
& leur a permis de fe retirer.
I. Dans l'intervalle des deux synodes de cette année, le 12 juin 1760, à midi
et quart, celui qui avait, en 171 5, convoqué le premier synode du Désert, qui avait
été l'agent le plus actif, le plus clairvoyant et le plus dévoué de la réorganisation
du protestantisme par le rétablissement des synodes, Antoine Court, était mort.
Il était mort, entouré des siens et de tous les jeunes étudiants qu'il ne cessait
d'attirer à Lausanne, et pour lesquels il avait fondé le séminaire. « Ils se sont
distingués dans la maladie de mon père, écrivait Gébelin (collection Lloyd), ne
le quittant point sur la fin, le veillant nuit et jour et cherchant à soulager mes
ennuis et mes alarmes.» Le vieux proscrit s'était éteint d'une maladie de langueur
sur la terre d'exil; mais c'étaient des français, des jeunes gens de Normandie, de
Saintonge, d'Angoumois, du Périgord, du Béarn, du Haut-Languedoc, des Hautes-
Cévennes, du 'Vivarais et du Dauphiné qui avaient recueilli son dernier soupir.
On remarquera qu'aucun synode de cette année ne fit allusion à cet événe-
ment qui remplissait cependant de deuil tous les amis et tous les anciens élèves
qui assistaient à ces assemblées. Ils ne parlaient jamais ni de leurs martyrs ni de
leurs morts.
Court de Gébelin avait immédiatement communiqué aux pasteurs du royaume
la triste nouvelle. Presqu'en même temps, le i5 juin, il écrivait la lettre suivante
à Paul Rabaut :
«Monsieur et cher ami. Vous aurez reçu une lettre qui vous annonçait un
coup terrassant pour moi et qui devait vous être commune avec MM. les pasteurs
SYNODES PROVINCIAUX. nj3
II.
Après cela ont été élus, à la pluralité des fuffrages, MM. Pierre
Encontre, paftcur, pour modérateur ; Jean Guizot, pafteur, pour
modérateur-adjoint; Pierre Saufllne, pafteur, pour fecrétaire, &
François Sauffine, aufli pafteur, pour fecrétaire-adjoint.
m.
Ledure faite du protcft que M. Baftide, pafteur, fit notifier à
MM. Pierre Encontre & Pierre Sauffine, pafteurs, & MM. R....
M.... ou D...., anciens, contre la commiflion qui leur fut donnée par
notre dernier fynode, art. 5, — la compagnie ayant examiné les
raifons données dans ledit proteft, après avoir entendu celles de
MM. les commilïaires, a trouvé qu'ils avaient bien fait de fufpendre
leur commiffion, & de demander la convocation de la préfente affem-
blée, pour en remplir elle-même l'objet & terminer cette affaire.
IV.
Le fieur Defferrc étant entré dans l'affemblée & ayant demandé
que MM. les pafteurs, députés des Hautes & Balfes-Cévennes, n'y
euffent pas voix délibérative fur le différend qu'il a avec Marie Briffac,
par la raifon que ledit différend pourrait être porté au fynode na-
tional, & qu'alors lefdites provinces ne pourraient être admifes à en
de votre province. Le triste état dans lequel je me trouvais et la multitude de
mes embarras me priva d'y joindre quelques mots pour vous; je le fais à présent,
encore est-ce en courant. Vous, ma marraine, la chère Cabrière et nos autres
bons amis seront sans doute fort touchés de ma situation et de celle de ma sœur:
nous nous trouvons tout à coup sans père, sans biens, obligés de chercher à vivre
de notre industrie. Depuis 17 ans que je suis secrétaire de mon cher père pour
les égl[ises], j'ai négligé mes études et refusé tous les postes qu'on m'a offerts dans
les pays étrangers, quelque avantageux qu'ils me fussent; mais j'étais charmé
d'être de quelque utilité à des égl[ises] pour lesquelles mon père s'est sacrifié, dont
je désire passionnément le bonheur et dont les chefs possèdent tout mon attache-
ment et toute mon affection. Je me llatte que vous, en particulier, Monsieur et
cher ami, voudrez bien m'honorer de votre bienveillance et de votre amitié, et
me servir dans l'offre que je fais aux égl[ises]. Je compte infiniment sur votre
attachement pour nous et sur votre crédit, et tâcherai de mériter de plus en
plus votre affection. Vous en aviez beaucoup pour mon cher père ; il se plai-
gnait cependant de vous; vos longs silences l'accablaient de douleur; il eût
voulu sans cesse de vos lettres; il les méritait pour son dévouement pour vous.
Le mien pour vous durera aussi autant que ma vie, et je ne cesserai jamais
d'être, Monsieur et cher ami, votre très-humble et très-obéissant serviteur
d'H.KRCOUGT.
— Mss. Rabaut, III, A. p. iSy.
i3
194
LES SYNODES DU DESERT.
juger, la compagnie a trouvé cette raifon non valable; & vu les avan-
tages qui réfultent de la confédération qui règne entre ces deux
provinces & la nôtre, elle a prié ces Meffieurs de continuer à fiéger
comme membres légitimes du préfent fynode.
V.
Les raifons de récufation, que le fieur Defferre a alléguées à l'af-
femblée pour exclure de la qualité de le juger MM. Mathieu Lafon
& François Sauffine, pafteurs, examinées, elles n'ont pas été trouvées
de mife ; &, en conféquence, la compagnie a confervé à ces Meffieurs
le droit qu'ils ont de juger '.
VI.
Ledure ayant été faite d'une lettre en forme de mémoire, adrefTée
à notre dernier fynode par le fieur Defferre, portant demande en
caffation de la procédure & du jugement rendu contre lui par le con-
fiftoire de l'églife de St-Geniès, affifté de MM. Baftide & Allègre,
pafteurs, — ladite procédure, ledit jugement, mémoire juftificatifde la
main du fieur Defferre, — certificat de MM. Baptifte Mitier, dodeur
en médecine, & d'Aimé Mitier, maître chirurgien juré & accoucheur
de la ville de Nîmes, en date du 29' odobre 1754, — lettre écrite à
M. Gibert, pafteur, en date du 1 5'^ juillet, même année, — minyte
d'une lettre en date du 4'^ mars lySy, écrite au fieur Defferre par
MM. Baftide & Allègre, fignés dans ladite minute, pour lui faire part
de la procédure qu'ils avaient été appelés de faire contre lui, & le
fommer de répondre aux diverfes queftions contenues dans ladite
lettre, — lefquelles pièces avaient été mifes fur le bureau par MM.
Pierre Encontre & Pierre Sauffine qui les avaient en leur pouvoir, —
tout lu & examiné, la compagnie a jugé qu'il y avait dans la procé-
dure plufieurs défauts de formalité, & voulant les redifier, a arrêté
d'appeler Marie Brifl'ac, accufatrice, & le plus grand nombre de
témoins qu'il fera poffible de fe procurer, pour être recelés, favoir
ladite Briffac fur fes plaintes & expofitions, & lefdits témoins fur
leurs dépofitions, contenues les unes & les autres dans la fufdite
procédure.
I. Une lettre de Paul Rabaut à Antoine Court raconte en détail l'origine de
cette affaire (1754) qui, cinq ans plus tard, on. le voit, n'était pas encore terminée.
— Mss. Court, n» I, t. XXVIII, p. 78.
SYNODES PROVINCIAUX.
VII.
195
En conféquence, a comparu devant l'aflemblée Marie BrilTac, qui
a confirme fcs plaintes & l'expofé qu'elle avait fait devant MM.
Allègre & Baftide, — cnfuitc dix témoins, qui ont perfifté dans leurs
témoignages, comme en fait foi la procédure qui fera attachée aux
ades de la préfente affemblée; après quoi, le fieur Defferre ayant été
cité, il f'eft préfenté, & fur l'interrogat qui lui a été fait, fil voulait
entendre les plaintes & expofitions de Marie Brillac, fon accufatrice,
a répondu que non, qu'il fc foumettait au jugement rendu contre lui
par le confiftoire de St-Geniès, jufqu'au prochain fynode national,
excepté l'article qui le condamne à époufer Marie Briffac, — que c'eit
au fynode national à juger de fon affaire, & qu'il protefte contre tout
ce que pourrait faire le prcfent fynode, comme nul & abufif.
VIII.
L'allemblée, délibérant fur le protefl: du fieur Defferre contenu
dans l'article précédent, & fondée fur ce que ledit fieur a reconnu lui-
même la compétence de cette affemblée, ainfi qu'il paraît par le
mémoire en forme de lettre qu'il adreffa à notre dernier fynode, &
par les art. 4 & 5 du préfent, — fur ce que le délit, fil eft réel, a été
commis dans une églife qui eft du rcffort de cette province, — & fur
l'art. 10 du chap. vni de la difcipline, — la compagnie a décidé que
le fufdit protcft n'cft qu'une pure chicane qui ne doit point l'arrêter,
& qu'elle doit paffcr outre au jugement.
IX.
L'affemblée, fuivant la délibération prife dans le précédent article,
après avoir entendu de nouveau la ledure des plaintes & expofitions
faites & confirmées par Marie Briffac, les dépofitions des dix témoins
récolés, le tout exadement difcuté & mûrement pefé, la compagnie a
jugé que par ce qui réfultc defdites dépofitions des témoins récolés,
ledit fieur Defferre fe trouve malhcurcufement coupable de cohabi-
tation avec ladite Marie Brillac. En conféquence, elle a confirmé le
premier chef de condamnation porté au jugement rendu par le confif-
toire de St-Geniès, affifté de MM. Baftide & Allègre, contenant fuf-
pcnfion, intcrdidion contre ledit fieur Defferre de toute fondion du
miniftcre dans l'étendue de la province. En outre, elle exhorte forte-
ment ledit fieur Defferre à réparer l'honneur de ladite Marie Briffac ;
& vu ce qui eft contenu dans fa lettre en forme de mémoire, portant
ig6 LES SYNODES DU DESERT.
fur la réputation & intégrité dudit confiftoire de St-Geniès, & defdits
MM. Baftide & Allègre, fes premiers juges, elle ordonne, que les
inventives, les fauffes imputations, & généralement tout ce qui peut
les bleffer, foit rayé & biffé dudit mémoire; — juge enfin que par là il
a encouru les plus vives cenfures qu'elle lui décerne, l'exhortant au
nom de Dieu à reconnaître fes fautes & à f'en repentir.
X.
Parce que le fynode f 'affemble pour toute la province, & vu qu'il
importe de corriger l'abus qui f'eft déjà gliffé, en ce que certaines
églifes n'envoient pas des députés aux affemblées fynodales, il a été
arrêté qu'elles entreront toutes pour leur quote-part dans les frais qui
fe feront pour ces fortes d' affemblées, & que cela fera exécuté par
rapport à ceux qui fe font faits pour la préfente.
Ainfi conclu & arrêté le même jour & an que deffus.
P. Saussine, pafteur & fecrétaire.
«vQ^ «^> (^j i^a
SYNODES PROVINCIAUX. ,97
Synode du Vivarais et Velay.
Notre aide soit au nom de Dieu qui a fait
le ciel et la terre. Amen.
Aâes du Jynode provincial des églijes réformées du Vivarais
& Velay, ajfemblé fous la proteâion divine au Défert, dans le Haitt-
Vivarais, le vingt-deuxième avril tnil fept cent foixante, auquel ont
ajfijlé trois pajleurs & quator:{e anciens, députés de/dites églifes.
Après la lecture de la parole de Dieu & l'invocation de fon St-
Nom, a été réfolu ce qui fuit :
I.
Sur les plaintes portées par le miniftre Vernet, contre le nommé
J...., ancien de C, au fujet d'un mariage entre coufins germains, que
ledit J.... lui a fait bénir, fans l'avertir des raifons de parenté qui de-
vaient l'en empêcher, & des démarches que les fufdits fiancés avaient
faites pour obtenir la bénédidion de leur mariage dans l'Eglife
romaine, la compagnie, fcandalifée de la conduite de cet ancien, l'a
jugé indigne de polféder cette charge, & lui défend d'en faire dans
la fuite aucune fondion.
A l'égard des parties qui ont furpris la bénédidion de leur ma-
riage & que ledit J.... afavorifées, elles feront ccnfurées publiquement.
J. Blachon, modérateur; Peirot, miniflre; Vernet,
pafleur & fecrétaire.
mm
igS LES SYNODES DU DÉSERT.
Synode du Haut- Languedoc.
Notre aide soit au nom de Dieu. Amen.
Le vingt-huitième novembre mil fept cent foixante', le fynode
provincial des églifes réformées du Haut-Languedoc, du Montalba-
nais, de l'Agenais, & du Comté de Foix, affemblé en la perfonne de
M. François Rochette, pafteur de l'Agenais, & d'un ancien, député;
de M. Jean Sicard, de M. Jean Gardes & de M. Pierre Sicard le jeune,
tous ces trois, pafteurs du Haut-Languedoc, avec deux anciens, députés
Colloque du Haut-Languedoc du 24 janvier lyôo.
Au nom de Dieu soit fait. Amen.
I . Nous , les pasteurs et anciens des églises réformées du Haut-Languedoc,
assistés de M. Louis Figuières, pasteur des églises du Comté de Foix, et de
M. Jean Pierre Gabriac, pasteur des églises des Hautes-Cévennes, assemblés en
colloque le 24 janvier 1760, après avoir imploré la favorable assistance du
St-Esprit, nous avons arrêté ce qui suit :
1. — M. Jean Gardes, pasteur, a été nommé à l'unanimité des voix pour
modérateur, et M. Pomier, ancien de l'église d'Espérausse, pour secrétaire.
2. — M. Pierre Sicard, surnommé Duval, et M. François Rochette, surnommé
la Roche, proposants desdites églises du Haut-Languedocf qui viennent d'arriver
de Lausanne, avec M. Pierre Pougnard, surnommé Dézerit, proposant des églises
du Poitou, ayant exhibé une attestation qui leur fut expédiée le 2 5 octobre
dernier, signée de M. Court, ancien pasteur et représentant, A. Polier de Bottens,
grand pasteur, Besson, pasteur, et Court fils, lecteur en morale et logique.
Comme ils ont fait leurs études, qu'on a procédé à leur examen, et qu'ils ont
été jugés en état d'exercer avec fruit le St-Ministère évangélique, restant seule-
ment à leur imposer les mains, et leur donner le caractère de ministre du Seigneur,
et en conséquence demandé que cette imposition de mains leur soit accordée,
tout comme à M. Pougnard qui nous a été adressé à ces fins, il a été fait lecture
de cette attestation, et toute l'assemblée a été très-édifiée des témoignages avanta-
geux qui leur sont donnés, tant par cette attestation que par une lettre que
MM. Court ont écrite à leur sujet à Messieurs les pasteurs de cette province.
Et, de suite, il a été présenté une lettre que M. Bagel, ancien de l'église de
Montauban, a adressée à MM. Jean Sicard et Gardes, pasteurs, où il est dit que
les églises de Montauban furent assemblées en colloque par le soin de quelques
anciens, que M. Laton, pasteur, fut invité de s'y rendre, et qu'ils délibérèrent que
pour l'ordre il faut qu'on leur laisse le droit d'examiner les candidats avant qu'ils
puissent être admis, de laquelle lettre signée Bagel pour tous, il a été fait lecture
et un examen exact, tout comme de deux lettres que M. Lafon a adressées à
MM. Jean Sicard et Gardes, à ce sujet ; et après, ayant été lue une lettre écrite par
M. Viala, pasteur des églises de l'Agenais, et une lettre écrite par M. Bachan, ancien
et secrétaire des mêmes églises, où ils réclament un de MM. Pierre Sicard ou
SYNODES PROVINCIAUX. ,gg
chacun; de M. Paul Lafon, pafteur des églifes du Montalbanais avec
deux anciens, députes; de M. Louis Figuièrcs, pafteur des églifes du
Comté de Foix avec deux anciens, députés, a élu à la pluralité des
voix, pour modérateurs MM. Jean Sicard & Paul Lafon, pafleurs, &
MM. Louis Figuières & François Rochette, pafleurs, pour fecrétaires;
& après avoir imploré le fecours de Dieu, a délibéré ce qui fuit :
I.
L'affemblée n'a pas trouvé valides les raifons du colloque de
l'Agenais pour le difpenfer de laifl'er venir tous fes pafteurs à ce pré-
fent fynode & remplir fa députation. En conféquence, il fera écrit une
lettre au nom de ce fynode audit colloque pour le porter à fe tenir à
l'avenir aux règlements de notre dii'cipline.
Rochette pour aller desservir leurs églises, et consentent conséquemment que l'im-
position des mains leur soit accordée; et tout examiné et considéré, il a été unani-
mement délibéré que, vu les attestations expédiées auxdits sieurs Pierre Sicard,
François Rochette et Pierre Pougnard, demeurant le consentement résultant des
lettres du pasteur et secrétaire des églises de l'Agenais, sans s'arrêter à la lettre reje-
table dudit sieur Bagel, on imposera incessamment les mains auxdits sieurs Pierre
Sicard, Rochette et Pougnard, et qu'on les revêtira du caractère de ministres de
l'Evangile.
3. — M. Rochette se transportera dans l'Agenais pour desservir les églises de
ce pays-là conjointement avec M. Viala, et M. Pierre Sicard desservira les églises
du Haut-Languedoc de concert avec Messieurs les autres pasteurs.
Ainsi conclu et arrêté les jour et an que dessus.
J. Gardes, pasteur et modérateur; Pomier, ancien et secrétaire.
Copie d'une lettre de MM. Court adressée à MM. les pasteurs de la province
du Haut-Languedoc et Haute-Guyenne.
Dans notre lettre du 4 septembre adressée à M. Armand nous vous appre-
nions que MM. Duval et Rochette étaient dans les épreuves. MM. les directeurs
du séminaire leur avaient associé deux autres séminaristes, M. Dézerit à qui la
province du Poitou a adressé une vocation avec la permission à MM. les direc-
teurs de le faire consacrer là où ils en trouveraient le moyen, et M. Pic qui était
destiné aux églises du Béarn. Ces quatre Messieurs ont achevé tous leurs examens
consistant en une proposition de huit jours, un examen de théologie de vive voix,
un de morale aussi de vive voix, trois analyses sans la clef, une de théologie sur
les motifs que la mort de Jésus-Christ fournit aux hommes pour être vertueux,
une de controverse sur l'invocation des Saints, et la troisième de morale sur la
cinquième demande de l'oraison dominicale, enfin un examen de vive voix sur
l'Evangile, consistant en une explication de la parabole de l'ivraie, ou un discours
d'une petite demi-heure sur cette matière fait après autant de temps de médi-
tation. Après tous ces examens que l'on a cru suffisants pour connaître la capacité
des candidats, joints à ce que l'on en connaît déjà par les examens qu'on a fait
subir aux mêmes séminaristes de six en six mois, MM. les directeurs du sémi-
naire ont trouvé MM. Duval, Rochette et Dézerit ou Pougnard, capables de
200 LES SYNODES DU DESERT.
II.
Sur la demande faite par les églifes de l'Agenais de fe démembrer
de cette province pour fe joindre à celle de Saintonge, l'afTemblée a
jugé unanimement de leur refufer leur demande, & confirme l'art. 3
recevoir l'imposition des mains. Quant à M. Pic, ils ont cru devoir lui accorder
quelque temps pour perfectionner ses études.
Avant et pendant les examens, nous avons, MM. et t[rès]-h[onore's] f[rères],
mis tout en usage pour obtenir la permission de consacrer ici ces Messieurs ;
mais des raisons de prudence et de politique auxquelles nous n'avons rien pu
opposer ont malheureusement rendu nos soins inutiles : ils se voyent donc obligés
de retourner dans le sein de l'Eglise sans consécration.
Nous espérons. Messieurs, que vous voudrez bien à leur arrivée donner l'im-
position des mains aux deux premiers susnommés et sans faire faire d'ultérieures
épreuves, car ils ont été examinés ici avec toute l'attention et le soin possibles, en
ayant égard cependant aux circonstances, mais sans blesser la conscience, et l'on
apportera toujours la plus grande attention à ne jamais donner les mains à ce que
des sujets qui n'auraient ni les talents ni les mœurs nécessaires pour un emploi
aussi respectable fussent introduits dans la vigne du Seigneur.
Par rapport à M. Dézerit, comme le Poitou a un besoin indispensable de son
ministère, ainsi que vous le savez parfaitement, et qu'il est attendu avec la plus
vive impatience, nous vous conjurons. Messieurs et très-honorés frères, par tout
ce qu'il y a de plus sacré, de ne point refuser votre secours à cette portion de
l'héritage du Seigneur, et de vouloir bien nous aider en cette bonne œuvre; vous
le pourrez efficacement en imposant les mains à M. Dézerit dans le même moment
qu'aux deux Messieurs de votre province, mais comme la saison est fort avancée,
que M. Dézerit est pressé, nous vous prions de prendre incessamment des
mesures, afin que sitôt qu'ils seront arrivés, cette cérémonie puisse avoir lieu;
vous en sentez trop vous-mêmes l'importance et l'indispensabilité pour que nous
nous arrêtions davantage sur ce sujet. Il ne nous reste qu'à implorer le secours
de Dieu sur vos délibérations et sa bénédiction sur tous vos travaux.
Nous ne pensons pas que vous vous fassiez de la peine de consacrer ces trois
Messieurs sans de nouveaux examens; vous comprenez qu'il en résulterait pour
les directeurs du séminaire une cessation totale d'examens pareils, puisqu'ils
deviendraient dès lors inutiles, et que ce n'est pas par plaisir qu'ils suspendent
leurs autres occupations pour vaquer à celle-là.
M. Vernet est dans ce pays depuis le i6, il nous a appris que vous deviez vous
être assemblés en corps à la fin du mois dernier sur un sujet relatif à un de ceux
dont traitait notre lettre du 4 septembre. Il nous tardera d'être instruits du succès
de cette assemblée et de la nature de ses délibérations.
Le Seigneur vous garantisse de tout danger, et vous conserve comme la
prunelle de l'œil. On ne saurait être avec un plus sincère attachement et un
dévouement plus parfait. Messieurs et très-honorés frères, vos très-humbles et
très-obéissants serviteurs.
Court, père et fils, ce 9 octobre ijSg.
Attestation du 25 octobre ijSg.
Nous soussignés déclarons que M. Pierre Sicard et Duval, Pierre Pougnard,
dit Dézerit, et François Rochette, dit la Roche, ont souhaité d'être examinés,
pour savoir s'ils sont en état d'être revêtus du sacré caractère de ministre de
l'Evangile.
SYNODES PROVINCIAUX. 201
du fynode provincial du 18 août 1758. De plus, elle trouve iefdites
églifes très-réprébienfibles : i» dans l'ordre de leur demande; 2° par
l'entrcprife de confentir, à l'infu des autres parties de cette province,
que leurs pafteurs & deux anciens fuffent au fynode de la Saintonge,
On a d'abord procédé ù l'examen de leurs mœurs et conduite, sur quoi ils
ont rapporté un témoignage très-avantageux, nous ayant toujours paru de forts
honnêtes gens, qui avaient à cœur leur devoir, et qu'ils travaillaient à se mettre
en état d'édifier les fidèles, autant par leurs bons exemples que par leur doctrine
et leurs discours.
Quant aux progrès qu'ils ont faits dans la théologie, la morale et l'art de
prêcher, leur ayant fait subir des examens à ces divers égards, nous avons trouvé
que selon les talents que Dieu leur a départis et à proportion du temps qu'ils ont
employé à l'étude, on ne pouvait qu'être très-content de leurs succès, et recevoir
les diverses épreuves qu'on leur a fait faire et qui ont consisté dans :
I» un sermon sur un texte prescrit huit jours à l'avance;
2» deux tâches sur deux questions, l'une de théologie positive, l'autre de
controverse;
3° une dissertation sur une question de morale;
4» des examens de vive voix sur la théologie et la morale;
5" un paraphage sur un morceau de l'Kvangile sur lequel ils n'ont eu qu'une
heure de préparation.
Ayant satisfait du plus au moins à ces diverses épreuves, nous jugeons ces
Messieurs avec le secours du Très-Haut, et persuadés qu'ils ne négligeront rien
pour leur application et leurs efforts, pour s'en rendre dignes, nous les jugeons
en état d'exercer avec fruit le St-Ministère évangélique, c'est pourquoi si nos
circonstances nous l'eussent permis nous n'aurions pas hésité de leur donner le
caractère de ministre du Seigneur.
Nous prions Messieurs nos très-honorés frères auxquels ils s'adresseront de
vouloir bien, ensuite du témoignage que nous leur rendons ici, leur procurer
l'avantage après lequel ils soupirent, priant Dieu qu'il lui plaise les combler, les
uns et les autres, de ses grâces les plus précieuses.
Lausanne, ce 25 octobre 1759.
Court, ancien pasteur et représentant; A. Polier ne Bottens,
grand pasteur; Besson, pasteur; A. Court fils, lecteur en
morale et logique.
Attestation pour M. Pierre Sicard.
« Nous, les pasteurs des églises réformées du Haut-Languedoc, assistés de
«M. Figuières, pasteur du Comté de Foix, et de M. Gabriac, pasteur des Hautes-
«Cévennes, certifions que le sieur Pierre Sicard, surnommé Duval, originaire de
<iSt-Sever, en Roucrgue, envoyé de la part de notre province en 1754 au sémi-
«naire pour y perfectionner ses lumières et revenu parmi nous au mois de
«novembre de l'année dernière, muni des attestations avantageuses de la part de
«MM. les vénérables directeurs dudit séminaire. Nous ayant demandé d'être reçu
«au St-Ministère et pour cet effet exhibé à notre colloque, assemblé le vingt-
« quatrième du courant, sesdites attestations par lesquelles il compte qu'il pouvait
«être reçu sans ultérieurs examens, ledit sieur Sicard les ayant subis dans le pays
«étranger à la satisfaction de MAL les examinateurs, ledit colloque lui ayant
«accordé sa demande et nous ayant commis, nous, pasteurs sus nommés, pour
202 LES SYNODES DU DESERT.
OÙ ils prirent voix propcfitive & délibérative ; 3" en ce qu'elles de-
mandent avec affedation ce démembrement, & qu'elles chargent leurs
« faire la cérémonie, il a été consacré, dans une assemblée publique de religion,
n convoquée à cet effet dimanche dernier, par l'imposition des mains, par des
« exhortations et par la prière, et reçu au nombre des pasteurs de nos églises, avec
« pouvoir de prêcher la parole de Dieu, d'administrer les saints sacrements institués
« par Jésus-Christ, et d'exercer la discipline ecclésiastique partout où la Provi-
«dence l'appellera. Nous prions Dieu, le Père des lumières, de bénir ses pieux
«travaux, d'augmenter en lui ses dons et ses grâces, et de le couvrir toujours de
<( sa puissante protection.
«Au Désert du Haut-Languedoc, le vingt-huitième janvier mil sept cent
« soixante.
«SicARD, pasteur; Jean Gardes, pasteur; Figuières, ministre;
0 Gabriac, pasteur. »
Attestation pour M. François Rochette.
« Nous, les pasteurs des églises réformées du Haut-Languedoc, assistés de
«M. Figuières, pasteur du Comté de Foix, et de M. Gabriac, pasteur des Hautes-
«Cévennes, certifions que le sieur François Rochette, surnommé Dumont, origi-
«naire de Vialas, en Cévennes, envoyé de la part de notre province en 17S6 au
«séminaire pour y perfectionner ses lumières, est revenu parmi nous au mois de
«novembre de l'année dernière, muni des attestations avantageuses de la part de
« MM. les vénérables directeurs dudit séminaire. Nous ayant demandé d'être reçu
« au St-Ministère et pour cet effet exhibé à notre colloque, assemblé le 24 du cou-
«rant, lesdites attestations par lesquelles il compte qu'il pouvait être reçu sans
«ultérieurs examens, ledit sieur les ayant subis dans le pays étranger à la satisfac-
«tion desdits sieurs ses examinateurs, ledit colloque lui ayant accordé sa demande
«et nous ayant commis, nous, pasteurs sus nommés, pour faire la cérémonie, il a
«été consacré dans une assemblée publique de religion, convoquée à cet effet
« dimanche dernier, par l'imposition des mains, par des exhortations, et par la
« prière, et reçu au nombre des pasteurs de nos églises avec pouvoir de prêcher
«la parole de Dieu, d'administrer les saints sacrements institués par Jésus-Christ
«et d'exercer la discipline ecclésiastique partout où la Providence l'appellera. Nous
« prions Dieu, le Père des lumières de bénir ses pieux travaux, d'augmenter en lui
«ses dons et ses grâces et de le couvrir toujours de sa puissante protection.
«Au Désert du Haut-Languedoc, le vingt-huitième janvier mil sept cent
« soixante.
«SicARD, pasteur; J. Gardes, pasteur; Gabriac, pasteur;
« Figuières, pasteur. «
Attestation pour M. Pierre Pougnard.
« Nous, les pasteurs des églises réformées du Haut-Languedoc, assistés de
«M. Figuières, pasteur du Comté de Foix, et de M. Gabriac, pasteur des
« Hautes-Cévennes, certifions que le sieur Pierre Pougnard, surnommé Dézerit,
«originaire et proposant du Poitou, envoyé de la part de MM. les vénérables
«directeurs du séminaire dans cette province pour y recevoir l'imposition des
« mains avec deux de leurs proposants, ledit sieur Pougnard muni des attestations
«avantageuses qu'il a exhibées à notre colloque, assemblé le 24 du courant, par
«lesquelles il compte qu'il pouvait être reçu au St-Ministère sans ultérieurs exa-
SYNODES PROVINCIAUX. 2o3
députés d'un appel injurieux à ce fynode par devant le prochain
fynode national '.
m.
Après un mûr examen l'on a délibéré de dépofer les anciens qui
ont fait baptifer ou rebaptifer leurs enfants dans l'Eglife romaine, &
qu'on les pourfuivra d'ailleurs également que les autres protestants
qui tombent dans le même cas, conformément aux délibérations prifes
fur ce fujet dans plufieurs de nos fynode nationaux & aux anciens
règlements de notre difcipline. — Synode national de 1748, art. 7,
& de celui de 1756, art. i5.
IV.
A l'égard de la demande que le diftrid de l'Agenais a faite à l'af-
femblée de leur continuer le miniftère de MM. Viala & Rochette,
pafteurs, elle lui accorde fa demande, fous la condition qu'ils n'iront
plus dans d'autres provinces, hors le temps d'une violente perfécution.
V.
La compagnie dcfapprouve la conduite de M. le pafteur & des
anciens des églifes du Montalbanais en ce qu'ils ont écrit à M. Martin
& qu'ils ont pris le parti de le retenir dans leur églife, fans le commu-
«mens, les ayant subis dans le pays étranger au gré et à la satisfaction de MM.
0 ses examinateurs, ledit colloque de'sirant toujours de contribuer de tout son
«pouvoir à l'avancement de la gloire de Dieu et à l'édification de l'Eglise, nous a
«commis, nous, pasteurs sus nommés, pour le consacrer, ce qui a été exécuté
«dans une assemblée publique de religion, convoquée à cet effet dimanche dernier,
«par l'imposition des mains, par des exhortations et par la prière, avec pouvoir
«de prêcher la parole de Dieu, d'administrer les saints sacrements institués par
«Jésus-Christ et exercer la discipline ecclésiastique partout où la Providence
« l'appellera. Nous prions Dieu, le Père des lumières, de bénir ses pieux tra-
« vaux, d'augmenter en lui ses dons et ses grâces et de le couvrir toujours de sa
«puissante protection.
«Au Désert du Haut-Languedoc, le vingt-huitième janvier mil sept cent
« soixante.
oSicARD, pasteur; Jean Gardes, pasteur; Figuières, pasteur;
«Gabriac, pasteur, u
— Mss. de Puylaurens et de Castres.
I. Les églises de l'Agenais, comme celles du Bordelais, demandaient à être
rattachées au synode de Saintonge; d'un autre côté, la Saintonge se souciait peu
que l'Agenais et le Périgord fissent partie de leur circonscription ecclésiastique
(art. I du colloque de Saintonge du iS juin 17G0). Le synode national de 17Ô3
(art. 20 et 22) finit par démembrer en trois provinces l'ancien synode du Haut-
Languedoc: Haut-Languedoc et Comté de Foix; — Montalbanais; — Périgord
et Haut-Agenais.
204 LES SYNODES DU DÉSERT.
niquer aux autres parties de cette province ; ce faifant déclare n'y avoir
lieu d'agre'ger ledit M. Martin dans cette province, & enjoint au
pafteur & aux églifes de Montauban de ne plus contrevenir à l'ordre
eccléfiaftique'.
VI.
Vu la néceffité où fe trouvent les églifes de Montauban d'un
pafteur pour féconder M. Lafon dans la defferte du quartier de Mon-
tauban, il a été délibéré qu'on écrira à une province voifine pour la
fupplier de vouloir accorder en prêt un de fes pafteurs pendant une
année, pour pouvoir l'y envoyer; & en attendant, M. Rochette leur
accordera fon miniftère pendant deux mois, à compter du mois de
janvier prochain ; & fi le pafteur qu'on demandera n'était pas arrivé
dans ce temps, M. Sicard le jeune leur accordera après fon miniftère
pendant deux mois fuivants, fans pouvoir ni l'un ni l'autre leur accor-
der davantage; & chacun d'eux fera tenu de retourner dans fon quar-
tier à la fin de deux mois. Pour ce qui eft des frais que ces Meffieurs
feront à ce fujet, les églifes de Montauban les fupporteront.
VII.
Tous les proteftants qui, non contents de fe joindre aux catho-
liques romains, pour empêcher les progrès de l'Evangile, détournent
les autres proteftants d'aller aux faintes affemblées, de prêter du
fecours aux miniftres, & les menacent de les citer ou de les faire citer
devant les puiffances, feront excommuniés, après leur avoir repré-
fenté leur tort de vive voix ou par écrit.
Colloque du Haut-Languedoc du i6 novembre j'jôo.
Au nom de Dieu soit fait. Amen.
1. Nous, les pasteurs et anciens des e'glises réformées du Haut-Languedoc,
assemblés en colloque le 16 novembre 1760, après avoir imploré l'assistance de
l'Esprit divin, avons délibéré ce qui suit:
1. — Ont été nommés à la pluralité des voix, M. Sicard, pasteur, pour modé-
rateur, M. Jean Gardes, pasteur, pour secrétaire, et Marquié, ancien de l'église
de Montredon, pour secrétaire-adjoint.
2. — Le nombre des députés pour le prochain synode provincial ne s'étant
pas trouvé complet, le colloque a nommé, à l'unanimité des voix, M. Gâches,
ancien de l'église de Vabre, et M. Pomier, ancien de l'église de l'Espérausse, et
pour leurs substituts, M. Sabrier, ancien de l'église de Lacaune, et le sieur Calas,
ancien de l'église de Ferrières.
Ainsi fut conclu et arrêté les jour et an que dessus.
Sicard, pasteur et modérateur; J. Gardes, pasteur et
secrétaire; Marquié, ancien et secrétaire-adjoint.
— Mss. de Puylaurens et de Castres.
SYNODES PROVINCIAUX. 2o5
VIII.
La compagnie permet à M. François Fageau, originaire du Haut-
Languedoc, d'aller à Laufanne occuper une place au féminairc en
qualité d'étudiant de cette province & jouir des privilèges y annexés,
comme auffi au fieur Michel Monméja d'y aller de même, lorfqu'il y
aura une place vacante, en qualité d'étudiant de cette province, & y
jouir des mêmes privilèges, à condition que l'un & l'autre revien-
dront dans cette province, lorfqu'ils en feront requis par le fj'node
provincial.
IX.
Les candidats feront tenus de fcrvir pendant fix mois en qualité
de propofants dans cette province, foit pour les former au gouverne-
ment de l'Eglife, foit pour connaître fils font propres auxditeséglifes.
X.
Il ne fera plus loifible de donner aucun certificat à des gens fans
aveu & mendiants.
XI.
Les anciens feront tenus de fe trouver aux colloques qui feront
convoqués à peine de dépofition.
xu.
L'alfemblée a charge le quartier du Montalbanais de la convoca-
tion du prochain fynode provincial.
Ainfi a été conclu & arrête au Défert du Haut-Languedoc le
même jour & an que delfus.
Sic.tRn, pafleur & modérateur; Lafon, pafteur
& modcraieur-adjoint ; Figuières, fecrétaire;
RocHETTE, pafteur & fecrétaire-adjoint.
^B ^S ^S ^B
2o6 LES SYNODES DU DÉSERT.
Synode de Saintonge, Angoumois, Périgord
et Bordelais.
Au nom de Dieu. Amen.
Les églifes de Saintonge, Angoumois, Périgord & Bordeaux,
affemblées en fynode, fous la protedion divine, le premier & deuxième
juillet mil fept cent foixante, en la personne de leurs députés, après
avoir imploré le fecours de Dieu, ont délibéré & arrêté ce qui fuit :
I.
Meffieurs Viala & Rochette, pafteurs des églifes d'Agenais, ayant
été invités de fe trouver au préfent fynode, de même que deux députés
d'entre les anciens defdites églifes, ils ont été priés unanimement de
fiéger dans ladite affemblée fynodale, en qualité de députés & de déli-
bérants; à quoi ils ont bien voulu confentir.
II.
Ayant procédé à la nomination des modérateurs & des fecrétaires
du préfent fynode, on a nommé, à la pluralité des fuffrages, Monfieur
Gibert l'aîné, pour modérateur; Monfieur Sol, pour modérateur-
adjoint; Monfieur Dugas, pour fecrétaire; Monfieur Viala, pour
fecrétaire-adjoint.
III.
Monfieur Sol ayant déclaré avoir fait vœu de ne fe porter jamais
pour juge dans aucun différend qui puifîe furvenir entre les pafteurs
& les églifes, il a demandé de ne pas intervenir en cette qualité dans
la divifion qui exifte en Saintonge à l'occafion de M. Solier; à quoi
l'aflémblée ayant égard, elle lui a accordé fa demande ; & àfa réquifi-
tion, il lui fera expédié ade dudit article, figné du modérateur & des
fecrétaires.
IV.
Meffieurs les pafteurs de Saintonge & leurs anciens, députés, de
même que MM. Prince, Thomas & Roulleau, envoyés au préfent
fynode par M. Solier & fes partifans, reconnaiffant la néceffité de fe
SYNODES PROVINCIAUX. 207
foumettre à la décifion du fynode, déclarent & f engagent d'acquiefcer,
& do faire exécuter de tout leur pouvoir la décifion qui fera faite, con-
cernant les altercations furvenucs entre M. Solier & fcs adhérents,
d'un côté, & MM. Gibert & Dugas & les églifcs de la Saintonge, de
l'autre. Bien entendu qu'ils ne fe défiftentni les uns ni les autres de la
voie d'appel au fynode national, fils le jugent à propos ; mais toujours
conformément à la difcipline, qui porte que tout jugement doit tenir,
nonobflant appel, etc.
Après l'article ci-deffus, toutes les perfonnes, qui peuvent être
fuspedes à M. Solier & à fes partifans, ayant été exclues de la qualité
de juges de fon affaire, les autres membres du fynode, au nombre de
deux pafteurs & de cinq anciens, lefquels ont été choifis par les trois
envoyés de M. Solier, ayant pris connailfance de fa conduite, & après
avoir écouté attentivement fes raifons de juftification, qu'il a alléguées
tant par écrit que par le moyen de fes envoyés, — lefdits juges n'ont
pu f 'empêcher de reconnaître que la conduite que ledit ficur Solier a
tenue en abandonnant les églifesdel'Angoumois, dont il était pafteur,
fans aucun fujet légitime, pour f'ingérer, fans être légitimement
appelé, à deffervir partie de celle de Marennes & de Paterre, com-
prifcs dans le diflrict de MM. Gibert & Dugas, & occafionnerpar là le
fchifmc & la divifion dans le fein de ces deux églifcs, — pour toutes ces
raifons & autres, on n'a pu, dis-je, f'empêcher de reconnaître que fa
conduite à tous ces égards eft irrégulière, contraire à l'ordre établi
par notre difcipline, à l'édification publique & à l'avancement du règne
de Jcfus-Chrift. En conféquencc,on le fommc de fentir cette irrégula-
rité, & de la réparer de la manière la plus convenable devant un col-
loque, qui fera à cet effet convoqué en Saintonge, où il promettra de
ne plus f'écarter à l'avenir des règlements eccléfiaftiques. On lui
enjoint en outre de fufpendre tout exercice de fon miniftère dans les
temples des Fontaines, de Laumône, & tous autres, dès que le préfent
arrêté lui aura été notifié, jufqu'ù ce qu'il ait rempli la fufdite condi-
tion, l'affemblée priant, au refte, les églifes de Saintonge d'accélérer
la tenue dudit colloque, autant que faire fe pourra.
Et au moyen de cette conduite exadement obfervée, la compa-
gnie, pour arrêter le cours des funeftes divifîons qui fe font élevées
dans les fufdites églifes & ramener plus aifément les efprits à la paix
& à l'union, a décidé que M. Solier fera relevé par le fufdit colloque
2oS LES SYNODES DU DÉSERT.
de la fufpenfion fufmentionnée, pour enfuite deffervir les églifes de
Saintonge & Angoumois, alternativement avec MM. les pafteurs de
ces mêmes églifes.
Et quant aux anciens, que M. Solier a créés dans l'égliie de Ma-
rennes & réhabilités dans celle de Paterre, depuis qu'il a délaiffé celles
de l'Angoumois, l'affemblée annule ces éledions comme contraires à
ladifcipline, & laiffe à la prudence de MM. les pafteurs de Saintonge
de rétablir ceux de ces Meffieurs ou autres, qu'ils jugeront à propos.
Décidé enfin que le préfent jugement fera envoyé à M. Solier par
MM. fes envoyés, & accompagné d'une lettre aux fidèles, pour les
exhorter à la paix & à f e foumettre au préfent jugement, que l'efprit
de charité nous a feul didé, laquelle lettre fera écrite par MM. Picard
& Rochette, préfidents dans le jugement mentionné au préfent article.
VI.
Sur la propofition du colloque de Saintonge, qui demande d'être
féparé de celui du Périgord ', le fynoJe ayant examiné les raifons pour
& contre cette demande, n'a pas été d'avis de l'accorder, & a délibéré
que les chofes en refteront fur le même pied où elles ont été jufqu'ici.
1. Au sujet de ces e'glises naissantes du Périgord, Court de Ge'belin e'crivait le
29 septembre 1760: «Les protestants du Périgord ont recommencé leurs assem-
blées ou sociétés, mais à petit bruit. L'Agenais est fort tranquille, quoiqu'on y
ait fait une douzaine de prisonniers qui ont été enfermés au château du Hà, à
Bordeaux, pour n'avoir pas tenu ce qu'ils avaient promis à M. de Richelieu
d'engager les protestants à faire rebaptiser leurs enfants. — On savait qu'il y avait
des protestants dans l'île de Ré, mais en petit nombre, et jamais ministre n'y fut.
Eh bien ! ils viennent d'y bâtir deux églises, et puis ils ont appelé un des ministres
de Saintonge, et qui y fonctionne le plus tranquillement du monde.» — Voy.
Bullet. t. III, p. 20.
Colloque de Saintonge du 2 j février ijGo.
Au nom de Dieu soit fait. Amen.
Les églises de Saintonge, assemblées en colloque le 27 de février 1760,
après avoir imploré le secours de Dieu et nommé pour modérateur M. Dugas,
pasteur, et M. Plantier, ancien, pour secrétaire, ont arrêté les articles suivants :
I. — Le ministère de M. Dugas étant d'une très-grande utilité à nos églises,
en sorte qu'elles ne pourraient en être privées sans qu'elles en souffrissent beau-
coup, nous sommes très-reconnaissants de ce qu'il veut bien nous le continuer;
et comme il est requis et sommé par la province des Hautes-Cévennes de se rendre
dans son sein, on écrira à ladite province une lettre, la plus pressante qu'il sera
possible, pour la supplier de prendre en considération celle qui lui a été déjà
écrite par ledit M. Dugas, en date du 29 d'août dernier, où l'on alléguera les
autres raisons qui nous font désirer qu'il reste parmi nous. Nous espérons que
ladite province des Hautes-Cévennes, toujours animée d'un principe de charité et
SYNODES PROVINCIAUX. 209
VII,
Vu le bcfoin prcfTant que l'églife de Bordeaux a du miniftcre d'un
pafteur, la compagnie lui cède pour un an M. Etienne Gibcrt, laquelle
année commencera le premier feptembre prochain. Bien entendu que,
fil n'eft pas poffible de procurer d'autres pafteurs aux églifes de la
Saintonge avant la fin du mois d'avril prochain, ledit M. Etienne
Gibert fera tenu d'y retourner, pour y faire une ronde dans toutes les
églifes, avant la tenue du prochain fynode.
de zèle pour la gloire de Dieu, continuera à nous en donner des marques, en
nous accordant la demande que nous lui faisons à ce sujet, le plus instamment
possible; en quoi faisant, elle obligera des frères qui lui sont attaches par la
communion la plus e'troite. Ladite lettre sera e'crite et signée du secrétaire du
colloque.
2. — Bien que par le précédent colloque, tenu le 1 1 novembre dernier,
M. Etienne Gibert n'ait été prêté à l'église de Bordeaux que pour un mois ou
environ, l'assemblée, prenant en considération les nouvelles instances que ladite
église nous fait par sa lettre du décembre lySg, approuve que ledit
M. Etienne ait resté dans ladite église jusqu'à aujourd'hui; elle consent de plus
qu'il continue d'y exercer son ministère jusqu'à la fin du mois d'avril prochain,
s'il est nécessaire ; et en conséquence de ces dispositions, la compagnie a approuvé
les lettres qui ont été écrites, soit à ladite église, soit audit sieur Etienne Gibert,
à ce sujet, par Messieurs les pasteurs.
3. — Il sera tenu un livre où on recueillera, autant qu'il sera possible, les
arrêtés de tout les colloques précédents et de tous les synodes tant provinciaux
que nationaux, de même que tous ceux qui pourront se tenir dans la suite et où
l'on écrira aussi les lettres et autres écrits qui auront rapport auxdits arrêtés. On
charge l'église de La Tremblade de tenir ledit livre, et à Messieurs les pasteurs de
lui fournir, au plus tôt, tous les papiers relatifs au présent article qu'ils ont entre
les mains.
4. — Vu le besoin que nos églises auraient encore de deux pasteurs de plus
que ceux qu'elles ont, l'assemblée charge MM. Gibert et Dugas d'écrire aux pro-
vinces du Haut-Languedoc et Hautes-Cévennes, pour les supplier de nous accor-
der ce secours pour une ou deux années; elle les charge encore d'écrire à Messieurs
les directeurs du séminaire de nous envoyer, dans le courant de la présente année,
deux de nos étudiants qu'ils croiront être les plus avancés dans leurs études.
5. — Sur les plaintes portées contre plusieurs personnes de l'église de
Marennes, contre les anciens de l'église de Paterre, et contre M. Solier, pasteur des
églises de l'Angoumois, le colloque, après s'être assuré que toutes lesdites per-
sonnes ont été averties de comparaître devant lui pour alléguer les raisons de
justification qu'elles peuvent avoir, sans qu'elles aient néanmoins déféré à cet
avertissement, le colloque, dis-je, ayant pris connaissance desdites plaintes et les
ayant examinées avec toute l'attention nécessaire, a trouvé très-répréhensibles
toutes les personnes ci-dessus indiquées, savoir: premièrement, celles de Marennes
de ne s'être pas réunies avec leurs frères dans le temple de La Pimplière pour
rendre à Dieu leurs hommages, ainsi que le synode provincial, tenu les 21) et 3o du
mois de juin dernier, le leur enjoint dans l'art. 4 de ses actes; 2' d'avoir pris la
maison de Laumône, sans le consentement du consistoire et du plus grand
'4
2IO LES SYNODES DU DESERT.
VIII.
La compagnie, animée des mêmes fentiments que le fynode natio-
nal dernier, foit par rapport à la nature de l'adion de la tenture qu'on
exige des proteftants, le jour que les Romains appellent la Fête-Dieu,
foit par rapport aux moyens qu'il convient de mettre en ufage pour
réprimer la conduite des proteftants à ce fujet, eft d'avis qu'on f 'en
tienne à l'exécution de l'art. i8 du fufdit fynode national, & qu'en
conféquence on n'ait pas égard à l'art. 3 du colloque des églifes de
la Saintonge du 18' juin dernier.
nombre des fidèles de ladite église, contre ce qui est prescrit par ledit synode
dans le même article ci-dessus; 3» enfin d'avoir donne' vocation audit sieur pour
être leur pasteur, — vocation qui est expressément proscrite par l'art. 26 du
premier chapitre de la discipline, — et d'avoir nommé d'eux-mêmes d'autres
anciens. Le colloque annule en conséquence ladite vocation; il censure fortement
ceux qui l'ont donnée, de même que ledit sieur Solier de l'avoir acceptée, et
d'avoir par là contribué à rompre l'union parmi les fidèles; il leur enjoint d'y
renoncer, dès que le présent arrêté leur sera communiqué, comme aussi de se
conformer à l'avenir à cet égard et à tous autres à la discipline ecclésiastique; il
annule de plus la nomination qu'ils ont faite desdits nouveaux anciens, leur décla-
rant aux uns et aux autres que, s'ils ne défèrent au présent jugement, ils seront
regardés comme des rebelles et schismatiques et poursuivis comme tels selon la
rigueur de la discipline; et quant à ladite maison de Laumône, (bien qu'elle ait
été contre les règles ainsi qu'il a été dit ci-dessus), le colloque consent néan-
moins qu'on s'en serve pour l'usage auquel on l'a destinée, il autorise les fidèles
de Marennes de s'y assembler, pourvu toutefois que ce soit sous la direction des
pasteurs, MM. Gibert et Dugas, ou tel autre qui y sera légitimement appelé.
A l'égard des susdits anciens de l'église de Paterre, le colloque les trouvant de
même très-répréhensibles et dignes de très-grièves censures: premièrement, d'avoir
cherché, contre le bon ordre, à faire entrer le plus de monde qu'il leur a été pos-
sible dans leurs sentiments, jusqu'à surprendre le seing de plusieurs fidèles;
2" d'avoir ensuite remercié leurs légitimes pasteurs, MM. Gibert et Dugas, comme
ils l'ont fait par leur lettre du 14 novembre dernier, sans les en avoir prévenus,
sans aucun légitime sujet, et sans y être suffisamment autorisés; 3» d'avoir donné
vocation audit sieur Solier pour être pasteur de la susdite église de Paterre; 4" de
s'être refusés aux moyens justes et raisonnables qui leur ont été proposés pour
prévenir la division dans leurs églises; 5" enfin d'avoir discontinué de se trouver
avec leurs frères dans le temple de Paterre pour célébrer le culte divin, — la com-
pagnie, en conséquence de toutes ces irrégularités, approuve et confirme la dépo-
sition de leur charge d'anciens; elle annule en second lieu et leur lettre du
14 novembre dernier et la vocation qu'ils ont donnée audit sieur Solier, comme
étant le tout contraire à la justice, à l'édification et à l'ordre; elle désapprouve et
blâme très-fortement ledit sieur Solier d'avoir encore ici accepté ladite vocation,
de s'être prêté à une conduite si irrégulière, de l'avoir lui-même fomentée et de
s'y être obstiné, contre son devoir, et contre toutes les représentations et exhor-
tations qui lui ont été faites de s'en désister par les églises de l'Angoumois, jus-
qu'à les abandonner pour cette seule raison. La compagnie, en lui renouvelant
encore ici lesdites représentations, l'exhorte à retourner dans lesdites églises de
SYNODES PROVINCIAUX. 2 i ;
IX.
t
Mcffieurs Gibert aîné, pafteur & modérateur, & Etienne Gibcrt
& Rochettc, paftcurs, ont protcfté contre l'article ci-deffus, pour ce qui
concerne la cafïïition de l'art. 3 du colloque de Saintonge, comme
contraire à leurs fentiments, vu qu'il leur paraît autorifer tacitement
la tenture qu'ils regardent comme un a6te d'idolâtrie, & peu conforme
aux devoirs de Chrétiens réformes, fe foumettant néanmoins, pour le
bien de la paix & l'obfervation de l'ordre, au fufdit art. 8, jufqu'ù ce
qu'il en ait été autrement délibéré.
l'Angoumois et à continuer de les desservir en qualité de pasteur, exclusivement
à Marennes et à Paterne; elle le conjure par tout ce qu'il y a de plus sacre de
déférer à la présente décision, et de se montrer par là plus ami de la paix et du
bon ordre; elle adresse les mêmes exhortations aux personnes ci-dessus indiquées,
leur déclarant — de même qu'on l'a déjà dit à l'égard de celle de Marennes — que,
s'ils refusent, ils seront regardés comme rebelles à l'Eglise, et traités comme tels
selon la rigueur de la discipline ; toutefois, supposé que, contre toute attente,
ledit sieur Solier refuse de reprendre la desserte desdites églises de l'Angoumois,
conformément à ce qu'on a déjà dit, le colloque, ne cherchant que l'union, la paix
et l'édification des églises, propose audit sieur Solier de circuler alternativement
avec les autres pasteurs, soit dans les églises de l'Angoumois, soit dans celles de
Saintonge, sous l'expresse condition qu'il fera dans le premier synode provincial
qui s'assemblera la déclaration d'observer, désormais, l'ordre, sans lequel nos
églises ne pourraient subsister. Ordonne ledit colloque que le présent jugement
sera communiqué aux susnommés de Marennes et de Paterre, de même qu'à
M. Solier par ^i. Dugas, pasteur, et par MM. Gibert, pasteur, et d'Aunis(Daunis?),
ancien, lesquels députés sont chargés de faire à ce sujet toutes les représenta-
tions qu'ils croiront à propos pour faire rentrer dans l'ordre ceux qui s'en sont
écartés. Et sur tout cela l'assemblée implore la bénédiction de Dieu, afin que, par
son efficace, les troubles qui s'y sont élevés et qui ne peuvent qu'affliger les vrais
fidèles prennent fin, et qu'une heureuse paix, fondée sur l'équité, prenne leur
place.
6. — Attendu la déposition qui a été faite des anciens de l'église de Paterre,
dont il est question dans l'article ci-dessus, le colloque leur enjoint de remettre
incessamment au consistoire de ladite église les registres, papiers et autres choses
appartenant à ladite église qu'ils ont entre leurs mains.
7. — La compagnie, reconnaissant l'indispensable nécessité de l'observation
de l'ordre dans l'Eglise et voyant avec une extrême douleur les maux qui résultent
des dispositions contraires, exhorte et enjoint de la manière la plus pressante, tant
aux pasteurs qu'aux anciens, et généralement à tous les fidèles de s'y conformer.
8. — A l'avenir, les étudiants n'iront dans le pays étranger, pour y perfec-
tionner leurs lumières, que par la permission du synode de la province, et on
priera le premier qui se tiendra de donner cette permission aux sieurs Jacques
Dumas et Jean Renateau, préférablement à tout autre, comme étant les premiers
au Désert et comme ayant déjà obtenu cette permission d'un de nos précédents
colloques.
g. — Etant nécessaire par plusieurs raisons que le synode provincial s'as-
semble, MM. les pasteurs Gibert et Dugas sont chargés d'en informer les autres
212 LES SYNODES DU DESERT.
X.
L'afferfiblée a chargé Monfieur Gibert aîné, de faire compter à
M[adame] la veuve Bétrine 60 liv., fotnme à laquelle la province a
été taxée par le dernier fynode national, l'églife de Bordeaux ayant
payé pour fa portion de ladite taxe 24 liv., celles de Périgord 24 liv.
& celles de l'Angoumois 12 liv.
colloques, avec lesquels nous faisons corps, et de prendre toutes les précautions
nécessaires pour que cette assemblée ait lieu le plus tôt possible. La compagnie a
nommé pour assister audit synode MM. G de Nieulle et L de La
Tremblade, G de Chatressac, et à leur défaut MM. G de Chatressac,
G de Vaux et Th de la Lande, anciens, lesquels députés elle charge
de s'y rendre avec les pasteurs, promettant de nous soumettre à tout ce qui s'y
délibérera.
10. — A l'avenir, lorsque Messieurs les pasteurs seront obligés de baptiser
des enfants et de bénir des mariages d'une église dans une autre, lesdits baptêmes
et mariages seront enregistrés dans l'église où se fera la cérémonie, ce qui ne doit
pas cependant empêcher que lesdits articles ne soient aussi enregistrés dans l'église
d'où les parties sont, les témoins seuls exceptés, attendu les difficultés et les incon-
vénients qui se rencontrent de les faire signer. On observera d'indiquer par
rapport audit article dans quelle église ils sont enregistrés dans toutes les règles
prescrites, afin qu'on puisse y avoir recours dans le Isesoin.
Ainsi conclu et arrêté ledit jour et an que dessus.
DuGAS, pasteur et modérateur; Plantier, ancien et
secrétaire desdites églises.
— Collection Boulineau.
Colloque de Saintonge du i S juin iy6o.
Les églises de Saintonge, assemblées en colloque le 18 juin 1760, après
avoir imploré le secours de Dieu, ont délibéré ce qui suit:
1. — Le synode national prochain sera prié de se prêter pour que la Sain-
tonge soit séparée des églises de l'Agenais et Périgord, et fasse une province à
part à cause de l'éloignement qu'il y a entre ces deux corps d'églises et de la diffi-
culté qui se trouve dans la tenue des synodes, de même que dans l'exécution des
mêmes arrêtés.
2. — Sur la proposition qui a été faite de sortir des maisons d'oraison où les
fidèles s'assemblent les bancs de ceux qui ont décoré le devant de leurs maisons
le jour de la fête de l'hostie, il a été délibéré qu'à cause du scandale que cela
pourrait occasionner, on les laissera occuper les mêmes places que ci-devant.
3. — On privera de la communion, pendant un an, ceux qui auront décoré
leurs maisons à l'honneur du sacrement de l'Eglise, et cela afin de suivre la disci-
pline, d'encourager ceux qui ont eu la fermeté de préférer leur devoir à la crainte des
peines qu'on inflige à ceux qui désobéissent en pareil cas. et afin de faire rentrer
dans leur devoir ceux qui y manquent; il est au reste laissé à la liberté des con-
sistoires, assistés d'un pasteur, d'examiner s'il est de la charité et de la condescen-
dance chrétienne de recevoir à la communion ceux qui seront repentants et dans
les dispositions de ne plus tendre.
4. — Tous les fidèles qui sont de la dépendance du colloque, qui sont con-
damnés à des amendes soit pour faire bénir leur mariage et faire baptiser leurs
SYNODES PROVINCIAUX. 2i3
XI.
Le fynodc autorife les fleurs Renateau, J. Dumas (?) & Lagrange,
étudiants, d'aller dans le féminaire pour y perfectionner leurs études,
& parvenir ainfi au St-Miniftère : bien entendu qu'ils fe dévouent au
fervice de nos églifes; & on écrira aux refpedablcs diredeurs dudit
féminaire de leur accorder leur protection & de les faire jouir des
privilèges de nos féminariftes.
enfants par leurs pasteurs, soit pour avoir refusé de décorer leurs maisons, sont
exhortés d'éviter autant qu'il sera possible de payer l'amende qu'on veut exiger
d'eus.
3. — L'assemblée, pénétrée de douleur de la conduite irrégulière du sieur
Solier et ses partisans, aurait voulu prendre des arrangements pour faire finir le
malheureux schisme qui l'occasionne : mais voyant que les voies les plus paci-
fiques ont été inutiles, on les abandonne au jugement de Dieu et on laisse au
prochain synode provincial à déterminer à cet égard ce qu'il jugera piopreà
l'édification.
6. — Les anciens et les fidèles des églises de la province sont enjoints de ne
donner à aucun coureur ou aventurier les noms des anciens des autres églises,
afin de n'exposer qui que ce soit.
7-
8. — Sur la demande faite par l'église de Didonnc d'être remboursée de la
somme de loo liv. par celle de Meschers en conséquence des avances qu'elle a
faites pour l'achat de la maison d'oraison, qui fut démolie par l'ordre de M. le
maréchal, sur la fin de l'année lySy, l'assemblée a trouvé ladite demande juste,
attendu que ladite église de Meschers faisait alors partie de celle de Didonne;
elle lui enjoint de payer la susdite somme.
9. — Vu l'extrême besoin que nos églises ont de leurs pasteurs et même d'un
plus grand nombre, il sera déclaré à l'église de Bordeaux qu'elle ait à se pourvoir
ailleurs d'un pasteur, selon ses besoins.
10. — Les députés dans le précédent colloque pour se rendre au prochain
synode n'ayant pu remplir la commission, à la réserve de M. G.... de Chatressac,
on a nommé pour lui être associés M. G de St-Genis et à son défaut M. G
de Pons.
Tous les députés du colloque présents, lecture des susdits articles ayant été
faite, ils ont été approuvés comme conformes à ce qui avait été délibéré à la
pluralité des suffrages.
Ainsi fait et arrêté ledit jour et an que dessus.
— Collection A. Palet.
Colloque de Saintonge et Angoumois du 2 g juillet ij6o.
Au nom de Dieu. Amen.
Les églises de Saintonge et Angoumois, au nombre de vingt et un anciens,
députés, assistés de MM. Gibert l'aîné, Etienne Gibert, Rochette et Picard,
pasteurs, assemblées en colloque sous la protection divine, le 29 de juillet 1760,
ont délibéré ce qui suit :
I. — Messieurs les députés ayant produit leurs lettres d'envoi, il a été procédé
à la nomination d'un modérateur et d'un secrétaire; M. Gibert le jeune a été prié
de remplir la première de ces commissions, et M. Picard, pasteur, la seconde.
214 ^^^ SYNODES DU DESERT.
XII.
Les pafteurs n'accorderont [pas] l'exercice de leur miniftère, pour
recevoir h la communion & pour la bénédiction des mariages, à moins
que les perfonnes qui le requerront ne foient munies d'une atteftation
du confiftoire de l'églife dont elles dépendront, ou de leur pafteur.
XIII.
Le fynode fe prête avec plaifir à faire corps de province avec le
colloque de l'Agenais, fuppofé qu'il puiffe obtenir d'être démembré
de la province du Haut-Languedoc.
2. — M. le modérateur ayant fait lecture à l'assemblée des arrêtés de notre
dernier synode provincial, la compagnie en a paru satisfaite, et promet de s'y
conformer.
3. — L'art. 5 dudit synode, contenant le jugement rendu contre M. Solier,
pasteur, lui ayant été notifié par M. Picard, pasteur, et depuis cette notification
ledit sieur Solier ayant commencé par suspendre toutes les fonctions de son
ministère, s'étant ensuite rendu au présent colloque, dans lequel il a promis
solennellement de se soumettre exactement à toutes les parties dudit jugement et
de se mieux conformer à l'avenir à nos règlements ecclésiastiques, — l'assemblée,
édifiée de ses sentiments, le relève de la suspension prononcée contre lui, et le
reconnaît en conséquence pour un de ses légitimes pasteurs. Ledit M. Solier,
ayant ensuite observé qu'il craignait que sa santé ne lui permît pas de continuer
la circulation qui lui est ordonnée dans toutes les églises, demande que, dans ce
cas, il lui soit permis de se retirer dans celles qui le demanderont; la compagnie,
reconnaissant la justice de cette demande, lui accorde, sous la condition néan-
moins que M. Solier ne s'ingérera point à desservir aucun quartier de la province
sans le consentement d'un colloque ou de quelque synode ; et supposé qu'il voulût
abandonner la province, il ne sera point astreint à toutes les églises qui la com-
posent, mais seulement celles qu'il jugera à propos, conjointement avec le pasteur.
4. — En conséquence du même art. 5 du synode provincial, les MM. de
Marennes, élus par M. Solier dans la charge d'anciens, sentant la nullité de leur
élection, promettent à l'assemblée de se conformer au jugement les concernant,
dont ils reconnaissent la justice et l'autorité.
5. — Vu la soumission de MM. de Marennes ci-dessus désignés, le désir qu'ils
ont témoigné de concourir à l'édification de l'Eglise, on leur a donné la main
d'association, en qualité d'anciens de l'église de Marennes, exhortant les fidèles
de les recevoir en la même qualité de ceux qui ont été déjà établis; bien entendu
qu'ils ne formeront qu'un consistoire avec leurs collègues de La Pimplière. De
plus il est arrêté que les anciens de la ville de Marennes dirigeront la maison de
Laumône; et ceux des villages et Oléron, celle de La Pimplière. Tous ces Messieurs
sont particulièrement exhortés à entretenir parmi eux une bonne harmonie, à
éviter tout ce qui serait capable d'altérer le bon ordre, se considérant comme
membres du même corps, par conséquent comme égaux et se proposant un
même but.
6. — Sur la proposition faite par M. Solier, savoir si on doit réhabiliter les
fidèles de Paterre qui avaient été créés anciens par ledit sieur Solier, les voix
ayant été recueillies, la pluralité l'a emporté pour maintenir l'article du synode
SYNODES PROVINCIAUX. 2i5
XIV.
L'afTemblée confirme & recommande de la manière la plus pref-
fante l 'obfervation de l'art. 7 du colloque des églifes de Saintongc
du 27° février 1760, conçu en ces termes :
« La compagnie, reconnaidant l'indifpenfable néceflité de l'obfcr-
«vation de l'ordre dans l'églife, & voyant avec une extrême douleur
«les maux qui réfultent des difpofitions contraires, exhorte & enjoint
«de la manière la plus preffante, tant aux paftcurs qu'aux anciens, &
«généralement à tous les fidèles de fy conformer. »
XV.
Les envoyés de M. Solier, après ledure à eux faite du jugement
le concernant — qu'ils avaient requis, & auquel ils avaient promis de
dernier; l'assemblée est d'avis qu'ils ne soient pas réhabilités dans la charge d'an-
ciens; ils sont exhortés à sentir leurs fautes et i\ les réparer incessamment; on
leur enjoint en outre de rendre leurs comptes.
■j. — L'église de La Tremblade proposant d'élire Messieurs les anciens suivant
l'ordre établi par notre discipline, la compagnie, à cause des circonstances
actuelles où nos églises se trouvent, laisse îi la prudence de chaque consistoire de
se conduire à cet égard suivant ses lumières, et suivant que l'utilité publique
l'exige.
8. — On enjoint de nouveau à l'église de Meschers d'exécuter l'article du pré-
cédent colloque, qui la condamne à payer 100 liv. à l'église de Didonne, somme
;\ laquelle elle avait été taxée pour son quart de la maison qui avait été choisie
conjointement avec Royan, et qui a été démolie; faute de quoi, elle sera regardée
comme étant rebelle à l'ordre.
g. — Sur la demande faite par le consistoire de Gemozac, s'il est permis aux
particuliers qui, sans aucune légitime raison, suspectent la conduite de leurs
anciens, de tenir une note exacte des deniers qui se recueillent dans l'église, il a
été décidé que Messieurs les anciens souffriraient que les fidèles tiennent de
semblables notes pour que la vérification se fasse à la satisfaction de tout le
monde; et ces particuliers soupçonneux et défiants sont blâmés d'avoir formé si
légèrement des soupçons sur le compte des personnes qui doivent mériter leur
confiance. On les exhorte à revenir de cette défiance; et supposé qu'ils aient des
preuves sutTisantes que Messieurs les anciens ne fassent pas un bon usage des
collectes qu'ils font, ils sont priés de mettre au jour lesdites preuves, pour qu'on
procède contre ceux qui se trouveront en faute.
10. — La commission charge MM. Gibert aîné et Dugas, pasteurs, de
travailler incessamment à la composition d'un formulaire de prières pour les
exercices de piété, et l'indication des lectures, et pour les solennités de l'année,
afin que toutes les églises qui composent le présent colloque se conduisent à cet
égard d'une manière uniforme ; on enjoint en outre auxdits sieurs Gibert et Dugas
de présenter à un colloque leur ouvrage, pour y être examiné.
Ainsi fait et arrêté ledit jour et an que dessus.
Gibert, pasteur et modérateur; Picard, pasteur et secrétaire.
— Collection Boulineau.
2i6 LES SYNODES DU DESERT.
fe conformer, ainfi qu'en fait foi l'art. 4 du préfent fynode — , ayant
déclaré ne vouloir fy foumettre, & fêtant retirés fans vouloir fe char-
ger d'une copie dudit jugement, l'alfemblée charge M. Picard, pafteur,
de le notifier à M. Solier.
XVI.
Vu le befoin que nos églifes ont d'un plus grand nombre de paf-
teurs, on charge M. Gibert aîné d'adrefTer, au nom de la province,
une vocation à M. Martin, miniftre du St-Evangile, pour l'inviter à
venir exercer fon miniftère parmi nous, attendu les bons témoignages
que nos pafteurs, qui le connaiffent, ont rendus de lui.
XVII.
Le fynode approuve la vocation que MM. les pafteurs de la
Saintonge ont adreffée à M. Gabriac l'aîné, pour l'attirer parmi nous.
XVIII.
A la réquifition de M. Sol, on écrira de nouveau à la province
du Bas-Languedoc d'accélérer, autant qu'il lui fera poffible, la tenue
du prochain fynode national. On en preffera encore la convocation, eu
égard aux altercations qui fe font élevées en Saintonge à l'occafion de
M. Solier, afin que l'autorité dudit fynode puiffe y mettre fin, fuppofé
que les moyens qu'on a mis en ufage foient inefficaces. M. Dugas,
fecrétaire, eft chargé de l'exécution de cet article.
XIX.
On a nommé, à la pluralité de[s] voix, pour affifter en qualité de
députés au prochain fynode national, d'entre les pafteurs Meflieurs
Sol & Dugas, & pour fubftituts MM. Etienne Gibert & Picard; &
d'entre les anciens MM. G...n, de Bordeaux, &G...e, de Bergerac, &
pour leurs fubftituts MM. G...r, de Chatreilac & D. M...., d'Eyneffe.
XX.
L'églife de Bordeaux eft chargée de la convocation du prochain
fynode provincial.
Ainfi conclu & arrêté les jours & an que deffus.
Gibert, pafteur & modérateur; J. Q. Sol, pafteur &
modérateur-adjoint; Dugas, pafteur & fecrétaire.
SYNODES PROVINCIAUX. 217
Synode du Poitou.
Le fynode du Poitou, étant afTemblé fous la proteftion divine, le
quatrième de mars mil fept cent foixante, après avoir imploré le
fecours de Dieu & choifi pour modérateur M. Gamain, pafteur, &
pour fecrétairc Jean Papot, ancien de l'églife de St-Maixent, a arrêté
ce qui fuit ' :
I.
M. Pougnard, pafteur, fêtant rendu à notre demande & ayant
déclaré qu'il fouhaitait d'être adjoint avec M. Gamain, aufli pafteur,
pour dcffervir de concert les églifes de cette province, il a été accordé
félon fa demande, & cela après avoir vu fon ade de réception.
II.
Les fufdits miniftres prendront deux élèves avec eux, pendant le
cours de cette année, fil eft poftibie.
III.
Tous les nouveaux communiants, qui feront fuffifamment inftruits,
fe préfenteront pour faire leur communion aux environs des fêtes de
Pâques, & chacun dans fon églife.
IV.
M. Lapra, dit Latour, fêtant recommandé à la charité des êglifes
de cette province, il a été arrêté qu'on lui fournira Go liv. par année.
I. Bien qu'un grand nombre de synodes du Poitou ait disparu, il serait témé-
raire d'en conclure que l'organisation ecclésiastique de cette province était en
retard sur celle des autres provinces du royaume. Ses synodes étaient régulière-
ment convoqués, et on verra dans une lettre de Court de Gébelin (synode national
de 1763), que la vie synodale y était aussi active qu'ailleurs. Le culte se célébrait
au Désert: ce ne fut qu'en 1762 que les protestants de Villefagnan, imitant ceux
de Saintonge, achetèrent une maison pour se réunir; les consistoires étaient
régulièrement constitués; les méreaux, dont on a donné plus loin une planche
et qui appartiennent pour la plupart aux églises du Poitou, prouvent que le même
ordre, qui existait dans le royaume, était observé dans cette province. On sait
qu'à cette époque le Haut- Poitou était divisé en 14 églises: Saint-Maixent,
Cherveux, Niort, Mougon, Prailles, iMelle, la Brousse, Chey, Saint-Sauvant,
Lusignan, Pamproux, Sainte-Eanne, La Mothe, etc. «C'étaient, dit justement
M. Lièvre, des espèces de cadre à remplir.»
2l8
LES SYNODES DU DESERT.
Les fidèles font exhortés de fe rendre aux fociétés autant qu'il
fera poffible.
VI.
Ceux qui fcandaliferont les faintes affemblées par des difcours
inutiles ou par quelque imprudence feront cenfurés félon leurs mérites.
Gamain, pafteur & modérateur; Pougnard, pafleur;
J Papot, ancien & fecrétaire.
^^•¥H^,
Synodes provinciaux de 1761.
Synode du Bas- Languedoc.
Au nom de Dieu soit fait. Amen.
E fynode du Bas-Languedoc, aiFemblé au Défert le vingt-
neuvième, trentième avril & premier mai mil fept cent
1^^ foixantc & un, au nombre de quinze pafteurs de la province,
jdeux des Hautes-Cévenncs & deux des Balles, & cinquante-
deux anciens, députés des églifes, après avoir invoqué le St-Nom de
Dieu & élu, à la pluralité des fuffrages, M. Paul Rabaut, pafteur, pour
modérateur; M. Jean Pradel, pafteur, pour modérateur-adjoint;
M. André Baftide, pafteur, pour fecrétaire, & M. Jean Guizot, aufti
pafteur, pour fccrétaire-adjoint, a délibéré ce [qui] fuit.
I.
L'affemblée, confidérant que la corruption va toujours en aug-
mentant, que les églifes réformées de ce ro3aume continuent à être
perfécutées, que le tléau de la guerre afHige encore l'Europe en
général, & notre patrie en particulier, a arrêté de célébrer un jour
extraordinaire de jeûne, qui a été fixé au 25" oflobre prochain, afin
d'arrêter le courroux célefte & de nous rendre la Divinité favorable,
& elle exhorte les fidèles ù f'y préparer & à le célébrer dignement.
Pour faciliter l'exécution de l'art. 3 du fynode du premier mai de
l'année dernière, il eft permis à MM. les pafteurs de choifir des copiftes
pour cxtfaire de leurs regiftres les baptêmes & les mariages qu'ils ont
célébrés, lefquels feront payés par la province; & les confiftoires font
220 LES SYNODES DU DESERT.
aufli exhortés à tenir à l'avenir des regiftres exads, &tant les pafteurs
que les anciens de rendre compte à leur colloque de la diligence
qu'ils auront faite à ces égards.
III.
Sur l'appel interjeté de la fentencedu colloque de Nîmes, au fujet
des plaintes portées audit colloque par le confifloire de l'églife de
Calviffon contre le fieur Porte, qui avait appelé certains membres de
ce confifloire à dépofer devant les magiftrats, à raifon des injures
que ledit Porte prétend lui avoir été dites par la partie, en plein
confifloire afl'emblé, — pour les accommoder, la compagnie, en rendant
juftice aux intentions dudit Porte, juge qu'en expofant les anciens à
dépofer devant le magiftrat ce qui fêtait paffé en confifloire, [il] f'eft
pourtant rendu coupable d'une grande imprudence, & efl digne d'être
cenfuré devant cette affemblée; elle condamne de plus le fieur Penot
à être cenfuré en confifloire par M. Teifïïer, pafleur, pour avoir prêté,
dans fa lettre adrefTée à ce fynode, des vues fi criminelles audit Porte;
& ledit M. TeifTier efl chargé d'employer fes bons offices pour terminer
les divifions furvenues dans la fufdite églife.
IV.
L'affemblée, prenant en confidération l'appel du jugement rendu
par le colloque de Nîmes fur les différends entre M. Mathieu, pafleur,
d'une part, & le fieur Jacques Porte de l'autre, juge que M. Mathieu
aurait dû affembler le confifloire de Calviffon avant de procéder aux
cenfures publiques contre ledit Porte, quoiqu'il ne le nommât pas, &
ne point emploj^er dans lefdites cenfures des expreffions peu mefurées
& trop fortes, ainfi qu'il le fit, — & que ledit fieur Porte, de fon côté, a
manqué à l'égard de M. Mathieu de vive voix & par écrit; & de plus,
elle enjoint à l'un & à l'autre de rendre réciproquement juflice à la
pureté de leurs vues & d'en donner ici des marques dignes de vrais
Chrétiens, ce qu'ils ont fait à la fatiffadlion & à l'édification de la
compagnie.
V,
Sur la propofition faite à l'affemblée d'admettre MM. Lombard,
Périer, Valentin, Gachon, Martin & Noë aux examens pour être
reçus propofants, elle charge les confifloires d'examiner la conduite
qu'ont tenue ces jeunes Meffieurs, & d'en faire rapport à'MM. les
examinateurs, qui jugeront fils doivent être admis ou non. Et à
SYNODES PROVINCIAUX. 22 1
l'égard des autres étudiants, elle enjoint auxditsconfiftoires d'éprouver
leurs mœurs & leurs talents & d'en informer les mêmes examina-
teurs, qui feront autorilés à renvoyer ceux qui pourraient manquer
de talents ou de bonne conduite.
VI.
Pour procéder à l'examen des étudiants qui doivent être promus
au grade de propofants, la compagnie a élu MM. Paul Rabaut, Jean
Pradel, André Baftidc, Jean Guizot, Pierre Sauffine, François Sauf-
fine & Paul Vincent, paftcurs.
vil.
Sur la prière faite par le colloque d'Uzès de recommander l'obfer-
vation de l'art. i"du chap. x de la difcipline, la compagnie, affligée
de l'irrévérence avec laquelle certaines perfonnes fe tiennent dans les
aflcmblécs de piété, elle enjoint aux paftcurs de faire leflure publique
dudit article & d'en prelfer fortement l'obfervation.
vui.
Vu le refus que les églifes de Lourmarin & de la Vallée, en Pro-
vence, font de payer à M. Puget, pafteur, les honoraires de trois
mois qui lui furent accordés l'année dernière pour faire des remèdes,
ils lui feront payés par la province.
IX.
Ayant été propofé à l'affemblée fil était permis de bénir le ma-
riage d'entre un homme & fon arrière-nièce, il a été répondu que
non, conformément au chap. xvni, ver. 17 du livre du Lévitique, la
décifion de la difcipline, chap. xui, art. 1 1, & du fynode national de
Vitré, i583.
X.
La matière des tentures ayant de nouveau été mife fur le tapis,
la compagnie, après la difcuirion du fujet, confirme les règlements
faits par nos précédents fynodes, qui fufpendent de la participation
de la Ste-Cène ceux qui ornent le devant de leurs maifons le jour de
la Fête-Dieu, & exhorte les pafteurs de fy conformer, malgré les
clameurs des proteftants reUkhés. M. Jean Roux, notre cher frère,
pafteur des Hautes-Cévennes, nous ayant expofé la conduite qu'il
tient dans fon diftrict contre lefdits décorateurs, elle a été hautement
approuvée & trouvée conforme à celle des paftcurs de cette province.
222 LES SYNODES DU DESERT.
XI.
Le colloque de Montpellier ayant demandé fil était abfolument
néceffaire de tenir des affemblées colloquales dans l'intervalle d'un
fynode à l'autre, fans qu'il y ait des affaires qui les requièrent, il a été
répondu que non.
XII.
Sur la demande faite par l'églife de St-Geniès, concernant les
fêtes folennelles, le pafteur du quartier eft autorifé par cette affemblée
à prendre les arrangements qu'il trouvera convenables, fans que per-
fonne ait le droit de fe plaindre à cet égard.
XIII.
Pour prévenir les troubles & obvier aux autres grands incon-
vénients qui réfulteraient de la demande de l'églife de Nîmes & des
prétentions refpedlives de MM. Vincent & Puget, pafteurs, la com-
pagnie, après avoir mûrement réfléchi fur les moyens d'y remédier,
a délibéré à la pluralité des fuffrages que M. Paul Rabaut, pafteur,
& un propofant feraient feuls affeftés à cette églife pour cette année,
le préfent arrêté ayant été pris en l'abfence de M. Paul Rabaut, qui
avait prié l'affemblée de lui permettre de fortir & de n'y avoir au-
cune part.
XIV.
M. Vincent, pafteur, ayant requis qu'ade fût pafl'é de la décla-
ration que MM. les députés de l'églife de Nîmes ont faite, portant
qu'ils n'avaient aucune plainte à faire contre lui, ni à l'égard de la
doCl:rine, ni à l'égard des mœurs, l'affemblée a répondu avec plaifir à
la demande.
XV.
Sur les repréfentations du confiftoire de l'églife de Nîmes, ten-
dant à la faire décharger d'une partie de fa taxe du miniftère, la
compagnie, confidérant que d'autres églilcs ont fait la même demande,
charge les pafteurs & anciens qui feront la répartition des impofitions
de la province d'avoir égard aux moyens refpedtifs des églifes qui la
compofent, d'y procéder félon leurs lumières & leur équité.
XVI.
L'églife de Junas fera partagée en deux, dont l'une fera compofée
de Junas & Aujargues, & l'autre de Congeniès & Aubais; la première
SYNODES PROVINCIAUX. 223
fera du colloque de Sommières, & la dernière du colloque de Maf-
fillargues.
xvn.
L'cglifc de Boucoiran fera déformais du colloque de Nîmes.
Ainfi conclu & arrêté les jours & an ci-deffus.
Paul Rauaut, pafteur & modérateur; Pr.\del, pafteur &
modérateur- adjoint ; Bastide, pafteur & fecrétairc ;
GuizoT, pafteur & fecrétaire-adjoint.
mm
Synode des Hautes-Cévennes.
Au nom de Dieu soit fait. Amen.
Le fynode des Hautes-Cévennes, affemblé fous la protection
divine les premier & deuxième juillet mil fept cent foixante-un, auquel
ontafTifté MelTicurs Jean Roux, Jean Pierre Gabriac, Jacques Gabriac,
Henri Cavalier, Jean Mejanelle du Cambon, Pierre Vallat & Jean
Pic, pafteurs de la province; Meflieurs André Baftide& Pierre Puget,
pafteurs de la province^du Bas-Languedoc; MelTieurs Paul Marazel
& Paul Dalgue, pafteurs de la provinces des BafTcs-Cévennes; vingt-
cinq anciens députés par les églifes, — après avoir imploré le lecours
de Dieu & nommé Meflieurs Henri Cavalier modérateur; Jacques
Gabriac modérateur-adjoint; Jean Pic fecrétaire & Jean Mejanelledu
Cambon fecrétaire-adjoint, on a conclu & arrêté ce qui fuit :
I.
Que toutes les églifes de la province fhumilieront cxtraordinai-
rement en la préfence de Dieu, & que pour tâcher de fléchir fon cour-
roux, qui cft depuis longtemps 11 juftemcnt allumé contre elles, il fera
célébré un jeûne folennel le vingt-cinquième oflobre prochain, con-
formément à la délibération qui en a été prife dans le fynode du Bas-
Languedoc & des Bafles-Cévennes.
224 L^^ SYNODES DU DESERT.
n.
La province du Haut-Languedoc ayant fait prier la nôtre de lui
accorder un pafteur à titre de prêt pour une année, on aurait fort
fouhaité de pouvoir répondre favorablement à fa demande; mais le
preffant befoin que nous avons de tous ceux qui font afluellement
parmi nous, nous empêche de fatiffaire à cet égard fon défir & le
nôtre.
m.
Sur la proporition du colloque de Lozère & conformément à la
difcipline & a l'ufage établi depuis plufieurs années dans les provinces
du Bas-Languedoc & des Baffes Cévennes, il a été délibéré que toutes
les églifes de la nôtre feront partagées en trois colloques
Le premier fera compofé des églifes fuivantes & leurs annexes:
Alais, St-Sébaftien, St-Paul-Lacofte, Blannaves, St- Martin -des-
Boubaux, Le Collet-de-Dèze, St-Michel-de-Dèze, Genolhac, Cafta-
gnols & St-Frézal.
Le fécond, de celles de St-Germain-de-Calberte, Ste-Croix-de-
Vallée-Françaife, Moiffac, St-Martin-de-Corconac, St-André-de-Val-
borgne, St-Marcel-de-Fonfouilloufe, St-Martin-de-Camprelade &
St-Flour-du-Pompidou.
Le troifième, de celles de Meyrueis, Florac, Lozère, St-Julien,
Caffagnas, Barre, Vébron & le mandement de Rouffes.
Et dans chacun defdits colloques, il fe trouvera trois pafteurs &
douze anciens députés par les confiftoires de fon relfort, autant qu'il
fera poffible d'y en envoyer un pareil nombre.
IV.
L'affemblée [étant] informée que la Difcipline eccléjîajliquc avec
les objervations & les conformités de Monfieur de Larroque avait été
imprimée, & que la province eft chargée par le fynode national de mil
fept cent cinquante-fix d'en prendre huitante exemplaires, il a été
décidé que le diftrict de chaque pafteur en fera incelfamment retirer à
fes frais douze à l'exception de celui de Monfieur Roux qu'on a repré-
fenté ne pouvoir en prendre que huit. Mefîieurs les pafteurs font for-
tement exhortés de faire en forte que leurs confiftoires refpedifs faffent
à ce fujet toute la diligence poffible, pour les raifons qui ont été allé-
gués en préfence de tous les députés.
SYNODES PROVINCIAUX. 22b
V.
Divers colloques ayant fait repréfenter que la reddition des
comptes des deniers des pauvres & de ceux du miniftère qui fe faifait
chaque année dans les colloques, en vertu de l'art. 9 du fynode de mil
fcpt cent quarante-neuf, emportait fouvent un temps confidérable, qui
manquait enfuite pour traiter des autres affaires qui font du reffort
dcfdits colloques, — & fupplié la compagnie de permettre que cette
reddition fe faffe à l'avenir dans les confiftoires, en préience des prin-
cipaux membres de chaque cgiife que l'on jugera à propos d'inviter à
f 'y trouver, on a acquiefcé unanimement à cette propofîtion.
VI.
Le fynode a approuvé & confirmé le jugement rendu dans l'art. 9
du colloque d'Alais, tenu le feizicme juin dernier, & ordonne au con-
fiftoire de ladite églife de le mettre en exécution à moins que les
perfonnes, impliquées dans la malheureufe & affligeante affaire qui
a donné lieu à ce jugement, ne fe rendent aux nouvelles exhortations
qui leur feront inceffamment adreffées.
VII.
La fufdite églife d'Alais ayant fupplié l'affemblée dans l'art. 4 de
fon colloque dudit jour, feizième juin dernier, d'ordonner qu'elle fera
déformais deifervie par Monfieur le pafleur du diftrict, à proportion
de fa taxe du miniftère, il a été unanimement délibéré que la moitié
des affemblées qui fe tiendront dans ledit diftrid fe feront en faveur
de ladite églife, 3' compris celles des jours de fêtes folennelles, un
quart pour celle de St-Sébaftien, & l'autre quart pour celle de St-Paul-
Lacofte.
VIII.
Meftîeurs Gabriac l'aîné & ^'■allat, pafteurs, ayant produit un
écrit où il eft fait mention de certains articles qui furent réfolus dans
le confiftoire de Meyrueis le même jour que le colloque de ladite églife
& des autres qui lui font annexées avait été convoqué, — mais auquel
la pluie empêcha les anciens de ces deniers de fe rendre, — ces
articles néanmoins arrêtés, portant d'un côté que ladite églife eft con-
tente & très-édifiée du miniftère de Meftieurs fefdits pafteurs &
demandant cependant, d'un autre côté, au fynode qu'un des deux
circulât avec le pafteur de St-André-de-Valborgne, la compagnie a
trouvé qu'il y avait une contradidion manifefte dans la demande de
i5
226 LES SYNODES DU DESERT.
ladite églife, puifqu'après avoir témoigné être latiffaite de fefdits paf-
teurs, elle a demandé l'alternative de l'un ou de l'autre avec celui
dudit St-André, ce qui a paru marquer un certain mécontentement
de ces deux refpeflables & dignes pafteurs & qui a déterminé ces der-
niers à demander d'être déchargés de la defferte de ladite églife. Le
fynode, prenant en confidération les raifons qu'ils ont alléguées, leur
a accordé leur demande, & il a enjoint aux anciens dudit confiftoire
d'obferver à l'avenir plus de régularité & d'exaditude dans l'ordre qui
doit être fuivi.
IX.
Lefdits Meiïieurs Gabriac & Vallat, ci-devant pafteurs de ladite
églife de Meyrueis, fêtant plaints qu'elle ne les avait fatiffaits qu'en
partie, touchant leurs honoraires de l'année échue à la St-Michel der-
nière, l'affemblée lui enjoint de f'exécuter inceflamment, pour que
lefdits Meffieurs touchent au pluftôt ce qui leur eft dû, & de faire
compter auffi à M. Rouvière, ancien propofant, 22 liv. que M. Mar-
tin, pafteur, lui avait déléguées fur elle en l'année mil fept cent cin-
quante-huit.
X.
M. Pic, pafteur, follicité par la compagnie de fe charger de la
deflerte de ladite églife de Meyrueis, il a confenti qu'elle fût jointe à
celles qu'il deffervait l'année dernière, à condition que MM. Sabatier
& Roche, propofants, feraient affedés à fon diftrid pendant fix mois
chacun ; ce qui lui a été accordé.
XI.
Toutes les autres églifes de la province ayant témoigné être con-
tentes & édifiées du miniftèrc de leurs pafteurs & en ayant demandé
la continuation, il n'a été fait de changement dans aucun quartier que
celui qui eft énoncé dans l'article précédent.
xu.
La taxe du miniftère & autres impofitions échéant à la St-Michel
de chaque année, tous les confiftoires font fortement exhortes de
prendre les précautions néceffaires pour fe mettre en état de la payer
audit terme.
XUI.
Un député du diftrifl: de M. Gabriac l'aîné ayant repréfenté que
les difciples de ce pafteur l'expofaient fouvent à certaines dépenfes, &
SYNODES PROVINCIAUX. 227
qu'il conviendrait que toutes les églifes de la province y eullent quel-
que égard, la juftice de cette propofition a3'ant été unanimement re-
connue par tous les membres de l'alfemblée, on aurait fort fouhaité
de trouver dans les églifes des moj'ens de donner à ce digne paftcur
de[s] témoignages de rcconnaillance proportionnés aux foins qu'il fe
donne depuis longtemps pour leur procurer de bons fujets ; & elle l'a
prié d'accepter i5o liv., qui feront réparties par égales portions dans
les fept départements de Meflieurs les pafteurs& payées à laSt-Michcl
prochaine.
XIV.
M. Roux, pafteur, n'ayant pu, à caufe de fon âge, fe charger que
de deux ou trois églifes qui ne font pas en état de payer leur contin-
gent de toutes les impofitions, il a été arrêté qu'elles ne payeront,
pour l'année qui écherra à la St-Michel prochaine, que 442 liv., favoir :
400 liv. pour les honoraires dudit pafteur, 22 liv. pour le feptième
de i5o liv. mentionnées dans l'article précédent, & 20 liv. pour le
feptième des 144 liv. impofées pour les dépenfes imprévues.
XV.
L'églife de Florac ayant requis l'afTemblée de la difpcnfer de [ne]
faire à l'avenir bourfe commune, touchant les deniers des pauvres,
qu'avec les villages de la Salle, Montvaillant & de la Valette, cette
demande lui a été accordée.
XVI.
Le député de l'églife de Lozère ayant demandé que la ta.xe du
miniftère qu'elle paye ordinairement fût diminuée, il n'a pas été jugé
à propos de lui accorder fa demande ; feulement il a été réfolu qu'au
temps de l'impofuion M. le pafteur du quartier alTemblera les anciens
& principaux fidèles de ladite égiife & que ladite taxe fera exadtement
répartie félon les moyens & facultés de chacun.
XVII.
II fera impofé dans les églifes de la province pour l'année cou-
rante qui écherra à la St-Michel prochaine, 3490 liv., favoir :
Pour Meflieurs les pafteurs au nombre de fept
à raifon de 400 liv. pour chacun .... 2800 #
Pour trois propofants 33o »
Pour M. Gabriac l'aîné , ■ • i5o »
228 LES SYiNODES DU DESERT.
Pour les dépenfes imprévues 144-/^
Pour partie de la rente viagère accordée à la
veuve d'un pafteur par le dernier fynode
national 24 »
Pour port de lettres 42 »
3490 #
de laquelle fomme totale de 3490 liv., le quartier de M. Roux en
payera 442 liv., chacun des autres 5o8 liv.
xvni.
Meflîeurs Gabriac l'aîné & du Cambon, pafteurs, afïifteront en
qualité de députés de nos églifes au prochain fynode de celles du
Bas-Languedoc & Meffieurs Cavalier & Pic, aulFi pafteurs, à celui de
la province des Baffes-Cévennes.
Ainfi conclu & arrêté en fynode, lefdits jours i"& 2" juillet 1761.
Cavalier, pafteur & modérateur; Gabriac, pafteur &
modérateur-adjoint; Pic, pafteur & fecrétaire.
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Synode du Désert de 1761
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MANUSCRIT DE J.AVOULTE
SYNODES PROVINCIAUX. 229
Synode du Vivarais et Velay.
Au nom de Dieu. Amen.
Aéles du fj'iiode provincial des cglifes réformées dti Vii>arais &
Velay, ajfemblé fous la proteâion divine au Déjert, dans le Haut-
Vivarais, le quinzième d'avril mil fept cent Joixante & un, auquel
ont ajjijlé trois pajïeurs & dix anciens, députés défaites églifes.
Après la ledure de la parole de Dieu & Finvocation de fon
St-Nom, a été réfolu ce qui fuit :
I.
L'affemblée a vu avec plaifir les témoignages qui ont été donnés
à M. Fauriel, dit LafTaigne, par les vénérables diredeurs du lemi-
naire. En conféquence, elle le reçoit au nombre des propofants de cette
province; elle lui permet de prêcher en cette qualité & fait bien des
vœu.x en fa faveur.
Peirot, pafteur-modérateur; Vernet, pafteur & fecrét";
J. Bi.ACHON, pafteur.
^^9 ^^9 ^^3 ^^7
23o LES SYNODES DU DÉSERT.
Synode du Haut-Languedoc'.
Au nom de Dieu. Amen.
Les églifes du Haut-Languedoc, Montalbanais, Comté de Foix
& Agenais, affemblées en fynode provincial le troifîème juin mil fept
cent foixante & un, dans le quartier de Montauban, auquel ont affifté,
en qualité de députés, MM. Sicard, Gardes & Sicard le jeune,
pafteurs du Haut-Languedoc, avec deux anciens chacun ; M. Lafon,
pafteur du Montalbanais, avec deux anciens ; MM. Viala & Rochette,
pafteurs de l'Agenais, avec deux anciens, & M. Figuières, pafteur d[u]
Comté de Foix, avec deux anciens; lefquels, après l'invocation du
St-Nom de Dieu, ont délibéré & arrêté ce qui fuit :
L'affemblée a nommé à la pluralité des voix M. Sicard, pafteur,
pour modérateur, & M. Viala, pafteur, pour modérateur-adjoint;
M. Gardes, pafteur, pour fecrétaire, & M. Rochette, pafteur, pour
fecrétaire-adjoint.
I. Sous ce titre: « Précis du synode tenu dans le Montalbanais le 3'' juin 1761 »,
il existe une autre version qui complète certains articles de ce synode.
Synode du Montalbanais du 3 juin ij6i.
M. Dejean, [Sicard], mode'rateur; M. Viala, adjoint; MM. Armand et La
Rochette, secrétaires.
Après la prière et autres formalités requises, le sieur Lafon s'étant levé, [a]
demandé d'être libéré des églises du Montalbanais, et en même temps [il] a supplié
la vénérable compagnie de lui procurer place pour exercer son ministère. La
compagnie, vu le consentement desdites églises, a accordé au sieur Lafon sa
libération.
Sur la plainte faite par certains anciens d[u] Haut-Comté de Foix, que le
sieur Figuières, sans aucun sujet ni aucune formalité, les avait déposés et procla-
més pour lancer contre eux l'excommunication, la compagnie, ayant examiné le
tout, a trouvé que le sieur Figuières avait tort et a arrêté que lesdits anciens
seront rétablis en leur charge, et que ladite proclamation ou excommunication
serait nulle et de nul effet.
Sur ce que le sieur Figuières, accompagné des députés d[u] Bas-Comté,
ayant demandé à la compagnie un adjoint pour lui aider à desservir les églises
d[u] Comté, la compagnie a arrêté que le sieur Lafon desservirait les églises d[u]
Haut-Comté et le sieur Figuières l[e] Bas, et que lesdites églises n'auraient rien
SYNODES PROVINCIAUX. 23 l
II.
La vénérable compagnie a trouve à propos d'affeder à l'avenir
les cglifes d[u] Bas-Comte de Foix à M. Figuières, pafteur, pour les
deffervir, & lefdites cglifes formeront un colloque à part.
en commun, mais que l[e] Bas-Comté aurait son colloque et l[c] Haut le sien
à part.
Sur les représentations faites par les députés des églises d'Agenais d'être dé-
membrées de la province, vu l'éloignement, et que cela leur cause de grands frais
pour les voyages qu'il faut faire pour aller aux synodes, et demandent en outre la
continuation du ministère des sieurs Viala et La Rochette, — la compagnie a
déclaré que la demande desdites églises d'Agenais, touchant leur démembrement
de cette province, est juste; elle le leur accorde avec la continuation du ministère
du sieur Viala tant seulement, et elle a arrêté que le sieur La Rochette resterait
pour desservir les églises du Montalbanais.
Sur la demande faite par les députés des églises de Montauban d'avoir un
ministre en leur particulier pour desservir tant seulement dans la ville et non pour
la campagne, la compagnie leur a répondu que, s'ils voulaient consentir à être dé-
membrés du corps de cette province, alors il leur serait permis de se pourvoir des
ministres comme ils aviseraient, non autrement; lesquels, après quelques contes-
tations, ont acquiescé à être démembrés, tant pour eux que pour le Montalbanais.
Arrêté qu'on paierait k la v[euve] de M. Bétrine la pension de 24 liv. que la
province lui fait tous les ans, avec trois années des arrérages qui lui sont dus.
Sur ce qu'on a écrit du pays étranger à M. Armand qu'il y avait actuellement
sous presse deux cents exemplaires de la Discipline ecclésiastique avec de nou-
velles annotations, la compagnie avait arrêté qu'elle s'engageait à en prendre un
pour chaque consistoire de la province.
Colloque du Haut-Languedoc du 6 mai ij6i.
Nous, pasteurs et anciens des églises réformées du Haut-Languedoc, assemblés
en colloque ce sixième mai mil sept cent soixante et un, après avoir imploré l'as-
sistance de Dieu et les lumières du St-Esprit, avons arrêté ce qui suit :
1. — L'assemblée a nommé d'une voix unanime M. Sicard, pasteur, pour
modérateur, et M. Gardes, pasteur, pour secrétaire.
2. — Plusieurs motifs donnant lieu à la tenue d'un synode provincial inces-
samment, suivant l'avis qui en a été donné, il a été unanimement député pour y
aller et avoir voix popositive et délibérative M. S.. anc[ien] de l'église de R., et
M. Manias ou R., anc[ien] de la même église, pour substitut; M. T., anc[ien] de
l'église de P., et M. J., anc[icn] de la même église, pour substitut; M. J., anc[ien]
de l'église de V., et M. C, anc[ien] de la même église, pour substitut; M. G.,
anc[ien] de l'église de la C, et M. C, pour substitut; M. Mar., anc[ien] de l'église
d'Esp., et M. R., et P., pour substituts.
3. — Comme il a été décerné des amendes contre les lîdèles de plusieurs
églises de la montagne, il sera présenté requête par le ministère d'un procureur à
Mgr le commandant en décharge de ces amendes.
4. — L'église de Réalmont prétendant que l'honoraire de 90 liv. qu'elle est
taxée pour MM. les pasteurs n'est pas payé en entier par les fidèles, cette taxe a
été modérée et réduite à 40 liv. chaque année à l'avenir.
Ainsi a été conclu et arrêté au Désert les an et jour que dessus.
SiCARn, pasteur et modérateur; Gardes, pasteur et secrétaire.
23-2 LES SYNODES DU DESERT.
m.
Les anciens d[u] Haut-Comté de Foix, qui ont été dépofés de
leur charge & proclamés à ce fujet, font relevés de ces proclamations
& feront rétablis dans leur charge d'ancien; & fera fait ledure du
préfent article en chaire partout où befoin fera.
Colloque du Haut-Languedoc du 3i août ij6i.
Nous, pasteurs et anciens des églises réformées du Haut-Languedoc, assemblés
en colloque le trente et unième août mil sept cent soixante et un, après avoir
imploré l'assistance de Dieu et les lumières du St-Esprit, avons délibéré et arrêté
ce qui suit :
1. — L'assemblée a nommé, à la pluralité des suffrages, M. Sicard, pasteur,
pour modérateur, M. Gardes pour modérateur-adjoint, M. Sicard le jeune pour
secrétaire, et M. Marc P., ancien, pour secrétaire-adjoint.
2. — Que les églises de Lacaune, Gijounet, Viane et Lacaze composeront à
l'avenir un colloque; celles d'Espérausses, Vabre, Ferrières et Castelnau un autre;
celles de Castres, Réalmont, Roquecourbe et Montredon un autre; et celles de Re-
vel, Puylaurens, Mazamet, Saint-Amans et Angles un autre.
3. — Sur la proposition faite de régler l'honoraire de MM. Sicard, Gardes et
Sicard le jeune, ministres, qui desservent les églises, et de taxer les églises par
égalité, il a été unanimement délibéré qu'il sera payé à l'avenir à chacun la somme
de 5oo liv. annuellement, et que l'église de
Lacaune demeure taxée et paiera pour sa quotité,
chaque année, la somme de iio-//^
Gijounet 6o »
Viane 8o «
Lacaze 35 »
Espérausses Sy »
Castelnau 5 1 »
Ferrières 40 »
Vabre 122 «
Montredon 100 »
Roquecourbe io3 »
Réalmont 54 «
Castres 220 »
Puylaurens 100 »
Revel 1 1 3 »
Mazamet i63 »
St- Amans 1121)
lioo-H-
4. — Comme il y a plusieurs membres des églises qui éludent de participer au
paiement des honoraires de MM. les pasteurs, il a été délibéré, qu'à l'avenir tous
ceux qui ne paieront point ce que MM. les anciens auront trouvé à propos qu'ils
baillent seront arrêtés et suspendus de la communion conformément à la discipline.
Ainsi a été conclu et arrêté les jour et an que dessus.
Sicard, pasteur et modérateur; J. G.\rdes, pasteur et modé-
rateur-adjoint ; Sicard le jeune, pasteur et secrétaire; Pomier,
ancien et secrétaire-adjoint.
— Mss. de Vabre.
SYNODES PROVINCIAUX. 233
IV.
M. Lafon, pafteur, qui deffcrt le Montalbanais, ayant demande
de changer de quartier, raffemblée, ayant égard à fa demande, lui
affede les cglifes d[u] Haut-Comte de Foix pour les deffervir, qui
formeront un colloque.
V.
Les églifes compofant le quartier de l'Agenais ayant demandé de
nouveau d'être démembrées de cette province, pour être annexées à la
province du Pcrigord, Bordeaux & Saintongc, l'afTemblce leur a
accorde le démembrement defdites égliles, & fur la demande qu'elles
ont faite de MM. Viala & François Rochette, pafleurs, la compagnie
leur a accordé feulement M. François Viala, pafteur, pour les deffervir.
VI.
Le fynode affigne le quartier du Montalbanais îi M. François
Rochette, pafteur, pour le deffervir'.
VIT.
Les députés des églifes du Haut-Languedoc ont repréfenté que
leur quartier étant fort éloigné de celui du Montalbanais & y ayant
beaucoup de difficultés dans les trajets que MM. les pafteurs & anciens
font fouvent obliges de faire pour fe rendre aux fynodcs, il convien-
drait que lefdites églifes du Haut-Languedoc fillent feules corps de
province, furtout étant fort confidérables & d'une vafte étendue; en
conféquence, ils requièrent que le quartier dudit Montalbanais foit
féparé d'eux & qu'ils faffcnt corps à part. Sur quoi, l'alfemblée, tout
confidéré, faifant droit fur leur demande, déclare qu'à l'avenir lefdites
églifes du Haut-Languedoc demeureront féparéesde celles compofant
le quartier du Montalbanais & que lefdites églifes du Haut-Languedoc
feront corps de province avec les églifes d[u] Comté de Foix.
I. Dans la nuit Ju i3 septembre 1701, Rochette fut pris, près de Caussade.
Condamne par le parlement de Toulouse à être pendu, il subit le martyre avec
une merveilleuse fermeté, le 19 février 1762. Il avait 20 ans. Après lui, furent
décapités, sur l'échafaud dressé sur la place du Salin, trois gentilshommes verriers,
les trois frères Grenier, Grenier de Commel, Grenier de Sarradou, Grenier de
Lourmadc, convaincus d'avoir voulu enlever Rochette de la prison de Caussade.
Lorsque le plus jeune des frères, Grenier de Lourmadc, alla se placer sur le billot
ensanglanté, le bourreau lui dit: «Vous venez de voir périr vos frères, changez
pour ne pas périr comme eux. u Lourmade lui répondit : «Fais ton devoir!»
234 LES SYNODES DU DÉSERT.
Vin.
Les quartiers du Montalbanais ' & d[u] Comté de Foix demeu-
reront féparés.
IX.
Les églifes du Haut-Languedoc & d[u] Comté de Foix demeurent
chargées de payer chaque année 9 liv. pour la penfion de la veuve
Bétrine, & les quartiers du Montalbanais, Agenais & Bordeaux fup-
porteront le furplus de la penfion par égale portion.
X.
Il ne pourra être envoyé à l'avenir au féminaire aucun afpirant
au St-Miniftère qu'il ne foit préalablement examiné par deux pafteurs.
XI.
Enfin, M. Fageau, qui a été envoyé au féminaire, eft affedé aux
églifes du Montalbanais.
Ain fi a été conclu & arrêté les an & jour que defTus.
SiCARD, pafleur & modérateur; François Viala, pafleur &
modérateur - adjoint ; Gardes, pafteur & fecrétaire;
François Rochette, pafteur & fecrétaire-adjoint.
I. Les motifs pour lesquels le Montalbanais fut distrait du synode du Haut-
Languedoc sont exposés dans l'article précédent et plus haut (p. 23 i) dans le
Précis qu'on a donné de ce même synode. Il paraît certain que le Quercy eut,
dès les années suivantes, ses synodes particuliers. Mais les registres ou les manus-
crits originaux qui contiennent leurs actes sont perdus ; on ne possède les synodes
du Montalbanais qu'à dater de l'année 1772. C'est une lacune de onze années,
ajoutée à tant d'autres que l'on constate, sans que l'on conserve l'espoir de
pouvoir arriver à la combler.
■^^^^^■^•^
SYNODES PROVINCIAUX. 235
Synode de Saintonge, Angoumois, Périgord
et Bordelais.
Au nom de Dieu soit fait. Amen.
Aâes du fynode provincial de Saintouge, Angoiimois, Périgord
& Bordeaux, tenu les deuxième & troifième juin mil Jept cent
Joixante & un ' .
Les églifes de Saintonge, Angoumois, Périgord & Bordeaux,
affemblées en fynode fous la proteflion divine les deuxième & troifième
juin mil fept cent foixante & un, auquel ont aflifté en qualité de paf-
teurs députés MM. Dugas, Sol, Martin, Picard & Gibert jeune, &
MM. Jarouffeau, Renoulcau& Boutiton, miniftres; MM. de Longue-
ville, Guibert, Guédon, AUard, Laffargue, Rabaud & Servcdier,
anciens, députés defdites églifes, après avoir imploré le fecours de
Dieu, ont délibéré ce qui fuit:
I.
Conformément à l'ufage, on a élu à la pluralité des voix M. Dugas,
pafteur, pour modérateur, & M. Sol, pafteur, pour modérateur-
adjoint; AL Ahirtin, pafteur, pour fecrétaire, & M. Picard, pafteur,
pour fecrétaire-adjoint.
Colloque de Saintonge et Angoumois du iS avril jy6i.
Au nom de Dieu soit fait. Amen.
I. Le colloque des e'glises de la Saintonge et Angoumois, assemblé en les per-
sonnes de leurs pasteurs et anciens, le i5 d'avril 1.761, après avoir imploré le
secours du St-Esprit et élu à la pluralité des suffrages M. Dugas pour modérateur,
M. Plantier ayant fait l'office de secrétaire, a délibéré et arrêté ce qui suit :
1. — En conséquence de la vocation que le synode dernier adressa à M. Mar-
tin, pasteur, ledit sieur s'étant rendu dans le sein de nos églises au commence-
ment de janvier dernier, le colloque l'agrège au nombre de ses pasteurs, et fait des
vœux pour le succès de son ministère.
2. — Pour défrayer M. Martin de la dépense qu'il a faite pour se rendre dans
nos églises, les députés de chacune desdites églises lui ont compté 3 liv.
3. — La compagnie confirme la vocation qui a été adressée à MM. Renou-
leau et Jarousseau pour être reçus au St-Ministère au nom des églises et pour
leur service.
236 LES SYNODES DU DÉSERT.
n.
En vertu de la lettre qui nous a été adreffée par M. Polier de
Bottens, pafteur de Laufanne & membre du comité qui dirige notre
féminaire en Suiffe, en date du 7" mai dernier, qui fait foi des bonnes
vie & mœurs, capacité & réception au St-Miniftère de MM. Jean
Jaroufleau, Renouleau & Boutiton, le fynode les reconnaît pour
miniflres & les admet au nombre des pafteurs de cette province,
exhortant les fidèles de les recevoir en cette qualité.
4. — Supposé que lesdits sieurs Renouleau et Jarousseau reviennent du
séminaire sans être reçus ministres, ceux qui seront appelés à les consacrer leur
feront subir les examens tels qu'ils jugeront à propos, sans avoir égard à ceux
qu'ils auront pu subir dans ledit séminaire.
5. — On a élu à la pluralité des suffrages, pour assister avec MM. les pasteurs
en qualité de députés au prochain synode provincial, MM. L., de LaTremblade et
G., de Nieulle, et à leur défaut MM. G., de Vaux et B., de Gemozac.
G. — Afin que le nombre des députés au susdit synode soit complet, on charge
les églises de i'Angoumois d'élire incessamment un de leurs anciens pour y assister.
7. — Le colloque, prenant un vif intérêt à l'état des églises du Périgord, sou-
haiterait de pouvoir leur accorder actuellement un pasteur, conformément à la
demande qu'elles en font dans leur lettre du 25 janvier 17C1, signée par MM. Pi-
card, pasteur, et Sol, pasteur; mais il ne se peut, attendu que ceux de son ressort
ne sont pas mêmes suffisants pour la desserte des églises de son arrondissement.
Cependant il consent qu'un des étudiants qui sont sur le point de revenir et être
reçus ministres, soit prêté auxdites églises de Périgord, pour tout le temps que le
synode prochain jugera à propos de fixer.
8. — L'assemblée confirme l'art. 10 du colloque du 29 juillet dernier, con-
cernant un formulaire de prières pour le culte public adopté à l'état de nos églises,
et charge de nouveau M. Dugas, pasteur, de travailler incessamment à son exé-
cution.
9. — Les vues que le colloque du 1 1 novembre ijSq a eues de passer l'art. 2
de ses actes étant remplies, on est d'avis qu'on n'aura plus d'égards audit article,
et qu'on se conformera à l'avenir à l'usage de toutes les églises protestantes au
sujet du Symbole des Apôtres, qui est de le répéter à la suite de la prière qui se
fait après le sermon.
10. — Les députés au premier synode provincial demanderont que ledit
synode passe un article pour qu'il soit proposé au premier synode national qui se
tiendra, que l'étendue de la province de Saintonge soit telle qu'elle était avant la
révocation de l'Edit de Nantes.
11. — Le colloque charge M. Dugas d'écrire au consistoire de La Rochelle,
pour l'inviter à envoyer un député au prochain synode de cette province, et de
l'informer pour cet eff"et du temps et du lieu dudit synode.
12. — Tant pour la commodité des pasteurs que pour le bien des églises, on
a jugé à propos d'affecter provisionnellement à chacun un quartier déterminé,
qu'il desservira pendant quatre mois consécutifs, à commencer aujourd'hui, au
bout duquel temps chaque pasteur changera de quartier, savoir: celui de I'Angou-
mois passera dans celui de Marennes et LaTremblade, et ce dernier dans celui de
Royan ; lesquels quartiers ont été réglés de la manière qui suit :
Les cinq églises de I'Angoumois, Pons et Gemozac, en formeront un ;
SYNODES PROVINCIAUX. oH^
m.
Le fynode prend en confidération la demande des églifes deSain-
tonge, exprimée dans l'art, lo de leur dernier colloque, tenu le 15°
avril dernier, portant qu'il fera propofé au prochain fynode national
que l'étendue de la province de Saintonge foit telle qu'elle était avant
la révocation de l'édit de Nantes, — pourvu toutefois que les circonf-
tances foicnt plus favorables qu'elles ne le font aujourd'hui, & qu'il y ait
un nombre fuffilantde pafteurs pourdefTcrvir les quartiers démembrés.
St-Savinien, l'île de Ré, le Port-Jes-Barques, la Pimplière, Laumône, Luzac,
Souhe, La Tremblade et Avallon en formeront un second;
Paterre, Mornac, Breuillet, St-Palais, Royan, le Pouyeau, Didonne, Meschers,
Cozes, Montagne et St-Fort le troisième.
i3. — Par rapport à l'ordre que MM. les pasteurs observeront dans cette circu-
lation, il a été' convenu que M. Martin, après avoir desservi le quartier d'Angou-
mois pendant les quatre premiers mois, passera dans celui de Marennes et La
Tremblade, et M. Solier dans celui de Royan, et M. Dugas dans celui d'Angou-
mois, — ainsi alternativement jusqu'à nouvel ordre.
14. — A l'avenir, les honoraires de MM. les pasteurs commenceront à courir
le premier de janvier de chaque année, lequel règlement a commencé ledit jour
premier janvier dernier; et ils leur seront payés, moitié à la St-Jean et moitié à
Noël; seront tenus lesdits pasteurs, pour être payés, de présenter aux consistoires
un consentement par écrit de leurs coll[oq]ues respectifs.
i5. — Les députés au prochain synode notifieront à l'église de Bordeaux
qu'elle ait à se pourvoir, si elle le peut, hors de la province d'un pasteur pour sa
desserte; les nôtres ne peuvent s'empêcher, vu leur pressant besoin, de rappeler,
ainsi qu'elles le rappellent maintenant, M. Etienne Gibert, après qu'il aura passé
le temps fixé par le dernier fynode desdites églises.
16. — Quoique le colloque laisse la liberté à de certains fidèles de Marennes
de se fixer à l'église de la Pimplière ou à celle de Laumône, ainsi qu'ils le jugeront
à propos, à cause des raisons que cesdits fidèles peuvent avoir, et auxquelles on a
e'gard, cependant on les exhorte ii se fixera celle de Laumône, la chose étant plus
conforme à la discipline.
17. — Tous les consistoires rendront compte des deniers, soit des pauvres,
soit du ministère, selon la discipline, deux fois par an, savoir au mois de juin et
de décembre, en présence du pasteur du quartier et des notables de chaque église,
qui seront prévenus à ce sujet.
18. — Le député de l'église de La Tremblade ayant expliqué les intentions de
ladite église au sujet du mémoire qui donna lieu au colloque du 19 juillet 1759,
de passer l'art. 2 du colloque à la présente assemblée, on est convenu que ledit
article demeure comme non avenu.
Ainsi conclu et arrêté ledit jour et an que dessus.
Dugas, pasteur et modérateur; Plantier, ancien et secrétaire.
— Collection Boulineau.
Colloque de Saintonge et Angoumois du 16 juin ijtii.
Au nom de Dieu soit fait. Amen.
Les églises de Saintonge et Angoumois assemblées en colloque sous la pro-
tection divine le 16 de juin 1761, auquel ont assisté MM. Solier, Martin, Dugas,
238 LES SYNODES DU DÉSERT.
IV.
On annule l'art 1 5 du colloque des églifes de Saintonge, tenu le
ib" avril dernier, comme contraire aux droits des autres églifes, de
même que le terme de prêt dont il eft fait mention dans l'art. 7 du
même colloque.
V.
L'églife de Bordeaux demandant la continuation du miniftère de
M. Etienne Gibert, pafteur, la compagnie le lui accorde.
Jarousseau et Etienne Gibert, pasteurs, vingt-cinq anciens, députe's desdites
églises, après avoir imploré le secours divin, ont délibéré ce qui suit :
1 . — Selon la coutume, on a élu, à la pluralité des suffrages, M. Martin, pas-
teur, pour modérateur, et M. Dugas, pasteur, pour modérateur-adjoint, et
M. Plantier, ancien, pour secrétaire.
2. — MM. les députés au synode provincial dernier ont communiqué à l'as-
semblée les actes du synode.
3. — MM. les modérateurs et secrétaire du dernier synode ont produit un
mémoire par lequel on voit que M. Dupuy l'aîné témoigna le lendemain de ladite
assemblée qu'il était fâché de la conduite qu'il avait tenue dans ledit synode, et
dont il est fait mention dans l'art. 10; outre cette démarche et le désir qu'il a
témoigné de nouveau de reprendre ses études, on est d'avis qu'on ne doit point y
avoir égard.
4. — En vertu de fart. 8 du dernier synode, qui porte que le présent col-
loque fixera un quartier à M. Dupuy jeune, on lui assigne celui des églises de
Saintonge et Angoumois jusqu'au prochain synode, lesquelles il desservira alter-
nativement sans partialité ; elles lui fourniront pour ses appointements la somme
de 3oo liv. pour une année, à commencer de ce jour, — laquelle somme lesdites
églises lui paieront par égale portion.
5. — Ayant fait la lecture dudit article à M. Dupuy, il a dit qu'il ne pouvait
s'y soumettre par des raisons qu'il a alléguées, auxquelles l'assemblée lui a
accordé la demande qu'il a faite qu'il lui fût permis de retourner en Périgord.
6. — Les églises de Mornac, le Pouyeau, Marennes, Paterre, La Tremblade,
Breuillet, Royan, Cozes ont payé chacune 3 liv. jîour remplir l'objet porté dans
l'art. 26 du dernier synode provincial, concernant Mad[ame] Bétrine.
7. — Que MM. les députés au prochain synode national demanderont si la
province du Bas-Languedoc n'est pas obligée de fournir la pension qu'on a
assignée à Mad[ame] Bétrine, en considération des bons services que feu
M. Bétrine lui a rendus en qualité de pasteur.
8. — Que M. Gibert l'aîné, ancien pasteur des églises de Saintonge et An-
goumois, quoique absent, aura le quart des honoraires de la demi-année 1761,
que se percevra à la St-Jean, sans préjudice de sa quote-part pour l'avenir.
g. — M. Jarousseau, pasteur, circulera avec le pasteur du quartier de Royan
jusqu'à nouvel ordre, auquel on joint dès aujourd'hui les églises de La Tremblade,
Avallon, Gemozac et Pons.
10. — M. Etienne Gibert ayant demandé que le colloque permît à M. Dugas,
pasteur, d'aller desservir l'église de Bordeaux, pendant le temps qu'il resterait dans
le voyage qu'il va entreprendre, l'assemblée n'a pas trouvé à propos de répondre
favorablement à ses désirs.
SYNODES PROVINCIAUX. 23q
VI.
Sur la demande faite par les églifes du Périgord, comment on
doit procéder contre ceux qui continuent de faire bénir leurs mariages
& baptifcr leurs enfants dans l'Eglifc romaine, l'afTemblée, ne pouvant
que condamner une telle conduite comme très-criminelle, déclare ceux
qui f'en rendent coupables dignes non-feulement d'âpre cenfure, mais
encore de toutes autres peines que MM. les pafteurs & anciens avi-
feront.
11. — MM. les anciens, députes au présent colloque, ont souscrit pour 28
exemplaires de la feuille qu'on se propose de faire imprimer, concernant les pro-
testants du royaume.
Ainsi conclu et arrêté les jour et an que dessus.
Martin, pasteur et modérateur; Dugas, pasteur et modé-
rateur-adjoint; Plantier, ancien et secrétaire.
— Collection Boulineau.
Colloque de Saintonge et Angoumois du 16 et ij décembre lyOï.
Au nom de Dieu. Amen.
Les églises de Saintonge et Angoumois, assemblées en colloque les 16 et
17 décembre 1761, après avoir imploré le secours de Dieu et procédé à la nomi-
nation d'un président et d'un secrétaire, on a délibéré ce qui suit:
1. — Les consistoires observeront à l'avenir dans les lettres d'envoi de leurs
députés aux colloques et synodes, de ne faire mention dans icelles, ni du jour, ni
du lieu que lesdits colloques et synodes se tiendront.
2. — Sur les représentations faites par plusieurs églises, la compagnie exhorte
les fidèles à déférer aux représentations qui leur seront faites par Messieurs les
anciens sous peine de vives censures; sauf auxdits fidèles à se pourvoir devant le
pasteur, pour qu'il décide sur le cas dont il sera question.
3. — L'assemblée, affligée d'apprendre que plusieurs fidèles ne [se] font aucune
peine de vendre ou acheter le jour du dimanche, exhorte ceux qui sont dans le
cas de s'en abstenir désormais ; enjoint en outre aux consistoires d'y tenir la main,
de faire à ce sujet toutes les répréhensions nécessaires, et de suspendre de la com-
munion ceux qui refuseront d'y déférer.
4. — Ceux d'entre les fidèles qui refuseront de participer aux charges et
frais que les églises sont obligées de faire pour se soutenir, seront vivement cen-
surés, et les consistoires sont chargés de procéder contre eux, conformément à la
discipline.
5. — A l'avenir, on assemblera régulièrement deux colloques par année, le
premier au commencement de mai, et le second au commcncemen't de septembre;
cependant, s'il survient des affaires importantes qui demandent d'avancer ou de
retarder ce temps-là, l'église et le pasteur, qui seront chargés de le convoquer,
pourront y avoir égard, en informant exactement les autres églises de ce change-
ment et des raisons qui l'occasionnent.
6. — La compagnie, ayant égard aux services que M. Gibert l'aîné a rendus
aux églises et à ceux qu'il peut leur rendre encore, juge à propos que pour lui en
faciliter les moyens il circule dans toutes, en qualité de pasteur, avec le droit
d'y exercer la discipline, ainsi que le pasteur qui sera fixé pour en faire plus
particulièrement la desserte ; bien entendu que l'un et l'autre agiront de concert.
240 LES SYNODES DU DESERT.
VII.
Comme MM. les anciens font dans une obligation plus étroite
de f 'acquitter de tous les devoirs que la religion nous impofe, & de
contribuer parleur exemple à l'édification publique, la compagnie
efl: d'avis que, fuppofé qu'il fen trouvât parmi eux qui vinffent à tomber
dans l'un ou l'autre cas défignés dans le fufdit art. 6, ils foient promp-
tement dépofés de leur charge d'ancien.
7. — Pour la plus grande commodité des pasteurs, et pour le bien des églises,
il a été décidé, conclu et arrêté que lesdits pasteurs, excepté M. Gibert l'aîné,
n'observeront plus la circulation réglée par l'art. 12 du colloque du i5 avril der-
nier, mais qu'ils auront désormais chacun un quartier fixe, lesquels quartiers ont
été réglés de la manière qui suit:
St-Savinien, le Port-des-Barques, Souhe, Luzac, Marennes et Mornac forme-
ront celui de iM. Solier.
La Tremblade, la Pimplière, Avallon, Paterre, Breuillet, le Pouyeau, et
St-Palais, celui de M. Dugas.
Les cinq églises de l'Angoumois avec celle de Jonzac, celui de M. Martin.
Royan, Didonne, Meschers, Cozes, Mortagne, St-Fort, Gemozac et Pons
celui de M. Jarousseau ; et à l'égard de l'ile de Ré, il a été convenu que
M. Martin y ferait une ronde par année, et qu'elle serait d'ailleurs desservie
alternativement par MM. Solier et Dugas.
8. — M. Martin, s'étant opposé à la fixation des quartiers, a demandé que son
opposition fût couchée par écrit, se soumettant cependant à la susdite décision,
jusqu'à ce qu'il en soit autrement ordonné.
g. — Messieurs les pasteurs percevront la demi-année des honoraires qui
écherra à la fin du présent mois, ainsi qu'à l'avenir de la manière suivante, savoir :
M. Solier: l'ile de Ré, le Port-des-Barques, Marennes et Luzac, et il remettra
8 liv. par an à M. Gibert.
M. Dugas : La Tremblade, Avallon, Paterre et le Pouyeau.
M. Martin: Jonzac, et dans les églises d'Angoumois 670 liv. par an; et le
restant de la taxe desdites églises d'Angoumois sera payé à M. Gibert.
M. Jarousseau: Mornac, Breuillet, Royan, St-Palais, Cozes, Mortagne et
Pons, et il remettra 42 liv. par an à M. Gibert.
M. Gibert: Gemozac, la Pimplière, St-Fort, St-Savinien, Meschers, Didonne
et tous les restes dont il est fait mention dans le présent article.
10. — Pour que Messieurs les pasteurs aient chacun 1000 liv. d'honoraires
par an, l'assemblée a décidé que l'église du Pouyeau paiera à l'avenir i 5o liv.,
celle de Meschers jb liv., celle de Didonne j5 liv., celle de St-Palais 110 liv.,
celle de Marennes 208 liv., et celle de la Pimplière 120 liv.
11. — L'assemblée, ayant pris en considération les arrêtés du colloque des
églises de l'Agenais, par lesquels elles se déclarent membres de notre province
ecclésiastique en vertu du consentement que notre synode du i""" et 2 juillet 1760
a donné à leur jonction, de même que la lettre gracieuse qu'elles nous ont écrite
en conséquence en date du i5 septembre dernier, par laquelle elles nous demandent
du secours, l'assemblée, dis-je, accorde à M. Gibert, selon ses désirs, la liberté
d'aller visiter lesdites églises, ou de tenir la place d'un des pasteurs du Périgord,
supposé que celui-ci veuille bien aller dans lesdites églises, et que celles du Péri-
gord y consentent.
SYNODES PROVINCIAUX.
241
VIII.
M. Dupuy l'aîné ayant déclaré qu'il fe défiftait de la réfolution
qu'il avait prife d'abandonner fcs études & le delfein où il eft de les
reprendre pour parvenir au St-AIiniflèrc, l'afTemblée voit avec plaifir
fes difpofitions à cet égard; elle charge en conféquence M. Dugas
d'écrire au plus tôt au.xdiredeurs du féminaire pour les prier de nous
informer de la \ie, mœurs & capacité qu'ils ont reconnues chez ledit
12. — Le colloque consent que M. Riollet s'acquitte de la somme de 600 liv.
dont il est redevable envers les églises, en payant la pension du nommé Sérisier,
actuellement à Pons, étudiant, pour parvenir au St-Ministère pour le service des
églises de la province; et supposé que, lorsque ledit Sérisier quittera Pons, ladite
somme ne soit point acquittée en entier, ledit M. de Riollet remettra le restant,
selon qu'il lui sera indiqué par les églises assemblées en colloque.
i3. — La compagnie, prenant toute la part possible à la détention de M. le
pasteur Rochette, et autres personnes prisonnières avec lui, et n'ayant rien plus à
cœur que de contribuer à leur donner la liberté, elle charge MM. les anciens de
faire incessamment une collecte qui sera employée, s'il est nécessaire, à cette fin,
laquelle collecte sera envoyée au plus tôt à M. Etienne Gibert, pasteur à Bor-
deaux, afin que ce dernier la fasse parvenir à sa destination, si le cas y échoit.
14. — A l'égard de la demande de la plus grande partie des anciens de l'église
de Jonzac, qui porte que les lecteurs que M. Martin, de concert avec lesdits anciens,
avait établis pour le service de ladite église soient continués, la compagnie est
d'avis de ne point rétablir aujourd'hui lesdits lecteurs dans leur charge, mais de
laisser à la prudence du pasteur et des anciens de ladite église de les réhabiliter,
lorsqu'ils le jugeront à propos.
i5. — L'assemblée, prenant en considération les sentiments de repentance
que M. Dupuy l'aîné nous a témoignés au sujet de la conduite qu'il tint au der-
nier synode de cette province, à la prière qu'il nous a faite d'avoir égard à ses
sentiments, et de lui accorder en conséquence notre suffrage pour qu'il puisse
continuer ses études et parvenir au St-Ministère, s'il en est jugé capable, — a été
d'avis qu'on n'ait pas d'égard à la délibération du colloque du 16 juin dernier,
(art. 3,) le concernant, et qu'il soit admis au nombre des proposants de la province,
aux conditions toutefois que les témoignages qu'il pourra se procurer de Messieurs
les directeurs du séminaire seront tels qu'ils doivent être; — lesquels témoignages
.seront examinés par MM. Dugas, Martin et .larousseau, pasteurs, avec M.M. Gui-
bert, de Rommefort, Dubois et Gautier, anciens, qu'on a nommés pour cet efiet,
et qui en rendront compte au prochain synode. Bien entendu néanmoins que ce
qu'ils décideront aura son effet, dès l'instant de la décision.
16. — Sur la plainte des églises de Marennes et la Pimplière contre M. Dupuy
jeune, au sujet d'une application personnelle que ledit Dupuy a faite en prêchant
dans lesdites églises, le colloque, après l'avoir interrogé et lu attentivement ladite
application, telle qu'il nous a déclaré avec sincérité l'avoir prêchée, a trouvé que
ce n'était point à lui à s'exprimer de la sorte, — en rendant cependant justice à ses
intentions et à la .saine morale que ladite application renferme. Nous le blâmons
de l'avoir laite ; de la justice duquel blâme ledit sieur Dupuy est convenu, et a
demandé excuse à ceux que son discours pouvait avoir offensés, en les personnes
de M. Solier et députés de l'église de Marennes.
17. — Conformément à la discipline, les proposants et étudiants ne devant
242 LES SYNODES DU DESERT.
fieur Dupuy pendant fon féjour au féminaire ; & fur les bons témoi-
gnages qui lui feront expédiés, le colloque de Saintonge le réhabilitera
au nombre des propofants de la province; le même colloque lui affi-
gnera, ainfi qu'à M. fon frère, les quartiers de la province où ils
devront refter jufqu'au prochain fynode provincial, à la décifion duquel
ils fe foumettront.
exercer les fonctions du St-Ministère que de l'aveu et consentement des pasteurs,
ceux de cette province ssront tenus à l'avenir de communiquer à quelqu'un d'eux
les discours qu'ils voudront prêcher.
i8. — Les églises en géne'ral, ayant été édifiées de la conduite de M. Dupuy
jeune et de ses prédications pendant la tournée qu'il a faite, elles lui assignent
son séjour parmi elles, en sa qualité de proposant jusqu'au prochain synode, sans
avoir égard à l'art. 4 du précédent colloque; on promet à M. son frère d'y rester
aussi jusqu'à ce temps-là.
ig. — Il a été délibéré à la pluralité des suffrages que l'art. 4 du dernier
colloque qui assigne 3oo liv. à M. Dupuy le jeune par année sera exécuté, et
que chaque église lui payera sa portion au marc la livre, qui revient a 6 pour
100, conformément à sa taxe.
20. — On est d'avis pour plusieurs considérations qu'il n'est pas nécessaire
d'indiquer que les proposants et étudiants qui prêchent dans les quartiers
s'abstiendront de mettre la robe à l'avenir.
3 1. — Le quartier de l'Angoumois est chargé de convoquer le synode pro-
chain Dour la fin du mois d'avril, et de donner exactement avis du jour et du
lieu qu'il choisira aux colloques respectifs qui doivent composer ledit synode.
22. — On a élu à la pluralité des suffrages, pour assister avec Messieurs
les pasteurs au susdit synode, en qualité de députés d'entre les anciens, MM. de
Rommefort, Broussard, de Pons, Lambert, Guibert et Dubois, et pour leurs
substituts, MM. Dupuy, Thomas, de Royan, Longueville, Adrien l'aîné et Guil-
lorit, auxquels députés le colloque donne pleins pouvoirs de proposer et opiner
selon l'usage, promettant de nous soumettre et de faire exécuter de notre mieux
tout ce qui sera délibéré.
23. — A l'unanimité des suffrages, on a élu M. Dugas, pasteur actuaire, pour
les églises qui composent le présent colloque.
Ainsi conclu et arrêté lesdits jours et an que dessus.
DuGAs, pasteur et modérateur ; Gibert, pasteur et secrétaire.
— Collection Boulineau.
Statuts des Comitants de La Rochelle du 11 septembre 1761.
Commissaires: MM. Rasteau; Bonfils; Gast; Rossal.
1. — Conformément à la délibération de l'assemblée générale du 1 1 septembre
1761, le comité sera composé à l'avenir de quatorze membres, et ce nombre ne
pourra être diminué ou augmenté que par une délibération rendue dans une
assemblée générale, c'est-à-dire dans une assemblée composée de tous les comi-
tants anciens et actuels.
2. — Conformément à la délibération de l'assemblée générale du 1 1 septembre
1761, il y aura parmi les quatorze membres du comité six comitants perpétuels et
huit comitants alternatifs.
SYNODES PROVINCIAUX. 243
IX.
Comme il eft nécelTairc que les églifes connaiffent les fujets qui
fc dévouent à leur fcrvice, & que cette connaiffance ne peut même
qu'être utile auxdits fujets, la compagnie renvoie au fynode provin-
cial la dccifion de là demande qu'ont faite lefdits MM. Dupuy, con-
cernant leurs épreuves pour être confacrés.
3. — Les six comitants perpétuels ne cesseront d'être membres du comité
que par décès, ou par démission volontaire, ou par destitution. A l'égard du
décès, le comitant perpétuel que la mort enlèvera ne sera remplacé qu'à l'assem-
blée générale qui se tiendra une fois l'an, comme il sera dit ci-après. A l'égard de
la démission volontaire, elle ne pourra être acceptée que pour bonnes et suffi-
santes raisons, dont l'assemblée générale, qui se tiendra une fois l'an, jugera de
la validité. A l'égard de la destitution, elle ne pourra avoir lieu que pour des cas
graves et bien constatés, lesquels cas ne pourront être examinés que dans l'assem-
blée générale qui se tiendra une fois l'an, ou dans une assemblée générale extra-
ordinaire tenue à cette effet, et il faudra plus des deux tiers des voix pour pro-
noncer validement la destitution.
4. — Les huit comitants alternatifs occuperont la place de comitant pendant
deux ans ; après lequel temps ils seront remerciés de leurs soins et de leurs travaux,
et il sera procédé à leur remplacement dans l'assemblée générale qui se tiendra
une fois l'an.
5. — Les huit comitants alternatifs ne cesseront d'être membres du comité
pendant les deux années de leur charge que par décès, ou par démission volon-
taire, ou par destitution ; et à ces trois égards, il sera procédé à leur remplacement
de la même manière qu'il a été prescrit pour les comitants perpétuels dans
l'art. 3.
6. — On [n']élira pour comitants que des personnes d'une conduite irrépro-
chable, âgées au moins de vingt-cinq ans, qui ayent une connaissance approfondie
de la Religion, qui en pratiquent les devoirs avec soin, qui ayent un zèle éclairé
et prudent, qui soient discrètes, et qui se comportent en toute affaire comme
de vrais disciples de Jésus-Christ.
7. — Le comité tiendra des assemblées ordinaires le premier mercredi de
chaque mois, et tous les membres seront invités de s'y trouver, et ne pourront
en être exemptés que par maladie, ou absence de domicile.
8. — Toutes les séances s'ouvriront par l'invocation du nom de Dieu, et le
président prononcera cette formule : Notre aide soit au nom de Dieu qui a fait
les deux et la terre. Amen. Et toutes les séances se termineront par cette courte
prière prononcée par le président : Au Roi des siècles, immortel, invisible, à Dieu,
seul sage, soit honneur et gloire dès maintenant et à jamais. Amen.
9. — Indépendamment des assemblées ordinaires, il pourra se tenir des
assemblées extraordinaires lorsque les affaires l'exigeront; ce qui sera déterminé
par le président et le secrétaire; et dans le cas où le président et le secrétaire ne
trouveraient pas de nécessité à une assemblée extraordinaire, le concours de trois
des membres du comité demandant l'assemblée extraordinaire sera suffisant pour
engager le président et le secrétaire à convoquer l'assemblée demandée.
10. — Indépendamment des assemblées ordinaires et des assemblées extra-
ordinaires qui ne pourront être composées que des quatorze membres actuels, il
se tiendra tous les ans une assemblée générale, composée de tous les membres
244 ^^^ SYNODES DU DESERT.
X.
Ledure des art. 8 & 9 ayant été faite à MM. Dupuy, l'aîné a déclaré
que puisqu'on ne voulait pas l'agréger aujourd'hui au nombre des
propofants de la province, il renonçait à la réfolution qu'il avait prife
de fe vouer de nouveau au fervice de nos églifes.
anciens et actuels du comité, dans laquelle assemble'e générale les membres actuels
rendront compte de ce qui s'est passé depuis la dernière assemblée générale, et
où il sera procédé à l'élection des quatre sujets qui devront remplacer ceux des
comitants alternatifs qui auront fait leurs deux années.
11. — L'assemblée générale se tiendra tous les ans, le premier mercredi de
novembre, et tous les membres, tant anciens qu'actuels, seront avertis de s'y
trouver et ne pourront en être exemptés que par maladie ou par absence.
12. — Indépendamment de l'assemblée générale qui se tiendra tous les ans
le premier mercredi de novembre, les membres actuels du comité pourront con-
voquer une assemblée générale extraordinaire si le besoin le requiert; mais ce ne
pourra être que pour les motifs mentionnés dans l'art. 3, ou pour des affaires
essentielles qui intéresseront tous les protestants du Royaume.
i3. — Pour procéder à l'élection des quatre sujets qui devront remplacer les
comitants alternatifs qui auront fait leurs deux années, les quatorze comitants
actuels remettront à l'assemblée générale de novembre une liste de douze per-
sonnes parmi lesquelles l'assemblée générale élira par la voie du scrutin les quatre
sujets qui lui paraîtront les plus propres à remplir les fonctions de comitant
alternatif.
14. — Pour composer la liste des douze personnes qui doit être remise à
l'assemblée générale, les quatorze comitants actuels procéderont, dans l'assemblée
ordinaire qui précédera l'assemblée générale, à la confection de ladite liste, en
inscrivant tous les noms des personnes qu'ils jugeront propres à remplir les fonc-
tions de comitant alternatif, et en réduisant le nombre des personnes inscrites
à celui de douze par la voie du scrutin.
i5. — On ne pourra proposer, pour être inscrite sur ladite liste, aucune per-
sonne exerçant un art mécanique, — les orfèvres étant dans la classe des arts libé-
raux et les horlogers dans la classe des artistes, ne sont point exclus du comité
par cet article.
16. — Les nouveaux membres élus seront présentés à l'assemblée ordinaire
qui suivra l'assemblée générale par deux des comitants actuels qui auront été
nommés à cet effet par le président. Notre pasteur sera invité de leur adresser un
discours sur la nature de la charge à laquelle ils sont appelés et sur les devoirs
qu'ils ont à remplir. Et en cas d'absence de notre pasteur, le président leur
adressera la parole ou chargera quelqu'un du comité de leur faire connaître en
peu de mots les engagements qu'ils prennent, et de les assurer de l'affection de
tous les comitants.
17. — Les comitants alternatifs qui auront fait leur temps ne pourront être
continués dans leurs fonctions, à moins que l'unanimité des voix dans l'assemblée
générale ne fasse connaître de cette manière le vœu de toute l'église; auquel cas,
lesdits comitants seront invités de vouloir bien continuer leurs fonctions, mais
cette unanimité ne pourra être obtenue que par la voie d[u] scrutin.
18. — Quoique les comitants alternatifs qui aur[ont] fait leur temps ne
[puissent] être continués dans leurs fonctions à moins de l'unanimité des suffrages,
cependant les ex-comitants pourront être insérés dans la liste des douze personnes
SYNODES PROVINCIAUX. 246
XI.
M. Sol, pafteur, pcrfiftant dans l'appel qu'il a fait dans les deux
précédents fynodes de cette province de la fentence prononcée contre
lui dans le dernier fj'node national, art. 9, & demandant de nouveau
qu'on le notifie au nom de l'alicmblcc à la province chargée de la con-
vocation du prochain national, pour en accélérer la tenue, on lui
qui devra être pre'sente'e à l'assemble'e ge'nérale, deux ans après leur sortie du
comité.
ig. — Dans l'assemblée où les nouveaux membres seront reçus et viendront
prendre séance, ils ne pourront pas être nommés commissaires pour l'examen des
questions qui seraient mises sur le tapis, parce qu'ils doivent avant toutes choses
prendre connaissance des statuts et des délibérations du comité.
20. — Dans l'assemblée où les nouveaux membres seront reçus et viendront
prendre séance, ceux d'entre eux qui auraient été ci-devant membres du comité
pourront être nommés commissaires pour l'examen des questions qui seraient
mises sur le tapis, parce que leur travail précédent les à mis en état de prendre
connaissance des statuts du comité et des principes qui déterminent leurs déli-
bérations.
21. — Pour le bon ordre des assemblées du comité et pour l'expédition des
affaires, il y aura un président, un secrétaire et un adjoint de secrétaire.
22. — Le président ouvrira les séances, portera la parole, mettra sur le
bureau les questions qui devront être décidées par le comité, prendra l'avis de
chacun des comitants, résumera les opinions différentes, et prononcera la délibé-
ration qui sera le résultat de chaque examen. Enfin, le président remplira toutes
les fonctions d'un chef de société.
23. — Le président occupera sa place pendant deux années, au bout des-
quelles il sera procédé à l'élection d'un président qui sera choisi parmi les comi-
tants perpétuels.
24. — Lorsque les voix seront partagées, le président aura la voix prépon-
dérante.
2 3. — Dans l'absence du président, le comité sera présidé par le secrétaire,
comme devant, par les fonctions de sa place, être mieux instruit de toutes les
affaires du comité.
26. — Le secrétaire occupera sa place pendant deux années, au bout duquel
temps il sera procédé à l'élection d'un nouveau secrétaire, qui sera choisi parmi
les comitants perpétuels.
27. — Les fonctions de secrétaire seront de dresser les délibérations du
comité, de faire lecture à chaque séance de la délibération précédente, de
répondre aux lettres qui seront écrites au comité, de faire lecture dans l'assemblée
générale de novembre des statuts du comité, et de faire avertir tous les comitants
du jour et du lieu des assemblées, tant ordinaires qu'extraordinaires.
28. — Dans l'absence du secrétaire, il sera remplacé dans la séance par le
secrétaire-adjoint.
29. — Dans l'absence du président et dans l'absence du secrétaire, le comité
sera présidé par le plus ancien des comitants perpétuels.
30. — Dans tous les cas où le comité sera présidé par un autre comitant que
par le président d'office, celui qui sera président par intérim jouira de toutes les
prérogatives énoncées dans les art. 22 et 24.
246 LES SYNODES DU DÉSERT.
accorde fa demande; & voici la lettre que le fynode écrit à ladite pro-
vince à ce fujet :
« En conféquence du fufdit arrêté, nous vous prions, Meffieurs &
« très-honorés frères, de prendre en confidération ledit appel, & de le
« faire entrer dans les autres raifons que vous pourrez avoir pour
3i. — 32. — Le secrétaire-adjoint occupera sa place pendant une ou deux
années, au bout duquel terme il sera procédé à l'élection d'un nouveau secrétaire-
adjoint qui sera choisi parmi les comitants alternatifs.
33. — ^Dans les questions importantes dont l'examen sera remis à des com-
missaires nommés par le comité, toute commission sera composée de membres
choisis parmi les comitants perpétuels et parmi les comitants alternatifs, en sorte
qu'il y ait toujours un comitant au moins de chacune des classes.
34. — Dans une commission composée de six comitants, on sera libre de
nommer cinq comitants alternatifs et un perpétuel, parce que la qualité de comi-
tant perpétuel n'est pas un titre qui doive engager à nommer par préférence ceux
de cette classe.
35. — Dans les commissions qui seront nommées, on ne sera pas obligé de
nommer le président, ni le secrétaire, ou l'un ou l'autre. Chacun nommera par la
voie du scrutin ceux des comitants qui, selon lui, seront le plus en état de remplir
les intentions du comité.
36. — Pour qu'une délibération soit valide, elle doit être faite dans une
assemblée composée au moins de dix comitants, quatre perpétuels et six
alternatifs.
37. — Dans toutes les questions qui auront fait naître une commission, il
faudra la pluralité de neuf voix contre cinq, de neuf contre quatre, de huit contre
quatre, de sept contre quatre, de sept contre trois pour décider entièrement la
question proposée,
38. — Les fonctions de comitants perpétuels sont principalement de veiller
aux affaires politiques du corps, de faire observer exactement et sans aucun
relâchement les présents statuts et les articles qui pourraient être ajoutés dans la
suite, de voir les personnes chargées par le Souverain de commander en son nom
dans cette ville, de prendre connaissance de toutes les affaires du dehors qui
peuvent être relatives aux protestants, et de ne laisser échapper aucune des occa-
sions où ils peuvent être utiles par leur présence, par leurs discours ou par leurs
actions.
39. — Comme le principal motif de la forme actuelle du comité a été la néces-
sité de faire la cour aux personnes en place, il y aura un arrangement entre les
six membres perpétuels, pour que chaque semaine deux d'entre eux se présentent
chez le commandant de cette place et chez l'intendant, ou en leur absence chez
ceux qui les représentent; et si quelqu'un des membres alternatifs souhaitait de
faire ces démarches conjointement avec les deux membres perpétuels qui seront
de semaine, les trois comitants feront ensemble ces visites.
40. — Lorsque les comitants perpétuels auront fait entre eux l'arrangement
dont il est parlé dans l'article précédent, ils en informeront le comité à la pre-
mière séance, et ledit arrangement sera couché sur le registre des délibérations,
et lorsque les comitants perpétuels jugeront à propos de faire quelque change-
ment à l'arrangement dont ils auront informé le comité, ils en instruiront le
comité pour que lesdits changements soient enregistrés.
41. — Les comitants perpétuels rendront compte à chaque séance du comité
SYNODES PROVINCIAUX. 247
('accélérer, autant que vous le jugerez convenable, la convocation du
"tribunal dont il f'agit & dont vous êtes chargé; vous fentez,
«xMciricurs & très-honorés frères, la juftice de la demande que nous
«vous faifons en faveur de notre très-cher frère & collègue M. Sol;
« nous efpérons que vous y aurez égard & que vous aurez la bonté de
» nous informer au plus tôt de la tenue dudit fynode, etc. »
du résultat des visites qu'ils auront eu soin de faire au commandant, à l'intendant
ou aux autres personnes en place; et il sera fait registre des propos ou faits
remarquables.
42. — Les fonctions des comitants alternatifs sont d'accompagner notre pas-
teur dans toutes les maisons où il ira pour officier, ou pour séjourner, de veiller
à ce que l'on ignore le lieu qu'occupe notre pasteur, de porter la même attention
pour que personne n'aborde notre pasteur sans lui être présenté par un des comi-
tants, de composer les sociétés en choisissant ceux qui seront agréables aux per-
sonnes qui permettront qu'on s'assemble dans leurs maisons, de maintenir le bon
ordre dans lesdites sociétés, d'y faire les fonctions de lecteur pendant le ser\'ice,
et celles de diacre à la tin de l'exercice, en recevant les aumônes des fidèles, et de
prendre connaissance de tout ce qui est relatif au bien de l'Eglise et à la tran-
quillité des fidèles.
43. — Les fonctions communes aux comitants perpétuels et aux comitants
alternatifs sont de rétablir, autant qu'ils le pourront, la paix et la concorde dans
les maisons et dans les familles où régnerait l'esprit de discorde.
44. — Les fonctions des comitants perpétuels et les fonctions des comitants
alternatifs ne sont pas tellement attachées à la qualité de perpétuel et à la qualité
d'alternatif que les uns et les autres ne puissent et ne doivent s'aider mutuelle-
ment dans leurs fonctions, lorsque les circonstances l'exigeront. Au contraire, les
deux classes de comitants ne sont que les parties d'un seul et même tout. Tous les
membres du comité sont égaux en dignité, sans qu'aucun puisse prétendre
prééminence sur les autres; les places de président et de secrétaire ne sont que
des places d'ordre et non de décoration. Tous les membres du comité doivent
être unis par les liens de la vérité, de la charité et de la paix. Ils doivent se sup-
porter mutuellement les uns les autres, s'aider de conseils et de bons offices dans
les affaires d'assistance et de consolation, dans les maladies, de médiation dans
les divisions, vivre ensemble en un mot en amour fraternel et en charité.
45. — Dans l'assemblée qui se tiendra le premier mercredi de chaque mois,
les comitants alternatifs rendront compte de leurs opérations et des sommes qu'ils
auront collectées.
46. — Lorsqu'une place de comitant perpétuel viendra à vaquer par décès
ou autrement, elle ne pourra être occupée que par un des membres anciens du
comité, ou par un des comitants alternatifs en charge; on ne pourra nommer
aucun de ceux qui n'ont point encore eu entrée dans le comité.
47. — Tout comitant promettra sur sa parole d'honneur de garder un secret
inviolable sur toutes les affaires qui seront traitées dans les assemblées et de n'en
donner aucune connaissance aux gens du dehors.
48. — Tous les membres du comité diront en tout temps leur sentiment sur
les affaires mises sur le bureau avec cette franchise et cette liberté qui convient à
des personnes qui cherchent sincèrement la vérité et le bien de leurs frères ; ils
diront leur sentiment avec le plus de clarté et de brièveté qu'il leur sera possible,
et ils ne se serviront pour répondre aux objections qui leur seraient faites que
248 LES SYNODES DU DESERT.
XII.
M. Picard, pafteur, ayant demandé qu'on lui accorde Ion congé,
l'affemblée n'a pas trouvé à propos de lui accorder actuellement fa
demande, vu le preffant befoin des églifes qui lui ont été affedées, &
qui demandent avec inftance la continuation de fon miniftère; mais
nous ayant déclaré qu'il avait des raifons particulières qui ne lui per-
des raisons qui vont à les détruire et à appuyer leur propre sentiment, sans
employer aucun terme dur ou oflensant, ni aucune expression qui sente la
raillerie, se souvenant qu'ils sont au milieu de leurs frères et que St-Paul a
recommandé fortement que toutes nos paroles fussent toujours assaisonnées de sel
avec grâce.
4g. — Tous les membres seront invités à mettre par écrit les propositions
qu'ils voudront faire dans l'assemblée, parce que cela rend les questions plus
claires, que l'on en saisit mieux l'esprit, et que les avis sont plus relatifs à la chose
proposée.
5o. — Tous les membres seront également invités à mettre par écrit leur avis
sur les questions dont la décision sera remise à une autre séance que celle où
elles seront proposées.
5i. — Tous les membres du comité étant commissaires-nés de toutes les
affaires qui sont mises sur le bureau, pourront communiquer leurs observations
sur les matières qui auraient donné lieu à une commission de laquelle ils ne
seraient pas, et l'on aura la même attention à leurs observations que s'ils étaient
commissaires en cette partie.
52. — • Notre pasteur aura la co-présidence, toutes les fois que les occasions
feront tenir les assemblées dans la maison où il se trouvera, et il aura voix déli-
bérative dans toutes les choses qui seront mises sur le bureau en sa présence.
53. — Dans toutes les assemblées où notre pasteur se trouvera, il ouvrira la
séance et il la terminera par les prières indiquées dans l'art. 8 ou par d'autres
équivalentes.
54. — Quoique notre pasteur ait la co-présidence toutes les foii qu'il se
trouvera aux assemblées du comité, ce sera toujours le président ou le secrétaire,
ou le plus ancien des comitants perpétuels présents qui remplira toutes les fonc-
tions et qui jouira de toutes les prérogatives énoncées dans les art. 22 et 24.
55. — La place de notre pasteur dans les assemblées du comité sera toujours
à la droite du président.
56. — La place du secrétaire dans les assemblées du comité sera toujours ;\
la gauche du président.
57. — La place du secrétaire-adjoint dans les assemblées du comité sera
toujours à la gauche du président devant la table qui doit être vis-à-vis du président.
58. — Pour l'ordre de l'assemblée, les comitants auront soin de se placer de
manière que le plus ancien soit à la droite du président ou du co-président, et le
plus jeune à la gauche du secrétaire. A cet effet, le secrétaire veillera à l'exécution
de cet article.
59. — Les comitants perpétuels et les comitants alternatifs se placeront indis-
tinctement les uns parmi les autres suivant leur âge, parce que, comme l'observe
l'art. 44, tous les membres du comité sont égaux en dignité, sans qu'aucun
puisse prétendre prééminence sur les autres.
60. — Le président prendra les voix en commençant par la gauche du
SYNODES PROVINCIAUX. 249
mettaient point d'attendre la tenue de notre prochain fynode provin-
cial, raifons d'ailleurs qu'il ne pouvait pas manifefter à toute l'afTenri-
blée fynodale, on a nomme MM. Dugas & Etienne Gibert, pafteurs,
conjointement avec MM. ServclFier, Rabaud & Baux, anciens de
l'églife de Bordeaux, lefquels, après avoir entendu les raifons dudit
M. Picard &. celles que fes églifes ont de lui refufer fa demande, en
jugeront définitivement.
secrétaire, c'est-à-dire par le plus jeune jusqu'au plus ancien, après lequel il
prendra l'avis du secrétaire-adjoint, celui du secrétaire et celui du co-président,
s'il se trouve dans l'assemblée.
61. — Dans les assemblées générales où l'ordre prescrit par l'art. 58 serait
assez difficile à faire observer, les comitants actuels placeront tous les comitants
anciens au milieu d'eux, en sorte que moitié des comitants actuels étant à la droite
du président et moitié à sa gauche, les anciens comitants se trouveront au centre.
62. — Aucun ministre ne pourra ni prêcher, ni officier dans cette ville, sans
le consentement du pasteur et des comitants, à l'effet duquel consentement il y
aura une assemblée extraordinaire, si le besoin le requiert.
63. — La sûreté de la personne de notre pasteur exigeant les plus grandes
précautions, celui chez qui notre pasteur lait sa résidence ordinaire sera prié de
ne point donner retraite dans sa maison aux ministres que leurs affaires enga-
geraient à passer par cette ville.
64. — Il ne sera admis personne aux sociétés que celles qui seront suffisamment
connues pour avoir les conditions requises, et celles qui n'y auraient pas encore
été admises, ne pourront y avoir entrée qu'après que les comitants de semaine
en auront pris d'exactes informations et en auront fait rapport, soit au président
ou au secrétaire; et il sera fait registre des personnes nouvellement admises.
65. — Les catéchumènes seront interrogés et instruits par notre pasteur,
et il y aura toujours un comitant présent à toutes les actions d'instruction.
6ô. — M. Jousseaume, trésorier, qui veut bien continuer a donner ses soins
à une partie aussi pénible que celle de la répartition des aumônes envers les
pauvres, viendra prendre séance dans le comité toutes les fois qu'il le jugera
à propos, et pour cet effet il sera averti par le secrétaire du jour et du lieu
de nos séances.
67. — 11 sera nommé un adjoint à M. Jousseaume dans ses fonctions de
trésorier pour coopérer avec lui à la répartition des aumônes, si le trésorier a
besoin d'aide, et pour travailler à la confection des comptes.
68. — Tous les ans, au mois d'octobre, M. Jousseaume rendra ses comptes
au président, au secrétaire et à deux des membres alternatifs, et les comitants
qui auront reçu le compte de M. Jousseaume en feront leur rapport à l'assem-
blée générale de novembre.
69. — 11 continuera d'y avoir correspondance entre les comités de Paris,
de Nîmes et de cette ville, et les comitants de Paris et de Nîmes, que les cir-
constances conduiraient parmi nous, auront séance et voix délibérative dans nos
assemblées.
70. — Les membres du comité de Paris et ceux du comité de Nîmes qui
se trouveront dans cette ville lors des assemblées du comité seront invités de
s'y rendre; à cet effet, ils seront conduits par un des comitants au lieu de
l'assemblée et présentés à tous les membres, et leur place sera à la droite du pré-
sident ou du co-président, lorsque notre pasteur se trouvera dans nos assemblées.
25o LES SYNODES DU DESERT.
XIII.
Le colloque du Périgord demandant que le fynode lui accorde
deux pafteurs de plus, eu égard à fon état qui n'eft pas auffi heureux
que celui des églifes de Saintonge, on lui accorde fa demande.
71. — Les lettres que le secrétaire écrira au nom du comité ne pourront
être expédiées qu'après que la minute en aura été lue et approuvée par trois
des membres du comité, et la minute en sera déposée et inscrite sur le registre
des lettres.
72. — Ceux des comitants qui proposeront des questions qui seront rela-
tives à eux-mêmes seront obligés de se retirer de la salle d'assemblée, pour
que les comitants délibèrent avec plus de liberté, et les comitants qui auront
été obligés de sortir rentreront dans la salle, lorsque les questions qui les con-
cernaient auront été décidées.
73. — Les dix-sept articles arrêtés le 4 octobre lySS, restent dans leur
entier et sont confirmés par le présent article, à la réserve de l'art. 1 5 concer-
nant la forme du comité auquel l'assemblée générale du 1 1 septembre a dérogé
pour donner au comité la forme qu'il a maintenant.
74. — Les articles des présents statuts ne sont pas tellement arrêtés que
le comité n'y apporte quelque changement, si les circonstances l'exigent; mais
les articles qui pourraient être ajoutés dans la suite, n'auront force de loi
qu'autant qu'ils auront été approuvés et confirmés par l'assemblée générale de
novembre, parce que le comité, tenant l'autorité qu'il peut avoir de l'assemblée
générale, et ne la tenant qu'aux conditions contenues dans les présents statuts,
il ne peut y apporter aucun changement, aucune augmentation ni diminution,
sans l'approbation de ceux qui l'ont créé.
Rédaction primitive de l'article quinpème :
«On ne pourra proposer pour être inscrite sur ladite liste aucune personne
exerçant un art mécanique, ni aucune de celles que des événements, de quelque
nature qu'ils fussent, auraient mises dans l'impuissance de satisfaire à leurs enga-
gements, et ceux du comité qui à l'avenir essuyeraient un semblable malheur
seront censés avoir donné leur démission par ce seul fait, et il sera procédé
à leur remplacement jusqu'à ce que la Providence leur fournisse les moyens
de se réhabiliter. »
[Séance] du 2 novembre ij6t.
Ce jour, les commissaires, assemblés au désir de la délibération du 1 1 sep-
tembre dernier pour examiner les nouveaux statuts auxquels la nouvelle forme
du comité devait donner lieu, et dont Monsieur Dangirard a bien voulu se charger
et qu'il a eu la bonté de remettre en 74 articles, lesdits commissaires, après un
examen attentif et réfléchi desdits articles, ont cru devoir proposer à l'assemblée «
générale leurs réflexions sur deux articles seulement.
«Article quinze.»
(lArt. i5. — Cet article contient deux parties: la première donne l'exclusion à
toutes personnes exerçant un art mécanique, la seconde donne l'exclusion et
prononce destitution aux membres que des malheurs auraient mis hors d'état
de satisfaire leurs engagements.»
SYNODES PROVINCIAUX. 25 1
XIV.
Les églifes du Périgord ayant demandé qu'un des deux pafteurs
que l'alfcmblée lui accorde fût tiré du corps des anciens pafteurs de
la Saintonge, on n'a pu répondre favorablement à leurs dcûrs.
Observations.
Première partie. — Tous genres mécaniques supposent dans celui ou ceux
qui les exercent un travail de main; cependant il est des travaux de main qui
exigent des lumières et du mérite, non-seulement relativement, mais en général,
ce qui rapproche l'ouvrier de ceux exerçant arts libéraux, s'il ne les confond pas,
du moins à beaucoup d'égards; c'est pourquoi les commissaires vous proposent.
Messieurs, de faire sur cette première partie telle distinction qui sera jugée
nécessaire.
Seconde partie. — Elle a paru trop rigoureuse, en ce qu'elle ne distingue
point le malheureux du coupable; cependant la charité chrétienne ne permet pas
de les confondre. Si le dernier est punissable et mérite le mépris, le premier doit
être plaint et son infortune ne peut pas refroidir notre aflection pour lui.
Il peut se trouver parmi nos frères de cette ville des personnes qui, sans aucune
infidélité, même sans imprudence de leur part, seraient dans le cas prévu par
cette seconde partie, qui cependant sont, à leur infortune près, très-capables d'être
utiles à l'Kglise et très-dignes de la servir. Il est vrai que les églises protestantes
de l'étranger observent ce qui est proposé par cette partie de notre art. i5,
mais cette rigueur n'a peut être trouvé place dans les statuts de ces églises que
dans des temps de prospérité, dont par malheur nous ne jouissons pas, ni pour
le temporel ni pour le spirituel; peut-être même que les conducteurs de ces
églises n'ont pas fait assez d'attention au précepte de l'apôtre: «Que celui qui
est debout prenne garde qu'il ne tombe. » — Précepte qui selon les lieux, les temps
et les circonstances peut s'appliquer au temporel.
Vu ce qui vient d'être dit, les commissaires estiment que cette seconde partie
doit être supprimée pour le présent.
Il Article soixjnte-hiiit. »
68. — Les commissaires estiment que cet article doit être rédigé ainsi :
«Tous les ans, au mois d'octobre, M. Jousseaume sera prié de remettre ou faire
«remettre sur le bureau son compte de recette et dépense, et dans le cas que le
«résultat donnât lieu à une délibération qui ne pourrait pas être prise dans la
« même séance, le président, le secrétaire et deux des membres alternatifs seront
« priés de se charger dudit compte, pour en faire le rapport à l'assemblée générale
«de novembre. »
— Mss. de La Rochelle.
On a indiqué (p. 169) que les religionnaires de La Rochelle, «profitant de la
tranquillité dont on les laissait jouir,» s'étaient empressés de se grouper et de se
constituer en corps. Les statuts des comitants, que l'on vient de lire, et qui par
leur forme et leur détail rappellent à la fois les articles d'une délibération de
consistoire et les actes d'un synode provincial, témoignent clairement que cette
église avait déjà, à cette date, atteint un certain degré de force et de prospérité. Ils
expliquent en même temps cette phrase de Court de Gébelin, à propos de la con-
vocation du synode national de 1763 : «Il est important que [La Rochelle] soit
avertie, par plusieurs raisons, directement, et à part tout autre synode. » La
252 LES SYNODES DU DÉSERT.
XV.
En conféquence des deux précédents articles, MM. Renouleau
& Boutiton, pafteurs, ont été choifis pour aller exercer leur miniftère
dans les églifes du Périgord, jufqu'au fynode provincial prochain.
XVI.
A l'avenir, aucun des quartiers qui compofent notre province
eccléfiaftique ne pourra fe décider fur des fujets qui en concernent
le bien général, fans en donner avis aux colloques refpedifs. Ils fe
communiqueront auffi réciproquement les divers avis qu'on pourra
recevoir intéreffant la caufe commune.
XVII.
Sur la proportion des députés du Périgord & Bas-Agenais por-
tant que les honoraires de MM. les pafteurs feront égaux, le fynode
a décidé que c'eft aux colloques refpedifs à les fixer.
XVIII.
Les églifes de ce royaume fe reffentant encore à plufîeurs égards
des triftes fuites de la révocation de l'Edit de Nantes, celles de cette
province célébreront un jour folennel de jeûne & d'humiliation en
mémoire de ce funefte événement, qu'on a fixé au huitième de
novembre prochain.
XIX.
La propofition des églifes du Périgord touchant la circulation de
MM. les pafteurs dans tous les différents quartiers de la province,
d'année en année, n'a pas été acceptée à caufe des inconvénients qu'on
croit qu'il en pourrait réfulter.
Rochelle formait en effet un groupe complet, vivant de sa propre vie, en dehors
du synode de la Saintonge, et qui tenait à être constitué en corps particulier et
autonome.
Ces progrès incessants de la restauration du protestantisme en France,
mettent en lumière cet extrait d'une lettre que, l'anne'e précédente (août 1760),
le vieux proscrit, B. Duplan, adressait d'Angleterre à Court de Gébelin, qui lui
avait communiqué la mort de son père : « Grâces à Dieu, les églises de France
sont aujourd'hui, malgré les persécutions qui se sont élevées de temps en temps,
dans un état beaucoup plus heureux et plus florissant que lorsque nous avons
commencé, M. votre père et moi, de nous intéresser pour elles. Il y a beaucoup
plus de pasteurs, et les églises sont beaucoup plus nombreuses; et si Dieu exauce
nos vœux et bénit nos soins et celui de nos collègues, la vérité fera bientôt plus
de progrès en France qu'elle n'en a fait jusqu'ici, depuis la révocation de l'Edit
de Nantes.» — Collection E. Lloyd.
SYNODES PROVINCIAUX. 253
XX.
Sur la queftion que les députes de Saintonge ont propofée, fi on
doit adminiftrcr la Stc-Ccnc à ceux d'entre les fidèles qui, fe trouvant
hors d état d'affilier aux affemblécs publiques à caufc de leurs infir-
mités, requerront qu'on la leur adminiftre dans leur maifon, la com-
pagnie en renvoie la décifion au prochain fynode national, attendu
qu'elle intéreffe toutes les églifes.
XXI.
Pour que tout se décide avec la plus exacte équité, il a été arrêté
que, lorfque les intérêts des colloques refpectifs le trouveraient en
conflit, on rendrait les voix égales.
xxu.
On confirme l'art. 19 du dernier fynode, touchant les députés
au prochain fynode national '.
XXIII.
Vu qu'il importe de garder un fecret inviolable fur certaines déli-
bérations eccléfiaftiques, ceux d'entre les confiftoires qui le violeront
feront cenfurés pour la première fois, & en cas de récidive les con-
fiftoires aviferont fur ce qu'il y aura à faire de plus.
XXIV.
MM. les députés du Périgord ont dit être appelants au fynode
national prochain de la décifion portée dans l'art. 1 7 du préfent fynode.
XXV.
Le fynode accorde au colloque du Périgord la liberté d'écrire aux
directeurs du féminaire à Laufanne, en faveur de M. de Becay, (?)
étudiant, & de 1'}' envoyer quand il jugera à propos.
XXVI.
Les églifes de Saintonge feront parvenir à M. Etienne Gibert la
fommc de J34 liv., celles de Bordeaux •24liv., & celles du Périgord
12 liv., pour remplir la taxe à laquelle le fynode national dernier
a affujctti notre province en faveur de Mad[ame] la veuve Bétrine,
laquelle fomme ledit Monfieur fera tenir à ladite dame.
I. C'étaient les pasteurs Sol et Dugas; mais Sol, en 1703, fut remplacé par
Etienne Gibert.
254
LES SYNODES DU DESERT.
XXVII.
Les colloques de Saintonge & Angoumois font chargés de la con-
vocation du prochain fynode provincial.
Ainfi conclu & arrêté lefdits jours & an que deffus.
DuGAs, pafleur & modérateur; J. Q. Sol, part'' &
modérateur-adjoint; Martin, pafl"' &fecrétaire;
J. Picard, part'' & fecrétaire-adjoint.
Synodes provinciaux de 1762.
Synode du Bas- Languedoc.
Au nom de Dieu. Amen.
F. fynode du Bas-Languedoc, afl'emblc au Défert le tren-
tième mars mil lept cent foixante-deux, au nombre de quinze
pafteurs de la province, deux des Hautes-Cévennes &deux
jdes Baffes, fix propofants, quarante & un anciens, députés
des églifcs, après avoir imploré le fecours de Dieu & élu, à la pluralité
des fuflVages, M. Paul Rabaut, pafteur, pour modérateur, & M. Pierre
Encontre, pafteur, pour modérateur-adjoint; M. Jean Pradel, paf-
tcur, pour fecrétairc, & M. Simon Gibcrt, aulli paftcur, pour fecré-
taire -adjoint, a délibéré ce qui fuit :
L'affemblée, pénétrée de la plus vive douleur à la vue des progrès
que fait la corruption, des malheurs qui affligent l'Eglifc ' & du fléau
de la guerre qui continue à défoler l'Europe, ordonne que toutes les
églifcs de la province f'humilicront devant Dieu par un jeûne folennel
le 24" oflobrc prochain, & qu'en attendant les pafteurs feront leurs
I. Un mois avant la réunion du synode, le 19 lévrier, Rochette et les frères
Grenier avaient subi le dernier supplice; le 9 mars 1762, quelques jours après,
Jean Calas était exécuté à Toulouse. Ces événements avaient eu un douloureux et
grand retentissement parmi les religionnaircs; leur correspondance est pleine de
détails et de commentaires sur ce sujet; mais les synodes n'en parlent pas : à peine
font-ils allusion naux malheurs qui affligent l'Eglise.» Un synode du Béarn et un
colloque de Saintonge sont les seuls qui osèrent parler du martyre de Rochette
et de la détresse dans laquelle la mort des frères Grenier avait laissé leur famille.
256 LES SYNODES DU DESERT.
efforts pour porter les membres de leurs troupeaux à Ty préparer
clignement par la repentance & par des jeûnes particuliers.
Paul Rab.\ut, pafteur & modérateur; Encontre, pafteur &
modérateur-adjoint; Jean Pradel, pafteur & fecrétairc.
Les pafteurs ci-après nommés, ne pouvant connaître dans le pré-
fent fynode de la mâlheureufe affaire d'entre les fieurs Mathieu &
Dufès, favoir MM. Paul Rabaut & Pierre Saufïïne, parce qu'ils en
ont jugé en première inftance de concert avec le confifloire de l'églifc
de Nages; MM. Jean Pradel, André Baftide, François Saufîine &
Daniel Thérond, parce qu'ils en ont connu & qu'ils ont prononcé dans
le colloque de Nîmes; M. Vincent, parce qu'il eft du nombre des
témoins, & M. Claude TeifTier, pour d'autres raifons; tous lefdits
pafteurs fe font retirés de l'affemblée, afin de n'être pas préfents ni
quand on traitera de cette affaire, ni lorfqu'on en jugera.
m.
M. Simon Gibert, pafteur & fecrétaire-adjoint, ayant requis d'être
difpenfé de connaître & de juger de l'affaire entre les fieurs Mathieu
& Dufès, l'affemblée, trouvant fes raifons légitimes, lui a accordé fa
demande, & de fuite elle a nommé M. Guizot, pafteur, pour fecrétaire
dans ce qui regarde ladite affaire.
IV.
Le fieur Dufès ayant demandé de vive voix d'être préfent lorfqu'on
ferait lccT:ure à l'affemblée de la procédure concernant le fieur Mathieu
& lui, & par une requête qu'il lui foit permis d'avoir un confeil pour
parler pour lui , la compagnie, répondant favorablement à fa dernière
demande, juge à propos fur la première de lui faire feulement part
de tout ce qui peut lui fervir dans ladite procédure.
V.
Le même fieur Dufès requiert un récolement, confrontation &
audition de témoins, avant qu'il foit prononcé définitivement fur fon
affaire avec le fieur Mathieu ; la vénérable affemblée lui a accordé fa
demande, quoique à la rigueur elle put lui rcfufer & paffer outre au
jugement.
SYNODES PROVINCIAUX. 267
VI.
La compagnie ne pouvant fiéger tout le temps qu'il faudrait pour
exécuter ce qui acte accordé dans l'article précédent, & terminer cette
malheureufc affaire, a jugé à propos de fe proroger dans les princi-
pales parties, favoir les pafteurs& dix-huit anciens, cinq du colloque
d'Uzès, quatre de chacun du colloque de Nîmes, de celui de Som-
mières & de Maffillargues& un du colloque de Montpellier, — enten-
dant que cette nouvelle alTcmblée ne fera qu'une continuation de la
prérente & aura la même autorité.
VII.
Et pour la convoquer, comme auiïi pour faire le récolement & la
confrontation accordée au fieur Dufès & ouïr les nouveaux témoins
qu'il a annoncés, ont été nommés, à la pluralité des fuffrages,
MM. Guizot & Puget, pafteurs, & MM. D.... & B...., anciens.
Encontre, pafteur & modérateur;
Guizot, pafteur & fecrétaire.
Conformément aux deux derniers articles, le fynode, convoqué
par MM. IcscommifTaircs, f'eft raffemblé le 6" mai de ladite année, au
nombre de fix pafteurs de la province, un des Hautes-Cévennes, un
des Baffes & feizc anciens, députés de l'Eglife, deux n'ayant pu fe
rendre parce qu'ils étaient indifpofés; & après l'invocation duSt-Nom
de Dieu, a continue fes arrêts, comme il fuit :
VIII.
MM. les commilfaires, nommés pour mettre la dernière main à
la procédure, ayant rendu compte de leur commiffion, & la ledure
ayant été faite de leur procès-verbal, du récolement & confrontation
des témoins à eux préfentés, de toute la procédure, pour la féconde
fois, & des pièces relatives au procès, tout exactement examiné &
mûrement pefé, l'affemblée, après avoir imploré de nouveau la direc-
tion du St-Efprit, a jugé unanimement que l'accufation intentée par le
fieur Dufès contre le fieur Mathieu n'cft point prouvée. En confé-
quencc, elle le relève de la fentence de fufpenfion prononcée provi-
foirement contre lui par le colloque de Nîmes. Et cependant le trou-
vant coupable d'imprudence & le jugeant digne de cenfure à cet égard,
elle la fait comparaître, & l'a ccnfuré en clTet. lui enjoignant d'être
'7
258 LES SYNODES DU DESERT.
plus réfervé à l'avenir. Enfin, réfultant de la même procédure que
dans cette malheureufe affaire quelques perfonnes de la Vaunage fe
font rendues répréhenfibles, elle charge les pafteurs de ce quartier-là
de leur adreffer les admonitions & les exhortations convenables.
Après ce jugement rendu, MM. Pierre Sauffine, François Sauf-
fine & Claude Teiffier, pafteurs, font entrés & ont pris féance dans
l'affemblée.
IX.
Sur la demande de M. Fayet, pafteur, portant qu'il lui foit donné
ade de la caufe pour laquelle il n'a point de quartier dans la pro-
vince, les députés des églifes, interrogés là-deffus, ont répondu que
c'eft parce qu'il refufe de baptifer en aucun cas les enfants dans le
particulier.
X.
Les fleurs Martin, Bouët& Genolhaac, étudiants, ayant demandé
dans une des précédentes féances d'être examinés pour être reçus pro-
pofants, & cette demande ayant été rappelée dans celle-ci, la compa-
gnie, y répondant favorablement, a nommé MM. Paul Rabaut, Jean
Pradel, Pierre Encontre, Jean Guizot & Pierre Puget, pafteurs, pour
les examiner & les recevoir, fils en font jugés capables & fils portent
de bonnes atteftations des pafteurs & anciens des quartiers où ils fe
trouvent.
Ainfi conclu & arrêté les 3o* & 3i° mars, i" & 2" avril, 6" & 7°
mai 1762 '.
Encontre, part'' & mod'' ; Guizot, pall'' & fecrét.
1 . Au mois de mai, le 1 2, se réunit le synode provincial des Hautes-Cévennes ;
les actes en sont perdus. Mais on en trouve la trace dans une lettre de Cavalier,
dit Chalon, à Rabaut: «...Je vous prie de faire savoir à ceux de Messieurs vos
collègues qui doivent assister à notre prochain synode que nous avons résolu de
le tenir le 12 mai, et qu'il faudra qu'ils prennent la peine de se rendre, le 1 1 au
soir, au lieu du Castanet, sur la route St-Jean-de-Gardonnenque à Florac.» —
Mss. Rabaut III, B. p. 66.
SYNODES PROVINCIAUX. 259
Synode du Bas- Languedoc.
Au nom de Dieu soit fait. Amen.
Le fynode du Bas-Languedoc, affemblc au Défert le dixième
novembre mil fept cent foixante-deux, compofé de quinze pafteurs de
la province, deux des Hautes-Cévennes, huit propofants & dix-neuf
anciens, députés parles églifes, après avoir imploré le fccours de Dieu
& élu à la pluralité des fuffrages M. Paul Rabaut, pafteur, pour modé-
rateur; M. Jean Pradel, pafteur, pour modérateur-adjoint; M. Pierre
Encontre, pafteur, pour fecrétaire, & M. Simon Gibert, pafteur, pour
fecrétaire-adjoint, a arrêté ce qui fuit :
I.
L'aflemblée, prenant en confidération l'arrêté du fynode de Sain-
tonge tendant à demander la tenue du fynode national, ALAL Sol &
Figuières, pafteurs, l'ayant également requis, & autres raifons impor-
tantes en demandant la convocation, — tout pefé, il a été réfolu de
l'allembler & de laiffer à MM. les pafteurs la nomination des deux
anciens qui y devront aflîfter. Pour ce qui eft du jour & du lieu, le
choix en eft laiffé à MM. les pafteurs & anciens qui feront députés à
ladite aflemblée.
II.
Ont été élus pour y affifter MAL Paul Rabaut & Jean Pradel,
pafteurs, & pour fubftituts MM. Pierre Encontre & Simon Gibert,
aufti pafteurs.
ra.
Meflleurs les députés audit fynode national font chargés de lui
repréfenter premièrement que la plupart des catéchumènes & prefque
tous n'apprenant que quelques ferions du Catéchijme de M. Ofterwald,
parce qu'il en eft peu qui aient allez de temps & de mémoire pour [les]
apprendre toutes, il paraît qu'il ferait néceffaire d'introduire l'ufage
d'un catéchifme plus bref, qui renfermât en peu de ferions ce que
la Religion enfeigne de plus effentiel. La province inclinerait pour
V Abrégé du catéchifme de M. Drelincourt; en fécond lieu, qu'il im-
porte démettre en exécution l'arrêté du dernier national, concernant
26o LES SYNODES DU DESERT.
l'introduflion d'un plus grand nombre de cantiques dans nos exer-
cices facrés, & d'y ajouter une table des chapitres qui doivent f 'y lire
& des pfaumes qu'il convient d'y chanter pendant le cours de l'année.
— Troifièmement, vu l'extrême difficulté à ce que l'églife de Peyre-
male foit deffervie par les pafteurs de cette province, les grands dangers
auxquels ils f'expofent par là, les gémiffements des membres de cette
églife qui en fouffrent, & la facilité avec laquelle MM. les pafteurs des
Hautes-Cévennes pourraient la deffervir, lefdits députés requerront
inftamment la vénérable affemblée fynodale de retrancher la fufdite
églife de cette province, & de la joindre à celle des Hautes-Cévennes.
IV.
MM. les pafteurs députés au prochain fynode national font chargés
de faire les choix des cantiques qui leur paraîtront les plus propres à
remplir l'objet de l'un des arrêtés précédents, & de les préfenter à
ladite affemblée fynodale, & pour faciliter ce choix, MM. les autres
pafteurs de la province enverront auxdits députés les cantiques qui
leur tomberont en mains, & qui leur paraîtront convenables.
M. Pic, pafteur des églifes de Provence ', ayant demandé, tant en
fon nom qu'en celui defdites églifes, que le fieur Martin, l'un de nos
étudiants, leur fût cédé, les raifons du premier examinées, & le
fécond ayant acquiefcé à ladite demande, fauf le bon plaifir de la véné-
rable affemblée, elle a bien voulu donner congé audit fieur Martin, qui
déformais appartiendra aux églifes de Provence, & tous les membres
de l'affemblée, en rendant témoignage à la conduite édifiante du fieur
Martin, font [l]es vœux les plus ardents pour le fuccès de fes travaux.
VI.
Le député du quartier de M. le pafteur Gibert ayant expofé que les
confiftoires de Vergèze& d'Aiguefvives avaient député le fieur Jacques
Allier pour lui dire qu'ils f'oppofaient à un arrêté du colloque du
Pays-Bas qui devait être porté au préfent fynode, — comme il paraît
I. Les progrès du protestantisme en Provence étaient lents, mais se pour-
suivaient. C'est à cette date qu'il faut également placer ces quelques mots du
pasteur Cavalier, dit Chalon, au sujet des progrès obtenus à Lyon. «Je suis
charmé d'apprendre ce qui se passe à Lyon,» écrivait-il à Rabaut. — Mss. Rabaut,
III, B., p. 40.
SYNODES PROVINCIAUX. 261
par là que les anciens de Vergèze & d'Aiguefvives fe font affemblcs &
ont délibéré fans pafteurs, contre ce que prefcrit la difcipline,
M. Allègre, pafteur, &M. B..., ancien, ont été nommés pour examiner
fi en effet lefdits anciens font coupables d'une pareille contravention,
&, en ce cas, leur adrcffer la ccnfure qu'ils auront méritée.
VII.
L'affemblcc, prenant en confidération tant le mémoire préfenté
par M. Gibcrt que l'arrêté qu'a fait lù-dcffus le colloque des églifes
du Pays-Bas, exhorte tous les confiftoires & toutes les églifes de la
province à ne rien négliger pour que les pafteurs aient des honoraires
fuffifants pour leur entretien & celui de leur famille, de manière
qu'ils puiffent foutcnir l'honneur de leur état fans être à charge à
leurs amis.
VIII.
Les quartiers feront libres d'envoyer aux affemblées fynodalesun
ou deux anciens avec leur pafteur. A l'égard des frais qui fe feront à
l'occafion de ces affemblées, chacun des députés y entrera pour fa
quote-part, & fuppofé que quelque quartier fe difpenfe d'en envoyer
fans raifon légitime, il fera cenfuré & cependant paiera pour un
député.
IX.
Toutes les églifes du colloque du Pays-Bas entreront dans les
frais que firent les trois députés dudit colloque au dernier fynode
provincial.
X.
L'affemblée, informée qu'on eft difpofé îi admettre quatre de nos
candidats au miniftère dans le féminairede L[aufanne], & voulant pro-
fiter de cet avantage, elle a arrêté d'y envoyer les fleurs Lombard,
Gachon & Valentin, propofants, & fieur Jean Bétrine, étudiant, à la
charge de revenir dans le fein des églifes, lorfqu'ils en feront requis.
Elle exhorte les premiers d'avoir l'œil fur le dernier & fait des vœux
pour qu'ils faffent les plus rapides progrès, afin qu'ils foient plus tôt
utiles aux églifes '.
I. Court de Gébelin écrivait à Rabaut le 3i octobre pre'cédent: «Demandez
au synode provincinl qu'il envoie des étudiants ici; offrez leur toute la bonne
volonté de nos illustres amis. Assurez-leur que vous avez promesse qu'on recevra
ici 4 proposants. Vous savez que je vous offris autant de places ; on s'est rétracté:
qu'ils viennent, ils seront les bienvenus; seulement, qu'ils soient accompagnés
de bons témoignages.» — Mss. Rabaut III, B. p. 1 10.
202 LES SYNODES DU DÉSERT.
XL
M. le pafteur Gibert defTervira Congeniès qui fera joint déformais
à Aubais, fous la réferve que les affemblées qu'il fera pour ces deux
lieux, feront convoquées à la place appelée Garrigue plane.
XII.
Les pafteurs & anciens de chaque quartier f'affembleront une ou
deux fois l'année pour paffer par l'examen, & un pafteur voifm fera
prié d'affifler à ces affemblées pour y préfider, lorfqu'on procédera à
l'examen du pafteur du quartier.
Ainfi conclu & arrêté le même Jour & an que deflus.
Paul Raeaut, pafteur & modérateur; Pradel, pafteur &
modérateur-adjoint; Encontre, pafteur & fecrétaire.
^7^ H"^^ irS^ ffî*^"
Synode du Vivarais.
Aâes dufynode provincial des églifes réformées du Vivarais &
Velay, ajfemblé fous la proteâion divine au Défert, dans le Haut-
Vivarais, le vingt -huit[ième] avril mil fept cent foixante-deux, auquel
ont affijlé trois pajieurs & dix anciens, députes def dites églifes.
Après la lecture de la parole de Dieu & l'invocation de fon St-
Nom, a été réfolu ce qui fuit:
I.
Notre très-cher & bien-aimé frère, M. Jean Blachon, pafteur
dans les églifes de cette province, ayant demandé fon congé, alléguant
que l'éducation de fes enfants & d'autres raifons voulaient qu'il fût
auprès d'eux, l'affemblée lui a préfenté le befoin que ces églifes avaient
de fon miniftère, en lui déclarant qu'elle ne confentirait à fon départ
qu'avec regret, jufqu'à ce qu'il y aurait de nouveaux pafteurs pour
remplir fon pofte. A quoi ledit M. Blachon a répondu qu'il était très-
fenfible aux follicitations qu'on lui faifait, & très-attaché à un trou-
peau qui depuis longtemps était l'objet de fes foins; mais que les
SYNODES PROVINCIAUX. 203
raifons qu'il avait étaient fi fortes, qu'elles le mettaient dans la nécef-
Oté de perfifter dans fa demande.
Sur ce l'affembiée, rétléchiliant de nouveau & reconnaiffant qu'il
y avait de l'injuftice de gêner un pafteur auquel on a de très-grandes
obligations, elle f'efl: déterminée à lui accorder fa demande, efpcrant
de fon zèle qu'il reviendra auiïitôt qu'il lui fera poiïlble & qu'il fera
toujours attaché au bien des églifes, comme elles le lui recommandent
& comme il le fut ci-devant. De quoi elle le remercie, & de tout ce
qu'il a fait en leur faveur; & pénétrée d'une vive reconnaiffance, elle
fait pour lui les vœux les plus ardents & elle ordonne qu'on lui expé-
diera un certificat dans lequel, en rendant juflice à fon mérite diftin-
gué, on déclarera combien on a été content, fatiffait & édifié de fa
conduite & dans lequel on le recommandera à la bienveillance & à la
proteclion de tous ceux d'entre les fidèles de notre communion à qui
il f'adred'era.
Peirot; Vernet.
ttttttf.
Synode du Haut- Languedoc.
Au nom de Dieu. Amen.
Les églifes réformées du Haut-Languedoc, Haut & Bas-Comté
de Foix, [fe font] affemblées en fynode provincial fous la protedion de
Dieu, le dix-huitième février mil fept cent foixante-deux, dans le
Haut-Languedoc, auquel ont aiïifté en qualité de députés MM. Si-
card, Gardes & Sicard le jeune, pafteurs, avec deux anciens chacun,
M. Lafon, pafteur [du] Haut-Comté de Foix, avec deux anciens, &
M. Figuières, pafteur du Bas-Comté de Foix, avec deux anciens,
lefquels , après l'invocation du St-Nom de Dieu, ont délibéré &
arrêté ce qui fuit :
I.
L'affembiée a nommé à la pluralité des voix M. Sicard, pafteur,
pour modérateur, & M. Gardes, pafteur, pour modérateur-adjoint;
M. Lafon, pafteur, pour fecrétaire, & M. Sicard le jeune, pour fecré-
taire-adjoint.
264 LES SYNODES DU DÉSERT.
II.
Vulesdivifionsqui régnent dans les églifes [du] Bas-Comté de Foix
entre M. Figuières, miniftre, qui fut affedé auxdites églifes, & la ma-
jeure partie des anciens & fidèles qui les compofent, fuivant les plaintes
qu'ils ont portées les uns contre les autres, & [les ayant] entendus
pendant deux féances fur toutes leurs conteftations, raifons, exemp-
tions & déclarations des députés defdites églifes, quelles ne veulent
plus être deffervies par lui, — pour mettre fin à cesdivifîons & remé-
dier au fcandale qu'elles ont occafionné, il a été unanimement déli-
béré que M. Figuières ne defTervira plus lefdites églifes du Bas-
Comté, qui feront tenues de lui payer une penfion de 25o liv. pendant
deux années pour lui fervir à fon entretien & de fa famille, fans
préjudice de ce qui peut lui être dû de fon honoraire jufqu'à ce jour,
& qu'il fera en outre procédé, par le pafteur qui defTervira à l'avenir
lefdites églifes, au changement, nomination & réception des anciens
qu'il fera trouvé à propos, en fuivant l'ordre prefcritpar la difcipline;
& le fieur Faure, fils du juge de Saverdun, & Félix Baze, de Mazères,
font & demeureront dépofés de leur charge d'ancien ; & comme dans
notre province il n'y a point de quartier vacant à pouvoir bailler à
deffervir, [M. Figuières] fe procurera durant le cours defdites deux
années une ou plufieurs églifes pour les deffervir, ainfi qu'il le trou-
vera à propos'.
m.
Le fieur Teulier, ancien de l'églife de Saverdun, efl exhorté à ne
plus prendre, comme il a fait, la qualité d'ancien des anciens, n'y
ayant point de prééminence parmi eux.
IV.
Et comme les honoraires de M. Figuières n'avaient pas eu jufqu'à
préfent de règlement fixe, lorfqu'il fervait [le] Haut & Bas-Comté,
la compagnie a trouvé à propos de les régler fur le pied de 800 liv.
par an, à compter depuis le mois de feptembre 1758 jufqu'à ce jour
inclufivement, & en conféquence, il fera payé inceffamment de ce qui
lui refte dû & des dépenfes qu'il peut avoir faites, dont il donnera
un état; bien entendu que l'honoraire depuis le premier juin dernier
regarde en entier les églifes [du] Bas-Comté.
I. Cette affaire fut évoque'e devant le synode national de 1763, qui confirma la
décision du synode du Haut-Languedoc, mais qui ne mit pas fin aux divisions de
ces églises.
SYNODES PROVINCIAUX. 205
V.
Les églifes [du] Haut & Bas-Comté payeront inceffamment 91 liv.
à M. Sicard, pafteur, pour les avances qu'il a faites aux fynodes
nationaux.
VI.
Sur la demande que les églifes [du! Haut & Bas-Comté de Foix
ont faite que M. Figuières ferait tenu de leur fournir un double des
regiftres des baptêmes & mariages qu'il a célébrés au milieu d'elles,
la compagnie la leur a accordée, & M. Figuières, acceptant, a requis
le préfent article.
VII.
La compagnie ayant un prcliant befoin d'un pafteur, on écrira
au plus tôt à M.Crebelfac, furnommé Vernet, un de fes candidats, de
fe rendre inceffamment au milieu de nous. La vénérable affemblce,
en lui accordant la permillion de faire dans l'étranger fes épreuves,
fupplie nos iiluftres amis de vouloir l'examiner; & fils le jugent
capable d'être reçu, il fera confacré après fon arrivée dans ce pays.
VIII.
Le fieur François Lacombe, originaire [du] Haut-Comté de Foix,
& élève de M. Figuières, ayant demandé à la vénérable affemblée
l'agrément d'aller au féminaire pour y perfectionner fes lumières, elle
lui accorde fa demande, fous la condition que, quand il fera appelé,
il viendra deflervir les églifes de cette province, conformément à la
promefle qu'il vient d'en faire ; en conféquence, on a chargé M. Ar-
mand, pafteur, d'écrire à nos iiluftres amis du pays étranger pour les
prier de lui accorder une place dans ledit féminaire, & qu'ils daignent
l'honorer de leur proteflion.
Ainfi conclu & arrêté le 19° février 1762.
Sicard, pafteur & modérateur; Gardes, pafteur & modérateur-
adjoint; Lafon, pafteur & fecrétaire ; Sicard le jeune, pafteur
& fecrétaire-adjoint.
•^'*^~À?'~v'
266 LES SYNODES DU DESERT.
Synode du Béarn.
Au nom de Dieu. Amen.
Les églifes de Béarn, affemblées fous les yeux de Dieu, le dix-neu-
vième mars mil fept cent foixante-deux, au nombre de trois pafteurs,
favoir : fieurs Defferre, Journet & Foffe, dit Richard, pafteurs, accom-
pagne's de vingt-trois anciens, après avoir invoqué le nom du Seigneur,
ont délibéré ce qui fuit :
I.
Ledure ayant été faite des atteftations accordées au fieur Defferre,
pafteur, par les pafteurs de la province du Bas-Languedoc, la com-
pagnie les a approuvées unanimement & fait des vœux au Ciel pour
la continuation & le fuccès dudit fieur Defferre au milieu de nous.
II.
On a élu à la pluralité des fuffrages M. Defferre, pafteur, pour
modérateur de l'alfemblée, pour modérateur-adjoint, M. Foffe, pafteur;
pour fecrétaire, le pafteur Journet, & pour fecrétaire-adjoint, L . . .,
ancien de l'églife de Salies.
m.
A3'ant été fait rapport à l'affemblée, par le député de l'églife
d'Orthez, que la veuve d'un des trois frères qu'on a fait mourir avec
le pafteur Rochette demande d'être fecourue, de même que la famille
qui fe trouve fort pauvre, la compagnie, participant fenfiblement à
leur trifte état, a promis de faire tous [fes] efforts pour difpofer les
églifes à leur tendre au plus tôt une main fecourable.
IV.
On travaillera inceffamment à lever ce qu'on pourra en faveur
d'un fidèle de Lendreffe, dont la maifon a été incendiée.
V.
MM. Defferre, Journet & Fofle, pafteurs, circuleront tour à tour
dans toutes les églifes de la province.
VI,
Lorfqu'un des pafteurs fe trouvera malade ou obligé de f 'abfenter
pour des befoins indifpenfables, en tel cas les affemblées, qui fe feront
SYNODES PROVINCIAUX. 267
dans le quartier d'Orthez & dans celui de Salies par les autres deux
pafteurs, feront générales ; & alors tous les deniers des pauvres, qui
fe lèveront dans chaque affemblée, feront partagés entre les cglifes,
fuivant la taxe du miniftèrc que chaque cglifc paye, pour éviter toute
jaloufie & difcuffion.
VII.
Le quartier d'Orthez aura une affemblée régulièrement chaque
dimanche, lorfque les trois pafteurs ne feront ni malades ni abfents ;
dans le quartier de Salies, l'églife de Salies aura deux dimanches,
& les annexes de Labaftide & Sauveterre le troificme.
VIII.
L'églife d'Orthez cède aux annexes qui lui font attachées, favoir :
Lagor, Maflacq, Ozenx, Arthès, Arance, Lendrcffe & Mont, la hui-
tième de toutes les affemblées qui f'y feront, fous cette condition
cependant que les communions de Noël, Pâques, Pentecôte & Sep-
tembre fe célébreront dans l'églife d'Orthez, fans que les annexes
puilîent prendre aucune part aux deniers des pauvres qui fe lèveront
les jours de Cène.
IX.
Les annexes de l'églife de Salies, lorfque leur tour fera de prendre
l'affemblée, ils la convoqueront toujours à la place par avis, comme
étant la plus à portée de tous les quartiers. Cet ordre fera exadement
gardé, excepté que des obftacles qu'on ne faurait prévoir, les obli-
geaffent de la convoquer ailleurs.
X.
L'églife [de] Baranjufon fera jointe déformais aux églifes de Sauve-
terre, Athos, Labaftide & Carreffe; & dans chaque affemblée, ils
partageront les deniers des pauvres, fuivant la cote que chaque églife
paye pour l'honoraire de MM. les pafteurs.
XI.
La compagnie a fait affurer à chacun de fes pafteurs la fomme de
700 liv. pour l'année dix-feptcent foixante-deux.
Fait & arrêté le jour & an que deffus.
Defferre, modérateur; Fosse, modérateur-adjoint;
Jean Journet & Dan. L., fecrétaire-adjoint.
268 LES SYNODES DU DÉSERT.
Synode de Saintonge, Angoiimois, Périgord,
Agenais et Bordelais.
Au nom de Dieu. Amen.
Ades du fynode provincial de Saintonge, Angoiimois, Périgord,
Agenais, ,Ba:[adais & Bordelais^ tenu le 2^' & Sa" aviHl ij62.
Les églifes de Saintonge, Angoumois, Périgord, Agenais & Bor-
delais, affemblées en fynode, le vingt-neuvième & trentième avril mil
fept cent foixante-deux, auquel ont aflifté MM. Gibert aîné, Dugas,
Martin, Gibert jeune, JaroufTeau, Renouleau & Boutiton, pafteurs,
& dix anciens, députés avec lefdits pafteurs par lefdites églifes, ont
délibéré ce qui fuit :
I.
On a élu à la pluralité des fuffrages M. Dugas, pour modérateur,
M. Gibert jeune, pour modérateur-adjoint, M. Renouleau, pour fecré-
taire, M. Martin, pour fecrétaire-adjoint.
II.
Vu le trille état où fe trouvent encore diverfes églifes du royaume
& le jugement du Ciel qui fe promène depuis longtemps fur la face de
la terre, l'affemblée ordonne un jeûne folennel d'humiliation que toutes
les églifes de cette province célébreront le quatorz[ième] novembre
prochain.
ra.
L'affemblée confirme l'article. . .du fynode provincial de 1760,
& admet en conféquence les églifes du Haut-Agenais à faire corps
avec celles de cette province.
IV.
On blâme M. Solierdu manque d'exaditude qu'il a manifefté à fe
trouver dans les affemblées fynodales, & furtout de ce qu'il n'a pas
écrit diredement à celle-ci pour f'excuferde nef 'y être pas rendu, ainli
que l'ordonne la difcipline; on l'exhorte d'être plus exad à l'avenir à
tous ces égards.
SYNODES PROVINCIAUX. 269
V.
La compagnie confirme le jugement des commiffaires nommés
par le dernier fynode, art. 12, pour e.xaminer la fuHifance des raifons
qui engageaient M. Picard, pafteur, à demander (on congé; mais ce
dernier ne fêtant pas rendu au préfent fynode, bien qu'il en ait été
averti comme il paraît par fa lettre du 6" du courant, & n'ayant pas
obfervé ce qui lui avait été prefcrit à ce fujet par Icfdits commiffaires,
fa conduite a été jugée très-répréhenfibie & contraire à la difcipiine.
En conféquence, on l'exhorte d'être à l'avenir plus religieux obfer-
vateur de l'ordre, & on lui enjoint en outre, vu le befoin preffant des
églifes du Périgord, de retourner dans leur fein, conformément à leur
défir, chargeant Meffieurs les modérateurs de lui faire à ce fujet les
plus vives inftances.
VI.
Vu l'urgente néceffité où fe trouvent les églifes du Montalbanais
depuis le martyre de M. Rochette, la compagnie prie & follicitc
M. Sol, pafteur, de continuer à leur accorder fon miniftèrc, afin de
prévenir par ce moyen leur dépériffement.
VII.
On charge Monfieur le modérateur de répondre à la lettre que
M. Plantier a écrite au préfent fynode.
VIII.
Le fynode ne pouvant accorder un pafteur aux églifes du Haut-
Agenais, conformément à leur demande, & défirant néanmoins de
fubvenir à leurs befoins autant qu'il luieft pollible, leur accorde pour
une année M. la Lande-Dupuy, propofant, laiffant au refte à M. Re-
nouleau, pafteur dans les églifes du Périgord, la liberté d'y faire une
ou deux rondes dans le cours de ladite année, fil le juge à propos,
comme aulFi de fe déterminer enfuite pour la deffertc defdites églifes
de l'Agenais, fi telle eft fa volonté & que lefdites églifes continuent à le
demander,
IX.
L'affcmblée, affligée du peu de déférence de la plupart des églifes
pour l'obfervation de l'art. 16 du fynode national dernier, concer-
nant la tenture, exhorte & enjoint de la manière la plus forte auxdites
églifes de ranimer leur zèle à ce fujet, afin de f'acquitter de leur
devoir, & d'éviter par là un ade fi contraire à la profetTion du pur
270 LES SYNODES DU DÉSERT.
Chriftianifme, ordonne en outre aux pafteurs & anciens d'y tenir
la main.
X.
Attendu que le colloque du Périgord, affemblé le 25* février der-
nier, avait décidé de fe procurer des maifons d'oraifon ' & chargé
M. Gibert, pafteur, d'y travailler, le fynode, premièrement, ne peut
qu'approuver ledit lieur Gibert d'avoir exécuté les volontés dudit
colloque à cet égard, & ne peutconféquemment qu'improuver, comme
il le fait par le préfent arrêté, la conduite de ceux qui f'y font oppofés,
— les cenfurer vivement à cette occafion, — continuer ladémiffion des
anciens de Ste-Foy qui l'ont requife, — dépofer ceux d'Eyneffe qui ont
concouru à ladite oppofition , & priver de la communion ceux d'entre
les fidèles qui ont figné une proteflation contre l'éredion defdites maifons
d'oraifon, jufqu'à ce que les uns & les autres donnent des marques
d'une fîncère repentance, de laquelle les confiftoires refpeélifs connaî-
tront. Secondement, on cenfure en particulier M. Meftre Duroc, comme
principal moteur defdites oppofitions, & fans approuver la manière
dont M. Gibert f 'efl fervi pour le fufpendre de fa charge d'ancien,
l'aflemblée confirme néanmoins ladite fufpenlîon & le dépofe même
de ladite charge à caufe de graves fujets qu'il en a donnés, en voulant
engager dans fon parti les anciens des autres églifes contre le bon
ordre; le tout ayant été ainfi décidé, après la ledlure & l'examen attentif
des mémoires & lettres qui ont été produits de part & d'autre.
XI.
On a trouvé répréhenfiblc l'églife de Bordeaux de n'avoir pas
accepté M. Dupuy l'aîné en qualité de propofant, vu que les com-
miffaires nommés par le colloque de Saintonge, tenu le 16® décembre
dernier, lui avaient fixé fon féjour dans ladite églife jufqu'au préfent
fynode, félon le droit qu'il en avait.
XII.
M. Dupuy l'aîné deffervira en qualité de propofant les églifes de
Saintonge & Angoumois alternativement jufqu'au fynode prochain, &
elles lui paieront chacune fuivant fa taxe au marc la livre la fomme
de 3oo liv. pour fes honoraires, laquelle lui fera comptée la moitié à
la St-Jean prochaine & l'autre moitié à la Noël fuivante.
1. Ces premières tentatives n'étaient pas toujours heureuses. A Pons, en Sain-
tonge, les dragons, qui y e'taient arrive's, avaient transformé les maisons d'oraison
en greniers, ne les ayant pas trouvées «assez commodes pour une écurie».
SYNODES PROVINCIAUX.
■271
XIII.
L'afTemblée confirme l'art. 17 du colloque de Saintonge, tenu
les i6"& 17" décembre dernier, qui porte que les propofants & étu-
diants ne devant e.xercer les fonctions du St-Miniftère, que de l'aveu
& confentement des paftcurs, ceux de cette province feront tenus à
l'avenir de communiquer à quelqu'un d'eu.x les difcours qu'ils vou-
dront prêcher dans les églifes qui la compofent.
XIV.
Nonobftant l'art. 20 du colloque de Saintonge, tenu le[sj 16" &
1 7° décembre dernier, il fera permis au.x propofants de la province de
mettre la robe lorfqu'ils feront appelés à faire les fondions de la chaire;
bien entendu que, lorfqu'ils fe trouveront dans une églife où il y aura
un pafteur qui fera obligé de faire quelques fondions, il la mettra par
préférence.
XV.
Il fera écrit à M. Figuières pour le faire apercevoir des erreurs
qui fe trouvent dans la lettre qu'il a adreffce à Meffieurs les pafteurs
de Saintonge & Périgord, tant par rapport au temps de trois ans &
huit mois qu'il dit avoir refté dans lefdites églifes que par rapport à
la fomme de deux mille cinq cent foi.xante-fix livres, treize fols &
quatre deniers qu'il demande pour fes honoraires defdites trois années
& huit mois, M. Gibert ayant affuré pofitivement qu'il ne lui avait été
promis que 400 liv. par an, & qu'il lui en avait compté comme le fieur
Figuières l'avoue lui-même 400 liv., en forte qu'ayant paru clairement
qu'il n'a reilé en tout dans lefdites églifes que deux années, elles [ne]
lui relient redevables que de la fomme de 400 liv., qu'on charge les
églifes du Périgord de lui payer le plus tôt qu'elles pourront, elles
feules étant redevables de cette fomme, attendu que les 400 liv.
comptées étaient pour la portion de celles de Saintonge, moyen-
nant quoi ledit fieur Figuières doit être content & ne plus écrire à ce
fujet.
XVI.
La penlion de Mad[ame] Bétrine fera payée pour la préfente année
ainfi qu'il a été délibéré de la manière fuivante, favoir : les églifes de
Saintonge 12 liv., celles de l'Angoumois 12 liv., celles de Bordeaux
12 liv., celles du Périgord 12 liv. & celles du Haut-Agenais 12 liv.
272
LES SYNODES DU DESERT.
XVU.
Le fynode ayant été informé par M. Boutiton, miniftre, qu'un
pafteur n'a pas communié hier, même en adminiftrant ce faint facre-
ment, on charge les députés de faire décider au prochain fynode national
fi une telle conduite n'eft pas contraire à l'ordre & à l'édification, &
en attendant, on a enjoint aux pafteurs de la province de fe conformer
à l'ufage reçu.
XVIII.
L'affemblée juge que c'eft au fynode provincial à fixer les
quartiers refpeclifs des pafteurs de la province; ainfi, elle n'approuve
point que le colloque de Saintonge ait fixé ceux de fes pafteurs,
mais on confent cependant que l'arrangement que ledit colloque a
pris à ce fujet fubfifte jufqu'à ce que le fynode provincial en ordonne
autrement, & la préfente affemblée accorde encore le miniftère de
M. Boutiton dans les églifes du Périgord jufqu'au prochain fynode.
XIX.
Vu que plufieurs députés qui avaient été nommés pour le fynode
national prochain dans le fynode provincial de 1760 & confirmés dans
celui de 1761 fe trouvent dans le cas de ne pouvoir remplir cette
miflion, on a procédé à une nouvelle nomination, & on a député pour
ladite affemblée fynodale nationale, dans la fuppofition qu'elle aura
lieu dans le cours de cette année, d'entre les pafteurs MM. Gibert
l'aîné & Dugas, & pour fubftituts MM. Gibert jeune & Jarouffeau, &
d'entre les anciens MM. Ifaac Ranfon & Rommefort, & pour fubftituts
MM. Gerbet & Delbech.
XX.
Les églifes de la côte de Saintonge font chargées de la convocation
du prochain fynode provincial.
Ainfi conclu & arrêté lefdits jours & an que deffus, ledure ayant
été faite.
Dugas, pafteur & modérateur; Gibert, jeune, pafteur &
mode'rateur-ad joint; Renouleau, pafteur & fecrétaire;
Martin, pafteur & fecrétaire-ad joint.
Synodes provinciaux de 1763.
Synode du Bas- Languedoc.
Au nom de Dieu soit fait. Amen.
E fynode du Bas-Languedoc, affemblé au Dcfert le trei-
zième juillet mil fept cent foixante-trois ' & jours fuivants,
au nombre de quinze pafteurs, trois propofants & trente-
idcux anciens, députés par les églifes, après avoir imploré
la direclion du St-Efprit, & élu à la pluralité des lull'rages M. Paul
Rabaut, pafteur, pour modérateur; M. Pradel, aulFi pafteur, pour
modérateur-adjoint; M. Pierre Encontre, pafteur, pour fecrétaire,& M.
Simon Gibert, aulli pafteur, pour fecrétaire-adjoint, a arrc«^é ce qui fuit :
I.
Sur la demande de M. Baftide, pafteur, tendant à obtenir fon
congé & une atteftation touchant la doctrine qu'il a prèchée & la con-
duite qu'il a tenue parmi nous, l'affemblée, extrêmement affligée de fe
voir à la veille de perdre ce digne & zélé ferviteur de J[éfusj-C[hrift],
a député fix de fes miniftres pour l'exhorter à fe défifter de ce delTein ;
ce qu'ayant exécuté, ils ont eu la confolation de réuffir, de quoi la com-
pagnie a béni le Seigneur.
II.
Ledure faite des arrêtés du dernier fynode national =, l'affemblée a
déclaré vouloir f'y foumettre.
1. C'est dans les premiers jours de ce mois de juillet que mourut à Londres
Benjamin Duplan, l'ancien député général des églises, l'ami qui avait autrefois le
plus encouragé Antoine Court à convoquer le premier synode national de 1726.
2. Le huitième synode national venait de se réunir le i'^'' juin.
18
274 LES SYNODES DU DESERT.
m.
En exécution de l'art. 4 dudit fynode national, & à l'exemple
des églifes qui f'y font déjà conformées ou qui l'ont prévenu,
peu après que la paix fera publiée dans les lieux où elle ne l'a
pas encore été, on célébrera un jour d'adlions & de grâces pour cet
heureux événement, & l'on redoublera les prières qu'on eft dans
l'ufage d'adreffer à Dieu pour la confervation de la perfonne facrée du
Roi & de toute la famille royale, ainfi que pour la profpérité du
royaume.
IV.
Suivant l'art. 6 du même fynode, les fidèles font exiiortés à lire
avec affiduité & avec exactitude la parole de Dieu. Et pour en faciliter
l'intelligence, les pafteurs feront au peuple des paraphrafes & autres
inftru(aions familières, autant qu'il leur fera poflible.
V.
Les églifes de cette province fe joindront à toutes celles du
royaume pour célébrer le jour de jeûne & d'humiliation indiqué par
le fufdit fynode national au premier dimanche du mois d'odobre
prochain.
VI.
Pour compofer le formulaire de prières ordonné par l'art. 12 du
même national, ont été élus MM. Rabaut, Pradel & Baftide, pafteurs.
VII.
Comme d'une année à l'autre il furvient des affaires importantes
qui demandent d'être examinées & expédiées avec célérité, & qu'il
ferait trop long & trop difpendieux fil fallait que le fynode f 'affemblàt
pour les expédier, qu'au furplus on pourrait, en attendant qu'il fe con-
voquât, manquer des occafions favorables, — pour toutes ces raifons,
l'aflemblée a compofé un comité qui fera composé pour cette année
de MM. Rabaut, Pradel & Encontre, pafteurs. Ce comité eft chargé
de gérer les fufdites affaires, comme auffi d'entretenir pour la pro-
vince la correfpondance prefcrite par le fufdit national; il fera part
des nouvelles intéreffantes aux frères, qui, de leur côté , lui feront
favoir ce qui arrivera d'important dans leurs quartiers, afin qu'il en
puiffe inftruire la province. Enfin, les frais qu'il pourra faire relative-
ment à fa commiflîon feront fupportés par les églifes du refl"ort du
préfent fynode.
SYNODES PROVINCIAUX.
■275
vni.
Conformément aux art. Sy & 38 du même fynode national, la
province paiera à Mad[ame] Bétrine une penfion de 60 liv. par année,
à commencer au mois de fcptembre prochain, & à M. Court celle
de 90 liv., qui a commencé au premier juin de la préfente année, &
cela pour les bons fervices qu'il a rendus & qu'il efl difpofé à rendre
aux églifes.
IX.
L'affemblce, informée que plufieurs confiftoires & églifes ont exé-
cuté envers leurs pafteurs le fepticme art. du f3'node dernier, ne peut
que les louerd'avoirainfi rempli leur devoir; elle exhorte les autres con-
fiftoires & églifes d'imiter un fl digne exemple, ordonne que chaque
pafteur foit payé dans & par fon quartier, de manière que, comme le
porte le fufdit article, les pafteurs de cette province foient, ainfique le
font ceux de la plupart des autres, mis à même de foutenir leur état
fans être à charge à leurs amis; & quant aux moyens à prendre pour
parvenir à une fi louable fin, le fynode f'en rapporte à la prudence
des pafteurs & des anciens.
X.
Ainfi que le demande la juftice & la charité, les cenfures & les
réparations ne feront pas plus publiques que l'auront été lesfcandales.
XI.
Meftieurs les députés du quartier du Vivarais & de celui de Bé-
darieux ayant demandé chacun un pafteur fi.xe pour les deffervir, &
l'aliemblée ne pouvant leur accorder que M. Mathieu, quoique celui-ci
ait témoigné beaucoup d'affection pour les églifes du diftricl de Béda-
rieux, cependant la compagnie, confidérant que celui du Vivarais n'a
été dellervi pendant plufieurs années que par corvées & voulant déférer
à l'injonclion que le dernier national fait à la province (art. 3g), elle
lui a affecté, pour cette année, le miniftère dudit M. Mathieu.
XII.
Congeniès & Aubais feront annexés au quartier d'Aiguefvives,
Gallargucs & Vergèze, & le pafteur fera libre de convoquer les affem-
blées qui reviendront à ces deux premiers lieux, à telle place que bon
lui femblera.
276 LES SYNODES DU DESERT. •
xm.
Il eft enjoint à tous les colloques de cette province d'arrondir,
autant que faire fe pourra, les diftrids de chaque pafteur.
XIV.
A la réquifition de M. Baftide, pafteur, & vu que l'exercice de la
difcipline eccléfiaftique eft un moyen très-propre à remédier aux fcan-
dales paffés, & à prévenir ceux qui pourraient arriver, l'affemblée
recommande aux pafteurs, anciens, confiftoires & colloques d'exercer
cette difcipline de la manière la plus fcrupuleufe, & fans acception de
perfonnes, fous peine contre les contrevenants d'être cenfurés fuivant
l'exigence des cas,
XV.
L'art. 12 du dernier fynode provincial étant fujet à des inconvé-
nients, la préfente affemblée l'a annulé, & elle ordonne qu'on fuivra,
à l'égard de l'examen du pafteur & des anciens, l'ordre de la dif-
cipline.
Ainfi conclu & arrêté le 14" juillet 1763.
Paul Rabaut, pafteur & modérateur; Pradel, pafteur &
mode'rateur-adjoint; P[ierre] Encontre, pafteur &
fecrétaire ; S[imon] Gibert, fecrétaire-adjoint.
U^ %^k« *J^ »^*
SYNODES PROVINCIAUX.
=77
Synode des Hautes-Cévennes.
Au nom de Dieu soit fait. Amen.
Le fynode des Hautes-Cévennes, [étant] affemblé fous la protection
divine, les fixième& feptième avril mil fept cent foixante-trois, auquel
ont aflifté Meiïieurs Jean Roux, Jean-Pierre Gabriac, Jacques Gabriac,
Henri Cavalier, Jean Méjaneile du Cambon, Charles Bourbon
& Pierre Pierredon,pafteurs de la province, avec vingt & un anciens,
députés par les églifes, après avoir imploré le fecours de Dieu &
nommé Meiïieurs Jean Méjaneile du Cambon modérateur; Jean-
Pierre Gabriac modérateur-adjoint; Henri Cavalier fecrétaire, &
Pierre Pierredon fecrétaire-adjoint, — on a arrêté ce qui fuit :
I.
Que, pour détourner les jugements de Dieu, & f attirer fa pro-
tection & fes faveurs, toutes les églifes de la province célébreront un
jeûne folennel le 26° feptembre prochain, fuppofé que le fynode
national n'en indique point avant ce jour-là.
H.
L'églife de Bordeaux ayant adreffé une vocation à M. Henri
Cavalier, dit Latour', pafteur de la province, le 1" juillet 1762, &
très-inftammcnt follicité l'affcmblée par des lettres qui y ont été lues
de le lui accorder par un congé, quelque défir qu'on eût de le retenir,
on n'a pu que fe rendre aux fortes raifons qu'il a alléguées, fans
preffants motifs, qui Font déterminé à accepter cette vocation; en
conféquence, l'on a fatiffait, quoique avec un vif regret, à fes défirs,
à ceux de cette églife de Bordeaux qui réclame fon miniftère. Tous les
padeurs & toutes les églifes de la province, notamment celles qui ont
été confiées à fes foins dans l'efpace d'environ quinze années, fe font
un plaifir & un devoir de lui rendre les témoignages les plus avanta-
I. Il était également surnommé Chalon, et c'est de ce surnom qu'il signe
plusieurs lettres adressées à P. Rabaut, où précisément il parle du désir qu'il a de
quitter l'église d'.'Vlais qu'il desservait, et des objections, et des difficultés qu'on
soulevait, pour l'empêcher de réaliser son dessein.
278
LES SYNODES DU DESERT.
geux, tant fur fa do£trine, que far fa vie, en adreffant au Ciel les
vœux les plus ardents pour le fuccès de fa nouvelle miffion.
III.
On enjoint à MM. les anciens de ne porter aucune propofition en
colloque, fans qu'au préalable elle n'ait été examinée & couchée par
écrit dans les confiftoires, & en préfence des pafteurs refpedifs de
chaque quartier.
IV.
On leur enjoint auffi de rendre compte au moins une fois par
année des deniers du miniftère & des pauvres, en confiftoire & fous
les yeux de quelques fidèles.
V.
Tous les confiftoires font fortement exhortés de tenir des regiftres
exads des baptêmes, des mariages, conformément aux décifions des
fynodes nationaux fur ce fujet, & de faire rapport aux colloques &
fynodes provinciaux fi ceux de leurs pafteurs font bien en règle.
VI.
Les églifes ayant unanimement demandé l'exécution de l'art. 4
du fynode dernier, concernant les extraits des regiftres des baptêmes
& mariages de chaque communauté dans des cahiers féparés, MM. les
pafteurs font priés de répondre le plus tôt poffible à leurs défirs à cet
égard, tant pour eux que pour les pafteurs morts & abfents, dont ils
ont les regiftres en leur difpofition.
VII.
Les églifes de la province ont témoigné par la bouche de leurs
députés à cette afl'emblée que, très-contentées & édifiées de leurs
pafteurs refpedifs, elles fouhaitaient la continuation de leur miniftère.
VIII.
MM. les pafteurs ayant fait fubir un examen à MM. Molines &
Samuel & rapporté à l'affemblée qu'ils les croyaient en bon état
d'exercer avec fruit & édification la charge de propofant, elle a una-
nimement confenti qu'ils en fufi'ent dès à préfent revêtus, & qu'ils en
touchaffent les honoraires à la St-Michel prochaine.
SYNODES PROVINCIAUX. 279
IX.
Les églifes, fenfibles aux foins que M. Gabriac f'eft donnés
jufqu'ici pour former des fujets en leur faveur, lui en ont demandé la
continuation, & fe font engagées à le défrayer à chaque fynode des
dépenfes qu'il aura faites à cet égard.
Quoiqu'on ait délibéré à la pluralité des fuffrages de MM. les
anciens qu'il était permis à un colloque de refufer d'inférer dans fes
aftes l'appel au fynode provincial qu'un pafteur y aurait interjeté, il
n'cft aucun pafteur qui foit dans l'idée que ce refus foit bien fondé,
fil f'eft trouvé fix députés qui ont été du même avis.
XI.
Tous les membres du fynode, informés des pénibles foins que fe
donnent nos iliuftres & refpectables amis du pays étranger en faveur
des églifes de fon reffort, & pénétrés à ce fujet de la plus vive recon-
naiffance, ont unanimement délibéré de la leur témoigner par une
lettre de remercîments qui leur fera écrite à l'ifTue & au nom de
l'alfemblée.
xn.
MM. les pafteurs ayant déclaré qu'ils fouhaiteraient qu'on leur
fournît à l'avenir de quoi pourvoir eux-mêmes à leur entretien dans
quelques maifons particulières de leurs diftrids refpec^ifs, MM. les
anciens, avant entendu leurs raifons, ont trouvé leur demande jufte &
bien fondée, à la pluralité de 17 voix contre 4. Cependant elle a été
rejetée par le plus grand nombre, fous prétexte que leurs églifes ne
pourraient pas fupporter avec leur ta.xe ordinaire une telle augmen-
tation. Ce qui n'empêchera pourtant point celles qui font en état de
fournir à cette dépenfe de prendre l'arrangement dont il f'agit.
xni.
M. Roux deffervira les églifes qui compofent les communautés
de Genolhac, Chamborigaud, Concoules & Vialas ;
MM. Gabriac l'aîné & Pierredon defferviront tour à tour dans le
courant de l'année, pendant trois mois chacun, les églifes qui com-
pofent la ville d'Alais & les communautés de St-Sébaftien, St-Jean-
du-Pin, Souftelle, Cendras & St-Paul-Lacofte, aufti bien que celles
28o LES SYNODES DU DESERT.
qui compofent la ville de F^lorac & les communautés de la Salle-
Montvaillant, Cocurés, Bedoués, Grizac, Fraiffinet-de-Lozère, Fru-
gères & le haut de la paroiffe de St-Maurice;
M. Gabriac le jeune deffervira les églifes qui compofent les com-
munautés de Blannaves, Laval, la Melouze, St-Martin-des-Boubaux,
St-Etienne depuis la montagne de Vieille Morte jufqu'au Pont de
Brujent, St-Michel, St-Hilair.e [de Lavit], le Collet, St-Andéol,
St-Frézal, St-Privat & la partie baffe de la paroiffe de St-Maurice [de
Ventalon] ;
M. du Cambon deffervira les églifes qui compofent les commu-
nautés de St-Martin-de-Conconac , Saumane, Moiffac, Ste-Croix,
Gabriac, St-Martin-de-Lanfufcle, St-Germain-de-Calberte, la partie
baffe de St-André-de-Lancize & la rivière de St-Etienne ;
M. Vallat deffervira les églifes qui compofent les communautés
de Vébron, le mandement de Rouffes, St-Laurent [de Trêves], Barre,
les Balmes, le Bouquet...., St-Julien [d'Arpaon], Caffagnas, la partie
haute de St-André-de-Lancize ;
M. Bourbon deffervira les églifes qui compofent la ville de Mey-
rueis & les communautés de Gatuzières, St-Martin-de-Camprelade,
Pompidou, Molezon, St-André-de-Valborgne & St-Marcel-de-Fonf-
fouilloufe '.
XIV.
M. Vallat, pafteur de la province, ayant déclaré dans le colloque
de Florac que fon peu de fanté ne lui permettait pas de deffervir en
feul le quartier qui lui ferait affeflé, l'affemblée fynodale lui a una-
nimement accordé lefervice d'un propofant, à l'exception de fix affem-
blées pour le quartier de M. Bourbon. M. Gabriac l'aîné pourra,
avec la même reftridion, difpofer du fervice de l'autre.
XV.
Ceux d'entre les pafteurs qui ont été déchargés de certaines
églifes retireront la moitié de la taxe qui y fera impofée à la St-Michel
prochaine, & celles dont ils ont été chargés leur payeront auffi la
moitié de la leur.
XVI.
Un ancien de l'églife des Plantiers, préfent à un fynode de la
province tenu le 2" juillet 1760, ayant écrit à M. du Cambon, pafteur,
I. On doit lire (p. 140) au lieu de «vingt bouches» Vimbouches, village de la
commune de St-Frézal de Ventalon.
SYNODES PROVINCIAUX. 281
le 9' février dernier, qu'il fe rappelait que lui & tous fes collègues
avaient dit à une perfonne des chofes contraires à un arrêté qui y fut
pris, — l'affemblée, inftruite que l'auteur de cette imputation caiom-
nieufe fen était rétrafté & excufé dans un colloque, fe contente de
charger M. Bourbon, pafteur, de déclarer en chaire dans ladite églife
ce qui feft paffé à ce fujet pour la juftification de MefTieurs les
pafteurs.
XVII.
Sur la queftion propofée pour favoir fi un pafteur doit refufer de
bénir le mariage d'un homme qui avait été marié avec une fille avant
l'âge de puberté, fous prétexte qu'il n'a point cohabité avec elle &
que rOfificial a rendu les parties libres, la compagnie a jugé à propos
de renvo3er la décifion d'un cas fi délicat au prochain f3'node national,
& elle charge fes députés à cette affemblée de fe munir, en attendant,
de toutes les pièces nécelfaires à ce fujet.
xvm.
Quelques particuliers de l'églife de Meyrueis ayant fait rapport
aux anciens qu'on les accufait de pervertir les deniers du miniftère,
ils font fommés de défigner en plein confiftoire ou en préfencc de
deux ou trois de fes membres les auteurs de cette calomnie, afin qu'on
les y fafle paraître pour faire devant un certain nombre de fidèles
une réparation dont le pafteur fera publiquement part à ladite églife,
afin que Meffieurs les anciens foient juftifiés authentiquement.
XIX.
Certains membres du confiftoire de St-Sébaftien ayant fait pro-
pofer au fynode de permettre que les affemblées religieufes qui fe
tiendront à l'avenir dans leur églife foient convoquées tour à tour
dans trois endroits différents, on n'a pas jugé convenable de rien
innover à l'ufage établi depuis plufieurs années dans ladite églife fur
le fujet dont il f'agit.
XX.
On ne changera rien non plus à cet égard par rapport aux églifes
du Collet, de St-.Michcl & de St-Andéol, mais on y tiendra le môme
nombre d'affemblées qu'auparavant & aux places accoutumées.
XXI.
Un particulier de la campagne de Meyrueis ayant demandé, par
un mémoire, quelque alfemblée en faveur des fidèles de fon endroit &
282 LES SYNODES DU DESERT.
des environs, on a rejeté cette pièce comme n'a3'ant point été pré-
fentée en colloque; mais on exhorte cependant le confiftoire dudit
Meyrueis de pourvoir au fervice de ces fidèles d'une manière conve-
nable.
XXII.
Il fera impofé fur les églifes de la province pour l'année cou-
rante, qui écherra à la St-Michel prochaine, trois mille fix cent une
livres, favoir :
pour fept pafteurs à 400 liv 2800 #
pour le fervice de fix mois de M. Latour 200 »
pour deux propofants à 1 10 liv 220 »
pour frais à faire au fynode national à 25 liv. par quartier. lyS »
pour dépenfes imprévues 140 »
pour port de lettres 42 »
pour partie de la penfion viagère accordée à la veuve d'un
paft:eur 24 »
36oi »
De laquelle fomme totale de 36oi livres
le quartier de M. Roux paiera 445 #
Ceux de MM. Gabriac l'aîné & Pierredon, ou la
demi-paye des églifes dont ils ont été chargés . . i23i » 2 f
Celui de M. Gabriac le jeune 474 » 7 »
Celui de M. du Cambon 474 » 7 »
Celui de M. Vallat 474 » 7 »
Celui de M. Bourbon 5oi » 17 »
36oi » o »
XXIII.
Mefïïeurs les anciens de l'églife de St-André-de-Valborgne ayant
employé 62 liv. de leur taxe de l'année dernière à un ufage dif-
férent de celui qui eft prefcrit par l'art. 2 1 du fynode des 1 2"^ & 1 3'' mai
1762, on a délibéré qu'ils doivent être cenfurés & rembourfer nécef-
fairement ladite fomme.
XXIV.
Cette province a député au prochain fynode national, d'entre les
pafteurs, MM. du Cambon & Roux, & à leur défaut, MM. Gabriac
l'aîné & Bourbon, & d'entre les anciens, MM. F..., de l'églife d'Alais
SYNODES PROVINCIAUX. 283
& N..., de celle de St-Julien, & à leur défaut, MM. C..., de l'églife
St-Marcel, & B..., de celle de Meyrueis.
XXV.
Lefdits députés font chargés de prier cette vénérable affemblée:
1° d'enjoindre à tous les pafteurs du royaume de tenir en leur
particulier des rcgiftrcs des baptêmes & mariages, outre ceux que
chaque églife doit garder par devers elle;
2° d'ordonner aux églifes d'être uniformes fur les temps que leurs
anciens choififTent pour recueillir les deniers des pauvres dans les
aliemblées religieufcs;
3° deT-ecommandcr aux provinces l'exécution des art. 28 & 29
du fynode national de l'année 1758, concernant les étudiants qu'elles
envoient au féminaire;
4" de délibérer fi dans chaque province on doit tenir les coi-
loques par députés, conformément à l'art. 3 du fynode tenu dans
celle-ci, les i""" & 2" juillet 1761 ;
5° de ne pas joindre à ladite province la petite églife de Pey-
remale ';
6" d'accorder à l'églife d'Alais le territoire de la dépendance
[du château] d'Avennes & du hameau de Valz pour y tenir fes
affemblécs religieufcs;
7" de décider le cas dont il eft fait mention ci-deffus, art. 17.
Ainfi a été conclu & arrêté dans notre affemblée fynodale, lefdits
jours 6" & 7° avril 1763.
MÉJANELLE DU Cambon, padcuf & modératcur; Gabriac aîné,
pafteur & modérateur-adjoint; Cavalier, pafleur & fecrétaire;
PiERREDON, pafteur & fecrétaire-adjoint.
I . Petite commune du canton de Bessèges (Gard), dont il est souvent question,
parce que les pasteurs du Bas-Languedoc couraient de nombreux périls pour s'y
rendre, et parfois improprement écrite Pierremale.
yyiyiliy
284 LES SYNODES DU DÉSERT.
Synode du Haut- Languedoc.
Au nom de Dieu. Amen.
Les églifes réformées du Haut - Languedoc ', Haut & Bas-
Comté de Foix, affemblées en fynode provincial fous la protedion
de Dieu, le vingt-quatrième mars mil fept cent foixante-trois, auquel
ont affifté en qualité de députés MM. Sicard, Gardes & Sicard le
jeune, pafteurs, avec fix anciens, & cela pour le Haut-Languedoc &
[le] Haut & Bas-Comté ; MM. Lafon & Crebeffac, pafteurs, avec
quatre anciens, lefquels, après l'invocation du St-Nom de Dieu, ont
délibéré & arrêté ce qui fuit :
I.
L'affemblée a nommé, à la pluralité des voix, M. Lafon, pafteur,
pour modérateur, & M. Sicard, pafteur, pour modérateur-adjoint;
M. Sicard le jeune pour fecrétaire, & M. Crebeflac, pafteur, pour
fecrétaire-adjoint.
II.
Sur la propofition que les églifes [du] Haut & Bas-Comté de
Foix ont faite û on pouvait fe difpenfer de tapiffer le devant des mai-
fons, le jour appelé la Fête-Dieu, l'affemblée les renvoie à l'art. 18 du
fynode national tenu en lySS & aux décifions de la difcipline.
m.
Ayant appris que dans les églifes de Saverdun & Mazères il y
avait des perfonnes qui toléraient que leurs enfants aillent à la meffe,
l'affemblée, juftement indignée d'une telle conduite, les exhorte à ne
I. Sur le Montalbanais, on a une lettre du mois de décembre 1763 qui contient
quelques détails intéressants : «Nous jouissons ici, Dieu merci, y est-il dit, d'une
tranquillité parfaite. La campagne s'assemble dans des lieux fixes et en plein jour
tous les dimanches, ce qui est au su de tous, magistrats et autres, de même que
les faubourgs de Montauban. Pour ce qui est des villes, on s'y assemble aussi
régulièrement tous les dimanches, à l'entrée de la nuit, dans des lieux loués et
affectés ad hoc. Nos baptêmes et mariages ne souffrent plus d'obstacles. Point
d'enlèvement d'enfants. Ainsi nous aurions mauvaise grâce de nous plaindre des
procédés actuels des Puissances et magistrats établis sur nous.»
— Mss. Rabaut, III, B. p. 274.
SYNODES PROVINCIAUX. 285
plus le faire dans la fuite, fous quelque prétexte que ce foit, fous peine
d'être fufpendus de la communion '.
IV.
Les députés [du] Haut & Bas-Comté de Foix ont repréfcnté que
M. Figuièrcs, miniftre, fans aucun égard à ce qui fut ftatué contre
lui dans notre dernier fynode provincial du i8° février 1762, conti-
nuait de troubler leurs églifes, foit en y fomentant de nouvelles divi-
fions, foit en y exerçant fon miniftèrc, foit en f'y conduifant d'une
manière fcandaleufe. Vu l'art. 2 dudit fynode & plufieurs pièces qu'ils
ont produites, & entendu lefdits députés tant à ce fujet que fur la
citation légale qu'ils lui ont faite de fe trouver au préfent fynode, à
laquelle il n'a point déféré, & lefdits députés retirés, la matière mifc
en délibération par M. le modérateur-adjoint, il a été unanimement
décidé que M. Figuières eft blâmable ; ce faifant, il lui eft fait inhi-
bition & défenfes d'exercer fon miniftère dans aucune des églifes de
cette province, fous quelque caufe ni prétexte que ce foit, à peine d'être
dépofc, & au furplus il eft enjoint aux anciens des églifes dudit
Haut & Bas-Comté de tenir la main à l'exécution du préfent arrêté,
& aux fidèles de f'y conformer, fous peine contre les anciens d'être
dcpofés de leur charge & les fidèles d'être fufpendus de la communion.
Vu la lettre de furlis pour le fynode national, qu'on a reçue au
point qu'on allait ouvrir les féances, il a été délibéré d'écrire incef-
famment à la province du Bas- Languedoc pour la prier d'en accélérer
la tenue.
I. Les anciens de Mazères avaient établi une école protestante dans leur
maison d'oraison. Le clergé connut la chose, et la dénonça au marquis de Gu-
dannes qui commandait dans le comté de Foix. Il manda les deux instituteurs. —
nOn m'a écrit de toutes parts, leur dit-il, que vous aviez dressé une école protes-
tante. Huit lettres que voilà m'ont fait des plaintes à ce sujet. J'en ai tous les jours
les oreilles rebattues. J'ai voulu savoir de vous-mêmes si le fait était vrai. — Ils
répondirent que oui. — Eh bien, reprit M. de Gudannes, je vous ordonne de dis-
continuer cette école; instruisez vos enfants chacun dans vos maisons; mais
n'allez pas affronter les ignorantins; on m'a écrit que votre école est vis-à-vis la
leur; cela n'est pas bien.... Vous êtes attachés à votre religion; vous voulez la
transmettre à vos enfants; cela est bien raisonnable; mais instruisez-les dans vos
maisons et non dans une école publique.» — Mss. Rabaut (janvier 1763).
286 LES SYNODES DU DESERT.
VI.
L'affemblée a nommé à la pluralité des voix pour affilier au pro-
chain fynode national, en qualité de députés, MM. Sicard & Sicard
le jeune, pafteurs, & pour leurs fubftituts MM. Lafon & Gardes, auffi
pafteurs; MM. Roffelotis & Pomier, anciens, & pour leurs fubftituts
MM. Lopie & Cofte, auffi anciens.
VII.
MM. Etienne Faure, furnommé Gerfon, & Louis Bonifas, fur-
nommé Laroque, originaires du Haut-Languedoc, & étudiants dans
ladite province, ayant demandé à la vénérable affemblée l'agrément
d'aller au féminaire pour y perfedionner leurs connaiffances, elle
leur accorde leur demande, fous la condition que quand ils feront
appelés, ils viendront deffervir les églifes de cette province, conformé-
ment à la promeffe qu'ils viennent d'en faire ; en conféquence, on
écrira à nos illuftres amis du pays étranger pour les prier de les ad-
mettre audit féminaire, & de les faire jouir des avantages qui en font
une fuite, en daignant leur accorder l'honneur de leur protedion.
VIII.
Les députés au prochain fynode national prieront la vénérable
alTemblée de vouloir accorder quelque fecours à Madame la veuve de
S , de l'églife des Bordes, en Comté de Foi.x, vu que ce quartier fe
trouve dans l'impoffibilité de pourvoir à fes befoins.
IX.
Il a été arrêté que le prochain fynode provincial fe tiendra dans
[le] Comté de Foix.
Ainfi conclu & arrêté le 25" mars lyôS.
Lafon, pafteur & modérateur; Sicard, pafteur & modérateur-
adjoint ; Sicard le jeune, pafteur & lecrétaire ; Crebessac,
pafteur & fecrétaire-adjoint.
ÉiÉAÉAÉi
t^^ t^tt «^k> t^«
SYNODES PROVINCIAUX. 287
Synode du Béarn.
Au nom de Dieu. Amen.
Les églifes du Béarn, affemblées fous le bon plaifir de Dieu au
Défert, le dixième mars mil fept cent foixante-trois, au nombre de deux
paftcurs & vingt-deux anciens, après l'invocation du St-Nom de Dieu,
on a élu, à la pluralité desfuffrages, le fieur Etienne Defferre, pafteur,
pour modérateur, & pour modérateur-adjoint le fieur Jean Journet,
pafteur, & pour fecrétaire D. L...., ancien de l'églife de Salies.
La propofition ayant été faite ù l'aHemblée fynodalc, laquelle
rcpréfente toutes les églifes de la province, par Monfieur DelTcrrc,
paftcur, de vouloir agréer un enfant que Dieu lui a donné pour le
préfenter au St-Baptême, l'aiTemblée, en acceptant unanimement
ladite propofition, a nommé D. L... ., a[ncien] de l'églife de Salies, pour
le préfenter au nom de la province.
n.
A l'égard des fidèles qui refufcnt de payer aux pafteurs ce qu'ils
avaient accoutumé de leur payer pour leurs honoraires, quoiqu'ils
foient en pouvoir de le faire, l'alfemblée, déplorant leur ingratitude,
les exhorte à remplir leur devoir à cet égard ; & fils refufent de fe
foumcttre à l'autorité de la difcipline, les fufpend de la Ste-Cène.
III.
L'églife de Caftagnède fera jointe déformais avec l'églife de La-
baftide, qui payeront pour leur portion, favoir: celle de Labaftidc
40 liv., & celle de Caftagnède, 6 liv. pour la fienne.
IV.
L'églife de CarrefTe avec celle de Caflaber ne formeront qu'une
feule églife, ù raifon de leur petit nombre, & payeront entre toutes les
deux 45 liv., favoir : Carrelle, 25 liv., & Calfabcr, 20 liv.
288 LES SYNODES DU DÉSERT.
V.
On f'efl: aperçu qu'il règne dans nos alTemblées religieufes, pen-
dant la ledure de l'Ecriture fainte, du cliant des pfaumes & de la
récitation du catéchifme, beaucoup d'irrévérence & d'indévotion.
L'aifemblée, vivement pénétrée de cet abus, exhorte & conjure les
fidèles de fen corriger' ; elle charge les pafteurs de cenfurer vivement
ceux qui fe comporteront indécemment à l'avenir, pendant qu'on
célèbre nos faints exercices.
VI.
Conformément à l'art. p[remier], qui porte que la province fe
charge de l'enfant que Dieu a donné à M. Defferre, pafteur, [elle] a été
baptifée dans l'aifemblée par led[it] fieur Etienne Defferre, miniftre de
Jéfus-Chrift, & a été préfentée au baptême au nom des églifes de la
province par D. L...., ancien de l'églife de Salies, & a été nommée
Elifabeth, née le 21" novembre dernier, fille légitime dud[it] fieur
Etienne Delîerre & de demoifelle Elifabeth Imbert.
Fait & arrêté lefd[its] jour & an que deffus.
Defferre, p'' & modérateur; Journet, modérateur-adjoint;
L., fecrétaire.
I. Le synode était sévère. Court de Gébelin, qui parcourut le Béarn quelques
mois plus tard, au mois de septembre, écrivait: «J'étais toujours de plus en plus
étonné de la politesse des Béarnais, de leur savoir-vivre, de la bonté de leur
caractère, de leur ardeur pour la religion et de tout ce qu'ils ont souffert pour
elle avant les ministres, et de leur lumière sur cet article; des mères élevant
elles-mêmes leurs enfants avec un succès étonnant; et ces enfants répondant
dans ces assemblées avec un empressement des plus vifs et à l'envi. On y est sept
heures dans ces assemblées, sans impatience, avec plaisir; il est donc tard quand
on en revient, et on finit le reste du jour d'une manière qui leur fait beaucoup
d'honneur ; aussi les catholiques respectent dans ce pays à présent les réformés et
les aiment; le parlement lui-même a beaucoup de penchant pour eux.» — Mss.
Rabaut II, B. (i"'- septembre 1763.)
fffe ^b ^b tffc
SYNODES PROVINCIAUX.
28g
Synode de Saintonge, Angoumois, Périgord,
Bordelais et Agenais.
Au nom de Dieu. Amen.
Aâes dttffnodc provincial de Saintonge, Angoumois, Bordelais,
Périgord, Haut & Bas-Agenais, tenu les dix-huitième, dix-neuvième
& vingt & unième mars, milfepl cent foixante-trois ' .
Les églifes de Saintonge, Angoumois, Bordelais, Périgord, Haut
& Bas-Agenais, affemblées en fynode fous la protection du Seigneur,
le dix-huitième, dix-neuvième & vingt & unième mars mil fept cent
foixante-trois, après avoir imploré l'illumination de l'Efprit faint,
ont délibéré ce qui fuit :
I.
On a nommé, à la pluralité des fufTrages, Meffieurs Dugas pour
modérateur; Viala, dit Germain, pour modérateur-adjoint; Etienne
Gibert pour fecrétaire, & Solicr pour fecrétaire-adjoint, tous pafteurs
de la province.
Colloque de Saintonge et Angoumois du 24 février i yôS.
Au nom de Dieu. Amen.
I . Le colloque des e'glises de Saintonge et Angoumois, assemblé le 24 février
17G3, après avoir imploré le secours du St-Esprit, a délibéré ce qui suit :
1. — A la pluralité des suffrages, on a élu, M. Dugas, pasteur, pour modéra-
teur; M. Martin, pasteur, pour modérateur-adjoint ; M. Jarousseau, pasteur, pour
secrétaire, et M. Richard, ancien, pour secrétaire-adjoint.
2. — M. Gibert l'aîné, ayant pris le parti de s'expatrier, sans demander et
obtenir son congé des églises, contre ce qui est prescrit par le chap. i ""• de la disci-
pline, art. 22, la compagnie a décidé qu'il ne lui sera plus permis d'y revenir pour
y exercer son ministère, qu'au préalable il n'en ait obtenu le consentement des-
dites églises.
3. — Sur la proposition qui a été faite si l'on devait chercher à éclaircir plus
particulièrement les bruits qui se sont répandus en le public contre M. Gibert
l'aîné, au sujet de l'enfant dont la fille de chambre de Madame de la Porte, de
Gémozac, accoucha, le mois de juillet dernier, l'assemblée est d'avis que, vu l'ex-
patriation dudit sieur Gibert, il n'est pas à propos d'entrer dans cette discussion.
4- — Vu l'heureuse tolérance que notre bien-aimé Monarque daigne nous
accorder depuis quelques années au sujet de la profession extérieure de notre sainte
'9
290 LES SYNODES DU DESERT.
n.
M. Renouleau, pafteur, ayant été taxé par plufîeurs perfonnes
de la ville de Tonneins d'avoir qualifié M. Viala, pafteur, d'indolent
& M. Dupuy la Lande, propofant, d'entêté, lefdites accufations ayant
été affirmées par ferment, ledit M. Renouleau n'a pas voulu contre-
dire une pareille autorité; en conféquence, quoi qu'il ait dit ne fe
rappeler pas de f'être fervi de ces termes, il confent de paffer con-
damnation, & a témoigné de la mortification, foit defdits termes, foit
des reproches trop vifs qu'il a faits aux fufdites perfonnes, & les prie
de les oublier.
religion, et l'espérance où nous sommes qu'il nous continuera les mêmes bontés,
desquelles nous travaillons de plus en plus à nous rendre dignes par notre zèle à
son service et par notre attachement inviolable pour notre chère patrie, — le col-
loque improuve et blâme très-fortement la conduite de M. Gibert l'aîné, ainsi que
celle de ceux qui, à sa sollicitation ont donné dans son sens, jusqu'à vouloir s'ex-
patrier avec lui, persuadés que l'on ne doit prendre ce parti que lorsque l'on se
trouve dans le cas dont parle notre Sauveur, quand il dit: «Lorsque l'on vous per-
sécute dans une ville, fuyez dans une autre », ou lorsqu'on a de justes sujets de
craindre qu'on le sera dans la suite.
5. — Le nommé Sérisier nous ayant manifesté qu'il n'était plus dans le des-
sein de continuer ses études, il a été décidé que l'on ne lui payerait plus dès au-
jourd'hui la pension que les églises lui faisaient dans cette vue, et qu'en consé-
quence l'on en informerait incessamment M. de RioUet qui payait cette pension,
afin qu'il ne le fasse plus.
6. — On donne pouvoir à MM. les pasteurs de convoquer le synode provin-
cial prochain, d'en déterminer le temps et le lieu, et d'en informer les députés qui
doivent.y assister.
7. — On a nommé à la pluralité des suffrages pour assister en qualité de
députés au prochain synode provincial avec MM. les pasteurs: pour le quartier
de l'Angoumois, M. Laffond, de St-Genis, et pour son substitut M. Voix Fombelle,
de St-Preuil; pour le quartier de Royan, M. Thomas dudit lieu, et pour son subs-
titut M. Lambert, de St-Fort; pour le quartier de La Tremblade,M. Richard,
d'Etaule, et pour son substitut M. Daunis, de Puyraveau ; pour le quartier de Ma-
rennes, M. Roulleau, de St-Fort, et pour son substitut M. Ficgallet, de St-Jean
d'Angle.
8. — A l'avenir, les colloques ne seront composés que des pasteurs et de
deux anciens de chacun de leurs quartiers respectifs.
g. — L'assemblée, pénétrée de douleur d'apprendre que dans bien des
endroits la jeunesse s'est livrée, pendant le carnaval dernier, à des excès au sujet
de la danse et des plaisirs mondains, exhorte et enjoint aux pasteurs et aux
anciens, ainsi qu'aux pères et aux mères de tenir la main pour que pareils excès
n'aient plus lieu, et surtout pour réprimer toute sorte de mascarades.
10. — La compagnie, informée qu'il y a dans quelques églises des anciens
qui négligent de se rendre aux assemblées consistoriales, ainsi que de remplir les
devoirs essentiels de leur charge, leur enjoint de mieux s'en acquitter à l'avenir ;
faute de quoi, leurs consistoires procéderont contre eux suivant l'exigence du cas.
11. — Sur le rapport qui a été fait que plusieurs personnes faisant profession
SYNODES PROVINCIAUX. 291
III.
Sur la demande qui a été faite de la part des fidèles du quartier
de Nérac d'être annexés au colloque du Haut-Agenais & deffervis
proportionnellement au nombre de pafteurs de ces diftrids, l'alfcm-
blée, approuvant cette demande, l'accorde dans fon entier.
IV.
Sur l'avis de la prochaine tenue du fynode national, on a nommé
pour y affifter, en qualité de députés de cette province, d'entre les
de notre sainte religion ne se rendent aux exercices religieux que lorsqu'il y a
un prédicateur, et que bien d'autres ne se comportent pas dans la maison de
Dieu avec décence et d'une manière relative aux sentiments de respect et de véné-
ration qu'on doit avoir pour tout ce qui regarde le culte divin, l'assemblée, péné-
tré de douleur à ce sujet, exhorte et enjoint les pasteurs et les anciens de faire
tout leur possible pour prévenir ces irrégularités et ces abus.
12. — L'assemblée, informée que dans plusieurs églises les registres de bap-
têmes et de mariages ne sont pas signés régulièrement par les pasteurs qui ont
officié, enjoint aux consistoires des églises de faire en sorte de remédier incessam-
ment à cet inconvénient, en faisant signer [par] chacun des pasteurs qui sont actuel-
lement dans le pays les articles qui les concernent; et à l'égard de ceux dont
les pasteurs sont morts ou absents, on charge le pasteur de chaque quartier de
donner à ces articles la plus grande authenticité dont ils seront susceptibles.
i3. — La compagnie enjoint tant aux anciens qu'aux fidèles de se conformer
à l'art. 5 du chap. X de la discipline, qui porte que, pour prévenir toutes sortes
de superstitions, on doit s'abstenir de faire aucune prière ou prédication ou
aumônes publiques à l'occasion des enterrements.
14. — Comme il peut être essentiel en bien des occasions d'avoir un registre
mortuaire, le colloque est d'avis que, dans chaque église, on en tienne un sur
papier timbre; et on exhorte pour cet effet tous les fidèles chefs de famille de
remettre exactement chacun à l'ancien de son quartier un état de ceux de sa
famille qui viendront à décéder, où il sera fait mention du jour de leur mort, de
leur nom, âge, qualité, etc., lequel registre sera signé à chaque article de deux
témoins, autant que faire se pourra.
i5. — Vu les circonstances actuelles, la compagnie ne peut point avoir égard
à la demande de l'église de La Tremblade, exprimée dans les art. 2 et 3 de son
mémoire, tendant à se procurer un pasteur pour elle seule, ou conjointement
avec les églises d'Avallon et Paterre.
16. — L'assemblée autorise M. Daunis, de Puyraveau, de retirer le plus tôt
qu'il pourra le restant de la somme de 600 liv. que quelques églises avaient prê-
tées à M. de RioUet, sauf audit sieur Daunis, après avoir reçu ladite somme,
d'en faire compte au marc la livre aux églises qui l'ont fournie, suivant l'état
qu'elles en produiront.
17. — Chaque pasteur recevra les honoraires de toutes les églises de son
quartier suivant leur taxe ordinaire; bien entendu qu'ils remettront le surplus de
1000 liv. qui leur ont été assignées ;\ chacun, savoir M. Martin à M. Guédon; M. Ja-
rousseau à M. Decourt; M. Solier à M. RouUeau et M. Dugas à M. Delongueville,
lesquels dépositaires seront tenus d'en rendre compte, ainsi qu'il en sera délibéré
par qui il appartiendra.
2C)2 LES SYNODES DU DESERT.
pafteurs, MM.Dugas&Gibert jeune; pour leurs fubftituts, MM. Mar-
tin & Viala; d'entre les anciens M. Gerbet, de la ville de Bergerac,
& M. Laffon, de St-Genis, & pour leurs fubftituts M. Delbech, d'Iffi-
geac, & M. Richard, d'EtauUe.
V.
L'églife de Bordeaux ayant expofé le befoin qu'elle a de deux
pafteurs pour fa defferte, la compagnie lui donne le pouvoir d'adreffer
une vocation à M. Cavalier, dit Latour, pafteur dans les Hautes-
Cévennes, & charge fes députés au prochain fynode de prier cette
vénérable affemblée de l'accorder aux demandes de cette églife '.
i8. — M. Jarousseau ayant exposé et fait voir qu'il se trouve lésé de 5o liv.
pour satisfaire ses honoraires, et que M. Gibert l'aîné s'en trouverait 60 liv. plus
que sa taxe, on autorise ledit sieur Jarousseau de s'en faire faire compte par ledit
sieur Gibert.
19. — Sur les fortes représentations qui ont été faites par les députés de
Jonzac touchant les pertes considérables que cette église a supportées jusqu'à
aujourd'hui au sujet de la religion, la compagnie la décharge d'un tiers de sa taxe
des honoraires, jusqu'à ce qu'on puisse se procurer un cinquième pasteur.
20. — On recommande l'observation de l'art. 17 du colloque du i5 avril
1761a toutes les églises, et notamment à celle de Souhe et du Port-des-Barques qui
ne l'ont pas observé avec exactitude jusqu'à présent; à défaut de quoi, ils seront
censurés.
21. — Les églises d'Avallon, Pons, Mortagne et St-Fort ont remboursé à
M. Dugas chacune 3 liv., pour la portion des avances qu'il avait faites à l'acquite
des églises de Saintonge en général, selon qu'elles ont été taxées au dernier
synode au sujet de la pension de Mad[ame] veuve Bétrine pour l'année 1762.
22. — M. le modérateur écrira à M. Etienne Gibert pour savoir s'il nous a
expédié les 3o exemplaires de la Discipline qui nous revenaient, et à qui il les a
adressés.
23. — Le député du quartier de La Tremblade au prochain synode repré-
sentera à cette assemblée le besoin où se trouve le sieur Jacques Dumas, étudiant
au séminaire, pour qu'elle y ait égard.
24. — MM. les pasteurs, ou anciens en leur absence, feront à la tête de leurs
églises la lecture des art. 4, q, 1 1, i3 et 19 du présent colloque, et en recomman-
deront l'observation.
25. — L'église de Mornac, avec son pasteur, est chargée de la convocation
du colloque prochain.
Ainsi conclu et arrêté ledit jour et an que dessus.
Dugas, pasteur et modérateur; Martin, pasteur et
modérateur-adjoint; Jarousseau, pasteur et secré-
taire; Richard, ancien et secrétaire-adjoint.
— Mss. de Jarnac.
I. C'est à cette demande que, sans s'engager, Cavalier répondit, (Sept. 1763),
qu'il était touché des sollicitations dont il était l'objet et qu'il ferait tout son pos-
sible pour y répondre. — Mss. de Bordeaux.
SYNODES PROVINCIAUX. agS
VI.
Leséglifesdu Haut-Agenais ayant reprcfenté que, dans différents
temps, elles avaient contribué pour l'entretien de plufieurs féminarillcs
aiHuellement pafteurs dans le Haut-Languedoc, la prochaine alfem-
blée fynodale nationale fera priée d'y avoir égard & d'ordonner qu'il
foit cédé aux fufdites églifes, en conféquence de la demande qu'elles
en font, un defdits pafteurs, ou qu'on les indemnife de ce qu'elles ont
avancé pour cet objet.
vn.
Les députés au fynode national font chargés de communiquer à
cette vénérable affemblée les art. 8 & 9 du fynode de cette province,
afTemblée le !''''& 1" juillet 1 760 ; les art. 3, 17, 20 & 24 de celui qui
fe tint le 2' & 3" juin 1761, & les art. 10 & 17 du fynode de ladite
province, alfemblé le 29^ & 3o° avril 1762; ils la prieront de les
prendre en confidération.
VIII.
Les dépenfes que feront les députés au prochain fynode (f. n.),
pour remplir leur miiïion, feront réparties fur toutes les églifes de la
province au marc la livre,àraifon des honoraires que chaque quartier
paye à fes pafteurs.
IX.
M. Picard, pafteur, ayant demandé fon congé à la province dans
le fynode provincial tenu le 2" & le 3'-' juillet 1761, requérant en
même temps la nomination d'un commiffariat pour examiner fes
raifons qu'il ne trouvait pas à propos de confier i\ toute l'afTembiée, fa
demande lui fut accordée; les commiffaires, en conformité de leur
plein pouvoir &du congé que ledit M. Picard avait obtenu des églifes
du Périgord qui lui étaient affedces, lui permirent de remplir les
engagements qu'il avait pris en fon particulier avec l'églifc de La
Rochelle, & lui enjoignirent de fe trouver au prochain fynode de la
province lors de la tenue de ladite affemblée; ledit M. Picard f'excufa
de f'y trouver, fous prétexte que fon comité ne l'avait pas trouve îi
propos; en conféquence de cette rébellion contre l'ordre de ladite
affemblée fynodale du 29° & 30° avril 1762 cenfura fa conduite
comme contraire à la difciplinc & lui enjoignit de fe rendre dans
les églifes du Périgord, dont les députés requirent le miniftcre, &
MM. les modérateurs furent chargés de l'exhorter de fe foumettre à
254 LES SYNODES DU DESERT.
cette délibération ; mais ledit fieur Picard n'a eu aucun égard, ni à
l'invitation qui lui a été faite par M. Dugas, pafteur de la province,
de fe trouver à la préfente affemblée. Comme une telle conduite eft
diamétralement contraire à l'ordre, & que ledit M. Picard n'a point
eu d'égard aux fommations de la province, la compagnie, ne voulant
pas procéder contre lui félon la rigueur de la difcipline, par la crainte
de multiplier les violations, prie le prochain f3mode n[ational] d'en
connaître & d'en juger.
Les églifes du Périgord ayant requis le miniftère de M. Dugas,
pafteur, l'afTemblée n'a pas cru devoir condefcendre à leur demande.
Les députés du Périgord ont protefté contre le préfent article &
en appellent au prochain f[ynode] n[ational].
XI.
Les Meffieurs Dupuy, propofants, feront admis aux examens au
commencement de juillet prochain, pour être enfuite confacrés, fils
font trouvés compétents pour cela, & on leur permet de refter jufqu'a-
lors dans le quartier qu'ils trouveront à propos, fans être aftreints à
aucune fonction de leur charge.
XII.
MM. Dugas, Martin, Solier, Gibert jeune, JaroulTeau, Renou-
leau & Boutiton, pafteurs, font chargés des examens des MM. Dupuy
ainfi que de leur conviction, de même que de leur affigner un quartier
à chacun jufqu'au fynode provincial prochain.
xin.
Le f[ynode] n[ational] prochain fera prié d'affigner deux pafteurs
aux églifes du Périgord, vu l'extrême befoin où elles fe trouvent & la
difficulté qu'il y a pour les pourvoir dans la préfente affemblée; on
autorife pour cet effet les députés à faire les repréfentations convenables
à ce fujet.
XIV.
Il eft licite aux anciens de faire la collefle pour les pauvres & de
publier les bans dans les fociétés religieufes, quoiqu'il ne f'y trouve
point de pafteurs.
SYNODES PROVINCIAUX. 2q5
XV.
M. Liard, féminarifte, fera admis au nombre des propofants de
la province, au cas que MM. du comité de Laufanne rendent un
témoignage avantageux de fes mœurs & de fa capacité.
XVI.
Sur la demande des députés du Pcrigord qu'on rembourfàt à
leur quartier [les] avances qu'il a faites en faveur de M. Dupuy la Lande
pendant fon féjour au féminaire, l'affemblée refufe d'y avoir égard,
vu que, fi ledit fieur Dupuy ne doit pas être affedé aux églifes du
Périgord, il refte dans la province qui les pourvoira de pafteurs pro-
portionnellement au nombre de fujets qu'elle a dans fon fein.
XVII.
M. Lanne, dit Dubois ', de la ville de Baj'onne, fêtant rendu dans
la préfente affemblée & ayant demandé qu'on examinât les pièces dont
Colloque de l'Agenais du 3 mai iy63.
Au St-Notn de Dieu.
Les églises deTonneins-Dessous, St-Germain, Puch, Monheurt, Grateloup en
Agenais, assistées des fidèles, notables et autres, s'y étant joints par leurs députés
les fidèles du quartier de Nérac en Condomois, assemblées ce jourd'hui, trois
mai mil sept cent soixante-trois, sous la protection du Seigneur, y ont délibéré
ce qui suit :
I. — Savoir que le sieur Dubois, proposant au St-Ministère, actuellement
dans la présente assemblée, sera envoyé dans l'étranger, pour y être consacré au
St-Ministère, et que le voyage et toutes les dépenses pour lui et pour les per-
sonnes qui l'accompagneront seront faites aux frais communs desdites églises.
(Fait et arrêté au Désert ledit jour et an que dessus.) Pour revenir desservir les
susdites églises, et le tout de son consentement, comme il constate par sa signature
et son approbation.
De plus, il est convenu que ledit sieur Dubois, à son arrivée, après sa consé-
cration, sera présenté au plus prochain synode pour y recevoir la main d'asso-
ciation ; au refus dudit synode, lesdites églises déclarent se séparer totalement
dudit tribunal.
Dubois; Metge, ancien; Henry Arthaud, ancien et secrétaire;
PoM.\RÈDE, ancien; Bergere.\u, ancien; Couzin, diacre;
Lagr.\nge Ranquetan, ancien de l'église de Puch; Estaubes,
ancien de St-Germain; Tillet, ancien de Monheurt; Du
BouRDiEu; Demichel, ancien de Grateloup; Lafreneste;
Beaujon; Gimet; Catuffe; Vidouze; Labenne de Pelousan;
Bergereau; Fournie jeune; Toulouze; Rigaud; Pomarède;
Rolland jeûne; Boscas de Catuffe; Aubié; Jaunet; Passet;
Brethon ; Laperche aîné; Noguès; Des Barat; Dupouy
David petit; Danza; Des Barat aîné; Dupouy; Sourbé;
Pallix; Montet; Mensa aîné; Montet; Bréau; Metge;
Taurou, député de Nérac; Arthaud neveu.
— Collection Marquis-Sébie.
2q6 LES SYNODES DU DESERT.
il eft muni pour fe juftifier de plufieurs imputations à fa charge, fa
demande lui a été accordée ; il a produit en fa faveur un témoignage
authentique de Laufanne du 5" avril 1761, un autre femblable du
fynode du Béarn, alfemblé le 19° mars 1762, ainfi que plufieurs attef-
tations de fraîche date de quelques anciens de ladite province. On lui
a oppofé plufieurs lettres poftérieures aux deux premiers témoignages
Colloque de l'Agenais du 5 octobre ijG3.
Au St-Nom de Dieu.
Les e'glises de Tonneins-Dessous, Grateloup, Puch, Monheurt en Agenais,
assemblées ce jourd'hui, cinq octobre mil sept cent soixante-trois, assistées des
notables d'entre les fidèles et les chefs des consistoires, pour prendre en considé-
ration le résultat de la précédente délibération de l'autre part écrite, ont délibéré
ce qui suit, savoir :
1. — Qu'en conséquence de ladite délibération, M. Lanne, dit Dubois, s'étant
transporté dans l'étranger pour se faire consacrer au St-Ministère, il l'aurait été
en effet, suivant l'acte qu'il en a rapporté et duquel, tous ceux qui composent
cette assemblée, ont pris communication, daté de Cothen dans le pays d'Anhalt,
en Haute-Saxe, du seize août mil sept cent soixante-trois, signée : P. Lorient,
V. D. M. et prédicateur de la Cour du prince d'Anhalt-Cothen, et D. Dubuy,
gouverneur des pages de Son Altesse Sérénissime, Monseigneur le prince régnant
d'Anhalt, et J. Coairehourcq, député des églises de la province du Béarn, et
J. Corbun, député des églises de Tonneins, et plus bas par ordre des églises avec
sceau et armes en cire rouge.
2. — En conséquence de quoi, ladite assemblée a délibéré par pluralité des
voix que mondit sieur Lanne, dit Dubois, restera pour desservir lesdites églises,
et qu'il sera prié de ce faire, et qu'il sera pourvu incessamment au remboursement
des avances qui ont été faites, tant pour son voyage dans l'étranger que pour son
séjour et retour ensemble pour de celui qui l'a accompagné dans son voyage.
Et attendu qu'il n'y a ici présent aucun député des églises de Nérac, il a été
aussi délibéré qu'ils seront sous bref délai priés de vouloir bien accéder à la
présente délibération, qui leur sera à cet effet communiquée; leurs églises devant
être également desservies par mondit sieur Dubois.
3. — Il a été de plus délibéré que, suivant ce qui fut résolu, la dernière
assemblée, il sera, le plus tôt que faire se pourra, demandé la tenue d'un synode,
afin que M. Dubois y soit présenté pour y recevoir la main d'association, le tout
relativement à la précédente délibération.
Fait et arrêté les an, mois et jour susdits.
Laperche aîné; Beaujon; Fauché jeune; Brethon;
Arthaud; Labarthe; Fournie jeune; Sourbé;
H. Frellé; Galup; Bertrand; Toulouze; Petit;
Jammes; Dupouy; Dupuy; Bergereau; Laporte;
Metge; Baire; M. Sarrust; Montet; Paul
Couzin; Jean Sibadie; Aubié; Passet fils aîné;
Mensa; Jorry; Dupray; V. Lartigue; Demichel;
Couzin ; Ladeux ; Metge ; Henry Arthaud ;
Lafreneste; Bergereau; Dupouy; Tillet.
— Collection Marquis-Sébie.
SYNODES PROVINCIAUX. 297
ci-defTus indiqués, qui le noircifTcnt de crimes odieux. Il a nié tous
les faits allégués dans Icfdites lettres & donné des raifons de récufation
contre ceux qui les ont écrites ; l'affembiée, ne voulant porter aucun
jugement définitif que fur des preuves delà dernière évidence, charge
M. le fecrétaire de prendre les informations les plus exactes auprès
de MM. du comité de Laufcinne, & prie ces refpedables amis d'avoir
la bonté de fe prêter à ces éclairciffements; en attendant, la compagnie
enjoint de la manière la plus exprcffe audit fieur Dubois de n'exercer
aucune fonction de chaire ou autre qui ait trait au St-Miniftère, fous
quelque prétexte que ce foit, & au cas que ledit fieur Dubois puifle
réulîir à fe juftifier, on confent qu'il foit accordé aux fidèles du quartier
de Nérac, conformément à leur demande. Les pafleurs examinateurs
de MM. Dupuy jugeront de la fuffifance des éclaircilfements qu'on
aura à ce fujet'.
XVIII.
M. Taurou, député des fidèles de Nérac, aj'ant requis le rem-
bourfement de i56 liv. que ce quartier avait remifes au confiftoire
de Clairac pour les honoraires de M. Grenier, dit Dubofc, ci-devant
parteur du Haut-Agenais, alléguant pour raifon que les pafteurs dudit
quartier du Haut-Agenais n'ont fait aucune vifite chez eux jufqu'au-
jourd'hui, l'affembiée ne trouve point cette demande jufte, attendu que
lefdits fidèles ont profité dans divers temps, foit pour baptêmes, ma-
riages, ou affemblées religieufes, [du] miniftère defdits pafteurs.
XIX.
L'églife de Tonneins-DefTous nous ayant député un de fes
membres pour porter des plaintes contre M. Viala, pafteur du Haut-
Agenais, il a été jugé néceffaire de renvo3'er l'examen des plaintes de
ladite églife & de la juftification dudit M. Viala à un commilfariat,
vu que les parties foutiennent des faits contradicloires qu'on ne peut
vérifier que fur les lieux; en conféquence, l'affembiée a nommé pour
I . C'étaient les commencements de divisions qui agitèrent, pendant de longues
années, les églises de l'Agenais et même celles du Béarn où Lannc comptait
quelques partisans. Bien qu'elles n'offrent peu d'intérêt, la correspondance des
pasteurs du Désert est pleine du bruit de ces dissensions, dont l'histoire n'a à se
préoccuper que pour montrer quelles passions, même en face de l'ennemi com-
mun, soulevait dans ce petit monde de persécutés le sentiment tenace de leurs
droits et de leur indépendance individuelle.
2g8 LES SYNODES DU DESERT.
examiner cette affaire Meffieurs Dugas & Gibert, Jean, pafteurs, avec
MM. Gibert & Laffon, anciens, & leur donne pouvoir d'en connaître
& décider définitivement.
XX.
M. Viala, pafleur, efl prié de fufpendre fes fondions paftorales
jufqu'à ce qu'il fe foit pleinement juftifié de tout ce qu'on lui impute,
de laquelle juftifîcation les commiffaires nommés à l'article précédent
jugeront.
XXI.
Les anciens de l'églife de Tonneins-Deffous, & ceux qui fe font
joints à eux, ayant fait prêcher M. Lanne, dit Dubois, contre ce que
prefcrit la difcipline & contre la défenfe particulière qui leur en
avait été faite par M. Viala, ayant auffi fufpendu ledit M. Viala des
fondions de fon miniftère fans appeler aucun pafleur voifin, contre ce
qui eft prefcrit par la difcipline, l'affemblée, à caufe de tous ces griefs,
les cenfure fortement en la perfonne de leur député, les fufpend de
leur charge & laiffe aux commiffaires nommés pour examiner les
accufations portées contre M. Viala la liberté de les réhabiliter ou de
leur infliger de plus grandes peines, fils trouvent que le cas y échoit.
XXII.
Le député des anciens de Tonneins-Deffous a dit interjeter appel
au prochain fynode national de tout ce qui a été délibéré dans la
préfente affemblée le concernant.
xxni.
Les fidèles dépendant de cette province font exhortés & même
enjoints à former des fociétés religieufes tous les dimanches, quoi-
qu'ils n'aient point de pafleurs. Ils obferveront de f'affembler de jour
par préférence, & les anciens font fommés d'y tenir la main '.
I. Le 3o septembre de cette même année, le parlement de Bordeaux rendit
un arrêt qui ordonnait de raser une maison d'oraison où se rendaient les protes-
tants d'Eymet, en Périgord, et qui condamnait à looo écus d'amende ceux qui à
l'avenir loueraient ou vendraient des maisons aux protestants, pour y tenir leurs
assemble'es. n La Saintonge, écrivait cependant le pasteur Gibert, est toujours
souverainement tranquille. » Comme on demandait au premier président Le
Berthon, pourquoi le parlement de Bordeaux avait rendu cet arrêt contre le
temple d'Eymet, il répondit qu'on «n'avait pas pu faire autrement, par certaines
raisons; mais qu'il n'en fallait augurer rien de funeste.»
SYNODES PROVINCIAUX.
XXIV.
299
Sur la demande des églifes du Périgord, on charge les députés
au fynode national de prier cette vénérable affemblée de ftatuer fur
l'art. 28 de notre Confeiïion de foi au fujet du baptême des enfants
proteftants aux églifes romaines.
XXV.
Le fynode national prochain fera prié de décider quel confeil on
doit donner à une femme réformée qui, ('étant mariée avec un catho-
lique romain, l'empêche de pratiquer lesdevoirs que la religion prefcrit.
XXVI.
Le colloque du Haut-Agenais eft chargé de la convocation du
prochain fynode provincial.
Ainfi conclu & arrêté ledit jour & an que deffus.
DuGAS, pafleur & modérateur; Viai.a, paftcur & modérateur-
adjoint; GiBERT jeune, pafteur & fecrétaire; Solier, pafteur
& fecrétaire-adjoint.
HUITIEME SYNODE NATIONAL.
Huitième Synode national
tenu dans le Bas- Languedoc du i"' au lo juin 1763,
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Au nom de Dieu soit fait. Amen.
Ades dnfjnode national des églifes réfor-mdes de France, ajjcm-
blées fous la protedion divine an Déjert, dans le Bas-Languedoc,
depuis le premier du mois de juin mil Jept cent Joixante-trois juf qu'au
dixième inclufivement , auquel ont ajjijîé en qualité de députés :
Pour la province du Haut & Bas-Vivarais, Velay & Fore^:
MM. Pierre Peirot & Alexandre Vernet, pajîeurs, avec deux anciens ' .
Pour la province du Bas-Languedoc: AiyL Paul Rabaut & Jean
Pradel, pajîeurs, avec deux anciens.
I . Pour MM. Rabaut, Pradel, de Goutrespac [Court de Gébelin].
(1 Messieurs nos très-chers et très-honorés frères,
<i Comme vous pourriez être inquiets touchant vos lettres du douze et treize
avril, nous avons l'honneur de vous écrire, pour vous apprendre que nous les
avons reçues et que nous nous rendrons, s'il plaît au Seigneur, au temps et au
lieu qu'elles marquent. 11 nous tarde infiniment d'avoir l'avantage de vous em-
brasser et de vous assurer de vive voix des sentiments d'estime et d'attachement,
avec lesquels nous sommes, Messieurs nos très-chers et très-honorés frères, vos
très-humbles et très-obéissants serviteurs.
Ce i5 mai 1763.
— Mss. Rabaut, III, B.
n Les députés : « Peirot, pour tous. »
3o4 LES SYNODES DU DÉSERT.
Pour la provmce du Haut- Languedoc & Comté de Foix :
MM. Paul-Augujîe Lafon & Pierre Sicard le jeune, pajîeurs, avec
deux anciens.
Pour la ville de La Rochelle & pays d'Aunis : M. N , ancien.
Pour la province du Montalbanais: M. Jacques Sol, pajleur, avec
un atîcien.
Pour la province de Provence: M. Jacques Pic, pajleur.
Pour la province du Dauphiné & principauté d'Orange:
MM. Pierre Roian & Jean Béranger, paJleurs, avec deux anciens.
Pour la p?~ovince des Bajfes-Cévejines & Rouergue : MM. Jean
Gai & Paul Dalgue, paJleurs, avec deux anciens.
Pour la province des Hautes-Cévennes : MM. Jean Roux & Jean
Pie7~re Gabriac, paJleurs, avec un ancien.
Pour la province de Béarn : M. Jean Journet, pajleur, avec un
ancien.
Pour la province de Normandie
Pour la province du Poitou : M. Pierre Pougnard, pajleur, avec
un ancien.
Pour la province de Saintonge, Angoumois, Périgord, Bordelais
& Haut-Agenais ' ; MM. Pierre Dugas & Etienne Gibert, pajîeurs,
avec deux anciens.
ESQUELS députés, après l'invocation du St-Nom de Dieu
& l'exhibition de leurs lettres d'envoi qui ont été approu-
vées, ont élu, à la pluralité des fuffrages, pour modérateur
M. Paul Rabaut, pafteur, & pour modérateur-adjoint
M. Pierre Peirot, pafteur; pour fecrétaire M. Jean Pradel, pafteur,
& pour fecrétaire-adjoint M. Pierre Dugas, pafteur =.
1. Viala écrivait à Rabaut le 14 mai 1763 :
« Comme M. le député des églises du Haut-Agenais n'a point de connais-
sance dans votre province, et devant passer par Nîmes pour se rendre au prochain
syn[ode] n[ational], je prends la liberté de vous l'adresser avec prière de lui faire
indiquer le lieu où ledit synode doit se tenir. Vous le pouvez sans craindre. Il est
de toute confiance, et, d'ailleurs, connu très-particulièrement de MM. Dugas et
Gibert jeune, députés de notre province et qui vraisemblablement passeront par
Nîmes, à peu près dans le même temps que le M[onsieur] que je vous recom-
mande: il pourra vous dire, si vous le souhaitez, les troubles qui désolent ces
contrées. — Viala. « — Mss. Rabaut, III, B, p. 209.
2. Court de Gébelin était arrivé de Lausanne pour assister à ce synode.
C'était un moyen pour lui d'entrer en relations avec les pasteurs du Désert, et
d'arrêter avec eux les termes du mandat, toujours mal défini, qu'il sollicitait de
SYNODE NATIONAL. 3o3
1.
Lecture faite de la lettre que la province de Normandie a adreflee
au prcfcnt fynode national pour fe juftifîer de n'y avoir envoyé aucun
député, fcs raifons ont été trouvées infuÛllantes, & l'afTemblée ne peut
le difpenfcr de témoigner fon mécontentement à ladite province de ce
qu'elle a manqué à l'ordre, en ne voulant fournir ni les fecours nécef-
faires aux frais du voyage, ni un feul ancien pour accompagner fon
pafteur'.
u.
Comme rien n'a plus contribué à l'édification, au bien-être & à la
profpérité des églifes réformées de ce royaume que l'union dans
laquelle Dieu leur a fait la grâce de vivre jufqu'à préfent, tous les
membres du fynode ont renouvelé avec un faint empreffement, tant en
leur nom qu'au nom de leur province, la promeffe folennelle de con-
courir de tout leur pouvoir à entretenir, cimenter & perpétuer cette
union fi jufte& fi avantageufc, en perfévérant à profeffer la même foi,
à célébrer le même culte, à pratiquer la même morale, à exercer la
même difcipline & à fe prêter des fecours mutuels qui marquent que,
comme les premiers chrétiens, ils ne font qu'un cœur & qu'une âme.
leur confiance pour aller les représenter à Paris. Il s'était beaucoup occupé de la
convocation de cette assemblée, retardée de mois en mois; et dès le 5 nov. 1762
il écrivait à Rabaut : « Ne négligez pas, s. v. p., de me marquer à quand le syn[ode]
nat[ional]. Comme une fois on oublia d'adresser des lettres convocatoires à
quelques cg[lises], parce que l'on ne peut penser à tout, je prends la liberté à tout
hasard de mettre ici une liste des lieux auxquels on peut s'adresser: i» En Nor-
m[andie], pour les 2 syn[odes] haut et bas; 2" Le Poitou; 3" La Roch[elle] s. v. p.
Il est important qu'elle en soit avertie, par plusieurs raisons, directement, et à
part tout autre synode; 4» Le sy[node] pro[vincial] de Saint[onge]. Comme il est
fort étendu, je ne sais de quelle façon il aura réglé sa dép[utation], mais on peut
lui adresser les lettres convoc[atoircs] pour Saintes, Angoum[ois], Périg[ord],
pays d'Au[nis], Bordel[ais] et Bazad[ois]; 5" Le syn[ode] d'Agen[ais] ou Haute-
Guy[cnne], Quercy et Montalban[ais]; 6" Le Béarn; 7° Le Haut-Languedoc et
Comté de Foix; S-iS"* Six autres syno[des] qui vous environnent, compris le
vôtre, et que vous connaissez au mieux. U serait bien ù souhaiter qu'il s'y trouvât
quelqu'un de Lyon et de Mars[eille] pour émoustiller ces deux villes. «
— Mss. Rabaut, III, B, p. 1 1 1 .
I. «Nous nous voyons, écrivait dès le i5 mars 17Ô3, Campredon à Rabaut,
dans la même impossibilité de faire une députation, par l'insurmontable diffi-
culté de trouver un ancien qui puisse faire le voyage et de fournir aux frais.. .
J'ajouterai que par le départ de MM. Godefroy et Ranc, je vais rester seul et
j'aurai pendant tout l'été plus d'ouvrage que je n'ai eu encore, étant appelé à
divers endroits où je puis aller avec moins de suspicion que durant la guerre, qui
ne permet l'entrée de nos villes maritimes qu'à gens connus. L'on m'appelle au
Havre que je n'ai pu encore défricher, à Caen, et à diverses maisons isolées.... »
— Mss. Rabaut, III, B, p. 21 5.
20
3o6 LES SYNODES DU DÉSERT.
III.
L'affemblée, défirant de faire connaître fa confiante perfévérance
dans les fentiments d'amour, de refped, d'obéiffance & de fidélité
qu'elle doit au Roi, notre fouverain Seigneur, a cru ne pouvoir mieux
l'exprimer qu'en fe fervant des mêmes termes qu'employa le fynode
national de 1659 par la bouche du célèbre Daillé, fon modérateur:
« Nos fynodes nationaux n'étant en aucune manière préjudiciables au
«fervice de Sa iMajefté, tout au contraire leur principal but étant de
« nous confirmer dans notre religion, dont l'un des premiers & des plus
« importants articles eft de croire que les Rois ont une autorité fouve-
« raine fur toutes fortes de perfonnes, fans en excepter aucun de leurs
«fujets, qui doivent l'honorer en toute chofe, le fervir & lui obéir non-
ce feulement par un principe de crainte, mais auflî par un motif de
«confcience, & être tellement foumis à leurs ordres qu'ils portent
« aufli refped à tous les officiers, tant fupérieurs que fubalternes, dans
« lefquels ils voient reluire le moindre rayon de l'autorité royale, — doc-
« trine que nous tenons des Apôtres, qui nous ordonnent d'être foumis
«aux Rois & à ceux qu'ils auront revêtus de quelques pouvoirs, doc-
« trine que nous tenons des chrétiens de la primitive églife dont nous
«avons appris que les Rois dépendent immédiatement de Dieu & qu'il
« n'y a pas d'autorité médiate entre la leur & celle de la Toute-
« Puiffance. Nous déclarons & réitérons ce que notre dodrine & nos
«adlions ont prouvé mille fois, c'eft qu'après le fervice que nous
« devons à Dieu, il n'y a point de fervice plus facré & que nous devions
« rendre plus fidèlement & plus inviolablement qu'à notre Roi, & nous
«ferons toujours prêts dans toutes les circonftances, à donner de nou-
« velles preuves de cette vérité gravée dans nos cœurs. »
IV.
L'affemblée, prenant toute la part poffîblc à la paix qui vient d'être
donnée à notre patrie, ordonne à toutes les églifes de célébrer un jour
folennel d'adions de grâces, pour remercier Dieu d'un événement auffi
avantageux à l'Etat & pour le prier de continuer à répandre fes plus
précieufes bénédidions fur le royaume, fur le Roi & fur toute la
famille royale ; & chaque province aura foin de f'acquitter de ce
devoir, le plus tôt qu'il lui fera poffiblc, immédiatement après la
publication de la paix '.
1. Les traités de paix de Paris et de Hubertsbourg, qui mettaient fin à la
guerre de Sept Ans, avaient été conclus le 10 et le i5 février 1763.
SYNODE NATIONAL.
3o7
11 a été repréfenté à l'aiïemblée qu'il ferait néceffaire au bien de
nos églifes & conforme aux fcntiments de tous membres qui la com-
pofcnt, de préfenter une très-humble requête au Roi, notre fouverain
Seigneur, dans laquelle on cxpoferait l'état aduel de fes fidèles fujets
de la religion réformée, & on fupplierait Sa Majefté de jeter fur eux
des regards favorables & de leur faire éprouver les heureux effets de
cette vertu bienfaifantc, l'un des plus beaux rayons de la Divinité dont
elle eft l'image ; en conféquence, l'affemblée a arrêté que ladite requête
ferait adreffée & à cet eflèt a nommé trois membres de l'ordre des
pafteurs, auxquels elle laiffe la liberté de fe choifir trois alfociés de
l'ordre des anciens pour y travailler conjointement, & pour en faire
l'expédition dans l'efpace de trois mois au plus tard'.
VI.
La ledure fréquente de la parole de Dieu étant un des premiers
& des principaux devoirs des chrétiens, l'aHembléc, qui a vu avec une
extrême fatiffadion le témoignage avantageux rendu à plufieurs fidèles
qui f'acquittent avec exaditude d'un devoir auflî indifpenfablc, a appris
en même temps avec une extrême douleur que quantité de proteftants
étaient coupables de négligence à cet égard; en conféquence, & pour
empêcher les fuites d'un abus aufli condamnable, elle a recommandé
aux pafteurs de continuer à veiller particulièrement fur la conduite de
leurs troupeaux, à les exhorter de f'acquitter avec affiduité & avec
exactitude de la pratique de ce devoir; & pour faciliter au peuple l'in-
telligence des divines Ecritures qui font profitables à toutes chofes, elle
leur enjoint de faire, autant qu'il leur fera poflible, des paraphrafes &
autres inftrudions familières.
I. Pierre Peirot écrivait le i5 octobre 1763, quelques mois plus tard, à
Paul Rabaut : «Vous sentez, Monsieur, ce que vous êtes obligés de foire prompte-
ment comme modérateur, et en conséquence de la commission dont vous fûtes
chargé. Me reposant, là-dessus, sur votre exactitude et sur votre prudence, je me
contente de vous prier de m'apprendre ce que vous aurez fait. Je vous prie aussi
de me faire savoir si la requête générale, dont vous êtes également chargé, a été
envoyée...» «...Nous sommes tranquilles comme à l'ordinaire. Cette tranquillité
nous encourage à vouloir imiter les frères de Saintonge. Nous avons un bâtiment
comme abandonné, qui est très-propre pour notre dessein. Si le Seigneur veut
que le succès soit heureux, le printemps nous ferons de nouvelles tentatives. Il
importe de faire toujours quelques pas vers le but où nous visons.»
— Mss. Rabaut, III, B, p. 250.
3o8 LES SYNODES DU DESERT.
VII.
La compagnie, vivement affligée de la corruption qui règne dans
le monde & de la privation des avantages fpirituels dont les églifes
réformées de ce royaume jouiffaient fous la faveur de l'édit de Nantes,
ordonne que, le premier dimanche du mois d'octobre prochain, il
fera célébré dans toutes nos églifes un jour folennel de jeûne &
d'humiliation'.
VIII.
L'intérêt de nos églifes & le falut des âmes demandant que le
miniflère foit établi dans les provinces où il ne Feft point encore, fil fe
trouvait quelque pafteur qui voulût aller en miffion, la province de
laquelle il dépendra ne pourra point l'en empêcher, bien entendu que
celui qui voudra fe confacrer à cette bonne œuvre en fera capable; de
quoi trois pafteurs d'une province voifine jugeront.
IX.
Les propofants, qui, du confentement du fynode de leur province,
auront été examinés par les refpedabfes diredeurs du féminaire &
déclarés par eux dignes d'être confacrés, ne feront point affujettis à un
nouvel examen.
Conformément à l'art. 2 1 du fynode national de 1 748, les direc-
teurs du féminaire pourront en exclure ceux de nos propofants en
qui ils ne remarqueront pas les talents fuffifants ou les mœurs
requifes pour parvenir au St-Miniftère, après les avoir éprouvés
pendant le temps qu'ils jugeront à propos.
Colloque du Bas-Languedoc du iJ juin iy63.
I. Le colloque des églises du Pays-Bas, assemblé au Désert le treizième juin
mil sept cent soixante-trois, au nombre de quatre pasteurs, un proposant et
quatorze anciens, députés des églises, après l'invocation du St-Nom de Dieu, a
élu, à la pluralité des suffrages, M. Simon Gibert, pasteur, pour modérateur, et
M. Jean Guizot, aussi pasteur, pour secrétaire.
Messieurs les pasteurs et anciens étant requis si leurs églises étaient en ordre
et ayant répondu qu'elles [l'Jétaient et qu'ils n'avaient rien à proposer, l'assemblée,
très-édifiée, en bénit le Seigneur et exhorte les consistoires et les églises à conti-
nuer dans ce bon ordre.
Gibert, pasteur et modérateur ; Guizot, pasteur et secrétaire.
— Collection P. de Witt.
SYNODE NATIONAL. 3oq
XI.
L'art. 45 du f3mode national de 1756, qui porte qu'aucun étudiant
ne pourra être reçu au féminaire fans l'approbation du fynode de la
province dont il dépend, fera exaiftement obfervé; & on aura foin d'en
informer les refpedables diredeurs dudit féminaire.
XII.
La compagnie, reconnaiffant la néceffité d'un formulaire relatif à
l'état où nos églifes fe trouvent & qui contienne des prières pour le
culte public & particulier, ainfi que pour diverfes circonftances où
plufieurs fidèles peuvent fe rencontrer, notamment une prière qui foit
propre à être lue avant le fermon, a arrêté que ce formulaire fera com-
pofé par la province du Bas-Languedoc & communiqué enfuite au
f3'node national prochain pour qu'il y donne fon approbation, fil le
trouve à propos.
XIII.
Un des membres de l'affemblée a été chargé de compofer un
nouveau catéchifme, adapté à l'état des églifes de ce royaume, dont il
fera envoyé copie à chaque province pour l'e.xaminer; & le réfultat de
chaque e.xamen fera apporté au prochain fynode national, qui jugera
fi ledit catéchifme doit être imprimé.
XIV.
Sur la propofition qui a été faite d'introduire dans le culte public
un plus grand nombre de cantiques, il a été arrêté de f'cn tenir à
ceux qui font déjà en ufiige, à caufe de plufieurs inconvénients qui
réfulteraient d'une telle augmentation.
XV.
Pour contribuer de plus en plus à l'édification des fidèles dans la
célébration du culte divin, il a été jugé convenable de dreffer une
table des chapitres de l'Ecriture fainte qui devront être lus & des
pfaumes & cantiques qui devront être chantés pendant le cours de
l'année; & la province des Baffes-Cévennes a été chargée de dreffer
cette table, qui fera jointe au formulaire réfolu par l'art. 12.
XVI.
La compagnie, confirmant l'art. 18 du fynode national de 1758
concernant la tenture, ne peut que louer les fidèles qui fe font abfte-
nus d'un te! aftc & bénir Dieu de ce que plufieurs pafteurs ont eu la
3io LES SYNODES DU DESERT.
confolation de voir à cet égard des heureux fruits de leur miniftère;
& elle exhorte lefdits pafteurs, ainfi que tous les autres, à continuer
leurs inftrudtions fur cette importante matière.
XVII.
Les lettres, mémoires & autres écrits, qu'on annoncera venir des
comités qui dirigent le féminaire, ne feront reçus comme émanés de
leur part qu'autant que ces pièces feront fignées par le préfident ou
vice-préfident & par le fecrétaire defdits comités.
XVIII.
Une exade correfpondance entre toutes les églifes du royaume
étant jugée néceflaire, on enjoint à chaque province de nommer un
correfpondant pour écrire de trois en trois mois à toutes les autres
provinces & les informer des chofes importantes qui fe pafleront dans
leurs diftridts refpeflifs; & fi, dans l'intervalle des trois mois, il fur-
venait dans une province quelque événement intéreflant, elle aura
foin d'en faire part fans délai aux autres provinces'.
XIX.
Les provinces fe communiqueront les unes aux autres toutes les
affaires qu'elles voudront faire décider au fynode national.
XX.
Les députés de la province du Haut-Languedoc ayant expofé les
raifons qui engagèrent un de leurs précédents fynodes à partager leur
province en deux, l'une fous le nom de Haut-Languedoc & Comté de
Foix, l'autre fous le nom du Montalbanais, lefdites raifons mûrement
pefées, le fynode a approuvé & confirmé cet arrangement.
I. En Béarn, Labourdette-Ségalas fils et Vidal, avocat, furent chargés d'en-
tretenir cette correspondance, « pour ne pas distraire les pasteurs d'ouvrages plus
importants.» (Mss. Rabaut, III, B, p. 271.) — Pomaret, pasteur de Ganges, (Ibid.,
p. 279) avait été nommé correspondant pour les Basses-Cévennes. — On verra
plus loin, dans les actes du synode du Dauphiné de 1764, les noms des corres-
pondants de cette dernière province. Chaque circonscription synodale désigna
ceux qui devaient être chargés de ce service des affaires extérieures; et ce service
prit une extension croissante, à mesure que les idées de tolérance semblaient faire
plus de progrès. Toutes les fois 'que Court de Gébelin fit à Paris des démarches
et combina quelque nouveau projet, il les fit connaître à ces correspondants qui
échangeaient ensuite, entre eux leurs impressions.
SYNODE NATIONAL. 3,,
XXI.
M. Jacques Sol, pafteur du Montalbanais, f ctant plaint que ce
qui le concerne dans l'art. 9 du fynode national de 1758 imprime
une forte de flctriffure fur fon miniftère, en l'excluant du fervice de
l'églifc de Bordeaux, les termes dudit article pefés, ledure faite de la
lettre que ceux qui compofaient la table audit fynode national adref-
fèrent audit fieur Sol, quantité de pafteurs ici préfcnts qui afliftèrent
au même fynode confultes, — l'alfemblée déclare qu'il eft évident
que le fieur Sol ne fut exclu de l'églife de Bordeaux pour aucune faute
qu'il eût commife, mais uniquement pour ne donner aucun prétexte
aux auteurs & fauteurs du fchifme & parvenir ainfi plus aifément &
plus fûrement à l'éteindre, en forte que rien n'empêche que ledit fieur
Sol ne puilfe être pafteur de l'églife de Bordeaux, fi cette églife lui en
adreffe la vocation.
XXII.
A la réquifition des colloques de Saintonge, Angoumois& Bor-
deaux, l'affemblée les autorife à faire à l'avenir une province ecclé-
fiaftique, & ceux du Périgord & Haut-Agenais une autre, — bien
entendu que les colloques de Saintonge, Angoumois & Bordeaux ne
pourront prétendre que fur deux des propofants qui appartiennent à
la province en général, telle qu'elle a été jufqu'à préfent, & que tous les
autres propofants, fur lefquels elle a droit, appartiendront déformais
auxdits colloques du Périgord & Haut-Agenais, & qu'en attendant
que lefdits propofants foicnt miniftrcs, les pafteurs de Saintonge,
Angoumois & Bordeaux delferviront alternativement trois mois
chacun lefdits quartiers du Périgord & Haut-Agenais, à titre de prêt
pendant deux années.
XXIII.
Vu l'appel interjeté par le fieur Figuières", ci-devant pafteur dans
le Comté de Foix, des articles le concernant dans les ades des fynodes
I. Les lettres que l'on publie ici, à l'occasion de ce dernier synode national,
donnent assez exactement l'impression des mouvements divers qu'excitait dans ce
petit monde de proscrits, où s'agitaient bien des passions, la convocation de ces
solennelles assemblées. Paul Rabaut avait invite Figuières à venir présenter ses
moyens de défense; celui-ci répondit:
0 Monsieur et très-honoré frère en J[ésus]-Ch[rist].
« Pour être surpris, il ne me fallut que recevoir si tard votre lettre du 18 avril,
et qu'être appelé au synode national avant que de voir des personnes pour con-
naître les faits qui nous divisent. Rien aussi de plus propre pour me faire préparer
3 12 LES SYNODES DU DESERT.
provinciaux du Haut- Languedoc du 3° juin 1 761, du 18" février 1762&
du 24" mars 1763, ouï le rapport des commiffaires nommés par l'affem-
blée pour l'examen des pièces concernant ledit appel, & ledit fieur Fi-
guières ayant été entendu fur tous les chefs d'accufation portés contre
lui par plufieurs particuliers & confiftoires du pays de Foix, tant devant
le fynode provincial du Haut-Languedoc que fur ceux qui réfultentdes
nouvelles plaintes touchant l'exécution des arrêtés defdits fynodes; —
ledit fieur Figuières ayant été en outre dûment récolé dans fon inter-
rogatoire en préfence de l'aflemblée, le tout mûrement pefé & examiné,
la compagnie a reconnu: 1° que ledit fieur Figuières f'efl rendu cou-
pable de dureté envers un de fes anciens élèves pour l'avoir manuel-
lement maltraité ; 2" qu'il eft aufli très-répréhenfible pour le manque
d'attachement qu'il a manifefté envers fon époufe & fa famille, ayant
négligé de pourvoir à leur fubfiflance & vécu féparé de fon époufe
depuis le mois de juillet dernier, quoiqu'il ait habité dans fon voifi-
nage ; 3" qu'il eft encore coupable d'imprudence & d'inconfidération
en ce qu'il a refufé de déférer aux fages avis que quelques perfonnes
lui ont donnés en divers temps fur le fcandale que caufait aux églifes
une fréquentation trop marquée qu'il affedait avec une certaine per-
fonne, qui, quoiqu' exempte de reproche, fervait de prétexte à des
difcours fcandaleux; 4° qu'il eft de plus coupable d'inconfidération
envers plufieurs anciens des églifes du Comté de Foix, foit en accufant
les uns, foit en dépofant ou créant les autres, fans le concours ou l'aveu
des confiftoires déjà établis ou des colloques du quartier, & d'avoir en
cela violé l'ordre de la difcipline; 5" enfin, la compagnie n'a pu f 'em-
pêcher de le déclarer rebelle à l'autorité eccléfiaftique, en ce qu'il a
exercé les fondions du St-Miniftère dans le Comté de Foix, contre la
défenfe expreffe qui lui en fut faite par le fynode provincial du Haut-
Languedoc tenu du 18° février 1762.
les moyens de défense, que votre lettre du 2 de ce mois, que je reçus samedi
dernier, pendant que j'étais en chaire pour officier au Mas-d'Azil. Hé! quels
motifs plus pressants pour m'engager à me rendre au synode, que ceux que
Monsieur de Goutrespac me présente dans ses lettres du 4, que je reçus hier. J'ai
travaillé depuis 8 jours à dresser mes mémoires; j'en ai encore pour autant de
temps, quoique j'aie de bonnes plumes, pour les mettre au net. Dès qu'ils seront
finis, je me mettrai en chemin pour les remettre à la vénérable assemblée, pour
laquelle je dresse des vœux les plus ardents. Je suis, etc.
«Figuières.»
Ce 20 mai 1763.
— Mss. Rabaut, III, B, p. 221.
SYNODE NATIONAL. 3,3
Pour tous ces cas, raffemblée, jugeant d'ailleurs qu'il eft de la
dernière conféquence de remédier à de fcmblables abus qui font non-
feulement contraires à l'édilication publique, mais encore capables de
mettre en mauvaife odeur le corps des pafteurs en général, a arrêté
que ledit fieur Figuières demeurera fufpendu de toute fondion du St-
Miniftère pendant l'cfpace d'une année, à compter de ce jour, & que
ladite année révolue, il fera rétabli dans les fonctions paftoraies par
MM. les palleurs des Balles-Cévennes, qui lui afligneront un quartier
dans les églifes qu'ils jugeront ù propos & où il fera légitimement
appelé, autres néanmoins que les églifes [du] Comté de Foix, — laquelle
réhabilitation ne pourra toutefois avoir lieu qu'autant que ledit fieur
Figuières fe fera conftamment conformé au préfent arrêté & qu'il fera
en forte de vivre dorénavant en bonne intelligence avec fon époufe,
habitera avec elle, l'entretiendra fuivant fon pouvoir & évitera foigneu-
fement toute fréquentation qui pourrait donner lieu àdesdifcoursfcan-
daleux, l'exhortant à fentir toute l'irrégularité de fa conduite palfée
& à la réparer par une fincère repentance & par une vie plus conforme
à la dignité du St-Miniftère. La compagnie lui déclarant expreflement
qu'en cas de défobéiffance de fli part il demeurera ipfo faélo entière-
ment dépofé.
XXIV.
L'ademblée enjoint aux églifes & aux perfonnes qui font rede-
vables au fieur Figuières de le payer au plus tôt & exactement, vu
l'extrême befoin où il fe trouve ; & elle charge les pafteurs des lieux
où il lui eft dû d'y tenir la main.
XXV.
La compagnie, fentant la juftice qu'il y a de pourvoir à l'entretien
du fieur Figuières pendant le cours de l'année de fa fufpenfion, enjoint
aux églifes [du] Comté de Foix, où il a exercé fon miniftère pendant
plufieurs années, à continuer de lui payer la fomme de ibo liv., ainfi
qu'elles étaient chargées de le faire par le fynode provincial du Haut-
Languedoc'.
Colloque général tenu dans le Haut-Languedoc, dans le Désert, le 20 août iy63.
Au nom de Dieu soit fait. Amen.
I. Nous, les pasteurs et anciens des églises réformées du Haut-Languedoc,
assemblés en colloque général le vingtième août mil sept cent soixante-trois, après
avoir imploré l'assistance de Dieu et les lumières du St-Esprit, avons arrêté ce
qui suit :
3 14 LES SYNODES DU DESERT.
XXVI.
Comme le grand but de l'affemblée eft de remédier aux divifions
qui rélèvent fouvent dans les églifes, il a été décidé que M. Paul-
Augufte Lafon, pafteur, n'exercerait plus fon miniftère dans [le]
1. — L'assemblée a nommé, à la pluralité des voix, M. Sicard, pasteur, pour
modérateur; M. Gardes, pasteur, pour modérateur-adjoint; M. Sicard le jeune,
pasteur, pour secrétaire, et un ancien pour secrétaire-adjoint.
2. — Le colloque du Comté de Foix ayant demandé à l'assemblée son con-
sentement à la vocation d'un pasteur pour desservir ce Comté, et n'ayant point les
moyens de le satisfaire, considéré surtout les tristes événements qui sont arrivés
par l'introduction de deux pasteurs rejetés qui le desservaient, et d'autre côté le
besoin qu'il a de pasteurs, l'impossibilité absolue où nous sommes de lui en pro-
curer, en manquant nous-mêmes, et que ledit Comté pourrait s'en procurer plus
aisément et plus tôt, s'il était séparé de cette province, que d'ailleurs il résulterait
encore de l'avantage pour tous de cette séparation, soit du côté des frais considé-
rables qu'il faut exposer pour se joindre, soit du côté du péril dans les voyages, y
ayant une journée à faire dans des pays habités par des catholiques r[omains], soit
enfin parce que le Comté, qui fait une province dans le civil, peut également en
faire une dans l'ecclésiastique, la matière mise en délibération, il a été unanime-
ment reconnu qu'il est de l'intérêt commun que nous soyons séparés, et qu'ainsi le
Comté de Foix ne dépende plus de la province du Haut-Languedoc et fasse pro-
vince en seul; à quoi ledit Comté est invité d'accéder et d'agir en conséquence.
3. — Sur la demande faite par deux anciens de l'église de Mazamet que
M. Lafon, ministre, aidât à desservir les églises de ce pays, dont MM. Sicard,
Gardes et Sicard le jeune sont pasteurs, la matière discutée, et vu l'art. 26 du
dernier synode national qui l'exclut du Comté de Foix à cause que son ministère
n'y serait pas efficace, il a été unanimement convenu et délibéré que le ministère de
M . Lafon ne le serait pas non plus dans ces églises, et que nul consistoire du Haut-
Languedoc ne pourra le recevoir pour faire aucune fonction dans lesdites églises.
4. — L'assemblée a nommé pour assister au prochain synode provincial, en
qualité de députés, M. S., an[cien] de l'église de Lacaune, et pour son substitut
M. C, ancien de la même église; M. C, ancien de l'église de la Rivière haute, et
pour son substitut M. C, an[cien]de l'église de Lacaze; M. B., an[cien] de l'église de
Vabre, et pour son substitut M. J., an[cien] de la même église; M. P., an[cien] de
l'église d'E., et pour son substitut M. C, anc[ien] de l'église de Castel[nau]; M. D.,
anc[ien] de l'église de Roquecourbe, et pour son substitut M. B., anc[ien] de
l'église de Castres; M. Ber., anc[ien] de l'église de Revel, et pour son substitut
M. Bar., anc[ien] de la même église, — auxquels il est donné pouvoir de proposer,
consentir et délibérer sur les matières dont ils seront chargés et autres qui y
seront proposées.
5. — Comme MM. Faure, surnommé Gerson, et Bonifas, surnommé La-
roque, étudiants de cette province, sont sur le point de leur départ pour aller
continuer leurs études, il a été délibéré qu'il leur sera fourni i 5o liv. à chacun,
dont les églises payeront incessamment leur quotité.
Ainsi conclu et arrêté au Défert le susdit jour 20 août 1763.
Sicard, pasteur et modérateur; Gardes, ministre et
modérateur-adjoint; Sicard le jeune, pasteur et
secrétaire; Marc, secrétaire-adjoint.
— Mss. de Vabre.
SYNODE NATIONAL. 3,5
Comté de Foix à caufe des difpofitions peu favorables où un grand
nombre de perfonnes de ce pays-là paraiffent être îi fon égard, difpo-
fitions qui font prcfumcr avec beaucoup d'apparence que fon miniftère
n'y ferait pas efficace '.
XXVII.
Sur la plainte portée contre M. Paul-Augufte Lafon, pafteur,
au fujet de la féparation qui fubfifle entre lui & fa femme depuis
plufieurs années, l'affemblée ne jugeant pas à propos, pour de bonnes
raifons, d'entrer dans la difcuffion de cette affaire, elle en a commis
l'examen & la décifion à MM. Peirot, pafteur du Vivarais, Paul Rabaut
& Jean Pradel, pafteurs du Bas-Languedoc, en les autorifant à f'alfo-
cier, pour les aider dans cette décifion, telles autres perfonnes qu'ils
trouveront convenable.
XX vin.
A la rcquifition de la province du Montalbanais, portant qu'on
prît en confidération la plainte qu'elle fait à l'occafion de certains bruits
injurieux répandus contre M. Bagel, de Montauban, par M. Paul-
Augufte Lafon, pafteur, lefdits fieurs ayant été entendus fur ce fujet,
la compagnie a jugé que ledit fieur Bagel n'eft digne d'aucun blâme,
& que c'ert imprudemment que ledit Lafon a tenu certains pro-
pos, foit de vive voix foit par écrit, qui infinuent ou difent même le
contraire; de quoi ledit fieur Lafon a témoigné être fâché & a déclaré
qu'il reconnaiffait ledit fieur Bagel pour un très-honnête homme dont
la probité ne doit pas être foupçonnée.
XXIX.
Sur la propofition qui a été faite par les députés de la province
du Bas-Languedoc, favoir fi l'on doit prendre en confidération l'appel
I. Cette mesure, cependant, déplut. Quelques anciens écrivaient du Mas-
d'Azil, le lo novembre, à Rabaut, en réclamant un pasteur:
0.... Permettez-nous de vous dire que, si la vénérable assemblée du synode
national avait été bien informée de la liberté qui règne dans le Comté de Foix,
(nous voyons tous les jours notre pasteur se familiariser avec des curés, des reli-
gieux et des gentilshommes catholiques romains, apporter les enfants en plein
midi, avec tout l'ordre, à notre maison d'oraison pour les faire baptiser, notre
église au milieu de la ville, vis-à-vis la cathédrale, où il n'y a que la halle entre,
de là avant, on entend d'up côté chanter les psaumes en français et de l'autre en
latin, et pour tout dire en un mot, comme si nous avions liberté entière,) nous
disons donc que, si le synode en avait été bien instruit en nous privant du
ministère de M. Laton, [il] aurait fait attention qu'il ne fallait pas laisser sans
pasteur un pays où la liberté règne.» — Mss. Rabaut, III, B, p. 262.
3i6 LES SYNODES DU DESERT.
que le nommé X. ... a interjeté à la préfente affemblée de la fentence
du dernier fynode de ladite province au fujet de M. Mathieu, pafteur,
la compagnie a décidé que ledit appel n'était pas recevable.
XXX.
Pour répondre favorablement à la demande de M. Ranc, pafteur,
il fera enjoint à la province de Normandie de rembourfer inceffamment
audit fieur Ranc la fomme de 1 77 liv., à quoi montent les frais qu'il a
faits pour fe rendre dans les églifes de ladite province, qui avait fait
la demande d'un pafteur à la province du Dauphiné'.
XXXI.
Le député des églifes de l'Agenais ayant fait rapport des troubles
caufés dans cette province par le fieur Lanne, dit Dubois, & demandé
qu'on prît des mefures pour y mettre fin, l'afl'emblée, ayant fait lec-
ture de deux fentences rendues contre ledit fieur, l'une par le fynode
provincial des églifes de Béarn du 5'' novembre 1762, & l'autre par
le fynode provincial de Saintonge, Périgord etc., & tenu au mois de
mars dernier, a trouvé ledit Lanne, dit Dubois, rebelle à l'autorité
eccléfiaftique; en conféquence, le déclare tel & lui interdit toute
fondion dans le royaume ; & dans le cas où ledit Lanne, dit Dubois,
qui n'eft aduellement revêtu d'aucun caractère, recevrait dans le pays
étranger l'impofition des mains, l'afl'emblée lui défend toute fonftion
du St-Miniftère, publique & particulière, jufqu'à ce qu'il fe foit plei-
nement juftifié des accufations graves portées contre lui au préfent
fynode. Quant aux anciens & fidèles qui l'ont fuivi, il leur fera adrefl"é
une lettre de cenfure& d'exhortation au nom du fynode.
XXXII.
Le député de l'Agenais ayant demandé avec inftance le miniftère
de M. Gabriac l'aîné, pafteur dans les Hautes-Cévennes, comme
propre à faire celfer le fchifme qui règne dans les églifes de l'Agenais,
le fynode, défirant de remplir un objet fi important, donne com-
miftion audit fieur Gabriac d'y aller faire une tournée de trois mois^.
1. Sur ce sujet et sur la Normandie il existe plusieurs lettres intéressantes de
Ranc, dit Lacombe, et de Campredon. — Mss. Rabaut, III, B, p. 265 et passitn.
2. Gabriac partit en effet. Le 14 septembre de cette année, Court de Gébelin
qui, après la clôture du synode, avait entrepris un voyage dans le midi de la
France, avant de se rendre à Paris, traversa l'Agenais, et trouva Gabriac qui y
SYNODE NATIONAL.
XXXIU.
3.7
Ledure faite de la lettre de huit particuliers de Ste-Foy & d'Ey-
nefle en date du 2" avril 1763, par laquelle ils fupplicnt la compagnie
de prendre en conlîdération le jugement rendu contre eux & contre
d'autres par le fynode provincial de Saintonge des 2' & 3° juin 1762,
l'arTemblée, après avoir mûrement réfléchi fur cette affaire, a arrêté
quelle ne pouvait prononcer fur le fond parce que les parties refpec-
tives n'ont pas apporté les pièces néce(l'aires& que MM. de Ste-Foy &
d'Eyneffe n'ont envoyé aucun député pour les défendre ; mais, pour
fatiffaire à la demande des plaignants, elle a nommé pour commif-
faircs MM. Cavalier & Gabriac l'aîné, paftcurs, qui fe choifiront tels
anciens de la ville de Bordeau.K qu'ils jugeront à propos, auxquels
commidaires elle donne pouvoir de fe tranfporter fur les lieux & de
juger proportionnellement cette affaire.
XXXIV.
Le député de La Rochelle ayant demandé à l'alfemblée que le
pays d'Aunis, conjointement avec l'île de Ré, formât à l'avenir une
province eccléfial^ique , les raifons qui ont été alléguées pour appuyer
cette demande examinées avec attention, l'alfemblée y a confcnti. &
exhorté cette province à fe pourvoir d'un nombre de pafteurs conve-
nable pour former un fynode provincial.
XXXV.
M. Picard, pafleur de l'églife de La Rochelle & du pays d'Aunis,
aj'ant fait demander la confirmation du congé abfolu qu'il a obtenu
du colloque des églifes du Périgord en date du 3o' juin 1761, l'af-
femblée, ayant pris lecture dudit congé & ouï les députés de la
était arrivé depuis trois semaines. «Sans lui, dit Gébelin, — le pasteur Germain
était malade — ce pays serait abandonné; ainsi a-t-il beaucoup d"ouvrage ; il fait
jusqu'à deux assemblées de communion dans un dimanche, et quoique dans des
maisons, il s'y rend jusqu'à Goo personnes. Il ne travaillait qu'en dei^à du Lot vers
Tonneins; je l'ai invité à visiter les églises d'en delà, vers Agen, où il sera très-bien
reçu, et qui sont au nombre de 9 à 10 très-nombreuses, et remplies de personnes
d'un grand mérite.» (Mss. Rabaut, 111, B, p. 245.) Mais il n'y resta pas {IbiJ.,
p. 2G0). et les 3 mois achevés, à la fin de sa mission, il quitta l'Agenais. «Je ne
puis vous ajouter rien de plus desagréable que le mal que le siour Dubois continue
à y faire; et malheureusement pour nous, n'avons-nous pu déterminer M. Gabriac
à prolonger sa mission au milieu de nous. »
3i8 LES SYNODES DU DÉSERT.
province de Saintonge etc., à ce fujet, a accordé audit fieur Picard la
confirmation dudit congé en tant que befoin ferait".
XXXVI.
Les députés de la province des Baffes-Cévennes ayant fait les
plus fortes inftances pour que M. Journet, pafteur, qui leur appar-
tient, leur fût rendu, & le député de la province de Béarn ayant été
entendu à ce fujet, la compagnie, touchée du preffant befoin de la
province du Béarn, & en conféquence de fa demande & de celle de
M. Journet, lui affede pour toujours fon miniflère.
Colloque de Saintonge et Angoumois du 24 août i']63.
Au nom de Dieu. Amen.
I . Les églises de Saintonge et Angoumois assemblées en colloque le 24' d'août
1763, après avoir imploré le secours du St-Esprit, ont délibéré ce qui suit:
1. — A la pluralité des suffrages, on a élu M. Dugas, pasteur, pour modé-
rateur; M. Jarousseau, pasteur, pour modérateur-adjoint; M. Martin, pasteur,
pour secrétaire; M. Dupuy-la Lande pour secrétaire-adjoint.
2. — Vu le pressant besoin des églises du Périgord, celles de Saintonge
ne croient pas devoir adresser actuellement une vocation à M. Dupuy l'aîné;
on l'exhorte à accepter celle que lesdites églises lui ont adressée; cependant si,
au bout de deux ans, il arrive que ledit sieur Dupuy veuille absolument les
quitter, celles du ressort du présent colloque s'engagent à l'appeler parmi elles,
et plus tôt même, si des circonstances qu'on ne peut prévenir l'y engagent.
3. — Le colloque adresse par le présent article une vocation au sieur
Jacques Dumas, actuellement étudiant au séminaire, sauf le consentement du
synode prochain à ce sujet, laquelle vocation lui sera communiquée au plus tôt
par M. le modérateur, qui écrira en même temps à MM. les vénérables direc-
teurs du séminaire pour leur en donner avis, et pour les prier (supposé qu'il
accepte ladite vocation) de l'examiner et de le consacrer, sitôt qu'ils l'en juge-
ront capable, et au cas qu'on ne puisse le recevoir ministre, bien qu'on l'en
juge digne, de nous l'envoyer pour être examiné et reçu dans la province.
4. — MM. les pasteurs remettront exactement à M. Guibert, de Nieulle, tout
l'excédant de leurs honoraires qu'ils percevront dans leurs quartiers respectifs,
lequel boursier paiera, sitôt qu'il aura les fonds suffisants, à M. Dugas, pasteur,
la somme de 462 liv. 14 sols pour le remboursement des avances qu'il a faites
au synode national, laquelle somme fait la portion des églises de Saintonge et
Angoumois, conformément à la décision du synode provincial dernier, art. 8 ; et
ledit M. Guibert demeurera dépositaire du restant de l'argent qui lui sera remis,
jusqu'à ce que les colloques suivants en disposent.
5. — Les églises du quartier de Marennes se trouvant sans pasteur par le
départ de M. Solier, et ayant adressé par le canal de ses députés une vocation à
M. Dupuy-la Lande, ministre du St-Evangile, le colloque le lui affecte, et fait les
vœux les plus sincères pour le succès de son ministère.
6. — L'art. 8 du précédent colloque, qui porte que chaque quartier n'enverra
au colloque que deux députés anciens, étant sujet à divers inconvénients qu'on ne
peut prévenir, la présente assemblée annule ledit article et ordonne qu'à l'avenir
les colloques seront composés d'un député seulement de chaque église, conformé-
ment à l'ancien usage.
SYNODE NATIONAL. 3, g
XXXVII.
En reconnaiflance des fervices que M. Court fils a rendus aux
cglifes de ce royaume & de ceux qu'il efl; difpofd de leur rendre à
l'avenir, l'aH'cmblee lui affigne une penlîon annuelle de 460 liv., à
compter du premier de ce mois, qui lui fera payée, favoir :
Par le Bas-Languedoc go H-
Par les Baffes-Cévenncs 5o »
Par les Hautes-Cévennes 20 »
Par la Rochelle 36 »
Par le Béarn 18 »
Par le Dauphiné 12 »
Par le Haut-Languedoc 3o »
Par le Montalbanais 5o »
Par le Vivarais 19 »
Par le Périgord & l'Agenais 21 »
Par le Poitou 3o »
Par la Saintonge & Bordeaux 5o »
Par la Provence ' 24 »
45o #
7. — Quelques jeunes gens de l'église de Jarnac, qui ont été suspendus de la
communion par le consistoire de ladite église, ayant fait informer l'assemblée du
cas où ils se trouvent à cet égard, on n'a pas jugé à propos de rien statuer les con-
cernant; mais on les exhorte, ainsi que ledit consistoire, de faire en sorte que cette
affaire finisse au plus tôt de la manière la plus propre à procurer l'édification et la
paix de l'église.
8. — Désormais, l'église de la Pimpeliére fera partie du quartier de Marennes
et celle de Mornac partie de celle d'Arvert.
9. — Pour remplir l'obligation que le synode national nous impose par rap-
port au quartier du Périgord, il a été décidé que M. Jarousseau ira faire sa tour-
née pendant les mois de septembre, octobre et novembre prochain; que, pendant
ce temps-là, les églises de son quartier seront desservies, savoir: celles de Pons et
de Gemozac par M. Martin, celles de Cozes, Mortagne et St-Fort par M. Dupuy-
la Lande, et celles de Royan, Didonne et Meschers par M. Dugas ; et après que
ledit M. Jarousseau aura fait ses trois mois, M. I)upuy-la Lande s'y rendra tout
de suite pour y passer les trois mois suivants, pendant lequel temps ses églises
seront desservies, savoir : celles de Marennes et la Pimpeliére par M. Martin, celles
de St-Savinien, le Port-des-Barques par M. Dugas, celles de Souhe, Luzac par
M. Jarousseau.
Ainsi conclu et arrêté ledit jour et an que dessus.
Dugas, pasteur et modérateur; Jarousseau, pasteur et
modérateur-adjoint; Martin, pasteur et secrétaire;
Dupuv jeune, pasteur et secrétaire-adjoint.
— Mss. de Jarnac.
I. La Normandie n'est pas comprise dans cette répartition. Mais son pasteur
Campredon avait déjà fait connaître à Rabaut qu'on pouvait compter sur son
3-20 LES SYNODES DU DESERT.
XXX vni.
La province de Provence ayant repréfenté qu'il lui était impof-
fible de payer en entier la portion de la penfion de 3i6 liv. qui fut
affignée à la veuve de M. Bétrine, pafteur, par le fynode national de
1758, & la continuation de cette penfion ayant été jugée néceffaire, on
en a fait la répartition de la manière fuivante, favoir :
Le Montalbanais 24 #
La Rochelle 24 »
La Saintonge 36 »
Le Périgord & Agenais 24 »
Le Bas-Languedoc 60 »
Les Hautes-Gévennes 24 »
Le Vivarais i (5 »
Le Dauphiné 12 »
Le Béarn 12»
Les Balïes-Cévennes 20 »
Le Haut-Languedoc 16 »
Et la Provence 48 »
3i6#
Lefquelles taxes prendront leur commencement au mois de fep-
tembre prochain, & feront payées d'année en année jufqu'à nouvel
ordre.
XXXIX.
Sur la demande de l'un des députés de la province du Bas-
Languedoc, ancien de l'églife des Vans, l'affemblée recommande à
ladite province de ne rien négliger pour fixer un pafteur au quartier
de Vallon, des Vans & leurs annexes.
XL.
Sur la propofition faite par les députés de la province de Sain-
tonge etc., en exécution de l'art 24 du dernier fynode de leur province,
la compagnie n'a pas jugé à propos de prendre en confidération ladite
propofition.
concours. «Quant au projet de député qu'on goûte fort ici, comme je viens de
l'apprendre encore depuis peu, je me réfère à ce que j'ai eu l'honneur de vous
dire dans ma précédente, et je n'ai nul doute qu'à l'appui d'une lettre de votre
part, je ne réussisse à obtenir une subvention honnête au moyen de quelques
personnes respectables. » — Mss. Rabaut, III, B, p. 21 G.
Synode National de 112&
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MANUSCRIT DE LAVOULTE
SYNODE NATIONAL.
XLI.
32!
A l'unanimitc des fiiflragcs, la province des Hautcs-Ccvcnncs a
été nommée pour convoquer le prochain fynode national.
Ainfi conclu & arrête le dixième jour du mois de juin de l'année
mil fept cent foixante-trois.
Paul Rabaut, modt'rateur ;
Peirot, modérateur-adjoint;
Pradel, fecrétaire ;
DuGAs, fecrdtaire-adjoint.
Rôle des ministres, proposants et étudiants des é|^Iises
du Royaume de France en Tannée 1763.
Vivarais.
Minijtrcs. — MM. Pierre Peirot, Alexandre Vernet.
Propofant. — M. Jean Maurin.
Bas-Languedoc.
Minijlres. — MM. Paul Rabaut, Simon Gibert, Jean Pradel,
Louis Fayet, Pierre Encontre, André Baftide, Pierre SaulBne,
François SaufTine, Jean Guizot, Pierre Allègre, J. Pierre Lafon, Paul
Vincent, Jacques Mathieu, Thérond, Pierre Puget, Teiflîer.
Propofants. — MM. Jacques Rivière ', Simon Lombard, Gachon,
Louis Valentin, Noé Benvignat, Périer, Genolhac, Bouët.
Eliidianls. — MM. Jacques Roffelotis, Bruguier, Jean-Paul
Bétrinc, Fromental.
1 . Ce nom se trouve également dans la minute originale du rôle des ministres
de l'année 1756; mais, outre qu'il a été ajoute à cette liste primitive par une main
étrangère, il paraît peu probable que Jacques Rivière, proposant en 1756, le fût
encore en 1763; peut-être était-il étudiant en 1756.
21
322 LES SYNODES DU DÉSERT.
Haut-Languedoc.
Minijlres. — MM. Paul-Augufte Lafon, Jean Sicard, Jean
Gardes, Pierre Sicard, Crebeffac [dit Vernet].
Propofant. — M. [François] Lacombe.
Etudiants. — MM. Etienne Faure, Louis Bonifas.
Provence.
Minijlres. — M. Jacques Pic.
Propofant. — M. Pierre Martin.
Dauphiné.
Minijlres. — MM. Pierre Rozan, François Defcours, Alexandre
Ranc, Jean Béranger, Gafpard Marcel.
Propojants. — MM. Reboul, dit Blachon, Pierre Lombard, dit
Lachaud.
Etudiants. — MM. Armand, Vouland.
Basses-Cévennes et Rouergue.
Minijlres. — MM. Henry Grail, Paul Marazel, Jean Gai, Paul
Dalgue, Jean Ducros, David Veffon, Marc Portai, Antoine Gai,
François Noguier.
Propojants. — MM. Pierre Rampon, Julien, François Valette,
Solier, [Jacques] Olivier, Malignas.
Etudiants. — MM. Barre, Noguier, Louis Bernard.
Hautes-Cévennes.
Minijlres. — MM. Jean Roux, Jean-Pierre Gabriac, Jacques
Gabriac, Jean Méjanelle [du Cambon], Pierre Vallat, Charles Bour-
bon", Pierre Pierredon.
Propojants. — MM. [Antoine] Sabatier, [Jean-Pierre] Roche,
André Molines, Pierre François Samuel.
Etudiant. — M. Pierre Combet.
I. Dans une autre version, Charles Bourbon est porté comme pasteur dans
les Basses-Cévennes.
SYNODE NATIONAL. 323
Béarn.
Minijîres. — MM. Etienne Defferrc, Jean Journet.
Propofajit. — M. Paul Marfoo.
Normandie.
Miniftres. — MM. Jean Louis Campredon, dit Duthil.
Propojants. — MM. Mordant, Michel.
Poitou.
MiniJlres. — MM. Pierre Gamain, Pierre Pougnard.
Propojants. — MM. Jean Tranchée, Jacques Gibaud.
Etudiants. — MM. Pierre Métayer, Jacques Métayer.
Saintonge, Angoumois et Bordeaux.
MiniJlres. — MM. Henri Cavalier, Jean Martin, Pierre Dugas,
Pierre Soiier, Etienne Gibert, Jean Jarouffeau.
Propojants. — MM. Dupuy-la Lande, Dumas.
Montalbanais.
MiniJlres. — MM. Jacques Sol, J. J. Marc-Antoine Foffe, dit
Richard.
Propojanl. — i\L Fageau.
Périgord et Agenais.
MiniJlres. — MM. François Viala, Renouleau, dit de l'Etain,
Boutiton.
Propojants. — MM. Dupuy l'aîné, Renateau, Liard, [de] Bécay.
Etudiant. — M. Dumont.
La Rochelle, Pays dAunis, Ré.
Minijlre. — M. Jofeph Picard.
324 ^^^ SYNODES DU DÉSERT.
Temples existants en Saintonge ou Angoumois
depuis l'année lyôS.
LaTremblade, bourg; Arvert, bourg; Paterre, village ; St- Palais,
paroiffe; Royan, bourg; Mornac, bourg; Breuillet, paroiffe; Médis,
paroiffe; Cozes, bourg; Mortagne, paroiffe; St-Fort, bourg; Jonzac,
ville; Pons, ville; Gémozac, bourg; Lignières, village; Jarnac-fur-
Charente, ville; Cognac, ville; Segonzac, bourg; Mainxe, bourg;
St-Savinien, bourg; le port des Barques, bourg; Marennes, ville;
St-Juft, paroiffe; la Pimpelière, paroilfe; le Gûa, paroiffe; l'île de Ré;
St-Martin, ville; La Flotte; Didonne, village; Mefchers, paroiffe.
Périgord.
Eymet, ville ; Flaugeac.
Maisons d'oraison dans le pays de Foix.
Territoire de Camarade 2; Gabre i, bourg; Le Mas-d'Azil i,
ville; Sabarat i, bourg; les Bordes i, bourg; le Caria i, ville;
Saverdun i, ville; Mazères i, ville; Calmont i, bourg; La Baftide &
Léran i, bourg; Lepigailh i, hameau.
Synodes provinciaux de 1764.
Synode du Dauphiné.
Au nom de Dieu. Amen.
01 s, paftcurs & anciens des cgiifes réformées de la pro-
vince du Dauphiné, allemblés en fynode provincial le
fixième & le fepticme avril, année mil fept cent foi.xante-
quatre, après l'invocation du St-Nom de Dieu, avons déli-
béré ce qui fuit :
L'affemblée a prié M. Rozan, pafteur de cette province, d'écrire
à M. Gébclin pour l'autorifer dans le foin qu'il veut bien fe donner
pour nous procurer un état plus tranquille que celui que nous avons
eu jufqu'à aujourd'hui'.
I. A peine arrivé à Paris, Court de Gébelin, qui n'avait reçu du synode
national de 1763 qu'un mandat assez mal défini, se mit en mesure de rechercher
pour ses coreligionnaires des appuis et des protections. Reprenant un projet déjà
vieux et qui n'avait pas abouti, il eut un moment le dessein d'acheter la tolérance
à prix d'argent et composa dans ce but un mémoire d'après lequel, au moyen
d'une contribution légale sur le mariage et les baptêmes, et d'une autre contribu-
tion volontaire et gratuite, semblable à celle du clergé, les protestants achèteraient
la liberté de conscience. A l'entendre, il s'agissait d'organiser une banque protes-
tante, une espèce de compagnie financière uniquement recrutée parmi les
réformes du royaume. Mais, pour mener à bonne fin une telle entreprise, il lui
fallait un titre et un mandat qui lui permissent de parler, d'engager des négocia-
tions et de traiter au nom de ses coreligionnaires. De là, sa double demande aux
synodes provinciaux, la première pour faire connaître son dessein, la seconde
pour solliciter un titre qui lui manquait. (Mss. Rabaut, III, C. p. i et 38.) — Le
synode du Dauphiné répondit favorablement ; celui des Basses-Cévennes donna
son consentement, n Le consentement de notre province au séjour de M. de
32G LES SYNODES DU DESERT.
II.
Il fera adreffé un compliment à M. le premier préfident, au nom
de tous les proteflants de la province, pour féliciter la Cour fur fon
heureux retour, & la prier de nous être favorable.
lU.
Comme il eft très-néceffaire que les regiftres des baptêmes &
mariages foient confervés, l'affemblée a ordonné qu'outre le regiftre
de chaque pafleur on chargera une perfonne pour en faire un général,
pour y avoir recours au befoin ; bien entendu que cet article ne déro-
gera à celui du fynode de mil fept cent foixante& un qui ordonne que
chaque églife en tiendra un pour elle-même.
IV.
Selon l'art. i8 du fynode national de 1763, qui ordonne qu'on
entretiendra une exafte correfpondance entre les églifes réformées du
royaume, on a fait l'arrangement qui fuit : M. Rozan aura la Suille,
Paris & La Rochelle; M. Defcours : Haute-Guyenne, Montauban,
Périgord ; M. Béranger: Haut-Languedoc, BafTes-Cévennes, Sain-
tonge, Comté de Foix ; M. Marcel : Poitou & Béarn ; M. Ranc :
Bas-Languedoc, Provence', Vivarais & Normandie.
V.
Les églifes défrayeront les pafteurs des ports de lettres qu'ils
recevront pour entretenir la correfpondance fufmentionnée.
Gébelin à Paris, et en qualité de notre agent, écrit Pomaret (mars 1764), partit
vendredi dernier, et j'espère qu'il en sera content. u Les Hautes-Cévennes, le
Quercy et le Béarn donnèrent aussi leur consentement. « Plus on nous témoigne
de la confiance, écrivait Journet, plus nous devons tâcher de nous en rendre
dignes.» [Ibid. p. i5, 3o et 44.) Mais le synode du Bas-Languedoc fit momentané-
ment tout échouer. On verra plus loin (art. 3, p. 329) qu'il déclara n'avoir pas
l'autorité suffisante pour lui donner le titre et la commission qu'il sollicitait et
qu'au surplus le projet ne paraissait pas acceptable. A en croire Gébelin, qui fut
très-sensible à cet échec {^Ibid. p. 36), ce furent les anciens, les députés laïques, qui
se laissèrent effrayer par des considérations mal fondées.
I. Pic, qui était pasteur en Provence, écrivait de Lourmarin, le i5 juillet de
cette année: «Les affaires de M. Court vont assez bien, à ce qu'il me mar-
quait dernièrement, ce qui m'a fort réjoui. J'espère tous les jours de ses nou-
velles. Ici nous sommes de plus en plus libres, ou pour mieux dire nous vivons
dans une parfaite sécurité, comme vous, La nouvelle intéressante de la pauvre
Calas réjouit tout le monde.» — Mss. Rabaut, III, C. p. 43.
SYNODES PROVINCIAUX. 327
VI.
Lecture ayant été faite des lettres du Périgord & Comté de Foix,
& ayant entendu les raifons de nos chers frères, les pafteurs des cgiifes
du Vivarais, ralTeinblée eft très-pcnctrcc de douleur de n'avoir pu
fatiffaire à leur demande, les ouvrages étant fort multipliés dans
cette province & fe multipliant chaque jour.
VII.
Il a été arrêté qu'on écrira aux vénérables diredeurs du fémi-
naire une lettre pour les prier d'accorder une place à M. Daniel
Arnaud, qu'on a réfolu d'envoyer à Laufanne pour faire fes études.
VIII.
Le fynode a chargé M. Béranger d'écrire à M. Lombard, dit La-
chaud, pour le faire venir dans le fein des églifes, dans le courant du
mois prochain, promettant de donner 100 liv. pour lui aider à payer
les dettes qu'il a con traitées ; bien entendu que lefdites 100 liv. ne
feront livrées qu'après fon arrivée; & M. Rozan eft aulïï chargé
d'écrire à ^L^L les directeurs.
IX.
Les églifes de Trièves' ayant demandé un pafteur pour leur
deflerte, l'alTemblée eft pénétrée de ne pouvoir leur accorder leur
demande, vu le petit nombre de palteurs ; on fera toutefois ce qu'on
pourra pour les vifiter jufqu'à ce qu'on puilTe leur en accorder un à
leur propre.
X.
M. Reboul, pafteur, fe trouvant malade & hors d'état de fervir,
l'aflemblée lui a accordé la moitié de la penfion jufqu'à ce qu'il foit
en état de fervir les églifes.
I. Ces églises étaient probablement celles qui composaient le quatrième
quartier d'au-dessus de Die, le Val de Trièves et le Champsaur jusqu'à la vallée
de Frei."îsinières.
i^A >èi )èi )èi
328 LES SYNODES DU DÉSERT.
Synode du Bas- Languedoc.
Au nom de Dieu soit fait. Amen.
Le fynode du Bas-Languedoc, affemblé au Défert le neuvième
mai mil fept cent foixante-quatre ' & jours fuivants, au nombre de
quatorze pafteurs de la province, un des BalTes-Cévennes, quatre
propofants, & trente-neuf anciens, députés par les églifes, après avoir
imploré la diredion de l'Efprit de Dieu, & élu, à la pluralité des fuf-
frages, M. Paul Rabaut, pafleur, pour modérateur; M. J. Pradel,
paft[eur], pour modérateur-adjoint; M. Pierre Encontre, pafleur,
pour fecrétaire, & M. Guizot, auffi paft[eur], pour fecrétaire-adjoint,
a délibéré ce qui fuit :
I.
L'affemblée, gémiffant de l'extrême corruption qui règne & du
trifte état où fe trouvent encore nos églifes=, a indit un jour de jeûne
folennel, & l'a fixé au 21" odobre prochain, & en cas de dérangement
ce jour-là, au dimanche fuivant.
II.
Ledure faite de la demande du confiftoire de Nîmes au fujet du
comité, MM. les députés entendus, ouï encore M. Encontre, pafleur,
qui, à caufe de fon éloignement & pour épargner des frais à la pro-
vince, a requis qu'on voulût bien jeter les yeux fur quelque autre
pour remplir la place qu'il occupait dans ledit comité; tout mûrement
1 . Au sujet de la convocation de ce synode, le pasteur Lafon écrivait à Rabaut :
«Je ne sais quand vous avez dessein de fixer le temps de notre syn[ode]; mais, si
vous vous proposez de l'assembler ou de le convoquer, faites en sorte que ce soit,
s'il vous plaît, avant que les grandes occupations de la campagne soient venues.
Passé ce mois-ci ou quelques jours du commencement de mai, cette partie sera
ensuite impossible. Les gens seront accablés de soins et de travaux. » — Mss.
Rabaut, III, C. p. 2g. (Avril 1764.)
2. «Si vous consultiez tous nos amis d'ici, écrivait de Paris, le 8 janvier,
Gébelin à Rabaut, vous vous trouveriez encore très-heureux d'être soufferts à
5 quarts de lieue [de Nîmes]; c'est ici surtout que l'on éprouve que maux d'autrui
ne sont que songe; il me fallait ce voyage pour apprendre à connaître l'air du
bureau.» — Mss. Rabaut, III, C. p. i.
SYNODES PROVINCIAUX. 32q
pefé, la compagnie, reconnaiflant l'utilité de cet établiffement, a jugé
à propos de le continuer; & d'ailleurs fatiffaite de MM. les pafteurs
qui, dès l'année précédente, furent nommés à cet eflct, & des laïques
qu'ils fallocièrent, elle les a confirmés les uns & les autres pour
remplir les mêmes fondions durant celle-ci, à l'exception de M. En-
contre qu'elle a difpenfé, conformément à fes vœux, & auquel elle a
fubftitué M. Guizot, pafteur. Enfin, elle a ftatué que toutes les années
il fortira du fufdit comité un membre de l'ordre des pafteurs, qui fera
remplacé par un autre.
m.
La lettre que M. Court a adreffée au préfent fynode ayant été lue
& pefée, MM. les pafteurs & anciens, qui compofent le comité, ont été
chargés de lui répondre que l'affemblée eft très-fenfiblc au zèle dont
il eft animé pour le bien de la caufe commune, mais qu'elle n'a pas
une autorité fuffifante pour lui donner le titre & la commillion qu'il
demande, & qu'au furplus le projet contenu dans un mémoire adrefle
;\ MM. les pafteurs n'cft du tout point acceptable.
IV.
Pour répondre au défir de plufieurs confiftoires & aux demandes
refpedives de MM. les députés du quartier de Vallon, d'un côté, &
de M. Mathieu, pafteur, de l'autre, l'affemblée, expliquant l'arrêté 9°,
du fynode dernier, déclare que la loi qui eft ftatuée touchant l'en-
tretien des pafteurs ne doit avoir force qu'à compter depuis que ceux-
ci ont commencé à f 'entretenir eux-mêmes, & qu'ainfi ledit fieur
Mathieu doit fe tenir pour fatiffait au moyen de 450 liv. qu'il a reçues
du quartier dudit Vallon, lequel, à raifon de la modicité de fa taxe
précédente, ne pourra pas répéter le furplus de 3oo liv. qu'il payait
auparavant, non plus que les 100 liv. qu'il a comptées au fieur
Lombard, propofant ; & pour l'année échue le 1" du courant mois,
il fera payé audit fieur Mathieu par le même quartier de Vallon ySo
liv. & par celui de Bédarieux 5o liv., ce qui complétera la fomme de
800 liv. qui lui fut promife & qui aurait dû lui être comptée d'avance
ou par quartier, comme doivent l'être toutes les penfions alimentaires.
Enfin, vu les dépenfes que ledit fieur Mathieu fut obligé de
faire pour deffervir le fufdit quartier de Bédarieux ' l'année qu'il
1. Voy. à ce sujet Mss. Rabaut, III, C. p. 18.
33o I^ES SYNODES DU DÉSERT.
y fut affecté, l'aflemblée exhorte les églifes de ce diftrid à y avoir
égard '.
V.
Sur la demande faite par plufieurs églifes de régler l'honoraire
des pafteurs, ces MM. étant fortis afin de laifTer une plus grande
liberté aux fuffrages, & M. Paul Dalgue, pafteur des Baffes-Cévennes,
Règlement des courses qui se feront au quartier de Vallon,
la courante année 1764.
I. M. François Saussine, en juin.
M. Vincent, vers la fin d'août ou .vers le commencement de septembre.
M. Allègre, en novembre.
M. Mathieu, en de'cembre : il donnera la communion de Noël.
M. Teissier, en février.
M. Pradel est engagé à faire une assemblée dans son quartier, et M. Lafon
une autre.
M. Gibert, en avril.
Paul Rabaut, pasteur et modérateur; Pradel, pasteur et
modérateur-adjoint; Encontre, pasteur et secrétaire;
GuizoT, pasteur et secrétaire-adjoint.
Colloque général des églises réformées du Haut-Languedoc, le 10 mai i-/64.
Au nom de Dieu soit fait. Amen.
Nous, les pasteurs et anciens des églises réformées du Haut-Languedoc,
assemblés en colloque général le dixième mai mil sept cent soixante-quatre, après
l'invocation du St-Nom de Dieu et des lumières du St-Esprit, avons arrêté ce
qui suit :
1. — L'assemblée a nommé, à la pluralité des voix, M. Sicard, pasteur, pour
modérateur; M. Gardes, pasteur, pour modérateur-adjoint; M. Sicard le jeune
pour secrétaire, et M. Marc pour secrétaire-adjoint.
2. — L'assemblée a vu avec peine que les églises du Comté de Foix, au lieu
d'accepter la séparation proposée par l'art. 2 du colloque général du 20 août der-
nier, demandent la tenue d'un synode provincial pour se procurer des pasteurs ou
des vocations relatives, sans alléguer des raisons qui invalident les motifs de la
séparation que l'article contient, qui sont avantageux pour tous ; car un synode
multipliera-t-il les pasteurs de la province, et pouvons-nous donner nos suffrages
pour avoir des pasteurs pour des églises qui discutent sans fin avec leurs pasteurs
et les rejettent? Qu'on ait été bien ou mal fondé, c'est ce qui n'occupe plus; mais
toujours est-il vrai que MM. Lafon et Figuières ont été congédiés, en conséquence
de leurs poursuites, et que nous avons été impliqués dans leurs démêlés sans y
avoir donné lieu, ni pris aucun parti; ce qui nous a extrêmement affligés et doit
nous éclairer pour le temps futur, d'autant mieux que nous n'avons aucune con-
naissance des lumières, talents, vie et mœurs des pasteurs qui pourraient se prêter
aux vues des églises du Comté de Foix. Nous leur avons proposé l'indépendance,;
elles font province dans le civil, ainsi elles peuvent et doivent le faire dans l'ecclé-
siastique; dès lors elles pourront se procurer des pasteurs selon leur goût, elles
donneront les vocations en tel cas requises, elles seront valides ; et si elles se pour-
voient de pasteurs selon leurs désirs, nous en bénirons Dieu ; s'ils ne le font point.
SYNODES PROVINCIAUX. 33 1
étant reftc pour préfider, — la matière difcutcc, — & MM. les anciens,
fâchés que tous leurs diftrifls ne foient pas en état de procurer à leurs
paftcurs des honoraires plus fortables à leur état & à leur befoin, les
ont fixés à 800 liv. pour le moins, & ils exhortent les quartiers qui
le pourront à leur en accorder de plus confidérables ; bien entendu
qu'ils continueront à pourvoir eux-mêmes à leur entretien auflî bien
qu'il celui de leur famille.
nous n'y serons ni ne pourrons y être réputés pour rien. Si nous avions suffisam-
ment Jes pasteurs, nous céderions sans peine de nos droits, mais en manquant
sinon de plusieurs, du moins d'un qui nous serait très-nécessaire, nous ne pouvons
que gémir sur leur état, ainsi que nous le faisons sur le nôtre; et fermement
résolus de ne plus donner de vocation à des pasteurs pour un pays que nous ne
connaissons que par les disputes cumulées d'entre les églises et les pasteurs qu'elles
ont eus et congédiés, il serait inutile et Irustratoire d'assembler un synode pro-
vincial à raison de ce, ne pouvant remédier aux difficultés que l'indépendance et
séparation proposées peuvent seules lever. Ainsi nous déclarons unanime[ment]
n'y avoir lieu d'assembler de synode provincial à ce sujet, sauf aux églises du
Comté de Foix d'accepter la séparation et indépendance proposées par notre
colloque du 20 août dernier, que nous confirmons pour sortir à effet à l'avenir ;
ce faisant, elles pourront procéder et agir ainsi et de la manière qu'elles trouveront
à propos à tous égards, comme libres et indépendantes.
Ainsi conclu et arrêté les jour et an que dessus.
Sic.\Ri), pasteur et modérateur; G.\rdes, pasteur et
modérateur-adjoint; Sicard le jeune, pasteur et
secrétaire; Marc, secrétaire-adjoint.
— Mss. de Vabre.
Colloque général des églises réformées du Haut-Languedoc du 18 septembre 1764.
Au nom de Dieu soit fait. Amen.
Nous, les pasteurs et anciens des églises réformées du Haut-Languedoc,
assemblés en colloque général, après l'invocation du St-Nom de Dieu, et des
lumières du St-Esprit, avons arrêté ce qui suit :
1. — L'assemblée a nommé, à la pluralité des voix, AL Sicard, pasteur, modé-
rateur; M. Gardes, pasteur, pour modérateur-adjoint; M. Sicard le jeune, pasteur,
pour secrétaire, et M. Marc pour secrétaire-adjoint.
2. — Le Comté de Foix ayant demandé la tenue d'un synode dans ce pays-là,
il a été observé que dans les deux colloques derniers du 20 août 1763 et 10 mai
1764 il fut statué que plusieurs motifs rendant la séparation nécessaire de ce
pays-là d'avec celui-ci dans le gouvernement ecclésiastique, le Comté de Foix,
instruit légalement, a-t-il accédé ou invalidé à ces motifs? — Ni l'un ni l'autre.
Dans les lettres qui ont été écrites, il a été seulement allégué que, si ce pays-là
était érigé en province, elle n'aurait pas de consistance; mais cette objection fut
prévenue lors des colloques: il y fut mis en délibération si le pays de Foix faisant
province dans le civil pouvait le faire dans l'ecclésiastique, et décidé pour l'atlirma-
tive, d'autant mieux qu'une petite partie des églises du Languedoc y sont annexées
de droit par leur confinement avec ce pays-là et l'éloignement de celui-ci, et par
la desserte qui en a été toujours faite par les pasteurs destinés au pays de Foix,
ce qui en augmente d'autant la consistance.
332 LES SYNODES DU DESERT.
VI.
En conféquence de l'arrêté précédent, & pour en faciliter l'exé-
cution, les confiftoires pourront appeler, avec un pafteur voifin, les
notables qu'ils jugeront à propos, foit pour taxer les particuliers, foit
pour fe faire aider dans la levée ; & fuppofé que quelques contri-
buables refufent de payer leur taxe, ils feront pourfuivis félon la
rigueur de la difcipline.
Dans d'autres lettres, l'on a dit qu'on ne voulait point se séparer; mais cela
détruit-il les raisons solides et les motifs pressants qui nécessitent la séparation?
Non, sans doute. Il faut plus que la souveraineté dans les prétentions, l'équité
requiert d'exceptions valides.
Après l'on manda qu'on eût à se rendre dans la province des Hautes-Cévennes
pour y être jugés, et qu'à défaut de s'y trouver il serait également prononcé;
comme l'on ne notifia point que cette province eût plus de droit qu'une autre de
décider, personne ne se mit en marche ; et dans la suite il fut déclaré par le pasteur
du Comté de Foix qu'on se désistait de cette voie illégale.
Depuis, il a été annoncé, d'un côté, que M. Figuières a écrit une lettre qui
timpanize les églises et anciens du Comté, qu'il les blâme ainsi que le synode
national d'avoir confirmé les décisions des synodes de ce pays, et qu'il en appelle
à un autre synode national, et de l'autre, que partie des anciens et des églises se
plaignent contre lui d'une retenue des registres des baptêmes et mariages et
d'autres procédés relatifs ; et sur ce fondement l'on a fait la demande susénoncée
du synode provincial pour décider là-dessus.
Mais cette demande est déplacée et non admissible, car depuis l'invitation à la
séparation, le Comté de Foix a été maître absolu de faire et agir selon son goût,
et seul par conséquent en droit de décider ou faire décider les discussions qui y
régnent.
Par cette invitation les églises du Haut-Languedoc renoncèrent à tout ce
qu'elles] avaient de relatif avec le pays de Foix, eiles se départirent de toute con-
naissance de leurs affaires et droits; et [tant] que les raisons et motifs qu'elles
donnèrent de cette séparation existeront, il est hors de propos de venir demander
ici un synode pour décider sur les différends qu'on a avec M. Figuières.
D'autant mieux que les motifs allégués paraissent plutôt exclure la tenue
d'un synode provincial que l'admettre, car le synode national ayant statué sur
les discussions qu'ils renouvellent, ensuite d'un appel du synode provincial qui
avait dit droit sur ces différends, il ne peut en être plus question, ni absolument
rien décidé par le synode provincial qui ne peut donc être assemblé à ce sujet.
Que M. Figuières et les églises du pays de Foix qui discutent prennent des
médiateurs dans ce pays-là pour les concilier sur l'exécution des décisions données
par le synode national, c'est une voie à admettre et louable.
Voudraient-ils la médiation des pasteurs et anciens des églises du Haut-
Languedoc? Ils se prêteront avec plaisir à les entendre, ils n'ont qu'à venir
dans ce pays, M. Figuières et eux, en tel nombre qu'ils trouveront à propos:
ils seront tous reçus avec affection; et ceux qu'ils choisiront et admettront pour
les écouter seront toujours prêts à le faire avec attention: ils imploreront le
secours divin et donneront en conséquence leurs avis amicalement.
Mais ils ne peuvent assembler de synode pour cela dans le pays de Foix,
ni dans celui-ci, parce que d'un côté ils n'ont plus d'inspection sur les églises
SYNODES PROVINCIAUX. 333
VII.
MM. les propofants feront payés fur l'ancien pied, par les quar-
tiers qu'ils ont delfervis, pour l'année échue le i"' de ce mois; & pour
l'avenir, leurs honoraires ont été fixés à i3o liv., qui leur feront tou-
du Comté depuis l'invitation à la séparation, et que, de l'autre, ayant été prononcé
sur les discussions qu'ils ont, appelé et décidé en dernier ressort là-dessus, il
ne peut y être revenu et fût-on au cas de pouvoir agir, il ne pourrait l'être
avec sûreté et tranquillité dans le Comté de Foix, tout le monde ayant intérêt
dans la cause et prenant fait pour son parti, et pas un de ce pays-là ne pou-
vant être juge du litige in re suâ propriâ.
D'ailleurs, il est de droit étroit que celui qui réclame un jugement doit
exposer ses raisons dans le séant de celui à qui il le demande.
Que, dans cet état, il paraît que les raisons et motifs qui étayent la sépa-
ration demeurent sans réponse valide de la part du Comté de Foix qui est
regardé depuis l'invitation indépendant, libre et maître absolu de procéder et
agir selon ses désirs, et que par conséquent sa demande aux pasteurs et anciens
de ce pays d'assembler un synode dans le Comté de Foix, pour prononcer sur
des questions jugées et autres subséquentes, est incompétemment faite, déplacée
et hors de propos.
Et entendu à ce sujet M. Crebessac, pasteur dudit pays de Foix, la matière
discutée et M. Crebessac retiré, mûrement examiné et réfléchi sur les obser-
vations susécrites et autres qui ont été faites verbalement, raisons et exceptions
opposées, il a été unanimement déclaré n'y avoir lieu d'assembler un synode
dans le Comté de Foix, sauf aux églises de ce pays-là, qui sont libres et
indépendantes, à procéder et agir ainsi et de la manière qu'elles trouveront à
propos.
3. — L'assemblée connaissant le zèle du sieur Antoine Court de Gébelin,
Français de nation, et ci-devant réfugié en Suisse, actuellement à Paris, sa
probité, son attachement pour la France et pour les intérêts du Roi, sa pru-
dence et ses talents, l'a choisi pour solliciter en sa faveur auprès de Sa Majesté
et de ses ministres, lui donnant pouvoir de leur faire connaître le malheur de
notre situation, les maux dont nous sommes accablés, notre zèle pour sa per-
sonne sacrée et pour son service, les ressources dont nous pouvons être à l'Etat,
et la justice de la tolérance que nous réclamons, — le tout néanmoins, en suivant
exactement les principes qui dictent la tidélité et la profonde soumission qui
est due au Roi, points auxquels nous exhortons ledit sieur Court de Gébelin
d'apporter une extrême attention, lui donnant pouvoir en outre de consulter
et de s'associer les personnes qu'il jugera assez instruites, assez zélées et assez
fidèles au Roi pour pouvoir suivre avec respect et avec succès les moyens de
notre délivrance, dont nous le chargeons, et de l'abolition des lois pénales ;
auquel efl'ct. Messieurs les pasteurs de ces églises sont priés de lui écrire rela-
tivement, et de lui faire agréer la somme de 3oo liv., de celles qui fut mandée
à M. de Goutrespac pour lui aider à subvenir aux frais qu'il sera obligé
d'exposer.
Ainsi arrêté et conclu au Désert les jour et an que dessus.
SicARt), pasteur et modérateur; Gardes, pasteur et
modérateur-adjoint ; SiCARt) le jeune, pasteur et
secrétaire; Marc, ancien et secrétaire-adjoint.
— Mss. de Vabre.
334 LES SYNODES DU DÉSERT.
jours procurées par les églifes auxquelles ils auront été affectés, fauf
à ces mêmes églifes de prendre pour la nourriture defdits propofants
tels arrangements qu'elles jugeront convenables.
VIII.
Sur la lettre que les fieurs Gachon, Valentin & Lombard, propo-
fants, ont adreffée à cette affemblée, il a été délibéré de les rappeler un
mois avant le fynode prochain ; & la compagnie fait bien des vœux
pour le fuccès de leurs études & pour leur heureux retour.
IX.
L'affemblée, répondant favorablement à la demande du fieur
Roffelotis, dit Pommier, étudiant, lui a donné congé fous la réferve
qu'il reftera encore trois mois dans cette province, à quoi il f'eft
accordé. Elle a prié le Seigneur de l'accompagner dans la province à
laquelle il fe deftine, & de le rendre un fujet propre à Tavancement
de fa gloire & à l'édification de fon Eglife.
X.
Ouï les bons témoignages que MM. les pafteurs & anciens des
quartiers où a été le fieur Bruguier, étudiant, ont rendus à fa doc-
trine & à fes mœurs, la compagnie a répondu favorablement à fes
défirs, & elle a chargé les pafleurs du colloque, dont les églifes qu'il
deffervira feront partie, de l'examiner & de le recevoir pafteur propo-
fant, fils l'en jugent capable; & comme il ferait apparemment parvenu
à ce grade dès l'année dernière fi le fynode ne fêtait féparé avant
d'avoir délibéré fur fa demande, & que d'ailleurs il en a rempli con-
fîamment l'office, elle exhorte les églifes qui en ont profité à lui
accorder les honoraires d'un propofant ; à quoi MM. leurs députés
ont donné les mains.
XI.
Afin que les églifes ne manquent point de paflieurs & qu'[au] con-
traire ils fe multiplient de plus en plus, on fe procurera autant
d'élèves qu'il fera pofiible; mais on n'en pourra admettre aucun que
fur des bons témoignages & que du confentement de tous les pafleurs
du colloque dans lequel fe trouveront les églifes dont ils feront
membres. En les admettant, on engagera les parents à les entretenir
jufqu'à ce que, pouvant être utiles aux églifes, elles pourvoient elles-
SYNODES PROVINCIAUX. 335
mêmes à leurs befoins. Et comme il fc pourrait préfenter des bons
fujets qui feraient rejetés faute de moyens, la compagnie, afin de ne
pas perdre les ferviccs que ces fujets pourraient rendre un jour, a
arrête d'établir un fonds qui ne fera que pour eux; & pour le former,
il a été réfolu que toutes les cglifes de la province y confacreront ce
qui fe coUedera un jour de dimanche dans l'affemblée de chacune de
ces dglifes, & que les pafteurs exhorteront les fidèles à f élargir pour
cette bonne œuvre. Au furplus, le confiftoire de Nimes a été choifi
pour être le dépofitaire des fommes qui feront colleflées à cette fin,
& à mefure qu'il les recevra, il en fournira des reçus aux confiftoires
qui les lui feront parvenir. Enfin, revenant aux élèves en faveur def-
quels fera établi ledit fonds, la compagnie a ftatué qu'on n'en recevra
aucun qu'il n'ait l'âge de feize ans, & qu'au cas qu'ils vinffentdans la
fuite à prendre un autre parti, ils feront tenus à la reftitution.
XII.
Pour faciliter le débit de 70 exemplaires de la Difciplinc qui
relient de[s] 200 dont notre province fut chargée par un fynode
national, il a été arrêté qu'on les donnera à 3 liv. au lieu de 4 liv.
10 d. qu'ils ont coûté, & que la perte de i3o liv., qui manqueront
pour compléter ce qu'a avancé M. Paul Rabaut, pafteur, pour payer
les 200, fera fupportéc par la province, de même que 18 liv. à
quoi fe montent 6 exemplaires dont elle a fait préfent à Meflieurs les
propofants & élèves qui en font l'oifice; bien entendu que les églifes,
qui en ont reçu leur quote-part & au delà, ne feront pas obligées
d'entrer dans ce rcmbourfement.
xni.
Sur la demande de l'églifc deiMontpcilicr, tendant à obtenir l'entier
miniftèrc de M. Encontre, pafteur, l'airemblée, fâchée de n'avoir pas un
nombre fuffifant de miniftres pour répondre favorablement à fes défirs,
fe trouve dans la néceflité de laiffer les chofes, par rapport à cette églife
& celle de Pignan, fur le même pied qu'elles étaient l'année dernière;
&. pour le fervice de celle de Mauguio, elle ne peut y pourvoir autre-
ment qu'en y aflcdant une bonne partie du miniftèrc du propoAmt qui
fera donné au quartier de Bédarieux, par lepaffageque MM. Guizot&
Puget fe font engagés d'y faire en allant & en revenant de leur corvée,
pallage qu'ils emploieront à faire les fondions paftorales qui fe pré-
336 LES SYNODES DU DÉSERT.
fenteront alors dans cette églife, par une prédication & une communion
que M. Mathieu f eft engagé de lui donner, & par trois autres commu-
nions que ledit fieur Encontre lui a promifes, mais feulement en des
jours de fêtes.
XIV.
Les églifes, qui feront deffervies par corvées, les paieront aux
pafteurs qui les feront 5 & fi quelqu'un d'eux manquait à remplir fon
engagement à cet égard, il va fans dire qu'elles ne lui devront rien
pour cette partie-là, non plus que la province.
XV.
M. Fromental, étudiant, ayant demandé d'être examiné & reçu
propofant, fil en eft jugé capable, la compagnie, charmée des bons
témoignages qu'on a rendus à fcs lumières & à fa conduite, a accueilli
fa demande ; & en confc'quence, elle lui a donné pour examinateurs les
mêmes pafteurs qui feront appelés à examiner le fieur Bruguier.
XVI.
L'affemblée n'ayant pas le temps de faire la répartition des dettes
mortes de la province, en a chargé les MM. de la table & quatre
anciens qu'elle leur a affociés, & elle leur a donné pour cet effet toute
l'autorité dont elle eft revêtue.
Ainfi conclu & arrêté le onzième du même mois & anquedeffus.
P. Rabaut, paft'' & modérateur.
SYNODES PROVINCIAUX. SSy
Synode du Vivarais et Velay.
Aâtes du fynode provincial des églif es réformées du Vivai'ais &
Velaj', ajfcmblé fous la proteâion divine an Défert, dans le JBas-
Vivarais, les vingt-quatrième & vingt-cinquième oâobrc milfept cent
Joixante-quatre, auquel ont ajfijlé deux pajleurs & on\e anciens,
députés de/dites églifes.
Après la lecture de la parole de Dieu & l'invocation de fon
St-Nom, a été réfolu ce qui fuit :
I.
La lettre d'un ancien ayant fait faire à l'aflemblée de férieufes
réflexions fur les moyens qu'on doit mettre en ufage pour que les
deniers des pauvres foient adminiftrés à propos, elle trouve bon d'or-
donner qu'on établiffe dans chaque arrondiflcment un ou deux tré-
foriers à qui l'on puiffe confier cet argent, & autant de fecrétaires qui
feront chargés de tenir un compte exaél de ce qui entrera dans le
Tréfor, & de l'ufage qui en fera fait. Les anciens, de leur côté, feront
tenus de faire une lifte fidèle des pauvres honteux ou des infirmes de
leur quartier, laquelle lifte fera préfcntéc au colloque qui doit fallem-
bler de temps en temps pour ce fujet, & qui prefcrira aux anciens ce
qu'ils doivent donner à chaque pauvre fuivant fon état, fon âge ou fes
infirmités.
11.
Un des pafteurs écrira à la province du Dauphiné pour tâcher
d'en obtenir du fecours. Il fuppliera cette province d'avoir pitié de
notre état & de vouloir bien nous aider dans nos befoins, en nous
envoyant un de fes pafteurs, foit en prêt ou autrement.
m.
L'art. 10 du chap. xi de la difcipline ayant été négligé jufqu'à
préfent, la compagnie le renouvelle, en défendant aux fidèles de
prendre pour parrains & marraines de jeunes gens au-deffous de
quatorze ans, ou qui n'aient pas été reçus à la Ste-Cène, & déclare que
de tels parrains ne feront point enregiftrés, autant que cela parvien-
drait à la connailiance des pafteurs.
338 LES SYNODES DU DESERT.
IV.
Pour de très-bonnes raifons, l'affemblée renouvelle auffi la dé-
fenfe de bénir aucun mariage qui n'ait été publié deux ou trois fois,
laiffant à la prudence & au pouvoir du conûftoire de difpenfer d'un
an ceux qu'il jugera dignes de cette faveur.
V.
Un particulier du Bas-Vivarais ayant fait prier l'affemblée de
vouloir bien le recevoir à la paix de l'Eglife, en levant l'excommuni-
cation qui avait été prononcée contre lui depuis plufieurs années, elle
charge M. Vernet de fe tranfporter dans la paroiffe où ce particulier
habite, de f'entretenir avec lui pour favoir û fa repen tance paraît
fincère, & lui donne plein pouvoir d'en agir envers ce pécheur fuivant
qu'il le jugera convenable.
VI.
Vu la plainte du confiftoire de l'églife de Boffres, portant que
certains particuliers, membres de ladite églife, fe font plaints d'avoir
été fufpendus mal à propos de la Ste-Cène, qu'ils ont manqué de
foumiffion pour l'ordre, tenu des difcours peu mefurés contre le paf-
teur & les anciens qui compofèrent le confiftoire, le jour de la fufpen-
fion prononcée ; — ouï fon député foutenant fes griefs & affirmant
que lefdits particuliers avaient été dûment avertis de paraître devant
cette affemblée, à laquelle ils n'ont comparu ; — fur quoi, après avoir
pris les éclairciffements poffibles dans le cas & les circonftances pré-
fentes, nous avons délibéré que les accufés paraîtraient devant le
confiftoire pour donner des marques de leur foumiflion à l'ordre, &
que M. Peirot, pafteur, en préfence de deux anciens de ce fynode &
de M. Vernet, notre très-cher & digne pafteur, fil veut bien y affifter,
comme il en eft prié, leur fera ledure de cette délibération, leur adref-
fera une cenfure, en leur repréfentant la néceflité & l'obligation de fe
foumettre à la difcipline. Ce que fait, la fufpenfion de la Ste-Cène
prononcée contre eux fera tout de fuite levée ; ce qui fera exécuté le
dimanche 4" novembre prochain.
VII.
Connaiffant le zèle pour notre religion du fieur Antoine Court
de Gébelin', Français de nature & ci-devant réfugié en Suiffe, fa pro-
I. Gébelin ne s'était pas laissé décourager par le refus du synode du Bas-
Languedoc. « Plus je vais en avant, lui écrivait-il, et plus je me confirme dans le
SYNODES PROVINCIAUX. 33q
bité, fon attachement pour la France & pour les intérêts du Roi, fa
prudence & fes talents, nous l'avons choili pour être notre folliciteur
auprès de Sa Majcftd & de fes minières, lui donnant pouvoir de faire
connaître à Sadite Majefté le malheur de notre fituation, les maux
dont nous fommes accablés, notre zèle pour fa perfonne facrée & pour
fon fervice, les reifources dont nous pouvons être à fon Etat & la
juftice de la tolérance que nous réclamons, le tout, néanmoins, en
fuivant exactement les principes que diclent la fidélité & la profonde
foumilïion dues au Roi, points fur lefquels nous recommandons audit
fieur Court de Gébelin d'avoir une extrême attention. Recommandons
en outre à notredit folliciteur de confulter les perfonnes qu'il jugera
affez inftruites, allez zélées & allez fidèles au Roi, ou celles que nous
dessein de prolonger mon séjour ici [à Paris] pour suivre des vues aussi inté-
ressantes et si généralement approuvées, et pour donner à mes opérations une
consistance et une suite qu'elles n'ont pu avoir jusques à présent.» Renonçant à
son projet de banque protestante, qui avait soulevé plus d'objectious que de sym-
pathies, il s'attacha avant tout (juin 1764I à se faire conférer par les pasteurs et
par leurs églises un mandat très-net qui lui permît d'agir et de négocier en leur
nom. Il envoya à tous les pasteurs un modèle identique de lettres de créance, les
priant de le signer. «Sous cette forme, je ne craindrai rien et je pourrai dire que
je parle au nom des pasteurs. Mais sans cela, je ne peux rien et ne veux rien. » —
L'art. 7 du synode du Vivarais est la reproduction, avec quelques variantes, de ce
modèle de lettres de créance. Les pasteurs des Basses-Cévennes imitèrent le
synode du Vivarais. « Nous nous assemblâmes la semaine dernière en corps ecclé-
siastique, écrit Pomaret à Rabaut ; nous ne trouvâmes aucune difficulté à donner
à notre ami une lettre de créance, sous la forme qu'il nous l'a demandée, et nous
la lui aurions déjà adressée avec un petit présent en argent que nous lui desti-
nons, si quelqu'un de nous eîit eu la qualité de procureur fondé de la province,
ou qu'il eût pu la prendre. Cela nous donna lieu d'avancer notre synode ; [les actes
en sont perdus] il est fixé au i5 du mois prochain. Faites nous la grâce, je vous
en prie, de vouloir bien y assister, avec tel autre de Messieurs vos confrères
qui voudra bien avoir la bonté de vous accompagner. Vous vous rendriez, le 14,
de coucher à St-Hippolyte, à moins que vous ne voulussiez me faire l'honneur
de pousser jusques chez moi ; et le lendemain, nous ferions notre affaire, car
nos synodes ne tiennent ordinairement qu'un jour.» (Mss. Rabaut, III, C. p. 38
(16 juillet 1764). Quant au Dauphiné, il y eut des hésitations. «Vous verrez,
écrivait Peirot à Rabaut, par ma lettre au digne comité, dont vous êtes membre
et sans doute président, mes difficultés sur la demande de M. de Gébelin, et
vous reconnaîtrez que, nonobstant ces difficultés, j'incline à lui faire accorder
sa demande à notre province autant qu'il dépendra de moi, — par amitié pour
lui et parce que je crois qu'il en peut résulter du bien.» (Mss. Rabaut, 111, C.
p. 62 (9 sept. 1764). Le Haut-Languedoc et le Poitou acquiescèrent aussi net-
tement à la demande qui leur était adressé. « Notre province, écrivait Dézérit
{Ibid., p. 60), a autorisé M. Court à travailler en qualité de solliciteur auprès
des Puissances pour améliorer l'état de l'Eglise; et nous prions Dieu qu'il le fasse
réussir dans cette entreprise qui nous paraît véritablement chrétienne.»
340 LES SYNODES DU DÉSERT.
lui indiquerons, pour pouvoir fuivre avec refpedl & avec fuccès la
négociation de notre délivrance, dont nous le chargeons, & de nous
en informer exaftement, afin que nous puiffions lui donner les inftruc-
tions que nous croirons néceffaires. La préfente commiiïion fubfiftera
jufqu'à la tenue de notre prochain fynode, où il fera décidé fi elle
doit être continuée. Nous recommandons notredit folliciteur à la
protedion divine, & nous faifons des vœux très-ardents pour le fuccès
de fes travaux.
Peirot, miniftre & modérateur; Vernet, pafteur & fecrétaire.
Synode de Saintonge, Angoumois, et Bordelais.
Au nom de Dieu. Amen.
Les églifes de Saintonge, Angoumois & Bordeaux, affemblées en
fynode, les cinquième & fixième juillet mil fept cent foixante-quatre,
après avoir imploré l'illumination du St-Efprit, ont délibéré ce qui
fuit :
I.
Leélure faite des lettres de députation,on a élu, à la pluralité des
fuffrages, pour modérateurs, MM. Dugas & Cavalier', pafteurs; pour
fecrétaires, MM. Etienne Gibert & Martin, pafteurs.
I. Dans une lettre adressée aux membres du comité du Bas- Languedoc, le
pasteur de Bordeaux, Cavalier, donne d'assez complets renseignements sur les
églises qui formaient ce synode. «Je commence par celles de Saintonge et de
l'Angoumois que la divine Providence continue à favoriser d'une façon toute
particulière. J'ai fait, depuis peu, un voyage dans ces heureuses contrées, et j'ai
été enchanté des avantages spirituels dont nos frères ont le bonheur d'y jouir.
Ils y ont actuellement 27 temples ou maisons d'oraison, garnies de bancs à
dossier, comme en pays de liberté, et dans lesquelles ceux de chaque district
s'assemblent régulièrement, tous les dimanches et dans certains jours de la
semaine, au vu et au su de tout le monde, sans être aujourd'hui troublés ni
inquiétés en aucun endroit, à ce sujet. — Nous ne sommes pas non plus inquiétés
dans cette ville, grâce à Dieu ; mais nous sommes toujours obligés d'y observer
SYNODES PROVINCIAUX.
341
II.
Toutes les cglifes de la province célébreront un jour folennel de
jeune & d'humiliation extraordinaire, le 18" novembre prochain.
m.
Chaque quartier des pafteurs des églifes de Saintonge & Angou-
mois ' fera cenfé compofcr un colloque, jufqu'à ce que, les circonftances
ayant changé, les églifes defdits colloques auront droit d'y députer
deux anciens, & feront tenues lefdites églifes d'y appeler un pafteur
& un ancien du colloque voifin.
beaucoup plus de ménagements. On n'a encore osé y convoquer que de petites
assemblées de 3o, 40, 5o et quelqu'une tout au plus de 80 personnes. Une chose
qui continue à nous foire une extrême peine, à mon collègue et à moi, c'est l'ar-
ticle des baptêmes. Il ne nous est pas possible de faire entendre raison là-dessus
à la plupart des membres de notre troupeau. Ils continuent toujours, malgré nos
représentations, surtout les plus riches, à faire administrer cet auguste sacre-
ment à leurs enfants dans l'Eglise romaine.» Il terminait, en parlant de Court de
Gébelin, par ces lignes: oM. Dugas, en nous envoyant votre lettre, nous a
marqué qu'il vous avait déjà fait part de la façon de penser de notre dernier
synode à son sujet. La délibération verbale qui y fut prise est à peu près con-
forme à celle du vôtre." — Mss. Rabaut, III, C. p. Sg et 61 (7 sept. 1764).
Colloque de Saintonge et Angoumois du 36 janvier 1764.
Au nom de Dieu. Amen.
1. Les église de Saintonge et Angoumois, assemblées en colloque, le 2 G janvier
1764, après avoir imploré le secours divin, ont délibéré ce qui suit:
I. — On a élu, à la pluralité des suffrages, M. Dugas pour modérateur,
M. Martin pour modérateur-adjoint, et M. Jarousseau pour secrétaire.
2. — M. Martin, pasteur du quartier de l'Angoumois, est chargé de convo-
quer le synode provincial prochain de concert avec ses consistoires, d'en fixer le
jour, le lieu et d'en donner avis à Messieurs ses collègues.
3. — Ledit synode sera composé de deux anciens, députés de chaque quar-
tier avec les pasteurs; de quoi M. le pasteur de l'Angoumois aura soin d'aviser
l'église de Bordeaux.
4. — Le refus que fait le synode provincial du] Périgord et Haut-Agenais,
assemblé les 19 et 20 décembre dernier, art. 5, de payer sa portion des dépenses
faites au synode national dernier, nous donnant lieu de présumer que peut-être
ladite province n'entend pas non plus de payer le pasteur que la nôtre est chargée
de lui fournir pendant deux ans, engage la présente assemblée d'enjoindre à
M. Dupuy-la Lande, l'un de ses pasteurs, de demander à ladite province du Péri-
gord quelles sont ses dispositions à cet égard, comme aussi de percevoir les hono-
raires déjà échus, à raison du temps que tant lui que MM. Jarousseau et Dugas y
ont resté, sur le pied des honoraires qu'ils ont en Saintonge; et au cas de refus
de la part de ladite province à ce sujet, on ordonne audit sieur Dupuy de
retourner tout de suite dans son quartier de Saintonge ; et de lui déclarer que
notre colloque se croira désormais dispensé de remplir les vues du synode national
342 LES SYNODES DU DÉSERT.
IV.
L'églife de Bordeaux ne fera point aftreinte à robfervation de
l'article précédent, excepté qu'elle fe trouvât dans le cas de n'avoir
qu'un feul pafteur.
sur cet article, sans préjudice à nos droits au sujet desdites de'penses faites au
susdit synode national.
5. — L'assemblée, s'apercevant avec regret que l'instruction de la jeunesse
sur notre sainte religion est trop négligée par un grand nombre de protestants,
exhorte les pères et mères d'être plus vigilants à l'avenir sur cet article à l'égard
de leurs enfants, et enjoint aux anciens de faire réciter, autant qu'ils le pourront,
une fois chaque dimanche, ou un autre jour de la semaine, à l'heure qu'ils croi-
ront convenable, le Catéchisme de M. Osterwald aux jeunes gens qui se trouvent
dans leurs églises respectives, et de faire en sorte, autant qu'il dépendra d'eux,
qu'ils l'apprennent avec intelligence.
6. — Sur la demande de l'église de Mornac si les places doivent appartenir
aux héritiers collatéraux, ou si l'église doit en hériter elle-même, en sorte que les
consistoires puissent en disposer à leur gré, il a été décidé à la pluralité des
suffrages que lesdites places appartiennent en effet aux légitimes héritiers, soit en
ligne directe ou collatérale ; bien entendu toutefois que lesdits héritiers ne pour-
ront disposer desdites places que de l'avis et conseil du consistoire de l'église où
lesdites places se trouvent vacantes, et qu'ils en paieront les frais annuels qui
auront été imposés ou qui pourront l'être à l'avenir sur lesdits emplacements, afin
que l'église n'en reçoive point de dommage.
7. — M. Frouin, député de l'église de Mornac, a dit être appelant (ainsi que
quelques autres membres de l'assemblée) au prochain synode provincial de la
décision exprimée dans le précédent article, prétendant que lesdites places appar-
tiennent à l'église, dans le cas ci-dessus supposé.
8. — La conduite de ceux qui rompent les liens de l'union conjugale, jusqu'à
en venir à se séparer sans y être autorisés par la raison dont l'Evangile fait men-
tion, étant des plus scandaleuses et des plus criminelles, on enjoint aux consis-
toires d'où les personnes qui sont dans ce cas-là dépendent, de faire incessamment
tout ce qui dépendra d'eux pour les ramener à leur devoir ; et au cas que les
exhortations et les censures soient infructueuses, elles seront poursuivies selon la
rigueur de la discipline.
9- — L'assemblée, pénétrée de la plus vive douleur de ce que bien des per-
sonnes continuent de négliger de sanctifier le jour du dimanche par des actes de
piété, et à le profaner au contraire en se livrant aux penchants qu'ils ont, les uns
pour le jeu, les autres pour la danse, et les autres pour le cabaret, exhorte les
pasteurs et les anciens à ne rien négliger pour remédier à ce scandale qui ne peut
qu'irriter le Seigneur et nous attirer sa colère et ses jugements ; et au cas que
les exhortations que l'on pourra faire à ce sujet soient sans effet, on est d'avis que
les réfractaires soient suspendus de la communion.
•o. — Le peu d'attention que plusieurs protestants ont eu jusqu'à aujour-
d'hui de se conformer à l'art. 3 du colloque du 17 décembre 1761, qui exhorte les
fidèles de ne vendre ni d'acheter le jour du dimanche, engage la présente assemblée
de renouveler ladite exhortation et d'enjoindre de nouveau aux consistoires d'y
tenir la main jusqu'à suspendre de la Ste-Cène ceux qui se montreront incorri-
gibles sur ce sujet.
II. — M. Jarousseau, pasteur, ayant informé l'assemblée que l'église de
SYNODES PROVINCIAUX. 343
V.
Les f\'nodes provinciaux ne prendront point en confidcration les
propofitions ou mémoires qui ne feront pas envoyés par les colloques
refpeiflifs de la province.
Mornac lui est redevable de la somme de septante-cinq livres depuis deux ans, [elle]
a décidé que le premier argent des honoraires qui se percevra dans ladite église
sera employé à le payer, et enjoint en conséquence aux anciens du Bourg et à
ceux de Plordonnier en particulier de s'intéresser pour le payement de ladite
somme, ainsi que des autres arrérages qu'elle peut devoir; faute de quoi, l'on
procédera contre ceux qui sont en demeure par leur faute, selon les lois de la
discipline.
12. — Même injonction est faite à l'église de Breuillet, à la réquisition de
M. Gautier, de Vaux [Vaux-sur-Mer], de lui payer au plus tôt le montant de
la robe qu'il a fournie à ladite église, il y a environ quatre ans.
i3. — Les pasteurs, ou les anciens à leur défaut, feront à la tête de leurs
quartiers respectifs lecture des art. 5, 8, 9 et 10 du présent colloque, et en
recommand[eront] l'observation.
Ainsi conclu et arrêté ledit jour et an que dessus.
DuG.\s, pasteur et modérateur; Martin, pasteur et modérateur-
adjoint; Jarousseau, pasteur et secrétaire.
— Collection Boulineau.
Colloque de l'Agenais du 28 mars r-64.
Au Saint-Nom de Dieu. Amen.
Les églises réformées de Tonneins-Dessous, Fauillet. Grateloup, St-Ger-
main, Puch et Monheurt en Agenais, Nérac en Condomois, assemblées en la
personne de leurs députés au nombre de vingt, ayant M. Lanne, dit Dubois, leur
pasteur, à la tête pour modérateur, après avoir imploré le secours du Tout-
Puissant, ont délibéré ce qui suit :
1 . — On a élu à la pluralité des voix le sieur Henry Arthaud, ancien de l'église
de Tonneins pour secrétaire, et M. Lanne, pasteur desdites églises, pour modé-
rateur.
2. — Sur la proposition de réunion qui a été faite par les MM. de Clairac,
l'assemblée a délibéré de les faire sommer par un de ses députés de donner d'ici
à samedi prochain le mémoire de pacification qu'ils s'étaient engagés de fournir;
faute de quoi ils ne nous trouveront plus disposés à les écouter.
3. — Supposé que Icsdits MM. de Clairac donnent ledit mémoire de pacifi-
cation, l'assemblée a nommé huit députés, avec leurs pasteurs, pour en examiner
le contenu, et pour voir en même temps s'il est recevable ou non; et supposé
que lesdits députés trouvent le mémoire recevable, l'assemblée leur donne pouvoir
de nommer le nombre d'arbitres que ces Messieurs demanderont, sous les condi-
tions qu'ils n'auront point charge dans l'église. Ladite assemblée donne encore
pouvoir, aux arbitres qui seront nommés par les députés de cette assemblée,
d'acquiescer ou de non acquiescer au plan de pacification qui sera proposé de la
part des susdits MM. de Clairac.
4. — La division qui règne, mettant les églises que dessert mondit sieur
Lanne dans le cas de pourvoir par lui-même à son gouvernement particulier,
pour se soustraire aux cabales et délibérations injustes d'un corps qui n'est pénétré
344
LES SYNODES DU DESERT.
VI.
Quoique l'églife de Bordeaux ne forme qu'un confiftoire, elle
aura tous les droits d'un colloque.
que de haine contre mondit sieur pasteur, sans légitime motif, haine qu'ils ont
étendue sur les consistoires qui les composent, qui, en excitant l'animosité des
conducteurs particuliers contre lui, l'ont même étendue sur les fidèles, de so'rte
que, pour pouvoir délibérer et rendre la justice à qui elle appartiendra, l'assemblée
déclare qu'à l'avenir les causes d'appel du consistoire se feront au prochain col-
loque, et du colloque au corps du comité : celui-ci jugera en dernier ressort de tout
différend, les membres en seront pris par égal nombre d'entre les anciens et les
fidèles les plus éclairés et dont le zèle et la piété répondront à leurs lumières. En con-
séquence, l'assemblée a nommé MM. Taurou père, ancien, et M. J[acques] Maillé,
fidèle de Nérac, M. Lagrange de Ranquelan, ancien, et Duprat, fidèle de Puch
et Monheurt, M. Arnaud Laperche, ancien, et M. Laperche aîné, fidèle de l'église
de St-Germain, MM. Couzin, Henry Arthaud, Bergereau, anciens, et MM. Catuffe,
Dubourdhieu et Labeine, fidèles de Tonneins et Fauillet, MM. Lastique et Du-
michel, anciens, Boscas de Catuffe et Bréau, fidèles de l'église de Grateloup. Ce
corps, dont M. le pasteur est le président, ne sera assemblé que par le secrétaire
général, jugera de tous les défauts en contestations, sans qu'il puisse se mêler
d'autres objets que des causes d'appel.
L'assemblée nomme pour commissaires à l'axamen du plan dont est question
à l'article précédent, Messieurs (ceux inscrits en marge).
5. ■ — Touchant le remboursement de M. Laperche, l'assemblée a chargé les
anciens respectifs des quartiers de cet arrondissement, de faire une levée sur tout
le peuple; le provenu de laquelle sera versé entre les mains de M. Couzin, diacre,
délégué de Tonneins, qui a été choisi, par l'unanimité des suffrages, pour trésorier-
général. MM. les anciens feront cette levée le plus tôt possible.
6. — L'assemblée nomme pour secrétaire-général sieur Henry Arthaud,
ancien de l'église de Tonneins, qui tiendra tous les registres de baptêmes, mariages
de l'arrondissement, et auquel l'assemblée a assigné pour honoraire la somme de
6o liv. pour ses panier et vacations.
7. — L'assemblée, sensible au mouvement et peines qu'a bien voulu se donner
M. Lanne, dit D[ubois], notre vénérable pasteur, pour nous endoctriner, pour
lui marquer sa reconnaissance le prie de vouloir accepter pour son honoraire la
somme de 700 liv., fâchée de ne pouvoir faire davantage pour le présent et le
priant de l'avoir pour agréable.
8. — L'assemblée a fixé le temps que commencent lesdits honoraires, depuis
le premier avril lyôS, et que le premier avril présente année, il y aura une année
échue; ainsi, à l'avenir. Laquelle dite somme de 760 liv. tant pour l'honoraire du
pasteur que du secrétaire-général, savoir :
Tonneins-Dessous et Fauillet 35o ■//•
St-Germain, Puch, Monheurt, etc 190 »
Grateloup 80 »
Nérac 140 »
760 »
9. — L'assemblée, vivement émue des imputations odieuses intentées contre
le sieur Estoubes, ancien de l'église de St-Germain, le déclare innocent, confor-
mément à la sentence intentée contre son accusatrice. L'assemblée souhaiterait
SYNODES PROVINCIAUX. 345
VII.
A l'avenir, le colloque charge de la convocation du fynode pro-
vincial pourra fixer le nombre d'anciens députés, que chaque pafteur
amènera audit fynode, à un ou deux.
de tout son cœur le réinstaller dans sa charge; ne'anmoins, comme la majeure
partie des fidèles s'oppose à son re'tablissement, ladite assemblée prie instamment
le sieur Estoubes de renoncer volontairement à son emploi, jusqu'à ce que lesdits
fidèles reviennent des sentiments désavantageux contre lui.
10. — A l'avenir, il sera nommé dans chaque église, tous les ans, à compter
du premier janvier 1 763, deux anciens qui remplaceront deux de ceux qui [y] étaient
déjà, sans néanmoins prétendre que ceux qui devront sortir soient entièrement
exclus de leurs charges, desquelles ils en conserveront l'honneur, à moins de cas
contraire, et auront lesdits anciens voix propositive et place au banc consistorial.
Fait au Désert, le 28 mars 1764.
P. Lanne, pasteur; Henry Arthaud, secrétaire.
Colloque de l'Agenais du 8 juillet 1^64.
Au Saint-Nom de Dieu. Amen.
Les églises de Tonneins-Dessous, Fauillet, Grateloup, St-Germain, Puch et
Monheurt, [se sont] assemblées en colloque ce jourd'hui le huitième juillet mil sept
cent soixante-quatre, en la personne des anciens, ayant à leur tête M. Lanne, leur
pasteur, pour modérateur, et pour secrétaire élu à la pluralité des voix M. Antoine
Pomarède, ancien, et après avoir imploré les secours du St-Esprit, elles ont déli-
béré ce qui suit :
1. — Plusieurs anciens des susdites églises, requérant leur congé, désirant se
démettre de leur charge, l'assemblée, pénétrée de douleur d'une demande si peu
attendue, leur a demandé les raisons qui les portaient à prendre une résolution
si contraire à la tranquillité de ces églises infortunées.
Lesdits requérants ont présenté pour motif de leur démission les abus qui
s'étaient introduits dans l'Eglise. Ils se sont plaints du tort infini que les églises
souflVaient dans l'autorité qu'avaient visiblement perdue les consistoires, ci-devant
leurs légitimes conducteurs. Ils ont appuyé cette plainte sur la Discipline ecclé-
siastique, chap. III, art. 3; chap. V, art. 1 [et] 4. Ils ont fait rejaillir la cause de ces
abus sur leur pasteur, qui, par complaisance et par trop de bonté, laisse introduire
insensiblement dans l'église un tribunal qui prend tous les jours de nouvelles
racines, et qui sape par les fondements le corps consistorial.
L'assemblée, convaincue de la vérité de ces abus, de même que des maux
qui en reviendraient aux églises, si on n'y apportait tout de suite un remède effi-
cace, ordonne qu'à l'avenir tout ce qui a trait au gouvernement de l'église se
décidera par consistoires ou colloques et comité, chacun dans leurs limites, ainsi
qu'il fut dit et délibéré au précédent colloque, art. 4.
Elle défend à tous fidèles, de quelque état et condition qu'ils puissent être, de
se mêler à l'avenir des affaires de l'église sous quelque prétexte que ce soit; et
quant à ces diverses ambassades ou pourparlers qui jusqu'à présent ont eu lieu
entre certains fidèles des églises de Clairac et des nôtres, l'assemblée les con-
damne et les prohibe, les envisageant avec raison comme des objets plus propres
à perpétuer la division qu'à l'éteindre.
2. — Lesdits plaignants, satisfaits de cet article, se sont départis de leurs de-
346 LES SYNODES DU DÉSERT.
VIII.
Il eft laiffé à la liberté des églifes qui fe trouveront pourvues de
plufieurs pafteurs, de les députer tous aux fynodes provinciaux, ou
l'un d'eux feulement.
mandes, et ont promis de reprendre l'exercice de leur charge avec une nouvelle
vigueur.
3. — L'assemblée, vivement persuadée que si le susdit article est mis en exé-
cution et en vigueur, la paix, l'union et la tranquillité régneront nécessairement
dans le sein de ces églises, ordonne au pasteur et aux anciens de faire tous leurs
efforts pour qu'il ait son entière exécution; et supposé qu'il se trouve quelqu'un,
soit du côté de ces derniers, soit de la part des fidèles, qui vienne à en rompre
le moindre article, l'assemblée suspend les premiers de l'exercice de leur charge
pour trois mois, et exclut les derniers pour un pareil temps des assemblées reli-
gieuses, déclarant les uns et les autres perturbateurs et ennemis du repos public.
4. — Comme quelqu'un pourrait trouver de l'ambiguïté dans le premier
article, et tirer de cette ambiguïté un prétexte à le violer dans tout son tout, ou
dans une de ses parties, l'assemblée, pour ôter tout sujet de doute, déclare qu'on
regardera pour violateur dudit article celui même qui, avec des bonnes intentions,
proposerait ou accepterait des voies tendant à la paix et au bonheur de l'église,
sans en avoir préalablement fait part au corps des consistoires et au colloque.
5. — M. Lanne, dit Dubois, ayant représenté à l'assemblée que les calomnies
affreuses, dont on ne cesse de le noircir, le mettent hors d'état de s'acquitter des
fonctions de son ministère, et qu'il se voyait obligé en conséquence à chercher
dans l'éloignement une tranquillité qu'il ne trouvait pas au milieu de nous, —
ayant été prié de sortir, l'assemblée, pénétrée de douleur des revers et disgrâces de
son cher pasteur, après avoir mûrement pesé les griefs portés contre lui, en par-
ticulier, après avoir soigneusement examiné les deux dernières lettres écrites
contre lui, savoir: une lettre écrite par Mad[ame] la Balive de Kirchberguer, et
une autre par M. le grand pasteur Polier de Bottens, a décidé que, bien loin que
ces lettres lui fussent contraires, elles servent des preuves authentiques à sa justi-
fication.
I" La lettre de Mad[ame] de Kirchberguer, qui, au premier coup d'œil, paraît
le noircir, ne prouve ni ne peut rien prouver, puisque cette dame ne donne ni ne
peut donner des preuves de ce qu'elle avance. Après avoir imputé plusieurs faits
au sieur Dubois, elle avoue que, ne croyant plus entendre parler de lui, elle a
brûlé toutes les pièces qui auraient pu rendre son témoignage valable.
M. Dubois, fût-il beaucoup plus coupable qu'on ne veut le faire passer, il
s'ensuit nécessairement, par le propre aveu de cette dame, que dans tous les tribu-
naux du monde il sera toujours regardé comme innocent, puisque l'on ne prouve
ni ne peut prouver ce que l'on lui impute.
2" Dans la supposition où cette dame pourrait fournir des matériaux contre
lui, ils seraient toujours suspects et sans nulle valeur, en ce que cette dame ne
peut justement et validement témoigner que de ce qu'elle a vu et de ce qui s'est
passé sous ses yeux, et non de ce qui s'est passé loin d'elle. A ce second égard
encore, la justification de M. Dubois est bien constatée, puisque cette dame
avoue que, pendant le temps qu'il a resté avec elle, elle n'a rien à lui reprocher.
Que pourra-t-on alléguer contre lui, sera-ce le témoignage de M. de Bottens?
Mais hélas ! cet indigne ministre, en déployant un fonds de noirceur peu commun,
rend notre cher pasteur plus blanc que la neige.
SYNODES PROVINCIAUX. î^j
IX.
Comme il cft convenable que les qucflions importantes qui doi-
vent être de'cidées dans les fynodcs foient mûrement examinées, &
que les députés puiffent faire part auxdits fynodes de la façon de
I» Le sieur Polier a voulu rendre le sieur Dubois la triste victime de la ca-
lomnie la plus afTrc'use; suivani sa propre lettre, il a voulu arracher un aveu par
écrit du sieur Chabaud, orfèvre de Lausanne, qui constaterait qu'il lui avait volé
des effets achetés. Le sieur Chabaud ne peut ni ne veut souscrire à cette affreuse
proposition; le sieur Polier, ne pouvant point l'accabler sous le poids de son cruel
ressentiment, a tourné ses armes d'un autre côté; il avance que le neveu, beau-
fils de Madame de Kirchberguer, qui s'est transporté sur les lieux, pour faire des
informations contre lui, a donné une déclaration qui prouve effectivement que le
sieur Dubois est atteint du crime de vol. Ledit Rottens, sollicité de fournir cette
déclaration, avoue qu'elle n'est point claire, qu'elle est confuse, et qu'on l'a en-
voyée à Paris pour la commenter. Il s'ensuit donc, suivant lui, que M. Dubois
n'est point coupable, puisque il avoue lui-même que les seules et uniques pièces
qui pourraient rendre sa cause mauvaise ne valent rien.
Par toutes ces raisons et par d'autres qu'on ne trace pas ici, et que le sieur
Dubois fera valoir dans un mémoire que la présente assemblée le prie de mettre
au jour, pour établir son innocence, ladite assemblée le regarde dûment et légi-
timement absous de tout ce qu'on lui impute; prie tous les fidèles de le regarder
comme tel; défend a. tous les membres de nos églises de lui parler plus de ces
tristes affaires, et menace de censure ou d'autre peine plus forte ceux qui, doréna-
vant, s'ingéreront à vouloir exiger d'autres preuves de sa justification; l'exhorte k
lui de se rendre de plus en plus digne du saint emploi dont il est revêtu.
6. — Les consistoires, non plus que le colloque et comité, ne pourront vala-
blement rien décider sans avoir à leur tête le pasteur du lieu {Discipline ecclésias-
tique, chap. V, art. i), à moins qu'il y présidât par lettres, néanmoins y disant
les causes de son absence ou de refus, ce qui sera décidé si elles sont valables ou
non. Et en cas de refus, on ne statuera rien contre lui qu'après la troisième
sommation.
7. — Les consistoires ou colloques, etc., ne pourront être récusés en entier
ni plus de la moitié. Toutes récusations seront toutefois valables contre les parti-
culiers desdits consistoires, etc., tant pasteur qu'anciens, admises par le consis-
toire, etc., et sera passé outre, nonobstant appel sur l'admission ou rejetion
desdites récusations (Discipline ecclésiastique, chap. V, art. 9), ni se tenir récusés
f Règlement du synode de Vcrtcuil i5bj et de Gergeau lijoi).
8. — Au cas que le pasteur vînt ù être récusé valablement, les anciens pourront
juger des différends qui se présenteront (Discipline ecclésiastique, chap. V, observ.
régi, du synode de Privas 1612; de Tonneins 1614); et aura lieu le règlement
pris au synode de Loudun 1659, art. 22.
9. — M. le pasteur ne pourra à l'avenir s'absenter des églises de cet arrondis-
sement, sous aucun prétexte, sans la permission expresse et consentement du
colloque (comme il est ci-devant arrivé en plusieurs occasions), ainsi que prescrit
la Discipline ecclésiastique, chap. I, art. 22.
10. — M. le pasteur préviendra dorénavant, deux jours à l'avance au moins,
un des anciens de l'église où il voudra prêcher, et ledit en préviendra ses
confrères.
11. — On n'admettra à l'avenir aucun fidèle à la participation de la Ste-Cène,
348 LES SYNODES DU DÉSERT.
penfer des églifes qui les envoient, le colloque chargé de convoquer
lefdites affemblées fynodales eft enjoint de prévenir à l'avance les
différents quartiers des articles les plus importants qui devront y être
propofés; & pour mettre ledit confiftoire à même d'exécuter le préfent
arrêté, les autres quartiers de la province feront exads à lui faire part
des queftions générales qu'ils auront à propofer.
d'une église à l'autre, chacun étant à même de pouvoir y participer dans l'église
dont il est membre (Discipline ecclésiastique, chap. XII, art. i3), à moins d'un
consentement exprès du consistoire, ou de l'ancien du quartier duquel ils se trou-
veront dépendants, que de l'église qui pourra les admettre. Messieurs les anciens
des églises célébrantes y tiendront la main à ce que personne, hors de leurs
districts, n'y soit admis sans les susdites conditions. (Discipline ecclésiastique,
chap. XII, art. 5).
12. — Pour faciliter l'exécution de l'article précédent, M. le pasteur en aver-
tira les fidèles avant la communion, afin d'éviter par là la mortification que
pourrait causer un refus, tant à celui à qui il pourrait être fait, qu'aux anciens
obligés à le faire pour le bien de l'ordre. Il exhortera même chacun des fidèles à
rester dans leurs églises.
i3. — Aucune personne qui n'aurait point ci-devant fréquenté les saintes
assemblées, ne pourra s'y ingérer ni y être ingérée par aucun fidèle, sans en avoir
auparavant donné connaissance au consistoire ou à l'ancien du quartier duquel
il réside, qui le rapportera aux autres, ses associés, qui jugeront ensemble de ce
qui sera expédient, pour éviter les inconvénients qui pourraient en résulter, pour
raison de suspicion, de croyance- contraire ou de mauvais dessein. Ceux qui à
l'avenir viendraient à le faire, seront dans le cas d'encourir la censure.
14. — Ceux qui se trouvent dans le cas, ou pourraient y tomber à l'avenir, de
scandaliser l'Eglise par leur mauvais exemple, en faisant baptiser ou rebaptiser leurs
enfants dans l'Eglise romaine, seront exclus de la participation à la Ste-Cène pour
six mois et n'y seront admis qu'après avoir été censurés en consistoire; et s'ils
récidivent une seconde fois, ils en seront suspendus pour un an, et n'y seront
admis qu'après la censure et réparation publique devant l'assemblée.
I 5. — Quant à ceux qui y font bénir leurs mariages, l'assemblée les exclut pour
six mois des saintes assemblées, sans pouvoir y être admis qu'après la censure pu-
blique, — les exclut ensuite pour deux ans de la participation de la Ste-Cène, à
laquelle ils ne pourront être admis qu'après avoir donné des marques non équi-
voques de repentance, et sans faire la réparation publique avec censure, les consis-
toires en jugeront, et ils pourront en amoindrir la peine selon le degré de morti-
fication.
16. — L'assemblée, vivement émue du relâchement qu'il y a dans les sociétés
privées, exhorte tous les anciens d'y tenir la main, et de se trouver ou d'y pourvoir
en cas d'absence, dans lesdites sociétés, et de faire des prières selon le formulaire,
tous les jours de dimanche au moins une fois, afin d'instruire, par des catéchismes,
la lecture de la parole de Dieu, celle d'un sermon et la prière, les fidèles, et afin
d'attirer sur ces Eglises et cet Etat les bénédictions du Ciel, et consacrer ce jour
solennel au service de Dieu.
17. — M. le pasteur est prié d'en recommander, même presser l'observation,
et d'exhorter les fidèles de s'y ranger chacun dans leurs quartiers, surtout les
hommes, [IJesquels on ne voit guère, ainsi que le témoignent les anciens qui
s'emploient à cet exercice.
SYNODES PROVINCIAUX.
349
Les pafteurs qui ont fignc l'ade de congé de M. Solier, ci-devant
pafteur de la province, y étant autorifés par le colloque du 29" juillet
I jôo, on a trouvé les plaintes que certains anciens ont portées, à ce
fujet, à la préfente alfemblée, deftituées de tout fondement, & l'on
enjoint auxdits anciens de fe conformer à l'avenir à l'art. 5 ci-deifus
touchant les propofitions qu'ils auront à faire aux fynodes.
i8. — On n'admettra à l'avenir aucun fidèle à la présentation des enfants au
St-Raptêmc en qualité' de parrain ou de marraine, qui n'ait l'âge requis {Discipline
ecclésiastique, chap. X, art. 10) et qu'ils ne soient munis d'attestations des anciens
du quartier d"où ils seront, a défaut de la présence de l'un d'eux, ainsi que prescrit
la Discipline ecclésiastique, chap. X, art. 9.
19. — Les baptêmes et les mariages se feront dorénavant à la tête des assem-
blées, y ayant prédication, à moins d'urgente nécessité, et quant aux mariages,
chacun dans leurs églises, sans que l'usage puisse être changé, qu'au cas ci-dessus, de
quoi les consistoires connaîtront, néanmoins les parties rapportant des attestations
des anciens de leur résidence {Discipline ecclésiastique, chap. XIII, art. i5), dans
le cas que l'une des parties fût dépendante d'une église, l'autre d'une autre.
20. — Conformément à l'arrêté pris dans le précédent colloque de ces églises,
tenu le 28 mars dernier, art. 2, 3, concernant le plan de pacification proposé et
promis par quelques MM. deClairac, il fut arrêté qu'on examinerait ledit plan pour
voir s'il était recevable ou non, les consistoires respectifs ayant donné pouvoir aux
commissaires nommés par icelui de traiter des voies amiables, en éloignant tout
sujet de litige ou de rigueur, tendant à une ferme et stable paix. Lesdits commis-
saires s'étant assemblés et ayant pris à cet égard une délibération, l'assemblée,
pénétrée de douleur de voir que ledit plan de pacification, bien loin de produire
les heureux effets qu'on s'en promettait, n'a fait au contraire qu'envenimer et
augmenter la malheureuse division qui déchire ces églises infortunées, a jugé à
propos d'annuler ladite délibération, remerciant néanmoins les Messieurs qui en
sont les auteurs de la bonne volonté qu'ils ont fait paraître dans cette occasion.
21. — Il sera procédé incessamment et tous les trois mois, dans chaque église,
à la reddition des comptes, où chaque ancien ainsi qu'autres qui se trouveront dans
le cas d'en avoir, seront obligés de les rendre en consistoire; les autres feront la
déclaration comme n'en ayant aucun, s'ils sont dans le cas; ou devront être invités
quelques-uns d'entre les fidèles pour en être spectateurs et témoins (Discipline
ecclésiastique, chap. IV, art. 3); ce qui sera exactement couché par acte, sur le
livre consistorial, de même que tous actes de délibération faits par iceux; lesquels
seront exactement signés. l,es églises qui s'en trouveront dépourvues devront
incessamment s'en pourvoir, ainsi que prescrit l'ordre, sous peine de censure.
22. — Les anciens devant veiller au bon ordre et à l'entretien, et à pourvoir aux
divers besoins où peut se trouver l'église, la levée ou collecte étant uniquement de
leur ressort et dévolue de droit aux consistoires, chacun dans leurs justes bornes,
il est défendu, sous peine de censure, même de plus forte peine, a pas un fidèle
de faire de levée ou collecte, sous quelque prétexte que ce soit, sans en être ex-
pressément chargé par le consistoire du lieu; et tous les fidèles seront exhortés à
ne donner ni contribuer en rien, qu'entre les mains des anciens ou de ceux qui
seront expressément envoyés de leur part, qui, à ce sujet, devront être munis d'un
rôle ou état signé de leurs mains; pas même à un ancien, sauf le consentement de
35o LES SYNODES DU DESERT.
XI.
Vu les circonftances particulières dans lefquelles fe font trouvées
les églifes de Marennes & de la Pimpelière, l'alfembléc eft d'avis que
les fidèles de la ville de Marennes qui ont aftuellement des bancs en
propre dans l'églife de la Pimpelière peuvent les conferver & pratiquer
dans ladite églife toutes les parties du culte divin.
XII.
Sur la queftion propofée au fujet d'un différend furvenu dans le
confiftoire de Mornac, favoir fi les héritiers collatéraux fuccèdent aux
places que leurs parents défunts avaient en propriété dans l'églife dont
ils étaient membres, l'affemblée a décidé qu'ils doivent hériter dans
les églifes de Saintonge, à caufe que les maifons d'oraifon, que les pro-
teftants y ont érigées, font achetées en commun & que, conféquem-
ment, un chacun y a droit fur le fol même, à proportion de fa mife.
Cependant, comme les dépenfes des églifes font continuelles & qu'elles
peuvent augmenter, lefdits héritiers collatéraux feront tenus de con-
tribuer aux frais néceflaires, à raifon des places qui leur feront échues;
mais, comme il pourrait réfulter plufieurs difficultés d'un pareil droit
& qu'un feul particulier pourrait être polTeffeur d'une multitude de
places & les garder par opiniâtreté, il fera, dans ce cas, au pouvoir
leurs confrères. Ceux qui, à l'avenir, viendraient à y être surpris, seront taxés de
malversation et poursuivis selon l'exigence du cas.
23. — Les consistoires ou anciens ne pourront point collecter d'une e'glise dans
une autre, sous aucun prétexte, ni rien recevoir pour leur profit au préjudice des
autres, des mains de ceux qui ne sont point de leur quartier, sans injustice, et
seront dans le cas de le rembourser incessamment, sans attendre qu'on le réclame;
ceux qui se trouveront dans le cas et qui l'affecteront, après avoir été avertis,
seront censurés, même déposés, s'ils y persistent.
24. — Les mariages ne seront proclamés, sans qu'au préalable on n'ait de
suffisants témoignages des promesses entre les parties, comme contrats ou actes
accoutumés {Discipline ecclésiastique, chap. XIII, art. i5), ni bénis que suivant ce
que prescrit la Discipline ecclésiastique, chap. XIII, art. ig.
25. — Les anciens qui auront été invités aux colloques ou consistoires, et qui
n'auront daigné s'y trouver, seront censurés, si les causes ou raisons de leur
absence ne sont jugées valables, et seront exhortés à s'y trouver autant qu'il dé-
pendra d'eux.
26. — Les sociétés privées qui se font dans la ville, et autres, où n'assisteront
point un ou deux anciens, seront regardées comme scandaleuses et préjudiciables
au bien et à l'édification de l'Eglise; ceux qui y assistent, seront exhortés de s'en
séparer.
27. — Ces églises, gémissant sous le poids accablant de la discorde qui les désole,
l'assemblée a trouvé à propos qu'il fût célébré un jeûne dans leur étendue, pour
SYNODES PROVINCIAUX. 36 1
du confiftoirc du lieu de difpofer, au bout de fix mois, defdites places
en faveur de ceux qui n'en feront pas pourvus, en remettant le mon-
tant de la fomme qu'ils recevront des acquéreurs aux héritiers. Le
même règlement doit être oblcrvc envers les héritiers en ligne droite.
xui.
La compagnie ayant délibéré fur le parti qu'il convient de
prendre au fujet des églifes du Périgord, Haut & Bas-Agenais, qui
ont refufé de payer leur quote-part des dépenfes générales de la pro-
vince, faites l'année dernière, il a été arrêté qu'on écrirait auxdites
églifes pour leur témoigner combien la préfente alfemblée elt furprife
d'une pareille réfolution,quicontrafle diredement avec les obligations
defdites églifes qui, faifant pour lors corps avec celles de cette pro-
vince, ne peuvent, fous aucun prétexte, refufer de rembourfer leur
portion des dépenfes qui ont été faites pour la province en général ;
en conféquence, il fera écrit auxdites églifes du Périgord, Haut &
Bas-Agenais pour leur réitérer la demande qui leur a été faite à ce
fujet ; & au cas qu'elles perfiftent dans leur refus, il leur fera déclaré
que plainte en ferait portée au fynode national, afin que ce tribunal
interpofe fon autorité pour contraindre lefdites églifes de remplir à ce
fujet ce que leur devoir & la juftice exigent.
nous humilier tous sous la puissante main de Dieu, afin de le fléchir et lui de-
mander ardemment la paix dont nous sommes privés, par l'aveu sincère de nos
foutes, mais aussi avec promesse de vivre désormais comme de vrais chrétiens;
elles ont fixé ce jour d'humiliation au premier dimanche, après que la communion
de septembre prochain aura été célébrée dans ces églises; tous les fidèles sont et
seront exhortés do s'y préparer, afin d'obtenir de la main du Seigneur un bien si
précieux et duquel nous déplorons la perte.
28. — Afin que tant les fidèles que les anciens puissent concourir à l'exécution
des arrêtés pris dans le présent colloque, et ne puissent sous prétexte d'ignorance
tirer des raisons d'excuses de l' infraction, dans l'une de ses parties, l'assemblée a
jugé à propos que lecture en fût foite à la tète des premières assemblées.
29. — L'assemblée a chargé le consistoire de St-Germain de la convocation du
prochain colloque, ce qui sera ainsi observé, chacune par son tour, ou comme il
sera trouvé expédient, conformément à la Discipline ecclésiastique, chap. IX,
art. I .
Ainsi a été conclu et arrêté au Désert, les mêmes jour et an que dessus.
P. Lanne, pasteur; Pomarède.
Nous soussignés promettons devant Dieu d'observer et faire observer tous
les articles ci-dessus mentionnés, sans aucune restriction.
Lanne, pasteur; Pomarède; Ladeux; Bergereau; Barbecane;
Dupouy; Henry Arthaud; Sourbé; Metce.
— Collection F. Marquis-Sébie.
352 LES SYNODES DU DESERT.
XIV.
Sur la propofition qui a été faite pour favoir fi notre province
doit continuer le prêt d'un de fes pafteurs, pendant deux ans, à la
province du Périgord & Agenais, conformément à l'art. 22 du
fynode national dernier, l'affemblée a arrêté que, malgré le refus de
ladite province, les églifes de Saintonge, Angoumois & Bordeaux fe
conformeront à l'arrêté dudit fynode national à ce fujet, autant toute-
fois que ladite province du Périgord paiera les honoraires despafteurs
qui l'ont déjà delfervie ou qui la defferviront à l'avenir, en conformité
de l'article du flynode] n[ational] ci-deffus cité, & cela à raifon du
temps que lefdits pafteurs refteront à fon fervice & des honoraires
qu'ils perçoivent dans leurs quartiers; & au cas de refus defdites églifes
du Périgord & Agenais, on leur déclare, par le préfent article, qui
leur fera notifié (ainfi que le précédent) par Meffieurs les modérateurs
& fecrétaires, qu'on fe croira difpenfé de leur fournir le fecours auquel
on n'efl; cenfé être engagé que fous les conditions ci-deffus.
XV.
Ayant été demandé à rafl"emblée quelle conduite un confiftoire
doit tenir envers des particuliers qui défireraient qu'il leur fût permis
de remplir leurs devoirs de religion dans une autre églife que celle
du lieu où ils réfident, il a été répondu que l'édification exige que
lefdits particuliers pratiquent le culte public dans l'églife dont ils font
cenfés membres, & qu' ainfi on ne peut accorder une telle permiffion.
XVI.
Sur la demande qui a été faite fi l'on doit bénir un mariage dont
l'une des parties, qui fe dit être proteflante, n'afiifte point au culte
public de notre fainte religion, ni ne veut promettre d'y aflifter, la
compagnie efl: d'avis qu'un tel mariage ne doit pas être béni.
XVII.
Un fidèle de Marennes fe trouv[ant] dans l'impoflibilité de payer
tous les frais qui lui ont été faits, au fujet d'une faifie de fes biens à
laquelle il avait été expofé pour fait de religion, il a été convenu de
lui avancer 36o liv., qui feront réparties, par égales portions, fur
les cinq quartiers qui compofent aduellement la province.
SYNODES PROVINCIAUX. 353
XVIII.
Le fynode du Périgord & Agenais, afTemblc les 19" & 20" dé-
cembre 1763', ayant refufc, comme il appert par l'art. 5 de fes
délibérations, d'entrer pour fa quote-part aux dépenfes de la province
avant que le f[ynode] n[ational] dernier en eiJt formé deux fynodes
provinciaux, la répartition dcfdites dépenfes a été faite fur les églifes
de Saintonge, Angoumois & Bordeaux, au marc la livre, à raifon des
honoraires que chaque quartier paye à fes pafteurs, favoir :
Sur la Saintonge & Angoumois . . 782 # 12 f 4 d
Sur Bordeaux 294
1076 » 12 f 4 d
XIX.
Sur les repréfentations qui ont été faites à la préfente aflemblée,
elle enjoint aux églifes de Marennes & de St-Savinien de payer à
M. Dupuy, pafteur, fes honoraires échus à la St-Jean dernière, favoir:
Marennes, à raifon de 258 -ff
St-Savinien, à raifon de 200 »
458 »
XX.
M. Dugas ayant reçu de M. JaroufTeau ... 48 /f
de M. Dupuy .... 24 »
de M. Martin .... 23o » 10 f
3o2 » I o f
& devant de plus percevoir les honoraires que payent les églifes qu'il
dclfcrt, fe charge d'acquitter la fommc de 782 liv. 12 f. 4 d., qui eft le
montant des dépenfes générales des quartiers de Saintonge & An-
goumois.
XXI.
Les comptes des églifes de Saintonge & Angoumois arrêtés,
M. Martin f'eft trouvé redevable auxdites églifes de la fomme de
99 liv. 10 f. qu'il payera à la première réquifition.
XXII.
Meffieurs Dupuy, paft[eurs], ayant demandé d'exercer leur minif-
tère dans la même province, l'affemblée, pour répondre favorablement
à leurs défirs, aurait adrelfé inccUamment vocation à l'aîné de ces
1. Les actes de ce premier synode, convoqué à la suite de la décision du
synode national de 1763 (art. 22) n'ont pas été retrouvés.
23
354 ^^^ SYNODES DU DESERT.
Meffieurs, qui eft aftuellement en Agenais; mais à caufe du droit que
les églifes du Périgord & Haut-Agenais ont fur lui, en vertu de
l'art. 22 du fynode national dernier, on n'a pas cru pouvoir fe dif-
penfer de demander audit M. Dupuy aîné d'obtenir préalablement
fon congé du fynode dont il dépend, moyennant quoi on verra avec
plaifir qu'il vienne exercer fon miniftère dans le fein des églifes de
cette province.
xxm.
L'affemblée confirme la vocation que le colloque de Saintonge
du 24° août 1763, art. 3, [a] adreCfée à M. Jacques Dumas, aduelle-
ment miniftre.
XXIV.
Les églifes de Saintonge & Angoumonis formeront à l'avenir
trois quartiers, dont chacun fera deffervi par deux pafteurs qui circu-
leront dans ledit quartier ; ce partage fera dans l'ordre fuivant :
i" Quartier de La Tremblade, Avallon, Paterre, Mornac,
Breuillet, Courlay, Royan, le Pouyaud & Didonne.
2" Quartier de Soubize, Luzac, Marennes, la Pimpelière, le Port
des Barques, St-Savinien, Cozes & Mefchcrs.
3° Quartier de Cognac, Jarnac, le Louis, Segonzac, Chez Piet,
Jonzac, Pons, Gémozac, St-Fort & Mortagne.
XXV.
Immédiatement après l'arrivée de MM. Dupuy aîné & Dumas,
MM. Dugas, Martin, Jarouffeau & Dupuy jeune, avec un ancien
de chaque églife, f'affembleront pour prendre des arrangements dé-
finitifs au fujet de la fixation des pafteurs, conformément à l'article
précédent. Et en attendant l'arrivée defdits Meffieurs Dupuy aîné &
Dumas, les églifes feront deffervi es fur le pied qu'elles l'ont été jufqu'à
préfent; mais au cas qu'il n'y eût qu'un de ces Meffieurs qui fe rendît
dans la province, il circulera dans toutes les églifes jufqu'au prochain
fynode provincial : la même commiffion fera la répartition du furcroît
d'honoraires qu'il faudra payer au fujet de l'augmentation des pafteurs
dans les églifes de Saintonge & Angoumois.
XXVI.
Suppofé que l'arrangement pris dans la préfente affemblée,
art. 24, ait lieu, on pourra, dans ce cas, déroger à l'art. 3 ci-deffus ;
SYNODES PROVINCIAUX.
:>oo
en conlcquence, les églifes de Saintonge & Angoumois ne formeront
que trois colloques, dont chacun fera compofé des deux pafteurs qui
defferviront lefdits quartiers & d'un député, ancien de chaque églife.
XXVII.
Sur la plainte portée à la préfente aflemblée par quelques jeunes
gens de l'églife de Jarnac, qui demeurent fufpendus de la table facrée
pour fêtrc mafqués & avoir danfé avec excès, le carnaval de l'année
1762, la compagnie a trouvé le confiftoirc de Jarnac blâmable d'avoir
interdit publiquement le facrement de la Ste-Cène auxdits jeunes
gens, avant de les avoir appelés en confiftoire & effayé de les contenir
dans leur devoir par des admonitions particulières; cependant, comme
le fcandale caufé par lefdites pcrfonnes méritait de vives cenfures
de la part de leur confiftoire, & que tout ce qu'il y a de répréhcnfiblc
dans fa conduite confifte principalement dans un défaut de forme, il
eft ordonné aux perfonnes plaignantes d'avoir à l'avenir plus de défé-
rence pour Meflieurs le pafteur & anciens de leur églife, & de fe
foumcttre, pour rentrer dans la paix de l'Eglife, aux cenfures confifto-
riales qu'elles ont encourues; & pour effacer l'impreflion qu'a faite
la publication de ladite fufpenfion, M. le pafteur déclarera à la tète de
l'alfcmblée que les perfonnes qui avaient été privées de participer à
la Ste-Cène pour f'ètre mafquées & avoir donné dans l'excès de la
danfe, ayant témoigné être repentantes, il lève la fufpenfion décernée
contre elles.
XXVIII.
L'églife de Bordeaux eft chargée d'entretenir la correfpondance
de la province, conformément à l'art. 18 du f^ynode] n[ationalj
dernier'.
I. On a indiqué (p. 3 10) quels étaient, dans les premières années, les membres
correspondants du Béarn, des Basses-Ccvennes, du Dauphiné; on trouvera (p. 36i)
les noms des membres du comité du Bas-Languedoc. Les uns et les autres avaient
déjà eu l'occasion de s'écrire et de se concerter, comme on l'a vu plus haut, au
sujet du mandat de Court de Gébelin. Mais, en dehors de ces petits comités, il en
existait un autre à Paris, de date antérieure, qui avait la prétention, non avouée,
de diriger les affaires des religionnaircs dans leurs relations avec le pouvoir civil,
et qui. entrant dès le début en conflit avec Gebelin, se trouva également en dés-
accord avec une partie des comités provinciaux. Au lieu de l'unanimité des vues,
on se heurta à des divergences; de là de stériles discussions qui neutralisèrent et
souvent découragèrent les meilleures volontés. « Messieurs du comité de Paris,
écrivait de Ganges (Gard), le pasteur Pomaret, me mettraient de très-mauvaise
356 LES SYNODES DU DÉSERT.
Ladite églife eft auffi chargée de la convocation du prochain
fynode provincial.
Ainfi conclu & arrêté lefdits jours & an que deffus par ladite
affemblée fynodale, compofée de fept pafteurs, favoir : MM. Cavalier,
Dugas, Martin, Etienne Gibert, Jarouffeau & Dupuy jeune, afliftés
de douze anciens, députés.
Après avoir remercié le Seigneur de fa proteftion, & les cenfures
faites, l'aiTemblée f'eft féparée.
Dugas, part'' & modérateur; Cavalier, paft'' & modérateur-
adjoint; Gibert jeune, paft"' & fecrétaire; Martin, pafl"'
& fecrétaire-adjoint.
humeur. Qu'avons-nous de commun avec eux ? Et quelques particuliers, qui n'al-
lèguent que des peurs de ceci ou de cela, l'emporteraient-ils sur des pasteurs qui
ont soutenu les églises, qui les ont faites? Je ne m'en consolerais de la vie.»
(Mss. Rabaut, III, C. p. 28). Court de Gébelin partageait les mêmes sentiments
et les exprimait avec non moins de vivacité. Cependant, bien que les efforts des
uns et des autres ne fussent pas toujours parallèles, on faisait chaque jour de
nouveaux progrès vers la tolérance.
Synodes provinciaux de 1765.
Synode du Bas- Languedoc.
Au nom de Dieu soit fait. Amen.
E fynodc du Bas-Languedoc, affemblé au Dcfcrt, les pre-
5LYWW micr, deuxième, troifièmc & quatrième mai mil fept cent
^ji^^Y^ foixante-cinq, au nombre de quinze pafteurs de la province,
:^^^dcu\ des Baffes-Cévennes, un des Hautes, quatre miniftres,
cinq propofonts & quarante-cinq anciens, députes par les églifes,
après avoir invoqué le St-Nom de Dieu & élu, à la pluralité des luf-
frages, M. Paul Rabaut, pafteur, pour modérateur ; M. Jean Pradel,
pafteur, pour modérateur-adjoint; M. Pierre Encontre, paftcur, pour
fecrétaire, & M. Jean Guizot, aufl] pafteur, pour fecrétaire-adjoint,
a arrêté ce qui fuit ' :
A caufe de l'extrême corruption qui règne & qui va en augmen-
tant, & vu que nos églifes demeurent toujours fous la croix, il fera
célébré un jour de jeûne extraordinaire, le 20" octobre prochain, & en
cas de pluie ce jour-là, le dimanche fuivant.
I . C'est à cette date qu'il convient probablement de placer cette lettre adressée
par Rabaut-St-Etienne au prince de Beauvau qui venait d'arriver en Languedoc.
On croit utile de la donner, moins pour l'incident au sujet duquel elle fut e'crite,
qu'à cause des renseignements qu'elle contient sur la tenue d'un synode provin-
cial, en 1763. On était déjà loin des premiers synodes convoqués par les prédicants
de 171 5.
«...Les pasteurs et quelques anciens du Bas-Languedoc s'assemblèrent, au
mois de mai dernier, en synode, comme ils le font toutes les années pour y régler
l'emplacement des ministres et les autres affaires de discipline. C'était aux envi-
rons de Vie, village du diocèse d'Uzès, sur la route de Nîmes à St-Hippolyte.
358 • ES SYNODES DU DÉSERT.
II.
Deux députés de l'églife de St-Hippolyte ayant préfenté un
mémoire tendant à obtenir le miniftère de M. Baftide, & ce digne
pafteur, mécontent de quelques lieux de fon diftrict & pour répondre
favorablement à la vocation que lui a adreffée ladite églife, ayant
demandé fon congé, l'affemblée, qui aurait bien voulu fe prêter aux
vœux de M. Baftide & de l'églife qui le défire, confidérant néanmoins,
d'un côté, l'extrême befoin des nôtres, & d'un autre le grand vide que
ferait dans la province l'abfence de ce pafteur, a été obligée de refufer
leur demande. Au furplus, indignée qu'il fe foit trouvé des lieux
entiers capables de ne pas payer à leurs pafteurs les honoraires qu'ils
leur doivent, elle a arrêté qu'un pafteur voifin fe portera dans ces
lieux pour cenfurer les coupables; & fuppofé qu'ils ne fatiffaffent pas,
ces lieux feront privés de l'exercice du St-Miniftère, conformément à
l'art. 41 du chap. i" de la difcipline.
III.
L'afl'emblée fêtant aperçue de manière à n'en pouvoir pas douter,
par divers mémoires venus de Montpellier, qu'il y a des troubles dans
Leurs affaires finies, ils se retirèrent ; et ce synode ne différerait en rien de tous
les autres, si, aujourd'hui, Mgr. l'intendant n'avait nommé des commissaires
devant qui le Procur'' du Roi de la comm. a fait assigner 3 protest, et 3 cathol.
dudit lieu de Vie pour faire des inform[ations.] On avait bien ouï dire que le
sieur curé de Vie avait écrit aux supérieurs, quelque temps après la tenue de ce
synode, pour se plaindre de cette assemblée qui ne devait cependant pas le cho-
quer, puisqu'elle se tint dans un lieu écarté, loin du village et du chemin et que
ceux de ses membres qui venaient coucher à Vie ne se retiraient que de nuit et en
partaient de grand matin. 11 faut bien cependant qu'on ait peint cette assemblée
sous de noires couleurs, puisqu'on a porté l'autorité à en prendre connaissance.
« Les protestants qui ont le malheur d'être accusés, sans savoir de quoi on les
accuse, ne peuvent pas se justifier sur les imputations calomnieuses qu'on peut
leur avoir faites. Voici néanmoins des observations générales que l'on prend la
liberté d'exposer. Dans chaque province ou district, on a accoutumé de convoquer
toutes les années une assemblée synodale, composée de quelques anciens avec les
ministres; l'objet de cette assemblée est de placer les ministres, de régler l'admi-
nistration des affaires particulières, d'établir l'ordre et la paix. Jamais on n'avait
fait aucune recherche dans le pays contre ces convocations, parce qu'elles n'ar-
rivent qu'une fois l'an, parce qu'elles sont décentes, parce qu'elles se tiennent
précisément dans des Déserts, parce qu'on ne se retire qu'à la nuit dans les vil-
lages où l'on est obligé d'aller coucher, et que les membres ont même le soin de
se disperser dans plusieurs villages voisins pour ne point choquer les catholiques
et les curés, et parce, enfin, que les objets de ces sortes d'assemblées sont par-
faitement connus des magistrats. — En faisant aujourd'hui des recherches contre
le synode de cette année, on porte l'alarme dans l'esprit des protestants.»
— Mss. Rabaut, III, B. p. 281.
SYNODES PROVINCIAUX. 35g
l'églife de ladite ville, a nommé, pour les connaître & les terminer,
MAI. Paul Rabaut & Pradel, pafteurs, & M. B x, médecin, &
Antoine Moinier, anciens, auxquels en cas d'empêchement feront
fubftitués, favoir: au premier, M.Alexandre V , ancien, au fécond
M. B , aulTi ancien, & à ce dernier M. P...., de même ancien.
IV.
MM. Gachon, Valentin & Lombard, ayant exhibé les lettres
atteftatoires de leur confécration au St-Miniflère & expofé les raifons
qui les portèrent ù recevoir rimpofition des mains dans les pays
étrangers, la compagnie, lans trouver ces raifons de mife, f'eft pour-
tant réjouie de leur réception, les a agrégés avec plaifir dans fon corps
& a arrêté de confier un troupeau h chacun d'eux.
V.
Leflure faite d'une lettre que M. Pic, pafteur, a écrite au nom du
colloque de Provence, pour demander à cette affembléc le fecours
d'un propofant, elle lui a accordé le fieur Benvignat, à la dodrine &
aux mœurs duquel elle rend un bon témoignage, le recommandant à
la bienveillance des églifes qu'il va deffervir, & lui promettant, avec
la protection de la province, de favorifer, autant qu'il fera pofliblc, fa
confécration au St-Minirtère.
VI.
Vu les bons témoignages rendus à la doftrine & aux mœurs de
MM. Périer & Bouët, propofants, & confidéré l'extrême befoin que
la province a d'augmenter en pafteurs, l'afTemblée a adreffé une voca-
tion à ces deux Meilleurs pour être examinés & recevoir l'impofition
des mains, fils en font jugés capables, & elle leur a donné pour exa-
minateurs MM. Rabaut, Pradel, Baftidc, Encontre &Guizot, pafteurs,
& nommé ledit M. Encontre pour les confacrer.
VII.
Sur les plaintes portées contre le fieur Genolhac, propofant, la
compagnie, l'ayant fait fommer de comparaître pour y répondre, &
ledit fieur ayant écrit à l'afTemblée pour lui demander fon congé, elle
le lui a accordé.
VIII.
Ledure faite d'une lettre datée d'Aiguefvives, du 29' avril der-
nier, adreffée à M. Teiflier, l'un des pafteurs de cette province, &
36o LES SYNODES DU DESERT.
fignée de treize anciens des églifes de Gallargues, Aiguefvives &
Vergèze, & ouï Meffieurs les pafteurs aduellement deflervant nos
églifes, lefquels fe font plaints de cette lettre comme contenant des
chofes très-offenfantes contre leur corps, après f 'être retirés, de même
que le fieur Riquet, député de Gallargues, figné dans ladite lettre , la
préfente affemblée, préfidée par Meilleurs les miniftres Valentin,
Gachon & Lombard, confidérant combien il importe de donner aux
vénérables pafteurs de cette province toute la fatiffa6lion qui leur eft
due au fujet de la lettre dont il f'agit, & que pour cela il eft nécef-
faire de prendre des informations pour connaître du fait en queftion,
en découvrir toutes les circonftances& entendre les accufés, — l'affem-
blée a nommé & commis les trois miniftres qui la préfident &
M. Al Beau, & Gou , anciens, auxquels elle a donné pouvoir
de fe tranfporter inceffamment fur les lieux, à l'effet de prendre les
fufdites informations & de prononcer définitivement.
IX.
Le député de l'églife de Sommières ayant requis de la manière
la plus prelfante que M. Baftide voulût continuer l'exercice de fon
miniftère dans ladite églife, & le fynode ayant joint fes inftances à
celles dudit député, M. Baftide a déclaré ne le pouvoir pour cette
année; ce qui a d'autant plus affligé la compagnie qu'elle a toutes
fortes de raifons d'être édifiée de la dodrine & des mœurs de ce digne
miniftre.
X.
L'églife de St-Mamert ne pouvant plus refter annexée au diftriél
de St-Geniès, parce que le pafteur qui la deffert ferait trop chargé, le
fynode, fans avoir égard aux inftances du député de cette églife, a
preffé fortement MM. Pierre Saufline & Allègre de vouloir bien la
deffervir ; à quoi ces zélés pafteurs ont enfin confenti, à condition que,
fi cette églife y fait la moindre difficulté, ils feront libres de la quitter.
XI.
La manière dont le comité a rempli les objets de fa commiffion
ayant été approuvée, & les membres qui le compofent remerciés du
zèle a6tif avec lequel ils ont faifi les occafions de procurer le bien
général, vu la grande utilité de cet établiflement, il a été arrêté de le
continuer de la manière qu'il a commencé, c'eft-à-dire qu'il fera
chargé de la correfpondance, qu'il f 'occupera des affaires générales &
SYNODES PROVINCIAUX. 36 1
preffantes qui pourront furvenir jufqu'à la veille du prochain fynode,
autres néanmoins que celles qui concernent la difcipline eccicfiaftique;
auquel eflet, l'alfemblée exhorte les pafteursde la province d'informer
cxaclcment le comité de tout ce qui fc paffera dans leurs diftricts qui
pourrait intéreffer la caufe commune, & tous les membres des églifes
qui peuvent en être capables de ne mettre au jour ni adreffer aux
Puiffances aucun mémoire concernant les affaires générales, fans
f'être concertés avec le comité & avoir pris fon avis, autant que cela
fera poOiblc.
XII.
Sur l'appel interjeté à cette affcmblée par les fieurs Féline &
Richard, de la dépofition prononcée contre eux par le confiftoire de
l'églife d'Uzès, l'aifembléc les a renvoyés à le pourvoir par devers le
colloque.
xra.
II a été arrêté d'ajouter à l'article concernant le comité que les
mêmes perfonncs, qui lecompofaient l'année dernière, le compoferont
encore celle-ci ; & que, conformément à l'obligation qui leur fut
impolee dès l'origine de cet établiffcment, elles feront part aux paf-
teurs de ce qu'elles apprendront d'intéreffant, foit de notre province,
foit de toutes les autres où il y a des proteftants '.
Ainfi conclu & arrêté le fufdit jour & an que defTus.
Paul Rabaut, paftcur & modérateur; Pradel, pafleur &
modcrateur-ad joint.
I. Trois pasteurs faisaient partie de ce comité que P. Rabaut présidait. Ce
comité avait été constitué, à la suite de la tenue du synode national de 1763,
probablement sur les instances de Court de Gcbelin, non-seulement pour corres-
pondre avec les autres comités de chaque province ecclésiastique, mais surtout
pour imprimer une unique direction aux projets divers qu'élaboraient 2es églises
et leurs pasteurs, et pour correspondre, en leur nom, avec le comité de Paris et
avec Court de Gébelin.
f^ ; ?fe >»t/! !*;
L^^ %^J K^^
362 LES SYNODES DU DÉSERT.
Synode des Hautes-Cévennes.
Au nom de Dieu soit fait. Amen.
Le fynode de la province des Hautes-Cévennes, affemblé le
vingt-feptième mars mil fept cent foixante-cinq, auquel ont affilié
Meffieurs Jean Roux, Jean-Pierre Gabriac, Jacques Gabriac, Jean
Méjanelle du Cambon, Pierre Vallat, Charles Bourbon, Pierre
Pierredon, Antoine Sabatier & Jean-Pierre Roche, pafteurs de ladite
province, avec vingt-quatre anciens, députés pour leurs diftrids
refpedifs, — après avoir nommé pour modérateur M. Méjanelle
du Cambon, pour modérateur-adjoint M. Roux, pour fecrétaire
M. Pierredon & pour fecrétaire-adjoint M. Bourbon, a arrêté ce
qui fuit :
L'affemblée, vivement effrayée des malheureux progrès que l'in-
crédulité & la corruption font tous les jours dans les églifes du
Seigneur, ordonne à celles de cette province que, pour f humilier
extraordinairement devant lui, elles célèbrent un jeûne folennel le
1 1" du mois d'août prochain, &, en cas de pluie ce jour-là, le dimanche
fuivant.
II.
MM. Molines & Samuel, propofants, ayant demandé de partir
inceffamment pour aller dans le pays étranger perfectionner leurs
lumières, on a renvoyé leur départ à la St-Michel prochaine.
m.
Toutes les églifes, fenfibles aux foins que M. Gabriac l'aîné fe
donne pour former des élèves, lui ont accordé conjointement la
fomme de4ooliv., pour les frais de leur entretien, qui lui feront
payées à la St-Michel prochaine & dont le quartier d'Alais f'eft
engagé de fournir une moitié plus que chacun des autres fur lefquels
elle fera impofée.
SYNODES PROVINCIAUX. 363
IV.
Suppofé que ledit M. Gabriac foit obligé de faire, dans le courant
de l'année, un voj'age qu'il a projeté, tous les autres pafteurs T'en-
gagent à dcdervir tour à tour fon diftrid pendant fon abfence.
V.
MM. les pafteurs examineront une fois l'année les élèves de la
province, afin de juger fur leurs difpofitions & progrès fils font en
état de parvenir au St-Miniftère.
VI.
Sur la demande faite par le colloque d'Alais qu'à l'avenir les
appointements de MM. lespalleurs fulfent déterminés pour leur entre-
tien, comme pour leur honoraire, Meilleurs les députés, fâchés que
tous les quartiers ne foient pas en état de leur en fournir de plus for-
tables à leur rang & à leurs befoins, ont cru ne pouvoir les fi.\er qu'il
700 liv., en exhortant ceux qui le pourront à leur en accorder de plus
confidérables.
vu.
Le fufdit colloque ayant aulïi demandé l'établiffement d'un comité
femblable à celui du Bas-Languedoc, pour traiter de certaines affaires
particulières, on a trouvé à propos que ^LVL les palleurs continualfcnt
à f'alfembler à ce fujet, lorfque le cas le requerra.
VIII.
C'cft avec la plus vive douleur que nous avons été informés de
l'entreprife qu'ont ofé faire depuis peu quelques proteftants de Dur-
fort ', en bàtiffant fur les mafures de leur ancien temple; nous n'entre-
rons pas ici dans le détail de toutes les raifons qui les rendent con-
damnables; on nous a prévenus à cet égard par divers mémoires qui
nous ont été préfentés ; nous nous contentons de dire en un mot
qu'elle porta à nos yeux l'empreinte d'un zèle très-inconfidéré, &
qu'elle eft par là-même diredement contraire au devoir de tout fujet
fidèle & de tout bon réformé; dans les fentiments qui feront toujours
chéris à nos cœurs, nous enjoignons à toutes les églifes de cette pro-
vince d'être conftamment en garde contre de telles démarches, fous
peine d'être traitées félon la rigueur des lois eccléfiaftiques.
I. A Durfort, on voulait, comme les rcligionnairesdu Dauphiné(p. 307), suivre
l'exemple donné par les églises de Saintonge.
364 I-ES SYNODES DU DÉSERT.
IX.
Sur la propofition des églifes de St-Sébaftien & du Pin, il a été
délibéré : i° qu'elles f'en tiendraient à l'égard de leurs affemblées au
dernier arrangement qui fut pris entre les anciens de leur confiftoire
& en préfence de leur pafteur; 2° qu'elles continueraient à payer
l'honoraire & l'entretien de leurdit pafteur à proportion du fervicequi
leur eft accordé, & qu'elles acquitteraient inceflamment leurs arrérages ;
3° que, nonobftant leur prétention, il ferait permis à M. Pierredon de
faire fon féjour dans celle de ces églifes qu'il trouverai propos;
4° qu'elles continueraient de faire corps avec celle d'Alais.
X,
Selon la demande du colloque d'Alais, on accordera à MM. les
députés au fynode un certain temps avant l'ouverture de rafl"emblée
pour réfléchir fur les propofitions envoyées par les divers colloques,
afin de pouvoir enfuite les difcuter avec plus de facilité & en juger
plus fiiinement.
XI.
Ayant été propofé fil ne conviendrait point de collefler en
faveur des pauvres dans les affemblées religieufes avant la bénédiftion,
il a été réfolu de fuivre unanimement l'ancien ufage à ce fujet & en-
joint à ceux qui f'en font écartés de f 'y conformer à l'avenir.
XII.
Meffieurs Roux, du Cambon, Bourbon & Pierredon defferviront
les églifes qui leur ont été affedées pendant l'année dernière.
Monfieur Gabriac l'aîné deffervira celles de Florac, la Salle,
St-Julien, Grizac, CafTagnas & le haut de St-André-de-Lancize.
M. Gabriac le jeune deffervira celles de St-Paul-Lacofte, Souftelle
& Cendras, St-Martin-des-Boubaux, Blannaves, la Melouze, St-
Michel-de-Dèze & la baffe partie du Collet.
M. Vallat deffervira celles de Barre, Bouquet, les Balmes, St-
Laurent, Vébron & le mandement de Rouffes.
M. Sabatier deffervira celles de St-Germain-de-Calberte, de St-
Martin-de-Lanfufcle, le bas de St-André-de-Lancize, de St-Hilaire,
de St-Etienne-Vallée-Françaife, (& les affemblées religieufes fe tien-
dront dans cette dernière églife à une petite diftance du grand chemin,
du côté de )
SYNODES PROVINCIAUX.
365
M. Roche dedervira celles de Fraiflinet de Lozère, de Frugères,
de St-Maurice, de St-Privat, de St-Frézal & la haute partie du Collet,
qui comprend le quartier de la Lauze, de l'Herm, de Caftanct, de
St-Andcol. On lailfc à la liberté dudit paftcur de tenir ces aflemblées
dans cette églife, là où il trouvera à propos.
XIII.
On impofera fur la province fcpt mille deux cent quarante-quatre
livres, favoir :
Cinq mille fi.K cents livres pour les honoraires &
entretien de huit pafteurs 5. 600 #
Six cents livres pour l'honoraire & entretien de
M. Vallat 600 »
Mille quarante-quatre livres pour les dépcnfes
imprévues & taxes mortes 1.044 "
Total . .
Répartition de la totale impofition, à favoir
Sur le quartier de M. Roux. .
Sur celui de M. Gabriac l'aîné.
Sur celui de M. Gabriac le jeune
Sur celui de M. du Cambon
Sur celui de M. Vallat .
Sur celui de M. Bourbon
Sur celui de M. Pierredon
Sur celui de M. Sabatier
Sur celui de M. Roche .
7.244 .)
720 #
824 » 17 f. () d.
824 » 17 » 6 »
824 » I 7 » 6 »
724 » 17 » 6 »
824 » 17 » 6 »
853 »
824 >) 1 7 » 6 »
» )) )) ») )) n
Ainfi a été conclu & arrêté le fufdit jour 27" mars 1765.
Méjanelle du Camdon, pafteur & modérateur; Roux,
pafteur & modérateur-adjoint; Pierredon, pafteur &
fecrétairc; Cn. Bourbon, pafteur & fecrétairc-adjoint.
^B ^R ^S ^B
366 I-ES SYNODES DU DESERT.
Synode du Vivarais et Velay.
Ades du fynode provincial des églijes l'éfonnées du Vivarais &
Velay, ajjemblé fous la protedion divine au Défcrt, dans le Haut-
Vivarais, le premier de mai mil fept cent Joixante-ciiiq, auquel ont
ajjijlé deux pajleurs & quinze anciens, députés de/dites églijes.
Après la lefture de la parole de Dieu & l'invocation de fonSt-Nom,
a été délibéré ce qui fuit :
I.
Les députés du bas-arrondiffement ayant communiqué à l'affem-
blée les arrangements pris dans fon colloque du 27" novembre 1764,
contenus en fix articles & fignés par M. Alexandre Vernet, pafteur, elle
les munit de fon autorité & exhorte les autres arrondiffements à fy
conformer, autant que faire fe pourra.
II.
La compagnie a trouvé bon de prolonger pour une année la com-
miffion à M. Court de Gébelin [donnée] par le fynode précédent.
m.
Quelques députés ayant rendu compte à l'affemblée des heureux
effets qu'ont déjà produits les fociétés qui fe font formées dans quel-
ques endroits de cette province, elle en a été fi édifiée qu'elle exhorte
fortement les anciens à faire tout ce qui dépendra d'eux pour en
établir partout, autant que la chofe fe pourra.
IV.
Pour que la publication des mariages, recommandée dans l'art. 4
du fynode dernier, n'en retarde pas la bénédidion, la compagnie
trouve à propos de permettre qu'on les publie dans les fociétés reli-
gieufes qui fe font depuis quelque temps parmi nous.
Peirot, pafteur & modérateur; Vernet, pafleur & fecréf^.
SYNODES PROVINCIAUX. 36-
Synode du Périgord et de l'Agenais.
Les églifes du Haut [&] Bas-Agenais & Périgord, affembices en
fynode les quatorzième, quinzième & feizième août mil fcpt cent
foixante-cinq, après avoir implore le fecours de Dieu, ont délibéré ce
qui fuit :
Selon l'ufage on a nommé, à la pluralité des voix, M. Viala,
pafteur, pour modérateur; M. Dumas, pafteur, pour modérateur-
adjoint; M. Renateau, pafteur, pour fecrétaire, & M. Renouieau,
pafteur, pour fecrétaire-adjoint.
II.
L'affemblée, affligée de l'extrême corruption qui règne dans nos
églifes, a jugé à propos de convoquer un jour folennel de jeûne &
d'humiliation extraordinaire, afin de prévenir les juftes châtiments du
Ciel, & nous attirer [f]es bénédictions, qui fera célébré le premier
dimanche de carême par tous les proteftants de la province '.
Colloque de l'Agenais du ■^- janvier iy65.
Au St-Nom de Dieu.
I. Les églises de Tonneins-Dessous, Fauillet, Grateloup, St-Germain, Puch,
Monheurt et Nérac, en Albret, extraordinairement assemblées en la personne des
anciens et des plus notables d'entre les fidèles, y assistant par deux députés
MM. les anciens des églises du quartier de Nérac, pour prendre en considération
ce qui suit, savoir :
Que M. Lannc, dit Dubois, ci-devant leur pasteur ayant sorti d'iccUes sans
leur congé, contre ce que prescrit la discipline ecclésiastique et notamment l'art, y
du colloque dernier de ces églises, et par là et par d'autres raisons connues à
l'assemblée, donné lieu à s'adresser ù la province pour les pourvoir d'un autre
pasteur, comme il paraît par l'art. 20 du synode provincial dernier tenu le 14,
i5 et 1 6 novembre dernier, et par les arrêtés des commissaires nommés à ce sujet
pour les entendre, qui au lieu d'avoir égard au bien de la paix et à l'état actuel
des églises, ni au besoin pressant d'être pourvues d'un pasteur, renversèrent leurs
demandes, néanmoins elles attendaient et ont attendu depuis lors M. Dumas qui
n'a daigné venir, au mépris de l'art. 23 du susdit synode, ni même en donner
l'espoir, et par là donné lieu aux fidèles desdites églises, qui depuis lors privées
d'entendre la Parole, de se porter à rappeler mondit sieur Lanne, actuellement
dans le quartier (néanmoins sans le consentement du consistoire). Lequel, à son
arrivée, ayant offert par lettre à chacune desdites églises les secours de son minis-
tère, le consistoire de Tonneins ayant pris en considération cette offre, aurait
368 LES SYNODES DU DESERT.
m.
Le colloque du Haut-Agenais ayant manqué de faire une dépu-
tation en règle pour le fynode, il a été trouvé répréhenfible; la com-
pagnie lui enjoint en conféquence d'être à l'avenir plus exafl à l'ordre
de la difcipline, & elle blâme ledit colloque de n'avoir pas donné une
lettre de députation; néanmoins, la compagnie admet les députés.
fort désiré dire net sa façon de penser, mais par bien des raisons, notamment par
la crainte de porter atteinte à l'union qui règne entre les susdites églises, décida,
le i8 courant, que la chose étant générale, la décision en appartenait à une
assemblée générale desdites églises et chargea le secrétaire de la convoquer.
En effet, étant assemblé ce jourd'hui vingt-sept janvier mil sept cent soixante-
cinq , le but d'icelle étant connu à tous ceux qui la composent , elle a prié
M. Pierre Laffitte de Lagrange, ancien de l'église de Puch, en qualité de modé-
rateur, et M. Henry Arthaud, ancien de l'église de Tonneins-Dessous, en celle de
secrétaire, pour recevoir les suffrages sur ce que M. Lanne, offrant de nouveau
les services de son ministère, requérant en même temps qu'on délibère sur l'ac-
ceptation ou sur le refus; après avoir fait lecture d'une lettre qu'il a écrite ce
jourd'hui, adressée à la présente assemblée, contenant le but ci-dessus, toutes les
susdites églises, chacune en leur rang, ayant donné leurs voix aux susdits mo-
dérateur et secrétaire, on a trouvé que la pluralité des suffrages sont pour que
M. Dubois desserve de nouveau les susdites églises, ayant 48 voix contre 6.
Néanmoins MM. de Grateloup ne s'étant pas tous rendus, ils seront priés de
dire leur façon de penser; mais les autres églises de l'arrondissement prient
M. Lanne de vouloir recommencer dans lesdites églises les fonctions de son
ministère, l'exhortant de se rendre de plus en plus à l'avenir digne du saint emploi
dont il est revêtu, lui en donnant d'ores et déjà le pouvoir; néanmoins, sous les
conditions qu'il renoncera aux engagements qu'il pourrait avoir pris avec les
églises du Béarn ou autres que celles de ce quartier, et que d'ailleurs il sera reli-
gieux observateur des arrêtés des précédentes assemblées, de même que d'agir de
concert avec le corps consistorial. En conséquence, le secrétaire est chargé de lui
communiquer la présente délibération où on le prie de souscrire par sa signature
pour la ratification du contenu en icelle.
Fait et délibéré dans l'assemblée générale desdites églises, ledit jour 27 jan-
vier 1765, et avons signé:
Lagrange Ranquetan; Barbecane; Périsse; Dumatha;
Bergereau; Capet; Sourbé; Dupouy, dit Laribal;
Laperche; Metge; Dallix; M. Sarrest; Alliqué;
Dupouy; Jaunnet; Fretté; Brethon; Bergereau; La-
porte; AuBiÉ; Taurou; Labarthe; Des Barat; Mensac
jeune; Gillard ; Laperche petit; Montet; Henry
Arthaud, secrétaire ; Baudon jeune; Lanne, pasteur.
Colloque de l'Agenais du 14 avril iy65.
Au St-Nom de Dieu.
Les églises réformées de Tonneins-Dessous, St-Germain, Puch, Monheurt,
Fauillet et Grateloup, assemblées ce quatorzième avril mil sept cent soixante-cinq,
ayant à leur tête M. Pierre Lanne, pasteur du St-Evangile, pour prendre en
SYNODES PROVINCIAUX. 36q
IV.
Déformais il ne fera député, pour affifter dans nos affemblées
fynodales ou colloquales, d'autres que ceux qui ont charge d'anciens
dans l'églife & qui y feront dûment envoyés.
V.
L'affemblée, défirant de reconnaître les bontés de M. Gabriac,
pafteur des Hautes-Cévennes, député par le fynode dernier pour venir
dans les quartiers de Tonneins, du Haut-Agenais, pour faire cefTer le
considération l'invitation faite au consistoire de Tonneins-Dessous de la part de
M. Dumas, pour assister à un colloque par eux convoqué, ont délibéré ce qui suit:
1. — Nous pasteur, diacres et anciens des églises ci-dessus mentionnées, accé-
dons à l'invitation qui nous est faite par M. Dumas, ministre du St-Evangile, de
nous trouver au colloque qui doit se tenir le i6 du courant; en conséquence,
nous députons MM. Réau l'aîné, Henry Arthaud, Arnaud Laperche et Jacob Ber-
gcreau, auxquels nous donnons pouvoir et mission de faire valoir nos justes
droits, pourvu toutefois que les délibérations de ladite assemblée tendent à un
plan de paix et de pacification; si, au contraire, nos députés s'aperçoivent que les
délibérations de la susdite assemblée ne tendent qu'à réveiller des disputes et des
chicanes, qui n'ont mis que trop malheureusement ces églises infortunées à deux
doigts de leur perte, nous ôtons auxdits députés les pouvoirs que nous leur
avons donnés ci-dessus, les priant et leur enjoignant expressément de se retirer,
dès aussitôt qu'ils s'apercevront que l'on voudra traiter nos difiérends d'une
manière rigoureuse et litigieuse.
2. — L'église de Tonneins-Dessous, ayant représenté à la présente assemblée
le besoin où elle est d'une personne de probité pour occuper les délicates fonctions
de diacre, a choisi M. Réau l'aîné, qu'elle établit dès aujourd'hui dans cet emploi.
Ladite assemblée approuve aussi le choix qu'a fait ledit sieur Réau de M. Pellis-
sier, pour régir en son absence les deniers des pauvres, etc.
3. — Les églises, vivement pénétrées de douleur de la conduite qu'ont tenue
MM. Couzin, Pomarède et Constans, le premier diacre de l'église de Tonneins-Des-
sous, le second ancien de la susdite église, et le troisième ancien de l'église de Grate-
loup, lesquels se sont séparés de nous, et ont quitté leur charge, sans en donner
le moindre avis au corps où ils étaient attachés, ne peuvent s'empêcher de les
destituer de leur emploi et de les prier de ne pas en faire la moindre fonction;
la susdite assemblée défend expressément à tous les membres qui la composent
de rendre cet article public, pour ne point porter la moindre brèche à l'honneur
et à la réputation de ces Messieurs, et d'un autre côté, pour donner des preuves
authentiques de[s] sentiment[s] de douceur et de modération dont elle est animée ;
si toutefois les susdits Messieurs venaient à s'acquitter de quelque fonction qui
eût trait à la charge dont ils étaient revêtus, l'assemblée rendra leur démission
publique, priant le secrétaire de la leur notifier.
Fait et arrêté le jour et an susdits.
P[ierre] Lanne, pasteur; Passet, secrétaire; Réau, diacre;
Bert, diacre ; Sourbé, ancien ; Henry Arthaud, ancien ;
Laperche, ancien; Metge, ancien; Bercereau, ancien;
Barbecane, ancien; Dupouy, ancien.
— Collection F. Marquis-Sébie.
34
3^0 LES SYNODES DU DESERT.
fchifme excité par le fieur Lanne, dit Dubois, la province cherche
aujourd'hui le moyen de l'indemnifer des dépenfes qu'il a faites dans
cette tournée; en conféquence, [elle] charge M. le modérateur de lui
écrire pour lui en demander l'état : la province telle qu'elle était alors
doit y concourir.
Colloque de l'Agenais du i5 août ijôS.
Au St-Nom de Dieu.
Le quinzième août mil sept cent soixante-cinq, M. le pasteur et MM. les
anciens, députés des églises de Tonneins-Dessous, Fauillet, Grateloup, St-Germain,
Puch Monheurt et Nérac, au nombre de quinze, assemblés en colloque, ont
délibéré ce qui suit :
1. Le sieur Taurou, l'un des députés de Nérac, a été nommé pour
secrétaire.
2. Le but principal de la présente assemblée étant de prendre en considé-
ration la malheureuse discorde qui règne parmi les églises de ces contrées, après
que les offres faites au parti contraire ont été exposées, et qu'il est notoire qu'elles
n'ont pu être refusées que par des esprits peu disposés à la paix, il a été délibéré
qu'on implorera l'aide et le secours du Dieu de paix, et que pour fléchir sa colère
qui se manifeste sur ces églises, on célébrera un jeûne solennel (au lieu et place
de la communion) que l'assemblée a indiqué au i5 septembre, pour les églises de
Tonneins et celles qui l'avoisinent, et au 22 du même mois pour les églises de
Nérac.
3. — Ayant considéré que la discorde qui règne dans les églises de ces
contrées ne vient ni de la part du peuple, ni de celle des anciens, mais uniquement
de celle de MM. les pasteurs, il a été délibéré qu'il sera écrit une lettre circulaire,
adressée nommément à un nombre des principaux fidèles des églises qui nous
sont opposées, pour les prier de s'employer auprès de MM. leurs pasteurs, pour
les porter à faire régner la paix, et leur représenter qu'au cas où ces Messieurs
n'employent pas de bons et légitimes moyens pour parvenir à une si heureuse
fin, qu'ils sont dans l'obligation de travailler eux-mêmes. Ladite lettre sera rédigée
par le sieur secrétaire de la présente assemblée, lettre qui, avant d'être envoyée,
sera communiquée à quatre anciens de Tonneins, etc., savoir: MM. Réau, La-
grange de Ranquetan, Henry Arthaud et Demichel, et quatre autres de Nérac,
savoir: MM. Lapeyre, Dumarais, Duprat et Castaing; en attendant, on n'aura
aucun égard aux propositions vagues qui pourraient être faites par quelque
membre des églises opposées.
4. — Les députés des églises de Nérac, Tonneins-Dessous et St-Germain ont
exhibé les pièces qui constatent la reddition des comptes faits en consistoire.
5. — Quant aux dettes des églises entre elles, l'assemblée n'ayant pas le temps
d'en faire l'examen, nomme trois commissaires pour en faire la balance, savoir :
MM. Réau, Pélissier et Laperche du passage; et lesdits commissaires sont chargés
de prier M. Laperche aîné, négociant, de fournir un compte des débours qu'il a
faits pour le voyage de M. Dubois dans l'étranger et de ce qui lui est rentré.
6. — On prie MM. les anciens de pourvoir incessamment au payement des
honoraires des secrétaires.
7. — MM. les anciens nommeront quelques lecteurs dans leurs églises, qui
seuls pourront lire à la tête des assemblées et sociétés qui se font le dimanche.
8. — Ayant fait lecture d'une lettre adressée à la présente assemblée de la
part de Jean Estoube, se plaignant d'avoir été exclu de la charge d'ancien, sous
SYNODES PROVINCIAUX. 3^1
VI.
McfTicurs le modérateur & [le] fecrétaire font charges d'écrire à
nos refpcclables amis de l'étranger pour les prier d'accorder une place
à un fujct qui f'eft préfcnté depuis peu.
prétexte de certaine accusation intentée contre lui, et de laquelle il a été reconnu
innocent par un jugement civil et même par l'assemblée colloquale du 28 mars
17Ô4, et en conséquence demandant d'être réintégré dans sa charge d'ancien de
l'église de St-Germain, l'assemblée, reconnaissant la justice de sa demande, et en
considération de la conduite qu'il a tenue depuis son exclusion, le remet dans les
fonctions de la charge d'ancien de ladite église de St-Germain.
Fait et arrêté au Désert, le susdit mois et jour i3 août 1765.
Taurou, secrétaire; Lapeyre; Duprat; Henry Arthaud; Sourbé
— Collection Marquis-Sébie.
Colloque du Montalbanais du i5 décembre ij65.
Nous, pasteurs et anciens des églises de Nègrepelisse et ses annexes, Caus-
sade, Réalvillc et Bioule, assemblés au lieu des Valettes, le i5 décembre 1765,
avons arrêté ce qui suit :
1 . — Considérant la nécessité et le désir unanime des églises de ce quartier
de voir leurs sociétés pastorales plus fréquentes, il a été amiableraent convenu
que désormais il y aurait prédication tous les cinq dimanches, dans chaque
société, à moins d'empêchement légitime, comme maladie ou absence du pasteur,
faite avec l'agrément du consistoire; et afin que cet arrêté puisse être mis en exé-
cution, il a été également délibéré que, vu le nombre des sociétés qu'il y a dans
ce département, on donnera prédication le soir où cela est d'usage, comme Nègre-
pelisse et Caussade, et alternativement le jeudi au[x] jour[s] de fête à la campagne,
si besoin le demande, pour que la ronde puisse être terminée au cinquième
dimanche.
2. — Et comme la desserte d'une si grande étendue de pays ne peut que faire
perdre beaucoup d[e] temps aussi bien que le détail de toutes les affaires qui y sur-
viennent, on a également arrêté, pour faciliter l'exécution du précédent règlement,
et d'ailleurs comme étant plus convenable, plus édifiant et plus conforme à la
discipline, que les fidèles seraient obligés d'attendre ù porter leurs enfants à la
société pour y recevoir le St-Baptêmc à la face de l'Eglise, à moins de cas extra-
ordinaires, auxquels on aura tel égard qu'on jugera convenable; et afin que per-
sonne n'en prétende cause d'ignorance, ces règlements seront incessamment lus
dans toutes les sociétés de cet arrondissement.
3. — Plusieurs personnes, tant anciens que particuliers, désirant savoir au
juste ce que chacune des sociétés de ce département doit fournir à la bourse
commune pour le besoin des églises, il a été arrêté qu'en prélevant tous les ans la
somme de yoo liv., qui doivent être employées aux honoraires de M. le pasteur,
montant à celle de 800 liv., et les 100 liv. restantes aux besoins particuliers des
églises :
La société de Nègrepelisse fournira . . . . 199 #
Celle de la Rivaillère 120 »
Celle des Prouchets et Bruniquel 140 »
Celle de Caussade 198 a
Celle de Real ville 140 u
Celle de Bioule 112 «
900 u
V
3y2 LES SYNODES DU DESERT.
VII.
Conformément à l'art, ci-deffus, l'affemblée enjoint aux quartiers
refpedifs de la province de donner la fomme de 200 liv. à M. Butler,
laquelle fomme a été répartie comme fuit: le quartier de Monflanquin
33 liv. 6 f . 8 d., ceux du Haut-Agenais 66 liv. i3 f. 4 d., & ceux du
Périgord 100 liv.
VIII.
L'affemblée ayant pris lefliure de la lettre circulaire que M. Court
a [ajdreffée à notre province en date du 28° février dernier, par laquelle
il propofe une perfonne infiniment accréditée en Cour pour y foUi-
citer pour le bien de nos églifes, quoique fenfible à fon zèle pour
nous, elle n'a pas cru devoir pour le préfent répondre à fa demande,
renvoyant la décifion de cette affaire au prochain fynode national.
IX.
M. Dupuy, pafteur, ayant porté des plaintes concernant la con-
duite que le dernier colloque du Haut-Agenais a tenue à fon égard,
après avoir examiné & pefé mûrement les raifons de part & d'autre,
l'affemblée a trouvé que tant MM. Dumas & Viala, pafteurs, que le
confiftoire qui était chargé de la convocation du colloque, ont failli,
4. — Comme un corps ne peut subsister sans ordre et qu'il est ne'cessaire
que cet ordre soit connu, il a été nommé pour secrétaire du corps des anciens le
sieur Jean Lacoste pour le consistoire de Caussade, le sieur Barthélémy Rey pour
celui de Réalville, et le sieur Jean Viguié pour celui de Nègrepelisse, lesquels
dits secrétaires seront trésoriers de leurs consistoires respectifs; et en outre, le
sieur Viguié servira de trésorier-général.
5. — L'assemblée, ayant mûrement pesé le préjudice notable que la négli-
gence de certains anciens à faire la levée a porté aux autres parties de ce quartier
qui se trouvent chargés d'une portion de leurs contingents, ne peut, pour le pré-
sent, que désapprouver leur conduite, leur enjoignant d'être plus soigneux à
l'avenir sur cette partie de leur charge, avec menace que s'ils continuent dans
leur indolence, on ne pourra s'empêcher de les poursuivre par censures jusqu'à
la suspension de leur charge.
6. — MM. Gardes et Fournier, anciens, trésoriers-généraux de nos églises,
ayant fait demander d'être dûment déchargés de la bourse, et n'étant pas à la pré-
sente assemblée pour y rendre leurs comptes, il a été arrêté que M. notre pasteur
se rendrait incessamment dans ce quartier et que conjointement avec le consis-
toire, après avoir arrêté leurdits comptes, ils seront valablement déchargés, et
ledit M. Richard recevra l'excédant de leur recette, à-compte de ce qui peut lui
être dû, en fournissant son reçu au trésorier-général.
Ainsi conclu et arrêté le jour et an que dessus.
Fosse, pasteur.
— Collection Armand Gardes.
SYNODES PROVINCIAUX. 3^3
ainfi que ledit colloque, d'avoir convoqué le fynode fans en avoir
donné avis à M. Dupuy, pafteur du quartier, étant alors dans le Péri-
gord ; la préfente affemblée les exhorte aux uns & aux autres d'être à
l'avenir plus exads à l'ordre.
La compagnie a trouvé bon que les cglifes du Haut-Agenais con-
tinueraient d'envoyer deux députés à leur colloque félon leur ufage,
nonobftant l'art. 24 du dernier fynode provincial, vu l'appel qu'ils en
ont fait au national.
XI.
Le fynode a trouve M. Dupuy, pafteur, blâmable d'avoir fait
avertir quelques étrangers pour fe rendre à l'aflemblée colloquale du
Haut-Agenais du 1 9" avril dernier, fans l'avis des confiftoires refpedifs;
l'alfemblée l'exhorte d'être à l'avenir plus exad à l'ordre.
XII.
Par des raifons [de] prudence, l'afTemblée trouve à propos que les
paftcurs de la province ne mettront point fur les extraits de baptême
qu'ils expédieront le nom des parrains & marraines. M. Dupuy,
pafteur, le rend appelant dudit article au prochain fynode national.
XIII.
L'affcmblée, pre[nant] en confidération la demande des églifes du
Haut-Agenais au fujet de la tournée que fit M. Jarouffeau, pafteur
de Saintonge, au mois de novembre 1764, dans le quartier de Ton-
neins-Dcffous, parmi les fchifmatiques, & en quelle qualité il a marié
le fieur Lanne, dit Dubois, la compagnie charge Mellieurs les modé-
rateurs d'écrire à ladite province de Saintonge pour qu'elle nous
rende raifon de cette conduite.
XIV.
Sur la demande faite à raft"emblée par les confiftoires de St-Vin-
cent & de Lafitte pour favoir fi l'on peut bénir un mariage fur lequel
il eft des oppofitions, la compagnie, inftruite des raifons qui doivent
empêcher la bénédidion dudit mariage, elle charge le pafteur du
quartier & lefdits confiftoires de terminer le tout à l'édification de
l'Eglife & conformément aux lois du royaume.
374 LES SYNODES DU DÉSERT.
XV.
L'affemblée, véritablement affligée de voir un trop grand nombre
de perfonnes qui, au grand fcandale de l'Eglife, fe polluent avant que
d'avoir reçu la bénédidion nuptiale, elle ordonne, afin d'infpirer plus
d'horreur pour [c]e crime énorme, & pour les engager à fe conferver
pures & fans tache, que la célébration du mariage de ces perfonnes
fera différée pour fix mois au moins, & ne pourra fe faire qu'après
avoir fubi la cenfure, conformément à l'art. 25 de la difcipline,
chap. xui. Le préfent article fera lu dans toutes les fociétés où
befoin fera.
XVI.
Les églifes du Haut-Agenais ayant demandé à la compagnie
d'être autorifées à faire deux colloques, l'un dans le quartier haut &
l'autre dans le quartier bas, leur demande leur a été accordée, fous
cette condition que les pafteurs qui les deffervent f'inviteront récipro-
quement avec chacun un ancien pour la tenue defdits colloques, afin
de maintenir l'union & la concorde qui doit régner entre eux-, confor-
mément à ce partage, lefdits quartiers y auront chacun leur fecrétaire
général, félon leurs défirs ; bien entendu que chaque confiftoire aura
le fien pour le regiftre particulier.
XVII.
Le fieur Baquet jeune, ayant été fommé à plufieurs reprifes par
fon confiftoire de remettre tous les papiers appartenant à l'églife &
n'en ayant tenu compte, le fynode le fomme de nouveau de remettre
lefdits papiers audit confiftoire, fous peine de l'excommunication
majeure; en outre, lui défend d'exercer aucune fondion qui ait trait à
la charge d'ancien.
XVIII.
Toute perfonne, qui [fera] tombée dans des cas de faire baptifer ou
rebaptifer à l'Eglife romaine fera vivement cenfurée publiquement &
fufpendue de la Ste-Cène, conformément à l'art. i5 dufj'node national
de 1756. Ceux d'entre les proteftants qui enlèveront ou feront enlever
des enfants de leurs parents ou amis pour les faire baptifer ou rebap-
tifer dans l'Eglife romaine, feront fufpendus de la communion pour
deux ans & obligés enfuite de faire une réparation publique; mais en
cas de maladie dangereufe, il fera permis à leur confiftoire d'abréger
le temps de leur pénitence.
SYNODES PROVINCIAUX. 3^5
XIX.
Le fynodc aj'ant pris en confidcration la demande faite par l'églife
de LaRoche-Chalais, concernant l'adminidration de la Ste-Ccne aux
malades qui n'ont jamais fréquenté les affemblées religieufes, la com-
pagnie en renvoie la décifion au prochain fynode national.
XX.
L'églife de La Roche-Chalais ayant demandé d'être indemnifée
des dépenfes qu'elle a été obligée de faire ù caufe de la perfécution,
l'alfemblée efl difpoféc de remplir à fon égard l'idée de l'art. 12 du
dernier fynode; mais comme elle ne peut rien ftatuer, ne fâchant fi
les frais font antérieurs ou poftérieurs audit fynode, la compagnie
charge ladite églife de juftifier au colloque prochain du Périgord l'état
de fes dépenfes, afin d'y faire droit.
XXI.
Le fynode ne voulant pas prendre fur lui de décider fur la con-
duite qu'on doit tenir à l'égard des baptêmes & mariages que le fieur
Lanne, dit Dubois, peut avoir faits dans fon parti fchifmatique, elle
charge les députés au prochain f3'node national de prier cette véné-
rable compagnie de vouloir ailcoir fon jugement fur cet important
article.
XXII.
Meiïieurs les pafteurs continueront h deffervir les quartiers qu'ils
deffervaient ci-devant, à l'exception de M. Viala,pafteur, qui reviendra
occuper le quartier haut du Haut-Agenais à la fin de la préfente
année. Les églifes du quartier de Ste-Foy ayant réclamé avec inftance
le miniftcre de M. Liard, pafteur, l'affemblée leur accorde avec plaifir
leur demande.
XXIII.
Conformément à l'art. 22 du dernier fynode, tenu le 14'" & i.S"
novembre 1764, on accorde avec douleur à M. Dupuy, pafteur, fon
congé félon fes défirs; néanmoins, comme il a fait connaître à l'affem-
blée fynodale qu'il n'a point encore donné fa parole fixe à aucune
province, la compagnie lui demande qu'après quatre mois qu'il doit
demeurer dans fon quartier, il veuille bien fe décider en faveur de
ladite province, & notamment pour le quartier de Bergerac, en Péri-
gord; mais fi fes inclinations l'appellent ailleurs, Meffieurs les modé-
rateurs font chargés de lui donner des atteftations.
376 LES SYNODES DU DESERT.
XXIV.
L'affemblée enjoint au quartier haut du Haut-Agenais de fe
libérer entièrement envers M. Dupuy, pafteur, pour fes honoraires
avant fon départ dudit quartier ; elle enjoint auffi au quartier de Ber-
gerac d'en faire de même vis-à-vis de M. Viala, pafteur, à la fin de la
préfente année.
XXV.
M. François Viala jeune, étudiant, ayant demandé des attefta-
tions ù la province pour préfenter à MelTieurs les diredeurs du fémi-
naire, l'affemblée lui accorde fa demande avec un vrai plaifir, d'autant
plus qu'il f 'eft conduit avec fageffe & régularité. Monfieur le modé-
rateur-adjoint eft chargé de cette commiffion.
XXVI.
M. Dumas, pafteur, ayant préfenté le fieur Duverger, & M. Rena-
teau, pafteur, ayant aufli préfenté le fieur P[ierre] Marché à la préfente
affemblée pour qu'elle les admît au nombre des étudiants de la pro-
vince, le fynode, pour encourager leur noble ardeur, les reçoit avec
plaifir, dans l'attente qu'ils ne négligeront rien pour perfectionner
leurs connaiffances & fe rendre utiles le plus tôt poflible à la province.
XXVII.
La province du Périgord, Haut & Bas-Agenais feft libérée envers
M. Court des deux années échues au mois de juin dernier, pour la
taxe que le dernier fynode national lui a allouée.
XXVUI.
L'affemblée confirme la députation qui fut faite au fynode der-
nier pour le national, tant des pafteurs que des anciens.
XXIX.
Le quartier du Périgord eft chargé de la convocation du prochain
fynode.
Ainfi conclu & arrêté, leflure ayant été faite, mêmes jour & an
que deffus.
François Viala, pafteur & modérateur; Dumas, pafteur
& modérateur-adjoint; Renateau, pafteur & fecrétaire;
Renouleau, pafteur & fecrétaire-adjoint.
SYNODES PROVINCIAUX.
377
Synode de Saintonge, Angoumois et Bordelais.
Au nom de Dieu. Amen.
Les églifes de Saintonge, Bord[eaux] & Angoumois, affemblces en
fynode les quinzième & feizième juillet mil fept cent foi.\ante-cinq ',
après avoir imploré les lumières du St-Efprit, ont délibéré ce qui fuit:
T.
Lefture faite des lettres de créance, on a nommé, à la pluralité
des fuffrages , pour modérateur, MM. Henry Cavalier & Pierre
Dugas ; pour fecrétaires, MM. Etienne Gibert & Jean JaroufTeau,
pafteurs.
n.
Une partie des députés ayant produit des lettres d'envoi qui
n'étaient pas revêtues de toutes les formalités prefcrites par la difci-
plinc, chap. viii art. 2 & chap. ix art. 3, on enjoint aux différents
quartiers de fy conformer à l'avenir.
Colloque de l' Angoumois du 16 mai iy65.
Au nom de Dieu. Atnen.
I. Le colloque du quartier d'Angoumois assemblé le 16 mai 1765 auquel ont
assisté Messieurs Jean Martin et Jean Jarousseau, pasteurs, avec deux anciens,
députés de chaque église dudit quartier et un de celui dudit Jarousseau; après
avoir imploré le secours divin, ont délibéré ce qui suit :
1. — A la pluralité des suffrages on à élu pour secrétaires de la présente
assemblée MM. Dupuy et Mounier.
2. — A l'unanimité des voix on a choisi pour assister au synode provincial
prochain en qualité de députés MM. Dupuy et Mounier, et pour leurs substituts
MM. Ranson, Boisblanchard et Hérard.
3. — Lecture ayant été faite à l'assemblée de la lettre circulaire de M. Court,
craignant de se faire illusion en acceptant sans réserve les offres dont il y est fait
mention, ne voulant cependant rien éluder de tout ce qui peut concourir au bien
de la cause commune, et ce qu'on propose dans ladite lettre paraissant très-
propre îi le procurer, on charge les députés au provincial prochain de demander
que ce tribunal charge quelqu'un de prendre des informations touchant l'article
qui en fait le principal objet.
4- — Vu combien la conduite des anciens influe sur celle des fidèles, l'assem-
blée informée que quelques-uns d'entre eux n'assistent pas quelquefois aux exer-
cices religieux à cause de certaines affaires temporelles, ou ne s'y rendent que fort
tard, ou qui vont souvent à ceux des autres églises sous de vains prétextes. Cette
378 LES SYNODES DU DESERT.
in.
La corruption, qui règne dans le monde & qui fe gliffe dans
l'Eglife, devant nous faire craindre le courroux célefte & les fléaux
dont Dieu châtie les impénitents, l'afTemblée a arrêté que, pour
détourner des coups fi juftement mérités & pour nous rendre la
Divinité propice, toutes les églifes de cette province célébreront un
jour folennel de jeûne & d'humiliation, qui a été fixé au 34" novembre
prochain.
IV.
L'afTemblée, informée du deffein où eft M. Picard, pafteur, de
quitter l'églife de La Rochelle, charge Monfieur le modérateur-adjoint
de l'inviter à venir exercer fon miniftère dans le fein des églifes de
cette province.
V.
La compagnie confirme l'art. 22 du dernier fynode de cette pro-
vince, dans lequel on adreffe vocation à M. Dupuy aîné, & étant
informée qu'il fera libre de difpofer de fon miniftère, le mois de
novembre prochain, elle charge Monfieur le modérateur-adjoint de
lui écrire pour le prier de fe rendre dans les églifes de Saintonge &
Angoumois, immédiatement après que ce temps-là fera expiré, pour
y deffervir le quartier qui lui fera affedé.
VI.
Sur la demande des quartiers de la côte de Saintonge, l'afTemblée
admet au nombre des étudiants de la province lesfieurs Vaurigaud, de
la ville de Pons, & Pierre Langlois, de l'ile d'Oléron, & à caufe des
circonftances particulières dans lefquelles fe trouve le fieur Vaurigaud,
elle charge M. le fecrétaire-adjoint d'écrire au plus tôt à nos refpec-
conduite étant peu relative au devoir que leur charge leur impose, scandalisant
les fidèles en autorisant leur relâchement dans les exercices de piété; on leur
enjoint, sous peine de vives censures, d'être à l'avenir plus exacts à se conformer
à l'ordre et à être plus en édification aux fidèles à la tête desquels on les a placés.
5. — La compagnie, informée que dans certains consistoires on fait des déli-
bérations sans en prévenir tous les membres qui les composent, quoiqu'ils y
soient tous intéressés, cette façon d'agir étant contraire au bon ordre et à l'union
qui doit régner entre eux, on leur enjoint de se conduire à l'avenir de façon à n'y
porter plus atteinte.
Ainsi conclu et arrêté les jours et an que dessus.
Martin, pasteur; Dupuy, secrétaire.
— Mss. de Jarnac.
SYNODES PROVINCIAUX. Syg
tables amis du pays étranger pour les prier de l'admettre au nombre
des féminariftes, & au cas que cette demande foit accordée, la province
lui fera 200 liv. de penfion par an, à compter du jour de fon départ.
VIL
Ledure faite de la lettre qui a été écrite à la province du Péri-
gord & Agenais, en exécution des art. i3 & 14 du fynode dernier de
cette province, & vu le filencc qu'elle a gardé à ce fujet, la compagnie
a arrêté qu'on continuerait de réclamer les 479 liv. 10 f. 6 d. dont
elle eft redevable pour fa portion des dépenfcs générales qui furent
faites dans le temps qu'elle faifait corps de province avec la nôtre; &
au cas d'un nouveau refus ou fllence de fa part, il lui fera déclaré
qu'on fe pourvoira au prochain fynode national, ainfi qu'il a été arrêté
dans les fufdits articles.
VIII.
A l'avenir les églifes de Saintonge & Angoumois paieront les
deux tiers des dépcnfes générales de la province, & celles de Bordeaux
l'autre tiers.
EC.
L'affemblée ayant pris ledure des lettres qui lui ont été adreffées
par M. Court & par quelques provinces, au fujet d'une perfonne en
place qui ofiVc fes fervices aux églifes réformées de ce royaume, a vu
avec plaifir & reconnaiffance les difpofitions favorables de cet ami de
l'humanité; cependant, comme la difcipline de nos églifes & leur pra-
tique confiante f'oppofent à ce qu'une province particulière prenne
aucune détermination relative à la caufe commune fans un concours
unanime, on n'a pas cru devoir fe décider fur cette propofition,& l'on
en renvoie l'examen à une aflcmblée générale de toutes les églifes,
qui, réunies, pourront mieux juger de ce qui leur convient, & prendre
une réfolution revêtue de l'autorité nécellaire pour être exécutée par
toutes les provinces du royaume.
A la réquifition des églifes de M. Dugas, la compagnie, fans avoir
égard à l'art. 3 du dernier fynode de la province, autorife les églifes
de Saintonge & Angoumois d'allcmbler tous les ans & plus, fi le befoin
l'exige, un colloque général félon leur ancien ufage.
38o LES SYNODES DU DESERT.
XI.
Les églifes de La Tremblade, Avallon & Paterre, ayant demandé
que M. Dugas fût affefté à leur defferte particulière, l'affemblée n'a pu
prendre leur demande en confidération, à caufe du petit nombre de
pafteurs qu'il y a aduellement dans la province.
XII.
Les églifes de M. Dugas ayant demandé que les bans des mariages
ne foient publiés à l'avenir que lorfqu'ils auront été couchés fur du
papier timbré, & expédiés par le notaire qui aura reçu l'afte, ou fur
l'adte même ou des articles en bonne & due forme, — la compagnie,
ne jugeant pas qu'il foit néceffaire de rien flatuer là-delTus, renvoie les
confifloires aux articles de la difcipline, chap. xni, art. i6& 17, qui
en font mention, & les exhorte à f'y conformer du mieux qu'il leur
fera poffible.
XIII.
La demande des églifes qui compofent le quartier de M. Dugas,
& le mémoire qui a été produit pour l'appuyer, au fujet de l'art. 12
du dernier fynode de la province qui admet les collatéraux à fuccéder
aux emplacements que leurs parents défunts poffédaient dans les mai-
fons d'oraifon de la Saintonge, ayant été prife en confidération, on
n'a pas cru pouvoir apporter aucun changement audit article fans
blefler la juftice, vu que ces maifons ont été achetées & édifiées à frais
communs & que leur acquifition ne provient ni de charité proprement
dite, ni d'aucun don particulier, & que d'ailleurs il ne paraît pas qu'il
y ait eu aucune convention qui prive lefdits collatéraux de leurs
droits à cet égard; cependant, à caufe des avantages qu'il peut en
réfulter pour l'Eglife, fans préjudicier beaucoup aux particuliers, on
exhorte les fidèles qui peuvent fe trouver dans les cas ci-deffus de faire
ceflion de leurs droits à l'églife dont ils font membres, en cas de mort
fans héritiers en ligne direde.
XIV.
Ledure ayant été faite de la lettre d'un proteftant de la ville de
Saintes, on renvoie la caufe dont il y eft quefl:ion au colloque du
quartier dont il reffort, comme devant en connaître avant le préfent
tribunal, & étant mieux à portée de voir ce qu'exige l'édification de
l'églife dont il eft membre.
SYNODES PROVINCIAUX. 38 1
XV.
Vu les difficultés qu'il y a que les fidèles de Nieulle fe rendent [à]
Souhe pour leurs exercices de dévotion, on les autorife à former une
affemblée diftinde, où le pafteur du quartier fera obligé d'exercer les
fondions de fon miniftère; bien entendu cependant que lefdits fidèles
& ceux de Souhe continueront à être fous la conduite d'un feul &
même confiftoire.
XVI.
L' affemblée a vu avec furprife que l'églife de Marcnnes n'ait pas
acquitté les honoraires qui lui avaient été impofés par l'article .... du
colloque de Saintonge du .... 17G3, confirmé par l'art. 19 du dernier
fynode de la province ; & en conféquence, elle lui a ordonné de payer
lefdits honoraires, jufqu'àceque le colloque ait jugé à propos de faire
une nouvelle répartition.
XVII.
M. Dubour, de Saujon, ayant porté plainte contre M. Bernelot,
d'Arvert, qui refufe de cautionner pour fon fils, malgré la promeffe
exprcffe & réitérée qu'il en avait faite, lorfqu'il fut queftion de le
marier avec la demoifcllcGarnicr, l'affemblée, ne pouvant que défap-
prouvcr la conduite dudit ficur Bernelot à cet égard, charge M. Dugas
d'employer toutes les repréfentations & exhortations qu'il croira
propres à lui faire remplir fes engagements & autorife le confiftoire
de fon églife de procéder contre lui, fuivant l'exigence du cas.
xvni.
M. Martin, ou les cgiifes de fon diftrid, fe trouvant redevables de
99 liv. 10 f. fuivant l'art. 21 du dernier fynode, il a payé à compte
90 liv. i3 f. 4 d. qui ont été employés à l'acquit de la portion que les
églifcs de Saintonge & Angoumois devaient pour deux années de la
pcnfion qui fut accordée par le fynode national dernier à M. Court,
échues au premier juin dernier, & pour celle d'une année de M[adame]
la v[euve] Bétrine qui écherra le premier feptembre prochain.
XLX.
MM. Jarouffeau & Dupuy ayant réclamé les dépenfes qu'ils
ont faites pour leurs voyages dans le Périgord & Agcnais, en exécution
do l'art. 22 du fynode national dernier, il leur a été accordé 216 liv.
dont ladite province de Périgord & Agenais fera redevable à celles de
Saintonge, Bordeaux & Angoumois, & laquelle fomme l'églife de
Bordeaux a payé 72 liv. pour fit quote-part.
382 LES SYNODES DU DÉSERT.
XX.
Au moyen de go liv. i3 f. 4 d. dont il eft fait mention à l'art. 18
ci-deffus, l'églife de Bordeaux f'eft chargée d'acquitter les deux années
de penfion de M. Court, à raifon de 5o liv. par année, & celle de
M[adame] Bétrine à raifon de 36 liv., dont il eft queftion dans ledit
article.
XXI.
Le quartier de M. Dugas eft chargé de la convocation du prochain
fynode provincial.
Ainfi conclu & arrêté lefdits jours & an que deffus.
Cavalier, pafteur & modérateur; Dugas, pafteur & mod'-adjt;
GiBERT jeune, pafteur & fecrétaire ; J. Jarousseau, pafteur &
fecrétaire-adjoim.
Synode du Poitou.
Au nom de Dieu. Amen.
Les confiftoires du Poitou, étant affemblés en fynode le douzième
mars mil fept cent foixante-cinq, après avoir imploré le fecours de
Dieu & choifi pour modérateur M. Gamain, pafteur, & pour modéra-
teur-adjoint M. Pougnard, pafteur; pour fecrétaire le fieur Guimard,
ancien, &. le fieur Gaborit pour fecrétaire-adjoint, ont arrêté ce
qui fuit :
I.
Monfieur Tranchée , dit Fortunière , fêtant rendu à notre
demande, lequel ayant déclaré qu'il fouhaitait d'être adjoint avec
MM. Gamain & Pougnard, palteurs, pour delfervir de concert les
églifes de cette province, & après avoir pris ledure de fon ade de
réception, il lui a été accordé félon fes défirs.
II.
Voyant que les affemblées & les fociétés religieufes font très-
utiles pour l'édification des fidèles, & qu'il y a plufieurs perfonnes qui
SYNODES PROVINCIAUX. 383
les négligent, malgré les preffantes exhortations qu'on leur a adrefTées
à ce fujet; c'cfl: pourquoi nous l[eur] enjoignons de les fréquenter à
l'avenir autant qu'il leur fera poffible ; fans quoi ils feront cenfurés &
fufpcndus de la Ste-Cène. Les furveillants font exhortés d'y tenir la
main.
m.
Cette négligence des exercices de piété ayant donné lieu à la pro-
fanation du faint dimanche, la compagnie, étant vivement pénétrée de
douleur à la vue d'un tel dérèglement, & défirant d'y remédier, elle
eft convenue que les marchands, les aubergiftes, tous ceux en un mot
qui débiteront ou feront débiter leurs marchandifes pendant ce jour-là,
excepté aux étrangers; les ouvriers, de quelque métier qu'ils foient,
qui portent leurs ouvrages chez les particuliers, ou qui cherchent à
fcn procurer; les chaffeurs, les danfeurs, les joueurs, enfemble ceux
qui vont en vifite, en régal, ou qui fréquentent les lieux de libertinage,
ce jour du faint repos, font tous exhortés de changer promptcment de
conduite; & fil f'en trouve qui fe montrent rebelles à quelqu'un de
ces égards, ils feront avertis qu'ils ne pourront être admis à la parti-
cipation de la Ste-Cène, qu'après qu'ils auront changé de conduite.
IV.
Il eft enjoint aux fidèles de fe conformer à l'art. 5 du chap. x de
la difcipline, qui porte qu'il ne fe fera aucune prière, ou prédication,
ou aumône publique lors des enterrements, pour prévenir toute
fuperftition ; & font exhortés ceux qui accompagnent les corps de fe
comporter avec modcftie durant le convoi, méditant félon l'objet qui
fe préfente, tant fur les mifères & brièveté de cette vie, que fur l'efpé-
rance de la vie bienheureufe.
V.
Comme ceux qui font fufpendus de la fainte communion par
l'ordre du confiftoire, ou ceux qui négligent d'y participer pendant
l'efpace d'un an ou environ, occupent mal ù propos des places les
jours de dévotion publique, nous leur ordonnons de fe tenir au bord
des affemblées; les anciens l'ont chargés de faire obferver cet article.
VI.
Il eft auflî conclu que perfonne n'entrera dans le centre de
l'allembléc, après que les commandements feront lus, fans avoir la
permiflion de quelque membre du confiftoire.
384 ^^^ SYNODES DU DÉSERT.
VII.
Sachant qu'il y a des fiancés & fiancées qui caufent un très-grand
fcandale dans nos églifes, en vivant enfemble & en tenant une con-
duite des plus criminelles, nous leur enjoignons de fe féparer fans
délai, jufqu'au temps qu'ils aient reçu la bénédidion de leur mariage;
& ceux qui fe montrent rebelles à cet égard feront pourfuivis à toute
rigueur, jufqu'à être chaflés de la compagnie des fidèles.
vm.
Chaque confiftoire eft chargé de choifir deux commiffaires, & de
les faire tenir au bord de l'alTemblée pendant qu'on adminiftre les faints
facrements, pour impofer filence à ceux qui tiennent des difcours
inutiles & imprudents ; & ceux d'entre les indifcrets qui ne feront
point foumis à cette règle feront nommés au pafteur [pour] être cen-
furés, félon l'exigence des cas.
IX.
Perfonne n'entrera dans le parquet fans une permiffion expreffe
de quelque membre du confiftoire de l'églife où les fidèles feront
affemblés.
X.
Ceux qui apporteront des enfants aux affemblées pour les faire
baptifer, & qui ne feront pas rendus à l'heure qu'on adminiftre le
baptême, & même avant que le fermon foit commencé fil efl: poffible,
feront cenfurés à caufede leur négligence & du mépris qu'ils font de
la parole de Dieu.
Conclu & arrêté ce jour & an fufdits.
Gamain, pafteur & modérateur; Pougnard, pafteur &
mode'rateur-adjoint ; J. Guimard, ancien & fecrétaire;
Gaborit, ancien & fecrétaire-adjoint.
Synodes provinciaux de 1766.
Synode du Dauphiné.
Fragment.
ous, paftcurs & anciens, députés des églifcs du Dauphiné,
affemblés en fynode le dernier mars, le premier avril de
\ I l'année mil fept cent foixante-fix, après l'invocation du St-
Nom de Dieu & avoir pris leflure de fa fainte parole, avons
arrêté les articles fuivants :
I.
Les députes, qui feront nommés pour le fynode national, font
chargés d'infifter que lorfque nos vénérables amis du pays étranger
trouveront convenable de confacrer au St-Miniftère les jeunes gens
qui leur feront envoyés pour faire leurs études dans le fcminaire, ils
aient la bonté d'en donner avis à la province de laquelle ils dépendent
pour que ladite province leur accorde la vocation nécelTaire à cet
effet, félon que notre difcipline le requiert exprefTcment, & que ladite
vocation foit mentionnée dans les attcflations qu'ils leur accorderont.
II.
L'affemblée confent à la tenue du fynode national ■ ; & à caufe des
grandes occupations des pafteurs de cette province, elle prie la véné-
rable affemblée de ne pas trouver mauvais que nous n'envoyions pas
notre députation complète.
111.
L'aflemblée a nommé pour aflifter au fynode national M. Rozan,
pafteur, avec un ancien, & à fon défaut M. Defcours.
I. C'était le synode provincial des Hautes-Cévennes qui l'avait convoqué;
mais il ne se réunit jamais. Le synode de 1763 fut le dernier synode du 18° siècle.
386 LES SYNODES DU DESERT.
IV.
L'affemblée ne croyant pas avoir des lumières fufïifantes pour fe
décider au fujet de la demande que lui a faite M. Jean- Louis Faure, a
arrêté qu'on prendrait de plus amples informations de la part des per-
fonnes qui fe trouveront dans la députation dudit fieur Faure ; & au
prochain fynode la province décidera alors en connaiffance
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Synode du Bas- Languedoc.
Au nom de Dieu soit fait. Amen.
Aâes du ffnode du Bas-Languedoc, convoqué par le colloque de
Sommières, & ajfemblé au Déjert les feiiième , dix-feptième , dix-
huitième & dix-neuvième avril mil fept cent foixante-Jix, au nombre
de dix-huit pajleurs de la province, deux propofants & quarante-trois
anciens, députés par les égiifes.
I.
Le St-Nom de Dieu invoqué, ont été élus, à la pluralité des
fuffrages, MM. Paul Rabaut, pafteur, pour modérateur, & Jean Pradel,
pafteur, pour modérateur-adjoint; & MM. Pierre Encontre, pafteur,
pour fecrétaire, & André Baftide, pour fecrétaire-adjoint.
II.
A caufe de l'extrême corruption qui règne, & vu que nos égiifes
demeurent encore fous la croix, il a été indit un jeûne folennel qui a
été fixé au 19'' odobre prochain, & en cas d'interruption ce jour-là au
dimanche fuivant.
m.
Sur l'appel porté en cette affemblée par le confiftoire de l'églife
de Quiffac du jugement rendu par le colloque de Sommières dans
la caufe entre le fieur Olivier & le fieur René Cabane, dudit Quiffac,
— ledure faite des procédures en entier & entendu tout ce qu'ont
SYNODES PROVINCIAUX. 387
voulu alléguer, foit de vive voix, foit par écrit, tant ledit fieur
Olivier que les députes & le pafteur de l'églife de Quiffac, d'une
part, & ceux d'entre les membres du colloque ici préfents, d'une autre,
tout confidéré, le fynode eft d'avis que la réputation du fieur Olivier
eft au-deffus de toute atteinte & qu'il eft incapable du fait dont on
l'accufe; que la déclaration du lîeur Pierre Piel, dit Richard, eft
fufpectc, attendu qu'il confie par fa dernière dépofition que ladite
déclaration lui fut extorquée; que le confiftoire de l'églife de Quiflac a
rendu un jugement peu réfléchi qui flétrit le fieur Olivier fans légitime
fondement; que, d'autre part, la fentence du colloque eft trop rigou-
reufe; en conféqucnce, la compagnie cafl'e tant l'une que l'autre
fentence, rétablit le fieur Olivier dans fa charge d'ancien, fauf à lui à y
renoncer fil croit que fa tranquillité le demande; enjoint en outre au
confiftoire de Quifl"ac d'apporter plus de maturité & de douceur dans
fes décifions.
IV.
Meffieurs les commilTaires, nommés par le dernier fynode de cette
province pour terminer les altercations furvenues dans l'églife de Mont-
pellier, ayant rendu compte de la manière dont ils remplirent leur
commilTion, les articles portés par leur jugement ont été lus &
approuvés; & les députés de l'églife de Montpellier ayant demandé à
cette occafion que l'affemblée voulût c.vpiiquer quelle eft la jufte étendue
de l'autorité des confiftoires relativement à la collede &à l'adminiftra-
tion des deniers des pauvres & de ceux du miniftère, la compagnie
répond que les confiftoires font feuls autorifés à faire lefdites collectes
& adminiftration, & que les particuliers ne peuvent f 'y immifcer
qu'autant qu'ils en reçoivent l'ordre ou la permiflion du confiftoire
conformément à l'art. 4 du chap. ni, & à l'art, i" du chap. iv de la
difcipline, fans néanmoins blâmer en aucune manière les dames de
Montpellier qui, avant les altercations & le jugement de la commiflion,
ont fait les fondions de diaconeffe pour le plus grand bien des
pauvres; mais l'aftemblée les exhorte à fe conformer en tout à
l'avenir à l'ordre ci-deiTus prcfcrit.
Un certain nombre de perfonnes de l'églife de Montpellier ayant
demandé que M. Encontre, pafteur, leur fût accordé pour les delfervir
en qualité de chapelain, leur demande a été unanimement rcfufée.
388 LES SYNODES DU DESERT.
VI.
Lefture faite des mémoires & papiers préfentés, d'une part, par
les députés du confiftoire de l'églife d'Uzès, &, d'une autre, par les
notables de la même églife, Meffieurs les pafteurs ouïs, aufli bien que
toutes les parties contendantes, l'affemblée, prenant le tout en confi-
dération & gémiffant des troubles qui déchirent la fufdite églife, a
nommé pour les connaître & les terminer MM. Baftide & Puget, paf-
teurs, & MM. Aubanel, Payan, & à fon défaut Ollier & Valz, anciens,
auxquels elle donne pouvoir de faire en l'autorité du préfent fynode
tout ce qu'ils jugeront le plus propre à mettre fin aux diffenfions & à
rétablir la paix.
VII.
Sur l'appel interjeté par le fieur Féline de la fentence d'interdic-
tion prononcée contre lui par le confiftoire de l'églife d'Uzès & con-
firmée par le colloque du même nom, affemblé le 20° août 1765, le
fynode juge qu'il aurait fuffi d'une cenfure ; en conféquence, il cafTe la
fentence d'interdidion comme trop rigoureufe & rétablit ledit fieur
Féline dans fa charge d'ancien. Quant au fieur Richard, la compagnie
lui enjoint d'exécuter, en ce qui le concerne, l'art. 6 du fufdit colloque
d'Uzès.
VIII.
Les pafteurs, qui affiftèrent aux dernières heures de feu M. Guizot,
ayant expofé que ce pafteur de digne mémoire leur recommanda fa
femme & fes enfants, & les pria de les recommander à la préfente
alfemblée, tous les membres, après avoir témoigné les plus vifs regrets
de la perte de cet excellent ferviteur de Dieu, ont arrêté de mettre fa
famille fous la proteélion de la province, & lui ont fixé une penfion
annuelle de 25o liv., laquelle commencera à courir le premier mai
prochain.
IX.
Monfieur le modérateur ayant expofé qu'une province en parti-
culier demandait la convocation du fynode national, l'affemblée n'a
pas jugé fuffifants les motifs qu'on allègue pour le convoquer; & elle
a nommé M. Jean-Paul Rabaut & Louis Valentin, pafteurs, pour fe
rendre au fynode des Hautes-Cévennes, chargé de cette convocation,
non-feulement afin d'y faire entendre les raifons que la compagnie a
pour fy oppofer, mais aufli afin d'entretenir l'union & la bonne
SYNODES PROVINCIAUX.
389
harmonie ; & pour la même raifon ces Meflieurs font priés de faire
leurs efforts pour aiïifter au fynode des Baffes-Cé venues.
X.
La compagnie, informée que quelques églifes n'exécutent pas
l'art. 1 1 du fynode tenu le 9" mai 1764, & que toutes celles de la pro-
vince ne l'ont pas obfervé l'année qui va finir, & confidérant qu'il eft
extrêmement néceffaire de l'exécuter annuellement pour former des
ouvriers propres à travailler à la moiffon du Seigneur, exhorte les
églifes, qui reftèrent en arrière à cet égard l'année que l'article fut
dreffé, à l'obferver deux fois dans le courant de celle qui va com-
mencer, & toutes les autres à l'exécuter une. Et afin qu'elles rem-
pliflent ce devoir avec plus d'exa£litude, on fera ledure publique &
du préfent arrêté & du fufdit art. 1 1 du fynode tenu le 9" mai 1 7G4.
XI.
M. Encontre, pafteur, a informé l'affcmblée qu'à caufe des défa-
gréments qu'il a effuycs à Montpellier, & par amour pour la paix, il
a demandé fon congé au confiftoire de ladite églife ; a dit de plus
qu'ayant verfé fes plaintes dans le fein de fes confrères, & fêtant
déchargé fur eux de ces plaintes & des maux qui l'ont fait gémir & qui
aOligent cette églife, il faifait aux pieds de fon Sauveur le facrifice des
unes & fe repofait fur fes frères du foin de remédier aux autres. Sur
quoi, les députés de l'églife de Montpellier interpellés fils ont quelque
chofe à dire fur la dodrine & fur les mœurs de leurdit pafteur, ils
ont répondu, tant en leur nom qu'en celui du confiftoire dont ils
font membres, que M. Encontre n'a prêché d'autre doctrine que celle
que profelfe l'Eglife réformée, qu'il a été en édification à fon troupeau,
tant par fes mœurs pures & irrépréhenfibles, que par fes difcours &
fon zèle infatigable à remplir les différentes fondions defon miniftère,
témoignage honorable que l'affemblée confirme avec plaifir. Au furplus,
les députés de l'églife de Montpellier fe font engagés, tant pour eux
perfonnellement qu'au nom du confiftoire qui les a envoyés, de payer
il M. Encontre fes honoraires de l'année qui écherra le premier mai
prochain fe montant en tout à la fommc de 924 livres.
XII.
Sur la plainte portée par demoifelle V . ., de Milhaud, contre le
fieur B..., fon mari, attendu que les preuves de l'accufation ne font
O LES SYNODES DU DESERT.
point complètes, & vu les funeftes conféquences qui pourraient
réfulter d'une décifion, l'affemblée eft d'avis de n'en point faire.
xm.
MM. Guillaume Bruguier & François Fromental, propofants,
ayant demandé d'être admis aux épreuves pour être promus au
St-Miniftère, la compagnie, après avoir rendu un bon témoignage à
leur dodrine & à leurs mœurs, a favorablement accueilli leur demande
& a nommé pour les examiner MM. Paul Rabaut, Pradel, Encontre,
Baftide & Puget, pafteurs, & le premier pour leur impofer les mains,
fils font jugés capables.
XIV.
Les églifes de Mouffac, Garrigues & Gatigues paieront à MM . Pierre
Sauffîne & Allègre, pafteurs, ce qu'elles leur doivent pour leurs hono-
raires de l'année 1762, & cela, fur le même pied de l'année précé-
dente, & quant à ce qu'ils prétendent que leur refle devoir celle de
Milhaud, le confiftoire de Nîmes eft chargé d'entendre leurs raifons
& de leur faire juftice.
XV.
Bien des églifes n'ayant pas fatiffait à ce qu'elles devaient pour
leur quote-part des dettes mortes de la province, & la plupart des
perfonnes qu'elle penfionne étant en fouffrance, le fynode, après en
avoir gémi, n'a point trouvé des expédients plus propres pour remé-
dier à ce mal que celui de faire collefler dans chaque églife, convoquée
un jour de dimanche, pour contribuer à payer une dette fi légitime, &
il charge Meffieurs les pafteurs d'exhorter les fidèles à f 'élargir pour
fervir à cette bonne œuvre. Au furplus, le confiftoire de Nîmes a été
choifi pour recevoir le produit de cette collede.
XVI.
Pour mettre fin aux conteftations qu'occafionne l'inégalité des
églifes, les colloques font chargés de f 'affembler le plus tôt polTible, &
de les égalifer autant que faire fe pourra.
XVII.
M. le pafteur Thérond ayant été demandé par les mêmes églifes
qu'il defTervait l'année dernière, fon attachement pour elles l'aurait
porté volontiers à leur confacrer de nouveau fes fervices, mais les
SYNODES PROVINCIAUX.
391
inftances qui lui ont été faites par les députés de l'églife d'Uzès, l'efpé-
rance que fon miniftère contribuera félon toutes les apparences à
rétablir dans ladite églifc l'ordre, l'harmonie & la paix, l'ont porté à
acquiefcer au défir de ces députés; ce que l'affemblée a vu & confirmé
avec plaifir.
Ainfi conclu & arrêté le fufdit jour & an.
Paui. Rabaut, pafteur & modérateur; Jean Pradel,
pafteur & modérateur-adjoint.
Synode des Basses-Cévennes.
Le fynode des Baffes-Cévennes, afTemblé le trentième avril mil
fept cent foixante-fix, compofc de MM. les pafleurs & députés de la
province & de leurs députés, & MM. Jean Gabriac, Jean Méjanelledu
Cambon, pafteursdes Hautes-Cévennes, de M. Paul Rabaut, — après
avoir imploré l'afliftance du Seigneur, [&] nommé M. Jean Gai pour
modérateur & M. Dalgue pour modérateur-adjoint, M. Paui Ma-
razel pour fecrétairc, M. Antoine Gai pour adjoint, a délibéré ce
qui fuit :
I.
Que, vu les dérèglements de l'efprit & du cœur qui régnent dans
le monde & qui ne peuvent qu'attirer de plus grands maux que ceux
par où nous fommes déjà, & dont nous ne fommes pas encore dé-
livrés, il fera célébré, le 12° août prochain, un jeûne folennel d'humi-
liation, de repentance & de prière, pour demander à Dieu qu'il
daigne y remédier par fa grâce toute-puiffante, & nous accorder une
paix folide, tant fpirituclle que temporelle, & qu'il nous difpofe de
plus en plus à faire toujours fa fainte volonté.
II.
MM. François Valette & Jacques Olivier ayant déjà été acceptés
comme pafteurs, en conféqucnce des bons témoignages & des lettres
392 LES SYNODES DU DESERT.
d'ordination qu'ils avaient portés de MM. les direéteurs du féminaire
de Laufanne, où ils avaient été continuer leurs études, l'affemblée les
a infcrits dans le catalogue des pafteurs de la province, d'autant
mieux qu'ils ont grandement édifié & qu'ils édifient les églifes qui
leur ont été affeflées, & fait les vœux les plus fervents pour la conti-
nuation du fuccès de leur miniftère.
in.
L'affemblée a appris avec plaifir le renvoi du fynode national que
la province des Hautes-Cévennes avait convoqué, d'autant plus qu'a-
près avoir raifonné fur ce fujet, elle aurait follicité ladite province de
le renvoyer.
IV.
Qu'il fera écrit à MM. les refpeftables & très-dignes diredeurs
du féminaire, pour les prier de ne point ordiner les étudiants que la
province envoie audit féminaire, fans que préalablement MM. les
étudiants n'aient obtenu le confentement du fynode de ladite province.
Sur la propofition qui y a été faite de charger MM. les pafteurs
de la province de faire palfer un extrait des baptêmes & mariages, qui
fe trouveront dans leurs regiftres, à chacune des églifes, ladite pro-
vince a arrêté que la chofe ferait exécutée le plus tôt poffible, & que
chaque églife payera les frais des extraits qui les regarderont.
VI.
Que, conformément à l'efprit des ordonnances du Roi, chaque
églife tiendra en regiftres les morts de leur communion.
vu.
MM. Barre & Bernard, propofants, ayant réitéré la demande, qu'ils
firent au dernier fynode, qu'il leur foit permis d'aller continuer leurs
études dans l'étranger, la compagnie leur a accordé leur demande,
fous la condition expreiîe de revenir dans le fein de nos églifes, lorf-
qu'ils en feront requis; mais, vu les grands befoins des églifes, ils ne
pourront partir qu'au premier du mois de feptembre prochain, & ils
continueront leur fervice dans les quartiers qui leur font affedés par
ce dernier fynode jufqu' audit mois.
SYNODES PROVINCIAUX. 3g3
Vin.
L'affcmblée ne pouvant juger définitivement, faute d'inftrudion
fuffifante, les diderends furvenus dans l'églife de Sauve, a nommé
MM. J. Gai & Paul Dalgue, iefquels choifiront deux anciens de leurs
églifes refpedives, pour en connaître & pour prendre les arrange-
ments qui pourront tendre au plus grand bien & à l'édification de
cette églife, le tribunal leur donnant à cet égard toute l'autorité rela-
tive à leur commiffion.
IX.
Les églifes de Mialet, Corbés, Thoiras & Ste-Croix [de Caderle]
ont été aiïignées par le fynode à M. Grail, pafteur, lefquelles églifes
formeront fon quartier; bien entendu que la cote des miniftres qu'elles
payent fera comptée aux pafteurs ou prédicateurs qui les ont delfer-
vies jufqu'ici, favoir: huit mois de l'année courante.
X.
L'églife de Tornac a été jointe avec celle d'Anduzc, & celle de
Gros avec celle de St-Hippolyte, auxquelles M. le cadet Julien con-
tinuera fes fervices.
XI.
M. Marazel ayant repréfenté qu'il ne pouvait pas fubvenir aux
grandes fatigues de l'étendue de fon ancien quartier, il a été déchargé
de l'églife de Sauve, & ladite églife fera tenue de lui payer les huit
mois de fervice dont elle lui eft redevable.
xn.
L'affemblée ayant appris que M. Journet, pafteur d[u] Béarn,
défirait ardemment de revenir dans la province & de faire corps avec
nous, & ne pouvant pourvoir les églifes de St-Aflrique, le Pont de
Camarès & Brufque, il fera permis à ces églifes de le réclamer &
audit fieur Journet de les deffervir; bien entendu qu'il dépendra de
ladite province.
XIII.
MM. Paul Dalgue & Dumoulin font députés au prochain fynode
des Hautes-Cévennes & MM. La Devèze & Olivier à celui du Bas-
Languedoc.
394 LES SYNODES DU DÉSERT.
Synode des Hautes-Cévennes.
Au nom de Dieu. Amen.
Le fynode de la province des Hautes-Cévennes, affemblé le
vingt-troifième & vingt-quatrième avril mil fept cent foixante-fix,
auquel ont aflifté : MM. Jean Roux, Jean-Pierre Gabriac, Jacques
Gabriac, Jean Méjanelledu Cambon, Pierre Vallat, Charles Bourbon,
Pierre Pierredon, Antoine Sabatier & Jean-Pierre Roche, pafteurs
de ladite province, avec dix-fept anciens, députés par leurs quartiers
refpedifs; MM. Veffon & Paul Marazel, pafteurs, députés des Baffes-
Cévennes; MM. Jean-Paul Rabaut & Louis Valentin, auflî pafteurs,
députés du Bas-Languedoc, — après avoir nommé pour modérateur
M. Roux, pour modérateur-adjoint M. Gabriac l'aîné, pour fecrétaire
M. Pierredon & pour fecrétaire-adjoint M. Bourbon, a arrêté ce qui fuit :
I.
L'affemblée, pénétrée de douleur à la vue des funeftes progrès que
la corruption continue à faire dans l'Eglife, enjoint aux fidèles de cette
province de fhumilier extraordinairement devant Dieu, par un jeûne
folennel qu'ils célébreront le dix-feptième du mois d'août prochain.
II.
Comme il importerait aux proteftants de ce Royaume, fils étaient
un jour reconnus par l'Etat, de pouvoir conftater la mort de ceux qui
feraient jufqu'alors décédés, il eft ordonné à toutes les églifes de la
province de tenir déformais à ce fujet des regiftres en forme.
m.
Le colloque d'Alais, ayant demandé l'établiflement d'un comité
dans la province, femblable à ceux du Bas-Languedoc & des BafTes-
Cévennes, pour traiter des affaires particulières concernant les églifes
qui peuvent furvenir d'un fynode à l'autre, on a nommé pour y
aftifter, favoir: d'entre les pafteurs MM. Roux, Bourbon, Pierredon;
d'entre les anciens M. Bonne, d'Alais, & à fon défaut celui que le
confiftoire de fon églife trouvera à propos de lui fubftituer, — Pagézy
&à fa place Dubaguet, de St- André, — Planchon, deMeyrueis,& pour
SYNODES PROVINCIAUX. 3g5
fon fubftitut Nogaret, de Balazucgnes ; & comme cette afTemblce doit
foutcnir la correfpondance de la province, elle en charge M. Pier-
redon, dont les lettres feront fignées & par lui & par un de fes col-
lègues; bien entendu que les églifes rembourferont à cet égard, comme
à tout autre, audit comité les dépenfes qu'il fera pour elles.
IV.
On a rejeté l'appel interjeté à cette afTembléc par les députés de
St-FrézaI fur la troifième délibération du colloque d'Alais.
V.
Les églifes de la province feront à l'avenir deffervies proportion-
nellement à leur taxe de leur miniftère.
VI.
Il fera impofé fur elles la fommc de 600 liv. pour l'entretien des
élèves qui font fous la direction de M. Gabriac aîné, dont celle d'Alais
payera ù proportion de ce qu'elle fournit à ce fujct l'année dernière.
vil.
En rejetant la première propofition de l'cglifc de St-Sébaftien,
l'affemblée lui accorde la demande qu'elle fait de réunir fes exercices
religieux avec ceux du Pin ; elle a nommé pour déterminer l'endroit
où ils doivent fe tenir MM. Guin, du Couvayron, & Fontanes, de
la Baumelle'.
VIII.
Elle a nommé aufli, pour fixer le lieu des affemblés religieufes de
la comm[unauté] de St-Eticnne [de Vallée-françaife] MM. Martin, du
Vallat, & Pafcal, de St- Roman.
IX.
M. Vallat, pafteur, ayant demandé d'être déchargé de fes fonc-
tions, que fa mauvaife fanté ne lui permet pas de remplir, on lui a
accordé fa demande avec la penfion de 5oo livres.
X.
Les Hautes-Cévennes, chargées de la convocation du fynode
national, en ayant fixé la tenue le 22" janvier dernier au troifième
juin prochain, & reçu depuis lors de la part de quelques provinces
des difficultés & des oppofitions à cet égard, il a été réfolu d'en écrire
l'i toutes celles du Royaume de fufpendre ladite affemblée jufques à ce
qu'elles aient donné leur avis; & comme l'églife de La Rochelle a
I. On lit: I.aumcJc; mais ce doit être la Baumelle, près St-Sébastien.
396 LES SYNODES DU DÉSERT.
fait circuler, fans droit, fa lettre révocative, M. Pierredon eft chargé
de lui adreffer les plaintes de cette province.
XI.
On a député, pour affifter au prochain fynode des BafTes-Cé-
vennes, MM. Gabriac l'aîné & du Cambon, pafteurs, & à celui du
Bas-Languedoc, MM. Bourbon & Pierredon.
XII.
M. Combet, difciple de M. Roux, a été revêtu de la charge de
propofant, après en avoir été jugé digne, fur l'examen que lui a fait
fubir le corps des pafteurs; en conféquence, on lui a affigné la fomme
de 120 liv., répartie fur la province, dont la moitié lui fera payée à la
St-Michel prochaine.
XUI.
MM. Roux, du Cambon, Pierredon & Roche, pafteurs, defTer-
viront les mêmes églifes qui leur ont été affedées l'année dernière.
M. Gabriac l'aîné, deffervira la ville de Florac & les comm[u-
nautés] de Vébron, mandement de Rouffes, St-Laurent [de Trêves],
St-Julien [d'Arpaon[, la Salle & Grizac.
M. Gabriac le jeune, deffervira les mêmes églifes que l'année
dernière, avec la paroiffe de St-Hilaire.
M. Bourbon deffervira aufli les mêmes églifes qui compofaient fon
diftrid, avec celle de Barre, à condition que MM. Roux, du Cambon,
Pierredon, Plantier & Roche feront une affemblée chacun dans fon
quartier, pendant le courant de l'année, lorfqu'il les en requerra.
M. Plantier deffervira encore les mêmes églifes qu'il a deffervies
jufques ici avec celles de Caffagnas & le haut de St-André-de-Lancize.
XIV.
On impofera fur la province, pour la préfente année, qui
écherra à la St-Michel prochaine, la fomme de fix mille huit
cent foixante-neuf livres, ci 686g H-
Savoir fept cents livres pour chacun de Meffieurs les huit
pafteurs faifant en total celle de cinq mille fix cents livres, ci. 56oo »
En faveur de M. Vallat, indépendamment de ce qui lui
eft dû de l'impofition de l'année dernière pour fon quartier,
la fomme de deux cent cinquante livres, qui lui feront payées
à la St-Michel prochaine pour la moitié de cinq cents livres
qui lui ont été accordées, ci 25o »
SYNODES PROVINCIAUX. 3g^
Vingt livres pour chacun des neuf pafteurs pour leurs
dcpcnfes imprévues, en total cent quatre-vingt livres, ci . . i8o /^
Pour port de lettres la fomme de foixante livres, ci . . 60 »
Pour M. Phiilippe celle de cinquante livres, ci ... 5o )>
En faveur de la veuve Bétrine celle de vingt -quatre
livres, ci 24 »
En faveur de M. Court celle de vingt livres, ci . . . 20 »
En faveur de M. Combet celle de quatre-vingt-cinq
livres, dont vingt-cinq livres à titre d'étudiant, échue ce jour-
d'hui, & celle de foixante, comme propofant, qui écherront
à la St-Michel prochaine, ci 85 »
En faveur de M. Gabriac l'aine, pour l'entretien de trois
élèves, fix cents livres, ci 600 »
XV.
Répartition générale des impofitions de la fomme de fix mille
huit cent foi.xante-neuf livres, ci 6869 #
Savoir :
Le quartier de M. Roux la fomme de ci 730 y/ 12 f 6 d
Idem de M. Gabriac l'aîné 871 » 3 » 6 »
Idem de M. Gabriac le jeune 871 » 3 » 6 »
Idem de M. du Cambon 871 » 3 » 6 »
Idem de M. Bourbon 871 » 3 » 6 »
Idem de M. Pierredon on » 6 » 6 »
Idem de M. Roche 871 » 3 » 6 »
Idem de M. Plantier 871 » 3 » 6 »
Somme égale . . . 6869 -H- » » » »
XVI.
A l'unanimité des fuffrages, on a chargé les églifes de Florac &
d'Alais de convoquer les colloques qui font de leur reffort, & celle
de St-André-de-Valborgne de la convocation de celui de St-Germain;
on a chargé de plus le colloque d'Alais de convoquer le prochain
fynodc provincial.
Ainfi a été conclu & arrêté ces vingt-troif[ième] & vingt-quatrième
avril mil fept cent foi.\ante-fix.
Gabriac l'aîné, pafteur & modérateur-adjoint.
SgS LES SYNODES DU DÉSERT.
Synode du Vivarais et Velay.
Aâes dufynode provincial des églifes réformées du Vivarais &
Velaj, ajjemblé fous la proteéliofi divine au Défert, dans le Haut-
Vivarais, le pretnier de mai mil fept cent foixantefix, auquel ont
affl/ié deux pajleurs & doii'ie anciens, députés defdites] églifes.
Après la ledure de la parole de Dieu & l'invocation de fon St-
Nom, a été réfolu ce qui fuit :
I.
La compagnie a vu avec joie les difpofitions de M. G. . ., qui
nous a été adreffé par nos frères du Bas-Languedoc, & le deffein qu'il
a fait paraître de vouloir confacrer fes talents au fervice des églifes de
cette province. Le féjour qu'il y a fait, les fonélions qu'il y a remplies
avec beaucoup de zèle & d'édification l'ayant déjà rendu agréable à
un grand nombre de fidèles, & faifant efpérer que fon miniftère fera
très-utile à nos chères églifes, elle accepte avec empreffement& recon-
naiffance fes offres généreufes, & prie le Seigneur de répandre fa
bénédidion fur fa perfonne & fur fes pieux travaux.
II.
L'afTemblée ayant reçu avis qu'un fynode national doit fafTembler
dans peu de temps, fi le Seigneur le permet, a député M. Alexandre
Vernet, pafleur, & M. J. F. M. . ., ancien, pour y afTiflier, avec plein
pouvoir, au nom & en l'autorité des églifes de cette province, & pour
y délibérer d'un commun accord avec MefTieurs les autres députés fur
toutes les matières qui y feront traitées conformément à la parole de
Dieu & à la difcipline des églifes réformées de ce Royaume & aux
infl:rudions qu'elle leur a données, promettant de f'y conformer au-
tant qu'il fera en fon pouvoir.
Peirot, pafteur & modérateur; A. Vernet, pafteur & fecrétaire.
«.^kj cAj *^J «^^
SYNODES PROVINCIAUX. Sgg
Synode du Périgord et de l'Agenais.
Au nom de Dieu. Amen.
Les églifes [du] Périgord, Haut & Bas-Agenais, affemblces en
fj'fiode en la pcrfonne de leurs députes, les fi.\ième, feptièmc & hui-
tième mai mil fept cent foi.\ante-fix', en Périgord, après avoir imploré
les lumières de l'Efprit divin, ont délibéré ce qui fuit :
1.
Selon 1 ufage, on a élu, à la pluralité des voix, pour modérateur,
M. François Viala, pafteur; pour modérateur-adjoint, M. Renateau,
pafteur ; pour fecrétaire, M. Dumas, pafteur, & pour fccrctairc-ad joint,
M. Renouleau, auffi pafteur.
Colloque général des églises réformées du Haut-Languedoc du y mars iy66.
Au nom de Dieu soit fait. Amen.
I. Nous, les pasteurs et anciens des églises réformées du Haut- Languedoc,
assemblés en colloque général, après avoir imploré la grâce de Dieu et les lumières
du St-Esprit, avons arrêté ce qui suit :
1. — L'assemblée a nommé, à la pluralité des voi.x, M. Sicard, pasteur, pour
modérateur; M. Gardes, pasteur, pour modérateur-adjoint; M. Sicard le jeune,
pasteur, pour secrétaire, et M. Marc, ancien, pour secrétaire-adjoint.
2. — M. Pierredon, pasteur des Hautes-Cévennes, ayant écrit une lettre du
12 février dernier à un pasteur de cette province, qui l'a reçue aujourd'hui, où il
annonce la tenue d'un synode national sans en marquer le jour ni le mois, il a été
délibéré qu'il lui sera écrit incessamment afin qu'il en marque le temps, et M. Si-
card le jeune et M. Marc, ancien, ont été députés unanimement pour aller audit
synode national à l'effet d'y avoir voix propositive et délibérative, et il leur sera
expédié une lettre relative; et au cas [qu']ils ne puissent y aller, M. Gardes, pas-
teur, et M. Ca., ancien, sont nommés pour leurs substituts.
3. — L'assemblée voyant avec une vive peine que quelques églises, au grand
scandale des autres et au mépris des articles qui ont été passés ci-devant dans des
colloques et des synodes contre ceux qui feraient baptiser leurs enfants dans
l'Eglise romaine, et malgré les avertissements et les censures qui leur ont été
adressés à ce sujet par les pasteurs qui les ont desservies, persistent néanmoins
dans leur relâchement sur cet article, par ce présent arrêté, en confirmant les
articles précédents, suspend de nouveau de la communion tous ceux qui à l'avenir
feront baptiser ou rebaptiser leurs enfants dans l'Eglise romaine, jusqu'à que ceux
qui se trouveront dans ce cas donnent des marques publiques de leur rcpentance,
ou du moins devant les consistoires, si celui-ci le trouve à propos; et relativement
aux anciens qui pourraient tomber dans une semblable faute, ils demeureront dès
lors déposés de leur charge et soumis à la même peine des particuliers.
^.oo LES SYNODES DU DESERT.
Sur la propofition qui a été faite à l'alTemblée, fi M. Dupuy,
pafteur, après l'invitation qui lui a été faite par les églifes du quartier
haut du Haut-Agenais de leur continuer fon miniflère jufqu'au réta-
bliffement de M. Viala, pafteur, pouvait affembler le colloque defdites
églifes fans la participation dudit M. Viala, qui était cenfé être le
pafteur de ce quartier félon l'art. 22 de notre dernier fynode, on a
répondu que M. Dupuy avait ce droit.
4. — Que les diacres et anciens qui en font les fonctions ne recevront l'argent
des collectes, ni celui des pauvres qu'après être compté par les anciens des églises,
et qu'ils tiendront un état détaillé de celui qui sera délivré et distribué, et ils
seront tenus de le représenter et rendre compte à leurs consistoires de six en
six mois.
5. — Nous, les pasteurs et les anciens du Haut-Languedoc, assemblés en col-
loque général le 7 mars 1766, requis par M. Jean Sicard, [dit] Dejean, un de nos
pasteurs, de lui accorder une attestation, tant de sa doctrine que de ses bonnes vie
et mœurs pour s'en servir en cas que les circonstances du temps et l'état de ses
affaires l'obligeassent de se retirer ailleurs, prénétrés de reconnaissance pour les
services qu'il a rendus aux églises, et du regret que nous avons d'être privés de
son ministère, certifions et attestons d'une commune voix qu'il s'est conduit, pen-
dant dix-sept années qu'il a exercé son ministère parmi nous, d'une manière digne
d'un véritable ministre de l'Evangile, nous ayant toujours édifiés tant par sa doc-
trine que par ses mœurs, n'ayant rien négligé de tout ce qu'il a cru propre au
bien de nos églises, et à l'avancement du règne de Jésus-Christ. Nous prions Dieu
qu'il veuille être lui-même la récompense de ses pieux travaux, et nous prenons
la liberté de le recommander à la bienveillance et à la protection de nos chers
frères en Jésus-Christ, à qui il pourra s'adresser, dans les lieux où la divine Pro-
vidence le conduira. De notre assemblée colloquale les an et jour que dessus.
Ainsi arrêté et conclu au Désert les an et jour que dessus.
Sicard, pasteur et modérateur; Gardes, pasteur et modé-
rateur-adjoint; Sicard le jeune, pasteur et secrétaire ;
Marc, ancien et secrétaire-adjoint.
— Mss. de Vabre.
Colloque du Haut-Agenais du 12 mai iy66.
Au nom de Dieu. Amen.
Les églises du quartier bas du Haut-Agenais, assemblées en colloque le
douzième mai mil sept cent soixante-six, en la personne de leurs députés, après
avoir imploré le secours de Dieu, ont délibéré ce qui suit :
1. — M. Dumas, pasteur, a pris sa place, et M. Boucharel, an[cien], a été
nommé à la pluralité des suffrages pour secrétaire.
2. — Le consistoire de St-Etienne n'ayant pas envoyé ses députés au présent
colloque, malgré l'avis qui lui a été donné, a été trouvé repréhensible, celui de
Dimeuilh est chargé de lui communiquer le présent article et de le prévenir de
porter les raisons, qui [l'en] ont empêché, à la prochaine assemblée.
3. — Le consistoire de Tonneins ayant demandé à l'assemblée une explication
des art. 1. 2, chap. VU de la discipline, conformément [à l'art.] 16 du synode
SYNODES PROVINCIAUX. 40 r
III.
Le confiftoire de Monbarbat, Marfac & Lalanne ayant envo3'é
c'i l'aflemblcc un mémoire portant plainte contre M. Dupuy, pafteur,
lefquelies plaintes, après avoir été examinées, ont été trouvées mal
fondées & même injuftes, — telle que celle qui eft contenue dans fon
art. 3 de fondit mémoire, — la compagnie le blâme & enjoint au
pafteur deflervant de le cenfurer vivement, les ayant affemblés, &
furtout fon député qui fcn eft chargé.
provincial dernier qui consiste à savoir si le ministre du quartier haut et son
député doivent avoir voix délibérative, la compagnie a suspendu son jugement et
le renvoie au synode provincial prochain; elle charge, de plus, ses députés à la
susdite assemblée de demander que M. Dupuy aîné, pasteur, soit exclu person-
nellement des assemblées coUoquales du quartier bas du Haut-Agenais , par les
raisons que nosdits députés déduiront, desquelles, par discrétion, elle n'a pas
voulu faire article.
4. — L'assemblée enjoint aux consistoires respectifs de se conformer au for-
mulaire de députation contenu dans le colloque du 10 février 1-54, et annule
l'art. 2 des arrêtés du colloque de cet arrondissement du 14 mars dernier.
5. — La compagnie, qui n'a d'autre but que le bien des églises, et de faire
régner en elles une amitié vraiment fraternelle, est sincèrement mortiliée de ce
que le colloque dernier ne prit pas en plus grande considération les humbles
représentations du consistoire de Tonneins.
6. — L'assemblée, se rappelant les paroles vives et emportées que se dirent
réciproquement MM. Dupuy aîné, pasteur, et Brau dans le colloque du 14 mars
dernier, remet à la liberté de M. Dupuy d'exiger, s'il veut, la réparation qu'il avait
demandée par article dudit colloque, déchargeant le consistoire de Tonneins de la
commission qu'il avait donnée à ce sujet.
7. — Le colloque, ayant examiné de plus près les raisons que le consistoire de
Clairac a eues de faire bénir deux mariages dans son sein, en trouvant qu'il s'est
exactement conformé à l'art. 25 du chap. XIII de la discipline, le relève du blâme
que le colloque du 14 mars dernier lui impute, et regarde l'art. 6 dudit colloque
comme non avenu.
8. — La compagnie vient de reconnaître qu'il est dû au consistoire de Ton-
neins i5 liv. 7 s. 6d. par arrêté du colloque du 16 février 176461 12 liv. pour
du foin qu'il a acheté pour les chevaux de M. Gabriac pendant son séjour à
Tonneins, lesquelles 27 liv. 7 s. G d. sont à la charge de toutes les églises de
l'arrondissement.
9. — L'assemblée vient de nommer à l'unanimité des suffrages M. Bouchard
pour le secrétaire du colloque, et le charge du registre général des baptêmes et
mariages, ce que ledit M. Boucharel a accepté sans en exiger d'émoluments, bien
entendu que les avances qu'il fera lui seront remboursées.
10. — Sur la somme de 800 liv. qui sont allouées au pasteur qui dessert
les églises de cet arrondissement, l'assemblée vient de la départir comme suit :
Clairac 38o liv., Dimeuil 140 liv., Tonneins 240 liv., St-Etienne 40 liv.
11. — Les églises, extrêmement satisfaites, tant du ministère de M. Dumas,
pasteur, que de la conduite qu'il a tenue parmi nous, charge ses députés au synode
prochain de le supplier de continuer le ministère de ce digne pasteur dans les
églises du quartier bas du Haut-Agenais, ù quoi ledit M. Dumas a eu la bonté de
souscrire.
26
402 LES SYNODES DU DESERT.
IV.
L'affemblée, qui ne fe propofe que le plus grand bien des églifes
& l'avancement du règne de Jéfus-Chrift, après avoir pris en confi-
dération l'appel fait par les plaignants du confiftoire de Bergerac, &
après les avoir ouïs, tout comme après avoir vu les atteftations à eux
accordées par plufieurs membres de fidèles, & mûrement réfléchi fur
le jugement par le commiffariat, ordonné par le colloque tenu les 21°
& 22" août dernier, — confirme la nomination faite de cinq anciens
12. — Sur la plainte qui a été portée au consistoire de Clairac par un homme
de Puch contre M. Cazeaux, ancien et secrétaire, détenteur des registres des bap-
têmes et mariages de tout l'arrondissement, qui a exigé de lui 6 liv. pour lui expé-
dier un certificat de son mariage, l'assemblée, sensible au procédé dudit sieur
Cazeaux, charge ses députés au prochain synode de le prier d'asseoir un jugement
sur cet importante affaire.
i3. — L'assemblée vient de nommer à la pluralité des suffrages pour ses
députés au synode prochain MM. Lacoste-Laguhai et Rigaut, anciens, lesquels
elle a chargés d'une lettre de créance à cet effet.
14. — Le consistoire de Tonneins est chargé de la convocation du prochain
colloque et d'en donner avis aux consistoires respectifs.
Ainsi conclu et arrêté le même jour et an que dessus, lecture en ayant été faite.
Dumas, pasteur et modérateur; Boucharel, secrétaire
du colloque.
Colloque de l'Agenais du 1 5 juin ij66.
Au St-Nom de Dieu. Amen.
L'an mil sept cent soixante-six et le quinzième jour du mois de juin, les
églises de Tonneins-Dessous, St-Germain, Puch, Monheurt, Fauillet, Grateloup
et Nérac , assemblées en colloque par leurs députés, ont délibéré ce qui suit,
savoir :
1 . — Le sieur Taurou, l'un des députés de Nérac, a été nommé secrétaire à
la pluralité des suffrages.
2. — L'assemblée colloquale, pénétrée de douleur du désordre que l'esprit de
cabale a introduit dans les églises de Nérac, et instruite que les sieurs Duprat,
Castaing et Soulens en sont les principaux auteurs, s'étant de plus rendus cou-
pables de rébellion à l'ordre, refusant de se rendre à une assemblée consisto-
riale et au présent colloque où ils ont été dûment invités, les a suspendus de
leur charge d'ancien ; et à l'égard des autres qui ont signé une lettre insultante,
qu'ils ont écrite à M. Dubois, l'assemblée, à la sollicitation de M. Dubois, a bien
voulu user de commisération à leur égard et laisse à un commissariat la liberté
d'en juger. Pour cet effet, l'assemblée a nommé MM. Réau, le capitaine, Arthaud
et Bergereau pour commissaires qui se joindront à M. le pasteur pour les entendre
à tous et les juger selon les dispositions qu'ils manifesteront, et afin d'engager ces
Messieurs à se rendre à l'assemblée, M. le secrétaire des églises de Tonneins leur
écrira pour les exhorter d'avance à la paix et à l'union; dimanche prochain, vingt-
deux du courant, MM. les commissaires se rendront à la Cabane, près Bréchand.
3. — M. Arthaud est prié de demander à M. Dumas le jour que le synode a
indiqué pour le jeûne, afin de nous joindre à eux pour cet acte de dévotion, sup-
SYNODES PROVINCIAUX. 403
juftins; & vu la méiintelligence qui a régné parmi l'ancien corps qui
avait donné lieu au jugement du commiffariat portant dépofition, la
compagnie a jugé que cet ancien corps fera vivement cenfuré à la tête
du confiftoire & exhorté en même temps, par tout ce qu'il y a de plus
facrc, à faire régner parmi eux la paix, l'union & la concorde; &
rétablit ledit corps dans fes fondions. En conféquence de ce, on a
nommé, pour notifier le préfent afl:e& remplir les vues de l'afTemblée,
M. Dupuy, pafteur.
posé qu'ils en ayent indiqué un ; sinon, nous le célébrerons le premier dimanche
d'octobre, et les églises de Nérac le dimanche ensuite; le sujet de ce jeûne est le
même qui nous porta à le célébrer l'année dernière.
4. — Le sieur Aillens, jeune homme de la ville de Tonneins-Dessous, ayant
demandé d'être admis au nombre des élèves pour le St-Ministère, l'assemblée con-
sent que M. le pasteur le garde auprès de lui le temps suffisant pour l'éprouver, et
s'il est propre pour ce saint emploi, moyennant que ses parents l'entretiennent
pendant ledit temps.
5. — M. Arthaud ne pouvant point continuer à exercer la charge de secré-
taire, l'assemblée l'a remercié des soins et peines qu'il s'est donnés pour les
églises, et nomme pour lui succéder M. Dupouy, le capitaine, ancien de l'église de
Tonneins-Dessous. L'assemblée est d'autant pénétrée de gratitude pour M. Ar-
thaud qu'il s'est acquitté de sa charge gratis.
Fait et arrêté le jour et an susdit.
Approuvons la rature etc. En foi de tout quoi, avons signé :
Taurou, secrétaire; Bercereau, commissaire; Henry Arthaud,
commissaire ; Réau, commissaire ; P" Lanne, pasteur.
— Collection Marquis-Sébie.
Au nom de Dieu. Amen.
Nous , commissaires nomme's par le colloque tenu le quinzième courant,
art. 2, pour tîîcher de remédier aux désordres qui régnent dans les églises de
Nérac entre MM. les diacres et anciens desdites églises, nous sommes transportés
ce jourd'hui, vingt-deuxième du mois de juin mil sept cent soixante-six, au lieu
indiqué, pour les entendre.
I. — lia été trouvé à propos de procéder à la reddition des comptes des
deniers des pauvres perçus par MM. les anciens à l'issue des assemblées, et remis
dans les mains de MM. les diacres des différents quartiers, ainsi que des deniers
du ministère, et avons trouvé, savoir :
Que M. Castaing, diacre et trésorier de l'église de Nérac, a reçu, depuis l'arrêté
consistorial du 21 juillet 1765, des deniers des pauvres, la somme de cent
quarante-quatre livres quatre sols six deniers, ci 1447/- 4 s. 6 d.
Qu'il a déboursé par billet vérifié celle de i35 " 3 » —
Qu'il lui reste en caisse, dû aux pauvres, la somme de
neuf livres un sol six deniers, ci 9 » 1 « 6 «
Qu'il a reçu des deniers du ministère la somme de trois cent deux livres
cinq sols, ci 3o2 -ff- 5 s. —
Qu'il a dépensé pour l'église la somme de 102 u 7 « 6 d.
Qu'il doit i\ la caisse du ministère la somme de . . . 199 » 17 u 6 »
404 LES SYNODES DU DESERT.
V.
M. Liard, pafteur, ayant porté plainte à l'affemblée contre le
confiftoire de Ste-Foy, au fujet d'une lettre qui a été écrite fans fa
participation, le fynode, après avoir examiné la démarche dudit
confiftoire, loue fes bonnes intentions, néanmoins le blâme d'avoir
écrit fans le confentement de fon pafteur; fur quoi, on l'exhorte d'être
à l'avenir plus exaft à l'ordre.
M. Soulens, diacre de Feugarolles, etc., a aussi rendu son compte des deniers
des pauvres et avons trouvé qu'il a reçu depuis le susdit arrêté la somme de trente
livres* quinze sols dix deniers appartenant aux pauvres, ci . 3o /f 1 5 s. lo d.
Qu'il a payé par billets vérifiés, ci lo » lo » —
Qu'il doit aux pauvres la somme de vingt livres cinq
sols dix deniers qu'il a en caisse 20» 5 » 10 »
2. — Quant aux comptes des dépenses des sieurs Soulens et Capots, le pre-
mier diacre de l'église de Feugarolles, etc., et le second de l'église du Gr ,
etc., l'assemblée renvoie la révision de leurs comptes à la prochaine assemblée
consistoriale, à laquelle on les exhorte d'y remettre leurs comptes détaillés et cir-
constanciés, ce qui nous empêche d'en connaître, faute d'être dirigés comme ils
auraient dû l'être.
3. — M. Taurou, ancien et secrétaire général desdites églises de Nérac, — établi
par l'art. 4 du colloque du 2 1 mars 1765, qui lui alloue la somme de septante-deux
livres pour honoraires par année, qui ont commencé, suivant un autre arrêté
consistorial qui confirme le précédent et fixe l'époque au mois d'octobre 1763,
ce qui fait jusqu'à ce jour environ deux ans neuf mois, et qu'il lui revient la
somme de nonante-huit livres, sur laquelle il lui reste dû la somme de 66 liv., et
que moyennant le remboursement de la somme de 22 liv. qu'il tient, appartenant
aux pauvres, — restera, de même que les églises, quitte l'un envers l'autre, après
qu'il aura reçu ladite somme de 66 livres. Quant à l'indemnité que le consistoire a
eu en vue de lui allouer dans l'article susdit, MM. les anciens en ont fixé la somme
à celle de 3g liv., laquelle somme sera reçue par M. Castaing, diacre, à qui l'église
sera tenue de la payer à la décharge de mondit sieur Taurou. Quant à l'avenir,
l'assemblée des anciens dit ne pouvoir continuer à payer ses émoluments sur le
même pied, le prie d'accepter la somme de 24 liv. par année, à commencer de ce
jour; ledit sieur a dit qu'il donnerait sa réponse à la fin de l'assemblée.
4. — Le compte de M. le pasteur et de l'église régie par M. Castaing, diacre,
a été examiné, et s'est trouvé que l'église de Nérac, etc., lui est redevable; et nous
n'avons pu en fixer la somme, attendu que partie de sommes payées à compte par
ledit sieur Castaing et le sieur Soulens ont été versées dans d'autres mains que
les siennes, et que d'ailleurs le compte du sieur Soulens a été renvoyé, faute d'être
clair, et que mondit sieur pasteur s'en réserve l'éclaircissement.
5. — Nous, commissaires, ayant, en vertu et conformément à notre commis-
sion, pris les informations relatives au but de notre mission, après avoir mûrement
réfléchi sur le tout, avons trouvé la majeure partie du corps du consistoire cou-
pable de faction, de trouble et de discorde envers l'église, et d'ingratitude envers
le pasteur; en particulier les sieurs Castaing, Duprat, Soulens, Dallias, nous ont
paru les chefs et les auteurs des troubles qui déchirent maintenant ces églises
infortunées ; par là, ils se sont rendus indignes de leur état, et ont mérité d'être
dégradés de leur charge d'ancien, comme ils le sont déjà par leurs propres arrêtés.
SYNODES PROVINCIAUX. 4o5
VI.
Des confldcrations importantes ayant engagé la compagnie à
rénéciiir fur les fuites que peut avoir l'obfervation de l'art. i5 de
notre dernier fj'node provincial, tenu les 14°, i5° & 16'' août 1765,
remet l'exécution dudit article à la prudence des confiftoires, bien
entendu qu'ils fe conformeront à l'art. 25 du chap. xiu de ladifcipline.
Néanmoins, voulant user de commisération à leur égard, craignant d'ailleurs
que la voie de rigueur n'augmentât les maux qui affectent ces églises, les laissons
tous dans leur charge et leur emploi, exhortant les uns et les autres à revêtir de
nouveaux sentiments et à réparer les brèches qu'ils viennent de faire à l'église.
Au surplus, le ministère de M. Dubois étant insuffisant pour desservir à la
fois les églises de Tonneins, etc. et celles de Nérac, etc., nous prions MM. les
anciens de ces églises, et nous leur manifestons pour la dernière fois que nous ne
pouvons plus consentir qu'il vienne exercer son ministère dans ces églises. Ces
Messieurs auront donc la complaisance de se pourvoir d'un autre pasteur; et en
attendant qu'ils en aycnt un, M. Dubois continuera en leur faveur les sollicitudes
pastorales; bien entendu toutefois que ce ne sera que pour les baptêmes et
mariages.
Fait et arrêté à l'assemblée coramissariale, aux environs de Nérac, près Bré-
chand, le vingt-deux juin mil sept cent soixante-six.
En foi de quoi avons signé :
P. Lanne, pasteur; Henry Arthaud, commissaire.
Colloque de l'Agenais du 2 g juin lyGG.
Au St-Nom de Dieu. Amen.
Les églises de Tonneins-Dessous, Fauillet, Grateloup, St-Germain, Puch,
Monheurt, assemblées en colloque ce vingt-neuvième juin mil sept cent soixante-
six, ont délibéré ce qui suit :
1. — Le sieur Henry Arthaud a été nommé secrétaire à la pluralité des
suffrages.
2. — L'assemblée colloquale, ayant pris en considération la lettre écrite à
M. Dubois, notre très-honoré pasteur, par un certain nombre des fidèles de l'église
de Nérac, vivement pénétrée des tristes impressions qu'a produites dans ces contrées
le résultat des délibérations prises le vingt-deux courant dans l'assemblée com-
missariale qui se tint à la Cabane, permet que M. le pasteur se transporte de
nouveau dans ces églises pour les desservir, à condition toutefois que MM. Duprat,
Castaing, Soulens, Dallias soient destitués de leur charge, et que l'on mette à
leur place de nouveaux sujets; à condition encore que M. Taurou, ancien et secré-
taire, jouisse des mêmes émoluments qui lui avaient été alloués par le consistoire
desdites églises pour raison de son emploi, dans lequel la présente assemblée le
confirme.
Au surplus, l'assemblée, instruite des voiles injurieux qu'on a répandus sur
l'honneur et la probité de M. Taurou, prie M. le pasteur de lui rendre justice à la
tête de l'assemblée des fidèles. Plusieurs esprits inquiets ayant aussi répandu dans
le public que M. Dubois était sans caractère, n'ayant pas reçu l'imposition des
mains, pour obvier aux impressions dangereuses que peut produire dans l'esprit
des fidèles une si odieuse imputation, on charge un des anciens des églises de
Nérac de lire à la tête de l'assemblée, à haute et intelligible voix, l'acte qui fait
4o6
LES SYNODES DU DESERT.
VII.
Le fynode ayant pris en confidération les demandes de M. Butler,
de l'envoyer dans l'étranger & lui fournir ce qui lui eft néceffaire
pour les frais de fon voyage, l'affemblée lui accorde fa demande ; en
conféquence, [elle] lui fait la fomme de 3oo liv., qui fera répartie fur
toutes les églifes de la province; en outre, MM. les modérateurs font
chargés de lui fournir des atteftations.
foi de sa réception. Elle charge aussi ledit ancien de faire connaître dans ladite
assemblée la fausseté de l'imputation qu'on a faite à M. Dubois de n'avoir pas
voulu assister au synode.
Cependant, quoique l'assemblée consente avec plaisir que M. Dubois aille
desservir de nouveau les églises de Nérac, et qu'elle ne soit jamais dans le cas de
les laisser sans pasteur, on prie instamment MM. les anciens desdites églises de
faire leurs efforts pour se procurer avec le temps un autre pasteur, vu les grandes
occupations de M. Dubois, qui ne lui permettent pas de desservir longtemps les
deux églises à la fois; [on] conjure MM. les anciens de Nérac, etc. de ne point envi-
sager ceci comme un voile dont on veuille se servir pour leur refuser le ministère
de notre pasteur: ce n'est point là l'intention de l'assemblée, puisqu'elle leur
ferait plutôt le sacrifice de son pasteur que les laisser sans culte et sans direction.
L'assemblée approuve la manière sage et prudente avec laquelle se sont con-
duits MM. les commissaires dans la dernière assemblée tenue à la Cabane; elle
n'a rien à ajouter à leur décision que la cassation des membres ci-dessus.
Fait et arrêté en colloque ledit jour et an que dessus. En foi de quoi avons
signé :
P. Lanne, pasteur; Henry Arthaud, an[cien] et secré-
taire; RÉAU, diacre; Demichel ; Aubié; Dupouy;
SouRBÉ; Laperche; Mensa; Bergereau; Passet;
Metge ; Pellissier.
Colloque de l'Agenais du 28 septembre iy66.
Au St-Nom de Dieu.
Les églises de Tonneins-Dessous, Puch, Monheurt, St-Germain, Fauillet et
Grateloup, assemblées en colloque, ayant leur pasteur à la tête et M. Dupouy
pour secrétaire, ont délibéré ce qui suit :
I. — M. Dubois, notre pasteur, ayant représenté à l'assemblée coUoquale
le désir qu'il aurait de faire rentrer dans leur charge et emploi les sieurs
Duprat, Castaing, Soulens et Dallias, l'assemblée, pour répondre aux sentiments
de clémence de son cher pasteur, consent que les susdits Messieurs soient réha-
bilités dans les charges d'anciens dont ils étaient déchus, sous condition toute-
fois qu'ils soient dans le généreux dessein d'observer les règles de l'union et de
la paix qui doivent caractériser de vrais conducteurs de l'Eglise. L'assemblée
colloquale oublie volontiers tout ce qui s'est passé, exhorte les susdits anciens
de se rendre de plus en plus dignes de leur état et charge en particulier M. le
pasteur de ne réhabiliter le sieur Soulens dans son emploi qu'après s'être con-
vaincu bien particulièrement que ledit Soulens est revenu de la défectuosité de
sa conduite passée; et afin que M. le pasteur ne se trompe pas dans cette épreuve,
il ne réhabilitera ce dernier dans son emploi qu'après avoir pris le suffrage de
tous les membres du consistoire de Nérac et ses annexes.
SYNODES PROVINCIAUX. ^07
VIU.
Une perfonne néccfliteufe demandant le fecours des églifes de
cette province, elle lui accorde la fommc de i5o liv., qui fera puifée
dans la bourfe des pauvres.
< IX.
Sur la propofition que les députés du colloque du quartier bas
du Haut-Agcnais ont fait[e] à l'affemblée, concernant l'invitation que
les deux colloques doivent fe faire réciproquement à leurs alfemblccs
colloquales, c'eft-à-dire d'un pafteur & d'un ancien, & fi les invités
doivent avoir voix propofitive & délibérativc, la compagnie a jugé
qu'ils n'auraient que la délibérativc.
2. — L'assemblée exhorte les anciens des églises de Nérac à avoir un peu
plus de respect pour ses décisions, elle blâme vivement la conduite des sieurs
St-Genis, Laporte et Duvernet ayant écrit une lettre également injurieuse à
l'honneur des consistoires et à celui de notre cher pasteur; elle déclare que les
susdits délinquants se sont rendus coupables des peines portées par la discipline;
néanmoins, voulant user de commisération, elle jette un entier oubli sur leur
conduite, espérant qu'ils ne récidiveront plus, et en cas de récidive, c'est-à-dire
dès le même moment que quelque ancien desdites églises tombera dans quelque
faute tendant a attaquer les droits des consistoires et à renverser l'ordre de
l'Eglise, l'assemblée permet au pasteur de le déposera la tête de son consistoire.
Ce n'est qu'à ces conditions que l'assemblée permet que M. Dubois aille des-
servir de nouveau les églises de Nérac, protestant auxdites églises que dans
toutes les occasions elle leur donnera des preuves de leur attachement et de
son union, mais leur assurant aussi, d'un autre côté, que si le sieur Dubois vient
à éprouver de leur part quelques-uns des désagréments qu'il a éprouvés jusqu'ici,
elle ne permettra plus qu'il retourne dans ces contrées. L'assemblée ose attendre
de meilleures choses des églises de Nérac.
3. — L'assemblée défend aux consistoires de Nérac d'admettre dans leurs
délibérations des fidèles, de quelque qualité qu'ils puissent être, si ce n'est pour
la reddition des comptes ou par le consentement du pasteur; elle décerne la
peine de suspension contre les consistoires qui auront enfreint ladite défense.
4. — L'assemblée renvoie le jeûne indiqué pour le premier dimanche
d'octobre au jour où les églises de Clairac jeûneront; on charge le sieur
Arthaud, ancien de l'église de Tonneins, de s'informer de nouveau auprès de
M. Dumas du temps où ce jeûne se célébrera, et dès qu'il en sera informé
le pasteur en préviendra les églises, bien entendu toutefois que les églises de
Nérac ne jeûneront que huit jours après celles de Tonneins.
Fait et arrêté en colloque au Désert, le 28 septembre 1766.
P. Lanne, pasteur; Dupouy, secrétaire; V. Lartigue;
RÉAU, diacre; Passet, ancien; Laperche, ancien;
SouRBÉ, ancien; Durouv, ancien; Ladeux, ancien;
Demichel, ancien; Du.matha, ancien; Aubié, ancien;
Mensa, ancien; Réau, ancien; Taurou, ancien; Bar-
Becane, ancien.
— Collection F. Marquis-Sébie.
4o8 LES SYNODES DU DESERT.
X.
Sur les plaintes refpeftivement & mutuellement portées par
MM. Dupuy & Dumas, pafteurs, & M. Lacofte-Laguhai, ancien, &
vu le mémoire du confiftoire de Tonneins, le tout bien confidéré &
mûrement pefé, l'affemblée a trouvé les uns & les autres très-répré-
henfibles. En conféquence, elle charge MM. les modérateurs de les
cenfurer vivement chacun en particulier, & les concernant, exhorte
lefdits pafteurs & anciens de mieux le comporter à l'avenir, & de fe
fupporter mutuellement, & de fe prévenir par honneur, afin de faire
régner l'union, la paix & la concorde dans le fein de leurs églifes; de
plus, la compagnie trouve le confiftoire de Tonneins très-répréhen-
fible d'avoir député au colloque autre que des anciens dudit confiftoire,
& par là avoir donné lieu aux plaintes mentionnées ci-deffus. En
conféquence, elle charge M. le modérateur de cenfurer vivement ledit
confiftoire en la perfonne de fon député, ici préfent, & lui enjoint de
fe conformer à l'avenir plus exadement à l'ordre & à nos arrêtés
eccléfiaftiques.
XI.
Sur la propofition faite à la compagnie, fi l'on peut départir la
bénédidion nuptiale à un homme qui a cohabité avec une fille, &
dont il y a un enfant, & qui dans cet état en a fiancé une autre, on a
répondu qu'on ne pouvait bénir un tel mariage fans enfreindre les
lois civiles & canoniques.
XII.
Le fynode prenant en confidération la demande qui a été faite
par le confiftoire de Laparade de fecourir une famille attaquée injufte-
ment par des parents qui lui ont ravi fon bien, en fe fervant des faux
prétextes de l'invalidité du mariage fait au Défert, les églifes f 'obligent
de l'aider à lui faire rendre juftice & contribuer aux frais nécelfaires
pour ce.
XIII.
Les quartiers bas du Haut-Agenais & de Ste-Foy ayant demandé
que M. Dumas, pafteur, leur accordât fon miniftère, ledit pafteur f 'eft
déterminé pour le premier, & l'affemblée y a confenti.
XIV.
Le confiftoire de Ste-Foy ayant demandé à l'affemblée fynodale
qu'il lui fût permis de fe pourvoir d'un pafteur, elle lui accorde fa
demande, fous cette condition que ledit pafteur fera connu de la
province, & qu'il promettra de fe foumettre aux lois de la difcipline
SYNODES PROVINCIAUX. 409
& de tous nos arrêtés cccléfiaftiques ; on accorde le même privilège au
confiftoire de Caftillon qui l'a demandé, & aux mêmes conditions.
XV.
Conformément aux engagements que M. [de] Bécays, étudiant de
cette province, avait pris avec elle, aujourd'hui étant parvenu afu]
St-Miniftère, ladite province lui adrefle vocation, [&] charge MM. les
modérateurs de lui écrire en conféquence.
XVI.
M. Dumas, pafteur, a3'ant demandé au fynode que M. Duverger,
fon élève, fût dans l'étranger, pour y perfedionncr fes connaiffances
& jouir du privilège accordé aux étudiants français, l'affemblée con-
cède à fa demande, & qu'on écrive aux refpcdables diredeurs du
féminaire en conféquence, & leur faire part des raifons qui engagent
la province d'envoyer ce fujet. M. le fecrétaire efl chargé de cette
commiffion, de même que de prier ces illuftres amis de protéger
M. Pierre Marché, élève de M. Renatcau, pafteur, mis au nombre
de nos étudiants depuis un an, de lui permettre d'affifter à toutes [les]
leçons données.
XVII.
Les députés au fynode national prochain font chargés de lui
préfenter les articles fuivants : le 4^^ & 5" du lynode provincial de 1763,
— les 1 1% 14'' & 24" du fynode de 1764, — les 12% iS" & 21" du
fynode provincial de 1765'.
xvm.
Conformément à l'art. 22 du fynode provincial dernier, M. Viala,
pafteur, ira exercer fon miniftèrc dans le quartier haut du Haut-
Agenais, & M. Dupuy aîné, pafteur, ira exercer le fien dans le quar-
tier de Bergerac. La compagnie charge M. Gaft, ancien & député au
préfent fynode, d'écrire à la province de Saintongc pour la prévenir
des raifons qui nous ont obligés à folliciter ce pafteur à demeurer dans
notre fein, & de celles qui l'ont déterminé à fe rendre à nos inftances.
XLX.
On charge M. Dumas, pafteur, & Lacofte-Laguhai, ancien, de
voir quelqu'un du parti de AL Dubois [Lanne], pour les folliciter à
1. On a donné (p. 368) le synode de 17Ô5 ; mais il convient de remarquer que
les synodes provinciaux du Périgord et de l'Agenais s'étaient régulièrement
tenus en 17G3 et en 1764, et il paraît certain qu'ils furent convoqués avec la
même régularité jusqu'à la Révolution. Leurs actes n'ont pas été retrouvés.
41 o LES SYNODES DU DÉSERT.
vouloir fe réunir & fe foumettre à la décifion du prochain [fynode]
national ; & en cas [de] déférence de leur part, on les préviendra du
temps, du jour & du lieu dudit fynode.
XX.
Quant aux arrérages des honoraires de MM. les pafleurs, les plus
anciens feront payés les premiers, fous peine de cenfure.
XXI.
L'affemblée enjoint au quartier haut du Haut-Agenais de payer
les honoraires de M. Viala, pafteur, depuis le premier janvier dernier,
conformément aux art. 44 etc. d[u] chap. 1''' de la difcipline.
xxii.
M. Dupuy, pafteur, devant deffervir le quartier de Bergerac,
M. Liard, pafteur, deffervira celui de Ste-Foy, & M. Renateau, aufTi
pafteur, celui de Montravel ; en forte que les églifes du Périgord feront
aujourd'hui trois quartiers, tels qu'ils étaient il y a fix mois.
XXIII.
Les députés au prochain national font chargés de demander à
cette vénérable affemblée que la province de Guyenne foit telle qu'elle
était avant la révocation des édits de Nantes, conformément à l'art. 3
du fynode provincial de Bordeaux de 1761.
XXIV.
On a nommé, pour aftifter au prochain national, MM. F. Viala
& Pierre Dupuy aîné, pafteurs, MM. Pierre Dumigron & André
Sageran, de Lagrange, anciens, lefquels on a pourvus d'une lettre de
députation.
XXV.
Le quartier du Haut-Agenais eft chargé de la convocation du
prochain fynode provincial.
Ainfi conclu & arrêté, lecture en ayant été faite, les mêmes jours
& an que deffus.
F* Viala, pafteur & modérateur; Renateau, pafteur
& modérateur-adjoint; Dumas, pafteur & fecrétaire ;
Renouleau, pafteur & fecrétaire-adjoint.
SYNODES PROVINCIAUX.
4"
Synode de Saintonge, Angoumois et Bordelais.
Au nom de Dieu. Amen.
Les églifes de Saintonge, Bordeaux & Angoumois ',aflemblées en
fynode les vingt-quatrième [&] vingt-cinquième avril mil fept cent
foixante-fix, auquel ont affifté, en qualité de députés, MM. Henri Cava-
lier, Pierre Dugas, Jean Martin, Jean Jarou{Ieau& Jean Dupuy jeune,
paftcurs, avec douze anciens, après avoir imploré le fecours divin, ont
délibéré & arrêté les articles fuivants ;
Après la leflure des lettres de députation, qui ont été trouvées
admiflibles, on a élu, à la pluralité des fuffrages, M. Dugas, pour
modérateur; M. Henri Cavalier, pour modérateur-adjoint; M. Martin,
pour fecrétaire, & M. Dupuy, pour fecrétaire-adjoint.
Colloque de Saintonge et Angoumois du 24 janvier iy66.
Au nom de Dieu. Amen.
I . Les églises de Saintonge et Angoumois, assemblées en colloque le 24 janvier
1766, après avoir imploré le secours divin, ont délibéré ce qui suit :
1. — A la pluralité des suffrages, on a élu M. Dugas, pasteur, pour modéra-
teur; M. Martin, pasteur, pour secrétaire.
2. — Vu la demande du consistoire d'Avallon et celle de M. Dubois, de
Saujon, concernant M. Bernclot, la compagnie ne pouvant s'empêcher de con-
damner le refus qu'il fait de cautionner son fils, conformément aux promesses
réitérées qu'il avait faites par serment, lorsqu'il fut question de le marier avec la
demoiselle Garnier, a décidé, fondée sur les principes de la morale chrétienne, et
surtout sur cette décision du Roi prophète, au ps. 1 5 : « S'il a juré, fusse à son
dommage, il n'en changera rien»,, que ledit sieur Bcrnelot doit être privé de la
communion jusqu'à ce qu'il ait rempli à ce sujet ses engagements, ou du moins
qu'il ait pris quelque arrangement entre eu.t, qui puissent satisfaire ceux qui sont
intéressés à l'exécution de la promesse dont il est question; de quoi le consistoire
de son église est chargé de le prévenir.
3. — Lecture ayant été faite de la lettre de iM. G. Dubois, de Saujon. et vu
la demande qu'il fait que l'assemblée examine ce qu'il y a d'irrégulier dans la con-
duite du consistoire d'Avallon, relativement à l'inexécution de l'art. 17 du synode
dernier, la compagnie juge la négligence dudit consistoire dans cette affaire très-
condamnable, blâme fortement l'ancien qui a expédié un certificat audit sieur
Bernelot pour aller communier en une autre église, et improuve aussi M. Dugas,
pasteur, d'y avoir eu égard.
4. — L'assemblée, ayant pris en considération le mémoire du consistoire de
412 LES SYNODES DU DÉSERT.
U.
La corruption qui règne dans le monde & qui ne fe gliffe que
trop dans l'Eglife, le relâchement qu'on aperçoit dans le culte divin,
nous donnant jufle fujet de craindre les jugements du Seigneur,
l'affemblée a déterminé que, pour tâcher de les détourner & nous
attirer la protedion du Ciel, toutes les églifes de cette province célé-
breront un jeûne folennel qui a été fixé au 23" novembre prochain ;
mais au cas que le fynode national vienne à fe tenir avant le fufdit
temps & qu'il indique un jour de jeûne général, celui dont il f'agit
dans le préfent article n'aura pas lieu.
Marennes, ne juge pas à propos de rien statuer à cet égard, attendu que M. Du-
puy, pasteur, promet de produire la lettre dont il s'agit dans ledit mémoire, aux
anciens de ladite église, qui en feront l'usage qu'ils trouveront à propos.
5. — M. Daunis, de Puyraveau, ayant retiré d'entre les mains de M. de
Riollet la somme de lyS liv., conformément à l'art. i6 du colloque du 24 février
1763, il a été décidé que, vu les difficultés qu'il y a de savoir précisément quelles
sont les églises qui ont droit à cette somme, et combien il pourrait leur en revenir,
elle sera employée par ledit sieur Daunis à payer des dépenses générales qui pour-
ront intéresser toutes les églises, lorsqu'il en sera requis et dûment autorisé, au
moyen de quoi, et en conséquence des autres payements que ledit sieur de Riollet
a faits par ordre du colloque du 16 décembre 1761, art. 12, il se trouve acquitté
de la somme de 600 liv. que les églises lui avaient prêtée.
6. — M. Dupuy l'aîné ayant accepté la vocation que la province lui a adres-
sée, il a été arrêté que son quartier sera composé des églises de Jonzac, Pons,
Gémozac, St-Fort, Mortagne;
Celui de M. Jarousseau, de celles de Cozes, Meschers, Didonne, le Pouyaud,
Royan et St- Palais;
Celui de M. Martin, de celles de Chez Piet, Segonzac, le Louis, Jarnac et
Cognac;
Celui de M. Dugas, de celles de La Tremblade, Avallon, Paterre, Mornac et
Breuillet ;
Celui de M. Dupuy jeune, de celles de St-Savinien, le Port des Barques, Ma-
rennes, la Pimpelière, Luzac et Souhe ; et par rapport à l'église de St-Savinien,
vu son éloignement et pour soulager M. Dupuy, il a été convenu que MM. Dugas
et Martin feront deux rondes chacun par année, et MM. Dupuy aîné et Jarousseau
une ronde chacun.
7. — Au moyen de 48 liv. que le quartier de M. Jarousseau a payées de plus
que ses honoraires, jusqu'à Noël dernier, et de 24 liv. que M. Dugas lui a payées
du surplus des siennes, ledit Jarousseau se trouve payé de ce qui lui fut alloué
par le synode dernier, (art. ig); comme aussi M. Dupuy jeune se trouve également
payé de celui qui lui a été accordé par le même article, au moyen de 42 liv. dé sur-
plus, qu'il a d'honoraires dans son district jusqu'à Noël dernier, et de 3o liv. qui
lui ont été comptées aussi en déduction comme ci-dessus.
8. — Outre les payements que M. Dugas a faits et qui sont exprimés dans
l'article précédent, il reste encore redevable aux églises, en vertu de l'excédant de
ses honoraires jusqu'à Noël dernier, de 406 liv., dont il leur tiendra compte lorsque
celles de ces églises qui lui doivent l'auront payé; M. Martin se trouve aussi, lui,
SYNODES PROVINCIAUX. 4,3
m.
Vu les irrégularités de la convocation du fynode national fixé au
3' juin de la prcfentc année, & vu d'ailleurs que le fujet qu'on allcg[ue]
pour unique motif de cette convocation a déjà été agité & rejeté par
le fynode national dernier, fans qu'il paraiffe qu'il y ait aucune nou-
velle circonftancc qui doive le faire prendre aujourd'hui en confidé-
ration, la compagnie a arrêté que cette province n'enverra aucun
député audit fynode, & charge Meflieurs les modérateur & fecrétaire
de la préfente affemblée d'en informer inceffamment la province con-
vocatrice & de la folliciter de renvoyer, fil eft poffible, la tenue dudit
être redevable de celle de 33o liv. dont il leur tiendra compte aux conditions expri-
mées ci-dessus.
9. — L'assemblée, informée que quelques églises n'ont pas payé exactement
jusqu'ici leurs honoraires, la compagnie, jugeant que ce défaut n'a sa source que
dans un principe d'ingratitude ou dans la négligence de MM. les anciens, enjoint
aux uns et aux autres de s'acquitter de leurs devoirs à cet égard, faute de quoi
elle autorise MM. les pasteurs de cesser d'y exercer leur ministère relativement à
la prédication.
10. — L'art. 17 du colloque du 24 février 1763, qui porte que MM. les
pasteurs remettront l'excédant de leurs honoraires à divers particuliers désignés
dans ledit article, n'ayant pas été exécuté en vertu d'autres arrêtés postérieurs,
on déclare ici que lesdits particuliers ne doivent pas être tenus à aucune red-
dition de compte à ce sujet, non plus que M. Decourt de ce dont il était
chargé par l'art. 4 du colloque particulier des églises de M. Jarousseau du 3o
avril 1764, attendu qu'il s'en est déjà acquitté.
11. — Les honoraires de l'église de Jonzac n'ayant été réduits à la somme
de 220 liv. que jusqu'à ce qu'il y aurait un cinquième pasteur dans la province,
et ayant l'avantage de se le procurer aujourd'hui, l'assemblée à décidé que ladite
église paiera jusqu'à nouvel ordre 280 livres.
12. — Le colloque, instruit du dessein où est M. Marsoo, ministre, de quitter
les églises du Béarn et de porter son ministère dans une autre province, charge
M. Dugas, pasteur, de lui adresser vocation au nom de celles-ci, et d'en pré-
venir en même temps celles du Béarn.
i3. — M. Jarousseau, répondant à la lettre de M. Renouleau, lui mar-
quera que les églises de cette province cèdent à celles du Périgord et de l'Age-
nais les prétentions qu'elles peuvent avoir au ministère de M. [de] Bécays.
14. — Le consistoire de l'église de Cozes sera chargé de la convocation du
colloque prochain, ainsi que d'informer les pasteurs des quartiers respectifs des
églises qui le composent des principales raisons qui en demandent la tenue.
i5. — Par délibération de la présente assemblée, M. Daunis, de Puyraveau,
en a payé (i34) les frais, en déduction de l'argent qu'il a entre mains, appar-
tenant aux églises en général, dont il est fait mention à l'art. 5 du présent
colloque, et il restera dépositaire du reste dudit argent jusqu'à nouvel ordre.
Fait et arrêté ledit jour et an que dessus.
DuGAS, pasteur et modérateur; Martin, pasteur et
secrétaire.
— Mss. de Jarnac.
414
LES SYNODES DU DESERT.
fynode, jufqu'à ce que des raifons plus importantes l'exigent. Et au
cas que, malgré nos repréfentations, cette affemblée ait lieu, on noti-
fiera par la même lettre que cette province f'oppofe à l'acceptation
du folliciteur propofé, & qu'on fupplie ladite affemblée nationale de
compter notre fentiment à cet égard, tout de même que fi nous le
manifeftions par le canal de députés.
IV.
Suppofé que la province chargée de la convocation du fynode
national prochain allègue d'autres raifons que celle qui a été pro-
pofée, l'affemblée autorife le confift^oire de l'églife de Bordeaux de
juger de leur validité & de communiquer fon jugement à cet égard
aux députés qui feront ci-après nommés pour qu'ils f y conforment.
Colloque de Saintonge et Angoumois du i8 septembre iy66.
Au nom de Dieu. Amen.
Les églises de Saintonge et Angoumois assemblées en colloque le 1 8 sep-
tembre 1766, après avoir imploré le secours divin, on a délibéré ce qui suit :
1. — A l'unanimité des voix, on a élu M. Dugas, pasteur, pour modérateur,
et M. Martin, pasteur, pour secrétaire.
2. — L'assemblée, informée par M. Pellissier qu'un des proposants de la pro-
vince du Poitou serait disposé à se dévouer au service de nos églises, charge
M. Martin, pasteur, d'écrire au plus tôt à MM. les pasteurs de ladite province
pour les prier de nous informer des raisons qui peuvent le déterminer à prendre
ce parti, et s'ils ne trouveront pas mauvais que nos églises lui adressent vocation.
Sur les avis aussi qu'on a que M. Marsoo, pasteur, est toujours décidé à quitter
la province de Béarn, on autorise M. Jarousseau, pasteur, de lui réitérer les pro-
positions qu'on lui a faites autrefois de l'admettre au nombre de nos pasteurs,
pourvu qu'il obtienne congé de la province où il est actuellement.
3. — On consent que le sieur Aubert soit admis au nombre des étudiants de
la province, supposé que le consistoire de Bordeaux lui reconnaisse les qualités
requises pour le St-Ministère, et l'on s'engage à contribuer aux frais de ses études,
dès qu'il partira pour aller les continuer dans le séminaire, suivant les règlements
de nos synodes sur ce sujet.
4. — On charge M. Dupuy, pasteur, de faire savoir au jeune homme des
environs de Ste-Foix, dont il a parlé à l'assemblée, que, s'il veut se dévouer au ser-
vice de nos églises, il peut se rendre parmi nous, lorsqu'il le jugera à propos ;
et supposé qu'il vienne, M. Jarousseau est chargé par le présent article d'en
diriger la conduite et les études.
5. — La compagnie, édifiée du zèle des fidèles de Rochefort qui les a portés
à s'ériger une maison d'oraison dans leur ville, et vu d'ailleurs les obstacles qu'il
y a qu'ils continuent à faire partie de l'église du Port des Barques, consent qu'elle
soit désormais regardée comme église, et qu'en cette qualité elle soit desservie
comme une des autres par le pasteur du quartier.
6- — L'assemblée , informée que quelques anciens s'ingèrent à composer
certains discours ou prières qu'ils lisent en public, sans au préalable les commu-
SYNODES PROVINCIAUX.
4i5
Quoiqu'il foit d'ufage que chaque province eccicfiaftique envoie
quatre députés aux fynodes nationaux, cependant, vu l'éloignemcnt du
lieu où le prochain doit fe tenir, le preffant befoin que les églifes de
cette province ont de leurs pafteurs, la mifère du temps, les dépenfes
confidérables qu'elles ont été & qu'elles font continuellement obligées
de faire à l'occafion de leurs temples, etc., on fe flatte que ladite
affemblée nationale ne trouvera pas mauvais qu'on n'y en envoie que
deux. Pour cet effet, on a élu à la pluralité des fuffrages, d'entre
les pafteurs M. Henri Cavalier, & pour fubftitut M. Jean Jaroufleau;
niquer à leur consistoire, blâme cette licence, quelque principe qu'elle puisse
avoir, comme supposant en général trop d'amour-propre, et contraire d'ailleurs
au bon ordre; et elle leur enjoint, en conséquence, ainsi qu'à tous autres parti-
culiers, de ne plus agir ainsi à l'avenir.
7. — La compagnie, informée que M. Jarousseau, pasteur, a pris congé de
l'église de Pons sans y être autorisé par le consentement d'aucun colloque ni
synode, n'a pu s'empêcher d'improuver cette démarche comme contraire à ce qui
est prescrit par la discipline à cet égard à l'art. 22 du chapitre premier.
8. — Sur l'exposé qu'on a fait de la conduite qu'ont tenue MM. de Riollet et
Gros jeune, de Pons, à l'occasion de la tenture dernière, on a nommé M. Martin,
pasteur, avec MM. Lambert, de St-Fort, et Boisbeleau, d'Ozillac, pour en prendre
une plus grande connaissance et pour en juger.
9. — M. Jarousseau continuera à desservir l'église de Pons ainsi que toutes
les autres de son quartier ; cependant, eu égard aux scrupules de conscience qu'il
se fait d'administrer la communion à ceux qui décorent leurs maisons les jours
appelés Fête-Dieu, il sera dispensé d'y exercer ses fonctions pastorales à cet égard,
ainsi que dans celles de St-Fort et Mortagne, lesquelles églises la recevront par
les autres pasteurs, de la manière qu'il a été convenu entre eux.
10. — Quelques députés s'étant retirés avant la conclusion de la présente
assemblée et sans en prendre congé, on blâme fortement l'irrégularité de leur
conduite à ce sujet, et on charge leurs pasteurs respectifs de les en censurer
vivement.
11. — M. Daunis, de Puyraveau, ayant fait compter la somme de Sg liv.
1 5 sols, il se trouve entièrement déchargé de ce dont il était redevable aux églises,
suivant l'art. 1 5 du précédent colloque, laquelle somme a été employée à payer
une partie de la dépense de la présente assemblée.
12. — Le consistoire de Cozcs continuera jusqu'à nouvel ordre de convoquer
les colloques qu'on aura besoin d'assembler, déterminera le nombre des députés
que chaque quartier devra y envoyer, et aura soin d'indiquer exactement les
matières qui devront y être agitées; et à l'issue desdits colloques, comme il est de
convenance qu'il y ait une prédication le dimanche suivant dans l'église où ils se
tiennent, MM. les pasteurs des autres quartiers seront obligés de la donner,
savoir: M. Dugas, le premier, M. Martin, le second, et M. Dupuy, le troisième.
Ainsi conclu et arrêté ledit jour et an que dessus.
Dugas, pasteur et modérateur; Martin, pasteur et secrétaire.
— Collection Boulincau et Mss. de Lezay.
4i6 LES SYNODES DU DESERT.
& d'entre les anciens M. Thomas de Riollet, de Pons, & à fon défaut,
M. Jean Poché Delafont, de St-Genis.
VI.
La compagnie charge lefdits députés au prochain fynode national
de demander qu'à l'avenir chaque province ne foit tenue d'envoj'er
qu'un pafteur & un ancien aux fynodes nationaux pour la repréfenter,
par les raifons énoncées ou autres à alléguer, jufqu'à ce du moins que
les églifes fe trouvent dans des circonftances plus favorables, con-
formément à l'arrêté du fynode national tenu à Poitiers en i56o.
vn.
En conféquence de l'art. 6 du dernier fynode de cette province,
Meffieurs les diredeurs du féminaire, à qui il a été communiqué,
ayant eu la bonté d'agréger au nombre des féminariftes, le fieur Vau-
rigaud, de Pons, l'affemblée charge MM. Martin & Jarouffeau de
prendre fur fon compte les informations néceffaires touchant fes talents
& fes mœurs, & de lui expédier au nom de la province l'atteftation
dont ils le croiront digne, pour qu'il puifTe être reçu au féminaire.
Et dans le cas qu'on puiiïe l'autorifer à partir, M. Jarouffeau lui
comptera les 200 liv. qui lui ont été affignées dans le fufdit article,
laquelle fomme lui fera envoyée dans tout le courant du mois de mai
prochain par les quartiers refpedifsde la province, favoir : par l'églife
de Bordeaux 66 liv. i3 f. 4 d, & par chacun des quatre quartiers de
Saintonge & Angoumois 33 liv. 6 f . 8 d.
VIII.
En vertu des engagements que M. Dupuy l'aîné a ci-devant con-
tradés avec les églifes de cette province, la compagnie lui enjoint de
fe rendre dans le quartier qui lui a été affedé, le plus tôt qu'il lui
fera poflible, & pour le plus tard dans tout le courant du mois de
juillet prochain, lequel arrêté lui fera communiqué par Monfieur fon
frère.
K.
Jufqu'à l'arrivée de M. Dupuy l'aîné, les églifes de Saintonge &
Angoumois feront deffervies ainfi qu'elles l'étaient avant le colloque
dernier, & après fon arrivée, l'arrangement pris dans ledit colloque
(art. 6) tiendra jufqu'à ce qu'on puiffe fe procurer un plus grand
SYNODES PROVINCIAUX. 4,^
nombre de pafteurs. Cependant, à la réquifition de l'églife de St-Savi-
nien, raflemblée entend que M. Dupuy jeune, qui eft cenfé avoir la
direction paftorale de cette églife, y adminiftre les quatre communions
annuelles.
X.
A la réquifition du quartier aduellement delTervi par M. Dupuy
jeune, on l'autorife à adreffer vocation à MM. Pelliiïier & Solier,
pafteurs, pour la defferte des églifes qui le compofent, & à leur charge
particulière, fans que les autres quartiers foient obligés d'y contri-
buer, qu'en vertu du moins de quelque arrangement poftérieur.
XI.
M. Jaroufleau ayant rappelé à l'affemblée qu'au lieu de 8 louis
d'or qu'on devait lui rembourfer pour les frais du voyage qu'il avait
fait dans l'Agenais, il ne lui en fut alloué que 6 par le fynode dernier
(art. 19), on lui a compté aujourd'hui 48 liv., favoir: l'églife de Bor-
deaux, 16 liv. pour fa quote-part, & le furplus par les quartiers ref-
pedifs de Saintonge & Angoumois.
XIL
Le fynode approuve l'arrangement que le confiftoire de La Trem-
blade a pris, de concert avec les principaux membres de fon églife,
concernant les places dans le temple, contenu dans les délibérations
des 28^ novembre 1765 & 16" février dernier, & continue d'exhorter
les fidèles à féconder fes vues charitables, fuivant l'art. 1 3 du précédent
fynode de cette province.
XlII.
En acquit des penfions dont notre province eft chargée envers
M. Court & Mad[ame] la veuve Bétrine, dont la première, de 5o liv.,
écherra au premier juin prochain, & la féconde, de 36 liv., au premier
feptembre fuivant, M. Dugas comptera à l'églife de Bordeaux, à
compter de ce qu'il doit à celles de Saintonge & Angoumois, la fomme
de 57 liv. 6 f . 8 d, au moyen de quoi ladite églife de Bordeaux acquit-
tera lefdites penfions pour la préfente année.
XIV.
Pour fubvenir aux dépenfes que MM. les députés au prochain
fynode national feront obligés de faire, l'afl'emblée a arrêté & ordonne
qu'il leur fera fait une avance de 600 liv., qui feront comptées comme
27
41 8 LES SYNODES DU DÉSERT.
fuit: à M. Broffard, de Pons, 400 liv., favoir: par M. Dugas i5o liv.,
par M. Martin, i5o liv., en dédudion de ce qu'ils doivent aux églifes,
& les 100 liv. reftantes par les quartiers refpeétifs de Saintonge &
Angoumois, chacun par égales portions; & les autres 200 liv. feront
comptées par l'églife de Bordeaux à M. Cavalier; enjoint, en outre, la
préfente affemblée que lefdites 400 liv., dont il f 'agit, feront envoyées
audit fieur Broffard, avant le i5° du mois prochain, pour être remifes
au député ancien, à fa première réquifition.
XV.
En conféquence de l'art. 4 du préfent fynode, qui donne commif-
fion & pouvoir au confiftoire de l'églife de Bordeaux de juger fil fera
à propos d'envoyer nos députés audit fynode national, on charge
de plus, par le préfent article, ledit confiftoire de dreffer un mémoire
relatif aux divers intérêts de notre province & à la façon de penfer de
nos églifes, qu'il connaît, lequel mémoire on fupplie le vénérable
fynode national de prendre en confidération, tout comme fil émanait
directement de la préfente affemblée.
XVI.
Le quartier de M. Dupuy jeune eft chargé de la convocation du
prochain fynode de notre province.
Ainfi conclu & arrêté lefdits jours & an que deffus.
DuGAs, paft"" & modérateur; Cavalier, part"' & modérateur-
adjoint; Martin, part"' & fecrétaire; Dupuy jeune, pafteur
& fecrétaire-adjoint.
iections Ch Frosscird & l'h Maillard
Helio6 8«- Inip Leniercier 8tC'^
MEREAUX DU XVIIl? SIECLE
SYNODES PROVINCIAUX. 4, y
Synode du Poitou.
Les églifes du Poitou, affemblées en fynode le treizième du mois
de mai mil fept cent foixante-fix, après avoir imploré le fecours divin
& choifi pour mode'rateur M. Gamain, pafteur, & M. Pougnard,
paileur, pour modérateur-adjoint; M. Guimard, ancien, pour fecré-
taire, & M. Liège, ancien, pour fecrctaire-adjoint, ont arrêté ce qui
fuit:
Reconnaiffant que les Chrétiens fe rendent très-coupables par le
peu d'attention à la pratique de leurs devoirs, nous fommes convenus
que ceux qui laiiTeront écouler plus d'une année fans participer au
facremcnt de la Ste-Cène, paraîtront en confiftoire pour rendre raifon
de leur négligence ' ; bien entendu que cela ne caufera aucun change-
ment concernant ceux qui feront fujets aux cenfures publiques,
n.
Le fynode n'a pas jugé à propos d'accepter le refus que l'églife de
Villefagnan fait de fournir la charité à M. Lapra; au contraire, il lui
eft enjoint de continuer à payer ladite pcnfion^. Les membres de cette
cglife font auffi exhortés d'obferver mieux à l'avenir le jour du faint
Dimanche que par le paflé. Tous les fidèles de cette province font
auffi exhortés d'employer le jour du faint repos ù la piété & à la dé-
votion.
1 . On place ici la reproduction de quelques méreaux qui appartiennent, pour
la plupart, aux églises du Poitou; on en trouvera plus loin, à l'appendice, la
description en même temps que quelques détails sur leur emploi au XVI II" siècle.
Le méreau était, comme on sait, un jeton de plomb qui était distribué par les
anciens aux fidèles admis ;\ la Cène, et que ces derniers remettaient à un autre
ancien, désigné pour cette fonction, au moment où ils entraient dans le parquet
(Voy. p. 384, art. 9) pour prendre part ;\ la communion. Ces pièces datent de la
même période, et sauf celles de La Tremblade (Saintonge), de Castelmoron et du
Quercy, proviennent du Poitou. La plus ancienne porte la date de 1745 et appar-
tient à l'église de Cherveux.
2. Lapra s'était retiré à Lausanne; il était pensionné par les églises du Poitou.
Il existe 24 lettres de lui sans grand intérêt historique (août 1 700— septembre
1778), dans les Mss. de Melle (Deux-Sèvres).
420 LES SYNODES DU DESERT.
m.
Il a été conclu que les fecrétaires qui font chargés des regiftres des
églifes auront foin de les faire figner, favoir : quatre témoins pour les
mariages & deux pour les baptêmes ' ; fi les témoins ne favent figner,
qu'ils les dénomment fur lefdits regiftres.
Gamain, pafteur & modérateur; Pougnard, pafteur & modé-
rateur-adjoint; GuiMARD, ancien & fecrétaire; Liège, ancien
& fecrétaire-adjoint.
I. Question de jour en jour plus grave. L'année suivante, en 1767, les reli-
gionnaires du Poitou adressaient une supplique à <c Mgr le Procureur-Général en
son hôtel, à Paris», au sujet de quelques-uns d'entre eux emprisonnés pour avoir
fait bénir leur mariage au Désert. — Mss. de Melle.
Synodes provinciaux de 1767.
Synode du Bas- Languedoc.
Au nom de Dieu soit fait. Amen.
E fynode du Bas-Languedoc, affemblc au Défert le vingt-
ncuvicmc avril mil fept cent foi.\ante-fept ', au nombre de
vingt-deux pafteurs de la province, deu.x des Balfes-Cé-
vennes, un propofant & trente-neuf anciens, députés par
les églifes, après avoir invoqué le St-Nom de Dieu & élu, à la plura-
lité des fuffrages, M. Paul Rabaut, paftcur, pour modérateur; M. Pra-
del, pafteur, pour modérateur-adjoint; M. Encontre, pafteur, pour
fecrétairc, & M. Puget, auffi pafteur, pour fecrétaire-adjoint, a arrêté
ce qui fuit :
I.
Nos églifes ayant à peu près les mêmes raifons qu'elles avaient,
l'année dernière, de fhumilicr extraordinaircmcnt, & en outre Dieu
Colloque général des églises réformées du Haut-Languedoc
assemblées le 2 y mars 1767.
Au nom de Dieu soit fait. Amen.
I. Nous, les pasteurs et anciens des églises réformées du Haut-Languedoc,
assemblés en colloque général, après avoir imploré la grâce de Dieu et les lumières
de son St-Esprit, avons délibéré ce qui suit :
1. — Il a été nommé, à la pluralité des voix, M. Sicard, pasteur, pour modé-
rateur; M. Gardes pour modérateur-adjoint; M. Sicard le jeune, pasteur, pour
secrétaire; M. Brunq pour secrétaire-adjoint.
2. — Comme il est vraisemblable que le synode national se tiendra bientôt,
et que le Comté de Foix et M. Lafon ont annoncé dans le public qu'ils veulent se
plaindre des délibérés de nos colloques, il a été dressé un mémoire à ce sujet qui
422
LES SYNODES DU DESERT.
les y appelant par les fléaux dont il a récemment frappé la province
dans les récoltes pendantes, l'aflemblée a indit un Jour de jeûne
folennel & l'a fixé au 21" juin prochain, & en cas d'interruption ce
jour-là au dimanche fuivant. Elle exhorte les fidèles à f'y préparer
par des humiliations particulières.
IL
Les pafteurs & les anciens qui compofent la préfente aflemblée,
vivement pénétrés de douleur en voyant que la corruption fe répand
avec tant de progrès dans les églifes, craignant de ne f'y être pas
oppofés avec affez de chaleur par leur empreffement à inftruire, à
reprendre & à édifier, fentant cependant de quelle importance il eft
que les chefs de l'Eglife en foient le flambeau & enflammés du zèle
de la maifon de Dieu, fe font engagés folennellement, comme étant
en la préfence de ce Dieu dont l'Eglife leur efl; confiée, à faire tout ce
qui efl: en leur pouvoir pour enfeigner, pour reprendre, pour cenfurer
& pour être en bon exemple. Et, pour commencer, ils exhortent les
a été lu, examiné et unanimement approuvé et paraphé, dont la remise sera faite
à MM. les députés au futur synode national, afin que, quand le cas le requerra, ils
agissent et se conforment audit mémoire, auxquels on donne pouvoir d'opposer
toutes les autres raisons et exceptions de droit.
3. — Il a été arrêté que MM. les pasteurs Gardes, Sicard le jeune etCrebessac
changeront de quartier à la Toussaint prochaine.
4. — M. Sicard le jeune ayant demandé à l'assemblée un congé de deux mois
pour des affaires particulières, elle a consenti à sa demande.
5. — M. Sicard, pasteur, ayant requis l'assemblée d'être dispensé de changer
de quartier et d'aller à l'avenir desservir à l'alternative les églises de Puylaurens
et Revel, elle a accédé à sa proposition pour sortir à effet, à l'avenir.
Ainsi conclu et arrêté les jour et an que dessus.
Sicard, pasteur et modérateur; Gardes, pasteur
et modérateur-adjt; Sicard le jeune, pasteur et
secrétaire; Brunq, anc^ et secrétaire-adjoint.
— Mss. de Vabre.
Colloque général des églises réformées du Haut-Languedoc
assemblées le 12 novembre 1767.
Au nom de Dieu soit fait. Amen.
Nous, les pasteurs et anciens des églises réformées du Haut-Languedoc,
assemblés en colloque général, après avoir imploré la grâce de Dieu et les lumières
de son St-Esprit, avons délibéré ce qui suit :
1. — L'assemblée a confirmé d'une commune voix M. Sicard et M. Gardes,
pasteurs, pour modérateurs, et M. Sicard le jeune, pasteur, et M. Brunq, pour
secrétaires.
2. — Sur l'avis que nous a fait donner le vénérable comité de Lausanne que
MM. Gerson et Laroque, nos candidats, avaient commencé leurs épreuves avec
SYNODES PROVINCIAUX. 428
pères & les mères à élever leurs enfants dans la dilciplinc & dans la
crainte du Seigneur, & à fe pourvoir de bons livres pour réuflir dans
ce pieux deflein, comme aulli à les édifier par leur bonne conduite;
exhortant encore les jeunes gens à être dociles & à profiter des inftruc-
tions de leurs parents, ainfi que de celles de leurs pafteurs; enjoignant
de plus aux chefs de famille de ne pas borner leur dévotion au culte
public, mais encore d'obferver le cuite domeftique,& furtout les jours
de dimanche, après avoir aiïifté aux affemblées rcligieufes. Et enfin,
toute l'afTcmblée & les pafteurs ont formé la réfolution de catéchifer,
autant qu'il fera en leur pouvoir; & après f'y être exhortée elle-même,
[elle] exhorte les confiftoires & les colloques à exercer la difciplinc
contre les pécheurs fcandaleux, nommément contre les blafphémateurs,
les jureurs, les ivrognes & les impudiques, etc.
m.
Le fynode, continuant à fiégcr, le 30° du fufdit mois, & augmenté
de deux pafteurs des Hautes-Cévennes, a répondu à la queftion
succès, presses par le besoin, nous nous voyons contraints de les rappeler parmi
nous; en conséquence, il leur sera incessamment enjoint de venir à notre secours
par tout le mois d'avril prochain, et plus tôt s'ils le trouvent à propos; pour cet
effet, on priera instamment le vénérable comité de leur imposer les mains.
3. — Afin de faciliter à MM. Gerson et Laroque l'exécution de notre désir, il
leur est accorde 1 5o liv. à chacun qu'on leur fera passer sans perte de temps.
Ainsi conclu et arrêté les jour et an que dessus.
SiCARD, pasteur et modérateur ; Gardes, pasteur et
modérateur-adjoint; Sicard le jeune, pasteur et
secrétaire; Brunq, ancien et secrétaire-adji.
Attestation pour M. Crebessac.
«Nous soussignés, requis par M. Crebessac, dit Vernet, de lui donner un
« témoignage de vie, mœurs et progrès pendant le séjour d'environ deux ans et
« demi qu'il a fait dans cette ville, déclarons qu'il s'est toujours conduit parmi nous
n de la manière la plus régulière et la plus édifiante, et que son application et ses
0 succès dans l'étude de la théologie, de la morale, d'exercice de la prédication ont
«été tels, qu'après les examens attentifs et réitérés, et selon le pouvoir à nous
«accordé de l'examiner et de le recevoir au St-Ministère, nous l'avons unanime-
n ment jugé capable de l'exercer. En conséquence de quoi, lui avons donné l'imposi-
<i tion des mains, le premier mai de présente année, dans la ferme persuasion qu'il
« serait un bon et fidèle serviteur de Dieu, appliqué à remplir tous les devoirs de
« cette sainte vocation, propre ;\ instruire et à édifier les troupeaux aux soins des-
« quels la Providence l'appellera. Ainsi nous ne pouvons que le recommander à la
« protection divine et à l'affection des gens de bien.
«En foi de quoi nous avons signé, ce 8 juin 1762.
n A. Court, secrétaire, lecteur en morale et controverse, pour tous. »
— Mss. de Vabre.
424 LES SYNODES DU DESERT.
«quelles peines on doit infliger à ceux qui, n'ayant jamais communié,
tombent dans des fautes graves & fcandaleufes, » qu'attendu que dans
l'inflidion des peines on doit pefer les circonftances, lefquelles chan-
gent le cas, c'eft aux confiftoires à pefer ces circonflances & à f'y dé-
terminer conféquemment, obfervant d'éviter également une févérité
outrée & une indulgence dangereufe.
IV.
Les pères & les mères feront fortement exhortés à tenir leurs
enfants auprès d'eux pendant le fervice divin, & les formeront à l'at-
tention & au refpeét que méritent toutes les parties du culte ; les fidèles
feront aufli exhortés à f'y comporter avec toute la décence poffible '.
V.
Ledure faite d'un mémoire concernant la manière de payer les
dettes mortes de la province, & cette matière difcutée, il a été délibéré
que chaque églife fera taxée félon fes facultés dans cette affemblée
même, & que, pour faire la levée de leur quote-part, les confiftoires
mettront en œuvre toutes les voies raifonnables que leur fageffe pourra
leur fuggérer.
VI.
Sur les plaintes de MM. Valentin, Lombard & Gachon, pafteurs,
qui ont expofé à l'affemblée qu'ils ne furent pas payés de tout ce qui
leur avait été afligné dans le temps qu'ils étaient dans l'étranger,
l'affemblée, louant la générofité qu'ils ont montrée en facrifiant portion
de ce qui leur eft dû, & reconnaiffant que c'eft une partie des dettes
mortes de la province, a arrêté de les payer des fonds deftinés à cet
objet, ce qui f'obfervera encore pour acquitter un arrérage dû à
M. Cofte ; & du refte, blâmant avec raifon les églifes qui ne fe font
pas exécutées pour concourir au paiement d'une dette fi légitime, les
fomme d'y fatiffaire le plus tôt poffible.
Vil.
L'affemblée, apprenant avec la plus vive douleur & la plus forte
indignation que quelques perfonnes fe difant proteftantes, animées
par un fordide intérêt, fe portent, au grand fcandale du nom chrétien,
à attaquer les mariages de leurs parents bénis au Défert, & f efforcent
de les faire regarder comme concubinaires, voulant arrêter le cours
I . Voy. les deux gravures de Boze et de Storni, celle de Storni surtout, moins
historique comme cadre, mais d'une si grande vérité d'attitudes.
SYNODES PROVINCIAUX. ^25
d'un attentat aufli noir, ordonne aux confiftoircs d'exercer toute la
rigueur de la difcipline contre ceux qui fen font rendus ou qui f'cn
rendront coupables, & d'en venir jufques à les frapper de la grande
excommunication, commençant les premières pourfuites dès le pre-
mier pas qu'on fera vers un forfait fi atroce.
vm.
Arrête que, conformément à l'ancien ufage des églifes de ce
royaume, déformais l'ouverture des fynodes fe fera par un fermon
relatif à la circonftance & par la participation à la Ste-Cène; & pour
commencer, la compagnie a élu M. Paul Rabaut, paftcur, pour fonc-
tionner au fynodc prochain, & M. Pradel, auiïi pafteur, pour fubftitut ;
celui-ci fondionnera à l'ouverture du fynode fuivant & aura pour
fubftitut le plus ancien des pafteurs; & l'on continuera de même
d'année en année.
IX.
La compagnie, rcconnaiffant la néceffité qu'il y ait dans toutes
les églifes une tablature des chapitres qu'on doit lire dans les exer-
cices religieux & des pfaumes qu'on doit y chanter, elle a nommé
pour dreffer ladite tablature le confiftoire de l'églife de Nîmes, qui
en fera tenir une copie à chaque colloque de la province.
X.
La compagnie, ayant repris fes féances le i" mai de la fufdite
année, a procédé, en exécution de l'arrêté 5% à taxer ce que chaque
églife doit contribuer au paiement des dettes mortes de la province,
& l'a fait de concert avec leurs pafteurs & leurs députés, comme fuit :
Colloque de Montpellier : — GraillclTac i o liv. ; Bédarieux 26 liv. ;
Faugèrcs 4 liv. ; Montagnac iS liv.; Canet i5 liv.; Cette 24 liv.;
Pignan 12 liv.; Montpellier 100 liv. '; Mauguio 2 livres.
I. Les religionnaires de Montpellier tenaient leurs assemblées au mas de
Merle, près de la ville, à rextrémité du faubourg FigairoUes. Le mas était caché
dans un pli de terrain qui le dérobait aux regards. La proximité du lieu de culte
mécontenta probablement l'intendant ou son subdélégué, car des observations
furent faites au pasteur Bastide, qui répondit que s'il fallait de nouveau s'éloigner,
les assemblées tomberaient entièrement. « Enfin, il est difficile de trouver un
lieu commode. 11 faut nécessairement une maison pour mettre les ustensiles, et
éloignée des maisons qui vont aux châteaux de MM. l'intendant, le commandant,
et l'évêque. Si l'on trouve un lieu commode, l'on pourrait faire un essai aux
approches des Etats. » — Mss. Rabaut, III, C. p. 97. (Aoiit 1767.)
426 LES SYNODES DU DÉSERT.
Colloque de MaffiUargues: — Malïillargues 25 liv. ; Lunel i81iv.;
St-Laurent 12 liv. ; le Cailar i5 liv. ; Vauvert 25 liv. ; Beauvoifin
12 liv.; Bernis 12 liv.; Vergèze 12 liv.; Gallargues 14 liv.; Aiguef-
vives 14 liv. ; Aubais 12 livres.
Colloque de Sommières : — Sommières 32 liv. ; Junas 10 liv. ;
Sauffines 8 liv.; Vie 12 liv.; Cannes 8 liv.; Quiffac 18 liv.; Lézan
18 liv. ; Lédignan 19 livres.
Colloque de Nîmes : — Nîmes 170 liv.; Milhaud 10 liv. ; Nages
i5 liv.; Calviffon 24 liv.; Caveirac 20 liv.; St-Mamert 14 liv.; la
Calmette i5 liv. ; St-Geniès 21 liv. ; Boucoiran 10 livres.
Colloque d'Uzès : — Uzès 60 liv. ; St-Quintin 5 liv.; Montaren
12 liv.; Blauzac 5 liv.; Collorgues 12 liv.; Mouffac 12 liv.; Ners
18 liv.; Vézénobres 22 liv. ; Ribaute 9 liv. ; St-Hippolyte [de Caton]
i5 liv. ; Gatigues 6 liv. ; Bouquet 8 liv. ; Luffan 18 liv. ; St-Ambroix
26 liv. ; St-Jean-des-Anels 10 liv. ; les Vans 12 liv. ; Salavas 6 liv. ;
Vallon 18 liv. ; Lagorce 6 liv. ; Peyremale, ce qu'il pourra.
XI.
Sur la queftion qu'on a jugé à propos d'éclaircir, favoir fi les
églifes étaient ci-devant dans l'ufage de ne payer leurs pafteurs qu'à
terme échu, MM. les députés, interpellés là-deffus, à l'exception de
trois à quatre, dont les uns ont dit ne le favoir à raifon de la nou-
veauté de leur réception, & dont les églifes des autres fe font trouvées
dans des circonftances particulières, tous ont déclaré que leurs églifes
ne payaient leurs pafteurs qu'après l'année de fervice révolue.
XII.
MM. Allègre & Sauffine fêtant plaints de l'inexécution de l'art. 14
des aétes du dernier fynode provincial, ces pafteurs entendus, ainfi
que MM. Pradel, Lafon, Bouët, & le député du diftrid de ce dernier,
l'affemblée a confirmé le fufdit article, & y ajoutant, ordonne aux
églifes de Mouffac, Garrigues & Gatigues de payer dans l'efpace de fix
mois ce qu'elles leur doivent pour leurs honoraires de l'année 1762,
defquelles dettes il conftera par un double de leur mandat, que
M. le pafteur Encontre fournira, recommandant à M. le pafteur Bouët
de preffer ce paiement; & faute par lefdites églifes de f acquitter
dans le terme prefcrit, le fynode prochain prononcera quelles peines
devront leur être infligées.
SYNODES PROVINCIAUX. ^2^
XIU.
MclFicurs les commiffaires, nommés par le fynode prcccdcnt pour
connaître & juger des troubles d'Uzès, ayant rendu compte de la
manière dont ils remplirent leur commiiïion, raffcmbléc, approuvant
leur procédé ainfi que leur jugement, leur en a témoigné fa fatilïaction.
XIV.
Ayant été propofé fi l'on doit rappeler le fils de feu M. Bétrinc,
la compagnie a jugé à propos de le faire incclTamment & a accordé le
fervice qu'il pourra faire dans nos églifes en qualité de propofant aux
deux quartiers de MM. Encontre & Lafon, paftcurs, & cela pour
l'année courante.
XV.
Sur les troubles qui divifent le confiftoire de l'églife d'Uzès, &
le refus qu'il a fait jufques ici de payer les honoraires de M. Teiffier
pour l'année qu'il l'a deffervie, l'aflemblée ayant nommé MM. Pierre
Sauifine & Rabaut fils, pafteurs, & MM. Boufquet& Fraiflinet, anciens,
& prié MM. les pafteurs, députés des Hautes & Baffes-Cévennes, de
les affifter, à l'elTet d'examiner les papiers produits de part & d'autre,
— ouï leur rapport, aulïi bien que ce qu'ont voulu dire les parties
contendantes, la compagnie, reconnaiffant que l'églife d'Uzès doit
réellement à M. Teiffier, de l'aveu même de MM. fes députés, enjoint
à fon confiftoire de le payer le plus tôt qu'il lui fera poffiblc; & pour
terminer les altercations qu'il y a dans ledit confiftoire, elle a élu
MM. Paul Rabaut & Pierre Sauffine, (pafteurs], auxquels elle a aflbcié
MM. Aldebert, avocat, & Rey, anciens, & pour fubftituts MM. Payan &
Meyran, auffi anciens, leur donnant pouvoir de connaître & de juger
de ces troubles, au nom & en l'autorité de la préfente alfemblée; elle
fait des vœux les plus ardents pour qu'ils aient un heureux fuccès.
XVI.
Vu la demande des fidèles de Montèze, tout ce qu'on peut faire
pour y répondre c'eft d'accorder partie des fonctions que pourra faire
le fieur Bétrine, propofiuit, dans l'églife de Ribaute, réunie comme elle
l'était anciennement, & dans le cas [que) ledit fieur ne vînt point, les
chofes rcfteront en l'état : la partie de Ribaute ferait annexée au quartier
de Lézan, & l'autre au diftrid de M. Lafon.
428 LES SYNODES DU DÉSERT.
XVII.
Les anciens & fidèles delà paroiffe de St-Jean-de-Valérifcle ayant
demandé par un mémoire déformer une églife féparée de St-Ambroix,
la compagnie n'a pas trouvé à propos d'accorder leur demande; feu-
lement elle a jugé que ledit St-Jean aura des affemblées à proportion
de ce qu'il paie pour la taxe du St-Miniftère ; que les anciens de ladite
paroiffe les convoqueront où bon leur femblera & qu'ils retireront
pour leurs pauvres tout l'argent qui y fera collefté.
XVIII.
Leélure faite de deux mémoires, l'un de l'églife de St-Ambroix
& l'autre de celle des Vans, MM. leurs pafteurs & députés ouïs, tout
confidéré, le fynode a jugé que ces deux églifes ne peuvent adluelle-
ment être féparées, les exhorte à l'union, & pour éloigner ce qui pour-
rait l'altérer, elle eft d'avis qu'outre la penfion de 800 liv. que le
diftrid doit accorder à fon pafteur, l'églife des Vans lui fournira, pour
lui faciliter les moyens de la vifiter, avec le logement 25 liv. & celle
de St-Ambroix 5o livres.
XIX.
Le miniftère de M. Fromental, pafteur, a été affedé de nouveau
au quartier de Bédarieux, auquel quartier on a joint les deux églifes
de Montagnac & de Canet ; & pour foulager ledit pafteur, d'un côté
on lui accorde un propofant en entier, & de l'autre MM. Bouët &
Périer fe font engagés à faire dans le fufdit quartier une corvée de
deux mois chacun ; au furplus le député du diftrid de Bédarieux f'eft
engagé, tant en fon nom qu'en celui de fes conftituants, à payer les
honoraires du fufdit fieur Fromental fur le même pied de l'année
dernière, celui des églifes de Montagnac & Canet à fupporter les frais
des deux corvées, ceux des allées & des venues tant dudit pafteur
Fromental que du propofant, comme auffi la nourriture & les hono-
raires de ce dernier.
XX.
Pour fe prêter à un accommodement qui procure l'emplacement
d'un pafteur, MM. Lafon & Encontre ont donné les mains, l'un à la
réunion de toutes les communautés qui compofent l'églife de Ribaute,
laquelle fera annexée à celle de Lézan, & l'autre a cédé à M. Périer,
pafteur, la moitié du fervice de l'églife de Boucoiran. Cet arrangement
SYNODES PROVINCIAUX. 429
mettant lefdits fieurs Lafon & Encontre à même de fe paffer de l'aide
du fieur Bétrine, propofant, ils le cèdent à l'affemblée, qui en difpofera
comme elle le trouvera à propos.
XXI.
Sur les bons témoignages rendus aux qualités de l'efprit & du
cœur des fieurs Raoux, Roquette & Ribot, étudiants, a été arrêté à
l'unanimité des fuffrages de les envoyer dans notre féminaire ; & comme
il importe qu'avant qu'on les confacre pour le St-Miniftère, ils foient
connus par les égliies, qu'ils f'y affedionnent eux-mêmes à les fervir,
& qu'ils fe moulent par quelque expérience à la manière de les prêcher
& de les conduire félon notre difcipline, l'affemblée ne leur donne cette
prérogative que fous l'e.xpreffe condition qu'après qu'ils auront con-
facre trois années à perfedionner leurs études, ils fe rendront dans
les églifes pour y exercer quelque temps la charge de propofant &
achever de fe rendre propres à y exercer celle de pafteur.
XXII.
Le confiftoire de la ville de Nîmes eft de nouveau chargé du dépôt
& de l'adminiftration tant des deniers des dettes mortes, que de ceux
pour l'entretien des étudiants.
XXUI.
Ayant paru fur la table du fynode un mémoire qui paraiffait
venir du confiftoire de l'églife de Lulfan, mais fans aucune fignature,
à caufe de ce défaut effentiel de formalité, l'on n'a eu aucun égard au
contenu dudit mémoire; & le confiftoire de Luffan a été jugé digne de
cenfure, tant pour cette raifon que par ce qu'il n'a concouru en rien à
l'envoi d'un député de fon quartier au préfent fynode.
Ainfi conclu & arrêté les fufdits jours & an '.
Paul Rabaut, pafteur & modérateur.
I. Cette année mourut, en Suisse, un des derniers prédicants qui avaient
assisté, le 22 août 1716, au premier synode du Dauphiné, l'intrépide compagnon
des premières courses d'Antoine Court, le vieux Corteiz.
k^U «'%« *^^ *'^*
4^0 LES SYNODES DU DÉSERT.
Synode des Hautes-Cévennes.
Au nom de Dieu. Amen.
Le fynode de la province des Hautes-Cévennes, affemblé les
feizième & dix-feptième feptembre mil fept cent foixante-fept', auquel
ont affifté Meffieurs Jean-Pierre & Jacques Gabriac, Jean Méjanelle
du Cambon, Pierre Vallat, Charles Bourbon, Pierre Pierredon,
Antoine Sabatier & Jean-Pierre Roche, pafteurs de ladite province,
avec dix-neuf anciens, députés par leurs quartiers refpeflifs; M. Jean
Paul Rabaut, pafteur, député du Bas-Languedoc, — après avoir
nommé pour modérateur M. Gabriac l'aîné; pour modérateur-
adjoint M. Méjanelle du Cambon; pour fecrétaire M. Bourbon, &
pour fecrétaire-adjoint M. Pierredon, a arrêté ce qui fuit:
L'affemblée, vivement pénétrée de la corruption qui continue à
régner dans l'Eglife, enjoint à celles de cette province de f'humilier
extraordinairement par la célébration d'un jeûne folennel, qu'elle a
fixé au dimanche qui précédera immédiatement celui des Rameaux.
Colloque des Basses-Cévennes du 2S août ij6j.
Au nom de Dieu soit fait. Amen.
1. Le colloque de Ganges, le Vigan et Valleraugue, assemblé le 25 août 17G7,
a délibéré les articles suivants :
1 . — Le colloque demande qu'il soit fait une liste des étudiants et proposants
qui sont actuellement dépendants de la province, pour être envoyée au comité de
Lausanne, afin qu'il ne reçût pour tels que ceux qui y seront nommés.
2. — On souhaite aussi que lesdits étudiants, qui se vouent au St-Ministère
et à la province, soient examinés par tels pasteurs et anciens que le synode trou-
vera à propos, afin d'encourager les talents et de procurer aux églises les meilleurs
sujets qu'il sera possible.
3. — On souhaiterait aussi que MM. les pasteurs de tel colloque que l'on
choisira soient nommés pour faire une liturgie relative à notre temps, et une
table des chapitres qu'il convient de lire, et psaumes qu'il convient de chanter
dans nos saintes assemblées, selon les circonstances et les matières qui devront
y être traitées, et de travailler à cela pour présenter cet ouvrage au synode pro-
chain de 1768, afin d'autoriser les auteurs à le faire imprimer à l'usage delà
province.
SYNODES PROVINCIAUX. 43,
IL
Conformément à la demande du colloque d'Alais, l'on a chargé
M. Gabriac l'aîné d'écrire aux vénérables diredeurs du féminaire
pour les prier de vouloir bien, au mois de février prochain, faire fubir
des examens à MM. Molincs & Samuel, propofants de la province,
pour juger fils feront en état d'être revêtus du St-Miniftère, afin que,
fils le font, ils viennent parmi nous au mois de mars fuivant.
m.
Sur l'appel formé par les églifes de St-Sébaftien & du Pin, il a
été délibéré qu'à l'avenir les aiîemblées dcftinées à la célébration des
jeûnes folenncls fe tiendront, chaque année, ù leur portée, c'eft-à-dirc
à une diftance proportionnée aux droits de celle d'Alais, au prorata
de ce qu'elle paye de miniftère, & que le quart des deniers des pauvres
qui fy recueilleront leur appartiendra.
IV.
On a revêtu de la charge de propofiint le fieur Philip [Lacofte],
& l'on nomme pour en revêtir le fieur Vincent, fils le trouvent en
état d'en remplir les fondions, MM. Bourbon & Roche.
V.
Le colloque de St-Germain-de-Calberte ' eft chargé de la convo-
cation du prochain fynode.
4. — Le consistoire de Valleraugue ayant porte plainte contre M. le pasteur
de Lavernède, et l'ayant accusé d'avoir béni un mariage sans le consentement du
pasteur ou des anciens, l'assemblée l'a jugé trés-répréhensible, et n'étant pas du
ressort de ce colloque a renvoyé ladite plainte au synode.
5. — M. Antoine Gai, pasteur des églises du Vigan et Aulas, ayant repré-
senté qu'il ne pouvait point subvenir à la desserte de ces deux églises, celle d' Aulas
a demandé un pasteur à titre, et prie le synode de prendre sa demande en con-
sidération.
6. — Les églises de Ganges et Sumène demandent au prochain synode un
proposant, M. Lapierre ne pouvant point servir ces églises.
7. — Les églises, après avoir rendu un bon témoignage à leurs pasteurs, en
demandent la continuation, à quoi les pasteurs se sont accordés.
La lecture des susdits articles étant faite, on les a approuvés; et après avoir
remercié Dieu, l'assemblée s'est séparée.
Valette, pasteur; J. Gal, pasteur; A. Gal, pasteur;
Jacques Olivier, pasteur.
— Mss. de Nimes.
I. St-Germain-de-Calberte comptait, à cette date, 3ooo âmes dans «ses
assemblées solennelles.» — Mss. Rabaut, III, C. p. 108 (1768).
432 LES SYNODES DU DÉSERT.
VI.
Celui-ci ratifie l'art. 8 du dernier.
vn.
Les églifes de St- Laurent, Vébron, le mandement de RoufTes, qui
feront deffervies par M. Vallat, lui payeront la fomme de 5oo liv., la
province celle de 200, & pour fon propofant celle de 120, qui écher-
ront à la St-Michel de l'an 1768.
vm.
Le quartier de M. Gabriac l'aîné payera à fon propofant la moitié
de fes honoraires, & la province l'autre moitié, qui écherront aufli
à la St-Michel de l'an 1768.
IX.
Meffieurs les pafteurs ayant rendu compte à l'afTemblée du juge-
ment qu'ils ont porté au fujet de M. Plantier, elle l'a approuvé, &
juge à propos de l'inférer dans fes ades.
« Le corps des pafteurs des églifes réformées des Hautes-Cévennes,
«affemblé le 6* août 1767 pour juger des plaintes portées contre
« M. Plantier, pafteur de l'églife de St-Germain-de-Calberte, l'ayant
«entendu, de même que plufieurs autres perfonnes inftruites& dignes
« de foi, fur tous les chefs d'accufation dont on l'a chargé auprès des
« fupérieurs, l'a trouvé très-répréhenfible d'y avoir donné lieu par fes
« imprudences, la chaffe n'étant point de fon état & le mettant d'ail-
« leurs dans le cas de violer l'ordonnance du commandant de la pro-
«vince au fujet des armes. Il lui a été repréfenté qu'il aurait dû f'en
« abftenir, & qu'il était indifpenfablement obligé de perfévérer dans
« la réfolution qu'il avait déjà prife de ne plus en porter; — qu'à l'égard
« des tentures il était encore forti par certaines démarches inconûdérées
«des fondions de fon miniftère, & que, pour f'y renfermer, il devait
« fe contenter d'inftruire fon troupeau, félon la foi proteftante & dans
« l'efprit de modération que l'Evangile prefcrit. En un mot, fur toutes
« les fautes, dont ledit pafteur f'eft rendu coupable à ces divers égards,
«on ne f'eft borné à lui adreffer une vive cenfure que d'après les
« marques qu'il a données de fon repentir, & il eft fortement exhorté
« à fe conduire déformais d'une manière plus circonfpede, fous peine
«d'interdidion. Et pour prévenir de pareilles plaintes, qui ne peuvent
« qu'élever des foupçons injurieux au corps des proteftants, l'affemblée
SYNODES PROVINCIAUX. 433
« exhorte les pafteurs & leurs troupeaux i!i fe conduire avec toute la
« prudence que leur intérêt & la religion demandent. »
X.
Dès que MM. Molines & Samuel feront arrivés, on allemblera le
fynode pour leur affeder un quartier.
XI.
L'on députe au fyn[ode] du Bas-Lang[uedoc] MM. Gabriac l'aîné
& du Cambon, & à celui des Bafles-Cévennes MM. Plantier & Roche.
XII.
Le quartier de M. Gabriac l'aîné fera compofé des églifes de
Florac, la Salle, St-Julien, Grizac & Barre;
Celui de M. Gabriac le jeune, de celles qui le compofaient l'année
dernière;
Celui de M. du Cambon, de celles qu'il deffervait;
Celui de M. Vallat, des communautés de Vébron, de St-Laurent
& du mandement de Roudes;
Celui de M. Bourbon, des églifes de Meyrueis, de St-André-de-
Valborgne, de St-Martin-de-Camprelade, le Pompidou & Molezon;
Celui de M. Picrredon, de la ville d'Alais & des communautés
du Pin & de St-Sébaftien;
Celui de M. Plantier, des églifes de Genolhac, Chamborigaud,
Vialas & Penens;
Celui de M. Roche, de la Lozère, de Caffagnas, du haut de
St-André-de-Lancize & de la place de Vimbouches.
XIII.
L'églife de St-Germain fera, jufqu'à l'arrivée de MM. Molines &
Samuel, dellervie alternativement par MM. Gabriac l'aîné, Bourbon,
Pierredon, Plantier & Roche; celle de St-Etienne, c'cft-à-dire la
place de la Chapelle, par M. Gabriac le jeune; celle de St-Martin-de-
Lanfufcle, par M. du Cambon, & toutes les trois par le propofant
Combet.
XIV.
Les affaires concernant les églifes, qui furviendront d'un fynode
à l'autre, feront déformais gérées par MM. les pafteurs de la province
& par autant d'anciens, qui feront: d'entre ceux de M. Gabriac l'aîné.
^34 LES SYNODES DU DESERT.
M. Nogaret, de B[arre], & à fon défaut, M. Bofquier, de Flor[ac]; —
d'entre ceux de M. fon frère, le fieur Guy, du Couv[eyron], & à fon
défaut, le fieur Rouv..., de Groffe-Rou[ve] ; — d'entre ceux de M. du
Cambon, le fieur Pafcal, de St-Rom[e], & à fon défaut, le fieur Gros,
du Paf....; — d'entre ceux de M. Vallat, M. Saltet, de F , &à
fon défaut, M. Bancillon de Véb[ron]; — d'entre ceux de M. Bourbon,
M. de Mafbre...., & à fon défaut, M. Planch[on]; — d'entre ceux
de M. Pierredon, MM. Fraiff.... ou Gard....; — d'entre ceux de
M. Plantier, M. Delam[arre], de Chamb[origaud], & à fon défaut,
M. Vieljeuf, de Figer[rolles]; — d'entre ceux de M. Roche, M. Louis
Servière, & à fon défaut, le fieur Bon.... de Felg...; — pour l'églife
de St-Germain & fes annexes, M. Délabra, & à fon défaut, M. Pellet,
de Lavit.
XV.
On impofera fur la province, pour l'année 1767 qui écherra à la
St-Michel, la fomme de fix mille trois cent quatorze livres, favoir :
Sur le quartier de M. Gabriac l'aîné, celle de 872 y/- 5 f
Sur celui de M. Gabriac le jeune, celle de
Sur celui de M. du Cambon, celle de
Sur celui de M. Bourbon, celle de .
Sur celui de M. Pierredon, celle de
Sur celui de M. Plantier, celle de .
Sur celui de M. Roche
63 14 » » »
XVI.
M. Plantier, pafteur, ayant demandé avec inftance changement
de quartier, l'affemblée, malgré les efforts qu'ont faits fes députés pour
le retenir, a répondu favorablement à fes défirs.
Ainfi a été conclu & arrêté les fufdits jours, 16" & 17" fep-
tembre 1767.
Gabriac, pafteur & modérateur; du Cambon, pafteur &
modérateur-adjoint; Ch. Bourbon, pafteur & fecrétaire;
Pierredon, pafteur & fecrétaire-adjoint.
. 872 ))
5 »
872 »
5 »
872 ))
5 »
908 »
5 »'
. 872 »
5 »
. 1044 »
10 »
SYNODES PROVINCIAUX.
435
Synode de Saintonge, Angoumois et Bordelais.
Au nom de Dieu. Amen.
Les églifes de Saintonge, Bordeaux & Angoumois, afTcmblées en
fynode, les vingt & unième & vingt-deu.\ième mai mil fept cent
foixante-fept ', après avoir imploré le fecours divin, ont délibéré ce
qui fuit :
I.
A la pluralité des fuffrages, on a élu pour modérateur M. Pierre
Dugas, pour modérateur-adjoint M. Etienne Gibert, pour fecrétaire
M. Jean Martin, & pour fecrétaire-adjoint, M. Jean Dupuy.
n.
M. Marfoo, miniftrc, fêtant rendu dans cette province en vertu
de la vocation qui lui avait été adreffée, rafl'cmbléc l'admet avec
plaifir au nombre de fes pafteurs, & fait les vœu.x les plus fincères
pour l'heureux fuccès de fon miniftèrc.
Colloque de l' Angoumois du 21 avril lyOy.
Au nom de Dieu. Amen.
I. Les églises du quartier de l'Angoumois, assemblées en colloque le 21 avril
1767, après avoir imploré le secours divin, ont élu pour secrétaire M. Vois Fom-
belle et ont délibéré ce qui suit, savoir :
1. — Conformément à la lettre d'avis que le colloque de Marennes nous a
donnée de la tenue du synode provincial, nous avons nommé à la pluralité des
suffrages M. Martial Fourestier, de Jonzac, pour y assister en qualité de député,
et pour substitut M. Mcrzcau aîné.
2. — L'assemblée, surprise avec raison que le colloque de Marennes demande
que chaque quartier n'envoie qu'un seul député avec son pasteur au synode pro-
vincial, charge celui qu'elle envoie au prochain de demander avec instance qu'il
ordonne qu'à l'avenir chaque quartier en fournira deux, conformément à la disci-
pline qui en accorde la liberté, et à ce qui s'est pratiqué jusqu'ici.
3. — Les églises de l'Angoumois, à cause de l'éloignement où elles sont des
autres de la province, sont fondées à demander qu'elles forment seules le quartier
de M. Martin, leur pasteur, ce qu'elles demandent instamment; cependant, si, par
des raisons qu'on ne peut prévoir, il faut qu'il accorde une partie de son minis-
tère à quelque autre, on y souscrira pour celle de Jonzac et non pour aucune
autre.
4. — L'assemblée, informée que le consistoire de l'église du Louis néglige
de mettre les registres en ordre malgré les instances que M. Martin, leur pasteur,
436 LES SYNODES DU DÉSERT.
ni.
La corruption qui règne dans le monde, & qui ne fe gliffe que
trop dans l'Eglife du Seigneur, nous donnant tout lieu de craindre
les châtiments du Ciel, pour tâcher de les détourner & de porter l'Etre
fuprême à nous continuer les grâces dont il nous comble depuis quel-
ques années, l'affemblée a ordonné un jeûne folennel, que toutes les
églifes de cette province célébreront le 22° novembre prochain.
leur a faites à cet égard, on lui enjoint de travailler incessamment à un ouvrage
aussi intéressant, sous peine d'être vivement censuré.
5. L'assemblée, informée qu'il y a des protestants qui envoyent leurs enfants
à l'école chez les religieux ou religieuses, vu les risques qu'il y a de [les] leur confier,
et que cela est défendu par notre discipline, on enjoint à ceux qui sont en ce cas
de discontinuer sans délai, sous peine d'être suspendus de la Ste-Cène, comme
la discipline le porte, art....
Ainsi conclu et arrêté le jour et an que dessus.
— Mss. de Jarnac.
Colloque de Saintonge et Angoumois du ly décembre ijS-j.
Au nom de Dieu. Amen.
Les églises de Saintonge et Angoumois, assemblées en colloque sous la pro-
tection divine le 17 décembre 1767, après avoir imploré le St-Esprit, ont délibéré
ce qui suit :
1. — A l'unanimité des suffrages, on a élu M. Dugas, pasteur, pour modé-
rateur, et M. Dupuy, pasteur, pour secrétaire.
2. — Malgré la légitimité des raisons qui ont sollicité la tenue de ce colloque, la
compagnie a jugé qu'il convenait de ne rien statuer, vu les circonstances présentes.
3. — Comme il est important et nécessaire que tous les pasteurs se trouvent
aux colloques généraux, ainsi que des députés, anciens de leurs quartiers respec-
tifs, au nombre qui leur est indiqué par ceux qui sont chargés de les convoquer,
on ne peut qu'improuver M. Deloys [Marsoo] de ne s'être pas rendu à celui-ci et
de n'avoir pas informé ses églises de sa convocation; on adresse la même censure
au quartier de M. Martin, mais on n'y comprend pas ledit M. Martin, à cause de
la chute qu'il dit avoir faite.
4. — L'art. 2 du [colloque du] quartier de Marennes, qui demande qu'à l'ave-
nir chaque quartier soit chargé de la convocation des colloques généraux, ayant
été pris en considération, la compagnie n'a pas jugé à propos de l'accorder par
les mêmes raisons qui ont engagé le colloque du 18 septembre 1766, art. 12, à
charger de ladite convocation le consistoire de l'église de Cozes.
La dépense de la présente assemblée, qui se monte à 3oliv., ayant été répartie
sur les cinq quartiers qui composent actuellement la province, M. Jarousseau,
pasteur, a payé pour le quartier de M. Deloys [Marsoo] 6 liv. et M. Dupuy
autant pour celui de M. Martin.
Ainsi conclu et arrêté le susdit jour et an que dessus.
Dugas, pasteur et modérateur; Dupuy, pasteur et
secrétaire.
— Collection A. Palet.
SYNODES PROVINCIAUX.
437
IV.
Les bons témoignages qu'on rend de la régularité de la conduite
du fieur Jcan-Charles Alard, de la province du Périgord, paroiiïe de
Razac, on cft trcs-difpofé à l'admettre au nombre des étudiants de la
province; mais comme on [n']eft pas encore en état de porter un juge-
ment jufte fur fes talents, M. Dugas eft chargé de le prendre avec lui
pour l'examiner de plus près, &, fil lui en reconnaît de fuffifants, il
le fera partir pour le fcminaire, lorfqu'il le jugera à propos.
Colloque de l'Agenais du 8 décembre 176J.
Au St-Nom de Dieu.
Les églises de Tonneins, Grateloup, Fauillet, Puch, Monheurt, St-Germain,
Nérac et ses annexes, assemblées en colloque dans les personnes de leurs députés
et ayant M. Pierre Lanne, pasteur, à leur tcte, après avoir imploré le secours de
l'Esprit-Saint, ont délibéré ce qui suit :
1 . — Sieur Pierre Réau aîné a été nommé, à la pluralité des voix, secrétaire
du colloque.
2. — L'assemblée ayant pris en considération la vive douleur que témoignent
les fidèles de la cessation des assemblées religieuses qu'on a été obligé de faire
pendant quelque temps, à cause des malheureuses affaires de Ste-Foy, consent
qu'on recommence l'exercice du culte public à condition toutefois qu'on s'assem-
blera avec prudence et circonspection, laissant à la prudence des consistoires de
le faire de jour et de nuit les assemblées, suivant l'exigence des cas.
3. — L'assemblée colloquale, vivement pénétrée des maux affreux que
viennent d'essuyer ces églises, convaincue d'un autre côté que c'est l'abus qu'ont
fait les fidèles de l'usage des choses saintes qui ont attiré sur leur tête les désastres
affreux qu'ils viennent d'essuyer et dont plusieurs de leurs membres en exil et en
prison ressentent les douloureux effets, — pour fléchir la colère du Seigneur et
pour lui demander la cessation de tous ces maux, notamment la liberté de nos
prisonniers, elle convoque un jour de jeûne extraordinaire pour le 20 de ce mois.
MM. les anciens auront la bonté d'en avertir les fidèles dans leurs prières.
4. — L'assemblée, instruite que la plupart des fidèles se forment des idées
outrées sur l'exécution de l'ordonnance royale (?) qui enjoint à tous ses sujets de
faire enregistrer leurs enfants sur les registres des églises paroissiales du Royaume,
pour lever tout doute et tout scrupule sur cet objet, exhorte lesdits fidèles à se
conformer à la décision du synode, tenu à Paris en iSSg, qui est rapportée à la
discipline des églises de France.
5. — Le sieur Corbun, de Monheurt, ayant écrit une lettre à l'assemblée
dans laquelle il répète yS liv. 2 s. des avances qu'il avait faites lors du voyage de
M. Dubois, il a été délibéré que l'on prierait M. Laperche de rendre son compte
concernant cet objet; et si le sieur Laperche n'est pas remboursé de toutes ses
avances, on lèvera parmi les fidèles pour en faire le remboursement audit sieur
Corbun.
6. — L'assemblée, informée des débours et des avances qui ont été faits par
plusieurs de ses membres en faveur de la pauvre famille Grombolle, loue le zèle et
la charité de ce premier et donne de justes louanges à la fermeté de ce dernier;
informée cependant que ces personnes qui ont fait ces avances n'ont pas été rem-
boursées, elle exhorte les fidèles à ouvrir leur cœur bienfaisant dans cette occa-
438 LES SYNODES DU DESERT.
V.
Le fils du fieur Vaurigaud, de la ville de Pons, fe rendra dans le
quartier de M. Dupuy, pafteur, avec qui il reliera autant de temps
qu'il fera néceffaire pour qu'il puiffe fainement juger fil a les difpo-
fitions requifes pour parvenir au St-Miniftère ; & lorfqu'il fera fondé
à en rendre de bons témoignages, on l'autorife à demander au fémi-
naire une place pour lui & de l'y envoyer au nom de la province.
sion ; pour les émouvoir avec plus de facilité, elle a nommé pour faire la collecte
de ces avances M. Dubois, pasteur, avec un ancien respectif de chaque église à
son choix et volonté.
7. — L'assemblée prie le sieur Réau, diacre de l'église de Tonneins, de donner
aux anciens de Puch et de Monheurt 36 liv. qui lui avaient été confiées par le
dernier colloque, le déchargeant de cette somme.
8. — L'assemblée ayant pris en considération la demande qu'a faite M. Du-
pouy, ancien et secrétaire des églises de Tonneins-Dessous, de la démission de
ces deux emplois, après l'avoir prié inutilement de vouloir continuer ses deux
emplois, dont il s'est acquitté très-bien, lui a accordé sa demande avec regret, et
nomme à sa place le sieur Michel Pellissier, qui fera dorénavant les fonctions de
secrétaire.
g. — L'assemblée n'ayant pas pu convoquer les églises de Nérac, vu les
tristes circonstances où elles se trouvent, ayant néanmoins invité les sieurs
Laporte, Périsse, le premier, ancien de Nérac, et le second de Feugarolles, prie
ces deux Messieurs de vouloir faire savoir aux églises dont ils sont membres, qu'on
ne les oublie point, qu'on est au contraire touché de leur triste état. En particulier,
elles ont une bonne part au jeûne qu'on va célébrer le 20 de ce mois, et que,
dès aussitôt que les fatales circonstances où elles se trouvent enveloppées seront
évanouies, on leur octroiera le service du pasteur comme par le passé; on prie
aussi lesdites églises de Nérac de célébrer le jeûne convoqué, se souvenir dans ce
jeûne-là de leurs pauvres prisonniers et de continuer à faire éclater en leur faveur
leurs sentiments bienfaisants.
Arrêté le huitième décembre mil sept cent soixante-sept.
P. Lanne, pasteur; Réau, secrétaire du colloque;
Laperche ; Taurou ; Réau ; Dupouy ; Dumatha ;
AuBiÉ; Barbecane; Sourbé; Mensa; Desbarat;
Passet; Laporte; Périsse; Bergereau; Pel-
lissier.
— Collection F. Marquis-Sébie.
Colloque du Périgord et de l'Agenais du 21 décembre 176J.
Notre aide soit au nom de Dieu. Amen.
Les églises du Périgord et Bas-Agenais, assemblées en colloque le 2 1 décembre
1767, après avoir imploré le secours divin, ont délibéré ce qui suit :
1 . — Conformément à l'usage, on a élu, à la pluralité des voix, M. [de] Bécay,
pasteur, pour modérateur; M. Liard, pasteur, pour modérateur-adjoint; et le
secrétaire général occupe sa place.
2. — Lecture ayant été faite d'une lettre écrite par M. Dumas, pasteur du
Haut-Agenais, l'assemblée, prenant en considération sa demande, charge M. le
SYNODES PROVINCIAUX. .30
VI.
Etant informes des funeftcs divifions qui régnent depuis quelque
temps dans l'églife de la Flotte, île de Ré, & requis par une lettre que
M. Gâche, paftcur de ladite églife, nous a écrite, en date du ig*' cou-
rant, de nous employer à les terminer, la compagnie a jugé que la
lettre dudit M. Gâche n'étant écrite qu'en fon propre & privé nom,
modérateur de lui répondre suivant ses désirs et qu'on lui accorde sa demande
jusqu'au prochain synode, sous la condition préalable que les églises du quartier
haut, qui doivent à M. Dupuy, le satisferont conformément à l'art. 1 1 du dernier
synode et non autrement.
3. — Pénétrés de douleur autant que d'étonnement de l'attentat commis, la
nuit du 28 au 29 mars dernier, contre la maison du sieur Curé de Ste-Foy, nous
avons vu avec le plus grand mal au cœur, par la conduite qu'on a tenue, qu'on
soupçonnait des protestants d'avoir été assez oublieux de leurs devoirs pour avoir
trempé dans une entreprise aussi odieuse. Nous sommes bien éloignés de penser
qu'il se soit trouvé parmi nous des gens assez ftinatiques pour s'être portés à de
tels excès. Si cependant, par le plus grand des malheurs, il avait pu se trouver
quelqu'un d'assez peu instruit des principes du Christianisme pour avoir pu
prêter leur main à l'exécution d'un complot aussi odieux, nous déclarons confirmer
les articles du consistoire sur ce sujet, par lesquels il est enjoint à tous les fidèles
de les regarder comme indignes d'être comptés parmi eux, méritant d'en être
séparés comme perturbateurs d[u] repos public ; au surplus, les déclarons incapables
d'occuper à l'avenir aucune charge ou emploi dans l'Eglise; et pour faire concevoir
toute l'horreur d'une telle conduite aux fidèles, lecture du présent article sera
faite dans toutes les sociétés religieuses. En outre, MM. les pasteurs sont instam-
ment exhortés d'insister fortement, tant dans leurs discours publics que dans leurs
entretiens particuliers, sur la soumission entière et sans réserve que les fidèles
doivent aux Puissances supérieures dans tout ce qui n'intéresse pas la conscience,
et que dans le cas où ils ont le malheur de ne pouvoir obéir à leurs ordres, sans
blesser ce qu'ils croient devoir à Dieu, il n'est d'autre voie que la prière, les
larmes, la résignation et la patience à mettre en usage dans les persécutions que
ces ordres peuvent leur attirer, sans qu'il soit jamais permis d'user d'aucun moyen
illicite pour s'en affranchir.
4. — L'assemblée, ayant égard à la demande du consistoire de Montaut (?) et
ce conformément à l'art. 8 du colloque tenu le 24 et 25 juillet 1763, donne le
droit audit consistoire de nommer deux commissaires, lesquels rendront compte
au prochain colloque de leur mission.
5. — Désormais, aucun consistoire ne pourra terminer aucun différend qui
intéressera tout le quartier dont il dépendra, sans préalablement en avoir obtenu
le consentement dudit quartier.
6. — Le consistoire d'Eymet sera tenu de payer la taxe qui lui avait été
imposée ci-devant, et le consistoire de Pardailhan paiera en son particulier celle
qui lui était affectée, sous le nom cependant désormais de consistoire de Duras.
7. — Le quartier de Montaut est chargé de la convocation du prochain
colloque.
Ainsi conclu et arrêté, lecture en ayant été faite, mêmes jour, mois et an que
dessus.
— Mss. de Nîmes.
440 LES SYNODES DU DESERT.
ne nous autorifait pas fuffifamment à en connaître ; cependant, dif-
pofés à faire tout ce qui peut être en notre pouvoir pour rétablir la
paix dans ladite églife, on charge MM. Jarouffeau & Dupuy, pafteurs,
de f'y tranfporter & employer leur médiation au nom de la province,
fuppofé qu'ils en foient requis conformément à la difcipline. Monfieur
le modérateur aura foin d'informer inceffamment M. Gâche de la
préfente délibération.
VII.
Un député ayant propofé le plan d'un formulaire de prières
adapté à l'état des églifes de la province, la compagnie loue les
bonnes intentions de celui qui l'a conçu, & défirant qu'il foit effectué
le plus tôt qu'il fe pourra, charge le confifloire de l'églife de Bordeaux
de travailler inceffamment à fon exécution, & de le faire imprimer en
y ajoutant des prières pour les folennités.
VIII.
Malgré les inftances que les députés de l'Angoumois ont faites
pour porter l'affemblée fynodale à annuler l'art. 7 du fynode de la
province, tenu en 1764, qui laiffe au quartier chargé de la convoca-
tion du fynode provincial la liberté de fixer le nombre des députés
que chaque diftriâ: doit y envoyer (à un ou à deux), on a jugé à propos
de le laiffer fubfifter jufqu'à nouvel ordre.
IX.
Le fieur Frouin, du bourg de Mornac, n'ayant pas obfervé, dans
les plaintes qu'il a portées à la préfente affemblée, les formalités pref-
crites par l'art. 5 du fynode provincial de 1764, on ne peut prendre
en confidération les deux mémoires qu'il lui a adreffés, devant être
d'abord portés au colloque d'où dépendent les parties qui y font
intéreffées.
X.
Lefture ayant été faite d'une lettre de M. C[ourt], par laquelle il
nous informe qu'il a déterminé un illuftre avocat à compofer un
mémoire propre à faire valider nos mariages par arrêt du Confeil, la
compagnie, fentant la néceffité de l'exécution de ce projet, verra avec
la plus vive reconnaiffance qu'un tel mémoire foit mis au jour, &
rengage à contribuer aux frais néceffaires pour cela. Elle charge, en
conféquence, M. Dugas, pafteur, d'écrire inceifamment audit M. C[ourt]
SYNODES PROVINCIAUX. ^,
pour l'informer de nos difpofitions à cet égard & le prier de nous
marquer à quoi pourrait fe monter au total ces frais, afin que notre
province lui faffe compter fa quote-part, lorfqu'il fera ncceffaire. Elle
charge en outre M. Dugas d'informer l'auteur de ladite lettre, que, fi
l'ouvrage en queftion produit l'effet défiré, notre province fe prêtera
auffi avec empreffemcnt à la coUedion d'une fomme fuffifante pour
récompenfer libéralement ceux qui contribueront à nous procurer ce
grand bien.
XI.
Pour qu'il y ait de l'uniformité dans la réception des anciens, on
charge le confiftoire de Bordeaux de compofer un formulaire à ce
fujct & de le faire imprimer à la fuite de celui dont il Tagit, dans
l'art. 7 des arrêtés de la préfente alfemblée.
XII.
Le fieur Larante, du bourg d'Arecs, ayant été fommé de dire la
vérité fur la demande que lui fait M. Gibert l'aîné de la fomme de
quinze cent trente-cinq livres, & affirmant folennellement qu'il ne doit
pas ladite fomme, la compagnie, quoiqu'il lui ait paru pardiverfes cir-
conftances qu'il eft probable qu'il la doit, n'a pas cru néanmoins devoir
l'en rendre comptable, d'après ladite affirmation; en conféqucnce, le
renvoie au jugement de Dieu & de fa confcience. Bien entendu, toute-
fois, qu'ayant avoué lui-même avoir confié un fac de looo liv. à feue
Mad[ame] la veuve Renaudin, d'Avallon, pour être remis audit fieur
Gibert, fans que celui-ci lui en eût donné ordre, ledit Larante les
lui fera compter le plus tôt qu'il pourra, fi ledit fieur Gibert déclare
folennellement ne l'avoir pas reçu ; à quoi il fefl engagé. Et vu le
fcandale qui pourrait réfulter d'après un tel différend fi ledit fieur
Larante continuait l'office de lecleur dans l'églife de Cozes, on le lui
interdit jufqu'à nouvel ordre.
xni.
M. Gibert l'aîné réclamant, par une lettre qu'il a écrite à M. Ja-
rouffeau, pafteur, que notre fynode f'intcreffe pour lui faire payer
la fomme de 700 liv. qu'il expofe avoir prêtée, il y a longtemps, au
fieur Jean Texier, de la paroilfe de Bonneuil, ainfi que celle de 200 liv.
qu'il dit avoir avancée à l'églife de Jonzac, pour les réparations de la
maifon d'oraifon, l'affcmblée, reconnailfant la juftice de ces demandes
à cet égard, exhorte & enjoint à ladite églife de faire fon poffible pour
442
LES SYNODES DU DESERT.
fatiffaire au plus tôt ledit Gibert ; & par rapport audit Texier, elle
charge M. Martin, pafteur, de fintéreffer pour le porter à rembourfer
audit fieur Gibert ce dont il lui eft redevable.
XIV.
Les quartiers refpedifs de Meffieurs les pafteurs feront, jufqu'à
nouvel ordre, compofés de la manière fuivante, favoir :
Celui de M. Martin des cinq églifes de l'Angoumois & de celle
de Jonzac;
Celui de M. Marfoo, dit Deloys, de celle de Pons, Gémozac,
St-Fort, Mortagne & St-Savinien;
Celui de M. JarouiTeau des églifes de Royan, Courlay, le
Pouyaud, Didonne, Mefchers & Cozes;
Celui de M. Dugas, de LaTremblade, Avallon, Paterre, Breuillet
& Mornac;
Celui de M. Dupuy, de celles de Marennes, la Pimpelière, Luzac,
Nieulle, Souhe, le Port des Barques & Rochefort '.
XV.
A la pluralité des fuffrages, il a été décidé qu'à l'avenir chaque
quartier paiera les honoraires du pafteur qui lui fera affedé, & comme
celui dont M. Marfoo eft chargé pourrait être aétuellement hors d'état
de les lui faire en entier, il a été arrêté que, fi cela eft, l'églife de Jonzac
y contribuera pour 1 5o liv. à compte de la fomme de 280 liv. pour la
taxe des honoraires, fous la condition qu'il y fera quatre tournées
par an.
I. La Rochelle, comme on l'a dit, formait une circonscription à part, et ses
actes synodaux font défaut. Mais son organisation se complétait de jour en jour,
et sa vieille église reprenait corps, parallèlement à la reconstitution de celles de
Saintonge et du Poitou. «Nous jouissons, grâce à Dieu, de la plus grande tran-
quillité, écrivait-on le 22 décembre 1767, et depuis 7 à 8 mois nous avons en ville
une vingtaine de maisons où l'on s'assemble tous les dimanches, matin et soir,
pour la lecture de la parole de Dieu, sermon et chant des psaumes, aussi librement
qu'à Amsterdam. Le pasteur va à tour de rôle dans chaque société composée de
5o, 60 à 80 personnes, et tout s'y passe le mieux du monde On ne nous in-
quiète plus pour le baptême de nos enfants, et, à cet égard, nous pouvons dire
que nous ne l'avons jamais été dans les commencements, comme il y avait lieu
de le craindre.... Les protestants des provinces voisines, Saintonge et Poitou, sont
aussi tranquilles que nous. Ceux de la première ont toujours leurs temples en
plein exercice et les pasteurs sont reconnus pour tels par les prêtres de la religion
dominante et jouissent de la plus grande liberté. En Poitou, ils s'assemblent dans
les campagnes au nombre de 3 à 400 âmes pour prier Dieu. » — Les protestants
Rochelais, par M. de Richemond, (1866).
SYNODES PROVINCIAUX. 443
XVI.
L'augmentation qui doit fc faire dans les quartiers refpedifs, à
l'occafion de l'arrivée de M. Marfoo, pafteur, ne devant prendre fon
commencement qu'à la St-Jean prochaine, on charge M. Dugas, paf-
teur, de compter audit M. Marfoo, en dcdudion de ce qu'il doit aux
églifes, la fomme de 333 liv., au moj'cn de quoi ledit fieur Marfoo fe
trouvera payé de ce qui lui fera dû jufqu'au temps exprimé ci-de(l'us.
xvu.
Le fynodc, informé par les députes des églifes de l'Angoumois
que celle du Louis n'a pas payé les honoraires auxquels elle a été
taxée depuis 1764, la cenfure grièvement fur ce fujet, & lui enjoint de
payer les arrérages qu'elle doit fuivant fa taxe, & ce, dans le courant
de cette année; faute de quoi, ordonne à M. Martin de lui refufcr fon
miniftère, à moins qu'il ne veuille fe charger lui-même de répondre
defdits arrérages.
xvni.
Pour payer les pcnfions de M. Court ' & de Mad[ame] la veuve
Bétrine, de la préfente année, qui écherront, la première à la St-Jean
prochaine, & la féconde au 27° feptcmbre fuivant, M. Jarouffeau eft
chargé de compter à l'églife de Bordeaux, en acquit de la quote-part
de la Saintonge & Angoumois, la fomme de 46 liv. 6 f. 8 d.
1. Les églises de Saintonge furent toujours fidèles à Court de Gébelin et à
l'œuvre qu'il avait entreprise. Tandis que le Languedoc le discutait ou le tenait
en suspicion, et que le Vivarais (voy. p. 457) supprimait la modique pension que
son synode lui aJlouait, la Saintonge, de même que le Poitou, reconnaissait ses
services par un dévoûment qui ne se démentait pas. N'était-ce pas d'ailleurs à
cette date que cet esprit, toujours en éveil et bien en avance sur la plupart de ses
coreligionnaires, après avoir repris, en 1766, l'idée d'un journal protestant, sous le
titre L'Observateur protestant (idée déjà vieille, car dès 1761, Paul Rabaut deman-
dait à l'église de Bordeaux de s'informer auprès des consistoires de la province,
s'ils seraient d'avis de souscrire à une Galette, dont le directeur serait l'auteur
des Mariages clandestins des protestants, et qui paraîtrait tous les mois pour
défendre les intérêts des églises), revenait à la charge, formait une nouvelle com-
binaison (1767) pour lancer Les Nouvelles politiques protestantes, à raison de
2 liv. par mois, ou 24 liv. par an. «Vous comprenez, cher ami, que cette Galette
serait un détail de tout ce qui arrive aux protestants pour lesquels travaille notre
ami; non seulement cela, mais on rendrait compte de tous les livres à leur sujet,
de tout mémoire ou brochure qui y aurait rapport: on donnerait des morceaux
de leur histoire, on ferait leur apologie, on attaquerait l'intolérance dans ses der-
niers retranchements.» — Voy. Bullet. t. I, p. 394.
444
LES SYNODES DU DESERT.
XIX.
A la réquifition de divers députés, on recommande très-expreffé-
ment l'obfervation de l'art, g du colloque du 26° janvier 1764, por-
tant fufpenfion de la Ste-Cène contre ceux qui fréquentent les cabarets,
qui fe livrent au jeu & à la danfe le jour du Dimanche.
XX.
La compagnie n'a pas cru qu'il fût néceffaire de prendre en con-
fidération la demande que M. Thomas de RioUet lui a faite par fa
lettre du 18' avril dernier.
XXI.
Le quartier de M. Marfoo eft chargé de la convocation du pro-
chain fynode.
Ainfi conclu & arrêté lefdits jours & an que deffus.
DuGAS, pafteur & modérateur; Gibert jeune, pafteur
& mode'rateur-adjt ; Martin, pafteur & fecrétaire ;
DupUY jeune, fecrétaire-adjoint.
Synodes provinciaux de 1768.
Synode du Bas- Languedoc.
Au nom de Dieu soit fait. Amen.
Articles du fynode provincial du Bas- Languedoc, ajjfemblé au
Défert, le qualrième mai mil J'ept cent foixante-huit, au nombre de
vingt pajleurs de la province & de vingt-neuf anciens, députés par les
églifes.
V. St-Nom de Dieu invoqué, ont été élus, à la pluralité des
fuffrages , MM. Paul Rabaut, pafteur, pour modérateur,
& Jean Pradel, auffi pafteur, pour modérateur-adjoint;
MM. Pierre Encontre, pafteur, pour fecrétaire, & André
Baftide, de même pafteur, pour fecrétaire-adjoint.
II.
Nos églifes ayant à peu près les mêmes raifons de f'humilier
extraordinairement que l'année dernière, il a été arrêté qu'elles célé-
breront un jeûne folennel le 8" feptcmbre prochain; & en cas [que]
la pluie y formât un obftacle infurmontable, les fidèles f'humilieront
Colloque général des églises réformées du Haut- Languedoc
assemblé le 1'='' juin 1-68.
Au nom de Dieu soit fait. Amen.
1. — Ayant soumis à la pluralité des voix la nomination de MM. les pas-
teurs qui doivent former la table, M. Sicard aîné a été élu pour modérateur,
M. Sicard le jeune pour modérateur-adjoint, M. Gardes pour secrétaire, et
M. Crebessac pour secrétaire-adjoint.
2. — MM. Faure et Bonifas, ministres, ayant déféré à l'injonction que leur
fit notre dernier colloque de revenir dans le sein de ces églises, ils ont été agrégés
au nombre des pasteurs de cette province avec d'autant plus d'empressement que
les idées très-avantageuses que nous avons pour ces Messieurs nous sont con-
446 LES SYNODES DU DÉSERT.
en particulier; à quoi ils feront exhortés quelque temps à l'avance,
comme aufli à revêtir les difpofitions qui peuvent rendre ce jeûne
agréable au Seigneur.
ni.
Sur la demande de l'églife de Nîmes, appuyée par un mémoire,
& tendant à obtenir l'établifTement d'un féminaire pour former des
jeunes gens au St-Miniftère, toute l'affemblée, reconnaiffant le grand
bien qu[i] en réfulterait, & n'étant pas aftuellement en état de fournir
aux frais que demanderait cet établiffement, Meflieurs les pafteurs &
anciens fe font engagés à faire tout ce qui fera en leur pouvoir pour
porter les églifes qui leur font confiées à f 'élargir, autant qu'il leur fera
firmées par les amples témoignages qu'ils ont portés du pays étranger, et dont la
teneur est ci-après :
Attestation pour M. Etienne Faure.
«Nous, soussignés, déclarons à qui il appartiendra que M. Etienne Faure, dit
<i Gerson, de Revel, dans le Haut-Languedoc, ayant séjourné dans cette ville et
(I dans notre académie pendant un temps assez considérable et s'étant appliqué à
<i y continuer ses études en philosophie, morale et théologie, nous a priés de vou-
<i loir bien examiner les progrès qu'il aurait faits dans ces diverses sciences, et
(c qu'il nous plût en conséquence, si nous l'en jugions digne, de lui conférer le
« caractère de ministre du St-Evangile, pour l'exercer selon les principes de notre
«sainte et bien-heureuse réformation, partout où il y sera légitimement appelé;
n sur quoi, et après mûre délibération, nous nous sommes d'autant moins fait de
« peine d'acquiescer à sa demande juste et raisonnable que nous le savons issu
« d'une honnête famille protestante, qu'il nous a toujours paru avoir de bons
<c principes, que ses mœurs ont été pures, et que nous avons reconnu en lui les
<i dispositions et les sentiments convenables au but excellent auquel il aspire.
« C'est pourquoi, après l'avoir examiné avec beaucoup de soin, nous avons été
« très-satisfaits de ses connaissances, de sa piété et de l'onction qu'il a fait paraître
« dans ses diverses épreuves, en sorte que [nous] nous sommes fait un vrai plaisir
(( de le consacrer par l'imposition des mains au St-Ministère évangélique, selon les
«canons apostoliques, le 29 octobre 1767. Nous implorons avec ardeur la béné-
« diction de Dieu notre Père sur sa personne et sur son ministère, le recomman-
(c dant à la bienveillance de nos chers frères en Jésus-Christ et à la tendre affec-
« tion des églises qui lui adresseront une vocation pastorale. En témoignage de
«quoi, nous nous sommes signés, le président et le secrétaire au nom de tous.
«A Lausanne le dix-huit février mil sept cent soixante-huit.
« Samuel Secrétan ; Polier de Bottens, doyen et président. »
Attestation pour M. Louis Boni/as.
<c Nous, soussignés, déclarons à qui il appartiendra que M. Louis Bonifas, dit
« Laroque, de Castres, dans le Languedoc, ayant séjourné dans cette ville et dans
« notre académie pendant plus de trois années, et s'étant appliqué à y continuer
« ses études en philosophie, morale et théologie, nous a priés de vouloir examiner
« ses progrès dans ces diverses sciences et de lui conférer, si nous l'en jugions
<i digne, le caractère de ministre du St-Evangile pour l'exercer selon les principes
SYNODES PROVINCIAUX. 447
poflible, afin de concourir à une œuvre aufli excellente; & comme la
manière dont on préfentc le plan dudit fciminairc, dans le mémoire
qui a été lu, les raifons dont y ctayc ce projet étant très-propres à
faire imprcflion, l'églife de Nîmes eft priée d'en fournir des copies
aux chefs-lieux des colloques, qui en feront part aux diftriéls de leur
reffort. Tout cela fait & les députés venant, préparés là-deffus, au
prochain fynode, il y fera ftatué ce qu'il appartiendra.
IV.
Sur ce qui a été repréfcnté de l'irrévérence avec laquelle quantité
de perfonnes aiïîftcnt à l'adminiftration du St-Baptême, & d'un abus
qui f'eft gliffé au fujet des parrains & des marraines, ou infirmes ou
(1 de notre sainte et bienheureuse réformation, partout où il sera légitimement
«appelé; sur quoi, et après mûre délibération, nous nous sommes d'autant moins
«fait de peine d'acquiescer à sa demande juste et raisonnable que nous le savons
« issu d'une honnête famille protestante, qu'il nous a paru toujours avoir de bons
(I principes, que ses mœurs ont été pures, et que nous avons trouvé en lui les dis-
II positions et les sentiments convenables au but excellent auquel il aspire. C'est
«pourquoi, après l'avoir examiné avec beaucoup de soin, nous avons été très-
« satisfaits des connaissances, de la piété et de l'onction qu'il a fait paraître dans
«SCS diverses épreuves, en sorte que nous nous sommes fait un vrai plaisir de le
«consacrer par l'imposition des mains au St-Ministère évangélique, selon les
«canons apostoliques, le 29 octobre 1767. Nous implorons ardemment la béné-
« diction divine sur sa personne et sur son ministère, le recommandant à la
« bienveillance de nos chers frères en Jésus-Christ, et à la tendre affection des
« églises qui lui adresseront une vocation pastorale; en témoignage de quoi nous
« nous sommes signés, le président et le secrétaire au nom de tous.
0 A Lausanne le dix-huit février mil sept cent soixante-huit.
0 Samuel Secrétan ; Polier de Bottens, doyen et président. »
3. — Chacun des cinq pasteurs, qui sont en exercice, desservira à l'avenir un
quartier particulier, qui lui sera propre pendant une année, c'est-à-dire que
M. Gardes sera affecté à celui de Vabre; M. Sicard le jeune à celui de Castres;
M. Crebessac à celui de Mazamet; M. Faure à celui de Lacaune, et M. Bonifas
à celui de Puylaurens, jusqu'au colloque qui se tiendra pour le plus tard au mois
de mai prochain.
4. — Il est statué, qu'autant qu'il se pourra, chaque pasteur prendra un
domicile dans son quartier et que ses églises lui paieront 3oo liv. annuellement
pour servir à son entretien, lesquelles 3oo liv., indépendantes des 5oo liv. de son
honoraire, seront payables de six en six mois par avance, à compter du premier
juillet prochain.
5. — M. Crebessac, pasteur, ayant demandé un congé pour aller chez lui, on
lui a accordé deux mois.
Ainsi conclu et arrêté les jour et an que dessus.
SiCARD, pasteur et modérateur; Sicard le jeune, pasteur
et modérateur-adjoint; Gardes, pasteur et secrétaire;
Crebessac, pasteur et secrétaire-adjoint.
— Mss. de Vabre.
448 LES SYNODES DU DÉSERT.
trop avancés en âge, — pour y remédier autant qu'il fera poffible, les
pafteurs, conformément à l'art. i5 du chap. xi de la difcipline, auront
foin de faire connaître aux fidèles quel eft le refped qu[i] eft dû au
premier facrement du chriftianifme, & ils exhorteront les pères & les
mères, qui auront choifi pour parrains & marraines des perfonnes trop
infirmes ou trop âgées pour pouvoir remplir les engagements que l'on
contrade en pareil cas, de leur affocier des perfonnes moins âgées
pour prendre les mêmes engagements; & les uns & les autres feront
infcrits dans les regiftres. Au furplus, les pères qui auront des enfants
à baptifer en avertiront d'abord, autant qu'ils feront à portée, un
membre du confiftoire, & lui nommeront le parrain & la marraine,
afin que dans le cas [où] ceux-ci ne fuffent point compétents, on eût le
temps d'en choifir d'autres'.
V.
Les députés de l'églife de Nîmes ayant encore expofé que la
plupart des malades de la fufdite églife demandent qu'on leur admi-
niftre la Ste-Cène, & qu'il eft à craindre, fi on répond à leur de-
mande, que cet ufage ne dégénère en abus & n'opère une fuperftition
dangereufe, — défirant que la vénérable affemblée voulût dreffer un
article qui traçât la conduite que l'on doit tenir à cet égard, la compa-
gnie, confidérant que cette matière mérite une ample difcuffion & qu'il
eft à défirer qu'on ait à ce fujet une règle générale & commune à toutes
les églifes du Royaume, l'examen en eft renvoyé au prochain fynode
national qui fera prié de ftatuer là-deCTus ; & en attendant, les confiftoires
en agiront félon leur prudence.
VI.
La compagnie, reconnaiffant de plus en plus l'extrême néceflité
que chaque églife ait un regiftre exa6t des baptêmes & des mariages
qui ont été & qui pourront fe célébrer dans leur fein, enjoint aux
pafteurs & aux anciens de tenir la main à ce qu'il f'en tienne à l'avenir,
1. On trouvera plus loin la reproduction de la gravure de Boze, représentant
une assemblée au Désert, aux environs de Nîmes. De même qu'à Montpellier,
l'intendant fit faire des observations au sujet de l'éclat de ces assemblées, où les
protestants se rendaient, en plein jour, portant des chaises, des pliants, des bancs.
Rabaut répondit au subdélégué qu'il recommanderait d'éviter le bruit, et que,
d'accord avec le consistoire, on avait pris des mesures pour empêcher qu'on
n'apportât des bancs à l'avenir. « Je ferai, disait-il, tout ce qui sera en mon pouvoir
pour que tout aille selon les intentions de M. le prince de Beauvau, non-seule-
ment en cette occasion, mais en toute autre. — Sujet soumis, zélé patriote, la
volonté du Roi et le bien public seront toujours, comme elles l'ont été, les règles
de ma conduite. " — Mss. Rabaut, III, C. p. loi (Mars 1768I.
SYNODES PROVINCIAUX. 44q
là où on l'a négligé; & pour le palfé les pafteurs fourniront le plus tôt
poflibledes extraits de ce qu'ils ont fait dans chaque communauté, à la
charge que, conformément à l'engagement qu'ont contradc Meffieurs
les députés, il fera payé pour la main du copifte 2 liv. 10 f. pour cent.
vu.
L'on répond à la demande du confiftoire de l'églife de Sommières,
que les circonftances n'étant pas les mêmes pour tous les fiancés, c'eft
aux confiftoires à juger fi certains mariages doivent être bénis en par-
ticulier ou en public; quant à la publication des bans, la difcipline
eccléfiaftique doit fervir de règle.
vm.
Conformément à ce qui fut arrêté dans un précédent fynode de
cette province, le quartier des pafleurs efl bien libre d'y envoyer un
ou plufieurs députés, mais toutes les églifes dudit quartier font obli-
gées de contribuer aux frais de la députation, à proportion de ce que
chacune fournit pour la taxe du St-Miniftère.
IX.
Sur l'art. 2 du colloque de Montpellier, ledure faite d'un mé-
moire envoyé par trois anciens du lieu de St-Pargoire, & le député
de l'églife de Canet entendu, ainfique celui de Montagnac, l'affemblée
efl d'avis que déformais Montagnac formera une églife, St-Pargoirc
& Valmagne une autre, & que Vendémian, Plaiffan, Afpiran ' &
Gignac continueront d'être annexés à l'églife de Canet. Les deux
premières églifes font exhortées à fe favorifer réciproquement dans
l'emplacement des lieux où fe tiendront les affemblées.
X.
MM. Paul Rabaut & Pierre Sauffine, pafleurs, ayant rendu
compte de la manière dont ils remplirent avec leurs aflbciés la com-
miiïion que notre précédent fynode leur donna de fe tranfporter dans
l'églife d'Uzès, pour terminer les différends qui y étaient furvenus,
l'affemblée en a été fatiffaite & a applaudi à la prudence, à la fageffe
& au zèle que ces Meffieurs ont manifeflés en cette occafion.
XI.
Sur les plaintes du confifloire d'Uzès contre le fieur Efpérandieu,
qui a refufé jufques ici de lui remettre le regiflre des mariages & des
I. Communes des cantons de Gignac et de Clermont (Hérault).
2y
45o LES SYNODES DU DESERT.
baptêmes qu'il a entre les mains, les députés de ce confiftoire entendus,
les pièces qu'ils ont remifes lues, de même que la lettre dudit fleur
Efpérandieu adreffée à cette affemblée, — pefé encore ce qu'un pafteur
a dit pour le défendre, tout confidéré, il a été jugé, à la pluralité des
fuffrages, que ledit regiftre appartient à l'églife, & qu'ainfi ledit fleur
Efpérandieu efl: obligé de le remettre au confiftoire; à quoi l'affemblée
l'exhorte fortement. Que fi, contre ce jugement, il f'obftinaii à le
refufer, cela ne devrait point préjudicier aux droits de M[ad]ame la
veuve Teiflier, qui doit être payée fans délai.
XII.
En conformité de l'art. 6 des ades du préfent fynode, M. le
pafteur Pradel ayant remis à M. Paul Rabaut, pafteur, les mémoires
des baptêmes & des mariages qu'il a célébrés dans la ville d'Uzès,
ledit M. Rabaut eft chargé de retirer, foit le montant des frais du
copifte, foit les 1 36 liv. que l'églife d'Uzès refte devoir audit M. Pradel,
en même temps que ledit M. Rabaut remettra les fufdits mémoires à
un ancien de l'églife d'Uzès; & dans le cas [qu'il] fe trouvât quelque
mémoire qui eût befoin d'explication, M. Pradel f 'engage à la donner
d'après fon regiftre, comme aufti à figner & à collationner tous & un
chacun les articles le concernant, auflitôt que l'églife d'Uzès aura fait
fon regiftre.
XIII.
La demande de Mad[ame] Teiffier, tendant à obtenir d'être mife
dans le catalogue des veuves de pafteur qui ont befoin d'être pen-
fionnées, eft accordée; en conféquence, l'afl'emblée lui a fixé une
penfion annuelle de 200 liv., qui feront complètement dues au premier
mai prochain, & elle fait bien des vœux pour fa confolation.
XIV.
Le fynode voudrait bien que les églifes de la province fuffent en
état d'accorder à toutes les veuves des pafteurs des penfions plus con-
fldérables; mais avec toute fa bonne volonté il eft forcé de réduire
celle qui avait été aflignée à Mad[ame] la veuve Guizot à 200 liv.,
pour l'année qui a commencé le premier du courant.
XV.
Sur la plainte de M. Bouët, pafteur, portant qu'il n'a pas été payé
comme il aurait dû l'être, fuivant l'art. 9 du colloque d'Uzès, tenu le
5' août 1766, la compagnie ordonne que cet article fera exécuté félon
fa forme & teneur.
SYNODES PROVINCIAUX. 45,
XVI.
Lorsqu'une églife ou un diftrid changeront de pafteur, le nouveau
pafteur ne pourra percevoir fcs émoluments que préalablement fon
prédécefTeur n'ait reçu fon entier honoraire.
XVII.
Il n'y a pas lieu de douter, attendu les preuves qui ont été pro-
duites, que le quartier de feu M. Gibert ne doive ù fes héritiers la
fomme de 800 liv., pour l'année échue le i" mai 1767; en confé-
quence, les anciens dudit quartier auront foin de compter incef-
famment ce qui eft dû.
xvra.
Les étudiants feront examinés deux fois l'année, c'eft-à-dire de
fix en fix mois; ce feront les pafteurs du colloque dans le diftrid
defquels fc trouveront les étudiants qui en feront l'examen, après en
avoir donné avis à leurs confiftoires, pour favoir fils n'ont rien à dire
fur leur compte, & lefdits pafteurs feront autorifés à renvoyer ceux
d'entre eux qui manqueront de talents ou de mœurs, & les colloques
pourront les faire monter au grade de propofants, fils les en jugent
dignes.
XIX.
Les églifes qui n'ont pas encore fourni leur contingent, foit pour
le paiement des dettes mortes, foit pour l'entretien des étudiants,
auront foin de f exécuter inceffammcnt, & font averties d'apporter à
l'avenir la plus grande exaditude à facquitter de ce devoir.
XX.
Les églifes de Canet, Valmagne & Montagnac paieront par égale
part ce qui leur eft impofé des dettes mortes de la province, & toutes
les autres églifes comme l'année dernière.
XXI.
Quoique Meflieurs les pafteurs & députés des diftrids dont il va
être queftion aient expofé de fortes raifons pour que ces diftrids
reftent tels qu'ils font, cependant la compagnie a cru devoir y faire
quelque changement, & elle a ajouté au quartier de M. Lafon les lieux
de Montèze & de St-Chriftol; a compofc celui de M. Périer des églifes
de Lézan, de Lédignan, & des communautés de Ribaute, les Tavernes,
Domeffargues, MaurelTargues & Montagnac; & a annexé à celui de
M. Encontre celui de Boucoiran, de Nozières, de TEglife & de Laval;
bien entendu que les endroits annexés n'auront des affemblées qu'à
452 LES SYNODES DU DÉSERT.
proportion de ce qu'ils paieront du miniftère. Pour concourir à cet
engagement, M. Pierre Sauffine f'eft engagé à faire cinq affemblées
dans le quartier de M. Encontre.
Ainfi conclu & arrêté le 7° mai 1768.
Paul Rabaut, part'' & modérât''; Pradel, paft"" &
modérat'-adj'; Encontre, part"' & fecrétaire; Bastide,
paft"- & fecréf«-adjt .
Synode des Basses-Cévennes.
Au nom de Dieu soit fait. Amen.
Le fynode de la province des Baffes-Cévennes, affemblé le vingt-
ième feptembre mil fept cent foixante-huit ', compofé des pafteurs
& anciens, députés de leurs églifes, après avoir nommé pour modé-
rateur M. Jean Gai, pafteur; pour modérateur-adjoint M. Paul
Dalgue , pafteur ; MM. Antoine Gai & Paul Marazel, pour fecré-
taires, & imploré le fecours de Dieu, a délibéré ce qui fuit :
I.
Qu'il fera célébré un jeûne d'humiliation & de repentance le
23° du mois d'odlobre prochain, & en cas de pluie ce jour-là, il fera
célébré le dimanche fuivant.
Colloque de l'Agenais de i-j....
Au St-Nom de Dieu. Amen.
I . Les églises de Tonneins-Dessous, Fauillet, Grateloup, St-Germain, Puch
et Monheurt, assemblées en colloque, après avoir imploré le secours divin, ont
délibéré ce qui suit :
I . — Le diacre de l'église de Tonneins ayant représenté que le peu de fonds
qui rentrait à la caisse des pauvres et le grand nombre de billets fournis à divers
pauvres, quoique très-modiques, absorbait en peu de temps toutes les remises
qui lui étaient faites, et laissait particulièrement les malades sans soulagement
qui, seuls, exigeraient les secours accordés souvent à des personnes qui pourraient
SYNODES PROVINCIAUX.
453
II.
Qu'à l'avenir les colloques auront tour à tour la convocation du
fynode, fous la condition qu'on choifira le lieu accoutumé, autant
que faire fe pourra.
m.
M. J. Gai, pafteur de Ganges, ayant obfervé que les pfaumes
n'étaient pas toujours chantés dans nos faintes affemblées avec toute
la décence que cet ade du culte divin demande, il a été délibéré que
Meffieurs les pafteurs exhorteraient leurs troupeaux à fe conformer, à
cet égard, à l'art. 1 1 du chap. x de la difcipline & que lecture en fera
faite à la tête de nos aiïemblées religieufes.
IV.
Après la tolérance dont le Seigneur nous a fait jouir & que nous
efpérons qu'il voudra bien nous continuer, il a été arrêté que les
pafteurs feront fixés dans leur églife jufqu'à leur mort, autant que
faire fe pourra; & fil arrive que les pafteurs deviennent infirmes ou
hors d'état de pouvoir remplir leurs fondions, leur églife fera pourvue
d'un jeune pafteur, pour être adjoint à l'ancien pafteur, & fi ladite
églife ne pouvait fournir à l'entretien de tous les deux, les autres
églifes de la province lui prêteront fecours.
mieux qu'eu.\ se procurer leur besoin, — l'assemblée, ayant pris en conside'ration
le rapport des anciens de ladite église ainsi que celui des autres églises, a trouvé
à propos de restreindre les mandats pour la distribution des deniers des pauvres en
faveur seulement des malades ou vieillards, ou autres personnes dans l'impossibi-
lité de se procurer du secours , en attendant qu'on puisse se procurer par ailleurs
du soulagement pour les autres; en conséquence, MM. les anciens n'en délivreront
aucun qu'à des personnes connues dans le cas ci-dessus, et [seront tenus] de les
livrer suivant le besoin actuel, afin de pouvoir en fournir à tous ceux qui se trou-
veront dans le cas.
2. — De plus, elle trouve à propos pour fournir du secours aux malades et
vieillards, qui souffrent très-souvent pour ne pas oser se montrer, de nommer
dans chaque consistoire, suivant leur étendue, un certain nombre de personnes
du sexe connues par leur zèle et leur probité pour veiller à leurs besoins, le rap-
porter au consistoire pour leur fournir le secours nécessaire, et même pour col-
lecter pour eux, chacune dans l'étendue qui leur sera fixée, à chacun des quartiers
sur lesquels elles devront avoir loi, au cas que la bourse des pauvres fût insuffi-
sante; en conséquence, chaque église nommera le nombre des personnes qu'exi-
gera son étendue, et dès qu'ils l'auront fait, M. le pasteur demandera en leur
faveur la confiance des fidèles de chaque église à la première assemblée.
3. — L'église de Laparade et quelques annexes ayant, depuis bien des jours
et à plusieurs reprises, sollicité le service de M. Lanne, notre cher pasteur, dési-
rant se joindre à ces églises pour participera son ministère, si l'assemblée voulait
le lui accorder, MM. les anciens de Grateloup nous ont fait part de leur grand désir
à ce sujet, désir qu'ils ont manifesté plusieurs fois vis-à-vis M. Lanne, notre pasteur.
454 LES SYNODES DU DÉSERT.
V.
II a été délibéré que M. Lavernède, pafteur des églifes de Mialet,
Thoiras & Corbés, fera continué dans lefdites églifes.
VI.
MM. Jacques Barre & Louis Bernard ayant préfenté les témoi-
gnages avantageux dont Meilleurs les refpedables diredeurs du
féminaire de Laufanne les avaient munis, fait ledlure chacun d'un
fermon & d'une analyfe fur des textes qui leur avaient été donnés par
le colloque d'Anduze, répondu aux queftions que Meffieurs les
pafteurs leur ont faites à la fatiffadion de l'affemblée, ils ont été reçus
au St-Miniftère & au nombre des pafteurs de la province.
vu.
Le fecrétaire du fynode aura foin à l'avenir de faire paffer une
copie des délibérations fynodales dans chaque colloque le plus tôt
poffible.
Comme l'assemblée a envie d'éviter, autant qu'il se pourra, que la malheureuse
division qui a affecté ces églises ne s'augmente, [elle] n'est pas d'avis d'accéder
à leur désir, sans préalablement connaître la légitimité de leur demande, vu qu'ils
ont été desservis et le sont encore par M. Renateau; et comme lesdites églises
devaient se trouver par députés dans la présente assemblée et qu'ils n'y ont pas
encore paru, sans doute à cause du mauvais temps, ou qu'ils pourraient avoir
changé, l'assemblée donne pouvoir au consistoire de Tonneins, dûment assemblé,
de les entendre, de leur accorder ou refuser, s'il le juge à propos, s'en remettant
au zèle de ladite compagnie.
4. — MM. Jean Marreau, Jean Montillau, Pierre Cazabonne, députés du
quartier mentionné à l'article précédent, porteurs d'une délibération d'un nombre
de principaux fidèles et anciens, ayant enfin comparu dans la présente assemblée,
après les avoir entendus et examiné la demande par écrit dont ils sont les porteurs,
[elle] trouve que leurs raisons peuvent être légitimes, mais que les fidèles n'ayant
pas revêtu leur demande de toutes les formalités requises, ne peut quant à présent
accorder leur demande : elle se réfère pour y faire droit à l'article précédent. Pour
cet effet, ils s'adresseront de nouveau au consistoire de Tonneins. En attendant,
comme l'église de Roubi .... est privée de service depuis environ deux ans,
l'assemblée consent que M. Lanne leur accorde, s'il le juge à propos, une assem-
blée religieuse, sans tirer à conséquence ; pour cet effet, il y sera accompagné de
deux anciens qu'il choisira, qui jugeront de la possibilité de la continuation, dont
ils rendront compte au consistoire de Tonneins pour délibérer s'il y a lieu.
Arrêté en colloque les jours et an susdits, aux environs de l'église de Ton-
neins-Dessous.
P. Lanne, pasteur; RÉAi);AuBiÉ; Passet; Laperche;
SouRBÉ; Metge; Mensa; Bergereau; Pierre Sage-
RAN ; Demichel ; Pellissier; Henry Arthaud,
anc"; Pruinier; J. Dupooy, ancien.
— Collection F. Marquis-Sébie.
SYNODES PROVINCIAUX.
455
VIII.
Il a été convenu que M. J. Gai, pafteur, reftera chargé de fon
quartier, & M. Louis Bernard lui a été donné pour adjoint, qui fera
chargé de Sumène & de Roquedur, lefquelles églifes lui paieront fes
honoraires;
M. David Veflbn deffervira en fait l'églife de Valleraugue; M. Oli-
vier, celle de , la circulation entre eu.x n'ayant plus lieu;
M. Barre a été donné pour pafteur aux églifes de St-Affrique;
le Pont-de-Camarès & leurs annexes, & lefdites églifes font fortement
exhortées à payer ce qu'elles doivent à M. Noé, pafteur;
M. Julien a été donné pour propof[ant] à M. Jean Gai, & ledit
Julien fera payé par les églifes de St-Laurent & la R ,
lequel circulera avec M. Rampon, propof[ant] de l'églife de Gros,
laquelle églife eft jointe à St-Hippolyte ;
M. Nouguier, pafteur de Millau, eft chargé de ladeflertede l'églife
de St-Jean-du-Bruel feulement, & l'aflemblée exhorte ladite églife de
Millau à y confentir.
IX.
Il a été donné congé à MM. Jourdan, Daniel, propof[ants] de la
province, pour aller continuer leurs études au féminaire de Laufanne,
& le fecrétaire eft chargé de les recommander au vénérable comité
dudit Laufanne.
X.
Le fynode, ayant trouvé la demande qu'a faite M. A. Gai, pafteur
du Vigan, de la fomme de loo liv. pour la deflerte d'environ trois
mois qu'il lit avec M. Jean Gai, pafteur de Gangcs, ou leurs propo-
f[ants] en lyGS, à l'églife de Valleraugue, ladite demande a été trouvée
jufte, & en conféquence, il eft enjoint à l'églife de Valleraugue de payer
au plus tôt ledit M. A. Gai.
XI.
Le colloque d'Anduze eft chargé de la convocation du prochain
fynode de la province.
XII.
L'églife de Tornac a été jointe à celle de Durfort, & MM. Ducros
& Soulier font chargés de la deffervir.
Conclurions.
Les anicles ci-defl"us lus & approuvés, l'afTcmblée f'eft féparée.
fTTtfTTT
456 LES SYNODES DU DÉSERT.
Synode du Vivarais et Velay.
Aâes du Jynode provincial des êglifes réformées du Vivarais
& Velaj, ajfemblé fous la proteâtion divine au Défert, dans le Haut-
Vivarais^ le huitième novembre milfept cent foixante-huit, auquel ont
afjiflé deux pafieurs & quinze anciens, députés def dites églifes.
Après la lefture de la parole de Dieu & l'invocation de fon
St-Nom, a été réfolu ce qui fuit :
I.
Le retour de M. Genolhac a rempli de joie tous les fidèles de
cette province & notre affemblée en particulier. Nous le voyons avec
reconnaiffance perfifter dans le deffein d'exercer fon miniftère parmi
nous, & nous réitérons en fa faveur les vœux les plus fincères pour
qu'il plaife au Seigneur de le couvrir toujours de fa proteélion, de
répandre fur lui fes faveurs & de bénir fes précieux travaux. Les
émoignages que lui ont rendus Meffieurs les refpedables de L[au-
fanne] nous ont paru fi avantageux, que nous avons cru devoir en
conferver le fouvenir, en les faifant tranfcrire tels qu'ils font ci-après.
« Nous, fouffignés, afTemblés en comité, déclarons à qui il appar-
« tiendra que M. Louis Genolhac, de Garrigues, ayant féjourné dans
« cette ville & académie pendant un temps affez confidérable, & fêtant
« appliqué d'y continuer fes études en philofophie, morale & théologie,
«nous a priés de vouloir examiner fes progrès & de lui conférer, fi
«nous l'en jugions digne, le caradère de miniftre du St-Evangile,
« pour l'exercer félon les principes de notre fainte & bienheureufe
«réformation, partout où il fera légitimement appelé; fur quoi, &
«après mûre délibération, nous avons acquiefcé à fa jufte demande,
« puifqu'il nous a paru avoir de bons principes, que fes mœurs ont
«été pures, qu'il a fréquenté affidûment nos faintes alfemblées & par-
« ticipé religieufement au St-Sacrement, & que nous lui avons reconnu
«les difpofitions afforties à fes vues ; c'eft pourquoi, après l'avoir exa-
«miné avec foin, nous avons été très-fatiffaits de fes connaiffances & de
« fes talents & nous nous fommes fait un vrai plaifir de le confacrer,
«par l'impofition des mains, au St-Miniftère évangélique, félon les
«canons apoftoliques, le 4^ août de la préfente année. Nous implorons
SYNODES PROVINCIAUX. ^5^
«ardemment la bénédidion divine fur fa perfonne & fur fes travaux,
«le recommandant à la bienveillance de nos chers frères & à la tendre
«affedion des églifes qui lui adrefferont une vocation paftorale. En
"témoignage de la préfente déclaration, nous nous fommes fignés, le
«modérateur & le Iccrétaire, au nom de tous. A Laufanne, le 1" fep-
«tembre 1768, A. V. Polier de Bottens, p' pr[éfident], d[oycnJ, &
«fecrétairedu com. S[amuel) Secrétan, fignés.»
II.
Le féjour de M. Court de Gébelin à P[aris] & la charge de follici-
teur, qui lui avait été accordée par le fynode de cette paroifle du
■ib' odobre 1764, paraiffant devenir inutiles, l'alfemblée a cru devoir
fufpendrc la penfion qui y était attachée.
III.
Touchée de compaflion de l'état trifte où fc trouve réduite
Mad[ame] la veuve Laffaigne, & toujours pleine de reconnaiffance
pour les fervices que feu M. fon mari avait rendus à nos chères
églifes, la compagnie croit devoir lui fixer, pour aider à fon entretien,
une penfion de huitante-quatre livres par an.
IV.
Un membre de l'affcmblée cft charge d'écrire inceiïamment à
M. Cofte, ci-devant pafteur dans cette province, pour le preffer en fon
nom de faire remettre fes regiftres entre les mains d'un des pafteurs
qui deffervent préfentement nos églifes.
A. Vernet, pafleur & modérateur; Gknolhac, pafteur & fecréf*.
\^y»S|»\S|»\^^
458
LES SYNODES DU DESERT.
Synode de Saintonge, Angoumois et Bordelais.
Au nom de Dieu. Amen.
Les églifes de Bordeaux, Saintonge & Angoumois, affemblées en
fynode fous la proteftion de Dieu, à Artouan', les troifième & qua-
trième août mil fept cent foixante-huit, après avoir imploré le fecours
de Dieu, ont délibéré ce qui fuit :
I.
A la pluralité des fuffrages, on a élu M. Dugas, pafteur, modé-
rateur; M. Martin, pafteur, modérateur-adjoint; M. Dupuy, pafteur,
fecrétaire, & M. Jarouffeau, pafteur, fecrétaire-adjoint.
II.
Les malheurs qui affligent TEglife, la corruption qui y règne, &
le vif fentiment des bienfaits du Seigneur ont engagé l'affemblée à
fixer un jour de jeûne, d'humiliation, de prières & d'adions de grâces
au 28" du courant.
m.
Le nombre des proteftants de la province, & le petit nombre [de]
pafteurs qu'elle a dans fon fein, ne permettant pas de multiplier les
affemblées paftorales, il a paru indifpenfable d'enjoindre aux églifes,
qui Taffemblaient dans les maifons d'oraifon qui ont été démolies, de
continuer leurs fociétés religieufes fans divifion ni partage.
IV.
Pour ne pas donner lieu aux Puiffances qui dominent fur nous
de nous taxer d'opiniâtreté, & pour leur donner des marques de
notre foumiffion dans tout ce qui n'intéreffe pas nos confciences, ainfi
que notre religion nous le prefcrit, la compagnie exhorte & enjoint à
toutes les églifes qui auront le malheur d'être privées de leurs maifons
d'oraifon, de ne pas raffembler fur les mafures defdites maifons, à
moins qu'il ne leur foit de quelque manière impoffible de f'affembler
ailleurs, ou que par la pofition où leurfdites maifons fe trouveraient
I . Arrondissement de Marennes (Charente-Inférieure).
SYNODES PROVINCIAUX. 43g
fituées, elles ne jugent que leur conduite à cet égard ne peut fournir
aucun prétexte à de finiftres interprétations'.
V.
Après avoir examiné les avantages & les inconvénients qui pour-
raient réfulter des repréfentations qu'on pourrait faire aux Puiffances,
à l'égard de la démolition de nos temples, l'alfemblée a jugé qu'il était
convenable de n'exprimer notre douleur que par un refpedueux filence.
VI.
La compagnie, inftruite que le fynode national de 1758 (art. 16,
qui enjoint tant aux pafteurs qu'aux anciens de faire tous leurs efforts
pour engager les fidèles à ne pas décorer leurs maifons le jour qu'on
nomme Fête-Dieu) n'a pas prétendu les autorifer & encore moins
leur faire un devoir de fufpendre de la communion ceux qui tombe-
raient dans ce cas, furtout fi cette fufpenûon donne lieu à des fchifmes
ou à quelque autre fcandale, enjoint à M. Jarouffeau, pafteur, de fe
relâcher de fa rigidité fur cet article, & à fe conformer à la conduite
de fes collègues à cet égard, attendu que cette rigidité a déjà produit
de funefles effets & qu'elle pourrait en produire encore, & que d'ail-
leurs la plus grande partie des proteftants, n'étant pasperfuadés de la
viciofité de cet adc, doivent être confidérés par les autres comme des
perfonncs faibles en la foi, pour lefquelles on doit avoir du fupport,
félon la doftrine de St-Paul.
MM. Martin & Gibert jeune, pafteurs, ont déclaré protefter contre
l'article ci-delfus, mais uniquement en ce qu'il y a de contraire aux
arrêtés précédents de nos tribunaux fur cette matière.
MM. Jarouffeau, pafteur, & Chauvet, ancien, ont déclaré faire
appel au fynode national prochain de l'article ci-deffus énoncé, comme
le trouvant contraire à la difciplinc.
I. Il y avait eu un réveil de la persécution. Des maisons d'oraison avaient été
démolies. Grand émoi, d'autant plus vif qu'on se croyait à la veille d'un édit de
tolérance. «Outre les deux maisons d'oraison, écrivait, en septembre 1768, le
pasteur Cavalier, qui furent démolies le i5 juin en Saintonge, on en fit démolir
autres trois dans la même province le i3 juillet. L'on a craint que toutes celles,
qui subsistent encore, auraient le même sort; et l'on n'est pas même encore assure
qu'elles seront épargnées. En attendant, l'on continue de s'assembler tranquille-
ment. Les protestants de Bordeaux ne sont pas non plus inquiétés, grâces à
Dieu !u C'était la même année, cependant, que la requête de Sirven était admise,
et que l'arrêt qui le condamnait était cassé comme précédemment celui de Calas.
— Mss. Rabaut, III, C. p. 99 et i36.
46o LES SYNODES DU DÉSERT.
VII.
En vertu de l'article ci-deffus, auquel M. Jarouffeau a promis de fe
foumettre, nonobftant fon appel au prochain f[ynode] n[ational], l'affem-
blée juge que les différends furvenus entre lui & l'églife d[u] Pouyaud
font par là terminés, & que ladite églife continuera à faire partie de
fon quartier, jufqu'à ce qu'il interviendra de nouveaux règlements.
VIII.
En confidération de la demande que le fieur Lapra de Bornac,
ci-devant propofant & réfugié à Laufanne, nous a faite, de lui accorder
quelques fecours pour fa fubfiftance, & vu la recommandation de M. le
doyen Polier de Bottens, un de nos illuftres protedeurs, il a été arrêté
qu'on ferait parvenir au plus tôt audit fieur Lapra la fomme de 8i liv.,
dont 78 liv. ont été comptées par M. Martin, en dédudion de l'excé-
dant des honoraires qu'il a prélevés dans fon quartier, laquelle
gratification fera envoyée par M. Ranfon, qui lui écrira en même
temps que, quelque bien difpofé qu'on foit en fa faveur, on ne peut
néanmoins f 'engager à lui faire une penfion viagère, attendu la mifère
du temps & l'incertitude de notre état.
M. Martin a auffi compté à M. Gibert, en déduftion dudit objet,
57 liv. 6 f. 8 d. pour acquit des penfions de Mad[ame] la veuve Bétrine
& de M. Court, la première qui écherra au mois de feptembre, & la
féconde échue depuis le 24" juin dernier.
Ledit M. Martin a encore compté à M. Jarouffeau 12 liv. qui
reliaient dues à ce dernier pour un mécompte de l'année dernière.
IX.
Le quartier de l'Angoumois ayant réclamé des avances qu'il avait
faites pour une partie des frais des députés au fynode national de 1 768,
& qui fe montent à 492 liv., l'affemblée, trouvant la demande jufte,
lui a fait compter par M. Martin, pafteur, la fomme de 200 liv., dont
les députés dudit quartier ont dit fe contenter, au moyen de laquelle
fomme de 200 liv., & des autres dont il eft fait mention dans l'article
précédent, ledit M. Martin ne refte plus redevable aux églifes pour
l'excédant des honoraires échus, qu'il a perçus ou qu'il doit percevoir
dans fon quartier, que de celle de 3 12 liv. i3 f. 5 d.
X.
M. Martin, pafteur, ayant informé l'affemblée qu'il a un voyage
à faire, elle confent qu'il l'entreprenne, quand il le jugera à propos ;
SYNODES PROVINCIAUX. 46,
elle confent auflî que MM. Jarouffeau & Deloys [Marfoo] delTerviront
Jonzac, Lignières & le Louis, & MM. Dugas & Dupuy, Cognac,
Jarnac & Segonzac.
XI.
A la réquifition de l'églife de Bordeaux, l'aflemblée charge les
confiftoires, qui convoqueront à l'avenir le fynode de la province, de
prévenir deu.x mois à l'avance les deux autres quartiers refpedifs de
la province, afin qu'ils aient le temps de fe préparer; & ayant remarqué
que ladite églife n'a pas été exafte pour envoyer des députés à nos
fynodes, & particulièrement à celui de ce jour, on l'exhorte d'obferver
à l'avenir plus exadement l'ordre de la difcipline à cet égard.
XII.
Le quartier de l'Angoumois eft chargé de la convocation du pro-
chain fynode de la province.
xui.
Vu les motifs que M. Dupuy a expofés, qui l'ont porté à demander
un congé d'un mois aux églifes de fon quartier, & en conféquence de
l'odroi de cette demande de la part de toutes les églifes, à la réferve
de celle de Marennes, l'afTemblée autorife ledit congé, fans fêtre crue
obligée de déférer à l'oppofition du député de Marennes.
XIV.
Sur le cas propofé par le confiftoire de Marennes, la compagnie eft
d'avis que, fi la perfonne dont il f'agit eft convenablement inftruite
des motifs qui doivent l'engager à changer de religion, qu'on ait
d'ailleurs des preuves fuffifantcs & telles qu'on peut les exiger qu'elle
agit fincèrement, on ne doit pas lui refufer la bénédiction nuptiale
qu'elle réclame; en conféquence, l'afTemblée charge ledit confiftoire de
faire cet examen avec toute l'attention qu'il lui fera poftible, & fuppofé
qu'après ce préa[la]ble il fe décide pour lui impartir ladite bénédidion
nuptiale, on penfe que fa demande ne peut lui être accordée qu'après
la publication de fes bans, & qu'après avoir déclaré & promis en
préfence du confiftoire de Marennes de faire uniquement déformais
profeffion publique de notre fainte religion.
XV.
Les dépenfes du fynode qui avait été convoqué à Gémozac, le
1 5° juin dernier, fuivant le rapport de M. Jarouffeau, paftcur. f'élevant
462 LES SYNODES DU DÉSERT.
à 40 liv., & celles de la préfente aflemblée à 72 liv., on charge
M. Dugas d'acquitter lefdites deux fommes en dédudion de ce dont
il refte redevable aux églifes pour l'excédant de fes honoraires, & au
moyen defquelles fommes il ne fera redevable aux églifes que de
214 livres.
Ainfi conclu & arrêté ledit jour, 4" août 1768.
Dugas, patt' & modérateur; Martin, paft'' & modérateur-
adjoint; DuPUY jeune, fecrétaire; J. Jarousseau, fecré-
taire-adjt.
Synodes provinciaux de 1769.
Synode du Bas- Languedoc.
Au nom de Dieu soit fait. Amen.
Ades du Jynode du Bas - Languedoc , ajfemblé au Défert le
deuxième mai tnil fept cent foixante-neuf\ au nombre de dix-huit
pajîeurs de la province, deux des Hautes-Cévennes, trois propofants
& trente & un anciens, députés par les églifes.
E St-Nom de Dieu invoqué, ont été élus, à la pluralité des
fuffrages, M. Paul Rabaut, pafteur, pour modérateur, &
M. Jean Pradel, auffi pafteur, pour modérateur-adjoint ;
M. Pierre Encontre, pafteur, pour fecrétaire, & M. André
Baftide, de même pafteur, pour fecrétaire-adjoint.
II.
Nos églifes fe trouvant dans les mêmes circonftances que celles
des églifes des Hautes-Cévennes, & lesraifons de nous humilier extra-
ordinairementfubfiftant encore, il a été arrêté qu'on célébrera un jeûne
Colloque général des églises réformées du Haut-Languedoc, tenu le i"juin 176g.
Au nom de Dieu soit fait. Amen.
I. Après que, d'une commune voix, M. Sicard, pasteur, a été nommé pour
modérateur; M. Sicard le jaune, pasteur, pour modérateur-adjoint; M. Gardes,
pasteur, pour secrétaire et M. Crebessac, pasteur, pour secrétaire-adjoint, et que
l'assemblée a eu imploré les lumières du St-Esprit, elle a arrêté ce qui suit :
1 . — Les pasteurs de la province devant changer chaque année, il a été arrête
que ce changement n'aurait lieu qu'à la Toussaint et que M. Duval se chargerait
464 LES SYNODES DU DÉSERT.
folennel le même jour qui a été indit par le fynode de cette province,
avec laquelle la nôtre fe fera toujours un devoir & un plaifir d'har-
monifer, favoir le 22" odobre prochain, &, en cas de pluie ce jour-là,
le dimanche d'après. Les fidèles feront exhortés à revêtir les difpo-
fitions convenables pour rendre ce jeûne agréable au Seigneur.
III.
L'affemblée, répondant favorablement à la demande de plufieurs
députés portant qu'il foit inféré dans les aftes du préfent fynode un
état des dettes mortes de la province, déclare qu'elles confiftent dans
les penfions fuivantes, favoir :
A M. Rivière 25o -H-
A Mad[ame] Cofte 280 »
A Mad[ame] Guizot 200 »
A Mad[ame] Bétrine 62 »
A M. Court go »
A Mad[ame] Teiffier 200 »
En tout . . . 1082 //■
alors du quartier de Vabre, M. Gerson, de celui de Castres, M. Laroque, de
celui de Mazamet, M. Gardes, de celui de Lacaune, et M. Crebessac, de celui de
la Basse-Plaine l'espace de quatre mois, et ensuite dans les autres, pour remplir
le vide des pasteurs qui iront à leur tour dans la Plaine.
2. — Sur les plaintes portées par demoiselle Benoît, veuve Cabrol Lacombe,
au sujet d'un mémoire d'appel que le sieur Jacques Cabrol, héritier du feu sieur
Lacombe, a fait dresser contre elle, dans lequel il lui conteste la validité de son
mariage avec son défunt époux, lecture en ayant été faite, l'assemblée a été sur-
prise du procédé du sieur Jacques Cabrol contre ladite demoiselle, et elle a chargé
en conséquence le colloque du district de Vabre, auquel assisteront deux pasteurs,
de prendre une connaissance plus parfaite de cette affaire, comme étant de son
ressort, et d'écouter ladite demoiselle Lacombe dans ses plaintes, et ledit Jacques
Cabrol dans ses défenses pour en juger.
3. — La présente assemblée, ne voulant point empiéter sur ce qui ressort des
colloques particuliers , renvoie également au colloque du quartier de Vabre
l'examen des plaintes formées par M. Pomier, ancien de l'église d'Espérausses,
contre M. Cabrol, aussi ancien de l'église de Castelnau.
4. — M. Armand ayant témoigné un grand désir d'aller passer l'espace de six
semaines auprès de ses parents, les églises y ont accédé.
5. — La compagnie a arrêté la tenue du prochain colloque par tout le mois
de mai 1770.
Ainsi conclu et arrêté les jour et an que dessus.
SiCARD, pasteur et modérateur; Sicard le jeune, pasteur
et modérateur-adjoint; Gardes, pasteur et secrétaire;
Crebessac, pasteur et secrétaire-adjoint.
— Mss. de Vabre.
SYNODES PROVINCIAUX. ^(35
Pour acquitter ces penfions, échues le i "du courant, [il] a été déli-
béré qu'il fera payé, favoir :
A M. Rivière, par le colloque de Montpellier . . 154 1
& par celui de Maflillargues ... 96 )
A Madfame] Cofte, par le colloque d'Uzès 280 »
A Mad[ame] Guizot, par le colloque de Nîmes . . . 200 »
A Mad[ame|Bétrine, par le colloque de Montpellier 57 |
& par celui de Nîmes 5 I
A Mad[ame] Teilïier, par le colloque de Sommicres 1 25
& par celui de Maflillargues ... 75 '
A M. Court, par le colloque de Nîmes 90 »
1082 #
Et afin que les colloques puiffent faire toucher au.\ perfonnes
penfionncescc qui leur a été accordé, les églifcs font exhortées de faire
les collèges néceffaires le plus tôt poflible & d'envoyer leur contin-
gent au tréforier qui leur fera indiqué dans chaque chef-lieu des
colloques; & faute par elles de f'e.xécutcr, elles feront févèiement cen-
furécs. Enfin, pour que les taxes des églifes relient en général les
mêmes, & que celles de Gatigues & de Luffan foient diminuées chacune
de 2 liv., [il] a été convenu que les 4 liv. du colloque de Nîmes qui
relient à employer leur feront partagées.
IV.
L'on enregiftrera dans les livres des confifloires les reçus des
fommes qui feront comptées par les églifes au tréforier du chef-lieu
des colloques, & il leur fera e.\pédié un extrait de ce reçu, qui fera
figné par le pafteur.
V.
Lefture faite d'uue requête que le fieur Pierre Guillaume Dou-
ricch a fait parvenir à l'allemblée, & vu les bons témoignages qu'on
lui a rendus de vive voix & par écrit, elle a répondu favorablement à
fa demande. En conféquence, il fera écrit une lettre au vénérable
comité établi fur le féminairc pour le prier de vouloir favorifer ledit
lieur de la penfion qu'on accorde aux féminarifles.
VI.
La compagnie, inflruitc des fonds qui ont été colle(flés en faveur
des étudiants qui ne peuvent être entretenus par leurs parents, &
préfumant par là de ce qui pourra être coUeâé dans la fuite, a fixé le
3o
466 LES SYNODES DU DESERT.
nombre defdits étudiants à celui de huit. Elle exhorte fortement leurs
familles à f'efforcer de leur accorder quelque fecours, & non-feule-
ment laiffe aux colloques la liberté de recevoir les élèves qui fe préfen-
teront & qui pourront être entretenus de leurs maifons, mais encore,
dans le cas où l'on n'eût pas de diredeurs pour tous, elle leur recom-
mande d'en donner par préférence aux derniers, bien entendu qu'il
y ait égalité de mérite.
VII.
Sur la demande des fleurs André Bouët & Jean-Paul Bétrine,
propofants, tendant à obtenir la permiflion de fe rendre dans le pays
étranger pour perfedlionner leurs études, ouï les bons témoignages
qu'on leur a rendus, l'affemblée voudrait bien pouvoir leur accorder
ce qu'ils défirent, mais le befoin des églifes f'y oppofant, elle fe voit
[dans la] néceffité de les retenir encore cette année; & en conféquence,
elle ne leur donne congé que pour partir après l'an révolu, à condition
que, lorfque le fynode les rappellera, ils reviendront pour être con-
facrés au St-Miniftère dans le fein de la province.
VIII.
Une demande du confiftoire d'Uzès étant prife en confidération,
[il] a été délibéré que MM. les pafteurs de l'églife de Nîmes & M. le
pafteur Encontre, affiliés d'un pareil nombre des membres du confif-
toire de ladite églife de Nîmes, feront, le plus tôt poffible, une collec-
tion de tous les aftes des fynodes nationaux & de ceux des fynodes
de cette province eccléfiaftique qu'ils pourront fe procurer depuis la
révocation de l'Editde Nantes jufques à aujourd'hui, comme auffi des
pièces relatives. Les frères qui auront ou qui pourront trouver de ces
fortes de pièces, font requis d'envoyer aux premiers celles qu'ils leur
demanderont. Quand la colledion fera faite, ceux qui en font chargés
en avertiront les pafteurs de chaque chef-lieu de colloque, lefquels
fe rendront, accompagnés d'un ancien, au lieu qui fera indiqué, & où
fe trouveront les compilateurs, afin d'examiner ce qui aura été fait,
& d'y appofer le fceau de leur approbation, autant qu'ils l'en trou-
veront digne. Tous les frais qui fe feront à ce fujet feront fupportés
par les chefs-lieux de chaque colloque, à proportion de ce qu'ils paient
du miniftère'.
I. On se mit immédiatement à l'œuvre. Dès le mois de juillet, Encontre
écrivait à Rabaut : « Si vous n'avez pas tout ce qui manque et que vous sachiez
quelque endroit où l'on puisse le trouver, vous voudrez bien écrire, afin que l'on
SYNODES PROVINCIAUX. ^(3y
IX.
Le confiftoire de l'églife d'Uzès eft chargé de fc donner les foins
néceffaires pour fe procurer des mémoires des baptêmes & des ma-
riages qui ont été célébrés dans cette province eccléfiaftique, foit par
des pafteurs décédés, foit par des pafteurs ablcnts ou étrangers, i^i l'eflet
de compléter les rcgiftres de chaque communauté, auxquelles lefdits
mémoires feront envoyés. Et comme MM. Rabaut. Pradcl, Encontre,
Gachon, Valentin, Bruguicr & Allègre, pafteurs, font à portée des
regiftres des pafteurs décédés, ils tâcheront d'en faire c.vtraire les
mémoires, qu'ils enverront au fufdit confiftoire de l'églife d'Uzès,
lequel les rembourfera des frais du copifte, & fera rembourfé lui-
même par chaque communauté, au prorata des mémoires qu'elle
recevra.
X.
Le fieur Jean Efpérandieu n'ayant point déféré au jugement du
dernier fynode de cette province, qui lui enjoint de remettre au con-
fiftoire de l'églife d'Uzès le regiftre des baptêmes & mariages dont il
eft nanti, lui ordonne de nouveau de le remettre, & cela dans le délai
de trois mois; pafTé lequel délai, il fera pourfuivi félon toute la rigueur
de la difcipline, comme rebelle à l'autorité fynodale.
XI.
La cenfure prononcée par le colloque d'Uzès, alfemblé à Vendras
le 1 3° oélobre dernier, contre le pafteur& les anciens de l'églife d'Uzès,
fera regardée comme nulle, ayant été prononcée Ains y obferver les
formalités effentielles ; & cependant l'on recommande tant aux an-
ciens qu'au pafteur de ladite églifc d'Uzès de concourir à compléter
les aflemblées colloquales, l'un par fa préfence, & les autres par celle
de leurs députés.
XII.
Pour mettre fin aux altercations qui f 'élèvent fi fréquemment au
fujet de ce que certaines églifes reftent devoir, foit à des pafteurs, foit
puisse nous le fournir entre ici et le jour convenu pour le susdit examen. Les
héritiers des papiers de feu MM. Claris et Gibert pourront peut-être nous aider
îi remplir notre commission. » Rabaut, de son côte, s'était adressé au pasteur
Vernct pour combler les lacunes de son travail, — lacunes qui ne furent pas com-
plètement comblées, — et le vieux Pcirot lui répondait le 25 juin de l'année sui-
vante (1770): «J'ai vu l'article de votre lettre à M. Vernet, où vous lui demandez
la copie du synode national qui se tint ici en 1730; outre celui-là, je vous enverrai
la copie de deux autres, l'un tenu en Vivarais, en 1726, et l'autre en Dauphiné,
en I 727. i> — Mss. Rabaut, III. D. p. 25 et p. roo.
468 LES SYNODES DU DÉSERT.
à des veuves de pafteurs, les colloques feront tenus de terminer défi-
nitivement, & au plus tard en trois mois, les différends aduellement
exiftants; & pour prévenir qu'il ne furvienne déformais de femblables
conteftations, Meffieurs les anciens auront foin que les émoluments
des pafteurs & les dettes mortes foient payés avant la tenue du fynode,
ou dans le fynode même, attendu que c'eft alors, c'eft-à-dire le dernier
jour d'avril, que finit l'année eccléfiaftique. Au furplus, on ne peut
que donner des éloges au petit nombre d'églifes qui font dans l'ufage
de payer leurs pafteurs quartier par quartier.
XIII.
Le député de l'églife de Garrigues ayant demandé fi les feigneurs,
ou autres perfonnes opulentes qui ont des domaines à la campagne,
ne doivent pas contribuer à l'entretien du miniftère dans les églifes
où fe trouvent leurs domaines & où ils réfident une partie de l'année,
l'affemblée répond que la juftice, la charité & le zèle pour la religion
le leur prefcrivent de concert.
XIV.
L'art. 3 du colloque d'Uzès, tenu à Vendras le i3° o6lobre 1768,
a été unanimement confirmé.
XV.
Le confiftoire de Vallon requérant que l'églife des Vans foit tenue
d'entrer dans les frais que fit fon député au dernier fynode, la com-
pagnie répond qu'elle n'eft obligée que de fupporter fa part de ceux
qui fe font par le député à celui-ci ; fauf au diftricl de Vallon, fil paya,
lorfque les Vans en fut défalqué, ce qu'il ne devait point pour défrayer
le député de St-Ambroix, de fe pourvoir au colloque.
XVI.
Les prochains colloques de la province feront convoqués par les
confiftoires de leurs chefs-lieux, & les fuivants le feront tour à tour
par les pafteurs de chaque diftrid, afliftés par leurs confiftoires, fils
n'ont qu'une églife, & d'un ancien de chacune de leurs églifes, fils en
ont plufieurs, lefquels anciens feront élus à la première affemblée
confiftoriale qui fe tiendra après la tenue des colloques.
XVII.
Sur les différends furvenus entre les églifes de Canet & le lieu
de St-Pargoire, l'affemblée laiffe les cfiofes dans l'état qu'elles furent
SYNODES PROVINCIAUX. ^gq
réglées au précédent fynodc; & M. le pafteur cft chargé de prendre
les renfcignemcnts nccclTaircs pour que le colloque prenne connail-
fance des différends & les termine, ou les renvoie au prochain fynode.
XVIII.
M. le pafteur Encontre prêchera au fynode prochain.
XIX.
MM. les pafteurs Gachon & Bruguier aftlfleront au fynode des
Hautes-Cévcnncs, & MM. les pafteurs Mathieu & Pcricr à celui
des Baffes.
XX.
MefTieurs Raoux & Ribot, étudiants, feront rappelés pour être
en province au commencement du mois d'avril prochain, & cela con-
formément aux conditions qui leur furent impofécs par le fynode qui
leur donna congé.
XXI.
L'affemblée a reconnu ou admis les étudiants, dont on met ici la
lifte.
Etudiants admis l'année dernière :
(MM.) Guérin ) leurs parents contribueront [pour] quelque
Barbuffe * chofe à leur entretien.
Julien.
Gachon, — fes parents contribueront [pour] quelque chofe
à fon entretien.
Henri Bétrine.
Etudiants admis ce jourd'hui 5*" mai 1769.
[MM.] Paulct, — qui fera entretenu par fes parents.
Suël ) leurs parents contribueront [pour] quelque
Ribes ' chofe à leur entretien.
XXII.
Il cft enjoint aux pafteurs, qui n'ont pas encore fait extraire de
leurs regiftres les baptêmes & mariages qu'ils ont célébrés, de le faire
le plus tôt polFible, & de les envoyer aux églifes à qui ils appartiennent;
& à celles-ci de recevoir tous ceux qui leur ont été ou qui leur feront
préfentes ; bien entendu qu'elles paieront la main du copifte, comme
il fut ordonné par le fynode dernier.
.jQ LES SYNODES DU DESERT.
XXIII.
MM. Rabaut, Sauffine & Encontre, pafteurs, affiftés chacun d'un
ancien à leur choix, examineront le plus tôt poflible les fleurs Ducros
& Ricourt, <Sc les élèveront au grade de propofant, fils les en jugent
capables.
XXIV.
La compagnie aurait bien voulu accorder au diftrid de Vallon &
les Vans un pafteur à titre, mais cela n'ayant pu fe faire, elle lui affede
pour fix mois le miniftère de M. André Bouët, propofant, & pour les
autres fix mois celui de M. Ricourt, auffi propofant'. En outre,
M. Lombard, pafteur, eft chargé d'y faire trois corvées, les deux pre-
mières de fuite, & MM. Bruguier & Fromental, pafteurs, font aufti
chargés d'y faire, le premier deux corvées & l'autre une. Et quant à
leur paiement, l'affemblée a délibéré que lefdits propofants percevront
dudit quartier la fomme de 5oo liv., & lefdits pafteurs entre tous les
trois celle de 3oo liv., étant bien entendu, que quand l'un d'eux fera
dans le fufdit diftrid, le propofant fera ou fe rendra dans le fien, —
avec cette exception pourtant que, quand ce fera le tour de M. Lom-
bard, le propofant, à chaque fois, ne fera qu'une affemblée dans l'églifc
de Luffan : les autres feront accordées au quartier de St-Ambroix.
XXV.
Les pafteurs qui doivent deffervir l'églife de Lunel en percevront
les honoraires. M. Valentin en aura la moitié, & le refte fera partagé
entre les autres pafteurs, à proportion des vifites qu'ils lui auront faites.
Ainfi conclu & arrêté le cinquième mai de la même année que
defl'us, en vingt-cinq articles.
I. Cette décision mécontenta les religionnaires de Vallon qui réclamaient
un pasteur pour le service de leur église. Le pasteur Bruguier écrivait à Rabaut :
<i Les Messieurs de Vallon persistent à refuser le ministère des proposants. Votre
colloque, qui se tiendra bientôt, donnera vraisemblament congé à M. André
Bouct ; que deviendra alors ce district, puisque les pasteurs ne peuvent y monter
que sous la condition que leur chaire sera occupée par un proposant. Ils ne
peuvent pas se consoler de ce que le synode a accordé 5oo livres aux proposants;
vous devriez prendre la peine de leur écrire pour les exhorter à se soumettre à
l'arrêt qui les concerne. Votre exhortation étant d'un grand poids, il n'est pas à
douter qu'ils n'y défèrent.» — Mss. Rabaut, III, D. p. 16 (juillet 1769).
^^^^^^^>^
SYNODES PROVINCIAUX. ^^ ,
Synode du Vivarais et Velay.
Aâes du fynode provincial des cglijcs réformées du Vivarais &
Vday, affemblé Jous la proteâion divine au Dé/crt, dans le flaul-
Vivarais, le quatrième mai mil Jept cent foixante-neuf, auquel ont
ajftjté cinq pajteurs & vingt-trois députés des églifcs.
Apres la Icdurc de la parole de Dieu & l'invocation de fon
St-Nom, a été réfolu ce qui fuit :
I.
La compagnie, voyant avec une joie des plus fenfibles le nombre
des paftcurs de cette province augmenté par l'arrivée de M. Armand,
rend à Dieu de vives adions de grâces pour cette faveur, & charge
un des anciens pafteurs d'écrire à la province du Dauphiné, qui a bien
voulu nous le prêter, pour lui en témoigner fa vive reconnaiffance.
Elle agrée aufli, avec les mêmes fentiments, l'offre généreufc que
MM. Briatte & Noé, pafteurs, ont daigné lui faire de leurs fcrvices &
prie le Seigneur de répandre fur ces dignes ferviteurs du Chrift fes
plus précieufes bénédictions.
II.
La vie ambulante que les pafteurs de notre province ont menée
jufqu'à préfent étant extrêmement pénible & fujette à beaucoup de
ditficultés, l'afTemblée voit avec bien du plaifir, & autorifc de fon con-
fentement le deffein où ils font de fe fixer pour toujours chacun dans
un arrondiffement, ùvoir:
M. Vcrnet dans le bas arrondiffement ;
M. Genolhac pour celui de Boffres;
M. Briatte" pourSt-Jcan-de-Chambre;
M. Noé pour la Montagne ;
M. Armand pour les Hautcs-Bouticres.
I. Deux ans plus tard, Briatte exerçait son ministère en Picardie.
Tandis qu'après un demi-siècle de luttes le Dauphiné, le Vivarais, les Céveuncs,
le Languedoc, le Béarn, la Guyenne, la Saintonge et l'Angoumois, le Poitou et la
Normandie terminaient en paix leur œuvre de réorganisation, peu à peu, sans
avoir encore pris contact avec leurs coreligionnaires, confusément, mais pressen-
tant déjà que leurs efforts ne resteraient pas isolés et qu'ils seraient soutenus.
472 LES SYNODES DU DESERT.
III.
Toujours pleins d'un refpedueux attachement pour M. Peirot,
& flattés de l'cfpérance de fon retour dans le fein de nos églifes, nous
croyons devoir lui deftiner le quartier de St-Jean-de-Chambre, que
M. Briatte lui cédera, fil veut bien l'accepter.
les autres religionnaires du Royaume qui avaient difficilement échappé à plus de
cinquante années de persécutions, relevaient la tête et s'agitaient, eux aussi,
pour reprendre corps, et se faire leur place.
En 1766, aux confins de la Picardie et de l'Artois, un protestant de Grouches
(Somme), L. Duménil, accusé de tenir des assemblées religieuses, fiit enlevé par
lettre de cachet et jeté à Bicêtre.
Dès j 763, dans l'Orléanais, à Marchenoir, on dénonçait un nommé Fauconnet,
« qui est une manière de ministre » ; et en 1 769, quatre protestants de Mer étaient
conduits à Bicêtre, «pour avoir tenu, avec autres personnes de la même religion,
des assemblées au préjudice des défenses portées par les déclarations du Roi. »
Mais ce fut dans la Brie, en Thiérache, en Picardie, en Basse-Champagne,
que ce réveil et ce renouveau jetèrent le plus d'éclat. En 1766, un prédicant,
François Charmuzy, parcourait ces pays, comme on avait vu autrefois Antoine
Court, Roger et Corteiz, parcourir le Dauphiné et le Languedoc. D'où venait-
il ? quelles étaient ses origines } On a peu de renseignements. Mais il avait déjà
de l'autorité et il était connu, car dans une lettre de lui, du 8 mars 1766, on sent
que sa direction était acceptée. Un nommé Martin, de Fublaines, (Seine-et-Oise)
venait d'être emprisonné pour avoir tenu des assemblées. «Je me borne à présent,
lui écrivait-il, à vous recommander d'agir avec beaucoup de prudence, et de ne
pas trop vous exposer. Il faut aller tout doucement dans les commencements, et
ne pas trop se précipiter si l'on veut réussir. Je crois que vous feriez fort bien à
présent de ne pas vous assembler régulièrement, mais seulement de temps en
temps; car je crois que vos ennemis sont en grand nombre et qu'ils épient de près
vos démarches. Vous comprenez sans doute que, si vous ne vous assemblez pas
régulièrement, ceux qui cherchent à vous nuire ne le pourront pas si facilement ;
vous pourriez même vous contenter dans vos pieux exercices de lire les psaumes,
de crainte que vous ne soyez découverts en les chantant. Au reste, mon cher
frère, ce que je vous dis n'est pas pour ralentir votre zèle, mais seulement un
conseil de prudence. Vous pouvez vous dispenser d'aller à Paris à Pâques, parce
que je ne tarderai pas à vous aller voir, et à satisfaire au besoin de vos âmes.
....Charmuzy.» La même année, près de Meaux, à Nanteuil, on vit une assemblée
de i5oo protestants. On voulut les en décourager; mais Court de Gébelin leur
écrivit, de Paris, qu'on n'empêchait pas les assemblées ailleurs, que tout ce
qu'on voulait, c'est qu'elles ne fussent pas si nombreuses, et qu'il ne fallait
pas cesser ce qu'on n'avait pas officiellement défendu. La nouvelle en arriva
dans le Bas-Languedoc, et Rabaut, tout ému, répondait à Gébelin: «J'avais fait
une lettre pour ces bonnes gens de Nanteuil... Que n'avons-nous des mission-
naires pour les provinces à défricher. Il faudrait savoir s'il ne se trouverait pas
des sujets dans leur sein, et ne rien négliger pour les faire admettre au séminaire.
Si on ne prend pas cette voie, les choses resteront comme elles sont, car les pro-
vinces, qui ont des sujets, les gardent et ne se mettent pas en peine des autres. »
(Mss. Rabaut, 19 sept. 1766). Avant qu'il l'eût exprimé, son vœu était réalisé. Au
nom de cinquante-six chefs de famille, on avait demandé une place au séminaire
de Lausanne pour un proposant. Le 2 5 mai 1766, un étudiant Poitevin, Jacques
SYNODES PROVINCIAUX.
IV.
473
L'cglifc d'Annonay ayant demandé par fon députe d'être jointe
avec un des quartiers dont clic eft le plus voifinc, la compagnie a reçu
(il propofition avec beaucoup d'cmprcircment, & a décidé que ladite
églife fera deffervie, depuis le premier janvier jufqu'à la fin de mars,
par le pafteur de l'arrondilTement de la Montagne, le reftc de l'année
par celui de Boffres; & à l'égard de ce qu'elle fournira pour l'entretien
du miniftère, elle en paiera les deux tiers au quartier de Boffres &
l'autre tiers à celui de la Montagne.
Gibaud, dit Quasei, mandait en Poitou: «Nous sommes actuellement dix-sept
compagnons, et la plupart nouvellement arrivés pour ainsi dire, car bientôt je serai
le plus ancien. La province de Picardie qui [est] reste'e dans l'oubli jusqu'à présent,
pour ainsi dire, a envoyé un jeune homme dans cette ville pour faire ses études et
aller porter parmi eux la parole de l'Evangile, aussitôt qu'il en sera jugé capable. Ce
jeune homme est entré dans notre séminaire. Il y jouit des mêmes privilèges que
l'un de nous. J'ai eu occasion de m'cntretenir avec lui quelquefois; je me suis
informé de l'état des affaires de ce pays-là : il m'a dit qu'il y connaissait aux en-
virons de douze cents réformés, et qu'ils s'assemblaient en société depuis une
année, sans aucune menace de la part des papistes; ce qui lui donne beaucoup
d'espérance pour la suite de son ministère dans ce pays-là.» — Mss. de Melle.
En 1 769, malgré les menaces (Voy. Biillet. t. VII, p. 44), le mouvement en avant
se prononça : on recommençait, avec des ressources moindres, mais aussi en des
circonstances moins critiques, ce qui avait été fait dans le Bas-Languedoc, au com-
mencement du siècle. Un pasteur du Midi écrivait : « L'on a débité ici, comme le
tenant de M. Pomaret, que quelques villages dans l'Orléanais s'étaient réformés»
(Sept. 1760). Et quelques jours après, Gébelin mandait à Rabaut. « Il faudrait [des
pasteurs] dans ces cantons qui sussent ménager les esprits, et conduire tout avec
une prudence qui plût au Gouvernement. De trop nombreuses assemblées en Pi-
cardie et en Blaisois ont fait arrêter diverses personnes; cela m'occasionne beau-
coup de mouvements, de soins et de courses; je les blâme fort; mais cependant
il faut tiâcher de les secourir. Il est étonnant combien ces contrées se remplissent
de conversions, et de quel zèle et fermeté ils sont animés.» — Mss. Rabaut, lll,
D. p. 81.
On donne ici les actes et règlements qui ont été retrouvés. Actes de consis-
toire, lit-on; mais, en fait, actes constitutifs de petites églises qui allaient rentrer
dans les cadres du protestantisme. Ces documents sont l'introduction naturelle
au synode provincial qui groupa, en 1779, les églises de Thiérache, Picardie,
Cambrésis, Orléanais et Berry.
Actes cl règlements du consistoire de l'église de Lemé, rétablie par François
CharmujXj ministre du St-Evangile de Notre-Seigncur Jésus-Christ.
Au Désert.
Le 13 mars 1769, ont été nommés et confirmés pour anciens en la susdite
église :
Jean Lorsignol, demeurant en la ville de Guise ; Quentin Loy, à la rue de
Bohain, terre de Lemé (Aisne); Isaac Voreaux, idem; Isaac Vcry, idem; Abraham
Gardien, demeurant aux Préaux, susdite terre de Lemé; Jcssé J'ourdrain, idem.
474 LES SYNODES DU DESERT.
V.
Un député, envoyé par l'églife de Vais, ayant auffi demandé que
cette églife pût faire corps avec un quartier de cette province, la com-
pagnie, touchée du trifte état où retrouvent les fidèles de ladite paroiffe,
voulant féconder leur zèle autant qu'il eft en fon pouvoir, a arrêté que
le pafteur des Hautes-Boutières les vifitera huit fois par année.
VI.
Dans la fuppofition que les arrangements ci-deffus énoncés pour-
ront avoir lieu, Meffieurs nos pafteurs étant réfolus à fe nourrir &
à vivre en leur particulier, ont repréfenté à l'afTemblée que leurs
honoraires ne fuffifaient point pour fournir à leur entretien & qu'ils
défireraient d'en obtenir l'augmentation. La compagnie, voulant leur
Lesquels ont promis de s'acquitter dûment et fidèlement de leur charge, ainsi
que cela leur est enjoint par la parole de Dieu et la discipline du Royaume de
France.
Pareillement ont été reçus et confirmés pour diacres en la susdite église:
Pierre Fourdrain, demeurant à la rue de Bohain, terre de Lemé; André
Théodore Drucbert, idem ; Jean Louis Drucbert, idem ; Pierre Voreaux, demeu-
rant aux Bouleaux, susdite terre de Lemé.
Lesquels ont promis de s'acquitter dûment et fidèlement de leur charge, ainsi
que cela leur est enjoint par la parole de Dieu et la discipline du Royaume de
France.
Fait à Lemé, en consistoire, le i6 mars 1769.
Jessé Fourdrain, ancien; Quentin Loy, ancien; Abrah.
Gardien, ancien ; Isaac Voreaux, ancien ; Isaac Very,
ancien; A. T. Drucbert, diacre; J. L. Drucbert,
diacre; Pierre Voreaux, diacre; Pierre Fourdrain,
diacre ; Charmuzy, ministre du St-Evangile.
Actes et règlements du consistoire qui concerne les affaires de l'ancienne église
réformée de Chalandos, qui se retire et assemble à Villeneuve-sotts-le-bois, rétabli
le vingt-huitième de mai mil sept cent soixante-huit^ par Fr. C. M. [Charmuzy],
ministre du St-Evangile.
Le vingt-huitième mai mil sept cent soixante-huit, au Désert, ont été nommés
et confirmés pour anciens en l'église ci-devant nommée : Daniel Ducorbier, Denis
Jolly, Jean Jolly et Jean Gutel, pour les quartiers de Chalandos, St-Denis, Doue,
Chauffry (Seine-et-Marne), Doucy.
Et pour le quartier de Sacy ont été aussi nommés et confirmés pour anciens,
les personnes de Jean Daniel Driot et Joseph Leroux, lesquels anciens susdits
ont tous promis de s'acquitter dûment de leur charge, ainsi qu'il leur a été enjoint
et suivant la parole de Dieu, et conformément à la discipline des églises réformées
du Royaume de France.
Pareillement ont été nommés, reçus et confirmés en ladite église pour diacres,
le nommé Jean Moussot, pour le quartier de Chalandos; Pierre Gutel, pour le
quartier de St-Denis; Philippe Liévin, pour le quartier de Sacy; et avons tous
SYNODES PROVINCIAUX. 4^5
tcmoigncr fon attachement & fa rcconnaiffancc, ordonne que chaque
arrondiffcment paiera à fon pafleur pour le moins 800 liv. par année.
VII.
Mais comme la levée defdites fommcs a paru difficile à quelques
anciens, pour féconder leurs bonnes intentions & prévenir tous les
foupçons que cette levée pourrait faire naître dans l'cfprit des gens
malintentionnés, les deux anciens pafteurs font chargés de vifiter au
plus tôt toutes les communautés & de faire la répartition defdites
fommcs en prcfcncc des perfonnes qui doivent y contribuer.
promis de s'acquitter dûment, fidèlement, ainsi qu'il leur est enjoint par la parole
de Dieu et conformément au règlement de la discipline des églises réformées de
ce Royaume.
Consistoire du i3 novembre iy68
La compagnie a jugé à propos d'acheter une Bible réflexionnce pour faire la
lecture dans l'endroit où l'on s'assemble; clic a consenti qu'elle serait payée des
deniers que Pierre Gutel et Jean Moussot avons entre leurs mains, provenant des
charités et libéralités de l'église; et en conséquence Icsdits Gutcl et Moussot [ont]
donné chacun 18 liv. à Jean Gutcl pour remettre à M. Guérout, qui avait vendu
ladite Bible.
Consistoire du 12 mars 176g.
Ce jourd'hui, tous les chefs de famille assemblés, avons tous unanimement
consenti qu'il était à propos de louer une chambre pour faire la lecture de la
parole de Dieu; à cet effet, l'on a fait prix pour un an à raison de i5 liv. de loyer,
d'une maison appartenant à Jean JoUy, du Ménillot, qui s'oblige de faire mettre
une croisée à la tenètre du devant et de faire une autre fenêtre : il sera remboursé
par la compagnie du prix qu'elle lui coûtera.
Consistoire du 16 avril 176g.
Ce jourd'hui, la compagnie a élu, reçu et confirmé pour ancien, le nommé
Pierre Denis Jolly, lequel a promis de s'acquitter dûment de sa charge, ainsi qu'il
est enjoint par la parole de Dieu, et conformément aux règlements de la discipline
des églises réformées de ce Royaume.
Le Ménillot était une manière d'ermitage, d'accès difficile, caché dans une
forêt de chênes séculaires, qui avait été choisi pour les assemblées au Désert. Les
réunions s'y multiplièrent pendant trois années. Malgré les précautions prises, les
dragons de Coulommiers en surprirent une, en 1771, et firent de nombreux pri-
sonniers (Le Protestantisme en Brie et B.isse-Champjgne, par M. E. Briet,
Paris, i883.) On convint alors d'un autre lieu de réunion à Villeneuve, au cœur de
ces églises. L'emplacement en fut arrêté en 1771, après la surprise des dragons.
Quant à Charmuzy, après avoir pendant trois années présidé, en Brie et en
Basse-Champagne, les assemblées au Désert, il fut arrêté à Nanteuil le jour de
Pâques 1770, et jeté dans les prisons de Mcaux où il mourut. Il allait être rem-
placé par Briatte.
476 LES SYNODES DU DESERT.
VIII.
L'inflruftion de la jeuneffe eft une des fondions des plus impor-
tantes du miniftère : cependant, par les malheurs du temps, elle a été
fort négligée jufqu'à préfent. Pour remédier au mal & prévenir, fil
eft poffible, tous ceux qui font les fuites ordinaires de l'ignorance,
Meffieurs les pafteurs fe font engagés à donner auffi régulièrement
qu'ils le pourront un jour de la femaine à l'explication du Catéchtfme
de M. Ofterwald, pour apprendre aux jeunes gens les vérités & les
devoirs de la religion. Meffieurs les anciens feront au plus tôt un rôle
exad des garçons & des filles de leurs communautés, depuis dix ans
jufqu'à feize, & dorénavant on n'en recevra point à la Ste-Cène qui ne
foient affez inftruits, autant du moins que leur état, leurs facultés &
les circonftances le permettront.
IX.
Pour maintenir l'union entre les différents quartiers & empêcher
qu'il ne fy pafle rien de contraire au bien général de nos chères
églifes, il a été convenu que Meffieurs nos pafteurs auront régulière-
ment tous les trois mois une entrevue, & cela tour à tour dans chaque
arrondiffement.
Ainfi conclu & arrêté le jour & an que defl"us.
A. Vernet, pafteur & modérateur; Ben. Armand, part';
Genolhac, part.; J. B. Briatte', p. fecrétaire.
1 . Avant de se rendre en Picardie, Briatte s'arrêta à Lyon où il exerça pen-
dant quelque temps son ministère. Cette église, où paraissaient de temps à autre
des pasteurs, devenait d'année en année plus prospère. « Nos exercices, écrivait,
cette année 1769, un nommé J. B. Brun à Rabaut, vont leur train, grâces à Dieu !
Le chant a lieu, et il y paraît toujours de nouveaux sujets; les étrangers, qui y
assistent, témoignent leur contentement, ainsi que sur l'ordre et la décence qui y
régnent. »
— Mss. Rabaut, III, D. p. 55 (1769).
SYNODES PROVINCIAUX. 477
Synode de Saintonge, Angoumois et Bordelais.
Au nom de Dieu. Amen.
Les églifes de Bordeaux, Saintonge & Angoumois, aiTemblees en
lynode provincial les quatrième, cinquième & fixième juillet mil fept
cent foixante-neuf ', auquel ont affifté MM. Henry Cavalier, Dugas,
Jean Martin, Jean JaroulFeau & Paul Marfoo, pafteurs, treize anciens,
députes par lefdites églifes, & un ancien, députe des églifes de la
province d'Aunis, — après avoir imploré l'affiftance du St-Efprit, ont
délibéré & arrêté ce qui fuit :
I.
Lcdure des lettres de députation ayant été fiiite, on a élu, ;\ la
pluralité des fuffragcs, M. Dugas, modérateur; M. Cavalier, modéra-
teur-adjoint; M. Martin, fecrétaire, & M. Marfoo, fecrétaire-adjoint.
I. Ce synode se réunit à Jonzac.
Colloque de i Angoumois du 3 mai 176g.
Au nom de Dieu. Amen.
Les églises de l'Angoumois assemblées en colloque le 3 mai 17G9, après
avoir imploré le secours du Seigneur, on a délibéré ce qui suit :
1. — A la pluralité des suffrages, on a nommé pour secrétaires MM. Vois
Fombelle et Ranson Boisbianchard.
2. — Chargés par le synode provincial dernier de la convocation du pro-
chain, on en a fixé le jour au 4 juillet prochain, et pour le lieu du rendez-vous,
on a fait choix de l'église de Jonzac.
3. — A l'unanimité des voix, on a nommé pour députés au synode prochain
MM. Benjamin Ranson et Vois Fombelle, et pour leurs substituts MM. de
Luchet et Ranson Boisbianchard.
4. — En vertu de la liberté qu'on a laissée au colloque chargé de la convo-
cation du synode provincial, de déterminer le nombre des députés d'entre Mes-
sieurs les anciens, on l'a fixé à celui de deux par quartier.
5. — Les députés de l'église de Segonzac ayant informé la compagnie du cas
fâcheux où se trouve un fidèle de leur église, on pense que c'est au synode pro-
vincial à en décider.
6. — Pour obvier aux inconvénients qui peuvent résulter de l'inobservation
de l'art. 2 du chap. XIII de la discipline, il a été arrêté que désormais les consis-
toires seront exacts à s'y conformer, sous les peines portées par ledit article.
7. — Comme il paraît par une lettre de M Lapra, du 2 avril dernier, qu'il
est dans l'idée que la province est disposée à lui faire une pension annuelle rela-
tive à la somme que le synode dernier avait ordonné de lui faire toucher à titre
478
LES SYNODES DU DESERT.
II.
Ayant obfervé que quelques lettres de députation n'étaient pas
conçues conformément aux règles de la difcipline, on a jugé à propos
d'en dreffer la formule qui fuit, à laquelle les églifes fe conformeront à
l'avenir. « La compagnie a nommé, à la pluralité des fuffrages,
« MM pour députés au fynode provincial prochain; nous prions
« la vénérable affemblée de les recevoir en cette qualité, promettant
« de nous foumettre aux décifions qui en émaneront, de les obferver
«& de les faire obferver autant qu'il nous fera poffible, perfuadés
« que Dieu y préfidera par fon Efprit & que toutes vos délibérations
«tendront à l'avancement du règne du Seigneur & à l'édification
« de fon Eglife. Nous avons l'honneur d'être très-refpe6lueufement,
« Meffieurs, etc. »
III.
Pénétrée de la plus vive gratitude à la vue des prérogatives que
le Seigneur nous accorde, à la faveur de l'heureux calme dont il nous
fait jouir par un effet de fa bonté, depuis plufieurs années, touchée
auffi de l'abus criminel qu'en font la plupart des Chrétiens, l'aiîemblée
a ordonné un jour de jeûne, d'humiliation & d'adions de grâces, que
toutes les églifes de la province célébreront le vingt-fixième novembre
prochain, pour tâcher d'obtenir de Dieu le pardon de nos offenfes,
pour détourner fes jugements & pour nous attirer de plus en plus la
continuation de fes grâces,
IV.
Suivant l'efprit de l'article premier du chap. vi de la difcipline,
l'affemblée a jugé à propos de ftatuer que déformais dans nos fynodes
de don gratuit pour une année seulement, les églises de ce district pensent qu'elles
ne sont nullement tenues de répondre à ce dessein.
8. — Le consistoire de l'église de Cognac ayant manqué aujourd'hui pour la
seconde fois de se conformer à l'ordre prescrit par l'art. 2 du chap. VIII de la
discipline, la compagnie lui enjoint de l'observer à l'avenir sous les peines portées
par ledit article.
g. — L'assemblée s'étant aperçue aussi que quelques-uns d'entre Messieurs
les anciens acceptent des députations aux colloques, qu'ils ne remplissent point,
sans les informer des raisons qui peuvent les avoir autorisés à s'en dispenser, les
consistoires, d'où sont membres ceux qui se trouvent dans le cas dont il s'agit,
sont chargés de leur adresser les censures qu'ils ont encourues, en manquant
d'amour pour l'ordre, si essentiel pour le bien de l'Eglise.
Ainsi conclu et arrêté les jour et an que dessus.
Martin, pasteur ; Ranson Boisblanchard, ancien et secrétaire.
— Mss. de Jarnac,
SYNODES PROVINCIAUX. ^-o
les députés des quartiers refpedifs feront placés & donneront leurs
voix tour à tour dans l'ordre fuivant, favoir: ceux de celui de Bor-
deaux, de l'Angoumois, de Pons, de Marcnnes, La Tremblude & de
Cozes, ordre qu'on a commencé d'obferver dans la préfente ailembléc,
de forte que ceux qui auront été les premiers en rang dans un fynode
feront les derniers dans le fuivant, & ainfi fucceflivement.
V.
M. Marfoo, pafteur dans cette province depuis environ trois ans,
ayant obligé la compagnie, par la demande réitérée de fon congé,
d'examiner fi cette demande doit lui être accordée, il a été arrêté,
après avoir réfléchi mûrement là-deffus, que ledit congé lui ferait
accordé, bien entendu cependant qu'il continuera pendant trois mois
la defferte des églifes de fon quartier, afin qu'on ait le temps de leur
procurer un autre pafteur. La compagnie, fatiffaite d'ailleurs de la
manière édifiante dont ledit M. Marfoo a prêché l'Evangile parmi
nous, fait bien des vœux pour qu'il puilfe exercer avec fuccès fon
miniftèrc partout où il fera légitimement appelé.
VI.
Sur les offres que M. Dupuy l'aîné a faites de fon miniftère aux
églifes de cette province, & vu le témoignage avantageux que lui rend
le fynode provincial du Périgord & Agenais, où il a exercé fon minif-
tère jufqu'à préfent, en date du 15" avril dernier, & figné parMcflieurs
le modérateur & le fecrétaire dudit fynode, l'affemblée confent qu'il
foit admis au nombre des pafteurs de la province, mais fous la condi-
tion que le quartier de M. Marfoo lui adrelfe vocation. La compagnie,
en conféquence, charge les députés dudit quartier d'informer inceflam-
mcnt les confiftoircs qui les compofent du préfent arrêté, attendu qu'il
ne fe trouve pas muni aujourd'hui d'un pouvoir ruflifant de leur pari
pour l'accepter; & lorfque lefdits confiftoircs feront décidés là-dclius,
ils auront foin d'en informer au plus tôt ledit fieur Dupuy, ainfi que
les quartiers refpedifs de la province.
• VII.
Suppofé que le quartier dont il fagit dans l'article précédent
adrelfe vocation audit fieur Dupuy, il lui écrira au plus tôt d'en venir
prendre polfeUion dans trois mois à compter de ce jour.
48o LES SYNODES DU DÉSERT.
VIII.
L'affemblée charge Monfieur le modérateur de convoquer au
plus tôt & pour le plus tard dans un mois à compter de ce jour, de
concert avec les députés dudit quartier, le colloque des églifes qui le
compofent, aux fins d'exécuter les arrêtés contenus dans les art. 6 & 7.
IX.
Les églifes de la province d'Aunis ayant informé l'aflemblée par
lettre & par Monfieur leur député du befoin où elles vont fe trouver
par le départ de M. Peirot, leur pafteur, & la priant de vouloir bien
leur accorder les fecours dont elles auront befoin, en attendant qu'elles
puiffent fe procurer un nouveau pafteur, l'affemblée, apprenant avec
joie les progrès continuels de ces églifes & défirant de les féconder de
tout fon pouvoir, a arrêté que MM. Henry Cavalier, Etienne Gibert,
pafteurs de l'églife de Bordeaux, MM. Dugas, Martin, Jean Jarouffeau
& Dupuy jeune, pafteurs des églifes de Saintonge & d'Angoumois,
feront chargés de deffervir les églifes de la province d'Aunis, chacun
pendant un mois, à commencer au départ de M. Peirot; bien entendu
qu'il fera libre aux pafteurs fufnommés de prendre entre eux les
arrangements qu'ils jugeront leur être les plus convenables relative-
ment à leurs engagements, & que dans le cas où celui des pafteurs
qui fe trouverait deffervir les églifes d'Aunis aurait pris des arrange-
ments avec quelqu'un ou quelques-uns de fes collègues pour y refter
plus d'un mois, cet excédant de fervice fera à la décharge de celui ou
de ceux de fes collègues avec lequel ou lefquels il aurait pris lefdits
arrangements.
X.
Les députés du quartier de La Tremblade ayant fait le£ture de
l'art. G de leur dernier colloque, tenu le 24° juin dernier, & expofé
les faits fur lefquels ils ont fondé leur jugement, la compagnie approuve
& confirme la décifion qui y eft exprimée.
XI.
Sur le cas propofé par les députés de l'Angoumois, la compagnie,
vivement affligée de l'expofé qui lui en a été fait, mais n'ayant pas des
"éclairciffements fuffifants pour prononcer, en renvoie la décifion au
confiftoire du lieu, qu'elle autorife à cet effet à prononcer & à agir avec
prudence & avec piété, d'après les lumières qu'il acquerra, & félon
les principes de la difcipline.
SYNODES PROVINCIAUX. 48,
XII.
M. Dupuy jeune ayant informé l'affemblée que, pour caufe d'in-
difpofition, il ne lui avait pas été poffible de f'y rendre & lui ayant
demandé avec prière de pourvoir à la defferte de fon quartier jufqu'à
ce que fa fanté foit rétablie, pour répondre à fa demande, il eft con-
venu que les églifes qui le compofent feront defferviesparMM. Dugas
& Marfoo: celles de Marennes, la Pimpelière & Mauzac par le pre-
mier, — celles de Souhe, de Nieulle & le Port des Barques par le
fécond, & M. Martin fe charge de celles de St-Savinien & de St-Jean-
d'Angély, pour en décharger d'autant M. Marfoo.
XIII.
M. le fecrétaire eft chargé d'informer M. Dupuy des arrêtés qui
le concernent & de preffer M. Dupuy le jeune de fe rendre dans le
fein de fes églifes, dès que fa fanté pourra [le] lui permettre.
XIV.
L'églife de Jonzac continuera à payer la fomme de i5o liv. pour
compléter les honoraires du pafteur du quartier de Pons, à condition
que MM. Dugas ou Jaroufleau ou Dupuy jeune donneront à ladite
églife quatre prédications entre eux dans le courant de l'année.
XV.
M. Martin, pafteur, a remis à Meffieurs les députés de Bordeaux
57 liv. 6 f. 8 d. pour les deux tiers des penfions que les églifes de la
province font chaque année à M. Court & à Mad[ame] la veuve Bétrine,
dont la première eft échue à la St-Jean dernière & la féconde écherra
le 27* feptembre prochain, — au moyen de laquelle fomme l'églife de
Bordeaux demeure chargée d'acquitter lefdites deux penfions pour la
préfente année, dont la première de 5o liv. & l'autre de 36 livres.
XVI.
Le quartier de Cozes eft chargé de la convocation du prochain
fynode.
xvu.
M. Martin a encore compté 180 liv. pour payer les dépenfes faites
dans ce lieu à l'occafion de la préfente affemblée, laquelle fomme,
jointe i\ celle de bj liv. 6 f. 8 d. portée par l'art. i5, formant celle de
482
LES SYNODES DU DESERT.
237 liv. 6 f . 8 d., le quartier de M. Martin n'eft plus redevable aux
autres que de 76 liv. 6 f. 4 d.
Ainfi conclu & arrêté, les cenfures ayant été faites, les jours & an
que deffus.
DuGAS, palleur & modérateur; Cavalier, pafteur & modé-
rateur-adjoint; Martin, pafteur & fecrétaire; Marsoo,
paftr & fecrétaire-adjoint.
Synodes provinciaux de 1770.
Synode du Bas- Languedoc.
Au nom de Dieu. Amen.
[Aâes du] fynode du Bas - Languedoc , ajfemblê au Défevt le
premier mai mil fept cent foixante-dix, auquel ont qffifté :
Du colloque d'Uzès : MM. Daniel Thé rond & Simun Lombard,
pajleurs de ladite églife, avec deux députés ;
M. Jean-Pierre Lafon, pajleur des églijes de Vé^enobres, Ners,
Ribaute, avec un député;
M. Guillaume Bruguier, pajleur des églijes de St-Ambroix,
St-Jean-de-Maruéjols, Bouquet & Peyremale, arec un député ;
M. François Fromental, pajleur des églijes de Moujfac, Gar-
rigues, Gatigues, St-Hippolj-tc [de Caton], avec deux anciens;
Du colloque de Sommières : ^L Jean Gachon, pajleur des églijes
dudit Sommières, Junas & Saujjincs, avec deux députés ;
M. Antoine Périer, pajleur des églijes de Lédignan & Lé\an,
avec un député;
Du colloque de Montpellier : M. André Bajlide, pajleur de ladite
églije, de Pignan, Cette & Mauguio, avec un député;
M. Maurice Bouët, pajleur des églijes de Bédarieux, Graijfejfac,
Faugères, Montagnac, J'almagne & Canet, avec deux députés;
Du colloque de MailHlargues : M. Jean Pradel, pajleur de ladite
églije & St-Laurent, avec un député;
M. Paul Vincent, payeur de Vauvert £■ le Cailar, avec deux-
députés ;
M. Louis l'alentin, pajleur des églijes d'AigueJvives, Gallargues,
l'ergè^e & Cungeniès, arec deux députés ;
484 LES SYNODES DU DÉSERT.
Du colloque de Nîmes : MM. Paul Rabaiit & Paul Rabautfils,
pajîetirs de ladite églife & de celle de Milhaiid, avec deux députés ;
M. Pierre Encontre, pajleur des églifes de St-Geniés & la Cal-
mette, avec un député ;
M. Pierre Allègre, pajieur des églifes de Cahnjfon & Nages,
avec un député ;
M. Pierre Saujfme, pajleur des églifes de Clarenfac & St-Mameri,
avec deux députés;
De la province des Baffes-Cévennes : MM. David Veffon & Jacques
Olivier, aujji pajleur s;
Ont ajpjîé, de plus, MM. Jacques Rivière, François Ricour,
François Ducros, François Raoux & Pierre Ri bot, propofants '.
(PRÈS l'invocation du St-Nom de Dieu, ont été arrêtés les
articles fuivants : On a élu, à la pluralité des fuffrages ,
*M. Paul Rabaut, pafteur, pour modérateur; M. André
iBaftide, auffi pafteur, pour modérateur-adjoint; M. Paul
Rabaut fils, pafteur, pour fecrétaire, & M. Pierre Saufline, aufli paf-
teur, pour fecrétaire-adjoint.
II.
MM. Gibert & Olivat, miniftres du St-Evangile, ayant demandé
l'un & l'autre d'être admis au nombre des pafteurs de la province,
I. C'est le premier synode du Bas-Languedoc où figurent les pasteurs dans
l'ordre des églises auxquelles ils appartenaient et étaient attachés. Précédemment,
ils desservaient plutôt une province qu'une église. Ils étaient les ministres itiné-
rants du Désert. Ce temps était passé. L'aurore de meilleurs jours, le progrès des
idées de tolérance, l'augmentation surtout du corps pastoral, le groupement des
religionnaires, l'effort d'un demi-siècle de luttes avaient produit ce grand résultat
d'avoir des circonscriptions ecclésiastiques nettement délimitées et des pasteurs,
presque partout à résidence fixe, attachés à ces circonscriptions. La période
héroïque était terminée.
Colloque général des églises réformées du Haut-Languedoc tenu le 3i mai 1770-
Au nom de Dieu soit fait. Amen.
Après l'invocation du St-Nom de Dieu et les lumières du St-Esprit, M. Sicard,
pasteur, a été nommé pour modérateur ; M. Gardes, pasteur, pour modérateur-
adjoint ; M. Sicard le Jeune pour secrétaire; M. Crebessac, pasteur, pour secré-
taire-adjoint.
I. — Ne pouvant pas accorder à l'église de Castres un pasteur en seul, ainsi
qu'elle en a fait la demande, pour lui prouver qu'on a tout l'égard possible à ses
SYNODES PROVINCIAUX. 485
l'affemblce a agrcc leurs fervices, & a arrêté de leur afïïgncr à chacun
un quartier.
in.
Ayant toujours de légitimes raifons pour nous humilier, & la
colère de Dieu étant juftement allumée contre nous, la compagnie a
ordonné un jeûne général & folenncl qu'elle a fixé au dernier dimanche
du moisdefeptembre prochain, & en cas de pluie au dimanche fuivant.
IV.
Sur la propofition faite par l'églife de Nîmes de confacrer un
exercice public à l'occafion du mariage de Monfeigneur le Dauphin,
raffcmblée, ayant accueilli d'un confentemcnt unanime cette propofi-
tion, a ordonné qu'il y aurait un jour folennellement deftiné à rendre
des actions de grâces fur cet heureux événement, & a chargé le con-
fiftoire de l'églife de Nîmes de choifir ce jour & d'en donner avis aux
autres églifes de la province. Quant à la manière, l'alTemblée a prefcrit
à MclTieurs les pafteurs d'y prêcher un difcours convenable à la cir-
conftance & d'y faire chanter le Te ûeiim.
V.
MeflTieurs les pafteurs fe font engagés de faire des regiftres dans
chaque paroifle de leur quartier, & pour y parvenir ils feront fans
délai extraire de leurs regiftres tous les baptêmes & mariages qui ne
prétentions, la compagnie souscrit à démembrer Montredon du quartier de
Castres, et d'allouer à cette dernière église autant d'assemblées que Roquecourbe
et Réalmont ensemble ; bien entendu que le pasteur répétera son discours en
faveur^dudit Castres et que cet endroit-ci payera la moitié de la pension du pas-
teur, et Roquecourbe et Réalmont l'autre moitié, par égale portion.
2. — Désormais, Montredon, Vabrc et Sénégats formeront un quartier, et
Ferrières, Casteinau, Brassac, Espérausses et Berlats un autre, et Viane sera
déchargé du secours qu'on retirait de Berlats.
3. — Relativement ù la demande que Mazamet a faite d'avoir plus d'assem-
blées que les autres églises de l'arrondissement, il a été arrêté qu'à chaque tournée
M. le pasteur leur fera une répétition qu'on tiendra au Bousquet, et la pension
sera payée par égales portions entre les trois églises.
4. — Les 3oo liv. qui avaient été affectées pour la pension de MM. les pas-
teurs ayant paru insuffisantes, on y a ajouté 100 liv. de plus pour chacun, par année.
5. — A la Toussaint prochaine, M. Sicard, pasteur, sera chargé de desservir
le quartier d'Espérausses, Casteinau et Ferrières; — M. Gardes, celui de Vabre et
Montredon; — M. Gerson, celui de Viane, Lacaune, etc.; — M. Crebessac, Maza-
met, etc. ; — M. Bonifas, Castres, Roquecourbe et Réalmont, — et M. Sicard le
jeune, Revel et Puylaurens ; et chacun desdits pasteurs sera libre de fixer son
domicile dans l'église de son quartier qu'il trouvera à propos.
6. — M. Crebessac, pasteur, ayant proposé à la vénérable assemblée si elle
voulait recevoir en qualité d'étudiant de la province le sieur Jean-Jacques Cre-
^86 LES SYNODES DU DESERT.
l'ont pas encore été, & les enverront à toutes les paroiffes; & ceux qui
font nantis des regiftres des pafteurs morts, les feront aufli extraire &
les enverront de même auxdites paroiffes. Cette première opération
faite, lefdits pafteurs travailleront à la confedion des regiftres ; & fil
eft des communautés qui fentent affez peu leurs vrais intérêts pour
refufer de payer les frais faits à ce fujet, la province les paiera pour
elles. Pour ce qui eft de l'avenir, chaque pafteur, à commencer
aujourd'hui, f'engage à faire tenir dans chaque paroiffe de fon quar-
tier un regiftre qui fe portera au colloque pour le faire vifer. Enfin, les
colloques faifembleront au moins une fois l'an pour cela, & rendront
compte au fynode de la manière dont aura été obfervé cet article,
qui ne pourra être violé impunément à caufe de fon importance.
VI.
Dorénavant, les regiftres d'un pafteur mort feront dépofés entre
les mains du confiftoire du chef-lieu du colloque dans lequel fe trou-
vera la dernière églife que ce pafteur aura deffervie ; & lorfqu'un
bessac, originaire de Lafitte, en Agenais, déjà son élève depuis quelque temps, la
compagnie, ne désirant pas mieux que d'augmenter le nombre des sujets, l'a agréé
avec satisfaction, et lui a affecté la somme de i5o liv. par année pour son entre-
tien, dont la répartition a été faite de la manière suivante :
Lacaune 1 1 y/^ 5 s » d
Viane 7 » 14 » 6 »
Lacaze 3 » » » » »
Espérausses 2 » 1 1 » » »
Casteinau 5 » 5 » » «
Ferrières 3 » 1 5 » » »
Vabre 12 » 4 » 6 »
Montredon 7 « 17 » 6 »
Gijounet 6 » » » » »
Réalmont 5 » 1 7 » 6 »
Castres 23 » 12 » 6 »
Roquecourbe 10 » 10 » » »
Puyiaurens 10 » 10 » » »
Revel 1 1 » 1 5 )) 6 »
Mazamet 16 » 14 » 6 »
St-Amans 5 » 8 » » »
Angles 6 » » » » »
1 5o ■//■ I) 1) » »
Il a été convenu que le colloque prochain se tiendra vers le commencement
du mois de juin de l'année 1771.
Ainsi conclu et arrêté les jour et an que dessus.
SiCARD, pasteur et modérateur; Gardes, pasteur et modé-
rateur-adjoint; SicARD le jeune, pasteur et secrétaire;
Crebessac, pasteur et secrétaire-adjoint.
— Mss. de Vabre.
SYNODES PROVINCIAUX. ^g^
paflcLir de la province viendra à mourir, on en dreircra dans le fynodc
fuivant un aétc où il fera fait mention du lieu dans lequel fes rcgiftres
feront dcpofcs.
VU.
En confcquence de l'article précédent, M. le pafteur Pugct étant
mort le 2b' juillet dernier, fes regiftrcs feront dépofcs entre les mains
du confiftoire de l'églife de Nîmes. La province, affligée de la mort de
ce digne palpeur, fait des vœux pour la confervation de la veuve & de
fes enfants.
vin.
L'églife de Bernis & de Beauvoifin, d'une part, & celles de Mont-
pellier, Cette & Pignan, de l'autre, ayant adrelfé une vocation, les
premières à M. Ricour & les autres à M. Bétrine, tous deux propo-
fants, & ces Meffieurs ayant accepté; de plus, M. Ribot, auiïi propo-
fant, ayant demandé les examens pour être reçu au St-AIiniftère, —
l'affemblée, répondant favorablement à leur demande, a nommé pour
examinateurs MM. Paul Rabaut, Pradel, Encontre, Baftide, SauflTine,
Allègre & Paul Rabaut fils, & M. Paul Rabaut pour leur impofer
les mains, fils en font jugés dignes.
IX.
Sur la demande faite par MM. Encontre & Vincent, pafteurs,
qu'il foit accordé à chacun de leurs fils aînés d'aller étudier au fémi-
naire du pays étranger, & M. Ducros, propofant, ayant fait la même
demande, l'affemblée le leur a accordé avec plaifir.
X.
Les étudiants, qui, fans être reçus propofants, en feront cependant
les fondions, feront entretenus & payés par les églifes auxquelles ils
feront attachés.
XI.
M. Henri Bétrine refiera encore trois mois fous la direction de
Monfieur fon frère & celle de Monfieur Baftide ; & après ces trois
mois, il fera examiné par le confiftoire de Montpellier, qui jugera fi
on doit le conferver '.
XII.
Sur le rapport fait par plufieurs des perfonnes qui ont connu
M. Chabaud, étudiant, & fur l'examen fait dans l'affemblée même, le
I . Dans une autre version on lit : consacrer.
488 LES SYNODES DU DESERT.
fynode, fatiffait du bon témoignage rendu à fes mœurs, a loué fon zèle
& fes bonnes intentions pour parvenir au St-Miniftère, mais [il] lui
confeille de chercher un état qui lui convienne mieux.
XIII.
On ne recevra déformais aucun étudiant qui ne foit entretenu
par fes parents, au moins la première année, afin que l'on puiffe juger
fil eft digne des bienfaits de la province.
XIV.
L'affemblée a confervé les étudiants dont on met ici la lifte :
MM. Barbuffe, — fes parents contribueront .... 54 #
Gachon, — fes parents contribueront .... 54 »
H. Bétrine, — aux conditions portées par l'art. 1 1 .
Paulet, — fes parents l'entretiendront en entier.
Ribes, — fes parents contribueront 24 »
~~l32#
Et admis ceux qui suivent :
MM. Soulier, de Milhaud ;
Mingaud, du Cailar ;
Roux, de Beauvoifin.
XV.
L'affemblée a accordé à M. André Bouët, pour le dédommager
de l'abandon où l'a laiffé le quartier de Vallon, la fomme de i5o liv.
à prendre fur ce qui refte des colledes faites en faveur des étudiants,
& y a ajouté la fomme de 63 liv. dont la compagnie lui a fait préfent.
XVI.
On recommande plus fortement que jamais aux propofants de
ne point prêcher fans que leurs difcours foient lus & approuvés par le
pafteur fous la direftion duquel ils fe trouveront, ou par le pafteur le
plus voifin; les élèves font à plus forte raifon fujetsàcette loi. Et pour
l'avenir, aucun des élèves, hors ceux qui ont déjà occupé la chaire
avant la tenue du préfent fynode, ne pourra prêcher publiquement
avant que d'avoir reçu le grade de propofant, & les églifes obferveront
de mettre dans le fervice divin toute la régularité, la décence & la
dignité qu'il exige. C'eft dans ce but que le fynode veut que,lorfqu'un
pafteur fe trouvera dans une affemblée où un propofant prêchera, ce
foit le pafteur qui donne la bénédidion au peuple.
SYNODES PROVINCIAUX.
XVU.
489
La province a été taxée, pour fournir à l'entretien des étudiants,
en la manière fuivante :
Le colloque de Montpellier 210 h-
Le colloque de Maflillargues i3o »
Le colloque de Nîmes 25o »
Le colloque de Sommières 100 »
Le colloque d'Uzès 25o »
940 #
Ce qui fait la fomme de 940 liv., que les colloques feront chargés
de répartir félon leur prudence fur les églifes qui les compofent; & fil
y a quelque refle, il fera laiffé entre les mains du confiftoire de Nîmes,
chargé d'en faire la recette.
xvni.
Le fynode, pour condefcendre à la jufte demande de l'églife de
Nîmes, accorde à la veuve de feu M. Puget, un de fes pafteurs, la
penfion annuelle de 200 liv., à prendre fur les taxes mortes de la pro-
vince, laquelle penfion commencera à courir du jour même de cet
arrêté ; & Mad. la veuve Saufllnc ayant aulTi demandé une penfion, le
fynode lui a accordé celle de 100 livres.
xix.
M. le pafleur Encontre prêchera au fynode prochain, & M. le
pafteur Lafon fe préparera pour prêcher à fa place en cas d'accident;
& à l'avenir il y aura toujours deux pafteurs prêts pour faire l'ouver-
ture du fynode.
XX.
MM. Périer & Paul Rabaut fils, pafteurs, font députés au pro-
chain fynode des Balfes-Cévennes, & MM. Gachon & Bruguier, auffi
pafteurs, à celui des Hautes-Cévenncs.
XXI.
Les députes de l'églife d'Uzès ayant été requis par M. Thcrond,
l'un des pafteurs de ladite cgiife, de rendre témoignage ;\ fa doclrinc
& i'i fes mœurs, lefdits députés ont déclaré en conféquencc qu'ils n'y
avaient rien trouvé à reprendre, & qu'au contraire tant eux que leur
églife avaient été édifiés, foit de fes difcours & généralement de la
manière dont il a rempli fes fondions, foit de fa conduite.
4go LES SYNODES DU DESERT.
XXII.
Sur les demandes des députés de l'églife d'Uzès qu'on fépare
de leur églfie les communautés de la campagne qui y ont été jufqu'ici
annexées, & que M. Lombard foit accordé pour pafleur à ladite églife
d'Uzès, les raifons de la ville & de la campagne mûrement pefées, la
compagnie a décidé que les chofes relieraient fur l'ancien pied &
qu'ainfi la campagne demeurera unie à l'églife d'Uzès pour former un
même quartier, pour la defferte duquel on a nommé M. Lombard,
pafteur, & M. Julien, propofant. Quant à la répartition des deniers
des pauvres qui fe colledlent dans les affemblées religieufes, l'on fuivra
la règle établie dans plufieurs précédents fynodes, que chaque églife
recevra des deniers des pauvres à proportion de ce qu'elle paie de la
taxe du miniftère.
xxm.
L'églife des Vans étant jointe au quartier de St-Ambroix, pour
foulager le pafteur dudit quartier, M. Olivat, pafteur du quartier de
Vallon, fera quatre affemblées pour l'églife des Vans, & les frais de
corvée feront payés, favoir : en allant, par le quartier de Vallon, qui fera
accompagner ledit pafteur, & les frais de retour par l'églife des Vans,
qui le fera aufti accompagner jufqu'à Vallon. Au furplus, M. le pafteur
Fromental fe charge de faire quatre affemblées dans l'églife de Luffan,
à la décharge de M. Ribot.
xxiv.
L'églife de Nîmes ayant adreffé une vocation à M. Gachon, pafteur
de l'églife de Sommières, & celui-ci y répondant favorablement, fous
le bon plaifir de l'affemblée, les raifons de Meffieurs les députés defdites
églifes confidérées & mûrement pefées, le fynode a affedé M. Gachon
pour pafteur de l'églife de Nîmes.
XXV.
M. Raoux, propofant, ayant demandé que l'affemblée confentît à
lui accorder les examens pour être reçu au St-Miniftère, le fynode,
répondant favorablement à fa demande, lui permet de fubir fes exa-
mens avec MM. Bétrine, Ribot & Ricour; & au cas qu'il foit jugé
digne d'être reçu, la compagnie lui afligne le quartier de Montagnac,
où il fera les fondions de propofant pendant trois mois, au bout def-
quels il fera confacré par M. le pafteur Baftide, affifté des autres
pafteurs du colloque, & dans la place dite des Sept- Fonds, au centre du
quartier ; & pendant ces trois mois le pafteur de Bédarieux fera dans
le quartier de Montagnac les fondions paftorales.
SYNODES PROVINCIAUX. ^q,
XXVI.
Les cMcvcs & les étudiants ne viendront point déformais dans les
lieux où fe tiendra le fynode, attendu qu'ils y font entièrement inutiles.
XXVII.
Afin qu'il y ait uniformité dans les prières publiques qui fc font
dans les aiïemblces religieufes, on charge MeflTicurs les pafteurs, dont
il eft fait mention dans l'art. 8 des préfents arrêtés, de faire les chan-
gements néceffaircs à celles dont on fe fert parmi nous & d'en envo3^cr
une copie à chaque paftcur, fur laquelle copie on corrigera des exem-
plaires particuliers de la liturgie qu'il efl ordonné aux anciens de faire
toujours apporter dans les affemblées religieufes, pour être les feulsdont
il foit permis de fe fervir.
XXVIII.
Les propofants qui fouhaiteront d'être reçus miniftrcs fe préfen-
teront aux colloques pour être examinés par les pafteurs au nombre
de cinq, félon que l'ordonne la difciplinc, afin que lefdits colloques,
faifant rapport au fynode du fuccès de ces examens, celui-ci ne difpofc
des fujets que lorfqu'ils feront véritablement dignes d'être donnés aux
églifes.
XXIX.
La répartition, tant des dettes mortes de la province que de l'addi-
tion ordonnée par le fynode, a3'ant été faite par une commiflion nommée
à cet effet, il en réfulte que les colloques font redevables de la fomme
fuivante dont on trouvera les détails dans un mémoire féparé, favoir :
Le colloque d'Uzès 389 #
Le colloque de Sommières 172 »
Le colloque de Montpellier 289 »
Le colloque de Madillargues 235 »
Le colloque de Nîmes 397 »
1482 #
fe montant enfcmble à la fomme de 1482 livres.
Ainfi conclu & arrêté au fynode en vingt-neuf articles, ce 5° mai
1770.
Paul Rabaut, pafleur & modérateur; Bastide, paftcur &
modérateur-adjoint; P. Rabaut fils, pafteur & fccrétairc ;
Pierre Saussine, pafteur & fecrétairc-adjoint.
492
LES SYNODES DU DESERT.
Synode des Hautes-Cévennes.
Au nom de Dieu. Amen.
Le fynode de la province des Hautes-Cévennes, affemblé le
huitième mai mil fept cent foixante-dix, auquel ont affifté MM. Jean-
Pierre & Jacques Gabriac, Jean Méjanelle du Cambon, Charles
Bourbon, Sabatier, Jean-Pierre Roche, André Molines & Pierre
François Samuel, pafteurs de ladite province; Paul Marazel, pafteur,
député de la province des Baffes-Cévennes, chacun avec fes députés
refpedifs, — après avoir nommé pour modérateur M. du Cambon,
pour fecrétaire M. Bourbon, pour fecrétaire-adjoint M. Sabatier, a
arrêté ce qui fuit :
I.
Il eft enjoint à toutes les églifes de célébrer un jeûne folennel le
23° feptembre prochain.
II.
Il leur eft encore enjoint de chanter le Te Deum en adions de
grâces à l'occafion du mariage de Monfeigneur le Dauphin. Meflieurs
les pafteurs feront à ce fujet un difcours de circonftance & ce fera le
27* du courant'.
I. Le synode du Bas-Languedoc avait décidé (art. 4) que les pasteurs de la
province prêcheraient un discours «convenable à la circonstance», et qu'on chan-
terait le Te Deum. On se soumit assurément partout à cette décision. On pos-
sède un Discours prononcé au Désert à l'occasion du mariage de Monseigneur le
Dauphin, sur Ps. XXI, 2 et 3. En Languedoc, 1770. Plusieurs discours sembla-
bles furent composés à ce sujet, et on ne serait pas éloigné de penser, bien qu'on
ne possède que la plaquette dont on vient de donner le titre, que deux de ces ser-
mons avaient été imprimés. Le i3 août 1770, un correspondant de Rabaut lui
écrivait: «Remerciez, Monsieur, pour nous, Monsieur votre fils de la bonté qu'il eût
de nous envoyer son discours,» (Mss. Rabaut, III, D. p. 92) d'où il paraîtrait que
Rabaut St-Etienne est l'auteur du sermon en question. Cependant, dès 1 769 (Ibid.,
p. 45) un nommé Teissier écrivait de Paris à Rabaut : » M. Don Pierre ferait bien
de préparer une belle lettre pastorale qu'il ferait imprimer pour demander les
bénédictions du Ciel sur le mariage de Mgr le Dauphin. Dans notre situation,
nous ne devons laisser échapper aucune occasion de manifester notre amour
pour tout ce qui appartient au Souverain. » — Ceci n'est qu'une invitation et
semble n'indiquer qu'un projet. Mais un autre correspondant de Lyon, Brun, lui
mandait le 23 septembre 1770: «M. Jean Pieyre vous remettra l'Instruction pas-
SYNODES PROVINCIAUX. 4^3
UL
Meflieurs les pafteurs paraîtront déformais dans les affemblées
eccléfiaftiques en manteau court & rabat.
IV.
I! e(l permis à M. Vider, propofant, de paffer dans l'étranger
pour perfectionner fes lumières fous la fage conduite de nos refpec-
tables amis.
V.
D'après le jugement du fynode, M. Molines doit rembourfer à
MM. Gabriac & Samuel la moitié des émoluments qu'il a perçus dans
l'églife de St-Germain & fes annexes.
VI.
MM. Privât & Mazauric, propofants,defferviront alternativement
les églifes d'Alais & St-Germain, & Meilleurs les pafteurs faifant dans
cette dernière une ronde, chacun dans le courant de l'année, toutes
les autres églifes de la province demeurent affedées aux mêmes paf-
teurs qui les ont deflervies l'année dernière.
VII.
Lorfque Meflieurs les pafteurs iront à l'églife de St-Germain
remplir les fondions énoncées dans l'article précédent, le propofant
de ladite églife fera tenu de les remplacer dans leur diftrid, pour les
fondions de fa compétence.
VIII.
L'églife de Barre nous ayant repréfenté le trifte état de la demoi-
felle Figuières & fes urgentes néceftités, touchés de fa mifèrc & dcfi-
rant de diminuer fes horreurs, autant que nos relTources nous le per-
mettent, Meflieurs les pafteurs font très-fort exhortés de faire en fa
torale que M. Martin a prononcée à l'occasion du mariage du Dauphin. Vous
verrez avec cet ami de la faire imprimer: je vous en serai fort oblige.» (Mss.
Rabaut, III, C. p. g3). Quel qu'en soit l'auteur, ou en admettant qu'il y ait eu
deux discours imprimés, on détache de la préface de l'éditeur de la Sédition ces
lignes où perce le pressentiment de temps nouveaux: «Parlez, bons citoyens,
trop longtemps méconnus! Non, vous n'êtes ni des séditieux, ni des rebelles.
Continuez à enseigner aux Peuples leurs premiers devoirs; attachez les citoyens
à leur Patrie, par l'idée au moins de leur bien-être relatif, en attendant que la
belle saison de la Politique la réalise pleinement. » — C'est déjà le ton, la phrase,
l'allure de la fin du siècle.
494 LES SYNODES DU DESERT.
faveur une prompte collede qui fera remife à MM. Parlier & C. . . .
pour la diftribuer de concert, félon leur prudence.
IX.
L'églife de Maruéjols fera déformais corps avec cette province, &
MM. Gabriac & Samuel font chargés de la deffervir.
X.
Impofition :
Pour huit pafteurs à 700 liv 56oo tt
Pour M. Vallat 3oo »
Pour M. Court 20 »
Pour Mad[ame] la veuve Bétrine .... 24 «
Pour port de lettres 60 »
Pour dépenfes imprévues i6o «
Total 6164 /A
XI.
Répartition :
Rour le quartier de M. Gabriac l'aîné. . 770 y/^ 10 f
Pour celui de M. Gabriac le jeune. . . 770 » 10
Pour celui de M. du Cambon .... 770 » 10
Pour celui de M. Bourbon 770 » 10
Pour celui de M. Sabatier 770 » 10
Pour celui de M. Roche 770 » 10
Pour celui de M. Molines 770 » 10
Pour celui de M. Samuel 770 « 10
Total 6164 y^ »
Ainfi conclu & arrêté.
Gabriac, pafteur & modérateur; du Cambon, paileur
& modérateur-adjoint; Ch. Bourbon, pafleur &
fecrétaire; Sabatier, pafteur & fecrétaire-adjoint.
^B ^R ^B ^D
SYNODES PROVINCIAUX.
495
Synode de Saintongc, Angoumois et Bordelais.
Au nom de Dieu. Amen.
Aâes dufynode provincial des vingtième, vingt & unième & vingt-
deuxième Septembre milfept cent foixante-dix ' .
Les églifes de Bordeau.x, Saintonge & Angoumois, affemblces en
fynode fous la protedion divine les vingtième, vingt & unième, & vingt-
deu.xième feptembre mil fept cent foixante-dix, après avoir implore
le fecours du St-Efprit, ont délibéré ce qui fuit :
I.
A la pluralité des fufTrages, on a élu MM. Dugas, pafteur, pour
modérateur, & Cavalier, paft[eur], pour modérateur-adjoint; MM.
Dupuy jeune, pour fecrétaire, & JaroulTeau pour fecrétaire-adjoint.
Colloque de Saintonge et Angoumois des 23 et 24 de mars 1770.
Au nom de Dieu. Amen.
I . Les églises de Saintonge et Angoumois, assemblées en colloque les 23 et 24
mars 1770, après avoir imploré l'assistance du Seigneur, [ont] délibéré ce qui suit :
1. — Lecture faite des lettres de députation, on a nommé, ù la pluralité des
suffrages, M. Dugas, modérateur, et M. Martin, secrétaire.
2. — M. Marsoo ne pouvant être regardé comme pasteur actuel de la pro-
vince, en vertu du congé qui lui fut accordé à sa réquisition par le dernier synode,
(art. 5-()) la compagnie, en improuvant la conduite tant dudit pasteur que des
églises qui l'ont reçu en cette qualité, après les trois mois de la date dudit synode,
a arrêté que la décision de cette irrégularité sera renvoyée au provincial prochain,
et qu'au cas que lesdites églises ne veulent pas continuer à être desservies par
ledit sieur Marsoo jusqu'alors, elles le seront par M. Jarousseau; bien entendu que
M. Dugas se chargera en même temps de la desserte de celles de Courlay et le
Pouyaud.
3. — Supposé que M. Dupuy l'aîné veuille accepter la vocation que l'assem-
blée lui adresse par le présent arrêté, il desservira, de concert avec Monsieur son
frère (qui a bien voulu, à nos pressantes sollicitations, se désister du dessein qu'il
avait formé de quitter notre province), les églises qui composent actuellement les
quartiers de l'Angoumois et de Maronnes, ainsi que celles de St-Savinien et de
St-Jcan-d'Angély, qu'on détache pour cet effet, dès à présent, du quartier actuel
de Pons, à la réquisition desdites deux églises.
4. — Dans la supposition que l'église de Marennes, ou quelque autre des sus-
dits quartiers, ne veuille pas être desservie par les pasteurs nommés dans l'article
précédent, on les autorise il s'en procurer un autre hors de la province pour leur
496
LES SYNODES DU DESERT.
II.
MM. Allard, pafteurdela province du Périgord & Morin, ancien,
ayant été députés par ladite province pour aflifter à la préfente affem-
blée, elle les y a admis, conformément à l'art. i6 du chap. viii de
notre difcipline, ainfi que M. Etienne Gibert, à caufe de fa qualité de
pafteur de la province.
m.
La province d'Aunis ayant offert à celle-ci 3oo liv. d'honoraires
pour l'efpace de trois mois qu'elle a été deffervie par MM. Dugas,
Jarouffeau & Martin, la compagnie, vu les divers befoins de nos
églifes, accepte fon offre & charge M. Thomas, de Royan, de retirer
ladite fomme & d'en difpofer félon qu'il lui fera ordonné par quel-
qu'un de nos tribunaux.
desserte particulière, bien entendu que tant ladite ou lesdites églises que le pas-
teur seront toujours soumis au gouvernement ecclésiastique de la province.
5. — L'assemblée, ayant égard aux raisons qui ont engagé M. Martin, pas-
teur, à lui demander son congé (et qu'il a exposées à quatre de ses membres), le
lui accorde aux conditions toutefois qu'il n'en fera usage que lorsque l'art. 3
ci-dessus sera rempli, ou qu'on pourra pourvoir par quelques autres moyens à la
desserte de son quartier.
6. — Monsieur le modérateur écrira au plus tôt à M. Dupuy l'aîné pour l'in-
former de l'arrêté qui le concerne, exprimé dans l'art. 3 ci-dessus, et, dès qu'il en
aura reçu réponse, il en donnera avis à M. Martin.
7. — On charge le quartier de M. Martin, pasteur, de lui donner les témoi-
gnages avantageux qui lui sont si légitimement dus à tous égards, lors de son
départ, conformément à l'art. 5 ci-dessus.
8. — Les délibérations de nos précédents colloques, concernant l'authenti-
cité qu'il importe de donner aux articles des registres de baptêmes et mariages
qui en manquent, n'ayant pas été jusqu'à présent exécutés, l'assemblée en recom-
mande de nouveau très-fortement l'observation; et elle adresse pour cet effet la
formule suivante, à laquelle chaque consistoire est enjoint de se conformer.
9. — « Les fâcheuses circonstances où les églises se sont trouvées n'ayant
« pas toujours permis aux pasteurs de signer l'enregistrement des baptêmes qu'ils
« ont faits et des mariages qu'ils ont bénis, et ne nous étant plus possible de
« remédier à ce manque de formalité à cause de la mort ou de l'absence desdits
« pasteurs, nous, soussignés, certifions, sur le témoignage de plusieurs personnes
« dignes de foi, que les articles enregistrés à la page du numéro
« ont été faits par pasteur reconnu et approuvé. »
10. — MM. Dugas et Martin ayant reçu la somme de 61 5 liv., perçues des
églises, pour subvenir au besoin de Mad. D , et ne lui ayant fait passer que
celle de 3oo liv., il a été arrêté que les 3i5 liv. qu'on a en main seront prêtées
à M. Gaudy, vu le pressant besoin où il se trouve et qu'il nous a exposé, ainsi
que tout ce que lesdits pasteurs doivent de plus auxdites églises, desquelles
sommes il donnera son billet à M. R.... ; et ce dernier remboursera lui-même aux
églises, lorsque ledit billet sera acquitté.
11. — Il a été arrêté que, dès aujourd'hui, M. Dupuy jeune sera chargé
de la desserte des églises de St-Savinien et de St-Jean-d'Angély.
SYNODES PROVINCIAUX. ^q^
IV.
Vu l'appel interjeté par M. Etienne Gibert, pafteur, à la préfente
alTemblée, des divers arrêtés du confiftoirc de Bordeaux le concer-
nant & notamment de ceux du G" c[ourant], par lelquels on lui inter-
dit toutes les fondions paftorales dans ladite églife de Bordeaux, la
compagnie, après avoir pris connaiffance des fufdits arrêtés & des
faits qui les ont occarionnés,& après avoir ouï fur ce ledit M. Etienne
Gibert, eftime : i° que les Catcchifmes de MM. Saurin & Ofterwald,
étant approuvés & en ufage, furtout ce dernier, dans toutes les églifes
réformées de ce Royaume, ledit confiftoire était en droit de les prefcrirc
audit fieur Gibert dans l'inftruclion de la jeuncffe qui lui avait été
confiée, & qu'ainfi ledit fieur Gibert a péché contre l'ordre en choifif-
12. — Messieurs les anciens de Marennes ayant envoyé (contre ce qui est
prescrit par notre discipline et par divers arrêtés de nos tribunaux ecclésias-
tiques) un mémoire, sans en avoir prévenu le colloque de leur quartier, la com-
pagnie, en les blâmant à cet égard, leur enjoint de ne plus récidiver à l'avenir.
i3. — L'assemblée, voulant remédier aux inconvénients qui peuvent résulter
de la trop grande facilité avec laquelle certains consistoires ont accordé la
bénédiction nuptiale à des personnes d'une religion contraire, leur enjoint, ainsi
qu'à tous les autres, de ne publier à l'avenir les annonces de tels mariages
qu'après trois mois révolus de la date de leur contrat au plus tôt.
Ainsi conclu et arrêté [les] jours et an que dessus.
DuGAS, pasf et modérateur; Martin, pasteur et secrétaire.
Colloque de l'Angoumois du 22 juin i-'^O-
Au nom de Dieu. Amen.
Les églises de Jonzac et d'Angoumois, assemblées en consistoire le 22 juin
1770, en la personne de leurs députés, après avoir invoque le nom du Seigneur,
ont délibéré ce qui suit :
1. — M. Marsoo, s'étant départi du congé qu'il avait demandé au synode du
4, 5 et 6 juillet (art. 3) et qui lui fut accordé, nous a fait proposer par deux
membres de cette assemblée de desservir nos églises; mais comme il fut adressé
par le colloque des 23 et 24 mars 1770 vocation à MM. Dupuy pour cette même
desserte et que nous ne pouvons accepter l'un sans préjudicier aux autres, nous
avons cru pouvoir, en attendant qu'il soit autrement décidé par le prochain
synode, accorder à M. Marsoo vocation pour desservir nosdites six églises, sans
préjudice à l'art. 3 du colloque qui oblige les sieurs Dupuy à circuler alternative-
ment dans ce quartier.
2. — Sur la représentation faite par plusieurs membres de cette assemblée
qu'ils ne pouvaient accepter l'article ci-dessus, sans en communiquer à leurs
églises, leur pouvoir étant limité, il a été résolu qu'il en sera communiqué inces-
samment auxdites églises pour qu'elles mettent leur approbation ou réjection, et
au cas de contrariété le tout sera incessamment porté au synode prochain.
GuÉDON, secrétaire.
— Mss. de Jarnac.
3a
498 LES SYNODES DU DÉSERT.
fant par lui-même, à l'infu ou fans l'approbation dudit conliftoire,
celui de Heidelberg, quoique approuvé parmi les communions pro-
teftantes en ge'néral, ainfi qu'en le faifant imprimer pour le répandre
dans ladite églife, également à l'infu ou fans l'approbation dudit con-
fiftoire & en ne confentant de fe fervir de ceux de MM. Saurin &
Ofterwald, qu'on lui avait prefcrits, qu'après des follicitations plufieurs
fois réitérées .... ; elle eftime, 2° que ledit confiftoire était auffi en
droit, vu la réclamation de plufieurs de fes membres & d'un grand
nombre de fidèles, de prefcrire audit fieur Gibert, ainfi qu'il l'a fait
par fes divers arrêtés & notamment par ceux du iZ" août dernier, de
f'exprimer tant en public qu'en particulier fur les matières de la
Grâce, fur l'impuiffance fpirituelle de l'homme & fur la néceffité des
bonnes œuvres, dans les termes mentionnés aux fufdits arrêtés qui
nous reftent en mains, attendu que cette manière de f'énoncer fur ces
matières ne lui paraît porter aucune atteinte à l'orthodoxie de ces
matières, & qu'elle aurait prévenu les fufdites réclamations & éteint
les malheureufes divifions qui fen font déjà enfuivies, & qui pourraient
en réfulter. Partant, on ne peut f'empêcher de défapprouver ledit
fieur Gibert de n'avoir pas eu égard auxdites réclamations & aux
moyens qu'on lui a indiqués pour les faire ceffer, exprimés dans lef-
dits arrêtés du confiftoire de Bordeaux. 3° En conféquence de toutes
ces confidérations, & vu les arrêtés dudit confiftoire du 6* du courant
qui fen font enfuivis, la compagnie, fans approuver lefdits arrêtés, les
cenfurant au contraire comme trop précipités, vu l'indication de la
préfente affemblée qui lui avait été notifiée, & lui paraifl"ant d'ailleurs
peu conformes au fupport qu'exige la charité chrétienne & dont ledit
fieur Gibert nous a paru digne, prévoyant néanmoins que le minif-
tère dudit fieur Gibert ne pourrait qu'être déformais infrudueux dans
ladite églife de Bordeaux, qu'y produire & y entretenir des divifions
fcandaleufes & funeftes à ladite églife qu'il importe infiniment de pré-
venir, — juge que fon miniftère ne doit pas y être continué, tant que
les difpofitionsdeceux qui la compofent en tout ou partie feront telles
qu'elles font préfentement à fon égard. Cependant, comme les torts,
qu'on peut lui imputer & qu'on lui impute en effet, ne nous paraif-
fent pas fuffifants pour lui interdire l'exercice de fon miniftère dans
d'autres églifes, & dans l'efpérance qu'il préviendra, autant qu'il lui
fera poflible, que celles qui pourront lui être confiées ne puiffent
réclamer contre fa manière de prêcher fur les matières dont il f 'agit
SYNODES PROVINCIAUX. 409
ni fur aucune autre, la préfente affemblcc lui adreffe, par le préfent
article, vocation pour la dellerte d'un des quartiers de Saintonge &
Angoumois qu'on lui aflignera, fil juge à propos de l'accepter.
V.
On laifTe à l'églife de Bordeaux la liberté de remplacer ledit fieur
Gibert, en appelant dans fon fein un autre palleur hors de la pro-
vince, approuvé & reconnu.
VI.
M. le modérateur eft chargé par le préfent article d'écrire aux
fidèles de l'églife de Bordeaux pour les exhorter ù vivre toujours dans
l'union & la concorde chrétienne.
VII.
Nonobflant les mémoires de MM. les députés de l'églife de Bor-
deaux & de M. E. Gibert, pafteur, le premier contenant en quatre
pages paraphées & fignées par MM. le modérateur & fecrétaire de la
préfente aflemblée, le fécond, de M. Gibert, compris en trois pages
audi paraphées & fignées par les mêmes que delfus, qui ont été lus
& pris en confidération, la compagnie n'a pas jugé ù propos, vu la
délicateffe de la matière, de faire aucun changement à l'art. 4 de fes
arrêtés de ce jour, que lefdits mémoires ont en vue.
Et quant à l'autre grand mémoire de 56 pages que ledit fieur
Etienne Gibert a aufli lu &qui a aufli été paraphé à toutes les feuilles
& figné à la dernière par les mêmes que defrus,raffemblée lui enjoint
de ne pas le répandre dans ladite églife de Bordeaux, dans la crainte
où elle eft qu'il n'y produifît un mauvais effet, vu la difpofition ac-
tuelle des efprits dans ladite églife, de même qu'un autre petit mémoire
contenant des obfervations fur la conduite qu'a tenue le confiftoirede
Bordeaux ù fon égard, & compris en douze pages qu'on a aufli para-
phées & fignées.
vin.
Leflure du précédent article ayant été faite à M. Etienne Gibert,
& lui, M. Gibert, ayant déclaré qu'avant fon départ de Bordeaux il y
avait laiffé une copie dudit grand mémoire entre les mains d'un fidèle,
la compagnie l'exhorte, par les mêmes confidérations qui font le motif
de l'article ci-deffus, ù retirer le plus tôt qu'il le pourra ladite copie,
ainfi que les autres qu'on pourrait en avoir faites.
5oo LES SYNODES DU DESERT.
IX.
L'affemblée ayant pris en confidération l'appel que M. Renouleau,
pafteur de la province du Périgord, a interjeté devant elle & l'acquiefce-
ment que le fynode en a fait, de la fentence de fufpenfion prononcée
contre lui, quoique abfent, par fes arrêtés des iS" & 14^ feptembre
1769, art. 4, fondée fur les imputations qu'il avait malverfé avec
Mad[ame] fon époufe, avant la bénédidion nuptiale qui leur fut im-
partie, après avoir examiné lefdites imputations & leur fondement,
& ouï les députés de part & d'autre, elle a trouvé que, vu les contra-
didions de trois d'entre eux qui ont donné des déclarations par écrit
qui auraient du poids dans cette affaire fans ces contradidions, vu le
confentement que la famille de ladite époufe a donné à fon mariage
avec ledit fieur Renouleau, vu la rétradation que le père de ladite
dame a faite par écrit, à ce qu'il avait d'abord dit de vive voix contre
elle & contre ledit fieur Renouleau, & les raifons plaufibles qu'il a
alléguées de fa conduite à cet égard, vu enfin que l'accouchement de
ladite dame, qui, fuivant le certificat du chirurgien qui l'a accouchée
& le témoignage par écrit de la femme chez qui elle f'accoucha & qui
nous ont été produits, n'a eu lieu qu'après fept mois & un jour de
la date de la bénédidion nuptiale qui lui a été impartie, — en confé-
quence de toutes ces confidérations qui nous font préfumer l'inno-
cence de M. Renouleau fur ce fait, on lève la fufpenfion prononcée
contre lui, l'autorifant d'exercer à l'avenir toutes les fondions du
St-Miniftère, partout où il fera légitimement appelé, excepté feulement
dans le quartier de Monflanquin, compofé des églifes de Monflanquin
même, Libos & Caftelnaud, à caufe des difpofitions aduelles d'un
grand nombre de fidèles de ce quartier contre lui, qui nous ont fait
craindre que fon miniftère y ferait infrudueux, laiffant d'ailleurs au
foin de ladite province du Périgord d'affigner audit fieur Renouleau
un quartier où il puiffe exercer fon miniftère avec édification, & l'ex-
hortant à lui faire payer les honoraires qui lui font dus.
Pour lever l'équivoque qui pourrait faire croire que ce font lefdits
députés ici préfents qui ont donné les déclarations par écrit contre
M. Renouleau à l'article ci-deffus, on déclare que ce font d'autres
perfonnes que l'on a en vue.
X.
Sur les bons témoignages qui ont été rendus à la compagnie en
faveur d'un jeune homme, âgé d'environ trente ans, qui profefle notre
SYNODES PROVINCIAUX. 3oi
fainte religion depuis environ trois ans, qui cft difpolc à abjurer in-
celfamment les erreurs de l'Eglifc romaine dans laquelle il a été élevé
& à fe dévouer au St-Miniftère, l'allembiée, en bénilfant Dieu de ce
qu'il lui a fait connaître la vérité, eft d'avis qu'il foit admis au nombre
des étudiants de la province, immédiatement après fon abjuration, &
charge en conféqucnce M. le pafteur du quartier où il fait fon féjour
de le diriger & de l'éprouver relativement au St-Miniftère, tant fur la
prédication que fur les autres études touchant la religion, afin de pou-
voir l'envoyer au féminairc, le fynode prochain, fi on l'en juge digne.
XI.
Sur la recommandation des députes de l'églifc de Bordeaux en
faveur du ficur Verdaillan J. . . ., jeune homme âgé d'environ i8 ou
19 ans, la compagnie l'admet pour étudiant de notre province, con-
fcnt qu'il fc rende, le plus tôt qu'il le pourra, au féminaire en cette
qualité pour y continuer fes études, charge M. le modérateur d'écrire
à MelBcurs nos refpeclables amis, les directeurs de notre féminaire,
de l'y recevoir comme tel, & décide qu'il fera pourvu à fa dépenfe au
cas que fa famille ne puifTe y fubvenir, tant pour fon voyage que pour
fon féjour audit féminairc, par la province, conformément aux règle-
ments de nos précédents fynodes, c'ert-à-dire un tiers par Bordeaux
& les deux tiers par la Saintonge & Angoumois.
XII.
La compagnie, rcconnaifTant la juftice & la néceflTité de la demande
du quartier de Marennes en faveur de l'églife de St-Savinicn, e(l
d'avis qu'on y ait égard, & charge tous les députés d'en informer
leurs quartiers rcfpcdifs.
XIU.
A la rcquifition du colloque d'Angoumois, on confirme l'art. 3
du colloque général tenu le 2 3'' & 24" mars dernier, qui enjoint ù
MM. Dupuy frères, pafteurs, de dcU'ervir alternativement les quartiers
d'Angoumois & de Marennes.
XIV.
Sur la demande qui a été faite fi l'on doit admettre à la com-
munion une perfonne mariée avec une autre qui ne fait profefllon
extérieure d'aucune religion, refufe même de dire dans quelle églifc
& par qui fon mariage a été béni, la compagnie eftime que la chofe
ne fc peut que, premièrement, elle n'ait fait cet aveu & donné des
marques d'une repcntancc vive & fincère.
5o2 LES SYNODES DU DESERT.
XV.
L'affemblée fixe un jour de jeûne, d'humiliation & de prières dans
cette province au Dimanche vingt-cinquième du mois de novembre
prochain.
XVI.
L'églife de Bordeaux eft chargée de la convocation du prochain
fynode provincial.
XVII.
On charge M. Thomas de compter à l'églife de Bordeaux 24 liv.
pour les deux tiers de la penfion de Madame la v[euve] Bétrine, dont
l'année écherra le 27" courant, en dédu6tion de l'argent qu'il doit
recevoir de la province d'Aunis.
Ainfi conclu & arrêté lefdits jours & an que deffus.
DuGAS, pafteur & modérateur; Cavalier, part'' & modérateur-
adjoint; DupUY, paft'' & fecrétaire; J. Jarousseau, paft'' &
fecrétaire-adjt.
FIN DU TOME SECOND.
Appendice.
I. LES MEREAUX DU XVIII» SIECLE ".
L'usage des méreaux est très-ancien. Il est probablement ante'rieur aux
titres en langue latine qui en parlent, ceux du XII' siècle. Etats, provinces,
confréries, communautés, chapitres, tous eurent des méreaux, espèces de
jetons successivement en papier, carton, cire, cuir, verre, plomb ou cuivre,
qui étaient les signes représentatifs d'une valeur (méreaux distributifs pour
les distinguer des méreaux capitulaires, lesquels étaient les jetons de présence
institués dans les chapitres), mais qui cependant n'étaient pas une monnaie.
Une bourse d'argent légière
Qui estait pleine de mesreaulx.
dira, au XV' siècle, le poète Villon.
Les méreaux étaient également employés comme preuve d'assistance a des
réunions de toute espèce, échevinalcs, synodales.
Enfin, dans l'Eglise réformée, où ils furent d'assez bonne heure employés,
c'étaient des pièces «qui étaient distribuées, dit justement M. Hermand, à
ceux qui voulaient être admis à la communion.»
Les mémoires de Du Plcssis-Mornay parlent de l'usage des méreaux en i 584.
En i6o5 et en 161 3, dans les registres de la vénérable compagnie de Genève, —
en 1626, dans les actes d'un consistoire du Quercy, — en i633, dans ceux
d'un consistoire du Bas-Languedoc, — en 1672, dans ceux d'un autre con-
sistoire du Poitou, etc., il est encore question des méreaux. Mais il faut
remarquer que Du Plessis-Mornay, seul, écrit méreau. Les autres écrivains
protestants écrivent: mnrreau, merreau, marron, marque. De quelque façon
■ Ifutoirc Jis froUsIatits et Jes églises rè/ortiUes du Poitou, par M. A. Liivrc. Poitiers
(1860). — Le Méreau ou Médaille des églises du Désert, par M. J de CIcrvaux. Saintes
(1870). — Chronùjue protestante dt tAngoumois, par M. V. Bujeaud. Angoulème (1860). —
La Ret-ut de numismatique {1B54). — Etudes numismatiquts, par B. Fillon. Paris (1856). —
Bulletin de la Société de f histoire du frolestantisiiie français, lonie I. p. iSq, 236. 237. 342.
423 et tome II. p. l3. — Mémoires de la Soeiété des Antiquaires de la Morinie (Article
de M. Alex. Hermand, l834). — A'umisma tique protestante. Description de quarante et un
méreaux de la communion réformée, par M. Ch. L. Frossard. Paris (1872).
5o4 APPENDICE.
qu'on l'emploie, méreau, marreau, merreau, marron ou marque, ces mots
divers désignent dans la numismatique protestante une seule et même chose,
c'est-à-dire un jeton d'ordinaire en plomb qui était donné aux fidèles qui
voulaient être admis à la communion, et qui était remis par ces derniers à
un ancien qui les recevait, au moment même où ils s'approchaient du parquet
pour participer à la Cène.
Par extension, ce jeton servait parfois aux religionnaires, ainsi que le
prouve l'art. 17 du colloque de Bordeaux de ijbo, comme signe de recon-
naissance et de ralliement.
oïl serait très-bon, lit-on dans un registre de Genève de i6o5, que, selon
l'usage des églises de France, nous eussions des marreaux. » — A Négre-
pelisse, on lit: «Le sieur Moulet fournira pain et vin; le sieur Pâlot baillera
la coupe à M. Vedère, pasteur; le sieur Soulier tiendra le plat pour recevoir
l'argent des pauvres; le sieur Labrueys tiendra le plat des marques; le sieur
Ferai tiendra la tasse à la porte et les sieurs Foly et Valette auront soin de
faire venir le peuple en bon ordre. Et ainsi avant chaque communion. » Les
divers offices, dont il est question dans cet extrait, indiquent clairement à
quoi servaient les marques, marreaux ou méreaux. Un incident, que rapporte
Du Plessis-Mornay, complète la démonstration. Mademoiselle Du Plessis faisait,
en 084, un séjour à Montauban; aux fêtes de Noël, elle voulut communier.
Un des pasteurs de cette église, invoquant les prescriptions d'un synode national
sur la décence des vêtements et de la parure, s'opposa au désir de Mademoi-
selle Du Plessis, parce qu'elle portait cheveux, et qu'il retranchait de la Cène
toutes les femmes qui portaient cheveux. « La Cène approchant, lit-on dans
les Mémoires, et selon la coutume de Montauban, M. Berault (c'était le pas-
teur) étant venu environ dix jours avant la Cène pour bailler des méreaux à
la dizaine du quartier, M. Du Plessis lui envoya un des siens avec mémoire
de ceux qui faisaient la Cène en sa famille pour le prier de leur envoyer des
méreaux pour tous. — M. Berault fit répondre qu'il avait assez affaire de son
troupeau d On s'émut de ce refus. Le consistoire fut réuni, l'affaire lui fut
soumise, et vu «la vie tracasseuse » de la Cour et qu'elle n'habitait pas Mon-
tauban, mais y était de passage, «fut dit à M. Cahier, ministre de la Cour,
qu'il leur baillât des méreaux; lequel passa par leur logis et n'y trouva que
Mademoiselle Du Plessis à laquelle il dit que, quant il plairait à M. Du Plessis
lui envoyer écrits de sa main ceux de sa famille qui faisaient la Cène, il lui
enverrait des méreaux.... v
Par là, on voit quel était l'emploi du méreau. C'était un jeton donné à
ceux qui voulaient communier, mais qui n'était donné que sous certaines
conditions. Il fallait en être porteur pour être autorisé à participer à la Cène,
et pour l'obtenir on devait remplir certaines conditions de moralité, d'austé-
rité, plus ou moins sévères, dont le pasteur se déclarait juge. Cette pièce de
plomb représentait, en somme, à la fois un satisfecit et la preuve du satisfecit.
La planche qu'on a donnée reproduit quelques méreaux de la seconde
moitié du XVIII<: siècle. Ils appartiennent pour la plupart aux églises du
Poitou, où leur usage fut de bonne heure très-répandu.
APPENDICE ^oh
On les avait en effet vu reparaître, en même temps que l'organisation des
églises s'élaborait ou se complétait.
Ce qui étonne, c'est qu'on n'ait retrouvé, sauf aux Vans qui ilcpcndait
du Bas-Languedoc, aucun méreau dans les provinces mêmes d'où partit, dès
la mort de Louis XIV, le grand mouvement de la Restauration, et qu'aucun
document n'en parle ou n'y fasse allusion. On en possède de la Basse-Guyenne
(n" I, église de Calstelmoron), de la Saintonge (n" 2, église de La Trcmblade),
du Quercy (n" 3) et surtout du Poitou; on n'ignore pas qu'ils étaient em-
ployés dans le Bordelais, en Picardie, et que leur usage en fut proposé dans
les églises de Normandie; mais on ne retrouve aucun méreau ni aucune men-
tion de ces pièces dans le Bas-Languedoc, dans les Basses et Hautes-Cévcnnes,
dans le Vivarais, dans le Dauphiné, c'est-à-dire dans les églises où les bases
de la réorganisation du protestantisme avaient été jetées, dès la première
heure, par Antoine Court, Cortciz, Durand, Roger, — on se rappelle avec
quelle habileté ! — où la vie religieuse avait été la plus éclatante et la plus
active, d'où le mot d'ordre était parti, et qui, pendant tout le siècle, avait
été le grand foyer vers lequel les religionnaires du Royaume avaient eu les
yeux fixés. Faut-il penser que cette disparition tient à des causes acciden-
telles? Du moins, les documents de l'époque y feraient allusion. Est-il mieux
de supposer que la prospérité de ces provinces et le grand nombre des reli-
gionnaires, groupés, resserrés en des centres importants, en rendaient l'usage
peu pratique ou inutile. Explication peu plausible, étant donné que le méreau
était précisément un moyen facile de reconnaître et d'admettre les fidèles, sur-
tout s'ils étaient nombreux, qui se présentaient à la communion. Si l'on accorde
enfin que le méreau pouvait être un signe de ralliement et de reconnaissance
dans des circonstances critiques, il est certain que les religionnaires du Lan-
guedoc et du Dauphiné avaient été, dans les trente premières années du siècle,
aussi peu nombreux qu'en Saintonge et en Poitou, et avaient traversé une
situation assurément plus grave et plus critique que la leur. Peut-être serait-il
plus simple et plus exact de supposer que l'emploi des méreaux était peu com-
mun on Languedoc avant la révocation de l'Edit de Nantes, et qu'Antoine
Court, au moment où il travaillait à la reconstitution des églises, n'eut pas
à relever un usage qui était peu répandu dans le midi de la France et qu'il
avait trouvé moins enraciné dans les habitudes ou la tradition de ses core-
ligionnaires.
Quelque explication qu'on admette, le Poitou, la Saintonge, la Guyenne,
se servirent de méreaux pendant toute la seconde partie du XVIII* siècle. Le
premier que l'on possède (n° 7) porte le millésime de 1743 et provient de
l'église de Chcrvcux. On a encore les moules de La Tremblade, de La Mothe,
de St-Sauvant.
En 1768, «les colloques de l'Agenais, écrit M. Lagarde, décidèrent que
tout fidèle qui voudrait s'approcher de la table du Seigneur devrait se munir
d'une marque appelée marron, et ailleurs méreau, et que nul ne serait admis
à communier s'il ne représentait au pasteur cette marque'."
I Chroniques des iglises réformas Je CAgenais, p.ir M. L.igarde (1870).
5o6 APPENDICE.
Dans le Bordelais, avant de s'en servir comme d'un moyen de discipline,
on l'employa d'abord comme mot de passe et de ralliement. Lorsque le pasteur
Grenier de Barmont reconstitua l'église de Bordeaux en 1754, il eut à lutter
contre les hésitations et les peurs des religionnaires qui allaient la composer.
On a vu (tome II, p. 46) par quel ensemble de mesures minutieuses et de
précautions il parvint à en triompher. Le difficile était de réunir les fidèles.
S'assembler au dehors, au Désert, paraissait périlleux. On résolut de ne se
réunir qu'à l'intérieur de la ville, dans des maisons particulières. Mais il y
fallait beaucoup de circonspection : la crainte des faux frères hantait les esprits.
C'est alors qu'on résolut, après avoir fortement exhorté ceux qui étaient dans
le secret de le garder inviolablement sur les réunions, les personnes qui s'y
rendraient et le lieu où elles se tiendraient, de leur donner une marque distinc-
tive, un méreau, qui leur servirait à tous de signe de reconnaissance. «Comme
on ne saurait prendre trop de précautions, lit-on à l'art. 17, on donnera à
chaque fidèle un cachet ou quelque marque particulière qu'on sera obligé de
remettre à l'ancien ou à son ordre, en arrivant au lieu de l'assemblée; ceux
qui n'en seront pas munis, quels qu'ils soient, ne seront pas admis au saint
exercice. »
Nul doute que ce qui se passa à Bordeaux ne se soit passé, au début,
dans les autres provinces du Royaume; mais il serait téméraire de généraliser
le fait : le méreau était, on le répète, un jeton destiné à la communion. Quand
Viala, qui avait en 1 740 et 1 742 exercé son ministère dans le Poitou, se
transporta en Normandie, il essaya d'introduire dans ces églises l'usage des
méreaux qu'il avait assurément trouvé dans celles du Poitou, et il dut intro-
duire un article à cet égard dans les actes du premier colloque qu'il réunit.
En 1750, en effet, (Voy. tome I, p. 322), un nouveau colloque examinant à nou-
veau les arrêtés de ce premier colloque, « rejeta la proposition de donner des
marques». La décision fut définitive: on n'y revint plus. Cinq ans plus tard,
en 1755, un colloque constitutif, réuni par le pasteur Campredon, arrêta sim-
plement à ce sujet (tome II, p. 53) l'article qui suit: «Les jours de commu-
nion, les anciens, de concert avec le pasteur, prendront une connaissance par-
ticulière de la conduite des fidèles; et s'il en est qui se soient rendus indignes
d'approcher de la sainte table, les anciens les avertiront de ne pas se présenter;
et ne se fera l'avertissement en présence de toute l'assemblée. » Ainsi fut
repoussé en Normandie l'emploi de ces jetons de plomb. Les anciens se bor-
naient, dans les églises de cette province, à frapper d'un avertissement ceux
qu'ils jugeaient indignes de la communion.
Il n'en fut pas de même en Picardie. En 1779, un synode provincial
(Voy. tome III) réunit à Bohain les députés de Thiérache, de Picardie, du
Cambrésis, de l'Orléanais et du Berry. On s'y occupa de fixer les dates où
serait célébrée la Cène, et des mesures à prendre contre ceux qui, sans en être
dignes , se présenteraient pour y participer ; aussitôt de revenir à l'usage des
méreaux. «Pour empêcher, lit-on à l'art. 29, que nos sacrés mystères ne soient
profanés, on rétablira l'ancien usage touchant les marques pour approcher de
la Ste-Cène, sur lesquelles sera empreinte la première lettre de l'église du lieu.
APPENDICE
S07
Elles seront distribuées à l'entrée de l'église. Et cet usage sera rétabli insen-
siblement dans toutes les églises avant la tenue du prochain synode, sous peine
de censure. »
L'emploi des méreaux fut donc général au XVIII» siècle dans tout le
Royaume, la Normandie exceptée, et on ne saurait définitivement arguer de
l'absence de ces Jetons dans le Bas-Languedoc, le Vivarais, les Hautes et Basses-
Cévenncs et le Dauphiné, pour affirmer qu'il n'y fut pas accepté. On en
a retrouvé dans l'église des Vans qui dépendait du Bas-Languedoc, et enfin
a Marseille; tout au plus, peut-on supposer que dans ces cinq provinces syno-
dales l'usage en était peu commun.
n Les méreaux de communion, dit justement M. Frossard, étaient le plus
souvent fabriqués par les anciens de l'église, ce qui explique leur infériorité au
point de vue de l'art numismatique. La gaucherie des inscriptions, qui fré-
quemment portent des lettres ou des chiffres retournés ou renversés, est le
fait de personnes peu exercées à graver un moule. La forme souvent étrange,
fautive parfois, des coupes eucharistiques et autres détails symboliques qui
ornent ces jetons, est le fait de ces artistes improvisés. La face et le revers sont
disposés, l'un par rapport à l'autre, sans règle constante, tantôt comme les
médailles, tantôt comme les monnaies, tantôt au hasard. Certaines pièces
sont frappées, d'autres fondues. Généralement, les ornements et les légendes
sont en relief, quelquefois en creux. Parmi ces jetons dépoun'us d'art, quel-
ques-uns ne sont pas sans caractère et sans élégance. »
Le nombre en est assez grand. M. Frossard en a dressé le catalogue
avec beaucoup d'exactitude. C'est à son travail qu'on emprunte la description
des 16 méreaux qui ont été reproduits comme des spécimens d'un art curieux
et naïf et comme une nouvelle preuve de la fidélité avec laquelle les reli-
gionnaires du siècle dernier renouaient la chaîne brisée et reprenaient les
anciennes coutumes de leurs pères huguenots '.
DESCRIPTION DE SEIZE MÉREAUX.
N» I. — Un berger en costume du XVIII" siècle, debout, coiffé d'un
chapeau à larges bords relevés, sonnant d'une trompe qu'il tient de la main
gauche, appuyé de la main droite sur une houlette à crosse recourbée en
dedans; à droite et à gauche du berger, des arbres en bordure; à ses pieds,
cinq brebis cparses.
Revers. — Une Bible ouverte surmontée d'un soleil rayonnant et de six
étoiles à six pointes. Sur la Bible est écrit en capitales :
MES MA
BREBIS VOIX
ENTEN ET ME
DENT SUIV
ENT
' Description de quarante et un méreaux de la commumon réformée par M. Ch. L. Fros-
sard. Paris (1872).
5o8 APPENDICE.
Sur les deux faces, fine moulure.
Plomb; diamètre: o,o32 "'.
Modèle rustique de Courcelle-Chaussy (Moselle) ; on l'a rencontré aussi
dans les églises suivantes : les Vans (Ardèche), avec la marque D. G., Castel-
moron (Lot-et-Garonne), avec G. T.
N° 2. — Un berger en costume du XVI» siècle, debout, tête nue, sonnant
d'une trompe qu'il tient de la main gauche, appuyé de la main droite sur une
houlette décorée ou fleurdelysée, au milieu d'une prairie, bordée à droite et à
gauche d'arbres, dans laquelle paît un troupeau figuré par six brebis à droite.
Dans le ciel apparaît une croix grecque à laquelle pend un oriflamme flottant.
Revers. — Une Bible ouverte qui occupe tout le champ, surmontée d'un
soleil rayonnant. Sur la Bible est écrit en capitales :
NE ST
CRAINS LUC
POINT Ce XII
PETIT VT
TROUPu 82
Plomb ; diamètre : o,o3o ".
L'inscription du revers porte la faute verset 82 pour 32.
Le moule de ce méreau existe à La Tremblade ; on en a trouvé des exem-
plaires dans les églises de Saintonge, La Tremblade, avec la lettre T; ailleurs,
avec le nombre 261 frappé en creux, à Saintes, Barbezieux, Puylaurens, dans
le Lot-et-Garonne, et à Marseille.
N" 3. — Une coupe eucharistique, forme de chenet, ancien relief extrê-
mement grossier, accostée des lettres :
A a
Revers. — Trois disques saillants posés en triangle équilatéral, séparés par
les lettres :
EDA
Bordure en dents de loup, pointes en dedans, à l'avers et au revers.
Plomb; diamètre : 0,022 ".
Les lettres doivent se lire à l'avers E A, et au revers EDA, c'est-à-dire
Eglise de Aigonnay.
Eglise d'Aigonnay (Poitou).
N" 4. — Un berger en costume du XVIII" siècle, coiffé d'un chapeau
rabattu par derrière, cheveux longs, vêtements à plis, chaussé de forts souliers,
debout, les jambes écartées, sonnant d'une trompe qu'il tient de la main
gauche, appuyé de la main droite sur une houlette à crosse recourbée en dedans;
à droite et à gauche, des arbres debout, mais déracinés; dans le champ et sous
ses pieds, neuf brebis en désarroi et dans des positions étranges. Dans le ciel
plane un gros oiseau de proie.
Revers. — Une Bible ouverte surmontée d'un soleil à face humaine rayon-
nant, et de six étoiles à cinq pointes. Sur la Bible est écrit en capitales :
NE PET
CRA IT
E INS TRO D
FOI VPE
NT AV
6o9
APPENDICE.
Bordure perlée à la face et au revers.
Plomb; diamètre : o,o34 "'.
Eglises du Lot-et-Garonne.
N" 5. — Une coupe eucharistique de forme élégante, calice à bords évasés,
tige en balustre, pied presque plat, accostée de la date 1772, de deux points
et de deux morceaux de pain de communion de grande dimension.
Revers. — Inscription :
E • D
CHE
NAY
Bordure. — Un cercle au revers.
Plomb; diamètre : 0,021 ■".
L'inscription se lit : Eglise de Chenay.
Eglise de Chenay (Poitou).
N» G. — Une coupe eucharistique, calice de forme profonde, avec un
cercle au milieu, une rondelle à la tige, pied plat un peu concave, accostée de
quatre copeaux de pain surmontés d'un gros point; en exergue deux • .
Revers. — Un point au centre d'un petit cercle; en bas, un grillage c-n
demi-cercle; en haut, les signes :
• B S -.
Bordure. — Un cercle grossier à l'avers et au revers.
Plomb; diamètre : o,023 ■".
Eglise de Beaussais (Poitou).
N° 7. — Une coupe eucharistique dont le contour seul est en saillie, figu-
rant un cercle coupé en haut d'une barre horizontale et dans lequel on trouve
le lettre D, pied court marqué d'un G : en haut, quatre points ; à gauche, un
fleuron de trois épis et la lettre E.; à droite, un fleuron à deux épis et la
lettre . P .
Revers. — En haut, un C entre deux fleurons; au milieu, la date 1746;
en bas, un grand fleuron étalé.
Bordure. — Cordée à l'avers et au revers.
Plomb; diamètre : o,025 "".
1-es lettres de ce méreau doivent se lire : Eglise protestante de Cherveux.
11 semble avoir été fait d'après un procédé différent des autres.
Eglise de Cherveux (Poitou).
N" 8. — Une coupe eucharistique, calice en forme de cornet, deux boules
à la tige, pied plat, accostée de la date de 1772.
Revers : Inscription en caractères grossiers :
E. D.
CHE
N V I
Bordure. — Deux cercles à l'avers et au revers.
Plomb; diamètre : 0,021 "".
L'inscription doit se lire : Eglise de Chenai.
Eglise de Chenay (Poitou).
5,0 APPENDICE.
No g. _ Une coupe eucharistique de forme élégante, avec une boule au
milieu de la tige, les bords du pied légèrement relevés, accostée de deux mor-
ceaux de pain de communion de forme mince et allongée.
Revers. — Au centre, un ombilic large et peu saillant entouré des lettres :
A:P:D:F:D:L:B:
Bordure. — Deux cercles minces à la face et au revers.
Plomb ; diamètre : 0,02 i ■".
Les lettres doivent se lire, selon nous : Assemblée protestante des fidèles
de la Brousse.
Eglise de la Brousse, Lezay (Poitou).
No 10. — Une coupe eucharistique, calice à bords évasés, tige avec boule
au milieu, pied plat, accostée de deux morceaux de pain de communion plus
hauts que larges ; au-dessus, les lettres A P en belles capitales.
Revers. — Un cercle entouré des lettres :
S. T. S. V.
En exergue, un ornement formé de segments de cercles avec un point.
Bordure. — Un cercle au revers.
Plomb; diamètre: 0,021™.
La légende doit se lire : Saint-Sauvant.
Saint-Sauvant (Poitou).
No II. _ Dans le champ, deux grandes capitales surmontées d'un point:
E' A
Revers. — Inscription dans le champ surmontée d'un point à gauche; un
petit D à droite, un grand D couché en bas.
EA D
O
Plomb; diamètre: 0,022 ".
Les lettres du revers sont interverties et doivent se lire : Eglise de Aigonnay.
Eglise d'Aigonnay (Poitou).
N» 12. — Une coupe eucharistique; le contour seul est en saillie, forme
de coquetier; à gauche, la lettre E, et au-dessous un petit chevron double, la
pointe en bas; à droite, la lettre L; en exergue, une fleur de lis.
Revers. — Une roue à six raies; à gauche, la lettre P.; à droite, -E; au-
dessous, la date 1762, et un double chevron, la pointe en bas.
Bordure. — Un cercle de feuilles lancéolées, pointes en dedans, à l'avers;
un cercle quadrillé au revers.
Plomb; diamètre: 0,022 ".
La lettre L de la face était primitivement un E; au lieu de refaire le moule,
qui était fautif, on s'est contenté de mutiler la lettre après coup.
Eglise de Lusignan (Poitou).
N» i3. — Deux larges cercles concentriques.
Revers. — Vers le milieu du champ, en grosses capitales mal façonnées,
les lettres :
S M.
Au-dessus de l'S un fleuron grossier qui peut signifier une fleur de lis.
Bordure. — Deux cercles au revers.
Plomb; diamètre: o,023 "'.
Eglise de St-Maixent (Poitou).
APPENDICE. 5,1
N" 14. — Une coupe eucharistique en forme de chandelier, une rondelle
à la tige, pied massif, accostée à gauche, verticalement, du mot DIEU, et à
droite du mot PRIEZ.
Revers. — Au centre, un point entouré d'un cercle dans un segment
duquel se lit la date de iSi'i, autour est l'inscription:
EGLISE DE LA MOTH
Plomb; diamètre: 0,019'".
La légende, disposée en cercle, fait servir l'E initial de église pour l'E
final de La Mothe.
Eglise de La Mothe (Poitou).
N" i3. — Une coupe eucharistique, calice de forme évasée, deux rondelles
à la tige, pied plat, accostée de deux morceaux de pain de communion.
Revers. — Au centre, un espace circulaire pointillé en creux, entouré des
lettres :
E. D. C. LE.
Bordure. — Cordon de grosses perles et cercle à l'avers ; cercle au revers.
Plomb ; diamètre : 0,024 '".
Les lettres doivent se comprendre E. D. C — LE ou Eglise de Celle.
Eglise de Celles (Poitou).
N" lô. — Une coupe eucharistique, calice de forme élégante, tige avec
boule et rondelle, pied bas et large, accostée de deux morceaux de pain de
communion de grande dimension, avec les signes :
2 < < .
Revers. — Inscription en capitales:
Er D
CHAY
Bordure. — Deux cercles à l'avers; un cercle au revers.
Plomb; diamètre: 0,019'".
Les signes de la face sont la date 1772 renversée.
Eglise de Chey (Poitou), anciennement Chay.
5 12 APPENDICE.
II. LES ASSEMBLEES AU DESERT.
Les reproductions de la gravure faite en 1775 par Billotti, d'après Storni,
et de l'estampe plus connue de Benoît-Louis Henriquez, d'après un dessin
de Joseph Boze (lySS), donnent assez exactement l'image d'une assemblée au
Désert, dans la seconde moitié du XYIII"! siècle.
C'était en 1780. Tout péril avait cessé. Les religionnaires de Nîmes se
réunissaient en foule, en hiver, au pied des rochers de l'Ermitage, et, en été, à
l'ombre des carrières de Lèques, près de la ville. On vivait sous un régime de
tolérance tacite. Le peintre Boze, le futur peintre du Roi, fit, à cette date, un
voyage dans le Bas-Languedoc et descendit chez un de ses amis de Nîmes,
négociant protestant, M. Gibert. Son séjour fut très-agréable, et il en con-
serva un si parfait souvenir qu'il forma même plus tard le projet de revenir:
«Vous nous rappelez ces doux moments qui sont bien faits pour nous donner
la plus grande envie de vous revoir, à condition que nous logerons dans les
mêmes appartements.» Il accompagna Gibert au Désert, fut frappé du curieux
spectacle qui s'offrait à ses yeux, et en prit un dessin. Quelque temps après,
il le fit graver. «...Vous n'avez sûrement pas oublié, écrivait-il en 1785 à
son hôte, le projet que j'avais pendant mon séjour à Nîmes ; je viens de
l'effectuer. J'ai enfin chez moi la planche de la gravure qui représente la
fameuse assemblée des protestants de Nîmes; je n'attends plus que l'inscription
qu'il faut mettre au bas de la gravure pour en tirer des estampes'.» Et il ajou-
tait en post-scriptiim : « C'est l'assemblée d'été dont les rochers escarpés font
dans le tableau un effet pittoresque. La planche est gravée par un habile gra-
veur de l'Académie royale de Paris; il a su rendre par son burin l'ardeur du
soleil, le ciel du Languedoc, le costume du pays, enfin le portrait le plus fidèle
du lieu, à croire qu'on y est. On y voit une grande multitude de personnes = .»
On ne possède que ces deux estampes. Les lettres, les mémoires, les
documents de toutes sortes, relatifs aux assemblées, sont très-nombreux. On
réimprime ici, comme texte explicatif des gravures de Storni et de Boze, une
plaquette qui parut sous ce titre : Lettre de Monsieur de .... capitaine d'in-
fanterie, A Monsieur le chevalier de officier de la maison du Roi, tou-
chant LES assemblées DES HuGUEN0Ts3. Elle est datée de 1757. Mais bien
qu'antérieure à l'œuvre des deux artistes, elle en est la fidèle explication. Depuis
1740 jusqu'à la fin du siècle, toutes les assemblées au Désert se ressemblèrent.
' Cependant la gravure ne porte aucune inscription ni date d'origine. C'était plus sûr.
2 Voy. Bullel. t. XVI, p. 552.
3 Curieuse plaquette de 8 pages, in-4°, d'impression assez incorrecte. Le récit dans
lequel l'auteur a encadré ses impressions est assurément de pure imagination. Le che-
valier de . . . n'a pas existé, et le capitaine d'infanterie est probablement un religion-
naire, pasteur ou laïque, qui tenait 'a faire connaître au public ce qu'étaient en réalité
ces assemblées dont on se faisait, en France comme à l'étranger, de fausses idées et
contre lesquelles même les esprits les plus sympathiques aux protestants conservèrent
longtemps de vives préventions.
APPENDICE. 5i:
LETTRE
DE
MONSIEUR DE *•*
CAPITAINE D'INFANTERIE ;
A MONSIEUR
LE CHEVALIER DE **%
OFFICIER DE LA MAISON DU ROI,
TOUCHANT LES ASSEMBLÉES DES HUGUENOTS
A AMSTERDAM.
M.DCC.LVII.
Monsieur,
Vous me souhaitâtes un heureux voyage; vos vaux ont été exaucés. Me
voici arrivé à mon poste, sans accident fâcheux sur la route. J'ai été accueilli
par nos officiers avec cette politesse et ces démonstrations d'amitié qui sont si
naturelles aux personnes bien élevées de notre nation.
Lorsque je pris congé de vous, Monsieur, vous exigeâtes que je vous
écrivisse, au moins une fois le mois, avec promesse de réciproquer, et j'y donnai
les mains de bon cœur. Je commence à vous tenir parole. Il m'est arrivé une
aventure trop singulière, pour ne p.is vous la rapporter dans quelque détail ;
c'est par là que j'entame notre correspondance.
Vous savej. Monsieur, qu'il me /.allait passer dans le Bas-Languedoc pour
oindre ma compagnie. Un jour de dimanche, j'avais à peine fait une lieue,
que je vis une grande quantité de gens traverser le grand chemin. Surpris de
voir tant de monde en campagne â pareil jour, j'en demand.ii la raison ; on
me dit que c'étaient des huguenots qui allaient tenir une assemblée. Il n'en
fallut pas davantage pour exciter ma curiosité ; j'avais été plusieurs fois en
détachement pour dissiper ces sortes d'assemblées, sans trop les connaître, et ma
troupe a eu arrêté à celle occasion des gens qui ont été condamnés aux galères.
Je désirais donc de savoir ce que c'étaient que ces assemblées, et trouvant
l'occasion favorable de m'en instruire par moi-même, je demandai à l'un des
plus apparents de la troupe qui traversait le grand chemin, s'il ne voudrait
pas me conduire au lieu oit ils allaient. Il me répondit qu'ils allaient prier
Dieu, et que si je voulais être de la partie, il se ferait un plaisir de m'accom-
pagncr. Je le suivis, et au bout d'une demi-heure nous arrivâmes dans un
petit bois oii il y eut en peu de temps de sept à huit mille personnes. Mon
conducteur m'ayant annoncé comme un étranger, on me fit placer dans une
espèce de parquet, tout près d'une chaire ambulante. Je fus bien aise d'être là,
pour mieu.v observer tout ce qui se passerait. C'était pour moi comme un
33
5i4
APPENDICE.
monde nouveau, aussi fus-je tout yeux et tout oreilles ; et je suis en état de
vous détailler jusqu'aux plus petites choses.
Quand j'arrivai, on n'avait pas encore commencé l'exercice, mais un instant
après, un homme monta en chaire et lut un chapitre de la sainte Écriture.
Je demandai si c'était le ministre; on me répondit que c'était le lecteur, et
que le ministre ne paraîtrait que lorsqu'il devrait prêcher. Après la lecture du
chapitre, on chanta un psaume de David. Mon conducteur me remit son livre,
ajin que je visse ce qu'on chantait ; je n'y trouvai rien que d'édifiant, ce sont
nos psaumes latins mis en français. La poésie n'en est pas riche ; elle est fort
simple, et c'est ce qu'il faut pour le peuple. On continua à lire la sainte Écri-
ture et à chanter des psaumes jusqu'à ce que le ministre vouh'tt monter en
chaire. Avant qu'il commençât, on lut les dix Commandements tels qu'ils sont
dans les livres de Moïse., tout le peuple étant debout et tête nue. Immédiate-
ment après, je vis paraître le ministre avec une robe de procureur et un rabat
tel que celui de nos prêtres. Il lut une prière qu'on appelle, à ce que j'ai
appris, Confession des péchés ; ensuite, il fit chanter quelques couplets d'un
psaume, ce qui fut suivi d'une seconde prière qu'il fit sans livre ; après quoi il
prit son texte.
Je fus alors attentif au sermon, qui roula principalement sur la morale.
Les auditeurs me parurent fort pénétrés, et je vous avoue que je l'étais moi-
même. Je ne sais si le prédicateur avait étudié ou non la rhétorique ; mais il
n'y eut pas beaucoup de fleurs dans son discours. C'était une éloquence simple
et mâle. Il voulait être entendu, et il l'était. Il voulait toucher, et il y réussis-
sait, d'autant mieux qu'on voyait bien qu'il parlait du cœur. Ce sont là des
choses qu'il est aisé de sentir. Le sermon fini , on chanta quelques versets du
Miserere mei, qui avaient rapport au sujet qui venait d'être traité ; ce qui fut
suivi d'une prière imprimée, dans laquelle on fait des vœux pour tous les
hommes, dans quelque état qu'ils soient, depuis le sceptre jusqu'à la houlette.
Mais voici oit je fus agréablement surpris; ce fut lorsque le ministre pria
en faveur du Roi, de la Reine, de Monseigneur le dauphin, de Madame la
dauphine, de toute la famille royale, et qu'il rendit grâces à Dieu de l'heu-
reux accouchement de Madame la dauphine. J'avais peine d'en croire mes
oreilles ; vous pourrez pourtant vous en rapporter à leur témoignage ; rien de
plus certain que ce que je vous dis.
Jugej, Monsieur, de mon étonnement. Vous savc'^ avec quelles couleurs on
nous peint les huguenots, et comment on qualifie leurs assemblées. J'étais pré-
venu contre eu.v tout comme bien d'autres ; mais je commence à voir qu'on
nous en impose, et que leurs ennemis ne doivent pas en être crus sur leur
parole.
Enfin, après la prière, le ministre souhaita au peuple la bénédiction de
Dieu, et recommanda les pauvres. J'entendis à l'instant des gens qu'on appelle
diacres et anciens, qui répétaient au peuple de se souvenir des pauvres : sur
quoi chacun donnait ce qu'il trouvait à propos : et c'est ainsi que l'assemblée
finit et se sépara. Edifié de tout ce que f avais vu et entendu, je le témoignai
au jninistre, qui m'invita à rester pour faire collation ; je me fis d'autant
APPENDICE. 5l5
moins presser qu'il était tard, et que j'avais appétit, n'ayant point dîné. Le
repas fut simple et frugal, mais honnête.
Vers la fin de la collation, je dis au ministre que j'avais entendu avec
plaisir les prières qu'il avait faites, et en particulier celle pour la famille
royale, et que je serais bien aise d'en avoir copie. Il ne se fit pas presser de
me la donner, et je me fais un plaisir de vous la transcrire ; la voici :
« O Dieu qui nous as commandé de te prier pour tous les hommes, et par-
(tticulièrement pour les Rois, et pour les personnes élevées en dignité; nous
n t'adressons nos vœux les plus ardents en faveur de Louis XV, noire auguste
«monarque, de la Reine son épouse, de Monseigneur le dauphin, de Madame
dla dauphine, de toute la famille royale, et pour tous les seigneurs et magis-
«trats que tu as établis sur nous : qu'il te plaise de bénir leurs personnes, et
«de présider dans leurs conseils, en sorte que toutes leurs délibérations se
(I rapportent à ta gloire, et au bonheur du peuple que tu as confié à leurs soins.
«Père de miséricorde, nous te rendons grâces de ce qu'exerçant les vœux
«que nous avions fait monter vers ton trône, en faveur de Madame la dau-
«phine, en lui accordant un heureux accouchement, tu augmentes les rejetons
«de la famille royale. C'est ainsi, 6 Sagesse infinie, que tu confonds les des-
« seins des méchants : après avoir conservé miraculeusement les jours du Roi,
«et nous l'avoir rendu par une espèce de résurrection, il a la précieuse satis-
«faction de se voir revivre dans une nombreuse postérité. Afferme, de plus en
«plus. Seigneur, l'auguste maison de Bourbon sur le trône des Français jus-
«qu'à la fin des siècles. «Donne tes jugements au Roi et ta justice au fils du
« Roi ; qu'il juge justement ton peuple, et équitablement ceux des tiens qui
«seront affligés i. » Que sous son règne on voie fleurir la vertu, la piété cl la
«paix, a
Ce sont là, dis-je au ministre, de beaux sentiments ; si le Roi était informé
des vœux que vous faites pour lui, et de la manière dont les choses se passent
dans vos assemblées, il est à présumer que vous série:; traités avec plus de
douceur que vous ne l'avej été.
Plût à Dieu, me répondit-il, que nous pussions percer jusqu'au pied du
trône et dévoiler au.v yeu.v de Sa Majesté l'innocence de notre conduite et la
pureté de nos sentiments ; j'ose dire que le Roi n'a point de sujets plus fidèles
que les protestants ; en plus d'une occasion ils ont montré que rien n'était ca-
pable de les faire manquer à ce qu'ils lui doivent, et il est certain qu'ils sont
toujours prêts à se sacrifier pour son service et pour sa gloire. C'est avec
douleur que nous nous voyons réduits à contrevenir à ses ordres par nos assem-
blées religieuses; mais, Monsieur, pouvons-nous faire autrement? Pouvons-
nous vivre comme des impies, sans exercice de religion, sans culte, sans sacre-
ments ? Nous le ferions, si nos espérances se bornaient à cette vie, mais nous
en attendons une autre, où il faudra rendre compte de la manière dont nous
aurons vécu dans celle-ci. et vous avej pu voir. Monsieur, par ce qui s'est
passé dans notre assemblée, que toutes les parties de notre culte tendent, et
' Psaume LXXIl. 1, 2.
5i6 APPENDICE.
sont des aides, à la piété et à la vertu. Nous savons que Sa Majesté a un
cœur tendre et compatissant, qui ne pourrait qu'être touché des maux sans
nombre que nous souffrons depuis tant d'années; mais ces tnaux lui sont in-
connus, et nous aurions de grandes obligations à quiconque voudrait les lui
faire connaître.
Ne pourriej-vous pas, lui dis-je, prier Dieu dans vos maisons? Vos assem-
blées nombreuses et écartées font ombrage au gouvernement ; on appréhende
qu'il ne s'y trame quelque chose de contraire au bien de l'Etat.
Jugej vous-même, Monsieur, me répliqua-t-il, en supposant que nous fus-
sions capables d''ourdir des trames funestes à l'Etat, si une assemblée, comme
celle oîi vous avej assisté, serait bien propre pour cela ? Ceux qui ont de
semblables projets en tête ne sont pas si imprudents que de les mettre au jour
devant un si grand nombre de personnes, et de si différent caractère. Mais
nous sommes bien éloignés des sentiments criminels qu'on nous prête. Nous
n'avons d'autre vue en nous assemblant, que de rendre nos hommages à la
Divinité, et de nous affermir dans la pratique de nos devoirs. Nous regardons
le culte public comme d'institution divine ; c'est pourquoi nous ne pouvons pas
nous contenter du culte domestique, pour lequel il faudrait d'ailleurs un nombre
prodigieu.v de ministres. Cependant nous réduirions volontiers nos assemblées
à un nombre raisonnable de personnes, et nous les tiendrions dans les lieux
qu'on trouverait à propos de nous fixer ; il serait question que le gouvernement
voulût les permettre de cette manière. Si nous les tenons dans les Déserts, c'est
parce que nous croyons y être plus en sûreté que dans les villes et les bourgs.
Voilà, Monsieur, bien des particularités dont vous n'étiej sûrement pas
instruit, non plus que moi. Je suis bien fâché, je vous le confesse, d'avoir quel-
quefois commandé, pour courre sus à des gens qui pensent ainsi, et qui me
paraissent bons Français. On nous en donne à garder sur leur compte, et je
vois bien à présent qu'ils sont plus malheureu.v que coupables. Franchement.,
je voudrais qu'on adoucît leur sort, l'Etat ne pourrait qu'y gagner; car ils
sont industrieux et utiles, et je crains, si on continue à sévir contre eux, qu'il
n'en passe un grand nombre dans l'étranger (oii il n'y en a déjà que trop).
ce qui nous nuirait doublement.
Je reviens au tninistre ; s' apercevant que je l'avais écouté avec attention,
il me dit : «Je comprends, Monsieur., qu'on vous a prévenu, non-seulement
contre nos assemblées, mais plus encore contre notre religion ; permette^ que
je vous dise en peu de mots quelle est notre créance; elle est toute fondée sur
l'Écriture sainte, qui est l'unique règle de notre foi.
«Nous croyons qu'il y a un seul Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit, qui
possède toutes les perfections possibles, qui a créé le monde, et qui le conserve
et le gouverne par sa providence.
« Nous sommes persuadés que tous les hommes étant pécheurs, ils méritent
d'être punis, et qu'ils ne peuvent éviter de l'être, à moins que Dieu n'use de
miséricorde à leur égard : que c'est effectivement par un effet de cette miséri-
corde infinie, et pour l'exercer d'une manière digne de lui, que Dieu a envoyé
dans le monde son Fils unique, « Dieu manifesté en chair; » que ce divin Sauveur
APPENDICE. 5,„
remédie aux désordres que le péché a causés: en nous réconciliant avec Dieu
par le parfait sacrifice qu'il lui offrit sur la croix ; en nous sanctifiant par la
doctrine, par son exemple et par la vertu toute-puissante de son Esprit ; et
enfin en nous rendant solidement heureux après la mort. Ainsi, nous croyons
l'immortalité de l'âme, la résurrection des corps, le jugement dernier, une
éternité de bonheur pour les gens de bien, et de misère pour les méchants.
« JS'otre morale est précisément celle de l'Evangile ; elle porte en substance
qu'il n'y a point de salut à espérer, à moins qu'on ait un amour souverain
pour Dieu et une charité sincère et agissante pour le prochain, c'est-à-dire
pour tous les hommes : à moins encore qu'on ne vive dans la tempérance, dans
la chasteté, dans l'humilité, dans le détachement du monde.
a Notre créance se trouve en abrégé dans le Symbole des Apôtres; notre
morale dans les di.v commandements expliqués par Jésus-Christ ; et nous pre-
nons pour règle et pour modèle de nos prières l'Oraison dominicale.
a A l'égard des sacrements, nous n'en recevons que deux, le baptême et la
sainte Eucharistie, parce que nous ne voyons pas que Jésus-Christ en ait institue
davantage. «
J'arrêtai là le ministre, parce que je crus qu'il allait enfiler la controverse;
d'ailleurs la nuit approchait , ainsi je pris congé de lui. Il est temps que je
prenne aussi congé de vous, après vous avoir assuré du parfait attachement
avec lequel j'ai l'honneur d'être,
Monsieur,
Votre très-humble et très-obéissant serviteur.
De C***
De P. le i6 novembre ijSj.
TABLES DES MATIÈRES.
Table chronologique des Synodes.
Synodes provinciaux de lySi.
Pages.
Synode du Bas-Languedoc du 12 mai 1751 1
Synode des Hautes-Cévennes du 8 juillet lySi 4
Synode des Ce'vennes des 14 et i5 octobre lySi, note 5
Synodes provinciaux de 1752.
Synode du Vivarais et Vclay du 19 avril 1752 9
Synode du Haut-Languedoc du 18 août 1752 11
Synodes provinciaux de 1753.
Synode du Vivarais et Velay du 8 mai 1753 34
Synode des Hautes-Cévennes du 17 août 1753 26
Synode des Basses-Cévennes des 4, 5 et 6 septembre 1753 29
Synode du Bas-Languedoc du 27 septembre 1753 21
Synode du Vivarais et Velay du 17 octobre 1733 38
Colloque de Basse-Normandie du 8 décembre i753, note 36
Synodes provinciaux de 1754.
Colloque du Haut-Languedoc du i5 janvier 1734, note 43
Colloque de l'Agcnais du 10 février 1754, note 43
Synode du Vivarais et Velay du 29 avril 1754 45
Colloque du Bordelais du 17 décembre 1754, note 46
Conseil extraordinaire du Bas-Languedoc du 20 décembre 1734. ... 41
Synodes provinciaux de 1755.
Colloque de Haute-Normandie du 9 février 1735, note . . . 5i
Synode du Vivarais et Velay du 29 avril 1735 5i
Colloque du Bordelais du 6 décembre 1755, note 55
Colloque de Saintonge du 24 au 27 décembre 1733, note 59
522 TABLE DES MATIÈRES.
Synodes provinciaux de lySô.
Pages.
Colloque de Basse-Normandie du 2 5 fe'vrier 1756, note 70
Synode du Vivarais et Velay du 23 mars 1756 70
Synode du Haut-Languedoc du 2 3 mars 1756 73
Colloque du Bordelais du 9 avril 1756, note 74
Synode du Bas-Languedoc du 28 avril 1756 63
Colloque du Bordelais du 28 juin 1756, note go
Conseil extraordinaire du Bas-Languedoc du 3o septembre 1756 ... 68
Synode du Vivarais et Velay du 12 octobre 1756 72
Synode du Poitou du 24 décembre i/Sô 78
Sixième synode national,
tenu dans les Hautes-Cévennes, du 4 au 10 mai lySô. 83
Synodes provinciaux de 1757.
Colloque du Haut-Languedoc du 17 avril 1757, note 121
Synode du Haut-Languedoc du 20 avril 1757 121
Synode du Vivarais et Velay du 26 avril 1767 117
Synode du Bas-Languedoc du 18 au 20 mai 1767 109
Synode du Vivarais et Velay des 18 et 19 octobre 1757 119
Synode du Be'arn du 3o décembre 1757 126
Synodes provinciaux de 1758.
Synode du Vivarais et Velay du 29 mars 1758 142
Synode du Bas-Languedoc des 3 et 4 mai 1758 i3i
Synode des Hautes-Cévennes des i2 et i3 juillet 1758 i35
Synode du Béarn du 17 juillet 1758 148
Colloque du Haut-Languedoc du 7 août 1758, note 144
Synode du Vivarais et Velay du i5 août 1758 143
Synode du Haut-Languedoc du 18 août 1758 144
Colloque de Saintonge des !'='■ et 2 décembre 1758, note 148
Septième synode national,
tenu dans les Basses-Cévennes, du i^raugsept. 1758. 157
Synodes provinciaux de 1759.
Synode du Béarn du 9 janvier 1759 179
Synode du Bas-Languedoc des 25 et 26 avril 1759 171
Synode du Vivarais et Velay du 26 avril 1759 176
Synode de Saintonge, Angoumois et Périgord des 29 et 3o juin 1759 . i83
Colloque de Saintonge du 19 juillet 1759, note i83
Colloque de Béarn du 10 septembre 1759, note 179
Colloque du Haut-Languedoc du 28 septembre 1759, note 171
Synode du Vivarais et Velay du 10 octobre 1759 178
Colloque de Saintonge du 11 novembre 1759, note 184
TABLE DES MATIÈRES. 523
Synodes provinciaux de 1760.
Pages.
Colloque du Haut-Languedoc du 24 janvier 1760, note 198
Colloque de Saintonge du 27 février 1760, note 208
Synode du Poitou du 4 mars 1760 217
Synode du Vivarais et Velay du 22 avril 1760 197
Synode du Bas-Languedoc des 3o avril, i"'' et 2 mai 1760 187
Colloque de Saintonge du 18 juin 1760, note 212
Synode deSaintonge,Angoumois, PérigordetBordelaisdes i«'et2 juillet 1760. 206
Colloque de Saintonge et Angoumois du 29 juillet 1760, note . . . . 2i3
Synode du Bas-Languedoc des i5, 16 et 17 octobre 1760 192
Colloque du Haut- Languedoc du iG novembre 1700, note 204
Synode du Haut-Languedoc du 28 novembre 17Ô0 198
Synodes provinciaux de 1761.
Synode du Vivarais et Velay du i5 avril 1761 229
Colloque de Saintonge et Angoumois du i5 avril 1761, note 235
Synode du Bas-Languedoc des 29, 3o avril et i" mai 1761 219
Colloque du Haut-Languedoc du 6 mai 1761, note 23 1
Synode de Saintonge, Angoumois, Périgord et Bordelais des 2 et 3 juin 1761. 235
Synode du Haut-Languedoc du 3 juin 1761 23o
Synode du Montalbanais du 3 juin 1761, note 23o
Colloque de Saintonge et Angoumois du 16 juin 1761, note 237
Synode des Hautes-Cévennes des i"^ et 2 juillet 1761 223
Colloque du Haut- Languedoc du 3i août 17G1, note 232
Statuts des Comitants de la Rochelle du 11 septembre 1761, note . . . 242
Colloque de Saintonge et Angoumois des 16 et 17 décembre 1761, note. 239
Synodes provinciaux de 1762.
Synode du Haut-Languedoc du i8 février 1762 263
Synode du Béarn du 19 mars 1762 266
Synode du Bas-Languedoc du 3o mars 1762 255
Synode du Vivarais et Velay du 28 avril 1762 262
Synode de Saintonge, Angoumois, Agenais et Bordelais du 29 avril 1762. 268
Synode du Bas-Languedoc du 10 novembre 1762 259
Synodes provinciaux de 1763.
Colloque de Saintonge et Angoumois du 24 février 1763, note .... 289
Synode du Béarn du 10 mars 1763 287
Synode de Saintonge, Angoumois, Périgord, Bordelais du 18 mars 1763. 289
Synode du JLiut-Languedoc du 24 mars 1763 284
Synode des Hautes-Cévennes des 6 et 7 avril 1763 277
Colloque de l'Agenais du 3 mai 17Ô3, note 295
Colloque du Bas-Languedoc du i3 juin 1763, note 3o8
Synode du Bas-Languedoc du i3 juillet 1763 273
Colloque général du Haut-Languedoc du 20 août 1763, note 3i3
Colloque de Saintonge et Angoumois du 24 août 1763, note 3 18
Colloque de l'Agenais du 5 octobre 1763, note 296
524 TABLE DES MATIERES.
Huitième synode national,
Pages.
tenu dans le Bas-Languedoc, du i" au lo juin 1763. 3o3
Synodes provinciaux de 1764.
Colloque de Saintonge et Angoumois du 26 janvier 1764, note .... 341
Colloque de l'Agenais du 28 mars 1764, note 343
Synode du Dauphiné des 6 et 7 avril 1764 325
Synode du Bas- Languedoc du g mai 1764 et jours suivants 328
Colloque ge'néral du Haut-Languedoc du 10 mai 1764, note 33o
Synode de Saintonge, Angoumois et Bordelais des 5 et 6 juillet 1764 . 340
Colloque de l'Agenais du 8 juillet 1764, note 346
Colloque général du Haut- Languedoc du 18 septembre 1764, note. . . 33 1
Synode du Vivarais et Velay des 24 et 2 5 octobre 1764 337
Synodes provinciaux de 1765.
Colloque de l'Agenais du 27 janvier 1765, note 367
Synode du Poitou du 12 mars 1765 382
Synode des Hautes-Cévennes du 27 mars 1765 362
Colloque de l'Agenais du 14 avril 1765, note 368
Synode du Vivarais et Velay du i'''' mai 1765 366
Synode du Bas-Languedoc des i"'', 2, 3 et 4 mai 1765 357
Colloque de l'Angoumois du 16 mai 1765, note 377
Synode de Saintonge, Angoumois et Bordelais des i5 et 16 juillet 1765. 377
Synode du Périgord et de l'Agenais des 14, i5 et 16 août 1765. . . . 367
Colloque de l'Agenais du i5 août 1765, note 370
Colloque du Montalbanais du i5 décembre 1765, note 371
Synodes provinciaux de 1766.
Colloque de Saintonge et Angoumois du 24 janvier 1766, note 411
Colloque général du Haut-Languedoc du 7 mars 1766, note 399
Synode du Dauphiné du dernier mars et 1='' avril 1766 385
Synode du Bas-Languedoc des 16, 17, 18 et 19 avril 1766 386
Synode des Hautes-Cévennes des 23 et 24 avril 1766 3g4
Synode de Saintonge, Angoumois et Bordelais des 24 et 2 5 avril 1766 . . 411
Synode des Basses-Cévennes du 3o avril 1766 Sgi
Synode du Vivarais et Velay du i"'' mai 1766 398
Synode du Périgord et de l'Agenais des 6, 7 et 8 mai 1766 Sgg
Colloque du Haut-Agenais du 12 mai 1766, Mofe 400
Synode du Poitou du i3 mai 1766 419
Colloque de l'Agenais du i5 juin 1766, note 402
Colloque de l'Agenais du 2g juin 1766, noie 4o5
Colloque de Saintonge et Angoumois du 18 septembre ij66, note . . . ■ 414
Colloque de l'Agenais du 28 septembre 1766, «ore 406
Synodes provinciaux de 1767.
Colloque général du Haut-Languedoc du 27 mars 1767, MO^e 421
Colloque de l'Angoumois du 21 avril 1767, note 435
Synode du Bas-Languedoc du 29 avril 1767 42'
TABLE DES MATIERES. 525
Pages.
Synode de Saintonge, Angoumois et Bordelais des 21 et 22 mai 1767. . . 435
Colloque des Basscs-Cévennes du 23 août 17G7, no/e 43o
Synode des Hautcs-Cévcnnes des iCet 17 septembre 1767 43o
Colloque général du Haut-Languedoc du 12 novembre 1767, no/e . . . . 422
Colloque de l'Agenais du 8 décembre 17G7, no/e 437
Colloque de Saintonge et Angoumois du 17 décembre 1767, no/e .... 436
Colloque du Périgord et de l'Agenais du 21 décembre 1767, «o/e .... 438
Synodes provinciaux de 1768.
Synode du Bas-Languedoc du 4 mai 1768 445
Actes et règlements du consistoire de l'église de Chalandos du 2 8 mai ij6S,note. 474
Colloque général du Haut-Languedoc du ■"juin ijbS, noie 443
Synode de Saintonge, Angoumois et Bordelais des 3 et 4 août 1768 . . . 458
Synode des Basses-Cévennes du 20 septembre 1768 452
Colloque de l'Agenais de 17.., no/e 452
Synode du Vivarais et Velay du 8 novembre 1768 456
Consistoire de l'église de Chalandos du i3 novembre 1768,00/6' 475
Synodes provinciaux de 1769.
Actes et règlements du consistoire de l'église de Lemé du 12 mars 176g, «o/e. 473
Consistoire de l'église de Chalandos du 12 mars 1769, note 475
Consistoire de l'église de Chalandos du 16 avril 1769, «o/e 475
Synode du Bas-Languedoc du 2 mai 1769 463
Colloque de l'Angoumois du 3 mai 1769, )iole 477
Synode du Vivarais et Velay du 4 mai 1769 471
Colloque général du Haut-Languedoc du 1" juin 1769, no/e 463
Synode de Saintonge, Angoumois et Bordelais des 4, 5 et 6 juillet 1769 . . 477
Synodes provinciaux de 1770.
Colloque de Saintonge et Angoumois des 2 3 et 24 mars 1770, note . . . . 495
Synode du Bas-Languedoc du i"' mai 1770 483
Synode des Hautcs-Cévennes du 8 mai 1770 492
Colloque général du Haut-Languedoc du 3 1 mai 1770, Ho/e 484
Colloque de l'Angoumois du 22 juin 1770, note 497
Synode de Saintonge, Angoumois et Bordelais des 20, 2 i et 22 septembre 1770. 495
Appendice. L Les méreaux du XVni' siècle. H. Les assemblées au Désert . 5o3
HÉLIOGRAVURES.
Portrait de Court de Gkbelin.
Portrait de Paui. Rabaut.
Fac-simii.e du Synode du Vivarais de 1761.
Fac-simile des signatures des Synodes nationaux de 1726 et 1730.
Méreaux du xviii» siècle.
Une Assemblée au Désert.
Table des Synodes par province.
Synodes du Dauphiné.
Pages.
Synode des 6 et 7 avril 1764 32 5
Synode du dernier mars et i»"" avril 1766, /rao'jweni 385
Synodes du Bas-Languedoc.
Synode du 12 mai 1751 i
Synode du 27 septembre 1753 21
Conseil extraordinaire du 20 décembre 1754 41
Synode du 28 avril 1756 63
Conseil extraordinaire du 3o septembre 1756 68
Synode du 18 au 20 mai 1757 109
Synode des 3 et 4 mai 1758 i3i
Synode des 25 et 26 avril 1759 171
Synode des 3o avril, i^"" et 2 mai 1700 187
Synode des i5, 16 et 17 octobre 1760 192
Synode des 29, 3o avril et i'^'' mai 176 1 219
Synode du 3o mars 1762 255
Synode du 10 novembre 1762 259
HUITIÈME SYNODE NATIONAL, DU 1 1^"" AU 10 JUIN I763 3o3
Colloque du i3 juin 1763, note 3o8
Synode du i3 juillet 1763 273
Synode du 9 mai 1764 et jours suivants 328
Synode des 1", 2, 3 et 4 mai 1765 357
Synode des 16, 17, 18 et 19 avril 1766 386
Synode du 29 avril 1767 421
Synode du 4 mai 1768 445
Synode du 2 mai 1769 463
Synode du i»'' mai 1770 483
Synodes des Basses-Cévennes.
Synode des Cévennes des 14 et i5 octobre 1751, no/e 5
Synode des 4, 5 et 6 septembre 1753 29
SEPTIÈME SYNODE NATIONAL, DU I '=■' AU 9 SEPTEMBRE 1 758 l57
Synode du 3o avril 1766 391
Colloque du 25 août 1767, note 43o
Synode du 20 septembre 1768 452
TABLE DES MATIÈRES. 527
Synodes des Hautes-Cévennes.
Pages.
Synode du 8 juillet 1751 4
Synode du 17 août 1733 26
SIXIÈME SYNODE NATIONAL, DU 4 AU 10 MAI I75Ô 83
Synode des 12 et i3 juillet 1758 i35
Synode des i'^'"et2 juillet 1761 223
Synode des 6 et 7 avril 17C3 277
Synode du 27 mars 1765 362
Synode des 2 3 et 24 avril 1766 394
Synode des 16 et 17 septembre 1767 43o
Synode du 8 mai 1770 492
Synodes du Vivarais et Velay.
Synode du 19 avril 1752 9
Synode du 8 mai 1753 34
Synode du 17 octobre 1753 38
Synode du 29 avril 1754 45
Synode du 29 avril 1755 5i
Synode du 23 mars 1756 70
Synode du 12 octobre 1756 72
Synode du 26 avril 1757 117
Synode des 18 et 19 octobre 1757 119
Synode du 29 mars 1768 142
Synode du i5 août 1758 143
Synode du 20 avril 1759 176
Synode du 10 octobre 1759 178
Synode du 22 avril 17G0 197
Synode du i5 avril 1761 22g
Synode du 28 avril 17G2 2G2
Synode des 24 et 2 5 octobre 17G4 337
Synode du i"'' mai 17G3 366
Synode du l'i^mai 1766 398
Synode du 8 novembre 1768 456
Synode du 4 mai 1769 471
Synodes du Haut-Languedoc.
Synode du 18 août 1752 11
Colloque du i5 janvier 1754, note 43
Colloque de l'Agenais du 10 février 1754, no/e 45
Synode du 23 mars 1756 73
Colloque du 17 avril 1757, noie 121
Synode du 20 avril 1757 ili
Colloque du 7 août 1738, nort" 144
Synode du 18 août 1758 144
Colloque du 28 septembre f;5q,note 171
Colloque du 24 janvier ij6o, note 198
Colloque du 16 novembre i y 60, note 204
528 TABLE DES MATIERES.
Pages.
Synode du 28 novembre 1760 ig8
Colloque du 6 mai 1761, noie 23i
Synode du 3 juin 1761 et précis du même synode, note 23o
Colloque du 3i août 1761, note 232
Synode du 18 février 1762 263
Synode du 24 mars 1763 284
Colloque général du 20 août 1763, note 3i3
Colloque général du 10 mai 1764, note 33o
Colloque général du 18 septembre 1764, noie 33 1
Colloque général du 7 mars 1766, note 399
Colloque général du 27 mars 1767, note 421
Colloque général du 12 novembre 1767, note 422
Colloque général du i" juin 1768, noie 445
Colloque général du l'^'^juin 1769, note 463
Colloque général du 3i mai 1770, note 484
Synodes du Montalbanais.
Colloque du Montalbanais du 1 5 décembre 1765, ?îo?e 371
Synodes du Périgord et de TAgenais.
Colloque de l'Agenais du 10 février 1734, note 45
Synode de Saintonge, Angoumois et Périgord des 29 et 3o juin 1769 . . . i83
Synode de Saintonge,Angoumois, Périgord et Bordelais des i<''et2 juillet 1760. 206
Synode de Saintonge, Angoumois, Périgord et Bordelais des 2 et 3 juin 1761. 235
Synode de Saintonge, Angoumois, Périgord, Agenais et Bordelais
des 29 et 3o avril 1762 2G8
Synode de Saintonge, Angoumois, Périgord, Bordelais et Agenais
des 18, 19 et 21 mars 1763 289
Colloque de l'Agenais du 3 mai 1763, note 295
Colloque de l'Agenais du 5 octobre 1763,1:0/0 296
Colloque de l'Agenais du 28 mars 1764, note 343
Colloque de l'Agenais du 8 juillet 1764, no/e 345
Colloque de l'Agenais du 27 janvier 1765, note 367
Colloque de l'Agenais du 14 avril 1765, note 368
Synode du Périgord et de l'Agenais des 14, 1 5 et 1 6 août 1765 367
Colloque de l'Agenais du i5 août 1765, note 370
Synode du Périgord et de l'Agenais des 6, 7 et 8 mai 1766 399
Colloque du Haut-Agenais du 12 mai 1766, note 400
Colloque de l'Agenais du i 5 juin 1766, no?e 4°^
Colloque de l'Agenais du 29 juin iy66, note 4o5
Colloque de l'Agenais du 28 septembre 1766, note 40^^
Colloque de l'Agenais du 8 décembre 1767, no/e 43/
Colloque du Périgord et de l'Agenais du 21 décembre 1767, note .... 438
Colloque de l'Agenais de ij..,note 4^2
Synodes du Béarn.
Synode du 3o décembre 1757 126
Synode du 17 juillet 1758 148
TABLE DES MATIERES.
529
Pages.
Synode du q janvier 1759 17c
Colloque du 10 septembre lySg, note 170
Synode du 19 mars 1762 2CG
Synode du 10 mars 1763 287
Synodes de Saintonge, Angoumois et Bordelais.
Colloque'du Bordelais du 17 décembre 1754, note 46
Colloque du Bordelais du 6 décembre 1755, note 55
Colloque de Saintonge du 24 au 27 décembre 1755, note 5()
Colloque du Bordelais du 9 avril 1736, note 74
Colloque du Bordelais du 28 juin i75(i, note . 90
Colloque de Saintonge des i'"'' et 2 décembre 1758, note 148
Synode de Saintonge, Angoumois et Périgord des 29 et 3o juin 1759. . i83
Colloque de Saintonge du ig juillet 1759, note i83
Colloque de Saintonge du 11 novembre 1759, note 184
Colloque de Saintonge du 27 février 17G0, note 208
Colloque de Saintonge du 18 juin 1760, note 212
SynodedeSaintonge, Angoumois, Périgord et Bordelaisdes i"''et2 juillet 1760. 20C
Colloque de Saintonge et Angoumois du 29 juillet 1760, note 2i3
Colloque de Saintonge et Angoumois du i5 avril 17O1. note 235
Synode de Saintonge, Angoumois, Périgord et Bordelais des 2 et 3 juin 17C1. 235
Colloque de Saintonge et Angoumois du iG juin 17G1, note 237
Statuts des Comitants de la Rochelle du 11 septembre 17G1, note . . . 242
Colloque de Saintonge et Angoumois des iG et 17 décembre 17G1, note, ziij
Synode de Saintonge, Angoumois, Périgord, Agenais et Bordelais
des 29 et 3o avril 17G2 268
Colloque de Saintonge et Angoumois du 24 février 17G3, note .... 289
Synode de Saintonge, Angoumois, Périgord, Bordelais et Agenais
des 18, 19 et 21 mars 17G3 289
Colloque de Saintonge et Angoumois du 24 août 17G3, note 3i8
Colloque de Saintonge et Angoumois du 26 janvier 1764, note .... 341
Synode de Saintonge. Angoumois et Bordelais des 5 et G juillet 1 7G4. . 340
Colloque de l'Angoumois du iC mai 17G5, note 377
Synode de Saintonge, Angoumois et Bordelais des i5 et 10 juillet 17G5. 377
Colloque de Saintonge et Angoumois du 24 janvier 17GG, note . . . . 411
Synode de Saintonge, Angoumois et Bordelais des 24 et 25 avril 17GG . 411
Colloque de Saintonge et Angoumois du iS septembre 17G6, note . . . 414
Colloque de l'Angoumois du 21 avril 1767, note 435
Synode de Saintonge, Angoumois et Bordelais des 21 et 22 mai 17G7 . 435
Colloque de Saintonge et Angoumois du 17 décembre 17G7, note . . . 43C
Synode de Saintonge, Angoumois et Bordelais des 3 et 4 août 17GS . . 458
Colloque de l'Angoumois du 3 mai 17G9, note 477
Synode de Saintonge, Angoumois et Bordelais des 4, 3 et G juillet 17GU. 477
Colloque de Saintonge et Angoumois des 2 3 et 24 mars 1770, note . . 495
Colloque de l'Angoumois du 22 juin 1770, note 497
SynodedeSaintonge, Angoumois et Bordelais des 20, 21 et 22 septembre 1770. 495
Synodes de l'Aunis.
Statuts des Comitants de La Rochelle du 1 1 septembre 17G1. note .... 242
34
53û TABLE DES MATIERES.
Synodes du Poitou.
Pages.
Synode du 24 décembre 1756 78
Synode du 4 mars 1760 217
Synode du 12 mars 1765 382
Synode du i3 mai 1766 419
Synodes de Normandie.
Colloque de Basse-Normandie du 8 décembre 1 y S'il note 36
Colloque de Haute-Normandie du 9 février lyiS, note 5i
Colloque de Basse-Normandie du 2 5 février 1756, «o/e 70
Synodes de Picardie, Champagne, Orléanais et Berry.
Actes et règlements du consistoire de l'église de Chalandos du 28 mai 1768,
note 474
Consistoire de l'église de Chalandos du i3 novembre 1768, note 475
Actes et règlements du consistoire de l'église de Lemé du 12 mars 1769, note . 473
Consistoire de l'église de Chalandos du 12 mars ij6g, note 475
Consistoire de l'église de Chalandos du 16 avril 1769, «o/e 475
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LE VINGT-SEPT MARS MIL HUIT CENT QUATRE-VINGT-SIX
PAR
J. H. ED. HEITZ
de Strasbourg.
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Les Synodes du désert; actes et
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